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(Neuf heures quarante minutes)
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'économie et du travail
reprend ses travaux. Cette séance de la commission a pour objet
d'étudier les crédits budgétaires du ministère du
Commerce extérieur, conformément au mandat qu'elle a reçu
de l'Assemblée nationale.
Nous allons poursuivre l'étude du programme 1. La parole est au
député de Nelligan.
APEX (suite)
M. Lincoln: Bonjour, Mme la Présidente. J'étais en
train de poser quelques questions à M. Girard quand on a terminé
hier soir. Est-ce que M. Girard pourrait répondre à quelques
autres questions sur le programme APEX, s'il vous plaît!
M. Landry: D'abord, je dois dire à Mme la
Présidente, que vous avez devant vous une liste qu'on a promise et nos
services ont travaillé au cours de la nuit. Je vous l'ai dit qu'au
ministère du Commerce extérieur on répondait rapidement et
sans délai. La liste est déposée. Dans quelques minutes,
on va en déposer une autre qui répond à une autre question
du député de Nelligan concernant un montant global de 1 000 000 $
et sa ventilation quant à la dépense.
La Présidente (Mme Harel): Aux fins de l'enregistrement,
il s'agit d'une distribution et non d'un dépôt. Le
dépôt suppose une autre technique.
M. Landry: Oui, ce n'est pas techniquement
déposé.
La Présidente (Mme Harel): Alors, c'est une
distribution.
M. Landry: C'est une distribution de documents pour mieux
répondre à une question de l'Opposition.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce la liste des 86 personnes engagées,
mais pas encore acceptées?
M. Landry: Non. Je vais vous dire ce qu'elle contient. Il y a 116
dossiers pour un montant de 3 900 000 $: 60 de ces dossiers sont reliés
à ce qu'on appelait le programme APEX F - on ne l'appelle plus APEX F,
mais c'est une question de terminologie -pour 1 200 000 $; 56 dossiers de
1983-1984 pour 2 700 000 $. Les 86 nouveaux dossiers à l'étude
pour 1984-1985. Ils sont au nombre de 86. Comme l'année
financière est commencée depuis cinq jours et que nos services
n'ont pas pu faire de préanalyse de ces 86 nouveaux dossiers, nous ne
pensons pas que l'Opposition soit en droit de les réclamer.
L'année financière est commencée depuis le début du
mois et le sous-ministre n'a pas vu les dossiers. Il y en a 86 dans la machine.
Quand on les aura vus nous-mêmes, on vous les montrera.
M. Lincoln: Alors il y a eu un malentendu hier soir, parce que
vous avez signalé qu'il y en avait 86 d'engagés. Alors, il
faudrait se situer exactement. Quand vous parlez de 86 engagés, vous
parlez de 86 demandes qui ont été faites et qui sont à
l'étude maintenant. De ces 86 demandes, peut-être qu'on en
retiendra une partie ou non.
M. Landry: C'est cela, Mme la Présidente, 116
engagés de 1983-1984 et 86 qui sont des nouveaux dossiers pour
1984-1985. Ceux-là, comme je vous l'ai dit -l'année
financière vient de commencer -cheminent dans la machine. On sait qu'il
y en a 86. Il va, évidemment, y avoir un tamisage de cela à
faire.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: S'il vous plaît, pour qu'on soit sûr que
l'on s'entend bien, il y en avait 60 de 1983-1984 qui sont...
M. Landry: 116.
M. Lincoln: Non, non, une minute.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: 116 en tout, mais il y en avait 60 de 1983-1984.
Ensuite...
M. Landry: 56. Vous en aviez 60 de
1982-1983, pour 1 200 000 $.
M. Lincoln: De 1982-1983, pardon. Oui?
M. Landry: Oui, 56 pour 1983-1984, pour 2 700 000 $. Tout cela
est engagé, comprenez-vous, et sera dépensé cette
année. À quatre jours du début - quatre jour3, enfin un
peu plus que cela - de l'année financière - on a 86 demandes "in
process".
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Donc, les 3 700 000 $ sont vraiment
périmés?
M. Landry: Non, ils sont engagés... Bien oui, ils sont
périmés. On vous a expliqué longuement hier - on peut
recommencer tout cela, jusqu'à plus soif - que les entreprises ont
l'engagement du gouvernement du Québec qu'elles auront l'argent si elles
nous présentent les factures. Avez-vous compris? Sauf que, comme les
années financières des entreprises ne correspondent pas
exactement aux années financières du gouvernement - et tant mieux
tant qu'on sera dans une société décentralisée - le
Conseil du trésor nous a garanti que ces entreprises auront leur argent,
mais on ne décaissera que lorsqu'on aura les factures.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Les 86 qui restent, les 86 que vous parlez d'engager,
vous avez dit vous-même qu'ils étaient au stade de l'étude,
au stade de...
M. Landry: Ils ne sont pas engagés, ceux-là.
M. Lincoln: D'accord, ils ne sont pas engagés. Alors,
à ce moment, on n'a engagés que les 56.
M. Landry: Mais non. On a engagé 116 dossiers.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si on a engagé 116 dossiers...
M. Landry: L'an prochain, je viens avec un diaporama.
M. Lincoln: Non, non. Je ne le crois pas du tout. Cela fait rire,
je sais qu'il y en a 116, mais il y en a 60 qui datent de 1982-1983 et il y en
a 56 qui datent de 1983-1984. Cela fait 116.
M. Landry: Exact!
M. Lincoln: Exact! Là, on se comprend. Il y en a 86 qui
sont à l'étude.
M. Landry: Les 86 qui sont à l'étude, vous en avez
la liste. Ils sont dans la machine. Le sous-ministre lui-même ne les a
pas vus.
M. Lincoln: Je comprends. C'est ce que je croyais, moi aussi.
Seulement, les 60 de 1982-1983, est-ce que c'est l'engagement de 1 350 000 $
qui ont été décrits comme les engagements de 1982-1983 qui
restaient à dépenser?
M. Landry: Oui. Dans des notes manuscrites ici, j'ai 1 200 000 $.
C'est cela: 60 dossiers pour 1 200 000 $ environ.
M. Lincoln: On commence à mieux se comprendre. Des 6 000
000 $ que vous aviez prévus pour 1983-1984, retirons 1 350 000 $
à peu près pour 1982-1983, soit les 60 dossiers qui restaient
à boucler, que vous reste-t-il? Il vous reste 4 000 000 $ environ. 4 650
000 $?
M. Landry: Oui. 3,9 + 1,2 + 2,7 = 7,8.
M. Lincoln: Là, vous engagez 56 dossiers qui sont promis,
qui sont dans la machine. Les gens attendent. Aussitôt qu'ils
présentent leur facture...
M. Landry: On paie.
M. Lincoln: ...on paie le montant. Nous nous comprenons
très bien. C'est ce que nous disions hier: Les 86 que vous disiez
engagés hier, ce n'est pas réellement "engagés". C'est 86
demandes qui ont été faites, qui sont à l'étude,
qui pourront être refusées. Peut-être que seulement 30
seront acceptées?
M. Landry: C'est peu probable, mais c'est théoriquement
possible.
M. Lincoln: D'accord.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pour revenir à...
M. Landry: Ils pourraient tous être refusés...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: ...si tout le monde avait voulu nous faire des blagues
dans les 86 dossiers.
M. Lincoln: C'est exactement ce que je
pensais hier.
M. Landry: Mais comme ce n'est pas cela qui est arrivé
l'année dernière, ni l'année avant, il y a de bonnes
chances que cela n'arrive pas dans l'année qui vient.
M. Lincoln: Mais...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...les 56 qui ont été engagés,
qui sont fermes et pour lesquels vous allez envoyer la facture: d'après
ce que je comprends, pour les 56 il y a une moyenne de 43 000 $ par dossier,
n'est-ce pas? En moyenne?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Faites attention aux moyennes, quand même! Vous
connaissez l'histoire du statisticien qui s'est noyé dans un cours d'eau
de profondeur moyenne de trois pieds?
M. Lincoln: Non, je prenais votre moyenne dans le cahier des
crédits.
M. Landry: Je vous fais une mise en garde sur la moyenne parce
que, des fois, c'est beaucoup plus bas.
M. Lincoln: Je vais le demander au sous-ministre alors. Des 4 650
000 $, combien représentent ces 56 dossiers?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, il faut poser la question au ministre. À l'étude des
crédits, le ministre peut, à sa discrétion, autoriser son
sous-ministre ou des fonctionnaires de son ministère à
répondre pour lui.
M. Landry: Comme je l'ai fait pour M. Girard, je le fais
volontiers pour le sous-ministre en titre du ministère, M. Pruneau.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. Pruneau.
M. Pruneau (Roger): La moyenne, M. le député, est
de 48 000 $, telle que nous l'avons évaluée pour chacun de ces
dossiers qui sont maintenant en voie d'être complétés par
les sociétés.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je crois qu'avec ces informations on sait exactement
où on s'en va. On pourra comprendre la liste.
Est-ce que vous pourriez nous dire si, parmi tous les projets qui sont
soumis pour le programme APEX, vous allez chercher des projets pour ce
programme dans le sens de l'expansion des marchés ou si ce sont des
projets qui vous arrivent ou encore si c'est une combinaison des deux, que vous
allez en chercher et qu'il y en a qui vous arrivent?
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que c'est M. Girard qui
doit répondre à la question?
M. Landry: Non. La règle, c'est les projets qui
arrivent.
M. Lincoln: Les projets qui arrivent?
M. Landry: Oui, parce que, premièrement, on fait une
publicité; deuxièmement, n'oubliez pas qu'à cause de la
tournée qu'on a faite au sujet des cercles d'exportation, des cours
à l'exportation que nous donnons, il y a des milliers de personnes qui
entendent parler du ministère du Commerce extérieur, de ses
programmes. Moi, je ne suis pas avare de mon temps, non plus, comme vous le
savez, pour des exposés aux chambres de commerce, aux divers clubs. Tout
cela fait que nous n'avons pas besoin d'aller chercher le monde. Ils viennent
nous voir.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a des objectifs d'intervention par
secteur, par taille d'entreprise ou si ceux qui viennent sont...? Comment
s'établissent les priorités pour la sélection?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Encore là, je ne veux pas vous imposer un
exposé de ma philosophie et de celle du ministère sur cette
question, mais je dois insister sur le fait que nous ne sommes pas dans une
économie centralisée et planifiée. En particulier en ce
qui concerne les PME, il est évident que le gouvernement souhaite que
certaines exportations soient plus encouragées que d'autres. Cependant,
nous ne décourageons pas l'activité dans tous les secteurs
où il y a un créneau d'exportation, où il y a du bon
argent à faire. Il y a un entrepreneur à qui je pense: il a
exporté, en un coup, sa production de trois ans de fosses septiques. Ce
n'est pas un objet noble, à première vue, mais c'est du bel et
bon argent qui rentre dans notre balance des paiements.
Si c'est un produit sophistiqué de l'Institut Armand-Frappier,
évidemment, nous sommes ravis, mais on ne décourage personne. Si
Maurice Duplessis avait travaillé
dans une économie planifiée avec des priorités, il
ne se serait sûrement pas occupé d'Armand Bombardier. Il aurait
passé à côté du cas du siècle. Alors, c'est
la théorie des chantepleures, comprenez-vous, et de cela sont
nées des choses étonnantes. La table Oracle, par exemple, qui est
une des vedettes de l'exportation québécoise, a été
mise au point par un professeur de philosophie qui ne savait probablement pas
la différence entre un condensateur et une diode; c'était un
mélomane, il a perfectionné une table. Si on lui avait
imposé 56 critères, jamais la table Oracle ne serait devenue
cette vedette de l'exportation québécoise.
Alors, la philosophie générale du gouvernement, dans ses
programmes de soutien à l'activité économique,
privilégie, c'est vrai, la haute technologie, la valeur ajoutée
la plus grande; mais le ministère du Commerce extérieur supporte
les exportateurs et 1 $ rentré en devises étrangères dans
la balance des paiements, que ce soit 1 $ pour un vaccin sophistiqué de
l'Institut Armand-Frappier ou que ce soit 1 $ pour une fosse septique, c'est 1
$ pareil pour nous. Est-ce que cela répond un peu à votre
question?
M. Lincoln: On va discuter de cela...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...plus tard quand on parlera de la stratégie
de votre ministère; après tout, il y a un service qui s'occupe
spécifiquement de la stratégie. Mais, je voulais vous poser
quelques questions assez spécifiques sur le programme APEX. Par exemple,
est-ce qu'on a une politique concernant les grosses multinationales? Je voyais,
dans la liste de 1982-1983, que Lavalin International avait reçu une
subvention de 50 000 $. Est-ce qu'on traite les grosses multinationales
exactement comme les PME? Est-ce qu'il n'y a pas une certaine discrétion
qui se fait, où l'on dit: Bon, Lavalin International, ils ont
sûrement assez d'argent pour se payer leurs propres 50 000 $.
Je voyais aussi plusieurs sociétés d'État.
Avez-vous une politique par rapport aux sociétés d'État,
surtout les sociétés d'État qui reçoivent des
subventions directes du fonds consolidé? Je ne dis pas qu'il y en a.
Mais est-ce qu'il y a une politique par rapport à cela?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Nous ne fermons pas nos portes aux grandes
multinationales et cela a été une surprise parce qu'on avait un
peu postulé que les multinationales n'avaient pas besoin de nous. Mais
il peut arriver, dans des circonstances très spéciales, que, pour
être concurrentielles avec les Allemands, avec les Français, elles
aient besoin d'un supplément, d'une addition que nous donnons aux
multinationales, sauf que c'est rarissime. Si vous regardez la liste,
l'essentiel des entreprises sont des PME et des PME même plus P que M,
dans bien des cas.
Quant aux société d'État, notre attitude est de
traiter comme des entreprises privées les sociétés
d'État à but lucratif. Si une société d'État
est elle-même en concurrence, est elle-même sur le marché,
on la traite comme une entreprise privée.
En somme, si vous analysez cas par cas, vous allez voir que les
sociétés d'État et les grandes compagnies sont marginales
dans nos interventions, mais pas absentes.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: S'il y a des sociétés d'État -
enfin, je ne dis pas que c'est le cas ici -qui reçoivent...
M. Landry: II y a des sociétés mixtes, en tout
cas.
M. Lincoln: ...des subventions du fonds consolidé du
Trésor, pour une raison ou pour une autre, est-ce que, à ce
moment-là, il y a une politique de ne pas les accepter? Par exemple,
s'il y avait une filiale de SIDBEC qui recevait de l'argent directement pour
combler ses déficits? Vous parlez des sociétés
d'État qui sont en compétition directe avec l'entreprise
privée, qui subsistent...
M. Landry: Oui, à but lucratif. M. Lincoln: ...par
elles-mêmes.
M. Landry: Et ce n'est jamais une subvention ouverte; c'est
toujours pour un cas spécifique d'exportation.
M. Lincoln: Oui, je comprends.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait avoir des détails sur
les 62 avis qui ont été rédigés pour la
Société de développement industriel, la SDI, sur les
dossiers d'aide financière: le nombre des dossiers acceptés, les
montants, les petites dettes, etc.?
M. Landry: Pourriez-vous me dire ce à quoi vous faites
référence exactement, dans nos notes?
M. Lincoln: Page 22, de votre cahier.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre
M. Landry: Vous savez que nous avons un droit de veto sur les
interventions de la SDI-exportation en matière de commerce
extérieur. Nous sommes donc consultés sur toutes les
interventions et, dans l'immense majorité des cas, même dans la
totalité des cas jusqu'à maintenant, les demandes du conseil
d'administration de la SDI ont été acceptées; il n'y a eu
aucun refus. Nous sommes mis au courant. Il y a parfois des modifications de
projet en cours de route à cause des objections que nous faisons, mais
ultimement le projet a toujours été acceptable jusqu'à
présent.
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous donner une idée
de la façon dont ces dossiers sont répartis sur les
différents volets du programme de la SDI? Est-ce possible d'avoir des
détails sur le type d'aide, des montants, etc?
M. Landry: Je pourrais toujours le faire, mais je ne suis pas le
meilleur interlocuteur là-dessus puisque la SDI est sous la tutelle de
mon collègue du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. À l'étude de ses crédits, vous pourrez obtenir
facilement toutes ces informations. Remarquez que je pourrais le faire, mais je
ne suis pas le meilleur interlocuteur et je ne suis pas légalement le
ministre responsable.
