Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La séance de la commission de l'économie et du travail est
ouverte. Je rappelle aux membres de la commission que le mandat de cette
commission est de procéder à l'étude article par article
du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux et aussi de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 85, Loi modifiant la
Loi sur les coopératives.
Je demanderais au secrétaire de faire part des remplacements s'il
y a lieu.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Les
remplacements pour cette séance sont les suivants: M. Bordeleau
(Abitibi-Est) remplace M. Beaumier (Nicolet); M. Gauthier (Roberval) remplace
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) et M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplace M.
Gagnon (Champlain).
Le Président (M. Tremblay): Merci. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, j'invoquerai l'article
129 de notre règlement qui se lit comme suit: "Un député
qui n'est pas membre d'une commission peut, avec la permission de cette
dernière, participer à ses délibérations mais ne
peut y voter ni y présenter de motion". L'autre disposition du
même article ne s'applique pas. M. le Président, je fais donc
appel aux membres de la commission pour me permettre de me prévaloir des
dispositions de l'article 129 pour l'étude du projet de loi 59, Loi
modifiant la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux.
Une voix: D'accord.
Étude détaillée du projet de loi
59
Le Président (M. Tremblay): Je note qu'il y a consentement
des deux côtés de la table pour vous permettre, M. le
député de Gouin, d'intervenir à cette commission.
Je voudrais vous rappeler le contenu de l'article 240 de notre
règlement qui se lit comme suit: "Lorsque le principe d'un projet de loi
a été adopté sans débat, chaque membre de la
commission peut, au début de ses travaux, s'exprimer sur son principe et
sa teneur générale." Comme il y a eu débat pour l'adoption
du principe du projet de loi 59, il n'y a pas, à ce point-ci,
d'intervention générale sur le projet de loi.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Vous venez de lire le règlement qui dit que
lorsque le principe d'un projet de loi est adopté sans débat,
chaque membre de la commission peut s'exprimer. Mais la conclusion que vous en
avez tirée, je ne la vois pas dans le règlement. Vous en avez
déduit que s'il y a eu des débats en Chambre lors de l'adoption
du principe, on ne peut pas en faire au début de l'étude en
commission. Ce n'est pas marqué dans le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Mais, c'est implicite M. le
député, vous avouerez.
M. Bourbeau: Non, je regrette, M. le Président, pour
interpréter restrictivement quelque chose en droit, il faut que ce soit
marqué d'une façon textuelle. Or, vous dites: Le principe d'un
projet de loi a été adopté sans débat; s'il a
été adopté sans débat, chaque membre peut
s'exprimer. L'inverse n'est pas nécessairement vrai.
Le Président (M. Tremblay): Je vous ferai remarquer que,
de toute évidence, on tient pour acquis par cette phrase qu'il n'y a pas
de débat, et que l'on permet un débat seulement lorsqu'il n'y en
a pas eu à l'Assemblée nationale. C'est par cette
interprétation de l'article 240 que je dis, ce matin, qu'il n'y a pas de
débat sur le fond en commission parlementaire et que nous sommes ici...
Le mandat de la commission est d'étudier article par article le projet
de loi 59.
M. Bourbeau: M. le Président, il existe des statuts sur
l'interprétation des lois. Les lois doivent s'interpréter
restrictivement, surtout en ce qui concerne la décision que vous venez
de rendre de restreindre le droit de parole. Je vous suggère
respectueusement que le règlement ne dit pas ce que vous en avez conclu
et que, en conclusion, un député qui veut s'exprimer sur le
principe du projet de loi ici peut le faire en vertu de la loi
générale.
Le Président (M. Tremblay): Je n'aurais pas d'objection
à permettre des débats s'il y avait consentement unanime. M. le
ministre.
M. Biron: M. le Président, je ne voudrais pas que votre
décision fasse jurisprudence et que dans d'autres commissions
parlementaires ou d'autres projets de loi on soit empêché de
parler sur le principe même après avoir étudié en
deuxième lecture. Je pense qu'on brimerait le droit des parlementaires.
Moi je ne vois pas du tout d'objection à ce qu'on profite de l'article
1, sans accepter votre décision comme une jurisprudence, pour faire les
remarques appropriées. Quant à moi, j'ai dit hier ce que je
pensais du projet de loi; étant donné que c'est tout frais, je me
contenterai de répondre aux questions de l'Opposition. Mais si des
députés membres de la commission veulent intervenir, je n'y vois
pas du tout d'objection.
M. Bourbeau: Seulement une remarque additionnelle, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Si j'ai fait cette intervention, c'est pour une
question de principe et non pas parce que j'ai nécessairement
l'intention, dans ce cas-ci, de refaire le discours de deuxième lecture.
Je n'ai pas l'intention de le refaire. Le ministre vient exactement d'exprimer
mes propres préoccupations: je ne voudrais pas que dorénavant il
soit convenu qu'un député ne peut pas s'exprimer sur le fond d'un
projet de loi en commission parlementaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, il est tout de même de
tradition qu'au début de l'étude d'un projet de loi l'on permette
des remarques générales. Je pense bien que, dans le cadre de
cette partie des travaux habituels, l'Opposition pourrait faire des remarques
même sur le principe. Je pense que nous n'aurions pas de raison de nous
opposer à cela.
Le Président (M. Tremblay): Tout à l'heure, j'ai
dit que je n'aurais pas d'objection s'il y avait un consentement unanime. Il
semble qu'il y ait un consentement unanime pour que ces discussions aient lieu
au moment où l'article 1 aura été appelé. Est-ce
que cela vous va, M. le député?
J'appelle l'article 1. Je cède la parole au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Interprétation
M. Biron: À l'article 1 de l'ancienne loi il y avait tout
simplement la définition de l'établissement commercial; dans
l'article 1 de la nouvelle loi nous ajoutons la définition du
client.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, justement sur la
définition du client. Quand on lit la définition qui en est
donnée, ce qui frappe c'est qu'à la fin de la définition
il est bien indiqué que la personne qui se présente dans le lieu
d'établissement, il faut qu'il lui soit possible d'acheter des produits.
Je pense que les mots clés dans cela, sont: "acheter des produits". Je
vais demander au ministre quelle position son ministère va prendre ou
que le gouvernement va prendre dans le cas de gens qui louent les produits mais
qui accessoirement en vendent aussi? Par exemple, je vais
référence à des commerces comme celui des
vidéocassettes qu'on voit depuis un certain temps: on loue des
vidéocassettes, et accessoirement je pense qu'on en vend et on vend des
appareils pour les projeter, des magnétoscopes. Ces gens ont l'habitude
d'ouvrir on a eu des représentations - les fins de semaine parce que
c'est durant les fins de semaine que les gens s'approvisionnent en
général de ce genre de produits. Quelle attitude allez-vous
prendre à l'égard de ces produits?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: De ce côté, jusqu'à maintenant, il
n'y a pas d'heures pour les services. La location est considérée
comme un service comptable ou un autre service, il n'y a pas de restriction sur
les heures d'affaires. Ce sont les heures d'affaires pour la vente au
détail qui sont régies par cette loi.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Maisonneuve.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais quand même
terminer sur ce point que j'ai abordé.
Le Président (M. Tremblay): Permettez-vous?
Mme Harel: Oui, certainement parce que mon intervention ne porte
pas sur cette question.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte. D'accord.
M. Bourbeau: Je ne veux pas enlever le droit de parole à
madame. Dans le cas en question, ces gens vendent effectivement des produits.
Ils vendent, si mes renseignements sont bons, des vidéocassettes, des
appareils vidéo pour permettre aux clients de projeter les cassettes
qu'ils louent. Dans la presque totalité des cas, le marché est de
location, mais il y a aussi de la vente. Est-ce que dans ces cas on va les
obliger à fermer le dimanche?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: La section de vente est fermée, mais la section
de location ou de réparation - où vous auriez des
réparateurs dans le même cas - n'est pas fermée. C'est la
même chose pour les pharmacies qui vendent des souffleuses à
neige. On a parlé de cela en commission parlementaire. Dans ces
endroits, on n'a pas le droit de vendre des souffleuses à neige le
dimanche, mais la semaine on a le droit d'en vendre.
M. Bourbeau: Ce sont de menus articles.
M. Biron: Dans ce sens le magasin que vous mentionnez aurait le
droit de louer, mais il n'aurait pas le droit de vendre des équipements
ou des produits.
M. Bourbeau: II n'y aurait pas besoin de cloisonner la section
où on fait des ventes. Il s'agira uniquement pour ces commerces de ne
pas vendre le dimanche. La semaine ils pourront faire et la location et la
vente, c'est cela qu'on doit comprendre?
M. Biron: Exactement.
M. Bourbeau: Très bien, merci.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le ministre, je m'interroge sur la portée de
l'alinéa 2 de l'article 1, qui se lit comme ceci: Établissement
commercial: "tout établissement ou autre endroit où des produits
sont vendus ou offerts en vente au détail au Québec." À ce
moment, je voudrais faire référence à la fin de l'article
5, plus précisément à l'alinéa 5.1, 2ième
paragraphe où il est dit que: "Aux fins du présent alinéa,
une partie distincte et cloisonnée d'un établissement commercial
est réputée être un établissement commercial." Vous
avez donc la définition de l'alinéa 2 de l'article 1, la
définition du projet de loi 59 sur la notion d'établissement
commercial et également à la fin de l'article 5.1, au dernier
paragraphe, une présomption qu'un établissement commercial est
une partie distincte et cloisonnée. Alors, j'aimerais vous interroger
sur l'interprétation qu'on doit donner à une telle
définition que l'on retrouve à la fin de l'article 5.1, donc au
deuxième paragraphe de l'article 5.1. Entendez-vous comme "partie
distincte et cloisonnée" un autre commerce, en d'autres termes une
entité à part et autonome, c'est-à-dire pour être
bien précise, un établissement avec numéro civique, portes
d'entrée différentes, comptabilité ou caisses
enregistreuses différentes? Ou est-ce que cela ne pourrait être
qu'une partie distincte d'un établissement commercial déjà
existant? Auquel cas, est-ce que cela ne donnerait pas lieu à une
interprétation large qui pourrait favoriser ceux qui veulent contourner
la loi?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Biron: Ce n'est certainement pas pour forcer les entreprises
à créer une deuxième entreprise à
côté; enfin, tout de suite le deuxième établissement
commercial est automatiquement couvert par la loi ou est exclu de la loi, selon
les produits qu'il vend. Alors, on va prendre l'exemple des pharmacies à
grande surface qui exploitaient légalement, mais qui, à cause de
la nouvelle loi toutes celles qui existent, devront être reconnues
à cause de droits acquis; il n'y en aura pas d'autres. Les autres qui
voudraient vendre de l'alimentation avec dix ou quinze personnes ne pourront
pas, c'est sûr. Si, en incluant la pharmacie et l'alimentation, il y a
cinq personnes, il ne pourra pas non plus, parce qu'il vend de l'alimentation.
Il faudra qu'il cloisonne l'alimentation dans ce cas.
Mme Harel: C'est donc dire que les pharmacies d'escompte, pour
reprendre votre exemple, pourraient utiliser ce moyen de façon à
ne pas se soumettre au deuxième alinéa de l'article 5, parce
qu'il prévoit qu'on doit obtenir l'autorisation. À ce
moment-là, une cloison serait présumée constituer un
établissement commercial.
M. Biron: Les pharmacies d'escompte existantes qui exploitent
légalement vont être reconnues. Elles n'auront pas le droit de
prendre de l'expansion. Les autres n'auront pas le droit d'avoir plus de trois
personnes dans la section cloisonnée de l'alimentation.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres questions
sur ce sujet? J'ai une demande du député de Gouin pour cette
question.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. D'abord, il y a deux
sujets que je veux aborder...
Le Président (M. Tremblay): C'est bien sur cette question,
M. le député?
M. Rochefort: Oui, oui, je suis à l'article 1.1, 2°,
définition d'établissement commercial. Je veux joindre ma voix
à celle de la députée de Maisonneuve. Moi aussi je suis
assez agacé par le dernier alinéa de l'article 5 que l'on
retrouve à l'article 4 du projet de loi, à cause de toute la
question du cloisonnement. Je me souviens très bien quand, il y a huit
ou dix ans, les pharmacies d'escompte et les pharmacies à grande surface
ont vu le jour. C'est à partir de la notion de cloisonnement, qui alors
avait été imposée, sauf erreur, par l'Ordre des
pharmaciens du Québec, qu'on avait réussi à offrir cette
variété de produits et cette possibilité de vendre
d'autres produits que les produits pharmaceutiques aux heures prévues
pour la vente de produits pharmaceutiques. Ma crainte est que cela donne lieu
à des abus de même nature et que dans cinq ans, par exemple, on se
retrouve en disant: On s'aperçoit que le marché s'élargit
à cause de cette disposition dans tel ou tel domaine. Là on va
recorriger la Loi sur les heures d'affaires pour dire: Vous avez un droit
acquis, et on repart à zéro à partir de là. Il me
semble que c'est le saute-mouton.
Je voudrais qu'on ait des assurances beaucoup plus précises quant
à la notion de cloisonnement et quant au fonctionnement, un peu comme
Mme la députée de Maisonneuve le disait. Il me semble qu'il faut
s'assurer que ce soit vraiment différent: donc, qu'il y ait une caisse
différente et qu'il y ait un numéro civique différent, de
façon qu'on puisse vraiment distinguer l'un de l'autre. Sinon tout ce
qu'on fait c'est qu'on va fondre un grand nombre de choses les unes dans les
autres et qu'on ne s'y retrouvera plus. Je crains que dans cinq ans on ne se
retrouve avec exactement la même situation qu'on a connue dans le monde
pharmaceutique et qu'on s'aperçoive que cette disposition nous a permis
d'élargir tellement un grand nombre d'activités commerciales,
qu'on sera obligé d'adopter une loi pour dire: On reconnaît les
droits acquis parce que c'était légal à cause de la
disposition du cloisonnement et là on va repartir un peu plus
serré.
Une deuxième intervention que je veux faire à l'article
1.1, 2 , quant à la définition de l'établissement
commercial. On dit: "Tout établissement ou autre endroit où des
produits sont vendus ou offerts en vente au détail." (12 h 15)
Je veux aborder une question que j'ai soulevée lors de
l'étude en commission parlementaire des mémoires des organismes
qui se sont présentés devant nous sur ce projet de loi: c'est la
question des manufactures. Si je comprends bien, une manufacture ce n'est pas
un établissement de vente au détail. Donc, les manufactures ne
seront pas couvertes par les dispositions de la définition qu'on
retrouve à l'article 1.2. Toutefois, je veux utiliser l'occasion que
nous fournit l'étude de cet alinéa pour refaire le plaidoyer que
j'avais fait en commission parlementaire, M. le ministre.
Je suis conscient qu'on ne peut peut-être pas régler ce
problème par le projet de loi 59, mais je veux, au minimum, avoir
l'assurance de votre part qu'il y a un comité, un groupe de travail qui
a été mis sur pied chez vous, au ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme, en relation avec les commerçants au
détail pour s'assurer qu'on aura des prescriptions qui
contrôleront, qui régiront mieux l'activité commerciale de
vente au détail qu'on retrouve dans les manufactures, notamment à
Montréal. Il s'agit là d'une concurrence déloyale de la
part des producteurs à l'endroit des commerçants qui
achètent leurs produits et qui doivent encourir des frais importants
pour être en mesure de tenir des magasins ouverts, avoir des
employés sur le plancher. Cela fait qu'ils sont dans une situation
où ils achètent d'un manufacturier et le même manufacturier
leur fait concurrence directement.
Il faut vraiment avoir eu l'occasion de voir ce phénomène
évoluer à Montréal pour en comprendre toutes les
dimensions. C'est évident que le consommateur, à première
vue, croit que ce système est profitable pour lui. Mais quand on sait
qu'il s'agit là souvent de ventes qui sont exemptes des droits du
ministère du Revenu à cause de l'illégalité de
l'existence de leur commerce et que, deuxièmement, le commerçant
au détail est forcé d'ajouter au coût du produit qu'il vend
l'ensemble des coûts de fonctionnement que la manufacture n'est pas
obligée d'ajouter, le consommateur aussi, à long terme, est
perdant dans une telle procédure. Je voudrais m'assurer qu'on a vraiment
un groupe de travail qui, à court terme, va tenter d'apporter des
solutions à ce phénomène qui gruge considérablement
l'activité commerciale que les établissements de commerce au
détail ont comme activité principale et que leur reconnaît
la loi de façon exclusive.
M. Biron: M. le député de Gouin, je dois vous dire,
en commençant par votre deuxième point, que c'est bien notre
intention de faire cesser cela, surtout la vente au détail le dimanche.
Je pense que vous vous plaignez de cette vente par certaines entreprises
manufacturières dans le centre de Montréal.
M. Rochefort: Le samedi aussi.
M. Biron: Le samedi, ils ont le droit de
vendre au détail; mais le dimanche, aussitôt qu'ils vendent
au détail en dehors des heures d'ouverture, ils sont couverts par cette
loi même si ce sont des entreprises manufacturières. Autrefois, on
pouvait les poursuivre et les faire condamner à 40 $ d'amende.
Évidemment, faire une cause pour même pas 40 $ - souvent, le juge
dit que c'est 1 $ - cela n'a pas de sens.
Maintenant que les amendes sont beaucoup plus élevées,
j'ai l'impression que les gens vont y songer deux fois avant d'ouvrir le
dimanche, en dehors des heures d'ouverture de vente au détail, parce que
s'ils sont poursuivis, la première amende c'est de 200 $ à 5000
$, et la deuxième amende c'est de 400 $ à 10 000 $. Nous avons la
ferme intention de poursuivre les contrevenants maintenant qu'on a des amendes
un peu plus respectables dans ce domaine. On pense qu'avec des amendes comme
ça, on va corriger à peu près toute la situation.
Quant à votre première question sur le cloisonnement - ce
qui rejoint la question de Mme la députée de Maisonneuve - il ne
faut pas empêcher certaines entreprises d'oeuvrer dans deux domaines
d'activité. On va prendre une tabagie qui vend du tabac, des journaux
tout ça, mais qui prend de l'expansion dans le domaine de
l'alimentation: elle peut avoir cinq employés dans le domaine du tabac
et des journaux, mais si elle prenait de l'expansion dans le domaine de
l'alimentation en ayant cinq autres employés dans ce domaine, cette
tabagie n'aurait pas le droit d'ouvrir le dimanche, sauf si elle était
cloisonnée et si elle fermait sa section alimentation.
Dans la tabagie, les journaux et périodiques, il peut bien y
avoir cinq employés, il n'y a pas de problème; mais dans
l'alimentation, il ne peut pas y en avoir plus que trois. La tabagie peut aussi
vendre des marchandises sèches, des vêtements, des choses comme
ça, mais elle n'aurait pas le droit d'ouvrir le dimanche, sauf si elle
était cloisonnée. À ce moment-là, la section
tabagie, journaux, périodiques, livres pourra être ouverte le
dimanche. C'est dans ce sens qu'on a mis un cloisonnement. On ne veut pas non
plus forcer les entreprises à gaspiller bien de l'argent et à
refaire deux compagnies différentes, mais je pense qu'il faut quand
même être compréhensif et être flexible
là-dessus.
Du côté des pharmacies, vous avez raison; elles se sont
développées, avec la loi sur les heures d'affaires qui leur
donnait le droit de vendre de l'alimentation le dimanche. On vendait de
l'alimentation par accident au départ. Après, cela a
augmenté et nous en sommes venus à des pharmacies à grande
surface qui, totalement et légalement, avaient le droit de vendre de
l'alimentation le dimanche avec plusieurs employés. Pour
celles-là, ce sont des droits acquis, il faut bien le reconnaître.
Il n'y a pas d'autres trous dans la loi, d'autres ouvertures maintenant pour
permettre à certains secteurs d'ouvrir le dimanche sans limite dans des
domaines comme l'alimentation en particulier. Je pense que la loi actuelle
resserre assez les trous et les passe-droits pour finalement les
empêcher.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, il me semblait que ce
à quoi le député a fait allusion, c'est plutôt au
fait que des manufacturiers vendent ou font un deuxième commerce au lieu
de passer par des vendeurs ou des marchands qui normalement ne font que la
vente. Je comprends bien les problèmes auxquels ces détaillants
font face. D'ailleurs, ils nous en ont fait part en commission parlementaire.
Je crois qu'on devrait se poser beaucoup de questions. Il me fait plaisir de
voir que le ministre a demandé à des gens d'étudier cela.
On va retrouver la même chose dans le domaine de l'alimentation. En fait,
dans le domaine de l'alimentation on s'aperçoit qu'il y a des nouveaux
commerces qui commencent à se créer où, contrairement
à ce qui existait à venir jusqu'à maintenant alors qu'on
avait des magasins extrêmement sophistiqués, on offre la
marchandise à prix réduit. Dans une certaine mesure on peut dire
que c'est la manufacture qui vend directement. Alors, je crois qu'on doit
étudier la situation. Je ne suis pas certain qu'on doive conclure,
dès maintenant, que ce soit nécessairement pervers. C'est une
concurrence qui devrait être prise en considération par ceux qui
sont dans un commerce de l'alimentation ou du vêtement. Quant à
moi, ce serait important d'en mesurer l'ampleur. Je sais par des amis, par des
gens qui vont rue Chabanel à Montréal acheter des
vêtements, que pour ceux qui veulent acheter des vêtements d'une
certaine qualité il n'y a pas de prix tellement réduits. Ce
serait intéressant de connaître l'impact exact, pour quel genre de
vêtements, quelle qualité de vêtements. D'après les
gens qui s'y connaissent en vêtements et qui sont allés là,
ils ne sont pas certains de toujours faire un bon achat lorsqu'ils vont rue
Chabanel si on recherche une certaine qualité de vêtements.
À ce moment-là, je crois quand même que ce
phénomène-là doit être 'étudié pour en
mesurer toute l'ampleur. Je ne suis pas convaincu, avec l'information que j'ai
dans le moment - et on en a très peu - que l'État doive
nécessairement intervenir dans ce genre de commerce.
Peut-être que si on prend le domaine de l'alimentation en
particulier on doit se réjouir que des gens, des commerçants
trouvent une nouvelle façon d'offrir des marchandises ou des
aliments qui soient meilleur marché que ceux qui sont installés
depuis 25 ou 30 ans, qu'un nouveau type de marchands cherche une nouvelle
façon de faire concurrence à Steinberg. Il va falloir que
Steinberg ou Provigo s'ajuste. Dans le fond, je crois qu'il faut prendre en
considération l'avantage des citoyens du Québec et des
consommateurs comme tels.
J'aurais juste une question générale et j'aurais dû
vous la poser au tout début. J'aimerais savoir dès maintenant si
cela peut influencer nos débats sur les différentes
définitions d'établissement commercial ou de client. Est-ce que
le ministre a l'intention de déposer des amendements à l'un ou
à l'autre article?
M. Biron: Quelques amendements, M. le député
d'Outremont, que j'ai annoncés hier.
M. Fortier: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quels
articles en gros, sans entrer dans la discussion, juste pour que l'on
sache?
M. Biron: Vraiment de petits amendements, sauf, à
l'article 3, troisièmement où il y aura un amendement pour lire
21 heures au lieu de 22 h 30.
M. Fortier: Après, c'est tout?
M. Biron: Les autres ce sont de petits amendements.
L'entrée en vigueur de la loi c'était marqué 30 jours.
Après discussion avec certains membres de l'Assemblée nationale
des deux côtés de la Chambre, on nous suggère
d'écrire "par décret du gouvernement" pour nous permettre d'en
appliquer une partie. Si cela entrait en vigueur le 25 juillet, ce serait un
peu difficile pour les commerces de s'établir le 25 juillet.
M. Fortier: II n'y a rien de substantiel dans les
amendements.
M. Biron: II n'y a rien de substantiel dans les amendements
à part cela.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le ministre, toujours sur cette question,
j'aimerais vous soumettre un scénario possible d'interprétation
de ces articles, 1 alinéa 2 et la fin de l'article 5, pour savoir s'il
pourrait donner lieu à une interprétation comme celle qui m'a
été soumise et qui préoccupe beaucoup les gens qui me
l'ont soumise, à savoir que la présomption d'une partie distincte
et cloisonnée permet d'effectuer la vente au détail lorsqu'il n'y
a jamais plus de trois personnes en même temps pour assurer le
fonctionnement. Et, on me soumettait le scénario suivant, par exemple,
dans le cas d'une boucherie où la partie avant, accessible aux
consommateurs pour la vente au détail, serait administrée par
jamais plus de trois personnes et pourrait fonctionner avec un maximum de trois
personnes mais, la partie arrière où peut s'effectuer la coupe de
la viande et serait distincte et cloisonnée, pourrait donner lieu
à une activité intense. Par exemple, faisons l'hypothèse
d'une dizaine de personnes. Est-ce que c'est un scénario possible,
à savoir que la présomption jouerait pas seulement dans le sens
où il y a trois personnes au plus qui peuvent faire fonctionner la vente
au détail, mais que la partie distincte et cloisonnée pour la
préparation des aliments derrière pourrait, elle, rendre
opérant le travail de plusieurs personnes qui viendraient simplement
alimenter la partie avant?
M. Biron: Si c'est le même établissement ou la
même entreprise, on ne peut pas dire qu'il y aura trois commis en avant
et des caissiers qui vont prendre des commandes, qu'il y aura quinze personnes
en arrière qui vont débiter la viande...
Mme Harel: Même s'il y a une partie distincte et
cloisonnée?
M. Biron: ...et les trois vont pouvoir travailler en avant et les
quinze en arrière vont travailler sous prétexte qu'ils
débitent la viande. C'est la même entreprise, c'est surtout la
même entreprise sur le même toit. Or, ce serait...
M. Fortier: À moins que ce soit de l'autre
côté de la rue.
M. Biron: Ce serait une façon, je pense, trop
élégante de passer à côté de la loi. Dans ce
cas en particulier, l'exemple de votre boucherie, c'est trois incluant celui ou
celle qui débite la viande sur mesure ou sur commande pour le
client.
Mme Harel: Cela veut donc dire que lorsqu'il y a
présomption d'une partie distincte et cloisonnée, c'est la
présomption que l'ensemble des activités de fonctionnement doit
s'effectuer dans cette partie distincte et cloisonnée?
M. Biron: D'un point donné, comme l'alimentaire, c'est
sûr que si c'était cloisonné et avec une manufacture de
chemises ou je ne sais trop quoi... mais si c'est l'alimentaire, prendre la
commande de viande et tout de suite préparer la commande en
arrière, c'est vraiment le même établissement et il ne peut
y voir plus de trois personnes en même temps.
Mme Harel: Vous dites donc que la présomption d'une partie
distincte et cloisonnée serait interprétée de façon
telle que tout le fonctionnement devrait avoir lieu sur la surface de cette
partie distincte et cloisonnée.
M. Biron: C'est exact.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Oui. Un autre cas que je voudrais faire
préciser par le ministre. On parlait plus tôt du cas d'une
tabagie, par exemple, qui aurait commencé il y a quelques années
avec des moyens très humbles mais qui aurait grossi avec le temps et qui
se serait diversifiée dans l'alimentation et où, à un
moment donné, il y aurait eu, disons, cinq personnes dans la section
tabagie et cinq personnes dans la section alimentation. Or, le ministre dit
qu'à ce moment, le dimanche, il faudrait fermer la section alimentation.
Si cette tabagie, dans sa section alimentation, décidait d'ouvrir le
dimanche avec trois personnes seulement, est-ce que ce serait possible?
M. Biron: Non, parce qu'il fonctionne avec cinq personnes durant
la semaine. C'est sur toute la semaine, c'est-à-dire qu'une entreprise
en alimentation ne pourrait pas oeuvrer avec dix personnes la semaine et trois
le dimanche. C'est régulièrement oeuvrant avec trois
personnes.
M. Bourbeau: Si c'est une tabagie qui a une section alimentation
et que cette section fait affaires avec cinq personnes la semaine, est-ce
qu'elle pourrait ouvrir avec la section alimentation le dimanche avec trois
personnes dans sa section alimentation?
M. Biron: Si elle exploite la section alimentation la semaine
avec cinq personnes, elle ne pourra pas ouvrir le dimanche.
M. Bourbeau: C'est bien ce que j'avais compris, mais je voulais
être sûr qu'il n'y avait pas de distinction.
M. Biron: On a aussi des exemples beaucoup plus clairs: des
tabagies qui vendent des journaux et du textile, des vêtements, il y en a
beaucoup à travers le Québec. Alors, ils ferment la section
textile, vêtement, le dimanche. La section tabagie, journaux, est ouverte
le dimanche.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, pour revenir à la
question du cloisonnement, à la suite de l'échange intervenu
entre le ministre et la députée de Maisonneuve, je crois qu'on
peut reconnaître que le ministre précise la notion du
cloisonnement, ses limites, etc. Ce que j'ai le goût de dire, c'est: sur
quoi le juge va pouvoir asseoir sa définition et les limites du
cloisonnement? Je comprends que le ministre, lui, nous tient un discours qui
peut être jusqu'à un certain point rassurant, qui est moins
inquiétant que le texte lui-même. Mais le juge, lui, il
n'utilisera pas le discours du ministre pour juger si le cloisonnement est
allé trop loin ou si c'est vraiment un autre établissement.
Où sont les assises juridiques d'une telle interprétation? Je ne
veux pas jouer à l'avocat mais... (12 h 30)
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: D'accord. Ce qu'on va exiger avec cette loi maintenant
ce sera une partition, et vraiment une partition. Autrefois on tolérait
un cable ou une corde qui coupait toute une section et on disait: Cela marche.
Mais là on va exiger une partition, non pas une partition
nécessairement en blocs de ciment ou en béton armé; une
partition qui soit en même temps décorative mais qui puisse
être respectée, et ce sera très clair.
M. Fortier: II faudrait suggérer au ministre "en panneaux
de la vallée".
M. Biron: Ah! Cela ne coûte pas cher.
M. Bourbeau: C'est une partition qui va aller jusqu'au
plafond.
M. Biron: Nous croyons qu'en exigeant la partition ce sera
très clair. Nous pensons que les établissements vont respecter le
cloisonnement.
M. Rochefort: Je répète et je reprends l'exemple de
Mme la députée de Maisonneuve, qui décrivait un cas
hypothétique que vous rejetez du revers de la main par votre
explication. Votre explication sur quoi est-elle assise au plan juridique? Vous
nous dites: Nous allons exiger des vraies cloisons solides etc., mais dans quel
cas faudra-il cloisonner? Dans quel cas ce ne sera pas nécessaire de
cloisonner etc? Dans quel cas quelqu'un aura-t-il eu droit de cloisonner? Dans
quel cas quelqu'un n'aurait pas dû cloisonner? Je ne veux pas essayer de
"fafiner", je veux juste...
M. Biron: Les gens qui ne vendent que des journaux ou que du
tabac n'ont pas besoin de cloisonner.
M. Rochefort: Bon, d'accord.
M. Biron: Les gens qui vendent des journaux, du tabac et de
l'alimentation et qui n'ont pas plus que trois personnes en même temps
toute la semaine à l'alimentation, mais seulement trois personnes
constamment durant la semaine...
M. Fortier: À l'alimentation.
M. Biron: ...à l'alimentation, n'ont pas besoin de
cloisonner. Aussitôt qu'on dépasse les trois personnes dans
l'alimentation et qu'on vend de l'alimentation et d'autres choses, là il
faut cloisonner. Si on vend d'autres choses le dimanche en plus du tabac, les
journaux etc., il faut cloisonner. Vous me dites...
M. Fortier: Si le ministre me permet, comment allez-vous
vérifier? Vos inspecteurs vont-ils vérifier les listes de paie ou
exiger qu'il y ait une liste de paie pour la section cloisonnée et une
autre liste de paie pour les autres? Je veux dire que, s'il y a juste une
cloison,...
M. Biron: Non.
M. Fortier: ...c'est pas mal difficile à vérifier,
s'il y a une cloison où les gens travaillent ou ne travaillent pas.
M. Biron: S'il y a une cloison c'est simple à
vérifier dans le fond. Vous allez le dimanche et si la partie de la
tabagie est ouverte et qu'il y a une cloison, et que l'autre partie de la
lingerie et des vêtements est fermée c'est bien simple.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Pour vraiment bien comprendre la portée de
cette disposition à l'article 5, alinéa 1, à la toute fin
on lit: "Pourvu qu'à chaque jour d'ouverture il n'y ait jamais plus de
trois personnes en même temps pour assurer le fonctionnement de cet
établissement commercial ou de la partie distincte et cloisonnée
de cet établissement où s'effectue la vente des denrées
alimentaires." Il faut voir que l'interprétation n'est pas conjonctive,
ce n'est pas et... Donc, il est possible pour un établissement
commercial d'avoir un grand nombre de personnes sur la surface de vente durant
la semaine et je dois comprendre qu'il ne doit jamais y avoir plus que trois
personnes dans la partie cloisonnée qui elle est ouverte le
dimanche.
M. Biron: S'ils veulent ouvrir le dimanche, c'est exact, vous
avez raison.
Mme Harel: Donc, les inspecteurs seraient susceptibles d'aller
non pas seulement le dimanche mais également durant la semaine
vérifier s'il y a plus que trois personnes sur la surface de la partie
distincte et cloisonnée, parce que cela est un maximum en tout temps de
trois personnes au plus.
M. Biron: Vous avez raison. Mme Harel: C'est bien
cela.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir également...
Mme Harel: Si vous me permettez, pourquoi ne pas changer le "ou"
par un "et"?
M. Biron: Quel article...
Mme Harel: Article 5, alinéa 1.
M. Biron: On arrivera là tout à l'heure. Mais si
vous changez le "ou" par un "et", cela veut dire que les deux ensemble devront
avoir trois personnes au maximum. La tabagie que je citais tout à
l'heure n'aura pas le droit d'ouvrir.
Mme Harel: Très bien, je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Pour revenir encore à la question de la
partie distincte et cloisonnée, quand on regarde l'article 5 - on n'est
pas encore rendu à l'article 5, mais puisqu'on discute des
définitions on est rendu à discuter de cela -
M. Fortier: ...certaines définitions dans...
M. Bourbeau: ...la notion de la partie distincte et
cloisonnée arrive dans le projet de loi à la fin du premier
alinéa, sous-paragraphe 19, où on dit: Aux fins du présent
article une partie distincte et cloisonnée de l'établissement est
réputée être un établissement commercial. Je dois
dire qu'à l'article 5, 1er paragraphe, de 1 à 19 je ne vois pas
qu'il y ait mention dans le projet de loi, jusqu'à ce moment, d'une
partie distincte et cloisonnée. Est-ce que je me trompe?
M. Biron: Non. Vous ne vous trompez pas.
M. Bourbeau: Aux fins du présent article, on introduit la
notion d'une partie distincte et cloisonnée alors qu'il n'en a pas
encore été question. Alors, cela me paraît un peu
étrange que cela arrive à ce moment-là. Il faut aller au
paragraphe suivant pour entendre parler de la partie distincte et
cloisonnée. Et là on en parle en disant: "II n'y a jamais eu plus
de trois personnes en même temps pour assurer le fonctionnement de cet
établissement commercial ou de la partie distincte et cloisonnée
de cet établissement où s'effectue la vente des denrées
alimentaires." Donc, on restreint la notion de la partie distincte et
cloisonnée à l'alimentaire.
M. Biron: Non, à l'alimentaire, au tabac, aux journaux,
aux périodiques, à la pâtisserie et à la confiserie:
1,2,3,5, 7° et 8°.
M. Bourbeau: Évidemment, peut-être à cause du
dernier alinéa. Je ne sais plus si on parle d'alinéa, mais du
paragraphe qui suit 19 peut-être, mais en vertu de l'article 5.1, quand
on lit l'article 5.1, on se réfère, en parlant de partie
cloisonnée et distincte, uniquement à l'alimentaire. C'est
probablement à cause du fait qu'au paragraphe précédent on
disait "...une partie distincte et cloisonnée est réputée
être un établissement commercial" qu'on peut se rattacher à
cela. Cela n'est pas très clair, à l'article 5.1 on semble
limiter la notion de partie distincte et cloisonnée uniquement à
l'alimentaire. Je ne sais pas si le ministre me suit. À quel endroit
est-il dit qu'on doit cloisonner en dehors de l'alimentaire?
M. Biron: Dans le fond, c'est parce qu'on autorise les journaux
et le tabac. Par exemple, si on ne vend que cela, il n'y a pas de
problème; mais si, par ricochet, ces gens-là vendent de
l'alimentation, celle-ci est "normée" à trois au maximum. Il y a
le permis de vendre de l'alimentation le dimanche, mais à condition de
n'avoir pas plus que trois. Alors, on ne veut pas que des gens se servent de
l'article 1 pour vendre par ricochet de l'alimentation et vendre avec dix ou
quinze personnes dans l'alimentation. C'est dans ce cas-là qu'on est
obligé d'intervenir pour dire: Si vous allez dans l'alimentation, vous
cloisonnez, mais vous n'avez pas le droit de dire plus que cela. Il peut y
avoir quinze personnes dans les journaux et dans le tabac, si on veut, mais
dans l'alimentation, c'est limité à trois.
M. Bourbeau: Je vous suis très bien, mais tout à
l'heure vous parliez de cloisonner la partie des vêtements le
dimanche.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: À quel endroit nous dit-on ici qu'un commerce
qui vend des journaux et des vêtements doit cloisonner la partie
où on vend des vêtements le dimanche? Cela ne me paraît pas
évident en tout cas.
M. Biron: C'est parce que l'entreprise dont l'activité
exclusive est la vente de journaux, si c'est cloisonné et que dans tout
le reste elle vend des vêtements, l'activité exclusive de cet
établissement commercial est considérée
indépendante au point de vue de la loi et le commerçant a le
droit de vendre des journaux.
M. Bourbeau: C'est ce que vous dites, mais où est-ce dit
dans la loi?
M. Biron: "Aux fins du présent article, une partie
distincte et cloisonnée d'un établissement commercial est
réputée être un établissement commercial." Alors, si
vous cloisonnez votre partie journaux, périodiques et livres, même
si vous avez 50 employés de l'autre côté pour vendre des
vêtements la semaine, la partie cloisonnée vous pouvez l'exploiter
le dimanche.
M. Bourbeau: Je comprends ce que me dit le ministre, mais je me
demande si cela découle très clairement de la loi.
M. Biron: C'est comme cela qu'on l'avait autrefois et cela a
été respecté.
Une voix: Cela fonctionnait bien.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez terminé, M.
le député? Oui? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: À ce sujet, M. le député, il faut
lire les articles comme étant la règle générale,
qui est la fermeture le dimanche. Ensuite, il y a des exceptions à cette
règle générale, mais la règle
générale vaut pour les marchandises sèches comme les
vêtements. Les exceptions à cette règle sont
énumérées. Ce sont des exceptions qui ne portent pas sur
la marchandise sèche comme les vêtements. Donc, la règle
générale c'est fermé le dimanche pour, l'exemple que vous
donniez, le vêtement. Les exceptions sont énumérées,
mais il y a des exceptions à ces exceptions, à savoir ceux des
établissements qui n'ont jamais plus de trois employés. Alors, il
y a la règle générale de fermeture, il y a les exceptions
à cette règle générale qui sont
énumérées; ensuite il faut lire, comme rédaction de
la loi, des conditions à cet exercice de l'exception qui est de n'avoir
jamais plus de trois employés.
Le Président (M. Tremblay): L'article 1 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais savoir...
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président, ne vous
impatientez pas. L'article 1, ce sont les deux définitions. C'est
cela?
Le Président (M. Tremblay): C'est cela.
M. Fortier: Vous avez changé la définition
d'établissement commercial par rapport à l'ancienne loi. Est-ce
qu'il y a une raison? Avant, on ne parlait pas de vente de produits, on parlait
de vente de denrées ou marchandises. Est-ce que c'est un avis juridique
que vous avez obtenu dans ce sens?
M. Biron: Oui, pour le rendre beaucoup plus clair.
M. Fortier: Quant à moi, je suis d'accord.
Le Président (M. Tremblay): L'article 1 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que le ministre veut le présenter
avant que j'intervienne, M. le Président?
Jours de fermeture
Le Président (M. Tremblay): Voulez-vous présenter
l'article 2?
