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(Dix heures onze minutes)
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre! La commission
permanente de l'économie et du travail commence ses travaux. Cette
séance de la commission de l'économie et du travail a pour objet
d'étudier les crédits budgétaires du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, conformément au mandat qu'elle
a reçu de l'Assemblée nationale. Avec le consentement de ses
membres, nous allons commencer les travaux immédiatement.
Je vais appeler l'élément 3 du programme 3, c'est bien le
cas. M. le député de Laporte.
Ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme
M. Bourbeau: Seulement une question préliminaire, Mme la
Présidente. Étant donné qu'il avait été
convenu que le volet tourisme serait étudié cet
après-midi, c'est donc la dernière séance que nous avons
pour étudier le secteur commerce et industrie. Nous aurions aimé
avoir un peu de temps pour discuter de certaines sociétés. Est-ce
qu'il est question de suspendre la séance à 12 h 30 ou à
13 heures?
La Présidente (Mme Harel): Le mandat que nous avons
reçu de l'Assemblée nationale précise 12 h 30, à
moins qu'il n'y ait consentement unanime. Mais il y a peut-être des
membres de cette commission, incluant le ministre, qui ont des engagements.
Peut-être qu'on pourrait entendre, la recommandation de M. Laporte...
elle serait dans le sens que, à l'unanimité, nous prolongions
jusqu'à 13 heures.
M. Bourbeau: Je vous signalerais que c'est M. Bourbeau et non M.
Laporte.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je serais bien d'accord pour terminer à 12 h
30 si on a eu le temps d'étudier un peu quelques société
d'État ou, enfin, en parler un peu. Cela pourrait dépendre
où on est rendu. Mais s'il arrivait que, à 12 h 30, on n'ait pas
eu l'occasion de discuter de certaines des sociétés, est-ce que
le ministre aurait objection à prolonger jusqu'à 13 heures?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, avant que vous
répondiez, il faut que je vous dise que le mandat qui a
été donné est dans le sens que les travaux débutent
à 10 heures et se terminent à 12 heures. Donc, si nous voulons
prolonger, il va falloir qu'il y ait consentement. M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, je serais prêt à
aller jusqu'à 12 h 30, mais je ne peux malheureusement pas continuer
après cela. J'ai un rendez-vous important.
M. Bourbeau: Le problème, c'est que, hier, on a
commencé à 10 h 25 environ et, ce matin, il est pratiquement 10 h
15; alors, on a déjà perdu une grosse demi-heure, plus
même, en délai de départ.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais inviter les
membres de la commission à faire diligence pour que les interventions
portent sur les préoccupations des membres de cette commission. Je vais
passer immédiatement la parole au député de Laporte, sur
l'élément 3 du programme 3.
M. Bourbeau: Je n'ai pas de question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, est-ce qu'on peut
considérer l'étude comme étant terminée, celle de
l'élément 3 du programme 3? Terminé. On passe à
l'élément 4 du programme 3. M. le ministre.
Services aux entreprises manufacturières et aux
commerces
M. Biron: On remarque, Mme la Présidente, qu'il y a des
augmentations importantes autant au point de vue traitements du personnel que
de communications aux services. Ces augmentations importantes reflètent
justement l'arrivée, au MICT, d'une centaine de nouveaux, dont 60
spécialistes en développement industriel dans les
différents bureaux régionaux. Les traitements sont inclus, de
même que communications et services à cause de leurs frais de
déplacement. Il y a un peu plus pour cette année parce qu'il y a
des frais de recyclage
pour ces gens qui nous viennent du domaine de l'éducation.
Alors, pour les premières semaines, il y a beaucoup plus de frais
pour ces gens qui sont arrivés vers le 15 mars. Ils sont en cours de
session de recyclage pour en faire de véritables spécialistes de
développement industriel.
La Présidente (Mme Harel): Des interventions? M. le
député de Laporte et je m'inscris, par la suite.
M. Bourbeau: Enfin, il y a trois postes dans cet
élément qui sont gonflés d'une façon importante. Il
y a les traitements qui sont gonflés d'au-delà de 3 000 000 $. Il
y a les communications pour environ 750 000 $ et, également, il y a les
services qui augmentent de 225%. Est-ce que ce dont vient de parler le
ministre, c'est suffisant pour faire augmenter ces postes d'une façon
aussi importante?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Oui, puisque nous avions 68 personnes en région
autrefois et, à compter de cette année, nous en aurons 166 ou
quelque chose comme cela, cela veut dire qu'on a plus que doublé notre
personnel en région. Bien sûr, les responsables au centre qui
étaient une quinzaine resteront à peu près le même
nombre. Cela veut dire que le personnel total en fonction de cet
élément, Services aux entreprises manufacturières double
de 1983-1984 à 1984-1985. Les frais de services sont surtout les frais
de formation pour les premières semaines d'une formation intensive pour
ces gens. On doit les réunir pendant quelques semaines, rencontrer des
spécialistes et des industriels et, après, il y a de la formation
sur place dans chacune des régions. C'est ce qui explique ces
augmentations pour cette année.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je m'en
voudrais... Oui.
M. Biron: Une petite question. Dans le service, il y a 200 000 $
qu'on a gardés pour le parrainage pour les bourses d'affaires. Quant aux
jeunes étudiants qui vont être parrainés par un industriel,
un commerçant ou un spécialiste de la gestion, nous ne leur
donnons aucun salaire, mais certains vont demander des frais de
déplacement ou quelque chose comme cela. On a prévu
jusqu'à 1000 $ pour chacun des parrains de frais de déplacement
pour une année. Il y a 200 000 $ de prévus pour les bourses
d'affaires.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre. M. le
ministre, je m'en voudrais de ne pas vous transmettre la déception dont
m'ont fait part plusieurs intervenants montréalais quant à
l'abolition du programme des PME et outils de gestion. J'aimerais vous demander
si votre décision est arrêtée définitivement
à ce sujet. Ce sont là deux programmes qui ont très bien
performés à ma connaissance durant la dernière
année et qui ont rendu de très grands services aux petites et
moyennes entreprises, de même qu'aux finissants des institutions
d'enseignement. Je dois vous dire que la déception a été
très grande. Je pense qu'il y a beaucoup d'attente dans le milieu et un
espoir qu'il puisse y avoir modification de la décision à cet
effet.
M. Biron: Je crois que votre intervention s'avère... il
s'agit de trois programmes sur lesquels les transferts à chaque individu
n'étaient pas très élevés; outils de gestion,
c'était 5000 $ ou 6000 $; PME, environ 10 000 $ et gestion marketing, 15
000 $ ou 20 000 $, toujours à condition que les entreprises y
participent. Cela a été des programmes qui ont performé
d'une façon extraordinaire en 1983-1984. Nous avons demandé les
budgets nécessaires pour les continuer en 1984-1985, 1985-1986.
Malheureusement, au comité des priorités, nos budgets ont
été sensiblement coupés, mais nous sommes en
renégociation présentement avec le comité des
priorités. Nous sommes même à regarder à
l'intérieur de nos propres budgets s'il n'y a pas lieu de
déplacer certaines priorités, parce que former des entrepreneurs
surtout ces jeunes diplômés universitaires ou issus de
collégial professionnel la première année au niveau d'une
entreprise, c'est une expérience qui vaut plusieurs années
d'éducation théorique, parce que c'est une expérience
pratique. Ce qui est intéressant dans ces cas aussi, c'est que les
universités y ont participé. On a réussi à
établir - je pense que c'est la première fois de l'histoire -
d'une façon systématique une excellente relation entre
l'école et le travail. Dans ce sens, je peux vous assurer qu'il y a un
peu de budget de prévu, mais très peu pour 1984-1985.
J'espère, au cours des prochaines semaines, être en position
d'annoncer qu'on a obtenu les budgets nécessaires pour poursuivre les
trois programmes pour 1984-1985. Le troisième, outils de gestion, les
fonds nous sont venus du ministère de la Main-d'Oeuvre. Nous sommes en
négociation avec Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre pour
transférer les 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ nécessaires pour la
poursuite d'outils de gestion. Je dois vous dire que l'an dernier, c'est
au-delà de 200 jeunes diplômés universitaires que nous
avons placés dans les entreprises; outils de gestion, c'est 850 jeunes
diplômés universitaires et, avec le programme gestion marketing,
c'est tout près de 400 entreprises
manufacturières, des petites entreprises de moins de 200 emplois
qu'on a pu aider avec ce programme.
La Présidente (Mme Harel): De mon côté, comme
présidente de la commission, je pense qu'on peut vous assurer qu'on est
prêt à soutenir les efforts que vous faites présentement
pour obtenir le maintien de ce programme.
M. Biron: Merci.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Brièvement,
dans les principales orientations de directions régionales on retrouve
le mandat des élections régionales: orientations et
activités prioritaires, développement de l'entrepreneurship,
l'évaluation des services, représentations et appui du
ministère aux régions. C'est le dernier élément que
je voudrais toucher. Cela se rapporte à l'organisation administrative
des directions régionales.
Le ministre pourrait-il nous donner les informations sur l'organisation
administrative des directions régionales en rapport avec les effectifs,
et si possible, par la suite ou au cours des débats de cette commission,
nous faire parvenir le tableau des effectifs, et ce, par région
administrative du Québec.
M. Biron: Oui, je peux vous remettre un tableau par région
administrative. J'ai devant moi ce tableau avec les chiffres que je donnais
tout à l'heure au député de Laporte. L'an dernier, en
1982-1983, il y avait un cadre, 46 professionnels, 21 personnes de soutien pour
un total de 67. Cette année, il y aura neuf cadres, 109 professionnels
au lieu de 46 et 45 personnes de soutien pour un total de 169. Depuis ce temps,
il y a eu certains transferts avec poste et crédit de certains autres
ministères. Des gens disents: C'est le "fun" du développement
économique; c'est une division d'avenir. On réussit à
faire transférer des gens avec poste et crédits. Je peux dire
aujourd'hui qu'il y a 172 personnes au service de la direction
générale alors qu'il y a un an il y avait 167 personnes. Or, on
pense, que ce faisant, on peut mieux répondre aux problèmes des
chefs d'entreprise et surtout les visiter.
C'est sûr que dans une région comme Montréal, par
exemple, comme la région sud, Longueuil, il y a beaucoup plus de
personnel parce qu'il y a beaucoup plus d'entreprises, alors que dans certaines
régions, il y a moins de personnel parce qu'il y a moins
d'entreprises.
M. Perron: M. le ministre pourrait-il fournir le tableau qui
indique la répartition régionale des effectifs?
M. Biron: Oui.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 4 du programme 3 est-il terminé?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Harel): Nous passons donc à
l'élément 5.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je n'ai aucune question,
dans le but d'accélérer les travaux.
M. Perron: Aucune question.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce qu'on considère
l'étude de l'élément 5 du programme 3 comme
terminée?
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous passons à
l'élément 6 du programme 3: Contrôle, surveillance et
développement des associations coopératives.
Contrôle, surveillance et développement
des associations coopératives
M. Biron: Mme la Présidente, je dirai comme information
qu'il y a une augmentation importante à la catégorie transfert.
C'est ce qui reflète le projet de loi qui est devant nous et qui n'a pas
encore été étudié: projet de loi sur le
développement des coopératives. Or, il y aura déjà
un montant de prévu de 1 500 000 $ de transferts à partir de la
direction des coopératives du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme à la Société de
développement des coopératives.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je veux souligner que si,
à l'occasion, l'Opposition dit qu'elle n'a pas de question à
poser sur un élément, ce n'est pas parce que cela ne
l'intéresse pas, mais parce que nous sommes limités dans le temps
et que nous voulons conserver du temps pour plus tard, quitte à revenir
l'an prochain d'une façon plus approfondie sur ces sujets.
N'est-ce pas irrégulier que de voter des crédits à
l'égard d'une loi qui n'existe pas encore? Qu'arriverait-il par hasard
si l'Assemblée nationale refusait d'adopter la loi ou ne l'adoptait pas,
comme c'est arrivé dans certains cas? Alors, qu'arrive-t-il à ce
moment-là? N'est-ce pas présumé d'une décision de
l'Assemblée nationale qui n'est
pas venue?
Une voix: On va voter pour. M. Biron: II y a une
société...
M. Bourbeau: La loi 48 aussi vous deviez voter pour, mais elle
n'est pas encore adoptée.
M. Biron: ...qui existe d'ailleurs, la Société de
développement des coopératives qui est une société
mixte à laquelle on pourrait transférer théoriquement des
sommes d'argent alors qu'elle fonctionne tout simplement des prêts du
gouvernement. Si les sommes d'argent n'étaient pas
dépensées, c'est comme n'importe quel élément
à ces crédits, cela fera tout simplement des crédits
périmés à la fin de l'année, mais nous devons
prévoir certains crédits pour des actions précises que
nous voulons mener. Je comprends le député de Laporte d'en
parler, lorsqu'on commencera l'étude du projet de loi sur le
développement des coopératives d'ici à quelques semaines,
on pourra avoir une discussion de fond sur les actions du ministère dans
le développement des coopératives.
M. Bourbeau: Très bien, merci.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 6 du programme 3 est terminée?
Une voix: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): J'appelle l'étude du
programme 4. Soutien aux sociétés et organismes d'État.
L'élément 1 du programme 4.
M. Biron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Les sommes sont tout simplement un transfert au CRIC,
selon la loi 50 qui a été votée il y a déjà
deux ans. Il y avait des montants statutairement votés. Les sommes
représentent la loi qui a été votée il y a deux
ans.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 1 du programme 4 est-elle terminée? J'appelle
l'étude de l'élément 2. Institut national de
productivité.
Institut national de productivité
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'aimerais poser quelques questions au ministre sur
l'Institut national de productivité. Je voudrais demander au ministre
quel est l'état de la productivité de l'Institut national de
productivité?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Au cours des premières années, il y a eu
beaucoup de recherche. En fait, lorsqu'un institut national de cette trempe
commence ses travaux, il y a beaucoup de recherche. Dans le fond, on fait du
défrichage et on essaie de mettre tout le monde autour de la même
table.
Cela a été assez difficile parce que le monde syndical a
voulu collaborer tout de suite au début. On a eu une excellente
collaboration des trois centrales syndicales qui oeuvrent dans le domaine
privé: la CSN, FTQ et CSD. Par contre, les représentants
patronaux ou les organismes patronaux n'ont pas voulu officiellement
déléguer des représentants. Ils ont dit: Choisissez parmi
le monde patronal, mais nous ne voulons pas déléguer de
véritables porte-parole du monde patronal.
On a eu de longues discussions avec les différents
représentants patronaux et syndicaux lorsque je suis arrivé au
ministère et, finalement, depuis un an, il semble que les
représentants patronaux, les organismes patronaux, ont
décidé de déléguer des gens en
responsabilité pour parler au nom du monde patronal, ce qui a pu
finalement débloquer certains dossiers et avoir une discussion beaucoup
plus franche sur la productivité en général.
Il faut bien réaliser que ce n'est pas l'Institut national de
productivité qui descend dans les usines et qui fait faire des
changements. On ne veut pas non plus opérer à ce niveau. Tout ce
qu'on veut, c'est sensibiliser la population québécoise, autant
les chefs d'entreprise que les travailleurs et les travailleuses, au concept de
productivité, d'amélioration de productivité et bien faire
comprendre qu'une augmentation de productivité ne veut pas dire
travailler plus fort, suer plus. Cela veut tout simplement dire être plus
intelligent. Cela veut dire organiser, avec des méthodes modernes de
production, les différentes entreprises québécoises.
Dans ce sens, je dois dire que l'Institut national de
productivité a maintenant atteint un rythme de croisière. Bien
sûr, à l'intérieur de l'institut, nous allons, au cours des
prochaines années, faire beaucoup moins de recherche. On va faire plus
d'action de sensibilisation du monde, du vrai monde, alors qu'au départ,
pour les premières années, on a fait beaucoup de recherche.
La Présidente (Mme Harel): M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: D'après les informations que nous avons, il
appert que l'institut ou quelques-uns de ses membres auraient fait des missions
à l'étranger au cours de l'année. Est-ce que le ministre
pourrait déposer les détails sur ces missions, les coûts de
ces missions, les rapports des missions, le nom des personnes qui ont
assisté à ces missions, etc.? Enfin, je pose cette question en
premier lieu.
M. Biron: Je déposerai cela, Mme la Présidente,
pour l'information des membres de la commission. J'essaierai de les avoir cet
après-midi, si c'est possible. Sinon, je les remettrai à chacun
des membres de la commission lors d'une autre séance, la semaine
prochaine.
La Présidente (Mme Harel): C'est-à-dire que, M. le
ministre, vous allez en faire la distribution, le dépôt donnant
lieu à une autre procédure.
M. Biron: Exact.
La Présidente (Mme Harel): Très bien.
M. Biron: Comme complément à ma première
intervention, je dois aussi rajouter que l'Institut national de
productivité est vraiment un institut horizontal, qui touche la
productivité en général. À la suite des discussions
qu'on a eues avec l'Institut national de productivité, nous avons
décidé de créer des centres sectoriels de
productivité qui s'adressent plutôt à l'entreprise
elle-même et aux concepts de production.
Vous retrouvez d'ailleurs à nos crédits le Centre de
productivité du textile pour 150 000 $ cette année, le Centre de
productivité du vêtement pour 300 000 $ et le Centre de
productivité du meuble pour 225 000 $. On est en train d'étudier
un centre de la mode. Les décisions finales ne sont pas encore prises
mais devraient être prises au cours des prochaines semaines. (10 h
30)
Ce qui veut dire que, finalement, avant même de parler de mode, il
y a 675 000 $ additionnels réservés pour la productivité
dans des domaines plus sectoriels, comme le textile, le vêtement et le
meuble. Mais ces centres sont dirigés par des chefs d'entreprise avec la
présence de représentants du monde du travail et du monde
commercial. Il y a des représentants de grands commerces qui oeuvrent
dans le domaine du textile, du vêtement et du meuble qui disent ce qu'ils
en pensent, qui disent leur mode, leurs objectifs pour les prochaines
années et, à l'intérieur, la majorité de
sièges est toujours accordée aux manufacturiers. Les
manufacturiers voient ce qu'ils peuvent faire et ils essaient de mettre en
pratique de choses, autant des outils de production que d'autres, mais qui sont
à la disposition de toutes les entreprises québécoises qui
veulent faire appel aux centres de productivité de ces secteurs. Cela
veut donc dire qu'en fait on retrouve des crédits qui sont sensiblement
les mêmes que ceux de l'an dernier ici à l'Institut national de
productivité, mais si l'on comptait ce qu'on fait aussi à des
centres sectoriels de productivité qui sont comptabilisés
à d'autres éléments de notre action, il y aurait une
augmentation de tout près de 700 000 $ cette année
comparativement à l'an dernier.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Les objectifs de l'Institut national de
productivité sont la promotion de la productivité et la
mobilisation des efforts collectifs. Or, on constate que, depuis les deux
dernières années, le budget alloué à l'institut
à sensiblement diminué. Il a diminué de 40% l'an dernier
et, cette année, il diminue très légèrement. On
constate également que l'institut ne réussit pas à
dépasser son budget de sorte que, à la fin de l'exercice
financier 1982-1983, il accusait un surplus d'environ 360 000 $ et, à la
fin de l'exercice, au 31 mars 1983, l'institut avait tout près de 600
000 $ en dépôt à terme. Des fonds qu'il n'avait pas
réussi à dépenser et qu'il conserve à la fin de son
année budgétaire, un peu comme des profits d'une entreprise
capitaliste.
Mme la Présidente, je m'étonne un peu qu'un organisme
comme celui-là, ou bien il ne fait pas bien son travail et ne
réussit pas à dépenser les fonds, ou bien c'est parce que
les budgets qui lui sont alloués sont trop importants. À ce
moment, il y a de sérieuses questions à se poser en ce qui
concerne l'utilité d'un organisme comme celui-là ou, enfin,
l'importance des crédits qui lui sont alloués. Est-ce que c'est
normal qu'un organisme comme celui-là ait une somme d'argent en
dépôt à la banque, en dépôt garanti, qui
représente les deux tiers de son budget annuel?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: L'intervention du député de Laporte sur
les dépôts à terme de l'Institut national de
productivité est juste parce que ce fut aussi notre constatation et ce
fut aussi ce qui explique une diminution du budget. En fait, probablement qu'on
avait des budgets un peu plus élevés que les besoins réels
de l'institut. Au cours des dernières années, l'institut a fait
un bon travail. Or, tout de suite l'an dernier, nous avons
récupéré une partie des dépôts
à terme et cette année, nous récupérons l'autre
partie des dépôts à terme, ce qui devrait vouloir dire
qu'à la fin de l'année, il y aura sensiblement à peu
près zéro comme dépôt à terme entre les mains
de l'institut. Donc, l'institut réussira à produire, au cours des
prochaines années, avec les budgets votés par l'Assemblée
nationale. La diminution des budgets, au cours des deux dernières
années, reflète la volonté du gouvernement de
récupérer justement ce que le député de Laporte
vient de citer, c'est-à-dire des dépôts à terme qui
sont là et qui ne rapportent que des intérêts.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'ai une dernière
question. On ne peut pas faire autrement que se poser des questions quand on
voit un organisme comme cela qui fait des profits de l'ordre du tiers de son
budget, par année, et qu'on constate qu'on ne se gêne pas pour
faire ce qu'on appelle des missions à l'étranger.
Immédiatement, des questions se posent et le ministre comprendra qu'on
aimera à en savoir pas mal plus long sur les missions que les membres de
l'institut font à l'étranger.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, c'est exact. J'ai
répondu que je déposerai la liste de ces missions mais il faut
aussi concevoir que la productivité est un concept tellement large,
tellement vaste, que de temps à autre il faut voir ce que d'autres font
ailleurs.
Il faut voir certains pays comme la Suède et la Yougoslavie
où l'on a une très forte productivité, aussi en Allemagne,
la productivité est très forte. Il faut donc, de temps à
autre, aller voir pourquoi ces gens réussissent à avoir une
excellente collaboration entre le monde du travail et le monde patronal.
Ce sont des missions qui rapportent finalement à la
collectivité québécoise.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le
député.
M. Gagnon: Sur le même sujet quand vous avez parlé
tantôt de 675 000 $ qui iraient vers le textile, le vêtement et le
meuble. Est-ce que ce sont des sommes qui pourraient aider l'industriel qui est
dans ce domaine? De quelle façon peut-on aussi demander un industriel ou
une industrie nationale de la productivité à savoir quels
services on pourrait nous rendre directement? Est-ce qu'il faut passer par la
région? De quelle façon cela se fait-il?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: D'abord, les bureaux régionaux du
ministère en région vont donner les informations
nécessaires. Les industriels ne font pas appel à l'Institut
national de productivité mais aux centres de productivité.
D'ailleurs tous les industriels sont avisés, puisque la majorité
des membres du conseil d'administration sont des industriels. Ces centres de
productivité vont développer des concepts nouveaux de production.
Exemple, dans le vêtement, on développe du taillage au laser, etc.
Je pense que c'est la méthode moderne. On étudie, au lieu qu'une
entreprise fasse l'étude elle-même et soit la seule à en
bénéficier et, parfois cela coûte cher à
l'entreprise de faire cela. C'est le centre de productivité qui est
financé en partie par le gouvernement et en partie aussi par les
entreprises. L'objectif est moitié moitié ou quelque chose comme
cela, qui fait en sorte de faire les études nécessaires, de faire
les expériences et de fournir aux entreprises le résultat des
expériences.
Une fois que l'expérience est vécue, si c'est bon et que
l'entreprise désire s'équiper, le centre de productivité
va lui aider à s'équiper et à augmenter sa
productivité.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: En additionnelle, je présume que c'est la
même chose quand on parle de voyages à l'étranger. Je
présume que ce sont des voyages organisés aussi avec
l'entreprise. Ce n'est pas seulement des personnes ou des fonctionnaires de
l'institut qui partent pour l'étranger mais avec les entrepreneurs dans
différents domaines où l'on veut faire de la recherche.
M. Biron: Dans le cas de l'institut, il y a moins d'industriels.
Quand on parle des centres de productivité, c'est vraiment sectoriel.
Vous avez des gars du meuble, du vêtement, du textile. Quand on parle de
l'institut, c'est plus du grand monde patronal soit le Conseil du patronat, la
Chambre de commerce, ces gens qui représentent tous les secteurs
d'activité économique autant commercial qu'industriel ou
touristique. Quant aux missions, il faudrait que je vérifie pour vous
donner la réponse exacte, mais en vous remettant une copie des missions,
je pense qu'on va pouvoir vous donner les informations nécessaires.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 2 du programme 4 est terminée?
L'élément 3?
Société Inter-Port
M. Biron: Mme la Présidente, à
l'élément 3, la Société Inter-Port est une
société mixte, fédérale-provinciale. Les fonds nous
proviennent d'une entente auxiliaire fédérale-provinciale qui a
été reconduite, d'ailleurs, pour deux autres années au
cours des dernières semaines.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On pourrait poser des questions pendant une
journée sur la Société Inter-Port tellement son mandat ou
ses activités sont vastes. On n'a manifestement pas le temps de le
faire. J'aimerais simplement poser une question au ministre. Est-ce que la
Société Inter-Port a quelque chose à faire avec la
construction éventuelle des voies ferrées dans le centre de
Québec du Canadian National, je fais référence à la
gare de Sainte-Foy dont on dit qu'éventuellement la voie ferrée
sera prolongée jusque dans le centre-ville de Québec pour
permettre l'aménagement de l'ancienne gare du Palais? Je ne sais pas si
cela a trait à la gare intermodale. Est-ce que le ministre pourrait nous
renseigner à ce sujet?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: II y a tellement eu d'intervenants dans la gare
intermodale que je dirais que Dieu me garde d'intervenir dans ce dossier. La
Société Inter-Port n'intervient pas dans ce dossier de gare
intermodale.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que la Société Inter-Port
intervient avec le CN dans la construction des rails jusque dans le
centre-ville de Québec?
M. Biron: Non, elle n'intervient pas non plus. La
Société Inter-Port fait plutôt de la promotion de
développement de la grande région de Québec. Pour
l'information du député de Laporte, l'objectif de la
Société Inter-Port est non pas d'en faire une
société fédérale-provinciale mais de
l'élargir encore plus et d'en faire une société dans
laquelle les municipalités aussi seront intéressées.
Enfin, j'ai parlé à plusieurs reprises avec la Communauté
urbaine de Québec et le maire de Québec en particulier. Nous
avons entrepris des discussions pour voir sous quelle forme de participation
autant au point de vue de la participation aux dépenses que de la
participation aux décisions les municipalités de la grande
région de Québec pourraient avoir à l'intérieur de
la Société Inter-Port. Cela pourrait devenir avec le temps une
société fédérale-provinciale-municipale qui aurait
comme objectif le développement économique de la grande
région de Québec. Elle pourrait, en concertation avec les
principaux intervenants, les commissaires et les commissariats de
développement économique, coordonner les actions de tout ce
monde, mais, encore une fois, les modalités de l'entente ne sont pas
définies. Sur le principe, nous disons oui, et il faut qu'il y ait une
participation municipale, mais il s'agit maintenant de s'entendre pour que
chaque municipalité voie son autonomie respectée.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 3 du programme 4 est-elle terminée? Alors
j'appelle l'étude de l'élément 4. M. le
député de Duplessis.
SIDBEC
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais d'abord
rappeler textuellement les paroles exprimées ici en commission, hier,
par le député de Laporte. Il a mentionné la phrase
suivante: II est important que les gens de Gagnon et de la Côte-Nord
soient bien informés de la situation. Je présume qu'il voulait
aussi mentionner que le Parti libéral devait également être
très bien informé de la situation de SIDBEC-Normines en
particulier.
Je voudrais poser une question au ministre, à savoir s'il est
informé que la population de Gagnon, par le biais de son conseil
municipal, a demandé à toutes les instances, c'est-à-dire
aux organismes du Québec tels les ministères du gouvernement, les
médias d'information et tous les autres organismes politiques ou autres,
de bien vouloir ne pas discuter du dossier de SIDBEC et SIDBEC-Normines en
public, tant et aussi longtemps qu'une décision n'aura pas
été rendue dans un sens ou dans l'autre, c'est-à-dire:
maintien, rationalisation ou fermeture des installations minières de la
ville de Gagnon.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Oui, Mme la Présidente, j'ai discuté
à plusieurs reprises avec les principaux intervenants de ce dossier. Il
y a d'ailleurs eu plusieurs discussions. Je comprends l'intervention du
député de Duplessis et je comprends celle des
municipalités et des principaux intervenants. C'est un dossier où
il est assez long à apporter une solution, ce qui inquiète les
personnes concernées qui ne savent pas si cela va continuer ou non, ou
quel genre d'opération on pourra avoir ensuite, quelle sorte de
sécurité ou à quel endroit on va travailler. C'est
toujours inquiétant pour la
population. D'ailleurs, j'ai essayé autant que possible, tout au
long de l'étude et de l'évolution de ce dossier, d'être
très prudent dans mes déclarations afin de ne pas
inquiéter outre mesure - plus que ce n'est le cas présentement,
c'est déjà assez - la population de ce coin de notre pays.
Dans ce sens, bien sûr, les gens doivent être
informés. Il y a de l'évolution et des négociations. Ils
doivent savoir que les négociations se poursuivent, mais il serait
complètement irresponsable de se prononcer tout de suite sur le fond
sans avoir terminé toutes les négociations. Je crois qu'il faut
être très prudent dans les déclarations qu'on fait, en
tenant compte du monde qui vit là, des familles, des femmes, des enfants
et des hommes qui, eux, ont à vivre quotiennnement et à envisager
l'avenir. Ils ne savent pas ce que l'avenir leur réserve, parce que nous
sommes en pleine négociation; c'est difficile pour nous aussi de le
savoir.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: D'après ce que je viens d'entendre de la part
du député de Duplessis, je me demande si on devrait ou non poser
quelques questions sur SIDBEC. Évidemment, je comprends les
préoccupations des gens de Gagnon et de la Côte-Nord. Nous en
avons, nous aussi. Par contre, Radio-Canada a lancé sur les ondes,
avant-hier soir, une nouvelle au sujet de SIDBEC et, à partir de ce
moment, les rumeurs ont recommencé à circuler parmi la
population. C'est revenu à l'avant-scène de l'actualité
politique. À moins que cela ne redevienne sub judice, comme bien
d'autres sujets, je pense bien qu'il soit encore de notre devoir de nous
informer autant que possible.
Je voudrais poser une question au ministre. Dans le cas de
SIDBEC-Normines, le dernier développement dramatique est le refus d'un
partenaire du consortium, British Steel, d'acheter les produits du consortium.
On sait qu'au cours des dernières années British Steel achetait
plus que sa part des boulettes de fer. Elle en achetait au-delà de 2 000
000 de tonnes par année, au prix des Grands Lacs qui est le gros prix,
ce qui pouvait faire des entrés de fonds d'au-delà de 100 000 000
$ par année pour le consortium. (10 h 45)
Quand on connaît le prix mondial qui est à peu près
la moitié du prix payé par British Steel ou par SIDBEC, quand
elle en achète, on comprend qu'il y a un décalage tellement
énorme entre le prix mondial et le prix de SIDBEC-Normines que certains
associés semblent assez hésitants à continuer à
payer le double de ce que cela vaut. Je pense que le geste de British Steel
fait en sorte d'obliger les parties à bouger. On ne peut pas laisser
accumuler indéfiniment sur les quais de Port-Cartier, comme c'est le
cas, tout près de 1 000 000 de tonnes de boulettes. Au rythme où
cela continue, il va y en avoir tellement à la fin de l'année
qu'il n'y aura plus de place pour les entreposer.
Le gouvernement négocie depuis un certain temps. L'an dernier,
à cette date, le ministre des Finances et, à l'automne, le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme disaient que les
négociations étaient sur le point d'aboutir. En ce qui concerne
le ministre des Finances, cela fait au-delà d'un an maintenant qu'il
nous a promis un aboutissement des négociations. Je voudrais lui
demander si le gouvernement négocie réellement avec British Steel
et la Société Cartier Mining. Et s'il négocie, est-ce que
ces négociations vont dans le sens d'une réduction du prix des
boulettes ou d'une réduction de la capacité de production de
l'entreprise?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Quelques corrections d'abord, Mme la Présidente,
sur les premiers mots du député de Laporte. Je ne dirais pas que
British Steel achetait plus que sa part. British Steel achetait sa part. Il
faut bien comprendre que British Steel a 42% des actions de SIDBEC-Normines et,
en vertu de ce pourcentage, elle devait acheter environ 2 250 000 tonnes de
boulettes par année ou payer une pénalité qui était
assez élevée sur chaque tonne de boulettes qu'elle n'achetait pas
pour se rendre jusqu'à sa part. SIDBEC a choisi d'acheter une partie,
600 000 ou 800 000 tonnes, et de payer la pénalité sur
l'excédent jusqu'à 2 700 000 tonnes, parce que l'entreprise
British Steel avait besoin de boulettes d'une façon ou d'une autre; elle
avait décidé d'acheter sa part.
Au début de cette année, probablement en vue de forcer les
négociations - non pas seulement de forcer le gouvernement du
Québec ou forcer SIDBEC à négocier, je pense que SIDBEC
était prête à négocier -avec l'autre partenaire, la
compagnie minière Québec Cartier, partenaire à 8%, qui
gère et exploite la mine et qui est propriétaire d'une autre mine
et d'une autre ville à Fermont qui est à environ 60 milles de
Gagnon...
Ce faisant, bien sûr, British Steel a forcé les
négociations. Les négociations avançaient lentement, la
compagnie minière Québec Cartier nous a fait toutes sortes de
propositions qu'on a dû analyser habituellement ce sont des propositions
fort complexes - et nous avons fait des contre-propositions. Mais finalement,
au début de cette année ou à la fin du mois de
décembre, en avisant que British Steel ne prenait pas de minerai de
Québec Cartier ou de boulettes de SIDBEC-Normines - ce qui
dans le fond nuisait considérablement à la compagnie
Québec Cartier - cela a eu pour résultat de forcer les
négociations. Depuis ce temps, j'ai rencontré mes officiers du
ministère, les gens de SIDBEC et moi avons rencontré, à
plusieurs reprises, les gens de Québec Cartier et les gens de British
Steel, on a discuté longuement des différents scénarios
qu'on avait devant nous. Je dois dire que nous entrevoyons en venir à
une conlusion au cours de l'année 1984. Nous croyons en arriver aussi
à une conclusion moyennement rapidement à long terme,
c'est-à-dire la consolidation de l'industrie minière du minerai
de fer sur la Côte-Nord avec comme objectif - comme je le disais hier -
que cela coûte le meilleur marché possible aux citoyens
québécois et de sauver le maximum d'emplois sur la
Côte-Nord.
La question du député de Laporte, à savoir si les
négociations sont en vue d'une baisse de prix, la réponse est
oui. C'est toujours en vue d'une baisse de prix, mais celle-ci est
reliée aussi à une baisse du coût des opérations.
Personnellement, après une vingtaine d'année dans le monde des
affaires, j'ai toujours appris que la profitabilité venait de deux
choses: ou on augmentait notre prix de vente ou on diminuait nos coûts
d'exploitation. Des fois, augmenter le prix de vente n'est pas possible. Dans
ce cas, ce n'est pas possible, le prix de vente même a tendance à
diminuer. Il faut se retourner de bord et se demander ce qu'on peut faire pour
diminuer nos coûts d'exploitation. Dans ce sens, la consolidation des
exploitations minières sur la Côte-Nord va faire en sorte de
diminuer probablement nos coûts d'exploitation par tonne. Cela pourra
avoir comme conséquence d'augmenter la production globalement si on
réussi à diminuer assez nos coûts d'exploitation. Sur cela,
à la suite du sommet la table de fer, je pense que cela nous a
informés qu'il y a des gens qui étaient prêts à
faire des efforts. Cela nous a informés que dans certaines exploitations
minières, on n'avait peut-être pas investi les sommes d'argent
nécessaires pour être productifs autant que d'autres mines de fer
à travers le monde. De ce côté, l'objectif c'est de baisser
nos coûts d'exploitation par une meilleure productivité, une
meilleure gestion de nos ressources autant matérielles qu'humaines. Je
dois dire d'ailleurs que les activités qu'on a menées en 1983
nous ont amenés à baisser nos coûts d'exploitation de
plusieurs dollars la tonne. Il y a un effort déjà qui a
été entrepris, mais il faut continuer à consolider nos
exploitations minières dans ce sens. Au fur et à mesure qu'on
baissera nos coûts d'exploitation, ces coûts d'exploitation vont
être passés aux partenaires Qué'bec Cartier, British Steel
and Sidbec, ce qui fera en sorte que les exploitations minières seront
moins déficitaires qu'autrefois.
L'autre question qui pourrait venir dans ce sens serait celle-ci: Oui,
si c'est moins déficitaire, est-ce que cela peut venir un jour qu'on ne
perde pas d'argent avec l'exploitation SIDBEC-Normines? Ma réponse,
c'est que d'ici une dizaine d'années, on va continuer à perdre un
minimum de 50 000 000 $ avec l'exploitation de SIDBEC-Normines qui a
été décidée sur un coin de table par votre ancien
chef ou votre nouveau chef, M. Bourassa. C'est une décision dans le fond
qui a été complètement irréfléchie, qui a
été décidée sur un coin de table pour faire un peu
de politique, mais qui coûte aujourd'hui à la population du
Québec des centaines et des centaines de millions de dollars. Si vous me
dites: Vous prenez du temps pour négocier. Je dis: C'est exact que je
prends du temps pour négocier, mais je ne veux pas négocier
quelque chose sur un coin de table qui va faire en sorte de coûter encore
des centaines de millions de dollars au gouvernement du Québec et
à la population québécoise, comme cela a été
fait en 1975-1976 sous M. Bourassa. Dans ce sens, nous voulons en arriver
à la meilleure solution possible, aux moindres coûts possible en
sauvegardant le maximum d'emplois possible.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je vois que le ministre a senti que le bât
blesse puisqu'il a jugé bon d'attaquer l'ancien gouvernement. C'est
toujours la façon facile, mais je ne voudrais pas reprendre le
débat et lui dire que les contrats à la SIDBEC-Normines n'ont pas
été signés par l'ancienne administration libérale
mais par l'administration péquiste. Le ministre va dire qu'il
était moralement lié. On sait que ce que la morale vaut dans ce
gouvernement.
Mais je vais revenir à des propos plus sérieux, Mme la
Présidente. À l'automne 1982, une étude a
été faite et commanditée par la ville de Gagnon, la ville
de Port-Cartier et la Corporation de développement économique de
la région de Port-Cartier, Gagnon et Fermont. Une étude par la
firme SECOR, que le ministre connaît bien, en venait à des
conclusions que le ministre connaît certainement. J'aimerais demander au
ministre ce qu'il pense des conclusions de cette étude qui recommandait
au gouvernement, premièrement, non pas de fermer les exploitations
minières, mais même de les augmenter à pleine
capacité, de les continuer à pleine capacité de 6 000 000
de tonnes par année; deuxièmement, de scinder les liens entre
SIDBEC et SIDBEC-Normines de façon à céder la partie
minière à une autre organisation qui se spécialiserait
dans la vente des boulettes sur le marché international;
troisièmement, que la
commercialisation des boulettes par cette nouvelle société
devrait se faire en association avec un partenaire international
expérimenté sur les marchés mondiaux de ces produits.
L'étude semble avoir été faite sérieusement avec
des gens qui, semble-t-il, sont ce qu'il y a de plus compétents et les
meilleurs experts en la matière au Québec et même à
l'étranger. Est-ce que le ministre peut commenter cette étude et
ses conclusions?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Sur deux points, produire plus et scinder SIDBEC et
SIDBEC-Normines. Sur le principe de séparer les exploitations
minières des exploitations manufacturières, je suis d'accord. La
seule chose, il faut trouver un partenaire. Il faut trouver quelqu'un qui va
acheter les 50% de SIDBEC. Si vous voulez l'acheter, je vais vous le vendre
pour 1 $ et même je vais vous donner du temps pour le payer. Je vais vous
subventionner le 1 $ en plus de cela, si vous voulez. Mais en pratique, c'est
beau faire une recommandation comme celle-là, mais il n'y a personne qui
veut acheter cela et assumer une perte de 50 000 000 $ par année
garantie pendant les dix prochaines années. Il n'y a pas beaucoup
d'entreprises qui sont prêtes à faire cela. Dans ce
sens-là, c'est une recommandation très théorique, mais en
pratique, ce n'est pas réalisable. On va le scinder et on va former une
autre société d'État qui va assumer les 50 000 000 $. Vous
allez revenir et dire: Oui, mais on a encore 50 000 000 $ de perte minimum et
cela a monté jusqu'à 100 000 000 $ durant la crise
économique, à cause des taux d'intérêt et du
gouvernement canadien. Ce n'est pas notre faute non plus.
Mais les contrats sont faits de telle façon que même si on
disait cela, il faudrait consulter nos partenaires. Il y a à peu
près cinq pieds d'épais de contrats qui ont été
décidés sur un coin de table par M. Bourassa. C'est cela le
problème dans le fond. Les décisions d'un gouvernement
passé nous forcent aujourd'hui à prendre d'autres
décisions pour corriger, mais là on est oublié avec des
contrats et cela a été décidé à peu
près. Ce n'est pas de même qu'on fait du développement
économique. Si je donnais un résultat d'examen à M.
Bourassa, je lui donnerais à peu près 0%, cela a
été un fiasco monumental ce qu'il a décidé à
ce sujet.
M. Bourbeau: Mais pour la Baie-James vous ne dites pas cela
cependant.
M. Biron: Cela a été un fiasco ce qui a
été décidé pour SIDBEC-Normines. Dans ce
sens-là, Mme la Présidente, on est tous d'accord pour dire: Oui,
c'est possible en théorie si on pouvait le scinder, mais après,
il faudrait se poser l'autre question logique. Je pense que votre chef ne peut
pas faire la logique un peu plus loin que de dire: Posez une première
question. Mais il faut aller au bout de notre raisonnement dans le monde
économique. Là il arrive quoi? Il faut se trouver quelqu'un et ce
n'est pas possible de trouver à l'heure actuelle une entreprise qui va
dire: J'achète SIDBEC-Normines ou la partie de SIDBEC dans
SIDBEC-Normines et j'assume 50 000 000 $ de perte minimum par année.
C'est garanti pour les dix prochaines années.
De plus, la première partie de la question du
député de Laporte, oui il faudrait produire plus. Il faut
produire plus, s'il y a une sidérurgie intéressée. S'il
n'y a pas de sidérurgie intéressée à prendre les
boulettes, on ne peut pas produire plus. Le marché mondial est en
diminution. Le 14 février 1984, ce n'est pas tard, l'American Metal
Market dit qu'on va continuer à diminuer le besoin mondial de minerai de
fer de 0,3% par année jusqu'en 1990. C'est assuré. Or, il y a une
diminution de besoin du minerai de fer et des boulettes d'oxyde de fer. Cela
veut dire que si on veut produire plus, il faut vraiment qu'il y ait une des
grandes sidérurgies du monde qui décide d'assumer les 2 000 000,
3 000 000 ou 4 000 000 de différence de tonnes de boulettes qu'on va
produire. À l'heure actuelle, tant et aussi longtemps qu'on ne sera pas
capable d'intéresser un sidérurgiste là-dedans, il n'y a
pas possibilité d'augmenter la production.
Encore une fois, je pense que la suggestion de SECOR de produire plus
est correcte en théorie, mais en pratique il n'y a pas d'acheteur. En
théorie, c'est sûr que si on pouvait produire 6 000 000 de tonnes,
cela pourrait baisser les coûts d'opération de quelques dollars et
on pourrait économiser un peu à la condition de pouvoir vendre le
minerai de fer. Puis, on va vendre le minerai, encore une fois, si une
sidérurgie s'intéresse à nous.
Je ne dis pas au député de Laporte qu'on n'en cherche pas,
au contraire, on en a cherché et on a rencontré tout le monde
dans le domaine des sidérurgies et cela fait partie d'un de nos
scénarios possibles de solution définitive au problème de
SIDBEC-Normines.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Cela va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, on peut peut-être
passer à un autre élément, mais j'attends des documents
actuellement et je ne voudrais pas qu'on ferme ce dossier tout de suite. Il y a
des affirmations qui ont été soulevées par le
député de Laporte et je voudrais les rectifier à la suite
de la réception de ces documents et qu'on revienne par la suite sur le
dossier de SIDBEC-Normines.
La Présidente (Mme Harel): D'ailleurs nous avons eu
suffisamment de souplesse au cours de l'étude de ces crédits pour
permettre de revenir sur un élément ou l'autre du programme.
Alors, nous complétons. L'étude de l'élément 4 du
programme 4 est-elle terminée?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Harel): Nous complétons donc
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Je vais inviter les membres de cette commission qui
veulent interpeller le ministre à le faire. Oui, M. le ministre.
M. Biron: On s'était entendu qu'on pourrait revenir en
particulier sur d'autres sociétés comme la Société
des alcools ou autres. Je suis prêt à répondre à la
section industrie et commerce jusqu'à 12 h 30, tel que c'était
entendu et on passera au tourisme cet après-midi.
La Présidente (Mme Harel): C'est bien le cas. M. le
député de Duplessis. (11 heures)
M. Perron: Question d'information, Mme la Présidente. Si
je veux revenir sur le dossier de SIDBEC-Normines, est-ce que vous pourriez
m'indiquer de quelle façon je pourrai le faire avant la fin de cette
commission? Est-ce que je devrai le faire seulement après l'étude
des crédits du tourisme ou si, en cours de route, je peux revenir sur la
question de SIDBEC?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, vous
avez...
M. Biron: Qu'est-ce qui empêche le député de
Duplessis de poser ses questions tout de suite sur SIDBEC-Normines? Vous
n'êtes pas prêt et vous voulez attendre plus tard cet
après-midi?
M. Bourbeau: II ne les connaît pas encore.
M. Perron: Je les connais, mais je ne veux pas faire
d'affirmations gratuites, comme le député de Laporte. C'est la
raison pour laquelle j'attends les documents qui s'en viennent de mon bureau
pour l'informer comme il faut de la situation des seize contrats, en
particulier le dernier qui a été signé par le ministre des
Finances en décembre 1976, pour votre information.
M. Bourbeau: Mais je n'ai jamais parlé de seize
contrats.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte, je vous rappelle que ce n'est pas là une conversation de
corridor. Il faut demander la permission...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a moyen de
se défendre contre l'agression d'un député opposé
qui... Est-ce que notre sécurité est assurée ici...
