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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du Travail entreprend aujourd'hui
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Industrie et du Commerce, tel qu'en a décidé l'Assemblée
nationale. Je voudrais demander d'abord au secrétaire de la commission
de nous «-annoncer s'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un seul
remplacement. M. Gauthier (Roberval) est remplacé par M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
L'organisation des travaux
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, merci. Je vous
rappelle que la durée totale prévue pour l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce est de sept
heures et que l'horaire qui a été établi est le suivant.
Nous allons siéger de 10 heures, ce matin, jusqu'à 13 heures.
Nous reprendrons après la période des questions jusqu'à 19
heures, ce soir; nous suspendrons pour l'heure du souper et nous reprendrons de
20 h 30 à 22 h 30.
Je voudrais rappeler aux collègues, car je crois qu'à
l'exception du député de Shefford et du ministre les autres ont
peu d'expérience dans l'étude des crédits - il y a aussi
le député de Saguenay - que l'étude des crédits
nous permet d'aborder l'ensemble des programmes. Les principales règles
de procédure sont les suivantes: d'une part, il y a présentation
ou remarques préliminaires du ministre, qui n'est pas membre de la
commission incidemment. C'est la raison pour laquelle il se trouve à
l'autre extrémité, à la table des témoins. Par la
suite, je cède la parole au critique officiel de l'Opposition et chaque
député, à cette étape, peut aussi faire des
remarques préliminaires.
Je vous signale que le temps maximal de parole est de 20 minutes et que,
dans la mesure où tous les membres de la commission feraient des
remarques préliminaires, c'est évident que cela empiète
sur le temps qui est alloué à la commission pour étudier
les crédits. D'autre part, les réponses que donne le ministre aux
questions des membres de la commission ne sont pas comptabilisées dans
le temps de parole des membres de la commission.
Quant à l'ordre des programmes étudiés, je crois
qu'il y a une certaine latitude qui est laissée, finalement, aux membres
de la commission et je crois savoir qu'une entente de fonctionnement est
intervenue entre le ministre et le critique officiel, le député
de Bertrand, qui sans doute, en temps et lieu, nous feront part de la
façon dont ils ont convenu d'aborder l'étude des crédits
du ministère de l'Industrie et du Commerce.
En fait, même si on étudie chacun des
éléments des programmes, la pratique veut également que
seuls les programmes fassent l'objet d'un vote, que seuls les crédits
à voter soient mis aux voix. Les crédits permanents sont
autorisés par les lois spécifiques et ne font pas l'objet d'un
vote. À la fin de l'étude des crédits d'un
ministère, l'ensemble de ces derniers est mis aux voix.
À moins qu'il n'y ait des questions de précision sur les
règles de fonctionnement à ce moment-ci, on va aborder sans plus
tarder l'étude des crédits du ministère. Compte tenu du
nombre d'heures allouées et de la nature même du ministère
de l'Industrie et du Commerce - je pense que tous les membres de la commission
sont conscients qu'il s'agit d'un ministère important - nous allons
faire le maximum pour utiliser pleinement les sept heures qui nous sont
allouées par l'Assemblée nationale.
Je souhaite la bienvenue au ministre ainsi qu'aux fonctionnaires qui
l'accompagnent à la commission. Je demanderais au ministre de bien
vouloir dès maintenant engager la présentation de ses remarques
préliminaires en lui rappelant qu'on a normalement une vingtaine de
minutes. On peut toujours s'entendre pour être assez souple mais il ne
faudrait pas qu'il y ait d'abus. Merci.
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson (Vaudreuïl-Soulanges): Merci, M. le
Président. Je vous souhaite d'abord la bienvenue devant moi - j'ai
déjà été assis un peu plus à votre gauche
plutôt que vis-à-vis je voudrais également souhaiter la
bienvenue à tous les gens qui, dans la grande majorité des cas,
connaissent une première expérience d'étude des
crédits du ministère.
J'aimerais tout de suite vous présenter
les trois personnes au moins qui m'accompagnent ici, à l'avant ou
à l'arrière, vous déciderez, M. le Président.
D'abord, à ma droite, le sous-ministre en titre du ministère, M.
Charles Beaulieu; à mon extrême gauche, M. Marcel Pelletier,
sous-ministre adjoint à l'administration et à la planification;
à ma gauche immédiate, M. Michel Gagnon, directeur
général du service de l'administration du ministère. Dans
les trois cas, je demanderai, le cas échéant, à ces
personnes de compléter mes réponses, de fournir des
détails d'ordre technique. Je suis convaincu qu'il y a une distinction
entre les connaissances de ces messieurs, d'une part, et moi-même d'autre
part. Vous ne vous attendez certainement pas que je sache tout ce qu'ils
savent. Je ne pense pas qu'on présume qu'ils connaissent ou doivent se
prononcer sur les choses que je suis censé connaître et sur
lesquelles j'ai à me prononcer.
J'ai pensé, d'entrée de jeu, vous indiquer la toile de
fond qu'on doit avoir à l'esprit lors de l'étude des
crédits du ministère. Le moment de l'année, compte tenu de
la campagne électorale, est un peu étrange pour un ministre qui
entre en fonction, dans la mesure où il y a une dimension
d'héritage du travail qui a été fait
précédemment. Lorsqu'on sait comment se constitue et se
développe le cycle budgétaire, il est entendu qu'à notre
arrivée, en décembre, un ensemble de paramètres
étaient déjà arrêtés. Nous avons donc
été conviés à faire des constats sur
l'évolution des crédits du ministère et nous avons par
ailleurs été conviés, compte tenu de l'état des
finances publiques, à regarder comment nous pourrions
réaménager certains postes de dépenses, à
comprimer, à réduire dans certains cas les budgets qui pouvaient
avoir été prévus dans des temps qu'on prétendait
meilleurs que ceux que nous connaissons aujourd'hui.
À cet égard, je dois souligner d'entrée de jeu
qu'à la simple lecture des crédits, on voit une diminution,
enfin, objective si on regarde les chiffres, des budgets du ministère.
Les notes complémentaires que vous avez déjà en main
expliquent assez clairement à quel poste de dépenses qui ne se
retrouve pas cette année on peut attribuer cette diminution en apparence
fort substantielle. Lorsqu'on évoque les rythmes de
déboursés, de paiements, d'engagements relatifs au programme
d'aide à l'implantation d'une usine de fabrication
d'hélicoptères, d'une part, de Pétromont ou alors du
risque, par ailleurs, de Pétromont et, troisièmement, du rythme
de déboursés dans le cadre des ententes auxiliaires sous
"développement économique", ententes
fédérales-provinciales, on retrouve là essentiellement, je
dirais, la totalité de l'écart qui apparaît entre les
dépenses probables de 1985-1986 et les crédits dont nous avons
à discuter aujourd'hui pour 1986-1987.
Cela dit, il est pertinent, à mon sens, de rappeler les objectifs
du gouvernement qui a été élu en décembre dernier.
Nous avons choisi d'agir en matière de développement
économique non pas comme un entrepreneur, non pas comme un actionnaire,
mais bien plutôt comme un catalyseur, comme un corps, si vous voulez, ou
une institution qui entend susciter le développement économique
du Québec en s'appuyant sur l'esprit d'"entrepreneurshîp" des
Québécois. Le gouvernement du Québec entend libérer
l'espace économique qu'il occupait depuis une vingtaine d'années
afin de laisser, je dirais, la bride sur le cou à des
Québécois qui ont manifesté leur génie pour
construire des choses afin d'assurer le développement économique
du Québec. Dans ces circonstances, il m'apparaît que, si on doit
s'en remettre de plus en plus - c'est important - à l'initiative des
entrepreneurs québécois, on doit également les appeler
à contribuer de façon évidente au développement
économique du Québec en partnership, en association, avec le
gouvernement du Québec, association qui s'exprime, de la part du
gouvernement, par les moyens que nous entendons mettre à la disposition
des entreprises pour qu'elles réalisent des projets.
L'autre élément de toile de fond est évidemment
celui des finances publiques, que nous avons largement décrit depuis
plusieurs semaines. Cet élément de nécessité
d'assurer un meilleur équilibre dans les finances publiques justifie
encore plus, à mon sens, la contribution qu'on doit demander de chaque
milieu à réaliser les objectifs que toute la
société québécoise souhaite, c'est-à-dire
que le gouvernement soit administré de la meilleure façon
possible, d'une part, mais que le résultat financier de l'intervention
gouvernementale et de ses actions soit acceptable pour les
Québécois, ne soit pas tel qu'on doive encore augmenter le
fardeau fiscal des Québécois au-delà de ce qui est
absolument essentiel pour assurer le maintien des services que les
Québécois exigent. Donc, c'est un principe de partage des
responsabilités qui est à la base même de l'intervention,
de l'action du gouvernement dans le milieu économique.
Il y avait - c'est utile de le rappeler -des impératifs
souhaités par tous les Québécois pour faire en sorte que
leurs impôts diminuent afin qu'on récompense l'effort, le travail
de ceux qui veulent créer des emplois. C'est ce que le gouvernement du
Québec a fait en décembre dernier en accélérant la
baisse des impôts qui était par ailleurs prévue au titre de
l'impôt sur le revenu des particuliers. Deuxièmement, nous nous
étions engagés - les Québécois l'exigeaient avec
raison - à améliorer les services de santé.
Dans ces deux dimensions, autant la réduction des impôts
qui était souhaitée pour que nous soyons concurrentiels que
l'amélioration du service fondamental essentiel qu'est la santé
au Québec, le gouvernement a posé des gestes qui coûtent
quelque chose. Nous avons tous été mis à contribution, que
ce soit comme citoyen, que ce soit comme entreprise, que ce soit comme
ministère à l'intérieur du gouvernement du Québec.
Nous avons été conviés à la tâche de nous
assurer que les objectifs recherchés par le gouvernement pouvaient
être atteints à court terme dans les deux programmes ou dans les
deux dimensions que je viens d'indiquer.
Cela est la réalité qui peut imposer sa propre logique, me
direz-vous, que devant une situation de finances publiques
particulièrement serrée on coupe aveuglément, sans
principe, sinon celui de répondre aux désirs de la
présidence du Conseil du trésor. Je pense qu'il serait fort
incomplet et certainement fort injuste de prétendre que c'est en
s'appuyant sur des raisons aussi concrètes et comptables que
celles-là que nous agissons et que nous comptons agir. Il y a un
principe important dans lequel le gouvernement ou l'ensemble des gens qui
appartiennent à ce gouvernement, nous croyons tous, c'est-à-dire
que d'abord et avant tout, je le répète, le gouvernement doit
susciter l'initiative des Québécois, ne doit pas la
remplacer.
Le gouvernement doit s'assurer que les bons projets que les
Québécois entendent réaliser sont appuyés par le
gouvernement. Le Québécois, dans son entreprise, est le meilleur
juge de la qualité de son projet et le meilleur plaideur de la confiance
qu'il peut avoir dans les chances de succès de son projet. Comme
gouvernement, nous disons: Si tel est le cas, prouvez-le un peu en contribuant
vous-mêmes, de vos propres ressources; assurez-vous que nous sommes de
véritables associés dans le développement
économique du Québec plutôt que de vous en remettre tout
simplement ou tout traditionnellement, j'allais dire, à ce que le
gouvernement pourrait faire pour assurer qu'un projet de développement
économique voie le jour.
Cela passe quand même par une action extrêmement
concrète du gouvernement, que j'aimerais décrire plus avant
aujourd'hui, ce souci de faire en sorte que ce sont les entreprises
québécoises qui vont véritablement créer des
emplois, qui vont créer des projets importants qui auront des
retombées économiques significatives pour le Québec. Ce ne
sera pas le gouvernement qui va faire cela a leur place. Vous aurez
remarqué dans le cahier des crédits qu'un des postes qui est
mentionné s'intitule: Pro-PME - Pro, trait d'union, PME. Dans la mesure
où c'est un vocable qu'on ne retrouvait pas autrefois, il est
parfaitement approprié à ce moment-ci que j'indique ce dont il
s'agit. C'est essentiellement un programme qui s'adresse aux entreprises de
toutes les régions du Québec, qui est administré è
partir des directions régionales du ministère, donc, pour
rejoindre toutes les entreprises du Québec, et qui a comme souci premier
d'améliorer la qualité de la gestion des entreprises
québécoises. Il s'agit d'un programme intégré qui
illustre de façon parfaite l'approche "entreprise" du ministère
de l'Industrie et du Commerce qui a été mise en place il y a
déjà quelque temps, avant notre arrivée, et qui donne
chair et os, je dirais, à ce souci de cibler nos interventions sur
l'entreprise elle-même et d'identifier celles qui ont les meilleures
chances de succès. Mais pour identifier ses meilleures chances de
succès, encore faut-il que l'entreprise ait les moyens de dégager
quelles sont ses forces et ses faiblesses. Encore faut-il qu'elle soit
incitée à faire appel à des gens extérieurs
à l'entreprise pour lui permettre de développer un plan
d'entreprise, pour qu'elle comprenne véritablement quels sont les enjeux
stratégiques qui sont devant elle. C'est en nous inspirant de ce
principe d'agir directement sur la qualité de l'entreprise
québécoise que j'entends suggérer à mes
collègues que ce programme soit mis en place.
Les moyens d'action que nous mettrons à la disposition des
entreprises passeront par l'embauche et par l'intégration à
l'intérieur de l'entreprise de diplômés qui ont un profil,
une capacité, une formation pertinents compte tenu des besoins de
l'entreprise.
Nous susciterons également la formation de conseils
d'administration d'entreprise, car c'est très certainement, à mon
sens, une des dimensions importantes qui permettent à une entreprise de
s'alimenter un peu en dehors de son circuit fermé qui est la production
tous les jours d'un bien ou d'un service. La mesure incitative, dans le fond,
à l'endroit d'une entreprise et des entrepreneurs de s'adjoindre des
gens de l'extérieur pour les éclairer, les alimenter de leur
propre expérience m'est apparue une excellente idée.
Au-delà de tout cela, la troisième chose qu'on doit avoir
à l'esprit lorsqu'on fait du développement d'entreprise, c'est
qu'il faut quand même se doter d'un plan d'entreprise, il faut savoir
où sont les occasions de marché, où sont les
opportunités de développement, il faut connaître ses forces
et ses faiblesses, il faut identifier quelles sont les dimensions des fonctions
de l'entreprise qui ont besoin d'être renforcées.
L'intégration de ces ambitions que nous avons pour les entreprises
québécoises, l'expression, je devrais dire, de ce programme
d'aide que nous avons à l'esprit va précisément dans le
sens de nous assurer que la qualité de l'entreprise
québécoise est
améliorée.
J'oserais dire que, lorsque nous aurons atteint cet objectif, nous
aurons complété une phase préparatoire à une aide,
un soutien, une contribution du gouvernement qui sera mieux ciblée dans
la mesure où l'entreprise elle-même se sera donné les
moyens avec l'aide du gouvernement comme je viens de l'indiquer - d'identifier
les créneaux sur lesquels elle peut connaître une meilleure
croissance, d'identifier les dimensions de ses activités de gestion qui
méritaient d'être renforcées. (10 h 30)
À partir de ce moment, les programmes d'aide financière
beaucoup plus substantiels, qui sont administrés notamment par la
Société de développement industriel, peuvent rendre ces
interventions plus facilement ciblées, plus efficaces. L'entreprise aura
fait le bout de chemin que nous souhaitons afin d'identifier les
créneaux que nous devons exploiter en association avec l'entreprise.
C'est donc très certainement une occasion d'augmenter les
retombées économiques significatives que nous souhaitons dans le
développement des entreprises au Québec. C'est très
certainement une occasion que l'application successive de ces deux volets.
D'abord, renforcer la qualité de l'entreprise et, deuxièmement,
nous assurer dans nos programmes d'aide que l'entreprise a contribué
à nous définir de façon plus pointue quels sont ses
besoins.
C'est la jonction de ces deux aspects qui nous permettra d'atteindre des
retombées économiques significatives et que nous saurons nous
arrimer plus efficacement avec de meilleurs résultats aux efforts des
entreprises québécoises.
Cela pourrait compléter la présentation que j'ai à
faire quant au soutien que nous entendons donner aux entreprises
québécoises. Nous aurons, tout à l'heure, lors de
l'étude de crédits ou lors d'une discussion avec les membres de
cette commission, l'occasion de répondre à des questions d'un
autre ordre très certainement. Mais je voudrais quand même, avant
de terminer, évoquer qu'au-delà de l'action du ministère
et de la Société de développement industriel dans les
régions ou à l'endroit de l'entreprise québécoise
le ministère de l'Industrie et du Commerce est également
responsable - j'emploie le terme à dessein - de voir à ce que des
projets majeurs se réalisent au Québec. Je me trouve
particulièrement choyé d'être entouré, au
ministère de l'Industrie et du Commerce, d'un corps professionnel. Je
pense qu'on ignore - je l'ai ignoré prendant cinq ans comme
député - la somme de travail considérable que
réalisent les employés des différents ministères.
Même si c'était là une dimension qui me préoccupait,
le développement économique du Québec, j'ignorais quant
à moi qu'il y avait littéralement plus de la moitié des
employés du ministère de l'Industrie et du Commerce qui sont, au
sens où on l'entend habituellement, des professionnels. Comme outils
pour d'abord voir où va le Québec, comme agents de
développement du Québec, en alimentant notre réflexion et
celle du gouvernement sur les avantages qui se présentent, sur le
développement de nouveaux marchés, tous ces
éléments qui nous permettent d'entrevoir l'avenir et donc de
pouvoir agir un peu plus efficacement sont disponibles grâce au travail
des équipes de professionnels, notamment des analystes sectoriels du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Une fois qu'on a analysé, encore faut-il réaliser les
projets. Là aussi, c'est la responsabilité du ministère de
faire en sorte que l'encadrement général qui permet la
réalisation d'un projet se réalise. Qu'il s'agisse de l'aide
financière, qu'il s'agisse de guider les entreprises, qu'il s'agisse de
faire des représentations auprès de différents
collègues quant à l'allégement d'obstacles au
développement industriel ou à l'implantation d'industries
majeures, là aussi, le ministère de l'Industrie et du Commerce se
doit d'agir dans l'intérêt de ces clientèles que je viens
de décrire. Le ministère de l'Industrie et du Commerce est donc
lui aussi un promoteur du développement économique du
Québec: autant au Québec par ses interventions auprès des
entreprises existantes, autant au niveau des conditions que nous entendons
réaliser avec tous nos collègues pour favoriser le
démarrage d'entreprises et autant, et ce n'est pas une dimension
négligeable, dans la poursuite à l'étranger, hors de nos
frontières, d'occasions de faire des affaires que les gens, autrement,
n'auraient pas à l'esprit, si ce n'était des interventions, des
visites, des voyages, des discussions, des conversations suivies, des rapports
que nous entretenons avec des investisseurs éventuels.
Le Québec est une terre d'accueil pour l'investissement. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce entend jouer son rôle afin
de faire en sorte que cet accueil ne soit pas simplement un mot, mais qu'il
recouvre une réalité. Avec tous les Québécois, nous
aurons l'occasion de façon concrète d'illustrer ce que cela veut
dire, accueillir les investisseurs et favoriser le développement de
l'entreprise québécoise.
Je vous remercie, M. le Président,
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. D'abord,
j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous ceux qui sont venus, ce
matin, à cette commission: je pense particulièrement aux
gens du côté ministériel et du côté de
l'Opposition, de même qu'au ministre et aux hauts fonctionnaires
sous-ministres- Je leur souhaite, en mon nom et au nom de l'Opposition, la plus
cordiale bienvenue en cette enceinte, de même qu'au président et
au vice-président de la SDI ainsi qu'aux autres personnes qui sont
venues pour suivre de plus près cette présentation.
M. le Président, j'aurai d'abord une première
réaction que j'ai préparée face aux documents qui nous ont
été présentés. J'aurai, dans un deuxième
temps, si vous le permettez, très rapidement, de brèves
réactions par rapport aux propos du ministre, il y a quelques instants,
afin de bien situer tout l'engagement de cette étude au cours des
prochaines heures.
Alors, je suis heureux d'être ici, ce matin, en tant que
porte-parole officiel de mon parti en matière d'industrie et de
commerce, car cette première expérience d'étude des
crédits permettra de mieux connaître pendant ces quelques heures
-malheureusement, on en a trop peu - les intentions du gouvernement dans ce
secteur, non seulement au cours du présent exercice financier, soit
1986-1987, mais aussi pour les trois ou quatre prochaines années,
c'est-à-dire connaître un peu plus la politique à moyen
terme du gouvernement actuel.
Je veux assurer, dès le départ, le ministre de la
collaboration positive et totale de l'Opposition en vue d'aider davantage le
développement économique du Québec. Bien sûr que
j'essaierai d'être un artisan le plus positif possible par rapport au
rôle qu'on aura à jouer. Le rôle de l'Opposition dans
l'étude des crédits est de relever différentes questions,
des points qui peuvent nous paraître faibles, de façon qu'on
puisse ensemble trouver des correctifs et qu'on puisse appliquer les correctifs
qui s'imposent. J'ai l'intention d'interroger le ministre sur les
différents aspects de l'activité du ministère de
l'Industrie et du Commerce, car ce ministère est sûrement celui
autour duquel tourne toute la vie économique québécoise.
Aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, tout se passe et tout passe par
l'économie. Si nous voulons une société saine, il faut que
l'économie soit saine et que le ministère de l'Industrie et du
Commerce affiche un dynamisme inébranlable afin de promouvoir l'essor du
Québec.
Nous profiterons donc de l'étude des crédits pour examiner
plusieurs dossiers qui nous apparaissent importants pour le
développement économique du Québec. Je veux faire part ici
de ma préoccupation et de mon inquiétude de voir que l'optimisme
que vous, M. le ministre et votre gouvernement, affichiez le 2 décembre
dernier ne se traduise pas nécessairement dans les faits, du moins
après quatre mois de fonctionnement.
Les espoirs que vous avez créés, les attentes que vous
avez suscitées sont infinimement plus grands que les résultats
qu'on peut avoir à ce jour, même si ce ne sont que des
résultats fragmentaires. En effet, force nous est d'admettre que la
marchandise n'a pas été livrée à la population
québécoise, comme on le lui avait promis. Le gouvernement actuel
a promis de créer environ 80 000 emplois par année. C'est
là un objectif qui a déjà été atteint au
cours de 1984-1985 par le gouvernement précédent. Actuellement,
rien n'indique que cet objectif est en voie d'être
concrétisé. On observe même une situation contraire, car le
chômage se maintient à un niveau anormalememt
élevé.
Ce qui est encore plus important, c'est la situation de l'emploi. Nous
nous sommes fait rappeler dans le dernier bulletin statistique "La situation de
l'emploi au Québec", publié par votre ministère, que le
Québec avait perdu 47 000 emplois de janvier à mars cette
année. Cette situation se perpétue de semaine en semaine et on
peut se demander peut-être où se cache cette équipe
économique. Le gouvernement promettait mer et monde avant le 2
décembre. Il promettait un plan d'action efficace; or, on aimerait
savoir ce qui en est aujourd'hui. Le ministre - j'y reviendrai tantôt -
nous a livré quelques bribes ou quelques informations fort
intéressantes. J'ai devant moi un relevé des pertes d'emplois et
des fermetures d'entreprises. Des centaines, voire même des milliers
d'emplois ont été perdus ces derniers mois. On peut y voir une
colonne expliquant la raison des licenciements. Je dirais que, dans près
de 50 % des cas, la raison invoquée est la conjoncture
économique. Point n'est besoin de nommer au ministre des cas tels que
Gulf, BASF à Laval, la raffinerie de sucre et bien d'autres qui
s'annoncent ou qui s'en viennent sous peu. La question que je me pose est de
savoir ce que le ministre et le ministère de l'Industrie et du Commerce
entendent faire pour corriger cette situation économique néfaste
au Québec à l'heure actuelle.
Le ministre ne sera donc pas surpris lorsque, au cours de cette
séance de commission parlementaire, nous essaierons d'obtenir quelques
informations plus spécifiques sur ce qui s'est produit depuis le 2
décembre et sur les initiatives que le nouveau gouvernement a prises ou
entend prendre.
J'ai trouvé également inquiétantes les coupures que
le gouvernement a décidé d'imposer au ministère de
l'Industrie et du Commerce. J'ai beaucoup de difficulté à
comprendre les choix du gouvernement. Dans l'ensemble, les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce ont régressé de
11,4 %, soit une diminution de 37 637 000 $. De plus, nous constatons une
baisse dans les principaux programmes et
éléments du ministère s'adressant aux entreprises
du Québec. Par exemple, on observe des coupures de 35 624 000 $ au
programme de soutien financier au développement et à la
croissance des secteurs manufacturiers, commerciaux et coopératifs. La
situation est la même dans le programme de soutien technique et
professionnel au développement et à la croissance des secteurs
manufacturiers, commerciaux et coopératifs qui subit une baisse de 58
000 $.
Dans le texte des résolutions adoptées lors du
congrès de juin 1985 du Parti libéral, une place était
accordée aux PME. Plusieurs résolutions concernent les
entreprises. De même, le ministre délégué aux PME
prétend vouloir mettre tout en oeuvre pour favoriser l'émergence
de nouvelles petites et moyennes entreprises. Je cite ici le ministre
délégué aux PME qui disait récemment: "II est
impératif de réapprendre graduellement à distinguer entre
l'appui du gouvernement et son apport en subventions." Ces propos ne sont pas
très clairs ou plutôt ils le deviennent rapidement à
l'observation des chiffres dans les documents fournis. Le ministre
s'apprête à sabrer dans l'aide accordée aux PME par le
biais de nombreuses coupures dans le programme d'assistance financière
aux entreprises et organismes. Ce programme voit ses crédits
diminués de Al %, c'est-à-dire de 46 184 000 $. Est-ce que, par
des actions comme celles-ci, le gouvernement entend aider à la
croissance économique et particulièrement à l'essor des
PME? Il faut que le ministre s'explique là-dessus. Est-ce qu'on a
pensé aux effets de telles coupures, à l'impact que cela produira
en régions? Car il faut le dire, il s'agit d'une attaque directe sur le
plan du développement régional. Le ministre devra nous fournir
des explications sur ces choix par rapport aux régions.
J'ai l'intention également de soulever des questions sur
l'industrie de l'automobile au Québec parce qu'il se passe de
drôles de choses et parce qu'il s'agit d'un secteur qui est très
générateur d'emplois et d'investissements. Tout d'abord, je me
réjouis de la tournure des événements dans le dossier
AMC-Renault, de Saint-Bruno. Je ne veux pas tourner le fer dans la plaie, mais
le ministre a sûrement pris connaissance des commentaires peu
élogieux d'un journaliste de la Presse, M. Brunet, concernant sa
façon peu claire de répondre en Chambre aux questions
soulevées dans ce dossier. Je peux assurer le ministre de mon
entière collaboration afin de travailler à ce que la
décision de la compagnie de retarder sa fermeture ' de l'entrepôt
de Saint-Bruno demeure permanente. Mais retarder une fermeture d'usine ne
correspond pas à une politique de dynamisme économique dont le
Québec a besoin. C'est pourquoi je vous avoue que ma joie s'arrête
ici et ne s'étend pas à l'ensemble des autres dossiers dans le
secteur de l'automobile. Je fais référence ici à ce qu'il
adviendra de l'avenir de GM au Québec et des plans d'investissement de
la régie Renault. Il faut que le ministre nous fournisse des
éclaircissements dans ces dossiers. Il faut absolument s'interroger sur
l'avenir de cette industrie au Québec qui, doit-on le rappeler, ne
reçoit pas la part qui lui revient dans l'industrie de l'automobile
canadienne. Quelle sera la politique d'investissement industriel du
Québec dans ce secteur très particulier, M. le ministre? {10 h
45)
Mon collègue, le député de Shefford, approfondira
le dossier concernant les incubateurs d'entreprises. Cependant, j'ai
l'intention d'en parler quelque peu, car c'est un sujet qui concerne plus
particulièrement mon comté. On vise à ce que les PME
deviennent florissantes, qu'elles deviennent un secteur qui ait du capital. Je
pense que je peux évoquer un grand nombre d'affirmations qui portent
à réflexion. Je pense ici à ce que le premier ministre a
écrit dans son livre intitulé "Le défi technologique", et
je cite: "Les analystes économiques s'entendent pour dire que le taux
élevé de faillites de PME et les problèmes de
démarrage qu'elles recontrent tiennent à deux causes principales,
soit une sous-capitalisation initiale - je dois dire que l'effort et le travail
exceptionnels faits par la commission Saucier l'année passée ont
déjà trouvé des solutions - et un manque
d'expérience de gestion. La concentration de l'effort d'incubation sur
un nombre restreint de cas augmente les probabilités de survie. En
effet, il a été démontré que le taux de survie des
PME américaines, 30 % sur une période de cinq ans, augmente
considérablement, et cela au-delà de 60 %, quand elles sont
couvées dans un incubateur." Le premier ministre poursuit dans son livre
et je cite: "II y aura lieu d'examiner soigneusement la performance de ces
organisations incubatrices. À cet égard, il serait important que
plusieurs expériences d'incubateurs soient rapidement mises en
oeuvre."
Beaucoup d'espoirs ont été suscités face à
la nomination d'un ministre délégué à la PME. M.
Vallerand aborde - on aura la chance de le rencontrer plus tard en fin de
journée - la question des incubateurs avec beaucoup de
précaution. Il souligne que le concept est intéressant parce que
neuf, mais qu'il n'a pas fait ses preuves; si bien que, dans un premier temps,
le gouvernement ne s'engagera que dans un nombre restreint
d'expériences.
Ces attitudes me semblent un peu contradictoires et me
préoccupent beaucoup, d'autant plus que des engagements avaient
été pris déjà, entre autres dans le comté de
Bertrand. J'aurai des questions à poser au
ministre à ce sujet. Quel est l'avenir que le gouvernement
réserve à cette mise en place d'incubateurs au Québec?
J'aurai aussi d'autres questions à poser concernant des problèmes
plus spécifiques. Je m'en tiendrai à ces observations pour
l'instant car je ne voudrais pas retarder plus longtemps l'étude des
crédits. Je voudrais assurer le ministre que nous coopérerons
avec lui afin de procéder le plus rapidement possible à
l'adoption des crédits du ministère.
En terminant, à ce sujet, le développement
économique au Québec est, à mon avis, beaucoup trop
important et beaucoup trop prioritaire pour qu'on ne puisse pas collaborer
positivement. J'entends le faire, bien sûr, avec mes collègues. Ma
collaboration, M. le ministre, sera entière. C'est le rôle de
l'Opposition de faire une surveillance assez rigoureuse, mais je voudrais -
j'aimerais aussi qu'il en soit de même de la part du gouvernement -
qu'elle soit sans partisanerie parce que l'économie du Québec,
nos PME ne peuvent pas se payer le luxe de petites batailles politiques.
Brièvement, M. le Président, dans les commentaires par
rapport à la toile de fond et à ce que le ministre nous a
livré au début des travaux de la commission, je retiens des
choses fort intéressantes. Cependant, lorsqu'on invoque les finances
publiques, je pense que le ministère de l'Industrie et du Commerce, les
outils dont les PME ou les dirigeants d'entreprises ont besoin, cela ne doit
pas être relié nécessairement à cette sitution
difficile pour le Québec, et personne ne peut dire le contraire.
Cependant, lorsqu'on veut, dans une entreprise, faire du développement,
on doit davantage investir. Lorsqu'on regarde l'aspect des coupures, il est
bien sûr que les chiffres ne correspondent pas nécessairement et
proportionnellement aux coupures qu'on peut ressentir, comme vous avez pu
l'expliquer. Cependant, je pense qu'il serait sage de s'assurer que le
ministère de l'Industrie et du Commerce, ses fonctionnaires et ses
professionnels qui y oeuvrent, de même que les différents
organismes, particulièrement la Société de
développement industriel, aient tous les outils nécessaires pour
pouvoir fonctionner. Faire de l'intervention, comme vous l'avez
mentionné, M. le ministre, avec un programme et une approche mieux
ciblés, cela me semble fort intéressant dans ce que vous avez
appelé ou ce que vous appelez vos crédits Pro-PME.
L'approche au niveau de l'intégration des jeunes
diplômés, c'est quelque chose qui a été vécu
dans le passé et qui était fort intéressant. Je me
souviens d'en avoir été un ardent défenseur à titre
de membre de l'exécutif du Groupement québécois
d'entreprises. Je pense que ce sont d'excellentes nouvelles de voir qu'on va
pouvoir, par toute cette approche, aider des jeunes diplômés
à s'intégrer dans les entreprises, et la même chose pour
l'aide à la formation de conseils d'administration ou de comités
de gestion. Je pense que nos PME ont besoin de cela. Je suis fort heureux, M.
le ministre, que cette approche soit retenue et que vous ayez les
crédits nécessaires. Ma préoccupation est que ce qui s'est
passé ces dernières années, et c'est souvent le cas, c'est
qu'on sous-estime quelque peu les besoins des PME en ces matières et on
n'a pas les ressources et les crédits nécessaires.
Il faudrait qu'en ce début d'année 1986-1987, finalement,
le ministère ait tous les crédits pour être capable de
répondre à la demande. Il est dommage que, trois ou quatre mois
après qu'un programme soit lancé, on n'ait plus les
crédits nécessaires et qu'on soit obligé de dire aux
entrepreneurs qui ont été enflammés et qui sont contents
de voir une tournure ou un geste posé par un gouvernement face à
l'aide qu'il peut leur donner: Malheureusement, il n'y a plus de
crédits, ou, les crédits sont déjà
complètement épuisés. Cela est un peu dommage. Il faudrait
s'assurer que l'estimation a été bien faite dans ce sens et qu'on
soit capable... parce que, vraiment, lorsque vous parlez d'un plan
ciblé, d'un plan d'entreprise, de support au conseil d'administration,
d'intégration de jeunes diplômés, je pense que c'est
quelque chose qui est susceptible d'avoir une très forte demande.
Je garderai mes autres commentaires puisqu'on avait convenu de passer
programme par programme. Tout au cours de ces trois programmes, on aura
à passer à travers les différents dossiers. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Bertrand. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui, à ce stade-ci, veulent faire des remarques
préliminaires? Sinon, mous allons immédiatement commencer
l'étude des crédits par programme. Est-ce que le ministre
voudrait, peut-être, ajouter quelques mots?
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, précisément,
M. le Président. Vous vous adressiez aux membres de la commission. Je
n'en suis pas. J'attendais que vous regardiez dans cette direction-ci.
En réaction aux propos du député de Bertrand, je
peux comprendre que, dans la mesure où ce dernier n'était pas en
Chambre depuis quelques années, il ne soit pas aussi au fait de
certaines dimensions politiques, économiques, sociales que nous vivons
depuis quelques années au Québec.
Il faut savoir deux choses quand on
commence à nous dire ici qu'on ne consacre pas de ressources
financières suffisantes au développement économique. Il
faut savoir qu'il y avait un trou de 1 500 000 000 $ dans les finances
publiques, lorsque nous sommes arrivés. À partir de ce moment, le
gouvernement est convié à un exercice qui ne consiste pas
à dépenser plus. Cela me paraît une évidence, mais
je me permets de la rappeler à ce moment-ci. J'ai indiqué,
d'entrée de jeu, que le gouvernement qui a été élu
en décembre, dès son arrivée, a dû faire en sorte
que nous pourrons restaurer un équilibre acceptable dans les finances
publiques. C'est une grosse commande et c'est une commande que nous n'avions
pas passée nous-mêmes. C'est une commande qui avait
été faite ou - comment dirais-je? - qui est le résultat de
l'ensemble de décisions qui ont précédé le 2
décembre 1985. Dans cette mesure, je pense qu'il faut toujours
être conscient, lorsqu'on va parler de l'intervention du gouvernement,
des programmes d'aide qu'on peut mettre à la disposition des
particuliers et des entreprises, qu'il y a une dimension financière
à laquelle on ne peut pas échapper.
Ce que j'ai indiqué, c'est que cela ne signifie pas que nous
abandonnons, dans un contexte comme celui-là, nos objectifs de
développement économique. Je trouve un peu trop limitée la
portée que voudrait donner à ce terme de soutien au
développement économique le député de Bertrand. Il
y a toutes sortes de façons d'aider les entreprises
québécoises à réaliser des projets. Il n'y a pas
que les subventions ou les prêts garantis ou les autres régimes
d'aide financière. Ce que nous avons exprimé sur la place
publique bien avant tes élections, j'oserais dire en Chambre, à
gauche du président de l'Assemblée pendant quelques
années, c'est qu'il était important de créer au
Québec un climat susceptible d'inciter les entreprises à se
développer, afin que nous puissions atteindre, en matière de
fiscalité, en matière de réglementation, en matière
de présence du gouvernement comme agent économique, un
degré de concurrence avec nos voisins qui nous permettre de nous battre
è armes égales.
Nous avons, comme gouvernement, mis sur pied des groupes de travail qui
ont des échéances extrêmement rapprochées pour faire
rapport. On entendra parler avant la fin de la session de ce que signifie le
fait de se dégager, comme gouvernement, de différents secteurs
économiques. Le groupe de travail sur la privatisation, qui a
déjà des réalisations à son actif, de même
que le ministre délégué à la Privatisation ont
déjà indiqué très clairement et très
concrètement ce que cela signifie, de laisser la place à
l'entreprise et au secteur privé dans l'économie du
Québec.
Le groupe de travail sur la dérégle- mentation qui,
également, nous fera rapport fort bientôt - nous en saisirons,
évidemment, l'ensemble de nos concitoyens - a également à
l'esprit la réalisation de l'objectif du gouvernement, que nous avons
exprimé maintes fois bien avant aujourd'hui, d'arrêter
d'intervenir par voie réglementaire dans l'activité des
entreprises du Québec. L'activité réglementaire d'un
gouvernement, cela ne coûte pas très cher, sinon l'encre que cela
prend pour édicter, publier un règlement et la salive que cela
prend pour en parler. L'entreprise, qui est réglementée plus
qu'elle ne l'était avant la publication d'un nouveau règlement,
porte un fardeau très réel qui se mesure en dollars et en cents,
qui se mesure dans le temps que doivent consacrer des gens à
l'intérieur de l'entreprise à compléter des formulaires,
à se pencher sur des définitions plutôt que de travailler
à améliorer la qualité de leurs produits, qu'il s'agisse
de biens ou de services.
Troisièmement, nous avons un groupe sur la révision des
programmes. Il y a très certainement répétition - on en
voit dans certains cas - d'une multiplicité d'interventions
gouvernementales qui pourraient, à grand profit pour le gouvernement,
les entreprises et les citoyens du Québec, être menées dans
d'autres lieux, être consolidées dans des organismes, voire
même carrément être réalisées par des agents
du secteur privé plutôt que par le gouvernement. Ce sont des
dimensions fort importantes. Une portion non négligeable du temps du
gouvernement porte sur l'amélioration de ces éléments de
climat favorable à l'investissement et au développement de
l'entreprise au Québec.
Les ambitions que nous avons pour le Québec sont à la
mesure des capacités des Québécois, Lorsque nous indiquons
qu'à l'intérieur de notre mandat nous comptons réaliser la
création de 400 000 emplois, c'est un défi que les
Québécois peuvent relever à condition que nous ayons mis
en place la toile de fond, je devrais plutôt dire les fondements qui
permettront aux entreprises de démarrer et de croître.
Le député faisait état des pertes d'emplois de
janvier à mars dernier et ce au regard de la création d'emplois
qui aurait eu lieu dans les douze mois précédant l'arrivée
au pouvoir du gouvernement actuel. Je veux lui dire deux choses à ce
sujet. D'une part, la création d'emplois dont il fait état comme
étant au crédit de l'ancien gouvernement était, à
ce moment, de la récupération pure et simple des emplois perdus
à l'occasion de la crise de 1981 à 1983. Le Québec,
malheureusement, traînait de la patte au titre de la
récupération des emplois perdus par dizaines de milliers lorsque
l'Amérique du Nord a connu les conditions de développement fort
difficiles- que nous connaissons
tous.
Par ailleurs, je lui rappellerais - là, très nettement,
c'est à cause de son absence de l'Assemblée nationale avant le
mois de décembre - que nos collègues du gouvernement
précédent, lorsque nous faisions, je le reconnais aujourd'hui,
l'erreur d'isoler des chiffres comme celui qu'a isolé le
député de Bertrand, nous rappelaient à l'ordre avec
raison. C'est-à-dire qu'on ne peut pas se fier sur une aberration
momentanée des statistiques sur une très courte période
pour conclure à des succès ou à des insuccès. Je
pense que la question a été vidée, c'est surtout sur des
longues périodes qu'on doit regarder ces choses-là autant en
matière d'investissement que de création d'emplois. (11
heures)
Cela fait partie du domaine public, les rappels à l'ordre comme
ceux que je viens de faire... Il y en a eu par l'ancien gouvernement, je pense
à un cas où ils avaient raison, je pense à 800 cas
où ils avaient tort. M. le Président, vous me permettrez de
prétendre qu'un rappel à l'ordre est toujours salutaire à
cet égard.
Troisièmement, pour ne pas allonger, je reviens à la
dimension d'aide à l'entreprise que le député de Bertrand
semble privilégier, soit l'injection de ressources financières
dans le système de la part du gouvernement. Il prétend que nous
pouvons susciter des attentes, que des programmes dont il souligne les
qualités sont susceptibles de décevoir. Je suis presque
obligé de dire oui, dans la mesure où il n'y a pas des fonds
illimités. C'est pour cela que nous entendons cibler nos interventions.
C'est entendu que, s'il y a un programme qui est populaire parce qu'il est
bien, il y a beaucoup de demandes, mais arrive un moment où il n'y a
plus de fonds pour répondre aux demandes qui peuvent venir de la
clientèle éventuelle.
Le fardeau que porte le gouvernement à ce moment-la, j'en suis
fort conscient, c'est de s'assurer que les disponibilités
financières qu'il dégage soient employées de la
façon la plus efficace possible. Au-delà du premier
arrivé, premier servi, voyons quel est le meilleur arrivé et qui
serait le premier servi. Je pense que c'est ce que nous tentons de
réaliser avec les ressources de l'État, de les utiliser de ta
façon la plus efficace possible et non pas tout simplement de les jeter
à tout venant sous prétexte qu'il y a une demande et qu'en
conséquence on doive y répondre. L'équilibre de l'offre et
de la demande, cela existe dans toute matière, y compris celle des
subventions gouvernementales ou des programmes d'aide financière.
À partir de ce moment-là, s'il y a un déséquilibre
parce que la demande est trop forte, on rétablit l'équilibre en
s'assurant que les interventions sont dirigées vers ceux qui se
qualifient le mieux à des programmes d'aide que le gouvernement pourrait
mettre à la disposition des clientèles.
J'ose croire que nous aurons d'autres occasions de parler des dossiers
que le député a évoqués. Je ne pense pas, à
ce moment-ci, qu'il y aurait lieu de commencer de longues discussions, qu'il
s'agisse du dossier de l'automobile, de celui des incubateurs ou un autre. J'ai
cru comprendre des propos du député qu'il comptait y revenir un
peu plus tard.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bertrand, sans que par ailleurs on engage un dialogue et un débat
uniquement entre vous deux sur les remarques préliminaires parce que je
pense que ce serait important qu'on aborde le plus rapidement possible les
programmes comme tels. D'accord?
Discussion générale
M. Parent (Bertrand): Une dernière intervention, M. le
Président, par rapport aux propos du ministre concernant les pertes
d'emplois. Je veux bien qu'on regarde sur une plus longue période et
j'espère qu'au cours des prochains mois on aura la chance d'analyser
avec plus de recul, mais je suis déjà persuadé que la
tendance qui est prise actuellement, à mon grand désarroi et je
pense au grand désarroi du ministre aussi, n'est pas des plus
encourageantes. Tout ce que j'espère, c'est sur des cas
spécifiques, des cas qui sont portés à son attention.
J'avais apporté le cas de AMC-Renault, particulièrement sur le
dossier de Saint-Bruno, mais je pense aussi à d'autres cas qui
s'annoncent déjà actuellement. Pour n'en citer que deux ou trois,
il y a le cas de Marine Industrie à Sorel où, même s'il y a
eu un comité CAMO formé récemment, il y a une
préoccupation de 400 ou 500 emplois; et le cas entre autres de Northern
Telecom, à Aylmer, qui transfère actuellement à Atlanta
aux États-Unis des centaines et des centaines d'emplois. Cela me
préoccupe au plus au point parce que ce sont des emplois de haute
technologie.
Je peux vous dire, M. le ministre, que s'il n'y a pas d'intervention de
faite dans les prochaines semaines, puisque le licenciement de ces personnes se
fera pour le 2 mai, on va perdre au profit des États-Unis - cela a
été ces dernières années, il y a eu des pertes
importantes d'emplois du groupe Northern Telecom qui détient un
marché important via Bell Canada.
