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(Dix heures treize minutes)
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le commission permanente de l'économie et du travail
commence ses travaux, avec le consentement de tous les membres de cette
commission, en dépit de l'absence de quorum. Cette séance de la
commission de l'économie et du travail a pour objet d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de la Science et de la
Technologie conformément au mandat que nous avons reçu de
l'Assemblée nationale.
Je vais donner la parole immédiatement à Mme la
députée de Jacques-Cartier, pour poursuivre l'interrogatoire qui
a commencé hier lors de nos travaux à la séance de
l'après-midi. Je voudrais simplement rappeler que nous devrons terminer
nos travaux à 12 h 30 et que nous aurons à disposer des
différents éléments et des programmes du ministère
de la Science et de la Technologie. Mme la députée de
Jacques-Cartier, est-ce que vous croyez pouvoir compléter cette
période de remarques et de questions d'ordre général pour
que nous entreprenions par la suite l'étude des éléments
de chacun des programmes? Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais demander au ministre d'expliquer
d'abord chaque élément du programme parce que je crois que, comme
je l'ai dit dans mon discours d'ouverture, les renseignements que nous avons
reçus sont inadéquats et difficiles à comprendre pour
quelqu'un qui n'a pas suivi tout le cheminement du développement du
ministre sur la création du ministère de la Science et de la
Technologie. Est-ce qu'on pourrait prendre les éléments 1 et 2
dans l'ordre, car j'aurais plusieurs questions sur chaque
élément, j'aimerais surtout avoir des précisions sur les
changements que vous avez faits, M. le ministre, dans l'organisation des
éléments. Je crois que quelques éléments qui
étaient étiquetés comme fonds d'incitation, par exemple,
l'année passée, à l'élément 3, font cette
année, partie de l'élément 1. Pourriez-vous
démêler, entre autres, toute cette réorganisation de votre
budget?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, avant que vous
ne répondiez, je crois comprendre, Mme la députée de
Jacques-Cartier, que vous souhaiteriez que nous appelions l'étude du
programme 1 immédiatement? J'appelle donc l'étude du programme 1
et la parole est au ministre.
M. Paquette: Je comprends très bien qu'il soit difficile
de suivre les transferts et les virements comptables, c'est très
compliqué, surtout quand un ministère naît dans
l'année. Au début de l'année dernière, on
était au ministère du Conseil exécutif. On était en
1983-1984 un programme du Conseil exécutif qui comportait
essentiellement cinq éléments. Il y avait le budget du cabinet du
ministre, le budget du Secrétariat à la science et à la
technologie, qui était au sein du Conseil exécutif, un budget de
fonds d'incitation à la recherche, dans lequel se trouvaient en partie
les premières phases des programmes de soutien à l'emploi
scientifique, le budget du Conseil de la politique scientifique et une
provision de 15 000 000 $ pour augmenter tout crédit pour la
réalisation de projets de recherche et de développement
scientifiques et technologiques. En fait, cette provision a servi à
mettre en marche différents projets, de nouveaux programmes d'emploi
scientifique, outre le programme de soutien à l'emploi scientifique qui
était prévu à l'élément 3 et qui
était financé par l'élément 3.
C'est là-dedans également qu'on retrouve des subventions
à divers projets et certains transferts à d'autres
ministères. Par exemple, le programme d'étudiants stagiaires a
été fait par un transfert d'au-delà de 900 000 $ au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
puisque c'est ce ministère qui l'administrait. On a voulu éviter
de s'engager dans une gestion trop lourde et garder notre rôle
d'orientation et de conception de projets et de programmes en essayant d'en
transférer la gestion, quand cela devenait trop lourd, à des
organismes spécialement bien équipés à cette fin.
Il y a également là-dedans un transfert de 450 000 $ au
ministère de l'Énergie et des Ressources pour les
activités du Centre de recherche minérale du Québec.
La nouvelle structuration du programme 1 a été faite
à la suite de la création du ministère en août
dernier et cela a fait l'objet de longues discussions avec le Conseil du
trésor au cours de tout l'automne. Cela donne le résultat que
vous avez dans le livre des crédits. L'élément 1:
Direction, soutien administratif et technique, contient d'abord tout ce qui
était dans l'élément 1, c'est-à-
dire le budget du cabinet du ministre, le budget de fonctionnement du
ministère, les communications, le fonds d'incitation à la
recherche, qui est réduit à 623 000 $ par rapport à 2 000
000 $ qu'il était, pour la bonne raison que tout ce qui concerne les
programmes d'emplois scientifiques est transféré maintenant
à l'élément 2. D'accord? Cet élément
contient également la subvention à la gestion pour la Fondation
pour le développement de la recherche, de la science et de la
technologie. Y a-t-il autre chose, M. le sous-ministre? Il y a
évidemment les activités du ministère, les services, les
contrats. C'est là-dedans notamment qu'on retrouve les fonds pour mettre
en route le projet de la Maison des sciences et des techniques.
Là-dedans, 2 000 000 $ sont réservés pour... Pardon?
Mme Dougherty: Dans quel élément se trouvent les 2
000 000 $ pour la Maison des sciences et des techniques?
M. Paquette: Ils sont dans l'élément 1 parce
que...
Mme Dougherty: L'élément 1.
M. Paquette: ...ce sont des services. On va donner des contrats
à des entreprises pour faire les études techniques. On va lancer
un concours d'architecture. On va demander à des groupes de nous
préparer des rapports sur les concepts, sur les programmes d'animation.
Cela se fera par des contrats de services en majeure partie. Cela se trouve
donc dans l'élément 1. Donc, je résume. Dans
l'élément 1, vous avez le budget du cabinet, le salaire du
personnel du ministère. Vous avez une subvention à la gestion
pour la fondation; vous avez le fonds d'incitation à la recherche. Ce
sont toutes les petites subventions qu'on donne à des organismes comme
le Salon des sciences et de la technologie, Hebdo-Science, le concours de
journalisme scientifique. En somme, une bonne partie de ce montant va au
soutien à la culture scientifique. On n'a pas voulu en faire un
élément séparé. On le fera peut-être
l'année prochaine parce que cela prend de plus en plus d'ampleur. Pour
cette année, on a mis cela dans la direction, le soutien administratif
et technique et, en particulier, dans le fonds d'incitation. Il y a les fonds
pour le démarrage du projet de la Maison des sciences et des techniques
de Montréal.
Mme la Présidente, souhaitez-vous que je continue pour les autres
éléments de la même façon ou si vous voulez vous
arrêter à l'élément 1?
M. Fortier: J'aurais une question à
l'élément 1.
La Présidente (Mme Harel): Je vais passer la parole
à Mme la députée de Jacques-Cartier sur
l'élément 1 du programme 1 et, ensuite, au député
d'Outremont, qui m'a demandé la parole. Nous poursuivrons par la suite.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur la fondation, il y a maintenant un conseil de
direction de la fondation qui a été formé. A-t-il
commencé son travail? Quel en est le statut? A-t-il recueilli de
l'argent? Comment va-t-il procéder pour recevoir les dons, les legs et
accomplir le mandat qui a été confié à cette
fondation?
M. Paquette: Concernant la fondation, c'est seulement vers la fin
de l'année budgétaire 1983-1984 qu'on a pu se mettre en route,
pour toutes sortes de raisons. C'est, en fait, en janvier que nous avons
nommé le conseil d'administration. Nous avons fait un premier virement
pour permettre à la fondation d'engager son personnel de base. Comme
vous le savez, le président de la fondation est M. Lionel Goulet, qui
autrefois était vice-président à la recherche à
Hydro-Québec et qui est, en fait, le fondateur de l'Institut de
recherche en électricité du Québec. C'est un homme
expérimenté dans ce genre de choses, dans les souscriptions des
fondations. Le conseil d'administration de la fondation est formé
également de M. Raymond Blais, président de la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins, Mme Mitzi Dobrin, qui est vice-présidente exécutive
à Steinberg, M. Armand Frappier, fondateur de l'Institut
Armand-Frappier, M. Guy Mercier, qui est syndic à la Chambre des
notaires du Québec, M. Paul Paré, président du conseil
d'administration de l'IMASCO, et également des trois présidents
des fonds sectoriels, dont M. Yvan Cliche et le Dr Lavallée, du FRSQ,
déjà en poste.
Quant au fonds de recherche agricole, il est en voie de formation. Donc,
c'est une partie de la loi qui n'est pas encore entrée en application
par décret du Conseil des ministres. Le conseil d'administration a tenu
sa première réunion. Il a engagé un ou deux
employés jusqu'à maintenant. On ne peut pas dire vraiment que la
fondation est déjà en activité, mais, enfin! elle est sur
pied et travaille à deux projets, l'un qui est celui d'activer les
rentrées de fonds à la suite de la provision du dernier budget
quant à l'impôt des successions; l'autre, c'est de travailler
à un projet de loterie consacrée à la recherche, parce
qu'on cherche à trouver des champs qui ne sont pas exploités ou
exploitables par les fondations des universités. On cherche à ne
pas entrer en concurrence avec d'autres fondations qui orientent des fonds vers
la recherche, conformément à la discussion qu'on avait
eue, d'ailleurs, en commission parlementaire, sur le projet de loi. Cela
avait été souligné.
Donc, la fondation a à la fois un travail de publicité, de
promotion et de conception. Elle est en plein travail pour élaborer des
moyens. D'ici peut-être deux ou trois mois, on aura une meilleure
idée de ce qu'elle peut faire.
Mme Dougherty: Vous avez un budget de 451 500 $ pour la
fondation. C'est exactement le même budget qui est consacré au
conseil. J'aimerais savoir si c'est une erreur. J'ai ici la liste des fonds de
transfert que vous nous avez envoyée et j'aimerais savoir comment vous
en êtes arrivé à un tel budget. Pourquoi est-ce identique?
Le fait que ce soit identique me porte à vous demander si c'est une
erreur que vous en arriviez au même budget pour le conseil. Il semble que
le conseil fait un travail tout à fait différent.
M. Paquette: La fondation a soumis un plan d'effectif qui est,
comme tout le monde le souhaitait, je pense, très léger. Ce n'est
pas un organisme lourd qu'on veut développer. Vous avez là-dedans
les salaires de cinq ou six personnes et des frais de publicité et de
promotion pour l'année 1984-1985.
Quant au budget du conseil, dans les crédits, il est de 451 500
$, mais il sera augmenté, puisque nous allons doubler le personnel. Le
budget passera à près de 1 000 000 $, soit de 920 000 $ à
1 000 000 $. Le personnel passera de six à treize personnes au conseil.
Si vous avez le montant de 451 500 $ dans les crédits, c'est parce qu'il
y a eu une espèce de cafouillage dans deux organismes. Le budget
d'augmentation du conseil qu'on avait demandé a été
approuvé à un endroit et rejeté à un autre.
Finalement, c'est revenu.
Cela nous a amenés, même si cette décision
d'augmenter le budget du conseil avait été prise avant les
fêtes, après l'impression du livre des crédits et le
Conseil du trésor nous a dit de prendre un tel montant dans nos autres
budgets. On a dit: Très bien. On va le prendre dans nos autres
budgets.
Mme Dougherty: II me semble qu'un montant de 500 000 $ pour la
fondation, c'est beaucoup pour le type d'organisme que nous avons
prévu.
M. Paquette: Si vous relisez nos débats, lors de la
commission parlementaire où nous avons adopté le projet de loi
qui créait la fondation, vous verrez que c'est exactement le chiffre que
j'avais avancé. Tout le monde semblait d'accord à ce
moment-là. C'est très léger. Vous ne pouvez pas demander
à un organisme de fonctionner à moins de cinq personnes. Cela
prend un adjoint administratif au président, cela prend une ou deux
secrétaires, cela prend aussi des services. La fondation, plutôt
que d'engager un conseiller juridique, par exemple, la première
année, va simplement le faire sous forme de contrats de services. Cela
prend aussi de l'argent pour les locaux, cela prend de l'argent pour la
promotion. 451 000 $, ce ne sont pas des fonds énormes.
Mme Dougherty: Où est le siège social de la
fondation?
M. Paquette: À Montréal. Les bureaux sont au
complexe Desjardins, la fondation vient de s'installer au complexe Desjardins,
à Montréal.
Mme Dougherty: Merci. Je crois que mon collègue...
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que le
député d'Outremont aimerait intervenir sur
l'élément 1 du programme 1? L'étude de
l'élément 1 est-elle terminée? M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Sur l'élément 1, je ne sais pas si je
suis hors règlement, j'avais une question sur les communications, sur la
publication du bulletin dont j'ai un exemplaire ici, devant moi. Je me
demandais s'il s'agissait d'une revue technique, mais il s'agit plutôt
d'information du ministère comme tel.
M. Paquette: De l'information, oui.
M. Fortier: La question que je voulais poser au ministre est
celle-ci: Dans le passé, je crois que plusieurs ministères
avaient des revues techniques. Je me souviens d'avoir fait des commentaires
à ce sujet lors de l'étude des crédits du ministère
de l'Énergie et des Ressources parce qu'il me semblait que ces revues
techniques de différents ministères n'étaient pas de
qualité égale. Je dirais même qu'elles étaient,
à certains moments, de qualité très inégale sur le
plan technique. D'ailleurs, je crois qu'avec les coupures de budget,
quelques-unes de ces revues techniques ont disparu. Je me demandais si le
ministère avait fait une analyse de ces nombreuses revues qui sont
publiées par tous les ministères; il me semble y avoir double
emploi avec les revues techniques qui peuvent exister. Je pense par exemple
à la revue L'Ingénieur, de l'École polytechnique. (10 h
30)
II y a tellement de revues et toutes ont de la difficulté
à survivre. Je me demandais quelle était la politique du
ministère quant à ces magazines ou revues techniques qui sont
encore publiées par les
différents ministères. Ne serait-il pas
préférable de les consolider ou, encore mieux, de les faire
disparaître pour participer davantage à des revues techniques du
secteur privé au lieu de se retrouver avec un nombre incalculable de
revues qui, même dans le secteur technique, éprouvent des
difficultés?
M. Paquette: D'abord, en ce qui concerne les diverses
publications du gouvernement, évidemment, on entre dans le mandat du
ministère des Communications. Là où on peut m'interroger,
c'est à savoir si l'information scientifique et technique est
adéquate au Québec et quel est le rôle que le gouvernement
devrait y jouer directement ou par des intermédiaires. Ma position
là-dessus, c'est que je pense qu'on a une excellente revue à
Hydro-Québec et qui remplit bien son rôle. Il y a également
plusieurs bulletins au Centre de recherche industrielle du Québec qui
rendent des services appréciables à l'industrie. À ma
connaissance, il n'y a pas tellement d'autres revues dont le contenu est
principalement scientifique et technique. Pour notre part, c'est un bulletin
d'information qui est envoyé à tous les intervenants dans le
domaine et qui permet de tenir les gens au courant des activités du
ministère et des autres organismes, surtout gouvernementaux, mais on
donne également parfois des nouvelles de ce qui se passe ailleurs. C'est
surtout de l'information sur l'activité gouvernementale en science et en
technologie.
