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(Seize heures sept minutes)
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'économie et du travail commence
ses travaux. Je vais demander au secrétaire de la commission de nous
faire part des remplacements.
Le Secrétaire: Les remplacements pour cette séance
sont les suivants: M. Bourbeau (Laporte) est remplacé par M. Rocheleau
(Hull); Mme Dougherty (Jacques-Cartier) est remplacée par M. Middlemiss
(Pontiac); M. Perron (Duplessis) est remplacé par M. Laplante (Bourassa)
et M. Rodrigue (Vimont) est remplacé par M. Tremblay (Chambly).
La Présidente (Mme Harel): La présente commission
est convoquée à la demande du leader du gouvernement en vertu de
l'article 51 de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction. Le mandat de la commission - je vous le rappelle - est donc
d'entendre, conformément à l'article 51 de ladite loi, les
parties impliquées dans la négociation du décret de la
construction quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir
à une entente relativement aux modifications à apporter au
décret.
Je vais immédiatement demander aux membres de cette commission
leur consentement afin que le ministre du Travail soit membre de la
présente commission.
M. Pagé: On a eu assez de difficulté à
l'avoir, on va le prendre.
La Présidente (Mme Harel): Consentement. La proposition
d'ordre du jour serait la suivante; il serait résolu que l'ordre
d'audition des organismes soit le suivant et j'en fais lecture - cela a fait
l'objet d'une discussion entre les membres de la commission parlementaire:
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec, la Centrale
des syndicats démocratiques, la Confédération des
syndicats nationaux, le Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction (international) et la Fédération des
travailleurs du Québec.
Télégramme de l'AECQ
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec nous a,
un peu avant l'ouverture de cette commission, informés qu'elle
n'entendait pas témoigner devant la commission et elle m'a transmis un
télégramme. J'en ai fait faire une copie que je remettrai
dès que je la recevrai aux membres de la commission parlementaire. Nous
entendrons donc...
M. Pagé: ...
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
de Portneuf, je conclus. Nous entendrons donc dans l'ordre la Centrale des
syndicats démocratiques - le Syndicat de la construction Côte-Nord
de Sept-Îles a également informé le secrétaire de la
commission qu'il ne serait pas présent - la Confédération
des syndicats nationaux et le Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction et la Fédération des
travailleurs du Québec.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Mme la Présidente, vous confirmez que
l'AECQ ne se présentera pas devant nous. C'est cela?
La Présidente (Mme Harel): Oui. Le représentant de
cette association nous a fait savoir, immédiatement avant l'ouverture de
cette commission, que le conseil d'administration avait pris hier soir cette
décision. Vous aurez donc copie de ce télégramme qui en
fait état.
M. Pagé: ...
La Présidente (Mme Harel): Donc, immédiatement
avant de vous demander, M. le ministre et M. le député de
Portneuf, de faire les déclarations d'ouverture, je voudrais inviter les
parties qui témoigneront devant cette commission à se
préparer pour une argumentation très serrée qui ne devrait
pas dépasser vingt minutes de façon qu'il puisse y avoir
également un échange de propos d'au plus vingt minutes avec les
membres de la commission; ainsi, chacun des groupes concernés et
impliqués dans cette négociation pourra bénéficier
d'une période de temps d'au plus quarante minutes.
La parole est maintenant au ministre
du Travail.
Remarques préliminaires M. Raynald
Fréchette
M. Fréchette: Mme la Présidente, je vous remercie
de votre présentation. Je sais pertinemment que les
événements des 24 dernières heures ont suscité un
certain nombre de commentaires.
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'on peut fermer la porte de cette salle de commission?
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fréchette: J'étais donc en train de vous dire
que les événements des 24 dernières heures avaient
suscité un brin de commentaires et c'est tout à fait normal. Je
me suis même laissé dire que quelques-uns avaient le goût de
me gronder parce que j'étais comme on dit communément
"groundé", mais je vous signalerai essentiellement à cet
égard deux choses: J'ai d'abord réalisé que la
température avait quelques connotations ou parallèles avec la
négociation qui se fait dans les relations du travail. De temps en
temps, tout est au beau, tout permet d'espérer qu'on va atteindre le but
qu'on s'est fixé et, peu de temps après, tout cela se modifie et
cela se charge à ce point qu'on ne peut plus avancer.
L'autre réflexion que cela a suscité en moi a
été la suivante: J'ai espéré que 24 heures de plus
allaient pouvoir permettre de compléter le travail qui avait
été amorcé et, plus particulièrement, depuis la
commission parlementaire des 6, 7 et 8 août dernier. Malheureusement,
nous devons en arriver à la conclusion, du moins au moment où on
se parle, que cet objectif que tout le monde s'était fixé n'est
pas réalisable dans un avenir immédiat ou prochain.
J'aurai des remarques préliminaires très brèves,
Mme la Présidente, essentiellement pour faire un rappel chronologique et
qui nous permettront de nous souvenir que la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction prévoit qu'à compter du 1er
janvier 1984, cette année, les parties doivent commencer à
négocier, essayer d'arriver à des ententes relativement au
renouvellement d'une convention collective.
Je veux esentiellement aussi rappeler que le 30 avril dernier, une
décision gouvernementale a fait en sorte que le décret qui
existait à ce moment-là, était prolongé pour une
période de 120 jours. Je me souviens fort bien avoir insisté,
à l'époque, sur le fait que cette période de quatre mois
paraissait, d'une façon réaliste, suffisante pour essayer de
concrétiser une entente. C'est d'ailleurs là-dessus que, chaque
fois que j'ai eu l'occasion d'intervenir publiquement, j'ai attiré
l'attention de tous les intervenants en insistant sur le fait que quatre mois,
encore une fois, paraissaient aux gens qui ont l'expertise de ce genre de
relations du travail amplement suffisants pour concrétiser une
entente.
Aujourd'hui, le 29 août 1984, il nous faut bien réaliser
que, malgré la bonne foi de tout le monde, rien n'a encore
été formellement concrétisé. En vertu de ces
dispositions de la loi, Mme la Présidente, dispositions que vous avez
vous-même rappelées au tout début de cette commission, plus
particulièrement l'article 51 de la loi, le gouvernement doit prendre
une décision avant l'expiration de l'actuel décret. Il y a,
encore une fois, des hypothèses qui sont possibles, l'ultime
hypothèse étant, bien sûr, une entente dans les heures qui
restent, si encore il est permis d'espérer une telle entente, l'autre
hypothèse étant une prolongation d'autorité en vertu des
dispositions de la loi ou alors une troisième et dernière
hypothèse, laisser arriver le vide juridique avec l'acquisition pour
l'une et l'autre des parties ou bien du droit au lock-out ou alors du droit
à la grève.
Cette commission parlementaire est essentiellement convoquée pour
que les parlementaires puissent entendre l'argumentation des parties et pour
qu'en deuxième instance, le gouvernement, à la suite de ces
représentations et après analyse de ces représentations,
en vienne à une conclusion qui peut être l'une ou l'autre des
trois dont je viens de parler, Mme la Présidente.
Quant à moi, c'est essentiellement le rappel que je voulais
faire. Je sais que c'est beaucoup plus la commission des parties
elles-mêmes que la commission des parlementaires et, en
conséquence, Mme la Présidente, cela constituera mes remarques
préliminaires.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. C'est
évident qu'au début de cette séance, je m'en voudrais de
ne pas saluer cordialement tous ceux et celles qui sont avec nous cet
après-midi, comme ils l'étaient hier, et de souhaiter la
bienvenue au ministre du Travail, lui exprimer notre satisfaction de le voir
avec nous et lui dire qu'on s'est un peu inquiété hier. À
un moment donné, avant qu'on nous confirme que le ministre était
en voyage, j'ai même pensé que c'était peut-être une
technique d'un de ses prédécesseurs, M. Maurice Bellemare, mais
je me suis aperçu qu'il n'avait pas siégé assez
longtemps avec lui au sein de l'Union Nationale pour en arriver à
cela. Somme toute, on est bien heureux qu'il soit avec nous.
La commission est convoquée, comme le disait le ministre, pour
voir comment a évolué la situation dans la négociation du
renouvellement du décret ou de la convention collective tenant lieu de
décret dans l'industrie de la construction. On s'est quitté le 8
août dernier dans cette même salle, un mercredi soir, après
avoir complété les travaux où de nombreux groupes et
intervenants, dont ceux qui témoigneront devant nous, sont venus se
faire entendre sur les problèmes de fond dans l'industrie de la
construction. Au cours de cette commission, tout le monde était unanime
à exprimer une volonté de s'asseoir à une table de
négociation et de régler une fois pour toutes le renouvellement
de ce décret dans le cadre du délai qui était imparti,
c'est-à-dire jusqu'au 1er septembre.
Il y a des faits qui ont marqué cette période de 21 jours
depuis trois semaines. On doit retenir que des échanges ont eu lieu
entre la partie patronale, c'est-à-dire l'Association des entrepreneurs
en construction du Québec, et la partie syndicale, en ce qui regarde la
Centrale des syndicats démocratiques, la CSN et le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction, ces derniers
représentant 57% du vote exprimé par les travailleurs lors du
dernier maraudage. Le fait marquant aura été
définitivement l'absence de la Fédération des travailleurs
du Québec, la FTQ-Construction, à ces échanges.
On devra retenir, à la lecture des articles de journaux et des
déclarations qui ont été faites tant par l'AECQ que par
les représentants syndicaux, qu'il s'est dégagé pendant un
certain temps une attitude conciliante et une certaine ouverture des parties
pendant cette période. On doit retenir aussi qu'une volonté assez
ferme s'est exprimée d'en arriver à une entente
négociée pour le prochain décret. Je ne pense pas qu'aucun
groupe souhaite un décret qui sera imposé par le ministre du
Travail. Le tout s'est fait avec une expression de satisfaction de la part du
ministre du Travail, avec sa bénédiction.
La commission parlementaire a été convoquée pour
hier; elle a été convoquée à la fin de la semaine.
C'est vendredi ou samedi, si ma mémoire est fidèle, qu'elle a
été convoquée. Peut-être a-t-elle été
convoquée trop tôt, ce qui a fait que les parties ont
peut-être terminé leurs échanges à ce
moment-là pour attendre la commission qui devait se réunir hier.
De toute façon, à quoi bon revenir là-dessus! Nous en
sommes aujourd'hui à deux jours de l'expiration du décret. Nous
sommes ici tel que le prévoit l'article 51 de la loi pour entendre les
parties. Le ministre du Travail doit convoquer cette commission, c'est ce qu'il
a fait. Comme il l'a exprimé le 31 août, il y a trois
possibilités. La première c'est de ne pas prolonger le
décret ou de ne pas décréter, ce qui crée une
situation de vide juridique, ce qui voudrait dire qu'à compter du 1er
septembre le droit à la grève ou au lock-out serait acquis pour
les deux parties. Je ne crois pas, M. le ministre, parlant au nom de notre
groupe parlementaire, qu'il soit souhaitable et même acceptable que
l'industrie de la construction du Québec se retrouve dans une situation
de vide juridique au 1er septembre, vu tous les problèmes que cela
pourrait engendrer et vous avez une responsabilité à remplir.
Évidemment, si vous mettez de côté la situation de
vide juridique, cette responsabilité sera marquée soit par une
prolongation du décret... Aujourd'hui, la commission a son importance et
votre participation devant nous est importante en ce que peut-être qu'il
serait souhaitable que le ministre du Travail accepte de prolonger le
décret pour une autre période, mais limitée
celle-là, en espérant que vous pourrez en venir, d'une part,
à une véritable négociation et, d'autre part, à une
véritable entente dans le délai qui serait imparti. Sinon, le
ministre du Travail n'aura d'autre choix, je crois, que de
décréter purement et simplement le contenu de la prochaine
convention collective qui liera les parties en présence.
Vous êtes là. Nous sommes là pour vous entendre.
C'est évident qu'aujourd'hui, les intervenants peuvent nous entretenir
bien longtemps. Vous pourriez, certes, parler pendant des heures et des heures
sur votre expérience dans le cadre de cette négociation. Compte
tenu du régime de négociation actuel, on pourrait longuement
parler de pluralisme ou de monopole syndical, on pourrait parler des
problèmes que vous avez vécus comme syndicats, parce qu'on ne
pourra pas causer avec l'AECQ qui vient de nous confirmer qu'elle ne serait pas
ici. Mais vous pourriez nous entretenir bien longtemps sur les problèmes
que vous avez vécus, particulièrement dans le cadre de cette
négociation, compte tenu du pluralisme syndical.
Vous pourriez aussi nous entretenir bien longtemps sur la justesse des
positions que vous revendiquez et des attitudes que vous avez adoptées
dans le cadre de cette négociation comme vous pourriez nous entretenir
longuement sur les difficultés pour quatre ou cinq centrales syndicales
de négocier ensemble dans le cadre du renouvellement d'un
décret.
Tout cela est bien intéressant. On a eu l'occasion d'en discuter
lors de la commission parlementaire qui a siégé du 6 au 8
août mais aujourd'hui je crois, quant à moi, que
les parties doivent nous dire et doivent nous entretenir sur deux choses
en particulier. Premièrement, ce qui peut être fait pour qu'on en
arrive à une entente négociée. Si la réponse est
oui, quel est l'effort que votre groupe, que votre syndicat est prêt
à déployer pour en arriver à une telle négociation.
À la lumière de ces éléments, je crois que le
ministre du Travail, les membres de la commission seront suffisamment
éclairés pour tirer les conclusions qui s'imposent.
Mme la Présidente, j'ose espérer que notre échange
d'aujourd'hui soit utile. L'espoir est peut-être mince mais
peut-être est-il encore possible - parce que tout est possible en ce bas
monde - que d'ici au 31 août cela puisse se régler. Merci.
La Présidente (Mme Harel): J'inviterais
immédiatement les représentants de la Centrale des syndicats
démocratiques, M. Carey et MM. Gingras et Lortie à nous
présenter leurs points de vue. M. Gingras, je crois.
Auditions CSD
M. Gingras (Claude): Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, M. le ministre, membres de la commission de la commission
parlementaire de l'économie et du travail, je désire vous
remercier de nous fournir une autre fois l'occasion de vous transmettre le
témoignage des travailleurs membres de la CSD quant à leurs
attentes face à la situation peu réjouissante des
négociations dans l'industrie de la construction.
Pour l'occasion, je suis accompagné du président du
syndicat ainsi que des membres de son exécutif. Dès le
début, j'aimerais vous souligner que notre plus grand souhait
était de ne pas avoir à revenir devant cette commission afin de
chercher une solution aux problèmes rencontrés dans la
négociation d'une convention pour les 75 000 travailleurs qui oeuvrent
dans l'industrie de la construction. Cependant, la triste réalité
est tout autre et nous voici de nouveau devant vous à quelques jours de
l'échéance du délai qui aurait dû normalement
suffire pour trouver un terrain d'entente et éviter le chaos qui risque
de frapper cette industrie si importante pour notre économie, dans
quelques jours.
À la suite de la dernière commission parlementaire tenue
du 6 au 8 août dernier et du télégramme reçu du
ministre qui faisait appel à la bonne foi des parties en
présence, la CSD-Construction n'a ménagé aucun effort, a
été disponible en tout temps et a participé à
toutes les rencontres utiles avec l'objectif bien arrêté de
trouver le terrain d'entente qui aurait permis la solution
négociée de l'impasse dans laquelle s'est enlisée cette
importante négociation au cours des six derniers mois.
Une attitude arrogante du patronat et le refus systématique de la
FTQ-Construction de partager la négociation avec les autres associations
syndicales représentant les travailleurs de la construction ont
contribué à créer cette impasse qui a obligé le
ministre à prolonger le décret de 120 jours pour permettre des
négociations qui avaient jusqu'à ce moment été
nulles pour ne pas dire inexistantes. Ce nouveau délai n'a pas
changé les attitudes des parties en présence, chacune demeurant
sur ses positions dans un dialogue de sourds jusqu'à la commission
parlementaire à la suite de laquelle de véritables
négociations ont débuté sans la présence de la
FTQ-Construction et je le dis, malheureusement, qui a refusé de
s'associer aux autres représentants des travailleurs à savoir le
conseil provincial, la CSN-Construction, la CSD-Construction. Je vous souligne
ici, en passant, que le 20 août dernier, on s'est rencontré
à l'invitation de la FTQ même, les quatre associations syndicales,
dans les locaux de la FTQ, réunion au cours de laquelle je lui ai
lancé une invitation pressante de participer aux négociations
avec les autres partenaires pour tenter de trouver une solution aux
problèmes des travailleurs de la construction; elle a refusé
catégoriquement.
Je voudrais ici quand même faire un petit aparté pour
apporter une rectification à l'information qui paraît dans un
quotidien de Québec à savoir que la CSD n'a pas d'affaire dans
les négociations parce qu'elle ne représente que 9,2% des
travailleurs. Je dois vous dire que la CSD se sent très à l'aise
de représenter ses membres dans les rencontres de négociations.
Premièrement, parce que nous avons toujours défendu qu'il s'agit
d'un droit inaliénable de toute association syndicale qui
représente des travailleurs. Deuxièmement, parce que les
supposés interprètes du droit qui ont avancé une
allégation aussi farfelue n'ont sûrement pas pris le temps de lire
la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction,
articles 42 et 44 qui sont pourtant très clairs, à savoir que la
CSD est une partie représentative habilitée à
négocier et conclure une convention collective avec une ou plusieurs
associations représentatives à un degré de plus de
50%.
Le degré de 15% prévu à l'article 42a de la loi ne
vise qu'à prévoir qu'une association syndicale détenant ce
pourcentage de représentation ne peut être écartée
de la table de négociation ni du droit de soumettre des demandes dans le
cas où les autres associations syndicales tenteraient de le faire. Soyez
assurés, pour ceux qui s'inquiètent de nos droits que depuis
longtemps nous les avons fait vérifier juridiquement et que la
légitimité de notre présence à la table des
négociations ne nous inquiète sûrement pas.
Les quelques rencontres tenues au cours des deux dernières
semaines ont permis d'identifier des pistes importantes de solution quant aux
salaires, aux frais de chambre et pension, aux travaux domiciliaires, aux
travaux industriels, au régime d'avantages sociaux, aux
définitions ainsi qu'au ratio compagnons-apprentis.
Tenter d'en arriver à un accord complet en si peu de temps sur
l'ensemble des préoccupations des travailleurs était pratiquement
mission impossible; trop de temps avait été perdu ou
consacré, au cours des six derniers mois, à élargir le
fossé à franchir. (16 h 30)
La CSD-Construction aurait souhaité avoir plus de temps pour
s'entretenir avec ses partenaires syndicaux et poursuivre cette
négociation qui permettait d'entrevoir un espoir de solution aux
conditions de travail devant régir l'industrie de la construction pour
les prochaines années. Est-ce maintenant que nous allons revivre le
même scénario que nous vivons depuis plus de dix ans alors que les
commissions parlementaires ont servi à régler assurément
les conditions de travail (le décret) par l'imposition de celles-ci en
se substituant au processus de négociation alors qu'elles doivent
être le lieu, l'occasion exceptionnelle où l'on doit en toute
sérénité faire valoir ses points de vues sur des projets
de loi, des règlements ou des situations particulières affectant
le public en général?
Deux questions se posent. La première: Comment allons-nous
éviter le chaos créé par le vide juridique qui risque de
se produire après le 31 août dans une industrie qui a vécu
et vit encore plus que sa part de problèmes?
Deuxièmement, comment allons-nous redonner aux travailleurs et
aux employeurs de cette industrie la responsabilité de négocier
de façon civilisée et respectueuse de l'intérêt des
différents intervenants qui la composent?
À la première question, la CSD-Construction est convaincue
qu'une seule hypothèse peut être retenue, soit la prolongation des
conditions de travail du présent décret jusqu'à l'exercice
du droit de grève ou de lock-out.
La CSD-Construction est d'avis qu'il serait indécent,
irresponsable et peu inventif de croire que le vide juridique causé par
l'absence de conditions de travail dans une industie d'une telle ampleur serait
un incitatif à trouver un compromis acceptable à la
présente négociation. Ce serait plutôt un encouragement
à l'exploitation des travailleurs par des employeurs peu scrupuleux,
à la concurrence déloyale et à l'établissement de
l'anarchie devant laquelle les travailleurs n'auraient qu'un choix: recourir
à la grève et à l'affrontement.
Dans l'intérêt général, personne ne peut
souscrire consciemment à créer de toutes pièces un
état d'affrontement quand d'autres hypothèses peuvent être
envisagées, d'autant plus que le législateur a prévu,
à l'article 59 du Code du travail, code qui s'applique en fait à
tous les autres travailleurs sauf les travailleurs de la construction, que pour
tous les travailleurs et employeurs qui y sont assujettis, il existe un droit
de prolonger les conditions de travail jusqu'à la signature d'une
nouvelle convention collective.