M. Lincoln: Le fait est que c'est votre recommandation qui
détermine la sélection par la SDI.
M. Landry: Ce n'est pas tout à fait ça. J'ai un
droit de veto.
M. Lincoln: D'où se fait le départ de ces
projets?
M. Landry: À la SDI.
M. Lincoln: À la SDI elle-même. Est-ce que vous
pourriez nous dire si vous avez une liste des projets financés par le
volet 5 de la SDI qui donne accès au fonds consolidé?
M. Landry: Si j'en ai une, je vais vous la donner mais, je ne
pense pas en avoir.
Encore une fois, il y a une alternative: ou vous le demandez à la
SDI, aux crédits, ou on vous la fait parvenir plus tard.
M. Lincoln: Oui, vous pourrez me la faire parvenir plus tard.
M. Landry: Nous, on l'a à titre d'information.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan
M. Lincoln: Excusez-moi. Je pense que l'an dernier, dans
l'étude des crédits, il y avait une référence
à une équité de 75 000 000 $ que la SDI avait prise dans
une entreprise en 1982-1983.
M. Landry: Cela m'apparaît invraisemblable, 75 000 000 $,
à moins que je ne me trompe.
M. Lincoln: Je cite ici la commission permanente du 8 juin 1983
où vous dites: "75 000 000 $ d'équités aussi dans une
compagnie".
M. Landry: C'est absolument impossible
M. Lincoln: Moi aussi, je croyais que c'était un chiffre
extraordinaire, mais j'ai revu pourtant...
M. Landry: Cela ne m'aurait pas échappé. 75 000 000
$, ce ne sont pas des broutilles.
Donnez-nous le nom de la compagnie et on vous donnera le chiffre
véritable.
M. Lincoln: Je cite vos paroles. Mme la Présidente, je ne
sais pas si vous pouvez vous y référer. C'est cité, M.
Landry: 75 000 000 $ dans une compagnie. C'est pourquoi on vous le
demande...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Non, s'il y a 75 000 000 $ écrit dans le
journal des Débats, il s'agit très certainement d'une erreur
technique, d'un lapsus calami... parce que 75 000 000 $, ça ne
m'échappe pas, je vous le garantis. On n'a pas d'équité de
75 000 000 $ dans une compagnie.
M. Lincoln: Ce n'est pas moi qui le dis; c'est le journal des
Débats.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, voulez-vous le faire photocopier pour distribution?
M. Lincoln: La discussion allait comme ceci. "Est-ce que vous
pourriez nous dire l'ordre de grandeur de ces prêts, sans citer les
firmes, et nous dire de quoi vous parlez?" M. Landry: "Oui, je peux vous dire
l'ordre de grandeur. La plus grosse garantie de prêt va jusqu'à 2
000 000 $, la plus petite est de 500 000 $, je pense. Je dis en tout, une
affaire de 10 000 000 $."
Je suppose là que ça indique sans doute...
M. Landry: ...que ce n'est pas
75 000 000 $!
M. Lincoln: Oui, c'est 75 00 000 $ d'équité dans
une compagnie. Cela nous avait frappé parce qu'on trouvait cela
extraordinaire; donc on devait le demander. (10 heures)
M. Landry: Non, mais le souvenir que j'en ai, c'est que la plus
grosse équité que nous avons prise, c'est 75 000 $ dans une
compagnie. La plus grosse garantie que nous avons donnée, c'est 400 000
000 $; c'est une garantie, ce n'est pas une prise d'équité. Dans
l'ordre de 7,5, je pense au contrat du Pérou en particulier où on
a donné une garantie pour les travaux locaux d'à peu près
7,5. Mais d'équité, moi, je pense à une compagnie qui
s'appelle P G L (International) Ltée où nous avons 75 000 $
d'équité.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait corriger d'abord le journal des
Débats, car c'est consigné là? Nous, cela nous avait
surpris quand on a relu cela, cela avait l'air extraordinaire, c'est pourquoi
nous avons posé la question. Est-ce qu'on pourrait faire corriger la
chose?
À ce moment-là, vous nous disiez que c'était la SDI
qui détenait l'équité. On vous demandait: Comment se fait
le contrôle de l'investissement? Est-ce que le contrôle de
l'investissement se fait à travers la SDI? Est-ce que vous avez un droit
de regard dessus? Vous disiez: La SDI est mon mandataire, c'est-à-dire
le mandataire du gouvernement pour faire le suivi de ces dossiers, donc le
contrôle dont vous parlez. Ce que je voulais savoir, c'est, dans ces
choses-là, quelle est votre implication à la base concernant la
recommandation de l'équité? La SDI fait le suivi. Si la chose se
répète et qu'il y a une équité beaucoup plus
substantielle, le principe de la chose?
M. Landry: Pour l'ensemble des programmes, c'est la SDI qui est
en contact directement avec le client. L'amorce du dossier, ce que vous appelez
"à la base", c'est à la SDI que cela se fait.
Le ministère du Commerce extérieur a trois implications
dans l'activité de la SDI-exportation. Premièrement, le
ministère du Commerce extérieur nomme un membre du conseil
d'administration de la SDI qui est le sous-ministre, M. Pruneau, ici
présent, qui est membre du conseil d'administration de la SDI.
Deuxièmement, lorsque les allocations budgétaires de la SDI sont
décidées, ceci doit être décidé de concert
pour l'exportation avec le ministère du Commerce extérieur.
Troisièmement, dans le cas par cas, nous avons, comme je l'ai dit, un
droit de veto. Alors, ce n'est pas à la base que le veto s'exerce; c'est
à un niveau d'évolution du dossier presque final.
M. Lincoln: Mais une fois que vous avez décidé de
ne pas exercer votre veto, que vous êtes d'accord?
M. Landry: Cela redevient une activité de routine pour la
SDI, qui fait ses contrôles et qui joue son rôle de banque
d'affaires.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez un dossier, un suivi
là-dessus ou bien, si à ce moment-là, le ministère
du Commerce extérieur ne s'en occupe plus?
M. Landry: Non, non, le conseil d'administration de la SDI fait
les suivis et le sous-ministre du Commerce extérieur est présent
à toutes les assemblées du conseil.
M. Lincoln: Sur le sujet des missions-expositions, par exemple,
on estimait - je réalise qu'on ne peut pas mesurer cela au
compte-gouttes, mais, enfin, il y a sûrement un barème - dans le
cahier de 1982-1983 des ventes potentielles de 370 000 000 $. Est-ce que vous
auriez pu nous parler du suivi de ces choses-là, de quelle façon
c'est suivi? De quelle façon sommes-nous assurés que les
missions-expositions ont profité, que les firmes se sont servies de la
façon la plus judicieuse de l'affaire? Comment établit-on une
espèce de "monitoring" de ces firmes-là?
M. Landry: Ce qui est le plus sûr...
La Présidente (Mme Harel): M. les membres de la
commission, j'imagine que vous n'avez pas objection à ce qu'un
enregistrement soit pris pour la télévision de vos travaux?
M. Landry: Non.
La Présidente (Mme Harel): Très bien, on peut
poursuivre.
M. Landry: Ce qui est le plus sûr, Mme la
Présidente, ce sont les ventes sur place: c'est absolu, cela se
comptabilise durant l'exposition même. Il y en avait pour 84 000 000 $ en
1983-1984, donc plusieurs fois le budget du ministère, en ventes sur
place, au moment même. Ventes présumées, anticipées,
pour le total de nos programmes: 466 000 000 $. Et M. Girard a expliqué,
hier soir, que nous faisions des suivis aux trois, six et douze mois à
peu près.
Une voix: 6 et 12.
M. Landry: Après cela, M. le député, Mme la
Présidente, je pense qu'on serait mal venu de se monter une machine pour
suivre in aeternum, n'est-ce-pas? Dans 12 mois, s'il s'est passé quelque
chose, nous sommes très contents, nous le comptabilisons. S'il y a
eu
500 000 000 $ en 1983-1984, c'est extrêmement satisfaisant.
Au-delà de ça, cela deviendrait tatillon parce qu'il y a des
entreprises à qui nous aurons mis le pied dans l'étrier, qui vont
devenir de très grandes exportatrices et qui ne reviendront plus jamais
nous voir. Tant mieux, n'est-ce-pas? C'est cela, l'entreprise
privée.
M. Lincoln: Je suis d'accord là-dessus. Je ne suis pas en
contradiction avec cela. Je suppose qu'il y a un dossier gardé sur
l'entreprise aux fins d'information, pour que de temps en temps on puisse
suivre le progrès de cette entreprise pour savoir, par rapport à
nos stratégies dans un secteur cible pour l'avenir, ce qui s'est
passé, surtout pour une petite entreprise qui entre dans une exposition
pour la première fois avec un produit tout à fait nouveau. Cela
serait intéressant de savoir dans deux ou trois ans où cela s'en
va par rapport à certaines cibles d'exportation qu'on a dans la section
de notre stratégie, n'est-ce-pas?
M. Landry: Ce n'est pas dépourvu d'intérêt,
sauf que là il y a une question de ressources. Avec 20 000 000 $ de
budget, 200 agents, j'aime mieux mettre les ressources sur le présent et
sur les nouvelles entreprises qui exportent, plutôt que sur le suivi des
entreprises qui exportent depuis deux ou trois ans, bien que sur le plan
intellectuel, ce qu'a dit le député est rigoureusement exact et
que ce serait extraordinaire si on pouvait "monitorer", comme il le dit,
l'activité des firmes. Cela se fait toujours un peu parce qu'une
entreprise exportatrice vedette, même si ce n'est pas dans notre
comptabilité, cela paraît dans les journaux, cela paraît
dans la comptabilité nationale, dans les agrégats, on le sait un
peu. Mais, si j'ai à choisir entre mettre des hommes et des femmes au
travail aujourd'hui pour des exportations qui vont se faire demain ou mettre
les mêmes gens au travail pour faire le suivi, au bout de trois de ans,
de firmes exportatrices, je pense que poser la question, c'est y
répondre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si on a un choix à faire et qu'on dispose de
sommes limitées, c'est d'accord. Mais, à un moment donné,
est-ce que vous ne pensez pas qu'avec le recul des années, dans trois,
quatre ou cinq ans, ce sera presque essentiel de faire ce genre
d'évaluation pour décider si nos secteurs de stratégie par
rapport aux secteurs cibles, etc., sont valables ou non ou s'ils
méritent d'être ajustés?
M. Landry: Si je le faisais, c'est dans le cas où je
disposerais d'un excédent de ressources. Je pense qu'une façon de
le faire serait de confier cela à des universitaires à contrat,
parce que là il y aurait un élément d'objectivité,
d'une part, et cela ne perturberait pas l'action régulière du
ministère.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Sous le programme ACTIM, on voit que le nombre de
missions a diminué de 113 à 65. On en a parlé aux
Relations internationales. Cela a diminué presque de moitié. Le
nombre de missions françaises au Québec semble avoir
diminué en proportion des missions québécoises en France.
58 est descendu à 26 pour les missions françaises et 55 est
descendu à 39 pour les missions québécoises. Est-ce que
c'est symptomatique de certains problèmes dans la coopération
économique avec la France? Qu'est-ce qui a fait ce changement
drastique?
M. Landry: C'est symptomatique d'une seule chose, Mme la
Présidente la conjoncture en Europe de l'Ouest. Vous savez que les
économies de l'Europe de l'Ouest ont connu tout au cours de
l'année 1982 et de l'année 1983 - et encore jusqu'à ce
jour la reprise est beaucoup moins ferme en Europe de l'Ouest qu'ici - des
difficultés considérables. Alors, en basse conjoncture, les chefs
d'entreprise ont tendance à se replier sur leurs activités
locales, domestiques, sur leur périmètre de base, ce que les
entreprises françaises ont fait. Il y a aussi, comme conséquence
de cette conjoncture, un phénomène qui a freiné les
échanges, c'est le voile monétaire. Vous savez que les prix
québécois se sont rehaussés de 40% en l'espace de 15 mois
par effondrement des monnaies européennes par rapport à la devise
américaine et, par conséquent, canadienne.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: Un français, pour venir ici, il faut qu'il
dépense 40% de plus qu'avant.
Représentation à
l'étranger
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait revenir sur la question de la
représentation à l'étranger, dont on a beaucoup
discuté aux Relations internationales, sur le nombre des postes,
l'échelonnement des postss? À l'étude des crédits
de l'année dernière, vous avez parlé de trois conseillers
itinérants. En fait, les postes avaient été
approuvés par le Conseil du trésor. Je vois que maintenant il n'y
en a qu'un seul en place, M. Jean Labonté, au Moyen-Orient. Pouvez-vous
nous dire pourquoi, ayant approuvé les trois
postes, on ne s'est pas servi des deux autres postes potentiels qu'on
avait? Est-ce à cause du manque de ressources de base? Quelle est la
raison?
M. Landry: On s'est servi des postes. On a trois personnes qui
font cela actuellement. Il y M. Jean Labonté, comme vous l'avez dit, qui
est présentement en tournée au Moyen-Orient, M. Louis Granger,
notre ancien conseiller de New York, rapatrié à Montréal
et conseiller itinérant pour les pays du Maghreb; il est en pleine
action. J'ai vu hier notre ancien collègue, M. Denis de Belleval, qui
l'a rencontré en Algérie. Sur l'Amérique latine, on a M.
Côté qui a fait également son travail de conseiller
itinérant.
Je vous avais annoncé qu'on mettrait cette formule à
l'essai, selon une approche par petits pas. Nous l'avons fait. C'est
satisfaisant. Encore une fois, si on pouvait se payer des diplomates permanents
dans tous les pays en question, on le ferait avec joie. On ne peut le faire, je
vous ai expliqué longuement pourquoi. Alors, on envoie ces conseillers
itinérants. Jusqu'à plus ample informé - on a huit ou dix
mois d'expérience de la formule - elle est bonne et on aura probablement
d'autres conseillers itinérants ou on déplacera les mêmes
vers d'autres coins de la planète. Cela nous permet de couvrir plus de
pays à très peu de frais.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: L'année dernière, vous disiez: Si cela
marche, en parlant des conseillers itinérants, je vous garantis que l'an
prochain je ferai l'impossible pour décrocher de gros montants. Est-ce
que vous avez décidé, cette année-ci, de rester avec les
trois, de sauter une année, de voir comment cela marche et, ensuite,
d'aller chercher de gros montants? Quelle est la conclusion?
M. Landry: J'ai fait cela parce que j'ai eu plus que ce que je
voulais. En fait, je pourrai, comme je vous l'ai dit, agrandir notre
représentation permanente à quatre endroits: Hong Kong,
Singapour, Bogota et Stockholm. Comme un créneau a été
ouvert pour que nous puissions élargir la représentation
permanente, il est évident qu'un permanent est plus efficace qu'un
itinérant.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: Mais l'expérience des itinérants a
été très bonne. L'an dernier, j'avais dit: Si cela marche.
Cette année, je peux dire: Cela marche et nous allons continuer à
utiliser cette formule.
M. Lincoln: Comment fait-on l'évaluation du rendement ou
de l'efficacité d'un conseiller itinérant? Quel genre de suivi
fait-on de leurs activités dans tous les pays qu'ils couvrent? Est-ce
qu'on fait cela par rapport à l'exportation accrue qui se fait? N'est-ce
pas très difficile d'évaluer sur une courte période la
production ou l'efficacité d'un conseiller itinérant?
M. Landry: D'abord, ce sont des fonctionnaires. Si on demande des
rapports aux firmes privées que nous aidons, à plus forte raison
nous en demandons à nos fonctionnaires qui nous font des rapports de
mission et qui envoient dans la machine les dossiers qu'ils ont
commencés. Le suivi est relativement facile. Cela ne veut pas dire que
chaque fois qu'il prend l'avion il signe un contrat, évidemment. Mais il
y a une question de semence aussi. Dans certains pays, c'est un travail
à moyen et à long terme qui finit par être payant. Comme
ces gens travaillent depuis huit ou dix mois, je ne peux pas vous dire qu'ils
ont signé pour 500 000 000 $, mais ils ont ouvert des dossiers. Des
ventes ont peut-être été faites. Dans les dossiers de
l'Amérique latine, en particulier, cela a débouché sur des
ventes. Si l'on compte le Pérou là-dedans, le Pérou, c'est
45 000 000 $; la ligne de transport de courant Tingo Maria-Cerro de Pasco
seulement cela paie largement les chambres d'hôtel de notre conseiller
itinérant.
