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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre! La
commission permanente de l'économie et du travail commence ses travaux.
Je demanderais au secrétaire de la commission de nous annoncer les
remplacements.
Le Secrétaire: M. le Président, M. Bordeleau
(Abitibi-Est) remplace M. Desbiens (Dubuc).
Le Président (M. Lafrenière): Étant
donné l'absence de la présidente et du vice-président de
la commission, qui agit comme critique officiel de l'Opposition, on m'a
demandé d'agir à titre de président de cette
commission.
L'étude portera sur les crédits du ministère de
l'Énergie et des Ressources. J'appelle l'élément 1 du
programme 1. J'aimerais avoir l'avis de la commission à savoir si on
discute ces crédits programme par programme ou si on discute de
l'ensemble du programme et qu'on les accepte après.
M. Fortier: Élément par
élément...
Le Président (M. Lafrenière): Élément
par élément.
M. Fortier: ...pour l'ensemble du programme et ensuite...
Le Président (M. Lafrenière): Consentement?
On discute de l'ensemble du programme.
Connaissance de la forêt
M. Fortier: Sur le programme 1, je n'ai qu'une brève
question sur la connaissance de la forêt. Au mois de mai dernier, on
avait fait état d'un rapport interne du ministère sur la
précision de l'évaluation des ressources forestières. Je
lis ici un article du Soleil du 25 mai et je cite: "Tout le système
d'évaluation des ressources forestières disponibles est
faussé actuellement au Québec parce que les données
disponibles ne sont pas compilées de façon à pouvoir
appuyer le processus d'allocation."
Inventaire forestier
Étant donné l'importance de mesurer exactement nos
ressources forestières, compte tenu du fait que, dans plusieurs
régions, on se doute ou on croit qu'on arrive à un point de
rupture de stock, est-ce que le ministre pourrait nous dire les mesures qui ont
été prises pour qu'on ait une évaluation plus
précise des ressources forestières du Québec? Combien
faudrait-il de temps pour mettre en oeuvre un programme qui, dans un certain
nombre d'années, pourrait nous dire exactement quelles sont nos
ressources forestières? À l'heure actuelle, est-ce qu'on a une
idée de la précision des chiffres que le ministère fournit
de temps à autre? Entre autres questions, quelle est la précision
de l'évaluation des ressources qui sont données par le
ministère dans le moment et est-ce qu'on a une idée du
degré d'erreurs qui peuvent être incluses dans les données
du ministère et quels moyens ont été mis en oeuvre -
j'imagine que cela prendrait un certain nombre d'années - pour corriger
la situation et - pour qu'on ait finalement des mesures plus exactes?
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Duhaime: Vous avez fait référence dans votre
question à l'inventaire par rapport à l'allocation en citant un
document quelconque, quel est-il? Est-ce de l'Ordre des ingénieurs
forestiers?
M. Fortier: Ici, on dit: "C'est du moins ce qu'un groupe de
spécialistes de la Direction de l'industrie du bois ouvré ont
constaté au cours d'une recherche qui s'est étendue sur deux ans
et qui est de faire rapport au ministre de l'Énergie et des Ressources."
C'est un rapport de M. Jean-Paul Gilbert, je crois.
M. Duhaime: Je vais répondre de la façon suivante
à votre question. D'abord, pour ce qui est de M. Gilbert, oui,
effectivement, il a transmis un rapport, mais M. Gilbert ne travaille pas au
ministère de l'Énergie et des Ressources, à l'allocation
des bois ou sur les questions d'approvisionnement. Il y a certainement des
données auxquelles il n'a pas eu accès. Son travail a
consisté essentiellement à faire une évaluation des
niveaux d'inventaire, de la
façon de les mettre à point, de les tenir à jour,
etc. Je pense pouvoir dire honnêtement qu'il y a toujours des choses
à améliorer dans un système de toute évidence. Si
vous regardez les budgets que nous consacrons au programme d'inventaire
forestier qui a été commencé en 1981-1982, je vous renvoie
à la page 20 du livre des crédits qu'on vous a
déposé, vous avez toute l'explication. Nous l'avons poursuivi sur
trois années financières.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre, le
sous-ministre peut répondre en votre nom, avec votre permission, si vous
voulez.
M. Duhaime: Pardon?
Le Président (M. Lafrenière): Le sous-ministre peut
répondre.
M. Fortier: Selon nos nouvelles règles.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas un problème... Nous avons un
problème technique. Mon sous-ministre me précise que, lorsque je
me réfère à une pagination, nous ne nous
référons pas aux mêmes documents, alors, on ne se
comprendra pas.
Ce que je voudrais dire, c'est que...
M. Fortier: À quel article? C'est au programme 1:
Connaissance de la forêt, j'imagine.
M. Duhaime: Programme 1, élément 2... M.
Fortier: C'est à la page 16.
M. Duhaime: ...pour un budget de 2 587 000 $. L'inventaire
forestier a été amorcé en 1981-1982 et s'est poursuivi
pour trois ans, 1982-1983 et 1983-1984. On a établi 5000
placettes-échantillons sur 30 000 kilomètres carrés
cartographiés en 1982-1983 et par une cartographie forestière
d'environ 35 000 kilomètres carrés dans les régions du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de l'Outaouais et de l'Abitibi-Témiscamingue.
L'objectif pour 1984-1985, c'est 5000 placettes échantillons sur des
superficies cartographiées l'année dernière et la
production d'environ 30 000 kilomètres carrés de cartographie
forestière dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de
l'Abitibi-Témiscamingue et il y a aussi un volet en forêt
privée. Ce qui veut dire que sur le plan des inventaires forestiers, le
programme que nous maintenons actuellement au ministère, c'est entendu
qu'on pourrait doubler le budget là-dessus et aller plus vite,
très probablement, mais on pense être en mesure de répondre
à ce qui nous apparaît satisfaisant. Ce n'est pas tant un
problème de données ou d'obtention de données que
d'utilisation ultérieure de ces données. C'est pour cette raison
qu'il est important de faire le pont entre ce que nos inventaires forestiers
établissent et les allocations de bois, autrement dit les garanties
d'approvisionnement. C'est là qu'il faut faire un lien beaucoup plus
soutenu, je pense. Jusqu'à maintenant, cela n'a pas causé de
problèmes sérieux, mais je craindrais, si l'arrimage
n'était pas fait entre la connaissance des inventaires et l'allocation
des bois, qu'on se retrouve dans de curieuses situations.
M. Fortier: Mon propos, M. le ministre, n'est pas de
suggérer de lancer un programme avec des millions de dollars pour le
plaisir d'avoir des données. Ma question, je pense, avait deux aspects.
D'une part, comme il est dit dans votre cahier des crédits, certaines
des données étaient désuètes à cause des
effets néfastes de la tordeuse des bourgeons de l'épinette et,
par ailleurs, j'avais l'impression, compte tenu de l'article qui avait paru,
que les moyens techniques qui avaient été utilisés dans le
passé étaient périmés. J'imagine que les moyens
techniques que vous utilisez maintenant sont plus sophistiqués, mais ma
question était reliée dans une certaine mesure au fait que, dans
certaines régions -on sait qu'on arrive très près du point
de rupture des stocks - et je me demandais si on était dans une
situation assez concasse où les gens utilisaient des données qui,
dans le fond, étaient fausses et qui pouvaient amener Je
ministère à donner des droits de coupe ou des allocations de
coupe dans certaines régions alors que le ministère n'est
même pas sûr, scientifiquement ou sur une base très
précise, des données qui existent au ministère
même.
M. Duhaime: Peut-être que je me suis mal fait comprendre.
Au Québec, on coupe 30 000 000 de mètres cubes de bois,
régulièrement, d'une année à l'autre. Il est
reconnu et entendu que les allocations des bois ou les garanties
d'approvisionnement ne sont pas données en mettant des billets dans un
chapeau. Ceci est basé sur des études approfondies des
capacités de production de la forêt, dans des matières
ligneuses bien précises et qui sont faites dans les régions et
dans les sous-régions. On doit toujours travailler bien sûr sur du
plus et du moins. Mais, l'expérience aidant, il n'est jamais
arrivé, à ma connaissance, près de trois ans dans ce
ministère, que des allocations avaient été consenties
à une entreprise et qu'on se soit retrouvé avec une absence de
matière ligneuse ou encore des espèces non requises ou des choses
semblables.
Les problèmes se posent surtout sur des périodes à
long terme. Quand on donne des allocations de bois ou une garantie
d'approvisionnement à une scierie ou à une entreprise de papier
journal, ces gens sont
obligés de calculer leur investissement et leur retour sur des
périodes parfois de 20, 25, 30 et même 40 ans. Parfois, il y a des
discussions entre spécialistes pour savoir si la matière ligneuse
sera suffisante après 38 ans ou 41 ans. J'avoue que, rendu là,
j'aime autant démissionner et les laisser continuer de discuter.
Fondamentalement, la technique utilisée sur la poursuite des
inventaires forestiers, d'après ce qu'on m'en dit, est correcte. Elle se
fait à partir d'une cartographie très poussée. On a fait
des progrès dans la cartographie. J'imagine qu'on va parler un peu de la
Société de cartographie, ce matin. On a introduit le
système numérique à l'intérieur de cela. C'est
quand même déjà intéressant. Je n'ai pas
d'inquiétude là-dessus. La seule question que j'ai posée
à mon administration a été celle de savoir si les
renseignements ou les données des inventaires forestiers étaient
mis à la disposition des équipes qui travaillent sur les
allocations de bois ou sur les garanties d'approvisionnement. La réponse
est affirmative là-dessus.
M. Gilbert va maintenant vous faire état d'un rapport. Il n'est
pas un employé du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Il est de l'entreprise privée. Pardon. Il est du
ministère, mais non affecté à l'allocation des bois. Il
travaille exclusivement sur les inventaires forestiers. Je pense bien qu'on va
décloisonner ces équipes pour que les renseignements puissent
circuler. Il n'y a pas vraiment un problème de fond sur cette question,
ce sont des problèmes qui peuvent se poser à la marge mais, comme
je l'ai dit, probablement davantage sur de longues périodes.
M. Fortier: Donc, vous me dites, M. le ministre, qu'il ne s'agit
pas d'un problème à court terme car, à court terme, vous
pouvez envoyer des équipes sur place pour vérifier; il s'agit
plutôt d'une évaluation à long terme. On pourra revenir
plus tard sur le genre d'évaluation, mais, lorsqu'on parle d'un
programme de reboisement - on y arrivera bientôt - j'imagine que c'est
dans le cadre d'une politique à long terme. La politique à long
terme de reboisement doit être fondée sur une évaluation
à long terme des ressources forestières existantes à ce
moment-ci. J'imagine que les deux doivent se recouper. Même si vous dites
qu'on ne sera pas là dans 40 ans, ni l'un ni l'autre, c'est sûr,
mais il reste...
M. Duhaime: Je vous demande pardon!
M. Fortier: ...qu'en tant qu'individus -je ne pense pas faire 40
ans de politique - si on se préoccupe de nos enfants, et même si
les politiciens, normalement, se préoccupent uniquement de la prochaine
élection, je crois qu'on doit s'assurer une ressource forestière
dans 40 ans. Dans cette mesure, et compte tenu de l'évaluation qui a
été faite par plusieurs experts, l'évaluation scientifique
et précise de nos ressources forestières, non seulement en
quantité mais en qualité dans les différentes
régions, à mon avis, doit être notre
préoccupation.
Je ne voudrais pas passer trop de temps là-dessus. Pour le
programme 1, j'ai terminé.
M. Duhaime: Me permettriez-vous simplement d'inscrire une
précision dans nos débats? On me dit que je peux risquer des
chiffres. Un premier inventaire avait été commencé en 1970
et l'inventaire auquel j'ai fait référence tout à l'heure
n'est pas le premier inventaire forestier que le ministère de
l'Énergie et des Ressources conduit; je pense que tout le monde l'avait
compris.
Le deuxième inventaire que nous avons repris en 1981, c'est
celui-là qui va se poursuivre cette année. L'administration du
ministère de l'Énergie et des Ressources établit à
environ 90% le niveau de précision de ses inventaires sur
l'évaluation des potentiels forestiers, mais, dans certaines
régions du Québec, il faut tenir compte de la tordeuse des
bourgeons de l'épinette ou encore des incendies en forêt.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Beauharnois.
Lutte à la tordeuse des bourgeons de
l'épinette
M. Lavigne: Merci, M. le Président. J'aimerais poser
quelques questions au ministre en ce qui concerne les arrosages. On a lu ces
derniers jours dans les journaux une déclaration du ministre de
l'Environnement qui semblait relativement satisfait des ententes prises entre
son ministère et le vôtre, M. le ministre, sur les méthodes
utilisées pour vaincre la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
On sait que, depuis un certain nombre d'années, on utilisait d'abord les
produits chimiques pour y arriver et que, maintenant, on tend à utiliser
davantage les produits biologiques.
J'aimerais savoir, M. le ministre, dans quelle proportion on
délaisse les produits chimiques par rapport aux produits biologiques.
Est-ce qu'on s'en va vers un temps où on n'aura plus à utiliser
les produits chimiques du tout et dans combien de temps?
J'ai toute une série de questions, je peux les poser rapidement.
J'aimerais savoir quelle est la différence de rendement entre les
produits chimiques et biologiques? Quelles sont les différences de
coûts? J'aimerais vous entendre sur cette question qui me
préoccupe au plus haut point. Si on utilise
plutôt les produits biologiques que chimiques, est-ce que les
essences atteintes par la tordeuse des bourgeons de l'épinette sont plus
menacées? C'est toute une série de questions qui
m'intéressent.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Fortier: D'accord.
M. Lavigne: Cela rode un peu autour du sujet, parce qu'il en a
été question un peu tout à l'heure.
M. Fortier: II n'y a pas de problème.
M. Duhaime: La première chose que je dois dire, M. le
Président, c'est qu'entre les produits chimiques et biologiques, ce sera
sûrement une guerre de 100 ans sur les niveaux d'efficacité, sur
le niveau de sécurité des produits utilisés dans la lutte
à la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
Je dois dire que nous avons eu de fructueux échanges avec le
ministère de l'Environnement et nous avons décidé, pour
1984, de réduire les arrosages, de réduire les superficies. En
1983, nous avions arrosé 1 200 000 hectares de forêt sur un
programme qui était en majorité l'arrosage aux produits
chimiques. Nous avions introduit un peu plus d'arrosage au BT. Cette
année, nous allons continuer à faire une plus grande utilisation
des produits BT.
Les manufacturiers et les scientifiques qui travaillent sur ce produit,
sur cet insecticide qu'on appelle - je ne sais pas si mon accent va être
bon - le bacillus thuringiensis, ou plus simplement le BT nous disent: Bien
sûr que les produits chimiques, c'est très dangereux, hautement
toxique, pas si efficace qu'on le prétend, etc. Quand vous prenez le
dossier des produits chimiques, vous entendez exactement la même version,
mais dans le sens inverse. Ce qu'on a fait, on a d'abord décidé
de réduire les arrosages sur 800 000 hectares de forêt. Nous
allons traiter, cette année, 300 000 hectares au BT et 500 000 hectares
en utilisant les produits chimiques traditionnels. Dans chacun des secteurs,
nous avons des équipes sur place qui vont ensuite passer et faire des
nouveaux inventaires et des calculs. Nos gens ont mis au point un
système absolument extraordinaire et tentent de mesurer le niveau
d'intensité de l'épidémie pour l'année qui vient
à partir du nombre de larves par centimètre trouvées sur
les épines. Ce sont des calculs qui sont faits à partir
d'analyses microscopiques, avec des coefficients. Cela devient de la chimie
pure. Finalement, cela donne un résultat sur lequel nous nous basons
pour établir le nombre d'hectares et les régions précises
qui seront arrosés. Il ne faut pas se faire d'illusion, l'arrosage, que
ce soit en utilisant les produits chimiques ou le BT, n'arrive pas à
détruire l'épidémie comme telle. C'est toujours à
reprendre à chaque année. Le seul effet de ces arrosages, c'est
de garder en vert des carrés de forêt dont on a absolument besoin.
Jusqu'à présent, l'épidémie de la tordeuse nous a
coûté 100 000 000 de mètres cubes de bois, ce qui veut dire
un peu plus que l'équivalent de trois années de production
complète depuis le début de l'épidémie, soit depuis
50 ou 60 ans. Nous n'arrosons même pas 10% de la superficie de la
forêt qui est attaquée.
Pour pouvoir arroser sur l'ensemble de la forêt commerciale qui
est touchée par la tordeuse du bourgeon de l'épinette, au lieu de
dépenser 14 600 000 $, il faudrait dépenser 125 000 000 $
à 150 000 000 $ par année. Il y a des parties de forêt qui
sont atteintes par la tordeuse, plus particulièrement une région
un peu plus au nord et même des régions dans l'est, du
côté sud du Québec et qui ne sont pas visées par les
arrosages. C'est un bois qui est déjà perdu. Il s'agira de voir
ensuite comment on est capable de régénérer ces
forêts. Nous y travaillons. (10 h 30)
M. Lavigne: M. le ministre, êtes-vous en mesure de me dire
le coefficient d'efficacité entre les deux produits jusqu'à
maintenant? Est-ce que les expériences ont été assez
poussées pour qu'on puisse savoir si le BT est nettement
supérieur ou inférieur aux produits chimiques ou l'inverse?
M. Duhaime: Au ministère, on n'est pas prêt à
tirer une conclusion. C'est pour cela d'ailleurs qu'on a certaines
réserves et là-dessus il y a des contradictions entre les
analyses qui sont faites au ministère de l'Énergie et des
Ressources et celles qui sont faites au ministère de l'Environnement, de
toute évidence. Il semblerait que le ministère de l'Environnement
et ses spécialistes ont pris une position assez claire sur la plus
grande efficacité du BT et une plus grande sécurité.
À mon ministère, les spécialistes qui suivent ce dossier
depuis des années et des années sont plutôt convaincus
qu'il y a un même niveau de sécurité dans l'un ou l'autre
cas sur le plan de la toxicité des ingrédients utilisés.
Donc, même niveau de sécurité. Certains prétendent
que les produits chimiques étant au même niveau de
sécurité que le BT sont cependant plus efficaces contre la
tordeuses des bourgeons de l'épinette. Je ne pense pas qu'on arrive
à pouvoir tirer des lignes et avoir des conclusions après une ou
deux saisons d'arrosage seulement. On a commencé il y a deux ans avec
très peu de BT. On en a utilisé davantage l'an passé.
Cette année, on va arroser 300 000 hectares, ce qui est beaucoup.
On devrait peut, être l'an prochain ou
dans deux ans, avoir un tableau un peu plus complet et être en
mesure de comparer les rendements. J'aime autant ne pas alimenter la querelle
entre les deux producteurs. Nous avons, bien sûr, des données qui
restent à vérifier sur le terrain. Je ne pense pas qu'il soit de
notre intention de faire un choix pour l'un ou l'autre dans l'immédiat.
Je pense qu'on va travailler avec l'un et l'autre dans la mesure où on
aura toutes les garanties quant à la sécurité de ces
ingrédients dont nous nous servons.
M. Lavigne: Est-ce que c'est comparatif au niveau des
coûts, l'un et l'autre des deux produits?
M. Duhaime: Au programme 3, élément 2, on voit que
le produit au BT coûte plus cher, à peu près mettons deux
fois plus cher. Si vous voulez l'avoir en détail, je vais vous
répondre que c'est 2,2 fois supérieur à un coût de
13,86 $ pour le BT contre 6,43 $, calculé à l'hectare.
M. Fortier: M. le ministre, pourriez-vous m'indiquer si la
politique que vous venez d'énoncer sur la substitution des produits aux
fins d'arrosage, est la même politique qui avait été
annoncée il y a huit ou neuf mois? J'ai cru, à un moment
donné, que le gouvernement avait annoncé un moratoire sur les
produits chimiques qui étaient utilisés dans le passé; il
y avait eu une déclaration assez fracassante à ce sujet.
Maintenant, vous semblez dire que cela se fera par phases. Est-ce que c'est un
changement dans les politiques du gouvernement ou si c'est la même
politique qui avait été établie à ce
moment-là?
M. Duhaime: Nous n'avons pas changé de politique
là-dessus. Il y a peut-être méprise et vous n'êtes
pas le seul à vous méprendre, M. le député
d'Outremont. Je pense que cela mériterait une petite explication. Les
produits chimiques et le BT sont utilisés pour lutter contre la tordeuse
des bourgeons de l'épinette. Ce que nous avons annoncé comme
moratoire ne s'applique pas à la lutte contre les
épidémies; le moratoire s'applique au phytocide qui était
déversé par voie aérienne sur les
pépinières. Nous avons décidé de cesser tout
arrosage aérien sur les pépinières....
M. Lavigne: C'est un défoliant.
M. Duhaime: C'est un défoliant, oui, qui faisait mourir
les petits plants, les framboisiers et d'autres espèces que celles dont
nous voulions la bonne santé et la conservation, principalement dans les
pépinières de résineux. C'est ce que M. Lévesque a
annoncé le 13 novembre à l'intérieur du plan de relance et
du programme de reboisement. Désormais, nous allons donc faire
l'entretien mécanique des plantations et des pépinières,
le mot "mécanique" voulant signifier l'entretien fait au sol. Si on
utilise des défoliants, on va les utiliser au sol et non pas par
arrosage aérien.
M. Fortier: Vous dites que vous faites la distinction entre les
pépinières et la lutte contre la tordeuse des bourgeons de
l'épinette. Dans le cas de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, est-ce que le produit chimique utilisé est le
phytocide? Non, c'est un autre produit chimique; vous l'avez mentionné
tout à l'heure.
M. Duhaime: Je vais le vérifier, parce que nous sommes
relus et beaucoup de gens s'intéressent à ce dossier, mais je ne
crois pas. Pour répondre le plus clairement possible, dans un cas nous
luttons contre un insecte et, dans l'autre, nous luttons contre les herbes
envahissantes. Nous utilisons donc une gamme de produits qu'on pourrait classer
dans la catégorie des herbicides pour ce qui est de l'entretien des
plantations et des pépinières...
M. Fortier: Dont les phytocides.
M. Duhaime: ...dont les phytocides. Il n'y a pas de phytocides
utilisés contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Les
produits que nous utilisons sont, bien sûr, approuvés. Nous
utilisons la même formule que le Nouveau-Brunswick. Tous ces produits
utilisés ont reçu les approbations tant du gouvernement de
Québec que du gouvernement fédéral quant au niveau de
sécurité pour ce qui est de la santé.
M. Fortier: Je n'ai malheureusement pas lu en détail tous
les mémoires qui ont été soumis lors des comparutions au
ministère de l'Environnement, au BAPE. Les produits chimiques que vous
utilisez aux fins de lutte contre la tordeuse sont-ils également
contestés?
M. Duhaime: Pour être contestés, ils le sont et ils
le seront toujours, je pense.
M. Fortier: C'était surtout contre les phytocides. Je
crois que les autres produits chimiques sont également
contestés.
M. Duhaime: Non. Il y a un courant qui n'est pas un courant
majoritaire, bien sûr, mais qui fait valoir son point de vue a chaque
audience du Bureau d'audiences publiques du ministère de l'Environnement
qui voudrait faire cesser et qui nous demande de cesser tout arrosage ou toute
utilisation de produits chimiques. Cela ne m'étonnerait pas
que, dans quelques années, on nous demande aussi de cesser
d'utiliser le BT. Cela représente une école de pensée. Par
ailleurs, quand vous lisez la presse, non pas le quotidien comme tel, mais
l'ensemble de la presse, et que vous parcourez les mémoires qu'on
reçoit de l'industrie, que ce soit l'industrie du sciage ou l'industrie
de la production des pâtes et de papier journal, on nous demande
d'arroser davantage, disant, par exemple, que le ministère de
l'Énergie et des Ressources fait une erreur de réduire d'un tiers
les superficies arrosées. On parle de 1 200 000 à 800 000
hectares. Certains d'entre eux sont loin d'être convaincus que le BT est
un produit efficace. Vous avez un peu tous les points de vue dans ce
dossier.
Comme démarche, j'ai évoqué que nous n'allions plus
faire d'arrosage aérien sur les pépinières et les
plantations. J'ai indiqué également qu'on avait en quelque sorte
retenu une formule mixte pour ce qui est de la lutte contre la tordeuse des
bourgeons de l'épinette. Pourquoi? Parce qu'on ne peut pas, du jour au
lendemain, changer les formules; il y a une question de budget également
qui est là-dedans. Puis la démonstration n'a jamais
été faite que, malgré tous les titres en première
page ou en page 3, nous sommes en train d'empoisonner qui que ce soit. Cela est
complètement faux. Au fur et à mesure qu'on va utiliser davantage
de BT, on pourra en évaluer les impacts sur le terrain. Peut-être
que je pourrais ajouter une précision. Ce n'est pas tant l'achat du
produit comme tel qui fait la différence dans le coût, c'est le
genre d'appareil ou le genre d'avion qu'on doit utiliser, selon qu'on
répand des produits chimiques ou du BT, qui fait que vous avez des
dépassements de coûts.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député.
M. Lavigne: Je ne voudrais pas trop entrer dans les
détails techniques, M. le ministre, mais j'ai écouté une
émission de radio l'automne dernier dans laquelle on disait qu'en
Europe, on utilisait ce qu'on appelle un produit biologique. Finalement, il
s'agissait d'ensemencer une forêt d'un insecte qui se nourrissait de
l'insecte dévastateur. Quand vous parlez du BT, est-ce que c'est un
liquide X qui détruit la tordeuse des bourgeons de l'épinette? En
quoi consiste la formule? Je ne parle pas de la formule chimique. Non, ce n'est
pas une formule chimique, parce que c'est un principe biologique. Je trouvais
l'idée fantastique. On présumait que, dans un assez court temps,
on arrivait ainsi à détruire l'insecte en question. Je ne sais
si, dans notre produit biologique, quand on parle du BT pour la tordeuse des
bourgeons de l'épinette, il s'agit d'un même principe.
M. Duhaime: Entre guillemets, il s'agit d'une activité de
chimiothérapie, en quelque sorte, qu'on fait subir à la tordeuse.
C'est vraiment la dernière étape. Ce n'est pas un insecte qui en
avale un autre, mais, si jamais on en trouvait un, il serait le bienvenu.
Fondamentalement - bien grossièrement, bien sûr - ce sont des
bactéries qui sont répandues et c'est la toxine de ces
bactéries qui fait mourir la tordeuse. Du côté chimique,
c'est une autre situation.
M. Lavigne: Je ne sais pas si c'est dans ce...
M. Duhaime: Vous avez un petit document du ministère. Je
ne sais pas si c'est un livre de chevet pour quiconque, mais, à la
direction de la conservation, il y a un dépliant, non pas sur le
goût de la tordeuse, mais sur le coût de la tordeuse. Vous y avez
des explications sommaires, mais qui donnent quand même un aperçu
assez synthétique de la situation et de ce que nous faisons pour lutter
contre la tordeuse.
M. Lavigne: On va y revenir au programme 2 tout à
l'heure.
Le Président (M. Lafrenière): Le programme 1 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. de Bellefeuille: M. le Président, nous avons
discuté du programme 3...
Une voix: En partie.
M. de Bellefeuille: ...en partie.
M. Fortier: Je suggère qu'on y revienne, si vous voulez.
On va continuer, parce que là, le député est passé
au programme 3, mais...
M. de Bellefeuille: D'accord.
M. Duhaime: ...j'avais cru comprendre qu'on le faisait en bloc,
qu'on pouvait discuter de tout le programme de la forêt et, après
cela, si vous le jugiez utile, qu'on pourrait techniquement appeler les
programmes un après l'autre à la fin et les adopter en bloc.
C'est ordinairement ce qu'on fait.
M. Fortier: En tout cas, on n'est pas tellement rigide, mais je
croyais qu'en procédant programme par programme cela nous permettait de
nous discipliner dans le genre de questions qu'on doit poser.
M. Lavigne: On ne peut pas être rigide.
M. Fortier: Non, non.
M. Lavigne: D'accord. On s'en va au programme 2.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle le
programme 2.
Amélioration de la forêt
M. Fortier: Au programme 2, M. le ministre, la question a
été posée hier. Essentiellement, la question est celle-ci.
Votre attitude me fait un peu penser à un président de compagnie
qui, en 1978, aurait lancé un plan d'action pour le reboisement ou un
plan d'action pour restaurer les finances de sa compagnie, qui avait
annoncé des objectifs emballants et, comme les objectifs
n'étaient pas atteints, il relance en 1983 de nouveaux objectifs. Il
nous dit dans quelle partie du monde ou dans quelle partie des régions
du Québec ces profits vont être réalisés et tout le
monde se réjouit du fait qu'en 1988, le président de la compagnie
X va faire des profits mirobolants dans telle et telle région du
Québec, mais, comme dans tout bon conseil d'administration, c'est assez
facile de s'emballer sur une prévision de 1988 où un
président de compagnie nous dit: Je vais faire des profits et cela va
être extraordinaire. (10 h 45)
La question que tout le monde pose, finalement, est la suivante: Comment
allez-vous vous y prendre? Qui va le faire? De quelle façon?
Essentiellement, jusqu'à maintenant, on a eu beaucoup de
définitions d'objectifs, mais on n'a eu aucun document de quelque
densité que ce soit qui nous donnerait les moyens que vous allez prendre
à cet effet? De quelle façon collaborerez-vous avec le secteur
privé? Qui va faire quoi? Dans quelle mesure ceux qui investiront leur
propre argent auront-ils une certaine garantie d'approvisionnement pour
l'avenir? Autrement dit, la définition des moyens et la
définition du programme n'y sont pas. Tout ce que nous avons
présentement est une définition des objectifs. Il est très
facile de définir des objectifs quantitativement mais je crois qu'il est
plus difficile de définir les moyens. Essentiellement - il n'y a pas
seulement moi qui le demande - tous les intervenants du milieu posent la
même question: Comment le ministère va-t-il s'y prendre? A-t-il un
document? Est-ce que le ministre peut déposer un document qui
définirait essentiellement les moyens qui seront pris pour
réaliser cet objectif de reboisement?
Tout le monde s'entend sur la nécessité du reboisement.
Tout le monde espère que les objectifs qui ont été mis de
l'avant vont se réaliser. Mais tout le monde se pose également
des questions sur les façons qui seront prises pour réaliser ces
mêmes objectifs. Bien sûr, cela peut amener des changements de
politique fondamentale du ministère. On reviendra plus tard sur le fait
que le ministère s'est engagé, d'ici la fin de l'année,
semble-t-il, à une redéfinition de certaines politiques
forestières.
Présentement, on se trouve un peu devant des objectifs
définis, devant des augmentations budgétaires et, comme je l'ai
dit dans mes notes liminaires, ce n'est pas nécessairement en
dépensant de l'argent qu'on atteint nécessairement les objectifs.
La question est de savoir quels sont les moyens. Avez-vous un document à
déposer pour nous dire comment vous allez réaliser vos
objectifs?
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Duhaime: On va essayer de faire le point. Je dois
déplorer l'absence de votre collègue, le député de
Beauce-Sud, qui a soulevé cette question, hier, avec le talent qu'on lui
connaît.
Je dois vous dire que les questions qui sont posées sont
très pertinentes, mais il y a eu aussi beaucoup d'information qui a
été donnée. Vous allez me permettre d'être
peut-être un peu méchant, mais j'ai été très
heureux de voir le Parti libéral du Québec, il y a deux semaines,
pour la première fois depuis toujours, je pense, s'intéresser au
reboisement.
M. Fortier: Si le ministre me permet. M. Duhaime: Ah!
Allez-y!
M. Fortier: Si le ministre avait continué sa bonne
habitude de lire le livre rouge qu'il lisait de temps en temps à
l'Assemblée nationale, il aurait vu qu'il y a tout un chapitre sur le
reboisement, dans le livre rouge de 1980.
M. Duhaime: Oui, je me souviens d'avoir lu cela. Mais je dois
vous rappeler que votre parti a été au pouvoir de 1970 à
1976. Si vous voulez que je vous dépose les budgets affectés au
reboisement à l'Assemblée nationale, pendant que M. Bourassa
était premier ministre, de même que le degré de
plantations, de même que les ensemencements aériens qui ont
été faits - un gaspillage de crédits, si vous voulez mon
avis - je le ferai et je le ferai rapidement.
Cela ne m'étonne pas que vous trouviez l'entreprise
peut-être insurmontable. C'est ce qui explique peut-être que le
Parti libéral n'a à peu près rien fait dans
l'aménagement des forêts et, en particulier, sur le reboisement.
Nous avons un retard et, lorsque mon collègue, M. Bérubé,
a fixé un
objectif de 100 000 000 de plants, c'était un objectif
réaliste.