La Présidente (Mme Harel): Je pense que je peux vous en
garantir l'exercice.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a des constables ici?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis, je vous invite, si vous avez des questions à poser sur les
différents éléments de programmes qu'on a examinés
jusqu'à maintenant, à le faire avant la clôture de nos
séances à 12 h 30 puisque nous allons entreprendre -
c'était là un consentement unanime au début des travaux
cet après-midi exclusivement les programmes relatifs au tourisme.
Une voix: ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Merci, Mme la Présidente. C'est simplement
pour dire que si jamais on manque de temps peut-être que le
député de Duplessis pourrait discuter avec le ministre lors de
vos nombreux caucus. Vous pourriez peut-être vous entendre si le
député veut des renseignements additionnels sans prendre le temps
de la commission.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte, je dois vous dire qu'en tant que présidente de cette
commission, je n'accepte pas qu'on intervienne de cette façon. Les
membres de cette commission sont des parlementaires qui, dans le cadre de cette
commission, ont des droits similaires, compte tenu des garanties qu'on doit
préserver des droits de l'Opposition, M. le député de
Laporte. M. le ministre.
M. Biron: Sur ce point particulier, je comprends que
l'intervention du député de Duplessis est pour informer le
député de Laporte qu'il n'est pas assez informé de ses
dossiers. Je pense que le député de Duplessis veut tout
simplement aider le député de
Laporte à devenir un meilleur parlementaire.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je pense que
cette intervention était antiréglementaire. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Heureusement que le ministre est là pour
venir au secours du député de Duplessis.
La Présidente (Mme Harel): Essayer de me faciliter les
choses et non pas de me les compliquer.
Société des alcools du
Québec
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je vous sais gré de
rappeler le ministre à l'ordre comme les membres de la commission
également.
Je voudrais revenir sur le dossier de la Société des
alcools du Québec et y faire une rétrospective. Je voudrais
simplement que le ministre me donne certains renseignements au sujet des
dirigeants de la Société des alcools. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire quand le nouveau président est entré en
fonction? Quelle est la longueur de son mandat? Par qui a-t-il
été nommé?
M. Biron: Le nouveau président a commencé son
mandat vers le mois de novembre - je ne suis pas capable de vous dire la date
exacte mais c'est autour du mois de novembre - avec un contrat de cinq ans pour
succéder à M. Wermenlinger qui terminait son contrat de cinq ans
dans le courant de l'été, c'est M. Jean-Guy Lord, qui avait une
longue expérience dans le domaine du commerce et de la transformation
des boissons alcooliques puisqu'il était vice-président
exécutif chez Bright's. Il a été nommé par le
Conseil des ministres, tel que la loi l'exige.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie du
décret nommant M. Lord?
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Deuxièmement, combien y a-t-il de
vice-présidents à la Société des alcools du
Québec?
M. Biron: Au mois de novembre, il y avait onze
vice-présidents, incluant le secrétaire, c'est-à-dire dix
vice-présidents et un secrétaire. À l'heure actuelle, au
moment où on se parle, il y en a huit parce qu'on est en train de faire
de la réorganisation à l'intérieur de la
société.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous informer un peu
de quel genre de réorganisation il s'agit?
M. Biron: C'est une réorganisation au point de vue de la
gestion. La Société des alcools est une société qui
date d'environ 60 ans. Elle a été modernisée en cours de
route, mais elle date d'environ 60 ans. Or, je pense que c'est normal qu'on ait
une vision nouvelle, adaptée aux besoins des années quatre-vingt
et une vision très dynamique de la gestion de la Société
des alcools.
C'est dans ce sens que les changements que nous sommes à apporter
présentement sont des changements qui sont faits avec une vision
d'affaires. Je dois dire que c'est la première fois qu'on a à la
tête de la Société des alcools une personne qui a une
expérience pratique de plusieurs années dans le domaine des
boissons alcooliques, dans le monde de la fabrication des boissons alcooliques,
autrefois, avant son expérience avec la compagnie Bright's, M. Lord
était au service de Standard Brands. Il avait aussi une
expérience très large du commerce de l'alimentation en
général. C'est en raison de son expérience pratique du
monde des affaires, du monde de l'entreprise privée que nous avons
demandé à M. Lord d'assumer la responsabilité de la
Société des alcools et de regarder à l'intérieur de
la société pour refaire des structures et faire en sorte
d'économiser l'argent de la population du Québec, parce
qu'à chaque fois qu'on paie des gens là, c'est la population du
Québec qui paie, d'économiser de l'argent par des gestions plus
modernes.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Les nouveaux postes ou les nouvelles directions que
vous voulez donner à la Société des alcools, est-ce que
cela a trait, par exemple, au désir de la société
d'exporter des produits soit aux États-Unis ou ailleurs? Est-ce qu'il y
aurait une direction, ou un vice-président nommé à cette
fin, ou encore la question de la transformation des succursales en
coopératives franchisées, est-ce que cela va donner lieu à
des directions nouvelles?
M. Biron: Pas pour le moment, ni pour l'exportation, ni pour la
gestion des succursales de la Société des alcools ou du projet
d'expérimentation que nous sommes à étudier. Il n'y aura
pas de transformations au niveau de l'administration même à court
termes, parce que le projet d'exportation est constitué d'un consortium
des entreprises privées et cela simplement pour
l'embouteillage. La vente se fera par le consortium. Donc, cela ne prend
pas une grosse structure à l'intérieur de la
Société des alcools, peut-être une personne va suivre cela.
Quant aux succursales, c'est aussi un projet qui est sur la table pour
étude et expérimentation possible. Tant et aussi longtemps qu'on
ne verra pas le résultat de l'expérimentation, il n'y aura pas de
changements importants à l'intérieur de la Société
des alcools pour cela. Les changements, je vous le répète, sont
opérés avec une vision plus dynamique de la gestion de la
Société des alcools et nous voulons, d'ailleurs, en faire l'une
des entreprises d'État les plus dynamiques du Québec en ce
sens.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Lorsque le ministre déposera le document dont
on faisait mention, pourrait-il déposer la liste des principaux cadres
de la société, par exemple, les vice-présidents avec les
fonctions qu'ils occupent, afin qu'on puisse avoir un tableau de qui fait quoi
à la société?
M. Biron: J'aurais cela Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Pour distribution.
M. Biron: Qu'on me donne une journée ou deux. Je remettrai
à chacun des membres de la commission les informations pertinentes.
La Présidente (Mme Harel): Peut-être pourrions-nous
vous suggérer d'en faire parvenir copie au secrétaire de la
commission qui se chargera d'en faire la distribution aux membres de la
commission?
M. Bourbeau: Et la même chose pourrait valoir pour d'autres
documents que j'ai l'intention de demander également au ministre.
La question suivante porte sur le conseil d'administration. La
Société des alcools...
M. Biron: Sur ce point particulier, on va prendre des notes, mais
j'aimerais que le député de Laporte me fasse tenir une liste
après la séance de ce matin pour être certain de ne pas
oublier de documents qui ont été demandés ici.
M. Bourbeau: On va en prendre note ici aussi.
On parlait de la structure de tête, les vice-présidents et
les principaux dirigeants ainsi que leurs activités. Je voudrais poser
quelques questions au ministre au sujet du conseil d'administration de la SAQ.
Elle a également un conseil d'administration. Est-ce que le ministre
peut nous dire quel est son rôle et qui sont les membres qui en font
partie?
M. Biron: Je pourrais vous donner une liste des membres qui font
partie du conseil d'administration. Je n'ai pas tous les noms en
mémoire. Je pourrais vous déposer la liste des membres qui font
partie du conseil d'administration. Le conseil d'administration se
réunit régulièrement, une fois ou deux par mois, pour
surveiller l'administration même de la société, les grandes
lignes de l'administration ou les orientations de la société. Ils
posent des questions aux administrateurs, donc au président et au
secrétaire qui font partie du conseil d'administration. Il a un
rôle normal comme tout conseil d'administration de société
privée ou publique. Donc, les membres du conseil d'administration ne
sont pas à temps plein, mais simplement à temps partiel avec des
jetons de présence.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre envisage faire des
changements dans le conseil d'administration au cours des prochaines semaines
ou des prochains moins? Est-ce qu'il y a des mandats d'expirés et quelle
est l'étendue de la rémunération des membres du
conseil?
M. Biron: Oui. D'abord, la loi qui a été
votée au mois de juin élargissait un peu le nombre de membres du
conseil d'administration. Certainement qu'il y aura de nouveaux membres
nommés au cours des prochaines semaines. Pour quelques membres leur
mandat vient à échéance, c'est aussi possible qu'il y ait
des remplacements ou des renominations à ces postes et cela va se
décider au cours des prochaines semaines. La rémunération
est de 2000 $ par année plus 250 $ par jour de présence au
conseil d'administration. Habituellement, on me dit que c'est entre 10 et 20
séances de conseil d'administration par année.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais maintenant passer à l'industrie
des boissons alcooliques et spécialement à l'industrie du vin.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien d'emplois sont
créés au Québec dans l'industrie des producteurs de vin
quant à la fabrication, à la fermentation, à
l'embouteillage, à l'empaquetage, etc?
M. Biron: Je n'ai malheureusement pas ces chiffres-là
aujourd'hui. Je pourrais vérifier, mais il faut d'abord calculer les
emplois à la Société des alcools du Québec et les
emplois concernés vis-à-vis des onze... Vous parlez du vin?
M. Bourbeau: Oui.
M. Biron: Donc, les onze embouteilleurs ou fabricants de vin
québécois. Vis-à-vis de la Société des
alcools du Québec, je peux lui demander de faire un calcul, parce que,
avec nos lignes d'embouteillage de vin, on a aussi des lignes d'embouteillage
de spiritueux qui sont dans les mêmes bâtisses. Il y a lieu pour
nous de vous dire qu'il y a à peu près tant d'emplois qui sont
reliés au vin et tant d'emplois reliés aux spiritieux. Nous
pouvons faire la même chose vis-à-vis des producteurs
privés en leur demandant les informations pertinentes.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le groupe des producteurs privés de vin est
regroupé dans un organisme qui a pour nom Soprovin auquel s'est jointe
récemment - si je comprends bien - la Société des alcools
du Québec. Est-ce que le ministre pourrait déposer un tableau
indiquant justement le nombre d'emplois que toute l'industrie du vin
possède actuellement et dans la fabrication et dans l'embouteillage? On
aimerait pouvoir identifier chaque entreprise avec le nombre d'emplois qu'elle
a. Comme vous faites partie de l'association, vous pouvez certainement obtenir
de l'association le nombre d'emplois entreprise par entreprise de façon
qu'on puisse avoir une idée de l'importance relative de chacune des
entreprises par rapport au tout.
M. Biron: On m'informe qu'il y a un document qui a
été publié l'an dernier et qui s'appelle "Profil de
l'entreprise dans le domaine du vin" et qui donne à peu près
toutes les informations que vous me demandez. J'essayerai de trouver ces
informations le plus rapidement possible. Maintenant, vous mentionnez quelque
chose qui est intéressant, le groupe Soprovin, qui représente les
onze fabricants privés et la Société des alcools du
Québec qui maintenant devient le douzième membre. Je vous
rappelle qu'au début, lorsque Soprovin a été formé
par les fabricants privés, c'était beaucoup plus pour entrer en
guerre contre la Société des alcools du Québec. À
l'époque - on se souvient - il y a quelques années, il y avait
une guerre entre le privé, d'une part, et le public, d'autre part la
Société des alcools, pour occuper la meilleure place possible sur
les tablettes des magasins de la Société des alcools du
Québec et sur celles des épiceries. Il n'y avait pas du tout de
contact de professionnels entre l'industrie du vin qui embouteille et qui
fabrique du vin et la Société des alcools du Québec qui
embouteille et fabrique du vin. Alors la Société des alcools du
Québec était donc un peu juge et partie contre les entreprises
privées. Depuis l'arrivée de M. Lord, je lui ai demandé
d'établir des contacts avec les autres manufacturiers
québécois dans ce domaine. Je trouvais que cela n'avait pas de
bon sens qu'il y avait onze privés ensemble qui fassent la lutte au
douzième qui, lui, est public, avec les fonds de l'État. M. Lord
qui était membre de Soprovin comme producteur privé a fait les
approches nécessaires. Je suis heureux aujourd'hui de voir la
participation de la Société des alcools du Québec sur la
même base que les autres producteurs privés. C'est là qu'on
s'aperçoit que l'État peut intervenir pour aider à des
entreprises à se développer à condition de ne pas prendre
la place des entreprises. Dans ce sens-là, il y a maintenant une
excellente collaboration entre la Société des alcools du
Québec et les producteurs privés. La Société des
alcools du Québec est devenue, à ma demande, membre du groupe
Soprovin pour bien prouver aux producteurs privés que la SAQ n'est pas
là pour les faire fermer et les compétitionner mais, au
contraire, pour les aider en tant qu'organisme d'État à
développer davantage l'économie québécoise dans le
domaine du vin.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Les producteurs de vin peuvent agir en fonction du
fait qu'ils ont des permis émis par le ministère; autrement dit,
demain matin, le député de Duplessis ne pourrait pas ouvrir une
entreprise de production de vin sans avoir un permis du ministère.
Est-ce que le ministre a l'intention d'augmenter le nombre de permis dans les
prochains mois ou les prochaines années? (11 h 15)
M. Biron: Le nombre de permis est de onze, plus la
Société des alcools, donc cela fait douze; théoriquement,
on pourrait augmenter les permis jusqu'à 25 ou 50. Je pourrais
émettre autant de permis que je voudrais, en théorie. La seule
chose, c'est qu'il y a deux ans, à peu près, lors de la table de
consultation - ce que j'ai dit hier au député de Beauharnois dans
ma réponse -j'avais pris l'engagement moral suivant: tant et aussi
longtemps que la production de vos usines, de vos chaînes de production
ne sera pas plus élevée, je m'engage, personnellement, à
ne pas émettre de nouveaux permis.
La production commence à augmenter.
C'est intéressant. Mais je pense qu'il y a utilisation,
présentement, d'à peu près 40% des chaînes de
production. Alors, tant et aussi longtemps qu'on n'atteindra pas 50% ou 60%, si
on émet un nouveau permis, ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire
diminuer l'utilisation des chaînes de production chez les onze autres
privés. Or, dans ce sens-là, je crois que ce serait
délicat d'émettre de nouveaux permis, quoiqu'il y ait un cas bien
particulier dans le comté de Beauharnois, avec Schenley, où on a
une entreprise qui est au Québec depuis longtemps, qui investit beaucoup
au Québec, qui exporte beaucoup de ses produits de spiritueux à
l'extérieur. Et, parce qu'elle n'a pas obtenu son permis avant
l'espèce de moratoire que j'ai décrété sur
l'émission de permis, elle est prise, maintenant, à ne pas
pouvoir compétitionner dans le domaine du vin alors qu'elle est une
excellente entreprise, une des bonnes entreprises du Québec dans le
domaine des spiritueux.
Alors, c'est un cas plus délicat que les autres; mais, pour le
moment, je ne crois pas que nous devrions émettre d'autres permis, sauf
une réflexion profonde sur le cas de Schenley, qui me semble un cas tout
à fait particulier.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: En ce qui concerne Soprovin, est-ce que c'est M.
Jean-Guy Lord qui est le président?
M. Biron: Non. C'est M. Laurent Vivès, qui
représente la compagnie Verdi, qui est le président de Soprovin
depuis déjà quelques années. Il était
président de Soprovin lorsque je suis arrivé au
ministère.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si
l'industrie du vin, au Québec, a joui de plusieurs subventions de la
part du gouvernement depuis sa mise sur pied, au début des années
soixante-dix?
M. Biron: Oui, certaines entreprises, mais très peu. Les
grandes entreprises en font une question de principe de ne pas demander de
subvention. Les plus petites, les PME, oui, selon les critères
réguliers d'aide de la Société de développement
industriel du Québec, peuvent faire leur demande. Si on a aidé
des entreprises au cours des dernières années, je pourrais
vérifier et vous soumettre une liste des entreprises qui ont
été aidées dans ce domaine ainsi que les programmes
auxquels elles ont fait appel.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On aimerait bien que le ministre nous distribue un
document semblable.
La question de la réduction du prix des vins
québécois, annoncée récemment par le ministre,
c'est une forme de subvention ou d'aide à l'industrie. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner une idée des coûts, pour la
Société des alcools du Québec, en moins gagnant, si je
peux dire, de cette réduction du prix des vins au niveau de la
taxation?
M. Biron: Je pourrais vérifier pour vous donner le
coût exact sur la base d'une année. Il s'agit de vérifier
le nombre de bouteilles vendues de cette marque de vin. Il y a eu des
ajustements. Il y a constamment des ajustements de prix, en fait, en fonction
des ventes et en fonction de l'objectif fiscal du gouvernement du
Québec. Le ministre des Finances décide qu'il a besoin de
perceptions fiscales de 325 000 000 $ ou 335 000 000 $, en 1983-1984; lorsque
la Société des alcools reçoit le montant de perceptions
fiscales décrétées par le ministre des Finances dans son
budget, elle s'organise en conséquence pour percevoir les sommes
d'argent nécessaires au gouvernement du Québec comme perceptions
fiscales. Bien sûr, on peut percevoir un peu plus sur les spiritueux ou
sur les vins importés et un peu moins sur les vins fabriqués au
Québec. Mais lorsque le vin est fabriqué ou embouteillé au
Québec, il y a une deuxième forme de perception fiscale, de la
part du gouvernement, sur les salaires et sur les matériaux
nécessaires. Alors, finalement, cela fait beaucoup plus de
retombées économiques et fiscales. Il n'y a eu aucune hausse de
marge fiscale sur les spiritueux et les vins importés en bouteille cette
année. Il y a eu une baisse sur les vins embouteillés au
Québec, parce que le chiffre de taxation fixé par le ministre des
Finances de 335 000 000 $ était jugé atteignable; alors, au lieu
de les réduire tous complètement, on a décidé,
comme élément de développement économique, d'aider
davantage les entreprises québécoises.
M. Bourbeau: Le ministre nous dit qu'il y a eu une baisse sur les
vins embouteillés au Québec. Mais, selon mes informations, ce
n'est pas exact; la baisse n'a pas été accordée sur les
vins embouteillés au Québec, parce qu'une foule de vins
embouteillés au Québec n'ont pas reçu la gratification ou
la baisse de 0,55 $ la bouteille.
M. Biron: C'est exact. Les vins qui n'ont pas reçu de
baisse sont des vins qui n'ont pas de marque québécoise ou des
vins embouteillés au Québec, mais où il est indiqué
sur la bouteille: Vin importé de France... C'est toujours ce que je vous
disais hier: Nous voulons promouvoir le
développement économique du Québec avec des marques
québécoises. On dit que, si les producteurs ont des marques
québécoises bien développées et bien connues, la
marque leur appartient; dans le domaine du vin, la plupart du temps, beaucoup
sont d'excellente qualité; vous en utilisez une sorte plutôt
qu'une autre, parce que vous avez connu la marque, vous l'avez
déjà dégusté et vous savez que cette marque est
bonne.
Nous voulons développer des marques québécoises de
qualité qui dureront très longtemps et c'est la marque qui vaudra
de l'argent.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Pour le consommateur, admettons que j'aie deux
bouteilles de vin devant moi, une est un vin français importé de
France et embouteillé au Québec; c'est indiqué sur
l'étiquette: Vin de France embouteillé au Québec; l'autre,
également importé de France, de la même façon, et
embouteillé au Québec; là, l'importateur ou le fabricant
décide de marquer: Élaboré au Québec. Cela peut
être exactement le même vin, il peut avoir été
traité de la même façon, importé en vrac,
embouteillé au Québec. Est-ce possible que les deux
étiquettes soient différentes?
M. Biron: Si c'est indiqué: Vin élaboré au
Québec, il faut qu'il y ait eu un mélange
québécois; deux ou trois sortes de vins importés de
France, c'est correct, mais mélangés au Québec. Dans ce
sens, il est fort possible que, sur cette bouteille, il indique: Vin
élaboré au Québec et qu'il puisse avoir le rabais, alors
que l'autre qui est marquée: Vin importé de France... mais,
encore une fois, c'est une stratégie de marketing pour l'entreprise.
C'est à l'entreprise de décider, ce n'est pas la
Société des alcools qui décide pour l'entreprise.
L'entreprise privée, elle, a à décider de livrer la
qualité et, à travers la qualité du produit, il y a, bien
sûr, le goût du vin; il y a aussi l'emballage, le vin qui -c'est un
certain snobisme - est importé de France. Dans ce sens, c'est
l'entreprise privée qui décide de sa stratégie de
marketing et de sa stratégie de qualité; une fois la
stratégie établie, les normes sont connues d'avance.
Encore une fois, l'objectif est de développer les marques
québécoises et de bien faire comprendre aux industriels
québécois qu'il faut qu'ils aient confiance dans les produits
québécois et dans les marques québécoises.
M. Bourbeau: Est-il essentiel qu'un vin ait eu une vinification
au Québec pour que l'étiquette porte le mot
"élaboré"?
M. Biron: Non. Il peut seulement avoir été
mélangé au Québec. La nouvelle loi, adoptée en juin
dernier, permet aux producteurs québécois d'importer, pour
embouteiller jusqu'à 100%, le vin, alors qu'autrefois ce n'était
que de 30%.
M. Bourbeau: Donc, un vin mélangé au Québec
est un vin, selon vous, élaboré au Québec; c'est la
même chose.
M. Biron: Exact.
M. Bourbeau: "Mélangé" veut dire plus d'un vin,
deux ou trois vins. Est-ce qu'un producteur, par exemple, peut prendre et
mélanger des vins de deux pays différents pour faire un vin
élaboré au Québec?
M. Biron: Oui, la Société des alcools l'a fait
dernièrement sur un vin blanc qui venait d'Espagne et de France, L'Ange
Bleu. Ce vin venait de deux ou trois pays différents. D'autres
producteurs québécois le font.
M. Bourbeau: Ce vin est élaboré au
Québec.
M. Biron: C'est un vin élaboré au Québec. On
nous dit que, souvent, des mélanges de différents pays donnent un
goût très différent et particulier qui est excellent.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Oui, j'ai encore une couple de questions. Vous venez
de nous mentionner que la Société des alcools a produit un vin
mélangé, élaboré, selon votre interprétation
de ce mot, et qui a profité de la baisse de prix. Mais il ne semble pas
que la Société des alcools ait plusieurs vins, quoiqu'elle
mélange plusieurs vins, qu'elle n'ait profité du rabais de prix,
à d'autres exceptions que celui dont on vient de parler. Pourquoi la
Société des alcools ne profite-t-elle pas de l'aubaine, de
diminuer ses prix de 0,55 $ la bouteille alors que l'industrie privée le
fait d'une façon carrément enthousiaste?
M. Biron: D'abord, c'est une stratégie de marketing de la
part de la SAQ. Je ne crois que cela aurait été bien, au
départ, de baisser tous les vins préparés, ou
embouteillés, ou mélangés par la Société des
alcools concernant les entrepreneurs privés. Il faut quand même se
rappeler ce que je disais au début, la guerre, littéralement,
qu'il y avait entre les entrepreneurs privés et la Société
des alcools, il y a quelques années. Or, nous, comme objectif - et c'est
ce que j'ai demandé a M. Lord - c'est de faire la paix avec les
entrepreneurs privés. La Société des alcools n'est pas
là pour faire
fermer les privés. Au contraire, elle est là pour les
aider à se développer.
Je lui ai demandé d'être très prudent dans les
actions de la Société des alcools, beaucoup plus prudent qu'on le
serait normalement, surtout au cours des premières années, pour
s'assurer que les relations entre les producteurs privés et la
Société des alcools soient les meilleures possible. Et, dans ce
sens-là, je pense que c'était normal de donner une chance aux
privés et de dire: Voyez-vous, la Société des alcools, qui
quand même, elle, comme grossiste de première distribution, peut
décider de prix différents, ne profite pas plus que vous; au
contraire, elle profite moins que vous de cette nouvelle politique parce qu'on
veut vous donner une chance sur le marché. Et c'est sûr qu'en
donnant une chance aux privés, ces gens-là prennent une plus
grosse partie du marché. Mais nous croyons qu'il faut y aller prudemment
avec la Société des alcools parce qu'on veut établir des
excellentes relations entre les industriels privés et la SAQ. Je dirais
que c'est beaucoup de prudence de la part de la Société des
alcools mais c'est ce que je lui ai demandé de faire.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
comment fonctionne exactement la mise en marché des bouteilles de vin
fabriqué par les producteurs québécois sur les tablettes
de la Société des alcools du Québec? Qui est-ce qui
décide quels vins sont mis en vente et selon quel processus? Quel
arbitrage se fait-il, pour faire en sorte qu'un vin, qui est
mélangé, ou élaboré, ou vinifié par un
producteur québécois, se retrouve un jour sur une tablette de la
SAQ alors qu'un autre vin pourrait ne pas s'y retrouver? Qui est-ce qui
décide et selon quels critères?
M. Biron: D'abord, il y a environ 2500 marques maisons qu'on
tient. J'ai demandé à la SAQ de diminuer ces marques formats
parce que cela en fait beaucoup à tenir en inventaire. Et plus on a
d'inventaire, plus cela coûte cher. J'ai demandé de diminuer un
peu. Cela veut dire qu'on n'acceptera pas, au cours des prochaines
années, un nombre illimité de marques, ce n'est pas possible.
Alors, la direction du marketing de la Société des alcools
décide donc qu'elle a besoin de 2500 ou de 2200 marques formats. Et,
à travers cela, à cause des statistiques des années
passées, on a besoin de tant de marques formats de gin, de rye, de
scotch et de vin, ainsi de suite comme cela. Une fois que les stratégies
sont bien établies sur le nombre de marques formats, il y a
déjà tous ceux et celles qui sont dans la machine, je pense qu'on
ne rejette pas, habituellement, quelqu'un qui a été reconnu, sauf
pour des raisons graves de qualité ou de problèmes qu'on peut
avoir avec ces gens-là... Mais, en règle générale,
c'est très peu.
Alors, pour les nouveaux listings, qu'on appelle, c'est la direction du
marketing qui fait des recommandations au comité de gestion, au conseil
d'administration, qui va en accepter quelques-uns. Mais la tendance est d'en
accepter le moins possible pour les magasins de la Société des
alcools.
Maintenant, vis-à-vis des épiceries et des
dépanneurs, c'est un peu différent parce que, autrefois, ils
étaient limités alors que la Société des alcools
n'était pas limitée, il y en avait 2500. Ils étaient
limités à trois par producteur, plus huit d'appellation
contrôlée, quinze vins de table de la Société des
alcools. Cela veut dire que l'épicier était limité
à environ 50, alors que la Société des alcools pouvait
aller à 2500. Là, on a dit: On va donner la chance à
l'épicier, on va lui permettre un peu plus de marge de manoeuvre. La
nouvelle loi nous le permet maintenant et la réglementation a
monté, immédiatement, à cinq marques par producteur
privé, cela veut dire 55 plus les quelque 20 de la Société
des alcools. (11 h 30)
Cette année, au mois de septembre, on va monter à dix par
producteur privé et, dans un an et demi, c'est complètement
illimité. Cela veut dire que l'épicier qui voudrait garder 200
marques formats pourra le faire, c'est son choix. La Société des
alcools n'aura rien à dire sauf regarder la qualité du produit
et, c'est sur le fond de la qualité du produit, sur l'analyse de la
qualité du produit que la Société des alcools, par son
laboratoire, pourra dire: Non, la qualité n'est pas bonne, donc on ne
veut pas le mettre en marché. L'industriel privé qui se sentira
lésé pourra faire appel au comité interprofessionnel -
dont on a discuté la venue hier - qui pourra décider si oui ou
non les gens de la Société des alcools ont eu raison de rejeter,
pour des raisons de qualité, le vin qui sera mis en marché. Je
répète que vis-à-vis des épiciers, les
dépanneurs, les 10 000 points de vente, il y a beaucoup plus de
latitude, beaucoup plus de marge de manoeuvre. Vis-à-vis des vins de la
Société des alcools ou des spiritueux, je leur demande de baisser
autant que possible le nombre de marques maisons.
Maintenant, les épiciers et les dépanneurs nous ont
demandé s'il était possible pour eux d'avoir certaines marques
exclusives, c'est-à-dire des marques qui ne seraient vendues que par
eux, et qui ne seraient pas vendues dans les magasins de la
Société des alcools? C'est possible de faire cela. En
contrepartie, il y a certaines marques de vins de table qui seraient
peut-être vendues en exclusivité dans les magasins de la
Société des alcools et qui ne seraient
pas vendues dans les épiceries et les dépanneurs. Je pense
que ce sont tout simplement des stratégies de marketing qui ont
été demandées par le secteur privé, qu'on juge
raisonnables et qui devraient fonctionner au cours des prochaines
années.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quand un producteur a une marque acceptée
à la Société des alcools du Québec, peut-il
fabriquer la quantité de caisses qu'il veut et obliger la
Société des alcools à acheter toute cette production? Qui
décide le nombre de caisses que la Société des alcools
doit acheter d'un producteur? Est-ce que cela est illimité?
M. Biron: Non, ce n'est pas illimité. On a des
études de marché, la disponitilité de l'absorption du
marché et une fois qu'on a ces études de marché, cela
évolue un peu, mais très peu sur les années
passées. Par exemple, disons qu'il y a une nouvelle sorte de vin.
Maintenant, cela va être un peu plus difficile parce qu'il y en a de plus
en plus de sortes qui sont vendues, mais on essaie d'être le plus prudent
possible pour ne pas stoker pour plusieurs années à l'avance.
Dans ce sens, les études de marché sur chacun des secteurs de vin
ou de spiritueux fonctionnent et c'est en fonction des ventes du passé
qu'on place nos commandes pour tenir un inventaire.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qu'il arrive si, à un moment
donné, la Société des alcools achète ou passe une
commande pour un certain nombre de milliers de caisses d'un vin qui,
finalement, ne se vend pas? Est-ce que le producteur est obligé de
reprendre le vin à ce moment? Ou est-ce que la Société des
alcools reste collée avec ces vins?
M. Biron: Non, la Société des alcools essaie
d'abord de ne pas acheter quelque chose qui ne se vend pas, mais cela arrive de
temps à autre, une fois ou deux par année qu'il y a certaines
ventes à la Société des alcools justement pour se
débarasser des sortes... Des fois ce sont d'excellents vins. Vous allez
à la maison des vins, vous pouvez avoir d'excellents vins à un
très bon prix. On est pris avec et on dit: Baisse le prix et vends-les.
Lorsqu'on est obligé de baisser le prix pour écouler des stocks,
habituellement, il n'y a jamais d'autres commandes qui sont replacées de
cette marque.
M. Bourbeau: Peut-être que je ne pose pas mes questions
d'une façon assez précise.
M. Biron: On me rajoute aussi, lorsque c'est du vin, qui est
vendu par des producteurs québécois, si on importe du vin en
bouteille, on est pris avec, on l'écoule. Lorsque ce sont des
producteurs québécois, il y a une participation de la part du
producteur québécois pour pouvoir l'écouler.
M. Bourbeau: Pour pouvoir quoi?
M. Biron: Pour écouler ce vin, lorsqu'on est obligé
de le vendre à rabais, la Société des alcools discute avec
le producteur et lui dit: Je suis prise avec 1000 caisses de ton vin, il n'y a
pas personne qui veut l'acheter, cela ne fonctionne plus dans les
épiceries, qu'est-ce que je fais avec? Souvent on va s'entendre, le
producteur va dire: Je vais enlever 1 $ par bouteille ou 1,50 $, vendez-le et
je vous donne un crédit.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir sur le sujet. La décision
finale pour la Société des alcools d'acheter un vin est prise par
le comité d'experts et entérinée par le conseil
d'administration. Une fois que la décision est prise d'acheter, la
quantité de vin qui est vendue, est-ce que c'est le producteur qui dit:
Je pense que peux vendre 40 000 caisses, et il force la Société
des alcools à acheter 40 000 caisses? Ou est-ce la société
qui dit: On va t'en acheter 40 000 caisses et qui prend la
responsabilité?
M. Biron: Le producteur doit déposer son étude de
marché qui est réétudiée par la
Société des alcools. Le producteur dit: J'ai telle sorte de vin
et je pense que je vais en vendre 40 000 caisses. La Société des
alcools peut dire: On a examiné ton affaire et cela n'a pas de bon sens,
on va peut-être en prendre 20 000 caisses, mais on va te placer une
première commande de 2000 caisses et, au fur et à mesure que
celles-là vont être écoulées, le restant, tu nous le
fournis. S'il y a des problèmes en cours de route, qu'on ne peut pas
vendre, les discussions recommencent entre la société et le
producteur pour ajuster le prix et faire les écoulements de stock
nécessaire. Mais en règle générale les achats sont
faits d'une façon assez conservatrice pour qu'on ne soit pas
obligé de faire des ventes de rabais à tout bout de champ.
M. Bourbeau: Sur le plan juridique, elles ont causé des
problèmes ces questions de stocks commandés en trop ou
livrés en trop.
M. Biron: Quant à certains stocks, surtout si on les garde
trop longtemps et s'ils se détériorent, le producteur va dire: Ce
n'est pas de ma faute, c'est parce que vous ne les avez pas vendus. La
Société des alcools dit au producteur: On ne les a pas vendus,
parce qu'ils ne sont pas vendables. Mais en règle
générale, on en vient à des ententes avec le producteur,
parce que le producteur qui ne serait pas raisonnable
envers la Société des alcools, la SAQ va dire à
l'avenir: Au lieu d'acheter 2000 caisses d'un vin que toi tu prétends
que tu vas vendre, nous on va en acheter juste 500 parce qu'on n'a pas pu en
venir à une entente avec toi. Finalement ce sont beaucoup plus des
ententes entre des gens d'affaires qui apportent des solutions à ces
problèmes.
M. Bourbeau: Y a-t-il déjà eu des poursuites
judiciaires de prises en rapport avec ce sujet?
M. Biron: Non, pas à ma connaissance, de la SAQ contre des
producteurs.
M. Bourbeau: Et l'inverse?
M. Biron: Les producteurs? Oui.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait avoir un peu plus de
détails s'il vous plaît?
M. Biron: II faudrait que je vérifie. On me dit qu'il y a
un cas qui est arrivé il y a deux ou trois ans et qui est
réglé depuis ce temps. Mais il faudrait que je vérifie si
au cours de la dernière année, ou des deux dernières
années, il y a eu d'autres cas.
M. Bourbeau: Le ministre pourrait nous informer à ce sujet
dans les jours qui viennent.
M. Biron: Oui.
M. Bourbeau: Merci. Pour l'instant, je vais passer la parole
à quelqu'un d'autre, si quelqu'un d'autre veut parler sur ce sujet,
peut-être que je reviendrai tantôt avec autre chose. Je ne sais pas
s'il y en a qui veulent parler.
La Présidente (Mme Harel): II y a des membres de cette
commission qui veulent intervenir.
M. le député de Duplessis.
M. Bourbeau: J'aurai d'autres questions et c'est encore sur la
Société des alcools. À moins que personne ne veuille en
poser.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, je vais laisser le
député de Laporte aller de l'avant avec la Société
des alcools et lorsqu'il aura terminé, je reviendrai avec le dossier de
Sidbec-Normines.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Merci, Mme la Présidente.
Je voudrais dire quelques mots sur le projet de coopératives
franchisées qu'a annoncé le ministre. Il semble d'une
façon générale que les syndicats ne soient pas très
enthousiastes à l'égard du projet, non plus que le monde de la
coopération, si on en croit les déclarations faites par les
principaux dirigeants de ce monde. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
où on en est aujourd'hui, d'une façon un peu plus précise,
dans l'évolution de ce dossier? Est-ce qu'il y a actuellement des cas
précis de coopératives en formation? Où seraient-elles
situées? Combien y en a-t-il? À quel stade en est-on rendu?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: C'est toujours au stade de projet en étude avant
de prendre toute décision quant à aller de l'avant avec ce
projet. Bien sûr, il y aura une discussion au Conseil des ministres et au
caucus des députés, mais à l'heure actuelle, c'est
toujours un projet qui est en étude. D'abord, il fallait concevoir le
projet, il fallait savoir pourquoi on voulait le faire dans une vision globale
de l'évolution de la collectivité québécoise et
après cela, ce serait quoi le projet? Comment les gens seraient-ils
traités à l'intérieur de cela? Il y a toute une question
de sécurité d'emploi, de promotion, quels sont les gens qui vont
y participer? Comment va-t-on fonctionner? Et après cela, il faut
laisser la liberté aux travailleurs et aux travailleuses, aux directeurs
des différentes succursales de décider eux-mêmes. On a dit
que c'était un projet qui serait expérimental donc, cela ne sera
pas un projet qui va être imposé. Nous attendons des demandes.
Déjà il y a 40 ou 50 succursales qui nous ont écrit et qui
nous ont dit: Nous, on est intéressé de vivre ce projet, il me
semble que c'est plaisant et c'est une façon pour nous de se
développer, c'est une façon pour nous d'atteindre une pleine
maturité économique. Or, il faut aussi juger du bien-fondé
d'abord du projet. Deuxièmement, cela va être quoi le choix? Cela
va être quoi les critères? Comment va-t-on faire pour suivre
l'évolution de chacun de ces projets? Cela est important aussi les
stocks en inventaire, les ventes. C'est important pour nous de réussir
à améliorer la profitabilité de ces succursales, si on
veut que les travailleurs mêmes en profitent pleinement.
Dans ce sens, il n'y a aucune décision de prise. Je ne peux donc
pas vous dire lequel va passer en premier, quelle succursale sera
acceptée. C'est encore à l'état de projet, mais il y aura
un choix à faire dans les nombreuses demandes qu'on a.
Maintenant, les syndicats. C'est sûr qu'il y a un syndicat qui
s'oppose. Les autres
syndicats avec lesquels nous avons discuté nous ont au moins dit:
Nous voulons collaborer à l'élaboration du projet. On veut y
participer. Notamment, le Syndicat des directeurs de succursale dit: Nous
voulons puisqu'on est... Si on est appelé à vivre certaines
expériences, on veut voir ce qui va nous arriver là-dedans. On
est prêt à discuter et, lorsque le projet sera
détaillé, on jugera du bien-fondé de celui-ci, oui ou non.
Mais, avant de connaître le projet à fond, cela serait un peu
ridicule et de mauvaise foi de se déclarer contre avant de savoir ce que
c'est.
Dans ce sens, je pense que je peux me féliciter de la
participation de plusieurs des membres de ces syndicats. Il y en a un qui,
jusqu'à maintenant, n'a pas voulu participer à la
préparation du projet. Je juge que c'est une erreur de sa part parce que
lorsqu'un projet comme cela est sur la table et qu'on veut revaloriser les
travailleurs, ou on est pour les travailleurs ou on est contre. Nous sommes
pour les travailleurs. On dit: Les travailleurs sont compétents. Les
travailleurs sont capables de faire des choses et ils sont assez intelligents
maintenant pour prendre des décisions eux-mêmes vis-à-vis
de la gestion de leur magasin. D'autres, le syndicat en particulier qui
s'oppose dit: Non. Les travailleurs ne sont pas capables de faire cela. Je dis:
Les travailleurs sont capables et je suis prêt à leur faire
confiance.
On va continuer à fouiller le dossier. Il y aura une
présentation de faits. Après cela, une fois que la
décision finale sera prise, il y a aura le choix des différentes
succursales et l'expérimentation qui devrait durer pendant quelques mois
au moins, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: II semble y avoir une contradiction dans les propos
du ministre. Le ministre nous décrit un projet qui semble en voie
d'élaboration, pour employer ses propres mots. Des employés se
seraient déclarés intéressés. On est en train de
considérer sérieusement comment le faire, etc. D'après les
propos mêmes du ministre, il est évident qu'il y a un projet en
voie de développement.
Le ministre nous dit que la décision n'est pas prise, qu'il n'a
pas consulté le caucus ni le Conseil des ministre. Est-ce que le
ministre présuppose une décision... Est-ce qu'il y a des
indications voulant que le Conseil des ministres aurait accepté ou est
sur le point d'accepter ou si le ministre présume simplement que toutes
ces décisions vont être positives dans un avenir plus ou moins
rapproché?
M. Biron: Dans le fond, jusqu'à maintenant, il fallait
concevoir le projet et c'est nouveau. C'est sûr que cela surprend des
gens parce que c'est nouveau. Des coopératives de travailleurs dans le
domaine du commerce, cela n'existe pas. Il faut même retoucher la Loi sur
les coopératives là-dessus pour permettre plus de latitude pour
pouvoir fonctionner à notre goût. Alors, cela n'existe pas, cela
n'a pas fait partie de nos moeurs, cela n'a pas fait partie de nos traditions.
On a dit: Non, on n'a pas le droit d'être des coopérateurs dans le
domaine du commerce.
Lorsque la direction des coopératives est arrivée au
ministère, j'ai commencé à regarder ce qu'on peut faire
pour faire davantage de développement des coopératives. J'ai
parlé à plusieurs reprises depuis des années et des
années de participation des travailleurs. Je cherchais un moyen pour que
le travailleur puisse se revaloriser. On a trouvé, à discuter
avec les gens des coopératives, la direction des coopératives,
que ce moyen serait peut-être intéressant.
D'abord, c'est sûr que c'est une petite révolution à
l'intérieur des coopératives. On ouvre tout un secteur qui ne
fonctionnait pas en coopérative autrefois et qui était même
empêché de le faire. On l'ouvre, ce secteur. Donc, c'est
déjà là un changement majeur.
Deuxièmement, lorsqu'on va . un petit peu plus loin dans ce
secteur, on dit: II faut vivre des expériences pilotes et pourquoi ne
pas vivre des expériences dans des secteurs où au moins on est
à peu près assuré de réussir. Les magasins de la
Société des alcools en sont un exemple. Là aussi, il faut
concevoir tout le projet. C'est pour cela qu'on en a parlé au
départ. Le projet n'était pas aussi bien conçu
qu'aujourd'hui parce qu'il y a bien des gens qui sont intervenus dans ce
dossier et en ont parlé. Les gens du Comité provincial des
coopératives de production ont dit: C'est excellent. On veut vivre
l'expérience avec vous et on veut même vous aider. Ce sont des
gens qui sont tout près des coopératives de travailleurs de
commerce parce que ce sont des coopératives de travailleurs de
production. Il y a des expériences qui sont valables. Donc, ce
Comité provincial des coopératives de travailleurs de production
nous a dit: Oui, on est prêt à fonctionner avec vous, mais on veut
voir plus loin comment cela va aller et, tout le long du cheminement de ce
dossier, on veut pouvoir vous accompagner. (11 h 45)
Dans ce sens, c'est un peu surprenant de voir un ministère comme
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
s'intéresser aussi activement au dossier des coopératives. Mais,
depuis que les coopératives sont chez nous, on a dit: Les
coopératives, ce n'est pas du folklore. C'est du développement
économique et il faut s'en servir comme outil important. On n'est
pas
surpris de voir certaines réactions un peu négatives de
part et d'autre au départ, tant et aussi longtemps que le projet n'est
pas bien compris et pas bien perçu de notre part. Certaines personnes
sautent aux conclusions et disent: Parce qu'on ne l'a jamais fait dans le
passé, cela ne se fait pas; mais nous prétendons que ce n'est pas
parce qu'on ne l'a pas fait dans le passé que cela ne se fait pas. C'est
que cela n'a pas adonné qu'on ne l'a pas fait dans le passé, mais
maintenant "other days other ways". Il faut ajuster nos activités en
fonction de l'évolution du monde. Et nous, au Parti
québécois et au gouvernement du Québec, avons confiance au
jugement des travailleurs et à leur intelligence. On est en train de
former des équipes extraordinaires à travers le Québec de
gestionnaires d'entreprises. Je ne vois pas pourquoi on serait incapable de
former des gestionnaires de coopératives. C'est là que les gens
vont devenir pleinement indépendants. Vous le savez, c'est quand on a de
l'argent dans nos poches qu'on est indépendant. On veut que les
travailleurs et les travailleuses apprennent de plus en plus à devenir
indépendants. Et un jour ou l'autre, ils voteront leur
indépendance politique. C'est dans la vision générale de
la collectivité québécoise qu'on fait aussi cela. Bien
sûr. Mais, vous ne pouvez vous opposer à ce qu'on travaille
à enrichir les travailleurs.
M. Bourbeau: Mme la Présidente. La cassette du ministre,
nous l'avons entendue à plusieurs reprises. Si le ministre veut nous
faire confiance, nous sommes au courant de son projet de société,
mais mes questions voudraient être un peu plus précises.
Le syndicat prétend qu'il y a une certaine injustice dans le
projet du ministre en ce sens que certains employés auraient le droit de
faire partie de coopératives et d'autres n'en auraient pas le droit. Par
exemple, les employés de bureau, ont-ils aussi le droit de faire partie
des coopératives, si tant est qu'il y en a? Les employés manuels
et les directeurs régionaux de succursale ont-ils aussi le droit d'en
faire partie?
M. Biron: Mme la Présidente, j'ai dit que c'est nouveau,
cela arrive. Je suis heureux de voir que les syndicats nous disent: On se
préoccupe que tout le monde fasse partie des coopératives. Tant
mieux, j'applaudis, mais avant de faire un adulte de notre enfant, on va
commencer à un an, deux ans, trois ans ou cinq ans. On va
l'éduquer et il va devenir adolescent puis homme, ensuite. On va
commencer à la base, vivre certaines expériences là
où c'est possible et permettre ensuite au plus grand nombre possible
d'employeurs et de travailleurs de participer à ces
coopératives.
Bien sûr, à l'intérieur de la formule de recrutement
des membres des coopératives, s'il y en a qui ne sont pas
intéressés à devenir des coopérateurs et qui aiment
mieux travailler dans les ateliers ou dans le bureau et que d'autres qui sont
dans le bureau voudraient faire partie des coopératives parce qu'ils
disent que c'est plus valorisant pour eux, il y aura des ajustements. C'est
dans la transition entre le système actuel et le système à
venir; éventuellement, il y aura des ajustements sur cela. C'est ce qui
est le plus important. Notre vision va encore plus loin que les magasins de la
SAQ sur ce point. Je prétends que d'ici cinq ou dix ans, vous allez
avoir des milliers et des milliers de coopératives de travailleurs de
commerce. Il y a des gens dans le domaine de la restauration qui nous demandent
présentement de former des coopératives dans ce domaine. Tout le
personnel de restaurant, il y en a environ cinquante dans un restaurant qui
sont venus me voir l'autre jour. Techniquement, c'est difficile de les passer,
parce que la loi ne nous le permet pas. Il faut faire un peu de contorsion pour
dire oui à une coopérative dans le domaine de la restauration.