Sur le plan de la vulgarisation, je pense que le Québec est,
parmi les provinces canadiennes, la province la mieux équipée en
revues à grand tirage avec "Québec Science", avec "Science et
Technologie", avec "Informatique et bureautique". Nous venons d'aider au
démarrage d'une nouvelle revue de l'ACFAS. C'est carrément le
genre d'intervention que nous privilégions. Nous ne songeons pas
à mettre sur pied une revue technique. Nous préférons
placer des annonces dans "Québec Science", dans "Science et Technologie"
et contribuer au démarrage de cette nouvelle revue de l'ACFAS qui va
occuper un créneau différent.
D'autre part, le fonds FCAC a un programme d'aide aux revues
scientifiques plus spécialisées dans le domaine de la chimie, de
la physique. Je pense que le Québec est relativement bien pourvu. Par
contre, à la Direction de la culture et de l'information scientifique du
ministère, on est en train de regarder cela simplement pour voir si
c'est bien rationnel et s'il y a des besoins qui ne seraient pas encore
comblés par hasard.
M. Fortier: Le ministre devrait me bien comprendre. Je crois
qu'il y a beaucoup de revues, même peut-être trop dans certains
cas. Ma question était plutôt pour inciter le ministre ou le
ministère à consolider. D'une part, procéder, comme il l'a
dit lui-même, à aider les revues existantes, je crois que c'est la
meilleure formule...
M. Paquette: Oui.
M. Fortier: ...et peut-être même favoriser les
consolidations ce qui permettrait d'élever la qualité du produit
plutôt que d'avoir un trop grand nombre de revues.
M. Paquette: Vous parliez des revues gouvernementales. Je pense
que "Québec Science" et "Science et Technologie", par exemple, sont
d'excellente qualité.
M. Fortier: Oui. D'accord, merci.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 1 est terminée? J'appelle
l'élément 2 du programme 1: Soutien à l'emploi
scientifique et technique.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je crois que le ministre doit nous
décrire...
M. Paquette: Peut-être une dernière remarque, Mme la
Présidente, juste avant de passer à l'élément 2. Je
ne voudrais pas laisser l'impression que, parce qu'il y a 6 000 000 $ à
l'élément 1 sur un montant de 56 000 000 $, nous dépensons
10% de notre budget à des frais de fonctionnement. Dans les 6 000 000 $,
j'aimerais bien préciser qu'il y a 1 000 000 $ de budgets de transfert
et qu'il y a au-delà de 2 000 000 $ pour la Maison des sciences et des
techniques. Je pense que le ministère de la Science et de la Technologie
est probablement le ministère qui affecte le moins de ressources
à l'administration. C'est vraiment un ministère léger.
M. Fortier: Quand on commence. M. Paquette: Pardon?
M. Fortier: Quand on commence, c'est toujours comme cela.
M. Paquette: C'est toujours comme cela, mais cela va rester comme
cela.
M. Fortier: C'est plus tard que le problème va venir.
M. Paquette: Cela va rester comme cela tant que je vais
être là.
M. Fortier: Restez-en là; c'est très bien.
La Présidente (Mme Harel): L'élément 2, M.
le ministre.
Mme la députée de Jacques-Cartier, sur
l'élément 1?
Mme Dougherty: Un dernier commentaire sur l'élément
1.
La Présidente (Mme Harel): Un commentaire.
Mme Dougherty: Je n'ai pas posé de questions sur la Maison
des sciences et des techniques et ce n'est pas parce que je ne trouve pas cela
important. Je trouve cela très important, mais je crois que nous aurons
d'autres forums pour en discuter.
M. Paquette: Nous allons nous réunir au début de
mai, en commission parlementaire, pour étudier le projet de loi. Alors,
on pourra en parler plus en profondeur.
La Présidente (Mme Harel): À
l'élément 2, M. le ministre.
Soutien à l'emploi scientifique et
technique
M. Paquette: Concernant l'élément 2,
c'est-à-dire les programmes de soutien à l'emploi scientifique et
technique, il y a un total de 14 000 000 $. Cela démontre l'importance,
comme je le disais dans mon énoncé d'ouverture, que nous
attachons aux ressources humaines. Nous avons besoin d'augmenter les occasions
pour les jeunes, si on veut qu'il y ait plus de jeunes qui s'intéressent
aux carrières scientifiques et techniques. Ces programmes permettent
d'augmenter l'incitation, tant dans les entreprises que dans les
universités, à accueillir des jeunes, scientifiques,
ingénieurs, techniciens.
Si on regarde la décomposition de l'élément, on
retrouve des projets qui ont commencé leur vie expérimentale dans
le fonds d'incitation où, l'année dernière, dans le fonds
de 15 000 000 $, et qu'on retrouve maintenant regroupés sous un
même élément 2.
L'élément se décompose comme suit: ce qu'on appelle
les phases 1, 2, 3 et 4, cela correspond aux années, c'est-à-dire
dès le début de la création du secrétariat,
c'était au cours de l'année 1980-1981, à la suite de
l'adoption de la politique scientifique en mai 1980, un projet collectif. Le
secrétariat a commencé sous une phase très
expérimentale avec un petit nombre de postes par année à
placer. La première année, c'était uniquement des
diplômés universitaires comme attachés de recherche dans
les universités ou dans les entreprises. Il y avait toujours un volet
universitaire et un volet industriel. L'année suivante, on a
diversifié; c'est la phase 2. L'année d'après,
c'est-à-dire l'année dernière, on a augmenté le
nombre des postes qui, pour la première fois, se sont
épuisés en trois mois. On avait de la difficulté, dans les
années précédentes, à épuiser le petit
nombre de postes que nous avions, mais, l'année dernière, en
trois mois, on a épuisé le budget très rapidement, du
côté industriel notamment. Cela a été fantastique et
cela témoigne d'une prise de conscience assez extraordinaire des hommes
d'affaires quant à l'importance de l'innovation, du contrôle, de
la qualité de la recherche et du développement pour le
succès des entreprises, le succès économique et le
maintien des emplois. Cette année, à la phase 4, on donne une
extension considérable, en en simplifiant les modalités, au
programme de soutien à l'emploi scientifique, côté
industriel; c'est un élément du plan de relance. La phase 4,
c'est un budget de relance de 4 150 000 $. Pourquoi y a-t-il encore au budget
1984-1985 des crédits pour les phases 1, 2 et 3? C'est parce que ce
n'est pas un programme d'emplois temporaires, c'est un programme permanent
où on finance 70% du salaire, la première année, 30% la
deuxième année et 0% la troisième année, dans le
cas industriel. Dans le cas universitaire, ce sont des programmes de cinq ans.
C'est pour cela que la phase 1 que vous avez, c'est un résidu des
quelques postes de la première année de fonctionnement qui
allaient dans les universités.
Simplement pour terminer la présentation de
l'élément, vous avez également un petit programme de
création d'emplois dans les organismes sans but lucratif qui sert
à appuyer les organismes de loisirs scientifiques, par exemple, ou les
associations scientifiques qui veulent se donner un agent de recherche ou se
donner un minimum de permanence. Ce sont des emplois d'un an où on paie
une partie du salaire. Le prêt de chercheur, c'est un autre
élément du plan de relance, qui consiste à rembourser
à l'université le salaire d'un chercheur dégagé
pour aller travailler en entreprise pour une période de trois à
douze mois. Ils ont le choix de trois à douze mois et on rembourse. Le
projet Bio-Méga, on l'a inclus dans le soutien à l'emploi
scientifique, parce que c'est vraiment de cela qu'il s'agit de notre point de
vue. Il s'agissait de maintenir l'équipe de 85 chercheurs d'Ayerst et de
les intégrer dans une nouvelle société de recherche
bio-industrielle. On soutient les emplois pour donner le temps à ces
chercheurs de produire. Ils vont commencer à produire d'ici un an ou
deux. L'entente prend fin dans cinq ans, au moment où l'entreprise
s'autofinancera par ses propres moyens. Ce sont les principaux
éléments qu'on retrouve dans le soutien à l'emploi
scientifique.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut me rappeler, en ce qui
concerne le programme permettant à l'entreprise d'engager des
scientifiques ou du personnel technique s'il s'agit de personnel nouvellement
diplômé ou de personnel plus âgé, et quel genre
d'entreprises se sont prévalues de ces programmes?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Paquette: Alors là, c'est un peu plus complexe, mais,
quant à la deuxième partie de la question, je vais demander au
sous-ministre d'y répondre. La première partie, ce sont des gens
nouvellement diplômés. Il y avait dans les premières
phases... Je vais demander au sous-ministre de répondre, parce que cela
entre vraiment dans la technique.
M. Limoges (Camille): Jusqu'à 1984-1985, nous demandions
que les personnes engagées par les entreprises ou les universités
soient diplômées depuis moins de cinq ans.
M. Fortier: Dans quelle faculté?
M. Limoges: Exclusivement dans les sciences de la nature,
l'informatique et l'ingénierie. Dans le cas des techniciens, ce qu'on
leur demandait, c'est d'être détenteurs d'un DEC technique.
À la suite de représentations que nous ont faites certaines
entreprises et l'ADRIQ, l'Association des directeurs de recherche industrielle
du Québec, nous avons décidé, pour 1984-1985, avec
l'approbation du Conseil du trésor, de lever la clause de cinq ans. On a
fait valoir que, dans certains domaines et dans le cas d'entreprises qui
étaient particulièrement dépourvues en personnel
d'encadrement, il pouvait être très précieux de se
prévaloir de la possibilité d'engager des scientifiques ayant
déjà une expérience poussée en recherche. Cela nous
a paru tout à fait justifié. On croit tout de même,
malgré tout, que le gros des effectifs engagés demeureront des
diplômés relativement récents.
M. Fortier: J'imagine que votre ministère n'a pas de
contrôle sur l'utilisation qui est faite de ces personnes. Vous dites que
c'est pour de la recherche. Est-ce que c'est pour de la recherche, de
l'innovation ou pour faire du design tout simplement? Cela peut même
être de la production; cela peut être d'aider à la
production.
M. Limoges: Le programme est ouvert à la recherche et au
développement, au design industriel, au contrôle de qualité
-c'est un besoin qu'on nous a fait valoir aussi cette année, c'est une
innovation en 1984-1985 - et à l'ingénierie de production.
Lorsque les entreprises déposent une demande, elles doivent identifier
nominalement les personnes qu'elles comptent engager et nous expliquer ce
qu'elles entendent faire faire à ces personnes. Nous avons
demandé au CRIQ de faire l'évaluation de l'adéquation
entre la compétence de la personne recrutée dont nous avons le
curriculum vitae et la fonction qu'elle doit remplir.
M. Fortier: Vous payez un pourcentage du salaire. Est-ce que vous
avez un certain contrôle sur le salaire qui est effectivement
payé?
M. Limoges: II n'y a rien de prévu qui permette de
contrôler le niveau de salaire. Cependant, comme nous payons 70% la
première année et seulement 30% la troisième année
et que l'entreprise s'engage à retenir les services de la personne pour
une troisième année, il y a une incitative à ne pas
exagérer quant au salaire offert. Jusqu'ici, on n'a jamais eu à
entreprendre de négociation avec quelque entreprise que ce soit, parce
que les salaires nous paraîtraient exorbitants. Nous sommes toujours
demeurés à l'intérieur des budgets en faisant cela de
cette manière.
M. Fortier: Votre programme étant relativement nouveau, on
ne sait pas encore si les entreprises ont gardé pendant plusieurs
années ces gens qui avaient été embauchés. Vous
n'avez pas de statistiques là-dessus, j'imagine.
M. Limoges: Pas encore, mais le Conseil de la science et de la
technologie a un comité des ressources humaines. Ce comité des
ressources humaines a fait une évaluation, un échantillonnage de
la validité du programme aussi bien dans les universités que dans
les entreprises. Nous n'avons pas encore reçu cette évaluation du
CST, mais on nous dit que cela est très favorable.
Par contre, cette année, nous avons obtenu des ressources pour
constituer un petit secrétariat pour gérer l'ensemble des
programmes d'emploi au ministère. Ce secrétariat va avoir comme
mandat de faire l'évaluation du programme. (10 h 45)
M. Fortier: Vous disiez tout à l'heure...
M. Paquette: Un autre élément, peut-être, Mme
la Présidente, si vous me le permettez. Simplement pour vous donner un
exemple de l'impact d'un programme de soutien à l'emploi scientifique,
la semaine prochaine, enfin d'ici quelques jours, une
entreprise qui s'appelle Electro-Med va annoncer une expansion dans les
Basses-Laurentides. Cette expansion est liée au fait qu'il s'agissait
d'une entreprise spécialisée dans les appareils de rayons X
à des fins médicales. Elle a décidé d'ouvrir une
nouvelle ligne pour les rayons X dans les aéroports. Elle a
engagé un ingénieur pour adapter les appareils qu'elle avait
à cette nouvelle ligne de produits. Cet emploi scientifique a
été soutenu sur notre programme de soutien à l'emploi
scientifique et il a généré jusqu'à maintenant dix
emplois dans la fabrication et la commercialisation. Il y a déjà
des commandes internationales. Cela démontre bien l'importance de
soutenir l'emploi scientifique, car un emploi scientifique a toujours des
effets d'entraînement extrêmement importants dans une entreprise
par rapport à d'autres emplois moins spécialisés.
M. Fortier: La deuxième partie de la question était
pour connaître le type d'entreprises qui se prévalent de ces
subventions.
M. Limoges: Je n'ai pas de statistiques que je pourrais vous
transmettre. J'ai cependant une liste d'entreprises devant moi.
M. Fortier: Des petites entreprises, j'imagine.
M. Limoges: Ce sont principalement, presque exclusivement, de
petites entreprises. Elles sont essentiellement du secteur manufacturier. En
1984-1985, les entreprises du secteur des services scientifiques pourront se
prévaloir de ce programme, les entreprises de services informatiques,
par exemple, des groupes de consultants, des firmes de
génie-conseil.
M. Paquette: Mais il y a aussi de grandes entreprises. On n'est
pas limité. Dans le nouveau programme, à la phase 4, on se
concentre sur les petites et moyennes entreprises. Dans les premières
phases initiales, il y a eu parfois certaines entreprises plus importantes:
Marine Industrie, par exemple, en a eu ainsi que Forano.
M. Fortier: Y a-t-il une limite pour une entreprise? Supposons
qu'un bureau de génie-conseil dirait: Cette année, je vais
engager 20 personnes pendant un an, avez-vous une limite budgétaire pour
une compagnie en particulier?
M. Limoges: Non, nous ne l'avons pas fait et, encore une fois,
parce que nous estimons qu'il est difficile pour une entreprise d'abuser parce
que, même si le programme est très avantageux, le coût
propre à l'entreprise demeure relativement élevé.
L'entreprise qui a eu le plus recours à ce programme, c'est
Bio-Recherche, qui est une entreprise en expansion et où, dans le
secteur des biotechnologies...
M. Paquette: Une entreprise filiale de la Corporation de
développement du Canada, vous voyez qu'on n'a pas de
préjugé face aux initiatives fédérales.