Dans la réalité des faits d'aujourd'hui, nous avons mis en
terre 65 000 000 de plants en 1983. Nous en serons à 84 000 000 ou 85
000 000 de plants en 1984. De mémoire, je crois que l'objectif est de
120 000 000 de plants et, ensuite, l'escalier va aller en augmentant jusqu'au
seuil de 300 000 000 de plants en 1988.
Quant à y être, aussi bien vous décourager,
puisqu'une pareille entreprise vous paraît insurmontable: nous allons
réviser l'objectif à la fin de l'année 1984 et mon souhait
personnel est de hausser à 500 000 000 de plants l'objectif visé
pour 1990.
Comment va-t-on s'y prendre? Si on commence par le commencement,
d'abord, il faut faire la cueillette des "cocottes", il faut ensuite les amener
à Berthier, à l'usine de traitement. Si vous avez l'occasion d'y
aller, cela va certainement vous rassurer et apaiser vos craintes puisque, l'an
dernier, on a construit deux immenses entrepôts et un troisième
sera mis en chantier ce printemps. On va y construire une usine de traitement
des graines avec des laboratoires pour avoir le plus haut niveau
d'efficacité. Il y a aussi tout le processus de "décocottage" des
grains, de "désailage", de traitement, de classification pour s'assurer
un produit de première qualité. Nous allons également
construire à Berthier une des grandes serres, en plus de la
pépinière qui y existe déjà.
Je n'ai pas beaucoup d'inquiétude, il n'y a qu'une seule question
qui n'a pas reçu de réponse à l'heure actuelle, c'est de
savoir qui va payer la note. Je vais commencer par l'aspect financier pour
ensuite aller dans les détails sur le plan des instruments qu'on va
utiliser, comment va se faire le partage sur l'aspect de la production de plans
et l'aspect des plantations ensuite.
Sur le plan du financement, si vous allez au livre des crédits,
vous trouverez qu'on a ajouté cette année quelque 30 000 000 $.
Il y a des investissements en capital là-dedans, il y a aussi de
l'argent prévu pour le fonctionnement. Globalement, nous allons
dépenser, sur les cinq ans qui viennent, 500 000 000 $. Nous triplons
l'objectif de 100 000 000 $ à 300 000 000 $ et nous pensions financer
une partie de ce programme à partir de l'entente auxiliaire,
expirée depuis le 31 mars, entre Québec et Ottawa.
Selon les indications que nous avons, c'est plus que des indications, la
certitude que nous avons, c'est qu'à moins qu'il y ait non seulement un
changement de premier ministre à Ottawa, mais un changement
d'orientation, les chances sont très minces que l'entente auxiliaire sur
la forêt soit reconduite, quoique nous ayons dit au gouvernement
fédéral, depuis sept ou huit mois, que nous étions
très intéressés à la reconduire.
L'évaluation que nous en faisons, et qui a aussi été faite
par les hauts fonctionnaires fédéraux, est que le comité
directeur qui gère l'entente - il y a des représentants des deux
gouvernements - a très bien fonctionné durant les cinq
dernières années. Je dois déplorer que, du
côté fédéral, à l'heure actuelle,
plutôt que de reconduire l'entente, on s'amuse à mettre au point
des plans d'aménagement et toute espèce de programmes dont, entre
autres, le plan de l'Est ou le plan De Bané, si vous aimez mieux, qui
vise l'Est du Québec, où déjà des ententes ont
été signées directement entre le gouvernement
fédéral et les syndicats, passant outre même à
l'existence de la fédération des producteurs.
Donc, pour ce qui est du financement cette année, nous avons le
budget nécessaire pour nous conformer à nos objectifs
d'investissements et de fonctionnement. Nous allons, bien sûr, refiler
une partie du coût à l'industrie. Est-ce que ce sera 25%, 30%,
33%, 35%? Les dernières évaluations sont en train d'être
faites et la partie qu'on décidera de faire porter par l'industrie sera
récupérée à partir des droits de coupe. Cela me
paraît parfaitement normal qu'on utilise cette voie puisque, finalement,
ce sont ceux qui s'approvisionnent en matières ligneuses qui tireront le
plus grand avantage de ce programme de reboisement.
Avant de planter 300 000 000 de plants, il faut les produire. Notre
objectif est de porter la capacité de production des serres et
pépinières du ministère de l'Énergie d'autour de 75
000 000 plants à l'heure actuelle, à 100 000 000 plants à
peu près. Quant aux 200 000 000 d'autres plants, puisque cela fait
également partie de notre philosophie ou de notre approche d'ensemble,
nous comptons sur l'entreprise privée avec qui nous allons travailler.
Déjà, nous sommes en appel d'offres pour trois
pépinières qui seront construites, gérées et
administrées par l'entreprise privée.
Nous allons signer des contrats avec ces entreprises sur des
périodes de temps suffisamment longues pour leur permettre d'escompter
ces contrats et d'aller chercher du financement, comme dans tout autre genre
d'entreprise, auprès d'institutions financières. Le seul
problème que nous avons à l'heure actuelle est beaucoup plus un
problème mécanique. Nous voulons, dans ce genre d'appel d'offres,
aller, bien sûr, au moindre coût, donc vers le plus bas
soumissionnaire, mais je tiens à souligner que nous serons très
exigeants sur la qualité des produits que nous paierons. C'est pourquoi
nous allons exiger des entreprises qu'elles aient à leur service, que ce
soit à temps plein ou à temps partiel, des spécialistes de
ces questions, soit des ingénieurs forestiers ou autres. Nous voulons
que des
professionnels suivent ces activités et l'entreprise qui
décrochera un contrat devra nécessairement compter sur ces
ressources professionnelles.
Il serait peut-être trop facile d'improviser parce que le commun
des mortels pense parfois que recevoir des plants et les faire grandir en serre
est une entreprise facile. C'est loin d'être une entreprise facile, c'est
un métier, c'est une profession et c'est aussi une nouvelle industrie
qu'on est en train de bâtir au Québec.
Nous n'avons aucune crainte là-dessus à l'heure actuelle.
Les réponses que nous avons de l'entreprise privée sont
très intéressantes, sont même emballantes. Je suis
convaincu que, dans chacune des régions, nous aurons un problème
de triage beaucoup plus que de carence. D'ici 1986, nous aurons installé
au Québec - selon les tailles retenues, mais ce que nous avons retenu
à l'heure actuelle - 9 serres et 22 pépinières dans les
différentes régions.
Pour ce qui est de la partie du gouvernement, je voudrais revenir
là-dessus pour vous donner les détails. Nous ajoutons 31 000 000
$ à l'enveloppe de l'année dernière pour le reboisement.
Les effectifs occasionnels du ministère vont augmenter de 475 personnes
année et nos effectifs permanents augmentent de 45 postes. Cela veut
dire qu'en 1986 les installations du ministère de l'Énergie et
des Ressources vont nous fournir 100 000 000 de plants et l'entreprise
privée 200 000 000 de plants.
Une fois que nous avons les plants, il s'agit ensuite de savoir à
quel endroit nous allons les planter et qui va faire la plantation. Nous avons
l'intention de reboiser et sur la forêt publique et sur la forêt
privée. 200 000 000 de plants iront à la forêt publique et
100 000 000 de plants iront à la forêt privée. Nous
discutons actuellement avec la Fédération des producteurs de bois
une proposition qui nous est faite. Il serait peut-être
prématuré à la journée même de nos travaux
d'en donner tous les détails mais la Fédération des
producteurs de bois est très intéressée à
s'impliquer directement et de prendre des responsabilités très
importantes dans ce dossier. J'avoue voir sa proposition d'un très bon
oeil puisque ladite fédération a des syndicats dans l'ensemble du
Québec. Elle est représentée partout. Elle pourrait nous
donner un très solide coup de main pour ce qui est de tout le volet du
reboisement de la forêt privée. Cela concerne un aspect. (11
heures)
Pour ce qui est du reboisement en forêt publique, pour
répondre aux hallucinantes interrogations du député de
Beauce-Sud, bien sûr, les équipes du ministère n'iront pas
planter des arbres là où il y en a déjà ou dans la
forêt mûre. Cela m'apparaît tellement stupide de poser une
question de cette manière, les équipes du ministère savent
exactement où est l'acrage de terrain disponible pour faire les
plantations, et nous allons travailler avec les scénarios que nous
avons. Si votre collègue de Beauce-Sud, était ici, je ne serais
pas trop gêné de lui dire - je n'ai pas l'habitude d'être
gêné, quand je m'adresse à lui surtout que, s'il veut venir
au ministère de l'Énergie et des Ressources, on va lui faire
rencontrer les fonctionnaires ou les gens en région qui pourraient lui
indiquer que nous allons reboiser à tel et tel endroit sur des
scénarios de quatre, cinq, six, sept, huit et dix ans.
L'implication des compagnies. Quand je parle des compagnies, je parle
des compagnies qui font de la coupe en forêt et qui utilisent la
matière ligneuse à des fins de sciage ou de production de
pâtes et de papier journal. Je dois vous dire très clairement que
l'exemple du reboisement et de la préoccupation du reboisement n'est pas
venu de ce côté-là. C'est à l'initiative du
ministère de l'Énergie et des Ressources que le programme de
reboisement a été accepté par mes collègues du
Conseil des ministres et nous allons poursuivre nos discussions avec ces
compagnies. Il y a des compagnies - je n'en nommerai aucune - qui nous disent:
Tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas un mode de tenure à notre
satisfaction, nous ne ferons pas de reboisement. Ma réponse est
très claire, et j'avoue que j'ai été inquiet il y a deux
semaines lorsque je lisais dans les journaux certaines des conclusions de votre
réunion en Mauricie-Bois-Francs, la réunion qui a
été tenue à Shawinigan, où il a été
question de reboisement. Je ne sais pas si les manchettes traduisent la
pensée du Parti libéral, mais cela me donne des frissons dans le
dos quand on voudrait retourner la forêt publique à l'entreprise
privée. Si cela signifie qu'on va redonner aux compagnies des
concessions forestières, je dis tout de suite que le Parti
libéral est en train de défaire ce que M. Kevin Drummond avait
admirablement bien fait durant la décennie de 1970. Pour autant que cela
concerne le ministre de l'Énergie et des Ressources, en tout cas celui
qui vous parle, nous n'allons pas redonner de concessions forestières
à qui que ce soit. Nous allons maintenir le programme de
révocation des concessions et nous le ferons au fur et à mesure
que les besoins se feront sentir pour ce qui est de l'approvisionnement dans
certaines régions du Québec. Là-dessus, c'est très
clair.
Ce que je propose à l'industrie, c'est une collaboration, et je
suis convaincu que -cela a déjà été fait et bien
reçu - nous pouvons travailler de toutes les manières. S'il y a
des compagnies qui décident, sur les territoires qui leur sont
réservés et sur
lesquels portent les garanties d'approvisionnement, de mettre en marche
des programmes de reboisement, nous allons leur en donner le crédit.
Quand je dis "crédit", ce n'est pas simplement leur rendre hommage. Nous
allons leur rendre un crédit en ce sens qu'on pourrait tout simplement
établir un principe assez simple de vases communicants plutôt que
de nous payer un droit de coupe et faire nous-mêmes le reboisement. Si
elles veulent faire le reboisement, on va leur donner un crédit sur les
droits de coupe, mais cela reste à être mathématiquement
déterminé.
Cela peut paraître énorme, 300 000 000 de plants. Je vais
terminer là-dessus. Nous avons une forêt commerciale qui
s'étend sur une superficie de quelque 700 000 kilomètres
carrés, mais nous avons une partie de cette forêt qui est dans la
région du 49e, du 50e et du 51e, ce que j'appellerais un ruban nordique,
où il faut compter beaucoup d'années pour que le bois vienne
à maturité et, même lorsqu'il est à maturité,
ce n'est pas un bois de grande taille. Si vous passez dans la région de
Chibougamau, vous allez voir des épinettes noires de 60 et 70 ans qui
font des diamètres à la souche de sept pouces, huit pouces et
neuf pouces.
Si on fait une petite comparaison et qu'on enlève la partie la
plus au nord de la forêt commerciale, on arrive à retenir une
superficie commerciale d'à peu près 525 000 à 550 000
kilomètres carrés. Si on compare cela avec le total de la
superficie commerciale de la Finlande, de la Suède et de la
Norvège, ces trois pays ensemble ont une superficie commerciale de 496
000 kilomètres carrées, mettons 500 000 kilomètres
carrés, donc, on peut à peu près à taille
égale faire une comparaison intéressante. On va mettre des points
d'interrogation parce que les conditions climatiques ne sont pas les
mêmes. Les hivers sont moins rigoureux, le Gulf Stream est plus proche,
etc. Il reste que, comme bilan global, en termes d'efforts de reboisement, ces
trois pays reboisent 700 000 000 de plants par année à l'heure
où on se parle, en 1984: la Finlande à peu près 200 000
000, la Suède 425 000 000, la Norvège 75 000 000. Au moment
où nous serons, nous, à un seuil de 300 000 000, je tiens pour
acquis qu'ils vont avoir alimenté... C'est important de tenir ce genre
de comparaison, parce que ce sont ces trois pays qui nous concurrencent le plus
fortement sur les marchés internationaux, que ce soit avec les produits
du sciage ou encore avec la pâte, le papier journal, les
panneaux-particules, les panneaux gaufrés, MDF, etc.
Fait aussi à souligner, quand on se donne un objectif de
reboisement comme celui que nous retenons, c'est que nous avons l'intention de
demander davantage à notre forêt dans les années qui
viennent, un niveau de production plus élevé de 30 000 000 de
mètres cubes par année. Si on disait: On retient cela pour les
dix ou quinze prochaines années, c'est évident que notre part sur
le marché international va être en décroissance et je pense
qu'on ferait une erreur stratégique.
Les Pays Scandinaves, nos trois concurrents, ont produit en 1980 - je
n'ai pas les chiffres des années plus récentes -110 000 000 de
mètres cubes de bois. Nous sommes au niveau de 30 000 000. Avec une
forêt commerciale d'à peu près la même
étendue, ils produisent trois fois et demie ce que nous produisons.
Supposons qu'on enlève la tordeuse des bourgeons de l'épinette,
qu'on enlève le climat, etc., on n'arrive pas à rendre
l'explication. Ces pays, avec de petites superficies de territoire, ont connu
l'obligation de faire du reboisement systématique et méthodique
depuis 75 ans. C'est ce genre de choses qu'il faut maintenant faire au
Québec.
Le Président (M. Lafrenière): Je vous demanderais
de conclure, s'il vous plaît. Il vous reste une minute.
M. Duhaime: J'ai terminé.
Le Président (M. Lafrenière): Merci.
M. Fortier: Merci pour vos explications. Vos commentaires
appellent d'autres commentaires. Vous parliez de l'effort de reboisement au
début des années 1970. Il faut se souvenir qu'à ce moment
les récoltes de la forêt étaient beaucoup moindres qu'elles
le sont maintenant. On parlait de 100 000 à 135 000 hectares dans les
années 1973 à 1976. C'est augmenté passablement dans les
années 1979 à 1982.
M. Duhaime: C'est dans les coupes que cela a augmenté le
plus. C'est ce que vous venez de dire.
M. Fortier: Dans les coupes, oui, c'est cela, mais, à ce
moment, cela nécessite un effort de reboisement qui soit beaucoup plus
accéléré. De fait, ce phénomène, cette
nécessité de reboisement s'est fait sentir depuis trois, quatre
ans surtout. C'est là où, justement, au fur et à mesure
qu'on coupe davantage, parce que, comme vous le savez, M. le ministre, ce
problème de la nécessité de reboisement varie beaucoup
d'une région à l'autre. La tordeuse des bourgeons de
l'épinette, dans certaines régions, n'existe pas. Dans d'autres
régions, surtout dans les régions plus près des grands
centres, elle a eu des effets très néfastes.
En ce qui concerne les concessions forestières auxquelles vous
avez fait allusion,
c'est un sujet très intéressant, je crois, que ce
colloque, qui était un de nos colloques régionaux. Nous en aurons
dix ou douze dans tout le Québec. Éventuellement, ils serviront
de base pour situer la politique de notre formation politique. Ce
n'était pas un congrès plénier, c'était un colloque
régional, on y a fait allusion, et j'aimerais aborder le sujet, parce
que c'est un élément très important. Il est vrai que, dans
le passé, les compagnies avaient des concessions forestières et
tout le monde tenait pour acquis que la regénérescence de la
forêt se faisait naturellement. On donnait des concessions
forestières et on s'inquiétait peu. Les gouvernements
passés se sont peu inquiétés du phénomène
auquel on en est arrivé maintenant à savoir qu'on pourrait
arriver à des ruptures de stocks.
Sous le gouvernement libéral, comme vous l'avez mentionné,
Kevin Drummond et d'autres ont mis au point des politiques de rapatriement de
ces concessions forestières. À ce moment-là, je crois que
la politique était de dire: Nous allons vous donner des droits de coupe
et, nous, du gouvernement, nous allons assurer la gestion forestière
avec des résultats qui sont fort critiquables. Sans faire de comparaison
avec les Pays nordiques, on peut faire des comparaisons avec le
Nouveau-Brunswick, avec la Colombie britannique et même avec l'Ontario,
et s'apercevoir que cette gestion que l'État voulait faire n'a pas
donné les résultats auxquels on s'attendait. Je me demande si le
ministère a fait des études comparatives avec ce qui se fait au
Nouveau-Brunswick, où la formule qui a été retenue n'est
pas de redonner des concessions forestières mais plutôt de
demander à ceux qui utilisent la forêt d'assumer leurs
responsabilités dans le domaine du reboisement et de la
régénération de la forêt. Autrement dit, on signe
des contrats types entre les compagnies forestières et le
ministère responsable des terres et forêts du Nouveau-Brunswick
dans lesquels on stipule qu'on leur donne des droits de coupe pendant un
certain nombre d'années mais en stipulant qu'en contrepartie elles
doivent assumer un effort de régénération de la
forêt.
Je crois, M. le ministre, que vous vous êtes mépris
beaucoup sur les sujets dont nous avons discuté lors de ce colloque
régional de la Mauricie et des Bois Francs. Il ne s'agit pas de revenir
sur les concessions forestières; il s'agit plutôt de ne pas
revenir surtout à la politique ancestrale, qui était de croire
que la forêt s'autoregénérait par elle-même sans que
personne y fasse quoi que ce soit. Après cela, nous avons adopté
cette politique où l'État assumait la responsabilité et
qui a donné de très piètres résultats. Quand on
compare nos résultats depuis les dernières années avec
ceux du Nouveau-Brunswick ou de la Colombie britannique et d'autres provinces,
on s'aperçoit qu'on est dans une situation extrêmement pauvre. Les
résultats ont été extrêmement pénibles.
C'est donc peut-être le moment de vous poser deux questions
fondamentales. Est-ce que, dans cette optique où vous envisagez de
donner des responsabilités ou de faire partager les
responsabilités aux compagnies privées, vous entrevoyez des
concepts semblables à ceux utilisés dans d'autres provinces
canadiennes comme le Nouveau-Brunswick, où on donne des droits de coupe
pendant un certain nombre d'années et par lesquels on oblige ces
compagnies à faire un effort de reboisement?
Comme seconde question, puisque tous les experts dans le domaine de la
forêt nous le disent, la régénération de la
forêt ne passe pas uniquement pas un effort de plantation. Mettre des
petits plants en terre est une chose, mais il y a toute une gamme d'autres
activités qui sont nécessaires pour assurer la
régénération de la forêt. Dans le discours que tient
le ministre et dans les discours que j'ai entendus, soit par le premier
ministre ou par lui-même, on insiste beaucoup sur la plantation, mais on
n'a pas dit grand-chose sur toutes les autres activités qui sont
nécessaires pour assurer que les plants arrivent à terme et
qu'ils progressent. J'aimerais entendre le ministre là-dessus. On parle
toujours de plantation; bien sûr, c'est un phénomène
important. Comme vous le savez, et si vous consultez les experts de votre
ministère, ils vous diront, il y a d'autres activités requises
pour assurer qu'il y ait régénération de la forêt
qui n'est pas uniquement un phénomène de plantation.
J'ai d'autres questions mais j'aimerais qu'on...
M. Duhaime: Écoutez, je suis très heureux de ce que
vous venez de nous dire concernant le mode de tenure. J'espère que, d'un
colloque à l'autre, cela deviendra un raffermissement de la politique du
Parti libéral. Je suis très heureux de vous entendre parler de
cette façon-là, parce que, finalement, on tient le même
discours. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi, dans vos
colloques, il y a une dénonciation de ce que nous faisons et qu'ensuite
vous faites votre réflexion et que vous arrivez à la même
conclusion que nous.
M. Fortier: Je n'ai pas entendu votre conclusion.
M. Duhaime: D'abord, faisons le point sur la question du
programme de révocation. Au moment de l'adoption de la loi 27, il y
avait - je vais vous donner les chiffres arrondis - environ 13 600
kilomètres carrés qui avaient été
rétrocédés au moment de l'adoption de la loi. Ceci
laissait environ
220 000 kilomètres carrés à révoquer. Au fil
des ans, nous en avons révoqué à peu près le tiers.
Ce qui veut dire que les deux tiers sont encore sous concession
forestière depuis l'adoption de la loi 27. (11 h 15)
Je n'ai pas encore vu de grandes premières pages où une
grande compagnie qui a une concession forestière, et qui l'a depuis
très longtemps, ait annoncé de vastes programmes soit
d'aménagement forestier ou de reboisement. Il y a là des points
d'interrogation. La deuxième chose, c'est que - je pense qu'on se mettra
d'accord vite - le Nouveau-Brunswick n'est peut-être pas le meilleur
modèle. Quand on se compare, il ne faut pas non plus se sous-estimer.
À l'échelle canadienne, dans le secteur de la production des
pâtes et du papier journal, nous produisons tout près de la
moitié de la capacité canadienne à l'heure actuelle. Dans
l'industrie du sciage, depuis sept ou huit ans, cela a été un
boum absolument extraordinaire, ce qui veut dire que, quand on porte un
jugement - je le lis moi aussi -je reçois de la correspondance, on porte
un jugement global ou on dit tout simplement et un peu bêtement
d'ailleurs que la forêt du Québec est mal gérée.
C'est complètement faux d'avancer une pareille problématique. Il
y a des choses à parfaire, je le concède. Mais, depuis que le
ministère de l'Énergie et des Ressources, et pas seulement sous
notre gouvernement mais sous le vôtre également à
l'époque, sur le plan de la gestion et de la qualité de la
gestion, je pense que nous avons pu satisfaire les besoins de l'industrie, lui
fournir les garanties d'approvisionnement, mais je dois dire qu'il y a eu un
laisser-aller de la part de la grande industrie.
Sans faire plus de publicité qu'il ne faut à d'autres
régions du monde, j'ai rencontré des dirigeants de l'entreprise
privée de Suède et de Finlande qui m'ont expliqué que leur
programme de reboisement, d'entretien des plantations, comptait jusqu'à
30% de leur coût de production. Si on voulait refiler une facture qui
équivaudrait à 30% des coûts de production à notre
entreprise ici, je pense qu'on ne pourrait pas le faire dans la même
année, il faudrait quelques années d'ajustement.
Est-ce qu'on est en train de mettre au point de nouveaux concepts
là-dessus en termes de politique forestière? La réponse
est affirmative. J'ai eu l'occasion, durant les dernières semaines, de
rencontrer personnellement à peu près tous les intervenants du
milieu sans exception, que ce soit l'université, les syndicats de
producteurs, les grandes entreprises, leurs associations, l'Association
manufacturière du bois de sciage, l'Ordre des ingénieurs
forestiers. Nous avons l'intention de rendre public ce que j'appellerais un
document de travail ou un document de base dans les premiers jours de mai, ce
qui ne serait non pas un énoncé de politique ou encore un contenu
d'orientation, mais qui serait davantage un constat de la situation pour
l'ensemble de tout ce qui touche aux activités de la forêt. Nous
allons demander à nos partenaires de réagir face à ce
document et de nous donner leur propre perspective, de nous dire comment ils
voient le problème et quelles sont les solutions qu'ils sont prêts
à risquer d'avancer. Cela va donner presque tout l'été,
c'est-à-dire mai, juin, juillet, août et septembre. Au fur et
à mesure que nous obtiendrons ces réactions, nous allons les
confronter avec ce que nous sommes en train de mettre au point au
ministère comme problématique, quant à l'avenir. Si nous
sommes suffisamment avancés dans ces travaux, j'ai l'intention de
proposer au Conseil des ministres pour l'automne une nouvelle politique
forestière. On peut piger à gauche et à droite, soit en
Ontario, avec le Forest Management Contract, par exemple, ou encore des
éléments intéressants en Colombie britannique ou encore
dans les pays Scandinaves, mais ce qu'il faudrait peut-être penser
à mettre au point, c'est un modèle québécois qui
serait adapté à la géographie de nos régions.
Vous disiez tantôt qu'il faut reboiser davantage dans les
régions où il y a la tordeuse. C'est vrai pour l'Est du
Québec, c'est vrai pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Dans
nos objectifs, si on prend la région de l'Abitibi-Témiscamingue,
qui n'est pas la région la plus affectée par la tordeuse des
bourgeons de l'épinette, nous avons un effort de reboisement presque
aussi soutenu que ce que nous allons faire dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie ou encore dans l'agglomération du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et pour une raison assez simple: c'est là qu'est
la grande concentration de l'industrie du sciage au Québec, en plus des
usines de papier, dont celle d'Amos. Il y a là tout un dossier qui
mérite d'être mis à jour. Je suis parfaitement d'accord
avec le député d'Outremont lorsqu'il me dit: Le reboisement, ce
n'est pas tout. On est parfaitement d'accord. Le reboisement, ce n'est qu'un
volet. Vous semblez vous inquiéter, un fois les arbres plantés,
de ce qui leur arrive. Ils ne sont pas laissés à la merci de la
nature et des framboisiers. On les entretient. Si vous allez au budget, vous
allez voir que, cette année, par exemple, nous dépenserons
à peu près 11 300 000 $, mais pour l'entretien seulement. Le
reboisement est un volet. L'aménagement en plus doit venir, la question
du... Si on prend la forêt privée, par exemple, qui, à mon
sens, va recevoir de notre part beaucoup d'attention dans les années qui
viennent, la forêt privée est proche des centres urbains. Elle est
plus productive à l'acre que la forêt publique. Il y a
peut-être des incitations plus grandes,
parce que les gens ressentent un sentiment d'appartenance quelconque
à cette forêt qui leur appartient et elle fournit 20% des
approvisionnement globaux du Québec. Nous allons, bien sûr,
travailler avec les propriétaires. C'est exact qu'il y en a 125 000. Je
suis d'accord avec le député de Beauce-Sud là-dessus,
mais, là où nous ne sommes pas d'accord, c'est lorsqu'il a
déjà dit en Chambre que le problème de la tordeuse
touchait les 125 000, ce qui est faux.
Nous avons amendé l'année dernière la Loi sur le
crédit forestier, qui donne une ouverture et une souplesse beaucoup plus
grandes maintenant pour des investissements. Cette loi est administrée
par l'Office du crédit agricole, comme vous le savez. Il y a la question
de la fiscalité municipale qu'il faudra réviser ou au moins
revoir. Il y a le financement des investissements au-delà de ce qui
pourrait être fait par le biais de la Loi sur le crédit forestier,
le drainage, par exemple. Je dois dire là-dessus que mon inclination
personnelle est de mettre davantage à contribution la forêt
privée et d'impliquer aussi les propriétaires des boisés
privés dans les énoncés de politique que nous
préparons. Je dois vous dire que j'ai été très
heureux de la réaction de tous les intervenants que j'ai
rencontrés qui m'ont dit: Oui, effectivement, nous sommes très
intéressés. Nous allons vous transmettre ce que nous en pensons.
On procède un peu à l'inverse de la tradition.
Généralement, un ministre annonce un livre vert. Le livre vert
devient un livre blanc. Ensuite, il y a une commission parlementaire et tout le
monde se chicane autour de la table. La méthode que je retiens est de
publier un document de base et les gens vont nous indiquer, à partir de
leur propre analyse et de leur propre conception, comment ils voient un peu les
choses. Ensuite, le gouvernement va réagir.
Un dernier mot, M. le Président, pour rappeler qu'en mai
prochain, toute la question de la forêt privée va être
abordée lors du premier colloque à être tenu au
Québec sur cette question. Le colloque est prévu pour le
début de mai à Trois-Rivières et tout ce qui a trait
à la forêt privée va être débattu pendant ces
journées. Je suis convaincu qu'on va échanger sur une
problématique d'avenir axée vers une croissance de la
capacité de production de la forêt privée.
M. Fortier; En ce qui concerne le genre de plants qui vont
être produits en pépinière ou lorsqu'on parle de politique
de reboisement, je n'ai pas entendu le ministre nous dire dans des
déclarations publiques quels plants ou quel genre de boisés
exactement il va favoriser. Est-ce que la politique de reboisement est à
venir ou si vous allez déjà en soumission pour construire des
serres? J'imagine que vous avez déjà défini dans une
certaine mesure le type de plants qui seront plantés et à quel
endroit. Autrement dit, vous dites: Plus tard, on verra où les planter
et c'est là où je trouve, même si cela viendra dans deux
ans, comme vous le dites, qu'il faudrait déjà que le
ministère ait une assez bonne idée du genre de politique
forestière qu'il veut mettre de l'avant dans deux ans, parce que, de
toute évidence, pour qu'on puisse procéder dans deux ans, il
faudrait savoir quel genre de forêt on veut favoriser dans deux ans et
déterminer dès maintenant le genre de plants que l'on veut.
C'était une première question.
L'autre question concerne les droits de coupe. Vous avez dit qu'on
allait en refiler à l'entreprise privée une partie du coût
par le moyen des droits de coupe. J'aimerais poser cette question au ministre.
Je ne le sais pas, mais est-ce que les droits de coupe sont uniformes pour tout
le monde au Québec? Est-ce que c'est au même niveau? Mon
inquiétude, à ce moment-là, si les droits de coupe
étaient uniformes pour tout le monde, c'est qu'on sait que certaines
scieries, dans certaines régions, ont beaucoup de difficulté
à joindre les deux bouts présentement. S'il fallait que les
droits de coupe augmentent d'une façon appréciable, cela pourrait
augmenter leur coût de production et créer des difficultés.
Je me demandais si le ministre, dans sa politique de refiler à
l'entreprise privée une partie des coûts en augmentant les droits
de coupe, s'est préoccupé de l'impact à court terme que
ceci pourrait avoir sur les coûts d'exploitation des utilisateurs de la
forêt et de certaines scieries qui pourraient être
pénalisées.
Autrement dit, il y a un impact forestier à long terme et je
pense qu'on s'entend là-dessus pour régénérer la
forêt si l'on veut arriver à des performances comme celles dont le
ministre a fait état, dans les pays Scandinaves, quoique, dans ces pays,
il y a également des problèmes de pluies acides. Enfin, c'est un
autre sujet et je ne voudrais pas l'aborder immédiatement. Mais si on se
compare aux pays Scandinaves, je crois qu'il faut investir là-dedans.
Sur le plan forestier, on s'entend, mais j'imagine que les utilisateurs de la
forêt vont se poser des questions sur l'impact économique qu'une
augmentation des droits de coupe pourrait avoir sur leur rendement.
Ma première question avait trait au genre de plants, au genre de
forêts, ou est-ce que le ministère a déjà une
planification forestière qui détermine précisément
les investissements que le ministre va faire cette année? Cela me semble
une condition sine qua non car, si on attend un an ou un an et demi pour
déterminer cela, on va mettre la charrue devant les boeufs.
D'autre part, est-ce que le ministre
peut faire des commentaires sur l'impact qu'une augmentation des droits
de coupe pourrait avoir sur certains utilisateurs?
M. Duhaime: D'abord, je vais vous rassurer parce que, ayant
déjà labouré moi-même, je sais dans quel sens
installer le cheval par rapport à la charrue. Je suis un peu
étonné de votre question parce que ce que vous me demandez ce
matin a été rendu public le 28 novembre dernier, en
conférence de presse. J'ai même donné deux
conférences de presse. Je me souviens très bien qu'il y a des
journalistes qui se demandaient pourquoi j'en donnais deux. Je pense que,
d'après les questions que vous me posez, je vais en donner une
troisième.
Je voudrais vous donner l'assurance que nous n'improviserons pas en
cours de route. Les endroits où les plantations d'arbres seront faites
sont déjà décidés. Je pourrais même vous
donner les détails de tout cela. Je pense qu'il serait plus simple de
vous les transmettre. Nous allons d'abord faire des plantations en
récipients et avec des plants à racines nues. Tout cela est
détaillé par grille et par région. J'ai tous ces documents
ici. Je vais vous donner un exemple.
M. Fortier: Je dois vous admettre que, pour moi, les racines
nues... ouais! D'accord!
