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(Dix heures dix-huit minutes)
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail commence ses travaux.
Je vais d'abord demander au secrétaire de la commission... Comme c'est
notre première séance, je vais me permettre de vous le
présenter, c'est M. Jean Bédard et il va agir à titre de
secrétaire de notre commission de l'économie et du travail. Je
vais lui demander s'il y a des remplaçants de membres votants à
nous annoncer.
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement de membres
votants pour cette séance, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, cette séance de
la commission de l'économie et du travail a pour objet d'étudier
les crédits budgétaires du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, conformément au mandat qu'elle a reçu de
l'Assemblée nationale. Je voudrais d'ailleurs profiter de cette
première séance de notre commission de l'économie et du
travail pour nous souhaiter un travail fructueux et substantiel, non seulement
dans le cadre de l'étude de ces crédits, mais, évidemment,
dans le cadre, également, de tous les autres travaux que nous pourrons
accomplir.
Je veux immédiatement inviter M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, avant d'entreprendre l'étude du premier
programme, à nous formuler des remarques d'ordre
général.
M. Fortier: Excusez-moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
d'Outremont et vice-président, d'ailleurs, de la commission.
M. Fortier: Je crois que le député de Laporte
voulait faire une motion en ce qui concerne l'étude des crédits
du tourisme pour demain après-midi. Si on voulait disposer de cet
échéancier, on pourrait procéder comme vous l'avez
suggéré.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On peut dire qu'il y a eu une entente avec le parti
gouvernemental pour étudier aujourd'hui et demain matin les
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce et demain
après-midi, les crédits du volet tourisme du ministère. Si
les membres de la commission sont d'accord, on pourrait prévoir cela
ainsi pour permettre à ceux qui sont associés au tourisme, par
exemple, de ne pas être obligés de rester jusqu'à
demain.
M. Fortier: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Adopté. Je prends donc
en considération que nous allons examiner les éléments de
programmes concernant l'industrie et le commerce. Donc, à notre
séance du jeudi 5 avril, nous allons examiner les éléments
de programmes du tourisme.
M. Fortier: Demain après-midi.
La Présidente (Mme Harel): Donc, à la séance
de l'après-midi. Merci. Je donne donc la parole au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je vous rappelle que le temps de
parole des membres de cette commission, ainsi que du ministre, est de vingt
minutes au maximum.
Exposés préliminaires M. Rodrigue
Biron
M. Biron: Je vous remercie, Mme la Présidente.
J'espère que cette nouvelle expérience qu'on est appelés
à vivre... Et, j'entends dire que nous sommes le premier
ministère à commencer l'étude de ses crédits avec
cette nouvelle formule, cela veut dire l'importance que le gouvernement du
Québec donne au développement industriel, commercial et
touristique. Je suis heureux d'être ici ce matin avec vous autres pour
discuter ensemble, véritablement, de développement
économique et de relance économique au Québec. Mais,
très brièvement, je voudrais faire un tour d'horizon sur les
actions de l'an dernier et garder un peu plus de temps sur les actions de cette
année. Il semble que les députés autour de cette table
sont, bien sûr, intéressés à savoir ce qu'on a fait
en 1983-1984, mais surtout à connaître les actions que le
gouvernement du Québec entend poser en 1984-1985.
Tout d'abord, je suis heureux aussi de constater que nos crédits,
au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui
étaient de 270 000 000 $ l'an dernier, passent cette année
à 329 000 000 $. C'est une augmentation très substantielle de 60
000 000 $, c'est-à-dire au-delà de 20%, pour les crédits
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et surtout sur
le volet de transferts, transferts aux entreprises et transferts aux
sociétés d'État, c'est-à-dire des transferts
à des entreprises qui peuvent directement générer de
l'économie, alors qu'on constate que le personnel à la direction
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme demeure à peu près le
même que l'an dernier, sauf une centaine d'additions au mois de mars
1984, c'est-à-dire, qui sont considérées dans les chiffres
1983-1984 mais tout simplement pour une période d'un mois, alors que
pour 1984-1985 nous aurons ces gens pour toute l'année. Ce sont
particulièrement des professionnels en développement industriel
dans les bureaux régionaux du ministère.
Les actions que nous avons accomplies en 1983-1984 préparaient
véritablement les grandes manoeuvres de 1984-1985. Et ce fut surtout,
bien sûr, la poursuite des programmes que nous avions mis en marche ou
l'élaboration de nouveaux programmes, à la Société
de développement industriel du Québec et au ministère.
Là-dessus, je n'ai qu'à vous rappeler une pléiade de
programmes que nous avons mis en marche en 1982-1983 et au début de
1983-1984, en particulier des programmes de gestion marketing, de promotions
touristiques, des programmes accentués à UNI-PME, des programmes
d'aide à la capitalisation des corporations qui ont commencé au
cours de l'année, mais qui vont accélérer en 1984-1985,
programmes d'urgence d'aide à la PME. Je reviendrai sur cela tout
à l'heure. Ce fut le gros des actions du ministère en 1983-1984
d'essayer de continuer de sauver des entreprises et d'orienter ces entreprises
vers l'avenir. Il y eut des programmes d'aide à l'exportation,
programmes d'aide à l'investissement pour les entreprises à
technologie moderne et pour les entreprises dynamiques, programmes d'aide
à l'investissement pour les entreprises touristiques, programmes d'aide
aux associations coopératives - je reviendrai aussi brièvement
sur cela, la direction des coopératives a maintenant joint le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme programmes d'aide
aux industries du textile, bonneterie, vêtements, meubles et chaussures,
que nous avons continués. Il y eut aussi les programmes d'aide pour le
développement des industries électroniques et de tertiaire
moteur, le financement des entreprises, le regroupement d'entreprises, les
bourses d'affaires, les programmes de développement du design
québécois.
Or, ce sont beaucoup de programmes en plus, bien sûr, des
sociétés d'Etat et de l'aide aux commissariats industriels.
Mme la Présidente, je disais que beaucoup de nos actions en
1983-1984 ont été la continuation de 1982-1983 et, sur cela, je
m'arrête simplement pour faire un rapport que je juge important sur le
plan d'urgence que le gouvernement du Québec a mis en marche au
début de l'année financière 1982-1983 et qui s'est
terminé il y a quelques jours, c'est-à-dire le 31 mars 1984.
Jusqu'à maintenant - je suis heureux d'en faire rapport - nous
avions prévu aider 1000 entreprises québécoises, 1000 PME
québécoises de moins de 500 employés qui étaient
attaquées surtout par la hausse des taux d'intérêt. On se
souvient de l'époque où M. Trudeau, le premier ministre du
Canada, avait déclaré qu'il y avait trop d'entreprises au Canada
et qu'il fallait absolument en faire disparaître. Nous ne voulions pas
faire disparaître d'entreprises, on voulait sauver ces entreprises.
Alors, on a mis de l'avant un programme, en disant: II y a 1000
entreprises que le fédéral veut faire disparaître et il
faut absolument garder les entreprises manufacturières. On en a besoin
comme base, comme structure. C'est la base de la structure industrielle du
Québec. On en avait prévu 1000; il y en a 875 qui ont fait appel
à notre plan d'urgence. On avait prévu 200 000 000 $ de capitaux
de risques garantis par le gouvernement du Québec; au 31 mars, on est
rendu à 185 000 000 $. On avait prévu protéger 20 000
emplois; cela a été 36 000 emplois qu'on a protégés
au Québec.
On n'avait pas fait de prévisions pour le chiffre de vente de ces
entreprises mais, seulement pour l'information de la commission, les 875
entreprises aidées par le plan d'urgence ont
généré, en 1983, un chiffre d'affaires de 3 032 000 000 $.
Imaginez-vous le chiffre d'affaires que le Québec aurait perdu si ces
entreprises étaient disparues!
Dans cette guerre contre le gouvernement fédéral pour
protéger nos entreprises, la guerre contre les taux
d'intérêt, il y a beaucoup de ces entreprises qui devaient
disparaître. Le fédéral disait: II faut en faire
disparaître 100%. Nous disions: II faut en garder 100%. Alors, la lutte
s'est entreprise. Cela a été une lutte Québec contre
Ottawa et je suis heureux de vous faire connaître les résultats.
Il y a 7% des entreprises qui ont péri en cours de route: 7% pour le
Canada, 93% pour le Québec. Québec a réussi à
sauvegarder 93% des entreprises alors que le fédéral a
réussi à détruire 7% des PME québécoises qui
ont fait appel au plan d'urgence.
Mme la Présidente, c'est 93 contre 7 pour le Québec.
Une voix: Ne charrie pas.
La Présidente (Mme Harel): À l'ordre!
M. Biron: Ce plan d'urgence nous a quand même fait
réfléchir sur des actions futures, pour 1984-1985 et, en
particulier, sur le financement des entreprises.
Cela fait maintenant partie de notre stratégie de
développement, le financement, un meilleur financement des entreprises
québécoises, les entreprises manufacturières en
particulier. Vous le retrouvez d'ailleurs dans le cahier du budget de cette
année, alors qu'on a mis de l'avant un programme de financement des
entreprises. On a aussi mis de l'avant une commission sur la capitalisation des
PME, commission qui est présidée par M. Serge Saucier, avec une
pléiade des meilleurs cerveaux québécois comme M. Raymond
Blais, M. Pierre Lortie, M. Pierre Brunet, M. Paul-Henri Fillion et d'autres
qui se sont joints d'une façon tout à fait bénévole
à la commission. Ces gens servent la commission sans aucun salaire -ce
ne sont pas les 800 $ par jour de la commission MacDonald que reçoivent
ces gens; ce n'est rien, aucun salaire - tout simplement pour essayer de
suggérer des méthodes aux entreprises, aux investisseurs et au
gouvernement pour aider davantage à solutionner ce problème de
sous-capitalisation des PME québécoises.
Mme la Présidente, bien sûr, on a mené beaucoup
d'autres dossiers l'an dernier. On a mis en marche en particulier un plan de
relance que le premier ministre a annoncé au mois de novembre dernier.
C'est surtout ce plan de relance que vous retrouvez dans notre cahier des
budgets cette année.
D'abord, programme d'aide au financement des entreprises. Le premier
ministre a annoncé 2 000 000 000 $ de financement que nous pourrions
avoir, de garanties de prêts et d'investissements, au cours des deux
prochaines années, un peu plus de deux années: 27 mois. Le
programme s'est mis en marche après une longue négociation avec
les institutions financières, ce qui était à peu
près normal.
Je suis heureux aujourd'hui de vous faire part qu'il y a maintenant 26
ou 27 demandes entrées à la Société de
développement industriel du Québec; il y en a déjà
plusieurs qui ont été acceptées. On doit dire qu'il y a
déjà environ 15 000 000 $ de nouveaux investissements qui ont
été générés par ce plan au cours des
dernières semaines et le plan est maintenant en pleine vitesse. On
devrait, à chaque semaine maintenant, se mettre à comptabiliser
plusieurs nouvelles demandes à ce plan d'aide au financement des
entreprises manufacturières, des entre- prises touristiques et des
entreprises de tertiaire moteur.
Aussi, par le plan de relance, le premier ministre avait annoncé
la bourse d'affaires aux jeunes entrepreneurs. C'est là aussi un
programme avec une vision d'avenir. C'est un programme qui nous permettra de
développer davantage l'entrepreneurship chez les Québécois
et les Québécoises. Ce n'est pas un programme à
très court terme qui, demain matin, va solutionner beaucoup le
problème de chômage des jeunes mais, au moins, ce programme
débloque l'avenir. À mon point de vue, c'est un des programmes
les plus importants qui aient jamais été mis en marche par un
gouvernement, que ce soit le gouvernement du Québec ou le gouvernement
d'Ottawa, dans le sens que c'est un programme qui est stimulateur, qui est
créateur d'entrepreneurs. C'est avec des entrepreneurs qu'on
réussit à faire des entreprises. À ce jour, pour ce
programme, nous avons reçu des milliers de demandes d'information.
Depuis le début de mars, nous recevons des demandes remplies. Nos
équipes commencent à être en place dans les régions
pour analyser les demandes. On a un budget de prévu de 3 000 000 $ pour
1984-1985. (10 h 30)
Je vous rappelle que le budget est très bas parce que ce ne sont
que des garanties de prêts et des prises en charge
d'intérêts. Cela veut dire qu'au fur et à mesure que le
programme va évoluer cela va prendre plus d'argent. La première
année est sur les garanties, il n'y aura pas de faillite sur cette
première année ou à peu près pas. Donc, il y aura
très peu de déboursés du gouvernement. On espère
fournir au cours des trois prochaines années 5000 bourses d'affaires
pour 125 000 000 $ de capitaux de risque investis dans des entreprises, des PME
québécoises. À ce jour, nous avons 75 demandes
d'entrées au MICT et quelques demandes ont été
acceptées la semaine dernière. Les demandes sont entrées
seulement depuis deux semaines. C'est un autre des programmes qui a
été annoncé dans le plan de relance par M. Lévesque
au mois de novembre et qui est maintenant en pleine vitesse de
réalisation, en pleine croisière.
Aussi, à travers le plan de relance, il y avait la capitalisation
des corporations. Vous verrez que nous portons les crédits de la SDI de
4 000 000 $ l'an dernier à 8 000 000 $ cette année puisque c'est
la première fois dans l'histoire du Québec qu'il y a autant
d'entreprises qui font appel à la capitalisation sur le marché
public. Dans ce sens-là, Mme la Présidente, je pense que c'est
sain que l'économie québécoise puisse de plus en plus
compter sur des entreprises qui font appel au marché public,
c'est-à-dire, au marché boursier. Je dois dire aussi
là-dessus que le plan de capitalisation des
corporations qui est réalisé cette année a
été en grande partie réalisé avec la collaboration
et la coopération de la Bourse de Montréal et des principaux
courtiers en valeurs mobilières.
Nous avons aussi, à travers le plan de relance annoncé par
M. Lévesque, le Centre de promotion du design. Nous voulons, bien
sûr, développer des produits québécois et, pour
cela, il faut des concepteurs. Déjà, un montant d'argent de 400
000 $ est prévu au budget pour faire la première étude,
les premiers pas dans le Centre de promotion du design. Un comité de
gens du milieu a été créé au début du mois
de janvier. Il devrait faire rapport incessamment sur la réalisation
possible à Montréal d'un centre de design où les designers
du Québec, peu importe de quel domaine d'activité
économique ils sont, pourraient venir se ressourcer et aussi
bénéficier de transferts - c'est-à-dire, de petites
subventions - d'argent, pour les encourager à développer le
design québécois.
Il y avait aussi d'annoncée, dans le plan de relance, l'expansion
du CRIQ à Montréal. Le début des travaux est prévu
pour septembre 1984. Déjà, nous avons acheté un terrain de
la ville de Montréal au coin du boulevard Métropolitain et de
Christophe-Colomb, tout près du cégep Ahuntsic. Le début
des travaux est prévu pour septembre 1984 pour un investissement
à Montréal de bâtisse, équipement et machinerie,
pour 22 000 000 $.
La réalisation des zones industrielles désuètes
avait aussi été prévue, c'est déjà en
marche. Vous verrez cette année des crédits de 500 000 $ pour la
première année. Les crédits prévus sont de 10 000
000 $ de transfert à la ville de Montréal pour la revitalisation
des zones industrielles désuètes pour les trois prochaines
années. La vitesse de croisière sera atteinte après la
première année d'opération mais, quand même, cette
année nous avons voulu conserver des crédits de 500 000 $ pour
les premières opérations dans notre réalisation de la
revitalisation des zones industrielles désuètes.
En plus, le premier ministre avait aussi annoncé un programme
ambitieux et important, c'est la promotion des investissements auprès
des industries à forte consommation d'électricité. Nous
avons un groupe de travail au ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme qui relève du bureau des grands projets et de la direction
de l'industrie, qui fait la promotion pour l'investissement au Québec
d'industries à forte consommation d'électricité. Je veux
parler des alumineries, de l'électrochimie,
l'électrométallurgie, la chimie minérale, des gens qui
vont dépenser beaucoup d'électricité pour produire des
produits finis québécois. Dans ce sens-là, nous croyons
que la richesse du Québec n'est pas d'exporter son
électricité - bien sûr qu'il faut en exporter une
quantité, mais pas en exporter une grande quantité - mais de
transformer au Québec, sur la terre québécoise,
l'électricité produite au Québec et exporter les
matériaux, tel que nous l'avons fait pour Reynolds à Baie-Comeau
ou pour l'aluminerie de Bécancour, c'est-à-dire se servir d'une
grande quantité d'énergie pour développer
l'économie québécoise.
Incidemment, il y a un mois et demi à peu près,
j'étais avec le premier ministre, aussi, à Magog où une
entreprise doublait ses investissements: 34 000 000 $ de nouveaux
investissements dans l'électrochimie, à cause de tarifs
d'électricité d'Hydro-Québec. Ce qui est
intéressant, le directeur général de cette entreprise qui
est un jeune homme d'à peu près 35 ans, issu de la Beauce - un
jeune Beauceron comme il le dit lui-même -disait en faisant visiter
l'usine: "Nous sommes les meilleurs au monde." Cette phrase de confiance, les
Québécois et les Québécoises devraient l'avoir de
plus en plus parce que nous devenons de plus en plus compétents et il
n'y a pas de raison pour que nous ne soyons pas, dans beaucoup de domaines
d'activité économique, les meilleurs au monde.
Nous avons aussi annoncé dans le plan de relance les actions,
bien sûr, de Bell Helicopter, du tourisme ou de la promotion des
commissariats industriels, mais je veux m'arrêter, Mme la
Présidente, sur une petite direction tout à fait nouvelle que
nous avons au ministère, qui est annoncée dans le plan de
relance, c'est la direction de l'entrepre-neurship au féminin. C'est une
petite direction composée d'un cadre supérieur, de quelques
professionnels, de quelques personnes de soutien, qui est au service des
entrepreneurs féminins, c'est-à-dire des femmes qui sont à
la tête d'entreprises et qui ont besoin d'un coup de pouce additionnel,
qui ont besoin d'informations additionnelles. On sait comment le monde
économique est quand même un monde d'hommes, un monde assez
conservateur de ce point de vue, comment c'est difficile pour une femme de
percer dans le monde économique.
Or, au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme on a
cru, à la suite de la lecture de statistiques sur la formation et les
études de jeunes femmes, de jeunes filles qui étudient les
sciences économiques aux différentes universités du
Québec... En fait, en chiffres absolus, nous avons plus de filles
étudiantes en sciences économiques au Québec qu'il y en a
en Ontario. Pourtant, la population de l'Ontario est beaucoup plus
élevée que la nôtre. Cela veut dire qu'il faut ouvrir la
direction d'entreprise aux entrepreneurs féminins. Dans ce sens, il y a
une petite direction maintenant qui fonctionne depuis deux ou trois semaines,
qui est présidée par une
femme et qui est au service des femmes entrepreneurs pour leur
répondre, leur donner l'information, les mettre en contact les unes avec
les autres et faire en sorte de faciliter l'entrepreneurship au féminin.
Je pense que c'est une direction d'avenir, Mme la Présidente.
Bien sûr, dans le domaine touristique, il y a des actions
importantes qui seront menées au cours des années 1984-1985 et je
veux - parce qu'on me fait signe que le temps s'écoule rapidement - Mme
la Présidente, vous dire un mot sur les coopératives puisque la
Direction des coopératives est maintenant au ministère depuis
quelques mois; nous sommes à réfléchir sur le genre de
sociétés que nous voulons au Québec. J'ai parlé
depuis plusieurs années de la participation des travailleurs aux
décisions de l'entreprise, à la profitabilité de
l'entreprise. La forme de coopérative de travailleurs, cela me
plaît énormément parce que c'est une forme qui va permettre
aux hommes et aux femmes qui travaillent dans les entreprises de réussir
des choses et de se valoriser pleinement. Dans ce sens, les actions de la
Direction des coopératives du ministère seront d'encourager par
tous les moyens possibles la formation de coopératives de travailleurs
et de travailleuses, autant dans le domaine de la production
manufacturière que de coopératives de travailleurs et de
travailleuses dans le domaine des services parce que nous croyons que c'est une
façon de faire participer davantage les gens du Québec au
développement économique du Québec.
Mme la Présidente, avant de terminer et de laisser la parole au
député de Laporte, je voudrais tout simplement vous dire que les
actions du gouvernement au cours des dernières années ont
porté fruit. Nous le constatons de plus en plus: alors que
l'année passée il y a eu une augmentation des investissements
manufacturiers beaucoup plus grande au Québec qu'en Ontario, le Bureau
de la statistique du Canada nous prévoyait il y a quelques semaines que
l'immobilisation dans la fabrication, donc, dans le domaine manufacturier,
augmenterait en 1984 au Québec de 38,3% alors qu'en Ontario il y aurait
une diminution de 2,3% des investissements manufacturiers. C'est dire que c'est
au Québec que les entreprises manufacturières investissent.
Bien sûr, des gens vont dire: Oui, mais on investit dans les
alumineries, les grands consommateurs d'électricité. Oui, c'est
exact, mais on investit aussi dans beaucoup d'autres domaines. Dans les
aliments ou boissons, il y a une augmentation d'au-delà de 20% de
prévue par Statistique Canada; dans le caoutchouc, une augmentation de
tout près de 50%; dans le cuir, une augmentation de 16%; dans les
textiles, une augmentation de 55%; dans la bonneterie, on nous prévoit
une augmentation de 27%; dans les vêtements, une augmentation des
investissements manufacturiers de 51%; dans le domaine du bois, augmentation
d'investissements manufacturiers de 50%; dans le domaine du meuble,
augmentation de 15%; dans les papiers et produits connexes, augmentation de
22%; dans l'imprimerie et les industries connexes, augmentation de 110%; dans
l'industrie métallurgique primaire, 191% d'augmentation - bien
sûr, ce sont les alumineries - dans l'industrie du matériel de
transport, dans les dérivés du pétrole, dans les
industries chimiques et produits connexes, 38%; dans l'industrie
manufacturière diverse, 16%.
Mme la Présidente, ce que l'on prévoit, ce sont des
investissements massifs dans le domaine de la fabrication au Québec.
Cela veut dire que le message que le gouvernement du Québec a fait aux
citoyens québécois a été compris puisque la
consommation a commencé plus rapidement au Québec qu'ailleurs,
mais le message de confiance que le gouvernement du Québec voulait faire
aux chefs d'entreprises et aux investisseurs manufacturiers a aussi
été compris. C'est un message que ces gens-là ont compris
puisqu'ils se décident maintenant à investir au Québec
parce qu'ils se disent: C'est au Québec que c'est une terre d'avenir;
c'est au Québec que c'est rentable; c'est au Québec qu'il faut
investir. Je voudrais que ce message soit aussi compris par les gens de
l'Opposition et j'invite le député de Laporte à nous aider
à convaincre les autres chefs d'entreprises, qui ne sont pas tout
à fait convaincus, que c'est au Québec qu'il faut investir parce
que c'est au Québec qu'on a le meilleur gouvernement.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie, M. le
ministre. Cela me donne l'occasion de rappeler aux membres de cette commission
que chaque membre - et cela vaut autant pour la vice-présidence de la
commission que pour la présidence - ainsi que le ministre
concerné par l'étude des crédits disposent d'un temps de
parole de vingt minutes, malgré qu'il puisse y avoir consentement
unanime, si tant est qu'un membre voulait demander à la commission de
poursuivre. Mais, il va de soi que ce consentement peut jouer à la fois
des deux côtés de cette commission, j'incite donc à
utiliser le temps de parole de vingt minutes dont dispose chaque membre de la
commission.
Je vous remercie, M. le ministre. La parole est maintenant au
député de Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Je vous remercie, Mme la Présidente. Nous
avons écouté les
commentaires du ministre avec beaucoup d'intérêt et je peux
l'assurer que nous souscrivons entièrement à son invitation de
collaborer et à faire en sorte que tous les Québécois
puissent et se fassent un devoir d'investir au Québec. Cependant, je
dois avouer que je ne peux pas souscrire à la dernière partie de
la phrase du ministre, quand il a conclu que nous avons au Québec le
meilleur gouvernement. Cela, je pense que c'est un peu de trop et cela ne
semble pas rencontrer actuellement, en tout cas, l'adhésion de la
majorité des gens qui sont intéressés par le sondage.
Je n'ai pas l'intention de prendre une très longue période
de temps dans les commentaires. Je sais qu'avant de commencer les travaux, lors
de discussions informelles, on a parlé d'une certaine souplesse dont on
pourrait faire preuve de part et d'autre. J'ai l'intention de donner l'exemple
en faisant preuve de souplesse et en ne prenant pas tout le temps qui m'est
alloué de façon à pouvoir conserver du temps pour discuter
de certains dossiers. Le ministre a su résumer avec beaucoup
d'humilité et sans aucune démagogie ce qu'a accordé son
ministère au cours de l'année qui vient de s'écouler et,
évidemment, ce qu'il projette pour l'année qui vient.
En tant que porte-parole de l'Opposition en matière de
l'industrie et du commerce, c'est ma responsabilité de bien suivre les
activités de ce ministère au nom du parti de l'Opposition et de
tous les électeurs québécois. Nouvellement nommé au
poste de porte-parole d'un ministère aussi important pour le
développement de l'économie du Québec, vous comprendrez,
Mme la Présidente et messieurs de la commission, que je suis heureux de
pouvoir bénéficier de l'ouverture et de la collaboration d'esprit
que le ministre nous a manifestées dans ses propos et également
dans les propos informels avant le début de la commission et tenter
ainsi de faire en sorte que l'ensemble des députés puissent
être mieux informés sur les intentions du ministère ainsi
que sur les détails dont on pourrait avoir besoin dans les divers
dossiers qui sont, je dois l'avouer, très complexes et très
variés. (10 h 45)
Dans les heures qui viennent et qui s'échelonneront aujourd'hui
et demain, nous allons tenter de faire l'étude des crédits et des
différents programmes du ministère et, également, de
couvrir les dossiers les plus importants et les plus aptes à
connaître une certaine évolution au cours de l'année qui
vient. Comme le ministre, nous avons constaté avec plaisir l'importante
augmentation de quelque 59 000 000 $ des crédits de l'année qui
vient par rapport à l'année précédente. Nous
comptons bien laisser la chance au ministre, s'il veut bien également se
limiter dans ses interventions pour nous laisser un peu de temps pour poser des
questions de nous expliquer comment il entend dépenser ces sommes
d'argent.