M. Fortier: Non, si cela peut créer des emplois, pourquoi
s'en priver?
M. Limoges: Exactement. Dix postes ont été
créés grâce à ce programme dans Bio-Recherche, qui
est quand même une entreprise de bonne taille.
M. Fortier: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Jacques-Cartier, sur l'élément 2 du programme 1.
Mme Dougherty: Oui. À la phase 4, vous avez
consacré 4 150 000 $ pour 400 emplois scientifiques.
M. Paquette: Voilà.
Mme Dougherty: D'accord? J'ai calculé que vous payez 70%
en salaire le première année. Si on calcule et qu'on divise le
montant global par les 400 emplois - on présume que le gouvernement paie
70% de leur salaire - on arrive à un chiffre de 14 642 $ par personne,
en salaire, dont le gouvernement paie 70%. Mes calculs sont-ils faux? Il semble
que, en prévoyant 400 emplois avec ce montant, on n'arrive pas à
un salaire adéquat.
M. Paquette: C'est parce qu'ils ne sont pas tous engagés
à la même date. Je vais demander au sous-ministre de
préciser ce point.
M. Limoges: Ce sont des projections qui sont basées sur la
façon dont les sommes ont été dépensées les
années précédentes. Ce budget court du 1er avril 1984 au
31 mars 1985 et on s'attend que les dossiers rentrent progressivement. Notre
expérience, c'est que, même lorsque notre accord est donné
pour l'engagement d'une personne, l'entreprise n'engage pas toujours cette
personne immédiatement et la personne n'est pas toujours
immédiatement disponible non plus. Donc, nous sommes assurés que
cette somme va suffire à engager 400 personnes, compte tenu du fait que
les premiers engagés entreront probablement en fonction au mois de juin,
mais il y en a qui n'entreront en fonction, par exemple, qu'en janvier
prochain.
M. Paquette: Si, pour 200 des 400 postes, on n'a qu'à
payer un demi-salaire, parce que ces postes ne commencent qu'à l'automne
- on a à payer effectivement seulement la moitié du salaire pour
l'année -votre chiffre de 15 000 $ se monte à quelque chose comme
20 000 $ ou 21 000 $.
Mme Dougherty: Quel est le salaire moyen que vous prévoyez
pour ces gens?
M. Limoges: C'est environ 24 000 $. Mme Dougherty: 24 000
$?
M. Limoges: Oui. Bien sûr, il y a des fluctuations. Cela
peut être sensiblement moins, mais cela ne dépasse à peu
près jamais 30 000 $.
Mme Dougherty: Et les budgets prévus pour l'année
prochaine et l'année suivante, de 8 900 000 $ et 10 600 000 $, sont
basés sur un salaire moyen de 26 000 $? Parce qu'il me semble...
M. Paquette: Les salaires indexés au coût de la
vie.
Mme Dougherty: ...que votre objectif, c'est 1600 personnes ou
emplois...
M. Limoges: En quatre ans. M. Paquette: En quatre ans. Mme
Dougherty: En quatre ans?
M. Paquette: C'est cela exactement, et la raison pour laquelle
cela augmente...
Mme Dougherty: Et les montants pour les années qui
viennent reflètent ces salaires? Je n'ai pas calculé pour les
autres années.
M. Paquette: Oui. Ce qui arrive, c'est que, l'année
prochaine, il faut compter la continuation des salaires de cette année,
mais à 30% seulement - puisque, la deuxième année, on ne
paie que 30% des salaires -plus 400 nouveaux postes que l'on évalue
à partir du salaire moyen calculé pour cette année,
indexé au coût de la vie.
Mme Dougherty: Et qui évalue? L'année
dernière, je crois que vous aviez 50 personnes dans ce programme, mais,
avec l'augmentation du nombre, qui va gérer cette affaire pour
évaluer les demandes...
M. Paquette: II y a une entente...
Mme Dougherty: ...des entreprises pour des chercheurs?
M. Paquette: ...de gestion. Si vous voulez avoir plus de
détails, on peut demander au sous-ministre, mais il y a une entente de
gestion avec le Centre de recherche industrielle du Québec, qui est
particulièrement bien placé, parce que le CRIQ a des
représentants dans toutes les régions. Quand on passe de 50
à 400, c'est un effort considérable. On ne se sentait pas
capable, avec les ressources du ministère, de gérer cela. D'autre
part, on ne trouvait pas que c'était une bonne chose de multiplier les
portes d'entrée. Le CRIQ est le principal intervenant du gouvernement du
Québec qui est en relation avec les petites et moyennes entreprises.
C'est son rôle. Son rôle n'est pas de soutenir des emplois. Son
rôle est d'offrir des services de développement de produits.
Cependant, ce dont le CRIQ se rend compte dans son action, c'est que,
très souvent, il a de la difficulté à dialoguer avec les
PME qu'il voudrait aider, parce que celles-ci n'ont pas le personnel
scientifique adéquat pour élaborer les projets du point de vue de
l'entreprise. Les deux activités, dans le fond, se marient tellement
bien que c'était une indication supplémentaire qu'on devait
confier la gestion au Centre de recherche industrielle du Québec. Il y
aura un contrat de gestion. Donc, on transférera des crédits pour
l'administration au CRIQ et le CRIQ évaluera les demandes des
entreprises et vérifiera, comme le disait le sous-ministre tout à
l'heure, l'adéquation entre les tâches que l'entreprise veut
confier à la personne engagée et les qualifications de la
personne dans le cadre des balises établies par le ministère. Sur
réception de cette évaluation, le ministère
transférera les fonds requis à l'entreprise.
Liaisons universités-industries
Mme Dougherty: Merci. Les professeurs qui sont
prêtés aux industries, qu'on remplace dans les universités,
quel sera leur statut? Je présume qu'ils retournent aux
universités à la fin de leur mandat.
M. Paquette: C'est exact.
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y aura des difficultés
concernant leur ancienneté? Est-ce qu'ils accumulent leurs années
d'ancienneté? Est-ce qu'ils seront exposés à se retrouver
peut-être sans poste? Il y a l'autre côté de la
médaille: Ceux qui les remplacent resteront-ils dans les
universités? Qui va payer leur salaire parce que, effectivement, on va
doubler le personnel, si on laisse les remplaçants aux
universités et que les autres y retournent? On aura un problème
à l'université.
M. Paquette: Cela va de soi que tout ceci part évidemment
d'une entente qui doit
être établie entre le professeur et son université.
Les modalités peuvent varier. Cela peut être un congé avec
solde et maintien des avantages. Enfin, ce sera au professeur de le
négocier avec son université. Cela peut aussi être un
congé sans solde. Si c'est un congé sans solde, on rembourse
moins ou on n'a rien à rembourser. Si c'est un congé avec solde,
on doit rembourser l'université. Ce qui est prévu avec le montant
des 2 000 000 $, c'est l'équivalent de 50 personnes à temps
plein. On sait qu'on va rejoindre beaucoup plus de professeurs que cela puisque
certains voudront faire un séjour de trois mois en entreprise, d'autres
de six mois, etc. C'est la première année de ce programme.
Mme Dougherty: Ce n'est pas encore en marche.
M. Paquette: II n'est pas en marche actuellement, mais il le sera
très bientôt.
Mme Dougherty: Je prévois des difficultés, mais
c'est une bonne idée. Je ne suis pas contre l'idée. Mais, sur le
plan pratique, je prévois des difficultés. Est-ce que les
universités accueillent bien ce programme? Est-ce que les
universités ont déjà signalé des
difficultés?
M. Paquette: J'ai eu des rencontres avec des gens des
universités. Elles sont enchantées et très heureuses de ce
programme. Cela leur donne une souplesse additionnelle. On parle très
souvent pour de jeunes professeurs de la difficulté d'entrer dans les
universités. Eh bien, voilà ce qui ouvre des portes, puisque tout
professeur qui s'en va pendant un an permet d'accueillir un chargé de
cours, un professeur invité de plus. Cela donne plus de
flexibilité à l'université. Il y a aussi un changement
d'attitude dans les universités. Les universités veulent de plus
en plus établir des liens, du moins dans les secteurs scientifique et
technologique, avec les entreprises.
Quant aux difficultés possibles pour le professeur, je vais
passer la parole au sous-ministre.
M. Limoges: Nous en avons parlé avec les gens des
universités et avec le ministère de l'Éducation. Il semble
que toutes les conventions collectives des professeurs prévoient la
possibilité de congés sans solde qui ne font pas perdre au
professeur ses droits acquis. Donc, pour l'instant en tout cas, aussi bien au
ministère de l'Éducation que dans les universités, on ne
nous a pas fait connaître d'inquiétude. Il ne semble pas qu'il y
ait de difficulté technique à appliquer ce programme et que les
professeurs ne seraient en rien menacés du fait de leur séjour en
entreprise.
Bien sûr, les chargés de cours ou les professeurs
invités qui les remplaceraient dans l'université pendant leur
absence, eux, n'ont droit à aucune permanence dans l'université,
mais c'est la pratique courante pour l'engagement de chargés de cours et
de professeurs invités. Pour des chargés de cours, c'est
très intéressant comme formule, dans la mesure où cela
leur permet de se faire connaître et de se faire voir à l'oeuvre
dans un département et donc d'être des candidats plus visibles que
ceux que le département n'a pas vus à l'oeuvre, dans
l'éventualité de la création d'un nouveau poste ou de la
libération de postes du fait du départ de professeurs. (11
heures)
Mme Dougherty: C'est un des sujets traités dans l'avis du
Conseil de la science et de la technologie. Il prévoit apparemment le
même problème. Des problèmes se posent
particulièrement en ce qui concerne la sécurité d'emploi
de ceux dont le transfert serait temporaire. Pour les cas où les
déplacements seraient permanents, il y a lieu de s'interroger sur les
problèmes de fonds de retraite et de la permanence du nouveau poste.
Ce qu'il faut souligner, c'est que les structures et la philosophie
institutionnelle actuelles ne favorisent aucunement ce genre de transfert de
compétences. Je ne suis pas nécessairement d'accord avec cela,
mais c'est souligné ici: que vaudrait à un professeur
d'université de séjourner un an dans une entreprise quelconque?
Sur le marché "académique", une telle expérience n'a pour
le moment aucune valeur en termes de plan de carrière ou
d'avancement.
Je signale seulement qu'il y aura possiblement un problème et je
serais très intéressée à connaître le
cheminement de ce programme.
M. Limoges: Je crois qu'il y a deux volets aux observations que
fait le conseil. Il est vrai que, pour un professeur d'université, il
n'est pas facile de quitter l'université et d'aller en entreprise de
façon permanente -je pense que c'est le premier point de vue du conseil
- du fait que les professeurs d'université ont quand même des
fonds de retraite assez avantageux, souvent plus avantageux que ceux des
entreprises. Les ententes interfonds de retraite et les problèmes de
transfert des fonds de retraite sont des problèmes très
complexes.
En fait, les problèmes de transfert de fonds de retraite entre
les universités et la fonction publique viennent à peine
d'être réglés, ces années-ci, et c'est loin de
satisfaire tout le monde. Je pense que c'est un problème très
réel, mais je ne crois pas que ce soit le type de problème que ce
programme est susceptible de causer du fait que l'absence du professeur est une
absence
temporaire et pour une période relativement brève.
J'en arrive au deuxième volet des observations du conseil,
où le conseil dit: La façon dont les professeurs sont
évalués dans les universités, essentiellement sur la base
de leurs publications, n'est pas un type d'évaluation qui favorise des
séjours de professeurs dans des entreprises, puisqu'ils vont
peut-être acquérir de l'expérience lors de ces
séjours, mais ils ne vont pas ajouter à leur liste de
publications au cours de cette période. Je pense que c'est une
difficulté réelle, mais je pense toutefois que cela s'applique
moins dans le cas des professeurs qui ont déjà leur permanence et
qui sont moins vulnérables à ce type d'évaluation sur la
base à peu près exclusive de leurs publications. Je pense aussi
que c'est une difficulté moins vive dans les écoles
d'ingénierie où, de plus en plus, l'expérience-entreprise
des professeurs est vue des administrations universitaires et même des
départements des écoles d'ingénierie comme un acquis au
dossier du professeur.
Ceci dit, effectivement, c'est la première fois qu'un programme
comme celui-ci est lancé au Québec et c'est seulement à
l'usage que l'on verra si les pratiques d'évaluation interne aux
universités sont un frein réel à cette collaboration des
professeurs aux entreprises.
Mme Dougherty: Maintenant, le programme de soutien aux liaisons
univertés-industries, pour...
M. Paquette: 750 000 $.
Mme Dougherty: J'ai des difficultés avec les chiffres.
Vous parlez des unités et je ne comprends pas vraiment le but de ce
programme. J'aimerais savoir quelles sont les unités que vous
prévoyez. Vous parlez, pour cette année, de cinq unités
à 150 000 $ chacune; dans quel but? Je ne comprends pas.
M. Paquette: Ce programme, comme le précédent,
procède de l'intention du ministère d'accélérer le
plus rapidement possible la coopération entre les universités et
l'industrie. Les centres coopératifs dont on va parler tantôt
procèdent de cet objectif, la création de l'Agence de
valorisation aussi; le programme de soutien à l'emploi scientifique dans
les entreprises; le programme pour dégager des professeurs
d'université dans les entreprises également. Celui-ci
procède du même objectif. Il a pour but d'accorder à des
équipes, des centres ou des unités de recherche dans les
universités un budget minimal de fonctionnement lui permettant
d'établir diverses activités à l'intention des
entreprises: stages; colloques; offres de services; lobbying pour obtenir des
contrats de l'industrie.
Le modèle auquel on peut penser, c'est le Centre de
développement technologique de polytechnique ou le Bureau de recherche
industrielle de l'Université McGill. C'est ce genre d'unités
qu'on voudrait voir se répandre dans toutes les universités du
Québec. Comme incitation au démarrage, on offre aux
universités des subventions de 150 000 $ au rythme de cinq unités
par année. Cette année, c'est 750 000 $, cinq fois 150 000 $. On
compte reconnaître cinq unités cette année, cinq
l'année prochaine et cinq l'année suivante.
Mme Dougherty: Le programme est limité...
M. Paquette: On les soutient pendant trois ans aussi. C'est un
programme dont les budgets vont augmenter d'année en année parce
que les cinq unités soutenues cette année seront soutenues
également l'année prochaine et pendant trois ans.
Mme Dougherty: Trois ans. D'accord.
M. Paquette: Je dois vous dire qu'on a déjà
plusieurs demandes pour ce programme, même s'il n'est pas encore
lancé, notamment toutes les constituantes de l'Université du
Québec ou presque veulent se doter d'un tel organisme. Cela aussi
dénote un changement d'attitude dans les universités.
Mme Dougherty: Pour le projet Bio-
Méga pour les chercheurs d'Ayerst, il y a 25 500 000 $ qui
viennent d'où? De la SGF ou de votre ministère?
M. Paquette: Pour 50%.
Mme Dougherty: Pour les salaires de ces quelque 80
chercheurs...