M. Biron: Oui, on a ajouté à l'ancienne loi la
fermeture le dimanche et la fermeture le 2 janvier, toute la journée.
Hier, à la suite de certaines interventions de l'Opposition - je pense
qu'il y avait un amendement de l'Opposition pour le 1er juillet - il n'y a pas
eu de mauvaise volonté de notre part. Le 24 juin, si c'est un dimanche,
est fêté le 25 juin et, à mon point de vue, le 1er juillet,
si c'est un dimanche, devrait être fêté le 2 juillet. C'est
tout simplement dans la transcription, je l'avais quelque part dans mes textes;
d'ailleurs, je l'avais sur l'ancienne loi.
M. Fortier: Est-ce que c'est la loi fédérale qui
détermine le 1er juillet?
M. Biron: C'est la loi fédérale qui
détermine le 1er juillet.
M. Fortier: Est-ce que la loi fédérale dit que si
c'est un dimanche, la fête est reportée au lendemain?
M. Biron: Non.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a un amendement
écrit?
M. Biron: Je croyais avoir l'amendement de l'Opposition. Je ne
l'ai pas présenté, mais si on en a un...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si ce que le
ministre vient de dire est exact. Il dit que la loi fédérale ne
prévoit pas que ce soit reporté au 2 juillet, mais on a des
indications contraires à cela ici. J'ai la Loi respectant les jours
fériés, une loi fédérale, qui dit: "Si le 1er
juillet tombe un dimanche, le 2 juillet est, en ce cas, jour
férié dans toute l'étendue du Canada. Il doit être
observé comme tel sous le nom de fête du Canada." Je ne sais pas
si le Québec est encore dans le Canada, mais si c'est le cas, on est
encore sujets à cette loi.
M. Biron: M. le député de Laporte, je dois vous
dire que si c'est cette loi, c'est 40 $ d'amende pour ceux qui passent outre,
au maximum. Hier, j'ai écouté les propos des
députés de l'Opposition et il y en a un ou deux qui sont
intervenus. Je ne vois pas du tout d'objection. Si vous n'avez pas d'amendement
préparé, j'en fais écrire un et on s'entend que c'est la
même chose que pour le 24 juin.
M. Fortier: On peut prendre à peu près le
même libellé que pour le 24 juin.
M. Bourbeau: C'est-à-dire le 1er juillet...
M. Biron: Ou le 2 juillet, si le 1er tombe un dimanche.
M. Fortier: Je prendrais le même libellé.
M. Bourbeau: On pourrait marquer: Le 1er juillet...
Le Président (M. Tremblay): Le secrétaire de la
commission est en train de l'écrire, ce sera fait...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux faire une
suggestion? Cela pourrait se lire: "Le 1er juillet, jour de la fête du
Canada, ou le 2 juillet, si le 1er tombe un dimanche."
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, on a une
proposition du député de Laporte. C'est la seule que nous avons
présentement de la part d'un membre de la commission. Elle est en
discussion présentement, à moins qu'il y ait d'autres
amendements à l'article 2.
M. Biron: Oui, on va y aller amendement par amendement.
Le Président (M. Tremblay): Nous allons y aller d'abord
avec l'amendement et, après, nous parlerons de l'article. Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, nous discutons bien de
l'amendement proposé par l'Opposition.
Le Président (M. Tremblay): Lequel sera écrit dans
quelques minutes.
M. Dussault: C'est au point 6 de l'article 2. Je suis d'accord
avec cet amendement parce que je pense qu'il faut tenir compte des
réalités. Cependant, je ne voudrais pas rater l'occasion de faire
des corrections par rapport à ce qui a été dit hier
à l'Assemblée nationale relativement à cet article. Mme la
députée de L'Acadie nous a prêté la plus grande
mesquinerie qu'elle ait pu trouver à cet égard en faisant valoir
que c'est parce qu'on était le gouvernement, le parti péquiste,
qu'on était mesquin et qu'on n'avait pas voulu reconnaître pour la
fête du Canada ce qu'on reconnaissait pour la fête nationale du
Québec. (12 h 45)
M. le Président, je voudrais rappeler tout simplement que dans
l'ancienne loi, que nous n'avons pas faite - cette loi-là a
été faite par les libéraux - la même mesquinerie
s'il y avait mesquinerie, existait. Comme on a reproduit exactement le
même texte qu'il y avait dans l'ancienne loi, je pense qu'il n'y avait
vraiment rien là qui puisse nous faire traiter de mesquins. La preuve,
M. le Président, c'est que devant l'étude de la chose nous nous
rendons a l'évidence qu'il y a lieu de faire une correction et nous nous
prêtons de bonne grâce à cela. Je voudrais que les
députés de l'Opposition disent à Mme la
députée de L'Acadie, quand ils la verront - ils vont
sûrement la voir bientôt - qu'il n'y avait pas de mesquinerie de
notre part, que ce sont tout simplement les circonstances qui ont fait que les
choses soient comme cela. M. le Président, merci.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je prends acte...
Le Président (M. Tremblay): C'est toujours sur
l'amendement.
M. Bourbeau: Oui. Je prends acte du fait que le
député soutient qu'il n'y a pas de mesquinerie. Je lui fais
confiance et je lui donne le bénéfice du doute. Dans ces
conditions, je comprends que, sans aucune mesquinerie... J'aimerais qu'on
indique au paragraphe 6: "le 1er juillet, jour de la fête du Canada ou le
2 juillet si le 1er juillet tombe un dimanche". Je fais motion pour que cet
amendement soit accepté. C'est verbatim la traduction de ce qui a
été fait pour le paragraphe 5.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que cet amendement est voté, M. le
Président? Ce n'est pas sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Ah! non. J'avais
déjà retenu votre nom...
M. Rochefort: Une fois que l'amendement sera...
Le Président (M. Tremblay): ...pour l'article 2. Pour cet
amendement, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de
l'article 2, alinéa 6, pour le 1er juillet? Est-ce que l'amendement est
adopté? Je relis l'amendement, article 2, alinéa 6: "Le 1er
juillet, jour de la fête du Canada ou le 2 juillet si le 1er juillet
tombe un dimanche."
M. Biron: Est-ce qu'on peut enlever jour de la fête du
Canada?
M. Bourbeau: Je l'ai proposé parce que j'ai pris le texte
qui est dans la loi fédérale. C'est comme cela qu'on appelle
cette fête-là. À l'égard de la fête du
Québec... Pour ce qui est de la fête du Québec, la loi dit
que c'est le jour de la fête nationale et c'est le texte qu'on a
employé. Dans le cas de la fête du 1er juillet, elle est
appelée dans la loi - c'est l'appellation légale - la fête
du Canada. Alors, j'aime à utiliser la même technique pour le
paragraphe 6 que pour le paragraphe 5. Si la majorité gouvernementale
n'est pas d'accord, qu'elle vote contre.
Le Président (M. Tremblay): Juste une petite correction de
concordance que je vous demanderais d'écouter M. le député
de Laporte. Vous me reprendrez si jamais vous n'acceptez pas cela. Ce serait
alinéa 6: "Le 1er juillet, jour de la fête du Canada ou le 2
juillet si le 1er juillet tombe un dimanche."
M. Bourbeau: C'est bien cela.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que cet amendement est
adopté? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
Présentement, je n'entends rien ni d'un côté
de la table...
Une voix: Adopté.
M. Biron: Non, on est en train d'étudier l'amendement, M.
le Président.
M. Dussault: On est d'accord avec l'esprit, M. le
Président, mais pour voir si le Verbatim correspond totalement à
nos préoccupations habituelles.
M. Bourbeau: Qu'on connaît!
Mme Harel: Est-ce qu'on peut faire un petit amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Ah! oui. Mon devoir, mon
obligation est de recevoir tout amendement s'il est recevable.
Mme Harel: M. le Président, je proposerais que,
conformément à la loi actuelle, nous lisions au paragraphe 6: "Le
1er juillet ou le 2 juillet si le 1er juillet tombe un dimanche."
Le Président (M. Tremblay): Je ne peux pas recevoir cela.
Ce n'est pas un sous-amendement, formulé tel que vous l'avez
formulé. C'est une nouvelle proposition.
Mme Harel: Non, mon amendement est à l'effet de biffer
"jour de la fête du Canada".
Le Président (M. Tremblay): Ah! cela ressemble à un
sous-amendement. Alors, votre sous-amendement est à l'effet de biffer
dans l'amendement les mots "jour de la fête du Canada".
Est-ce qu'il y a des interventions sur ce sous-amendement?
M. Biron: Je peux dire au député de Laporte qu'on
lui donne raison sur le fond. On ne change que la forme.
M. Dussault: M. le Président, en plus, cela ne
relève pas de nous de qualifier cette fête. S'il arrivait qu'un
autre gouvernement la qualifiait autrement, il faudrait qu'on amende encore la
loi. Il s'agit tout simplement de ne pas la qualifier, mais de
reconnaître qu'il y a un congé le 1er juillet et qu'on le reporte
au lendemain si le 1er juillet est un dimanche.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur le sous-amendement?
M. Bourbeau: J'aurais aimé que la députée de
Maisonneuve explique la raison pour laquelle elle propose ce sous-amendement.
J'aimerais l'entendre sur le sujet.
Mme Harel: Avec plaisir. C'est tout simplement pour être
conforme à la loi actuelle, la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, 1969, chapitre 60, article 2, qui prescrit
qu'aucun client ne doit être admis dans un établissement le 1er
juillet ou le 2 juillet si le 1er tombe un dimanche.
M. Bourbeau: C'est l'argument de forme, mais la
députée nous a habitués dans le passé à
apporter des arguments de fond. J'aimerais savoir la raison pour laquelle la
députée biffe les mots "fête du Canada".
Mme Harel: Je pense qu'il s'agit d'une question de forme, qu'on
devrait en disposer rapidement, parce qu'il y a beaucoup d'autres dispositions
plus importantes sur le fond.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, la députée
s'arrange pour calmer cette section du Parti québécois qui est...
M. le Président, sur division.
Le Président (M. Tremblay): Le sous-amendement pour biffer
de l'amendement les mots "jour de la fête du Canada" est adopté
sur division. Je rappelle l'amendement à la commission. Y a-t-il
d'autres discussions sur cet amendement? L'amendement est-il adopté?
M. Bourbeau: Seulement un commentaire, M. le Président. Je
me proposais d'aller porter le message à la députée de
L'Acadie, ce dont m'avait chargé le député de
Châteauguay, quant à la mesquinerie, mais je serai obligé
d'amender mon message maintenant.
M. Dussault: Si peu, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement se lit comme suit
maintenant tel qu'amendé: Remplacer le paragraphe 6 de l'article 2 du
projet de loi par le suivant: "Le 1er juillet ou le 2 juillet si le 1er tombe
un dimanche". C'est adopté sur division. Je remets la parole au
député de Gouin sur l'article 2.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, deux interventions
à l'article 2. D'abord à 9 . Si j'avais le droit de voter et de
faire des motions . à cette commission, je proposerais de biffer,
à 9 , les mots "avant 13 heures", pour qu'en conséquence le 26
décembre soit un jour chômé, férié, de
congé toute la journée pour l'ensemble des propriétaires,
des commerçants et des travailleurs et travailleuses du commerce au
détail afin, M. le Président, comme j'ai eu l'occasion de le
souligner hier en Chambre,
dans mon intervention à l'occasion de l'étude en
deuxième lecture du projet de loi, de leur donner eux aussi des
conditions de travail un peu plus conformes à ce qu'on doit trouver en
ces années quatre-vingt, et plus près de celles de l'ensemble des
Québécois et des Québécoises.
Comme je le disais hier, M. le Président, tous le reconnaissent,
le 26 décembre, à compter de 13 heures, ce n'est pas une
journée d'activités commerciales directes au sens où on la
connaît, mais c'est une journée d'échange de cadeaux qui
pourrait très bien se faire de la même façon, le 27, le 28,
le 29 décembre et les jours qui suivront, puisqu'on sait qu'on n'a plus
qu'une journée pour aller échanger ces cadeaux. Je
considère qu'on ne remettrait en question d'aucune façon
l'activité commerciale qui est un droit pour le consommateur, qui
l'exerce habituellement le 26 décembre à compter de 13 heures. On
respecterait en ce sens une préoccupation qui a été
émise par beaucoup d'intervenants dans le domaine du commerce au
détail, qui serait de leur donner une journée entière de
congé le lendemain de Noël. Pensons, par exemple, à la
situation où le 26 décembre est un lundi. Il y a des gens qui
cessent de travailler le 24 décembre à 9 heures et qui reprennent
le 26 décembre à 13 heures. Il s'agit là d'un congé
très peu important, très minime pour quelqu'un qui a droit, comme
l'ensemble des autres citoyens du Québec, de profiter du congé de
la fête de Noël. D'ailleurs, on le reconnaît pour le 2
janvier, M. le Président. Il me semble que, pour toutes ces bonnes
raisons, les membres de la commission devraient faire une motion en ce sens et
l'appliquer.
Le Président (M. Tremblay): Je trouve que vous avez des
arguments très convaincants, M. le député de Gouin. J'ai
hâte d'entendre l'argumentation du ministre en ce sens.
M. Bourbeau: Le président est censé être
neutre.
Le Président (M. Tremblay): Je suis neutre.
M. Dussault: Avant les commentaires, est-ce que je pourrais poser
une question à M. le député de Gouin? Je voudrais savoir
si, à sa connaissance, dans la Loi sur les normes du travail, le 26
décembre est une journée de congé reconnu et payé?
Son argumentation porte davantage sur cette préoccupation que sur la
question de savoir si cela doit entrer dans les heures légales de
travail.
M. Rochefort: M. le Président, je crois qu'il faut
plutôt prendre cela par le biais de la Loi sur les heures d'affaires,
à cause de la préoccupation d'équilibrer la concurrence,
de faire en sorte que tous les commerçants d'un même secteur
d'activité soient régis par les mêmes heures d'ouverture ou
de fermeture. Il est clair qu'à partir du moment où la Loi sur
les heures d'affaires dirait qu'on peut ouvrir à compter de 13 heures le
26 décembre et qu'un nombre suffisamment important de grands commerces
se prévaudraient de cette disposition, l'ensemble des commerçants
devraient ouvrir leur commerce et, conséquemment,
détériorer la qualité de vie des travailleurs et
travailleuses de ce secteur d'activité.
Il me semble que c'est bien à partir de la Loi sur les heures
d'affaires que la qualité de vie de ces travailleurs et travailleuses
doit être recherchée plutôt qu'à partir de la Loi sur
les normes du travail. Je suis conscient qu'il y aurait peut-être des
questions de concordance ou d'ajustements légaux qui devraient
être faits, mais je n'ai pas eu l'occasion de me pencher
là-dessus, d'autant plus que je ne suis pas membre de la commission; je
ne peux pas faire de motions, je ne peux pas voter. Vous m'avez accordé,
j'en suis bien fier, le droit de parole et je l'utilise pour plaider en ce
sens.
M. Biron: M. le Président, je reconnais la
préoccupation du député de Gouin. Je dois dire
là-dessus que la Loi sur les heures d'affaires telle que
présentée a été l'objet d'un front commun - pour ne
pas dire un quasi consensus - de tous les intervenants au Québec. On
peut y apporter quelques très légères modifications pour
conserver notre consensus ou notre front commun, mais il ne faut pas non plus y
apporter trop de modifications.
Dans ce sens-là, le 26 décembre est reconnu par tous les
intervenants commerciaux comme une excellente journée d'affaires. C'est
reconnu par les consommateurs comme étant une excellente journée
qui permet aux consommateurs, aux consommatrices d'aller dans les magasins.
Beaucoup de gens ont même demandé d'ouvrir le 26 décembre
durant la soirée pour leur donner plus de temps pour magasiner.
Vis-à-vis de l'alimentation, je verrais mal les gens de l'alimentation
accepter de fermer le 26 décembre. Si Noël tombait un lundi, les
magasins seraient fermés le dimanche, le lundi, le mardi 26
décembre; il y a un gaspillage énorme d'alimentation qui se
ferait. Je ne crois pas que les gens du secteur de l'alimentation soient
prêts à accepter cela à l'heure actuelle.
On a quand même réussi à convaincre les gens de
fermer le dimanche en particulier; on a réussi à les convaincre
de fermer le 2 janvier. Pousser trop dans ce sens-là, je pense que
cela... Ils ne seraient pas obligés d'ouvrir non plus mais, je pense
que cela ne rendrait service ni à l'activité du commerce
en détail, ni aux consommateurs et consommatrices en
général. Pour cette raison, je remercie le député
de Gouin de sa préoccupation, je ne peux malheureusement pas
l'accepter.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Seulement deux observations, M. le Président.
Dans la loi actuelle - puisque tantôt on a insisté pour se
conformer au texte de la loi actuelle - il est bien dit qu'à compter de
13 heures le 26 décembre, les magasins peuvent ouvrir.
Deuxièmement, comme le fait justement observer mon collègue le
député d'Outremont, dans toute cette affaire-là, il ne
faut pas oublier le consommateur. Il n'y a personne qui est obligé
d'ouvrir le 26 décembre. Un commerçant qui décide de
fermer le lendemain de Noël a la pleine liberté de le faire. La loi
n'oblige pas les gens à ouvrir leur commerce. La loi, au contraire, fait
l'inverse; elle oblige les gens à fermer à certains moments. En
aucun cas, elle ne les oblige à ouvrir. Un commerçant qui veut
garder son commerce fermé le 26 décembre ou tout le mois de
décembre peut le faire.
Le Président (M. Tremblay): Puisqu'il est 13 heures, je
suspends les travaux de la commission jusqu'à 15 heures. À ce
moment-là, je reconnaîtrai le député de
Châteauguay; j'ai aussi sur ma liste le député de
Gouin.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 5)
Le Président (M. Tremblay): La commission parlementaire de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je rappelle aux membres de
la commission que nous sommes réunis avec un mandat de
l'Assemblée nationale de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux. Plus tard, nous
procéderons à l'étude détaillée du projet de
loi 85, Loi modifiant la Loi sur les coopératives.
Ce matin, j'ai indiqué que le premier droit de parole
appartiendrait au député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, compte tenu de ce que nous
avons adopté avant de quitter et des débats que nous avons faits,
mon intervention n'a plus sa raison d'être. Merci, M. le
Président.
M. Bourbeau: C'est le discours le plus efficace que j'aie entendu
du député.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Fortier: C'est parce qu'il y a pensé pendant deux
heures, il serait mieux de ne pas parler.
M. Bourbeau: II a réfléchi sur...
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 2 du projet de loi?
M. Bourbeau: M. le député de Châteauguay a eu
le temps de réfléchir. Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Au sujet du deuxième lundi d'octobre, on
constate que dans le nouveau texte du projet de loi on a fait sauter cette date
comme étant une date... Autrefois, le commerce était interdit ce
jour, on ne pouvait pas ouvrir et maintenant le jour est disparu. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner des explications?
M. Biron: On l'avait enlevé dans notre consultation. Il y
a des associations qui ont demandé de remettre certaines dates; quant
à celle-ci, personne n'a demandé de la remettre.
M. Bourbeau: La raison pour laquelle je pose la question, c'est
que, dans la Loi sur les normes du travail, le deuxième lundi d'octobre
ou le jour de l'Action de grâces est un des jours qui sont
fériés, chômés et payés. Puisque ce jour les
patrons doivent fermer, puisque ce sont des jours fériés,
chômés et payés, est-ce qu'il ne serait pas opportun de
profiter de l'occasion pour inclure ce jour?
M. Biron: Si je me souviens, ce n'est pas payé, c'est
férié.
M. Bourbeau: Férié, chômé et
payé, à l'article 14 de la Loi sur les normes du travail, c'est
ce que j'ai devant moi.
Une voix: C'est le règlement.
M. Bourbeau: C'est le règlement qui est annexé
à la loi.
M. Fortier: Le règlement sur les normes du travail.
M. Bourbeau: Le règlement sur les normes du travail, en
vertu de la Loi sur les normes du travail, je m'excuse.
L'article 14 dit: En outre du 1er janvier et du 25 décembre les
jours suivants sont fériés, chômés et payés.
Et, entre autres, au sous-paragraphe 4, le deuxième lundi d'octobre ou
jour de l'Action de grâces.
M. Fortier: Les patrons seraient tout seuls à
travailler.
M. Bourbeau: Dans ces conditions, est-ce qu'il ne serait pas
opportun de le laisser?
M. Biron: D'accord. C'est sûr que, s'il y avait un commerce
d'ouvert, il faudrait qu'on paie le jour chômé en plus de la paie.
Donc, ce serait payé en double. Cela ne devient pas économique
d'ouvrir, dans le fond.
M. Bourbeau: Je voulais le souligner et le porter à
l'attention du ministre. Si le ministre veut le laisser en dehors, moi, cela
m'est égal vraiment, sauf qu'on peut toujours penser qu'il y a un grand
nombre de personnes qui ne voudraient pas ouvrir dû à ce fait.
Mais on n'en fait pas un plat.
M. Biron: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je veux revenir au
sujet que nous avons laissé en plan lorsque nous avons suspendu nos
travaux pour l'heure du dîner et revenir à l'article 2,
neuvièmement, quant au 26 décembre, le lendemain de Noël. Je
voudrais seulement reprendre un certain nombre d'éléments qui ont
été soulevés par, à la fois, le ministre et le
député d'Outremont sur cette question. Dans un premier temps, on
dit: Cela pourrait poser un problème important pour les marchés
d'alimentation si jamais, par exemple, la journée de Noël
était un lundi et que ce soit fermé le dimanche, le lundi et le
mardi; il pourrait y avoir des pertes importantes de denrées
périssables. Il me semble qu'il est surprenant que ce qui est
périssable le 26 décembre ne le soit plus le 2 janvier. Je
considère qu'il y a là un problème de cohérence
dans le discours qui devrait être ajusté. Quant à l'aspect
de l'approvisionnement, donc, intérêt pour le consommateur,
sachant là aussi comme pour le 2 janvier, que le 26 décembre ce
sera fermé toute la journée, il me semble que le consommateur
peut le prévoir. D'autre part, mon Dieu! ce sera une journée
rentable pour les dépanneurs. Tant mieux pour eux!
Finalement, quant à l'argument avancé par le
député d'Outremont qui dit: Laissons donc cela aller librement.
Les commerçants pourront fonctionner comme ils le voudront. Ceux qui
veulent être ouverts le seront, ceux qui veulent être fermés
le seront...
M. Fortier: Ce jour-là.
M. Rochefort: Ce jour-là, oui, c'est cela. Justement, la
distinction que le député d'Outremont amène m'incite
quasiment à ne pas faire mon plaidoyer. La même logique applicable
à l'ensemble de la loi de la liberté et de faire confiance doit
être applicable aussi au 26 décembre. Si justement on doit faire
une loi sur les heures d'affaires, c'est qu'il y a une notion fondamentale, qui
a été retenue par tout le monde des deux côtés de la
Chambre et par l'ensemble des intervenants dans la société qui
sont préoccupés par cette question, qui est la
nécessité d'équilibrer la concurrence. Si on disait demain
matin: Tout le monde ouvre quand il veut et ferme quand il veut, on se
retrouverait avec le résultat que tout le monde serait ouvert tout le
temps. À partir du moment où la concurrence n'est pas
équilibrée, n'est pas d'une certaine façon encadrée
par une loi comme celle qui nous réunit aujourd'hui, on s'en va dans
toutes les directions et la conséquence est que tout le monde sent
l'obligation d'être ouvert chaque fois que c'est possible de façon
à ne perdre aucune part du marché qui lui est attribuée ou
qui pourrait lui revenir. En conséquence, il me semble que là
aussi l'argument est très peu solide. En conséquence, personne ne
m'a convaincu que le raisonnement du 2 janvier ne s'applique plus tout à
coup au 26 décembre.
M. Biron: La seule remarque que je pourrais faire, M. le
Président, c'est en fait que nous devrions remettre une
demi-journée le 2 janvier pour permettre, selon la logique du
député de Gouin... Je ne peux vraiment pas...
M. Rochefort: De toute façon...
M. Biron: ...actuellement accéder à la demande du
député de Gouin, compte tenu des discussions que nous avons eues
avec tous les intervenants de ce secteur.
M. Fortier: D'ailleurs, les intervenants ont demandé le
moins de changement possible; cela existe déjà dans la loi.
Le Président (M. Tremblay): L'article 2 est-il
adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
M. Fortier: L'amendement touche le 6 .
Le Président (M. Tremblay): Oui, effectivement.
M. Rochefort: Je vous rappelle, M. le Président...
M. Fortier: J'étais absent; oui, c'est correct.
M. Rochefort: ...pour les fins du journal des Débats que,
si j'avais droit de vote, je n'accepterais pas de ne pas amender 9 , mais le
fait que je n'aie pas droit de vote, je reconnais que la commission a le
pouvoir de ne pas amender cet article.
M. Bourbeau: On a bien compris.
Le Président (M. Tremblay): Bien là... Oui.
M. Rochefort: C'est cela, cela va. Une voix: C'est une
constatation.
M. Fortier: Le député est-il en conflit
d'intérêts? Quant à faire des déclarations...
Le Président (M. Tremblay): L'article 2 est adopté
tel qu'amendé.
M. Rochefort: Comment? M. le Président, qu'est-ce que le
député d'Outremont soulève?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin, nous vous accueillons avec beaucoup de plaisir à cette
commission...
M. Bourbeau: Nous vous tolérons-Le Président (M.
Tremblay): ...mais nous espérons que vous allez suivre les
règlements qui font que nous allons passer maintenant à
l'étude de l'article 3 aussitôt que j'aurai confirmé que
l'article 2 est adopté tel qu'amendé.
M. Bourbeau: M. le Président, avant que vous
adoptiez...
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bourbeau: ...je veux simplement clarifier une chose. Le
député de Gouin a parfaitement le droit de prendre la parole. Il
a été accepté ici ce matin de bonne foi par tout le monde.
Il n'est pas question de bâillonner le député de Gouin.
Une voix: II n'en est pas question.
M. Bourbeau: En ce qui me concerne, s'il veut prendre la parole
de nouveau, je suis parfaitement d'accord pour le laisser parler.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Tremblay): Je constate cela. Mais, pour
faire des interventions sur les articles tels qu'ils viennent et non sur la
procédure. L'article 2 est-il adopté? Je le redemande.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. L'article 2 est
adopté tel qu'amendé.
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président. On a
voté...
Le Président (M. Tremblay): Ah: Je m'excuse, l'article 2
est adopté sur division.
M. Bourbeau: Oui, on l'a adopté sur division.
Une voix: On ne comprend pas pourquoi, mais c'est comme cela.
Le Président (M. Tremblay): Tel qu'amendé.
J'appelle l'article 3.
M. Bourbeau: M. le Président, M. le Président, une
seconde! N'allez pas trop vite! La justification de cela, c'est qu'on a
adopté un des sous-paragraphes de l'article 2 sur division et, donc, en
toute cohérence...
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
m'excuse, mais...
M. Bourbeau: ...on doit voter sur division.
Le Président (M. Tremblay): ...vous avez à
justifier votre vote avant de... C'est compréhensible pour
quiconque...
M. Bourbeau: C'est ce que je viens de faire, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Mais vous le faites
après.
M. Bourbeau: Non, je l'ai fait avant que vous votiez.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 3 du
projet de loi 59.
M. Fortier: II y a un amendement.
Heures d'ouverture et de fermeture
M. Biron: M. le Président, j'ai un amendement que j'avais
annoncé ce matin sur cet article 3 du projet de loi 59. L'amendement se
lirait comme suit: L'article 3 de la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, édicté par l'article 3 du
projet de loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, est modifié par le remplacement dans
le paragraphe 3 du premier alinéa et dans le paragraphe 1° du
deuxième alinéa de l'expression "21 h 30" par "21 heures".
Ceci ferait en sorte que les jeudis et vendredis, ce serait 21 heures que nous
devrions lire au lieu de 21 h 30; et, sous le deuxième alinéa,
pour les quatorze jours précédant le 24 décembre, ce sera
également 21 heures au lieu de 21 h 30, pour être de concordance
avec la première décision. (15 h 15)
Une voix: Excellent.
Le Président (M. Tremblay): Intervention sur l'amendement.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Rapidement, M. le Président. C'est
simplement pour dire au ministre que je suis extrêmement heureux qu'il
nous présente l'amendement qu'il . vient de déposer. Je crois que
non seulement cela va permettre d'assurer une meilleure qualité de vie
aux travailleurs, aux travailleuses et aux commerçants, mais aussi cela
va nous permettre de consolider et d'être cohérents avec
l'ensemble des initiatives que le gouvernement du Québec et l'ensemble
des municipalités du Québec ont posées pour s'assurer de
maintenir la revitalisation des artères commerciales dans les
centres-villes, comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: ...lorsque le ministre a déposé son
projet de loi, il avait, timidement, prolongé d'une demi-heure les
heures d'ouverture, les jeudis et vendredis soirs. On sait que ce sont les
soirs de la semaine où, en général, les consommateurs font
le gros de leur magasinage et où les commerces sont les plus
florissants.
Il nous apparaissait normal, dans le contexte évolutif de notre
société, d'ouvrir un peu la porte, si je peux dire, à
cette situation et de permettre une légère libéralisation
les jeudis et vendredis soirs. J'avais cru comprendre, lors de la commission
parlementaire, qu'il y avait passablement de groupes qui ne s'opposaient pas
à cette mesure. On doit bien se souvenir que les consultations du
ministre ont été faites à peu près uniquement et
exclusivement auprès des marchands et des commerçants, non pas
auprès des consommateurs. Très peu de consommateurs ont pu faire
valoir leurs points de vue sur le sujet. Je comprends les préoccupations
du député de Gouin pour les travailleurs et les Marchands; je les
partage.
D'autre part, il faut bien penser qu'il y a aussi au Québec des
consommateurs. Ils sont beaucoup plus nombreux que toutes les autres
catégories. Or, avec les changements qui se sont produits dans la
société depuis quelques années, de plus en plus de gens
ont de la difficulté, surtout en milieu urbain, à satisfaire
leurs besoins de consommation durant les heures normales d'ouverture. Quant
à moi, il m'apparaissait normal et raisonnable d'augmenter les heures
d'ouverture d'une demi-heure les jeudis et vendredis. En un certain sens, je
déplore qu'on n'ait pas laissé ces mesures comme elles avaient
été originalement prévues par le ministre.
Une voix: On va régler pour 21 h 15;
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Rodrigue: Le Parti libéral semble divisé
là-dessus.
M. Bourbeau: On n'a pas de leçon à prendre de vous
sur ce sujet.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 3 est-il adopté?
M. Biron: Adopté. Une voix: Sur division.
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 3 est adopté sur division.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 3
amendé.
M. Rochefort: ...un instant. Je voudrais faire une intervention
sur l'article 3, qui aurait pu se faire aussi à l'article 2. Comme je
l'ai souligné dans mon discours d'hier après-midi en Chambre, il
me semble - je m'aperçois que je diffère d'opinion avec le
député de Laporte ou que c'est lui qui diffère d'opinion
avec mol - que l'orientation, dans l'avenir, devrait aller dans le sens d'une
certaine réduction des heures d'affaires des établissements de
commerce au détail.
Ce n'est pas mon intention - même si j'avais droit de vote
à cette commission - de proposer formellement et de voter dans le sens
d'apporter des amendements au projet de loi pour, effectivement, réduire
les heures
d'affaires. Cela dit, c'est une suggestion que je fais au ministre et
aux membres de la commission: II me semble qu'il serait peut-être
intéressant que nous puissions préparer une disposition qui nous
permettrait d'adopter par règlement, par exemple, des...
Mon Dieu, si cela froisse le député de Laporte, je lui
soulignerai d'abord que la législation par réglementation...
M. Bourbeau: Elle est florissante.
M. Rochefort: ...cela n'a pas vu le jour avec un gouvernement du
Parti québécois.
M. Bourbeau: Elle a fleuri, par exemple.
M. Rochefort: II y a des partis politiques qui nous ont
précédés au gouvernement et ils avaient pavé la
voie avec beaucoup de compétence en la matière.
M. Bourbeau: Vous en avez fait une autoroute!
M. Rochefort: II me semble qu'on pourrait retenir une disposition
qui ferait en sorte que, par exemple, toujours dans l'esprit
d'équilibrer la concurrence, dans le commerce au détail des
meubles, une entente intervienne entre l'ensemble des commerçants de ce
secteur d'activité pour dire, par exemple: L'été, à
partir de 14 heures ou 15 heures le samedi après-midi, il y a moins
d'achalandage. Si une entente intervient entre ces gens, il faudrait qu'on
puisse y donner force de loi de façon que l'ensemble du secteur
d'activité commerciale soit régi par cette nouvelle disposition.
Cela permettrait d'avoir un débat dans chacun des secteurs
d'activité de la vie commerciale au Québec, qui donnerait une
possibilité, une voix à ceux et celles qui voudraient s'entendre
sur une réduction possible des heures d'affaires dans certains secteurs
d'activité commerciale.
Il me semble qu'une telle disposition nous permettrait, au fond, de
rendre possibles ces ententes et même de peut-être susciter des
discussions, une certaine animation dans l'ensemble des secteurs
d'activité de la vie commerciale au Québec. Il me semble que ce
serait un moyen qu'on mettrait à la disposition des gens s'ils veulent
l'utiliser.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions sur
l'article 3?
M. Biron: Juste sur l'intervention du député de
Gouin. Cela existe déjà, dans le secteur des véhicules
automobiles en particulier, où ils ont le droit de vendre le dimanche;
pourtant, tout le monde s'est discipliné, l'association des marchands
d'automobiles est intervenue, les gens se sont disciplinés et,
finalement, ils ont encore le droit de vendre le dimanche, mais je pense que
personne ne vend le dimanche et même, maintenant, le samedi
après-midi et le samedi toute la journée, souvent,
l'été, c'est fermé. La loi à l'heure actuelle,
c'est un maximum, mais ça n'empêche pas les intervenants d'un
secteur donné de se réunir et de dire: Dans le secteur des
meubles, on pourrait faire la même chose ou autrement.
S'il y avait des demandes pour inclure dans la loi certaines autres
restrictions de la part d'un consensus général d'intervenants
dans un secteur donné, je suis bien prêt à revenir par
d'autres lois amendant celle-là, mais, pour le moment, je pense qu'ils
ont la marge de manoeuvre nécessaire avec l'exemple donné par les
marchands de véhicules automobiles qui se limitent à ce point de
vue.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je ne peux pas partager le point de vue du
député de Gouin là-dessus. Cela se placerait dans une
perspective de contrôle additionnel, de réglementation
additionnelle de notre société. Je ne pense pas que ce soit dans
le sens où évolue actuellement la société
nord-américaine. Je pense que c'est justement le contre-courant de ce
qui se produit un peu partout en Amérique du Nord. Ce qu'on observe,
c'est que la situation des consommateurs, depuis quelques années, a
beaucoup changé, a beaucoup évolué à cause du genre
de vie qu'on mène. En définitive, les consommateurs imposent au
marché leur volonté.
Il faut bien se souvenir que les commerçants travaillent et
existent en fonction des consommateurs et non pas l'inverse. Dans ce sens, je
pense qu'on peut faire confiance au marché, aux commerces, aux
consommateurs. Même si on permet d'ouvrir à certaines heures et
qu'il n'y a pas de marché - je partage l'avis du ministre
là-dessus - le même problème se poserait si, par exemple,
on faisait une déréglementation totale du commerce. Je suis
personnellement d'avis que, s'il y avait une déréglementation
totale, on ne verrait pas, par exemple, toute la société
québécoise aller s'approvisionner exclusivement le dimanche ou en
grande partie le dimanche. Je pense que le commerce du dimanche est restreint
actuellement et, que ce soit déréglementé ou non, il va
toujours être restreint.
Ce n'est pas vrai de dire que, si on déréglementait le
dimanche, par exemple, il y aurait une ruée pour faire la commande
principale d'alimentation le dimanche. Moi, je n'y crois pas. Dans la
société, il y a un certain marché pour le dimanche, il est
là et
il n'évoluera pas beaucoup, que la loi le permette ou non. C'est
la même chose un peu partout, je pense, pour les autres jours où
on voudrait fermer ou ouvrir. Il y a des consommateurs qui sont prêts
à faire certaines choses à certaines heures et d'autres ne le
sont pas. Dans ce contexte, je pense qu'on va plutôt leur faire
confiance.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Tremblay): Cela va? L'article 3 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Tel qu'amendé. Sur
division?
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 3 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 4.
Établissements exemptés
M. Biron: M. le Président, j'annonce tout de suite
qu'à l'article 4 j'aurais trois amendements, dont un de concordance
à la suite de la discussion que nous avons eue lors de la
deuxième lecture de ce projet de loi. Je vais annoncer mes trois
amendements et, par la suite, on pourra les discuter un par un, si vous le
voulez.
D'abord, un premier amendement au 8 .
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'ils ont des
conséquences l'un sur l'autre?
M. Biron: Oui, le deuxième amendedement, c'est juste de
concordance pour changer un numéro. Il y a deux choses qu'on va amender.
Il y a un amendement qui est juste de concordance parce que le numéro
change.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous pouvez
annoncer les trois?
M. Biron: Je vais les annoncer et on les discutera un par un, si
vous le voulez.
Le Président (M. Tremblay): On les discutera un par
un.
M. Biron: Le premier amendement vise le 8 : "de boissons
alcooliques". Cela a été demandé par plusieurs
députés qui disaient: On ne peut pas permettre à la
Société des alcools de vendre avec douze employés le
dimanche lorsque le petit dépanneur vend seulement avec trois. Pour en
faire une concordance avec ce qui existe pour le petit dépanneur, je
propose un amendement qui va dire après le mot "de boissons
alcooliques": "si, à chaque jour d'ouverture, il n'y a jamais plus de
trois personnes en même temps dans l'établissement pour en assurer
le fonctionnement".
Un magasin spécialisé en boissons alcooliques, un magasin
de la Société des alcools, pourrait ouvrir le dimanche. À
l'heure actuelle, il a le droit d'ouvrir même avec douze ou quinze
personnes. Alors, là, ce sera un article qui restreindra la
liberté d'agir de la Société des alcools. Les petites
succursales avec un maximum de trois employés sur semaine vont pouvoir
ouvrir mais les autres qui ont cinq, huit ou dix employés n'auraient pas
le droit d'ouvrir le dimanche. En d'autres termes, ce serait
considéré comme une denrée alimentaire. Le vin serait
comme une denrée alimentaire et on n'aurait pas le droit d'ouvrir le
dimanche si on a plus que trois employés. C'est donc la même chose
qu'un petit dépanneur.
Le deuxième amendement, c'est tout simplement de concordance pour
ajouter le 8 au 7 , c'est-à-dire changer le 7 en 8 , parce qu'il y a une
concordance là-dessus. À l'article 5.1 vous lisez: "La
présente loi ne s'applique pas à un établissement
commercial dont l'activité principale est la vente de produits
visés aux paragraphes 1,2,3,5, 7° et 8°...".
M. Fortier: C'est le deuxième.
M. Biron: C'est le deuxième paragraphe, je m'excuse, M. le
député d'Outremont. Le deuxième paragraphe de l'article
5.1 dit de 1° à 7°; ce sera de 1° à 8° au lieu de
1° à 7 . C'est seulement pour être de concordance avec le
premier.
M. Bourbeau: Oui, de concordance, mais il y a plus que cela. Vous
me permettez, M. le Président?
M. Biron: Je voudrais juste les présenter et après
cela on pourra en discuter.
Le troisième amendement répond à une intervention
du député de D'Arcy McGee qui demandait en particulier que 30
à 40 magasins des PME de religion juive qui sont - à cause de
leur religion - fermés du vendredi soir 18 heures au samedi soir 18
heures et qui, par la loi, sont aussi fermés le dimanche... Ces magasins
n'ont le droit d'être ouverts que cinq jours. Il y en a une trentaine ou
une quarantaine au maximum et ce sont simplement des PME de pas plus de trois
employés. Dans ce sens-là aussi j'apporterai un amendement que je
vous déposerai pour protéger... On va le faire par
règlement parce qu'on veut aussi s'assurer que les gens du
Congrès juif du Canada aient
à dire: Oui, celui-là est de religion juive et il a le
droit de vendre, sinon tout le monde sera de religion juive au Québec et
on ne voudrait pas cela. Il est bien entendu avec le député de
D'Arcy McGee qu'on vise de 30 à 40 PME de moins de trois employés
de religion juive.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 4, donc le
premier amendement. C'est bien cela?