Il serait donc tout à fait normal et souhaitable qu'une
décision du gouvernement en ce sens contribue à civiliser les
relations du travail dans l'industrie de la construction.
Quant à la deuxième question, la CSD-Construction croit
que le temps est venu pour le gouvernement d'agir énergiquement et avec
audace en mettant de l'avant un processus renouvelé de
négociation dans l'orientation proposée par le rapport
Hébert il y a plusieurs années.
Le temps de la remise en question du pluralisme syndical et celui de
l'étude de l'hypothèse du monopole syndical est
dépassé. L'heure est arrivée d'expérimenter une
formule nouvelle par laquelle on redonnera aux travailleurs et aux employeurs
de cette industrie les outils pour qu'ils assument leur véritable
rôle.
Cet objectif sera atteint dans le processus suivant: la reconnaissance
du pluralisme syndical et de la liberté de choix de leur association par
les travailleurs; l'exercice du plein droit d'expression et de décision
à la table de négociation de toute partie représentative;
une seule négociation fixant les conditions de travail pour tous les
métiers et les emplois sur le territoire du Québec; transformer
le mandat du conciliateur en un mandat de médiateur avec le rôle
suivant: Convoquer et fixer les réunions; présider les
réunions de la table de négociation; recevoir les propositions et
contre-propositions des parties; après vingt jours, si les conditions
d'acceptation ne sont pas trouvées, soumettre aux parties une
recommandation globale sur l'ensemble de la convention; après quinze
jours, pour permettre la consultation de leurs membres par les associations
syndicales et patronales, procéder à un scrutin postal
auprès de tous les travailleurs, tenu sous la responsabilité d'un
président neutre avec le maximum de garanties pour en assurer
l'efficacité et l'intégrité. Le rapport du scrutin postal
est produit dans les trente jours suivant le rapport de la commission;
la majorité absolue de ceux qui ont voté est requise pour
l'acceptation ou le rejet de la recommandation et, suivant le résultat,
l'exercice du droit de grève ou de lock-out suit son cours.
Cependant, si le gouvernement décidait de demeurer dans le
sentier traditionnel en déterminant les conditions de travail devant
s'appliquer à l'industrie de la construction, la CSD-Construction ne
peut envisager comme acceptables des conditions décrétées
qui ne contiendraient pas une clause d'indexation des salaires visant à
conserver aux travailleurs leur pouvoir d'achat tout en leur assurant des
augmentations minimum; n'assureraient pas une hausse de la participation des
employeurs au régime d'avantages sociaux et au fonds d'indemnisation des
travailleurs victimes de faillite; ne reconnaîtraient pas
l'égalité des salaires dans le domiciliaire par rapport aux
autres secteurs, à savoir le commercial et l'industriel, principe
accepté par les employeurs au cours des négociations des derniers
jours; n'assureraient pas une priorité de rappel au travail du
travailleur mis à pied pour qu'enfin il existe un début de
sécurité et de stabilité d'emploi pour celui-ci.
Quant aux frais de chambre et pension, aux travaux domiciliaires, aux
travaux industriels, au ratio compagnons-apprentis et nouvelles
définitions devant apparaître au décret, les consensus
dégagés lors des rencontres de négociation pourraient
s'avérer des pistes acceptables de solution.
La CSD profite aussi de l'occasion pour solliciter de la part du
gouvernement une décision immédiate afin que les travailleurs de
la construction soient traités équitablement par Revenu
Québec lorsqu'ils présentent leur déclaration
d'impôt annuelle.
Ce n'est un secret pour personne que les travailleurs de cette industrie
doivent avoir une automobile et parcourir des distances nettement
supérieures à tout autre travailleur pour accomplir leur travail.
Une journée au nord, le lendemain à l'est, le jour suivant
à l'ouest quand ce n'est pas au sud; dans plusieurs cas, ce sont deux ou
trois chantiers au cours d'une même journée. Et nous pourrions
multiplier les exemples. Ce faisant, ils doivent assumer des coûts qui
sont nettement disproportionnés sans pouvoir, comme d'autres
travailleurs dans la même condition, bénéficier d'exemption
leur permettant d'équilibrer leurs revenus.
De plus, plusieurs travailleurs doivent fournir une liste
impressionnante d'outils de toutes sortes, en assumer les coûts de
réparation, d'entretien ou de remplacement, contrairement à tout
autre travailleur d'usine ou d'établissement. Ces coûts importants
et cette injustice flagrante devraient inciter le gouvernement du Québec
à accorder aux travailleurs de la construction une exemption
équivalente à 10% de leur revenu et à intervenir
auprès du gouvernement fédéral pour qu'il en fasse
autant.
Pour conclure, messieurs, madame, membres de la commission
parlementaire, vous nous permettrez de vous rappeler que la CSD-Construction
est désireuse de poursuivre les négociations engagées pour
en arriver si possible à un règlement négocié d'ici
le 31 août au plus tard, si les conditions le permettent, afin que
l'intérêt des travailleurs que nous représentons soit
préservé. Nous n'avons pas conditionné notre participation
à la négociation mais, bien sûr, nous poursuivons des
objectifs qui sont une convention collective acceptable par les travailleurs,
une amorce de sécurité d'emploi, une stabilité pour
permettre la poursuite de la relance de cette industrie et les transformations
des lois et règlements qui permettront à cette industrie de se
reprendre en main et de se développer. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Fréchette: Mme la Présidente, je veux remercier
M. Gingras et les deux personnes qui l'accompagnent. Vous faites
essentiellement dans votre mémoire, M. Gingras, un historique des
actuelles négociations en mettant l'emphase et l'accent sur les choses
qui vous apparaissent des difficultés qui reviennent constamment depuis
que ces mécanismes existent. Dans une deuxième partie de votre
mémoire, vous renouvelez sous une autre forme et avec autant
d'insistance des choses que vous nous avez rappelées lors de la
commission parlementaire des 6, 7 et 8 août.
Si on en vient maintenant au dossier très précis qui nous
concerne, il y a juste une ou deux précisions que j'apprécierais
obtenir de votre part. D'abord, à la page 7 de votre mémoire, au
troisième paragraphe, vous dites: "Vous nous permettrez de vous rappeler
que la CSD-Construction est désireuse de poursuivre les
négociations engagées pour en arriver, si possible, à un
règlement négocié d'ici le 31 août au plus tard si
les conditions le permettent, afin que l'intérêt des travailleurs
que nous représentons soit préservé." Peut-être
l'avez-vous dit ailleurs dans votre mémoire, mais pour
accélérer les choses je vous pose la question: À supposer
que le souhait que vous émettez dans votre mémoire ne se
concrétise pas, c'est-à-dire qu'une entente
négociée n'intervienne pas d'ici le 31 août, quant aux
autres alternatives dont on a parlé, quelle est l'attitude ou la
position de votre centrale à cet égard?
M. Gingras: L'ensemble de notre mémoire y fait
référence. Quand on vous souligne que deux problèmes nous
confrontent
actuellement, c'est le vide juridique dans lequel on va se retrouver
à compter du 31. Il est difficile de prévoir qu'on puisse avoir
des négociations raisonnables si on se retrouve dans un vide juridique.
Si le ministre prenait la décision de diminuer l'impact de ce vide
juridique, c'est qu'à ce moment-là, en prévoyant
peut-être une période additionnelle de négociations cela
nous permettrait d'allonger la période. Mais je me suis placé
dans le cadre de ce qui existe actuellement. Si on n'en vient pas à une
entente d'ici au 31 et qu'il n'y a pas prolongation du décret, j'ai
l'impression qu'avec le vide juridique, les conditions ne seront pas
très favorables à la poursuite de la négociation.
M. Fréchette: Je comprenais que l'esprit
général de votre mémoire était dans ce sens, mais
je voulais strictement le faire préciser. Un seul autre aspect sur
lequel je souhaiterais pouvoir obtenir vos commentaires: Vous faites une
analogie ou une "correspondance" - entre guillemets -entre la situation qu'on
retrouve à l'article 59 du Code du travail qui prévoit que des
conventions collectives peuvent contenir une disposition qui prolonge les
conditions de travail jusqu'au renouvellement d'une nouvelle convention.
Êtes-vous d'accord avec moi que même s'il arrivait un décret
gouvernemental, toujours parmi les hypothèses dont on parle, les parties
et toutes les parties ne peuvent en aucune espèce de circonstance et en
aucun temps s'entendre sur des modifications qu'elles souhaiteraient incorporer
à ce décret qui tiendrait lieu de convention collective à
la condition évidemment qu'une requête en ce sens soit
acheminée à l'instance appropriée par 50% plus 1 des gens
qui sont concernés? Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
M. Gingras: Oui, on s'entend sur cette partie. Mais le
problème qui existe c'est qu'avec le mécanisme qu'on a retenu
comme étant le mécanisme de la convention collective des
travailleurs de la construction, on ne peut pas donner aux parties directement
une prolongation légale des conditions de travail de notre convention
collective ou du décret. On ne peut s'entendre pour faire cette
prolongation sans que le gouvernement ne donne son accord. Or, vous voyez que
c'est un peu différend de ce qui se passe dans toutes les conventions
négociées en vertu du Code du travail. On n'a pas besoin de
recourir au ministre pour décider qu'une convention va se prolonger
jusqu'à la signature d'une nouvelle convention. Dans le cas de la
construction, on est obligé d'y recourir. C'est la différence qui
existe.
M. Fréchette: C'est quant à la forme bien
sûr. En fait, ce que vous êtes obligé de faire comme partie,
c'est de suivre le processus qu'on retrouve à la Loi sur les
décrets de conventions collectives essentiellement. Quant au fond
cependant, ce sont les parties elles-mêmes qui ont toute
l'autorité et toute la juridiction nécessaire pour convenir de
modifications ou de changements. Enfin, je pense qu'on s'entend
là-dessus.
M. Gingras: Oui, sur cela, on s'entend.
M. Fréchette: Une dernière question, M. Gingras. Je
le signalais tout à l'heure. Vous avez mis beaucoup d'emphase sur les
difficultés rencontrées depuis janvier dernier, depuis avril
dernier. Vous avez même écrit dans votre mémoire que la
constatation que votre association a faite a été de se rendre
compte que le fossé ne faisait que continuer à s'élargir.
Compte tenu de l'appréciation que vous faites des travaux menés
jusqu'à maintenant, qu'on ait appelé cela des rencontres
exploratoires, des discussions enfin peu importe, quelle est votre
évaluation de la possibilité d'un règlement
négocié au moment où on se parle?
M. Gingras: Sur cela, j'aimerais passer la parole à M.
Carey de la CSD qui a participé directement aux échanges et qui
est peut-être plus en mesure de vous donner son appréciation sur
la question que vous posez. (16 h 45)
M. Carey (Rénald): Je pense, Mme la Présidente, que
vous avez eu l'occasion au cours des dernières semaines de prendre
connaissance dans les journaux de certaines choses qui se négociaient ou
de certains pourparlers entre les associations syndicales et l'association des
employeurs. On l'a mentionné et on trouve, en tout cas, qu'il y a des
pistes avancées actuellement qui pourraient peut-être permettre
d'en arriver au règlement d'une convention collective. C'est bien
sûr que lorsque vous négociez une convention ou un décret,
une convention collective comme celle-là, vous êtes obligé
de faire un choix à ce stade-ci de vos priorités. Le choix des
priorités a été fait par les associations syndicales en
présence et cela se négocie, au fond, sur la base d'un tout. Il y
a un peu d'échanges là-dedans. On a participé à la
dernière commission parlementaire où les associations patronales
se sont fait entendre ainsi que les associations syndicales. On voit qu'il
semble y avoir des problèmes dans l'industrie de la construction. Sur la
base d'un tout, en tout cas, il y a des pistes avancées, des sujets qui
ont été discutés et il nous semble qu'il n'y aurait pas un
grand pas à faire de part et d'autre pour pouvoir conclure une
convention. Si vous me demandiez de répondre sur chaque point, je vous
dirais que
celui-là, cela veut dire, si c'est celui-là, parce que je
pense que vous avez tous l'expérience des négociations, c'est un
peu du "give and take".
M. Fréchette: Mme la Présidente, le commentaire de
M. Carey me suggère une autre question. Je vous jure que ce sera la
dernière. En se fiant à la bonne foi et à la bonne
volonté de tout le monde, M. Carey et sur le désir que tout le
monde a sans doute d'arriver à une entente négociée,
à supposer que malgré ces dispositions, après un autre
mois, deux autres mois, trois autres mois, il n'y ait pas encore de
possibilité de signature d'une convention collective, que faudra-t-il
faire à ce moment-là?
M. Carey: Je pense qu'à ce moment-là, il va falloir
tout simplement qu'il y ait une intervention pour décréter les
conditions ou il y aura un affrontement. Il y a deux choses là-dedans;
on laisse aller le chaos et à un moment donné, il y a un
affrontement. Je pense que vous vous souvenez tous des expériences
passées. Il n'y a jamais eu de règlement lors d'affrontements.
Cela a toujours été une intervention gouvernementale; que ce soit
fait avant, après ou durant l'affrontement, cela a été une
intervention gouvernementale.
M. Fréchette: Cela va. Merci, Mme la
Présidente.
M. Gingras: Seulement pour ajouter à la réponse, M.
le ministre, si vous le permettez, je pense que quant à la question que
vous posez, on a énoncé une position très claire qu'on
vous avait déjà énoncée -d'ailleurs, vous y avez
fait allusion lors de la dernière commission parlementaire - quant
à un mécanisme de négociation qu'on vous suggère
d'expérimenter. Quant à nous, tout cela est basé quand
même sur la possibilité pour l'ensemble des parties de jouer un
rôle dans la négociation, d'exercer un rôle en
présence de personnes qui va quand même leur permettre d'effectuer
des rapprochements dans le meilleur intérêt de l'ensemble des
partenaires de l'industrie de la construction. Mais cette négociation
repose aussi sur un mécanisme qui prévoit la consultation de
l'ensemble des travailleurs de la construction de sorte que ce soit tous les
travailleurs qui décident de leurs conditions de travail, contrairement
à ce qui est prévu actuellement par la loi actuelle. On n'a
jamais expérimenté cette forme de négociation dans le
cadre du pluralisme syndical. Je pense qu'il serait temps qu'on
expérimente cette formule et qu'on en fasse un essai loyal.
M. Carey: Mme la Présidente, j'ajouterai à ceci
qu'on a aussi mentionné que s'il y a une recommandation du
médiateur, on s'engage à la soumettre. Elle sera rejetée
ou elle sera acceptée, mais ce ne sera pas la convention de
Rénald Carey. Ce sera la convention des travailleurs et ce sera à
eux de décider s'ils l'acceptent ou s'ils la refusent.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. Carey. La parole est
au député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
remercier M. Gingras, M. Carey et M. Lortie de leur présentation. Vous
avez abordé avec beaucoup d'attention et plusieurs détails tout
le problème du pluralisme syndical, tout l'aspect de l'éventuel
régime de négociation qui pourrait être retenu. C'est,
à prime abord, très intéressant et j'ose croire que le
comité interministériel qui a été formé par
le ministre du Travail le soir du 8 août dernier pourra se pencher sur
cette hypothèse très intéressante pour laquelle on ne peut
qu'avoir de la réceptivité et qui nous est soumise par vous, cet
après-midi.
Pour revenir plus particulièrement à la question qui nous
occupe, je retiens de la page 3 de votre mémoire que vous voulez
éviter le chaos qui serait conséquent d'un vide juridique au
matin du 1er septembre. Je suis entièrement d'accord avec vous. J'ai eu
l'occasion de l'exprimer dans mon propos d'ouverture. Vous soutenez cependant
qu'il n'y a qu'une seule hypothèse qui doive être retenue par le
ministre du Travail, soit celle de la prolongation des conditions de travail du
présent décret jusqu'à l'exercice du droit de grève
ou du lock-out. À première vue, cela paraît assez
intéressant, à savoir que les conditions actuelles sont
reconduites. Les parties n'ont qu'à négocier si elles veulent
véritablement une entente négociée pour une
première fois dans le monde de la construction. Dans ce sens-là,
qu'il suffise de rappeler les appels pressants qui ont été
lancés par le ministre du Travail, l'appel à la maturité,
si je le cite bien lorsqu'il a conclu, le soir du 8 août. Mais ne
craignez-vous pas que si le ministre du Travail accepte votre hypothèse,
il suffirait pour un syndicat de se mettre en grève en raison d'une
insatisfaction ou d'un mécontentement à l'égard de ce qui
se passe à la table de négociation alors que trois autres
syndicats exploreraient possiblement non seulement des pistes mais donneraient
un cheminement très intéressant qui pourrait
éventuellement mener à un règlement? Il suffirait pour un
syndicat, dis-je, de se mettre en grève et le ministre du Travail serait
obligé d'intervenir à ce moment-là.
Dans ce cas, ne croyez-vous pas qu'il serait préférable de
se prononcer clairement, premièrement, sur une prolongation du
décret permettant une période de négociations ou,
deuxièmement, un décret pur et simple?
M. Carey: II est bien évident que si un syndicat posait un
geste dans ce sens, la prolongation des conditions de travail sans qu'il y ait
prolongation du décret, mais simplement en maintenant les conditions de
travail, ce serait peut-être un petit peu plus difficile. On sait que
pour avoir le droit de grève, il faut qu'il y ait des assemblées
syndicales avec des votes majoritaires, des votes secrets. Enfin, vous vous
souvenez comment la loi est faite. Que je sache en tout cas, il n'y a pas de
mécanisme ou il n'y a pas eu de décision de la part d'aucune
centrale syndicale dans ce sens.
Vous comprendrez que notre première priorité est de
maintenir les conditions de travail. On ne rejette pas - ce sera à la
discrétion du ministre, après avoir entendu toutes les
associations - une prolongation de quelque durée que ce soit pour
permettre la négociation. Si vous retenez le mécanisme que l'on
vous suggère dans le sens qu'après un certain temps, il y ait des
délais précis pour une recommandation de la part du
médiateur qui sera soumise aux travailleurs et aux employeurs, je pense
qu'il ne faut pas mettre cela de côté parce que cela va
ensemble.
M. Gingras: En fait le mécanisme qu'on suggère se
rend jusqu'à l'exercice éventuel d'un droit de grève ou
d'un droit de lock-out pour l'employeur. En fait, c'est ce qu'on
suggère. Cela fait partie d'un tout, d'un ensemble de moyens qui sont
suggérés pour en arriver à une solution
négociée dans l'industrie de la construction. Il est certain,
quand on prend chaque hypothèse séparément,
isolément, par rapport à la situation actuelle, qu'on peut se
retrouver dans un bourbier, si on prenait un élément et qu'on
laissait le reste de côté.
Il est certain que, dans l'ensemble, quand on a fait notre proposition,
on l'a faite dans un cadre, dans un cheminement qui, pour nous,
amènerait des négociations civilisées et aurait des
chances d'amener aussi une solution négociée des conditions de
travail dans l'industrie de la construction.
M. Pagé: Cette proposition s'inscrit dans un cadre global
qui impliquerait éventuellement, s'il n'y a pas d'entente, un
mécanisme de consultation des membres et que les membres se prononcent.
Dans ce cas, je présume - le ministre pourra me corriger - qu'on devrait
légiférer dans ce sens-là et adopter une loi ici à
l'Assemblée nationale, ce qui prolongerait quand même les
délais. Somme toute, votre proposition est intéressante. Je n'ai
pas d'autres questions.
M. Carey: Sauf que je voudrais vous faire remarquer que nous
offrons cette consultation comme association syndicale. Si les associations
syndicales veulent consulter leurs membres sur une proposition, elles auront le
droit de leur suggérer qu'elle peut être rejetée ou
acceptée. Mais on ira voir si les travailleurs sont consentants à
accepter un projet qui serait une recommandation du conciliateur.
M. Pagé: Mais on doit retenir, M. Carey, que le
mécanisme qui est prévu et que vous indiquez ici, avec nomination
du médiateur - il préside les réunions, il participe, il
fait rapport dans tel délai, il y a tel vote dans tel autre délai
- avec nomination d'un président qui va présider ce vote, cela
implique nécessairement des modifications à nos lois dans ce
sens-là, ce qui entraîne quand même, là aussi, des
délais. Merci.
La Présidente (Mme Harel): D'autres interventions d'autres
membres de la commission? Merci, MM. Gingras, Carey et Lortie.
J'inviterais immédiatement les représentants de la
Confédération des syndicats nationaux à prendre place.
M. Gauthier, voulez-vous nous présenter les personnes qui vous
accompagnent?
CSN
M. Gauthier (Michel): M. Jos. Caron, coordonnateur à la
CSN-Construction; M. Ted McLaren, également coordonnateur à la
CSN-Construction; M. Marcel Pepin, coordonnateur du service de recherche de la
CSN; M. Roger Trépanier, conseiller syndical à la CSN.