M. Duhaime: Les racines nues ne vous intéressent pas?
M. Fortier: Non. Je vois ici les formations, mais cela ne me
donnait pas l'information, pour le profane que je suis. Peut-être que je
pourrais avoir l'information.
M. Duhaime: Ah bon! On va prendre ma région à titre
d'exemple, soit la région 04. Récipients et racines nues en
prévision de 1988: le grand total est de 38 000 000. Ensuite, vous avez
une première addition mathématique qui vous donne en
récipients et en racines nues - je vais vous donner les totaux, cela
sera peut-être moins fastidieux -12 000 000 qui seraient produits par les
installations du gouvernement, 14 000 000 qui seraient produits par les
entreprises privées et 12 000 000 par les compagnies, pour un grand
total de 38 000 000. (11 h 30)
Maintenant, quelles sont les espèces? Je pense que vous avez
posé cette question. Ce sont, en très large majorité, des
plants d'arbres résineux. Je ne ferai pas la différence entre les
plants à racines nues et ou en récipient. Cela peut
paraître très amusant pour des profanes, mais c'est très
important pour les professionnels du métier, ce genre de distinction:
épinette noire, 28,5% du programme; pin gris, 24,3%; épinette
blanche, 15,6%; épinette de Norvège, 15%, sapin beaumier,
5,5%.
M. Fortier: Oui, j'ai cela ici.
M. Duhaime: Épinette rouge, 4%, etc.
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: Maintenant, par région, les objectifs sont
déjà arrêtés, vous les avez dans les documents de
presse qu'on a rendu publics au mois de novembre, vous les avez en millions de
plants et en milliers d'hectares par région. Il ne faut pas croire que
le ministre de l'Énergie et des Ressources s'est levé un bon
matin en se disant: On va planter 300 000 000 de plants et on se
démêlera avec le reste. Ce sont des gestes qui ont
été rendus publics et décidés par le gouvernement;
on y a réfléchi et ils ont été bien
préparés. Je n'ai pas beaucoup d'inquiétude
là-dessus.
Maintenant, les droits de coupe. Est-ce qu'ils sont uniformes? La
réponse est oui. Le même effort est fourni sur une base de
non-discrimination, mais il y a des variantes suivant les espèces, bien
sûr. Je dois dire que les droits de coupe, à l'heure actuelle,
représentent à peu près 3% du coût de production.
Tout récemment, nous avons eu l'occasion de faire un examen exhaustif de
toute la problématique des droits de coupe au Québec parce que
nous avons dû défendre notre dossier devant un tribunal
américain du commerce, cause que nous avons gagnée. Quand je dis
"nous", je devrais peut-être nous exclure, parce que nous avons
plutôt fourni un soutien d'ordre technique, un soutien d'ordre financier
à l'industrie québécoise et canadienne qui avait
été assignée par un tribunal américain. La
prétention des plaignants était que nous subventionnions
l'importation avec la mécanique de nos droits de coupe et nous avons
prouvé exactement le contraire, de sorte que nous pensons avoir la
sainte paix sur ce front pendant quelques années.
Il est évident que si nous augmentons les droits de coupe,
d'abord, cela ne concerne pas la forêt privée, en aucune
manière, - autant le dire avant que le député de
Beauce-Sud ne me pose une question de ce genre - les droits de coupe
s'appliquent à la forêt publique pour la pâte et pour toute
la gamme des produits: pâte, papier journal ou sciage. Nous sommes
absolument conscients qu'il y a une fragilité de plusieurs industries
dans le sciage au Québec, mais ce sont des industries dont la
santé financière varie à la moindre ride sur le
marché du sciage.
À l'heure actuelle, l'industrie du sciage au Québec doit
tourner à au-delà de 90% ou 95% de sa capacité; ça
tourne très fort. Il y a certains moulins qui trouvent un seuil de
rentabilité lorsque la demande est à ce point sur le
marché. Certaines entreprises de l'industrie du sciage, qui sont dans le
peloton
de la queue, si vous voulez, ne sont pas capables de supporter l'effort
sur le droit de coupe qu'on leur demandera - parce que tout le monde sera mis
à contribution non pas sur une base de discrimination, mais sur une base
égalitaire - et elles devront compresser ailleurs, soit dans leur
méthode de gestion ou dans leur façon de faire tourner leur
entreprise. Il est bien certain que le ministère ou le gouvernement ne
pourrait certainement pas faire une espèce de liste pour dire que les
entreprises en bonne santé financière seront mises à
contribution en fonction de leurs profits ou de leur chiffre d'affaires,
etc.
Le seul critère que l'on puisse retenir dans l'application d'un
droit de coupe, ce sont les quantités de bois qui sont consommées
par chacune de ces entreprises. Autrement, je ne vois pas tellement où
il pourrait y avoir une logique. Alors, on va, dans les semaines qui viennent,
compléter ces chiffres. Je vous ai donné des ordres de grandeur
quand même assez précis et c'est évident qu'on va augmenter
les droits de coupe, c'est un secret de polichinelle, maintenant.
M. Fortier: Y a-t-il une étude succincte sur les droits de
coupe qui seraient disponibles ou une analyse des droits de coupe? Est-ce que
certains détails que le ministre a fournis ce matin sur le programme de
reboisement, font partie d'un document qui pourrait éventuellement
être disponible? Le ministre a donné certaines précisions
aujourd'hui. À quel moment le ministre pourra-t-il donner plus
d'information dans un document intégré sur le plan de
reboisement?
M. Duhaime: II y en aura sûrement des volets importants
dans le document dont j'ai fait mention tantôt, qui sera rendu public
début mai, mais c'est très certainement à l'automne que
cela sera beaucoup plus étoffé parce qu'on va y ajouter une
problématique. Ce que je vous donne comme information a
été rendu public dès le mois de novembre dernier. Il n'y a
pas beaucoup d'éléments qui s'y sont ajoutés si ce ne sont
des ajustements mineurs sur le plan des budgets. Par exemple, est-ce qu'on va
mettre une serre avec une taille de 12 000 000 de plants de capacité de
production sur une base annuelle parce qu'en serre on fait deux récoltes
plutôt qu'une? Si on décide d'installer une serre avec une
capacité de production de 20 000 000 de plants par récolte, cela
fait 40 000 000 par année, vous venez de régler passablement le
problème. Nous avons opté pour disséminer sur le
territoire et les serres et les pépinières, d'abord pour faire
des économies d'échelle importantes sur le transport, et,
deuxièmement aussi, pour essayer de répartir l'emploi et les
investissements sur des bases régionales pour qu'un peu tout le monde
puisse en profiter.
Sur les droits de coupe, je pourrais peut-être déposer cet
après-midi, si on peut mettre la main dessus rapidement à mon
ministère, la grille actuelle que nous utilisons. Cela répondrait
probablement à la question que vous avez posée. Je crois pouvoir
affirmer que nous ne faisons de discrimination en aucune manière. Que ce
soit dans le sciage, le papier journal ou dans la pâte, tout le monde est
traité sur le même pied, c'est-à-dire en fonction des
niveaux de consommation.
M. Fortier: Sur l'analyse qui a servi au commerce
extérieur pour lutter aux États-Unis, est-ce qu'il y a certains
documents -je ne tiens pas à avoir une brique - qui peuvent être
fournis?
M. Duhaime: Oui, si vous faites le cumul des documents qui ont
été produits devant le tribunal administratif américain,
vous allez nourrir votre fin de semaine.
M. Fortier: Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Duhaime: On peut essayer de voir aujourd'hui si ce serait
possible de vous fournir l'information.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. M. le ministre,
j'aurais quelques questions à vous poser sur les méthodes
utilisées par les compagnies qui ont des concessions. Je vous dis
d'abord que je suis profane en la matière. Il y a sûrement des
questions de rentabilité accrochées à ces méthodes,
des questions de coupe à blanc, des questions de gaspillage, d'une
certaine façon, des jeunes pousses et des questions de quantité
de main-d'oeuvre. Cela fait beaucoup de questions mais, à mon avis, tout
cela se greffe autour des concessions qu'on donne aux différentes
compagnies pour obtenir des droits de coupe.
Tout en allant à la pêche dans la région du
Lac-Saint-Jean il n'y a pas si longtemps, j'ai eu l'occasion de visiter des
coupes de bois faites par les grandes compagnies qu'on connaît ici au
Québec, qui obtiennent des concessions du gouvernement. Bien sûr
qu'on était loin du cheval et de la chaîne que nos
grands-pères ont connus pour sortir les billes du bois. Je ne voudrais
pas non plus, tout profane que je suis, aller suggérer, en 1984, de
revenir à ces méthodes, mais il n'en reste pas moins que
lorsqu'on entre dans nos forêts avec ce qu'on appelle aujourd'hui les
"garrets" - presque
des bulldozers, d'énormes machines - on ne prend, ni plus ni
moins, que la crème de la forêt, on choisit les plus beaux arbres,
les essences qui font l'affaire et finalement, tout en ce faisant, à mon
avis, on gaspille des plants qui ont peut-être cinq, huit ou dix ans,
parce que ces énormes machines passent dessus, les cassent et les
gaspillent.
Il serait peut-être difficile de quantifier ou d'évaluer ce
que représente ce type de coupe qu'on appelle les fameuses coupes
à blanc. Je pense que la question se pose. Le gouvernement pense
à des programmes de main-d'oeuvre. On sait que le taux de chômage
est énorme, mais si on utilisait plus de main-d'oeuvre et moins de
grosses machines et si, plutôt que de faire des coupes à blanc en
gaspillant les jeunes plants, on mettait ces machines de côté pour
utiliser davantage des bras et des jambes, je me demande si on ne
réglerait pas en même temps, d'un seul coup, une question de
chômage et la conservation des jeunes plants qui, relativement à
court terme, pourraient devenir aussi des arbres matures, et on sauterait
peut-être des étapes. Je vous pose ces questions un peu
innocemment, mais je pense qu'elles valent d'être posées. À
première vue, il m'apparaît y avoir une espèce de
contradiction. Si on en revenait aux exigences des compagnies quand on leur
donne des droits de coupe, est-ce que cela empêcherait la
rentabilité et est-ce qu'à ce moment-là, le fait d'avoir
un droit de coupe avec de telles exigences, cela ferait en sorte que des
compagnies ne pourraient plus couper du bois sur une base concurrentielle?
À première vue, il m'apparaît que ces questions se posent.
J'ai été un peu scandalisé de voir à quel point il
se faisait un énorme gaspillage dans le bois qui n'était pas
mûr, pas prêt à couper. On s'en fout; on passe dessus; on le
gaspille; on le tasse. Cela a l'air d'un ravage épouvantable une fois
que les compagnies ont passé dans les forêts. J'aimerais vous
entendre là-dessus. J'aurais d'autres questions après
celle-là.
M. Duhaime: C'est une vaste question que mon collègue de
Beauharnois soulève. Si on décidait de cesser la
mécanisation des travaux en forêt et de retourner à une
main-d'oeuvre plus abondante, j'appellerais cela, en quelque sorte, le
modèle chinois. C'est entendu qu'on aurait un très grand nombre
d'employés en forêt, mais il est presque certain que, quant aux
profits, avec la hausse faramineuse que pourrait représenter la masse
salariale impliquée, le coût de production au mètre cube
pour les entreprises entraînerait automatiquement, à mon point de
vue, la fermeture de l'industrie du sciage et de l'industrie de la pâte
et du papier journal.
C'est d'un immense secteur que nous parlons. Il y a 265 000 emplois qui
sont reliés à la forêt au Québec, du début
jusqu'à la fin de la chaîne. C'est 20% du total de nos
exportations et c'est une industrie qui est tournée vers le
marché international. Pour être en mesure de livrer, il faut
d'abord et avant tout que, pour une tonne de papier journal ou le bois de
sciage, que vous le comptiez aux planches par 1000 pieds ou peu importe la
méthode utilisée, il faut être concurrentiel avec des
produits de grande qualité.
C'est vraiment infernal, la concurrence sur le marché
international à l'heure actuelle. Il y a des phénomènes
qui se produisent où des pays en voie de développement ou en
train de décoller sur le plan économique, qui ont une
main-d'oeuvre beaucoup moins dispendieuse que la nôtre, mais qui ont
maintenant nos technologies, en arrivent à nous déplacer ou
encore à occuper des marchés que nous occupions. À cet
égard, il n'y a pas d'amis. Je craindrais énormément que
cela se produise. Je vois plutôt le phénomène dans l'autre
sens. Il va y avoir davantage de mécanisation en forêt. Quelles
sont les méthodes qui vont être utilisées? Certains coins
du monde ont opté pour la coupe à blanc et le reboisement.
Traditionnellement, on ne s'est jamais vraiment fait une idée. On a
gagé, pendant toutes les décennies derrière nous, que Dieu
et la nature allaient prendre soin de la relève et que la
régénérescence des forêts se ferait. Je suis
d'accord avec vous lorsque vous dites qu'avec ce genre de machinerie en
forêt il y a beaucoup de gaspillage et beaucoup de pertes, mais,
finalement, ce qu'il faut regarder, c'est ce que nous produisons de la
forêt, si son prix est concurrentiel, si les méthodes
utilisées sont valables et si on protège l'avenir. Ma
problématique n'est pas de viser 30 000 000 de mètres cubes par
année de la forêt québécoise et d'envisager que ce
chiffre va rester à 30 000 000 de mètres cubes. Je crois l'avoir
indiqué ce matin ou hier, on s'inscrivait plutôt dans une
dynamique, dans un mouvement visant une augmentation. Si on augmente, c'est
entendu qu'il va falloir en même temps rester concurrentiel, et cela est
implacable. (11 h 45)
II faut éviter de faire des erreurs. Aujourd'hui, on fait
référence au modèle suédois en quelque sorte, non
seulement pour ce qui est de la forêt et des programmes de reboisement
qui y sont conduits, mais il faut bien constater aussi que les Suédois,
dans les années vingt, ont complètement gaspillé leurs
forêts. Pendant des années, ils ont utilisé leurs
matières ligneuses pour alimenter les hauts fourneaux pour produire de
l'acier. Ils ont brûlé complètement leurs forêts et
ils ont dû repartir à peu près à zéro, il y a
une soixantaine d'années. Il faut dire qu'ils ont "fichument" bien
réussi. Est-ce que cela va
être la coupe par bande? Est-ce que cela va être de la coupe
à blanc de façon systématique? Je pense que ce qu'il est
important de dire pour l'instant, c'est de travailler à avoir une
forêt commerciale qui soit en meilleure santé possible et qu'on va
aider davantage à mieux produire par les différents programmes
dont nous discutons actuellement, mais le seul moment où il n'y aura
plus aucun gaspillage dans la forêt, ce sera lorsque nous commencerons
à couper des forêts qui auront été
complètement reboisées là où les plants ayant
été alignés il y a X années, seront rendus à
maturité; là c'est vrai qu'il n'y a pas de perte. Maintenant,
vous avez des forêts de résineux et de non-résineux.
Très souvent, on y retrouve des espèces différentes.
L'industrie du papier journal d'autrefois ne prenait que le résineux.
Aujourd'hui, elle a commencé à utiliser d'autres espèces.
Il y a aussi des développements technologiques qui sont survenus
où vous avez aujourd'hui des entreprises qui produisent à partir
d'espèces non utilisées par la pâte et le papier journal.
Je pense entre autres aux usines de panneaux gaufrés, par exemple, de
panneaux-particules et les projets comme ceux dont nous parlions pour
Mont-Laurier et Maniwaki, la MDF. Ce sont ces technologies nouvelles qui vont
nous permettre d'utiliser davantage la matière ligneuse. Notre objectif,
pour utiliser une des expressions qui est chère à mon
sous-ministre associé aux forêts, c'est l'utilisation maximale de
la matière ligneuse. C'est entendu qu'avant qu'on en soit là, des
situations comme celle que vous avez vue dans le Sagueny-Lac-Saint-Jean lors de
votre tournée, vous allez très certainement en revoir
d'autres.
M. Lavigne: Pour enchaîner un peu sur ce que vient de dire
le ministre, je ne veux pas ouvrir un débat dans lequel je n'ai pas
assez de données pour lui dire qu'il n'a pas raison. Mais, malgré
tout, je me pose la question, est-ce qu'au ministère on prend cette
décision après avoir évalué toute la question, pas
uniquement celle de la rentabilité du bois à court terme, mais en
impliquant ou en évaluant d'autres phénomènes, d'autres
facteurs comme, par exemple, si on pouvait arriver à comptabiliser
l'économie qu'on ferait avec d'abord la conservation des jeunes plants
qui sont brisés, si on pouvait utiliser cela, je ne sais pas si c'est
possible, s'il y a des techniques modernes qui pourraient nous permettre cela,
si on pouvait aussi mettre dans la comptabilité en question les 1 800
000 000 $ d'aide sociale qu'on a payés cette année, je ne veux
pas dire qu'on récupérerait évidemment tout le paquet
parce que tous les bénéficiaires de l'aide sociale ne pourraient
pas s'en aller dans la forêt avec une "chain saw", mais qu'on tienne
compte aussi de ce facteur. Si on faisait entrer aussi dans nos calculs les
retours d'impôt de ces travailleurs et d'autres points que je
n'énumère pas parce qu'ils ne me viennent pas à
l'idée, si on faisait une analyse vraiment exhaustive et complète
de toute cette question, socialement, peut-être pas seulement pour le
coupeur de bois, mais la société du Québec, en
général, sur le plan d'une économie de main-d'oeuvre, de
retour d'impôt, de gains sauvés, d'aide sociale, etc.,
d'économie de jeunes plants qui ne seraient pas massacrés, si on
faisait, dis-je, une analyse de toute la problématique, est-ce que,
d'après vous, vous arriveriez encore à la même conclusion
qui est celle de continuer à mécaniser et de pousser de l'avant
cette théorie?
Un autre élément important, c'est que, accidentellement,
le terrain ne se prête pas toujours avantageusement à la grosse
machine. Si, au moins, on pouvait procéder plus à la mitaine, si
vous me permettez l'expression, parce qu'elle est comprise des
Québécois - les terrains où la plantation est
alignée comme des rangs de blé d'Inde qu'on coupera
mécaniquement et très facilement éventuellement. Cela ne
se prête pas toujours à cette façon de procéder. On
sait qu'il y a des terrains plus rocheux, il y a des terrains plus montagneux,
des terrains à pente plus abrupte. Si on pouvait tenir compte de cet
élément-là pour faire en sorte que, dans les terrains plus
plats, on aille avec une coupe à blanc et un reboisement plus
orienté éventuellement et que, dans les terrains un peu plus
accidentés, on tienne compte d'une coupe moins à blanc, moins
mécanisée et plus à la mitaine, comme je le disais, je ne
le sais pas, c'est peut-être une question pertinente et je pense qu'elle
mérite d'être posée et d'être
évaluée.
M. Duhaime: En fait, vous posez vraiment une question pertinente
et les modèles économétriques là-dessus ont
amené toutes les entreprises privées et le gouvernement à
constater qu'un scénario qui consisterait à utiliser davantage de
main-d'oeuvre et moins de machinerie entraînerait immanquablement une
augmentation des coûts de production. Cela est certain. Est-ce qu'il
vaudrait le coût de refaire toute l'étude et de faire des
projections en tenant compte de ce qui est gagné, de ce qui est perdu?
Cela pourrait être très intéressant, mais je suis à
peu près certain qu'on arriverait aux mêmes données. Je
pense qu'on a devant nous une avenue qui m'apparaît assez claire. On
parle beaucoup de technologies nouvelles; on parle de virage technologique. Si
nous mécanisions davantage au Québec, en forêt, il est
certain qu'au fil des années, on arriverait à développer
davantage d'entreprises qui mettraient au point la machinerie industrielle
qu'on produit ici pour une partie, mais qu'on
achète aussi ailleurs.
Je ne veux pas vous effrayer mais, dans le domaine de la plantation,
dans certains coins du monde, on a commencé à utiliser de la
machinerie pour des fins de plantation et on calcule le nombre de milliers de
plants à l'heure qu'une machine arrive à planter en terrain plat,
bien sûr et en terrain adéquat qui a été
drainé. C'est évident que, sur une problématique d'avenir,
c'est dans cette direction qu'on ira. Je verrais plus la problématique
d'accueillir des technologies nouvelles, les assimiler, les domestiquer, les
bonifier et réexporter de la technologie qu'on ajouterait.
Il est évident que l'impact sur l'emploi mérite
sérieusement d'être considéré et ce n'est pas
inconciliable d'avoir une industrie dynamique et concurrentielle tant en
forêt qu'en industrie en aval et d'en arriver à mettre au point
des programmes d'emploi pour remettre à l'ouvrage le maximum de la
population active du Québec. Dans ce sens-là, le plan de relance
que nous avons annoncé l'automne dernier, la réinsertion des
personnes aptes au travail dans toute espèce de travaux communautaires
ou stages en entreprise ou de retour aux études, c'est devenu,
même en forêt, des métiers qui sont techniquement beaucoup
plus sophistiqués qu'ils ne l'étaient il y a plusieurs
années. Je pense qu'on ferait une erreur importante, selon moi, en
refusant ces technologies nouvelles pour axer notre développement sur
une plus grande utilisation de la main-d'oeuvre sans tenir compte de ce que
pourraient envisager nos concurrents. Qu'un moulin à papier s'installe
n'importe où au Québec, il est automatiquement sur le
marché international.
Qu'un moulin de sciage s'installe n'importe où, il doit faire
face à une concurrence, nous n'établissons pas les prix; nous ne
fixons pas les règles de la concurrence sur le marché
international. On n'en a que le résultat et il faut y faire face. Je
pense que si on retenait une stratégie qui pourrait répondre,
à court terme, à un problème de main-d'oeuvre en
disponibilité mais qui, presque automatiquement, créerait des
problèmes à peu près insurmontables pour l'ensemble de
l'industrie, j'aime mieux maintenir le choix que nous avons fait jusqu'à
maintenant.
M. Lavigne: M. le ministre, je pose une dernière question.
On dit que, d'ici 1988, on sera prêt à mettre 300 000 000 de
plants en terre; le député d'Outremont vous posait la question
tout à l'heure à savoir si le terrains qui recevront ces 300 000
000 de plants ont déjà été identifiés par
région. Vous avez dit que c'était identifié. Je parle
surtout du type de terrains. Pour enchaîner avec la question
précédente, comme vous avez choisi des terrains plutôt
plats, est-ce qu'on préparera ces terrains comme on le fait pour un
champ de blé d'Inde, par exemple? Est-ce qu'ils seront
dégagés des vieilles souches, des vieilles branches? Est-ce qu'on
fera la plantation à la machine, à la main? J'aimerais vous
entendre parler là-dessus? Évidemment, se greffe à cela le
fait que si on avait à nettoyer la forêt comme il faut avant de
planter ces plants, cela amènerait énormément de
résidu de bois qui n'est pas bon ni pour les pâtes et le papier ni
pour le bois de sciage. Cela nous amène donc à débloquer
sur une autre question qui est le développement de la biomasse. Tous ces
résidus du bois pourraient-ils être récupérés
dans des usines de biomasse? On sait qu'il y en a déjà une ou
deux qui fonctionnent au Québec et qui font face à une grande
concurrence, mais elles sont quand même là et on pourrait
peut-être aider à les développer davantage et à
devenir davantage concurrentielles sur le plan énergétique?
J'aimerais que vous m'informiez sur quel type de terrains, sur la
procédure et sur la biomasse dont il s'agit.
M. Duhaime: J'ai deux points. Je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion de survoler, par exemple, l'ancienne seigneurie de
Lotbinière, où il y a une forêt domaniale où vous
pouvez voir un modèle de coupe qui a été fait depuis
plusieurs années. On essaie d'en mesurer les effets maintenant, mais ce
n'est pas... Des coupes par bande ont été faites dans cette
immense forêt domaniale. Il n'y a pas eu de reboisement comme tel. On
essaie de voir sur certaines parties de cette forêt comment la
régénérescence va se faire et de quelle manière. Il
était entendu qu'avant de faire le reboisement, on va faire un travail
de préparation, mais il serait hors de question de labourer la
forêt, de la herser et de tasser tout ce qui pourrait s'y trouver,
autrement dit en faire un champ qu'on préparerait avant
l'ensemencement.
Généralement, après que la coupe de bois est faite,
la plantation se fait sans beaucoup de préparation. En Colombie
britannique, par exemple, j'ai eu l'occasion de voir un peu de documents
là-dessus, à première vue, quand vous jetez un coup d'oeil
sur le terrain qu'on s'apprête à reboiser, votre réaction
est plutôt de dire: Qu'est-ce qu'ils sont en train de faire là?
Pourtant, le reboisement se fait là, les souches sont là, etc.,
mais il faut bien considérer qu'une souche qui est là maintenant
ou un bois mort, quand l'arbre que vous plantez aujourd'hui arrivera à
maturité à 60 ans, les chances sont que le bois sera disparu; il
aura réintégré le sol. Il se fait surtout un travail
d'entretien, mais ce serait s'embarquer dans des coûts astronomiques que
de penser qu'on pourrait nettoyer complètement pour ensuite reboiser. On
le fait sur certaines parties de la forêt
publique. En forêt privée, c'est une autre question. Cela
dépend vraiment du goût du propriétaire. Je dois dire qu'en
forêt privée, généralement, le reboisement se fait
sur des territoires qui ont été soit autrefois en culture ou qui
ont été coupés à blanc et, ensuite, sont
reboisés. Cela va varier énormément d'un secteur à
l'autre. Règle générale, on va tenter de travailler sur
des acrages qui auront été préparés et il restera
à voir quel est le niveau de préparation qu'on va y mettre.
Enlever du bois mort, par exemple, ce serait gaspiller essentiellement de
l'argent parce qu'on sait très bien qu'au fil des années, il va
disparaître. Ce qui est important, une fois que l'arbre planté a
atteint une certaine maturité, c'est qu'on va utiliser de la
main-d'oeuvre pour faire l'entretien des plantations ou encore utiliser de la
machinerie. J'ai comme le sentiment qu'on va faire un peu des deux. (12
heures)
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Duhaime: Vous avez posé une dernière question
sur la biomasse. Là encore, nous sommes à des étapes
vraiment premières. On ne fait que commencer au Québec. Je sais
que Shell avait beaucoup d'ambition avec ses partenaires. Ils ont dû
réduire leur problématique d'investissements. Je crois qu'il y a
une usine, cependant, qui est ou bien en voie de parachèvement ou
terminée dans le coin de Mégantic, mais je me souviens d'avoir vu
la problématique des investissements. Ils les ont ralentis pour une
raison assez simple; c'est que le produit fini doit être un produit
commercial, donc, entrer sur le marché et maintenant que les Arabes ont
décidé d'être un peu plus raisonnables sur l'augmentation
du prix du pétrole, il est évident que cela va retarder tous ces
produits. C'est la même chose pour le méthanol. À
Saint-Juste-de-Bretenières, nous avons un projet qui est en marche. Nous
en sommes à la phase I pour la mise au point du gazogène. Je
crois qu'on envisageait à peu près vers 1985 d'aller dans la
phase II sur une production de méthanol. Je suis loin d'être
convaincu qu'on va y arriver si le prix international du brut reste à
peu près ce qu'il est aujourd'hui. Tout est fonction de marché.
Cela n'exclut pas, cependant que, dans ces secteurs, nous consacrions davantage
d'argent à la recherche et au développement, à des
applications industrielles aussi, ne serait-ce que pour préparer les
années 1995, 2000, 2010, 2015, etc. C'est un immense point
d'interrogation: Quel va être le prix du pétrole dans cinq, dix ou
vingt ans? On l'a demandé ici lors des travaux de la commission
parlementaire à peu près à tout ce qu'on a d'experts et le
consensus semble se faire sur un statu quo, mais pour combien de temps? Il n'y
a personne qui va risquer une réponse. Ce genre de dossier est
directement relié à l'évolution du prix des autres formes
d'énergie qui concurrencent, finalement soit le méthanol ou tout
autre produit qui viendrait de la forêt.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je pense que la discussion
sur la forêt est très intéressante, mais je me rends compte
qu'on n'en est rendu qu'au programme 2. Avant de continuer, j'aurais une
question à poser au ministre. Le secrétaire me disait qu'il
serait peut-être possible d'avoir une heure ou deux de plus. Le ministre
serait-il consentant pour en discuter un peu plus tard?
M. Duhaime: Cela dépend à quel moment.
M. Fortier: Ce soir, seriez-vous libre? M. Duhaime: Pardon? M.
Fortier: Ce soir?
M. Duhaime: Ce soir, j'ai des empêchements dirimants.
M. Fortier: En tout cas, si on pouvait s'entendre.
Peut-être qu'à l'heure du lunch, on pourrait se parler. Si
c'était possible, on pourrait en discuter.
Le Secrétaire: II faudrait s'entendre avec le leader.
M. Fortier: Oui. Nous allons continuer nos travaux en essayant
d'accélérer, mais c'est sûr que tout le domaine de la
forêt demande présentement une attention particulière pour
plusieurs régions du Québec et c'est la raison pour laquelle je
suis tout à fait d'accord pour qu'on y passe un peu de temps, mais, par
ailleurs, il nous reste l'énergie et les mines. Ce sont deux autres
secteurs très importants également. Hier, on n'a eu finalement
qu'une heure et dix minutes et, ce matin, deux heures et demie. Cela veut dire
qu'on a eu quatre heures en tout ce matin et cet après-midi,
peut-être deux heures et quelques minutes.
M. Duhaime: M. le député d'Outremont, si vous me
permettez une remarque, ce n'est pas particulièrement ma faute...
M. Fortier: Non, non!
M. Duhaime: ...s'il y a de la turbulence à la
période des questions.
M. Fortier: Non, c'est à cause des déclarations
ministérielles, en particulier,
mais...
M. Duhaime: C'est cela qui nous retarde.
M. Fortier: ...je n'en fais pas ombrage à qui que ce soit.
J'aurais voulu simplement avoir votre collaboration, si possible, pour avoir un
peu plus de temps. Sinon, on va essayer de se contracter, mais ce serait
déplorable, vu l'importance du ministère, comme j'en faisais
état hier. En ce qui me concerne, le programme 2 est adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Le programme 2 est
adopté.
M. Lavigne: M. le Président, je voudrais seulement
souligner que mon collègue de Deux-Montagnes voudrait poser une question
sur les défoliants tout à l'heure.
M. Fortier: On y reviendra. Il n'y aucune difficulté.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'on suspend
le programme 2?
M. Fortier: On peut l'adopter.
M. Lavigne: Non, non, c'est au programme 3, si vous
intervenez.
Protection de la forêt
M. Fortier: Le programme 3, on en a parlé tout à
l'heure. Je n'ai qu'une question, pour ma part, étant donné qu'un
peu plus loin il y a de nombreux sujets surtout lorsqu'on arrive au programme
7, le développement de l'industrie forestière. Il y a plusieurs
questions, mais, au programme 3, ma question est la suivante: Chaque
année -cela fait trois ans que je fais les crédits du
ministère - on déprime les budgets de prévention et de
lutte contre les incendies. Chaque année, on dit: C'est compte tenu de
la performance des années dernières et, chaque année, il y
a des budgets supplémentaires. Est-ce que le ministère ou le
Conseil du trésor joue à cache-cache? Pour quelle raison
réduire les budgets pour les augmenter en cours de route? Il me
semblerait que, si on prenait la moyenne des dernières années, on
s'apercevrait qu'il manque de l'argent à chaque année, comme de
raison. Je sais que le ministre ne peut pas prévoir le nombre de feux de
forêt et l'importance des feux de forêt mais il me semblerait
qu'une façon plus rationnelle serait de baser le budget sur la moyenne
des dernières années qui, de mémoire, semble indiquer que
le budget de 1984-1985 est trop bas.
M. Duhaime: Trop faible ou trop fort?
M. Fortier: Trop faible par rapport aux expériences
passées.
M. Duhaime: Ah! Je suis parfaitement d'accord avec vous
là-dessus. Sur le point que ce qui est annoncé dans le cahier des
crédits, à moins que nous connaissions un été
diluvien, et cela m'étonnerait beaucoup, on va très certainement
devoir retourner au Conseil du trésor et au fonds de
suppléance.
J'avoue que, du côté du Conseil du trésor, le gros
de nos dépenses, comme vous le savez, se fait l'été. Les
crédits sont déposés vers les mois de février ou de
mars, selon les années, et le Conseil du trésor
préfère, au lieu de geler tout de suite un crédit à
ce poste de dépenses, se garder une marge de manoeuvre. Il y a des
crédits qui deviennent périmés dans d'autres
ministères. Le Conseil du trésor est en quelque sorte le poste de
contrôle de toutes les dépenses et les virements se font presque
automatiquement. On n'a pas besoin de faire de longues parades au Conseil du
trésor car il le sait d'avance. Aussitôt qu'on arrive presque au
fond de notre baril, on retourne au Conseil du trésor pour percevoir un
montant d'argent additionnel pour faire face aux impératifs de la lutte
contre les incendies.