M. Paquette: Les salaires, plus 50%. C'est pour cela qu'on a
hésité entre l'élément 2 et l'élément
3, dans le fond. On aurait pu aussi bien classer ce projet dans
l'élément 3. C'est à la fois un programme de soutien et
d'emplois scientifiques.
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: En même temps, une restructuration importante
qui consolide les activités de Bio-Méga, qui ont commencé
par l'acquisition de Bio-Endo, il y a à peu près un an, et qui
permet maintenant de doter Bio-Méga d'une autre unité, qui est
une société de recherche industrielle et de mise au point de
produits. En somme, Bio-Endo va devenir beaucoup plus l'agent de production et
de commercialisation du groupe et la Société de recherche
bio-industrielle regroupant les 85 chercheurs d'Ayerst va
devenir en quelque sorte la Société de recherche et de
développement. Ce n'est pas un département de Bio-Endo, c'est une
société distincte, parce qu'elle va à la fois
élaborer de nouveaux produits pour commercialisation par Bio-Endo, mais
elle va également offrir ses propres services à d'autres
entreprises et va retirer une part de ses bénéfices de cette
façon-là.
Quant aux 25 000 000 $ en cinq ans, cette année, il y a 4 500 000
$, comme vous le voyez; multiplié par cinq, en indexant les salaires,
cela donne à peu près 25 000 000 $ en fin de compte. Ce qu'on
paie, ce sont les salaires et 50% pour couvrir les avantages sociaux et autres
dépenses.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Quand on avait étudié en commission
parlementaire la formation de Bio-Endo, de mémoire, je me souviens
vaguement qu'il y avait une entente avec des chercheurs qui devaient faire la
recherche et qui bénéficiaient d'un pourcentage des profits pour
alimenter cela. Avec le fonds de 25 000 000 $, pour lequel ces gens-là
n'ont absolument rien à faire, s'il y a de nouveaux produits qui sont
mis sur le marché, quel sera l'impact? Autrement dit, est-ce que ces
gens-là qui avaient une entente spéciale aux fins de percevoir un
pourcentage des profits vont bénéficier indirectement d'une
activité pour laquelle ils n'ont absolument rien fait? Je crois
qu'à l'origine, on comptait sur ces chercheurs-là, mais il y a eu
une transformation radicale de la société. Je me demande si cette
entente avait été renégociée, parce qu'il me semble
que les règles du jeu ont changé radicalement depuis la formation
de la filiale de la Société générale de
financement.
M. Paquette: L'entente n'a pas été
renégociée, mais elle le sera peut-être. C'est à la
direction de la SGF et de Bio-Méga à en décider et,
évidemment, aux chercheurs impliqués dans Bio-Cel. Ce à
quoi vous faites référence, c'est l'entente qui lie Bio-Endo qui,
encore une fois, est l'entreprise de production et de commercialisation du
groupe Bio-Méga, et Bio-Cel, qui regroupe essentiellement des chercheurs
universitaires et dont le président est le Dr Fernand Labrie, du CHUL.
Cette entente est toujours maintenue. En fait, cette entente permet d'alimenter
le groupe Bio-Méga de recherches souvent de nature fondamentale qui sont
faites dans les universités, mais qui peuvent avoir des applications
commerciales. C'est une espèce de porte d'entrée au groupe
Bio-Méga pour les chercheurs universitaires qui, en retour,
reçoivent un pourcentage des bénéfices...
M. Fortier: Des subventions.
M. Paquette: ...alors que la Société de Recherche
bio-industrielle, qui regroupe les chercheurs d'Ayerst, est une entité
beaucoup plus appliquée. Ce n'est pas de là que vont venir les
idées nouvelles. C'est de là que vont venir, par exemple, la mise
au point des produits et la modification de certains produits. Il y a aussi de
la recherche appliquée qui va se faire dans la Société de
Recherche bio-industrielle. Vous voyez que ce sont deux fonctions tout à
fait différentes. Je pense que le groupe Bio-Méga prend de plus
en plus de cohérence. Il est en train de donner au Québec sa
première bio-industrie d'importance. Tout cela se tient très
bien. Évidemment, l'arrivée de la Société de
Recherche bio-industrielle va peut-être amener certaines modifications
à l'entente; je ne peux pas en préjuger, mais les deux ont leurs
fonctions propres et ont une fonction importante dans le développement
du groupe Bio-Méga. Évidemment, les compétences des deux
groupes sont très différentes aussi.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Jacques-Cartier et, par la suite, M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Mme la Présidente, est-ce que ce sera sur le
même sujet? J'aimerais profiter de l'occasion pour poser une question
supplémentaire.
La Présidente (Mme Harel): Oui, toujours à
l'élément 2 du programme 1. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai d'autres questions concernant les chercheurs
d'Ayerst et j'aimerais poursuivre.
M. Dussault: C'est le même sujet que je voulais traiter.
Étant donné que je n'ai pas encore parlé à cette
commission, Mme la Présidente, et qu'il y a une certaine alternance qui,
habituellement, existe à nos travaux, ne serait-il pas légitime
que ce soit mon tour?
M. Fortier: C'est cela qu'on a fait depuis le début. On a
alterné.
M. Dussault: Que je sache, M. le député d'Outremont
n'est pas encore devenu membre du Parti québécois. Il serait le
bienvenu, cependant, mais ce n'est pas encore fait.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay, un avis a été émis sur cette question
de l'alternance en commission. On nous a indiqué qu'il s'agissait d'une
alternance selon l'ordre de la demande
de parole et non pas selon l'ordre des formations politiques. Je dois
vous dire que Mme la députée de Châteauguay...
M. Dussault: De Jacques-Cartier, vous voulez dire.
La Présidente (Mme Harel): ...de Jacques-Cartier m'avait
indiqué...
M. Dussault: Cela non plus n'est pas fait.
La Présidente (Mme Harel): ...qu'elle voulait reprendre la
parole. Puisque c'est sur le même sujet, je vais l'inviter
immédiatement à prendre la parole sur l'élément 2
du programme 1 et je vais vous...
M. Dussault: J'ai une demande de directive, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): ...inviter sur le même
sujet à poser vos questions au ministre.
Oui, M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: Cela m'intrigue et même cela m'inquiète
un peu, ce que vous nous dites, à savoir que c'est un ordre d'alternance
à partir des droits de parole demandés. Est-ce qu'il faudra
dorénavant que nous vous fassions part de notre demande d'intervention
dès le début des travaux pour être certains que nous
conserverons notre droit d'alternance? Je trouve cela bizarre. J'ai
présidé des commissions pendant deux ans. Il me semble que
l'esprit n'a pas dû changer. C'est même moi qui ai demandé
au président de l'Assemblée nationale une directive sur la
question de l'alternance qui a été rendue dans les semaines qui
ont suivi et qui a reconnu ce droit strict à l'alternance entre les
formations politiques. Je suis intéressé, bien sûr, vous le
savez, parce que je veux prendre la parole, mais, au-delà de cela, il
m'est difficile d'accepter la décision que vous avez rendue. Je crains
que cela fasse jurisprudence. Ce n'est pas notre intérêt
d'accepter facilement comme cela ce que vous venez de me dire. (11 h 15)
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay, je vais vous référer à une directive
concernant l'ordre d'intervention des députés lors de
l'étude des crédits qui a été émise par le
Conseil en droit parlementaire, le 12 avril 1984. Cette directive, je vous la
résume très brièvement, mais je vais vous la citer,
indique que, puisque l'étude des crédits n'engendre pas
nécessairement de débat contradictoire et, considérant que
la règle de l'alternance veut que l'on accorde la parole à ceux
qui sont contre et ensuite à ceux qui sont pour, il semble difficile de
se référer à cette règle lors de l'étude des
crédits. On y fait référence du fait que, lors de
l'étude des crédits, rien dans nos règles de
procédure ne favorise les membres d'une formation politique par rapport
à une autre. On indique que c'est plutôt dans l'ordre où
les demandes de parole sont faites qu'on doit accorder la parole. Ce que je
vais vous inviter à faire, c'est d'entendre Mme la députée
de Jacques-Cartier et, immédiatement après, je vous donnerai la
parole. C'est pour l'étude des crédits.
M. Dussault: Cela s'applique strictement aux commissions pour
l'étude des crédits. Je dis "Ouf", Mme la Présidente, et
je concède volontiers mon droit de parole théorique à Mme
la députée de Jacques-Cartier.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Oui, c'est simplement pour faire remarquer que je
suppose que les parlementaires restent quand même les maîtres de la
procédure, qu'ils en sont - je ne sais pas comment vous les appelez -
les maîtres en droit?
La Présidente (Mme Harel): Le Conseil en droit
parlementaire, c'est une étude qui a été approuvée
par le Bureau du président de l'Assemblée nationale. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
M. Dussault: Ce serait pour combien de temps, Mme la
Présidente? Est-ce que cela veut dire 20 minutes?
La Présidente (Mme Harel): On nous indique
également que le temps de parole dont dispose chaque membre d'une
commission équivaut pour chaque élément de programme au
plus à 20 minutes, mais que le court laps de temps dont on dispose en
commission doit nous amener à veiller soigneusement à ce que
chacun puisse exprimer son point de vue. Je vais inviter Mme la
députée de Jacques-Cartier à le faire très
brièvement pour justement protéger votre droit de parole, M. le
député de Châteauguay. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. Ce qui m'inquiète, c'est l'avenir de
ces chercheurs. Vous avez consacré un certain montant pour cinq ans. Ils
sont un groupe de chercheurs et, chez Ayerst, il y avait un autre groupe qui
commercialise les produits. L'autre groupe est encore avec Ayerst et continue
son travail. Dans l'étude de faisabilité faite pour votre
ministère, je crois, on a examiné toutes sortes d'options. Dans
les conclusions, on indique que ce n'est pas réaliste
peut-être
d'envisager une rentabilité de cinq ans. J'aimerais citer deux ou
trois phrases: "On peut donc considérer qu'après dix ans la
société aura un catalogue de produits et de services relativement
important et que les activités commerciales déjà
entreprises pourront prendre un véritable essor. Il est donc important
que les partenaires s'engagent à long terme s'ils recherchent la
rentabilité commerciale du projet. Si on considère que les
revenus sont générés à partir de la sixième
année et identiques en dollars constants pendant cinq ans, il faut
générer des revenus de 19 400 000 $ annuellement pour atteindre
le point mort avec un taux d'actualisation de 5%." Je n'aimerais pas lire tout
cela, mais j'aimerais avoir votre réaction parce que je sais que, avec
la liaison avec Bio-Endo, cela pourrait peut-être devenir rentable plus
rapidement. Est-ce que vous avez prévu ce problème?
M. Paquette: Bien sûr, Mme la Présidente. Je dois
vous dire que cette étude Legault-Grisolle dont fait état la
députée de Jacques-Cartier a été commanditée
conjointement par le ministère du Commerce fédéral qui,
par la suite, nous a laissés tomber et nous avons dû
réévaluer complètement l'approche de Legault-Grisolle.
Nous l'avons fait avec la Société générale de
financement qui a une longue expérience de mise en route de projets
semblables et qui fonctionne sur une base commerciale. Je pense que le plan qui
nous a été soumis montre qu'il est possible de commencer à
obtenir des revenus dès la deuxième année. J'ai ici un
plan qui est confidentiel parce que c'est le plan de développement d'une
entreprise - je ne voudrais pas le rendre public - et, dès 1985, on
prévoit des fonds minimes générés par
l'exploitation, environ 100 000 $; cela augmente à la deuxième
année; cela augmente à la troisième et, pour la
quatrième année, on obtient un sommet qui rejoint le niveau de
subventions de mon ministère pour les salaires et les avantages sociaux
des chercheurs, de sorte que, l'année suivante, on peut, tout en
laissant une marge de fonds générés par l'exploitation
à l'entreprise, cesser la subvention du ministère.
Je pense que ces estimations sont réalistes. On les a
évaluées; c'est passé par tous les comités
ministériels, développement économique, Conseil du
trésor, et un protocole d'entente a été signé sur
cette base avec Bio-Méga et la Société
générale de financement, qui stipule qu'à la fin de cinq
ans la subvention du ministère de la Science et de la Technologie se
termine. Nous sommes confiants que cette entreprise pourra atteindre son
autofinancement à la fin des cinq années.
Évidemment, la raison pour laquelle nous subventionnons les
salaires, c'est qu'on ne peut pas demander à une entreprise de partir
avec 85 employés au départ. Normalement, les projets comme
celui-là se bâtissent au fur et à mesure. On commence par
engager 10 chercheurs la première année et, quand on voit la
productivité, cela augmente à 20, à 30 et finalement on
atteint le rythme de croisière quand on peut en assumer les coûts.
Parce qu'on avait 85 chercheurs à localiser, on trouvait important qu'il
y ait une subvention du ministère pendant cinq ans. On voulait trouver
le point où cette subvention pourrait cesser et, à notre
satisfaction, je pense qu'on peut affirmer que l'entreprise pourra
s'autofinancer dans cinq ans.
Évidemment, il y a toujours des risques à une telle
opération. C'est un nouveau domaine, c'est un domaine en pleine
expansion. Ce qui nous rend encore plus confiants, c'est la
créativité et la production scientifique du Québec. On a
déjà orienté vers Bio-Méga un ou deux projets
extrêmement intéressants - mais je ne voudrais pas entrer dans les
détails - et qui devraient permettre à Bio-Méga
d'autofinancer ses activités dans cinq ans.
Mme Dougherty: Alors, vous êtes optimiste?
M. Paquette: Oui.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay.
Les chercheurs de la compagnie Ayerst
M. Dussault: Merci, Mme la Présidente. Je remercie Mme la
députée de Jacques-Cartier d'avoir été brève
pour me permettre de recouvrer mon droit de parole. Je voudrais poser une
question au ministre relativement aux chercheurs qui ont été mis
à pied à la suite de la fermeture de la compagnie Ayerst par
suite de la consolidation des installations d'Ayerst aux États-Unis,
cela découlant de la politique fédérale sur les brevets
pharmaceutiques qui fait que la situation des chercheurs au Canada et au
Québec n'est pas très rose. Beaucoup de chercheurs ont donc
été mis à pied. C'est une question qui me préoccupe
parce que certaines de ces personnes ont communiqué avec moi très
tôt d'ailleurs. Je pense avoir été le premier a apprendre
la fermeture de cette compagnie. Un de ces chercheurs a communiqué avec
moi aussitôt qu'il a reçu la lettre l'informant de cela et j'en
avais fait part au gouvernement. Par la suite, j'ai dû suivre ce dossier
- vous le savez, M. le ministre, parce que je vous ai écrit
là-dessus et j'ai téléphoné à quelques
reprises au personnel de votre cabinet - et j'ai été à
même de constater l'intérêt que
vous portiez à la question. Je pense qu'au gouvernement, on vous
avait identifié comme le ministre responsable et capable de
régler le mieux possible ce problème-là.