On a déposé le mémoire hier; on l'a laissé
aux membres de la commission parlementaire. Il y a un ajout au document qui est
fait aujourd'hui, à la suite de certaines remarques qui ont
été faites, qu'on intégrera dans le texte.
Il y a moins de trois semaines, les membres de cette commission
parlementaire entendaient les témoignages des principaux intervenants de
l'industrie de la construction.
La plupart des mémoires concentraient leurs arguments sur le
principal problème qui touche l'industrie depuis quelques années,
l'émergence d'un phénomène quasi
généralisé de production clandestine et de travail au
noir.
Pour la CSN-Construction, il demeure évident que l'on doit,
d'urgence, trouver une solution politique à ce fléau dont
l'ampleur échappe actuellement à toute forme de
contrôle.
La réponse du ministre du Travail, à la fin des travaux de
la commission, renvoyait les intervenants chez eux en les prévenant
qu'un comité multidisciplinaire étudierait leurs mémoires
et, à la mi-septembre,
déposerait un rapport préliminaire.
Le ministre . avait assorti sa réponse d'un avertissement: il
nous fallait, d'ici la fin de la prolongation du décret, négocier
ensemble les termes d'une nouvelle convention de travail.
Dans les heures qui suivirent, des rencontres exploratoires entre
l'association patronale et quelques-unes des associations syndicales ont ouvert
la voie à une possibilité sérieuse de
négociation.
La CSN-Construction a, d'ailleurs, fait parvenir un
télégramme aux autres associations syndicales
représentatives, le 13 août, pour envisager une entente
intersyndicale à la table de négociation. La réponse fut
négative.
À ce moment-ci, il y a une mise au point que la CSN-Construction
désire faire concernant certains articles de journaux et les
affirmations erronées contenues dans le document de la FTQ-Construction
déposé aujourd'hui à cette commission parlementaire.
Depuis deux semaines, la CSN-Construction constate que certains articles
de journaux interprètent des rencontres exploratoires de la
CSN-Construction avec l'association patronale comme des rencontres officielles
de négociation. Nous tenons à préciser qu'à la
suite d'un dialogue amorcé à la dernière commission
parlementaire la CSN-Construction s'est dite d'accord pour discuter avec l'AECQ
d'un cadre de règlement.
Comme nous l'affirmons dans notre mémoire, la CSN-Construction a,
d'ailleurs, fait parvenir un télégramme aux autres associations
syndicales représentatives, le 13 août, pour envisager une entente
intersyndicale à la table de négociation. Une fois de plus, la
réponse fut négative. (17 heures)
Dans un télégramme de réponse, la FTQ-Construction
affirmait: "Nous croyons qu'en ce qui concerne les négociations les
réunions entre nous ne donneraient rien car il appartient maintenant
à l'AECQ de bouger selon les recommandations du ministre."
La première rencontre avec l'AECQ a eu lieu le 14 août
1984. Depuis cette rencontre, il a été impossible de
définir avec l'AECQ un cadre de règlement, l'association
patronale se refusant à inclure certaines des revendications des
travailleurs membres de la CSN-Construction et tentant même de leur
imposer des reculs.
Nous tenons également à préciser que, même si
l'AECQ a invité la CSD à ces rencontres, il n'y a pas eu
d'ententes avec nous et cette association.
Pour la CSN-Construction, qui dépose aujourd'hui devant les
membres de cette commission le cahier des demandes des travailleurs de la
construction qu'elle représente, il ne fait pas de doute que des
négociations sont toujours possibles et souhaitables dans
l'intérêt de l'ensemble des travailleurs de la construction du
Québec. Cependant, nous nous permettrons d'idendifier les raisons
majeures qui entravent actuellement le cours d'une telle démarche.
Nous croyons que le gouvernement doit affirmer, au préalable,
à l'intention des parties intervenantes de l'industrie, sa
volonté réelle de maintenir le pluralisme syndical dans
l'industrie et d'avancer des solutions au fléau des chantiers noirs.
Tant et aussi longtemps qu'une association syndicale tentera de forcer
le gouvernement à adopter, sans le consentement de la majorité
des travailleurs de la construction, un principe de monopole syndical avant de
s'asseoir pour négocier, les négociations s'avéreront
difficiles. Le gouvernement doit afficher dès maintenant sa
volonté de préserver nos traditions de liberté syndicale
dans l'industrie de la construction.
Tant et aussi longtemps qu'une solution politique n'interviendra pas
pour protéger les emplois des travailleurs de l'industrie, qu'il n'y
aura pas une réglementation renforcée pour forcer les
entrepreneurs de la construction, principalement du secteur domiciliaire,
à effectuer leurs travaux dans le respect du décret qui
régit les relations du travail de notre industrie, qu'en somme le
gouvernement ne mettra pas un terme à la croissance d'une main-d'oeuvre
parallèle et clandestine, les négociations s'avéreront
difficiles, sinon impossibles. Le gouvernement doit répondre dès
maintenant aux questions qui lui furent posées lors de la
dernière commission parlementaire et renforcer sa réglementation
au niveau du placement.
Représentant plus de 17 000 travailleurs de l'industrie de la
construction, la CSN-Construction exige, depuis le début des
négociations entreprises pour le renouvellement du décret
régissant les relations du travail de l'industrie, une meilleure
protection de l'emploi, tout en favorisant la création d'emplois dans
notre secteur durement touché par la conjoncture économique.
Ces demandes de la CSN-Construction ont été
élaborées à partir de tournées nationales,
d'assemblées où, dans toutes les régions, les travailleurs
impliqués nous ont parlé des effets désastreux du
braconnage de leurs emplois qui se pratique ouvertement dans cette
industrie.
Il n'est pas normal que l'industrie soit soumise à une
économie souterraine qui permet au patronat d'augmenter ses profits aux
dépens de la sécurité d'emploi des travailleurs de
l'industrie.
En protégeant les emplois et en réduisant le temps de
travail, l'industrie facilitera l'accès des emplois actuels et
augmentera le nombre de ses travailleurs dont plusieurs milliers sont
actuellement forcés, dans plusieurs régions, de chômer
à
cause de la concurrence indue des braconniers et des entrepreneurs
produisant sans respecter la réglementation de l'industrie.
Les travailleurs de la construction n'ont pas à payer de leur
appauvrissement et de la détérioration de leurs conditions de
travail les conséquences de l'incurie et du laisser-aller de
l'application de la loi.
Ce qu'il faut, c'est une convention collective qui soit respectée
par tous les intervenants de l'industrie, qui respecte le droit au travail des
travailleurs de la construction et qui rejoigne les responsabilités
sociales des gouvernements et des entreprises de créer des emplois.
Nos principales demandes s'articulent autour de ces principes
fondamentaux. Elles sont: 1° La réduction du temps de travail par le
paiement de 30 minutes de la période de repas d'une journée
normale de travail. 2° Une formule d'ancienneté en cas de mise
à pied et lors des rappels au travail. 3° La protection du pouvoir
d'achat par une formule d'indexation au coût de la vie des salaires et
des primes, ainsi qu'un taux d'enrichissement de 2,5% par année. 4°
Le pouvoir des représentants syndicaux de vérifier les cartes de
classification et les permis des entrepreneurs. 5° L'attribution des
sous-contrats à des entreprises employant des salariés de
l'industrie. 6° L'augmentation du fonds d'indemnisation pour mieux
protéger les salaires des travailleurs dans les cas de faillite. 7°
L'amélioration des avantages sociaux et, pour terminer, 8° une
convention d'une durée de deux ans pour se prémunir contre la
conjoncture imprévisible.
Lors des travaux de la dernière commission parlementaire,
plusieurs intervenants ont témoigné de l'importance d'ouvrir les
portes à l'industrie aux jeunes travailleurs. Cette préoccupation
est partagée par les travailleurs de la construction membres de la
CSN-Construction qui voient dans la réduction du temps de travail la
création immédiate de près de 5000 emplois. En assumant le
paiement de 30 minutes de la période de repas d'une journée de
travail, l'industrie, par le fait même, permettra d'ouvrir les portes
à des milliers de jeunes qui attendent l'épuisement du bassin de
main-d'oeuvre pour obtenir des cartes de classification.
Cette proposition aurait pour effet de nous permettre de revoir les
ratios compagnons-apprentis, mais l'impact d'un tel changement pour certains
métiers ne devrait pas avoir pour effet de remplacer une main-d'oeuvre
par une autre.
Cet effort de création d'emplois ne doit cependant pas
suppléer aux responsabilités gouvernementales en matière
de création d'emplois. Certains députés, lors de la
dernière commission parlementaire, ont tenté de faire porter sur
le dos des associations représentatives leur incapacité à
mettre de l'avant des projets créateurs d'emplois pour l'industrie. Nous
avons été étonnés d'entendre certains de leurs
commentaires concernant le règlement de placement dans l'industrie et le
présumé obstacle qu'il représentait pour la
création d'emplois.
À la CSN-Construction, nous ne comprenons pas qu'on veuille
ainsi, tout bonnement, remplacer des travailleurs âgés par des
travailleurs plus jeunes, dont le droit au travail est incontestable, si en
même temps aucun effort n'est fait pour garantir à ces
travailleurs plus âgés une retraite ou une préretraite
décente. Les investissements du gouvernement représentent
près de 50% du capital investi annuellement dans l'industrie. Sa part de
responsabilité est évidente. La CSN-Construction l'a
exprimé dans son mémoire remis à la dernière
commission parlementaire: Le gouvernement doit avancer des projets
créateurs d'emplois pour ouvrir ainsi le bassin de main-d'oeuvre aux
plus jeunes sans du même coup bannir les plus âgés de
l'industrie.
Pour la CSN-Construction, cette revendication est la conclusion logique
d'une analyse de la réalité actuelle de l'industrie qui a besoin
d'une main-d'oeuvre et de son renouvellement pour fonctionner et rencontrer les
besoins de la collectivité québécoise.
Depuis 1978, les travailleurs de la construction sont régis par
le règlement de placement qui leur reconnaît une priorité
d'emploi régionale. Mais cette sécurité d'emploi relative
ne correspond aucunement avec la sécurité d'emploi des autres
secteurs industriels. Dans la construction aucun travailleur n'est
assuré d'une seule heure de travail.
En conséquence, la CSN a formulé une revendication qui
tient compte du besoin des travailleurs de la construction d'accéder
à un minimum de sécurité d'emploi par chantier, pour un
employeur, par métier, soit l'ancienneté.
Une telle revendication, selon la CSN-Construction, pourrait devenir la
clef des autres sécurités, telles la
sécurité-santé et la sécurité du revenu. Il
ne fait pas de doute que, dans cette industrie, il est difficile de revendiquer
des droits quand l'employeur n'a pas l'obligation de respecter
l'ancienneté du travailleur à son emploi.
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec n'a eu
de cesse depuis plus de six mois de répéter la
nécessité de diminuer les taux de salaire dans cette industrie de
20%. Ils nous présentent les taux de salaire comme la
cause des maux de l'industrie et, en conséquence, nous proposent
ce remède de cheval.
Pourtant, les facteurs qui ont présidé à la baisse
des dépenses dans la construction, et particulièrement dans le
domiciliaire, ont peu à voir avec l'augmentation des salaires dans
l'industrie. Les véritables causes de cette baisse se retrouvent dans
l'augmentation régulière du taux de chômage depuis plus de
dix ans, dans les politiques de restriction des salaires poursuivies par les
gouvernements et les entreprises et, finalement, dans la hausse drastique des
taux d'intérêt ces dernières années.
La baisse de ces taux, à partir de la fin de 1982, a permis en
très grande partie l'augmentation de 72% en 1983 de la construction
domiciliaire et ce, alors que les taux de salaire augmentaient de 10%. On ne
peut certainement pas ici conclure que le niveau d'activité
dépend essentiellement des taux de salaire.
Rappelons qu'une hausse de 20% de la masse salariale a un impact moins
important qu'une hausse de 1% des taux d'intérêt sur les paiements
hypothécaires.
Quel serait l'impact d'une baisse des taux de salaire de 20%? Est-ce que
cela permettrait une reprise suffisante, comme le prétend l'AECQ, pour
augmenter le nombre d'heures travaillées de 20%?
Le nombre d'heures nécessaires à la construction d'une
maison unifamiliale moyenne s'élève à 675. Le taux horaire
moyen incluant les avantages sociaux s'élève à 21,47 $.
Nous obtenons donc un total de 14 492 $ en coût de main-d'oeuvre pour une
telle maison. Réduire les taux de salaire de 20% réduirait donc
ce coût de 20%.
En premier lieu, nous ne croyons aucunement que cette réduction
de coût de 2900 $ se traduirait par une baisse équivalente du prix
de la maison pour les consommateurs. La plus grande partie ou la
totalité contribuera plutôt à l'augmentation des profits
des entrepreneurs.
En second lieu, cette somme, malgré son importance, si elle
était entièrement transmise aux consommateurs ne pèse pas
lourd à côté des frais d'intérêt quant
à la décision de se faire construire ou non. Une telle mesure
n'est donc pas de nature à revitaliser l'industrie. C'est du
côté des taux d'intérêt qu'il faut se tourner.
Les salaires et le coût de la vie. On a pu entendre aussi à
peu près tous les genres de prétentions par rapport aux salaires
dans cette industrie et à l'inflation. Entre autres, certains
prétendent qu'ils augmentent à un rythme double de celui des
prix. Une étude un peu sérieuse de l'évolution de ces
salaires démontre que, de 1971 à 1984, les taux de salaire ont
augmenté annuellement d'une moyenne de 1,2% au-dessus de l'inflation, ce
qui est nettement en dessous de l'augmentation moyenne du produit national pour
cette période.
Par ailleurs, pour la période de 1978 à 1984, c'est d'un
net recul du pouvoir d'achat qu'il faut parler et ce, pour tous les
métiers et occupations.
Enfin, dans cette industrie, il faut tenir compte non seulement des
taux, mais aussi des heures travaillées annuellement. Or, le revenu
annuel moyen des travailleurs de la construction régresse par rapport
à l'inflation. Cela explique la diminution des coûts de
main-d'oeuvre par rapport aux coûts totaux de construction au Canada
depuis le début des années soixante-dix.
C'est pourquoi, considérant l'ensemble de ces faits, nos demandes
salariales consistent en l'indexation des salaires et des primes au coût
de la vie et en un enrichissement de 2,5% par année.
L'application soutenue du règlement de placement de l'industrie
de la construction ne peut vraiment être efficace sans l'attribution aux
représentants syndicaux du pouvoir de vérifier les permis de
travail des entrepreneurs. La vigilance des associations syndicales
représentatives doit pouvoir s'exercer en tout temps, même les
soirs et les fins de semaine, afin que l'application respectée du
règlement de placement ait pour conséquence de redonner les
emplois dérobés aux vrais travailleurs classifiés et
qualifiés de l'industrie.
Cette revendication, contenue dans notre dossier sur les chantiers
noirs, doit pouvoir s'appliquer de façon à empêcher
l'existence des pyramides d'entreprises clandestines utilisant à rabais
une main-d'oeuvre parallèle non protégée et ne pouvant
bénéficier des conditions du décret.
La CSN-Construction a pu observer une augmentation inhabituelle, depuis
deux ans, du nombre d'entreprises sous-traitantes qui n'emploient pas,
même si elles effectuent des travaux de construction, une main-d'oeuvre
classifiée de l'industrie.
Ce fut notamment le cas sur des chantiers gérés par des
sociétés d'État, telles Gaz Inter-Cité et Gaz
Métropolitain, alors que, sur le réseau en construction du
gazoduc, elles employaient des opérateurs de machinerie lourde qui
n'étaient pas des travailleurs classifiés, mais des entrepreneurs
munis d'une licence de la Régie des entreprises en construction du
Québec.
De telles embauches se font au détriment de la main-d'oeuvre
classifiée de l'industrie. C'est pourquoi la CSN-Construction recommande
que les contrats ainsi accordés prévoient que les tâches
accomplies en sous-traitance le soient par des travailleurs de l'industrie.
Les faillites d'entreprises de la construction sont courantes, multiples
et souvent imprévisibles. De nombreux travailleurs se retrouvent avec
des chèques
sans provision parce que leur employeur ne peut assurer leur
remboursement.
Ces travailleurs doivent être protégés contre de
telles irrégularités. C'est pourquoi la CSN-Construction demande
que les entrepreneurs ajoutent 0,01 $ par heure travaillée afin que les
travailleurs ne perdent pas ainsi des revenus essentiels.
Les assurances et le fonds de pension. Il est essentiel qu'il y ait un
rajustement des contributions aux régimes d'assurance et de retraite.
Dans le premier cas, les contributions actuelles sont insuffisantes pour
assurer le financement du régime. Il n'est pas possible de continuer
sans arrêt à piger dans les réserves accumulées.
Pour le maintien et l'amélioration de ces bénéfices
d'assurance, les contributions doivent être augmentées
immédiatement de 0,10 $ l'heure.
Quant au régime de retraite, le taux de rente assuré par
1000 heures de travail ne cesse de décroître depuis 1975 et ce,
malgré les hausses de cotisations et de contributions. Alors que pour
1000 heures de travail en 1975 on obtenait une rente annuelle de 290 $, la
rente gagnée pour 1000 heures travaillées depuis 1979 ne
s'élève plus qu'à 200 $. Le vieillissement de la
main-d'oeuvre compte pour beaucoup dans cette évolution, mais il ne faut
pas négliger l'effet de la diminution de la cotisation de 0,125 $
l'heure depuis l'instauration de Corvée-habitation il y a deux ans.
On ne peut d'aucune façon penser que les travailleurs seront
attirés par la préretraite s'ils constatent qu'ils n'auront pas
les moyens de vivre. Cependant, beaucoup d'entre eux profiteront des mesures de
préretraite si les rentes sont décentes, créant ainsi
autant d'ouvertures pour les jeunes travailleurs.
Considérant le niveau actuel des rentes et le rattrapage à
effectuer à cause de Corvée-habitation, nous demandons la fin
immédiate des contributions à ce programme et la
récupération de la cotisation de 0,125 $ l'heure, ainsi qu'une
augmentation de la contribution patronale de 0,12 $ l'heure.
La durée de la convention. La CSN-Construction demande enfin que
la durée de la convention soit de deux ans à compter du 1er mai
1984. Dans la conjoncture actuelle où l'inflation nous menace, une
convention d'une durée de deux ans nous semble réaliste. (17 h
15)
Ces revendications sont les principales demandes contenues dans notre
projet de convention collective qui fut déposé le 7 mars 1984
à la table des négociations. Cependant, vous retrouverez dans
notre document, en annexe, d'autres modifications à la convention
collective qui ont également leur importance dans la
négociation.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. Gauthier. La parole
est au ministre du Travail.
M. Fréchette: Oui, Mme la Présidente, très
brièvement. Je remercie M. Gauthier et ceux qui l'accompagnent. Vous
mettez beaucoup de temps, M. Gauthier, dans votre mémoire pour nous
rappeler des choses que vous nous avez soumises au début du mois
d'août dernier et vous insistez pour voir certains correctifs introduits
dans les lois ou dans les réglementations. Vous revenez, par exemple,
sur la question du pluralisme syndical. On connaît très clairement
votre position à cet égard. Vous revenez également sur le
travail au noir; vous revenez sur la sécurité d'emploi. Vous
faites - enfin, c'est l'interprétation que je retiens de la page 4 de
votre mémoire - de la nécessité d'apporter certains
correctifs une condition préalable à la possibilité de la
négociation d'une convention collective.
Je veux bien que l'on voie la situation de cette façon, mais
revenant encore une fois au dossier très ponctuel qui nous occupe et
nous plaçant devant l'échéance des
événements, devant l'impossibilité d'ailleurs, mon
collègue de Portneuf l'a souligné tout à l'heure au groupe
qui vous a précédé - d'adopter des lois qui pourraient
être des réponses ou des amorces de réponses aux
problèmes que vous soumettez, si la négociation est impossible,
comme vous l'évaluez, qu'est-ce qui reste à faire selon
l'appréciation de votre centrale?
M. Gauthier: Quant à nous, le premier problème qui
doit être réglé - on le souligne à la page 4 - c'est
tout l'aspect du travail au noir. Les principales demandes ou revendications
entendues lors de la commission parlementaire précédente
touchaient particulièrement le secteur de l'habitation. Dans les
discussions qu'on a actuellement, il y a, comme on l'écrit dans le
document, des reculs qui sont esquissés, proposés ou mis de
l'avant pour tenter d'en arriver à un règlement
négocié. Ces demandes de reculs se retrouvent principalement dans
le secteur de l'habitation. Vous comprendrez qu'actuellement, le
problème du travail au noir étant principalement dans ce secteur,
on dise qu'il faut immédiatement régler ce problème. Une
fois ce problème du travail au noir réglé, cela devrait
permettre à tout le monde de travailler ou d'oeuvrer de la même
façon dans le secteur domiciliaire et nous permettre, par la suite, de
régler rapidement la convention collective actuelle.
