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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordrel La
commission de l'économie et du travail entreprend aujourd'hui
l'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
l'année 1986. D'abord, de toute évidence, nous avons quorum. Sans
plus tarder, je vais rappeler que le ministre de l'Énergie et des
Ressources est membre de la commission pour la durée de ce mandat,
conformément à la motion qui a été adoptée
à l'Assemblée nationale le mardi 19 mars 1986.
Par ailleurs, je demanderais au secrétaire de la commission, M.
Bédard, de nous indiquer s'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement: M. Filion (Taillon) est remplacé par M. Johnson
(Anjou).
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Avant de passer
immédiatement à l'exécution de l'ordre du jour, je
voudrais souhaiter la bienvenue à nos invités, les gens
d'Hydro-Québec. On voit que, cette année, non seulement les gens
d'Hydro-Québec sont venus en nombre imposant, mais avec un
équipement sophistiqué. J'ai l'impression...
M. Johnson (Anjou): ...du président du Conseil du
trésor, hier.
Organisation des travaux
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais rappeler aux
membres de la commission la façon de procéder. Après avoir
réglé les problèmes d'organisation des sujets qui seront
abordés, je vais d'abord céder la parole au ministre pour sa
déclaration d'ouverture; par la suite, au député de
Roberval, qui est critique de l'Opposition en matière d'énergie
et de ressources, par la suite aux dirigeants d'Hydro-Québec, soit le
président et le directeur général, qui auront une
présentation à nous faire. Par la suite, conformément
à l'ordre du jour qu'on aura établi préalablement, il y
aura alternance des interventions, de part et d'autre, pour poser des questions
et obtenir les précisions nécessaires de la part des gens
d'Hydro-Québec.
Auparavant, je voudrais demander s'il y a des membres de la commission
qui ont des propositions à formuler quant aux sujets à aborder
lors de l'échange de propos que nous entreprenons aujourd'hui. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Pour la bonne marche de nos travaux et compte tenu
de l'importance du sujet et du grand nombre de documents qui nous ont
été soumis, il me semble que nous devrions aborder cette
commission avec un ordre du jour un peu plus précis que le simple fait
d'y aller avec des questions qui peuvent nous venir à l'esprit au fur et
a mesure du déroulement des travaux. Â cette fin, j'ai
consulté le ministre, ce matin. Je crois que nous sommes d'accord sur le
principe de mettre un peu d'ordre dans nos travaux et je voudrais vous
soumettre un ordre du jour en six points particuliers. Après entente
avec le ministre, le premier point serait les exportations, le deuxième
point serait les marchés internes, le troisième point serait la
gestion de l'offre, le quatrième point serait le plan
d'équipements, le cinquième point serait la tarification et,
enfin, le sixième point regrouperait plusieurs sujets divers qui
pourraient intéresser les gens qui nous écoutent et les membres
de cette commission.
Il y aura, bien sûr, des questions qui pourront être
posées par des députés concernant des problèmes
plus précis. Je crois que c'est normal, cela va de soi, on est en
commission pour ça. Ces questions pourront s'insérer dans ces
grands blocs ou être posées selon le principe de l'alternance au
moment où le député aura la parole.
Alors, je déposerais, M. le Président, cet ordre du jour.
Je pense que vous en avez déjà une copie.
Le Président (M. Charbonneau): Non, en fait, je crois que
vous me l'avez reprise. Je sais que le vice-président en a une
copie.
M. Gauthier: Ah! Bon. Alors, je m'excuse, M. le Président,
et je vous en fait...
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Gauthier: ...parvenir une immédiatement.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Merci. Sur cette
proposition du député de Roberval, je sais que le
vice-président
voudrait intervenir.
M. le vice-président, député de Vimont.
M. Théorêt: Oui, M. le Président. Nous sommes
d'accord pour procéder de cette façon. Je veux seulement
mentionner à mes collègues et aux membres de l'Opposition
qu'effectivement les questions qui concernent des régions bien
spécifiques pourront s'intégrer au bloc développement des
marchés internes, tarification et plan d'équipements. Donc, nous
allons procéder de cette façon, ce qui va sûrement
accélérer le débat.
Le Président (M. Charbonneau): Si tout le monde s'entend
sur cette proposition, on ne prolongera pas indûment ces questions. Je
vais dès maintenant céder la parole au ministre de
l'Énergie et des Ressources. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Chers
collègues, membres de cette commission, messieurs les dirigeants et
représentants d'Hydro-Québec, mesdames et messieurs,
"indéniablement, le développement de la Baie James a donné
au Québec une force, une âme et une grandeur nouvelles." C'est
ainsi que s'exprimait le premier ministre, M. Robert Bourassa, dans son livre
"L'énergie du Nord", et il poursuivait: "II nous a aussi placés
en excellente position pour poursuivre cette oeuvre. L'expérience et le
savoir-faire technologique acquis de 1971 à 1985 ne sont pas perdus. Au
contraire, depuis la fin de la récession, nous sommes une
société en attente, fin prête à se remettre au
travail. L'aménagement de la Baie James ou, plus
précisément, la phase I du complexe La Grande n'était
qu'un début."
J'aimerais d'abord rappeler que la phase I de la Baie James fut
lancée en 1971. Quinze années se sont écoulées
depuis son lancement et laissez-moi vous dire que je suis fier de constater les
éléments positifs qui se dégagent du lancement de la Baie
James et dont bénéficie aujourd'hui l'ensemble des
Québécois. Parmi ces éléments, mentionnons, entre
autres: la part de l'électricité dans le bilan
énergétique québécois est passée, depuis la
mise en service des premières centrales à la Baie James en 1979,
de 25 % à 38 % en 1985; le Québec a augmenté
considérablement ses ventes à l'exportation, donc ses revenus,
qui atteignent près de 700 000 000 $ en 1985. De ces revenus, 67 %
proviennent de la vente d'énergie excédentaire en Ontario, au
Nouveau-Brunswick et aux États-Unis. La vente
d'électricité à l'extérieur du Québec a
contribué au maintien des tarifs aux usagers québécois
à un niveau largement inférieur à ceux payés dans
les régions avoisinantes. Par exemple, les usagers de Toronto du secteur
résidentiel paient en moyenne 31 % de plus que les usagers
québécois.
Par ailleurs, au plan financier, HydroQuébec affiche une position
saine. Malgré la baisse de son bénéfice net en 1985, on
remarque que ses fonds en provenance de l'exploitation, communément
appelés "cash flow", se sont accrus. Ils sont de
I 015 000 000 $ en 1985. La baisse du bénéfice net serait
attribuable à l'évolution récente du taux de change du
dollar canadien par rapport, notamment, à la monnaie américaine.
Depuis 1984, une nouvelle pratique comptable veut que la dette à long
terme d'Hydro-Québec soit actualisée au taux de change de
l'année en cours.
Cependant, d'autres indicateurs financiers sont également
intéressants è souligner. L'efficacité
opérationnelle de l'entreprise, c'est-à-dire ce qu'il en
coûte à Hydro-Québec avant de générer 1 $ de
revenus, avant les frais d'intérêt et pertes de change,
s'établissait à 0,43 $ en 1985, alors qu'il lui en coûtait
0,48 $ en 1981.
Finalement, l'endettement d'Hydro-Québec est aussi demeuré
relativement stable au cours des dernières années. Le ratio
d'endettement s'est maintenu autour de 2,8.
Il a augmenté légèrement à 3, à cause
principalement de la baisse du bénéfice net résultant de
la nouvelle pratique comptable.
La perspective dans laquelle se situe notre gouvernement pour l'examen
du plan de développement se résume donc aux quatre
éléments ou principes suivants. Nous privilégions une
pénétration accrue de la part de l'électricité dans
le bilan énergétique québécois, le maintien des
meilleurs tarifs possibles, l'augmentation des ventes et le renforcement de nos
ventes aux États-Unis.
Finalement, nous voulons qu'Hydro-Québec continue, par ses
politiques industrielles, de privilégier le développement
économique du Québec, tant par ses politiques industrielles et
commerciales que par ses investissements. Ce sera donc à la
lumière de ces quatre éléments ou principes que nous
allons faire l'examen du plan de développement.
Avant d'aborder le plan de développement comme tel, il serait
souhaitable de le situer en rapport avec le contexte énergétique
international et canadien dans lequel se développeront les
activités d'Hydro-Québec au cours des prochaines
années.
Un événement principal retient notre attention. Il s'agit
de la chute rapide et prononcée des coûts mondiaux du
pétrole au cours des derniers mois. Depuis le mois de décembre,
le prix spot du pétrole est passé de 26 $ US le baril à 12
$ US le baril au début de mars, ce qui représente une diminution
de 54 %. L'ampleur de la baisse a même amené plusieurs
commentateurs à
parler de contrechoc pétrolier d'une importance
équivalente à celle des chocs de 1973 et de 1979.
La baisse du prix du pétrole diminue les revenus
d'Hydro-Québec en raison de l'indexation des ventes d'énergie
excédentaire sur les prix du mazout. Je ne me risquerai pas ici à
prédire l'ampleur et la durée de cette baisse. Notons, en premier
lieu, que cette baisse est largement due à des facteurs de fond, telle
l'importance croissante de la production des pays industriels, due
elle-même à une plus grande efficacité d'utilisation et au
remplacement du pétrole par d'autres formes d'énergie. D'un
marché d'offreurs, nous sommes passés, au cours des
dernières années, à un marché dominé par les
acheteurs.
Il importe aussi de considérer l'impact de la conjoncture
pétrolière actuelle sur la gestion du secteur
énergétique et, notamment, sur les décisions
d'investissement. Je voudrais simplement rappeler qu'en matière
d'investissements énergétiques nous avons à prendre
aujourd'hui des décisions qui s'appliqueront dans une dizaine
d'années. Il faut donc maîtriser l'avenir et ne pas se laisser
abuser par des variations brutales de prix qui pourraient très bien se
retourner dans un horizon rapproché.
À plus long terme, il est tout à fait prévisible
que le marché engendre des nouvelles hausses du prix du pétrole
à mesure que s'épuiseront les réserves traditionnelles les
moins chères. Il ne faut pas négliger, non plus, l'impact de
l'instabilité politique de certains pays producteurs de pétrole.
Seule la présence au Québec d'une source d'énergie
indigène assurera aux Québécois et aux marchés
d'exportation des approvisionnements à des prix raisonnables.
Le nouveau plan de développement présenté par
Hydro-Québec apporte des éléments intéressants qui
la préparent à relever les défis de l'avenir. Au cours des
années soixante-dix, Hydro-Québec a consenti des efforts
importants d'investissements afin de répondre è une demande en
croissance continue. Ces efforts d'investissements ont permis è
Hydro-Québec d'augmenter considérablement son infrastructure de
production hydroélectrique. La mise en service de cette production, qui
ne peut s'effectuer que par larges blocs, posait un défi particulier
à Hydro-Québec en raison des surplus qui se trouvaient ainsi
temporairement dégagés. Comme vous le savez, ce défi a
été accru par la récession économique et l'impact
qu'elle a eu sur la demande d'électricité.
Dans cette conjoncture particulière, Hydro-Québec a
réagi rapidement et obtenu des résultats spectaculaires. La
société a mis en place un ensemble de programmes commerciaux
extrêmement avantageux afin d'augmenter substantiellement le niveau de
ses ventes. Hydro-Québec peut donc maintenant réorienter ses
efforts de commercialisation vers une consolidation de ses marchés et
une amélioration du revenu de ses ventes.
Dans le secteur résidentiel, Hydro-Québec a occupé
un très large partie du marché de la construction neuve et est
allée chercher, par son tarif biénergie et ses subventions pour
l'installation de nouveaux appareils, une très grande partie des
consommateurs de mazout. Cependant, bien que l'on puisse considérer que
ce marché ait atteint une certaine maturité, Hydro-Québec
espère y connaître une certaine croissance en développant
le marché de la climatisation et du chauffage par pompes à
chaleur.
Les actions concernant le conditionnement d'air, les pompes à
chaleur et les échangeurs de chaleur, de même que l'installation
d'un nouveau programme de biénergie destiné au secteur commercial
permettront à Hydro-Québec d'accroître également sa
présence dans ce dernier secteur. Mais c'est surtout sur le
marché industriel que l'action d'Hydro-Québec se fera sentir au
cours des prochaines années. La société entend axer le
développement de ce marché sur deux programmes commerciaux
particuliers: le programme d'aide à l'implantation des
électrotechnologies et le programme biénergie. Elle veut
également favoriser l'expansion et l'implantation d'entreprises grandes
consommatrices d'électricité. Pour y parvenir,
Hydro-Québec a l'intention de signer des contrats à long terme
d'approvisionnement à des conditions tarifaires avantageuses.
Déjà, ce programme a permis l'implantation de l'usine de Pechiney
à Pécancour et l'expansion des installations de Reynolds.
Comme vous le savez, des négociations sont présentement en
cours sur les conditions tarifaires qui seraient accordées pour
l'implantation d'une usine de Norsk Hydro. En plus de l'impact important en
termes d'investissement que représente cette implantation, cette usine
de fabrication de magnésium-métal pourrait entraîner des
développements significatifs au niveau de l'extraction minière et
de la transformation de ce métal en produits divers, tout en apportant
un élément de diversification de la structure industrielle du
Québec.
Hydro-Québec propose dans son plan de développement de
remplacer la politique actuelle de rabais tarifaire par une politique de
partage des risques et des bénéfices. Cette nouvelle orientation
peut être considérée comme un outil additionnel en vue
d'attirer de nouveaux investissements au Québec.
Les programmes de soutien tarifaire et d'aide aux
électrotechnologies présentent deux avantages. Les contrats
obtenus constitueront
pour Hydro-Québec des marchés fermes et à long
terme. Comme il s'agira d'usages spécifiques à
l'électricité, il s'agira également de marchés
moins sujets à la concurrence des prix que pourraient occasionner les
autres formes d'énergie. Il faut, par ailleurs, noter que ces programmes
auront également pour effet de susciter l'établissement au
Québec de nouvelles entreprises. L'introduction de nouvelles
technologies performantes donnera aux entreprises existantes un avantage
concurrentiel important qui devrait favoriser leur développement.
Comme on le voit, l'ensemble de ces mesures commerciales amènera
une réorientation des ventes d'Hydro-Québec vers un marché
plus stable et plus spécifique à l'électricité.
Cette réorientation devrait procurer à Hydro-Québec une
source de croissance plus régulière, ainsi que des revenus
accrus, tout en procurant à l'économie du Québec des
avantages indéniables en termes de développement
technologique.
Quant aux ventes à l'exportation, elles représentaient en
1985 environ 15 % des revenus totaux d'Hydro-Québec, soit 673 600 000 $.
Jusqu'à présent, les ventes sur les marchés
extérieurs visaient essentiellement à écouler les surplus
saisonniers ou temporaires. De telles ventes ont permis l'établissement
de relations commerciales durables avec les réseaux voisins et ont
rentabilisé les lignes de transmission et les interconnexions
nécessaires. Ce taux relativement faible s'explique par le fait que le
gouvernement antérieur n'avait pas de véritable politique de
pénétration des marchés d'exportation. Il a attendu
jusqu'à 1983 pour légaliser les exportations. Plus d'exportations
en devises américaines nous permettraient aujourd'hui de contrebalancer
les effets du taux de change, ce qui aurait augmenté
considérablement le bénéfice net de la
société. Et peut-être qu'aujourd'hui Hydro-Québec ne
serait pas obligée de réclamer une hausse de tarifs. Ce sont les
consommateurs qui payent la note. (10 h 30)
De notre côté, nous avons décidé de nous
donner comme objectif prioritaire la croissance de nos exportations
hydroélectriques sur les marchés américains. Nous avons
entrepris des pourparlers avec les réseaux voisins, avec la
Nouvelle-Angleterre, avec l'État de New York et même avec Hydro
Ontario. Le gouvernement vise essentiellement à conclure des contrats de
vente d'énergie de remplacement pour l'utilisation de centrales au
mazout, ainsi que des contrats d'énergie ferme qui se substitueraient
à la construction de nouvelles centrales au charbon, aux
États-Unis, et de centrales nucléaires en Ontario.
L'ampleur et l'échéancier selon lesquels ces ventes
pourraient être réalisées restent à
déterminer et dépendent largement des résultats des
négociations. En ce qui concerne les besoins des réseaux voisins,
Hydro-Québec évalue pour l'an 2000 à 40 000 000 000 de kWh
par année la quantité d'énergie remplaçable dans
les centrales existantes et à 5150 mégawatts les besoins qui
devraient être comblés par la construction de nouvelles centrales.
Ces derniers besoins pourraient même s'élever à 11 000
mégawatts. C'est plus particulièrement en Nouvelle-Angleterre,
dans les États de l'Atlantique, au Maryland, au New Jersey et à
New York que ces besoins se feront le plus sentir.
La conclusion heureuse de ces négociations permettrait le
devancement de six ans au plan des installations de base. Les décisions
concernant la construction de nouvelles centrales devraient être prises
dans les deux prochaines années.
Nous avons l'intention de tout mettre en oeuvre pour favoriser
l'aboutissement de ces négociations.
La visite que j'ai effectuée aux États-Unis, en
février dernier, en compagnie du premier ministre et de plusieurs de mes
collègues, nous aura permis de franchir une première
étape. La formation d'un comité consultatif américain pour
favoriser le développement des marchés d'Hydro-Québec aux
États-Unis, sous la direction de M. James Schlesinger, augure bien pour
les négociations futures. Le Québec aura l'honneur d'accueillir,
d'ici quelques jours, du 9 au 11 avril, dans le cadre d'un mandat confié
par la Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des
premiers ministres de l'Est canadien, un colloque sur les prévisions
d'offre et de demande d'énergie dans le nord-est de l'Amérique du
Nord dans les années 1990.
Le 18 avril prochain, je me rendrai à Boston, à
l'invitation du comité sur l'énergie du Council of State
Government's Eastern Regional Conference. Ce comité, composé
essentiellement de parlementaires américains, a pris un
intérêt grandissant pour les importations
d'électricité québécoise. C'est, d'ailleurs,
à Québec qu'a été tenue sa dernière
réunion, suivie d'une visite à la Baie James, ce qui
démontre le vif intérêt des représentants de ces
régions pour notre potentiel hydroélectrique.
Il s'agit d'autant d'événements qui devraient, une fois de
plus, permettre le rapprochement de nombreux décideurs et la mise en
commun de nos efforts de réflexion. Il importe que nos voisins
américains considèrent l'option Québec comme l'un des
moyens de répondre à la croissance de leurs besoins en
énergie.
En terminant, il me paraît important de rappeler le rôle de
premier plan que joue cette société, Hydro-Québec, dans
le
développement économique du Québec. En effet,
Hydro-Québec constitue, par la seule masse de ses investissements, un
des piliers de l'activité économique québécoise.
Nous voulons que cela continue.
Hydro-Québec représente au-delà de 9 % de la masse
totale des investissements dans l'économie québécoise. Il
s'agit d'environ 40 000 emplois reliés aux activités de
production et de distribution qu'Hydro-Québec maintient directement et
indirectement dans l'économie québécoise. Les diverses
stratégies qui concrétiseront la nouvelle orientation commerciale
d'Hydro-Québec permettront également de maintenir, en moyenne, 12
000 emplois de plus au cours des trois prochaines années.
L'un des sujets qui devraient faire l'objet de l'attention de cette
commission est l'amélioration du contenu québécois des
achats d'Hydro-Québec. Hydro-Québec nous a indiqué dans
son plan de développement que son contenu québécois a
atteint près de 75 % au cours de la période 1983 à 1985 et
qu'il devrait augmenter au cours des prochaines années. Il serait
sûrement intéressant de connaître d'Hydro-Québec les
moyens qu'elle entend mettre en oeuvre pour augmenter ce taux de contenu
québécois et les objectifs qu'elle s'est fixés en cette
matière.
Hydro-Québec fait état d'un objectif de répartition
des nouvelles activités de la société, avec des filiales
ou des partenaires qui tiennent compte plus soigneusement des exigences
particulières de ces nouvelles activités. Cet objectif est
particulièrement intéressant en ce que le recours plus
fréquent à la sous-traitance, par exemple, permettrait sans doute
à la compagnie non seulement de minimiser ses coûts, mais
également d'entraîner la formation et l'expansion d'un plus grand
nombre de petites et moyennes entreprises.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que l'impact majeur des
activités d'Hydro-Québec se situe sûrement au niveau des
effets indirects qu'entraîne la mise à la disposition de
l'industrie manufacturière québécoise d'une énergie
à bon marché. C'est la disponibilité de
l'électricité à bon marché qui a justifié
l'implantation de notre importante industrie de transformation de
métaux, ainsi que, dans une certaine mesure, la croissance soutenue de
notre industrie des pâtes et papiers.
C'est également avec beaucoup d'intérêt que nous
prenons connaissance des derniers développements au niveau des efforts
d'Hydro-Québec dans l'introduction des nouvelles technologies
électriques. En effet, jusqu'à maintenant, Hydro-Québec
avait stimulé la venue d'entreprises grandes consommatrices
d'électricité essentiellement par l'offre de grandes
quantités d'une énergie à bon marché. La mise sur
pied de ce nouveau programme permettra sans doute d'aller chercher une plus
grande diversité d'industries et de stimuler le développement
technologique au Québec.
Dans la mesure où ce programme de subvention à la mise en
place de nouveaux équipements permettra une modernisation de l'appareil
de production et assurera, dans de nombreux cas une réduction des
coûts d'énergie des entreprises, on peut dire que ce programme
aidera puissamment à améliorer la compétitivité de
l'industrie québécoise.
Cette aide à l'implantation des technologies électriques
est intéressante à un autre point de vue, en ce qu'elle
créera un marché pour des équipements relativement
sophistiqués.
Si l'industrie québécoise, en collaboration avec
Hydro-Québec, sait saisir cette opportunité nouvelle, le
programme des électrotechnologies amènera au Québec le
développement de nouvelles sociétés manufacturières
ou de nouvelles activités de production et assurera ainsi la
consolidation de notre structure industrielle. Il faut à cet
égard souligner que, dans son analyse de développement de la
technologie et de la diversification de ses activités,
Hydro-Québec nous présente cette année une
stratégie beaucoup plus détaillée en cette matière.
Déjà, Hydro-Québec, l'an passé, nous
annonçait son intention d'opérer une plus grande diversification
de ses activités. Certains gestes ont été posés. On
nous souligne la formation d'une entreprise conjointe, Cyme International, avec
la firme québécoise Joly Data dans la commercialisation d'un
logiciel de gestion de réseaux électriques. Le plan de
développement mentionne les prises de participation dans de nouvelles
entreprises avec des partenaires comme Electrolyser et Noranda ou encore Air
Liquide Canada, et la participation accrue d'Hydro-Québec dans Nouveler.
Nous constatons que l'effort de diversification est donc bien enclenché
et nous nous intéresserons vivement à cette évolution.
Voilà donc les principales réflexions que soulève
pour moi ce nouveau plan de développement d'Hydro-Québec. Le
contexte international et canadien a été sensiblement
modifié au cours de la dernière année. Nous croyons,
cependant, que la société saura s'adapter à ce nouveau
climat économique et énergétique et que l'ensemble de
l'économie québécoise sera favorisé par
l'évolution future des marchés. Plus que jamais il importe
qu'Hydro-Québec contribue puissamment au développement
économique du Québec. Nous croyons que l'action qu'elle
entreprend par ses nombreux programmes commerciaux, par ses activités de
recherche et de développement, par sa participation financière
à des sociétés de production ou de
commercialisation de biens d'équipements sont autant d'avenues
utiles et nécessaires.
Nous pensons enfin qu'Hydro-Québec peut jouer un rôle
important dans la croissance économique du Québec dans la mesure
où elle réussira à aller chercher les contrats
nécessaires pour assurer une croissance substantielle de ses ventes,
principalement à l'exportation, mais également sur les
marchés industriels internes. Par ce moyen, elle pourra reprendre et
devancer ses programmes d'investissements en production et transport
d'énergie électrique et ainsi contribuer à la
création directe d'emplois et à la stimulation de
l'activité économique au Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le chef de l'Opposition.
M. Pierre Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, juste quelques
brèves remarques après cet exposé du ministre dont je
retiens quant aux questions factuelles qu'il est intéressant. Nous avons
de toute évidence affaire à un ministre qui s'intéresse en
profondeur à ce dossier. Mais vous me permettrez, évidemment,
d'évoquer un certain nombre de réserves sur les aspects plus
partisans de sa présentation, notamment les extraits auxquels nous avons
eu droit de "L'énergie du Nord", les slogans de la dernière
campagne électorale répétés dans sa
présentation sur la maîtrise de l'avenir et une façon, je
crois, un peu court-circuitée de présenter un peu comme un
monopole de compréhension du dossier énergétique entre les
mains de l'actuel gouvernement.
Je voudrais simplement mentionner que, quand le ministre évoque
la qualité des relations que le Québec entretient en ce moment
avec les parlementaires des États de la Nouvelle-Angleterre ou de
l'État de New York, il est obligé, pour le démontrer, de
faire appel à des événements qui se sont produits dans les
dernières années, donc sous le précédent
gouvernement, y compris le comité conjoint présidé par M.
Schlesinger, dont la décision, quant à sa formation, avait
été prise par celui qui vous parle alors qu'il était
premier ministre, mais a été annoncée par le nouveau
premier ministre, ce qui est normal.
Deuxièmement, le ministre évoque avec beaucoup
d'insistance les marchés d'exportation et il fait état de la
nécessité, en même temps, d'utiliser au maximum sur notre
territoire cette ressource énergétique remarquable qu'est
l'hydroélectricité. Mais, pour illustrer cela, il fait appel
à Pechiney, il fait appel à Reynolds et il fait appel à
Norsk Hydro, les deux premiers ayant été réalisés
par le précédent gouvernement et le troisième étant
un dossier, il le sait, très actif depuis au-delà d'un an au
gouvernement du Québec.
C'est pourquoi, M. le Président, quant à nous, nous avons
hâte d'entendre les représentants d'Hydro-Québec. Je
limiterai mes commentaires sur l'introduction du ministre à ces
réserves, quand même, assez sérieuses quant à ma
capacité d'accepter sans broncher un certain nombre
d'énormités de récupération, comme quoi la
récupération, cela ne se fait pas seulement dans
l'énergie.
M. le Président, quant à nous, nous sommes prêts
à entendre les gens d'Hydro-Québec qui nous entretiendront, je le
sais, du plan de développement et qui sont prêts, je le sais,
à répondre è toutes les questions que nous avons pour eux.
Également, nous aimerions particulièrement insister en cours de
route sur l'endettement d'Hydro-Québec compte tenu du fait que le
ministre nous a dit que c'était stable et que cela ne semblait pas
soulever quelque inquiétude que ce soit chez lui. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. M. le
Président, distingués membres de cette commission, messieurs les
dirigeants d'Hydro-Québec, mes premiers mots seront pour souligner la
très grande qualité de la documentation qui nous a
été fournie par Hydro-Québec aux fins de préparer
cette commission qui, à n'en pas douter, promet d'être
extrêmement intéressante. Je voudrais également les
remercier de l'occasion qu'ils nous ont fournie de nous familiariser avec toute
cette documentation, avec tous ces travaux qui nous ont été
présentés quelques jours auparavant, de telle sorte
qu'aujourd'hui nos interventions pourront être de nature à
éclairer pour les citoyens qui nous écoutent certains
éléments, certains points qui sont contenus là-dedans.
Vous savez, M. le Président, pour des gens qui sont
initiés ou qui peuvent prendre le temps de travailler plusieurs heures
dans cette documentation, c'est évidemment assez clair, c'est
compréhensible et c'est intéressant. Mais les citoyens qui nous
écoutent et qui sont les véritables propriétaires
d'Hydro-Québec nous demanderont, attendront de l'Opposition, et c'est le
rôle que nous entendons jouer, que nous fassions en sorte de vulgariser
le plus possible les données techniques qui sont contenues
là-dedans. Les gens attendent de nous qu'à la fin de cette
commission ils puissent comprendre ce qu'il advient du développement
prévu pour les prochaines
années par Hydro-Québec dans le domaine de
l'hydroélectricité.
(10 h 45)
Le plan d'équipement 1986-1988 qui nous est soumis, M. le
Président, avec un horizon 1995, est marqué au coin de la
continuité et de la prudence qu'affiche Hydro-Québec dans la
gestion de l'offre et de la demande d'électricité.
Le plan d'équipement prévu jusqu'en 1990 fait état,
entre autres choses, d'un bon nombre de décisions qui ont
été prises depuis l'an dernier. Je me reporte, par exemple, aux
équipements pour 3 500 000 000 $, Manic 5 puissance additionnelle, LG 2A
Phase I, la sixième ligne de transport d'énergie, enfin, à
un ensemble de projets qui y sont contenus et pour lesquels des
décisions ont été prises qui permettront de créer
pour les Québécois entre 6000 et 7000 emplois.
Le programme propose également un temps d'arrêt, un temps
de réflexion, qui permettra de concrétiser véritablement
dans les faits la stratégie de développement des marchés
internes et externes qu'Hydro-Québec a mis au point. Ce plan nous
propose également de poursuivre un programme intégré
d'études sur l'ordonnance des projets tout en renégociant, bien
sûr, certains contrats de vente d'énergie excédentaire
qu'on voudrait transformer en vente d'énergie ferme.
Ce temps d'arrêt arrive bien, M. le Président, puisque le
contexte général dans lequel doit évoluer
Hydro-Québec comme producteur et fournisseur d'énergie est celui
de la remise en cause de toute la politique énergétique
canadienne, celui de la baisse dramatique et importante des prix du
pétrole, celui de la déréglementation du gaz naturel qui
pointe à l'horizon, et celui de la forte concurrence des
différentes formes d'énergie entre elles.
À court terme, le gouvernement et Hydro-Québec ont
conjugué leurs efforts pour signer des contrats d'énergie
excédentaire. Ils vont continuer ces efforts qui sont entrepris et c'est
excellent comme cela. À plus long terme, Hydro-Québec devra
penser à un développement contrôlé de ses
exportations d'électricité et tenir compte de l'important
marché interne pour faire en sorte que les Québécoises et
les Québécois soient affectés positivement par ces efforts
d'agression des marchés étrangers.
M. le Président, il y a dans ce document - elles y sont
clairement indiquées des préoccupations quant aux marchés
possibles, aux marchés présents et aux marchés
qu'Hydro-Québec doit explorer. Toutes les décisions qui devront
être prises à ce sujet font beaucoup plus référence
aux lois de ces marchés qu'à certaines décisions d'ordre
politique qu'on pourrait récupérer à des fins strictement
partisanes.
Je rappelle en terminant qu'avec la qualité de ces documents, au
moins durant la journée et, possiblement, si cela dure deux jours, nous
aurons l'occasion de faire en sorte que les citoyens du Québec
comprennent bien où s'en va Hydro-Québec avec son plan
d'immobilisations et ce à quoi ils peuvent s'attendre dans le domaine du
développement de l'énergie hydroélectrique pour les
prochaines années. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Roberval. Je vais maintenant céder la parole au
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, M.
Hébert, et je lui demanderais au préalable de nous
présenter les collègues qui l'accompagnent.
Exposé d'Hydro-Québec M. A. Hervé
Hébert
M. Hébert (A. Hervé): Oui. J'ai avec moi M. Guy
Coulombe, président d'Hydro-Québec. À ma droite, M.
Laurent Hamel, vice-président exécutif, équipement; M.
Georges Lafond, vice-président exécutif des marchés
externes et M. Michel Caron, vice-président exécutif, finances et
ressources. À ma gauche, M. Claude Boivin, vice-président
exécutif des marchés internes, et M. Michel Grignon,
vice-président, planification générale.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Hébert. Je
vous laisse la parole pour votre présentation.
M. Hébert: M. le Président, M. le ministre, madame
et messieurs les membres de la commission du travail, à titre de
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, il me fait
plaisir de me présenter devant cette commission pour discuter du Plan de
développement d'Hydro-Québec 1986-1988 horizon 1995 rendu public
il y a une dizaine de jours, et je vous remercie pour cette occasion que vous
nous donnez de le faire. Bien entendu, c'est le président
d'Hydro-Québec, M. Guy Coulombe, et les cadres supérieurs qui
l'accompagnent qui seront les plus en mesure de répondre à vos
questions.
Cependant, j'aimerais, avec votre permission, rappeler le rôle du
conseil d'administration d'Hydro-Québec, particulièrement dans la
préparation de ce plan. Comme vous le savez, il y a 17 membres au
conseil d'administration, qui représentent divers secteurs
d'activité, divers milieux, différentes régions du
Québec. À l'exception de M. Coulombe, président de
l'entreprise, ils ne travaillent pas à Hydro-Québec. Vous
n'ignorez pas non plus que, contrairement à mon distingué
prédécesseur, M. Bourbeau, je
ne fais pas personnellement carrière à
Hydro-Québec. Ensemble, nous apportons donc à la direction
d'Hydro-Québec le point de vue de l'extérieur et nous contribuons
à définir les orientations que prend l'entreprise.
La préparation d'un document aussi fondamental que le plan de
développement exige que le conseil d'administration participe
étroitement aux travaux. Dès les étapes
préliminaires, par exemple, lorsque l'on prépare les
scénarios de prévisions de la demande
d'électricité, le conseil en prend connaissance et fait
connaître ses vues. Les étapes suivantes consistent à
évaluer quels équipements seront nécessaires pour
répondre à la croissance des besoins, puis à
prévoir les échéances de mise en place de ces
équipements et, enfin, à préparer le cadre financier qui
en découle.
 chacune de ces étapes, le conseil d'administration est
informé et consulté. Le plan est à l'ordre du jour des
réunions du conseil pendant plusieurs mois. Chaque membre a donc
l'occasion d'analyser les orientations projetées et de signifier ses
opinions, surtout lorsque se présentent des choix. Le produit fini, le
plan de développement qui est rendu public, est donc le résultat
d'un travail de concertation entre les membres du conseil et la direction
d'Hydro-Québec.
Je peux donc vous affirmer que le conseil d'administration
d'Hydro-Québec adhère au contenu de ce plan, y compris la hausse
tarifaire. Nous estimons que le plan de développement 1986-1988 est bien
conçu pour répondre aux besoins actuels et prévus de
l'entreprise et nous faisons nôtres les recommandations qu'il
contient.
Je vous remercie de votre attention et, avec votre permission, je
céderai la parole au président d'Hydro-Québec, M. Guy
Coulombe.
Le Président (M. Charbonneau): M.
Coulombe.
M. Guy Coulombe
M. Coulombe (Guy): M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission, madame, voilà déjà quelques
années qu'Hydro-Québec est entrée dans la période
de transition que nous connaissons tous. C'est ce qu'on a appelé le
virage commercial d'Hydro-Québec, caractérisé par des
efforts de vente sans précédent, aussi bien sur les
marchés d'exportation qu'ici même au Québec.
Ces efforts ont donné des résultats très
satisfaisants, mais il n'y a pas lieu de se reposer sur nos lauriers. Les
années qui viennent seront pleines de défis difficiles à
relever. Nous en avons déjà deux grands signes avertisseurs:
l'affaiblissement du dollar canadien et l'affaissement du prix du
pétrole.
Hydro-Québec n'a pas de véritable contrôle sur ces
deux phénomènes. Il est donc vital pour nous de nous tailler une
marge de manoeuvre qui nous rende moins vulnérables.
Plusieurs mesures ont déjà été mises en
place pour dégager cette marge de manoeuvre. Depuis quelques
années, en effet, l'entreprise a dû remédier aux
perturbations occasionnées par la conjonction d'une diminution
importante du rythme de croissance de la demande et de la mise en service
massive de nouveaux équipements. D'une part, Hydro-Québec a
lancé les stratégies et les programmes commerciaux
nécessaires pour écouler les surplus d'énergie qui se sont
dégagés et maintenir la progression de ses ventes et de ses
revenus. D'autre part, elle s'est assurée de limiter la croissance de
ses dépenses d'exploitation.
De 1982 à 1985, l'ensemble des dépenses d'exploitation a
augmenté, en moyenne, de 8,1 % par année. Cette croissance
relativement forte est due à l'augmentation importante des
dépenses d'amortissement découlant de la mise en service de
nouveaux équipements et des dépenses reliées aux
radiations de projets devenus désuets à la suite du
ralentissement du programme d'équipement.
En contrepartie, l'entreprise a exercé un contrôle
serré des frais d'exploitation sur lesquels elle pouvait prendre des
mesures immédiates. Ainsi, au cours de cette même période,
ces frais n'ont augmenté en moyenne que de 2,3 %. La masse salariale
à l'exploitation qui représente environ 75 % de l'ensemble des
frais d'exploitation, s'est accrue en moyenne de 3,8 %, soit une croissance
inférieure au taux d'inflation observé. Les autres frais
d'exploitation ont diminué de 15 %.
Simultanément, Hydro-Québec procédait à une
restructuration majeure de ses activités, à une réduction
du tiers de son personnel-cadre et à une diminution de près de 9
% du nombre de ses effectifs permanents. Bien sûr, le contrôle
serré des dépenses d'exploitation a pu être facilité
par la brisure du rythme de croissance qu'Hydro-Québec avait connu
jusqu'au début des années quatre-vingt. Il faut cependant
souligner qu'au cours de cette période 1982-1985 la croissance des
activités d'Hydro-Québec a été significative. Son
chiffre d'affaires a augmenté de près de 30 %; plus de 200 000
clients sont venus s'ajouter et 8 000 000 000 $ d'actifs physiques se sont
ajoutés à ceux déjà en exploitation. Grâce
à la rationalisation de ses activités, HydroQuébec a pu,
au cours de cette période, accroître sensiblement sa
productivité, mieux répondre aux besoins de sa clientèle
et préserver ses principaux objectifs financiers.
Hydro-Québec est consciente de sa vulnérabilité
face à l'évolution des grands paramètres
économiques, en particulier celle
du dollar canadien.
La politique de financement d'Hydro-Québec a pour objectif
premier de réduire la part de sa dette en devises
étrangères, part qui s'établissait à près de
65 % au début de 1982. Depuis, la majorité des nouveaux emprunts
ont été effectués en dollars canadiens. Les
stratégies de financement de l'entreprise misent aussi sur des contrats
d'échange de devises et sur le refinancement des emprunts en devises
étrangères afin de limiter les risques de change.
Au cours de l'année 1985, l'accélération de la
chute du dollar canadien par rapport aux autres devises et les
difficultés rencontrées au niveau des ventes à
l'exportation ont incité l'entreprise à adopter un ensemble de
mesures qui ont compensé en grande partie l'effet que ces
événements auraient pu avoir sur les bénéfices nets
de l'année. Au seul chapitre des dépenses d'exploitation, des
compressions de 86 000 000 $ sur les budgets initialement autorisés ont
été réalisées.
Au cours des dernières semaines, la chute des prix du
pétrole brut sur les marchés internationaux est venue intensifier
la vulnérabilité d'Hydro-Québec. Cette situation est
certes préoccupante et risquerait d'avoir des conséquences graves
si elle s'éternisait.
Il faut cependant noter que les fluctuations des prix du pétrole
brut sur les marchés internationaux n'ont pas nécessairement une
incidence directe et immédiate sur les revenus d'Hydro-Québec. En
effet, les prix de l'huile lourde et du charbon consommés par nos
clients peuvent évoluer de façon sensiblement différente
des prix du pétrole brut sur certains marchés internationaux. De
plus, les formules de prix entre Hydro-Québec et ses clients peuvent
subir des retards d'ajustements significatifs. Ainsi, malgré la chute du
prix international du pétrole, qui, d'un prix de plus de 30 $ US le
baril en novembre 1985, est tombé à 13 $ le baril en 1986, les
revenus à l'exportation pour les deux premiers mois de 1986 sont
supérieurs à ceux prévus dans le cadre financier du plan
de développement que vous avez devant vous.
Au chapitre des taux de change, on doit noter que, malgré une
chute de la valeur du dollar canadien par rapport aux devises autres que le
dollar américain, notre dollar se maintient approximativement au taux
prévu au plan par rapport à la devise américaine, dont est
libellé environ 80 % de notre dette en devises
étrangères.
Certes il convient de suivre la situation de près et d'adopter
les mesures nécessaires pour assurer les équilibres financiers
acceptables. Certaines actions sont déjà engagées. Par
exemple, l'emprunt de 250 000 000 $ américains réalisé il
y a quelques semaines servira au refinancement d'emprunts en dollars
américains venant à échéance au cours de cette
année et permettra d'éviter une pertp de change de près de
25 000 000 $.
Hydro-Québec prépare pour la fin d'avril un plan de
contingence pour contrecarrer, dans la mesure du possible, une
détérioration additionnelle de ces deux variables externes
à l'entreprise: le dollar canadien et le prix du baril de
pétrole. (11 heures)
Venons-en maintenant au plan de développement 1986-1988. 11 est
tout axé sur les mots d'ordre: souplesse, flexibilité et
adaptabilité. Je ne vous ferai pas une longue énumération
des stratégies proposées; cependant, je voudrais souligner
quelques points saillants. D'abord, en ce qui a trait à nos
installations, les travaux en cours seront menés à terme, mats
dans la conjoncture actuelle aucune décision ne sera nécessaire
à très court terme quant à de nouvelles mises en chantier.
Par contre, Hydro-Québec s'engage dans la gestion de l'offre et de la
demande d'électricité et la gestion de la demande consiste
essentiellement à réduire la demande de pointe.
Trois types d'actions y concourront: le maintien et la
télécommande des systèmes de chauffage biénergie et
résidentiel, l'augmentation du potentiel de charge interruptible de nos
clients industriels et l'adaptation de la grille tarifaire en fonction des
coûts réels de fourniture de l'électricité. Si nous
atteignons nos objectifs, ces mesures pourraient permettre de réduire la
demande de pointe d'environ 1500 mégawatts d'ici à 1995. Quant
à la gestion de l'offre, on entend par là l'amélioration
de la productivité des centrales et l'optimisation des ressources
énergétiques déjà disponibles. On pourrait ainsi
aller chercher des gains de productivité de 3 000 000 000 ou 4 000 000
000 de kilowattheures par année.
Il est donc clair que des mesures de gestion de l'offre et de la demande
auront, entre autres, pour effet de retarder la nécessité de
certains nouveaux équipements. Cependant, les efforts de ventes à
l'exportation pourraient agir en sens contraire. Le plan de
développement expose plusieurs scénarios sur l'interaction de ces
différents facteurs. À propos des exportations, j'attire votre
attention sur une nouvelle orientation. Jusqu'à présent, nous
avons surtout vendu de l'électricité excédentaire qui se
substituait à celle que les réseaux voisins auraient pu produire,
mais à un coût plus élevé, dans les centrales
thermiques qu'ils possèdent déjà. Mais leurs besoins
augmentent et plusieurs de ces réseaux doivent décider d'ici
à deux ou trois ans comment ils répondront à cette demande
grandissante. Nous voulons les inciter à importer de
l'électricité québécoise plutôt que de
construire de nouvelles centrales. Sur
la base des besoins exprimés dans leur plan de
développement, nous croyons que nous pourrions leur fournir entre 3500
et 4500 mégawatts sur un total estimé à 5400. Mais ces
chiffres sont fondés sur les besoins prévus et exprimés
officiellement. La demande des réseaux voisins pourrait augmenter plus
rapidement, par exemple, si le développement économique est plus
important que prévu actuellement. Dans ces conditions, nous verrions
s'ouvrir un marché de plusieurs milliers de mégawatts de
plus.
Passons aux orientations sur nos marchés du Québec. Pour
préserver sa santé financière dans les conditions
particulièrement changeantes et exigeantes, Hydro-Québec
préconise une hausse moyenne de tarifs de 5,4 % à compter du 1er
mai prochain. Par ailleurs, nous devons nous préparer aux années
quatre-vingt-dix. Il faut maintenir notre marché résidentiel et
nous y arriverons grâce à un service de plus en plus
personnalisé. Dans nos marchés industriels, nous continuerons de
promouvoir les électrotechnologies et nous proposerons aussi à
ces clients un nouveau type de contrat fondé sur le partage des risques
et des bénéfices.
En terminant, permettez-moi de souligner qu'Hydro-Québec
continuera, dans les trois prochaines années, à soutenir
plusieurs dizaines de milliers d'emplois directs et indirects. Ces emplois sont
en bonne partie liés à notre rôle traditionnel de
producteur et distributeur d'électricité: 21 000 employés
permanents et temporaires pour les activités liées à
l'exploitation et aux' investissements et un nombre équivalent d'emplois
chez nos fournisseurs de biens et services et dans les firmes qui collaborent
à notre programme de construction. Mais il faut remarquer aussi un
élément nouveau: l'impact sur l'emploi de nos stratégies
commerciales. En effet, ces activités de promotion de
l'électricité soutiennent environ 12 000 emplois par année
et suscitent, par ailleurs, des dépenses d'investissement de la part des
clients.