J'avoue qu'on pourrait retenir une autre technique, mais je n'en ai pas
fait un drame parce que, depuis trois ans, je n'ai jamais manqué
d'argent pour lutter contre les incendies. On se paie même le luxe de
prêter nos avions à nos amis de l'Ontario. On l'a fait avec
beaucoup de plaisir sauf que, maintenant, ils sont mieux équipés.
Ils ont finalement fait l'achat de CL-215. Grâce à l'initiative du
Québec, une entente a été conclue avec le gouvernement
fédéral, et les provinces et le fédéral ont
préparé un programme de telle sorte que, pour le prix d'un
appareil, on en obtenait un deuxième. Eux, étant maintenant
équipés, je pense que...
Écoutez, si votre suggestion est dans le sens de faire augmenter
le budget, cela me paraît plus...
M. Fortier: Non, non. Ce n'est pas plus important que cela. Je ne
veux pas passer trop de temps là-dessus. Est-ce que le ministre pourrait
me dire, comme on indique 19 000 000 $ dans le cahier des crédits pour
l'année 1983-1984, que vous nous avez remis, si c'est le budget ou si
c'est le total qui a été dépensé l'an dernier?
M. Duhaime: En fait, vous avez toujours deux chiffres. Si vous
vous référez au cahier des crédits de 1983-1984, vous
trouverez un autre chiffre. Les 19 000 000 $ que vous venez de mentionner,
c'est un budget ajusté au dernier jour de décembre. C'est une
méthode que le Conseil
du trésor utilise depuis des années et des années.
Avez-vous mentionné 19 000 000 $?
M. Fortier: C'est un montant de 18 995 000 $, oui.
M. Duhaime: Ah bon! Vous avez les deux. Vous avez...
M. Fortier: Non, je n'ai pas...
M. Duhaime: Dans le montant de 18 995 500 $, vous avez deux
volets: la prévention et la lutte contre les incendies. Il y a donc une
ventilation qui devrait être faite. Mais quand vous vous
référez aux crédits de l'année dernière, si
vous vous référez au cahier des crédits au moment du
dépôt...
M. Fortier: Il est sur 13 000 000 $.
M. Duhaime: ...c'est au début de l'année. Ensuite,
quand on fait, par exemple, un nouveau dépôt des crédits,
comme pour l'exercice financier de 1984-1985, quand on fait les comparaisons
avec l'année 1983-1984, on n'est plus au moment du dépôt
des crédits faits au 31 décembre. C'est pour cela qu'il y a des
variations parfois vers le haut et parfois vers le bas. C'est une
méthode qui a été utilisée depuis que le
ministère existe, j'imagine. L'essentiel, je pense, est d'avoir les
fonds nécessaires pour lutter efficacement. L'année
dernière, cela a été terrible. On a défoncé
tout ce qu'il y avait comme prévisions. Il y a eu beaucoup
d'incendies.
Le montant qui est mis là-dessus tient aussi compte d'une
certaine réalité. J'ai ici quelques chiffres drôlement
impressionnants de 1974 à 1983. Je vais vous épargner tout le
dédale de cela, mais c'est simplement pour dire que, par exemple, en
1974, 910 feux ont coûté 500 000 $. On va prendre l'année
1983 durant laquelle il y a eu 1653 feux de forêt; 238 000 hectares ont
été touchés et cela a coûté 12 000 000 $.
M. Fortier: Une mini-question: c'est la forêt publique qui
est touchée surtout, mais est-ce qu'il y a des feux dans les
forêts privées?
M. Duhaime: Je vais faire une vérification. Je crois que
le total comprend la forêt privée. Nous n'avons pas la
comptabilité de la forêt privée. Les chiffres que je vous
ai fournis, en chiffres arrondis, 239 000 hectares détruits en 1983,
pour un montant de 11 800 000 $, concernent la forêt publique.
Maintenant, je pense qu'on pourrait vous fournir le nombre d'incendies
en forêt privée qui ont été éteints par le
ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Fortier: Le ministère intervient quand même?
M. Duhaime: Le ministère intervient avec la même
rapidité et la même vitesse en utilisant les CL-215 ou un
Canso.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir brièvement à des questions qui ont déjà
été abordées par mon collègue de Beauharnois
à propos des épandages. Le ministre a voulu en quelque sorte se
faire rassurant; il a parlé de l'aspect sécuritaire qui est
relié à l'utilisation des produits chimiques dans ces
épandages. Il est excellent que le ministre et le ministère se
préoccupent de l'aspect sécuritaire puisqu'il y a, dans ces
épandages chimiques, des dangers qui sont peut-être mal connus et
peut-être assez considérables, assez graves.
Dans une situation comme celle-là, il y a des
intérêts économiques extrêmement importants qui
réclament la poursuite de certaines mesures malgré les dangers
que ces mesures peuvent présenter pour la santé. Le ministre a
fait allusion à ce qu'il a appelé un courant qui n'est pas
majoritaire dans les opinions, mais il faudrait savoir de quelles opinions il
s'agit. S'il s'agit des opinions de ceux qui ont des intérêts
économiques dans l'exploitation des forêts, il est bien sûr
que le courant en question sera minoritaire dans ces milieux.
Quand il s'agit de la santé, il n'est pas toujours facile de
reconnaître les vrais prophètes, il n'est pas toujours facile de
savoir qui a raison, minoritaire ou pas. Quand Galilée prétendait
que la terre était ronde - on l'a pendu pour cela - il était
remarquablement minoritaire.
M. Duhaime: On ne l'a pas brûlé, plutôt?
M. de Bellefeuille: On l'a peut-être brûlé; de
toute façon, on l'a mis à mort.
M. Fortier: De toute façon, c'était l'Église
qui l'avait décidé.
M. de Bellefeuille: On l'a mis à mort, parce qu'il
prétendait que la terre était une boule. Pasteur n'a pas
été mis à mort, mais il n'y a pas beaucoup de gens qui
prenaient au sérieux ses histoires d'êtres vivants invisibles
reliés à des maladies. Il a été nettement
ostracisé. Les gens qui, aujourd'hui, nous parlent des dangers
associés à l'usage des produits chimiques dans les
épandages sur la forêt, est-ce que ce sont
les Galilée et les Pasteur, ou est-ce que ce sont les
prophètes de malheur dont les prophéties sont mal fondées?
Ce n'est pas nécessairement facile à savoir, mais il y a pourtant
des travaux de recherche très sérieux qui ont montré que,
dans certaines régions, on peut croire qu'il y a un lien entre l'usage
des produits chimiques dans ces épandages et le taux de malformation
à la naissance chez les êtres humains. Cela donne à croire
que les dangers pour la santé sont très sérieux et qu'il
faut vraiment en tenir compte.
Je me demande d'ailleurs, à partir des explications que le
ministre nous a données, s'il n'y a pas de problèmes par rapport
à la santé, pourquoi le ministère réduit les
arrosages alors que les milieux reliés à l'exploitation de la
forêt réclament plutôt une augmentation des arrosages.
D'autre part - le ministre a bien fait la distinction entre les plantations et
les forêts en exploitation -dans les plantations, pourquoi
décréter, comme le gouvernement l'a fait le 13 novembre dernier,
un moratoire des épandages de produits chimiques sur les plantations,
s'il n'y a pas de problèmes reliés à la santé?
Je voudrais que le ministre nous explique un peu plus clairement comment
il perçoit les problèmes relatifs à la santé et,
puisqu'il nous parle de sécurité, quelle assurance il peut nous
donner de ce point de vue-là. (12 h 15)
M. Duhaime: Vous avez parfaitement raison de souligner qu'il ne
s'agit pas de compter les opinions d'un côté et de l'autre pour
prendre une décision. Je pense que ce doit être une
décision prise de façon très objective, sur les bases de
la meilleure connaissance scientifique de ce dossier.
Je disais tantôt qu'il y a différentes écoles de
pensée. C'est plus que de se référer aux querelles
byzantines d'autrefois. Le professeur Vladimir Smirnoff qui est une des grandes
autorités reconnues et un des promoteurs du BT, est, bien sûr, un
homme hautement respecté. Par contre, je vais peut-être vous faire
sursauter en vous disant que beaucoup des ingrédients que nous utilisons
dans les composantes des produits chimiques utilisés sont
également utilisés à des fins de fertilisation agricole.
Ces produits sont autorisés à l'heure actuelle. Ils engraissent
les sols pour activer la croissance des céréales, par exemple,
les jardins, soit pour nourrir directement les gens ou encore nourrir des
animaux qui, ultimement, seront consommés par des humains.
C'est un problème énorme. C'est pour cela que nous voulons
y aller avec prudence. Je voudrais vous donner l'assurance que, concernant les
intérêts économiques qui sont présents dans ce
dossier - il y a toute l'industrie manufacturière de ces produits
chimiques, d'une part, et il y a toute l'industrie manufacturière du BT,
d'autre part, qui est une industrie actuellement en croissance - du point de
vue du ministère de l'Énergie et des Ressources aussi bien que
celui du gouvernement, les intérêts économiques qui
pourraient se batailler sur le marché pour la promotion de leurs
produits n'ont aucune espèce d'incidence sur les décisions que
nous prenons. Le ministère de l'Environnement, depuis trois ou quatre
ans, a poussé ses recherches et ses études. Il y a eu une grande
sensibilisation de l'opinion publique. Au ministère de l'Énergie
et des Ressources, on a changé considérablement nos
méthodes d'arrosage. Vous avez indiqué le moratoire sur les
plantations. L'année dernière, par exemple, nous avons
arrosé sur 1 200 000 hectares; cette année, on réduit
à 800 000. La tendance va vers le BT.
À partir du moment où on a les mêmes garanties - du
moins c'est ce qu'on me donne comme information - je voudrais vous donner
l'assurance que j'en ai longuement discuté avec mon collègue de
l'Environnement de même qu'avec mon collègue des Affaires
sociales, à l'époque où M. Johnson était titulaire
de ce ministère. On a eu des réunions de travail. Nos
équipes de fonctionnaires au plus haut niveau des administrations se
parlent régulièrement à ce sujet. Au moindre signal ou, je
devrais dire, au moindre signe prémonitoire, nous ne ferons pas une
évaluation des courants d'opinion publique. S'il y a un danger
quelconque, nous allons tout arrêter. Quand je dis "tout arrêter",
c'est aussi bien le BT que les produits chimiques, parce qu'il y a des
discussions entre scientistes sur les vertus d'une méthode et ses
risques et sur les vertus d'une autre méthode par rapport à ses
risques. Nous n'avons pas fait un choix non plus en fonction
d'impératifs budgétaires. Si nous l'avions fait, nous n'aurions
même pas retenu les arrosages au BT, puisque ces derniers nous
coûtent beaucoup plus cher que les arrosages aux produits chimiques.
Pourtant, nous avons fait la répartition: cinq huitièmes des
superficies arrosées cette année le seront avec des produits
chimiques et trois huitièmes le seront avec le BT. J'expliquais tout
à l'heure qu'il faut aussi vérifier sur le terrain ce que cela
donne. Il y a beaucoup de scientistes et de biologistes principalement qui sont
assignés à ce dossier et qui font des prélèvements
sur des bases d'échantillonnage, je dirais, très poussées.
J'ai moi-même eu l'occasion d'avoir au moins deux séances de
travail avec les équipes mêmes sur les inventaires qui sont faits
des larves après arrosage, etc. C'est un des volets du dossier. D'aucuns
nous disent que les produits au BT sont moins efficaces; d'autres
prétendent le contraire. J'ai l'impression que, quant à
l'efficacité, ce sera dans quelques années qu'on sera en
mesure
de l'évaluer, mais je peux vous répondre très
clairement tout de suite qu'au plan de la sécurité, nous n'avons
jamais pris aucune chance et nous n'avons l'intention d'en prendre aucune.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Pour le programme 3, j'ai terminé.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté?
Utilisation de la forêt
M. Fortier: Adopté. J'aimerais arriver au programme 7 le
plus tôt possible, mais, au programme 4, j'ai seulement une question.
C'est sur l'utilisation de la forêt. Ici, je lis, à la page 20,
qu'aucun crédit n'est prévu en 1984-1985 pour le programme des
révocations. Or, un de vos collègues, dans le Soleil du 9 avril,
c'est le ministre de l'Environnement, a dit: "Reprise de la rétrocession
des concessions forestières. Est-ce qu'il y a des budgets ou s'il n'y a
pas de budget?
M. Duhaime: Qu'est-ce que vous dites de l'environnement?
M. Fortier: Ici j'ai, le lundi 9 avril: "Le gouvernement
Lévesque reprendra la rétrocession des. concessions
forestières qu'il avait temporairement arrêtée." C'est le
ministre de l'Environnement qui dit cela. Dans votre budget, vous dites qu'il
n'y a pas de budget. Est-ce qu'il y en a un ou s'il n'y en a pas? C'est le
ministre de l'Environnement qui a raison ou si c'est le ministre de
l'Énergie et des Ressources? Comme d'habitude.
M. Duhaime: C'est parce que, parfois, vous voyez des
contradictions là où il faudrait voir une conciliation. Ce n'est
pas le ministère de l'Environnement qui conduit les programmes de
révocation. Si nous n'avons pas de crédits là-dessus,
cette année, c'est que nous ne prévoyons pas, dans
l'immédiat, avoir besoin de crédits. J'ai indiqué tout
à l'heure que le programme de rétrocession des concessions
forestières se déroule au fur et à mesure que nous
rencontrons des problèmes d'approvisionnement. De mémoire, je
pourrais vous dire de la dernière évaluation qu'on en avait faite
l'an dernier que, si on disait qu'on termine tout d'un coup le programme de
révocation, je crois que c'était d'environ 60 000 000 $ à
65 000 000 $ en termes de budget global pour finir le travail, au moment de la
révocation, où il nous faut indemniser les détenteurs de
ce droit pour les améliorations qui ont été faites.
Si en cours d'année, nous avons un problème
d'approvisionnement et que nous décidons de révoquer, à ce
moment, nous envoyons un CT au Conseil du trésor, où c'est
discuté et généralement réglé et c'est
payé à même le fonds de suppléance.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Très brièvement, M. le ministre, je
m'étonne un peu de voir à quel point, dans ces volets, on met
presque la moitié du volet, soit 22 000 000 $ cette année par
rapport à 21 000 000 $ l'an passé, pour la voirie
forestière. Est-ce que cela nous est remboursé d'une certaine
façon par les concessions? C'est ça qu'on fait aux entreprises,
ou si on paie vraiment le montant? On fait les routes et on laisse promener...
C'est 50-50?
M. Fortier: C'est 50-50.
M. Duhaime: C'est un des bons programmes, je dois dire, qu'il
fonctionne admirablement bien. C'est une grande incitation pour l'industrie. On
paie 50% des dépenses; il y a des ajustements qui se font... Tous les
projets sont présentés au ministère; on essaie, bien
sûr, d'y aller au moindre coût possible, mais nous payons 50% de la
facture.
M. Lavigne: Cela veut dire qu'au total, avec la mise de fonds des
compagnies, on irait chercher environ 40 000 000 $ en investissements dans les
réseaux routiers et forestiers.
M. Duhaime: C'est exact.
Le Président (M. Lafrenière): Programme 4,
adopté? Adopté.
Gestion interne et soutien
M. Fortier: Progamme 5, très rapidement, j'ai deux
questions. La première: Est-ce que le ministère se
préoccupe de faire l'analyse de toute la réglementation existant
au ministère de l'Énergie et des Ressources? Est-ce qu'une
évaluation a été faite de la réglementation? Est-ce
qu'un programme d'action est en oeuvre pour simplifier la
réglementation, pour diminuer l'impact économique des
règlements? Est-ce que le ministre a un plan d'action précis
à cet égard qui répondrait à la demande des
intervenants du secteur économique de diminuer la réglementation
et de la simplifier le plus possible?
M. Duhaime: II y a une mise à jour continuelle de la
réglementation qui est faite. C'est entendu qu'on est possiblement
surreglementé. Le problème se pose toujours au moment de
la déréglementation. Qu'arrive-t-il alors? Il est vrai que les
gens nous disent qu'il y a beaucoup de règlements qui s'appliquent, mais
il faut quand même travailler sur le terrain. On essaie de ne pas
alourdir la machine au-delà de ses besoins et de tenter de travailler
sur des scénarios simplifiés. Je ne sais pas ce que vous avez en
tête exactement comme règlements inutiles.
M. Fortier: Je suis d'accord avec le ministre quand il dit qu'on
a besoin de réglementation. D'ailleurs, il y a certains hommes
d'affaires ou certaines industries qui vivent simplement parce qu'il y a une
réglementation et, lorsqu'on vient pour l'enlever, ces gens-là
sont certainement les premiers à s'en plaindre. Je croyais que, dans un
sens de simplification - il y a peut-être des règlements qui
existent depuis "dix-neuf cent tranquille" - et que si le ministre ou ses
fonctionnaires pouvaient faire une révision, ils s'apercevraient que
certains règlements sont complètement désuets et qu'il y
aurait lieu de les éliminer. Est-ce qu'il y a une équipe de
travail qui fait cela ou si le ministre est satisfait de la
réglementation telle qu'elle existe et croit qu'elle doit continuer
comme cela?
M. Duhaime: Je vais peut-être vous étonner mais,
dans un premier temps, je vous dirai qu'on n'a pas beaucoup de plaintes
à ce sujet-là au ministère. C'est plutôt le
phénomène inverse qui se produit. Des gens de l'industrie me
demandent d'adopter des lois et des règlements en plus de ceux que nous
avons, bien sûr, parce que cela pourrait servir leurs
intérêts comme entreprise. Il faut un peu se méfier de ce
genre d'invitation. Je vous donne un exemple très simple. Dans le
dossier de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, lorsque
l'épidémie manifeste de l'intensité, on voudrait qu'on
reprenne la fameuse loi "Bona", qu'on lui mette des crocs, sinon des dents, et
qu'ensuite on réglemente. Mais, si on touche à un morceau comme
celui-là, cela veut dire aussi qu'il faudra toucher à toute la
réglementation du prix du bois, qu'il faudra toucher à la
réglementation des approvisionnements. C'est drôle comme je n'ai
donc pas le goût d'aller jouer là-dedans. Cela peut paraître
très curieux, mais, dans un temps, l'industrie, dans son ensemble,
constate une réglementation qui, d'après son jugement, peut
être abusive et, du même souffle, nous en réclame
davantage.
La seule plainte que j'ai pour l'instant et qui se manifeste davantage
comme étant une crainte, c'est la réglementation qu'adopteront
éventuellement les MRC dans le cadre des schémas
d'aménagement. Ce n'est pas inconciliable. Je pense qu'il faudra faire
preuve de souplesse. Je pense que le ministre des Affaires municipales et le
ministre délégué à l'Aménagement et au
développement régional sont parfaitement conscients de ce
problème. S'il y a de la réglementation qui vient s'ajouter, cela
pourrait être tel que tel pour autant que cela ne vient pas en
contradiction ou de manière inconciliable avec ce qui existe
déjà. Je dois dire que, si j'avais à faire une
réponse très courte, c'est que nous n'avons pas beaucoup de
plaintes, c'est pour cela que je vous ai demandé exactement sur quoi
vous avez entendu une récrimination. (12 h 30)
M. Fortier: C'était général. Sur ce volet,
j'ai une dernière question. Je sais qu'à l'intérieur du
gouvernement, il y a eu des efforts pour donner plus de dents ou plus d'action
au vérificateur interne. J'ai eu certaines plaintes à savoir que
le ministère manquerait de contrôle en région. On me dit
que, lorsqu'il s'agit de payer des entrepreneurs qui plantent des plants, si on
parle de reboisement en particulier, il manquerait de contrôle. Dans
quelle mesure le vérificateur interne attitré au ministère
de l'Énergie et des Ressources a-t-il un programme d'action bien
précis? Le ministre juge-t-il que les contrôles sont satisfaisants
présentement? Compte tenu du fait qu'il va déléguer
certains travaux à l'entreprise privée, dans la même mesure
le ministre sait fort bien qu'il y a une grande règle en gestion: plus
on délègue, plus il faut contrôler. Dans quelle mesure,
dans la mesure où le ministère va déléguer ou qu'il
a délégué présentement, va-t-il s'assurer d'avoir
les contrôles efficaces pour s'assurer que l'argent des contribuables
soit bien utilisé?
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Duhaime: Vous parlez de contrôles de la
qualité?
M. Fortier: Je parle du contrôle de la qualité, du
contrôle financier, surtout.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont, il est 12 h 30. Il faudrait un consentement
ou bien on ajourne sine die. Y a-t-il consentement pour entendre la
réponse du ministre?
M. Duhaime: Je pourrais peut-être répondre à
cette question et on pourrait ajourner ensuite.
Le Président (M. Lafrenière): Y a-t-il
consentement?
M. Fortier: Oui, consentement.
Le Président (M. Lafrenière): D'accord, allez-y, M.
le ministre.
M. Duhaime: Parlons d'abord du contrôle de la
qualité du produit. Là-dessus, nous serons très exigeants.
J'ai indiqué tantôt qu'on exigerait un contrôle
professionnel. Nous allons le faire. Je dois dire que c'est de ce
côté qu'on a eu des problèmes. Je ne veux pas identifier
d'entreprises, mais, règle générale, quand le paiement
tarde, c'est parce que la qualité du produit n'a pas été
acceptée. On parle essentiellement de la qualité des plants
fournis au ministère et qui doivent être payés par le
ministère.
Je dois dire que nous avons dû utiliser une certaine largesse dans
l'évaluation de la qualité pour éviter que des entreprises
se culbutent en faillite. Sur le plan de la qualité, avec le programme
que nous commençons cette année de très hauts niveaux de
production, je dirais que nous serons intraitables.
Deuxième élément de la question sur le
contrôle comme tel, la rapidité du paiement, j'ai le sentiment
qu'on doit payer presque à la même vitesse que le ministère
du Revenu sur le remboursement des impôts.
M. Fortier: Je ne parlais pas de vitesse, je parlais du respect
des données contractuelles. Si vous octroyez un contrat à
quelqu'un pour planter en région X milliers de plants, vous le payez au
plant, j'imagine. Quelle assurance avez-vous que ces plants sont
réellement en terre? Avez-vous des contrôles qui vous permettent
de vérifier cela?
M. Dumaine: Oui, des contrôles se font sur le terrain. Il y
a des entreprises avec lesquelles le ministère travaille depuis
plusieurs années et où cela ne cause pas de problème. Il y
en a d'autres qui font un peu de piraterie. Autant au niveau des entrepreneurs
comme tels qu'au niveau des employés - je ne sais pas qui a
mentionné hier, peut-être un peu à la blague, que, parce
que la rémunération était faite à la pièce,
on retrouvait en forêt des paquets de plants qui étaient tout
simplement mis sous une roche ou sous des framboisiers sur le terrain - nous
allons, bien sûr, faire exercer un contrôle le plus efficace
possible. Mais on doit admettre au départ qu'on ne peut pas engager
quelqu'un pour suivre le planteur à longueur de journée. Donc, on
fera ce qu'on appelle des vérifications - les Anglais diraient des "spot
checks" - et c'est de cette façon qu'on fonctionnera.
M. Fortier: Rapidement, sur le contrôle de la
qualité. Le ministre, je pense, pourra emprunter ce qui se fait dans
l'industrie aéronautique ou dans l'industrie nucléaire. Il
pourrait même consulter son sous-ministre des Mines, qui était
à l'époque dans l'industrie nucléaire, où il y a
deux façons de procéder pour le contrôle de la
qualité. Ce qui arrive, c'est que, dans l'industrie aéronautique
ou nucléaire, lorsqu'il s'agissait de s'assurer de la qualité
d'un produit donné, disons une pièce de machinerie, la
méthode traditionnelle était d'embaucher des inspecteurs qui se
rendaient sur place vérifier que le travail était fait tel qu'il
devait l'être et cela coûtait très cher, parce que cela
amène une multitude d'inspecteurs. Si le ministère allait dans
cette direction, cela pourrait vouloir dire qu'une multitude d'inspecteurs
seraient embauchés pour vérifier la qualité, même si
cela passait par le secteur privé.
La formule retenue dans le domaine aéronautique ou
nucléaire, c'est d'insister pour que chaque entreprise ait un programme
de contrôle de la qualité. Ceci se fait en exigeant de
l'entreprise en particulier qu'elle produise un document qui détermine
tous les paramètres et les contrôles qui seront effectués
et qu'elle indique qu'il y a un service responsable de cela dans cette
entreprise même et que la personne responsable de ce service se rapporte
à un point très élevé dans l'organisation.
Autrement dit, ce qui revient au client, que ce soit Hydro-Québec ou
à ceux qui achètent ces produits, leur seule
responsabilité, c'est de s'assurer qu'un programme de contrôle de
la qualité existe dans chaque industrie, et laisse l'inspection
quotidienne se faire par l'entreprise elle-même. Si on parle du
contrôle de la qualité, je crois que le ministre serait sage de
regarder ce qui se fait dans certaines industries où justement, pour
minimiser les coûts et pour maximiser le contrôle de la
qualité, on établit des programmes d'assurance de la
qualité, où l'entreprise a une responsabilité
spécifique, où on exige que ceux qui sont responsables du
contrôle de la qualité dans l'entreprise se rapportent au
président ou à quelqu'un de très en vue dans
l'organisation même. Si on croit, comme le ministre l'a dit, que le
contrôle de la qualité a un impact déterminant sur la
qualité du reboisement éventuellement, je crois qu'il pourrait
s'inspirer de ce genre d'expérience qui s'est fait dans d'autres
entreprises.
Mais j'aimerais revenir au programme du vérificateur interne,
parce que, lorsqu'on lit le rapport du vérificateur du gouvernement, on
nous dit que des efforts sont faits de ce côté. Le
Vérificateur général nous dit que les efforts ne sont pas
assez suivis. Y a-t-il un programme spécifique pour le ministère
de l'Énergie et des Ressources? Est-ce que le vérificateur
interne attitré à votre ministère a un programme bien
arrêté? Est-ce que ce programme est en voie de
réalisation?
M. Duhaime: La réponse à votre dernière
question est oui, et nous en faisons le suivi le mieux possible. Je voudrais
peut-être revenir sur la question du contrôle de la qualité.
Quand nous signons des contrats avec l'entreprise privée, nous avons,
bien sûr, des exigences sur le contrôle de la qualité des
plantations faites, la qualité de la mise en terre et certains
critères de densité et d'espacement. Il y en a pour une vingtaine
de pages, mais je retiens votre suggestion. On pourrait peut-être
demander aux entreprises d'exercer elles-mêmes leur propre contrôle
de la qualité, ce serait peut-être plus facile et cela les
responsabiliserait davantage. Le problème est davantage dans le champ,
comme on le dit, ou dans le bois. Au moment où les planteurs sont
à l'ouvrage, s'il y en a une trentaine ou une quarantaine dans un
groupe, quand arrive un secteur de plantation un peu plus ombragé et
moins surveillé, la tentation est là. On va tenter de faire un
effort maximal là-dessus.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. le
ministre. La commission de l'économie et du travail ajourne ses
travaux... Il faudrait adopter le programme 5.
M. Duhaime: Est-ce qu'il est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Lafrenière): Adopté?
Adopté.
M. Duhaime: Est-ce qu'on a fini la forêt?
M. Fortier: Pour la forêt, il reste les programmes 6 et
7.
M. Duhaime: D'accord, on continuera cet après-midi.
M. Fortier: J'aurai quelques questions sur le
développement de l'industrie forestière, ce qui prendra 20 ou 25
minutes.
M. Duhaime: D'accord, oui.
M. Fortier: Ensuite, on passera...
M. Duhaime: M. le Président, si vous me le permettez,
hier, j'ai indiqué que je voulais déposer devant la commission
parlementaire la lettre que j'avais adressée au président de
REXFOR, de même qu'au président de l'entreprise
Bellerive-Ka'n'enda pour ce qui est du projet de Mont-Laurier. C'est une lettre
du 5 avril. Je voudrais ajouter que c'est une réserve
d'approvisionnement que nous avons faite pour six mois. Il y a des conditions
à remplir pour l'entreprise. Je voudrais les déposer à la
commission.
Le Président (M. Lafrenière): Bon! M. le ministre,
elles ne seront pas déposées, mais des photocopies seront faites
et acheminées à tous les députés.
M. Duhaime: Bon, d'accord.
Le Président (M. Lafrenière): D'accord. La
commission de l'économie et du travail ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 40)
(Reprise de la séance à 15 h 28)
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. La
parole est à...
M. Fortier: Je propose l'adoption du programme 6,
immédiatement.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté. M.
Fortier: Programme 7.
Le Président (M. Lafrenière): Programme 7. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Merci. M. le ministre, est-ce qu'on s'entend d'un
commun accord pour poursuivre jusqu'à 18 h 30, 18 h 45?
M. Duhaime: On terminerait à cette heure?
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: 18 h 45.
M. Fortier: Oui.
M. Duhaime: J'ai un rendez-vous très important à 19
h 30.
M. Fortier: D'accord, 18 h 45.
Une voix: C'est le même rendez-vous.
M. Lavigne: M. le Président, en tant que responsable de
cette commission, je peux vous dire qu'il y a plusieurs membres de cette
commission qui doivent partir absolument à 18 heures. Il était
convenu qu'on finissait à 18 heures et des engagements ont
été pris. Je ne sais pas si je pourrai récupérer
suffisamment de membres pour que la commission siège. Je pourrais le
vérifier avant que vous preniez une décision finale. Donnez-moi
dix ou quinze minutes pour vérifier, car pour le moment je ne peux pas
prendre cet engagement.
Développement de l'industrie
forestière
M. Fortier: S'il y avait moyen d'avoir une ou deux personnes.
Le programme 7 concerne le développement de l'industrie
forestière. J'imagine que c'est à l'intérieur de ce
programme-là que vous allez financer, éventuellement, le
programme annoncé pour les scieries de Grande-Vallée, dans une
très grande mesure. C'est le moment pour en parler. Vous avez
annoncé pour la Gaspésie un programme...
M. Duhaime: Le programme de relance de l'industrie du sciage dans
le nord de la Gaspésie sera fait par l'intervention de REXFOR.
M. Fortier: II y a quand même des subventions. J'aurais
quelques questions...
M. Duhaime: II y aura des subventions à l'intérieur
de ce volet.
M. Fortier: J'ai en main, M. le ministre - cela nous permettra de
gagner du temps puisqu'on est un peu à court et que tout le monde est
intéressé par le sujet - le mémoire présenté
au Conseil des ministres, du moins la partie accessible au public, et j'aurais
quelques questions à ce sujet.
REXFOR possède déjà Matabois, Grande-Vallée,
Saint-Léon-le-Grand, Lac-au-Saumon, qui sont incorporés sous le
nom de Proforêt. Il y a d'autres intérêts privés,
Marsoui et Mont Logan. Vous avez un programme d'acquisition des actifs qui se
chiffre à 26 000 000 $ et il y a les approvisionnements en bois.
Ma première question: Est-ce qu'il existe une étude de
rentablité de tout cela? Autrement dit, est-ce que cette étude a
été faite sur la même base que pour une
société privée qui irait voir son banquier? J'imagine que
le banquier exigerait d'avoir une analyse quelque peu poussée avec
plusieurs scénarios probables quant au prix du bois dans l'avenir.
Autrement dit, est-ce qu'il existe une documentation qui pourrait être
déposée - je ne voudrais pas prendre le temps de la commission -
pour qu'on puisse mesurer l'ampleur de la rentabilité de ce nouveau
programme de relance des scieries de la Gaspésie?
M. Duhaime: Oui, en fait, on fonctionne exactement comme
l'entreprise privée. Pour un programme de relance comme celui qui va
viser l'industrie du sciage dans la partie nord de la Gaspésie, REXFOR a
préparé un projet d'intervention. Ils sont venus au gouvernement
voir leur actionnaire. Bien sûr, il y a une étude de
rentabilité.
M. Fortier: Est-ce qu'on pourrait en avoir une copie?
M. Duhaime: Bien, avec plaisir. M. Fortier: Merci.
M. Duhaime: On pourrait vous la remettre dans le courant de la
journée ou demain.
M. Fortier: Ah! II n'y a pas d'urgence.
M. Duhaime: Cela pourra sûrement vous être utile lors
de l'étude du projet de loi 66 lorsqu'on l'amènera en commission
parlementaire parce qu'à même les 66 000 000 $ de capital-actions
qu'on va ajouter dans REXFOR, la partie équité que celle-ci
investira sera puisée à même ces 66 000 000 $.
M. Fortier: J'ai quelques questions à poser, si vous le
permettez.