J'aurais une autre question à poser au ministre, avant qu'on
entre dans les détails. Lorsque vous avez dit: Nous sommes à
réviser des programmes, est-ce qu'il est possible de savoir à ce
stade-ci - cela aiderait à comprendre un peu l'orientation que le
ministère ou que le ministre entend
prendre - quelle est la position du ministre actuellement par rapport
aux aides gouvernementales? Est-ce qu'il entend s'orienter davantage vers des
formules qui ont été expérimentées et qui ont
été très valables ces deux dernières années,
par rapport aux programmes qui ont été mis de l'avant,
c'est-à-dire des programmes où on allait davantage vers des
formes de garanties de prêts? Est-ce que toute l'approche "subventions"
qu'on a connue ces dernières années va tendre tranquillement
à diminuer pour une catégorie d'entreprises - soit dans la
grande, soit dans la petite - la subvention pure et simple ou si on s'en va
vers des programmes qui va falloir restreindre - vous l'avez mentionné -
parce qu'on a des fonds qui sont restreints? Quelle va être l'attitude ou
la philosophie du ministère ou du ministre par rapport à cette
aide financière? On a touché l'aspect des ressources humaines,
mais l'aide financière?
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Ce que le député évoque avec raison, c'est: comment
s'assure-t-on que le gouvernement, compte tenu de ses ressources
limitées, agisse de la façon la plus efficace possible pour
susciter la réalisation de véritables projets qui ont des chances
de succès?
Je dirais que dans la mesure où on favorise, d'abord et avant
tout, dans la décision de ce qui doit être réalisé
au Québec, le jugement de l'entrepreneur lui-même plutôt
qu'une analyse extérieure et un schéma un peu plus
théorique de politique industrielle, si on veut être logique, vu
qu'on dit qu'on croit à l'entreprise privée, il faut voir ce que
l'entreprise privée ou ces entrepreneurs ont à suggérer.
Où veulent-ils s'en aller? Qu'est-ce qu'ils ont identifié? C'est
leur argent qui est là. Je dis que, de façon toute logique, pour
que ces deux éléments se joignent et s'additionnent, on va
demander aux entreprises d'exprimer concrètement leur confiance dans les
chances de succès de leurs projets par l'investissement de leurs propres
ressources dans les projets.
Je m'explique par une phrase que les Américains emploient souvent
lorsqu'une discussion dure trop longtemps: "Put your money where your mouth
is". Si vous croyez que tel projet est important, si vous l'avez analysé
à mort dans votre entreprise, si vous êtes convaincus comme
entrepreneurs qui voulez réaliser vos ambitions, qui voulez satisfaire
un besoin des consommateurs que vous avez identifié, êtes-vous
disposés à mettre de l'argent là-dedans?
Quand on regarde la contrepartie, c'est de continuer dans certains
volets de programmes à tout simplement consacrer des ressources
financières à un projet qui est analysé comme étant
bon, oui, qui pourrait avoir des chances de succès, qui est dans un
créneau ou un secteur de marché en croissance, qui est en train
de nous permettre de substituer nos propres produits, biens ou services
à des importations, qui, par ailleurs, peut avoir des chances
d'être exporté sur des marchés extérieurs et de
dire: À sa face même, c'est un bon projet, donc, on met quelque
chose dedans, sans se demander ce que l'entreprise elle-même est
prête à faire comme effort.
Quand on parle d'associer le gouvernement au développement
économique en s'appuyant sur le secteur privé, c'est s'en
remettre, quant au jugement de ce qui est un bon projet, à ce que
l'entreprise a identifié comme étant un bon projet. Le seul test
de l'existence d'un jugement positif de l'entreprise, c'est sa capacité
à convaincre des gens du secteur privé d'également
investir là-dedans. C'est la confiance qu'elle manifeste en consacrant
des efforts d'imagination et des ressources financières à
réinvestir dans son entreprise, au lieu - pour employer une caricature -
de s'acheter un condominium quelque part au soleil. Les entrepreneurs
québécois ont, depuis quelque temps, franchi un stade de
développement qui nous permet de dire qu'ils sont plus
sophistiqués, qu'ils sont plus sensibles à des dimensions de
marchés, qu'ils ont une meilleure préhension de ce qu'est le
développement à long terme de leur entreprise et, à partir
de ce moment-là, si on a affaire à des gens du secteur
privé qui sont plus à même de juger par eux-mêmes des
chances de succès de leurs projets, nous disons en toute logique:
Plutôt que de venir nous demander de financer substantiellement, à
des pourcentages considérables, l'entreprise au sens étroit que
vous nous soumettez, pensez donc un peu que nous serions tellement plus
sûrs de notre coup en vous donnant un coup de main si vous consentiez
vous-mêmes à un effort financier, à un effort de travail
pour assurer la réussite de votre projet.
Donc, c'est un réaménagement, je dirais un partage nouveau
qui va amener l'entreprise à contribuer davantage à son propre
développement, que nous suggérons. Cela vient - je le
répète et je l'ai évoqué dans mes remarques
préliminaires - du préjugé favorable que j'entretiens
depuis longtemps. Compte tenu de l'expérience dont il nous fait part,
qui est du domaine public à certains égards, je suis sûr
que le député de Bertrand partage cette volonté d'assurer
que l'entreprise québécoise démontre sa confiance dans ses
capacités et que l'entrepreneur québécois est prêt
à poser des gestes concrets pour donner suite à ses propres
ambitions. Ensuite, le gouvernement peut
venir accélérer, par ses programmes d'aide, un projet, un
démarrage, une expansion et, dans certains cas, lorsque les conditions
existent, compléter très souvent lorsque les limites des moyens
financiers dont peut disposer l'entrepreneur et son cercle de connaissances,
les gens de son milieu... Lorsque les limites ont été atteintes
par l'entreprise privée, à ce moment-là, le gouvernement,
et c'est son rôle, peut venir compléter cet effort.
D'abord et avant tout, c'est une différence de philosophie qui a
l'avantage, par les temps qui courent, de correspondre également au fait
que les finances publiques ne permettent plus de multiplier les programmes qui
s'enrichissaient - et c'est une autre dimension dont on pourra parler -les uns
les autres. On peut constater, par sédimentation ou autrement, une
accumulation de programmes d'aide qui faisaient en sorte - des cas bien
précis me viennent à l'esprit - que, pour une centaine de mille
dollars, il pouvait y avoir une mise de fonds de 500 $, 1000 $ ou 1500 $ de
l'entrepreneur qui avait un programme d'aide par ci, une subvention par
là, une aide à la formation ou à l'intégration de
la main-d'oeuvre dans un troisième temps, une déduction fiscale
dans un quatrième temps; ce qui faisait en sorte que, finalement
l'entrepreneur n'était pas une véritable partie prenante à
tout cet effort et que ce sont les fonds publics qui, essentiellement,
capitalisaient une entreprise ou lui permettaient de donner suite à ses
plans d'expansion ou de démarrage. Je pense que, d'une part, je le
répète, nous n'avons plus les moyens de fonctionner de cette
façon, mais surtout l'"entrepreneurship" québécois
réunit maintenant un ensemble de . caractéristiques qui font en
sorte que nous pouvons assurer nous-mêmes notre propre
développement, lorsqu'on croit en un projet d'une entreprise.
Le Président (M. Charbonneau): À ce stade-ci, je
voudrais demander au député de Bertrand et au ministre s'ils
considèrent que, par cette intervention, ils se sont engagés dans
l'étude du premier programme tel que, semble-t-il, ils avaient convenus,
selon un ordre particulier. Peut-être qu'à ce moment-ci il serait
bon que vous fassiez connaître aux membres de la commission la
façon dont vous aviez envisagé de procéder. (11 h 15)
M. Parent (Bertrand): En fait, M. le Président, à
partir du document de base et explicatif qui se divise en trois programmes
particuliers, il s'agit d'aborder de façon systématique les
programmes 1, 2 et 3 et, à l'intérieur de chacun, de passer
à travers les différents éléments, ce qui va nous
permettre, je pense, de façon assez rapide de passer à travers
les crédits. Au fur et à mesure qu'on touche des domaines ou des
secteurs, il y a des éclaircissements ou des questions que le ministre
va pouvoir nous apporter, ce qui va faire qu'on va pouvoir se rendre...
Soutien technique et professionnel au
développement des secteurs
Le Président (M. Charbonneau): Donc, si je comprends bien,
on fonctionne par programmes et pas nécessairement par
éléments de programme, c'est-à-dire que, par exemple, dans
le programme 1, Soutien technique et professionnel au développement et
à la croissance des secteurs manufacturiers, commerciaux et
coopératifs, il y a trois éléments et...
M. Parent (Bertrand): On va prendre les éléments 1,
2 et 3, si le ministre est d'accord.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. À ce
moment-ci, on va engager la discussion comme telle sur le programme 1 et je
vais céder la parole à M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Alors, sur la question des chiffres, c'est
assez ardu. Au programme 1, donc éléments 1, 2 et 3, de
façon générale, à Gestion interne, on a une petite
augmentation des crédits. Par contre, dans Politiques et
stratégies sectorielles, de même que Services aux entreprises
manufacturières... on a une dimunition des crédits. Par rapport
à l'an passé, ce programme a diminué de 5 %; j'aimerais
qu'on ait les explications concernant l'augmentation de Gestion interne et les
diminutions des deux autres.
Une voix: II faudrait peut-être qu'il soit plus
précis.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le
député prend cela élément par élément
ou s'il regarde le programme dans son ensemble? Parce que dans le fond, s'il y
a des éléments, c'est pour qu'on en discute, en principe,
séparément. J'ai essayé de voir la question. Est-ce qu'on
veut nous amener à expliquer comment on pense les débits et les
crédits, ou les plus et les moins, ou est-ce qu'il y a des questions
précises? Dans le fond, sauf erreur, le cahier jaune que j'ai entre les
mains a été transmis au député et je me demandais
s'il y avait des choses particulières qui l'amenaient à poser des
questions. Je dirais, d'entrée de jeu, que certains des postes qu'on
voit là et qui sont décrits dans le cahier des crédits
comportent des explications qui parlent d'elles-mêmes. Vous parlez, par
exemple, de l'élément 1, petite augmentation. Évidemment,
c'est la
somme arithmétique des plus et des moins qu'on voit sur la page
de droite, en regard de la description bien sèche des postes de
dépenses par supercatégories et catégories, du
fonctionnement, autres dépenses, capital, autres dépenses, etc.
Il y a un tas de choses mécaniques là-dedans, je prends à
titre d'exemple l'augmentation de 288 000 $ pour les loyers. Alors, les
crédits alloués pour défrayer à la SIQ le
coût des locaux de bureau occupés par le ministère, on ne
peut pas y échapper. Comme le député le sait sans doute,
la SIQ administre les propriétés immobilières du
gouvernement, alloue les locaux et nous sommes tous un peu esclaves des
factures que la SIQ nous envoie. C'est la SIQ qui négocie les baux avec
les propriétaires un peu partout. Elle fait au mieux. Dans les cas de
réaménagement, dans les cas de relocation, éventuellement,
elle indique au ministère que, pour l'année 1986-1987, on devra
prévoir au titre des loyers une somme d'un quart de million, ou à
peu près, de plus que l'année précédente.
M. Parent (Bertrand): De façon très
spécifique, à l'élément 1, M. le ministre, sans
passer tous les éléments les uns après les autres, il y a
une diminution pour les services de l'ordre d'environ 50 000 $. J'aurais
aimé savoir comment elle se justifie. Par rapport aussi aux locaux que
va occuper ou qu'occupe le ministère, est-ce qu'il y aura agrandissement
des locaux ou si on va se restreindre à aller davantage vers des
restrictions? Ce sont les seules questions que j'ai à
l'élément 1 qui touchent beaucoup plus cette diminution des
services de 50 000 $. Par quoi se traduira-t-elle, quant aux loyers ou aux
espaces physiques?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est hautement technique, M.
le député. Au premier poste, à titre d'exemple, on me fait
remarquer, à la page de droite, une diminution à l'occasion d'un
réaménagement qui permet l'autofinancement d'achat
d'équipement de bureautique, etc., de 42 900 $. Le même montant se
retrouve en augmentation en capital à l'élément "autres
dépenses". Il s'agit de réaménagement de traitement
comptable. Lorsqu'on regarde isolément un poste, qui peut diminuer
à "fonctionnement - autres dépenses", on y voit une diminution
mais il y a une augmentation, par ailleurs, à "capital - autres
dépenses".
Je ne prétends pas que c'est précisément à
l'égard de ce poste-là que cela se produit, sauf que si on pense
à des services comme tels il s'agit d'une diminution notamment, on me le
souligne, des dépenses de publicité et de promotion du
ministère. C'est dans la foulée du désir du gouvernement
de réduire quand même les dépenses de publicité que
nous avons trouvées passablement élevées dans le
passé.
On voit donc qu'il y a 60 000 $ de diminution au niveau des
communications. Cela m'apparaît important, plus que les quelque 53 000 $
dans les services dont une partie s'explique, comme je vous le dis, par des
réaménagements de traitement comptable de certains postes de
dépenses.
M. Parent (Bertrand): Sans rentrer trop dans les
technicités, M. le ministre, toujours à l'élément
1, on retrouve à l'élément 2 une diminution du personnel,
des effectifs d'environ 3,7 %. Je voulais savoir si cela se traduisait par des
restrictions concernant des locaux, que ce soit au MIC à Montréal
ou ailleurs. Vous avez l'élément "fonctionnement-personne!"
à 2; tout est interrelié, finalement, au programme 1... J'y
comprends qu'il y a des diminutions, des variations à la baisse
d'environ 3,7 % quant au "fonctionnement-personnel." J'essayais de rattacher
cela aux dépenses prévues actuellement dans les espaces où
il y a, d'une façon difficile à expliquer, des augmentations.
Est-ce qu'on prévoit des espaces additionnels ou est-ce carrément
des augmentations de loyer prévues?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant aux deux dimensions, vous
avez encore parlé des loyers et du personnel, si j'ai bien compris. Pour
les loyers, il y a en partie une augmentation des espaces du ministère
à Montréal et il y a, en grande partie, des augmentations de
loyer d'espaces commerciaux que nous occupons, qui ont été
négociées par la SIQ cela, c'est pour le ministère pris
comme tel, comme siège social, si vous voulez, ou extension du
siège social. On me souligne également, dans plusieurs
régions, les réaménagements, l'occupation de certains
lieux, l'augmentation commerciale des loyers. Les baux qui ont
été négociés par la SIQ expliquent, au titre des
loyers, l'augmentation que vous avez là.
Par ailleurs, concernant le personnel, je ferai remarquer au
député qu'essentiellement il n'y a pas de changement dans les
effectifs et que les diminutions qu'on peut observer au titre des
crédits de traitements qui sont libérés - c'est un gros
chiffre, 500 000 $ -sont consécutives à la libération des
crédits qui étaient rattachés à des postes qui ont
été abolis au cours des années. Étrangement, il y
avait eu des resserrements, des compressions dans le nombre du personnel
autorisé. Par ailleurs, les crédits n'étaient pas
modifiés en conséquence et, en 1986-1987, on donne suite,
finalement, a des compressions qui avaient été
réalisées, mais sans que les crédits reflètent ces
compressions.
M. Parent (Bertrand): Quant au fonctionnemment...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On n'a mis personne à la
porte, si c'est cela que vous demandez, sauf à la SAQ, une personne.
M. Parent (Bertrand): Concernant le fonctionnement du personnel,
élément 2, il y avait l'année dernière, si je me
souviens, un programme qui avait été mis de l'avant au niveau de
la formation de plusieurs représentants du MIC pour aller de plus en
plus vers ce que vous appelez l'approche "entreprise". Est-ce qu'il a
été prévu de continuer ce genre de programme par rapport
à des projets pilotes qui ont été menés au cours de
1985?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les termes du
député m'ont porté à ne pas savoir
immédiatement s'il parlait d'un projet pilote. Dans le fond, on parle de
favoriser l'approche "entreprise" grâce à l'ajout, dans les
régions, d'une équipe de gens qui sont à même de
faire des diagnostics d'une entreprise, de voir ses besoins, etc. Chose
certaine, cela va continuer. Il n'y a pas de diminution de la présence
de ces gens dans les directions régionales. Il n'y a pas d'abandon,
chose certaine, de cette forme d'activité. Mais je dois dire, comme je
l'ai indiqué un peu plus tôt, que les ajouts qu'on peut faire
quant à la façon de soutenir leur travail de façon
concrète vont être doubles. D'abord, quant au contenu, une
espèce de demande de se concentrer sur la gestion de la qualité
de la production, la qualité des systèmes dans une entreprise,
afin que nous puissions augmenter, grâce à l'augmentation de la
qualité, la part de marché des entreprises
québécoises. Ici, on peut parler de sous-traitance, on peut
parler de nouveaux produits, on peut parler d'exportation. C'est très
certainement un volet que nous entendons privilégier. C'est dans la
façon dont les ressources humaines vont fonctionner.
Deuxièmement, cela se complète par le programme d'aide que
je décrivais un peu plus tôt et que j'entends soumettre à
mes collègues pour approbation, qui est, lui aussi, ciblé plus
spécialement sur l'amélioration de la qualité de
l'entreprise, qu'il s'agisse, comme je l'ai indiqué, de
l'amélioration de certaines fonctions stratégiques, de la
dotation à l'intérieur de l'entreprise d'un plan de
développement, d'un plan d'entreprise, de l'incitation à
s'adjoindre un conseil d'administration extérieur ou alors de faire
appel carrément, avec l'aide et à la suggestion du
ministère, mais surtout à l'initiative de l'entreprise, à
des consultants de l'extérieur pour régler des problèmes
que le plan d'entreprise pourrait identifier. (11 h 30)
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. M. le
Président, j'ai une autre question à ce sujet. C'est donc dire,
par rapport à l'approche que vous avez manifestée, si j'ai bien
compris, faire jouer un r6!e encore plus important, partout dans les
régions, avec les délégués du MIC, le nombre comme
tel n'augmentera pas. Ils vont servir davantage de catalyseurs et l'entreprise,
lorsqu'elle voudra se bâtir un plan d'entreprise, va s'adjoindre
finalement des conseillers extérieurs. Cela ne sera pas fait avec le
personnel et l'aide du MIC. Si je comprends bien le ministre, puisqu'on ne fait
pas d'addition de personnel, le délégué du MIC agira
davantage comme catalyseur pour coordonner finalement cette action
auprès de la PME.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est-à-dire que, ce
qu'on peut dire d'entrée de jeu, le nombre d'interventions ne devrait
pas subir de diminution. Le personnel est toujours là. Ce que nous
transmettons comme signal, ce que nous entendons faire, ce que nous entendons
réaliser, c'est de concentrer sur des dimensions à
l'intérieur de l'approche entreprise ce qui s'appelle la qualité
de la gestion et la gestion de la qualité, étrangement. Cela fait
image mais cela rejoint essentiellement les préoccupations que
j'exprimais de façon un peu plus longue tout à l'heure: s'assurer
qu'on retrouve de la qualité dans nos entreprises.
M. Parent (Bertrand): Toujours par rapport à ces
ressources, ce personnel, ce que j'aimerais savoir c'est s'il a
été envisagé part le ministre et son ministère des
équipes spéciales pour venir en aide aux entreprises qui
connaissent des difficultés ou qui sont en période très
critique, des équipes de survie, des choses qui ont été
souvent demandées par les dirigeants d'entreprises? Est-ce qu'il y aura
des équipes volantes là-dessus ou un rôle que le
ministère entend jouer particulièrement concernant les
entreprises en difficulté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je dois dire, comme
député, pour avoir dû communiquer avec des entreprises de
mon comté qui étaient en difficulté, qui à la
dernière minute sentaient une crise qui pouvait être mortelle, que
j'ai déjà communiqué avec les services du ministère
dans ma région pour constater qu'effectivement ils répondent
à cela sur une base ad hoc. Il n'était pas question
d'équipes volantes ou d'équipes spécialisées en
redressement ultime d'entreprises mais plutôt, dans le fond, cela devient
une réaction normale de nos services à une demande pressante et
justifiée qui peut leur être adressée. Dans la mesure
où il y avait des chances de succès, si une entreprise en
difficulté - la banque est à la porte et les créanciers
aussi -pouvait bénéficier d'un sursis, d'un moratoire
grâce à l'intervention du ministère et de ses agents
dans les régions qui font ressortir que tel programme d'aide existe
spécifiquement pour corriger certains problèmes, que donc cela
peut être porteur d'une amélioration de la condition de
l'entreprise, à ce moment-là cela devient de la relation pure et
simple avec les créanciers, cela devient la démonstration que
l'entreprise se soucie énormément de sa survie et que le
ministère était partie prenante via ses agents dans les
régions.
En d'autres termes, c'est sur une base ad hoc, c'est par cas
d'espèce, à ma connaissance, que ces problèmes sont
traités et non pas par une équipe volante, qu'on installerait
où? Je me le demande bien sincèrement. Et comment apprend-on
qu'une entreprise est à 48 heures d'un problème de fermeture
sinon en l'apprenant? À ce moment-là, on n'aurait pas beaucoup de
temps pour réagir mais cela fait partie du mandat concret, en pratique,
des agents parce que j'ai déjà vu faire cela dans les
régions.
M. Parent (Bertrand): Là-dessus, M. le Président,
ce que j'aimerais finalement suggérer au ministre c'est que son
ministère puisse envisager de telles équipes volantes
éventuellement dans une prochaine année. Ce genre de travail...
Je ne dis pas qu'ils sont là pour sauver l'entreprise, les
délégués du MIC, qui font un excellent travail dans tout
le Québec, ne sont pas nécessairement spécialisés
dans du sauvetage d'entreprises et de l'intervention de dernière minute.
Ce serait un peu comme les banques savent très bien le faire lorsqu'une
entreprise vient en période serrée et très difficile, ils
ont une équipe interventionniste de sauvetage ou de fermeture -
appelons-la comme on voudra. Si le ministère avait quelques
personnes-ressoures qui formait une équipe volante qui connaîtrait
vraiment et qui aurait tous les contacts avec l'entreprise privée,
particulièrement si ce n'est qu'appeler le vice-président d'une
banque pour lui dire: Voulez-vous nous donner une semaine dans ce dossier et on
va essayer de faire une intervention? Car dans le fond, pour avoir vécu
plusieurs cas, M. le ministre, le délégué du MIC ne peut
pas dans sa région donnée être un spécialiste dans
tout, et lorsque survient un cas de nouvelle entreprise - je pense qu'il y en a
qui connaissent davantage les programmes de support et d'aide et les orientent,
cela va très bien - lorsque surviennent les cas difficiles d'entreprises
-et souvent ce sont de bonnes entreprises avec un excellent potentiel et
sûrement le ministère va vouloir finalement donner un coup de
pouce - très souvent, comme vous dites, on l'apprend lorsqu'il est trop
tard. Je fais la suggestion. Je pense que cela représenterait finalement
peu de frais, mais il s'agirait de constituer une espèce d'équipe
volants, qui serait connue de la part de l'entreprise et par laquelle le
gouvernement pourrait faire des interventions ou du moins essayer de sauver
certaines entreprises.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je peux comprendre le souci du
député qui exprime ce souhait, par ailleurs. Mais dans la mesure
où le délégué régional ou les gens au bureau
de direction régional ne sont pas des spécialistes en tout, il
est difficile de concevoir qu'une équipe volante le serait,
spécialiste en tout. Ce que nous avons de façon
centralisée et, donc, disponible à tout le monde, ce sont
plutôt des spécialistes dans différentes fonctions de
l'entreprise; ils sont disponibles pour aller analyser, d'une part, aller
corriger, je devrais plutôt dire, à la suite d'une analyse qui a
été faite, le diagnostic d'entreprise. Nous avons des
spécialistes qui vont, avant que la crise n'éclate, c'est pour
cela qu'on existe surtout, renforcer certaines des fonctions de l'entreprise.
Aux directions régionales donc... enfin le fardeau qui repose sur nos
gens est d'identifier - parce que c'est cela le développement
économique - les entreprises qui ont des chances de succès, c'est
ça l'approche entreprise, de faire un diagnostic quant aux fonctions qui
doivent être renforcées, quant aux forces ou aux faiblesses, de
façon générale, de l'entreprise, d'administrer et de
recourir aux programmes d'aide que j'ai pu décrire
précédemment, qui inciteront l'entreprise à y mettre du
sien et au gouvernement à venir compléter pour que les
corrections interviennent au niveau de certaines fonctions stratégiques
de l'entreprise. À partir de ce moment, mieux vaut prévenir que
guérir.
Par ailleurs, peut-être que le député s'en
souviendra, on me souligne que la Société de développement
industriel, dans la mesure où elle assure le suivi d'un dossier, a dans
certains cas à intervenir en situation de crise parce que
déjà il y a un nombre de dossiers x - x étant connu en
l'occurrence -qui sont suivis par les gens de cet organisme, et ils voient
venir les choses beaucoup mieux qu'un conseiller en développement
industriel quelque part dans une région peut voir venir les choses dans
l'ensemble des entreprises de sa région. Dans ce sens, la SDI a un
avantage particulier: c'est dans son inventaire de dossiers en cours qu'elle
peut intervenir de façon régulière, apparemment, pour
aller corriger une situation d'urgence pour prendre les mesures
appropriées, soit en suggérant que des gestes soient posés
ou alors en prenant des mesures qui protègent son investissement ou les
subventions qu'elle peut avoir consenties.
Dans ce sens, ce n'est pas proprement au niveau des directions
régionales, mais à la Société de
développement industriel qu'on
peut retrouver le modèle que vous avez décrit.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. Disons que je ne
suis pas convaincu qu'on peut régler ces cas par la
Société de développement industriel, laquelle fait un bon
boulot mais n'a pas les ressources humaines nécessaires. Ce que je dis,
c'est un élément à regarder éventuellement, parce
qu'il y a un problème de ce côté, l'identification de ces
cas. Je pense qu'il va falloir trouver une solution. Elle n'existe pas
actuellement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'espère que le
député ne veut pas dire que la SDI n'a plus les ressources
humaines nécessaires, qu'elle n'est plus compétente à ce
faire depuis qu'il a quitté le conseil d'administration de la
SDÎ.
M. Parent (Bertand): Je faisais allusion à la perte de son
président. L'élément 3 du programme 1, qui est le dernier
élément, c'est là où on touche les services
entreprises manufacturières. Sur le plan technique, il semble y avoir
une augmentation d'un effectif, mais il y a une diminution au niveau des
traitements. Est-ce que je comprends bien les chiffres? Est-ce qu'on peut me
donner une brève explication là-dessus? Les traitements
passeraient de 11 239 000 $ à 10 000 000 $. On parle d'une augmentation
d'effectif ou du moins du maintien, d'une augmentation d'un occasionnel, dans
le fond. J'essayais de faire l'équation pour savoir ce qui se passerait
sur le plan technique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais demander au technicien
de m'expliquer cela.
Je cherchais avec vous une explication différente de celle que
j'ai donnée tout à l'heure. Il n'y en a pas. Il y avait, en
1985-1986, des compressions de postes qui avaient été
réalisées, mais les compressions de crédits n'avaient pas
été réalisées. C'est un peu aussi un effet
cumulatif des années antérieures où il y avait eu
compression dans le nombre de têtes de pipe qui apparaissaient dans nos
différents services, mais il n'y avait pas eu de compression de
crédits correspondante.
Je peux comprendre que l'effet de cela était de constituer des
coussins ou des marges de manoeuvre à certains égards. On n'a pas
réengagé les gens ou on n'a pas recréé les postes
qui avaient été comprimés au fil des ans. On en prend acte
pour 1986-1987 et la compression est donc réalisée.
Je vous reporte par ailleurs, pour être complet, à l'annexe
4 du cahier où nous fournissons certaines explications sur l'origine des
crédits périmés. On retrouve 1 500 000 $ au titre des
traitements et autres rémunérations. Lorsqu'on regarde quel avait
été le budget modifié en 1985-1986, c'est-à-dire
les crédits, plus les crédits supplémentaires par rapport
aux déboursés qui ont été encourus, il y avait 1
500 000 $ de crédits périmés. C'est la source, cela
confirme l'explication plus longue que je vous ai donnée tout à
l'heure, qui était consécutive à des compressions.
M. Parent (Bertrand): On est en train de trouver les millions du
milliard. À la rubrique des loyers, M. le ministre, on passe de 43 000 $
à 105 000 $. Quelle est la principale explication au point 6 de
l'élément 3?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on parle de loyers, on a
le réflexe - y compris le mien, M. le député - de voir un
immeuble, des espaces de plancher. On m'indique, par ailleurs, une grosse
composante, dans le cas que vous soulevez, d'équipements de bureautique,
d'informatique, de traitement de données, etc., dans les régions
essentiellement où on a équipé nos gens de façon un
peu plus moderne, je vous dirai. (11 h 45)
M. Parent (Bertrand): Merci. Comme dernier point sur cet
élément 3, ce programme, comme tel, parraine trois domaines
très particuliers. J'aimerais savoir quelle va être l'allure de la
prochaine année concernant les bourses d'affaires, la promotion des
jeunes entrepreneurs et la promotion des produits québécois. Ce
sont des services sous la Direction générale des services, mais
il y a toute la dimension de bourses d'affaires qui s'accumulent en termes de
demandes, mais qui ne semblent pas être capables de suffire à la
demande. Quelle est l'allure que prendra l'aide au plan des bourses d'affaires
pour la prochaine année?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le programme, comme tel, est
maintenu. Les détails. Il est administré par la
Société de développement industriel. C'est consenti
à partir des régions, si je comprends bien la mécanique.
C'est un programme qui permet, vous le savez, à des jeunes
diplômés de s'associer à une affaire. Le mécanisme
que vous connaissez consiste en une garantie de prêt jusqu'à un
maximum de 25 000 $.
Le commentaire que j'aurais à formuler à ce sujet, pour
avoir vu passer plusieurs dossiers, c'est qu'il faut s'assurer que les jeunes
qui empruntent, avec la garantie que nous pouvons consentir, soient bien
prudents pour ne pas se retrouver dans une situation où ils devront
beaucoup d'argent à brève échéance. Il faut
s'assurer, là aussi, qu'ils s'alignent vers une entreprise qui a un peu
de chance de succès, qui fera au moins ses frais, y compris à
partir du treizième mois -
il faut s'en souvenir - alors que du capital pourrait être
exigé, des remboursements d'intérêt seront
éventuellement exigés.
Je suis toujours un petit peu prudent pour et au nom du
bénéficiaire des services quand je vois qu'il semble
disposé à emprunter beaucoup d'argent et à ne pas en
mettre beaucoup des sources qu'il pourrait aller taper autour de lui, sinon de
ses épargnes, son travail d'été ou quoi que ce soit, tout
en reconnaissant que ce ne sont pas des gens qui veulent se payer des 60 000 $
ou 70 000 $ par année ou même des salaires de député
et qui sont de beaucoup moins élevés.
Ce que j'essaie d'assurer, dans le fond, au demandeur, c'est qu'il ait
une chance raisonnable de succès. C'est tellement
désespérant ou c'est, tout au moins, triste de réserver
à un jeune qui veut se lancer en affaires une mauvaise expérience
comme première expérience. Cela me préoccupe beaucoup que
nous puissions créer chez les jeunes qui pourraient se prévaloir
de ce système un mouvement d'optimisme et de confiance, plutôt que
de simplement - je t'ai dit pour ce qui concernait l'administration d'autres
programmes - regarder si, à sa face même, il se qualifie en vertu
d'un tas de critères objectifs. Dans la mesure où nos sommes sont
limitées, assurons-nous qu'on va encourager des jeunes qui ont des
chances de succès. Cela a toutes sortes d'effets sur la hausse de la
confiance qu'on a de pouvoir faire des affaires. En confiant à quelqu'un
qui a du succès, le temps et les ressources qu'on peut consentir, il va
engager d'autres gens plus tard. Si l'entreprise est en croissance, cela va
avoir des retombées très immédiates, très directes
dans son milieu, bien au-delà de la confiance qu'il ou qu'elle pourra
acquérir comme jeune entrepreneur.
Dans ce sens, nous maintenons le niveau d'intervention, grosso modo, du
ministère à ce titre, mais nous ferons tout en notre pouvoir
pour, encore une fois, cibler nos interventions pour que les retombées
éventuelles soient les plus significatives possible. C'est pour la
protection du jeune, finalement, qu'on essaie d'exercer un peu plus de
sévérité ou de rigueur dans l'attribution des
différents programmes de subventions.
M. Parent (Bertrand): Je suis un peu surpris des propos du
ministre quant à sa réserve face à ce programme. Il est
vrai qu'il faut avoir des critères suffisamment serrés pour
permettre que ceux qui obtiendront cette bourse d'affaires aient de très
fortes chances de réussite. Mais, à en juger par
l'expérience passée, en tout cas celle de la dernière
année, le principe de la bourse d'affaires avec le parrainage des gens
qui sont déjà en affaires fait en sorte que c'est une combinaison
et une formule gagnantes. Pour parler de la région 06, parce que j'ai
été même parrain d'une de ces entreprises, il y avait, en
avril ou mai dernier, 125 à 150 demandes seulement dans une
région. Là-dessus, on en avait accepté quelque chose comme
une vingtaine. Il y avait deux préoccupations, et j'aimerais que le
ministre puisse regarder de très près cette dimension: c'est,
d'abord, être capable de donner des réponses assez rapidement
parce que ce genre de programme a suscité beaucoup
d'intérêt et, finalement, il y avait une file de gens qui
attendaient pendant deux, trois mois et plus pour avoir des réponses
à des projets drôlement valables. Quand vous parlez de la
création d'emplois, de soutien à l'entrepreneurship, c'est
là, à mon avis, un outil extraordinaire.
L'autre dimension qui était demandée par certaines
régions - je peux parler au moins de la région de la rive sud -
c'était d'augmenter le plafond de 25 000 $ à 50 000 $ ou à
75 000 $. Aujourd'hui, un jeune qui veut partir en affaires, avec 25 000 $ ne
peut pas aller tellement loin. Dans le but de ne pas trop endetter les gens, il
y avait aussi un principe qui était émis: pour chaque dollar
prêté, il fallait s'assurer que l'entrepreneur en mette autant ou
trouve un partenaire. Cela devenait fort intéressant vu qu'il y a des
projets qui ne lèvent pas de terre actuellement dans la région 06
parce que la mise de fonds de départ, si on ne veut pas l'avoir
sous-capitalisée, exige plus que ces montants-là. Je sais qu'il y
a eu des demandes faites par les gens qui s'occupaient de ce programme au
niveau de la région. C'était la même chose dans d'autres
régions, je le sais pour avoir rencontré leurs
représentants. Ils voulaient qu'on ouvre un peu les soupapes de ce
côté-là. Bien sûr, cela veut dire avoir des
crédits, mais si on décide de faire confiance à des jeunes
ou à des nouveaux entrepreneurs pour un projet bien spécifique,
je trouve qu'on a un outil qui coûte peu cher et qui est drôlement
stimulant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce sujet-là,
deux choses. Évidemment, les 25 000 $, on dit: De nos jours, cela ne
permet pas de faire grand-chose. Ce que je remarque de plus en plus et ce qui
est souhaitable, c'est que des gens qui se qualifient tous à ce
programme s'associent. Dans le fond, pour un projet, on pourrait
prétendre que le maximum a été limité, mais dans la
mesure où il y a suffisamment de gens qui, précisément,
s'associent dans un projet et vont tous et chacun chercher la subvention, le
programme d'aide auquel ils ont droit on arrive, dans certains cas, à
des montants, ma foi, fort intéressants.
Par ailleurs, il faut réaliser que les programmes de garantie
d'emprunt n'ont pas, à ce jour, une expérience aussi longue
qu'on
le voudrait pour pouvoir les évaluer avec autant de
précision qu'on le souhaiterait. Je m'explique: Ce n'est que lorsque
l'expérience qu'on peut avoir soutenue tourne mal, tourne au vinaigre ou
connaît un certain échec que là, on verra combien cela
coûte. C'est pour cela qu'il y a une espèce d'effet de boule de
neige caché dans ces programmes qui devrait nous inciter à la
prudence. Il n'en demeure pas moins que ce sont des endettements qu'on
encourage et, dans la mesure où l'on prête un peu plus attention
à la qualité du projet et à la feuille de route des gens
qui y sont impliqués, on se réserve des lendemains moins
douloureux au titre des finances publiques, d'une part, mais surtout - j'y
reviens, je l'ai mentionné tout à l'heure - on s'assure d'avoir
appuyé quelqu'un qui connaîtra du succès, dont la confiance
en lui et en l'entrepreneurship, en l'entreprise et en ses associés va
se bâtir de cette façon-là et que les retombées vont
être plus significatives à partir du moment où l'on
privilégie les meilleurs projets.
Donc, à sa face même, je dirais que nous maintenons le
programme. Nous dépassons, vous l'avez vu, 3 300 000 $, le même
montant que l'an dernier. On espère que par l'application d'un
critère normal en disant: Favorisons quelque chose qui a plus de chance
plutôt que le premier arrivé, premier servi - ce n'est pas
illimité, je le répète, et le député l'a
relevé aussi - le programme sera plus efficace.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Pour ce qui
est du programme 1, cela complète les questions que j'avais. Je ne sais
pas s'il y en a d'autres qui veulent intervenir avant qu'on passe au programme
2.
Le Président (M. Charbonneau): Je sais que le
député d'Ungava m'avait signalé son intention de poser
quelques questions sur le programme 1.
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Ce sont de petites questions techniques sur
lesquelles j'aimerais avoir des précisions en ce qui concerne
spécifiquement les chiffres qui sont avancés dans la
présentation.
D'abord, vous avez dit, M. le ministre, en réponse à une
question du député de Bertrand concernant l'augmentation du
coût des loyers, entre autres, en ce qui concerne l'élément
1 du programme, qu'il y a une partie de cette augmentation, de 290 000 $
environ, qui se justifiait par l'augmentation des espaces
réservés au ministère à Montréal. J'aimerais
savoir ce qui justifie ces augmentations d'espaces.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est qu'à la Place
Mercantile à Montréal, si vous l'aviez visitée il y a un
mois, on vous aurait expédié par affiches et flèches au
dixième étage et vous ne nous auriez pas trouvés
là. Vous auriez trouvé mon collègue
délégué aux PME et moi-même au dix-neuvième
étage. Il y a eu un jeu de chaise musicale qui s'est produit
récemment dans cet édifice à bureaux où le MCE,
d'une part, le MRI, d'autre part, et le MIC et PME de troisième part ont
changé littéralement d'espace à l'intérieur de
l'édifice. C'était afin de refléter, à titre
d'exemple, dans le cas qui nous préoccupe ici au ministère, le
fait que le gouvernement a décidé avec raison de
privilégier une intervention auprès des petites et moyennes
entreprises en désignant spécifiquement un membre du cabinet pour
s'occuper de cette dimension-là et vous aurez l'occasion de lui en
parler en soirée. Nous occupons donc un espace de quelques milliers de
pieds, à peine, de plus que nous ne le faisions au dixième
étage.
M. Claveau: Alors, si je comprends bien, M. le ministre, vous
voulez dire que ces...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Deux ministres, cela prend plus
de place qu'un. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Claveau: Ces 290 000 $ de crédits
supplémentaires au chapitre des loyers vont améliorer
l'efficacité du ministère à Montréal?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, non. C'est l'ensemble, 288
600 $. N'essayez pas de venir me faire dire que c'est cela que ça
coûte de loyer annuellement pour un cabinet de ministre; cela n'a aucun
sens. J'ai évoqué, parmi les raisons de l'augmentation des
loyers, l'espace à la Place Mercantile. Dans les régions - je
l'ai mentionné spécifiquement - également, il y a des
augmentations du loyer payable, qu'est-ce que vous voulez, par les directions
régionales; c'est le commerce. Il y a également, tout simplement,
toutes choses étant par ailleurs égales, des augmentations de
loyer pour les espaces occupés par le ministère comme
siège social et extension de siège social, excluant les
régions. (12 heures)
M. Claveau: Merci, M. le ministre. Dans un autre ordre
d'idées, concernant le personnel, vous nous avez très bien
expliqué qu'il y a une large partie, finalement, des diminutions qu'on
retrouve dans les crédits qui s'expliquent par le fait des
crédits périmés de l'année financière
antérieure. Par contre, peut-être que c'est par manque de
connaissance de tous ces éléments, mais enfin, avec le temps, on
va finir par apprendre, il reste que dans un premier temps, quand on est
à l'élément 1 du programme 1, "fonctionnement, personnel"
on
a une faible augmentation des "traitements", mais on maintient le
même niveau à "autres rémunérations".
Jusque-là, cela me semble être logique avec la connaissance que
j'ai du domaine.
Dans un deuxième temps, quand on passe à
l'élément 2 du programme 1, on enregistre une diminution quand
même assez imposante quant aux "traitements", mais on maintient le
même niveau à "autres rémunérations".
Déjà, là, je me demande ce que cela veut dire.
On passe à l'élément 3, où on a une
diminution encore plus imposante des "traitements", mais on retrouve en plus
une augmentation des "autres rémunérations". Je me pose
réellement des questions à savoir ce que cela signifie.
J'aimerais avoir quelques éclaircissements là-dessus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bien simplement, M. le
député, je l'ai appris, moi aussi, la première fois que je
suis venu aux crédits du ministère, le poste "autres
rémunérations" recouvre ce que vous voyez dans les effectifs qui
est libellé "employés occasionnels". Vous pouvez voir, dans les
cas où il y a un maintien du nombre d'effectifs occasionnels, que le
poste "autres rémunérations" correspond, en diminution, en gel ou
en augmentation, à ce qu'on observe dans le nombre de postes
occasionnels prévus pour l'année en cours.
Par ailleurs, les diminutions ou augmentations au titre des traitements,
que vous soulignez et qui peuvent se produire en même temps que cela ne
se comporte pas de la même façon dans "autres
rémunérations", c'est à l'égard des employés
permanents, d'une part. D'autre part, les variations que vous soulignez
viennent, justement, du résultat comptable en 1986-1987, de la
compression réalisée dans les crédits
consécutivement à des compressions d'effectifs au cours des
années précédentes.
M. Claveau: Une troisième petite question, si vous me le
permettez, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Presque tout vous est permis
ici. Je n'ai pas de permission à vous donner; c'est au président
de le faire.
M. Claveau: On va en profiter au maximum. En regardant les
chiffres, je suis intrigué par le poste 7 "fournitures". Dans les trois
éléments composant le programme, on observe des diminutions dans
beaucoup de secteurs. Si je prends l'élément 3, entre autres, on
"a des diminutions des services et de l'entretien, on maintient le niveau des
équipements, mais on double les dépenses de fournitures. Cela
m'intrigue un peu. C'est censé coûter moins cher en
informatisation.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le
député. On m'explique avec force détails que c'est
simplement la réalisation d'un plan d'équipement, de remplacement
d'équipement de bureau, de bureautique. Sur une longue période,
on peut planifier qu'à un moment donné, quant à
l'activité du ministère, il se passe certaines choses, on
réalise des compressions, comme vous le voyez, mais en même temps,
toujours dans la planification sur trois, quatre ans ou même plus, il est
temps de changer les tapis, parce que les gens s'accrochent les pieds dans les
rebords et dans les trous qui se sont creusés avec les ans, il arrive
qu'on doive changer des pupitres et des chaises, qu'on doive quand même
faire un peu mieux au point de vue de l'équipement du personnel de
secrétariat, des dactylos ou autres, de l'équipement de
bureautique, enfin des choses comme cela. On m'indique que c'est dans le cours
normal du budget d'équipements purement physiques, de fournitures que
ces variations se produisent. Dans le fond, cela n'a pas de rapport
véritable avec le niveau d'activité du service lui-même,
comme vous l'avez souligné dans vos commentaires.
M. Claveau: Cela veut dire que, dans la période
d'austérité dans laquelle on entre, ces augmentations sont quand
même dans le but de fournir un meilleur service à moindre
coût au citoyen.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis d'accord avec ce que
vous dites.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
M. Claveau: Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que d'autres membres
de la commission voudraient intervenir sur le programme l?S'il n'y
en a pas d'autres, on va passer au programme 2. Je cède la parole au
député de Bertrand.
Soutien financier au développement des
secteurs
M. Parent (Bertrand): Programme 2, élément 1,
Société de développement industriel. C'est un changement
d'équipe, M. le ministre? Avant d'aborder...
SDI
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je m'excuse, M. le
député. Si vous me le permettez, dans la mesure où on a
souligné qu'il y avait un changement, il y a une chaise musicale qui
vient de se mettre en branle et de s'arrêter en face de vous. Je suis
maintenant accompagné, à ma gauche
immédiate, de M. François Lebrun,
président-directeur général de la Société de
développement industriel, et de M. Gaston Carrière qui en est le
trésorier.
M. Parent (Bertrand): Merci. M. le Président, si vous me
le permettez, avant d'aborder tout l'aspect technique des crédits de la
Société de développement industriel, j'aimerais parler de
ses orientations afin de connaître ce que le nouveau ministre de
l'Industrie et du Commerce envisage pour la société, du moins
à court et moyen termes.
Avant de commencer les questions - le ministre me le permettra
sûrement j'aimerais souligner l'excellent travail de la
Société de développement industriel du Québec.
Comme vous le savez, j'ai siégé pendant quatre ans au conseil
d'administration de cette société et à son comité
exécutif. Je peux vous dire que j'ai vu évoluer la
société de façon très importante et très
positive. Le service qu'elle rend aux entrepreneurs et aux dirigeants des PME
du Québec est quand même assez extraordinaire. C'est une
société qui a un très haut niveau de professionnalisme,
quant aux gens qui la composent, et je pense qu'on sera d'accord pour dire que
cette société n'a marché que dans une bonne direction ces
dernières années. C'est tout à l'honneur de son
président et de ses principaux collaborateurs. Je peux vous dire que,
dans l'ensemble des PME québécoises, actuellement, on est
très satisfait des services rendus. On a une préoccupation quant
à l'expansion que prend la Société de développement
industriel - on le verra tantôt - par rapport à certains segments;
je pense à la recherche-développement, à l'exportation. En
tout cas, si la société veut continuer à donner ce que
j'appelle un excellent service à sa clientèle, il va falloir lui
assurer les ressources nécessaires parce que, dans certains domaines,
cela risque de s'accumuler.