Enfin, même si 1986 marque la fin des travaux du complexe La
Grande Phase I, Hydro-Québec s'engage dans trois autres projets majeurs
de construction dont chacun entraîne des investissements importants: le
redémarrage des travaux de suréquipement de Manic 5 pour 500 000
000 $, le suréquipement de la centrale de LG 2 pour 1 500 000 000 $ et
la sixième ligne du réseau de transport de la Baie James et des
postes convertisseurs de Radisson et de Nicolet qui entraîne aussi 1 500
000 000 $ en investissements. Ces nouvelles activités de construction
totalisent donc 3 500 000.000 $.
Voilà, en bref, les principales orientations
qu'Hydro-Québec s'est données pour les années à
venir. Il est certain que des événements comme la chute des prix
du pétrole et la baisse de la valeur du dollar canadien viennent ajouter
des contraintes supplémentaires à l'entreprise. De plus, la
concurrence restera vive autant sur le marché québécois
qu'à l'extérieur.
Je demeure toutefois convaincu qu'Hydro-Québec saura faire face
à ces défis nouveaux avec la même efficacité que
celle manifestée dans le passé. Merci.
Période de questions
Le Président (M. Charbonneau): Merci M. Coulombe. Avant de
céder la parole aux membres de la commission, je voudrais rappeler
à ces derniers le contenu de l'article 173 de nos règlements: "Le
président partage entre les députés de la majorité
et ceux de l'Opposition le temps que la commission consacre à chaque
personne ou organisme." Cet article-là est en regard des consultations
particulières. "Sous réserve de l'alternance, chaque
député peut parler aussi souvent qu'il le désire, sans
excéder dix minutes consécutives."
Dans les dix minutes n'est pas inclus le temps de réponse de nos
invités. Par exemple, si un député pose une question ou
intervient durant trois minutes et que les gens d'Hydro-Québec
répondent pendant cinq minutes, le député a encore du
temps sur ses dix minutes. Donc, si cela est clair pour tout le monde, je vais
maintenant céder la parole au ministre pour la première
intervention. Je rappelle au ministre que, selon l'entente qu'on avait
tantôt, on aborde d'abord le dossier des exportations. Cela va?
Les exportations
M. Ciaccia: Cela va. Merci M. le Président. M. Coulombe,
vous avez parlé d'exportations dans votre déclaration initiale et
vous vous référez, dans le plan de développement
d'Hydro-Québec, à un certain nombre de mégawatts
d'exportation. Vous parlez d'un potentiel, je crois, d'au-delà de 5000
mégawatts et vous préconisez la possibilité de construire
et d'exporter environ 3500 mégawatts. Est-ce que vous pourriez nous
donner des précisions sur ces 3500 mégawatts? Â quels
marchés cela s'adresse-t-il? Vous pourriez peut-être nous dire un
peu les différents marchés disponibles, les plans de
développement de ces différents marchés et comment vous
êtes arrivé à ces chiffres.
M. Coulombe: Si vous me le permettez, pour présenter le
dossier de l'exportation, on aurait - là, on risque d'avoir des
problèmes technologiques, on va voir si cela va fonctionner - un
document à présenter, juste un tableau, le numéro 17. Je
ne sais pas si cela pourra fonctionner.
Le Président: (M. Charbonneau): En espérant que
l'Assemblée est bien branchée sur Hydro. Cela a bien
marché.
M. Coulombe: Vous avez le résumé des principaux
marchés dans le domaine des exportations. Vous retrouvez New York Power
Pool et le NEPOOL. New York, évidemment, c'est clair; NEPOOL ce sont les
États de la Nouvelle-Angleterre. Vou3 avez le Nouveau-Brunswick,
l'Ontario et le total canadien. Selon ies réseaux voisins, c'est la
définition, comme je l'ai mentionné, des plans de
développement officiels de ces compagnies. Ces plans de
développement sont regroupés au niveau des "POOL" et c'est leur
position officielle. Ils disent au public: Voici nos besoins tels qu'on les
définit à l'heure actuelle.
Selon une fourchette supérieure, il est évident que ces
plans, comme le plan de développement d'Hydro-Québec, font des
prévisions de croissance. Par exemple, dans l'État de New York,
on prévoit une croissance de la demande de l'ordre de 1,4. Ces besoins
de croissance, est-ce qu'ils sont réalistes? Est-ce qu'ils ne le sont
pas? On est un peu mal placés pour critiquer leurs propres chiffres,
sauf que, si l'on fait une hypothèse d'une croissance de 2 %
plutôt que de 1,3 ou 1,4, vous voyez immédiatement que le besoin
passe de 600 à 3000 mégawatts et ainsi de suite pour chacun des
marchés.
La stratégie qu'on présente pour les exportations est, en
quelque sorte, en deux phases. La première, celle qu'on appelle la phase
des 3500 à 4500, va transformer notre marché, celui auquel on
vend de l'excédentaire, en énergie et en puissance fermes. Nous
croyons que, d'ici à deux ou trois ans, nous serions en mesure, toutes
choses étant égales, de signer des contrats de puissance et
d'énergie fermes avec nos réseaux voisins.
En même temps, parallèlement, nous travaillons à des
projets de plus grande envergure qui vont nécessiter de nouvelles
interconnexions parce que, dans la phase des 3500 mégawatts, nous
n'avons pas besoin de nouvelles interconnexions majeures puisque nous les avons
construites. Les Américains aussi ont construit pour au-delà de 2
000 000 000 $, dans les dernières années -et cela va se
poursuivre encore pendant quelques années - d'interconnexions sur leur
territoire. Donc, les interconnexions étant là, nous voulons les
remplir, au lieu d'énergie excédentaire, de puissance et
d'énergie fermes, dans le cadre du remplacement de la construction de
centrales.
Comme je le dis, parallèlement à cela, nous travaillons
à des dossiers qui ont beaucoup plus d'envergure en termes
d'investissements et de conséquences. Je vous donne un exemple:
l'Ontario. Vous avez dans la première colonne un besoin de 500
mégawatts. Le gouvernement de l'Ontario et Hydro Ontario sont
actuellement en période de commission parlementaire eux aussi et ils ont
à prendre des décisions sur l'avenir des centrales
nucléaires en Ontario. Cette décision-là n'est pas prise
encore, elle est censée être prise au cours de l'année.
C'est évident que, si les derniers projets de Darlington sont mis de
côté, cela va avoir un impact énorme sur les 500
mégawatts de l'Ontario qui sont là.
Si Hydro Ontario et le gouvernement de l'Ontario décident de
mettre fin aux programmes nucléaires, aussi à moyen terme, Hydro
va être demandeur d'électricité à la fin des
années 1990. Voici donc un marché qui est disponible, mais au
moment où je vous parle on ne peut pas dire que c'est un marché
de 2000 ou de 3000. Il va falloir attendre les décisions du gouvernement
et d'Hydro Ontario concernant leur futur approvisionnement en
électricité.
Dans ce cadre-là, les efforts d'Hydro ont porté sur la
mise en place, comme je l'ai dit, d'interconnexions et, en 1990, notre
réseau d'interconnexions pour pouvoir transporter les 3500 à 4500
va être tout en place. Nous avons aussi, l'an passé, acquis une
ligne de transport d'une compagnie américaine, ligne de transport qui
part du Québec et qui s'en va dans l'État de New York, qui va
aussi nous donner l'occasion de poursuivre les négociations avec le
réseau voisin, surtout le réseau de New York dans ce
cas-là. Cela résume un peu la stratégie d'exportation.
M. Ciaccia: M. Coulombe, si le projet Darlington en Ontario ne se
concrétise pas, qu'est-ce que cela représenterait? Je comprends
que les décisions ne sont pas prises maintenant, mais si le gouvernement
de l'Ontario décidait de ne pas aller de l'avant avec les deux autres
phases du projet Darlington, qu'est-ce que cela représenterait en termes
de possibilités pour Hydro?
M. Coulombe: Le choix du gouvernement de l'Ontario -
évidemment, on n'est pas à leur place pour décider ou
orienter, mais il y a des hypothèses qui circulent, et,
évidemment, ils sont beaucoup moins dotés que nous en
hydroélectricité - si le nucléaire arrête, il leur
reste le charbon avec les problèmes que cela cause. Donc, il faut qu'ils
se tournent vers le Manitoba et le Québec vers la fin des années
quatre-vingt-dix, après avoir résorbé leurs surplus, parce
qu'ils s'en viennent avec des surplus très considérables à
court terme; après avoir résorbé leurs surplus, ils vont
se tourner vers l'hydroélectricité, et c'est dans ce
cadre-là.
Maintenant, cela n'est pas impensable de prononcer des chiffres comme
2000 ou 3000 mégawatts de besoin dans la mesure où ils
arrêtent leur programme nucléaire, mais
cela, c'est à moyen terme. On ne prévoit pas, dans nos
3500 à 4500, ce montant-là. Ce sont des négociations qui
sont déjà commencées au moment où l'on se parle,
mais dont on ne prévoit pas l'aboutissement avant plusieurs
années.
M. Ciaccia: Les chiffres que vous nous démontrez, c'est
pour New York Power Autority, NEPOOL, Nouveau-Brunswick, Ontario. Il n'y a pas
de chiffres sur ces tableaux pour les Atlantic States, Pennsylvanie...
M. Coulombe: Oui, la Pennsylvanie, nous étudions aussi ce
dossier-là. Peut-être que M. Georges Lafond...
M. Ciaccia: Est-ce qu'on a une idée du potentiel
additionnel si on pouvait exporter à ces endroits?
M. Coulombe: Dans ce marché-là, il y a deux
considérations: la première, c'est qu'ils ont des surplus de
puissance presque jusqu'à la fin du siècle. Évidemment,
tôt ou tard, eux aussi vont devoir prendre des décisions à
savoir s'ils construisent la nouvelle centrale, oui ou non. Mais ce genre de
décision, cela vient un peu plus tard, dans ce secteur-là, que
les secteurs dont on parle. Deuxièmement, une considération
extrêmement importante pour ce marché-là, c'est les
interconnexions. Passer en Ontario pour atteindre ce marché-là
nécessite des ententes extrêmement complexes avec le gouvernement
et Hydro Ontario; passer par l'État de New York nécessite aussi
des négociations extrêmement complexes parce que passer sur un
territoire pour aller dans un autre territoire, on sait au point de vue des
négociations ce que cela peut impliquer. (11 h 15)
C'est un marché qu'on regarde à l'heure actuelle. On a des
études précises là-dessus. On ne l'a pas indiqué
dans le plan parce que c'est un marché qui nous semble moins, à
court terme, accessible et possible. Certaines rencontres ont eu lieu et
surtout notre dossier est, à toutes fins utiles, prêt concernant
ce marché. Mais on voit beaucoup plus de difficultés dans ce
marché que dans les marchés qu'on mentionne là.
M. Ciaccia: Dans les marchés que vous voyez pour le court
terme, d'à peu près 3500, selon ce que vous avez mentionné
dans votre plan de développement, quels seraient les investissements
requis par Hydro-Québec pour mettre en application ce plan de
développement pour fournir l'électricité pour ces
exportations?
M. Coulombe: Si on réalisait d'ici à deux ou trois
ans la signature de 3500 à 4500 mégawatts dans nos marchés
d'exportation et si, d'autre part, notre gestion de l'offre et de la demande
est un succès, on parle d'investissements jusqu'à 1995-1996 de 27
000 000 000 $ par rapport à 20 000 000 000 $. En d'autres mots, si on ne
signe pas ces contrats, on s'orienterait vers des investissements de l'ordre de
20 000 000 000 $; si on tes signe, cela va prendre des investissements de
l'ordre de 27 000 000 000 $. Cela nécessiterait en quelque sorte le
devancement des projets les plus rentables, soit LG 1, LA 1 et Brisay, de six
ou sept ans selon les conditions du moment. Vu que dans le plan on
prévoit la mise en service, en 1996, de ces équipements, cela
veut donc dire que le début de3 travaux devrait se faire autour de 1989
ou 1990 si cette stratégie est réalisée.
M. Ciaccia: Vous parlez d'un devancement de combien
d'années? Prenons l'exemple de LG 1, si vous n'avez pas les
exportations, quand prévoyez-vous construire LG 1?
M. Coulombe: Si on a du succès dans notre stratégie
de l'offre et de la demande, et si on réussit à
écrêter la demande de pointe, cet équipement serait requis
vers la fin des années quatre-vingt-dix ou au début des
années deux mille. Si on signe, LG 1 devrait être prêt en
1996. 5i on calcule six ou sept ans de construction, donc cela veut dire la
construction de LG 1 à la fin des années quatre-vingt.
M. Ciaccia: Revenons aux chiffres que vous avez donnés
pour les investissements. Vous dites qu'il y a approximativement...
M. Coulombe: Les investissements totaux?
M. Ciaccia: ...27 000 000 000 $... M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: ...échelonnés sur combien
d'années?
M. Coulombe: C'est sur les dix prochaines années.
M. Ciaccia: Dix prochaines années.
M. Coulombe: Évidemment, ces projets se continueraient.
Si, par exemple, LG 1 est prête en 1996, LA 1 pourrait être
prête en 1997 ou en 1998. Alors, là, on entrerait dans l'autre
décennie. J'implique simplement les chiffres totaux d'investissements
d'Hydro-Québec pour la période jusqu'en 1995 et 1996.
M. Ciaccia: Ce chiffre de 27 000 000 000 $ est basé sur
quel
pourcentage de taux de croissance?
M. Coulombe: II est basé sur un taux de croissance de la
demande interne de 3,3 %.
M. Ciaccia: Est-ce que ce serait raisonnable ou possible que ce
chiffre de 3,3 % soit augmenté, parce qu'il pourrait y avoir d'autres
scénarios?
M. Coulombe: On a dans notre plan une fourchette dans la demande
qui va de 2,2 % à 4,1 %. C'est évident que d'ici à la fin
du siècle notre estimation de 3,3 % est plausible. On le dit avec toute
l'humilité nécessaire dans ce domaine, parce que faire des
prévisions dans le domaine énergétique, ça devient
un exercice périlleux. D'ailleurs, on a publié cette année
une annexe complète sur toute la structure de la demande
d'électricité au Québec. On peut avoir un scénario
optimiste: si le développement économique est plus rapide, si la
croissance de la population est plus rapide, si le nombre de ménages
augmente, etc., on peut supposer que le chiffre de 4,1 % qu'on met dans le plan
est plausible. Dans un tel cas, c'est un devancement de l'équipement
encore plus considérable qu'il faudrait faire. Par contre, on peut faire
le scénario inverse en disant que l'activité économique va
être un peu moins forte que prévue, qu'il va y avoir une ou deux
récessions pendant la période, etc. Juste pour vous donner un
exemple de l'importance de la récession de 1981, nous avons atteint, en
1985, le niveau de ventes industrielles que nous avions en 1980. Cela a pris
cinq ans avant de revoir le niveau de ventes, dans l'industrie du
Québec, qu'on avait en 1980.
M. Ciaccia: Si la croissance des ventes régulières
était de 4,1 %, quels seraient les investissements additionnels qui
seraient requis?
M. Coulombe: Si on prévoit une demande de 4,1 %, je vous
ai dit tantôt qu'au lieu de 25 000 000 000 $ on parlerait de 34 000 000
000 $. Donc, vous prenez le chiffre que je vous ai donné tantôt,
c'est-à-dire la gestion de l'offre et de la demande, plus 3500, on avait
27 000 000 000 $. Si on ajoute à ces hypothèses une croissance de
4,1 %, on serait rendu à...
Une voix: On serait même à 10 000 000 000 $ de
plus.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez estimé, en termes de
rentabilité, le profit net ou un profit en dollars sur les exportations,
si Hydro-Québec construisait 3500 mégawatts pour un certain
nombre d'années et si, d'après votre plan de
développement, vous alliez aussi chercher 6 500 000 000 de
kilowattheures d'énergie garantie pour un certain nombre
d'années? Est-ce que vous avez évalué le profit
possible?
M. Coulombe: Là-dessus, je peux difficilement, ce matin,
vous donner un chiffre précis ou dire: Si on signe des contrats, on va
avoir 1 500 000 000 $ ou 1 800 000 000 $ de profit net. Je voudrais tout
simplement vous présenter un peu la problématique du prix. On
quitte l'énergie excédentaire. Dans le cas de l'énergie
excédentaire, c'était en fonction des énergies de
substitution.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux vous interrompre juste un
instant?
M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas nous compromettre ou vous
compromettre dans les négociations que nous allons entreprendre. Alors,
même si je sais que vous ne me donnerez pas un chiffre exact - on n'en
voudrait pas, parce qu'on ne voudrait pas que nos voisins nous disent: Si vous
faites autant de profit, peut-être devrait-on négocier un peu plus
serré - est-ce que c'est...
M. Coulombe: Pour en arriver à déterminer cela, en
fait, si je veux aller au plus simple, on va proposer ceci aux
Américains, On va leur dire: Voici, d'après nous, combien
coûte une centrale au charbon moderne, avec tous les frais
d'immobilisations et les frais d'exploitation prévus pour 30 ans ou 35
ans. Voici, d'après nos études, on a déterminé le
coût de votre centrale. Voici le coût de nos équipements.
Nous sommes convaincus - c'est la base, en fait, de toute notre
problématique - qu'entre les deux il y a une marge. Donc, nos premiers
équipements, surtout les premiers, surtout ceux de LG 1, vont
coûter moins cher et on est capables de le démontrer à nos
clients.
Maintenant, supposons que la marge est de 10, on va dire aux
Américains - on négocie au moment où on se parle - On est
prêts à faire des ententes avec vous pour se séparer sur
une base de "business" ce genre de marge de manoeuvre qui existe. Et,
carrément, cela devient de la négociation, cela devient un peu -
excusez l'expression -du tirage de" poignets. La marge est
déterminée et ce ne sont pas des coûts qui sont
mystérieux à établir. Les Américains connaissent
les coûts de nos centrales et on connaît les coûts d'une
centrale au charbon aux États-Unis, avec toutes les études qui
sont faites. Donc, on est certain qu'il y a une marge entre les deux et il faut
négocier
le partage de cette marge-là. Si on est très bons
négociateurs, on va aller en haut de la fourchette de la marge et, si
eux sont meilleurs que nous, on va se ramasser un peu dans le bas de la marge.
Mais cela devient carrément une négociation d'affaires.
M. Ciaccia: Mais, d'après vos études, il y a une
marge assez intéressante entre la construction, par exemple, des
premiers barrages LG 1 jusqu'à Grande Baleine et le coût de...
M. Coulombe: Nous sommes convaincus...
M. Ciaccia: ...centrales au charbon.
M. Coulombe: ...que la marge est assez intéressante pour
que, sur une base d'affaires, les deux organismes, Hydro-Québec et le
POOL ou les compagnies en question, puissent avoir toute la marge de manoeuvre
pour s'entendre sur un partage de cette marge. Là, c'est
carrément le profit qui va être en place.
M. Ciaccia: Je reviendrai avec d'autres questions pour M.
Coulombe. Je vais laisser la parole au président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. J'aimerais avoir des
explications de la part de M. Coulombe, peut-être, sur la très
grande différence qu'il y a, dans les tableaux que vous nous avez
montrés, entre la fourchette supérieure et les demandes
exprimées actuellement. C'est un peu étonnant, de 5150
mégawatts à 11 000 mégawatts, il y a une différence
énorme, du simple au double. Pourriez-vous nous définir ce qu'est
votre fourchette supérieure? Est-ce tout le marché possiblement
accessible pour Hydro-Québec ou est-ce à partir d'une
évaluation optimiste de la demande?
M. Coulombe: Je pense que le meilleur exemple serait New York.
Cela passe de 600 à 3000. Mais il ne faut pas oublier qu'on parle de
longues périodes de temps. On parle des quinze ou vingt prochaines
années. La base de 600 suppose une croissance de la demande dans
l'État de New York de 1,3. On a fait l'hypothèse que cette
croissance serait de 2,1. Ce n'est pas énorme, entre 1,3 et 2,1, sauf
que, durant toute la période, cela vous fait une marge
considérable parce qu'on travaille sur des longues périodes de
temps et qu'un dixième de 1 %, pendant quinze ans, a beaucoup de
signification.
Maintenant, on parle de marchés totaux. En d'autres mots, dans
cette hypothèse - prenons les 3000 qui supposent un taux de croissance
de 2,1 plutôt que 1,3 -l'État de New York va avoir des
décisions à prendre, il va se dire: Si on a besoin de 3000,
qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on bâtit une centrale nucléaire?
Est-ce qu'on bâtit une centrale au charbon? Est-ce qu'on bâtit une
centrale à l'huile? Est-ce qu'on en achète de nos voisins? Est-ce
qu'on fait de la cogénération avec l'industrie de New York? Il a
toutes ces voies devant lui.
Hydro-Québec est l'une de ces voies. Quand on parle de 11 000 et
de 5000, on parle de marchés potentiels totaux. Nous pensons - et nous
sommes très optimistes à ce sujet - que, sur les 5100, dans
l'ordre de 3500, 4000, on pourrait, à cause des coûts de nos
projets qui seront encore améliorés avec la gestion de l'offre et
de la demande qu'on fait... Donc, en baissant nos coûts, on dit: Dans ces
5100, on pense être capable d'en accrocher les trois quarts.
Maintenant, c'est encore là de la négociation d'affaires.
Est-ce que, à New York, ils préféreront, pour des raisons
internes, bâtir leurs propres centrales pour créer de l'emploi
chez eux? Tous ces choix sont devant eux. Nous pensons qu'on arrive avec un
produit excellent, à un prix extrêmement intéressant et
que, tôt ou tard, cette réalité prendra force. On parle de
marchés totaux et il y a beaucoup de possibilités dans ces
marchés.
M. Gauthier: Si je comprends bien, dans le marché le plus
réaliste, selon les besoins exprimés par les réseaux
voisins de 5150, compte tenu de la concurrence des autres formes
d'énergie possible et compte tenu des décisions politiques qui
peuvent être prises à ces endroits, vous avez de bonnes raisons de
croire que, sur les 5150, à ce moment-ci, on pourrait travailler autour
de 3500 à 4500 mégawatts. Est-ce bien cela?
M. Coulombe: Voilà, c'est exactement cela. Maintenant, on
ne dit pas que l'autre n'est pas réaliste. On dit tout simplement que
les réseaux voisins ne prendront pas de décision d'ici un an ou
deux sur les autres besoins. Je vous ai donné l'exemple de l'Ontario. On
fait l'hypothèse qu'il faudra encore un an ou deux avant que l'Ontario
se décide sur sa stratégie de base, nucléaire versus...
ainsi de suite.
Maintenant, on peut fort bien se tromper. Demain matin, le gouvernement
peut prendre la décision et ce tableau va changer. C'est évident
que, s'il décide de ne plus aller dans le nucléaire, cela nous
fait une opportunité qu'aujourd'hui on ne voit pas pour demain matin,
mais qu'on sent venir à l'horizon. C'est pour cela qu'on parle de
l'autre phase là-dedans. Mais les circonstances externes peuvent se
modifier très rapidement. Si le gouvernement de l'Ontario prend une
décision rapide, on ne
parlera plus de 500 ou de 1500, cela pourrait devenir dans quelques
années 2000 ou 2500, selon les décisions que l'Ontario
prendra.
C'est pour cela que c'est assez flexible et qu'il faut regarder ces
chiffres dans un contexte précis. Tout ce qu'on dit, c'est qu'avec
l'Ontario - on est à peu près certain, mais on peut se tromper -
cette année et l'année prochaine, il serait difficile de signer
concrètement un contrat de vente. Mais la conjoncture peut changer
demain matin si le gouvernement prend des décisions qu'on ignore au
moment où l'on se parle. (11 h 30)
M. Gauthier: Tout à l'heure, le ministre de
l'Énergie et des Ressources faisait état d'autres contrats
possibles dans des secteurs moins accessibles et où le risque est
d'autant plus grand qu'il y a des négociations extrêmement
importantes à faire. Est-ce qu'Hydro-Québec serait en mesure,
soit maintenant ou en les déposant plus tard, de nous donner, soit par
regroupement ou par État, ces marchés, enfin, un peu selon la
formule qui nous est présentée ici, mais pour cet autre secteur
qui est beaucoup plus hypothétique?
M. Coulombe: Le secteur qu'on appelle Pennsylvanie, New Jersey et
Maryland est à peu près le seul nouveau secteur qui serait
disponible. Je ne sais pas si vous les avez, mais je n'ai pas les chiffres
exacts devant moi en ce qui a trait à ce marché.
M. Guèvremont, qui est vice-président au marché
externe.
M. Guèvremont (Jacques): Si on pense en termes d'une
courbe comme celle qui est là, les besoins commencent à
apparaître seulement vers l'an 2000 pour ce réseau. Les besoins
pourraient atteindre, vers l'an 2003, 1500 à 2000 mégawatts
environ, selon les hypothèses qu'ils font eux-mêmes de leur propre
développement.
M. Gauthier: Merci.
M. Coulombe: C'est donc un marché qui est réel
là-bas. Je vous ai parlé tantôt du problème du
transport qu'on aurait à régler.
M. Gauthier: D'accord. Au moment ou on se parle - vous avez fait
état de ce problème - j'imagine qu'on est loin d'en être au
stade des négociations même préliminaires, concernant
d'éventuels...
M. Coulombe: C'est-à-dire que n'appelons pas cela des
négociations préliminaires, mais appelons-les plutôt des
discussions préliminaires - l'on n'en est pas à l'étape de
négociation d'un contrat, non, mais on en est à l'étape
des discussions préliminaires avec Hydro Ontario, avec qui on entend
discuter au mois d'avril. J'appelle cela plutôt des discussions
préliminaires. Ce n'est pas de la négociation contractuelle, au
moment où on se parle. C'est pourquoi on ne l'a pas mis dans le plan. On
ouvre les perspectives, mais on n'est pas dans une phase de négociation
contractuelle.
M. Gauthier: Dans un autre ordre d'idées et pour des fins
de bonne compréhension de ceux qui nous écouteraient et qui
s'intéresseraient aux travaux de la commission, j'ai lu et relu
très attentivement, dans votre plan de développement, aux pages
48 et 49, que vous divisez le développement des exportations en trois
étapes. J'ai essayé de comprendre ou de simplifier chacune de ces
étapes et j'aimerais que vous me corrigiez si je faisais erreur.
À la première étape, j'ai compris que, pour la
période 1986-1995, vos efforts portent sur le fait de transformer la
vente d'énergie excédentaire en énergie garantie. Enfin,
c'était là votre objectif pour cette première
étape. J'ai compris également, à la lecture des documents,
qu'à la deuxième étape de 1995 à l'an 2000, vous
essaieriez de maximiser l'utilisation des interconnexions. Ainsi, tout ce qu'il
est possible de vendre en énergie garantie serait l'effort que vous
feriez dans le domaine des ventes aux États-Unis. À la
troisième étape, soit les années 2000 et suivantes, j'ai
compris qu'il s'agirait de votre produit de haute gamme, comme vous l'appelez,
je pense, c'est-à-dire les ventes de puissance et d'énergie
garanties.
Est-ce que cette façon de simplifier les trois étapes
correspond à la réalité de ce qui est écrit
là-dedans?
M. Coulombe: Oui. Si vous le permettez, est-ce qu'on pourrait
voir la fiche 21? Alors, des trois étapes dont on parle, il y en a
déjà une qui, à toutes fins utiles, est terminée.
En fait, cette étape est terminée en termes contractuels, mais
elle n'est pas terminée en termes d'exécution. C'est
l'étape qui a commencé au cours des années soixante-dix et
qui nous mène jusqu'en 1995 ou 1997. C'est l'étape où on a
construit des interconnexions et où on a vendu de l'énergie
excédentaire. Cette étape est en marche et elle a donné
700 000 000 $ de revenus en 1985. Toutes choses étant égales,
évidemment le prix du pétrole est une variable assez importante,
cela nous garantit des revenus de cet ordre et peut-être
supérieurs dans les dix ou douze prochaines années. C'est la
première étape. On construit des interconnexions et on y met de
l'énergie excédentaire.
Dans la deuxième étape, on prend les mêmes
interconnexions et, au lieu de livrer de l'énergie excédentaire,
on livre ce que vous avez appelé, justement, le produit haute gamme,
c'est-à-dire puissance et énergie
fermes. Ce sont des contrats qui offrent un produit différent. Au
lieu d'être de l'excédentaire qu'on peut arrêter de produire
comme on veut et qu'on peut arrêter de prendre comme on veut, on s'en va
vers une relation contractuelle beaucoup plus serrée et on vend notre
meilleur produit, c'est-à-dire puissance et énergie. Dans ce cas,
comme je vous l'ai dit tantôt, on dit aux Américains: Au lieu de
construire, prenez donc notre puissance et énergie fermes - c'est notre
deuxième étape - avec les mêmes interconnexions.
Dans la troisième étape, on offre le même produit:
puissance et énergie fermes, sauf qu'il va nous falloir construire de
nouvelles grandes interconnexions. C'est cela, la différence essentielle
entre les trois phases. La première phase: excédentaire, les deux
autres phases: puissance et énergie fermes. Il y a aussi un peu
d'excédentaire là-dedans. Quand on a des surplus aux mois de mai,
juin ou juillet, on peut en vendre dans nos interconnexions. Et, dans la
troisième étape, c'est vraiment la construction de nouvelles
interconnexions. Vous allez voir - je ne sais pas si c'est sur ce
tableau-là - qu'en termes de revenus pour Hydro-Québec, qui sont
sur la base de 1985 de l'ordre de 700 000 000 $, dans la deuxième
étape, les mêmes kilowattheures, qui ne sont plus sur une base
excédentaire, mais sur une base ferme, vont rapporter le double.
Quant à la troisième étape, je ne peux pas vous
donner de chiffres parce qu'il faudrait calculer - on n'est pas en mesure de le
faire actuellement - le coût des grandes interconnexions nouvelles qu'il
va falloir construire pour atteindre soit des nouveaux, soit les mêmes
marchés.
M. Gauthier: Je vous remercie. J'aurais une autre question. On
pourra y revenir. Mes collègues ont aussi beaucoup de questions à
vous poser. Je ne sais pas si on pourrait faire un peu de lumière.
M. Coulombe, à la page 49 du plan d'équipement,
première colonne, avant-dernier paragraphe, on dit à peu
près ceci: "Au niveau économique, ce projet de vente offre aux
parties une marge de rentabilité suffisante pour absorber les
aléas qui pourraient affecter selon toutes probabilités un tel
projet". On fait état, bien sûr, des ventes de la deuxième
phase, dont on vient de parler il y a quelques instants.
J'ai essayé, M. Coulombe, en tant que profane dans ce domaine, de
faire un lien entre ces ventes qu'on va tenter de faire et les
équipements nouveaux qui doivent être construits et qui sont
prévus pour les prochaines années dans ce plan
d'équipement. J'imagine, dans un premier temps, que ces
équipements sont ceux qui sont le moins cher à construire. Ces
barrages-là sont les plus rentables pour Hydro-Québec, quand on
calcule le prix de revient du kilowattheure. Est-ce le fait que
l'énergie vendue dans cette deuxième étape est de
l'énergie produite dans les barrages qui sont les plus rentables pour
Hydro-Québec qui fait que cette marge de manoeuvre est aussi confortable
et permet de faire face à la concurrence?
M. Coulombe: Vous avez parfaitement raison. Si on pouvait avoir
la fiche 19, vous allez voir, en fait, le jeu des projets d'équipement
versus les ventes. Vous avez là-dedans les couleurs, par exemple, La
Grande Phase II, LG 1, LA 1, Brisay. Vous voyez la courbe jaune, au bas; ce
sont nos projets les plus rentables, les plus efficaces et, jusqu'en 2005, on
peut se permettre de vendre cette puissance et cette énergie fermes.
À partir de 2005, il faut rapatrier l'énergie produite par cette
centrale pour les besoins du Québec. Là, vous avez, projet par
projet, les tranches nécessaires qu'il faut mettre en construction pour
vendre les contrats de puissance et d'énergie fermes. Après cela,
vous allez à la ligne du projet de Sainte-Marguerite qui prend une autre
tranche et qu'on rapatrie vers les années, 2006 et 2007 et vous avez,
après, Grande Baleine, Romaine, NBR.
Évidemment, au moment où l'on se parle, dans l'état
de la technologie actuelle, on fait face à des projets qui sont de plus
en plus dispendieux, c'est bien évident, au kilowatt. Donc, vous avez
exactement la relation entre le plan de ventes, le plan de
récupération au Québec, lorsque l'offre et la demande sont
en équilibre au Québec, et les autres projets qu'il est
nécessaire de devancer pour... Dans chacun de ces projets, comme je l'ai
dit tantôt, nous pensons que la marge entre le coût d'une nouvelle
centrale aux États-Unis et le coût de notre projet est suffisante
pour justifier un "business deal" avec les Américains et dans lequel
tout le monde soit confortable, au moment où on se parle.
M. Gauthier: Je crois, M. Coulombe, que vous avez répondu
partiellement... En tout cas, vous avez ouvert une porte concernant la question
suivante que je désirais vous poser. Ma question était celle-ci
et je vous la repose au cas où vous voudriez préciser davantage
les pistes que vous avez ouvertes tout à l'heure: Si effectivement
l'énergie ferme que l'on vend aux États-Unis est l'énergie
produite dans les barrages les plus économiques et qu'au Québec
les besoins internes pourraient nous permettre de penser que vers les
années 2000 ou environ il faudrait construire de nouveaux
équipements pour satisfaire aux besoins internes, vous avez
glissé une phrase qui disait: On va récupérer cette
énergie
pour la remplacer, si on veut, par une construction nouvelle qui sera
vendue aux Américains, j'imagine, donc avec un contrat qui
prévoit un ajustement de prix au fur et à mesure que les projets
se présenteront. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Coulombe: C'est exact. C'est-à-dire que si on ne signe
pas de contrat certains de ces projets vont être reportés dans le
temps et seront construits lorsque la demande interne va les justifier. On a vu
tantôt que, si on élimine les marchés externes, certains de
ces projets pourront être retardés de six ans par rapport à
l'échéancier de base. Si on signe, ils sont devancés.
Alors, c'est évident que, lorsqu'on les devance, on ne prive pas les
Québécois d'électricité, au contraire, ils vont
avoir tout ce qu'il faut. Ce sont tous des projets d'une vie utile d'à
peu près une cinquantaine d'années. On vend la première
tranche d'une quinzaine d'années ou d'une vingtaine d'années et,
lorsque les besoins internes augmentent, on récupère ce
projet-là pour les besoins internes du Québec. Donc, c'est un
devancement qui donne à HydroQuébec la possibilité de
faire des profits et qui influence la situation financière de
l'entreprise et des consommateurs d'électricité du
Québec.
Donc, c'est véritablement le choix: si on signe, on devance des
projets, on les devance pour quinze ou vingt ans; lorsque la demande interne
monte, on récupère le projet et ainsi de suite pour les
différents autres projets que vous voyez sur cette courbe.
M. Gauthier: Est-ce que j'ai encore du temps, M. le
Président? Je vous remercie. Dans la troisième étape de
développement des exportations, M. Coulombe, on parle de projets
beaucoup plus risqués où la marge de manoeuvre est beaucoup moins
importante. On le comprend, ce sont des projets qui coûteront beaucoup
plus cher et là on parle du complexe NBR, je pense, en montant. Alors,
j'aimerais savoir ceci, M. Coulombe, il y a une petite phrase qui me fatigue un
peu ou qui me chicote: à la page 49, on parle d'une participation plus
importante de la part de l'acheteur qui permettrait de réduire les
risques de ces projets. Auriez-vous l'amabilité de nous éclairer
là-dessus et de nous donner un peu une explication de cette phrase et de
cette part plus importante?
M. Coulombe: C'est évident que pour des projets de cette
envergure, avec les milliards de dollars d'investissements qui sont
impliqués, le problème du financement se pose. Nous pensons que
pour tous les projets associés à ce genre de choses, il pourrait
y avoir une stratégie; je l'explique entre guillemets, la
stratégie n'est pas arrêtée encore, mais nous y pensons
sérieusement; nous avons même certaines discussions de faites
à ce niveau-là. Nous pensons explorer un type de financement
différent que le financement traditionnel, d'Hydro-Québec.
Traditionnellement Hydro-Québec, pour faire ses projets, va sur les
marchés, emprunte de l'argent et construit. Nous pensons qu'il serait
peut-être possible d'explorer avec les clients éventuels une forme
de partage du financement. En d'autres mots, ils sont directement
intéressés. Si on fait l'hypothèse de la marge de
manoeuvre dont je vous ai parlé tantôt, ils vont en avoir un
profit là-dedans. On pense qu'il y aurait possibilité d'explorer
avec eux un type de financement différent où il y aurait un
partage dans le financement. Cela aurait comme conséquence de baisser
considérablement nos coûts; cela aurait comme avantage aussi de
nous lier de façon beaucoup plus précise avec des compagnies qui,
en quelque sorte, investiraient avec nous; donc, on diminuerait
considérablement notre risque et cela nous attacherait de façon
beaucoup plus précise ces clients-là.
Nous explorons ces hypothèses actuelles. Il faut bien penser
qu'aux États-Unis, si on entre dans ce type de financement, eux, ils ont
des avantages; souvent, ce sont des compagnies privées, il y a toute la
question de la fiscalité américaine qui est différente de
la nôtre. Donc, ils peuvent se servir de techniques fiscales ou autres
qui pourraient baisser les coûts de leur investissement, par
conséquent, du nôtre. (11 h 45)
Mais, on est au niveau de l'exploration à l'heure actuelle et on
parle de projets. Par exemple, si on signe des contrats d'exportation et qu'on
commence LG 1 en 1989 ou en 1990, dans ces environs, et si on a du
succès dans notre signature, on a encore deux ou trois ans pour
continuer à explorer le financement. En tout état de cause, pour
le premier projet, Hydro-Québec serait capable de le financer à
même sa structure normale. Mais on explore avec beaucoup
d'intérêt et on a commencé des discussions
préliminaires pour élargir la base du financement et pouvoir
profiter d'une baisse de coûts associée à des techniques de
financement un peu différentes.
M. Gauthier: J'ai une dernière petite question à
poser en terminant cette partie. M. Coulombe, de façon très
profane, d'aucuns, qui ont entendu parler de cette façon de partager le
financement avec nos éventuels acheteurs, caricaturaient probablement en
disant que ce serait, ni plus ni moins, louer la rivière ou une partie
de la rivière aux Américains. Est-ce que vous pouvez nos donner
des détails, des garanties ou des points qui vous guident actuellement
dans votre négociation qui éviteraient à une expression
comme celle-là d'avoir cours et
de faire son chemin?
M. Coulombe: Évidemment, dans notre esprit, ce n'est pas
une technique qui est totalement nouvelle. Le Nouveau-Brunswick, dans sa
centrale Lepreau 1, dans sa centrale nucléaire, a un pourcentage de
combien qui appartient aux Américains?
M. Lafond (Georges): Ce sont des contrats relativement à
court terme et c'est une formule très complexe.
M. Coulombe: Je pense qu'il ne faut pas mettre ça en
relation avec la question de savoir si on va louer des rivières ou si on
va nous faire perdre le contrôle. Il s'agit d'un contrat d'affaires qui
va durer quinze ou vingt ans. Cela coûte 100 pour construire. Si, sur 100
il y en a 20 ou 25 qui peuvent être financés de façon
différente, le contrôle total reste aux mains du Québec
sauf que cela fait un "partnership" qui est beaucpoup plus intéressant
pour les deux parties, et cela solidifie le contrat. Comme je vous l'ai dit, on
est au niveau de l'exploration là-dedans; surtout au niveau fiscal
américain, il nous reste beaucoup de travail à faire et de
discussions à avoir avec les compagnies en question.
M. Gauthier: Merci beaucoup. Je reviendrai plus tard sur d'autres
aspects du plan.
Le Président: (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Ciaccia: J'ai quelques courtes questions è poser. Sur
le tableau, vous démontrez que NBR est le projet le plus cher.
M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il est encore moins cher qu'une centrale au
charbon?
M. Coulombe: Oui, mais la marge dont je parlais
tantôt...
M. Ciaccia: On n'a pas la même marge qu'à LG 1, mais
il y a encore une marge.
M- Coulombe: C'est exact.
M. Ciaccia: Quand vous parlez de devancer les projets, est-ce que
c'est exact de dire que si on devance un projet, normalement, le coût du
projet va être moindre?
M. Coulombe: En dollars courants, oui.
M. Ciaccia: Prenons, par exemple, NBR ou un de ces
projets-là, mettons LG 1. Si vous prévoyez, qu'on va avoir besoin
pour des besoins internes, de le construire dans l'année 2000 et si,
pour les exportations, vous le devancez à l'année 1995 ou 1992,
cela veut dire que, quand vous allez le retourner pour les usages internes,
vous aurez épargné un certain montant dans le coût de
construction.
M. Coulombe: C'est exact.
M. Ciaccia: Alors, cela va réduire le tarif
général pour le consommateur.
M. Coulombe: C'est vrai.
M. Ciaccia: Suis-je correct en interprétant qu'un contrat
pour l'exportation qui va avoir comme conséquence le devancement de la
construction d'un barrage va non seulement nous apporter des revenus en devises
américaines pour la production de cette énergie, mais va
réduire, à long terme, le coût de cette énergie pour
le contribuable quand elle va être utilisée pour nos fins
internes?
M. Coulombe: Si on fait l'hypothèse que nos contrats sont
rentables, vous avez parfaitement raison.
M. Ciaccia: Je fais toujours cette hypothèse. On ne
signerait pas un contrat qui ne serait pas rentable.
M. Coulombe: II y a deux limites là-dedans: on
épargne sur l'inflation, mais les coûts d'intérêt
viennent plus vite. Dans l'équation de la rentabilité, il faut
tenir compte de ces deux facteurs-là. Mais je suis totalement d'accord
avec vous que, si nos contrats sont rentables et s'il y a un contrôle des
coûts, c'est évident que cela va baisser le prix du kilowattheure
pour le consommateur québécois dans les années
futures.
M. Ciaccia: Vous avez estimé dans votre plan de
développement, je crois, à 40 000 000 000 de kilowattheures le
marché de remplacement du mazout et vous prévoyez des ventes de 6
500 000 000. Est-ce que c'est une hypothèse conservatrice et est-ce que
c'est possible ou désirable même d'avoir une
pénétration plus élevée?
M. Coulombe: Est-ce qu'on peut avoir la fiche 18? Veux-tu
l'expliquer?
M. Grignon (Michel): Effectivement, si on prend l'ensemble des
marchés qui nous intéressent et dont on a parlé il y a
quelques minutes et qu'on regarde leur production selon les sources,
évidemment, dans ces réseaux voisins, il y a de la production
à partir de centrales hydrauliques
ou de centrales nucléaires, ce qui est montré en bleu; de
la production à partir de centrales au charbon existantes, ce qui est
montré en vert; de la production à partir de nouvelles centrales
de base ou d'importations d'Hydro-Québec ou d'ailleurs qui
éviteront la construction de ces centrales de base et on montre en rose
la production à partir de mazout.
La production à partir de mazout est quand même le
marché le plus lucratif de remplacement d'électricité
à partir de combustibles fossiles. On estime effectivement, dans les
marchés des réseaux voisins qui entourent le Québec, que
cette production au mazout croîtra d'ici à 1995 et atteindra 85
térawattheures en 1995. Il y a 40 de ces térawattheures qui sont
susceptibles d'être remplacés par des exportations
d'énergie excendentaîre ou d'énergie garantie
d'Hydro-Québec. Pourquoi seulement la moitié? II y a une partie
de cette production au mazout qui doit demeurer au mazout, soit pour maintenir
des fonctionnements minimaux de certaines centrales, soit pour subvenir
à certains besoins de vapeur chez les industriels dans ces
réseaux.
Effectivement, la stratégie de développement des
marchés externes contenue dans le plan de développement
prévoit qu'entre 1995 et 2000 s'ajouterait, è des nouveaux
contrats de puissance et d'énergie fermes pour entre 3500 et 4500
mégawatts, un objectif de vente d'énergie garantie pour six
à sept térawattheures par an d'ici l'an 2000, étant
entendu que pour ce qui viendra par la suite on pourra revoir la situation
parce que remplacer des combustibles fossiles ça n'exige pas de signer
des contrats de 15 ou de 20 ans comme dans le cas du remplacement de
centrales.
Par ailleurs, on voit qu'au-delà de l'an 2000 cette production au
mazout va diminuer rapidement et va éventuellement disparaître.
C'est une extrapolation, mais c'est prévisible compte tenu de
l'économique de la production de l'électricité selon les
différentes filières énergétiques. Cela va diminuer
assez rapidement puisqu'il va y avoir des centrales de base plus
économiques et des contrats d'importation qui vont venir gruger dans la
consommation de mazout dans les réseaux. Il va y avoir aussi beaucoup de
retraits de centrales au mazout qui arrivent à la fin de leur vie utile.
Donc, HydroQuébec prévoit, au-delà de remplacer des
centrales de base pour l'équivalent de 3500 à 4500
mégawatts, aussi essayer de signer des contrats d'énergie
garantie pour environ six à sept térawattheures par an d'ici l'an
2000, ce qui représente l'équivalent d'à peu près
1000 mégawatts.