M. Biron: Oui, c'est d'ajouter au paragraphe 8 ...
Le Président (M. Tremblay): Pour les fins du journal des
Débats, il se lit comme suit: "Article 4: L'article 5 de la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux, édicté
par l'article 4 du projet de loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires,
est modifié par l'addition dans le paragraphe 8 du premier
alinéa, après le mot "alcooliques" des mots "si, à chaque
jour d'ouverture, il n'y a jamais plus de trois personnes en même temps
dans l'établissement pour en assurer le fonctionnement;". Des
interventions sur cet amendement?
M. Fortier: Non, je pense que c'est plus raisonnable, M. le
Président, parce que sans cela cela aurait permis à la
Société des alcools d'ouvrir continuellement. C'est un
privilège qui était difficile à expliquer même si
c'est l'État. Je pense bien que l'État ne doit pas se donner des
privilèges qu'il ne donne pas aux autres. Dans ce sens-là, je
pense que l'amendement est bienvenu.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions?
M. Dussault: M. le Président, je voudrais dire que vous en
aviez fait la suggestion dans votre discours à l'Assemblée
nationale. C'était raisonnable ce que vous demandiez.
Le Président (M. Tremblay): Je n'osais pas en parler ici
puisque je préside. Si vous en parlez, je dirais...
M. Fortier: Je pense qu'il faut le souligner parce que cela
n'arrive pas souvent.
M. Bourbeau: M. le Président, votre humilité vous
honore.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont, je dirais qu'à chaque fois que je suis en désaccord
avec le gouvernement je le dis. (15 h 30)
M. Bourbeau: Comme je le disais si bien dans le discours que j'ai
prononcé.
Le Président (M. Tremblay): Donc, nous revenons...
Une voix: Passons, passons!
Le Président (M. Tremblay): ...à l'amendement que
nous étudions. Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Bourbeau: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien il
y a de magasins de la Société des alcools qui ouvrent
présentement le dimanche et combien d'employés ces magasins ont
sur le plancher actuellement?
M. Biron: On me dit qu'il n'y en a qu'un seul, à l'heure
actuelle, qui a plus de trois employés.
M. Bourbeau: II y a plus qu'un magasin ouvert le dimanche.
Une voix: Non.
M. Biron: II y en a qui ouvrent le samedi soir. Eux aussi vont
devoir couper leurs heures d'affaires; le mardi soir, je pense qu'il y en a un
à Sainte-Foy, j'y suis déjà allé une fois. On me
dit que le dimanche il y en a un au Marché 440. Je pourrai
vérifier et vous donner la réponse exacte.
M. Bourbeau: Je vais reformuler ma question. En dehors des heures
normales d'ouverture, est-ce que plusieurs magasins de la Société
des alcools ouvrent au Québec actuellement?
M. Biron: Je n'ai pas le nombre exact, je pourrai le
vérifier et vous donner la réponse. Il y en a quelques-uns.
M. Fortier: L'amendement que vous proposez, M. le ministre, c'est
pour quand? Pour le dimanche seulement?
M. Biron: Non, pour les heures régulières.
M. Fortier: Autrement dit, vous dites que les magasins de la
Société des alcools devront se conformer. Avant, ils en
étaient exclus. Donc, cela ne s'applique pas uniquement au dimanche,
cela s'applique à toutes les heures d'ouverture.
M. Biron: À toutes les heures d'ouverture.
Une voix: Comme les dépanneurs.
M. Fortier: Malheureusement, si on n'a pas la réponse
à la question du député, on ne peut connaître
l'impact. J'imagine que dans certains quartiers il y avait des magasins qui
ouvraient très tard le samedi soir, en particulier.
M. Biron: C'est exact.
M. Fortier: Vous n'avez pas...
M. Biron: Je pense que cela ne va déranger qu'un magasin
de la Société des alcools, celui du Marché 440 à
Laval. Les autres sont de petits magasins avec pas plus de trois
employés sur le plancher qui sont maintenant couverts par la
règle des trois employés. Ils pourront continuer à ouvrir
comme un dépanneur.
M. Fortier: Ce que le ministre dit me surprend. Vous voulez dire
qu'il y a beaucoup de magasins de la Société des alcools qui
n'ont que trois employés, normalement.
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Chaque fois que j'y vais, j'en vois partout.
M. Biron: Dans les grandes villes, vous en avez beaucoup, mais
aussitôt que vous sortez des grandes villes, vous pouvez trouver des
magasins avec seulement un employé et un autre à temps
partiel.
M. Fortier: Je parlais de la ville. Je suis d'accord sur le
principe de la fermeture le dimanche. Tout ce qui m'inquiète, c'est de
savoir dans quelle mesure, en adoptant cet amendement qui parle de la fermeture
du samedi soir en particulier, cela va changer les habitudes des gens
d'affaires. Autrement dit, je veux connaître l'impact. Vous me dites que
l'impact est minime.
M. Biron: J'ai parlé avec les gens de la
Société des alcools qui me disent que l'impact est vraiment
minime.
M. Fortier: Si c'est la réponse, on va s'en
satisfaire.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est-il
adopté?
M. Fortier: J'aurais juste une question. Quand on parle des
boissons alcooliques, on parle de magasins qui vendent des boissons
alcooliques...
M. Biron: Vins et spiritueux.
M. Fortier: Uniquement cela. Dans le cas des dépanneurs
qui vendent des boissons alcooliques, c'est différent, ils sont couverts
différemment. Si on parlait d'une épicerie qui vend des boissons
alcooliques, il peut y avoir des épiceries qui n'auraient que trois
employés et elles auraient également le droit d'ouvrir toute la
semaine.
M. Biron: C'est exact, elles auraient également le droit
d'ouvrir toute la semaine.
M. Fortier: Sans nécessité d'être
cloisonnées? C'est ma question.
M. Biron: Sans nécessité d'être
cloisonnées, pourvu qu'elles n'aient pas plus de trois employés
en même temps dans le courant de la semaine. On a des dépanneurs
dont les deux tiers du chiffre d'affaires se font avec la vente du vin et de la
bière. S'ils n'ont pas plus de trois employés en même
temps, ils peuvent continuer les fins de semaine et le soir.
M. Fortier: Un établissement pourrait cloisonner la partie
où sont offertes les boissons alcooliques. S'il n'a que trois
employés ou moins pour cette section ou cette partie cloisonnée,
il serait autorisé, selon la loi, à ouvrir la partie offrant des
boissons alcooliques le dimanche.
M. Biron: Si c'est cloisonné. Mais le fait d'être
cloisonné va diminuer considérablement ses ventes la semaine. Les
gens qui font le tour des tablettes, habituellement, trouvent des boissons
alcooliques. C'est surtout du vin, dans ces magasins. S'il y avait un magasin
qui ne vendait que du vin, je pense qu'il ne pourrait pas obtenir son permis de
bière et vin de la Régie des permis d'alcool.
M. Rochefort: Cela prend 50% ou 52% du chiffre d'affaires en
alimentation pour avoir le droit d'obtenir un permis de vente d'alcool dans une
épicerie ou un dépanneur.
M. Fortier: J'essaie de prévoir, j'essaie de
prévenir les coups. Dans la mesure où, dans l'avenir, la SAQ
pourrait décider, comme le ministre y a fait allusion l'an dernier, de
permettre non seulement la vente de vins mais aussi de boissons fortes ou
d'autres types de boissons, à ce moment-là, le marché
pourrait changer et cela pourrait amener certaines personnes à vouloir
ouvrir. Autrement dit, en approuvant cet amendement, on va permettre à
des magasins de se cloisonner et, éventuellement, de vendre d'autres
sortes de boissons que du vin ou de la bière.
M. Biron: Mais ils ne pourront pas obtenir un permis de la
régie s'ils vendent plus de 50% de bière et de vin.
M. Fortier: À certaines conditions.
M. Biron: S'ils n'ont pas de permis, cela ne donne rien qu'ils se
cloisonnent.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 4 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: Quel amendement?
M. Biron: Le premier.
Le Président (M. Tremblay): Nous n'en avons qu'un sur la
table, celui qui traite...
Une voix: Pour le moment. M. Fortier: Il n'y en a
qu'un.
M. Biron: M. le Président, il n'y en a qu'un.
Le Président (M. Tremblay): II n'y en a qu'un sur la
table. J'ai accepté que le ministre en parle. Il n'y en a qu'un sur la
table, c'est celui qui traite des boissons...
M. Fortier: Des boissons alcooliques.
M. Bourbeau: Je regrette, M. le Président. J'en ai trois
sur la table. Ils sont sur la table tous les trois.
M. Biron: Les autres, ce sont des préavis.
Le Président (M. Tremblay): Vous pourriez en avoir plus
que cela. Le ministre en a plus que cela, j'en suis certain, mais,
présentement, nous n'en étudions qu'un seul.
M. Bourbeau: Ah bon! II n'y en a qu'un à
l'étude.
Une voix: Celui qui concerne le 7°.
M. Biron: M. le Président, j'ai voulu donner des
préavis.
Le Président (M. Tremblay): C'est celui que j'ai lu tout
à l'heure. Voulez-vous que je le relise, M. le député?
M. Bourbeau: Non, c'est l'amendement au sous-article 8?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement.
M. Fortier: C'est cela.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement au sous-article 8
est adopté. J'appelle maintenant...
M. Biron: Pour l'autre, nous allons attendre à l'article
5.1, si vous voulez. Là, on est à l'étude de l'article
5.
Le Président (M. Tremblay): On est à l'étude
de l'article 4.
M. Biron: L'article 5. L'article 4, oui, qui amende l'article
5.
M. Fortier: Paragraphe 5.
Le Président (M. Tremblay): J'ai un amendement à
l'article 5.
M. Biron: Non. M. Bourbeau: Non. M. Fortier: C'est
fini.
Le Président (M. Tremblay): Un amendement à
l'article 5, effectivement.
Une voix: On est toujours à étudier l'article 4, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je suis à
l'étude de l'article 4 et j'appelle l'amendement à l'article
5.1.
M. Biron: Je vais retirer mes amendements.
Une voix: D'accord.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président. Dans l'article 4, M. le Président, il y a 5, 5.1, 5.2,
5.3.
Une voix: C'est cela.
M. Rochefort: Ce que le ministre nous suggère - avec
raison, selon moi - c'est d'étudier, premièrement, à
l'article 4, l'article 5; ensuite, on étudiera l'article 5.1.
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai aucune objection
à cela. C'est le voeu de la commission. Nous allons procéder de
cette manière, ce qui est différent de la procédure que
nous avons prise depuis ce matin. Je n'ai pas d'objection. Nous allons
poursuivre l'étude de l'article 4 qui amende l'article 5.
M. Fortier: C'est cela.
Règle des trois employés.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je voudrais aborder
l'article 5, 6°, qui concerne la règle des trois employés.
Comme on le sait, à l'heure où nous nous parlons, ont le droit
d'être ouverts en dehors des heures d'ouverture permises par la Loi sur
les heures d'affaires les établissements commerciaux de denrée
alimentaire si, sur la liste de paie, il n'y a pas plus de trois
employés. La proposition qui nous est faite à l'article 5, 6 ,
c'est de faire passer la clause de trois employés sur la liste de paie
qui donne ouverture à dépasser les heures
réglementées à trois employés à la fois sur
le plancher dans le magasin.
Je comprends, M. le Président, que cela peut correspondre
à une demande, à une volonté d'élargir d'une
certaine façon la fréquentation, les heures d'ouverture d'un
certain nombre de commerces de denrées alimentaires. Il me semble
qu'effectivement cela peut correspondre à un besoin réel dans un
certain nombre de régions du Québec sans poser en même
temps des problèmes importants à des commerces qui existent
présentement.
Toutefois, M. le Président, dans les centres à forte
densité urbaine, comme, par exemple, le comté de Gouin que j'ai
l'honneur de représenter ici, à l'Assemblée nationale, et
un certain nombre d'autres comtés du centre géographique à
l'est du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, et comme cela peut
être le cas aussi dans quelques comtés de la région de
Québec, si nous acceptons d'ouvrir cette clause, c'est automatiquement
à court terme la mort d'un nombre assez considérable de
très petits dépanneurs qui fonctionnent à l'heure actuelle
tel que la loi le prévoit, c'est-à-dire avec trois personnes sur
la liste de paie et qui sont les seuls à pouvoir ouvrir en dehors des
heures prévues par la loi. On sait qu'il s'agit là
d'établissements commerciaux qui sont souvent le seul revenu d'une
famille, puisqu'on y trouve les deux conjoints qui y travaillent, qui sont sur
la liste de paie auxquels on ajoute un autre employé qui est livreur ou
quelqu'un qui leur permet de prendre, à l'occasion, quelques heures de
repos.
Comme je le disais, c'est souvent leur seul revenu familial et, à
cause de leur très grand nombre, donc, leur très grande
présence sur le territoire dans les milieux fortement urbanisés,
ils permettent aux consommateurs d'avoir près de chez eux un
dépanneur qui leur permet de régler la plupart des
problèmes qui découlent d'oublis au moment de l'achat des
denrées alimentaires pour la semaine.
M. le Président, je crois qu'il faut protéger ce type de
service à la population et qu'il faut aussi protéger ces
commerçants qui ont mis sur pied des commerces au fil des années
et qui fonctionnent d'une façon correcte, sans leur permettre d'avoir
des revenus extrêmement importants, mais qui leur permettent au moins
d'arriver et d'assurer le bien-être de leur famille.
M. le Président, il y a peut-être moyen de trouver une
solution qui puisse nous permettre d'atteindre tous les objectifs visés.
L'idée m'est venue hier et je l'ai soulignée dans mon discours en
deuxième lecture. Je la reprends ici. On sait que l'an dernier, à
la suite de l'important débat qu'on a connu quant à la demande de
Steinberg et de quelques importants épiciers à grande surface,
qui ne sont pas la propriété d'indépendants et qui
souhaitaient avoir des permis de la Régie des permis d'alcool pour
vendre eux aussi de la bière et du vin, la régie a rendu une
décision qui, finalement, nous permettait de rendre possible cette vente
de vin et de bière dans ces épiceries à grande superficie
qui ne sont pas la propriété d'indépendants dans tout le
Québec. Mais, en même temps, la régie excluait les zones
urbaines fortement denses de l'application de cette nouvelle ouverture par la
clause des centres commerciaux. Évidemment, on ne retrouve pas de centre
commercial dans les milieux fortement urbanisés, puisque ce qu'on y
retrouve, ce sont essentiellement des résidences pour les citoyens.
Donc, cela nous permettait de protéger l'activité commerciale des
petits dépanneurs qui vendent du vin et de la bière dans leur
commerce, sans qu'ils soient concurrencés par l'élargissement
qu'on faisait à Steinberg, à Provigo et à l'ensemble des
autres épiciers à grande superficie.
M. le Président, il me semble qu'on pourrait retenir la
même orientation, que le ministre pourrait baliser lui-même par un
règlement qui, au fond, dirait: Oui, cela va. L'article 5, 6 , est
adopté, mais dans le cas des milieux fortement urbanisés,
très densément peuplés, la clause actuellement en vigueur
avant le projet de loi 59 est maintenue des trois employés sur la liste
de paie pour avoir le droit d'ouvrir en dehors des heures d'ouverture telles
que prescrites par la loi.
Par conséquent, il me semble donc que nous ouvririons tel que
cela nous l'est demandé dans l'ensemble du Québec. Cela
correspond à un besoin des consommateurs. En même temps, nous
maintiendrions le type de service auquel les consommateurs se sont
habitués et dont ils souhaitent continuer de pouvoir
bénéficier dans les milieux à forte densité de
population. Nous permettrions aux propriétaires de ces petits commerces
de conserver leur gagne-pain. Je crois qu'il s'agit là d'une proposition
qui nous permet d'équilibrer les préoccupations de tout le monde
et de répondre aux besoins des différents intervenants dans le
domaine. Alors, c'est une suggestion que je fais au
ministre.
Le Président (M. Tremblay): M. le minitre.
M. Biron: M. le Président, même si je trouve la
suggestion intéressante pour certains petits dépanneurs - je dis
certains et c'est une infime minorité - le fait d'accepter la suggestion
du député de Gouin pourrait nous amener à fermer nombre de
petits détaillants en alimentation, dans les marchés publics en
particulier où on a beaucoup de gens qui ont quatre ou cinq
employés. Si on acceptait cela, on sait que les marchés publics
sont surtout dans les trames urbaines, dans les grands centres, et, des
informations que nous avons, l'association des petits détaillants en
alimentation en particulier nous dit que règle générale
les gens ont trois, quatre, cinq ou six employés qui se relaient
à tour de rôle.
Alors, on n'est pas intervenu jusqu'à maintenant parce que
l'ancienne clause datait de quatorze ou quinze ans et elle force ni plus ni
moins le propriétaire, sa femme, sa fille ou son fils à
travailler 65, 70, 75 heures par semaine et cela n'a pas de bon sens. Avec la
nouvelle clause, on permettra maintenant à un propriétaire de
couper ses heures, d'engager deux ou trois personnes à temps partiel, de
couvrir son établissement et peut-être d'être plus
dynamique. Je me souviens du discours du député de Hull, hier,
qui nous disait qu'il connaissait un petit dépanneur qui avait
commencé avec rien et qui avait maintenant cinq ou six employés
et il nous demandait ce qu'on devait faire avec. C'est sûr que, s'il y en
a trois en même temps sur le plancher, les trois se relaient pour
l'équipe du soir, lui pourra travailler alors que, si on coupait - Hull
est aussi une trame urbaine - si on coupait dans ces villes-là en
particulier, j'ai peur qu'on fermerait beaucoup de petites entreprises ou, du
moins, on les garderait petites. On a peut-être l'obligation de leur
donner une chance de grandir un peu; pas trop quand même pour leur
permettre de demeurer à trois personnes en même temps sur le
plancher, c'est-à-dire cinq ou six, et avoir des heures raisonnables
pour travailler.
Là-dessus, je remercie le député de Gouin de sa
proposition, mais il me semble que pour le moment elle n'est pas acceptable
pour les associations représentant les détaillants en
alimentation, particulièrement les petits détaillants en
alimentation. (15 h 45)
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Si je comprends bien, le texte
précédent parlait d'un effectif total d'au plus trois personnes.
Cela limitait le "pay-roll", la feuille de paie à trois personnes. Dans
le nouveau texte, on parle de trois à la fois sur le plancher.
Maintenant, il pourrait y en avoir six ou sept, mais à la condition
qu'il n'y en ait jamais plus de trois sur le plancher.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je veux revenir sur cette question parce que je
crois qu'on n'a pas la même compréhension ou la même
connaissance de la décision de la Régie des permis d'alcool du
Québec quant à la demande de Steinberg de pouvoir vendre du vin
et de la bière dans ses super-marchés. Quand le ministre nous dit
que le problème que cela pourrait poser serait notamment dans les
marchés publics, et les marchés publics sont dans les milieux
fortement urbanisés, justement, ils ne sont pas dans les milieux
fortement urbanisés au sens que lui a donné la Régie des
permis d'alcool du Québec quand elle a disposé de la demande de
Steinberg. Prenons l'exemple de Montréal. Il y en a un à
Saint-Léonard et les autres sont dans l'ouest de Montréal, donc
dans des milieux qui sont...
Une voix: ...
M. Rochefort: Oui, sûrement, quand un citoyen d'un
comté rural ou semi-urbain se compare à cela, oui, on peut
appeler cela un milieu urbanisé et même fortement urbanisé,
mais pas dans un milieu très densément peuplé comme on en
connaît dans quelques comtés dans l'est de Montréal.
Peut-être que cela s'applique à un ou deux comtés à
Québec. En ce sens-là, il me semble qu'on pourrait très
bien prendre la même clause. Cela ne causerait aucun problème aux
marchés publics et cela nous assurerait en même temps que dans les
milieux fortement urbanisés on ne changera pas la dynamique commerciale
et la dynamique de services à la population que nous connaissons
à l'heure actuelle et qu'aurait pour effet de créer l'adoption
tel quel de l'article 5, 6°. J'ai l'impression profonde que cet article
amènera la fermeture de plusieurs centaines de petits dépanneurs
dans l'est de Montréal. Je n'augmente pas les chiffres aux fins de la
discussion; dans mon seul comté, il y a au moins 150 petits
dépanneurs qui ont trois employés et moins. Il faut voir que
c'est vraiment une dynamique très particulière, mais il me semble
que la suggestion que je fais nous permet de la respecter tout en nous donnant
toute la marge de manoeuvre souhaitée, demandée, pour permettre
un certain élargissement de l'activité commerciale, des heures
d'ouverture des établissements commerciaux dans les autres zones
urbaines et semi-urbaines du Québec.
M. le Président, je me fais insistant là-
dessus parce que ce débat-là me fait penser un peu, quand
j'assiste à mon caucus, à l'Assemblée nationale ou en
commission parlementaire, à un débat sur l'agriculture. Si les
députés des milieux ruraux, des milieux agricoles ne viennent pas
défendre cette dynamique, cette réalité, qui viendra le
faire pour eux? Les députés urbains, dans ces circonstances, ne
leur disent pas: Cela ne nous intéresse pas, on va passer à autre
chose. On écoute et on essaie de leur donner les moyens. Si, comme
député du comté de Gouin, le deuxième comté
le plus fortement urbanisé du Québec, je ne viens pas
défendre ce concept de vie que se sont donné les citoyens - cela
doit faire l'affaire des citoyens si cela fonctionne de cette façon,
à l'heure où on se parle - qui viendra défendre cette
dynamique de vie urbaine qu'on connaît dans ces comtés?
C'est pour cela que je me fais insistant. Je ne me fais pas insistant
pour être insistant, je pense que j'ai trouvé une solution qui
permet au ministre, au gouvernement d'atteindre ses objectifs, de ne pas poser
de problème au milieu urbanisé moyennement où on retrouve
des marchés publics, mais qui permet en même temps de ne pas
remettre en question cette conception de la vie commerciale en milieu urbain,
l'existence des petits dépanneurs à la fois pour eux et pour la
population. Le ministre nous dit: Oui, mais cela les force à travailler
65 ou 70 heures par semaine et, à ce moment-là, ils pourraient
engager un employé ou deux de plus. M. le Président, ils n'en ont
pas les moyens. Leur activité commerciale ne leur permet pas d'avoir un
plus grand nombre d'employés, au nombre qu'ils sont a se partager le
marché. Il faut être conscient que ce que l'on fait à
l'heure actuelle, c'est qu'on les met dans une situation où, à
court terme, un très grand nombre d'entre eux seront obligés de
fermer pour faire place à de plus grands dépanneurs parce que,
par cette clause, des dépanneurs qui ont plus d'employés, six,
huit, neuf, en en ayant trois à la fois sur le plancher, prendront le
marché à leur place.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Pour la compréhension du débat, je
voulais simplement poser deux questions au député. Je voudrais
savoir si les dépanneurs dont il prend la défense, ce sont des
dépanneurs tout à fait indépendants.
M. Rochefort: Tout à fait.
M. Fortier: Sans aucune association.
M. Rochefort: Non.
M. Fortier: S'il nous propose de revenir au texte actuel - j'ai
la loi actuelle devant moi - qui fait référence
précisément à un effectif d'au plus trois personnes... Le
texte continue: "toutefois, ce commerce ne devra pas faire partie d'un plus
grand nombre d'établissements commerciaux liés les uns aux autres
en association." Sans être juriste, mon interprétation, si on
revenait à ce texte, si on appliquait la loi rigidement, je crois que
certains dépanneurs qui font partie d'associations seraient mal pris.
C'est pour cela que je me demandais si le député
préconisait un retour à la règle de trois absolue - le
ministre, je crois, a répondu à cela. S'il revenait à
l'autre règle qui dit que cela ne s'applique pas, que le permis qui
était accordé dans la loi actuelle ne s'applique pas à
ceux qui font partie d'une association - on me dit qu'il y a environ 9000
dépanneurs au Québec, dont 7000 sont en association - si on
revenait à la règle actuelle, sur le plan économique, je
pense que le ministre aurait des petits problèmes. Enfin, on est capable
de s'en accommoder, mais...
M. Rochefort: Ce que je dis, M. le Président, c'est qu'ils
ne sont pas membres d'associations.
M. Fortier: D'accord.
M. Rochefort: Ce sont simplement des dépanneurs.
M. Fortier: J'ai compris.
M. Rochefort: Ils ne sont pas membres d'associations. Je plaide
pour la cause de trois employés sur la liste de paie plutôt que
trois employés à la fois sur le plancher. M. le Président,
non seulement je souhaite que le ministre accepte cette proposition, mais
qu'aussi l'Opposition libérale accepte cette proposition.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Évidemment, chaque médaille a ses deux
côtés. L'autre point de vue que n'a pas soutenu le
député de Gouin, c'est que c'est un plaidoyer pour rester petit.
On a des dépanneurs qui nous disent: On a, à la longue,
développé un marché; on a investi dans un commerce et,
finalement, on en vient à un point où, à trois, on ne
réussit plus à tenir; il y a trop de travail, etc., et on
voudrait être en mesure d'augmenter un peu les affaires, d'augmenter la
clientèle ou de suffire à la clientèle existante. À
partir du moment où la règle de trois en tout temps ou l'effectif
total de trois s'applique, on condamne plusieurs commerçants à
demeurer petits ou même à réduire, à refuser
l'augmentation des
affaires. C'est une philosophie bien difficile à défendre
et qu'on ne peut pas défendre. Quand on écoute les discours que
le ministre prononce en Chambre sur la promotion des PME et des entreprises au
Québec, cela ne se situe pas dans un contexte de développement
économique, certainement pas. C'est pour cette raison que nous ne
pouvons pas souscrire à la position qui est défendue par le
député de Gouin, bien qu'on comprenne ses
préoccupations.
M. Fortier: On est de Montréal.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Une simple remarque, M. le Président - je
terminerai là-dessus - à la suite de l'intervention du
député de Laporte, quand il dit que c'est une invitation à
demeurer petit. Ce n'est absolument pas une invitation à demeurer petit.
Je pense que l'ouverture que je fais permet à tous ceux qui veulent
grossir de grossir, sauf que c'est un respect des acquis de ceux qui ont
décidé d'être petits à cause des contraintes du
marché. Vaut mieux être petit que ne pas y être du tout.
J'inviterai d'ailleurs le député de Laporte, à la
prochaine campagne électorale, à venir défendre la
position qu'il a exprimée auprès de son candidat dans mon
comté aux prochaines élections. Cela me fera plaisir.
Le Président (M. Tremblay): L'article 4 amendant l'article
5 est-il adopté?
M. Bourbeau: Pardon? L'article au complet?
M. Fortier: Non, l'article 4. Il s'est bien exprimé pour
une fois. Il ne faut pas le critiquer quand il fait un bon travail.
Le Président (M. Tremblay): Tel qu'amendé.
M. Fortier: Là, c'est très clair.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, M. le
député d'Outremont, mais j'avais oublié de dire "tel
qu'amendé".
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président! À
l'article 4 qui amende l'article 5, il y a 19 sous-paragraphes.
Le Président (M. Tremblay): Voilà.
M. Bourbeau: Voulez-vous prétendre qu'on n'a plus de
question à poser sur les 19 paragraphes?
Le Président (M. Tremblay): Je constate qu'il n'y a pas
d'intervenants qui m'ont demandé la parole. Je demande donc si vous
voulez l'adopter.
M. Bourbeau: Vous n'avez pas demandé si d'autres voulaient
prendre la parole. Bien sûr qu'il y a d'autres questions à poser
là-dessus. On ne veut pas laisser passer cela.
Le Président (M. Tremblay): Si c'est votre désir,
je vous la donne immédiatement.
M. Bourbeau: J'aimerais faire part au ministre de la
préoccupation importante de plusieurs à l'égard du cas
particulier des fruits et légumes. C'est un cas qui est un peu à
part parce que les fruits et légumes sont plus périssables que la
majorité des denrées. Un argument qui a été
évoqué par les gens qui vendent ces denrées est que
plusieurs personnes ne veulent pas acheter de fruits et légumes
longtemps à l'avance. Elles préfèrent s'approvisionner
presque journellement. Quand on fait en sorte que les vendeurs de fruits et
légumes ne peuvent pas ouvrir le samedi soir et le dimanche et que,
finalement, ça va jusqu'au lundi, il arrive que des consommateurs ne
soient pas servis selon leur désir. Au Québec, depuis quelques
années, il y a eu beaucoup d'endroits qui ont fleuri, oui, qui se sont
développés, spécialisés en fruits et
légumes, que ce soit dans les villes ou même dans les
régions semi-urbaines. C'est particulièrement
apprécié des consommateurs.
Je me demande ce qu'on peut faire, ce que le ministre peut faire, ce
qu'il suggère, quel effort il a fait pour tenter de satisfaire les
consommateurs qui s'approvisionnent à ces endroits et ne pas faire en
sorte que ces commerces qui se sont développés au cours des
dernières années soient obligés de fermer parce que la loi
ne les exclut pas.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Biron: Les gens qui vendent les fruits et légumes sont
répartis dans tous les commerces d'alimentation. Il faut aller chez des
Steinberg, Provigo ou Métro, les grandes surfaces, pour voir comment
cela est important pour eux ces commerces d'alimentation, la section des fruits
et légumes. Eux aussi parce qu'ils ont plus de trois employés
sont obligés de fermer le dimanche. Il faut quand même
réaliser qu'il faut traiter un peu tout le monde sur le même
pied.
Quant aux petits commerces de fruits et légumes, il y en a
beaucoup. La plupart sont dans les marchés publics et, à cause de
la loi d'ouverture maintenant à trois en même temps sur le
plancher, on pense qu'on va couvrir la plupart des commerces de fruits et
légumes, sauf quelques-uns qui sont vraiment spécialisés
dans la matière, sept ou
huit. Si on veut donner des permissions additionnelles pour ce monde, il
va falloir penser qu'on va donner des permissions additionnelles à tout
le monde qui a le droit de vendre des fruits et légumes, Steinberg,
Provigo, Métro.
Le marché ne sera pas plus élevé dans tout le
Québec parce que certains vont ouvrir le dimanche; ils vont avoir ce
privilège et d'autres ne l'auront pas. Dans ce sens, on a discuté
beaucoup avec les spécialistes dans le domaine des fruits et
légumes et on pense que ces gens pourraient vivre avec le
sixièmement, la règle de trois employés en même
temps, pourvu qu'ils s'organisent en conséquence. Il y aura
peut-être deux propriétaires de deux kiosques de fruits et
légumes côte à côte qui vont offrir le service
à la population, mais ça va être vraiment deux
établissements différents, deux propriétaires
différents, comme dans les marchés publics, enfin.
M. Fortier: Parfait.
M. Bourbeau: Quand le ministre parle de la solution qui ferait en
sorte qu'il y aurait deux propriétaires, est-ce que le ministre veut
dire, par exemple, que, si un commerce appartient à une raison sociale,
à une compagnie, disons, et que le commerce suivant est un autre
commerce de fruits et légumes qui appartient à une autre
compagnie, ils seraient considérés comme deux
propriétaires différents?
M. Biron: Comme on l'a dans les marchés publics à
l'heure actuelle. C'est permis pour ceux qui n'ont pas plus de trois
employés en même temps.
M. Bourbeau: Sans aller derrière la façade
corporative qui pourrait faire en sorte que les actionnaires soient les
mêmes, en définitive.
M. Biron: Ce seront deux établissements cloisonnés
distincts.
M. Bourbeau: Cloisonnés et distincts: si c'est en plein
air, comment cela peut-il être cloisonné?
M. Biron: Il y a juste un mur entre les deux, comme dans les
marchés publics. Il y a beaucoup de marchés publics où les
cultivateurs vont vendre en plein air le dimanche et c'est couvert.
M. Bourbeau: Justement, j'aimerais aborder, puisque le ministre
en parle, la question des marchés publics qu'on ne retrouve pas parmi
les exceptions à l'article 5. Le ministre est au courant qu'il y a eu
des représentations importantes à ce sujet depuis plusieurs mois
faites par les marchés publics. Ces gens prétendent qu'ils ont
procédé à l'inauguration et à
l'établissement de leurs commerces avec la bénédiction ou
l'approbation du gouvernement, qu'on leur a laissé croire au cours des
dernières années qu'effectivement leur commerce pourrait se
développer sans problème et, tout à coup, ils
réalisent avec la nouvelle loi que c'est en quelque sorte, à leur
égard, un retour en arrière puisqu'ils prétendent avoir
acquis certaines lettres de créance ou certains droits acquis. Quelle
est la position du ministre à l'égard de leurs
réclamations? (16 heures)
M. Biron: D'abord, je veux corriger une chose: lorsque ces
gens-là disent qu'ils ont construit leurs marchés publics avec la
bénédiction du gouvernement et qu'on ne les a pas
informés, c'est faux. D'ailleurs, je pense que, lorsque les
représentants des marchés publics sont venus à la
commission parlementaire et qu'on a étudié les mémoires,
ils ont dit: Oui, nous avions été informés. Oui, nous
savions que nous étions illégaux et quand même on a
foncé. Il faut réaliser qu'il y a une centaine de commerces
illégaux de plus de trois employés. Il y en a 600 ou 700 qui sont
légaux à travers dix marchés publics au Québec. On
en a dix bien identifiés. Il faut être prudent, quand même,
pour tous les petits qui sont légaux. Ce n'est pas leur faute si les
grands sont illégaux. Habituellement, les marchés publics
appartiennent à de grands développeurs.
Pour la centaine d'autres, vous allez retrouver l'article 6 de la loi
qui permet au ministre d'accorder à un établissement commercial
un délai pour se conformer aux dispositions de la présente loi.
C'est pour couvrir, justement, ces dix marchés publics bien
identifiés et pour faire des ententes avec eux en leur disant: D'accord,
la première année, jusqu'au 31 décembre cette
année, on va permettre dix employés dans vos cent commerces, dix
employés au maximum. L'an prochain, ce sera cinq ou sept et l'autre
année vous tomberez à trois. Finalement, on va forcer en quelque
sorte à corriger les lacunes des grandes surfaces; deuxièmement,
on va corriger les moyennes surfaces pour arriver finalement à un
maximum de trois employés après une certaine période. On
pense que c'est la meilleure façon pour ne pas forcer ces gens-là
à investir quelques millions de dollars pour se convertir d'un coup sec,
mais d'être avec eux assez patients, relativement patients même.
Les gens du domaine de l'alimentation, l'Association des détaillants en
alimentation, l'ADA, et l'association des petits détaillants en
alimentation ont été fort compréhensifs lorsque je leur ai
demandé un délai pour les marchés publics,
particulièrement ceux qui ont plus de trois employés, pour se
conformer à la loi; ils ont compris qu'il y avait un
investissement majeur.
On pourrait bien dire aujourd'hui: Vous étiez illégaux.
Vous savez que vous étiez illégaux et on vous coupe à
compter d'aujourd'hui, mais on a pensé qu'il valait mieux avoir un petit
délai pour leur permettre de s'ajuster.
M. Bourbeau: M. le Président, quand vous dites qu'on va
leur permettre de s'ajuster, comment vont-ils pouvoir le faire? De quelle
façon entrevoyez-vous, justement, cet ajustement de la part des
marchés publics?
M. Biron: C'est-à-dire qu'ils vont prendre d'abord leurs
grandes surfaces - il y a certains magasins qui ont, par exemple, une vingtaine
d'employés - et, tout de suite, ils vont s'attaquer à elles pour
les couper, les diviser en petites surfaces et les relouer à d'autres
locateurs qui voudront les louer et les exploiter avec trois employés au
maximum sur le plancher en même temps. On va procéder en l'espace
de deux ans. On pense qu'on a le temps de convertir ces cent magasins à
plus grande surface pour réussir à atteindre l'objectif qu'on a
de trois employés au maximum.
M. Bourbeau: Le ministre a-t-il reçu une lettre du
député de Vimont en date du mois de février 1984 qui
disait essentiellement ceci: Comme vous le savez, ville de Laval compte deux
grands marchés publics, le Marché Laval et le Marché 440,
qui ont nécessité des investissements de plusieurs millions de
dollars? M. le député de Jean-Talon.
M. Biron: M. le député de Vimont?
M. Bourbeau: Sans vouloir reprendre ici tous les
éléments de notre récente conversation, je tiens à
vous faire part, disait le député de Vimont dans sa lettre, de la
position adoptée par les députés ministériels de
Laval...
Le Président (M. Tremblay): Vous m'excuserez, M. le
député. Je voudrais rappeler au député de
Jean-Talon qu'il peut intervenir ici en demandant la permission en vertu de
l'article 129.
M. Bourbeau: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay): II doit attendre que le
président lui donne la parole pour intervenir s'il le désire.
Présentement, c'est votre collègue de Laporte qui tente de
convaincre le ministre. Laissez-le donc continuer.
M. Bourbeau: Non, non, c'est parce que je trouvais
intéressante la lettre du député de Vimont.
M. Rivest: Ah! C'était pour attirer mon attention.
M. Bourbeau: Oui.
M. Rivest: Ordinairement, je porte peu d'attention
à...
M. Rodrigue: C'est intéressant. Écoutez ce qu'il a
à dire.
M. Rivest: C'est la première fois que je portais attention
à ce que le député de Vimont écrit.
M. Rodrigue: Vous auriez dû le faire avant. Peut-être
qu'on aurait entendu des choses intéressantes de votre part.
M. Bourbeau: C'est intéressant, parce que le
député de Vimont faisait état de la
collégialité de la prise de position du député de
Laval. Il disait: "Je tiens à vous faire part de la position
adoptée par les députés ministériels de Laval,
lesquels appuient sans réserve la démarche entreprise
auprès de vous - le ministre - par ces marchés publics en ce qui
a trait aux heures d'ouverture et de fermerture de leur commerce." On sait que
les marchés publics demandent à être exclus de la loi.
"L'activité principale de ces marchés publics est la vente de
produits agricoles à l'extérieur par des producteurs ou des
commerçants indépendants et, à l'intérieur des
produits d'alimentation en général, par des commerçants et
des boutiquiers indépendants. Il est primordial, pour assurer leur
survie, de répondre à la demande des consommateurs lavallois d'en
permettre l'ouverture le dimanche. Notre demande a pour but de faire exclure
les marchés publics en tant qu'entités distinctes de
l'application de la loi 59 en ajoutant une clause spécifique à
l'article 5."
Dans une autre lettre qu'écrivait le même
député de Vimont à M. Théoret, le président,
il lui disait essentiellement la même chose, mais cela variait un peu.
"J'ai bien reçu ta lettre du 6 février dernier, ainsi que copie
de celle-ci que tu as adressée au ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme relativement au projet de loi 59. Il va sans dire que j'appuie
ta démarche sans réserve et, à cet effet, j'ai fait
déjà part de ma prise de position en ce sens au ministre
concerné, M. Rodrigue Biron. Les divers intervenants dans ce dossier se
feront entendre en commission parlementaire dans les jours qui viennent. Je
souhaite ardemment que M. Biron donne suite à notre requête -
parce que le député s'associait et s'identifiait aux
marchés publics - afin d'assurer la survie de nos marchés
publics."
M. le Président, il y a des lettres
semblables ici qui ont été écrites par le
député de la circonscription de Bourassa qui est whip adjoint du
gouvernement, d'ailleurs. J'ignorais cela, mais, enfin, on le voit sur la
lettre. Il disait: Soyez assurés que je prends bonne note de vos
observations et que j'appuierai votre demande en temps opportun."
c'était adressé aux marchés publics.
Il y a d'autres lettres comme cela, M. le ministre, mais je ne veux pas
en faire une liste. Il y a le député de Mille-Îles qui
écrivait une lettre semblable au ministre. Enfin, l'ensemble des
députés de la région souhaitaient que les marchés
publics soient exclus de la loi en les ajoutant à l'article 5. Est-ce
que le ministre a pris connaissance des représentations de ses
collègues, les députés du caucus péquiste de Laval?
Est-ce qu'il a l'intention de donner suite à cette requête?