M. Lincoln: L'année dernière, vous nous avez dit
que vous alliez analyser d'autres formes de représentation à
l'étranger, par exemple des agents à commission, une
coopération avec le secteur privé. Est-ce que ces alternatives
sont en considération en ce moment? Est-ce que vous faites des
comparaisons potentielles de ce système par rapport aux conseillers
itinérants? Par exemple, vous avez parlé, dans votre entrevue
à la Presse, d'une autre formule avec une entreprise privée dont
la première expérience sera bientôt rendue publique.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les autres méthodes, les
méthodes alternatives que vous considérez et est-ce que,
éventuellement, ces méthodes seront testées pour arriver
à une conclusion sur le système de conseiller itinérant et
savoir si on le rend permanent, si on l'abolit ou si on choisit une autre
formule? (10 h 15)
M. Landry: Effectivement, ce que j'avais annoncé l'an
dernier aux crédits et ce que j'ai évoqué dans l'entrevue
à la Presse dont vous parlez, c'est réalisé. Le Conseil du
trésor et le Conseil des ministres ont approuvé un accord avec
une firme privée. J'avais dit que j'utiliserais des firmes
privées, alors j'ai un cas. Le contrat n'est pas signé
avec la firme privée, c'est une question de jours; c'est pour cela que
j'aimerais mieux ne pas le rendre public, pour des questions d'éthique
commerciale. Mais, du côté du gouvernement, c'est fait. Vous
pouvez compter que, dans quelques semaines, déjà une entreprise
privée québécoise travaillera à l'étranger
pour le compte du gouvernement du Québec, à Manille en
particulier, auprès de la Banque asiatique de développement et
auprès d'une autre agence multilatérale à Washington, le
Fonds monétaire international.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a des possibilités de conflit
d'intérêts, qu'une firme, à un moment donné, ait ses
intérêts comme entreprise qui iront à l'encontre des
intérêts du gouvernement du Québec? À ce moment, les
deux sont en conflit: il y a des représentations qu'elle fait
auprès du ou des gouvernements locaux en tant qu'entreprise
privée et également en tant que représentante du
gouvernement du Québec. Est-ce qu'il n'y a pas une grande
possibilité de conflit d'intérêts?
M. Landry: Évidemment il y a une possibilité de
conflit d'intérêts. C'est la raison pour laquelle nous passons,
avec la firme, un accord contractuel dont les clauses colmatent les
brèches possibles. La bonne foi se présume comme en toute chose,
mais certaines fois des choses vont mieux quand on les écrit que quand
on ne les écrit pas. Donc, il y a un contrat entre le gouvernement et la
firme, qui spécifie, en particulier, que les travaux de la firme
deviennent propriété du gouvernement du Québec.
Nous avons également choisi la firme en question pour la faire
travailler dans un secteur qui n'est pas son secteur principal
d'activité, pour éviter ce conflit d'intérêts. De
toute façon, encore une fois, tout ce qui sera fait sous l'empire de ce
contrat, pour ce qui est de la propriété intellectuelle,
appartiendra au gouvernement du Québec et c'est lui qui redistribuera
dans l'économie les contrats aux firmes privées qui en
profiteront et non pas notre cocontractant.
M. Lincoln: Si cette firme travaille dans des secteurs autres que
le sien, est-ce qu'elle a les capacités nécessaires pour
s'ingérer dans ces secteurs? C'est la question que je pose.
M. Landry: La capacité de cette firme est de
connaître les contrats, de savoir quand ils vont être
donnés, qui va les financer: la Banque asiatique de
développement, la Banque mondiale. Mais elle ne réalise pas
elle-même les travaux et les oeuvres. Ce n'est pas ce qu'elle fait
habituellement; c'est une firme de consultants.
M. Lincoln: C'est une firme qui fournit des informations
d'abord?
M. Landry: Ce sont des consultants par vocation.
M. Lincoln: Qui donnent des informations au système
d'exportation du Québec prioritairement. Et ensuite, est-ce que le suivi
est fait par les autres délégations du Québec de
l'endroit: Hong Kong, Tokyo ou ailleurs?
M. Landry: Oui. Les travaux de la firme nous appartiennent.
Lorsque nous en prenons possession, nous les mettons dans notre machine et
là tous les éléments de notre machine contribuent, y
compris le service extérieur.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: Mais le député a raison. C'est pour cela
qu'on a longuement étudié le système. Si on confiait la
prospection à une firme qui pourrait réaliser elle-même les
travaux, les chances seraient grandes qu'elle prospecte pour elle et non pas
pour nous.
M. Lincoln: Est-ce qu'on a examiné la possibilité
que cette firme, ayant un contrat avec le gouvernement du Québec,
travaillant très étroitement avec celui-ci, puisse être vue
par ses compétiteurs québécois, ici dans le milieu, comme
une firme privilégiée qui a des rapports directs avec les
ministres, les ministères, le gouvernement? Est-ce que cela ne
crée pas également une situation délicate, de jalousie,
etc?
M. Landry: C'est vrai et c'est souhaité d'une certaine
manière, parce que, si ses concurrentes trouvent que c'est un
marché intéressant et lucratif, elles vont vouloir y participer.
Je vous ai dit que notre méthode était celle des petits pas. On
en prend une. On pourrait en prendre dix. Si la formule marche, je ne sais
pourquoi on se priverait d'avoir comme cocontractants toutes les firmes du
secteur. Il fallait commencer par une. C'est vrai que c'est un privilège
pour cette firme. Je ne le nie pas. Si je n'avais pas pris A, j'aurais pris B
et j'aurais été dans la même situation avec B. Et comme je
ne voulais pas toutes les prendre en même temps, parce que c'est quand
même un système expérimental, il fallait que je commence
par une. Le sous-ministre me fait remarquer que c'est cette firme, en
particulier, qui nous a approchés la première. Alors, il y
a là une prime à l'initiative, une prime à
l'imagination.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je présume que le contrat que vous avez
signé, c'est un ballon d'essai, c'est un contrat qui va aller pour un
certain temps, on va faire l'essai de la chose pour voir ce que cela donne et,
ensuite...
M. Landry: Oui, exactement douze mois. On a même pris la
précaution de mettre deux phases, et on ne paiera pas au-delà de
six mois à la fois. C'est donc douze mois divisés en deux
tranches.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a à l'étude, au
ministère, des formules? Est-ce qu'on s'est basé sur ce que font
les autres pays? Je sais que vous avez dit, une fois, que vous aviez fait des
consultations auprès des délégations
étrangères, pour le commerce extérieur, consultations que
vous avez faites à Ottawa; vous avez vérifié ce que la
France faisait, ainsi que la Belgique, la Colombie. Est-ce que vous pourriez
nous dire si, par exemple, on a examiné le système allemand, le
système suédois de représentation? Est-ce qu'on a fait des
comparaisons avec ce que les autres pays font? Parce qu'il y a
différentes vues là-dessus, il y a différentes techniques,
différentes stratégies. Est-ce qu'on a fait une analyse de ce que
font les autres, pour savoir si on devrait changer notre méthode?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Oui, vous pouvez dire qu'on a fait,
grossièrement, cette analyse; pas toujours nous-mêmes, mais il y a
des écrits qui existent là-dessus. On ne pouvait pas
réinventer la roue. Je dois dire que la difficulté vient un peu
du fait que tous les pays que vous avez nommés comme exemples sont des
pays souverains. Alors, ils mènent une activité diplomatique, une
activité de chancellerie beaucoup plus large que la nôtre. Alors,
ce n'est pas toujours possible de comparer parfaitement.
Deuxièmement, nous avons aussi le sentiment que, mis à
part les Japonais, il n'y a pas d'excès d'originalité. Ce sont
souvent des diplomaties très conventionnelles. Mais il y a certains pays
qui ont fait des trouvailles. Je pense à la République
française, par exemple, qui a ses conseillers honoraires du commerce
extérieur. Alors, des ressortissants français vivant à
l'étranger, bénévolement, font partie d'un corps
spécial de conseillers honoraires du commerce extérieur; ils sont
très actifs et, sûrement, rendent de très grands services
à l'économie française. Vous savez que les Japonais sont
relativement orignaux aussi, bien que les Japonais disposent d'un réseau
étendu dans le monde de maisons de commerce du secteur privé, ce
que, hélas, ni le Québec ni le Canada ne possèdent
présentement.
Mais ces analyses se continuent, tout en gardant à l'esprit que
le rôle de ce ministère est un rôle opérationnel et
que nous mettons une partie de nos forces dans l'analyse; mais on ne peut pas
être des analystes à plein temps, alors qu'on a des milliers
d'entreprises qui courent après nous pour l'action. Par exemple, on a un
contractuel - vous l'avez dans la liste des contrats de moins de 25 000 $ - qui
s'appelle M. Donald Béliveau, qui nous fait une étude sur le
développement d'une stratégie de commercialisation entre le Japon
et le Québec. Cela va nous coûter 18 280 $; on l'a fait faire en
dehors de la maison, encore une fois, parce que nous ne sommes pas,
principalement, des analystes, nous sommes des gens d'action. M.
Béliveau, que je n'ai pas l'honneur de connaître, me dit-on, est
un professeur de l'Université Laval.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, si vous le permettez...
M. Lincoln: Oui.
La Présidente (Mme Harel): ...votre temps de parole de 20
minutes ayant été utilisé, on reviendra
immédiatement à vous après avoir permis à d'autres
membres de la commission d'intervenir. Je pense que c'est sur le même
sujet, d'ailleurs. La parole est au député de
Châteauguay.
M. Dussault: Merci, Mme la Présidente. Alors, M. le
ministre, je voudrais d'abord vous féliciter pour votre entrevue
à Plus de la Presse. Je dois vous dire que j'ai lu les deux articles,
parce qu'il y en avait un qui portait sur votre capacité au leadership
et qui était également intéressant et le deuxième,
plus long...
M. Landry: C'est loin des travaux de la commission, je pense, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): La règle de pertinence
joue, là. Alors, cela ne fait pas partie de nos travaux.
M. Dussault: Cela démontre que, Mme la Présidente,
la réforme parlementaire est en train de s'implanter.
M. Landry: Est-ce que je fais des gains de l'autre
côté de la table aussi, M. le député de
Nelligan?
Jumelage de régions et Salon de la
sous-traitance
M. Dussault: Je voudrais surtout parler de la partie où
vous faites connaître vos politiques comme ministre du Commerce
extérieur. Je peux vous dire que c'était d'une clarté
exemplaire, que ça créait un intérêt certain pour
tous ceux qui s'intéressent au commerce extérieur. Probablement
que nos amis d'en face ont intérêt à s'en inspirer pour
bien comprendre ce qui se passe.
Je voudrais vous parler, en fait, de deux questions qui sont
importantes, relativement à des moyens à utiliser pour valoriser
le commerce extérieur. Vous vous êtes impliqués dans un
projet qui est maintenant assez concrétisé, celui du jumelage de
régions: la région de la Montérégie au
Québec et la région Midi-Pyrénées en France. Ce
jumelage avait été, en fait, entrepris à l'occasion d'une
mission qui portait sur la sous-traitance à laquelle je participais,
avec des membres de la SPRS sur la rive sud, dans la Montérégie.
On avait évalué les chances de succès d'une bourse de la
sous-traitance et à cette occasion était née l'idée
d'un jumelage. Je sais que vous vous êtes impliqués, à la
satisfaction des deux parties, mais j'aimerais que vous nous rappeliez quelle a
été l'implication de votre ministère et si vous constatez,
aujourd'hui, des retombées intéressantes de ce jumelage.
M. Landry: Je vous remercie, M. le député, de nous
rappeler l'implication du gouvernement dans cette aventure qui a très
bien tourné, effectivement. C'était une opération
pragmatique qui ne visait pas à englober le monde entier, mais deux
régions spécifiques: une région québécoise
et une région française, la région
québécoise étant la vôtre, du reste. Vous avez
brillamment dirigé les travaux préliminaires. C'est ce qui nous a
permis, d'ailleurs, d'arriver à une entente signée dans les mois
qui ont suivi votre passage en France. Les deux régions ont en commun un
gros noyau industriel dur qui est l'aérospatiale. En France, c'est
autour de Toulouse et au Québec, c'est autour de Longueuil et de la
sous-traitance Pratt & Whitney, et Pratt & Whitney eux-mêmes.
Cet accord a immédiatement induit un flux d'industriels dans les
deux sens, soit de la région Midi-Pyrénées ou soit de
notre Montérégie, et aussi la participation croisée
à un Salon de la sous-traitance. Le Salon de la sous-traitance de votre
région, la Montérégie, est de loin le plus efficace du
Québec, le plus enraciné. On va avoir, cette année, la Xe
version; je pense que c'est déjà la 4e ou 5e. Chaque fois, les
interlocuteurs français viennent: les gens de l'aérospatiale et
de toute la sous-traitance aérospatiale de Toulouse et également
des personnages politiques. On fait la même chose, en particulier, quand
le SITEF a eu lieu - c'est un grand salon international de technologie à
Toulouse - nos amis de Midi-Pyrénées nous ont
réservé une place de choix au salon, le gouvernement du
Québec a donné les infrastructures d'un kiosque. Une quinzaine de
nos entreprises dans les secteurs de haute technologie, celles de la rive sud,
de la Montérégie en particulier, étaient présentes.
J'ai eu l'honneur d'aller moi-même ouvrir ce salon et, dans
l'après-midi de ma présence au salon, j'ai rencontré, en
particulier, une dizaine d'entreprises de la région
Midi-Pyrénées intéressées à l'investissement
au Québec et spécialement dans la région de la
Montérégie.
On a une activité qui a coûté trois fois rien et qui
est susceptible - et qui a déjà commencé - d'induire un
flot d'échanges remarquable.
M. Dussault: Au passage, j'ai parlé de SITEF, ce Salon
international des techniques...
M. Landry: Du futur. Techniques et énergies.
M. Dussault: ...et énergies du futur. Je voudrais savoir
comment s'est réalisée cette présence. Vous n'étiez
pas seul? Vous étiez accompagné de dirigeants d'entreprise, je
suppose? On sait que dans des salons comme celui-là, le contact direct,
sur place, même parfois fortuit, donne des résultats souvent
étonnants. Est-ce que vous avez déjà une idée de ce
qu'a donné cette présence au salon, comme telle? (10 h 30)
M. Landry: J'ai une idée - je pourrais probablement vous
donner des chiffres; on a dû recevoir des rapports des missions - on n'a
pas les chiffres avec nous. Mais, sur place, je me souviens que j'ai
été frappé du fait que toutes les entreprises
présentes avaient fait des contacts fructueux durant les 24
premières heures du salon, des accords de technologie, des ventes de
technologie et des accords de licence. On avait une douzaine d'entreprises avec
nous, toutes de haute technologie. Je pourrais faire sortir les rapports
définitifs de la mission, mais mon impression est que
déjà, dans les premières heures, il y avait des choses
dedans.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay.
Rotation des représentants à
l'étranger
M. Dussault: Dans un autre ordre d'idées, on a
parlé tout à l'heure du personnel, des serviteurs de
l'État du Québec à l'étranger et de leur
rôle. À l'occasion de
cette mission sur la sous-traitance, je me rappelle avoir eu l'occasion
de parler avec les conseillers économiques que nous avons dans les
maisons du Québec, en l'occurrence en France, en Belgique et même
en Allemagne. Je me rappelle que ces gens m'avaient expliqué le sort qui
leur est réservé à cause de la rotation, qui est normale.
Notre État, comme les États souverains, a une politique de
rotation de notre personnel à l'étranger.
Ce qui m'intéresse, à la suite de ces conversations, c'est
de savoir ce qui arrive de ces personnes quand elles reviennent ici, parce
qu'il est évident qu'elles ont pris une expérience assez
exceptionnelle. Elles ont, en revenant, une connaissance des marchés
là-bas qu'il faut essayer d'exploiter au maximum. Que tente-on de faire
avec ce personnel, quand il revient, pour tirer profit de cette
expérience?
M. Landry: II y a deux membres de l'alternative. D'abord, les
diplomates, par vocation, par choix de vie, sont des gens qui, par
définition, vivent à l'étranger. Le premier membre de
l'alternative est que celui qui vient du pays A s'en va ensuite dans le pays B.