M. Fréchette: C'est l'un des aspects, mais vous avez
associé ces conditions... Sur le pluralisme, par exemple, je vous
réitère que votre position est très bien connue. Vous
savez sans doute qu'à cet égard cela nécessiterait
un amendement législatif. Mais là on est en face d'une
échéance toute proche: c'est dans deux jours. Le gouvernement,
après l'audition des positions respectives des parties, devra, sur
recommandation du ministre du Travail, prendre une décision pour
l'immédiat. C'est là-dessus, si vous le voulez - remarquez que je
n'insisterai pas si vous souhaitez ne pas aller plus loin là-dessus -
que, quant à moi, je souhaiterais vous entendre sur la façon que
vous suggérez pour régler ce problème qu'on a sur la table
actuellement.
M. Gauthier: Pour ce qui est du pluralisme, j'aimerais d'abord
vous indiquer que, quant à nous, ce n'est pas un empêchement
à la négociation.
M. Fréchette: J'ai compris cela.
M. Gauthier: II y a eu des discussions qui auraient pu aboutir
à un règlement négocié. Chacune des organisations
syndicales aurait pu aller consulter ses membres sur cela et, par la suite...
Ce qu'on dit, c'est que le ministre doit annoncer immédiatement son
intention. On n'a pas besoin d'un projet de loi pour savoir, de la part du
ministre, que le pluralisme syndical est maintenu et qu'on ne reviendra pas
là-dessus. Ce problème, quant à nous, va être
éliminé.
Pour ce qui est de la négociation actuelle, je vous dirai qu'on a
eu l'équivalent de quatre heures de discussions. Je ne pense pas qu'on
soit capable de régler une convention collective
présentée, entre autres, par la CSN-Construction en l'espace de
quatre heures. Les discussions qui ont eu cours avec l'AECQ, cela a
été pour tenter de voir s'il y avait des possibilités
d'enclencher une négociation et pour tenter d'en arriver à un
règlement. Il y a actuellement, au niveau de ces discussions, un blocage
sur le genre de cadre de négociation qu'on doit mettre de l'avant pour
tenter de trouver un règlement. Le problème se situe actuellement
entre les parties qui ne trouvent pas le cadre nécessaire pour arriver
à un règlement.
M. Fréchette: Cela va, quant à moi, madame.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
remercier M. Gauthier et ses collègues de la présentation qu'ils
nous font cet après-midi. Plusieurs des questions qu'ils abordent seront
reprises nécessairement à l'Assemblée nationale comme le
résultat du travail à produire par le comité
interministériel qui doit être en réunion actuellement.
J'aimerais revenir plus spécifiquement, comme le ministre,
à la présente négociation et au délai de deux jours
qui reste. M. Gauthier, est-il exact que, dans les échanges que vous
avez eus, avec vos collègues du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction et de la CSD, avec l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec, jusqu'à tout
récemment les seuls points qui vous séparaient de l'AECQ en ce
qui regarde les représentations que vous avez faites portaient sur la
clause d'ancienneté et sur la clause d'indexation?
M. Gauthier: Je vous dirai ce qui nous sépare actuellement
dans la présente négociation - vous retrouverez, quant à
nous, le cadre de la négociation aux points 1 à 8 qu'on vous a
soumis aux pages 7 et 8 du document - se situe à ce niveau. Quant
à nous, il y a de la négociation possible à
l'intérieur de ce cadre. Je ne serais pas en mesure à ce
moment-ci de prendre à la pièce un ou l'autre des morceaux, mais
on a indiqué assez clairement à l'Association des entrepreneurs
en construction du Québec qu'on était disponibles,
disposés à négocier, qu'il n'y avait aucun
prérequis de négociation de notre part et qu'il y avait toujours
moyen de trouver un règlement acceptable pour les travailleurs de la
construction, principalement pour ceux qu'on représente.
M. Pagé: C'est donc dire qu'on doit conclure que les
chances d'une négociation utile d'ici le 31 sont presque illusoires, si
on ajoute à cela le fait que l'AECQ est absente aujourd'hui. Qu'est-ce
que vous privilégiez, une prolongation du décret qui vous
permettra de négocier ou un décret?
M. Gauthier: Quant à nous, on est prêts à
négocier. On est prêts à tenter d'arriver à un
règlement, que ce soit dans deux jours, dans trois jours ou dans trois
semaines. On est disponibles et disposés à négocier. Je
dois vous dire que, si jamais le ministre prolongeait le décret d'un
mois pour permettre aux parties d'en arriver à un règlement ou
s'il ne le prolongeait pas pour nous permettre d'exercer le rapport de force,
il ne faudrait pas que le gouvernement intervienne après une semaine ou
deux. Il faudrait, si le jeu de la négociation et l'exercice du rapport
de force doivent se faire, que cet exercice puisse se faire jusqu'à la
fin et non pas qu'il y ait une intervention en cours de route. Nous sommes
prêts et disposés à négocier. S'il y a lieu, on va
continuer à négocier, même après le 1er septembre.
S'il n'y a pas d'imposition, on va continuer à négocier.
M. Pagé: Merci.
La Présidente (Mme Harel): D'autres questions?
M. Gauthier: Si vous le permettez, je voudrais ajouter ceci
brièvement. On a attendu une journée et demie, je prendrai deux
ou trois minutes de votre temps. Quant à nous, il y a deux choses
importantes dans la présente négociation, c'est tout l'aspect de
l'emploi. Cela nous fait réfléchir régulièrement
quand on nous demande: Que va-t-on faire avec les jeunes dans l'industrie?
Comment fera-t-on pour s'assurer que les travailleurs de la construction seront
en mesure de prendre leur retraite décemment? Comment fera-t-on pour
protéger le pouvoir d'achat des travailleurs de la construction? Vous
retrouverez dans le document qu'on vous a présenté l'essentiel
des préoccupations des travailleurs de la construction et si jamais le
ministre décidait de décréter, ce qu'on souhaite, c'est
que les modifications que nous avons proposées, qui sont contenues aux
pages 7 et 8 et qui sont, quant à nous, les plus importantes, devraient
se retrouver dans le cadre du prochain décret au niveau de la
prolongation.
Il y a des éléments qui ne peuvent pas actuellement
être laissés de côté dans le cadre d'une nouvelle
prolongation, si jamais c'était le cas. Cela fait des années
qu'il n'y a pas eu de véritables négociations au niveau de la
construction. Des modifications doivent être apportées. On ne
pourra pas seulement les laisser de côté et s'imaginer que, dans
un an ou deux, on va recommencer l'opération. Si le ministre
décidait de décréter, il faudrait absolument qu'il tienne
compte de ce que sont, quant à nous, nos principales recommandations,
nos principales propositions.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais demander
à M. Gauthier si, parmi les huit points qu'on retrouve aux pages 7 et 8
- il semble, en tout cas, dans les derniers propos qu'il vient de tenir,
espérer retrouver une partie de ces huit points dans un prochain
décret - lors des négociations que vous avez eues en cours de
route avec les autres parties syndicales ou même avec l'AECQ, il y a eu
des consensus sur un, deux ou trois de ces huit points ou si vous êtes
les seuls à les désirer.
M. Gauthier: Je pense que cela se déroule dans un cadre
plus global. Les discussions qu'on a pu avoir ont tourné autour de ce
qui est là.
M. Lavigne: Avez-vous senti des approbations, des consensus ou
si...
M. Gauthier: Je vous dirai que, s'il y avait eu des approbations
et des consensus, on aurait peut-être trouvé un règlement
avec l'AECQ. Il y a eu quelques problèmes à ce niveau.
Probablement que la raison pour laquelle il n'y a pas eu de règlement,
quant à nous, de la CSN-Construction, c'est qu'on n'a pas pu se
retrouver au niveau d'un cadre de règlement comme on le propose.
M. Lavigne: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Merci. J'inviterai maintenant
les représentants du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction à se présenter. Vous avez un
mémoire écrit à nous transmettre? M. Pouliot, je vais vous
inviter à nous présenter les personnes qui vous accompagnent.
CPQMC
M. Pouliot (Maurice): Tout d'abord, M. Jacques Martel,
gérant d'affaires de la Fraternité des charpentiers-menuisiers
d'Amérique; Jean-Paul Cassey, gérant d'affaires des monteurs
d'acier; Pierre Labelle, gérant d'affaires des opérateurs de
machinerie lourde; Raymond Boucher, gérant d'affaires des couvreurs et
ferblantiers; Maurice Pouliot, président-directeur général
du conseil provincial.
Mme la Présidente, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, ce qui devait se produire, à mon avis, s'est effectivement
produit. On avait déploré le fait qu'on pourrait se retrouver
exactement dans la même situation qu'en 1982 et c'est effectivement le
cas: négociation de dernière minute, convocation de la commission
parlementaire et, possiblement, imposition d'un décret. Je pense qu'au
conseil provincial on est drôlement déçus de la tournure
des événements. On aurait aimé, finalement, que les
associations représentatives négocient de bonne foi. C'est
sûrement dû, s'il y a une impossibilité actuellement de
conclure une convention collective, à l'arrogance de l'Association des
entrepreneurs en construction. Évidemment, l'AECQ refuse
systématiquement de négocier ou a refusé de le faire
pendant six ou sept mois. Ce n'est qu'à la toute dernière minute
qu'on nous mentionne qu'on a entamé des négociations.
Le conseil provincial a été, lors du dernier vote
d'allégeance syndicale, la seule association représentative dans
la construction qui a obtenu la plus grande confiance des travailleurs. On a
augmenté notre degré de représentativité. Je tiens
à vous mentionner qu'à la suite de l'adoption du projet de loi
109 le conseil provincial a vu sa majorité chuter ou tomber à
19%.
Actuellement, le conseil provincial représente 31% du
degré de représentativité et dans plusieurs
métiers, spécialités ou occupations le conseil provincial
international a le quasi-monopole de ces travailleurs qui sont membres des
locaux affiliés chez nous. (17 h 30)
On va limiter notre intervention à ce qu'on peut appeler la
négociation dans l'industrie de la construction. Évidemment, on
est d'accord sur le fait que les augmentations du coût de la vie
devraient être appliquées. Le ministre de l'Habitation a
mentionné à la commission parlementaire du mois d'août que
ce ne sont pas les augmentations de salaire qui vont influencer beaucoup
l'industrie de la construction ou la relance; nous sommes bien d'accord
là-dessus. Quant aux chiffres sur l'indexation, etc., qu'a effectivement
mentionnés la CSN-
Construction je pense qu'effectivement on ne peut pas contester ces
chiffres, car ce sont des chiffres officiels.
Quant à nous, au conseil provincial, dès le mois de
décembre 1983, on a tenté d'avoir une entente avec les centrales
syndicales dans l'industrie de la construction. C'est là que le
problème surgit. On a mentionné dans notre mémoire qu'il
fallait que la loi dans l'industrie de la construction soit modifiée. Je
sais effectivement que ce n'est pas la commission appropriée pour
modifier la loi. Même si on voulait changer les ratios ou changer la
forme de négociation, je pense que ce n'est pas l'endroit
approprié.
Le conseil provincial s'est vu placé dans une situation où
la FTQ-Construction ne veut pas négocier avec la CSN. La CSN refusait de
négocier avec la CSD. Tout le monde semblait d'accord pour avoir le
conseil provincial dans le décor. Quant à nous, nous
étions prêts et nous le sommes toujours à négocier
ou à discuter. Effectivement, en ce qui concerne le conseil provincial,
j'ai participé à plus que quatre heures de négociation
avec l'Association des entrepreneurs en construction. Je pense qu'il est du
devoir du conseil provincial d'aller voir ce qu'on peut obtenir pour nos
membres et s'il y a une possibilité d'entente.
Effectivement, sur ce qui a été discuté entre le
directeur général de l'AECQ et le directeur général
du conseil provincial, il y avait une possibilité d'entente verbale.
Lorsqu'il y a eu d'autres réunions vendredi -cela s'est terminé
aux petites heures du matin, samedi, vers quatre heures du matin -en
présence de la CSD-Construction, du conseil provincial et de la
CSN-Construction et qu'on nous a soumis certains textes par écrit,
évidemment, cela ne reflétait pas ce qui avait pu être
discuté dans le cadre des rencontres antérieures à celle
de vendredi dernier.
Donc, quant à nous, nous voulons une convention collective
négociée et nous voudrions qu'il y ait une entente entre les
parties. Sûrement que les demandes du conseil provincial,
déposées le 4 mai 1984, avec la FTQ-Construction, sont les
demandes officielles que le conseil provincial a tenté de
négocier et continue de négocier. Il n'est pas question pour le
conseil provincial de renier les demandes qui ont été
déposées, de même que la signature du
président-directeur général. Donc, c'est dans ce
cadre-là qu'on a discuté et qu'on a négocié. On
retrouve dans la position patronale certains points qui sont effectivement les
demandes conjointes qui ont été déposées.
Quant à nous, il est clair que le salaire garanti, qui est
proposé uniquement par la FTQ-Construction, on n'a rien contre si le
ministre veut accorder cela aux travailleurs de l'industrie de la construction.
Mais on a dit et je le répète: Le salaire garanti ne doit pas
empêcher les négociations dans l'industrie de la construction et
ne doit pas avoir comme implication que les travailleurs de la construction se
retrouvent sans convention collective.
Quant à nous, ce qui a été fait continue
d'être fait. Nous avons l'intention de jouer le rôle et de prendre
la place qui nous revient dans l'industrie de la construction. Je ne pense pas
que les autres associations syndicales représentatives soient
effectivement en mesure de ce qu'on peut appeler "tasser" le conseil provincial
international. Le conseil provincial est bien implanté. On a l'intention
de demeurer et de jouer notre rôle.
Le ministre du Travail nous avait demandé d'être matures et
de tenter de nous entendre. C'est effectivement ce que le conseil provincial a
fait. Il y a eu une réunion - la CSN l'a mentionné - le 20
août 1984, à la suite d'échanges et de
télégrammes, dans les bureaux de la FTQ-Construction: la CSD, la
CSN, le conseil provincial et la FTQ-Construction. La FTQ-Construction nous a
dit très clairement qu'il n'y aurait pas d'entente s'il n'y avait pas
cela: réduction des heures de travail et salaire garanti. Quant à
nous, c'était impossible et tout échappe.
Au conseil provincial, on maintient qu'on veut obtenir des
négociations par métier. Vous savez, l'AECQ nous a dit:
Écoutez! Il n'y a pas de négociations par métier; c'est
quoi vos priorités? On a laissé de côté cette
chose-là pour peut-être ne pas se retrouver devant la commission.
On aimerait mieux se retrouver à une autre commission parlementaire pour
régler les problèmes de l'industrie de la construction. Je pense
qu'on avait mentionné assez clairement, lors d'une rencontre avec le
ministre du Travail, par le truchement du comité mixte, qu'on devait
obtenir des consensus et que le ministre s'engageait à
amender la loi. Effectivement, il n'y a pas eu de consensus et, à
ce moment-là, on s'est aperçu de la mauvaise foi des
entrepreneurs qui ont refusé de. négocier. De notre
côté, il n'était pas question d'accepter une diminution de
salaires.
Un des points majeurs qui nous échappe actuellement, où il
n'y a pas d'entente, c'est concernant la définition de la construction
résidentielle. Quant à nous, on est prêts à
accepter, disons, des conditions différentes de travail pour le secteur
résidentiel. On parle, pour commencer, de construction unifamiliale,
même si on sait que ce ne sont pas les salaires ou les conditions de
travail qui ont un gros impact sur le coût de la construction.
Évidemment, l'AECQ, dans une discussion que j'ai eue hier soir vers 10
heures, nous a mentionné que, quant à elle, la définition
de construction résidentielle, c'est quelque chose de trois ou quatre
étages sans compter s'il peut y avoir 100 logements ou 200 logements.
Quant à nous, on est totalement contre une semblable position. En ce qui
nous concerne, c'est le point majeur. Cela ne veut pas dire que tout le reste
est accepté, loin de là. Il y a autre chose.
Si les entrepreneurs avaient négocié avec les
métiers, on aurait peut-être trouvé des formules
d'accommodement concernant le ratio compagnons-apprentis, ce qui est
effectivement en cause. On nous dit: Dans la construction résidentielle,
on descend le ratio compagnons-apprentis à trois pour un. Actuellement,
c'est à cinq pour un dans plusieurs métiers ou
spécialités. En ce qui nous concerne, on a dit: Écoutez!
Si la définition de construction résidentielle est
limitée, disons, à la maison unifamiliale ou, à toutes
fins, à ce qui existe actuellement dans le décret concernant huit
logements et moins - je pense que huit logements et moins, c'est
déjà assez large, c'est même trop large, mais on doit
reconnaître que le conseil provincial et la FTQ-Construction, en 1982,
avaient accepté cela; en tout cas, c'est une entente de principe dont on
avait convenu à la toute dernière minute - au pis-aller, on
pourrait laisser cela là, mais jamais le conseil provincial ne va
accepter que ce soit trois étages ou quatre étages concernant la
définition d'une construction résidentielle.
Il y a eu des discussions, il y a eu des négociations et on est
prêts à continuer à négocier. Ce que le conseil
provincial préconise, c'est une entente négociée entre les
parties dans l'industrie de la construction ou le vide juridique. Cela fait de
nombreuses années que l'AECQ nous dit: Écoutez! Il faudrait
effectivement que le rapport de force s'exerce. C'est peut-être cette
année qu'il va falloir que cela arrive, qu'il y ait un vide juridique.
Quant à nous, la prolongation du décret ne réglera
d'aucune façon l'actuel problème de la négociation. L'AECQ
a eu sa réponse en 1982 à l'assemblée des membres
lorsqu'ils ont dit: II n'est pas question d'accepter les recommandations et les
ententes signées. Il semblerait que le même problème est en
train de survenir en 1984 et c'est là qu'on nous dit: On ne peut pas
donner beaucoup de choses dans les négociations parce qu'on va se faire
renverser par l'association d'habitation et de construction du Québec.
Les statuts de l'AECQ, comme vous le savez, M. le ministre, c'est encore un
homme un vote. Cela aussi fait partie du mémoire du conseil provincial:
85% des membres de l'AECQ ont entre zéro et 5000 heures
enregistrées à l'Office de la construction. Donc,
évidemment, il faudrait qu'on arrive à une multitude de
concessions pour plaire à ce qu'on appelle les gens de l'habitation.
À notre avis - nous les avons toujours qualifiés ainsi - la
grosse majorité de ces gens sont des "chaudrons", ce sont des
braconniers, ce sont des gens qui travaillent sous la table, ce sont des gens
qui volent les impôts et qui contrôlent l'AECQ.
En résumé, ce sont les commentaires que j'avais à
mentionner. Évidemment, si vous nous demandez si on est prêts
à négocier, on vous répond: Oui, on est prêts, avec
les quatre ou cinq centrales. Aussi, je pense qu'il est dans
l'intérêt de l'économie du Québec qu'il y ait une
entente qui soit négociée. Que ce soit le syndicat de la
Côte-Nord, CSN, CSD, l'International, la FTQ, quant à nous, on est
prêts à négocier et à conclure une entente, mais pas
à n'importe quel prix, une entente qui serait acceptée par les
travailleurs de l'industrie de la construction. Il y a des représentants
syndicaux qui sont en train de croire ou de penser que c'est leur convention
qu'ils négocient. C'est la convention des travailleurs de la
construction. Les conventions des représentants syndicaux, ça,
c'est une autre affaire.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Fréchette: Oui. Merci, Mme la Présidente. M.
Pouliot, je vous remercie, vous et les autres membres de votre conseil. En peu
de temps, vous avez trouvé les mots qu'il fallait pour nous
sensibiliser, bien que nous l'étions déjà un peu, vous
allez le comprendre, à l'état actuel de la situation.
Votre intervention me suggère un commentaire. Je suis en train de
me convaincre que les ententes verbales sont généralement faciles
et que c'est au moment où on arrive à mettre les choses par
écrit que les problèmes surgissent. Vous avez effectivement fait
référence à cette rencontre que nous avions eue au mois de
janvier dernier au comité mixte où tout semblait aller pour le
mieux pour tous les intervenants qui étaient là, autant
patronaux
que syndicaux. Mais lorsque, me dit-on, est arrivé le temps de
signer un document qui aurait concrétisé les consensus, cela n'a
pas été possible. Là, vous nous informez, M. Pouliot, que
vous avez cru jusqu'à la dernière minute à une entente
possible. J'ai cru comprendre de vos commentaires qu'effectivement une entente
verbale serait intervenue entre les parties qui se sont rencontrées, qui
se sont parlé, qui ont exploré des possibilités, mais
qu'au moment où, encore une fois, il fallait transposer tout cela dans
des textes on s'est retrouvé dans le même cul-de-sac que celui
auquel on a fait référence pour le comité mixte.