Vous faites la transformation de la matière et vous êtes
éligible, mais quand même, seulement pour vous donner une
idée, il y de plus en plus de gens qui songent à la formule
coopérative mais là la formule coopérative, alors que cela
s'ajustait aux acheteurs, ceux qui voulaient acheter formaient une
coopérative pour regrouper leurs achats. Maintenant, ce sont ceux qui
produisent du travail, à la fois des pièces finies dans
l'industrie manufacturière et à la fois du travail dans le
domaine commercial. Et dans ce sens, je vous prédis que d'ici cinq ou
dix ans, vous allez avoir des milliers et de milliers de coopératives
dans le domaine du commerce et ce seront des gens, des travailleurs, qui seront
propriétaires de leur propre entreprise.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: En pratique, quand des travailleurs vont vouloir se
grouper en coopérative dans une succursale donnée, comment le
ministre envisage-t-il l'élaboration du projet sur le plan pratique? Par
exemple, est-ce qu'on va comptabiliser la valeur des inventaires, des fixtures,
du bail et de l'achalandage? Est-ce que les travailleurs seront requis
d'acheter cela comptant ou devront-ils payer un certain montant comptant?
Est-ce que le gouvernement va accorder des subventions aux travailleurs, ou des
prêts sans intérêt? Comment tout cela se financera-t-il et
comment le gouvernement va s'assurer qu'il n'y aura pas de pertes au niveau des
actifs du gouvernement?
M. Biron: Premièrement, je ne veux pas que nous
comptabilisions l'achalandage. L'achalandage d'un réseau comme les
magasins de la Société des alcools du Québec, si vous
voulez offrir les 350 succursales en vente au privé vous aurez beaucoup
de millions de dollars. Je juge que c'est peut-être important beaucoup de
millions de dollars pour le gouvernement, mais c'est beaucoup plus important
d'avoir du monde pour revaloriser le Québec. C'est avec du monde qu'on
va développer le Québec. Dans ce sens-là, à
condition d'en faire des coopératives de travailleurs et que les
travailleurs y participent eux-mêmes, on ne charge rien pour
l'achalandage. C'est ma première préoccupation.
Deuxièmement, on dit qu'il y a de l'inventaire et c'est vrai. Il
y a des caisses enregistreuses. Les baux de location sont
transférés au même prix. Il y a de l'inventaire et il
s'agit de faire le calcul de l'inventaire et de savoir comment les gens vont
financer leur inventaire puisqu'ils vont être propriétaires de
l'inventaire. C'est cela qu'on est présentement à élaborer
avec des gens qui font de la recherche là-dessus, qui discutent avec
bien du monde. Les caisses populaires sont intéressées à
nous aider dans le financement de ces coopératives. La
Société de développement des coopératives va
probablement devoir intervenir dans le financement du capital social. Les
travailleurs eux-mêmes vont devoir mettre quelques milliers de dollars de
base de départ dans le capital social de leur coopérative. Enfin,
on ne veut pas en faire du folklore. Ce qu'on veut en faire, ce sont des chefs
d'entreprise compétents. Avec le temps, en étant bien suivis par
le gouvernement du Québec et surtout en étant appuyés par
le gouvernement du Parti québécois, ces gens vont pouvoir se
revaloriser pleinement et on ne les laissera pas tomber en cours de route. Il y
aura un suivi très strict de fait auprès de ces
coopératives autant au point de vue de la gestion qu'au point de vue de
la gestion des inventaires, de stocks ou autrement et aussi au point de vue
financement. Dans ce sens-là, on va les aider tout au long de la
route.
Vous allez me demander si cela coûtera de l'argent au gouvernement
du Québec. Cela ne coûtera pas d'argent au gouvernement du
Québec. Les revenus de la Société des alcools du
Québec vont continuer à augmenter pour le ministre des Finances,
selon ce qui augmente régulièrement et normalement. On aura un
millier, quelques milliers ou plusieurs milliers parce que d'autres commerces
aussi vont éventuellement faire la même chose, des citoyens
québécois qui vont être propriétaires de leur
entreprise et qui vont devenir des chefs d'entreprise.
M. Bourbeau: Le problème qui se pose à ce
niveau-ci, c'est qu'il semble - le ministre l'admet lui-même - que
l'achalandage sur le marché normal a une valeur marchande. Dans le
commerce, on pourrait retirer des millions et des millions de dollars pour la
vente de l'achalandage. Il y a également les baux, dans bien des cas les
succursales de la SAQ ont des baux à long terme à des prix
très bas en fonction du fait que, très souvent, les succursales
ont servi dans un centre commercial de ce qu'on appelle "anchor tenant" un
locataire de départ, qui a obtenu des concessions importantes de la part
du promoteur pour s'installer là. Sur le marché normal, cela vaut
de l'argent des baux à long terme à des loyers très bas.
Si on vendait une succursale avec un bail de 20 ans à 3 $ le pied, on
peut escompter cela à plusieurs centaines de milliers de dollars. Le
ministre dit: Non, on ne chargera pas pour cela, on va seulement
transférer ces baux parce qu'on veut aider les travailleurs. Le
problème se pose à l'égard de tous les autres travailleurs
au Québec qui ne sont pas des travailleurs dans une succursale. Comment
le ministre peut-il concilier ce qu'il vient de nous dire avec les
intérêts d'un travailleur qui travaille à la mine
d'Asbestos ou qui travaille à Sept-Îles dans l'industrie du
charbonnage ou de l'acier, qui lui aussi paie des impôts, qui
reçoit un salaire pas plus élevé que celui d'un
employé à l'intérieur d'une succursale de la
Société des alcools du Québec, qui n'a souvent même
pas la sécurité d'emploi qu'ont les travailleurs de la
Société des alcools du Québec? Pourquoi le ministre
privilégie-t-il certains travailleurs par rapport à d'autres qui
auraient tout aussi droit à avoir accès aux mêmes cadeaux
de la part du gouvernement - si je peux dire - et qui n'auront pas droit
à ces cadeaux? Est-ce qu'il n'y a pas une injustice fondamentale
à l'endroit de la très grande majorité des travailleurs du
Québec?
M. Biron: Si j'ai bien compris le sens de l'intervention du
député de Laporte, c'est vraiment le Parti libéral du
Québec. Il s'oppose à ce que les travailleurs de la
Société des alcools du Québec ou des travailleurs du
Québec en profitent et il serait d'accord pour qu'on vende à une
chaîne privée une grande multinationale. Il serait d'accord pour
qu'on vende cela et que les travailleurs n'auraient pas un cent, ils
continueraient à travailler à l'heure, ils seraient
exploités mais ce serait beau parce que ce serait vendu au privé
et on aurait un monopole privé. C'est vraiment la philosophie du Parti
libéral du Québec qui est toujours en train d'essayer de fourrer
les travailleurs et de faire plaisir à quelques amis des grandes
entreprises, si j'ai bien lu l'intervention du député de Laporte.
Si je
disais demain matin: Je vais vendre cela à une firme
privée, au plus offrant, bien sûr ce serait les grands du monde de
l'alimentation et peut-être les grandes firmes multinationales ou du
monde des boissons alcooliques qui achèteraient cela. Ils feraient de
l'argent avec, parce qu'il y aurait un consortium privé. Le Parti
libéral applaudirait à tout rompre et, pendant ce temps, les
travailleurs n'auraient absolument rien pour se revaloriser.
Je suis un peu scandalisé d'entendre le député de
Laporte là-dessus. Il n'est pas représentant seulement des
grandes firmes multinationales, il est aussi représentant du monde du
Québec. Il devrait applaudir lorsqu'on veut donner une chance aux
travailleurs et travailleuses. Vous devriez intervenir, parce qu'il me semble
que vous soyez un gars compétent qui comprend quelque chose, au sein de
votre parti politique. Faites-les changer d'idée. La façon dont
le Parti libéral du Québec s'en va à l'heure actuelle n'a
pas de bon sens. Il est contre le monde ordinaire. Essayez donc d'intervenir au
caucus. Il me semble que vous ayez un peu de bon jugement. Intervenez au causus
et mettez donc de côté les gens qui ne veulent pas comprendre le
bon sens en ce qui concerne l'aide aux travailleurs. Faites en sorte, au moins,
que le Parti libéral soit au service de la population et non seulement
au service des grandes multinationales.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je crois que le ministre
s'est trompé de forum. Nous n'en sommes pas à la période
de questions; il n'y a pas de caméra de télévision ici. Je
comprends que le ministre ait la bouche fendue jusqu'aux oreilles et qu'il soit
en train de rire après avoir fait un tel discours, mais je voudrais que
le ministre, sérieusement, laisse de côté sa cassette - il
n'y a pas de télévision ici -parce que je pense qu'il n'a pas
saisi le sens de ma question.
Je ne lui ai pas demandé de vendre les succursales à
l'industrie privée ou aux multinationales. Le ministre fabule en disant
cela. Comment le ministre peut-il nous dire qu'il privilégiera certains
travailleurs et délaissera les autres?
Je voudrais qu'il se rende compte que le Parti libéral du
Québec, par la bouche du député de Laporte - Mme la
Présidente, vous me permettrez la même latitude que vous avez
permise au ministre - se préoccupe de l'intérêt des autres
travailleurs du Québec, ceux qui n'ont pas souvent la
sécurité d'emploi comme certains membres du Syndicat des
employés de la SAQ. Pourquoi faites-vous un cadeau à des
travailleurs syndiqués qui ont toutes les garanties, toute la
sécurité, et que d'autres travailleurs qui, parfois, n'ont
même pas la sécurité d'emploi, qui travaillent aussi fort
et qui parfois gagnent même moins d'argent, ne pourraient pas, eux aussi,
avoir l'occasion de se lancer en affaires, comme vous le dites si bien?
Pourquoi privilégier un groupe de travailleurs plutôt qu'un
autre? N'est-ce pas une injustice à l'endroit de l'ensemble des
travailleurs du Québec? J'espère que le ministre aura bien saisi
le sens de ma question, sinon je la lui répéterai encore une
troisième fois.
M. Biron: D'abord, Mme la Présidente, pour ce qui est de
la cassette, c'est beaucoup plus votre ancien chef ou votre nouveau chef qui se
sert de cassette. Tout le monde reconnaît cela. D'ailleurs, on le voit
à la télévision quand il parle et c'est toujours la
même cassette. Ce qu'il disait en 1970, il le redit aujourd'hui, quinze
ans plus tard. Par exemple...
M. Bourbeau: Si le ministre veut qu'on lui ressorte ses propos de
1977, on peut les lui ressortir aussi.
M. Biron: ...il n'a même pas reconnu ce que je disais tout
à l'heure: autres temps, autres moeurs; "other days, other ways". Il
continue de dire la même chose qu'il y a quinze ans, alors que le monde a
évolué. C'est sûr que je disais des choses en 1976-1977,
mais j'ai évolué, parce que le monde a évolué et
j'ai essayé d'évoluer avec le monde. J'ai essayé de ne pas
me faire dépasser par l'évolution du monde, alors que votre chef
est complètement dépassé par l'évolution du monde;
il est encore en 1950 ou je ne sais quoi.
M. Bourbeau: Soyons sérieux.
M. Biron: Quant à la question que vous posez, c'est
sûr qu'on ne peut régler tous les problèmes des 6 000 000
de Québécois et de Québécoises en même temps
et en faire des chefs d'entreprise. Je ne dis pas cela non plus et ce n'est pas
mon objectif pour demain matin. Je pense que c'est à plus long terme. On
ne peut pas faire des indépendantistes de tout le monde au Québec
demain matin, mais, au cours des prochaines années, on arrivera à
en faire des indépendantistes.
C'est la même chose, vous me dites: Vous aidez 2000 travailleurs;
pourquoi n'en aidez-vous pas 2 000 000? Théoriquement, vous avez
peut-être raison; pourquoi est-ce que je n'aide pas 2 000 000 de
travailleurs? C'est parce que je n'ai pas, à l'heure actuelle, les
moyens d'en aider 2 000 000; au moins, si je règle le cas de ces 2000
travailleurs et si j'en fais des chefs
d'entreprise, des gens indépendants et des gens heureux, ensuite
je pourrai m'attaquer à un autre secteur, à un autre
créneau de la population des travailleurs et des travailleuses, et en
faire des gens heureux aussi, en faire des indépendantistes et des
indépendants financièrement.
Ce que je veux faire, dans le fond, ce n'est pas régler tous les
problèmes avec la Société des alcools et régler
ceux de la collectivité québécoise. Je veux
procéder pour ce groupe de travailleurs et dire: Au moins,
celui-là a quelque chose de réglé; ce sont des gens qui
peuvent se valoriser pleinement dans un Québec indépendant et on
continuera, après cela, avec un autre groupe de gens et ainsi de suite
comme cela.
L'objectif d'un gouvernement, dans le fond, c'est de faire
évoluer la population dans un sens et suivre l'évolution de la
population en même temps, dans le sens où la population veut
aller. Je pense qu'on aidera quelques milliers de travailleurs,
c'est-à-dire plusieurs dizaines de milliers de Québécois
qui sont autour de ce monde. Après cela, on est prêt à
intervenir dans d'autres secteurs. Si vous avez d'autres secteurs à me
suggérer, à intervenir ensuite, on va y aller secteur par
secteur, sans intervenir pour 2 000 000 de travailleurs d'un coup sec.
M. Bourbeau: SIDBEC peut-être. (12 heures)
La Présidente (Mme Harel): Je dois informer les membres de
cette commission que, contrairement à ce que nous croyions au tout
début de nos travaux, nous devrons quitter cette salle à 12 h 15
parce qu'elle a été réservée par un groupe - je ne
sais trop lequel des groupes parlementaires - qui doit s'y rencontrer. C'est la
raison pour laquelle il y a un dîner qui est en train de se
préparer. Alors, il nous reste donc à peine quinze minutes pour
compléter les travaux.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je savais que la
réforme parlementaire avait amélioré le sort des
députés, mais je ne pensais pas que cela allait jusqu'à
fournir un repas gratuit aux députés. Alors, merci, au nom de
tous les membres de l'Opposition.
La Présidente (Mme Harel): Je ne pense pas que ce soit
pour nous, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: C'est peut-être une subvention du ministre
pour tenter d'amadouer les députés de l'Opposition.
La Présidente (Mme Harel): Je ne pense pas que ce soit non
plus une initiative du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Alors, M. le député de Laporte, toujours sur le même
sujet.
M. Bourbeau: Sur le sujet de la SAQ, Mme la Présidente, on
pourrait en parler encore pendant quelques heures. Mais comme le ministre a
commencé à sortir ses cassettes politiques, je pense que cela a
de moins en moins d'intérêt. Alors, on pourrait peut-être
passer à d'autres sujets. Il y aurait, en ce qui nous concerne, la
question des chantiers maritimes dont on voudrait parler. Ce ne sera pas
tellement long. S'il y a d'autres...
La Présidente (Mme Harel): Si vous me le permettez, avant
que l'on entreprenne le dossier des chantiers maritimes, je vais permettre au
député de Duplessis de faire l'intervention qu'il nous a
annoncée sur le dossier de SIDBEC-Normines.
SIDBEC (suite)
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. D'abord, je voudrais
vous exprimer ma déception car, malgré mon intervention du
début, à savoir que cette commission ne se penche pas sur le fond
du dossier de SIDBEC-Normines quant au règlement, ce qui exprimait, en
fait, les voeux de la population de la ville de Gagnon et de son conseil
municipal, j'ai réalisé que les questions, qui avaient
été posées par le député de Laporte,
devaient amener le ministre à répondre à certaines
questions sur le fond lui-même. Je crois que c'est un manque de respect
pour la population puisqu'elle l'a déjà exprimé. Et ce que
je veux, dans le dossier de SIDBEC-Normines - cela a toujours été
clair, le ministre pourra le confirmer lui-même c'est que, d'abord, on
arrête de discuter du dossier de SIDBEC-Normines quant à son
règlement et, dans un deuxième temps, lorsqu'il y aura une
décision de rendue, dans un sens ou dans l'autre, ce ne sera pas le
Parti libéral qui va être informé en premier lieu, mais ce
sera la population de Gagnon qui sera informée des solutions possibles
quant aux problèmes vécus depuis de nombreuses années et
ce, à partir de 1975 en particulier, suite à la signature des
contrats par l'ancien gouvernement.
M. Bourbeau: J'avais entendu cela pour Quebecair
également.
M. Perron: Dans un deuxième temps...
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Perron: Mme la Présidente, je voudrais dire qu'à
la suite de l'affirmation du député de Laporte, à savoir
que c'était le gouvernement actuel qui avait signé les contrats
se rapportant à SIDBEC-Normines, c'est totalement faux, parce qu'il y a
des contrats qui ont été signés en 1975 et 1976.
Quant au gouvernement qui est actuellement en place, depuis le 15
novembre 1976, il en a signé, de mémoire, deux.
Il faut comprendre ceci. C'est que, en plus de l'acte de fiducie et du
financement de SIDBEC-Normines, il y a des conventions afférentes
à la compagnie SIDBEC-Normines qui peuvent être regroupées
en trois. Cela, je le dis non pas pour éclairer la lanterne du
député, mais l'allumer complètement pour qu'il puisse
comprendre le fond du dossier de SIDBEC-Normines.
C'est ce à quoi on fait face actuellement, en 1984.
Premièrement, il y a la convention entre actionnaires, les contrats
d'achat de boulettes et, en troisième lieu, les contrats de services
avec la compagnie minière Québec Cartier. Si on prend le premier
point, soit la convention entre actionnaires, il ne faut pas oublier qu'il y a
plusieurs sous-contrats ou ententes qui ont été signés. Je
vais juste donner un compte rendu de ce genre de contrats ou d'ententes.
D'abord, la convention entre actionnaires. Le but de la convention entre
actionnaires, c'est de déterminer les droits et obligations que les
actionnaires de SIDBEC-Normines ont les uns envers les autres et envers
SIDBEC-Normines, ainsi que de prévoir les règles de conduite des
affaires de la compagnie.
Contrats. Amendements aux lettres patentes et au statut de la compagnie,
ce qui prend l'approbation unanime des actionnaires. Je continue.
Répartition du capital-actions, fusion ou vente de la compagnie,
dissolution ou liquidation de la compagnie, aliénation de la mine de
Fire Lake. Je continue toujours, Mme la Présidente, quant aux contrats
ou aux ententes qui ont été signées par l'ancien
gouvernement: tout emprunt ayant pour effet de porter les sommes
empruntées par SIDBEC-Normines au-delà de 10 000 000 $ et cela
fait partie de deux tiers de l'approbation des actionnaires; b) l'adoption de
toute politique de dividende; c) l'adoption de toute politique de relation
ouvrière; d) l'adoption des budgets; e) la fin en totalité ou en
partie des contrats ou ententes avec la compagnie minière Québec
Cartier lorsque ces contrats sont résiliables; f) l'adoption de toute
politique d'investissement. Je pourrais ajouter que tout transfert d'actions
d'un partenaire ne pourra s'effectuer sans le consentement préalable
écrit des autres partenaires. Je pense que cela clarifie la
situation.
Je continue, je passe aux contrats se rapportant à l'achat des
boulettes. En vertu de ces contrats, les participants sont
indépendamment et inconditionnellement obligés au prorata de
leurs avoirs de défrayer les coûts d'exploitation et les
dépenses de la compagnie y compris les montants suffisants pour le
service de la dette. Ces contrats sont établis de telle sorte que les
partenaires sont tenus d'acheter toute la production nominale de
SIDBEC-Normines, soit 6 000 000 de tonnes de boulettes en proportion de leur
part respective. Je fais remarquer là-dessus que si la part en boulettes
des actionnaires n'est pas respectée, c'est qu'il y a des
pénalités qui sont prévues à ce contrat. Par la
suite, il y a un mécanisme de pénalisation - ce que je viens de
mentionner - pour tout partenaire qui n'achètera pas annuellement au
moins 90% de sa quantité nominale prévue au contrat.
Mme la Présidente, je continue en ce qui a trait à la
convention entre actionnaires. Il y a une chose qui est très importante
de mentionner. Dans les contrats additionnels, c'est-à-dire les contrats
de services entre la compagnie minière Québec Cartier et
SIDBEC-Normines, ces contrats de services sont de quatre types: - toujours pour
allumer la lanterne du député de Laporte - il y a le contrat de
gérance de la mine, il y a le contrat d'électricité, il y
a le contrat de manutention du concentré ou des boulettes et il y a le
contrat du transport ferroviaire. Ce sont les contrats qui avaient
été acceptés et signés ou encore les ententes qui
avaient été acceptées et signées par l'ancien
gouvernement du Parti libéral de Robert Bourassa.
Voici ce que le gouvernement du Québec a fait; M. le ministre
corrigera si nécessaire. Il y a deux choses sur lesquelles il a
passé. En plus de l'acte de vente notarié qui a été
signé en décembre 1976, le gouvernement du Québec, en
1977, a dû procéder lui-même, malgré que toutes les
infrastructures étaient en terre, malgré que toutes les
structures étaient hors terre et malgré que le contrat avait
été signé pour l'achat du lac Jeannine et aussi pour
l'achat des résidences des maisons unifamiliales et des complexes dans
la ville de Gagnon, à la question du financement de SIDBEC-Normines. Le
coût total des infrastructures: 630 000 000 $, ce qui nous amène
à une dette de 410 000 000 $ si on enlève l'équité
qui est de l'ordre de 220 000 000 $. Le financement de cette dette a
été assuré en 1977 au moyen d'emprunts de 300 000 000 $ en
devise américaine et de 68 000 000 $ en devise canadienne.
Je termine, Mme la Présidente, en vous mentionnant tout cela,
pour dire que le Parti libéral du temps, si on regarde les contrats et
les attaches qu'a le gouvernement du Québec actuellement dans le dossier
de SIDBEC-Normines, nous a placés - comme gouvernement élu
à partir du 15 novembre -dans une drôle de situation, en d'autres
mots, dans le pétrin. Il n'a pas seulememt placé le gouvernement
actuel dans le pétrin, mais il a aussi placé la population du
Québec - à cause des dettes et des déficits encourus
- dans un pétrin en plus de la population de Gagnon
elle-même. Aujourd'hui, lorsqu'on entend le Parti libéral, en
particulier le député de Laporte, chialer et dire à peu
près n'importe quoi sur le dossier de SIDBEC-Normines et de SIDBEC en
général, je n'ai jamais entendu, de sa part ni d'ailleurs de son
ancien nouveau chef, des solutions propices quant à la
réalisation d'un règlement quelconque. Cela a toujours
été du chialage systématique.
Mme la Présidente, je pense qu'il y a lieu de regarder le fond de
ce dossier, mais de ne pas le faire sur la place publique, parce qu'il est
important de le faire de cette façon, soit d'une façon
professionnelle. Je crois que là-dessus, le ministre et le gouvernement
ont raison de se rendre à la demande de la population de Gagnon de ne
parler publiquement du dossier de SIDBEC-Normines que lorsque celui-ci sera
réglé dans un sans ou dans l'autre. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je comprends mal la
logique du député de
Duplessis qui nous incite à ne pas parler du dossier de
SIDBEC-Normines et qui fait un discours à l'emporte-pièce pour en
parler pendant dix minutes. Mais, tout ce que je pourrais dire sur cela...
M. Perron: J'ai parlé de règlement, Mme la
Présidente, du dossier actuel et non pas de ce qui s'est passé en
1975 ou en 1976, ce n'est pas cela qui est le problème.
M. Bourbeau: ...ce qui semble dire qu'un dossier...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis, je voudrais simplement vous rappeler que vos droits de parole
étant protégés, il serait souhaitable que vous me
demandiez le droit d'intervenir. M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Ce que je comprends, c'est que dès qu'un
dossier est susceptible de créer des problèmes pour le
gouvernement, on ne doit pas en parler. C'est exactement les remarques que me
faisait le ministre des Transports quand j'ai commencé à poser
des questions sur Quebecair, il y a deux ans, alors que c'était une
société privée et qu'on ne voulait pas en parler. De toute
façon, Mme la Présidente, je suis bien d'accord pour passer
à autre chose.
Chantiers maritimes de Sorel et de Lauzon
J'aurais voulu qu'on discute en quelques instants de la question des
chantiers maritimes. Le ministre a dit récemment qu'il étudiait
la possibilité de procéder possiblement à l'acquisition du
chantier maritime Davie par l'entremise de la SGF de façon à
consolider ou rationaliser les exploitations des deux chantiers maritimes,
Davie et celui de Sorel. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si les
négociations sont avancées? Dans le cas où cela se
matérialisait, est-ce que cela veut dire qu'il y aurait
possibilité qu'on ferme complètement le chantier de Sorel pour
faire en sorte que toutes les activités navales aient lieu à
Lauzon? Est-ce que le ministre, dans un tel cas, maintiendrait ouverts les deux
chantiers?
M. Biron: Mme la Présidente, d'abord, sur cela il faut
noter que les propriétaires, la compagnie Dome, cherchent
présentement à vendre le chantier maritime de Lauzon.
L'intervention du gouvernement du Québec a commencé il y a
déjà une couple d'années, alors que j'ai demandé
aux dirigeants de Marine Industrie et aux dirigeants de Davie - à
l'époque, le chantier de Lauzon n'était pas à vendre - de
travailler avec des gens du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme afin d'étudier des formules de coopération, en
particulier, je songe à des stratégies de marketing, à de
la recherche de nouveaux marchés et peut-être à
compléter les actifs qui existent à la fois à Lauzon et
à Sorel, c'est-à-dire produire certaines pièces
d'équipement, certaines pièces de navire à Marine et
d'autre pièces à Davie. Il y a eu des discussions tout au long,
jusqu'au jour où Dome a dit: Nous, on ne veut pas continuer, on veut
vendre notre chantier maritime. Alors, j'ai demandé aux gens de Marine
Industrie et aux gens de la Société générale de
financement de regarder cela de plus près. Au moment où on se
parle, il n'y a pas de décision de prise. Les gens qui ont en main le
chantier maritime pour le vendre au nom de Dome, les mandataires de Dome, sont
Lazard frères de New York. On est entré en contact avec ces gens.
Il y a d'autres investisseurs potentiels, d'autres acheteurs potentiels qui
regardent aussi l'achat du chantier maritime de Davie. Notre objectif, c'est de
faire en sorte de sauver encore le maximum sans que cela coûte cher
à la population québécoise. S'il y a un entrepreneur
privé qui veut acheter le chantier de Davie et le faire fonctionner
convenablement, nous allons applaudir et nous allons tout faire pour lui aider
même à lui apporter les subventions nécessaires. Si on peut
avoir une firme privée, il y en a quelques-unes à travers le
monde qui regardent en tout cas - je ne sais pas s'il y a un
intérêt certain, mais il y a un certain intérêt
à regarder les possibilités - nous allons aider ces gens. Il y a
aussi l'autre
possibilité, c'est que la SGF à travers Marine Industrie
s'y intéresse. Là aussi on regarde si c'est rentable
économiquement, cela sera une décision économique. Alors,
le fait que la SGF et Marine s'intéressent, c'est beaucoup plus une
décision économique pour nous s'il y a une certaine
rentabilité à avoir une consolidation des deux chantiers
maritimes. Je peux dire au député de Laporte que nous avons
confiance que le chantier de Davie, à Lauzon, va continuer et même
va prospérer au cours des prochaines années; mais pour cela, il
va falloir des investissements majeurs. Il y a un projet d'expansion qui est
minime et qui est 20 000 000 $, mais le vrai projet d'expansion qui sera
au-delà de 100 000 000 $ devra avoir la participation des deux niveaux
de gouvernement. Sur cela, je peux vous dire que le gouvernement
fédéral a offert une petite contribution sur le projet de 20 000
000 $, le gouvernement du Québec a offert une contribution aussi, mais
si on compare à ce que les autres chantiers maritimes d'ailleurs au
Canada ont reçu du gouvernement fédéral, c'est un peu
scandalisant ce qu'on donne à Québec, c'est très peu ce
que le fédéral donne à Lauzon, alors qu'il a donné
100% à Esquimalt en Colombie britannique, 72% à Vancouver, 61%
à St. John, Nouveau-Brunswick, 69% à Halifax et 100% à
Saint-Jean, Terre-Neuve. Ce qu'il nous offre, à Québec, c'est
loin de là. C'est sûr que si on pouvait obtenir des subventions
raisonnables de la part du gouvernement fédéral, cela serait plus
facile pour gn acheteur de moderniser le chantier de Davie. (12 h 15)
Quoi qu'il en soit, premièrement, nous voulons conserver les
chantiers maritimes au Québec tels qu'ils sont, donc non pas en fermer
un pour l'autre, mais conserver les deux chantiers maritimes majeurs
c'est-à-dire celui de Sorel et celui de Lauzon. Deuxièmement,
nous sommes en faveur qu'il y ait un entrepreneur privé qui
achète le chantier de Lauzon et qu'il l'administre convenablement. Nous
sommes prêts à lui offrir les subventions nécessaires du
gouvernement du Québec et à donner notre appui vis-à-vis
du gouvernement fédéral pour qu'il donne les subventions
nécessaires aussi.
En dernier lieu, on est en train d'examiner si c'est intéressant
économiquement pour Marine Industrie d'acheter le chantier de Lauzon.
Mais notre premier choix, c'est de permettre à un entrepreneur
privé de l'acheter.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une seule dernière question. Quoi qu'il
arrive, est-ce que le ministre peut nous donner la garantie que le chantier
naval de Sorel, Marine Industrie, sera maintenu?
M. Biron: Le chantier naval de Sorel sera maintenu.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce qu'on peut
continuer nos travaux encore?
La Présidente (Mme Harel): Je dois informer les membres de
cette commission que la réunion qui devait avoir lieu a
été reportée dans une autre salle et que nous pouvons
poursuivre nos travaux jusqu'à 12 h 30.
M. Bourbeau: Je serais bien d'accord si le ministre veut
poursuivre encore quelques minutes. Je ne voudrais pas abuser.
Dans le cas du chantier maritime Davie, est-ce que la compagnie
Versatile Vickers qui a obtenu avec Marine une partie du contrat des
frégates canadiennes n'a pas manifesté un intérêt
pour le chantier maritime de Lauzon? Est-ce qu'il y a de l'espoir de ce
côté?
M. Biron: Oui. La compagnie Versatile a manifesté un
certain intérêt. Nous savons qu'elle est en discussion avec les
gens de Lazard, mais à quel point l'intérêt est certain, je
ne peux vous le dire. Dans le fond, c'est une firme privée qui
négocie avec une autre firme privée.
M. Bourbeau: Ah bon! Est-ce que le ministre
préférerait que le chantier soit acheté par une entreprise
privée plutôt que par le gouvernement, ou si le ministre
privilégie la solution d'un achat par la SGF?
M. Biron: Mon premier choix est qu'on ait un entrepreneur
privé. C'est mon premier choix. Sauf si c'était très
rentable pour Marine et la SGF de se porter acquéreur du chantier de
Lévis, mais je crois que mon premier choix, d'une façon ou d'une
autre, si on a un entrepreneur privé qui veut administrer le chantier de
Lauzon convenablement, nous allons tout faire pour lui aider.
M. Bourbeau: II semble y avoir des problèmes à
Sorel avec Marine Industrie en ce qui concerne les syndicats. Les syndicats
sont très virulents. Si j'ai bien compris, ils feront parvenir des
lettres un peu partout à gauche et à droite; ils accusent
l'entreprise de vouloir jeter à terre le chantier naval, de ne pas
vouloir le continuer. Est-ce que le ministre est au courant de ces
problèmes de relations du travail et qu'est-ce qu'il entend faire pour y
remédier?
M. Biron: Cela fait tellement longtemps que des chicanes
syndicales existent à Marine
qu'on se demande si cela ne fait pas partie du décor. Il ne faut
pas endurer cela. Comme on dit, cela fait partie du folklore et s'il n'y en
avait pas, il me semble qu'il a quelque chose qui irait mal.
Cela dit, cela ne veut pas dire qu'il faut enterrer les vrais
problèmes et les laisser là. Il y a des discussions
fréquentes avec les dirigeants de Marine sur le problème des
relations du travail. On essaie de faire tout notre possible à la
direction de Marine et je pense que j'ai bien confiance aux dirigeants actuels
de Marine pour négocier avec le syndicat.
Autant je respecte les syndicats et que je ne leur passe pas par-dessus
la tête, autant je pense que les syndicats vont réaliser que je
respecte aussi les dirigeants de Marine et que je ne leur passe pas pardessus
la tête. Je pense que même si on est en négociations
collectives à peu près à temps plein à Sorel,
encore une fois, cela fait partie de la tradition et du folklore. Je dirais que
les relations du travail ne sont pas pires ni mieux qu'elles ne
l'étaient avant. On est toujours soucieux de ce problème et on
essaie de faire l'impossible à la direction de Marine et à la
direction de la Société générale de financement
pour minimiser les problèmes ouvriers qu'on peut avoir.
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait passer à un autre sujet
complètement différent qui est la question des effectifs du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme en région?
On avait passé là-dessus parce qu'on ne pensait pas avoir le
temps. Peut-être pourrait-on le prendre.
Si je comprends bien, le ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme a récupéré des professeurs en
disponibilité, les a recyclés et les envoie en région pour
favoriser l'implantation des programmes du ministère. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire de quels cours de formation ces gens ont-ils
bénéficié? Quelle est l'étendue de cette formation?
Combien de temps a-t-elle duré? Quel est le degré de
compétence de ces professeurs recyclés en fonctionnaires du
ministère?
M. Biron: II y a d'abord eu un premier choix parce qu'on a ouvert
des concours et on a été agréablement surpris de voir
qu'il y avait tout près de cinq cents demandes de professeurs en
disponibilité. Même des professeurs qui n'étaient pas en
disponibilité ont fait une demande en disant que cela va ouvrir un poste
à l'éducation pour un autre, on veut accepter un nouveau
défi. On a fait un excellent choix, je crois, parce que la plupart sont
des diplômés universitaires. On en a qui ont des maîtrises.
Lorsqu'on a fait des entrevues avec ces gens, c'est surprenant, plus de la
moitié, lorsqu'on leur demandait quelle était leur
première raison pour se présenter à un concours au
ministère on aurait cru que la plupart aurait répondu: On est en
disponibilité et il faut faire quelque chose d'autre - a dit: C'est un
nouveau défi. Nous avions un défi dans le domaine de
l'éducation, il y a quelques années, et maintenant le défi
des années quatre-vingt est un défi économique, nous
croyons qu'il faut aller au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme pour vivre ce défi et nous nous trouvons capables de nous
revaloriser en relevant ce défi. Ce sont des gens qui voulaient se
battre. On leur a dit, dans le domaine professionnel, dans les relations avec
les entreprises professionnelles de développement économiques,
vous savez que cela ne sera pas du 9 heures à 4 heures. Souvent, vous
allez devoir, le soir, rencontrer des chefs d'entreprise. Un dirigeant de PME
ne s'arrête pas trois heures durant le jour pour discuter avec quelqu'un
du ministère. Il dit: Viens donc me voir ce soir ou allons souper
ensemble. Déjà les heures sont beaucoup plus longues, il y a
beaucoup moins de vacances, le salaire n'est pas plus élevé, mais
ces gens nous ont dit: Cela va être intéressant, cela va
être le "fun", on est capable de faire quelque chose pour
développer le Québec, pour participer au développement du
Québec.
On a donc été vraiment emballé par la
qualité des gens qui ont fait une demande. Parmi les quelque cinq cents
demandes, nous avons choisi environ soixante professionnels. Les personnes sont
en fonctions depuis la mi-mars, elles commencent à suivre des cours
intensifs pendant deux semaines de formation. Avec tous les programmes du
ministère, on explique ce qu'est la vie d'une entreprise, les
préoccupations qu'on veut que ces personnes aient, les
représentants du gouvernement auprès des entreprises. Au lieu
d'être des gestionnaires d'entreprise, nos gens sont beaucoup plus des
conseillers, des amis, des gens qui rencontrent les chefs d'entreprise leur
disant: Moi je t'aime comme chef d'entreprise, parce que tu participes au
développement du Québec et je veux t'aider le plus possible.
Assieds-toi, on va parler un peu de nos problèmes. C'est pour poser des
questions afin de faire réfléchir le chef d'entreprise. C'est
beaucoup en ce sens qu'on éduque nos professionnels de
développement économique.
Et après cela, les gens s'en vont en région pour une autre
période de deux semaines, afin de regarder ce qui se fait et, en plus,
au cours des prochains mois, ils seront accompagnés dans des
expériences pratiques de discussions, de visites de chefs d'entreprise,
de telle sorte qu'on estime que,
après environ trois mois, nos gens seront vraiment capables de
remplir la tâche, la fonction, pour laquelle ils ont été
engagés au ministère.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte, avant que nous terminions nos travaux, j'aimerais vous demander s'il
ne serait pas souhaitable que nous procédions à l'adoption des
différents éléments de programme que nous avons
examinés jusqu'à maintenant dans le cadre de nos travaux, parce
que, est-ce que je me trompe de croire que vous ne serez pas avec nous cet
après-midi?
M. Bourbeau: J'aurais une dernière question à poser
au ministre.
La Présidente (Mme Harel): Mais pensez-vous qu'il serait
souhaitable que nous procédions parce que les membres de votre groupe
parlementaire...
M. Bourbeau: Parfaitement d'accord.
La Présidente (Mme Harel): ...ne sont peut-être pas
à même de procéder à cette adoption? M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le ministre, puisqu'on parle des effectifs en
région, dans une coupure du Journal de Montréal du 9
février 1984, on vous cite et on dit que vous avez déclaré
devant un groupe d'hommes d'affaires que "L'homme d'affaires
québécois" - parce que vous en parlez depuis tout à
l'heure -"est trop conservateur et pas assez audacieux parce que trop vieux et
trop fessier". Fin de la citation.
Dans un article du journal Le Soleil du 3 février 1984, par le
journaliste Michel David, il dit ceci et je cite: "Le ministre Rodrigue Biron
(entre guillemets) pète plus haut que le trou, quand il affirme que
l'entrepreneur québécois est devenu trop vieux, trop conservateur
et trop fessier. C'est en ces termes non équivoques qu'a réagi,
hier, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante à la suite des propos tenus mercredi par M. Biron
qui déclarait à l'Université Laval de Québec, que
le Québec devrait se doter le plus rapidement possible d'une
génération d'entrepreneurs". Est-ce que le ministre voudrait
profiter de la tribune qui lui est donnée aujourd'hui pour
rétablir les faits? Je suis convaincu que les paroles qui sont
attribuées au ministre ou bien elles sont attribuées à
tort ou bien le ministre a certainement outrepassé sa pensée.
Est-ce que le ministre voudrait profiter de l'occasion que je lui accorde pour
faire valoir et proclamer sa confiance aux entrepreneures
québécois?
M. Biron: Je remercie le député de Laporte, Mme la
Présidente, de me donner cette occasion. J'ai été
fortement touché par ce que j'ai vu dans les journaux. Ce n'est pas du
tout cela que j'ai dit. Cela se passait à l'Université Laval,
alors que je rencontrais un groupe de jeunes étudiants de 200 ou 250 et
l'on discutait des bourses d'affaires. Un jeune étudiant m'a
demandé si je pensais que cela serait facile de s'intégrer au
niveau des PME ou si cela va être difficile, parce que habituellement les
chefs d'entreprise ne veulent pas voir de jeunes et surtout pas de jeunes
diplômés universitaires. J'ai répondu: Je ne vous dis pas
que cela sera facile voire même difficile. J'ai vécu dans ce
monde, le monde des affaires et c'est difficile de faire évoluer des
mentalités. Les gens d'affaires sont en soi plus conservateurs et c'est
normal. J'ai dit que ce sera difficile et que vous appreniez à vous
battre, mais il y en a qui sont prêts à vous accepter comme
partenaires. Peut-être pas 100% des gens, mais peut-être la
moitié ou quelque chose comme cela qui sont prêts à vous
accepter comme partenaires. Il y a une autre moitié qui sera plus
difficile, mais il faut que vous compreniez leur point de vue. Il y a certains
chefs d'entreprise qui sont rendus - je dis à peu près
textuellement ce que je disais - à 55 ans, 60 ans ou 65 ans, qui ne
veulent pas risquer ce qu'ils ont. Ils ont très peu de chose
déjà d'accumuler et ils ne veulent pas le risquer. Ils vont jouer
un peu plus conservateur, un peu plus fessier de temps en temps ces
gens-là. Il faut que vous le compreniez parce qu'ils ne veulent pas
prendre le risque de perdre ce qu'ils ont.
C'est à peu près ce sens-là que j'ai donné
à mes paroles. Je n'ai certainement pas accusé tous les chefs
d'entreprise du Québec d'être conservateurs et fessiers, ce n'est
pas vrai. Vous savez comment j'aime les chefs d'entreprise du Québec. Au
contraire, j'ai beaucoup de respect pour ces gens qui dépensent des
heures et des heures et de longues heures par jour et par semaine au
développement économique et à la création
d'emplois. C'est le sens de mes paroles à l'Université Laval
à cette occasion. Je remercie le député de Laporte de me
donner l'occasion de rectifier ce qui a paru dans les journaux.
M. Bourbeau: Je dois avouer que cela m'avait bien
étonné. Je comprenais difficilement, en entendant les propos que
tient régulièrement le ministre sur son admiration pour les
hommes d'affaires et les femmes d'affaires ainsi que les entrepreneurs
québécois, que le ministre ait prononcé de tels
propos.
La Présidente (Mme Harel): Alors, si vous voulez bien, je
vais mettre aux voix les divers éléments de programmes
c'est-à-dire
les différents programmes. Nous allons procéder de la
manière suivante: l'étude étant complétée le
programme 1 est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Adopté. Le programme 2
est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Le programme 3 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Le programme 4 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Nous allons donc ajourné
sine die. Préalablement M. le ministre vous voulez prendre la
parole.
M. Biron: Mme la Présidente, je voudrais remercier les
membres de la commission parlementaire qui, hier et aujourd'hui, ont
travaillé avec énormément de sérieux, des deux
côtés de la Chambre, à l'étude des crédits de
mon ministère. Je remercie ceux qui sont ici aujourd'hui parce que cet
après-midi il y aura probablement une nouvelle équipe qui va
discuter du développement touristique. Je veux exprimer mon grand
respect et ma satisfaction pour le travail qui a été fait autour
de la table au cours des deux dernières journées.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je voudrais joindre mes
propos à ceux du ministre. C'est la première fois que nous avions
l'expérience de tester la réforme parlementaire au niveau des
commissions. Il y a eu des ajustements. Les départs ont
été assez pénibles et assez longs hier matin et cela s'est
amélioré en cours de route. Le dialogue a été
franc. En général, cela a été très
sérieux et très direct. Il y a eu évidemment certaines
périodes où les messages publicitaires ont passé et
où la démagogie a pris place. La présidente a
été assez tolérante de temps à autre dans ces cas.
Je voudrais vous remercier, Mme la Présidente, pour la façon tout
à fait professionnelle avec laquelle vous avez mené les
débats, je le dis de façon tout à fait sérieuse. Je
voudrais remercier les députés du côté
gouvernemental de même que ceux de l'Opposition, remercier le ministre et
ses adjoints pour leur grande disponibilité. Je voudrais
également remercier l'équipe de l'Opposition, les recherchistes
qui nous ont assistés. Je pense que le travail a été
intéressant et il va certainement nous permettre de poursuivre dans les
mois qui viennent notre travail d'Opposition. Merci.
La Présidente (Mme Harel): MM. les membres de
l'Opposition, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 15 h 37)
Promotion du tourisme
La Présidente (Mme Harel): La commission permanente de
l'économie et du travail reprend ses travaux et cette séance a
pour objet particulier d'étudier les crédits budgétaires
du ministère du Tourisme conformément au mandat que la commission
a reçu et qu'elle s'est donné en début de ces travaux.
Nous poursuivons la séance de ce matin, donc nous n'avons pas à
réclamer à nouveau la présence du quorum. Je vais
immédiatement appeler l'étude du programme 5 - c'est bien le cas
- du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, de
l'élément 1. Il faut vous dire que le député de
Viger, critique de l'Opposition en matière de tourisme souhaiterait
immédiatement procéder à l'étude des
éléments du programme considérant le peu de temps à
la disposition de la commission puisque nous devrons cesser nos travaux
à 18 heures. Je ne sais si des interventions préliminaires des
membres de la commission peuvent être encore possibles. Oui, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: La seule chose, Mme la Présidente, que
j'aimerais savoir: supposons qu'on n'ait pas terminé à 18 heures,
est-ce qu'on pourrait prolonger de quelques minutes?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, je ne peux répondre pour les membres de la commission et vous
savez peut-être que le prolongement suppose l'unanimité des
membres de la commission. Je dois vous dire que nous reprenons nos travaux
à 20 heures pour entendre les crédits du ministère du
Commerce extérieur. C'est donc dire que nous allons siéger ce
soir jusqu'à 22 heures et nous allons également siéger
demain. Dans les circonstances, je souhaiterais que nous puissions terminer
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme à 18 heures comme prévu.
M. Maciocia: Est-ce qu'on peut quand même demander au
ministre, si, au cas où il nous resterait dix ou quinze minutes et on
aurait encore quelques questions à poser,
avec le consentement unanime, on pourrait dépasser 18 heures.
La Présidente (Mme Harel): Si vous le voulez, M. le
député de Viger, nous poserons ces questions au moment opportun,
si tant est que cela se produise et que nous ayons à en décider.
Oui, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Mme la Présidente, je tiens à souligner
au député de Viger que cela prend l'unanimité et je
m'opposerais, personnellement, à dépasser 18 heures pour la
simple et unique raison qu'il y a un seul député de l'autre
côté; et s'il n'a pas assez de deux heures et quart pour dire ce
qu'il a à dire, je ne vois pas pourquoi quinze minutes de plus
constituerait une chose très importante pour lui.