Cela dit, j'aimerais savoir du ministre -c'est peut-être une
question très générale, mais je lui laisserai le soin de
dire là où il a arrêté ses choix - ce qu'il envisage
comme orientation à la Société de développement
industriel du Québec, particulièrement quant à
l'orientation et au travail qu'elle devrait faire au cours des prochaines
années dans le domaine de la recherche et du développement avec
des programmes très spécifiques, là où c'est
important pour nos entreprises, et aussi dans le secteur des exportations avec
sa division, sa dimension SDI-exportation. Quelle allure veut-on lui donner par
rapport à cela et par rapport à ce qui existe actuellement,
à la SDI, dans les secteurs des exportations et de la
recherche-développement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui,
M. le député. La Société de
développement industriel, à mon sens, demeure un outil
privilégié de soutien à l'entreprise. C'est fondé,
d'abord et avant tout, vous l'avez souligné avec raison, sur
l'engagement en faveur du développement du Québec, des gens qu'on
y retrouve. Le milieu, la tâche, le mandat même de transiger
constamment avec l'entreprise font en sorte que nous avons là un
ensemble de gens qui sont extrêmement soucieux de s'atteler au
développement du Québec.
L'approche privilégiée qu'on doit retenir demeure
essentiellement celle d'identifier ceux des dossiers qui ont les meilleures
chances de succès possible. Il est entendu qu'à l'égard de
quelques dimensions particulières on devrait maintenir des approches
dites sectorielles mais on peut remarquer que depuis quelques années
c'est plutôt au niveau de la qualité même des dossiers qu'on
doit se concentrer.
Vous soulignez, è titre d'exemple d'intervention sectorielle dans
le fond, que la recherche et le développement, l'exportation doivent
demeurer un souci constant et je vous rejoins là-dessus. Il y a des
disponibilités budgétaires, des ressources finalement pas
négligeables, qui ont été consenties et continueront
à l'être à ces deux titres. Quant à l'approche
globale que la SDI doit avoir, il est entendu que - je le répète
parce que c'est ce qui est important - c'est la qualité des dossiers qui
doit primer, que c'est l'identification des retombées économiques
les plus significatives possible qui doit être retenue. C'est le cadre
à l'intérieur duquel la SDI exerce son activité. J'entends
maintenir cette direction. C'est un interlocuteur privilégié pour
les entreprises qui ont des chances de succès.
M. Parent (Bertrand); Merci, M. le ministre. De par votre
réponse, je comprends que vous continuez la même philosophie
développée par votre prédécesseur, M. Biron, au
cours des dernières années, c'est-à-dire de faire de la
SDI, finalement, l'outil privilégié. En tout cas, j'en suis bien
heureux. Cependant, dans les secteurs particuliers que je vous ai
mentionnés, là où on a des programmes très
spécifiques où il semble, en tout cas à ma connaissance, y
avoir des accumulations de dossiers importantes dans les domaines de recherche
et de développement et d'exportation, je voudrais m'assurer que les
ressources humaines sont là pour sortir les dossiers de façon
très rapide. C'est là un premier volet de ma question.
L'autre volet, c'est de s'assurer d'une très bonne coordination
avec votre collègue du ministère du Commerce extérieur, M.
MacDonald, puisque c'est vraiment interrelié. L'expérience
passée n'a pas toujours prouvé qu'on pouvait avoir, en tout cas
pour l'entreprise, une coordination de tous les
instants et les dossiers sont souvent restés dans la machine
pendant des périodes de quatre mois, cinq mois. Et on sait comment
l'exportation et le soutien à l'exportation sont importants: il faut
agir rapidement.
Ma question a deux volets: Si les dossiers continuent d'augmenter ou
d'affluer dans ces secteurs, est-ce que les ressources humaines seront
agréées de quelque façon que ce soit, par transferts de
postes ou autrement, et qu'on pourra assurer la SDI d'avoir les ressources
nécessaires?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qui amène, avec
raison dans les circonstances, vos questions tient au fait que certaines des
interventions de la SDI n'émargent pas aux différents postes
budgétaires que nous avons devant nous, mais sont dans les
crédits extrabudgétaires, c'est-à-dire qu'à la
suite d'interventions de la SDI, celle-ci doit faire appel littéralement
au ministère des Finances et au marché public pour donner de
l'aide, du soutien à l'entreprise par voie de prêts ou autrement.
À titre d'exemple, si on regarde l'année écoulée
1985-1986, il y avait, au titre des crédits extrabudgétaires pour
des prêts dans le programme d'aide aux activités de recherche et
d'innovation pour 13 000 000 $ d'interventions de la SDI. Pour l'année
1986-1987, la SDI prévoit que ce poste se chiffrera à 20 000 000
$, soit une augmentation considérable de l'ordre de 55 % ou à peu
près. (12 h 15)
La même chose dans la dimension de l'aide à l'exportation
que vous mentionnez. Qu'il s'agisse de la formation de consortiums ou de
crédit-implantation sous forme soit de capital-actions ou de
prêts, respectivement, les budgets l'an dernier étaient de 162 000
$ pour la formation de consortiums et seront de 800 000 $ cette année,
alors que le crédit-implantation, qui se chiffrait à 4 200 000 $
ou à peu près pour l'année écoulée, est
porté à 10 000 000 $ pour l'année 1986-1987.
On voit donc que, dans ce domaine de façon
générale, si on regarde les crédits
extrabudgétaires, y compris, je le souligne en passant, les prêts
aux entreprises touristiques, si on regarde tous les extrabudgétaires,
on peut ajouter 40 000 000 $ finalement, tout compte fait, d'interventions de
la SDI qui n'apparaissent pas, par ailleurs, dans les livres que nous avons
devant nous.
M. Parent (Bertrand): Mais l'explication, M. le ministre, que
vous me donnez confirme qu'il y aura une augmentation des activités dans
ces secteurs par rapport aux sommes d'argent extrabudgétaires qui seront
confiées. Ce sur quoi vous ne m'avez pas répondu, c'est à
savoir si on a les ressources pour analyser tous ces dossiers. Ce que je
trouverais dommage, c'est que, finalement, on ouvre les soupapes pour aider les
entreprises sur le plan financier, mais que les analystes en place, les
professionnels de la SDI soient débordés de travail et fassent en
sorte qu'une entreprise n'ait pas de réponse avant une période
importante. Je pense que la SDI traite très rapidement actuellement
l'ensemble des dossiers. Je pense que cela va bien. Mais dans ces deux
secteurs, en particulier, en tout cas à ma connaissance, il y avait des
accumulations qui commençaient à affluer. Il faudra s'assurer, si
on continue à pousser sur ces programmes, ce qui est important, c'est
qu'on ait les ressources humaines, les analystes en conséquence.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La réponse est double
pour alléger vos préoccupations. D'abord, si on parle de
rationaliser notre action, resserrer dans l'analyse le fonctionnement de notre
personnel afin de nous diriger spécifiquement dans les projets qui ont
les meilleures chances de succès, comme je l'indiquais, qui ont des
chances de retombées économiques significatives, il s'ensuit,
lorsqu'on recherche l'équilibre de l'offre et de la demande, qu'on se
dirige vers un moins grand nombre d'interventions de nature traditionnelle,
libérant ainsi le temps de nos analystes qui doivent se pencher sur les
volets que vous avez décrits et qui font l'objet de vos commentaires,
à ce moment-ci. D'une part, donc, réaménagement du temps
des gens qui sont préposés à l'analyse des dossiers.
Deuxième élément de réponse: informatisation
pour accélérer le traitement de l'étude et l'étude
des dossiers qui seront dirigés à la SDI, traités par
elle, la SDI est en phase d'installer sur informatique une quantité
considérable de renseignements à l'égard des dossiers, ce
qui permettra un accès plus facile, donc un traitement plus facile, un
traitement plus rapide notamment des différents dossiers.
M. Parent (Bertrand): Si on passe à
l'élément 1, j'aimerais avoir des explications par rapport
à la fin des programmes concernant les secteurs très particuliers
dans le domaine innovation-chaussure. Est-ce que ceci va être
remplacé par autre chose de nouveau ou tout simplement si ces
secteurs-là vont être complètement abandonnés sur le
plan de l'aide?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nous sommes ici devant des
programmes qui sont terminés, dans certains cas, depuis un bon moment.
Les sommes qui sont consenties normalement devraient aller en diminuant, c'est
la liquidation d'engagements antérieurs. Cela n'a pas été
la décision de celui qui
vous parle, de mettre fin à quoi que ce soit à l'heure
où je vous parle en matière de chaussures ou autrement, en tout
cas, dans ce que vous évoquez. Chose certaine, si on a dans les
différents programmes de la SDI, des engagements qui ont
été consentis au préalable, vous nous permettrez de les
accomplir.
J'ai découvert - le député le sait sans doute - que
la plupart des déboursés qui sont faits à
l'intérieur d'une année par la SDI, la vaste majorité de
ces déboursés l'est à l'égard d'engagements
contractés, en moyenne, il y a deux ans et demi ou trois ans et
même cinq ans, dans certains cas. Cela donne une idée, cela remet
en perspective les fluctuations que vous pouvez observer, notamment au titre de
diminution de déboursés ou d'appui à sa face même
qu'on pourrait donner à certains secteurs. Il y a des programmes qui
sont terminés depuis deux, trois ou quatre ans et qui sont en voie de
liquidation.
M. Parent (Bertrand): Merci. Concernant les prêts et
avances à l'article 16, qui passent de 7 000 000 $ à 17 000 000
$, pour les fins de la commission, le ministre pourrait-il nous dire pourquoi
cela augmente de l'ordre d'environ 10 000 000 $?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cette augmentation au titre des
prêts et avances s'explique notamment par la popularité du choix
qui est laissé à des entreprises de recevoir l'aide
financière, soit sous forme de subvention ou, alors, de prêt sans
intérêt ou même d'achat d'actions à caractère
particulier. Ce que la SDI fait dans de nombreux dossiers, dans les
technologies modernes et entreprises dynamiques, c'est qu'elle donne un choix
à l'entreprise quant à la forme d'aide qu'elle souhaite. Chacun,
à l'analyse financière, je présume, des impacts sur
l'entreprise, fait son propre choix.
Nous maintenons un niveau d'aide. Je dirais que l'exposition, le fardeau
éventuel de la SDI n'en est pas pour autant modifié. L'entreprise
a le choix de la forme d'aide. Compte tenu de ses circonstances propres, compte
tenu de son stade de développement, compte tenu de son plan
stratégique, compte tenu des restructurations qu'elle pourrait voir dans
l'avenir, l'entreprise exerce un choix. Le constat, c'est que ce choix est
particulièrement bienvenu dans la mesure où il donne heu à
ces formes d'aide qui sont décrites en prêts et avances.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le ministre pourrait nous dire
s'il a l'intention de laisser continuer un certain dédoublement de
programmes où certaines entreprises peuvent venir chercher leur
subvention et leur garantie de prêt? 11 devient embarrassant de voir que
l'argent des
Québécois peut être versé à une
entreprise parfois à un double niveau, à cause du chevauchement
ou de l'aspect deux volets par lequel une entreprise peut venir chercher de
l'argent.
Est-ce que, dans l'examen qui s'est amorcé des différents
programmes - je pense que c'est bon que ce soit fait à l'occasion -il y
aura élimination de tout dédoublement pour s'assurer d'avoir le
maximum de deniers pour aider le maximum d'entreprises? Parce qu'il a
existé, encore, dans la dernière année, des chevauchements
de programmes, ce qui a fait que les entreprises qui étaient assez vites
sur leurs patins pouvaient venir chercher, à différents endroits,
des sommes d'argent à la SDI.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, dans le fond, toujours au
même endroit, mais en vertu de volets différents.
M. Parent (Bertrand): De différents programmes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De différents
programmes, oui. Je dois dire que cela m'avait frappé, moi aussi, de
voir -comment dirais-je? - l'échafaudage qu'on peut réaliser
à même les différents programmes gouvernementaux.
D'ailleurs, ce n'est pas simplement à l'intérieur de
différents volets de ceux qui sont administrés par la SDI, mais
également en allant piger à droite et à gauche, en se
renseignant bien discrètement sur les disponibilités
financières de l'OPDQ, du PECEC, du CRIC, une garantie de prêt
ici, un CAPI par là, une subvention en plus, un achat de classes
d'actions particulières et même, dans certains cas limites, la
possibilité qui était ouverte de bénéficier
d'avantages fiscaux en utilisant certains mécanismes.
Cela fait beaucoup de responsabilités et de fardeaux financiers
pour le gouvernement et cela va carrément dans le sens contraire de ce
que je décrivais comme étant notre objectif, qui est de faire en
sorte qu'une entreprise qui croit en la qualité de son projet y mette un
peu du sien. Au point de vue du resserrement dans l'administration des
programmes, si vous voulez, nous avons tenté de minimiser, autant que
faire se peut, l'accès à des programmes qui s'ajoutaient les uns
aux autres.
Les entreprises qui transigent avec la SDI, depuis quelque temps, se
sont aperçues de ce changement. Elles se sont aperçues,
finalement, que nous sommes parfaitement disposés à aider
financièrement les entreprises québécoises, mais qu'il y a
des limites au cumul des différents programmes. Nous tentons, en
pratique, d'instaurer cette perception et les quelques mots que je viens de
dire font partie de la réponse que je vous donnais un peu plus
tôt, quant à la façon
dont on peut diminuer et réaménager le temps d'analyse que
peuvent consacrer nos gens à différents dossiers. Il y a moins de
ces cas de cumul qu'avec raison vous soulignez et, dans ce cas-là, cela
fait moins de dossiers.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que, dans ce sens, on peut penser
que le réaménagement de la programmation - si on peut l'appeler
ainsi - pourra aller jusqu'à être capable de rapatrier au sein du
ministère de l'Industrie et du Commerce, et faire analyser par la SDI
l'ensemble des programmes d'aide à l'entreprise, ce qui est au
ministère du Travail ou ce qui est à l'OPDQ ou ce qui est
éparpillé un peu partout. Est-ce qu'il y a un plan global qui se
dirigerait vers cela et qui ferait en sorte que le guichet unique qui a
déjà été évoqué et qui a
été amorcé pourrait se faire pour permettre à
l'entreprise d'être capable d'aller au MIC, de s'adresser à son
représentant du MIC ou à la SDI et être capable d'avoir les
deux ou trois ou quatre volets qui y touchent parce que actuellement tout ce
qui touche d'autres ministères échappe à votre
ministère? Les années ont fait qu'il y a eu éparpillement
de programmes. Je pense qu'il y a eu aussi un manque de coordination et de
concertation de ce côté-là, ce qui fait que cela
coûte sûrement beaucoup d'énergie et d'argent pour
administrer cet ensemble. Est-ce que cela est dans votre approche et dans
l'approche du présent gouvernement d'essayer de faire une
synthèse et de rapatrier sous le couvercle de votre
ministère?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En deux étapes d'abord.
Il faut, pour atteindre les objectifs que vous avez décrits, faire notre
travail à l'interne d'abord et avant tout. Nous avons mis sur pied un
comité conjoint de travail MIC et SDI - conjoint est une drôle
d'appellation, en l'occurrence, comme la SDI est un organisme - qui regroupe
des gens de la SDI et plus proprement du ministère justement pour voir
quel a été l'effet de cette sédimentation, accumulation,
multiplication au fil des ans des différents programmes et voir comment
on pourrait rationaliser tout cela, nous assurer qu'on réponde davantage
aux véritables besoins des entreprises. On entend les entreprises qui
souhaitent qu'on s'intéresse à un ou deux de leurs vrais
problèmes, notamment la capitalisation, comme vous le savez, notamment,
l'aide dans des secteurs un peu plus - comment dirais-je? - sophistiqués
plutôt que de multiplier les interventions par voie de subventions. C'est
un travail que nous avons à faire, de toute façon, chez nous et
qui est en voie de se faire. (12 h 30)
Deuxièmement, évidemment, ce que vous évoquez est
beaucoup plus large: Comment à l'échelle du gouvernement, nous
arrangeons-nous pour éviter ce qu'on pourrait se reprocher de faire
nous-mêmes avec plusieurs programmes? Il ne rn'apparaît pas que la
solution soit nécessairement de tout rapatrier sous le même toit
administratif. Il m'apparaît plutôt qu'à force de
concertation et de précision des objectifs qu'on doit tous atteindre on
peut arriver de toute façon au résultat que vous souhaitez pour
éviter des duplications.
Il n'en reste pas moins que les ministères sectoriels ont chacun
des responsabilités. Ils doivent avoir les moyens de les exercer.
Certaines interventions qui prennent la forme apparente d'aide à
l'entreprise sont souvent de l'aide, si on veut regarder cela de cette
façon, à une facette particulière du développement
régional et cela se complète mieux. C'est de l'aide à la
formation, au recyclage de la main-d'oeuvre. C'est un mandat plus
carrément social quant à certaines clientèles qui
devraient être intégrées dans l'entreprise. Ce n'est pas
évident que c'est nécessairement chez nous que tout doit se
retrouver de ce qui existe en matière de programmes d'aide dans les
différentes régions ou à l'égard de certaines
clientèles particulières que nous aimerions voir
réintégrer le marché du travail. La concertation est
essentielle si on ne veut pas, à tout le moins, travailler les uns
contre les autres et avoir des objectifs qui peuvent s'exprimer dans la
réalité comme étant particulièrement
contradictoires.
J'ajoute une troisième dimension quant à la
rationalisation et à la concordance des objectifs qu'on peut avoir avec
ceux que d'autres instances peuvent avoir. C'est que la concertation existe
également au niveau fédéral-provincial dans
l'administration des programmes qui sont disponibles aux entreprises autant au
niveau du gouvernement fédéral qu'à notre
ministère. Cette concertation est permanente et se fait à
l'occasion des travaux fort réguliers de comités conjoints
fédéral et du Québec en matière d'administration
des programmes d'aide couverts, notamment, par les ententes auxiliaires sur le
développement économique. C'est ce degré de concertation
que nous entendons augmenter le plus possible pour atteindre l'objectif de fond
sur lequel je vous rejoins, il n'y a pas de difficulté. Il faut
s'arranger, dans le fond, pour que la main droite sache ce que la main gauche
fait. Il faut aussi s'arranger surtout pour ne pas qu'après un
pèlerinage auprès d'officines gouvernementales de toutes sortes
quelqu'un non seulement ait une main gauche et une main droite, mais une main
du milieu et une main en haut et une main en bas.
M. Parent (Bertrand): Quelle est
l'approche du ministre face à la conception du guichet unique
pour favoriser l'approche "entreprise", de façon qu'elle puisse se
retrouver plus facilement? Est-ce que vous avez l'intention non seulement
d'accélérer le processus de rationalisation des programmes, mais
aussi de faire en sorte que l'entreprise s'y retrouve beaucoup plus facilement?
Quel est l'échéancier et quelle est la priorité du
ministre par rapport à cette approche au sujet du guichet unique?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Notamment, cette notion de
guichet unique que vous entendez couvrir sous ce vocable a-t-elle surtout trait
à la jonction qu'on pourrait faire avec les programmes du gouvernement
fédéral ou entre les ministères? C'est ce que je cherche.
En ce qui concerne la jonction qu'on peut faire et l'accès à des
programmes entre les ministères, l'information est disponible dans nos
directions régionales comme telles, soit la disponibilité de
certains programmes et de leur existence, des critères
d'admissibilité, etc. Ce sont toutes des choses qui peuvent être
décrites par nos gens dans les directions régionales. Par
ailleurs, si l'on parle beaucoup plus concrètement d'endroits
particuliers où on peut être éclairés par tous les
gens qui administrent des programmes de différents ministères ou
du gouvernement du Québec, d'une part, et du gouvernement
fédéral, non.
Je dois dire, à l'égard de la concertation
fédérale-provinciale, que lorsque nous sommes arrivés, le
2 décembre, il n'y avait pas beaucoup de choses positives qui avaient
été bâties dans les neuf dernières années
permettant de voir à brève échéance qu'on avait
soi-disant mis en place la concertation avec le gouvernement
fédéral. Je ne l'ai pas vue. Je présume que c'est la
même chose dans certains cas.
Enfin, tout cela est de nature publique. Nous ne l'avons pas exclu. Au
fond, on le fait par concertation à l'intérieur de comités
et par des conversations et des rencontres suivies avec nos homologues du
gouvernement fédéral. Nous conservons le plus haut degré
de concertation possible et nous tentons de l'améliorer dans
l'intérêt de la simplification pour les entreprises, parce qu'il
n'y a rien de plus ennuyeux et qui retarde aussi inutilement les
démarches d'une entreprise, que d'avoir affaire à toutes sortes
d'organismes à droite et à gauche.
Je demeure convaincu que nos gens dans les régions sont au fait
de ce qui est disponible pour une entreprise, même s'ils n'administrent
pas spécifiquement l'ensemble des services d'aide financière qui
peuvent exister dans différents ministères.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question sur ce point,
qui nous relie à la
SDI. Quand vous mentionniez que les délégués du MIC
connaissent très bien l'ensemble des programmes d'aide, malgré
qu'il n'y ait pas d'endroit privilégié, il y a eu une approche et
des expériences fort intéressantes qui ont été
faites par rapport à la création et à la mise sur pied en
région des maisons de l'industrie. J'aimerais savoir de la part du
ministre si c'est quelque chose qu'il compte accentuer. Deuxièmement,
quel mécanisme entend-il prendre pour assurer que les contacts entre le
MIC et la SDI, en ce qui a trait aux délégués et aux
analystes, se passent bien?
C'est un fait connu que ces équipes n'ont pas toujours
marché de pair. Depuis un an ou deux, je pense que beaucoup d'efforts
ont été faits en ce sens. Par contre, le
délégué du MIC ne doit en aucun moment entrer en conflit
avec le représentant ou l'analyste de la SDI, mais il doit faire une
meilleure coordination. Il y a des mécanismes à mettre en marche
pour s'assurer qu'il y ait, entre le ministère de l'Industrie et du
Commerce, ses délégués régionaux et la SDI, une
bonne collaboration de ce côté pour que, finalement, le chef
d'entreprise ou le dirigeant d'une PME récolte une aide gouvernementale
de la part d'un interlocuteur qui s'appelle le délégué du
MIC ou l'analyste de la SDI ou peu importe. Mais c'est loin d'être
sûr que cela a été un exemple de collaboration parfaite au
cours des dernières années. Je pense que beaucoup d'efforts sont
démontrés de ce côté-là. Je pense aussi que
s'il n'y a pas de mécanismes mis en marche pour s'assurer d'une
meilleure coordination à ces deux niveaux du MIC et de la SDI, c'est la
clientèle qui en souffrira. J'aimerais savoir si, dans ce sens, le
ministre entend mettre de l'avant des choses très
particulières?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Évidemment, au niveau
des régions, les moyens importants dont on peut entretenir les
entreprises, notre clientèle, les dirigent immanquablement vers la
Société de développement industriel. Cela appelle
très clairement une connaissance la plus à jour possible de la
part de nos directions régionales de ce qui se passe ou de ce qu'on peut
faire, de ce dont on peut bénéficier et de la façon dont
on peut transiger avec la SDI. Afin d'assurer que cette transmission, que ce
lien soit maintenu, je sais, au point de vue pratique, que la
Société de développement industriel a des relations
suivies, qu'elle se déplace, fait des tournées, qu'elle tient le
MIC dans les régions au courant, au fait ou au parfum, comme le veut
l'expression, de ce qui se déroule à la SDI, de ce que la SDI est
susceptible ou capable de faire pour les entreprises clientes qui sont
identifiées dans les régions.
Par ailleurs, quant à la SDI elle-même,
elle s'est dotée il y a déjà un bon moment d'un
service d'accueil et d'information qui reçoit les usagers. Il suffit
d'aller dans ses bureaux pour voir le caractère parfaitement
ininterrompu des appels téléphoniques qui viennent de partout, du
courrier, des visites en personne d'un client éventuel qui entre
là comme dans un magasin, pour voir que cela répondait à
une demande et que, comme toute bonne chose qui répond à une
demande, c'est devenu très populaire. Cela se sait que,
précisément à la SDI, il y a un service qu'on pourrait
appeler d'orientation des clientèles vers les sources que leurs besoins
peuvent appeler. Dans ce sens-là, autant à l'égard du MIC
que de la SDI, on voit que, en pratique, d'une part - je l'ai expliqué -
et institutionnellement, d'une façon organisée, administrative,
à la SDI, il y a des choses qui sont en place pour assurer cette
jonction que vous souhaitez.
M. Parent (Bertrand): Merci. Je suis prêt à aller un
peu plus dans l'élément 1, puisque la toile de fond de la SDI
répond à mes questions. M. le Président, est-ce qu'on peut
procéder?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui.
Programme de financement des entreprises
M. Parent (Bertrand): D'abord, quant au programme qui s'est
terminé le 31 mars dernier, le programme du financement des entreprises,
communément appelé le PFE, je lisais quelque part que l'extension
temporaire de ce programme était à l'étude. Quelle est
l'attitude du ministre et de son ministère face au programme de
financement des entreprises au-delà du 31 mars 1986?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Comme je l'indiquais tout
à l'heure, il y a un comité de travail, un comité de
révision, d'évaluation des programmes sur pied qui est
constitué de gens du ministère de l'Industrie et du Commerce et
de la SDI plus proprement. La question de savoir si ce programme qui s'est
terminé le 31 mars dernier devrait éventuellement retrouver une
forme, une expression qui correspondrait à des besoins qu'on pourrait
identifier à l'occasion de la révision des programmes et
finalement de l'analyse, toute la conjoncture qui détermine quel genre
de programme on met sur place. Ce programme avait, très certainement,
à une époque où les taux d'intérêt
étaient astronomiques, où les variations,- notamment le
coût de financement, étaient parfaitement imprévisibles,
subissaient toutes sortes de chocs et, à l'époque, on sentait
très clairement que le problème de sous- capitalisation des
entreprises était un problème non seulement réel, mais
criant... un programme comme celui-là avait sa raison d'être.
À un moment où les taux d'intérêt sont plus
près de 10 % que de 20 %, où il y a, par ailleurs, d'une part,
cette conscience des entreprises québécoises, il est important de
se capitaliser comme du monde au lieu d'emprunter à tour de bras;
d'autre part, il y a sur pied des programmes destinés à assurer
le soutien de la capitalisation de l'entreprise et il n'apparaissait pas
évident - c'est le moins que je puisse dire - qu'au-delà du 31
mars, il fallait nécessairement renouveler ce programme qui avait
été annoncé comme devant se terminer le 31 mars. Alors
là, personne n'est surpris et cela donne à tout le monde une
occasion de faire le point sur l'ensemble des programmes, notamment celui-ci
dans la mesure où il venait de se terminer.
L'accès à la Bourse
M. Parent (Bertrand): Merci. M, le ministre, quelle est
l'attitude de votre ministère quant au programme d'aide à
l'accès à la Bourse qui a été enclenché et
qui a donné d'excellents résultats? De quelle façon
envisagez-vous au cours de la prochaine année de continuer à
stimuler les PME pour aller sur la Bourse?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Là, on a affaire
à autre chose, au fond. On est en train de regarder un volet, l'un des
nombreux volets finalement du programme général qu'on
appellerait: Comment amener nos entreprises à se capitaliser? Dans la
mesure où je peux avoir indiqué que les conditions ont
changé - de toute façon tout cela est en révision - ce
programme particulier a déjà eu, c'est très clair, son
intérêt. La question est de savoir s'il l'a encore et, si oui, de
quelle nature, jusqu'où. C'est à la lumière de l'analyse
de l'ensemble - il ne faut pas oublier cela - des programmes administrés
ou professés par le ministère qu'il faut regarder ce programme de
même que tous les autres. Comme vous voyez, qu'il s'agisse de PFE, bon,
il est terminé; on va regarder ce qu'on va faire à terme pour
restaurer quelque chose de semblable ou pour le remplacer carrément par
quelque chose de semblable ou quelque chose de différent ou quoi que ce
soit. (12 h 45)
La même chose est vraie de l'ensemble des programmes que vous
voyez là. Si le groupe de travail doit avoir un vrai mandat et faire un
vrai travail et qu'on parle de révision de l'ensemble des programmes,
c'est justement là-dessus qu'il doit se pencher. Il n'en reste pas moins
que, de façon immédiate, il y a des décisions qui devront
être prises dans différents programmes qui
peuvent apparaître ou exister actuellement. Par exemple, des
programmes d'aide à la capitalisation, il y en a toute une série.
On en a évoqué quelques-uns, ensemble, depuis une heure ou un peu
plus, en regardant certains des éléments de programme, en parlant
de la façon dont on pourrait intervenir dans les directions
régionales, en parlant de bourses d'affaires, en parlant du PFE
évidemment.
Présentement, vous parlez du programme d'accès à la
Bourse. Cela fait beaucoup de programmes d'aide au financement et à la
capitalisation. On essayait de voir comment on pourrait rationaliser cela en
atteignant les objectifs de fonds que demandent les entreprises
québécoises. Cela fait partie du mandat du groupe de travail.
À ce moment-ci, il est prématuré d'indiquer dans quelle
voie... On doit faire des choix è savoir quels sont les programmes les
plus pointus qui s'adressent le mieux à des besoins exprimés par
les entreprises; donc, quels sont ceux qu'on doit définir ou conserver,
etc.? Pour l'instant, la machine continue comme elle existe, mais il y a un
groupe de travail qui est en train de réévaluer ces choses.
M. Parent (Bertrand): Je comprends très bien, M. le
ministre, qu'il y a certains programmes qui sont suspendus ou qui sont tout
simplement abandonnés pour l'instant. Ma préoccupation à
l'étude des crédits, c'est de voir à ce que votre
ministère, au cours des prochains mois, donc dans le présent
exercice financier, décide finalement d'aller de l'avant vers tel ou tel
genre de programme. Il semble qu'à partir du moment où on
décide d'abandonner, les coupures se reflètent dans
l'étude des crédits. Ma préoccupation est de savoir
comment vous allez vous y prendre avec l'amorce de nouveaux programmes
rationalisés. Est-ce que ce seront strictement des transferts
d'enveloppes budgétaires ou si, par rapport à ce comité
qui est formé pour étudier tout cela, on vous recommande d'aller
de l'avant avec tel ou tel genre de programme? Est-ce qu'on ira en
crédits supplémentaires? Quelle va être votre attitude face
à cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va être celle de
concert avec le groupe de travail, mes collègues du gouvernement. Cela
va être l'attitude générale que j'ai décrite plus
tôt, à l'intérieur des disponibilités
budgétaires. Dans !e fond, je répète cela depuis 10 h 10,
à l'intérieur des ressources financières du gouvernement
du Québec, comment pouvons-nous agir de la façon la plus efficace
possible pour répondre aux attentes des entreprises
québécoises et soutenir leur développement?
Je ne vois pas comment on peut aller plus loin que cela dans le
détail, dans la mesure où il y a des programmes qui sont
aujourd'hui en cours. Ils sont en cours. Il y a des crédits 1986-1987
qui sont prévus à ce titre. Rien n'est suspendu ou
abandonné, incidemment; ce sont les deux termes que vous avez
employés. Dans le cas du PFE, il y a un programme qui est terminé
et c'était prévu qu'il se termine. Il y en a d'autres qui sont
terminés depuis encore plus longtemps que cela, pour lesquels on a
encore des déboursés, des engagements que nous sommes en train de
liquider.
Quant au reste, vous me permettrez d'indiquer qu'il y a des
augmentations de budget à la SDI par rapport à l'an dernier,
chose certaine, qui sont aménagées, mécaniquement ou
arithmétiquement comme vous le voyez, de cette façon par
l'évolution et l'addition de différentes philosophies et leur
expression pratique. À ce moment-ci, nous sommes en train de
réduire à des expressions plus simples les principes qui doivent
nous guider et, nécessairement, il y aura, à ce moment,
consolidation. Je ne vois pas que nous allons diminuer notre niveau et notre
capacité d'intervention. À la rigueur, oui, on pourrait parler de
réaménagement, mais on verra lesquels en temps et lieu.
Transferts pour Domtar
M. Parent (Bertrand): D'accord. Une dernière question
concernant ce volet de l'élément 1. On retrouve Entreprises
à technologie moderne dans les dépenses de transfert. Est-ce que
le ministre pourrait nous signifier les détails des ententes de Domtar,
les 19 600 000 $ qui apparaissent cette année, qui n'étaient pas
là l'année dernière puisque cela a été
signé pour la prochaine année? En vertu de quoi l'entente
fédérale-provinciale... Pouvez-vous informer la commission sur
les 19 000 000 $ qui apparaissent en ce qui concerne les transferts pour
l'entreprise Domtar en particulier?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Comme vous !e savez, dans ce
dossier, la contribution des gouvernements, autant celui du
fédéral que celui du Québec, est constituée - c'est
le chiffre qui apparaît ici - d'une prise en charge des
intérêts sur un emprunt. Ce qui apparaît substantiellement
ici, c'est le coût de cet engagement, de prendre en charge les
intérêts sur l'emprunt qui a été contracté
dans le cadre de la modernisation des installations de Domtar à
Windsor.
M. Parent (Bertrand): Cela complète, M. le
Président, mes questions. Je ne sais pas s'il y a d'autres de mes
collègues qui ont des questions sur ce volet.
Le Président (M. Charbonneau): Sur le
volet, c'est-à-dire sur l'élément...
M. Parent (Bertrand): L'élément 1.
Le Président (M. Charbonneau): ...1 du programme 2.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Théorêt: M. le Président, étant
donné l'heure, est-ce que vous entamez un deuxième volet
ou...
Le Président (M. Charbonneau): C'est-à-dire
que...
M. Théorêt: II est 12 h 55...
Le Président (M. Charbonneau): ...je sais que le
député d'Ungava m'avait signalé qu'il avait des questions
à poser sur l'élément 1 du programme 2. Je lui signale
qu'effectivement il reste cinq minutes. D'autre part, je sais que du
côté de l'Opposition il y a un caucus à treize heures et
qu'on siège à quatorze heures, qu'on n'aura pas grand temps pour
le dîner, à moins qu'on suspende maintenant et qu'on reprenne avec
le député d'Ungava cet après-midi. Est-ce que cela
irait?
M. Théorêt: Très bien.
Une voix: M. le ministre voudrait dire quelque chose.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je n'ai pas très
bien saisi tous les détails.
Le Président (M. Charbonneau): Tout simplement qu'on
ajourne cinq minutes plus tôt, finalement,
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah bon, d'accordl
Le Président (M. Charbonneau): Parce qu'il est 12 h 55.
Par ailleurs...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Avant de faire cela, je
demanderais aux membres de la commission s'ils comptent revenir à la
charge, si l'on veut, quant au programme 2 qui couvre la Société
de développement industriel; question pratique de savoir si les gens de
la SDI qui sont ici peuvent retourner vaquer à leurs occupations
productives de développement économique pour le Québec ou
productives d'éclaircissements afin d'éclairer les membres de
cette commission.
Le Président (M. Charbonneau): Entre deux tâches
importantes, le député de
Bertrand va sans doute nous indiquer... Mais si on se fie au fait que le
député d'Ungava a des questions à poser sur le programme
2, l'élément 1...
Le développement régional
M. Claveau: Je pourrais peut-être poser ma question tout de
suite, M. le Président, si vous voulez, et on verra.
Enfin, j'aimerais savoir quelles sont les orientations et ce qu'entend
faire la SDI dans le domaine du développement régional, d'une
façon plus spécifique en relation avec les deux grands objectifs
qu'ils se donnent là.
Le Président (M. Charbonneau): J'ai l'impression qu'on
serait peut-être mieux de demander aux gens de la SDI de revenir cet
après-midi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sinon pour souligner que, dans
le fond, comme je I'indiquais, souvent la courroie de transmission qui fait
qu'une entreprise s'adresse à la SDI vient de son contact en
région avec les directions du ministère, auquel cas,
évidemment, il y a une distribution régionale, d'ailleurs qu'on a
remise à la suite d'une question de l'Opposition aux membres de la
commission, qu'on peut apprécier et qui tient au fait, comme je le
répète, qu'en première ligne, il y a les gens du
ministère partout dans les régions; les entreprises se dirigent
vers elles ou alors les directions régionales se dirigent vers les
entreprises. J'ai fait remarquer qu'il y a un programme d'aide à la SDI
qui pourrait s'appliquer à elles et de Montréal et de
Québec. C'est administré par la SDI de façon
décentralisée de ces deux endroits, mais recouvrant toutes les
régions du Québec.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député.
M. Claveau: Le sens de ma question n'est pas
nécessairement en termes administratifs, mais plutôt en termes
d'orientation ou, enfin, de volonté politique d'intervenir dans le
développement économique régional et puis aussi de rendre
cela compatible avec l'identification des retombées économiques
maximales et d'entreprises aussi, avec les capacités de
développement, au sens large, qui sont des contraintes lorsqu'on parle
de développement régional. C'est pris dans le sens des grandes
orientations du ministère par rapport è ces
contraintes-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'indiquerais que l'orientation
du ministère est déterminée par le mandat qui lui est
défini par le gouvernement et que ce n'est pas un mandat de
développement régional
que le MIC a à combler ou à exécuter; elle se
retrouve en d'autres lieux, comme vous le savez, dans l'appareil
gouvernemental, cette dimension précise. Les clientèles du
ministère de l'Industrie et du Commerce et de la SDI sont les
entreprises québécoises, et les dossiers sont analysés
à la lumière des critères que je vous ai exprimés
tout à l'heure. Les autres considérations quant à
l'équilibre régional et à son accomplissement
relèvent de l'ensemble des gestes du gouvernement comme tel, et
d'autres, certains de mes collègues du Conseil exécutif qui sont
chargés plus spécifiquement de s'assurer du développement
régional équilibré au Québec, alors que notre
mandat en est un de développement des entreprises. C'est cela l'approche
entreprise, précisément, de cibler sur les occasions de
développement économique fondé sur des entreprises
où qu'elles se trouvent au Québec, dans la mesure où
chaque fois qu'une entreprise connaît un essor, c'est dans
l'intérêt et à l'avantage de l'ensemble du
Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Avez-vous une question? 3e
sais que le député de Bertrand voulait faire un dernier
commentaire, après quoi, je crois qu'il m'a indiqué que les gens
de la SDI pourraient être libérés. M. le
député de Bertrand.
M. Théorêt: Je voulais juste faire un commentaire
là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon, d'accord.
M. Parent (Bertrand): Je pense qu'on peut, M. le
Président... Quant à moi, j'ai terminé avec les questions
concernant spécifiquement la 5DI. Si les gens de la SDI veulent quitter
ou s'ils trouvent cela fort intéressant, ils peuvent peut-être
passer la journée ici.
J'aimerais, en terminant, remercier les gens de s'être
déplacés et souligner au ministre à quel point cela me
tient à coeur. Je pense qu'il faudra porter une attention toute
particulière au volet que j'ai mentionné
précédemment à quelques reprises, celui de la
SDI-exportation. Je pense, M. le ministre, qu'il y a beaucoup de travail
à faire de ce côté-là. Il y a un autre
ministère, qui fait aussi un excellent travail, suit le Commerce
extérieur. Je pense qu'il faudra analyser de très près,
parce que l'excellent travail que fait la SDI-exportation avec les programmes,
on devra certainement, au cours de la prochaine année, essayer de
l'amplifier ou, en tout cas, lui donner tous les outils dont elle a besoin pour
subvenir à la demande. C'est très important et je le laisse en
pensée au ministre, en terminant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député.
M. Théorêt: Un dernier commentaire pour rappeler au
député d'Ungav3 que c'est le Parti libéral qui a
créé la SDI et qui, effectivement, avait à son
départ comme objectif d'aider les entreprises en région qui
avaient de la difficulté à avoir accès aux programmes
gouvernementaux. Je pense qu'elle a rempli son mandat plus
qu'adéquatement. Merci.
Le Président (M. Charbonneau); M. le député
de La Peltrie.
M. Cannon: Juste une dernière intervention. On a appris
récemment par la voie des journaux que le président actuel de la
SDI devra quitter ses fonctions prochainement.
Au nom des membres du parti ministériel, permettez-moi, en tout
cas en tant qu'ancien analyste sous la direction de M. le président, de
le féliciter pour un job bien fait et de lui souhaiter beacoup de
succès dans sa nouvelle carrière.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En terminant, oui, j'allais
souligner - M. le député de La Peltrie l'a fait - que
c'était, en fait, dans un avenir prévisible, la dernière
fois que M. Lebrun nous rendait visite dans ce siège et en la
capacité qui a été la sienne depuis plusieurs
années, il compte quitter... Il ne devra pas quitter, il compte quitter
la SDI dans les jours qui viennent et j'aimerais exprimer ici la qualité
des rapports que j'ai eus avec M. Lebrun dans une période bien courte,
depuis décembre dernier. Ils ont été du plus haut ordre;
nous nous sommes parfaitement entendus et nous avons discuté ouvertement
de ce que nous pouvions faire ensemble. Il doit nous quitter, mais je suis
encore là pour le développement économique du
Québec et je veux le remercier pour toutes les années qu'il a su
consacrer à cette entreprise et lui souhaiter la meilleure des chances
dans ses nouvelles entreprises.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cela, au nom de tous
les membres de la commission, je voudrais m'associer à ces propos pour
remercier le président de la SDI de sa collaboration et signaler aux
membres de la commission que nous allons poursuivre l'étude des
crédits du ministère après les affaires courantes. Cela
devrait continuer jusqu'à 19 heures ce soir. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! La
commission de l'économie et du travail reprend l'étude des
crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je crois que je vais
céder la parole dès maintenant au député de
Bertrand. Nous en étions au programme 2, élément 2, je
crois. M. le député de Bertrand.
Société de développement des
coopératives
M. Parent (Bertrand): C'est exact, M. le Président. Je
vous remercie. Alors, on en était à la Société de
développement des coopératives, là où on a un petit
chapitre et des petits budgets. Ma question touchait particulièrement
les diminutions de dépenses de personnel è la
Société de développement des coopératives
d'à peu près 455 000 $. Peut-être que le ministre pourra
nous donner l'orientation face à ces coupures de budget de la
Société de développement des coopératives.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je
présume que vous faites référence aux chiffres qui
apparaissent ici, évidemment, simplement sous la mention Transfert. Il y
a une augmentation de 405 000 $ globalement au titre de la
Société de développement des coopératives. Je ne
voyais pas précisément où était la coupure. Vous me
permettrez de le souligner.
M. Parent (Bertrand): Si vous permettez, j'y reviendrai. J'ai
préparé quelque chose et je ne le retrouve pas actuellement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On n'a pas les mêmes
notes.
M. Parent (Bertrand): Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On n'a pas les mêmes
notes.
M. Parent (Bertrand): On n'a pas les mêmes notes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va.
Assistance financière aux entreprises et
organismes
Pétromont
M. Parent (Bertrand): Alors, on va passer à
l'élément 3 du programme 2 si on veut en couvrir tous les
éléments, Assistance financière aux entreprises et
organismes.
J'aimerais avoir davantage d'explications quant aux transferts et aux
coupures qu'on a cette année par rapport à Pétromont. On
sait que de nouvelles ententes sont intervenues avec l'implication du
gouvernement fédéral. Cependant, pour l'industrie
pétrochimique de Pétromont, il y a des coupures par rapport
à l'année passée de 7 000 000 $. J'aimerais que le
ministre nous éclaire davantage sur l'injection de cette année
dans Pétromont et nous dise quels sont les derniers
développements par rapport à l'implication gouvernementale en
termes financiers?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'abord, quant à
l'injection de fonds, je pense qu'on ne peut pas négliger que le premier
dossier dont j'ai eu à m'occuper activement pendant les vacances de
Noël avait été l'exécution d'une entente entre le
gouvernement fédéral et le Québec. Une entente, si vous
voulez, à caractère un peu particulier dans la mesure où
c'était un engagement du gouvernement fédéral de consacrer
une somme de 58 500 000 $ à la contribution des activités de
modernisation de Pétromont. À cet égard, il est absolument
important de se souvenir que la capacité concurrentielle de
Pétromont dépend essentiellement de la facilité avec
laquelle elle pourrait trouver des sources de "feed stock", c'est-à-dire
des matières premières qu'elle transforme. Il était
impératif, selon le plan de développement de l'entreprise,
qu'afin d'atteindre la meilleure capacité concurrentielle possible, elle
se modernise et voie à être équipée
éventuellement pour s'alimenter en liquide de gaz naturel.