D'ailleurs, M. Pouliot, à tort ou à raison - on a fait
référence à des articles de journaux au début de la
commission - vous êtes un de ceux qui ont assez formellement
indiqué à un moment donné - je ne sais pas si les propos
qu'on vous a prêtés sont réels et exacts - qu'une entente
était possible, ce qui a donné beaucoup d'espoir à
beaucoup de gens. Tout cela étant dit et étant placé
devant cette situation qui est maintenant claire et qui nous amène
à la conclusion qu'il y a des positions fermes de part et d'autre et
quasi irréversibles, croyez-vous qu'une reprise des négociations
avec un peu de chance de succès puisse exister au moment où on se
parle? Vous avez entendu deux autres associations avant vous. Votre position,
vous venez de la mettre sur la table. Est-ce que, compte tenu de tout cela, des
négociations avec une raisonnable chance de succès existent
encore dans un délai imparti relativement court?
M. Pouliot: Écoutez, M. le ministre, pour ce qui est des
déclarations qui ont été écrites dans les journaux,
évidemment, cela reflète ce que je pensais et ce qui avait
été discuté. La CSN-Construction et la CSD sont là
sûrement pour confirmer ce qui avait été dit verbalement
mais quand on a eu des textes vendredi, ce n'était plus exactement la
même chose. Pour répondre à votre question, je pense
qu'actuellement la balle est dans le camp, si on veut, de l'association des
entrepreneurs. Vous savez, du côté syndical, je l'ai
mentionné, il y a plusieurs revendications qu'on a faites et qu'on
maintient. Est-ce qu'on doit faire une grève pour telle et telle
revendication? (17 h 45)
Les demandes déposées le 4 mai sont finalement des
demandes conjointes et les demandes, on sait ce que cela veut dire. Cela ne
veut pas dire de tout laisser tomber, mais finalement s'il y a quelque chose
qui est raisonnable, qui est acceptable et accepté par les travailleurs,
quant à nous, on est prêts à en faire la
recommandation.
Je dois vous dire qu'il faut aussi regarder les conventions collectives
qui sont signées à l'extérieur de la province de
Québec. Il y en a qui ont peur de regarder cela aussi. En ce qui
nous concerne, je pense qu'il faut regarder la situation économique dans
le monde; elle n'est pas tellement reluisante actuellement. Quant à
nous, c'est pour cela qu'on était prêts à faire certaines
concessions, mais pas à n'importe quel prix. Je dois vous dire que plus
on négocie, plus on recule. Donc, il va falloir arrêter de
négocier parce que cela n'a plus d'allure. Effectivement, c'est ce qui
se produit. L'AECQ s'en va en reculant devant sa position de vendredi et nous
autres on veut avancer; donc, c'est arrêté là.
M. Fréchette: M. Pouliot, à partir de cette argumentation,
je retiens - et si mon interprétation n'est pas la bonne,
n'hésitez pas à me corriger - que la position de votre conseil
c'est: ou bien il faut en arriver à une entente négociée -
vos derniers commentaires, vous allez en convenir, ne sont pas des plus
optimistes quant à cette possibilité - ou alors c'est le vide
juridique. C'est la position de votre conseil.
M. Pouliot: M. le ministre, c'est la position et je pense que
c'est la position réaliste des travailleurs de l'industrie de la
construction chez nous.
M. Fréchette: Merci.
M. Pouliot: J'aimerais mieux vous dire autre chose, que plus on
négocie, plus on avance, mais c'est l'inverse qui se produit.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Brièvement, parce que M. Pouliot et le
conseil provincial sont assez clairs dans les propos qu'ils tiennent cet
après-midi, d'une part. D'autre part, le ministre a couvert des aspects
intéressants des questions qu'on avait à vous poser. Ce qu'on
doit retenir de votre témoignage, M. Pouliot, c'est qu'entre le 8 et le
28 août, des échanges réguliers et constants se sont tenus
entre l'AECQ, la CSD, la CSN et le conseil provincial. Vous vous êtes
référé à une possibilité d'entente dans la
nuit de vendredi à samedi. Vous avez fait référence aux
échanges que vous avez eus, aux communications, si brèves
soient-elles, avec la FTQ-Construction. Vous avez même fait
référence à des discussions qui se seraient tenues hier en
soirée vers 22 heures portant sur le contenu ou la définition de
la construction résidentielle.
Vous savez, il m'est arrivé à quelques reprises
d'être présent et de participer à des commissions comme
celle-ci. On doit retenir que, lorsqu'on fait référence à
des contenus de négociation, c'est, d'une part, toujours très
délicat et, d'autre part, pour les
intervenants, c'est toujours aussi très délicat de
dégager et d'informer les membres de la commission sur les prises de
position, sur ce qui faisait l'objet de certaines ententes, etc. J'aimerais
avoir l'heure la plus juste possible. Premièrement, est-il exact que
vous étiez très près d'une entente avec l'AECQ?
Deuxièmement, si tel est le cas, qu'est-ce qui a fait que cela a
achoppé? Qui a reculé et à quel moment cela s'est-il fait?
Troisièmement, si vous avez négocié jusqu'à hier
soir, devons-nous comprendre que, si la commission parlementaire avait
été convoquée jeudi ou vendredi, on n'aurait
peut-être pas eu à siéger? Quatrièmement,
devons-nous retenir de l'échange que vous avez eu avec le ministre, de
votre propos à la fin de votre intervention, que ce que vous souhaitez,
c'est retourner négocier sans prolongation et que, si jamais le vide
juridique devait impliquer un affrontement, vous êtes prêts
à attacher votre ceinture?
M. Pouliot: Évidemment, vous me posez plusieurs questions,
et je vais tenter d'y répondre. Voici ce qui s'est produit entre le 8 et
le 28 août. Je peux vous dire officiellement que j'ai assisté
à deux rencontres de négociation en présence de la
CSD-Construction, de la CSN et du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction (international), les 10 et 24 août. Les
trois centrales qui ont 58% de la représentativité se sont
réunies. Cela a duré, à mon avis, plus de quatre heures.
Lorsque cela finit à 3 heures et que cela commence à 16 heures,
cela fait un peu plus de quatre heures, mais, finalement, je pense que le
problème n'est pas là.
Il y a eu d'autres rencontres avec la CSN, je pense, et la CSD. On a
rencontré l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Je ne sais pas combien de fois il y a eu des rencontres
informelles ou formelles. On peut appeler cela comme on veut. Pour le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction, j'ai
rencontré, à certaines occasions, les représentants de
l'AECQ. On a mentionné dans les corridors du parlement une
possibilité d'entente; on en a discuté. Les deux autres centrales
dans l'industrie de la construction ont-elles rencontré les
représentants de l'AECQ? Je ne suis pas au courant. J'imagine qu'elles
auraient dû les rencontrer, discuter et essayer d'avoir une entente, mais
les autres centrales expliqueront leur point de vue. Je peux parler pour le
Conseil provincial du Québec des métiers de la construction.
Effectivement, comme vous l'avez mentionné, M. Pagé, on
était près d'une entente. Je l'ai mentionné. L'entente
était verbale. Lorsque nous sommes arrivés avec les textes, le
recul sur la question résidentielle était inacceptable; les 4%
d'augmentation par année soumis lors de la réunion de vendredi
dernier, cela n'a jamais été discuté non plus et c'est
inacceptable. Il y a plusieurs choses qui sont inacceptables.
Évidemment, si on me demande ce qui pourrait être accepté
ou acceptable, c'est une négociation globale. Qu'on nous dise ce qu'il y
a là-dedans et les gérants d'affaires du conseil provincial
décideront s'ils acceptent ou s'ils refusent. À la suite des
discussions, j'avais convoqué une assemblée des gérants
d'affaires, qui a eu lieu lundi effectivement. À la suite du
dépôt des positions patronales, cela a été
refusé par les gérants d'affaires - par une forte majorité
- comme étant des offres inacceptables. Dans le secteur de l'habitation,
c'est l'un des problèmes majeurs et ce n'est pas le seul.
Concernant les reculs, hier soir, j'ai parlé au directeur
générai de l'AECQ, M. Dion, qui m'a dit que son conseil
d'administration demande que le salaire des apprentis de première
année soit de 40%. Actuellement, cela découle de la Loi sur la
formation et la qualification professionnelles, le règlement no 3.
Effectivement, le salaire d'un apprenti de première année est de
50%, comparativement au salaire du travailleur compétent. Cela n'avait
jamais été discuté ou il n'y avait pas eu d'entente.
Finalement, on m'apprend cela hier au téléphone.
La question de l'habitation. Au lieu d'être à quatre
étages, cela pourrait être à trois étages; on est
descendu d'un étage. Mais cela pourrait être 100 ou 200
unités de logement, peu importe la longueur de l'édifice. Cela
aussi, quant à nous, est inacceptable.
On nous parle d'une augmentation qui pourrait être de 4,5% pour la
première année, à compter du 1er mai 1985 et d'environ 5%
au 1er mai 1986. Par contre, on voudrait geler les salaires des secteurs de
l'habitation ou du résidentiel avec une définition très
large. Quant à nous, j'ai dit au représentant de l'AECQ que cela
ne donnait plus rien de parler ou de discuter puisque c'est totalement
inacceptable. C'est ce qui est arrivé à ce sujet.
Mme la Présidente, la position du conseil provincial, c'est qu'on
laisse le rapport de forces s'exercer dans l'industrie de la construction. On
ne vous cache pas qu'on a un comité de stratégie. On est
prêt à aller voir les petits entrepreneurs surtout, parce que ce
sont eux qui empêchent la signature d'une convention collective et je
pense que c'est bien important. C'est sûr qu'on n'a pas l'intention
d'empêcher les gros entrepreneurs de fonctionner, mais qu'on nous laisse
le droit d'exercer un rapport de forces. C'est ce qu'on demande s'il n'y a pas
d'entente. Évidemment, il y a un conciliateur qui est nommé, qui
est encore en poste, je pense, et qui fait un excellent travail. Mais
dans le contexte actuel, vous savez, ce n'est pas facile. Je ne sais pas
si j'ai répondu à toutes vos questions, M. le
député de Portneuf.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. Pouliot, je vous remercie pour la
réponse. On s'associe à vous et à la motion que vous nous
présentez à l'égard de M. Leboeuf et on vous souhaite
bonne chance.
La Présidente (Mme Harel): J'invite les membres de la
commission à donner leur consentement pour poursuivre les travaux.
À ce stade-ci, je propose une suspension d'une demi-heure pour entendre
la FTQ-Construction qui sera présente à 18 h 30.
M. Pagé: 18 h 30?
La Présidente (Mme Harel): Y a-t-il consentement pour une
motion de suspension...
M. Pagé: Jusqu'à 18 h 30.
La Présidente (Mme Harel): ...jusqu'à 18 h 30. Nous
reprendrons nos travaux à 18 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise de la séance à 18 h 38)
La Présidente (Mme Harel): La commission parlementaire de
l'économie et du travail reprend ses travaux.
FTQ-Construction
Je vais inviter les représentants de la FTQ-Construction, M.
Laberge et M. Lavallée, à nous présenter les personnes qui
les accompagnent. Je leur rappelle que les parties syndicales qui les ont
précédés ont procédé avec une
célérité hors du commun. Nous avions convenu d'un maximum
de temps imparti à chacune des parties concernées dans cette
négociation, à savoir 20 minutes pour la présentation de
leur mémoire ou de leur point de vue et par la suite, un échange
d'au plus 20 minutes avec les membres de la commission, également
réparties entre les partis. M. Lavallée.
M. Lavallée (Jean): Mme la Présidente, nous avons
aussi l'habitude de procéder avec célérité. Donc,
nous allons respecter ces délais.
Il me fait plaisir de vous présenter les personnes qui
m'accompagnent. À mon extrême droite, Gilbert Gour, du local des
manoeuvres; Yves Paré, du local des opérateurs de machinerie
lourde du Québec; mon confrère, le président de la FTQ,
Louis Laberge; à mon extrême gauche, René Mathieu, des
mécaniciens industriels, suivi de Louis-Marie Cloutier, des
charpentiers-menuisiers et Jean-Paul Rivard, directeur général de
la FTQ-Construction.
Avant de procéder à la lecture du document, il y a
certaines explications que le confrère Rivard aimerait donner devant
cette commission à la suite des allégations qui ont
été formulées au cours de l'après-midi. Je
demanderais donc au confrère Rivard de faire la mise au point.
M. Rivard (Jean-Paul): Mme la Présidente, M. le ministre,
MM. les membres de la commission, les autres centrales syndicales ou
associations représentatives qui sont venues ici ont fait des
allégations et à un moment donné, je me sentais comme le
gros méchant loup qui représente la FTQ-Construction et qui
empêchait les négociations dans l'industrie de la construction.
Sachez que la FTQ-Construction a déployé des efforts
considérables et fait des concessions énormes au mois de mai pour
s'entendre avec le Conseil provincial des métiers de la construction
afin de déposer un document commun de demandes sur lequel on pourrait se
faire confiance mutuellement pour aller négocier sans avoir
continuellement - on le pensait - à se guetter le dos. Un document a
été déposé et on a fait des tentatives pour le
négocier. Lorsque nous avons reçu le télégramme de
la CSN qui demandait une réunion entre les parties, ils ont
effectivement déposé une copie de notre télégramme
et la balle était dans le camp de l'AECQ, comme la CSN est d'ailleurs
venue le dire. La balle était dans le camp de l'AECQ. C'est à
l'AECQ de vouloir négocier parce qu'on n'avait plus besoin
d'interlocuteur. Un interlocuteur était là qui
représentait 73% des travailleurs de la construction. C'était le
conseil et la FTQ.
Quand on vient parler de la journée du 20 août, lorsque la
FTQ-Construction avait pris l'initiative de convoquer les autres parties
syndicales afin de parler de représentation syndicale, de
représentativité syndicale telle que nous l'avait
suggéré le ministre, le sujet de la négociation a
été abordé et la même position a été
prise. C'est qu'on n'avait pas besoin de refaire une nouvelle entente entre
centrales. Il y avait un interlocuteur et il appartenait à l'AECQ de
négocier. Il est faux que la CSD, comme elle le prétend, ait
demandé d'être à la négociation. C'est faux. La CSD
n'a jamais demandé d'être là. De plus, il avait
été demandé par la CSN encore une fois de se réunir
plus tard et pendant qu'ils parlaient de réunion, encore un peu plus
tard, il y avait une rencontre qui était prévue avec
l'AECQ le même après-midi. On ne nous en a jamais
soufflé mot et on vient ici parler d'unité qu'il faudrait faire
entre les centrales pendant qu'ils préparaient un coup de Jarnac contre
la FTQ-Construction sans la prévenir qu'il y avait une rencontre avec
l'AECQ dans la soirée, rencontre qui aurait duré de 16 heures
l'après-midi à 4 heures du matin. Quand on vient accuser la FTQ
d'être responsable de toutes ces choses-là, je crois qu'on ment.
Il est faux, comme le prétend la CSD, qu'on refusait de s'associer aux
autres représentants des travailleurs, à savoir le conseil
provincial, la CSN-Construction et la CSD-Construction. On avait une alliance
avec le conseil provincial et nous l'avons respectée.
Quand le conseil provincial vient dire ici qu'il favorise une entente
entre toutes les centrales, il le dit ici publiquement, mais en privé,
entre nous - mon confrère, le président de la FTQ-Construction,
peut vous le dire - il est content de ne pas voir la CSN et de ne pas voir la
CSD là. C'est cela, madame et messieurs les membres de la commission,
qui se passe dans le mouvement syndical dans la construction et c'est à
cause du pluralisme syndical tout ce qui se passe à l'heure actuelle. Le
conseil provincial vient dire que la FTQ ne veut pas abandonner sa demande de
sécurité du revenu et il va négocier avec la CSN qui, elle
non plus, ne veut pas lâcher sa demande d'ancienneté, mais eux
sont là et nous, nous ne sommes pas là. C'est à vous de
vous faire une opinion sur les déclarations qui ont été
faites ici.
M. Lavallée: Mme la Présidente, M. le ministre, MM.
les membres de cette commission. Ce n'est pas avec plaisir qu'on se
présente devant cette commission. On aurait préféré
qu'on puisse régler le différend à l'intérieur des
structures. Étant donné la situation, nous avons accepté
de participer à cette commission, de faire valoir notre opinion sur les
différents problèmes qui sévissent présentement
dans l'industrie de la construction et de préciser quelles seraient pour
nous les demandes acceptables qui pourraient être incluses, advenant le
cas que le ministre imposerait un décret à la suite de cette
commission parlementaire. La tenue de la présente commission
parlementaire est un autre constat d'échec en regard du mode de
négociation dans le secteur de la construction.
Loin de nous l'intention de jubiler, mais nous ne pouvons manquer
l'occasion de vous rappeler que nous vous avions prédit qu'une telle
situation arriverait. Il ne peut en être autrement et il en sera toujours
ainsi tant et aussi longtemps que le gouvernement ne prendra pas le taureau par
les cornes en faisant en sorte de mettre en présence deux interlocuteurs
ayant des rapports de forces égaux et représentant la
totalité des personnes au nom desquelles ils s'expriment. L'urgente
nécessité d'une telle réforme est encore plus en plus
évidente quand on fait une brève rétrospective des
négociations de 1984. En voici les points saillants. D'ailleurs notre
document contient aussi le sommaire. Je vais passer au sommaire: cela va
peut-être éviter certaines lectures du document pour se conformer,
comme Mme la Présidente l'a demandé, aux 20 minutes. Le
présent mémoire porte principalement sur des amendements que la
FTQ-Construction voudrait voir apportés au décret
régissant les conditions de travail des salariés de la
construction. Dû au fait qu'il semble que le gouvernement veut imposer
ses conditions sans déplaire à personne, nous avons limité
nos revendications aux points suivants: Premièrement,
redéfinition de la mise à pied et introduction d'une
définition du licenciement. Ces amendements auraient pour effet
d'empêcher les congédiements déguisés en mises
à pied à la suite de courtes interruptions de travail
provoquées dans le but de se débarrasser d'un salarié sans
avoir à se justifier devant un arbitre de grief.
M. Rivard: À cette définition qui était
incorporée, qui était incluse au décret en 1979,
malgré les pressions de quatre syndicats qui se sont battus et qui ont
même fait la grève pour éviter... On a dû d'ailleurs
se battre à l'intérieur de notre propre organisation, qui
était le conseil provincial dans ce temps, et il a même fallu
prendre une injonction pour empêcher le conseil provincial de nous signer
une convention collective pendant que nous autres on se battait en
grève. Cette définition de mise à pied a été
incluse dans le décret et, s'il y a une interruption de travail pour une
journée par manque de travail pour n'importe quelle raison, le lien
salarié-employeur est cassé et un employé n'a plus aucun
droit d'être réembauché par un employeur. Dans toute
société civilisée et dans toute industrie où il y a
des relations du travail normales, ce genre de chose n'existe pas; il y a
toujours une période où le travailleur est protégé
et peut être rappelé au travail.
M. Lavallée: Deuxièment, procédure de grief
et d'arbitrage. Nous voulons civiliser la procédure de grief et
d'arbitrage en incluant des notions existant au Code du travail, notamment les
pouvoirs de l'arbitre de fixer le montant dû en vertu d'une sentence
qu'il a rendue et d'entendre un grief même s'il y a eu omission ou erreur
technique. Nous voulons également permettre à un salarié
de présenter son propre grief à l'arbitrage afin d'éviter
l'abandon d'un grief par un syndicat dont le plaignant quitte les rangs lors de
la période d'adhésion syndicale.
M. Rivard: Là-dessus, il y a encore des problèmes.
J'en ai vécu personnellement lorsque j'ai essayé de
défendre un travailleur qui avait adhéré à la
FTQ-Construction et qui avait un grief pendant avec son ancienne association.
Parce que la période légale requise pour que le salarié
devienne effectivement membre de l'association n'était pas encore
terminée, c'était impossible pour la FTQ-Construction de le
défendre. Effectivement, son grief est tombé à l'eau,
parce que le syndicat qui le représentait ne l'a pas défendu. Je
pense que c'est injuste envers ce travailleur, et il faut corriger cela. L'AECQ
- j'en ai parlé lors de la dernière commission parlementaire - a
la détestable habitude, chaque fois qu'un grief est
présenté, de prendre toutes sortes de procédures pour
essayer d'empêcher la mise en application de la décision d'un
arbitre. Il faut que cela cesse à un moment donné. Tout ce qu'on
veut, c'est ce qu'il y a dans le Code du travail à l'heure actuelle.