La Présidente (Mme Harel): Ecoutez, j'inviterais les
membres de la commission à utiliser le temps qui est à leur
disposition pour faire l'étude des crédits. Donc, j'appellerai
l'élément 1 du programme 5, à moins qu'il y ait d'autres
interventions préliminaires. M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, je crois qu'il y aurait eu
des informations élémentaires à donner au
député de Viger et aux membres de la commission parlementaire. Si
le député de Viger veut commencer son intervention et poser ses
questions, en cours de route je lui donnerai les informations
nécessaires. Il m'a semblé, dans les dernières discussions
que j'ai eues à l'Assemblée nationale et en commission
parlementaire, que le député de Viger a besoin d'informations
supplémentaires pour connaître les actions du gouvernement dans le
secteur de la promotion touristique. Au cours de l'étude des
crédits, je lui donnerai, avec grand plaisir, ces informations afin
qu'il sache, véritablement, ce qu'on fait au Québec pour la
promotion touristique.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, c'est avec plaisir que je
donne la permission au ministre de nous donner ces renseignements
supplémentaires, lesquels, probablement depuis quinze jours, il a eu
l'occasion de vérifier pour nous les communiquer cet après-midi.
On peut lui donner la permission de le faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): De toute façon, je pense
qu'on ne doit pas imputer une connaissance ou une méconnaissance des
dossiers avant de commencer nos travaux. J'appellerai donc
l'élément 1 du programme 5. M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce que c'est un rappel au ministre?
La Présidente (Mme Harel): C'est un rappel aux membres de
cette commission.
M. Maciocia: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Alors, l'élément
1 du programme 5.
M. Maciocia: Le ministre a dit qu'il avait...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, est-ce que vous voulez intervenir...
M. Maciocia: Oui, oui.
La Présidente (Mme Harel): ...ou vous voulez poser des
questions au ministre?
M. Biron: Sur le fond, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: ...si le député de Viger désire en
savoir un peu plus, je dirais d'abord qu'il y a beaucoup d'actions qui ont
été menées au Québec, au cours des dernières
années, dans le plan du développement touristique. En fait, le
tourisme est devenu une industrie de professionnels au Québec, au cours
des dernières années, alors que, de 1970 à 1976 en
particulier, à l'époque de M. Bourassa, il n'y a absolument rien
qui se faisait comme développement touristique. On se fiait aux
entreprises. Mais le gouvernement ne faisait aucune action là-dessus
alors qu'on a développé des stratégies de
développement, on a tenu un sommet sur le tourisme. À la suite du
sommet sur le tourisme, il y a des actions précises du gouvernement du
Québec, comme le crédit touristique, comme la formation des
associations touristiques régionales; cela est important. Il me semble
qu'on doit, de plus en plus, faire confiance aux gens du milieu. Cela ne donne
rien de tout planifier par la tête, il faut faire confiance aux gens du
milieu, mais il faut que le gouvernement soit là pour appuyer les gens
du milieu. C'est ce qu'on a fait, d'ailleurs, avec nos associations
touristiques régionales. Nous sommes de plus en plus présents
dans le milieu, maintenant, pour appuyer les gens des associations touristiques
régionales.
Là-dessus, je pense que je veux rendre hommage à ceux et
à celles qui sont dans les différentes régions du
Québec, les associations touristiques régionales, de même
que les offices de congrès et de tourisme à Québec et
à Montréal, qui font un excellent
travail. J'ai précisément une coupure de presse de ce
matin, concernant l'Association touristique régionale de l'Estrie, alors
que le directeur général, que beaucoup de gens connaissent, est
M. Réjean Beaudoin et on ne peut pas l'accuser d'être un membre du
Parti québécois. Mais M. Beaudoin, c'est un gars qui est
très honnête, qui travaille pour le développement du
Québec et qui est très fier de voir le développement
touristique de l'Estrie. Il le dit lui-même: Le tourisme, en Estrie, se
comporte très sainement. Ce regain de vigueur se poursuivra encore cette
année, particulièrement à l'été avec la
tendance du dollar canadien à la baisse et les réalisations de
l'Association touristique de l'Estrie. Bien sûr, M. Beaudoin nous parle
des coûts du tourisme. C'est sûr qu'il y a des coûts du
tourisme. Mais M. Beaudoin dit que ce qui est le plus important pour le
développement du tourisme en Estrie et au Québec, c'est la
qualité du réceptif, c'est la qualité du produit. Et, dans
ce sens-là, il y a un effort énorme qui a été fait
au Québec pour améliorer la qualité du produit
touristique.
Deuxième chose, il y a un effort aussi énorme qui a
été fait pour aider les entreprises touristiques. Maintenant,
l'industrie touristique est considérée comme une industrie, au
même plan que l'industrie des pâtes et papiers. C'est une des
industries les plus importantes du Québec. Je pense que c'est important
de le noter. L'industrie touristique fait partie de l'industrie et, nous, au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, disons qu'il faut
agir en professionnels et non pas en amateurs dans le domaine touristique. Le
fait que le tourisme soit maintenant avec le ministère de l'Industrie et
du Commerce aide aux intervenants touristiques et aux autres intervenants dans
leurs actions ou dans leur compréhension du monde touristique.
Cette année, avec le plan de relance, nous sommes très
heureux d'annoncer des budgets supplémentaires pour la promotion et la
publicité, d'annoncer qu'au cours de l'étude des crédits -
vous le verrez d'ailleurs les actions précises à l'égard
de l'informatisation des renseignements touristiques et le système de
réservations d'hôtel à partir des associations touristiques
régionales ou de leurs kiosques d'information. On est heureux d'annoncer
l'élargissement du programme du crédit touristique. On est
heureux d'annoncer aussi qu'on poursuit notre programme à l'endroit des
journalistes spécialisés en tourisme pour attirer des
décideurs au Québec.
Le crédit touristique est intervenu pour des investissements.
L'an dernier, en seulement onze mois, les investissements ont
dépassé les 35 000 000 $, seulement avec l'intervention du
crédit touristique, en plus, Mme la Présidente, de tout ce qu'on
a pu faire comme publicité ou promotion. J'ai parlé, à
plusieurs reprises, des 800 000 pamphlets publicitaires distribués aux
États-Unis sur Québec Skiing à la française. On
distribuera en fin de semaine - je l'annonce ici aujourd'hui - dans les
journaux du Québec, à 500 000 exemplaires, "Cet
été, au Québec on fête", pour encourager davantage
les Québécois et les Québécoises à demeurer
au Québec au lieu de sortir à l'extérieur.
Il y a des façons de développer le tourisme. On peut
attirer les gens de l'extérieur, comme on peut garder nos
Québécois et nos Québécoises. Alors, nous allons,
avec la collaboration des associations touristiques régionales, dans
chacune des régions du Québec: l'Outaouais, les Laurentides,
l'Abitibi-Témiscamingue, le coeur du Québec, la région de
Lanaudière, Richelieu rive sud, l'Estrie, Montréal,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Nouveau-Québec, Charlevoix, Duplessis,
Manicouagan, le Bas-Saint-Laurent, les Îles-de-la-Madeleine, la
Gaspésie, le pays de l'érable et Québec, bien sûr,
la capitale. On voit tout ce que les régions peuvent faire dans ce
dépliant, distribué en 500 000 exemplaires aux
Québécois et Québécoises pour les encourager
à demeurer au Québec. Cela fait partie de notre campagne de
publicité pour l'été.
D'ailleurs la campagne de publicité, cette année, veut
toujours rendre hommage aux Québécois et
Québécoises. C'est un discours de confiance envers notre
capacité de réussir. C'est ce discours de confiance que je
voudrais que le député de Viger tienne aussi vis-à-vis la
qualité du produit touristique québécois. Des
dépliants paraîtront un peu partout: En vacances au Québec,
on respire, En vacances au Québec, on relaxe, En vacances au
Québec, on découvre, En vacances au Québec, on fête,
En vacances au Québec, on déguste. À travers cela, il y a
des informations supplémentaires concernant ce qu'il y a à faire
au Québec. Tout cela tourne autour d'une confiance en nous, une
confiance en notre capacité de faire des choses.
Nous sommes aussi en voie de développer des segments de
marchés avec d'autres ministères, en particulier le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et je suis
heureux de l'excellente collaboration que nous avons avec ce ministère
et les pourvoiries; il y a beaucoup d'argent dans la pêche sportive. J'ai
ici un dépliant publicitaire anglais, parce qu'on en distribue beaucoup
au Canada anglais et aux États-Unis, qui s'appelle Québec Fishing
Guide. On y donne beaucoup d'informations sur le pourvoiries, où aller,
où s'informer dans les différentes régions, ce qu'on peut
faire au point de vue pêche au Québec. Cela fait partie de la
stratégie de développement touristique où l'on veut
attirer de plus en plus au Québec - bien sûr conserver nos
Québécois - des gens de l'extérieur.
Nous menons aussi des programmes précis avec la
Société du palais des congrès. Il y a un investissement
massif du gouvernement du Québec à Montréal, 80 000 000 $,
pour le développement des congrès. Cela fait aussi partie d'un
plan de professionnels du développement touristique qui fait confiance
aux capacités des Québécois et Québécoises,
mais qui fait également appel aux gens de l'extérieur pour venir
chez nous.
Il y aura plusieurs autres choses dont nous pourrons, en cours de route,
discuter et informer les membres de la commission, Mme la Présidente,
mais je suis heureux aussi d'annoncer aujourd'hui qu'à compter du 1er
mai 1984, dans toutes les régions du Québec sauf au
Nouveau-Québec, un réseau de lignes téléphoniques
sera disponible. Il permettra, d'abord, de créer 48 emplois au niveau
des associations touristiques régionales, trois emplois par association
touristique régionale, pour faire des réservations, les centraux
de réservations qui seront maintenant accessibles sans frais de partout
à travers le Québec. Ce qui veut dire qu'un touriste qui arrive
à Rivière-du-Loup, à Lacolle, à Valleyfield ou
n'importe où au Québec peut facilement se présenter au
kiosque d'information touristique et y faire sa réservation pour
Gaspé, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, les Laurentides
ou n'importe où. Il s'arrête au kiosque d'information touristique
et il ne lui en coûte absolument rien. À partir du kiosque
d'information touristique, avec des étudiants qui seront là pour
tout l'été, on donnera les renseignements et on fera les
réservations pour les touristes. Imaginez-vous les gens qui arrivent du
Nouveau-Brunswick et qui s'arrêtent au premier poste d'information
touristique pourront réserver une chambre à Québec, comme
réserver une chambre à Québec ou à Percé.
Cela ne leur coûte absolument rien. C'est un service qu'on met à
la disposition des touristes maintenant à compter du 1er mai 1984. Pour
cet été il y a des numéros inwat. Cela se fera encore un
peu plus manuellement, mais dans le courant de l'année et de l'hiver
tout cela va changer pour le système informatique et ce sera
informatisé à compter de l'an prochain. Les touristes qui
viendront au Québec ou les touristes québécois pourront
faire leurs réservations pour tous les hôtels, tous les motels et
tous les établissements reliés au monde du tourisme qui voudront
participer à ce réseau. Les touristes pourront faire leurs
réservations à partir des kiosques d'information touristique.
Bien sûr aussi, pour réussir ce coup de force et le faire
très rapidement on a dû compter sur la collaboration excellente de
la Société du palais des congrès qui a déjà
toute une organisation à Montréal pour les renseignements
touristiques. Alors, le palais des congrès a beaucoup contribué
pour qu'ensemble on puisse réaliser à compter du 1er mai ce
système de réservations.
Il y a un budget assez important pour cette année. On a tout
près de 700 000 $ de réservés cette année pour se
rendre jusqu'au 31 mars 1985 avec ce budget de réservations et
d'information touristique. L'an prochain, notre système sera
informatisé avec possiblement un budget aussi élevé, sinon
plus élevé, parce que, d'après nous, il faut donner le
meilleur service possible aux touristes qui viennent au Québec. Cela
fait partie de notre stratégie de développement. Encore une fois,
Mme la Présidente, l'objectif que l'on recherche, c'est de livrer la
grande qualité du produit québécois et avoir de plus en
plus confiance en notre qualité et en notre produit.
On cherche aussi à convaincre tous les intervenants touristiques,
incluant les gens de l'Opposition, que le produit touristique du Québec
est de la meilleure qualité. C'est un discours de confiance, et non un
discours destructif qu'il faut tenir, dans nos capacités de
réussir. Si on le tient et si on est confiant de nos capacités,
on sera capable de créer beaucoup d'emplois au Québec avec
l'industrie touristique.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, si je comprends
bien, vous complétez vos remarques préliminaires. Je vais
demander aux membres de cette commission si certains d'entre eux veulent
intervenir.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Merci, Mme la Présidente. J'ai bien fait de
donner la possibilité au ministre de nous mettre au courant des
dernières nouvelles, si on peut les appeler comme cela. Mais je crois
que pendant les quinze jours qu'on ne s'est pas vu, il n'a pas encore eu
l'occasion de lire un document du ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme parce que quand il disait tantôt qu'un des buts ou le but
principal c'était aussi de garder les Québécois au
Québec par l'entremise de la publicité, dans un rapport du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme à la page
26, on lit qu'au total pour les neuf premiers mois de 1983 le nombre de
touristes passant une nuit ou plus au Québec a diminué de 4,4%.
Ce sont des touristes de l'étranger. Disons que ce sont 12,8% des
touristes qui viennent de l'extérieur des États-Unis, il y a 2,2%
de moins des touristes qui viennent des États-Unis. Par contre, et je
cite le document du ministère: Le nombre de Québécois
allant à l'étranger s'accroît de 16%. Cela veut dire qu'en
1983 16% de plus de Québécois ont quitté le Québec
pour l'étranger, soit une hausse de 16,3% à destination des
États-Unis
et de 14,2% vers les autres pays. Probablement que le ministre n'a pas
eu l'occasion de lire cela, mais je vais le mettre au courant.
Mais je voudrais entrer directement dans les crédits de la
promotion et développement de l'industrie touristique, Mme la
Présidente. Ma première question au ministre est la
suivante...
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous allons aborder
l'élément 1 du programme 5. J'appelle donc l'étude de
l'élément 1 du programme 5.
M. Maciocia: Promotion et développement de l'industrie
touristique.
La Présidente (Mme Harel): Voilà! Sur la promotion
du tourisme.
M. Maciocia: En 1983-1984, on avait un budget pour la promotion
du tourisme de 14 786 600 $. Dans les dépenses en promotion du tourisme,
le ministère a dépensé 13 645 500 $, peut-on demander au
ministre qu'est-ce qui est arrivé à la différence
d'environ 1 000 000 $? Est-ce que c'est dans les crédits
périmés? Et si c'est dans les crédits
périmés, peut-on avoir des explications?
Le Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Avant de répondre exactement à la
question - je fais faire des recherches - je vais seulement faire une petite
mise au point vis-à-vis des statistiques du député de
Viger qui semble mêler tout le monde parce que lui-même est perdu
dans ses statistiques.
Dans l'hôtellerie au Québec au cours de 1983, si on compare
à 1982, c'est sûr qu'il y a eu une petite diminution parce que la
crise économique, la guerre que le fédéral a entreprise
contre les entreprises, il l'a réussie jusqu'à un certain point.
On a essayé de le contrer le plus possible et d'empêcher les
entreprises de fermer. Mais la guerre contre les entreprises et contre les
individus, le fédéral l'a réussie jusqu'à un
certain point.
Il y a eu une baisse en hôtellerie, dans la vente de chambres
d'hôtel, à Montréal en particulier - moins si on regarde
Montréal qui est un grand centre - de 2,2% en 1983 comparativement
à 1982. Mais il faut regarder ce qui se fait ailleurs pendant le
même temps pour savoir ce qui se passe. Est-ce qu'on est tout seul
à avoir souffert? Toronto a baissé de 5,9%, soit une baisse trois
fois plus considérable qu'à Montréal. Alors, il faut se
dire que Montréal s'est quand même assez bien
comportée.
M. Maciocia: Question de règlement.
M. Biron: Si on regarde seulement les derniers mois de
l'année, je pense que c'est important de voir cela parce que les
chiffres du député de Viger... Tout à l'heure il a
cité ses chiffres. Je l'ai laissé citer ses chiffres jusqu'au
bout. Pour les trois derniers mois, le dernier trimestre de 1983
comparativement avec le dernier trimestre de 1982, alors que Toronto est
à 10,3, nous étions à plus 11,3. Cela veut dire que
l'activité économique a repris très rapidement.
L'activité est la confiance des touristes envers l'économie a
repris très rapidement.
Si on regarde les restaurants licenciés. On dit que de sont des
Québécois et des touristes étrangers qui viennent dans nos
restaurants. C'est tout ce monde ensemble. Les restaurants licenciés,
entre 1982 et 1983, ont augmenté leurs revenus de 8,4% alors que les
revenus de l'Ontario ont diminué de 1,9%. Compte tenu d'une
différence de 10%, je pense que c'est important de noter qu'au
Québec la performance a été meilleure qu'en Ontario. Il
faudrait le dire. Il ne faudrait pas que l'Opposition détruise le
Québec tout le temps.
Le Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je pense qu'il
y a une demande de directive de la part du député de Viger.
M. Maciocia: Oui, Mme, la Présidente. Je n'ai pas
parlé des nuitées de Montréal, d'occupation de chambres
d'hôtel. J'ai dit qu'il y a eu une diminution de touristes venant de
l'étranger. Il y a eu une diminution de 12,8%.
M. Biron: Mme la Présidente.
M. Maciocia: Et il y a eu une diminution de 2,2% venant des
États-Unis. Je n'ai pas parlé de... et je ne voudrais pas
prolonger sur cela non plus parce qu'on sait déjà que le ministre
ne répondra pas sur les questions qu'on va lui poser.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, vous me demandez si les remarques préliminaires sont
terminées et si l'étude de l'élément 1 du programme
5 est commencée. C'est bien le cas. Puisque nous allons travailler de
façon plus formelle cet après-midi, j'inviterais les membres de
cette commission à une règle de pertinence quant aux
interventions de façon à ce qu'elles portent sur les travaux des
éléments que nous examinons au fur et à mesure. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Mme la Présidente, je ne comprends pas la
directive demandée par le député de Viger qui, dans sa
deuxième intervention, est arrivé et a commencé
à
parler du tourisme au Québec et a mis des chiffres sur la table.
C'était une question au ministre. Je crois qu'il se doit de
répondre de la façon qu'il le désire.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Terrebonne, nous avons convenu qu'il pouvait y avoir des remarques
préliminaires avant le début proprement parlé de
l'étude des crédits, élément de programme par
élément de programme. Une fois ces remarques préliminaires
terminées, théoriquement - vous le savez peut-être - chaque
membre de la commission a droit à un temps de parole de 20 minutes pour
compléter les remarques préliminaires qu'il entend faire.
Une fois terminé, nous devons procéder à
l'étude des éléments de programme et nous allons le faire,
cet après-midi particulièrement, de façon très
formelle de manière telle que nous ayons terminé à 18
heures. À ce moment-là, je vais vous inviter à
n'intervenir que sur les éléments de programme qui nous
concernent et à faire vos interventions dans l'ordre en n'oubliant pas
toujours de demander à la présidence le droit de parole. M. le
ministre.
M. Biron: Je voulais seulement remettre les chiffres en place.
C'est facile pour le député de Viger de tirer les chiffres en
l'air et détruire les gens. Je me révolte contre cela. C'est
l'attitude du Parti libéral de détruire les gens. Il y a une
limite. Il faut avoir confiance dans notre capacité de réussir.
Quand on est meilleur que d'autres, il faut le dire.
La Présidente (Mme Harel): Ce préambule
étant fait, sur les éléments du programme.
(16 heures)
M. Biron: La question du député de Viger - il a
certainement le cahier de l'an dernier alors qu'il nous dit 14 700 000 $. C'est
cela votre chiffre, M. le député de Viger? Il faut que vous
déduisiez de cela le Palais des congrès qui n'est dans la
même chose. Il a été sorti de cet élément et
il faut que vous ajoutiez à cela les crédits
supplémentaires que nous avons eus en cours d'année. Donc, vous
déduisez de 14 700 000 $ 6 100 000 $, cela vous donne 8 600 000 $ et
vous ajoutez 5 000 000 $ de crédits supplémentaires que nous
avons eus durant l'année, ce qui donne 13 600 000 $. On aurait
peut-être dû vous donner des explications un peu plus
précises, mais le Palais des congrès est maintenant contenu dans
un autre élément spécifique du programme.
La Présidente (Mme Harel): D'autres interventions? M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Oui Mme la Présidente. Si on regarde, cette
année, toujours dans la promotion touristique, le gouvernement, en
1984-1985, va dépenser 15 905 000 $. Est-ce que le ministre pourrait
nous faire connaître la ventilation de ce montant.
M. Biron: Oui. Vous avez devant vous: Traitement et autres
rémunérations. Ce sont des personnes qui sont engagées,
soit des contractuels ou des salariés, pour 3 400 000 $.
Vous avez près de 8 200 000 $ en communications. C'est surtout
essentiellement de la publicité. 2 300 000 $ en services. Cela va
à l'accueil et aux renseignements touristiques. C'est une partie des
relations publiques.
M. Maciocia: M. le ministre, je peux probablement être plus
spécifique parce que ce n'est pas cela que je veux savoir.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: La ventilation du montant de l'année
dernière, au Québec, était de 2 500 000 $, l'Ontario 1 500
000 $, les États-Unis 5 500 000 $, outre-mer 750 000 $. Est-ce qu'il y a
un programme cette année pour la ventilation du montant de la même
façon que l'année dernière?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Oui Mme la Présidente. Je remettrai aux membres
de la commission une feuille-rapport sur la ventilation.
Nous dépensons, cette année, au Québec, 2 738 000
$, en Ontario 1 907 000, aux États-Unis 4 902 000 $, outre-mer 1 046 000
$ et Multiples et administration, des transferts parfois ou des
stratégies de marketing 5 300 000 $, pour un total de 15 905 000 $.
Je remets une copie au secrétaire de la commission pour la
remettre à chacun des membres de la commission.
La Présidente (Mme Harel): Merci M. le ministre. M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Si j'ai bien compris, il y a une augmentation pour
le Québec et une pour l'Ontario mais il y a une diminution pour les
États-Unis. L'année dernière, c'était 5 500 000 $
et cette année, c'est 4 900 000 $. Le ministre pourrait-il nous donner
la raison de cette diminution? Si l'on se pose la question, cette année,
pour le 450e anniversaire, ces festivités qui auront lieu ici à
Québec, je crois que le ministère aurait dû faire un effort
supplémentaire envers cette clientèle des États-Unis en
vue de l'amener ici au Québec
à cet anniversaire. Est-ce qu'il y a des raisons expliquant cette
diminution de 600 000 $ pour la promotion cette été?
M. Biron: M. le député de Viger, l'effort
supplémentaire a justement été fait pour amener des
touristes au Québec en 1984 mais on ne peut pas faire de la
publicité au mois de septembre pour attirer du monde au mois de juillet.
Il faut habituellement faire de la publicité d'avance. Ce qu'on a fait
l'an dernier, c'est ce qui explique votre 5 700 000 $. On avait
déjà prévu, dans les budgets de l'an dernier, faire de la
publicité et de la promotion pour sensibilier les touristes qui
préparent, habituellement, plusieurs mois d'avance, leurs voyages, pour
les aviser de ce qui s'en venait au Québec en 1984. Et compte tenu de
l'impact de 1984, une publicité automatique se fera pour le
Québec. Là aussi, grâce à nos stratégies de
marketing, nous avons rajusté en conséquence, mais, l'an dernier,
nous avons fait un effort énorme aux États-Unis pour
préparer les événements de 1984.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Toujours concernant les festivités de
1534-1984, est-ce que le ministre peut nous dire quel montant le
ministère a investi dans la promotion de cet
événement?
M. Biron: La promotion a été faite globalement sur
le Québec en tenant compte, bien sûr, des événements
qui arrivent au Québec. Quand on fait de la promotion pour le Carnaval
d'hiver de Québec, pour les régates de Valleyfield ou pour les
festivités 1534-1984, c'est d'une façon globale que nous faisons
de la promotion. La promotion pour l'événement 1534-1984
relève d'un budget qui est aux Affaires culturelles puisque c'est mon
collègue, le ministre des Affaires culturelles, qui est responsable des
fêtes et de l'événement. Pas seulement de
l'événement 1534-1984, les grands voiliers, mais de toutes les
fêtes qui vont entourer cela parce que c'est passablement de travail et
je pense que le ministre des Affaires culturelles, jusqu'à maintenant, a
fait un excellent travail dans ce dossier.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre est-ce que vous
avez complété?
M. Biron: C'est 650 000 $ seulement pour
l'événement 1534-1984, à même nos budgets, et cela
sans compter les budgets qui relèvent de mon collègue des
Affaires culturelles.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: 650 000 $.
M. Biron: 650 000 $ en Ontario et aux États-Unis.
M. Maciocia: Les deux ensembles. M. Biron: Les deux
ensembles.
M. Maciocia: D'accord. Étant donné qu'on est sur
les fêtes du 450e anniversaire, comment se fait-il... Je m'explique
très mal... Ces festivités sont plutôt du domaine
touristique. Comment se fait-il que l'événement en soi-même
n'est plus dans les mains du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme mais est dans les mains du ministre des Affaires culturelles? Est-ce
qu'il y a des raisons à cela? Est-ce que le ministre pourrait nous
dire... Étant donné que pour lui le tourisme a toujours
été une "priorité" - si c'est vrai - entre guillemets,
pourquoi ce dossier-là - d'après moi ne devrait pas être
seulement un dossier isolé pour cette année mais continuer dans
l'avenir - ou la responsabilité de ce dossier a-t-elle été
donnée au ministère des Affaires culturelles?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: C'est le ministre des Affaires culturelles qui est
responsable du dossier et c'est sain. Ce n'est pas seulement
l'événement des grands voiliers... En soi
l'événement des grands voiliers est un événement
touristique, c'est vrai. Ce sont les fêtes qui entourent
l'événement de la venue des grands voiliers qui sont des
fêtes qui vont durer au moins trois mois qui demande beaucoup de temps et
d'énergie pour contacter énormément de pays qui seront ici
de même que pour recevoir les gens qui seront là. Vous n'ignorez
pas que cela prend du temps d'une équipe mais aussi beaucoup de temps
d'un ministre pour le faire. En ce sens-là, le ministre des Affaires
culturelles étant de la région de Québec, étant un
peu plus disponible ou ayant pu changer un peu ses priorités a pris
cette responsabilité. Tant et aussi longtemps que j'ai eu le dossier au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme je voyais
moi-même que cela prenait beaucoup de temps d'un ministre parce que c'est
un événement ad hoc. La promotion touristique, le
développement industriel sont des actions qui se continuent
périodiquement à chaque mois et chaque année donc une
continuation. Un événement comme 1534-1984 est vraiment un
événement ad hoc qui n'arrivera pas en 1985 mais en 1984 et
ensuite ce sera terminé. Dans ce sens-là, c'est peut-être
mieux que ce soit un ministre ad hoc qui le prenne, qui peut se libérer
et consacrer un peu plus de temps à
l'événement ou beaucoup plus de temps à
l'événement et en faire un succès. Il y a une
collaboration intense avec les gens de la direction du tourisme. Comme vous
l'avez dit, c'est sûr que c'est un événement touristique la
venue des grands voiliers. Il y a des budgets de publicité sur lesquels
nous nous entendons avec le responsable de 1534-1984. Il n'est pas question de
gaspiller de l'argent deux fois. Avant de poser un geste de la part du
ministère, nous, nous contactons le ministre des Affaires culturelles.
C'est la même chose vis-à-vis du ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Vous allez dire comment cela se fait-il que les
événements au cours de l'année 1984 pour deux mois
relèvent du ministre des Affaires culturelles? C'est simple parce qu'il
y a un ministre qui coordonne l'action d'une quinzaine de ministères qui
interviennent à ce sujet. Le ministère des Transports, il n'est
pas question de faire des grands travaux autour de la ville de Québec au
cours du mois de juillet et cela n'a pas de bon sens. C'est aussi
coordonné par le ministre des Affaires culturelles responsable du
dossier. Les projets des différents ministères sont
coordonnés par un seul ministre. Je pense que cela s'avère - en
tout cas depuis les mois que M. Clément Richard a le dossier en main -
une bonne décision du gouvernement.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Dans la réponse que vous venez de me donner
M. le ministre, vous me dites que la cause principale est la
disponibilité. Vous voulez dire par là que votre
disponibilité n'est pas assez grande pour vous occuper de cet
événement d'une importance capitale pour les années
à venir dans le domaine touristique. Est-ce que je dois penser ou
conclure que pour vous ce n'est plus une priorité, le tourisme, parce
que vous vous occupez à autres choses comme l'industrie et le commerce?
Est-ce que c'est un peu...
M. Biron: Non, le tourisme pour moi est une priorité.
Lorsqu'un événement ad hoc peut être mieux
administré... Il y a douze ou quinze ministères qui vont y
toucher, le ministère de la Justice, le ministère des Transports,
le ministère des Affaires municipales, le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, le ministère des Affaires culturelles,
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, et une foule de
ministères qui touchent à l'événement 1534-1984.
C'est un événement ad hoc et c'est juste et normal qu'on ait la
personne la plus disponible possible pour s'occuper de
l'événement. Vous pourriez critiquer si chaque ministère
s'entêtait en disant: Je fais ma petite cuisine tout seul et l'autre fera
ce qu'il voudra. C'est parce que le gouvernement du Québec a une vision
d'ensemble et c'est peut-être ce qui différencie le Parti
québécois du Parti libéral. Le Parti libéral voit
seulement les cas un par un sans avoir une vision d'ensemble et globale de la
collectivité québécoise. On a une vision d'ensemble et
globale de la collectivité et du développement économique
et touristique et à partir...
M. Maciocia: Cette cassette, on la connaît.
M. Biron: Oui, mais il faut que vous compreniez cela parce que
vous êtes bouchés bien dur là-dessus. Vous ne voulez rien
comprendre quand on parle d'avoir une vision plus large et plus
généreuse de la collectivité québécoise.
Vous devriez vérifier avec votre ancien chef, lui au moins il avait une
vision un peu plus large. Vous l'avez mis de côté parce que
c'était trop compliqué pour vous.
On fait la même chose dans le développement
économique et dans le développement social ou culturel. Dans le
cas précis qui nous intéresse de 1534-1984, je vous dis que le
gouvernement du Québec a voulu coordonner les efforts et les actions de
tous les ministères. Il n'y a pas un ministre qui s'est insurgé
contre cela. Au contraire, on a applaudi à cause de notre vision
d'ensemble des actions du gouvernement. Le ministre des Affaires culturelles a
été choisi parce qu'il a réussi à aménager
son temps et être un peu plus disponible pour cet
événement. La quinzaine de ministres concernés ont
applaudi et travaillent en collaboration, sous l'autorité du ministre
des Affaires culturelles à réaliser l'événement
1534-1984 avec un grand succès. Ce sera un succès cet
été et vous pourrez dire bravo, parce que le gouvernement a une
vision de l'action économique des citoyens du Québec.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, je ne discute pas cela, on
le verra plus tard. Sur ce, je l'espère, pas seulement pour le
ministère concerné mais pour la collectivité
québécoise; j'espère que ce sera un succès. Mais la
question que je posais tantôt est celle-ci: Est-ce que pour vous c'est un
événement touristique ou un événement culturel?
Vous avez parlé de disponibilité, vous n'avez pas dit que
c'était un événement en dehors du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Tantôt vous avez dit que le
ministre des Affaires culturelles avait plus de disponibilité que vous.
C'est sur cela que je voudrais avoir une réponse à ma
question. D'après la réponse que j'ai eue, c'est un
événement touristique qui devrait, en soi, dépendre du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, mais qui a
été donné au ministère des Affaires culturelles
à cause de la disponibilité du ministre. Est-ce qu'à cause
de cela vous considérez encore le tourisme comme étant une
priorité pour vous ou seulement un appendice au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme?
M. Biron: Avant de répondre à la question du
député, je voudrais quand même lui rendre hommage parce que
c'est la première fois que je l'entends dire quelque chose qui a du bon
sens sur le Québec lorsqu'il a dit: J'espère que cela va
réussir. On ne l'a jamais entendu dire qu'il espérait que le
Québec et les Québécois réussissent. C'est un
éteignoir, il essaie de détruire les entreprises et le monde.
M. Maciocia: Je ne suis pas démagogue, M. le ministre.
M. Biron: Je veux lui rendre hommage. Si je lui rends hommage,
qu'il ne m'empêche pas de parler. Je lui rends hommage parce que, pour
une fois, il a dit qu'il espérait que quelque chose réussisse au
Québec.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, j'aimerais que
vous vous en teniez aux questions du député de Viger.
M. Biron: Je dirai que l'événement 1534-1984, la
venue des grands voiliers, en soi, est un événement maritime.
Bien sûr que c'est un événement touristique et on s'occupe
de la promotion du tourisme et on s'occupe des entreprises touristiques. Je
vais prendre un exemple pour que le député de Viger comprenne
bien: les centres de ski, la montagne elle-même relève du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. On dit que c'est
excellent parce qu'ils ont la connaissance technologique sur la montagne et
faire les monte-pente, etc. Cela ne nous empêche pas de faire la
promotion du ski au Québec. Nous sommes responsables de la promotion
touristique et du ski. L'aménagement de la montagne relève du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Tant mieux si
deux ministères s'entendent sans se chicaner. Il me semble que c'est
excellent. Et c'est dans ce sens-là, dans le fond, que l'action du
gouvernement du Québec travaille pour que les ministères
s'entendent ensemble. Je vous répète que je juge que
l'événement 1534-1984 en est un d'importance nautique et, bien
sûr, des retombées touristiques extraordinaires. En dehors de cet
événement de la venue des grands voiliers il y a toute une
série de fêtes.
Vous n'ignorez pas, M. le député, que c'est le 450e
anniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier au Québec. C'est la
découverte de Québec, c'est le début de la naissance du
début du Québec en 1534. Il faut fêter cela ensemble et
c'est au Québec que Cartier est arrivé. Il y aura des fêtes
tout l'été à cause de cela. Les fêtes, à
l'été, pourraient relever du ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et pourtant c'est le ministre des Affaires culturelles qui
est responsable des événements dans le courant de
l'été parce que ce seront des grandes fêtes.
Je vous répète que nous jugeons que le tourisme, c'est une
industrie importante: la deuxième industrie en importance au
Québec après l'industrie des pâtes et papiers pour la
création d'emplois. Nous voulons considérer l'industrie
touristique comme une industrie de professionnels. Il n'est pas question de la
gérer en amateurs, mais bien en professionnels. C'est ce que nous
faisons depuis que le gouvernement du Parti québécois est
là. J'espère que le député de Viger
réalisera que le progrès touristique ne se fait pas à la
bonne franquette, mais plutôt avec des professionnels de l'expansion
économique. (16 h 15)
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, je voudrais seulement
faire une petite correction. Ce n'était pas la découverte du
Québec, mais la découverte du Canada. Si le ministre n'est pas au
courant, on va le mettre au courant de cela.
La Présidente (Mme Harel): Alors, vous voyez comme quoi
l'interprétation de l'histoire peut différer, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: De toute façon, je voudrais revenir à
l'élément 1. Dans un document du MIC, du commerce et du tourisme
au Québec en 1983. À la page 26, on lit, M. le ministre: La
performance du Québec sur les marchés touristiques, en 1983, est
affectée par une accumulation de facteurs dévaforables. Parmi ces
facteurs, on retrouve une absence quasi totale de neige en début
d'année, ce qui fait subir de durs contrecoups au tourisme hivernal. En
outre, l'appréciation du dollar américain par rapport aux
monnaies européennes et la baisse de tarifs aériens à la
suite de la déréglementation aux États-Unis ont tendance
à orienter vers l'Europe beaucoup de touristes américains qui
choisiraient plutôt des destinations touristiques plus proches, donc
moins onéreuses, comme le Québec.
Y a-t-il d'autres facteurs à part le manque ou l'absence de neige
et la
déréglementation du dollar américain qui ont
été défavorables ou négatifs à l'industrie
touristique et, par surcroît, ont été créés
par le gouvernement du Québec?
M. Biron: II n'y a pas d'actions ou de relations
défavorables créées par le gouvernement du Québec.
Au contraire, le gouvernement actuel du Québec a fait des efforts
énormes de ce côté. Je ne vous cache pas qu'on pourrait
bien critiquer le gouvernement fédéral pour son inaction à
l'endroit du Québec. Mais, si vous regardez certains documents
émanant du ministre responsable du tourisme du gouvernement
fédéral, lui aussi se plaint des critiques de l'Opposition. Mais,
si on remplaçait le mot "Canada" par "Québec" vous verriez
à peu près les mêmes réponses. Il se plaint.
Un député de Nouveau Parti démocratique, ou quelque
chose comme cela, s'est plaint dernièrement que le tourisme au Canada ne
fonctionnait pas. Vous devriez voir la réponse du ministre du Tourisme
canadien s'advenant à ce député. Je pourrais vous donner
exactement les mêmes réponses en ce qui concerne les projets du
gouvernement du Québec. Le député disait qu'il ne se
faisait rien, que cela ne marchait pas, que tout était détruit et
que plus rien ne fonctionnait. Il disait exactement ce que vous avez dit.
Peut-être avez-vous envoyé votre cassette là-bas ou lui
vous a envoyé sa cassette, mais dans ce sens, M. le député
de Viger, il faut maintenant réaliser que le tourisme n'est plus ce
qu'il était à l'époque du Parti libéral. Il devient
une industrie de professionnels.
Il faut cesser de critiquer et de pleurer sur le lait renservé.
Il faut dire: Que fait-on? Le gouvernement du Québec pose beaucoup
d'actions. Je vous ai dit qu'une part importante de notre budget est
consacrée au tourisme. L'industrie touristique est maintenant
considérée comme une industrie au même sens que les autres
industries. Je ne sais pas si le plan d'urgence vous a frappé, le plan
de relance annoncé par le premier ministre en novembre dernier,
l'industrie touristique était considérée sur la même
base que l'industrie manufacturière.
M. Maciocia: ...Mme la Présidente.
M. Biron: Les bourses d'affaires, l'industrie touristique
était considérée sur la même base que l'industrie
manufacturière...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: ...ce sont des actions précises, des actions du
gouvernement...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: ...je me demande pourquoi le député
critique...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, si vous me le
permettez, il y a une intervention du député de Viger. Je pense
qu'il me demande une directive, alors je vais lui donner la parole. La parole
est au député de Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, vous avez fait une mise en
garde tantôt, lors des remarques préliminaires qu'on avait
terminé et qu'on avait commencé à étudier
l'élément 1 du programme 5. Je crois que le ministre est encore
reparti sur les préliminaires en parlant de la situation touristique et
en parlant de ci et de cela. J'ai posé une question bien précise
au ministre; elle était dans le document même du ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. J'ai cité un paragraphe du
document du ministère et j'ai posé une question très
précise à savoir si c'était seulement à cause de
l'absence de neige et de la déréglementation qu'on a eu des
difficultés défavorables à l'industrie touristique au
Québec, ou s'il y avait d'autres raisons.
Le ministre est parti encore, comme vous avez pu le constater, en
faisant...
La Présidente (Mme Harel): J'aimerais, à ce
moment-ci, intervenir pour vous dire que souvent, tout est une question
d'appréciation et la question posée et la réponse
donnée. Souvent on peut considérer la question comme
insatisfaisante ou bien la réponse comme insatisfaisante. Mais il faut
bien voir que ce n'est pas la présidence d'une commission qui peut
trancher sur l'appréciation qu'on peut faire. Quant à la
pertinence du débat, je dois vous dire que ce sont des règles en
commission qui sont assez larges. Si vous saviez combien j'apprécierais
qu'on puisse continuer nos travaux avec le climat et sur le ton comme nous le
faisons depuis le début. J'inviterais à la fois, le
député de Viger et le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme à procéder peut-être à un échange
plus rapide. Vous savez que chaque élément de programme peut
donner lieu à une intervention de 20 minutes. Il y a des membres de la
commission qui aimeraient aussi intervenir à la suite de l'utilisation
du temps de parole de 20 minutes par le député de Viger.
J'apprécierais beaucoup si nous pouvions procéder d'une
façon peut-être plus accélérée.
M. le ministre vous complétez votre réponse au
député de Viger.
M. Biron: C'est complété, Mme la
Présidente.
M. Maciocia: J'ai été très bref dans
mes questions. J'aimerais avoir des réponses précises et
brèves aussi de la part du ministre. Autrement, comme vous l'avez fait
remarquer tantôt.
La Présidente (Mme Harel): Vous savez je ne crois pas
qu'on puisse me demander d'apprécier la qualité des
réponses. Je peux simplement vous recommander d'accélérer
le tempo. Alors, M. le député de Viger.
M. Maciocia: Est-ce que dans le plan de mise en marché du
produit touristique vous avez un plan triennal cette année?
Prévoyez-vous, disons, des augmentations de 35% des touristes
étrangers en séjour au Québec, et qu'au moins les tiers
des Québécois qui vont aux États-Unis restent au
Québec? Pourriez-vous nous expliciter un peu les moyens que vous allez
utiliser pour atteindre cet objectif?
M. Biron: L'application de notre plan de progression, Mme la
Présidente, vise à retenir davantage le Québécois
et la Québécoise. Je vous ai fait part des efforts de
publicité et de promotion qu'on fait. Je vous ai annoncé tout
à l'heure la plaquette qui sortira en fin de semaine dans les journaux,
de même que les photos et la campagne de publicité. Cela est le
premier effort pour retenir davantage le Québécois et la
Québécoise, ici au Québec. L'autre effort c'est la
campagne de publicité et de promotion à l'extérieur. C'est
aussi des campagnes de coopération avec les associations touristiques
régionales, de même que des rencontres de motivation avec des
décideurs économiques ou touristiques de l'étranger. Les
journalistes touristiques il y a plusieurs campagnes de motivation de ce
côté. Cela aussi on espère que cela va rapporter des
dividendes à chaque fois qu'on écrit un article là-bas,
sur le Québec, à l'extérieur du Québec, je pense
que c'est important. Mais il faut vanter la qualité de notre produit et
c'est ce que nous faisons constamment. En plus, bien sûr le Palais des
congrès qui va contribuer et qui va commencer cette année et
beaucoup plus l'an prochain à attirer des congressistes de
l'extérieur.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, toujours au programme 5,
élément 1, vous avez à la catégorie 10, transfert:
1 662 000 $. Pourriez-vous nous dire à quoi sont destinés ces 1
662 000 $ au transfert?
M. Biron: C'est d'abord: 962 000 $ de promotion aux
coopératives de promotion avec les associations touristiques
régionales et les intervenants. Or, je vous ai parlé de notre
pamphlet "Quebec Skiing à la française" c'est un exemple. Lorsque
les intervenants du milieu mettent de l'argent dans la promotion touristique,
nous, on en met. Si c'est au Québec, nous, on met 1/3, l'intervenant met
2/3. Si c'est à l'extérieur du Québec, nous mettons 50%,
l'intervenant met 50%. Donc, le premier 962 000 $ c'est la publicité
coopérative. L'aide à l'édition on a 200 000 $ pour des
pamphlets comme cela ou des brochures ou autrement. Les brochures des
associations touristiques régionales, la publicité écrite
d'éditions qu'elles veulent faire on a 200 000 $ pour cela. Les
événements touristiques majeurs comme le Carnaval de
Québec, les Régates de Valleyfield, la Traversée du
Lac-Saint-Jean, le Grand Prix de Montréal ou des
événements du genre, il y a un crédit de 400 000 $ et
quelques autres petits détails, pour terminer il reste environ 100 000 $
je pense pour d'autres choses. Mais les grands programmes sont: la promotion
coopérative, l'aide à l'édition et les
événements touristiques majeurs.
M. Maciocia: S'il y a quelques questions du côté
ministériel sur cet élément, on est mieux d'y aller parce
que, après...
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 1 du programme 5 est terminée? Des interventions
de membres de la commission, M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Leblanc: Je voudrais avoir certaines informations
supplémentaires concernant l'aide à l'édition. Est-ce que
les 200 000 $ sont redistribués par les ATR ou si c'est directement
à certains organismes qui en font la demande?
M. Biron: De plus en plus nous voulons respecter les associations
touristiques régionales. Pour nous ce sont les interlocuteurs
privilégiés du ministère. Il est sûr qu'il peut y
avoir un intervenant dans une région ou quelques intervenants qui ne
sont pas satisfaits des projets de l'ATR, mais on leur dit: Militez à
l'intérieur de votre ATR, intervenez, soyez sur le conseil
d'administration et orientez les décisions de l'ATR.
De plus en plus nous respectons les associations touristiques
régionales qui ont été fondées par le gouvernement
du Parti québécois. On respecte ces gens parce que jusqu'à
maintenant, je suis persuadé que c'est par le biais des associations
touristiques régionales qu'on va véritablement établir de
bonnes stratégies de progrès touristique.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Leblanc: Je n'ai pas d'autres informations à demander
à ce sujet.
La Présidente (Mme Harel): Très bien alors. La
parole est au député de Viger sur cette question.
M. Maciocia: Encore sur cette question, parce que vous m'avez -
si je peux dire ainsi ouvert une porte, je veux poser des questions au
ministre.
Vous avez parlé des ATR. Vous savez sans doute, M. le ministre,
que les ATR ont fait des représentations concernant la loi 43. Elles
étaient contre cette loi parce celle-ci nuit au progrès et
à la promotion touristique. Elles se sont opposées à cette
loi. Pourrait-on connaître votre position à ce sujet et savoir si
vous entérinez l'attitude des ATR vis-à-vis cette loi?
M. Biron: Vous savez, M. le député de Viger, j'ai
été en affaires pendant 20 ans. Je ne vous parlerai pas comme
ministre ni comme député, ni même comme politicien, je vais
vous parler comme homme d'affaires. À l'intérieur des ATR ce sont
des gens d'affaires. Pendant vingt ans je me suis plaint que je payais trop
d'impôt et ce n'était pas le gouvernement du Parti
québécois qui était là quand j'étais en
affaires, c'était les rouges qui étaient là. Je me
plaignais que je payais trop d'impôt, c'était épouvantable
l'impôt que je payais, c'était épouvantable la bureaucratie
à laquelle je m'advenais, ces fonctionnaires m'empêchaient de
travailler comme du monde. Je me suis toujours plaint. Je pense que même
si j'avais payé 100 $ d'impôt par année, je me serais
plaint quand même. Dans le fond, c'est normal, quand tu paies de
l'impôt tu te plains tout le temps.