Le Président (M. Charbonneau); M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Dans l'exposé que vous avez fait au
tout début, M. Coulombe, vous avez mentionné la volonté
ferme de changer l'énergie excédentaire actuelle sur les
marchés d'exportation en énergie ferme. Quelle période de
temps prévoyez-vous pour changer cette énergie, par rapport aux
contrats qu'on a actuellement?
M. Coulombe: Nous avons actuellement des contrats de
signés jusqu'en 1998, date du dernier contrat d'énergie
excédentaire. Ce sont des livraisons d'énergie
excédentaire qui sont déjà commencées, qui vont se
poursuivre à New York et dans tous les marchés, en fait,
jusqu'à vers ces dates-là. Ce qu'on négocie à
l'heure actuelle, ce sont des contrats qui prendraient effet autour de
1995-1996. Alors, les contrats qu'on signerait, si cela va bien, prendraient
effet dans ces années-là.
Aussi, il y a possibilité de raffermir l'excédentaire
qu'on vend actuellement, de le rendre ferme. C'est une autre option qu'on a et,
dans ce cas-là, cela pourrait commencer plus rapidement. Dans les deux
dernières années - M. Guèvremont pourrait peut-être
nous donner des chiffres - on a raffermi avec le Vermont et avec la...
Une voix: La Nouvelle Angleterre.
M. Guèvremont: Avec NEPOOL, le contrat qui a
été signé, par exemple, en octobre, est un contrat de 70
térawattheures s'échelonnant de 1990 à l'an 2000. C'est un
exemple, si vous voulez, de transformation des marchés d'heure en heure,
de ventes d'excédentaire à des marchés fermes.
M. Parent (Bertrand): Alors, si je comprends bien, vous allez
soit attendre l'expiration de ces contrats ou essayer d'en monnayer ou d'en
changer une partie en ferme. Voici l'autre question qui se rattache à
cela. Est-ce qu'il y en a une portion de cela qui est incluse dans les 3500,
4500 prévus dans le plan actuellement?
M. Coulombe: Est-ce que vous voulez dire de
l'excédentaire? Les 3500 à 4500, c'est de l'énergie et de
la puissance fermes. On prévoit six térawattheures
d'énergie excédentaire qui s'ajouteraient à ces 3500
à 4500. C'est évident qu'on peut envisager l'hypothèse que
l'énergie excédentaire actuellement vendue soit raffermie. Mais
lorsqu'on raffermit de l'énergie excédentaire, c'est le
même résultat que de vendre de la puissance et de l'énergie
fermes. Tout simplement, il faut avoir les équipements en arrière
pour garantir le raffermissement qu'on leur propose. L'avantage de
l'énergie excédentaire, c'est qu'on peut arrêter demain
matin, eux, peuvent arrêter demain matin, et ainsi de suite. Quand on
n'en a pas, on ne la
vend pas. Quand on est rendu dans l'énergie et la puissance
fermes, il faut que les équipements soient en arrière pour
constamment respecter le contrat qu'on a signé. Donc, raffermir de
l'excédentaire ou signer un contrat intégralement nouveau, cela a
la même conséquence sur la construction d'équipements parce
qu'il faut que les équipements soient là pour garantir cette
puissance d'énergie.
M. Parent (Bertrand): Merci. Concernant le plan d'action qui
avait été déposé en 1980 et qui avait
été étudié ici, à cette commission
parlementaire, en février 1981, le plan de 1980 prévoyait
qu'environ 24 700 mégawatts seraient en service durant les années
1985 à 1995. Actuellement, dans le plan proposé, il y a seulement
les 3600 qui sont retenus.
Ma compréhension de cela, M. le Président - et j'aimerais
que vous puissiez expliciter un petit peu - est que, par rapport au plan des
années quatre-vingt, on a dû appliquer les freins de façon
importante, puisque non seulement on va de 24 000 à 3600, mais on a pu
voir tantôt que cela comprenait aussi des hypothèses, je dirais,
avec certains éléments d'optimisme. Ma préoccupation est
de savoir si, dans cette position où on s'enlignait vers beaucoup
d'excédentaire, on n'avait pas une position de faiblesse dans nos
négociations sur les marchés d'exportation. Cette prudence va
nous amener, face à l'ouverture des prochaines soupapes, si on peut
dire, à ne pas nous retrouver en position de faiblesse
excédentaire.
M. Coulombe: En fait, il faut bien signaler qu'il y a quand
même unanimité chez tous les intervenants dans ce dossier pour
dire que les prochaines constructions, si la demande au Québec demeure
à 3,3, devraient suivre la signature de contrats et non pas la
précéder. Je pense que l'unanimité est faite dans cette
perspective. Donc, le risque que vous évoquez est éliminé
avec ce postulat. (12 heures)
Quant au passé - vous l'avez à la page 5 du plan de 1981 -
il faut bien comprendre qu'à cette époque Hydro-Québec et
le Québec étaient dans une situation où, pendant les
vingt, vingt-cinq ou trente dernières années, la croissance de la
demande au Québec était d'environ 6 % ou 7 %. Donc, le plan
prévu en 1981, qui est assez gigantesque comme vous le voyez à la
page 5, et qu'on a coupé par trois dès l'année suivante,
ne prévoyait pas d'énergie excédentaire. Ce plan
prévoyait que la demande au Québec, si elle continuait au rythme
de 6 % ou 7 % par année, nécessiterait ces investissements.
Donc, ce n'était pas un plan pour produire de l'énergie
excédentaire; c'était un plan pour produire de l'énergie
et de la puissance fermes, basé sur la croissance de la demande de 6 %
ou 7 %. La crise économique de 1981, l'apparition du gaz naturel, les
économies d'énergie ont provoqué une décroissance
de cette demande telle que la situation a été complètement
bouleversée. Ainsi, le plan de 1981 d'Hydro-Québec partait sur un
postulat de 7 % et là on est rendu à 3 %. En d'autres mots, les
équipements devaient doubler à tous les dix ans, avec une demande
de 6 % ou 7 %.
Comme je le disais tantôt, comme on travaille sur des longues
périodes, vous coupez la croissance en deux et les équipements
s'étendent sur des périodes beaucoup plus longues. C'est le
phénomène qui est arrivé en 1981. Je pense
qu'Hydro-Québec a compris cette situation parce que, de tous les
investissements qui étaient prévus, aucun de ceux-là n'a
été entrepris après. Tout ce qui a été
terminé depuis 1982, c'est la phase I de la Baie James, tel que
prévu. Il n'y a donc aucun des équipements qui étaient
prévus ià. On a arrêté à temps.
Vous avez d'autres provinces actuellement au Canada qui sont dans des
programmes. Vous avez le programme nucléaire en Ontario; ils sont
carrément embarqués dans un programme de l'ordre de 10 000 000
000 $, au moment où on se parle. Ils ont eu le même
phénomène. Je pense que le Québec et Hydro-Québec
ont été chanceux que la conjoncture permette que ce virage soit
possible à un coût minimal; mais c'est une conjoncture externe. On
peut toujours dire que cela aurait pu être prévu avant, etc., mais
on entre dans des choses historiques.
Fondamentalement, Hydro-Québec a échappé,
contrairement a plusieurs sociétés canadiennes et
américaines, au désastre d'avoir commencé un plan
d'équipement de plusieurs milliards de dollars alors que la demande
s'effondrait.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie sur ce point-là.
J'aimerais maintenant revenir à l'approche que vous avez
mentionnée tantôt, en réponse au ministre. Par rapport
à votre nouvelle approche dans les prochaines années et qui est
actuellement à l'étude, qui pourrait être une forme de
"partnership", si on peut s'exprimer ainsi, avec des clients futurs, est-ce
qu'on peut parler, entre guillemets, d'autofinancement de projets
d'investissement si on s'oriente vers cette formule, de façon que, pour
les gros investissements qui auront à être faits pour vendre de
l'énergie ferme, l'on soit assuré que les Québécois
n'auront pas à payer une facture ou que d'ici les dix prochaines
années on ne devra pas se créer un fonds spécial ou une
marge de manoeuvre par la hausse des tarifs pour financer une bonne
partie de cela?
M. Coulombe: Un des objectifs que l'on poursuit -
fondamentalement, vous avez parfaitement raison - c'est que, globalement, on
fait l'hypothèse que le contrat est rentable. Cela profitera donc aux
Québécois, éventuellement, dans les tarifs. Par contre,
vous avez raison de souligner que pendant la période de la construction
les revenus n'entrent pas; enfin, pour cette période de quelques
années. Donc, tous nos efforts tendent à minimiser le coût
de cette courte période qui est, en quelque sorte, un investissement
pour la fin de la période où, là, les profits entrant,
cela a de l'impact sur les tarifs.
C'est pourquoi, dans notre stratégie de financement, on peut
parler de préfinancement, de partage de risques avec les compagnies, les
marchés externes. C'est, justement, pour minimiser les quelques
premières années que tous nos efforts tendent vers cela. C'est
précisément l'intérêt du préfinancement ou du
partage de risques dans les investissements.
Globalement, par contre, il faut toujours se rappeler que, comme pour
n'importe quel investissement, avant que les profits entrent, il y a une
période pendant laquelle l'investissement est capitalisé, mais
les dépenses d'intérêt jouent là-dedans. Donc, c'est
pour diminuer cet impact, même si, globalement, pour le Québec,
dans la période du contrat, les profits accumulés vont
nécessairement avoir un impact soit sur l'actionnaire ou sur les tarifs.
Il y a une période au début qu'il faut creuser attentivement pour
baisser les coûts de cela.
M. Parent (Bertrand): Ma dernière question, M. le
Président, si vous le permettez. En fait, il est important, en tant que
Québécois, qu'à Hydro-Québec, dont vous êtes
le président-directeur général, on ne se ramasse pas dans
une position où, à la suite de ces investissements-là, on
retrouve le phénomène de boomerang tel qu'il est dans les
présentes années et où, à la suite de
l'investissement, on se ramasse avec un taux de capital et
intérêts à rembourser qui vient affecter de façon
importante les tarifs. On retrouve à la page 6 la différence
entre les années 1979 à 1982 où on avait 687 000 000 $
à ce chapitre-là dans les états financiers; on se ramasse
avec 1 635 000 000 $ pour les trois dernières années, iI va
être important de se préoccuper de cette dimension pour ne pas
retrouver le même phénomène parce que, effectivement,
même si on doit déjà planifier les investissements à
l'étranger, pour 1990, 1995 ou l'an 2000, on doit quand même
s'assurer de ne pas augmenter de façon substantielle le service de la
dette d'Hydro-Québec et garder ce qu'on peut encore appeler la situation
très saine d'Hydro-Québec, mais quand même affectée.
C'est cela qu'on va vouloir corriger en 1986, on va en parler cet
après-midi. Les Québécois qui voient que les tarifs
augmentent sont beaucoup préoccupés par rapport à ce qu'on
va faire de l'investissement dans les prochaines années pour vendre un
produit et à savoir si c'est nous, en tant que Québécois,
qui allons financer tout cela. C'est bien sûr qu'on est
intéressé à toujours avoir la partie rattachée aux
profits. Il reste qu'il faudrait s'assurer que ce ne soit pas dans la facture
et dans les augmentations de tarifs qu'on s'en va pour essayer de financer ce
long terme.
M. Coulombe: Vous avez parfaitement raison. C'est, d'ailleurs,
pour cela que dans le plan, comme je l'ai dit tantôt, il y avait
unanimité - je pense qu'elle existe - sur le fait que construire sans
avoir signé nous semblerait téméraire ou risqué;
peut-être que cela s'avérerait génial dans quinze ou vingt
ans, mais il se peut aussi que ce soit le contraire. À partir de ce
postulat où les investissements suivent la signature d'un contrat, je
pense qu'on tombe carrément dans une relation d'affaires. À
partir d'un contrat en bonne et due forme, on n'a aucune raison de croire que
nos clients ne respecteront pas ce contrat et ils n'ont aucune raison de croire
que nous ne le respecterions pas. Donc, là, on entre dans le risque
normal d'une entreprise à ce sujet-là. Toute la souplesse, la
flexibilité qu'on a mise dans le plan et qu'on veut mettre dans la
réalité concrète par la gestion de l'offre et de la
demande vise exactement à atteindre l'objectif que vous soulignez,
c'est-à-dire de ne pas poser de geste trop risqué par rapport
à la structure financière de l'entreprise. Avec le postulat qu'il
n'est pas question de construire s'il n'y a pas de contrat raisonnable sur la
table, cela respecte cet objectif.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont, vice-président de la commission.
M. Théorêt: M. le Président, certaines
personnes ont déjà véhiculé dans le passé le
fait que, si nous exportions massivement notre électricité, il se
pourrait que nos ressources ne répondent pas à nos besoins
internes. D'autre part, le document démontre sans équivoque que
le potentiel de construction rentable est d'environ 14 000 à 15 000
mégawatts. Or, advenant le scénario d'exportation pour les
besoins de nos voisins, qui serait le scénario de la fourchette
supérieure, donc des besoins d'environ 11 000 mégawatts, n'est-il
pas exact de dire que nous pourrions répondre à ces besoins sans
mettre en danger d'aucune façon nos besoins
internes?
M. Coulombe: Vous avez raison. Dans les hypothèses
présentées actuellement, c'est rigoureusement exact. Nous pensons
qu'il y a beaucoup d'hypothèses là-dedans. Évidemment, il
y a la croissance interne. M. le ministre a dit tantôt: Si la croissance
interne augmente... Évidemment, le marché fondamental
prioritaire, c'est le marché interne. Si la croissance, au lieu
d'être 3,3, devient 4,3, ou 4,5, il y a des équipements qui
devront être mis en place pour satisfaire la demande interne, ce qui va
donc diminuer le potentiel pour l'exportation. Cela, je pense, n'est pas un
choix compliqué à faire. Tout le monde sera d'accord que, si cela
crée des entreprises et des emplois ici, c'est une priorité
fondamentale. Donc, il y a un peu des vases communicants là-dedans. Par
contre, si la croissance diminue au Québec pour différentes
raisons, cela augmente le potentiel d'exportation.
M. Théorêt: Dans cet ordre-là, M. le
Président, les contrats à l'exportation seraient dans quel
objectif de temps? Dix ans, quinze ans ou vingt ans?
M. Coulombe: On pense à une fourchette minimale de 15 ans;
cela pourrait aller à 20 ans. Théoriquement, cela pourrait aller
à 25 ans. Mais la fourchette actuelle est de l'ordre de 15 à 20
ans.
M. Théorêt: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Vous nous avez expliqué, dans un premier
temps, tout à l'heure que la facture d'électricité que les
Américains ou d'autres acheteurs potentiels auraient à payer se
situe, finalement, dans une marge de négociation entre le coût de
leurs installations actuelles et des nôtres. Enfin, il y a un "bracket"
dans lequel vous avez une marge de négociation. Par contre, en tant que
simple citoyen québécois qui comme tout citoyen paie sa facture
d'électricité tous les mois, je dis que ce montant doit se
traduire par un coût au kilowatt ou un coût à la puissance.
D'ailleurs, on entend souvent dire dans la population que, déjà,
on vend notre électricité aux autres moins cher que ce qu'on la
paie nous-mêmes. Mais là n'est pas la question.
J'aimerais savoir ceci: une fois ce transfert au kilowattheure
effectué, quel est, à l'intérieur de ce montant-là,
la part spécifique qui est liée aux frais supplémentaires
directement reliés aux coûts des interconnexions?
C'est-à-dire que le fait de vendre de l'électricité nous
amène des investissements supplémentaires. Ces inves- tissements
supplémentaires doivent aussi se traduire par un coût au
kilowattheure ou un coût à la puissance. Quel est la part de ce
coût dans le prix de l'unité vendue?
M. Coulombe: II faut distinguer deux types de produits. Par
exemple, le produit excédentaire, nous l'avons à l'heure
actuelle. Les constructions sont faites, les intérêts se paient et
l'on peut dire que, pour ce produit-là, le profit est extrêmement
intéressant pour le consommateur québécois, tout
simplement parce que cela sert à diminuer sa facture globale
d'électricité. Deuxièmement, si on regarde le produit plus
raffiné, la puissance et l'énergie fermes, qui va demander des
constructions, vous avez raison de dire qu'il va falloir intégrer, dans
la marge de manoeuvre dont je parlais (notre limite et nos coûts) tous
les coûts de devancement, les coûts d'interconnexions lorsqu'il y
en aura. Dans la deuxième phase, vous vous souvenez qu'il n'y a pas de
coûts d'interconnexions parce qu'on les a déjà, mais dans
la troisième phase, il va falloir intégrer les coûts
d'interconnexions et cela va entrer dans le coût au kilowattheure. La
rentabilité va être jugée en intégrant tous ces
coûts, de devancement et des interconnexions, et cela va nous donner X
cents le kilowattheure. Cela devra être intégré; même
le rendement sur le capital devra être intégré à ces
coûts. C'est à partir de ce moment-là qu'on parle de
profits; c'est après avoir intégré tous ces coûts.
(12 h 15)
Troisièmement, il y a un élément dont il faut se
méfier lorsqu'on compare le prix de vente au consommateur sur la rue
Sainte-Catherine et le prix de vente à la frontière
américaine. On parle de livrer de l'énergie dans le gros,
c'est-à-dire que ce n'est pas du détail qu'on fait.
L'interconnexion s'en va à la frontière et, à partir de la
frontière, ce sont les Américains qui distribuent
l'électricité.
Donc, dans ce prix de vente, on n'a pas à inclure des coûts
de distribution qu'on a à inclure dans le prix de vente aux
Québécois. En d'autres mots, il faut bien intégrer dans
notre prix de vente le coût de distribution des lignes souterraines ou
aériennes, des poteaux et ainsi de suite. Beaucoup de ces coûts
n'existent pas dans les coûts d'exportation. Alors, quand on compare, par
exemple, 0,03 $ le kilowattheure, 0,04 $ ou 0,035 $ pour un consommateur
québécois et un coût de 0,03 $ à l'exportation,
certains pourraient être enclins à dire: Écoute donc, ils
vendent au même prix à l'exportation.
Mais il faut toujours se rappeler que les dépenses
impliquées pour exporter dans le gros sont beaucoup moins
considérables que d'aller porter l'électricité à
chaque porte. Cela, c'est impliqué dans les coûts aussi.
M. Claveau: Si vous le permettez, M. le Président, je vais
poser ma question autrement. Par rapport à ce qu'on connaît
déjà actuellement de ce qu'on vend d'énergie
excédentaire, est-ce que vous connaissez la part des coûts des
interconnexions, de l'amortissement des interconnexions déjà
existantes dans le prix de vente actuel?
M. Coulombe: Encore là, le prix de vente actuel est
fixé... Les interconnexions qu'on a bâties sont financées
à même le prix de vente qu'on a à l'heure actuelle. Elles
sont financées par ces prix de vente. Mais il faut se rappeler que c'est
de l'énergie qu'on a. Qn n'a pas bâti pour cela. Les circonstances
ont voulu qu'on ait des surplus à l'heure actuelle; donc, il ne faut pas
définir le coût de la même façon, parce qu'on n'a pas
construit pour cela. Les circonstances, l'histoire, la crise de
l'énergie, la crise économique ont voulu qu'on ait des
surplus.
Donc, ces surplus - le choix qu'on a, c'est quoi - on les emmagasine.
Quand les réservoirs sont pleins, l'eau coule, contrairement au gaz ou
au pétrole où on pourrait dire: On le laisse dans la terre et,
quand on va avoir un bon prix, on le sortira, L'eau passe par-dessus les
barrages. Donc, le choix qu'on a, c'est de la laisser passer par-dessus les
barrages ou de la vendre au meilleur prix possible.
Le meilleur prix possible pour l'énergie excédentaire
s'est avéré être en relation avec les énergies de
substitution. On a dit aux gens: Plutôt que de brûler du
pétrole, prenez donc notre eau. Donc, le prix n'a pas été
fixé en fonction du coût des équipements actuels, On est
dans une phase de surplus. Alors, c'est pour cela que c'est très payant.
D'un autre côté, si vous me demandez: Est-ce qu'il faudrait
construire pour vendre à ce prix? je vous dirais non. Mais c'est
construit. Donc, actuellement, on fait des bénéfices
intéressants sur l'énergie excédentaire, parce que les
équipements sont en place. C'est irréversible et c'est fait;
donc, c'est payant.
Par contre, lorsqu'on discute de puissance et d'énergie fermes et
qu'on va parler du projet de LG 1, là, vous avez parfaitement raison de
dire: II va falloir intégrer dans le prix de vente tous les
éléments: d'abord, le coût de devancement -parce qu'on le
devance par rapport à notre plan, il y a un coût à cela -
le transport et tous les éléments, en fait, plus le rendement sur
le capital investi, le risque que l'entreprise prendrait.
Maintenant, si vous me demandez combien exactement, si on vend 0,10 $ le
kilowattheure, il y a de sous associés au devancement, en toute
honnêteté, je ne peux pas vous le dire.
M. Claveau: Je vous remercie bien.
J'aurais une autre question en référence au graphique no
18 qu'on avait tout à l'heure. Vous avez dit, d'une part, que le projet
NBR était le plus coûteux en ce qui nous concerne, en tout cas,
celui qui nous laissait le moins de marge de manoeuvre dans la
négociation. Cela suppose que l'électricité qui va
être vendue à partir de NBR va être moins rentable que ce
qu'on connaît ou qu'on risque de connaître avec La Grande Phase II,
Sainte-Marguerite, Grande Baleine, etc.
Or, dans le graphique 18, on constate qu'à partir de 2015 on a
récupéré pour nos besoins internes l'ensemble de la
production électrique des autres installations, y compris La Romaine.
Est-ce que cela veut dire qu'à partir 2015 l'intérêt de
vendre de l'énergie ferme à des acheteurs extérieurs au
Québec serait moins grand ou, enfin, rapporterait moins pour les coffres
d'Hydro-Québec?
M. Coulombe: Dans l'état actuel de nos connaissances, la
réponse, c'est oui. En d'autres mots, il faut absolument, si on signe
des contrats, ne pas commencer par NBR dans l'état actuel de nos
connaissances. Il faut commencer par nos projets les plus rentables où
la marge de manoeuvre est la plus grande. Maintenant, en 2015, où en
serons-nous dans la position énergétique? Est-ce qu'on va
être à un niveau d'un baril de pétrole ou à un prix
de charbon qui est à 100 $ le baril en 2015? Je n'en sais rigoureusement
rien.
On parle de coûts, on compare le coût de NBR avec LG 1 si on
le faisait tout de suite; là, c'est comparable. Quant au coût de
NBR en l'an 2000 ou en 1995 ou en l'an 2005, je pense que ce serait
présomptueux de ma part de dire que la relation va toujours rester la
même. Il se peut que cela se soit détérioré, comme
il se peut que cela se sait considérablement amélioré,
selon ce qui va se passer.
Le tableau auquel vous vous reportez indique un ordre de
préférence en termes décisionnels dans les deux ou trois
prochaines années. On compare des projets. Mais, maintenant, quel va
être l'état de l'économie, quelles vont être les
négociations de ceux qui seront à Hydro à ce moment?
Quelle structure de référence vont-ils avoir pour négocier
les prix? Honnêtement, je ne me risquerais pas là-dessus. Tout ce
qu'on sait, c'est que si on avait une décision à prendre dans un
an ou deux, LG 1 est préférable à NBR. C'est ce que le
tableau dit. Qu'est-ce que ça va être dans vingt ans?Peut-être que les critères auront fait que les ordres de
rangement vont être différents.
M. Claveau: J'aurais une dernière question, M. le
Président. Étant donné qu'au chapitre VII de votre
document sur la planification à long terme, il n'est pas
question, à toutes fins utiles, du projet NBR, advenant le cas
où d'ici deux ou trois ans on signerait - disons pour toutes sortes de
raisons dans une conjoncture qui nous serait particulièrement favorable
- 8000 à 9000 mégawatts de puissance ferme qu'on serait capable
de vendre à l'étranger, est-ce que cela voudrait dire, pour vous
d'Hydro-Québec, qu'on devrait s'aligner immédiatement sur un
projet comme NBR qui produit plus d'électricité en mettant de
côté les projets de Grande Baleine, de Sainte-Marguerite, La
Romaine, etc? Est-ce que NBR serait une possibilité de remplacement
à ces projets-là, advenant une vente massive?
M. Coulombe: Évidemment, votre hypothèse de vente
massive d'ici deux ou trois ans, c'est vraiment une hypothèse. Dans ce
sens-là, je ne peux pas vous dire les paramètres qui nous
guideraient si c'était 8000 à 9000 mégawatts dans deux ou
trois ans. Quels seraient les paramètres de ce contrat-là parce
qu'on parle d'une somme assez gigantesque de kilowattheures éventuels?
Si cela arrivait d'un bloc, est-ce que NBR serait préférable
à l'autre? Cela dépend de la négociation qu'on aurait sur
les prix, cela dépend d'une foule de facteurs que je ne peux vraiment
pas isoler. Selon notre hypothèse - évidemment, il n'y a rien
d'impossible dans la vie - c'est très peu probable qu'on se trouve
confronté à ce problème d'ici deux ou trois ans, d'avoir
un ou des contrats simultanés de 7000 ou 8000 mégawatts. Mais,
comme je vous le dis, personne ne connaît l'avenir. À votre
question précise: Est-ce que NBR serait préférable si on
additionne LG 1, LA 1, Sainte-Marguerite, ainsi de suite, cela nous donne
combien de mégawatts y compris Grande Baleine...
Une voix: Tout près de 5000.
M. Coulombe: Les projets les plus rentables, avant Grande
Baleine, nous donnent à peu près 6000 mégawatts. Est-ce
qu'on pourrait comparer ces 6000 aux 7000 de NBR? Là, évidemment,
il faudrait en faire l'étude en profondeur et tout dépendrait du
type de contrat qu'on signerait, mais instinctivement les meilleurs projets
devraient être les plus rentables à construire.
Maintenant, j'ai parlé du financement tantôt. Si un tel
projet s'avérait possible, il faudrait comparer la structure de
financement. Le coût du financement peut baisser les coûts de
construction d'un projet comme NBR, mais toutes choses étant
égaies, les meilleurs projets restent ceux qui ont été
présentés dans le tableau auquel je viens de me reporter.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Le ministre me
signale qu'il a une dernière question sur le dossier des
exportations.
M. Ciaccia: Si on présume que les contrats qui seront
signés pour l'exportation seront des contrats rentables - je pense qu'on
doit prendre cela comme prémisse de base; autrement, cela ne sert
à rien de signer un contrat dans lequel on va perdre de l'argent; je
pense qu'Hydro a assez de connaissances pour savoir les coûts, comment
négocier et comment avoir un retour sur son rendement - est-ce exact de
dire que les profits d'exportation auront un impact favorable sur les tarifs
d'électricité pour les consommateurs du Québec?
M. Coulombe: Sur la durée du contrat, incontestablement.
Ce sera à l'actionnaire du temps de décider s'il donne ça
aux consommateurs d'électricité ou s'il donne ça aux
contribuables. Ce sera une décision...
M. Ciaccia: C'est une autre décision...
M. Coulombe: ...à prendre éventuellement,
M. Ciaccia: ...qu'on prendra en temps et lieu.
M. Coulombe: Ou s'il laisse cela à
Hydro-Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Merci,
M. le ministre.
On va maintenant passer au dossier du développement des
marchés internes. Selon la règle de l'alternance, je vais
maintenant céder la parole au député de Roberval,
après quoi je reconnaîtrai le député de
Frontenac.
Développement des marchés internes
M. Gauthier: Merci, M. le Président. M. Coulombe, à
la page 27 de votre document, où l'on fait état, bien sûr,
du développement des marchés internes, il y a une donnée
qui saute aux yeux. Dans le tableau qui est présenté, le tableau
4, "Prévision des ventes d'électricité
régulière d'Hydro-Québec au Québec (en TWh)", il y
a une variation annuelle en pourcentage qui est indiquée dans le bas. Je
remarque les années 1984-1985 avec 6,9 % et 7,3 %; l'année 1986
avec 1,9 % et on retombe, en 1987, à 6,9 %, etc. J'aimerais que vous
nous expliquiez quelle donnée a fait en sorte que les
spécialistes d'Hydro-Québec ont cru bon d'identifier un
fossé comme celui-là pour l'année 1986?
M. Coulombe: Parfait, M. Grignon.
M. Grignon: II y a deux facteurs qui expliquent que le taux de
croissance des
ventes d'électricité régulière au
Québec prévu en 1986 est inférieur à celui de
l'année précédente ou de l'année suivante.
Effectivement, le premier facteur, c'est qu'en 1985 il y a eu un effort
spécial pour régulariser un certain nombre de situations, faire
du rattrapage au niveau de notre facturation, c'est-à-dire comptabiliser
l'énergie qui est livrée le 31 décembre, mais qui, compte
tenu des délais de mesurage et de facturation, n'a pas fait l'objet
d'une facturation au 31 décembre. Toutes les procédures
d'estimation, d'évaluation, ont donné lieu à un
accroissement de 0,8 térawattheure en 1985, ce qui fait que cela diminue
pour autant le taux de croissance en 1986, puisque cette opération a
été faîte et ne se répétera pas en 1986.
L'autre facteur, c'est la température. En 1985, on a vendu 0,2
térawattheure de moins parce qu'il a fait, en moyenne, plus chaud que la
normale et on doit dire qu'en 1986 on a prévu - c'est finalement la
seule réserve qu'on a en 1986, compte tenu de notre situation
précaire - dans les revenus provenant de ces ventes qui peuvent varier
selons les aléas de la température, une réserve d'un peu
plus d'un térawattheure. Autrement dit, on a sous-évalué
nos ventes en supposant que, s'il faisait chaud en 1986, on n'aurait pas ces
ventes. L'effet net - si je corrige pour ces deux facteurs - le taux de
croissance des ventes en 1985 serait de 6,5 % et, en 1986, de 4,5 %, tandis que
l'année suivante il serait de 6 %. Donc, cela éliminerait si on
veut...
M. Coulombe: La deuxième raison qu'on vous a
donnée, c'est vraiment une grande prudence qu'on a voulu mettre dans
notre prévision financière pour l'année 1986. Comme disait
M. Grignon, on a tout simplement pris la marge inférieure. Vous savez
que, prévoir les températures moyennes, personne n'est capable de
faire ça; donc, on prévoit selon des statistiques et cela nous
donne toujours une marge. On l'a mis à la marge inférieure par
prudence, pour ne pas avoir une mauvaise surprise à un moment
donné. On savait que le dollar aurait des problèmes; le prix du
baril de pétrole qu'on a mis à 20 $ dans notre plan, on savait
qu'il y avait des problèmes, alors, on s'est dit: On va être
prudent dans notre évaluation. On a pris la fourchette
inférieure. Donc, on a une petite marge de manoeuvre dans cela qui peut
s'avérer utile dans le courant de l'année si...
M. Gauthier: Sans vouloir vous créer de problème,
M. le Président, je souhaite que vous ayez raison quant au
réchauffement de la température. Cela dit, j'aurais une
question...
M. Coulombe: II ne faut pas que ça se réchauffe!
(12 h 30)
Climatisation et électrotechnologie
M. Gauthier: D'accord, c'est le moyen. Cela dit, M. le
Président, vous parlez dans ce chapitre de mise en place de
différents programmes. Comme je les ai compris par rapport à la
pointe de la demande, vous avez des programmes qui sont susceptibles ou, au
moins, un programme, entre autres, dans le domaine résidentiel, qui est
susceptible de baisser la demande au moment de la pointe et qui est le
programme biénergie par télécommande. Mon collègue,
député de Bertrand, qui vient de la rive sud, posera très
certainement tout à l'heure un certain nombre de questions
là-dessus. Vous avez un autre programme qui, j'imagine, est dans le but
d'utiliser davantage d'énergie à une période où on
a des surplus importants, qui serait le programme de diffusion de la
climatisation. Je ne sais pas si je fais erreur. En tout cas, c'est comme cela
que j'ai compris ces deux programmes. J'aimerais, si cela était
possible, qu'on ait un peu plus de détails parce qu'on n'élabore
pas beaucoup sur ce deuxième programme de diffusion de la climatisation.
J'aimerais savoir d'abord à quel endroit il va s'appliquer parce que
j'imagine que dans un premier temps ce sera dans une région
donnée pour permettre une expérimentation. J'aimerais savoir
quelles sont les modalités de ce programme, s'il y a quelque chose
d'arrêté à ce niveau-là, la clientèle
visée, bref, les investissements que vous y consentez au moment
où on se parle ou, du moins, pour l'année qui vient. Je ne sais
pas qui doit répondre à cette question.
M. Coulombe: Alors, M. Boivin, qui est vice-président
exécutif, marchés internes.
M. Boivin (Claude): Dans le secteur de la climatisation, la
raison pour laquelle on a choisi, entre autres, comme objectif le secteur de la
climatisation, c'est dans un objectif d'augmenter ou de promouvoir l'usage
d'énergie en dehors des heures de pointe et, évidemment, avec le
climat qu'on a au Québec, notre pointe se situe en hiver et, en
période d'été, on est en période creuse. Donc,
notre capacité de production dépasse la demande.
Maintenant, quant au programme lui-même de la climatisation,
actuellement, la climatisation à un taux de diffusion très
faible, de l'ordre de moins de 10 % des résidences qui ont actuellement,
soit un climatiseur central, soit au moins une unité de climatisation de
fenêtre. Donc c'est un appareil, c'est un usage présentement qui a
un potentiel de croissance important compte tenu de son faible taux de
diffusion. Il est
évident également que le potentiel de croissance de la
climatisation ne se répartit pas également dans toute la
province. En d'autres mots, dans les zones plus au nord de la province de
Québec, le potentiel d'application de la climatisation est beaucoup plus
faible vu que les températures de pointe en été sont
beaucoup plus modérées. Par contre, dans la partie sud du
Québec, c'est un usage qui présente un potentiel
intéressant.
Quant aux modalités mêmes du programme, ce qu'on a
établi, en fait, c'est tout d'abord qu'il y a un potentiel ou un
objectif possible d'ajouter environ 400 000 logements dans la partie sud du
Québec qui pourraient se climatiser éventuellement. Quant aux
modalités du programme, nous sommes actuellement à définir
les différents paramètres économiques qui guideraient
Hydro-Québec dans l'établissement d'un tel programme. Donc, nous
ne sommes pas prêts aujourd'hui à annoncer ou à tancer le
programme lui-même, à définir ses paramètres, les
modalités, si ce serait un tarif particulier, si ce seraient des
subventions, etc. Nous sommes en train présentement de travailler
l'économique de la climatisation, tant pour Hydro-Québec que pour
le client, la marge de profit que cela génère chez nous, donc
dégager notre marge de manoeuvre pour être capables
d'établir un programme détaillé. Alors, le programme
lui-même viendra à une étape ultérieure.
M. Gauthier: D'accord. Je vous remercie beaucoup.
On parle également d'un programme dans le domaine industriel,
entre autres, celui des électrotechnologies. Toutes les interventions
d'Hydro-Québec dans le domaine industriel afin qu'on utilise davantage
de l'électricité sont des programmes, de toute évidence,
bien pensés. On regarde cela. C'est intéressant, cela ouvre des
avenues pas mal intéressantes. Actuellement dans le programme de
stabilisation tarifaire, vous avez un certain nombre d'industries qui
participent à ce programme-là et qui, à certaines
périodes de l'année, pour la bonne compréhension de tout
le monde, acceptent, je pense, en période de pointe, qu'on puisse,
moyennant avertissement, interrompre le service d'électricité en
leur permettant de fonctionner à partir d'autres procédés.
Est-ce que vous pourriez nous donner davantage d'explications concernant ce
programme, quant au nombre de participants et aussi quant aux réactions
- car je crois que, cette année, on a dû interrompre
l'électricité - de ces gens?
M. Coulornbe: II y a un programme d'interruptibles qui n'est pas
le programme de stabilisation tarifaire, c'est un autre programme. Le programme
d'interruptibles existe depuis les débuts d'Hydro, je le suppose. Nous
avons actuellement environ 500 mégawatts d'interruptibles chez 17 ou 18
de nos gros clients au Québec. En d'autres mots, on leur dit: Durant
certaines heures de l'année, vous allez vous empêcher de prendre
de l'électricité. Ce sont des ententes qui existent avec des
compagnies et elles peuvent technologiquement le faire.
Ce qu'on propose dans le plan, c'est d'élargir ce parc
d'interruptibles jusqu'à 1500 mégawatts. Fondamentalement, cela
veut tout simplement dire qu'on entrera en négociation avec les
principaux secteurs industriels pour que, dans les deux, trois, quatre ou cinq
prochaines années, on puisse aboutir à une base payante de part
et d'autre. En d'autres mots, ce qu'on proposerait à l'industrie, ce ne
serait pas pour faire plaisir à Hydro, ce serait parce qu'on penserait
que le programme qu'on leur propose serait rentable pour eux, réduirait
leurs coûts de production et, en même temps, réduirait nos
coûts d'investissement.
Ce dont on discute dans la gestion de la demande, c'est la demande de
pointe. Ce qui coûte terriblement cher, ce sont les équipements
dédiés à quelques heures par année.
Donc, le programme, fondamentalement, propose à l'industrie, par
des techniques qui ne sont pas encore toutes arrêtées, mais on va
commencer bientôt les négociations avec l'industrie, sur une
certaine période d'années, d'organiser leur production de telle
sorte qu'elle puisse s'interrompre, soit en jouant sur les inventaires, soit en
jouant sur la technologie et soit par des tarifs spéciaux ou par
d'autres formules. C'est une négociation qui, selon nous, va prendre
quelques années.
Donc, c'est pour les besoins de pointe des années
quatre-vingt-dix et plus. Nos grands équipements de pointe, Manic 5 et
LG 2 PA, sont en construction à l'heure actuelle. Donc, on parle d'un
programme qui prendra un certain nombre d'années et dont il est capital
qu'Hydro fasse un succès si on veut réduire nos coûts
d'investissements à la pointe.
Le dossier Norsk Hydro
M. Gauthier: Un programme nous préoccupe aussi
particulièrement. Des annonces ont été faites à
l'Assemblée nationale hier par le ministre concernant le dossier de
Norsk Hydro. On a parlé d'un programme de partage de risques.
J'aimerais, M. Coulombe, que vous nous expliquiez si ce programme existe
effectivement, de quoi il est fait, s'il y a des critères et quelle est
la nature de l'entente qui est intervenue avec Norsk Hydro.
M. Coulombe: Le postulat de base dans le développement
industriel, soit pour des
investissements nouveaux, de nouvelles industries, soit pour
l'élargissement de capacité de production dans des usines ou des
entreprises qui existent déjà, Hydro, lorsque
l'électricité est une part importante des facteurs de production
de cette entreprise - ce qui n'est pas le cas dans toutes les industries; il y
a beaucoup d'industries pour lesquelles l'électricité
représente 1 %, 2 % ou 3 % des coûts de production - admettons
au-delà de 10 % ou 15 % du coût de production, Hydro, dans une
perspective de développement de ses marchés, dans une perspective
de rentabilité, peut avoir deux choix. Historiquement, Hydro a
favorisé, au cours des 20 ou 25 dernières années, le
cheminement qui conduisait à des rabais tarifaires purs et simples. Des
rabais tarifaires purs et simples sont une forme de subvention et, selon nous,
ce n'est pas le rôle d'Hydro d'accorder ce genre de subvention.
Historiquement, cela a servi à faire s'établir des entreprises.
À l'heure actuelle, il y a encore des entreprises au Québec qui
paient leur électricité sous forme de rabais, à des prix
incroyablement bas. Nous pensons qu'une voie d'avenir ne devrait plus
être ce genre de subventions déguisées qui sont, à
toutes fins utiles, payées par les autres consommateurs.
Nous avons donc proposé au gouvernement de se diriger
plutôt vers un partage de risques. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela
veut dire que l'industriel prend un risque en investissant. Tout le monde sait
que, dans les débuts d'un investissement, les premières
années sont critiques. Le programme vise à diminuer le risque
d'investissement dans les premières années en permettant des prix
d'électricité moindres, mais, si l'entreprise est un
succès, lorsque le risque est assumé par l'entreprise, au bout de
deux, trois, quatre, cinq, six ans, selon les secteurs industriels, nous
pensons qu'Hydro-Québec aussi a pris un risque en diminuant ses prix et
qu'elle doit être rémunérée pour ce risque dans les
années de prospérité de l'entreprise.
Alors, ce qu'on lui propose - ce n'est pas un programme précis
dans lequel on dit que c'est toujours cela qui va se passer -c'est
adapté selon le type d'industrie. Ce sont des négociations qui
sont extrêmement complexes. On dit: On va partager le risque. Vous prenez
te risque d'investir; nous aussi, on prend le risque d'investir. Or, le risque
de l'investisseur étant plus grand, on va rémunérer le
nôtre un peu moins, mais on va le rémunérer. Au
début, on va lui donner un coup de main et, par la suite, graduellement,
lorsque l'entreprise fera des profits, aura un rendement sur le capital ou tout
autre critère qu'on puisse vouloir prendre, elle va rembourser en partie
les risques qu'Hydro a pris en lui donnant des tarifs
d'électricité moins chers. C'est cela, la technique.
On en discute avec Norsk Hydro actuellement. On l'a fait en grande
partie. On a réalisé un projet comme celui-là l'an
passé, voilà deux ans, avec une compagnie au Québec. Ce
sont des discussions extrêmement complexes, parce qu'il faut que cela
s'adapte à la structure financière de l'entreprise, sa structure
de production. On l'a fait dans un cas et je dois vous dire que cela marche
extrêmement bien. On avait prévu, dans les deux ou trois
premières années, aucun remboursement à Hydro.
La conjoncture économique s'améliorant, dès le mois
de janvier, on a reçu un chèque de 5 000 000 $ qui était
un remboursement des tarifs privilégiés qu'on leur avait
donnés voilà deux ou trois ans. Donc, on l'a fait dans un cas. On
le prépare dans d'autres et, nous, on souhaiterait que ce soit une
formule généralisée dans le contexte de l'aide à
l'industrie, à l'implantation industrielle au Québec, mais non
pas sous forme de subvention qui est un cadeau pur.
M. Gauthier: M. Coulombe, est-ce que vous pouvez nous indiquer
s'il y a des discussions qui se poursuivent dans ce sens également dans
l'éventuel projet d'implantation d'une papeterie à Matane! Est-ce
qu'on envisage cette possibilité?
M. Coulombe: Il y a eu des discussions. Dans tous les gros
projets actuellement, on met cette hypothèse sur la table. La
réponse, c'est oui pour tous les projets d'envergure où
l'électricité est significative comme facteur de production. Ce
sont des discussions compliquées parce que, pour l'industriel, entre le
choix d'une subvention pure et un partage des risques, si on se met à la
place d'un industriel, c'est évident que le choix n'est pas
compliqué à faire pour lui.
Donc, cela demande beaucoup de négociations assez difficiles.
Nous, on pense que c'est un concept qui, avec l'aide du gouvernement... Le
gouvernement a un gros rôle à jouer là-dedans car si, nous,
on s'acharne à partager les risques et qu'il se passe autre chose
ailleurs, c'est évident que cela peut devenir compliqué. Mais je
pense qu'à l'heure actuelle il y a un consensus sur cette approche avec
le gouvernement et les négociations sont en cours dans plusieurs
projets.
Concurrence gaz-électricité
M. Gauthier: D'accord. J'aurais une autre question a vous poser,
M. le Président. J'ai lu récemment dans la revue Commerce de
décembre 1985 un article assez surprenant, assez étonnant, je
vous avoue, qui est titré "Électricité: La menace du gaz".
Là-dedans, on fait état d'un certain nombre de constatations qui
sont pour le moins étonnantes compte tenu de ce qu'on
pensait, comme profanes, de la situation telle qu'elle existait.
Entre autres, on titre - je me permets d'en lire un court extrait - "Une
question brûlante". On dit: "Dans un mémoire interne,
Hydro-Québec admet que ses prix sont nettement supérieurs
à ceux du gaz naturel et du mazout pour tous les secteurs, exception
faite du domestique". On y lit, semble-t-il, que c'est à partir de
très fortes consommations que l'électricité
régulière retrouve graduellement la possibilité d'entrer
en compétition avec ses concurrents.
Je sais qu'on parlera un peu plus tard de la tarification. Je sais
également que vous abordez la tarification d'une façon un peu
différente cette année. Vous ouvrez des pistes nouvelles. Est-ce
que vous connaissez la teneur de cet article? Est-ce que vous aimeriez
commenter ou nous éclairer davantage sur cette préoccupation qui
est mentionnée par le journaliste Rudy Lecoursl
M. Coulombe: Sur la question de la concurrence gaz et
électricité?
M. Gauthier: Sur la question de la concurrence
gaz-électricité.