M. Lavallée: Troisièmement, l'entrepreneur artisan.
Je pense qu'on a fait plusieurs représentations, qu'on en a
discuté abondamment lors de la commission des 6, 7 et 8 août. Nous
présentons un nouvel article, l'article 18.04, qui aurait pour effet de
mettre fin au vol de nos emplois par toutes sortes de fraudeurs
embauchés par des employeurs et des promoteurs sans scrupule qui sont en
train de déstabiliser l'industrie pour des profits immédiats.
M. Rivard: Un peu tout le monde autour de la table, tous ceux qui
se sont présentés ici ont parlé des chaudrons de
l'industrie. Ce sont effectivement ces gens qui sont visés par l'article
18.04, que vous retrouverez en annexe, qu'on veut inclure. Le travail au noir
va se régler non pas seulement par la loi et l'augmentation des amendes,
mais par des dispositions de la convention collective qui seront applicables
par l'Office de la construction du Québec, qui seront vérifiables
par l'Office de la construction aussi et il pourra alors aussi prendre des
procédures et traiter des procédures en cours. On veut que les
contrats accordés par des entrepreneurs, des promoteurs le soient
à des employeurs qui embaucheront des salariés. Cela
respecterait, dans le résidentiel, l'entente qui a été
signée, l'entente tacite, si vous voulez, qui a été faite,
le minicontrat social lors de la création de Corvée-habitation
alors qu'en ce qui concerne le résidentiel, les maisons devaient
être construites par des salariés à l'emploi d'employeurs
de la construction et non pas par toutes sortes de fraudeurs.
M. Lavallée: II y a aussi le point 4 qui concerne la
réduction des heures de travail. Nous voulons réduire le nombre
d'heures de travail afin que le travail disponible serve à créer
des emplois et fasse vivre ceux qui sont présentement dans le bassin de
la main-d'oeuvre de la construction.
Je remarquais ce matin dans un article de la Presse que nous ne sommes
pas les seuls à revendiquer dans ce sens puisqu'on disait qu'un
comité fédéral qui avait fait une étude ou qui
venait de présenter un rapport sur toute la question de la
réduction du temps de travail recommandait la réduction de la
semaine de travail par rapport aux changements technologiques. J'espère
qu'on aura aussi l'appui des gens de l'extérieur du Québec pour
que cette réduction des heures de travail devienne applicable un peu
partout dans tout le Canada.
Cinquièmement, les avantages sociaux. Le régime de
retraite des travailleurs de la construction doit être
amélioré: qu'un pourcentage décent de la masse salariale y
soit versé afin de le rendre au pair avec la plupart des autres
régimes. Cela est important et doit être mentionné;
là-dessus, le pluralisme syndical occasionne souvent des chicanes pour
rien.
En 1980, lorsque les électriciens ont négocié le
régime de retraite spécialement pour eux, nous avons eu une
publicité qui a été faite par nos adversaires, les autres
centrales qui déclaraient que les électriciens négociaient
un régime qui fraudait les travailleurs et que cela n'avait pas de bon
sens de mettre tant d'argent dans un régime de retraite pour les
électriciens parce qu'on voyait venir le maraudage. Juste à la
veille du maraudage, on a fait une publicité qui a été
envoyée à tous les électriciens. On a perdu des membres
par rapport à cela. Il est vrai que certains ne sont pas contents
lorsque des changements comme ceux-là sont faits. Nous avons pris des
poursuites contre certains locaux du Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction qui nous accusaient d'avoir menti aux
travailleurs, que le régime ne rapportait que 4%. Aujourd'hui, toutes
les centrales syndicales font une priorité de négociation: que
les avantages sociaux soient améliorés ainsi que le régime
de retraite. Si le ministre devait imposer les avantages sociaux ou le
régime de retraite, il faudrait être sûr que les
électriciens ne soient pas pénalisés, étant
donné qu'ils ont un régime de 1,5% et 8,5% déjà
inscrit. Si on améliorait le régime des autres, qu'on n'exclue
pas les électriciens de ce régime. Il faudrait regarder cela
très attentivement.
La sécurité du revenu. Nous demandons qu'on mette fin
à l'insécurité chronique vécue par les travailleurs
de la construction et que le spectre du chômage cesse d'être un
cauchemar pour eux. Le régime que nous proposons existe ailleurs et n'a
pas eu comme effet de créer des profiteurs, comme le soutient la partie
patronale. D'ailleurs,
vous verrez qu'on le commente et l'explique aussi dans notre
document.
Septièmement, le fonds d'indemnisation. Nous demandons que les
employeurs y versent 0,01 $ l'heure de plus afin de le renflouer et de lui
permettre de remplir ses obligations.
M. Rivard: Toutes les centrales demandent la même chose
à ce sujet. Si ce sont les employeurs qui sont responsables de leur
faillite, ce sont eux qui doivent nécessairement payer dans ce fonds. Le
fonds est à sec présentement ou presque. L'OCQ est obligé
de retenir le paiement pour le règlement de certaines faillites. Ce sont
les travailleurs qui en sont pénalisés. On veut qu'il y ait
suffisamment d'argent là-dedans pour le financer. C'est seulement 0,01 $
l'heure qu'on demande.
M. Lavallée: Huitièmement, nous demandons que le
décret se termine le 30 avril 1987.
Au point de vue des salaires, nous croyons que la période de
quatre mois, du 1er mai au 31 août 1984, sans augmentation salariale
était un cadeau injustifié aux employeurs. Nous demandons une
augmentation immédiate de 1 $ à être versée dans le
fonds du régime de sécurité du revenu et d'un montant
égal à l'augmentation de l'indice des prix à la
consommation plus 2% pour chacune des deux autres années du
décret. Nous avons inclus en annexe les clauses auxquelles nous voulons
apporter des amendements ainsi que les nouvelles clauses que nous voulons
inclure.
À l'automne 1983 et l'hiver 1984, les blessures causées
par la concurrence syndicale féroce lors de la période de
maraudage et les manoeuvres politiques de l'AECQ empêchent une entente
entre les centrales qui aurait permis un regroupement syndical majoritaire
à la table de négociation. De mars à avril 1984, l'AECQ
accuse hypocritement les centrales d'être responsables du retard à
commencer la négociation pendant qu'un de ses dirigeants essaie d'amener
le conseil provincial à faire échouer les tentatives de
regroupement avec la FTQ-Construction. Le même dirigeant patronal
suggère même, en cas d'alliance, de présenter des demandes
salariales exorbitantes afin de miner la crédibilité de la
FTQ-Construction. Pendant ce temps, la CSN, irritée par le refus de la
FTQ-Construction de faire alliance avec elle, essaie de faire une alliance avec
le conseil aux fins de s'engager réciproquement à ne pas faire
d'alliance avec la FTQ-Construction tout en continuant publiquement à
parler de la nécessité d'un regroupement permettant de
négocier pour le bien des travailleurs de la construction et d'accuser
la FTQ-Construction d'être responsable de la désunion.
Le 19 avril 1984, le conseil provincial et la FTQ-Construction annoncent
devant le conciliateur qu'il y une entente entre eux pour présenter des
demandes communes. J'aimerais spécifier qu'à ce moment-là,
le conseil avait dit: Sauf la question de sécurité du revenu, on
ne se battra pas pour, on ne se battra pas contre, on va rester muet. Je ne
l'avais pas mentionné dans le document, mais je le mentionne ici. L'AECQ
continue de crier contre le retard causé par le manque d'interlocuteurs.
Le directeur général de l'AECQ suggère, pour se moquer de
nous, de négocier sur le document déposé par la CSN,
lequel a déjà été jugé "flaillé" et
exorbitant par le même individu. Le 4 mai 1984... Je pense que le
ministre doit savoir ce que cela veut dire, "flaillé", quand il est pris
dans la brume comme il était pris.
Le 4 mai 1984, le conseil provincial et la FTQ-Construction font
parvenir au conciliateur, Me Leboeuf et à l'AECQ un document conjoint
contenant les demandes de deux associations, lesquelles représentent 73%
des travailleurs de la construction. Le masque de l'AECQ tombe et il devient
clair qu'elle ne veut pas négocier. Ne pouvant plus jouer sur le manque
d'interlocuteurs, elle lance un ultimatum au ministre du Travail: pas
d'amendement à la loi, pas de négociation, pas de commission
parlementaire. Le 16 mai 1984, le conciliateur fait une tentative et
réunit les parties. Le président et le directeur
général de l'AECQ s'amusent comme de petits fous à
ridiculiser tout le processus de négociation et essaient d'exploiter la
division syndicale pour mieux s'amuser. L'AECQ dit clairement qu'il n'y aura
pas de négociation tant que le ministre n'aura pas convoqué une
commission parlementaire.
Le 12 juin 1984, réunion entre l'AECQ, le conseil et la
FTQ-Construction à l'invitation du conciliateur. L'intransigeance de
l'AECQ empêche toute négociation. Apprenant la nouvelle concernant
la réunion, la CSN pousse les hauts cris et exige que son droit de
négocier pour ses membres soit respecté. J'aimerais vous faire
remarquer que lors de cette rencontre - j'espère que le conciliateur a
fait rapport - nous avons ouvert les portes grandes et nous nous sommes sortis
la tête pas mal loin pour essayer de voir les possibilités
d'entente. Il n'y a eu aucune possibilité, même de
rapprochement.
Le 20 juin 1984, les centrales syndicales signifient au ministre que la
commission parlementaire devant avoir lieu dans la dernière semaine de
juin est prématurée et qu'elles se sont préparées
pour le mois d'août. Le ministre l'annule. Quelques jours plus tard, il
annonce que cette commission sera tenue les 6, 7 et 8 août 1984.
Le 8 août 1984, à la fin des travaux de la commission, le
ministre lance un appel à la maturité des parties et les invite a
régler le décret. Pendant ce temps, les tractations sont
déjà commencées entre l'AECQ, le conseil provincial, la
CSN et la CSD pour contourner la FTQ-Construction et l'évincer de la
négociation. L'AECQ exploite encore la division syndicale et les
intérêts des centrales reprennent le dessus. La CSN en oublie ses
exhortations à l'unité pour le bien des travailleurs de la
construction.
Tous ces événements vous sont rappelés afin que
vous puissiez mieux comprendre le jeu que jouent l'AECQ et les centrales
minoritaires aux fins, pour ces dernières, de s'accrocher à leurs
petits privilèges et aux quelques emplois que procure la division
syndicale.
J'aimerais vous faire remarquer que la seule discussion qu'on a eue avec
l'AECQ depuis la commission parlementaire, c'est simplement un appel
téléphonique au directeur général pour lui demander
si on voulait tasser nos priorités de négociation qui
étaient la sécurité du revenu et la réduction des
heures de travail. On a dit simplement qu'on ne tasserait pas nos
priorités de négociation, mais que c'était
négociable. Par la suite, on n'a entendu parler de personne. Lorsqu'on
nous accuse ici de mettre les bois dans les roues, je ne pense pas qu'on ait
été le groupe qui a mis des bois dans les roues. On ne nous a
même pas invités.
M. Rivard: Le pharisaïsme syndical. Les 6, 7 et 8 août
dernier, nous avions l'occasion de vous présenter un mémoire et,
au chapitre de la représentation syndicale, nous écrivions ce qui
suit: "Quand on parle de centrale unique dans la construction, les
superdémocrates, les coeurs saignants et tous ceux et celles qui
s'improvisent comme défenseurs des travailleurs et qui, dans la plupart
des cas, n'ont jamais descendu à leur niveau, crient comme des putois
contre ces velléités de la FTQ-Construction. Les autres
centrales, dont une semble avoir oublié qu'elle a déjà
réclamé la centrale unique, attaquent les visées
monopolistiques de la FTQ-Construction et se rabattent sur les nobles principes
de liberté syndicale, du droit à la différence, du droit
de ci et du droit de ça. Cependant, dans leurs agissements de tous les
jours, elles pèchent constamment contre ces beaux principes et il est
évident que la seule et unique raison pour laquelle elles sont contre la
centrale unique, c'est qu'elles ne sont pas en position d'être cette
centrale unique. Nous savons qu'elles ne bernent personne."
Vous aviez également l'occasion d'entendre la CSD et la CSN
réclamer le droit d'être à la table des négociations
- je ne les en blâme; elles sont là - malgré le petit
nombre de membres qu'elles représentent, et tout cela au nom des
libertés fondamentales et du droit de leurs membres d'être
représentés, etc. Qu'ont-elles fait de ce droit pour la centrale
numériquement la plus importante au cours des derniers jours? Trop
heureuses d'essayer de se faire du capital politique sur le dos de la
FTQ-Construction, elles s'empressent d'accepter de rencontrer la partie
patronale en catimini, avec la complicité d'un partenaire sans parole,
soit le conseil provincial, pour essayer d'en venir à une entente sans
la FTQ-Construction qui représente 42% des travailleurs de la
construction. Vont-elles encore s'élever contre les visées
monopolistiques de la FTQ-Construction? (19 heures)
Quand nous disions que toutes les autres centrales, dans leurs
agissements de tous les jours, pèchent constamment contre les beaux
principes qu'elles mettent de l'avant, nous savions ce que nous disions et leur
vrai visage est maintenant à nu. Ce sont des pharisiens qui s'opposent
à la centrale unique pour leurs propres intérêts et rien
d'autre ne les motive. La preuve est maintenant faite qu'elles ne bernent
personne en fait. Quand une centrale qui n'a même pas daigné
présenter des demandes à la table des négociations se sert
de ses maigres 9% de représentativité pour permettre une entente
sans la FTQ-Construction, cela s'appelle du parasitisme syndical. Encore plus
que cela - je sors du texte - le 7 mars 1984, il avait été
convenu entre la partie patronale et les associations syndicales de tenir une
réunion de négociations et on avait convenu de partager les
coûts de location de la salle. Cette centrale ne s'est pas
présentée parce qu'ils avaient à payer des coûts de
la salle. Ils viennent aujourd'hui réclamer le droit de parler et de
négocier pour des travailleurs qu'ils représentent, pour lesquels
ils ne présentent pas de demandes, et vont négocier sans avoir un
mandat, sans avoir préparé des demandes, en catimini, en
cachette.
La Présidente (Mme Harel): M. Rivard, je dois vous
signaler que le temps imparti à la commission pour chacune des parties
concernées est maintenant dépassé. Je vais vous demander
de conclure assez rapidement.
M. Rivard: II est temps que ces individus disparaissent du
paysage car leur présence nuit à une véritable
négociation, qui n'a pas eu lieu depuis trop longtemps. Nous
espérons que le ministre verra clair maintenant dans le jeu de ces
groupuscules qui veulent donner des leçons de démocratie à
tout le monde sans comprendre la signification fondamentale du terme. Nous
espérons également que le projet d'amendement à la loi qui
sera présenté à
l'automne permettra ultimement aux travailleurs de se débarrasser
des parasites qui n'ont jamais rien fait pour eux sinon les affaiblir.
Le pharisianisme patronal. À chaque négociation depuis
1979, l'AECQ dans ses déclarations publiques attaque le manque de
maturité des associations syndicales et le fait qu'elles ne peuvent
s'unir pour négocier. Encore cette année, elle réclamait
un interlocuteur et nous blâmait, les centrales, du retard à
commencer les négociations.
Or, le 4 mai 1984, une alliance leur fournissait cet interlocuteur.
Qu'est-il arrivé des négociations depuis? Rien. L'AECQ refuse de
négocier. Lorsque, acculée au pied du mur par l'appel du 8
août du ministre, elle pousse le mépris et le sarcasme
jusqu'à ignorer cet interlocuteur et à jouer sur la division
syndicale pour en arriver à ses fins, nous pouvons à juste titre
nous demander si les dirigeants de l'AECQ ont la maturité
nécessaire pour prendre en main les destinées d'une industrie
aussi importante, tel qu'ils le réclament. Leurs agissements
irresponsables les identifient comme des cabotins impénitents, et si le
gouvernement se laisse continuellement intimider par ces tristes sires, nous
nous demandons qui des deux est le plus coupable.
Depuis plusieurs mois, ces personnes bafouent ouvertement le processus
de négociation civilisée institué par la loi sans que
personne ne réagisse du côté gouvernemental. Pire que cela,
chaque fois que le ministre fait allusion au pourrissement de la situation, il
ne fait aucune nuance quant aux vrais responsables de cette situation. Pour
l'homme de la rue, l'évidence s'impose. La concertation patronale dont
nous parlions dans notre dernier mémoire contre le gouvernement fait son
chemin et le paralyse. À quand une vraie négociation? Il est
évident que la partie patronale savait que le gouvernement
interviendrait avant le 31 août et imposerait un nouveau décret.
C'est dans l'espoir de régler pour moins que ce qui pourrait être
imposé qu'elle a décidé de tenter d'en arriver à
une entente.
Cependant, le ministre doit se poser une question et c'est la suivante:
Est-ce que l'intervention gouvernementale doit servir les intérêts
de ceux qui refusent de négocier ou servir d'incitation à
négocier? En 1982, l'AECQ jouait presque le même scénario
et la négociation fut réduite à sa plus simple expression.
En 1984, l'AECQ prend une position encore plus irresponsable et le gouvernement
réagit. Toutes sortes de raisons sont invoquées pour qu'il n'y a
pas de négociation: situation économique, chômage, salaires
trop élevés, etc. Quand donc sera-t-il possible pour les
syndicats de négocier les conditions de travail de leurs membres? Quand
donc la situation économique sera-t-elle assez améliorée
pour permettre une négociation véritable? Quand donc le
chômage et les salaires seront-ils assez bas pour justifier des
pourparlers entre les parties?
L'AECQ a pris l'habitude de ces simulacres de négociation au
point d'en oublier que son mandat ce sont les relations du travail. Quant
à nous, notre position n'a pas changé. Si le ministre veut
imposer le statu quo ou son équivalent, nous n'avons pas besoin de son
intervention quand nous pouvons signer cela nous-mêmes. Si le ministre ne
veut pas que le rapport de forces s'exerce, qu'il ait au moins le courage de ne
pas tomber dans le piège patronal et qu'il décrète des
améliorations sensibles aux conditions de travail des travailleurs de la
construction. Si le ministre n'est pas prêt à tenir compte des
revendications traditionnelles, on pourrait dire depuis dix ans, telles que la
sécurité du revenu et la réduction des heures de travail,
qu'il laisse les parties négocier dans une situation où la
grève et le lock-out sont permis. Cela ne veut pas dire qu'il va
être exercé.
Cependant, si le ministre a déjà décidé
qu'il se substituait aux parties, qu'il reconnaisse que le blâme du
pourrissement des négociations n'appartient pas aux syndicats et qu'il
impose au moins les articles apparaissant en annexe et présentés
au début de ce mémoire.
En ce qui concerne la réduction des heures de travail, je crois
qu'il est très important de souligner que c'est un comité
sénatorial qui présentait ce matin un rapport suggérant la
réduction de la semaine de travail. Cela a peut-être
été négocié durant la nuit, mais je pense que le
Québec est en train de s'en faire passer une vite encore une fois. Le
fédéral va nous couper l'herbe sous le pied et il va
réduire la semaine de travail pour les travailleurs régis par le
Code du travail canadien avant que cela ne se fasse ailleurs dans les
provinces.
Il est temps, je crois, de décider. Il y a des changements
technologiques, tout cela. Je pense qu'il est temps de décider ensemble
de réduire la semaine de travail afin de faire travailler plus de gens.
C'est vrai que cela donnerait des chances aux jeunes. Plusieurs
députés ici défendent les jeunes, et c'est noble de leur
part, mais il faut leur créer des emplois à ces gens. Ce n'est
pas en gardant le statu quo, soit 50 heures de travail par semaine dans
l'industrie de la construction qu'on va créer des emplois à ces
jeunes.
La sécurité du revenu - je voudrais conclure
là-dessus - nous croyons que c'est la seule et unique façon
à notre portée à l'heure actuelle pour réduire le
travail au noir. Ce n'est pas vrai que les travailleurs de la construction
accepteraient de travailler au noir continuellement sachant qu'un régime
de sécurité du revenu leur appartiendrait,
dans lequel ils pourraient puiser en cas de chômage et qu'ils
accepteraient que les employeurs ne déclarent pas leurs heures de
travail à l'Office de la construction du Québec. Je pense qu'il
est temps que cette chose arrive à point et que cela doit être
fait. Si le ministre décide d'imposer cela, je pense qu'il est normal
qu'il le fasse. D'ailleurs, c'est une recommandation de la commission Cliche.
On ne reviendra pas tellement là-dessus, mais c'est une des bonnes
recommandations qui n'ont pas été mises en vigueur. Je conclus
là-dessus, et je passe la parole à mon confrère
Lavallée.