Est-ce qu'il vous serait possible - à moins que vous ne l'ayez
fait, je n'ai pas pu suivre totalement les travaux de cette commission, je
pense que cela n'a pas été fait, selon les vérifications
que j'ai faites -de nous faire le point sur la situation maintenant à
l'égard de ces travailleurs d'Ayerst?
M. Paquette: Cela s'est produit en 1982; au cours de
l'été, le gouvernement a pris la décision de mettre sur
pied un comité de travail: Secrétariat de la science et de la
technologie avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
et le ministère des Affaires sociales. Lors de ma nomination, en
septembre 1982, on m'a confié la responsabilité de ce
comité. On a travaillé quelques mois pour en arriver à la
solution qu'il fallait regrouper les chercheurs d'Ayerst dans une nouvelle
entreprise; il était impensable de démanteler une équipe
comme celle-là et de la répartir entre divers projets.
En février 1983, j'ai annoncé lors d'une conférence
de presse, en même temps que je demandais au gouvernement
fédéral de modifier sa Loi sur les brevets, de l'amender
substantiellement ou de retirer l'article 41 en échange d'une commission
de surveillance des prix pour protéger les consommateurs. On dit, bien
que cela m'apparaisse nettement exagéré, que cela a
protégé les consommateurs. Enfin, les indications qu'on a, c'est
que cela a fait épargner aux consommateurs, en moyenne, au maximum 1 $
par année par consommateur au Canada depuis 1969, mais avec des effets
incalculables sur la recherche.
J'ai annoncé un plan de relocalisation des chercheurs d'Ayerst
qui impliquait la création d'une société conjointe avec un
appui financier des deux paliers de gouvernement. Je trouvais cela un peu
indécent. Je comprends que les deux paliers de gouvernement se partagent
à peu près les impôts des Québécois
moitié-moitié, mais je trouvais cela indécent que le
gouvernement ne fasse pas sa part et que le gouvernement fédéral
aussi ne fasse pas sa part puisqu'il était responsable de l'adoption de
cette Loi sur les brevets qui a amené le départ du service de
recherche d'Ayerst. Il y avait des solutions alternatives qui permettaient de
relocaliser une partie des autres chercheurs. Cette partie s'est relativement
bien réalisée.
À la suite de cela, on a commandité avec le gouvernement
fédéral l'étude Legault-Grisolle dont a fait état
la députée de Jacques-Cartier. Presque parallèlement
à cette étude, le gouvernement fédéral
annonçait le Centre canadien de biotechnologie à Montréal
après des pressions qu'on avait faites depuis un an. C'est un projet qui
est venu de notre ministère. On nous a dit: On ne travaillera pas
à mettre sur pied conjointement avec vous une entreprise; on va le
relocaliser au Centre canadien de biotechnologie. C'est là qu'on s'est
réorienté et on s'est dit: On va essayer d'en relocaliser la
moitié. Il faut vous dire que, sur les 228, il y en a une trentaine qui
ont suivi la compagnie au New Jersey, il en restait environ 168 à 170
à relocaliser. On a donc élaboré ce projet de
relocalisation de 85 chercheurs. Cela n'a pas été facile; on a
négocié avec l'Institut Armand-Frappier, avec la SGF. Finalement,
au moment où on se parle, la seule partie du mandat qui a
été réalisée, c'est la relocalisation des 85
chercheurs de Bio-Méga, plus un certain nombre d'autres chercheurs qu'on
a relocalisés ou pour lesquels on a créé des ouvertures
dans d'autres entreprises. La partie du gouvernement fédéral ne
s'est pas encore réalisée.
Ce qu'on peut penser actuellement - on est en train de regarder cela -
j'aimerais faire le bilan global à un moment donné, parce que mon
objectif dans tout cela était à la fois de maintenir la
capacité scientifique et technique du Québec dans ce secteur de
la recherche pharmaceutique qui se concentre surtout à Montréal,
mais, en même temps, il était psychologique, en ce sens de dire
à tout le monde et particulièrement aux jeunes qui sont aux
études et qui étaient insécurisés par cette
fermeture - on pense aux gens en pharmaceutique, en biochimie - de leur passer
le message très clair que, quand le Québec perdait des emplois
scientifiques, il pouvait se retourner et en créer autant sinon plus.
(11 h 30)
Quand on aura fait le décompte des chiffres pour l'année
1983, on se rendra compte que s'il y a eu le départ des chercheurs
d'Ayerst, il y aura eu création d'emplois dans le même secteur
pour un nombre à peu près équivalent. Mais je dois dire
que, dans cette entreprise, pour obtenir ce résultat, ce sera difficile
d'y arriver si, comme cela semble être le cas maintenant, le gouvernement
fédéral n'engage aucun des chercheurs d'Ayerst à son
centre canadien comme il s'y était engagé envers nous. À
ma connaissance - et j'en ai parlé au directeur du Centre canadien de
biotechnologie récemment - il n'a engagé aucun des chercheurs
d'Ayerst jusqu'à maintenant.
M. Dussault: Dois-je donc comprendre que, pour la part de
responsabilités que nous avions accepté de prendre pour le
placement de ces chercheurs, nous avons rempli notre dossier et qu'à
toutes fins utiles à peu près tout le monde a été
placé, mais qu'il reste
maintenant à placer ceux qui...
M. Paquette: Ceux que le gouvernement fédéral
s'était engagé à replacer. Cependant, une partie de
ceux-ci ont pu bénéficier des nouvelles ouvertures que nous avons
faites à Bio-Endo, à Bio-Recherche et dans d'autres secteurs
reliés où leur compétence pouvait être mise à
profit. Je pense qu'on aura à en relocaliser plus de la moitié.
On en a relocalisé aussi une partie à l'Institut Armand-Frappier.
Donc, on aura relocalisé plus de la moitié des chercheurs
d'Ayerst qui étaient disponibles et je pense qu'il faut inviter le
gouvernement fédéral à remplir ses obligations. On l'a
fait à plusieurs reprises.
M. Dussault: En concluant, Mme la Présidente, je dois vous
dire, M. le ministre, que la perception que j'ai du travail qui a
été fait par notre gouvernement à partir de ce que
certaines personnes m'ont dit parmi ces chercheurs, c'est qu'il y a une grande
satisfaction du travail qui a été fait par votre ministère
et par vous, M. le ministre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Sur le même sujet, M. le ministre. Quel est le
statut de ces personnes? Sont-elles considérées, à
Bio-Endo ou ailleurs, comme de nouveaux employés ou si on leur a garanti
les années d'ancienneté qu'elles avaient ailleurs? Autrement dit,
est-ce que leur statut en est un de nouveaux employés dans une nouvelle
entreprise ou dans une entreprise existante? Leur a-t-on garanti un emploi
indéfiniment? Autrement dit, je crois que cela a été une
initiative heureuse de la part du gouvernement de faire ce qu'il a fait, mais,
dans un sens, je m'inquiétais du fait que, par une intervention qui est
peut-être la meilleure dans les circonstances, on ait donné des
garanties trop formelles, parce que, dans ce genre de choses, dans cinq ans
d'ici, si les résultats ne sont pas là, il ne faudrait pas que
ces gens croient qu'il y a une garantie éternelle d'emploi dans un
secteur donné parce qu'on a déterminé que c'était
un secteur prioritaire. Je me demandais quelles étaient les garanties ou
quel était le statut qu'on a donné à ces gens, un statut
permanent ou quasi permanent, des garanties informelles ou ce genre de choses.
Ma deuxième question a trait à ce que le ministre nous disait
tout à l'heure, à savoir qu'il espérait que, dans cinq ans
d'ici, les résultats seraient probants, et qu'on aurait eu raison
d'engager un si grand nombre de chercheurs d'un seul coup, alors que,
normalement, comme le ministre l'a dit, on procède par petits nombres.
Dans quelle mesure a-t-il été possible d'avoir dès le
départ un programme structuré? Combien cela va-t-il prendre de
temps pour que tous ces gens-là produisent vraiment? J'imagine qu'il
doit y avoir au début un manque de productivité qui provient du
fait qu'on a procédé à l'embauche de ces gens sur une base
massive et non pas sur la base qui aurait été requise si on avait
procédé par étapes, selon un plan
prédéterminé de recherche.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Paquette: D'abord, en ce qui concerne la permanence des
employés, il faut bien comprendre que les chercheurs d'Ayerst sont des
chercheurs industriels. Ce sont des chercheurs d'une entreprise. Ils n'avaient
pas de permanence assurée avant et ils n'en ont pas plus maintenant. On
n'a pas appliqué le régime universitaire aux activités de
Bio-Méga. C'est une entreprise commerciale, mais qui est dans le domaine
public, puisque c'est une filiale de la SGF. D'autre part, on leur a offert des
conditions de travail tout à fait équivalentes à ce qu'ils
avaient auparavant. En termes de salaire, il n'y a pas eu de perte ni
d'avantages sociaux de leur côté, mais, évidemment, il n'y
a pas de permanence, ce qui veut dire que, si un chercheur, dans deux ou trois
ans, se révèle non productif, il peut être
congédié par l'entreprise.
Quant au fait de lancer une entreprise avec une masse aussi importante
de chercheurs dès le départ, cela a des inconvénients et
des avantages. Cela a des inconvénients en ce sens que c'est une masse
très lourde à supporter pour l'entreprise au début, avant
que les chercheurs produisent et rentabilisent leur propre salaire. C'est la
raison pour laquelle nous octroyons une subvention. Autrement, on ne l'aurait
pas fait, si l'entreprise avait pu les engager petit à petit.
Évidemment, ce n'était pas possible parce qu'on ne voulait pas
perdre ce potentiel scientifique et technique.
Quant aux avantages, c'est que vous avez là une équipe de
gens qui sont habitués à travailler ensemble, qui sont
structurés... Quand on parle du plan Legault-Grisolle, il y a une bonne
partie des idées qui sont là-dedans qui proviennent des
chercheurs d'Ayerst eux-mêmes, qui ont contribué à
l'étude, d'autres viennent de gens de l'Institut Armand-Frappier,
d'autres proviennent de gens du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Enfin, on a regroupé un peu ce qui paraissait être les tendances.
Depuis leur relocalisation dans Bio-Méga, les chercheurs sont à
parfaire le plan de développement. Mais comme c'est un dossier sur
lequel on travaille depuis des mois, il n'y aura pas trop de distance entre la
date de leur entrée en fonction et le moment où les chercheurs
vont commencer à produire.
En fait, on peut prévoir que, dès la construction des
nouveaux laboratoires, les plans de recherche et de travaux seront faits et que
les chercheurs commenceront à produire, ce qui permet déjà
de prévoir, dès 1985, certaines rentrées de fonds.
M. Fortier: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude du
programme 2 est terminée? Mme la députée, sur
l'élément 2?
L'industrie pharmaceutique
Mme Dougherty: À l'élément 2, ma question
portera sur les brevets, sujet qui est relié à toute la question
de l'industrie pharmaceutique. Donc, cela fait partie de
l'élément 2, je crois.
En ce qui concerne les brevets, vous savez que nous sommes allés,
trois députés libéraux, à Ottawa pour discuter avec
le ministre Ouellet, quand il était le ministre responsable, pour
l'encourager à faire quelque chose pour améliorer la
situation.
M. Paquette: II y a là une commission d'étude.
Mme Dougherty: Oui, et nous sommes d'accord avec vous dans cette
affaire. Ensuite, nous avons rencontré M. Ouellet une deuxième
fois et il a partagé notre avis sur les six options
suggérées pour la solution du problème.
Vous êtes au courant de ces options...
M. Paquette: Oui.
Mme Dougherty: ...le statu quo, le taux de redevance variable, la
période d'exclusivité commerciale, l'exemption sélective
et l'abolition des licences obligatoires. Donc, il y avait cinq options. Est-ce
que vous avez proposé une option précise au gouvernement
fédéral? Dans vos déclarations, vous parlez du
prolongement du temps de protection. Le temps de protection demandé par
l'industrie est de 17 ans, je crois. Est-ce que vous avez déjà
choisi une des options ou si vous avez appuyé uniquement le
principe?
M. Paquette: Mme la députée, je pense que c'est un
point extrêmement important. D'abord, le statu quo n'était pas
l'une des options retenues par M. Ouellet. Je pense que c'est important de le
souligner.
Mme Dougherty: Enfin, il y avait trois choix.
M. Paquette: Oui, c'est cela. Il y avait trois choix. Donc, M.
Ouellet envoie une lettre en juin 1983 au premier ministre
Lévesque, lui disant: Nous allons modifier la Loi sur les
brevets. Nous entreprenons une vaste consultation dans tout le Canada et
auprès des gouvernements provinciaux pour savoir comment on va la
modifier. On nous propose trois options. Il y a le taux de redevance variable -
c'est dans une note qui provient du ministère de la Consommation et des
Corporations du Canada, du 27 mai 1983 c'est-à-dire qu'on pourrait
continuer à accorder des licences aux compagnies qui copient des
médicaments originaux, mais le taux de redevance serait fixé en
fonction des activités de recherche et de développement
effectuées au Canada par le titulaire du brevet.
D'autre part, marché exclusif. Là, on donnerait un nombre
précis d'années qui devraient s'écouler après
l'introduction d'un médicament sur le marché avant qu'un
fabricant puisse se prévaloir du régime des licences obligatoires
à l'importation. Donc, il y aurait une période de marché
assuré pour les titulaires de brevets, donc les compagnies innovatrices,
donc les compagnies québécoises.
Troisième option: une protection sélective contre les
licences obligatoires. C'est-à-dire que les sociétés qui
s'engageraient à réaliser une performance particulière et
à respecter certains principes en matière de prix pourraient
être protégées contre l'octroi de licences à
l'importation. Le non-respect de ces engagements mettrait fin à la
protection pour les compagnies innovatrices.
D'abord, je dois vous dire que la première option nous
paraît la moins acceptable si elle n'est pas combinée avec l'une
des deux autres, parce qu'elle n'offre pas de protection suffisante. On
maintient encore une fois cette pratique que vous investissez des millions dans
la recherche et le développement et que vous n'êtes pas
propriétaire de vos découvertes. Cela n'existe nulle part dans le
monde. D'ailleurs, dans le même document, M. Ouellet dit que le Canada
est le seul à appliquer une telle politique. Cela explique le
départ d'une compagnie comme Ayerst et cela explique que plusieurs
entreprises ralentissent leurs investissements; cela va nuire au
développement de Bio-Méga aussi, si elle commence à faire
des médicaments et cela va nuire à toute entreprise, qu'elle soit
québécoise, canadienne ou multinationale, quel que soit son
statut, car cela va les désintéresser à faire de la
recherce au Québec ou au Canada.
Donc, on a fait une proposition qui combine en quelque sorte les deux
autres options en ne retenant pas l'idée d'un taux de redevance variable
et de licence obligatoire, autrement dit. Notre proposition s'articule en trois
dimensions. La première dimension est qu'une protection obligatoire
de cinq ans serait accordée aux détenteurs de brevet, sans
condition; c'est-à-dire qu'on laisse aux compagnies innovatrices un
avantage de cinq ans pour s'implanter sur le marché avant qu'on puisse
copier les médicaments. On accorderait une protection additionnelle de
sept ans à certaines conditions: que l'entreprise investisse plus de 7%
de son chiffre d'affaires au Canada - on est obligé de dire "au Canada";
si on était souverain, on dirait "au Québec" - qu'elle exporte
plus de 12% de son chiffre d'affaires ou encore qu'elle produise le principe
actif du brevet au Canada et, encore là, si on était souverain,
on dirait "au Québec". Cela viendra.