Comme on n'a pas une infinité de postes, comme ils ne sont pas tous
qualifiés au même rang, cela nous pose certains problèmes.
Je m'explique.
Celui ou celle qui a été délégué
général, comme nous n'avons que trois délégations
générales, pourrait ressentir comme une rétrogradation le
fait ensuite d'être délégué ou représentant
commercial. Ce qu'on va devoir faire et ce qu'on commence à faire, c'est
nommer à un poste de délégué un ancien
délégué général avec le rang de
délégué général et les conditions d'un
délégué général, même si sa fonction
n'est qu'une fonction de délégué.
On n'a pas été très originaux dans cette
matière. On a tout simplement suivi l'exemple des autres diplomaties qui
nommeront, par exemple, consul un ancien ambassadeur. Un exemple
célèbre: M. Ken Taylor, consul général du Canada
à New York, a le rang d'ambassadeur, parce qu'il est l'ancien
ambassadeur du Canada en Iran. Il passe dans un poste moins qualifié
hiérarchiquement, mais en conservant son ancien titre.
Tout cela pour vous dire que nos personnels expérimentés
à l'étranger, on a tendance à les garder à
l'étranger tout en leur aménageant un statut qui évite que
leur carrière ne marche à l'envers ou de travers comme un
crabe.
Le deuxième membre de l'alternative est que ces personnels
très expérimentés à l'étranger peuvent
occuper ici, ensuite, des fonctions de direction vis-à-vis des
activités internationales. Là, les exemples sont nombreux. M.
Jean-Marc Léger, ancien délégué
général à Bruxelles est maintenant sous-ministre adjoint
au ministère de l'Éducation aux questions internationales; M.
Jacques Vallée, ancien délégué à Boston et
ancien chef du protocole du Québec, est en charge de la visite papale;
M. Gilles Loiselle, ancien délégué général
à Londres, ancien conseiller à Paris et ancien
délégué à Bruxelles aussi, je crois, est en charge
de Québec 1534.
Il s'agit d'organiser pour ces gens un plan de carrière qui ne
soit pas ingrat afin qu'ils n'aient pas l'impression d'avancer en reculant ou
l'inverse. Jusqu'à maintenant, sauf quelques malheureuses exceptions qui
pourraient exister - j'espère que cela n'existe pas - nous avons
réussi à avoir un plan de carrière acceptable. Notre
délégué à Tokyo reviendra bientôt. Je puis
vous dire - mon sous-ministre me dit de ne pas l'annoncer, je ne l'annoncerai
pas, non plus - que notre délégué de Tokyo, en rentrant
ici, ne sera pas l'objet d'une rétrogradation. Je vais soumettre au
Conseil des ministres un texte qui lui donnera une position utile pour la
collectivité sans le démettre.
M. Dussault: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
La compagnie Sofic
M. Lavigne: Très brièvement, Mme la
Présidente, dans un autre ordre d'idées pour essayer de faire
ressortir, finalement, à quel point je crois importantes les
interventions d'un gouvernement face à l'entreprise privée. J'ai
vu, dans un bulletin de nouvelles ou dans un journal, très
récemment, la fantastique intervention d'une compagnie qui s'appelle
Sofic.
M. Landry: Oui.
M. Lavigne: Je pense que c'est une compagnie, si je ne me trompe
pas, M. le ministre, qui est installée à Laval.
M. Landry: Bien oui, cela tombe bien.
M. Lavigne: C'est dans votre coin, je pense.
M. Landry: Bien sûr.
M. Lavigne: Et, à mon grand étonnement, on
annonçait dans cette nouvelle que la compagnie Sofic fabriquait des
seringues jetables. Il me semblait que cela existait, mais cela semblait
être innovateur comme idée, cela semblait nouveau. Cela semblait
impressionner beaucoup de gens, à un tel point que Sofic, avec sa
nouvelle trouvaille, semblait vouloir envahir, dans
l'annonce que j'ai vue, les marchés américains qui
semblent ouverts à cette idée d'utiliser des seringues
jetables.
Je voudrais savoir si, pour en arriver là, ils ont eu de l'aide
du gouvernement au niveau, par exemple, de la recherche, soit du CRIQ ou de la
SDI. Aussi à votre niveau, en ce qui concerne les échanges avec
l'étranger, les exportations, êtes-vous intervenu, à partir
de votre ministère, auprès de cette compagnie? J'aimerais savoir
si c'est une multinationale ou une PME ou une moyenne entreprise d'ici. Quelle
est l'importance de cette compagnie? Est-ce que cette trouvaille va permettre
de brasser beaucoup d'argent, de créer beaucoup d'emplois? J'aimerais
vous entendre parler sur cette compagnie que j'ai connue par le truchement de
cette nouvelle.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Alors, il s'agit, effectivement, d'un beau cas, pas
uniquement par le fait que c'est à ville de Laval. Évidemment,
cela ne me rend pas antipathique au projet, mais cela tombait bien que ce soit
comme cela. Le cas en soi, il est très beau et il est le suivant: les
marchés québécois et canadien consomment pour des
centaines de millions de dollars par année de seringues jetables. Alors,
ce n'est pas une innovation technologique. La seringue jetable, elle existe. On
l'achète et on la jette joyeusement par milliers d'exemplaires, chaque
jour, au Québec.
Mais tout était importé. Le cas Sofic est beau parce que,
dans un premier temps, il remplace des importations. Sur la balance des
paiements, l'effet est le même que si on exporte. On importe moins.
Deuxièmement, le cas Sofic est beau parce que Sofic a déjà
des accords avec des distributeurs américains pour que Sofic soit aussi
exportateur. Donc, un autre plus pour la balance des paiements: moins
d'importations et plus d'exportations.
Le cas Sofic est beau parce que c'est également l'objet d'un
transfert de technologie entre la France et le Québec. La technologie
est française, partiellement - je dirai pourquoi ensuite - et c'est un
accord sous licence. Alors, je réponds également à votre
question: Est-ce que Sofic est une société
québécoise? Oui, Sofic est une société
québécoise. Et la partie française aura simplement des
royautés sur le produit.
Est-ce qu'il y a un intrant technologique québécois?
Réponse: Oui. Parce que la stérilisation de ces objets,
jusqu'à ce jour, se fait par une méthode gazeuse qui ne donne
qu'une sécurité de 90%. Alors, il n'est pas sans
intérêt de savoir que, quand on se fait piquer par une seringue,
on aime mieux que la sécurité soit à 100% qu'à 90%.
Or, elle sera à 100% parce qu'une entente est en voie d'être
négociée entre Sofic et l'Institut
Armand-Frappier pour utiliser une méthode de stérilisation
par rayons gamma qui, elle, offre 100% de sécurité.
C'est la création d'un grand nombre d'emplois, je pense que c'est
une centaine d'emplois et davantage, de haute technologie. C'est aussi une
coopération avec un institut de recherche, qui est également
situé à Laval, l'Institut Armand-Frappier. Alors, on a
souhaité, évidemment, bonne chance à cette
réalisation, où le gouvernement du Québec et le
gouvernement du Canada ont mis du financement. Je pense que notre part, pour la
SDI - avec bonification d'intérêt, garantie de prêt et tout
cela - doit aller à 1 250 000 $ ou quelque part par là. Les
fédéraux, à peu près autant.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Et puis comme retombées prévisibles au
niveau des exportations de ces seringues à l'étranger, est-ce
qu'on a déjà dépouillé quelques chiffres ou
commencé à mettre en colonnes des chiffres sur le plan
prévisible?
M. Landry: Oui, surtout parce que la seringue va avoir un
coefficient de sécurité d'asepsie de 100%, elle va être un
véritable coucurrent pour ceux qui stérilisent encore au gaz.
Cela devrait nous permettre de pénétrer des marchés
importants, en particulier le marché américain. Il y a
déjà des accords de distribution signés avec des
Américains qui sont actuellement des distributeurs de seringues moins
sophistiquées, mais qui aimeraient bien avoir dans leur catalogue de
vente cet instrument qui est supérieur à ce qui se fait
présentement.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Harel): J'inviterais maintenant M. le
député de Montmagny-L'Islet à prendre la parole.
M. Leblanc: Merci, Mme la Présidente.
L'exportation, bien sûr, cette vaste opération commerciale
qui constitue pour l'économie du Québec...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Mme la Présidente, je m'excuse d'interrompe le
député. Je voulais dire au député de Beauharnois
que la nuit porte conseil. Au sujet de sa question d'hier, j'avais donné
les précisions qui me venaient à l'esprit. À ce
moment-là, j'avais oublié une dimension importante. C'est que,
sur les produits textiles, la barrière douanière
américaine est plus élevée que la barrière
douanière canadienne. Dans le cas d'une
négociation de libre échange un tant soit peu
réussie, on est immédiatement avantagé parce qu'on fait
tomber notre barrière qui est basse, mais les Américains font
aussi tomber leur barrière qui est haute.
Je m'excuse, M. le député, mais il vaut mieux battre le
fer quand il est chaud.
M. Lavigne: Merci de cette précision, M. le ministre.
La Présidente (Mme Harel) M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Exportation de bois d'oeuvre aux
États-Unis
M. Leblanc: Je reprends, Mme la Présidente. Je disais que
l'exportation, bien sûr, c'est une opération commerciale
très vaste et très diversifiée et cela constitue
l'élément moteur le plus puissant qui imprime soit un ralenti,
soit un accéléré à l'économie
manufacturière du Québec.
Je veux faire un exposé assez circonstancié sur un des
produits que le Québec exporte - c'est peut-être par tradition le
produit qu'on exporte depuis le plus longtemps - notre bois d'oeuvre. Ce
marché a fait vivre aux gens qui en vivent des heures sombres et des
nuits blanches, surtout en 1983 lorsque les Américains ont
décidé d'instituer une enquête et de préconiser
l'imposition d'un tarif douanier qui pouvait atteindre, je pense, 65% sur le
bois d'oeuvre expédié vers les États-Unis.
Les conséquences immédiates et inévitables auraient
été la fermeture de nos petites et grosses industries de sciage
au Québec. Cela aurait été à peu près comme
la peste: toutes auraient été frappées et plusieurs
auraient définitivement fermé. Heureusement, cette enquête
n'a pas eu comme résultat d'imposer un tarif douanier. J'aimerais que
vous nous disiez quel rôle a joué le Commerce extérieur
dans un dossier comme celui-là et quels services il offre aux
exportateurs dans d'éventuels conflits semblables pour ce même
produit ou pour d'autres produits. Je reviendrai avec une autre question plus
tard.
M. Landry: D'accord. Le député sait de quoi il
parle, du reste. J'ai eu l'occasion de visiter avec lui son comté
dernièrement et on a vu des entreprises qui font exactement cette
activité, l'exportation de bois de sciage. On aura l'occasion d'en
reparler.
Pour me limiter à sa question, oui, une menace très grave
a pesé sur notre industrie du bois de sciage. Un certain nombre de
producteurs américains se sont réunis et ont envoyé une
pétition au ministère du Commerce des États-Unis qui
prétendait que l'industrie du bois de sciage du Canada et donc, celle du
Québec, exerçait sur leur marché une concurrence
déloyale en ce que nos droits de coupe étaient plus bas que le
système des droits de coupe aux États-Unis et cela donnait un
avantage indu à nos producteurs.
Je rappelle pour mémoire que le système de droits de coupe
aux États-Unis procède de la philosophie américaine,
c'est-à-dire que ce n'est pas un système public, mais un
système privé. Ce sont des particuliers qui vendent à
l'encan les droits de coupe. En période de haute conjoncture, les
pétionnaires américains - il y en avait quelques centaines, je
pense - avaient acheté à l'encan des droits de coupe à des
niveaux très élevés. C'est le libre commerce,
évidemment. Ils ont signé ferme pour exercer ces coupes. Quand la
conjoncture s'est effondrée, ils ont été coincés
avec leurs droits de coupe élevés et ils ont été
comme des diables dans l'eau bénite pour essayer de trouver une
façon de se protéger contre nos exportations à nous. (10 h
45)
Ils ont demandé sous l'empire du Trade Act américain et
obtenu une enquête, effectivement, très approfondie du
département du Commerce des États-Unis. On a reçu des
questionnaires de milliers de pages, détaillés au point qu'on
demandait des critères du PECEC, par exemple. Washington s'informait des
critères du PECEC. Il faut le faire. On a répondu à ces
questionnaires, mais on n'a pas fait que répondre aux questionnaires. On
a déclenché une vigoureuse offensive avec l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec et aussi les manufacturiers
de la Colombie britannique qui étaient également frappés
parce qu'il n'y a pas de discrimination; le Canada, c'est le Canada. C'est le
Canada d'Halifax à Vancouver. La Colombie britannique était
frappée. Québec était frappé. L'Ontario
était frappé à un moindre niveau. On a
déclenché une vaste opération juridique en retenant les
services de grands juristes américains, mais, également, une
vaste opération de discussions diplomatiques et de discussions
politiques à laquelle ont participé l'ambassade du Canada
à Washington, bien entendu les personnels de cette ambassade, mais
également, dans une optique de coopération dictée par
l'urgence -quand un grand désastre menace, les coopérations sont
plus faciles - le ministère de l'Énergie et des Ressources du
Québec, l'Association des manufacturiers de bois de sciage, le
ministère du Commerce extérieur.
Nos travaux ont culminé par une rencontre qui est un
précédent historique entre le ministre du Commerce
extérieur du Québec et le ministre américain du Commerce,
The Secretary of Trade, M. Baldridge et aussi le sous-secrétaire
d'État du Commerce, son adjoint, où nous avons fait valoir dans
des termes les plus clairs
qu'on rayait une cinquantaine de villages de la carte du Québec.
C'était aussi simple que cela si on avait eu un droit compensateur qui
aurait été de 125%, on rayait une cinquantaine de villages de la
carte, en termes économiques, on abolissait une vingtaine de milliers
d'emplois. Bref, cela aurait été une catastrophe, catastrophe
pour nous et catastrophe aussi pour la notion de fluidité des
échanges à travers le continent nord-américain.
La conclusion de cela, c'est que les Américains ont jugé
nos interventions de minimis. De minimis, cela veut dire n'ayant pas un effet
majeur sur la concurrentialité de nos produits. Le chiffre magique,
c'était, je pense, 0,5% et on n'était pas au-delà de
0,5%.
Le vieil axiome, qui est vrai en droit français, en droit
québécois comme en droit américain, de minimis non curat
praetor, de minimis non curat lex - cela semblait, Mme la Présidente,
n'est-ce-pas, une chose très théorique quand on a
étudié cela à l'Université de Montréal,
à quelques années de distance, bien sûr, parce que vous
êtes plus jeune que moi, mais les vieilles maximes durent longtemps - et
Americana lex ont sauvé 20 000 emplois au Québec et une
cinquantaine de villages.
Voilà l'aventure du bois de sciage.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Leblanc: Vous faites allusion à la récente
tournée que vous avez faite dans mon comté,
particulièrement dans la ville de Montmagny, alors que nous avons
rencontré un fort groupe d'hommes d'affaires intéressés
à l'exportation puisqu'on parlait de club d'exportation. À cette
occasion, nous avons entendu un exportateur qui, lui, depuis plusieurs
années, n'a pas joué la carte d'un seul pays exportateur, mais a
diversifié ses exportations. Cela lui a permis, d'ailleurs, pendant le
pire de la récession économique, de passer à travers de
façon absolument extraordinaire parce que son marché était
au Moyen-Orient, en Europe et le marché américain ne l'avait pas
ou à peu près pas touché. J'insiste là-dessus parce
que non seulement on a une diversité de produits à exporter, mais
on a une diversité de pays où on doit entrer.
J'ajouterai que ce rôle, dans des domaines aussi importants que le
bois dans une économie aussi serrée, a tellement
ébranlé nos producteurs, nos propriétaires de scieries,
que, même lorsqu'on fait des interventions pour aider nos entreprises
soit par la SDI ou autrement, j'ai eu l'exemple d'un propriétaire
d'entreprise qui ne voulait absolument pas qu'aucune révélation
soit faite vis-à-vis de cette intervention pour ne pas apeurer les
Américains, même si son approvisionnement, pour la transformation,
venait de l'État du Maine; mon comté est en bordure de
l'État du Maine. C'est pour dire jusqu'à quel point on a
été à même d'apprécier le service que peut
fournir le ministère lors de cette rencontre entre nos exportateurs et
d'éventuels importateurs, car pour ces petites industries
l'exploitation, avant ces rencontres, était une mission impossible. J'ai
terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci. Oui, M. le ministre.