M. Lavallée: Cela complète notre mémoire,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, merci, Mme la Présidente. Je
n'aurai, quant à moi, que quelques commentaires et une ou deux questions
à poser sur deux points précis que vous avez soulevés. M.
Rivard, M. Lavallée, je vous remercie incidemment de la
présentation de votre mémoire, de même que tous ceux qui
vous accompagnent, M. Laberge et vos autres confrères.
Il y a une chose sur laquelle j'apprécierais avoir un peu plus
d'éclaircissements. Quand vous signalez que, lorsqu'une mise à
pied d'une journée pour manque de travail ou pour n'importe quel autre
motif qui pourrait être justifiée, le lien de droit est rompu
entre l'employeur et le salarié licencié ou mis à pied,
j'apprécierais que vous puissiez nous donner un peu plus de
renseignements à cet égard. Est-ce cette clause que vous avez
négociée en 1978-1979 dont vous nous parliez et pour laquelle
vous vous êtes farouchement battus ou est-ce l'interprétation
donnée par une sentence arbitrale? Qu'est-ce qui est arrivé
à cette interprétation?
M. Rivard: II y a, en fait, plusieurs sentences arbitrales qui
confirment l'interprétation que je donnais moi-même en 1979 dans
un document où je mettais le Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction en garde contre l'acceptation d'une telle
clause. À l'époque, on avait été expulsé du
conseil provincial parce qu'on n'était pas américain. Il
était assez difficile de faire accepter notre point de vue. Au cours des
négociations, il y eu grève de certains syndicats et, lorsque le
règlement a été adopté, il n'a pas
été possible de biffer cet article qui avait été
accepté par le conseil provincial. Comme je le disais tout à
l'heure, il a fallu se battre contre nos propres instances; il a fallu prendre
une injonction contre le conseil provincial pour l'empêcher de signer une
convention collective qui aurait privé du droit de grève
exercé par quatre syndicats, un droit de grève qui n'ennuyait
personne d'autre. Je ne comprends pas la hâte du conseil provincial de
signer la convention collective, mais on venait d'être expulsés,
et les syndicats en grève étaient des syndicats pro FTQ versus le
conseil provincial, et il fallait absolument nous enlever la
crédibilité d'une victoire. Un tas de reculs au décret ont
été annulés à la suite de la grève qu'on a
faite, à la suite de la bataille qu'on a faite, parce que le
décret était encore, selon une expression employée
couramment, "déconcrissé" à la suite de la censée
négociation du conseil provincial. Il a fallu se battre pour aller
chercher des droits qu'on avait perdus à cause du conseil
provincial.
Les interprétations qui ont été données par
des arbitres ont fait en sorte que si un employeur manque de travail
temporairement ou en permanence, c'est considéré comme une mise
à pied. Je peux lire le texte qui dit ceci: "Cessation. Une mise
à pied, c'est la cessation de l'emploi d'un salarié chez un
employeur. La cessation de l'emploi provoquée par une réduction
des effectifs, suite à un manque temporaire ou permanent de travail..."
J'avais attiré l'attention des représentants syndicaux à
l'époque sur les termes "manque temporaire de travail". Quant au manque
permanent, on l'accepte dans la construction, c'est-à-dire que lorsque
le chantier est fermé, la "job" est terminée, il n'y a plus de
lien entre employé et employeur. Mais, lors d'un manque temporaire de
travail, comme lors de la fermeture des chantiers à la Baie James pour
les vacances ou à cause du gel, on voulait conserver encore le lien
employés-employeur. Cette clause est venue tout chambarder et fait en
sorte qu'un employeur qui veut se débarrasser d'un salarié n'a
qu'à dire à son fournisseur: N'amène pas le stock demain
et avise-moi par lettre ou télégramme qu'il faudra quatre ou cinq
jours pour ce faire; quant à moi, je mets mes employés à
pied et je m'en débarrasse. C'est ce qui se passe dans la construction.
Il y a ici un arbitre d'expérience qui s'adonne à être
conciliateur, Me Leboeuf, vous pourriez lui en parler.
M. Fréchette: Je prends bonne note de votre
suggestion.
L'autre sujet que vous avez abordé dans votre mémoire,
c'est celui qui touche à la possibilité pour un salarié de
présenter son grief. Dois-je retenir de cette observation, M. Rivard,
que vous suggérez de permettre à un travailleur de la
construction d'inscrire lui-même une procédure de grief
au-delà de ce qui est déjà prévu dans le
décret actuel et au-delà aussi de ce qui existe dans le Code du
travail quand on parle de la subrogation du syndicat? Si c'était
cela,
n'est-il pas exact de penser qu'il pourrait arriver, par exemple, qu'un
salarié, en toute bonne foi, se croyant lésé dans les
droits qui lui sont consentis dans son décret ou dans la convention
collective qui existe, inscrive une procédure de grief et qu'il vous
apparaisse, comme syndicat, que le grief, pour une raison ou pour une autre,
n'est pas bien fondé? Dans ce cas, le salarié va-t-il
lui-même continuer de plaider son grief devant l'instance
appropriée jusqu'à ce que sentence soit rendue? Ou alors est-ce
le syndicat qui prendra fait et cause pour ce salarié qui aura
présenté le grief et qui le plaidera pour lui, même
étant convaincu que, juridiquement ou autrement, il n'a pas de chance de
réussir?
M. Rivard: Actuellement, il n'y a pas de disposition du Code du
travail qui permette que le salarié puisse lui-même poursuivre un
grief qui pourrait ne pas être valable. Ce que nous voulons faire, c'est
de permettre à un salarié, à ses propres frais, dit-on,
parce que la loi ne le couvre pas, de présenter son grief à
l'arbitrage. Le salarié peut présenter un grief aux
premières instances, mais de pouvoir le présenter à
l'arbitrage permettrait à une association qui le représente
depuis la dernière période de maraudage, d'être
derrière lui et de l'appuyer parce que celui-ci peut légalement,
en vertu du décret, présenter son grief lui-même à
l'arbitrage. Actuellement, un grief pendant, qui n'est pas encore envoyé
à l'arbitrage, appartient au syndicat au stade de l'arbitrage. On veut
permettre au salarié de pouvoir présenter son grief à
l'arbitrage, et à ses propres frais.
M. Fréchette: Je m'excuse, mais je veux que la situation soit
bien claire. Vous nous dites que cela permettrait à son association de
l'appuyer dans les démarches, de le conseiller, finalement de mettre
à sa disposition l'expertise nécessaire pour mener à bien
son dossier. Mais qu'arriverait-il dans le cas où son syndicat,
après évaluation encore une fois du bien-fondé de sa
réclamation, en venait à la conclusion, en toute bonne foi, que
le grief ne sera pas gagné? Une centrale syndicale va-t-eile continuer
d'appuyer une position à laquelle, à toutes fins utiles, elle ne
croit pas?
M. Rivard: Ce n'est pas du tout cela qu'on recherche, M. le
ministre. Il est certain que si un grief n'était pas bon et qu'on en
jugeait ainsi comme syndicat ou association représentative, on dirait au
salarié: Ton grief n'est pas bon. Peut-être que l'association
refuserait de le défendre parce qu'il n'a pas un bon grief, mais il
pourrait aussi avoir un bon grief. J'ai vécu personnellement la
situation dans laquelle un salarié s'était fait dire par son
employeur que s'il n'amenait pas son propre chapeau de sécurité,
il ne pouvait pas avoir de job et qu'il était "clairé". C'est
effectivement ce qui est arrivé et la loi dit que c'est l'employeur qui
doit fournir le chapeau de sécurité. Il a congédié
le salarié et son association représentative a refusé de
le défendre.
M. Fréchette: Cela va. Cela répond à mes
questions et cela me donne les explications nécessaires.
Quant aux autres aspects que vous soulevez dans votre mémoire,
vous les avez déjà suffisamment plaidés pour qu'on soit
sensibilisé à vos revendications. Il faut évidemment tenir
compte des représentations que vous avez faites depuis
déjà plusieurs mois et que vous réitérez
aujourd'hui.
L'autre chapitre de votre mémoire est consacré strictement
à l'historique des négociations. Cela arrive à la
même conclusion que tous ceux qui vous ont précédés.
On est devant ce qu'on est convenu d'appeler un constat d'échec qui a
l'air tout à fait évident. Quant au reste, je n'ai pas d'autres
questions, M. le Président.
M. Rivard: Pourrais-je faire un commentaire, M. le ministre, sur
ce que vous venez de dire? Dans notre document, on demande une convention
collective de trois ans si le ministre décide d'imposer, si le ministre
décide de se substituer aux parties, et voici pourquoi. Le ministre a
l'intention de présenter un projet d'amendement à la loi. Au
niveau de la représentativité syndicale, il dit aux centrales: Si
vous ne vous entendez pas, on va trancher. Je ne suis pas certain... Même
s'il y a des gens qui pensent que le ministre n'a pas été assez
rapide l'autre jour et qu'il aurait dû faire un tas d'annonces, je crois
personnellement que le ministre a été pas mal rapide en disant
qu'un projet de loi sera déposé à l'automne -parce que
c'est une loi importante et il y a beaucoup de choses à changer - et
qu'il y aura une commission parlementaire en février. Je trouve cela
extrêmement rapide et nous avons un peu peur qu'à l'automne 1985,
on se retrouve dans un maraudage sans que les règles du jeu soient
changées, si le ministre a l'intention de les changer. C'est pour cette
raison qu'on demande une convention collective de trois ans. On demande aussi
au niveau des amendements à la loi - et on pense que cette demande est
logique - que le vote soit tenu au moins un an avant l'expiration du
décret pour permettre aux parties, s'il y en a encore plus d'une, de
panser les blessures qui ont été causées pendant le
maraudage et de faire une alliance - fût-elle respectée à
un moment donné par tous les partenaires, non pas comme cela se passe
aujourd'hui - pour permettre de négocier et préparer des
documents de négociation. Cela nous mènerait à peu
près vers mai 1986, ce qui serait une période excellente,
à notre avis.
M. Lavallée: Si, par contre, le ministre nous dit que
c'est exact qu'il y aura un projet de loi avant le mois de juin l'an prochain,
à ce moment-là, cela pourrait être différent.
Le Président (M. Lavigne): Avez-vous terminé, M. le
ministre? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier M. Lavallée, M. Rivard, M. Laberge et leurs collègues
de la FTQ d'être avec nous cet après-midi. Vous avez fait un
historique des négociations, remontant même à des
négociations précédentes pour le renouvellement du
décret de l'industrie de la construction. C'est de bonne guerre, je
pense. C'est presque devenu coutumier, lorsqu'on a à siéger
ensemble et à vous entretenir du renouvellement d'un décret ou
des modifications à apporter à un décret, qu'il y ait des
commentaires de part et d'autre sur les positions ou les attitudes
adoptées par nos collègues ou concurrents syndicaux. Vous avez
été très clair et très explicite, M. Rivard, sur
cette question, cet après-midi, particulièrement en ce qui
concerne le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction et la CSD, notamment.
Vous avez fait état des sacrifices que vous avez faits et pour
vous citer exactement, des concessions énormes que vous avez faites en
mai lorsque était venu le moment, avec le conseil provincial, de
dégager un cadre de négociation. Vous avez par la suite
évoqué le fait que ces gens-là n'avaient pas de parole.
Vous avez déploré le fait qu'à la suite de ces concessions
et de cette entente, il n'y ait pas eu de négociation comme telle.
J'aurais une très brève question, parce que je ne veux pas parler
longtemps sur les problèmes qui vous occupent entre syndicats - je sais
qu'ils sont vivants et le but de la présente commission n'est pas de
brasser cette sauce, comme on dit... Cela se réglera en fonction de la
loi qui viendra éventuellement et qui réglera la fameuse question
du pluralisme syndical. Ce sont des problèmes que cela peut engendrer.
J'aimerais savoir s'il y avait eu un protocole d'entente de signé entre
les syndicats à ce moment-là.
M. Rivard: On n'a pas eu de protocole d'entente de signé
comme tel. Cela avait été refusé par le conseil
provincial. Disons qu'on n'en parlait pas publiquement, mais on le savait. On
le proposait. D'ailleurs, comme on l'a fait en 1982, on proposait une entente
signée qui comporterait des amendes énormes ou des montants
énormes en dommages à être versés à l'autre
centrale en cas de violation de l'entente. On proposait, notamment - c'est cela
qui a aussi causé des frictions avec une autre centrale - qu'il n'y ait
pas de déclaration, qu'on ne se servirait pas des journaux pour essayer
de mousser la cause de l'un plus que de l'autre. Si on faisait une entente, on
faisait une entente et on était ensemble, tout le monde ensemble. En
1982, on l'avait proposé à la CSN et au conseil provincial.
Maintenant, on est des gros méchants loups parce qu'on ne le propose pas
à la CSN cette année, mais, en 1982, c'est nous qui parrainions
la réunion à trois centrales.
M. Lavallée: D'ailleurs, il serait bon de mentionner
également que, lors de la rencontre que nous avons eue le 16 mai 1984,
à laquelle étaient présents la CSN, le conciliateur,
l'AECQ, le conseil provincial ainsi que nous-mêmes, il avait
été fait mention par le conseil et par la FTQ-Construction que le
document qu'on présentait représentait, à ce
moment-là, 73%, sauf qu'il n'y avait pas de consensus sur la question de
la sécurité du revenu. À ce moment-là, le conseil
avait bien mentionné qu'il ne parlerait pas pour et qu'il ne parlerait
pas contre. Or, dans le document, il était clair que cette entente, en
tout cas, était tacite et elle est devenue par la suite écrite;
on l'a déposée lors d'une séance officielle à
laquelle le conciliateur était présent.
M. Pagé: Malgré ces échanges, malgré
cette entente qui n'était pas signée, mais que vous qualifiez
d'entente tacite, vous vous êtes retrouvés sans négociation
et vous vous êtes retrouvés un peu plus tard isolés car
vous n'avez pas participé aux séances d'échanges, aux
séances de négociation vous utilisez le terme - au cours du mois
d'août.
M. Lavallée: C'est ce qu'on appelle un manque de parole de
la part du conseil provincial.
M. Rivard: Plus que cela, M. le député de Portneuf,
il y a eu un échange de documents. On vient ici plaider la bonne foi,
toutes ces choses-là. Il y a eu un échange de documents. On
était son partenaire. À un moment donné, ils
s'accrochaient à notre queue de chemise.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Rivard: On était son partenaire et il n'a pas eu la
décence de venir nous donner une copie du document des offres qui
avaient été présentées par l'AECQ. Quand nous avons
présenté des demandes de la FTQ-
Construction et du conseil provincial, j'ai eu la décence,
même si on n'avait pas d'entente avec la CSN et la CSD, de leur faire
parvenir une copie du document qu'on avait déposé. J'ai eu cette
décence-là, moi.
M. Pagé: M. Rivard, je ne prolongerai pas plus longtemps
sur ce sujet. Je sais que c'est de bonne guerre. En fait, tout cela laisse
place à de l'interprétation et à de l'appréciation.
Je sais que c'est de bonne guerre de se passer la varlope un peu...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Pagé: ...ici en commission, de se faire un clin d'oeil
dans le passage en disant: Je ne t'ai pas manqué, et de prendre un
"drink" au Hilton.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Pagé: En tout cas, on va passer à autre
chose.
M. Rivard: Il y a une chose, M. Pagé. M. Pagé:
Oui.
M. Rivard: Ce genre d'amis, je vous conseille de vous en
méfier.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Pagé: M. Rivard, je vous remercie de votre
réponse. J'ai une question, soit pour M. Laberge ou M. Lavallée.
M. Laberge, vous êtes le président de la FTQ. On sait que la
FTQ-Construction est un syndicat important au Québec, qui
représente des milliers de travailleurs. Comment se sent-on lorsque la
FTQ-Construction a 41,9% des votes exprimés et qu'on ne participe pas
aux négociations?
M. Laberge (Louis): En attente, parce qu'on savait qu'un jour ou
l'autre on en entendrait parler. Je veux dire, on ne peut pas faire
disparaître une association représentative de 42% des travailleurs
en faisant semblant de l'ignorer. Cela peut se faire tant et aussi longtemps
que cela reste officieux. Quand cela devient officiel, cela ne peut pas
continuer. On n'était pas plus excités que cela. On attendait de
voir les documents. Apparemment, il y avait eu d'immenses progrès de
faits, nous disait-on, d'immenses progrès par en arrière. On
aurait bien voulu mettre la main sur un tel document. C'est probablement pour
cela qu'il n'y en a pas. Mais on attendait. Qu'il y ait eu une entente
complète entre les quatre centrales syndicales, il est bien
évident que l'AECQ refusait de négocier. Vous connaissez fort
bien la position de l'AECQ. Elle a convoqué une réunion pour
dimanche. Le 30.
Enfin. Oui, excusez-moi, le 30. C'est demain. Bon, je ne sais pas
combien il va se présenter de gens là. Mais les vrais donneurs
d'ouvrage dans l'industrie de la construction seraient tous là qu'ils
n'auraient pas la moindre chance de faire passer quelque chose qui a de
l'allure parce qu'un employeur, même s'il donne de l'ouvrage à 300
employés, n'a droit qu'à un vote à l'assemblée,
comme l'autre qui ne donne de l'ouvrage à personne, sauf à lui,
et qui rapporte juste les heures qu'il veut et tout le reste est en-dessous de
la table. C'est pour cela que ce n'est pas possible. L'AECQ ne pouvait pas
négocier. L'AECQ ne voulait surtout pas d'une entente. À moins,
évidemment, que ce soit un recul sur toute la ligne, et là bien
sûr il aurait pu arriver à leur assemblée et dire aux gens:
Regardez, on est bon en maudit, on les a fait reculer partout.
À part cela, l'AECQ ne peut pas négocier, ne veut pas
d'une entente. Elle veut se faire imposer. Excuse-moi, mais une autre preuve,
c'est qu'ils ne sont pas ici. S'ils avaient eu quelque chose à dire, ils
seraient venus.
M. Lavallée: Moi aussi... Comme le président vient
de le mentionner, on n'a pas pris panique parce que l'AECQ ne consultait pas
42% des travailleurs. À l'intérieur des 42%, nous
représentons des groupes de métiers à 100% tels que les
monteurs de lignes, 99%, les frigoristes, les électriciens. Il y en a
plusieurs autres qu'on représente majoritairement aussi. Il faut penser
au lendemain des négociations. S'il y avait eu entente, moi j'avais
confiance, malgré la division syndicale, qu'il y a peut-être une
centrale syndicale dans cela qui n'accepterait pas de recul par rapport
à la situation actuelle. Mais même s'il y avait eu une convention
qui aurait été conclue, qu'on aurait ignoré les droits de
ces groupes majoritaires, il y a l'après-négociation et il faut
travailler sur les chantiers de construction.
Je pense que l'AECQ devait penser à cela aussi. C'est important
cela. C'est beau de dire qu'on vient de régler le décret avec les
trois centrales minoritaires, mais tu as quand bien même deux ans et demi
encore à faire si c'est une convention collective décret de trois
ans qui est signée. Il faut vivre, il faut travailler dans le champ, il
faut aller travailler avec les autres travailleurs. Ce n'est pas vrai qu'on
peut retirer des conditions de travail à des groupes qui n'ont
même pas été consultés. Si on veut nous enlever des
droits, qu'on nous convoque dans des négociations. On verra ce qui va se
passer. Ce n'est pas en évinçant 42% des travailleurs de la
construction qu'on va régler les problèmes de relations du
travail dans l'industrie de la construction.
M. Pagé: M. Lavallée, j'apprécie votre
commentaire et votre propos parce que tout comme vous, je reproche... je
regrette que la situation de fait ait engendré ce que vous avez
vécu à savoir qu'un groupe qui représente 42% des
travailleurs n'ait pu participer ou n'ait pas participé à de
telles négociations. Cependant, vous évoquez en plus un autre
aspect qui est très intéressant, soit celui du pourcentage
important que vous avez dans certains corps de métiers. On sait que
certains syndicats peuvent représenter jusqu'à 80%, 85%, 90% et
même 95% des travailleurs dans certains métiers. Compte tenu de
votre déception, exprimée par vous, de ne pas participer avec
42%, compte tenu comme l'a si bien dit M. Laberge que lorsqu'on a 42% et qu'on
ne participe pas aux négociations on se retrouve dans une situation
d'attente purement et simplement, ne croyez-vous pas que si on acceptait le
principe du monopole syndical on risquerait de se ramasser dans une situation
presque régulière et même permanente où les
syndicats représenteraient 30%, 35% et 40% sans pouvoir participer aux
négociations? Dans ce cas, accréditez-vous ainsi la
négociation par métier?
M. Laberge: La loi peut facilement prévoir cela de toute
façon. D'ailleurs, la loi le prévoit déjà. Avec un
certain pourcentage, vous avez le droit d'être à la table des
négociations.