Le Président (M. Lafrenière): D'accord.
M. Fortier: À la page 3 de ce même document - je
vais essayer d'avoir des questions les plus brèves possible si on veut
accélérer la cadence - on dit ceci, en parlant des
approvisionnements: "II est à noter que, pour atteindre de tels volumes
d'approvisionnement - on parle d'un volume total de 914 000 mètres cubes
provenant des forêts publiques - en provenance des forêts
publiques, il a été nécessaire d'y inclure les volumes
jusque-là considérés pour l'approvisionnement de la
papeterie projetée de Matane." Cela signifie-t-il qu'il n'existe plus
maintenant d'approvisionnement pour la papeterie de Matane? Pourriez-vous
éclaircir cet énoncé? Je ne le comprends pas
moi-même.
M. Duhaime: Absolument pas. La papeterie de Matane est un dossier
qui, bien que silencieux, est très actif. L'explication est d'une grande
clarté. À partir des quatre scieries qui seront remises en marche
dans ce que j'appellerais la première phase d'un plan de relance dans la
Gaspésie-Nord -parce qu'il y a encore deux scieries qui nous
intéressent - nous comptons approvisionner la papeterie de Matane en
copeaux, ce qui veut dire qu'il n'y a aucun problème quant à
l'approvisionnement en bois de Matane. Originairement, nous envisagions une
production de 160 000 tonnes. Le dossier est maintenant à un niveau de
180 000 tonnes. Nous avons les approvisionnements nécessaires dans cette
région en comptant, bien sûr, que, pour l'un et l'autre projet,
les copeaux du sciage iront à Matane. Qu'est-ce qui arrive dans
l'intervalle? Ces copeaux seront mis en marché au Québec ou sur
le marché d'exportation par le truchement d'une
filiale de REXFOR qui s'appelle Lignarex et qui a le mandat de faire la
mise en marché.
M. Fortier: II y a une certaine quantité
d'approvisionnement qui vient des forêts privées. Sur 990 000
mètres cubes, il y a 914 000 mètres cubes de la forêt
publique et 76 000 mètres cubes de la forêt privée. Vous
dites qu'entre-temps les copeaux pourraient être vendus ailleurs. Comment
allez-vous assurer l'équilibre du marché? Comment allez-vous vous
assurer qu'il n'y aura pas une surenchère, qu'il n'y aura pas un
problème de prix, qu'il n'y aura pas du dumping qui nuirait aux
producteurs de bois ou à ceux travaillent dans le bois?
M. Duhaime: Ce serait relativement facile de dire: On va
permettre à une société d'État d'offrir des copeaux
à un prix de dumping sur notre propre marché, mais je pense qu'on
travaillerait, à court et moyen termes, contre nos propres
intérêts. On va travailler dans le sens de maintenir le
marché. Je disais tantôt que nous envisagions le marché
international. Nous avons actuellement en main plusieurs propositions de
contrats de longue durée pour l'exportation, mais ce n'est pas le but
visé. Ce que nous voulons, c'est utiliser les copeaux pour leur donner
une valeur ajoutée au Québec, créer des emplois ici et non
pas simplement les exporter. Si nous devons le faire, ce sera une situation
temporaire.
M. Fortier: Le ministre peut-il nous dire, en ce qui concerne la
papeterie de Matane qui viendrait s'intégrer, où nous en sommes
présentement? Je vois ici dans une dépêche du Soleil du 19
novembre: "Le projet d'une usine de fabrication de papier journal à
Matane est sur le point de franchir une étape décisive à
la faveur d'un climat politique et financier meilleur." Où en
sommes-nous présentement, en résumé, sans aller dans tous
les détails? Le ministre peut-il nous donner l'échéancier,
s'il y en a un, du lancement de ce projet?
M. Duhaime: Vous avez raison de souligner que la reprise
économique que l'on sent est un des facteurs importants. Cela
crée, bien sûr, de l'effervescence au niveau de la décision
d'aller de l'avant avec des investissements. Ce que je puis dire ici pour
l'instant, c'est que REXFOR a un mandat très clair. REXFOR a
déjà un partenaire et est en discussion actuellement avec un
troisième et possiblement un quatrième. Je n'ai pas d'idée
quant à l'échéancier, pour une raison assez simple. Il
s'agit d'un investissement envisagé de l'ordre de 330 000 000 $ et notre
société d'État, avec ses partenaires du secteur
privé, est en train de revoir et de refaire les exercices sur les
problématiques de la faisabilité et de la rentabilité du
projet. C'est parfaitement normal que cela se fasse ainsi. Aussitôt qu'il
y aura une entente de faite entre les actionnaires, il restera ensuite une
étape à franchir, qui sera de voir au financement à long
terme. Il est assez difficile d'annoncer un échéancier et de
dire: On le fera dans deux mois ou dans six mois. Nous avions un très
solide espoir de concrétiser le projet cette année avec la
participation d'un groupe américain, Bato, qui a déjà des
intérêts à Rivière-du-Loup avec REXFOR, mais, pour
des raisons qui sont internes à l'entreprise Bato, ils nous ont
signifié leur retrait du dossier.
M. Fortier: Sur la question de la relance des scieries de la
Gaspésie, cela signifie qu'il va y avoir un transport de bois sur de
très grandes distances, quand on connaît les distances, et
j'imagine que dans l'étude de rentabilité qui a été
prise en considération, à première vue, les distances
à parcourir sont tellement grandes que cela compromet dès le
départ la rentabilité d'un tel projet. On me signale qu'à
la demande de REXFOR ou d'autres personnes le gouvernement
fédéral a construit un quai. Est-ce à
Grande-Vallée? Oui? Cet investissement qui a été fait
à ce moment-là devient-il périmé et dans quelle
mesure l'utilisation du transport routier est-elle supérieure au
transport par bateau ou autrement? De quelle façon avez-vous fait
l'analyse qui vous permet de dire que la rentabilité est assurée
quand même par transport routier?
M. Duhaime: C'est un concept qui n'est pas nouveau. Est-ce qu'on
va le faire dans le nord de la Gaspésie plutôt qu'à partir
des scieries de Grande-Vallée ou de Matabois ou encore de Lac-au-Saumon
ou de Saint-Léon-le-Grand, pour sortir de ces scieries un produit fini,
prêt à être mis en marché? Nous avons plutôt
l'intention de faire produire, dans ces installations, du bois équarri
qui recevra un traitement final à Matane. Pour ce qui est du transport,
les effets s'annulent en quelque sorte. Qu'on transporte du bois équarri
ou qu'on transporte des produits finis à partir d'un point donné,
l'un dans l'autre, nous évaluons qu'il n'y a pas d'économie
réelle. Là où l'économie se fait sentir, c'est
à partir du point de distribution final, à partir de Matane,
d'où on expédiera soit des planches, soit des 2 sur 3, des 2 sur
4, des 2 sur 6 ou des 2 sur 8, dépendant s'il s'agit d'épinette
ou de sapin; ce bois sera traité, séché, raboté et
expédié.
Le quai fédéral de Grande-Vallée est le genre de
folie qu'un gouvernement commet une fois de temps en temps. Je ne dis pas
qu'à très long terme il ne puisse pas trouver sa
rentabilité. Mais le jour où on réexpédiera
des produits finis à partir de Grande-Vallée même,
pour des marchés d'outre-mer, si on regarde la capacité de
Grande-Vallée, même avec l'intervention qu'on y fait, si voulez
mon sentiment, ceux qui ont pris la décision d'y construire un quai ont
dû prendre une telle décision juste avant une campagne
électorale ou quelque chose comme cela.
M. Fortier: Le ministre a dit qu'il n'y avait pas tellement de
différence dans les coûts, que ce soit pour le transport du bois
équarri ou pour le transport du bois d'oeuvre. Mais, enfin, il sait bien
que, dans ce cas-ci, selon des données que vous avez dans vos documents,
on parle de 340 000 mètres cubes de bois équarri qui va devenir
la matière première alors que la quantité de bois d'oeuvre
sera uniquement de 272 000 mètres cubes. Donc, la quantité est de
près de 33% en moins ou de 25%; ce facteur doit être quand
même très: important. C'est un pourcentage de 25% des
quantités de bois à transporter en plus.
M. Duhaime: Mais ce n'est pas à ce niveau que, sur le plan
de la rentabilité de l'ensemble du projet, les économies
d'échelle sont significatives. On concentre un très haut niveau
de production à partir du bois équarri vers les produits finis en
un seul lieu plutôt que d'avoir des opérations de finition et de
traitement final du bois en quatre ou cinq endroits différents. Cela
sera concentré en un seul endroit et, de là,
expédié. C'est à cette étape de la production que
les économies d'échelle se réalisent.
Avoir des installations de séchage, de rabotage, de planage et de
traitement du bois en quatre ou cinq endroits différents pour de petites
quantités ou de petits volumes, cela vous coûte drôlement
plus cher que si vous concentrez ces étapes au même endroit en un
processus de fabrication qui fonctionne de façon continue. C'est
pourquoi nous avons retenu cette formule d'avoir un centre de traitement
régional à Matane. Ce concept n'est pas nouveau. Il existe
ailleurs également. C'est là que l'économie
d'échelle se fait sentir. Ce n'est pas tellement au niveau du transport.
Transporter des 2 sur 4, planés ou non, ou transporter des billes
équarries, en termes de coût de transport, cela a des chances de
se ressembler.
M. Fortier: Les journaux font état du fait que les
Gaspésiens doutent que les réserves forestières du coin
soient suffisantes pour approvisionner six scieries en même temps. Quelle
assurance le ministre peut-il nous donner à ce sujet, compte tenu de
l'état de la forêt gaspésienne et des quantités
accrues qu'il s'apprête à autoriser?
M. Duhaime: II y a des craintes qui apparaissent de temps
à autre dans les journaux, dans cette région comme dans d'autres.
Le problème de la forêt gaspésienne est assez simple
à expliquer. C'est une forêt qui a été
maltraitée, qui a été ravagée. Le bois est de
très petite dimension. C'est un fait. Personne ne va nier une pareille
évidence. Mais REXFOR et le ministère de l'Énergie et des
Ressources ont fait une étude très attentive sur la
capacité de la forêt gaspésienne aux fins d'alimenter non
pas six mais quatre scieries pour l'instant. On verra si on peut régler
les problèmes à Marsoui et Mont Logan, on verra s'il y aura une
cinquième et une sixième scieries. Une chose est sûre, il y
en aura une cinquième, mais je ne donne pas de garantie quant à
la sixième. Sur le plan des approvisionnements en bois, par rapport au
volume de production qu'on envisage, ce sera serré, mais on pense qu'on
peut satisfaire la demande. (15 h 45)
M. Fortier: Je change de dossier avant de passer la parole
à mes collègues. Vous êtes allé en Suède
dernièrement, en partie pour étudier son programme de
reboisement, et vous en avez fait état ce matin. Par ailleurs, les
journaux ont mentionné que vous êtes allé là-bas
avec certaines personnes de Port-Cartier. Pourriez-vous nous dire quelles sont
les démarches que vous avez faites en Suède et est-ce que
celles-ci peuvent nous permettre d'espérer que le dossier de
ITT-Rayonier va aboutir prochainement?
M. Duhaime: D'abord, je voudrais apporter une précision.
Nous avons fait une tournée en Norvège, en Suède et en
Finlande pour vérifier sur place ce que nous savions, bien sûr,
mais aussi pour rencontrer les ministres, hauts fonctionnaires et dirigeants de
grandes entreprises de même que les dirigeants et représentants
des associations de producteurs et de propriétaires de boisés
privés.
Nous avons eu une rencontre - cela a été rendu public il y
a plusieurs semaines par mon collègue de Duplessis - avec les dirigeants
de la compagnie suédoise Swenska Cellulosa, qui connaissent notre
région, qui connaissent le Québec, qui sont déjà
à Montréal. Nous avons, bien sûr, parlé avec eux du
dossier ITT-Rayonier. Il y a un intérêt manifeste de leur
côté. Il serait peut-être trop tôt pour qualifier
l'intérêt qu'ils ont manifesté, mais ils sont très
intéressés à aller voir plus loin ce que cela pourrait
donner, non pas pour redémarrer une production de rayonne, mais
peut-être pour éventuellement utiliser les bâtisses ou une
partie des bâtisses pour d'autres productions.
J'ai eu l'occasion de qualifier cet échange comme étant
prometteur et je pense que c'est l'expression qu'on peut utiliser dans ces
circonstances. J'ai eu l'occasion de leur adresser de la correspondance et il
n'est pas impossible non plus que je rencontre de
nouveau, en mai ou en juin prochain, un des dirigeants de Swenska
Cellulosa pour parler de ce dossier.
M. Fortier: Quelle compagnie?
M. Duhaime: Swenska Cellulosa. Il me manque un mot parce que le
sigle est SCA, mais c'est connu comme Swenska Cellulosa. Nous parlerons de ce
dossier et d'autres aussi que nous avons eu l'occasion d'aborder.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Si vous me le
permettez, je voudrais revenir sur le décret du gouvernement du
Québec qui n'a pas encore été étudié par le
Conseil des ministres mais qui le sera très prochainement concernant
l'approvisionnement de six scieries de la côte sud en forêt
publique; 914 000 mètres cubes, je crois. Est-ce que le territoire de
l'île d'Anticosti est inclus?
M. Duhaime: Anticosti sera... Si mon collègue des Finances
était ici, il dirait "comment dire?"... Les gens du Nord ont les yeux
sur Anticosti et les gens du Sud également. Pour l'instant, les
approvisionnements d'Anticosti ne sont engagés sur aucun projet.
M. Perron: Si je vous pose la question, M. le ministre, ce n'est
pas que je sois contre le fait que le bois d'Anticosti soit transporté
sur la côte sud pour approvisionner certaines scieries ou encore la
papeterie de Matane. Le ministre pourrait-il nous garantir que si jamais, dans
les prochains mois - si on peut parler ainsi - il y a une réouverture de
Rayonier Québec à Port-Cartier, par le biais d'un consortium ou
autrement, le bois de l'île pourrait approvisionner cette usine à
la suite de sa réouverture?
M. Duhaime: Je sais qu'Anticosti fait partie de votre patrimoine,
comme député. Ce que je peux, c'est utiliser la même
expression que vous, "pourrait". C'est une pure éventualité pour
l'instant parce qu'il n'y a aucun projet précis et encadré qui
pourrait commander un volume d'approvisionnement quelconque qui est
relié au redémarrage des installations d'ITT-Rayonier. On pense
qu'avec la forêt de la Côte-Nord, avec ce que nous envisageons pour
l'instant, ce serait amplement suffisant.
On ne peut jamais préjuger de l'avenir mais, si des tonnages
importants étaient requis en approvisionnement à partir
d'Anticosti, j'avoue que je n'ai pas le goût de faire une ligne de
démarcation sur
Anticosti à savoir ce qui appartiendra au nord et ce qui
appartiendra au sud. Une chose est sûre, cependant, le seul besoin qui
est identifié sur Anticosti pour approvisionner Matane, c'est au cas
où il y aurait une deuxième machine à papier à
Matane. Ce que j'ai l'habitude de dire, dans ce dossier-là, c'est:
Commençons par en construire une, à la mettre en route et
après on verra bien.
M. Perron: Sur ce point-là, je suis d'accord avec le
ministre, mais n'est-il pas d'usage pour le ministre de l'Énergie et des
Ressources de toujours se réserver le droit, malgré que des
permis de coupe soient émis, de changer la direction de
l'approvisionnement? C'est-à-dire qu'au lieu d'aller sur la côte
sud cela pourrait aller sur la Côte-Nord ou à un autre endroit. Je
pense que vous vous gardez une réserve là-dedans...
M. Duhaime: Oui.
M. Perron: ...pour envoyer l'approvisionnement où le
besoin se fait sentir.
M. Duhaime: Vous avez parfaitement raison, c'est d'ailleurs ce
qui nous permet de réconcilier les deux rives.
M. Perron: D'accord. L'île est juste entre les deux rives,
pour l'information de tout le monde. Je veux bien croire aussi qu'il y a un
certain comté de la côte sud qui s'appelle le comté de
Gaspé qui essaie de se l'approprier depuis de nombreuses
années.
Si on revient à l'usine de Matane par rapport à celle de
Rayonier Québec, selon la production qui serait possible actuellement
par les techniques qu'elle a à l'intérieur de l'usine - je parle
de Rayonier Québec -c'est-à-dire le bisulfite, techniques qui
pourraient être modifiées éventuellement par d'autres
procédés, comme vous le mentionniez tout à l'heure en
rapport avec les intérêts de Swenska.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si la production de l'usine de
Matane pourrait entrer en conflit avec la production qui serait possible
actuellement ou celle qui serait possible à la suite de modifications
qui pourraient être faites à l'usine de Rayonier?
Si je vous pose la question, M. le ministre, c'est parce qu'on laisse
entendre, dans certains milieux politiques, en particulier certains membres de
l'Assemblée nationale qui sont de l'autre côté, en face de
nous - cela vient aussi du milieu - que, s'il y avait une usine à
Matane, cela pourrait compromettre l'ouverture de Rayonier Québec
à Port-Cartier à cause de cette production dont il est fait
mention.
M. Duhaime: Non, les deux projets ne sont en conflit d'aucune
manière. Ce qui est
envisagé à Matane, c'est une usine de fabrication de
papier journal. Il n'a jamais été porté à ma
connaissance qu'à Port-Cartier il y avait un projet pour fabriquer du
papier journal. Cela pourrait être de la pâte, cela pourrait
être du bisulfite, peu importe le procédé qui serait
retenu. Les approvisionnements sont garantis pour chacun des projets: le projet
Rayonier, à partir des approvisionnements sur la Côte-Nord, et le
projet Matane, à partir d'approvisionnements sur la côte sud. Les
deux ne sont pas en concurrence de quelque manière que ce soit.
Je serais très étonné qu'on m'apprenne qu'il y a un
consortium ou un groupe de compagnies qui seraient intéressés
à installer, à Port-Cartier, sur le site d'ITT-Rayonier, une
usine de fabrication de papier journal. Ce serait vraiment nouveau.
M. Perron: Une dernière question, M. le Président.
Puisqu'on parle du dossier de Rayonier Québec, on sait que le 5 novembre
1983, à la suite d'une représentation faite le 18 octobre par
SOREF, de Port-Cartier, qui est un organisme à but non lucratif, mais
qui s'occupe de la question forestière, le gouvernement du Québec
avait pris la décision d'aller de l'avant avec la proposition SOREF et
de la présenter au gouvernement fédéral. Le 8 novembre,
vous avez fait une représentation auprès de M. Lumley, du
gouvernement fédéral, pour obtenir une participation
financière de 75%-25% des deux gouvernements, c'est-à-dire 75% du
fédéral et 25% du gouvernement du Québec, ce qui
était la proposition de SOREF. Le 14 novembre, vous avez reçu un
accusé de réception de M. Ed Lumley disant qu'il vous ferait
parvenir des réponses ultérieurement. Le 22 décembre, vous
avez fait une nouvelle représentation à M. Lumley, à
savoir que vous n'aviez toujours pas reçu de réponse à son
accusé de réception et à l'ensemble du dossier concernant
l'offre de SOREF, et vous lui demandiez une réponse. À plusieurs
reprises, en janvier et février, vous êtes revenu à la
charge par des télex, même des appels téléphoniques
au bureau de M. Lumley. Est-ce qu'il y a eu des développements durant
les dernières semaines, à savoir une réponse du
gouvernement fédéral, pour l'entretien et le chauffage de
l'usine, puisqu'il était question que ITT procède à la
démolition, au démantèlement complet de l'usine, donc rase
l'usine en question, et même transporte certains équipements
jusqu'aux États-Unis, à la suite d'une étude qui a
été faite en 1983 par Dominion Bridge, je crois? Est-ce que vous
avez eu des nouvelles dernièrement du gouvernement fédéral
à ce sujet?
M. Duhaime: Mon collègue, le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, tantôt, évoquait les
difficultés de communication. Comme vous le savez, Ottawa est à
6000 milles de distance et ce n'est pas facile d'avoir des réponses
rapides pour régler des dossiers qui peuvent se régler en quinze
minutes lorsqu'on se décide à les régler. Nous sommes
à la mi-avril. Il y a eu beaucoup de discussions avec mes
fonctionnaires, avec la compagnie ITT et aussi avec des fonctionnaires
fédéraux. Il semblerait qu'une entente s'en vient du
côté fédéral, mais ce n'est pas encore
confirmé. Ce serait un partage des coûts entre les deux
gouvernements pour assurer la maintenance, si on peut dire, l'entretien et le
chauffage des installations à Port-Cartier.
Nous avions proposé trois années dans notre
scénario, où nous étions prêts à payer 25%.
L'information qu'on a pour l'instant, des fonctionnaires, c'est que la
recommandation serait pour une année, financé à
l'intérieur de l'entente auxiliaire qui existe sur le projet de la
relance et de la modernisation. En quelque sorte, c'est un accroc au but
premier poursuivi dans l'entente, mais nous sommes prêts à le
faire. J'aurais souhaité qu'on ait davantage de durée, mais un
an, c'est mieux que rien. Ce scénario est déjà
accepté par ITT qui, soit dit en passant, a assuré à sa
charge exclusive tous les frais d'entretien et de chauffage des derniers mois.
Je sais pertinemment, pour avoir rencontré le président de ITT et
son vice-président aux finances, que, quant à eux, la
décision est prise. Ils vont procéder au
démantèlement si une entente n'intervient pas.
Si le député fédéral de votre comté
décidait de faire autre chose que des déclarations et des
discours et de sensibiliser son collègue, M. Lumley, qui
m'apparaît davantage versé dans les dossiers qui
intéressent l'Ontario et Terre-Neuve, entre autres, je pense que cela
irait pas mal mieux. (16 heures)
M. Perron: Merci, M. le ministre. Maintenant, est-ce qu'on me
permettrait de revenir - puisque je n'étais pas présent ce matin
- avec une courte question se rapportant au programme de reforestation? Est-ce
que le ministre a déjà informé cette commission ou
pourrait le faire quant à ses intentions pour le dévoilement du
programme qui doit être lancé prochainement en rapport avec la
reforestation?
M. Duhaime: Ce que j'entends faire dans les semaines qui
viennent, après Pâques, en tout cas, ce sera de me rendre dans
chacune des grandes régions forestières du Québec et de
donner tous les détails pour chacune des régions de même
que les étapes, les budgets au niveau de chaque région et le
calendrier d'intervention que nous entendons suivre pour l'application de ce
programme de reboisement. Je ne sais pas si on va
commencer par la Côte-Nord, mais j'aurais le goût de
commencer par la Mauricie pour une fois.
M. Fortier: Maintenant que le député de Duplessis a
ouvert la porte, mon leader parlementaire m'a demandé de vous poser une
question concernant la pépinière qui a existé pendant 30
ou 40 ans dans le comté de Bonaventure et qui a été
fermée. Est-ce que ce plan va permettre la réouverture de la
pépinière du comté de Bonaventure?
M. Duhaime: Ma réponse est non.
M. Fortier: C'est clair. J'ai terminé. Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Le programme 7 est-il
adopté?
M. Duhaime: Je vous réponds non. Remarquez qu'il ne faut
pas faire un lien avec mon collègue de l'Opposition libérale dans
Bonaventure. S'il y avait un besoin réel de redémarrer ces
installations, on le ferait, mais on n'en a vraiment pas besoin.
M. Fortier: Si j'ai bien compris, c'est que dans l'ensemble vous
allez avoir des pépinières dans certains coins. Vous allez
créer de nouvelles pépinières.
M. Duhaime: Non. M. Fortier: Non?
M. Duhaime: Le ministère de l'Énergie et des
Ressources comme tel, avec les infrastructures qu'il a dans ses serres et
pépinières, produit autour de 75 000 000 à 80 000 000 de
plants par année. Il va prendre de l'expansion. Je donnais l'exemple de
Berthier, ce matin. On va doubler la capacité de production des serres
d'East-Angus, par exemple, et d'autres pour porter la capacité de
production dans les installations du ministère à autour de 100
000 000 de plants par année. Le reste va être donné
à contrat pour relever un certain défi en quelque sorte parce
que, étant un social-démocrate, j'aime cela que l'entreprise
privée soit envoyée au bâton de temps à autre, et on
nous a dit que l'entreprise privée était prête à
relever ce genre de défi. Je l'ai rencontrée. On a
énormément de propositions qui viennent de chacune des
régions. Je suis absolument convaincu que nos entrepreneurs au
Québec, dans le domaine de la sylviculture, sont amplement capables, sur
le plan financier et sur le plan technique, de relever ce défi. C'est
pour cela qu'on a décidé de leur allouer 200 000 000 de plants,
c'est-à-dire les deux tiers du programme.
Je voudrais vous donner une assurance également. Au cas où
il y aurait des inquiétudes, parce que le député de
Beauce-Sud semble traumatisé par les 300 000 000 de plants...
M. Fortier: Vous parlez des députés qui ne sont pas
ici.
M. Duhaime: II devrait être là. Il n'est jamais au
bon endroit quand on a besoin de lui. Nous produisons à East-Angus,
actuellement, 14 000 000 de plants. 7 000 000 par production; on en fait deux
par année. On va doubler. On peut monter facilement à 28 000 000.
On pourrait tripler, on pourrait quadrupler. Les investissements sont quand
même légers. On a toute la technique nécessaire. Ce que je
veux faire c'est ne pas concentrer dans certains coins parce qu'on pourrait
décider, à Berthier, par exemple, ou encore
Saint-Jacques-des-Piles dans le comté de Laviolette, de produire en un
seul endroit 50 000 000, 60 000 000 ou 70 000 000 de plants. Il n'y a aucun
problème là-dessus sauf que je préférerais ventiler
ces investissements pour que chacune des régions du Québec puisse
en profiter parce qu'il y a un impact sur l'emploi qui est très
important et aussi une économie d'échelle significative sur le
plan du transport une fois que les plants sont prêts à aller en
forêt.
M. Fortier: Juste un commentaire concernant le
député de Beauce-Sud. Le ministre devrait savoir qu'il est
président d'une commission parlementaire, qu'il n'est pas membre de
cette commission-ci, malheureusement. Oui, il était présent hier.
Quant à la confiance que le ministre semble avoir envers le secteur
privé, cela fait plaisir que finalement il ait donné suite aux
nombreuses représentations qu'on a faites dans le passé. Cela
fait plaisir qu'on partage maintenant ce credo quant au secteur privé et
qu'on le mette au défi de s'attaquer à de nouveaux défis.
Je crois que le ministre va dans la bonne direction. On sera sur la même
longueur d'onde.
M. Duhaime: Si vous venez de vous en rendre compte vous
êtes en retard parce que j'ai toujours été dans cette
direction, de même que notre gouvernement, depuis 1976.
M. Fortier: Cela ne paraît pas beaucoup dans le programme
du Parti québécois, mais cela est une autre affaire.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle le
programme 8.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Le programme 7 est
adopté?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle le
programme 8.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Programme 8,
adopté.
Programme 9?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Programme 9,
adopté. Programme 10?
M. Duhaime: Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Lafrenière): Oui.
M. Duhaime: Je m'étais engagé ce matin à
déposer une grille...
Le Président (M. Lafrenière): À
distribuer.
M. Duhaime: Je veux dire ici, en commission parlementaire, que je
la dépose et on la remettra à mon collègue d'Outremont et
aux collègues qui sont membres de cette commission.
Le Président (M. Lafrenière): On la fera distribuer
à tous les membres de la commission.
M. Fortier: C'est juste un principe, M. le ministre. On ne peut
pas déposer en commission; on ne peut que distribuer. Ce n'est que
l'appellation.
M. Duhaime: Je voudrais que le monde entier sache que j'ai remis
le document...
Le Président (M. Lafrenière): II le saura.
M. Duhaime: ...règlement sur les bois et les forêts,
révisé le 8 avril 1983, qui comprend la grille tarifaire quant
aux droits de coupe.
Le Président (M. Lafrenière): Question de
règlement. M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Sur la question de règlement, je pense qu'avec
notre nouveau règlement on peut déposer un document en commission
parlementaire avec la permission du président.
M. Fortier: On n'en fera pas un débat.
M. Gagnon: C'est simplement pour être certain.
Le Président (M. Lafrenière): II peut faire le
dépôt. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Fortier: Consentement.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle le
programme 10.
Exploration géologique et
minérale
M. Kehoe: Est-ce que le ministre a une déclaration ou des
commentaires à faire?
M. Duhaime: Je n'ai pas de déclaration, je ne veux pas
prendre de votre temps. Si vous voulez faire un discours inaugural à
votre tour, c'est le temps.
M. Kehoe: Je n'y tiens pas. M. le Président, hier soir, en
préparant les crédits du domaine des mines, j'ai regardé
les commentaires du ministre l'an dernier. Les commentaires qu'on peut faire
sont: plus ça change, plus c'est pareil. La situation qui prévaut
cette année est à peu près la même que celle de l'an
dernier. C'est la troisième année consécutive que la
valeur des actions minières du Québec diminue par rapport
à celle de l'année précédente. Si on prend les
principaux minéraux de la province de Québec, soit le cuivre,
l'amiante et le fer, dans chacun de ces cas, il y a eu une chute dans la
quantité de production et la valeur. La chute est plus dramatique pour
ce qui est du fer sur la Côte-Nord.
Je n'ai pas l'intention de faire une longue déclaration. J'ai
plusieurs questions à poser au ministre relativement à ces trois
secteurs, amiante, cuivre et fer. Dans le secteur de l'amiante, la situation
est assez alarmante. Le nombre de chômeurs dans la région de
Thetford-Mines, la région de la production d'amiante, continue
d'augmenter. Il y a aussi la situation en ce qui concerne le cuivre dans la
province de Québec, les mines de cuivre Gaspé.
Dernièrement, on a injecté de l'argent par la compagnie Noranda
et la province de Québec et cela a redressé la situation. Mais la
situation dans ce domaine est encore très sombre.
Sommet sur le fer
J'aimerais poser des questions au ministre dans chacun de ces secteurs,
mais surtout dans le secteur du fer. Comme vous le savez, M. le ministre, le 29
novembre 1983, nous avons eu une rencontre à Baie-Comeau à
laquelle assistaient quatre ministres, des députés, les
principaux intervenants de la Côte-Nord, soit les maires nordiques, les
présidents des compagnies, des syndicats, enfin toutes les personnes
intéressées au problème. Nous avons fait le tour des
problèmes. Plusieurs comités avaient
été formés auparavant pour discuter des
problèmes qui surgissent dans l'industrie du fer de la Côte-Nord.
La réaction principale à cette conférence était une
déception assez prononcée des intervenants vis-à-vis de
l'inaction du ministre. À la fin de cette conférence, le ministre
nous a assurés qu'au commencement du mois d'avril, cette année,
un sommet sur cette affaire serait tenu ici à Québec. Depuis ce
temps, on n'a pas entendu d'autres nouvelles du ministre.
La première question que je lui pose, c'est quand et s'il y aura
un sommet sur l'affaire. Quel travail a été fait par son
ministère depuis la conférence sur cette affaire, le 29 novembre,
pour préparer non pas un plan de relance - la question d'un plan de
relance sur la Côte-Nord est déjà oubliée - mais un
plan de survie ou un plan de sauvetage? Est-ce qu'on aura un sommet sur cette
affaire? Deuxièmement, le ministre a-t-il en main ou le ministère
a-t-il commencé à préparer un plan de sauvetage dans le
domaine du fer?
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Duhaime: D'abord, M. le Président, je voudrais
rectifier ce qui peut paraître scandaleux pour le député
qui représente cette circonscription, mais la deuxième rencontre
a eu lieu non pas à Baie-Comeau, mais à Port-Cartier.
M. Kehoe: Ah! Excusez-moi!
M. Duhaime: Nous envisagions de tenir une troisième table
en avril. Je pense que nous ne sommes pas prêts à tenir cette
troisième table en avril, non pas que le ministère de
l'Énergie et des Ressources ne soit pas prêt, mais nous avons des
partenaires qui sont les grandes entreprises, bien sûr, dans le dossier
de la restructuration ou de la consolidation des activités d'extraction
du minerai de fer. À l'heure où on se parle, IOC ne fait plus, au
Québec, aucune extraction. Iron Ore prend son minerai au Labrador,
utilise le chemin de fer et fait ses opérations de boulettage. Je
voudrais corriger, M. le Président; IOC prend son minerai au Labrador et
achemine par le chemin de fer son minerai au port de Sept-Îles qui est
ensuite expédié pour être bouletté ailleurs.
Québec Cartier a diminué considérablement sa production.