M. Biron: C'est justement grâce à l'intervention du
député de Vimont et de ses collègues que l'article 6 de la
présente loi a été négocié avec les
marchés publics. On se souvient qu'au départ le premier projet de
loi ne donnait aucun délai aux marchés publics pour se conformer
leur disant: Vous êtes illégaux et, à compter de demain
matin, vous devez vous conformer. Lorsqu'on est allé en commission
parlementaire, on a écouté les gens, on a eu beaucoup
d'interventions de la part du député de Vimont et d'autres
députés du gouvernement du Parti québécois qui
écoutent le monde, dans le fond. On a pris le temps d'écouter le
monde. On en est venu à une négociation avec les marchés
publics. C'est sûr qu'eux au départ disaient: Non, on veut
être exclus pour ne pas dépenser un sou de transformation, mais a
dit: Entre zéro et 100%, il y a toujours une limite et on va essayer de
négocier. On a négocié avec les propriétaires de
ces marchés publics le 31 décembre 1986. Je les ai
rencontrés personnellement et je pense que les propriétaires de
marchés publics ont négocié de bonne foi en disant: C'est
vrai, on le sait qu'on est illégaux, on est prêt à se
conformer, mais donnez-nous le temps nécessaire. Je pense qu'avec
l'article 6 de ce présent projet de loi on répond exactement
à la demande du député de Vimont et de ses
collègues, c'est-à-dire qu'on en est venu à une entente de
bonne foi négociée avec les représentants des
marchés publics pour leur donner le temps de se conformer à la
loi.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, je remercie le
député de Laporte de me donner l'occasion d'aller dans le
même sens que ce que vient de rapporter le ministre. À la suite de
la publication du projet de loi initial, on a eu beaucoup de discussions au
caucus. D'ailleurs, vous en avez été témoin. En
particulier, j'avais fait des représentations auprès du ministre
pour deux groupes, soit les marchés publics et les marchands de fruits
et légumes, dont un en particulier est le groupe OCTOFRUIT de Laval,
mais il y a d'autres groupes comme ceux-là qui ont une chaîne de
magasins de fruits et légumes, en invoquant dans ce dernier cas que, par
ailleurs, il y avait beaucoup de maraîchers de Laval qui avaient
établi des kiosques dans les rangs, les petites routes à Laval et
qui, finalement, vendaient le dimanche et que, par ailleurs, des marchands de
fruits et légumes qui avaient des établissements et qui payaient
des taxes importantes, etc., devraient être autorisés
également à vendre le dimanche, compte tenu de la nature de leur
commerce.
À la suite de ces discussions, effectivement la notion de trois
employés a été modifiée pour en venir à
celle qu'on connaît dans le projet de loi tel qu'actuellement
rédigé. Cela nous apparaît, quand même, un compromis
acceptable avec lequel peuvent vivre à la fois les marchés
publics et les marchands de fruits et légumes. Ils auront, quand
même, à s'ajuster un peu, mais il y avait, évidemment,
d'autres facteurs à considérer aussi. Ils ne sont pas les seuls
au Québec dans le domaine de l'alimentation. Vous avez tous ceux qui ont
des établissements installés là depuis longtemps, comme
celui chez qui je m'approvisionne, le Marché Dunn à Vimont. C'est
un marchand installé là depuis une vingtaine d'années et
qui ne veut pas ouvrir le dimanche. Il a des employés et tout cela; il
possède une clientèle qui est habituée à aller chez
lui. Cela fait longtemps qu'il fonctionne comme cela et de façon
satisfaisante. Il s'agit d'essayer d'avoir assez de souplesse pour rencontrer
les besoins d'un certain nombre de clientèles.
Je sais qu'à Laval au marché public 440, il s'agit de s'y
rendre le dimanche après-midi à 15 heures pour se rendre compte
que le terrain de stationnement déborde, que des automobiles sont
obligées de stationner en bordure des voies de service de l'autoroute
actuellement. Donc, à Laval, il y a une population qui a besoin de ce
genre de service: que ce soit des hôtesses de l'air, des hommes
d'affaires qui voyagent etc., des députés aussi qui ne sont pas
toujours dans leur comté avant la fin de semaine et qui doivent parfois
aller faire un peu de marché pour s'alimenter. Il y a une
clientèle comme cela à Laval. Je pense que ces marchands
répondent à ce besoin.
Les amendements apportés au projet de loi à la suite des
rencontres que le ministre a eues, à notre demande, avec ces groupes ont
semblé satisfaire suffisamment ces
derniers. Je n'ai pas eu d'autres représentations depuis ce
temps. Quant à moi, ils m'apparaissent suffisamment raisonnables pour
leur permettre de fonctionner et je pense qu'ils peuvent vivre avec cela,
d'après ce que j'ai compris de leur part. La lettre que vous avez lue,
M. le député de Laporte, a effectivement eu des suites. Le
ministre a amendé son projet par la suite. Ce que nous avons
aujourd'hui, c'est un projet qui a été amendé à la
suite de représentations comme celles-là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Jean-Talon ayant demandé la parole. Non. Ahi M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, si on veut pousser un peu
plus loin au sujet des marchés publics, la position actuelle des
représentants des marchés publics que nous avons
rencontrés hier soir est la même que celle qu'ils avaient au
début: ils souhaitent être exclus de la loi. Le ministre leur
propose une solution temporaire qui fait en sorte qu'ils vont devoir d'ici
à deux ans - le ministre dit "se conformer", cela veut dire en fait
diminuer leur boutique - faire en sorte qu'une boutique en devienne deux ou
trois, compartimenter, je ne sais pas comment ils vont s'y prendre. Le ministre
disait: "sous-louer une partie des locaux pour faire en sorte qu'un autre
marchand s'installe". De toute façon, c'est un genre de
démantèlement de certaines de ces boutiques. Ce que j'ai compris
des propriétaires de marchés publics comme étant encore
aujourd'hui leur position, c'est qu'ils s'opposent à la loi telle
qu'elle est présentement. La clause qu'a négociée le
député de Vimont en ce qui les concerne est un pis-aller.
J'aimerais bien savoir clairement du député de Vimont si le
caucus de Laval est en faveur de la position officielle des marchés
publics de pouvoir les exploiter tels qu'ils existent présentement ou si
le caucus des députés de Laval, représenté par le
député de Vimont, est plutôt en faveur de la clause qui est
actuellement dans le projet de loi.
M. Rodrigue: M. le Président...
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Biron: ...je voudrais juste donner une information avant parce
qu'il y a deux associations de marchés publics. Un représente son
association, M. Théoret; M. Rizzuto parle au nom de tous les autres
marchés publics. Je voudrais savoir du député de Laporte
lequel il a rencontré, parce que nous croyons qu'avec l'Association des
marchés publics, M. Rizzuto, on en est venu à une entente. Si
vous avez rencontré M. Théoret, c'est fort possible parce que
c'est le seul dissident de l'association.
M. Bourbeau: Je suis obligé de revenir aux lettres du
député.
M. Biron: Ah! À qui sont-elles adressées?
M. Bourbeau: Les lettres sont adressées à M.
Jean-Paul Théoret.
M. Biron: D'accord.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la position de M. Théoret
que nous avons rencontré hier - j'avais lu les lettres à M.
Théoret - le député de Vimont vient de nous expliquer une
position qui n'est pas celle de M. Théoret. Je veux savoir où se
logent le député de Vimont et le caucus de Laval. (16 h 15)
M. Rodrigue: Bon, très bien. Au départ, j'ai
effectivement rencontré le groupe que représentait M. Jean
Rizzuto et dont faisaient partie le Marché 440 et le Marché
Laval, etc. Ce qui peut créer un peu de confusion dans un dossier comme
celui-là, c'est que M. Théoret est associé au
Marché 440. Mais, par ailleurs, il a des établissements en
propre, il a une chaîne d'établissements et, donc, il fait partie
d'une autre association. Pour ce qui est des marchés publics
représentés par le groupe Rizzuto, qui représente la
douzaine de marchés publics au Québec, ceux-là, je pense,
dans la mesure où ils ont le temps voulu pour faire les agencements
nécessaires sans être obligés d'investir massivement cette
année, sont relativement satisfaits du projet de loi et acceptent,
à toutes fins utiles, le compromis.
Vous me dites que vous avez rencontré hier soir, si je comprends
bien, M. Théoret qui n'accepterait pas, lui, le compromis. Ecoutez,
j'avais l'impression, au départ, que M. Théoret parlait au nom du
groupe que représente M. Rizzuto, mais je me suis rendu compte, par la
suite, qu'il y avait deux groupes là-dedans. Quand je lui ai
écrit une lettre je pense que le projet de loi venait d'être
déposé. En plus de cela, je le percevais comme faisant partie du
groupe Rizzuto.
Effectivement, l'amendement apporté au projet de loi nous
apparaît vivable pour les marchés publics et c'est la
réponse qu'on a eue de la part du groupe le plus important d'entre eux.
Pour le causus des députés de Laval, cela nous semble
satisfaisant dans la mesure où je peux parler au nom du caucus, parce
qu'on n'en a pas rediscuté ces derniers temps.
Le Président (M. Tremblay): J'imagine
que le député de Jean-Talon demande le droit de parole
à la commission. Y a-t-il consentement?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des problèmes dans le projet
de loi probablement que cela ne s'applique pas nécessairement - pour le
cas des campagnes où, le dimanche, des cultivateurs ouvrent en face de
leur demeure ou de leur ferme des kiosques de fruits et légumes? Je
comprends qu'il y a peut-être la règle des trois employés,
etc., mais risquent-ils de tomber sous l'application des nouvelles dispositions
proposées par le ministre?
M. Biron: Tout ce que j'en sais de ces cultivateurs qui ont
beaucoup de kiosques, c'est qu'il n'y a jamais plus de trois employés
à ces kiosques. Ils sont donc toujours couverts par la règle de
trois. Il n'y a pas de problème pour eux.
M. Rivest: Le ministère a-t-il l'intention de surveiller
cela? Ces gens seront-ils incommodés par des inspecteurs gouvernementaux
à gauche et à droite?
M. Biron: C'est-à-dire qu'avec la nouvelle loi, s'il y
avait admettons six employés, des compétiteurs pouvaient porter
plainte maintenant. C'est fort possible. Mais ce qu'on en sait et qu'on a
vérifié jusqu'à maintenant, c'est qu'habituellement il n'y
a pas plus de trois employés. Alors, il n'y aura pas de problème
pour ces gens.
M. Bourbeau: Sur le même sujet. Je sais que le
député de Gouin a demandé la parole, mais je voudrais
simplement poser une question additionnelle sur le sujet évoqué
par le député de Jean-Talon. Pour le cultivateur qui ouvre un
kiosque en avant de sa résidence, sur la pelouse, comme on le voit
parfois, le mot "établissement" devient un peu sa résidence. S'il
a une femme et quatre enfants, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'il y a plus de
trois personnes, en tout temps, dans son établissement...
M. Biron: Non.
M. Bourbeau: ...et de cette façon, vous ne pourriez pas
lui permettre de vendre des fruits et des légumes?
M. Biron: Son établissement pour fins de vente au
détail, c'est son kiosque. C'est la grandeur de son kiosque.
M. Bourbeau: Mais, s'il n'a pas de kiosque, s'il est sur sa
pelouse en avant de sa maison, avec des espèces d'étagères
comme on en voit parfois?
M. Biron: Si c'est cela, il n'y a jamais plus de trois
employés. Il n'y a pas de problème. Celui-là n'a pas de
problème, parce que son établissement, c'est son kiosque.
Habituellement, ces kiosques sont très petits.
M. Rivest: Vous n'enverrez pas vos inspecteurs les... Non?
M. Bourbeau: Bon, on va prendre la parole du ministre.
M. Rivest: Non? Vous ne les enverrez pas faire une razzia dans
les campagnes pour aller vérifier.
Une voix: Seulement dans Jean-Talon.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions?
M. Rivest: Je constate que le ministre est prudent depuis un
certain nombre d'heures, avant de répondre.
Une voix: II ne répond pas.
M. Rivest: C'est bon cela. Vous l'aurez corrigé. C'est
parfait, M. le député de Laporte.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 4 modifiant l'article 5? M. le député
de Gouin.
M. Bourbeau: Ce sont toujours les illégaux qui parlent.
L'avez-vous remarqué, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Je ne suis pas illégal,
par exemple.
M. Rochefort: M. le Président, je veux donner la chance au
député de Laporte de corriger ce qu'il vient de dire. J'imagine
qu'il y a eu un lapsus dans son affirmation.
M. Bourbeau: Non, c'est parce qu'on a beaucoup entendu parler des
illégaux à l'égard des marchés publics. Comme le
député de Jean-Talon, qui n'est pas un membre de la commission, a
pris la parole et que le député de Gouin, non plus, je lui ai
fait une blague. J'espère que le député de Gouin l'a pris
comme cela.
M. Rochefort: Parfait, je voulais être certain que
c'était une blague. D'ailleurs, M. le Président, quand le
député parlait...
M. Rivest: II a voté pour la résolution
du congrès du PQ, c'est un dur.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Jean-Talon, vous, vous parlez en dehors d'un droit de parole que je vous ai
accordé.
M. Rivest: Bon.
Le Président (M. Tremblay); La parole est au
député de Gouin.
M. Rivest: II n'était pas illégal le soir du
congrès du PQ; il était pour cela, lui, le vote pour...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Jean-Talon, la commission...
M. Rochefort: Je vois jusqu'à quel point, M. le
Président, le député de Jean-Talon brûlerait
d'être membre du Parti québécois et de participer à
ses congrès.
M. Rivest: Non, j'attends que Pierre-Marc fonde une Union
Nationale moderne. Pierre-Marc Johnson. Là, on fera un regroupement au
centre.
M. Bourbeau: Les "nationaleux".
M. Rochefort: Vous attendez cela pour quitter Robert?
M. Biron: Vous êtes déjà tanné du
Parti libéral?
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Bourbeau: On a le chef tout trouvé ici!
M. Rivest: On a un chef tout trouvé; il a
déjà été dans l'Union Nationale.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît! Quand même!
M. Rivest: II va revenir, il n'est pas pressé.
M. Biron: J'ai déjà été chef,
moi.
Le Président (M. Tremblay): La parole est au
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
M. Rivest: Vous ne voulez pas qu'il soit notre chef?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Jean-Talon, je vais être obligé de vous rappeler à l'ordre,
si ça continue. Cela fonctionnait bien ici avant que vous arriviez.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui.
M. Bourbeau: Cela fonctionne mieux depuis qu'il est là, M.
le Président.
M. Rochefort: J'aimerais intervenir sur le dernier alinéa
de l'article 4.5, l'alinéa qui concerne le cloisonnement. C'est une
question que je voudrais poser au ministre. Est-ce qu'on ne pourrait pas
baliser la notion du cloisonnement uniquement pour le commerce des
denrées alimentaires? Rien à ma connaissance - je l'ai lu deux
fois - ne me permet de croire que cela ne serait applicable qu'aux marchands de
denrées alimentaires.
M. Biron: Non, M. le député de Gouin. Je pense
à une tabagie qui vend aussi des journaux et des livres, dans
Lotbinière. On n'y vend pas de denrées alimentaires, mais on y
vend des vêtements sur semaine.
M. Rochefort: II pourra vendre des vêtements le
dimanche?
M. Biron: Non, il ne peut vendre de vêtements le dimanche.
Mais il a droit de vendre ses journaux, ses tabacs, ses livres, s'il est
cloisonné. Dans ce sens, si vous ne faites le cloisonnement que pour les
denrées alimentaires et que vous excluez les autres, lui, parce qu'il
vend plus de vêtements que de tabac sur semaine, il serait
empêché de vendre du tabac et des livres le dimanche.
M. Rochefort: Est-ce que l'inverse ne serait pas possible, M. le
ministre, exactement l'inverse de l'exemple que vous nous donnez? Qu'un vendeur
de tabac la semaine puisse vendre, par cloisonnement, des vêtements le
dimanche?
M. Biron: Non, c'est le produit qui est exclu le dimanche; le
vêtement est exclu le dimanche.
Une voix: Indépendamment du nombre? M. Biron:
Indépendamment du nombre.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Rochefort: Oui, un instant.
Le Président (M. Tremblay): Pendant que chacun
étudie ses documents...
M. Rochefort: J'essaie de voir comment le ministre peut dire que
l'exemple que je lui ai fourni ne serait pas possible.
M. Biron: Parce qu'il n'a pas droit de
vendre des vêtements le dimanche.
M. Rochefort: Parce qu'il n'est pas dans la liste.
M. Biron: II n'est pas dans la liste des exclusions.
M. Rochefort: Bon, je comprends. Donc, tous les commerces qui
sont compris dans la liste des exclusions peuvent aussi être
cloisonnés et avoir une certaine activité commerciale le
dimanche?
M. Biron: Oui, mais à condition que ce soit
cloisonné: il faut vraiment que ce soit une partie distincte, une
cloison, une caisse, une porte.
M. Rochefort: Donc, vous ouvrez une porte. Dans le cloisonnement,
il faudra une caisse différente, une porte différente et tout
cela? Là, je trouve cela plus intéressant, M. le ministre.
M. Biron: C'est cela. On ne voudrait pas dessiner, par la
réglementation, ce que les gens auront à faire.
M. Rochefort: Ce n'est pas ce que je demande, M. le ministre.
M. Biron: D'accord.
M. Rochefort: Toutefois, je veux être certain qu'un juge
pourra utiliser le projet de loi plutôt que votre discours pour porter un
jugement.
M. Biron: D'accord.
M. Rochefort: Donc, allez-y. Vous nous dites qu'il y aurait une
caisse, une adresse civique, une cloison.
M. Biron: Non, ce peut être la même adresse. Je pense
toujours à ma tabagie, dans Lotbinière, qui vend des
vêtements. C'est sûr que tout le coin de la tabagie et des livres
est ensemble; pour le reste, le dimanche, c'est fermé. Il y aura une
cloison; ce ne sera pas une cloison qui ira jusqu'au plafond. Si j'étais
à sa place, ce n'est pas ce que je ferais; je ferais une cloison
esthétique pour que les gens soient intéressés à
voir ce qu'il y a derrière la cloison, à passer par les grandes
portes qui seraient ouvertes la semaine. On ne peut les forcer à faire
des cloisons en béton isolé, mais on définira en cours de
route comment cela devra être cloisonné.
M. Rochefort: Vous allez définir cela comment? Par
règlement? De quelle façon, M. le ministre, par
règlement?
M. Biron: À ce jour, on est arrivé à des
ententes avec la plupart des intervenants. Bien sûr que, si on les
poursuit et qu'ils sont mis à l'amende, avec le montant de l'amende, les
gens ne s'amuseront pas beaucoup. Autrefois, ils pouvaient s'amuser et,
malgré ça, on en est arrivé à beaucoup d'ententes.
Maintenant, on peut intervenir auprès des gens et dire: Vous serez
poursuivis; si vous vendez autre chose que ce que vous avez le droit de vendre,
il y aura des poursuites et il y aura des amendes. Avant, quand il n'y avait
pas d'amende, il n'y avait pas beaucoup de problèmes pour les gens. Mais
là, avec des amendes qui s'élèvent, je pense qu'il n'y a
pas beaucoup de gens qui sont intéressés à payer de
grosses amendes pour exploiter leur commerce illégalement. C'est le
début de la sagesse. On prévoit qu'il y aura beaucoup moins de
cas qu'avant parce que les amendes sont plus élevées.
M. Rochefort: Vous croyez que par un texte comme celui qui est
devant nous présentement, sans préciser par règlement ou
dans la loi ce qu'on entend par cloisonnement, c'est suffisant pour permettre
à un juge de condamner à l'amende, d'appliquer les sanctions
prévues dans votre projet de loi?
M. Biron: On prétend que oui: un juge en a assez pour
décider.
M. Rochefort: Vous avez un avis de vos services juridiques
à cet effet.
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 4 qui amende l'article 5?
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais parler du
sous-paragraphe 16 où on parle des antiquités et des marchandises
usagées. J'ai eu beaucoup de représentations faites par des
groupes à l'égard de cet article. Les gens se plaignent des
marchés aux puces qui prétendent, un peu comme d'autres, qu'en
adoptant la loi telle quelle on fera en sorte que le commerce qu'ils exploitent
présentement devra fermer. Est-ce que le ministre peut nous expliquer un
peu quelle est sa position à leur égard?
M. Biron: Nous avons discuté avec l'association et
beaucoup de gens des marchés aux puces et on en est venu à une
quasi entente pour leur permettre d'aller jusqu'au 31 janvier 1985 avec les
marchandises qu'ils ont déjà achetées. Plusieurs ont
acheté des marchandises neuves à l'heure actuelle.
Légalement, ils ont le droit de vendre de l'usagé. Ils vendent
du
neuf d'une façon illégale à l'heure actuelle. C'est
la même chose que pour les marchés publics, on a défini
avec eux qu'on leur donnait jusqu'au 31 janvier 1985 pour écouler leur
stock et, après cela, ils devront vivre en vendant de l'usagé
exclusivement. Certaines lignes de manufacturiers québécois
seraient vraiment, en anglais, "obsolete", passées de mode.
On est en train de définir un comité très
restreint, mais qui ne prendrait pas beaucoup de temps à décider,
composé de représentants de manufacturiers, d'un
représentant du MIC et d'un ou deux représentants des
marchés aux puces qui pourraient vraiment décider des bouts de
ligne. Les gens disent des bouts de ligne, mais la première chemise,
c'est le commencement de la ligne et, à compter de la deuxième
jusqu'à 100 000, c'est le bout de ligne. C'est bien difficile à
définir ce qu'est un bout de ligne. On constate que, s'il y avait des
matériaux ou des marchandises passés de mode, ça pourrait
se vendre là aussi. Il y a un petit comité qui devrait se pencher
là-dessus pour essayer de trouver des méthodes de décider
rapidement.
Cela veut dire que les marchés aux puces, pour cette
année, il n'y a rien de changé jusqu'au 31 janvier 1985 et,
à compter du 1er janvier 1985, ils peuvent vivre en respectant la
loi.
M. Bourbeau: Quand le ministre parle de passé de mode,
comment va-t-on s'y prendre pour faire la distinction entre une marchandise
neuve qui est passée de mode, mais qui n'est pas usagée et une
marchandise usagée? Dans la loi, actuellement, il est interdit de vendre
des marchandises neuves. Comment allez-vous vous y prendre, sur le plan
légal, pour légaliser ce qui ne l'est pas?
M. Biron: Cela a été une demande des marchés
aux puces. Nous avons dit qu'on s'engageait, d'ici le 31 janvier, à
former un comité avec eux et avec des représentants des
industriels, des manufacturiers, pour définir ce qu'était au
juste tout cela. C'est sûr que, si on avait besoin d'un petit amendement
par le biais d'un projet de loi omnibus à l'automne 1984, on le
soumettrait. Mais jusqu'à maintenant, comment on va s'y prendre, je ne
peux pas vous répondre à cela. Le principe, c'est d'essayer de
les aider. On comprend qu'il y a des choses qui sont vraiment passées de
mode, qu'il faut les vendre quelque part, et c'est normal qu'eux puissent les
vendre. Comment va-t-on y arriver au juste? Pour le moment, en adoptant la loi,
nous ne les dérangeons pas puisque nous leur donnerons le temps de
s'ajuster jusqu'au 31 janvier 1985. Entre-temps, le comité
représentant les marchés aux puces, le MIC et les industriels va
devoir fonctionner pour nous faire des suggestions appropriées. (16 h
30)
M. Bourbeau: Donc, le ministre convient qu'en vertu de la loi
actuelle les arrangements dont il parle ne pourraient pas être mis en
vigueur à moins qu'il n'y ait une modification à la loi.
M. Biron: S'ils peuvent être mis en vigueur, tant mieux;
sinon, on apportera une petite modification à la loi à l'automne.
Pour le moment, on a convenu avec eux qu'on formait un comité de travail
pour essayer de solutionner ce problème particulier du vêtement
passé de mode. Quant au reste, ce sera de l'usagé seulement. On
ne peut pas permettre de vendre des chaînes de stéréo, des
télévisions et tout cela dans les marchés aux puces de
neuf, comme cela se fait présentement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux revenir à la
question du cloisonnement dans l'article 5. J'ai relu l'article 5.1 et je veux
être bien sûr que je comprends. À l'article 5.1, qui est
l'opérationnalisation du dernier alinéa de l'article 5, on dit:
"Pourvu qu'à chaque jour d'ouverture il n'y ait jamais plus de trois
personnes en même temps pour assurer le fonctionnement de cet
établissement commercial ou de la partie distincte et cloisonnée
de cet établissement où s'effectue la vente des denrées
alimentaires."
Prenons le cas des superpharmacies les Pharm-escomptes où il se
vend des denrées alimentaires. Quand on dit trois employés,
est-ce que cela inclut l'employé qui est préposé à
la caisse?
M. Biron: Oui, mais il y a deux choses. Il y a des
superpharmacies, les Pharm-escomptes qui existent aujourd'hui d'une
façon légale.
M. Rochefort: On va y revenir tantôt à 5.2.
M. Biron: On a un règlement pour dire: Ce qui existait
dans le passé d'une façon légale, on n'a pas le droit
maintenant de le déclarer illégal. On accepte cela. Pour
l'avenir, les pharmacies qui voudront vendre de l'alimentation devront ou
vendre de l'alimentation à l'intérieur de leur pharmacie avec
trois employés au maximum ou avoir une partie cloisonnée à
côté où elles vont vendre de l'alimentation. Si la partie
cloisonnée doit être ouverte le dimanche, il faut que, dans la
partie cloisonnée, il n'y ait jamais plus de trois employés en
même temps. Il pourra y en avoir dix dans la pharmacie.
M. Rochefort: Je veux qu'on soit bien clair. Cela veut dire, en
conséquence, de deux choses l'une: ou bien on retrouvera deux personnes
qui travaillent dans la partie cloisonnée qui fait la vente de
denrées alimentaires pour ajouter la personne qui est à la caisse
de l'ensemble des activités qu'on retrouve dans la superpharmacie pour
faire trois, ou bien on aura une caisse particulière pour la section
cloisonnée où se fait la vente de denrées
alimentaires.
M. Biron: Exact.
M. Rochefort: Sur cela, on va y revenir tantôt. N'allons
pas trop vite.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions sur
l'article 4 amendant l'article 5?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 4 amendant cette
partie-là de l'article 5 est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté, sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 4 amendant l'article
5 est adopté sur division. J'appelle l'article 4 amendant l'article
5.1.
M. Biron: M. le Président, j'ai un amendement de
concordance avec ce qu'on a accepté tout à l'heure pour les
boissons alcooliques.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'article 5.1 de la Loi
sur les heures d'affaires des établissements commerciaux
édicté par l'article 4 du projet de loi modifiant la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux est modifié par
le remplacement dans la troisième ligne du deuxième alinéa
du "chapitre" 7 par le chiffre 8.
M. Biron: Du chiffre 7 par le chiffre 8.
Le Président (M. Tremblay): C'est ce que j'ai dit,
non?
Une voix: Vous avez dit du chapitre 7.
M. Biron: C'est de concordance avec ce qu'on a accepté
tout à l'heure pour nous permettre de couvrir le 8e.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur cet amendement à l'article 5.1?
M. Biron: C'est de concordance avec ce qu'on a discuté
tout à l'heure.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des discussions?
L'amendement de l'article 4 amendant l'article 5.1 est-il adopté?
M. Bourbeau: Un instant. Amendant le deuxième paragraphe
de l'article 5.1, vous voulez dire.
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement amendant le
deuxième paragraphe de l'article 5.1.
Une voix: De l'article 4.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse. Ne me donnez pas
d'aide et je vais y arriver. Alors, l'amendement de l'article 4 portant sur
l'article 5.1 de l'ancienne loi est-il adopté?
M. Bourbeau: Si c'est le deuxième paragraphe, oui.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. Là, on
adopte l'amendement. L'amendement est adopté. Est-ce adopté sur
division ou adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. Maintenant, je
passe à la discussion sur l'article 5.1.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, le deuxième
paragraphe, les menus articles. On en a discuté abondamment à
l'occasion de la commission parlementaire où nous avons entendu les
différents intervenants. On en a rediscuté hier et je veux qu'on
en rediscute quelque peu aujourd'hui.
M. le Président, je voudrais savoir comment un juge va pouvoir
déterminer ce que sont des menus articles.
M. Biron: Jusqu'à maintenant, c'est simple, c'est par
jurisprudence. Les juges ont déjà à plusieurs reprises
déterminé qu'un menu article est un article qu'on tient dans la
main et qui ne coûte pas plus de 20 $. Si on essaie de le
déterminer complètement, on n'y arrivera jamais, on est mieux de
se fier à la jurisprudence. C'est arrivé à plusieurs
reprises dans le passé que les juges ont décidé en
fonction de menus articles et on n'a pas voulu changer ce terme, parce que,
jusqu'à maintenant, il a fait l'affaire du respect de la loi.
M. Rochefort: Et il n'y a pas eu d'exception à cette
jurisprudence?
M. Biron: Non. Jusqu'à maintenant, cela
a été à peu près cela. Alors, dans cinq ans,
au lieu d'être 20 $ ce sera peut-être 30 $.
M. Rochefort: D'accord, mais une question en corollaire, M. le
Président. Le ministre peut-il nous assurer que ces inspecteurs, qui
seront chargés de faire appliquer la loi, accorderont une attention
particulière à cette question des menus articles?
M. Biron: Oui, c'est ce qu'on a fait jusqu'à maintenant.
Il faut bien savoir que jusqu'à maintenant on y allait lorsqu'on avait
des plaintes de compétiteurs ou de citoyens. Mais, maintenant, la
nouvelle loi va permettre à d'autres gens aussi de porter plainte.
Alors, nos inspecteurs vont porter, bien sûr, une attention
particulière à cela et, encore une fois, parce que les amendes
sont beaucoup plus élevées, cela va faire réfléchir
beaucoup de gens. Une pharmacie qui vendrait une souffleuse à neige peut
être condamnée à 40 $. Là, elle va être
très prudente parce que cela peut lui coûter pas mal cher. C'est
dans ce sens-là qu'on prétend que ce sera beaucoup plus facile de
faire respecter la loi.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement à l'article 5.1 de l'article 4?
Amendé, oui.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: En vertu de l'article 5.1, M. le ministre, on dit
que les gens qui sont exclus de la loi aux paragraphes 1 , 2°, 3°, 5 ,
6°, 7° et 8 , en raison de l'activité exclusive qu'ils y
traitent, peuvent vendre en plus des denrées alimentaires, pourvu qu'il
n'y ait pas plus de trois personnes en même temps pour assurer le
fonctionnement de cet établissement commercial. On inclut dans cette
catégorie les vendeurs de journaux, les vendeurs de tabac. Dans le
premier paragraphe: journaux, périodiques ou livres; deuxième
paragraphe: tabac et objets requis pour l'usage du tabac; troisièmement,
on reprend les paragraphes 1 et 2 ensemble. Le ministre pourrait-il nous
expliquer pour quelle raison on a fait cela?
M. Biron: C'est parce que cela a été changé
par le Comité de législation, par de savants juristes.
Étant donné que l'activité exclusive peut être de
vendre des journaux, du tabac ou des livres pour certains, ou du tabac et des
objets requis pour le tabac pour d'autres, ou les deux ensemble pour d'autres
aussi, ces juristes prétendaient qu'il fallait remettre les deux
ensemble. Vous avez raison, le troisièmement regroupe le
premièrement et le deuxièmement. Mais, certains
établissements vont faire l'un ou l'autre et d'autres vont faire les
deux. Alors, c'est le Comité de législation qui nous a
rédigé le mot à mot du paragraphe 3.
M. Bourbeau: N'y aurait-il pas eu de façon plus habile ou
différente de rédiger cela? Si on avait fait un seul paragraphe
pour les trois en inscrivant "et/ou", en les nommant tous, est-ce que cela
n'aurait pas été suffisant?
M. Biron: C'est cela qu'on avait et on a décidé que
ce n'était pas français.
M. Bourbeau: Alors, nous ne sommes pas de savants juristes. En
continuant toujours dans le même ordre d'idées, les
pâtisseries et les confiseries sont également exclues.
Après cela, on arrive aux produits pharmaceutiques et aux boissons
alcooliques. Tous ces gens peuvent en plus vendre des produits alimentaires. Il
y a le cas du 9 , les vendeurs d'essence. On a porté à notre
attention le cas de petits dépanneurs ou de dépanneurs qui
vendent de l'essence pour qui cela pourrait causer un problème de ne pas
être inclus dans le paragraphe 5.1, surtout dans les régions
rurales.
M. Biron: Oui. Je ne verrais pas d'objection à les
ajouter, parce que c'est nouveau que des petits dépanneurs qui ont une
station d'essence développent le dépanneur à
côté. Dans ce cas ils sont régis par la règle de
trois, incluant les gens qui servent l'essence.
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Biron: Je n'aurais pas d'objection à ajouter, par un
amendement, le 9 . Finalement, ces petits dépanneurs seraient quand
même régis par la règle de trois, mais pour l'alimentation,
pour le dépanneur et, pour l'essence, ce serait à part.
Le Président (M. Tremblay): Ce serait un amendement qui
viserait à amender l'article 5.1 de l'article 4 pour ajouter,
après les "paragraphes 1°, 2°, 3°, 5°, 6°, 7°,
8°, le paragraphe 9°. Y a-t-il des interventions sur cet amendement
particulier?
L'amendement à l'article 4 amendant l'article 5.1 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. Y a-t-il
d'autres interventions sur l'article 4 amendant l'article 5.1? La partie de
l'article 4 qui amende l'article 5.1 est-elle adoptée telle
qu'amendée?
Une voix: Ah! C'est l'affaire de la renumérotation.
M. Biron: Adopté.
Une voix: Le 9° est adopté.
Une voix: Ah! D'accord.
M. Rodrigue: C'est certainement adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que c'est
adopté? L'article 4 amendant l'article 5.1 est adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 5.2.
Pharmacies d'escompte
M. Biron: J'ai certaines explications à donner concernant
l'article 5.2. Cet article couvre les pharmacies à grande surface qui
oeuvraient d'une façon légale jusqu'à maintenant,
c'est-à-dire que la loi qui leur permet de vendre de l'alimentation en
plus des produits pharmaceutiques étant adoptée, une centaine de
pharmacies à grande surface au Québec ont surgi. Or, toutes les
pharmacies ont demandé d'être exclues de la loi. Nous jugions que
ce n'était pas l'objectif de l'ancienne loi, même si elles avaient
oeuvré légalement, mais au cours de longues discussions avec les
représentants de ces pharmacies à grande surface, nous en sommes
venus à la conclusion qu'elles s'engageraient à ne prendre aucune
expansion par rapport aux pharmacies existantes. Nous avons jusqu'ici fait
l'inventaire de toutes les pharmacies existantes qui vendent de l'alimentation
sur une grande surface, c'est-à-dire avec plus de trois employés.
Ces pharmacies qui sont construites jusqu'à maintenant et qui
fonctionnent légalement, nous sommes prêts à les exclure de
la loi afin de leur permettre de continuer, à condition qu'elles
demandent l'autorisation au ministre avant le 1er septembre 1984 et que cette
autorisation soit publiée dans la Gazette officielle. (16 h 45)
Nous avons l'inventaire de ces pharmacies. Donc, il ne peut pas se
rajouter des pharmacies en cours de route puisqu'on a déjà fait
l'inventaire avant de présenter le projet de loi pour savoir exactement
ce à quoi on devait s'engager. Il n'y a personne qui, à compter
de maintenant jusqu'au 1er septembre, peut prendre de l'expansion parce que
nous les connaissons déjà grâce à notre inventaire.
Mais nous laissons quand même un délai de deux mois aux pharmacies
pour pouvoir s'enregistrer comme étant légales selon l'ancienne
loi, car elles deviendraient illégales par la nouvelle loi.
Quant aux nouvelles pharmacies qui voudraient se développer dans
l'alimentation, elles devront ou se cloisonner ou se limiter à la
règle de trois employés au maximum.
Lorsque les autorisations seront données pour les pharmacies
existant à l'heure actuelle, cela devra être publié dans la
Gazette officielle, afin de véritablement fermer toute cette page de
l'évolution des pharmacies dans le domaine de l'alimentation au
Québec.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une question au ministre. Ces pharmacies qui,
actuellement, fonctionnent comme des pharmacies d'escompte et qui ont de
grandes surfaces alimentaires, vous dites que, actuellement, vous en avez fait
l'inventaire?
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: L'inventaire est fait. Est-ce que, dans ces
pharmacies qui existent présentement, la surface où elles vendent
des produits alimentaires excède la surface où elles vendent des
produits pharmaceutiques?
M. Biron: J'ai vérifié s'il n'y en avait pas
quelques-unes et aucune n'excède en alimentation la surface qu'elles ont
pour les autres produits.
M. Bourbeau: Pour les autres produits. Je vais reprendre ma
question. Est-ce que la surface...
M. Biron: M. le député de Laporte, je vais juste
clarifier ma réponse. J'ai revérifié pour être
certain. Si on compte les produits pharmaceutiques, hygiéniques et
sanitaires, les surfaces employées pour ces produits, c'est toujours
plus que la surface employée pour l'alimentation.
M. Bourbeau: C'est de cette façon que j'allais reformuler
ma question.
M. Rochefort: Est-ce que le député me permettrait
seulement 10 secondes?
M. Bourbeau: Oui, oui, sûrement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Qu'est-ce qu'on entend par produits
pharmaceutiques? Est-ce qu'on entend les produits qui sont régis par
l'Ordre des pharmaciens du Québec, qui doivent déjà,
à l'heure où l'on se parle, non pas à cause de
règles sur les établissements commerciaux, mais à cause de
règles édictées par l'Ordre des pharmaciens du
Québec, être vendus dans un espace cloisonné, ou tous les
dérivés des produits pharmaceutiques?
M. Biron: Cela et tous les dérivés.
M. Rochefort: Ce n'est pas grave, c'est une distinction. Ah, ce
sont tous les dérivés!
M. Biron: Tous les dérivés. M. Rochefort: Ah
bon!
M. Biron: Le grand public, les aspirines...
M. Rochefort: Effectivement, c'est vrai ce que vous nous dites
là.
M. Biron: ...le sirop Victor et tout cela. M. Rochefort:
Oui, oui. D'accord.
M. Bourbeau: J'aimerais reprendre ma question pour être
sûr qu'on se comprend bien. Les pharmacies qui ont été
inventoriées présentement et qu'on appelle les pharmacies
d'escompte... Oui, on va attendre, cela ne donne rien de lui poser une question
s'il n'écoute pas.
Le Président (M. Tremblay): Pendant ce temps-là, il
se fait un blanc à l'enregistrement.
Une voix: Cela coûte cher pour le journal des
Débats.
M. Bourbeau: Je pose la question au ministre.
Le Président (M. Tremblay): La secrétaire qui va
dactylographier cela se demandera ce qui se passe quand il n'y a plus de
bruit.
M. Bourbeau: La question que je pose au ministre, c'est celle-ci:
Est-ce que la superficie totale utilisée pour la vente de denrées
alimentaires - je veux simplement m'assurer que l'on parle de la même
chose -actuellement dans les pharmacies où on a fait l'inventaire et qui
sont considérées comme des pharmacies d'escompte, est
inférieure à la superficie où on vend des produits
pharmaceutiques, hygiéniques ou sanitaires?
M. Biron: Oui, dans chaque cas.
M. Bourbeau: Dans chaque cas. Évidemment, le ministre a
bien compris pourquoi je pose la question. C'est qu'à l'article 5 on dit
que la loi actuelle, ne s'applique pas aux établissements commerciaux
dont l'activité principale est la vente de produits pharmaceutiques,
hygiéniques ou sanitaires. Le ministre dit toujours que ces pharmacies
sont légales, actuellement, et justifie l'ouverture qu'il leur offre par
le fait que ces gens ont fleuri dans la légalité.
Je me suis toujours posé des questions sur la
légalité des grandes pharmacies d'escompte parce que j'ai
toujours eu l'impression - j'espère que le ministre ne se trompe pas
quand il nous dit qu'elles sont légales - qu'à l'égard de
certaines d'entre elles l'activité principale n'était pas la
vente de produits pharmaceutiques, hygiéniques ou sanitaires. Dans ce
sens-là, actuellement, elles ne seraient pas légales. Cela ne
justifierait donc pas l'ouverture que leur fait le ministre vers l'avenir.