Nous aimerions également, si la commission n'a pas d'objection,
passer à l'étude des principaux programmes tels que
décrits dans les cahiers du ministère. Nous aimerions
également, par la suite, discuter de certains dossiers plus
précis qui méritent un dialogue franc et positif. Parmi ceux-ci,
nous aimerions discuter du dossier qui fait couler le plus d'encre actuellement
au sein de votre ministère, soit le dossier de la privatisation ou
plutôt de la "coopérativation" de certaines succursales de la
Société des alcools du Québec. Il s'agit d'un projet
controversé et il est grand temps que le ministre réponde
explicitement à certaines questions très précises
plutôt que de reprendre inlassablement la même cassette relative
à un présumé projet de société. Nous nous
intéressons également à toute la question des effectifs du
ministère de l'Industrie et du Commerce en région.
Le ministre a annoncé au cours des derniers mois que les
effectifs en région de son ministère allaient sensiblement
augmenter cette année passant de 68 conseillers en développement
industriel, qui oeuvrent actuellement, à plus de 160. La rumeur veut que
le ministre ait profité du programme de ressources pour permettre
à du sang neuf de contribuer à l'épanouissement des
entreprises du Québec.
Mme la Présidente, je formule le voeu que le vent de
réforme qui souffle sur l'Assemblée nationale depuis quelque
temps n'empêche pas l'Opposition de poser des questions sur certains
dossiers qui relèvent du ministre et dont il a la responsabilité,
qui pourraient ne pas faire l'objet d'une page spécifique dans les
crédits du ministère mais qui préoccupent au plus haut
point, je pense, le ministre et tous les députés. D'ailleurs, le
ministre tout à l'heure a touché à certains de ces
dossiers dans son allocution d'ouverture.
Nous aimerions également parler du pénible dossier de
SIDBEC, dossier que ne semble pas vouloir résoudre le gouvernement et
qui coûte quelque 250 000 $ par jour aux contribuables
québécois. Il est important que les gens de Gagnon et de toute la
Côte-Nord soient tenus au courant des développements dans ce
dossier si important pour leur avenir. Le ministre a sans doute des
informations à nous communiquer sur ce dossier.
Un autre dossier qui retient notre attention par les temps qui courent
est la situation des chantiers maritimes Davie à Lauzon. Nous aimerions
savoir quelles sont les intentions du gouvernement en ce qui a trait à
l'achat possible de ces chantiers par la Société
générale de financement. Quels autres scénarios de
solutions le gouvernement envisage-t-il dans le cas de l'avenir incertain
des travailleurs de ces chantiers? Comment une action du gouvernement
dans ce dossier affecterait-elle la situation déjà fragile des
travailleurs des chantiers maritimes de Marine Industries à Sorel?
Nous aimerions parler également de l'Institut national de
productivité. Nous constatons pour une deuxième année
consécutive une baisse des crédits alloués à cet
organisme. Les fonds alloués à l'Institut national de
productivité ont été sérieusement réduits
depuis deux ans. Le gouvernement s'aperçoit-il qu'un changement
d'orientation s'avère nécessaire pour cet institut vieux de
quelques années à peine?
Mme la Présidente, enfin, si le temps nous le permet, nous
aimerions aborder d'autres dossiers qui seront de nature à
intéresser tous les Québécois. Je ne peux passer sous
silence et je ne peux que déplorer le fait que la documentation qui
permet aux députés de s'y reconnaître un peu à
travers le déluge de chiffres qui nous parviennent, ne nous est parvenue
qu'hier. Je pense qu'il est tout à fait déraisonnable de faire
parvenir à des députés la documentation pertinente
à peine 24 heures avant le début des travaux de la commission. Je
ne prétends pas que la documentation n'est pas adéquate, qu'elle
n'est pas bien présentée, mais je trouve qu'il est insensé
de demander à des députés de venir faire un travail
sérieux à une table comme celle-ci alors qu'ils n'ont reçu
la documentation qu'une journée ou deux à l'avance. Les
députés ne sont pas à Québec tous les jours de la
semaine et la documentation a été livrée au bureau de
l'Opposition hier matin. Dans ces conditions, ma première
réaction aurait été de refuser simplement de me
présenter à la table ici, comme l'a exprimé le
député de Westmount à l'Assemblée nationale. Nous
n'avons pas voulu perturber les travaux de la commission et avons
accepté de venir quand même. Mais il est évident que nous
ne pouvons pas faire un travail en profondeur, ayant été
avisés, ayant reçu la documentation uniquement une journée
ou deux avant le début des travaux.
Mme la Présidente, mes collègues de l'Opposition qui sont
membres de la commission auront très certainement eux aussi des
questions à poser au ministre sur des sujets qui les intéressent
particulièrement.
En terminant, je rappelle qu'il a été convenu que le
député de Viger était le porte-parole de l'Opposition en
matière de tourisme et les membres de la commission, je crois aussi,
disposeront des deux ou trois dernières heures de cette commission pour
étudier plus particulièrement les crédits alloués
à la promotion et au développement de l'industrie
touristique.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député de Laporte. Il y a une demande d'intervention du
ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, une seule chose. Je voudrais
offrir mes excuses au député de Laporte pour les documents. On
nous a informés qu'il fallait expédier les documents le 30 mars
et nous croyions que Industrie, Commerce et Tourisme passerait comme
d'habitude, c'est-à-dire, à la fin de l'étude des
crédits. Alors, je m'excuse auprès du député de
Laporte. J'aurais aimé, moi aussi, les lui faire parvenir avant, mais
à la suite des informations que j'ai, on nous a demandé de faire
parvenir les documents le 30 mars. C'est ce que nous avons fait, mais je
constate que la période de temps allouée à l'Opposition
pour étudier des volumes de cette importance est très courte et
je le prends en note, au moins pour les prochaines discussions, pour qu'on
puisse, en cours des années prochaines, faire parvenir les cahiers
nécessaires au moins une semaine à l'avance aux membres de la
commission. Je m'excuse devant les membres de la commission.
La Présidente (Mme Harel): Nous prenons bonne note de vos
intentions pour l'année prochaine. Je pense que les membres de cette
commission vont certainement souhaiter, à l'avenir, pouvoir examiner
plus attentivement les crédits en ayant à l'avance les documents
à cet effet.
Avant qu'on entreprenne l'étude du programme 1,
élément 1, est-ce qu'un autre membre de la commission voudrait
intervenir?
J'imagine que la règle de l'alternance joue. Je ne pense pas
qu'il y ait de demandes. Alors, je vais passer la parole au
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, mes propos seront
très brefs. Je crois que le ministre nous a communiqué des
informations très pertinentes. Comme il l'a dit lui-même, il est
malheureux que nous ayons eu l'information si tard. Je crois que tous les
membres de la commission veulent réussir cette réforme
parlementaire et, pour ma part, en tant que vice-président, je voudrais
dire ceci: Dorénavant, peut-être plus que par le passé,
quant à moi et tous les membres de la commission, nous voudrons
étudier dans un but d'analyse, de connaître davantage, d'une
façon plus approfondie, les politiques du ministère et je crois
que, dans une certaine mesure, les propos quelque peu partisans du ministre
étaient un peu déplacés. Pour autant que faire se peut,
quoiqu'il ne soit pas toujours facile de se départir de toute
partisanerie politique, j'oserais espérer que nos travaux se
déroulent
de façon plus sérieuse pour nous permettre de
réussir le développement économique que nous
désirons tous au Québec. Bien sûr, nos différences
idéalistiques, à certains moments, peuvent nous faire camper dans
des camps différents mais, lorsque le ministre favorise le secteur
privé, lorsque le ministre aide à la formation des jeunes
entrepreneurs, je crois que ce genre d'entreprises reçoit sûrement
l'approbation de l'Opposition parce que cela fait partie de notre credo
politique. Néanmoins, nous avons des questions à poser,
peut-être pas tellement sur ce qui est dans le cahier des crédits
mais plutôt sur ce qui n'y est pas. Comme le disait mon collègue
de Laporte, il y a de sérieux problèmes, surtout en
région, auxquels nous n'avons pas les réponses dans le livre des
crédits. Pour ma part - et je crois que c'était le voeu
exprimé par le député de Laporte - nous aurons des
questions sur ces problèmes qui affectent plusieurs régions du
Québec sur le plan de la forme de création d'emplois, sur le plan
du développement économique. J'oserais espérer que nous
puissions poursuivre nos travaux dans une atmosphère qui permette une
compréhension et des efforts du ministère et pour assurer le
développement économique du Québec pour autant que nos
propos pourraient aider le ministre, le ministère et le public à
connaître les politiques qui pourraient atteindre ces objectifs.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Vimont.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: Mme la Présidente, lorsque le ministre
apporte des faits, je ne pense pas qu'on puisse le taxer de parti-sanerie. En
fait, on constate qu'il y a eu un effort considérable donné par
le gouvernement du Québec sur la relance économique dans ce livre
des crédits. Cela se traduit effectivement dans ce livre des
crédits par des augmentations très substantielles à
certains postes budgétaires.
Vous vous rappellerez que l'an passé, à l'occasion de
l'annonce du plan de relance, on avait tout de suite posé la question:
Oui, mais combien cela va-t-il coûter? Et, lorsque, au budget
supplémentaire, le ministre des Finances nous avait indiqué que,
jusqu'au 31 mars de cette année, il y aurait 35 000 000 $ ou 37 000 000
$ alloués à cette vocation, il y a des gens qui ont fait les
gorges chaudes en disant: Ah! Ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas avec 35
000 000 $ qu'on revire l'économie d'une province, etc. Il faudrait bien
comprendre que c'était, à toutes fins utiles, pour une
très courte période et, également, pour des travaux un peu
préliminaires.
J'ai fait cette analogie pour faire comprendre à des gens de quoi
il en retournait: c'est de la même façon que, lorsque
Hydro-Québec veut entreprendre des travaux de 5 000 000 000 $ sur un
projet d'aménagement de rivières. souvent la première
année on va peut-être avoir des investissements de 50 000 000 $,
75 000 000 $ ou 100 000 000 $, qui permettent de réaliser la route
d'accès au chantier. Cette route est indispensable et on ne parviendra
jamais au chantier et on ne dépensera jamais 4 000 000 000 $ ou 5 000
000 000 $ si on n'a pas fait la route au départ.
C'est pourtant un budget qui, sur l'ensemble des 5 000 000 000 $, semble
un peu ridicule, mais il est indispensable pour la suite des travaux. Il faut
d'abord réaliser cet ouvrage préliminaire si on veut, par la
suite, être en mesure d'aménager la rivière.
De la même façon, dans le domaine du développement
économique, il y avait les travaux préliminaires à
exécuter, il y avait des programmes à court terme.
Corvée-habitation en était un, mais il y a des programmes
à plus long terme. Ces programmes à moyen et long terme avaient
parfois des travaux préliminaires à exécuter et cela
explique un peu la somme relativement modeste de l'an passé. Mais, pour
cette année, on constate qu'on va mettre entre 350 000 000 $ et 400 000
000 $ dans ce plan de relance. Je constate qu'au niveau de l'encouragement de
l'implantation industrielle au Québec, que ce soit l'entreprise
privée ou le système coopératif, il y a des sommes
très importantes qui vont être allouées.
Tout cela est extrêmement important parce que je pense qu'avant de
commencer à discuter de distribution de richesses dans une
société il y a un principe élémentaire qui veut
qu'il faille commencer par la produire, cette richesse. La vocation du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est
précisément de voir à produire cette richesse si on veut
être en mesure ensuite de la partager, de la faire partager par
l'ensemble des citoyens du Québec.
J'aimerais, à ce stade-ci, sans entrer dans le détail des
crédits budgétaires parce qu'effectivement nous aussi l'avons eu
hier matin et je n'ai pas eu le temps de fouiller chacun des postes en
détail... Dès les premières pages, je constate des
accroissements de crédits extrêmement importants. Je regarde le
programme 2, Société de développement industriel du
Québec, où on a un accroissement de 10,5%. Pour notre
bénéfice, j'aimerais que le ministre résume un peu le
mandat et la vocation de cette SDI. Ensuite, au programme 3,
Développement de l'industrie manufacturière, on constate une
augmentation de 15%.
Si on va aux éléments de programmes, au niveau des
politiques et stratégies
industrielles, on constate une augmentation d'au-delà de 50%. Au
niveau de l'infrastructure d'accueil à l'industrie, on constate une
augmentation de 84% des crédits. À l'élément 4, aux
Services aux entreprises manufacturières et aux commerces, on constate
une augmentation de 26%. Ce sont donc des accroissements de budget
extrêmement considérables. Je vais demander au ministre,
brièvement si possible, de nous résumer en quelque sorte quelles
sont les vocations nouvelles ou, encore, quelles sont les vocations qu'on avait
déjà mais qui subissent une impulsion considérable
à travers ces crédits budgétaires.
Je prends le programme 2, par exemple, et en particulier le programme 3
qui traite du développement de l'industrie manufacturière et des
établissements commerciaux. Cela sera un survol général et
relativement bref parce que, par la suite, je pense bien qu'on va aborder comme
telle l'étude de l'ensemble des crédits et on pourra entrer dans
le détail programme par programme et élément par
élément.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Vimont, je comprends que vous nous invitez à examiner et à faire
l'étude des éléments de programmes. Puisque le temps de
parole du ministre est épuisé et à moins qu'il y ait
d'autres interventions, nous en sommes toujours aux remarques
générales, aux remarques préliminaires; je vais donc
appeler l'étude des éléments de programmes.
M. Rodrigue: Juste une question. (11 heures)
La Présidente (Mme Harel): À moins qu'il y ait
consentement unanime de cette commission...
Ordre des travaux
M. Rodrigue: Juste une information, Mme la Présidente.
Est-ce que le ministre n'a pas un droit de réplique de cinq minutes
après chaque intervention?
La Présidente (Mme Harel): La disposition...
M. Rodrigue: On a maintenant un nouveau règlement, il faut
s'y habituer.
La Présidente (Mme Harel): La disposition est la suivante:
le temps de parole alloué à chaque membre de cette commission
ainsi qu'au ministre est de vingt minutes pour les remarques
préliminaires ou pour l'étude de chaque élément de
programme. En fait, ce temps de parole peut être utilisé en une ou
plusieurs interventions mais le temps de parole alloué est de vingt
minutes au total, à moins qu'il y ait consentement unanime.
M. Rodrigue: On pourra y revenir lorsqu'on sera rendu...
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quand on parle du temps de parole d'un
député ou du ministre, est-ce que c'est un temps de parole qui
est régénéré à chaque programme, à
chaque élément du programme? Autrement dit, si je prends la
parole alors qu'on discute du programme 1, Gestion interne et soutien, est-ce
qu'un député a le droit de parler pendant vingt minutes sur ce
sujet et 20 minutes sur le deuxième élément de ce
programme-là ou bien s'il s'agit de 20 minutes par programme?
La Présidente (Mme Harel): Je pense qu'il est utile qu'on
puisse immédiatement clarifier cette question du temps de parole. J'en
profite pour vous référer à l'article 210 de notre
règlement qui indique qu'en commission, il n'y aucun droit de
réplique. En commission, il y a des temps de parole; le temps de parole
- pour revenir à votre question, M. le député de Laporte -
est pour chaque élément de programme. Chaque
élément de programme peut, théoriquement -je reviendrai
là-dessus tantôt - donner lieu, pour chaque membre de cette
commission, à un temps de parole de vingt minutes. Il va de soi que
c'est dans le cadre du temps alloué pour l'étude des
crédits du ministère par les leaders. Donc, si on épuisait
tout le temps alloué pour un seul élément de programme, on
devra conclure, à la fin, sur l'ensemble des crédits du
ministère. Je dis donc théoriquement, parce qu'en pratique
j'imagine que chaque membre de cette commission a intérêt à
mieux répartir le temps de parole pour examiner l'ensemble des
crédits du ministère. Est-ce que cela répond à
votre question, M. le député de Laporte?
M. Bourbeau: Oui.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: J'avais cru comprendre qu'on avait une entente entre
les deux partis pour pouvoir varier les différents programmes du
ministère. Si je comprends votre intervention, cela veut dire que nous
devrons les étudier programme par programme. C'est un peu contraire
à l'entente qu'on avait eue ce matin. Je crois que c'est plus flexible
pour les députés autour de la table de questionner d'un
élément à l'autre sans se borner à dire que
celui-là est terminé et qu'on n'en reparlera plus. À moins
que les députés ne
décident le contraire.
La Présidente (Mme Harel): Sur cette question, je vais
laisser la parole au député d'Outremont et je reviendrai par la
suite.
M. Fortier: Mme la Présidente, il y a un autre
règlement qui nous dit que la commission peut organiser ses travaux
comme elle l'entend. Pour ma part, étant donné que j'ai pris la
peine de lire, hier soir, l'information donnée, on pourrait suivre le
livre pour autant qu'on procède élément par
élément, quitte à ce qu'on s'entende pour dire qu'on peut
aller plus à fond sur un élément particulier. Cela nous
permet de suivre le cahier et de pouvoir être un peu plus pertinent; s'il
fallait sauter de la page 1 à la page 56 pour revenir à la page
33 et ensuite à la page 15, plusieurs d'entre nous seraient perdus.
J'aimerais proposer qu'on procède de la façon logique dont vous
avez fait état dans votre information, quitte à faire des
exceptions au besoin, pour nous permettre de suivre le déroulement d'une
façon plus logique.
La Présidente (Mme Harel): Sur le même sujet, M. le
député de Laporte et M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour tenter de concilier les deux écoles de
pensée, je souscris à la philosophie du ministre de ne pas
être coulé dans le béton une fois qu'on a discuté
d'un élément et d'avoir le droit d'y revenir. Je pense qu'on
pourrait, pour la bonne marche des travaux, étudier programme par
programme, élément par élément, mais en ne les
adoptant pas formellement au fur et à mesure. Si jamais un
député, à l'occasion d'une discussion, voulait revenir et
poser une question au ministre sur un élément dont on a
déjà parlé, on pourrait le faire. De cette façon,
tout en étant formel sur la marche à suivre, il ne serait pas
impossible de revenir en arrière à l'occasion.
M. Fortier: L'avantage...
La Présidente (Mme Harel): Vous permettez, M. le
député d'Outremont?
M. Biron: J'appuie le député de Laporte.
La Présidente (Mme Harel): À ce moment-ci, ce que
je peux faire, puisque je suis là pour faciliter les travaux de la
commission, c'est appeler l'étude élément de programme par
élément de programme et ensuite... Vous savez, on va devoir,
à un moment donné, procéder à l'adoption des
programmes. On ne peut pas simplement procéder, à la toute fin de
nos travaux, à l'adoption des crédits du ministère. On va
devoir aussi procéder à l'adoption de programmes et, là,
j'aimerais avoir un peu une indication; c'est ce que m'a dit le
secrétaire de la commission, il m'indique qu'il faut, en plus de
l'adoption de l'ensemble des crédits, procéder également
à l'adoption programme par programme. C'est sur ce sujet, M. le
ministre?
M. Biron: Là-dessus, Mme la Présidente, je peux
prendre l'engagement d'être ouvert à répondre aux
questions: par exemple, si le programme était adopté et qu'il y
avait une question qui revenait après, je vous dis tout de suite que je
suis prêt à répondre aux questions.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Pour respecter le règlement, comme vous
dites, à la fin des travaux la présidente pourrait appeler les
programmes un par un et on pourrait les adopter à tour de
rôle.
La Présidente (Mme Harel): II y a le député
de Châteauguay sur le même sujet.
M. Dussault: La suggestion que je voulais faire, Mme la
Présidente, c'est dans l'esprit de ce qui avait été
convenu au début des travaux.
La Présidente (Mme Harel): Puisque cela a l'air de faire
un très large consensus, je vais donc appeler l'étude
élément de programme par élément de programme et,
à la toute fin de nos travaux, nous procéderons à
l'adoption des programmes avant de compléter l'adoption de l'ensemble
des crédits du ministère.
M. Fortier: J'avais seulement un mot à dire...
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...concernant le règlement. Mme la
Présidente, je crois qu'on devrait procéder comme vous le
suggérez parce que, par ailleurs, on a convenu tout à l'heure
qu'il ne fallait pas passer deux heures sur un élément de
programme; donc, il faut absolument que le secrétaire chronomètre
les interventions. Il faut procéder programme par programme pour qu'il y
ait un certain chronométrage afin de savoir où on en est rendu.
Je crois que la procédure qui est convenue va faire l'affaire de tout le
monde.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, je voudrais vous demander
seulement une information. Quel est le nombre d'heures réservées
pour cette commission relativement aux crédits du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme?
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis, notre secrétaire va immédiatement vous indiquer le
nombre d'heures. Juste auparavant, je vais vous rappeler que le temps de parole
peut être utilisé en une ou plusieurs interventions. C'est donc
dire que le secrétaire de la commission va devoir vous
chronométrer, mais que votre temps de parole peut être
réparti en une ou plusieurs interventions, votre temps de parole de
vingt minutes sur chaque élément de programme. Je vous rappelle
que c'est un temps de parole théorique parce que, sinon, on ne pourra
pas passer l'ensemble des crédits du ministère.
Donc, le temps alloué à l'étude des crédits
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est, au total,
de dix heures et, comme nous avons convenu au début de nos travaux
d'allouer trois heures à la séance de demain après-midi
pour l'étude des crédits du tourisme, il s'agit d'un total de
sept heures sur lequel nos leaders respectifs se sont entendus pour
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Est-ce que cela répond à votre question?
M. Perron: Merci, Mme la Présidente.
Direction et soutien administratif
La Présidente (Mme Harel): Je vais donc appeler
l'étude de l'élément 1 du programme 1: Direction et
soutien administratif.
M. Biron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: II est question ici de l'unité de gestion
budgétaire du cabinet du ministre, du bureau des sous-ministres, de la
direction de l'analyse et de l'évaluation des projets d'investissement
étranger. Lorsqu'il y a un projet d'investissement étranger au
Québec, avant que l'organisme fédéral FIRA prenne une
décision, il nous demande toujours notre avis. Il y a une étude
de faite sur le projet, l'avis nous le donnons à FIRA qui,
habituellement, en tient compte.
Le secrétariat de la commission permanente
interministérielle des achats est un secrétariat qui regroupe les
principaux ministères du gouvernement du Québec et les
sociétés d'État telles que Hydro-Québec pour
étudier des stratégies, pour promouvoir l'achat de produits
québécois. Le bureau des grands projets qui analyse le contenu
des grands projets tels que les alumineries essaie de passer les informations
aux autres directions du ministère pour qu'on avise les entreprises
québécoises concernées. Ce bureau facilite l'achat de
transferts de technologie d'autres pays au Québec, lorsque cela
s'avère nécessaire, pour produire davantage le produit
québécois. La direction des sociétés d'État
qui est une très petite direction fait la vérification
interne.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce qu'il y a des membres
qui désirent intervenir sur l'élément 1? M. le
député d'Outremont. Vous aviez complété, M. le
ministre?
M. Biron: Oui.
La Présidente (Mme Harel): J'ai tenu pour acquis que
c'était complété.
Aluminerie Kaiser
M. Fortier: J'aimerais savoir, M. le ministre... Si cela se
retrouve un peu plus loin dans les crédits, vous me le direz. Pour
attirer des grands projets je pensais aux alumineries en particulier - il peut
y avoir des incitatifs pour permettre ou pour suggérer à ces
grandes compagnies d'aluminerie de venir au Québec. Vous avez
annoncé dernièrement à la chambre de commerce que Kaiser
en particulier irait s'établir à Sept-Îles. Il semblerait
d'ailleurs -je n'ai pas entendu votre conférence à la chambre de
commerce - qu'on faisait la queue à votre bureau pour venir
s'établir au Québec. Kaiser a nié le fait qu'elle venait
s'établir ici. J'ai su à travers les branches que c'était
dû à la promesse que vous aviez faite de payer une partie de
l'étude de rentabilité et qu'à ce moment-là, vous
n'aviez pas encore acquiescé. Pourriez-vous nous dire ce qui en est
exactement, si cette promesse que vous aviez faite a été
reniée par la suite et si ceci est l'explication du fait que Kaiser ait
nié la nouvelle? Est-ce que vous êtes revenu sur la
décision par la suite?
M. Biron: Mme la Présidente, je n'ai jamais annoncé
que Kaiser avait décidé de s'installer à Sept-Îles.
J'ai tout simplement dit que nous étions à finaliser la
réalisation d'une étude de préfaisabilité. C'est
sûr que, si vous demandez à Kaiser si elle a décidé
de s'établir à Sept-Îles, la réponse est non. Elle
n'a pas encore décidé. Je pense que le député
d'Outremont a assez travaillé dans ces grands projets pour savoir qu'il
y a une foule d'études à faire avant. Pechiney, on en parle
depuis plusieurs années et, pourtant, on ne fait que commencer les
travaux. Dans ce sens-là on a identifié une cinquantaine
d'alumineries à travers le Québec, en plus des
manufacturiers d'électrochimie, d'électrométallurgie ou
autrement. Dans l'aluminerie, on en a identifié une cinquantaine et on
en a retenu une douzaine. Les autres n'étaient pas
intéressées ou ne voulaient pas prendre d'expansion. Il y en a
une douzaine qui ont montré un intérêt certain envers une
expansion possible et qui veulent la prendre au Québec. Exemple: les
Japonais ont un tarif d'électricité qui est rendu à 60
mills ou quelque chose comme cela. Dans le sud des États-Unis, ils sont
rendus à 40 mills. Si on compare le prix du Québec pour les
alumineries, c'est autour de 10 mills ou 12 mills. Or, il y a une grosse
différence.