C'est un secret de polichinelle que de dire que Québec Cartier, qui est
également partie prenante jusqu'à un certain point dans le
dossier de SIDBEC-Normines, n'est pas en mesure pour l'instant de prendre ou
d'annoncer quelque décision que ce soit quant à son avenir
immédiat. Le dossier est piloté par mon collègue, le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le dossier de
SIDBEC-Normines, et des discussions se font actuellement entre les trois
partenaires-actionnaires de cette entreprise, c'est-à-dire SIDBEC,
British Steel et US Steel. Il y a un peu d'activité qui vient des
travaux de la mine de Wabush et de Québec Fer et Titane. (16 h 15)
Nous réunirons à nouveau, à la table de
concertation sur le fer, les intervenants; cela comprend les compagnies, les
syndicats, les élus municipaux. Le sentiment que j'ai eu à
Port-Cartier et que j'ai depuis à travers les rencontres que j'ai eues
moi-même avec les dirigeants des entreprises, avec le Syndicat des
métallos sur ce dossier, dans les réunions et les discussions
qu'ont régulièrement mes hauts fonctionnaires avec les
intervenants, c'est qu'on est loin de faire quelque reproche que ce soit au
ministère de l'Énergie et des Ressources. Au contraire. Nous
n'avons aucun moyen d'intervention quant au prix du minerai de fer sur le
marché international. Nous n'avons aucun moyen d'intervention sur le
prix international des boulettes. Nous n'avons aucun moyen, si ce n'est de
prier le bon Dieu, quant aux teneurs que les Brésiliens trouvent dans
des mines à ciel ouvert dans leur région et qu'ils exportent de
plus en plus ici. C'est évident que nous travaillons sur un plan de
sauvetage et non pas sur un plan de relance. Je crois avoir utilisé
l'expression moi-même. Je ne suis pas, non plus, convaincu que la
prochaine réunion va se tenir publiquement. Nous avons eu un huis qui
n'était que peu clos à Port-Cartier la dernière fois et je
sais que les discussions qui se faisaient dans la salle de conférence
étaient rapportées dans les médias d'information dans les
secondes qui suivaient. Je ne pense pas que ce soit une bonne formule.
Malheureusement, je dois dire qu'il y a quelques intervenants qui, en fin de
journée, se sont servis de cette table pour tenter de faire du
kilométrage ou du millage politique. J'ai eu l'occasion de le dire et je
le répète ici: J'ai trouvé inappropriés à la
fois le moment et le propos. Je ne pense pas qu'on ait beaucoup avancé
et il n'y a pas de solution miracle dans ce dossier. On a travaillé avec
les entreprises sur le volet énergie, entre autres. Il y a encore des
discussions à avoir et je pense qu'on peut envisager très
sérieusement ou bien d'avoir des rencontres qu'on fait pour l'instant
privément, ou encore une réunion élargie qui pourrait
avoir lieu, mais, cette fois, dans un vrai huis clos, mais j'ai mes doutes
qu'on puisse réunir à nouveau cette table d'ici juin. Je pense
que cela ira plutôt vers l'automne.
M. Kehoe: Vers le mois de...? M. Duhaime: Vers
l'automne.
M. Kehoe: L'automne. Est-ce à la demande spécifique
des autres intervenants
ou est-ce le gouvernement qui n'est pas prêt?
M. Duhaime: Je pense que ce serait assez facile pour moi de vous
dire: Nous sommes prêts. Ce serait effectivement exact, mais, si nos
partenaires ne le sont pas et s'il y a des discussions qui doivent se faire, je
ne vois pas l'utilité de convoquer à nouveau le sommet sur le fer
pour se faire dire: Nous attendons telle réponse de nos actionnaires ou
on attend telle autre réponse d'un partenaire, ou encore on attend des
études de faisabilité sur des projets d'investissement. Je n'ai
pas demandé aux gens s'ils étaient prêts ou non. Je ne
crois pas avoir besoin de le faire, mais je suis suffisamment au courant de ce
dossier pour réaliser moi-même que nous ne sommes pas prêts
comme groupe à nous réunir à nouveau.
M. Kehoe: M. le ministre, je n'ai pas la date exacte du
mémoire que vous avez fait parvenir au Conseil des ministres. J'imagine
que c'est au mois de... Vous faites allusion à la concertation du 29
novembre 1983. C'était, j'imagine, durant l'été 1983 que
vous avez fait parvenir un mémoire au Conseil des ministres dans lequel
vous dites, entre autres: "Le gouvernement du Québec a, par le
passé, adopté une politique de non-implication directe
vis-à-vis de ce secteur et laissé les entreprises porter le
fardeau des infrastructures tout en rapportant d'importants revenus. Il ne peut
maintenant rester indifférent à la menace qui plane sur ce
secteur. Cependant, il ne peut agir seul. Il faut donc susciter un apport
collectif des entreprises, des travailleurs et des différents paliers de
gouvernement pour la relance de l'industrie. La table de concertation sur les
mines de fer ayant été créée dans cette
perspective, le comité ministériel considère que le
gouvernement se doit d'agir rapidement dans ce dossier avant qu'il soit trop
tard." Cela a été écrit au cours de l'été
1983. On est maintenant au mois d'avril 1984. À la fin de cette table de
concertation, le 29 novembre dernier, sans doute que vous aviez en main les
renseignements nécessaires pour avoir une idée sur où vous
allez dans ce dossier. Vous mentionnez dans votre mémoire au Conseil des
ministres que vous devrez procéder rapidement au cours de
l'été 1983. Vous annoncez en conférence, à la suite
de la table de concertation au mois de novembre, que vous allez avoir un sommet
au mois d'avril. Là, vous nous dites que ce sera peut-être
à l'automne.
Dans les circonstances et compte tenu de la gravité de la
situation qui persiste sur toute la Côte-Nord, la menace de fermer la
ville de Gagnon, la fermeture de Schefferville alors que d'autres villes
attendent une action concrète et définitive de votre
gouvernement, pensez-vous que c'est une réponse que les gens de la
Côte-Nord peuvent accepter de votre gouvernement? Vous pourriez dire tout
simplement que vous n'êtes pas prêts. Peut-être aussi
qu'à l'automne prochain vous direz la même chose et retarderez
davantage votre plan de relance ou de survie.
Ce à quoi je veux en venir, c'est: qu'est-ce que votre
ministère va faire? Quel est le plan? Est-ce que vous allez annoncer
seulement au sommet le fait que vous allez proposer de reporter ce plan encore
une fois à l'automne prochain?
M. Duhaime: Je pense qu'on va vous inviter à la prochaine
réunion qu'on tiendra, M. le député. Ce n'est pas le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui va établir
quelle va être la stratégie de Iron Ore Corporation. Ce n'est pas
le ministère de l'Énergie et des Ressources qui va imposer une
ligne de conduite à Quebec Cartier Mining, ni aux partenaires de SIDBEC,
dans le consortium SIDBEC-Normines. Je verrais mal le ministère de
l'Énergie écrire au président de US Steel pour lui passer
des commandes ou encore au président de British Steel. Même chose
pour la mine Wabush et même chose pour Québec Fer et Titane. Il y
a l'entreprise privée que vous devriez respecter, j'imagine, dans ses
décisions.
Ce que nous faisons, c'est de soutenir l'effort que déploient
actuellement ces entreprises pour traverser une période
extrêmement difficile. Nous avons évoqué la
possibilité d'une intervention sur le plan des infrastructures de
transport. Il y a une étude en marche au ministère des Transports
qui est passablement avancée. Mais, si le résultat net est une
facture de 200 000 000 $ ou de 300 000 000 $, je ne crois pas qu'on l'enverra
au Parti libéral du Québec. On va voir comment on va être
capable de financer cela avec les entreprises.
Il y a aussi tout l'aspect de la fiscalité municipale dans cette
région nordique, qui est un bloc très important. Il y a toute la
problématique de la tarification hydroélectrique. Il y a aussi
des avenues nouvelles. Par exemple, je crois qu'on devrait aller de l'avant
dans cette direction de l'utilisation de l'arc au plasma comme
procédé à être utilisé dans les mines
plutôt que de continuer d'importer du mazout. On pourrait, plutôt
que de brûler du mazout, utiliser davantage
l'hydroélectricité.
Vous étiez vous-même à Port-Cartier lorsque, je
crois, les dirigeants d'IOC ont indiqué leur grand intérêt
pour cette filière technologique de même que les dirigeants de
Normines, depuis, qui nous ont donné des indications. Ce n'est pas
quelque chose qui va se régler dans une fin de semaine. Je pense que
vous le comprenez parfaitement bien.
À moins que vous ne me suggériez qu'on achète
toutes ces entreprises et qu'on forme une autre société
d'État pour en prendre charge.
M. Kehoe: Pas une autre, non, non.
M. Duhaime: Mais je ne pense pas que ce soit là votre
propos. La limite de l'intervention du gouvernement du Québec dans ce
dossier est restreinte. C'est une intervention d'appoint, c'est une
intervention pour aider. Dans notre approche comme gouvernement, nous ne
voulons pas nous substituer à l'entreprise privée mais
plutôt l'aider, quand cela va bien aussi bien que lorsque cela va mal.
J'espérerais que dans les mois qui viennent, on puisse établir
une stratégie d'intervention; on va faire notre part du chemin, mais
cela va se faire donnant-donnant. Je ne vois pas pourquoi ou encore comment ce
ne serait pas une intervention - cela se traduit toujours en dollars en bout de
piste - qui commanderait aussi une mise à contribution des actionnaires
et des entreprises qui sont concernées.
M. Kehoe: M. le ministre, il est bien évident que vous
n'avez pas de contrôle sur les compagnies privées, comme vous
l'avez mentionné. Il y a bien d'autres facteurs que vous avez
mentionnés, et cela se fera à long terme, c'est bien
évident. Une des recommandations que vous avez faites dans votre rapport
au Conseil des ministres se lit comme suit. Je vais en lire une partie: "Que le
Conseil des ministres accepte de considérer des mesures temporaires de
relance compatibles avec la stratégie développée dans le
présent mémoire et dont le coût n'excéderait pas 200
000 000 $ sur une période de cinq ans."
C'est une recommandation que vous avez faite au Conseil des ministres il
y a un an ou un an et demi. Est-ce qu'il y a eu une réaction? Y a-t-il
eu des démarches concrètes à la suite de votre
recommandation? Quelle a été la réaction du Conseil des
ministres? Est-ce qu'il a refusé votre recommandation? Y a-t-il eu des
développements en ce qui concerne les autres recommandations que vous
avez faites?
M. Duhaime: Je ne sais pas si vous avez en main l'annexe à
ce mémoire qui donnait une ventilation de ce montant; si vous l'avez en
main, puisque vous m'avez l'air d'être assez bien
équipé...
M. Kehoe: On est toujours prêt, nous, du Parti
libéral.
M. Duhaime: Pardon?
M. Kehoe: On est prêt à toute
éventualité, nous, du Parti libéral. J'ai tout cela en
main, oui.
M. Duhaime: Bon. Je trouve que vous faites un excellent travail
dans l'Opposition; on va vous souhaiter longue vie à votre
siège.
M. Kehoe: Cela ne sera pas long, le temps passe vite.
M. Duhaime: Nous avons chiffré à l'époque
à peu près 40 000 000 $ par année, cinq fois. Cela
comprend l'ensemble de l'intervention. Le scénario que vous avez en main
était basé sur la problématique suivante: on a
évalué que pour maintenir notre industrie du fer il fallait
réduire le coût à la tonne d'au moins 7 $. Il fallait, bien
sûr, que chaque partie prenante dans ce dossier en assume une part, ce
qui veut dire les entreprises, le gouvernement du Québec, le
gouvernement fédéral et les travailleurs. Ces 200 000 000 $ qu'on
évoquait dans le mémoire de l'an dernier est une
évaluation sommaire, bien sûr, mais qui donne quand même un
ordre de grandeur sur l'importance de l'intervention à être faite,
et cela comprend tous les coûts. Cela assume qu'il va y avoir des
révisions de la fiscalité minière ou, devrais-je dire,
municipale, l'amélioration des coûts sur le réseau du
transport, du coût de transport du site d'expédition sur la voie
maritime jusqu'aux Grands Lacs; cela assume également le voleténergétique, pour autant qu'Hydro-Québec est
concernée.
Enfin, vous avez l'ensemble et c'est toujours sur ce scénario que
nous nous travaillons à l'heure actuelle. Il y a eu deux ou trois
interventions qui ont été faites dans de la renégociation
de contrats d'approvisionnement en énergie hydroélectrique avec,
entre autres, Québec Fer et Titane et avec Québec Cartier. J'ai
indiqué tantôt ce que nous étions en train de faire sur le
plan du transport et je sais qu'au ministère des Affaires municipales,
de même qu'au ministère des Finances il y a des évaluations
qui se font sur le plan de la fiscalité. (16 h 30)
M. Kehoe: Vous avez fait une troisième recommandation
à savoir que le président du comité ministériel sur
les mines de fer, avec le soutien technique du ministre des Affaires
intergouvernementales, sollicite la participation du gouvernement
fédéral à cet effort de relance.
Comme vous le savez, M. le ministre, lors d'une conférence sur le
fer le 29 novembre dernier, il n'y avait aucun représentant du
gouvernement fédéral présent. Je pense que cela a
été remarqué par plusieurs intervenants; les maires, les
présidents de compagnie et d'autres
intervenants l'ont remarqué. Dans votre recommandation, vous
dites que cela prend une participation soutenue du gouvernement
fédéral avec le gouvernement provincial pour régler le
problème. Depuis le mois de novembre, depuis que vous avez écrit
ce rapport, est-ce qu'il y a eu effectivement des négociations, des
approches ou des travaux avec le gouvernement fédéral pour en
venir à un plan de sauvetage, un plan de survie ou un plan quelconque
pour la Côte-Nord?
M. Duhaime: Nous avons mis en route huit comités
techniques qui travaillent sur chacune des facettes ou sur chacun des volets du
dossier du minerai de fer. Le gouvernement fédéral était
représenté à chacun de ces comités techniques.
Chaque fois qu'il y a besoin d'une rencontre avec les fonctionnaires du
ministère de l'Énergie et des Mines à Ottawa, les
rencontres sont faites. Je ne sais pas s'il y a des rencontres entre les
autorités fédérales et les entreprises comme telles, mais
je me risquerais à répondre oui parce que des dirigeants de ces
entreprises m'ont dit qu'ils avaient vu les autorités politiques du
gouvernement fédéral. Nous travaillons avec les dirigeants des
entreprises, les représentants des travailleurs, les maires et les
représentants de la région. Lorsque nous serons prêts sur
un scénario d'intervention à la suite des travaux des
comités techniques, le dossier sera porté à l'attention
des ministres fédéraux - parce qu'il y en aura plusieurs - en
tenant pour acquis que dans l'intervalle les fonctionnaires
fédéraux qui siègent à ces comités
techniques acheminent l'information à l'intérieur de leur propre
machine.
M. Kehoe: Jusqu'à maintenant, est-ce qu'il y a eu une
coopération financière autre que technique par les
représentants du gouvernement fédéral? Est-ce que des
montants ont été mis sur la table par le gouvernement
fédéral pour aider dans cette situation?
M. Duhaime: Je répondrais par l'affirmative. Sur le plan
technique, oui, on n'a aucun problème. La collaboration et la
coopération existent. Le volet financier n'a pas encore
été ouvert dans les discussions. Je me souviens qu'il y avait eu,
il y a un an ou deux, un colloque sur les mines de fer à
Sept-Îles, où le ministre d'État aux Mines à Ottawa,
Mme Judy Erola, avait eu l'occasion d'assister à l'intervention du
vice-président d'IOC, qui était M. Dick Gerren, qui connaît
très bien la Côte-Nord pour y avoir passé à peu
près toute sa vie. Si vous voulez le texte de son intervention,
je pourrais vous le faire parvenir, mais cela voulait dire, de la part de Dick
Gerren, au ministre fédéral des
Mines: Non seulement vous n'avez jamais rien fait pour aider les
entreprises minières du Québec oeuvrant dans le fer, mais je me
demande même si vous êtes au courant qu'il existe des mines de fer
au Québec.
Je dois dire que nous attendons du gouvernement fédéral
une participation, principalement sur la question d'un ajustement des
coûts de transport sur la voie maritime et sur les Grands Lacs, de
même qu'une contribution financière si jamais nous
décidons, de concert avec les entreprises, d'intervenir au niveau des
infrastructures du chemin de fer. Il y a, bien sûr, des projets qui
existent, qui sont en carnet, qui ne sont pas suffisamment avancés pour
qu'on puisse en faire état. Ces projets pourraient faire l'objet
d'ententes spécifiques de soutien ou de subvention de la part des deux
gouvernements. Nous le faisons déjà dans le cadre d'un programme
d'accélération des investissements pour lequel, dans le secteur
minier, jusqu'à présent, nous avons engagé entre 85 000
000 $ et 90 000 000 $ en subventions, pour permettre l'annonce et la
réalisation d'investissements qui, aujourd'hui, sont de l'ordre
d'environ 370 000 000 $ depuis le début du programme. Ces
investissements n'ont pas été faits dans le secteur du fer. Il y
en a eu, cependant, dans le secteur du cuivre - vous l'avez vous-même
indiqué tantôt - dans Mines de cuivre Gaspé. Il y a eu le
secteur du zinc, celui de l'or et on a eu le démarrage d'une
première mine d'argent au Québec. Nous sommes très
intéressés à maintenir le programme
d'accélération des investissements dans le secteur minier et,
s'il y avait une participation fédérale dans ce domaine, elle
serait très bienvenue.
M. Kehoe: Actuellement, M. le ministre, c'est bien évident
qu'il y a une relation spéciale entre la province de Québec et la
France, surtout depuis la signature des contrats pour l'usine de Pechiney et
les micro-ordinateurs, ainsi que d'autres échanges, différentes
ventes d'articles. C'est surtout le Québec qui, à cause de ses
relations, j'imagine, achète beaucoup plus que ce qu'il vend à la
France. La question que je pose est la suivante: Est-ce qu'il y a des
négociations actuellement avec la France pour la vente du fer ou de
l'acier provenant de la Côte-Nord?
M. Duhaime: II n'y en a aucune et je n'oserais pas leur proposer
l'ouverture d'un pareil dossier. Si vous êtes au courant du plan acier
que propose le gouvernement français à la région de la
Lorraine, entre autres, ils ont les mêmes problèmes que nous
connaissons ici, c'est-à-dire qu'ils encaissent une réduction de
la consommation d'acier dans le monde occidental. Le plan acier, en France,
implique la perte de 20 000 emplois
dans l'industrie de l'acier, ce qui veut dire que l'effet devrait se
faire sentir aussi dans les mines. Je pense que ce ne serait pas vraiment le
moment. On va plutôt attendre s'ils ont vraiment besoin de minerai de
fer. Je pense qu'il sont au courant qu'on en a beaucoup.
M. Kehoe: En ce qui concerne les relations avec le Japon, je
pense qu'il existe un contrat entre Iron Ore et le Japon pour la vente d'une
certaine quantité de fer jusqu'en 1986-1987. Encore là, est-ce
qu'il y a des négociations? Est-ce que le Québec et/ou le
fédéral est impliqué dans les négociations avec le
Japon pour l'achat de fer ou d'acier provenant de la Côte-Nord?
M. Duhaime: Non. Nous ne sommes pas impliqués directement
dans ces relations d'affaires. La seule chose que je peux confirmer, c'est
qu'il y a eu, traditionnellement, de petites expéditions de minerai de
fer vers le Japon. Mon souvenir, quand j'avais à m'occuper de SIDBEC,
c'est qu'il y a peut-être eu des ventes d'acier au Japon,
déjà, mais j'avoue que c'est un très vague souvenir. Je ne
pourrais même pas vous le confirmer. Les Japonais sont en excédent
sur leur propre marché et ils sont devenus exportateurs.
M. Kehoe: Concernant l'amiante, pourriez-vous nous dire quelles
sont les actions prises concrètement par le gouvernement de la province
de Québec au cours de l'année 1983-1984 pour venir en aide
à l'industrie de l'amiante?
M. Duhaime: Je vais vous donner les chiffres pour 1982 et 1983 et
les prévisions pour 1984. Le total des expéditions pour tout le
secteur de l'amiante incluant la SNA et les compagnies privées, en 1982,
c'était 748 000 tonnes pour une valeur de 300 000 000 $. Pour 1983, les
chiffres que j'ai ici sont des chiffres estimés tirés des
documents qui ont été présentés en janvier 1984
à la conférence annuelle sur l'état de l'économie.
En 1983, 717 000 tonnes pour une valeur de 325 000 000 $. Les prévisions
fin 1983 pour 1984 étaient des volumes de production constants pour 1984
et depuis cela a été révisé à la baisse dans
les deux mines de la SNA, c'est-à-dire Bell et la Société
Asbestos. La part de la SNA pour ce qui est de sa production minière,
1982-1983 - une seconde - les chiffres que j'ai ici ne portent pas sur les
volumes de production, mais sur la valeur des expéditions.
Prévisions pour 1982-1983, Bell et Asbestos ensemble: 130 000 000 $.
Pour 1983-1984: 131 000 000 $. Prévisions pour 1984-1985: 140 000 000 $.
Cela vous donne une idée en même temps de la part de la SNA dans
le total des expéditions.
Maintenant, pour ce qui est des investissements projetés par la
Société nationale de l'amiante, aussi bien dans les mines que
dans l'industrie en aval dans ses filiales, je vais vous donner le budget
1982-1983. Cela comprend des investissements dans les mines, les usines de
production de papier d'amiante, fil et matériaux de construction,
amiante-ciment, oxyde de magnésium, nouveaux produits et l'usine de
production de laine de roche; 1982-1983: 18 400 000 $; 1983-1984: 17 800 000 $;
1984-1985: 15 700 000 $. Nous avons également aidé une entreprise
par une subvention dans le cadre du programme d'accélération, la
mine Carey Canada, un investissement de 2 250 000 $ l'année
dernière. À la mine Bell, pour sa part, à
l'intérieur du programme d'accélération des
investissements, nous allons verser environ 20% en subventions sur un
investissement de 13 900 000 $ pour les années 1983-1984 et 1984-1985.
(16 h 45)
M. Kehoe: La perte d'Asbestos Ltée au cours de
l'année 1983, si je ne me trompe, était d'environ 20 000 000 $.
Prévoyez-vous une meilleure année en 1984?
M. Duhaime: Voulez-vous répéter votre chiffre?
Est-ce que vous avez parlé de la SNA ou de l'Asbestos Ltée?
M. Kehoe: Asbestos Corporation. 20 400 000 $.
M. Duhaime: Pour la Société Asbestos Ltée,
pour 1982-1983, au compte de fonctionnement, la perte est de 31 000 000 $. On
prévoit, en 1983-1984, de ramener le déficit à 26 000 000
$. Il devrait aussi diminuer en 1984-1985, selon l'exercice comptable qui sera
fait quant aux amortissements.
M. Kehoe: Une dernière question en ce qui concerne
l'industrie du cuivre. Le ministère de l'Énergie et des
Ressources investira au cours des prochaines années une somme d'environ
13 000 000 $ dans les Mines de cuivre Gaspé. Cela était
conditionnel à ce que la compagnie Noranda elle-même investisse un
montant de 32 000 000 $. Il y avait trois conditions; une des conditions
concernait l'environnement, soit la pollution dans la rivière York.
Pourriez-vous expliquer comment votre ministère en est venu à une
entente avec la compagnie Noranda sur la question de la pollution dans la
rivière York?
M. Duhaime: L'investissement global que Les mines Gaspé
veut faire dans leur programme sous la ville Murdochville est de 72 000 000 $
de 1984 jusqu'à l'exercice financier 1987-1988. Ce n'est pas une
subvention que nous versons aux Mines Gaspé; c'est un prêt
dont le remboursement est assujetti à certaines conditions qui, si elles
sont remplies, permettent d'effacer la dette de Mines Gaspé envers le
gouvernement.
Pour ce qui est de la rivière York qui reçoit les eaux de
l'étang de polissage de Mines Gaspé, une entente a
été signée entre le ministère de l'Environnement du
Québec, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, le ministère de l'Énergie et des Ressources et Mines
Gaspé. Cette entente dit que, du 1er janvier 1984 au 31 décembre
1988, la norme retenue est de 150 microgrammes par litre de cuivre à la
sortie de l'étang. L'engagement de la compagnie est de poursuivre ses
programmes d'assainissement, tout en donnant considération aux
suggestions qui pourraient être faites par le ministère de
l'Environnement et par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche au cours de la poursuite de ces programmes d'assainissement, de
mesurer les effets de ces programmes et d'en faire rapport chaque année
au ministère de l'Environnement. C'est la deuxième condition. La
troisième condition est qu'au 1er janvier 1989 la norme soit
ramenée de 150 microgrammes à 100 microgrammes par livre de
cuivre à moins que les résultats reliés au programme
d'assainissement aient démontré que cette norme est
irréalisable ou qu'elle n'a pas d'impact significatif sur le milieu
biologique. C'est cette entente qui nous gouverne. En revenant à 100
microgrammes par livre de cuivre, on revient à la norme qui avait
toujours existé auparavant, ce qui a fait l'objet de longs et fructueux
échanges entre trois ministères du gouvernement et Mines
Gaspé pour en arriver à signer cette entente le 13 janvier
1984.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Seulement une question
se rapportant à la fosse du Labrador. Le ministre pourrait-il nous dire
combien du budget qui avait été adopté pour l'année
financière 1983-1984 a été dépensé dans la
fosse du Labrador? Y a-t-il eu des crédits additionnels qui ont
été permis par le Conseil du trésor? Depuis, quelles sont
les prévisions pour l'année financière 1984-1985 se
rapportant à la fosse elle-même? La dernière - pour en
faire une quatrième - quels sont les endroits où on va se diriger
principalement, dans la fosse du Labrador, quant aux recherches
minérales?
M. Duhaime: L'année dernière, nous avons
augmenté considérablement les crédits affectés
à l'exploration de la fosse du Labrador. Les crédits
étaient de 2 636 000 $, en chiffres arrondis. Nous n'avons eu, à
ce poste, aucun crédit périmé. Tout a été
dépensé. Cette année, nous augmentons de 35% les
crédits affectés à l'exploration dans la fosse du Labrador
pour porter le total à 3 572 000 $. Vous voulez avoir l'information
quant aux lieux géographiques?
M. Perron: Si possible.
M. Duhaime: Si vous nous promettez de ne déposer aucun
claim, on va vous donner cette information avec grand plaisir.
M. Perron: Non, on va laisser faire les jalonnements, M. le
Président.
M. Duhaime: En géophysique, Schefferville et les
alentours: 241 000 $; au nord-est de Schefferville: 185 000 $; sur la
Basse-Côte-Nord, Johan-Beetz: 263 000 $ et Kenoniska: 243 000 $. En
géologie, on va vous donner le détail aussi. On consacre 55 000 $
à la supervision de ces travaux en géologie; 481 000 $ à
Cap Smith à l'extrême nord; rivière Georges: 558 000 $; lac
Barrin: 54 000 $; Escoumins-Forestville: 39 800 $; lac Gérido: 20 000 $.
Le gisement de manganèse à Schefferville: 46 000 $. Dans le nord
de Schefferville encore, autour du lac Bertin: 170 000 $; lac Musset: 20 000 $;
Grandes-Bergeronnes: 46 000 $; lac Romanet: 38 000 $ arrondis; lac Aulneau: 31
800 $ et lac La Lande: 69 600 $.
M. Perron: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le ministre, sans aller dans les détails,
sans nous dévoiler tous les secrets des négociations avec
Terre-Neuve et sans toucher au côté de l'énergie pour le
moment, avez-vous discuté, dans vos négociations, d'une
possibilité de collaboration dans le développement du secteur
minier avec Terre-Neuve?
M. Duhaime: Jamais.
M. Fortier: À la page 35...
M. Duhaime: Pas jamais dans un sens futur...
M. Fortier: Non, cela me satisfait.
M. Duhaime: ...mais jamais jusqu'à présent.
Développement du Grand-Nord
québécois
M. Fortier: Oui, merci. À la page 35 de votre document que
nous avons, je lis ici:
"De plus, la cessation des activités minières à
Schefferville, limite septentrionale de l'accès ferroviaire, risque de
compromettre le prolongement de cet axe de développement pour les
ressources nordiques." Lorsque nous étions à Schefferville,
plusieurs intervenants avaient évoqué ce danger, à savoir
que la poursuite des activités en ce qui touche le Nord
québécois soit mise de côté. En particulier, il y
avait des représentants de la SDBJ qui avaient évoqué
qu'ils pourraient certainement contribuer au développement du Grand-Nord
québécois. L'an dernier, lors de l'étude des
crédits, le ministre, après une étude très
approfondie -et je pourrais le citer au mot - nous avait dit: Non, la SDBJ,
c'est terminé. C'est clos. C'est définitif. J'imagine que par la
suite il y a d'autres gens que le ministre qui ont étudié le
dossier, parce que maintenant on voit que le SAGMAI s'intéresse à
la SDBJ et qu'il y a une possibilité de sauver la SDBJ.
Dernièrement, d'ailleurs, à Sept-Îles, je crois, il y avait
- je ne peux pas dire un sommet - une rencontre de l'OPDQ sur la meilleure
façon pour le gouvernement d'assurer la survie ou le
développement du Grand-Nord québécois. Cela me fait
plaisir que, finalement, le gouvernement trouve qu'on doit se préoccuper
du développement du Grand-Nord québécois. Le ministre
peut-il nous dire en ce qui concerne la SDBJ, en particulier, s'il y a une
possibilité d'utiliser cet organisme pour assurer le
développement du Grand-Nord québécois? En ce qui a trait
au domaine minier ou d'autres secteurs, en ce qui concerne ce
secteur-là, la SDBJ, malgré ce que le ministre nous avait dit
l'an dernier, aura-t-elle encore un rôle à jouer ou est-ce que le
rôle que l'on réserve à la SDBJ est tout à fait
différent?
M. Duhaime: Pour faire une longue histoire courte, je dirais que
le gouvernement n'a pas changé son point de vue là-dessus. Nous
avons procédé à un certain nombre d'interventions dans la
SDBJ et nous avons à peu près terminé le transfert des
activités minières de la SDBJ sur SOQUEM pour ce qui peut en
rester, maintenant que Joe Mann a été réglé avec le
groupe Meston et qu'il y a reprise des travaux à Joe Mann tout
près de Chibougamau. On va procéder très bientôt, si
ce n'est en voie de se faire, au pompage de l'eau dans la mine et le nouveau
groupe minier va investir 5 000 000 $ dans le redémarrage de cette mine.
La SDBJ, comme corporation, y détient toujours des intérêts
en échange de sa participation; je crois que c'est 1 000 000 d'actions
dans Meston, plus une redevance, et ces actifs vont être
transférés en cours d'année à SOQUEM.
M. Fortier: De quelle façon le litige dans ce projet
a-t-il été réglé? A-t-il été
réglé hors cour?
M. Duhaime: II a été réglé hors cour,
mais je n'ai pas les détails de ce règlement. Je ne suis pas
intervenu non plus. J'ai laissé... (17 heures)
M. Fortier: Vous l'avez appris depuis votre commission
parlementaire.
M. Duhaime: J'ai laissé la SDBJ... Quand je dis que je ne
suis pas intervenu, il faut faire attention. J'ai suivi le dossier de
très près. J'ajouterais que les activités
forestières de la SDBJ sont en voie d'être
transférées à la société d'État
REXFOR, de sorte qu'il ne restera à la SDBJ qu'une armature juridique
qui va nous servir de coquille en quelque sorte pour l'exécution de nos
engagements en vertu de la Convention de la Baie James.
Toute la problématique de présence et de
développement du Nord fait l'objet d'une analyse que mène mon
collègue, le ministre de l'Aménagement et du Développement
régional, en étroite collaboration avec le SAGMAI.
Là-dessus, nous n'avons pas pris de décision mais, si vous voulez
mon sentiment, c'est très peu probable que la SDBJ reprenne un mandat de
développement.
La deuxième chose que je voudrais dire est que je sais
qu'à Schefferville des cadres de la SDBJ, payés aux frais de la
SDBJ, avec l'autorisation tacite, semble-t-il, de leur président
à l'époque, sont venus offrir publiquement leurs services pour
s'occuper de Schefferville. Nous avons décliné cette offre. Quant
à moi, la SDBJ, dans les activités minières ou
forestières dans cette partie du territoire, a rempli sa mission.
M. Fortier: Je comprends, M. le ministre, que la SDBJ,
étant dégagée du genre de responsabilités qui sont
celles du ministre, actuellement, relève toujours du ministre mais que
dans un avenir prochain elle va relever de quelqu'un d'autre.
M. Duhaime: C'est fort possible, oui. Parce que ce genre de
structures, comme la Société de développement de la Baie
James, si vous demandez à M. Bourassa les vraies raisons de sa
création ou de sa mise au monde, il pourra vous donner plus de
détails. Mais nous n'avons aucune intention de donner un nouveau mandat
de développement à cette société. Je pense que dans
les mois qui viennent, au Conseil des ministres, nous aurons à trancher
cette question. Il est fort possible que la structure juridique de la SDBJ soit
maintenue et confiée à un autre ministère.