M. Biron: De mémoire, je vais le vérifier, M. Coutu
me disait - je pense que c'est lui qui en a le plus - que son alimentation ne
dépasse jamais 25% de ses ventes totales par pharmacie. Cela veut dire
que l'activité économique des produits pharmaceutiques,
hygiéniques et sanitaires est très élevée.
M. Bourbeau: La notion d'activité principale est capitale
pour justifier la légalité de leur existence actuelle. Dans
l'esprit du ministre est-ce que ces pharmacies-là... Je vais poser la
question d'une autre façon. Est-ce que, selon vous, selon vos
légistes, selon les gens du ministère, vous considérez que
ces pharmacies d'escompte fonctionnent en toute légalité?
M. Biron: Selon tous mes légistes et les gens du
ministère, ces pharmacies fonctionnent en toute
légalité.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, la cohérence du
texte va peut-être nous permettre de voir qu'il y a des failles à
ce qu'on vient de nous affirmer. Est-ce que leur activité principale est
légale dans le domaine des produits pharmaceutiques, hygiéniques
et sanitaires si on applique rigoureusement, au même sens et de la
même façon que la jurisprudence demanderait à un juge de le
faire, la notion des menus articles?
M. Biron: Oui, parce que l'activité...
M. Rochefort: Je pense, M. le ministre, qu'on est peut-être
mieux de le vérifier deux minutes.
M. Biron: Oui, parce que l'activité économique que
représentent les produits pharmaceutiques, hygiéniques et
sanitaires représente véritablement environ 60% ou les deux tiers
des ventes; il y a une petite partie pour les souffleuses à neige et les
pneus.
M. Rochefort: Entre les souffleuses à
neige et la définition que vous donnez des menus articles, il y a
de l'espace et il y en a qui l'occupent pleinement.
M. Biron: Les produits pharmaceutiques, hygiéniques et
sanitaires, lors de mes discussions avec les gens des pharmacies,
représentaient toujours beaucoup plus que la moitié de leurs
ventes. L'activité principale est donc dans ce domaine.
M. Rochefort: J'ai le goût de poser ma question autrement.
Les articles qui ne sont pas des produits pharmaceutiques, hygiéniques
ou sanitaires et qui ne sont pas des menus articles au sens donné par le
ministre, qui nous rapporte l'état de la jurisprudence,
représentent quelle part de l'activité économique de ces
établissements selon les évaluations que vous avez pu en faire,
puisque vos fonctionnaires ont fait une visite et un inventaire exhaustif de
l'activité qui y régnait? Si je peux être aussi bon au
pouvoir, pourquoi m'en aller dans l'Opposition?
M. Biron: J'ai vérifié pour être certain
qu'on a vraiment l'opinion d'à peu près tout le monde dans les
pharmacies à grande surface. M. Coutu, encore une fois, lors de nos
discussions, a dit, je pense, qu'il s'agissait de 10% ou 15% pour les articles
qui n'étaient pas de menus articles et qui étaient en dehors des
produits pharmaceutiques et en dehors des produits alimentaires. Ces
produits-là on n'a pas le droit de les vendre le dimanche. Pendant les
heures régulières d'affaires durant la semaine, on a le droit de
les vendre.
M. Rochefort: II y a une belle commande pour nos inspecteurs, M.
le Président. La deuxième question que je veux aborder est la
clause du 1er septembre, que je veux aborder sous trois angles. La loi - je
pense toujours à mes amis les juges - dit qu'on doit avoir fait une
demande avant le 1er septembre 1984; le ministre, quant à lui, nous dit
qu'on a fait un inventaire du nombre et un inventaire de ce qui se passe dans
chacun de ces établissements et qu'on est certain qu'il n'y aura pas
d'expansion future, à la fois quant au nombre et quant aux
activités qui règnent dans un établissement qui existe
présentement.
Je répète: Comment un juge fera-t-il pour distinguer cela
puisque quelqu'un a jusqu'au 1er septembre 1984? Autrement dit, est-ce que la
clause du 1er septembre 1984 ne permettrait pas à quelqu'un
d'accroître l'activité qui règne, par exemple au niveau des
produits alimentaires, dans ses établissements d'ici le 1er septembre
1984? Il peut demander son autorisation au ministre avant le 1er septembre et
bingo! il a ce temps entre aujourd'hui et le 1er septembre pour prendre toute
l'expansion qui était projetée depuis deux jours, deux ans ou 20
ans.
M. Biron: Vous auriez raison si on ne demandait pas
d'autorisation. Mais là il y a une demande d'autorisation au ministre
et, si on me dit que ce sera le gouvernement qui va la donner, je vais dire:
D'accord, cela ne me dérange pas. Je pourrais bien ne pas donner cette
autorisation. La loi ne m'oblige pas à donner l'autorisation. C'est pour
cela qu'on a fait l'inventaire à jour. On a fait l'inventaire
jusqu'à ce jour, on a parlé avec les propriétaires de
pharmacies à grande surface et on a dit: Cela va être les
règles du jeu, êtes-vous prêts à jouer selon ces
règles du jeu? C'est oui. C'est sûr que si demain matin - il reste
quand même deux mois et demi avant le 1er septembre - une pharmacie en
profitait pour lancer un grand programme d'expansion, on le saurait parce qu'on
a vérifié chacune de ces pharmacies. On dirait: Écoutez,
votre autorisation, vous aurez des problèmes pour l'avoir. Le 1er
septembre, je n'ai plus le droit de donner des autorisations. Il s'agit juste
de traîner et de ne pas donner d'autorisation et la pharmacie devient
illégale, pratiquement. Dans ce sens, je pense qu'on a un accord de
principe. On fait affaires, je pense, avec des gens d'affaires dans ce domaine
puisqu'il y a plusieurs pharmacies qui ont des grandes surfaces qui sont
intéressées à régler le cas pour le
passé.
M. Rochefort: On sait qu'il y a des pharmacies d'escompte
importantes au Québec qui ont annoncé, il y a déjà
quelques mois, des projets considérables d'expansion, à la fois
quant à leur nombre et quant à l'activité qui règne
dans leurs établissements à l'heure où nous nous parlons.
Est-ce qu'on ne se met pas dans une situation où on pourrait se
retrouver avec des établissements qui auraient pris de l'expansion
à des degrés divers et pour lesquels des demandes d'autorisation
seraient faites? Deuxième question reliée à celle-ci:
Comment le ministre sera-t-il protégé là-dedans par la loi
pour pouvoir justifier le refus d'autorisation si quelqu'un est allé
au-delà de ce qu'on avait constaté lorsqu'on a fait la visite et
l'inventaire?
Ne serait-il pas plutôt préférable de dire que,
toujours pour des fins d'application de la loi par la suite, les pharmacies -
quant au nombre et aux activités qui y règnent -qui pourront
poursuivre dans cette voie sont celles qui existaient le jour de l'adoption de
la loi? Ce n'est pas plus simple?
M. Biron: Dans notre esprit, c'est ce que vous dites. Maintenant,
si vous dites qu'il faut absolument le mettre dans la loi...
M. Rochefort: En tout cas, pour moi, il me semble que c'est une
meilleure protection pour vous.
M. Biron: ...je n'ai pas d'objection personnellement - parce que
c'est une clause qui, automatiquement, tombe le 1er septembre 1984; le 1er
septembre elle devient caduque - à ce qu'on mette dans la loi que c'est
pour les surfaces existant au moment où on se parle. Je pense qu'il faut
répondre à la demande de ces pharmacies à grande surface
qui existent présentement, qui ont investi beaucoup d'argent. On est
obligé de régler le problème. On est sûr qu'à
l'avenir ça va être correct. Pour celles-là, je pense qu'il
faut régler le problème et je veux le régler le mieux
possible. Attendez un peu. On a "...opérant... à la date de
l'entrée en vigueur de la présente loi." Vous avez raison. Celles
qui "opèrent" pourraient prendre de l'expansion.
M. Bourbeau: Je voudrais poser une question franche au ministre.
Le député de Gouin a abordé le sujet. Actuellement, les
gens qui sont dans le milieu de l'alimentation, la plupart des groupes qui nous
ont sensibilisés prétendent, je ne sais pas si le ministre est au
courant, que certains individus qui exploitent des pharmacies d'escompte - je
n'en nommerai même pas, le ministre en a nommé tantôt, je ne
voudrais même pas en nommer - depuis que le projet de loi est sur la
table, depuis plusieurs mois, se promènent dans tout le Québec en
signant des baux pour ouvrir, l'an prochain, dans six mois, dans douze mois,
dans 18 mois, des pharmacies d'escompte qui comprendraient des surfaces
d'alimentation importantes. On parle de 10 000, 12 000 ou 15 000 pieds
carrés d'alimentation, de façon à imiter chez nous ce qui
se fait aux États-Unis, ce qu'on appelle des "combos". Est-ce que le
ministre est au courant de ces projets et est-ce que tous ces projets dont les
baux ont été signés depuis deux ou trois mois ou seraient
signés d'ici au 1er septembre pourraient être validés
rétroactivement, éventuellement, de sorte qu'on pourrait voir
l'an prochain ou à l'automne qui vient s'ouvrir des pharmacies qui ne
sont pas en exploitation actuellement, en vertu d'une entente que le ministre
aurait faite avec ces gens? (17 heures)
M. Biron: Non, cela ne se peut pas, parce qu'on parle des
pharmacies qui existent à l'heure actuelle, qui font affaires
légalement à l'heure actuelle. Bien sûr, elles peuvent bien
se promener, ouvrir de grandes surfaces et oeuvrer pendant les heures
régulières d'affaires. Il n'y a pas de problème
là-dessus. Elles peuvent fort bien le faire, mais, si elles veulent
être exclues de la loi, il faut qu'elles se limitent dans l'alimentation
à trois personnes en tout temps, même la semaine, ou respecter la
loi, c'est-à-dire fermer le soir et le dimanche. L'idée, c'est de
couvrir les pharmacies à grande surface qui existent présentement
avec l'inventaire qu'on a. Si vous pensez que l'article lui-même n'est
pas assez serré, je suis prêt à y apporter des amendements,
mais je pense qu'on est tous d'accord sur l'objectif, à savoir couvrir
ce qui existe aujourd'hui. Cela existe, bon, on est en face d'une situation.
Quant à l'avenir, à compter de l'adoption du projet de loi, ce
sera différent. C'est ce que je veux et, si vous pensez qu'il faut
resserrer un peu le texte même de l'article du projet de loi, je suis
prêt à le faire.
M. Bourbeau: Oui, le problème...
M. Rochefort: On ne devrait pas parler plutôt du jour de
sanction de la loi?
M. Bourbeau: Je voudrais simplement poursuivre, si le
député de Gouin le veut bien. Le problème tourne autour
des mots "ce qui existe présentement". Le ministre nous parle de ce qui
existe présentement et dit qu'on a fait un inventaire. Bon!
Première question: Le ministre est-il disposé à rendre
public l'inventaire qui a été fait de ces pharmacies, de
façon à nous assurer qu'éventuellement il n'y en aura pas
qui vont glisser à travers?
M. Biron: Ce qu'il me reste à vérifier, c'est s'il
y avait, à Chandler, par exemple -c'est assez loin et je ne sais pas ce
qui arrive là - une pharmacie aujourd'hui avec une surface
d'alimentation appartenant à un individu, surface d'alimentation qu'on
n'aurait pas encore en inventaire. Ce qu'on connaît à
l'inventaire, ce sont les gros groupes de pharmacies d'escompte.
M. Bourbeau: Vous avez l'inventaire complet de cela?
M. Biron: Oui, les gros groupes, mais il nous reste à
vérifier s'il en reste d'autres éparpillés dans tout le
Québec qui appartiendraient à un individu dont on ne veut pas
brimer les droits, parce qu'on veut respecter le droit d'un autre. Mais
aussitôt que l'inventaire sera terminé, je suis prêt
à déposer la liste.
M. Bourbeau: Le ministre pourrait-il nous dire quels sont ces
gros groupes?
M. Biron: II y a Jean Coutu qui est le premier, je pense, et ceux
qui sont venus en commission parlementaire...
M. Bourbeau: Pharmaprix.
M. Biron: ...Pharmaprix, Cumberland et Serge Parent.
M. Bourbeau: Bon! À l'égard de ces gros groupes,
vous avez actuellement l'inventaire complet?
M. Biron: D'accord. Je pourrai vous déposer d'ici une
semaine l'inventaire complet de tout cela.
M. Bourbeau: D'accord. Vous avez l'inventaire.
M. Biron: Ce serait complet.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre nous dit qu'à
l'égard de ces gros groupes il n'y en a aucun qui va être capable
d'ouvrir de nouvelles pharmacies à partir d'aujourd'hui?
M. Biron: À partir de l'adoption du projet de loi. Je dis:
Ce que je veux faire, c'est couper tous ceux qui... Ceux qui existaient avant
l'adoption du projet, on n'a pas le choix, il faut les reconnaître, mais
après, M. le député de Laporte...
M. Bourbeau: Je suis obligé de...
M. Biron: ...ce que je veux, c'est qu'il ne s'ouvre plus de
pharmacies à grande surface.
M. Bourbeau: ...vous corriger, M. le ministre. Vous dites:
"À partir de l'adoption du projet de loi". Ce n'est pas ce que dit le
projet de loi. C'est écrit: "À la date de l'entrée en
vigueur de la présente loi." À quel moment le ministre a-t-il
l'intention de faire entrer en vigueur la présente loi?
M. Biron: Le plus tôt possible. M. Bourbeau: Oui,
mais...
M. Biron: Une loi semblable, cela prend habituellement 30 jours,
parce que c'est une loi où il faut informer le public. On change les
heures et tout cela. Je pense qu'il faut le publier.
M. Bourbeau: Bon! Si l'intention du ministre est de ne pas
permettre l'ouverture de nouvelles pharmacies d'escompte, parce qu'il faut bien
penser que c'est un privilège assez extraordinaire qu'elles auront... Le
dimanche, par exemple, les seuls au Québec qui pourront faire affaires
sur de grandes surfaces d'alimentation, ce ne seront pas les
Métro-Richelieu, les Steinberg ou même les marchés publics;
ce seront les pharmacies. C'est quand même extraordinaire. Il y a des
marchés publics qui vont devoir fermer ou se tordre, je ne sais pas de
quelle façon, se contorsionner pour essayer de se conformer à la
loi et on aura des pharmacies d'escompte qui, elles, pourront exploiter des
surfaces d'alimentation de 8000 à 10 000 pieds carrés. C'est
quand même assez extraordinaire. Si le ministre est de bonne foi et qu'il
nous dit que son intention n'est pas, comme le prétendent certains dans
l'alimentation, de permettre à des pharmacies d'escompte d'ouvrir de
nouvelles pharmacies, serait-il prêt, dans ces conditions, à
accepter un amendement dans ce sens?
M. Biron: M. le député de Laporte, je serais
prêt à vous faire une proposition. Je pense qu'on veut tous les
deux la même chose, et tout le monde autour de la table. Si on faisait un
amendement et si on disait: Un établissement commercial opérant
en date de la sanction de la loi - c'est-à-dire la semaine prochaine,
possiblement, la troisième lecture va être terminée - avec
plus de trois personnes qui vend des produits visés au paragraphe 7 de
l'article... Cela veut dire que celui qui fonctionne à la date de la
sanction de la loi, lui, il a le droit, mais l'autre, le lendemain, n'a pas le
droit. Si c'est cela, on aura une date précise. Je sais que concernant
l'entrée en vigueur de la présente loi, vous dites: Si on attend
deux mois pour la mettre en vigueur, cela donne la permission à des
gens, mais si on dit "à la date de la sanction de la loi"; la loi va
être sanctionnée la semaine prochaine. Je ne peux pas dire avant
la date de la sanction de la loi, ou laissons-le en blanc et on insérera
dedans la date de la sanction de la loi. Je pense qu'on ne peut pas faire une
loi rétroactive avant la sanction.
M. Bourbeau: Le seul problème qui subsiste - je
conçois que c'est déjà une amélioration et j'en
félicite le ministre - est qu'il reste que le projet de loi a
été déposé au mois de décembre et que les
négociations ont lieu depuis ce temps. On nous dit que, depuis ce temps,
il y a certaines pharmacies qui ont ouvert. On ne peut peut-être pas les
empêcher d'ouvrir. Disons que j'aurais sans doute
préféré dire: Depuis le dépôt du projet de
loi, mais ce n'est peut-être pas très...
M. Rochefort: Ce n'était pas votre position dans le cadre
du débat de la loi 38, je pense.
M. Bourbeau: Laquelle?
M. Rochefort: La loi 38. Les lois applicables au jour de leur
dépôt, je pense que ce n'est pas exactement la position que vous
avez défendue.
M. Bourbeau: C'est exactement ce pourquoi j'allais dire, si vous
m'aviez laissé
terminer ma phrase...
M. Rochefort: II va nous faire un bon cours.
M. Bourbeau: ...que théoriquement cela aurait
été préférable pour le commerce, mais en pratique,
à cause des questions d'éthique...
M. Rochefort: Que c'est bieni
M. Bourbeau: ...je ne peux pas le demander.
M. Rochefort: C'est bien.
M. Bourbeau: Mais le député de Gouin, s'il m'avait
laissé finir ma phrase, aurait compris.
M. Rochefort: Parce que je suis trop vigilant, je m'excuse.
M. Rodrigue: II faut maintenir un minimum de cohérence
dans le discours libéral.
M. Ryan: Je constate avec plaisir que le député de
Gouin est instruit par les projets du gouvernement. Il a appris à faire
mieux.
M. Bourbeau: Cela aurait été, disons, pour le bien
du commerce en général. On peut peut-être penser que
certaines pharmacies d'escompte ont profité de la période pour
anticiper ce qui s'en venait. Ayant sans doute été au courant
d'avance des projets, elles en ont profité. Cela aurait
été peut-être souhaitable qu'on ait pu les en
empêcher, mais, par contre, je pense bien que l'équité
juridique fait en sorte que cela n'aurait pas été correct. Je
n'insiste pas sur cela. J'accueille l'amendement du ministre avec plaisir.
M. Biron: Juste pour les fins de l'écriture, cela serait
à la quatrième ligne de l'article 5.2. On lit: "Un
établissement commercial, opérant avec plus de trois personnes,
qui vend des produits visés au paragraphe 7 de l'article 5 ainsi que des
denrées alimentaires et des menus articles, à la date de... On
enlèverait "l'entrée en vigueur" pour mettre "la sanction de la
présente loi". Cela veut dire qu'à compter de la semaine
prochaine...
M. Bourbeau: Le ministre anticipe-t-il que la loi va être
sanctionnée au cours de cette session?
M. Biron: Je le crois. Habituellement j'ai toujours...
M. Rochefort: La sanction, il faut que ce soit avant la fin de la
session. On va le faire avant la fin de la session.
M. Bourbeau: II faut quand même avoir
complété l'étude article par article.
M. Biron: Est-ce qu'on peut discuter sur l'amendement?
M. Bourbeau: Vous présumez qu'on va finir l'étude
article par article d'ici la semaine prochaine? Si le député de
Gouin continue à nous aider dans notre "filibuster", on va
peut-être pouvoir durer.
M. Rochefort: M. le Président, c'est ce que j'allais dire:
S'il avait été tout seul, ce serait déjà fini.
M. Bourbeau: Sur l'amendement...
Le Président (M. Tremblay): L'objectif n'étant pas
de retarder les travaux le plus possible l'amendement est-il adopté?
M. Rodrigue: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, puisqu'il
est proposé par le ministre, c'est une amélioration sur ce qui
était présenté. Je ne peux que répéter
encore les préoccupations de beaucoup de personnes du milieu, des
commerçants, qui acceptent difficilement que les pharmacies soient les
seules au Québec qui puissent ouvrir des grandes surfaces le dimanche.
Le ministre nous a assurés - et c'est une des conditions pour
lesquelles, finalement, on doit se rendre à ses arguments -
qu'actuellement l'activité principale de ces pharmacies est bien celle
qui est mentionnée: produits pharmaceutiques, hygiéniques et
sanitaires. Autrement dit, le ministre nous a assurés
préalablement qu'elles oeuvrent actuellement dans la
légalité et qu'en conséquence on ne peut pas à leur
égard dire qu'elles agissent dans l'illégalité, ce qui est
le cas, comme le prétend le ministre, pour les marchés publics.
Dans ces conditions, je me rends bien compte qu'il n'y a pas grand-chose qu'on
puisse faire, même si je n'aime pas la situation.
M. Biron: M. le Président, j'aurais une question avant
d'adopter l'article, parce que le député de Laporte est
intervenu, ainsi qu'un autre député de l'Opposition en disant: On
donne le droit au ministre lui-même de décider. C'est
indiqué dans la loi "le ministre" et je pense qu'on a expliqué
pourquoi. Mais si le député de Laporte ou les
représentants de l'Opposition aiment mieux voir "le gouvernement" au
lieu de "le ministre", je n'y vois aucune objection.
Le Président (M. Tremblay): Si vous le permettez, on va
commencer par s'assurer, d'abord, que l'amendement est correctement inscrit et
l'adopter officiellement.
L'amendement à l'article 5.2 devrait se lire comme suit:
Remplacer, à la quatrième ligne du premier alinéa de
l'article 5.2 de l'article 4 du projet de loi, les mots "de l'entrée en
vigueur" par les mots "de la sanction". Est-ce que cela vous satisfait, M. le
député de Châteauguay?
M. Dussault: Très bien, M. le Président. Des
voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que c'est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Cet amendement est
adopté et nous revenons à la discussion sur l'article 5.2 de
l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, sur l'article 5.2, on a fait
état, en deuxième lecture ou lors de l'étude du principe
de la loi, de l'aspect ou du caractère discrétionnaire de cet
article. Le gouvernement a inclus à l'article 5.2 la partie de phrase
qui dit: "à la condition qu'il obtienne une autorisation du ministre".
Je me demande pourquoi il y a cette discrétion. Est-ce que ce ne sont
pas, en fait, ceux qui existent et dont le ministre a fait l'étude -le
ministre nous dit qu'il a fait l'inventaire -dont le ministre a fait
l'inventaire qui auront droit, en vertu de la loi, à cette exemption ou
si une discrétion sera exercée à l'endroit de certains et
pas à l'endroit d'autres?
M. Biron: II n'y aura pas de discrétion à l'endroit
de certains ou d'autres. La seule chose, c'est qu'on veut publier, que les gens
le sachent et qu'ils puissent, eux, demander l'autorisation. Alors, ceux et
celles qui n'auront pas demandé d'autorisation avant le 1er septembre
1984 ne seront pas couverts par cet article de la loi. C'est tout simplement
que, une fois que les gens ont demandé l'autorisation et une fois qu'on
aura vérifié que, à la date de la sanction de la loi, un
établissement oeuvrait bien légalement, automatiquement on lui
donnera son autorisation qui sera publiée dans la Gazette
officielle.
M. Bourbeau: Le ministre dit "automatiquement". Donc, le ministre
n'entend pas exercer une discrétion à partir du moment où
la preuve aura été faite que ces gens étaient
déjà en affaires.
M. Biron: Non.
M. Bourbeau: Une dernière question. Est-ce que le
ministre, tantôt, nous a dit qu'il nous ferait parvenir la liste des
pharmacies qui se conforment à la loi actuellement?
M. Biron: Pour lesquelles nous avons l'inventaire, mais toujours
sous réserve de quelques autres pharmacies qui peuvent appartenir
à des individus au Québec, dont on n'a pas l'inventaire et
où il n'y a qu'une seule pharmacie. Aussitôt que ce sera
publié, on pourra même faire parvenir, la semaine prochaine, la
première liste, quitte à en rajouter quelques-unes, s'il s'en
ajoute en cours de route.
M. Bourbeau: Mais on a l'assurance du ministre que, à
l'égard des grands, ils sont déjà tous
catalogués.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Inventoriés. Très bien.
M. Biron: Cela va?
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions sur
l'article 5.3 de l'article 4?
Une voix: C'est 5.2
Le Président (M. Tremblay): L'article 5.2 de l'article 4,
je m'excuse.
M. Biron: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que l'article 5.2 de
l'article 4 est adopté?
M. Bourbeau: M. le Président, sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5.2 de l'article 4
est adopté tel qu'amendé.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): Sur division. J'appelle
l'article 5.3 de l'article 4.
Exemption pour un événement
spécial
M. Biron: C'est l'article qui nous permet de soustraire à
la loi une région touristique ou une limite territoriale du
Québec où se produit un événement spécial:
foire, salon, exposition, ou une région comme celle de l'Outaouais, en
particulier. Je sais que le député de Hull est intervenu dans ce
sens. Cet article autorise le ministre, sur demande des intervenants locaux et
régionaux, à permettre à une région ou à une
municipalité d'être exclue de la loi pour une période
donnée.
Le Président (M. Tremblay): II y a un amendement... (17 h
15)
M. Biron: II y a un amendement que je voudrais apporter qui
permettrait au ministre aussi, aux conditions déterminées par
règlement, d'autoriser certains établissements, fermés du
vendredi soir 18 heures au samedi soir 18 heures - notamment, je veux parler
des établissements juifs - qui n'ont pas plus de trois employés
en même temps et qui sont ouverts régulièrement du lundi au
vendredi, à pouvoir ouvrir. Il y a une liste de 30 à 40
établissements, au maximum, a prétendu le député de
D'Arcy McGee. Je juge que c'est tout à fait raisonnable de
répondre à la demande du député de D'Arcy McGee
qui, dans le fond, n'a fait que confirmer la demande du Congrès juif du
Canada, organisme qui est venu à la commission parlementaire
représenter ces 30 ou 40 petits établissements. C'est dans ce
sens-là que je présente l'amendement à l'article 5.3.
Le Président (M. Tremblay): II se lit comme suit:
L'article 5.3 de la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux, édicté par l'article 4 du projet de loi modifiant la
Loi sur les heures d'affaires, est modifié en insérant,
après le premier alinéa, l'alinéa suivant: "Le ministre
peut également, aux conditions déterminées par le
gouvernement, autoriser des établissements commerciaux à exercer
leurs activités le dimanche si ces établissements effectuent
leurs activités, de façon régulière et
conformément à la loi du lundi au vendredi, s'ils sont
fermés le vendredi à compter du coucher du soleil et le samedi
toute la journée et si, à chaque jour d'ouverture, il n'y a
jamais plus de trois personnes en même temps pour en assurer le
fonctionnement."
M. Biron: Vous comprendrez, M. le Président, que je ne
peux pas, dans l'article de la loi, invoquer une question de religion compte
tenu de la Charte des droits et libertés de la personne. J'ai voulu
expliciter quand même devant cette commission parlementaire à la
demande de qui et pourquoi je voulais intervenir par un amendement au projet de
loi.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 5.3 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Mme Harel: Un instant. Me le permettez-vous, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Certainement.
Mme Harel: M. le ministre, j'aimerais simplement savoir si cette
dérogation vaut pour autre chose que les denrées
alimentaires.
M. Biron: Oui. Cette dérogation vaut pour tous les
commerces qui sont ouverts du lundi au vendredi jusqu'au coucher du soleil, qui
sont fermés le samedi et qui ne fonctionnent jamais avec plus de trois
personnes en même temps. D'après le député de D'Arcy
McGee, qui en a fait l'inventaire avec le Congrès juif du Canada, il y a
entre 30 et 40 petits établissements ayant des propriétaires de
religion juive qui sont fermés.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: J'aimerais qu'on précise bien. Est-ce qu'il
s'agit de propriétaires qui sont de religion juive et qui pourraient
donc avoir des employés qui n'appartiennent pas à la même
dénomination religieuse? La règle générale, c'est
la fermeture le dimanche. Il y a des exceptions qui sont
énumérées et qui concernent la vente de certains articles
énumérés dans la loi. Si je comprends bien, ce serait une
ouverture générale à une ouverture le dimanche pour des
commerces qui peuvent vendre de l'ameublement, des vêtements, tout ce
qu'il est, selon la règle générale, interdit de vendre le
dimanche.
M. Biron: À condition de n'avoir jamais plus de trois
personnes en même temps et à condition d'être ouvert du
lundi matin jusqu'au vendredi soir. Je me permets de le faire aux conditions
déterminées par le gouvernement. On va essayer de vivre une
expérience d'un an et voir comment cela fonctionne. Il faut
répondre à la demande d'un groupe de citoyens du Québec et
on a voulu le faire précisément à des conditions
déterminées par le gouvernement, c'est-à-dire par
règlement. Après entente avec le député de D'Arcy
McGee, on croit que c'est la meilleure façon d'intervenir.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions?
M. Bourbeau: Ces gens-là s'étaient fait entendre en
commission parlementaire. Moi aussi, j'avais des réserves au
départ, mais je pense que, dans le libellé, il y a quand
même suffisamment de balises pour permettre au gouvernement de ne pas
ouvrir une porte. Je ne voudrais pas non plus qu'on ouvre une porte par
laquelle on pourrait permettre à des gens de faire ce qui n'est pas
permis à d'autres, d'une façon qui serait déloyale. En
considérant le tout, c'est probablement une façon, qui me semble
correcte, de régler ce problème.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 5.3 de l'article 4 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 5.3 de l'article 4 est adopté.
Nous poursuivons les discussions sur l'article 5.3 de l'article 4.
Une voix: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Tremblay): Tel qu'amendé.
M. Biron: M. le Président, à ce sujet, on
s'aperçoit que l'autorisation du ministre est requise pour exercer ces
activités en dehors des heures régulières pour des
régions touristiques, périphériques, limitrophes ou
autres. Autrefois, c'était le gouvernement. Beaucoup de gens se sont
plaints parce que, par décret gouvernemental, cela prend habituellement
de trois à quatre semaines avant que les papiers soient
rédigés et qu'on passe à travers les différents
comités pour arriver au Conseil des ministres. Habituellement, les
municipalités demandent, à une ou deux semaines d'avis, de leur
donner une exemption et c'est très difficile de pouvoir leur donner
l'exemption à temps. Nous, on téléphonait à ces
gens-là et on leur disait: Vous l'avez, l'exemption, mais cela va passer
par décret gouvernemental. Souvent, le décret passait
après que l'événement avait eu lieu.
Encore une fois, je me réfère au député de
Hull parce que c'est arrivé à une ou deux occasions que, dans la
région de l'Outaouais, on ouvrait du 1er au 31 décembre à
cause de la région d'Ottawa qui ouvrait du 1er au 31 décembre. On
arrivait à la dernière minute et, souvent, on permettait
même aux commerçants de faire affaires quelques jours
illégalement avant que cela passe par décret gouvernemental.
C'est pour cette raison que c'est maintenant l'autorisation du ministre qu'on
retrouve dans la loi, pour aller plus rapidement et pour répondre aux
demandes des intervenants. Mais, habituellement, ce sont des
municipalités, des municipalités régionales ou des
régions qui interviennent pour nous demander l'exemption pour des
événements spéciaux.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une question. Je comprends que le ministre nous dit
que cela va plus vite quand c'est le ministre plutôt que le gouvernement,
mais qu'arrive-t-il quand un ministre est en voyage en Chine ou au Japon, par
exemple? Est-ce que l'autorisation peut être donnée par un
sous-ministre à ce moment-là?
M. Biron: L'autorisation est donnée par un collègue
qui a le droit de signer au nom du ministre.
M. Bourbeau: Ah bon!
M. Biron: Mais, encore une fois, si le député de
Laporte insiste pour qu'on inscrive "l'autorisation du gouvernement", je n'y
vois pas du tout d'objection.
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Je pense que le
ministre m'a convaincu que pour des fins d'efficacité, dans ce cas-ci,
c'est peut-être préférable ainsi.
Quant à la question des limites territoriales du Québec et
à la position qui avait été adoptée en commission
parlementaire par...
M. Desbiens: Avez-vous posé une question en Chambre
là-dessus?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte avait la parole.
M. Bourbeau: ...la ville de Hull, le ministre pourrait-il faire
quelques commentaires à l'égard du texte qui a été
retenu par rapport à ce qui avait été proposé?
M. Biron: Oui. Nous nous proposons, à la suite de la
demande de la Communauté régionale de l'Outaouais,
c'est-à-dire de toutes les municipalités de l'Outaouais, de leur
donner l'autorisation d'ouvrir en dehors des heures d'ouverture pour une
période qui pourrait aller jusqu'au 31 décembre de cette
année puisque les gens de la région d'Ottawa ouvrent maintenant
le soir et le dimanche. Autrefois, ce n'était qu'un mois de l'autre
côté. C'était tolérable pour nos gens, mais il
semble que les intervenants de l'Outaouais aient maintenant demandé
d'ouvrir à longueur d'année à cause de la région
d'Ottawa. Ce que nous allons faire, c'est qu'au lieu de leur donner une
permission qui ne finit plus, nous allons procéder probablement de six
mois en six mois au départ pour voir comment cela va s'ajuster. Hier,
dans une discussion informelle avec le député de Hull, je pense
qu'il a trouvé que c'était raisonnable de procéder de
cette façon.
M. Bourbeau: En fait, peut-on comprendre de ce que dit le
ministre que, tant et aussi longtemps que du côté ontarien on
permettra d'ouvrir - c'est le cas à peu près en tout temps; en
fait, c'est pratiquement une déréglementation totale -le ministre
va accorder des droits équivalents
au côté québécois d'une façon
indéfinie?
M. Biron: À condition que ce soit demandé par les
autorités en place. Dans ce sens, la Communauté régionale
de l'Outaouais l'a demandé et on pense que ce sont des gens qui
représentent bien leur milieu.
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions sur
l'article 5.3 de l'article 4? L'article 5.3 de l'article 4 est-il adopté
tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5.3 de l'article 4
est adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 5.
Une voix: L'article 4.
Le Président (M. Tremblay): Oui, je m'excuse. L'article 4
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté sur division.
Le Président (M. Tremblay): Sur division.
J'appelle l'article 5. Nous allons continuer à procéder
article par article à l'article 5. Donc, j'appelle l'article 7 de
l'article 5.
M. Biron: Lorsqu'il y a un projet de règlement, il faut le
publier dans la Gazette officielle.
M. Rochefort: On va couvrir le projet de règlement?
M. Biron: Ce sera selon les articles qu'on vient d'adopter.
M. Bourbeau: Mais quand on dit qu'il pourrait être
adopté, c'est par qui? Le texte dit que c'est un projet de
règlement "avec un avis indiquant qu'il pourrait être
adopté." Cela veut-il dire qu'il pourrait être adopté par
le gouvernement?
M. Biron: C'est le Comité de législation. On nous
dit que c'est la nouvelle procédure pour l'adoption des
règlements.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien, mais on va se
comprendre. Vous me corrigerez si je me trompe. Le seul endroit -je viens de
regarder tout cela en dix secondes - où je vois qu'il est question d'un
règlement jusqu'à maintenant dans la loi, c'est au dernier
paragraphe de l'article 4 modifiant l'article 5 du projet de loi qui dit: "Aux
fins du présent article..." Non.
M. Biron: Oui.
M. Rochefort: C'est 19°.
M. Biron: C'est 19°.
M. Rochefort: "De tout autre produit déterminé par
règlement du gouvernement." Est-ce qu'il y a d'autres endroits
jusqu'à maintenant?
M. Biron: S'il y a un autre produit...
M. Rochefort: Un instant, vous êtes en train de dire qu'on
fait une loi et qu'on définit les exclusions de l'application de la loi.
Par règlement, on pourra poursuivre le processus législatif sur
cela.
M. Biron: M. le Président, on a vécu un exemple
l'an dernier alors qu'on avait le droit de vendre des livres dans les tabagies
et dans les restaurants, mais qu'on n'avait pas le droit d'en vendre dans les
librairies. C'était aussi fou que cela.
M. Rochefort: C'est vrai.
M. Biron: S'il arrive qu'on a fait un oubli quelque part, que les
gens ont un consensus général sur un produit donné et
qu'ils interviennent, dans ce sens-là il sera publié dans la
Gazette officielle que le gouvernement entend intervenir par règlement
pour l'ajouter à cette liste. À l'expiration des 30 jours, le
règlement sera édicté par le gouvernement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je ne peux souscrire
à une telle démarche parce que ce serait bien plus simple de
faire une loi avec un article disant que le gouvernement adoptera un
règlement pour nous dire ce qui est prévu concernant les heures
d'affaires pour l'ensemble des établissements commerciaux au
détail du Québec. Je me dis: De deux choses l'une: ou on passe
tout le temps qu'on a passé depuis plusieurs mois à
définir une loi entre parlementaires, à essayer de la polir, de
l'articuler, auquel cas, s'il y a un problème, on y reviendra - il y a
des lois omnibus à chaque session et tout cela; cela a, d'ailleurs,
été le cas pour les librairies - ou bien je ne comprends pas trop
pourquoi on travaille comme on l'a fait jusqu'à maintenant. On n'a pas
besoin d'être aussi rigoureux parce que, si jamais on s'est
trompé, il y a un règlement qui va régler le
problème. Il me semble qu'on devrait peut-être se
référer un peu plus à la commission Vaugeois-French qui
s'est penchée sur la question de la législation
déléguée et qui voulait y apporter un certain nombre de
balises, de paramètres qui me semblaient intéressnts.
En conséquence, s'il y a d'autres endroits dans le projet de loi
qui sont à venir où il est nécessaire de faire de la
réglementation, je suis bien prêt à les regarder. Si c'est
vraiment de nature identique à ce qu'on retrouve dans le projet de loi,
écoutez, là...
M. Dussault: M. le Président, de toute façon, nous
avons adopté l'article 4.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes à l'article
7 de l'article 5.
M. Dussault: Mais nous avons adopté l'article 4. La
référence que fait le député de Gouin est à
l'article 4, 19°.
M. Rochefort: Est-ce que c'est une façon de dire qu'on ne
peut pas faire de débat?
M. Dussault: Non, je veux dire qu'il est fait, M. le
Président.
M. Biron: M. le Président, je pense que je comprends
encore une fois le député de Gouin. Si on a à faire des
règlements, je pense qu'il faut procéder normalement. Cet article
5.7 dit tout simplement qu'on va publier 30 jours avant dans la Gazette
officielle notre intention de faire un règlement.
M. Bourbeau: M. le Président, les préoccupations du
député de Gouin rejoignent les nôtres. On a aussi
l'impression que dans plusieurs de ces projets de loi on fait en sorte de
donner un chèque en blanc au gouvernement en faisant la loi et en
disant: maintenant, mettez dans la loi ce que vous voudrez. C'est comme si on
donnait un sandwich vide et que le gouvernement mettra la viande après.
C'est la même frustration dont fait état le député
de Gouin que nous avons constamment. Je suis content de voir que, finalement,
cela traverse de l'autre côté de la table. Le député
de Gouin a prononcé des paroles tellement éloquentes que je ne
peux qu'y souscrire.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 de l'article 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 de l'article 5 est
adopté sur division. J'appelle l'article 7.1 de l'article 5.
M. Biron: "Un règlement du gouvernement adopté en
vertu de la présente loi entre en vigueur le quinzième jour qui
suit la date de sa publication."
Le Président (M. Tremblay): Des intervenants?
M. Bourbeau: Une question là-dessus, M. le
Président. Un règlement entre en vigueur le quinzième
jour. Cela se situe comment par rapport aux autres règlements du
gouvernement en général?
M. Biron: Ce sont les nouvelles procédures du
Comité de législation.
M. Bourbeau: Auparavant qu'est-ce qu'on marquait? Entre en
vigueur le jour de sa publication?
M. Biron: Le jour de sa publication ou à toute date
ultérieure.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7.1 de l'article 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président. (17 h 30)
Le Président (M. Tremblay): L'article 7.1 de l'article 5
est adopté sur division. J'appelle l'article 8 de l'article 5.
Infractions et peines
M. Biron: Cet article donne le pouvoir aux représentants
du ministère de pénétrer dans les établissements
commerciaux pendant qu'ils sont ouverts au public et d'exiger des documents
relatifs à leur enquête.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Tantôt dans les échanges que nous
avons eus et à d'autres moments, probablement lors de la commission
parlementaire et de l'audition des intervenants, le ministre nous avait dit
qu'il pourrait y avoir d'autres personnes que les inspecteurs qui participent
à l'application de la loi. Par cet article, quand le projet de loi dit:
"Toute personne autorisée par le ministre à faire enquête
sur le respect de la présente loi", est-ce une façon de nous dire
qu'il pourrait autoriser d'autres gens que les enquêteurs du
ministère à faire enquête? Sinon, je ne vois pas où
on retrouve concrètement les dispositions législatives qui
permettent à d'autres commerçants de
participer à la surveillance quant au respect de cette loi, ou
à des citoyens, des consommateurs, des travailleurs.