Que les gens de l'entreprise disent: On ne veut pas trop payer
d'impôt et si possible, je vais en épargner un peu. Je trouve cela
tout à fait normal; c'est le discours que tous les citoyens tiennent. Ce
ne sont pas seulement les gens d'affaires qui tiennent ces propos, tout le
monde tient ce discours. On essaie autant que possible de ne pas payer nos
impôts. Par contre, il y a des lois et des règlements qu'il faut
respecter. Règle générale, la plupart des citoyens du
Québec et du Canada d'ailleurs, le gouvernement fédéral
fait la même chose, paient leurs impôts.
Le problème majeur, dans le fond pour les contribuables, c'est de
dire: On ne veut pas payer d'impôt mais c'est sûr qu'il faut en
payer. Le problème de la la loi 43 c'est que le gouvernement
fédéral, le ministre du Revenu vous l'a dit, n'a pas voulu payer
de l'assurance-chômage aux travailleurs et aux travailleuses. Si le
gouvernement fédéral avait voulu régler cela, ce serait
réglé depuis longtemps. Le ministre actuel du
Revenu, je pense qu'il a cela en main, a rencontré les
intervenants touristiques et c'est en voie de se régler. Je suis
persuadé, connaissant très bien les grandes qualités de
négociateur de M. Dean, le ministre du Revenu, que d'ici à
quelques semaines, ces problèmes vont être
réglés.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, une dernière intervention parce que je vous rappellerai que la
règle de la pertinence joue quand même dans les travaux de cette
commission et qu'on est très loin de l'élément 1 du
programme 5 des crédits du ministère du Tourisme. M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, je repose ma question
parce que je m'aperçois que c'est l'habitude du ministre, je le sais et
c'est probablement sa façon d'agir, sa façon de se comporter de
ne pas répondre aux questions. Ma question était précise.
Les ATR sont venues en commission parlementaire et se sont prononcées en
tant que ATR et non en tant qu'hommes d'affaires, non en tant qu'individu.
Elles se sont opposées à la loi 43. La raison pour laquelle j'ai
posé cette question au ministre c'est parce que cette loi
pénalisait l'industrie touristique. Ma question au ministre est la
suivante: Est-il d'accord avec la position prise par les ATR en commission
parlementaire sur la loi 43. Est-il en accord ou en désaccord avec cette
prise de position?
La Présidente (Mme Harel): Je voudrais simplement,
à ce stade-ci, vous dire M. le député de Viger que je vais
inviter le ministre, s'il entend le faire, à répondre à la
question, mais la pertinence d'un débat sur la loi 43, au moment de
l'étude des crédits est peut-être discutable. M. le
député de Viger. (16 h 30)
M. Maciocia: Je parle des ATR, je ne parle pas de la loi 43 mais
je parle des ATR qui ont fait des représentations vis-à-vis de la
loi 43 et la loi 43 c'était trois raisons pour lesquelles le
gouvernement l'avait présentée en Chambre, c'était
l'équité fiscale, l'équité sociale et de la
protection de l'industrie touristique. Vous comprendrez alors ma question et je
crois qu'elle est très pertinente au débat actuel.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je pense que si mes informations sont justes il y a un
président de l'ATR qui est venu à la commission parlementaire. Je
pense qu'il a agi comme un homme d'affaires et je ne peux pas le blâmer
d'agir comme un homme d'affaires.
Quant à moi, je peux dire, Mme la Présidente, que je suis
persuadé que le ministre du Revenu, M. Dean, qui est un excellent
négociateur, c'est un gars qui comprend le bon sens, c'est un gars qui
va négocier avec le monde mais il va falloir par exemple que le
gouvernement fédéral comprenne le bon sens, que le gouvernement
essaie de retourner des impôts qu'il perçoit des travailleurs au
pourboire au Québec et qu'il consente à les retourner aux
travailleurs au pourboire et le problème de la loi 43 se
réglerait très rapidement.
La Présidente (Mme Harel): Sur l'élément 1
du programme 5, d'autres interventions. M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, Mme la Présidente, je vais être
plus précis. Ma question au ministre est la suivante: D'après
lui, est-ce que la loi 43 pénalise l'industrie touristique oui ou
non?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, je crois que sur cela,
lorsque le ministre du Revenu aura terminé ses négociations avec
les principaux intervenants tout le monde va être heureux, je crois qu'il
faut y faire confiance. Cela serait mauvais à l'heure actuelle de
commencer à faire des grandes déclarations alors que le ministre
du Revenu est en train de régler des problèmes. Bien sûr si
le gouvernement fédéral voulait faire son effort aussi et
retourner l'argent aux citoyens québécois je pense que là
beaucoup de problèmes seraient réglés, mais on est pris
dans cela. Si le député de Viger veut nous aider à ce
qu'on rapatrie au Québec tous nos impôts et qu'on devienne
indépendant on réglerait des problèmes beaucoup plus
rapidement.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 1 du programme 5 est terminée? M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Oui, étant donné que c'est peine
perdue de lui poser des questions, oui, de ma part.
Développement du tourisme
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 1 du programme 5 étant terminée j'appelle
l'étude de l'élément 2.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, dans le
développement du tourisme en 1983-1984 on avait un montant de 7 502 000
et cette année en 1984-1985 6 049 000 $, soit une diminution de plus que
1 000 000 $. Est-ce que le ministre peut nous donner la raison de cette baisse
pour le développement du tourisme et en même temps s'il y a des
crédits encore qui sont périmés de l'année
dernière. J'aimerais quand même en connaître les raisons et
les explications de la part du ministre?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, cela s'explique assez
facilement. D'abord, il y a l'administration du Pavillon du Québec
à Terre des hommes où on avait 200 000 $ l'an dernier cela a
été enlevé cette année parce que cela va relever du
concept de développement de Terre des hommes avec la ville de
Montréal pour le Musée de la science et de la technologie, un tas
de choses qui se font autour et on va retrouver les crédits ailleurs au
gouvernement.
Deuxièmement, le Manoir Richelieu on avait prévu l'an
dernier 1 495 000 $ pour des rénovations au Manoir Richelieu. Cette
année on en a pas de prévu puisque une partie des travaux est
faite par le locataire et d'autre part on tente de trouver un partenaire
privé qui voudrait ou s'associer au gouvernement ou acheter la
propriété pour en faire l'administration et veiller à son
progrès. On a épargné 1 000 000 $ là. Finalement
nous avions des crédits prévus pour 1534-1984 l'an dernier de 350
000 $ environ au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
mais maintenant que la responsabilité relève, comme je l'ai dit
tout à l'heure, du ministre des Affaires culturelles les crédits
s'en vont au nom de son ministère. Vous avez 350 000 $ de moins c'est ce
qui explique la diminution des crédits à cet engagement. Cela
veut dire qu'il nous reste autant pour faire la promotion touristique sauf que
le Manoir Richelieu il n'y a pas de développement cette année.
1534-1984 c'est rendu au ministre des Affaires culturelles et Pavillon du
Québec à Terre des hommes c'est en révision avec la ville
de Montréal pour l'île Notre-Dame et l'île
Sainte-Hélène.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, ce n'est pas de la
promotion mais c'est du développement du tourisme dont je parlais. Le
ministre - je ne sais pas si c'est un lapsus mais on parle de
développement non pas de promotion touristique là.
M. Biron: C'est exact M. le député de Viger.
Là-dessus les réponses que je vous ai données vous m'avez
dit: Pourquoi cela a-t-il diminué cette année comparativement
à l'an dernier? Je vous donne les engagements que
nous avions l'an dernier et que nous ne continuons pas cette
année, plus - vous allez être heureux, vous comme membre du Parti
libéral qui préconise qu'on doit avoir de moins en moins
d'inspecteurs pour déranger les Québécois on a une
diminution importante du nombre de nos inspecteurs dans le secteur de
l'hôtellerie, alors seize inspecteurs de moins. Il y a une petite
économie de 60 000 $ à même nos crédits.
M. Maciocia: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Si j'ai bien compris, il y a seize inspecteurs de
moins cette année pour une économie de 60 000 $. Combien ces
inspecteurs étaient-ils payés?
M. Biron: C'est le taux net parce qu'il y a une augmentation des
traitements et une diminution du nombre d'inspecteurs. Or, c'est plus que
cela.
M. Maciocia: Les 200 000 $ dont vous avez parlé de Terre
des hommes, où les retrouve-t-on? Vous ne l'avez pas dit. Pourrait-on
savoir où on va les retrouver?
M. Biron: On en est train de revoir tout cela avec la ville de
Montréal, d'abord parce qu'elle est drôlement
intéressée au développement de Terre des hommes, avec le
ministère de la Science et de la Technologie et le ministère de
l'Agriculture, des pêcheries et de l'Alimentation pour avoir des
floralies permanentes, Maison de la science et de la technologie, la ville de
Montréal qui est aussi intéressée. Alors, le budget
n'apparaît pas parce que c'est en pleine négociation
présentement. On ne sait pas encore ce qui va arriver au moment
où on a écrit ces livres-là. Les négociations ont
avancé mais ce n'est pas encore aujourd'hui assez avancé pour
vous faire part des résultats de ces négociations, puisque nous
avons plusieurs intervenants dans le dossier.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, vous avez parlé
d'environ 800 000 $ pour le Manoir Richelieu?
M. Biron: II y a une baisse de 865 000 $ avec l'an dernier. Ce
sont des travaux de rénovation qu'on avait prévus à la
toiture l'an dernier et à certaines fenêtres qu'on n'a pas besoin
de refaire cette année.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, Mme la Présidente.
Sur les 6 049 000 $ quels les montants attribués aux
crédits touristiques pour l'année?
M. Biron: II n'y a pas de crédits touristiques ici dans le
livre des crédits relevant de la Direction du tourisme. Cela
relève de la Société du développement
industriel.
M. Maciocia: La SDI.
M. Biron: Mais les effectifs relèvent de nous. Je peux
vous donner l'information juste en vous donnant le montant
réservé aux crédits touristiques, à la
Société de développement industriel, si vous permettez de
retourner un peu en avant dans un programme qui a déjà
été accepté.
Il y a 2 700 000 $ réservés aux crédits
touristiques de budget à débourser dans le courant de
l'année. Cela ne comporte pas les garanties de prêts ni les
prêts qui sont faits avec les budgets ou la valeur même de la
Société de développement industriel du Québec. Or,
étant donné que nous allons de plus en plus sur forme de
garanties de prêts et de polices d'assurance contre l'augmentation des
taux d'intérêt, cela veut dire que cela pourrait
générer à 40 000 000 $ d'investissements dans le domaine
touristique, le fait d'avoir 2 700 000 $ de crédits touristiques
disponibles à la SDI.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Vous n'avez pas répondu à la question
que le personnel est affecté. Vous avez dit tantôt...
M. Biron: II y a onze personnes. Je dois vous expliquer comment
cela fonctionne. D'abord, si un établissement hôtelier demande le
crédit touristique, il fait sa demande à la SDI, qui est la porte
d'entrée unique du gouvernement. Tout de suite la SDI prend une
photocopie et envoie cela à la Direction du tourisme pour savoir la
pertinence, si oui ou non c'est touristique. Si ce n'est pas touristique, la
réponse c'est non. Alors, en même temps, la SDI fait le processus
dans la machine sans perdre trop de temps, mais elle attend qu'on dise: Oui,
c'est une région touristique. Oui, c'est une pertinence touristique.
Cette histoire-là cela vaut la peine de l'aider. On retourne cela
à la SDI qui continue de faire l'analyse au point de vue financier.
Est-ce que les individus sont capables de payer. Si on dit oui, mais que sur le
fond du dossier au point de vue économique cela n'a pas de
crédibilité, la SDI peut dire non. Mais si la Direction du
tourisme dit qu'il n'y a pas de
pertinence touristique, la SDI ne continuera pas l'analyse des dossiers.
On a un droit de veto là-dessus.
M. Maciocia: Je comprends, mais le montant affecté pour le
personnel est de combien?
M. Biron: Onze personnes.
M. Maciocia: Cela représente combien en masse
salariale?
M. Biron: Environ 400 000 $. Si vous le prenez au prorata ou
environ du salaire total payé, divisé par 76, multiplié
par 11. C'est une règle de trois.
La Présidente (Mme Harel): M. le député.
M. Maciocia: Étant donné qu'on est sur les
crédits touristiques, est-ce qu'on pourrait savoir, pour l'année
1983, combien de demandes ont été acceptées et combien de
demandes ont été refusées?
M. Biron: Je ne peux pas vous donner les demandes
rejetées. C'est contre les principes que nous donnions les demandes
rejetées. On peut peut-être vous dire qu'il y a tant de demandes
rejetées mais je ne peux vous donner les noms parce que cela pourrait
nuire à l'entreprise. C'est une entreprise privée. Je peux dire
qu'il y a 65 entreprises touristiques qui ont reçu 16 745 000 $ sous
forme de garanties de prêt, ou de prêts ou de subventions, ce qui a
permis de générer 32 000 000 $ d'investissements dans les
activités touristiques, d'hébergement, de restauration, de
camping, de pourvoirie, de croisières et d'activités sportives et
culturelles.
M. Maciocia: Lorsque vous parlez de garanties de prêts ou
de subventions, pouvez-vous faire la distinction entre garantie de prêts
et subventions? Quel est le montant exact entre les deux?
M. Biron: Oui. Garanties de prêts et prêts pour 11
439 000 $ et subventions pour 5 306 000 $. Vous constatez qu'il y a beaucoup
plus de prêts et de garanties de prêts. De plus en plus, nous
allons vers les prêts et garanties de prêts. Nous enlevons les
subventions. D'ailleurs, ce n'est pas seulement une manie pour nous de le
faire. Il y a quinze jours, j'étais à Montréal à un
colloque de chefs d'entreprises sur le financement des entreprises. J'avais
environ 450 chefs d'entreprises qui étaient regroupés par le
Groupement québécois d'entreprises pour discuter de financement
d'entreprises. Il y avait une quinzaine d'ateliers et, sur les ateliers, il y
en a au moins la moitié, plus que la moitié qui nous disaient:
Enlevez les subventions et remplacez cela par des garanties de prêts et
des polices d'assurance contre l'augmentation des taux
d'intérêt.
De plus en plus, les gens d'affaires nous disent: Enlevez les
subventions parce que, finalement, on subventionne une entreprises et parfois
cela nuit à l'autre. Mettez plutôt des garanties de prêts et
des polices d'assurance contre l'augmentation des taux d'intérêt
puis laissez le secteur privé jouer son rôle pleinement.
On a de plus en plus tendance à éliminer les subventions
pour les remplacer par des garanties de prêts. C'est ce qui fait que,
finalement, le budget diminue un peu cette année mais cela ne veut pas
dire qu'il y a moins d'activités parce que lorsqu'on donne une garantie
de prêt à une entreprise et que l'entreprise rembourse son
prêt, cela ne coûte rien à la population
québécoise. Par exemple, le plan d'urgence. J'ai fait le rapport
hier. On avait 185 000 000 $ de garanties de prêt de donnés et
cela a coûté en déboursés environ 7 000 000 $ au
gouvernement du Québec jusqu'à maintenant. Cela ne coûte
rien tant que l'entreprise passe à travers.
J'ai même dit hier que dans la guerre du fédéral
contre le Québec, le fédéral voulait détruire les
entreprises et nous, les protéger. On a protégé 93% de ces
entreprises et le fédéral a détruit 7%. De 93 à 7
pour le Québec contre Ottawa, c'est pas mal bon.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: C'est la démagogie à son meilleur, Mme
la Présidente.
Une voix: Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
M. Maciocia: Par le plan de relance avec les garanties de
prêt, est-ce que le ministre peut nous dire: Est-ce que c'est le
gouvernement du Québec, est-ce que ce sont les banques à charte,
est-ce que ce sont les caisses populaires qui garantissent ces prêts aux
entreprises privées ou s'il y a un pourcentage garanti par le
gouvernement? À quel pourcentage sont les institutions
financières?
M. Biron: Le prêt est fait par l'institution
financière. N'importe quelle institution financière étudie
le dossier, décide de faire le prêt et dit: Maintenant, nous avons
besoin de la garantie gouvernementale. Le gouvernement garantit les deux tiers
de la perte.
Disons qu'une entreprise investit 100 000 $ ou emprunte 100 000 $ pour
faire un investissement de 150 000 $ ou quelque chose comme cela dans le
domaine de
l'hébergement. L'institution financière, la caisse
populaire, va lui prêter 100 000 $ en disant: Va chercher la garantie de
la SDI pour les deux tiers, si jamais je perdais l'argent. Nous donnons la
garantie sur 66 000 $; l'institution financière... Si cela allait mal:
Le gars ne rembourse rien et fait faillite quelques mois après,
l'institution financière va perdre 33 000 $ et nous, 66 000 $.
Règle générale, vu que les gens font un bon bout de
temps d'abord avant de faire faillite - ce n'est pas sûr qu'ils font
faillite - tout de suite cela diminue. Aussitôt que les 100 000 $
diminuent à 60 000 $ de garantie sur une auberge qui a
coûté 150 000 $, il n'y a pas de problème là-dessus.
(16 h 45)
Souvent, l'individu ne peut pas avoir le prêt de 100 000 $ s'il
n'y a pas une garantie en arrière parce que c'est encore risqué
un peu pour l'institution financière. Dans le fond, c'est seulement le
petit coup de pouce nécessaire pour faire confiance à
l'entreprise privée. Or, nous disons: On fait confiance à
l'entrepreneur privé, on va gager dessus, à condition que
l'institution financière fasse aussi sa part. Finalement, on facilite
à l'individu un crédit qui est plus élevé et sans
que cela coûte cher à la collectivité
québécoise. Puis si on ne s'impliquait pas, l'individu aurait
zéro de prêt ou à peu près. C'est là qu'on
réalise l'investissement.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Par qui est faite l'analyse de la demande? Par le
gouvernement ou par l'institution financière.
M. Biron: La première analyse est faite par l'institution
financière. Si l'institution financière décide de ne pas
prêter, c'est fini, cela ne vient même pas au gouvernement. Si
l'institution financière dit, oui je vais te prêter 100 000 $
à contition d'avoir la garantie gouvernementale, là cela s'en
vient chez nous.
M. Maciocia: Quel est le danger pour le gouvernement dans cela?
Après? M. le ministre, vous êtes en affaires. Vous l'avez dit plus
tôt. Vous avez dit que cela prend un petit coup de pouce du gouvernement
pour avoir la possibilité d'aller chercher ces subventions. Quand
l'analyse de la demande est faite par l'institution financière, cela
veut dire tout de suite à condition que l'institution financière
soit prête, d'après moi comme homme d'affaires, à
prêter ce montant demandé. Je ne vois vraiment pas l'engagement du
gouvernement dans cette situation. Cela serait complètement le contraire
si la demande était analysée par le gouvernement, après
quoi l'entreprise pourrait obtenir non pas une subvention mais une garantie de
la part du gouvernement et les institutions financières
s'impliqueraient. Je ne crois pas que les méthodes employées pour
l'analyse des demandes de subventions soient les mêmes par le
gouvernement que par les institutions financières.
M. Biron: Je voudrais d'abord vous répondre sur la forme
d'abord, et ensuite sur le fond. Sur la forme, je vous recommande de lire le
credo du Parti libéral parce que là vous dites, le gouvernement
doit intervenir dans tout, alors que le credo du Parti libéral dit, non
le gouvernement ne doit pas intervenir. Il faut faire confiance à
l'entreprise privée, aux entreprises et aux institutions
financières privées. Nous, on fait confiance aux institutions
financières privées. Je vous recommande de lire, au moins, le
credo, c'est-à-dire le programme du Parti libéral. Vous ne me
semblez pas trop au courant de votre programme de parti.
Deuxième point. Ce que vous dites... Mme la Présidente, je
suis distrait par le député de Terrebonne.
M. Maciocia: Je demanderais que le ministre soit un peu plus
sérieux... Mme la Présidente, question de règlement...
M. Biron: Mme la Présidente, deuxième chose...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, M. le
député de Viger fait une question de règlement. Vous savez
M. le député de Viger, il faudrait que vous me citiez le
règlement.
M. Maciocia: Question de directive.
La Présidente (Mme Harel): D'accord, question de
directive. La parole est au député de Viger.
M. Maciocia: Je vous demande si dans une commission parlementaire
comme celle à laquelle nous participons on peut être
sérieux parce qu'on est en train de discuter de sommes d'argent
dépensées par le gouvernement, l'argent des contribuables. Est-ce
que le ministre va continuer à se comporter ainsi dans les minutes qui
vont suivre? Dans l'affirmative, je vous avise à l'avance que je
quitterai les lieux et je ne sais pas qui en subira les
conséquences.
M. Biron: Ne me dites pas que vous allez devenir
séparatistes vous aussi et que vous allez quitter.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je pense que si
l'on ne veut pas que le débat dégénère de
façon désagréable,
on doit peut-être s'en tenir aux réparties question et
réponse en souhaitant, de part et d'autre, de ne pas imputer de motifs
sur les intentions des uns et des autres. M. le ministre.
M. Biron: Mme la Président, je continue ma réponse
sur le fond. L'institution financière qui fait l'analyse dira souvent,
oui je vais te prêter, disons, 50 000 $, mais ce n'est pas 50 000 $ c'est
100 000 $ dont il a besoin parce qu'il ne les a pas les 100 000 $ à
investir. Et c'est là que l'institution financière dira, bien je
ne peux pas aller plus haut sauf si j'ai une garantie gouvernementale. Et la
plupart du temps, c'est là qu'on va réaliser le projet. C'est
d'avoir la garantie gouvernementale pour que l'institution financière
accepte vraiment le prêt. Quand vous dites que l'institution
financière va lui prêter d'une façon ou d'une autre, ce
n'est pas vrai parce que parmi les 875 cas de plans d'urgence, il y en
peut-être 200 ou 300 à qui l'institution financière aurait
prêté d'une façon ou d'une autre, mais il en a au moins 500
à qui l'institution financière n'aurait pas prêté.
Ces entreprises seraient fermées et 35 000 emplois de moins. C'est
quelque chose.
Dans le fond, c'est l'expérience qu'on a vécue avec le
plan d'urgence qui fait en sorte qu'on peut l'appliquer dans d'autres secteurs
d'activités. Sur ce point, M. le député de Viger, je vous
dis que le Québec a été la première province au
Canada à employer ce système de garantie de prêt. À
l'heure actuelle, les gens du fédéral, des partis politiques au
fédéral et non pas seulement d'un parti, de plusieurs partis
politiques au fédéral, de même que des gens de plusieurs
provinces canadiennes, viennent voir notre système pour s'informer
commment cela fonctionne parce qu'ils trouvent que notre intervention
auprès des entreprises, c'est l'intervention idéale. Dans ce
sens, je vous dirais que peut-être une partie des prêts se ferait
quand même par l'institution financière mais je suis
persuadé qu'au moins la moitié sinon les deux tiers des
prêts ne se feraient pas. Nous n'aurions pas l'investissement. Et le fait
d'investir et de garantir par le gouvernement cela crée un nouvel
investissement, donc plus d'emplois.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, je ne sais si accepteriez que le député de Terrebonne
puisse intervenir sur le même sujet?
M. Maciocia: Aucun problème.
La Présidente (Mme Harel): De toute façon vous avez
le loisir de compléter votre temps de parole.
M. Maciocia: J'aurais une question et après le
député de Terrebonne pourrait intervenir.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que je passe
immédiatement la parole au député de Terrebonne?
M. Maciocia: Merci, Mme la Présidente. Non, j'ai encore
une question à lui poser.
La Présidente (Mme Harel): Non. M. le député
de Viger.
M. Maciocia: Quand les entreprises font la demande de garantie de
prêts aux institutions financières, vous avez dit tantôt que
probablement sur une demande de 100 000 $ l'institution financière
pourrait prêter 50 000 $ et ne donnerait pas l'autre 50 000 $ s'il n'y
avait pas une garantie de la part du gouvernement. Est-ce que la demande de
garantie dans un cas comme celui-là est de 100 000 $ ou de 50 000 $
faite par la PME ou l'entreprise privée à l'institution
financière? Quelle est la réponse de l'institution
financière? Est-ce qu'on ne peut pas lui prêter 100 000 $ sans la
garantie du gouvernement pour un montant X soit le tiers approximativement?
Est-ce que l'institution financière répond sur la demande de 100
000 $ de prêt?
M. Biron: Oui, je vous ai donné en théorie un cas
et on pourrait discuter d'un tas d'hypothèses. Règle
générale, l'analyse est faite globalement et l'institution
financière dit à l'individu tu n'as pas assez de garantie
hypothécaire. Tu n'as pas assez de garantie personnelle, soit tes
endossements et tout ce que tu as ce n'est pas assez et on ne te prête
pas à moins d'avoir la garantie gouvernementale. La garantie
gouvernementale ne s'applique pas tout simplement sur les derniers 50 000 $ si
on prend ce cas mais s'applique sur les deux tiers de 100 000 $. Or, ce serait
très difficile au point de vue comptabilité et au point de vue
bureaucratique de dire qu'il y a une partie qui ne mérite pas de
garantie et l'autre partie qui mérite la garantie on y va à 100%.
Surtout si c'était toujours la dernière partie qu'on y allait
à 100% on perdrait toujours à tout coup sur la dernière
partie s'il arrivait une faillite. Tandis que là le risque est
partagé entre l'institution financière et le gouvernement.
On est prêt à étudier d'autres formes de garantie
mais on trouve que le principe de la garantie est le meilleur principe. Ce
qu'on a trouvé jusqu'à aujourd'hui soit les deux tiers, c'est la
recette du plan d'urgence, c'est la recette du plan de relance, du programme de
financement d'entreprises, c'est maintenant la recette du crédit
touristique, c'est la recette des bourses d'affaires. Le gouvernement
garantit
les deux tiers et l'institution financière prend le risque sur un
tiers.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Terrebonne.
M. Biron: J'ai oublié, Mme la Présidente, seulement
un complément de réponse.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le ministre.
M. Biron: Souvent la garantie gouvernementale fait en sorte que
l'entreprise paie un peu meilleur marché le taux d'intérêt.
Si le "Prime" est à 11% la banque ou l'institution financière va
lui dire on te charge 13% mais s'il est garanti par le gouvernement en partie
cela peut tout de suite descendre à 12%. Alors, automatiquement
l'entreprise profite de 1% et cela coûte absolument rien au gouvernement.
Le fait d'être plus garanti fait en sorte de baisser le taux
d'intérêt de l'entreprise, ce qui est un avantage.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Mme la Présidente, merci beaucoup. En question
complémentaire à celle du député de Viger. Vous
avouez qu'il est vrai qu'il y aurait peut-être sur 800 prêts
endossés par le gouvernement - disons à peu près 200 ou
disons le tiers pour exagérer - qui normalement ne demanderaient pas
l'endossement gouvernemental. Cela suppose premièrement, je crois que
les banques sont trop exigeantes à cautionner un plan gouvernemental.
Cependant, au gouvernement, si on demande d'endosser même dans les cas
où les gens ont une très grande liquidité, cela n'engage
pas beaucoup le gouvernement, je crois. J'aimerais que vous me répondiez
là-dessus. Si ces compagnies auraient pu emprunter seules, notre
signature comme garantie de prêt de façon générale
on n'aura jamais à rembourser quoi que ce soit. J'aimerais que vous me
disiez si cela peut être vrai ou pas dans ces cas-là?
M. Biron: Exact et c'est très souvent vrai. On a
d'ailleurs constaté et on constate que des gens se servent de la
garantie gouvernementale cela accélère d'abord leur
investissement, cela accélère le traitement de leur dossier
à l'institution financière. Ils paient meilleur marché
d'intérêt. Si c'est une bonne entreprise c'est certain que la
garantie gouvernementale ne s'appliquera jamais. Cela ne nous coûte rien
de donner une garantie à une bonne entreprise qui rembourse sa dette.
Cela rend service à l'entreprise parce que cela baisse son taux
d'intérêt, cela accélère l'étude de son
dossier et cela lui permet souvent d'obtenir un prêt un peu plus
élevé ce qui lui donne une marge de manoeuvre plus grande dans la
gestion de ses affaires. Dans ce sens-là, c'est une façon
très économique d'intervenir. Si on y allait totalement par
subvention, la subvention s'appliquerait peu importe si l'individu en a besoin
ou pas alors que y aller sous forme de garantie de prêt si l'individu n'a
pas besoin de sa garantie un jour ou l'autre, cela coûte absolument rien
à la collectivité québécoise.
M. Blais: J'ai une question sur un autre sujet.
La Présidente (Mme Harel): Sur un autre sujet? Je pense
que M. le député de Viger veut poursuivre son temps de parole.
Ensuite, je donnerai le droit de parole au député de Terrebonne
et enfin, j'aurai moi-même quelques questions à poser au ministre.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Ma question s'adresse au ministre. Il a dit
tantôt que, probablement, la garantie donnée par le gouvernement
sur le montant que l'entreprise privée demande à l'institution
financière donne la possibilité à celle-ci d'obtenir un
taux d'intérêt moindre que celui du marché. Est-ce qu'il
pourrait nous dire, étant donné qu'il y a déjà eu
des demandes apparemment - le ministre l'a dit tantôt - pour quelques
millions de dollars, s'il y a eu des cas où vraiment, à cause de
l'implication du gouvernement, une PME a eu la possibilité de
bénéficier d'un taux d'intérêt réduit?
Pourrait-il nous dire s'il y a des cas spécifiques, ou au moins nous
dire qu'il y en a parmi les dizaines de demandes qui ont été
faites jusqu'à maintenant?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, dans l'expérience
qu'on a vécue avec le plan d'urgence, il y a eu des dizaines et,
probablement des centaines et des centaines de ces cas où l'entreprise
payait pour sa marge de crédit 2,5% de plus que le "Prime" et, à
cause de l'intervention gouvernementale, l'entreprise payait 1,5% sur ce
prêt. Alors, tout de suite, on dit que sur ce prêt en particulier,
à cause de l'intervention gouvernementale, on économise 1% parce
qu'il n'y a pas plus de garantie de la part de l'entreprise sur ce prêt -
le deuxième - que sur le premier. Est-ce que je peux vous dire
actuellement que c'est telle ou telle entreprise? Non. Mais je sais, par
exemple, qu'à considérer les dossiers des entreprises avec leurs
marges de crédit et le taux payé au-dessus du taux
préférentiel pour le plan d'urgence, je peux vous dire que
les
institutions financières n'ont certainement pas ambitionné
dans ces cas et que les entreprises en ont profité.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, je ne parlais pas de
marges de crédit. Je parlais de prêts garantis. C'est une chose
différente, parce qu'on sait que les institutions financières
quant à leur marge de crédit exigent des taux beaucoup plus
élevés que sur des prêts. Est-ce que le ministre peut nous
dire que, parmi les prêts garantis par le gouvernement, il y a eu des
entreprises qui ont vraiment bénéficié de ce taux
réduit sur les prêts et non sur les crédits? Est-ce que le
ministre peut nous dire aujourd'hui s'il y en a eu? Je suis sûr qu'il ne
peut pas nous nommer les PME, mais il pourrait certainement nous dire s'il y en
a eu des dizaines ou des centaines qui en ont bénéficié.
C'est ce que je veux savoir de la part du ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, ce que j'ai avancé
tout à l'heure, je le tiens d'entreprises et d'institutions
financières. Je suis constamment en contact avec ces gens-là.
Chaque semaine, je rencontre les représentants d'entreprises et
d'institutions financières et j'ai souvent des réunions avec ces
gens-là. Ils me disent qu'avec la garantie gouvernementale, parce que le
risque est moins élevé - c'est normal, c'est logique; n'importe
qui qui a fait des affaires le sait -l'institution financière est
prête à exiger un taux d'intérêt moindre, par
conséquent moins large est sa marge au-dessus du "Prime". Or, je ne suis
vraiment pas en position de dire combien il y a d'exemples, combien de fois
cela est arrivé, et quelles sont les entreprises.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, le ministre vient de nous
dire qu'il a rencontré les chefs d'entreprise qui lui ont dit... Ma
question demeure encore la suivante: Est-ce qu'une copie du prêt garanti
par le gouvernement et octroyé à une entreprise privée est
fournie au gouvernement? Si oui, le ministre devrait être en mesure de
nous dire si vraiment le taux d'intérêt qui a été
exigé de cette entreprise est le même ou si c'est un taux
réduit par rapport à celui qu'on applique la journée
même où le montant a été prêté.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Certainement que le taux d'intérêt est
plus bas à cause de l'intervention gouvernementale. À
présent, je m'aperçois que... Je croyais que le
député de Viger avait été en affaires et qu'il
savait comment négocier avec des institutions financières. Tu ne
peux pas arriver là pour négocier un prêt et dire, une fois
que le prêt est négocié à ton taux: Maintenant, si
j'ai la garantie gouvernementale, combien vais-je épargner? Ce n'est pas
comme cela que cela fonctionne en pratique. Le chef d'entreprise est plus
pressé que cela. À la question du député de Viger,
je réponds: Oui, je peux vous dire avec assurance qu'à la suite
de démarches, de pourparlers, de discussions et d'informations obtenues
des chefs d'entreprise et des institutions financières, que grâce
à la garantie gouvernementale, l'entreprise paie meilleur marché
que si elle n'avait pas la garantie gouvernementale. Là-dessus, j'invite
le député de Viger à vérifier avec n'importe quelle
institution financière et il va avoir une réponse dans le
même sens que je viens d'indiquer. (17 heures)
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: J'ai posé la question au ministre pour savoir
si une copie du prêt garanti aux entreprises allait au gouvernement.
Étant donné que le gouvernement prend la responsabilité
des deux tiers de ces prêts, est-ce qu'il y a une copie du prêt qui
a été fait à l'entreprise par l'institution
financière qui est destinée au gouvernement?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Toutes les garanties de prêt et les prises en
charge d'intérêts sont signées par le ministre. Je vois
personnellement tout ce qui passe dans le ministère et je peux vous
assurer qu'au ministère et à mon cabinet nous avons des copies de
toutes les interventions du gouvernement.
La Présidente (Mme Harel): Une question
complémentaire, M. le député de Viger.
M. Maciocia: S'il m'avait permis de terminer ma question, le
ministre aurait pu répondre une seule fois. S'il y a une copie, est-ce
que le ministre ou les fonctionnaires du ministère ont la
possibilité lorsqu'ils reçoivent cette copie, de vérifier
vraiment si le taux d'intérêt consenti par l'institution
financière au moment du prêt, était inférieur
à celui qui s'appliquait le jour même du prêt garanti par le
gouvernement?
M. Biron: Mme la Présidente...
M. Maciocia: C'est ma question.
La Présidente (Mme Harel): Le député de
Viger va terminer sa question.
M. Maciocia: De nous dire que les chefs d'entreprise lui ont dit
telle ou telle chose, c'est le ministre qui nous dit cela. J'aimerais savoir
exactement de la part du ministre, étant donné qu'il nous dit que
le gouvernement reçoit une copie du prêt garanti, s'il a
vérifié si le taux d'intérêt appliqué
à ce moment-là était inférieur à celui qui
est appliqué dans d'autres cas où le prêt n'est pas garanti
par le gouvernement.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, je veux assurer que
l'entreprise paye meilleur marché parce qu'elle a la garantie
gouvernementale; le taux d'intérêt est marqué sur la copie.
Bien sûr, il n'est pas indiqué que s'il n'y avait pas de garantie
gouvernementale, le taux serait plus élevé de 1% mais n'importe
qui qui a le moindrement d'expérience dans les affaires et les
institutions financières va réaliser qu'une entreprise va payer
11,5% ou 12% ou 12,5% ou 24% dans le temps de la folie de la Banque du Canada
mais, avec la garantie gouvernementale c'est meilleur marché que s'il
n'y avait pas de garantie gouvernementale. Je peux vous assurer de cela, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je passe la parole, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Je donne la parole au
député de Terrebonne à moins que je puisse
immédiatement poser mes questions.
M. le ministre, je dois vous dire que cela m'inquiète la
diminution du nombre d'inspecteurs dans l'hôtellerie. J'ai l'impression
que cela peut aussi inquiéter certains établissements
hôteliers qui attendent, espèrent et souhaitent l'application
assez rigoureuse des normes de façon à assurer un produit de
qualité aux consommateurs. Je me demande dans quelle mesure cette
inquiétude n'est pas partagée à l'Institut
d'hôtellerie, qu'il y ait des établissements qui, en
s'écartant des normes de qualité, éclaboussent l'ensemble
de l'industrie.
M. Biron: Mme la Présidente, avant de prendre la
décision j'ai vérifié parce que cela m'inquiétait
aussi. L'objectif est d'essayer que s'il y a un ministère qui fait
quelque chose qu'il n'y ait pas un deuxième ministère pour le
faire. Je pense qu'on gaspillerait l'argent de la population. Concernant
l'alimentation, la qualité des aliments, il y a déjà un
inspecteur du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui passe. Je pense qu'on n'a pas besoin de repasser une
deuxième fois. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation est responsable de la qualité des aliments. Pour ce
qui est de la protection du public en général, c'est le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur qui envoie
ses inspecteurs. On n'a pas besoin de repasser. Pour ce qui est de la
perception des impôts, le ministère du Revenu passe; on n'a pas
besoin de passer une deuxième fois. La ville de Montréal, la
ville de Québec et la ville de Trois-Rivières ont leurs propres
inspecteurs. On s'est demandé s'il y avait des segments qui
n'étaient pas couverts. On a essayé de conserver nos inspecteurs
pour les points qui n'étaient pas couverts. Avant d'émettre le
permis de restauration, on demande au propriétaire du restaurant s'il a
son permis du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, s'il a son permis du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, s'il a son permis du ministère du Travail,
s'il a son permis du ministère du Revenu. Une fois que tous ces permis
sont affichés, tout ce qu'on fait, c'est qu'on regarde cela et on donne
notre accord, si la personne a tout cela, et on lui donne son permis pour
exploiter son restaurant. Avant cela, un de nos inspecteurs retournait pour
voir si tout cela était en ordre, une fois qu'un premier inspecteur d'un
autre ministère était passé. C'est tout simplement pour
mettre fin à la duplication d'inspecteurs dans ce sens.
La Présidente (Mme Harel): J'aimerais simplement m'assurer
que l'inspection et la surveillance des tarifs et de la qualité
d'hébergement sont donc du ressort du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: Cela n'était pas fait par aucun autre
ministère et on l'a gardé.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie. Une
dernière question: je ne sais si vous êtes au courant d'un projet
qui a été présenté à votre sous-ministre du
tourisme, M. Archambault, et qui concerne un guide cinématographique du
Québec. Cela a des incidences, en termes de promotion touristique,
importantes. Il s'agit d'un projet qui tarde à se réaliser et qui
s'adresse à des producteurs de cinéma. Je fais
référence à un article publié récemment dans
le mensuel Actualités qui faisait état d'une certaine indolence
de la part du Québec sur cette question. Compte tenu de
l'intérêt que cela peut représenter pour le Québec
d'être choisi
comme site de production cinématographique. Il y a donc eu un
projet qui a été présenté pour décrire tous
les sites intéressants et les facilités de tournage. Ce projet
est maintenant examiné par différents ministères: le
vôtre, celui des Affaires culturelles, celui du Commerce
extérieur, le ministère des Communications. Cela
m'inquiète d'une certaine façon. Quand il y a trop de
ministères qui se sentent concernés, parfois, cela ralentit la
réalisation d'un projet. J'aimerais savoir si, dans le secteur du
tourisme, vous entendez mener de l'avant la réalisation de ce projet? En
fait, on s'entend tous qu'en termes d'intérêt touristique, mais
aussi de promotion du Québec, cela peut être très
intéressant.
M. Biron: Sur le fond, oui, c'est intéressant, c'est un
bon projet de promotion du Québec. Je suis heureux que vous apportiez
cela parce qu'on a un bon exemple d'interventions de différents
ministères. Il y avait le ministère du Commerce extérieur
et le ministère des Relations internationales -c'est le même
ministre maintenant, mais ce sont deux ministères - la SODIQ
était là-dedans, le ministère des Affaires culturelles et
le MICT. Le maître d'oeuvre, c'est le ministère des Affaires
culturelles. Ce qu'on fait, lorsqu'il y a plusieurs ministères, on
regarde qui est maître d'oeuvre, on travaille au sein du comité,
mais on écoute les directives du maître d'oeuvre. De temps
à autre, dans d'autres comités, c'est nous qui sommes les
maîtres d'oeuvre et on aime bien que les autres écoutent nos
directives aussi. Dans ce sens, c'est le ministère des Affaires
culturelles. Si sa politique est définie dans le sens qu'il faut aider
cet événement, cette entreprise, qui est valable pour le
Québec, il lui reste à savoir quel budget est disponible au
ministère des Affaires culturelles, au ministère du Commerce
extérieur et ce qu'on peut donner au MICT. On met tout cela ensemble.
Alors qu'autrefois chacun y allait par pièce détachée.
Certains événements avaient plus d'argent qu'ils en avaient
besoin parce que tout le monde donnait sa subvention à gauche et
à droite et d'autres événements n'en avaient pas assez
parce qu'ils ne savaient pas comment travailler. En coordonnant nos efforts un
peu mieux au sein du gouvernement, il y a un maître d'oeuvre. Si le
ministère des Affaires culturelles me dit: On a besoin de tant d'argent
pour réaliser l'événement; pouvez-vous y participer? Ma
réponse sera oui. Je vais travailler à l'intérieur du
comité, mais cela sera coordonné par le ministère des
Affaires culturelles.
La Présidente (Mme Harel): Je comprends donc que
vous-même et votre sous-ministre allez tout mettre en oeuvre pour
hâter la réalisation du projet. Ce projet est à
l'initiative de femmes entrepreneurs et peut-être que la nouvelle
direction "entrepreneurship" au féminin pourrait donner un coup de pouce
à cet effet. Je passe la parole au député de Terrebonne,
à moins que vous ayez... Oui, M. le ministre.
M. Biron: Je peux vous faire une suggestion, c'est de recommander
aux gens que vous semblez connaître et qui s'occupent de ce dossier de
communiquer avec Mme Gisèle Desrochers qui est la directrice de
l'"entrepreneurship" au féminin au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Si elles ont besoin d'un coup de pouce
là-dessus, justement l'"entrepreneurship" au féminin n'a pas
d'argent, mais au moins les aidera à préparer leur dossier,
à le véhiculer aux bons endroits et à faire en sorte
d'avoir les bonnes réponses.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Par votre
intermédiaire, j'aimerais demander au ministre une question. On parle
dans cet élément no 2 du développement touristique, d'une
baisse de personnel. J'espère que cette baisse de personnel n'affectera
en rien les associations touristiques régionales. Nos ATR, dans ma
région de Laurentides-Lanaudière, comme dans d'autres
régions, sont une organisation d'une extrême importance et chez
nous, peut-être encore plus que dans d'autres, parce que c'est une
région double et touristique dans les trois-quarts de son territoire...
Si on pense, par exemple, à l'association touristique chez nous dans
Laurentides-Lanaudière, on a divisé notre région en la
région nord couvrant - c'est très grand comme région -
à peu près 200 milles de long et à peu près 100
milles de large. C'est une région immense, du nord au sud. En prenant le
nord, la grosse partie du nord a été consacrée par
l'association touristique régionale et tous les agents
économiques se sont impliqués avec elle dans le
développement touristique, ont appuyé cette démarche
qu'elle a faite en prenant tout le nord comme une section touristique de
vacanciers en séjour, tandis que la section sud du côté
ouest est surtout industrialisée avec Mirabel, Bell Helicopter, etc.,
mais ayant un peu de touristes quand même avec les hôtels,
l'Hôtel Lapointe, Saint-Jérôme et tout, tandis que la
section où est mon comté, la section sud-est, comté de
Terrebonne, c'est plutôt un touriste qu'on pourrait appeler
excursionniste ou un touriste linéaire.
Cet ensemble de notre région, cette politique qui a
été développée par l'association de l'ATR a
donné d'immenses
résultats si on regarde depuis le temps qu'elle est là. Je
respécifie encore que tous les agents économiques de la
région ont endossé cette politique. Si le personnel était
diminué dans cette section, je crois que cela affecterait cette
politique qui va bon train, parce que probablement dans tout le Québec
on sait ce qu'on appelle les Laurentides; ce sont des vacances
d'été et d'hiver à l'année longue qui sont
organisées. Soit dit en passant, même avec le péage des
autoroutes, il y a eu une augmentation de 40% du tourisme l'an dernier dans
cette région, malgré l'augmentation des tarifs autoroutiers. Il
faut tout de même dire que le nord de ma région, sous
l'organisation de l'association touristique régionale, a
organisé... L'hiver, par exemple, qui ne connaît pas le
Mont-Tremblant, Saint-Sauveur, le Mont Habitant, etc. Ce sont des monts, ce
sont des pentes de ski qui ont une réputation qui rejaillit dans tout le
Québec et qui attirent de l'extérieur de ma région des
gens pour la promotion touristique.
Je ne voudrais pas que des gens soient enlevés dans cette section
par cette diminution de personnel dans votre budget pour l'année qui
vient. Il faut se dire aussi que même l'été, dans la
région nord, il y a une restauration connue dans tout le Québec.
Ne prenons que La Sapinière avec ses cinq fourchettes. J'ai bien
l'impression que c'est un des restaurants les plus connus au Québec et
il y en a beaucoup d'autres. Il y a la Soupière à Saint-Adolphe.
Dans le nord, l'association touristique a vu à bien promouvoir la
restauration et donne un élément d'attrait touristique que je ne
voudrais pas voir baisser à cause d'un manque de personnel. Il y a
même dans la section où je demeure, le tourisme linéaire,
il y a déjà des centres hippiques et des centres vacanciers. Il
s'en vient des centres de famille. Il s'en vient probablement des parcs
d'amusement. Il y a des centres de la nature. Il y a dans toute ma
région aussi, organisé avec la coopération de
l'association touristique régionale, tout un réseau de camping
qui fait la renommée de toute la région. Tout cela mis ensemble,
M. le ministre, je serai un peu désolé si, en me disant
tantôt que vous diminuez le personnel de seize à
l'intérieur de cet élément avec le travail qui se fait
dans ma région du côté du développement touristique,
je me verrais un peu gêné d'arriver dans ma région et de
dire qu'il y a une diminution de touristes. On sait que l'ATR, par exemple,
pour ne parler que de Saint-Jérôme, m'a recommandé de
mettre une piste de ski à Sainte-Agathe dans le comté de
Laurentides-Labelle. J'espère que les gens qui s'occupent de cet
aménagement ne seront pas visés par les coupures qui sont
à cet élément. (17 h 15)
M. le ministre, je ne voudrais pas prolonger la description de ma
région que je connais plus que je connais le parlement -parce que dans
le parlement, je m'y perds, surtout avec les rénovations - mais dans ma
région, je peux me promener de Mont-Laurier jusqu'à l'Assomption
et de l'Assomption à Lachute en passant par Berthier et je peux
décrire tous les lacs et toutes les rivières, sans parler aussi
des théâtres d'été qu'il y a dans ma région.