M. Coulombe: D'abord, si vous permettez, on va s'entendre
exactement sur le degré de concurrence chiffré. Est-ce que
Claude, tu peux... (12 h 45)
M. Boivin: Sur le plan de la position concurrentielle, il faut
distinguer les différents secteurs d'application. Au secteur
résidentiel, pour le chauffage de l'eau et le chauffage de l'espace, il
est évident que la marge concurrentielle de l'électricité
est très serrée par rapport au gaz. Elle est plus large par
rapport au mazout. Pour citer des chiffres par rapport au tarif de Gaz
Métro, le 1er janvier cette année, avec les tarifs
d'électricité, la hausse que nous proposons,
l'électricité se situant à 100 %, le chauffage au gaz se
situerait environ à 108 %, alors que le chauffage au mazout, si le
mazout demeurait à 0,31 $ le litre, serait à 144 %, donc 44 %
plus cher.
Donc, au secteur résidentiel par rapport au gaz, très
faible marge ou à peu près équivalent. Par rapport au
mazout, avant la chute éventuelle qui se répercutera chez les
consommateurs, il y a un avantage important pour
l'électricité.
Quand on va dans les secteurs commerciaux et industriels, a des grandes
consommations, il est évident que pour les applications thermiques,
l'électricité n'est pas concurrentielle. Â titre d'exemple,
nos tarifs normalisés pour des bouilloires de 10 000kw, si on appliquait
nos tarifs normalisés à ces utilisations, on est environ 40 %
à 45 % plus cher que le mazout ou le gaz dans ces secteurs où le
mazout et le gaz sont passablement équivalents.
Dans le secteur des bouilloires industrielles, présentement ce
que nous vendons, ce n'est pas de l'énergie ferme mais de
l'excédentaire. On a eu notre programme des bouilloires où on a
vendu de l'énergie excédentaire pour éviter des
déversements à des prix qui étaient indexés aux
prix des combustibles remplacés.
M. Gauthier. M. le Président, cela va. Merci beaucoup.
Le Président: (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Frontenac.
Diversification des activités
M. Lefebvre: M. Coulombe ou un de vos collègues,
j'aimerais qu'on s'entretienne un peu de la diversification de vos
activités. Aux pages 67 et 68 de votre texte "Plan de
développement Hydro-Québec", vous faites référence
aux investissements que vous avez réalisés au cours de
l'année 1985 et, à la page 68 particulièrement, vous
mentionnez que le processus de diversification se précisera et se
raffinera graduellement. Sans nous révéler des informations qui
sont confidentielles, pour des raisons qu'on peut comprendre facilement, est-ce
que, M. Coulombe, vous pourriez nous entretenir un peu de ce que vous voulez
dire par préciser et raffiner graduellement la diversification de vos
activités?
M. Coulombe: Le concept de base de la diversification est le
suivant: C'est que nous sommes persuadés qu'à
l'Hydro-Québec il existe une infrastructure physique très
considérable: nos centaines de milliers de kilomètres de lignes
de réseaux, les centaines de postes, avec de la technologie de plus en
plus raffinée, d'automatisme, etc. Donc, il existe une infrastructure
considérable qui nécessite de la technologie de plus en plus
sophistiquée, d'automatisme.
Deuxièmement, il y a une infrastructure humaine,
c'est-à-dire beaucoup de gens, non seulement à l'IREQ - on a
tendance à identifier l'IREQ au secteur technologique de l'Hydro - mais
dans d'autres groupes d'Hydro: dans le groupe Equipements, dans le groupe
Exploitation il y a beaucoup de gens qui sont à la fine pointe de
certaines technologies. C'est un deuxième facteur.
Nous pensons qu'éventuellement il y a une infrastructure
financière qui pourrait permettre de valoriser les deux
premières. Donc, le concept de base, on se dit: à partir de ces
forces, dont il ne faut pas exagérer l'importance - on ne parle pas de
rêve grandiose dans les nuages - à partir de ces forces qui sont
réelles, comment peut-on s'organiser pour que des entreprises soient
créées, que de l'emploi soit créé, et que des
profits, carrément, s'ajoutent aux bénéfices de
vente d'électricité? Cela est notre hypothèse de base.
Quand on parle de diversification, il faut parler en terme de
développement technologique. Hydro-Québec a eu beaucoup
d'influence sur le développement industriel du Québec,
principalement par ses achats et historiquement, il y a des entreprises qui
existent au Québec qui sont nées des achats faits par
Hydro-Québec. Qu'on pense à Marine Industrie, Dominion
Engineering, etc. C'est fondamentalement avec des contrats
d'Hydro-Québec qu'elles ont vécu et survécu, dans certains
cas.
Par contre, il faut observer qu'au point de vue technologique, ce sont
souvent des technologies importées. La technologie des turbines qui est
partout dans nos centrales au Québec est une technologie soit
américaine, fondamentalement, ou européenne. Beaucoup de ces
achats qui ont été faits... Même si l'entreprise
s'établit au Québec, lorsque c'est avec des technologies qui
viennent de l'extérieur, je pense qu'il en faut et il est impensable de
créer toutes les technologies à partir de zéro. Mais on
pense qu'il y a des niches assez précises où Hydro-Québec
peut développer ce type de technologie. Je ne parle pas des turbines. Je
parle de technologies plus sophistiquées en termes de technologie,
où Hydro-Québec peut mettre au point certains de ses produits.
Elle l'a déjà fait. Au lieu de les breveter en
général, on pense qu'au point de vue des deux facteurs dont je
parlais, d'infrastructures humaine et physique, cela peut beaucoup plus servir
à développer ce genre de choses.
Un exemple précis: II y a une grande filière technologique
qui existe depuis longtemps à Hydro-Québec, mais qui a
été lente à se préciser, soit la filière de
l'hydrogène; on a acheté une technologie qui existait, on l'a
raffinée et on s'est mis avec Air liquide pour développer de
l'hydrogène au Québec. C'est un produit d'avenir. C'est une
filière énergétique d'avenir, non pas pour demain matin
mais dans dix, quinze ou vingt ans, c'est une des grandes filières
énergétiques qui s'en vient. Donc, on investit à l'heure
actuelle pour préparer cet avenir. Il y a aussi des gens de l'IREQ qui
travaillent là-dessus. Il y a un petit groupe de travail
là-dessus.
On mentionnait tantôt, je pense que c'est le ministre, l'exemple
des logiciels d'application dans nos centres de distribution où il y a
deux chercheurs de l'IREQ qui ont pris le "gamble" de l'entrepreneur et qui se
sont établis en collaboration avec une compagnie privée pour
développer au Québec des logiciels pour l'exportation.
On a un autre projet actuellement qui concerne les mesures d'entrefer,
que M. Gilsig pourra peut-être expliquer de façon plus
précise et nous dire en quoi cela consiste. C'est un produit qui a
été mis au point par des chercheurs de l'IREQ. Il y a une
compagnie suisse qui est intéressée à développer
davantage ce produit qui va servir dans nos turbines et qui peut avoir aussi
une implication dans le domaine de l'aviation. Il y a une compagnie suisse qui
est intéressée à s'établir ici pour travailler avec
nous dans le développement de ce produit.
Ce sont donc des exemples. Quand on dit que cela va se préciser
au fur et à mesure, on veut tout simplement indiquer par là que
notre intention n'est pas de partir rapidement en grande là-dessus.
C'est projet par projet. Dans la culture de l'entreprise, il y a aussi beaucoup
de gens qui sont intéressés à cette dimension, mais cela
va prendre un certain temps avant de développer l'"entrepreneurship", de
développer les possibilités. On veut aller lentement mais on veut
s'orienter carrément vers une plus grande présence technologique
au Québec, afin de développer de l'activité
économique reliée à ce développement
technologique.
Peut-être que M. Gilsig pourra ajouter quelques mots en termes
d'exemples plus concrets de ce qui se passe actuellement.
M. Gilsig (Toby): Merci, M. le président. Si je peux
parler de l'exemple de vibro-meter-s.a., ou la question de la mesure
d'entrefer, c'est un exemple très intéressant parce que,
historiquement, on a exploité la technologie développée
chez Hydro-Québec et à l'IREQ par l'accord des licences aux
entreprises. On a trouvé, avec le temps, que cela serait beaucoup plus
rentable et intéressant pour l'entreprise et pour le Québec, dans
certaines instances, de faire des alliances avec l'industrie privée et
de vraiment mettre ensemble nos farces au lieu de simplement vendre un brevet
ou une propriété intellectuelle.
La filière technologique dont M. Coulombe a parlé, c'est
une technologie qui a été développée à
l'IREQ et à HydroQuébec, qui est assez unique, pour mesurer les
distances entre les parties rotatives des machines tournantes. L'alliance qu'on
est en train de faire avec une société suisse est
intéressante parce que la société suisse viendra
s'établir au Québec, en "joint venture" en entreprise conjointe
avec nous. C'est une entreprise qui est un leader mondial dans le domaine de
l'instrumentation et de l'analyse des phénomènes dans les
machines tournantes de toutes sortes; entre autres, les réacteurs
d'avion. Ce qui intéresse la société suisse, c'est de
développer cette filière technologique conjointement avec nous,
non seulement pour les turbines hydroélectriques où il y a un
marché intéressant en soi, mais pour étendre cette
filière à une vaste gamme d'applications, tels que les
réacteurs, les
turbines d'avions et d'autres types d'équipements rotatifs.
Cela nous permettrait aussi, à court terme, en
s'établissant avec cette société, de développer
toute une gamme d'équipements et de les distribuer au Canada. C'est un
domaine qui est présentement, pour cette société, sous la
responsabilité d'une filiale américaine. Donc, on voit l'horizon
qui s'ouvre par un tel "partnership".
M. Lefebvre: Dans le même ordre d'idées, M.
Coulombe. Vous aviez prévu l'an passé un plan de cinq ans et une
enveloppe de 160 000 000 $ dans le cadre de vos diversifications. 1985 a
été une année passablement active, vous avez
déjà investi 100 000 000 $. Prévoyez-vous réviser
ou réajuster à la hausse, compte tenu du plan de cinq ans,
s'étalant de 1985 à 1990, cette enveloppe de 160 000 000 $?
M. Coulombe: Pas pour le moment. M. Lefebvre: Pas pour !e
moment.
M. Coulombe: Pas pour le moment. Il y a eu quand même de
gros projets là-dedans: ArgonAL, HydrogénAL, Cyme et
Électrolyser, ce sont les projets dont on vient de parler. On n'a pas
l'intention d'augmenter cette enveloppe parce qu'il reste quand même
suffisamment de marge pour le type de projet qu'on a devant nous. Souvent, ce
type de projet ne coûte pas des dizaines et des dizaines de millions.
Pour un projet comme Cyme, par exemple, les logiciels demandaient un
investissement de 300 000 $. Quelquefois, ce sont des investissements assez
modestes. On sait que, dans le domaine technologique, cela peut commencer de
façon très modeste et prendre une ampleur à un moment
donné. Donc, on n'a pas l'intention d'augmenter cette enveloppe pour le
moment.
M. Lefebvre: On peut conclure que le plan établi l'an
dernier se poursuit jusqu'à nouvel ordre jusqu'en 1990, comme
prévu.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Lefebvre: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député de
Bertrand.
Biénergie et télécommande
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. J'aimerais
revenir très rapidement sur le programme des marchés internes,
d'abord le programme de biénergie et de télécommande.
J'aimerais que vous puissiez nous expliquer comment cela va se passer et
pourquoi avoir choisi tel territoire particulier, certaines
municipalités de la rive sud, comme Brossard, Saint-Lambert.
M. Boivin: Tout d'abord, concernant le programme
biénergie, il est évident que nous voulons conserver ce parc
parce que cela nous permettrait d'économiser environ 600
mégawatts de puissance en pointe du réseau, donc éliminer
la construction de centrale de fine pointe pour environ 600 mégawatts.
Pour conserver ce parc, la première chose que nous devons faire, c'est
de développer des mécanismes de télécommande pour
pouvoir gérer à distance ces charges chez les clients.
Nous entreprenons, en 1986, une expérience pilote de
télécommande qui vise deux objectifs: le premier a pour but de
choisir la technologie la plus appropriée. Or, des études
internes à Hydro, sur les différentes technologies disponibles,
nous ont amenés à réduire notre choix à trois
méthodes ou à trois technologies de télécommande.
Avant de prendre une décision finale sur l'une de ces technologies, nous
croyons nécessaire de faire des expériences pilotes, donc de
l'expérimenter chez environ 1000 clients.
Le deuxième objectif, et peut-être le plus important des
expériences de télécommande, c'est de valider
l'acceptabilité de la clientèle pour ces mécanismes, en
fait, de gestion de la consommation. Il est évident que nous avons fait
un certain nombre de sondages auprès d'échantillonnages de nos
clients en biénergie. Les réponses semblent
généralement indiquer que les clients seraient
intéressés à certaines conditions. Mais nous savons, par
expérience, qu'entre un sondage où on vous demande: Si on vous
offrait telle chose, l'accepteriez-vous? et la réalité qui prend
forme au moment où l'on va chez le client, effectivement, pour installer
de l'équipement, souvent la réaction du client, quand vient le
temps de prendre la vraie décision et d'accepter qu'on installe de
l'équipement chez lui, est de montrer des hésitations. Il nous
dit: non. Donc, nous voulons valider l'acceptabilité de la
télécommande par la clientèle, savoir à quelles
conditions elle l'accepterait et à quelles conditions tarifaires elle
l'accepterait et selon quelles modalités. Ce sont les deux grands
objectifs de la télécommande.
Il est évident également que nous entendons, dès
l'automne prochain, introduire auprès de nos clients en biénergie
un tarif particulier afin de maintenir ce parc. On sait que livrer un
kilowattheure en biénergie pour Hydro-Québec, donc de
l'énergie hors pointe, ce kilowattheure est moins dispendieux que le
kilowattheure en pointe. Actuellement, notre tarification ne fait pas cette
différence.
Pourquoi avoir choisi la rive sud? Enfin, on a regardé
différents secteurs à travers la province et la décision a
été prise en tenant compte, d'abord, du tissu
socio-économique
qu'on avait sur la rive sud qui était assez représentatif
de la province. Deuxièmement, compte tenu de la densité de
clientèle que nous avons sur la rive sud en biénergie, il
s'avérait que pour nous, au niveau de l'expérience pilote, il y
avait des économies, parce que c'est une expérience pilote. Donc,
on n'équipera pas un vaste territoire d'équipements de
télécommande. Mais on veut équiper un certain nombre de
circuits de distribution avec des mécanismes de
télécommande.
Alors, la densité de clientèle biénergie dans les
villes de la rive sud qu'on a choisies, dans les secteurs de la rive sud qu'on
a choisis, s'avérait celle qui présentait la meilleure
économie pour nous dans l'expérience pilote.
M. Couiombe: En termes d'investissements, on parle, pour
l'expérience pilote, de quelque 9 500 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
maintenant qu'il est 13 heures, nous allons suspendre les travaux
jusqu'à la fin de la période de questions, ce qui devrait
normalement nous mener vers 16 h 15 ou 16 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 16 h 4)
Le Président (M. Charbonneau): La commission parlementaire
de l'économie et du travail reprend l'exécution de son mandat sur
l'audition d'Hydro-Québec et l'analyse de son plan d'équipement
pour 1986. Si je ne m'abuse, la parole était, ce matin, au
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est exact, M. le Président. Alors,
je pense que j'avais eu une réponse de M. Boivin, des marchés
internes, concernant certaines questions. J'aurais besoin de la part de M.
Boivin d'autres informations, si cela est possible, pour mieux éclairer
les gens de cette commission concernant le programme biénergie et
télécommande. . Est-ce qu'on pourrait savoir quand on va"
connaître les résultats? Est-ce qu'on parle d'une période
d'au moins deux ou trois ans avant d'avoir les résultats concrets pour
pouvoir les étendre? Cela me semble fort intéressant ce qu'on
pourrait aller chercher dans ce marché.
M. Boivin: Oui, effectivement, comme on l'a mentionné ce
matin, cela suit un peu notre échéancier décisionnel au
niveau des projets et on a un objectif de réaliser des
expériences pilotes auprès de 1000 clients. On s'attend
effectivement que pour l'automne qui vient on en aura 400 de raccordés
et 1000 dans le courant de l'hiver. L'objectif est d'avoir les 1000 clients
pendant un hiver complet. Donc, les résultats concrets précis
nous seront disponibles au printemps, pas le printemps prochain, mais dans deux
ans.
M. Parent (Bertrand): Merci. Concernant le secteur institutionnel
pour lequel vous parlez de lancer aussi un programme biénergie,
j'aimerais savoir si dans ce secteur on a l'intention de faire une
poussée spéciale auprès des municipalités,
l'ensemble des différents bâtiments auprès des
différentes municipalités du Québec, les 1600, et aussi
auprès des différentes commissions scolaires dans une approche
très systématique. Actuellement, je sais que dans ce secteur vos
compétiteurs dans le domaine du gaz sont très très actifs
et je trouverais un peu dommage qu'Hydro ne puisse pas essayer de se
positionner dans le secteur municipalités-commissions scolaires.
M. Boivin: Vous avez parfaitement raison de dire que la
concurrence est très vive dans ce secteur. Maintenant, le programme
biénergie dans le secteur institutionnel est encore en vigueur
jusqu'à la fin de cette année, mais a été
lancé il y a maintenant au-delà de 18 mois. De façon
systématique, nous avons visité tous les établissements de
type institutionnel, notamment les hôpitaux, les écoles, secteur
de l'éducation, secteur social. Même si la concurrence est forte,
c'est un secteur où, aujourd nui, nous avons quand même à
ce jour des résultats qui sont passablement intéressants dans le
sens qu'au total, dans le secteur institutionnel pour la biénergie, nous
avons vendu au-delà de 650 mégawatts de charge, 650 000 kilowatts
de charge, pour des revenus anticipés sur une base annuelle, lorsque
toutes les installations seront complétées, de l'ordre de 20 000
000 $. Nous avons également consenti dans ce secteur des subventions de
24 000 000 $ selon le programme biénergie.
Partage des risques
M. Parent (Bertrand): Merci. Une autre question qui touche ce
volet-là et qui pourrait aussi bien s'adresser à M. Boivin
qu'à M. Couiombe. Dans le cadre du programme mis sur pied à
l'essai, partage des risques dans l'entreprise, il semble, en tout cas,
d'après les propos de M. Couiombe, ce matin, que l'expérience, si
j'ai bien compris, celle de Fer et Titane, en tout cas, une des
expériences semble s'avérer intéressante, puisque dans le
partage de risques, déjà, on commence à partager des
ristournes, des rabais ou des revenus non escomptés.
Actuellement, que! genre d'envergure veut-on donner à ce
programme et qui sera éligible à ce programme de partage de
risque dans les entreprises?
M. Boivin: Le programme de partage de risque, comme l'a
mentionné M. Coulornbe ce matin, a pour objectif de remplacer non pas
des programmes, mais certaines politiques qui ont été
appliquées, au cours des dernières vingt années, dans des
cas particuliers d'implantation industrielle où finalement, par des
concessions tarifaires ou des garanties tarifaires à long terme fermes,
cela a donné comme résultat des rabais importants auprès
de certains clients.
La politique de partage des risques se veut un remplacement de cette
politique de rabais pur et simple, pour qu'on partage les risques avec
l'industriel, mais qu'il y ait également une rémunération
pour le risque. Quand on donne des garanties pures et simples, si tout va bien
la garantie demeure et on se trouve à accorder des rabais à long
terme, tandis que dans une politique de partage de risque, si cela va mal le
fournisseur et le client sont mutuellement malheureux, mais si cela va bien les
deux ont des chances d'être heureux et de faire de l'argent.
Cela s'adresse nécessairement, au départ, aux cas de
nouvelles implantations industrielles. Donc, cela se veut une incitation
à de nouvelles entreprises à s'implanter au Québec et,
également, è l'expansion des industries déjà
existantes au Québec.
Il n'est pas impensable que, par extension, dans certains cas
d'entreprises en difficulté, on puisse en venir, lorsque les
difficultés sont à caractère temporaire, à
développer avec elles des formules de partage de risques pour les aider
à passer à travers une mauvaise période, et qu'on se
rattrape mutuellement dans une période, quand l'économie ou le
secteur dans lequel elles oeuvrent se rétablira.
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le cadre d'un secteur
particulier, je pense à celui du secteur de l'automobile, où on
veut faire des efforts particuliers pour développer directement des
fabricants - je pense particulièrement à GM-Boisbriand - ce
secteur pourrait-il être parmi les secteurs dits prioritaires, quant
à votre approche?
M. Boivin: Pas vraiment, parce qu'on a mentionné ce matin
que les formules de partage de risques sont des formules destinées
à des secteurs énergivores, c'est-à-dire des secteurs dans
lesquels le coût de la facture d'électricité
représente une part importante du produit fini.
Lorsqu'on parle du secteur automobile, du moins au niveau de la ligne de
montage, d'une usine de montage automobile et non pas d'une usine de
fabrication de pièces... Dans le montage automobile, le coût de
l'énergie électrique est très marginal, de l'ordre de 1 %
du coût du produit fini; une incitation de partage de risque sur le plan
du tarif d'électricité ne serait certainement pas un incitatif
majeur ou valable auprès du client. Il faut comme prérequis, pour
que ce soit un incitatif valable, nécessairement que ce soit un secteur
où le contenu énergétique du produit est important.
M. Parent (Bertrand): Merci. Une dernière...
M. Boivin: Oui.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question sur ce volet.
3e ne le retrouve nulle part, mais est-ce qu'il est prévu, pour le volet
revenus pour l'année 1986 et années subséquentes dans le
plan triennal, des sommes d'argent convenues dans les prévisions
budgétaires sur les revenus concernant ce partage de risque.
M. Boivin: Non, pas en ce moment.
M. Parent (Bertrand): Si on en a, ce sera la marge de
manoeuvre.
M. Coulombe: Dans les prévisions de croissance de 3,3 % il
est bien évident qu'on prévoit l'apparition d'industries
nouvelles. Parmi ces industries nouvelles, si l'électricité,
comme disait M. Boivin, est un facteur de production important il va s'en
trouver là-dedans. Cela fait partie de la croissance
générale des ventes d'Hydro-Québec.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, 3,3 % étant
la moyenne de croissance, je pense que cette année, elle est de 1,9 %,
est-ce exact?
M. Coulombe: Oui, cette année. M. Parent (Bertrand):
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Je devais donner la
parole au député des Îles-de-la-Madeleine, mais je pense
que le ministre voulait avoir une précision. Non, pas à ce
moment-ci?
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
L'électricité aux
Îles-de-la-Madeleine
M. Farrah: Merci, M. le Président. Ma question va toucher
plus spécifiquement ma région. On sait qu'aux
Îles-de-la-Madeleine, au niveau de l'énergie
hydroélectrique, c'est une centrale thermique qui dessert les
îles. On sait également que Hydro-Québec fait des
déficits de plus en plus élevés d'année en
année. Vous avez songé à palier cela par autre chose.
Entre autres, il y avait l'élaboration d'un câble sous-marin. Ma
question s'adressera à M. Coulombe ou à d'autres personnes.
Est-ce que, concernant le câble sous-marin, il y a des
décisions de prises actueilement? Sinon, quels sont les délais
pour une telle décision?
M. Coulombe: Avant de laisser la parole à M. Hamel, qui va
donner les détails sur la question du câble, il faut bien dire
qu'actuellement, nous sommes à mettre la dernière main à
une présentation qui va être faite à Hydro et au
gouvernement. On va probablement faire cela dans deux, trois ou quatre mois sur
toute notre approche vis-à-vis les réseaux non reliés.
Cela va comprendre les Îles-de-îa-Madeleine, la
Basse-Côte-Nord et les villages d'autochtones en haut du 53e
parallèle. Cela va être une présentation
générale qui va resituer ce dossier des réseaux non
reliés où effectivement Hydro-Québec perd environ 25 000
000 $ par année dans ce domaine. (16 h 15)
Certaines hypothèses ont été avancées, entre
autres le câble pour les Îles-de-la-Madeleine, Je vais laisser
à M. Hamel, vice-président exécutif, équipement, le
soin de présenter ce dossier.
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne ce projet de relier les
îles avec la terre ferme avec des câbles électriques,
à ce moment-ci, on est à l'étape avant-projet, à
l'obtention des permis. C'est un projet qu'on évalue actuellement
à 185 000 000 $, en dollars constants; en dollars 1986, en dollars
courants, on peut parler de 285 000 000 $. Cela inclut les câbles, les
postes onduleurs, redresseurs et les liens pour alimenter ces postes. On
prévoit terminer notre avant-projet au cours de l'été
1986. Selon les résultats de l'étude qui se fait
parallèlement concernant les réseaux non reliés à
ce moment, il y aura une décision de prise d'ici la fin de 1986.
M. Farrah: À ce stade-ci, êtes-vous en mesure de
connaître l'échéancier? Dans l'hypothèse où
vous iriez de l'avant avec le câble sous-marin, cela pourrait prendre
combien de temps avant que les Îles-de-la-Madeleine puissent être
desservies par ce câble?
M. Hamel (Laurent): Pour alimenter les îles, le cheminement
critique, c'est la fabrication et la pose des câbles. Pour cela, on peut
compter deux années. On ne pense pas être capable d'alimenter les
Îles-de-la-Madeleine à partir de la terre ferme avant deux ans et
demi, après la décision.
M. Farrah: J'arrive à cette question parce que je me
demande si la centrale thermique qui existe présentement aux
Îles-de-la-Madeleine va pouvoir tenir le coup, en fin de compte, si je
peux m'exprimer ainsi, jusqu'à ce que le câble soit en service. On
disait, en tout cas sous toute réserve, qu'après 1988 la centrale
thermique pourrait fonctionner difficilement, étant donné que les
moteurs sont censés être dans un état assez difficile.
M. Hamel (Laurent): D'accord. Si nous assumons que les
équipements en place vont tenir le coup, à ce moment-là,
selon nos informations, les équipements actuels vont alimenter les
Îles-de-la-Madeleine jusqu'à la mise en service des
câbles.
M. Farrah: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que de ce
côté-ci il y a d'autres interventions sur les questions internes'?
Autrement, on va passer à un autre sujet. M. le député de
Vimont et vice-président de la commission.
Le secteur agricole
M. Théorêt: Oui, M. le Président. Dans les
données que j'ai été capable de regarder, toujours dans le
développement de ce secteur au Québec, le domaine agricole a
toujours été greffé au domaine domestique. Est-ce que vous
avez des données, par exemple, sur la croissance strictement agricole ou
les possibilités de développement strictement agricole, parce
qu'il est évident que toutes les données qui ont
été discutées depuis ce matin dans le secteur
résidentiel et agricole démontrent une faible croissance pour les
années à venir? Est-ce que cette faible croissance est
strictement due au secteur résidentiel ou si la partie agricole en est
une d'importance?
M. Boivin: Au niveau du secteur agricole, en fait, si on parle de
la tarification, nos tarifs,, soit domestique, soit d'usage
général, s'appliquent. Pour vous donner certains chiffres, en
1985, nous comptions, en fait, 54 097 abonnements agricoles assujettis au tarif
domestique, soit environ 3900 de moins que durant l'année 1984.
Par contre, du côté également agricole, mais des
abonnements assujettis au tarif d'usage général, nous en avions
4800, soit une augmentation de 11,3 %, soit 489 de plus que l'année
précédente. C'est donc dire que pour les abonnements
classés spécifiquement agricoles à Hydro-Québec il
y a graduellement une certaine érosion, une érosion qui indique
la consolidation qu'on peut constater depuis quelques années dans le
secteur agricole, le regroupement des fermes, etc.
Au niveau de la consommation totale, c'est un secteur qui est en
croissance, très légèrement, mais c'est un secteur dont la
consommation en kilowattheures s'accroît légèrement
d'année en année. Je ne sais pas si j'ai ici certains
chiffres.
M. Coulombe: Claude, pour compléter ta réponse,
entre 1984 et 2001, on prévoit des augmentations totales, au secteur
domestique et agricole, de 17 000 000 000 de kilowattheures. Sur ces 17 000 000
000 de kilowattheures, il va y avoir seulement un demi-milliard de
kilowattheures qui seront dus à la partie agricole. Donc, il y a une
croissance, mais minime.
Une voix: ...agricole. Il y a donc une croissance, mais
minime.
M. Théorêt: Toujours dans le domaine agricole, M. le
Président, est-ce que la croissance future de la culture en serre au
Québec pourrait devenir un marché intéressant et potentiel
pour l'électricité?
M. Boivin: Oui. Hydro-Québec a, au cours des deux
dernières années, travaillé de façon assez intense
avec certains producteurs ou serriculteurs à développer et
à implanter certains concepts de serriculture. Nous avons
également participé à des missions commerciales en Europe
où ce concept est fortement développé. Aujourd'hui, nous
avons étendu, en fait au cours de l'année qui vient de
s'écouler, l'application du programme biénergie au secteur de la
serriculture. C'est-à-dire que, maintenant, les tarifs biénergie
que nous avons sont également applicables aux installations de serres.
Plusieurs installations - je ne pourrais pas vous citer le nombre aujourd'hui -
en ont déjà bénéficié jusqu'à
présent et je sais qu'il y a de nombreux cas qui sont à
l'étude présentement.
La seule contrainte qu'on a - et heureusement, en général,
la serriculture se retrouve dans des milieux suburbains - c'est lorsque des
grosses charges potentielles pour des serres pourraient se présenter en
zone vraiment rurale: il y a parfois des problèmes quant à
l'extension de réseau requise.
M. Théorêt: Merci. M. le Président, en ce qui
concerne la stratégie commerciale par marché, au niveau du
marché résidentiel, vous parliez ce matin, si je ne m'abuse, de
la climatisation, d'un effort promotionnel, étant donné qu'il y a
à peine 10 % des résidences qui sont climatisées,
centralement ou autrement. Est-ce que la climatisation dans le secteur
résidentiel, si elle atteignait un pourcentage important, demanderait un
nombre de mégawatts important en ce qui concerne la consommation ou si
c'est vraiment strictement marginal?
M. Boivin: Ce matin, on a cité comme objectif d'ajouter
éventuellement environ 400 000 résidences avec de la
climatisation centrale ou une unité de climatisation.
L'évaluation que nous faisons de ce marché est que cela
ajouterait environ un milliard de kilowattheures. En fait, un terrowattheure de
consommation par année. On ne peut pas parler d'ajout de puissance
puisque cela se produit en période estivale, donc en période
où nous sommes en surcapacité de production.
Partage des risques (suite)
M. Théorêt: Au niveau industriel, M. le
Président, on a parlé brièvement ce matin de
l'électrotechnologie. On sait qu'Hydro-Québec a des programmes de
subventions qui sont d'environ trente millions sur trois ans qui pourraient
générer probablement des investissements totaux de 200 millions.
Déjà, le programme de subventions est quand même un atout
promotionnel intéressant. Mais, est-ce que vous songez également
à trouver pour l'avenir un certain mode de financement pour les
entreprises qui voudraient bien implanter cette nouvelle technologie?
Étant donné que cela pourrait représenter, selon vos
propres projections, jusqu'à 1500 mégawatts pour les prochaines
années si c'était développé, est-ce que ce genre de
nouvelle aide au financement à l'entreprise pourrait augmenter cette
utilisation de façon substantielle?
M. Boivin: Avant de répondre spécifiquement
à cette question, il faudrait peut-être récapituler un peu
pour donner une idée de ce que le programme comporte. En fait, le
programme, réduit à ses principaux paramètres, implique
qu'Hydro-Québec, après avoir fait faire une étude de
préfaisabilité par ses représentants
spécialisés, est prête à subventionner une
étude de faisabilité soit par un bureau de consultants, soit par
un bureau d'experts-conseils dans le secteur industriel concerné. Si,
effectivement, cette étude de rentabilité s'avérait
positive, après cela Hydro-Québec est prête à offrir
une subvention qui serait l'équivalent des revenus des premiers dix-huit
mois d'opération de l'installation, c'est-à-dire
qu'Hydro-Québec est prête à donner en subventions la
consommation ou la facture d'électricité de cette installation
pendant dix-huit mois.
Pour la question du financement, c'est un sujet que nous avons
étudié de façon assez précise. Pour le moment, nous
nous sommes tenus loin du financement, c'est-à-dire nous n'avons pas
offert un programme de subventions, c'est-à-dire de financement, parce
que dans la plupart des cas, notre
expérience est que les industriels, en fait, ont accès
à leurs propres sources de financement. Dans le cas d'industries qui
sont prospères et qui vont bien, en général, le
problème n'en est pas un de financement, mais en est surtout un
d'adaptation technologique. Ce que nous envisageons pour l'avenir - nous avons
déjà certaines discussions en cours - c'est d'inciter certaines
entreprises à offrir des services consolidés ou du genre contrat
clés en main d'installation d'électrotechnologie.
Particulièrement au niveau des petites et moyennes entreprises, c'est
peut-être la plus grande difficulté présentement. Dans la
PME, compte tenu de la complexité technique des installations requises,
cela fait appel à plusieurs disciplines et souvent, en fait, la petite
entreprise n'a pas chez elle l'expertise pour gérer ces
différents entrepreneurs. Donc, le problème n'en est pas un de
financement, mais en est plus un de développer des entrepreneurs ou des
fabricants qui prendraient des contrats clés en main auprès de
ces entreprises. Présentement, nous sommes en pourparlers avec un
certain nombre de promoteurs qui, éventuellement, pourraient offrir ce
genre de service.
M. Théorêt: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Nous allons
maintenant... Une autre question sur le même dossier. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, sur ce volet avant qu'on ne change de
sujet. Le programme partage des risques qu'on met de l'avant avec la
clientèle dite industrielle j'aimerais savoir si on a pensé
mettre de l'avant quelque chose de semblable avec le secteur dit
"institutionnel". Je pense particulièrement aux municipalités,
commissions scolaires, hôpitaux. Dans le cas des municipalités,
cela pourrait être intéressant qu'on envisage de faire une
certaine promotion vis-à-vis de la clientèle qui est finalement
le résidentiel et où la municipalité pourrait en faire
bénéficier ses citoyens avec des types de revenus.
M. Boivin: Je ne suis pas certain de saisir exactement la
nature... Est-ce que vous parlez des municipalités où il y a des
réseaux de types municipaux?
M. Parent (Bertrand): Je parle du programme de partage des
risques que vous avez mis de l'avant concernant particulièrement le
secteur des entreprises au niveau industriel. Cela va bien et
particulièrement dans la moyenne et grande entreprise.
Ma question est à savoir: Est-ce qu'il est pensable ou est-ce
qu'il a été envisagé d'appliquer le programme ou
l'approche dite de partage des risques à d'autres secteurs dits
institutionnels ou encore aux municipalités.
M. Boivin: À ce moment-ci, non. Je vous avoue en fait
qu'on a un peu de difficulté à voir comment une approche de ce
genre pourrait s'adapter soit au secteur institutionnel ou au secteur
municipal. Parce qu'en fait, l'approche de partage des risques est vraiment une
approche où Hydro-Québec partage avec le client industriel le
risque de marché, donc, le risque que le produit se vende à un
prix X ou à un prix Y meilleur marché sur le marché. Quand
on parle des secteurs institutionnels, partager ce risque, en fait, ce n'est
pas le même type de risque. Si vous avez des suggestions à nous
faire à ce sujet, on est très ouvert, mais je ne vois pas comment
cela pourrait fonctionner.
M. Parent (Bertrand): Je ne veux pas retarder les travaux de
cette commission. J'aurai certainement la chance - parce que c'est
déjà venu sur le sujet au niveau des municipalités - en
dehors d'ici de faire valoir quelques idées de ce côté.
Dernière question; est-ce qu'il a été
envisagé de pousser un peu plus loin ou un peu plus rapidement, par
exemple le secteur dit "programme climatisation". Est-ce qu'il est dans les
plans d'Hydro de s'impliquer éventuellement dans des entreprises dites
manufacturières, donc de faire certaines acquisitions dans le secteur de
la climatisation thermopompe ou si vous laissez cela agir complètement
au niveau de l'entreprise privée?
M. Boivin: Non. Dans le contexte actuel, en fait, le secteur de
la climatisation ne fait pas partie des axes de diversification de
l'entreprise.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. Boivin. M. le
président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Taschereau.
La publicité
M. Leclerc: J'aimerais interroger les gens d'Hydro-Québec
sur leur place de communication. On sait que le budget de publicité
d'Hydro-Québec est de 3 150 000 $ par an, ce qui en fait l'un des gros
annonceurs au Québec. Le gouvernement actuel a une philosophie de la
communication fort différente de celle du précédent, ce
qui fait que le budget de toute la province passera de 18 000 000 $ à 8
000 000 $. C'est donc dire que le gouvernement a procédé et
procède encore à une remise en
question de tout l'aspect communications, de tout l'aspect relations
publiques. Ma question, bien précisément est celle-ci: Est-ce que
Hydro-Québec a l'intention, aussi, de procéder à une
remise en question pour voir s'il ne serait pas possible de diminuer les
coûts de sa publicité et aussi de l'orienter différemment
dans certains cas, parce que j'ai vu des exemples qui, honnêtement, ne
m'ont pas éhabi. Quand, entre les périodes de hockey au Forum, on
voit Hydro-Québec annoncer sur le tableau central, je ne suis pas
certain que ça donne vraiment quelque chose à
Hydro-Québec.
M. Coulombe: Dans les restrictions ou la rationalisation
budgétaire qu'on a faite depuis quelques années, les budgets de
publicité ont été plafonnés. Par contre, là,
il y a une question de philosophie de base, je suis d'accord avec vous. Nous
avons un produit à vendre. Depuis quatre ou cinq ans, nous avons des
compétiteurs extrêmement dynamiques. Gaz Métropolitain, qui
a le monopole du gaz au Québec, est extrêmement dynamique dans la
présentation de son produit et, à moins de tenir pour acquis que
ce produit va se vendre par sa propre dynamique, nous pensons qu'il est
important que la clientèle du Québec connaisse le mieux possible
les services offerts par Hydro-Québec et l'avantage de son produit sur
les produits concurrents.
Je n'essaierai pas de vous démontrer que chacune des actions
publicitaires d'Hydro-Québec, chacune des initiatives, comme celle que
vous mentionnez ou d'autres, répond parfaitement à ce
critère, mais la publicité externe est carrément
orientée vers la clientèle, une clientèle qui a le choix,
de plus en plus, entre le gaz, l'électricité et le mazout. Si
vous regardez la publicité qu'on appelle institutionnelle des compagnies
de gaz et de pétrole, je pense qu'on est loin d'être en avant des
sommes d'argent qu'elles mettent dans la publicité de leurs produits. Il
faut bien penser aussi que nous avons des responsabilités
précises, et cela entre dans les coûts des communications. Lorsque
l'on envoie vers la clientèle des messages assez précis, avec les
factures, par exemple, des messages de sécurité, des brochures
disant comment faire des travaux autour de la maison, etc. Il y a une foule de
documents qui sont produits par Hydro-Québec qui ne sont pas tellement
de la publicité mais presque un service public, lorsque l'on fait des
campagnes de promotion pour la sécurité, etc.
Vous avez raison, c'est une question de philosophie. Si on se place sous
l'angle commercial, nous pensons qu'Hydro-Québec doit être aussi
dynamique dans ce domaine que Gaz Métropolitain ou que toutes les
compagnies de pétrole, et Dieu sait si elles en passent de l'argent dans
ce domaine, ces compagnies-là.
Vous pouvez peut-être me citer d'autres exemples où
vraiment, certains éléments de publicité peuvent sembler
assez bizarres... Je suis prêt à l'admettre. (16 h 30)
M. Leclerc: Je suis d'accord avec vous qu'Hydro-Québec
doit faire de la publicité, sauf que je me dis que vous devriez
peut-être revoir votre plan pour mettre davantage d'emphase sur les
avantages que vous avez sur le gaz, sur le pétrole et peut-être
faire moins de publicité corporative proprement dite. Tout le monde
connaît Hydro-Québec, tout le monde reçoit son compte
à chaque mois ou à tous les deux mois. Donc, je pense qu'on n'a
aucun intérêt à publiciser HydroQuébec pour
Hydro-Québec, mais qu'il faut mettre l'accent sur les services
spécifiques qu'offre Hydro-Québec et surtout ses avantages par
rapport à d'autres sources d'énergie, parce que sur les 3 150 000
$, vous avez, seulement en production de messages, 700 000 $. Ce qui veut dire
que vous dépensez 700 000 $ et que personne n'a encore vu les messages.
C'est quand même beaucoup d'argent. C'est la raison pour laquelle je me
dis qu'il y aurait sûrement un exercice à faire pour revoir le
plan de communications. Je ne veux pas donner de leçon à
personne, mais je pense que vous devriez regarder cela au cours de la prochaine
année.
Une voix: Merci.
Gestion de l'offre
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Maintenant, nous
allons aborder le troisième dossier qui est la gestion de l'offre et je
vais céder la parole au député de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Pour faire suite
à l'intervention précédente, nous aurons certainement
l'occasion, au cours de cette commission, d'analyser les efforts qui ont
été faits par Hydro-Québec pour rationaliser les
dépenses dans tous les postes budgétaires et j'ai l'impression
qu'on pourra réaborder cette question qui est intéressante en
soi. Mais il y a d'autres aspects de la gestion financière
d'Hydro-Québec qui, certainement, méritent une attention
importante.
J'aimerais poser quelques questions. C'est aux pages 58 et 59 du plan de
développement concernant les quelques paragraphes sur la gestion de leur
fonds. Je vois avec beaucoup de plaisir et de satisfaction que, bien sûr,
en plus de développer des marchés internes et externes avec
beaucoup d'agressivité et de dynamisme, Hydro-Québec fait des
efforts également pour maximiser la rentabilité des
équipe-
merits qui sont déjà en place. C'est dans cette
perspective, je pense, que ce chapitre sur la gestion de l'offre a
été écrit. J'aimerais cependant, pour le
bénéfice de ceux qui nous écoutent et qui
s'intéressent à cette question, obtenir certaines
précisions quant à des éléments qui sont
mentionnés ici. Le premier... Je me permets de lire un extrait du
volume. On dit qu'une automatisation accrue des modes de gestion des centrales
hydrauliques rendue possible par le développement de nouvelles
technologies permettrait une exploitation des groupes à leur niveau
d'efficacité maximal et un meilleur arbitrage des hauteurs de chute des
centrales en cascades. J'aimerais savoir... Je me doute qu'on doit parler
là d'informatique, j'imagine, au niveau de la gestion de ces
équipements. Est-ce que c'est possible d'avoir plus de détails
quant à la nature de cette intervention d'Hydro concernant
l'automatisation accrue?
M. Coulombe: Alors, je vais demander à M. Jean-Claude Roy
qui est vice-président production, transport et distribution, qui est le
coeur technique de la boîte, de vous donner plus d'explications sur cette
stratégie.
M. Roy (Jean-Claude): Concernant la gestion de la ressource
hydraulique qui se fait vers la gestion d'un bassin, vous le comparez d'un
bassin à l'autre, à savoir, est-ce qu'on doit tirer l'eau d'un
bassin plutôt que d'un autre? C'est un phénomène qui est
très complexe, surtout lorsqu'il y a des centrales en cascades sur la
même rivière. C'est ce dont on parle ici, c'est déjà
cette partie de gestion de ressources ou de bassins ou de centrales. C'est
déjà optimisé, c'est déjà automatisé.
On a le centre de distribution sur la rue Dorchester à Montréal
qui contrôle très bien cette partie-là. Ce dont on parle
ici, c'est d'aller plus loin dans l'optimisation de la gestion des ressources
à l'intérieur d'une centrale lorsqu'on a sept, huit ou neuf
groupes qui fonctionnent, d'aller d'heure en heure dans la gestion d'un groupe,
par exemple. Ce dont on parle ici, les centres d'automatisation, ce sont les
centres régionaux. Alors, dans tous les centres, dans les neuf
régions d'Hydro, nous installons présentement des centres
d'exploitation pour automatiser cette partie de la production. Cela
nécessite énormément d'information, d'heure en heure, qui
doit être acheminée à l'opérateur régional et
également à l'opérateur dans la centrale pour suivre cette
gestion de très près. Alors, ce sont des centres d'exploitation,
des centres de "dispatching", des ordinateurs. Ils sont en train d'être
mis en service actuellement.
M. Gauthier: Si j'ai bien compris, cela implique une
décentralisation de décision quant à la mise en fonction
d'une...
M. Roy: Oui, depuis la période de décentralisation
d'Hydro, qui a été amorcée depuis une couple
d'années, cette partie de la gestion n'avait pas été
décentralisée, faute de moyens dans les régions. C'est
vers cela qu'on s'en va maintenant aussi, dans la gestion à
l'intérieur d'une centrale, si elle va être
décentralisée aux régions.
M. Gauthier: J'imagine que vous allez être mon
interlocuteur pour la question suivante également. Un peu plus loin, on
fait état d'une économie extrêmement importante de 14
térawattheures d'énergie et on parle de radeaux antivortex
permettant, je ne sais pas, de gérer, de mieux exploiter la
réserve hydraulique. Est-ce que, pour les fins de la commission, on
pourrait nous dire ce que sont des radeaux antivortex. Qu'est-ce que cela fait
et qu'est-ce que cela permet pour épargner autant d'énergie?