D'abord, c'est relié aux tarifs d'électricité. Une
fois qu'on a un intérêt manifesté par une grande
entreprise, on lui offre de participer à une étude de
préfaisabilité, bien sûr, concernant les tarifs
d'énergie, mais aussi concernant l'endroit, le prix des terrains, le
coût de la vie et les autres problèmes, laquelle étude va
varier entre 500 000 $ et 1 000 000 $. C'est autour de cette étude de
faisabilité que nous sommes encore en discussion avec Kaiser. On devrait
avoir des nouvelles dans les jours ou les semaines qui suivent. C'est autour de
la réalisation d'une étude de préfaisabilité
à la suite de laquelle l'entreprise pourra décider si oui ou non
cela s'avère utile et rentable pour elle de s'établir.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Le ministre sait fort bien qu'il n'est pas normal
d'annoncer des nouvelles comme celle-là et que c'est même
dangereux d'annoncer des nouvelles comme celle-là. S'il l'a
annoncé, c'est qu'il sentait que c'était dans le sac. Comme cela
a été nié par Kaiser par la suite, cela a même
semblé créer un certain froid. Même le bureau de
génie-conseil qui a été impliqué a
été mal à l'aise. Il a été obligé de
dire qu'il n'avait fait qu'une offre de service pour cette étude de
rentabilité. C'est pour cela que je me demandais s'il y avait un hiatus,
s'il y a eu malentendu entre Kaiser et le gouvernement. Est-ce que le
gouvernement va corriger son tir à ce sujet? Ou est-ce qu'il y a eu
malentendu entre Kaiser et le ministère? Est-ce que le ministère
avait fait une offre formelle? S'il y avait eu entente ou s'il y avait eu une
lettre du ministère ou une promesse verbale disant que le
ministère était pour financer une étude comme
celle-là, je pense bien que Kaiser se serait empressée de dire
publiquement que oui, cela lui ferait plaisir de réaliser une
étude de rentabilité financée à 50% ou 60% par le
ministère. C'est la raison pour laquelle je me demandais s'il y avait
anguille sous roche et pour quelle raison vous aviez manqué au
protocole, qui existe normalement dans l'annonce de ce genre de projet, qui
veut qu'aucun projet de cette envergure ne soit annoncé avant même
que la société intéressée n'ait acquiescé
à réaliser l'étude de rentabilité.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, je répète au
député d'Outremont que le journaliste a appelé les gens de
Kaiser pour leur demander si c'était exact qu'ils avaient
décidé de s'installer à Sept-Îles. Bien sûr
que la réponse est non. C'est à cette question que Kaiser a dit:
Non, nous n'avons pas encore décidé de nous installer à
Sept-Îles parce qu'il faut faire des études avant. Ce que j'ai
annoncé, ce n'est certainement pas l'installation de Kaiser à
Sept-Îles. Je n'ai pas l'habitude d'annoncer des choses quand elles ne
sont pas réalisées. Or, nous étions et nous sommes encore
en discussion avec l'entreprise Kaiser, de même qu'avec d'autres
alumineries aux États-Unis, pour réaliser des études de
préfaisabilité. L'étude n'est pas payée en
totalité par le gouvernement du Québec. Nous en payons
habituellement autour de 50% et l'entreprise doit décider si cela
s'avère utile pour elle d'investir l'autre 50%. Si l'investissement se
fait, habituellement, une grande partie des déboursés du
gouvernement du Québec est remboursée par l'entreprise. Mais si
l'investissement ne se fait pas, le gouvernement du Québec a perdu
l'argent qu'il a mis dans cela. Dans ce sens, il y a encore des discussions
à l'heure actuelle avec Kaiser et d'autres alumineries pour des
études de préfaisabilité. (11 h 15)
La Présidente (Mme Harel): C'est toujours sur la
même question, M. le député d'Outremont?
La SGF et Pechiney
M. Fortier: Oui. Là où je suis d'accord avec le
ministre, c'est sur le fait que nous avons au Québec, grâce, et je
dois en convenir, à des gens qui ont eu la sagesse de prévoir des
besoins énergétiques qui nous permettent d'avoir une
économie à bon marché maintenant... C'est certainement un
acquis que d'avoir de l'énergie à bon marché, mais je suis
d'accord avec le ministre pour dire que, s'il y a plusieurs alumineries qui
s'intéressent à venir s'installer au Québec, c'est
dû à des tarifs qui sont alléchants présentement. Je
pense qu'il faut reconnaître que c'est certainement un acquis pour le
développement économique et pour attirer les alumineries. Si le
ministre a pu dire dans sa conférence que Kaiser était
probablement
intéressée et que d'autres alumineries, comme vous le
dites, étaient très probablement intéressées aussi,
le fait que le Québec puisse offrir des tarifs intéressants -je
parle des tarifs en soi, je ne parle même pas des tarifs de dumping
jusqu'en 1998; je parle des tarifs à long terme, avec les garanties
contre l'escalade des coûts, etc. -semble l'élément majeur
qui attire justement les alumineries à venir s'établir ici. Si
c'est le cas, et nous sommes d'accord sur cela, je pense bien qu'on ne se
chicanera pas, nous sommes d'accord d'un côté et de l'autre, il
semblerait que, comme Reynolds est venue ici et comme, peut-être, Kaiser
et d'autres alumineries vont venir ici à cause de ces tarifs
électriques, il y a peu de raison pour le gouvernement du Québec
de devenir actionnaire ou copropriétaire de Pechiney, puisque le
même raisonnement vaut pour Pechiney et pour Kaiser, ou pour Reynolds et
les autres alumineries dont vous parlez.
Il y a une question que j'aimerais vous poser. Comment justifier une
intervention gouvernementale qui, à sa face même, par le
raisonnement que vous-même avez fait lors de votre conférence
à la chambre de commerce selon lequel il semble suffisant pour le
Québec, en faisant, bien sûr, un marketing intéressant, en
suggérant de venir faire des études de rentabilité et en
offrant des tarifs électriques qui permettent d'attirer ce genre
d'aluminerie... Pourquoi vouloir à tout prix s'ingérer et
pourquoi vouloir être actionnaire de Pechiney si, réellement, ce
n'est pas nécessaire pour les autres alumineries? Ce n'est donc pas
nécessaire pour Pechiney en soi. Je vais vous laisser répondre
à cela.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: La première chose, je pense qu'on est tous
d'accord autour de la table que ce ne sont pas simplement les tarifs des
premières années qui sont très intéressants, mais
les alumineries veulent et tous les grands investisseurs veulent au moins un
minimum de 25 ans. J'ai des exemples, aux États-Unis, où une
aluminerie a rasé au bulldozer son aluminerie qui datait de six ou huit
ans parce qu'il y avait eu une augmentation des tarifs d'énergie. Ces
gens ne veulent plus prendre de risques et ils nous disent: Minimum, 25 ans ou
30 ans. On veut une garantie de tarif pour qu'au moins on sache ce que cela
coûte.
Une deuxième chose, l'intervention du député
d'Outremont est intéressante à ce point de vue vis-à-vis
de l'aluminerie de Bécancour et Pechiney, dans le sens que, si la
Société générale de financement ne s'était
pas impliquée dans Pechiney au début, l'aluminerie ne se ferait
pas à l'heure actuelle. Pour débloquer, cela prenait absolument
un partenaire à Pechiney et, à l'époque, il n'y en avait
pas d'autres qui commençaient. Vous vous en souvenez, on a voté
33% des actions de Pechiney-Bécancour à la Société
générale de financement en disant: Si vous trouvez des gens pour
prendre une partie de vos responsabilités, nous sommes ouverts à
cela. En fait, la SGF et Pechiney, ensemble, ont fait des démarches et
il y a un troisième partenaire maintenant, Alumax, qui est 50%
américain et 50% japonais, qui a décidé de prendre 25%, ce
qui a fait en sorte que Pechiney a reculé de 50%, la SGF est
passée de 33% à 25%, et les autres 25% sont allés à
Alumax. Dans nos discussions avec les autres alumineries à travers le
monde, c'est toujours le même pattern, pour prendre un anglicisme. Toutes
les alumineries y vont en partnership dans ce sens et même Alcoa, qui
était la seule aluminerie au monde à y aller toute seule
habituellement, est maintenant en Australie et a des partenaires sous la
même forme que cela. Dans nos discussions avec les alumineries - je ne
vous le cache pas, que ce soit Kaiser ou d'autres alumineries - les gens nous
demandent: Est-ce qu'il y aurait possibilité que la SGF en prenne une
partie, 10%, 15%, 20% ou 25%? Il y a toujours un partnership là-dedans.
À l'intérieur du partnership de la SGF, ce que nous cherchons
présentement, ce sont d'autres investisseurs -québécois,
si possible - qui voudraient prendre une partie de ce que l'on appelle la
partie de la SGF, les 25%. Or, le gouvernement du Québec est
obligé de s'impliquer au départ pour débloquer le projet,
mais, aussitôt qu'on voit qu'il y a d'autres partenaires du secteur
privé qui veulent embarquer à notre place, le gouvernement du
Québec fait les pas derrière. Il n'est pas question que nous
restions toujours là, sauf pour une stratégie de
développement qui pourrait être prise en vue d'un
développement industriel. Règle générale, nous
devons faire les premiers pas, mais, lorsque nous avons convaincu nos
partenaires, on veut laisser la place à d'autres partenaires du secteur
privé. Je pense qu'à peu près tout le monde autour de la
table va être d'accord là-dessus.
La Présidente (Mme Harel): Je veux bien qu'il y ait une
certaine souplesse dans l'étude des crédits du ministère,
mais la règle de l'alternance vaut également.
M. Fortier: C'est le même sujet. Je crois que...
La Présidente (Mme Harel): Oui, sur le même sujet,
la règle de l'alternance vaut. Enfin, puisque...
M. Fortier: Si vous voulez, je vais parler pendant vingt minutes
et je vais
laisser répondre le ministre pendant vingt minutes, Mme la
Présidente, mais, pour arriver au point que je veux faire, il va bien
falloir que je continue; sinon, ce ne sera pas tellement possible d'arriver au
bout du rouleau, si je ne peux pas arriver aux conclusions auxquelles
j'aimerais bien arriver.
La Présidente (Mme Harel): Un instant, M. le
député de Laporte! Je vais vous rappeler que pour chaque
élément de programme, nous, membres de la commission, disposons
d'un temps de vingt minutes. Comme nous avons décidé d'une
certaine souplesse dans l'étude des crédits, il va quand
même falloir chronométrer ce temps de parole. Dans la mesure
où le ministre utilise ses vingt minutes pour répondre à
un seul membre de la commission puisque le ministre dispose du même temps
de parole que l'ensemble des autres membres de la commission, et dans la mesure
- vous en conviendrez, M. le député d'Outremont - où le
ministre serait appelé par vos interventions à utiliser
exclusivement son temps de parole pour vous répondre, il va de soi que
la règle de l'alternance serait complètement
écartée à cet effet. Alors, à moins qu'il y ait
d'autres interventions pour me convaincre du contraire, je vais faire jouer la
règle de l'alternance dans le cadre du temps de parole qui est
alloué.
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une question de règlement.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte, il va falloir que vous m'indiquiez quel article du règlement
vous invoquez.
M. Bourbeau: Alors, une directive, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Une directive.
M. Bourbeau: Je pense qu'une commission comme la nôtre
existe pour qu'elle puisse fonctionner d'une façon intelligente et
pratique. Si on a convenu de part et d'autre qu'on pourrait poser des questions
au ministre régulièrement pour avoir des informations - parce
qu'il faut bien réaliser qu'en ce qui concerne l'Opposition nous sommes
ici autant pour avoir des informations, et beaucoup plus, que pour faire des
discours au ministre, parce qu'il est censé connaître les dossiers
plus que nous, ce qui n'est pas toujours très vrai, mais, enfin, en
principe - il faut bien qu'on puisse poser des questions au ministre. Si un
député amorce une série de questions et qu'après la
première question la présidente dit: C'est l'alternance qui joue,
c'est la tour de Babel et la cacophonie. Je pense qu'un député
dans son droit de parole peut poser des questions répétitives,
l'une après l'autre, et obtenir des réponses du ministre sans que
la présidente lui dise: Le droit de parole vient de passer parce que
vous avez posé une question à un autre député, soit
de l'autre parti ou du même parti. Je ne vois pas pourquoi on interdirait
au ministre de répondre à des questions parce qu'il a pris la
parole vingt minutes. Si on discute pendant deux heures d'un sujet, si un
député choisit de s'adresser au ministre, il m'apparaîtrait
aberrant qu'on le bâillonne, à moins que la commission
décide de ne plus entendre le ministre, mais je suis venu ici surtout
pour entendre le ministre et non pas le député de Duplessis, pour
qui j'ai beaucoup de respect, mais je l'interrogerais sur d'autres sujets que
l'industrie et le commerce. Alors, je ne sais pas, Mme la Présidente,
comment vous allez vous en sortir, mais, si on ne peut pas poser une
série de questions au ministre, je ne sais pas ce que je viens faire ici
ce matin.
La Présidente (Mme Harel): Très bien. À ce
moment-là, M. le député de Laporte, si tant est que c'est
une souplesse que vous voulez instaurer à l'étude des
crédits du ministère, nous allons tenir pour acquis que le
ministre va pouvoir répondre aux interventions faites par les membres de
la commission, nonobstant son temps de vingt minutes alloué pour un seul
élément de programme. Est-ce dans ce sens-là que vous
voulez intervenir?
M. Bourbeau: Oui, exactement, sauf que je fais confiance au
ministre qu'il ne se lancera pas dans des discours dont il a le secret et qui
vont complètement noyer la commission. Si le ministre exagère
dans ses réponses, à ce moment-là, il faudra le rappeler
à l'ordre.
La Présidente (Mme Harel): Vous prêtez des
mobiles.
M. Fortier: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je vous remercie de votre décision, mais
l'article 279 dit: "Le Président ou le ministre qui répond de ses
crédits en commission peut intervenir aussi souvent qu'il le
désire." Je crois que la limite des vingt minutes...
La Présidente (Mme Harel): C'est cela.
M. Fortier: ...vaut pour contraindre les membres de la commission
de ne pas passer tout le temps sur un élément d'un programme en
particulier, mais il est bien entendu que le ministre est ici pour
répondre à nos questions.
La Présidente (Mme Harel): Vous permettez, M. le
député d'Outremont? Effectivement, cette disposition existe, mais
il y a aussi l'article 201 qui dit que le temps de parole pour l'ensemble des
membres de la commission est d'au plus vingt minutes. Mais, dans la mesure
où il y a consentement, pour que le ministre puisse répondre aux
interventions qui sont faites, donc, participer à l'échange sans
être encadré par un temps de parole de vingt minutes exclusivement
sur un élément de programme, si c'est de consentement, nous
allons continuer à procéder. Je vais donc vous permettre de
continuer à utiliser votre temps de vingt minutes et, par la suite, je
passerai la parole au député de Nicolet.
Oui, M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: Peut-être que je suis dur de comprenure, mais
on vient d'ouvrir pour ce qui est du temps alloué au ministre. Par
ailleurs, on avait dit qu'il y avait vingt minutes d'allouées par
élément. Si, par exemple, un député prenait les
vingt minutes allouées à cet élément... C'est par
député et par élément?
La Présidente (Mme Harel): Par membre de la commission. Et
membre de la commission, je vous rappelle que cela comprend à la fois le
vice-président ou la présidente de la commission, ainsi que le
ministre.
M. Lavigne: Vingt minutes par élément, par
député?
La Présidente (Mme Harel): Vingt minutes
théoriquement par élément de programme, par membre de la
commission, en vous rappelant que, si pour un seul élément de
programme tous les membres de la commission utilisaient leurs vingt minutes,
bien, il en serait terminé de l'étude des crédits de ce
ministère.
Oui, M. le député de Duplessis, sur cette question?
M. Perron: Mme la Présidente, dois-je comprendre, à
la suite de ce qui vient d'être discuté, que, s'il y a des
échanges entre un membre de la commission et le ministre concerné
par le biais de questions ou d'exposés, le secrétaire de la
commission devra tenir compte de la période de temps qui est prise pour
telle ou telle question et de la réponse du ministre à
l'intérieur des vingt minutes.
La Présidente (Mme Harel): Non. M. le député
de Duplessis, cette question a été étudiée lors de
la préparation de la commission, c'est-à-dire lors de la
réunion des présidents et vice-présidents, et le temps de
parole alloué à chaque membre est de vingt minutes. Le ministre
utilisera son temps de parole, de consentement, pour répondre aux
questions qui sont posées par les membres à l'intérieur de
leurs vingt minutes.
M. Perron: Non, mais supposons que je pose une question qui dure
deux minutes. Est-ce que le secrétaire de la commission devra prendre
les vingt minutes auxquelles j'ai droit et les réduire de deux minutes?
Il me resterait dix-huit minutes sur le même élément. C'est
ma question.
La Présidente (Mme Harel): C'est bien cela.
M. Perron: Bien merci. Je ne voudrais pas être à la
place du secrétaire de la commission pour tenir le temps, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): C'est pour faciliter les
travaux, permettant ainsi des réparties et des échanges entre les
membres de la commission. M. le député...
M. Perron: Mme la Présidente, j'ai une autre question.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le député de Laporte vient de
soulever un point. Lorsqu'il s'agit de question de règlement, est-ce
inclus à l'intérieur des vingt minutes? Je voudrais lui souligner
que tel n'est pas le cas, puisque je n'ai parlé que durant deux ou trois
minutes sur la question de règlement.
La Présidente (Mme Harel): II ne s'agit que des
interventions sur des éléments de programme. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Mme la Présidente, en renonçant
à l'application de la règle stricte du règlement, ce
matin, en acceptant une souplesse de fonctionnement qui, en fait, met davantage
l'accent sur des objets qui intéressent les membres de la commission que
les programmes spécifiques, en faisant cela, les députés
ministériels ont ainsi renoncé à une certaine protection
de leur droit de parole en échange d'une certaine certitude qu'il y
aurait une certaine souplesse de la part de tous, de votre part, Mme la
Présidente, de la part du vice-président, de qui sans doute
l'exemple devrait venir au départ, mais, s'il arrivait
que les membres de la commission ne puissent pas avoir cette garantie
d'un certain temps de parole - parce que la réforme veut maintenant
qu'on soit aussi à l'aise, nous, les députés
ministériels, que les membres de l'Opposition dans les commissions
parlementaires quant au questionnement du gouvernement - si on ne peut obtenir
cette souplesse de tous les membres, on devra revenir à la règle
stricte du règlement, ce qui ne m'apparaît pas souhaitable. Dans
ce contexte, Mme la Présidente, si l'on accepte, ce matin, ce changement
aux règles, il faudrait, lorsqu'un objet est apporté en
débat, en discussion, que des membres du parti ministériel, de
temps en temps, puissent s'insérer dans le questionnement pour, eux
aussi, avoir des clarifications. Si cela devient l'objet d'une personne - cela
avait l'air d'être l'objet de M. le député d'Outremont - on
ne sera pas à l'aise dans cette façon de fonctionner. Cet appel
à la souplesse veut donc dire, Mme la Présidente, que vous avez
un rôle plus grand à jouer pour mettre tout le monde à
l'aise. (11 h 30)
La Présidente (Mme Harel): Puisqu'il y a consentement,
nous allons donc procéder à l'intervention du
député d'Outremont, en le laissant poursuivre et compléter
son intervention d'au plus vingt minutes. Je passerai la parole à
d'autres membres de la commission par la suite.
M. le député d'Outremont, la parole est à vous.
M. Fortier: Je vais rassurer les membres de la commission en leur
disant que je ne prendrai pas tout le temps et il me fera plaisir que d'autres
députés enchaînent sur ce que j'aurai dit. Je voulais
simplement faire valoir un certain point et je ne veux pas abuser, Mme la
Présidente.
Je ne ferai pas un débat de fond, M. le ministre, sur le
bien-fondé de l'investissement qui a été fait par la SGF;
cela prendrait trop de temps. Le point que je voulais soulever, je l'ai fait.
Votre argumentation à la chambre de commerce semblait dire qu'à
cause de nos tarifs électriques et à cause des incitatifs pour
les études de rentabilité et autres, il y a plusieurs alumineries
qui désiraient ou qui étudiaient sérieusement la
possibilité de venir s'établir ici. Prima facie, à mon
avis, la preuve n'a pas été faite que l'intervention de la SGF
était nécessaire. N'abordons pas ce sujet parce que, si on
faisait un débat de fond là-dessus, il me faudrait plus de vingt
minutes; cela me prendrait une heure et demie.
Cependant, vous avez dit quelque chose qui m'intéresse beaucoup,
dont j'avais entendu parler. À la suite de la commission parlementaire,
j'avais étudié la structure de capital, qui est très
complexe, pour le financement de Pechiney en particulier. Je crois que vous
avez fait allusion au fait qu'à l'intérieur des règles qui
régissent les trois partenaires: Alumax, Pechiney et la SGF, il
était possible à la SGF de se départir d'une partie de ses
25%. Si mes informations sont exactes, des 25% que la SGF possède, elle
pourrait se départir, d'une certaine façon, tout en gardant la
responsabilité globale, jusqu'à 49% de ces 25%. C'est donc dire,
en gros, 50%. L'intérêt de la SGF pourrait être
réduit à 12,5%. Cela représente le voeu que j'exprimerais.
Vous avez fait allusion à cela. J'aimerais savoir si vous avez
reçu une offre précise, ou si le ministère ou la SGF a
reçu une offre précise à cet effet. Si vous avez
reçu une offre ou si des pourparlers sont en cours, pourriez-vous nous
dire si votre ministère ou le cabinet donnera suite favorablement
à une telle offre qui viendrait d'une organisation industrielle
québécoise?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Vous avez vu juste dans les 25% de la SGF. C'est vrai
que la SGF pourrait trouver des partenaires jusqu'à 49% et c'est la
volonté de la SGF d'en trouver. En fait, pour ce qui est d'une
société québécoise, il y a certains pourparlers,
mais il y en a aussi avec d'autres sociétés industrielles,
manufacturières de taille mondiale qui pourraient être
intéressées par une participation dans Albécour, qui est
la société qui possède les 25% de la SGF
là-dedans.
Il est trop tôt pour qu'on puisse dire qu'il y a de
l'intérêt certain, mais je peux dire aujourd'hui qu'il y a des
intérêts manifestés dans une participation avec la SGF dans
ces 25% de la part de sociétés de taille mondiale.
M. Fortier: Qui réduirait éventuellement la SGF
à 12,5% ou 13%.
M. Biron: Qui réduirait l'intérêt de la SGF
jusqu'à 13%.
M. Fortier: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nicolet, en vous rappelant que je dois vous donner la parole pour faciliter le
travail de l'enregistrement des travaux. M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): Est-ce une question de
directive, de règlement?
M. Biron: Non, simplement pour qu'on se comprenne, pour
être sûr que ma réponse était claire pour le
député d'Outremont: la
société en commandite qui représente la SGF serait
toujours propriétaire de 25%, mais c'est à l'intérieur de
cela que la SGF réduirait sa part.
M. Fortier: Je pense qu'on se comprend; légalement
parlant, la SFG...
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...garderait la responsabilité des 25%, mais,
à l'intérieur de sa propre société de financement,
Albécour, comme vous l'appelez... À toutes fins utiles, le commun
des mortels, le contribuable pourrait réaliser, si vous alliez dans
cette direction, que le gouvernement, par l'entremise de la SGF, ne serait
intéressé qu'à 13%.
M. Biron: C'est exact.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Nicolet.
M. Beaumier: Merci, Mme la Présidente. Je vais faciliter
votre travail; pour cet élément de programme, je n'ai pas
l'intention d'intervenir vingt minutes. J'y reviendrai lorsqu'il sera question
de l'élément de programme de la Société du parc
industriel du centre du Québec où est installée
l'aluminerie de Bécancour. Je voudrais simplement, pour ne pas
accréditer les choses, vous informer - si vous ne l'êtes pas
déjà - que je m'inscris en faux contre l'attitude ou la position
du député d'Outremont selon laquelle il ne fallait pas que la
Société générale de financement s'implique dans le
secteur de l'aluminerie.
Je voudrais juste dire deux petites choses. M. Lefebvre, qui est
vice-président de la SGF, signalait dans un article du vendredi 16 mars,
le lendemain de la signature des contrats définitifs, que, sans
l'implication de la SGF, le projet de l'aluminerie de Bécancour n'aurait
jamais pu démarrer en période de récession. C'est pour
cette raison que le gouvernement avait, par l'intermédiaire du ministre,
je crois, par la loi 10, autorisé la Société
générale de financement à s'impliquer dans le secteur de
l'aluminerie: d'abord, pour que cela parte; deuxièmement, aussi pour
devenir propriétaire d'une part de la production.
D'autre part, le président, M. Robert Marcus, qui est
président d'Alumax, toujours le 15 mars, lors de la signature de
l'entente, allait complètement à l'encontre de la philosophie du
député d'Outremont. M. Marcus disait: "Le défi du projet
de Bécancour est d'assurer la réussite d'une nouvelle forme de
collaboration entre les gouvernements, les entreprises publiques, les
entreprises privées qui - j'aimerais bien le noter - puissent servir de
modèles pour des futurs projets d'envergure internationale." C'est cette
philosophie qui semble être la nôtre, des projets mixtes entre
l'entreprise privée, l'entreprise publique et les gouvernements, avec
lesquels, d'ailleurs, est d'accord M. Marcus, le président d'Alumax.
Merci.
La Présidente (Mme Harel): Alors, d'autres membres de
cette commission veulent intervenir sur l'élément 1 du programme
1. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Oui, Mme la Présidente. D'ailleurs, je voudrais
remercier le ministre pour les réponses qu'il a données au sujet
des alumineries du Québec, ainsi que Kaiser.
Au départ, je voudrais faire une mise au point touchant
l'aluminerie Kaiser. Il faut d'abord dire que Radio-Canada, il y a quelques
semaines, lorsque la société d'État fédérale
a fait une telle annonce, n'a aidé personne dans ce dossier puisque,
à partir du milieu de 1983, le dossier était travaillé par
le gouvernement, et par Kaiser, et par d'autres instances, d'une façon
très professionnelle, et même sur une base confidentielle,
à la demande de Kaiser. Ce qui est arrivé, à la suite de
la déclaration de Radio-Canada, qui est allé chercher à
peu près tous les éléments, même des
quasi-vérités dans certains cas, c'est que cela a permis d'ouvrir
la machine pour que tout le monde soit impliqué, pour que des questions
soient posées de toutes les façons possibles, afin d'obtenir des
réponses qui ont souvent mis autant Kaiser que le gouvernement dans
l'embarras.