Le gouvernement fédéral a décidé, à
la suite de discussions que nous avons eues avec lui en décembre, de
faire sa part dans ce dossier. Il est entendu que c'est un dossier majeur, que
les postes de dépenses, les immobilisations, etc., qui sont en cause
sont fort complexes. C'est de la négociation permanente, finalement, qui
va très bien, dont il est question à ce moment-ci. Nous sommes
confiants qu'en plus de la contribution que vous connaissez du gouvernement du
Québec qui, je le souligne en passant, au point de vue des
prévisions pour l'année 1986-1987 pourrait se chiffrer compte
tenu de la vitesse des déboursés par 7 000 000 $ de moins que
l'an dernier, il n'en reste pas moins que c'est un programme conjoint, si on
veut le regarder de cette façon, qui appelait une contribution du
gouvernement fédéral au développement de l'industrie
pétrochimique au Québec. Le gouvernement fédéral a
indiqué son intention de porter à la somme que j'ai
mentionnée, plus de 50 000 000 $, l'aide qu'il était
disposé à consentir dans ce dossier.
À ce moment-ci, le dossier continue d'avancer. Des travaux sont
envisagés et la pierre de touche, finalement, que nous avons toujours
à l'esprit, c'est de savoir à quelle vitesse nous pouvons
être concurrentiels, comment nous pouvons alimenter au meilleur compte
possible Pétromont afin que sur les marchés où elle agit,
elle puisse, mon Dieu, détenir une part du marché à des
prix qui lui permettront d'atteindre la rentabilité qu'on souhaite?
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. Toujours sur le
dossier Pétromont. Le programme envisagé par l'entreprise, dans
son plan de redressement, visait 1988 pour une rentabilité. Est-ce que
le ministre peut nous informer des derniers développements? Peuvent-ils
permettre de penser que ce plan de redressement va être
réalisé? Et est-ce que les démarches qui devaient
être entreprises de la part des différents fournisseurs pour
amener le gazoduc à Pétromont ont avancé? Parce que,
semble-t-il, c'est ce qui va faire la différence entre une
société Pétromont qui va continuer à
végéter ou qui va être rentable en 1988, donc, d'ici deux
ans ou deux ans et demi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, d'abord, quant à
l'objectif de calendrier de 1988, celui-ci, dans les conditions que nous
pouvons prévoir, est maintenu. Ce qu'il faut souligner à cet
égard, c'est qu'un des facteurs peut-être passagers, mais
peut-être pas, sur lesquels nous comptons est évidemment la
situation du prix du pétrole. Il arrive un moment où les intrants
normaux qui nous viennent des marchés extérieurs, non pas
canadiens, des dérivés de pétrole, compte tenu, vous le
savez, de la situation de ce marché, ces marchés peuvent se
conclure à des prix fort avantageux.
Tant que la situation dure, c'est évident que c'est
préférable et, en même temps, cela libère une
certaine rentabilité ou des ressources financières pour donner
suite au programme de modernisation. À ce moment, les gens qui sont
activement dans le dossier me font part qu'ils croient que Pétromont
pourrait connaître la rentabilité souhaitée en 1988, tel
qu'il était prévu.
Programme PRO-PME
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le ministre. Dans le
cadre des coupures, toujours à l'élément 3 du programme 2,
j'aimerais avoir des explications, puisqu'on a parlé abondamment ce
matin du programme PRO-PME où on a, d'un côté, une coupure
de 6 600 000 $ par rapport au projet ou à ce que vous nous avez
étalé ce matin comme approche.
Comment ces 6 600 000 $ viennent-ils cadrer à l'intérieur
de l'argent qui va être libéré pour la réalisation
de ce programme pour 1986-1987?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est évident
qu'à sa face même, à l'égard de ce programme en
particulier, il y a une diminution des budgets. Si on regarde UNI-PME, les
outils de gestion, gestion et marketing, l'an dernier, par opposition à
ce que nous anticipons éventuellement dans le cadre de l'approbation de
ce programme, il y a une diminution de crédit, très certaine-
ment, de 6 672 000 $.
Maintenant, ce que je voudrais rappeler, c'est que dans un souci que
vous exprimiez ce matin d'efficacité d'administration des programmes,
dans un cadre de réduction du nombre de programmes, dans la perspective
de faire des interventions plus efficacement tournées vers la solution
de quelques problèmes qui sont les véritables problèmes de
nos entreprises, nous avons, d'une part, par la consolidation de programmes
existants, réussi à cibler davantage nos interventions de la
façon dont je le décrivais ce matin et, deuxièmement -
c'était un des effets à ce moment-là - nous avons
réussi à réduire à l'intérieur d'un
programme consolidé les demandes, les exigences financières que
pouvaient créer trois programmes qui étaient administrés
un peu séparément.
Je ne prétends pas qu'on ne souhaite pas avoir le plus d'argent
possible pour des interventions comme celle-là; ce que j'exprime, c'est
ma confiance qu'un programme consolidé, un programme destiné
à améliorer la qualité des entreprises de façon
très directe, avec les volets d'intervention dont je parlais ce matin,
peut demeurer fort efficace, qu'il est une phase préparatoire
extrêmement importante, je dirais, au saut en avant que pourraient faire
nos entreprises. Mais il est entendu que, comme n'importe quel ministre qui
souhaite faire le plus grand bien possible à ses clientèles dans
te domaine qui nous occupe, nous devons toujours en demander davantage et en
souhaiter davantage dans les circonstances où, comme je l'ai
expliqué à l'égard des équilibres financiers, il
n'était pas nécessairement possible dans tous les cas de donner
suite à ce souhait fort habituel de n'importe quel administrateur de
programme. Je dois dire que, dans les circonstances, je le
répète, c'était la contribution que nous faisions et que
les entreprises font à la solution du problème fondamental que
tous les Québécois connaissent, si nous parlons de la
capacité concurrentielle du Québec, celui de rétablir
l'équilibre des finances publiques. (15 h 45)
C'est au titre de cette contribution qu'il faut, je pense, attacher le
grelot autour d'une diminution avec laquelle comme ministre je dois vivre.
Mais, dans les circonstances, j'essaie de vivre avec quelque chose qui,
malgré tout, demeure fort efficace. Je pense que la description que j'ai
faite ce matin du programme... J'ai cru comprendre selon vos remarques à
l'égard du projet de programme PRO-PME que cela pourrait satisfaire la
plupart des objectifs que nous souhaitons pour les interventions des directions
régionales dans les régions.
M. Parent (Bertrand): Oui, effectivement, M. le ministre, cela
satisfait aux objectifs quant à l'approche. Cependant, là
où cela fait défaut et là où on n'est pas
sur la même longueur d'ondes, c'est essentiellement dans des programmes
refondus, si je comprends bien l'approche gouvernementale des programmes tels
que UNI-PME ou Gestion marketing. Ces genres de programmes sont populaires
depuis quelques années, à ma connaissance au point où on
manque de fonds. Sous prétexte qu'on a besoin de contribuer parce qu'il
y a des problèmes au niveau des finances publiques, on vient puiser dans
l'essence même 6 000 000 $ de coupures là où je pense que
les PME ont le plus de besoins. Je dis bravo quant au regroupement, à la
synthèse et à la rationalisation de certains programmes qui
étaient peut-être administrés ou divisés à
droite et à gauche. Mais je pense que c'est quelque peu optimiste de
penser qu'on va pouvoir fonctionner avec l'ensemble des demandes et être
capable de répondre à ces demandes qui, vraiment, rejoignent
l'objectif du gouvernement actuel, qui satisfait aussi à un objectif que
nous avons qui est de donner le maximum d'appui aux entreprises. Je ne vois pas
comment cette coupure à cet endroit très précis vient
répondre aux besoins.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À cet égard,
j'indiquerai au député qu'il y a un aspect technique qu'il faut
avoir à l'esprit dans la mesure où lorsqu'il y a trois
programmes, il n'est pas impossible qu'en fin de période, malgré
la demande que vous exprimez, il y ait quelque peu de crédits
périmés donc, qu'on ne réussisse pas complètement
dans tous les programmes à dépenser ce qu'on croyait
dépenser. En regroupant les programmes à l'intérieur d'un
seul, je pense que vous verrez que mécaniquement on se trouve à
récupérer une partie des crédits qui, autrement,
pourraient être périmés à cause du rythme d'examen,
d'analyse et d'acceptation des demandes qui pourraient être faites en
vertu des programmes qui sont remplacés. C'est une explication partielle
quant à l'effet net sur les clientèles du chiffre que vous voyez
devant vous.
Deuxièmement, de façon plus ciblée, il y a dans la
diminution, si on compare les crédits totaux pour les trois programmes
et ceux qui s'appliqueraient à celui-là, il faut avoir à
l'esprit que c'est à l'égard des interventions que nous pouvions
faire en matière de création d'emplois temporaires pour 20
semaines qu'il y a une coupure qu'on pourrait qualifier de plus substantielle
dans la mesure où nous avons toujours, quant à nous,
favorisé une chance d'intégration de nos jeunes
diplômés dans l'entreprise en leur assurant un peu plus qu'une
expérience de quatre ou cinq mois. Je me permet de dire que c'est un
choix que nous avons fait en l'occurrence.
Troisièmement, j'indiquerais que nos services se font fort de
faire à peu près le même nombre d'interventions qu'il
pouvait y avoir en vertu des programmes qui sont destinés à
être remplacés, sauf évidemment que le programme ne sera
pas, dans chaque cas, aussi riche qu'il l'était auparavant. C'est une
autre dimension qu'il faut avoir à l'esprit et qui se raccroche au fait
que nous demandons aux entreprises susceptibles de demander de l'aide de
vouloir bien s'aider elles-mêmes un peu plus qu'on ne pouvait le demander
par le passé.
En terminant, j'indiquerais que, et j'y reviens parce qu'on ne peut pas
y échapper, c'est un des effets de l'héritage des finances
publiques avec lesquelles j'ai à composer comme d'autres
collègues, et, contrairement à tous les héritiers qui sont
prévus dans le Code civil, je ne peux pas accepter un héritage
sous bénéfice d'inventaire de sorte que je ne serais pas
responsable d'assumer tous les effets, toutes les conséquences de mon
acceptation. M. le député, je vis avec ce que j'ai et j'essaie
donc de la façon la plus efficace possible que les ressources
financières qui sont à notre disposition servent au
développement économique du Québec à
l'intérieur de paramètres qui, nécessairement, sont
nouveaux.
M. Parent (Bertrand): Quant aux coupures qu'on retrouve à
l'infrastructure d'accueil à l'industrie, est-ce que le ministre peut
m'indiquer ce que, en particulier, cela va toucher au qui cela va toucher plus
particulièrement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce programme s'adresse
évidemment aux municipalités. Dans la nouvelle entente, c'est 50
%-50 % avec le gouvernement fédéral et dans l'ancienne entente,
c'était 60 % pour le gouvernement fédéral et 40 %. C'est
un effet mécanique qui tient carrément à la vitesse
à laquelle les factures sont envoyées par les
municipalités. Finalement, c'est un processus, comme vous le savez, en
vue d'accueillir une implantation industrielle majeure. Une municipalité
doit voir a certains travaux d'infrastructure. Avant même que le premier
coup de pioche soit donné, les demandes doivent être
examinées par le comité d'entente Canada-Québec dans le
volet 2 de l'entente auxiliaire sur le développement économique.
Après approbation, les travaux ont cours, etc. La municipalité
est maître d'oeuvre, vous le savez pertinemment, et,
éventuellement, expédie les factures sur réception
desquelles, après approbation, les sommes sont
déboursées.
On ne peut pas isoler de cas, mais cela tient essentiellement à
la vitesse à laquelle les factures vous arriveront par la tête,
selon les travaux en cours, selon l'état des
dossiers actuellement.
M. Parent (Bertrand): Dans le cadre de cette entente
fédérale-provinciale, quant au support des infrastructures
d'accueil, j'aimerais rappeler au ministre qu'il y aurait lieu de
réviser éventuellement les différentes zones
touchées puisque plusieurs municipalités du Québec qui
font du développement économique n'ont pas accès à
ce programme et à cette aide pour développer l'infrastructure
industrielle. Je pense que lorsque cela a été fait il y a
quelques années, si on parle de la même chose, il y a eu des zones
admissibles et d'autres qui ne l'ont pas été et
particulièrement dans le secteur de la région de Montréal.
Je pense particulièrement à la rive sud où il y a des
villes qui ont accès à ce programme d'infrastructures et d'autres
qui n'y ont pas accès.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nous avons affaire aujourd'hui
à une nouvelle entente qui est en vigueur depuis janvier de 1985 qui
privilégie l'intervention du contenu de l'entente du volet dans la
mesure où il y a un projet concret. Ce n'est plus, je crois comprendre,
comme auparavant où on équipait à même ce budget les
parcs industriels, qu'ils soient occupés, en voie de l'être, qui
ne le sont pas, etc. La façon dont cela se transige aujourd'hui, c'est
qu'une municipalité désirant accueillir un projet concret, connu,
décrit, doit s'en référer à ce volet de l'entente
et autant le gouvernement du Québec que le gouvernement
fédéral doivent s'entendre sur la qualité du projet, son
admissibilité, ses impacts économiques, etc., après quoi,
après entente, il y a évidemment admission de la demande de la
municipalité laquelle, je le répète, doit être
reliée à un projet très spécifique d'une
implantation d'une manufacture, d'une usine ou quoi que ce soit. Je dois dire
que c'est cela que j'ai constaté dans les dossiers dont j'ai pris
connaissance depuis décembre. Ce sont littéralement des demandes
des municipalités reliées à des projets
spécifiques.
M. Parent (Bertrand): Cela veut-il dire, M. le ministre, que dans
le secteur de la zone particulière qui s'appelle la zone de
Montréal-Est, qui a été décrétée zone
spéciale, tout projet le moindrement d'envergure pourra venir chercher
des fonds à même cette enveloppe budgétaire pour
développer certaines infrastructures? Y aura-t-il,
particulièrement pour Montréal-Est, la zone concernée,
pour ses fins de développement, d'autres enveloppes budgétaires
ou est-ce que ce sera pris à même cette enveloppe
budgétaire?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une suggestion. Je
considère votre commentaire, votre conclusion, votre observation comme
étant une suggestion quant à la façon dont le contenu de
zone d'entreprise pourra être enrichi au-delà de ce que nous
pouvons avoir déjà envisagé. Mais, encore là, il
s'agira, oui, de voir comment un projet spécifique accepté autant
par nous-mêmes que par le gouvernement fédéral pourra
être admis dans ces circonstances. C'est sous toute réserve d'une
possibilité de voir si nous pouvons établir le lien, la relation
qui existe à l'intérieur de cette zone entre la situation que
vous décrivez et qui existe ailleurs, d'une part, et celle qu'on
pourrait souhaiter dans cette région.
M. Parent (Bertrand): Le ministre peut-il nous indiquer si le
programme d'aide aux corporations de développement économique,
tel qu'il existe depuis quelques années, avec une participation et un
plafond maximal de 60 000 $, continue? Si oui, est-ce qu'on a envisagé
de le continuer pour la formation des corporations nouvelles ou des
corporations existantes?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai eu l'occasion, vendredi
dernier, d'assister au sommet économique de la région des
Laurentides où une demande m'a été faite quant à
savoir si le ministère ou le gouvernement se rendrait à la
suggestion de l'Association des commissaires industriels du Québec
d'augmenter la participation du gouvernement du Québec à la
formation et au fonctionnement des commissariats industriels. Dans la
même demande, on faisait état de l'importance de ces organismes
pour le développement régional, évidemment, tout en
soulignant que, finalement, c'était là l'expression, parce qu'on
sait que le gouvernement, au contraire, ne peut pas financer l'ensemble, la
totalité des budgets de fonctionnement de ces corporations... On
soulignait que c'était un des organismes, enfin une manifestation
où le milieu était particulièrement actif, se prenait en
main, investissait des sommes quelquefois considérables qui venaient des
municipalités, du milieu municipal, du milieu des affaires, etc.
Quant à moi, j'ai trouvé un peu contradictoire qu'on
indique que le milieu désire se prendre en main, alors que, dans le
même souffle, on nous demandait d'augmenter la contribution
gouvernementale qui, de quelque façon qu'on retourne l'équation
de façon purement arithmétique, signifie que toute hausse du
plafond signifie que le milieu lui-même contribue en pourcentage de moins
en moins à son propre développement économique, ce qui va,
je vous le répète, à l'encontre de mon
préjugé favorable.
Cela dit, il est entendu que nous entendons maintenir, vous le voyez,
ce
programme pour l'année 1986-1987, 4 097 800 $, au sou
près, le même montant que l'an dernier.
J'ai dû, là aussi, prendre une décision quant
à savoir quelle devrait être l'ampleur de notre participation,
compte tenu qu'il y a déjà des demandes dans le système.
Lorsque j'ai pris connaissance des premiers documents qui m'étaient
livrés en décembre j'ai vu qu'il y avait déjà un
peu plus d'une demi-douzaine de demandes de formation de corporations de
développement économique dans diverses régions qui n'en
sont pas dotées actuellement. Mais là, la question se posait, je
vous le dis bien honnêtement, de savoir si on augmente d'autant, en
l'occurrence de 400 000 $ ou 500 000 $, le budget dans ce programme ou si, dans
une perspective sur laquelle je reviens comme un refrain, de nous assurer qu'on
pouvait libérer certaines ressources financières pour rejoindre
d'autres objectifs que j'ai décrits ce matin, diminution d'impôt,
maintien de services de santé, voir s'il n'y avait pas moyen de faire
quelque chose à l'intérieur du montant de 4 100 000 $ pour
rencontrer les voeux des corporations de développement économique
existantes et donner une chance, je dis bien donner une chance, à celles
qui sont en voie de formation, où les milieux ont manifesté de
l'intérêt de pouvoir voir se concrétiser des
créations de corporations additionnelles. (16 heures)
J'ai décidé qu'on pouvait faire les deux à
condition évidemment que les 10 000 $ qui étaient un des volets
des 60 000 $ dont vous parlez ne soient plus automatiquement versés aux
municipalités sur simple demande. L'effet de tout cela, c'est que le
plafond, en pratique, pour la plupart des corporations de développement
économique sera de 50 000 $ plutôt que 60 000 $, dans la mesure
où cela correspond au désir du gouvernement de laisser une chance
aux gens du milieu de faire un effort aussi. Cela répond à ces
objectifs. Cela a l'avantage, dans ces cas, de dégager, d'ici la fin de
l'année, un certain montant qui n'est pas aussi extraordinaire que cela,
mais qui donne une chance, enfin un espoir très réel, aux
corporations de développement économique en voie de formation que
le gouvernement du Québec appuiera la formation, le démarrage de
nouveaux commissariats industriels.
À ce titre, à l'occasion de votre question, j'annonce
évidemment que ce plafond de 60 000 $ m'apparaît susceptible, et
c'est comme cela qu'on doit lire les chiffres, d'être diminué
à 50 000 $ dans la plupart des 80 cas qui représentent les
commissariats industriels existants.
M. Parent (Bertrand): Je ne pensais pas avoir droit à des
révélations, des annonces qui ne sont pas nécessairement
bonnes...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Écoutez, c'est une bonne
annonce dans la mesure où nous disons: Tout le monde est obligé
de consentir un effort d'une façon ou d'une autre pour satisfaire aux
exigences des équilibres financiers. Nous sommes tous partie à
cet exercice. À partir de ce moment, il s'agissait de voir s'il
était plus important de maintenir substantiellement le même niveau
d'aide aux commissariats industriels ou carrément, comme certaines
suggestions avaient été faites, d'abolir tout cela, de couper
cela en deux ou en trois ou au tiers ou à la demie, je devrais
plutôt dire. Mon choix a été de maintenir l'enveloppe
essentiellement, d'en dégager une partie pour donner un espoir concret
très réel à ceux qui sont en voie de formation qu'ils
pourront en cours d'année, enfin, voir le jour et d'appeler la
contribution les corporations de développement économique
existantes pour une somme d'une dizaine de milliers de dollars, ce qui
représente dans la plupart des cas un peu moins de 5 %, dans beaucoup de
cas, de leur budget.
La question se pose toujours à savoir quelle est la
viabilité d'un commissariat industriel qui, depuis des années
fonctionne quand la moitié de son budget provient de notre subvention et
quant à l'autre moitié de la subvention du milieu, donc, 120 000
$ ou à peu près, 125 000 $, 150 000 $, et qui d'année en
année ne semble pas avoir fait les progrès qu'on
espérerait qu'il fasse. Par sa nature même, il me semblerait
qu'une corporation de développement économique qui connaît
un certain succès, qui fait preuve de dynamisme, qui identifie des bons
projets, enfin, qui a des résultats concrets à présenter
à ses bailleurs de fonds, qu'il s'agisse du gouvernement ou des
municipalités, devrait normalement pouvoir bénéficier
d'une aide accrue très certainement de son milieu qui
bénéficie directement de ses gestes et de ses actions. La
question se pose quant à savoir jusqu'où on doit continuer
à s'engager au même niveau dans les cas où ça
"vivote", entre guillemets, grâce aux subventions du gouvernement.
À l'autre extrême, il y a, vous le savez, des corporations
de développement économique qui existaient bien avant l'adoption
initiale de ce programme qui, aujourd'hui, sont des corporations de
développement économique dont les budgets sont dans les 300 000
$, 350 000 $, 400 000 $ et en progression constante sans que la mise de fonds
du gouvernement ait progressé de quelque façon que ce soit depuis
des années. Empiriquement, on voit que c'est dans des endroits où
le commissariat industriel a connu d'excellents succès, que le milieu
l'a reconnu, que le milieu s'est aperçu que c'était quelque chose
de formidable et que cela valait la peine d'investir comme municipalité
ou groupe de
gens d'affaires ou une association quelconque, manufacturière,
commerciale ou quoi que ce soit, que cela valait la peine d'investir dans la
croissance et la dotation de moyens additionnels à ces corporations.
Il y a un désengagement automatique en termes de pourcentage du
gouvernement à cet égard. Je dois vous dire que 10 000 $ de
changement à la baisse sur un budget de 400 000 $, ou même dans
certains cas beaucoup plus substantiel, cela ne représente pas
grand-chose entre nous.
M. Parent (Bertrand): Juste pour terminer sur ce point, M. le
ministre, je pense que ce qu'il est important de retenir c'est que ce programme
a quand même fait ses preuves et il était très stimulant.
Dans les choix que vous aviez, je suis au moins content de voir que vous n'avez
descendu qu'à 50 000 $, mais je pense que les corporations de
développement économique qui sont très dynamiques
continuent à augmenter leurs budgets de façon très
importante à chaque année, ce qui veut donc dire que la
participation du gouvernement demeure quand même, à ce moment,
toutes proportions gardées, moins importante à chaque
année. Je vais prendre le cas de la corporation de Boucherville,
lorsqu'elle s'est formée, il y a trois ans, c'était avec l'aide
de la subvention du gouvernement. Sauf qu'aujourd'hui elle a doublé et
triplé son budget et c'est devenu un stimulant. Je pense que c'est le
cas de plusieurs autres corporations.
Avant de passer à un autre sujet, M. le Président, je
pense qu'un de mes collègues voulait intervenir sur ce point.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député...
M. Théorêt: M. le Président, avant, je pense
qu'il y avait une intervention sur le même sujet. Mon
collègue...
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
M. Cannon: Merci, M. le Président. Ma question, M. le
ministre, porte justement sur le nouveau programme que vous avez annoncé
aujourd'hui, soit celui de PRO-PME. D'abord, je me réjouis du fait
qu'une rationalisation soit appliquée dans le cadre de ce nouveau
programme, c'est-à-dire le regroupement de trois programmes qui
existaient déjà. Je pense que cela répond absolument aux
besoins des industriels québécois d'éviter que l'on
multiplie les programmes à volonté et que l'on puisse cibler sur
des choses ou regrouper des choses.
Vous avez indiqué ce matin que le programme vise à
améliorer la qualité de gestion au sein des entreprises
québécoises. L'une des choses que j'ai retenues également
ce matin dans le préambule que vous avez fait, c'est qu'il y a un ajout
de nouveaux éléments, notamment dans ce programme.
Je reprends un peu. Vous avez parlé du renforcement de
l'équipe de direction dans les entreprises par l'intégration des
diplômés, par la formation de conseillers d'administration et par
l'adoption d'un plan d'entreprise.
Ma question, M. le ministre, est celle-ci: Dans la première
année de fonctionnement, vous prévoyez la formation de combien de
conseils d'administration, d'une part? D'autre part, combien de
diplômés envisagez-vous intégrer à
l'intérieur des entreprises?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Évidemment, je veux
qu'on comprenne. C'est une proposition; il fallait l'étiqueter. Ce que
j'ai décrit recouvre essentiellement le programme. Je fais toujours la
réserve qu'on doit faire de dire: On va aller au Trésor
spécifiquement. Je leur commanderai, etc. C'est son programme
gouvernemental. Je ne suis pas inquiet quant à l'issue de tout cela.
Quant aux chiffres, nos prévisions sont qu'une centaine de
sociétés pourraient se doter d'un conseil d'administration
grâce à l'incitatif financier pour la formation et le
fonctionnement d'un tel conseil. Il y a une incitation purement
financière à le faire - il ne faut pas s'en cacher - d'une part.
D'autre part, quelques centaines - 300, probablement, c'est l'ordre de grandeur
- de diplômés pourraient voir, grâce à ce programme,
leur chance d'être intégrés d'une façon permanente
dans une entreprise augmentée substantiellement.
Le Président (M. Charbonneau): D'autres collègues
sont-ils intéressés sur le même...
M. le député d'Ungava et, par la suite, M. le
député de Shefford.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Dans l'exposé
que vous venez de faire, M. le ministre, concernant le financement des
commissariats industriels et la forte chance que les budgets soient
réduits unilatéralement de 60 000 $ à 50 000 $ pour la
participation gouvernementale, prenez-vous en considération la
problématique particulière des régions
périphériques, des régions éloignées,
là où le commissariat industriel, où la communauté
de développement économique a une importance relativement
imposante dans le milieu et est un élément de dynamisme
peut-être plus fort que dans le milieu qui a plus de services, et aussi
à des coûts qui sont supérieurs aux coûts
généralement reconnus comme des coûts moyens de
fonctionnement dans les régions centrales. Est-ce que ces commissariats
vont subir aussi
la foudre du couteau?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je dis au député
que j'ai jonglé avec quatre ou cinq options quant à savoir
comment on rationalise ce programme, comment on maintient son enveloppe, mais
qu'on donne une chance aux gens qui sont en voie de formation, qui ont
exprimé devant un milieu le désir de se former, de laisser cet
espoir que ce sera réel, ce sera dans le portrait.
Une des options tenait compte du nombre de municipalités, de
l'assiette fiscale, de l'effort fiscal requis, de la contribution, de la
capacité fiscale du milieu, de l'indice de pauvreté ou de
richesse. Mais je pense que c'est l'indice de pauvreté qui vous
préoccupe. Nous avons regardé cela, et cela introduisait beaucoup
de complications, finalement, pour en arriver à un résultat qui
était essentiellement le même. Une fois qu'on a
décidé - c'est une décision qui m'appartient - de
l'enveloppe qu'on entend consacrer dans les circonstances, il s'agit de trouver
la façon la plus facile administrativement d'une part, sans mettre en
péril les acquis - pour 10 000 $, il me semble que ce n'est pas en
péril, c'est pour ceia qu'on en a décidé ainsi -
l'existence ou le démarrage de corporations de développement
économique.
Dans le fond, je recherche toujours, dans l'administration de
programmes, la simplicité de l'administration, je pense que ça va
de soi, mais surtout une certaine équité qui tient compte de
l'effort que peut consentir le milieu. Est-ce que ça se mesure dans un
budget global de plus de 125 000 $ ou 150 000 $? C'est finalement le budget
minimal qu'on peut espérer, dans le fond, qu'on doit envisager si on
pense qu'on va fonctionner un peu. Est-ce que 10 000 $ sur 150 000 $
constituaient une pénalité telle que, dans les cas plus
difficiles, comme ceux que vous décrivez, on en arriverait à
brève échéance à la mort de l'organisme? Je ne
crois pas, je ne crois honnêtement pas.
C'est pour cette raison que j'ai retenu cette approche de redistribution
de l'enveloppe plutôt qu'une autre approche beaucoup plus
compliquée qui, dans le meilleur des cas, au lieu de 50 000 $, aurait
peut-être donné 56 500 $. Dans le fond, la somme en cause, c'est
6500 $ ou 7000 $, et non pas les 10 000 $ qui existent entre l'ancien et le
nouveau plafond.
M. Claveau: Je voudrais juste renchérir sur mon
argumentation à partir d'un exemple que je connais très bien pour
l'avoir vécu, entre autres la Communauté de développement
économique de Chapais-Chibougamau dont j'ai été pendant
trois ans successivement vice-président et président, et qui
avait un budget de fonctionnement relativement élevé et qui nous
a amenés à avoir, d'ailleurs, à différents moments,
des discussions assez ardues avec le ministère que vous
représentez.
À cause justement de l'importance de son budget relativement
à un milieu qui est quand même restreint en population, mais aussi
par rapport à la participation gouvernementale et à la
participation du milieu. Quand on fait appel au contribuable en lui demandant
un effort fiscal qui est déjà plus élevé
qu'à peu près partout ailleurs au Québec, à cause,
justement, de la situation isolée, milieu nordique, avec tous les
coûts supplémentaires que cela implique à toutes sortes de
niveaux, et qu'en plus, nos coûts administratifs, nos coûts
courants sont, par le fait même, toujours plus élevés, on
se retrouve dans une situation où, si on ne peut pas faire l'objet d'une
politique ou d'une approche un peu particulière des gouvernements, on
est toujours marginalisé. (16 h 15)
D'année en année, au lieu de prendre de l'importance,
notre action se retrouve toujours de plus en plus handicapée par ce
besoin de trouver du financement, et on se rend compte, à la limite,
qu'on passe notre temps à nous bagarrer pour nous financer au
détriment du développement économique du milieu. On avait
réussi à obtenir un certain niveau de financement qui nous
satisfaisait et qui, au moment où on se parle, est encore satisfaisant.
Mais si - je prends cet exemple parmi d'autres - à la suite de la
diminution de la participation gouvernementale, on doit recommencer à
investir une somme énorme de travail à trouver du financement, on
se trouve à reculer plutôt qu'à avancer d'autant plus qu'on
travaille toujours dans des milieux très fragiles économiquement
et des milieux qui sont continuellement en péril, parce que très
dépendants des marchés internationaux et des réserves,
entre autres dans le domaine minier et forestier. Est-ce que vous
prévoyez au ministère avoir une approche qui pourrait être
un tant soit peu favorable, un tant soit peu reliée plus
particulièrement aux problèmes de ces milieux et qui pourrait
nous avantager dans le sens de nous permettre de pouvoir travailler et offrir
à nos populations un niveau de services à peu près
semblable à ce qui peut être offert dans d'autres régions,
parce que les contraintes ne sont pas là?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie de votre
plaidoyer. Je veux vous indiquer que vous plaidez pour votre région,
pour votre comté. Je veux par la même occasion vous dire que je
suis sensible à ce que vous m'indiquez. Sans revenir sur les arguments
que j'ai indiqués tout à l'heure, je retiens par ailleurs que ce
que vous semblez déplorer en partie - c'est ce que j'ai
déjà entendu d'autres corporations de
développement économique - c'est de ne pas savoir, sauf
à la dernière minute comme aujourd'hui, quel sera le budget pour
l'année en cours. C'était moins vrai depuis deux ou trois ans. Il
y avait une espèce d'engagement moral du gouvernement, selon mes
souvenirs de lecture, d'assurer un financement sur une période plus
longue qu'un an - c'est ce que j'ai cru comprendre - période qui se
terminait l'an dernier. À cet égard, je suis très sensible
à un engagement. C'est la première chose que je pourrais faire au
nom du gouvernement, soit éventuellement assurer une certaine permanence
dans le temps à ce programme.
On croit que le programme est bon ou on le remet en question tous les
ans. Dans mon esprit, le programe est excellent. Je dois voir dans quelle
mesure il y a possibilité de m'engager - il y a probablement toutes
sortes de considérations techniques que j'ignore encore mais que je dois
découvrir -à faire en sorte que les commissariats industriels,
les corporations de développement économique sachent, enfin,
très bientôt si on entend maintenir ce programme avec des
barèmes de cet ordre pendant deux ou trois ans. Déjà, cela
libère l'esprit de ceux qui, dans le milieu, se préoccupent de
tout cela.
L'autre dimension que vous faites valoir est celle qu'on associe
à un développement régional équilibré. Je
dois dire, comme je l'avais indiqué ce matin, que ce n'est pas à
proprement parler le mandat du ministère de l'Industrie et du Commerce
de voir à cette dimension précise qui est la
responsabilité générale du gouvernement dans la mesure
où c'est à l'intérieur d'autres programmes, d'autres
lieux, d'autres organismes que le gouvernement du Québec tente
d'amenuiser les disparités régionales que vous soulevez.
Troisièmement, je dirais que, dans votre cas, après avoir fait
vérifier le chiffre pertinent, dans la mesure où il semble que la
corporation de développement économique de votre région,
Chibougamau-Chapais, a bénéficié d'une subvention de 40
000 $ l'an dernier, le pire qui va vous arriver, c'est que vous allez avoir 50
000 $ cette année si la contribution du milieu y est et que, même
à l'intérieur de "nouvelles normes" si on veut -entre guillemets
- la corporation de développement économique se qualifie
amplement pour une augmentation en chiffres, évidemment, en valeur
nominale, la contribution du gouvernement du Québec, à condition
que la règle de fond qui était de s'assurer d'une contribution de
1 $ du milieu et de 1 $ du gouvernement du Québec soit respectée.
En l'occurrence, je veux vous rassurer. Passer de 60 000 $ à 50 000 $
quand vous êtes déjà à 40 000 $, donc que vous
pouvez monter, ne m'apparaît pas dramatique. Je termine en vous disant
que je connais la Corporation de développement économique de
Chibougamau-Chapais pour y avoir mis les pieds en 1982 alors que - vous vous en
souvenez sans doute, avant votre existence actuelle, donc dans une existence
antérieure, avant que vous ne soyez député -M. Gratien
Lavoie, je crois, était le commissaire industriel. Il est toujours
d'ailleurs dans cette... Pas dans votre région, mais dans cette
fonction...
Une voix: Non, il est dans le secteur de Magog.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...et ailleurs.
M. Claveau: Je vous remercie de nous confirmer que vous
connaissez le milieu et que vous allez probablement vous y intéresser
d'une façon tout à fait particulière. J'espère que
cela sera un message intéressant que je pourrai transmettre aux miens.
Par contre, en fait, ce que je voulais dire dans mon intervention, c'est qu'il
faut faire attention pour qu'il n'y ait pas, si on parle d'une
réduction... En fait, comme vous le dites, on a déjà 40
000 $. D'accord. Mais on a eu de la difficulté à arriver à
40 000 $ d'ailleurs parce qu'au moment où vous êtes venu en 1982
c'était 30 000 $. Mais on est déjà handicapé -
c'est souvent le cas des milieux comme le nôtre - entre autres par la
population et par le nombre d'industries dans le milieu qui ne nous permettent
pas de répondre aux critères. Si on veut un jour finir par
répondre aux critères, cela suppose une intervention plus grande
d'un organisme comme une société de développement ou une
communauté économique. Quand vous parliez, tout à l'heure,
de réduction de 60 000 $ à ' 50 000 $, je me disais: Si le
facteur s'applique en pourcentage, comme nous n'avons que 40 000 $, on vient de
se retrouver avec 33 000 $, 34 000 $ ou 32 000 $. C'est cela qui est quand
même dramatique, d'autant plus que la difficulté pour avoir 40 000
$ sur 60 000 $ présuppose que cela va être encore plus difficile
d'avoir 50 000 $ sur 50 000 $. Alors...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Écoutez, je vais vous
rassurer de ce côté. Les normes du programme, par ailleurs, ne
changent pas. C'est un dollar pour un dollar, sauf que le plafond auquel se
heurte à ce moment-là la contribution gouvernementale est un peu
moins élevé qu'il ne l'était autrefois. Alors, ce n'est
pas une question de dire que c'est un pourcentage par rapport au plafond qui
vous avait déjà été consenti. On va maintenir le
pourcentage de contribution, compte tenu du nouveau plafond plus bas et si vous
voulez maintenir le même budget de fonctionnement, cela implique
automatiquement que vous allez être obligé d'en mettre pas mal
plus que vous ne pensiez. La réalité
du programme est qu'il va continuer à y avoir un mariage parfait
dans les niveaux de contribution du gouvernement du Québec et de votre
milieu jusqu'à ce que cela atteigne 50 000 $ de contribution
gouvernementale. Â ce moment-là, l'excédent serait à
la charge de votre milieu, mais vous n'en n'êtes pas rendu là.
Le Président: M. le député de Shefford.
M. Paré: Très rapidement. C'est aussi dans le
même sens que le député d'Ungava. Je ne suis pas dans une
région aussi éloignée sauf que lorsqu'on divise le
Québec en grandes régions administratives, cela veut dire qu'il
n'y a pas beaucoup de bureaux du ministère de l'Industrie et du Commerce
qui sont ouverts dans les régions. Cela veut dire qu'on a plusieurs
municipalités... Je pourrais prendre, par exemple, Granby parce que cela
me touche, mais je pourrais en nommer une quinzaine facilement, sans chercher
bien longtemps, qui sont dans la même situation, qui n'ont pas de bureau
du ministère sur place. Ce qui remplace finalement, ce sont les
commissariats industriels ou les corporations de développement
économique. Cela veut dire que pour le gouvernement, cela ne coûte
drôlement pas cher pour avoir des remplaçants sur place parce que
s'il fallait qu'on parle de guichet unique dans chacune des
municipalités de 35 000 ou 40 000 citoyens au Québec, on verrait
que cela coûterait drôlement plus cher au gouvernement. Là,
on a des gens qui, de plus en plus, avec les années, sont
spécialistes, à qui on demande de plus en plus, non seulement
d'amener la concertation locale et de stimuler l'entrepreneurship local, mais
de connaître de plus en plus les programmes parce que ce sont eux qui,
à la place de nos fonctionnaires, reçoivent les demandes et qui
sont les premiers contacts de nos jeunes entrepreneurs ou de nos entreprises
déjà installées pour savoir s'ils peuvent être
éligibles à tel programme ou avoir l'information sur des nouveaux
programmes qui sont annoncés assez régulièrement par le
gouvernement. On a des gens compétents sur place qui ne nous
coûtent pas cher, je pense, et qui font un travail extraordinaire qui
aide au développement de toutes les régions parce que ce sont des
gens qui sont issus du milieu et qui représentent beaucoup plus les
besoins, les attentes locales que seulement de l'information qui vient du
haut.
Je trouve que, pour le gouvernement, c'est à peu près le
placement le plus économique, l'investissement le plus rentable qui
soit. Qu'on vienne le baisser, c'est sûr qu'on ne fera pas plaisir
à personne. En tout cas, cela ne me fait pas plaisir parce que, les
budgets de la municipalité sont déjà votés, ils
n'avaient pas prévu d'augmentation de coût de charge en fonction
de cela. Là, je veux parler de populations de 35 000, 40 000 ou 45 000
citoyens. Elles peuvent l'absorber et elles vont le prendre. Les
municipalités ne seront pas contentes mais elles le prendront. Par
contre, il y a des municipalités beaucoup plus petites qui se regroupent
en corporations de développement économique. Je vois
régulièrement, dans des débats, de petites
municipalités qui sont les plus fragiles économiquement, qui y
ont goûté fort pendant la crise économique, qui se
relèvent en mettant en commun les frais pour une personne et qui compte
là-dessus pour se faire aider. Chaque année elles remettent en
question la participation de la municipalité parce qu'elle n'a pas
vraiment les moyens. On ne peut pas non plus l'ignorer, c'est la base de
l'économie. Elles peuvent compter sur les fonctionnaires qui font un bon
service en région et qui se déplacent.
Ce n'est pas un commentaire négatif que je veux passer. On les a
facilement de Longueuil, dans mon cas, ou de Sherbrooke, sauf qu'ils doivent se
déplacer et les gens qui veulent de l'information doivent se
déplacer aussi, si on n'a pas sur place ces gens-là qui ne nous
coûtent pas cher et qui sont de plus en plus spécialistes.
Quand, chaque année, la municipalité va jusqu'à
remettre en question sa participation à la corporation qui regroupe
trois ou quatre municipalités, le fait d'amener un geste semblable peut
coûter plus cher au développement économique que
l'économie qu'on pense apporter ou cela peut faire en sorte que les
municipalités qui sont les plus fragiles économiquement et qui
devraient en faire plus justement pour essayer d'amener des services qui
n'existent pas ou de se faire connaître ou envoyer des
délégations, elles étaient peut-être rendues
à une étape -parce qu'avec le temps, cela fait quelques
années que c'est commencé, les corporations que j'ai en
tête - où on va un peu plus loin, où on peut faire de la
promotion avec des moyens plus modernes, plus efficaces, des
déplacements même à l'extérieur du pays si
nécessaire pour aller chercher des investisseurs potentiels ou monter
des salons de la sous-traitance ou des choses comme cela au niveau très
régional mais qui ont quand même un impact direct sur la
création d'emplois.
Je pense que ce geste ne va pas dans le sens de stimuler les PME
locales, ne va pas dans le sens d'encourager... Je le sais parce que je les
rencontre, chaque année, les gens espèrent davantage. Au pis
aller, ils pouvaient espérer un gel cette année. Je pense que si
les gens se mettent plutôt à chercher de l'argent pendant un
certain temps plutôt que de chercher à avoir des investissements,
cela n'aide pas le développement économique. Les commissaires
industriels et les directeurs de corporations
de développement économique sont des gens qui sont rendus
tellement compétents et qui nous coûtent tellement peu cher comme
société au Québec, parce que les municipalités font
leur part et parce que cela nous coûte moins cher que d'ouvrir un guichet
unique... Je me rappelle l'avoir réclamé pour Granby. Cela fait
longtemps que je ne t'ai pas fait parce que les commissaires industriels jouent
un rôle tellement extraordinaire, et on a un service tellement bon et
complémentaire des fonctionnaires en région que, finalement, cela
vient enlever l'urgence ou la nécessité d'une exigence semblable.
Cela coûte beaucoup moins cher d'aider nos commissaires industriels. Je
pense que, si on veut avoir des partenaires en région, qui vont chercher
le maximum à prix économique pour le gouvernement, on aurait
même dû aller dans le sens inverse, à mon avis, et investir
là-dedans. Je ne considère pas cela comme une dépense pour
le gouvernement mais comme un investissement. C'est pour cela que je tenais
à le dire parce que c'est exactement ce que je ressens. Quand vous
l'avez dit pour ma région, je vois qu'on peut retarder certaines choses
ou sauter des choses qu'on aurait eu envie de faire pour la promotion locale et
régionale du développement économique et qu'on risque de
ramener au niveau de certaines petites municipalités qui sont les plus
faibles comme je le disais tantôt et qui ont le plus besoin d'aide, qu'on
risque de remettre en question leur participation au programme semblable. Ce
serait vraiment terrible parce que si cela se faisait - il n'est pas besoin
d'en avoir beaucoup au Québec - il faudra que ce soit le gouvernement
qui prenne la relève.
Je pense, contrairement à ce que vous disiez tantôt, M. le
ministre, que vous avez la responsabilité très importante du
développement régional. Chaque ministère doit donner des
services équitables, les plus semblables possible sur l'ensemble du
territoire québécois. C'est sûr qu'on ne peut pas ouvrir
des bureaux du ministère et de la SDI partout, je le comprends
très bien, sauf qu'on avait un échange, une relève, un
remplacement et on s'en vient diminué. (16 h 30)
Je me dis que vous avez la responsabilité du développement
économique sur tout le territoire, c'est-à-dire donner des
services égaux à tous ceux qui ont le goût de bâtir
des entreprises au Québec et de créer des emplois, peu importe
qu'ils se trouve dans le nord, dans le sud, dans les grands centres ou dans les
centres éloignés, les petites municipalités. Si vous avez
une responsabilité de développement global, vous avez une
responsabilité des services répartis sur tout le territoire et
vous avez la chance d'en avoir à bon marché. Je ne trouve pas que
c'est stimulant alors qu'ils sont en plein projet de développement
économique. En tout cas, dans ma région, ils sont bien
stimulés. J'espère que cela n'arrivera pas comme une douche d'eau
froide, mais cela n'arrivera certainement pas comme un bouquet de roses.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
Shefford sera heureux de m'entendre dire que je pourrais signer plusieurs des
énoncés qu'il vient de faire, plusieurs, mais pas tous, notamment
celui qui voudrait que la dépense au titre de commissariat industrie! et
corporation de développement économique, ce n'est pas une
dépense au sens comptable, c'est un investissement. C'est un
déboursé qui est un investissement et non pas un
déboursé qui est une dépense. J'oserais croire que si on
est convaincu de cela ici, que c'est vrai, d'autant plus dans un milieu qui a
décidé de former une corporation de développement
économique, à ce titre toutes les incitations concrètes
d'une municipalité ou d'un ensemble de municipalités, qui sont
consécutives à l'action, à la prestation de services d'un
commissaire industriel auprès des entreprises, devraient inciter
davantage le milieu à contribuer toujours davantage parce qu'il voit les
bénéfices en première ligne.