Troisième condition: l'accord des compagnies à la
participation à une commission fédérale-provinciale de
surveillance des prix des médicaments. Encore là, si on
était souverain, on dirait "une commission québécoise";
là, on est obligé de dire "une commission
fédérale-provinciale qui respecte les juridictions du
Québec".
Voilà notre position, je pense qu'elle est acceptable, elle
protège les consommateurs, elle permet quand même les
activités des entreprises de génériques, mais elle a un
parti pris résolu pour l'innovation, pour la recherche qui, pour une
fois, se fait au Québec plutôt qu'en Ontario, un parti pris pour
les entreprises québécoises par rapport aux entreprises de
génériques qui sont majoritairement concentrées en
Ontario. Je pense que c'est une position tout à fait acceptable et il
est étonnant que le gouvernement fédéral, après la
consultation qu'il a faite, après les centaines de mémoires qu'il
a reçus, à la suite de la prise de position des divers
gouvernements provinciaux, décide de noyer le poisson par une commission
d'étude d'une seule personne, un Ontarien par surcroît, qui rendra
son rapport après les élections.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 2 est-elle terminée? (11 h 45)
M. Paquette: Je suis heureux de l'appui du Parti libéral
sur cette question. Je considère qu'il n'y a pas nécessairement
un appui sur les modalités que je viens de proposer, mais sur le
principe d'une modification substantielle de la Loi sur les brevets.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Mme la Présidente, toujours sur cette
question des brevets, je me rappelle avoir dû représenter le
ministre Biron comme adjoint parlementaire à l'inauguration d'un
agrandissement substantiel d'une bâtisse de la compagnie Burroughs dans
l'ouest de Montréal, qui est une compagnie de fabrication de produits
pharmaceutiques. Je me rappelle qu'à cette occasion, le ministre Ouellet
était présent pour représenter le gouvernement
fédéral. Je me rappelle très bien qu'il avait tenu des
propos qui, de toute évidence, ont laissé croire à tout le
monde que, dans de brefs délais, il y aurait une correction à
cette situation et qu'on allait enfin rendre justice aux producteurs de
produits pharmaceutiques et aux chercheurs, à ceux qui permettent de
faire avancer la science et le bien-être des citoyens.
Il s'est passé des mois et des mois et on se retrouve maintenant
avec un comité par surcroît...
M. Paquette: C'est pour gagner du temps.
M. Dussault: Moi aussi je suis porté à penser que
ce qui se passe présentement, c'est une technique pour gagner du temps,
mais, quand on emploie l'expression "gagner du temps", on veut dire qu'il y a
des gens qui ont intérêt à gagner du temps. Je me dis que
cela n'a pas de bon sens. Je voulais demander au ministre si, effectivement, il
croyait à l'utilité d'un tel comité. Le ministre a
très bien répondu à cette question et j'ai terminé,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 2 étant terminée...
Mme Dougherty: Est-ce qu'on pourrait passer à
l'élément 3?
Soutien à des projets de développement
scientifique et technique
La Présidente (Mme Harel): ...j'appelle l'étude de
l'élément 3.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Simplement des explications. On a ici deux
projets, SMIS Silicart, pour un budget de quelque 2 000 000 $. Voudriez-vous
expliquer SMIS? Est-ce le Centre CAO-FAO avec un réseau qu'on va
créer...
M. Paquette: Oui. La SMIS, c'est la Société de
micro-électronique industrielle de Sherbrooke. C'est un projet de
fabrication de micro circuits hybrides à couche épaisse, si cela
vous dit quelque chose, mais c'est une des technologies qui est importante en
micro-électronique et qui consiste à fabriquer des puces sur
mesure, principalement pour des applications en petites séries.
Le projet Solicart c'est un autre projet dans le domaine des puces, des
microcircuits, de la micro-électronique. Il s'agit là d'une
autre technique de circuits à très haute
intégration qui vise d'autres types de marchés, par exemple des
marchés de microordinateurs domestiques ou d'appareils à grande
circulation. Ces deux projets proviennent du fonds d'incitation de 15 000 000 $
de l'année dernière. Autrement dit, ces projets ont
été mis de l'avant grâce à l'aide du fonds de 15 000
000 $ et se retrouvent maintenant à l'élément 3 du
programme, parce que c'est la suite de subventions qui ont été
versées l'année dernière.
Le projet SMIS, c'est en fait l'acquisition, par la
Société de microélectronique industrielle de Sherbrooke,
d'équipements de conception assistée par ordinateur qui
permettent de fabriquer des microcircuits à l'intention de l'industrie
et également de développer des activités de recherche.
Ce centre sera relié au réseau CAO-FAO, au Centre de
production automatisée, mais comme le centre n'était pas encore
pleinement en opération, on l'a financé à même le
budget du ministère.
Quant au projet Silicart, c'est un projet extrêmement
intéressant. On a là une collaboration entre une entreprise
québécoise, qui est Silicart, et une entreprise américaine
de la région de Boston, qui s'appel Thinking Machine Corporation, et qui
regroupe tous les grands noms de l'intelligence artificielle aux
États-Unis. Ils sont en train de développer la prochaine
génération d'ordinateurs. L'entente permet d'assurer ' au
Québec certaines retombées de ce projet, soit
l'élaboration d'un compilateur de silicium, qui est un programme de CAO,
programme de conception assistée par ordinateur là aussi, un
programme extrêmement novateur, dont Thinking Machine a besoin, mais dont
Silicart aussi a besoin pour fabriquer ses circuits qu'elle va vendre par la
suite à diverses entreprises et peut-être à Comterm-Bytec
notamment. Il s'agit de deux projets dans le même champ, mais avec des
méthodes et des marchés différents qui permettent une
première percée du Québec dans le domaine de la
micro-électronique. Il n'y avait rien avant au Québec. Il n'y
avait pas de conception de fabrication de microcircuits qui se faisait.
Maintenant, on a deux entreprises purement québécoises qui sont
à la pointe du développement dans ce domaine et qui vont assurer
une base de développement de la micro-électronique au
Québec.
Mme Dougherty: Sur la SMIS, vous avez ici un budget de 146 000 $
pour l'année courante, l'année 1984-1985, mais je crois qu'on
prévoit - je ne sais pas si c'est pour le centre à Sherbrooke ou
le réseau des centres - un budget de fonctionnement de 1 000 000 $ et 6
000 000 $ pour l'achat de l'équipement. D'où viennent ces
crédits? Dans les documents, je ne vois pas les 6 000 000 $ et le 1 000
000 $ de fonctionnement par année. Est-ce que c'est subventionné,
appuyé par un autre ministère?
M. Paquette: Ce n'est pas dans cet élément que vous
allez trouver le montant concernant l'établissement du Centre de
production automatisée, le centre CAO-FAO. On va changer le terme, soit
dit en passant, parce que les gens ne comprennent pas. C'est l'informatique
appliquée à la production. D'accord?
Mme Dougherty: Oui.
M. Paquette: L'informatique appliquée à la
production dans le textile, dans la microélectronique, etc. C'est un
réseau d'une douzaine de centres spécialisés qu'on veut
mettre sur pied, chacun dans un secteur: application de l'ordinateur à
la production dans le textile ou dans d'autres secteurs. Ce centre, à
quel élément le retrouvez-vous, M. le sous-ministre?
Une voix: À l'intérieur des 15 000 000 $.
M. Paquette: À l'intérieur des 15 000 000 $,
à l'élément 4. Le projet SMIS, lui...
Mme Dougherty: CAO-FAO, ce centre fait partie des six centres de
recherche...
M. Paquette: C'est un septième centre. Mme Dougherty:
C'est septième.
M. Paquette: Oui. Si vous voulez, on en parlera tantôt.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Paquette: Je veux simplement vous dire que la SMIS, le projet
SMIS, c'est un des centres qui sera relié au réseau; comme il
était prêt avant les autres et que le réseau n'était
pas prêt, on a décidé d'être très pragmatique.
Contrairement à ce que font généralement des
fonctionnaires dans beaucoup de secteurs, où on se dit: On va attendre
d'avoir notre plan global pour fonctionner, on s'est dit: ce centre-là
est un élément clé du réseau CAO-FAO; on va lui
donner son coup de pouce tout de suite.
Dans le budget 1983-1984, on a fait une subvention de 975 000 - 400 000
$ sur notre budget et 575 000 $ sur le budget du fonds régional de
l'OPDQ - pour financer l'acquisition des équipements de conception
assistée par ordinateur par la SMIS. Les 146 000 $ que vous avez, c'est
un résidu qui se poursuit en 1984-1985, qui touche, je
pense, les frais d'entretien et de fonctionnement de l'appareil. Cela va
être récurrent probablement pendant une couple d'années. On
peut le retrouver, si vous voulez.
Mme Dougherty: L'autre entreprise, Silicart, où se
trouve-t-elle?
M. Paquette: Silicart s'est établie à
Montréal, je pense que c'est à la Place Jacques-Cartier
d'ailleurs. C'est un coin pas mal amusant. C'est cela. Elle est à la
place Jacques-Cartier. On est en train de s'installer et de mettre en route les
équipements qui sont des appareils comment les appelle-t-on? mais peu
importe - les "symbolic machines". On est en train de mettre cela sur pied.
Mme Dougherty: Silicart, selon l'explication que nous avons eue,
en 1983-1984, a reçu 2 000 000 $. Est-ce que cela fait partie de l'autre
budget?
M. Paquette: Non. Elle a reçu, en 1983-1984, 1 500 000 $
au 1er février 1984 et il y a un budget de 2 000 000 $ qui est
prévu dans les crédits 1984-1985 et réparti comme suit:
une subvention de 500 000 $ un prêt-subvention de 500 000 $,
c'est-à-dire un prêt à redevance, une souscription au
capital-actions de 1 000 000 $ en deux tranches de 500 000 $. C'est parce que
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
qui aurait dû s'impliquer normalement dans ce dossier, n'était pas
encore en route. Encore là, on s'est dit: On va le prendre au budget du
ministère et le transférer à l'AQVIR. Là,
évidemment, le conseil d'administration de l'AQVIR va décider
s'il prend le projet à son compte. Notre intention serait de le
transférer, si l'AQVIR est d'accord. C'est vraiment un projet de
recherche-innovation et qui peut donner des rentrées
intéressantes. Le principe de l'AQVIR, c'est justement de faire des
prêts à redevance ou de souscrire du capital-actions et,
après cela, de retirer une part d'autofinancement qu'elle peut
réinjecter dans d'autres projets par la suite.
Si vous voulez l'implication globale, je l'avais annoncée en
conférence de presse, il y a des implications pour trois ans.
Mme Dougherty: Nous avons reçu une feuille...
M. Paquette: Vous l'avez? Très bien.
Mme Dougherty: ...qui explique le projet Silicart. On parle de 2
000 000 $ pour l'année 1983-1984, de 1 500 000 $ pour l'année
courante, pardon, 2 000 000 $ de votre budget que nous avons reçu, pas 1
500 000, et 500 000 $ pour l'année suivante. Est-ce que c'est cela?
M. Limoges: C'est exact, sauf qu'en 1983-1984 nous
prévoyions qu'il y aurait une prise de capital-actions de 500 000 $
à la date du 30 mars. Le rythme d'implantation de l'entreprise a fait
que les documents qui devaient être fournis par l'entreprise n'ont pas
été fournis en fait au 30 mars. C'est pourquoi, on va bel et bien
dépenser 2 000 000 $ en 1984-1985 et non pas 2 000 000 $ en
1983-1984.
Mme Dougherty: D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Sur Silicart, j'aurais deux questions. La
première: Qui sont les propriétaires de Silicart? La
deuxième, le programme de 4 000 000 $ par lequel vous allez financer ce
programme de recherche que vous avez défini sommairement tout à
l'heure, est-ce que vous en financez 90%, 95%, et quelle est la part de
l'entreprise? J'avais comme l'impression, en regardant cela dans les journaux
l'autre jour, que le gouvernement finançait en pratique la très
grande partie du coût du programme.
M. Paquette: Le coût total du projet est de 12 000 000 $.
Une partie est financée par les revenus propres
générés par l'entreprise, une autre partie par la mise de
fonds des actionnaires et le gouvernement du Québec s'engage pour 5 000
000 $, le ministère de la Science et de la Technologie, ou l'AQVIR, si
elle décide de le reprendre, pour 4 000 000 $. La Société
de développement industriel, par son programme PARIQ, peut
également subventionner un volet du projet pour 1 000 000 $.
L'implication totale du gouvernement du Québec et de ses organismes
associés est donc de 5 000 000 $ sur les 12 000 000 $ prévus pour
le développement du projet.
M. Fortier: Pour ce genre de programme, est-ce que - je ne sais
pas - le
Conseil national de la recherche ou des agences fédérales
peuvent...
M. Paquette: II y a une subvention fédérale qui est
prévue, je ne sais pas si l'entreprise l'a obtenue, de 1 200 000 $.
M. Fortier: Ce qui voudrait dire...
M. Paquette: C'est à peu près pour moitié
les fonds publics.
M. Fortier: Les deux niveaux de gouvernement pourraient financer
jusqu'à peu près 50% du programme.
M. Paquette: Ce n'est pas inhabituel, en ce sens qu'il y a
beaucoup de recherche et de développement dans ce projet. Il y a de la
recherche...
M. Fortier: C'est un domaine très risqué. (12
heures)
M. Paquette: C'est un domaine très risqué. Par
contre, c'est un domaine où il est important d'investir, surtout quand
on a la collaboration d'une entreprise comme celle de Thinking Machine de la
région de Boston, cela nous place déjà à la pointe
du progrès dans ce domaine-là.
M. Fortier: Je crois que le président...
M. Paquette: Vous m'avez demandé les actionnaires. Il y a
trois actionnaires actuellement, mais c'est en train de changer.
M. Fortier: Est-ce que Thinking Machine des États-Unis est
actionnaire de l'entreprise?
M. Paquette: Non, il y a des membres de Thinking Machine qui
étaient également dans la société... C'est le
même groupe qui a mis en route le système programmable Logo, qui
est une compagnie qui...
M. Fortier: Je ne sais pas si c'est le même groupe, mais
une des personnes était la même.
M. Paquette: C'est le même groupe qui a mis en route...
Évidemment, depuis la fondation du système programmable Logo,
d'autres actionnaires se sont insérés. Le président est M.
Guy Montpetit, il y a un actionnaire du nom de M. René Paris, un autre
actionnaire est...
M. Fortier: Michel Paré.
M. Paquette: Michel Paré... Vous les avez?
M. Fortier: Je connais M. Michel Paré, mais les autres, je
ne les connais pas. Je me demandais quels étaient les actionnaires.