M. Landry: Je dois vous dire, Mme la Présidente, que la
tournée que le député de Montmagny-L'Islet a
organisée dans son comté a été une journée
commerce extérieur absolument extraordinaire. Il est bon que cela soit
rappelé et consigné dans notre journal des Débats. Nous y
avons entendu des témoignages vraiment saisissants de chefs
d'entreprise. À Saint-Pamphile en particulier, Blanchet, qui avait
également participé à une rencontre d'exportateurs que
nous avions vus à Montmagny le matin a dit, devant les exportateurs et
les industriels réunis, que sans les exportations, Blanchet,
vraisemblablement, n'existerait plus. Mais, il a dit plus que cela. Il a dit
qu'en pleine crise, Blanchet à Saint-Pamphile engageait du monde et
faisait tourner son usine à 100% de sa capacité. Alors que tout
le monde criait dans tous les coins que la crise le massacrait, Blanchet
était en expansion.
Pourquoi Blanchet était-elle en expansion? Parce que Blanchet,
avec l'aide du ministère du Commerce extérieur et à cause
du dynamisme de ses cadres exportateurs - je pense à M. Berthier Landry
en particulier et à quelques autres - avait, avant la crise,
diversifié ses expéditions. Blanchet exporte aux
États-Unis, oui. Blanchet exporte au Moyen-Orient. Blanchet exporte en
Asie. En général, comme les crises ne frappent pas avec la
même virulence et la même intensité dans toutes les parties
de la planète, quand le marché américain s'est
resserré, les autres marchés d'exportation de Blanchet ont
continué leur expansion, ce qui a permis à cette entreprise
admirable d'augmenter son activité et de créer des emplois alors
que tout le monde était en train de licencier.
Cette journée, Mme la Présidente, que nous avons
passée dans la circonscription du député de
Montmagny-L'Islet était une véritable leçon de choses pour
les entrepreneurs québécois. Cette journée
établissait avec surabondance la preuve de ce que j'ai dit dans des
remarques préliminaires, que les exportations sont l'une des
opportunités du Québec de diminuer radicalement son taux de
chômage et de se mettre à l'abri des fluctuations
économiques trop importantes.
Je dis en terminant - et probablement que le député le
confirmera - Si simplement cette tournée que nous avons faite dans
Montmagny-L'Islet avait était faite dix ans plus tôt, en parlant
d'exportations, on aurait parlé chinois et on aurait passé pour
des intellectuels ésotériques. En parlant d'exportations
aujourd'hui dans le comté de Montmagny-L'Islet, on parle d'une
réalité profonde qui fait que les gens qui travaillent ne
travailleraient pas sans cela.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Sur le même sujet, est-ce que le
député de Nelligan me permettrait une minute? Merci. M. le
ministre, on parlait tout à l'heure de cet intérêt pour la
question du bois exporté. Je me rappelle qu'au moment de cette mission
exploratoire sur la sous-traitance on parlait beaucoup de ce créneau de
la maison à ossature bois. Il apparaissait que les difficultés
étaient assez considérables puisque cela allait vraiment à
l'encontre des traditions établies en France sur le plan de la
construction, de même que des techniques. On craignait, en fait, le
pourrissement du bois, etc. J'aimerais comprendre ce qui s'est passé
depuis ce temps qui a fait que ce créneau est devenu fort
intéressant et que, entre autres, Blanchet a pu percer sur le
marché français.
M. Landry: L'histoire de la maison à ossature-bois,
à mon avis, ne fait que commencer. Les Européens pendant - je
pourrais dire - des siècles ont tiré très fort sur leurs
forêts, à toutes sortes de fins: construction de maisons, mais
également construction navale, etc., à un point tel que la
ressource s'est raréfiée, les essences propices à ce genre
de travaux sont devenues coûteuses et rares. Les Européens se sont
dirigés vers la maison de pierre, maison de pierre, évidemment,
qui a des caractéristiques de solidité considérable, il
n'y a pas de doute, mais qui dans le monde moderne présente aussi un
certain nombre d'inconvénients. D'abord, c'est long à construire,
cela prend 18 mois pour construire une maison en pierre solide.
Deuxièmement, avec la technologie moderne, aller faire le câblage
téléphonique, le câblage de télévision
à travers des murs de pierre, ce n'est pas facile. Troisièmement,
la crise de l'énergie a rendu nécessaire l'utilisation de
matériaux qui sont des isolants naturels comme le bois, alors que la
pierre l'est beaucoup moins. Ici même, au Québec, nos vieilles
maisons de pierre, il en subsiste encore, ne sont pas des modèles
d'isolation thermique, comme vous le savez, car une maison de pierre, quand le
froid s'est mis dedans, c'est pour de bon. Pour toutes ces raisons, la maison
d'ossature-bois qui, pour nous, est une technologie très connue,
séculaire, commence à faire des percées
intéressantes en Europe. À Cavaillon, dans le Midi de la France,
un projet à technologie québécoise est déjà
fait et déjà réalisé, inauguré. Dans la
région parisienne de Nantes, des grands ensembles domiciliaires
utiliseront aussi nos techniques québécoises et utiliseront la
filière-bois et l'ossature-bois. Également, lors d'un
récent voyage en Allemagne, j'ai conclu, avec une firme allemande de
recherche sur la filière bois et notre société REXFOR, un
accord de transfert de technologie et de recherche pour utiliser dans les
maisons à ossature-bois les bois de petit diamètre. Ceci
réhabilitera un très grand nombre de nos forêts
septentrionales, en particulier, où les épinettes sont bonnes,
mais ne sont pas grosses. Par toutes sortes de procédés de
collage découverts par les Allemands et à perfectionner avec
REXFOR, nous serons en mesure d'utiliser dans les charpentes de maison, mais
également dans les murs, dans les planchers, des bois de petit
diamètre qui, jusqu'à maintenant, étaient bons pour la
machine à papier ou étaient bons pour laisser dans le bois tout
simplement. Donc, il y a un créneau qui s'ouvre et que nous allons
essayer d'occuper le plus vigoureusement possible.
M. Dussault: Merci, M. le ministre, et merci encore au
député de Nelligan.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre. La
parole est au député de Nelligan.
Représentation à l'étranger
(suite)
M. Lincoln: M. le ministre, lorsque nous parlions des
différents systèmes de délégation, des conseillers
itinérants, vous disiez: II n'y a pas eu beaucoup d'originalité
là-dessus. Est-ce qu'on s'est penché sur le système
allemand, par exemple? Est-ce que vous ne trouvez pas que le système
allemand est un système original qui s'adopterait très bien aux
circonstances du Québec actuellement? Est-ce qu'on a vu la formule
allemande, la formule suédoise?
M. Landry: Encore une fois, il ne faut pas oublier que la
République fédérale d'Allemagne est un état
souverain; alors, prenons le cas du Canada, elle a son ambassade à
Ottawa, son consulat général à Montréal, elle en a
un autre à Toronto. Elle a d'immenses moyens, elle est un grand pays.
Elle a un système qui fait appel aux chambres de commerce. Les chambres
de commerce, en Allemagne, comme en France - je pense que cela a
commencé en France d'abord - en Europe de l'Ouest en
général, ont un pouvoir de taxation. Alors, les
chambres de commerce ayant un pouvoir de taxation ont des ressources
immenses et, de ce fait, sont capables de jouer un rôle dans la
représentation économique extérieure de leur pays.
Malheureusement, ce n'est pas dans nos moeurs, ce n'est pas dans les moeurs du
continent nord-américain. Les chambres de commerce se financent par
contribution volontaire de leurs membres, mais il n'y a en pas encore en
Amérique du Nord qui ont un pouvoir de taxation. Alors, le contexte
allemand et le contexte européen sont passablement différents. Je
ne dis pas que les services allemands ne sont pas extrêmement efficaces,
c'est comme les services français; nous sommes en face de la
deuxième et de la troisième plus grande puissance de commerce
extérieur du monde, mais leur contexte n'est pas celui du
Québec.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan
M. Lincoln: Mais il y a sûrement quelque chose dans le
système allemand que le gouvernement subventionne à travers la
fédération des chambres de commerce allemandes. C'est un
système détaché de la diplomatie, en fait, un
système qui réunit les intervenants de l'Allemagne, par exemple,
au Canada et des Canadiens qui exportent. C'est un système
bilatéral dans chaque pays. Aussi, les Suédois ont un
système de représentation par les hommes d'affaires qui donnent
de leur temps, pour une certaine période, quatre ou cinq ans. Ce sont
des espèces de "profit centers" qui se soutiennent eux-mêmes;
alors, ils peuvent se multiplier de cette façon-là et sont
subventionnés en partie. Nous sommes d'accord. (11 heures)
Mais, ce que je voulais dire: Est-ce qu'il y a moyen de faire une
évaluation? Vous avez parlé d'une étude qui se faisait par
M. Béliveau, de Laval, mais ce n'était pas dans le même
sens du tout. Je veux parler de toute la question de la structure de
représentation. Est-ce que cela ne vaudrait pas la peine de faire une
étude approfondie de toutes ces méthodes afin de savoir s'il n'y
en a pas une qui est beaucoup plus efficace que l'autre? Même dans le
contexte actuel, je ne vois rien qui nous empêche, puisqu'on a des
délégations, d'étudier la forme que celles-ci prendraient.
L'une est peut-être plus efficace que l'autre. Il y a possiblement des
combinaisons de représentations qui méritent d'être
approfondies. Cela vaudrait la peine de se pencher beaucoup plus
là-dessus.
M. Landry: Je pense que le député a raison, bien
qu'il doive reconnaître qu'on a fait preuve, jusqu'à maintenant,
d'invention et d'originalité. Il y a quinze mois, le
Québec avait une méthode tout à fait classique, de
conseillers économiques et d'attachés commerciaux. Depuis ce
temps, nous avons ajouté des conseillers itinérants, la
sous-traitance à une firme privée de certaines
représentations étrangères. Encore une fois, nous sommes
réceptifs à toute espèce de solution qui pourrait
être mise de l'avant, en rappelant que nous n'avons pas des moyens
illimités; donc, on y va de manière expérimentale selon la
méthode des petits pas. Deuxièmement, le ministère du
Commerce extérieur n'est pas un institut de recherche; c'est une
boîte tournée vers l'action et, si nous poursuivons des
études dans le sens de la suggestion valable du député de
Nelligan, je pense que je les ferai en sous-traitance auprès
d'universitaires ou de spécialistes du secteur privé et de firmes
de consultants, comme on a commencé à le faire pour l'exemple
japonais avec le contrat à M. Béliveau.
J'aimerais bien, l'an prochain, à l'étude des
crédits, être en mesure de dire au député de
Nelligan: J'ai suivi votre suggestion et je dépose, un, deux, trois
rapports que j'ai commandés, qui vont nous permettre d'avoir une
diplomatie économique encore plus originale et plus productive.
M. Lincoln: Vous deviez, en 1983-1984, ouvrir des bureaux
économiques à Singapour, Bogota et Stockholm qui, en fait, n'ont
pas été ouverts durant l'exercice 1983-1984. Pourriez-vous nous
dire, dans un premier temps, pourquoi cela n'a pas été
réalisé en 1983-1984 et qu'est-ce qui est arrivé aux
crédits qu'on avait déjà alloués pour ces trois
bureaux qui devaient s'ouvrir à ce moment-là?
M. Landry: Je vais vous dire ce qui est arrivé. Les
bureaux ne se sont pas ouverts en grande partie parce qu'on a fait ce que le
député suggère, on a analysé. On a tellement
analysé: le ministère des Affaires internationales, le
ministère du Commerce extérieur, que les analyses n'étant
pas concordantes, il a fallu les concilier et on a pris une dizaine de mois
pour faire cela. C'est maintenant terminé, c'est clair. Les analyses
concordent.
Je ne veux pas dire que nos machines ont été lentes parce
que ce n'est pas simple. J'ai fait beaucoup de consultations dans le secteur
privé: par exemple, Singapour ou Hong Kong. Quelle a été
la réponse? Cela ne m'a pas beaucoup avancé. J'ai parlé
à des banquiers, à des industriels. Ils m'ont dit unanimement
ceci: Si tu as l'argent seulement, pour un: Singapour. Si tu as l'argent pour
les deux: ouvre Hong Kong. Les deux sont importantes et nous, quand on a
l'argent pour les deux, on ouvre les deux.
Effectivement, on a l'argent pour les deux et on va ouvrir les deux.
Qu'est-il advenu des crédits? Il est arrivé que, comme le
projet n'a pas pu se réaliser, nous avons obtenu l'assurance du Conseil
du trésor et du ministre des Finances que, dès que nous serions
prêts à ouvrir, l'argent serait disponible pour le faire.
Là, il faut faire une distinction: dans le budget de
l'ex-ministère des Affaires intergouvernementales devenu
ministère des Relations internationales, il y a l'argent pour la
logistique et le soutien; dans le budget du ministère du Commerce
extérieur, il faudra aller au fonds de suppléance dans les
semaines qui viennent pour obtenir l'argent pour payer les salaires.
M. Lincoln: Est-ce que maintenant que vous êtes ministre
des Relations internationales et du Commerce extérieur -les deux - on va
obtenir plus de cohésion du point de vue international? Aura-t-on des
scènes comme celle de M. Godin, ministre de l'Immigration et des
Communautés culturelles, visitant Hong Kong et faisant des
déclarations semant la confusion totale? Personne ne savait s'il y
allait officiellement déclarer, au nom du gouvernement du Québec,
qu'on devrait en ouvrir une à Hong Kong plutôt qu'à
Singapour. Il a semblé que vous n'étiez pas présent
à ce moment-là, que toute la manchette se faisait par
l'intermédiaire du ministre de l'Immigration et des Communautés
culturelles; pendant une ou deux semaines, il faisait des déclarations
presque tous les jours: pourquoi on devrait être à Hong Kong
plutôt qu'à Singapour, les raisons, etc. Il m'a semblé que,
comme ministre titulaire des Relations internationales - il me semble que vous
aviez été nommé ou vous étiez presque en voie de
l'être - on n'ait pas entendu...
M. Landry: En voie de l'être. Vous l'avez su avant moi.
M. Lincoln: En tout cas, vous étiez déjà
ministre du Commerce extérieur. On n'a pas entendu votre contrepartie
à ce moment-là. L'autre ministre avait l'air d'agir comme
ministre plénipotentiaire du Québec à l'étranger,
qui allait décider où on allait ouvrir. Est-ce que vous pourriez
nous situer là-dessus par rapport à l'avenir? Est-ce que vous
avez eu des conversations avec votre collègue pour vous assurer que,
à l'avenir, les déclarations viendront de façon
cohésive, par l'entremise du ministère des Relations
internationales et du ministère du Commerce extérieur?
M. Landry: L'avenir ne sera pas tellement différent du
passé pour ces points spécifiques et je vous dis pourquoi. Nous
sommes dans un système parlementaire britannique où chaque membre
du Conseil des ministres est lié par la solidarité
ministérielle. Quand il parle, il parle au nom du gouvernement,
reflète la politique du gouvernement, reflète l'opinion du
gouvernement. Ce n'est pas un remaniement ministériel qui va tourner le
dos à trois siècles d'histoire, premièrement.
Deuxièmement, il y a 60 missions du ministère du Commerce
extérieur, pour ne nommer que celles-là, qui quittent le
Québec chaque année, uniquement du Commerce extérieur,
sans compter celles des Relations internationales. Il serait exclu - et
là, l'opinion de ma famille compte - que je les dirige toutes
moi-même. Je ne veux quand même pas que les enfants disent: Qui est
le monsieur dans la cuisine, quand je vais revenir au bout de six mois pour
voir si j'ai encore une maison.
Alors, je demande à mes collègues de me représenter
dans des missions à l'étranger. Je l'ai fait et je vais le faire
encore. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme s'en va en
Chine, par exemple, dans les semaines qui viennent; M. le ministre de la
Science et de la Technologie, en Hongrie. Ils vont diriger, à ma place,
au nom du gouvernement du Québec, des missions. Et, quand ils parlent
dans ces missions, ils représentent l'opinion du gouvernement. Il est
évident que j'ai un rôle de coordination que je vais exercer de
façon non autoritaire, en tout respect de nos institutions.