Il ne m'apparaît pas qu'on doive nécessairement, pour
pallier le fait qu'on ne peut pas ouvrir des bureaux du ministère dans
toutes les municipalités du Québec, consacrer des ressources
financières, si on s'écoutait tous, équivalentes à
la formation de corporations de développement économique. Il
existe un ensemble d'organismes ou d'individus qui sont à même de
renseigner les entreprises dans les comtés. Ce sont finalement des cas
d'espèce à la grandeur du Québec. Je sais pertinemment,
ayant fait beaucoup plus d'interventions en politique depuis cinq ans en
matière économique, que mon bureau de comté était
inondé de demandes qui, autrement, seraient allées chez le
commissaire industriel s'il y en avait eu un dans mon comté. Je dois
dire qu'à ce titre, dans la prestation des services que vous
requérez, j'ai toujours compris que les commissaires industriels
étaient des interlocuteurs privilégiés du ministère
de l'Industrie et du Commerce. Ils sont d'ailleurs à peu près le
premier groupe organisé que j'ai rencontré dès le
début de l'année à l'occasion de leur réunion, mon
Dieu régulière, je dirais presque mensuelle, sinon qui se
déroule à tous les deux mois, avec des responsables des services
aux entreprises du ministère. J'en avais profité à
l'époque pour déjà donner le signal que je viens de
concrétiser davantage. Je n'avais pas perçu à
l'époque - je dois le dire bien sincèrement - que la douche
serait aussi glacée dans l'éventualité où nous
envisagions,
à l'époque, poser un geste comme celui-là.
Depuis, dans toutes les régions du Québec et à
toutes sortes d'occasions, à Québec ou auprès du bureau de
Montréal, j'ai eu l'occasion de rencontrer des commissaires industriels,
comme on les appelle, et de sonder quelquefois, pas tellement subtilement, le
terrain quant à ce que pouvait signifier ce désengagement, enfin
très partiel - vous me permettrez de le dire - du gouvernement du
Québec de ce financement des corporations de développement
économique. Encore là, je n'ai pas senti qu'on était,
comment dirais-je, dans un contexte où cela devenait dramatique. Je suis
prêt à admettre que cela peut être plus difficile pour
certains que pour d'autres, mais je ne vois pas qu'il s'agisse là d'un
geste qu'on pourrait qualifier de substantiel, d'autant plus que ce qui est
substantiel, à mon sens, c'était de dégager à
l'intérieur de l'enveloppe des sommes qui nous permettraient - je le
répète - de maintenir là où on ressent le ferment,
le bouillonnement, l'effervescence du milieu quant à la formation,
à brève échéance, d'un commissariat industriel.
Je voulais maintenir l'espoir, la possibilité très
réelle, la probabilité à 100 % que si tout est en place,
si le milieu contribue, etc. on sera là avec nos 50 000 $ ou à
peu près et qu'on peut donc compter dessus là où c'est en
voie de formation. Ce que cela a de particulier, les endroits où c'est
en voie de formation, c'est que ce sont des endroits - là aussi, je
pense, c'est important de se le rappeler - où les gens ne remettent pas
en cause leur contribution d'une année à l'autre. On est devant
des gens qui disent: C'est bon pour nous autres et on est en train d'investir
si jamais on consacre un petit peu de ressources financières à
cette expérience ou à cet organisme, ce qui est évidemment
l'inverse des cas que vous évoquez. Que deux ou trois petites
municipalités remettent quotidiennement, ou annuellement au moins, en
cause leur participation, je ne peux qu'en conclure qu'elles sont ou bien
déçues du travail qui aurait pu être réalisé
par la corporation, qu'il y a un manque dans le fonctionnement, dans la
concertation, dans la cohérence ou dans la convergence des objectifs de
tous ceux qui sont représentés au conseil d'administration de la
corporation.
Je me permettrais même de dire que probablement l'ensemble que
vous évoquez de deux, trois, quatre petites municipalités n'est
probalement pas assez significatif pour qu'on se donne les moyens
véritablement de laisser une corporation de développement
économique prendre un envol qui va lui permettre de travailler
sérieusement. Vous savez que nous avons pour l'instant une règle
qui veut qu'on limite à une seule corporation de développement
économique par MRC l'application du programme à
l'intérieur de chaque MRC. Nous tentons avec raison d'étendre le
champ géographique recouvert par les corporations de
développement économique. C'est dans l'intérêt des
gens à l'intérieur de chaque MRC, c'est dans
l'intérêt purement financier de la corporation d'avoir une
assiette fiscale la plus grande possible pour répartir un montant plus
substantiel sur un plus grand nombre de personnes avec l'effet net que la
contribution de chacun est finalement relativement minime et qu'on donne par
ailleurs des moyens beaucoup plus substantiels à la corporation de
développement économique.
C'est la conjonction de toutes ces constatations qui m'a amené
à décider que le régime que je viens de décrire ne
devrait aucunement nuire, sauf dans des cas extrêmes - je vais toujours
le reconnaître -à nos commissariats industriels existants et
devrait très certainement favoriser la création de corporations
de développement économique additionnelles.
Alors, oui, nous nous rejoignons quant au caractère que doivent
revêtir les déboursés qu'on peut faire à ce titre.
C'est un investissement. Je déplore que le gouvernement du Québec
soit, selon vos dires, le seul convaincu de cela et qui fasse quelque chose. Je
recherche une plus grande participation du milieu, une plus grande prise de
conscience pour qu'effectivement, à l'usage, on voit que c'est un
investissement et que cela vaut donc la peine, même s'il n'y a pas de
bénéfices immédiats, d'y mettre un petit peu du sien,
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Alors, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Je pense que c'est fort
intéressant mais malheureusement on ne peut pas continuer plus longtemps
sur le sujet en particulier des supports aux commissariats industriels ou au
développement économique. En terminant sur cet aspect qui a
été défendu aussi par mes deux collègues, je peux
dire au ministre qu'il peut compter sur notre collaboration si on peut l'aider
à faire des pressions, quelles qu'elles soient, pour qu'il puisse aller
chercher davantage de crédits éventuellement parce que c'est fort
important.
Les propos du député de Shefford étaient
très clairs par rapport à cela. Je ne veux pas y revenir mais je
pense qu'on parle de développement économique. C'est bien
sûr une initiative du milieu mais il faut qu'elle soit stimulée.
Ce genre de programme est certainement très stimulant.
Bell Helicopter
Toujours dans le programme 2, élément 3, j'aimerais
passer, assez rapidement parce que l'heure avance, au dossier Bell
Helicopter puisqu'on a les crédits concernant l'industrie de
pointe relative aux hélicoptères. En octobre 1983, M. le
ministre, il y avait des ententes signées entre le gouvernement
provincial et le fédéral concernant l'aide et les subventions
à Bell Helicopter. On sait que depuis cette annonces ces subventions se
sont totalisées à environ 275 000 000 $ sur le projet de 514 000
000 $. La compagnie a révisé son projet et on ne parle plus
aujourd'hui de la même fabrication, des moteurs 400. On parle plus
d'assemblage de moteurs aux modèles 206BL, des monoturbines au lieu des
biturbines, ce qui donne en définitive au lieu d'une création
d'emplois de 2100 personnes au Québec, d'environ, d'après les
derniers chiffres, peut-être 600. Ce que j'aimerais savoir de la part du
ministre: Où en est rendu le dossier par rapport à cette
entreprise qui avait annoncé des choses alors que le gouvernement du
Québec par l'entremise du ministère de l'Industrie et du
Commerce, sûrement, s'était entendu sur des aides, des
subventions, puisque le gouvernement fédéral annonçait ou
laissait entrevoir dans le Globe and Mail au mois de décembre, le 11
décembre plus précisément, qu'il voulait mettre fin
à ses subventions par rapport au projet de Bell Helicopter. Dans un
premier temps, j'aimerais savoir où en est rendu le dossier par rapport
à l'argent à verser ou qu'on versera dans tout ce dossier?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'entrée de jeu, je
dirais que, évidemment, cela fait un petit moment que ce dossier est
dans les parages. C'était le gouvernement précédent qui
était le "négociateur", entre guillemets, pour le Québec.
C'est un projet où les déboursés se font entre le
gouvernement fédéral et celui du Québec en proportion de
60-40. Je dois dire que le signataire de l'entente avec Bell Helicopter est le
gouvernement fédéral, pas le gouvernement du Québec. Nous
intervenons, par ailleurs, c'est cela notre rôle, dans la gestion de
l'entente dans ce sens que oui nous participons- Donc, on a quelque chose
à dire, et les relations que nous entretenons en pratique dans l'ordre
normal des choses avec notre contrepartie du gouvernement du Canada donne tout
lieu de croire que nous sommes, en gros, sur la même longueur d'onde. Je
pense que c'était quelque chose qu'il fallait indiquer de façon
très concrète. Quant à savoir qui est l'interlocuteur de
Bell Helicopter, moi, je vous dis que c'est le gouvernement
fédéral, mais que, par ailleurs, évidemment, on s'entend
avec le fédéral sur la façon de gérer tout ce
programme. On met 40 % dedans, quant à nous.
Ce que le député a évoqué et ce qui est
enfin le noeud du problème, ce sont les perspectives commerciales pour
les appareils qui devaient ou devront ou pourraient ou pourront se retrouver
sur le plancher de l'usine en question. Ce sont des considérations -
comment dirais-je? objectives auxquelles nous ne pouvons pas grand-chose sauf
nous réjouir du fait que Bell Helicopter a indiqué que, quant
à elle, la vente d'hélicoptères d'une
génération la plus perfectionnée possible demeure un de
ses objectifs corporatifs. Elle entend - aux dernières nouvelles que
j'en avais eues moi de Californie - "donner la claque" comme le veut la
publicité et s'assurer que les efforts de promotion porteraient des
fruits.
Maintenant, dans la mesure où les perspectives commerciales
peuvent être plus lointaines qu'on ne l'aurait cru, il est entendu que,
dans la mesure où nous avons sur place un équipement
manufacturier considérable, substantiel, il y aurait lieu de faire en
sorte que du travail va s'y dérouler, que de la fabrication, de
l'assemblage d'hélicoptères puisse s'y dérouler. C'est ce
vers quoi, enfin, toutes les parties en cause se dirigent. Il y a toutes sortes
de tractations, discussions, conversations, absolument constantes entre tous
ceux qui sont intéressés à ce problème, et je suis
persuadé qu'on en arrivera à brève échéance
à une solution de ce "problème", entre guillemets. Je dis bien
entre guillemets, parce que les perspectives commerciales ont changé
entre le moment où cela avait l'air d'une excellente idée et le
moment où on doit vivre avec l'expression de cette idée.
Il y a des détails, malheureusement, dans lesquels on ne peut pas
véritablement entrer. Il y a beaucoup de parties d'impliquées. Il
y a des considérations d'ordre concurrentiel et commercial,
évidemment, pour le fabricant, qui entrent en ligne de compte. Ce que
nous ne perdons pas de vue, c'est le fait que, même si nous ne sommes pas
des signataires, on est quand même partie prenante à l'entente,
que cela coûte quelque chose, que nous nous assurons que la façon
dont Bell Helicopter exprime son intérêt se déroule de
façon fort concrète et qu'ils y mettent du leur sous toutes
sortes de façons. (16 h 45)
Nous sommes en voie d'atteindre une solution qui devrait assurer qu'il y
aura de l'emploi, qu'il y aura de la fabrication et que nous pourrons
bénéficier de retombées au Québec dans la mesure
où, d'une part, certaines pièces pourraient être
directement fabriquées et fournies par des entreprises situées au
Québec qui ont des intérêts et que les
Québécois, en matière d'emplois, dans ce secteur de haute
technologie, pourront trouver une occasion de renforcer cette dimension de
notre main-d'oeuvre.
Ce sont mes commentaires sur ce dossier qui est toujours, à ma
connaissance, depuis je suis là, un dossier courant qui occupe beaucoup
de monde.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, toujours sur ce dossier des
84 000 000 $ qui étaient la partie de l'engagement du gouvernement
provincial, combien d'argent a été versé jusqu'à
maintenant? La coupure de 26 000 000 $ ou ce qu'on voit apparaître en
termes d'étude des crédits représente-t-elle la partie
totale qui sera retranchée par rapport aux 84 000 000 $ qui
étaient l'engagement ou la portion du gouvernement provincial dans
l'entente fédérale?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le relevé no X,
exprimé en chiffres romains, qui se trouve dans le livre des
crédits fait état des catégories de dépenses en
dollars canadiens courants et du nombre d'emplois qu'on peut observer au 28
février 1986. Au titre de la recherche et du développement, le
Québec a consenti près de 40 000 000 $ et le
fédéral, 60 000 000 $. C'est la proportion, 60-40. Au titre de la
production, c'est-à-dire la construction de l'usine, achat
d'équipements et d'outillage, les frais de formation de main-d'oeuvre et
les frais de relocalisation, la participation gouvernementale
québécoise est de 27 600 000 $ et le fédéral, 41
500 000 $; pour des totaux respectifs pour le Québec de 67 000 000 $ et
un peu plus et, pour le fédéral, un peu plus de 101 000 000 $,
pour un grand total de 168 000 000 $ et 273 emplois: 220 au Québec et 53
à Fort Worth au Texas.
La coupure, dites-vous? Dans le fond, i! ne faut pas parler de coupure;
il faut parler d'écart entre ce que nous pourrions débourser en
1986-1987 par rapport à 1985-1986; encore une fois, comme dans beaucoup
de cas, cela s'explique par des ralentissements anticipés dans le
paiement de factures, compte tenu des titres auxquels nous sommes
appelés à participer à ce projet.
M. Parent (Bertrand): Des 67 000 000 $ en contribution du
Québec, là où je m'inquiétais, c'est si la
proportion du fédéral, par rapport à son aide à
Bell Helicopter, va être appliquée de la même façon
au gouvernement du Québec? Ces ententes ont fait l'objet de beaucoup de
critiques à l'époque. Je pense que vous étiez critique
à ce moment, quant à l'aide très généreuse
apportée dans le dossier de Bell Helicopter.
En 1986, moment où est rouvert tout ce dossier, l'entreprise,
elle, n'a pas rempli ses engagements comme tels. Y a-t-il une
possibilité de réviser, soit ces pourcentages ou ces proportions
à la baisse?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant à avoir
relevé les critiques qui auraient pu avoir cours à
l'époque, dans la mesure où le gouvernement du Québec
allait au bâton pour 40 % d'un gros projet, mais n'était
même pas partie à l'entente originale avec le constructeur, on
trouvait cela un peu exorbitant, quoique, comme je vous le dis, au point de vue
pratique, cela s'est réglé dans la mesure où il y a bonne
entente avec notre contrepartie fédérale; nous sommes en
discussion constante pour atteindre les mêmes objectifs.
Par ailleurs, la vraie critique, le député de Bertrand
pourrait se le faire raconter par ses collègues qui étaient
à l'Assemblée nationale à l'époque, et maintenant,
du côté de l'Opposition, cela venait du député de
Lévis. Le député de Lévis ne voulait rien savoir de
cela, installer l'usine de Bell Helicopter dans la zone qui a été
choisie. Il y a eu beaucoup de retard à l'époque, on s'en
souviendra; cela avait même fait les manchettes, ou à peu
près. Des débats absolument orageux avaient eu cours à
l'occasion de l'implantation, du choix du site. Enfin, c'est derrière
nous.
Pour ce qui est de l'avenir, je peux reprendre le terme qu'a
employé le député, c'est-à-dire qu'on rouvre
l'entente, etc. Il n'est pas question de réouverture, il est question de
continuer de négocier et de s'assurer que la participation du
gouvernement fédéral, de Bell Helicopter et du gouvernement du
Québec va se réaliser selon les échéanciers qui
étaient prévus à l'époque pour faire en sorte qu'il
y aura du travail sur le plancher de l'usine, comme je l'ai exprimé
tantôt. On garde toujours à l'esprit que l'objectif était
évidemment d'avoir quelque chose à la fine pointe du
progrès. Je vous ai déjà indiqué que Bell
Helicopter ne semble pas avoir renoncé à ce projet de mettre
éventuellement à la disposition de sa clientèle un
appareil de première qualité qui aurait toutes sortes de
caractéristiques, qui serait à la fine pointe de nombreuses
technologies et qu'au Québec, la création d'emplois est toujours
l'effet qu'on recherche.
Le dossier de BASF
M. Parent (Bertrand): Concernant l'aide financière
à l'industrie de la pétrochimie dont on a parlé
tantôt par rapport au dossier de Pétromont, je voudrais savoir de
la part du ministre, concernant une industrie connexe, bien sûr, avec la
fermeture annoncée de BASF à Laval, quelle est l'attitude du
ministère de l'Industrie et du Commerce et du ministre dans ce dossier
qui représente une perte importante non seulement d'emplois, mais de
beaucoup de subventions qui ont été versées à BASF
au cours de ces dernières années, maintenant qu'on doit
aujourd'hui fermer les portes. J'aimerais savoir quelle est l'attitude du
ministre face à cette fermeture et face à toute l'industrie
pétrochimique et les effets que cela va entraîner.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Encore une fois, je vais
rappeler au député que quand on a affaire à une entreprise
dans ce secteur, on ne peut pas ignorer les conditions du marché mondial
dans toutes sortes de denrées, dans toutes sortes de produits. En
l'occurrence, on doit noter que ce n'est pas un choix d'avoir
décidé de relocaliser une entreprise ailleurs au Canada à
notre détriment, mais qu'il s'agit d'une fermeture pure et simple,
compte tenu des conditions du marché, dans une ligne de production qui
ne se retrouvera pas chez BASF au Canada. Les conditions de marché ont
changé.
Ce que nous avons fait lorsque le dossier a commencé à
poindre, c'est de se porter volontaire auprès de l'entreprise pour voir
comment les programmes d'aide, administrés notamment par la SDI,
pouvaient répondre aux besoins de cette entreprise. On me dit, parce que
ce sont des événements qui se sont déroulés avant
la tenue de la dernière élection, que la société
avait refusé carrément la subvention, que ce n'était pas
un problème financier de maintenir l'investissement à un
coût inabordable, que c'était une question de vendre un produit
qui n'était pas en demande, pour autant que j'ai pu comprendre.
Les interventions subséquentes auxquelles j'ai été
partie ont consisté à prendre contact personnellement, ce que
j'ai fait, avec la haute direction de la société, de m'assurer
auprès d'elle qu'effectivement la décision ne touchait en rien sa
perception du Québec. Il est extrêmement important que si, pour
toutes sortes de raisons qui échappent à toutes sortes de lois,
sauf celles du marché qui sont absolument inébranlables...
À l'occasion d'un réaménagement, d'une fermeture, d'une
diminution d'activités dans une entreprise quelconque, il est primordial
que le gouvernement du Québec s'assure que ce n'est pas en raison soit
d'une élection, d'un nouveau gouvernement, en raison de diverses
conditions de fond qui peuvent entacher l'efficacité de l'entreprise au
Québec, que ce n'est donc pas en raison de ces faits qu'on voit une
diminution d'activité. Quant à cet aspect, je dois dire que
jamais les dirigeants de BASF n'auraient indiqué que c'étaient
des conditions qui tenaient au Québec qui les forçaient pour des
raisons commerciales à déménager ces installations, ce
secteur de leur production, de leur activité ailleurs qu'au Canada, ni
qu'à partir de ce moment, si on libérait des lieux où il y
a, d'ailleurs, des infrastructures de première qualité, si des
parties pouvaient se montrer intéressées à relancer le
site - à titre d'exemple, c'était l'état de certaines
demandes que j'avais reçues de gens de l'île de Laval - la
société puisse faire obstacle à de telles
velléités de relance du site par d'autres organismes,
institutions ou entreprises du milieu où elle était
située.
En l'occurrence, encore une fois, j'ai cru constater qu'il n'y avait pas
d'objection de la part de la direction à transiger avec des gens qui
pouvaient avoir une utilité quelconque pour ce site. J'ai donc
parlé aux gens qui étaient intéressés. On n'a pas
requis notre secours ni notre appui ni notre intervention depuis le
début de février ou à peu près. Dans la mesure
où nous nous sommes informés de ce qui pouvait être fait
autant par la société que par les gens qui étaient
intéressés à ces installations, dans la mesure où
tout cela avait été fait, nous n'avons pas été
appelés à y mettre du nôtre à ce moment-ci. J'ai
réitéré à tous ceux qui étaient
intéressés notre disponibilité, le cas
échéant, pour faire débloquer un aspect quelconque d'une
transaction qui pourrait bloquer.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, je ne voudrais pas
m'étendre sur le cas de BASF, mais, lorsque une entreprise de cette
envergure décide de fermer ses portes pour des règles que vous
appelez des règles du marché, je veux bien que cela se passe sous
n'importe quel gouvernement. Il peut arriver des situations où les
règles du jeu font en sorte qu'une entreprise n'a peut-être plus
son marché. Cependant, là où je trouve que le
ministère devrait avoir une attitude beaucoup plus ferme, c'est que
cette entreprise a bénéficié d'aide gouvernementale
à la recherche et au développement pour son expansion au cours
des années. Les sommes sont assez importantes. Comment se fait-il qu'au
moment où on veut intervenir, même si c'est une entreprise
privée, pour qu'elle puisse avoir des acquéreurs pour acheter son
équipement, l'entreprise refuse carrément et parle de raser tout
simplement l'équipement? Sans dire qu'on a une petite part
là-dedans, il y a de l'argent des Québécois qui est
investi, qui est donné à une entreprise pour faire du
développement. À partir du moment où une entreprise
décide de fermer ses portes, je pense qu'on a un certain pouvoir de
négociation ou de sensibilisation pour ne pas laisser... Je pense que le
caucus des députés de Laval a eu des rencontres récemment,
en février ou en mars, et qu'il y avait des acheteurs
intéressés. Je trouve un peu dommage qu'une partie des
immobilisations ne puisse pas servir à quelqu'un d'autre. Cela nous
échappe complètement. Je voudrais seulement m'assurer de la part
du ministre que c'est de l'argent qui a été versé au cours
des années, mais de l'argent qui est immobilisé à cet
endroit. Est-ce qu'il n'y aurait pas une action précise à faire
auprès de BASF?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Premièrement, quant au
principe de savoir si les entreprises doivent quelque chose à un
organisme subventionnaire advenant un changement de conditions ou une
fermeture, on ouvre tout un débat. La question serait de savoir à
quelles conditions, finalement, on accorde de l'aide financière à
des entreprises. Est-ce qu'on fixe des conditions de remboursement en cas de
fermeture? Est-ce qu'on fixe des conditions d'extinction dans le temps du
remboursement de la subvention si tout va bien? Il faut reprendre cela à
sa racine avant de pouvoir se prononcer sur ce qu'on va faire dans le cas
précis qui vient d'arriver. Cela me paraît être un
débat d'une autre nature. (17 heures)
Dans le cas que vous soulevez, j'avais, moi aussi, entendu dire que la
direction menaçait de raser ses installations. J'avais entendu cela, il
y a un bon petit moment et c'est à la suite de ce bruit un peu
étrange ou unisité que j'avais communiqué autant avec les
gens de Laval qu'avec les gens de la haute direction de BASF. À ce
moment-là, les responsables de la société m'ont
indiqué qu'il n'en était rien, qu'ils étaient, en gros,
disposés à transiger, comme je l'ai indiqué tout à
l'heure, avec des parties intéressées. II faudrait voir à
ce moment-là l'état du dossier aujourd'hui de façon
très spécifique avec les gens qui sont intéressés
à se porter acquéreurs ou à occuper d'une façon ou
d'une autre les lieux en cause.
Dans la mesure où dans les heures qui ont suivi les demandes qui
auraient pu m'être faites d'intervenir et que je l'ai fait, que l'offre
tient toujours et que, je le répète, s'il y a quelque chose de
particulier que nous pouvons faire quant à sensibiliser parce que
finalement, à moins qu'on attache une sanction particulière qui
serait prévue, soit par la loi, soit par l'exercice normal de la
discrétion gouvernementale, il est entendu qu'il s'agit de convaincre,
à force d'arguments, à force de bons points qu'on peut faire
valoir, des gens de revenir sur leur décision. Je répète
que, dans le fond, à sa face même, le gouvernement n'a pas en
main, dans l'état actuel des choses - et cela a toujours
été vrai - une sanction précise de nature
financière ou économique qui peut faire valoir... On peut
recommencer à refuser d'acheter certains produits dans le cadre d'une
politique d'achat, mais comme vous le savez, c'est quand même un peu plus
objectif que cela. Cela répond aussi à certains impératifs
de marché.
Ce que je peux dire à l'égard de ce projet comme d'autres,
c'est que si on entend parler de quelque chose qui a des retombées
négatives pour le Québec, pour l'une de ses régions ou
pour quelques régions que ce soit du Québec, le ministère
de l'Industrie et du Commerce, le ministre en titre est toujours parfaitement,
avec ces gens, habilité à rejoindre les gens en cause - nous le
faisons - et à offrir à travers toute la gamme d'interventions
qui nous sont possibles l'aide technique et dans quelques cas, l'aide
financière que les gens peuvent requérir, mais s'ils ne veulent
pas de cette aide financière, s'ils n'en demandent pas, s'ils n'en ont
pas besoin et que la décision répond à d'autres
critères, il va falloir inventer littéralement des nouveaux modes
d'intervention à l'égard des sociétés qui auraient
reçu à un moment X dans le temps une aide financière du
gouvernement.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre ou
M. le député de Bertrand, j'aimerais juste ajouter un commentaire
puisque, comme vous le savez, j'ai été impliqué dans ce
dossier, ayant rencontré le président de BASF-Canada avec un haut
fonctionnaire du MIC et des autorités municipales de Laval. II est vrai
que dans le passé, BASF a reçu des subventions des
différents ordres de gouvernement, mais je pense qu'il faut admettre en
toute franchise que BASF, dans les quinze ou dix-sept années
d'opération à Laval, a toujours été un citoyen
corporatif honnête et assez objectif. Ce n'était pas le genre, je
pense, de citoyen corporatif qui recherchait les subventions justement pour
continuer son opération puisque, effectivement, dans la dernière
année, il a refusé deux subventions, une du provincial et une du
fédéral. Cela a été strictement une décision
d'affaires, une décision administrative et on en connaît bien les
détails. D'une part, cela faisait quelques années que la place
n'était pas rentable et d'autre part, un des marchés était
en voie de disparition pratiquement pour les quatre ou cinq prochaines
années. Donc, cela a été une décision
administrative.
Il est vrai qu'il y avait eu des rumeurs, comme le ministre l'a dit, de
fermeture, de rasage d'édifice mais elles se sont
révélées fausses par la suite. On doit admettre que BASF a
démontré à la suite de l'intervention du ministre et du
ministère, une ouverture d'esprit. Il est prêt à envoyer
aux autorités de la ville de Laval et au ministère les actifs
qu'il était prêt à vendre et si, éventuellement, le
ministère ou les autorités municipales trouvaient un acheteur ou
voulaient se porter acquéreur, soit du terrain et du terrain d'Union
Carbide qui est adjacent, il est ouvert à ta discussion. Donc, je peux
vous assurer, M. le député de Bertrand que, dans ce cas-là
- et comme vous le savez fort bien aussi, ce problème existait plusieurs
mois avant que nous arrivions dans le dossier - dans ce cas-là, dis-je
c'est strictement une décision d'affaires qui a été prise.
Il n'y avait vraiment rien à faire pour les garder ouverts.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie, M. le Président et
député de Vimont. Je pense que cela complète les
explications. J'aimerais mentionner au ministre à ce stade-ci, avant
qu'on passe à l'autre partie du dossier, que dans le cadre de la
révision des programmes, je pense qu'il serait bon que le comité
ou les gens qui se penchent là-dessus essaient de voir s'il n'y aurait
pas justement quelques clauses sur une période de temps où, sans
dire qu'on attache des entreprises ou s'il y a exode, comme cela se produit
dans certaines entreprises où on vient, pendant deux, trois ou cinq ans,
faire du développement dans un secteur donné ou dans une province
pour aller ensuite vers d'autres provinces ou quitter carrément pour
aller aux États-Unis...
J'ai fait mention très rapidement ce matin du cas de Northern
Telecom où il y a eu près de 500 pertes d'emplois au
Québec, que ce soit à Ville Saint-Laurent ou à Aylmer, et
particulièrement des mises à pied qui ont lieu actuellement. Le 2
mai ce sera à Aylmer au Québec. Tout cela soi-disant parce qu'il
n'y a plus de marché ici, mais on se retourne et on s'en va fabriquer
à Atlanta aux États-Unis pendant qu'on pourrait continuer
à fabriquer au Québec, parce qu'on a eu de l'aide
gouvernementale, des subventions à la recherche et au
développement, et on peut d'ici, comme le font beaucoup d'entreprises,
exporter vers les États-Unis. Mais non, pour toutes sortes de bonnes
raisons, peut-être des raisons de productivité, de taux horaire,
etc., il reste un problème. On perd des emplois et des entreprises au
profit justement d'autres provinces. Dans ce cas-là, c'est strictement
du côté américain. Il s'agit d'une importante
société qui s'appelle Northern Telecom et on n'a pas de moyen
pour les attacher. On dit: C'est une décision de notre marché
là-bas. Je comprends que les entreprises peuvent s'installer là
où est le marché mais il y en a qui décident de
s'implanter ici au Québec parce qu'elles prévoient que c'est la
meilleure place pour exporter ailleurs au Canada ou encore aux
États-Unis.
Je ne sais pas si des mécanismes pourraient être
prévus dans la révision des programmes, mais je pense qu'il
faudra montrer les dents de ce côté-là de façon que
les entreprises comme ça ne fuient pas à droite et à
gauche.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'abord la question
générale. Comment peut-on attacher ou est-ce que cela vaut la
peine d'attacher ou de relier l'attribution d'aide aux entreprises à des
conditions d'exploitation, d'activités et de maintien
d'activités? C'est presque un argument à l'encontre des
programmes de subventions que vous faites valoir dans la mesure où on
pourrait privilégier des investissements dans du capital temporaire par
voie d'actions privilégiées, par voie de certains genres de
prêts, par voie, dans d'autres cas, de garantie de prêts comme cela
existait dans le PFE. C'est ce qu'on est en train de regarder. La question est
de savoir ce qui répond le mieux, à brève
échéance, compte tenu de la structure financière d'une
entreprise, compte tenu de ses chances de succès à ses besoins et
qu'est-ce qui lui laisse la meilleure marge possible pour connaître le
succès qui lui permettrait de rembourser des subventions qui, comme je
l'indiquais, deviendraient remboursables dans certaines conditions de
rentabilité. C'est une espèce de mélange de prêt, de
garantie de prêt, de capital-actions, temporaire donc rachetable. On
pourrait regarder cela comme cela.
On pourrait simplement dire: À un moment X, les ressources que le
gouvernement est disposé à mettre au service de l'entreprise,
laissons l'entreprise les utiliser à son meilleur escient en s'assurant
que nos mécanismes de suivi et les autres garanties qu'on peut avoir
quant à la performance en matière de création d'emplois,
de production, de niveau d'activité de l'entreprise soient
satisfaisants. On peut regarder tout cela et cela fait effectivement partie du
mandat plus large de révision des programmes que nous avons mis sur
pied.
Quant à ce qui regarde le problème de Northern Telecom, je
n'ai pas une mémoire qui remonte à la nuit des temps mais les
gens autour de moi ne se souviennent pas d'avoir jamais subventionné
Northern Telecom pour régler ce problème. Si c'est le cas, on
l'apprendra tous ensemble. Par ailleurs, je veux surtout relever, afin de
maintenir quand même un certain optimisme, le commentaire du
député qui fait état d'un transfert d'activités de
Northern Telecom vers Atlanta. Les renseignements que nous avons ne sont pas en
ce sens. Les renseignements que nous avons indiquent que, dans ce domaine de la
fabrication d'interconnecteurs pour les réseaux
téléphoniques, la capacité de fabrication aux
États-Unis est également en cause dans la mesure où il
pourrait y avoir - je dis bien "il pourrait y avoir" - des diminutions
d'effectifs là aussi. Alors, il n'est pas question de transférer
du point A au point B. Il est question de se demander si le marché est
capable de soutenir le niveau que A et B connaissent aujourd'hui, et c'est vrai
dans les deux cas. Il n'est pas nécessairement question de
consolidation, dans ce contexte, à un endroit au détriment du
Québec.
Par ailleurs, on peut souhaiter, dans une phase de rationalisation des
activités de la société au Canada, des transferts. On
essaie de voir comment cela peut se faire, on essaie de suivre cela de
près, comment le Québec pourrait bénéficier
d'autres
rationalisations alors que celle du marché du produit que j'ai
indiqué semblerait défavoriser les installations
américaines et peut-être canadiennes aussi. Je pense que
simplement l'état de la question, les faits précis font obstacle
à une entente complète entre le député de Bertrand
et moi-même à ce moment-ci, Cela dépend peut-être,
comment dirais-je, de l'âge de nos renseignements. Les nôtres sont
très jeunes.
M. Parent (Bertrand): Je ne ferai pas de long débat
là-dessus, M. le ministre. Les miens datent d'environ 48 heures. Alors,
ils sont assez frais. Je pense que l'entreprise a obtenu 2 200 000 $ de
subventions pour s'installer à Aylmer en 1968, si ma mémoire est
bonne. Je pense que le député de Hull connaît très
bien ce dossier puisque les instances du syndicat, le président du
syndicat dans le domaine des communications a rencontré le
député de Hull il y a quelques semaines. On m'a même
mentionné qu'on avait essayé d'avoir un rendez-vous avec vous. Ce
que je vous dis, c'est que c'est un dossier qui prend une certaine tournure,
une certaine envergure. Je ne ferai pas de débat ici. Je porte le fait
à votre attention. Il me semble que c'est un dossier qui mérite
d'être suivi de très près par le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur les faits. Oui, 1968, c'est
encore plus loin que la mémoire collective qui m'entoure. La question
serait de savoir de quelle source, parce que la SDI n'existait même pas,
à l'époque n'est-ce pas? Il s'agirait de savoir à
l'intérieur de quel programme et à quelles conditions l'aide
avait pu être consentie à l'époque. Par ailleurs, quant
à l'âge des renseignements, les nôtres sont plus jeunes que
ceux du député de Bertrand. Ils ont deux heures plutôt que
48 heures. La question se pose, finalement, de savoir quelle est la source des
renseignements. Si tout ce monde-là se rencontrait, on aurait
peut-être une version complète de l'affaire. Le
député, avec raison, fonctionne sur la foi des renseignements
qu'il a. Nous fonctionnons sur la foi de ceux que nous avons. On n'y
échappe pas... de toute façon cela n'a aucun rapport avec la
question de savoir s'ils ont été subventionnés, si on
court après cela 20 ans après. Je pense que ce n'est pas cela
l'objet du débat. On essaie de voir ce qu'il y a à faire. Nous
continuons d'intervenir pour voir, compte tenu des développements qui se
déroulent dans l'entreprise parce que évidemment, il est de loin
préférable de garder le suivi. C'est ce qu'on s'emploie à
faire avec les analystes. Nos effectifs, par secteur économique, sont en
contact très étroit par toutes sortes de mécanismes ou
d'appartenance à des associations d'affaires, d'organisations et de
participation à des colloques, des rencontres de nature technique, des
présentations. Ils se tiennent vraiment à la page de ce qui se
passe de façon courante dans différents secteurs
d'activité. Ils rencontrent tous ces joueurs-là que le
député de Bertrand aurait appelés et que nous aussi on a
appelés, mais que personne ne veut nommer. (17 h 15)
Évidemment, on a tous et chacun nos sources. Je pense qu'au
niveau de nos effectifs, les gens qui se préoccupent de ces questions se
tiennent au courant. En se tenant au courant, on peut voir comment on peut
intervenir, à quel moment, comment on peut empêcher les choses qui
seraient remédiables à condition d'avoir les outils utiles comme
je l'indiquais plus tôt, soit en découvrant un partenaire dans
certains cas, soit en suscitant le maintien de certaines activités par
l'attribution d'une aide faite sur mesure parce qu'on fait cela aussi. C'est le
rôle constant, quotidien, du ministère que de se tenir au courant
de ce qui se passe dans le marché dans différents secteurs et de
prévoir les interventions qu'on pourrait y faire afin d'assurer les
retombées économiques les plus constantes et les plus
substantielle possibles évidemment au Québec dans tous ces
cas-là.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. Si vous me le
permettez, je vous transférerai dans les prochaines heures mes sources
d'information afin que vous puissiez les confronter avec les vôtres, le
but n'étant pas de faire un débat mais d'avoir tous les
éléments ou les deux côtés de la médaille, si
vous le permettez.
Étant donné l'heure, M. le Président, j'aimerais
peut-être passer au programme 3 et garder le volet de centres
d'incubation -j'avais mentionné ce matin que j'étais pour en
parler - pour en traiter conjointement ce soir avec mon collègue,
député de Shefford, alors que le ministre
délégué aux PME sera présent. On fera un deux dans
un et cela va peut-être permettre de passer immédiatement au
programme 3 et, si on est capable, de terminer plus tôt.
Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui veulent intervenir sur le
programme 2. Cela va? Alors, dans le programme...
Soutien aux sociétés et organismes
d'État
Le Président (M. Théorêt): On n'a pas
d'objection. On peut passer au programme 3, M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le programme 3, dans le cas du
Centre de recherche industrielle, communément appelé le CRIQ, il
ne semble pas y avoir de changements majeurs dans les crédits. Donc,
je passe rapidement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je veux ajouter en fait que
c'est en vertu d'une loi de l'Assemblée nationale, comme vous le savez,
qui prévoit la dotation de ressources financières sur une
période de cinq ans à l'endroit du Centre de recherche
industrielle du Québec. C'est pour cela que vous voyez la mention
"permanent" dans le transfert, c'est-à-dire que l'Assemblée
nationale, en principe, n'est pas appelée à se prononcer sur ce
volet dans la mesure où c'est une loi de l'Assemblée qui
prévoit pour une longue période le versement de sa contribution
au fonctionnement du Centre de recherche industrielle du Québec,
L'Institut national de productivité
M. Parent (Bertrand): Si j'ai bien compris, l'entente se
maintient jusqu'au 31 mars 1990. Dans le cas de l'élément 2 qui
touche particulièrement l'Institut national de productivité, les
premières annonces qui ont été faites parlaient
d'abolition. Il semble qu'il y a réduction des crédits
apportés. J'aimerais que le ministre nous explique, sans que j'y aille
trop à fond, la situation de l'Institut national de productivité
après les déclarations qui ont été faites de sa
part et de la part des gens de l'institut par rapport à la fermeture et
à l'annulation de tous les crédits, la récupération
du million qui était affecté à l'Institut national de
productivité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. En clair, à la
suite de la décision de cesser les activités de l'Institut
national de productivité, c'est précisément ce qui s'est
produit. Depuis la semaine dernière, on m'informe qu'il n'y a plus
personne sur place et que les crédits qui apparaissent sont des
crédits de fermeture de dossiers dans la mesure où nous devons
quand même voir à respecter certains engagements qui avaient
été pris par l'Institut national de productivité. Je n'ai
pas vu le détail mais il y a des baux, des locaux qui étaient
loués. On peut penser notamment aux déficits qui se profilaient
au-delà de ce que nous pouvions anticiper et, s'ils se réalisent,
on va devoir y faire face. Il faut également" considérer que dans
des cas de fermeture, nous procédons avec le plus de sensibilité
possible à la relocalisation des gens qui sont affectés. Il y a
les programmes normaux de paiement pour cessation d'emploi dans des
circonstances comme celles-là, les efforts qu'on peut consentir afin
d'aider à la relocalisation dans beaucoup de cas, et c'est
essentiellement ce dont il s'agit, dans l'ordre normal des choses, en
1987-1988, ce poste ne devrait même pas apparaître dans le cahier
des crédits.
M. Parent (Bertrand): Comment le ministre peut-il concilier cela
avec les déclarations, en campagne électorale, de M. Reed Scowen
qui mentionnait que l'Institut national de productivité serait
conservé et que seulement son mandat serait modifié? Est-ce que
c'était quelque chose qui était avancé sous son bras
à lui ou s'il y a eu d'autres éléments qui ont fait en
sorte que votre ministère a pris cette décision de fermer
l'Institut national de productivité? Il y a eu des engagements à
la suite de questions qui avaient été posées en novembre
dernier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Écoutez, à
l'égard d'engagements comme ceux-là, ce qu'on peut dire c'est
qu'on peut aller vers des engagements qui ne sont pas nécessairement en
contradiction. Dans la mesure où on parlait de modification de mandats,
dans la mesure où on peut parler de maintien de certains volets du
mandat, l'engagement peut se traduire également par une redistribution
des facettes de fonctionnement de l'institut dans d'autres lieux. Si on parle,
à titre d'exemple, du modèle de logiciel qui permettait à
l'Institut national de productivité de mesurer la qualité de
l'entreprise, nous avons des services au ministère et au gouvernement
qui vont succéder à cette tâche. Dans son mandat
très précis de faire des analyses et publier des rapports quant
à des indices de productivité, là aussi nous avons un
organisme qui, au gouvernement, peut succéder et succédera
à cette tâche. Quant à ce qui concerne plus
précisément - et c'est là dans le fond le grand
intérêt de l'institut tel qu'il était constitué - le
centre de documentation, il s'était constitué une banque, un
inventaire, une bibliothèque considérable de 255, 260 - de
mémoire -revues, magazines, etc., tous consacrés essentiellement
à l'idée de productivité, son développement, son
progrès, sa promotion.
À partir de là, il faut se demander si cet actif est mieux
utilisé à l'intérieur de l'institut, pour que des
chercheurs se penchent dessus et publient, oui, quelques bulletins qui avaient
leur utilité - il n'y a pas de doute là-dessus - ou si on ne
devrait pas faire en sorte que ce centre de documentation soit plus largement
accessible à tout le public qui est susceptible d'y être
intéressé, aux clientèles naturelles, aux entreprises,
à ceux qui entendent consacrer leur vie ou leur carrière à
l'administration d'entreprises. À ce titre nous sommes
déjà en rapport avec des institutions et organismes susceptibles
d'accueillir le centre de documentation. Nous entendons bien nous assurer qu'il
y aura des engagements - et on les sent, ils seront formulés - de
maintenir la qualité du centre de documentation, de maintenir à
jour les collections qui ont été amorcées à
l'Institut national de productivité.
Nous sommes profondément convaincus qu'à moindres frais
nous pourrons faire en sorte que ce centre de documentation d'une très
haute qualité sera maintenu, sera accessible à un public plus
large, sera accessible dans les institutions qui ont exprimé le souhait
de s'associer à son maintien, donc, à un ensemble
considérable de chercheurs et de trouveurs, comme on se plaît
à le dire dans le domaine de l'amélioration de la
productivité de nos entreprises.
Pour ajouter - avant que vous le fassiez - un des volets dont on
exprimait qu'il avait une importance primordiale ou à peu près,
on avait ainsi constitué un forum structuré de rencontres du
milieu des affaires, des syndicats, des chercheurs et des universitaires qui
tous se penchaient ensemble autour de la même table dans un même
lieu physique à intervalles réguliers pour des problèmes
qui tournent autour de l'idée de productivité.
Vous me permettrez de prétendre, une fois qu'on a exprimé
que le centre de documentation, les logiciels, les indices de
productivité ont été sauvegardés, que 983 500 $
pour des rencontres mensuelles d'une quinzaine de personnes, c'est un peu
cher.
Je caricature, évidemment, mais ce que je veux exprimer, c'est
que, dans le cadre normal d'activités de rencontre de concertation qui
se déroulent à toutes sortes de niveau au gouvernement, dans les
organismes publics et parapublics et d'autres institutions, de forum, de
rencontres naturelles, les gens qui représentent l'entreprise, ceux qui
représentent les travailleurs, ceux qui se penchent sur le rapport qu'il
y a entre les deux et ceux qui émanent du milieu universitaire et
gouvernemental peuvent, je le répète, se retrouver et discuter de
ces choses en toutes sortes de circonstances,
Nous ne pensons pas avoir mis en péril un des mandats du
gouvernement, qui est de faire la promotion de concepts et d'idées,
comme la productivité et son progrès, et nous pouvons
réaliser, à travers les organismes existants et nos services
existants, essentiellement le même mandat, tout en reconnaissant que cela
ne se déroulera pas dans un lieu qui était identifié comme
étant l'Institut national de productivité, son siège
social, ses bureaux où il tenait feu et lieu.
M. Parent (Bertrand): Si j'ai bien compris le ministre,
l'essentiel doit être protégé, par rapport à
l'action que faisait l'INP, et intégré à
l'intérieur des autres structures. Deux points, pour terminer sur
l'Institut national de productivité. Premièrement, est-ce que les
publications que l'INP faisait telles que les bilans sur la productivité
au Québec ou différents magazines continuent ou vont être
abandonnées?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le cas précis des
mensuels, enfin, des magazines ou circulaires, si on veut, à certains
égards, des publications, de façon générale, qui
étaient disponibles, non, il n'y a pas de continuité dans cette
activité. La question serait de voir à partir du postulat
qu'avait fait valoir le gouvernement lors de la création de l'institut
et des représentations que l'institut faisait valoir annuellement, si
cela pouvait, auprès d'une certaine clientèle, être une
activité rémunératrice pour laquelle on pourrait percevoir
des honoraires, s'il y a ce besoin -je le sens - il y a certainement cette
demande.
On est beaucoup plus sensibilisé dans les entreprises et dans
divers milieux à l'amélioration de la productivité. Il y a
sans doute une demande suivant laquelle l'organisme présumément -
sans aller plus loin - qui pourrait succéder à la gestion et au
maintien du centre de documentation, pourrait y voir un marché, un
créneau à exploiter qui pourrait constituer une source, sinon de
revenus, du moins de récupération de coûts.