M. Roy: Dans la gestion d'un réservoir, normalement, le
niveau d'eau varie annuellement dans la plupart des réservoirs sauf
qu'il y a certains réservoirs qui sont multiannuels. On peut aller assez
facilement ou de façon sécuritaire à un niveau maximal qui
maintient une tranche pour les fortes crues. Et également, lorsqu'on
vide le réservoir, on doit maintenir un certain minimum dans le
réservoir parce que, si on baisse trop l'eau dans le réservoir,
il peut se former des vortex. Il y a toutes sortes de problèmes
hydrauliques qui peuvent se créer et qui peuvent endommager la turbine
par cavitation ou autrement.
Il y a peut-être des moyens maintenant qu'on pense... Quant au
niveau minimal qu'on croyait sécuritaire, il y a peut-être moyen
d'aller un petit peu plus bas que cela en installant des équipements
dont on parlait. C'est finalement une réserve qui a toujours
été là et dont on ne s'est jamais servi, mais advenant une
période d'hydraulicité très sèche - on parle de
quatre années faibles d'hydraulicité - on pourrait
peut-être prendre le risque d'aller chercher cette réserve de
quatorze kilowattheures répartie un peu dans nos réservoirs.
M. Gauthier: Si je comprends bien, cet équipement
deviendrait utile pour pallier - je prends cela comme une affirmation, vous me
corrigerez si ce n'est pas exact - le fait qu'il y a actuellement certains
réservoirs qui ne peuvent plus être utilisés de
façon optimale, puisque le niveau est...
M. Roy: Le niveau est trop bas et, de peur d'endommager
l'équipement, on prend principalement là-dessus. Donc, on ne veut
pas aller plus bas qu'un certain niveau. En ajoutant ce genre
d'équipement, on pourrait prendre ce risque d'aller le chercher.
M. Gauthier: Je me permettrai une autre question. C'est un
domaine assez intéressant, mais compliqué. Est-ce que ces radeaux
antivortex sont installés à certains endroits?
M. Roy: Ce n'est pas installé et c'est dans l'optique
d'ici à quelques années. Actuellement, nos réservoirs sont
presque au maximum. D'ici à quelques années, lorsque nos
réservoirs seront à la baisse, on pourrait commencer à
installer ces choses, plutôt que de créer d'autres
réservoirs pour se créer une autre réserve. C'est cette
quantité de réserves qu'on pourrait aller chercher une fois ou
dans des cas d'extrême hydraulicité faible.
M. Gauthier: Je me permets également de vous dire que pour
générer une quantité d'énergie aussi importante,
cela doit se produire souvent que les réservoirs ne sont pas aptes
à fournir le maximum pour qu'on puisse anticiper une production
additionnelle aussi importante que celle-là.
M. Roy: On parle seulement des grands réservoirs
multiannuels. On pense, par exemple, à Manic 5 et,
éventuellement, Caniaspicau, LG 4 et LG 3. Ce sont des grands
réservoirs qui sont pleins depuis un certain nombre d'années.
M. Gauthier: Alors, il n'est pas question d'installer ce
truc.
M. Roy: Pas dans toutes les petites centrales. C'est seulement
dans les grands réservoirs multiannuels.
M. Gauthier: D'accord. J'aurais une autre question qui
relève probablement du domaine technique également. On parle de
l'intensification des interconnexions avec les réseaux voisins qui
permettrait à HydroQuébec comme aux réseaux
interconnectés de réduire la réserve en énergie et
en puissance nécessaire. Cela veut dire quoi? Est-ce que cela veut dire
que l'électricité peut passer dans les deux sens dans certaines
périodes? Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Roy: Effectivement, ce sont les échanges. Chaque
réseau prévoit une certaine réserve lorsque les deux
réseaux s'interconnectent ensemble. Dans notre cas, c'est par
l'échange assez compliqué des interconnexions à courant
continu, pour permettre cette interconnexion. Si les deux réseaux
peuvent calculer leurs réserves ensemble, les deux réseaux
peuvent baisser leur réserve. Cela suppose que les deux réseaux
ne seront pas mal pris en même temps. Alors, on peut s'entraider de cette
façon.
M. Gauthier: D'accord. Ces équipements ne sont pas en
place non plus?
M. Roy: Oui, il y a déjà à Châteauguay
et Madawaska les interconnexions actuelles qui...
M. Gauthier: Prévoient cela. M. Roy: ...qui
prévoient cela.
M. Gauthier: D'accord. J'aurais une autre question. Je m'excuse
un instant. C'est ce dont on parle dans le paragraphe suivant de la page 59, en
haut, une possibilité d'assistance mutuelle avec les réseaux
voisins. C'est de cela qu'on parle, de la possibilité d'utiliser de
l'électricité.
Une dernière question là-dessus. Je m'excuse, je
reviendrai plus tard avec la dernière question. Cela n'est pas sur le
même sujet. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): II n'y a pas de ce
côté de question sur la gestion de l'offre. Est-ce qu'il y en a
d'autres du côté de l'Opposition? Si vous voulez, on...
M. Claveau: M. le Président, j'aimerais poser une
question, s'il vous plaît!
Le Président (M. Théorêt): Sur lagestion de l'offre?
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Cela va. Le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je suppose que cela va dans la gestion de l'offre. On
sait qu'avec la nouvelle ligne 6 entre Radisson et Des Cantons,
Hydro-Québec expérimente quelque chose de nouveau,
c'est-à-dire le transport de l'électricité sur de longues
distances en courant continu. Est-ce qu'il s'agit d'un cas unique ou est-ce que
c'est une expérience qui risque de se multiplier à l'infini dans
l'avenir au niveau du transport de l'électricité?(16
h 45)
M. Hamel (Laurent): En fait le lien à courant continu
entre Radisson-Nicolet-Des Cantons, ce n'est pas un projet unique; il existe
beaucoup d'installations, dans le monde, à courant continu. La chose qui
sera peut-être unique pour ce projet, ce sera d'avoir plusieurs terminaux
sur un même lien à courant continu. Jusqu'à aujourd'hui,
à l'exception d'un endroit - je crois que c'est en Italie - où on
va mettre en service bientôt un lien à courant continu à
trois terminaux, le projet de Radisson-Nicolet-Des Cantons va être le
premier au monde, après celui de l'Italie, à multiterminaux et
à une puissance aussi élevée que 2000
mégawatts.
Disons que, à part cette caractéristique, le réseau
à courant continu va être un parmi d'autres dans le monde.
M. Claveau: Disons que ce n'est pas quelque chose qui est fait
dans l'hypothèse où, à l'avenir, dans les autres projets,
on transportera en courant continu. Est-ce que c'est avantageux de transporter
en courant continu par rapport à l'alternatif?
M. Hamel (Laurent): Cela dépend. Il faut regarder cela cas
par cas. Cela dépend des besoins, cela dépend de l'endroit
où il faut livrer l'énergie, où on prend la source. On ne
peut pas dire que c'est plus avantageux... Règle générale
c'est moins coûteux de construire à courant alternatif. Par contre
il y a toutes sortes de considérations dont il faut tenir compte, et
à ce moment-là, le courant continu peut devenir plus avantageux
et c'est le cas de la sixième ligne.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Toujours sur le
même sujet, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, merci M. le Président. Je
voudrais juste obtenir une information concernant le graphique 25, page 59 de
la présentation. Quel est le point critique entre le besoin à
satisfaire, c'est-à-dire ce qu'on a en 1986 et qui se situe aux
alentours de 135 térawattheures, et la disponibilité? À
quel moment se situe ce que j'appellerais le point critique où il faut
ajouter par rapport à la disponibilité versus le besoin?
M. Coulombe: Vous voulez savoir à quel point il faut
ajouter du nouvel équipement pour satisfaire la demande? 1996. Et si la
gestion de l'offre est un succès et si toutes nos hypothèses se
réalisent, vous retardez le point critique de quelques années,
c'est-à-dire le besoin d'équipement de base, à 2002. Vous
vous rappelez, dans la discussion que nous avons eue ce matin sur les
exportations, avec la gestion de l'offre et de la demande toutes nos actions
vont repousser la construction d'équipement et nos contrats
d'exportation vont les ramener. C'est ça qui nous assure si nos actions
sont efficaces. C'est cela qui nous assure que les projets, les premiers qu'on
va bâtir, vont être extrêmement rentables dans le cadre des
négociations avec les réseaux voisins. C'est tout simplement
parce qu'au lieu de construire, on se dégage une marge de manoeuvre
à même une plus grande productivité du parc ou en
l'ajustant sur la demande. Ces équipements donc, on les prend pour
l'exportation. Vous voyez le jeu: la gestion de l'offre et la demande et les
exportations. L'un repousse les équipements, l'autre les ramène
à des années antérieures.
M. Parent (Bertrand): On peut donc conclure que, si la gestion de
l'offre telle que présentée dans votre plan se passe bien, on
regagne ou on repousse de sept ans ou six ans.
M. Coulombe: De six ans. Et, si nos contrats d'exportation se
signent, on ramène les projets de six ans.
M. Parent (Bertrand): Merci. Cela va M. le Président.
Programme d'équipement
Le Président (M. Théorêt): Si vous permettez
on va passer à l'article suivant, qui est le plan d'équipement,
et je vais donner la parole au député de Rosemont.
M. Rivard: M, le Président, je voudrais souligner, comme
d'autres membres de cette commission, la qualité des documents qui nous
ont été remis par Hydro-Québec. Dans le chapitre qui porte
sur les installations et les équipements, je note en particulier une
question de détail, à la page 65. Dans votre objectif 3, au
paragraphe 4, vous vous donnez dans ce paragraphe une préoccupation
sociale fort louable, celle de réduire les risques environnementaux
reliés à l'exploitation du réseau. J'aimerais vous
entendre là-dessus puisque c'est une question qui a eu, depuis quelques
années, une certaine actualité.
M. Coulombe: En fait, tout le problème du secteur
environnement. Il y a plusieurs dimensions dans ce secteur. À la page
65, on insiste surtout sur les investissements qu'on fait concernant
l'insonorisation, par exemple, des équipements dans des centrales. Dans
la région Manic, par exemple, quelques millions de dollars sont investis
dans des centrales strictement pour améliorer l'environnement physique
de ceux qui ont à y travailler et pour diminuer le niveau" de bruit.
Dans tous nos problèmes... vous savez que, pour le public, le
problème des BCP est un problème majeur. Depuis deux ans,
HydroQuébec a fait l'inventaire complet de tous ces produits
réputés dangereux, qui sont effectivement dangereux, et elle
entreprend actuellement l'élimination de ces substances dans tout son
réseau. On va l'entreprendre par différentes techniques et on est
même en train d'essayer de mettre au point un four électrique
bâti chez Hydro-Québec. Il est expérimenté au moment
où l'on se parle. Cela nous semble une formule intéressante pour
éliminer ces substances dangereuses.
Sur le plan un peu plus global de l'environnement, vous savez que,
depuis un
an ou deux, une politique de l'environnement a été
formulée. Elle fonctionne à l'heure actuelle et elle
prévoit un certain pourcentage du coût des équipements pour
la mise en valeur du territoire sur lequel ces équipements sont
installés. C'est un niveau un peu plus global. On a actuellement dans la
ligne, je pense que M. Hamel pourra citer des exemples... c'est un pourcentage
du coût des équipements. Je ne sais pas si vous avez en tête
le pourcentage exact...
C'est une politique globale d'environnement qui entend respecter les
impératifs du milieu, surtout du cadre des MRC et ainsi de suite, qui
entend investir de l'argent pour mettre le territoire en valeur après
que des mesures de mitigation ont été faites. En d'autres mots,
si Hydro, en établissant un équipement, brise le territoire, elle
est obligée de le remettre en place. Mais, au-delà de cela, il y
a certains problèmes qui se posent et qui ne sont pas palpables. C'est
pour cela qu'on a une politique spéciale de mise en valeur.
Dans le domaine global de l'environnement, il y a plusieurs niveaux
d'action. J'en ai nommé trois. On pourra peut-être s'attarder sur
la question de la politique de mise en valeur.
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne le volet de la mise en
valeur de la politique d'environnement d'Hydro-Québec, pour les projets
qui coûtent moins de 500 000 000 $, en ce qui concerne les
équipements de lignes et de postes, nous prévoyons dans le
coût de nos projets un montant de 1 % du coût global du projet pour
des questions de mise en valeur. Quant aux équipements de production,
les centrales, on prévoit 2 % du coût global du projet.
Pour les projets qui vont coûter 500 000 000 $ et plus, selon nos
prévisions, nous avons une façon de faire qui est ad hoc. Il faut
évaluer le site, la situation et on s'inspire de la politique pour les
projets de 500 000 000 $ et moins, mais on le fait d'une façon ad hoc,
projet par projet.
La façon de procéder est la suivante. Dans un territoire,
nous sommes en communication avec les municipalités régionales de
comté et avec les municipalités et les maires. On s'entend sur le
partage de cette somme, on regarde leurs suggestions et on valide leurs
suggestions de mise en valeur. Il faut que leurs suggestions aillent dans le
sens d'améliorer l'environnement des municipalités ou des
régions touchées par le projet.
M. Rivard: M. le Président, toujours dans le "domaine des
équipements, une question assez générale. Année
après année, selon les divers scénarios que vous
entrevoyez, il est évident que vous êtes susceptibles d'investir
passablement d'argent dans l'amélioration de vos équipements de
façon générale, dans la rénovation, etc. M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources, ce matin, nous a fait part
d'une préoccupation, et j'espère bien que je ne lui vole pas une
question, en ce qui concerne le contenu québécois. D'une certaine
façon, il vous pose la question suivante: il serait sûrement
intéressant de connaître d'Hydro-Québec les moyens qu'elle
entend mettre en oeuvre pour augmenter ce taux de contenu
québécois que, semble-t-il, vous fixez à 75 % et les
objectifs qu'elle s'est fixée en cette matière. Récemment,
je voyais le résumé d'un livre qui a été
écrit par un M. Faucher, "Hydro-Québec, la société
de l'heure de pointe", où il reprenait une certaine critique qui a
déjà été faite quant à la façon dont
Hydro-Québec, dans le passé, à l'époque des grands
travaux, a assumé ou n'a pas assumé ce qu'il fallait faire en
termes de contenu québécois dans ces travaux.
M. Coulombe: Dans le cadre de la politique d'achat
d'Hydro-Québec - d'ailleurs, en ce qui concerne ce livre, c'est mon
opinion, c'est peut-être la partie la plus faible du livre - parce que,
finalement, s'il y a une fonction d'Hydro-Québec qui a été
un succès, c'est bien sa politique d'achats. Avec une réserve que
j'ai faite ce matin concernant le développement technologique, c'est
peut-être une faiblesse qu'on voudrait modifier. Fondamentalement, que
vous alliez avec la politique d'achat dans les grandes firmes
d'ingénieurs, les plus grandes au Canada sinon parmi les plus grandes au
monde, qui sont ici, c'est carrément la politique d'achat
d'Hydro-Québec qui les a mises sur pied. Il y a de grandes industries au
Québec qui ont été mises sur pied par la politique d'achat
d'Hydro-Québec. Â l'heure actuelle, c'est un sujet
extrêmement délicat parce que, dans le contexte du
libre-échange, tôt ou tard ce problème va être
posé. Un des efforts qu'on a faits dans le cas de la politique d'achat,
ça été ce qu'on appelle des accords de fabrication.
C'est une technique qu'on a commencée depuis deux ou trois ans
où, essentiellement, on propose à des fabricants qui existent au
Québec ou qui existent en dehors du Québec, de venir s'installer
au Québec ou d'augmenter leur production au Québec en leur
garantissant une part du marché des années futures. Pendant
trois, quatre ou cinq ans, on leur garantit une part des achats à
condition que ces entreprises s'engagent à avoir un programme de
recherche et développement qu'ils peuvent faire en collaboration avec
l'IREQ ou seuls. On a actuellement - peut-être que M. Caron pourra
élaborer là-dessus - trois ou quatre de ces accords de
fabrication qui ont été signés avec des firmes et
l'expérience s'avère extrêmement intéressante.
Au point de vue de la politique d'achat, on n'a pas d'objectif
précis, d'aller à 82, 83 ou 88 etc., parce que, à un
moment donné, se fixer de tels objectifs peut être dangereux car
il faut quand même que ce soit compatible avec la qualité du
produit, d'une part, et aussi le coût. Il faut toujours respecter cet
ensemble.
Si on parle de 75 % des achats d'Hydro-Québec qui sont faits au
Québec, il est bien évident que cela a un impact énorme et
le succès de cette politique est visible dans des industries
concrètes et des firmes, etc. Pour les accords de fabrication, M. Caron
pourrait nous donner plus de détails.
M. Caron: Jusqu'à ce jour, nous avons quatre accords de
fabrication qui sont en vigueur, qui sont signés. Les objectifs, bien
entendu, c'est, pour Hydro-Québec, d'augmenter son contenu
québécois mais aussi, et c'est peut-être un objectif encore
plus important, d'amener ces firmes, premièrement, à investir
plus au Québec au niveau du développement et de la recherche et,
deuxièmement, à développer plus leurs capacités
vers les marchés d'exportation, donc à assurer que ces firmes,
qui croissent en grande partie grâce à Hydro-Québec, ne
deviendront pas les victimes d'Hydro-Québec ou des fournisseurs uniques
pour HydroQuébec. (17 heures)
Au niveau de la politique d'achat, il y a deux autres
éléments que nous privilégions. Depuis deux ans, à
l'intérieur de l'entreprise, systématiquement, nous avons
systématiquement continué de sensibiliser les requérants,
c'est-à-dire les concepteurs d'ouvrage à l'intérieur
d'Hydro-Québec sur les produits qui sont fabriqués au
Québec pour les amener de plus en plus à utiliser des produits
québécois, finalement, dans leurs spécifications.
Enfin, dans la mesure du possible, nous tentons de planifier, mieux que
nous ne le faisions dans le passé, nos besoins et nos appovisionnements,
pour éviter - excusez l'expression - des "bottlenecks" qui, à un
moment donné, nous obligent à nous approvisionner à
l'extérieur, strictement parce que les capacités de production
qui sont au Québec sont tout simplement débordées.
À la limite, nous allons occasionnellement devancer des achats pour
permettre la satisfaction de nos besoins chez nous.
M. Coulombe: Juste pour vous mentionner un exemple très
concret, dans les quatre compagnies dont on parle, on s'aperçoit que les
achats, à Hydro-Québec, vont rester à peu près
stables, c'est-à-dire d'environ 11 millions de dollars par année.
Par contre, les exportations de ces compagnies vont augmenter de façon
graduelle. En d'autres mots, le marché qu'on leur a proposé reste
stable avec la planification un peu plus rigoureuse des achats année par
année. Cela leur assure donc une base et elles peuvent investir pour
l'exportation. On sait que dans ces domaines techniques, le marché de
l'exportation est un marché extrêmement intéressant pour
ces compagnies. Cela leur permet à toutes fins utiles, d'exporter plus
qu'elles ne vont acheter d'Hydro-Québec. Graduellement et de plus en
plus.
M. Rivard: Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Nous voilà maintenant au coeur de la question
même qui doit être étudiée par cette commission,
à savoir le plan d'équipement d'Hydro-Québec pour les
prochaines années. Pour des fins de bonne compréhension, aux
pages 61 et suivantes, on a des tableaux qui présentent un programme
d'équipement selon divers scénarios de l'offre et de la demande.
J'aimerais qu'on établisse clairement chacun de ces scénarios.
Par exemple, je vois "Scénario de référence". C'est celui
qu'on utilise tout au long du document. Mais qu'est-ce que le scénario
de référence? C'est une demande de combien? À quoi cela
a-t-il trait? La même question vaut pour les trois autres
hypothèses, gestion de l'offre, etc.
M. Coulombe: Est-ce qu'on pourait avoir la fiche numéro
11? II y a malheureusement une partie qui est moins visible, la partie grise.
Lorsqu'on parle du scénario de référence, ce qu'on exprime
est le scénario de base. C'est-à-dire avec la demande telle qu'on
l'a présentée à 3.3 et avec le poids des années
antérieures qui s'accumulent pour donner le plan d'équipement que
vous avez là. C'est le scénario de base, le scénario
à partir duquel on bâtit l'avenir. C'est notre base. Le
scénario avec gestion est uniquement avec gestion de l'offre et de la
demande comme on vient de l'expliquer. Tous les moyens, les six moyens qui sont
mis de l'avant pour gérer l'offre et la demande. Le troisième,
c'est la même chose, mais avec notre hypothèse de ce matin
d'exporter 3500 à 4500. mégawatts. Vous avez aussi un autre
scénario où nos efforts de gestion n'atteignent pas leurs
objectifs, il n'y a donc pas de gestion de l'offre et de la demande, mais il y
a les contrats d'exportation. Vous voyez, dans chaque cas, surtout dans la
partie grise -parce que dans la partie des équipements de pointe les
décisions varient très peu selon les scénarios - qui est
les équipements de base, le jeu de tous les équipements majeurs
dans
le scénario de référence. En d'autres mots, on ne
s'occupe pas tellement de gestion de l'offre et de la demande, des exportations
non plus. Les projets vont être mis en service et, pour regarder le
début des travaux, soustrayez toujours six ou sept ans de ces
chiffres-là.
Avec la gestion, on l'a vu tantôt, cela reportait le premier
équipement de base à l'an 2002: LG1.
Si on exporte, c'est ce que l'on disait ce matin, cela ramène le
premier projet de base en 1996, donc début de la construction: six
à sept ans avant, vers l'année 1989. Sans gestion mais avec
exportation, vous voyez une concentration de projets qu'il faudrait mettre en
service. Vous avez des dates: 1995-1995-1995 et 1996; vous avez les quatre,
cinq projets de base qui devraient être prêts quasiment en
même temps, avec tous les inconvénients que cela comporte en
termes de planification des travaux et du coût immense qui est
concentré dans peu d'années.
Cela montre l'importance de la stratégie de la gestion de l'offre
et de la demande couplée à une stratégie d'exportation.
Celui qu'Hydro-Québec préfère là-dedans c'est
l'avant-dernier évidemment. C'est le scénario avec gestion et
exportation.
Mais, lorsque Hydro-Québec reviendra ici l'an prochain, dans deux
ans ou dans trois ans, on n'élimine pas que les circonstances externes
puissent nous amener vers l'un ou vers l'autre des autres scénarios.
Mais, celui sur lequel on travaille activement, c'est l'avant-dernier
c'est-à-dire le scénario de gestion de l'offre et de la demande
et de l'exportation.
M. Gauthier: M. le Président, quand on parle du
troisième scénario avec gestion, est-ce que l'on a
considéré là-dedans que les mesures mises de l'avant pour
gérer l'offre et la demande donnaient un rendement plein, moyen ou
faible? J'aimerais savoir comment vous vous situez là-dedans.
M. Coulombe: C'est-à-dire que nos objectifs sont
atteints.
M. Gauthier: Plein rendement: c'est-à-dire les
chiffres...
M. Coulombe: ...les chiffres qu'on vous s
mentionnés...
M. Gauthier: ...qui nous étaient donnés
précédemment.
M. Coulombe: Par exemple, comme 1500 mégawatts
interruptibles, on suppose qu'on va réussir,
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: C'est évident, c'est sous-entendu dans votre
question, que si on atteint moins, ces jeux d'option se modifient. En d'autres
mots, on peut réussir sur la télécommande concernant la
biénergie. On peut manquer notre coup sur l'interruptible. Ces
scénarios vont jouer en conséquence de la nécessité
d'équipements supplémentaires qu'il faudra faire si on ne
réalise pas nos objectifs.
M. Gauthier: Si je comprends bien, ce n'est pas invraisemblable
d'affirmer que le scénario réel, finalement, puisse se situer
quelque part entre le deuxième et le troisième ou entre le
troisième et le quatrième, peut-être? Parce que avec
gestion...
M. Coulombe: Vous avez raison. Il y a de grosses chances qu'il se
situe là.
M. Gauthier: Également, quand vous dites avec gestion et
exportation, vous faites référence - vous me l'avez dit tout
à l'heure, cela m'a échappé - à 3500
mégawatts?
M. Coulombe: Cela fait référence à ce qu'on
a discuté, ce matin, des contrats d'exportation entre 3500 et 4500
mégawatts.
M. Gauthier: D'accord. C'est l'hypothèse qui est la plus
probable, celle qui est retenue, en tout cas, pour le moment.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Gauthier: Pour les fins de la discussion.
D'accord. J'aimerais maintenant, si vous le permettez, M. le
Président, aborder de façon beaucoup plus précise chacun
des projets qui sont énoncés ici. Une première question
avant de poursuivre. Dans les équipements de pointe, toujours sur le
tableau qui est là, pour ceux qui suivent nos travaux, on parle de LG 2
en phase 11, mais on parle d'autres équipements de pointe. Est-ce qu'il
s'agit là de lignes de transport d'énergie, de choses comme
cela?
M. Coulombe: Non, ces autres équipements de pointe peuvent
être des turbines à gaz.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: Pour des pointes extrêmement fines, cela peut
être des équipements de cet ordre.
M. Gauthier: Des périodes très courtes...
M. Coulombe: Exact.
M. Gauthier: ...j'imagine. Dans la période...
D'accord.
Est-ce qu'il y a possibilité d'avoir plus en détail ce qui
est constitué et regroupé sous la rubrique "autres"?
M. Coulombe: M. Mercier, vice-président - planification
des équipements.
M. Mercier (André): En termes d'équipements de
pointe comme tels, on considère, comme M. Coulombe vient de le dire, les
turbines à gaz. Également, on considère le
suréquipement de certaines centrales. En particulier, on
considère les suréquipements de la rivière Manicouagan,
des sites de Manic 2, Manic 3 et Manic 5. Actuellement, on est
déjà en train de préparer un suréquipement pour la
centrale de Manic 5PA.
Il est aussi possible d'envisager dans ces équipements de pointe
des centrales à réserve saisonnière qui seraient,
finalement, des centrales où on accumule de l'eau dans des
réservoirs durant presque toute une saison, comme la saison
d'été. Finalement, on pourrait utiliser l'eau qui est
accumulée durant la pointe d'hiver. C'est une centrale de pompage, si
vous voulez, mais à plus long terme. Delaney avait déjà
été considérée dans le passé, mais c'est une
centrale de pompage à plus court terme, où on pompait la nuit et
on turbinait durant le jour. Aujourd'hui, on considère plutôt des
centrales de type saisonnier. On accumule l'eau durant une saison et on la
turbine durant une autre saison.
M. Gauthier: Compte tenu du coût assez élevé
de cet équipement par rapport au peu d'heures d'utilisation, est-ce que
je me trompe en disant qu'on en explique la rentabilité par le fait que
ces équipements de pointe permettent de retarder des équipements
beaucoup plus onéreux? J'imagine que cela doit coûter très
cher d'avoir un tel équipement qui sert durant une période
relativement courte.
M. Mercier: Effectivement, c'est un choix économique que
l'on fait qui détermine exactement... Pour le nombre d'heures
donné, par exemple, pour un nombre d'heures très restreint, ce
sont les turbines" à gaz qui sont les plus intéressantes. Pour un
nombre d'heures plus grand, cela devient le suréquipement ou cela
devient des centrales à réserve saisonnière. Pour chacun
des types, on détermine exactement quels sont les équipements les
plus économiques.
M. Gauthier: On va avoir l'occasion d'y revenir, probablement
à la question des coûts, à l'analyse financière de
ces projets, mais, a priori, lorsqu'on parle de suréquipement, pour
quelqu'un qui ne connaît pas le domaine, cela semble sauter aux yeux que
ce soit là la formule la moins chère, puisqu'il y a
déjà là un équipement de base. On a l'impression
qu'il s'agit d'ajouter des choses complémentaires à un
équipement qui est déjà là. Est-ce que ce n'est
pas, dan9 la plupart des cas, la formule de loin la plus économique?
M. Mercier: Actuellement, ce qu'on peut dire, c'est que les
suréquipements sont les plus intéressants dans le cas où
on a besoin d'une pointe qui dure pendant plus de 200 heures. Entre 100 et 200
heures, on va penser à d'autres types d'équipements. Et pour
moins de 50 heures, on va parler plutôt de turbines à gaz.
M. Gauthier: D'accord.
M. Mercier: Je parle de pointe totale durant l'année.
M. Gauthier: D'accord. Serait-ce possible, M. le
Président, de regarder chacun des projets tels que
présentés? J'aimerais, dans un premier temps, qu'on puisse nous
parler... parce que des décisions sont déjà prises sur
certains de ces équipements... Il y a d'autres projets dont les plans
sont en rédaction, j'imagine, sont en préparation. II y en a
d'autres qui sont à la phase de construction, à moins que je ne
m'abuse. Pourrait-on savoir, pour chacun de ces projets, où on en est
rendu actuellement? Y a-t-il des travaux de commencés, etc.?
M. Hamel (Laurent): Pour être bien clair, ici, on veut se
référer aux équipements qui sont montrés à
la page 61.
Une voix: C'est cela, oui, c'est exactement notre tableau.
Le point sur les projets
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne les équipements de
pointe, LG 2A Phase II, on sait que le projet LG 2A a été
approuvé. Les activités préparatoires de construction sont
en marche actuellement. La firme qui va gérer le projet a
été nommée. Les firmes d'ingénieurs-conseils sont
nommées. Nous sommes à préparer les documents d'appel
d'offres pour aller en soumission afin de mobiliser au chantier les
entrepreneurs afin de commencer les travaux de construction au début de
l'année 1987. C'est pour le projet LG 2A Phase I.
M. Gauthier: Est-ce qu'on peut... si vous permettez, je vous
arrête tout de suite. J'ajouterais une question supplémentaire,
tandis que vous passez l'ensemble des projets. Quels coûts
économiques et combien d'emplois cela représente-t-il? Quand
vous
parlez de début 1987, cela veut dire que, quelque part au milieu
de 1987, il y aura un nombre d'employés... vous avez certainement
calculé le nombre de jours-hommes que cela représente.
M. Hamel (Laurent): D'accord. Pour LG 2A, le coût total du
projet, en dollar courant, ici on parle d'un montant de 1 689 000 000 $.
À la fin de 1985, il y avait 4 millions et demi de
dépensés et le reste est à venir dans les années
prochaines.
En ce qui concerne les effectifs, pour l'année 1986 - je parle
ici au niveau du chantier, et non pas au siège social ou dans la
région de Montréal - au niveau du chantier, on prévoit une
pointe en 1986 de 19 personnes. Par contre, comme je vous le disais tout
à l'heure, la mobilisation va se faire à la fin de 1986 pour
commencer réellement les travaux au début de 1987. Alors, la
pointe qui est prévue en 1987 est de 606 personnes, à pied
d'oeuvre.
Une voix: D'accord.
M. Hamel (Laurent): J'ai mentionné aussi qu'on parle ici
de la phase I de LG 2A. On sait que LG 2A est une centrale souterraine. On
prévoit y installer éventuellement six groupes. La phase I, ce
sont les trois premiers groupes, ce qui vous donne à peu près
1000 mégawatts. En ce qui concerne les trois derniers groupes,
c'est-à-dire la phase II du même projet, cette décision
n'est pas encore finalisée. La décision finale d'acheter ou
d'installer les trois derniers groupes va se prendre plus tard selon les
besoins. (17 h 15)
M. Gauthier: Un scénario qui se réalisera. Je me
permets de vous arrêter encore. En supposant que c'est le scénario
no 3 qui se réalise, on voit pour LG 2A Phase II, une mise en service
qui serait prévue pour 1995, c'est bien cela. Techniquement, cela
représente quoi, une mise en service de LG 2A Phase II, en 1995, comme
décision'' C'est quoi comme date de décision? Est-ce que c'est
1988 ou 1989?
M. Hamel (Laurent): Pour la phase II? M. Gauthier: Oui,
pour la phase II.
M. Hamel (Laurent): Pour la phase I ou la phase II?
M. Gauthier: Pour la phase II. La phase I, c'est
décidé, vous me dites.
M. Hamel (Laurent): Si on veut mettre les turbines en service en
1995 - vous avez mentionné 1995 et 1996...
M. Gauthier: Selon le scénario. Je le mentionne.
M. Hamel (Laurent): ...il faut compter trois ans pour une
décision, le temps de décider et de fabriquer les groupes
alternateurs, les installer et les mettre en service.
M. Gauthier: D'accord. Je suis toujours dans LG 2A Phase II,
parce que la phase I, je tiens pour acquis que votre réponse est
complète. Je tiens pour acquis, si le scénario que vous souhaitez
se produit effectivement et que tout fonctionne bien dans la gestion de l'offre
et de la demande et des exportations, qu'une décision devrait être
arrêtée aux environs de 1992 à peu près.
M. Hamel (Laurent): Oui, pour une mise en service, on compte
trois ans. 1992, cela vous place en 1995 pour une mise en service des trois
derniers groupes.
M. Gauthier: D'accord. Je vous remercie pour celui-là. On
peut continuer. LG 2A Phase II il y a des données qu'il serait
intéressant d'avoir comme dans le premier cas.
M. Hamel (Laurent): Si on descend pour LG 2, cela complète
LG 2A. Ici, on est dans le domaine des équipements de base. En ce qui
concerne LG 1...
M. Gauthier: Je m'excuse de vous interrompre. À moins que
j'aie mal compris votre réponse, tout a l'heure, vous me parliez de LG
2A Phase I. Vous m'avez donné le nombre d'emplois, disant que
c'était pour commencer au début de 1987 et qu'il y avait une
pointe de 17 et, après cela, une pointe de quelques centaines d'hommes.
Est-ce qu'on peut avoir les mêmes chiffres pour LG 2A Phase II, qui est
inscrit pour 1995, selon votre scénario?
M. Hamel (Laurent): Si on décidait de faire LG 2A
très tard, à ce moment le projet LG 2A Phase I serait
terminé. La mise en service des trois groupes de LG 2A Phase I est
prévue pour 1992. Alors, si on prenait une décision en 1992 pour
commencer la fabrication des turbines en usine en 1992 pour les mettre en
service en 1995, il y aurait une démobilisation au chantier en 1992,
parce que la phase I est complétée. Il y aurait une
remobilisation au chantier - je dis bien - en 1993 pour installer et mettre en
service les trois derniers groupes.
M. Gauthier: J'imagine, étant donné que la
décision est reportée à beaucoup plus tard, que les
chiffres que vous pourriez avoir à ce moment-ci sont très
approximatifs.
M. Hamel (Laurent): C'est cela. Pour
monter les groupes et les mettre en service, ce sont de très
petites équipes. Par contre, s'il y avait une continuité - la
décision n'est pas prise encore, elle est à venir - dans le
montage entre la phase I et la phase II, en d'autres mots, de mettre la phase I
en service plus tôt qu'en 1995, si requis, à ce moment ce seraient
les mêmes équipes qui demeureraient au chantier et qui
compléteraient les travaux.
M. Gauthier: D'accord. On peut aller à LG 1
maintenant.
M. Hamel (Laurent): Pour LG 1, on se rappellera que lors de la
réalisation de la phase I du complexe La Grande, nous avons fait des
préinvestissements. La Société d'énergie de la Baie
James, qui avait le mandat de réaliser la phase I du complexe La Grande,
a fait des préinvestissements dans le chantier LG 1. Alors,
déjà, lorsqu'on va sur le site, on peut s'apercevoir que la
dérivation de la rivière est complétée. Le batteur
d'eau pour la clôture centrale est complété. Il reste
à le vidanger et à procéder aux travaux d'excavation.
Sur le plan des campements, il y a des structures. Il y a une partie du
campement qui est installée, qui est en attente et il y a une
bétonnière, une usine à béton, qui est
installée et qui est en attente. Lorsqu'il y aura une décision
pour LG 1, il s'agira juste de rouvrir et d'activer le campement et de
commencer les travaux.
M. Gauthier: Est-ce que, toujours selon le troisième
scénario, quand on parle de LG 1, on parle d'une mise en service
possible 1996-1997? Quelle serait la dernière date que vous avez pour
prendre une décision avant d'en arriver à une mise en service en
1996-1997?
M. Hamel (Laurent): La prise de décision en 1988,
mobilisation en chantier en 1989 et début des travaux.
M. Gauthier: D'accord.
M. Coulombe: II faut bien penser que dans ce genre de
décision, on parle de LG 1, puissance additionnelle aussi. Nous avons un
problème de permis et d'interrelation avec la Convention de la baie
James et ainsi de suite. Alors, il va falloir prévoir que la
décision se prenne pour laisser suffisamment de temps pour que les
permis soient émis pour respecter l'objectif de mobiliser le chantier
vers l'année 1989 si nos contrats d'exportation se réalisent.
M. Gauthier: Vous prévoyez, M. le Président, que
cela puisse amener des discussions fort longues pour la réouverture de
l'entente.
M. Coulombe: C'est-à-dire qu'on vit à l'heure
actuelle les permis qui entourent, par exemple, la construction de la
sixième ligne. Ce sont toujours des discussions sur lesquelles il ne
faut surtout par faire l'erreur de prévoir que cela va se régler
dans une semaine, quinze jours. Il faut prévoir un bon laps de temps
parce qu'il n'y a pas seulement les autochtones, il y a tous les permis
gouvernementaux et ainsi de suite. Donc, il faut prévoir un an, un an et
demi de discussions à tout niveau avant que le permis de construction
soit effectivement donné. Alors, si on veut mobiliser les chantiers, si
nos contrats d'exportation se réalisent, on voulait mobiliser ces
chantiers pour l'année 1989, il faudrait qu'à la fin de
l'année prochaine, en 1988, il y ait une décision pour commencer
les négociations et tout l'environnement que ce genre de
négociations suppose. On pense, par exemple, que les travaux de la
sixième ligne vont commencer sur le terrain peut-être à la
fin de 1986, mais nos discussions sur les permis avec le gouvernement, avec un
peu tout le monde, même nos discussions avec les autochtones ne sont pas
terminées encore. Nous n'avons pas tous les permis en main et cela fait
au-delà d'un an qu'on travaille sur ce projet-là. Donc, cela ne
commencera pas avant la fin de 1986. Il faut calculer ce genre de
délai.
M. Gauthier: M. le président, est-ce que vous pouvez nous
dire, à ce moment-ci, si les discussions préalables ou si une
approche a été faite avec les gens concernés sans qu'il y
ait de décision de prise? J'imagine qu'Hydro-Québec a
poussé une pointe vers ces gens pour vérifier un peu
l'état d'esprit dans lequel ils se trouvent face à cela.
M. Coulombe: Est-ce que vous voulez dire, vis-à-vis des
autochtones?
M. Gauthier: Oui.
M. Coulombe: Vis-à-vis des autochtones, ils sont au
courant du contenu du plan comme tout le monde. Ils prévoient, dans le
cadre des discussions qu'on a avec eux parce qu'on est en train de discuter
avec eux pour la sixième ligne LG 2 PA, c'est évident que
l'horizon LG 1 les intéresse, les préoccupe. Maintenant, on doit
dire qu'au moment où on se parle, les discussions vont bon train. On ne
peut pas dire qu'on a du retard, mais ce genre de discussion est toujours
très long. Cela se poursuit de façon valable à l'heure
actuelle. Mais évidemment, ils prévoient aussi
l'intérêt d'un développement comme LG 1. Dans le cadre des
discussions concernant LG 2 et la sixième ligne, cela arrive
passablement souvent qu'il y ait des pointes de poussées vers les futurs
projets de
développement.
M. Gauthier: On pourrait peut-être continuer avec M. le
vice-président.
M. Hamel (Laurent): Nous avons LA 1, LG 1 et Brisay. Ce sont les
trois centrales qui font partie de la phase II du complexe La Grande. LA 1, qui
est sur la rivière la Forge, qui fait partie de la phase II du complexe
La Grande, est un projet pour lequel, encore une fois, lors de la
réalisation de la phase I du complexe La Grande, la SEBJ a fait des
travaux de préinvestissement. À l'heure où on se parle, la
route d'accès est complétée. Elle est en place. Il y a des
travaux de digue et un pont qui a été construit pour traverser la
rivière. Aussitôt que la décision est prise de
débuter les travaux, il s'agit de mobiliser directement sur le chantier
et de démarrer les travaux. Cela ne pose aucun problème.
M. Gauthier: Est-ce que cela veut dire que le délai... Je
prends toujours la troisième colonne de notre tableau en supposant que
le scénario d'Hydro-Québec, celui qui est souhaité en tout
cas, se réalise, on prévoit pour la Forge, 1997. Cela veut dire
que la date ultime pour prendre une décision dans le dossier,
étant donné que des préinvestissements ont
été faits, cela ressemblerait à quoi?
M. Hamel (Laurent): 1989, cela pourrait aller à 1990 parce
que LA 1, il y a un bon bout de chemin de fait pour l'obtention des permis. Je
pense qu'on a le permis. On l'a pour un des deux, je ne sais pas si c'est pour
LA 1 ou LA 2 qu'on a déjà le permis. L'obtention des permis ne
poserait pas de problème pour LA 1. La décision pourrait aller
jusqu'en 1990. Si on prend la décision en 1989, cela nous donne le temps
de commencer les travaux de construction en 1991, pour une mise en service en
1997.
M. Gauthier: Sainte-Marguerite? M. Hamel (Laurent): Cela
va? M. Gauthier: Oui, cela va.
M. Hamel (Laurent): Pour le prochain, Brisay.
M. Gauthier: Brisay, oui.
M. Harnel (Laurent): C'est un peu la même chose pour
Brisay, il y a des préinvestissements qui ont été faits
dans le cadre de la réalisation du complexe La Grande Phase I. La prise
d'eau est complétée, elle est en eau; la prise d'eau fait partie
du grand réservoir Caniapiscau. Nous avons aussi une partie à
l'aval de la centrale qui est excavée pour nous permettre de transiter
l'eau de la Caniapiscau vers LG 4. Les routes d'accès sont
complétées. Si une décision était prise pour
Brisay, il n'y aurait pas de problème de mobiliser pour les travaux
immmédiatement. Nous ne prévoyons pas d'avoir de problèmes
pour l'obtention des permis. Si une décision était prise en 1990,
nous pourrions commencer les travaux en 1992, pour une mise en service en
1999.
M. Gauthier: O.K. On peut continuer avec ces mêmes
renseignements pour les trois autres projets qui sont mentionnés. On
reviendra, si vous voulez, au tout début pour faire le calcul des
coûts et emplois prévus, parce que cela m'intéresse d'avoir
une vision d'ensemble de l'impact économique que ces projets vont avoir.
On peut continuer et on reviendra pour les reprendre dans l'ensemble si vous
voulez.
M. Hamel (Laurent): Sainte-Marguerite, c'est un projet qui est
sur la Basse-Côte-Nord et, contrairement à ceux que j'ai
mentionnés tout à l'heure, il n'y a pas eu de travaux, de
préinvestissements. Pour Sainte-Marguerite, nous prévoyons une
décision en 1990, obtention des permis, début de construction en
1992 et une mise en service de la centrale en 1999.
En ce qui concerne le complexe Grande Baleine, on sait qu'il y a trois
projets: GB 1, GB 2 et GB 3. Pour ce projet, il faudrait construire à
partir de LG 2 une route d'accès qui monterait vers GB 2, et il y aurait
une espèce de bifurcation pour se rendre à GB 1, d'une part, et
à GB 3, de l'autre côté. C'est pour cela qu'on se donne dix
ans de réalisation à cause, justement, de la difficulté
d'accès. S'il y avait une décision pour Grande Baleine en 1990,
l'obtention de permis deux ans, début de construction en 1992 - ici,
quand je dis début de construction cela serait la route d'accès
qui pourrait avoir jusqu'à 200 kilomètres - et la mise en service
des premiers groupes en l'an 2000.
M. Gauthier: O.K.
M. Hamel (Laurent): Et finalement La Romaine. Mise en service en
2005, c'est loin dans le temps, c'est un nouveau pays à ouvrir. À
ce moment-là, il faudrait compter huit ans de construction. Il faudrait
commencer les travaux en 1997, décision vers 1995.
M. Gauthier: Décision vers 1995. M. Hamel
(Laurent): Oui.
M. Gauthier: Est-ce que vous auriez l'amabilité de revenir
sur ces projets et de nous donner rapidement les projets, le coût
et les emplois prévus?
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne les coûts, ici je
dois parler en dollars constants. Dollars 1985: LG 1, le coût est 1 150
000 000 $. Il faut attacher à ce LG 1 la septième ligne, il
faudra construire une septième ligne. Le coût de la
septième ligne est 640 000 000 $
J'ai mentionné les projets LA 1 et Brisay. LA 1: 990 000 000 $,
Brisay: 580 000 000 $. Ensuite, Sainte-Marguerite: 1 020 000 000 $. Pour Grande
Baleine, le complexe: 3 680 000 000 $. Cela prendrait une huitième ligne
pour Grande Baleine, et la huitième ligne: 1 190 000 000 $. La Romaine:
2 600 000 000 $ et le transport: 520 000 000 $. (17 h 30)
Pour les effectifs, j'ai les effectifs pour les projets qui sont tout
près de nous. Quant aux projets qui sont un peu plus lointains, je n'ai
pas l'information avec moi. J'ai l'information en ce qui concerne LG 2 A, les
effectifs à la pointe en 1989: 1089 personnes. Ici, ce sont les gens qui
sont à pied d'oeuvre sur le chantier, j'exclus les personnes qui sont
affectées à ce projet, mais qui travaillent soit à partir
de Montréal ou de Québec.