M. Fortier: Oui, parce que dans l'article du Devoir, le samedi 24
mars, on fait état du fait que c'est pour collaborer au
développement qui se fera conjointement avec les autochtones.
J'imagine que le changement d'orientation se fera dans ce sens.
M. Duhaime: Cela n'exclura pas, cependant, de continuer les
excellentes relations d'Hydro-Québec et de la SEBJ avec une instance
comme la SDBJ ou tout autre organisme municipal ou autres qui prendrait la
relève. Du point de vue de notre ministère, nous disons qu'il est
beaucoup plus efficace, non pas de doubler les appareils administratifs, mais
de travailler dans le secteur minier et dans le secteur forestier à
partir des infrastructures que nous avons déjà,
c'est-à-dire SOQUEM et REXFOR.
La SNA
M. Fortier: J'aimerais revenir brièvement sur le sujet que
mon collègue avait abordé quand il parlait de la
Société Asbestos Ltée. On voit que, en 1981, il y avait
une perte avant impôts de 6 500 000 $; en 1982, de 26 700 000 $; en 1983,
de 31 800 000 $. J'imagine que tout cela doit avoir un effet sur le fonds de
roulement. Effectivement, dans le rapport financier de 1982, on voit que le
fonds de roulement est passé de 63 000 000 $ à 35 000 000 $ et
j'imagine que cette année, après la perte de l'an dernier, le
fonds de roulement doit être pas mal bas. J'imagine que la
Société Asbestos doit avoir besoin d'un fonds de roulement pour
maintenir ses activités. De quelle façon la Société
Asbestos va-t-elle respecter ses obligations pour avoir un fonds de roulement
raisonnable? Est-ce que ceci va demander que la Société nationale
de l'amiante et, indirectement, le gouvernement du Québec soient dans
l'obligation de garantir ou d'avancer des fonds pour s'assurer que la
Société Asbestos ait le fonds de roulement qui lui est
nécessaire?
M. Duhaime: Pour 1983, la SNA a refait un financement à
long terme sur une dette à court terme et nous n'avons pas eu à
avancer d'autres capitaux dans la SNA pour la Société Asbestos.
Le plan des activités de la Société Asbestos est
actuellement en révision à la Société nationale de
l'amiante à cause d'une chute des estimations de vente prévues
pour 1984, mais il est à peu près certain que nous aurons besoin
d'intervenir quand même auprès de la Société
nationale de l'amiante pour aider l'une des entreprises du groupe,
c'est-à-dire Atlas Turner.
M. Fortier: L'automne dernier, le ministre était intervenu
en promettant que les mines de Thetford Mines seraient ouvertes.
Dernièrement, nous avons appris que la mine BC-II ne sera ouverte que
dix semaines; à la mine BC-I, il n'y a que la moitié des
employés qui travaillent. Je crois que c'est tout récemment, le
mois dernier, que la Société nationale de l'amiante a fait part
de ses plans en ce qui concerne l'ouverture de la mine BC-II comme telle.
J'imagine que, s'il y a une telle différence entre les plans de
l'automne et ceux du mois de février, c'est que les prévisions de
vente ont dû chuter énormément.
Autrement dit, en quelques mois, il y a eu un changement radical des
activités et ce, malgré le fait que le ministre soit intervenu
pour fermer Asbestos Hill afin de donner du travail en bas, comme on le dit.
Donc, en quelques mois, la situation s'est dégradée; est-ce que
cela signifie que la situation est beaucoup plus pénible maintenant
qu'elle ne l'était, disons, au mois d'octobre dernier?
M. Duhaime: Plus pénible, oui. Nous avons pris la
décision de cesser les activités d'extraction de la fibre
à Asbestos Hill l'année dernière. La production d'Asbestos
Hill a été ramenée à Thetford-Mines, ce qui,
normalement, devait nous permettre de redonner de l'emploi à l'ensemble
des travailleurs, autant ceux de Bell que ceux d'Asbestos.
Pendant que nous avons procédé à la fermeture des
activités d'Asbestos Hill, dans l'extrême nord du Québec,
une nouvelle mine d'amiante est apparue à la surface canadienne,
à Terre-Neuve, à Baie Verte. Elle est subventionnée
à tours de bras par le gouvernement fédéral et elle vend
de la fibre à un prix de dumping sur les marchés internationaux.
Je le dis en commission parlementaire; je ne crains pas de le dire ici parce
qu'on est capable de le prouver. Cela a fait perdre à la compagnie
Asbestos, de Thetford, un très important contrat aux Indes, entre
autres. J'ai communiqué avec M. Lumley à ce sujet et il m'a dit
qu'il y verrait; alors, j'imagine qu'il est en train d'y voir. Cela fait
déjà plusieurs mois.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut conclure de cette expérience
que dorénavant il serait préférable qu'aucun niveau de
gouvernement ne s'implique dans des situations comme celle-là car cela
fausse sûrement beaucoup l'économie internationale et qu'on ne
peut rien y faire? Cela fausse l'économie et cela fausse les
données autant auprès du gouvernement fédéral que
du gouvernement provincial. On a créé cette situation et on ne
s'en rend compte que maintenant, seulement deux ou trois ans après que
le gouvernement provincial eut décidé d'acheter Asbestos
Corporation.
Je dois admettre que c'est maintenant facile de le dire, mais ma
formation politique avait suggéré au gouvernement
d'utiliser l'argent disponible pour la recherche et le
développement. Dans la mesure où la Société
nationale de l'amiante, dans le cadre de nouveaux projets, fait de la recherche
pour trouver de nouvelles utilisations de l'amiante, utilise l'argent des
contribuables pour faire du marketing ou pour inciter les pays étrangers
à ne pas créer de moratoire contre l'amiante, dans cette mesure,
nous sommes complètement d'accord. Mais il est bien évident
maintenant, et c'est malheureux que cela arrive ainsi, parce que ce sont les
gens de Thetford-Mines qui en souffrent, que cet achat n'a absolument rien
réglé. À ce sujet, j'aimerais demander au ministre s'il y
avait, dans son option d'achat d'Asbestos Corporation, une clause qui
prévoyait que, si la compagnie faisait des pertes, le prix d'achat
pourrait être ajusté en conséquence?
M. Duhaime: Non, je n'ai pas souvenir qu'il y ait pareille
clause. La transaction est ferme, le financement a été fait. Je
n'ai pas en tête les détails sur les taux d'intérêt
que nous nous sommes engagés à payer mais il n'y a aucune clause
qui pourrait aller vers le haut ou vers le bas, dépendant de la
performance de l'entreprise. J'ajouterais cependant que je ne suis pas du tout
d'accord avec votre façon de voir les choses. Je pense que, dans ce
dossier-là comme dans d'autres, une intervention d'une
société d'État, si elle est faite suivant les
règles normales de concurrence, pourrait être et a
été très bienvenue. Il y aurait gros à parier que,
sans l'intervention de la Société nationale de l'amiante, il y
aurait eu des fermetures complètes de mines dans l'amiante dans la
région de Thetford. Nous aurions à vivre aujourd'hui une
situation beaucoup plus dramatique.
J'ajoute que nous avons fait, depuis l'acquisition de ces deux mines, un
effort considérable dans la recherche et le développement. Le
total cumulatif est de l'ordre de 10 000 000 $ ou 12 000 000 $ maintenant,
depuis que nous sommes élus. J'ajouterais aussi que des filiales en aval
ont été mises au monde par la Société nationale de
l'amiante. Nous conduisons actuellement des recherches plus que prometteuses
sur le plan de la sécurité et de la santé. Il y a
également des projets de technologie nouvelle, entre autres le projet de
magnésium métal, qui pourraient faire en sorte que ce que nous
perdons en amont, c'est-à-dire dans l'extraction de la fibre, nous
pourrions le gagner avec profit en aval.
Nous pourrions très bien décider de faire tourner à
pleine capacité les mines qui appartiennent à la
Société nationale de l'amiante et vendre à des prix de
dumping. Je vous donne l'assurance que tous ceux du secteur privé
pourraient disparaître rapidement.
Nous n'avons pas l'intention d'aller dans cette direction. Nous avons
toujours maintenu l'attitude de respecter très correctement le jeu des
forces du marché et de la libre concurrence. Ce serait vraiment
déloyal de demander à Bell ou à la Société
Asbestos d'aller sur les marchés internationaux et déplacer des
concurrents à des prix de dumping. Je pense qu'à long terme tout
le monde y perdrait.
M. Fortier: Dans cette optique d'avoir des sociétés
d'État qui travaillent de la même façon que dans le secteur
privé, est-ce que le ministre peut me dire quelle raison on donne
à certaines sociétés d'État... Si ma mémoire
est fidèle, on a donné à la Société
nationale de l'amiante, dans son incorporation, la caractéristique
d'être un mandataire de la couronne. On connaît tous les avantages
pour ceux qui sont "mandataires de la couronne", entre guillemets: non-respect
des brevets, non-saisie des actifs en cas de poursuite, un tas de choses comme
celles-là. Pour quelle raison lui a-t-on donné - je le
répète, je ne suis pas certain que cela s'applique à la
Société nationale de l'amiante - si c'est un fait, un tel
mandat?
Pour ma part, je dois avouer que dans le passé, lorsque cela
venait dans un projet de loi, je ne savais à peu près pas ce que
cela signifiait mais, maintenant que je me suis penché sur le sujet, je
me suis demandé pour quelle raison on donnait de tels pouvoirs à
certaines sociétés lorsqu'elles voulaient travailler sur le
même pied que ceux du secteur privé?
M. Duhaime: Ce que je vais vous dire va peut-être vous
amuser, mais les sociétés d'État qui ont le statut de
mandataires sont peut-être considérées comme les joyaux de
la couronne. Il y en a deux: Hydro-Québec et la SNA.
M. Fortier: II y a la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, il y
en a cinq ou six.
M. Duhaime: Quelles sont les autres?
M. Fortier: II y en a cinq ou six, je pourrai vous les donner. Un
ouvrage de M. Barbe sortira prochainement, ce sera certainement
intéressant à étudier.
M. Duhaime: Ce n'est pas impossible, mais je ne crois pas que
l'on se serve de ce statut pour ne pas respecter le brevet des autres. Je
serais étonné de l'apprendre. (17 h 15)
M. Fortier: Finalement, j'ai reçu différentes
lettres - je suis sûr que le ministre en a reçu - concernant le
mode de sélection des étudiants en géologie pour servir
durant l'été. J'ai ici une lettre d'un
étudiant en géologie et géophysique, au niveau de
la maîtrise, à l'École polytechnique de Montréal,
qui me signale des irrégularités dans le processus de
sélection des chefs d'équipe adjoints engagés par le
ministère de l'Énergie et des Ressources pour la période
estivale 1984. Le mode de sélection a été changé.
J'ai reçu copie d'une autre lettre qui a été
envoyée à Mme Marois dans laquelle on écrit: "Plusieurs
géologues se sont vu rayés des listes des candidats
sélectionnés pour la période "entrevue" parce qu'ils n'ont
pu être rejoints par téléphone." La plupart des plaintes
qui nous sont parvenues vont dans le sens que, jusqu'à l'an dernier, la
sélection était faite directement par le ministère et,
cette année, la responsabilité a été donnée
au ministère de Mme Marois, celui de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. J'ai reçu plusieurs plaintes par
téléphone et plusieurs lettres, à savoir que le processus
a été tout à fait irrégulier, qu'on a changé
les règles du jeu en chemin. Les annonces qui ont été
faites l'avaient été de la façon dont cela se faisait dans
le passé et, en définitive, le gouvernement a changé les
règles du jeu en chemin, ce qui me semble tout à fait
irrégulier.
Je me demande si, à la lumière de cette expérience,
le ministre ne devrait pas revenir, pour l'an prochain, à la
façon adoptée dans le passé et qui semblait donner
satisfaction à tous ceux qui postulaient un emploi. Autrement dit, les
étudiants ou ceux qui obtenaient ces emplois d'été avaient
nettement l'impression que le processus était "fair" dans le
passé et, cette année, ils ont eu nettement l'impression que cela
a été mis entre les mains de certains bureaucrates qui ne
comprennent absolument rien à la géologie ou à la
sélection de géologues pour la période estivale. J'ai de
la difficulté à comprendre pourquoi le ministère s'en
remet maintenant à un autre ministère pour une telle
sélection.
M. Duhaime: Bien sûr, on a attiré mon attention sur
ce problème. Cela a même fait l'objet de lettres de lecteurs dans
un ou deux quotidiens. C'est un fait que ce changement a créé des
frustrations, puisque l'embauche est maintenant faite par le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et par les
centres de main-d'oeuvre. Les procédures d'embauche ont
été uniformisées pour chacun des ministères. C'est
entendu que c'est un changement de cap qui peut nécessairement
entraîner des frustrations par rapport aux méthodes qui existaient
auparavant, mais tout ce que je peux vous répondre aujourd'hui, c'est de
reparler avec ma collègue, Mme Marois, et voir avec elle s'il n'y a pas
des correctifs qui peuvent être apportés. Il faudra
également voir avec le
Conseil du trésor, puisqu'il s'agit d'une réglementation
qui a été mise au point au Conseil du trésor.
M. Fortier: Je vais vous donner un exemple. Un étudiant
avait été choisi et un jour, le lundi 23, on l'a appelé.
Comme il n'était pas à la maison, parce qu'il était
à l'université, on a conclu qu'il n'était pas
intéressé et, par la suite, on lui a dit: Vous n'étiez pas
à la maison quand on vous a appelé; alors, votre nom a
été rayé automatiquement. Cela me semble un
procédé tout à fait cavalier, tout à fait
irrégulier. Si c'est le genre de directives qui ont été
données par le Conseil du trésor, c'est complètement
outrancier.
M. Duhaime: Si vous voulez mon avis, s'il y a des fonctionnaires
des centres de main-d'oeuvre qui répondent de cette façon aux
gens, ils mériteraient un prix citron. Je le dis, parce que j'ai aussi
des problèmes dans mon comté, dans certains dossiers. Mais cet
étudiant...
M. Fortier: Pour ces étudiants qui ont nettement
l'impression d'avoir été brimés dans leurs droits, n'y
a-t-il pas moyen au ministère de faire quelque chose? Je ne sais pas
combien... J'ai ici deux lettres. S'il y a des gens qui ont été
brimés dans leurs droits, est-ce qu'il y a des postes? Est-ce que tous
les postes sont comblés? N'y aurait-il pas moyen de faire des correctifs
à l'égard de ces gens-là qui se plaignent d'avoir
été brimés et qui n'ont pas su à temps que les
règles étaient changées?
M. Duhaime: Je ne pense pas qu'on puisse redresser les torts au
coin de la table. Il y a eu au moins un cas qui a été
corrigé. Je ne sais pas si cela correspond à celui que vous avez
devant vous.
M. Fortier: J'espère que c'est celui qui demeure dans mon
comté.
M. Duhaime: Cela va vous prouver qu'on ne fait aucune
discrimination, malgré qu'on ait perdu tout espoir de gagner, un jour,
le comté d'Outremont. S'il y a d'autres cas, on va les examiner et je
verrai avec Mme Marois s'il n'y a pas des ajustements à faire. Je sais
que, lorsque les centres de main-d'oeuvre communiquent aux résidences
par téléphone, s'il y a des absents, on ne fait pas toujours le
suivi de rappeler le lendemain ou le surlendemain. On marque absent ou non
intéressé, ce qui crée des injustices, et avec raison
d'ailleurs. On va voir ce qui peut être fait.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): Le
programme 10 est-il adopté?
M. Fortier: Juste une dernière question. Si je comprends
bien, l'IRDA a été fusionné dans un institut de l'amiante.
C'est un fait accompli?
M. Duhaime: Oui. Nous avons, après de laborieuses
discussions avec les autorités fédérales et avec
l'Association des mines d'amiante, mis au point un scénario par lequel
nous voulons intégrer nos efforts dans une seule structure qui s'appelle
maintenant l'Institut de l'amiante qui chapeaute ce qui autrefois était
connu comme étant l'IRDA, l'Institut de recherche et de
développement sur l'amiante, qui est à Sherbrooke et qui restera
à Sherbrooke. Il chapeaute, également, le Centre canadien
d'information sur l'amiante de sorte que le volet information, promotion,
défense du dossier de l'amiante par tout le monde entier se fera
désormais sous le couvert de l'Institut de l'amiante. Il y a
également des crédits qui sont prévus pour appuyer
l'effort de recherche et de développement des mines d'amiante faisant
partie de l'institut. Pour notre part, sur le plan budgétaire, nous
allons y consacrer 1 250 000 $ par année sur une entente de cinq ans.
J'ai également obtenu pour le ministère de l'Énergie et
des Ressources une enveloppe qu'on appelle un fonds spécial de recherche
qui est d'environ 250 000 $ pour nous permettre d'appuyer des projets ad hoc
dans la recherche et le développement que pourraient nous
présenter l'une ou l'autre des mines membres de l'Association des mines
d'amiante du Québec.
M. Fortier: Quelle distinction peut-on faire entre l'Institut de
l'amiante, qui va être financé par les compagnies, par le
gouvernement provincial, le gouvernement fédéral et, disons, la
recherche qui est faite par la Société nationale de l'amiante?
J'imagine que chaque compagnie poursuit les recherches des projets qu'elles
veulent mettre de l'avant. Dans quelle mesure le même genre de recherche
va se faire aux deux endroits ou est-ce qu'il y a une dichotomie qui est
très nette?
M. Duhaime: II n'y a pas beaucoup de risques qu'il y ait
dédoublement de l'effort de recherche. D'abord, il n'y a pas beaucoup de
mines d'amiante. Elles ne sont pas nombreuses. Elles sont actives dans la
même association. Moi j'avoue ne pas avoir d'inquiétude sur ce
genre de risque. Cependant, chaque entreprise a le loisir de conduire son
propre programme de recherche et de développement, comme la SNA a ses
programmes de recherche, Carey et d'autres. Mais l'Institut de recherche et de
développement sur l'amiante est maintenant à l'intérieur,
si on peut dire, de l'Institut de l'amiante. Comme vous savez, l'IRDA a
été financé conjointement par les entreprises et le
gouvernement; ce seront des projets de recherche et de développement en
commun. Chaque entreprise reste parfaitement libre de conduire tout programme
de recherche et de développement qu'elle jugera utile de poursuivre.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que le
programme 10 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Le programme 10 est
adopté. J'appelle le programme 11. M. le député
d'Abitibi-Est, une question?
Industrie minérale et administration
minière
M. Bordeleau: Simplement une petite question, merci. Concernant
l'information qui est donnée au service des mines, aux bureaux des
géologues résidents dans les régions sur les claims
échus, j'avais eu quelques plaintes au cours de l'hiver à savoir
que la liste mensuelle sur les claims échus qui était disponible
dans les bureaux des géologues résidents ne l'était plus
depuis quelques mois. On m'a dit qu'on voulait refaire le système et je
ne sais pas où cela en est.
M. Duhaime: Cela sera corrigé rapidement. Les
inconvénients survenus sont directement reliés au fait que nous
sommes à installer des terminaux dans chacune des régions du
Québec. Ces données seront sur ordinateur et reliées au
central à Québec, de sorte que, désormais, l'information
sera accessible beaucoup plus rapidement.
M. Bordeleau: Est-ce que cela signifie que l'information pourrait
être continuellement disponible?
M. Duhaime: Oui, c'est d'ailleurs dans ce...
M. Bordeleau: Au lieu d'être une fois par mois, cela
pourrait être continu, à la demande des prospecteurs.
M. Duhaime: Vous vous présentez à un des bureaux
régionaux du ministère de l'Énergie et des Ressources et
vous faites une demande d'information. Le message sera codé et
l'information sera demandée par l'ordinateur central et retransmise au
terminal. Cela sera accessible pendant les heures normales d'ouverture du
bureau.
M. Bordeleau: C'est donc une amélioration des
services.
M. Duhaime: Pour autant que les ordinateurs ne tombent pas en
panne, c'est une très nette amélioration puisque ces
données seront maintenant disponibles en tout temps plutôt qu'une
fois par mois, ce qui, parfois, impliquait des retards, selon le moment
où entrait l'information à la centrale, de deux ou trois
semaines. L'information sera maintenant disponible en région
aussitôt que la donnée aura été inscrite à
l'ordinateur central, peu importe le jour du calendrier.
M. Bordeleau: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'il y a
d'autres questions relatives au programme 11?
M. Lavigne: M. le Président, je regrette, j'ai dû
m'absenter pour deux secondes et cela a mis fin au programme 10. J'avais une
courte question relative à ce programme. Est-ce que vous me le
permettez?
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'on peut
adopter le programme 11? S'il y a consentement, on reviendra au programme
10.
Le programme 11 est adopté.
M. Lavigne: M. le ministre, ma question était relative au
programme 10. Je voulais connaître les effets - d'abord, savoir s'il y en
a eu - de la loi 59 qui avait pour but de débloquer la prospection,
particulièrement dans la région des Cantons de l'Est. Comme
législateurs, on adopte des lois; certaines sont
bénéfiques et d'autres le sont moins. J'aurais aimé savoir
si cette loi a permis d'explorer davantage le sous-sol de la région
désignée lors de la promulgation de cette loi et si elle a eu des
effets bénéfiques.
M. Duhaime: Je suis très content que vous souleviez cette
question; cela avait fait l'objet d'un grand débat lors de son adoption,
autant à l'Assemblée nationale qu'en commission parlementaire,
lorsque nous avons révoqué ces droits miniers qui étaient
une enfarge au développement du potentiel minier de cette région
du Québec. Depuis l'adoption de cette loi, le ministère de
l'Énergie et des Ressources a émis 942 permis. Le gouvernement a
augmenté ses investissements dans la recherche géologique. En
1982, nous avons engagé 300 000 $; en 1983, 1 000 000 $ et cette
année, 1 200 000 $. Les investissements privés ont
augmenté de façon considérable. Nous n'avons pas en main
ces données; j'imagine qu'elles seront disponibles un jour, mais les
gens du ministère qui sont en contact avec ceux du secteur privé
qui font les investissements nous confirment que c'est une effervescence qui ne
s'est pas vue dans ce coin du Québec depuis le début du
siècle.
M. Lavigne: Je suis content...
M. Duhaime: C'est donc une excellente loi que nous avons
adoptée à l'Assemblée nationale.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
M. Fortier: Je crois que dans cette loi-là on avait
changé le système des claims pour un autre. Quel était le
système proposé? Quelle est l'expérience à ce
jour?
M. Duhaime: Nous utilisons la technique des permis
spéciaux d'exploration. Cela ne crée pas de problème,
malgré les craintes soulevées à l'époque.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle le
programme 12.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté.
Programme 13?
M. Fortier: Programme 13.
M. Duhaime: Est-ce qu'on pourrait suspendre pour quatre ou cinq
minutes? Je suis prêt à régler pour trois.
M. Fortier: Trois minutes.
Le Président (M. Lafrenière): Nous suspendons pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise de la séance à 17 h 35)
Le Président (M. Lafrenière): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous étions rendus
au programme 13. La parole était au député
d'Outremont.
Régie de l'électricité et du
gaz
M. Fortier: M. le Président, dans son rapport annuel, le
ministère de l'Énergie et des Ressources donne l'ensemble des
revenus du ministère qui viennent de droits et permis. On voit que les
ressources forestières donnent 22 000 000 $, les ressources
minières, 28 000 000 $, les ressources hydrauliques, 27 000 000 $, et il
y a d'autres permis de toutes sortes. Quand on regarde cela, c'est assez
intéressant de noter que certains secteurs ou certaines activités
du
ministère s'autofinancent, autrement dit. En ce qui concerne les
mines, en particulier, on dirait qu'il y a un autofinancement à peu
près à 100%.
M. Duhaime: Je m'excuse.
M. Fortier: Oui. Je disais que, quand on regarde les droits que
le ministère du Revenu ou que le ministère des Finances encaisse,
cela semble autofinancer une partie des dépenses du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Quand on regarde les mines, en particulier,
cela semble assez évident. Dans les mines, vous avez quoi? 18 000 000 $,
plus... Ce serait 25 000 000 $. Seulement en droits miniers, vous avez 28 000
000 $. Autrement dit, si on prend les droits miniers et tout cela - je vais
continuer avec l'énergie après - le gouvernement reçoit
plus d'argent qu'il n'en dépense, effectivement. Le ministère,
que ce soit pour l'énergie, les mines ou les terres et forêts,
a-t-il fait une analyse de ces revenus ou cherché à les
maximiser? De quelle façon le gouvernement ou le ministre du Revenu
fait-il l'analyse des revenus en contrepartie des dépenses que le
gouvernement encourt pour les différentes activités du
ministère de l'Énergie et des Ressources?
M. Duhaime: II n'y a sûrement pas d'objectif d'en arriver
à autofinancer de quelque manière que ce soit ce que le
gouvernement dépense dans le développement et la mise en valeur
de ces ressources. Si vous prenez les blocs principaux du budget, il y a un
manque à gagner énorme dans le secteur de la forêt, par
exemple, qui ne pourrait jamais s'autofinancer avec les droits de coupe,
à moins de les augmenter à des montants vraiment faramineux. Ce
que vous dites est vrai, sauf pour les deux dernières années,
pour ce qui est des mines. Nous percevons des droits miniers, bien sûr.
Nous redépensons cet argent en salaires, en services aux entreprises,
pour les bureaux régionaux, les programmes de recherche, d'exploration,
etc., mais, si on ajoute à ces montants qui apparaissent au budget des
mines les montants qui sont puisés au programme
d'accélération des investissements, je n'ai pas fait le calcul
précis pour 1983, mais je pense qu'on doit être autour de 60 000
000 $, qui sont engagés, qui ne seront pas nécessairement
dépensés en 1983 et environ 30 000 000 $ pour 1984 pour soutenir
l'effort d'investissement des entreprises minières. Ce qui s'est produit
au cours de l'année 1983 et qui continue en 1984 avec le programme
d'accélération, je dirais que, depuis que le ministère des
Mines a été créé à Québec, c'est
durant l'année 1983 et durant l'année 1984 que l'intervention du
ministère a été à son plus haut niveau avec son
programme et son budget régulier, mais aussi avec le programme
d'accélération.
M. Fortier: C'est peut-être un détail et, même
si on additionnait la rubrique que je vais mentionner, cela n'autofinancerait
pas le ministère, mais je ne vois pas dans la liste que le rapport donne
les revenus de la Régie de l'électricité et du gaz qui
tombent dans les revenus consolidés du gouvernement. Chaque fois que les
compagnies se présentent devant cette régie, elles paient des
droits et ils ne semblent pas comptabilisés ici. On m'avait dit, en ce
qui concerne la Régie de l'électricité et du gaz, en
particulier - cette année, vous avez un budget de 2 000 000 $ - que
c'était quasiment un autofinancement et que, lorsque vous avez
étudié la possibilité d'anéantir la régie,
vous aviez même constaté que c'était une régie avec
laquelle vous faisiez de l'argent, que vous aviez plus de revenus que de
dépenses. Est-il possible d'avoir le montant qui tombe dans les revenus
consolidés? Quel a été le montant des revenus en 1983?
M. Duhaime: Ce que vous dites est exact dans un sens. Les revenus
de la Régie de l'électricité et du gaz ne viennent pas au
fonds consolidé, par la loi même qui a constitué la
régie. La loi sur la régie indique aussi que le niveau des
redevances versées par la clientèle est établi en fonction
des budgets de fonctionnement de la régie. Alors, s'il y a un surplus
quelconque, il est passager et il devrait profiter à cette
clientèle au fil des années. Mais il n'y a pas de retour net au
fonds consolidé.
M. Fortier: Est-ce que, éventuellement, je pourrai avoir
le montant pour l'an dernier? Comment se fait-il que cela ne paraisse pas dans
votre rapport? C'est un oubli ou...
M. Duhaime: Non, pas dans le rapport annuel de 1982-1983.
L'année complète de 1983 devrait paraître dans le rapport
de 1983-1984, j'imagine.
M. Fortier: Dans le rapport de 1982-1983, est-ce que je me trompe
quand je dis que les revenus de la régie n'y sont pas
comptabilisés?
M. Duhaime: Ce n'est pas impossible, mais vous allez
peut-être retrouver ces données au rapport annuel de la
Régie de l'électricité et du gaz plutôt que dans le
rapport annuel du ministère.
M. Fortier: Mais j'imagine que les revenus de la régie
sont du même ordre que ceux dont vous faites état ici.
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Exactement. Si je ne me trompe, l'an dernier, on
avait parlé de la régie et vous aviez dit que certains services
d'inspection seraient transférés au ministère et que la
régie serait soulagée de cet aspect qui, finalement, ne
relève pas d'elle. Autrement dit, la régie est là pour
statuer sur des augmentations de tarifs. Est-ce que ce transfert de
responsabilités de la régie vers le ministère de
l'Énergie et des Ressources a été complété?
Si c'est le cas, pour quelle raison retrouvons-nous - je ne voudrais pas faire
erreur - dans le budget de la régie, l'élément 2,
Sécurité publique? Est-ce que l'élément sur la
sécurité publique concerne le rôle d'inspection dont nous
parlions l'an dernier? Je n'ai pas relu le journal des Débats, mais je
crois que l'an dernier vous nous aviez dit qu'il y avait une décision
arrêtée de transférer ce genre de responsabilités au
ministère comme tel. Encore cette année, on retrouve un montant
de 641 500 $ dans le budget de la régie.
M. Duhaime: En fait, c'est un dossier qui est actuellement en
discussion. Il est au stade de l'analyse au secrétariat du Conseil du
trésor de même que dans d'autres secrétariats
ministériels. Nous maintenons la même problématique. Il va
y avoir des économies d'échelle. Jusqu'à quel point nos
projections vont-elles s'avérer justes? Il est fort plausible que tout
ce qui relève de l'inspection qui est actuellement à la
Régie de l'électricité et du gaz revienne ou bien au
ministère de l'Énergie et des Ressources ou encore au
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Les deux
avenues sont évaluées à l'heure actuelle. Je pense qu'on
devrait pouvoir prendre une décision au cours de l'année.
M. Fortier: Mais je croyais que vous m'aviez dit l'an dernier
qu'il y avait eu un début de transfert. Alors, il n'y a pas eu de
début de transfert de responsabilités, n'est-ce pas?
M. Duhaime: Non, il n'y a pas eu de début comme tel. On a
été tenté de le faire parce qu'on a eu une offre d'un
autre ministère qui s'intéresse au dossier sous l'angle de la
protection du consommateur. On a jugé utile de surseoir et de
compléter l'évaluation de ce côté. Mon intention est
de dégager la Régie de l'électricité et du gaz de
cette responsabilité et de la confier à mon propre
ministère ou encore au ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur si son offre tient jusqu'au bout.
M. Fortier: Au bas de la page 45, vous dites: Finalement, afin de
donner suite aux travaux de la commission parlementaire, le gouvernement
étudie actuellement les orientations futures de la régie. Il a
été question en commission parlementaire - que ce soit par
l'Ordre des ingénieurs, l'Association des ingénieurs-conseils et
j'en oublie - de débats sur les questions énergétiques
dans le cadre d'une espèce de conseil de l'énergie. Le ministre
avait dit qu'il était réceptif au concept si on pouvait se
débrouiller pour ne pas trop augmenter les coûts du
gouvernement.
Est-ce que cette réflexion que vous faites va dans cette
direction? Autrement dit, avez-vous l'intention d'ajouter aux
responsabilités de la régie en lui transférant le mandat
de l'évaluation des politiques énergétiques du
Québec dans son ensemble? (17 h 45)
M. Duhaime: Les deux choses sont liées, finalement. Ce que
je pourrais dire pour l'instant là-dessus, c'est qu'à la suite
des travaux de la commission parlementaire l'équipe énergie du
ministère de l'Énergie et des Ressources a fait, bien sûr,
une compilation et un examen très attentif de l'ensemble des
propositions; il y en a eu une foule à travers la soixantaine de
mémoires qui ont été présentés et nous
sommes à réfléchir sur l'ensemble de la
problématique. J'avoue que j'ai beaucoup d'hésitation à
confier des mandats aussi vastes et aussi larges et même à mettre
sur pied un conseil consultatif de l'énergie; cela pourrait être
indiqué sur des points ad hoc. Ce que je craindrais, ce sont les
coûts administratifs d'une structure permanente.
Deuxièmement, dans l'examen des mandats qui sont actuellement
confiés à la Régie de l'électricité et du
gaz, il y a un volet qui rejoint un des voeux manifestés par plusieurs
associations lors de la commission parlementaire et j'ai le sentiment
très net que, lorsque le gouvernement prendra position sur la
Régie de l'électricité et du gaz et les mandats qu'on veut
lui voir confier, on pourra disposer en même temps de l'autre volet de la
question.