Je n'écarte pas cette éventualité; cela fait partie
des discussions que nous avons avec les demandeurs éventuels qui veulent
qu'on loge le centre de documentation chez eux. On va voir le genre
d'engagement qu'on peut raisonnablement exiger. Dans ce sens, je verrais une
option intéressante - celle que suggère le député -
soit voir comment on pourrait maintenir certaines publications qui avaient leur
utilité. Mats il faut mesurer cela à la lumière, d'une
part, des coûts que cela implique, que cela impliquait, que de maintenir
tout un appareil pour publier certains magazines et se demander si la mission
qu'on recherche n'est pas plus facilement atteinte dans le nouveau
modèle que je vous ai décrit.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas des 25 employés qui
étaient au travail à l'institut, vont-ils
réintégrer la fonction publique, puisqu'ils étaient
syndiqués? Qu'est-ce qui arrive exactement?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils n'étaient pas
syndiqués et ils ne faisaient pas partie de la fonction publique. Ilsne détenaient pas de permanence. Alors, cela se règle un peu
comme dans le cas d'une entreprise qui est capable de faire montre de
sensibilité dans des circonstances comme celles-là à
l'endroit des gens qui y travaillent, qui est susceptible de leur accorder tout
le soutien substantiel, dans les circonstances, en matière d'aide
à la relocalisation, en matière à la recherche d'un
travail sans oublier, évidemment, un régime que je
qualifierais de plus que raisonnable en matière de paiement pour
cessation d'emploi. (17 h 30)
Dans toutes ces circonstances - la preuve de cette attitude, dans le
fond, c'est à l'usage qu'on la voit, si elle est bien fondée ou
pas - la transition pour ces gens, dans ia mesure où on appelle cela une
transition, d'après tout ce qu'on m'indique, s'est faite sans heurt,
avec doigté par ceux qui sont impliqués dans le dossier et,
dit-on, avec beaucoup d'ouverture pour s'adresser à des cas
particuliers.
M. Parent (Bertrand): Je suis un peu surpris de voir que le
ministre mentionne que les employés n'étaient pas
syndiqués. D'après les lectures que j'ai pu faire, ils avaient
été récemment syndiqués à la CSD, leur
syndicalisation semblait être acquise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je m'excuse, c'est
entièrement ma faute, c'est ma mémoire. L'accréditation
avait été reconnue, mais n'était pas couverte par une
première convention collective.
M. Parent (Bertrand): Donc, ce n'étaient pas de vrais
syndiqués.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils étaient dans les
limbes, je présume, à ce titre, ce qui m'a fait dire qu'ils
n'étaient pas syndiqués, mais à tort, je pense bien,
techniquement.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. Pour moi, cela
complète le secteur de l'Institut national de productivité,
l'élément 2. S'il n'y a pas d'autre intervenant, on pourrait
peut-être passer à l'élément 3 où on touche
SIDBEC, qui est un bébé cher aux Québécois.
Le Président (M. Théorêt): D'accord, M. le
député de Bertrand. On passe à l'élément
3.
SIDBEC-Dosco
M. Parent (Bertrand): On a beaucoup entendu parler ces
dernières années de SIDBEC-Dosco et de ses déficits
année après année. Finalement, je pense que l'année
dernière, on nous parlait d'une rentabilité à court terme,
et on s'aperçoit cette année que, d'après les
dernières déclarations ou informations, SIDBEC-Dosco va atteindre
le seuil de la rentabilité pour la première fois de son
histoire.
Ce que j'aimerais savoir de la part du ministre, c'est de quelle
façon il entend se comporter face à l'avenir de SIDBEC-Dosco par
rapport à ce nouveau tournant. Je sais que c'est un dossier
extrêmement complexe, mais je pense qu'il est drôlement important
puisqu'il y a eu beaucoup de choses de dites sur le cas de SIDBEC. Alors,
j'aimerais savoir de la part du ministre, face à cette situation qui est
fort enviable et intéressante et qui montre que peut-être l'ancien
gouvernement a bien fait d'être tenace dans ce dossier - je ne sais pas,
l'avenir nous le dira - quelle est l'attitude du ministre, maintenant, face
à la situation qui va prévaloir au cours de la présente
année chez SIDBEC?
M. Johnson (Vaudreuîl-Soulanges): Chose certaine, ce qu'on
doit reconnaître, c'est que l'héritage de l'aventure
minière est en voie de liquidation, au moins au point de vue de ses
opérations comme telles, SIDBEC ne traîne plus de lourd fardeau.
Évidemment, on fera remarquer que quelqu'un le traîne, en
l'occurrence, le gouvernement par le biais du ministère de l'Industrie
et du Commerce.
Si on regarde SIDBEC d'une façon isolée et qu'on oublie,
comme on peut le faire techniquement, l'héritage minier, le fardeau de
dette que cela continue à représenter - il ne faut pas se leurrer
- il est effectivement beaucoup plus possible, même probable qu'on
atteigne un seuil de rentabilité.
Maintenant, cela repose sur des gestes, évidemment, des
décisions, toutes sortes de mesures qui sont envisagées à
l'intérieur des attributions d'un conseil d'administration et de la
direction de l'entreprise, de la participation des travailleurs dans tous les
cas à ces décisions. Il y a une consultation quasi continuelle,
à bien des égards dans beaucoup de ces volets. Je dois dire que
c'est dès janvier que j'ai pris contact conjointement avec les
représentants des travailleurs et la haute direction de SIDBEC afin de
constater à l'époque le degré de compréhension
mutuelle qui existait entre tous ceux qui seront affectés par un plan de
redressement à long terme de SIDBEC. Il faut savoir qu'au niveau de ses
activités, du contrôle financier de ses activités, de
l'utilisation de la main-d'oeuvre, qu'il s'agisse du travailleur sur le
plancher ou dans une activité quelconque jusqu'à la haute
direction, tous les gens de SIDBEC sont parfaitement conscients des
défis qui s'offrent à eux. Je dois constater qu'en gros le plan
de redressement, qui est un terme bien précis mais qui recouvre
essentiellement la volonté commune des travailleurs et de la direction
de sortir SIDBEC des ornières du déficit continuel qui l'afflige,
que cette convergence d'ambitions, ce désir de redresser la situation -
c'est pour cela que je parle de plan de redressement - sont très
présents à l'esprit de tous ces gens et qu'on se dirige, on le
souhaite tous, vers un rétablissement financier de SIDBEC.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que c'est l'intention du
gouvernement d'envisager la privatisation de la société
SIDBEC?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans la mesure où notre
décision de fond est effectivement de désengager le gouvernement
du Québec de toutes sortes de secteurs commerciaux et industriels au
Québec, SIDBEC est, au sens très large, sur une liste... La
question est de savoir dans quel délai on doit se pencher sur ce
problème de finances publiques quand on examine les montants qui sont en
cause annuellement. Il y a des choses - l'Assemblée nationale en a
encore été saisie à l'occasion de la période de
questions - qui se déroulent dans le dossier de la privatisation.
Déjà, cela prend beaucoup de temps, de ressources humaines, etc.
Chose certaine, au sujet de SIDBEC, ce que, quant à moi, comme ministre
de tutelle je préfère, c'est de voir comment cette entité
peut être plus rentable à sa face même par les gestes que la
direction et les employés peuvent poser dans les semaines, les mois qui
viennent, comment on peut remettre ce navire à flot ou lui permettre de
se comporter d'une façon un peu plus stable et un peu plus attrayante -
oui, possiblement, c'est tout ce que je dis - pour des acheteurs
éventuels.
Dans l'état actuel des choses, on pourrait probablement comme
Diogène non pas se promener avec une lanterne mais avec un phare de 100
000 watts pour trouver un homme ou une entreprise ou qui que ce soit qui serait
susceptible de vouloir être l'heureux propriétaire de la
société avec les engagements financiers qu'on lui connaît.
C'est une opération qui est fort délicate, très complexe,
qui tient au caractère complexe de l'entreprise. Dans une entreprise
sidérurgique intégrée sauf la mine, la question est de
savoir si, dans le marché, il y a de la place pour un acheteur de toutes
ses installations ou si on peut regarder cela d'une façon un peu plus
morcelée, voir si certains secteurs d'activité sont susceptibles
d'être rentabilisés plus rapidement que d'autres, susceptibles
d'intéresser des partenaires éventuels. Nous regardons cela d'une
façon extrêmement flexible. Il n'y a pas d'aveuglement
idéologique qui nous ferait, dans l'état actuel des choses,
mettre SIDBEC aux enchères quitte à la donner, à supposer
que cela soit possible. Il faut faire en sorte que les gens qui connaissent
mieux ses activités, les gens qui sont là, qui sont des parties
prenantes très immédiates à l'avenir de SIDBEC, aient la
chance d'effectuer des redressements et, à partir de ce
moment-là, le dossier ne sera plus le même, il en sera un
peut-être de privatisation à terme, en tout ou en partie, en
association avec le secteur privé, ou carrément de remise au
secteur privé. C'est toute la gamme des options que je viens de vous
décrire, dans le fond, parce que c'est absolument inutile, dans le
moment, de formuler des engagements sur la façon dont ce dossier va
éventuellement se régler pour la suite des temps.
M. Parent (Bertrand): Ce que je comprends, M. le ministre, c'est
qu'il n'est pas sur la liste prioritaire de privatisation mais qu'il est sur la
liste...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II est sur la liste prioritaire
de redressement. Chose certaine, ce sont des fonds publics qui sont en cause,
évidemment. Je pense que, oui, de mémoire, SIDBEC était
sur la liste que nous n'avons pas cachée pendant et avant la campagne
électorale. La liste est toujours en vigueur dans la mesure où,
si nous avons comme objectif de désengager l'État
d'activités commerciales et industrielles, SIDBEC est une candidate
éventuelle à ce réalignement de ressources du gouvernement
du Québec, mais encore faut-il que SIDBEC soit attrayante. Les plans de
redressement qui ont cours, la volonté de redressement, pour être
plus précis quand on regarde ce dont il s'agit, est présente
autant au niveau politique que chez la direction et les travailleurs.
M. Parent (Bertrand): Toujours dans le cadre de SIDBEC, le
président et chef de la direction, M. Le Boutillier, mentionnait
récemment dans une revue que la structure financière de SIDBEC
devrait être révisée puisque la charge des
intérêts par rapport aux immobilisations devenait un fardeau
important. Dans ce cadre-là, il parlait d'environ 100 000 000 $, dont 60
000 000 $ seraient des avances converties en capital-actions et une injection
de 40 000 000 $ de nouveau fonds. Est-ce que le ministre, par rapport à
ce qu'il vient de mentionner, envisagera à court terme,
c'est-à-dire au cours de la prochaine année ou des prochains deux
ou trois ans la restructuration du capital de l'entreprise?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Évidemment, dans toutes
ces circonstances-là, il faut réaliser que le fardeau de dettes
que traîne SIDBEC manufacturier, c'est la suite de déficits
accumulés. Il suffit de regarder les livres depuis plusieurs
années, d'essayer d'extirper ce qui représentait les pertes
d'activités manufacturières pures et simples, on voit des gros
chiffres, il n'y a pas de doute. Mais avant de prendre une décision sur
une recapitalisation d'une centaine de millions parce que, dans le fond, c'est
de cela qu'on parle, comme vous l'évoquiez, il faut d'abord et avant
tout nous assurer qu'au point de vue de ses activités, SIDBEC peut
atteindre un seuil de rentabilité
minimal. Ce sont deux décisions un peu indépendantes l'une
de l'autre. Dans le temps elles se déroulent l'une après l'autre.
Je dirais que la décision éventuelle de recapitaliser doit se
prendre à la lumière de la capacité de SIDBEC
manufacturier de faire la preuve, à la suite d'un redressement, que
l'entreprise peut faire ses frais et, éventuellement, faire preuve de
rentabilité. Je peux comprendre la façon dont vous exprimez la
demande que vous dites formulée par M. Le Boutillier mais mon souci
à ce moment-ci et celui du gouvernement est de regarder de façon
très concrète comment des décisions et des mesures qui
peuvent être prises quant au fonctionnement de SIDBEC, quant à la
façon dont on approche les différentes activités de
l'entreprise, comment tout cela peut être amélioré avec
l'objectif de rentabilité. La décision plus large dont vous
parlez viendra par après. (17 h 45)
M. Parent (Bertrand): Pour l'instant, c'est...
Le Président (M- Théorêt): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'aimerais que le ministre profite de l'occasion pour
nous livrer rapidement le fruit de sa réflexion sur l'avenir de la
sidérurgie québécoise. Est-ce qu'il croit que la
sidérurgie a de l'avenir au Québec?Est-ce un secteur
qui peut prendre de l'importance? Je suppose que si on a envie de privatiser ou
d'intervenir dans le secteur, on doit le faire à partir de certains
paramètres et qu'il doit déjà y avoir une réflexion
faite là-dessus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Voyez comme je suis chanceux.
Le sous-ministre en titre qui m'accompagne est un ingénieur
métallurgiste. Imaginez-vousl ce n'est pas donné à tout le
monde, quand un question comme cela vous arrive par la tête, de pouvoir
s'alimenter auprès d'une source comme celle-là, sans compter que
M. Beaulieu est également membre du conseil de SIDBEC et suit
évidemment le dossier de longue date.
Nous avions eu l'occasion d'en parler un peu et de me rafraîchir
la mémoire et d'en remettre un peu plus. On doit constater que
l'activité de sidérurgie c'est une industrie de base très
traditionnelle à bien des égards. La plupart des mesures qui nous
permettraient d'évaluer si on est a la fine pointe du
développement ou si on est encore plus proche du traitement ou de la
transformation relativement brutale et non subtile de matières
premières nous permettraient de conclure à ce moment-ci que nous
sommes en face d'une industrie de base dont la production est en train de
laisser la place tranquillement - et ce à l'échelle mondiale -
à des produits, des productions de biens qui sont plus légers,
plus résistants, qui ont toutes sortes de qualités qu'on ignorait
il n'y a pas si longtemps.
Dans la mesure où on peut dégager un avantage comparatif
dans l'exploitation de certains minerais, dans la mesure où nous
pourrions nous concentrer sur les activités dans lesquelles nous
excellons, en nous alimentant aux ressources que nous avons en grande
quantité, je pourrais conclure à ce moment-ci qu'il y a des
secteurs industriels de transformation de base comme ceux-là qui sont
probablement plus porteurs d'avenir qu'une sidérurgie. Cela a
déjà été le fondement même de
l'économie de beaucoup de pays. La question est de savoir si le
Québec pourrait éventuellement - je ne mets pas de date,
évidemment - vivre sans sa propre sidérurgie sur son propre
territoire quand on sait que les solutions de rechange sont plutôt
tournées vers une spécialisation. On regarde ce qui se fait comme
installation. On regarde celle qui verra le jour, dans les jours ou les
semaines qui viennent, à Bécancour. Nous avons un avantage
comparatif très net en matière de production
d'électricité, donc de transformation de la bauxite en
aluminimum. On parle dans les journaux d'un très gros dossier, de
plusieurs dossiers reliés au secteur du magnésium et de sa
transformation, sachant que magnésium et aluminium se marient fort bien
pour constituer des alliages qui sont d'une utilité, je dirais,
stratégique dans énormément de secteurs. Ces deux derniers
secteurs de métaux légers ont l'avantage de faire appel à
des quantités considérables d'énergie.
Nous sommes, au Québec, dans une situation assez
particulière de pouvoir garantir à des utilisateurs
éventuels des tranches monumentales d'énergie qui
répondraient à leurs besoins, même dans des cas d'expansion
sur de longues périodes, ce qui n'est pas donné à tout le
monde, très certainement pas dans des régions du monde avec
lesquelles on pourrait se comparer. Je pense qu'on peut concevoir qu'on pourra
un jour vivre sans notre propre sidérurgie, mais qu'on saura qu'on est,
par ailleurs, présent de façon fort concurrentielle dans d'autres
secteurs qui sont, aujourd'hui, des secteurs identifiés comme
étant d'avenir. Quant à savoir si SIDBEC, par exemple, est notre
seule présence dans ce marché, dans cette industrie, je vous
ferai remarquer qu'une firme privée qui s'appelle Ivaco est
particulièrement active sur la rive sud et que la présence du
Québec dans ce marché, dans cette fabrication n'est pas
négligeable en raison de la présence aujourd'hui d'autres acteurs
que l'État.
Je pense qu'il faut regarder cela d'une façon très
pratique, identifier les créneaux vers lesquels nous pourrions nous
diriger pour créer des emplois, créer des produits dont
les autres ont besoin, exploiter au maximum non seulement nos forces,
nos richesses naturelles, mais ce que nous avons démontré que
nous pouvions faire mieux que tous les autres. Si c'est à partir de
l'énergie, dans certains cas, que nous pouvons le faire, c'est de loin
préférable de miser sur nos forces que d'essayer de maintenir
dans un marché qui a changé considérablement des
activités qui nous coûtent fort cher et qui pourraient
libérer, si on les cessait éventuellement, des ressources
financières qui nous permettraient d'appuyer le développement
économique du Québec dans des directions plus modernes.
M. Claveau: J'en déduis que le message du ministre n'est
pas particulièrement porteur d'avenir pour les travailleurs du domaine
des mines de fer et les travailleurs de l'acier d'une façon aussi
spécifique. Est-ce que le ministre désire exprimer la
volonté politique de faire tout ce qui sera possible pour maintenir ce
genre d'industrie qui, comme on le sait, n'est peut-être pas
nécessairement à la fine pointe de la technologie moderne mais
qui reste quand même une industrie qui a et qui aura toujours sa place
dans l'ensemble du contexte industriel mondial?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Chose certaine, ce que je peux
dire, c'est que, par porteur d'avenir pour les travailleurs de ce domaine, si
le mot avenir veut dire éternité, c'est vrai que ce n'est pas
pour l'éternité qu'on peut concevoir que nous serons
présents dans toutes sortes de domaines, y compris celui-là. Ce
que je veux indiquer c'est que le meilleur gage du maintien de l'emploi dans
ces secteurs demeure quand même l'atteinte par des plans d'organisation
des affaires, par des plans d'entreprises, par un plan d'administration, de
gestion d'une entreprise donnée, qui vont assurer sa rentabilité,
c'est ni plus ni moins que la rentabilité, que l'effort qu'on est
disposé à consentir comme société au-delà de
cela, qui va nous permettre de parler de maintien de l'emploi et, dans un monde
qui change, dans le fond, si nous avons acquis une capacité
concurrentielle supérieure à celle de nos voisins dans
l'aciérie, bravol
Ce que j'indiquais tout à l'heure c'est qu'à long terme,
si on regarde le développement du Québec sur une longue
période et qu'on s'en reporte à l'existence chez-nous de
ressources particulières et qui font de nous des experts mondiaux dans
certains domaines, nous serions bêtes de nous priver de l'exploitation de
nos richesses particulières. Il y aura toujours, j'en suis convaincu et
le député aussi, un marché, à moins que les
métallurgistes, ingénieurs ou autres ne nous confondent, il y
aura toujours de la place, à ce qu'on peut voir aujourd'hui, pour les
métaux de base dont vous parliez tout à l'heure, les minerais. La
question est de savoir dans quelle direction nous devons nous
spécialiser, quelle direction, quels investissements nous entendons
consentir comme société afin de créer des emplois.
Devons-nous toujours regarder l'effet immédiat ou devons-nous tout de
suite nous préparer à affronter un avenir qui est de plus en plus
difficile?
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
M. Parent (Bertrand): Un dernier point sur le cas de SIDBEC,
c'est peut-être assez technique, mais cela me préoccupe par
rapport aux activités du laminoir de Longueuil. II y a eu, en 1982, de
mémoire, d'importantes fermetures d'une partie des activités de
Longueuil, ce qui a permis de dire au président récemment qu'il
passait à une radiation d'environ 35 000 000 $ ou 36 000 000 $ sur des
fermetures qu'il avait faites dans les activités de Longueuil. Dans le
plan de mai 1985, on prévoyait l'injection de capitaux nouveaux pour
augmenter les productions ou la production dans le laminoir à froid
à Contrecoeur de même que dans celui de Longueuil. Ma question est
beaucoup plus une préoccupation de ce qui va arriver de SIDBEC
particulièrement dans l'usine de Longueuil puisque cela touche tout le
marché immédiat de la rive sud.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au fond, il s'agit de faire
l'inventaire des forces et des faiblesses des différentes composantes de
SIDBEC, si je comprends bien le député. Il a évoqué
le cas de Longueuil. Il a parlé d'une aciérie qui y serait
située. Il semblerait que cette installation - l'aciérie de
Longueuil, comme vous l'avez appelée -n'ait jamais vraiment
fonctionné d'une façon mesurable. Ce qu'il y a à Longueuil
et qui marche très bien, c'est un laminoir qui fabrique des barres de
qualité particulièrement spéciale, si on pense au
marché des composantes, de pièces d'automobiles pour le
marché de la sous-traitance, de pièces d'automobiles, dans le
fond, pour un marché très large. Des efforts spéciaux sont
consentis pour exploiter au maximum la production de qualité qu'on peut
retrouver à ce laminoir.
À Contrecoeur, par ailleurs, il s'agit de laminoirs à
froid, si je m'en remets aux notes qui sont devant moi, où, là
encore, on fabrique notamment des tôles. Comme installation, cela
fonctionne passablement bien. Les pertes ou les écritures comptables que
vous avez mentionnées se rapportent effectivement aux investissements
à l'égard de cette aciérie qui n'avait jamais vraiment
fonctionné et n'avait jamais vraiment été
exploitée. (18 heures)
M. Parent (Bertrand): En terminant, le
ministre peut-il nous confirmer que le dernier plan de redressement, en
mai 1985, va être suivi par la direction, tel qu'il a été
exposé par son président, il y a environ un mois? Est-ce qu'il
est endossé par le ministre responsable de ce dossier?
C'est-à-dire la rationalisation de différents produits, la mise
à pied de quelque deux cent personnes dans le personnel cadre et
l'abandon de la boulonnerie, de la clouterie, qui s'est fait récemment
à l'usine de Truscon et les investissements importants dans les secteurs
du laminoir à froid et celui des laminoirs de Longueuil, est-ce que ce
plan va être respecté au cours des prochaines années? C'est
un plan qui est en marche actuellement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je dois de façon
constante garder le pouls de toute cette affaire. Cela a fait l'objet, comme je
l'ai indiqué au début, de consultations très larges et que
je veux constantes parce que, dans la description que vous venez de faire, il y
a beaucoup de gens touchés. Quant à moi, j'aime bien aller au
fonds des explications, j'aime bien aller jusqu'à la fin des solutions
qui peuvent être proposées. Il y a toute sorte
d'intérêts en cause. Vous avez souligné la mise à
pied de cadres, cela a été substantiel, très substantiel
dans les années précédentes. M. Le Boutillier indique que
cela fait partie d'un plan de rationalisation à l'égard des
employés salariés. Encore une fois, les rencontres se
multiplient.
De toute façon, dans un plan de redressement, vous savez, il
s'agit que tout le monde sache en même temps ce qui s'en vient pour qu'on
puisse prendre les dispositions à l'égard de tous ceux qui sont
touchés, des secteurs d'activité dans lesquels on est
présent, avec l'impact que cela a sur nos différents
marchés, avec l'exploitation "rationnelle", entre guillemets, que l'on
veut faire d'un créneau de marché plutôt que d'un
autre.
Si on regarde sur une longue période, si on regarde la
description d'un plan de redressement comme celle que vous venez de faire, un
des éléments demeure qu'il doit y avoir, le plus possible, un
consensus. À partir du moment où on arrête un plan de
redressement, parce qu'on s'est tous convaincus que c'est comme cela qu'on va
ramener la rentabilité, là, il faut y donner suite, c'est bien
entendu, sur la foi de l'entente qui existe entre tous ceux qui sont les
parties prenantes, y compris le ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est
afin de continuer à réaliser le consensus, compte tenu des
avenues qui sont proposées, compte tenu des représentations que
nous recevons, que j'entends mener des consultations avec les
représentants des travailleurs, avec les collègues
députés, avec les autorités des différentes
régions qui sont intéressées, avec la direction de SIDBEC,
il va sans dire, pour que tout le monde puisse comprendre vraiment où on
s'en va, à quelle vitesse, à quel coût à court
terme, avec quels bénéfices à long terme.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, j'en conclus donc que, pour
l'instant, vous endossez les mesures qui sont prises par la direction quant
è ce plan-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, mais je dis qu'on va voir
dans le détail ce plan. Il y a d'autres avenues. Il y a des carrefours
à chaque endroit. Il y a des suggestions additionnelles qui arrivent
à un moment donné pendant l'exécution du calendrier, qui
peuvent nous amener, dans certains cas précis, à repenser notre
action et les décisions qui doivent être prises. En gros, la
volonté est là d'effectuer un redressement. La volonté
semble être là, commune de tous ceux qui sont
intéressés à faire en sorte que SIDBEC atteigne sa
rentabilité. Il faut évidemment déterminer avec beaucoup
de doigté quel est le calendrier qu'on doit observer, quels sont les
aménagements qu'on peut faire en cours de route.
M. Parent (Bertrand): Cela complète ma série de
questions sur l'élément 3 - SIDBEC-Dosco, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y
aurait d'autres interventions avant l'ajournement. M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais passer aux
éléments 4 et 5. Ce sont les deux seuls qui nous restent. Cela
pourrait se faire assez rapidement.
Le Président (M. Théorêt: M. le
député de Bertrand. L'élément 4.
SPICQ
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président, Sur la
Société du parc industriel du centre du Québec, une
question assez technique. Elle m'échappe un peu. Au poste 11, Autres
dépenses, on voit monter la facture d'environ 1 838 000 $ par rapport
à l'année dernière. Selon ce que j'ai pu retracer,
à cette même rubrique, en 1984-1985 donc à l'exercice
précédent, on était passé de 4 500 000 $ à 3
600 000 $, chiffre qu'on retrouve. Donc, il y avait eu une importante
diminution de 20 % l'année passée.
Cette année, on retrouve une importante agmentation de 40 % et
j'aimerais avoir des explications puisque cet élément "autres
dépenses" semble englober
plusieurs autres articles dont, probablement, des portions
d'intérêts.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qui se produit ici, c'est
ce dont je me souviens quand j'étais à la place du
député ou en commission de toute façon et qu'on posait des
questions; on se faisait dire: M. le député, c'est un effet
mécanique, voyez-vous, du traitement comptable qui a changé d'une
année à l'autre. Toile de fond, c'est que la commande de
réaliser certaines compressions budgétaires avait
déjà été envisagée et, qu'à ce titre,
les intérêts supportés par la SPICQ comme on l'appelle,
à l'égard de ces emprunts et avances qui avaient
été consentis, pouvaient se retrouver en poste
extrabudgétaire, dans la mesure où la société
pouvait être un organisme indépendant et qui n'émargerait
pas à nos crédits, si je comprends bien.
La décision n'ayant pas eu de suite pour que la SPICQ soit
traitée de façon extrabudgétaire, si je puis m'exprimer
ainsi, fait que nous reconnaissons maintenant un facteur
d'intérêts sur des emprunts externes et des frais bancaires qu'on
ne croyait pas, à l'époque, devoir assumer. À partir du
moment où nous décidons que nous les assumons dans les
crédits de 1986-1987, cela explique la variation qui est observée
entre les 3 608 300 $ et les 5 447 000 $ qui apparaissent au poste "autres
dépenses" lequel, j'en conviens, est très large et peut recouvrir
n'importe quoi, mais en l'occurrence il recouvre des choses très
précises qui tiennent à des décisions qui avaient
été envisagées et auxquelles on n'a pas donné suite
et qui demandent donc aujourd'hui, au plan de la présentation, un
rétablissement des postes et des niveaux d'engagements financiers du
ministère à l'endroit des remboursements, de la prise en charge
des intérêts sur les emprunts attribuables aux activités de
la Société du parc industriel du centre du Québec.
On me souligne, pour donner suite à la décision originale,
qu'il aurait fallu des amendements à la loi qui constituait la
Société du parc industriel du centre du Québec. Pour
toutes sortes de raisons, dont certaines vous sont amplement connues, le
gouvernement n'a pas eu le temps, en l'occurrence, de donner une suite
législative à son intention.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que cette correction - appelons-la
technique mais importante - cette année va se répercuter dans les
prochaines années ou est-ce un "one-shot deal"?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De façon plus
précise, on me souligne que les montants en cause sont imputés
ici dans les autres dépenses à l'égard d'un emprunt qui
avait été contracté par la SPICQ lors de la construction
du quai numéro 5 destiné à l'usage exclusif, par les temps
qui courent, de ABI, plus précisément l'Aluminerie de
Bécancour. À partir du moment où on relie
spécifiquement ces sommes-fardeau à cet actif que
représente pour le SPICQ le quai numéro 5, la question est de
savoir comment la société compte traiter cet actif. Il y a un tas
de solutions qui sont envisagées actuellement et selon les solutions qui
seraient retenues quant à la façon dont on va transiger avec ABI
pour l'utilisation du quai no 5, les effets peuvent varier quant au montant qui
pourrait se retrouver dans ce même poste l'an prochain. Ce n'est pas dans
les limbes, ce n'est pas en suspens non plus. C'est à suivre.
M. Parent (Bertrand): Cela complète
l'élément 4 pour autant que je suis concerné, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): C'est
l'élément 5, M. le député de Bertrand, qui est le
dernier, je pense.
Société Inter-Port
M. Parent (Bertrand): Exactement. Deux brefs commentaires et un
pour finir globalement. D'abord, concernant la Société
Inter-Port, je ne saisis pas très bien le deuxième commentaire,
le deuxième paragraphe qu'on retrouve selon lequel la
société a déjà entrepris des démarches et
fait des proposisions d'achats, mais ne prévoit pas effectuer les
paiements au cours de l'année qui est en cours, soit du 1er avril 1986.
C'est donc dire que la transaction sera complétée dans le
prochain état financier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si transaction il y avait,
évidemment. Lorsqu'on parle d'achat dans le cas de la
Société Inter-Port, on parle de l'achat de terrains. Ce sont des
choses dont on ne sait jamais quand elles se réalisent. Il y a toutes
sortes de discussions, de rapports entre les vendeurs éventuels, les
acheteurs éventuels. Mais, comme dit l'autre, de la façon dont
cela va actuellement, il n'est pas à prévoir qu'on ait à
effectuer de paiements substantiels pendant la période de l'année
financière qui se terminera le 31 mars 1987. C'est une
évaluation, dans le fond, qui est fort plausible, des résultats
de démarches quant à des acquisitions que pourrait faire la
société.
Certaines démissions
M. Parent (Bertrand): Merci. M. le Président, si vous me
le permettez, j'aimerais aborder en fin d'étude de ce programme 3 un
sujet qui est assez, vous me passerez l'expression, "touchy", mais qui me
tracasse et qui chicote certainement beaucoup de gens. C'est l'attitude
du ministre face à la demande de certaines démissions à
certains conseils d'administration, entre autres à la
Société générale de financement où le
ministre, pas lui-même, mais par personne interposée, a
demandé à certaines personnes dont M. Morin de
démissionner, a obtenu les démissions d'autres personnes dont M.
Paré et M. Brisson. Sans en faire tout un plat, vous me permettrez... ma
préoccupation est à savoir pourquoi ces agissements? Est-ce
qu'ils vont se répercuter dans beaucoup de sociétés parce
que ce n'est pas dans les us et coutumes, à ma connaissance, pour avoir
siégé à quelques conseils d'administration, que cela se
passe ainsi. J'aimerais que, sur les cas de M. Morin et de la SGF, que le
ministre me donne des explications. Est-ce que ce sont des instructions
générales de la part du premier ministre ou est-ce une initiative
du ministre? On peut en parler après le souper si vous êtes pour
digérer mieux!
Le Président (M. Théorêt): Si vous me
permettez juste une intervention, je ferai remarquer au député de
Bertrand que sa question n'est pas très pertinente au débat et
à l'étude des crédits et que, de ce fait, à moins
que le ministre ne m'avise du contraire, je juge sa question vraiment
irrecevable. (18 h 15)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, sauf qu'évidemment
le député a indiqué qu'il ne voulait pas en faire un plat,
mais dans la mesure où M. Claude Morin en a fait un plat, lui, cela me
tente de demander au député de poser la question à
l'Assemblée nationale s'il trouve que c'est important. Je le rejoindrai
lorsqu'il dit qu'il a des comportements à l'égard de conseils
d'administration qui sont usuels. Un de ces comportements auxquels un
administrateur doit s'attendre, compte tenu qu'on n'est pas membre d'un conseil
d'administration de droit divin ou autrement... En vertu des règles
normales, je suis profondément convaincu que, ne serait-ce qu'à
l'égard de celui qui occupe un siège d'un conseil
d'administration, on peut toujours soupçonner qu'à un moment ou
à un autre, on ne serait plus là s'il y avait changement
d'actionnaires. Cela est la première chose. Comme vous voyez, je n'entre
aucunement dans les détails de la façon dont cela peut
s'être fait. Je suis encore tenté de demander au
député, s'il y tient, de poser la question à
l'Assemblée nationale, sachant évidemment que je ne ferais pas
une telle offre si j'étais un petit peu inquiet de ma
réponse.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, vous m'avez
mentionné tantôt que ce n'était pas nécessairement
contenu dans l'étude des crédits. Il est vrai, je pense qu'on a
quand même fait tout au cours de l'après-midi un peu de
digression, mais cela touche des sociétés d'État et ma
question, je la veux peut-être plus large, mais c'est peut-être
beaucoup plus pour savoir de la part du ministre - en tout cas en ce qui le
concerne, lui et les différentes sociétés d'État
dont il est responsable - si cela va être une pratique
générale de demander comme cela des démissions à
des gens qui ont été nommés ou qui sont en poste, donc qui
ont tous été nommés par les... Alors, c'est de cet
ordre-là, c'est parce que beaucoup de questions nous sont posées
et mon attitude à moi est - enfin, on peut avoir une attitude où
on peut faire un plat et charrier là-dessus - je demande, je peux le
faire ici ou ailleurs. Le ministre peut juste nous donner quelle allure cela
peut prendre ou si cela s'arrête là. Pas même parler de ce
cas-là, si vous le désirez. M. le Président, sur...
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava.
Une voix: De Shefford.
Le Président (M. Théorêt): Excusez. De
Shefford, excusez-moi.
M. Paré: Oui, M. le Président. Je comprends que
vous n'avez pas encore tellement assisté à des commissions
parlementaires, mais j'aimerais quand même, non pas sur la question
directement du député de Bertrand, mais sur le principe de
pouvoir poser une question semblable... Si on ne peut, à
l'intérieur de l'étude des crédits, qui . est la tribune
toute voulue pour être capable de poser des questions à un
ministre sur l'ensemble des préoccupations de son ministère et de
tous les organismes dont il est responsable, il ne reste plus d'endroit. Donc,
c'est tout à fait le temps et l'endroit, en commission parlementaire,
à l'étude des crédits... On n'est pas sur l'étude
détaillée d'un projet de loi, on n'est pas sur des articles, on
est sur l'évaluation globale du ministère, et le ministre est
là justement pour répondre aux questions, toutes les questions
dont il a la responsabilité et qui peuvent intéresser non
seulement l'Opposition mais également la population en
général.
Le Président (M. Théorêt): Je vous ferai
remarquer, M. le député de Shefford, que si le
député de Bertrand avait posé sa question justement dans
le cadre d'une question de principe plutôt que d'en faire un cas
d'espèce, puisqu'il a nommé même la personne, ma
réponse aurait été tout à fait autrement. Il a
nommé le gars, une minute...
M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président, ce
que je pourrais dire évidemment, c'est: est-ce qu'on est en train de...
est-ce que c'est une question qui relève de l'étude des
crédits ou bien d'un cadre élargi de l'étude des
crédits ou est-ce que c'est une question qui met en cause non pas
l'administration, enfin les deniers dont j'ai la responsabilité avec mes
gens, mais bien plutôt une façon de se comporter, des choix,
comment dirais-je? personnels, que je peux faire quant à la façon
de faire des choses? On n'en est pas au choix des individus, etc. toutes ces
choses-là, ce que l'on met en cause en réalité, c'est ma
façon de faire les choses. Ce qu'on présume très
clairement, sur la foi d'un article de journal, qui prétend à sa
face même reproduire une lettre d'un individu que l'on n'a pas entendu et
avec qui je n'ai pas parlé, on met en cause, je dis bien, ma
façon de faire les choses. On a évoqué que des questions
additionnelles à l'égard de mon attitude à l'endroit de
gens qui sont dans des sociétés d'État pourraient
être soulevées. Je vais soulever moi-même le cas. Je
reconnais publiquement - pour l'avoir fait et je n'ai pas de difficulté
avec cela -avoir effectivement demandé la démission d'un
président d'une société d'État, en l'occurrence la
Société des alcools du Québec, pour des raisons que je
n'ai eu aucune difficulté à rendre publiques. Je dois dire que
c'est le genre de chose que je transige moi-même et je ne fais pas faire
mes messages.
Ce qui est en cause ici c'est un petit peu la façon dont
l'émetteur et le récepteur s'expriment, très clairement la
façon dont le récepteur décode les messages qui lui
parviennent, mais je pense que cela met en cause beaucoup plus celui dont on
parle dans les journaux que celui qui est devant vous aujourd'hui.
Le Président (M. Théorêt): Merci M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'étude des
crédits?
M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Personnellement non. Cela répond
à l'ensemble des questions que j'avais concernant les trois volets du
programme. On gardera la portion qui touche plus au ministre
délégué aux PME, malgré que nous ayons plusieurs
questions. Je pense que le ministre de l'Industrie et du Commerce va être
là ce soir aussi. Alors je pense qu'on pourra regrouper dès 20 h
30 l'ensemble des autres questions pour terminer comme prévu vers 22
heures, 22 h 30.
Le Président (M. Théorêt): S'il y a
consentement, je suspends les travaux de la commission de l'économie et
du travail qui les reprendra à 20 h 30 pile pour faire l'étude
des crédits du ministre délégué aux PME. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 22)
(Reprise à 20 h 37)
Crédits du ministre
délégué aux PME
Le Président (M. Théorêt): La commission
reprend ses travaux. J'aimerais vous rappeler le mandat de la commission qui
est réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministre délégué aux
PME pour l'année financière 1986-1987.
Dans un premier temps, je demanderai au ministre
délégué aux PME de faire une déclaration
d'ouverture après quoi je donnerai la parole au député de
Shefford qui est le porte-parole de l'Opposition en matière de PME.
Ensuite, s'il y a d'autres députés, soit du côté
ministériel, soit de l'Opposition, qui veulent faire une
déclaration générale ou une intervention, on
procédera par alternance. M. le ministre délégué
aux PME.
Remarques préliminaires M. André
Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, membres de la commission,
il était de coutume ce matin, parce que j'ai écouté une
partie de vos délibérations, dois-je vous dire, de souhaiter la
bienvenue à la quasi-totalité des nouveaux députés.
À cette heure-ci, après plus de sept heures de
délibérations, vous êtes quasiment des pros pour ne pas
vous qualifier de vieux routiers.
Je remercie la commission de son invitation. Dans la défense des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce, il est
important de bien situer le nouveau rôle du ministre
délégué aux PME, qui s'inscrit à l'intérieur
du ministère de l'Industrie et du Commerce, comme vous le savez.
Ce que j'aimerais faire au titre de cette introduction sinon de ce
préambule, ce serait justement, puisque ce rôle est nouveau, de
situer les membres de cette commission par rapport à la nature de mon
mandat et par rapport aussi aux modalités afférentes à la
réalisation du mandat. Vous le savez, M. le Président, je suis
d'un parti gouvernemental qui s'est fixé comme objectif premier de
susciter la croissance économique et, par voie de conséquence, de
créer des emplois au Québec. Nous croyons que le véhicule
privilégié pour ce faire est celui de l'entreprise.
Vous savez également que 80 % de la configuration
"entrepreneuriale" du Québec est de taille petite et moyenne. Donc,
pour
nous, le véhicule privilégié pour susciter cette
croissance et cette création d'emplois, c'est l'entreprise de taille
petite et moyenne. Vous comprendrez qu'il existe évidemment plusieurs
avenues pour dynamiser le rôle de l'entreprise et, ce faisant, souscrire
à cet objectif premier qui est la création d'emplois au
Québec. Déjà - plusieurs études statistiques le
démontrent - la PME, autant aux États-Unis qu'au Canada et on le
soupçonne au Québec, crée environ 60 %, sinon plus, des
nouveaux emplois. Fait intéressant également, 60 % ou à
peu près de ces entreprises sont des entreprises à
propriétaire unique comme caractéristique ayant moins de 20
employés. Fait encore plus intéressant, ces entreprises en stade
de démarrage ou de croissance qui créent à peu près
également la quasi majorité des nouveaux emplois.
Par exemple, M. le Président, et pour mieux vous situer par
rapport aux attributs caractéristiques de la petite et de la moyenne
entreprise, aux États-Unis, on a découvert que la petite
entreprise était pratiquement deux fois et demie plus productive par
personne employée et 24 fois plus productive par dollar
dépensé en recherche et développement pour
générer les nouvelles technologies. Donc, je pense que
l'expérience de la petite et moyenne entreprise au titre de son
rôle moteur dans la création d'emplois n'est plus à
démontrer» Je disais qu'on peut privilégier plusieurs
avenues pour dynamiser ce rôle davantage qu'il l'est actuellement.
Je ne vous cacherai pas, M. le Président, que j'ai des
préférences qui peuvent s'amender dans le cours des consultations
que j'ambitionne de faire auprès des entreprises du Québec,
consultations par ailleurs qui sont déjà commencées. J'ai
des préjugés sur deux aspects particuliers de soutien
d'entreprise, à tout le moins. Premièrement, je pense qu'il y va
du gouvernement dont nous sommes de réhabiliter certaines valeurs qui
sont propres aux activités "entrepreneuriales", sinon aux
activités d'"entrepreneurship" comme telles. Je pense qu'il faut
rappeler très haut et très fort que le profit est une vertu qu'il
nous faut non seulement pratiquer, mais également raffiner. Je pense
qu'il faut rappeler également que la concurrence est l'instrument
essentiel de la dynamisation des entreprises dans ce qu'elles recherchent de
profits additionnels. Je pense qu'il faut rappeler également que les
gouvernements, dans cette entreprise, doivent redevenir ce qu'on croit qu'ils
devraient être, c'est-à-dire des éléments davantage
catalyseurs, animateurs qu'entepreneurs. La meilleure façon d'y arriver,
M. le Président, et plus particulièrement dans les circonstances
que nous connaissons, c'est de limiter son pouvoir de dépenser, sinon de
limiter ses engagements financiers. Non seulement parce que nous croyons que
l'État n'est pas l'agent privilégié pour créer de
la croissance économique et de l'emploi mais également et surtout
parce que, dans le cas qui nous préoccupe, l'État n'a plus les
moyens d'augmenter sa participation relative dans l'ensemble de
l'activité économique au Québec. Donc, ramener
l'État à sa dimension d'agent catalyseur, d'animateur, mats moins
et surtout moins comme agent entrepreneur. De rappeler également, dans
la réhabilitation de ces valeurs, que les entreprises et les
entrepreneurs ont des privilèges et qu'ils ont également des
droits. Rappeler enfin, comme je le disais au début, que le secteur
privé constitue l'élément moteur du développement
économique de la croissance et de la création d'emplois.
On pourrait allonger la liste de ces valeurs sous-jacentes à
l'activité "entrepreneuriale", mais je pense que celle que je viens de
dresser, sans prétendre qu'elle est exhaustive, campe l'ensemble des
valeurs sous-jacentes à l'activité de l'entreprise comme
telle.
La deuxième considération dans ce que j'ai de
préjugé vis-à-vis l'aide à l'entreprise comme
telle, c'est celle de l'amélioration du climat "entrepreneurial" au
Québec. À mon avis, nous saurions plus efficacement aider
l'entreprise par rapport au renforcement de sa structure concurrentielle,
notamment par l'amélioration d'un climat favorable aux activités
d'émulation de l'entreprise plutôt que par la confection de
programmes d'aide directe.
Il faut bien me comprendre, M. le Président, je dis:
Prioritairement, agissons sur l'environnement, secondairement, sinon
auxiliairement, sur les programmes d'aide directe qui, au titre de l'adresse
par rapport au climat, pourraient s'attaquer aux irritants et aux contraintes
qui limitent l'exercice efficace d'une entreprise aux considérations
suivantes. Je ne prétends pas que ce sont des considérations
exhaustives, il y aura lieu d'allonger, de préciser certains des
éléments contraignants à l'exercice de l'entreprise, mais
je pense qu'on devra avoir une adresse spécifique à la dimension
de la réglementation dans ce qu'elle a de tatillonne,
économiquement parlant. Je pense qu'il faudra avec courage
réexaminer l'ensemble de la fiscalité de l'entreprise pour
s'assurer que ses composantes permettent à l'entreprise d'être
concurrentielle non seulement à l'intérieur, mais surtout
à partir de ce qui lui est concurrentiel à
l'extérieur.