M. Gauthier: Quand vous parlez des effectifs à la pointe:
1089 personnes, la pointe cela peut être quoi, un an, deux ans, c'est
quelle période?
M. Hamel (Laurent): C'est la pointe de 1989. Pour être plus
précis, en 1987, la pointe des employés sur le chantier: 406
personnes. La pointe en 1988: 745 personnes et en 1989t 1089 personnes. Pour LG
2 A, c'est l'année 1989 qui va être la plus grosse année
d'activité sur le site. On sait que, sur ces chantiers, les
activités se font surtout en été et, en hiver, il y a
relâche à cause du climat etc. Pour la sixième ligne: la
pointe en 1986 est de 194 employés; en 1987, c'est 872 employés;
en 1988, c'est 891 employés et, en 1989, c'est 892 employés. On
voit que, pour la sixième ligne, la pointe est répartie sur deux
ans, 1988 et 1989, la mise en service est 1990.
Pour les autres projets: LG 1, LA 1, Brisay, Sainte-Marguerite, en ce
qui concerne les effectifs, je n'ai pas l'information détaillée
étant donné que c'est très loin dans le temps. Mais c'est
de l'information qu'on pourrait retracer assez rapidement, si vous êtes
intéressé.
M. Gauthier: Oui, j'imagine que cela doit être assez
approximatif. Ce qu'on vous demande, ce n'est pas un exercice facile, je le
conçois bien. Est-ce qu'on pourrait enregistrer immédiatement la
demande? Je serais intéressé personnellement à voir ne
serait-ce que des approximations de ce qui est prévu comme impacts.
Est-ce que c'est possible?
M. Hamel (Laurent): Oui. Il n'y a pas de problème.
M. Gauthier: On s'ajustera sur les coordonnées. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, des
membres de la commission me signalent qu'il sont aussi intéressés
è la demande du député de Roberval. Donc, serait-ce
possible de faire parvenir ces renseignements au secrétariat de la
commission qui les distribuera à tous les membres de la commission? Cela
va?
M. Hamel (Laurent): Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Ciaccia: Quant à LG 2 A, vous avez donné
certains chiffres d'emplois pour l'année 1989. Quand les travaux
seront-ils terminés?
M. Hamel (Laurent): Je m'excuse, j'étais...
M. Ciaccia: Les travaux vont-ils continuer au-delà de
1989?
M. Hamel (Laurent): Pour? M. Ciaccia: LG 2 A.
M. Hamel (Laurent): LG 2 A, la phase I va être en service
en 1992.
M. Ciaccia: En 1992.
M. Hamel (Laurent): Donc, il va y avoir des activités
jusqu'à la fin de 1992.
M. Ciaccia: Quand vous donnez certains chiffres sur les emplois,
vous mentionnez au début, la première année, 1986, 13
emplois dans la moyenne, à la pointe: 19. Je pense que le même
phénomène s'applique à toutes les années. Par
exemple, 170 en 1987, en moyenne; à la pointe, 406. En 1988: 546 en
moyenne et 745 à la pointe. En 1989: 791, en moyenne et 1089 à la
pointe. Pour les projets de ce genre, en termes d'emplois, on pourrait
facilement dire que, si on ajoute toutes les personnes-années à
la pointe, effectivement, le nombre de personnes-années jusqu'à
1989 serait de 2259, si on ajoute tous ces montants. Est-ce exact?
M. Hamel (Laurent): C'est exact.
M. Coulombe: II faut ajouter, évidemment, tout le
personnel cadre qui
travaille...
M. Ciaccia: Pardon?
M. Coulombe: On parle d'effectifs sur le chantier. Il faut
ajouter à ces chiffres tous les bureaux d'ingénieurs, tous les
emplois dans la fabrication d'équipement et ainsi de suite.
M. Ciaccia: Aux 2259 personnes-années jusqu'à 1989,
il faudrait ajouter tous les autres emplois que vous venez de mentionner.
Est-ce que vous avez une approximation?
Une voix: C'est au moins le double.
M. Grignon: En fait, pour situer les ordres de grandeur
concernant la charge de travail que des projets hydroélectriques peuvent
représenter, si on prend le groupe des projets de base des quatre
premiers, LG 1, LA 1, Brisay et Sainte-Marguerite, cela créerait en
emplois directs et indirects... On compte donc les emplois sur le chantier, la
gérance, la fabrication et tous les emplois indirects des
sous-traitants, mais non l'effet induit, c'est-à-dire qu'on ne compte
pas l'activité économique qui va découler du salaire que
ces gens vont gagner. Seulement en emplois directs et indirects, ces quatre
projets créeraient durant la phase de construction qui est largement
étalée 34 000 emplois dont la moitié sur les chantiers.
C'est un ordre de grandeur qui reflète à peu près ce qui
se passe dans le cas de chantiers similaires.
M. Couiombe: Et qui seraient étalés de 1987
à 1999 pendant 12 ans.
Une voix: Etalés sur 10 à 12 ans. Une voix:
Douze ans, 34 000 emplois.
M. Ciaccia: Le troisième tableau est basé sur un
taux de croissance de 3,3 %. Le quatrième tableau démontre les
besoins sans gestion avec exportation. Je présume que vous avez fait la
différence des coûts et revenus entre le scénario 3 et le
scénario 4?
M. Coulombe: On a vu ce matin, à la page 63, les
investissements représentent 32 000 000 000 $ plutôt que 27 000
000 000 $. Donc, on connaît les coûts. Maintenant...
M. Ciaccia: Pourrais-je vous interrompre? Le quatrième
tableau représenterait 36 000 000 000 $ d'investissements
comparativement à 27 000 000 000 $ pour...
M. Coulombe: 32 000 000 000 $...
M. Ciaccia: 32 000 000 000 $...
M. Coulombe: ...versus 27 000 000 000 $, mais pour les
années qui se terminent en 1995. Les chiffres qu'on vous a donnés
tantôt vont jusqu'en 1999.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Coulombe: II faudrait ajouter la tranche de cinq ans, de 1995
à l'an 2000. Est-ce qu'on a ces chiffres-là ici? Alors, il faut
ajouter aux 32 000 000 000 $ la tranche de cinq ans de 1995 à l'an 2000.
Je ne peux pas vous dire exactement combien cela ajouterait dans ces
années-là, mais il faut ajouter vraiment plusieurs milliards,
parce que, pour Sainte-Marguerite, Grande Baleine et La Romaine, la pointe des
investissements et des travaux, c'est après 1995. Est-ce qu'il faut
parler de 40 000 000 000 $, de 45 000 000 000 $ ou de 50 000 000 000 $? Je n'en
sais rien à l'heure actuelle.
M. Ciaccia: Mais pour la période...
M. Coulombe: Mais pour la période jusqu'en 1995...
M. Ciaccia: ...cela irait de 27 000 000 000 $ à 32 000 000
000 $.
M. Coulombe: C'est cela. Les investissements totaux.
M. Ciaccia: Et quel engagement de plus y aurait-il, parce que les
travaux ne seraient pas terminés à cette
période-là? Pour combien de travaux de plus Hydro-Québec
serait-elle engagée?
M. Coulombe: On serait engagé par la valeur courante des
chiffres que M. Hame! vous a signalés tantôt, en dollars de 1985.
En termes courants, je ne sais pas ce que peut impliquer la transformation.
Une voix: C'est doublé. M. Coulombe: C'est
doublé.
M. Ciaccia: Cela serait combien à peu près?
M. Hamel (Laurent): Alors, on double les montants que je vous ai
donnés tout à l'heure, si on met cela en dollars courants, grosso
modo.
M. Coulombe: Pour être plus précis, pour
Sainte-Marguerite, Grande Baleine et La Romaine, c'est quoi les chiffres que
vous avez donnés tantôt?
M. Hamel (Laurent): Pour Sainte-
Marguerite, 1 020 000 000 $, pour Grande Baleine, avec la
huitième ligne, on parle de 4 870 000 000 $, et pour La Romaine, avec le
transport, on parle de 3 120 000 000 $.
M. Coulombe: On multiplie cela par deux.
M. Hamel (Laurent); Pour le total, on parle de 12 370 000 000 $,
toujours en dollars constants. En dollars courants, il faudrait doubler. Alors,
on parle peut-être de 25 000 000 000 $.
M. Ciaccia: Ajoutés aux 32 000 000 000 $?
M. Hamel (Laurent): Ajoutés? Non.
M. Ciaccia: Je voulais savoir, si c'était passible - mais
peut-être pourrait-on faire cet exercice plus tard - pour combien
additionnellement on serait engagé après qu'on se sera
engagé pour les 32 000 000 000 $? On pourrait obtenir ces chiffres
à un autre moment.
Une voix: Cela va?
Une voix: Cela va pour le moment.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Il y a quelques
détails qui me manquent encore, qui m'ont échappé tout
à l'heure. M. le vice-président à l'équipement, je
pense, me donnait des chiffres qui n'étaient pas inclus dans le tableau,
bien sûr, mais j'aimerais les avoir si possible. Quand on parle de Manic
5 PA, est-ce qu'on peut avoir les chiffres d'investissements, d'emplois et les
échéances? Je sais qu'il y a des choses qui se font actuellement
ou qui vont se faire. Est-ce qu'on pourrait avoir le point très juste
là-dessus?
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne Manic 5 PA, on se
rappellera que les travaux ont été arrêtés il y a
quelques années -c'est une centrale souterraine, je vous le disais, sur
la rive droite du barrage une fois l'excavation pratiquement
complétée, alors qu'on commençait à peine les
travaux de bétonnage. Nous avons pris la décision de
compléter la centrale. On est allé en soumissions. Il y a un
contrat qui sera émis bientôt, un premier contrat, et le plus haut
contrat va suivre dans les semaines qui viennent. On prévoit mettre en
service cette centrale en 1989. En ce qui concerne Manic 5 PA, il y avait 346
000 000 $ de dépensés à la fin de 1985 et le coût
total du projet complété est d'environ 802 000 000 $. Donc, il
reste à peu près 456 000 000 $ à dépenser pour
compléter les travaux. Les travaux, comme je le disais tout à
l'heure, vont être complétés en 1989. En ce qui concerne
les effectifs, la pointe - je parle toujours à pied d'oeuvre - en 1986
sera de 155 personnes, en 1987, de 259 personnes, en 1988, de 465 personnes, et
finalement en, 1989, de 235 personnes. Selon une règle du pouce, on peut
peut-être multiplier par deux le nombre d'employés sur le
chantier, avec les employés de soutien et les cadres qui travaillent au
siège social, les ingénieurs-conseils, ceux qui sont directement
ou indirectement...
M. Gauthier: On peut utiliser cette règle-là pour
l'ensemble des projets?
M. Hamel (Laurent): À peu près. Une règle du
pouce.
Fissures à Manic 5
M. Gauthier: Juste un instant. D'accord. Je vous remercie. Quant
à parler de Manic 5, je me permettrais un aparté. On entend
parler de choses pour le moins inquiétantes parfois concernant le
barrage Manie 5. On aurait décelé des problèmes de
fissures, etc. Tandis que l'on passe sur le plan d'équipement, je pense
qu'on pourrait peut-être faire un aparté pour parler de ces
problèmes. Est-ce que techniquement vous êtes en mesure de nous
donner à ce moment-ci des informations concernant ces problèmes
et concernant la manière dont Hydro prévoit procéder pour
les régler? Je ne sais pas à qui je dois adresser ma question, M.
le Président.
M. Hamel (Laurent): II y a une décision qui va se prendre
bientôt, mais il est certain qu'il va falloir conforter le barrage
Daniel-Johnson. Nous allons conforter le bas des voûtes du barrage... (17
h 45)
M. Gauthier: Je m'excuse. Juste pour fins de
compréhension, "conforter", ce n'est pas un terme que j'ai l'habitude
d'utiliser chaque jour dans mon vocabulaire, j'aimerais que vous donniez
quelques détails sur ce qu'il veut dire.
M. Hamel (Laurent): Lorsque le barrage Daniel-Johnson a
été conçu dans les années 1958-1959, à ce
moment-là, selon la technologie la plus avancée, les voûtes
simples et minces, on les descendait droit dans la fondation. Un peu plus tard
et aujourd'hui, c'est une chose qu'on ne fait pas. Lorsqu'on arrive au niveau
de la fondation rocheuse, les voûtes sont en double courbe et reviennent
un peu vers l'aval. Ce n'est pas le cas à Manic 5 PA. Aujourd'hui, quand
on regarde en arrière, les gens sont peut-être portés
à dire qu'il y a eu une
erreur de design. Mais il faut se rappeler que, au moment où
Manic 5 PA a été "désigné" la technologie
n'était pas aussi avancée qu'aujourd'hui.
Le confortement, c'est pour redonner au bas des voûtes la courbe
qu'on aurait donnée à ce moment-là si on avait connu la
technologie d'aujourd'hui. De plus, le confortement va protéger le bas
des voûtes de l'action du gel et du dégel. J'ai mentionné,
il y a quelques instants, que ce sont des voûtes minces que l'on retrouve
habituellement dans des climats un peu plus tempérés que celui de
la Manicouagan. Notre barrage Daniel-Johnson subit des variations
sévères de température et cela à pour effet de
faire bouger le béton. On sait que, lorsqu'il fait chaud, les
matériaux grossissent et, lorsqu'il fait froid, ils rapetissent. Le
barrage Daniel-Johnson étant une structure immense, on peut voir
facilement le travail qui se fait dans cette masse de béton lorsque les
températures varient d'heure en heure et de jour en jour. Avec le temps,
il s'est fait des fissures particulièrement dans le bas des
voûtes. On sait que le bas des voûtes est ancré dans la
masse rocheuse. Il s'est fait des fissures pour permettre au barrage de bouger.
Avec le confortement, on va en profiter pour protéger le bas des
voûtes de l'action du gel et du dégel. Le confortement va
atteindre deux objectifs: premièrement, redonner au bas des voûtes
les courbes qu'elles devraient avoir et, deuxièmement, les
protéger contre le gel et le dégel.
Nous avons aussi décidé que le confortement se ferait en
béton plutôt qu'en enrochement. Nous sommes à ce moment-ci
à compléter notre avant-projet et nous allons présenter au
conseil d'administration, d'ici quelques mois, notre recommandation de
réaliser les travaux pour un montant déterminé.
M. Coulombe: Juste pour compléter l'information
là-dessus, depuis deux ans, Hydro a pris une triple stratégie
pour approfondir ce programme qui est extrêmement complexe au niveau
technique. Il y a un groupe d'experts internationaux, les plus
réputés au monde, qui nous ont servi de consultants et de
critiques vis-à-vis des travaux qui étaient faits par des firmes
de consultants; donc, groupes de consultants de Montréal, experts
internationaux et les propres équipes d'Hydro-Québec. Avec cette
triple approche, le consensus se fait sur les meilleures méthodes
à prendre pour éviter une détérioration plus grande
du barrage dans le cadre de ce que M. Hamel vient de dire.
M. Gauthier: À ce moment-ci, M. le Président, je
pense qu'on peut dire que les propos alarmistes qui ont été tenus
par certains médias ou par certaines personnes concernant des dangers
sérieux de ce barrage n'ont pas de raison d'être. Si je comprends,
Hydro est maîtresse de la situation, elle a développé une
expertise qui lui permet d'apporter les correctifs qui seront jugés
nécessaires et il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure de
la situation du barrage.
M. Coulombe: Je pense qu'il faut dire que nous sommes très
préoccupés, à Hydro, par le problème et très
anxieux de mettre les solutions en place le plus rapidement possible. Mais
l'ensemble de nos consultants, que ce soit au point de vue international, local
ou interne, ne sont pas outre mesure nerveux. Mais on est
préoccupé d'en arriver à une solution le plus rapidement
possible.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup. J'aurais encore d'autres
questions pour continuer...
Le Président (M. Charbonneau): Je rappelle à tous
les membres de la commission, lorsque vous avez la parole, que vous avez le
droit de l'utiliser pendant dix minutes consécutives et les dix minutes
n'incluent pas les réponses de nos invités. Par ailleurs, il y a
alternance; à quelques reprises déjà, vous et le ministre
êtes intervenus plus d'une fois. Vous pouvez intervenir plus d'une fois,
mais quand vous avez la parole, vous pouvez parler pendant dix minutes, pas
plus. Vous pouvez continuer encore pour un certain temps, à moins
que...
M. Théorêt: M. le Président, pour autant que
ce soit toujours sur le même sujet.
M. Gauthier: Toujours sur le même sujet. J'oserais
même dire que cela sera davantage pertinent, ce que j'avais
commencé à dire, que la dernière question que je viens de
poser. Concernant les équipements, je pense que je dois m'adresser
encore là au vice-président. M. le vice-président, des
équipements comme ceux que l'on vient de voir, des barrages nouveaux,
des additions nouvelles doivent exiger, j'imagine - on en fait mention quelque
part dans le document, je n'ai pas la référence, cependant - des
interconnexions supplémentaires importantes, surtout quand on parle d'un
scénario d'exportation qui est assez intéressant. J'imagine que
cela se quantifie, que les coûts de ces projets-là sont
évalués et que l'impact, en termes d'emplois, est
également évalué par Hydro. Est-ce que vous pourriez nous
entretenir sur cette question des interconnexions? Parce que j'imagine que
c'est une part importante de l'effort d'équipement qu'Hydro doit faire
d'ici une dizaine d'années.
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne
les interconnexions, ce n'est pas en fonction des barrages et des
centrales. C'est en fonction des marchés externes. Il faut regarder cela
plutôt sous l'angle des marchés externes que sous l'angle des
barrages et des centrales.
Exemple, si nous avons besoin de barrages et de centrales pour les
besoins internes, il n'est pas requis d'avoir des interconnexions. Nous avons
vu tout à l'heure, lorsque nous avons traité des marchés
externes, que la première option, c'était de remplacer, disons,
l'excédentaire par du ferme, donc avec les moyens que nous avons
actuellement. Il n'est pas question pour le moment de construire de grandes
interconnexions dans la phase I et dans la phase II. Par contre, on a vu sur un
des tableaux qu'à la phase III de l'exportation il faudra penser
à une grande interconnexion au-delà de la sixième ligne
que nous nous apprêtons à réaliser bientôt.
Il reste à voir si nos démarches pour ce qui est de
l'exportation vont réussir ou non avant de parler de grandes
interconnexions additionnelles au-delà du projet Radisson-Nicolet-Des
Cantons.
M. Gauthier: D'accord. Vous me replacez dans le contexte. Mon
intervention n'aurait pas eu lieu si je m'étais souvenu que, dans la
deuxième phase prévue dans le domaine de l'exportation, on
utilise les interconnexions actuellement existantes.
M. Coulombe: Ou qui vont être en construction. La
dernière, la sixième ligne, va être terminée en
1990.
M. Gauthier: En 1990.
M. Coulombe: C'est cela. C'est le stock d'interconnexions qu'on a
actuellement. Par contre, dans les autres réseaux, pour les moyens de
transport à l'intérieur du Québec, c'est évident
que si M. Hamel vous a donné les chiffres tantôt de la
septième ligne et de la huitième ligne, c'est qu'il s'agissait de
grandes lignes de transport, mais cela suppose toute une infrastructure au
niveau des réseaux de répartition et, évidemment, des
réseaux de distribution. Tout s'enchaîne en termes
d'investissement dans ce domaine.
Ordonnancement des travaux
M. Gauthier: Une dernière question sur le sujet. À
la page 64 du document que vous nous avez remis, au paragraphe 3, où on
fait une espèce de synthèse des objectifs et des
stratégies, il y a une phrase qui me surprend un peu. C'est dans la
deuxième colonne en haut: "Pour ce faire, poursuivre un programme
intégré d'études portant sur l'ordonnancement des projets.
À cette fin, il s'avère utile et nécessaire de poursuivre
les études relatives au projet Sainte-Marguerite ainsi que les
études pour la réalisation modulaire du complexe Grande Baleine."
Cela m'étonne un peu de voir cela, parce que j'avais l'impression bien
naïvement que l'ordonnancement qui nous était donné dans ces
tableaux était quelque chose d'ex cathedra, que c'était l'ordre
dans lequel cela allait se faire.
Est-ce qu'il y a des possibilités, à un certain moment,
qu'on inverse des projets et qu'est-ce qui ferait qu'un projet serait
inversé par rapport à un autre vu que, j'imagine, vous en avez
déjà évalué les coûts et les impacts? Ce
n'est certainement pas le fruit du hasard si Hydro-Québec a mis LG 1
avant Laforge dans le tableau. Est-ce que je comprends bien en pensant que
cette phrase veut dire qu'il pourrait y avoir un bouleversement de ces projets?
Qu'est-ce qui ferait qu'il y aurait un bouleversement, si c'est le cas?
M. Mercier: Pour tenter de répondre à votre
question, c'est que finalement il nous reste encore des études à
compléter sur l'ensemble du programme. Beaucoup des projets que vous
avez vus ne sont pas tous au même niveau de connaissance - par exemple,
Sainte-Marguerite n'est pas à ce qu'on appelle un niveau d'avant-projet
- à un niveau de connaissance suffisant pour pouvoir les connaître
exactement, avec une certaine précision qui nous permet de prendre des
décisions fermes. C'est le cas de Sainte-Marguerite, mais c'est le cas
aussi de NBR. Pour NBR il y a déjà eu des avant-projets
très poussés qui ont été faits sur l'ensemble du
complexe. Mais il reste qu'aujourd'hui, étant donné que la
situation a beaucoup . changé, parce que NBR avait été
conçu surtout en pensant aux besoins du Québec
antérieurement, lorsque la demande était extrêmement forte,
et parce qu'on considère plutôt les besoins à
l'exportation, il serait peut-être très intéressant qu'on
puisse avoir beaucoup plus de flexibilité, surtout dans le complexe NBR.
Dans ce sens, on veut étudier finalement la possibilité de
séparer l'ensemble du complexe NBR en modules plus petits en fait, qui
nous permettraient d'être beaucoup plus flexibles dans la
réalisation du complexe.
Effectivement, vous avez raison en partie. Si les études
additionnelles qu'on ferait nous permettaient de confirmer le coût
économique de Sainte-Marguerite ou de trouver que NBR pourrait
être scindé en modules différents, il pourrait y avoir
certains changements. On pourrait peut-être faire un module de NBR avant
le complexe Grande Baleine. Donc, il y a certains ajustements encore qui
pourraient être faits pour arriver à l'optimum comme ensemble de
projets hydroélectriques.
M. Coulombe: Un exemple précis pourrait être
donné. Le problème de l'ordonnancement de ces travaux dans le
plan de développement d'Hydro a toujours une allure de rigidité
et, en fait, on ne veut qu'il ait cette rigidité. Un exemple dans le
passé, dans les plans de 1980, 1981, 1982, vous avez retrouvé,
comme un des projets prioritaires de pointe, Delaney. En 1982, lorsqu'on a
coupé le programme d'investissement à cause de la baisse de la
demande et de la crise économique, Delaney est resté dans
l'ordonnancement comme le numéro 2 ou 3 des grands projets depointe. Pendant que le projet était arrêté - on a
arrêté les études et autres - la situation s'est
modifiée. Le projet était conçu à une époque
où la fine pointe nécessitait ce genre de réserve
pompée avec les investissements. Or, à la suite des changements
de comportement des consommateurs, au lieu d'être à la hausse, la
pointe s'est affaissée. Le résultat, des planificateurs
d'équipement ont dit: Delaney n'est plus le projet le plus valable pour
répondre aux besoins de pointe, c'est LG 2 PA qui est le plus valable.
La pointe s'était affaissée. Cela est dû au comportement
des consommateurs, aux programmes commerciaux et ainsi de suite.
L'ordonnancement a été modifié. Carrément, on a mis
de côté le projet Delaney puis, on a fait LG 2 A.
Alors, il se peut qu'il y ait des circonstances comme celles qu'on vient
d'examiner au point de vue technique, mais il se peut qu'il y ait d'autres
circonstances aussi qui restructurent cet ordonnancement. Mais il ne faut pas
oublier qu'on parle d'horizon de temps de dix ou quinze ans. il se produit
beaucoup de choses. C'est pour cela qu'on ne voudrait pas que ce soit
perçu comme une structure rigide et définitive.
Ce qui est définitif là-dedans, ce sont les deux premiers,
c'est-à-dire la fin de Manic 5, puis LG 2 PA; c'est un peu dans le
béton, quoique c'est peut-être là une mauvaise expression
"dans le béton". Les autres sont des hypothèses qui nous semblent
à l'heure actuelle les plus plausibles, mais ce ne serait pas
irrationnel que dans deux, trois ou quatre ans il y ait un ordonnancement un
peu différent selon des critères techniques ou des
critères d'environnement.
M. Gauthier: J'ai apprécié votre exemple. Cela se
conçoit bien dans le cas d'un équipement prévu pour une
période de pointe. Cela se comprend très bien, d'autant plus que
les coûts - vous nous l'avez expliqué et c'est écrit dans
l'étude - calculés font en sorte qu'à un moment
donné tel équipement devient préférable à
tel autre, selon le comportement de la pointe surtout en termes de longueur,
plus de 200 heures, moins de 200 heures, etc. J'ai compris cette
chose-là et je vous remercie de l'exemple. Mais je vous avoue que, si
vous ne voulez pas que l'idée de rigidité persiste, vous allez
devoir m'en donner un peu plus. Quand on parle d'équipement de base,
est-ce que, toute condition étant égale par ailleurs, LG 1 est
jugé économiquement plus rentable que La-forge 1 dans la liste?
Je ne sais pas si je pourrais vous demander un exemple supplémentaire
impliquant de l'équipement de base et qui amènerait un changement
d'ordre de projet.
M. Coulombe: Je vais vous donner un exemple très
précis. Il est peut-être délicat à donner, le projet
de développement hydroélectrique à Montréal, le
projet Archipel. Au point de vue technique, c'est un projet qui, selon les
caractéristiques techniques qui avaient été
développées - et je vais laisser M. Mercier en parler plus
à fond - était classé parmi les projets
intéressants. Il arrive une variable externe: l'exigence de
l'environnement sur la question du canal des rapides de Lachine. C'est une
variable externe qui est devenue tellement importante qu'il a fallu modifier
l'ordonnancement technique du projet et le résultat net, c'est que le
projet, au lieu d'être classé parmi les premiers, a
dégringolé. Et c'était une centrale de base. Voilà
un exemple, évidemment, qui est un peu à la limite, d'un projet
qui techniquement se classait de façon X; on introduit une variable
fondamentale pour ceux qui avaient à prendre cette décision,
c'est-à-dire la protection des rapides, et immédiatement il a
fallu changer l'aspect technique du projet, et celui-ci est parti de la
deuxième ou troisième place et est rendu après ces
projets-là.
M. Gauthier: En terminant, M. le Président... Je sais que
nos travaux doivent être suspendus, il est 18 heures. Je reviendrai,
d'ailleurs, ce soir pour compléter les questions.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous avez une question,
je préférerais que vous la réserviez dans ce cas pour 20
heures, car cela peut nous mener loin.
M. Gauthier: Je la réserve pour 20 heures, M. le
Président. On y reviendra.
Le Président (M. Charbonneau): S'il n'y a pas
d'objections, on va suspendre les travaux jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président CM. Charbonneau): La commission parlementaire
de l'économie et du travail reprend l'exécution de son
mandat,
c'est-à-dire l'analyse et l'étude de la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec. Je pense que, comme tout le monde l'a
constaté, c'est un mandat compris dans son sens large, la proposition
tarifaire ayant des incidences et des corollaires sur lesquels on s'est
penché jusqu'à maintenant sans encore avoir abordé la
proposition tarifaire proprement dite.
M. le député de Roberval.
M. Gauthier: N'ayez crainte, M. le Président, on va
aborder la proposition tarifaire dans les minutes ou les heures qui vont
suivre. J'aimerais cependant terminer...
Une voix: Les heures qui vont suivrel
M. Gauthier: Que je sache, on siège encore une couple
d'heures, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Ah oui!
M. Gauthier: J'ai très bien soupé, M. le ministre.
Comme vous, probablement, trois bouchées. On parlait de l'ordonnancement
des travaux et on nous avait dit que le complexe NBR serait vraisemblablement
morcelé et que les études pourraient être faites
individuellement pour chacun des projets. J'ai cru comprendre cela. Est-ce
qu'on pourrait savoir ce que représente NBR comme complexe quand on
pense à le morceler comme projet? Est-ce trois projets, cinq projets?
Quel morcellement est prévu, puisqu'on en a fait état avant qu'on
se laisse pour le lunch?
M. Hamel (Laurent): Le projet NBR, comme le nom le dit, englobe
trois rivières, les rivières Nottaway, Broadback et Rupert.
L'idée, c'est de dériver deux des trois rivières dans une
seule rivière et d'aménager principalement cette
rivière-là. En tout, on prévoit la construction de neuf
centrales hydroélectriques. Dans ces centrales-là, il y en a qui
sont plus intéressantes que d'autres par rapport aux coûts
investis et à l'énergie qui en résultera.
L'avant-projet est pratiquement complété. Il a
été réalisé par la Société
d'énergie de la Baie James et il est terminé depuis environ
quatre ou cinq ans. À ce moment-là, on l'a conçu comme un
complexe et aujourd'hui, à la lumière des informations qu'on a,
ainsi que de la tendance, on veut le regarder à nouveau et voir si on ne
pourrait pas le morceler et construire les éléments les plus
intéressants pour Hydro-Québec pour des questions de demande
interne ou même aussi de demande externe, c'est-à-dire pour
l'exportation. Il faudrait faire des études additionnelles à NBR
pour voir s'il n'y aurait pas avantage pour Hydro-Québec à
prendre une ou deux des neuf centrales et à les réaliser avant
certaines autres. Les chiffres qu'on a sur NBR sont globalisés. Si on
prend le meilleur projet, il est certain qu'il deviendra beaucoup plus
intéressant que la moyenne. Cet exercice n'a pas encore
été fait.
La même chose pour Grande Baleine qui, comme vous le savez, est au
nord de La Grande. Il y a trois projets, trois centrales: GB 1, GB 2 et GB 3.
Il est certain que le projet GB 1 est beaucoup plus intéressant que les
projets GB 2 et GB 3. On va aussi regarder Grande Baleine. Lorsqu'on a fait
l'avant-projet, c'était global. Si on allait chercher juste GB 1, est-ce
que GB 1 serait plus intéressant ou aussi intéressant que
certaines centrales de la phase II du complexe La Grande?
M. Gauthier: Quand vous parlez, M. le vice-président, de
regarder cela à nouveau, vous faites certainement
référence aux études qui ont été faites
depuis un bout de temps - cela fait quelques années déjà
que c'est fait - qui doivent être mises à jour
nécessairement. J'ai l'impression qu'il y a des données qui ont
changé considérablement par rapport aux avant-projets ou aux
études qui ont été faites il y a sept, huit ou dix
ans.
M. Hamel (Laurent): Sur le côté physique, il n'y a
pas beaucoup de changements. En fait, il n'y a pratiquement pas de changements.
On a continué à prendre certaines lectures depuis ce temps au
point de vue hydraulique, mais les données de base sont demeurées
les mêmes. Je ne pense pas qu'on revoie fondamentalement les sites et les
centrales. Les études additionnelles porteraient surtout sur
l'agencement. On sait qu'il y a des dérivations. Est-ce qu'on serait
mieux de faire telle centrale ou de dériver cette
rivière-là avant l'autre? C'est ce genre d'étude qu'il va
falloir faire pour, justement, isoler une ou deux centrales et savoir vraiment
ce qui est le plus rentable pour Hydro-Québec, si on devrait
démarrer centrale par centrale plutôt qu'attaquer le complexe dans
son ensemble.
M. Gauthier: Si je comprends bien votre réponse à
la question précédente, les coûts actuellement
calculés pour NBR, c'est pour le complexe dans son entier. C'est donc
dire qu'en étudiant séparément, par phases, le projet,
cela pourrait être un élément qui amène un
devancement d'équipement par rapport à ce qui est
déjà inscrit dans le plan d'équipement.
M. Hamel (Laurent): II est possible qu'à la suite de ces
études on aille isoler une centrale de NBR et la devancer par rapport au
complexe lui-même et peut-être à certains autres projets
à l'extérieur du complexe NBR. C'est possible.
M. Gauthier: Une dernière question. Quelle est la
puissance totale de NBR?
M. Hamel (Laurent): Je crois que c'est près de 8000
mégawatts.
Une voix: C'est 7000 mégawatts.
M. Hamel (Laurent): 7000 mégawatts.
M. Gauthier: 7000 mégawatts. Je vous remercie beaucoup.
Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Baril: Bonsoir. Je suis le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue; donc, cela me fait un peu quelque chose de
voir qu'il y a un projet qui démarre au nord de la région que je
représente. On suit cela de près. Je voudrais aborder des
questions propres à mon comté. De plus, je vous remercie
beaucoup; vous m'épargnez un voyage à Montréal, parce que
j'avais l'intention, dans les semaines qui viennent, de me rendre chez vous
pour prendre un peu d'information afin de savoir de quelle façon vos
gens vont procéder pour faire les achats, aussi de quelle façon
vous allez embaucher le monde juste dans un but bien précis, car, chez
nous, dans le Nord-Ouest du Québec, en Abitibi-Témiscamingue, il
faudrait voir à ce que nos gens, ce coup-ci, se préparent plus,
soit en suivant des cours ou je ne sais pas trop quoi, pour qu'ils puissent
avoir leur fameuse carte pour qu'on ait notre part d'embauche dans le
Nord-Ouest du Québec.
C'est un peu cela qui était le début de ma question. Pour
commencer, j'aimerais qu'on reparle un peu de ma première question.
Quelle est votre structure? Est-ce qu'elle est exactement la même
qu'avant, à savoir si on parle encore de la SEBJ, de la SDBJ, de la
municipalité de la Baie-James, etc?
M. Coulombe: Le mandat de construction de LG 2 PA est
donné è la SEBJ. Essentiellement, la SEBJ va fonctionner selon le
modèle suivant lequel elle a fonctionné depuis quinze ans ou
treize ans. Donc, au point de vue de la structure, c'est très clair.
C'est de la cogérance. La SEBJ va avoir la gérance avec une firme
d'ingénieurs de Montréal qui est déjà choisie. On
va procéder comme dans les projets de la phase I. Avant de donner la
parole à M. Hamel qui pourra expliquer, de façon plus
précise, les problèmes de logistique, d'organisation du chantier
et du choix de personnel dans le cadre du décret de la construction et
des entrepreneurs, j'aimerais souligner que, dans votre région, il y a
eu quand même un événement intéressant qui s'est
produit l'année passée, alors qu'on a fusionné la
région Baie-James et la région Abitibi, ce qui a quand même
créé 150 nouveaux emplois permanents dans la région. Nul
doute que cela va solidifier la structure régionale au point de vue de
l'exploitation.
Il est bien clair que la structure d'exploitation n'a pas
d'autorité sur la construction de LG 2 PA. Peut-être que M. Hamel
pourra expliquer un peu plus clairement les questions de logistique et de
personnel en jeu là-dedans.
M. Hamel (Laurent): En ce qui concerne l'embauche du personnel,
cela va se faire un peu comme cela s'est fait pour la phase I du complexe La
Grande. Il y a des priorités qui sont données aux gens qui sont
sur place, c'est-à-dire les gens de la région immédiate du
projet LG 2 A. Il y a les gens de Chisasibi ceux qui auraient une
première priorité. Ensuite, ce sont les régions
périphériques au projet. Je pense à I'Abitibi, au
Saguenay. Ensuite, on donne préférence aux autres régions
un peu plus loin. Disons que, dans le passé, dans La Grande, phase I, si
vous avez regardé les statistiques, c'est que l'Abitibi était la
première devant toutes les autres régions pour fournir le
personnel qui a oeuvré sur le complexe La Grande Phase I, toutes
proportions gardées si on tient compte de la population régionale
de l'Abitibi. Nous avons l'intention de continuer dans le même sens pour
LG 2 A et les autres projets qui vont suivre, de donner une priorité aux
régions périphériques avant d'aller à
l'extérieur.
En ce qui concerne les approvisionnements en biens et matériels,
disons qu'on a la politique à Hydro-Québec et à la
Société d'énergie de la Baie James, pour des montants
supérieurs à X dollars, de procéder à un appel
d'offres public au niveau de la province. Les gens qui sont près du
projet sont favorisés dans le sens que leurs coûts de transport
pour les gros chantiers sont moindres et, pour les achats pour lesquels nous ne
sommes pas obligés d'aller en appel d'offres public, sur le chantier
même nous allons avoir un bureau d'achats local. Ces gens-là ont
comme instruction de demander des prix dans la région; encore-là,
la région immédiate est en avant des autres régions sous
cet aspect.
M. Baril: Lorsque vous dites que vous allez engager, qui fera les
engagements? J'ai vécu la Baie James, j'étais là durant
ces années. Qui va engager? Est-ce que c'est le centre de main-d'oeuvre,
est-ce HydroQuébec, est-ce la SEBJ, c'est qui? Est-ce un bureau du
syndicat qui va engager?
M. Hamel (Laurent): Le projet va être construit par des
entrepreneurs, alors, les entrepreneurs vont embaucher leurs
employés.
Par contre, les entrepreneurs, dans leur contrat, on leur demande de
suivre les instructions contractuelles qu'on va leur donner, disons que cela
apporte un avantage aux gens des régions périphériques
avant d'aller à l'extérieur. La Société
d'énergie de la Baie James vérifie ces choses-là et
s'assure que c'est fait selon les clauses contractuelles.
M. Baril: Je ne veux pas prendre trop de votre temps. Je me
souviens qu'au niveau des achats dans notre région on avait beaucoup de
problèmes parce que vous demandiez des prix f.o.b. Montréal; vous
transportiez vous-mêmes votre matériel à partir de la cour
de transbordement de Montréal. Nous, en Abitibi, nous avons fait
plusieurs voyages chez vous à la SEBJ pour essayer de combattre ce
système-là et au moins donner un "f.o.b. point" égal
à tout le monde. Moi, on me disait: D'accord, il faut que tu sois f.o.b.
Matagami. Nous autres, nous étions pénalisés en faisant
400 milles de plus et le gars de Montréal, lui, avait 5 ou 10 milles
pour aller porter son stock; vous payiez le transport, vous.
C'est pour cela que je profite de l'occasion pour vous passer ce petit
message. Au niveau des achats, dans ce futur projet, j'espérerais bien
qu'au moins le f.o.b. soit un peu plus respecté afin que, peu importe
qui veut soumissionner à la Baie James, il ait la même chance
qu'un gars de Montréal.
M. Hamel (Laurent): À ce sujet, le complexe de La Grande,
phase 1, a été construit en un bloc. Les questions de logistique
étaient immenses. Il a fallu que la Société
d'énergie de la Baie James s'organise en fonction de l'échelle du
projet. Tandis que pour la phase qui s'annonce, les projets vont venir un par
un. Il est pensable - on s'oriente actuellement dans cette direction-là
qu'on laisse les entrepreneurs et les fournisseurs faire le transport
eux-mêmes. À ce moment-là, cela va éliminer un peu
le problème que vous aviez en Abitibi.
M. Baril: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Pas d'autres questions? M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. J'ai
quelques questions très spécifiques concernant des chiffres sur
les différents équipements. D'abord, le vice-président
exécutif aux équipements, M. Hamel, a dit au ministre comme
réponse, si j'ai bien compris - je voudrais juste rectifier et
être assuré qu'on parle de la même chose - dans le cas de LG
2, que la centrale serait mise en service en 1992. En fait, c'est la phase I.
Je ne pense pas que cela avait été spécifié. Mais
on parlait vraiment de la phase I en 1992; l'autre partie, la phase II, est
beaucoup plus loin. C'est cela?
M. Hamel (Laurent): C'est exact.
M. Parent (Bertrand): Concernant le cas de Manic 5 PA M. le
vice-président, vous avez mentionné - du moins, j'ai compris -que
le montant des travaux qu'il restait à faire était d'environ 250
000 000 $ selon les chiffres que vous avez avancés cet
après-midi. Les données que j'avais, à partir d'un
communiqué de Mme Hélène Gauthier-Roy, qui a
été émis du bureau du président le 7 novembre
dernier, faisaient état de 550 000 000 $ qui restent à investir
pour compléter Manic 5 PA. Je voudrais juste savoir si les chiffres de
450 000 000 $ ou de 550 000 000 $ sont les bons chiffres. On a le tableau,
à la page 64, qui nous révèle 112, 110, 170 et 86 dans les
années subséquentes.
M. Coulombe: 178.
M. Parent (Bertrand): Pardon?
M. Grignon: Cela voudrait dire, selon le tableau de la page 64,
que, outre les 343 000 000 $ qui ont déjà été
investis dans Manic 5 PA, il resterait 478 000 000 $ de travaux à
effectuer d'ici la mise en service en 1989.
M, Parent (Bertrand): Donc, cela fait 478 000 000 $. Je vous
remercie beaucoup. Est-ce qu'il est exact, M. le Président, tout en
essayant d'arrondir un peu les chiffres, d'avancer que, si on prend l'exemple
de Manic 5, avec les chiffres pour compléter, de même que LG 2 PA,
il en coûte environ 800 000 $ pour un mégawatt puisqu'il en
coûte 800 000 000 $ pour 1000 mégawatts? Basé sur ces
chiffres, est-ce qu'on peut dire que l'investissement ou le coût de
revient au niveau de l'infrastructure pourrait être de l'ordre d'à
peu près 800 000 $ par mégawatt? C'est un calcul, parce que si je
regarde particulièrement les chiffres qui sont avancés dans le
cas de Manic 5, Manic 5, c'est une centrale qui devrait produire 1000
mégawatts - c'est exact - pour un coût total d'environ 820 000 000
$, puisqu'il y a déjà des travaux de faits. C'est la même
proportion pour LG 2; dans les deux phases, on aura environ 1980
mégawatts, c'est-à-dire tout près de 2000 mégawatts
pour un coût total d'environ 1 700 000 000 $. Ce que j'essaie
d'établir, c'est comment il en coûte en infrastructures, à
partir de ces deux projets, en moyenne par mégawatt.
M. Mercier: En fait, pour l'ensemble du projet de Manic 5 PA, la
difficulté pour évaluer correctement le coût par kilowatt
vient du fait qu'on a arrêté le projet à
partir de 1985. Somme toute, une grosse partie des investissements avait
été faite, en fait, toute la partie civile a déjà
été montée sur le site. Parce qu'on a arrêté
les travaux durant un certain nombre d'années, il nous en reste environ
actuellement, en dollars constants, pour environ 210 000 000 $ à
effectuer aujourd'hui, en évitant l'inflation et les
intérêts.
Ce qui arrive avec la partie qui est déjà
dépensée, les 340 000 000 $ qui ont déjà
été dépensés sur l'ensemble du projet, c'est qu'ils
portent intérêt et, durant une période d'au moins trois ou
quatre ans, ils vont porter intérêt et vont augmenter le projet
aux 820 000 000 $ que vous avez. En principe, l'ensemble du projet coûte
environ 500 000 000 $ et, comme on vous l'a démontré correctement
tout à l'heure, en divisant par la puissance de 1000 mégawatts,
on arrive à environ 500 $ le kilowatt, ce qui est très comparable
aux autres projets de pointe.
Le retard qu'on a lorsqu'on cumule les intérêts, cela
fausse effectivement le coût du projet. Vous avez raison, dans ce cas, de
dire que cela vient augmenter de beaucoup le coût du projet de
pointe.
M. Parent (Bertrand): Mais si on refait le calcul - si vous me le
permettez, je ne veux pas m'enfarger dans ces chiffres; par contre, cela me
semble important - si on fait le même raisonnement à partir des
2000 mégawatts qui seront produits avec les deux phases LG 2 A, on se
retrouve avec un coût total de départ de 1 700 000 000 $ et on
retrouve ou les 800 000 000 $ le mégawatt ou les 800 $ le kilowatt.
M. Hamel (Laurent): En dollars courants, vous arrivez à la
même réponse. C'est de l'ordre de 800 000 $ le
mégawatt.
M. Mercier: Si on prend exactement le même montant en
dollars constants, pour LG 2 A, vous avez un coût total de 840 000 000 $
pour produire les 2000 mégawatts. Cela vous donne un ordre de grandeur
de 400 $ le kilowatt. C'est tout à fait comparable à Manic 5 PA.
Effectivement, quand les projets sont retardés, vous avez des
coûts d'intérêt additionnels qui peuvent ajouter beaucoup et
fausser les coûts totaux. (20 h 30)
M. Parent (Bertrand): Mais dans le cas de LG 2, je n'arrive pas
à 400 $, j'arrive à 800 $.
M. Mercier: Parce que c'est en dollars courants.
M. Parent (Bertrand): D'accord. M. Mercier: C'est
ça le problème.