Quant à ce qu'a dit le ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration à Hong Kong, il n'est pas le seul
à avoir parlé parce que les journalistes m'ont interrogé
sur ce qu'il a dit pendant qu'il était là. Et j'en ai remis
moi-même parce que j'ai eu des expériences qui allaient exactement
dans le même sens que la réalité à laquelle a fait
allusion le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration.
C'est normal, nous sommes en concurrence. Nos amis ontariens, ce sont nos
concurrents, pour un très grand nombre de produits et je ne compte pas
sur eux pour faire la propagande, la publicité des entreprises
québécoises et du Québec en général. Il
arrive que, dans le feu de l'action concurrentielle, ils laissent tomber des
remarques désobligeantes sur le Québec. J'en ai entendu, j'en ai
vécu. Je me souviens très bien d'une jeune femme, d'origine
canadienne, qui m'a demandé, devant 200 personnes, dans une
conférence à New York, ce qui était arrivé depuis
qu'on avait fermé brutalement l'Université McGill. C'est cela, le
genre de propagande qu'on se fait faire à l'étranger, par des
gens qui ne sont pas de bonne foi ou qui se laissent emporter dans la bataille
concurrentielle. Ils utilisent des moyens que l'éthique commerciale
réprouve. On peut se battre avec nos concurrents, mais on n'a pas le
droit de les traiter de pourris, on n'a pas le droit de disqualifier leurs
produits ou leur pays d'une façon injuste pour faire avancer
notre bateau.
Ce n'est pas la politique du Québec. Malheureusement - je ne dis
pas que c'est la politique de l'Ontario, non plus - certaines personnes,
outrepassant les frontières de la bonne foi que la concurrence exige,
ont laissé tomber des phrases malheureuses et fausses sur le
Québec. Mon collègue des Communautés culturelles et de
l'Immigration en a retroussé quelques-unes. Je pense qu'il a rendu
service à nos entrepreneurs et à notre collectivité en ce
faisant. Et, chaque fois qu'on va trouver de ces "statements" abusifs, on va
les dénoncer.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: La question était beaucoup plus simple que la
réponse, c'est certain. Je ne vous demandais pas un discours-fleuve, M.
le ministre.
M. Landry: II y a des esprits plus simplistes que d'autres.
M. Lincoln: Non, non, je ne voulais pas vous demander un discours
fleuve sur tout ce que les gens vous ont dit dans les conférences. Il y
a des bigots partout. Alors, on ne va pas tous les corriger. Il en existe
partout, dans tous les coins. Je suis sûr qu'il y en a en quantité
dans le Canada anglais. Je suis certain de cela. Alors, on ne va pas les
corriger aujourd'hui, ce n'est pas eux qui représentent le
Québec.
Tout ce que je vous demandais, c'est: Est-ce que le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration, quand il était
à Hong Kong - est-ce que j'ai bien compris ce que vous dites - vous
représentait et avait été comme votre
plénipotentiaire, en ce sens? Parce que ce qui a paru dans le public, ce
qui a été reflété dans les articles de journaux,
cela montrait une espèce de confusion totale, confirmant certainement
tout ce qu'on a dit, depuis bien longtemps, au sujet de la cohésion de
notre image à l'extérieur, alors qu'il semblait que de tous les
ministres, c'était à qui parlerait au pied levé. Pendant
qu'on discutait de Hong Kong et Sinpapour, le ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration a fait toutes sortes de déclarations.
Là, vous me dites qu'il parlait et qu'il était là comme...
C'est très différent que le ministre de l'Industrie et du
Commerce aille en Chine pour une mission, après avoir discuté
avec vous. Mais, est-ce que vous dites qu'à Hong Kong, c'est ce genre de
choses, que le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration
y est allé, en votre nom, après avoir discuté avec vous,
et que tout ce qu'il a dit reflète ce que vous vouliez dire ou ce que
vous auriez dit vous-même?
M. Landry: Je vous réitère que le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration est membre du Conseil des
ministres. De ce point de vue, il est lié par la solidarité
ministérielle. Quand quelque ministre parle dans quelque État
démocratique, il engage le gouvernement. Je ne connais pas un seul
État où le gouvernement est représenté par un seul
porte-parole. Surtout que, dans le cas du ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration, il a des responsabilités
internationales spécifiques; il est ministre de l'Immigration. Il y a
des agents de son ministère à Hong Kong, en particulier, qui
travaillent sur les lieux. Alors, à plus forte raison.
Les relations internationales sont sujettes à coordination, les
déplacements sont coordonnés par le premier ministre et par
moi-même en ce qui a trait aux hauts fonctionnaires. Pas un pays n'a une
voix unique. C'est bien comme cela. Quand un ministre se déplace
à l'étranger, il parle au nom de son pays. Parfois, c'est un
ministre, parfois c'est l'autre. Le Québec n'est pas différent
à ce point de vue. Quand M. Joyal est allé
déblatérer sur nous à New York et qu'il s'est fait
ramasser par le journal Le Devoir dans les deux jours qui ont suivi, il est
lié par la solidarité ministérielle. Il n'est pas ministre
des Affaires internationales, M. Joyal; il est Secrétaire d'État
du Canada. Mais, quand il va à New York, il parle au nom du Conseil des
ministres du gouvernement du Canada. C'est la règle. C'est ainsi.
M. Lincoln: C'est l'affaire de M. Joyal, c'est l'affaire de son
premier ministre. Ce sera l'affaire du député de Lafontaine quand
il se fera élire.
M. Landry: Oui, oui, mais ce sont vos taxes et les miennes qui
avaient payé l'avion pour qu'il aille là.
M. Lincoln: Ce n'est pas nos affaires. J'espère que M.
Joyal s'est fait poser des questions lorsqu'il a défendu ses
crédits. Moi, je vous pose des questions parce que le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration a laissé une
impression dans le public - ce n'est pas mon invention; on n'a qu'à lire
les articles de journaux et les éditoriaux - que c'était un
manque de cohésion totale dans notre politique extérieure et que,
chaque fois qu'un ministre part, il se met les pieds dans les plats. C'est cela
qui avait donné cette impression. Alors, on vous demandait si, dans
l'avenir...
M. Landry: L'éditorial de la Gazette n'est pas le nec plus
ultra en matière d'objectivité à l'égard des
agissements du
gouvernement du Québec.
M. Lincoln: M. le ministre, je vais déposer, si vous le
voulez, les articles du Devoir et de la Presse. Je ne parlais pas du tout de la
Gazette. Je ne sais pas pourquoi vous avez spécifié la Gazette,
je ne parlais pas du tout de la Gazette...
M. Landry: Parce que je n'ai lu que celui-là
là-dessus.
M. Lincoln: Ah bon! Mais, j'ai lu pas mal d'articles à ce
sujet dans les journaux francophones. En tout cas, tout ce que je vous
demandais, c'est si on pouvait espérer, dans l'avenir, qu'il y ait plus
de cohésion dans vos déclarations à l'extérieur du
Québec. C'est tout. Lors de votre voyage en Allemagne, vous avez
parlé d'un deuxième bureau en Allemagne. Est-ce que vous pourriez
nous dire à quel stade en est rendu ce projet?
M. Landry: II est au stade de l'analyse. En raison de
modifications profondes qui ont frappé l'économie de la
République d'Allemagne, comme plusieurs autres économies, nous
sommes actuellement installés à Düsseldorf. Düsseldorf
est le coeur de l'industrie la plus lourde, la plus puissante, mais aussi la
plus traditionnelle d'Allemagne. C'est le centre administratif de la Rhur en
particulier. Or, il se passe des choses, maintenant, plus au sud. On a un
transfert d'entreprises à haute technologie. Stuttgart est devenue un
centre extrêmement important, Munich également. Munich et
l'État de Bavière sont en pleine restructuration industrielle.
Alors, il faut analyser les mouvements qui se passent dans les pays d'accueil
pour être représentés aux endroits les plus
stratégiques. C'est dans ce sens que nous analysons la situation de
notre représentation en République fédérale
d'Allemagne.
M. Lincoln: Je crois qu'il y a dix personnes à
Düsseldorf, si ma mémoire est fidèle. Est-ce le genre de
représentation où vous allez laisser un nombre de personnes
à Düsseldorf et ouvrir à Stuttgart ou à Munich ou
ailleurs un deuxième bureau pour décentraliser ou bien y a-t-il
des projets plus précis que cela? (11 h 15)
M. Landry: On vient d'envoyer un troisième attaché
à Düsseldorf et ce n'est pas parce qu'ils sont basés
à Düsseldorf qu'ils ont une interdiction de sortir du land de
Rhénanie-Westphalie ou d'aller en Bavière ou à
Bade-Wurtemberg. Ils prennent l'avion, le train et ils y vont. Il se peut que
nos analyses concluent qu'il y a trop d'avions, trop de trains et que ce serait
mieux de les avoir à Stuttgart ou à Munich. On vous le dira
à ce moment-là.
M. Lincoln: Je vous posais la question parce que vous en aviez
parlé l'année dernière. Cela fait déjà un
an.
M. Landry: Voyez-vous, j'ai ajouté un troisième
attaché à Düsseldorf. J'ai fait un pas.
Entreprises exportatrices
M. Lincoln: Un de vos objectifs, au ministère,
était d'augmenter le nombre d'entreprises exportatrices. Est-ce qu'on
peut quantifier? Avez-vous atteint cet objectif? Avez-vous augmenté le
nombre de firmes exportatrices? Est-ce qu'on a des chiffres pour 1983-1984? Je
sais qu'on en a jusqu'en 1981 ou 1982.
M. Landry: Vous concevez qu'on ne peut pas arriver à une
précision scientifique dans cette matière parce qu'il y en a qui
exportent sans nous en parler. Tant mieux, d'ailleurs. Moins ils ont besoin de
nous, mieux c'est. On a 100 nouveaux exportateurs au cours du dernier exercice,
dans ceux qui font affaires avec nous.
M. Lincoln: Combien dites-vous?
M. Landry: On en a 100 de plus au cours de l'exercice
écoulé. Notre clientèle est à peu près de
2000 entreprises. Si on en ajoutait une centaine par année... Sans
compter les augmentations de volume; celui qui est notre client et qui
exportait X l'an dernier, cette année exporte 2X.
M. Lincoln: Est-ce que je peux revenir en arrière pour une
question que j'ai oubliée? On avait prévu, dans les
crédits 1983-1984, quatre nouveaux postes dans trois
délégations américaines: Chicago, Dallas, Los Angeles et
celle de Tokyo. On a pris une personne à Dallas, une à
Düsseldorf et une à Tokyo. Qu'est-il arrivé à Chicago
et Los Angeles? En fait, on a comblé trois postes sur quatre. Quatre
étaient prévus: Chicago, Dallas, Los Angeles et Tokyo. On a mis
une personne à Dallas, donc c'est réglé, une personne
à Tokyo et une à Düsseldorf, mais personne à Chicago
et Los Angeles.
M. Landry: Chicago, c'est fait: un attaché de plus;
Dallas, vous l'avez dit, il y en a un; Boston, il y en a un de plus; Los
Angeles, le concours est en voie d'être conclu. On en a ajouté un
à Tokyo, comme on l'avait dit; à Los Angeles, j'imagine, dans les
semaines ou les mois à venir: on a un concours de recrutement en marche
à Los Angeles et ce sera dans les semaines qui viennent.
M. Lincoln: Si on retourne au nombre d'entreprises exportatrices,
le nombre avait diminué. Dans les années 1976 à 1981 -
cinq ans - il y en avait un peu plus de 3000. En 1977, le nombre a
diminué à 2800 environ; en 1978, 2767; en 1979, le nombre a
augmenté à 3326; même nombre en 1980 ou à peu
près 3229; en 1981, le nombre était de moins de 3000. C'est
pourquoi on se demandait si on avait les chiffres pour 1981, 1982 et 1983. Cela
démontre que le nombre diminue de plus en plus.
M. Landry: II y a des gens qui sortent de nos listes, mais qui
restent exportateurs. On se comprend bien. Il y a des gens qui peuvent avoir
besoin de nous pendant un an, deux ans, trois ans et, tout à coup, ils
volent de leurs propres ailes; ils exportent toute leur capacité
produite et on n'entend plus parler d'eux. C'est tant mieux. L'idée
n'est pas de maintenir dans mes dossiers jusqu'à la fin des temps des
gens qui n'ont pas besoin de moi.
M. Lincoln: Je parlais de la liste du Bureau de la statistique,
des exportateurs en général. Je suppose que l'on fait un suivi
-parce qu'après tout le Commerce extérieur, ce sont tous les
exportateurs - pour voir, par exemple, ce qu'il arrive aux firmes
exportatrices. Plus nous avons de firmes exportatrices, plus logiquement nous
avons des affaires. D'accord, le chiffre d'affaires a monté à
cause de l'inflation et tout, mais il semble qu'il y ait une tendance à
ce que le chiffre global des exportateurs soit en réduction. Je voulais
savoir si on suivait cela pour voir les courbes et ce qui se passe par rapport
au chiffre total. Je ne parle pas du chiffre de clients, je parle du chiffre
total des exportateurs au Québec.
M. Landry: Là, il faut que vous teniez compte des
mouvements structurels de l'économie québécoise. C'est
comme le troupeau laitier qui est d'à peu près 1 000 000 de
vaches laitières, qui diminue de quelques dizaines de milliers de
bêtes par année, mais on exporte de plus en plus de lait et puis
on produit de plus en plus de lait. L'économie du Québec, comme
toutes les économies du monde, se regroupe; il y a des fusions, des
concentrations, des consortiums, et le volume exporté est beaucoup plus
significatif. Nous avons un consortium, par exemple, qui doit apparaître
comme une seule entreprise, c'est le consortium de véhicules industriels
du Québec, mais il y a 7 ou 8 firmes là-dedans qui autrefois
apparaissaient chacune d'entre elles comme une unité d'exportation.
Aujourd'hui, il y a simplement un nom, mais ils exportent 10 fois plus
qu'avant.
M. Lincoln: M. le ministre, il y a sûrement des raisons.
Tout ce que je veux vous demander...
M. Landry: Eh bien, je vous en donne des raisons.
M. Lincoln: D'accord, vous me donnez des raisons. Au pied
levé, moi aussi, je peux vous donner 50 raisons, dire: II y a eu une
crise économique, etc. Tout ce que je vous demande, c'est ceci - vous
dites que le ministère du Commerce extérieur s'occupe des
exportations - Est-ce qu'il y a un service dans le ministère qui suit
ces courbes pour savoir si vraiment la raison fondamentale ce sont les
consortiums, les "mergers", la crise économique, ou bien s'il y a une
raison draconienne autre pour qu'en 1980-1981 le nombre d'exportateurs diminue
soudainement de 3929 à 2919. C'est ce que je vous demande: S'il y a des
courbes qui démontrent, par exemple, une réduction soudaine?
M. Landry: Nous n'avons pas un gros mandat de collecte de
données statistiques, puis heureusement, d'ailleurs. Je vous
réitère que nous sommes un ministère d'opération et
que nous demandons au Bureau de la statistique du Québec de nous donner
les statistiques les plus ventilées possible, les plus complètes
possible. Nous avons un appareil léger de traitement de statistiques,
mais nous ne voulons pas, entre guillemets, "perdre notre temps
là-dedans". Il y a d'autres agences. Je vous supplie, quand vous
étudierez les crédits du ministère des Finances et du
Bureau de la statistique du Québec, de leur demander ces
choses-là. Nous sommes des clients.
M. Lincoln: Moi, je ne suis pas d'accord du tout avec vous, M. le
ministre. Je pense que tout cela, c'est fondamental ' parce que tout cela se
rejoint. Si l'on dit, par exemple, vos clients sont vos clients...
M. Landry: Faites cela et il y aura des bureaux de statistiques
dans tous les ministères, ce sera l'anarchie et nous tirerons l'argent
par les fenêtres.
M. Lincoln: Je ne parle pas des statistiques. Je parle de quelque
chose de beaucoup plus fondamental. On va laisser cela. Est-ce que je vous
comprends: le nombre d'entreprises en 1983-1984 qui sont passées du
stade d'exportateurs occasionnels à exportateurs réguliers, c'est
100 de plus? Est-ce que c'est environ cela?