Je pense, M. le Président, qu'on devra, de façon certaine,
efficace et rapide, arriver à des propositions qui permettraient de
réduire le fardeau de la paperasse qui contraint, comme vous le savez,
le fonctionnement efficace de l'entreprise. Je pense, M. le Président,
qu'on devra, dans la
même logique d'une fiscalité concurrentielle, sans allure
de bavure, sans conditionnement à l'affrontement, sans vouloir reprendre
de grandes discussions de partage de pouvoir entre patronat et syndicat,
s'adresser à des arrangements de travail qui permettraient à
l'entreprise d'avoir l'assurance d'être aussi concurrentielle que ce qui
lui est extérieur par rapport, dis-je, aux arrangements de travail, aux
relations du travail.
Je pense qu'il faudrait aussi s'adresser au renforcement de la
capacité de sous-traitance de nos entreprises au Québec. Vous
connaissez comme moi, depuis près de dix ans, selon les dernières
données de Statistique Canada, une augmentation assez exceptionnelle de
la sous-traitance au Québec. La substitution de ce que nous importons
passe, à mon avis, par le renforcement d'une capacité de
sous-traitance qui pourrait, dans le temps, assurer le Québec
d'être en mesure d'escompter la majorité des volontés de
sous-traitance de la grande entreprise au Québec. Déjà,
certaines entreprises ont incorporé dans leur politique corporative de
sous-traiter pour des raisons d'économie d'échelle et autres avec
des capacités locales et régionales. Donc, il faut profiter de
cette remontée de la sous-traitance, de cette potentialité de la
sous-traitance pour s'assurer que nos entreprises du Québec, celles qui
existent et celles qui n'existent pas, puissent en recevoir la
quasi-totalité.
Compte tenu de la croissance de nos entreprises de taille petite et
moyenne par rapport à l'augmentation ou parce qu'elles ont
débordé sur des marchés plurinationaux, le rythme de
croissance de ces entreprises est remarquable, notamment depuis 1975, avec
peut-être des fléchissements en 1983 et en 1981 compte tenu des
aléas de la conjoncture. Il y a actuellement des marchés qui sont
plus probants, qui peuvent répondre de façon plus
immédiate à des potentialités assez exceptionnelles pour
nos entreprises. Je pense, notamment, au Sud-Est asiatique. Il y aurait
peut-être lieu de réexaminer certains instruments de prospection
pour inciter plus directement nos entreprises à profiter des
opportunités de ces marchés, notamment au Japon, compte tenu de
son ouverture vis-à-vis des importations et, comme vous le savez, de
l'ouverture qu'est à pratiquer la Chine continentale qui a
décidé de s'ajuster aux impératifs économiques
nord-américains et de l'Europe occidentale. je pense qu'on pourrait
également, M. le Président, dans cette liste, s'adresser plus
indirectement, plus institutionnellement, à certaines autres
compétences de notre économie qui pourraient augmenter la
dotation d'"entrepreneurship" au Québec. Je pense notamment à un
appel particulier aux femmes au Québec qui représentent 54 % de
la population, 47 % de la population active.
On m'a dit, et on est à le vérifier, que la moitié
des entreprises créées l'an dernier au Québec l'ont
été à partir de femmes entrepreneurs. Il existe là
un potentiel d'augmentation de dotation à l'"entre-preneurship"
extraordinaire. Il s'agit pour nous d'être suffisamment imaginatifs pour
pouvoir tenter de faire ces ponts et, ce faisant, augmenter notre
capacité "entrepre-neuriale" au Québec.
On pourra aussi s'adresser à d'autres dimensions
institutionnelles de cette nature, mais je voulais, par cette introduction,
situer, non seulement les membres de cette commission par rapport à mon
mandat, mais également les situer par rapport à certaines avenues
par lesquelles chemine déjà la réalisation d'un mandat
qui, au-delà de ces avenues particulières, pourrais-je vous dire,
passera par une consultation systématique dans toutes les régions
du Québec auprès des entreprises. J'ai déjà
visité cinq régions jusqu'à maintenant. Également,
cette consultation constituera l'essentiel des recommandations qui m'ont
été confiées dans le mandat que j'ai actuellement de
préconiser des politiques favorisant la croissance et la création
d'entreprises au Québec.
Donc, dans l'ensemble, M. le Président - et je suis prêt
à répondre aux questions des membres de cette commission -
voilà l'essentiel de mon mandat et, à travers ce cheminement, je
pense, dans un avenir assez prochain, être capable de saisir le
gouvernement de recommandations précises. Également, ce que
j'aimerais souligner dans l'explication de ce mandat, c'est le fait que mon
action se situe par-delà ce qui existe déjà à
l'intérieur du ministère, c'est-à-dire que, pour le
réaliser concrètement et efficacement, j'ai dit qu'il me fallait
aller dans le champ recueillir les expectatives et les requêtes des
entreprises et, par la suite, voir, avec le ministre responsable du
ministère de l'Industrie et du Commerce et mes autres collègues,
de quelle façon les recommandations que je pourrai faire dans cette
éventualité pourraient s'insérer dans les fonctions
actuelles du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Dans son essence, M. le Président, messieurs et mesdames membres
de cette commission, voilà à peu près mon mandat et la
façon dont j'entends le réaliser. Merci.
Le Président (M. Théorêt: Merci, M. le
ministre délégué à la PME. Je donne maintenant la
parole à M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci. Bonsoir, messieurs les ministres. Moi
aussi je suis heureux de participer à la commission qui étudie
les
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce. Je
souhaite que, en plus de ce qu'on vient d'entendre du ministre responsable, les
questions qui vont émaner des deux côtés de la table ce
soir apportent encore davantage de lumière sur la situation confuse,
à mon avis, qui prévaut actuellement autour du nouveau poste que
vous occupez.
Tout au long de mon intervention, je soulèverai davantage des
points d'ordre très général car aucun livre
spécifique au programme destiné à la PME ne nous a
été fourni. Lors de la dernière campagne
électorale, le gouvernement actuel nous parlait de la création et
de l'établissement d'un climat favorable pour le développement et
la croissance de l'un de nos principaux moteurs économiques, la petite
et la moyenne entreprise.
Où en sommes-nous avec ce climat? Les données que l'on
retrouve dans la dernière publication de la quinzaine statistique ne
sont guères réjouissantes. Il y a eu de nombreuses fermetures
d'entreprises au Québec. Le nombre de faillites pour l'ensemble des
trois derniers mois s'élève à 648, comparativement
à 572 en Ontario, ce qui veut dire que le Québec détient
31 % des faillites totales au Canada. De plus, le Québec a perdu 44 000
emplois depuis le mois de janvier 1986. L'assainissement du climat
économique que le gouvernement avait promis ne correspond pas à
la réalité présente. Une rectification de la situation
s'impose et il n'apparaît pas évident que le gouvernement
déploie tous les efforts nécessaires pour purifier le climat
actuel et particulièrement l'environnement des PME, cette même
situation trouble que l'on retrouve dans la nomination du ministre
délégué aux Petites et Moyennes Entreprises.
Certes, nous souscrivons, nous, a cette initiative qui a
créé beaucoup d'espoir dans les milieux d'affaires. Qu'en est-il,
encore une fois, lorsqu'on fait le bilan? Les résultats ne se sont pas
montrés à la hauteur des espoirs escomptés. Il faut que le
ministre s'explique. Quelle est sa place au sein du ministère de
l'Industrie et du Commerce? Son rôle se limite-t-il à apporter des
recommandations au ministre responsable du ministère de l'Industrie et
du Commerce? Il ne possède aucun portefeuille et n'a aucun pouvoir. Nous
n'avons même pas obtenu un cahier des crédits spécifique
concernant les programmes destinés aux PME. Tout est inclus dans le
livre des crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Finalement, la population peut s'inquiéter à juste titre de
l'efficacité et de la permanence de ce nouveau poste. Le ministre
serait-il une sorte d'adjoint parlementaire au ministre de l'Industrie et du
Commerce?
La population et les gens d'affaires en particulier sont en droit de
s'attendre à des mises en place de stratégies. Les PME
représentent un fort potentiel de la stimulation de la croissance
économique -faut-il le rappeler, vous l'avez dit d'ailleurs dans votre
intervention - et génèrent 80 % des emplois au Québec.
À ce jour, a ce qu'on peut lire dans les journaux, le ministre effectue
des consultations. Je considère que c'est décevant.
Faut-il comprendre par là que le gouvernement n'avait pas
envisagé des orientations spécifiques, des plans d'action
concrets quand son équipe économique promettait, lors de la
campagne électorale, de relancer l'économie? La situation
actuelle commande des réactions immédiates. Les consultations
sont un luxe que le Québec ne peut se payer indéfiniment.
Où le ministre en est-il dans sa réflexion?
J'ai également des questions à poser au sujet des
nombreuses tergiversations qui se sont produites autour du régime
d'épargne-actions. On sait que plusieurs avantages découlent du
REA. Il permet la création d'emplois et également le financement
d'entreprises débutantes pour leur survie et leur expansion. Il s'agit
donc d'un élément essentiel au développement
économique du Québec.
J'aimerais obtenir des précisions afin d'apaiser les
inquiétudes provoquées par l'attitude du gouvernement dans ce
dossier. Le Parti libéral lorsqu'il était dans l'Opposition et
aussi durant la campagne électorale avait remis en question l'existence
même du REA. Il s'était par la suite engagé à le
maintenir comme un élément essentiel de son régime fiscal.
Dernièrement, un article dans le journal The Gazette indiquait que le
régime serait modifié pour s'adresser uniquement aux entreprises
dont l'actif se situe entre 25 000 000 $ et 1 000 000 000 $.
Le ministre croit-il que c'est avec une attitude d'indécision
comme celle-ci qu'on peut établir un climat serein et de confiance au
Québec? Même le président de la section du Québec de
l'Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières
s'inquiète de la possibilité que cette formule de financement
soit abolie. Il estime qu'aucune formule d'aide aux entreprises ne pourra
suppléer à la disparition du REA. Nous aimerions obtenir une
réponse du ministre quant à la décision finale qu'il
entend prendre face à cet important instrument fiscal.
Le gouvernement a parlé aussi d'incitatifs fiscaux. Plusieurs
engagements ont été pris envers les entrepreneurs
québécois, afin de créer des mesures fiscales favorisant
l'essor des petites et moyennes entreprises. Je ne suis pas sans savoir que
cette question précise relève également du ministre des
Finances, mais j'aimerais savoir de la part du ministre s'il a fait des
recommandations à ce jour, à son homologue des Finances.
Quelle alternative entend-il proposer aux problèmes de financement des
PME? Le ministre privilégie-t-il une formule de financement, par rapport
à une autre?
Le gouvernement s'est, par ailleurs, engagé à
accélérer la mise en oeuvre de deux outils fiscaux
suggérés par la commission sur la capitalisation des entreprises,
la commission Saucier. Il s'agit du fonds d'investissement REA et du
régime de placement dans son entreprise. Qu'en est-il de ces
engagements? Le ministre sait-il si le ministre des Finances a fait des
démarches, afin que des accords soient conclus avec le ministre Wilson
pour harmoniser le régime de placement dans son entreprise avec un
projet semblable au fédéral? Le gouvernement entend-il concentrer
ses efforts dans la poursuite de la combinaison SPEQ-prêt à la
capitalisation, communément appelée plan Biron III et qui
pourrait bien avoir un impact économique encore plus important que le
REA? Nous aurons, de toute façon, le temps de revenir là-dessus
tout à l'heure, lors de nos questions.
Finalement, j'aimerais que le ministre nous précise sa
pensée face à d'éventuels projets d'incubateurs
d'entreprises. M. Bourassa en parle longuement dans son livre intitulé
"Le défi technologique" et semble assez favorable. Quant au ministre
délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, c'est un
terrain où il s'aventure plus que prudemment. (21 heures)
J'ai l'impression que le gouvernement n'est pas encore fixé sur
l'attitude à adopter face à ce genre de projet innovateur. On est
pour, on est contre. On est favorable si c'est l'entreprise privée qui
s'en occupe. Dans ce cas, à quelle sorte d'incubateurs fait-on
référence? Les incubateurs industriels ou les incubateurs
technologiques?
J'ai devant moi une coupure de presse dans laquelle le
député d'Iberville s'engage dans la réalisation d'un
projet pilote d'un incubateur industriel dans le comté
nécessitant de la part du gouvernement des déboursés de 2
500 000 $. J'aimerais savoir si l'implantation de cet incubateur
nécessite le concours de l'entreprise privée. Le ministre peut-il
nous dire si son gouvernement est prêt à respecter cet engagement
d'un de ses membres?
En ce qui concerne les incubateurs industriels, dois-je le rappeler? ce
projet avait été annoncé et mis en place par M. Pierre
Marc Johnson quand il était premier ministre. Je suis donc très
heureux qu'une initiative du gouvernement précédent soit reprise
par le gouvernement actuel.
Je termine mes observations d'ordre général, M. le
Président, pour qu'on puisse profiter, nous, les membres de la
commission, au maximum des échanges afin d'éclairer plusieurs
dossiers, mais spécialement le rôle du nouveau ministre
responsable, le ministre délégué aux PME. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre délégué
à la PME, s'il vous plaît.
M. André Vallerand (réplique)
M. Vallerand: Je comprends que le député de
Shefford avait préparé son texte avant mon intervention. Donc, il
n'a pas pu l'actualiser, à partir de ce que j'ai dit. Il me semble que
s'il me demande d'expliciter mon rôle de ministre
délégué aux PME, il me semble l'avoir assez bien
situé dans les quelque 20 minutes de mon introduction. Je pense que j'ai
laissé sous-entendre - cela n'a peut-être pas été
assez clair pour le député - que mon action à titre de
ministre délégué aux PME s'insère à
l'intérieur de l'ensemble des capacités du MIC qui a un budget,
comme vous le savez, de 298 000 000 $ et, évidemment, des compartiments
qui s'adressent directement à la PME, programme PRO-PME, etc. Vouloir
laisser sous-entendre que nous n'avons pas l'outillage suffisant pour
répondre aux besoins des PME dans ce qu'on tente de leur donner comme
support pour la création d'emplois, c'est, à mon avis, laisser
pour compte l'ensemble des moyens qui se retrouvent à l'intérieur
du ministère dont je suis responsable. Deuxièmement, j'aimerais
vous rappeler que mon mandat m'est donné par le Conseil des ministres et
que je réponds auprès du Conseil des ministres comme tel. Il me
semble que c'est là une volonté assez claire du gouvernement dont
je fais partie d'aider concrètement la PME en tentant d'imaginer des
formules qui seraient un peu imaginatives, compte tenu de la façon un
peu plus usuelle, traditionnelle, dans le passé, d'aider l'ensemble des
petites et moyennes entreprises au Québec.
Deuxièmement, lorsque le député de Shefford
évoque une augmentation du nombre de faillites au cours des trois
derniers mois, j'aimerais lui dire que, s'il a suivi des cours de statistiques,
un horizon de trois mois n'est pas, de façon statistique, significatif
par rapport à une tendance, sauf qu'il peut l'être de façon
comparative avec les trimestres antérieurs. Si on retourne aux
trimestres antérieurs aux trois mois que vous avancez, on se retrouve en
plein milieu du mandat de l'ex-gouvernement du Parti québécois
et, donc, forcés d'admettre que les faillites sont imputables à
des politiques gouvernementales qui étaient mises en pratique par
l'ancien gouvernement. Les résultats trimestriels des trois derniers
mois sont assez explicites, à mon avis. Sauf que pour l'aider, je
voudrais lui faire part qu'il
existe des statistiques plus récentes qui démontrent que
le Québec n'a plus le championnat du taux de faillite des entreprises.
Il appartient maintenant à d'autres provinces canadiennes. Le
Québec n'est pas la province canadienne, comme vous l'avez
mentionné, qui connaît le plus haut taux de faillites
actuellement.
Troisièmement, au titre du Régime
d'épargne-actions, en fait, ce qui touche la capitalisation des
entreprises, il me semble que notre gouvernement a été assez
clair. Jamais le gouvernement n'a parlé d'abandonner ce programme. Au
contraire, mon collègue, M. Johnson, et moi-même, durant la
campagne électorale, è la Bourse de Montréal, avons
réaffirmé la volonté du gouvernement libéral de
maintenir le Régime d'épargne-actions. Ce que nous avons aussi
convenu, lorsque nous avons réaffirmé la volonté du
gouvernement de maintenir le Régime d'épargne-actions, parce
qu'il a connu un succès probant quant à la capitalisation des
entreprises, moins par rapport aux PME, mais dans l'ensemble, globalement, des
résultats probants... Si on examine les résultats financiers de
l'année 1985 par rapport au Régime d'épargne-actions, on
constate qu'en 1985, qui a été l'année record du
régime, l'encours du financement total a été de
près de 1 400 000 000 $, l'encours de placement total provenant du
régime. Sur 1 400 000 000 $, il faut distribuer le résultat de
l'encours en placements de la façon suivante: les entreprises de plus 1
000 000 000 $ d'actif, environ 850 000 000 $ à 875 000 000 $ de
placements totaux; les entreprises avec un actif variant de 25 000 000 $
à 1 000 000 000 $, à peu près 345 000 000 $ à 375
000 000 $; et les entreprises dont les actifs étaient inférieurs
à 25 000 000 $, dois-je dire plus près que plus loin du 25 000
000 $ d'actif, un encours d'environ 145 000 000 $ à 175 000 000 $, pour
un encours total 1 400 000 000 $.
Donc, il est évident qu'au titre du financement, le régime
dans sa totalité a été efficace, sauf que, et M. le
député de Shefford, c'est l'ancien ministre des Finances, M.
Duhaime, dans le discours sur le budget 1985, qui avait modifié le
régime de façon à le tourner davantage vers les besoins du
financement des PME. Nous avons maintenu ces modalités, ces changements
de modalités au régime pour favoriser la petite et la moyenne
entreprise. M. Levesque, dans son mini-discours sur le budget du mois de
décembre, l'a réaffirmé. Nous avons également, M.
le Président, pour la gouverne du député de Shefford,
maintenu la modification apportée par M. Duhaime au régime
d'épargne-actions dans son discours sur le budget d'avril 1985. Nous
avons maintenu la volonté de réduire le coût fiscal de 90
000 000 $. I! a coûté environ, en coût fiscal net, 180 000
000 $ en 1985. On prétend que le coût fiscal net cette
année sera d'environ 70 000 000 $. Donc, nous avons, non seulement
réaffirmé notre volonté de maintenir le régime, de
ne pas le soustraire à la petite et moyenne entreprise, mais
également de maintenir les modifications qui avaient été
apportées par l'ancien gouvernement.
Au aujet des incubateurs d'entreprises, M. le Président, je dirai
que c'est un concept intelligent, je pense, avec assurance. On comprendra les
réserves qu'un gouvernement responsable peut avoir vis-à-vis de
l'ensemble des adresses qui lui sont faites actuellement pour la
création d'incubateurs d'entreprises qui, dans la grande
majorité, sont assujetties à de l'aide financière,
D'abord, comme gouvernement responsable, on veut réfléchir sur
une politique d'incubateurs qui serait équitable pour l'ensemble des
requérants. Deuxièmement, on voudrait se poser des questions sur
plusieurs considérations, eu égard aux critères
d'admissibilité, eu égard aux critères de sortie, eu
égard aux critères d'autofinancement, eu égard aux
critères de composition de conseils d'administration, eu égard
à la capacité d'autofinancement immédiate à court
terme ou à long terme. Je pense que, si on veut répondre de
façon intelligente à un concept qui nous apparaît
intelligent, il y a lieu de poser l'ensemble des questions que nous posons,
donc d'avoir la prudence que le député de Shefford semble vouloir
me reprocher.
M. le Président, vous comprendrez également que la notion
du concept d'incubateur est née en Angleterre aux environs des
années soixante-dix. On retrouve actuellement en Europe une vingtaine
d'incubateurs. On en retrouve, et le concept est arrivé aux
États-Unis dans la problématique du vieillissement de
l'équipement industriel et des infrastructures vétustes un peu
plus tard, et on retrouve aux États-Unis une centaine d'incubateurs
d'entreprises et, au Canada, quelques-uns dont le plus vieux est celui de la
Saskatchewan qui date de 1982. Donc, concept intelligent, gouvernement
réceptif à l'idée mais comme gouvernement responsable,
nous avons à réfléchir sur la façon dont nous
pourrons répondre à l'ensemble de ces demandes et je peux
indiquer à cette commission que, dans cette même philosophie de
responsabilité, nous allons privilégier des projets de
démonstration et d'expérimentation plutôt que d'y aller
tous azimuts.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je donne maintenant la parole à M. le député
d'Ungava.
Autre intervention M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais aussi profiter
de l'occasion pour vous dire qu'il me fait plaisir de participer à la
commission et de prendre une part active dans les débats.
Dans un premier temps, je voudrais juste me permettre un aparté
pour appuyer la première intervention de mon collègue, le
député de Shefford, en ce qui concerne le rôle de la PME
dans l'économie québécoise en général. Nous
nous réjouissons du plaidoyer favorable que le ministre vient de faire
en faveur des petites et moyennes entreprises et de son intervention, à
juste titre, lorsqu'il nous dit que les PME sont, à toutes fins utiles,
le principal créateur d'emplois dans l'économie
québécoise d'aujourd'hui.
Je voudrais quand même aller un peu plus loin, parce que c'est un
fait que les PME ont produit les principaux emplois qu'on a pu avoir au cours
des dernières années, mais il y a quand même plus que
ça au niveau de notre société. Traditionnellement c'est
par les PME que les Québécois et les Québécoises
ont appris à jouer un rôle actif dans notre économie. On
sait que, traditionnellement, la grande entreprise était plutôt
contrôlée par l'extérieur alors que c'est par les PME qu'on
a appris à apprivoiser le capital, a travailler en gens d'affaires, en
gens responsables et capables de gérer et d'administrer une
économie nationale. Je pense que c'est là un facteur important
que l'on doit considérer lorsqu'on travaille au niveau des PME dans une
société comme la société québécoise.
Une preuve de cela d'ailleurs c'est qu'on peut constater que la plupart des
entreprises québécoises qui ont pris de l'importance, qui sont
devenues concurrentielles sur un marché international souvent tumultueux
et difficile d'accès sont des entreprises qui ont commencé, comme
on dit souvent en langage populaire, dans une arrière-cour, dans un
garage. Les exemples de cela sont quand même nombreux. On ne pensera
qu'à Bombardier ou à d'autres compagnies du genre qui ont conquis
un marché international, qui ont situé une technologie de chez
nous dans tout un complexe technologique compliqué, à partir
finalement d'investissements qui, au départ, étaient très
familiaux et ne répondaient pas nécessairement aux règles
et aux lois d'une économie mondiale complexe.
C'est aussi grâce aux PME que le Québec s'en est quand
même pas trop mal sorti après la crise économique qu'on
vient de traverser. Le ministre disait tout à l'heure que du temps du
gouvernement du Parti québécois il y a eu des faillites. De toute
évidence c'est vrai, mais force nous est de constater que parce que les
PME québécoises retirent la grande partie de leurs revenus de
contrats d'approvisionnement ou de services envers la grande entreprise, quand
celle-ci flanche, il est tout à fait normal qu'il y ait quelques PME qui
aient à payer la note aussi.
Quand on voit de grandes entreprises importantes qui nous quittent pour
toutes sortes de raisons ou qui ferment ou font faillite, des entreprises qui
ont supposément les reins solides, on n'a pas à se surprendre que
quelques PME perdent des plumes. Par contre, dans un contexte où,
supposément, on est en voie de reprise, où la grande entreprise
devrait se restabiliser et recommencer un certain nombre d'investissements
productifs, il devrait s'ensuivre une croissance normale, une reprise aussi
importante et intéressante au niveau des PME qui seraient
génératrices d'emplois. (21 h 15)
Force nous est aussi de constater qu'au cours des dernières
années, le gouvernement du Parti québécois s'est
clairement identifié en faveur de la PME et que, pour ce faire, il a mis
en place un certain nombre de mesures, tout un ensemble de services et d'aide
qui ont permis à la PME d'accélérer les investissements et
de s'en sortir malgré la problématique économique que nous
vivions.
Je terminerai mon intervention en souhaitant que le gouvernement actuel
continue dans la ligne qui lui a été tracée par l'ancien
gouvernement et qu'il se préoccupe à juste titre de la PME afin
qu'elle conserve le rôle qu'elle doit conserver dans l'économie
qui est traditionnellement axée ou dans laquelle la PME a
traditionnellement été importante. J'espère - je crois que
c'est aussi la préoccupation de mes collègues -que malgré
les budgets plutôt restreints qui ont été alloués au
ministre responsable de la PME, il saura dépasser rapidement le stade de
l'étude pour en venir à la pratique et que nous pourrons nous
féliciter avec lui des tournures ou des orientations favorables que son
gouvernement devrait prendre à l'égard de la PME
québécoise. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. Étant donné qu'on en est encore
aux déclarations préliminaires - c'est bien ce que vous venez de
faire, M. le député d'Ungava - M. le ministre, vous me permettrez
une brève intervention. J'aimerais tout simplement ramener à la
réalité du monde des affaires le député de Shefford
qui, lors de sa déclaration d'ouverture nous a dit: Vous êtes, le
nouveau gouvernement, responsable des faillites qu'on connaît depuis
trois mois; vous êtes responsable de la perte de 44 000 emplois depuis
trois mois. Il est bien évident, M. le député de Shefford,
si vous interrogez qui que ce soit qui oeuvre
dans le domaine des affaires, qu'on ne fait pas faillite au lendemain
d'une élection, qu'une faillite vient à cause d'une situation
financière difficile d'une entreprise et ce depuis plusieurs mois ou
à cause d'un contexte économique difficile.
Donc, vouloir blâmer le gouvernement pour le nombre de faillites
ou la perte d'emplois, vous comprendrez que cela ne serait pas très
crédible. J'aimerais vous le rappeler parce que cela fait plusieurs fois
d'ailleurs qu'on reproche à notre gouvernement, après deux ou
trois mois de gouverne, le nombre de faillites ou la perte d'emplois. On sait
fort bien que des pertes d'emplois et des faillites, cela ne se fait pas
automatiquement au lendemain d'une élection.
Cela dit, j'aimerais demander s'il y a d'autres députés
qui aimeraient faire des remarques préliminaires, soit du
côté ministériel ou du côté de l'Opposition,
avant de passer au débat ou aux questions proprement dites.
M. le député de Shefford.
Discussion générale
M. Paré: Oui, M. le Président. Comme je l'ai dit
dans mes commentaires préliminaires, cela va, de toute façon,
demeurer une discussion très générale parce que cela ne
peut pas faire autrement. Je vais revenir sur une foule de choses.
La première, c'est celle dont vous venez de parler, que vous ne
pouvez pas être coupable de toutes les faillites - le nouveau
gouvernement qui s'installe - et de toutes les fermetures, c'est
évident. Je suis capable de reconnaître cela, sauf qu'il faut se
rappeler aussi ce qu'on entendait en campagne électorale et ce qu'on a
entendu pendant neuf ans, que le gouvernement péquiste faisait fuir les
entreprises et qu'il s'agissait qu'un gouvernement libéral s'installe
pour que les faillites cessent et que les investissements viennent et
accourent. Cela n'aurait pas pu passer; les routes n'étaient pas assez
larges pour voir venir les investissements. On se rend compte que ce n'est pas
la réalité des choses, et on va y revenir parce que tout le
débat va se situer là-dessus ce soir, sur le climat, le climat
pour nos entreprises.
Vous avez dit, toujours du côté de l'Opposition en campagne
électorale et maintenant du côté gouvernemental, que ce qui
est important, c'est de créer un climat favorable à nos
entreprises, et on va en parler. Je pense que cela vaut la peine. Je veux
revenir sur l'ouverture du discours du ministre, mes questions, ses
réponses ensuite, et j'en ai encore, malgré tout cela, à
poser sur le ministère comme tel. Je veux que ce soit très clair,
en tout cas pour moi, et pour l'ensemble de la population. Si tous les autres
ont compris, excepté moi, tant mieux, je vais poser des questions et je
vais comprendre aussi.
Une voix: ...
M. Paré: C'est pour cela qu'on pose des questions. C'est
pour cela qu'on est là. Vous avez raison. On retrouve deux lignes dans
tout le budget concernant un ministère. Deux petites lignes, "ajout
à la suite de la création du nouveau cabinet du ministre
délégué aux PME, 322 500 $". Je pense qu'il faut fouiller
ou il faut poser des questions, parce qu'un ministère qui nous
coûte un tiers de million c'est tout ce qu'on a comme explication. Les
seules autres informations qu'on a c'est qu'il est comme un commis-voyageur qui
va rencontrer des gens, soi-disant pour chercher de l'information mais
probablement surtout pour en passer de l'information, à notre
goût.
Ce que je veux savoir c'est: ce ministère, qui relève du
Conseil des ministres, a un budget de 322 500 $... Qu'est-ce qu'il a comme
personnel? Qu'est-ce qu'il a comme pouvoirs? Puis, est-ce que ses
responsabilités... ce que j'ai pu comprendre, c'est seulement d'aller
chercher de l'information puis de suggérer, de conseiller le ministre?
Si c'est cela, n'y a-t-il pas duplication? Je vais même me poser la
question tout haut, est-ce qu'il y a utilité à le faire? Car on a
vu, sous des gouvernements précédents et non seulement le
nôtre, le ministre s'entourer d'adjoints parlementaires ou s'entourer de
comités ministériels formés d'élus qui sont
là justement pour amener des idées et des suggestions. On voit
cela partout dans les autres gouvernements, des comités et non pas des
ministères. On ne forme pas des ministères pour conseiller des
ministres. Cela peut être des comités, de préférence
des comités de députés parce qu'ils sont élus,
représentent la population et en plus doivent rendre compte à
cette même population. Est-ce qu'il y avait nécessité d'un
ministre pour aller rencontrer les gens et poser des questions? Est-ce que le
ministre de l'Industrie et du Commerce ne pouvait pas faire ces rencontres avec
ces gens les plus importants pour le développement économique du
Québec? On l'a dit tous les deux dans nos déclarations du
début: 80 % des emplois sont créés par les PME - je pense
que cela vaut la peine d'aller les rencontrer... le ministre responsable de
l'Industrie et du Commerce. Les conseils, on les obtient là comme cela
et on les obtient aussi, normalement, par des études qu'on a
déjà faites, par des programmes politiques, parce que vous sortez
souvent le programme politique en disant que vous voulez le mettre en
application.
Maintenant que vous êtes au pouvoir, c'est comme si le programme
n'existait plus ou c'est comme si vous n'aviez rien à offrir.
Vous partez en tournée pour aller voir. Heureusement et merci,
vous avez dit que vous mainteniez ce qui était en place, même les
changements qui avaient été apportés par l'ancien ministre
des Finances. Il faut croire que ce n'était pas si mal. En attendant, on
maintient cela et on s'en va en tournée pour voir ce qui doit être
fait. Je ne suis pas contre la consultation. J'ai toujours été
pour la consultation et la concertation, et surtout d'aller se promener en
région pour voir ce qui se passe et les besoins des gens partout sur
tout le territoire, parce qu'on doit développer partout aussi.
Je reviens à ma question pour que ce soit bien clair. La
meilleure façon c'est de répondre à des questions
précises. Dans votre budget de 322 500 $, qu'est-ce que cela comprend
comme personnel? Qu'est-ce que cela comprend comme pouvoirs, comme
responsabilités ou devoirs qui vous sont demandés dans vos
tâches, vos fonctions de ministre délégué aux
PME?
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre délégué
aux PME.
M. Vallerand: M. le Président, c'est
précisément parce que le nouveau parti gouvernemental
libéral a des préoccupations vis-à-vis le sort des PME
qu'il s'est doté d'un ministre délégué aux PME. Ce
que le cabinet a comme préoccupation, l'importance de sa
préoccupation, il veut la traduire dans des politiques concrètes.
Le cabinet s'est dit, à partir de cette conviction - parce qu'il faut
être capable de l'incarner pour faire des choses... Si je comprends bien
le député de Shefford, le Parti québécois n'aura
jamais et ne créera jamais de ministre délégué aux
PME. Cela traduit peut-être leur profession de foi timide
vis-à-vis le véhicule que représente l'entreprise issue
d'un secteur important pour lequel ils ont toujours eu une espèce de
réticence historique depuis qu'ils existent comme parti, celui du
secteur privé. Or, pour nous, la nomination d'un ministre
délégué aux PME, c'est l'exaltation d'une profonde
conviction, traduite comment"? Par le fait que ce gouvernement, convaincu de
l'importance du secteur privé et de ses entreprises de taille petite et
moyenne, veut quelqu'un qui va apporter un regard nouveau sur la façon
d'aider concrètement l'entreprise au Québec. Il ne veut pas
donner au ministre de l'Industrie et du Commerce ce mandat parce qu'il est
déjà pris dans un ministère extrêmement important,
lourd de responsabilités, de conséquences et de décisions
administratives dans sa quotidienneté. Il veut justement avoir quelqu'un
qui, à l'intérieur de cette structure, avec tous les moyens que
cela comporte, et on les connaît, va apporter un regard nouveau sur la
façon d'aider à court terme et concrètement l'entreprise
au Québec.
C'est cela le but spécifique de la désignation d'un
ministre délégué aux PME dont le mandat origine du Conseil
des ministres et qui est responsable de faire ses recommandations au Conseil
des ministres. Non seulement cela, mais il sera responsable dans
l'éventualité de l'acceptation de ses recommandations de faire
l'application et le suivi de ses politiques. Il me semble que c'est assez
évident comme volonté pour autant qu'on sache de quoi il retourne
dans le secteur de l'entreprise privée comme tel. Donc, ma mission c'est
justement, à court terme, dans un horizon qu'on ne veut pas trop
lointain, d'aller, comme vous l'avez dit tout à l'heure... On a
créé des expectatives en créant le poste de ministre
délégué aux PME. C'est évident qu'on a
créé des expectatives qui se sentent dans le milieu, parce que
c'est une réalité que la réalité de la PME. Le
premier geste important du nouveau ministre, c'est d'aller vers ces
clientèles et de recenser ces expectatives parce qu'elles vont traduire
la réalité des politiques qu'on va appliquer.
On ne veut pas fabriquer, confectionner des politiques d'aide à
la PME en vase clos. On veut le faire parce qu'on vient de ces milieux, parce
qu'on connaît ces cultures, parce qu'on sait comment ces gens
fonctionnent. On sait de quelle façon recenser véritablement les
requêtes de ces clientèles et les traduire dans des politiques
d'assistance sans pour autant créer des bureaucraties extraordinaires.
Les réflexes des gens de l'Opposition ne me surprennent pas. Ils ont
passé presque toute leur existence à faire de la structurite
aiguë. Pour eux autres, ce serait important si on faisait encore une autre
grosse structure pardessus la structure du ministère de l'Industrie et
du Commerce. Là on aurait la conviction qu'on aide les PME au
Québec.
Ce qu'ils oublient, parce qu'ils ne viennent pas de ces milieux, c'est
que dans le secteur de la PME, on ne s'enfarge pas dans des structures de cette
nature. La qualité, voyez-vous, M. le député de Shefford,
de la petite et moyenne entreprise, ses attributs véritables dans ce
qu'elle a d'effective et d'efficace c'est sa taille. Elle est efficace et elle
combat les aléas de la conjoncture à cause de sa taille
justement. Vouloir lui imposer, comme vous semblez l'indiquer, des moyennes de
groupes qui dépassent l'efficacité de sa taille, dans des
structures immenses pour avoir, vous, le confort et la garantie que ce faisant
on va les aider, c'est aller contre sa propre nature. Évidemment,
faut-il connaître la culture de ce milieu pour être capable de
l'apprécier comme tel.
Ce que je voudrais ajouter également dans la poursuite du mandat
que je me suis
fixé et qui m'a été donné, c'est que, pour
bien parler de la PME, les gens de l'Opposition seraient bien avisés de
mieux la connaître. Si ces gens prétendent bien la
connaître, j'aimerais ce soir qu'ils répondent à deux
questions. Premièrement, peuvent-ils me dire combien il y a de PME au
Québec et peuvent-ils me dire, parce qu'on a parlé de
l'importance de la PME comme créatrice de nouveaux emplois, dans quel
secteur spécifique se crée le plus grand nombre d'entreprises de
PME au Québec et quel est l'apport relatif de la création
d'emplois par secteur? Parce que, apparemment, ils n'ont pas besoin
d'études, eux. Ils connaissent ça la PME.
Je demanderais aux gens de l'Opposition s'ils sont capables de
répondre à ces questions'? Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. M. le député de
Shefford. (21 h 30)
M. Paré: Je dois dire qu'on me pose des questions, mais on
n'a pas répondu aux miennes. Je n'ai pas su comment les 322 500 $
étaient utilisés. Le ministre responsable, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, disait ce matin qu'il y a un comité
d'étude pour étudier les programmes, qui doit faire des
suggestions, et un comité sur la déréglementation. Je suis
loin d'être contre, je vous le dis en passant. Donc, il y a des
comités qui sont en train d'étudier les programmes et il y a un
ministre qui se promène. Est-ce qu'il n'y a pas double emploi? Est-ce
qu'il y a utilité à avoir et un ministère et des
comités qui font la même chose?
Je n'ai jamais parlé de structure dans mon intervention
tantôt, ce que j'ai dit, c'est qu'au lieu d'investir 322 500 $ dans un
ministère pour faire des recommandations, qu'on utilise davantage les
élus du peuple, et cela ne coûtera pas un sou de plus. Cela veut
dire en comité. Je pense que ce sont des gens représentatifs qui
connaissent leur milieu.
Quand vous insinuez qu'on ne connaît pas le milieu des PME, moi je
dois vous dire, et c'est une de mes. plus grandes fiertés, que je viens
de Granby, et c'est une des villes où il y a le plus de PME au
Québec parce que nos gens se sont, non seulement pris en main,
développés, mais on a des gens extraordinaires qui sont
allés en chercher à l'extérieur, en Europe et aux
États-Unis et on a probablement un des parcs industriels au
Québec le plus plein et le plus diversifié. On a des gens qui
travaillent fort, qui se développent et qui n'ont pas peur
d'exporter.
Quand on dit en plus qu'on veut mettre des structures, on ne veut pas
mettre des structures, ce n'est pas de cela qu'on parle.
L'aide à l'entreprise, cela ne veut pas dire
nécessairement structures. C'est vrai qu'on peut corriger des choses,
sauf que comme si on n'avait rien fait pour les PME et qu'on venait de les
découvrir. N'oubliez pas quelque chose. Le même gouvernement qui
est là à l'heure actuelle, celui de M. Bourassa, entre 1970 et
1976, a aidé 500 entreprises. Cela veut dire qu'il n'y avait pas
beaucoup de programmes qui existaient. Nous, de 1976 à 1985, on en a
aidé 10 000 parce qu'on a mis des programmes sur pied, des programmes
variés, des programmes pour être capables d'aider les gens
à diversifier, à se financer, à se capitaliser, des
programmes qui répondent à peu près à tous les
besoins dans tous les secteurs et surtout dans toutes les régions du
Québec. Donc, il faudrait faire attention, aussi ne pas dire toujours ce
qui est vrai.
Je pense qu'on a tellement bien aidé la petite et moyenne
entreprise que cela nous a permis que cela devienne la fierté de tous
les Québécois et tous les partis politiques maintenant essaient
d'en mettre une plume à leur chapeau. Tant mieux que cela soit comme
cela parce que, effectivement, c'est sur les PME dans l'ensemble du
Québec qu'il faut compter pour le développement
économique.
Je veux revenir sur le climat parce que c'est important pour les PME -
mon collègue en a parlé tantôt - le climat est important,
très important d'ailleurs, et c'est ce qui fait que les entreprises vont
investir ou pas. En plus des programmes d'aide, le climat est important. Quand
je vous disais tantôt - je vais vous reposer la question là-dessus
- que vous avez un mandat d'aller rencontrer les gens, est-ce que c'est en
double emploi avec le comité qui est là pour voir si les
programmes sont bons ou ne sont pas bons et doivent être changés,
ou est-ce que vous voulez aller au-delà de cela? Ce que je voulais dire
tantôt, non pas par une structure, mais par un comité de
députés élus.
Nous, dans notre premier mandat, on a mis sur pied Bâtir le
Québec, volet 1, ce qui a fait en sorte qu'un des rares gouvernements,
le seul au Canada, en tout cas même pas le gouvernement
fédéral, avait une orientation, un plan d'action, une
stratégie de développement économique. Donc, le
gouvernement savait d'avance pour cinq ans vers quoi il s'en allait, quels
secteurs il pouvait privilégier selon des études avec des
spécialistes et des députés qui représentaient
toutes les régions du Québec. On pouvait développer sur
une stratégie globale où on se fixait des buts et des objectifs
et on pouvait faire des contrôles en cours de route. Ensuite est
arrivé le virage technologique, toujours fait par le gouvernement,
unique au Canada - il n'y a pas d'autre province qu'il l'a, ni le
gouvernement fédéral - et c'est ce qui nous permet
d'être capables d'orienter le développement et d'impliquer
à l'intérieur de cela les PME. Pourquoi? Parce qu'elles savent
où le gouvernement s'en va? Il compte sur elle, sur leur collaboration,
leur participation. Le ministre en parlait ce matin; les PME, il voit cela en
collaboration. Je trouvais cela tout à fait correct, en association avec
le gouvernement. Sauf que les PME comme les plus grandes entreprises vont aller
en association avec le gouvernement, à la condition que le gouvernement
sache où il va.
Est-ce que dans le mandat que vous vous donnez de rencontres, c'est pour
revenir seulement sur quelques petits programmes, des changements aux
programmes déjà existants ou si, au moins, cela va être
pour développer une stratégie, un plan d'action, une orientation
au moins pour quelques années du développement
économique'? Est-ce qu'on va pouvoir savoir dans quelle direction on
s'en va, s'il y a des secteurs qu'on va privilégier, parce que le climat
c'est important.
Vous citiez des chiffres tantôt et vous disiez que le nouveau
gouvernement n'est pas responsable de toutes les faillites et tout cela, sauf
qu'il peut y avoir des retards occasionnés par certaines
insécurités que vous amenez, parce que quand on parle de
privatisation, et je ne suis pas contre non plus - j'ai vingt minutes - et que
cela devient synonyme de liquidation, les entreprises qui sont reliées,
les PME qui en vivent directement ou indirectement peuvent être
inquiètes.
Quand on a entendu cet après-midi que ce n'est plus sûr ce
qui va arriver à SIDBEC, est-ce que c'est la privatisation? Quand on a
dit que c'était un secteur dont on n'est pas sûr de l'avenir et
qui devrait être remplacé, et qu'on pourrait déjà
regarder pour le remplacer par d'autres secteurs, pour toutes les entreprises,
petites et moyennes, qui vivent autour et alentour de cette entreprise,
directement ou indirectement, on installe de l'insécurité.
Si c'est cela que vous appelez un climat propice au
développement, je ne partage pas l'orientation que vous proposez. Je ne
partage pas votre philosophie du climat. Le climat, c'est la création
d'emplois. Je remarque quelque chose depuis quelques mois, depuis le 2
décembre. On entend très peu souvent les mots "création
d'emplois". C'est comme si ce n'était plus une priorité. C'est
comme si cela n'existait plus. C'est comme si le seul objectif qu'on
s'était fixé était la privatisation, alors que la
privatisation en soi n'est pas un objectif; ce n'est pas un but. C'est juste un
moyen d'aider l'économie quand c'est nécessaire de le faire.
Je reviens à la question que je vous ai posée, ma
deuxième, pas ma première. Est- ce que, dans le mandat que vous
vous donnez, en allant rencontrer tous les gens d'affaires, les PME, la Chambre
de commerce, le Conseil du patronat, les entreprises directement, dans vos
visites que vous effectuez à travers les régions du
Québec, les recommandations que vous avez l'intention de faire au
ministre de l'Industrie et du Commerce, est-ce que cela va aboutir? Je vous le
dis, moi, je l'espère. Est-ce que cela va aboutir sur une vision du
développement de l'économie québécoise pour les
prochaines années ou si cela va aboutir à des recommandations sur
certains programmes spécifiques ou sectoriels?
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Shefford.
M. le ministre délégué aux PME.
M. Vallerand: M. le Président, si on m'avait
demandé combien il y a d'entreprises de taille petite et moyenne au
Québec, j'aurais, M. le député de Shefford, au moins
tenté d'avancer le chiffre avancé par une commission dont vous
avez invoqué les recommandations, laquelle s'appelle la commission
Saucier, qui dit qu'il y a à peu près 160 000 entreprises au
Québec, pour votre gouverne.
Encore là, c'est une approximation, parce que partout, dans tous
les ministères ou dans les principales sources statistiques au
Québec, à l'état brut, on n'a pas de statistiques
officielles qui nous permettent de dégager le nombre de PME. C'est
important. On parle de PME. On l'a vantée. On a avancé d'une
façon approximative la création de 80 % des nouveaux emplois au
Québec. Cela n'a jamais été vérifié, de
toute façon.
On soupçonne... à partir de ce que Birch a fait comme
étude aux États-Unis. Birch a prolongé son étude au
niveau canadien, à l'intérieur de l'horizon de 1972 à
1982, et a analysé un ensemble d'entreprises à partir de
données de Dunn &. Bradstreet, pour votre gouverne; au Canada comme
aux États-Unis, on est arrivé à la conclusion que les deux
tiers à peu près des nouveaux emplois étaient
créés par de la petite et moyenne entreprise.
On n'a pas fait l'exercice pour le Québec. On en est venu, par
prolongement statistique, a la conclusion que c'était la même
chose au Québec. On peut soupçonner, avec une certaine justesse,
que c'est la même chose.