M. Parent (Bertrand): Merci. Dans le cadre de votre objectif 3
qui est de poursuivre le programme de rénovation, mon collègue,
tantôt, a parlé des travaux de confortement qui devront être
faits au barrage Daniel-Johnson. Dans les budgets, puisque ça fait
partie d'un des trois objectifs que vous poursuivez en termes
d'équipement, d'amélioration ou de modernisation des
équipements, qu'est-ce que cela peut représenter, cette portion
de modernisation incluant, si j'ai bien compris, les travaux de
confortement?
M. Hamel (Laurent): Les travaux de confortement ne font pas
partie de l'amélioration du réseau des équipements, c'est
un dossier qui est traité à part. Comme je le disais tout
è l'heure, nous sommes en train de compléter l'avant-projet et,
au terme de l'avant-projet, nous allons recommander au conseil la
réalisation de ce projet, le confortement du barrage Daniel-Johnson.
À ce moment-là, on aura le prix à payer pour la
réalisation du projet.
M. Coulombe: En fait, le programme de rénovation de
centrales consiste essentiellement à remplacer des roues de turbine et
à rendre plus efficaces les groupes. Prenons un exemple: une centrale ou
des groupes peuvent produire 150 mégawatts; en les modernisant, en
changeant les roues, en augmentant l'efficacité, ils vont en produire
175 ou 180, donc une augmentation de 5 %, 6 %, 7 %, 10 % avec la même
installation. Ce sont des travaux et, à la page 64, on prévoit
une augmentation de 364 mégawatts juste en modernisant les
équipements déjà existants. C'est un travail qui a
été commencé depuis quelques années et qui va se
poursuivre pendant les décennies qui vont venir, tout simplement parce
qu'il y a des centrales qui datent de vingt ans, trente ans, quarante ans.
C'est le temps de les moderniser, mais, en les modernisant, on en
augmente la production. Cela fait donc des mégawatts
supplémentaires très peu dispendieux par rapport à des
constructions nouvelles. C'est donc une marge de manoeuvre
supplémentaire qu'on se donne en rénovant ces centrales.
Évidemment, il n'y a pas que les roues de turbine; comme M. Roy
l'expliquait cet après-midi, il y a tout l'automatisme, etc. Cela fait
donc partie de l'augmentation de la productivité du parc
d'équipement. Il y a beaucoup d'argent d'impliqué
là-dedans et c'est extrêmement payant pour l'entreprise parce que
les infrastructures sont toutes là et il ne s'agit que de changer des
pièces importantes pour augmenter la productivité. Cela, c'est le
programme de rénovation.
M. Parent (Bertrand): Par contre, à la page 65, en milieu
de page, dans les
stratégies, on mentionne, justement, la rénovation des
centrales les plus vieilles, comme Beauharnois, Farmers, Shawinigan,
Grand-Mère. On parle "d'entreprendre des travaux de confortement au
barrage Daniel-Johnson afin de mettre un terme..." Bon. J'avais un peu
l'impression que cela rentrait à l'intérieur de l'enveloppe
budgétaire; est-ce exact ou si ce sera une enveloppe budgétaire
à part?
M. Coulombe: Ce sera une enveloppe budgétaire à
part parce que, au moment où on se parle, les enveloppes
définitives ne sont pas fixées sur l'ampleur du confortement
qu'il y aura à faire à Manic 5 et cette enveloppe peut varier
dans des marges de...
M. Hamel (Laurent): Entre 150.000 000 $ et 275 000 000 $.
M. Coulombe: ...100 000 000 $, 150 000 000 $, 200 000 000 $ et
250 000 000 $. L'ampleur du confortement n'est pas claire encore et ce sera un
budget spécial pour ce projet.
M. Parent (Bertrand): Je vous remercie. M. le Président,
j'aurais besoin d'une explication additionnelle parce qu'il y a un petit bout
que je ne comprends pas. Je ne sais pas si mes autres collègues de la
commission trouvent cela bien clair. Je me réfère à la
page 5 et la question est très générale. J'essaie de voir
l'ensemble de la puissance qui va se dégager face au projet
d'équipement, donc différents investissements qu'on fera par
rapport à ce qu'on retrouve dans le tableau. En début de
séance, on parlait d'une réalisation qu'on a dû freiner
dans le plan des années quatre-vingt. Lorsqu'on repousse dans le temps
ces différents projets, y compris Grande Baleine, Brisay, La Romaine,
etc., on arrive, si j'ai bien compris, à une mise en service d'environ
25 000 mégawatts. Ma question, c'est de dire: Aujourd'hui, si on les
prend projet par projet, LG 1 va dégager 1000 mégawatts, Brisay
360, Sainte-Marguerite 300, Grande Baleine 2100. J'arrive à une
puissance d'environ 5000 ou 6000 mégawatts, lorsqu'on aura
réalisé tout ce projet qui devait être
accéléré et qui a été retardé.
Où se retrouve cette différence par rapport aux 24 000
mégawatts qu'on devait avoir en service?
M. Grignon: De fait, ce que montre ce tableau-là, c'est
que, dans le plan dont il est question, qui a été discuté
en commission parlementaire en février 1981, ce qui était
prévu, c'était de mettre 24 700 mégawatts en service entre
1985 et 1995. Ce qui est dit là, c'est que tous ces projets-là
qui venaient après la phase I du complexe La Grande ont
été reportés. Aujourd'hui, dans le plan qu'on examine, on
prévoit mettre en service des équipements pour 3600
mégawatts d'ici 1995. Évidemment, plusieurs des projets qui ont
été reportés seront mis en service après 1995, mais
si on prend la période des mises en service entre 1985 et 1995, il en
était prévu 24 700 et on prévoit aujourd'hui mettre en
service 3600 mégawatts, soit 980 mégawatts Manic 5 PA en 1989,
1900 mégawatts LG 2 Phases I et II en 1992 et 1993 si rien ne changeait
et 700 mégawatts d'équipement de pointe d'ici 1995.
Les autres projets ont été reportés. On les
retrouve effectivement pour des mises en service qui seraient après
1995.
M. Parent (Bertrand): D'accord, cela répond à une
partie de ma question, sauf qu'entre les 3500 mégawatts qu'on mettra en
vigueur au cours des prochaines années et le plan, il reste une
différence de 17 000, 18 000 ou 19 000 mégawatts qui seront
reportés au-delà de l'an 2000.
M. Grignon: II s'agit de 19 000 mégawatts qui devaient
répondre à une demande qui, compte tenu de ce qui s'est
passé depuis 1981 et du nouveau jugement qu'on porte sur
l'évolution de la demande, n'est pas là et qui reviendra soit
à la faveur de signature de contrats à l'exportation ou si jamais
la demande était un peu plus forte qu'on l'a prévue, mais
personne ne pense qu'effectivement on pourrait rejoindre les demandes
prévues.
M. Coulombe: Je pense qu'il faut clarifier encore là. De
1985 à 1995, c'est une étape. Après 1995, si vous regardez
le tableau qui est là, vous avez LG 1 qui est de 1300 ou 1400
mégawatts en 1996-1997; vous avez LA 1, Brisay, Sainte-Marguerite et
Grande Baleine. Dans ces cinq ans. si notre scénario se réalise,
vous avez ces quatre projets-là et Sainte-Marguerite... Il s'agit encore
de 3000 ou 3500 mégawatts entre 1995 et l'an 2000 si notre
scénario se réalise. Après, vous retrouvez les grands
projets Grande Baleine, La Romaine et, éventuellement, NBR et vous
retrouvez les 15 000 ou 16 000 mégawatts qui manquent.
M. Parent (Bertrand): Cela répond à ma question.
Une dernière question, M. le Président. L'année
dernière, en commission parlementaire - je pense que vous avez comparu
exactement à la même date, le 26 mars - vous aviez
déposé un tableau dans lequel vous donniez le coût, par
rapport à La Grande Phase I, de LG 1, de La Romaine, de NBR. Je voudrais
savoir si ces chiffres ont été mis à jour et s'il serait
possible d'avoir ces coûts mis à jour. Cela s'appelait
"coûts par rapport à La Grande, Phase I". Il y avait des
coûts pour tous les projets qui étaient alignés. Cela avait
été déposé, je pense, en
commission parlementaire, l'année dernière.
M. Mercier: Je ne suis pas certain de l'information à
laquelle vous faites allusion. Est-ce que c'est un rangement de projets?
M. Parent (Bertrand): C'est un rangement de projets avec un
coût qui était établi par rapport è La Grande, Phase
I.
M. Mercier: Est-ce que ce montant était pour le projet
Archipel? On a fait un classement économique des projets pour Archipel.
On en a fait un autre pour le comparer par rapport au nucléaire. Je ne
sais pas lequel.
Le Président (M. Charbonneau): Le député
pourrait peut-être transmettre une copie du document.
M. Parent (Bertrand): Je voudrais simplement savoir si le tableau
a été mis à jour et, si oui, si on peut l'avoir pour faire
les comparaisons. Je vous remercie. J'ai terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le plan d'équipement?
S'il n'y en a pas d'autres, on va passer à la tarification. M. le
député d'Ungava.
Une voix: Aie, on ne fait pas l'alternance?
Le Président (M. Charbonneau): S'il n'y a pas d'objection,
je sais que c'est la règle de l'alternance. Par ailleurs, on
s'était dit aussi qu'on essaierait de vider un sujet. M. le
député d'Ungava, est-ce que vous avez plusieurs questions?
M. Claveau: J'avais quelques brèves questions.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais quand
même essayer d'être assez bref dans mes questions. D'abord, tout
à l'heure, quand on a parlé de décortiquer le projet de
NBR en divers petits projets, on a fait référence à neuf
centrales. Si je ne m'abuse, dans le plan original, il y avait environ douze
centrales, peut-être onze, mais de mémoire, je crois que c'est
douze. Est-ce que des centrales auraient déjà été
carrément éliminées du projet NBR initial?
M. Hamel (Laurent): L'ensemble du complexe, c'est douze
centrales, incluant les centrales sur la rivière Rupert. La grande
majorité des centrales est installée sur la rivière
Broadback. On dérive les rivières
Rupert et Nottaway dans la rivière Broadback et la
majorité des centrales va être sur la rivière Broadback. Si
on ajoute les centrales de la rivière Rupert, on arrive au chiffre de
onze ou douze centrales. Je n'ai pas le chiffre exact en mémoire.
M. Claveau: II y a une centrale de planifiée sur...
M. Hamel (Laurent): De toute façon, ce qu'il faut dire
ici, c'est qu'il n'y a pas de centrales qui ont été
éliminées depuis que l'avant-projet est terminé. Il n'y a
pas eu de changement là-dessus.
M. Claveau: D'accord. J'ai une autre question concernant les
investissements que vous aurez à faire. C'est peut-être en tant
que consommateur que je me préoccupe un peu du coût du kilowatt au
compteur, mais comment calculez-vous l'amortissement de ces investissements,
l'amortissement des centrales elles-mêmes par rapport au coût
à la consommation?
M. Neveu (Gilbert): Dans les états financiers
d'Hydro-Québec, les centrales sont représentées par un
montant qui croît à raison de 3 %, de telle sorte que la somme de
tous ces montants... Donc, un montant indexé à 3 % qui est
égal au coût de l'investissement initial.
M. Claveau: Vous ne calculez pas, par exemple, que sur une
période de 20 ans ou de 30 ans, la centrale...
M. Neveu: Oui, c'est amorti sur une période de 50 ans.
M. Claveau: 50 ans. Cela représente, en fait, dites-vous,
3 % de la facture.
M. Neveu: Non. C'est un montant qui croît à raison
de 3 % et la somme totale doit être égale au montant initial en
tenant compte de l'intérêt.
M. Claveau: Qu'est-ce que cela représente en termes de
sous? Quand on dit entre 0,03 $ et 0,05 $ le kilowatt à peu près,
le coût de l'électricité, la part de l'amortissement,
qu'est-ce que cela représente?
M. Neveu: Je peux le calculer. Je n'ai pas le chiffre exact pour
le moment. Je peux le calculer et vous fournir la réponse tout à
l'heure. (20 h 45)
M. Claveau: Si c'était possible, j'aimerais avoir
l'information.
M. Neveu: D'accord.
M. Claveau: Tout à l'heure, il y a eu une brève
introduction qui a été faite par mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue sur la question de l'emploi et des
activités régionales d'Hydro-Québec, Vous comprendrez que
c'est quelque chose qui me concerne, d'autant plus qu'une grande partie de ces
travaux se trouve à l'intérieur du comté que je
représente. Nous, on avait prévu d'intervenir là-dessus au
niveau des varia. Est-ce qu'on maintient cela? Michel, est-ce qu'on maintient
l'intervention au niveau des varia? On va revenir là-dessus.
D'accord.
Une dernière question par rapport à ce qui a
été dit jusqu'à maintenant. J'aimerais démystifier
un chiffre qui a été lancé tout à l'heure ou en fin
d'après-midi, quand on disait que d'ici à 1999 les travaux
prévus dans le plan d'investissement d'Hydro-Québec
représenteraient environ 34 000 emplois. Â ce moment, il y a une
vague, une brise printanière qui a soufflé chez nos
collègues d'en face, en disant: C'est énorme, 34 000 emplois.
J'aimerais bien qu'on précise, en tout cas, à moins que je ne me
sois trompé, qu'il s'agit, dans un premier temps de 34 000 emplois
temporaires qui peuvent durer entre six mois et un an ou deux, répartis
sur douze ans ou treize ans. La masse globale d'emplois annuels, enfin, en
termes de personnes-année, peut représenter 2000 à 3000,
3000 à 5000 dans les grosses périodes de pointe. Est-ce que je me
trompe?
M. Hamel (Laurent): Je pense que, si vous regardez dans le plan
de développement à la page 91, il y a un tableau assez explicite
sur ce qui va se passer, en tout cas, dans les prochaines années et ce
qui s'est passé durant les dernières années. On en a
parlé brièvement ce matin. HydroQuébec soutient des
emplois de différentes façons. Si vous examinez ce tableau, vous
voyez que, pour ce qui est des activités traditionnelles,
Hydro-Québec, comme producteur et distributeur
d'électricité, soutient dans les prochaines années environ
-on le voit - 38 000 emplois, 43 000 emplois, cela varie d'année en
année. De cela, on voit qu'il y en a à peu près 21 000 qui
sont dus aux activités d'exploitation et un montant à peu
près équivalent en moyenne au cours des trois prochaines
années dû aux investissements d'Hydro-Québec.
Évidemment, ces trois années ne sont pas une période
où les investissements sont aussi élevés qu'ils l'ont
déjà été dans les années soixante-dix ou
qu'ils le seront quand des projets de base redémarreront.
À part cet aspect traditionnel des activités
d'Hydro-Québec, avec le virage commercial, les activités de
promotion de l'électricité ont amené aussi le soutien
d'emplois importants, et on voit des chiffres de 15 000, par exemple, en 1986
qui représentent notre évaluation de ce qu'amènent les
activités commerciales d'Hydro-Québec en termes de
création d'emplois. De sorte que ce qu'on observe, c'est qu'avec le
ralentissement de la demande, avec la fin de la Baie James, il y a eu
effectivement une diminution des emplois au niveau des activités
d'investissements, mais de fait, cela a été compensé assez
largement par des activités commerciales.
M. Claveau: Si vous le permettez, on a parlé aussi de la
construction de lignes. Il y a la ligne 6. On sait que les travaux sont
commencés. Les travaux d'approche sont, à toutes fins utiles,
réalisés au moment où on se parle. On prévoit
commencer les travaux de construction prochainement: la ligne 7, qui est
nécessaire à l'implantation de LG 1, et éventuellement
aussi la ligne 8 avec Grande Baleine. Est-ce que la politique
d'Hydro-Québec concernant la construction des lignes va rester la
même, c'est-à-dire qu'on donne des contrats à
différentes compagnies par soumissions pour un secteur bien
spécifique de la ligne, de façon à construire à peu
près toute la ligne dans le moins de temps possible, c'est-à-dire
une période de six à huit mois de travail intensif au niveau de
la construction de la ligne comme telle, ce qui représente quand
même des emplois très temporaires dans ce cas-là?
M. Hamel (Laurent): Disons que notre politique en matière
de construction de lignes de longue distance, on essaie autant que possible
d'étaler le travail sur deux ou trois ans parce que la capacité
de nos entrepreneurs pour réaliser ces lignes n'est pas
illimitée. Si nous sommes coincés et, en d'autres mots, si cela
prend trop de temps pour obtenir nos permis et que la date de mise en service
demeure la même, à ce moment, s'il ne nous reste pas assez de
temps, nous allons être obligés d'aller en appel d'offres et de
distribuer le travail en peu de temps. Ce sont toujours les mêmes
entrepreneurs et ces gens-là ne pourront pas suffire à la
tâche. Il y a un danger et nous essayons d'étaler le travail sur
deux, trois ans. Nous commençons normalement dans le nord et nous
descendons vers le sud; nous essayons d'étaler cela pour que cela soit
deux, trois ou quatre entrepreneurs, spécialisés dans le domaine,
qui puissent faire le travail. La construction se répartît sur
deux, trois ans plutôt que sur une année ou une année et
demie.
M. Claveau: Si on reprend l'exemple de la ligne 5 qui a
été terminée à la fin de 1984, à l'automne
1984 si je ne m'abuse, à ce moment-là, disons que, effectivement,
il y a un certain étalement dans le temps par
rapport à trois ou quatre entrepreneurs qui sont toujours les
mêmes, comme vous le dites, mais pour chaque travailleur de la
construction qui travaille pour un entrepreneur en particulier, cela fait six
à huit mois de travail. C'est l'exemple qu'on a vécu avec la
ligne 5.
M. Hamel (Laurent): Normalement, à la ligne, on travaille
douze mois par année aussi longtemps qu'elle n'est pas terminée
parce que c'est un travail qui peut se faire en hiver. D'ailleurs, il y a des
sections de ligne qu'on préfère monter en hiver plutôt
qu'en été. Les entrepreneurs, lorsqu'ils ont un contrat,
planifient leur travail: les sections où le terrain n'est pas tellement
bon, ils font cela en hiver et ils se réservent le terrain qui est sec
et solide pour la période d'été. C'est un travail qui peut
se faire aussi bien en hiver qu'en été, en ce qui concerne les
lignes. S'il y a des creux l'hiver c'est parce que, peut-être, la ligne
est terminée ou qu'il y a moins de travail à faire dans
l'ensemble de la ligne.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bertrand m'a fait signe qu'il avait une question. Le ministre, qui attend
son droit de parole avec impatience, me fait signe que, pour une question, il
est prêt à continuer sur le plan d'équipement.
M. Parent (Bertrand): Je vais être rapide, M. le
Président. Merci, M. le ministre. Je veux juste demander si les travaux
d'interconnexions avec la Nouvelle-Angleterre, prévus pour juillet 1986,
vont se réaliser comme prévu selon
l'échéancier?
M. Hamel (Laurent): Si on parle de la phase I de l'interconnexion
avec la Nouvelle-Angleterre, 690 mégawatts, nous prévoyons mettre
en service l'interconnexion, tel que prévu.
M. Parent (Bertrand): Et celte prévue avec l'État
du Vermont pour décembre 1986; è ce stade-ci, il s'agit
d'augmenter à 200 mégawatts l'interconnexion actuelle qui est
à 150.
M. Hamel (Laurent): L'augmentation de 150 à 200?
Actuellement, il y a des travaux qui sont en cours du côté du
Québec et on devrait être capable d'alimenter les
Américains au-delà de 150, tel que prévu également
en ce qui concerne la partie du Québec. Il reste à voir si les
Américains vont être capables d'absorber cette
énergie-là ou cette puissance. En fait, c'est la même ligne
ici en ce qui concerne le Vermont. Qu'est-ce qu'il faut faire? II faut
renforcer, disons, la capacité de notre poste du côté du
Québec, et ce travail-là est en train de se faire à
même le réseau d'Hydro-Québec.
M. Baril: C'est en fonction des contrats existants. S'il y avait
négociations avancées de ces contrats-là, est-ce que cela
voudrait dire que les travaux d'interconnexions que l'on fait ou que l'on va
faire d'ici la fin de 1986... Ces travaux-là dans le fond ne sont jamais
inutiles, mais ce que je veux dire, c'est qu'actuellement on vend de
l'excédentaire. On fait ces travaux-là; donc, on investit en
fonction de l'excédentaire qu'on a vendu actuellement.
M. Coulombe: Là, je pense qu'il faudrait clarifier.
Peut-être que M. Guèvremont ou M. Lafond pourrait clarifier le
statut du dossier de ces 200 mégawatts. C'est un dossier
différent de l'excédentaire, et je pense que cela vaudrait la
peine de le situer comme il faut,
M. Guèvremont: L'interconnexion elle-même, la ligne
de transport qui est reliée au Vermont a sa capacité de 200
mégawatts. Comme on vous l'a dit, cela prend un certain renforcement au
Québec pour pouvoir livrer 200 mégawatts. Le contrat qui existe
actuellement, c'est un contrat de puissance et d'énergie fermes, qui a
commencé en septembre 1985 pour 150 mégawatts. Or, il y a de
l'espace sur cette interconnexion-là, lorsque nos travaux seront
terminés ou à peu près, en septembre de cette
année, pour possiblement vendre de l'énergie excédentaire
sur l'espace de 50 mégawatts ou encore négocier avec
l'État du Vermont un contrat ferme de 50 mégawatts qui serait
ajouté à celui déjà existant de 150 qui couvre les
années 1985 à 1995.
M. Parent (Bertrand): Cela répond à ma question.
C'est de l'énergie ferme, à ce moment-là.
M. Guèvremont: Le contrat existant...
M. Parent (Bertrand): C'est à la suite du contrat de
septembre ou octobre 1985.
M. Guèvremont: Le contrat qui existe avec l'État du
Vermont, pour cette interconnexion, est un contrat de 150 mégawatts
fermes, de 1985 à 1995. C'est juste.
M. Parent (Bertrand): Quant à l'interconnexion de 690
mégawatts dont on parle - ils appellent cela une interconnexion à
courant continu - est-ce la même chose?
M. Guèvremont: Non. Cette interconnexion est basée
sur trois contrats. Il y a trois contrats existants, c'est-à-dire une
convention d'interconnexion pour vendre de l'énergie
excédentaire, il y a un contrat de 33 térawattheures - 3
térawattheures par année - de 1986 à 1997, et on a un
contrat
de stockage d'énergie, c'est-à-dire qu'on peut, lorsque
cela va au Québec, entreposer sur notre réseau, dans nos
réservoirs, de l'énergie de la Nouvelle-Angleterre et leur livrer
si cela devient économique. C'est plus susceptible de servir pour les
années d'ici la fin du siècle, mais ce contrat est quand
même là. Mais le contrat de base sur lequel c'est construit est de
35 térawattheures dont les livraisons commenceront cet automne pour
être complétées en 1997. C'est un contrat d'énergie
dont les obligations sont quand même limitées. Il n'y a pas de
pénalité pour Hydro-Québec si on ne livre pas ce contrat.
L'objectif visé ici était d'établir une interconnexion
avec la Nouvelle-Angleterre.
M. Parent (Bertrand): Serait-ce possible, M. le Président,
de déposer à cette commission un tableau qui nous montrerait les
commandes à l'étranger, particulièrement l'exportation, la
puissance et savoir si c'est ferme ou si c'est de l'énergie
supplémentaire? Ce serait intéressant. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Je prends note que cet
après-midi on avait eu une demande. J'avais demandé aux gens
d'Hydro que la documentation soit transmise au secrétariat de la
commission. Je pense que cela serait également le cas pour cette demande
afin que tous les membres de la commission puissent en profiter.
Ceci complète l'étude du dossier du plan
d'équipement. Nous allons maintenant aborder l'aspect de la
tarification, c'est-à-dire notre mandat proprement dit. Je vais
céder la parole au ministre.
La tarification
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Hydro-Québec
demande une augmentation des tarifs de 5,4 %. Est-ce que vous pourriez nous
dire quelles sont les raisons de cette demande? Quels critères avez-vous
établis?
M. Coulombe: Le montant de 5,4 %, qui est un peu plus
élevé que l'inflation, nous semble le niveau nécessaire
pour s'assurer avec le minimum - non pas le maximum, mais le minimum.- de
prudence, cette année, compte tenu de la situation externe à
l'entreprise, principalement contre tes deux facteurs qui sont les plus
inquiétants, soit le dollar canadien et le prix du baril de
pétrole. J'ai bien dit "minimum", tout simplement parce que, si on
voulait se prémunir contre toute possibilité concernant le dollar
canadien et le prix du baril de pétrole, vous savez, avec ce qui s'est
passé depuis deux mois, surtout pour le prix du baril de pétrole,
et vous regardez la sensibilité, c'est évident que, si on voulait
marcher au point de vue strictement comptable ou mathématique, il
faudrait prévoir des augmentations plus élevées de tarifs.
Nous sommes moralement convaincus que nous sommes en face d'une situation qui
va être temporaire. Est-ce que ce temporaire va demeurer pendant six
mois, un, deux ou trois ans concernant ces phénomènes? Il n'y a
personne qui le sait.
Mais cela nous semblait prudent d'obtenir ou de recommander une
augmentation légèrement au-dessus de l'inflation, compte tenu du
fait que si on prend une moyenne de trois ans - les deux dernières
années et cette année - on est en bas de l'inflation comme
augmentation du prix de l'électricité au Québec. Donc, sur
une période de trois ans, le consommateur québécois a
quand même eu, techniquement, une baisse de ses tarifs par rapport
à l'inflation. Si vous regardez le rendement sur l'équité
d'Hydro-Québec qui est prévu en 1986, on est autour d'un plancher
presque absolu, c'est-à-dire 2 % de rendement sur
l'équité. (21 heures)
Les 108 000 000 $ que va nous apporter l'augmentation de 5,4 %, cela ne
résoudra pas notre problème de rendement sur
l'équité. Il est insoluble à court terme. Cela va prendre
quelques années avant de le remettre à un niveau compatible avec
les risques de l'entreprise. Cela nous semblait le niveau minimum, encore une
fois, vu les facteurs externes, vu le fait que dans les années qu'on a
vécues, il y a eu une baisse relative des tarifs par rapport à
l'inflation. On était en bas de l'inflation, alors qu'on quittait
certaines années où on était en haut de l'inflation.
Compte tenu de notre position concurrentielle, cela nous semblait
imprudent de suggérer autre chose que cela, puisque, comme on l'a dit
tantôt, l'Hydro-Québec est de plus en plus dans un environnement
concurrentiel. C'est évident, dans la mesure où notre principal
concurrent, le gaz, continue quand même d'avoir des privilèges
assez particuliers concernant, par exemple, la taxe de vente, qui frappe
l'électricité mais qui ne frappe pas le gaz.
C'est évident qu'on ne voulait pas détériorer notre
position concurrentielle. Donc, on s'est limité à cela. On
était pris entre deux situations: des phénomènes externes
qui rendent la position financière plus fragile, de façon
temporaire espérons-le et une concurrence où on ne voulait pas
briser l'évolution de nos marchés. C'est le résultat qui a
donné 5,4 %.
M. Ciaccia: Justement, quand vous parlez de votre situation
concurrentielle, quel sera l'effet d'une hausse de 5,4 % sur votre situation,
votre position concurrentielle, à la fois à l'intérieur du
Québec et aussi vis-à-vis des autres endroits avoisinants? Car il
faut attirer des...
M. Coulombe: D'une façon générale, je vais
laisser à M. Boivin le soin de donner les chiffres précis, d'une
façon générale les tarifs électricité...
Vous avez un tableau assez éloquent à la page... vers la fin du
texte, qui compare la facture d'électricité au Québec par
rapport à l'Ontario, par rapport à Toronto, Moncton, Boston et
New York. Vous verrez que s'il fallait facturer les consommateurs du
Québec au prix de l'électricité de Toronto, il faudrait
augmenter nos factures de 490 000 000 $. À Moncton, en 1985, cela serait
1 000 000 000 $ par rapport à Toronto qu'il faudrait ajouter à la
facture des consommateurs québécois, s'il fallait vendre au
même tarif.
Alors, 1 800 000 000 $ à Moncton, 6 000 000 000 $ à Boston
et 9 000 000 000 $ à New York. Donc, au point de vue comparatif et dans
l'industrie, notre marge de manoeuvre, surtout avec l'Ontario qui est
peut-être notre principale concurrente au point de vue industriel,
demeure intéressante. Cela c'est pour le marché par rapport
à l'extérieur. Par rapport à l'intérieur,
peut-être que Claude Boivin peut donner où cela va nous conduire,
l'augmentation de 5,4 %, dans notre position concurrentielle.
M. Boivin: Quand on parle de position concurrentielle, il y a la
position concurrentielle interne par rapport aux sources d'énergie
concurrentes a l'intérieur du Québec et l'autre facteur que l'on
tente de considérer, c'est notre position, la position concurrentielle
de l'électricité pour les industries au Québec par rapport
à l'électricité dans les provinces voisines ou dans le
nord-est des États-Unis, parce que nos industriels sont en concurrence
sur une base géographique.
Si on regarde, je peux réciter des chiffres que j'ai
mentionnés ce matin au secteur résidentiel pour les applications
de chauffage. Avec la hausse de tarif que nous proposons, si le mazout se
situait à 0,315 $ le litre, ce qui est le cas présentement, cela
représenterait en fait un écart favorable pour
l'électricité de 44 %. Nous sommes à peu près
à 7 % ou 8 % favorable par rapport au gaz. C'est avant la taxe de
vente.
Maintenant, si le mazout devait tomber à 0,25 $ le litre, ce qui
serait théoriquement le prix possible du mazout pour le chauffage dans
le cas où le prix du brut se maintiendrait à 15 $ le baril,
à ce moment-là, nous tombons... c'est-à-dire à 20 $
le baril, le brut, si dans le "mix" de production de l'essence, du mazout
lourd, du mazout léger, le prix du brut est transmis directement aux
consommateurs, nous aurions environ 0,25 $ le litre pour le mazout, à ce
moment-là, l'indice par rapport à l'électricité
100, l'indice au mazout serait 122.
Maintenant, pour ce qui est de la position concurrentielle par rapport
aux autres provinces, il faut peut-être commencer par regarder rapidement
les hausses de tarifs qui sont envisagées ou pratiquées l'an
dernier et cette année dans les provinces voisines. À titre
d'exemple, Hydro-Ontario, en 1985, a augmenté ses tarifs de 8,6 %, et en
janvier 1986, elle les a augmentés de 4,3 %, comparativement à
des augmentations de 2,5 % l'an dernier d'Hydro-Québec et de 5,4 %
proposées cette année.
En Alberta, TransAlta avait augmenté d'environ 3,5 % en 1985 et
augmente cette année de 6,4 %. Le Nouveau-Brunswick avait
augmenté de 4,9 % l'an dernier et augmente cette année de 4,5 %;
la Saskatchewan de 9 % l'an dernier et de 7,5 % cette année. BC Hydro,
cette année, gèle ses tarifs; alors, il n'y a pas de hausse de
tarifs annoncée, en Colombie britannique, du moins pour le moment, en
1986. Ce qui veut dire que si on regarde les tarifs grande puissance, par
rapport à l'Ontario, pour un indice de 100 au Québec, ce serait
121, donc 21,3 % plus élevé en Ontario. En Alberta, environ 10 %
plus élevé qu'au Québec. BC Hydro, compte tenu du gel des
tarifs, serait presque à parité à 98,9 % avec le
Québec. Mais il y a toujours l'exception qui demeure, le Manitoba, par
rapport au Québec, qui se situe à 81,7 %, à la suite des
gels de tarifs de 1980 à 1984.
M. Ciaccia: Pour une facture résidentielle, qu'est-ce que
ça peut représenter, en moyenne, ces 5,4 % par mois?
M. Boivin: Si on veut parler de l'augmentation moyenne sur la
facture, résidentielle nécessairement, c'est difficile il faut
prendre un certain nombre de cas types. Dans le mémoire que nous vous
avons soumis sur la tarification, si on regarde, pour une consommation
mensuelle de 300 kilowattheures par mois, cela peut être une consommation
type pour un petit logement qui n'est pas chauffé à
l'électricité, où on a les appareils
électroménagers seulement, on parle à ce moment-là
d'une hausse moyenne de 0,93 $ par mois.
Si on prenait une consommation type d'un logement avec chauffage
à l'électricité ou d'une résidence avec chauffage
à l'électricité, une consommation mensuelle moyenne de
1200 kilowattheures par mois pour à peu près 14 000 à 15
000 kilowattheures par année, 2,50 $ d'augmentation par mois. En
période d'hiver, ce client qui chauffe à
l'électricité, nécessairement, sa consommation augmente et
ça peut aller, pour 4000 kilowattheures par mois, jusqu'à
8,15$.
M. Ciaccia: Je pense que vous avez mentionné, quelque part
dans vos documents, la baisse du prix du taux de change. Quelles sont les
conséquences sur les revenus d'Hydro-Québec quand le taux de
change, par exemple, baisse de 0,01 $?
M. Caron (Michel): La baisse de 0,01 $ du dollar américain
sur le bénéfice net d'Hydro-Québec a un impact de 21 000
000 $. Donc, la baisse du dollar canadien de 0,01 $ a un impact négatif
sur notre bénéfice net de 21 000 000 $. Ces 21 000 000 $ sont
composés d'un gain au niveau de nos revenus à l'exportation -
parce que le dollar américain vaut plus - de l'ordre de 9 000 000 $, et
au niveau de nos intérêts et remboursement de capital, une perte
de l'ordre de 30 000 000 $, ce qui fait un net de 21 000 000 $.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval. Vous êtes le prochain; cela va? M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Je n'avais pas d'objection à céder mon
tour au député, pour quelques instants.
Quand on parle de tarification, évidemment, c'est de loin
l'aspect le plus délicat pour l'ensemble des consommateurs et des gens
qui nous écoutent, bien sûr. Il y a une chose sur laquelle
j'aimerais revenir, avant d'aller un peu plus en détail dans les
chiffres. Ma question s'adressera à M. le président et concerne
la politique tarifaire. On avait annoncé l'an dernier, on a donné
des éléments d'une politique tarifaire l'an dernier, à
cette même commission. Cette année, on en parle avec une certaine
fierté, c'est probablement légitime, mais je vous avoue que dans
les principes directeurs de la politique tarifaire ou dans les lignes
directrices de la politique tarifaire, je les lisais et je les relisais et
j'avais l'impression que c'était d'emblée ce
qu'Hydro-Québec avait respecté au cours des dernières
années sans avoir, semble-t-il, cette politique tarifaire.
Puis-je savoir, pour fins de curiosité, ce que cette politique
tarifaire risque de changer dans la façon de procéder
d'Hydro-Québec puisque n'en ayant pas, j'avais l'impression que vous
fonctionniez à partir des mêmes principes?
M. Coulombe: Prenons la fiche 14. Les principes de la politique
tarifaire qui sont à droite du tableau: Uniformité territoriale;
refléter graduellement et autant que possible les coûts;
simplicité des tarifs et options pour les clients. Ce sont des pratiques
qu'Hydro-Québec a tenté de pratiquer de façon
inégale, au fil des ans, pour la plupart de ces principes.
L'uniformité territoriale a été à la base de la
nationalisation de l'électricité; elle a toujours
été respectée et elle l'est encore actuellement en
dépit du fait, comme on l'a vu cet après-midi, que pour certains
territoires isolés, cela signifie à peu près 25 000 000 $
de perte pour Hydro-Québec. Donc, ce problème d'uniformité
territoriale a été une politique dès les débuts
d'Hydro-Québec, du moins Hydro-Québec moderne, et ce principe a
toujours été respecté.
Si je vais directement au troisième, c'est un principe, je
n'oserais pas dire qui a toujours été respecté mais qu'on
va tenter d'atteindre de façon plus précise. Nos tarifs sont
d'une complexité très grande et, pour le consommateur moyen,
c'est extrêmement difficile de s'y retrouver. Non seulement le
consommateur individuel, mais même pour le commerce et ainsi de suite,
c'est extrêmement difficile. On va faire un effort - M. Boivin pourra
expliciter tantôt - pour atteindre cet objectif. Donc, on ne peut pas
dire que celui-là, on l'a bien manoeuvré au cours des
années antérieures.
Les options pour les clients. On veut diversifier notre produit et on
veut offrir aux clients des options. On en a vu une caractéristique
lorsqu'on a parlé de biénergie, de tarifs de biénergie, de
tarifs pour les serres, etc. Il y a donc des options plus grandes qui seront
offertes aux clients. Là aussi, cela existait, mais on veut amplifier ce
phénomène.
Le plus important, évidemment, est le deuxième qui est de
refléter graduellement et autant que possible, les coûts. C'est un
principe qui nous semble fondamental parce que ce service, qu'est
l'hydroélectricité, est donné à différentes
catégories de clients. Nous pensons, non seulement en termes
d'équité mais en termes d'efficacité 'économique,
que le coût associé à la fourniture
d'électricité dans nos grandes catégories de
clientèles et le coût associé à la fourniture d'une
industrie ne sont pas de la même nature que le coût associé
aux maisons privées, sur les rues des villes ou des villages.
Nous soumettons donc comme principe de base le fait de refléter -
les deux mots importants sont là - graduellement et autant que possible
les coûts. Je pense qu'il serait indispensable de jeter un coup d'oeil
sur la structure des coûts pour mieux comprendre comment cela va se
réfléter. Maintenant, on insiste sur les mots "graduellement et
autant que possible" parce que même cette année, c'est 5,4 % qui
est suggéré et c'est pour toutes les catégories de
clients. Donc, on va un peu en contradiction avec le deuxième principe
qu'on soumet. C'est le "graduellement et autant que possible" qui joue.
En d'autres mots, vu le niveau de 5,4 %, qui est un peu au-delà
de l'inflation, il semblait difficile à l'intérieur de ces 5,4 %
de différencier en fonction des
clientèles et de trop augmenter certaines catégories
au-delà de 5,4 %. Mais dans des années un peu plus normales, nous
allons insister à nouveau pour que ce principe soit mis de l'avant,
C'est un problème universel dans les services publics. Vous connaissez,
au point de vue des communications, les problèmes d'appels locaux et
d'appels interurbains, etc. Donc, c'est un problème de fonds pour
l'entreprise et on y attache beaucoup d'importance. (21 h 15)
Au point de vue concret, M. Boîvin pourra peut-être
expliquer un peu plus, de façon concrète, en fonction des
coûts, ce qu'on veut dire par là.
M. Boivin: Oui. Est-ce qu'on pourrait avoir la fiche 15 s'il vous
plaît? En fait, nous avions, au cours des deux dernières
années, en commission parlementaire, indiqué que des
études approfondies étaient poursuivies à
Hydro-Québec pour établir de façon aussi précise
que possible nos coûts de fourniture. Ces études sont maintenant
terminées, et, comme le mentionnait M. Coulombe, quand on parle de
coûts de fourniture, il s'agit de les établir, parce que,
finalement ce sont toujours des kilowattheures que nous livrons à tous
les clients, mais le kilowattheure que nous livrons en haute tension, en
moyenne tension ou en basse tension ne nous coûte pas le même prix.
Il y a donc un premier facteur, soit celui de la tension ou du voltage auquel
on livre ce kilowattheure. Le deuxième facteur est le moment où
nous livrons ce kilowattheure. On a vu dans le programme d'équipement
tantôt, par exemple, les coûts des centrales de pointe et des
centrales de fine pointe qui peuvent être utilisées, par exemple
dans le cas des turbines à gaz, pour des périodes de 50 ou 75
heures par année. Nécessairement ce kilowattheure-là nous
coûte très cher.
Il faut établir dans nos études la répartition de
nos livraisons dans l'année et établir le coût du
kilowattheure que nous livrons en pointe, hors pointe et, également, le
type d'abonnés à qui nous le livrons.
Ici, de façon très sommaire parce que ces études
sont assez complexes, nous avons tenté de synthétiser ou de vous
donner un aperçu sommaire des résultats de ces études.
Nous avons ici, dans la première colonne, les tarifs ou, en fait, le
prix de vente moyen de nos kilowattheures en 1985 à nos
différentes catégories de clients. Le domestique. La petite
puissance pour se situer, c'est le client commercial et industriel qui consomme
de 0 à 100 kilowatts de puissance. La moyenne puissance, pour le client
commercial et industriel qui a un appel de puissance de 100 à 5000
kilowatts. Et la grande puissance pour nos grands clients industriels ou
commerciaux qui ont des appels de puissance d'au-delà de 5000
kilowatts.
Nous voyons que le prix auquel nous vendons en 1985 à notre
client domestique est en moyenne de 0,04 $. Lorsque nous regardons une
prévision de nos coûts de production en 1993 - je vous fais
remarquer ici que je parle de la technique des coûts comptables,
c'est-à-dire le coût moyen de production de tout le parc
d'équipement, de tout le réseau de transport, de tout le
réseau de distribution qui a été construit au cours des
derniers 40 ou 50 ans - nous anticipons qu'en 1993, le kilowattheure que nous
livrons à nos clients domestiques nous coûtera environ 0,067
$.
La dernière colonne, la variation annuelle, indique que si nous
voulions rejoindre notre coût moyen en 1993, il faudrait augmenter nos
tarifs à compter de 1985 d'environ 6,7 % par année.
Il est important de remarquer ici que, dans nos coûts de 1993,
nous avons inclus un rendement sur notre avoir propre de 13 %. Si nous
regardons les états financiers 1985 d'Hydro-Québec, nous voyons
que le rendement sur notre avoir propre présentement est de l'ordre de 3
%. Donc, dans les 0,067 $ prévus pour 1993 il y a un montant
prévu pour rémunérer le capital investi qui appartient en
propre à HydroQuébec.
Dans la petite puissance, nous voyons par contre que,
présentement, nous vendons à 0,052 $ alors que notre coût
anticipé en 1993 est de 0,06 $, pour une projection de 1,8 % de hausse
en moyenne annuellement.
Au tarif moyenne puissance, même phénomène, 0,043 $
par rapport à 0,048 $ anticipé pour une hausse moyenne de 1,4 %
par année.
Au tarif grande puissance, 0,027 $ qui était notre prix 1986 par
rapport à 0,036 $ en 1993 pour des hausses moyennes de 0,037 $. Ce qui
donne, sur la moyenne des ventes régulières au Québec une
hausse de 0,047 $ pour atteindre 0,052 $ en 1993.
Il est important de remarquer ici que l'année 1993 n'a pas
été choisie comme étant une année cible ou encore
une année magique. La simple raison, c'est que, quand on fait ce genre
d'étude, normalement on prend toujours une période de dix ans.
Cette étude avait débuté en 1984 et l'horizon de dix ans
nous donnait l'année 1993 comme une année de
référence. Ce n'est pas donné comme étant un
objectif de hausser nos tarifs selon ces pourcentages pour atteindre
nécessairement une cible en 1993. Comme le dit notre politique
tarifaire, c'est d'atteindre cette cible graduellement et autant que possible.
Graduellement et autant que possible, cela veut dire que cela peut être
en 1995 comme cela pourrait possiblement être avant.
On peut également déduire immédiatement de ce
tableau une conclusion. Notre
tarif grande puissance, avec une hausse de 3,7 %, présentement
c'est un tarif où notre prix de vente à nos grands clients
industriels est en équilibre avec nos coûts de production. Donc,
la grande puissance assume actuellement sa part du fardeau des investissements
d'Hydro-Québec. Par contre, les tarifs petite et moyenne puissances sont
des tarifs ou des prix qui génèrent des profits pour
Hydro-Québec. Ces profits servent à subventionner ou à
interfinancer le secteur domestique qui est actuellement en déficit.
C'est pour cela, si on voulait atteindre un équilibre par rapport
à nos coûts aux différentes catégories
d'abonnés, qu'il faudrait hausser beaucoup plus rapidement, dans les
années qui viennent, le secteur domestique que les autres secteurs,
notamment freiner les hausses sur les petite et moyenne puissances.
Ce sont les résultats des études des coûts
comptables ou du prix de production moyen d'Hydro-Québec. Il y a
toujours dans les compagnies d'électricité une autre technique
qui est utilisée pour parler d'établissement des coûts
moyens. C'est la technique des coûts économiques ou encore des
coûts marginaux. Cette technique signifie que nous regardons le
coût des prochains ouvrages qu'il faudra construire pour satisfaire
à l'accroissement de la demande. Théoriquement, on dit que
l'accroissement de cette demande devrait être facturé ou assumer
le coût des nouveaux ouvrages qui sont nécessaires pour alimenter
ces nouvelles charges.
Dans le cas d'Hydro-Québec, compte tenu que le complexe La Grande
peut satisfaire aux besoins internes jusqu'en 1996, au moins en énergie,
et même jusqu'en l'an 2002 si nos initiatives de gestion de l'offre et de
la demande avaient du succès, il serait utopique d'utiliser des projets
qui viendraient en service au-delà de l'an 2000. Compte tenu de cela,
nous utilisons les coûts économiques du complexe La Grande qui
représente le dernier ouvrage mis en service.