C'est l'Association des Laurentides, d'ailleurs, qui promouvoit ces
choses-là. Il y en a un, entre autres, qui est très bien connu de
tout le monde, qui était l'ancienne Butte-à-Mathieu. Il y a aussi
le Patriote de Sainte-Agathe et le théâtre de Saint-Sauveur. Il y
a dans l'ensemble du Québec 105 théâtres
d'été, mais cela demeurerait quand même que la
région la mieux pourvue, la mieux nantie de ce côté, pour
l'hiver pour ceux qui sont ouverts pour l'après-ski et pour
l'été pour l'après-natation ou après un tour de
voile ou après un tour de bateau ou tour de natation, que sais-je
encore? Il y a des places de récréation. M. le ministre, je vous
le demande pour la troisième fois durant cette très brève
intervention, j'espère que dans les coupures que vous faites sur le
personnel à l'élément 2 n'affectera en rien le dynamisme
de ces gens qui sont à la recherche du progrès. Je suis
persuadé que vous avez vu, dans ma région, une expansion presque
excessive. C'est presque gênant pour les autres régions de la
façon dont ma région, Laurentides-Lanaudière progresse.
J'espère, M. le ministre, que vous ne diminuerez pas le nombre du
personnel à l'intérieur des cadres de mon association touristique
de Laurentides et de mon association touristique de Lanaudière.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je remercie le député de Terrebonne de sa
courte question. Je pense que son intervention concernant les associations
touristiques régionales et ce qu'on peut en faire, c'est important. Les
associations touristiques régionales, l'an dernier, ont
bénéficié de 1 314 000 $ de notre budget. Cette
année, c'est 1 650 000 $. Il y a une augmentation considérable de
réservée aux associations touristiques régionales.
Au-delà de 25% d'augmentation, ce qui est important. Je dois annoncer,
aujourd'hui, à la suite de l'intervention du député de
Terrebonne qui m'en donne l'occasion, qu'au cours des prochains mois pour des
périodes allant de quatre, cinq mois, jusqu'à douze, les
associations touristiques régionales, à la suite d'une entente
que nous avons eue avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, donc, non pas avec des budgets du
ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, mais des budgets du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu les associations
touristiques régionales pourront bénéficier de 289
nouvelles personnes au service des ATR pour des périodes de quatre mois
à douze mois dont 32 personnes dans votre région
Laurentides-Lanaudière, ce qui veut dire qu'au cours de
l'été, des gens de chacune des régions du Québec
pourront travailler sous la direction de l'association touristique
régionale, au progrès touristique.
Lorsqu'on songe à 32 nouvelles personnes chez vous, cela veut
dire que c'est tout un budget important qu'on a réussi à obtenir.
Je vous répète que les seize postes que nous avons coupés
sont des postes d'inspecteurs alors que les 289 postes que vous me donnez
l'occasion d'annoncer ici aujourd'hui pour la première fois sont des
postes de gens qui vont s'occuper de l'expansion touristique, sous
l'égide des associations touristiques régionales pour faire du
développement dont 32 de ces personnes dans la région de
Laurentides-Lanaudière.
M. Blais: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Dans vos subventions aux régions, je n'ai pas
vu, à moins que je lise mal, de crédits à des centres
hippiques, par exemple, ou à des centres de la nature parce
qu'aujourd'hui, la jeunesse est beaucoup plus près de la nature que nous
l'étions lorsque nous étions à cet âge à
cause de l'environnement et la recherche du pacifisme et de l'environnement
moderne qu'eux essaient de nous faire comprendre et que moi à mon
âge je comprends assez difficilement. Est-ce qu'il y a des subventions
qui se donnent à ce sujet? J'ai dans mon propre comté, pour
être égoïste, trois écuries de centres hippiques qu'on
appelle encore des ranches aujourd'hui. On a le Ranch sourire, par exemple,
à Mascouche. Ce Ranch sourire est un ranch qui attire beaucoup de monde
dans la région et j'aimerais savoir s'il y a des subventions
destinées à ces ranches parce que ces gens font une promotion du
tourisme et je ne sais pas de quelle façon on pourrait les aider s'ils
sont en difficultés pour attirer du monde.
M. Biron: Oui, nous pouvons les aider à poursuivre leur
expansion à même les programmes de crédits touristiques,
à même les programmes du plan de relance, à même les
programmes de la bourse d'affaires. Cela veut dire qu'on a trois programmes qui
peuvent intervenir pour aider ces gens à faire leur exploitation ou
à avoir des partenaires financiers dans le sens des bourses d'affaires.
D'autre part, si ce sont des budgets d'opération, cela relèvera
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Quant
à nous, en ce qui regarde le progrès touristique, si ces gens
peuvent nous prouver qu'il y a une partie de leur clientèle qui sont des
touristes, des gens de l'extérieur de la région, ils pourront
être reçus assez facilement aux trois programmes que je viens de
vous citer.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Le ministre vient de faire l'annonce que les ATR
auront 289 personnes de plus. Premièrement, je crois que ces personnes
seront payées sur le budget du gouvernement. Deuxièmement,
qu'est-ce que 289 personnes représentent en hommes-année?
M. Biron: Au fond, ce sont des emplois temporaires qui varient
entre quatre mois et douze mois. Il y a une contribution du milieu qui
représente environ 25% à 30%. Ce sont des contributions de la
part des ATR. Ce n'est donc pas un cadeau de la part du gouvernement. Ce sont
des programmes du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu mais, habituellement, ces programmes
s'adressent à tout le monde. Il n'y a pas une action concertée.
Enfin, autrefois, il n'y avait pas d'action concertée pour que le milieu
touristique en bénéficie. Nous examinons ces programmes parce que
seulement une ATR ne peut pas examiner cela et les autres non plus. Nous les
examinons pour elles et on leur dit: Voilà ce qu'on vous suggère
de faire à l'intérieur de certains programmes du gouvernement.
Avez-vous besoin de personnel pour faire telle ou telle chose? Lorsque la
réponse est positive, ils nous disent combien ils en ont besoin. Nous
négocions l'ensemble avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. C'est ce qui fait que, maintenant, on a
289 postes qui sont gelés au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, c'est-à-dire qu'ils ne pourront pas
transférer aux municipalités pour nettoyer les routes ou des
choses semblables. Ces 289 postes sont gelés pour les associations
touristiques régionales.
On agit comme gérant de projets pour les ATR et comme mandataire
pour ces ATR pour négocier auprès du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Au fond, c'est
là qu'on s'aperçoit du rôle d'un ministère, comme
celui de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, un peu dynamique, qui ne veut
pas remplacer l'entreprise privée mais qui veut tout simplement aider
l'entreprise privée à mieux faire son travail. On fait
l'étude des dossiers, on leur transmet l'information. Eux, ils nous
disent leurs besoins et on négocie
pour eux. Ensuite, on leur donne les postes pour qu'ils puissent
fonctionner au cours de l'été.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je dois comprendre qu'il n'y a aucune implication
financière concernant les 289 postes, de la part du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: Sauf la gestion du projet qui, quand même,
nécessite un petit peu de personnel qu'il faut récupérer
à l'intérieur du ministère. D'abord, on a travaillé
avec les ATR et cela a pris plusieurs mois avant de se décider. Parfois,
on va lire plusieurs programmes avant de se décider à en choisir
un. Il faut voir tous les programmes qui existent dans les autres
ministères. On a identifié un programme en particulier qui
était bon pour les ATR. Immédiatement, nos gens leur ont transmis
l'information. Cela veut dire qu'il y a peut-être deux ou trois postes
à l'intérieur du ministère qui se sont occupé de ce
programme en particulier. Lorsque le programme sera terminé, ces gens
vont continuer à surveiller les autres programmes du gouvernement pour
essayer de découvrir constamment des programmes qui seraient
susceptibles d'aider au développement touristique.
Je voulais démontrer par cela qu'on a réussi à
geler des postes pour le tourisme et que ces postes n'iront pas dans d'autres
ministères ou ne serviront pas pour d'autres raisons mais resteront
exclusivement au service du développement touristique. Quant à
nous, cela prend quelques gérants de projets à l'intérieur
du ministère, à même notre personnel régulier.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je dois conclure que l'implication financière
provient du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. C'est exact. Deuxièmement, que le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ne serait
impliqué là-dedans que pour deux ou trois postes qui
représenteraient la gérance ou la supervision de ces gens.
M. Biron: Oui. Il n'est pas question de doubler les interventions
du gouvernement. Je pense que vous êtes d'accord avec nous
là-dessus. D'ailleurs, le député de Laporte nous a
félicités ce matin, comme ministère, parce qu'on essayait
de travailler le plus possible avec l'entreprise privée et
d'économiser de l'argent provenant des contribuables. Donc, il n'est pas
question de doubler les interventions gouvernementales. C'est pour cela qu'on
regarde ce que font les autres ministères. On essaie de profiter au
maximum, pour l'expansion économique, de ce qui se fait ailleurs.
Or, l'implication de notre ministère représente quelques
postes pour gérer le projet. C'est bien sûr le montant 1 604 000 $
que l'on verse aux associations touristiques régionales, parce que si on
ne versait pas de subventions aux ATR, elles ne pourraient pas exister.
À peu près toutes les ATR disparaîtraient automatiquement.
Notre intervention est de protéger ces créatures du
ministère qui sont les associations touristiques régionales et de
les aider à se développer au maximum à même des
programmes gouvernementaux qui peuvent relever d'autres ministères et,
parfois, à même des programmes gouvernementaux qui relèvent
du gouvernement fédéral. Au fond, on essaie de
récupérer le maximum d'argent pour le développement
économique.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, je vous rappelle simplement qu'il est déjà 17 h 25 et que
nous avons deux autres éléments de programme à couvrir. M.
le député de Viger.
M. Maciocia: J'avais posé une question au ministre. S'il
pouvait me répondre. Cela concernait les 289 personnes. Combien cela
représente-t-il d'hommes-année?
La Présidente (Mme Harel): Personnes-année.
M. Maciocia: Je m'excuse du lapsus.
M. Biron: On pourrait faire le calcul rapidement. Il y en a 153
pour 4 mois; il y en a 76 pour 5 à 6 mois; il y en a 8 pour 7 à 9
mois; il y en a 52 pour 10 à 12 mois. Je dirais que cela
représente environ 125 ou 130 hommes-année.
Dans le développement touristique...
La Présidente (Mme Harel): Les femmes sont...
M. Biron: Hommes-année ou femmes-année. Vous avez
raison. Dans le secteur de l'exploitation touristique, il y a certaines
régions. Je songe à la région des Laurentides qui a besoin
de gens toute l'année à cause de l'expansion du ski. Il y a
d'autres régions comme l'Abitibi-Témiscamingue où,
l'hiver, il y a très peu d'évolution touristique. C'est surtout
l'été et l'automne. Dans ce sens-là, ils ont pris des gens
pour une période de quatre, cinq ou six mois, alors que certaines ATR
ont pris des gens pour dix ou douze mois parce que la saison touristique est
plus
longue.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, à l'item
"transfert", il y a un montant de 2 445 000 $ en paiements de transfert.
À quoi cela est-il attribué précisément? Est-ce que
le ministre pourrait préciser?
M. Biron: Vous avez, au bas de la feuille: associations
touristiques régionales, 1 604 000 $; organismes sectoriels, 66 000 $;
attractions touristiques, 775 000 $; pour un total de 2 445 000 $.
M. Maciocia: Pour un total de 2 445 000 $.
M. Biron: C'est cela.
M. Maciocia: Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais est-ce que
le ministre pourrait nous donner les montants qui ont été
octroyés aux ATR pour les trois dernières années?
M. Biron: Oui, je vous donne tout de suite la réponse.
L'an dernier, 1 315 000 $; en 1982-1983, 1 200 000 $; en 1981-1982, 1 135 000
$; avant 1976, zéro.
M. Maciocia: Merci.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, Mme la Présidente. Dans la loi omnibus,
vous vous rappelez sans doute, M. le ministre, qu'on avait accordé au
ministre la possibilité de réglementer en matière
d'hébergement. J'aimerais savoir ce qui a été fait,
à ce jour, concernant cette réglementation en matière
d'hébergement. Vous vous rappellerez que vous aviez même dit,
à un certain moment, que ça vous prenait cela pour les
fêtes 1534-1984 à Québec, parce qu'il y avait un manque de
chambres, un manque concernant l'hébergement. Est-ce que le ministre
peut nous renseigner aujourd'hui sur ce qui a été fait concernant
la réglementation en matière d'hébergement?
M. Biron: C'était dans la région de Québec
seulement et je vous remercie de me poser la question. J'attendais que vous me
la posiez pour vous annoncer officiellement que, ce matin, nous avons
complété des ententes avec la Corporation Québec
1534-1984. Je peux vous assurer qu'à l'été 1984, la
réglementation s'appliquera selon une excellente entente avec la
corporation. L'entente a été conclue ce matin.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: J'aimerais quand même que vous
précisiez. Vous m'avez dit, à un certain moment, qu'il y avait
certains règlements qu'il fallait respecter. Ce n'était pas
n'importe quelle maison privée ou chambre qui pouvait être
louée, mais il y avait des règlements à respecter. Est-ce
qu'on pourrait connaître la réglementation que le ministère
applique pour que des chambres ou des maisons privées puissent
être louées pendant l'année 1984?
M. Biron: C'est exact.
M. Maciocia: J'ouvre une parenthèse, M. le ministre. Je
crois que c'est jusqu'à décembre 1984. (17 h 30)
M. Biron: C'est exact. Le règlement régulier qui
s'applique dit que lorsque les chambres d'hôtel dans une région ou
dans une ville sont toutes louées, les gens dans des résidences
privées peuvent louer des chambres. C'est le règlement
régulier. Lorsque se produit un événement comme les
fêtes 1534-1984, vous êtes certains que tout le monde, dans les
maisons privées, va louer des chambres. Mais il n'y avait pas de
réglementation concernant le prix des chambres. Une chambre dans une
résidence privée aurait pu être louée à un
touriste, 500 $ pour une nuit. Il n'y avait rien là; ce n'était
pas réglementé, parce que ce sont des événements
par accident, très rarement. Mais quand il arrive un
événement majeur, comme l'Expo ou les Olympiques, on a
adopté une loi spécifique pour réglementer les chambres
dans les maisons privées.
À cause d'un événement spécifique,
maintenant, les gens qui voudront louer des chambres à l'occasion de cet
événement, et jusqu'à la fin de 1984, devront s'adresser
à la Corporation Québec 1534-1984, à qui nous avons
prêté des inspecteurs, pour leur dire: Je désire louer une
ou deux chambres, voilà le plan, il y a une salle de bain, etc. et le
prix est de 75 $. Le prix devra être affiché dans la chambre et
les gens ne pourront pas, à la dernière minute, demander 300 $ ou
400 $ pour une chambre. S'il y avait de ces gens, ils pourraient être
poursuivis en vertu de la loi régulière, du règlement
régulier. Le fait d'avoir adopté cet amendement lors de la
dernière loi omnibus a permis au ministère d'autoriser la
corporation à réglementer les chambres dans les maisons
privées et à obliger l'affichage des prix. C'est un minimum qu'on
doit aux touristes.
On me dit que les chambres dans les maisons privées vont se louer
entre 20 $ et 30 $; occasionnellement, ce peut être un peu plus mais,
règle générale, ce sera à peu près le prix
et il devra être affiché.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, Mme la Présidente, j'ai posé la
question parce qu'on a entendu dire dernièrement qu'il y avait un
marché noir dans le secteur de l'hébergement ici, à
Québec, en prévision de l'été prochain. Ma question
est la suivante: Le ministre a-t-il pris toutes les précautions
nécessaires pour faire cesser ce marché noir, s'il y en a un,
afin que cela ne prenne pas d'ampleur pour les années
subséquentes à 1984?
M. Biron: Tant qu'on n'avait pas conclu d'entente avec la
Corporation Québec 1534-1984, les rumeurs circulaient au sujet du
marché noir. En tout cas, personnellement, je suis persuadé qu'il
y en aurait eu et que les gens auraient profité des touristes,
c'est-à-dire que des spécialistes se seraient entendus avec des
propriétaires de maison privée pour louer des chambres: Tu as
deux ou trois chambres, donne-moi 15% ou 20%, tu demanderas 75 $ et je vais
m'occuper de les louer. Beaucoup de rumeurs circulaient là-dessus et je
suis persuadé que ce serait arrivé.
Mais maintenant que c'est réglementé et qu'on en est venu
à une entente avec la Corporation Québec 1534-1984, il ne pourra
pas y avoir de marché noir; s'il y en a, aussitôt connu, on va
pouvoir poursuivre les contrevenants en vertu de la loi et ils seront mis
à l'amende. Maintenant que les gens vont savoir qu'une entente est
intervenue avec la Corporation Québec 1534-1984, cela va couper les
ailes de beaucoup de gens qui se préparaient à faire du
marché noir. Les rumeurs publiques qui traînaient, dans le fond,
c'était parce qu'on n'en était pas venu encore à une
entente avec la Corporation Québec 1534-1984; s'il n'y avait pas eu
d'entente, aucun règlement ne se serait appliqué sur les chambres
dans les résidences privées et cela aurait pu, comme vous l'avez
dit - et vous aviez raison de vous inquiéter -avant ce matin,
occasionner du marché noir, mais plus maintenant.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Vous avez parlé de réglementation
tantôt et j'ai cru comprendre que vous ne parliez que du prix des
chambres. N'y a-t-il pas d'autres règlements qui devront être
respectés? N'y aura-t-il pas des inspecteurs qui vont visiter les
chambres qui doivent être louées? Va-t-il y avoir des
critères de location à respecter, que ce soit au point de vue de
l'hygiène ou autres? Est-ce que des inspecteurs vont faire les
vérifications?
M. Biron: Exact. Nous avons prêté des inspecteurs
à la Corporation Québec 1534-1984 justement pour faire de la
vérification comme vous venez de le mentionner, pour s'assurer au moins
que les touristes ne s'en aillent pas dans des taudis. Ce sont des
résidences privées, c'est vrai, mais il ne faut pas que ce soit
des taudis. Il y aura trois catégories de chambre et les permis seront
émis pour l'une ou l'autre de ces catégories. Les inspecteurs que
nous avions sur ce dossier, nous les avons prêtés à la
Corporation Québec 1534-1984 et c'est sous l'autorité de la
Corporation Québec 1534-1984 qu'ils vont maintenant travailler pour
l'été.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Le prix sera fixé de quelle manière,
M. le ministre? Est-ce que c'est selon une entente entre la Corporation
Québec 1534-1984 et le propriétaire ou si c'est la corporation
qui va fixer le prix de la chambre?
M. Biron: On a établi avec la corporation certains
critères de pieds carrés, de salle de bain, toilette et divers
services offerts. C'est pour cela que je vous ai parlé de trois
catégories; à l'intérieur de ces catégories, on a
spécifié: Vous pouvez louer entre 20 $ et 30 $ mais pas plus ou
entre 30 $ et 40 $, etc. Donc, il y a des catégories, des
critères et un maximum fixé pour les prix - une fois que les
négociations ont été faites, c'est maintenant fait avec la
Corporation Québec 1534-1984 - pour chaque catégorie.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, admettons que le
propriétaire n'est pas d'accord avec les exigences et les prix
fixés par la corporation, qu'advient-il à ce moment?. Est-ce
qu'automatiquement il ne peut pas louer ses chambres ou... C'est là ma
crainte. Il peut y avoir des propriétaires qui ne sont pas d'accord avec
le montant fixé et les modalités fixées par la corporation
et à ce moment il peut louer à sa guise sur le marché
noir, la possibilité du marché noir.
M. Biron: Premièrement, il sera susceptible d'être
poursuivi s'il n'a pas son permis; deuxièmement, il ne fera pas partie
de la banque, propriété ou de l'agence de 1534-1984 et dans ce
sens, s'il ne fait pas partie de la banque, il y a de moins en moins de gens
qui vont savoir qu'il exite. La Corporation Québec 1534-1984 va
concevoir une banque, les noms, les adresses, les numéros de
téléphone, mais s'il n'a pas son
permis pour fonctionner, il sera susceptible, sur plainte, bien
sûr qu'on ne peut pas avoir 100 000 policiers pour surveiller cela. Par
exemple, si des gens se plaignaient, à ce moment, on enverrait des
inspecteurs vérifier et il serait susceptible d'être poursuivi en
vertu de la loi actuelle.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: D'accord.
Formation professionnelle en tourisme
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que l'étude de
l'élément 2 du programme 5 est terminée? Est-ce que
l'élément 2 est adopté? J'appelle donc l'étude de
l'élément 3. Formation professionnelle en tourisme. Oui, M. le
ministre. Préalablement l'étude de l'élément 3.
M. Biron: On a adopté l'élément 2. Si je me
souviens, nous n'avions pas adopté officiellement
l'élément 1 mais je suppose que, parce qu'on a
terminé...
La Présidente (Mme Harel): Nous l'avions adopté, M.
le ministre.
M. Biron: Adopté, très bien.
La Présidente (Mme Harel): Sur l'élément 3
du programme 5. Est-ce bien cela, M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Pas de question.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Biron: Institut de tourisme et d'hôtellerie, il n'y a
presque pas de changements, sauf une indexation de 500 000 $.
M. Maciocia: J'aurais...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: ...une très courte question ou probablement
deux questions, cela dépend de la réponse du ministre. J'aimerais
connaître le nombre de techniciens professionnels qui ont
été formés par l'institut et les débouchés
pour eux? Est-ce que le ministre pourrait nous...
M. Biron: Au 30 septembre 1983, il y avait 942 étudiants
de jour, soit du niveau collégial de technique hôtelière;
première, deuxième, troisième années ou de
technique de gestion des services alimentaires; première,
deuxième, troisième années ou de technique de tourisme;
première, deuxième, troisième années ou de niveau
collégial pour la cuisine professionnelle, la cuisine
québécoise, la pâtisserie, boulangerie et le service de
restaurant ou soit, de formation des formateurs étrangers, c'est
très peu, 942 étudiants de cours régulier à plein
temps au 30 septembre 1983. Les cours d'éducation des adultes nous en
avions de recyclage en Gaspésie 30 et à Montréal 480;
cours professionnel itinérant, 1600; de perfectionnement, 630; de
séminaire d'administration hôtelière, 480;
séminaires régionaux d'administration hôtelière, 192
et cours sur mesure, 515; pour un sous-total de 3927 étudiants de cours
d'éducation des adultes; un grand total de 4869 élèves
pour l'année 1983.
Depuis le début de l'institut, je peux vous dire qu'au total, il
y a 31 915 élèves qui ont passé par l'institut avec un
taux de placement qui est un des... On réussit à combler 70% des
demandes des employeurs. Cela veut dire qu'on ne peut pas répondre
à toutes les demandes des employeurs, des restaurateurs ou des
aubergistes qui nous font des demandes. Vous allez dans plusieurs restaurants
à Montréal... Je suis allé dernièrement dans un
petit restaurant belge sur la rue Peel où au service de table il n'y a
que des gradués de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie. C'est
plaisant de voir cela. Le restaurateur dit: J'ai eu une main-d'oeuvre vraiment
bien qualifiée, bien formée et pour moi je veux engager de ces
étudiants. Il y en a un peu partout dans la plupart des restaurants du
Québec maintenant. Je pense que l'Institut du tourisme a fait un
excellent travail depuis sa fondation. Je peux vous remettre une copie des
chiffres que je vous ai donnés.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Tous les gradués de l'Institut du tourisme et
de l'hôtellerie ils ont un emploi automatiquement après, c'est
cela que vous dites.
M. Biron: En général, ceux qui veulent
travailler... Parce qu'il y en a qui graduent et finalement ils ne font pas la
demande de placement à l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie.
Mais, en général, la très grande majorité des
gradués trouve un emploi grâce au service de placement de
l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie.
M. Maciocia: C'est quoi, la raison pour laquelle vous suffisez
seulement à 70% des demandes et la raison pour laquelle...
M. Biron: C'est parce qu'il n'y a pas assez
d'étudiants.
M. Maciocia: La raison que vous venez de donner, la très
grande majorité et non pas la totalité, c'est quoi la
différence?
M. Biron: II y en a quelques-uns qui pour des raisons
personnelles décident de s'inscrire à l'université
après le cours de l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie et ils
ne demandent pas d'être placés ou ils décident de s'en
aller ailleurs. Ils vont se trouver un autre emploi dans un autre domaine
d'activités, ils vont faire un voyage ou ils vont se marier et ils
changent d'endroit, ils partent en affaires à leur compte.
M. Maciocia: Se marier.
La Présidente (Mme Harel): Se marier n'est pas un
empêchement au travail.
M. Biron: Pour l'homme oui.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger, vous n'avez pas d'autres questions?
M. Maciocia: Je n'ai pas d'autres questions.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Quand vous dites qu'il n'y a pas assez
d'étudiants ce n'est pas parce qu'il n'y a pas assez de demandes c'est
parce que l'école ne peut pas à ce moment recevoir plus
d'étudiants. Est-ce cela?
M. Biron: L'école ne peut pas recevoir tous les
étudiants qui le demandent. On accepte à l'école un
étudiant sur cinq demandes. Alors, il y a un choix de fait parmi les
demandes, il y a un très grand nombre d'étudiants à chaque
année qui demandent de venir à l'Institut du tourisme et de
l'hôtellerie parce qu'ils savent qu'au sortir de cette institution il y
a, à peu près, un emploi assuré. Il y a plusieurs demandes
à l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie.
La Présidente (Mme Harel): Avez-vous terminé M. le
député de Saint-Hyacinthe? M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Quels sont les critères pour le choix d'un
étudiant à l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie?
M. Biron: Les mêmes critères qu'un cégep pour
l'étude collégiale. Mais vous dites le critère pour
accepter un étudiant et refuser les quatre autres.
M. Maciocia: Vous venez de dire qu'il y en a un sur cinq qui est
accepté. Cela veut dire qu'il y a des critères d'acceptation.
M. Biron: Ce sont les mêmes critères dans le fond
que d'autres instituts ou d'autres écoles. Il y a le dossier scolaire,
il y a une entrevue avec les étudiants. Il y a un jury à
l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie qui rencontre les
étudiants et au fur et à mesure ils vont en accepter ou en
refuser. Je pourrais peut-être avoir plus d'informations
éventuellement pour vous. Ce que je recommande aux membres de la
commission c'est d'aller faire une visite à l'Institut du tourisme et de
l'hôtellerie et de discuter avec le directeur général, M.
Samuelli ou avec un de ses adjoints, c'est vraiment impressionnant.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Terrebonne, une question complémentaire.
M. Blais: M. le ministre, on nous dit aussi que les serveurs et
serveuses québécois sont très en demande même
à l'extérieur du Québec. On nous dit aussi que dans les
clubs med, un très gros pourcentage des gens qui travaillent là a
été formé à l'Institut du tourisme et de
l'hôtellerie du Québec. Si vous donnez une réponse au
député de Viger, j'aimerais beaucoup, pour mon renseignement
personnel aussi, que ce soit ajouté la véracité de ce
grand pourcentage de Québécois et de Québécoises
qui travaillent dans la restauration dans les clubs med dans le monde.
M. Biron: Nous allons essayer de vous donner les informations
mais c'est une information difficile à vérifier à moins
que vous vous organisiez une petite mission pour un groupe de
députés pour faire le tour des clubs med dans le monde, mais cela
serait passablement difficile, je pense bien, pour nous, d'obtenir cette
information.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre avant que nous
complétions l'étude de cet élément, concernant
l'activité d'assistances techniques internationales, je crois qu'on a
une responsabilité particulière en termes de coopération
avec des pays en voie de développement. J'aimerais savoir combien de
stagiaires boursiers sont concernés par cet accueil à des pays
étrangers et de quels pays s'agit-il? (17 h 45)
M. Biron: Mme la Présidente, il faudrait obtenir la liste
de cela. On m'informe qu'on en a une trentaine de plusieurs pays. D'ailleurs on
fait de l'exploitation touristique en Côte d'Ivoire, on est en train de
travailler sur un programme touristique important en Algérie. On donne
l'éducation aux gens. On leur montre comment gérer un restaurant
ou un hôtel. À
Cuba, on le fait aussi régulièrement, on leur montre
comment gérer l'hôtellerie et la restauration, alors que des
entreprises québécoises pour la plupart font la construction des
édifices. Votre question spécifique: Combien avons-nous de'
stagiaires de l'extérieur?
La Présidente (Mme Harel): En fait, de quel pays s'agit-il
puisqu'il y a là des ententes de coopération? Si vous pouviez
nous distribuer ultérieurement la liste, je l'apprécierais.
M. Biron: Pour vous donner un exemple, on en a treize du
Venezuela cette année qui sont à l'institut. Je fais quand
même sortir la liste et je la ferai parvenir au secrétaire de la
commission pour...
Société du Palais des congrès de
Montréal
La Présidente (Mme Harel): Très bien, et on la
distribuera aux membres de la commission. L'étude de
l'élément 3 est-elle terminée? J'appelle l'étude de
l'élément 4. Comme je ne suis pas toujours très
familière, ce ne sont pas les éléments que l'on adopte,
mais le programme une fois terminé. On va donc procéder
immédiatement à l'étude de l'élément 4. M.
le ministre.
M. Biron: Adopté?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Merci, Mme la ministre.
La Présidente (Mme Harel): La ministre, non.
M. Maciocia: Je m'excuse, Mme la Présidente.
J'étais convaincu que vous faisiez partie du nouveau cabinet, mais,
malheureusement, cela n'a pas été le cas.
La Présidente (Mme Harel): Heureusement pour la commission
parce que je la préside.
M. Maciocia: Dans le montant pour la Société du
Palais des congrès, l'année dernière il y avait 8 351 000
$ et cette année c'est 18 500 000 $. C'est à cause, je crois, du
coût d'intérêt du financement de la construction du Palais
des congrès, est-ce exact? Est-ce que dans ces 10 000 000 $ il y a aussi
la taxe foncière pour la ville de Montréal?
M. Biron: Vous avez raison, l'édifice était la
propriété de la société SODEVIQ pour la
construction. Elle a été transférée à la
Société du Palais des congrès et cela à compter du
1er avril. L'édifice est maintenant la propriété du Palais
des congrès; il faut assumer le service de la dette. Alors, il y a 10
000 000 $ pour le service de la dette. Dans la différence de 8 500 000 $
vous avez 2 230 000 $ en taxes municipales.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Dans les 8 500 000 $? Et les 10 148 000 $ c'est
seulement pour le service de la dette, n'est-ce pas?
M. Biron: Je ne voudrais pas vous induire en erreur. C'est 10 000
000 $ au service de la dette.
M. Maciocia: Le ministre a-t-il terminé sa
réponse?
M. Biron: Oui.
M. Maciocia: Le ministre pourrait-il nous dire combien
d'événements ont eu lieu au Palais des congrès en 1983?
J'aimerais qu'il nous dise combien il y a eu d'événements locaux
- quand je parle de locaux, je veux dire montréalais et
québécois combien d'événements canadiens et combien
d'événements internationaux?
M. Biron: Au cours des 300 premiers jours
d'activité...
M. Maciocia: Je m'excuse, Mme la Présidente, je voudrais
être plus précis.
La Présidente (Mme Harel): Vous avez une autre question?
Alors, M. le député de Viger?
M. Maciocia: Oui. Je ne parle pas de 360 jours d'activité,
je parle de l'année 1983. Je crois que vous avez commencé en mai
à décembre 1983.
M. Biron: M. le député de Viger, je n'ai pas les
chiffres. J'ai les chiffres jusqu'à la fin de l'année fiscale au
31 mars.
M. Maciocia: D'accord.
M. Biron: C'est pour cela que c'est de mai au 31 mars. Des 300
premiers jours de fonctionnement. 115 événements ont eu lieu se
répartissant comme suit: 17 congrès avec expositions qui
impliquèrent la présence de 44 000 délégués;
98 autres événements, tels qu'expositions commerciales,
expositions publiques, réceptions de tout genre, qui attirèrent
525 000 participants et visiteurs; 80% d'occupation environ, incluant le
montage et le démontage. On estime à 15 000 000 $ les
dépenses directes des
délégués et des visiteurs qui auraient versé
dans l'industrie touristique montréalaise.
Le Palais des congrès a accueilli plusieurs
événements majeurs. Voici quelques exemples: International Trunk
Congress of Plastic Surgery, 1585 délégués; congrès
des Témoins de Jéhovah, 12 000 délégués;
congrès mondial de la philosophie, 2500 délégués;
Best Western International, 1850 délégués; congrès
des alcooliques anonymes, 4500 délégués; United Food and
Commercial Workers, 4700 délégués; congrès annuel
des assureurs-vie, 2700 délégués. C'est parmi les plus
importants congrès qui ont eu lieu au Palais des congrès.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Biron: Je devrais ajouter, Mme la Présidente, que quand
même...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: ...le Palais des congrès n'atteindra pas sa
vitesse de croisière avant encore deux ans, je pense bien. Les
congrès, surtout les congrès internationaux, cela prend quatre
ans, cinq ans, six ans, huit ans d'avance à se décider pour aller
à un endroit. Nous avions beau leur dire: Le palais va être
prêt pour mai, juin, 1983. Il n'était pas encore fini lorsque les
gens ont pris des décisions d'aller ailleurs.
Depuis plus d'un an maintenant, les gens voient que c'est terminé
et que cela fonctionne. On a reçu beaucoup d'organisateurs de
congrès de partout dans le monde et ceux qui sont venus visiter le
Palais des congrès de Montréal ont trouvé cela
extraordinaire. Là, il semble qu'il y a un débloquage dans les
congrès d'envergure internationale. Les congrès vont arriver, la
décision qui se prend aujourd'hui, les congrès vont venir dans
trois ans ou quatre ans. Pour les premières années, la gestion
d'un palais de congrès de cette importance est toujours plus
difficile.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Ma question était beaucoup plus
précise que celle à laquelle vient de répondre le
ministre. Ma question était: Combien d'événements locaux -
quand je parle de locaux, je parle de Montréal et Québec combien
de congrès canadiens et combien d'événements
internationaux. Si on devait enlever les congrès ou les
événements locaux. Combien il y a eu de congrès canadiens
et de congrès internationaux?
Le deuxième volet de ma question. Combien de nouveaux
congrès, canadiens et internationaux, sont venus à
Montréal et qui n'étaient pas venus auparavant?
M. Biron: J'ai des chiffres ici devant moi qui pourraient
peut-être répondre à peu près à toute la
question du député de Viger. Peut-être manquera-t-il une
petite partie. On me dit que pour 1984-1985, on prévoit 30
congrès et congrès avec exposition, dont cinq internationaux,
cinq américains et vingt canadiens. On prévoit 25 expositions
commerciales et publiques et on prévoit 23 autres
événements.
Je n'ai pas la nomenclature et la liste complète de ces
événements. Je pourrais probablement la déposer au cours
de la prochaine semaine, une fois que j'aurai demandé les informations
nécessaires au Palais des congrès. Il me semble qu'un effort
énorme est fait maintenant et qu'on est en route. On estime que le
palais va accueillir 840 000 congressistes et visiteurs à l'occasion de
ces congrès, de ces expositions et de ces autres
événements.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, je crois que vous avez
compris ma question. Ce ne sont pas les prévisions de 1984 et 1985.
Combien d'événements internationaux ont eu lieu jusqu'au 31 mars
1984? Pour l'année fiscale dont vous avez parlé tantôt,
combien il y a eu d'événements internationaux? Combien
d'événements canadiens? De ce nombre, combien étaient
nouveaux? Quand je dis nouveau, ce sont des organismes qui n'étaient pas
venus à Montréal avant l'existence du Palais des
congrès.
M. Biron: D'accord. Je pourrais avoir la liste de cela, Mme la
Présidente, pour faire parvenir aux membres de la commission. Il faut
quand même noter... Quand on dit un organisme qui n'était jamais
venu à Montréal avant. Un organisme qui est venu à
Montréal il y a cinq ans, il y a huit ans et qui est revenu l'an dernier
à l'occasion de l'ouverture du Palais des congrès, il ne faut pas
compter que c'est un organisme qui est régulier à
Montréal. En tout cas, je déposerai la liste des
événements et des congrès qui ont eu lieu en 1983 et 1984
au Palais des congrès.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je pourrais quand même probablement renseigner
le ministre. C'est mon analyse, d'après les événements qui
ont eu lieu, je crois qu'il y en a eu seulement cinq internationaux. De ces
cinq, il y en a eu quatre nouveaux; il y eu onze événements
canadiens dont cinq nouveaux.
Ma question est la suivante: combien
d'organismes qui sont venus au Palais des congrès ont eu plus de
1500 délégués?
M. Biron: Je n'ai pas les informations aujourd'hui, Mme la
Présidente. Je pourrais les faire parvenir au secrétaire de la
commission.
M. Maciocia: Je crois que ma question est très
précise et très pertinente parce qu'au moment où on a
adopté la loi 2, le ministre nous avait dit que le Palais des
congrès était là quasiment uniquement pour des gros
congrès et des congrès qui avaient plus de 1500
délégués. Je crois que le ministre devrait être au
courant aujourd'hui et être capable de nous dire combien
d'événements ont eu lieu à Montréal pour
l'année fiscale 1983-1984 où il y avait plus de 1500
délégués.
M. Biron: Mme la Présidente, je me suis engagé
à faire parvenir le rapport mais je peux quand même juger que
d'après les chiffres que vient de citer le député de
Viger, il devrait féliciter le gouvernement et la direction de la
Société du Palais des congrès pour l'excellente
performance obtenue en 1983-1984 vu que c'était la première
année d'opération. Il y aura certainement un secondeur du
côté gouvernemental.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Le ministre pourrait-il nous dire, pour revenir au
sérieux, le montant du déficit pour l'année fiscale
1983-1984 du Palais des congrès, c'est-à-dire de l'exploitation
du Palais des congrès, à part les intérêts qui ont
été payés pour la construction du Palais des
congrès?
M. Biron: Les bilans ne sont pas finalisés. Puisque
l'année fiscale se terminait le 31 mars 1984, vous comprendrez qu'on va
laisser quelques semaines à nos auditeurs pour faire les
vérifications nécessaires. C'est quand même difficile de
dire qu'il y a un déficit compte tenu de la promotion qui devait
être faite. Les premières années, il y a de la promotion
alors qu'on n'a pas beaucoup de revenus mais il ne faudrait pas non plus se
surprendre si chaque année l'on doive voter des crédits pour la
Société du Palais des congrès. Ce n'est pas
nécessairement la société qui doit être rentable en
soi puisque, avec le protocole d'entente qu'on a avec les hôteliers de
Montréal, le Palais des congrès doit se restreindre et ne pas
prendre certains événements pour les laisser aux hôtels. Le
Palais des congrès est un instrument de promotion touristique. Or, bien
sûr qu'il va falloir injecter des fonds chaque année pour que cet
instrument fonctionne mais on va essayer de le gérer le mieux
possible.
Aussitôt que le bilan de la Société du Palais des
congrès sera prêt, je le déposerai certainement à
l'Assemblée nationale.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, on sait que le
gouvernement a nommé par décret M. Yves Michaud, président
du Palais des congrès. Le ministre pourrait-il nous dire aujourd'hui
s'il est encore uniquement président du Palais des congrès ou
s'il est aussi directeur général du Palais des
congrès?
M. Biron: M. Michaud a été nommé par
décret aussi directeur général du Palais des
congrès à la suite de la démission de M. Privé qui
était autrefois directeur général. Or, jusqu'à
maintenant, je suis très satisfait et même plus satisfait de
l'excellente performance de M. Michaud. D'ailleurs, M. Michaud a réussi
à établir d'excellentes relations avec les gens du milieu
touristique de Montréal. Je crois bien qu'il a toutes les chances au
monde de réussir une performance remarquable avec l'expansion
touristique en se servant de la Société du Palais des
congrès comme instrument majeur.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: J'ai deux questions. J'aimerais que le ministre
réponde au moins à une parce que je crois que le temps est
presque terminé.
J'aimerais savoir quand le gouvernement a décrété
la nomination de M. Michaud comme directeur général et est-ce que
des vice-présidents ont été nommés
dernièrement toujours au Palais des congrès?
M. Biron: Je vais déposer le décret de la
nomination de M. Michaud comme directeur général. C'est à
la suite de la démission de M. Privé, possiblement en janvier ou
février.
Quant à l'organisation même, la charte organisationnelle du
Palais des congrès, là aussi, il me fera plaisir d'en faire
parvenir une copie au secrétaire, en même temps que je ferai
parvenir les informations sur la société.
Je crois qu'il y a trois vice-présidents présentement
à la société.
M. Maciocia: Pourriez-vous nous donner les noms et l'endroit
où ils étaient affectés antérieurement?
M. Biron: Je vais m'assurer des renseignements que vous me
demandez parce je n'ai pas avec moi l'organigramme de la
Société du Palais des congrès. Je ne voudrais pas
vous induire en erreur. En en répondant aux autres questions, je ferai
parvenir une copie de l'organigramme au secrétaire de la commission.
La Présidente (Mme Harel): Messieurs les membres de la
commission, je constate qu'il est 18 heures et je dois suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures.
Heureusement qu'il y a un rappel à l'ordre des membres de la
commission. J'appelle donc le vote sur le programme 5 devant terminer
l'étude. Est-ce que le programme 5 est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Adopté. Je suspends donc
la séance jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 9)
Ministère du Commerce extérieur
La Présidente (Mme Harel): La commission permanente de
l'économie et du travail commence ses travaux. Je vous rappelle que
cette séance porte sur les crédits budgétaires du
ministère du Commerce extérieur conformément au mandat que
la commission a reçu de l'Assemblée nationale.
Avant d'entreprendre l'étude du premier programme, je
considère que nous devons immédiatement disposer du temps
alloué à notre commission pour faire l'étude de ses
travaux. Je crois comprendre que nous ajournerons à 22 heures, ce soir,
pour reprendre nos travaux à 9 h 30 demain matin. C'est bien le cas?
M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: Oui, c'est ce qui avait été
établi. Si vous me le permettez, je vous ferai une suggestion en tenant
compte du fait que la plupart des gens concernés sont des
députés et qu'on a nos obligations de comté. On sait que
souvent le vendredi, dans nos comtés, c'est une journée remplie.
On a prévu, pour cette commission, quatre heures de temps. On devait
faire deux heures ce soir et deux heures demain. Si on pouvait faire
l'unanimité, au lieu de terminer à 22 heures, ce soir, on
pourrait aller jusqu'à 24 heures et on serait libéré pour
demain. Ceux qui veulent quitter pour leur comté pourraient être
libérés. Pour autant qu'il y ait concensus; pour ma part je
l'apprécierais.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le député, je comprends vos
préoccupations, toutefois, nos préoccupations sont un peu
différentes. Je conduis le dossier pour l'Opposition et c'est un paquet
de travail que de préparer ces choses. Nous avons eu deux jours sans
interruption de crédits avec le ministre pour les Relations
internationales. Je n'ai eu à peine de temps avec ma recherchiste pour
travailler un peu sur celui du Commerce extérieur. Demain matin, il nous
faut au moins passer quelque temps sur cela pour analyser ce qui a
été dit ce soir et faire le point. Cela m'est égal de
commencer plus à bonne heure demain matin. Je m'excuse. Je pense que
pour nos travaux, on préférerait... On ne s'est pas
préparé en conséquence, c'est-à-dire qu'on a nos
papiers, mais on n'a pas eu le temps de les passer en revue. On a
travaillé presque deux jours de suite avec le ministre. Je
préférerais laisser le tout comme cela.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, vous n'avez pas à vous en excuser. Il n'y a pas
unanimité et vous savez sûrement que cette modification de notre
horaire suppose l'unanimité. Je crois comprendre que nous ajournerons
à 22 heures pour reprendre nos travaux à 9 h 30 demain matin.
Nous allons entreprendre une période de remarques
préliminaires avant l'étude des programmes proprement dits. Je
vous rappelle que le temps de parole est de vingt minutes pour chacun des
intervenants. Est-ce que je donne la parole à M. le ministre? La parole
est au ministre du Commerce extérieur.
Remarques préliminaires M. Bernard
Landry
M. Landry: Mme la Présidente, je crois que j'aurai le
concours de mon ami, le député de Nelligan, pour ne pas entrer
immédiatement dans le vif du sujet et parler d'autre chose que les
crédits du Commerce extérieur pendant quelques minutes et quand
mon collègue saura pourquoi, il sera d'accord. C'est pour vous
féliciter, Mme la Présidente de votre accession à une des
commissions les plus importantes qui ont été créées
par nos nouveaux règlements. On ne pouvait faire meilleur choix:
l'économie et le travail. Je sais, parce que je vous connais bien, que
le travail a été votre première préoccupation et
vous étiez beaucoup plus sociale qu'économique à
l'époque où nous nous sommes rencontrés et vous
l'êtes demeurée d'ailleurs, je crois. Cependant, je vous ai vue
aussi vous pencher sur les questions économiques, essayer d'apprendre
rapidement d'abord les mécanismes de l'économie - ce que vous
avez fait - j'y ai
même contribué un peu à quelques reprises et avec
grande joie. Je vous ai vue aussi à l'oeuvre comme députée
d'une circonscription où le travail et l'économie sont des choses
très importantes. J'ai un souvenir impérissable d'un dossier que
vous maîtrisiez parfaitement en particulier, qui impliquait une dimension
commerce extérieur, une dimension investissement qui était le
dossier CAMCO, l'usine que nous avions eu l'occasion de visiter ensemble. Donc,
pour ces quelques raisons, il y en a bien d'autres mais là, le
député de Nelligan protesterait si j'abusais du temps pour le
dire.
M. Lincoln: Du tout.
M. Landry: Pour ces raisons et de nombreuses autres que je
connais bien, je vous félicite et je pense que cette commission sera
très bien dirigée et que nos travaux seront fructueux à
cause de cela et à cause aussi de la qualité des autres membres
de cette commission.
La Présidente (Mme Harel): On vous en remercie.
M. Landry: Mme la Présidente, vous savez que mes autres
responsabilités ont fait que j'ai passé six heures en commission
avec le député de Nelligan qui connaît assez bien - si je
puis dire - ma doctrine sur les questions que nous allons aborder aujourd'hui.