Quant à moi, si on me demande s'il est de l'intérêt
de la Côte-Nord, en particulier de l'axe Sept-Îles-Port-Cartier,
d'avoir une aluminerie Kaiser ou autre, bien sûr que je vais vous
répondre oui. Je suis parfaitement d'accord vu la récession
économique dans le milieu. Cependant, une chose est sûre: c'est
que le dernier mot appartient toujours aux actionnaires et, dans ce
cas-là, ce serait Kaiser, mais j'endosse parfaitement ce qu'a dit tout
à l'heure le ministre, que les négociations sont toujours en
cours avec Kaiser et avec d'autres alumineries. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Comme commentaires là-dessus, à cause de
l'intervention du député de Duplessis, je peux juste aviser cette
commission que le gouvernement est fermement décidé à
trouver un investisseur majeur pour la Côte-Nord. Alors, quand je parle
d'investissement majeur, c'est du genre aluminerie ou autre, mais majeur sur la
Côte-Nord, parce que le problème qu'on a vécu dans
l'industrie du minerai de fer n'est
pas près de se résoudre. Il n'y aura pas d'augmentation au
cours des dix prochaines années dans cette industrie; c'est ce que l'on
prévoit. Alors, il faut absolument remplacer un investissement, qui,
dans le fond, a diminué considérablement, par un autre
investissement qui monte. Alors, dans ce sens-là, la décision du
gouvernement - je pense que le député de Duplessis est intervenu
à plusieurs reprises là-dessus -c'est de trouver, au cours de
cette année, un investisseur potentiel qui va faire un investissement
majeur sur la Côte-Nord.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'aimerais revenir, si
vous voulez, aux crédits eux-mêmes. À
l'élément 1, catégorie 3, communications, on a un montant
de 617 000 $, à la direction et soutien administratif. C'est un montant
important qui représente 15% de l'élément 1, cet
élément étant de 4 483 000 $. Le volet communications est
de 617 000 $; c'est donc dire qu'on dépense 15% de cet
élément en frais de communication. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire rapidement de quoi il s'agit et, deuxièmement, quel
est le montant total dépensé au ministère en
communications cette année par rapport au budget total et à l'an
dernier?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je n'ai pas les chiffres en main, mais je pourrais
vérifier la dernière partie de la question et apporter la
réponse probablement cet après-midi. Quand on voit
l'élément communications, il ne s'agit pas de communications ou
de publicité à proprement parler; ce sont des frais de
téléphone, de télex, de voyage. Ici, on en a passablement
parce que les gens du bureau des grands projets ou les responsables des
sociétés d'État sont obligés de se déplacer
très souvent sur tous les grands projets. Quand on parle des alumineries
au Japon, d'investisseurs majeurs au Sud des États-Unis et en Europe,
ces gens, de temps à autre, sont obligés de se déplacer et
les dépenses de voyage sont plus élevées, en proportion,
que celles des autres directions du ministère. Dans ce sens,
l'élément communications comporte les frais de
téléphone, de télex, de transport et les dépenses
de voyage des gens reliés à cette direction.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quand vous parlez des frais de voyage - je ne sais
pas si c'est l'endroit pour en parler, mais je vais prendre une chance -
parlez-vous des voyages que le ministre lui-même a faits à
l'extérieur du pays? Ceux-ci sont-ils comptabilisés à ce
poste ou à d'autres postes?
M. Biron: Oui, ils sont comptabilisés à ce poste,
mais, pour votre information, l'an dernier, j'ai fait deux voyages à
l'extérieur du pays, un en Europe et un aux États-Unis. Il y a
deux ans, je n'en ai pas fait.
Mission sur les vins
M. Bourbeau: Loin de moi l'idée de réprimander le
ministre sur ses voyages, surtout s'ils sont de nature à susciter des
investissements au Québec. Ce n'est pas dans ce sens que j'aimerais
interroger le ministre sur le voyage qu'il a fait en octobre et dont les frais
sont rapportés dans le cahier ici. J'aimerais poser quelques questions
au ministre là-dessus, parce que nous en sommes à cet
endroit.
Il s'agit, je pense, d'une mission qui est allée essentiellement
en France, en Suisse et à Londres, et qui avait trait à
l'industrie du vin, ce qui m'étonne un peu, et j'aimerais que le
ministre nous donne des renseignements sur les objectifs de ce voyage et ses
résultats. Dans le cahier, on nous dit, il semble y avoir eu deux
voyages aux mêmes dates: un à Paris, Zurich et Londres, et l'autre
à Paris, Bordeaux et Marseille. S'agit-il du même voyage qui s'est
fait en deux segments ou de deux groupes différents qui ont
voyagé dans deux régions différentes? Est-ce que le
ministre pourrait nous informer sur les objectifs du voyage et ses
résultats?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Ce sont deux missions différentes,
présidées par le même ministre qui a participé aux
deux missions, ce qui a fait qu'en six jours nous avons fait quatre pays: la
France, la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre et retour en France. On a pu
réaliser une mission sur la question des vins et une mission sur la
question des investissements majeurs dans la haute technologie, dans
l'aluminerie et dans les produits de la défense, certains
investissements possibles pour le contrat des frégates ou la
défense canadienne. C'est ce qui fait que vous voyez Paris, Bordeaux,
Marseille, Lyon, qui est une partie de notre mission avec un attaché
politique, et Paris, Zurich et Londres, l'autre partie de la mission avec un
autre attaché politique. Le ministre a participé aux deux
premiers jours de la mission des vins, à trois jours sur la mission
industrielle et au dernier jour sur la mission des vins et du tourisme.
La Présidente (Mme Harel): M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la mission des vins plus
particulièrement, le ministre pourrait-il nous dire qui faisait partie
de la délégation, quel genre de rencontres ont eu lieu et nous
donner un peu plus de détails sur ce qui s'est passé au cours de
cette mission?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre. (11 h 45)
M. Biron: La mission était organisée par les
industriels québécois du vin qui, avant notre départ, ont
communiqué avec leurs homologues français. Il y avait six
entreprises québécoises sur les onze privées qui nous
accompagnaient. Elles-mêmes ont payé leurs dépenses. Le
gouvernement n'a pas payé pour elles, sauf peut-être deux
réceptions en Europe. Ces industriels avaient communiqué avant
avec les industriels de là-bas. Ils avaient discuté de beaucoup
de choses. Au cours de cette visite, ils en sont venus à des ententes de
commercialisation non seulement pour embouteiller au Québec pour le
marché québécois, mais pour embouteiller au Québec
pour le marché américain. Il y a eu des contrats d'une vingtaine
de millions de dollars, je pense, de signés à cette occasion
entre des industriels français et des industriels
québécois.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait, plus tard, nous
fournir la liste des gens qui ont participé à cette mission? Vous
n'avez pas d'objection?
M. Biron: Le nom des entreprises et leurs
représentants.
M. Bourbeau: Oui, j'aimerais cela. Également, est-ce que
le ministre pourrait nous dire s'il y a plusieurs producteurs
québécois qui, à l'occasion de cette mission, ont
signé des ententes d'importation de vin en Europe?
M. Biron: Je crois qu'il y en a trois qui ont signé sur
place des ententes. Je pourrais vérifier pour les trois autres qui nous
accompagnaient et qui étaient aussi très heureux de leur mission,
mais, sur place, je crois qu'il y en a trois qui ont signé des ententes
là-bas.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Ces ententes font suite aux modifications à
la Loi sur la Société des alcools qui, dorénavant,
permettra aux producteurs québécois d'importer du vin, non
seulement de France, mais de quelque pays que ce soit, je pense, et de
l'embouteiller au Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous dire dans
quelle mesure les modifications à la loi ont favorisé cette
nouvelle façon de procéder?
M. Biron: Cela ne fait que commencer. En pratique, les
règlements ont été acceptés à la fin de
l'année 1983. L'objectif, c'est d'embouteiller le maximum de vin de
table au Québec. On prend le vin de table, le vin un petit peu meilleur
marché. Les hautes gammes, c'est plus difficile de les embouteiller au
Québec parce que les quantités ne sont pas tellement grandes,
mais l'objectif, c'est d'accentuer l'embouteillage du vin de table au
Québec. La loi visait cet objectif. Jusqu'à maintenant, nous
sommes très satisfaits. L'ancienne loi empêchait les gens
d'importer du vin de France et de l'embouteiller au Québec à
100%. On pouvait importer 30% de vin et le restant, c'était du raisin,
du moût, du concentré qu'on faisait vieillir et auquel on ajoutait
de l'eau, ici, au Québec. Alors, nous croyons que le Québec n'est
pas un producteur de raisin, sauf à quelques exceptions près.
Règle générale, il faut importer notre raisin. Les
coûts sont plus élevés que d'importer du vin de bonne
qualité, ce qui fait que nous croyons que la qualité du vin de
table s'améliore et va continuer de s'améliorer en permettant
à nos producteurs d'importer 100% du vin, mais de l'embouteiller au
Québec, c'est-à-dire l'embouteillage, les bouteilles, la caisse,
les étiquettes, tout cela est fait au Québec. Dans ce sens,
jusqu'à maintenant, nous sommes satisfaits des résultats. Il est
encore trop tôt pour publier des statistiques et dire qu'il y a eu un
changement majeur. Je crois qu'avec le temps 75% du vin de table devrait
être embouteillé au Québec.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut dire qu'en définitive on
voit poindre à l'horizon la fin du processus de vinification et de
fermentation au Québec par, entre guillemets, les producteurs
québécois au profit d'une industrie qui importerait, de pays
surtout européens ou sud-américains, le vin en vrac en
l'embouteillant au Québec?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: II va toujours en rester, je crois bien, qui vont
décider de vinifier leur vin au Québec, mais on voulait quand
même laisser une certaine marge de manoeuvre, parce qu'on a
constaté, au cours des deux dernières années que la
quantité de vin de
table, donc, de vin bon marché, importé en bouteille avait
augmenté. La fabrication des bouteilles, des étiquettes, comme je
l'ai dit tout à l'heure, peut se faire assez facilement au
Québec. L'autre chose qu'on a aussi constatée, c'est qu'on
pourrait, en important du vin de meilleure qualité, conquérir le
marché américain, alors qu'avec du vin de basse qualité
c'est plus difficile. Là-dessus, on a non seulement encouragé,
mais donné des directives précises aux dirigeants de la
Société des alcools de former un consortium avec les
entrepreneurs privés du Québec pour conquérir le
marché américain. Il n'est pas question, pour le moment, de
laisser aller chacun la bride sur le cou aux États-Unis. Je pense que la
Société des alcools aurait plus de chance de conquérir le
marché elle-même, et toute seule, alors qu'il y a onze autres
producteurs privés. Je pense qu'il faut travailler en collaboration avec
ces gens.
Il y a un consortium qui est en formation présentement entre la
Société des alcools et les producteurs privés. La
Société des alcools ne détiendra pas la majorité du
consortium. Elle va être minoritaire à l'intérieur du
consortium justement pour s'assurer que les partenaires privés
participent eux aussi à la vente de vin embouteillé au
Québec et importé de l'extérieur, mais vendu aux
États-Unis. C'est une nouvelle façon de procéder pour la
SAQ qui travaille en collaboration avec les entrepreneurs privés et
même, M. le député de Laporte, je pense que vous serez
heureux d'apprendre cela, il y a des discussions présentement avec les
embouteilleurs privés pour voir s'il n'y a pas lieu d'économiser
en mettant des "pools" d'achats, d'acheter des bouteilles ensemble, des
étiquettes ensemble, des cartons ensemble. Finalement, tout le monde
pourra économiser, parce que les quantités seront beaucoup plus
grandes. La Société des alcools travaille présentement
avec les entrepreneurs privés à réussir cet objectif.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir sur un point que vous avez
mentionné tout à l'heure. Vous avez mentionné que les
importations de vin en vrac se faisaient surtout pour des vins de table, donc,
des marques anonymes, si je puis dire. Est-ce qu'il est possible que certains
producteurs québécois puissent importer en vrac du vin de marques
connues et mettre sur le marché québécois des
étiquettes ou des vins qui, autrefois, étaient
embouteillés en dehors du pays, en France, par exemple?
M. Biron: Vous parlez d'appellations contrôlées?
M. Bourbeau: Oui, effectivement.
M. Biron: Oui, c'est possible pour l'embouteilleur
québécois de s'entendre avec un producteur français,
d'importer du vin d'appellation contrôlée en vrac et de
l'embouteiller au Québec, mais la vente ne se fera qu'à travers
les magasins de la Société des alcools, c'est-à-dire que
ce vin d'appellation contrôlée ne pourra pas être vendu
à travers les 10 000 points de vente, mais selon la formule
traditionnelle. D'ailleurs, ces appellations contrôlées sont
vendues exclusivement à présent dans les 360 magasins de la
Société des alcools. Cela sera la même chose, sauf que
l'entrepreneur privé pourra, après entente avec l'entrepreneur
français, importer en vrac et embouteiller au Québec sous la
marque de l'entreprise française.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une autre question. La question des
étiquettes, puisque nous en parlons. Récemment, le ministre a
annoncé une réduction du prix des vins pour les produits
élaborés au Québec. Il semble y avoir une certaine
confusion quant à la définition du mot élaboré.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire exactement ce que le gouvernement
entend par le terme "élaboré", quand on voit sur une
étiquette "élaboré au Québec"?
M. Biron: Cela peut être mélangé au
Québec. L'Allemagne, qui est un bon producteur de vin, importe du vin de
France, d'Espagne ou d'autres pays, fait des mélanges et cela produit un
vin élaboré en Allemagne. Or, nous, nous disons aux gens: Si vous
importez du vin, si vous marquez sur la bouteille "vin élaboré au
Québec", c'est considéré comme un vin
québécois. Si vous importez du vin et marquez sur votre
étiquette - vous avez le droit de le faire -"vin de France", alors,
parce que la marque est plus française que québécoise, ou
vin d'Italie, ou vin d'Espagne, c'est considéré comme un vin qui
n'est pas élaboré au Québec. Il est sûr que la marge
de décision est très mince là-dessus, mais l'objectif,
c'est de faire la promotion de produits de qualité, de marques
québécoises. Si on veut expédier aux États-Unis,
par exemple - au Québec, cela ne changerait pas grand-chose -mais si on
veut expédier aux États-Unis une marque française, un
jour, les Français qui vendent cette marque-là diront: Je ne
passerai pas par l'entreprise québécoise, je vais expédier
directement si mes quantités sont bonnes. Finalement, nous, on va
perdre. Nous allons avoir monté un marché et on va l'avoir perdu,
alors que, si la marque est québécoise, si la marque est
Portneuf,
Lotbinière, Laporte ou un nom comme cela, c'est sûr qu'on
va conserver notre marque et ce sera la marque qui sera connue là-bas.
Dans le vin, vous savez, il y a beaucoup de sortes de vin qui goûtent
à peu près la même chose, mais pourquoi achetons-nous telle
marque plutôt que telle autre? Souvent, c'est parce que nous sommes
habitués. Or, c'est dans ce sens-là que nous désirons
faire la promotion de marques québécoises et c'est dans ce sens
que nous désirons donner un avantage aux marques
québécoises.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Biron: Je reconnais, Mme la Présidente, que la ligne
est très mince.
M. Bourbeau: Les consommateurs québécois qui se
présentent à la Société des alcools et qui voient
une étiquette, il m'apparaît assez important que
l'étiquette décrive un peu ce qu'il y a à
l'intérieur de la bouteille. Quand on dit qu'un vin est
élaboré au Québec, est-ce qu'étymologiquement ceci
n'implique pas que le vin a été vinifié au Québec,
a été fermenté au Québec? Le processus
d'élaboration m'apparaît autre chose qu'un simple mélange.
À preuve: vous avez la Société des alcools qui fait des
vins comme la Cuvée des patriotes, qui est un mélange de
plusieurs vins importés. Elle ne dit pas sur ses étiquettes: "vin
élaboré au Québec". Pourquoi permettrait-on à des
vins qui sont importés exclusivement de l'extérieur, où il
n'y a aucun processus de vinification ou de fermentation au Québec,
d'arborer une étiquette qui dise: "élaboré au
Québec" et, par voie de conséquence, de lui accorder une
réduction de 75 cents le litre sur les marchés, alors que la
Société des alcools fait la même chose, mélange ses
vins européens et ne bénéficie pas de cet escompte de 75
cents, qui est très important?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre
M. Biron: La Société des alcools s'est posé
de sérieuses questions sur sa Cuvée des patriotes,
étiquetée vin importé de France. C'est sûr qu'elle
ne peut pas bénéficier, d'après ce que je vous ai dit plus
tôt, de la réduction. Il y a des questions qui se posent à
la SAQ, il est vrai que c'est un vin importé ou que ce sont plusieurs
marques de vin importé et élaboré, c'est-à-dire
mélangé au Québec. La Société des alcools
pourrait assez facilement simplement enlever "vin importé de France" et
inscrire "vin élaboré au Québec, et elle pourrait ainsi
bénéficier du rabais de 75 sous le litre. Dans ce sens, c'est
encore une fois le choix de l'entrepreneur québécois,
société ou entrepreneur privé, de décider s'il veut
jouer la carte québécoise. Si oui, il va être
privilégié. S'il décide de jouer la carte
d'importé, il y a un prix. Si c'est marqué:
"élaboré au Québec", il y a des gens qui ne
l'achèteront pas; si c'est marqué "importé de France", les
gens vont peut-être l'acheter. C'est une question de stratégie de
marketing que l'entreprise doit se poser. Une fois cette stratégie de
marketing connue, l'entreprise nous dit ce qu'elle veut et, nous, on fonctionne
en vertu de la conception suivante: plus il y aura de vin élaboré
au Québec, plus il y aura de marques qui seront
québécoises, plus il y aura de travail au Québec
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je reviens au consommateur qui voit deux bouteilles
devant lui identiques. L'une est un vin importé de France et
mélangé, l'autre est un vin importé de France et
mélangé. Dans un cas, il s'agit de vin élaboré au
Québec; dans l'autre cas, il s'agit d'un vin de France. En quoi le
consommateur est-il protégé? Sinon que vous donnez une
réduction de 75 cents à celui qui a une étiquette
"élaboré au Québec". Est-ce que ce n'est pas de la fausse
représentation?
M. Biron: Je ne crois pas, M. le député. Je pense
que le consommateur a le choix, parce qu'en libéralisant davantage
maintenant... Autrefois, on réglementait quand même trois marques,
au maximum, par entrepreneur, ce qui fait que le consommateur avait moins le
choix. Cette année, nous réglementons cinq marques et, l'an
prochain, ce sera dix et, ensuite, c'est ouvert complètement. Le
consommateur a tellement le choix qu'il peut prendre une marque ou l'autre.
Cela veut dire que l'entrepreneur qui embouteille doit se soucier de la
qualité de son produit, avec une stratégie de marketing. De plus
en plus, les consommateurs en viennent à connaître le vin. Plus
les gens connaîtront le vin, plus ils n'accepteront que des vins de
meilleure qualité. Cela forcera l'entrepreneur à fournir la
qualité nécessaire à son consommateur, à son
client. Dans ce sens, c'est un choix de qualité, mais c'est aussi un
choix de stratégie de marketing.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Dans les milieux d'expertise vinicole, est-ce qu'on
accepte votre définition du mot "élaboré" comme
étant mélangé?
La Présidente (Mme Harel): M. le
ministre.
M. Biron: Je crois que oui. D'après les informations que
je possède à ce jour, je crois que oui.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez vérifié en Europe
auprès des sociétés les plus sérieuses afin de
savoir si on accepte que le mot élaboré employé au
Québec signifie tout simplement mélangé? Est-ce que le
processus de fermentation ne doit pas nécessairement faire partie du mot
élaboré?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je crois que non, M. le député, mais il
faut aussi concevoir la politique québécoise et la politique des
autres. Il est certain que, si vous laissez choisir le producteur
français, italien, espagnol ou autre, il va tenter de tout faire, de
mettre le maximum de valeurs ajoutées et d'envoyer dans la bouteille le
vin fabriqué là-bas. Si vous le laissez, c'est ce qu'il fera.
Nous, ici, au Québec, nous édictons les règles du
jeu en disant que notre objectif est d'avoir le maximum d'emplois au
Québec. Une fois les règles du jeu édictées, je
crois que, jusqu'à maintenant, les producteurs européens, les
producteurs de vin, jouent le jeu et jouent le jeu comme il faut.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir sur la question de l'exportation
aux États-Unis. Vous en avez parlé tout à l'heure, il a
été question dans les journaux ces derniers jours d'une
délégation importante de Français qui s'amènent aux
États-Unis afin de promouvoir la vente des vins français sur le
marché américain directement. Dans ce sens, cela va un peu
à l'encontre de la politique que vous nous avez énoncée
plus tôt, de former un consortium entre la Société des
alcools et le groupe des producteurs québécois pour exporter vers
les États-Unis. Ma question est la suivante: En quoi les producteurs de
vin français ont-ils intérêt à faire passer leur
produit par le Québec pour qu'il soit éventuellement revendu sur
le marché américain? Quand on connaît les hauts niveaux de
taxation canadiens, et surtout québécois, sur le vin, avec la
surenchère que cela fait sur les prix, en quoi les Français
ont-ils intérêt à passer par la filière
québécoise s'ils peuvent directement exporter leur vin aux
États-Unis, et probablement à meilleur compte? (12 heures)
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Les ententes qui ont eu lieu entre les entrepreneurs
québécois et les entrepreneurs français seront
respectées, c'est-à-dire que celles-là vont passer par la
filière québécoise, mais nous n'avons pas fait d'ententes
avec tous les producteurs français ni avec tous les producteurs
européens. C'est fort possible que d'autres décident de
conquérir le marché américain. On a brassé un peu
la "canisse", comme on dit, nous. C'est fort possible que d'autres
décident d'essayer de conquérir le marché américain
puisque les ventes de vin de France ont baissé considérablement
sur le marché américain.
L'avantage marqué pour les entrepreneurs français de
passer par la filière québécoise est qu'ils peuvent livrer
en vrac ici sans livrer des stocks énormes de bouteilles. Nous, à
24 heures d'avis, on peut livrer, à partir de Montréal, sur le
marché de New York, alors que cela prend beaucoup plus de temps pour
livrer de France sur le marché de New York. Cela veut donc dire qu'il y
a des économies importantes à faire pour l'entreprise
américaine à la fois sur ses stocks, sur ses achats et sur ses
inventaires.
Sur la question de la taxation, les taux de taxes, canadiens et
québécois - dans le fond, le Canada perçoit autant de
taxes que nous sur le vin, ou à peu près - sont beaucoup plus bas
lorsque le produit est transformé au Québec et
expédié à l'extérieur que ce qui est vendu au
Québec. Il y a un avantage de ce côté également.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le consortium que vous mettez sur pied à des
fins d'exportation aux États-Unis est-il actuellement formé? Qui
en sont les principaux officiers? Quelles actions précises le ministre
entend-il prendre pour promouvoir cette initiative? Est-ce que le mnistre
pourrait nous donner un peu plus de renseignements sur la formation de ce
consortium, sur ses dirigeants et sur les actions qu'il entend prendre
concrètement dans les semaines à venir pour activer ce
projet?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je vais vérifier parce qu'il devait être
formé dans les derniers jours. Donc, je n'ai pas encore les informations
précises. C'est donc dire que le consortium n'est pas encore
complètement formé. Il sera composé de la
Société des alcools, bien sûr, de plusieurs entrepreneurs
privés - je n'ai pas le nombre exact, mais je pourrais
vérifier et vous donner la réponse cet après-midi -
et de la Société de développement industriel qui sera
là temporairement, tout simplement pour que, techniquement, le
consortium se tienne et, aussitôt que celui-ci sera en bonne voie et
commencera à faire des ventes, la Société de
développement industriel se retirera tranquillement et laissera les
partenaires jouer leur rôle.
Peu importe le pourcentage détenu par la SDI, ce sera revendu au
prorata des autres. La Société des alcools ne détiendra
jamais la majorité afin que les privés, ensemble - parce qu'ils
sont plusieurs et qu'il n'y a pas un privé seul qui pourra
détenir la majorité; les règles du jeu sont faites
à l'avance - que tous les entrepreneurs, y inclus la
Société des alcools, aient intérêt à vendre
le maximum là-bas et que personne n'ait intérêt à
écraser les autres à son avantage personnel.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez l'intention de former une
direction spéciale à la Société des alcools pour ce
volet d'exportation ou de procéder à des nominations au sein du
personnel de la Société des alcools dans ce but?
M. Biron: Non, c'est la direction du marketing de la
Société des alcools qui s'en occupe pour le moment. Il n'a pas
été question - et je vais vérifier pour m'en assurer - de
former une direction spéciale aux fins d'exportation.
M. Bourbeau: Un petit commentaire, Mme la Présidente. En
terminant sur ce point, je voudrais simplement dire que c'est à la suite
des voyages du ministre en France que j'ai voulu parler de ce sujet. J'aimerais
bien que ce ne soit pas le dernier échange que nous ayons relativement
à la Société des alcools elle-même, parce que
c'était seulement un volet. J'aimerais également que le ministre
n'oublie pas de nous faire parvenir les renseignements qu'il a promis au cours
de ses propos tout à l'heure.
La Présidente (Mme Harel): Je continue l'étude du
programme I, élément 1. Est-ce qu'il y a des membres de la
commission qui veulent intervenir? M. le député de Duplessis.
Achat de produits québécois
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Toujours dans le
programme I, élément 1, à la section de la commission
permanente et interministérielle des achats pour les crédits de
1984-1985. Il est mentionné qu'une priorité sera accordée
à sensibiliser les cadres supérieurs de différents
ministères et organismes publics et parapublics en rapport avec le
contenu québécois. Cela me semble énormément
important. Je suis parfaitement d'accord pour que, dans les principaux projets
de construction dans les secteurs publics et parapublics, la commission
intervienne directement, et même de façon ponctuelle, pour que le
contenu québécois atteigne un maximum pour venir en aide à
nos industries manufacturières.
La question que je voudrais poser est la suivante: Puisqu'on parle de
contenu québécois et de politique d'achat au niveau du
Québec, est-ce que cette commission s'orientera dans les discussions
lors des colloques régionaux - puisque ces derniers seront
organisés sur le budget de 1984-1985 -vers l'établissement d'une
politique d'achat régionale se rapportant aux achats des divers secteurs
publics et parapublics? Je vous donne un exemple: il y a une construction d'un
centre de santé dans le comté de Duplessis ou dans la
région de la Côte-Nord et ce sont les fonds publics
québécois qui paient cet établissement. Est-ce qu'il y
aurait possibilité d'établir, à peu de chose près
au niveau des coûts, même si c'est un peu plus élevé
au niveau régional, une politique d'achat à caractère
régional pour qu'il y ait des retombées économiques dans
la région plutôt que dans d'autres centres?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: M. le député, je comprends votre point de
vue, mais cela serait très difficile. Si on faisait cela
régionalement, les gens de Montréal qui ont le gros de
l'économie diraient qu'ils veulent garder tout ce qui est à
Montréal. On empêcherait les gens des régions d'aller
soumissionner à Montréal, d'aller vendre leurs produits à
Montréal, si on poussait la logique jusqu'au bout. Notre politique
d'achat ne se veut pas réglementaire. Je crois que ce n'est pas par des
règlements et ce n'est pas en forçant les gens à aller
dans une direction qu'on va réussir l'achat de produits
québécois, mais c'est en sensibilisant davantage les principaux
intervenants. Dans ce sens-là, cela fait partie d'une discipline
personnelle, cela fait partie d'une culture. Nous n'avons pas cette culture
d'acheter des produits québécois; l'Ontario n'a pas besoin de
marquer sa politique d'achat nulle part et Bombardier a de la difficulté
à vendre en Ontario, elle n'en est pas capable. Beaucoup de nos
entreprises dans le domaine pharmaceutique... Dans le domaine des
hôpitaux, la plupart des entreprises québécoises ont
beaucoup de difficulté à vendre en Ontario. C'est une discipline
que ces gens-là se donnent d'acheter, autant que possible, leurs
produits. Je ne peux pas les blâmer, c'est ce qu'ils
font. Au Québec, nous ne sommes pas aussi disciplinés; nos
acheteurs ont une moins longue tradition économique. Nos colloques
servent à sensibiliser les dirigeants, ceux qui décident, ceux
qui achètent pour leur demander, avant d'acheter quelque chose, de
s'arrêter et de se demander si le produit est québécois.