M. Biron: C'est à quel numéro? On va un peu vite,
M. le député de Gouin, parce qu'à l'article 9.3 vous allez
le retrouver. "Sur poursuite sommaire", cela veut dire que des
compétiteurs pourraient intenter des poursuites.
M. Rochefort: Bon, merci.
M. Biron: Si on a une plainte, on va envoyer un inspecteur.
M. Rochefort: Vous m'excuserez, je ne suis pas avocat, je ne
comprends pas toujours ce que cela veut dire.
M. Biron: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): L'article 8 de l'article 5
est-il adopté?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: ...je voudrais prendre le relais du
député de Gouin. La question était: Est-ce que toute
personne peut pénétrer...? Je n'ai pas entendu la réponse.
Le député de Gouin a-t-il entendu la réponse à sa
question?
M. Biron: Ce ne sont pas nécessairement les fonctionnaires
du ministère. Cela peut être un officier de la Sûreté
du Québec, un officier de la police municipale de Montréal.
M. Bourbeau: Le ministre pourrait-il autoriser son attaché
politique, qui était ici tantôt, avec une lettre disant: "Je vous
autorise à..." Cette personne pourrait-elle se présenter?
M. Biron: "Toute personne autorisée par le ministre."
M. Bourbeau: Le ministre n'est-il pas un peu effrayé par
ces pouvoirs qu'on lui donne?
M. Biron: Non. Dans le fond, on ne peut pas envoyer quelqu'un qui
ne connaît pas le domaine. Ce seront les inspecteurs du ministère,
les officiers de police des différentes municipalités ou de la
Sûreté du Québec, ou cela peut être un inspecteur
d'un autre ministère, du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ou du ministère des Transports.
M. Bourbeau: Ne serait-on pas mieux avec "tout inspecteur
autorisé par le ministre"? Il me semble que "toute personne" est un
terme tellement vague que cela pourrait donner lieu à des... On sait que
le ministre signe des lettres parfois sans trop les lire. Si tout à coup
on lui faisait déléguer quelqu'un qui n'était pas
très compétent en la matière.
M. Biron: On va essayer de chercher et de mettre un autre terme.
Tout fonctionnaire... Mais est-ce qu'une personne de la police municipale de
Montréal est un fonctionnaire au sens de la loi sur les fonctionnaires
du Québec? En fait, c'est pour autoriser des gens à faire
enquête. Mais ce ne sont que les fonctionnaires du ministère ou
les officiers de police qui, habituellement, font enquête dans ce
dossier.
M. Bourbeau: Un autre aspect de cette clause est un peu
étrange, c'est le fait que cette personne déléguée
par le ministre "peut exiger tout renseignement ou tout document." On voit une
personne qui pénètre dans un établissement privé
qui exhibe une lettre du ministre et qui exige qu'on lui remette des documents.
N'est-ce pas un peu contraire à la façon normale de
procéder? Pour pénétrer dans un endroit et exiger des
documents, il faut un mandat. Si quelqu'un pénétrait dans mon
commerce, si j'en avais un, en disant: Je veux les papiers, je veux ci et
ça, il me semble que ce serait un peu exorbitant. N'y aurait-il pas lieu
de se faire autoriser par un juge avant? C'est une perquisition, en fait. C'est
l'État qui pénètre partout.
M. Biron: Ce qu'on visait, dans le fond, c'était les
fonctionnaires du ministère, mais je suis en train de regarder si on ne
peut pas inscrire "autorisés par le ministre de la Justice", dans le
sens qu'on pourrait autoriser aussi des policiers à le faire.
M. Bourbeau: Le ministre parle du premier paragraphe. J'aimerais
bien qu'on ait un peu plus de protection.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Mais j'étais en train de parler du
deuxième paragraphe concernant la demande de production de documents.
Est-ce que ce n'est pas exorbitant de permettre à quelqu'un de faire des
perquisitions comme cela sans aucune espèce de balise, sans se conformer
aux règles usuelles qui disent que, pour faire une perquisition, cela
prend un mandat? Cela nous fait penser de plus en plus à ce qui se
produit dans un État policier.
M. Biron: M. le Président, j'ai demandé à
mes gens de regarder cela. On veut s'assurer que tout est correct. Pourrais-je
vous demander de suspendre l'article 8? On
pourrait continuer et y revenir plus tard.
Le Président (M. Tremblay): Je vais vous permettre de le
suspendre, M. le ministre. Nous suspendons l'étude de l'article 8 de
l'article 5. J'appelle l'article 9 de l'article 5.
M. Biron: L'article 9.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des
interventions?
M. Biron: Dans le fond, cela répète que personne ne
peut admettre un client dans un établissement commercial en dehors des
dispositions de la loi, c'est-à-dire en dehors des heures
d'affaires.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9 de l'article 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9 de l'article 5 est
adopté. J'appelle le sous-article 9.1 de l'article 5. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Lors de l'audition des
intervenants du milieu en commission parlementaire, je ne me souviens plus trop
qui, mais un des intervenants nous avait suggéré non seulement de
défendre à quelqu'un, évidemment, de pouvoir annoncer
l'ouverture d'un établissement commercial à une heure interdite,
mais aussi de prévoir l'interdiction et des sanctions pour le
média d'information qui publierait l'annonce. On retrouve une
disposition semblable dans la Loi électorale du Québec quant
à la publicité en temps de campagne électorale. Un parti
politique ou un candidat ne peut faire de publicité autrement qu'avec
l'autorisation de son agent officiel et, si un média d'information
diffuse de la publicité sans qu'un agent officiel l'ait autorisé,
il est, lui aussi, passible d'amendes et de sanctions. Il me semble que cela
nous permettrait encore une fois d'avoir des dispositions plus strictes, plus
sévères afin d'éviter des abus.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Biron: Ce serait assez difficile, je pense, de demander aux
médias d'information de connaître toutes les lois. Celle-là
en est une, mais si on faisait cela...
M. Rochefort: La Loi électorale est-elle une exception
à cet égard?
M. Biron: Personnellement, je n'en connais pas beaucoup d'autres.
C'est parce qu'on punirait une tierce personne qui n'est vraiment aucunement
responsable de l'attitude de l'établissement. Le sous-article 9.1 va
empêcher de faire de la publicité et va faire en sorte qu'une
personne qui fait de la publicité sans ouvrir pourrait être
condamnée à une amende passablement élevée. Or, on
pense encore que le fait d'avoir une amende - on revient souvent aux amendes -
va faire en sorte que les gens seront très prudents avant de faire de la
publicité.
M. Rochefort: Votre explication me satisfait, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: D'autant plus que je pense que la réponse
serait: Comment est-ce qu'un journal peut savoir qu'un dépanneur a
quatre personnes dans sa section de l'alimentation plutôt que trois? Il
ne peut pas le savoir.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.1 de l'article 5
est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.1 de l'article 5
est adopté. J'appelle l'article 9.2 de l'article 5.
M. Biron: Ce sont des gens qui veulent entraver l'action d'une
personne autorisée par le ministre à faire enquête; ils se
trouvent coupables en vertu de la présente loi, ou si des gens
détruisent des documents.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: C'est un peu relié à l'article qu'on a
mis en suspens, tout à l'heure. Il y a la question de la personne qui
pénètre dans l'établissement et qui est autorisée
par le ministre, qui pourrait exiger de se faire remettre des documents sans
mandat. Bien sûr, si elle a un mandat, je comprends que le refus de
fournir la documentation constitue facilement une infraction. Mais si le
ministre n'amende pas l'autre...
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: ...article, j'aurai peut-être une
réaction différente.
Le Président (M. Tremblay): II y a peut-être lieu de
suspendre le sous-article 9.2 ou, tout simplement, de revenir à
l'article 8, si vous êtes prêt, M. le ministre.
M. Biron: Avant de compléter l'article 8 - peut-être
qu'on peut adopter l'article 9.2 sous réserve - on pourrait lire la
nouvelle version suggérée par mes gens: "Toute personne
autorisée par le ministre de la Justice à faire enquête sur
le respect de la présente loi peut pénétrer dans tout
établissement commercial pendant qu'il est ouvert au public."
On enlèverait le deuxième paragraphe. Dernier paragraphe:
"Cette personne doit, sur demande, exhiber un certificat attestant sa
qualité et signé par le ministre." Il faudrait peut-être
ajouter au premier paragraphe, parce qu'on enlève le deuxième:
"Dans tout établissement commercial pendant qu'il est ouvert au public
pour faire enquête." Ah, c'est marqué déjà
"autorisée (...) à faire enquête". Là, ce
serait...
Le Président (M. Tremblay): L'amendement viserait à
ajouter...
M. Biron: On va juste réécrire l'amendement, si
vous voulez, cela nous permettra d'adopter l'article 9.2 et de continuer.
M. Bourbeau: Alors, les personnes qui se
présenteraient...
Le Président (M. Tremblay): Nous discutons toujours de
l'article 9.2 de l'article 5.
M. Bourbeau: Mais le ministre vient de proposer...
M. Biron: Je veux le faire réécrire pour être
certain.
Le Président (M. Tremblay): Nous reviendrons tout à
l'heure avec l'amendement à l'article 8 tel que le ministre l'a
édicté.
M. Bourbeau: À l'article 9.2, on reste toujours devant le
même problème. La personne qui est autorisée par le
ministre de la Justice a-t-elle un mandat ou non pour exiger de se faire
remettre des documents lorsqu'elle pénètre dans
l'établissement?
M. Biron: II faudrait qu'elle ait un mandat parce que, de la
façon dont c'est écrit, il n'est pas dit qu'on doit lui remettre
des documents. C'est juste dit "à faire enquête". Alors, pour
avoir des documents, elle devra avoir le mandat nécessaire.
M. Bourbeau: Oui. Mais allez-vous le mettre dans l'article 8?
Non, vous ne le mettrez pas, n'est-ce pas?
M. Biron: Est-ce qu'on peut revenir à l'article 8? Je
pense que l'article 9.2 serait correct tel qu'il est là si on acceptait
l'article 8.
Le Président (M. Tremblay): Alors, avec le consentement du
député de Laporte, nous revenons à l'article 8 de
l'article 5.
M. Biron: L'article 8 amendé se lirait comme suit: "Toute
personne autorisée par le ministre de la Justice à faire
enquête sur le respect de la présente loi peut
pénétrer dans tout établissement commercial pendant qu'il
est ouvert au public." "Cette personne - la personne autorisée par le
ministre de la Justice - doit, sur demande, exhiber un certificat attestant sa
qualité et signé par le ministre de la Justice."
C'est juste pour faire enquête.
Le Président (M. Tremblay): II s'agit de biffer le
deuxième alinéa de l'article 8 de l'article 5.
M. Biron: Cela implique que, si elle veut avoir des documents ou
saisir des choses, elle doit avoir un mandat. L'article 9.2 serait correct
comme cela parce qu'on dit qu'il n'y a pas de documents tout de suite. Sauf que
si elle a un mandat, l'autre ne doit pas lui refuser des renseignements ou des
documents. C'est implicite.
M. Bourbeau: Sur l'article 8, je serais d'accord. Pour ce qui est
de l'article 9.2...
M. Biron: L'article 8, d'accord. Est-ce qu'on peut accepter
l'amendement à l'article 8?
M. Bourbeau: ...j'aimerais bien le regarder (17 h 45)
Le Président (M. Tremblay): C'est qu'on n'a pas encore
complètement terminé la rédaction et je ne voudrais pas
qu'on l'adopte avant. En attendant, on peut passer à l'article 9.2 de
l'article 5. Voulez-vous qu'on aille à 9.3? Est-ce que vous
préférez qu'on suspende 9.2 aussi?
Une voix: Non.
M. Bourbeau: À l'article 9.2, le problème reste
encore. Est-ce que la personne autorisée par le ministre de la Justice
à faire enquête peut perquisitionner sans mandat?
M. Biron: Non.
M. Bourbeau: Si elle ne peut pas perquisitionner sans mandat, si
elle n'a pas de mandat et si elle demande des documents, est-ce qu'on pourrait
porter des accusations
et dire qu'un commerçant a refusé de lui fournir des
documents? Le commerçant qui subit une perquisition chez lui, qui ne
voit pas de mandat et qui se sent justifié de refuser de remettre ses
livres et ses papiers à l'inspecteur est-il coupable ou non? C'est cela,
le problème.
Je voudrais dire quelque chose. Une perquisition, c'est quand même
important, parce que la personne qui perquisitionne saisit les documents et
s'en va avec. Un inspecteur pourrait saisir beaucoup de documents - on l'a vu -
et cela cause un problème sérieux au commerçant de se
faire saisir ses documents. Je veux bien croire qu'il est peut-être dans
l'illégalité, mais il peut prétendre être dans la
légalité. On peut voir des cas marginaux où le
commerçant prétend être à l'intérieur de la
loi, alors que l'inspecteur prétend qu'il est à
l'extérieur de la loi. Il s'agit de compter. Supposons, par exemple, que
l'inspecteur arrive et voit quatre personnes sur le plancher, il dit: Tu es
illégal et je saisis la documentation. Le commerçant peut
peut-être faire valoir en cour qu'il n'y avait pas quatre personnes, que
la quatrième était son enfant qui passait par là et qu'il
n'y travaillait pas. Et les livres disparaissent durant des mois. Cela
m'apparaît important.
M. Biron: Je me rends à la demande du député
de Laporte. On pourra peut-être suggérer, à la
quatrième ligne, d'enlever "ou un document". On ne peut pas refuser de
fournir un renseignement ou cacher ou détruire un renseignement ou un
document se rapportant à une enquête. Mais il ne sera pas
obligé de fournir de documents, sauf sous mandat de perquisition.
M. Bourbeau: En fait, ma préoccupation est la saisie des
documents.
M. Biron: Enlevons "document".
M. Bourbeau: On peut déposséder un
commerçant de tous ses livres...
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Il s'agit,
si j'ai bien compris, d'amender l'article 9.2 de l'article 5 en biffant de la
quatrième ligne, après le mot "renseignement", les mots "ou un
document".
Une voix: D'accord.
M. Biron: Oui, c'est parfait.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 9.2 de l'article 5 visant à biffer de la quatrième
ligne, après le mot "renseignement", les mots "ou un document" est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: Je m'excuse, M. le Président, pourriez-vous
relire l'article 9.2...
Le Président (M. Tremblay): Le paragraphe
amendé?
M. Bourbeau: ...tel qu'amendé?
Le Président (M. Tremblay): Oui. L'article 9.2 de
l'article 5 se lirait comme suit: "Nul ne peut entraver l'action d'une personne
autorisée par le ministre à faire enquête sur le respect de
la présente loi, la tromper par réticence ou par fausse
déclaration, refuser de lui fournir un renseignement ou cacher ou
détruire un renseignement ou un document se rapportant à une
enquête".
M. Bourbeau: Je pense qu'il y a une autre modification. Il
faudrait ajouter les mots "de la Justice", je pense.
Une voix: À la deuxième ligne.
M. Bourbeau: "Par le ministre de la Justice".
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Ce serait plus
clair, effectivement. Alors, vous voulez que je le relise?
Une voix: Non, non. Cela va.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que les deux
amendements, l'amendement à la deuxième ligne et l'amendement
à la quatrième ligne, de l'article 9.2 de l'article 5 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est
adopté. Nous discutons maintenant de l'article 9.2 tel qu'amendé.
L'article 9.2 de l'article 5 tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté.
M. Biron: Est-ce qu'on a adopté l'article 8, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Non. Nous y revenons
immédiatement. L'amendement à l'article 8 se lirait comme suit:
"L'article 8 de l'article 5 du projet de loi est modifié par ce qui
suit: 1. ajouter, à la première ligne du premier alinéa,
après le mot "ministre", les mots "de la Justice"; 2. biffer le second
alinéa; 3. remplacer, à la première ligne du
troisième alinéa, les mots "Elle doit", par les mots "Cette
personne doit"; 4. ajouter, à la fin du troisième alinéa,
les
mots "de la Justice".
M. Dussault: M. le Président... Le Président (M.
Tremblay): Oui.
M. Dussault: ...pour être cohérent avec ce qu'on a
adopté à l'article 9.2, je ne pense pas qu'il faille biffer
complètement le deuxième alinéa, mais tout simplement
biffer les mots "ou tout document", parce que la personne aurait encore le
pouvoir d'exiger tout renseignement, conformément à ce qu'on a
adopté à l'article 9.2.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous
préférez qu'on reprenne l'amendement complètement ou qu'on
fasse un sous-amendement?
M. Biron: Reprenez l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Nous reprenons tout
l'amendement. "L'article 8 de l'article 5 du projet de loi est modifié
par ce qui suit: 1. ajouter, à la première ligne du premier
alinéa, après le mot "ministre", les mots "de la Justice"; 2.
à la première ligne du deuxième alinéa, biffer les
mots "ou tout document"; 3. remplacer, à la première ligne du
troisième alinéa, les mots "Elle doit" par les mots "Cette
personne doit"...
M. Dussault: Comme on a gardé "Cette personne" au
début du deuxième alinéa, on n'a plus à faire cette
correction-là.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement. Tout cela, on
l'enlève. Enfin, "ajouter, à la fin du troisième
alinéa, les mots "de la Justice".
L'article 8 de l'article 5 tel qu'amendé est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 8 de l'article 5 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 9.3.
M. Biron: C'est l'article qui fixe les amendes. On en a
parlé à plusieurs reprises. Les amendes minimales sont de 200 $
à 5000 $. En cas de récidive dans les deux ans de la
condamnation, les amendes sont de 400 $ à 10 000 $. De plus, on ajoute
que, dans la détermination du montant de l'amende, le tribunal doit
tenir compte, notamment, des bénéfices que le contrevenant a
retirés de l'infraction. Si c'est une petite entreprise, les
bénéfices sont peut-être de 200 $. Si c'est une grande
entreprise, les bénéfices seraient peut-être de 4000 $ ou
5000 $. Alors, le juge devra tenir compte des bénéfices que le
contrevenant a retirés de l'infraction. Il nous semble que cette formule
est plus juste.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des intervenants
à l'article 9.3 de l'article 5?
M. Bourbeau: J'ai une question. "Les bénéfices que
le contrevenant a retirés", cela n'existait pas dans la loi. Qu'est-ce
que le ministre a en tête? Des bénéfices commerciaux que le
juge va apprécier en termes de tant d'articles vendus à tels prix
avec un pourcentage de profit ou quelque chose du genre?
M. Biron: Le juge devra apprécier. En fait, c'est beaucoup
plus sur la taille de l'entreprise. On a mis de 200 $ à 5000 $. C'est
toute une différence. Si un juge disait: Je condamne un prévenu
au maximum de l'amende, 5000 $, si c'est une petite entreprise, c'est beaucoup
trop. C'est pour laisser une marge de manoeuvre au juge, mais qui peut se voir
selon le chiffre d'affaires de l'entreprise. Si c'est une très grande
entreprise qui a ouvert toute la journée le dimanche et qui a vendu
beaucoup... C'est à la fois pour laisser la marge de manoeuvre, la
latitude nécessaire au juge de décider, entre 200 $ et 5000 $,
quelle amende il va imposer au contrevenant.
M. Bourbeau: Supposons qu'il y a une troisième
récidive dans les deux ans, c'est toujours une amende de 400 $ à
10 000 $.
M. Biron: C'est cela. Possiblement que le juge augmentera son
amende s'il y a une troisième récidive.
M. Bourbeau: Ce ne sera peut-être pas le même
juge.
M. Biron: Cela va être dans son dossier.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.3 de l'article 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.3 de l'article 5
est adopté sur division. J'appelle l'article 9.4.
M. Dussault: Est-ce que l'on peut savoir pourquoi, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Non? M. Dussault:
Non.
M. Biron: L'article 9.4, c'est l'infraction qui pourrait
être commise par le
président d'un établissement commercial, d'un centre
commercial en particulier, dans lequel un de ses locataires ouvrirait en dehors
des heures régulières. Le centre commercial est aussi responsable
dans ce cas-là. Il pourrait être passible d'une amende.
Le Président (M. Tremblay): D'autres intervenants sur
l'article 9.4 de l'article 5?
M. Bourbeau: Une seconde, M. le Président.
M. Biron: Exemple: dimanche, il y a une entreprise qui pourrait
venir vendre du tapis dans un hôtel. C'est illégal. L'hôtel
doit s'informer aussi avant de louer les espaces nécessaires à la
vente de produits qui ne sont pas reconnus comme pouvant être vendus le
dimanche.
M. Dussault: Cela se fait dans le domaine des manteaux de
fourrure, entre autres.
M. Biron: Dans le domaine des manteaux de fourrure, ce sont les
gens de l'Association des fourreurs du Québec qui nous ont
demandé d'intervenir dans ce sens-là.
M. Bourbeau: Le problème qui pourrait se poser, M. le
ministre, est celui-ci. On parle du propriétaire d'un
établissement commercial. Donc, un propriétaire, cela peut
être un individu ou une compagnie. Si c'est une compagnie,
forcément, c'est celle-ci qui serait poursuivie. Comment peut-on
prétendre qu'une compagnie peut avoir ordonné, autorisé,
conseillé ou consenti à la commission de l'infraction? Une
compagnie, c'est neutre et impersonnel. Est-ce qu'il n'y aurait pas là
un problème où l'on pourrait dire: C'est le président de
la compagnie, le secrétaire ou un employé qui a consenti? Mais la
compagnie comme telle ne peut pas être présumée avoir
consenti.
M. Biron: C'est le mandataire de la compagnie, en fait. C'est la
compagnie qui serait à l'amende. Mais je ne pense pas qu'il y ait
beaucoup de compagnies qui vont endurer que leur gérant soit mis
à l'amende ou qu'elles soient mises à l'amende pour leur
gérant.
M. Bourbeau: II va falloir faire la preuve que quelqu'un en
autorité dans la compagnie a autorisé cela.
M. Biron: C'est dans le cas des hôtels qui louent pour
vendre des manteaux de fourrure, le dimanche. Il y a le gérant qui a
loué quelque part. C'est lui qui serait poursuivi.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 9.4 de l'article 5? L'article 9.4 de l'article 5
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.4 de l'article 5
est adopté. L'article 5 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 6.
Délai
M. Biron: À l'article 6, M. le Président, j'aurais
un amendement. On voit que l'on peut donner des délais. On a
parlé des marchés publics et des marchés aux puces. Mais
encore là, nous voudrions qu'il y ait une demande d'autorisation qui
soit faite avant, afin de donner le permis et de s'entendre. Il n'est pas
question de permettre "at large" d'aller jusqu'au 31 décembre 1986 sans
qu'il y ait une date de demande pour les établissements qui existent
aujourd'hui.
Dans ce sens-là, l'amendement se lirait comme suit: "Une demande
d'autorisation à cet effet doit être faite au ministre avant le
1er septembre 1984."
C'est le même délai que celui qu'on se donne pour les
pharmacies. On voudrait pouvoir régler tous les problèmes, ceux
des marchés publics en particulier et des marchés aux puces.
Le Président (M. Tremblay): Vous n'avez pas d'amendement
écrit?
M. Biron: Oui, il est ici.
Le Président (M. Tremblay): Ah, cela va bien aller. Alors,
l'article 6 serait amendé comme suit: L'article 6 du projet de loi
modifiant la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux est modifié par l'insertion, après le premier
alinéa, du suivant: "Une demande d'autorisation à cet effet doit
être faite au ministre avant le 1er septembre 1984."
Les interventions. L'honorable député de Gouin. (18
heures)
M. Rochefort: Non, M. le Président, malheureusement, je ne
suis pas honorable, n'étant pas membre du Conseil exécutif. Je
suis un honorable citoyen, pas un honorable député!
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'être
cohérent un peu avec ce qu'on a adopté tantôt pour
les pharmacies? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de préciser que seul un
établissement existant à la sanction de la loi peut demander une
autorisation et doit demander cette autorisation avant le 1er septembre?
M. Biron: C'est exact...
M. Rochefort: On risque de voir de nouveaux établissements
se créer d'ici le 1er septembre 1984.
Le Président (M. Tremblay): Le proposeur tient compte de
votre intervention, M. le député, et se prépare, je crois,
à amender son amendement. Nous allons le lire. Oui, M. le ministre.
M. Biron: Pour être conforme à ce qu'on a
accepté tout à l'heure pour les pharmacies, il faudrait
peut-être dire "accorder à un établissement commercial
opérant à la date de la sanction de la loi". On va faire un
amendement pour être conforme à celui des pharmacies tout à
l'heure, ce qui pourrait changer l'article qui se lirait dorénavant: "Le
ministre peut, aux conditions qu'il détermine, accorder à un
établissement commercial en opération à la date de la
sanction de la présente loi..."
Le Président (M. Tremblay): C'est un deuxième
amendement. Cela n'amende pas l'amendement que nous sommes en train
d'étudier. Je crois que nous pourrions d'abord étudier
l'amendement qui nous a été présenté,
c'est-à-dire d'ajouter un nouvel alinéa qui est: "Une demande
d'autorisation à cet effet doit être faite au ministre avant le
1er septembre 1984". Nous disposerons de cet amendement. Pendant ce
temps-là, le texte sera prêt pour le deuxième
amendement.
Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, j'essaie de me mettre dans
la peau d'un commerçant québécois qui actuellement
exploite un commerce au Québec, qui estime ne pas être dans
l'illégalité quant à lui, qui lit la loi et qui peut
penser qu'il est un cas frontière. Il se demande si oui ou non il doit
aller se vendre au gouvernement. Il faut quand même penser qu'ici la
personne... Ce qu'on dit, c'est qu'une personne doit aller dire au
gouvernement: Voici, je suis illégal et je vais m'enregistrer. Quant
à moi j'hésiterais beaucoup à aller me condamner
moi-même. Ce geste peut certainement traumatiser bien des
commerçants au Québec qui vont se dire: Écoutez,
peut-être que je suis dans l'illégalité. Je ne suis quand
même pas pour aller moi-même me dénoncer. Je ne veux pas
faire de parallèle avec autre chose. Je ne veux pas retourner aux
années de la guerre quand les Allemands disaient: Vous avez
jusqu'à telle date pour vous enregistrer. Les gens étaient
illégaux. Ils ne se sentaient pas illégaux. Ils étaient
des résistants. C'est une formule qui me révolte d'une certaine
façon. On ne demande pas, en général, aux gens d'aller se
dénoncer eux-mêmes. S'ils sont dans l'illégalité,
c'est à l'État à les trouver et à les poursuivre.
Je ne sais pas ce qui va arriver si quelqu'un ne se dénonce pas, soit
parce qu'il ne le sait pas, qu'il ne connaît pas la loi ou encore qu'il
trouve que c'est au gouvernement à faire la preuve. Tout à coup,
subséquemment, on lui dit: Tu n'avais qu'à te dénoncer. Tu
n'as pas le droit, tu ne peux pas jouir d'exemption. Je suis très
inconfortable là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): Je constate qu'il est 18
heures et qu'il nous reste trois articles à adopter. Est-ce qu'il y a un
consentement pour poursuivre ou si vous préférez qu'on revienne
à 20 heures?
M. Dussault: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): II y a consentement pour
poursuivre les travaux jusqu'à l'adoption du projet de loi 59.
M. Biron: M. le Président, pour dix ou quinze minutes.
M. Bourbeau: Pour au moins 20 minutes.
Le Président (M. Tremblay): II y a consentement pour
prolonger de 20 minutes.
M. Biron: M. le Président, sur l'intervention du
député de Laporte, cet article vaut pour les marchés
publics et pour les marchés aux puces. Nous les connaissons tous. Il y a
dix marchés publics au Québec à l'heure actuelle. Je
serais prêt à retirer mon amendement parce qu'on les connaît
et qu'on n'a pas besoin de leur demander de se dénoncer eux-mêmes,
comme le dit le député de Laporte. On peut faire notre travail,
faire le tour des marchés publics et les aviser en conséquence.
Ce que je veux, c'est avoir une date limite après laquelle je ne pourrai
pas délivrer de permis. Je veux quand même me protéger et
ne pas émettre des permis jusqu'à la fin de l'année 1986.
Au lieu de dire: "Une demande d'autorisation à cet effet doit être
faite au ministre avant le 1er septembre", on pourrait dire: "Le ministre aura
jusqu'au 1er septembre 1984 pour émettre des permis."
Le Président (M. Tremblay): Je constate que l'amendement
à l'article...
M. Biron: Avant d'en discuter, j'aimerais savoir si on peut
s'entendre là-dessus. En d'autres termes, je suis d'accord avec le
député de Laporte qu'on ne doit pas forcer les gens à se
dénoncer eux-mêmes, mais, d'un autre côté, je
voudrais une date guillotine à partir de laquelle d'autres permis ne
seront pas émis.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui arrive d'un individu qui - je reprends
encore mon exemple - n'est pas au courant de la loi, qui vit dans le fond de la
Gaspésie et qui ne lit pas souvent les journaux, lorsque, tout à
coup, au mois de novembre, un inspecteur arrive et lui dit: Tu as quatre ou
cinq personnes qui travaillent pour toi dans ton magasin d'alimentation, tu ne
peux pas ouvrir le dimanche. L'individu lui dit alors: Cela me crée un
problème. Je voudrais m'adapter. Puis-je avoir un délai? Le
ministre ne pourrait pas lui en donner?
M. Biron: Non. D'une façon ou d'une autre, il n'en aura
pas. C'est bien dit qu'on veut fixer les délais pour les dix
marchés publics du Québec, parce que des millions de dollars sont
investis et que c'est une façon de résoudre le problème.
On veut donner aux marchés aux puces jusqu'au 31 janvier 1985. En ce qui
concerne les marchés aux puces, on va donner des permis à tout le
monde jusqu'au 31 janvier 1985. Cela va durer encore six mois. En ce qui
concerne les marchés publics, cela va durer jusqu'à la fin de
1986. Il y aura une date limite pour émettre des permis et, après
cela, je n'en émettrai pas. Je veux dire pour le journal des
Débats qu'il y a dix marchés publics au Québec et qu'on
n'émettra pas d'autres permis en dehors de ces dix marchés
publics.
M. Bourbeau: Je prends le cas, par exemple, des fruits et
légumes. Il y en a beaucoup au Québec qui ne sont pas des
OCTOFRUIT ou des succursales et qui vendent des fruits et légumes et
d'autres choses. Il y en a dans les banlieues. Il y en a dans ma région.
Il peut y avoir dix personnes qui y travaillent le dimanche. On y vend des
fruits et légumes, un peu de charcuterie, des fromages, des choses comme
cela. Si, par hasard, ces gens, parce qu'ils ne savent pas que la loi existe ou
qu'ils l'oublient, ne demandent pas de permis au ministre ou ne se font pas
connaître, est-ce que cela veut dire qu'ils devront fermer leurs portes
au mois d'octobre?
M. Biron: Oui. Sans fermer, on devra leur dire de se conformer
à la loi, c'est-à-dire de faire une division dans le milieu et
d'avoir deux établissements commerciaux. Encore une fois, on s'entend:
cet article, c'est pour les dix marchés publics du Québec. On ne
veut pas couvrir autre chose que cela. C'est afin de permettre aux
marchés aux puces de fonctionner jusqu'au 31 janvier 1985.
M. Bourbeau: Le ministre n'a pas l'intention d'autoriser d'autre
commerces qui en feraient la demande?
M. Biron: Non.
M. Bourbeau: Est-ce possible qu'ils le fassent?
M. Biron: C'est possible qu'on fasse des demandes...
M. Bourbeau: Ils peuvent ne pas en avoir l'intention.
M. Biron: ...mais je n'ai pas l'intention d'autoriser aucun autre
commerce. On s'est entendu avec à peu près tous les
représentants d'associations dans ce domaine. Seuls les marchés
publics sont exclus à condition de progressivement se conformer à
la loi, et les marchés aux puces jusqu'au 31 janvier 1985.
M. Bourbeau: II reste quand même une chose, c'est que les
marchés publics sont structurés, organisés, ils ont fait
un bon lobby et ils ont négocié avec le ministre, mais il y a
d'autres commerçants indépendants au Québec qui ne sont
pas des succursales, qui ont certainement les mêmes droits, qui ont
investi autant d'argent que les marchés publics. Je pense à une
famille de ma région. Elle a investi beaucoup d'argent. Probablement que
si on calculait le pourcentage, on réaliserait qu'elle a investi
relativement autant d'argent que les marchés publics. Ces gens ne font
pas partie d'un marché public, et le ministre ne veut pas exempter cette
famille. Le dimanche, il y a probablement sept, huit, neuf ou dix personnes qui
travaillent dans les fruits et légumes, dans la charcuterie, dans le
fromage, enfin ces choses-là. Pourquoi ces gens ne pourraient-ils pas
obtenir le même privilège que les marchés publics?
Qu'est-ce qu'ils ont fait de mal pour ne pas avoir les mêmes
privilèges?
M. Biron: Parce que, dans le fond, la loi détermine qu'il
doit y avoir trois employés au maximum sur le plancher. Il y a une seule
exception. À la suite de demandes des députés de notre
côté et même de députés de votre
côté, on a dit: Essayez d'en venir à une entente avec les
marchés publics, compte tenu qu'il y a eu beaucoup d'investissements.
C'est peut-être une nouvelle formule pour l'avenir et on est prêt
à en venir à une entente avec ces gens. Si cet article n'est pas
dans la loi, les marchés publics devront, le lendemain de l'adoption
de la loi, diminuer leur personnel à trois personnes. Je le
répète, on veut couvrir les dix marchés publics du
Québec, leur donner deux ans pour qu'ils puissent se conformer à
la loi d'une façon progressive.
M. Bourbeau: Le critère que retient le ministre, c'est
qu'il ne veut pas s'autoriser à émettre des permis après
une date donnée. Le critère des supposés droits acquis,
qu'on l'admette ou non, n'est-il pas aussi important? On l'a retenu dans le cas
des pharmacies. On a dit: Jusqu'à la date d'aujourd'hui, on va respecter
ce qui s'est fait. Je ne demande pas de respecter ce qui s'est fait dans les
cas dont je parle parce qu'ils n'ont peut-être pas les mêmes droits
juridiques. Par contre, on pourrait reconnaître que leurs investissements
ont été faits et leur permettre aussi de se
"désescalader", si je puis dire, pendant une période de deux
ans.
Il m'apparaît que ce n'est pas correct à l'égard de
ces gens de les traiter différemment des marchés publics pour la
seule raison qu'ils n'ont pas un lobby aussi puissant.
M. Biron: Les marchés publics, dans le fond, ce ne sont
pas des illégaux qu'on veut protéger. On réalise que, dans
les marchés publics, il y a 80% des commerces qui sont légaux. Si
on ferme le marché public, ils sont touchés grandement; les
consommateurs et consommatrices sont encore plus touchés, mais ces
commerces qui sont exploités tout à fait légalement le
sont aussi. Pour permettre à ces commerces de continuer leurs
activités légalement et permettre aux autres de changer afin de
devenir des commerces légaux, c'est juste ce délai qu'on demande.
En fait, c'est le maximum, le 31 décembre 1986; d'après moi,
peut-être qu'à la fin de 1985 tous les commerces de marchés
publics fonctionneraient légalement. On va commencer à s'attaquer
aux plus gros pour commencer, bien sûr.
M. Bourbeau: Est-ce que, par exemple, le ministre ne
considérerait pas une clause qui pourrait dire que le ministre peut ne
pas se limiter au 1er septembre 1984, autoriser les commerçants à
excéder le délai jusqu'au 31 décembre 1986, à la
condition que la preuve soit faite que ces gens étaient
déjà en activité avant la date d'entrée en vigueur
de la présente loi, de façon à accorder à ces gens
le temps de se recycler, si je peux dire, de la même façon que
vous le faites pour les marchés publics?
M. Biron: Les marchés publics, il faut bien comprendre que
c'est surtout par considération pour les petits commerçants qui
fonctionnent légalement. Si c'étaient seulement de gros
commerçants, demain matin, on pourrait dire: Conformez-vous à la
loi, respectez les heures d'affaires. Les 600 ou 700 petits commerçants
dans les marchés publics, c'est surtout pour eux qu'on est obligé
d'intervenir.
M. Dussault: II y a une interdépendance...
M. Bourbeau: Oui, mais le résultat est le même. Le
ministre, en faisant cela, aide les gros. Le ministre sait fort bien quetoutes les vagues qui ont été faites depuis quelques mois
sont pour les gros, pas pour les petits. Les petits n'étaient pas dans
la pseudo-illégalité. En fait, le résultat net est le
même. Ce sont les gros qui ont fait valoir leur point de vue et ce sont
eux qui vont profiter de l'exemption.
M. Biron: Si je vous comprends, vous ne mettriez pas de
délai à l'autorisation du ministre pour permettre que, s'il y a
une demande après le 1er septembre 1984, on puisse intervenir.
M. Bourbeau: De toute façon, je ne dis pas que je vais
voter pour la loi, mais étant pris avec le carcan qui, je le vois bien,
nous sera imposé, je voudrais savoir pourquoi les pseudo-illégaux
dans les marchés publics vont profiter d'une période pour se
recycler -pour employer ce mot - alors que d'autres qui ont fait des
investissements aussi importants n'auront pas les mêmes
privilèges. C'est seulement un souci d'équité que je
recherche, une équité dans la contrainte.
M. Dussault: L'illégalité aussi.
M. Biron: Je n'ai pas l'intention d'émettre un permis en
dehors des dix marchés publics qui fonctionnent à l'heure
actuelle. Même avec ces marchés publics, on a fixé une date
limite, le 31 décembre 1986. Mon objectif, c'est le 31 décembre
1985. Au cours de la négociation pour chaque marché public, pour
chaque surface - il y a une dizaine de grandes surfaces dans chacun d'eux - on
va essayer d'y aller le plus rapidement possible pour que tout le monde se
conforme à la loi. (18 h 15)
Tout ce que je demande, c'est une limite. Encore une fois, je
n'émettrai pas de permis après le 1er septembre 1984,
personnellement, je ne crois pas. Mais si vous me dites: On vous fait
confiance, allez-y, c'est d'accord. Sinon, j'aimerais avoir une limite au 1er
septembre 1984. Encore une fois, si vous dites: Non, ne mettez pas la limite et
gardez-vous la latitude s'il en arrivait un le 5 septembre pour pouvoir juger
son cas au mérite...
M. Bourbeau: Je prends le cas de
Laval, parce que cela touche particulièrement le
député de Vimont. Je présume qu'il y a un marché
public où il y a un marchand de fruits et légumes qui va avoir
jusqu'au 31 décembre 1986 pour faire ce qu'il y a à faire et,
à côté, à 200 pieds, il pourrait y avoir,
théoriquement, un autre marchand de fruits et légumes qui va
devoir, en date de la sanction de la loi ou à partir du 1er septembre -
je ne sais pas à quelle date - se saborder. Cela ne m'apparaît pas
équitable.
M. Biron: M. le Président, je retire mon amendement.
Le Président (M. Tremblay): Le premier amendement de
l'article 6, celui que nous étudions, est retiré.
Je lis l'amendement suivant à l'article 6: "L'article 6 du projet
de loi est modifié par l'insertion, à la seconde ligne du premier
alinéa, après le mot "commercial", des mots "en opération
à la date de la sanction de la présente loi".
M. Biron: C'est tout à fait conforme à ce qu'on a
accepté tout à l'heure pour les pharmacies, pour ne pas permettre
à de nouveaux marchés publics ou à de nouvelles grandes
surfaces de venir au monde.
M. Bourbeau: M. le Président, pourriez-vous lire l'article
au complet?
Le Président (M. Tremblay): Oui, tel qu'amendé: "Le
ministre peut, aux conditions qu'il détermine, accorder à un
établissement commercial un délai...
M. Bourbeau: Non. ...en opération... M. Biron:
...en opération...
Le Président (M. Tremblay): ...commercial en
opération à la date de la sanction de la présente
loi...
Des voix: ...un délai pour se conformer...
M. Bourbeau: ...un délai pour se conformer aux
dispositions de la présente loi.
Le Présidant (M. Tremblay): ...un délai pour se
conformer aux dispositions de la présente loi. En aucun cas, ce
délai ne peut excéder le 31 décembre 1986. "L'autorisation
du ministre est publiée à la Gazette officielle du
Québec."