M. Paquette: Un autre est M. Primeau. L'actionnaire majoritaire
est M. Guy Montpetit, le fondateur du système programmable Logo.
M. Fortier: Deuxième question, d'une façon
générale, pas sur Silicart, dans la revue "Les Affaires" du
samedi 7 avril, sur la technologie justement, il y a un article intitulé
"Les subventions à la haute technologie se diversifient". C'est toujours
la même chose. Votre gouvernement et votre ministère
s'intéressent au domaine et créent de nouveaux types de
subventions. Le gouvernement fédéral fait la même chose; la
SDI fait la même chose, et tout cela vient d'une personne, qui nous veut
du bien. Finalement, on augmente la complexité des subventions.
L'article dit justement ceci, c'est une enquête par le Conseil de
l'industrie électronique du Québec: De nombreux répondants
ont souligné, par contre, que la complexité des modalités
des formulaires de demande requérait près de 50 heures et une
moyenne de cinq rencontres avec des fonctionnaires. Dans la mesure où
cette complexité qui vient d'une part de subventions qui peuvent venir
de la SDI, de votre ministère, de l'AQVIR, du gouvernement
fédéral, du Conseil national de la recherche, tout cela devient
très complexe, on s'adresse à la petite et à la moyenne
entreprise et, finalement, si c'est trop complexe, on n'atteindra pas
l'objectif visé. Autrement dit, dans le but d'aider on va rendre la
machine tellement compliquée que la petite et la moyenne entreprise vont
dire: Si c'est trop compliqué, on ne le fera pas.
Je me demandais si votre ministère, dans un esprit de
collaboration avec les petites et moyennes entreprises, pensait à
diminuer peut-être la complexité de ses propres formulaires et,
d'autre part, à produire une documentation qui regrouperait toute cette
aide qui vient d'un peu partout et même du gouvernement
fédéral et qui résumerait, pour les petites et moyennes
entreprises, les différents types de subventions dans un langage
simplifié qui leur permettrait de voir dans un coup d'oeil quel genre
d'aide elles peuvent recevoir.
M. Paquette: M. le député, je voudrais d'abord vous
dire qu'il y a une façon très simple et radicale de
réduire la complexité, c'est de rapatrier tous les pouvoirs
d'Ottawa au Québec.
M. Fortier: Je suis certain que, si vous faites cela dans un
avenir assez rapproché, il y aura différents ministères
qui vont faire la même chose qui se faisait avant. On va se retrouver au
même point.
M. Paquette: Cela réduirait le nombre de programmes de
moitié puisque tout programme québécois est doublé
par un programme fédéral et vice versa ou à peu
près, avec des modalités légèrement
différentes. Cela devient un fouillis incroyable. Je veux simplement
vous dire que mon ministère n'augmente pas le fouillis, mais contribue
à le réduire, en ce sens qu'il n'a pas de programmes
normés et qu'il n'a pas de formulaires. Nous sommes à
l'affût de projets novateurs que nous choisissons très
sélectivement. Vous voyez qu'il n'y en a pas beaucoup. Silicart est un
projet d'avenir.
M. Fortier: Vous commencez; plus ça va aller, plus vous
aurez de nouveaux programmes.
M. Paquette: On défend mordicus le fait qu'il y ait
quelque part au gouvernement, pour encourager le développement
scientifique et technologique, un ministère qui n'ait pas de programmes
normés. C'est pour cela qu'on a gardé un fonds, la provision pour
augmenter tout crédit à l'élément 6. C'est pour
cela que, dans l'AQVIR aussi, les règles seront très
ténues. L'AQVIR fonctionne sur le même modèle,
c'est-à-dire qu'elle recherche des projets sélectifs qu'on
évalue au mérite en s'aidant de toute l'expertise possible.
Deuxièmement, on contribue à réduire la
complexité en ce sens que, lorsqu'on a découvert un tel projet,
on agit comme agent coordonnateur et on va piger dans d'autres programmes des
budgets complémentaires qui s'ajoutent aux nôtres pour assurer le
démarrage du projet. C'est ce qu'on a fait dans Silicart avec la SDI. On
a mis à un moment donné autour de la table tous les gens
impliqués dans le projet et on a déterminé une structure
d'aide financière au projet.
Finalement, au sujet de l'informatiqn quant aux divers programmes, nous
sommes effectivement à préparer une brochure
intégrée disant ce que peut faire le MST, ce que peut faire le
CRIQ, ce que peut faire la SDI, enfin, pour les programmes
québécois, et probablement qu'on inclura également ce que
peuvent faire les programmes fédéraux aussi.
M. Fortier: Dans l'un des programmes que vous avez pour
l'embauche de chercheurs dans l'entreprise, il y a un programme semblable au
fédéral, qui est différent malheureusement. À
chaque fois qu'on parle à la petite et à la moyenne entreprise
manufacturière, pas seulement dans le domaine de la recherche, mais dans
d'autres domaines, on s'aperçoit qu'elles sont réellement
dépourvues face à tous ces nombreux programmes qui existent au
fédéral et au provincial. Votre ministère pourrait
certainement apporter une aide en fournissant une information
intégrée qui aiderait la petite et la moyenne entreprises
à aller chercher l'argent qu'elles peuvent aller chercher une fois
qu'elles l'ont déterminé et de comprendre dans quelle direction
elles peuvent aller.
M. Paquette: Je suis tout à fait d'accord. La brochure est
en voie de rédaction, à ce qu'on me dit, au ministère.
M. Fortier: Dans le moment, j'ai l'impression que vous n'avez
intégré que les programmes québécois du
gouvernement du
Québec.
M. Paquette: Le sous-ministre me dit qu'on va intégrer les
deux. Ce sur quoi on travaille, c'est à une intégration de tous
les programmes.
M. Fortier: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Puisque nous parlons de CAO-FAO
et de l'informatique dans la production, comme vous le souligniez tantôt,
j'aimerais savoir si vous avez pu en évaluer l'incidence sur le niveau
de l'emploi dans certains secteurs, je pense en particulier au textile. On dit
généralement que, d'ici les cinq prochaines années, c'est
environ 30 000 emplois qui disparaîtraient dans l'industrie du textile
à la suite de l'introduction de l'informatique dans la production.
Êtes-vous en mesure de nous confirmer ou de nous infirmer ces
chiffres?
M. Paquette: Vous soulevez là un autre
élément très important du mandat du ministère, qui
est de voir aux impacts sociaux du développement technologique. C'est un
sujet auquel j'attache personnellement énormément d'importance.
La réponse à cette question, c'est qu'évidemment vous ne
trouverez pas d'argent dans les crédits sauf que, en recourant au fonds
d'incitation, on a pris des projets pour diffuser l'information et faciliter
une prise de conscience face au bouleversemnent du marché du travail qui
s'en vient, non seulement dans le textile, mais dans presque tous les secteurs
économiques, à cause de l'introduction de l'informatique dans la
production et dans les services.
La réponse est en train de s'élaborer au sein des travaux
de la conférence sur la micro-électronique et l'informatique dont
j'ai parlé hier dans mon énoncé d'ouverture.
En ce qui concerne les travaux plus particulièrement, la
commission 2, qui s'occupe de l'impact de l'informatique dans les autres
secteurs économiques que l'informatique, l'introduction et l'impact, a
décidé de s'attacher en priorité notamment au secteur du
textile et au secteur des services de santé. Elle va procéder
secteur par secteur.
L'étude la plus intéressante que j'ai vue jusqu'à
maintenant et qui est d'ailleurs sur la table de cette commission qui doit
faire le bilan et proposer des voies d'orientation à la
conférence, c'est une étude commandée pour le Bureau de la
statistique du Québec, qui a été élaborée
par les professeurs Julien et Thibaudeau, dans laquelle ils examinent l'impact
des technologies sur trois secteurs: les pâtes et papiers, le textile et
les banques et caisses populaires. Je ne pourrais pas
présentement, parce que je n'ai pas le chiffre en tête,
vous dire si c'est 30 000... Quand on dit 30 000, il faut relativiser, car,
quand on donne un chiffre comme cela, de 30 000 - je ne sais pas si c'est 30
000, 20 000 ou 40 000 - cela veut dire qu'on pourrait, lorsque toutes les
technologies auraient été introduites, faire le même
travail avec 30 000 personnes de moins, c'est cela que ça veut dire.
Cela ne veut pas dire qu'il y a 30 000 pertes d'emplois. Cela veut dire que,
s'il n'y a pas augmentation de la productivité et augmentation de la
production et des ventes, s'il n'y a pas réorientation de travailleurs
dans d'autres secteurs de l'entreprise, autrement dit s'il n'y a rien qui se
passe, il pourrait y avoir 30 000 emplois touchés.
J'aimerais que vous vous référiez à cette
étude, je pourrais d'ailleurs vous en faire parvenir copie, si vous le
désirez.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont, sur le même sujet?
M. Fortier: Oui. Seulement un commentaire. Je crois que c'est
sûr qu'il y a un impact direct sur la qualité de la main-d'oeuvre.
Le meilleur exemple, c'est peut-être la nouvelle aluminerie à
Laterrière, où le personnel va être bien différent,
parce qu'il s'agit d'une usine qui va être automatisée et
où on doit engager des gens, soit le même personnel qui devra
être qualifié pour y accéder, soit des gens qui pourront
travailler à ce niveau de sophistication. Ce qui est assez
intéressant encore dans le journal "Les Affaires", du 14 avril, il y
avait un article sur une conférence qui fut donnée par M.
Matzulla au Bureau de commerce de Montréal. Celui-ci est
président de la Chatham Industrial Robot Lease Company et
vice-président de Mitsubishi Electric; c'est un homme quand même
assez qualifié. Il a dit qu'au Japon la robotisation a très peu
d'impact sur l'emploi. Je crois que je suis un peu enclin à penser comme
le ministre. Je crois qu'on pense trop aux pertes d'emplois que cela va
créer. Ce n'est pas nécessairement le même personnel, mais
je crois que les différents pays ou les différentes provinces
sont en concurrence, et un pays comme le Japon, qui a bougé très
rapidement, voit sa production augmenter. Cela peut être une perte
d'emplois si, par ailleurs, on n'avait pas fait autre chose, mais, dans la
mesure où il y a une industrialisation accrue et dans la mesure
où la robotisation s'installe, dans cette même mesure, un pays ou
une province peut attirer des industries et peut produire davantage. Quant
à moi, je ne suis pas pessimiste quant à l'avenir de la
robotisation ou de l'automatisation. Je crois que cela va rendre l'industrie
plus dynamique et, ce faisant, cela devrait permettre de créer de
l'emploi davantage ici.
Autrement dit, il faut voir cela dans un climat de concurrence entre
pays et entre provinces. Dans le domaine de la robotisation chez nous, dans le
journal Commerce, il y avait également un article qui donnait le nombre
de robots au Québec et ailleurs au Canada. On est en retard. J'imagine
que les actions de votre ministère et de l'industrie vont permettre de
rattraper ce retard, mais je crois que c'est très important qu'on
accélère la cadence. Je crois qu'on ne devrait pas accepter trop
facilement le principe que, ce faisant, on va occasionner des pertes d'emplois
au Québec. Au contraire, je crois qu'on va créer des emplois
quoique des ajustements dans le milieu ouvrier devront se faire. On devra
sûrement travailler là-dessus, mais je ne suis pas du tout
pessimiste quant à l'automatisation et à la robotisation et on
devrait peut-être examiner davantage des pays comme le Japon qui y ont
accédé avant nous.
M. Paquette: Je dois vous dire...
La Présidente (Mme Harel): Très brièvement,
M. le ministre, parce qu'il nous reste peu de temps.
M. Paquette: Très, très brièvement, je pense
qu'il y a une convergence et une différence d'opinions entre votre
formation politique et la nôtre sur cette question, une convergence dans
le sens que pour augmenter la richesse collective, il est essentiel qu'on
s'informatise, qu'on introduise la robotique, la conception assistée par
ordinateur et qu'on développe une nouvelle technologie pour augmenter la
production nationale du Québec. Là où il y a divergence,
c'est que nous ne pensons pas qu'on doive attendre de voir ce qui se passe et
de réparer les pots cassés. On doit tout de suite prévoir
les mécanismes d'utilisation des gains de productivité et de leur
réorientation vers la création de nouveaux secteurs, de nouveaux
emplois, la répartition du travail et cela demande de la concertation.
C'est à ce moment-là que c'est très différent
d'être une province et d'être un pays. C'est très
différent. En tout cas, je ne m'étendrai pas là-dessus. Il
y a aura d'autres moments.
M. Fortier: Je ne sais pas où est la différence
d'opinions. Si c'est sur la question de l'indépendance, je le comprends,
mais sur la question de l'automatisation, je crois que le problème reste
entier, de toute façon.
La Présidente (Mme Harel): Nous avons terminé
l'étude de l'élément 3. J'appelle l'étude de
l'élément 4. Mme la députée de Jacques-Cartier.
Soutien à des centres de recherche
appliquée
Mme Dougherty: Je crois que nous avons déjà
reçu beaucoup de renseignements sur ces centres de recherche. Vous
parlez de six centres. Apparemment, il y un autre CAO-FAO et il y a aussi
l'entente à laquelle on en est arrivé entre les trois
universités, à Montréal: L'Université McGill,
l'Université de Montréal et l'Université Concordia, je
crois. Est-ce que cela en fait partie aussi? C'est une de mes questions. Je
vais poser toutes mes questions en même temps parce que nous n'avons pas
beaucoup de temps.
M. Paquette: D'accord.
Mme Dougherty: J'aimerais avoir une idée du cheminement de
ce projet. On ne peut pas créer tous ces centres en même temps.
(12 h 15)
M. Paquette: Oui, on le peut.
Mme Dougherty: Est-ce qu'ils vont exister dans l'infrastructure
existante ou est-ce qu'on créera d'autres moyens? Quant aux budgets,
vous prévoyez 32 200 000 $ pour l'année 1984-1985 et un autre
montant sur trois ans, pour un total, je crois, de 79 000 000 $. Après
ces trois années, est-ce qu'on prévoit que ces centres seront
rentables? Est-ce réaliste? Qui va poursuivre le financement de ces
centres?
Dans votre budget, vous avez un montant de 15 000 000 $ pour ces
projets, malgré le montant total des 32 200 000 $; d'où provient
le reste de l'argent?
M. Paquette: D'accord. Le projet de création de six
centres, contrairement à ce que vous avez dit, oui, on va les mettre en
route à peu près tous en même temps. D'ailleurs, il y a des
comités d'implantation qui travaillent dans les six cas, depuis
déjà quelques semaines. C'est un budget de 77 000 000 $ sur trois
ans. Dans un premier plan de répartition des budgets sur trois ans,
j'avais annoncé effectivement 32 000 000 $ et un peu moins pour les deux
autres années. On a décidé plutôt d'y investir 15
000 000 $ cette année, avec l'entente, au Conseil du trésor, que
si cela allait plus rapidement, on pourrait transférer des
crédits d'une année à l'autre. Donc, c'est beaucoup plus
une question de répartition du budget sur le nombre d'années.