M. Lavallée: Mais la place où on a le moins de
trouble... On l'a le "monopole syndical", entre guillemets,
présentement. Les monteurs de lignes avec 99%, c'est un monopole
syndical. Est-ce que vous avez tellement de problèmes avec les monteurs
de lignes? Les frigoristes sont à 99% avec nous autres. Est-ce que vous
avez des problèmes avec les frigoristes? Les calorifugeurs sont à
99% avec le conseil provincial. Monopole syndical. Pas de problème. Les
électriciens ont 85%. Il n'y a pas tellement de problèmes. Les
problèmes arrivent lorsque c'est 60%, 50%, 40% ou 35% et que c'est
"splitté" un peu entre tout le monde. Partout où le monopole
existe, entre 80% et 100%, il n'y a pas de problème. On ne me fera pas
dire que le monopole syndical créerait des problèmes sur les
chantiers de construction. Si on regarde ce qui se passe dans l'industrie, il y
a le Code du travail et il y a un monopole syndical; cela ne crée pas
plus de problèmes et beaucoup moins qu'avec le pluralisme syndical qu'on
a dans l'industrie de la construction. (19 h 30)
Je suis convaincu qu'au moment où on se parle, s'il y avait un
monopole syndical dans l'industrie de la construction, on pourrait
régler cette convention en s'assoyant avec l'AECQ. Mais l'AECQ ne veut
pas d'une négociation, ne veut pas une convention
négociée. Cela a été comme cela chaque fois qu'on a
eu à négocier avec l'AECQ. On est allé deux fois en
conciliation, avec une médiation très spéciale en dernier.
Les deux fois qu'on s'est tenus, finalement, il y a eu entente, mais il y a eu
entente sur des miettes; les problèmes de l'industrie, on n'en a pas
discuté. On part avec 50 points. On en arrive à 32 et, en
dernier, il y en a 2, 3 ou 4.
Il faut aller beaucoup plus profondément que cela. Dans
l'industrie de la construction, comme je le disais tout à l'heure, le
lendemain de la négociation, il faut travailler. C'est cela qu'il faut
régler. Je suis convaincu que la division syndicale face à une
association patronale unique amènera toujours ce genre de situations
où il n'y aura pas d'entente. Nous visons le programme de
sécurité du revenu et la réduction des heures de travail.
Le conseil provincial, lui, vise l'amélioration de l'industrie lourde,
car il représente probablement beaucoup plus de monde que nous dans
l'industrie lourde. Pour la CSN, c'est l'ancienneté. Comment fera-t-on
pour mettre tout cela ensemble? Je pense qu'une fois que cela aura
été réglé et que la représentation syndicale
va faire en sorte, s'il n'y a pas monopole, qu'il y ait certainement une
centrale fortement majoritaire dans cela on évitera certainement ces
problèmes et, à ce moment-là, le ministre ou cette
commission n'aura pas besoin de trancher chaque fois qu'il y a un litige. Il
pourra laisser aller les forces du marché.
Mais, au moment où on se parle, c'est quasiment suicidaire. C'est
cinq centrales complètement divisées par rapport à ce qui
se passe. J'ai donné tout à l'heure l'exemple du régime de
retraite des électriciens. C'est l'exemple frappant. Je pourrais vous
donner toute la documentation qui a été préparée
autant par la CSN, le conseil provincial et la CSD, qui décriait notre
régime de retraite. Quatre ans après, c'est bon. Ce n'est pas
parce que ce n'était pas bon à ce moment-là;
c'était pour essayer d'aller chercher les électriciens.
Voilà ce que cela crée. À un moment donné, une
centrale a une bonne idée. Là, on se dit: Écoute, il ne
faut pas parler de cela et appuyer cela. L'autre maraudage s'en vient et on
risque de perdre nos membres. Je pense qu'il faudra regarder cela très
sérieusement. D'ailleurs, on en a discuté abondamment lors de la
commission des 6, 7 et 8 août. On espère toujours que les
recommandations du ministre en ce qui concerne la loi iront dans ce sens.
M. Rivard: Je voudrais aussi ajouter, ceci si vous le permettez,
sur la situation malsaine créée par le pluralisme. Au niveau de
la sécurité du revenu, depuis la
recommandation de la commission Cliche... En passant, on était,
à l'époque, au conseil provincial. C'était bon, il fallait
négocier cela et cela a été demandé depuis 1976 par
le conseil provincial.
Une voix: La FTQ.
M. Rivard: C'était la FTQ à l'époque. En
1979, la CSN a participé à la préparation du document.
C'était bon, elle défendait cela. On aime dire que, lorsque la
FTQ-Construction et le conseil provincial se sont séparés, les
syndicats les plus militants se sont séparés du conseil
provincial et ont formé la FTQ-Construction. On a continué
à revendiquer des choses qui existent pour d'autres travailleurs et des
choses aussi qui ont été négociées pour des
travailleurs de la construction en dehors du Québec, la
sécurité du revenu. On veut mettre fin au cauchemar que les
travailleurs de la construction vivent lorsqu'à un moment donné
ils se voient devant la perspective de perdre leur emploi à cause d'une
mise à pied. On veut éviter ce qui nous arrive à l'heure
actuelle dans les bureaux de placement syndicaux lorsqu'un travailleur arrrive
avec sa femme et ses enfants et nous dit: Moi, je ne suis plus capable,
prenez-les, vous autres. Il nous dit qu'on est presque responsables du fait
qu'on ne soit pas capables de lui trouver une "job". Je ne sais pas si cela
vous arrive dans vos bureaux de député qu'un homme arrive avec sa
famille à votre bureau et vous dise: Faites-la vivre. Cela nous arrive,
ces choses-là. Il y a même des choses qui arrivent sur les
chantiers de construction lorsqu'un homme qui mesure six pieds quatre pouces se
met à pleurer lors d'une mise à pied parce qu'il est pris aux
tripes, parce qu'il est pris financièrement, qu'il est attaché et
qu'il n'est pas capable de joindre les deux bouts et qu'il se voit devant une
mise à pied. Ces choses arrivent. Si cela ne vous arrive pas, nous
autres, on le voit. Il n'y a qu'une façon de régler ce
problème, c'est la sécurité du revenu une fois pour
toutes. Le travailleur de la construction dira: Au moins, si je n'ai pas de
"job", j'ai de l'argent pour vivre décemment. Je me suis habitué
à un standard de vie. Je serai peut-être capable de le maintenir,
peut-être pas au même niveau, mais au moins de le maintenir durant
un certain temps. Je n'aurai pas trop à souffrir du fait de ma mise
à pied. C'est seulement normal.
Tout ce que demande l'AECQ en venant ici, c'est une réduction de
salaire de 20%. On pourrait parler d'une réduction de salaire de 10% ou
de 20% si, cependant, on nous garantissait 1500 heures de travail par
année. Mais on n'a pas ces garanties, même si l'AECQ
prétend qu'une baisse de salaire donnerait plus d'heures de travail. On
est dans cette situation et il faut la corriger.
Ce genre de sécurité du revenu s'inscrit dans la ligne de
pensée social-démocrate. S'il décide d'imposer quelque
chose, le gouvernement devrait imposer la sécurité du revenu au
moins au cours de la convention collective qui sera là.
Le Président (M. Lavigne): Une dernière question,
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Je remercie M. Lavallée pour sa
réponse à ma question qui portait sur le pluralisme syndical. Je
vous ai laissé aller, M. Rivard, vous avez tellement bien
plaidé.
J'aurais une dernière question. À la page 10, vous touchez
à l'os, vous dites: "Si le ministre veut imposer le statu quo ou son
équivalent, on n'a pas besoin de son intervention car nous pouvons
signer cela nous-mêmes."
M. Laberge: Ce n'est pas une offre!
M. Pagé: Ce n'est pas négociable. Devons-nous
comprendre que vous êtes convaincus qu'il n'y a aucune possibilité
d'entente, malgré une prolongation du décret qui pourrait
prévoir un laps de temps pour permettre aux parties de négocier?
Deuxièmement, s'il n'y a pas d'entente, êtes-vous en faveur d'un
vide juridique, comme un autre syndicat l'a exprimé cet
après-midi, ou d'un décret? Auquel cas, comme vous le dites ici,
si le décret doit être réécrit par le ministre, vous
avez très bien expliqué ce qu'il en est et ce que vous
recherchez, en fait, dans le cadre de ce décret. Quelle est votre
position?
M. Rivard: M. le député de Portneuf, on peut vous
prendre pour toutes sortes de choses à part un imbécile. Notre
position est clairement écrite. Si le ministre veut imposer le statu quo
ou presque, qu'il ne l'impose pas; qu'il nous laisse aller dans une situation
où on a le droit de grève et les employeurs le droit de lock-out.
On ne dit pas qu'on sera en grève demain. On se rencontre sur une chose
avec le conseil: Les petits entrepreneurs, qui sont responsables de tout cela,
qui ont l'indécence de venir ici crier après nos salaires
continuellement et de nous demander des baisses de salaire pendant qu'ils
prennent notre fonds de retraite et que nous perdons complètement les
0,125 $ l'heure alors qu'eux, ils les refilent aux clients, on va essayer de
régler leur problème et ils seront peut-être contents de
devenir nos amis. On en a assez de toutes ces choses qui se passent. L'AECQ est
actuellement prisonnière de ce genre de mentalité qui domine
parce que la majorité de ses membres sont, justement, de petits
entrepreneurs comme ceux-là.
Le vide juridique, ce n'est pas ce qui est le plus souhaitable, mais si
on est pour
se faire passer des bouleaux encore, si on est pour avoir des conditions
de travail qui ne sont vraiment pas adaptées à la
réalité qu'on vit et aux besoins des travailleurs de la
construction, on veut essayer d'avoir notre chance au bâton. C'est aussi
clair que cela.
M. Lavallée: Je pense que la prolongation d'un mois ne
changerait rien. Si on regarde ce qui s'est passé, on a eu une
prolongation de quatre mois. On en a le résultat aujourd'hui. Il n'y a
pas eu de discussions. On a essayé à maintes reprises de regarder
et de discuter de la question des heures de travail et de la
sécurité du revenu. Au tout départ, l'AECQ, sans
même nous avoir écoutés et même avant la prolongation
du décret lorsqu'on avait fait la présentation du programme de la
sécurité du revenu, nous a traités de "flaillés",
nous a traités de gens n'ayant aucune idée qui pourrait aider la
construction et nous a dit qu'il ne serait jamais question de la
sécurité du revenu. On l'a dit en présence du
conciliateur.
Quant à la question de la réduction des heures de travail,
on a dit: II n'est même pas question de diminuer cela d'une minute. Je
pense qu'une prolongation d'un mois ne changera pas l'attitude de l'AECQ.
L'AECQ a fait des représentations ici devant cette commission et elle
veut un recul évident pour les travailleurs du domiciliaire, changer les
ratios, couper les salaires, les "jacks-of-all-trades" et tout cela.
Pensez-vous sérieusement qu'un mois de plus pourrait amener l'AECQ
à changer de position et à dire: On repart à nouveau, on
reprend le décret et, à partir de vos demandes, on
négocie? Je suis convaincu que non. Dans un mois, on sera encore devant
la même situation.
M. Pagé: Ce que vous demandez, c'est un décret
amélioré selon vos représentations ou c'est un vide
juridique?
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Lavigne): M. le ministre, avez-vous des
remarques pour terminer?
M. Fréchette: C'est complet.
Le Président (M. Lavigne): C'est complet?
M. Fréchette: Oui.
Le Président (M. Lavigne): C'est complet. Donc, la
séance de cette commission... Oui?
M. Fréchette: Ce sont les remarques de la fin.
Le Président (M. Lavigne): Oui. Je demande au ministre de
conclure, s'il y a lieu.
M. Laberge: Sur la sécurité du revenu, M. le
ministre, vous allez avoir un allié chez vous. Il y a quand même
un membre de la commission Cliche qui est chez vous et on est en train
d'obtenir un deuxième membre de la commission Cliche qui va avoir une
grosse "job" tantôt, là.
Le Président (M. Lavigne): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Fréchette: M. Laberge...
Le Président (M. Lavigne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fréchette: ...ce n'est pas écrit dans votre
mémoire, cela, n'est-ce pas?
M. Laberge: Non.
Conclusions M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: Ah bon, bon! M. le Président,
très brièvement, si vous me le permettez, je voudrais d'abord,
bien sûr, réitérer mes remerciements à tous ceux qui
sont venus nous faire part de leurs positions cet après-midi. Il y a au
moins une chose qu'on peut dire, c'est que les travaux de la commission se sont
déroulés dans un climat qui était bon, un climat serein.
Là-dessus, il semble y avoir une espèce de consensus.
Vous comprenez qu'il ne m'appartient pas d'évaluer les motifs
pour lesquels la partie patronale n'est pas là. Ce n'est pas à
moi de porter un jugement sur ces motifs. C'était son droit le plus
strict de le faire. Elle nous a informés par télégramme
qu'il y a quatre points majeurs sur lesquels elle avait des observations ou des
représentations à soumettre. Malheureusement, elle n'est pas
là pour s'expliquer davantage. Je dois déplorer cette situation,
sans, évidemment, porter un jugement, ni l'évaluer, ni, non plus,
essayer de savoir quels sont les motifs pour lesquels cela s'est passé
ainsi. Mais je pense qu'il eût été souhaitable pour les
membres de la commission de connaître un peu plus en détail les
quatre points très précis que soulève la partie patronale
dans le télégramme qu'elle nous a fait parvenir aujourd'hui.
Deuxièmement, il aurait été intéressant
également - et plusieurs intervenants l'ont souligné - de
connaître la position de la partie patronale par rapport à
certaines prises de position de l'une ou l'autre des quatre associations
syndicales qu'on a entendues cet après-midi. Or, encore une fois, M. le
Président, je ne peux que
déplorer cette situation.
Quant au reste, les positions des parties sont fort claires.
Évidemment, ces positions varient suivant l'appréciation qu'en
fait l'une ou l'autre des associations syndicales que nous avons entendues.
À partir des propositions qui nous ont été soumises par
les gens qui sont venus se faire entendre, il se dégage trois
possibilités, dont une que je n'écartais pas - je vous le dis, M.
le Président - avant de venir ici en commission et à laquelle je
songeais assez sérieusement, mais je dois vous signaler qu'après
l'audition des mémoires et des représentations il est peu
probable que cette solution soit retenue je parle de celle qui amènerait
le gouvernement à prolonger d'un mois ou de deux mois le décret -
pour deux motifs bien principaux - et il y en a d'autres sur lesquels on
pourrait revenir qui sont plus secondaires - qui sont les suivants. D'abord,
nous n'avons pas entendu là-dessus la partie patronale. Quelle aurait
été sa position face à une éventualité comme
celle-là? Cela m'apparaissait un élément important dans
l'évaluation de la décision à prendre à cet
égard. Est-ce que l'association patronale se serait
déclarée favorable ou ouverte à continuer les
"explorations", entre guillemets, dont on a parlé ou alors est-ce
qu'elle nous aurait dit: Cela ne sert à rien d'aller plus loin, on ne
pourra pas s'entendre? Même si vous prolongiez d'un mois, deux mois ou
trois mois, il n'y a pas d'espoir possible quant à la conclusion d'une
entente. C'est le premier motif pour lequel, vraisemblablement, cette position
ne pourrait pas être retenue. (19 h 45)
Le deuxième motif - on en a fait mention au cours de nos travaux
- c'est que, conformément à la loi et conformément
à la décision du mois d'avril, il s'est déjà
écoulé huit mois qui auraient permis la négociation.
Durant ces huit mois, le conciliateur a rencontré les parties deux fois:
au mois de mai - le 16, je pense, ou le 11 - et au mois de juin: inversement,
16 et 11 de chacun des deux mois. Et il n'y a pas eu d'autres rencontres
à part les dernières dont on a parlé et dont il faut bien
constater l'échec également. Si huit mois n'ont pas suffi pour
qu'un réajustement de toutes les positions se fasse et pour la
concrétisation d'une entente possible, je suis, à toutes fins
utiles, convaincu que la prolongation d'un mois, de deux mois ou de trois mois,
peu importe, ne nous mènerait nulle part ou à peu près
nulle part. Je pense que, là-dessus, ma position est déjà
arrêtée. Je ne pense pas qu'il soit utile de prolonger
davantage.
Qu'est-ce qui reste donc comme alternative au gouvernement? Que faut-il
retenir de tout cela? Il y a ces deux possibilités auxquelles les
parties se sont toutes référées également: ou bien
c'est l'imposition d'un décret qui va tenir lieu de convention
collective pour une période de deux années ou de trois
années - là-dessus, les propositions sont différentes
également -ou alors c'est le vide juridique dans deux jours à
compter d'aujourd'hui, lorsque cette prolongation du mois d'avril aura
été écoulée. C'est l'une ou l'autre,
évidemment, de ces deux possibilités que le gouvernement devra
choisir et que le ministre du Travail devra recommander.
Je vous signale qu'au moment où on se parle je n'ai pas de
position arrêtée quant à la recommandation que je devrai
soumettre au Conseil des ministres, mais je vous signale qu'elle devra
être soumise demain de sorte qu'à tous égards, à la
même heure demain soir, nous serons tous fixés quant à
cette décision.
Une dernière observation, M. le Président. Les travaux que
nous avons poursuivis au cours de l'après-midi nous permettent, encore
une fois, d'arriver à la conclusion - celle-là est presque
unanime -que l'état actuel des choses ne peut plus durer. Cela semble
tout à fait évident à partir des positions qui ont
été exprimées par les parties et à partir
également de ce qui s'est passé depuis le mois de janvier 1984.
C'est cette constatation-là qu'il faut aussi retenir de nos travaux
d'aujourd'hui. Pour ma part, je souhaite que, lorsque arrivera
l'échéance d'une autre convention collective ou d'un
décret en tenant lieu, nous ne nous retrouvions plus dans cette
espèce de situation qui, à toutes fins utiles, est
intolérable pour tout le monde, et où on ne peut jamais
espérer des solutions, faites de compromis, bien sûr, mais qui
soient celles des parties elles-mêmes. C'est ce genre de situation qui,
quant à moi, je vous le réitère, ne peut plus durer. Je
devrai très certainement livrer la marchandise dont on a parlé
après la commission parlementaire des 6, 7 et 8 août dernier.
C'était ce que j'avais à dire, M. le Président.
Le Président (M. Lavigne): Merci, M. le ministre.
Je vais maintenant donner la parole à M. le député
de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais être
très bref. Je veux remercier les groupes qui sont intervenus cet
après-midi et qui nous ont fait part de leurs positions, ainsi que de
leurs attentes face au droit que le ministre du Travail a de formuler une
recommandation. Le ministre vient d'écarter toute possibilité de
prolongation d'un décret. Tout le monde convient qu'il est impossible
d'en arriver à une entente d'ici au 31 août. Le ministre nous
annonce qu'il n'y aura pas de prolongation. J'ai toujours cru comprendre,
malgré que certains syndicats
étaient prêts à faire face à un vide
juridique, que le gouvernement ne pouvait pas se permettre de créer une
situation de vide juridique, ainsi que tout le chaos et tous les
problèmes que cela pourrait entraîner. C'est donc dire que,
très probablement demain, le ministre du Travail formulera sa
recommandation en termes de contenu du décret qui tiendra lieu de
convention collective de l'industrie de la construction pour les deux ou trois
prochaines années. Le seul voeu que je voudrais formuler à ce
moment-ci, c'est qu'au lendemain de ce décret les syndicats et les
parties puissent vivre dans l'harmonie. Comme l'a si bien évoqué
tout à l'heure, M. Lavallée, vous avez un vécu quotidien
à assumer sur les chantiers de construction, vous avez une vie à
vivre avec des collègues, avec des patrons, avec d'autres syndicats,
d'autres corps de métiers, etc.
M. le ministre, vous aurez, évidemment, à rédiger
ce décret. Vous aurez, je l'espère, l'occasion de tenir compte
des mémoires qui ont été présentés ici cet
après-midi. J'espère que vous pourrez faire
référence aussi au contenu des documents qui avaient
été déposés lors de la commission des 6, 7 et 8
août dernier, qui contenaient des éléments très
intéressants. Qu'il suffise de faire référence à la
comparaison des niveaux de rémunération d'une province à
l'autre, etc.
Je terminerai en vous disant, M. le ministre, que la décision ne
sera certainement pas facile, mais c'est le chapeau gouvernemental. Je termine
en disant que c'est bien dur de faire plaisir à son père et
à sa mère. Merci.
Le Président (M. Lavigne): Mesdames et messieurs, je vous
remercie. Je remercie tous les intervenants à cette commission. La
commission de l'économie et du travail s'est acquittée du mandat
qu'on lui avait confié et elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 52)