Moi, M. le député de Shefford, contrairement à
vous, je vais aller le vérifier et dites-vous une chose, je me ferai
fort de vous le dire le temps venu. Mais, moi, on ne m'amènera pas
à confectionner des politiques d'assistance à la PME quand on ne
connaît véritablement pas de quoi retourne la PME au Québec
dans son nombre, quand on ne sait pas de quoi retourne la PME par
secteurs.
Quels sont les principaux secteurs créateurs d'emplois au titre
de la PME? Est-ce que c'est le secteur manufacturier, M. le
député de Shefford? Pouvez-vous me répondre avec
véracité, avec conviction que c'est le secteur manufacturier?
Est-ce que c'est le secteur manufacturier de la petite ou de la moyenne
entreprise? Est-ce que c'est le secteur de l'entreprise en stade de croissance
ou de démarrage qui en crée le plus?
Est-ce que ce ne serait pas plutôt le secteur tertiaire?
Tertiaire, c'est le service, pour votre gouverne. Est-ce que ce serait le
tertiaire moteur, M. le député de Shefford?Est-ce que
le tertiaire moteur, c'est l'industrie de services d'exportation, qui est
capable d'exercer des transferts de sa compétence qui déborde ses
marchés nationaux à cause de l'exclusivité de sa
compétence, de son expertise? Est-ce que c'est l'entreprise du secteur
tertiaire moteur, M. le député de Shefford? Si oui,
laquelle?L'ingénierie, peut-être? Laquelle? Vous
parlez de vouloir, à court terme, sans créer un ministre
délégué aux PME, être en mesure de confectionner des
politiques d'assistance à ces entreprises. Mais vous ne les connaissez
pas.
Savez-vous la première chose que j'ai faite? Non seulement j'ai
dit: J'ai une responsabilité vis-à-vis de ceux qui sont des
entrepreneurs d'entreprises petites et moyennes, mais j'ai aussi la
responsabilité, par honnêteté intellectuelle dans la
réalisation de mon mandat, de circonscrire la personnalité
numérique de la PME au Québec. C'est l'abc d'une politique qui
sera efficace. Voyez-vous ce qu'un ministre délégué aux
PME peut faire non seulement pour aider nos PME concrètement, mais
peut-être pour éclairer vos connaissances vis-à-vis du
phénomène PME, capital à mon avis, essentiel à
l'heure actuelle? Déjà, un comité de travail sous ma
responsabilité, à l'intérieur du MIC, par le biais du
sous-rninistre adjoint a l'administration et à la planification, avec un
groupe de travail, grâce à une méthodologie que j'ai
pensée et conçue moi-même, que j'ai raffinée avec
eux, s'active actuellement à circonscrire, entre autres, ta
personnalité numérique de la PME au Québec par secteurs et
par secteurs créateurs d'emplois pour être mieux à
même de l'aider efficacement après coup.
De plus, le même comité examine actuellement le pourquoi
des taux d'insuccès. Vous avez parlé de faillites de votre temps,
d'ailleurs. Mais ce serait important de bien connaître les tenants et les
aboutissants, les véritables raisons de ces faillites à
l'intérieur d'un horizon de cinq ans, le taux de faillite le plus
concentré. Des études théoriques nous disent qu'il y a 80
% de mauvaise administration et 20 % de méconnaissance du marché.
Je trouve cela gros comme explication d'un nombre de faillites aussi
retentissant. Est-ce qu'on ne serait pas capable d'avoir une connaissance
québécoise des taux d'insucccès de nos entreprises pour
peu qu'on lui attache l'importance que vous semblez vouloir lui attacher? Cela
me paraît capital dans la compréhension des PME. Cela me
paraît tout aussi capital dans la confection des politiques pour les
assister.
Je trouve drôle qu'on soit obligé d'articuler et de
souligner cela de cette façon devant l'Opposition. Peut-être que
ce n'est pas si drôle que cela. Peut-être que c'est l'expression,
justement, de ses pseudoconvictions vis-à-vis du secteur privé
finalement. La conversion rapide est toujours assujettie à un manque de
connaissances. C'est le vieux réflexe de l'Opposition qui refait
surface. On l'a vu à d'autres titres; on le voit dans sa perception du
secteur privé. L'assurance du député de Shefford, ce
serait d'avoir une étude, une planification qui pourrait prévenir
les aléas de la conjoncture et nous permettrait de développer un
horizon à l'intérieur duquel on pourrait fonctionner avec
certitude. M. le député de Shefford, c'est exactement l'inverse
du climat "entrepreneurial". Savez-vous pourquoi on parle de concurrence? Parce
qu'on parle de mécanisme de marché? Savez-vous ce qu'est le
mécanisme de marché? C'est l'offre et la demande. Savez-vous ce
que cela fait? Cela dicte les aléas imprévisibles de la
conjoncture économique. C'est cela, le mécanisme distributeur
dans un système de libre entreprise de secteur privé, profession
de foi que vous venez de faire, contrairement au vieux réflexe de votre
parti qui, lui, s'est toujours campé du côté de
l'État planificateur. On absout le risque à l'intérieur de
la planification et on absout, ce faisant, le mécanisme essentiel qui
est le mécanisme de marché de l'offre et de la demande ou de la
concurrence. Bien oui, je le sais, vous seriez plus à l'aise à
l'intérieur d'un environnement planifié globalement. Mais ce ne
sont pas nos convictions. Lorsque le député de Shefford. dit
qu'il ne partage pas mes convictions, bon Dieu que je me sens
rassurél
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre
délégué aux PME, merci. Je vais dans un premier temps
donner la parole au ministre de l'Industrie et du Commerce. Je donnerai ensuite
la parole au député de Bertrand et au député
d'Ungava. M. le ministre de l'Industrie et du Commerce. (21 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Brièvement, M. le
Président, pour indiquer que la tactique du député de
Shefford est d'une transparence absolument navrante. Par ses questions, il est
manifeste qu'il s'imagine qu'il pourra faire accréditer par ceux qui
sont devant lui la thèse que, d'une certaine façon, il y a
une espèce de division, une espèce de césure,
d'incompréhension logique des rôles respectifs de mon
collègue délégué aux PME et de moi-même. Le
député de Crémazie et ministre
délégué aux PME a été trop modeste lorsqu'il
s'est réclamé d'un mandat du cabinet quant à l'exercice
des fonctions qu'il a. Il détient le mandat directement du chef du
gouvernement. C'est le premier ministre qui désigne ceux de la
députation qui auront au cabinet à plaider certains dossiers de
façon exclusive et particulière. Je pense que, dans la mesure
où on connaît ce qu'est le MIC - on en a vu les crédits -
on connaît ses ramifications à l'égard de
sociétés d'État, a l'égard de certains programmes,
à l'égard de l'administration de certaines lois. C'est une chose
que je comprends fort bien et c'est une tâche à laquelle le
premier ministre m'a fait l'honneur de me convier. Par ailleurs,
également, quant au premier ministre et aux ambitions qu'il a pour le
Québec, il y avait la nécessité, selon lui, avec raison,
de désigner quelqu'un parmi la députation ministérielle
qui s'occupait littéralement à temps plein - parce qu'on ne peut
pas diviser son temps en deux et espérer que chaque moitié ou
chaque tiers ou quoi que ce soit opère à temps plein - quelqu'un
qui, exclusivement, devait se soucier de l'avenir de la PME et alimenter
l'ensemble du gouvernement, y compris le ministre de l'Industrie et du Commerce
qui a le privilège, dans ces circonstances, de côtoyer
quotidiennement le ministre délégué aux PME, à
l'égard des programmes impartants qui verront à soutenir le
développement de la PME au Québec.
Très clairement, on a allégué à titre
d'exemple la formation d'un comité de révision des programmes
dont on a évoqué l'existence ce matin. Il faut bien comprendre ce
qui se passe. Si on prend simplement la liste des programmes de la SDI qui
apparaissent dans le livre des crédits, on en trouve 22. On additionne
les extrabudgétaires dont on parlait ce matin et on arrive à une
somme de 150 000 000 $ et à plus de deux douzaines de programmes. Un des
objectifs très clairs du groupe de travail dont nous avons parlé
qui est constitué, d'ailleurs, de gens qui se connaissent dans
l'administration des programmes... Ce ne sont pas des élus, ce ne sont
pas des gens qui sont en politique, ce ne sont pas des gens qui ont des
responsabilités politiques à l'endroit de la population, ce sont
des gens qui connaissent l'administration des programmes et qui vont
s'intéresser- à certains des problèmes qu'on a
soulevés et que le député de Bertrand, d'ailleurs, a
évoqués lui-même. Il nous a dit: J'espère que vous
faites quelque chose. Il y a de la duplication, oui, c'est vrai. Il faut
consolider des programmes, oui, c'est vrai.
Simplifions nos interventions auprès des entreprises, oui, c'est
vrai. C'est cela que le groupe de travail fait à l'égard des
dimensions techniques, des recoupements, des chevauchements qu'on peut
retrouver dans une accumulation de programmes.
Oui, c'est sûr que cela fait plus d'annonces, plus de programmes,
cela fait plus de publicité, cela fait plus d'interventions
justifiées ou justifiables, on verra, auprès du public
consommateur de nouvelles et d'actualités politiques. Mais ce qu'on
regarde, c'est l'efficacité pour intervenir le plus
précisément possible en ce qui a trait aux besoins de
l'entreprise. On va commencer par regarder comment s'articulent ces programmes
les uns par rapport aux autres. C'est une démarche objective
confiée à des gens qui connaissent ces choses-là, mais
c'est évident que, pour le contenu et la réalisation des
objectifs, le ministre délégué aux PME à l'endroit
de l'aide pour la petite et moyenne entreprise est là. C'est cela, son
travail. C'est ce qu'il fait, et on fait cela ensemble. On s'alimente aux
données que nous donneront les membres d'un groupe de travail qui ont
été conviés par le MIC, la SDI, en consultation constante
avec le ministre délégué aux PME, a faire un travail
préliminaire de révision des programmes, dans l'objectif de voir
à réaliser les souhaits, entre autres, du député de
Bertrand et dont il nous a entretenu de façon fort intéressante,
fort lyrique et en plein dans le sens que je le plaidais moi-même ce
matin.
Il n'y a donc pas, quant à moi, comme voudrait le faire
ressortir, c'est évident, le député de Shefford, de
problème de fonctionnement. Il y a des convergences dans les objectifs
qui me semblent crever les yeux et il y a des responsabilités
particulières que le premier ministre a voulu confier à l'un de
ses collègues de la députation, en l'occurrence le
député de Crémazie. Il me semble que c'est net et c'est
clair.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce. M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je fais mes
salutations au ministre délégué aux PME. J'ai
malheureusement manqué son exposé, mais on m'a déjà
résumé l'essentiel de ses propos. J'aimerais dire au ministre
délégué aux PME que ce que j'entends depuis une heure me
semble, pour un ministre qui se veut le défenseur des PME,
peut-être, entre guillemets, quelque peu vouloir essayer de "politiser"
le dossier, ce qui me surprend un peu parce que j'ai beaucoup de respect pour
lui, de même que pour le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je pense
que ce sont des gens qui connaissent bien le milieu parce qu'ils y
ont évolué ces dernières années.
Vous avez dit tantôt, M. le ministre délégué
aux PME, que l'Opposition ne savait pas tellement ce dont elle parlait quand
elle pariait de PME. Peut-être qu'on ne sait pas de quoi on parle, mais
je vous dirai qu'en tant que critique à l'Industrie et au Commerce j'ai
eu une PME et je pense savoir tout autant que le ministre de quoi on parle
quand on parle de PME. Je connais bien le passé du ministre et j'ai
beaucoup de respect pour ce qu'il a fait, particulièrement son
évolution au sein de la Chambre de commerce de Montréal ces
dernières années.
Cela étant dit, je n'ai pas l'intention qu'on entreprenne un
débat à savoir qui sait quoi, qui connaît les statistiques
de quoi et qui peut être le plus qualifié. Le ministre
délégué aux PME est là, le ministre de l'Industrie
et du Commerce est là pour les prochaines années et c'est mon
intention de voir de quelle façon on peut évoluer ensemble. Le
rôle de l'Opposition est de détecter si possible - je le dis
très souvent, mais cela fait partie de mes préoccupations, vous
le savez, M. le ministre - quelles sont les failles par rapport au gouvernement
actuel, mais aussi quels sont les bons éléments par rapport au
gouvernement et aux politiques qu'il entend suivre au niveau des PME.
Je n'ai pas caché tout au cours de la journée au ministre
de l'Industrie et du Commerce que certaines choses me semblaient très
valables et d'autres moins.
Je pense que les propos du député de Shefford
étaient beaucoup plus dans le sens de dire: Ce qui nous préoccupe
et ce qui me préoccupe, M. le ministre, ce n'est pas qu'il y ait deux
ministres d'impliqués. Je pense que dans ce domaine-là il y en
aurait trois et il n'y en aurait pas trop. Je me souviens qu'en tant que
président de la chambre de commerce en 1976-1977, dans un colloque sur
la PME - je pense que vous étiez présent -je réclamais
justement une action gouvernementale pour les PME. Je me réjouis, je
dois le dire, qu'il y ait un ministre délégué aux PME.
Notre préoccupation est beaucoup plus de savoir si, à
l'intérieur du ministère de l'Industrie et du Commerce, le mandat
du ministre délégué aux PME est bien clair. Ce qui me
préoccupe par rapport à ce que j'entends parmi les chefs
d'entreprise, de PME que je côtoie régulièrement, c'est qui
fait quoi, qui est responsable de quoi.
Je pense que vous avez donné une partie de la réponse,
mais il y a des choses qui ne sont pas tellement claires et j'aurai des
exemples tantôt. Je pense qu'il est important, pour vous-mêmes, les
deux ministres, dont un délégué, qui couvrez finalement le
même secteur, de bien vous départager les tâches.
Ce que j'aimerais entendre rapidement de la part du ministre
délégué aux PME, c'est quelle est la partie... Il y a,
bien sûr, toute cette consultation que vous faites pour aller chercher de
l'information et être capable de bien scruter... mais quel sera vraiment
votre rôle à l'intérieur du ministère de l'Industrie
et du Commerce? Cela me semble important et pour les gens de la commission et
finalement pour l'ensemble des intervenants, particulièrement les
dirigeants de PME. Je reviendrai avec deux ou trois questions additionnelles,
si vous me le permettez.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. le ministre délégué aux PME.
M. Vallerand: M. le Président, c'est bien évident
que, si, au départ, la question avait été adressée
sur ce ton de la raison qui reflète de façon plus évidente
que d'autres une connaissance du milieu, par des questions intelligentes, la
réplique aurait été dans le même sens. De toute
évidence, M. le Président, je suis venu ici
précisément pour parler de mon mandat parce que j'y crois
énormément, et j'ai des réactions lorsqu'on le met en
doute, et aussi fort de la conviction que certains membres de l'Opposition de
cette commission y croyaient également pour être de ce milieu.
M. le député de Bertrand, vous connaissez la façon
dont j'envisage réaliser mon mandat parce que vous assistiez à
une conférence dans la belle région de la
Montérégie il y a quelque temps, où j'étais le
conférencier. J'ai situé mon rôle. Vous avez
été à même de constater la réaction que cela
a suscité dans un milieu très représentatif des
éléments dynamiques des entrepreneurs de la
Montérégie et de la rive sud. Je peux vous dire que je tiens le
discours que j'ai fait ici ce soir devant cette commission dans toutes les
consultations que je fais. J'en ai fait cinq dans la province de Québec
et la réaction est exactement la même d'une région à
l'autre, c'est-à-dire que ces gens sont d'abord heureux, contents de
savoir qu'il existe un ministre délégué aux PME pour la
première fois, qui va avoir comme préoccupation principale
d'être à l'écoute de leurs besoins et, par cette
écoute, de vouloir traduire dans des politiques concrètes un
soutien efficace pour accélérer leur croissance, leur
création et leur développement.
C'est sûr qu'eux aussi, comme, je pense, c'est légitime de
la part de l'Opposition, disent: C'est nouveau; il y a deux ministres à
l'intérieur du même ministère; comment se
départagent-ils les tâches et comment peut-on mieux situer
concrètement et véritablement le rôle du nouveau ministre
délégué aux PME? C'est légitime. On me le demande,
d'ailleurs, dans
les consultations que je fais et c'est aussi la première chose
que je fais lorsque je les rencontre en consultation, de bien situer le
rôle de l'un par rappport à l'autre, pas un rôle
divisé, mais un rôle d'addition de nos compétences
respectives, un peu comme je l'ai expliqué ce soir devant cette
commission au tout début. Je n'ai pas pris à témoin le
mandat que le premier ministre m'a confié; c'est mon collègue, M.
Johnson, qui a eu la générosité et la gentillesse de le
faire tout à l'heure; je ne voulais pas être pompeux. Le
rôle m'a été confié par le premier ministre
d'examiner concrètement de quelle façon on pourra soutenir la
création et la croissance des PME au Québec, compte tenu,
évidemment, de mon passé que vous avez évoqué, mais
tout cela à l'intérieur d'un horizon qu'on voudrait à
court terme. J'ai expliqué devant cette commission comment j'entendais
le faire, les avenues que j'entendais privilégier, l'intervention que je
voulais faire de façon particulière à l'égard du
climat et aussi, de façon incidente, à l'égard d'autres
secteurs importants de l'économie qui pourraient être mis à
profit pour la création, la croissance et le foisonnement
d'activités "entrepreneuriales".
Également, M. le député de Bertrand, à
l'intérieur de cette foulée de consultations, pour mieux traduire
les préoccupations de nos entreprises, comme je l'expliquais tout
à l'heure, on est à réfléchir concrètement
sur le dégagement d'un profil statistique qui nous permettrait de mieux
apprécier les PME par secteur d'activités et de mieux
apprécier -vous comprendrez que c'est important - les PME dans des
secteurs où on constate que le taux de création d'emplois est
plus grand, parce que la création d'emplois est quand même un
critère du dynamisme de certaines entreprises au titre de la croissance.
Il y a le même objectif que vous partagez avec nous d'augmenter d'abord
la richesse avant de penser à la distribuer et de rejoindre les
préoccupations des plus démunis, notamment de ceux qui n'ont pas
d'emploi. Le fondement essentiel du cheminement, vous le devinez, est
celui-là. Donc, cela rejoint les préoccupations de croissance et
de développement économique.
Donc, à l'intérieur, il y a cette consultation que je
fais, que je veux terminer à très court terme, à la fin de
juin, l'ensemble de ma tournée étant fait. Je serai fort d'une
richesse, d'une collection de requêtes, d'expectatives du milieu pour
améliorer son sort. C'est bien sûr que je vais le faire en
juxtaposant les mesures qui existent actuellement au ministère de
l'Industrie et du Commerce et également ailleurs, parce que mon
rôle s'inscrit non seulement à l'intérieur du MIC, mais
j'ai un rôle important d'interface auprès d'autres
ministères. (22 heures)
On parlait de fiscalité. Vous le savez, cela relève
davantage du ministre des Finances. On parlait d'incitatifs financiers
originaux, Imaginatifs à caractère fiscal, cela relève du
ministre des Finances. On parlait d'une intervention vis-à-vis de
l'ensemble des arrangements de travail pour permettre à notre entreprise
de conserver ce statut efficace dans sa taille, ne pas lui imposer des moyennes
de groupe qui l'étouffent dans son efficacité. Donc, il y a une
interface importante que je dois faire avec le ministre du Travail.
Il est dans ma fonction également, comme ministre qui
représente les intérêts des PME, de faire avec mes autres
collègues les interfaces suffisantes pour assurer leur croissance et
assurer que les recommandations que je ferai seront conformes aux objectifs de
chacun des ministères également.
Cela explique beaucoup la raison pour laquelle le mandat m'a
été donné par le premier ministre de m'assurer
auprès de mes collègues du ministère d'être capable
de faire les interfaces que cela nécessitera pour arriver à
préconiser des politiques qui vont soutenir, comme je le disais,
l'activité ou le foisonnement de l'activité "entrepreneuriale" au
Québec et tout cela, M. le Président et M. le
député de Bertrand, à l'intérieur d'un horizon
qu'on ne veut pas lointain. Quelqu'un a mentionné le rôle des
commissions, des comités gouvernementaux, celui sur la
déréglementation évidemment, celui sur les programmes, les
structures et les fonctions de l'État qui m'intéresse de
façon plus particulière. Encore là, ce sont des
comités qui ont des mandats à très court terme.
Déjà, il y a des ponts, des arrimages entre ces comités et
moi-même pour être au courant du cheminement et des recommandations
de ces comités qui viendront alimenter davantage ce que j'aurai obtenu
au titre de ma consultation, comme je le disais tout à l'heure, qui sera
!a base à partir de laquelle je confectionnerai les recommandations de
politiques de soutien aux petites et moyennes entreprises.
Donc, je pense que cela clarifie et, pour les gens de l'entreprise,
c'est un rôle qu'ils achètent, un rôle qu'ils voient
éminemment important, un rôle dont ils peuvent traduire dans le
temps le résultat concret et qui me situe, je pense, très bien
par rapport aux responsabilités du ministre en titre de l'Industrie et
du Commerce.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. M, le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
je voudrais quand même dire que la question qui vous a été
posée par le député de Shefford était, à mon
sens, très légitime et tout aussi intelligente
que la deuxième question, sauf que ce n'était
peut-être pas tout à fait dans le même ordre d'idées.
Le député de Bertrand vous a demandé de préciser
votre rôle en tenant pour acquis le choix que vous avez fait de
créer un nouveau ministère, alors que le député de
Shefford vous a demandé de nous expliquer le pourquoi de ce choix entre
mettre 322 000 000 $ dans un nouveau ministère et l'autre
hypothèse qui était de travailler avec un comité
d'élus qui auraient pu conseiller le ministre de l'Industrie et du
Commerce. On n'a toujours pas eu de réponse à cette question. Je
pense qu'elle était tout à fait légitime et elle ne
méritait pas la longue tirade qui nous a été servie.
Dans un deuxième temps, je voudrais répondre d'une
certaine façon aux deux questions que le ministre nous a posées
en disant tout simplement que ce n'est pas parce que l'on connaît deux ou
trois équations mathématiques que l'on est ingénieur. Ce
n'est pas suffisant de savoir combien il y a de PME au Québec pour les
connaître. Le chiffre de 160 000 que vous avez avancé, je n'ai
qu'à le faire apprendre à mon petit gars de sept ans et il va
pouvoir vous le répéter à l'infini autant de fois que la
question va lui être posée et il ne sera pas capable pour autant
de vous faire une analyse de ce qu'est une PME. Disons que la question comme
telle me surprend un peu étant donné que ce n'est pas vraiment un
critère qui permet de savoir comment fonctionne une PME, quels sont les
besoins d'une PME, de connaître le nombre de PME au Québec, bien
qu'il puisse être intéressant d'en connaître le nombre, je
l'avoue.
Enfin, disons que je suis un peu surpris parce que, quand un parti
arrive au pouvoir à la suite d'une élection, on suppose qu'il y a
des réflexions, on suppose aussi qu'il y a un plan d'action qui est en
voie d'être appliqué ou qui est proposé et qui risque de
voir le jour d'une façon assez rapide après la prise du
pouvoir.
Or, si le parti qui vient de former le nouveau gouvernement
s'intéresse tant à la PME, moi, je ne comprends pas, en tout cas,
comment il peut se faire que pendant les neuf années de réflexion
qu'il a eues dans l'Opposition il n'ait pas eu le temps de se faire une
idée précise des besoins de la PME. Il n'a pas eu le temps de se
tracer une ligne de conduite ou une approche qui pourrait nous donner un indice
de la direction où il s'en va. Actuellement, on a affaire à des
consultations. On nous dit toujours qu'on consulte, qu'on rencontre. Je ne peux
pas croire que le parti au pouvoir n'ait pas une idée plus
précise, n'ait pas eu le temps de se former une appréciation du
problème de la PME au Québec avant le 2 décembre.
Je crois que, s'il avait vraiment fait ses devoirs d'Opposition
responsable au cours des dernières années, la consultation qu'il
entreprend actuellement, il aurait tout aussi bien pu la faire
antérieurement au 2 décembre pour être prêt, à
ce moment, à répondre à un certain nombre d'attentes qu'il
aurait eu le temps d'identifier s'il s'en était donné la peine.
Je ne sais pas, j'aimerais peut-être que le ministre nous informe un peu
sur les réflexions antérieures de son parti par rapport à
la PME et de l'endroit où il pensait aller avant le 2 décembre,
pour savoir s'il risque toujours de s'en aller dans la direction qu'il
envisageait être la meilleure à ce moment.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre délégué aux
PME.
M. Vallerand: En réponse au député d'Ungava,
par chance que c'est juste 160 000; s'il fallait ajouter quelques zéros,
j'ai l'impression que le député serait encore plus confus.
Voyez-vous, c'est un effort additionnel que nous avons convenu de faire en
désignant un ministre délégué aux PME. Nous ne
disons pas qu'il n'existe rien et nous ne voulons pas refaire le
ministère de l'Industrie et du Commerce. C'est un effort additionnel,
à la marge, en surplus de ce qui se fait actuellement, parce que le
rôle de la PME, comme les membres de l'Opposition l'ont signalé,
est éminemment moteur dans l'activité économique par
rapport à la création d'emplois. C'est un phénomène
récent. Il n'est pas récent seulement au Québec. Il n'y a
de blâme à jeter à personne. Il est aussi récent au
Canada, II est récent aux États-Unis.
J'ai évoqué l'étude classique qui situe la
reconnaissance éminente, proverbiale, probante, etc., et j'en passe, du
rôle de la PME en ce qu'elle crée de nouveaux emplois. La
première étude de Birch, aux États-Unis, a
été conduite entre 1968 et 1980, parce qu'il l'a faite sur une
longue période pour, justement, être en mesure de façon
microéconomique de mieux situer le rôle de l'entreprise dans
toutes ses tailles et de situer davantage celle de taille petite et moyenne par
rapport à sa contribution à la croissance mesurée par le
nombre d'emplois, qui sont des critères généralement
très bien reconnus en analyse micro-économique. C'est
récent, 1968. Donc, il n'y a pas de blâme à faire ni au
Québec, ni au Canada. Le Canada, par surcroît, s'est arrimé
sur les observations de Birch qui ont eu des effets d'entraînement et,
également, je pense, en Europe, par ta suite, après coup,
davantage de préoccupations vers le rôle moteur économique
que peut jouer l'entreprise.
Il faut reconnaître que c'est un phénomène nouveau
qui nécessite, évidemment, une façon différente
de
l'embrasser, de le connaître, une façon différente
de s'y intéresser et une façon tout aussi différente,
sinon imaginative, de suggérer des moyens pour muscler et dynamiser
davantage son impact. C'est un phénomène nord-américain.
C'est même un phénomène qui est dans toute l'Europe
occidentale actuellement. Je pense que cela justifie d'autant plus le
rôle d'un ministre délégué aux PME pour,
additionnellement à ce qui se fait actuellement, voir en quoi on
pourrait l'aider, de quoi pourrait retourner une politique d'aide
concrète à la PME. Ce rôle, encore une fois, il ne nie pas
ce qui se fait. Il y a des choses importantes qui se font actuellement
vis-à-vis de l'entreprise, notamment par le ministère qui vous
intéresse au titre de l'étude des crédits, celui de
l'Industrie et du Commerce. Il y a des choses importantes, M. le
Président, qui se sont faites dans un passé encore récent
sous l'ancien gouvernement. Il ne faut pas nier les choses efficaces qui ont
été faites.
Le Régime d'épargne-actions, je le dis partout où
je passe, a eu des effets extraordinaires sur la capitalisation des
entreprises. Parce qu'on partage les mêmes objectifs de créer de
la richesse, ce qu'on peut faire ensemble en additionnant ces bonnes
volontés, c'est raffiner ces instruments et peut-être bien, dans
cet effort additionnel, en imaginer des nouveaux.
Le Régime d'épargne-actions a eu des effets
d'entraînement importants. On a découvert une façon
d'aider, autrement que directement, financièrement l'entreprise pour
l'inciter à être plus productive. C'est une première
importante. On nous imite dans d'autres provinces, on tente de nous imiter dans
d'autres provinces. Peut-être qu'on pourrait inventer quelque chose de
nouveau, qui aura un succès tel que plus tard on tentera de nous imiter
également. Je pense que c'est dans cet effort additionnel que s'inscrit
à court terme l'action du nouveau ministre délégué
aux PME par rapport au mandat que l'exécutif lui a donné.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
Malheureusement, je vois qu'il reste peut-être une quinzaine de minutes
pour aborder certains dossiers qui touchent le ministre. Dans ses derniers
propos, je me réjouis que le ministre reconnaisse - je sais qu'il l'a
fait publiquement - que le Régime d'épargne-actions a
été un bienfait ces dernières années. Je pense que
le ministre sera d'accord avec moi que le plan Biron I, tel que connu dans la
période de crise pour sauver des entreprises, de même que
l'extension au niveau du PFE ont été des plans
intéressants.
En dehors de toute politique, ces actions gouvernementales ont
été bénéfiques pour la PME. J'espère que le
ministre délégué aux PME, de même que le ministre
responsable de l'Industrie et du Commerce pourront, au cours des prochaines
années, créer d'autres programmes ou d'autres aides que
j'applaudirai publiquement si ce sont des actions dans le bon sens. Je l'ai dit
au début de cette commission, il ne faut pas perdre cela de vue, on a un
but en commun qui est finalement de faire avancer le Québec. Maintenant,
lorsqu'on pense que les choses ne sont pas claires, c'est notre travail
d'essayer de les éclaircir, et lorsqu'on pense qu'il y a une mauvaise
direction, je pense qu'on peut le dire tout en essayant d'apporter des
correctifs.
Il y a un dossier qui me tient à coeur et j'aimerais savoir s'il
relève du ministre délégué aux PME ou du ministre
de l'Industrie et du Commerce. C'est pour cela qu'au début de mon
intervention je demandais si le partage comme tel des responsabilités
était clair. Est-ce que le dossier des centres d'incubation
relève du ministre délégué aux PME ou du ministre
de l'Industrie et du Commerce ou des deux?
Le Président (M. Théorêt); Est-ce que vous
avez fini votre intervention?
M. Parent (Bertrand): C'était une question.
M. Vallerand: Je pense que c'est une question qui, finalement, va
nous permettre de vous éclairer vis-à-vis des
responsabilités respectives. Voyez-vous, je disais tout à l'heure
qu'il est important pour réaliser mon mandat efficacement que je ne
m'inscrive pas dans la quotidienneté administrative du ministère.
Le dossier des incubateurs, le ministre délégué, parce que
c'est un concept nouveau, va l'apprécier quant à son
efficacité de création d'emplois au Québec,
création de nouvelles entreprises, évidemment, soutien de sa
croissance et création de nouveaux emplois.
Cependant, dans ce qu'il a d'administratif, après une
appréciation avec mon collègue, M. Johnson, la
responsabilité administrative des incubateurs relève du
ministère de l'Industrie et du Commerce, relève des
compétences actuelles du ministère et relève de la
responsabilité du ministre.
Mais ce que le ministre a fait jusqu'à maintenant, c'est qu'il
m'a consulté, parce que je suis ministre délégué
aux PME, en disant: C'est un outil relativement nouveau. Je pense que tout le
monde l'admettra. Quelle appréciation objective pourrait-on avoir qui
nous permettrait de croire que c'est un instrument qui pourrait atteindre
l'objectif qui est recherché par le ministre
délégué aux PME de mieux soutenir l'activité
de l'entreprise? II y a une appréciation qui se fait actuellement entre
le ministre et moi-même. Après coup, le ministère, de
façon administrative, élaborera ses politiques et, dans
l'éventualité de la création d'un programme d'assistance
aux centres d'incubateurs, en aura la responsabilité et en fera le suivi
administratif. (22 h 15)
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le ministre. C'est une
réponse claire. Moi, je n'ai pas d'objection à ce que cela
relève de vous, M. le ministre délégué aux PME. Je
veux juste qu'on sache de qui ils relèvent. La réponse que vous
nous donnez, c'est en étroite collaboration. Je trouve cela excellent et
j'espère que cette collaboration va se continuer.
Par rapport au dossier des incubations, même si on a peu de temps
pour en parler, j'ai eu la chance, M. le ministre délégué
aux PME, de vous en dire quelques mots. Je ne voudrais pas, non plus, autour de
ce dossier, pas plus que dans quelque autre dossier que ce soit, faire de la
politique. Mais j'aimerais savoir les critères qui vont faire en sorte
que vous allez retenir tel ou tel dossier, parce que, dans le programme du
parti, il était question des centres d'incubation, parce que, dans "Le
défi technologique", de M. Bourassa, il en était question, parce
que, au cours de la campagne électorale, il en était question, et
que j'ai particulièrement un dossier qui s'adonne à être
dans le comté de Bertrand et plus particulièrement à
Boucherville. Je suis sûr que le ministre ne reste pas surpris.
D'ailleurs, le ministre délégué aux PME est un bon
ex-citoyen de Boucherville. C'est un dossier qui était en marche
déjà depuis plus d'un an et qui a fait l'objet d'études
très sérieuses de la part des fonctionnaires. Je reconnais que M.
Rancourt qui est à votre gauche a fait un excellent travail dans ce
sens. Ce sont des gens qui savent de quoi ils parlent.
En dehors de tout cela, j'aimerais savoir quels vont être les
critères. Le seul qui s'est prononcé jusqu'à maintenant,
c'est vous, M. le ministre délégué aux PME, qui avez
semblé dire essentiellement, en substance, en ramassant toutes vos
déclarations à droite et à gauche - parfois j'ai de la
misère à vous suivre dans les Laurentides, dans les chambres de
commerce et tout cela - Nous allons aller vers certains projets. Nous allons
faire des expériences pour autant qu'on soit assuré que ces gens
sont sérieux.
Moi, je vous dis: Quand, d'abord, est-il prévu que vous alliez de
l'avant? En effet, lors de votre entrée au pouvoir, quelque part
à la mi-décembre, vous aviez déjà des dossiers sur
votre bureau. Il y a une certaine urgence. Je dois vous dire que, quand vous
parlez de ce côté d'aide à l'entreprise, il y a des
urgences, et le centre d'incubation Innocentre Québec est un dossier
très sérieux mené par plusieurs organismes dont les gens
du CRIQ, les gens du CIIM, les gens de l'IREQ et j'en passe, plusieurs
intervenants et tout le monde est un peu en attente de cette arène.
Je ne veux pas politiser ce dossier. Cependant - et je termine
là-dessus - j'étais quelque peu préoccupé en lisant
la Presse ce matin à propos du vol Montréal-Québec
où le premier ministre, M. Bourassa, déclare que dans la
municipalité de Saint-Laurent, parce qu'il est représentant de
cette municipalité, il y aura sûrement le lancement d'un premier
véritable incubateur de PME. C'est ce que cite la Presse de ce matin. Je
me dis que c'est excellent, mais est-ce que le ministre
délégué aux PME, ainsi que le ministre de l'Industrie et
du Commerce sont au courant des déclarations du premier ministre dans le
comté de Bertrand sur Innocentre, à savoir que non seulement il
appuyait un centre d'incubation d'entreprises pour son démarrage
dès le 2 décembre, mais qu'il a annoncé à toute la
population du comté - je ne veux pas en faire un cas politique et je
voudrais m'assurer qu'il soit traité en toute équité -de
son propre chef, 500 000 $ de démarrage? Je suis loin d'être
sûr que c'était le montant qui était nécessaire. Je
lui ai demandé d'où venaient les 500 000 $ de démarrage.
Les chiffres sont là, ils ont été avancés et je
veux être sûr que les ministres responsables sont au courant. Tout
à coup, on nous annonce que dans Saint-Laurent il va y avoir un vrai bon
lancement. Cela, c'est le premier ministre qui le dit, mais les ministres
responsables, je les ai devant moi. Sur quoi vont-ils s'appuyer pour les
critères? Quand cela va-t-il se passer dans les centres
d'incubation?
M. Vallerand: M. le Président, je constate que le
député de Bertrand est un bon politicien apolitique, surtout
quand il fait appel à mes anciennes racines de Boucherville pour me
sensibiliser au concept d'incubateur d'Innocentre, que je connais bien,
d'ailleurs, et qui, à mon avis, est un concept que je qualifie
d'intelligent, comme j'ai qualifié la notion d'incubateur d'entreprises
comme telle qui est, Comme vous l'avez dit, M. le député de
Bertrand, une initiative intelligente du milieu pour se prendre en main. C'est
sûr que - et je le mentionnais tout à l'heure - j'ai à
faire auprès de mon collègue, M. Johnson, une appréciation
de l'ensemble du concept d'incubateur. Cela passera en partie par
l'appréciation de certaines requêtes à partir de certaines
régions.
Mais je pense qu'on peut rassurer tout
le monde en disant que ce qu'il y a d'intelligent, à mon avis, se
situe au-dessus de la partisanerie. Ce sont mes convictions. Je prends bonne
note de la représentation que vous faites par rapport à votre
centre d'incubation. Je peux dire aux autres collègues que ce n'est pas
la première fois; M. Parent s'occupe très bien des dossiers de
son comté. Au-delà de cette assurance de l'intelligence qui se
situe au-dessus de la partisanerie, je vous dis également que je prends
bonne note de l'appel que vous me faites par rapport à votre centre
d'incubation.
M. Parent (Bertrand): J'en prends bonne note.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
M. Vallerand: On s'écrira.
Le Président (M. Théorêt): À moins
qu'il n'y ait une autre intervention, je vous rappelle qu'il reste environ sept
minutes, qu'on avait besoin d'un bloc de cinq minutes pour l'adoption des
programmes et des crédits tel que discuté avec le
député de Bertrand. Si vous voulez faire une brève
intervention, M. le député de Shefford.
M. Paré: Très brièvement, M. le
Président, pour rappeler deux petites phrases de mon intervention
d'introduction qui disait que ce que je souhaitais durant cette courte
période de deux heures, qui je l'espère va se
répéter très rapidement parce que je n'ai pas eu toutes
les réponses à mes questions, c'était de jeter un peu de
lumière sur la situation qui prévaut actuellement autour du
nouveau poste qu'occupe le ministre délégué aux PME et,
toujours rattaché à cela, je disais: Nous souscrivons à
cette initiative. Je dois dire que, même si je n'ai pas eu des
réponses à toutes mes questions, je suis sûr qu'on a fait
avancer des choses, y compris pour le gouvernement, si j'ai bien cru comprendre
l'intervention au niveau de la responsabilité des incubateurs
industriels. Ne serait-ce que cela, je pense que j'ai eu en partie satisfaction
et je vous en remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Shefford.
M. le ministre délégué aux PME, vous voulez faire
un dernier commentaire?
M. Vallerand: Est-ce que ce sont les derniers commentaires?
Le Président (M. Théorêt): Ce sont les
derniers commentaires et très brièvement. M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce...
M. Vallerand: ...terminera.
Le Président (M. Théorêt): ...terminera.
M. Vallerand: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Brièvement,
s'il vous plaît.
M. Vallerand: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais m'inscrire dans la foulée des observations
du député de Shefford, du député de Bertrand et du
député d'Ungava, de ce que j'ai pu en recenser, en déduire
à partir des propos du député de Shefford. Je suis heureux
que la création du poste soit une initiative partagée, dans ce
qu'elle a d'heureux et d'efficace, par l'Opposition. Je tiens également
à remercier les membres de cette commission, y inclus les membres de
l'Opposition, de la façon sereine, civilisée dont ils ont
participé à ce débat et des exposés qu'ils y ont
faits. Alors, dans cette perspective, M. le Président, je
renchéris en disant que ce fut aussi pour moi extrêmement
enrichissant et très "informatif", cette séance de la commission
sur les crédits du MIC qui m'a donné la possibilité de
situer mon mandat comme ministre délégué aux PME. Je vous
en remercie et je remercie l'ensemble des membres de cette commission.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre délégué aux PME. M. le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président.
Avant l'adoption des crédits qui sont devant nous, je veux remercier les
membres de la commission, dans le fond, de la façon dont tout cela s'est
déroulé. C'est pour moi un souvenir, parce que dans les semaines
qui ont suivi l'élection d'avril 1981, il y a cinq ans avant-hier,
j'avais à occuper le siège à une commission un peu
semblable, mais ancien modèle, le secrétaire s'en souviendra, de
nos commissions parlementaires, afin de traiter des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce devant celui qui était
mon prédécesseur immédiat dans le siège que
j'occupe maintenant. Celui-ci n'est plus à l'Assemblée nationale,
mais des gens qui y sont encore autour de nous contribuent, par leur travail,
à alimenter tous les députés d'une somme de documentation
considérable.
Je veux profiter de cette première expérience en tant que
ministre pour remercier en votre nom les fonctionnaires du ministère
qui, pour produire un cahier qui, ma foi, n'est pas si gros que cela, ont mis
des centaines d'heures de toutes sortes de façons. C'est le
résultat de discussions, d'études, d'analyses, de
décisions auxquelles en dernier ressort participe, évidemment,
le
pouvoir politique qu'on retrouve devant nous. C'est ce qui nous permet
de travailler, c'est ce qui nous permet de savoir où va l'argent des
contribuables, c'est ce qui nous permet de savoir quelles sont les orientations
du gouvernement, c'est ce qui nous permet, enfin, d'alimenter l'Opposition pour
qu'elle nous pose des questions pendant plusieurs heures. Ce sont des choses
belles, grandes et généreuses et nous en devons la
réalisation à une équipe de gens, de professionnels qui
n'ont essentiellement à l'esprit que de nous faciliter la
tâche.
Je veux donc, en terminant, réitérer mes remerciements
à l'endroit du critique officiel de l'Opposition, de mes
collègues qui sont ici avec nous, de vous-même, M. le
Vice-Président, qui avez occupé la majorité du temps le
fauteuil en l'absence du président pour d'autres raisons. Je
présume que nous nous reverrons à l'occasion d'un mandat
d'initiative de la commission ou de l'étude particulière, comme
le règlement le prévoit, d'une société
d'État qui pourrait relever de cette commission ou alors à
l'occasion de l'étude article par article d'un projet de loi quelconque
qui pourrait être au programme d'ici quelques mois.
C'est donc au revoir, à très bientôt, y compris
à la période des questions à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce.
Un dernier bref commentaire du député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Rapidement, puisque le temps nous presse.
Je tiens d'abord à remercier et à féliciter les hauts
fonctionnaires et le sous-ministre en titre, M. Beaulieu, pour tout ce travail
de préparation. Je pense que c'est un travail qui doit être fait,
mais de la façon dont il nous a été présenté
finalement, c'est un outil extraordinaire. Je tiens aussi à remercier le
ministre de l'Industrie et du Commerce, de même que le ministre
délégué aux PME - je le fais un peu au nom de mon
collègue en même temps, parce que le temps presse -des
réponses qui nous ont été données. C'est important
qu'on travaille de façon constructive et positive et je veux
déjà assurer les ministres devant nous de notre étroite
collaboration parce que, comme je l'ai mentionné ce matin, le
développement du Québec est trop important pour qu'on se tiraille
sur des peccadilles, si vous me passez l'expression. Je pense qu'on doit aller
de l'avant. Vous avez tout un boulot à faire et je le reconnais. Soyez
assurés que, lorsqu'on pourra vous donner un coup de pouce, on le fera
de façon très positive et tout cela dans l'esprit d'essayer de
faire avancer. Ce sera le rôle positif de l'Opposition quoique, parfois,
on se doit d'être critique. J'ai apprécié les
réponses et l'éclairage qui nous ont été fournis
dans une période beaucoup trop brève: les questions et les
réponses, fort intéressantes, nous ont permis de nous enrichir.
En tout cas, j'en sais beaucoup plus ce soir que j'en savais ce matin. Je
trouve dommage que cela prenne fin.
M. le Président, on doit s'arrêter là-dessus pour
l'approbation technique.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand.
Adoption des crédits
Je mets maintenant aux voix les programmes et je les appelle par ordre.
Le programme 1 a pour titre "Soutien technique et professionnel au
développement et à la croissance des secteurs manufacturiers,
commerciaux et coopératifs." Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté. Le
programme 2, "Soutien financier au développement et à la
croissance des secteurs manufacturiers, commerciaux et coopératifs."
Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté. Le
programme 3, "Soutien aux sociétés et organismes d'État."
Est-ce que le programme 3 est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'ensemble des crédits pour le ministère de
l'Industrie et du Commerce est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
MM. les ministres, MM. les députés, je voudrais vous
remercier pour la qualité de vos interventions qui se sont toujours
déroulées dans une atmosphère sereine et sans mauvaise
partisanerie. Je ne vous cacherai pas que pour ma première
présidence de commission cela m'a facilité drôlement la
tâche. La démocratie voulant que la majorité du temps soit
consacrée aux députés de l'Opposition, il est bien qu'il
en soit ainsi, et j'apprécie d'autant plus la présence importante
des députés collègues ministériels.
Je déclare maintenant... Pardon?
Le Secrétaire: Vous ajournez à demain,
10 heures, pour l'étude des crédits du ministère du
Travail.
Le Président (M. Théorêt): C'est vrai. Merci,
M. le secrétaire. J'ajourne les travaux de la commission de
l'économie et du travail à demain, 10 heures, pour étudier
les crédits du ministère du Travail, au même endroit, 10
heures précises. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 31)