Parce que celle-ci s'applique largement aux relations internationales et
même si nous parlons à cette commission de commerce
extérieur, il y a beaucoup de transposition. Le député
lui-même m'a cité beaucoup d'entrevues que j'ai données,
etc., il sait très bien ce que je pense de façon
générale de la question que nous avons à débattre
donc, je ne parlerai pas d'une façon générale. Je vais
utiliser le temps qui m'est imparti pour des remarques brèves,
chiffrées et descriptives de l'action du ministère du Commerce
extérieur. Esuite, je répondrai avec joie aux questions qui ne
manqueront de fuser des deux côtés de la table.
D'abord, je voudrais dire que pour les onze premiers mois du dernier
exercice budgétaire 1983-1984, soit d'avril 1983 à février
1984, le ministère du Commerce extérieur a contribué
à la réalisation de 1295 activités de groupes ou
individuelles par rapport à 1093 pour l'ensemble de l'exercice
1982-1983. Il y a donc eu une augmentation en volume de nos activités de
18,3%, ce qui correspond à une priorité gouvernementale certes,
mais ce qui correspond aussi à une nouvelle mentalité qui se fait
jour rapidement dans l'entrepreneurship québécois, dans la PME en
particulier, et qui va dans le sens d'une accélération des
activités internationales et du commerce extérieur.
Toujours en 1983-1984, le nombre de toutes les activités est en
hausse, sauf dans un cas, le cas du programme ACTIM, où on a une baisse
sensible. Nous pourrons préciser les raisons de cette baisse au cours de
nos travaux.
L'ensemble des activités en 1983-1984, les onze premiers mois,
ont permis à 1439 Québécois ou Québécoises,
contre 1297 à l'exercice précédent, appartenant à
des entreprises de toutes sortes et de divers secteurs, de se rendre à
l'étranger, soit en mission commerciale, industrielle, accord industriel
mixte, ou auprès des organismes internationaux de financement ou encore
pour le développement d'un nouveau marché. Donc, 1439. Ces
activités ont permis à 679 acheteurs étrangers de venir au
Québec rencontrer nos industriels, nos hommes d'affaires, prendre
connaissance de nos capacités de production et prendre connaissance des
produits que nous fabriquons. Il y en avait eu dans l'exercice
précédent 337, alors cela veut dire une très forte
progression. Ces activités ont permis de réaliser des ventes
immédiates, c'est-à-dire sur le coût de
l'événement, de 84 000 000 $ contre 28 000 000 $ durant
l'exercice précédent, c'est une augmentation de 297,5% et deux
accords industriels ont été signés.
D'autre part, on prévoit que ces activités devraient
entraîner au cours des douze prochains mois de leur réalisation
des ventes dont la valeur pourraient s'élever à 466 000 000 $.
C'est une étude prospective, selon ce que nous disent les industriels,
mais je ne peux pas m'empêcher de mettre en regard les budgets
d'intervention que nous avons, c'est-à-dire à peu près 20
000 000 $ pour le commerce extérieur et la possibilité de vente
pour 500 000 000 000 $ à la suite et comme conséquence directe ou
indirecte de nos interventions. Je dis, sans prétention, que nous sommes
en face d'une des activités les plus rentables de toutes celles que la
machine gouvernementale fait fonctionner dans le domaine économique du
moins. Il est plus difficile d'établir les ratios
bénéfices-coûts dans le domaine social, mais dans le
domaine économique je n'ai pas de crainte à affirmer que nous
sommes en face d'un des plus hauts rapports bénéfices-coûts
qu'on puisse imaginer.
Enfin, le nombre de distributeurs identifiés ou recrutés,
ce sont des gens qui distribuent, vendent les biens et les services
québécois à l'étranger, s'élèvent
à 1136 contre 694 au cours de l'exercice précédent,
c'est-à-dire une hausse de 63,7%.
Le ministère a également organisé durant les onze
premiers mois de 1983-1984 28 séminaires et cours qui ont
bénéficié à 1361 participants. On avait eu 1076
participants à l'exercice précédent, donc, une
augmentation de 26,5%.
En matière d'accueil à l'exportateur, le
ministère a donné suite à 1631 demandes et
consultations de la part des firmes québécoises. Les
activités ministérielles ont permis dans le cadre des actions de
formation et de sensibilisation à l'exportation de mettre sur pied trois
cercles d'exportation. De plus, 57 chefs d'entreprise ont pu
bénéficier des services du ministère du Commerce
extérieur en matière de diagnostic à l'exportation. Enfin,
en matière de consortium, quatorze cas ont été
traités qui ont donné lieu à la formation de trois
consortiums regroupant 44 entreprises; sept autres consortiums sont en voie de
formation. Les cas étudiés se situent dans les secteurs suivants:
Les transports, le meuble, la publicité, les cimenteries,
l'équipement hospitalier et la réfrigération.
Mme la Présidente, vous voyez donc que l'aventure du
ministère du Commerce extérieur qui n'est pas si vieux commence
déjà à donner des résultats quantifiés,
quantifiables et chiffrés. C'est pourquoi, j'ai
préféré cette approche plutôt qu'une approche
d'énoncé de principe.
En terminant mes remarques, je voudrais vous faire prendre connaissance
de certaines appréciations de la clientèle. Un ministère
qui ne donne pas satisfaction à sa clientèle est en grande
difficulté. Même s'il est bien géré, même si
sa gestion interne est bonne et même spectaculaire, si les clients ne
sont pas contents, c'est qu'il est en dehors de sa mission et de son objectif.
Alors, je vais lire quelques appréciations de nos clients. J'en ai des
centaines et des centaines. Celles que je vais vous lire ont été
pratiquement ramassées au hasard, j'aurais pu en apporter des piles et
des piles, mais c'est pour vous donner une idée que l'argent des
contribuables a été convenablement dépensé et que
la clientèle est d'accord. Alors, c'est un laboratoire qui
m'écrit pour me dire: "Les laboratoires X faisaient récemment
partie de la mission en biotechnologie organisée par votre
ministère au Japon. Les laboratoires X ont effectué plusieurs
voyages à l'étranger, seuls ou avec la collaboration du
gouvernement fédéral, et je dois vous signaler que
l'efficacité de votre organisation augmente de beaucoup le rendement
d'un tel voyage à l'étranger." Une autre entreprise dans le
domaine industriel nous remercie de notre contribution financière
très appréciée. "Les succès futurs de notre firme
seront dus à des personnalités politiques comme vous, M. Landry,
qui prennent tous les moyens nécessaires pour redresser
l'économie québécoise." Une autre entreprise industrielle
qui a eu un programme APEX: "Le projet d'exportation que nous avions mis de
l'avant va bon train et nous sommes très satisfaits des résultats
que nous obtenons. Ce projet n'aurait certainement pas vu le jour, n'eût
été de votre aide financière que nous avons beaucoup
appréciée.
J'aimerais également vous laisser savoir que nous avons beaucoup
apprécié la collaboration qui nous a été
accordée par le conseiller économique du bureau de
Montréal qui a eu la responsabilité du dossier." Une autre
entreprise dans le domaine industriel: "Je vous remercie et je profite de
l'occasion pour remercier les gens de votre ministère pour leur
ouverture..." Une autre entreprise industrielle: "Tenons à vous
remercier de l'accueil favorable réservé à demande APEX.
Encore une fois, nous vous remercions de votre intervention des plus
efficaces." Et ainsi de suite, pourrais-je dire. J'en ai encore et je vous l'ai
dit, j'en ai reçu des centaines.
Je ne dis pas cela dans une optique de forfanterie ou d'exercice de
vantardise. Je vous dis cela pour deux choses: pour que la commission sache,
premièrement, que l'équipe des fonctionnaires du ministère
du Commerce extérieur, autant à l'intérieur du
Québec qu'à l'étranger, est hautement
appréciée de sa clientèle et qu'il est rarissime que nos
fonctionnaires soient pris en défaut de manquer de vigilance, je dirais
même de manquer de zèle vis-à-vis de la demande de la PME
en particulier.
La deuxième chose pour laquelle je vous dis cela, Mme la
Présidente, c'est pour vous montrer qu'en raison de l'action du
gouvernement, mais aussi en raison d'une prise de conscience que la
réalité économique d'aujourd'hui a provoquée,
l'économie québécoise se tourne et s'est tournée
vers l'extérieur. L'économie québécoise a pris acte
du "Tokyo Round"; l'économie québécoise a pris acte de la
dimension géographique de ce continent et se lance avec enthousiasme
dans les échanges Nord-Sud; L'économie québécoise
diversifie son action en Europe de l'Ouest, au Moyen-Orient, en Asie et dans
tous les marchés solvables de la terre.
En terminant ces remarques, j'insiste pour dire que les résultats
que nous avons eus vont dans le même sens que les réalisations du
ministère dont j'ai parlé. Le commerce extérieur
québécois a augmenté de 1% plus vite cette année
que le commerce extérieur canadien pour la période dont les
statistiques sont disponibles.
Il se passe donc quelque chose. L'action du gouvernement n'est
sûrement pas étrangère au phénomène. Je
pense, par ailleurs, que le phénomène est plus profond. Les
efforts de modernisation de notre économie au cours des dernières
années, les efforts de modernisation de notre système
d'éducation commencent à porter fruit. C'est de cette
manière que nous pourrons rencontrer les impératifs
économiques et sociaux que votre commission s'est donné le mandat
et que nos règlements lui donnent le mandat d'étudier.
Une de mes croyances les plus
profondes veut que pour espérer faire travailler nos fils et nos
filles qui vont entrer sur le marché du travail, qui entrent
présentement à un pourcentage convenable, en d'autres termes pour
faire reculer de façon draconienne le taux de chômage au
Québec, une des voies, et peut-être la seule, c'est d'exporter
largement à l'extérieur de nos frontières. Nous avons six
millions et demi de consommateurs solvables et de producteurs à
l'intérieur du Québec. La plupart de nos concurrents travaillent
déjà sur des marchés qui sont leurs marchés
intérieurs qui ont 200 000 000 de consommateurs et plus. C'est vrai de
nos voisins du Sud, les États-Unis d'Amérique, c'est aussi vrai
de l'Europe de l'Ouest qui, en regroupant les espaces économiques de
divers pays dans le marché commun, forment un espace économique
de 200 000 000 à 300 000 000 de consommateurs. Il n'y a aucun avenir, ni
pour l'économie canadienne, ni pour l'économie
québécoise, à se limiter à travailler à des
marchés de six millions et demi ou de 20 000 000 ou plus d'habitants.
Cette activité qui semble extrêmement pragmatique, qui semble
parfois mercantile, est peut-être une des façons que nous avons
d'atteindre un grand objectif social qui est celui de faire travailler et
d'insérer dans les circuits économiques, dans le circuit
productif, les hommes et les femmes qui sont en préparation dans nos
écoles, nos collèges et nos universités.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre. La
parole est maintenant au député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Merci, Mme la Présidente. Je m'en voudrais de
ne pas appuyer les paroles du ministre pour féliciter la
présidente de sa nomination. Je m'en réjouis sur plusieurs plans.
Je pense que vous vous êtes battue pendant des années pour donner
une place plus grande aux femmes dans la politique et dans la vie de tous les
jours: la vie sociale, la vie socio-économique du Québec. On se
réjouit surtout du fait que vous êtes, je pense, une des deux
femmes qui devenez présidente des huit commissions. C'est un grand pas
en avant.
Malgré qu'on ne partage pas les mêmes vues sur le plan
politique, on est différent sur le plan des idéologies, je dois
vous dire que du côté de notre groupe politique, s'il y a une
chose pour laquelle on est tous unanimes, c'est de constater
l'impartiallité et l'objectivité réellement
étonnante que vous démontrez pour une personne politique. Je
réalise moi-même que c'est toujours très difficile de
rester objectif. On est très convaincu de ses idées. Vous
l'êtes autant que moi mais en même temps, aujourd'hui, j'ai pu
remarquer une question que vous avez posée en Chambre sur les Sucres
Saint-Laurent. Personnellement, je ne l'aurais sans doute pas posée.
Cela montre le geste d'impartialité d'avoir défendu votre cause
dans une telle situation. Sur tous ces points de vue, je suis très
content de voir que vous avez un poste qui va réellement guider nos
travaux parce qu'un poste de président est vraiment un poste
d'impartialité et d'objectivité. Je pense que vous l'avez
démontré à plusieurs reprises.
On a passé plusieurs heures avec le ministre pour revoir...
M. Landry: Comme vous semblez entrer dans le vif du sujet, avant
que les erreurs ne se produisent, je voudrais vous signaler un erratum que mon
sous-ministre vient de me signaler. À la page 22 du cahier des
crédits, on dit: Au cours des onze premiers mois, le ministère a
approuvé - page 22, deuxième paragraphe, la quatrième
ligne - la réalisation de 746 projets proposés par des
entreprises. Il est dit: Soit une augmentation de 42%. (20 h 30)
Avant que quelqu'un sorte de sa poche une calculatrice et
s'aperçoive que ce n'est pas 42% mais 32,5%, j'aime mieux le dire.
La Présidente (Mme Harel): On doit donc lire 32,5% du
deuxième paragraphe de la page 22.
M. Landry: Excusez-moi encore M. le député, mais je
ne voulais pas que vous me tombiez sur le dos encore à bras raccourcis
pour une chose que j'étais prêt à admettre d'avance.
M. Lincoln: Je vais le faire pour autre chose.
La Présidente (Mme Harel): La parole est au
député de Nelligan.
M. Lincoln: On a parlé longuement, avec le ministre, de
toute la question de la politique extérieure du Québec par
rapport au ministère qui exprime cette politique, soit le
ministère des Relations internationales dont on a eu les crédits
jusqu'à 18 heures, ce soir, et le ministère du Commerce
extérieur dont on commence l'étude des crédits
maintenant.
Je ne répéterai pas au long le fil de nos arguments sur le
sujet qu'on a déjà couvert avec le ministre, mais je m'en
voudrais de ne pas toucher la question qui me préoccupe surtout et qui
nous a préoccupés depuis le début de novembre 1982 quand
on a commencé à faire ces débats avec le ministre du
Commerce extérieur à savoir la question de toute la coordination
de la politique des priorités de l'appareil qui fait s'exprimer la
présence du Québec à
l'extérieur, que ce soit au point de vue économique ou au
point de vue culturel, éducationnel, etc., qui passe maintenant par le
même ministre. Nous avons discuté de la question fondamentale de
la coordination de ces deux ministères qui sont reliés de
tellement près, ils partagent les mêmes effectifs à
l'extérieur, ils partagent tellement de politiques et de
priorités semblables. Le ministre a décrit ces deux
ministères de Relations internationales et du Commerce extérieur
comme deux univers qui se rejoignent à travers un même ministre et
un même cabinet. Sans revoir tous les arguments que nous avons eus sur le
domaine des relations extérieures, je voudrais demander au ministre de
songer peut-être, très sérieusement, cette année,
puisqu'il est en poste dans les deux ministères, de faire une
évaluation au cours de l'année en cours, parce que c'est la
première année où l'on verra ces deux ministères
rejoints sous un seul ministre, de revoir la question d'une meilleure
coordination, de la coordination la plus efficace qui soit. Peut-être que
l'avenir prouvera que le système que nous avons actuellement de deux
ministères parallèles chapeautés par un même
ministre et un même cabinet est la structure la plus valable qui soit.
Peut-être que l'avenir prouvera cela. Mais nous avons beaucoup de doutes
à ce sujet. Nous pensons que la coordination se ferait bien mieux dans
un appareil, peut-être un appareil uniforme, peut-être un appareil
où il y aurait une coordination bien mieux structurée à la
base des deux ministères qui semblent maintenant travailler en
parallèle mais ne pas travailler tellement de concert, à part
certaines réunions d'esprit - "meeting of the minds" - pragmatiques, ou
à travers le bureau des sous-ministres, ou à travers des
politiques ponctuelles mais sans une structure qui aiderait à fusionner
la politique extérieure par des objectifs et des priorités
précises, des objectifs globaux et des priorités globales
précises.
Je pense que si nous devons demander quelque chose au ministre, qui
vient d'arriver en place aux Relations internationales, c'est peut-être
de revoir toute cette question de la présente formation de ces
ministères. Il devrait, peut-être, considérer toute cette
question de rejoindre les objectifs d'une meilleure coordination pour le bien
même de l'efficacité.
Nous allons aussi parler, au cours des deux heures, de la question du
budget du ministère qui, à notre grande surprise, n'a pas
été utilisé l'année dernière comme il aurait
dû l'être. Je me souviens des discussions que nous avons eues en
1983-1984 où l'on disait que le ministère avait atteint son
rythme de croisière, le programme APEX-F va à son plus grand
rythme, on va même manquer de fonds. Et, à notre grande surprise,
une grosse partie des budgets du ministère, des budgets tellement
cruciaux avaient été alloués à ce ministère
que le ministre lui-même nous a dit que c'est peut-être le
ministère d'avant-garde de l'économie, de la relance
économique et nous sommes tout à fait d'accord avec le fait que
le Commerce extérieur soit une partie cruciale de l'économie dans
n'importe quel pays. Aujourd'hui il faut à tout prix exporter. Notre
vocation principale est une vocation économique et exportatrice, et
voilà qu'il y a presque 28% ou 30% du budget qui n'a pas
été utilisé l'année dernière. Il faudra
qu'on se penche sérieusement sur cela pour voir un peu - on va poser des
questions dans ce sens - si les montants d'argent du ministère sont
dirigés dans les voies qui vont donner le maximum de rendement dans les
secteurs d'activité les plus fructueux.
En fait, nous avons remarqué un genre de déplacement des
fonds qui vont moins vers les transferts d'activité, qui vont aller
directement aux exportations et plus dans les rouages ministériels. On
va démontrer cela tout à l'heure et on va poser des questions au
ministre sur ce sujet. L'année dernière, le ministre du Commerce
extérieur lui-même nous disait que cela va demeurer principalement
un appareil très léger qui va pouvoir s'adapter aux
circonstances, qui va pouvoir être plus pragmatique, qui va pouvoir jouer
dans le courant des exportations qui sont fluides, qui sont flexibles, qui
peuvent changer de cible d'un moment à l'autre. Il nous semble,
d'après l'étude des crédits, qu'il y a une espèce
de changement et qu'on revient peut-être au rouage des ministères
alors que la machine se bâtit et qu'on réalise que les tranferts
en actions directes vers le secteur qui nous occupe semble se restreindre. Il
me semble que c'est très tôt pour que cela se passe.
Nous nous réjouissons si les clients sont contents, si les
clients envoient des lettres au ministre; on ne peut que se réjouir si
l'activité économique du Québec va de l'avant. C'est
quelque chose, malgré qu'on soit des opposants politiques. Mais tout ce
qu'on cherche, c'est que l'économie avance et qu'on arrive à la
meilleure qualité de vie pour tous les citoyens que nous
représentons. Tout de même, il faut voir si l'argent qui nous est
alloué par les taxes des contribuables dans un ministère comme le
vôtre on l'utilise avec le maximum de rendement. C'est là
où on se pose quelques questions.
Par exemple, le ministre avait dit 20 000 000 $ d'investis dans le
ministère pourraient nous donner un demi-milliard de dollars de chiffres
d'affaires. C'est sûr que c'est un investissement qui compte si ces
chiffres sont vrais. En même temps, on peut dire qu'à chaque fois
qu'on diminue ces 20 000 000 $ peut-être qu'on diminue les 500 000 000 $
de chiffres d'affaires. On se
demande et on espère fortement que les 20 000 000 $ cette
année vont être utilisés à bon escient dans les
secteurs les plus aptes à maximiser justement ce rendement.
Le ministre a parlé, au cours des débats sur les relations
internationales, des priorités géographiques. On aurait voulu
avoir un projet de priorité d'objectifs plus globaux que des objectifs
de cible géographique qui sont essentiels, nous sommes d'accord, mais en
même temps placer tout le contexte de l'activité extérieure
par rapport à des objectifs et à des priorités qui
elles-mêmes vont dicter les marches à suivre que nous allons
rencontrer. Par exemple, nous allons axer notre futur comme le Canada l'a
décidé pour les États-Unis. Est-ce que nous allons -par le
fait même que les États-Unis sont notre plus grand client -
continuer dans cette voie et maximiser cette grosse proportion de nos
exportations vers les États-Unis? Est-ce qu'on va essayer de diversifer
le plus possible? Est-ce qu'on va faire les deux en même temps? C'est ce
genre de choses que nous devrions avoir au sein d'une politique industrielle,
d'une politique globale des exportations et des activités
extérieures.
Je pense qu'en fin de compte, ce que nous cherchons tous, c'est que le
commerce extérieur, les relations internationales, l'éducation,
la culture, etc., améliorent la qualité de vie des citoyens. Il
semble que le commerce extérieur est une façon d'arriver à
un but et si cette façon peut être rendue plus efficace en
dépensant le même argent dans différents secteurs, en
dépensant le même argent de différentes façons ou en
augmentant son budget, nous sommes d'accord d'examiner cela de près,
parce que c'est ce qui nous préoccupe. C'est sûr qu'un budget de
20 000 000 $ dans un appareil de 25 000 000 000 $ de dépenses du
Québec, c'est minime. En même temps, il ne fallait pas dire aussi,
puisqu'on a à peine 20 000 000 $, qu'on ne dépense que 13 000 000
ou 14 000 000 $. Nous espérons que, cette année, on va avoir une
activité qui va se servir de tous les deniers publics qui sont
alloués au Commerce extérieur si vraiment nous croyons que cette
activité est aussi primordiale pour le Québec.
J'aurais voulu, Mme la Présidente, passer aux questions quand
vous aurez le temps de nous reconnaître. Merci.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, d'autres remarques générales avant que nous
entreprenions l'étude plus formelle des crédits du
ministère du Commerce extérieur? Je voulais vous demander si nous
allons entreprendre l'étude, élément par
élément contenu à la table des matières, d'une
façon formelle ou d'une façon plus générale. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais préféré d'une
façon générale, que les questions s'échelonnent sur
le livre des crédits, mais on pourrait les adopter globalement parce que
c'est un immense budget.
La Présidente (Mme Harel): Donc, d'une façon
générale, cela peut vouloir dire à la fois des
interventions concernant le ministère ou concernant les
différents éléments qu'on retrouve à la table des
matières. Est-ce bien le cas? M. le ministre.
M. Landry: Mme la Présidente, comme je vous dis, je veux
que la commission puisse faire toute la lumière sur toutes les questions
qu'elle veut et je n'ai pas de préférence quant à l'ordre
des travaux. On va s'adapter. Je vous l'ai dit, c'est un ministère
souple qui s'adapte aux demandes de sa clientèle. Pour ce soir, notre
clientèle, c'est vous.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Mme la Présidente, à l'occasion de la
récession que nous avons connue récemment, je pense que les
Québécois ont été en mesure de mesurer l'importance
absolument capitale que revêt l'exportation pour l'industrie
québécoise. On nous dit qu'il y a environ 40% de notre production
manufacturière qui serait exportée. J'aimerais demander au
ministre si - j'ai examiné le document qu'on nous a remis, je ne
retrouve pas ces données - il serait en mesure de nous donner,
approximativement, la répartition de ces exportations dans les diverses
zones d'exportation dans le monde par exemple, aux États-Unis, au
Canada, dans les pays d'Europe, dans les pays d'Asie, de l'Amérique du
Sud? J'ai cherché dans le document ici, je ne les ai pas
trouvées, peut-être qu'elles y paraissent.
La Présidente (Mme Harel): Avant, peut-être que
nous...
M. Rodrigue: De façon à pouvoir avoir un
aperçu des zones où le Québec est un exportateur
important.
La Présidente (Mme Harel): Avant que nous entreprenions la
période des questions au ministre, je veux simplement m'assurer que nous
convenons d'un examen général, auquel cas, la règle du
temps de parole va être appliquée avec beaucoup de souplesse,
c'est donc dire qu'une partie importante du temps va être allouée
au député de Nelligan, puisque nous n'allons pas examiner
élément de programme par élément de programme pour
lequel chaque député dispose d'un temps de vingt minutes.
M. le député de Vimont, peut-être pourriez-vous
réserver votre question si nous nous entendons, car je croyais que vous
vouliez intervenir sur la répartition du temps et sur la
répartition de l'examen des crédits, parce que je passerais la
parole au député de Nelligan qui me l'avait demandée
précédemment. La parole est au député de
Nelligan.
M. Landry: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le ministre.
M. Landry: Les remarques liminaires du député de
Nelligan méritent, je crois, quelques réponses et j'aimerais les
lui donner.
La Présidente (Mme Harel): Dans la mesure où vous
n'avez pas utilisé le temps de parole...
M. Landry: Je n'ai pas utilisé vingt minutes.
La Présidente (Mme Harel): ...de vingt minutes qui
était alloué et dans la mesure où cela ne donnera pas,
j'imagine, lieu à une répartie de la part du député
de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu, Mme la Présidente, expliquer
au ministre que les remarques que j'ai faites étaient d'ordre
général. Si le ministre est embarrassé, je vais lui
expliquer plus en détail ma pensée. À ce moment,
peut-être que vous pourriez revenir et...
M. Landry: Je pourrais faire ce qu'on appelait en droit,
autrefois, une dénégation générale...
M. Lincoln: D'accord.
M. Landry: ...et on reviendra pour chaque point en particulier.
(20 h 45)
M. Lincoln: Oui, d'accord.
La Présidente (Mme Harel): Nous allons entreprendre
immédiatement l'étude des différents
éléments des programmes qui sont devant nous.
M. le député de Nelligan.
Aide à la promotion des exportations
(APEX)
M. Lincoln: J'aurais voulu tout d'abord passer à la
question que j'ai posée durant mes remarques préliminaires sur
les crédits périmés. L'année dernière, on a
eu un budget de 18 388 000 $ qui est déjà modeste. On voit qu'on
a périmé des crédits probables qui vont être dans
les environs de 5 000 000 $, on va demander les chiffres exacts au ministre.
Mais on apprend, dans le cas des crédits qui nous ont été
envoyés la semaine dernière, que c'est 5 000 000 $. La
répartition de ce montant de 5 000 000 $ qui a été
périmé se fait ainsi: II y a 3 700 000 $ au programme APEX F et
on donne comme raison la récession et les modalités des
versements de la subvention qui ont changé. Il y a 735 000 $ à
cause de la politique des engagements financiers. Il y a 325 000 $ qui
proviennent des traitements réguliers, il y a 175 000 $ d'avances
comptables consenties pour les voyages et les missions. Il y a 65 000 $ pour
différentes raisons dont la situation favorable du taux
d'échange. Alors, je me souviens que sous le programme APEX F, on avait
prévu un montant de 6 000 000 $ votés pour 1983-1984. Le ministre
nous disait, lors de l'étude des crédits l'année
dernière, que APEX F, c'est un programme vedette et que toutes nos
indications vont dans le sens que les 6 000 000 $ seront à peine
suffisants pour faire face à la demande. Là on voit qu'il y a des
montants substantiels qui n'ont pas été alloués. On se
pose des questions sur la récession comme excuse pour ces
périmés. La situation existait déjà au moment des
crédits. Il y a aussi eu une reprise quelconque qui s'est passée
l'année dernière, c'est sûr, on a entendu cela plusieurs
fois en Chambre que la situation était meilleure en 1983 qu'en 1982 et
au début de 1984. Ensuite, il y a l'excuse du changement dans les
modalités de versements qui ne semble pas valable pour nous, puisque ce
changement était déjà prévu au moment de
l'étude des crédits. On nous avait donné une formule de
demande qui nous avait été remise à cette occasion. Alors,
on a demandé 6 000 000 $ et on savait déjà que les
nouvelles modalités allaient affecter le niveau de dépenses de
ces engagements. Si l'on regarde ce qui est alloué, les crédits
de 6 000 000 $ moins 1 350 000 $ des engagements de 1982-1983 qui restaient
à dépenser, on a périmé 3 700 000 $. On peut voir
que tout le programme vedette n'a vraiment pas subi le grand départ,
l'essor dont nous parlait le ministre en 1982-1983. On se pose de
sérieuses questions sur ce qu'il va arriver en 1984-1985. Pourquoi y
a-t-il eu cette grosse "périmation" des crédits sur APEX F?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Je ne veux pas insulter le député, mais
il me fait penser aux planificateurs soviétiques qui disent: Comme
l'usine de tracteurs cette année va produire 100 000 tracteurs, il faut
400 000 pneus. Alors, là cela part. Les gars des pneus se
mettent à l'oeuvre et ils produisent 400 000 pneus, mais l'usine
de tracteurs, en retard dans sa programmation, produit juste la moitié,
résultat: montagne de pneus. C'est cela un peu qui arriverait si le
ministère du Commerce extérieur avait l'attitude des
planificateurs soviétiques. Mais, j'ai bien dit que c'est un
ministère qui est axé sur les besoins de la clientèle. La
clientèle, surtout comme ceux de la PME, ce serait totalement
irresponsable de la forcer à dépenser au moment où elle ne
veut pas ou quand elle n'est pas prête; alors nous avions dit que la PME
avait besoin de 6 000 000 $. Effectivement, elle avait besoin de cela parce que
nous avons 3 700 000 $ d'engagés qui n'ont pas été
dépensés. Encore une fois, cela serait irresponsable pour un chef
d'entreprise, d'aller essayer de vendre à Boston aujourd'hui ce qu'il
n'est pas capable de produire. Il l'a fait sa planification, il s'est
ajusté de façon souple, à la demande du consommateur, aux
perspectives de marché, sa demande est entrée chez nous et on va
le payer. On a 3 700 000 $ d'engagés. Le jour où on l'aura
payé, il va même nous en manquer de l'argent pour ce
programme-là. Mais, toute attitude arbitraire qui voudrait faire marcher
à la baguette les entreprises: si ce n'est pas dépensé
à telle date, c'est fini, c'est foutu, serait totalement
irréaliste. Cela peut peut-être se faire dans d'autres secteurs
d'administration où là c'est réglementaire. On dit: Les
plaques d'immatriculation, c'est de telle date à telle date. Très
bien! Dans les ministères économiques, une telle attitude
n'aurait aucun sens. Nous avons expliqué cela au Conseil du
trésor qui a très bien compris, d'ailleurs. On n'a eu aucune
espèce de difficulté à avoir toutes les assurances dont
nous avons besoin qui feront que nous paierons en temps et lieu les entreprises
que l'on s'est engagé de payer dans un exercice plutôt que dans
l'autre. Je ne pense pas que le député voudrait nous conseiller
une attitude plus rigide qui ferait que l'on perde la faveur de nos
clientèles.
Alors si on n'a pas dépensé l'argent au moment
arbitrairement fixé, comme l'a laissé entendre le
député de Nelligan, est-ce qu'on a passé cela dans le
fonctionnement du ministère, dans la machine, en faisant le monstre
bureaucratique qu'on a toujours dit qu'on ne ferait pas? Évidemment non,
on n'a pas engagé une seule personne.
Les virements qui ont été faits à
l'intérieur de nos catégories budgétaires ont
été faits à des dépenses qui stimulent
l'activité des entreprises. Alors, APEX régulière, le chef
d'entreprise n'est pas prêt à faire une grande offensive de
marketing sur Boston, mais il est prêt à aller se recruter un
agent à Boston. Alors, on lui a donné un APEX régulier et
il y est allé.
Également, fonctionnement du budget, foire, mission, exposition:
notre ministère est un ministère de transferts, il n'est pas un
ministère de gros effectifs. Nous avons augmenté les transferts
et nous avons plafonné l'effectif. On avait 200 agents -c'est pour cela
que je vous l'ai dit, d'ailleurs, dans des annexes - en début d'exercice
et on a encore 200 agents. On n'en veut pas plus, parce que ceux qu'on a sont
bons... à moins qu'on soit vraiment dépassé par le flot de
la demande, ce n'est pas notre ambition de constituer un monde
bureaucratique.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: J'ajouterais peut-être qu'à la page 12,
le député trouvera tous les réaménagements
budgétaires que nous avons faits.
M. Lincoln: Oui, on va arriver là. M. le ministre, tout
d'abord je ne suis pas un planificateur soviétique. J'espère
aussi que vous ne l'êtes pas vous-même, parce que la question est
bien simple, ou bien il y a de la planification, ou il n'y en a pas. Par
exemple, je veux bien qu'il y ait un barème des critères
quelconques sur lesquels vos experts se basent pour décider que 6 000
000 $ vont entrer dans des projets de APEX F. Je comprends très bien le
système que vous n'allez pas jeter de l'argent dans les entreprises qui
n'en veulent pas, c'est sûr. En même temps, il y a sûrement
une certaine façon pour vous de juger du nombre de projets que vous avez
en vue pour l'année à venir et c'est comme cela dans tous les
budgets de tous les ministères. On n'est pas en train de
découvrir la roue, tous les ministères le font, que ce soit
à l'Éducation ou aux Affaires sociales, il y a sûrement des
façons de vérifier où on s'en va pour l'année en
cours, c'est pourquoi il y a des budgets. Ce qui nous frappe, c'est la
différence substantielle entre les budgets que vous avez demandés
et que vous nous disiez qu'ils n'allaient pas suffire. Alors, sur quoi vous
êtes-vous basé pour dire: Toutes nos indications vont dans le sens
que les 6 000 000 $ sont à peine suffisants pour faire face à la
demande? Ou bien les indications qui ont été données par
vos experts étaient incorrectes, ou bien les indications ne tenaient pas
debout ou bien elles avaient été mal faites ou mal
vérifiées, mais le fait est qu'il vous avait été
demandé 6 000 000 $. J'ai lu je ne sais pas combien d'articles où
vous vous êtes pété les bretelles à propos du
programme APEX F: C'est le programme qui va doubler son programme en 1983-1984;
on va dépenser 6 000 000 $. Et là vous venez de dire: II y a 3
700 000 $ qui n'ont pas été dépensés.
Vous avez dit que ces sommes ont été
engagées. Pouvez-vous nous confirmer qu'il y a eu 55 demandes
approuvées dans votre cahier? Il y a eu, en moyenne, 43 000 $ par
projet. Si vous multipliez 55 par 43 000 $, je pense qu'on arrive à 2
500 000 $ environ. Est-ce que vous voulez dire que tout le reste de cette somme
de 6 000 000 $ dans le programme APEX F a été en danger
aujourd'hui?
M. Landry: J'ai 86 demandes en attente et j'ai pour 3 700 000 $
engagés. Cela me fait vraiment de la peine de voir le
député poursuivre ces chimères arbitraires. Il fait une
comparaison avec le ministère de l'Éducation. Cela va bien, le
ministère de l'Éducation. On décrète que
l'année scolaire commence à telle date et finit à telle
date. C'est sûr qu'il va y avoir tant de jours ouvrables moins une ou
deux tempêtes de neige. Mais penser que l'économie se règle
comme cela, c'est vraiment vouloir s'opposer à tout prix.
Je suis prêt à suivre certains conseils que le
député me donnerait, mais pas celui-là. Jamais. Ce serait
figer une politique qui est souple, qui est adaptée aux entreprises,
dans des critères arbitraires. Je vous ai dit qu'on manquerait d'argent.
On va manquer d'argent précisément, parce qu'avec les 86 demandes
en attente, il n'est pas douteux que je serai obligé d'aller au Conseil
du trésor et d'aller au fonds de suppléance pour satisfaire la
demande. Cette demande n'est pas arrivée à point nommée de
façon arbitraire et cela ne se produira jamais dans un domaine aussi
souple que l'économie et surtout celui de l'économie de PME.
Une très grande entreprise peut se permettre de "surstocker", par
exemple. Une PME ne le peut pas, surtout quand les taux d'intérêt
ont connu les sommets qu'on a connus à la période
précédente, remplir sa cour impunément. Le
ministère ajuste sa dépense sur la demande. Cette demande peut
être appréhendée par les moyens usuels, mais s'il y a une
variation d'un mois dans le paiement des factures - parce que nous payons quand
on fait la réalisation - cela peut faire des crédits formellement
périmés mais qui sont dépensés et rapidement. Il va
même nous en manquer.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous assurer que les 6 000 000
$ de crédits qui ont été alloués au programme APEX
F vont être dépensés de façon certaine et vont
être dépassés en 1983-1984? C'est ce que vous dites?
M. Landry: Oui. C'est exactement mon impression. Comme je vous
l'ai dit, j'ai 86 dossiers en attente. J'ai plus de dossiers en attente que
j'ai, d'après vos propres chiffres, de dossiers approuvés au
cours de l'exercice.
M. Lincoln: C'est votre cahier qui dit cela. Ce ne sont pas mes
dossiers. C'est votre cahier qui nous a dit cela.
M. Landry: Ah! Bien, si c'est mon cahier, c'est encore plus
fiable.
M. Lincoln: Je l'espère. Par exemple, s'il est impossible
pour vous au début d'une année de prévoir avec aucune
exactitude la demande qui semble fluctuer sur deux périodes
financières, comment pouvez-vous alors estimer la demande pour
l'année qui vient? Comment avez-vous fait votre barème pour
l'année qui vient, l'année 1984-1985? Sur quoi vous
êtes-vous basé pour situer les programmes pour l'année qui
vient?
M. Landry: Une des raisons, c'est parce qu'on a suivi d'un peu
trop près les procédures qui s'appliquent à des
ministères qui ne sont pas en contact avec des clientèles
variables comme le nôtre. On a pris la méthode d'exercice. On a
pris douze mois. Si, dans douze mois et quatre jours, il entre pour 1 500 000 $
de demandes, cela va bouleverser nos prévisions. On s'est entendu avec
le Conseil du trésor pour avoir le droit de travailler sur deux
exercices pour être capable de faire face à ces variations
conjoncturelles qui sont le propre de l'économie. Cela fluctue.
On raconte cette anecdote. Je pense que c'est Samuelson qui dit cela
dans la préface de son célèbre ouvrage, l'Introduction
à l'économie. Un jeune homme avait été demander
naïvement à M. John Pierpont Morgan comment fonctionnait la Bourse.
Il lui avait répondu: "Young man, it fluctuates." C'est cela,
l'économie. Cela fluctue. On a expliqué cela au Conseil du
trésor, qui s'en doutait bien d'ailleurs, et on va travailler sur deux
exercices.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan. (21 heures)
M. Lincoln: Merci de votre savante leçon en
économie, M. le ministre. Je vous en sais gré, mais je vais vous
poser une question plus pragmatique. On va oublier Samuelson. Vous avez
dépensé vos 6 000 000 $. Ils sont périmés, mais
vous allez les rechercher. Vous nous avez dit qu'ils sont engagés,
c'est-à-dire que vous avez 86 projets en attente, que vous allez
dépassé même vos 6 000 000 $. Vous avez, si je vous
comprends, 55 projets déjà approuvés, il y en a 86 en
attente, cela fait 141 projets. C'est cela? Là, on a 141 projets.
Qu'arrive-t-il pour l'année en cours 1984-1985? Qu'est-ce qui vous fait
réduire le budget APEX F soudainement de
2 225 000 $? Voulez-vous dire que les demandes anticipées seront
réduites de 30% à 40%?
M. Landry: Je ne les réduis pas. En travaillant sur deux
exercices, on va avoir encore 6 000 000 $ exactement comme avant.
Maintenant, nous allons travailler sur deux exercices. Alors, on va
faire une prévision qui sera approximative, comme toutes ces
prévisions. Tous les organismes de financement du gouvernement seront
avertis que les montants globaux seront respectés mais seront
respectés sur une période de vingt-quatre mois plutôt que
sur période de douze mois. Cela va faire exactement 6 000 000 $ comme
avant. Sauf, si on avait un excès de demandes, auxquel cas on irait aux
suppléances, en budget supplémentaire. On fera ce qu'il faut pour
donner satisfaction à la clientèle.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Maciocia: Si on part du commencement de l'exercice 1983-1984,
on avait 6 000 000 $ prévus qu'on ne dépense pas. On
périme 5 000 000 $ mais on tient pour acquis que vous avez 46 demandes
d'engagements et là on vous posera d'autres questions. On voudra avoir
des noms et voir si vraiment les 86 engagements demeurent à 86 parce que
vous dites " engagés en attente", cela peut vouloir dire beaucoup de
choses. Mais, supposons que les 86 engagements passent et que vous
dépassez 6 000 000 $ ou que vous dépensiez 6 000 000 $.
Là, vous avez prévu 4 000 000 $ pour cette année qui sont
déjà prévus dans le budget qui vous a été
alloué de 19 000 000 $. Il me semble que sur les deux années
financières commençant en 1983-1984 et 1984-1985, c'est 10 000
000 $ en tout. 10 000 000 $ en tout, cela ne fait pas 6 000 000 $ deux
années de suite. Il y quelque chose qui ne marche pas quelque part. Je
ne comprends pas votre argument voulant que vous ayez dépensé 6
000 000 $ et que vous allez avoir encore vos 6 000 000 $ l'année
prochaine. À ce moment, il faudrait augmenter votre budget quelque
part.
M. Landry: Je n'ai pas dit que je les avais
dépensés, j'ai dit que je les avais engagés. J'en ai pour
3 700 000 $ d'engagés. Je vous dit que sur vingt-quatre mois, cela va
faire deux foix six, cela peut faire plus, auquel cas on ira au fonds de
suppléance, on ira en budget supplémentaire. Cela peut faire
moins aussi et ni vous ni moi ne contrôlons l'attitude des PME, ni la
conjoncture économique. Pourquoi voulez-vous essayer "d'encarcaner" un
ministère dont l'activité est conditionnée par les
décisions de dizaines et de dizaines de PME? Quel est
l'intérêt formel à faire cela? Je vous écoute
là, je vous vois aller, je comprends ce que vous dites, mais je ne
comprends pas pourquoi vous préconisez des méthodes
semblables.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Non, je ne préconise aucune méthode. On
est ici à l'étude d'un budget. On n'est pas ici pour des
discussions ésotériques, mais on est ici pour des discussions de
budget. C'est cela qu'on vient faire. Vous avez demandé un budget de 19
000 000 $. Il faut bien qu'on examine pourquoi vous avez besoin de 19 000 000
$. Vous me dites que sur deux années, vous allez dépenser 6 000
000 $ chaque année. Ce que je veux vous dire, c'est que si demain matin,
c'est de la comptabilité en arrière tout le temps, à un
moment donné, sur deux ans, on va avoir le même problème
que sur une année. Qu'on le fasse sur deux ans ou sur trois ans, on ne
saura jamais. Vos budgets sont toujours très difficiles à
examiner, à savoir exactement où l'on se tient. Il y a
sûrement une meilleure façon de décider, par exemple, pour
les 86 entreprises, on pourra dire des budgets en attente, cela va être
un peu comme je faisais avant au ministère de l'Environnement qui
était la même affaire. On avait toujours les budgets
engagés. Personne ne savait comment comptabiliser ces choses. Cela
allait toujours en avant, en avant. À un moment donné, il faudra
arriver à un point où l'on dit: On va engager un tel budget et,
à la fin de l'année, vous allez pouvoir nous dire de ces 83,
voilà un barème, voilà ceux-ci, il y a grande chance
qu'ils soient approuvés, ceux-là, peut-être que non. Mais
là, on ne sait pas du tout. On tient le fait pour acquis que 86,
peut-être qu'on va dépenser le reste. Peut-être qu'on
arrivera à 6 000 000 $ ou peut-être qu'on n'y arrivera pas. Il y a
sûrement plus d'information. C'est cela l'idée de venir ici
examiner les crédits car après tout, c'est le tiers du
budget.
M. Landry: Ce que vous laissez entendre pour avoir la
satisfaction intellectuelle de suivre de façon rigoureuse la notion
d'exercice serait d'amener les PME à calculer leur cycle
budgétaire sur celui du gouvernement. Une attitude qui, à mon
avis, serait absurde. J'aime mieux ne pas vous donner de satisfaction
intellectuelle, tout en le déplorant, que de m'enfermer dans une
attitude rigide qui ferait que je manquerais d'argent, que je serais
obligé de dire aux entreprises: Ne faites plus de demande, puisque je
n'en ai pas. Je pouvais compter sur une possibilité de 6 000 000 $.
C'était connu et les entreprises le savaient. Elles
m'ont fait des demandes pour le montant et davantage, parce qu'elles
savaient que l'argent était disponible. Sauf, qu'elles ne m'ont pas
donné leur facture pour que je les paie au moment où le cycle
budgétaire s'est terminé. Je les paie quand j'ai la preuve
qu'elles ont fait le travail. Cela leur donne la satisfaction phychologique de
même qu'aux gestionnaires qui sont avec moi, qui ont administré
ces budgets qui eux rencontrent la clientèle à Place Ville-Marie
ou bientôt rue Sherbrooke-ouest. Ils sont capables de dire aux clients:
Faites vos demandes, nous avons de l'argent. C'est à cela que sert le
budget.
Si par ailleurs, pour des raisons de saine gestion attenant à la
gestion de ces PME qui ont décidé que ce n'était pas
aujourd'hui qu'elles allaient à Boston, mais dans deux mois,
malheureusement l'exposition à laquelle elles participent n'a pas
été calculée sur le cycle budgétaire du
gouvernement du Québec et qu'on était obligé de leur dire
non et de les laisser dans l'angoisse, cela donnerait une grande satisfaction
intellectuelle à l'Opposition, mais cela ruinerait tout l'esprit de
l'action du ministère du Commerce extérieur. J'aime autant avoir
l'estime de mes clientèles et demeurer inconsolable sur le fait de ne
pas avoir l'estime de l'Opposition.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Ce sont toutes de très belles paroles sauf que
ce n'est pas du tout une curiosité intellectuelle puisqu'on parle ici de
chiffres. Je pense que le ministre n'a pas déterminé très
clairement... C'est très beau de venir dire qu'on a 86 projets d'engager
pour 3 750 000 $. Je sais que ce n'est pas de très gros montants, mais
par rapport au budget, ce sont de très gros montants; par rapport au
programme, ce sont de très gros montants.
Tout ce qu'on demande au ministre, c'est de nous dire s'il a 86
programmes en attente et de déposer la liste de ces programmes.
Donnez-nous une liste montrant quand ces programmes vont arriver à
échéance? Quand est-ce qu'ils vont être vraiment
approuvés? Quelle est la progression de ces 3 750 000 $. Vous avez eu 6
000 000 $ au début de l'année. Vous avez pris 1 350 000 $ pour
les engagements qui devaient se terminer en 1982-1983. Donc, il ne restait pas
6 000 000 $ à dépenser, mais un peu plus de 4 000 000 $. Vous
nous dites que vous avez déjà approuvé 57 projets et il en
reste 86. On veut la ventilation de cet argent pour voir exactement ce qui se
passe. Sûrement qu'il y a un barème à établir
lorsque vous commencez l'année. Je sais que cela fait rigoler.