M. Fortier: Vous aviez promis un document. J'imagine que dans un
premier temps la section énergie du ministère a compilé ou
a analysé les recommandations. Est-ce que - cela pourrait nous
être utile -le ministère ne pourrait pas distribuer cette
compilation des points de vue qui résumerait, j'imagine, les
différents points de vue par type de recommandations, et aussi donner le
nom de chaque association? Autrement dit, ce serait une compilation des
différents points de vue qui avaient été exprimés;
un peu plus tard, j'imagine qu'il y aura une deuxième partie qui sera
l'analyse des recommandations. Est-ce qu'il serait possible que le
ministère publie au moins la première partie afin que l'on puisse
en disposer nous-mêmes?
M. Duhaime: À la suite des travaux de la commission
parlementaire qui a siégé pendant plusieurs semaines, nous avons
dû, bien sûr, attendre la transcription normale des débats
de la commission parlementaire. Lorsque cela a été
révisé, on s'est posé beaucoup de questions sur la
méthodologie qu'on devrait utiliser. Notre première approche
était de tenter de résumer les points de vue en mettant en
lumière telle ou telle proposition par un groupe ou par un autre. Nous
avons finalement écarté cette approche parce qu'elle
était, bien sûr, très critiquable. On n'était pas
absolument certain de pouvoir rendre fidèlement ce que les gens
étaient venus nous dire. On a donc opté pour une deuxième
voie, qui est celle de publier intégralement dans un document toutes les
interventions in extenso qui ont été faites et ce document est
prêt.
M. Fortier: Vous voulez dire que ce sera une réplique du
journal des Débats?
M. Duhaime: Oui, un peu comme il y avait eu la transcription
intégrale des débats de la commission parlementaire sur les
investissements d'Hydro-Québec au printemps 1978, je crois.
À la fin de ce document, vous allez retrouver la partie des
recommandations comme telles sans que l'une ou l'autre ait été
mise dans quelque ordre de priorité. On veut refléter
essentiellement le travail de ceux qui se sont donné la peine de venir
devant la commission. Donc, à la fin du document, dans des annexes, vous
allez retrouver la liste des recommandations qui nous ont été
faites. Ce n'est pas regroupé par sujet; c'est regroupé par
intervenant.
À partir de ce premier travail, le ministère de
l'Énergie a continué et nous aurons un document prêt pour
juin qui mettra davantage en lumière les différentes
recommandations qui ont été faites devant la commission.
M. Fortier: Est-ce que le premier document va être
prêt bientôt?
M. Duhaime: Je ne l'ai pas rendu public plus tôt parce que
je n'ai pas eu le temps. Je voulais le faire demain, mais je serai à
Montréal. On va le faire le plus rapidement possible, il est
prêt.
M. Fortier: II y a une difficulté à publier in
extenso; c'est qu'on s'est aperçu par après que certaines
données étaient fausses en entier ou en partie. Si on prend la
présentation de SOQUIP sur la consommation ou le raffinement du
pétrole au Québec, des correctifs ont été
apportés après. J'aurais cru qu'il aurait été utile
d'avoir le tableau corrigé intégralement et que le
ministère aurait fait ce genre d'ajustement. Si vous publiez cela in
extenso, si les gens s'y réfèrent, on va faire la même
erreur qui a été faite dans un premier temps.
M. Duhaime: Nous n'allons pas, dans ce document, reprendre in
extenso les mémoires écrits. Les mémoires ont
été déposés devant la commission, ils ont
été mis à la disposition des membres. Je pense qu'il en
reste encore des copies au secrétariat. Ce que nous allons publier, ce
sont les propos tenus ici à cette table durant les travaux de la
commission parlementaire.
J'imagine que sur un dossier comme SOQUIP, qui avait
échappé 50 000 barils en chemin à un moment donné,
à la lecture on verra que la correction a été faite.
M. Fortier: Lors de la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources où on avait discuté des tarifs
d'Hydro-Québec, le ministre et Hydro-Québec avaient
évoqué la possibilité que l'augmentation de tarif ou la
révision en commission parlementaire se fasse durant l'été
au lieu de la faire au mois de novembre ou décembre, comme
c'était la tradition. Je pense que les membres de la commission
aimeraient savoir quel va être le fardeau de notre travail en juillet et
en août prochains. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer si
Hydro-Québec demandera de comparaître en commission parlementaire
cet été ou si ce sera reporté à l'automne, comme
les années passées?
M. Duhaime: À moins de grandes surprises, la commission
parlementaire de l'énergie et des ressources ne siégera pas en
1984 pour étudier une proposition tarifaire d'Hydro-Québec.
M. Fortier: La commission de l'énergie et des ressources
ne siégera pas, parce qu'elle n'existe plus, mais celle de
l'économie et du travail pourrait siéger.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président. La commission
parlementaire de l'économie, du travail et de l'emploi... Comment
appelez-vous la commission?
M. Fortier: Économie et travail, tout simplement.
M. Duhaime: Cette commission-ci ne sera pas saisie, en 1984,
d'une proposition tarifaire d'Hydro-Québec.
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
M. Fortier: Au programme 14, vous faites allusion à ce que
vous aviez discuté en commission parlementaire, M. le ministre,
à savoir que le ministère compte mettre au point - je cite
à la page 47 - "un programme pour promouvoir de nouvelles utilisations
dans le secteur industriel". Cela avait été évoqué
en commission parlementaire lorsqu'on a parlé de la politique
énergétique. Cela avait été évoqué
partiellement lors de la révision des tarifs d'Hydro-Québec. Ma
première question, c'est: Est-ce le ministère qui prépare
cela ou si c'est Hydro-Québec? Deuxièmement, compte tenu qu'on
nous avait dit, je crois, à la commission parlementaire, que ce serait
prêt au printemps, à quel moment ces nouveaux programmes
seront-ils présentés publiquement?
M. Duhaime: On travaille actuellement sur deux dossiers. Quand je
dis "on", je m'exclus, parce que l'initiative de ces travaux est prise par
Hydro-Québec et cela se fait en consultation étroite et continue
avec mes fonctionnaires, au ministère de l'Énergie et des
Ressources. On travaille sur deux problématiques. La première,
c'est un programme de stabilisation tarifaire pour l'industrie, d'une
façon générale. Le deuxième volet porte plus
précisément sur les secteurs de l'électrochimie, de
l'électro-métallurgie et de la chimie minérale. On se
propose d'étendre à ces trois secteurs un scénario comme
celui retenu dans le secteur de l'aluminium. C'est très avancé
comme travaux. Cela ne nous empêche pas, cependant, de mettre
déjà en application les grands principes de cette
problématique tarifaire sur des dossiers ad hoc pour ne pas retarder des
investissements.
M. Fortier: Ce qui irait dans le sens de favoriser de nouveaux
tarifs dans la mesure où il y aurait de nouveaux investissements, si je
comprends bien.
M. Duhaime: Cela est pour un des volets. C'est le
deuxième, l'électrométal-lurgie, l'électrochimie et
la chimie minérale. Le premier volet est un programme de stabilisation
qui consisterait en gros à donner, à long terme, des garanties
aux entreprises pour les prémunir contre des dépassements qui
seraient inattendus.
M. Fortier: Est-ce que ce serait garanti par le gouvernement ou
si Hydro-Québec serait forcée de créer un fonds à
même les tarifs pour cette éventualité?
M. Duhaime: D'abord, le gouvernement ne force jamais
Hydro-Québec, comme vous le savez. C'est une décision de
l'entreprise et il n'est pas exclu qu'un fonds spécial soit
créé pour pouvoir encaisser les hauts et les bas de ces
fourchettes lorsque mises en application dans le temps.
M. Fortier: En ce qui concerne les négociations avec
Terre-Neuve, qu'est-ce que le ministre peut nous dire de plus qu'il a dit
publiquement? Est-ce que ces négociations impliquaient
l'aménagement de certaines rivières de la Côte-Nord? Les
négociations étaient-elles limitées à
l'aménagement de Lower Churchill, des chutes Churchill qui appartiennent
à Terre-Neuve exclusivement et où le gouvernement avait offert
une coopération pour développer ces ressources dans un avenir,
j'imagine, immédiat?
M. Duhaime: À la demande de Terre-Neuve, en août
dernier, je crois que c'était le 18, nous avons eu des échanges
au niveau des ministres de l'Énergie à trois reprises, mais qui
n'ont pas porté sur le fond du dossier. C'était plus des
discussions qui portaient sur l'encadrement des négociations, les
mandats à donner et qui seraient les porte-parole. De notre
côté, toutes les négociations ont été
conduites par Hydro-Québec avec, bien sûr, la collaboration
étroite de son actionnaire. Lorsque nous avons accepté, à
la demande de Terre-Neuve, de reprendre les négociations, c'est
essentiellement parce que Terre-Neuve, pour la première fois, acceptait
d'examiner l'ensemble du dossier, c'est-à-dire le Haut-Churchill, le
Bas-Churchill, les ententes quant à la régularisation des bassins
hydrographiques des rivières de la côte, les redevances, bien
sûr, et certains éléments du contrat signé. Il n'a
jamais été question du tracé de 1927, ce que vous appelez
une frontière.
M. Fortier: Est-ce que du côté de Terre-Neuve les
négociations se faisaient par l'entremise de leur compagnie
d'utilité publique ou par le gouvernement?
M. Duhaime: En partie par Newfoundland and Labrador Hydro, mais
je dirais, en majeure partie, au niveau du gouvernement de Terre-Neuve, par les
représentants qu'ils avaient délégués à la
table de négociation.
M. Fortier: Au moment où on se parle, j'imagine que tout
est arrêté à lasuite de la déclaration
d'Hydro-Québec. Y a-t-il des possiblités de nouvelles
négociations? On a lu dans les journaux que Terre-Neuve avait
décidé d'en appeler de la décision de l'Office national de
l'énergie. Dans quelle mesure l'appel de Terre-Neuve peut-il retarder
l'exportation d'énergie vers les États-Unis pour pénaliser
financièrement Hydro-Québec?
Le Président (M. Lafrenière): Un instant, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Duhaime: Nous ne pensons pas...
Le Président (M. Lafrenière): Tel que convenu nous
continuons nos travaux jusqu'à 18 h 30. (18 heures)
M. Duhaime: Nous ne pensons pas que le gouvernement de
Terre-Neuve a déposé une opposition devant l'Office national de
l'énergie sur le contrat d'exportation vers New York. L'Office national
de l'énergie n'a pas retenu l'opposition de Terre-Neuve pour des motifs
assez évidents. Un opposant doit faire la preuve qu'il a besoin de cette
énergie et qu'il est prêt à payer le prix que nous
obtiendrions sur le marché international, qui est essentiellement
américain pour nous. Je pense que cette preuve est à peu
près impossible à faire dans l'état actuel du dossier.
Terre-Neuve a un droit d'appel devant la Cour fédérale.
Elle a indiqué qu'elle porterait ce dossier en appel devant la Cour
fédérale. Nous attendrons d'obtenir le jugement de la Cour
fédérale, il y aura audience, j'imagine bien, mais cela ne
crée pas un retard pour l'instant. De notre côté, nous nous
préparons à construire l'interconnexion, de même que du
côté américain.
M. Fortier: Est-ce que l'appel permet à
Hydro-Québec de construire effectivement ou si cela annule les
autorisations que l'Office national de l'énergie a données ou
avait effectivement l'intention de donner?
M. Duhaime: J'aurais préféré que nos
conseillers juridiques soient ici pour répondre à cette question.
L'appel devant la Cour fédérale porte sur des questions de forme.
L'approbation de la décision de l'Office national de l'énergie
doit être faite par le cabinet fédéral, comme toute
décision en semblable matière de l'office. Ces décisions
entrent en vigueur et ont plein effet lorsqu'elles sont approuvées sur
le fond par le cabinet fédéral à cause des amendements qui
ont été apportés en 1983, je crois. C'est le projet de loi
fédéral C-108 qui nous donnait l'héritage du corridor
électrique -vous vous en souviendrez. Je ne pense pas non plus que - je
ne suis pas très familier avec la tuyauterie fédérale dans
ces matières - le cabinet fédéral donne son approbation
tant que les recours, quant à la forme, n'auront pas été
épuisés devant la Cour fédérale. Sur le plan des
dates de livraison, pour l'instant en tout cas, cela n'a eu aucun impact.
M. Fortier: L'autorisation qu'Hydro-Québec cherchait
à avoir était pour exporter des quantités additionnelles
à partir de 1986 ou 1987, je crois.
M. Duhaime: On parle du contrat avec le New York Power Authority
qui est un contrat de 111 000 000 000 de kilowattheures à partir de 1984
jusqu'en 1997. C'est un contrat de treize ans. Mais il y a des livraisons qui
se font parce qu'il y avait déjà une entente qui existait. Le
contrat de 1982, signé avec New York, devrait être
respecté. Du côté américain, ils ont encore des
autorisations. Du côté américain, l'interconnexion est
celle que l'on appelle Marcy South, qui n'est pas encore approuvée sur
le plan de la commission... Je crois qu'il y a une commission de
l'environnement, la "Public Service Commission", et, de notre
côté, nous pensons toujours pouvoir respecter - nos
collègues américains aussi - l'échéance du contrat
et commencer les livraisons suivant le calendrier qui a été
arrêté en 1982.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. M. le ministre, je
voudrais vous poser une couple de questions. Je ne suis pas sûr de bien
interpréter - en tout cas, vous me le direz - en ce qui a trait à
l'investissement ou les mises de fonds qu'on retrouve dans Gaz
Métropolitain qui, évidemment, étend d'année en
année ses tentacules, d'autant plus que cela va dans le sens et dans
l'esprit développé par le ministre. Je pense qu'on doit pousser
sur ce type d'énergie qui doit concurrencer de plus en plus les produits
pétroliers ainsi, évidemment, que l'électricité.
Donc, il y a des villes ou des municipalités au Québec qui
greffent leur réseau municipal de gaz naturel aux grands réseaux
et on fait une pénétration plus intense dans les villes. Les
fonds que le gouvernement met dans Gaz Inter-Cité, on les retrouve
où dans l'étude du budget présentement? Si c'était
le cas, ce serait à quel élément?
M. Duhaime: Cela n'apparaît pas au budget.
M. Lavigne: Cela n'apparaît pas au budget?
M. Duhaime: Je crois que vous allez retrouver ces informations au
rapport annuel de SOQUIP; elles pourraient être complétées
par les rapports annuels de Gaz Métropolitain et de Gaz
Inter-Cité.
M. Lavigne: M. le ministre, est-ce que pour cette année on
prévoit des augmentations dans ces champs d'activité de la part
du gouvernement? Les budgets sont-ils augmentés?
M. Duhaime: II va y avoir une augmentation des activités,
bien sûr, en termes d'investissements. Du côté de Gaz
Inter-Cité, cette année, on va construire la
latérale Grand-Mère, La Tuque, Chambord et La Baie. C'est un
investissement de 240 000 000 $. Au fur et à mesure que la demande va se
faire dans les villes traversées, Gaz Inter-Cité va donner une
expansion à son réseau gazier municipal. Cela donne pour Gaz
Inter-Cité pour la seule année 1984 des investissements de 220
000 000 $ dans le secteur de la transmission; dans le secteur de la
distribution, 113 500 000 $. Pour Gaz Métro, les investissements en 1984
sont de 179 000 000 $. Ce qui vous donne un total pour les deux compagnies de
distribution gazière de 512 500 000 $ pour la seule année 1984,
comparativement à 193 000 000 $ ou 194 000 000 $ pour 1983 et 128 000
000 $ pour 1982.
M. Lavigne: Donc, il y a une nette progression.
M. Duhaime: J'ajoute également qu'il y a quelques jours
à peine, avec Gaz Métro, nous avons annoncé que
Saint-Jérôme serait reliée à Lachute. C'est un
investissement de 7 000 000 $. Les travaux vont commencer incessamment. Ceci va
permettre également d'alimenter en gaz naturel la compagnie Great Lakes
Carbon, située près de Lachute, de même que trois
municipalités. Très prochainement, je l'espère, nous
pourrons annoncer un programme d'accélération des investissements
de Gaz Métro dans la région de Montréal.
M. Lavigne: Dans un autre ordre d'idées, M. le ministre,
on voit dans les documents au programme 14 les faits saillants quant au
programme Bi-énergie. On sait que le ministère défraie ce
programme dans la proportion de 50%; Hydro-Québec défraie l'autre
moitié. C'est un programme qui a coûté 7 000 000 $ l'an
passé. Vous dites que vous le réduisez à 5 800 000 $. Il
me semble que c'est un programme qui était populaire, qui allait dans le
sens de combattre le pétrole d'une certaine façon et de permettre
à l'hydroélectricité de pénétrer davantage
sur les marchés au niveau de la consommation. Je m'explique mal la
diminution de 7 000 000 $ à 5 800 000 $.
M. Duhaime: Pour mieux répondre à votre question,
on pourrait peut-être vous donner quelques chiffres sur l'impact du
programme Energain depuis le début. En 1981-1982, il y a eu 11 214
analyses qui ont été faites et le coût total du programme a
été de 6 200 000 $ en chiffres arrondis. Quand je parle du
coût total, c'est la part et du gouvernement et d'Hydro-Québec.
Pour 1982-1983, il y a eu 45 250 analyses; le coût total du programme a
été de 13 250 000 $. En 1983-1984, on compte 116 500 analyses
pour un coût total de 19 400 000 $.
Ce que nous avons remarqué au fil des années, c'est
d'abord la très grande réussite du programme Énergain et
un déplacement soutenu du mazout ou encore de l'huile à chauffage
no 2, principalement, et un très haut taux de conversion à
l'hydroélectricité. Dans les constructions nouvelles,
Hydro-Québec va chercher au-delà de 95% du marché
résidentiel; à la faveur du programme Énergain, le taux de
conversion à l'électricité était de l'ordre
d'à peu près 90%, ce qui veut dire que le gaz naturel n'a pas
beaucoup concurrencé Hydro-Québec dans ce secteur.
J'ajouterai un élément important: le coût par
unité de logement, au moment de l'application du programme
Énergain, va en diminuant et de beaucoup. Si vous faites la division des
chiffres que je viens de vous donner, vous allez constater qu'en 1981-1982 cela
coûtait 550 $ par unité de logement et cela a été
ramené à 292 $ en 1982-1983 et à 158,76 $ en 1983-1984
comme coût total.
M. Lavigne: Au niveau du coût d'installation.
M. Duhaime: Comme coût total du programme. Cela signifie
quoi? Cela signifie qu'après trois ans nous avons
écrémé en quelque sorte une clientèle qui a
bénéficié des analyses énergétiques, qui a
fait des investissements et qui s'est convertie dans une proportion de 90% et
plus à l'électricité.
Nous touchons maintenant une tranche de clientèle où les
économies d'énergie sont plus faibles. Pour les clients
éventuels d'Hydro-Québec ou du gaz naturel, quant à eux,
lorsque l'investissement est maintenant réalisé ou sera
réalisé au cours de 1984-1985, les économies
d'énergie seront plus faibles, donc, il y aura moins d'investissements,
un coût moindre pour le fonctionnement du programme, d'où la
révision à la baisse pour répondre aux besoins de cette
clientèle.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. le
ministre.
M. Duhaime: J'ajoute un élément. On va maintenant
travailler davantage dans le secteur multifamilial plutôt qu'unifamilial
et résidentiel, ce qui nous amène à des économies
importantes au niveau de la subvention à l'investissement.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que le
programme 13 est adopté?
M. Fortier: Je pense qu'il nous reste juste une dizaine de
minutes. Si on pouvait poser quelques questions qui ne se
réfèrent pas nécessairement au programme, on adopterait
les programmes à la fin.
Le Président (M. Lafrenière): D'accord.
Société de cartographie
M. Fortier: Cela ne se réfère pas
nécessairement au programme qui est ici, mais le ministre me pardonnera
de ne pas avoir posé la question plus tôt. L'an dernier, j'avais
posé la question au ministre en ce qui concerne les déficits
cumulatifs de la Société de cartographie. Différentes
représentations ont été faites par les syndiqués
qui craignent de perdre leur emploi si le ministre donne suite à ce
qu'il me disait l'an dernier: "Je vous avoue que mon idée est à
peu près faite, nous avons l'intention de nous retirer de ce champ
d'activité", mais il nous indiquait qu'à ce moment-là
c'était un projet du ministère et qu'il irait au cabinet, le cas
échéant. Ceci, il nous le disait le 17 juin 1983 et je crois
qu'il n'est pas encore allé au cabinet. Cela ne devrait pas tarder. (18
h 15)
Est-ce que le ministre peut nous dire si sa décision est prise ou
si le cabinet a pris une décision au sujet de ce dossier? Quand va-t-il
informer les employés de la Société de cartographie qui,
eux, s'inquiètent de leur emploi? A-t-il reçu des offres du
secteur privé qui permettraient au gouvernement de transférer le
personnel, ou la société privée achètera-t-elle les
actifs? Autrement dit, quelle formule sera retenue et qu'est-ce qui sera fait
pour préserver l'emploi des 35 personnes, je crois, qui sont encore
à l'emploi de la Société de cartographie?
M. Duhaime: Je serais prêt à répéter
mot à mot ce que j'ai dit l'an passé à l'étude des
crédits. Le dossier a fait l'objet d'une analyse au Conseil du
trésor. Il est au Secrétariat exécutif. Nous prendrons,
comme gouvernement, une décision d'ici deux à trois semaines.
Nous ne nous sommes pas encore arrêtés, de façon
définitive, sur la manière dont nous pourrions disposer des
actifs de la Société de cartographie dans l'hypothèse
où le gouvernement donnerait suite à cette avenue, mais pour ce
qui est des employés, peu importe qui pourrait éventuellement
devenir propriétaire de la Société de cartographie, c'est
un personnel hautement spécialisé. Nous allons tenir compte, dans
les propositions que nous devrions recevoir à la suite d'un appel
d'offres qui sera fait, de la présence des travailleurs dans cette
entreprise.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il existe
présentement plusieurs sociétés privées qui peuvent
offrir à peu près le même genre de services? Est-il vrai
également que, même s'il existe plusieurs firmes privées,
c'est le ministère présentement qui détermine le tarif,
qu'il n'y a pas d'appels d'offres comme tels? Je crois que vous avez des tarifs
réglementés pour le travail. Si le ministère se
départissait de la Société de cartographie, est-ce qu'il y
aurait danger? C'est un danger, j'imagine, qu'on a appréhendé en
1975 lorsque le gouvernement a décidé de lancer cette
société, de faire concurrence au secteur privé. J'imagine
qu'à ce moment, on avait peut-être peur qu'une
société privée prenne le monopole de ce service et on a
voulu lui faire concurrence. Est-ce que les conditions ont changé?
Est-ce que le ministre est satisfait que, s'il y a plusieurs firmes dans le
secteur privé, celles-ci pourront se faire concurrence pour que le
ministère puisse donner des contrats sans être à la merci
d'une firme en particulier?
M. Duhaime: II n'y a aucun danger qu'on soit à la merci de
qui que ce soit parce que j'ai le sentiment que le ministère de
l'Énergie et des Ressources est aussi bien équipé que
n'importe laquelle des entreprises dont on parle, incluant la
Société de cartographie. Nous sommes presque autonomes, sinon
autosuffisants, quoique nous octroyons des contrats et nous avons l'intention
de continuer à en octroyer.
La tarification est effectivement approuvée par le gouvernement
au niveau du Conseil du trésor. Nous avons évalué ce
danger de voir s'établir un monopole et, moi, j'en arrive à la
conclusion qu'il n'y a pas grand risque que cela se produise, car il y a
plusieurs compagnies qui oeuvrent dans ce secteur qui sont déjà
en concurrence. Je pense que nous laisserons les entreprises privées
dans ce secteur oeuvrer suivant les règles normales de concurrence.
M. Fortier: Est-ce que le ministre vient de me dire que les
services fournis par la Société de cartographie existent
également au ministère de l'Énergie et des Ressources?
M. Duhaime: Pour une partie des travaux que la
Société de cartographie fait ou pourrait faire, nous avons
également au ministère de l'Énergie et des Ressources de
l'équipement similaire, mais pas aussi sophistiqué.
M. Fortier: Si l'information que j'ai est exacte, c'est au cours
des dernières années que la société a acquis et
développé les équipements modernes qui lui permettent de
faire cela. Quel était le but poursuivi par le gouvernement, car ce que
vous venez de me dire c'est que le ministère est équipé
à peu près de la même façon mais, à la
Société de cartographie, pourquoi avoir permis une double
utilisation des fonds publics qui a amené des déficits
retentissants à la Société de cartographie? J'ai de la
misère à comprendre la bonne gestion du ministère dans un
dossier comme celui-là.
M. Duhaime: II n'y a pas de chevauchement sur l'ensemble des
activités. Quand le ministère a décidé de
s'équiper c'était beaucoup plus en fonction d'exigences de
rapidité à obtenir ce que nous voulions avoir. Je me souviens
bien, pour l'avoir visitée, avoir fait le tour de la
Société de cartographie, qu'ils ont des équipements que le
ministère de l'Énergie et des Ressources n'a pas et n'a pas
l'intention d'acquérir non plus. Entre autres, tout le
procédé de fabrication des cartes à partir de photos
aériennes. Je crois que c'est une technologie norvégienne qui a
été acquise, du moins les appareils, et, que je sache, ces
appareils n'existent pas au ministère de l'Énergie et des
Ressources, à moins que l'on me fasse des surprises, mais je ne crois
pas.
Office de l'électrification rurale
M. Fortier: En ce qui concerne l'Office de
l'électrification rurale, dont le ministère m'a transmis
certaines informations, je crois qu'il n'y a plus aucune raison pour avoir un
Office de l'électrification rurale. Malgré le fait que cet office
n'ait plus de justification depuis un certain nombre d'années...
M. Duhaime: Justement...
M. Fortier: ...est-ce qu'il s'y fait des dépenses? L'an
dernier, vous avez payé du personnel pour s'occuper de cet office. Des
dépenses ont-elles été encourues?
M. Duhaime: L'Office de l'élec-trification rurale -
peut-être que M. Duplessis va se retourner dans sa tombe - il n'en reste
que la coquille. Deux personnes sont officiellement sur la liste de paie de
l'office, mais, effectivement, elles travaillent au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Nous projetons une modification
législative pour mettre fin à ses beaux jours.
M. Fortier: Le ministre peut-il me dire pourquoi il y a deux
personnes sur la liste de paie de l'office s'il n'y a absolument aucun travail
à y faire?
M. Duhaime: Un directeur général au
ministère de l'Énergie et des Ressources est en même temps
plénipotentiaire de l'Office de l'électrification rurale; c'est
exactement la même dépense comme telle. Je m'excuse, ils sont
rémunérés par le ministère de l'Énergie et
des Ressources et remplissent les fonctions dévolues par la loi dans le
cadre actuel de la législation concernant l'Office de
l'électrification rurale.
M. Fortier: L'office, présentement, n'a personne sur sa
liste de paie et des dépenses ont-elles été encourues
à l'intérieur de l'office?
M. Duhaime: C'est M. Denis L'Homme, président de l'Office
de l'électrification rurale, qui est en même temps directeur
général au ministère de l'Énergie et des
Ressources. Cela fait partie des héritages. On va liquider cela
tranquillement.
M. Fortier: Je me demandais si, malgré le fait que
c'était dormant, vous y dépensiez beaucoup d'argent. Il ne semble
pas que ce soit le cas. Cela me fait de la peine. Ce sera tout, M. le
Président.
M. Duhaime: C'est plutôt tranquille.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que le
programme est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lafrenière): Adopté. Est-ce
que l'ensemble des crédits de l'énergie et des ressources...
M. Fortier: J'aurais seulement une question au ministre
étant donné que...
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'on les
adopte avant la question?
M. Fortier: Oui, on va les adopter. Puis j'ai une question
à poser au ministre ensuite.
Le Président (M. Lafrenière): D'accord.
Adopté.
M. Fortier: J'ai reçu une lettre d'une personne qui habite
le sixième rang à Saint-Cyrille-de-Wendover, près de
Drummondville, qui dit qu'elle ne peut être branchée au
réseau d'Hydro-Québec. Elle m'a même envoyé la photo
de sa demeure. C'est un petit bungalow. Elle a fait une demande auprès
d'Hydro-Québec et il semblerait qu'Hydro veuille faire payer la ligne de
transmission qui serait requise pour l'alimenter.
Je voulais seulement savoir du ministre si effectivement, dans des cas
comme cela... Cela me semble assez cocasse; c'est un rang près de
Drummondville. Est-ce que la Loi sur l'Hydro-Québec permet à
celle-ci de demander à un client de payer? Je comprends bien le
problème. C'est peut-être que pour brancher cette personne cela
prendrait une petite ligne en alimentation qui pourrait coûter - je n'ai
pas le coût ici - de 2000 $ à 6000 $ et on exige qu'elle paie ce
montant. Est-ce que la Loi sur l'Hydro-Québec oblige celle-ci à
alimenter toute personne à l'intérieur d'un certain territoire ou
si elle peut exiger d'un client en particulier qu'il paie une mini-ligne de
transport pour se rendre à sa demeure?
M. Duhaime: À quelle adresse habite ce
monsieur?
M. Fortier: Sixième rang à
Saint-Cyrille-de-Wendover, près de Drummondville.
M. Duhaime: Je ne sais pas s'il n'aurait pas pu trouver un
endroit plus loin pour aller s'installer. Plus sérieusement,
Hydro-Québec est obligée de fournir le service mais la loi
n'oblige pas Hydro-Québec à faire assumer par l'ensemble de la
clientèle des coûts d'installation semblables.
Nous sommes au courant de ce dossier parce que, en plus de vous avoir
écrit, il nous a écrit aussi. Hydro-Québec est en train de
régler ce problème. Je ne sais pas de quelle façon
l'entente sera faite mais il est clair et net qu'il va y avoir une charge au
client.
M. Fortier: Oui, parce que ce...
M. Duhaime: Si on procédait à l'inverse,
Hydro-Québec serait obligée d'aller relier toute personne qui
déciderait d'aller s'installer à 30 milles, 40 milles ou 100
milles de distance des réseaux normaux de distribution
d'électricité. Je n'aimerais pas trop recevoir cette facture sur
ma note. C'est parfaitement normal qu'Hydro-Québec exige qu'il y ait un
paiement d'exécuté. Il faut bien comprendre qu'il y a plus de 2
000 000 d'abonnés à Hydro-Québec. S'il fallait que
l'entreprise commence, même avec des photos en couleur à l'appui,
de pareilles requêtes, on risquerait de se retrouver avec des dizaines de
millions de dollars engagés chaque année pour répondre
à ce genre de demandes venant de la clientèle.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Tout simplement dans la même veine, si le
ministre dit au député d'Outremont qu'il peut régler des
problèmes de ce type, je vais lui envoyer les miens. J'ai
également un certain nombre de gens qui voudraient faire payer les
poteaux ou les lignes.
M. Duhaime: Le député d'Outremont ne m'a jamais
parlé de ce dossier en dehors du cadre de nos travaux en commission
parlementaire mais, si vous communiquez avec Hydro-Québec pour
régler ce genre de problèmes, peut-être qu'ils vont se
régler. Sinon, vous pourrez m'en parler et on verra, surtout quand on
est adjoint parlementaire.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Juste une explication, puisque j'ai moi-même
travaillé dans un certain secteur à Hydro-Québec. C'est
que, effectivement, Hydro-Québec, lorsqu'elle reçoit une demande
d'un groupe de citoyens, fait une étude sur les retombées
internes en revenus sur les cinq années en projection. Elle ne facture
pas à la clientèle si c'est un regroupement de chalets ou un
regroupement de maisons isolées. Elle ne charge pas si c'est rentable
dans les cinq années subséquentes. Cependant, c'est
qu'après cinq ans, si ça ne se rentabilise pas, il y a des
coûts qui sont facturés à chacun des citoyens et citoyennes
qui sont rattachés.
Dans un deuxième temps, lorsqu'il y a un individu isolé -
j'en ai un à Saint-Augustin dans le comté de Duplessis qui s'est
ramassé avec une facture de 12 000 $ d'Hydro-Québec -
Hydro-Québec, à ce moment-là, ne facture que les
coûts fixes, c'est-à-dire le coût des matériaux:
poteaux, fils, ancrages, mais elle n'exige rien pour la main-d'oeuvre qui se
déplace pour aller faire l'installation. C'est à
l'intérieur des programmes réguliers.
Le Président (M. Lafrenière): Mesdames et
messieurs, merci beaucoup. Nous terminons les travaux de la commission de
l'économie et du travail.
(Fin de la séance à 18 h 30)