M. Landry: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Lincoln: Non, mais je vous pose la question.
M. Landry: J'ai dit que nous, nous avions fait affaires avec 100
entreprises nouvelles.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me donner une idée du
nombre d'entreprises qui auraient passé en 1983-1984 du stade
d'exportateurs occasionnels au stade d'exportateurs réguliers? Est-ce
qu'on le sait?
M. Landry: Non, nous ne disposons pas au ministère du
Commerce extérieur de cette information. Je ne dis pas qu'elle n'existe
pas ailleurs dans le gouvernement.
M. Lincoln: Parmi vos clients, est-ce que....
M. Landry: Attendez, M. le député. On a
confié au CETAI, qui est aux Hautes études commerciales, le
mandat de faire une étude qui devrait répondre à toutes
ces questions.
M. Lincoln: Ah, je vois qu'il y a déjà un
ministère qui ne prend pas cela pour des questions folichonnes, qui fait
des études sur le sujet. Je suis très content d'apprendre
cela.
M. Landry: Je ne vous dis pas que c'est folichon, je vous dis que
ce qui serait folichon, ce serait qu'on les fasse à l'intérieur
du ministère. Et je le redis: Si jamais vous alliez introduire une
pratique administrative de cet ordre, ce serait l'anarchie statistique au
Québec et nous tirerions l'argent par les fenêtres.
M. Lincoln: Je vous ferai remarquer, Mme la Présidente,
que je n'ai jamais parlé d'étude au sein du ministère.
Tout ce que je demandais, c'est si on a ces choses-là. Qu'on demande aux
Hautes études commerciales de le faire, je trouve cela formidable. Au
contraire, je trouve cela excellent que le ministre donne cela aux Hautes
études commerciales. Tout ce que j'ai demandé, c'est qu'on le
fasse.
M. Landry: C'est cela. Ce que je vous dis, c'est que le CETAI
nous fait l'étude, il nous la fait gratuitement. Dès que nous
l'aurons, nous vous en ferons parvenir un exemplaire.
M. Lincoln: C'est formidable, c'est encore mieux.
La Présidente (Mme Harel): Peut-on vous demander d'en
faire parvenir copie au secrétaire de la commission afin qu'il en fasse
la distribution?
M. Lincoln: Merci, Mme la Présidente.
M. Landry: Avec joie, Mme la Présidente.
M. Lincoln: Peut-être qu'à force de poser des
questions le ministre réalisera tout ce qui se fait au sein de son
ministère. Cela sera très heureux. Lorsque je pose des questions,
vous avez l'air de croire que ce sont des questions folichonnes.
M. Landry: Ce n'est justement pas au sein de mon
ministère; c'est à l'École des hautes études
commerciales. Je ne suis toujours pas pour m'occuper de tout ce qui se fait
à l'École des hautes études commerciales.
M. Lincoln: Non, non.
M. Landry: J'en ai plein les bras avec mes deux
ministères.
M. Lincoln: Sous le leadership de votre ministère, sur la
recommandation de votre ministère qui réalise aussi que ces
choses sont importantes. L'étude que vous faites du CETAI, est-ce la
même étude dont le ministère a parlé l'année
dernière? Est-ce qu'un de vos fonctionnaires pourrait me le dire? Il y
avait un mandat qui avait été donné au CETAI d'une
évaluation de banque de données et de recherche pour
déterminer les facteurs qui font passer une entreprise du stade non
intéressée à l'exportation au stade d'exportation. Est-ce
bien cette même recherche?
M. Landry: L'opération se fait en deux temps. On a
demandé au CRIC de confier les résultats de sa banque de
données au CETAI. Cela est fait. CETAI est en train de finir le
travail.
M. Lincoln: Alors, si je comprends bien, il y a cette
étude; ensuite, il y a une autre étude qui se fait par rapport
aux entreprises non exportatrices quand elles passent d'un stade à
l'autre. Est-ce la même...
M. Landry: C'est la même étude.
M. Lincoln: ...étude? Est-ce qu'on aura, par cette
étude, une connaissance du nombre d'entreprises qui sont vos clientes et
qui cessent d'exporter pour une raison ou pour une autre, qui ont fait une
activité ponctuelle d'exportation, mais qui rencontrent des
problèmes et qui cessent d'exporter? Est-ce que votre suivi va vous
donner cela à travers l'étude du CETAI ou bien autrement?
M. Landry: Ce n'est pas dans le mandat du CETAI, mais, quand on
aura l'étude du CETAI, on sera capable de répondre à ces
questions.
La Présidente (Mme Harel): Pour les fins d'enregistrement
de nos travaux, comment épelle-t-on CETAI?
M. Landry: C-E-T-A-I.
La Présidente (Mme Harel): Derrière ce sigle, quel
est le nom de l'institution?
M. Landry: C'est une institution de l'École des hautes
études commerciales, le Centre d'études et de technique
administrative international.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Les cercles d'exportation, M. le ministre. Au livre
des crédits, on mentionne: Le ministre a participé à cinq
opérations visant à créer des cercles à
l'exportation à Sherbrooke, Val-d'Or, Terrebonne, Saint-Georges de
Beauce et Drummondville. Plus loin, on dit: "Suite aux activités
ministérielles dans cinq villes, au moins trois cercles d'exportateurs
ont vu le jour, dont un en Estrie est en pleine action". Pouvez-vous me dire
quels sont les problèmes que vous avez rencontrés qui retardent
la mise sur pied des cercles d'exportateurs? Est-ce qu'on est au rythme de
croisière? Quel est l'apport du ministère du Commerce
extérieur pour accélérer la marche, la mise en place et
les activités de ces cercles d'exportateurs? Où en est-on
exactement? Combien y en a-t-il? Comment fonctionnent-ils, etc.?
M. Landry: D'abord, n'oubliez pas que vous êtes en face
d'une activité purement privée et que certaines d'entre elles ne
sont même pas subventionnées. On leur dit, d'ailleurs: Moins vous
avez besoin de nous, mieux c'est. Alors, par exemple, Estrie, le premier qui
est en activité, aucun moyen gouvernemental, sauf indirect par voie de
conseils, maison régionale de l'industrie, etc. Deuxièmement,
vous parlez de l'accélération; ce n'est pas évident,
voyez-vous, qu'on doive accélérer. Cela va venir comme un fruit
mûr. Nous avons semé l'idée et nous avons donné des
conseils techniques. Nous avons expliqué notre conception de cette
chose. Cela a été repris par des agents purement privés
qui, à leur rythme, vont les créer. J'aurais été
perplexe si un réseau de 50 cercles avait vu le jour en six mois.
À mon avis, cela aurait été dangereux. Il faut qu'il y en
ait un qui prenne le "lead", qui se rode, qui ait ses expériences, qui
les communique à d'autres et que cela fasse boule de neige. Mais on ne
commence pas par une grosse boule. On commence par un petit noyau.
Jusqu'à maintenant, nous sommes satisfaits du déroulement des
choses.
M. Lincoln: Quel est le genre d'appui que vous donnez à
ceux qui en désirent?
M. Landry: D'abord, nous avons eu un rôle d'animateurs.
Nous avons fait des tournées dans toutes les régions du
Québec, nous avons expliqué, nous avons exposé la formule
des cercles. Les fonctionnaires m'accompagnent dans ces déplacements.
Nous pouvons donner aussi de l'aide financière, je l'ai dit, en
insistant sur le fait que moins on en donne, mieux c'est. Nous pensons que
l'initiative privée est toujours meilleure. Nous donnons des conseils
techniques. Nous faisons que ces gens se rencontrent. Quelqu'un va nous
téléphoner et dire: Je veux faire un cercle d'exportation dans ma
région. Oui, mais nous avons déjà eu trois autres
demandes. Alors, mettez-vous donc en contact avec MM. Untel, Untel et Untel.
Nous leur fournissons des conférenciers. (11 h 30)
M. Lincoln: L'opération du ministère
diagnostic-export a été lancée dans l'Estrie. À la
base 23, vous citez qu'il y a 57 chefs d'entreprise qui l'ont utilisée
pour évaluer leur potentiel à l'exportation. Pouvez-vous me dire
comment le diagnostic qu'on relève est administré ou
interprété au sein du ministère?
M. Landry: C'est de l'auto-interprétation. Ce n'est pas le
ministère qui interprète. Le ministère administre le test,
fournit les formules et le test. Mais le test est ainsi conçu que le
chef d'entreprise est capable de faire la compilation lui-même, comme
plusieurs tests aujourd'hui; les enseignants connaissent bien la question. Il
voit lui-même ses forces et ses faiblesses. Ce qui serait le plus
illustrant, c'est qu'on puisse vous déposer le matériel. A-t-on
un exemplaire ici?
Une voix: Non.
M. Landry: La présidence de la commission recevra cela
dans les jours qui viennent.
M. Lincoln: Quels sont les résultats des diagnostics
effectués à ce jour? Pourriez-vous nous dire quelles sont les
réactions des chefs d'entreprise? Si le diagnostic est négatif,
quelles méthodes suggérez-vous aux entreprises pour
peut-être changer ou rajuster leur tir?
M. Landry: En fait, c'est un autodiagnostic. On pense le chef
d'entreprise assez intelligent pour se rendre compte que, si la
difficulté réside dans son fonds de roulement, il va prendre des
mesures correctrices pour son fonds de roulement. Si c'est la faiblesse de son
personnel de gestion, si c'est sa comptabilité analytique, il
va lui-même agir. Encore une fois, il ne s'agit de mettre le nez
dans l'affaire de toutes les PME qui passent le test. Ce test est un instrument
mis à leur disposition pour leur autoévaluation et pour leur
autoamélioration. Si, pour faire ces évaluations, elles ont
besoin de nous, évidemment on est là.
M. Lincoln: Ce que vous voulez dire, c'est que le test est
conçu de façon que, automatiquement, pour l'entreprise les
failles seront tout à fait évidentes à partir du test?
M. Landry: C'est cela.
M. Lincoln: Vous servez-vous de ce test, par exemple, à
l'accueil aux exportateurs au sein du ministère? Y a-t-il des
possibilités que ce même test serve pour ce genre de diagnostic
à l'accueil aux exportateurs?
M. Landry: Très certainement.
M. Lincoln: S'en sert-on maintenant?
M. Landry: Oui, je pense qu'on s'en sert effectivement. On s'en
est servi dans ces tournées d'une façon plus massive. Cela nous a
permis de roder le test, mais si un exportateur se présente à nos
bureaux, il peut passer le test. Cela prend combien de temps? Alors, cela se
fait très rapidement dans nos bureaux.
M. Lincoln: À la page 27, vous dites: "La formation et
l'intégration en entreprise d'environ 15 diplômés en
commerce international par le biais du programme de création d'emplois
sous la responsabilité du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Landry: C'est une UNI-PME spécialité
professionnelle.
M. Lincoln: Pourriez-vous nous dire d'où proviennent ces
diplômés? Quel est le programme en question au ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu? Quelles sont les
entreprises visées? Y a-t-il des entreprises cibles qui sont
visées pour ces 15 diplômés?
M. Landry: D'abord, c'est un programme qui sera mis en
application et qui ne l'est pas encore. C'est la réplique,
spécialisée en exportation, du programme UNI-PME avec lequel vous
êtes peut-être plus familier. C'est un programme UNI-PME
spécialisé qui va faire la formation de diplômés
universitaires sans emploi aux techniques du commerce extérieur à
la suite d'un stage théorique et pratique d'intégration à
la PME québécoise. L'objectif: intégrer dans la PME des
spécialistes d'exportation afin de développer à
l'intérieur de celle-ci une expertise dans le domaine du commerce
extérieur. La clientèle: les diplômés universitaires
et professionnels du monde des affaires présentement sans emploi. Nos
crédits viendront du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, comme c'est dit. Cela va coûter 600 000
$ la première année. Il y a un léger personnel
d'encadrement, trois personnes et des stagiaires.
M. Lincoln: Vous parlez de diplômés MBA, etc., qui
ont fait une spécialisation quelconque...
M. Landry: En exportation.
M. Lincoln: ...en exportation et qui ont suivi des cours en
exportation.
M. Landry: Exactement.
M. Lincoln: Est-ce que, éventuellement, cela va
s'appliquer aux diplômés qui vont sortir de la nouvelle
école que le professeur Sabourin est en train de mettre en place au sein
de l'ENAP, par exemple?
M. Landry: Ah! Je ne vois pas pourquoi cela ne s'appliquerait pas
à eux. Cela va sûrement s'appliquer à ces
gens-là.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie du prospectus
que vous lisez?
M. Landry: Ce n'est pas encore un prospectus. C'est un
avant-projet qui doit être approuvé par ma collègue de la
Main-d'Oeuvre puisque c'est elle qui va fournir l'argent et que c'est dans le
cadre de ses programmes.
M. Lincoln: Dans le programme d'accueil aux exportateurs, vous
dites, à la page 23: Pour les deux derniers mois seulement, 548 rapports
de crédit financier d'entreprises québécoises ont
été extraits de la banque d'offres à l'exportation qui
n'en est encore qu'à sa phase de développement. Dans cette
même banque sont aussi gérés les besoins et demandes de
transfert de technologie d'environ une centaine d'entreprises
québécoises.
Qu'entendez-vous par "rapports de crédit financier"?
M. Landry: Dun & Bradstreet.
M. Lincoln: Pardon? Ah bon! C'est pour décider, au
départ, si les firmes sont financièrement stables et vous
éliminez au départ celles qui ont un mauvais crédit
financier. C'est bien cela?
M. Landry: C'est-à-dire que c'est un
service qu'on rend à nos clients pour établir la
solvabilité de leurs clients potentiels et aviser nos analystes afin
d'approuver ou non des dossiers d'exportation.
M. Lincoln: Mais ce n'est pas vraiment un service d'accueil,
alors? Je croyais que vous...
M. Landry: Non, non. C'est une partie du service d'accueil. On
accueille, mais on fournit des renseignements Dun & Bradstreet qu'on paie.
C'est une petite partie de l'accueil.
M. Lincoln: Pour situer cela de façon pratique, pour que
je comprenne bien comment cela se fait, disons que je suis une firme qui veut
exporter. Je vais à votre accueil à l'exportation. Est-ce que je
peux demander, à ce moment, si je veux faire affaires avec une autre
société comme sous-traitant ou quoi, un "Dun & Bradstreet
report"?
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: À ce moment, vous le fournissez?
M. Landry: C'est cela.
M. Lincoln: Ce n'est pas l'examen de solvabilité de la
personne qui va à l'accueil elle-même?
M. Landry: Ah! Bien non. Mais cela peut se faire dans le cadre
d'autres programmes. Encore une fois, on ne tire pas notre argent par les
fenêtres. Nos analystes, avant de recommander une intervention, surtout
si elle porte sur des montants importants, vont examiner les états
financiers de la firme demanderesse.
M. Lincoln: Quand vous parlez de banque d'offres à
l'exportation, est-ce que vous parlez du rencensement des offres et demandes de
technologies qui ont donné lieu à votre bulletin Marché
technologique? Est-ce que c'est ce dont on parle?
M. Landry: C'est un aspect des choses. C'est offres et demandes
de technologies québécoises. Mais il y a aussi l'approche par
produit avec la collaboration du Centre de recherche industrielle du
Québec.
M. Lincoln: L'année dernière, vous parliez
d'inclure 200 technologies. On est maintenant arrivé à 100.
Est-ce qu'on est en retard sur le programme? Vous avez parlez de 200
technologies.
M. Landry: À un certain moment, on a atteint le chiffre de
200, mais il y en a qui entrent et il y en a qui sortent, n'est-ce pas? Il y a
là une somme algébrique. Là, on est en phase de
repérage d'autres technologies et notre banque se remplit et se vide
selon les demandes.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous donner une brève
idée des utilisations que vous faites de cette banque de données
sur 200 technologies?
M. Landry: Je vais vous dire une expérience que je vis
moi-même régulièrement. Je traîne avec moi ces
documents en mission. Alors, dans le pays d'accueil, nous faisons savoir au
service que nous rencontrons que nous avons besoin de 125 technologies pour
améliorer la productivité de nos entreprises et que
nous-mêmes sommes détenteurs de 75 technologies à vendre.
On répand cela dans les administrations publiques
étrangères et l'on attend qu'elles nous fassent des demandes plus
précises pour conclure des accords avec nos entreprises.