M. Landry: Je ne rigole pas du tout, mais cela m'attriste
plutôt d'entendre ce que vous dites.
M. Lincoln: Je ne trouve pas que cela fait rigoler. Tout ce que
j'ai envie de savoir, c'est sûrement que tous les fonctionnaires et les
grands experts sont en communication constante avec les PME. Ils peuvent
prévoir une certaine demande. Est-ce que l'on ne peut pas passer
à un rythme - vous avez parlé d'un rythme de croisière -
qui serait justement 55 plus 86 soit environ 150 projets par année? II y
a sûrement quelque chose qu'on puisse mesurer ou quelque chose qu'on
puisse dire qui serait environ 100 projets par année qu'on va financer
ou 125 et c'est cela qu'on veut savoir. Ensuite, quand vous nous dites qu'il y
en a 86 qui sont en attente, on a envie de voir lesquels, pourquoi et quand
cela va arriver à la fin? C'est aussi simple que cela. On ne veut pas
faire des assises intellectuelles, mais on veut des chiffres et des listes.
M. Landry: Ce qu'il faut à la PME, Mme la
Présidente, c'est pouvoir compter sur un ministère qui va
répondre à sa demande et qui va avoir suffisamment d'argent, mais
qui ne va pas forcer la dépense et accélérer la demande
dans des conditions non économiques. Ce que nous demandons au Parlement,
c'est de nous permettre de dire à la PME: Cette année, il n'y
aura pas moins de 6 000 000 $ pour vous dans le programme APEX, par exemple.
Cela permet aux fonctionnaires de commencer l'étude des dossiers, de ne
pas perdre leur temps à faire des analyses qui finiraient sur une
conclusion positive sans qu'on ait l'argent pour satisfaire à la
demande. C'est la fourchette supérieure dont nous avons besoin pour
fonctionner et avec laquelle nous fonctionnons très bien et qui donne
satisfaction aux entreprises. Vous voulez que je resserre la fourchette, je
vous le dis, cela ne pourrait que diminuer l'efficacité du
ministère, mettre les fonctionnaires dans l'insécurité et
également leur clientèle, ce qui est plus grave.
Quand cela fera dix ans qu'on aura le programme, on pourra faire des
cycles statistiques - on est à notre deuxième exercice
budgétaire - qui pourront, bien que de façon inadéquate,
parce qu'on ne sait jamais ce que la conjoncture réserve, on a eu la
pire crise économique depuis 1929, alors si on s'était
fondé sur des cycles statistiques de dix ans pour prévoir les
paramètres de l'économie, on se serait trompé... il y a eu
un accident qui ne s'était pas produit depuis 1929. Quoi qu'il en soit,
après un certain nombre d'années, on pourrait peut-être
appréhender un peu plus la réalité, encore que ce n'est
pas sûr. L'économie du Québec est en mouvement rapide,
plusieurs entreprises qui n'avaient jamais songé à
exporter, parce que l'exemple entraîne, se mettent à le
faire. Alors, ce qu'on demande au Parlement, c'est de nous donner suffisamment
de possibilités de dépenser de l'argent pour que l'on soit en
-mesure de garantir à ceux qui demandent qu'ils auront une
réponse.
Si ceux qui demandent ne dépensent pas suffisamment vite au
goût du député de Nelligan, je déclare
respectueusement à la présidence que ce sont les chefs
d'entreprises, les hommes et les femmes qui administrent ces entreprises, qui
savent à quel moment c'est plus propice de dépenser pour eux et
pour elles, et non pas pour faire plaisir à l'Opposition et ni entrer
dans un cycle budgétaire arbitraire, mais plutôt pour vendre des
produits.
Quant à la liste que vous m'avez demandée, je peux vous en
donner des cas que j'ai en attente. On en a plein ici.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: Voulez-vous que je les dépose?
M. Lincoln: Oui. En 1982-1983, il y avait une liste à vos
cahiers montrant le nom des firmes et les montants qui avaient
été alloués; en 1983-1984, nous demandons deux choses:
d'abord les listes des montants alloués et bouclés et, ensuite,
les 86 firmes et les montants engagés, comme vous le dites, en indiquant
quand on espère les boucler.
M. Landry: Mon sous-ministre, à mes côtés, me
fait valoir qu'il peut y avoir des problèmes de
confidentialité.
M. Lincoln: C'est toujours le même problème.
M. Landry: C'est toujours le même problème, mais
c'est la vie dans les entreprises. On n'a pas inventé cela pour vous
déplaire. Vous êtes un entrepreneur privé, déposez
donc votre bilan ce soir. On va regarder cela et on va s'amuser.
M. Lincoln: M. le ministre, il n'est pas besoin de vous
fâcher. On n'a pas demandé de bilan, tout ce qu'on a
demandé, c'est le nom des entreprises. Vous avez dit qu'il y avait des
sommes de contribuables qui ont été engagées. Si elles ont
été engagées, on demande des listes des noms et des
montants. Je ne vois pas ce qu'il y a de confidentiel là-dedans.
L'année dernière, ils étaient là ces noms et ces
montants dans vos cahiers. Là, vous nous dites que vous avez
périmé 3 750 000 $ de crédits, on vient ici au budget et
on est obligé d'accepter votre bonne foi que vous avez engagée
avec 86 firmes sans nous donner de nom. On dit: Ah non, c'est confidentiel. Je
suis sûr qu'il y a une liste où il n'y a rien de confidentiel. On
ne vous a jamais demandé de bilan à l'entreprise. Je crois qu'on
est en train de jouer des bêtises.
Mme la Présidente, on vient ici pour examiner le budget du
ministre et on pose des questions sur une forte proportion de ce budget ou on
vient ici pour s'amuser et pour dire: On va tenir pour acquis le fait que le
ministre a 3 750 000 $ d'engagés pour 86 firmes sans savoir lesquelles,
les montants ou quoi que ce soit. C'est tout ce qu'on demande. Je trouve que
c'est raisonnable. Je ne vois rien d'extraordinaire à cela, surtout avec
la loi sur l'accès à l'information qui viendra, qu'on ne puisse
pas avoir... On ne demande rien de tellement confidentiel, qu'une firme ait
fait une demande au programme APEX, qui a été engagée par
le ministère qui va être payée pour 40 000 $ ou 50 000 $.
Je ne vois rien de tellement confidentiel là-dedans, je m'excuse.
La liste APEX de l'année dernière, tout le long des
firmes, etc., je ne vois rien de spécial là. Alors, je vais
redemander qu'on la dépose parce qu'il faut qu'on sache dans quoi on
s'en va. C'est cela l'exercice qu'on fait ici... (21 h 15)
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, je vous rappelle, M. le député de Nelligan, qu'en vertu
de l'article 82 de nos règlements, il s'avère que le ministre
peut refuser. C'est un peu laisser à la discrétion du ministre en
commission, nous a-t-on dit.
M. Landry: Je ne veux pas refuser, Mme la Présidente,
l'information qui peut facilement être rendue publique. Sauf que, des
fois, certains documents sur certaines formes pourraient mettre l'entreprise en
question en position de dévoiler à ses concurrents des
stratégies, ce qu'elle ne veut pas faire. Ce que je propose, c'est que
nous préparions des formats qui correspondent à toutes les
exigences et de la confidentialité et du besoin d'information du
député comme une liste de firmes. On peut faire cela et on me dit
que ce serait possible pour demain matin.
La Présidente (Mme Harel): Une autre hypothèse, M.
le ministre, serait que M. le député de Nelligan puisse - sous
l'acceptation d'une certaine confidentialité des informations qui
peuvent lui être communiquées - prendre connaissance de ces
listes.
M. Landry: C'est une excellente solution.
M. Lincoln: Mme la Présidente, tout ce
que je veux en fait c'est la liste des noms des firmes qui ont fait une
demande pour l'APEX et dont les montants ont été engagés
par le gouvernement d'après le ministre. S'ils ont été
engagés par le gouvernement, il me semble que ce sont des deniers
publics et je ne vois rien de tellement secret là-dedans. On ne parle
pas des sous-marins atomiques. Aux engagements financiers, toutes ces
informations sont publiques.
M. Landry: Une liste qui ne comporte que le nom de la firme et
l'engagement n'existe pas actuellement dans nos documents. Je vous dis que l'on
peut vous en préparer une. On est tout à fait disponible pour le
faire. Il faut s'assurer que le document qu'on va vous remettre va comporter
l'information que vous demandez ni plus ni moins et ne mettra en péril
les stratégies des firmes face à leurs concurrents. On a des
documents qui ne se prêtent pas à cet objectif, mais on peut en
préparer pour vous.
M. Lincoln: On n'a pas besoin de cela demain.
M. Landry: Les fonctionnaires me disent qu'ils sont capables pour
demain matin.
La Présidente (Mme Harel): Ce qu'on apprécierait,
c'est que vous en fassiez parvenir copies au secrétaire de la commission
qui pourra en faire distribution aux membres.
M. Landry: Parfaitement.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, j'aurais voulu vous poser une
question au sujet du budget de l'an dernier. On va revenir sur la question des
périmés puisqu'on a discuté cela. Il y a quelque chose qui
m'a frappé dans l'état du fonds de suppléance de
1983-1984. Le 6 septembre 1983, il y avait eu un CT no 146293 du Commerce
extérieur: Demande de budget additionnel de 1 000 000 $ qui a
été remboursé le 22 mars 1984. Pourquoi est-ce qu'on a
demandé un fonds de suppléance de 1 000 000 $ puisqu'on avait
déjà l'argent en trop dans le budget?
M. Landry: Je n'ai pas saisi la fin de la question.
M. Lincoln: Pourquoi est-ce qu'on a demandé 1 000 000 $ de
fonds de suppléance puisqu'on avait déjà de l'argent en
excédent dans le budget annuel du ministère?
M. Landry: II s'agissait de projets non récurants
approuvés l'un après l'autre, des projets spéciaux et
ponctuels, par le Comité de développement économique par
le Conseil des ministres et le Conseil du trésor pour lesquels - comme
ce n'était pas dans nos budgets - nous avons été au fonds
de suppléance et ensuite nous avons remboursé le fonds de
suppléance.
M. Lincoln: Le remboursement dans le budget du
ministère?
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi vous
n'avez pas l'autorisation de retirer ces fonds du budget en premier lieu
puisque, en fin de compte, vous le faites?
M. Landry: À cause du respect dû à
l'Assemblée nationale. Les programmes ont des normes. Le Conseil du
trésor approuve les normes. Quand on a des dépenses hors normes,
on ne peut pas les retirer sur nos programmes réguliers. Il faut
procéder par une série d'autorisations spéciales. C'est
pour cela qu'il y a des CT qui vont justement au comité des engagements
financiers pour que l'Opposition ait la chance d'interroger chacune de ces
transactions. Autrement, ce serait du compte à compte à
l'intérieur du budget. Vous ne le sauriez même pas et ce ne serait
pas conforme à l'esprit de l'Assemblée et à notre esprit
démocratique. C'est pour que vous puissiez examiner ces
dépenses.
M. Lincoln: Est-ce que c'est sous le volet 5, M. le ministre?
M. Landry: Est-ce que c'était du volet 5? Non, ce
n'était pas du volet 5. Le volet 5 est géré par SDI.
M. Lincoln: C'était quoi exactement ce montant de 1 000
000 $?
M. Landry: On va essayer de vous donner des exemples de ces
projets. On en a ici.
On a eu une intervention pour la firme Bombardier, probablement dans sa
transaction projetée avec l'armée belge pour les véhicules
Iltis.
On a une autre intervention pour un consortium qui s'appelait Canatrans
qui regroupe Bombardier et d'autres firmes de matériel de transport de
masse. C'était pour une soumission à Medellin, en Colombie: 50
000 $.
La société Nouveler a eu 150 000 $ pour de la recherche,
afin de faire des tests avec une compagnie française en Guyane - je me
souviens - pour la mise au point d'un
gazogène éventuellement exportable et une série
d'études de préfaisabilité. Là, je vous en ai
donné pour 200 000 $, 300 000 $, des projets de ce genre. La liste vient
d'être faite de mémoire.
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut avoir une liste de ces projets?
M. Landry: Oui, on peut très certainement en avoir la
liste. Demain.
M. Lincoln: Avec le réaménagement
budgétaire, si on regarde la répartition des crédits par
activité, il semblerait que les transferts ne représentent plus
qu'environ 27%, c'est-à-dire 26,5% du budget total, contre environ 35%
l'année dernière, alors que le fonctionnement augmente de 23%
à 34%. Il y a en fait un changement si on regarde la répartition
des crédits. Je suis d'accord que les montants ne sont pas
élevés, mais pour l'élément "L'aide à la
mise en place d'une stratégie de marketing à l'exportation", il y
a une diminution de 33%, c'est-à-dire de 6 000 000 $ à 4 000 000
$. En fait, je comprends, maintenant que vous l'avez expliqué; on
parlait d'APEX F, on va oublier cela.
Lorsqu'on regarde les "Communications", elles ont augmenté de
51%. "L'aide à la promotion et aux exportations" , il y a une
augmentation de 22%. "Les représentants à l'étranger", il
y a une augmentation de 3,9%.
Il semblerait que les dépenses d'administration, du personnel et
des communications ont augmenté beaucoup plus que les dépenses
des transferts et activités directes.
Pourriez-vous nous situer si c'est une tendance ou ... Je suis d'accord
que les montants ne sont pas substantiels. Lorsqu'on les regarde du point de
vue des pourcentages, il semblerait qu'à l'élément
"Communications" et à l'élément "La coopération
économique" il y aurait des augmentations. "La coopération
économique" a augmenté de 68%. Mais, par exemple, "L'aide
à la promotion et aux exportations" a augmenté de 22%. Les
"Communications" ont augmenté de 51%.
M. Landry: Je dois vous dire que vous ne devez pas entendre le
mot "transfert" au sens strict parce que dans "Fonctionnement et autres
dépenses", aux catégories 3 et 4, "Communications" et "Services",
vous avez dans "Communications", tous les frais de déplacement qui sont
des transferts aux entreprises quand on paie leurs billets d'avion, etc. Et
dans "Services", vous avez les frais des missions, les foires, les kiosques. Ce
ne sont donc pas des transferts au sens strict où on l'entend
habituellement quand on parle d'une subvention, mais cela revient
rigoureusement au même. Cela va dans la poche de la PME pour
l'essentiel.
Dans les "Services", vous avez également les salaires des
attachés commerciaux que nous recrutons localement à
l'étranger qui travaillent directement pour les entreprises.
M. Lincoln: Le total des crédits budgétaires a
augmenté de 5,9% par rapport à 1983-1984.
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Puisqu'on avait augmenté le budget de
1983-1984 d'environ 200 000 $ ou plus, exactement de 191 000 $, soit un peu en
dessous de 5%, on avait expliqué l'augmentation par l'indexation, des
transferts de huit postes et les crédits afférents provenant
d'autres ministères.
M. Landry: Évidemment.
M. Lincoln: Nous avons remarqué par exemple... Est-ce
qu'on va arriver à un rythme de croisière au ministère
où on va pouvoir mettre le paquet pour augmenter les effectifs pour
l'aide à l'exportation directement? Est-ce que vous en êtes
arrivés à votre maximum au point de vue du personnel ou si votre
personnel est resté plus ou moins stable? Est-ce que le fait de relier
le ministère des Relations internationales va provoquer une
décroissance du personnel et un plus grand budget sur les exportations
elles-mêmes?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Je dois vous dire que nous ne souhaitons aucunement
une croissance rapide de nos personnels. Nous allons devoir faire des gains de
productivité, ce qui est déjà commencé, par
l'utilisation d'équipement en particulier traitement des mots,
informatique. Sauf, que je dois vous dire que nous ne pourrons pas tenir la
ligne très longtemps à cause de l'augmentation très rapide
de l'activité internationale et de l'augmentation des clientèles.
On parle d'une augmentation de demandes de 40% en moyenne. L'idéal
serait de faire tellement de gains de productivité qu'on pourrait
revenir aux crédits l'an prochain et dire que l'on a 200 personnes comme
l'année d'avant. C'est peu probable qu'on puisse arriver à cela.
Ne serait-ce que l'extension des réseaux à l'étranger, il
va falloir qu'on engage de nouveaux agents. On va tenir la ligne avec le
personnel disponible tant qu'on pourra, mais on ne pourra pas
éternellement.
M. Lincoln: À la page 20 de votre
rapport: faits saillants 1983-1984. Il y avait quelque chose qui nous
avait frappé et on vous demande maintenant une explication. Vous dites
dans le second paragraphe: Nous avons aussi, dans une dizaine de cas, permis
à des professionnels et cadres qui avaient connu ou qui connaissent des
difficultés de carrière de prendre un nouveau départ au
MCE. Pour les difficultés de carrière, j'espère que ce
n'était pas des gens qui ne s'étaient pas prouvés
ailleurs.
M. Landry: Qui, quoi?
M. Lincoln: Des gens qui avaient des difficultés de
carrière par rapport à leur compétence ou par rapport
à quoi? À quoi vous vous référez? Est-ce que ce
sont des gens qui étaient en chômage, qui n'avaient pas de poste
dans les autres ministères, qui ont été
transférés ou qu'est-ce qui est arrivé?
M. Landry: Ce sont des gens compétents qui étaient
moins adaptés pour leur travail antérieur que pour le travail
qu'ils font aujourd'hui ou qui avaient été frappés par une
diminution d'activité dans leur spécialité traditionnelle
et qui se sont recyclés. Je pense que c'est tout à l'honneur de
ces gens. J'ai la liste ici et ce serait indélicat de communiquer les
noms.
M. Lincoln: Je comprends.
M. Landry: Vous êtes d'accord? Je connais la plupart de ces
gens personnellement. Vraiment, c'est du personnel de qualité qui est
plus heureux chez nous que dans leurs fonctions antérieures où
ils étaient devenus moins adaptés ou à une fonction
antérieure pour laquelle la demande n'existait plus.
M. Lincoln: Puis-je maintenant passer à cas
d'espèce? Je sais que la période des crédits est
peut-être l'endroit idéal, puisque c'est un cas qui m'a
été communiqué par quelqu'un qui, apparemment, avait aussi
contacter votre bureau, mais n'avait pas réussi à vous rejoindre
parce que c'était dans les deux derniers jours où vous
étiez sans doute ici. Il avait aussi essayé de rejoindre les
autres ministères pour essayer de discuter de son cas. C'est un cas un
peu étrange et je voulais vous demander de quoi il en retourne. (21 h
30)
C'est un concours sectoriel qui a eu lieu pour des conseillers
économiques. Le concours no 102H450001 pour un conseiller ou une
conseillère économique en commerce extérieur. Il y a eu
une période d'inscription pour ce concours du 6 au 26 août de
l'année dernière. Il y avait quatre emplois disponibles au
commerce extérieur à Montréal ou ailleurs. Apparemment, il
y a eu environ 1000 candidatures dont 300 ont passé l'examen
écrit. L'examen écrit s'est fait en novembre 1983. Il y a 22
candidats qui ont réussi et qui se sont présentés à
la partie orale qui s'est tenue le 21 décembre 1983. Là, des
quatre, la personne en question qui nous a contactés nous disait qu'elle
était arrivée troisième. Elle a été
avisée par le ministère le 31 janvier 1984 qu'elle avait
réussi cet examen au troisième rang. De là, elle a
commencé à prendre des mesures pour quitter son poste pensant
qu'on est quatre, et pensant qu'elle était au troisième rang et
qu'elle serait une des quatre. Alors, apparemment, après tout ce
chambardement que le ministère a fait d'examiner 1000 candidatures, on a
pris les deux postes, il y a deux postes qui ont été
comblés par les transferts dans d'autres secteurs et les quatre
candidatures en effet ont été éliminées, cela n'a
pas eu lieu. Est-ce que vous pourriez nous situer tout d'abord pourquoi avoir
fait des candidatures en outre quand on savait qu'on n'en aurait pas besoin en
janvier? Il me semble que sur une base de cinq mois, on devrait savoir ce qui
se passe. Pourquoi avoir éliminé les quatre postes après
que ces gens aient passé tout le travail de se faire recevoir comme
candidat, de passer des examens écrits et des examens oraux pour ensuite
dire: II n'y a plus de poste du tout? Pourriez-vous nous expliquer ce qui se
passe?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: Oui. D'abord quelques corrections de chiffres. Il n'y
a pas eu 1000 candidats, il y a eu 450 candidats. On a retenu après un
premier tri, 191 personnes. Nous avons procédé suivant les
règles de recrutement de la fonction publique. Nous avons
constitué une liste d'éligibilité où il y a
effectivement quatre noms qui sont retenus dans une banque. Le jour que nous
aurons des postes, le comité des priorités nous donnera de
l'argent, nous appellerons ces gens suivant les règles habituelles. Je
sais que quelqu'un qui veut accéder à la fonction publique peut
être impatient. Je comprends, j'ai beaucoup de compassion, pour cela sauf
que vous seriez les premiers à nous reprocher de gonfler les effectifs
de façon intempestive. Toutes ces règles sont expliquées
au candidat; les gens savent à quoi s'attendre. Le gouvernement ne
s'engage pas, parce qu'il ouvre un concours afin de retenir leur candidature,
cela est classique. Dans l'entreprise privée, c'est la même chose.
Je compatise tout à fait, mais c'est une espèce de règle
universelle de l'embauche. Si vous vous présentez à l'Alcan pour
un concours, vous allez peut-être perdre votre avant-midi pour passer le
concours et
vous allez suer sang et eau pour y participer convenablement et vous ne
serez pas engagé, parce que l'Alcan aura décidé une
compression de personnel ou parce que vous allez échouer. À ce
point de vue, ceux qui ont échoué sont encore plus malheureux
parce qu'ils ont consacré les mêmes énergies et ils ne sont
pas sur la liste.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Non, tout ce que je voulais savoir, c'est que j'avais
eu l'impression et j'avais cru que les quatre postes, c'était quatre
postes fermés qui étaient ouverts à des candidatures.
M. Landry: Non, c'est quatre postes de banque. Si on avait eu les
crédits, on les aurait engagés.
M. Lincoln: D'accord. Alors, c'est possible que ces postes soient
ouverts à une date ultérieure.
M. Landry: Oui, parfaitement.
La Présidente (Mme Harel): M. le
député...
M. Lincoln: Cette liste est valable pour combien de temps?
M. Landry: La liste d'éligibilité est valable pour
douze mois et elle peut être reconduite. Celui qui vous a appelé
et qui n'a pas pu me rejoindre peut savoir maintenant que son cas n'est pas
désespéré.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan, avant que vous n'abordiez d'autres cas ou d'autres
éléments, j'aimerais à ce stade donner la parole à
un député qui l'a demandée précédemment et
on reviendra à vous par la suite. M. le député de
Vimont.
M. Landry: C'est une bonne question qu'il avait le
député de Vimont, à laquelle je n'ai pas
répondu.
La Présidente (Mme Harel): Je ne pense pas vous prendre
par surprise. C'est cela, alors je pense que le député de Vimont
avait dès le début manifesté son intention de poser une
question.
Exportation de la production
manufacturière
M. Rodrigue: Merci, Mme la Présidente. Je vais la
répéter pour les fins de l'enregistrement. J'avais indiqué
que la récession économique nous avait jusqu'à un certain
point démontré l'importance qu'ont les exportations pour le
Québec. À cette période, on a appris que le Québec
exportait 40% de sa production manufacturière, ce qui, si on compare aux
États-Unis où l'exportation de la production
manufacturière est de l'ordre de 10%, nous fait réaliser à
la fois l'importance de la mission exportation et la
vulnérabilité d'une économie qui doit compter sur les
marchés extérieurs pour maintenir et augmenter son niveau
d'emploi. La question que j'ai posée au ministre est la suivante: Quelle
est la répartition par zone géographique de nos exportations au
Québec? Si c'est possible de donner le chiffre, combien de milliards?
Vers quelle destination approximative... Là on a la zone
américaine, les États-Unis; il y a le Canada, l'Europe et
l'Amérique du Sud, où des interventions ont été
faites récemment, en particulier au Pérou. Je me rappelle d'un
communiqué de presse ou d'un article de journal où le ministre du
Commerce extérieur qui, soit dit en passant, et c'est tout à son
honneur, a réussi à maîtriser la langue espagnole dans les
quatre ou cinq mois qui ont suivi et peut-être moins, sa nomination
à ce poste... Il peut communiquer maintenant directement, dans leur
langue, avec ces personnes en Amérique du Sud, ce qui facilite
certainement les échanges. Le fait de démontrer autant de respect
pour les interlocuteurs doit sûrement être un facteur qui nous aide
à réussir là ou d'autres échouent,
c'est-à-dire à conclure des ententes d'exportation. Est-ce
possible de nous fournir ces chiffres?
M. Landry: Oui, je vais vous donner rapidement et en ordre les
dix principaux clients du Québec et leur proportion - cela peut varier
des fois un peu - des achats qu'ils font chez nous. Alors, les
États-Unis au premier rang: 65%; le Royaume-Uni, la Grande-Bretagne:
5,1%; le Japon: 2,6%; les Pays-Bas: 2,5%; Je vous ferai remarquer que la
Hollande, les Pays-Bas est notre quatrième meilleur client. La
République fédérale d'Allemagne: 2%; la France: 1,6%;
l'Algérie: 1,2%; Belgique, Luxembourg: 1%; Mexique: 0,9%; Italie: 0,8%;
vers les États-Unis, cela varie d'une année sur l'autre, mais
pensez à peu près 11 000 000 000 $ par an d'exportation.
M. Rodrigue: Comment est-ce que cela se compare avec les
exportations vers le Canada?
M. Landry: L'ensemble du monde achète un peu plus de nous
que l'ensemble du Canada. Le Canada est donc un important client pour nous.
Pendant des années, il a absorbé l'essentiel de notre production,
la majorité en volume et en valeur. Depuis 1981, le monde est devenu
pour nous un meilleur client. Sauf que les volumes vendus au Canada restent
énormes.
M. Rodrigue: Cela m'amène à une deuxième
question. Dans le document que vous nous avez soumis concernant
particulièrement les priorités pour l'année 1984-1985,
vous mentionnez les projets de libre échange avec les États-Unis.
Des pourparlers sont en cours sur cela. J'aimerais savoir quel est
l'état de la question. Quelles sont les interventions qui sont faites
par le ministère dans ce domaine? Également, quelles sont les
perspectives à court terme de ce côté en termes
d'ouverture, de déblocage?
M. Landry: Très bien Mme la Présidente.
J'avais négligé de revenir sur l'affaire du Pérou.
Je remercie le député d'avoir fait allusion au fait qu'être
polyglotte peut aider. C'est une fierté pour moi de dire que les
fonctionnaires du ministère du Commerce extérieur, d'une
façon générale, sont polyglottes et que parler deux
langues au ministère du Commerce extérieur n'est pas de nature
à créer une très forte impression, parce que la plupart de
nos agents, tous ceux qui sont à l'étranger et la plupart de ceux
qui sont à l'intérieur, parlent une troisième langue.
Effectivement, dans le cas du Pérou, cela a été un facteur
non négligeable, cela m'a permis en particulier de converser pendant une
heure avec le président de la république, M. Belaunde Terry, et
de conclure avec diverses agences péruviennes une vente d'à peu
près 40 000 000 $ en biens d'équipement, construction d'une ligne
de transport de courant, de Cerro de pasco à Tingo Maria,
équipement d'un village péruvien, le premier village du tiers
monde à être équipé, mais le premier d'une longue
série. Equiper un village péruvien du système
québécois du fil de garde, le capteur capacitatif qui permet de
soutirer des lignes de transport de courant à haute tension suffisamment
d'électricité à quinze kilomètres de chaque
côté de la ligne pour subvenir aux besoins d'un village du tiers
monde... Dans ce cas, il y a maintenant des jeunes Péruviens et
Péruviennes qui, sous ces latitudes où le soleil se couche
tôt, peuvent le soir faire leurs devoirs, étudier leurs
leçons et écouter des cours par transistor parce que même
les piles de transistors étaient à un prix prohibitif dans ces
villages andins. Alors, c'est une très belle réalisation. Cela
illustre que l'effort concerté de la technologie, des agents du Commerce
extérieur et du financement nous permet de faire des transactions
extrêmement intéressantes.
Revenons à la seconde question du député de Vimont:
les travaux sur le libre échange sectoriel avec les États-Unis
d'Amérique. Vous vous souvenez que le Québec a pris les devants
dans cette affaire et qu'à plusieurs reprises devant plusieurs
auditoires et dans des entrevues aux journalises, je me suis fait l'avocat des
échanges économiques naturels, c'est-à-dire suivant les
circuits naturels où sont les bassins de clientèles où ils
sont les plus près de nous, à New York, à Boston, sur
l'ensemble de la Côte-Est des États-Unis, des échanges
Nord-Sud.
Le gouvernement du Canada, auquel nous avions communiqué
officiellement notre position dans les conférences des ministres du
Commerce extérieur, a réagi dans le sens que nous souhaitions,
partiellement. Il a publié une étude il y a six mois de 55 pages
où il abordait la question du libre échange sectoriel avec les
États-Unis d'Amérique. Les travaux ont continué à
Québec comme à Ottawa. C'est notre direction qui analyse des
stratégies qui fait ces travaux et, aujourd'hui, le Canada est
prêt à commencer des négociations avec les
États-Unis d'Amérique. Les négociations ne sont pas
commencées. Les fonctionnaires se préparent de part et d'autre.
Il y a six secteurs qui sont particulièrement étudiés:
l'acier, les textiles, le matériel de transport urbain, la
pétrochimie et ses dérivés et quelques autres. Encore une
fois, on ne peut pas parler de négociations, c'est
prématuré. On peut parler d'une attitude d'esprit de part et
d'autre. On a encore entendu le sous-secrétaire d'État aux
Affaires canadiennes, M. Midas, venir parler de cette question à
Montréal, il y a quelques semaines. Ce que les technocrates
fédéraux avaient fait pour un secteur vital de l'économie
ontarienne: l'automobile, en établissant "l'auto pact", le marché
commun de l'automobile, il y a déjà de nombreuses années,
peut enfin être possiblement transposé à d'autres secteurs
de l'activité d'échanges entre le Canada et les
États-Unis, donc entre le Québec et les États-Unis.
Cependant, notre position a toujours été en ce sens que
l'économie devait fonctionner pour les hommes et les femmes et non pas
l'inverse. Il y a donc des dangers qui doivent être soigneusement
étudiés, en particulier dans le secteur du vêtement, de la
bonneterie et du textile a un degré différent. Nous suivons tous
les travaux qui se font. Nous sommes en contact avec les autorités
fédérales et nous avons exigé d'être
consultés et que notre assentiment soit obtenu avant que des dizaines de
milliers d'emplois soient pertubés par l'opération. Mais, dans
l'ensemble, c'est une opération positive qui devrait améliorer la
capacité concurrentielle du Québec et qui devrait
améliorer nos possibilités de vendre dans le marché
américain en particulier.
M. Rodrigue: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: J'ai une dernière question qui concerne
également les priorités pour 1984-1985. À la lecture du
rapport qui nous a été remis, on constate qu'il y a eu un cercle
d'exportation - possiblement deux autres - qui a été mis sur pied
et qui est en pleine activité actuellement dans les Cantons de l'Est,
mais dont les opérations sont moins avancées. Il semble qu'on
veuille répandre cette façon d'organiser les entrepreneurs au
cours de la prochaine année. M. le ministre, j'aimerais, si
c'était possible, que vous nous expliquiez le fonctionnement et les
objectifs poursuivis pour la mise sur pied de ces cercles d'exportation et le
rôle du ministère dans la mise sur pied de ces cercles. (21 h
45)
M. Landry: D'abord, c'est une idée que nous avions
exprimée dès la naissance du ministère du Commerce
extérieur, savoir qu'il était souhaitable, au niveau des
régions et des villes, que des exportateurs d'aujourd'hui ou potentiels
se regroupent dans des cercles d'exportateurs. Actuellement, nous en avons un
qui est en marche, celui de Sherbrooke, et nous en avons six en voie de
formation. On n'a pas voulu aller trop vite avec cette chose, puisqu'il y avait
une partie expérimentale. La politique des petits pas pour nous est une
chose importante. Qu'est-ce qu'on attend de ces cercles? Qu'est-ce qu'ils
feront? Premièrement, ces cercles permettront aux gens qui exportent
dans une ville ou dans une région de se rencontrer et de travailler
suivant la méthode des cas, c'est-à-dire chacun raconte son
expérience à l'exportation et, de cette manière, fait
profiter ses collègues de ses erreurs, de ses succès, de ses
méthodes, de ses difficultés, de ses embûches. Le
deuxième but des cercles d'exportateurs: faire connaître et
faciliter l'utilisation des divers programmes du ministère du Commerce
extérieur, mais aussi des programmes du gouvernement du Canada qui
permettent aux exportateurs d'accroître leurs activités.
Troisièmement: critiquer les programmes de façon à les
rendre toujours plus adaptés aux besoins des entreprises.
Quatrièmement: suggérer de nouveaux programmes, de nouvelles
actions gouvernementales en matière d'exportation. C'est une entreprise
assez pragmatique, comme vous voyez, avec des objectifs simples qui
procède du fait qu'en général si une entreprise dans un
parc industriel réussit à faire une grosse percée à
l'exportation, ce n'est pas long que les voisins s'en aperçoivent, les
voisins le savent et sont tentés d'imiter son exemple. Alors, c'est
l'utilisation de la méthode des cas pour amener de plus en plus
d'entreprises à vendre les produits en dehors des frontières. En
général, nous leur offrons une aide en leur disant que nous
souhaitons qu'elles n'aient pas recours à notre aide. Plus les
entreprises s'organisent ensemble, mieux c'est. La question suivante: Est-ce
qu'on a un budget pour les aider? Oui, on a un budget pour les aider, mais
celui de Sherbrooke ne nous a rien demandé, il n'a rien eu, il s'est
débrouillé seul, et d'autres nous demandent de l'aide.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois a demandé la parole. Je la lui accorderai
immédiatement.
M. Lavigne: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre vous
avez énuméré des efforts, cinq ou six champs
d'activité particuliers, vous avez mentionné effectivement la
pétrochimie, entre autres, et aussi le textile. Vous voulez examiner le
marché américain particulièrement. J'ai été
un peu étonné que vous ayez mentionné le textile. On sait
que c'est une vieille habitude pour les Québécois de travailler
dans les "moulins" de textile. On y retrouve d'ailleurs beaucoup d'emplois. Au
Québec, il a fallu redonner un souffle moderne et nouveau à notre
industrie du textile, parce qu'elle s'en allait un peu chez le diable. Avant
qu'on arrive là, je pense qu'on lui a donné un coup de pouce.
Elle s'est modernisée, elle prend de l'aplomb, mais on sait par ailleurs
que les ententes du GATT nous font du mal. C'est difficile pour nous de trouver
notre part du marché. On sait qu'il y a énormément de
textile qui nous vient d'ailleurs et à prix fort compétitif. Dans
ce sens, je me demande à quel point on serait capable de concurrencer
avec le Japon ou Taiwan qui sûrement eux aussi vont flirter avec le
marché américain dans un cadre concurrentiel. Comment
pourrions-nous intéresser les Américains au textile
québécois quand nous savons que les prix des autres pays dans ce
domaine sont beaucoup plus bas que les nôtres? J'aimerais vous entendre
parler de cela. J'aimerais me rassurer parce qu'on sait que dans le
comté de Beauharnois, particulièrement, il y a de vieilles
industries de textile. Sans les nommer, on pourrait mentionner la compagnie
Dominion Textile qui est installée chez nous depuis fort longtemps et
qui est en relative bonne santé et on y retrouve beaucoup d'emplois.
Dieu merci, si on peut les assurer qu'on pourra faire un effort dans le sens de
l'exportation. J'aimerais vous entendre me rassurer quant à la
concurrence qu'on peut retrouver à partir du textile fabriqué
à l'étranger par rapport au nôtre.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Landry: D'accord, d'abord le député aura bien
compris qu'il ne s'agit pas de libre échange avec Taiwan ou avec le
Japon. Il s'agit de créer - si la négociation aboutit, on est
toujours dans l'hypothèse - un libre
échange avec les États-Unis d'Amérique, mais les
États-Unis d'Amérique et le Canada vont continuer à se
protéger contre les textiles venant du Moyen-Orient. Vous voyez ce que
je veux dire.
M. Lavigne: Bien oui.
M. Landry: Le produit "A", fabriqué à Valleyfield,
rendu sur le marché de Boston, peut être en concurrence avec un
produit japonais, mais le produit japonais sera frappé du tarif "X"
parce que le Japon n'a pas de libre échange avec les États-Unis
d'Amérique.
Donc, notre doctrine, le député me l'a entendu exprimer
souvent, c'est que je ne crois pas à la liberté absolue du
commerce avec des pays qui vont payer 1 $ l'heure leur main-d'oeuvre. Je suis
pour la liberté, mais pour la liberté dans des conditions de
"concurrentialité" comparables. Comme l'a si judicieusement fait
remarquer le député, nos efforts ont rehaussé
considérablement la qualité de l'équipement, la
productivité de notre industrie de textile. Vous avez signalé le
cas de Dominion Textile. Ces gens ont justement battu la marche dans l'achat
d'équipement à l'étranger, en Allemagne, en Italie et ils
en ont même fait construire ici. Et nous pensons que leur chance - ce
serait après étude soignée de l'hypothèse - est
d'avoir accès à un grand marché de 250 000 000 de
consommateurs, parce que la Dominion Textile va faire une série qui a
une chance de se vendre sur un marché d'environ 20 000 000, le Canada.
Forcément, la série va être plus courte que si elle
travaille, comme les Européens, sur un marché de 225 000 000
d'habitants ou de 225 000 000 aux États-Unis. Si la série est
plus courte, l'amortissement de la machine sera plus long. Si l'amortissement
de la machine est plus long, les coûts de production seront plus
élevés, sa "concurrentialité" sera frappée.
Ceci dit, les industriels du secteur, dont Domtex, se sont
exprimés en commission et ils sont d'accord pour que l'hypothèse
soit étudiée. Ils n'ont rien contre au départ. En fait,
ils sont dans ma position, la même que les industriels. Nous pensons que,
à long terme, cela pourrait être le salut de l'industrie, son
expansion, qu'elle est capable de concurrencer, sauf que ce n'est pas un petit
ouvrage de 55 pages du gouvernement du Canada qui va décider de cela. Je
réclame à grands cris qu'avant de faire quoi que ce soit, on ait
une étude exhaustive sur les possibilités de
"concurrentialité".
Actuellement, il y a un tarif US contre nos textiles. Les biens
fabriqués à Valleyfield ne peuvent pas arrivés à
Boston sans avoir leur prix plus la surcharge tarifaire. Si l'on tombe dans une
zone de libre échange sectorielle, ce sera le même prix dans les
deux espaces économiques sans qu'ils soient frappés de tarif.
Mais, tout cela est à étudier soigneusement.
Le tarif "U.S." est plus grand.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le ministre, vous me pardonnerez mon ignorance
mais je ne sais pas si, aux États-Unis, Domtex est déjà
installée. Je ne le sais pas. Si c'était le cas, est-ce qu'elle
favorisera son usine américaine pour le marché américain
plutôt que d'utiliser les usines québécoises pour un
marché américain? Si, par ailleurs, Domtex ou des compagnies
qu'on a ici au Québec dans le textile n'étaient pas
déjà implantées aux États-Unis, bien sûr que
votre démarche ne pourrait être que très pertinente.
M. Landry: Vous dites: Vous comprendrez mon ignorance. J'ajoute
mon ignorance à la vôtre. Je la sais la réponse parce que
mes fonctionnaires me l'ont soufflée derrière. Effectivement,
Domtex s'est installée aux États-Unis. Il y a certainement des
compagnies parentes. Je ne sais pas qui est la mère de qui. Je ne sais
pas si c'est la compagnie canadienne qui est la mère de l'autre. Quoi
qu'il en soit, en général, dans de grands espaces
économiques, on tend à spécialiser chacune des
manufactures. On tend aussi à desservir les marchés les plus
près. Or, cela dépend où seraient situées les
usines aux États-Unis. Si elles sont situées dans le Sud des
États-Unis, les coûts de transport seront immédiatement
plus élevés pour se rendre sur le marché de New-York que
de Valleyfield à New-York, parce qu'entre Valleyfield et New-York, il y
a environ cinq cents milles. Il y aussi beaucoup de zones plus près de
la frontière américaine. Il y a des populations qui peuvent
desservir, à partir de Valleyfield, mieux que n'importe quel point du
Sud des États-Unis ou de la Côte-Ouest. C'est pour ces raisons que
j'ai demandé, avant de faire des pas dans cette direction, d'analyser
soigneusement la situation de toute notre industrie.
La Présidente (Mme Harel): La parole est au
député de Nelligan.
Aide à la promotion des exportations
(suite)
M. Lincoln: M. le ministre, pour revenir au programme APEX F,
l'année dernière en discutant avec vous, on vous demandait si
l'on avait des mécanismes de suivi auprès des entreprises qui
reçoivent des subventions sous le programme APEX. Il me semble que vous
nous aviez dit que vous ne croyiez pas
utile d'avoir un système de suivi pour ces entreprises.
M. Landry: Qui est-ce qui peut parler le mieux des suivis?
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous dire comment on fait le
suivi de ces subventions? Est-ce qu'on suit les PME pour voir comment cela
progresse dans tel et tel secteur? Qu'est-ce qu'il arrive à ces firmes?
Est-ce que vous pouvez nous donner un aperçu comment cela se fait?
M. Landry: Sûrement, et on va essayer de vous donner plus
qu'un aperçu puisque je vais demander au fonctionnaire qui est
chargé de cette opération, M. Jacques Girard qui m'accompagne
ici, de vous expliquer lui-même comment il suit les dossiers de ces
entreprises.
La Présidente (Mme Harel): M. Girard.
M. Girard (Jacques): Une fois que l'APEX a été
complétée, l'entreprise doit nous soumettre un rapport
détaillé des résultats de l'activité. Quelles sont
les activités qui ont été réalisées dans le
cadre de la subvention, s'il s'agit de voyage de prospection, de participation
des missions, de la préparation d'un document publicitaires, etc.?
Comment cela s'est traduit en termes de ventes, des ventes qui ont
été faites sur place à l'occasion d'exposition? Il y a
aussi, dans d'autres cas, des soumissions qui ont été
présentées. Comme vous le savez, ces dossiers APEX ne s'adressent
pas uniquement à des entreprises manufacturières mais ils peuvent
aussi s'adresser à des cabinets-conseils. À ce moment-là,
c'est la préparation d'une soumission sur des projets clé en main
ou encore des projets de gérance ou des choses semblables.
Ensuite, il y a des projections qui sont faites et qui nous sont
présentées par les entreprises elles-mêmes. Habituellement,
ces projections sont faites pour une période de douze mois.
Généralement, nous faisons un suivi après six mois et un
autre après douze mois auprès de l'entreprise pour voir si les
dossiers qui nous avaient été mentionnés comme possibles
se sont réalisés.
M. Lincoln: Est-ce que...
La Présidente (Mme Harel): Pour l'identification de nos
travaux, je pense que M. Jacques Girard est le directeur général
de l'expansion des marchés au ministère du Commerce
extérieur. Est-ce que c'est bien cela?
M. Girard: C'est cela.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. Girard, est-ce que vous pourriez nous dire si,
parmi les entreprises qui ont reçu des subventions depuis que le
programme est en place au sein du ministère du Commerce
extérieur, vous avez des cas d'entreprises qui ont rencontré des
programmes d'exportation qui ont fait faillite? Quelles sont les
méthodes de récupération dont on se sert? Comment est-ce
qu'on essaie d'anticiper pour la prochaine fois pour que les mêmes
problèmes ne se représentent pas dans tel ou tel secteur?
M. Landry: Une des bonnes méthodes que je voudrais
signaler, Mme la Présidente, est de payer les factures lorsque la
dépense a été faite et non pas pour rencontrer des
objectifs budgétaires arbitraires comme ceux auxquels rêve le
député de Nelligan, mais on paie dans le cadre de l'exercice.
M. Lincoln: Ma question s'adressait à M. Girard. Je pense
qu'il a compris.
M. Girard: Évidemment, c'est payable sur facture. Si
l'entreprise fait faillite en cours de route on ne paie pas.
M. Lincoln: Je pense que vous avez mal saisi. Je n'ai pas
parlé du point de vue des 50 000 $ ou des 43 000 $ qu'on a donnés
pour le programme APEX. Purement pour situer les critères de
sélection aux entreprises au départ. Par exemple, est-ce que vous
avez des critères de base qui décident des secteurs cibles, du
type d'entreprises. Tout cela est relaté au suivi. Sûrement que le
suivi dépend un peu du rapport préliminaire de l'analyse que vous
avez faite avant de donner la subvention à l'entreprise, il y a
sûrement une relation entre cela. Quand le suivi se fait, est-ce qu'on
voit un peu le progrès de la subvention attribuée à cette
entreprise pour voir si elle a réussi dans ses programmes d'exportation?
Est-ce qu'elle a obtenu le bénéfice maximum? Est-ce qu'il y a eu
de ces entreprises qui ont failli en route après avoir reçu une
subvention? Je ne parle pas de la perte de la subvention elle-même. Les
subventions n'ont pas servi parce que les entreprises ont fait faillite.
M. Girard: Oui, effectivement.
La Présidente (Mme Harel): M. Girard, je vais devoir vous
demander de répondre très brièvement puisqu'il reste
à peine une minute avant que nos travaux se terminent. Vous pourrez
peut-être demain reprendre cette discussion.
M. Girard: Effectivement, dans les suivis il peut arriver qu'on
remarque qu'il se
passe des choses qui nous amènent à suggérer
à l'entreprise de modifier sa stratégie. Il est arrivé
quelques cas effectivement où il y a des entreprises qui ont fait
faillite.
La Présidente (Mme Harel): Je constate qu'il est 22
heures. Je suspends nos travaux jusqu'à 9 h 30 demain matin à la
salle 91.
M. Landry: Est-ce que c'est accepté 9 h 30 Mme la
Présidente?
M. Lincoln: Oui, avec plaisir.
La Présidente (Mme Harel): À l'unanimité des
membres présents.
M. Landry: Très bien. M. Lincoln: Merci.
(Fin de la séance à 22 heures)