S'il est québécois, je crée un emploi dans une autre
région ou dans ma région et, si l'autre fait de même, il
protège mon emploi à moi. C'est une question d'autodiscipline; il
faut se poser des questions constamment là-dessus. Une fois qu'on est
habitué à se poser des questions, le contenu
québécois augmente automatiquement.
Bien sûr qu'on essaie de donner des chances aux entrepreneurs
québécois pour leur faire connaître d'avance ce qui s'en
vient. On essaie de traiter tous les entrepreneurs du Québec sur la
même base. Il y a eu des colloques au cours de l'année 1983-1984;
le premier a été celui de Laurentides-Lanaudière, le
deuxième a été à Saint-Georges-de-Beauce, le
troisième a été la Côte-du-sud et, finalement, il y
a eu Thetford-Mines. Ce sont les quatre premiers colloques tenus au cours de
l'année financière 1983-1984. On en a trois autres qui s'en
viennent: un à Granby le 25 avril, un à Châteauguay le 16
mai et un à Longueuil le 7 juin pour sensibiliser tous les principaux
intervenants à l'achat de produits québécois.
Je pense qu'autour de la table nous sommes d'accord pour acheter
davantage de produits québécois, mais il faut sensibiliser les
gens à s'autodiscipliner. Je discutais à quelques reprises avec
des présidents de grandes firmes de génie-conseil qui me disaient
que leur objectif était de spécifier le maximum de produits
québécois. Parfois, ils ne le savent pas et, parfois, il y a un
dessinateur, un spécificateur dans leur entreprise qui choisira un
produit américain, japonais ou européen parce qu'il le
connaît. Si on peut rejoindre tout ce monde, automatiquement, les gens
seront davantage sensibilisés. Je dis qu'il y a de la bonne
volonté partout, mais il s'agit d'en parler. C'est une question de
culture, c'est une question de formation. Au cours des prochaines
années, si on en parle beaucoup, on va avoir un contenu
québécois accru, un peu à l'image de l'Ontario, des
États-Unis ou du Japon.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Juste une question très brève. Quand on
parle de contenu québécois, cela n'empêche pas la politique
d'achat au niveau régional dans des dossiers où le contenu est
régional, si je comprends bien votre réponse.
M. Biron: Non, c'est-à-dire que vous m'avez posé
une question: Est-ce que l'on va mettre des directives ou des
règlements? Je dis: Non. Je pense que c'est de l'autodiscipline. C'est
sûr que les gens de la région, s'ils veulent acheter de la
région, je les félicite, parce que, s'ils protègent leur
région, ils vont protéger le Québec automatiquement. Ils
vont s'habituer à acheter des produits locaux. C'est excellent. Donc,
oui à votre question, mais sans réglementation.
Je m'excuse, j'avais oublié, à travers nos colloques,
qu'il y a un colloque sur la politique d'achat qui a lieu demain au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Jonquière.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois et, par la suite, M. le député d'Outremont.
M. Lavigne: Merci, Mme la Présidente. Ce sera dans le
même sens. M. le ministre, pour certaines personnes, l'achat chez nous,
cela peut vouloir dire un achat de produits canadiens; pour d'autres, cela peut
vouloir dire plutôt un produit québécois. On remarque que,
dans les magasins - que ce soient des magasins d'alimentation ou toutes sortes
de magasins - en général, on peut reconnaître assez
facilement un produit fabriqué au Canada par l'estampille de la feuille
d'érable. Cela, on le voit sur les chaussures, sur différents
produits. Je suis certain que, dans mon coin, à Valleyfield, par le
truchement de la chambre de commerce, cela a été le mot d'ordre
depuis déjà quelques années: L'achat chez nous. C'est
sûr que la Chambre de commerce de Valleyfield préconise l'achat de
produits fabriqués dans le comté de Beauharnois ou à
Valleyfield, mais elle veut dire aussi, dans son langage, l'achat
québécois.
Il y a plusieurs mères de famille qui me disent: M. Lavigne,
j'aimerais cela être sûre d'acheter sans difficulté et sans
perdre trop de temps un produit québécois, quand je vais faire ma
commande d'épicerie, par exemple, et que j'achète
différents produits, mais c'est tellement compliqué de
vérifier sur la boîte de conserve ou sur le produit que je veux
acheter comment est identifié un produit québécois. La
plupart du temps, ce n'est pas identifié que cela est fait au
Québec. Il y a plusieurs consommateurs québécois, s'ils
pouvaient identifier rapidement, soit par une fleur de lis ou les mots
"fabriqué au Québec", j'en suis sûr, qui choisiraient ce
produit plutôt qu'un autre, mais c'est tellement peu indiqué
qu'ils ne veulent pas procéder à l'exercice de lire. Des fois, on
peut, en lisant tout le texte, s'apercevoir que c'est fabriqué au
Québec, mais cela devient ardu, cela devient compliqué.
Je dis qu'il devrait y avoir une politique, sans que ce soit une
réglementation rigide, afin de pousser davantage sur
l'identification des produits fabriqués au Québec. J'ai compris
un peu l'argumentation que vous donniez au député de Duplessis
dans votre réponse, mais je pense qu'il faudrait que le gouvernement du
Québec, particulièrement votre ministère, pousse
davantage. Je me demande si on ne devrait pas en arriver à une
demi-obligation - sinon une obligation totale - d'identifier le produit comme
étant fabriqué au Québec.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Sur le fond, vous avez peut-être raison, mais
cela va causer des problèmes aux entreprises qui vendent à
l'extérieur du Québec. La plupart de nos entreprises vendent
à l'extérieur du Québec. Vous voyez, en Ontario, la fleur
de lis ou les mots "fait au Québec", les chances sont que les gens de
l'Ontario - on les connaît assez - vont mettre celui-ci de
côté pour acheter un autre produit. C'est pour cela qu'il faut
être délicat vis-à-vis de l'entrepreneur qui serait
obligé de garder deux inventaires. Notre approche a été
plus de faire appel au sens social et économique des décideurs du
Québec, c'est-à-dire ceux qui achètent pour mettre en
magasin. Si, en théorie, celui qui achète achète juste des
produits fabriqués au Québec, de manufacturiers
québécois, c'est sûr que, dans les magasins, cela va
être partout. C'est sûr que l'acheteur ou la consommatrice peut
toujours dire au gérant: Écoute, es-tu certain que tu
achètes des produits québécois? Il me semble que ce serait
plus intéresant, tu vas protéger "ta job" et nous allons
protéger la nôtre. C'est une sensibilisation du peuple en
général.
Quant à forcer des entreprises, je connais assez d'entreprises
maintenant qui vendent beaucoup à l'extérieur du Québec et
je me demande si on leur rendrait service en disant: Tu vas étiqueter
une partie de tes produits pour le Québec et, l'autre partie, tu vas
l'étiqueter différemment. Alors, c'est difficile de
réalisation.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Est-ce que vous avez fait une étude ou une
enquête pour savoir à quel point on boycotterait nos produits
à l'étranger s'ils étaient identifiés
"fabriqué au Québec"? Est-ce que les Américains
arrêteraient d'acheter nos produits parce qu'on mentionnerait sur le
produit en question "fabriqué au Québec"? Ou les Ontariens, peu
importent les provinces, même en Europe; il y a des produits
québécois qui sont exportés jusqu'en Europe. Est-ce qu'il
y aurait une campagne de boycottage des produits québécois parce
que ces produits seraient identifiés? Je pense que c'est avoir peur et
manquer de confiance en nous - je ne le dis pas pour vous, mais je le dis pour
les fabricants québécois - que de prétendre qu'il faut
camoufler la provenance de la fabrication du produit de peur que
l'étranger le boycotte. Moi, je pense que l'étiquette "made in
Japan", nous avons vu cela depuis que nous sommes petits gars sur les produits,
on achète cela ici, et puis nous n'avons jamais eu peur d'en acheter, et
les Japonais n'ont jamais eu honte d'indiquer qu'eux autres c'était
"made in Japan". Ils envoyaient cela aux États-Unis, partout au Canada,
nous ne nous sommes jamais gênés pour acheter du "made in Japan",
qu'il s'agisse de vêtements, de n'importe laquelle des fabrications. Je
ne vois pas pour quelle raison le Québécois aurait peur, en
identifiant son produit, d'être boycotté à
l'étranger. En tout cas, c'est peut-être une question de
confiance, j'essaie de voir où est le problème. (12 h 15)
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Je pense que vous avez en grande partie raison. La
seule chose, il y a aussi certaines réglementations internationales qui
disent: C'est le pays d'origine. Le Québec, même si nous faisons
des efforts, ce n'est pas encore un pays. Là-dessus, je pense que c'est
délicat. Je prends votre intervention pour voir ce que nous pouvons
faire au maximum. Il y a probablement beaucoup d'entreprises qui pourraient
fabriquer au Québec, les entreprises qui vendent en grande série
dans les magasins, cela fonctionnerait probablement. Je prends votre
intervention pour voir comment on pourrait le réaliser, mais je vous
fais part de certaines de mes craintes et de mes appréhensions.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre. Maintenant, dans un autre
ordre d'idées, très rapidement, je reviendrais sur la question de
l'embouteillage des vins. Je ne sais pas si vous attendiez ma question, mais
vous savez que je suis en accord avec vous depuis un certain temps, car vous
avez émis un certain nombre de permis auprès des embouteilleurs
québécois, vous leur avez donné des permis d'embouteillage
de vin. Chez nous, dans le comté de Beauharnois, je pense qu'on m'en
voudrait de ne pas poser la question, parce que l'on sait que nous avons la
Distillerie Schenley, qui est une entreprise importante,
particulièrement à Valleyfield. Dans le comté, c'est
important dans le sens que cette entreprise embauche au-delà de 300
personnes, c'est une compagnie qui
fonctionne relativement bien, mais on sait que depuis quelques
années les ventes de spiritieux ont diminué et que la vente des
vins a augmenté. Dans l'émission des permis d'embouteilleurs de
vin, on sait qu'il y a de grands compétiteurs de Schenley, comme, par
exemple, Seagram qui, par le truchement d'une autre filiale, a le permis
d'embouteillage de vin et cela crée une compétition que Schenley
considère comme étant inégale, injuste et discriminatoire
à son égard, car Seagram est un grand producteur de spiritueux au
même titre que Schenley. Lorsqu'ils étaient tous les deux sur un
même pied, qu'ils se contentaient de fabriquer des spiritueux, la
bataille était équitable, mais à partir du moment
où Seagram obtient le permis d'embouteillage de vin et que Schenley ne
l'obtient pas, à ce moment-là, cela crée une espèce
de déséquilibre entre ces deux grands compétiteurs et
Schenley se plaint auprès de son député et le
député se plaint auprès du ministre. J'aimerais, en tout
cas, que le dossier Schenley, en ce qui a trait aux permis d'embouteillage de
vin, ne soit pas un dossier fermé à tout jamais et que vous nous
laissiez au moins l'espoir qu'un jour Schenley pourra avoir, si ce n'est un
permis d'embouteilleurs de vin pour le Québec, au moins un permis
spécial d'embouteillage pour exportation.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Vous m'avez parlé, à plusieurs reprises,
du cas de l'entreprise Schenley, de Valleyfield, que je considère une
excellente entreprise québécoise. J'ai rencontré les
dirigeants à plusieurs reprises et j'ai visité l'entreprise en
votre compagnie. Le permis pour exporter, il n'y a pas de problème, je
pense que cela pourrait se régler rapidement. Le permis pour vendre au
Québec, il n'est écrit nulle part... C'est cela dans le fond,
c'est un engagement personnel que j'avais pris à l'occasion d'une table
de consultation, que nous avons tenue en février 1982, il y a
déjà au-delà de deux ans maintenant. J'avais pris
l'engagement, vis-à-vis des producteurs privés
québécois, que nous n'émetterions pas de nouveaux permis
pour embouteiller du vin tant et aussi longtemps que nos entreprises n'auraient
pas atteint un certain pourcentage de fabrication. À l'heure actuelle,
je veux respecter cet engagement moral que j'ai pris vis-à-vis de ces
gens-là. Je n'ai pas pris un engagement moral pour dix ans, j'ai pris un
engagement pour une période donnée et je suis en train de
regarder cela encore une fois. Vous avez un cas important, qui nous force
à réfléchir, mais il y a un engagement que j'ai pris
vis-à-vis des autres, et puis, avant de changer, je veux au moins
consulter ceux qui étaient présents à la table de
consultation.
Quant à l'exportation, je suis disposé à
régler cela très rapidement.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Mme la Présidente, j'aimerais revenir sur la
question de contenu québécois, je pense que c'est un dossier
important, surtout dans les grands projets. D'ailleurs je sais que vous faites
certains efforts de ce côté-là. En passant, je vais
souligner ce que vous avez dit en ce qui concerne les grands bureaux de
génie-conseil. J'ai déjà été dans le milieu.
Même si des projets se faisaient en Corée il était
évident que, lorsque les achats se faisaient par l'entremise d'un bureau
de génie-conseil québécois, comme il connaissait mieux les
fabricants, le contenu canadien-québécois était
supérieur. Ce qui m'intéresse, c'est ce qui concerne les grandes
alumineries qui se construisent présentement. J'ai obtenu certains
chiffres concernant Reynolds. Au passage, j'ai de la difficulté à
comprendre la publicité qui est faite lorsqu'on annonce des grands
projets. Quand c'est grand, il faut les mettre encore plus grand. Vous avez
annoncé dernièrement - il y a eu une conférence de presse
- l'aluminerie de Bécancour, pour 1 500 000 000 $. J'ai essayé de
comprendre parce que, à la Reynolds, c'est deux fois plus petit et cela
coûte seulement 500 000 000 $. Alors, normalement, si à la
Reynolds c'est 500 000 000 $, Bécancour, multiplié par deux,
devrait coûter 1 000 000 000 $. Même si on ajoute à cela le
fait que Pechiney a décidé de construire une usine d'anodes pour
25 000 000 $, ça ne devrait pas coûter plus de 1 000 000 000 $, 1
100 000 000 $, alors que l'annonce qui a été faite était
de 1 500 000 000 $. En fouillant un peu et en posant des questions, je me suis
aperçu que ce qui a été fait, c'est que les trois
partenaires dans l'aluminerie de Bécancour ont inclus dans leurs
chiffres de 1 500 000 000 $ le fonds de roulement, le financement et tout cela.
Normalement, lorsqu'en termes d'ingénieurs on parle d'un projet on parle
du coût direct et les intérêts durant la construction
n'incluent pas le fonds de roulement. C'est pour cela que je me suis
aperçu qu'on parlait de deux choses tout à fait
différentes et j'ose espérer que, lorsque vous ferez vos
statistiques à la fin de l'année, vous ne mettrez pas le fonds de
roulement dans les investissements annuels. C'est donc dire que, dans le cas de
Reynolds, c'est environ 500 000 000 $ et, dans le cas de l'aluminerie de
Bécancour, c'est environ 1 000 000 000 $. J'ai obtenu des chiffres pour
le contenu québécois et canadien. La construction, dans le cas de
Reynolds,
environ 215 000 000 $, ce qui donnerait un contenu canadien et
québécoise de 90%; en fait, la plus grande partie du contenu est
québécois mais on me dit qu'il y a des gros fer-angles qui sont
importés de l'Ontario, mais, quand même, c'est 90% de contenu
québécois et canadien. L'équipement et les
matériaux, 200 000 000 $, pour environ 60% de contenu
québécois et canadien. Les coûts indirects, 75 000 000 $ de
frais d'ingénieurs; ça, c'est 100%. Le total est d'environ 500
000 000 $, pour un contenu québécois et canadien de 80%.
On m'a indiqué qu'étant donné que le projet de
Pechiney était piloté par Pechiney cette société
insistait beaucoup pour que plusieurs équipements soient importés
de France. Est-ce que votre ministère a des informations à ce
sujet, compte tenu de l'intervention de votre ministère par l'entremise
de la Société générale de financement? Est-ce que
vous pouvez confirmer le contenu canadien? Ce serait tout de même assez
curieux, étant donné que vous avez une participation de 25% dans
un projet, que le contenu québécois ou canadien soit moindre que
dans un projet où l'État québécois n'a absolument
aucune association directe. Je me demandais si l'information que j'avais
obtenue était véridique et, si elle l'est, qu'est-ce que vous
entendez faire pour corriger la situation?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Les informations que vous avez eues concernant Reynolds
sont passablement justes. On s'attend à dépasser un peu les 80%
chez Reynolds. On a eu une collaboration extraordinaire des dirigeants de
Reynolds; M. Reynolds, en particulier, s'est assuré que ses gens avaient
le maximum de contenu québécois.
Quant à l'aluminerie de Bécancour, Pechiney, qui oeuvre
dans d'autres domaines d'activité, qui a aussi des filiales qui font des
pièces d'équipement, elle voudrait bien aussi vendre ses
pièces d'équipement. J'en ai discuté, il y a deux ou trois
semaines, avec M. Lebel, président de la Société
générale de financement, et on s'attend aussi, à Pechiney,
dépasser un peu le 80% de contenu québécois.
Notre nouveau partenaire, Alumax, exige que ce soit vraiment des
soumissions publiques, au meilleur coût, ce qui nous force, au bureau des
grands projets, à surveiller, très à l'avance, les
demandes de soumissions pour informer les entreprises québécoises
et s'assurer avec elles qu'elles puissent avoir la technologie. Je pense
à ce qu'on appelle, les "suceuses", les "unloaders" dont on a dû
importer la technologie d'Allemagne pour réaliser les pièces
nécessaires pour Baie-Comeau. La même chose va servir à
Bécancour. On a dû subventionner une partie de la technologie. Au
bureau des grands projets, cela nous met dans une situation où il ne
faut pas s'endormir. Cela fait partie de nos responsabilités.
Jusqu'à ce jour, les rapports que nous avons de la
Société générale de financement me portent à
croire que Pechiney sera à peu près dans le même ordre de
contenu québécois que l'aluminerie Reynolds.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que Pechiney, dans son entente contractuelle,
a le privilège d'imposer sa volonté ou est-ce que, comme vous
venez de me le dire, ce sera finalement le conseil d'administration - ou
l'arbitre, j'imagine - qui pourrait être dans une certaine mesure le
bureau de génie-conseil, qui, lui, recherchera le meilleur prix pour le
meilleur équipement, tel que le veut Alumax? Mais, à ce
moment-là, si tel est le cas - je parle surtout en termes
d'équipement, parce que, pour la construction, il va de soi qu'il serait
tout de même assez surprenant que les employés de la construction
viennent d'Allemagne ou de France. Pour la construction, je pense bien qu'il
n'y a pas de problème. Mais on parle surtout du contenu
québécois et canadien en ce qui concerne l'équipement
proprement dit; pour Reynolds, c'est 200 000 000 $, dans le cas de Pechiney, ce
serait 400 000 000 $. Voulez-vous dire que la règle que Alumax a
imposée serait une règle du meilleur prix pour le meilleur
équipement? À ce moment-là, cela pourrait vouloir dire que
le contenu québécois et canadien serait moindre si les fabricants
québécois ou canadiens n'étaient pas en mesure d'affronter
la concurrence allemande ou française.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: C'est exact, M. le député d'Outremont.
C'est pour cela que je vous disais que nous, au bureau des grands projets,
n'avons pas le droit de nous endormir. Il faut suivre l'évolution de ce
dossier de très près pour encourager et aider, de toutes les
façons possibles, nos entrepreneurs québécois. J'en ai
discuté aussi - je pense à cela - il y a environ deux mois, avec
les gens de Pechiney qui sont venus me rencontrer à propos du contenu
québécois. Il y avait beaucoup d'ouverture de ce
côté, quoique Alumax, en demandant le meilleur prix, cela nous met
dans une situation un peu plus délicate.
La-dessus, je voudrais vous citer un exemple, celui des ponts roulants:
même Alcan achète les ponts roulants d'une filiale
de Pechiney. Alors, c'est sûr qu'il ne faut pas être surpris
si le contenu est français là-dessus. Mais je vous
répète que M. Lebel, de la SGF, croit qu'on pourra arriver
à peu près dans le même ordre de grandeur quant au contenu
québécois que pour l'aluminerie de Reynolds.
M. Fortier: Merci.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Duplessis, en vous rappelant que nous en sommes toujours à
l'élément 1 du programme 1.
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. En rapport avec les
projets d'investissements étrangers au Québec, sous la direction
de l'analyse et de l'évaluation des projets d'investissements
étrangers, serait-il possible, sans dévoiler de secrets, de
connaître le nombre de projets présentés à la
direction de l'analyse en 1983-1984 et d'obtenir la liste de ces projets si
elle n'est pas confidentielle?
De plus, en ce qui a trait à l'administration de la loi sur les
sociétés de développement de l'entreprise
québécoise, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme a entrepris une étude, conjointement avec le ministère
des Finances, sur d'autres modifications qui seraient prévues à
la loi, modifications se rapportant d'ailleurs au capital de risque d'une
entreprise, conjointement avec le ministère des Finances. Pourrait-on
savoir à peu près quand cette étude sera
terminée?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Sur tous les investissements étrangers qui
viennent au Québec, FIRA nous demande notre avis. Je pourrais
vérifier le nombre exact, mais il s'agit d'une centaine, peut-être
un maximum de 150 projets par année. Je ne pourrais malheureusement pas
dévoiler la liste des projets, parce qu'elle est confidentielle. Le
contenu de l'analyse que nous transmettons à FIRA est aussi
confidentiel, à tel point que, même si on voulait laisser entendre
ce qu'on est en train de faire, cela serait suffisant pour bloquer un
investissement. Je pense qu'il y a des règles du jeu à respecter.
Je dois dire que vis-à-vis de FIRA, règle générale,
nous avons eu très peu de cas sur lesquels nous étions en
désaccord, un cas dans le comté de Maisonneuve, celui de Mme la
présidente, avec Amco où FIRA a empêché 200 emplois
de venir de Chicago à Montréal. Mais, règle
générale, il y en a très peu à part cela...
La Présidente (Mme Harel): C'est un... M. Biron: Je
ne sais pas si c'est parce que c'était dans le comté de
Maisonneuve, Mme la Présidente. Quant à votre autre question sur
l'administration des SODEQ, c'est exact qu'il existe un rapport conjoint entre
le ministère des Finances et le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme sur les SODEQ. Celui-ci doit être
déposé d'une journée à l'autre. Au cours des
prochains jours, je pense bien qu'on fera rapport. Le rapport sera
analysé par les deux ministères. Je crois que, possiblement vers
la fin du printemps ou au début de l'été, on sera en
position de dire ce qu'on en pense.
M. Perron: Merci.
La Présidente (Mme Harel): II reste trente ou vingt
secondes avant de suspendre nos travaux. Nous reviendrons après la
période des questions, après que le leader aura invité la
commission à siéger de nouveau. En terminant, je vais vous
inviter, pour cet après-midi, à procéder d'une
façon plus rapide si on veut avoir une vue d'ensemble des crédits
de ce ministère. Si vous me permettez, je suspendrai
immédiatement les travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 16 h 14)
La Présidente (Mme Harel): Nous allons reprendre nos
travaux. L'étude de l'élément 1 est-elle terminée?
L'étude de l'élément 1 est terminée. Alors, je vais
appeler l'étude de l'élément 2.
M. Fortier: Aucune question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément 2 est-elle terminée? M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: Je ne voudrais pas couper le microphone. Est-ce que
cela fonctionne? Programme 1, Gestion interne et soutien, élément
2, Soutien technique, catégorie Communications. M. le ministre, on passe
de 325 000 $ à 424 000 $, soit une augmentation de 30% au chapitre des
communications. C'est une augmentation importante. Est-ce que le ministre
pourrait nous donner des renseignements sur cette augmentation?
M. Biron: Mme la Présidente, cela fait aussi partie d'une
question qui m'a été posée ce matin par le
député de Laporte sur le budget des communications. Je voudrais
en faire faire des photocopies pour remettre aux membres de la commission, en
1983-1984, au livre des crédits, nous avions 6 170 000 $ en
communications. Mais on a un budget
modifié à 10 065 000 $ parce qu'il y a des choses qui ont
été reprises ailleurs, en particulier dans la promotion
touristique, et des frais de voyage. En réalité c'est 10 065 000
$, alors que le budget 1984-1985 est maintenant de 11 883 000 $, pour une
augmentation d'environ 15%. Cela s'explique par un nombre accru de
professionnels en région. Nous aurons une centaine de postes de plus en
région dont une soixantaine de professionnels qui vont avoir beaucoup
plus de dépenses de voyages parce que ce sont des gens qui sont toujours
en voyage à l'extérieur de leurs bureaux pour rencontrer les
chefs d'entreprises. Je voudrais déposer ou remettre à chacun des
membres de la commission une photocopie de la catégorie
Communications.
Ce matin, le député de Laporte m'avait demandé ce
qu'on avait de directement relié à la publicité. Je lui
remets la publicité des différentes directions de mon
ministère, incluant certaines sociétés d'État
telles que la Société du parc industriel du Centre du
Québec, le Centre de recherche industrielle du Québec, l'Institut
national de la productivité, la Société Inter-Port, la
Société du Palais des congrès, la Société de
développement industriel, au ministère, la Direction de
l'industrie, de même que la Direction générale du tourisme,
pour un montant total de publicité payé à
l'extérieur de 6 993 000 $ l'an dernier et de 7 093 000 $ cette
année, pour une augmentation de 1%.