Effectivement, il y aura 15 000 000 $, tel que prévu au livre des
crédits, pour l'implantation des six centres en question, plutôt
que les 32 000 000 $, comme cela avait été annoncé au
départ.
Il faut dire que ce n'était pas une annonce ferme, quand je l'ai
faite. C'était une estimation. J'avais pris la précaution de
dire: On prévoit que... Après avoir évalué le
rythme auquel on pourrait fonctionner, on s'est dit qu'il était plus
réaliste de ne prévoir que 15 000 000 $ cette année,
quitte à mettre plus d'argent l'an prochain. Si on avait demandé
les 32 000 000 $ au Conseil du trésor pour cette année, on aurait
pu les avoir cette année. Mais on préfère avoir moins
d'argent aux crédits et demander un transfert de l'argent qui nous est
promis pour les années subséquentes que de demander beaucoup et
ne pas être capable de le dépenser et être obligé de
le transférer au budget de l'année suivante. Au fond, c'est tout
simplement cela. Donc, les comités d'implantation sont à
l'oeuvre.
Est-ce qu'il y aura des nouvelles implantations? Pas dans tous les cas.
Dans le cas du Centre de technologie et de l'électrochimie, oui. On
essaie d'ailleurs, puisque le gouvernement fédéral, après
s'être traîné les pieds pendant trois ans, après
l'annonce de notre centre, a décidé lui aussi de dire qu'il en
créait un, là, on travaille à trouver un terrain commun
où ces deux centres pourraient être établis côte
à côte. Ils auront des mandats différents: le centre
québécois sera beaucoup plus en aval et le centre
fédéral sera beaucoup plus en amont, c'est-à-dire beaucoup
plus théorique. C'est un centre du Conseil national de la recherche; il
fera beaucoup plus de recherche fondamentale, de sorte que la coordination avec
le centre fédéral va devoir se faire plutôt avec
l'équipe qui travaille à l'IREQ, à Varennes, qu'avec le
nouveau centre. Le nouveau centre sera vraiment un centre de recherche, de
développement et d'application qui se situe entre la recherche
fondamentale et le transfert dans l'industrie. Ce sera un centre
coopératif où on demandera la participation des entreprises au
conseil d'administration, comme tous les autres, d'ailleurs.
Le Centre de recherche sur la valorisation de la biomasse et les
procédés de fermentation, nécessitera lui aussi de
nouvelles installations, notamment une usine pilote de fermentation. Quant aux
autres, pour le moment, on prévoit plutôt louer des locaux
(bureautique et ressources humaines, graphisme numérique, technologie,
télématique et application pédagogique de l'ordinateur)
parce que cela demande des installations moins coûteuses. C'est
essentiellement de l'informatique appliquée à différents
secteurs et on peut très bien l'installer à proximité
d'une université participante au centre.
Je ne sais pas si j'ai répondu à toutes vos questions,
j'ai essayé d'être bref, car il y aurait beaucoup à dire
encore.
Mme Dougherty: L'entente entre les trois universités
à Montréal, est-ce que ce sera l'un de ces centres?
M. Paquette: Non, c'est un autre projet qui est strictement
interuniversitaire; donc, l'aide gouvernementale viendra du budget du
ministère de l'Éducation. Bien sûr, c'est un dossier que
nous suivons de très près de façon à le coordonner,
mais ce n'est pas un centre de recherche appliquée, ce n'est pas un
centre coopératif avec les entreprises, ce n'est pas un centre
destiné à faire progresser le Québec sur le plan
économique dans un secteur particulier, c'est essentiellement un centre
de recherche pour la formation de chercheurs. Il pourra y avoir, bien
sûr, des idées qui découlent de ce centre qui pourront
être reprises par la suite par tel centre de recherche appliquée
ou par telle entreprise; c'est beaucoup plus une vocation de recherche
fondamentale et de formation de chercheurs où les quatre
universités de Montréal - parce que l'UQAM s'y est ajoutée
regroupent leurs ressources, et les Polytechniques également.
Mme Dougherty: Et le financement dans trois ans? Que
prévoyez-vous?
M. Paquette: On ne peut garantir à aucun projet un
financement éternel; on trouvait que trois ans, c'était un
horizon suffisant. Il y a certains de ces centres qui pourront dégager
des ressources propres de sorte que le niveau de financement pourrait
peut-être, dans certains cas, être réduit ou
éliminé. Il y aura peut-être autofinancement partiel. Je ne
pourrai vraiment me prononcer sur cette question que lorsque les comités
d'implantation auront terminé leur travail. On a pensé qu'un
horizon de trois ans était suffisant.
Mme Dougherty: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 4 est terminée? J'appelle donc
l'élément 5.
Mme Dougherty: J'ai oublié...
La Présidente (Mme Harel): Toujours sur
l'élément 4, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: ...une question très courte. Y a-t-il des
études de faisabilité qui sont disponibles?
M. Paquette: Sur les centres? Dans certains cas... Le centre de
graphisme numérique est une affaire dont on parle depuis longtemps au
gouvernement, il y a ça d'épais de paperasse et je ne l'ai
même pas regardée; on va confier cela au comité
d'implantation qui est en train de dépouiller tout cela. Je ne pense pas
qu'on ait besoin d'étude de faisabilité dans ce
cas-là.
Dans d'autres cas, c'est vraiment du neuf. J'aime mieux parler
d'étude d'implantation parce que faisabilité suppose qu'on pense
que ce n'est pas faisable. Or, on pense que c'est faisable et c'est
nécessaire. La décision de principe ayant été
prise, c'est beaucoup plus de se demander, en termes d'implantation, qui seront
les participants, comment cela va s'autofinancer, quels vont être les
axes de recherche privilégiés de façon qu'on puisse, nous
l'espérons en tout cas, mettre la plupart de ces centres en route
à l'automne.
La Présidente (Mme Harel): Toujours sur le même
sujet?
M. Paquette: Lorsque j'aurai les rapports d'implantation, mon
intention est de les rendre publics.
Mme Dougherty: Très bien.
La Présidente (Mme Harel): J'appelle l'étude du
programme 5, Conseil de la science et de la technologie.
Conseil de la science et de la technologie
Mme Dougherty: Le ministre a dit tout à l'heure que le
budget du conseil serait augmenté pour refléter l'augmentation
de... Son mandat n'a pas changé mais son travail a augmenté.
M. Paquette: Son mandat n'a pas changé, mais son travail
s'intensifie. Avec l'expansion que prennent les activités scientifiques
et la création du ministère, évidemment, le conseil a
aussi un rôle d'évaluation de nos activités. Tout le
dynamisme de la société québécoise, dans le fond,
se révèle avec beaucoup plus d'intensité depuis un an, ce
qui multiplie les sujets d'étude, de recherche, le nombre de
comités, le nombre de sujets auxquels le conseil doit
s'intéresser. Je pense que la réorganisation aussi du conseil et
la nomination de M. Maurice Labbé comme président du conseil ont
insufflé un nouveau dynamisme à l'organisme. Pour refléter
tout cela et pour bien vous montrer qu'on n'a pas peur de la critique aussi, on
va doubler le personnel du conseil. Les 450 000 $ prévus à
l'élément 5 seront complétés par 495 000 $ qui
seront virés de l'élément 6 à
l'élément 5. Donc, on double les ressources financières et
le personnel du conseil.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que la politique du conseil va être
d'embaucher son personnel ou d'utiliser des ressources extérieures sur
une base ad hoc? Pour quelle raison favoriserait-
on l'embauche de personnel sur une base permanente?
M. Paquette: M. Maurice Labbé serait bien placé
pour vous expliquer cela, parce qu'il a été directeur du Conseil
des sciences du Canada avant d'accepter la présidence et la direction
générale du Conseil de la science et de la technologie. Le
fonctionnement en est très différent et M. Labbé
souhaitait justement s'écarter du fonctionnement d'Ottawa, où
tous les travaux, tous les rapports sont rédigés par du personnel
permanent. Il y a à peu près 50 personnes au Conseil des sciences
du Canada. Là, on passe à 13 personnes. Cela ne veut pas dire
qu'on veut imiter le fonctionnement du Conseil des sciences du Canada. Au
contraire, on fonctionne beaucoup par le bénévolat. La plupart
des comités sont formés de gens des universités, d'une
industrie, de divers secteurs qui offrent leur temps de façon
bénévole, mais on a quand même besoin d'assurer le
secrétariat et de mettre un recherchiste à la disposition des
groupes. C'est pour cela qu'on augmente le personnel. Aussi, les 495 000 $
seront utilisés très largement pour des contractants ou pour des
études externes. Autrement dit, on ne veut pas faire du conseil une
espèce de centre de recherche qui publie des papiers.
M. Fortier: C'est l'assurance que je voulais avoir.
M. Paquette: Exactement.
M. Fortier: Je suis au courant de ce qui se fait à Ottawa
et je croyais qu'une méthode plus flexible avec la collaboration du
milieu donnerait de meilleurs résultats.
Mme la députée?
Mme Dougherty: J'ai une seule demande. Quand les bilans
régionaux sur les besoins, les activités de chaque région
seront disponibles, ces rapports seront-ils rendus publics?
M. Paquette: Ils sont rendus publics au fur et à mesure.
Le rapport pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean a été rendu public. Je
suis même allé le discuter en région avec les intervenants.
Il est disponible. C'est annoncé régulièrement dans le
Bulletin de la science et de la technologie dont on parlait tantôt. Bien
sûr, cela vous est accessible. Je le dis pour tous les
députés membres de la commission. N'hésitez pas à
nous faire des demandes d'information, dès qu'il y a quelque chose qui
vous intéresse, cela va nous faire plaisir.
M. Fortier: Je vous prierais de nous mettre sur la liste
dès maintenant. Est-ce que je peux vous en faire la demande aujourd'hui?
Pour ce qui me concerne, j'aimerais recevoir tous les documents du
Conseil...
M. Paquette: D'accord.
M. Fortier: ...du Conseil de la science et de la technologie, y
inclus celui du Lac-Saint-Jean.
Mme Dougherty: Le bulletin dont il parle...
M. Fortier: Je demandais que mon nom soit sur la liste.
M. Paquette: Des publications du conseil.
M. Fortier: J'imagine qu'on peut vous aviser qu'on désire
recevoir automatiquement toutes les publications et les études.
M. Paquette: Les avis du conseil sont publics. Tous les documents
du conseil sont publics.
M. Fortier: Si c'est possible, parce que j'imagine qu'il a une
liste de distribution et j'aimerais que mon nom soit sur la liste.
M. Paquette: Oui, bien sûr. M. Fortier: Merci.
M. Paquette: Très bien. C'est noté, de même
que pour Mme la députée de Jacques-Cartier.
La Présidente (Mme Harel): Nous allons devoir très
rapidement terminer les travaux de notre commission. Je vais devoir appeler les
différents programmes pour que nous disposions de leur adoption.
Mme Dougherty: Est-ce que je peux poser une question sur
l'élément 6?
La Présidente (Mme Harel): Oui, Mme la
députée de Jacques-Cartier, à l'élément 6.
Nous allons donc appeler immédiatement l'étude de
l'élément 6. Mme la députée de Jacques-Cartier,
très brièvement.
Mme Dougherty: Quels sont les projets que vous prévoyez
avec les 6 400 000 $ pour l'année qui vient? Comment en êtes-vous
arrivé à ce chiffre très détaillé? Il semble
qu'il y ait des projets spécifiques.
M. Paquette: On est arrivé à ce chiffre très
détaillé par soustraction des autres montants. C'est 15 000 000
$, moins ce qui est transféré aux autres éléments
de programme. On a obtenu, lors de la revue
des programmes, le maintien de la provision pour augmenter tout
crédit de 15 000 000 $. Comme on avait des engagements datant de projets
commencés l'année précédente, cela faisait de
l'argent en moins. Il reste quelque 6 446 000 $. Cependant, nous avons à
l'étude, en engagements et en prévisions, pour 8 400 000 $ de
projets. Il est probable qu'on devra aller en crédits additionnels
à moins que certains de ces projets ne se réalisent pas.
Là-dedans, pour vous donner une idée, il y a le programme
d'emplois d'étudiants stagiaires pour 1 000 000 $. C'est un programme
qui a donné de bons résultats l'année dernière qui
est spécifiquement destiné aux étudiants de la science et
de la technologie. On a logé dans les entreprises pour la période
d'été, l'année dernière, 451 étudiants. On
pense passer à 700 cet été. C'est un programme qui sera
géré par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
L'appui à la conférence sur l'informatique et
l'électronique, une subvention à B.J. Checo pour son
équipe de recherche et de développement, l'engagement du sommet
sur le fer où on va accroître les activités de recherche
dans le secteur, des études pour le centre de recherche en transport,
une subvention à l'ACFAS pour le démarrage de sa nouvelle revue,
c'est très varié, ce sont divers projets scientifiques et
technologiques.
La Présidente (Mme Harel): Je vais devoir vous
interrompre, M. le ministre, et appeler les programmes sur lesquels nous devons
voter. Le programme 1 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Adopté. Le programme 2
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Paquette: Simplement...
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère de la Science et de la
Technologie est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Adopté.
M. Paquette: Deux secondes. Sur le programme 2, comme vous voyez,
c'est tel que promis à la commission parlementaire lorsqu'on a
étudié cela. 10 000 000 $ de fonds de transfert et 1 000 000 $ de
fonctionnement. Je peux vous dire que l'agence étudie déjà
pour 5 000 000 $ de projets, trois semaines après son entrée en
fonctionnement.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Jacques-Cartier, un commentaire sur l'ensemble des travaux que nous avons
faits?
Mme Dougherty: J'aimerais simplement, remercier le ministre et
ses collègues du ministère pour leurs éclaircissements et
leur coopération pendant l'étude des crédits. J'aimerais
vous souhaiter bonne chance.
La Présidente (Mme Harel): Peut-être, M. le
ministre, pourrions-nous souhaiter que les publications dont faisait
état le député d'Outremont puissent être
acheminées au secrétaire de la commission, qui en fera la
distribution aux membres de la commission.
M. Paquette: Très bien.
M. Fortier: Ce que je voulais éviter, c'est que les
députés se plaignent de recevoir toutes sortes de publications.
Je voulais simplement indiquer que moi, j'étais intéressé.
C'est un gaspillage éhonté, je pense, quand on se met à
distribuer cela à tout le monde.
M. Paquette: Oui. Mais comme il ne s'agit pas de tout le
monde...
La Présidente (Mme Harel): Peut-être
pourrions-nous...
M. Paquette: ...mais des députés membres de la
commission de l'économie et de l'emploi, je serais tout à fait
d'accord avec votre suggestion, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Peut-être pourrions-nous
vous recommander d'en faire parvenir au député d'Outremont, qui
a, en fait, signalé son intérêt, et au secrétaire de
la commission, qui verra à faire connaître aux membres de la
commission l'opportunité de rendre accessibles des documents.
M. Paquette: Très bien.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vous remercie, M. le
ministre, ainsi que vos collaborateurs. La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 32)