Ce qui est intéressant de noter à ce tableau, c'est la
grande disparité des coûts d'alimenter une charge en chauffage,
qui est sur la pointe d'hiver, par rapport à la charge d'eau chaude qui
est répartie de façon assez uniforme dans l'année ou la
charge des autres usages qui est également répartie de
façon uniforme dans l'année. La redevance de l'abonnement
comporte les coûts fixes pour alimenter un client du secteur domestique,
soit le branchement, le compteur, etc., amortir ces frais.
Les conclusions de nos études des coûts sont les suivantes.
Le secteur domestique est interfinancé de façon assez importante
par les petits et les moyens clients du secteur commercial et industriel alors
que les grands clients d'Hydro-Québec font présentement leurs
frais.
M. Coulombe: II est important de noter que ces chiffres sont le
résultat des études qui sont entreprises depuis quelques
années. Ce n'est pas une proposition d'Hydro-Québec d'augmenter
la colonne de la variation annuelle. Nous n'en avons pas fait une
recommandation dans le plan d'augmenter à ce rythme-là. Nous
présentons ce dossier comme un dossier de base de l'entreprise. C'est le
résultat d'études. Il est important de noter que ce n'est pas une
proposition qu'on fait. Au cours des années qui viennent, nous pensons
que ce principe d'aller vers les coûts le plus possible doit être
pondéré par d'autres facteurs. On l'a mentionné
tantôt, il doit être pondéré par la concurrence, par
la capacité de l'environnement économique dans lequel les
consommateurs se trouvent et par l'éventuel impact, si on réalise
des profits sur nos contrats d'exportation, de ces contrats. De toute
façon, vous vous apercevez même qu'entre le premier principe et le
deuxième, c'est-à-dire l'uniformité territoriale et ce
principe, il y a une apparente contradiction. Car en voulant rendre les tarifs
uniformes dans tout le Québec, c'est évident que cela coûte
plus cher d'alimenter un village dans un milieu rural qui est très
éloigné des centres qu'une concentration de population dans un
milieu urbain.
Immédiatement, le premier principe vient un peu pondérer
le deuxième. Cela nous semble une façon essentielle de poser le
problème des coûts de revient à l'Hydro et de la
vérité des prix pour l'ensemble de la clientèle.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le
député de Roberval permet une question de précision au
vice-président de la commission? Cela va.
M. Théorêt: Merci. Il y a une clarification de M. le
président ou du vice-président qui a répondu tantôt.
Si j'ai bien compris, sur le tableau, votre coût de revient domestique
est de 0,04 $ en 1985.
M. Boivin: Non. Les 0,04 $ en 1985, c'est notre prix de vente.
C'est notre tarif ou le prix de vente moyen du kilowattheure au domestique.
M. Théorêt: Du domestique.
M. Boivin: Le coût prévu du même kilowattheure
en 1993 est de 0,067 $.
M. Théorêt: Comment cela est-il compatible, par
exemple, avec votre énoncé des principaux tarifs actuels et
proposés, que vous avez à la page 1 de votre mémoire sur
la tarification, où vous parlez du prix du kilowattheure pour les 30
premiers kilowattheures par jour ou pour les 900
premiers, du prix actuel de 0,0315 $ et du prix de vente proposé
de 0,0332 $.
M. Boivin: Parce que dans ce tableau, les 0,04 $ incluent
également, répartis sur la moyenne des kilowattheures, la
redevance d'abonnement qui est de 0,26 $ par jour.
M. Théorêt: C'est rabattu. Merci, ça va.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Concernant le prix de revient comptable, c'est une
notion que vous expliquez dans un des cahiers que vous nous avez remis, si j'ai
compris correctement ce que comporte ce prix de revient comptable, il fait
état, principalement, entre autres choses, du parc existant de
production. Ce que je m'explique mal, c'est la hausse relativement importante,
la variation annuelle relativement importante du prix de revient comptable,
tenant compte du fait que l'élément principal composant le
coût, sauf erreur, est le même. Donc, il n'y a aucun accroissement.
Une centrale qui est là, qui est payée est encore payée en
1993. Donc, elle ne varie pas. Il y aurait les frais d'entretien pour expliquer
cela peut-être. Il y aurait peut-être d'autres données qui
me manquent. J'aimerais que vous soyez plus précis là-dessus.
M. Boivin: Cela inclut, également, ce que nous anticipons
comme parc d'équipement en 1993. Donc, cela inclut également les
mises en service des centrales de pointe de Manic 5, puissance additionnelle,
ainsi que de LG 2 puissance additionnelle phase I, qui sont des centrales de
pointe. C'est inclus là-dedans. Comme vous le mentionnez, en fait,
l'augmentation des frais d'entretien, d'exploitation d'ici 1993 et, autre
facteur très important, comme je l'ai mentionné, cela inclut
également dans nos prévisions de 1993 une
rémunération ou un rendement sur l'avoir propre de 13 %, alors
qu'en 1985, au tarif où nous vendons moyen, notre rendement sur l'avoir
propre se situe à environ 3 %. Si on allait dans la ligne du bas, pour
la moyenne des ventes régulières au Québec, les 0,036 $ de
tarif 1985 versus les 0,052 $ de coût 1993, dans les 0,052 $ comme ordre
de grandeur, il y aurait 0,01 $ pour la rémunération du capital.
Si on disait que le rendement sur l'avoir propre à HydroQuébec
devait être de 0 %, ce coût moyen de 1993 baisserait d'à peu
près 0,01 $.
M. Gauthier: Merci beaucoup. Quand on parle, à la
deuxième colonne, des coûts économiques, à un moment
donné vous imputez à la grande puissance 3,7 %, j'ai de la
difficulté à voir sur le tableau, la lumière est forte,
vous imputez 3,7 % alors qu'à la petite puissance, par exemple, c'est
6,5 % sauf erreur. Est-ce donc dire que vous anticipez qu'à partir du
complexe La Grande, l'énergie qui sera fabriquée, qui sera
produite là, une plus grande partie de cette énergie sera donc
utilisée par les tarifs petite puissance, le groupe d'entreprises
constituant les tarifs petite puissance. Est-ce que la différence du
coût a trait à la demande? Est-ce parce que ceux qui utilisent les
tarifs grande puissance utiliseront moins de cette énergie produite au
complexe La Grande qui fait qu'il y a 0,037 $, je ne sais trop... (21 h 30)
M. Boivin: À titre d'exemple le 0,037 $ versus le 0,065 $
pour la petite puissance, l'écart ne provient pas du fait que cela
viendrait d'une autre centrale que les centrales de La Grande, mais du fait que
dans la grande puissance, premièrement c'est de l'énergie qui est
livrée en haute tension, donc nous n'avons pas à construire un
réseau de distribution. Deuxièmement, en général,
ces clients utilisent leur puissance à très haut facteur
d'utilisation, c'est-à-dire 80 %, 85 %, 90 % et même 95 % du
temps, donc, ils prennent de l'énergie de façon absolument
stable.
Quand on tombe dans la catégorie petite puissance ou encore dans
la catégorie domestique, ces clients-là sont souvent
présents sur la pointe, mais souvent absents en partie ou en bonne
partie du temps dans les périodes creuses. Nous devons leur imputer des
coûts additionnels pour tenir compte de cela. Les deux principaux
facteurs qui font varier le coût du kilowattheure livré, c'est le
facteur de la tension à laquelle on livre et le deuxième facteur,
l'utilisation ou la période où ce client est présent sur
le réseau.
M. Gauthier: D'accord. Concernant le prix de revient comptable
toujours, dans un de vos documents, on parle d'une variante a et d'une variante
b. Est-ce que vous pourriez, dans l'intérêt des membres de la
commission, nous éclairer sur la différence entre les deux, parce
qu'on remarque dans un tableau, en dernière page, en page 42 du
document, les coûts de fourniture, qu'il y a une différence
très sensible pour le consommateur dans le secteur domestique? Est-ce
que vous pourriez nous expliquer cette différence importante?
M. Boivin: Je vais demander à Mme Lucie Bertrand qui est
directrice de la tarification à Hydro-Québec et qui a
été responsable de mener à bien ces
études-là de vous fournir la réponse.
Mme Bertrand (Lucie): On présente effectivement deux
variantes: la variante a et la variante b, mais toujours sur le même
concept, le concept du coût comptable, c'est-à-dire tous
les équipements en service à Hydro-Québec, du plus vieil
équipement au plus récent. Il y a deux variantes, mais à
travers cela, il y a une infinie de combinaisons qui sont une famille. Ce qu'on
a essayé de représenter, d'une part, avec la variante b, c'est le
concept de trouver un coût minimum de livraison d'un kilowattheure. Or,
on part d'un concept du coût minimum, on dit, par exemple: En
été, qu'est-ce que cela peut nous coûter pour livrer un
kilowattheure à nos clients? Si tous nos clients utilisaient
l'électricité de façon constante, notre parc
d'équipements ne serait constitué que d'équipement de
base. On n'aurait même pas d'équipement de pointe. On tente de
limiter par exemple avec la gestion de l'offre et de la demande la croissance
des besoins en équipement de pointe.
Un équipement de base, qu'est-ce que cela coûterait
à Hydro-Québec? C'est ce concept-là qu'on essaie de
développer et de dire: Ça, c'est le coût minimum de
livraison de l'électricité pour Hydro-Québec. Donc, pour
les clients qui, eux, ne consommeraient pas l'électricité de
façon constante, on va aller pondérer leur coût de
livraison de la proportion des équipements de pointe qu'on a besoin ou
qu'on a mis en service historiquement.
C'est cette approche-là que j'appellerais le coût moyen
moyen. C'est l'approche la plus égalisatrice des investissements
d'Hydro-Québec. La variante a, je la situerais peut-être à
mi-chemin entre l'approche des coûts marginaux et cette variante b qu'on
a présentée, une différenciation plus grande entre le
coût d'utilisation de l'électricité aux heures de pointe
versus l'utilisation de l'électricité aux heures creuses. Dans
les deux cas, les phénomènes du coût
d'électricité pour le secteur domestique, bien que les ordres de
grandeur soient différents, le secteur domestique demeure celui à
qui on doit imputer le plus de coûts.
M. Gauthier: D'accord. Si je comprends bien,
l'élément différentiel entre les deux c'est l'utilisation
de l'électricité à l'heure de pointe qui est beaucoup plus
importante dans le secteur domestique. C'est ce qui fait qu'il y a une aussi
grande différence, de 6,7 à 7,6.
Mme Bertrand: C'est exact. C'est une façon d'imputer les
coûts. On essaie d'arriver, et on essaie... C'est toujours la même
somme d'argent qu'on essaie de répartir parmi nos clients. Pour les
références qu'on a données ici, on avait 7 448 000 000 $
à distribuer à l'ensemble de nos clients. Alors, comment
répartit-on ces coûts? Je dirais qu'il y a une infinité de
choix, certains arbitraires, certains un peu moins. On essaie d'illustrer,
plutôt que de simplement présenter une variante, deux variantes
qui semblent assez opposées au départ mais qui, malgré
tout, convergent au niveau des éléments de comparaison. Le
domestique demeure le produit le plus cher à livrer alors que la grande
puissance demeure le produit le moins cher à livrer.
M. Gauthier: Si je comprends bien, l'hypothèse que vous
avez retenue pour votre tableau est bien la variante b, soit celle qui est la
plus avantageuse pour le consommateur.
Mme Bertrand: Qui égalise un peu, qui minimise les
extrêmes. Qui ramène un peu plus tout cela dans une moyenne.
M. Gauthier: Toujours dans le cadre de la politique tarifaire
globale qui voudrait que les tarifs soient répartis le plus justement et
le plus équitablement possible.
J'aurais une autre question à poser, mais je vais retrouver
mes... D'accordl C'est à la page 81. On parle, je crois que c'est dans
le gros document Plan de développement, sauf erreur. Oui! Ma question
s'adresse à M. le président. On donne un certain nombre de
données, un taux de capitalisation d'au moins 25 %, le retrouver dans
les meilleurs délais. On n'est d'ailleurs pas très loin de ces 25
%. ...à moyen terme, un rendement sur l'avoir propre au moins
égal à 14 % et un taux de couverture des intérêts de
1,4. Parmi ces trois normes, il y en a qui vous ont été
données ou il y en a au moins une ou deux qui vous ont été
données par le législateur. Celle du rendement sur l'avoir
propre, sauf erreur, apparaît là comme étant quelque chose
qui a été ajouté. Pouriez-vous clarifier cela?
M. Coulombe: II faut d'abord préciser que les
critères financiers que vous venez de mentionner ne sont pas
donnés dans la loi. La loi dit qu'il n'y aura pas de dividende si la
couverture des intérêts est en bas de 1 et si la relation
dette-équité est en bas de 25. Il n'y aura pas de dividende.
Implicitement, ces critères ont toujours été reconnus
à Hydro-Québec, historiquement, comme des critères
auxquels il fallait attacher une grande importance. Historiquement aussi, si on
prend la relation du profit par rapport à l'équité ou aux
bénéfices accumulés, c'est évident que dans de
nombreuses années, surtout là où les dépenses
étaient capitalisées, le rendement sur l'équité ne
posait pas de difficultés majeures dans la mesure où - M. Caron
pourra donner des chiffres tantôt - le rendement sur
l'équité était une réalité. On aconnu des années de 14 %, 15 %, 16 %, 17 % et 18 %. Donc, les trois
critères ne sont pas issus d'obligations légales. C'est implicite
dans la
loi, mais ce ne sont pas des obligations légales ou
législatives. On pourra revenir sur la couverture des
intérêts et sur le taux de capitalisation. Mais sur les 14 %, nous
pensons qu'il s'agit d'un objectif qu'Hydro devrait se fixer et il faudrait
évidemment que l'actionnaire accepte qu'Hydro se donne cet objectif dans
la mesure où le capital accumulé, qui vient des
bénéfices antérieurs et aussi de la transformation en
capital-actions... Nous jugeons, nous pensons que ce capital qui appartient, en
fin de compte, à l'ensemble des Québécois, il est tout
à fait réaliste d'y attacher un rendement. Dans le capital total
qui est utilisé par Hydro, 0,75 $ dans le dollar est emprunté et
nous rémunérons ce capital par nos intérêts. Nous
pensons que l'autre partie doit être rémunérée aussi
comme c'est la règle universelle de toutes les compagnies commerciales
et industrielles.
Maintenant, à quel rythme faut-il l'atteindre? Est-ce que c'est
14, est-ce que c'est 13? Nous pensons qu'il ne faudrait pas descendre beaucoup
en bas de cela parce que, quand même, le taux moyen de la dette est de
12.5 %, le coût moyen. Nous pensons qu'il faudrait que cela soit un peu
supérieur au coût de notre dette, de l'utilisation de l'autre
partie de notre capital. Maintenant, cela reste ouvert comme problème.
C'est fondamentalement une politique de l'actionnaire qui doit trancher cela.
Nous croyons que ce capital doit avoir un rendement. Et c'est absolument
fondamental pour Hydro-Québec d'avoir comme objectif, à moyen ou
à long terme, d'atteindre à nouveau les niveaux valables de
rémunération de capital, ne serait-ce que pour faire face
à des situations. On l'a vu dernièrement assez durement à
Hydro, qu'il faut faire face à des situations conjoncturelles qui se
développent, qui n'ont rien à voir avec les activités
d'Hydro, le dollar canadien, le prix du baril de pétrole, etc.
De plus, si nous allons dans un marché concurrentiel, il y a une
partie de notre marché qui ne nous est plus acquis automatiquement.
Donc, il y a des risques de concurrence qui s'établissent de plus en
plus à Hydro-Québec, et cela renforce l'idée que la
rémunération de l'avoir des actionnaires doit être une
variable importante.
Comme je vous dis, c'est une décision qui, fondamentalement,
appartient à l'actionnaire. L'actionnaire devra, à un moment
donné, réfléchir et statuer sur ce genre de dossier. Nous
pensons qu'à moyen terme, il faudrait atteindre à nouveau un
niveau de rémunération sur le capital accumulé à
Hydro, qui soit compatible avec une gestion financière tout à
fait normale dans n'importe quelle entreprise.
Maintenant, est-ce que c'est en 1990, est-ce que c'est en 1992 qu'il
faut l'atteindre? En 1993? Dans les tableaux que vous voyez-là, on
suppose une rémunération de l'avoir des actionnaires de 13 %, que
vous avez dit tantôt, dans ces offres. Il n'y a pas de chiffre magique
là-dedans. On peut prendre un peu plus de temps, on peut prendre un peu
moins de temps. Cela n'est pas dramatique. Cette année, avec les forces
extérieures qui nous coincent, on prévoit un rendement de presque
2 %. Cela ne nous semble pas une tragédie que, pendant un an ou deux ou
trois, la rémunération soit plus basse, parce que, dans certaines
années, cela pourrait augmenter au-delà de 14 %. Donc, ce n'est
pas dramatique, pendant un an ou deux ou quelques années, mais ce qui
est dramatique, c'est qu'on installe une tendance vers la baisse. Autrement
dit, être à 2 %, ce n'est pas grave un an, même deux ans,
même trois ans. Mais si, fondamentalement, la tendance nous conduit
à toujours être à un ou deux pour cent, on pense que c'est
irrationnel, du point de vue économique, d'accepter une situation
semblable.
Mais, après avoir dit tout cela, cela reste le choix de
l'actionnaire.
M. Gauthier: Maintenant, M, le président, vous avez dit
dans votre réponse, qui est fort complète d'ailleurs: il nous
semble normal qu'il y ait une partie de ce rendement qui compense, en quelque
sorte, le fait que les Québécois ont investi dans
Hydro-Québec et que c'est normal qu'ils aient un rendement sur ce qu'ils
ont investi.
Cela m'apparaît un peu paradoxal à partir du moment
où on demande à ces mêmes Québécois de payer,
dans le fonds, de leurs deniers, ce rendement qu'on encaisse en leur nom
finalement et qui permet de présenter une situation financière
plus conforme à ce qui est généralement admis dans des
entreprises du genre. Sauf qu'il s'agit là d'une entreprise,
Hydro-Québec, de service public. Est-ce qu'à ce moment-là,
les barèmes sont les mêmes? Est-ce qu'ils doivent être
changés? Qu'est-ce qui est généralement accepté
dans les entreprises de service publique comme Hydro-Québec à ce
niveau?
M. Coulombe: Là, il faut distinguer entre
différents types de compagnies d'électricité, pour parier
plus du domaine de l'électricité. Vous avez des compagnies
privées d'électricité en Amérique du Nord dont les
actionnaires exigent ce genre de rendement, et les mêmes compagnies
privées, d'ailleurs, ont une relation dette-équité qui se
situe au-dessus de 40 %; nous, on est à 25 %. Donc, c'est le bloc des
compagnies privées en Amérique du Nord. Ce n'est pas la situation
au Canada où, finalement, il y a très peu d'entreprises
privées dans ce domaine. Sauf TransAlta et quelques petites compagnies
à gauche ou à droite, ce sont surtout des sociétés
d'État au Canada.
Dans les autres sociétés d'État, il y a des
différences marquées dans les stratégies d'actionnaires,
ou gouvernementales dans ce domaine. Vous avez, par exemple, le Manitoba qui a
choisi carrément d'avoir quasiment un rendement sur
l'équité de zéro parce que, à toutes fins utiles,
il n'y a plus d'équité à Hydro Manitoba; ils ont
changé complètement les structures. Par contre, vous avez
l'Ontario qui exige ce rendement sur le capital et BC Hydro aussi. (21 h
45)
Maintenant, c'est un paradoxe apparent. Ce service, on l'a vu, avec les
coûts que cela représente, cela a une valeur économique et,
si on joue avec la concurrence, je pense qu'il serait malsain de
continuellement tenir les tarifs à un niveau tel qu'on s'éloigne
trop des autres formes. Je pense qu'il faut garder notre avantage comparatif,
mais je pense que c'est quand même un bien qui a une valeur
économique. Je pense que les consommateurs d'électricité
vont réagir là-dessus comme ils réagissent pour tous les
biens qu'ils achètent à gauche ou à droite.
Nous pensons que, encore là, selon la volonté de
l'actionnaire, la marge de manoeuvre dégagée par un rendement sur
l'équité, donc un profit là-dessus, peut être
utilisée par l'actionnaire de différentes façons. Il peut
l'avoir en dividendes tout comme il peut le remettre dans les tarifs. C'est une
décision qui, ultimement, le regarde. Encore faut-il, avant de savoir ce
qu'on fait avec la marge de manoeuvre, en bâtir une. À
Hydro-Québec, cette marge de manoeuvre existait depuis longtemps; les
rendements - je n'ai pas les chiffres devant moi - pendant plusieurs
années, étaient dans ces ordres.
Volontairement - on l'a expliqué dans la stratégie qui est
dans le plan - depuis quelques années, pour faire face à la
concurrence, on a accepté un bénéfice net plus bas,
dû au fait qu'on avait 8 000 000 000 $ d'actifs qui viennent dans nos
dépenses d'exploitation pour les quatre dernières années.
Ces 8 000 000 000 $ d'actifs, au point de vue des dépenses
d'intérêt à l'exploitation, regardez ce que cela peut
représenter.
Donc, il y a eu une acceptation volontaire d'une baisse du profit, donc
d'une baisse du rendement sur l'équité, mais on pense que c'est
temporaire. Pourquoi a-t-on passé au travers de cette crise qui
était assez grave, pourquoi a-t-on passé au travers non seulement
sans drame, mais en plus en ayant des tarifs, pour les trois dernières
années, en bas de l'inflation? C'est justement parce qu'il y avait une
marge de manoeuvre. Si cette marge de manoeuvre n'avait pas existé, il
n'aurait pas été possible d'accomplir le virage qui est fait,
tant le virage commercial que le virage des tarifs, et de faire face à
la concurrence.
Ce n'est pas un caprice de se dire qu'il faut être comme les
autres compagnies, cela nous semble fondamental, non seulement en termes de
principes, parce que le capital qu'on emprunte, on le rémunère
à 12,5 %. Le capital qui est là doit être
rémunéré. Le seul point, à notre avis, qui devrait
porter à discussion, ce serait le rythme de retour à ces niveaux.
Que cela prenne cinq ans, dix ans ou quinze ans, c'est à l'actionnaire
de décider. Sur le fond du problème, cela nous semble
essentiel.
M. Gauthier: Vous n'écartez pas, M. le Président,
l'idée que le gouvernement, l'actionnaire puisse vous demander...
J'imagine que dans l'augmentation des tarifs de cette année, vous
prévoyez déjà, vous vous enlignez vers un rendement qui
soit meilleur.
M. Coulombe: Techniquement, on pourrait dire cela, mais en toute
franchise, les 5,4 % sont un tarif d'un an et n'impliquent pas
nécessairement une stratégie ou une acceptation d'un rendement
sur l'équité de 14 % en 1993. Ils n'impliquent pas cela. Je vous
ai dit tantôt que la raison fondamentale des 5,4 % était surtout
due à une mesure de prudence, d'aller un peu au-delà de
l'inflation pour permettre de parer les coûts du dollar et du baril de
pétrole. Quand on parle d'un tarif d'un an, on ne peut pas l'associer
à une stratégie de dix ans, etc., c'est vraiment conjoncturel. On
pense qu'il faut être prudent devant l'évolution du prix du
pétrole. Cela n'implique pas nécessairement que la
stratégie du rendement sur l'équité est acceptée
par l'actionnaire en aucune espèce de façon.
M. Ciaccia: Si vous me le permettez, si les 5,4 % vous
étaient accordés, qu'est-ce que cela changerait à votre
taux de rendement?
M. Coulombe: Toutes les variables étant égales,
cela nous donne 2 %.
M. Ciaccia: Votre taux de rendement si vous obtenez 5,4 %?
M. Coulombe: Si on obtient 5,4 %, cela nous donne, si toutes les
autres variables sont...
M. Ciaccia: Votre taux de rendement serait de 2 %.
M. Coulombe: 1,9 % pour être plus exact. On est donc
très loin de l'hypothèse dont je parle. Quand on parle de cette
hypothèse, c'est vraiment à court et à moyen terme, c'est
une question
fondamentale, mais qui ne se résout pas par une augmentation de
tarif d'un an. Comme vous voyez, les 5,4 % nous donnent à peine une
rémunération qu'on ne peut même pas qualifier de
décente, c'est 1,9 %. On pourrait placer le même argent à
la banque dans un compte courant et on aurait plus que cela.
M. Gauthier: Si je comprends bien, les 14 % qui sont
mentionnés vous sont utiles pour établir une évolution
possible dans le temps des augmentations de coût de
l'électricité, mais on ne peut pas dire, cette année...
C'est bien ce que vous avez dit: Pour cette année, cela n'a aucune
espèce de signification, sauf que pour vos études, ce taux, cet
objectif vous permet de dire: II faudrait se situer aux environs de...
M. Coulombe: Le chiffre de 4,7 % est le résultat
d'études. Encore une fois, je le répète, ce n'est pas une
proposition que nous faisons, c'est le résultat des études. Les
4,7 % nous situent, selon les hypothèses que vous voulez accepter ou non
de l'inflation d'ici à 1993, probablement en bas de l'inflation
réelle qu'il va y avoir d'ici à 1993. Les paris sont ouverts sur
l'inflation dans les dix prochaines années. Les 4,7 %, qui impliquent un
rendement de 14 %, nous conduiront probablement en bas de l'inflation si cette
étude devenait une proposition concrète.
Donc, on s'aperçoit que, même en dépit de cela, la
croissance des tarifs serait de l'ordre du raisonnable dans la mesure où
on pense que dans les dix prochaines années l'inflation, en moyenne,
même si elle est aujourd'hui de 4 %, va se situer pas très loin de
4,7 % et sera probablement supérieure à 4,7 %.
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. Dans un
autre ordre d'idées, puisqu'on discute de tarification, pourriez-vous
nous donner une idée de l'élasticité de la demande
d'énergie électrique par rapport au prix du pétrole? Par
exemple, on sait qu'on ne peut pas augmenter indéfiniment les tarifs
d'électricité sans que cela ait forcément une mauvaise
influence.
M. Coulombe: Là-dessus, l'élasticité par
rapport au prix, c'est un problème qui est encore plus complexe que tout
ce qu'on a vu dans nos moyens. À la planification
générale, à Hydro-Québec, nous avons beaucoup
réfléchi là-dessus et je demanderais à M. Grignon
de résumer un peu l'état du dossier.
M. Grignon: En fait, la question de l'effet des prix sur la
demande est généralement posée dans les termes où
vous la posez, c'est-à-dire qu'il y a peut-être deux sortes
d'élasticité. Dans le sens où vous l'avez posée, si
les prix de l'électricité sont trop élevés, par
exemple, il pourrait y avoir moins de conversions du mazout à
l'électricité et davantage de conversions du mazout au gaz, par
exemple. C'est une réalité.
Quand on dit que, au-delà du calcul des coûts et de
l'objectif de refléter graduellement et autant que possible les
coûts de fourniture dans la tarification, cela doit être
pondéré par l'environnement énergétique, par la
concurrence; on se réfère exactement à la question que
vous avez posée. Si on examine concrètement la situation
d'Hydro-Québec et particulièrement ses ventes à ses 2 600
000 clients réguliers, on constate que les usages où on est en
concurrence, où les consommateurs ont le choix entre, par exemple,
l'électricité, le mazout ou le gaz, cela représente
quelque chose comme 20 % des revenus d'Hydro-Québec. L'autre portion des
80 %, c'est vraiment une situation qui est davantage axée du
côté monopolistique: que l'on pense aux usages,
l'éclairage, par exemple, la force motrice où, vraiment, on n'est
pas en concurrence.
Il y a aussi là, à l'égard de ces 80 % de nos
ventes, on en est convaincus, bien que cela ne soit pas apparent de six mois en
six mois ou d'année en année, un phénomène
d'élasticité qui reflète tout simplement ce qui a
été dit préalablement. Quand on vend un bien, que ce soit
de l'électricité ou des biens de consommation courante... Si,
dans les dix ou les quinze prochaines années, le prix réel de
l'électricité, c'est-à-dire si le prix de
l'électricité augmentait moins rapidement que l'inflation, les
consommateurs réagiraient comme ils réagissent dans le cas de
tous les autres biens. Quand on vend moins cher, on en vend plus. Un bien qui
est moins cher que les autres, dont le prix augmente moins rapidement que les
autres biens, va avoir un phénomène d'élasticité.
Quelle est l'ampleur de ce phénomène? Il n'est pas très
important. Ce n'est quand même pas un bien où
l'élasticité par rapport au prix est très importante.
C'est sujet à de larges variations, mais une évaluation prudente
de ce phénomène nous porte à penser que si, toutes choses
étant égales par ailleurs, les prix de
l'électricité étaient 10 % moins élevés, par
exemple, cela aurait pour effet d'augmenter, quinze ans après, les
ventes d'à peu près la moitié de cela. Autrement dit, une
élasticité de 0,5 %.
Cela n'a l'air de rien mais, finalement, quand on met ensemble le
rendement, l'impact que peut avoir la gestion d'Hydro-Québec sur les
coûts, l'impact que peut avoir tout ce dont on a discuté
aujourd'hui en termes de coûts des projets, la façon de les
planifier et de les réaliser, on voit bien qu'à la fois les
critères financiers, la gestion et le coût des projets peuvent
amener des
variations dans l'augmentation de ces prix, de plusieurs points de
pourcentage, pendant plusieurs années.
Quand on pense qu'en 20Q1, par exemple, dans quinze ans d'ici,
Hydro-Québec prévoit vendre au Québec, à ses
clients réguliers, environ 150 térawattheures, cela ne prend pas
beaucoup de variation de prix pour amener des changements de quinze ou vingt
térawattheures à la hausse ou à la baisse.
Évidemment, c'est une considération à plus long terme,
mais plusieurs études qui ont été publiées ont
démontré qu'aux États-Unis, par exemple, et dans certaines
des provinces canadiennes, en particulier là où il y a des
agences de réglementation qui fixent les rendements année
après année et où la politique de fixation des prix est
très rigide, il y a eu finalement des cycles, c'est-à-dire qu'une
utilité publique se retrouvait, après une phase de
développement importante, dans une période où le prix de
l'électricité n'augmentait pas beaucoup et elle créait ses
propres problèmes parce que, finalement, dix ou quinze ans après,
on se retrouvait avec une demande plus forte, on devait avoir une nouvelle
phase de développement, avec des coûts d'équipement assez
élevés. On se retrouvait alors dans une situation où,
n'ayant pas augmenté ses tarifs aussi vite que l'inflation
générale pendant dix ans, à cause des équipements
qu'on devait construire, on devait l'augmenter, pendant une dizaine
d'années, plus rapidement que l'inflation.
Finalement, notre conviction était qu'il n'y a pas grand-chose,
si on regarde l'essentiel, qui nous laisse croire que, à très
long terme, il soit possible que les coûts de l'électricité
augmentent moins rapidement que l'inflation. C'est dans la logique des choses.
Mais il est possible que, pendant dix ou quinze ans, ils augmentent moins vite
et que, pendant dix ou quinze ans, ils augmentent plus vite. On pense que c'est
plus logique d'avoir une perspective de long terme et d'y aller
régulièrement plutôt que par soubresauts.
M. Gauthier: Compte tenu du fait qu'il ne peut pas y avoir de
conversions massives qui arrivent tout d'un coup à cause d'un ajustement
de prix à la hausse ou à la baisse, il est bien sûr que
l'influence est relativement diminuée par le fait que cela implique des
investissements tellement importants, j'imagine, qu'il n'y a pas une entreprise
ou même un particulier qui va envisager de changer de système
parce que l'électricité semble un peu plus chère pour le
moment ou un peu moins chère. On se comprend là-dessus.
J'aurais une autre question qui me préoccupe quelque peu. J'ai le
temps de la poser, M. le Président, oui? Quand je regarde le tableau no
20, la hausse tarifaire moyenne et la ligne juste en bas, où on parle de
la hausse de l'indice des prix à la consommation, je remarque que, pour
1987 et 19B8, on parle d'une hausse de tarifs qui est légèrement
supérieure à l'inflation de 0,5 %. Dans le cas de 1986, c'est 1,5
%. 3e voudrais savoir du fait que c'est 0,5 % qui est mis pour 1987-1988 quelle
est la différence? 1,5 %, 0,5 % et 0,5 % plutôt que 1 %, 1 %, 1 %
par exemple ou quelque chose du genre? C'est quoi le choix qui a
été fait et qui justifie cette différence?
M. Grignon: D'abord, il est très clair que, pour
1987-1988, ce qui est là - c'est dit en note - ce ne sont que des
hypothèses. Finalement, il n'y a rien de très mythologique
à propos du fait que ce soit un peu supérieur à
l'inflation. Concrètement il y a à peine quelques mois, avant
l'effrondement des prix du pétrole, on prévoyait une inflation,
en 1987-1988, de 4,9 % et 5,2 %. À cause de l'effrondement des prix du
pétrole, on a dû réviser nos prévisions d'inflation,
mais les cadres financiers et les calculs ayant été
préparés, on n'a pas changé les hypothèses puisque
ce n'étaient que des hypothèses. Fondamentalement, il y a
quelques mois, l'hypothèse qu'on avait choisie, c'était de
supposer une hausse de tarif égale à l'inflation, mais, compte
tenu de l'effrondement subi des prix du pétrole, on a
révisé la prévision d'inflation à la baisse mais on
n'a pas révisé les hypothèses parce que, finalement, le
plan était presque terminé à ce moment.
M. Coulombe: D'ailleurs il y a une tension dans les deux ou trois
prochaines années qui va exister. On veut retrouver notre taux de
capitalisation. On veut revenir à 25 %. On est inférieur à
l'heure actuelle, et cela est un problème qu'on pense qu'il faudrait
régler le plus rapidement possible afin de conserver ce taux de
capitalisation à 25 %. Encore une fois, que ce soit à 24,8 % ou
24,6 %, il n'y a rien de tragique dans cela. L'Ontario, sur la même base,
est rendu à 16 %. Donc, il est pas mal moins bien organisé que
nous du point de vue financier. Il n'y a rien de tragique, mais on pense qu'il
faudrait revenir à ça, puisque c'était la norme dans les
milieux financiers. Et aussi, devant l'ampleur de la dette accumulée, on
pense que ces critères doivent être les premiers à
être retrouvés. Pour ce qui est de la couverture du taux
d'intérêt, on n'a pas de problème et, pour ce qui est du
taux de capitalisation, si on y revenait assez rapidement, quant au rendement
sur l'équité, la discussion est ouverte. (22 heures)
M. Ciaccia: ...tarification. Quand vous avez mentionné que
la baisse du prix du pétrole est l'une des raisons pour lesquelles
votre prévision est supérieure au taux d'inflation, est-ce
que la baisse du dollar canadien est un autre élément...
M. Coulombe: Exactement.
M. Ciaccia: ...pour lequel vous demandez une augmentation
supérieure au taux d'inflation?
M. Coulombe: Ce sont les deux raisons fondamentales.
Le Président (M. Charbonneau): 3e signale d'abord à
tout le monde qu'il est 22 heures et qu'il me faudrait un consentement unanime
pour qu'on puisse prolonger au-delà de l'heure prévue. M. le
vice-président.
M. Théorêt: Étant donné d'abord que
nous, députés, devons siéger un peu plus tard au salon
bleu et qu'il semble que cela irait vers minuit, j'aimerais proposer qu'on
puisse continuer, si vous êtes d'accord et, évidemment, si les
gens d'Hydro-Québec n'y voient pas d'inconvénient, l'ordre du
jour. Il est fort possible qu'on puisse le terminer dans deux heures et, donc,
ne pas avoir à demander aux gens d'Hydro-Québec de revenir
demain. J'en fais une proposition, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, il reste encore un certain
nombre de points à aborder. Entre autres, on n'a pas encore fini la
tarification. Il reste toute la question très importante de la gestion
financière d'Hydro-Québec qu'on a commencé à
aborder un peu dans les réponses, mais pour laquelle on a des questions
fort précises.
Il reste également toute la section qu'on appelait divers, qui
touche les problèmes environnementaux, les problèmes particuliers
dans certains comtés qui ont été identifiés et pour
lesquels on veut poser des questions aux gens d'Hydro. Il reste
également énormément de discussions, je le rappelle,
autour de la question tarifaire et de la hausse proposée.
Compte tenu du fait que la journée a été on ne peut
plus fatigante, je pense, pour tout le monde, car on a abattu un bon boulot,
autant du côté des gens d'Hydro qui ont répondu avec
énormément de précision à toutes nos questions que
de la part des députés qui ont dû fournir un effort assez
impressionnant pour se démêler dans toutes ces briques, je
proposerais, pour la qualité du travail et compte tenu du fait que les
gens d'Hydro, de toute façon, sont manifestement organisés pour
passer la nuit à Québec, qu'on continue demain matin avec la
hausse tarifaire et les deux autres points qui restent à l'ordre du
jour, parce qu'on en a encore pour certainement deux ou trois heures de
travail, à mon avis, et je ne voudrais pas faire...
Une voix: ...
Le Président (M. Charbonneau): Je peux permettre un
léger débat, mais je voudrais vous signaler que, s'il n'y a pas
de consentement, je vais être obligé d'ajourner à demain
matin et...
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président. Je pense que
l'ordre du leader, c'est de continuer, si c'est le voeu de la commission. C'est
à la commission de déterminer si nous allons continuer demain.
Alors, si vous ajournez maintenant, on ne continuera pas demain, parce que cela
peut être le voeu de cette commission de ne pas continuer.
Si cela avait été possible de terminer nos travaux...
Demain, il y aurait eu seulement une couple d'heures additionnelles. Vous
n'avez pas trois heures demain, la commission siégerait jusqu'à
midi. Alors, si c'était possible... Est-ce qu'Hydro aurait une objection
à rester quelques...
M. Coulombe: Aucun problème, en ce qui me concerne.
M. Ciaccia: Cela pourrait libérer Hydro pour demain. Ils
pourraient continuer leur travaux, parce qu'il y a beaucoup de gens ici et nous
avons beaucoup de fonctionnaires. Ce n'était pas prévu pour
demain: La commission avait été appelée pour une
journée. On voudrait bien accommoder les membres de l'Opposition, mais
je pense qu'il faudrait être raisonnable aussi. Si nous avons le temps de
le faire ce soir et si tout le monde est d'accord... Demain, nous pourrons
aller faire d'autres travaux et libérer les gens d'Hydro et les
fonctionnaires.
M. Gauthier: Là-dessus, je n'apprécie pas tellement
les remarques du ministre, puisqu'on a offert une collaboration remarquable
toute la journée à cette commission. Je voudrais faire remarquer
au ministre que cette forme de chantage ne plaît pas du tout à
l'Opposition pour une raison bien simple. C'est que dans tes années qui
ont précédé cette commission, 1985, la commission
parlementaire qui entendait Hydro a toujours cru bon de siéger, que ce
soit 1974 ou 1975 - j'ai certaines dates -deux jours, trois jours, fin
d'étudier les documents qui sont présentés.
Or, cette année, c'est la première fois qu'Hydro
présente autant de documentation
sur le sujet, avec autant de détails et de nouveautés -
une approche fort intéressante; il faut le dire - et, tout à
coup, le ministre nous dirait: Si on ne siège pas de nuit, demain matin
on n'autorisera pas à la commission à siéger. D'autant
plus que le leader du gouvernement a accepté le principe avec le leader
de l'Opposition, en disant: Manifestement, si on a de la bonne volonté
du côté de la commission, on pourra siéger demain.
Les gens d'Hydro ont accepté le principe. Normalement, cette
commission siège deux et trois jours. L'année passée, elle
a siégé une journée. Je ne sais pas si le critique en
matière d'énergie du côté de l'Opposition à
l'époque, lequel est aujourd'hui délégué à
la Privatisation, n'avait pas suffisamment préparé son dossier et
ne pouvait pas remplir plus de temps de commission, M. le Président,
mais une chose est certaine, c'est qu'Hydro-Québec est toujours venue
siéger en commission pendant deux ou trois jours. Je regrette, mais
cette année on a une hausse tarifaire assez importante. Il y a toute une
problématique dans le domaine de l'énergie et le ministre nous
menace de refuser son consentement pour siéger demain à moins
qu'on ne siège de nuit. Je regrette, M. le Président, mais je
m'oppose fortement à cette façon de procéder que je trouve
pour le moins cavalière.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
vice-président.
M. Théorêt: Tout d'abord je veux dire que je
n'apprécie guère l'intervention du député de
Roberval qui discute pendant environ cinq minutes pour obtenir un débat
de 30 minutes de plus, possible si on avait siégé demain. D'autre
part, le leader du gouvernement a été bien clair. Il laissait le
soin à la commission, si c'était sa volonté, de continuer
demain ou non.
M. le Président, j'ai fait une proposition de continuer
jusqu'à minuit et je maintiens cette position. J'aimerais bien...
M. Ciaccia: Je veux dire un mot, M. le Président. Ce ne
sont pas des menaces que je fais, M. le député de Roberval. Si
vous avez remarqué, les interventions de notre côté ont
été très limitées. Si nous avions voulu
empêcher les membres de l'Opposition de poser leurs questions, si les
députés ministériels avaient fait l'alternance, vous
auriez posé beaucoup moins de questions et on aurait pu, de notre
côté, en poser beaucoup plus. On a voulu vous laisser toute la
latitude possible. Malheureusement, demain, nous avons d'autres engagements.
S'il y a une possibilité ce soir, nous vous laisserons poser les
questions que vous voulez, mais si vous ne voulez pas vous prévaloir de
cela, on va être obligé de voter sur la proposition qui a
été faite par mon collègue.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais vous signaler
à tous que, d'une part, pour poursuivre jusqu'à minuit ou plus
tard, on n'a pas besoin de motion, il s'agit du consentement de la commission.
Par ailleurs, c'est clair que l'ordre du leader est contraignant et que...
Quoique le vice-président a raison de signaler à la commission
qu'il faudrait une motion pour qu'on puisse siéger comme le veut le
député de Roberval. S'il n'y a pas d'autres interventions, je
pense que je vais être obligé de demander à mes
collègues de ce côté-ci s'ils maintiennent leur position ou
si on file.
M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Est-ce que je peux me permettre de vous demander
pour quelques minutes la suspension de nos travaux pour me permettre de
consulter mes collègues et les gens du bureau du leader qui ont
négocié cette entente avec... J'aimerais avoir quelques minutes
pour consulter ces gens.
Le Président (M. Charbonneau): La commission suspend ses
travaux pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 10)
(Reprise à 22 h 22)
Le Président (M. Charbonneau): La commission reprend ces
travaux, après cette suspension.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je cède la parole au
ministre.
M. Ciaccia: Nous ne voulons pas empêcher l'Opposition de
poser les questions qu'elle doit poser. Même, c'est dans ce but qu'on lui
a donné toute la latitude possible. Si le député de
Roberval et critique de l'Opposition en matière d'énergie croit
que lui et ses collègues seraient mieux préparés pour
poser leurs questions demain, afin de ne pas créer de mauvais
précédent pour ma première commission parlementaire et
d'avoir de bonnes relations avec tout le monde, j'accepte volontiers la demande
du député de Roberval. On est prêt à ajourner ce
soir et à reprendre nos travaux demain matin à 10 heures.
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes un
parlementaire d'expérience, M. le ministre. M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Étant
donné qu'on a décidé de ne pas siéger ce soir, cela
ne sera pas très long.
Je trouve que les travaux de la commission, aujourd'hui, se sont
très bien déroulés, pour avoir vécu une autre
commission beaucoup plus dure que celle-ci, il y a quelques semaines.
J'aimerais quand même rectifier certains propos qui ont été
tenus tantôt du côté du parti ministériel. Je ne
pense pas que du côté de l'Opposition, M. le ministre, on ait
retardé indûment d'aucune façon la commission. Je pense que
toutes les questions avaient été bien préparées,
qu'elles étaient très pertinentes. Je ne pense pas que notre but
était d'essayer d'allonger la période pour faire reporter cela
à demain. Je voudrais bien que cela soit clair.
M. Ciaccia: M. le Président, moi, je ne vous ai pas
prêté d'intention? Je ne vous ai pas accusé d'avoir
retardé la commission. La seule chose que j'ai soulignée, c'est
que souvent, pour vous permettre de poser vos questions - et ce n'était
pas dans le but de retarder la commission - on n'a pas appliqué la
règle de l'alternance. On vous a permis de continuer.
Il n'est pas question de notre part de penser que vous avez
retardé la commission indûment.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Roberval, en conclusion, parce que...
M. Gauthier: M. le Président, en concluant, je voudrais
remercier le ministre de la compréhension dont il a fait preuve dans nos
discussions. C'est une décision qui l'honore. Nous essaierons, demain
matin, de condenser nos interventions pour faire en sorte que, dans le
délai qui nous sera imparti, nous puissions poser l'essentiel de nos
questions. L'année prochaine, M. le ministre, si nous sommes là,
vous et moi, nous ferons le nécessaire pour prévoir quelques
jours pour la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette harmonie
retrouvée, les travaux de la commission sont ajournés à
demain matin. Je convie mes collègues de l'autre côté
à revenir à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 23)