Également, je remets pour le député de Laporte et
les membres de la commission une liste à la suite d'une demande qui m'a
été faite ce matin sur la mission en France des industriels.
J'avais dit six présents ce matin mais c'est sept d'après les
dernières informations. La liste des industriels est ici avec les
entreprises qu'ils représentaient à l'époque, et quatre
entreprises sur les sept ont signé des accords de commercialisation avec
des gens de la France.
Maintenant, une réponse additionnelle quant au consortium pour
exporter du vin embouteillé au Québec aux États-Unis. Ce
n'est pas tout à fait aussi avancé que j'avais dit ce matin. Aux
dernières nouvelles la semaine dernière, il y a eu quelques
petits problèmes techniques, il n'y a pas encore d'entente ou d'accord
formel de conclu mais c'est toujours en négociation avec les principaux
partenaires privés et la Régie des alcools. J'ai une note ici
pour les membres de la commission. Mme la Présidente, j'aimerais faire
faire des photocopies pour en remettre une à chacun des membres de la
commission.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, il va nous
falloir parler de distribution et non de dépôt parce que, pour les
fins de l'enregistrement, il s'agit pour le classement aux archives de deux
choses différentes; alors, cela va être une distribution.
M. Biron: Très bien.
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais féliciter le ministre pour la
très grande célérité avec laquelle il remet les
documents aux députés à cette commission et on oserait
espérer qu'il procède de la même façon avec le
fameux document dont on demande le dépôt à
l'Assemblée nationale depuis une semaine en ce qui concerne la
Régie des alcools.
M. Biron: Mme la Présidente, je ne vois pas pourquoi le
député de Laporte, une fois qu'il a été vraiment
gentil en disant la vérité, rajoute un petit paragraphe
après, parce qu'il sait fort bien que je dépose très
rapidement les documents qu'il me demande de déposer.
La Présidente (Mme Harel): Je vais donc appeler le
programme 1, l'élément 2. S'il n'y a pas d'autres interventions
des membres de la commission, l'étude en est terminée. Je vais
faire l'appel de l'élément 3, toujours du programme 1.
M. Fortier: J'aurais une brève question.
La Présidente (Mme Harel): Une brève question, M.
le député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais poser une brève question, je ne
veux pas être trop long parce que j'aimerais laisser autant de temps
à mes collègues également.
M. Biron: Un instant, s'il vous plaît!
La Présidente (Mme Harel): Est-ce que cela suppose qu'il y
a suspension des travaux parce que le député de Nelligan est
arrivé?
M. Lincoln: Excusez-moi. Je n'ai pas réussi à
rejoindre le ministre. Une seconde et je...
La Présidente (Mme Harel): La parole est au
député d'Outremont.
Recherche et planification
M. Fortier: Je vois, Mme la Présidente, qu'à
l'élément 3 on nous parle de la Direction générale
de la recherche et de la planification. On sait qu'il y a maintenant deux ans,
je crois, il y a une section d'études économiques qui a
été détachée du
ministère pour être rattachée au ministère du
Commerce extérieur, qui s'est retrouvée, à un moment
donné, au Conseil exécutif et qui maintenant se retrouve au
ministère des Finances puisque cela... Non, cela a été
rattaché dans un premier temps au ministère d'État au
Développement économique et, par la suite, cela a
été rattaché au ministère des Finances. La question
que je vais poser touche, d'une part, au Bureau de la statistique du
Québec, où on fait beaucoup d'études économiques,
et je sais que ce bureau est dans les limbes présentement. Le
ministère des Finances se pose la question à savoir ce qu'il va
faire exactement avec le Bureau de la statistique. La question que j'aimerais
poser, c'est: Est-ce qu'on se trouve devant une duplication d'efforts à
la suite de ce démembrement du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme? Il y a deux ou trois ans, tout ce qui touchait le
développement économique in extenso, avant la nomination de M.
Landry, se retrouvait au ministère de l'Industrie et du Commerce. Par la
suite, on a détaché le Bureau de la statistique et toute la
section des études du développement économique se retrouve
maintenant au ministère des Finances et le ministre des Finances se pose
la question à savoir ce qu'il va faire exactement avec cela. Je vois
maintenant que vous avez une Direction générale de la recherche
et de la planification. J'aimerais brièvement que le ministre puisse
nous situer pour nous dire s'il y a effectivement duplication dans les efforts
gouvernementaux et si vous êtes en train de refaire la section de
planification économique qui existait il y a trois ou quatre ans au
ministère.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Biron: Mme la Présidente, nous ne sommes pas en train
de refaire la section de planification économique qui existait au
ministère. D'abord, la première partie de la question concerne le
Bureau de la statistique du Québec qui relève du Comité
ministériel du développement économique, donc, le ministre
des Finances présentement. Et c'est un outil dont nous nous servons
très souvent, nous, au MICT, en passant des commandes au Bureau de la
statistique du Québec. Or, il y a une entente entre les
différents ministères pour qu'on puisse passer des commandes
directement et les réponses viennent directement sans passer par le haut
des deux ministères.
Deuxièmement, il y a une petite direction de la planification qui
est demeurée au Comité ministériel du développement
économique, mais il y a une partie de cette direction qui est revenue au
MICT: celle qui avait trait directement au développement industriel.
Alors, tout ce qui concerne l'industrie et le commerce directement, qui est
plus sectoriel qu'horizontal, est au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et ce qui regarde l'horizontal, c'est-à-dire qui
pourrait chapeauter plusieurs ministères - vous avez un exemple avec le
Bureau de la statistique. Dans le fond, je sais que le ministère de
l'Énergie et des Ressources, celui du Commerce extérieur, celui
de la Science et de la Technologie et celui de l'Agriculture font aussi
très souvent appel au Bureau de la statistique du Québec. Donc,
c'est très horizontal; cela appartient au Comité
ministériel du développement économique. Mais nous ne
croyons pas que notre direction de recherche et planification augmente au cours
des prochaines années. Cela veut dire que c'est très
limité à 48 personnes au total, incluant les 2
occasionnelles.
La Présidente (Mme Harel): L'étude de
l'élément... Oui?
M. Biron: Je pourrais peut-être, si cela intéresse
aussi le député d'Outremont, lui fournir une liste des principaux
travaux réalisés en 1983-1984 par la Direction
générale de la recherche et du développement. Il y a
à peu près une trentaine de travaux différents. Je
pourrais vous en remettre un copie.
La Présidente (Mme Harel): Oui. M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. J'aurais une
brève question se rapportant aux négociations du GATT et aux
achats publics. Il y a une étude qui a été entreprise pour
évaluer les effets de l'élargissement de l'accord du GATT sur les
marchés publics et cela influencerait le matériel de
télécommunication, des équipements de
génération et de transmission d'énergie électrique
et même le matériel de transport en commun terrestre. Même
si cette étude n'est pas encore terminée, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il y a déjà des effets positifs ou
négatifs qui se sont fait sentir dans notre industrie?
M. Biron: La demande nous est venue surtout du gouvernement
américain dans le courant des négociations et on a dit que nous
étions prêts à faire les études nécessaires -
d'ailleurs, on se prépare à les faire; on a même
commencé à faire certains travaux - à la condition que
cela puisse s'appliquer - et cela regarde surtout les achats gouvernementaux -
aussi aux États américains et aux villes américaines. Or,
le gouvernement américain dit: II ne faudrait pas qu'il y ait de
politique d'achat provinciale au Canada; nous autres comme gouvernement, nous
ne voulons pas non plus
qu'il y en ait aux États-Unis.
Mais, dans les États et les villes, il y a de très fortes
restrictions à l'achat de produits venant de l'extérieur. Je peux
donner comme exemple les produits utilisés dans la construction de
routes, le ciment en particulier. Il y a une taxe additionnelle de 25% sur les
produits provenant de l'extérieur de l'État. Finalement, on a
dit: On est prêt, à condition que ce soit la même
règle de conduite aux États-Unis et au Canada. On est en
discussion avec les autres provinces canadiennes là-dessus.
M. Perron: Donc, ce ne serait pas à sens unique?
M. Biron: Non. M. Perron: Merci.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'aurais quelques courtes questions à poser
concernant l'élément 3, Recherche et planification. Dans le
document que vous nous avez remis, on parle des orientations de l'année
1984-1985. Au chapitre Travaux de recherches spécifiques, des travaux
portent sur un sommet du Québec dans le monde. On entend parler de
toutes sortes de sommets depuis quelques années. Le ministre pourrait-il
nous donner quelques renseignements à ce sujet? Le ministre semble
surpris de voir ce paragraphe inscrit dans son document. Peut-être que
son sous-ministre pourrait lui souffler la réponse.
M. Biron: ...dans nos papiers.
M. Bourbeau: À la page 3, Direction générale
de la recherche et de la planification, sommet sur le Québec dans le
monde. Le ministre préférerait-il revenir là-dessus plus
tard?
M. Biron: Non, je peux vous répondre là-dessus.
C'est sous la direction du ministre du Commerce extérieur qui est aussi
ministre des Relations internationales. Nous voulons étudier la place du
Québec dans le monde économique. On a demandé au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de préparer
certains documents. D'ailleurs, pour votre information, ce sera peut-être
un des premiers sommets auxquels le gouvernement fédéral va
participer avec le gouvernement du Québec. Peu importe notre option,
à l'heure actuelle, on est pris avec le gouvernement
fédéral et on ne peut pas agir à l'extérieur en
toute souveraineté. Dans ce sens, c'est un sommet organisé par le
Québec dont un des partenaires est le gouvernement
fédéral, mais nous devons préparer les documents
nécessaires au point de vue sectoriel concernant l'Industrie, le
Commerce et le Tourisme.
M. Bourbeau: Dans les dossiers nouveaux...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: ...il y a une étude concernant les chantiers
maritimes. Le ministre préférerait-il en discuter au moment
où on parlera de marine ou veut-il en parler maintenant?
M. Biron: Comme vous le voulez.
M. Bourbeau: On pourrait peut-être en parler plus tard. En
fait, c'est le problème entre Marine et Davie. Il y avait une analyse
sur l'influence de l'application de la loi concernant les décrets sur la
compétitivité de certains secteurs industriels. Le ministre
pourrait-il nous dire exactement sur quoi porte cette étude? Où
en est-on rendu présentement?
M. Biron: C'est à la suite d'un sommet sur le
vêtement. Il y a plusieurs décrets dans le domaine du
vêtement, sept ou huit, je ne sais trop combien, neuf. En tout cas, il y
en a des petits et des gros. Les gens se plaignaient du fait qu'il y avait trop
de décrets. Ils nous ont demandé de réduire le nombre de
décrets à un décret. Il y a toutes sortes de
priorités pour les entreprises, de même que pour les syndicats et
les travailleurs. Nous avons tout de même demandé à notre
Direction de la recherche et de la planification de faire une étude sur
l'influence de l'application des décrets sur les différents
secteurs. On a commencé par le vêtement, mais c'est
peut-être le secteur le plus compliqué à l'heure
actuelle.
M. Bourbeau: L'étude porte-t-elle seulement sur les
décrets ou sur un aspect plus large du problème de la
réglementation dans les industries, les PME ou sur le fait de combiner
toutes les lois, la loi 27, la loi 101 et toute la réglementation qui
découle de toutes ces lois, dans la gestion des entreprises?
M. Biron: Non, elle porte sur l'influence des décrets sur
les coûts de fonctionnement, comparativement à l'Ontario, au
Manitoba et aux États-Unis. Or, le décret stipule certaines
conditions de travail, certains prix minimums à payer. On veut d'abord
analyser quelle influence cela a sur les différentes grosseurs
d'entreprises et sur les entreprises québécoises comparativement
aux entreprises extérieures. (16 h 30)
La Présidente (Mme Harel): M. le
ministre, je pense qu'on souhaiterait obtenir, au moment où ces
études et ces analyses seront complétées, les informations
que vous pourriez nous donner sur les effets sur les secteurs industriels des
décrets sur les conditions de travail. Je pense que cela pourrait
être extrêmement intéressant pour les membres de la
commission. Cette étude va se faire au cours de l'année,
j'imagine.
M. Biron: Cette étude est présentement en marche et
elle se fait en collaboration avec le ministère du Travail.
La Présidente (Mme Harel): Alors, dernière
question, M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Très rapidement, sur le secteur de la
pétrochimie. Tout le monde sait qu'il y a un rapport du groupe de
travail fédéral sur l'industrie de la pétrochimie. Le
ministre est-il satisfait de ce rapport et des conclusions et a-t-il fait des
représentations au gouvernement fédéral pour qu'il donne
suite aux conclusions du rapport du groupe de travail?
M. Biron: Je ne suis pas complètement satisfait des
conclusions du groupe de travail, mais, encore là, il faut que je note
qu'il y avait tellement d'intérêts divergents, lorsqu'on compare
les intérêts du Québec, de l'Ontario et de l'Ouest
canadien. C'est encore surprenant qu'on ait réussi à en venir
à certaines conclusions ou à certaines présentations au
gouvernement fédéral. Immédiatement après que le
groupe de travail eut déposé son rapport, j'ai écrit
personnellement au ministre fédéral de l'Industrie et du Commerce
de même qu'au ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources
pour leur faire part des besoins de l'industrie québécoise de la
pétrochimie. J'ai reçu des lettres, des accusés de
réception et certaines informations, mais la décision finale
n'est pas encore prise au gouvernement fédéral à ce sujet.
Je sais que mon collègue, le ministre des Finances, en discute aussi
avec le ministre des Finances du gouvernement fédéral parce qu'il
est question de beaucoup d'argent et surtout de remettre en question, non pas
toute la politique énergétique fédérale, mais la
politique énergétique en ce qui regarde la
pétrochimie.
La Présidente (Mme Harel): Sur le même sujet, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Compte tenu du fait qu'il va y avoir des
élections fédérales bientôt, une décision
peut tarder malheureusement. Il y a un très grand nombre d'emplois dans
le domaine de la pétrochimie au Québec, à Varennes et dans
l'est de Montréal; y a-t-il un danger que Pétromont doive fermer
ses portes? On a dit que Varennes était moins susceptible de fermeture
que l'autre usine dans l'est de Montréal. Est-ce qu'une décision
va être prise d'ici l'été à ce sujet?
M. Biron: II y a danger pour les opérations de
Pétromont et, s'il y a danger pour Pétromont, il y a danger pour
plusieurs entreprises en aval. J'ai rencontré les présidents de
deux des plus grandes sociétés privées de
pétrochimie qui oeuvrent en aval de Pétromont au Québec,
et eux aussi s'inquiètent. Alors, à l'heure actuelle, dans le
domaine de la pétrochimie on a beaucoup de rencontres avec l'association
des entreprises dans ce secteur. Les grandes entreprises font pression avec
nous et il y a des discussions avec le gouvernement fédéral pour
en venir à une politique pétrochimique. Le problème
à l'heure actuelle c'est qu'on a compensé, le
fédéral et le provincial, pour 50 000 000 $, soit 25 000 000 $
chacun pour l'an dernier et cette année. Cela bouche le trou et
empêche Pétromont de tomber, mais cela empêche aussi tout le
monde de faire des développements en avant parce qu'on ne sait pas ce
qui va arriver dans trois ou cinq ans d'ici. Alors, ce qu'on veut avoir du
gouvernement fédéral c'est une garantie au moins sur une
période d'années qui va faire en sorte que les entreprises
privées pourront investir pour se moderniser. À l'heure actuelle,
des entreprises comme Himont ou comme BASF à Laval ne peuvent pas
investir pour se moderniser parce qu'elles ne savent pas deux ans d'avance ce
qui va leur arriver. Alors, on essaie de définir, de concert avec ces
entreprises et avec le gouvernement fédéral, une politique
pétrochimique qui pourrait permettre aux entreprises
québécoises d'évoluer. Mais il y a aussi danger pour
Pétromont si la situation ne change pas.
La Présidente (Mme Harel): Est-ce sur le même sujet,
M. le député de Duplessis?
M. Perron: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): C'est toujours
l'élément 3 du programme 1?
M. Perron: Toujours l'élément 3 du programme 1.
Dans le cas des chantiers maritimes, je voudrais demander au ministre si
l'étude qui est en train de se faire sur le profil de la situation des
chantiers maritimes et qui va analyser en même temps des
possibilités de réorientation touche seulement les gros chantiers
comme la Davie ou encore Marine Industrie et d'autres à
l'extérieur du Québec ou si cela touche l'ensemble des chantiers
maritimes. Quand je parle de chantiers maritimes, je pense aux chantiers
maritimes se rapportant à la construction des bateaux de pêche,
par exemple.
M. Biron: Je vous remercie de vous occuper du chantier maritime
Les Ateliers de Tilly, dans Lotbinière, dans mon comté. Mais,
non, cette étude ne s'applique pas aux petits chantiers maritimes, elle
s'applique tout simplement aux grands chantiers. Ce qui veut dire: Davie,
Marine Industrie et Vickers.
M. Perron: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Alors, l'étude de
l'élément 3 du programme 1 est-elle complétée? Nous
passons au programme 2: Société de développement
industriel du Québec.
M. le député de Laporte.
Plan de relance
M. Bourbeau: II y aurait peut-être lieu de commencer
l'étude de ce programme 2 par un exposé du ministre, étant
donné que la SDI est le véhicule qu'emploie le gouvernement dans
ses programmes de relance économique et d'aide à la PME. Est-ce
que le ministre ne jugerait pas opportun de nous faire un exposé rapide
sur où l'on est rendu dans les programmes de la SDI et quelles sont les
orientations pour l'année à venir?
M. Biron: J'ai parlé ce matin du programme d'urgence. Je
ne sais pas si le député de Laporte voudrait que je recommence
à parler du score Québec-Ottawa, 93 contre 7.
M. Bourbeau: Si j'ai bien compris, le programme d'urgence est
terminé depuis le 31 mars. Je préférerais qu'on parle de
l'avenir plutôt que du passé. Le programme de relance nous
intéresse beaucoup et on voudrait savoir dans quelle mesure ce programme
va permettre aux banques de substituer la garantie gouvernementale à la
responsabilité que les banques encouraient de toute façon dans
leurs lignes de crédit avec leurs clients. Si le plan de relance
n'existait pas, est-ce que les prêts qui se font se seraient faits quand
même ou est-ce que les banques ne profiteront justement pas de la
garantie gouvernementale pour dégager leur garantie ou, enfin, pour la
diminuer sensiblement?
M. Biron: Si je disais que, s'il n'y avait pas de plan de
relance, il n'y aurait pas eu d'investissement du tout, je pense que personne
ne me croirait. Je ne serais pas logique, mais c'est important et essentiel
pour beaucoup d'entreprises québécoises. Ce genre de plan, on l'a
conçu après plusieurs visites, plusieurs rencontres, et des
discussions très longues avec les différents intervenants
industriels du Québec. Enfin, c'est une tendance qui se développe
de plus en plus de remplacer des subventions par des garanties de prêts
ou des polices d'assurance contre des augmentations de taux
d'intérêt. À l'heure actuelle, nous cherchons des formules
de financememnt, de capitalisation des entreprises. On a eu un colloque sur le
financement des PME avec le groupement québécois d'entreprises,
il y a dix ou quinze jours à Montréal, et la moitié des
ateliers, sur la quinzaine d'ateliers qu'on a eus, nous ont
suggéré d'enlever les subventions pour les remplacer par des
garanties de prêts ou des garanties de financement de capitalisation
d'entreprises. Or, on s'aperçoit que la tendance est d'enlever cet
argent transféré aux entreprises pour gager sur des entreprises,
bien sûr, avec des risques, des risques que l'entreprise fasse faillite
et qu'on soit obligé de payer, mais ce n'est pas 100% des entreprises
qui vont faire faillite. Dans le plan d'urgence, on en a 7% et on va
probablement se rendre à 15% au cours des prochaines années, mais
c'est excellent quand même. Alors, prendre des risques sur cela et
prendre des risques qu'il y ait des prêts, qui se seraient faits d'une
façon ou d'une autre, mais cette fois ils vont être garantis...
Les prêts qui se seraient faits d'une façon ou d'une autre, ce
sont habituellement des prêts pas mal sûrs. Le fait d'avoir une
garantie additionnelle du gouvernement du Québec, vous allez me dire que
le chef d'entreprise, au lieu de payer 13%, va payer 12%; c'est tellement
garanti qu'il va payer meilleur marché son taux d'intérêt.
C'est exact qu'il va en profiter un peu plus.
Or, garantir à de bonnes entreprises, cela ne coûte rien,
mais garantir à de mauvaises entreprises - ce sont elles qui font
faillite - l'analyse se fait entre l'institution financière qui doit
prendre un risque sur le tiers et la Société de
développement industriel qui juge une fois que la présentation du
dossier est faite au complet.
Dans ce sens, je prévois que, même cette année,
quelques-uns de nos plans, à la suite du rapport que nous aurons de
notre commission québécoise sur la capitalisation des
entreprises, je prévois que quelques plans d'aide à l'entreprise
vont probablement changer. Si je voulais regarder un peu dans ma boule de
cristal et vous dire ce qui va arriver au cours des prochaines années,
je vous dirais que de plus en plus les plans d'aide à l'entreprise vont
être changés par des garanties pour donner de l'argent tout de
suite et par des polices d'assurance contre des taux d'intérêt ou
par des prises en charge de dividendes sous forme de capitalisation. Dans ce
sens, cela va coûter meilleur marché à l'État
québécois et l'entreprise aura son argent tout de suite.
Je rencontre beaucoup de chefs d'entreprise qui me disent: Moi, je suis
prêt à investir 300 000 $; ce n'est pas 60 000 $ de subventions
à 12 000 $ par année pendant
5 ans que je veux, ce sont mes 300 000 $ tout de suite. Si je peux les
avoir, je vais les faire fructifier et je vais m'organiser avec cela. Mais,
souvent, on ne peut pas avoir les 300 000 $ parce qu'on manque de garanties
pour emprunter. Dans ce sens, lorsqu'on lui donne de l'argent en avant, du
"upfront money", il peut le faire fructifier. Il y a un dicton qui dit que
c'est toujours le premier million qui est plus difficile à faire, mais
nous disons à l'entreprise: On vous met le premier million dans les
mains. Il faut que vous le remboursiez à la banque et le surplus, le
gain, vous le gardez pour faire fructifier votre entreprise. Vous allez
reconnaître qu'il y a une tendance de plus en plus grande dans ce sens.
Les bourses d'affaires, c'est ce principe de garantie de prêt; le plan de
relance, de financement d'entreprises, c'est cela. Les crédits
d'implantation ou certains programmes de recherche et innovation, ce sont des
prêts ou des garanties de prêts, en disant: Si cela ne
réussit pas, on paie les pots cassés et, si cela réussit,
tant mieux pour vous. C'est une tendance et nous voulons aller de plus en plus
dans cette direction.
Il y a aussi un programme qui est intéressant. C'est le programme
de financement des entreprises à la Bourse. C'est un programme qu'on a
développé l'an dernier de concert avec les institutions
financières et la Bourse de Montréal. Il y a une douzaine
d'entreprises - c'est la première fois dans l'histoire qu'il y en avait
tant que cela la première année, au dire des gens de la Bourse -
et il y a déjà une trentaine de dossiers à l'étude
présentement pour des entreprises québécoises de taille
moyenne qui pourraient s'inscrire en Bourse. C'est une des faiblesses, une des
carences du Québec. Dans le fond, on n'a pas assez d'entreprises
publiques.
Or, c'est un programme dont les crédits ont doublé cette
année pour nous aider à payer les frais de financement de la
première émission publique à la Bourse. C'est un programme
qui fonctionne très bien, avec très peu d'administration de la
part de la Société de développement industriel, puisque ce
sont les courtiers de valeurs mobilières et la Bourse de Montréal
qui administrent les premières démarches de ce programme.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Oui. On va revenir sur certains points dont le
ministre a parlé. Dans le plan de relance, si j'ai bien compris, les
critères qui servent à l'octroi de prêts et à la
garantie gouvernementale sont les critères normaux qu'utilisent les
institutions prêteuses. Autrement dit, les institutions prêteuses
ne sont pas censées élargir les critères parce que la
garantie gouverne- mentale est derrière. Si c'était le cas, on
verrait de mauvais prêts qui seraient faits un peu sur le dos du
gouvernement, faisant en sorte que les banques s'en laveraient un peu les mains
et diraient: On peut prêter à n'importe qui, n'importe comment,
puisque c'est le gouvernement qui va ramasser la facture.
Est-ce qu'effectivement, dans ce cas, cela ne fait pas en sorte que,
puisque les critères sont les mêmes - ils devraient être les
mêmes que les banques ou que les prêteurs utilisent normalement -
est-ce que cela ne fait pas en sorte que, de toute façon, les
prêts se seraient faits puisque les critères sont les mêmes?
En quoi la garantie gouvernementale va-t-elle faire en sorte que les
prêteurs vont prêter puisque les critères demeurent les
mêmes présentement qu'ils étaient quand il n'y avait pas de
garantie gouvernementale?
M. Biron: Les critères sont les mêmes, mais il y a
beaucoup moins de risques pour l'institution financière. L'institution
financière qui va prêter 1 000 000 $ à une entreprise
risque le maximum: 330 000 $ de perte. Lorsqu'elle se garantit un peu sur
l'hypothèque de l'équipement des bâtisses, la perte va
être, disons, de 300 000 $ sur 1 000 000 $. L'institution
financière ne va perdre que 100 000 $. Alors, les institutions
financières ont tendance à prêter un peu plus à
cause de ce programme.
À l'heure actuelle, je peux vous dire qu'il y a deux institutions
financières qui font même de la publicité autour de ce
programme en disant aux chefs d'entreprise: C'est le temps d'investir. Nous
avons de l'argent disponible pour vous puisque nous vous garantissons que vous
serez endossés par le gouvernement du Québec pour les deux tiers
et que vous avez une police d'assurance contre l'augmentation des taux
d'intérêt.
C'est difficile à dire d'avance s'il y a une partie qui se ferait
et une partie qui ne se ferait pas si le programme n'existait pas. Mais, moi,
je suis persuadé qu'il y a au moins la moitié, peut-être
60% des investissements qui ne se seraient pas faits s'il n'y avait pas eu cet
apport du gouvernement du Québec.
Maintenant, comment pourrait-on faire pour limiter seulement les 50% ou
les 60%? Cela prendrait une armée de fonctionnaires pour juger et
tellement de règlements que, finalement, cela coûterait beaucoup
plus cher puisque, je vous le répète, la bonne entreprise qui,
d'une façon ou d'une autre, va avoir son argent ne coûte rien au
gouvernement du Québec parce qu'elle, d'une façon ou d'une autre,
va rembourser.