M. Lincoln: Dans la section des services-conseils, vous dites:
"Nous avons offert aux entreprises des services de consultation et
d'encadrement personnalisés en marketing international, plus
particulièrement aux 25 entreprises ayant bénéficié
de subventions majeures dans le cadre du programme APEX-Marketing."
Pourriez-vous nous dire combien de personnes sont affectées à ce
service, de quel type de consultation il s'agit et comment cela se compare
service de consultants privés que l'industrie pourrait avoir?
M. Landry: On a un service de consultation modeste, nous, parce
que notre attitude est beaucoup plus de refouler cela vers le privé. On
ne veut pas doubler les services de consultation privés. Sauf que dans
le cas d'interventions majeures, les 25 plus grands APEX, par exemple, on a mis
une personne agissant pour notre compte et le compte de notre client comme
consultant. Notre "philosophie est beaucoup plus de les envoyer vers les
consultants privés. On ne veut pas grossir notre équipe de
consultants pour aller prendre la place de gens qui, dans le secteur
privé, font déjà très bien la même chose.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a une personne attitrée
à ce programme ou bien si c'est une personne qui peut être
à l'une ou l'autre?
M. Landry: Non, c'était une personne attitrée
à temps plein à ce programme.
M. Lincoln: Une personne attitrée à ce programme
qui est toujours en place?
M. Landry: C'était un contractuel qui remet son rapport
dans les jours qui viennent et qui s'en va.
M. Lincoln: Ah bon! C'est un programme temporaire.
M. Landry: Notre ambition n'est pas d'être des consultants
universels des entreprises du Québec. Il y a des consultants
privés qui font ce travail et on leur envoie les gens.
M. Lincoln: Parmi les 25 entreprises qui ont reçu des
subventions majeures, en général de quel genre d'entreprises
s'agit-il? Est-ce de grandes entreprises, des entreprises
régulièrement exportatrices ou un mélange de toutes les
entreprises ou quoi?
M. Landry: II y en a de toutes les sortes, c'est un
échantillon, mais à forte prédominance PME.
M. Lincoln: Quand vous parlez de subventions majeures, vous
parlez de quoi?
M. Landry: De 50 000 $.
M. Lincoln: Pour ce qui est des consortiums, vous dites à
la page 24: Le MCE a fourni son expertise et sa contribution à 14 cas.
Il en résulte que trois consortiums regroupant 44 entreprises sont en
action, que 7 autres sont en constitution et que 4 ont finalement
abandonné la structure de regroupement. Je pense que, lors de votre
discours devant la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise, vous parliez de 8
consortiums en activité et 11 en formation. Est-ce qu'on pourrait
obtenir une liste de ces consortiums qui sont formés, qui sont actifs,
qui sont en formation ou qui sont en voie d'être
démantelés?
M. Landry: Oui, on peut vous la donner. J'ai fait une
conférence de presse, il y a quelques semaines, à Montréal
et les documents de la conférence de presse répondraient, je
pense, totalement à votre question. D'ailleurs, les gens des consortiums
étaient présents à cette conférence.
M. Lincoln: Selon vous, est-ce que les consortiums sont une
réalité qui va s'accélérer?
M. Landry: Oui, nettement, c'est une réalité qui va
en s'accélérant. J'ai ici sous les yeux la liste des projets
entrepris en 1983 et 1984 sur laquelle on travaille et j'en ai 14, là,
moi, ici en 1983-1984. Cela a démarré très lentement. Cela
a démarré avec des échecs, mais là je pense qu'on a
la formule. On a de plus en plus de succès et cela a tendance à
s'accélérer.
M. Lincoln: Est-ce que le temps va me manquer? Est-ce que je
pourrais passer brièvement à une dernière question au
ministre sur la stratégie?
La Présidente (Mme Harel): Oui, parce qu'il nous reste
environ quinze minutes avant de terminer nos travaux. M. le
député de Nelligan.
Direction de l'analyse et de la
stratégie
M. Lincoln: Sur le programme Analyse et stratégie
commerciale", vous parlez de mettre au point des instruments de mesure pour
mieux évaluer et orienter nos priorités sectorielles et
géographiques en matière de promotion des exportations.
Pouvez-nous donner quelques exemples de ces instruments de mesure pour
évaluer et orienter nos priorités sectorielles et
géographiques en matière de promotion des exportations? (11 h
45)
M. Landry: Je vais passer la parole au patron de cette
boîte qu'on n'a pas encore entendu, M. Gérald Audet.
M. Lincoln: Mme la ministre, Mme la Présidente, excusez
c'est un lapsus sans doute significatif. Est-ce que je pourrais ensuite poser
des questions au sous-ministre?
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. Pruneau répondra
à la question.
M. Landry: M. Gérald Audet qui est le directeur de
l'analyse et de la stratégie.
La Présidente (Mme Harel): De l'analyse des
stratégies. M. Audet.
M. Audet (Gérald): L'objectif général de
l'exercice est d'identifier des priorités à l'exportation pour le
gouvernement du Québec. Pour ce faire, on a besoin d'une masse
d'informations statistiques sur la demande internationale, la demande des
différents pays, les statistiques à l'exportation. Il faut
également préparer une méthodologie statistique pour
traiter les données. Il faut aussi faire appel aux banques d'information
qui diffusent des données très précises sur la demande de
chacun des marchés. Le système qu'on est en train de mettre en
place permettra d'avoir une cohérence et de déterminer nos
priorités à l'exportation en fonction également de la
demande internationale. Grosso modo, c'est le but de l'exercice.
M. Lincoln: Vous parlez notre langage, M. Audet, et je suis bien
content de savoir cela. Je crois que c'est la clé de tout. Est-ce que
vous auriez pu, par exemple, nous dire si vous en êtes au début ou
si vous êtes
arrivé à déterminer les secteurs prioritaires par
rapport aux produits et aux marchés? Où en êtes-vous
à ce stade-ci? Est-ce que cela commence ou si vous en êtes
arrivé à identifier des secteurs prioritaires?
M. Audet: Pour vous situer un petit peu le travail de la
direction générale, je dois dire que je suis en poste depuis le
mois d'août. Les directeurs de politique commerciale et analyse des
marchés sont entrés en fonction en septembre et huit de nos onze
professionnels sont entrés en fonction en janvier, de sorte qu'on est au
début de nos activités. Malgré tout, la
méthodologie de base est presque au point. Il nous reste un peu de
travail à faire dessus. La partie incomplète où il faudra
mettre beaucoup d'énergies, c'est la partie statistiques, la
cohésion entre les statistiques, les bases communes, la classification
internationale, classification canadienne, etc. Il y a beaucoup de
problèmes techniques, mais normalement on devrait, au cours des six
prochains mois, solutionner la majorité de ces problèmes.
M. Lincoln: Je réalise que j'ai une question très
floue et très globale. Je vous la pose parce qu'il y a des intervenants
dans le milieu qui nous ont parlé de cela et qui nous ont
souligné la chose jusqu'au point où on est convaincus qu'il y a
quelque chose là-dedans. Par exemple, l'Ouest canadien semble se
développer comme une espèce de base d'exportation pour le Sud-Est
asiatique et pour toute la région asiatique. Il y a un afflux de gens de
Hong Kong qui ont créé toute une colonie financière,
bancaire, commerciale qui commence à se développer à
Vancouver. Est-ce qu'il y a une stratégie des marchés qui
prendrait l'exemple de ce développement qui se fait dans l'Ouest
canadien comme une espèce de tremplin pour les exportations à
venir? Par exemple, les grosses multinationales que nous avons, les grosses
sociétés ou même les PME pourraient établir une base
qui permettrait un tremplin d'exportation vers la Chine, le Sud-Est asiatique
qui est vraiment le grand espoir des exportations de l'avenir. Est-ce que cela
pourrait être considéré?
M. Audet: Je ne suis pas certain d'avoir compris la question.
Vous dites, s'il y avait des bases d'exportation à partir de la Colombie
britannique pour explorer le...
M. Lincoln: Non. Vous faites une stratégie des
marchés par rapport à nos produits; c'est cela qu'on cherche.
Cela nous frappe que récemment beaucoup d'intervenants nous disent que
l'Ouest canadien devient une espèce de tremplin pour les exportations
vers le Sud-Est asiatique. Il se fait comme une espèce de
mutualité. Il y a des gens de Hong Kong qui commencent
déjà à quitter Hong Kong pour bâtir une
espèce de cercle financier, bancaire, commercial à Vancouver. On
pourrait justement faire la même chose. Est-ce qu'il n'y a aucune
politique pour diriger ou situer cela comme une espèce de marché
cible possible avec le dédoublement de nos sociétés
là-bas qui se serviraient de cela comme d'un tremplin pour le Sud-Est
asiatique?
M. Pruneau: Si vous le permettez, Mme la Présidente, je
répondrais au député.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. Pruneau.
M. Pruneau: Merci. C'est bien connu, M. le député,
que le "Pacific Rim", compte tenu des facilités de transport, a certains
attraits dans certains types de produits. D'autre part, vous comprendrez
également que ce n'est pas le rôle du ministère de dire
à la firme où elle doit se localiser pour percer de nouveaux
marchés. Notre mandat n'est pas de faire déplacer
l'activité économique du Québec vers l'Ouest, mais, bien
au contraire, de trouver des moyens pour, nonobstant cette facilité
géographique d'exportation, réussir du Québec à
battre cette concurrence qui devient de plus en plus sérieuse et de plus
en plus présente.
M. Lincoln: Je parlais d'un système de "joint venture". Je
peux citer, par exemple, l'intervention du ministère qui a fait un
"joint venture" avec l'Ontario dans le cas d'un projet qui, je crois,
était en Amérique latine où, les deux ensemble, on a
réussi...
M. Pruneau: Singapour.
M. Lincoln: Je pense que c'était à Singapour. C'est
ce genre de chose qui fait qu'aujourd'hui on a une colonie financière
qui s'implante en Asie. Je parle de ce genre de système de consortium,
de "joint venture" peut-être de province à province, mais
peut-être d'entreprise. C'est ce genre de chose quand on parle de
stratégie.
M. Pruneau: Bien sûr qu'une grande partie des grands
contrats internationaux nécessite la formation de "joint ventures" et de
consortiums pour diverses raisons. C'est rarement à cause de la
localisation des firmes, mais c'est surtout à cause des expertises. Dans
le cas que vous mentionnez, celui du métro de Singapour,
évidemment, c'était UTDC, de l'Ontario, une société
d'État, qui avec une société privée du
Québec, Bombardier, a fait une soumission pour ce grand projet. Le fait
qu'une troisième firme aurait pu être présente dans le
consortium, venant, par ailleurs, de la
Colombie britannique, n'aurait probablement rien apporté
strictement à cause du facteur de la localisation; cela aurait
été des expertises techniques.
M. Lincoln: Je suis d'accord. Tout à fait.
M. Pruneau: Mais c'est la voie de l'avenir, bien entendu, dans de
grands contrats internationaux, de regrouper les forces avec d'autres
entreprises qui peuvent être canadiennes ou étrangères.
M. Lincoln: Tout à fait. Je donnais cela seulement
à titre d'exemple. Je ne disais pas que, dans le cas de Singapour, cela
aurait été mieux. Ce que je voulais dire, c'est que votre
ministère s'est impliqué jouant un peu le rôle de "go
between", de catalyseur pour arriver à faire cette chose entre
Bombardier et la compagnie de l'Ontario.
M. Pruneau: J'aurais bien aimé que nous ayons
été au tout début. Les firmes se retrouvent. C'est
vraiment Bombardier et UTCD qui ont découvert que, conjointement, elles
étaient en meilleure position pour concurrencer. Nous, notre
intervention est arrivée après. Dans le cas de grandes
sociétés, vous comprendrez qu'elles ont des services juridiques
et des possibilités de se regrouper en consortium. Nous, notre
intervention est venue après, lors des besoins de garantie. Le
gouvernement de l'Ontario a garanti 400 000 000 $ dans le cas de UTDC et le
gouvernement du Québec 400 000 000 $ dans le cas de Bombardier. Cela
n'exclut pas - j'avais des gens dans mon bureau cette semaine - des
sociétés beaucoup moins grandes qui, elles, veulent aller sur le
marché chinois. Deux sociétés venaient me voir pour
essayer de me demander quels sont les services que nous pouvons leur apporter
pour leur aider à devenir des partenaires, elles qui sont normalement
des concurrentes. Donc, on trouve des façons de leur aider.
M. Lincoln: C'est dans cette ligne de pensée.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, je veux simplement vous rappeler qu'il reste à peine quelques
minutes avant la fin de nos travaux. Je vous inviterais peut-être
à poser une dernière question.
M. Lincoln: D'accord.
La Présidente (Mme Harel): Très bien.
M. Lincoln: Brièvement une ou deux questions. Le 7 octobre
1983, le ministre a parlé de la formation d'un groupe de marketing
international qui tenterait de convaincre des industriels américains et
européens qu'il leur en coûterait moins cher de produire au
Québec que dans leur pays respectif. Il avait annoncé que cette
offensive de marketing allait commencer dans les semaines suivantes. Où
en sommes-nous avec ce projet?
M. Landry: L'action du gouvernement, sans attendre même la
formation du groupe, a commencé effectivement. Hier, j'entendais encore
le ministre de l'Énergie et des Ressources faire allusion à
quelques dossiers d'alumineries et d'entreprises qui consomment du courant
électrique. L'action est commencée avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources, le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, le ministère du Commerce extérieur, le
Secrétariat général du gouvernement pour coordonner les
efforts de tous les intervenants en matière d'attraction
d'investissements en utilisant les prix de l'énergie. Mais on n'a pas
attendu que le groupe soit "opérationnel" pour le faire. Pechiney, les
bulldozers sont sur le terrain; Reynolds fait ses travaux, etc.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Une dernière question que je veux poser
peut-être à M. Audet, par l'entremise du ministre. Quelle est la
relation entre la direction de l'analyse et de la stratégie, qui est la
clé de tout pour l'avenir - parce que la stratégie, c'est la base
de tout - et la direction du développement de l'offre? Quelle est la
coordination qui se fait? Est-ce que la direction de l'analyse et de la
stratégie, après avoir défini des secteurs prioritaires,
ce qu'elle va faire de plus en plus quand elle sera en marche, va avoir une
influence sur les actions de l'offre?
M. Landry: Je pense que c'est plutôt au sous-ministre de
répondre à cette question.
M. Lincoln: Pardon! D'accord.
La Présidente (Mme Harel): M. Pruneau.
M. Landry: Puisque cela dépasse une des directions;
déjà, on en a deux de mentionnées.
M. Pruneau: Merci, Mme la Présidente. Effectivement, M. le
député, vous avez raison. Ce que nous sommes en train de faire
à l'intérieur du ministère et non seulement entre les deux
directions générales que vous avez identifées, mais
également avec les autres directions, celle qui cherche à former
les exportateurs au tout début et la coopération
économique qui est une autre
des directions, c'est arrimer, à travers le bureau des
sous-ministres, un système qui permet d'avoir un échange
d'informations constant. La direction de M. Audet, plus
particulièrement, va produire des fiches techniques sur les
marchés d'exportation qui, d'une part, vont servir à la direction
de M. Girard pour choisir ses marchés cibles, mais également les
activités que nous faisons vont déterminer le genre de travail
que M. Audet va faire en termes de recherches sur les marchés
spécifiques. C'est dans cet esprit que nous allons, j'espère
bien, réussir avec les mêmes ressources à augmenter de
façon substantielle la productivité du ministère.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie tous.
Est-ce que nous allons maintenant procéder à l'adoption et
du programme et de l'ensemble des crédits budgétaires? Je vais
mettre aux voix le programme 1. Il s'agit, en fait, du seul programme qui nous
concerne.
M. Landry: C'est le seul.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Landry: Adopté. M. Lincoln: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère du Commerce
extérieur est adopté?
M. Lincoln: Adopté. M. Landry: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Conformément à un
ordre de l'Assemblée nationale, la commission ajourne ses travaux au
mardi 10 avril, à 10 heures, à la salle du Conseil
législatif. Je vous remercie pour le ton et le climat dans lesquels se
sont déroulés nos travaux.
M. Lincoln: La même chose, Mme la Présidente, je
vous remercie beaucoup.
M. Landry: Merci, madame. Merci, messieurs.
(Fin de la séance à 11 h 58)