M. Bourbeau: Évidemment, le ministre a retiré
l'autre amendement. J'avais fait valoir mes objections de principe à
obliger des gens à se dénoncer eux-mêmes. J'ai beau le
relire, j'admets qu'il y a quand même une amélioration, mais je ne
peux pas souscrire à cet article-là. Quant à moi, c'est
sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 6 est adopté sur division.
M. Bourbeau: Un instant. L'amendement...
M. Biron: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est adopté
sur division.
M. Biron: Non. L'amendement est adopté.
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président. Je relisais
l'article dans son entier. Je vais penser à l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): D'accord.
M. Biron: II est d'accord sur l'amendement, mais contre
l'article.
Le Président (M. Tremblay): C'est l'amendement qu'on
étudie.
M. Bourbeau: L'amendement, cela pourrait aller.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est
adopté.
M. Biron: M. le Président, je voudrais revenir au premier
amendement que j'ai retiré, où il était question du 1er
septembre. Je crois encore que le 31 décembre 1986, c'est très
loin.
Le Président (M. Tremblay): Un instant, M. le ministre.
Vous n'avez pas d'objection à ce qu'on adopte l'amendement...
M. Biron: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'amendement est
adopté. L'amendement à l'article 6 qui a trait à la date
de la sanction de la présente loi est adopté.
Vous voulez proposer un autre amendement, M. le ministre.
M. Biron: II faudrait quand même limiter le temps qui m'est
alloué pour donner des autorisations; autrement, cela va être
jusqu'au 31 décembre 1986 que des gens pourront demander des
autorisations. Je voudrais quand même limiter le délai au 31
décembre 1984 et je pense que ce serait bien raisonnable. On pourrait
marquer: "Le ministre peut, avant le 31 décembre 1984, aux conditions
qu'il détermine, accorder à un
établissement commercial..." Il n'y aura pas de permis qui sera
délivré après le 31 décembre 1984, et si on n'a pas
le temps de faire le tour de tous les établissements d'ici à
cette date, cela ne donne rien. Je ne voudrais pas laisser cela ouvert
jusqu'à la fin de décembre 1986. Ce serait vraiment donner
à des gens, des espoirs auxquels on ne répondra pas.
M. Bourbeau: II ne serait pas question de demander des
autorisations.
M. Biron: Non. Comme amendement...
Le Président (M. Tremblay): C'est l'ajout des mots "avant
le 31 décembre 1984" à la première ligne.
M. Biron: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): Le ministre propose donc un
amendement: Ajouter, à la première ligne, après "le
ministre peut", les mots "avant le 31 décembre 1984". Des interventions
sur l'amendement?
M. Bourbeau: M. le Président, j'aime mieux cette
formulation-là puisqu'elle n'oblige pas les gens à se
dénoncer. C'est déjà une amélioration. Sur
division.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 6 est adopté sur division. J'appelle l'article 6
amendé.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 6 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 7.
M. Biron: C'est l'article usuel.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 est usuel.
L'article 7 est-il adopté?
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 est adopté
sur division.
Entrée en vigueur
M. Biron: À l'article 8, M. le Président, j'ai un
amendement qui m'a été demandé par les intervenants du
secteur. Le trentième jour qui suit la sanction de la loi pourrait
être le 20 juillet ou le 25 juillet. Des gens me disent qu'appliquer une
loi à compter d'une date comme celle-là, surtout quand il y a des
changements dans certains établissements, c'est difficile. On m'a
demandé de présenter un amendement qui dira: "La présente
loi entrera en vigueur à la date fixée par proclamation du
gouvernement cela pourrait être le 1er septembre, admettons - à
l'exception des dispositions exclues par cette proclamation, lesquelles
entreront en vigueur à toutes dates ultérieures fixées par
proclamation du gouvernement." On pourra la mettre en vigueur par deux ou trois
sections à la fois.
M. Bourbeau: Quelles dispositions exclues sont
prévues?
M. Biron: Tout entre en vigueur sauf celles qu'on pourrait dire
qu'on retarde d'un ou deux mois. C'est pour nous permettre de faire entrer en
vigueur la loi en deux ou trois étapes.
M. Bourbeau: Je vais le lire, si vous permettez.
M. Biron: C'est la formule usuelle lorsque cela entre en vigueur
par proclamation.
M. Bourbeau: C'est bien entendu que...
Le Président (M. Tremblay): Nous discutons de l'amendement
à l'article 8.
M. Bourbeau: Je voulais seulement me faire confirmer quelque
chose par le ministre. On a modifié les articles où on disait
qu'à l'égard des pharmacies, par exemple... Je crois que
c'était l'entrée en vigueur et on a remplacé cela par la
proclamation, je crois.
M. Biron: C'est cela.
M. Bourbeau: La même chose pour l'autre aussi.
M. Biron: Le jour de la sanction. M. Bourbeau: Le jour de
la sanction.
M. Rodrigue: C'est pour la liste des pharmacies.
M. Biron: Pour que cela ne retarde pas.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 8 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. L'article 8 tel
qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. Il n'y a pas de
motion de renumérotation puisqu'il n'y en a pas.
Le titre du projet de loi, Loi modifiant la Loi sur les heures
d'affaires des
établissements commerciaux, est-il adopté? Des
voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté. Le projet
de loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): Adopté sur division.
Sur ce, je suspends les travaux de la commission jusqu'à 20 heures.
Alors que nous étudierons le projet de loi 85 article par article.
(Suspension de la séance à 18 h 25)
(Reprise de la séance à 20 h 14)
Étude détaillée du projet de loi
85
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux et nous poursuivons en étudiant le projet de loi 85, Loi
modifiant la Loi sur les coopératives. Les membres de la commission sont
les mêmes que lors de l'étude du projet de loi 59. J'appelle
immédiatement l'article 1.
M. Fortier: M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Dans mon ignorance du projet de loi dans ses
détails, j'aimerais quand même demander au ministre, d'une
façon générale, quelle est la différence entre ces
coopératives - j'imagine que le projet de loi permettra les
coopératives...
Une voix: De travailleurs.
M. Fortier: ...de travailleurs. Quelle est la différence
entre cela et une société? Si trois ou cinq travailleurs forment
une société comme on en connaît, même sur le plan
professionnel, ou sur tous les plans, cela existe par une entente
signée, j'imagine, entre les associés. Quelle est la
différence entre une société et ce que la loi
permettra?
M. Biron: Une société peut être
composée d'une personne qui détient 98% des actions et de deux
autres qui détiennent, l'une 1% et l'autre 1%, cela fait 100%, tandis
que dans une coopérative, au départ, toutes les personnes sont
égales. Tout le monde est sur le même pied. Une personne, un
vote.
Une société peut disparaître de la Loi sur les
compagnies, la coopérative peut bien disparaître aussi, mais,
normalement, si elle continue - à moins qu'elle soit en faillite
-l'argent de la coopérative demeure dans le bien commun.
En fait, c'est peut-être intéressant de fonder une
coopérative; lorsqu'on n'a rien, on peut se faire aider et monter la
coopérative. Des coopératives deviennent très puissantes
comme les caisses populaires ou les coopératives agricoles. Mais c'est
un bien commun, cela n'appartient à personne. Cela appartient à
la collectivité.
M. Fortier: Quand on dit que cela appartient à la
collectivité, cela appartient à la coopérative. Quand vous
dites que les actifs demeurent, vous voulez dire que c'est une personne morale,
dans un certain sens et dans une certaine dimension, et que c'est la même
chose que pour une compagnie? Même si les actionnaires
décèdent, la compagnie continue d'exister et, à ce moment,
les actifs demeurent entre les mains de la compagnie? Dans le cas de la
coopérative, c'est la même chose?
M. Biron: Mais vous pouvez vendre la valeur de l'entreprise. Le
capital social de l'entreprise se vend. Le capital social de la
coopérative demeure toujours. Le capital social des caisses populaires
demeure toujours là. Vous retirez votre argent, mais il y a de
l'accumulation de capital social dans les caisses populaires qui est toujours
là.
M. Fortier: Oui, d'accord. Vous voulez dire de la plus-value.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: La notion de patrimoine, dans le cas d'une
coopérative, ne vaut pas à l'égard des individus et
n'accumule pas de patrimoine. Quand ils se retirent, cela reste dans le
collectif et c'est repris par d'autres.
M. Fortier: Dans le cas d'une société, à
supposer que la société soit égalitaire,
c'est-à-dire appartenant à cinq individus, dans des proportions
identiques, par définition, chacun possède un cinquième
des actifs, contrairement à la coopérative où c'est le
collectif qui est...
M. Biron: Dans la compagnie, un individu peut vendre ses 20%
à un autre et l'autre atteint 40% des votes. Dans la coopérative,
s'ils ont un cinquième, c'est toujours un cinquième des
votes.
M. Bourbeau: Un membre, un vote. M. Biron: Un membre, un
vote.
M. Fortier: Je vous remercie pour la précision.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des interventions sur
l'article 1?
M. Biron: L'article 1, c'est de concordance avec la Loi sur les
compagnies. Lorsqu'une coopérative s'identifie sous un autre nom que sa
dénomination sociale, elle doit l'enregistrer au bureau du protonotaire.
On a cela pour la Loi sur les compagnies.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 1 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Biron: C'est une modification technique. En imprimant
l'ancienne loi en anglais, on a oublié la fin d'une phrase. On a voulu
profiter de l'occasion pour apporter cette modification.
M. Bourbeau: Vous avez fait adopter l'article 1 au complet. Vous
n'avez pas appelé les paragraphes. Je croyais qu'on avait adopté
le premier paragraphe, 20.1.
M. Biron: D'accord. On peut y revenir.
Le Président (M. Tremblay): J'ai effectivement
appelé tout l'article 1, mais...
M. Biron: On peut y revenir, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): ...avec le consentement, je
crois qu'on peut y revenir.
M. Bourbeau: Ma bonne foi a été surprise, M. le
Président, parce que je pensais que c'était l'article 20.1.
Le Président (M. Tremblay): Nous ne sommes pas ici pour
faire des surprises à qui que ce soit.
M. Bourbeau: Ce n'est pas que j'aie l'intention de m'opposer
à l'article 2; je ne l'ai pas lu; je ne l'ai pas regardé encore.
Je l'ai déjà lu, mais je ne l'ai pas regardé.
Le Président (M. Tremblay): Vous pouvez en prendre
connaissance et si...
M. Dussault: C'est comme cela qu'on se prépare chez
vous.
M. Bourbeau: Non. On s'est préparé. Si vous avez
écouté mon discours en Chambre, vous avez vu qu'on était
très préparé. Une voix: Quel discours!
M. Bourbeau: Pourtant, le temps que j'ai mis à le
préparer!
M. Biron: Pas sur la Loi sur les coopératives.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: L'article 20.2 est adopté.
Le Président (M. Tremblay): La décision reste la
même. L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2. Les explications ont déjà
été données par le ministre.
M. Bourbeau: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): L'article 2 est
adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Biron: Cela nous a été demandé par les
petites coopératives. Selon l'ancienne loi, alors qu'une corporation
privée qui fait des revenus bruts inférieurs à 100 000 $
peut ne pas faire affaires avec un comptable ou un vérificateur
agréé, la Loi sur les coopératives forçait les
coopératives à avoir un vérificateur membre d'une
corporation professionnelle de comptables pour faire la vérification.
À la demande des petites coopératives, on veut se permettre de
pouvoir l'ajuster au fur et à mesure et de donner la permission aux
petites coopératives qui font moins de 100 000 $ d'affaires par
année de ne pas avoir un membre de l'Ordre des comptables ou des
corporations professionnelles de comptables.
M. Fortier: Ici, l'article dit: "Le gouvernement peut, par
règlement, exempter une coopérative". On ne dit pas à quel
niveau d'actif. Ah! c'est cela. À ce moment-là...
M. Biron: C'est cela. Ce qu'on nous a demandé...
M. Fortier: ...en fin de compte, vous vous rapprochez de la Loi
sur les compagnies, de la loi du Canada en particulier qui permet la même
chose.
M. Biron: Oui. C'est cela. M. Fortier: Pas de
problème.
Le Président (M. Tremblay): L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Biron: C'est de concordance avec l'autre loi pour la forme et
la teneur des états financiers, celui-là.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 4?
M. Bourbeau: Dans la loi actuelle, c'est la loi qui
prévoit les modalités de la vérification. On passe de la
loi au règlement. C'est malheureux que le député de Gouin
ne soit pas ici, parce qu'il s'élèverait encore contre cette
tendance...
M. Biron: On avait le règlement dans l'ancienne...
Le Président (M. Tremblay): Mais cela va plus vite, par
exemple.
M. Bourbeau: Oui. Je suis d'accord quant à la
célérité.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: C'est plus difficile de "filibuster" sans le
député de Gouin.
M. Rodrigue: M. le Président, si le député
de Gouin avait quelque chose à dire là-dessus, il serait
sûrement ici. S'il n'est pas là, c'est parce qu'il a
examiné la loi et qu'il est d'accord avec ce qu'elle contient.
Une voix: II est d'accord. Il l'a lue et il est d'accord.
M. Rodrigue: Oui.
M. Bourbeau: Je suis content de vous l'entendre dire.
M. Fortier: Probablement qu'il n'y a pas de coopérative
dans son comté.
M. Bourbeau: Oui.
M. Rodrigue: II a été fortement sollicité
pour aller à d'autres commissions aujourd'hui, mais il s'est
refusé. Il voulait rester ici avec nous pour faire valoir ses points.
Alors, vous comprendrez qu'il ferait la même chose ce soir.
M. Bourbeau: Je n'en veux pas du tout au député de
Gouin. Je pense que cela a été un apport intéressant
à nos débats de cet après-midi.
Pour revenir à mon propos, dans la loi actuelle, c'est la loi qui
décide des modalités de la vérification. Le ministre peut
lire comme moi: "Les états financiers correspondent aux comptes et
satisfont aux exigences; les documents et renseignements qu'il requiert..."
Tout cela, aujourd'hui, est remplacé par un article qui dit que c'est un
règlement du gouvernement. Donc, j'ai raison de dire qu'on passe de la
loi au règlement.
M. Biron: Dans l'ancienne loi, un règlement pouvait exiger
encore plus. Alors, dans le règlement que nous adopterons, et, en
concordance avec ce qu'on vient d'adopter, on fera en sorte que, pour les
grandes coopératives, ce soit plus sévère, pour les
moyennes, un peu moins, et, pour les petites, laisser plus de latitude.
Autrement, cela va coûter plus cher de vérificateur que les
revenus nets de l'entreprise.
M. Bourbeau: Oui, je comprends ce point. D'ailleurs on a
voté pour cet article. Mais ce que je veux dire c'est que, dans la loi
actuelle, des éléments de base sont prévus par la loi et
que le gouvernement peut ajouter dans le cas des grosses coopératives.
C'est cela?
M. Biron: Exact.
M. Fortier: Mais pourquoi ne pas mettre des exigences minimales
ici? Je pense bien... Excusez-moi.
M. Bourbeau: Oui, oui, c'est un...
M. Biron: Si vous n'avez pas de vérificateur dans la
petite coopérative, alors c'est le niveau de revenus de la
coopérative qui fixera les exigences minimales de
vérification.
M. Bourbeau: Oui, mais cela prend un vérificateur. Vous en
aurez un dans tous les cas, de toute façon.
M. Biron: Mais on n'exigera pas de vérificateur pour les
moins de 100 000 $ de revenus.
M. Bourbeau: Si j'ai bien compris l'article
précédent, il y aura maintenant un comptable membre d'une
coopérative professionnelle?
M. Biron: C'est cela. Ce ne sera pas un comptable
agréé.
M. Bourbeau: Oui, mais s'il est membre d'une coopérative,
c'est quand même quelqu'un qui a un certain degré, une certaine
expérience ou plus qu'expérience, une certaine...
M. Biron: En pratique, lorsqu'on demandait un vérificateur
membre d'une corporation, on ne pouvait pas respecter cela pour les petites
coopératives.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que c'est exactement qu'un comptable
membre? Un comptable membre d'une coopérative professionnelle, c'est
quoi exactement? C'est un individu qui est CGA? C'est quoi?
M. Biron: D'une corporation professionnelle. Les CA, les CGA.
M. Bourbeau: D'une corporation professionnelle plutôt,
oui.
M. Biron: Les CA et les CGA.
M. Fortier: Cela n'ouvre pas davantage la porte à une
corporation plutôt qu'à l'autre. Avant, elles avaient encore cette
latitude. Là, cela ne change pas le statut de l'une ou l'autre des
corporations de comptables.
M. Biron: Non. Je vais me garder d'intervenir dans ce
débat.
Le Président (M. Tremblay): L'article 4 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Adopté sur division.
J'appelle l'article 5.
M. Biron: II a trait à l'attribution des ristournes. Ce
n'était pas clair dans l'ancienne loi où des ristournes pouvaient
être attribuées aux membres et aux membres auxiliaires. La
coopérative avait des problèmes à définir cela.
Alors, on a voulu justement diviser l'attribution de ristournes aux personnes
ou aux sociétés qui ont été membres de la
coopérative au cours de l'exercice et les membres auxiliaires. On aura
des membres auxiliaires qui seront là pendant un ou deux mois - ils sont
membres auxiliaires - et si cela ne fait pas, ils s'en vont. Il y a une petite
partie de ristourne, mais ce ne seront pas les ristournes complètes. On
a voulu les diviser pour permettre à la coopérative d'intervenir
là-dessus.
M. Fortier: Je ne comprends pas le commentaire du ministre par
rapport au texte ici. Est-ce que le ministre peut préciser ce qu'il
vient de dire?
M. Biron: Oui. L'attribution des ristournes doit se faire
à tous les membres réguliers de la société. Quant
aux membres auxiliaires, c'est lorsque les membres le décident et dans
la proportion qu'ils déterminent.
M. Fortier: Je ne comprends pas la distinction entre membres et
membres auxiliaires. Vous voulez dire: Un membre qui serait membre seulement
pendant un mois et par la suite il disparaîtrait, mais c'est un membre
temporaire ou un membre qui...
M. Biron: C'est cela. Vous avez une coopérative de
travailleurs où il y a quinze travailleurs à temps
régulier qui sont obligés, dans certaines périodes de
l'année, d'en engager trois autres qui sont juste des membres
auxiliaires. La ristourne pour les membres auxiliaires est
déterminée par les membres s'ils décident d'en donner et
la proportion qu'ils donnent.
M. Fortier: Est-ce que la ristourne est distribuée d'une
façon uniforme à tous les membres?
M. Biron: C'est uniforme à tous les membres.
M. Fortier: C'est comme si tout le monde avait une action parce
qu'il s'agit, dans le fond, d'un dividende. Ce que vous nous dites, c'est que
dans le cas des membres auxiliaires qui, selon le système capital,
auraient un nombre d'actions moindre eux, à ce moment, ils peuvent ne
pas en avoir et c'est selon la décision de la coopérative.
M. Biron: Exact. S'ils ont travaillé deux mois dans
l'année, c'est sûr que la ristourne ne sera pas la même que
pour les membres réguliers.
M. Fortier: C'est le système capital transformé et
adapté à la formule coopérative.
M. Biron: Vous avez raison.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5...
M. Bourbeau: Un membre qui veut devenir permanent doit passer par
le purgatoire des membres auxiliaires pendant six mois avant d'être
admis.
M. Biron: Oui. Et le Conseil de la coopération - justement
vous dites six mois -nous a demandé hier, dans une conversation que j'ai
eue avec le président, de changer six mois pour un an sur les
coopératives de travailleurs.
M. Bourbeau: Allez-vous le faire? M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Comme vous avez de bonnes relations avec le Conseil
de la coopération, vous n'avez pas de raison de...
M. Fortier: M. le Président, j'imagine que le
problème des membres permanents et des membres auxiliaires n'existait
pas auparavant. Maintenant vous allez vers un nouveau type de
coopérative. Si on prend la Société des alcools en
particulier, dans le temps de Noël, il va y avoir des membres auxiliaires
qui vont travailler plus tard, mais j'imagine que la coopérative pourra
engager des employés sans qu'ils soient membres.
M. Biron: Occasionnellement. Ils seront donc membres auxiliaires
pour une période de temps.
M. Fortier: Faut-il absolument qu'ils aient le statut de membre
auxiliaire s'ils ont le statut d'occasionnel?
M. Biron: Ils sont membres auxiliaires normalement s'il y a une
période de travail de deux ou trois mois dans l'année. Mais c'est
sûr que si c'est une période d'une semaine ou deux, à ce
moment ce sera tellement court qu'il faudra laisser de la latitude à la
coopérative d'engager certaines personnes à temps partiel. Le
membre auxiliaire est appelé...
M. Fortier: Ce que vous dites, c'est que l'essence de la
coopérative exige que tout le monde soit membre.
M. Bourbeau: Je voudrais simplement attirer l'attention sur
l'article 224.5: "La coopérative peut engager une personne non membre
pour exécuter des travaux occasionnels et de courte durée."
M. Biron: C'est cela.
M. Fortier: Ce que j'essaie de comprendre, c'est l'exigence que
ceux qui normalement travaillent là doivent être membres de la
coopérative. Autrement dit, il ne pourrait pas y avoir des
employés permanents qui sont membres et d'autres qui ne sont pas
membres.
M. Biron: Non. Vous allez voir cela un peu plus loin. C'est une
exigence d'être membre; il y a une période d'essai qui va aller
jusqu'à un an à la suite de l'amendement qu'on va apporter. Si
vous faites plus d'un an, vous allez être membre de fait.
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Biron: L'article 6 est changé à la suite des
demandes de prêteurs, des caisses populaires ou sociétés de
développement des coopératives ou autres prêteurs qui vont
prêter ou garantir des prêts de capital à la
coopérative. Les membres pouvaient s'attribuer des ristournes comme les
membres pouvaient décider de ne pas s'attribuer des ristournes, mais
c'étaient les membres qui décidaient. Là, le conseil
d'administration des caisses de même que la Société de
développement des coopératives nous disent: Lorsqu'on va faire un
prêt ou une garantie de prêt à une coopérative
d'environ 100 000 $, on va dire: Une des conditions exigées c'est que le
conseil d'administration s'engage à ne pas payer de ristourne tant et
aussi longtemps qu'on a des prêts ou des garanties de prêt avec la
coopérative.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut m'expliquer? Disons que
vous avez une coopérative de travailleurs de cinq membres, le conseil
d'administration c'est eux. Quelle différence y a-t-il entre dire: La
décision se prend par les travailleurs ou se prend par le conseil
d'administration? Il n'y a aucune différence. (20 h 30)
M. Biron: Vous avez raison s'il y a cinq membres mais, s'il y a
une coopérative de cent membres, le conseil d'administration qui est de
cinq ou huit membres pourrait décider, en vertu de cette demande du
prêteur, de dire: très bien, nous, on s'engage pour le prêt
que nous recevons à ne pas payer de ristourne tant et aussi longtemps
qu'on a un prêt. Or, même si les membres à
l'assemblée générale disent: nous autres, on se paie une
ristourne, il y aura un engagement qui devra être respecté.
M. Fortier: Oui, c'est pour bâtir un fonds de roulement et
tout cela, mais dans les cas de petites coopératives, vous êtes
d'accord avec moi que c'est du pareil au même.
M. Biron: Dans les très petites coopératives, ce
sera du pareil au même mais, lorsque la coopérative va grossir un
peu, le conseil d'administration pourra immédiatement garantir sur
cela.
M. Fortier: Merci.
M. Bourbeau: D'ailleurs, la même chose se passe dans le
système des compagnies. Quand une banque demande de ne pas voter de
dividendes à des actionnaires, c'est la même chose.
Le Président (M. Tremblay): L'article 6 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
Coopérative de travailleurs
M. Biron: C'est du titre simplement qu'il est question ici.
Une voix: Je suis d'accord avec cela. M. Bourbeau:
Adopté.
M. Fortier: Comment cela s'appelle-t-il en anglais, pour mon
information? Quel est le titre anglais?
M. Biron: Le titre anglais.
M. Bourbeau: Ils ne l'ont pas traduit encore.
M. Fortier: Oui, ils l'ont le nom.
Une voix: II n'aurait pas pu être déposé.
M. Biron: Le titre de la loi ou le sous-titre?
M. Fortier: Non, la coopérative des travailleurs pendant
que c'est...
M. Biron: "Workers' cooperative". M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 8. Je vais procéder, si c'est votre désir,
paragraphe par paragraphe, car il y en a plusieurs. J'appelle l'article 222 de
l'article 8.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre a un papillon pour l'article
222?
M. Biron: Non.
M. Bourbeau: Comment, le ministre ne suit pas les demandes du
Conseil de la coopération? Si j'ai bien compris, le Conseil de la
coopération a insisté pas mal auprès du ministre pour
modifier la désignation de l'article 222 de façon que la
définition d'une coopérative de travailleurs soit plutôt
connue comme étant celle qui exploite une entreprise dont les
travailleurs sont ses membres. Est-ce que le ministre est au courant de cette
demande?
Autrement dit, le Conseil de la coopération ne semble pas
d'accord, d'après ce que j'en sais, pour qu'on dise que l'objet est de
fournir du travail. Le Conseil de la coopération estime, d'après
les informations que j'ai eues, que le but premier est d'exploiter une
entreprise, une entreprise agricole, une entreprise forestière, une
autre sorte d'entreprise, dont les travailleurs sont ses membres, alors que
dans cette définition, ici, on semble dire que l'objet principal est de
fournir du travail. Cela ne semble pas coïncider, d'après les
conversations que j'ai eues, avec la philosophie de base du mouvement
coopératif.
M. Fortier: Cela n'a pas l'air à sonner de cloche...
M. Biron: C'est important, dans le fond, que la
coopérative de travailleurs ait comme objet principal de fournir du
travail à ses membres, contrairement à la forme de
coopérative traditionnelle qu'on connaît où les membres de
la coopérative achetaient à travers leur coopérative.
L'objet principal d'une coopérative de travailleurs, c'est de
faire travailler son monde. Ce n'est pas d'exploiter une entreprise.
M. Bourbeau: Non, sur cela, je pense qu'il y une
différence fondamentale entre ce que nous dit le ministre et ce que nous
disent les gens du monde de la coopération avec lesquels nous on
parle.
M. Biron: Oh! Vous avez parlé? C'est nouveau.
M. Bourbeau: Non, non, nous aussi, on parle...
M. Biron: Vous ne faisiez pas cela...
M. Bourbeau: Ce n'est pas nouveau, le ministre serait très
surpris.
M. Dussault: Cela n'avait pas l'air de cela hier soir en tout
cas.
M. Bourbeau: Au contraire, je peux assurer qu'on a de très
bons contacts avec ces gens aussi, peut-être même meilleurs que
vous pensez.
M. Rodrigue: C'est comme la lettre de mon ami Jean-Paul?
M. Bourbeau: Je ne sais pas, vous voulez dire Jean-Paul II ou
quoi au juste? Je ne savais pas que vous étiez...
M. Rodrigue: Mes fréquentations ne se rendent pas jusque
là.
Une voix: II s'en vient te voir bientôt là.
M. Bourbeau: Enfin, je pense que, contrairement à ce qu'a
dit le ministre, la définition la meilleure serait celle qui dit qu'une
coopérative de travailleurs est celle qui exploite une entreprise, parce
qu'elle exploite vraiment une entreprise, dont les travailleurs sont ses
membres, c'est-à-dire qu'ils sont membres de la coopérative.
M. Rodrigue: Est-ce qu'on pourrait demander au
député de Laporte pourquoi elle est la meilleure?
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait vous référer au
communiqué émis par le Conseil de la coopération le 8
juin, ce communiqué qui vous a fait tellement plaisir, M. le ministre,
et que vous avez cité à l'Assemblée nationale, au bas de
la page 2 en regard plus spéciquement du projet de loi 85. "Le Conseil
de coopération recommande que: b) La définition d'une
coopérative de travailleurs se formule comme suit: Une association de
personnes opérant une entreprise dont seuls les travailleurs en sont les
membres réguliers ou auxiliaires". Je ne peux pas faire autrement que de
penser que ces gens qui sont des experts en la matière sont mieux
placés que moi pour inventer une définition.
M. Biron: C'est la même chose, ce sont des mots
différents mais c'est la même chose.
M. Bourbeau: Non, c'est important. Dans un cas, l'objectif est
décrit comme étant une coopérative dont l'objet est de
fournir du travail, et le Conseil de la coopération estime quant
à lui que l'objet n'est pas de fournir du travail mais d'exploiter une
entreprise.
M. Fortier: Pour ses membres, par ses membres.
M. Biron: On est resté sur notre définition
précisément pour permettre à une coopérative de
travailleurs de pouvoir éventuellement acheter une entreprise - cela se
peut qu'elle achète une autre entreprise quand il s'agit d'une
coopérative de travailleurs qui est rendue à une centaine de
membres. Elle pourrait acheter une entreprise à un concurrent
privé. Si on accepte le mot à mot du Conseil de la
coopération, c'est donc "seuls les travailleurs en sont les membres
réguliers", alors que notre formule c'est: l'objet principal c'est de
fournir du travail à ses membres ou à ses membres auxiliaires.
Donc, cela permet à l'entreprise coopérative qui est rendue assez
grosse d'acheter une petite entreprise privée; sans la
"coopérativiser", elle pourrait la laisser fonctionner comme
filiale.
M. Bourbeau: Là, M. le ministre, on peut sans doute entrer
un peu plus profondément dans la substance, si vous voulez, de la
coopération. Je pourrais peut-être dire ceci: Si vous dites que
l'objet principal est de fournir du travail, cela avilit en quelque sorte, si
je peux dire, l'objectif puisque la coopération c'est beaucoup plus que
de fournir du travail. Dans la coopération, il y a des objectifs
d'entraide, de formation, des objectifs sociaux qui vont au-delà du
simple fait un peu matériel de fournir du travail. Quand on fait une
étude complète de ce que c'est la coopération, je
comprends pourquoi le mouvement coopératif veut aller plus loin que de
fournir du travail. C'est un objectif qui est noble de fournir du travail, mais
la coopération est beaucoup plus profonde que cela, c'est-à-dire
le concept de la coopération. Je pense qu'on restreint
énormément la définition en disant: Cela fournit du
travail. Il y a plus que cela dans la coopération et c'est cela, je
pense, que le Conseil de la coopération a voulu refléter en
insistant dans son communiqué pour que l'on modifie la
définition.
Est-ce que le ministre voudrait le mettre en suspens et y revenir plus
tard?
M. Biron: On va le suspendre et on va essayer de regarder cela
mais...
Le Président (M. Tremblay): L'article 222 de l'article 8
est suspendu.
J'appelle l'article 223 de l'article 8.
M. Biron: À l'article 223 de l'article 8, j'aurais deux
amendements: un qui est de concordance et un qui est majeur, qui a
été demandé par le Conseil de la coopération. C'est
concernant le nombre de membres requis pour la constitution de la
coopérative. On ajouterait 223.1 qui édicterait que
"malgré le deuxième alinéa de l'article 7 -qui dit que
c'est quinze membres et que le ministre peut autoriser jusqu'à cinq - le
ministre peut, s'il le juge opportun, réduire à - c'est douze
réduit à cinq - trois le nombre de fondateurs requis pour
demander la constitution de la coopérative." Et pour fin de concordance,
223.2 se lisait: "Le conseil d'administration de la coopérative est
composé d'au moins trois et d'au plus quinze administrateurs." Autrefois
c'était cinq.
Le Président (M. Tremblay): Si vous n'avez pas
d'objection, on pourrait adopter l'article 223 ou en discuter et après,
proposer l'amendement qui sera intercalé.
M. Rodrigue: À l'article 223, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que l'article 223 de
l'article 8 est adopté?
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 223 est celui qui
permet d'instituer les coopératives de commerce, ces coopératives
dont l'objet sera d'acquérir des biens pour les revendre au public avec
profit. Je vous fais grâce d'un discours que j'ai fait en deuxième
lecture hier... Je vois que le député de Châteauguay est
tout à fait réjoui quoique je lui signale qu'il n'était
pas très attentif hier pendant mon discours; alors, il aurait
peut-être avantage à l'entendre de nouveau.
M. Dussault: J'ai tout écouté. Une voix: II peut le
lire d'ailleurs.
M. Bourbeau: Je dois dire que le concept de la coopérative
de commerce n'est pas un concept auquel nous nous opposons de façon
systématique. Cependant, on sait que le concept de coopérative de
commerce va être mis à l'essai par le gouvernement dans les
succursales de la Société des alcools. Il arrive que c'est
à l'occasion du projet de faire des coopératives de certaines
succursales de la Société des alcools qu'on décide
d'amender la loi. À notre sens, on procède à l'envers.
C'est un peu comme la fin justifie les moyens. La fin, c'est de faire des
coopératives avec la Société des alcools et, en
conséquence, on amende la loi.
Le Conseil de la coopération estime le contraire et je le
comprends car on pense comme lui. Si on veut faire un essai loyal du concept de
coopérative de commerce, on devrait tout d'abord amender la loi
après un débat public où chacun se serait fait entendre et
par la suite, on pourrait faire un essai préférablement en dehors
de la Société des alcools pour les raisons que j'ai
énoncées hier. C'est pour cela que le Conseil de la
coopération, dans son communiqué, a bien spécifié
qu'il donnait son consentement pour une période d'expérimentation
de trois ans. Le ministre n'en a pas parlé en Chambre et n'en a pas
parlé non plus dans son projet de loi. J'attends encore du ministre
qu'il nous dise que l'essai est de trois ans. Je ne sais pas s'il va nous le
dire, mais c'est la condition qu'a posée le Conseil de la
coopération pour donner son aval à ce projet.
Et encore, ce consentement est donné sous condition. Et les
conditions sont énoncées dans le communiqué du 8 juin:
Vérification à chaque étape par le Conseil de la
coopération, lui permettre de fournir un avis sur l'ensemble de la
réglementation, lui permettre de fournir un avis relatif à
l'élaboration du règlement de régie interne et finalement
les deux partenaires, le ministère et le conseil, en cours
d'expérience et plus particulièrement à la fin de la
période d'expérimentation, feront une évaluation pour
déterminer si ce type de coopérative constitue un véhicule
approprié.
On voit donc que le Conseil de la coopération s'est avancé
là-dedans d'une façon extrêmement prudente en tentant de
mettre, un peu partout le long du chemin, des balises. Ce n'est pas apparu du
tout encore dans le discours gouvernemental. J'espère qu'on va nous
donner des assurances à ce sujet.
Également, le Conseil de la coopération, d'après ce
qu'on en sait, n'est pas particulièrement enthousiaste de voir le projet
vérifié à l'occasion du projet de la Société
des alcools. C'était apparu clairement dans les documents qui avaient
été émis par le Conseil de la coopération à
la fin du mois de mars dernier.
Dans ces conditions - et je le dis pour les fins du journal des
Débats parce que c'est déjà enregistré à
l'Assemblée nationale - nous ne pensons pas que l'essai que veut en
faire le gouvernement soit un essai loyal, un essai normal. Nous pensons que,
pour les raisons qui ont été données par le ministre en
Chambre, les conclusions de l'essai sont déjà connues. Les
coopératives dans les succursales de la SAQ, cela va être un
éclatant succès parce que le gouvernement va s'assurer que cela
en soit un et dans ces conditions, on ne pourra pas, à la fin, tirer des
conclusions sur le concept même de la coopérative de commerce.
Ce qu'on pourra conclure, c'est que ce qui a été
essayé à la Société des alcools aura
été un succès. Mais est-ce qu'un essai d'une
coopérative de commerce dans un autre contexte aurait été
un essai? On ne le saura jamais. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, on n'a pas l'intention de voter pour et d'appuyer l'article
223. (20 h 45)
M. Biron: M. le Président, les coopératives de
commerce seront dans beaucoup d'autres secteurs d'activité commerciale
que la Société des alcools. Je prévois que d'ici les
prochaines années il y aura peut-être quelques milliers de
coopératives de commerce un peu partout à travers le
Québec. On sait que c'est dans le commerce qu'il y a le plus de petites
et moyennes entreprises. On a justement étudié un projet de loi
aujourd'hui et hier sur les heures d'affaires. Il y a 50 000 petites et
moyennes entreprises dans le domaine commercial. On donnera beaucoup
d'opportunité à des gens de se réunir. Je pense qu'au
cours des deux ou trois prochaines années on aura l'occasion de vivre
plusieurs centaines d'expériences dans des domaines aussi
diversifiés que la restauration, le commerce de l'alimentation au
détail et même du gros. Dans ce sens-là, on aura l'occasion
de vivre plusieurs expériences. Je pense que le député de
Laporte aura l'occasion de les vivre avec nous. Il pourra lui aussi juger de
l'opportunité de ce genre de coopératives. À mon point de
vue, je
pense qu'on va essayer de prouver que c'est un système efficace
qui peut être rentable pour de nombreux Québécois et
Québécoises.
Ce qui est aussi intéressant, c'est que les coopératives
m'ont enthousiasmé après que j'eus fait une tournée des
universités au Québec pour parler des bourses d'affaires.
Plusieurs jeunes qui voulaient participer aux bourses d'affaires me demandaient
si la formule coopérative sera admise pour les bourses d'affaires. C'est
là que j'ai constaté que des jeunes diplômés
universitaires ou étudiants universitaires ou du collégial se
préoccupent de la formule coopérative beaucoup plus que je ne
l'avais pensé. Or, on a essayé de trouver des solutions pour leur
permettre d'intervenir sous la forme de coopératives de travailleurs
dans ce sens-là. Je peux comprendre les réticences du
député de Laporte dans le sens que c'est quelque chose de nouveau
au Québec et quand cela commence on se demande toujours comment cela va
aller. Je demeure très enthousiaste et très optimiste pour la
formule de coopératives de commerce.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre peut nous dire si dans son
esprit ou dans celui du gouvernement la formule de coopératives de
commerce est mise à l'essai pour trois ans ou si c'est
définitif?
M. Biron: Ce que j'ai garanti au Conseil de la
coopération, c'est de suivre l'évolution de toutes les
coopératives. D'une façon ou d'une autre, avant de fonder une
coopérative, c'est régulier, nous demandons l'avis du Conseil de
la coopération. Après cela, le Conseil de la coopération
oublie un peu la coopérative pour se préoccuper d'autre chose que
du développement coopératif. Les coopératives de commerce,
nous les suivrons de très près et nous vivrons
l'expérience avec le Conseil de la coopération au fur et à
mesure de l'évolution de ce nouveau type d'entreprises.
Jusqu'à maintenant selon mon expérience à
l'Industrie, Commerce et Tourisme, tout nouveau programme mérite
d'être retouché après un an. C'est sûr que chaque
année, avec le Conseil de la coopération, on fera le bilan de
l'évolution des coopératives de commerce. On devra certainement,
d'ici un an, je pense bien, retoucher la loi s'il y a des changements à
y apporter avec ce qu'on aura vécu quotidiennement. Or, chaque
année on devra revoir cela. Donc, d'une façon ou d'une autre, je
suis certain qu'avant trois ans, il faudra revoir à la fois la
réglementation de la loi et tout ce qui touche la formule de
coopératives de travailleurs.
M. Bourbeau: Je reviens au communiqué du Conseil de la
coopération. Il est très clair, d'après ce
communiqué, que dans l'esprit du Conseil de la coopération, son
appui est temporaire. Il vaut pour la période de trois ans à la
fin de laquelle une évaluation sera faite afin de déterminer si
oui ou non le Conseil de la coopération est
intéressé ou décide de donner le feu vert. Est-ce que
le ministre le voit de la même façon?
M. Biron: On s'est bien entendu avec le Conseil de la
coopération. L'expérience de 100 ou de 500 coopératives de
commerce qu'on va vivre, à mon point de vue, sera concluante. Il se peut
que sur les 100, il y en ait 80 qui marchent mal. Il faudra dire ce qu'on fait
avec les 20. Est-ce qu'il faudra tuer les 20 qui restent au bout de trois ans?