C'est encore curieux. J'ai discuté dernièrement avec une
entreprise sur un projet potentiel de 60 000 000 $, une multinationale, qui me
disait: Est-ce que nous
pourrions bénéficier du plan de relance comme garantie
gouvernementale puisque le fait d'être garanti par le gouvernement fait
en sorte que notre taux d'intérêt va diminuer d'un demi ou de
trois quarts pour cent? Imaginez-vous, faites le calcul sur 60 000 000 $. C'est
déjà beaucoup d'argent d'épargné par l'entreprise
et cela ne coûte absolument rien au gouvernement du Québec puisque
c'est une multinationale qui a certainement le moyen de rembourser toutes ses
dettes.
Dans ce sens, je pense que c'est une façon nouvelle qui ne
coûte rien à la population québécoise, mais qui
apporte des garanties à l'entreprise et probablement une économie
sur son taux d'intérêt payé à l'institution
financière.
M. Bourbeau: Mme la Présidente. (16 h 45)
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: Je commence à me poser de sérieuses
questions, parce que dans le plan de relance il avait été bien
dit que c'était surtout pour aider les PME. C'est bien évident.
Le ministre nous dit que c'est une multinationale, que c'est un bon risque,
donc, que cela ne coûte rien et que, si on met la garantie
gouvernementale derrière ces gros prêts, cela va réduire la
charge d'intérêt pour les emprunteurs. C'est magnifique dans la
mesure où tout va bien et que nous vivons une période
relativement stable, mais supposons qu'on revive, comme certaines personnes
peuvent le penser, une période de récession aiguë et
même de dépression et qu'il y ait des multinationales qui
lèvent les pieds. C'est déjà arrivé, on a eu la
fameuse faillite de la compagnie de chemins de fer Penn Central aux
États-Unis. Il y a eu Chrysler qui est venue à deux pas de la
faillite et il y en a eu d'autres. Il y en a eu au Québec aussi.
Supposons que le gouvernement suit la philosophie du ministre, le ministre ne
réalise-t-il pas qu'il y a une certaine responsabilité sur les
épaules du gouvernement quand il met sa garantie? Elle peut être
minime, compte tenu de la solidité financière d'une entreprise
multinationale, mais le fait que l'entreprise demande une garantie, l'obtienne
et que la banque réduise le taux d'intérêt, c'est donc
qu'on reconnaît quelque part que quelqu'un prend un risque. Le risque est
transféré de la banque au gouvernement. Il m'apparaît
qu'à ce moment-là tout ce qu'on aurait à faire, c'est que
le gouvernement n'aurait qu'à garantir l'ensemble de tous les
prêts commerciaux qui se font au Québec au cours d'une
année, quels qu'ils soient, à partir de Power Corporation en
descendant, pour dire qu'on a économisé 0,05% à tous les
emprunteurs, mais les contribuables québécois ont ce qu'on
appelle un "liability" dans les bilans du gouvernement. Le gouvernement ne peut
pas garantir indéfiniment les dettes de tout le monde sans avoir une
note au bilan financier que cette contingence-là existe. Alors, cela ne
fait-il pas partie des préoccupations du ministre aussi?
M. Biron: D'abord, je dois dire que l'opération que les
gens m'ont demandée ne s'est pas faite ou elle n'est pas encore faite
parce que la décision de l'entreprise n'est pas prise. L'entreprise
comptait sur sa rentabilité et, à travers ces petits
détails de rentabilité, il y avait ces taux
d'intérêt qu'elle devait payer. Alors, la décision n'est
pas encore prise dans ce cas-là, mais c'est bon que le
député de Laporte ouvre la porte pour qu'on puisse se brancher
là-dessus. Le plan de relance va "jusqu'à 10 000 000 $ pour la
Société de développement industriel et les ministres ont
le droit d'autoriser jusqu'à 10 000 000 $. Plus que cela, il faut passer
au Conseil des ministres. Mais, je suis un peu surpris de l'intervention du
député de Laporte puis, en fait, c'est la deuxième en deux
semaines de la part de membres du Parti libéral contre des
multinationales. Je suis un peu surpris de l'attitude du Parti libéral.
Habituellement, ce n'est pas un parti qui s'oppose aux multinationales et
là, on me dit: Ce n'est pas bon, les multinationales, il faut être
prudent; il faut faire attention; ce n'est pas le temps d'ouvrir la porte aux
multinationales. Or, dans une société comme la
société québécoise, cela prend des grandes
entreprises, des moyennes et de petites et le Parti québécois a
compris cela.
Nous faisons appel, enfin, aux différentes classes et aux
différentes grandes tailles d'entreprises pour venir investir au
Québec. Dans ce sens-là, une multinationale qui vient investir au
Québec et créer une couple de centaines d'emplois, je ne crache
pas dessus et je ne dis pas que c'est mauvais; au contraire, je dis que c'est
bon et j'essaie de voir avec cette entreprise à faire en sorte que sa
rentabilité soit la meilleure possible. Or, dans ce cas précis.
Jusqu'à maintenant je n'ai eu aucun cas de plus de 10 000 000 $ à
présenter au Conseil des ministres. C'est vrai que le programme ne fait
que commencer, mais s'il arrivait des cas, je suis prêt à les
analyser cas par cas. J'espère que le Parti libéral du
Québec ne m'accusera pas de développer le Québec de temps
à autre avec un investissement d'une multinationale comme étant
un mauvais investissement si on peut faire travailler davantage un
Québécois ou une Québécoise.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On ne portera sûrement pas cette accusation,
mais si le
gouvernement vient à garantir tous les prêts faits aux
multinationales... Je comprends que le ministre se soit fixé un objectif
de 2 000 000 $ et que ce soit difficile à atteindre à coups de
garanties de 100 000 $ et de 125 000 $. C'est bien sûr que, si on prend
en charge les garanties de Ford Canada et de General Motors, on va rapidement
arriver à 2 000 000 000 $.
Je voudrais revenir sur un des sujets dont il a été
question tout à l'heure, les critères. Lors du dernier programme,
le programme d'urgence, il y avait des critères également, et
lorsque le ministre l'a jugé à propos, il invoquait le fameux
article 36. Je présume que le ministre connaît l'article 36, je
n'ai pas besoin de le lire, l'article qui permet au ministre de renverser la
décision de ses fonctionnaires et d'accorder le prêt même
si, normalement, il ne devait pas l'être en vertu des normes existantes.
Cela a créé des remous à un moment donné et
certains problèmes, même, au ministre en Chambre. Je ne veux pas
lui rappeler de mauvais souvenirs, mais le ministre a-t-il l'intention
d'utiliser encore, avec le nouveau programme de relance, l'équivalent de
l'article 36 et de faire en sorte que certaines entreprises puissent obtenir
des prêts en dehors des normes, avec la garantie gouvernementale?
M. Biron: Oui, on a prévu dans le nouveau programme de
financement une formule similaire à l'ancien article 36. Cette fois,
c'est: Sur la recommandation du ministre, le Conseil du trésor peut
autoriser. Or, cela va prendre une semaine de plus, soit le temps de passer au
Conseil du trésor. Habituellement, ce que nous faisons, c'est que
l'analyste de la SDI fait une suggestion en disant: Je ne peux pas recommander
de dire oui à cause de tel article, mais si cet article était
changé temporairement pour cette entreprise, je juge que c'est une bonne
entreprise, elle mérite qu'on lui donne un coup de pouce et si on lui
donne un coup de pouce cela crée de l'activité économique
additionnelle au Québec. Il fait la recommandation au ministre. Le
ministre juge s'il doit ou non la recommander au Conseil du trésor. Il y
aura un délai additionnel d'une semaine entre la recommandation de
l'analyste et l'acceptation par le Conseil du trésor ou par le
ministre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Sur le plan pratique, quand un cas comme
celui-là survient, qu'est-ce qu'il advient de l'institution
prêteuse? Est-ce qu'on doit présumer que l'institution
prêteuse est d'accord pour faire le prêt, même si elle est
hors normes, pourvu que la garantie gouvernementale y soit? À ce
moment-là, est-ce que la société prêteuse conserve
quand même sa part du risque?
M. Biron: Oui, la société prêteuse a
accepté de faire le prêt aussitôt que la formule entre
à la Société de développement industriel, c'est ce
qui explique le délai ou le décalage de deux mois entre le
début du programme et l'acceptation par la SDI des premiers cas parce
qu'on a dû passer par les institutions financières. L'institution
prêteuse, une fois qu'elle a décidé de dire oui, peu
importe si on a besoin de l'acceptation du gouvernement ou tout simplement de
l'acceptation du Conseil du trésor ou du ministre, la demande s'en vient
à la Société de développement industriel qui
l'analyse. La Société de développement industriel peut
dire oui ou non. En fait, c'est arrivé dans une quarantaine de cas, ou
dans 50 cas, que la Société de développement industriel a
dit non dans le cas du programme d'urgence, ce qui veut dire à peu
près 5% des cas.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je sais qu'il y en a
sûrement d'autres qui voudraient poser des questions. Je vais en poser
encore une ou deux. Je ne pense pas avoir utilisé tout mon temps mais
peut-être que je pourrais revenir plus tard. Le volet
intérêts de votre programme, est-ce que, en général,
les sociétés se prévalent de ce volet garantie
d'intérêts ou si les sociétés ou les emprunteurs se
limitent à l'autre volet, qui est la garantie gouvernementale,
d'après l'expérience que vous avez avec les programmes de relance
et d'urgence?
M. Biron: Jusqu'à aujourd'hui, le nouveau programme
était automatique dans le plan d'urgence. Sur le nouveau programme, je
dirais qu'il y a autant d'entreprises. Il y en a qui n'ont pas pris la garantie
mais qui ont pris l'intérêt. Elles n'ont pas pris l'endossement
gouvernemental pour les deux tiers mais, par contre, elles ont pris
l'intérêt. Exemple, une entreprise qui fait affaires avec la
Banque fédérale de développement. On s'est entendu avec la
Banque fédérale de développement en disant qu'on ne
garantit pas le gouvernement fédéral: Vous prenez vos risques. Je
pense qu'il y a une bonne entente là-dessus. Il nous envoie tout de
suite le cas pour qu'on donne la police d'assurance sur l'augmentation de taux
d'intérêt. Je dirais que, dans ce cas-là, il n'y a que
quelques exceptions qui n'ont pas pris la garantie gouvernementale et à
peu près le même nombre d'exceptions, mais d'autres, qui n'ont pas
pris la garantie de taux d'intérêt. Ce serait à peu
près à 80% des gens qui prennent la garantie de taux
d'intérêt et 80%, la garantie gouvernementale.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je vais laisser la parole à un autre. Je
reviendrai, à moins que personne d'autre ne veuille poser des questions
sur ce programme, car j'aurais encore une couple de questions.
M. Perron: Allez.
La Présidente (Mme Harel): En fait, merci, M. le
député de Duplessis. M. le député d'Outremont
voulait intervenir. Alors, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Je me sens mal à l'aise s'il y en a d'autres
qui veulent poser des questions. Il y a la question de l'inscription à
la Bourse. Vous avez fait état de ce programme tout à l'heure.
C'est un programme qui vise à faciliter à des entreprises
québécoises l'inscription à la Bourse. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire quel est le montant... Je crois que le montant est
un montant fixe qui est accordé à ces entreprises. Est-ce que le
montant varie selon la taille de l'entreprise? Quel est le montant de
subvention que vous donnez à l'entreprise?
M. Biron: D'abord, on paie 50%. La première
démarche que l'entreprise a à faire, c'est qu'elle doit
s'adresser à un courtier de valeurs mobilières pour faire une
étude de faisabilité à savoir si c'est rentable ou pas.
Nous payons 50% de l'étude. Cela coûte un maximum de 10 000 $.
Habituellement, on juge qu'une étude de faisabilité coûte
entre 20 000 $ et 30 000 $ mais nous payons 50%, maximum 10 000 $. L'entreprise
doit donc prendre un risque pour 10 000 $ ou 20 000 $ pour faire faire son
étude de faisabilité, si c'est rentable pour elle et si c'est
faisable de s'inscrire à la Bourse, mais elle doit faire appel à
un courtier en valeurs mobilières pour faire cette étude.
Autrement tous les bureaux de génie-conseil, tous les avocats et tout le
monde feraient des études de faisabilité. Or, le courtier en
valeurs mobilières, lorsqu'il entreprend l'étude de
faisabilité, va essayer de se rendre au bout. Ce n'est pas sa
spécialité que de faire cela. Il va essayer de se rendre au bout
pour inscrire l'entreprise à la Bourse. Lui-même prend un premier
jugement sur le fond en disant: L'entreprise n'est pas bonne, donc je ne perds
pas de temps avec. Je la laisse passer parce que je ne peux pas rendre
publiques plus de tant d'entreprises par année, d'une façon ou
d'une autre. S'il prend le risque, c'est que lui aussi, possiblement, va
investir de son argent dans cette étude.
Donc, les premiers 10 000 $, 50% de 20 000 $, sont payés par la
SDI. Après, si l'entreprise s'en va à la Bourse, nous allons
subventionner selon le montant de l'émission. Nous allons subventionner
jusqu'à 400 000 $ au maximum à condition qu'il y ait une prise
ferme par le courtier, c'est-à-dire que si l'émission est de 1
000 000 $ et que le courtier dit qu'il s'engage à vendre
l'émission pour 600 000 $, on va donner une subvention jusqu'à un
maximum de 400 000 $ pour la vente de cette première émission.
Mais l'entreprise va recevoir son million de dollars tout de suite.
Ce que nous ne voulons pas, c'est que le courtier dise: Donnez-moi tant
pour cent et en cours de route, si je ne vends pas, je prends mon pourcentage.
Cette formule nous a été suggérée par le bureau des
gouverneurs de la Bourse pour s'assurer qu'il n'y ait pas de cas farfelus
à travers, c'est-à-dire qu'on prenne une série de cas et
qu'on ne se rende pas au bout de l'émission. En contrepartie, le
courtier s'engage vis-à-vis de la Bourse de Montréal et du bureau
des gouverneurs à assurer un certain marché, à maintenir
un certain marché. Autrement, pour une petite entreprise qui n'a pas
beaucoup de marché, vous savez fort bien que le prix va diminuer
très rapidement sur les marchés publics. Or, la Bourse de
Montréal n'est pas intéressée à voir s'effondrer le
prix sur les nouvelles émissions. Elle fait donc en sorte que ces
courtiers qui font des émissions maintiennent le marché
jusqu'à un certain point sur ces émissions, au moins pour que les
investisseurs aient un revenu normal et ne perdent pas leur argent en
investissant comme on investissait autrefois dans des parts de mines, ce qui
pourrait détruire la crédibilité du public à
l'endroit de la Bourse de Montréal.
Sur cela, je crois que je peux me féliciter de la participation
et de la collaboration qu'on a reçues de la Bourse de Montréal,
en particulier de son président, M. Lortie. Les gens ont très
bien collaboré avec nous et veulent faire en sorte que la Bourse soit
très bien vue des investisseurs québécois. Ils veulent
aussi que l'investissement dans des entreprises en voie de
développement, de taille moyenne, au Québec, cela soit rentable
pour les nouveaux investisseurs qui n'ont à peu près jamais
investi à la Bourse.
Parallèlement à cela, il y a le régime
d'épargne-actions qui va s'appliquer pour l'acheteur. L'investisseur, en
investissant 10 $ ou 1000 $ dans une entreprise, va pouvoir déduire de
son revenu imposable le montant investi à 150% jusqu'à une
certaine limite. Finalement, l'investisseur l'entreprise, les institutions
financières y trouvent leur compte. La Bourse de Montréal, en
particulier, y trouve son compte et peut développer beaucoup
d'activité économique.
M. Bourbeau: J'aurais deux questions à poser pour
préciser un peu ce que le ministre vient de nous dire. Admettons le cas
d'une entreprise qui émet une émission d'actions de 1 000 000 $,
pour employer les chiffres du ministre, cela veut dire que la SDI, le
gouvernement, va émettre une subvention de 400 000 $ à
l'entreprise. Si l'émission est inférieure à 1 000 000 $,
si elle est, disons, de 800 000 $, quel est le montant de la subvention? Est-ce
que c'est 40% du montant ou si c'est 400 000 $ dans tous les cas?
M. Biron: Je vais vous donner le taux exact. C'est un maximum de
400 000 $, selon un certain pourcentage. Aussitôt que vous descendez en
bas de 1 000 000 $, c'est moins que 400 000 $. L'entreprise, à
même ces 400 000 $, est obligée d'assumer -l'entreprise ou le
courtier - le coût du prospectus, le coût des études
juridiques, le coût des démarches auprès de la Commission
des valeurs mobilières. Si c'est la première émission,
c'est très dispendieux habituellement et cela empêchait beaucoup
d'entreprises de taille moyenne d'aller à la Bourse. (17 heures)
M. Bourbeau: Est-ce que cela veut dire que, par exemple, si une
entreprise émet une émission d'obligations de 1 000 000 $, le
courtier peut donner une garantie de 600 000 $; autrement dit, que les actions
pourraient être offertes au public à 60% du pair, un peu comme
lorsqu'on a une émission qui se vend 98 $ ou 92 $, selon les
sociétés? Les actions peuvent être offertes à 60%,
les preneurs paient 60% du montant indiqué sur les actions. À ce
moment-là, l'émission rapporte 600 000 $ et l'entreprise
reçoit 400 000 $ de subventions. Cela fait 1 000 000 $. C'est comme cela
qu'on procède?
M. Biron: Non, en réalité, il y aurait une perte
d'argent quelque part, parce que le coût du prospectus, des études
juridiques, des démarches, tout cela, c'est n'importe quoi entre 200 000
$ et 400 000 $, et le coût de vente aussi par le courtier sur une petite
émission de 1 000 000 $ qu'il ne pourra pas vendre le lendemain matin,
mais pour laquelle il verse de l'argent le lendemain matin à
l'entreprise. Donc, il y a des frais d'intérêt pour le temps qu'il
prend pour vendre ces actions au grand public. On juge que peut-être le
courtier peut faire une émission à 90% et arriver dans ses frais,
mais, règle générale, si l'émission est à 5
$ ou à 10 $ l'action, le courtier va vendre au prix régulier. La
subvention sert à assumer tous les coûts directs d'inscription en
Bourse, des études de prospectus, des études juridiques ou
autres. J'ai vu plusieurs exemples de petites entreprises où on a
dû faire venir des notaires, faire venir des arpenteurs, revoir les
titres. Cela a été un travail de missionnaire de tout refaire et
cela a coûté plus cher que la subvention qu'on leur a
donnée.
M. Bourbeau: C'est vraiment une subvention. Ce n'est pas un
prêt?
M. Biron: C'est vraiment une subvention.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Laporte, avant que vous interveniez à nouveau, je vais devoir quitter la
commission, parce que la commission de l'Assemblée nationale
siège immédiatement. Je vais passer la présidence de la
commission au vice-président, le député d'Outremont. Nous
allons poursuivre l'étude de l'élément 3 du programme 1...
C'est-à-dire qu'on est rendu au programme 2. Excusez-moi.
M. Bourbeau: On a eu assez de misère à finir le
programme 1. La présidente retarde.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Laporte, est-ce que vous avez terminé?
M. Bourbeau: J'aurais aimé interroger le ministre.
M. Biron: M. le Président, j'avais dit que je donnerais le
pourcentage au député de Laporte: c'est 75% des premiers 200 000
$ d'émission; 50% entre 200 000 $ et 400 000 $ et 25% entre 400 000 $ et
1 000 000 $.
M. Bourbeau: Ce qui fait 400 000 $. M. Biron: Ce qui fait
400 000 $.
M. Bourbeau: Merci. J'aurais quelques questions sur le volet
"bourses d'affaires". Est-ce que ce programme est administré
également par la SDI?
M. Biron: Ce volet est administré d'abord en
région. Encore une fois, ce sont des programmes qu'on a conçus
avec les institutions financières pour les faire administrer en grande
partie par elles. Elles ont accepté. Ce sont des programmes qui sont
utiles au gouvernement et qui ne coûtent pas trop cher à
administrer. Le jeune ou les jeunes - habituellement, ils sont plusieurs -
conçoivent leur projet, le font parvenir à la direction
régionale du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
et, avec nos nouveaux professionnels en région qui nous viennent surtout
du secteur de l'éducation, nous étudions le fond du projet, nous
faisons appel à des parrains qui
sont des gens qui ont de l'expérience dans la gestion publique,
parapublique ou privée, ou à des commissaires industriels qui
nous aident à faire l'analyse du projet. On fait cela quand même
assez rapidement. Si le projet a une crédibilité,
c'est-à-dire si on croit que les jeunes vont réussir leur projet
habituellement, dans les projets qu'on a vus, 50% sont de nouveaux projets et
50% constituent un achat d'entreprises existantes, de très petites
entreprises et de jeunes diplômés qui veulent les acheter - nous
disons, en région: Très bien, nous acceptons le projet, parce
qu'il est crédible. Donc, les directeurs régionaux du MICT en
région disent oui. On retourne immédiatement le projet à
l'institution financière et aux jeunes qui ont fait la demande.
L'institution financière procède au prêt en faisant
parvenir les formules à la Société de développement
industriel qui, elle, ne fait que débourser les subventions
d'intérêt de même que les paiements si on est obligé
de payer parce qu'il y aurait non-paiement de la part des jeunes.
L'administration par la SDI est réduite au strict minimum. Le jugement
sur le fond du projet est donné en région par le
délégué régional du MICT.
M. Bourbeau: Encore là, ces prêts de 25 000 $ sont
effectués par des prêteurs privés, je présume, des
sociétés de prêt, des banques, et le gouvernement en
garantit le remboursement?
M. Biron: En cas de perte, le gouvernement garantit les deux
tiers de la perte. Si le jeune a remboursé 10 000 $ et qu'il ne peut
plus payer les 15 000 $, le gouvernement paie 10 000 $ et l'institution
financière perd 5000 $.
M. Bourbeau: À ce moment-là, pourquoi le ministre
a-t-il dit avoir consacré 125 000 000 $ à ce programme? Ce ne
sont pas des fonds gouvernementaux qui seront déboursés, ce sont
des fonds privés. En fait, le gouvernement ne débourse
strictement rien avant qu'il y ait des faillites ou des défauts.
M. Biron: Au programme des bourses d'affaires, 2 800 000 $ sont
prévus pour 1984-1985. C'est très peu. On estime qu'à la
fin de cette année, il y a un minimum de 500 bourses d'affaires en
circulation, c'est-à-dire 12 500 000 $, et nous ne débourserons
que 2 800 000 $. Je n'ai jamais dit que le gouvernement débourserait 125
000 000 $, mais nous avons trouvé des moyens afin que les institutions
financières puissent débourser 125 000 000 $ de capitaux de
risque pour les jeunes. Encore là, ces montants, ces bourses d'affaires
ne doivent pas être octroyées à des entreprises par
hypothèque, par billet, etc. Pour que l'entreprise reçoive du
capital-actions, des jeunes doivent travailler dans l'entreprise. On ne peut
donc pas investir dans Bell. Ces jeunes doivent occuper un poste de commande et
siéger soit au conseil d'administration ou au comité
exécutif. Il faut s'entendre par poste de commande. Si une entreprise a
une centaine d'employés, on ne demandera pas que le jeune soit directeur
général demain matin, mais ce qu'on veut absolument
éliminer, c'est que le jeune soit balayeur de planchers ou
commissionnaire avec ces 25 000 $ qu'on lui accorde. On doit s'entendre pour
que ce soient des diplômés universitaires ou des étudiants
qui ont terminé leur niveau collégial professionnel. On veut en
faire des entrepreneurs, des chefs d'entreprise, des gens qui décident
au Québec. Je pense qu'il faut leur faire confiance et leur donner une
certaine place au sein de l'entreprise.
Ce qui nous a fait penser à ce programme, c'est le succès
qu'on a connu dans deux programmes qu'on a mis de l'avant: un depuis un an et
l'autre depuis quelques années, soit le programme UNI-PME et le
programme Outil de gestion. Dans le programme UNI-PME, on paie 50% du salaire
d'un jeune diplômé universitaire qui entre dans une entreprise et
qui y occupe un poste plus horizontal, qui s'occupe de plusieurs choses pour la
première année. On a remarqué que ce programme, qui existe
depuis quelques années, a un taux de succès qui frise les 75%,
c'est-à-dire que près de 75% des jeunes diplômés
universitaires sont entrés dans des PME manufacturières qui
souventefois n'en voulaient pas. Par exemple, un jeune diplômé,
qu'il soit avocat, notaire, comptable, ingénieur, est entré dans
une PME et, souvent, le propriétaire de celle-ci lui a dit, après
sa première année: Je te paie 100% de ton salaire et je te garde,
parce que j'ai appris qu'un jeune diplômé universitaire peut
m'être utile. Cela a remporté un grand succès.
L'an dernier, on a mis en marche un autre programme qu'on a
appelé Outil de gestion. On a donné de l'argent à des
entreprises qui engageaient des jeunes pour des périodes de 20 semaines
pour un outil de gestion. Par exemple, le jeune concevait avec le chef
d'entreprise un programme pour monter un système de comptabilité,
pour faire une recherche sur un produit fabriqué par l'usine, si
c'était un ingénieur, ou pour améliorer un programme de
logiciels dans l'entreprise, etc. Cela s'appliquait à un outil de
gestion pendant 20 semaines. Il était patronné par des
professeurs d'université. Ce montant a été remis aux
universités et elles gardaient 15% pour leurs frais d'administration.
Habituellement, un professeur avait la charge d'une dizaine
d'élèves. Au bout de 20 semaines, l'élève faisait
son rapport au chef d'entreprise. Il en donnait une copie au professeur qui
l'avait suivi tout le long de l'évolution de son
expérience dans l'entreprise. En cours de route, le professeur a
pu discuter avec le jeune et l'orienter. Là aussi, on a constaté
que beaucoup de ces outils de gestion donnés par le programme Outil de
gestion qui a été mis en marche le printemps dernier sont
demeurés dans les entreprises, parce que les chefs de ces très
petites entreprises, la plupart du temps de dix, douze, quinze, cinquante
employés, ont encore une fois gardé ces jeunes
diplômés universitaires.