Le Conseil de la coopération a dit non. Avec les coopératives qui
fonctionneront, il faudra essayer de voir ensemble comment on va
réajuster notre tir. Dans l'esprit même du Conseil de la
coopération, lors de la discussion que nous avons eue, il voulait, au
maximum après trois ans, revoir avec le gouvernement toute la
philosophie des coopératives de travailleurs. Lorsque je lui ai
donné l'assurance, qu'à mon point de vue, chaque année il
faudra revoir cette philosophie et réajuster au fur et à mesure
les lois et les règlements pour la coopérative de travailleurs,
je pense que cela a satisfait pleinement le Conseil de la coopération
là-dessus.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre a donné l'assurance au
Conseil de la coopération qu'il serait là dans trois ans pour
faire l'évaluation?
M. Biron: Oui, je serai certainement encore là pour faire
l'évaluation avec lui.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je suis très heureux
d'avoir entendu M. le député de Laporte nous dire qu'il
n'était pas contre les coopératives de commerce parce que dans
son réquisitoire, dans son discours qui a duré de 17 h 40
à 18 h 10 hier soir, ce n'est pas l'impression qu'on a eue. Il a
tellement parlé contre en mettant un focus sur un projet en particulier
qu'on n'a pas vraiment pu comprendre qu'il était pour. Je suis heureux
parce que, M. le Président...
M. Bourbeau: Vous n'avez pas pu comprendre, vous ne l'avez pas
écouté.
M. Dussault: ...le Québec est, à toutes fins
utiles, le seul endroit où il ne peut pas y avoir de coopératives
de commerce, où le commerce ne peut pas se faire via une
coopérative. On avait donc été obligé de comprendre
que M. le député de Laporte
voulait garder le Québec isolé dans ce domaine comme il
voudrait, évidemment, le garder dans bien d'autres domaines. On comprend
que le Québec pourrait être ouvert à une formule comme
celle-là. J'ai été frappé par une formule que le
député a employée tout à l'heure, il a dit: Le
gouvernement ne fera pas un essai loyal de cela. Il me semble, M. le
Président, qu'habituellement, quand on emploie l'expression "faire un
essai loyal", c'est un essai dans le sens de s'assurer que cela va
réussir, qu'on va mettre toutes nos chances de ce côté,
qu'on va prendre tous les moyens et qu'on va y croire; puis on va dire aux gens
qu'il faut avoir confiance dans cela pour que les gens soient emballés
de vivre l'expérience. Ce n'est pas cela que le député de
Laporte voudrait qu'on fasse, il voudrait qu'on dise aux gens: Vous allez vivre
cela mais, on vous le dit d'avance, on n'y croit pas beaucoup et il se pourrait
très bien qu'on mette fin à cela à un moment donné.
Nous, ce n'est pas comme cela qu'on veut fonctionner. On veut y aller, M. le
Président, d'une façon décidée, pour que cela
réussisse. C'est pour cela qu'on dit les choses comme on le fait dans le
projet de loi. C'est parce qu'on y croit et on s'arrange pour que cela
fonctionne.
Une voix: Je suis sûr, M. le Président, qu'on est
prêt à adopter cela.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je suivais la dialectique et
l'argumentation du ministre et je pense qu'il est d'accord, malgré son
collègue de droite, qu'il est prêt à faire une
expérimentation. Cela rejoint, d'ailleurs, les préoccupations de
mon collègue de Laporte parce que, en tant que parlementaires, nous
avons une responsabilité et je ne peux pas accepter le discours que je
viens d'entendre. Nous sommes ici, nous créons quelque chose de nouveau.
Les parlementaires votent une loi; nous avons une responsabilité et si
cela va bien, tant mieux, on en fera l'évaluation. Si cela va moins
bien, je crois qu'à ce moment il faut quand même avoir une
préoccupation de ne pas encourager d'autres personnes,
éventuellement, à s'engager dans une voie qui serait jugée
peut-être inadéquate. Et, dans ce contexte, je crois que la
responsabilité du ministre n'est pas uniquement vis-à-vis du
Conseil de la coopération du Québec mais également des
tiers qui vont faire affaires avec ces coopératives de commerce et des
tierces personnes qui, si elles font affaires avec ces coopératives de
commerce, pourraient perdre de l'argent et, dans ce sens, il s'agit d'une
entreprise qui mérite d'être vue d'une façon plus
publique.
Autrement dit, s'il fallait que la centaine d'essais qui seront faits
durant la prochaine année ou durant les deux prochaines années -
et je reprends les mots du ministre - s'il fallait qu'il y en ait 80 qui ne
fonctionnent pas et 20 qui fonctionnent, les 80 qui n'auront pas
fonctionné vont créer des difficultés financières,
soit pour les coopérateurs eux-mêmes, soit pour des tierces
parties qui auront fait affaires avec les coopérateurs. Et, je crois que
c'est une préoccupation de mon collègue de Laporte et la mienne
de dire: Bien, allons-y tranquillement, faisons un essai loyal. Je crois que
l'évaluation qui sera faite devra être faite non seulement par le
ministre et par le Conseil de la coopération mais devra être faite
par les parlementaires également. À moment-ci, étant
donné que le Conseil de la coopération demande, d'une
façon très spécifique, une période de trois ans, il
y a différentes façons de le faire. On pourra mettre dans la loi
que cette loi n'est valable que pour une période de trois ans, une
espèce de "sunset law" disant: Écoutez, dans trois ans, il y a
une revue systématique qui va être faite. Ou bien si le ministre
nous dit que dans un an il y aura une revue, il faudrait que le ministre
s'engage d'une façon très ferme qu'il y ait une commission
parlementaire.
J'ai de la difficulté à accepter le fait que
l'évaluation de ce nouveau programme va se faire dans un bureau
fermé, avec toute la confiance que j'ai pour le Conseil de la
coopération et le ministre, alors que nous, les parlementaires, donnons
le pouvoir à des gens de créer un nouveau type de
coopérative de travailleurs ou coopérative de commerce. Je crois
que ce serait procéder d'une façon erronnée que de
travailler en catimini et de faire cette évaluation en catimini. Pour ma
part, j'insiste pour qu'il y ait une évaluation plus officielle. Mon
collègue a demandé qu'il y ait une commission parlementaire avant
l'implantation de ce nouveau type de coopérative. D'ici un an ou quinze
mois - le gouvernement peut peut-être le mettre dans le texte de loi -
qu'il y ait une commission parlementaire et une évaluation très
déterminante, non pas pour abolir celles qui auraient réussi.
À celles qui auraient réussi, bon Dieu, on leur dirait: Vous
continuez à exister. Mais s'il fallait qu'il y ait un pourcentage de
80%, comme le dit le ministre, qui n'aient pas réussi, à ce
moment, il faudra peut-être annuler cette possibilité de
créer d'autres coopératives de commerce.
Si l'on veut être sérieux avec la
réévaluation qui sera faite, je crois qu'il faut le dire dans le
texte de loi, il faut le dire quelque part. C'est pour cela que j'ai de la
difficulté, comme il s'agit d'une nouvelle entreprise, d'une nouvelle
possibilité de
travail et de faire commerce, de ne pas mettre de limite de temps dans
le texte de loi même. Je me demande si le ministre a pensé, compte
tenu des préoccupations que j'ai, non pas seulement vis-à-vis des
coopérateurs eux-mêmes mais des tierces parties, des banques, des
gens qui vont faire crédit à ces gens, de faire en sorte que l'on
puisse éventuellement entendre ces gens en commission parlementaire et
qu'il y ait un laps de temps assez long pour pouvoir en faire une
évaluation réelle, mais pas trop long pour permettre que
l'évaluation se fasse dans un laps de temps tout de même assez
rapproché.
M. Biron: Comme réponse au député
d'Outremont - et je comprends sa préoccupation puisque cela en est une
pour moi aussi de revoir constamment les lois -d'abord les coopératives
de commerce, il faut dire que cela existe dans la plupart des pays du monde qui
font de la coopération. Au Québec, cela n'existait pas à
cause de la loi qui nous empêchait de le faire, mais cela existe
ailleurs.
Deuxièmement, avant de fonder une coopérative, nous avons
toujours besoin de l'avis du Conseil de la coopération. C'est sûr
que si cela allait mal après six mois ou un an, tout ce que le Conseil
de la coopération a à faire, c'est de nous donner un avis
négatif et il n'y a pas de coopérative qui commence.
Troisièmement, j'ai reçu le dossier des
coopératives chez nous au mois de décembre 1983. Nous avons
travaillé à ce dossier de coopératives de commerce. Je me
propose de prendre le temps de revoir la Loi sur les coopératives et
voir s'il n'y a pas lieu à la fois de la rafraîchir, encore une
fois, en fonction d'une vision de développement de la
société. Or, je peux assurer le député d'Outremont,
que d'ici un an ou deux, je pense que nous serons appelés à
revérifier, à revoir cette loi et à l'étudier
ensemble. À cette occasion, il y aura peut-être lieu d'organiser
une commission parlementaire. Bien sûr cela devrait être
précédé de colloques sur le développement de la
coopération. Je ne vous cache pas que sur cela, c'est une
préoccupation des principaux dirigeants du monde de la
coopération, le président du Conseil de la coopération, le
président des caisses populaires, le président de la
Coopérative fédérée de Québec. Tous ces gens
se préoccupent du développement du mode coopératif au
Québec. Il y a peut-être lieu d'en parler beaucoup et de voir s'il
n'y a pas des moyens d'accélérer le développement des
coopératives. Je ne suis pas prêt à le mettre dans la loi,
M. le député d'Outremont, mais je peux m'engager personnellement
à revoir avec vous et avec les parlementaires au cours de l'année
prochaine la Loi sur les coopératives ou au moins à l'occasion
d'une commission parlementaire le système de développement des
coopératives au Québec.
M. Fortier: Et de l'expérience qu'on aura
vécue.
M. Biron: L'expérience qu'on aura vécue dans
différents domaines d'activité.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. Le Président, je me demande ce que les
autres ailleurs ont qu'on n'a pas. Si effectivement l'expérience
vécue ailleurs est probante, pourquoi manquerait-on de confiance au
point où il faudrait qu'on dise longtemps d'avance: Cela se peut qu'un
jour on arrête cela. Le Conseil de la coopération a dit: On le
voit d'une façon expérimentale. Je comprends que le Conseil de la
coopération l'ait dit. Lui, il a un rôle à jouer, sur le
plan du contrôle, de l'expansion. Il est normal, à un moment
donné, qu'il dise: Nous, on le regarde d'une façon
expérimentale avec l'oeil de celui qui dit: II faut expérimenter.
Je n'ai rien contre cela. Je ne peux pas le reprocher au conseil, je pense que
c'est parfaitement correct que le conseil le voie comme cela. Mais, nous, on
dit: On a confiance en cela, cela se fait ailleurs, cela réussit
ailleurs. Il n'y a pas de raison que cela ne réussisse pas.
Si, un jour, il y a des avis qui nous disent très fermement qu'il
y a lieu de remettre cela en question profondément, il ne sera jamais
trop tard pour pouvoir intervenir sur le plan juridique pour faire en sorte que
cela ne puisse plus fonctionner. Je me dis: En attendant, faisons un essai
loyal. C'est l'expression qu'employait tout à l'heure, M. le
député de Laporte. Faisons un essai loyal. Ne commençons
pas par dire: Oui, mais si jamais cela ne fonctionne pas, nous autres, on n'est
pas toujours capables. Nous sommes capables, nous les Québécois,
dans ce domaine comme dans d'autres, nous avons donné des preuves
jusqu'à maintenant. Nous sommes capables de donner encore la preuve que
nous sommes capables dans ce domaine. Essayons-le loyalement comme vous le
disiez. Si nous nous rendons compte à un moment donné que cela
pose des problèmes, là nous interviendrons. Entre-temps, il y a
un organisme qui peut effectivement faire le nécessaire pour freiner les
choses et c'est le Conseil de la coopération qui parle un langage tout
à fait cohérent par rapport à cela. (21 heures)
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, deux remarques.
Premièrement, le député de
Châteauguay nous lance dans la conversation que ça se fait
ailleurs, et avec beaucoup de succès. Je tiens à mettre en garde
le député de Châteauguay - je ne sais pas où il
prend ses sources - et je peux lui dire que les succès dont il parle
sont très mitigés. S'il veut parler, par exemple, de pays comme
la France, les expériences sont variées et pas toujours
très concluantes. Quant à nous, on est plutôt sceptiques
quant au résultat de ces expériences.
Cela ne veut pas dire qu'on n'est pas intéressé à
tenter l'expérience. Je l'ai dit hier en Chambre et je le
répète, l'expérimentation des coopératives de
commerce vaut la peine d'être tentée. Comme c'est une
réorientation diamétralement opposée à celle qui
existe présentement, comme les coopératives de commerce, c'est un
virage à 360° avec ce qui existe présentement, à telle
enseigne que c'est formellement interdit dans la loi actuelle, pour montrer
comment c'est révolutionnaire, comme changement, il y a lieu
d'être extrêmement prudent. Comme je n'accepte pas les
prémisses de l'argumentation du député de
Châteauguay, je n'accepte pas non plus ses conclusions. Je pense qu'il
faut être extrêmement prudent.
Le deuxième point que je veux souligner, c'est justement à
savoir si le banc d'essai privilégié par le gouvernement, qui est
la Société des alcools du Québec, est le meilleur endroit
pour tester le projet? Sans vouloir faire de partisanerie, je n'ai qu'à
regarder ce qu'ont déclaré en Chambre le ministre et quelques
autres - M. le ministre, je ne veux pas reprendre mon discours d'hier, mais
c'est pour les fins du journal des Débats - le ministre a dit clairement
que ce projet tendrait à démontrer que si on peut être
indépendant - j'entends vos applaudissements - les travailleurs peuvent
être indépendants dans leur milieu de travail et avoir du
succès, la preuve sera faite qu'on peut être indépendants
politiquement au Québec.
J'en conclus que le ministre ne voudra pas faire la preuve,
éventuellement, au bout de trois ans, que l'indépendance du
Québec ne peut pas être rentable. Donc, la seule conclusion que
j'en tire, c'est qu'il va faire la preuve avec la Société des
alcools, que c'est un succès. Une fois qu'on aura fait un succès
de ces coopératives de commerce dans la Société des
alcools, la conclusion logique que tous les Québécois en
tireront, c'est que le Québec indépendant serait un
succès.
J'ai dit hier ce que je pensais de ce raisonnement qu'on nous a servi
à plusieurs reprises. Mettez-vous dans notre peau et entendez ce
raisonnement. Comment voulez-vous qu'on croie que votre projet sera une
expérimentation loyale? Le député de
Châteauguay...
M. Biron: Vous avez peur de l'indépendance du
Québec.
M. Bourbeau: Je n'ai absolument pas peur de l'indépendance
du Québec, au contraire.
M. Fortier: Au contraire parce que ça n'arrivera pas.
M. Bourbeau: On n'a aucun problème avec ça. Je dis
au contraire, je ne veux pas dire que, au contraire, on est pour
l'indépendance du Québec. Ce que je dis, c'est que si le ministre
veut prouver ce qu'il veut prouver, il va prendre les moyens pour le faire.
Comme tout le monde en face de moi est intelligent - je vous donne le
bénéfice du doute - vous comprendrez que nous ne faisons pas
confiance à cela, parce qu'on sait d'avance que l'expérience sera
menée de telle façon que les conclusions aillent dans le sens de
prouver ce que vous voulez prouver.
Dans ces conditions, comment pouvez-vous parler d'un essai loyal? Je
reviens encore à l'expression: l'essai ne sera pas un essai normal, ce
ne sera pas un laboratoire scientifique où les conclusions seront
tirées à la fin de l'expérimentation. Les conclusions sont
connues d'avance, elles ont été annoncées en Chambre par
le ministre. Si on fait la preuve que c'est rentable à la
Société des alcools, ce sera la preuve que notre
indépendance sera rentable. Je ne pense pas que l'indépendance
sera rentable, si jamais elle arrive. Si on suit le syllogisme, c'est
évident que la conclusion sera là.
Dans ces conditions, je dis et je répète que l'essai n'est
pas loyal, que l'expérimentation à la Société des
alcools, c'est un projet bidon et qu'on ne peut en aucune façon
s'associer à ce genre de démarche.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Juste un point que je voudrais soulever. Je pense que
le ministre l'a compris, mais le député de Châteauguay ne
l'a pas compris. En fait, je m'insurgeais contre le paragraphe que j'ai lu, je
pense bien que ce n'était pas fait avec mauvaise intention. Je lis les
recommandations du Conseil de la coopération du Québec où
on dit: Les deux partenaires, le CCQ et le ministère, au cours
d'expériences et plus particulièrement à la fin de la
période d'expérimentation de trois ans, feront une
évaluation. Mon commentaire était tout simplement: D'accord pour
la période de deux ans ou trois ans, mais l'évaluation ne doit
pas se faire uniquement entre le CCQ et le ministère. Les parlementaires
ici nous ne sommes pas seulement des "rubber stamp"
pour qu'on nous arrive en nous disant: Écoutez, on a
regardé cela ensemble, le CCQ et le ministère, et voici les
résultats. Ce n'est pas comme cela qu'on doit procéder et en tant
que parlementaires responsables, on ne peut accepter qu'une évaluation
comme celle-là se fasse en catimini sans que les parlementaires y
participent. Je pense que le ministre l'a compris mais le député
de Châteauguay n'avait pas compris.
M. Dussault: M. le Président, pour conclure sur ce que je
disais, je comprends très bien les propos de MM. les
députés de Laporte et d'Outremont qu'ils craignent que cela
réussisse. Ils savent très bien que la confiance engendre la
confiance. Ils craignent que cela serve d'exemple à l'ensemble des
Québécois d'être capables de se prendre en main et cela va
à l'encontre de leur philosophie et à l'encontre de leurs
aspirations parce qu'ils veulent s'écraser sous l'ensemble canadien
tandis que nous, on veut s'élever au-dessus de cela et on se sent
capable. J'ai très bien compris ce qu'ils veulent et on ne se laissera
pas arrêter par cela, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, juste une réponse au
député d'Outremont. Je pense que sa préoccupation est
aussi la mienne. Il faut avoir une réflexion profonde sur tout le
système de la coopération. Il y a eu un sommet sur la
coopération il y a déjà plusieurs années. Il y a
peut-être lieu d'organiser soit une série de colloques ou au moins
un sommet où les gens pourront échanger et développer des
idées dans le domaine de la coopération et revoir en même
temps ce qui se fait ou ce qui pourra se faire.
Le Président (M. Tremblay): L'article 223 de l'article 8
est-il adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): Adopté sur division. Il
y a un amendement à l'article 8.
M. Biron: Soit 223.1.
Le Président (M. Tremblay): Oui, je vous le lis
immédiatement. L'article 8 du projet de loi modifiant la Loi sur les
coopératives est modifié par l'insertion après l'article
223 des suivants: "223.1 Malgré le deuxième alinéa de
l'article 7, le ministre peut, s'il le juge opportun, réduire à
trois le nombre de fondateurs requis pour demander la constitution de la
coopérative. "223.2 Le conseil d'administration de la coopérative
est composé d'au moins trois et d'au plus quinze administrateurs." M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre? Est-ce qu'il y a un lien entre l'article 223.1 et le projet de former
des coopératives dans les succursales de la Société des
alcools?
M. Biron: Non, le projet de loi sur les coopératives de
travailleurs ouvre tout le marché du commerce aux coopératives de
travailleurs. Les magasins de la Société des alcools sont aussi
dans le domaine du commerce, ils ont le droit comme n'importe quel magasin de
chaussures ou de chemises et d'alimentation.
M. Fortier: Quels sont les critères que le ministre va
utiliser pour déterminer s'il le juge opportun? Quelle est la raison de
cet amendement?
M. Biron: Les chances de rentabilité de la
coopérative. Le texte dans l'ancienne loi disait: le ministre, s'il le
juge opportun, c'est cinq. Le Conseil de la coopération nous a
demandé de diminuer à trois. Alors, on a gardé le mot
à mot de l'ancien et on a changé cinq pour trois.
M. Fortier: D'accord.
M. Bourbeau: C'est bien le Conseil de la coopération qui
vous a demandé de le réduire à trois?
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: D'accord. Dans le document que le Conseil de la
coopération avait émis au mois de mars, il y avait des arguments
de fond invoqués par le Conseil de la coopération pour s'opposer
à ce que cela soit réduit à deux. Le projet qui circulait
à ce moment-là était de réduire à deux.
Rapidement, j'aimerais quand même poser ces questions pour les fins de
ceux qui pourraient écouter.
Le collectif coopératif réduit à trois personnes ne
servira-t-il pas l'organisation coopérative à des objectifs de
profit personnel?
Les contributions en capital social de trois individus peuvent-elles
être assez substantielles pour fonder une entreprise solide?
Quel sens peuvent prendre l'éducation et la formation
coopérative nécessaires au fonctionnement des organisations
coopératives dans un collectif coopératif de trois personnes?
C'étaient les questions que posait le Conseil de la
coopération quand il était question de réduire à
deux. Je me demande comment il se fait que maintenant qu'on
veut réduire à trois, ces questions ne continuent pas
à se poser. Est-ce que le fait de passer de deux à trois modifie
totalement le fondement de ces questions?
M. Biron: Non, c'étaient des questions normales qui se
sont posées et que moi aussi je me suis posées. Même avant
de former une entreprise avec un, deux, trois, cinq ou cinquante individus, on
se pose toujours des questions sur la rentabilité. Dans le domaine du
sens de la coopération des membres, il y a eu plusieurs interventions de
la part de l'Association des coopératives ouvrières
vis-à-vis du Conseil de la coopération. On a discuté avec
beaucoup de ces coopératives ouvrières. Pour l'information du
député de Laporte, au cours de la dernière année,
on a réussi à fonder beaucoup de très petites
coopératives ouvrières au Québec. Ces gens-là nous
ont dit qu'il fallait chercher toutes sortes de moyens pour avoir cinq membres
fondateurs avec des membres à temps partiel pour pouvoir réussir
à obtenir les cinq membres fondateurs. Finalement, il semble que dans le
domaine de la consommation, cinq membres cela ne va pas bien loin, mais dans le
domaine des coopératives de travailleurs, c'est tout à fait
normal qu'on puisse diminuer en bas de cela. Après mûres
réflexions de la part du Conseil de la coopération, il nous a
suggéré trois membres pour former une coopérative de
travailleurs. C'est ce que j'ai d'ailleurs accepté.
Le Président (M. Tremblay): Mais l'amendement à
l'article 8 est-il adopté?
M. Bourbeau: Sur division. Est-ce le paragraphe 1?
M. Biron: C'est le paragraphe 1.
Le Président (M. Tremblay): Voulez-vous dire le 223.1?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez qu'on
procède comme cela?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est qu'un amendement.
C'est proposé comme tel.
M. Biron: Allez-y avec 223.1.
M. Bourbeau: Alors, on va faire une motion pour division.
Le Président (M. Tremblay): Non, mais vous pouvez en
discuter ensemble. Ah, vous voudriez les voter.
M. Bourbeau: Ah non, on peut en discuter, mais on vient de
discuter du paragraphe 1.
M. Biron: On vient d'adopter le 223.1.
Le Président (M. Tremblay): L'article 223.1 serait
adopté. Je le garde en réserve.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on parle tout
de suite du paragraphe 2.
M. Biron: Le paragraphe 2 est de concordance, parce que la Loi
sur les coopératives disait qu'il devait y avoir cinq membres au minimum
au conseil d'administration, mais étant donné qu'ils sont
seulement trois membres, il faut être de concordance et diminuer à
trois pour le conseil d'administration.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est facile, on va voter
sur division pour les deux.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'amendement à
l'article 8 est adopté sur division. J'appelle l'article...
M. Biron: Je voudrais seulement revenir à l'article...
Le Président (M. Tremblay): L'article 222?
M. Biron: Celui qu'on a adopté?
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
M. Biron: J'ai une lettre du président du Conseil de la
coopération sur beaucoup d'autres sujets, mais en même temps sur
ce projet de loi. Il me dit dans sa lettre, en ce qui concerne l'article 222:
"En ce sens, l'article 222 de la loi 85 est beaucoup plus significatif, pour
autant, bien entendu, que l'on change l'expression "coopérative
ouvrière de production ou coopérative de travail" comme on avait
autrefois, par l'expression "coopérative de travailleurs"." Or, ce qui
avait été rapporté au Conseil de la coopération,
c'est qu'on laissait l'expression "coopérative ouvrière de
production ou coopérative de travail".
Il insistait beaucoup pour qu'on change l'ancienne loi, l'article 222,
par la nouvelle "coopérative de travailleurs".
M. Bourbeau: Oui, je comprends. Ce qu'il vient de nous dire,
est-ce l'argument qu'il invoque pour justifier la définition de
"coopérative"?
M. Biron: Coopérative de travailleurs. Vous disiez: Le
Conseil de la coopération dit qu'il faut changer cela. J'ai une lettre
du
président datée du 13 juin.
M. Bourbeau: Oui. Le nom de la coopérative, le
président voulait qu'on l'appelle "coopérative de
travailleurs".
M. Biron: L'article 222. M. Bourbeau: Oui.
M. Biron: Une coopérative de travailleurs.
M. Bourbeau: Le ministre veut-il relire ce qu'il vient de nous
dire? Je n'ai pas compris ce que le ministre nous a lu et ce qu'il
prétend que cela signifie.
M. Biron: Oui. En ce sens, à mes yeux - le
président dit cela - l'article 222 du projet de loi 85 est beaucoup plus
significatif pour autant, bien entendu que l'on change l'ancien article qui
était "coopérative ouvrière de production ou
coopérative de travail" par "coopérative de travailleurs".
M. Bourbeau: Puis-je demander au ministre quelle est la date de
cette lettre?
M. Biron: Le 13 juin.
M. Bourbeau: Donc, c'est une lettre subséquente au
communiqué.
Le Président (M. Tremblay): C'est cela. Une voix:
C'est hier. M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Donc, c'est bien l'article 222 qui est dans le
projet ici ici.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai également
parlé à des gens de la coopération. Ce n'était pas
le président, alors il y a peut-être plusieurs porte-parole plus
ou moins...
Une voix: Autorisés.
M. Bourbeau: ...mais autorisés, ce que je retire de ces
conversations avec ces gens, c'est que le Conseil de la coopération,
selon ce que j'ai compris, maintient ce qui est dans le communiqué.
Est-ce que le conseil a émis un autre communiqué public
que celui qui est ici?
M. Biron: Non. J'ai la lettre du président que j'ai
reçue hier.
M. Bourbeau: Oui, mais la lettre que vous venez de lire, M. le
ministre, avec tout le respect que je vous dois, ne dit pas que le conseil
accepte la définition qui est dans le projet de loi ici. Enfin, ce que
je comprends de cette lettre, c'est qu'elle ne dit pas que la définition
dans le projet de loi fait l'affaire du Conseil de la coopération.
M. Biron: Oui. Elle dit que la définition dans le projet
de loi est beaucoup plus significative, une fois qu'on a changé
l'ancienne définition.
M. Bourbeau: Je comprends - on comprend ce qu'on veut - que le
nom ou l'interpellation "coopérative de travailleurs" est beaucoup plus
sinificatif qu'une "coopérative ouvrière de production ou
coopérative de travail" qui était assez long et peut-être
même assez ambigu. Je comprends que le président aime mieux qu'on
utilise l'expression "coopérative de travailleurs", il trouve cela plus
significatif. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il... (21 h
15)
M. Dussault: Ce n'est pas uniquement l'expression
"coopérative de travailleurs", c'est tout l'article 222 qu'il trouve
plus significatif. Les mots disent ce qu'ils veulent dire.
M. Bourbeau: J'accepte respectueusement. Mon
interprétation, c'est que le président semble
préférer de beaucoup l'expression "coopérative de
travailleurs". Je continue à maintenir que la Conseil de la
coopération souhaite que la définition soit celle qui est dans le
communiqué du 8 juin.
M. Dussault: Vous avez le droit à vos idées fixes,
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Très souples.
M. Dussault: Vous avez le droit, on respecte cela.
Une voix: Donc, cet article est-il adopté sur
division?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre. Est-ce que
l'article 222 de l'article 8 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Biron: Je serais peut-être prêt à
suggérer quelque chose qui va rencontrer l'assentiment du
président du Conseil de la coopération dans sa définition
et qui ne changera pas grand-chose sur le fond et qui se lirait: Une
coopérative de travailleurs est celle qui exploite une entreprise dont
l'objet principal est de fournir du travail à ses membres ou à
ses membres auxiliaires. Cela permettrait à l'entreprise
coopérative
d'acheter une autre entreprise à 50-50 disons, une petite
entreprise et de la faire fonctionner. Si on laisse juste le mot à mot
tel que suggéré dans l'intervention du député de
Laporte, je pense qu'on enlève à la coopérative de
travailleurs une marge de manoeuvre.
M. Bourbeau: Cela enlève le focus sur l'objet de fournir
du travail pour le porter sur l'opération d'une entreprise. Je pense que
c'est ce qui est l'essence du Conseil de la coopération.
M. Biron: D'accord. Je propose, M. le Président, un
amendement à l'article 222, lequel amendement voudrait qu'à la
première ligne, après "une coopérative de travailleurs est
celle", nous ajoutions les mots "qui exploite une entreprise".
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Cela se lirait: "Une
coopérative de travailleurs est celle qui exploite une entreprise dont
l'objet principal..."
M. Biron: Et dont l'objet.
Le Président (M. Tremblay): "...et dont l'objet est de
fournir du travail à ses membres ou à ses membres
auxiliaires."
M. Bourbeau: Je m'excuse, j'avais mal saisi. M. le ministre, je
comprends que vous faites un effort pour essayer de rallier tout le monde, mais
enfin...
M. Biron: De vous plaire.
M. Bourbeau: Pas moi, surtout le Conseil de la
coopération. Les conversations que j'ai eues aussi récemment
qu'hier avec ces gens sont en ce sens que l'objectif ne soit pas de fournir du
travail. L'amendement que vous proposez est encore de nous dire que c'est de
fournir du travail.
Je ne veux pas en faire un plat, mais peut-être que le ministre
aimerait reparler au gens de la coopération et peut-être qu'en
troisième lecture, s'il pouvait être convaincu que le Conseil de
la coopération souhaite la définition qui est dans le
communiqué, on pourrait peut-être faire l'amendement en
troisième lecture.
M. Biron: M. le Président, je propose l'amendement et s'il
y a des changements en cours de route, je le proposerai en troisième
lecture, mais jusqu'à maintenant je pense que c'est acceptable qu'on
ajoute: "qui exploite une entreprise et dont l'objet principal est de fournir
du travail." Cela laissera la marge de manoeuvre à la coopérative
de faire d'autre chose aussi. Ce ne sera pas exclusif et ce ne sera pas pris
dans un carcan.
M. Bourbeau: Je prends acte des efforts du ministre et je l'en
remercie. Malgré cela, M. le Président, j'ai l'intention
de...
M. Biron: On accepte quand même l'amendement.
M. Dussault: L'amendement est quand même
agréable.
Le Président (M. Tremblay): Je relis l'amendement qui se
lit comme suit: L'article 222 de l'article 8 du projet de loi est
modifié par l'insertion, à la première ligne, après
les mots "est celle" des mots "qui exploite un entreprise et". Est-ce que
l'amendement à l'article 222 de l'article 8 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: L'amendement, oui.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est
adopté. J'appelle le vote sur l'article 222 de l'article 8 tel
qu'amendé.
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 222 de l'article 8
est adopté sur division tel qu'amendé. J'appelle l'article 224 de
l'article 8.
M. Biron: C'est aussi pour les petites coopératives afin
de permettre au directeur général ou au gérant
d'être administrateur de l'entreprise. S'ils sont trois travailleurs, il
y en a un qui va être gérant et dans l'ancienne loi, on
l'empêchait d'être administrateur. Or, là, on veut lui
permettre de le faire, comme dans n'importe quelle entreprise capitaliste.
M. Fortier: J'aimerais revenir un instant, si M. le
Président me le permet... On porte à mon attention, l'article
128, M. le ministre, de la Loi sur les coopératives qui dit ceci:
L'activité d'une coopérative avec ses membres ne constitue pas
l'exploitation d'un commerce.
M. Biron: C'est là qu'on permet maintenant.
M. Fortier: Mais là, c'est en contradiction avec l'article
128. C'est général ici?
M. Biron: Oui, mais on a toute une section qui s'adresse aux
coopératives de travailleurs pour justement leur donner le droit de le
faire.
M. Fortier: Cela va.
M. Bourbeau: II faudrait peut-être, éventuellement,
faire...
M. Fortier: II faudrait dire: en dépit de l'article
128...
M. Bourbeau: ...à l'exception de ce qui est dit
ci-après aux articles...
M. Fortier: C'est l'antithèse, hein?
M. Bourbeau: Je pense, j'ai l'impression que cela vous a
échappé.
M. Biron: C'est pour cela que je vous ai dit qu'il fallait revoir
la loi.
Le Président (M. Tremblay): Je pense que nous sommes
à l'article 224 de l'article 8?
M. Fortier: Oui, d'accord. C'était juste un
commentaire.
M. Biron: L'article 224.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224 de l'article 8
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224 de l'article 8
est adopté. J'appelle l'article 224.1 de l'article 8.
M. Fortier: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.1 de l'article 8
est adopté.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 224.2 de
l'article 8.
M. Biron: M. le Président, j'ai un amendement pour qu'on
puisse lire, au lieu de "six mois", "un an". Le nouvel article 224 pourrait
permettre une période d'essai d'au plus d'un an.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement proposé se
lirait comme suit: L'article 8 du projet de loi modifiant la Loi sur les
coopératives est modifié par le remplacement dans la
deuxième ligne de l'article 224.2 des mots "six mois" par les mots "un
an". Est-ce que l'amendement à l'article 224.2 de l'article 8 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement de l'article
224.2 de l'article 8 est adopté. J'appelle l'article 224.2 de l'article
8 tel qu'amendé. Est-ce qu'il est adopté?
M. Fortier: C'est le même. Tel qu'amendé. Cela
va.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté? J'appelle
l'article 224.3 de l'article 8.
M. Biron: C'est l'article qui oblige la coopérative
à former un comité d'accueil lorsqu'il y a plus de vingt-cinq
membres.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.3 de l'article 8
est adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 224.4 de
l'article 8.
M. Biron: La coopérative doit, par règlement,
à l'intérieur de la coopérative, établir une
procédure concernant le partage du travail, déterminer les
critères et modalités d'appel au travail lorsqu'il n'y a pas
suffisamment de travail pour tous les membres, membres auxiliaires.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.4 de l'article 8
est-il adopté?
M. Fortier: Est-ce que ces règlements sont sujets à
approbation par quelqu'un d'autre ou...?
M. Biron: Non.
M. Fortier: Non. C'est un règlement interne.
M. Biron: Interne.
M. Bourbeau: J'aurais une question. Est-ce qu'il y a des normes
suggérées par le gouvernement pour ces procédures de
rappel? Est-ce selon l'ancienneté ou comment cela fonctionne-t-il?
M. Biron: Non, pas jusqu'à maintenant. Il faut quand
même se souvenir que des coopératives c'est un homme un vote et
les ristournes sont partagées également. C'est plutôt dans
ce sens, pour les forcer à se parler. Cela fait partie aussi de notre
discussion avec le Conseil de la coopération pour que les gens
deviennent de vrais coopérateurs, c'est-à-dire les forcer,
à
l'intérieur de l'entreprise, à se parler entre eux.
M. Bourbeau: Les procédures d'une coopérative
à l'autre varient selon le désir des membres. Est-ce qu'il arrive
parfois qu'il y ait de sérieux problèmes de divergence?
M. Biron: Jusqu'à maintenant, on n'en a pas eu. C'est vrai
qu'on n'a que deux cents coopératives de travailleurs dont de
très petites mais, à l'usure, il y aurait peut-être lieu,
de leur suggérer des formes de règlement. Sans les obliger, je
pense qu'il faut quand même leur laisser la marge de manoeuvre
nécessaire, autrement on...
M. Bourbeau: Je ne prétends pas le contraire. C'est une
question de...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Juste une question. Disons qu'il y a une
coopérative de cinq membres -là vous discutez à l'article
224 du point où en fin d'année on se paie une ristourne, il y en
a qui ont travaillé et il y en a qui n'ont pas travaillé durant
toute l'année. Durant l'année, est-ce que ces gens
reçoivent un salaire strictement parlant sur le plan juridique, ou si ce
sont des avances par rapport à des profits éventuels? Autrement
dit, est-ce qu'ils se font payer des avances durant l'année comme on
peut le faire dans une compagnie ou s'ils reçoivent un salaire
strictement parlant?
M. Biron: Ils reçoivent un salaire. M. Fortier: Un
salaire. Merci.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.4 de l'article 8
est-il adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.4 de l'article 8
est adopté. J'appelle l'article 224.5.
M. Biron: Cet article est pour limiter l'engagement des personnes
non membres à des cas bien particuliers, donc des travaux occasionnels
et de courte durée.
Le Président (M. Tremblay): L'article 224.5 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 8 dans son
entier. L'article 8 est-il adopté?
M. Bourbeau: Sur division.
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 8 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 9.
M. Biron: C'est l'article qui change les mots "coopérative
ouvrière de production ou coopérative de travail" par les mots
"coopérative de travailleurs".
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président. Je m'excuse,
ce n'est pas sur division, c'est adopté.
M. Fortier: C'est juste.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9 est
adopté.
M. Bourbeau: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 10.
M. Biron: C'est une correction technique d'abord d'une erreur
à l'impression.
Le Président (M. Tremblay): L'article 10 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Au sujet des statuts de continuation dont il est
fait mention à l'article 265, est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer exactement comment cela fonctionne? Est-ce comme dans la nouvelle Loi
sur les compagnies où on avait des statuts de continuation aussi? Est-ce
qu'on va émettre un genre de certificat? Est-ce que les
coopératives devront faire application pour avoir un certificat pour
être continuées sur la nouvelle loi?
M. Biron: On peut transformer une compagnie en coopérative
selon l'ancienne loi et cela avait été mal imprimé. Il
s'agit juste de reprendre l'impression. La façon dont c'était
imprimé, la première ligne du deuxième paragraphe
était imprimée avec la dernière ligne du premier
paragraphe. On ne change absolument rien à la loi. On ne fait que
corriger une faute d'impression.
M. Fortier: Cela date de quand cette loi?
M. Biron: D'un peu plus d'un an. 1982, deux ans.
M. Bourbeau: À quel endroit était-ce mal
imprimé? Est-ce que le ministre peut nous expliquer? J'ai de la
difficulté à comprendre un peu ce texte.
M. Biron: Je vais vous donner une photocopie des deux. C'est la
loi actuelle, la façon que c'était imprimé et il faut
l'imprimer différemment.
M. Bourbeau: C'est la loi actuelle, je suis d'accord.
M. Biron: En haut, c'est l'amendement pour l'imprimer comme il
faut.
Le Président (M. Tremblay): L'article 10 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 11.
M. Fortier: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Bourbeau: Vous n'auriez pas dû poser cette question.
M. Fortier: C'est rétroactif.
M. Bourbeau: Cela s'appelle la rétroactivité
alors.
M. Fortier: Merci.
Une voix: Ce n'est pas évident.
M. Fortier: Ce n'est pas évident à première
vue.
M. Bourbeau: ...sont déclaratoires... M. Fortier:
Les articles 3 et 10.
M. Bourbeau: En ce qui concerne l'article 3, pourquoi veut-on le
rendre rétroactif?
M. Biron: C'est parce qu'on est déjà obligé,
vis-à-vis des petites coopératives qui nous font des demandes
pour ne pas engager de comptable de les accepter comme ça.
M. Fortier: C'est pour légaliser des
tolérances.
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Tremblay): L'article 11 est-il
adopté?
M. Dussault: Adopté.
M. Biron: À l'article 10, c'est une erreur
d'impression.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 12.
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 12 est adopté
sur division. J'appelle l'article 13.
M. Biron: Elle entre en vigueur à la date de la
sanction.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 13 est-il
adopté?
M. Fortier: Oui, pas de problème. Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le titre de la loi,
qui se lit comme suit: "Loi modifiant la Loi sur les coopératives".
M. Fortier: Adopté. M. Dussault: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le projet de loi 85,
Loi modifiant la Loi sur les coopératives. Est-il adopté?
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): Est-il adopté avec ses
amendements?
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Sur division. Comme nous avons
complété le mandat qui nous a été donné par
l'Assemblée nationale, j'ajourne les travaux de la commission sine
die.
(Fin de la séance à 21 h 32)