On a pensé après à une autre étape, soit les
bourses d'affaires, afin de permettre à ces jeunes de devenir un des
patrons de l'entreprise, compte tenu que beaucoup de très petites
entreprises sont à vendre, soit parce que le patron a cinquante ou
soixante ans, qu'il ne trouve pas à vendre et que l'entreprise
périclite. Avec un jeune associé, le patron reste là
encore quelques années. Il vieillit tranquillement. Il peut retirer une
partie de ses billes. Finalement, le jeune prend sa place et apprend,
gouverné par l'ancien chef d'entreprise ou par le plus vieux. La
relation est meilleure entre le vieux chef d'entreprise et le jeune
diplômé universitaire. C'est l'orientation générale
et globale vis-à-vis de l'intégration des jeunes à la
direction des entreprises québécoises.
M. Bourbeau: Je voulais vous poser une question additionnelle.
Supposons que deux jeunes décident d'ouvrir une entreprise ensemble,
mais au ras du sol, à partir de rien et d'y aller en montant... On voit,
parfois, des entreprises qui partent d'un sous-sol, des jeunes qui sortent de
l'université, des jeunes ingénieurs qui peuvent avoir un travail
ailleurs; ils décident, tranquillement, de partir une entreprise et de
la faire progresser jusqu'à ce que, à un moment donné,
cela sorte du sol et qu'ils puissent avoir pignon sur rue.
Le fait qu'ils doivent travailler dans l'entreprise et avoir un salaire,
est-ce que cela n'empêcherait pas, justement, des jeunes de partir une
entreprise comme celle-là, puisqu'ils doivent être payés?
Autrement dit, est-ce que vous avez prévu les cas où des jeunes
voudraient partir quelque chose de nouveau mais sans être eux-mêmes
employés dans l'entreprise?
M. Biron: II y a très peu de normes. Mais la norme de
travailler dans l'entreprise, elle est essentielle, à notre point de
vue. À présent, est-ce que...
M. Bourbeau: Ils pourraient travailler mais sans être
rémunérés.
M. Biron: S'il y avait quelques cas, je serais prêt
à les étudier à leur mérite. Si l'entreprise,
d'après nous, a une chance de succès et, comme vous me le dites,
si le jeune travaille, parce qu'il a un revenu ailleurs, finalement, et donne
un coup pendant un an sans être rémunéré, pour mieux
monter son entreprise, le jugement de l'analyste là-dessus c'est: Si
l'entreprise a une chance de succès, la réponse va être
oui. On veut générer beaucoup de nouvelles entreprises. On me
donne une information, à savoir que les patins de vitesse de
Gaétan Boucher sont fabriqués par un jeune de Loretteville. C'est
lui qui a eu cette idée-là et c'est lui qui les fabrique. Il n'y
a pas de sot métier et il n'y a pas de sotte entreprise. Je pense que
souvent on a de petites entreprises qui commencent toutes petites comme cela.
S'il y avait des cas particuliers, on serait prêts à les
étudier avec beaucoup d'ouverture. L'objectif, c'est de faire davantage
d'entrepreneurs et d'avoir davantage d'entreprises.
M. Bourbeau: On a vu, dans le passé, des gens comme, par
exemple, Armand Bombardier, qui faisait ses premières motoneiges dans
son garage, probablement les fins de semaine et les soirs. Il mettait au point
son invention. Après cela, à un moment donné, cela
partira. C'était dans ce sens-là que je posais la question.
Finalement, je voudrais parler durant quelques instants, si le ministre
n'a pas d'objection, du comité Saucier... Je ne me souviens plus du nom
du comité qui travaille sur la capitalisation des entreprises.
M. Biron: La Commission québécoise de
capitalisation d'entreprises.
M. Bourbeau: Bon, présidée par Serge Saucier, je
crois.
M. Biron: C'est cela.
M. Bourbeau: Bon. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
à quel moment cette commission doit faire son rapport et quel est le
budget qui est consacré à cette commission?
M. Biron: La commission doit faire son rapport le 15 juin et le
budget est de 300 000 $, incluant les frais de déplacement et les frais
de recherche. C'est surtout des frais de recherche. Je dois dire
là-dessus que le président, de même que les membres de la
commission, Raymond Blais, Pierre Lortie, Pierre Brunet, le président de
Lévesque-Beaubien, Paul-Henri Fillion, du Groupement
québécois d'entreprises, et beaucoup d'autres le font tout
à fait bénévolement. Ils m'ont dit: On est prêts
à le faire bénévolement à une condition: il faut
que cela se fasse vite, il faut que, le 15 juin, le rapport soit sorti; on ne
traînera pas, on ne veut pas recommencer les études qui ont
été faites. Les études sont faites. Il s'agit maintenant
de ramasser ces études et de voir, à travers
les études, quelles sont les actions que l'on veut poser. Il y a
d'excellentes études qui ont été faites au Québec,
à l'époque de M. Guy Saint-Pierre, alors qu'il était
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui ont mené à la
fondation des SODEQ. Les SODEQ n'ont pas réussi, pour toutes sortes de
raisons techniques, je ne voudrais pas rentrer là-dedans aujourd'hui.
Mais l'objectif, à l'époque c'était d'avoir une meilleure
capitalisation de capitaux de risque pour des PME québécoises;
c'est le même objectif, la même lecture de la situation et on a la
même chose aujourd'hui.
Alors, il ne s'agit pas de faire de grandes dissertations pour dire: On
est en retard sur les autres et pleurer là-dessus. J'ai demandé
aux membres de la commission de nous faire des propositions concrètes.
Ils ont accepté de le faire bénévolement à
condition que les propositions concrètes s'adressent au gouvernement,
aux entreprises, aux institutions financières et aux investisseurs. La
commission nous a même dit: Les propositions qu'on va faire, on va faire
en sorte que cela ne coûte rien aux contribuables
québécois. C'est-à-dire que si on vous suggère
d'aider, d'une telle façon, les entreprises, en contrepartie, on va vous
dire: Telle autre subvention ou tel autre genre de transfert aux entreprises
que vous donnez, arrêtez cela au plus tôt et transférez-les
en aide en capitalisation; nous croyons que ce sera plus utile pour le
financement des entreprises.
Dans ce sens-là, j'attends de la commission des suggestions
très pratiques pour le 15 juin de cette année.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre peut s'engager, dès
maintenant, à rendre public le rapport, dès qu'il va lui
être remis?
M. Biron: Avec grand plaisir. M. Bourbeau: Merci. La
SDI
Le Président (M. Fortier): J'aurais quelques questions.
Est-ce qu'il y a quelqu'un, du côté ministériel, qui veut
poser des questions? Non? (17 h 15)
II semblerait, de toute évidence, que la SDI change. Dans le
passé, on pensait en termes de subventions, on pensait en termes
d'acquisition d'actions. Maintenant, le ministère pense davantage en
termes de garanties de prêts. Est-ce que, indépendamment - ce
n'est pas indépendamment, je crois qu'il faut tenir compte de ce que les
provinces voisines ou les États américains font - on pourrait se
diriger dans une direction où la SDI serait plus appelée à
penser en termes de garanties de prêts ou de différentes
méthodes d'aide à la capitalisation qui viendront des
recommandations faites par le comité de Serge Saucier? Est-ce qu'on va
dans cette direction et peut-on penser en regardant les chiffres - je n'ai pas
examiné en détail les comparaisons de chiffres, parce que, dans
le fond, il y a autant de subventions cette année qu'il y en avait l'an
dernier - qu'un "trend" se dessine? J'aimerais que le ministre nous dise
quelques mots là-dessus.
M. Biron: Oui, une tendance se dessine. Il y a plus de dix ans,
la SDI, alors l'Office de crédit industriel, faisait surtout des
prêts de dernier recours, des prêts à ceux qui ne pouvaient
pas emprunter ailleurs. C'était surtout des prêts qu'on
faisait.
Tranquillement, on a diminué nos prêts pour octroyer des
subventions. La tendance maintenant est de ressortir des prêts pour
donner des garanties de prêts ou des polices d'assurance contre
l'augmentation des taux d'intérêts.
Bien sûr, il y a une augmentation importante des crédits
pour la Société de développement, qui passent de 95 000
000 $ l'an dernier à 105 000 000 $ cette année. C'est une
augmentation importante. Mais on fait de plus en plus affaires avec les
entreprises. Durant les premières années, une centaine
d'entreprises faisaient appel à la SDI. L'an dernier, on a
dépassé les 800 entreprises pour la deuxième année
consécutive. De plus en plus d'entreprises font appel à la
SDI.
D'abord, les programmes sont plus efficaces, probablement aussi à
cause de la crise économique et parce que la SDI regarde davantage les
PME. Autrefois, on faisait beaucoup d'affaires avec les leaders. Maintenant,
bien sûr, on veut faire affaires avec de bonnes entreprises, mais on fait
affaires avec une pléiade d'entreprises en disant: Plus il y aura
d'entreprises vivantes et efficaces au Québec, plus il y en aura qui
seront dynamiques.
J'ai discuté, à plusieurs reprises, de l'orientation qu'on
prend vis-à-vis des garanties de prêts avec à la fois des
intervenants politiques, des partis politiques au niveau du gouvernement
fédéral et certains autres partis politiques au niveau des
provinces canadiennes. Je ne vous cache pas que beaucoup de ces gens examinent
et regardent de très près les expériences vécues au
Québec avec le plan d'urgence, parce qu'ils trouvent que c'est une
façon très efficace de rendre service aux entreprises, et
à très bas coût.
Le Président (M. Fortier): Compte tenu du fait que - vous
l'avez dit tout à l'heure -lors de l'examen des dossiers, ce sont les
banquiers qui les premiers examinent les dossiers et qui, par la suite,
refilent
l'analyse à la SDI, pour ma part, j'aurais pensé qu'une
telle approche, très louable, aurait permis une diminution des
traitements des employés de la SDI. Or, on voit qu'il y a une
augmentation.
Bien sûr, lorsqu'on parle de subventions, il faut examiner la
performance financière des compagnies, mais si cette analyse est faite
par les banquiers, d'une part, le député de Laporte avait
peut-être raison tout à l'heure en disant que les banquiers en
profitent, parce que, pour certains prêts qu'ils auraient consentis, de
toute façon, sans obtenir la garantie du gouvernement, maintenant ils
s'arrangent indirectement pour obtenir la garantie du gouvernement; cela
minimise leurs pertes éventuelles. D'autre part, ils interviennent en
faisant une analyse financière auparavant faite par la SDI. J'aurais
pensé que cela aurait créé une diminution du nombre
d'emplois à la SDI. J'aimerais que le ministre nous dise pour quelles
raisons il a besoin d'une augmentation des traitements, qui passeraient de 5
200 000 $ à 5 700 000 $ cette année, compte tenu du fait qu'il
semble y avoir un transfert de responsabilités vers les banquiers, ce
à quoi je ne m'oppose pas, mais pas du tout.
M. Biron: D'accord. Nous avons plus de programmes que nous n'en
avions autrefois et beaucoup plus de clients. Je vous parlais, de
mémoire, de 1970 à 1976. Je pense que 561 entreprises ont fait
appel à la SDI en six ans, soit environ 100 par année. L'an
dernier, nous avons eu au-delà de 800 entreprises; il y a deux ans, 784
entreprises. Cela veut dire qu'énormément d'entreprises font
appel à nous.
Il y a aussi la diversité de nos programmes. Il y a de nombreux
programmes maintenant: des programmes à l'exportation et des programmes
à la recherche et au développement qu'on n'avait pas du tout
avant. On en a eu l'an passé pour la première fois. Je ne vous
cache pas que les premières demandes d'entreprises ont été
très longues à analyser avant qu'on établisse des cadres
de référence. Cela prenait deux mois pour analyser les
premières demandes. Après cela, on s'est habitué.
Maintenant, cela prend dix à quinze jours. Les demandes sont
analysées. En recherche et développement il y a beaucoup
d'études à faire. Ce n'est pas comme un investissement. Quand les
gens investissent, ils rendent cela à la capitalisation puis font le
calcul. Un million, c'est un million. Mais pour la recherche et le
développement, est-ce qu'ils le faisaient avant ou ne le font pas
maintenant? Qu'est-ce qui arrive? Il faut beaucoup de recherche de ce
côté et il y a beaucoup de demandes.
Maintenant, face aux investissements, on a traité de statistiques
du gouvernement fédéral ce matin, qui nous prévoient une
grosse augmentation au Québec. Nous, nous avons eu une augmentation au
cours des derniers mois: une hausse de 46% des dossiers et 70% de plus pour les
sommes d'argent des projets à aider. Cela veut dire qu'on a à peu
près augmenté de 50%, grosso modo, les demandes en vertu de
l'aide à l'investissement. Donc, il y a beaucoup plus d'investissements
au Québec et les entreprises font de plus en plus appel à
SDI.
Je voudrais simplement terminer ma réponse. Il faut faire une
concordance avec le gouvernement fédéral. Souvent, les gens
discutent et lorsque qu'on étudie un dossier, il y a des discussions
entre nos fonctionnaires et ceux du MIC fédéral pour que l'on
s'enligne. Est-ce qu'on va donner 80% de subventions à une entreprise?
La réponse est non. Si le gouvernement fédéral y va pour
50% dans certaines régions, comme à Sherbrooke, nos gens
commencent bien sûr par analyser le dossier et vérifier avec le
fédéral. Si le fédéral donne 50%, le dossier tombe
parce qu'il n'est pas question de donner plus. Par contre, dans d'autres
régions, le fédéral donne beaucoup moins, alors, il nous
faut y aller.
Finalement, tout ça ensemble fait que l'on tente
d'améliorer notre productivité. J'ai justement une étude
de SECOR ici, qui nous dit que la productivité interne de la SDI est
supérieure à celle observée au MIC fédéral,
à la Banque fédérale de développement et chez Roy
Nat. Même si on ne considère que les traitements réguliers
de la SDI, la productivité de cette dernière demeure plus
élevée.
On a fait faire une étude dans ce sens parce que cela nous
inquiétait nous aussi. On se demandait qu'elle était la
productivité de nos gars. SECOR nous dit que c'est une
productivité qui est très élevée, si on la compare
à celle de la BFD.
Le Président (M. Fortier): Le ministre parlait
d'investissements. Lorsqu'on parle de garanties de prêts ou d'aide
à l'entreprise, est-ce qu'on parle d'investissements dans une entreprise
qui investira dans des dépenses capitales? Je crois qu'on parle
plutôt d'investissements dans une entreprise ou de garanties de
prêts qui peuvent aider une entreprise sans nécessairement que
cette entreprise investisse le capital, mais simplement comme fonds de
roulement.
M. Biron: II est exact que le plan de relance parle à la
fois d'investissements de capital. S'il y a investissements de capital,
l'endossement est pour cinq ans; équipement, bâtisse, c'est pour
cinq ans. Si c'est pour du fonds de roulement, l'endossement est pour trois
ans. On juge qu'une entreprise qui a besoin de fonds de roulement devrait
rentrer dans sa liquidité plus rapidement.
Le Président (M. Fortier): Juste une dernière
question. Je crois que les efforts du ministère pour aider l'entreprise
privée à être plus active et plus forte, à exporter
davantage, c'est louable. Pour certains observateurs qui regardent la
scène économique du Québec, on dirait qu'il a des
ministères comme le vôtre qui font des efforts pour aider
l'entreprise privée, et dans ce sens, cela rejoint notre credo
politique. On ne se chicanera pas si vous aidez l'entreprise privée.
Par contre, dans d'autres secteurs, il y a d'autres ministères
gui, eux, favorisent davantage les sociétés d'Etat. Je ne veux
pas partir un débat sur les sociétés d'État mais,
dans certaines circonstances, au lieu d'aider l'entreprise privée d'une
région, peut-être avec une garantie de prêt, avec - si on
tombe dans le domaine des scieries - des coupes de bois, avec des choses comme
cela, plutôt que d'aller dans cette direction-là, on va vers ce
que j'appelle la facilité, qui est peut-être de dire que telle
société d'État va intervenir. J'appelle ça une
solution de facilité parce qu'à ce moment-là, on n'aide
pas l'entrepreneur local qui pourrait sans doute agir.
Ma question est assez générale mais j'aimerais la ramener
au niveau de la forêt. Est-ce que la SDI intervient chez les
entrepreneurs, dans le secteur de la forêt en particulier, et si c'est le
cas, comment se fait-il que le ministère ne réussisse pas mieux,
parce que plus ça va, dans certaines régions, plus ça va
être REXFOR, plus ça va être une autre société
d'État qui interviendra plutôt que l'entreprise privée
québécoise qui, avec le même genre de subventions que
celles que REXFOR peut recevoir, pourrait faire le travail? Cela me semblerait
un prolongement des efforts du ministère si, au lieu d'aller vers la
solution de facilité, on allait vers une solution d'aide aux
entrepreneurs locaux dans certaines régions, pour en arriver finalement
aux mêmes fins dans la question du développement économique
des régions.
M. Biron: C'est une question qui s'adresse beaucoup plus au
ministère de l'Énergie et des Ressources. Quant à nous,
nous n'aidons pas l'entreprise qui est en forêt, mais si une scierie ou
une usine de panneau-particules ou quelque chose s'installe, cette entreprise
est éligible aux subventions ou aux programmes réguliers de la
Société de développement industriel du Québec.
Le Président (M. Fortier): Vous avez une analyse de se
secteur.
M. Bourbeau: Question de règlement. On étudie les
crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Or les questions portent sur l'énergie et les ressources. Il nous reste
à peu près trois heures, il me semble que l'on pourrait
peut-être reporter ces questions-là à l'endroit où
elles doivent aller. Je n'ai pas d'objection, mais si l'on pose des questions
sur la forêt et que nous oublions les autres...
Le Président (M. Fortier): Je m'excuse, M. le
député de Laporte. Je comprends que ce que vous dites, dans le
fond, c'est qu'il faudrait poser ces questions au ministre de l'Énergie
et des Ressources. Mon intérêt ici ce n'est pas cela; c'est que le
ministère a mis de l'avant des politiques qui sont tout à fait
louables, mais il y a un secteur extrêmement important où il
semblerait que le ministère n'est pas présent. Je ne voudrais pas
éterniser le débat là-dessus. Je sais fort bien que M. le
député de Laporte a d'autres questions, mais, tout simplement, je
me pose la question: Comment se fait-il que le ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme - c'est la raison pour laquelle je m'adresse au
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme - ne semble pas aussi
présent dans ce secteur-là qu'il pourrait l'être?
M. Biron: Tout ce qui est le secteur de la forêt primaire
regarde le ministère de l'Énergie et des Ressources. Pour la
transformation, on intervient. On a fait 57 interventions l'an dernier dans les
scieries ou des usines de transformation. À ce niveau, oui, nous
intervenons, mais lorsque l'entreprise privée nous le demande. Le
maître d'oeuvre du développement des ressources de la forêt,
c'est le ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Fortier): À partir de là,
nous continuerons, comme le suggère M. le député de
Laporte, avec l'autre ministère. Mais je dois simplement constater qu'il
semble y avoir un manque de concordance entre ces deux ministères. Cela
pourrait être un sujet que nous aborderons une autre fois.
Qui désire la parole? M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: J'aimerais, si vous voulez, que l'on revienne au
programme 2, aux dépenses. Dans la catégorie autres
rémunérations du programme 2, Société de
développement industriel du Québec, nous avons une variation
importante. Nous passons de 72 000 $ en 1983-1984 à 1 086 000 $, soit
une augmentation de 1408%. Peut-être que le ministre pourrait nous donner
quelques explications?
M. Biron: Sur l'autre page, à peu près
vis-à-vis, vous avez l'embauche de 30 effectifs occasionnels pour 1 009
500 $, c'est cela. À la même page, vous avez
votre....
M. Bourbeau: J'ai le cahier de l'Opposition.
M. Biron: Ce sont 30 effectifs additionnels.
M. Bourbeau: Non, celui-ci vous ne l'avez pas...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, ce sont 30 effectifs
additionnels, à cause de la recrudescence énorme de dossiers qui
sont rentrés à la SDI par suite des nouveaux programmes. Afin que
l'analyse des cas ne dure pas trop longtemps, parce que l'entreprise
privée qui veut investir désire avoir sa réponse le plus
rapidement possible, nous avons besoin d'un effectif de 30 personnes
additionnelles, 30 analystes additionnels. C'est dans la section Autres
rémunérations que nous l'avons inscrit.
M. Bourbeau: Je m'excuse, j'ai peut-être mal saisi, ce sont
des postes réguliers ou des postes additionnels?
M. Biron: Non, des postes occasionnels, pour un an.
M. Bourbeau: Sous la rubrique Entretien, non je m'excuse, ce
n'est pas Entretien, c'est Transfert plutôt, vous avez une augmentation
de 24%. Nous passons de 76 000 000 $ à 94 000 000 $, au poste 10.
M. Biron: Ce sont les subventions. C'est 100% de transfert aux
entreprises.
M. Bourbeau: Donc, nous avons une augmentation nette
prévue de 18 000 000 $.
M. Biron: De 18 000 000 $ de transfert aux entreprises.
M. Bourbeau: Au cours de la prochaine année?
M. Biron: Surtout à cause des nouveaux programmes, les
bourses d'affaires, le programme de financement des entreprises, l'aide
à l'investissement, un petit peu, l'exportation, le financement des
entreprises, le nouveau programme, le plan de relance et capitalisation.
M. Bourbeau: II y a l'entretien, aussi, où il y a une
augmentation importante de 147%. Est-ce que M. le ministre pourrait nous dire
de quoi il s'agit?
M. Biron: C'est un système informatique que nous avons
fait installer cette année. Il y a tout le rodage de cela qui va se
faire pendant un an.
M. Bourbeau: C'est l'informatique et puis l'entretien...
M. Biron: C'est le contrat d'entretien de tout le système,
car les premières années, on nous dit que c'est beaucoup plus
dispendieux à mettre au point. C'est un contrat de service.
M. Bourbeau: Le contrat de service pour le système
d'informatique de la SDI?
M. Biron: L'entretien de l'informatique, car le système
vient tout juste d'être installé. Il y a des coûts
inhérents à ce nouveau système. (17 h 30)
M. Bourbeau: C'est plus que l'entretien. Est-ce que cela pourrait
être plus que cela? Est-ce qu'il n'y aurait pas un peu de...
Une voix: L'entretien des logiciels.
M. Biron: Les logiciels et les pièces d'équipement
périphériques. Il y a un peu plus que de l'entretien. Il y a
aussi les pièces de fonctionnement, mais cela est inscrit à la
catégorie Entretien.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que nous avons
terminé le programme 2?
M. Bourbeau: Je trouve que le ministre a répondu un peu
rapidement. Il tente de se replacer un peu. Est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir... Le ministre pourrait peut-être demain matin déposer un
document pour cerner un peu plus cette dépense. On est quand même
ici pour faire l'étude du budget.
M. Biron: On peut demain matin vous apporter les documents en
détail pour les 47 000 $.
M. Bourbeau: Pour que la SDI sache bien qu'on se préoccupe
de ses dépenses et...
M. Biron: D'accord.
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président.
Développement de l'industrie
manufacturière,
des établissements commerciaux et des
coopératives
Le Président (M. Fortier): Nous avons terminé
l'étude du programme 2 et nous passons à l'étude du
programme 3 qui s'intitule Développement de l'industrie
manufacturière, des établissements commerciaux et des
coopératives, dans lequel
il y a cinq éléments. Qui veut avoir la parole?
M. Bourbeau: M. le Président, si on se fie à ce qui
s'est fait dans les années précédentes, on pourrait parler
pendant quatre heures sur l'industrie manufacturière, sur les accords du
GATT, sur les barrières tarifaires, etc. Bien sûr, on n'a
absolument pas le temps de reprendre ces débats. Il reste quand
même que, si on reprend la thématique des contraintes qui sont
imposées à l'entreprise par la réglementation, par les
décrets, par les lois qui sont de plus en plus lourdes, on entend
généralement dans l'ensemble des industries des plaintes assez
importantes à l'endroit de toutes les charges qui sont imposées
aux entreprises, soit par la loi, soit par la réglementation, soit par
les nombreux inspecteurs de la CSST, de la Régie de la langue
française ou de tous les autres organismes mis sur pied au cours des
dernières années. Le ministre a fait état tout à
l'heure d'une étude qui portait spécialement sur les
décrets, si je me souviens bien, pour tenter d'apporter un peu de
rationalisation là-dedans. Est-ce que le ministre a aussi l'intention
d'ouvrir un peu l'étude de façon à inclure, dans cette
étude ou dans une autre, l'ensemble des contraintes qui sont
imposées à l'entreprise et qui font que les industriels se
plaignent de plus en plus de la paperasserie qu'on leur impose, des
tracasseries administratives que les inspecteurs et les fonctionnaires
gouvernementaux leur font subir?
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
M. Biron: C'est difficile de commencer à critiquer les
autres lorsqu'on n'a pas fait nous-mêmes le ménage dans notre
maison. Au MICT, on a essayé depuis quelques années d'examiner
tous les genres de formulaires qu'on demandait à l'entreprise de remplir
pour en éliminer le plus possible. La même chose vis-à-vis
de notre service aux entreprises manufacturières en région; on va
arriver un peu plus loin à cela. On a plus de personnel maintenant. On
essaie d'avoir les rapports nécessaires et de faire en sorte que les
entreprises soient le moins dérangées possible par les officiers
responsables du MICT. On discute avec elles, on discute d'orientation globale
et générale. Mais dans nos programmes à nous, on a
essayé au moins de mettre de l'ordre dans notre propre maison d'abord.
On est en train de faire aboutir nos efforts.
Il y a le côté touristique - on va en traiter demain
après-midi - où on a fait un effort là aussi parce qu'il y
avait un paquet de réglementations qui étaient très
poussiéreuses. Du côté des entreprises industrielles et
commerciales, on est en train de mettre de l'ordre et je dois aussi dire
qu'à d'autres ministères, on se préoccupe de faire la
même chose. Par exemple, le ministre du Travail se préoccupe
beaucoup de la question des inspecteurs de la CSST. On se demande comment on
pourrait faire pour que cela soit plus humain. Bien sûr qu'il faut faire
de l'inspection. Mais comment peut-on faire pour que ce soit plus humain et
plus efficace? Le ministre du Revenu se demande comment faire au lieu d'avoir
deux ou trois inspecteurs qui vont inspecter les livres d'une même
entreprise, l'un après l'autre, tous payés par les contribuables
québécois. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir un inspecteur qui
ferait l'inspection générale, par exemple, des taxes sur le
"payroll" qui viennent du RAMQ, de la CSST ou d'ailleurs? Il y aurait
peut-être lieu d'avoir le même inspecteur. Il y a des efforts qui
se font présentement au ministère du Revenu pour qu'il y ait le
moins de gens possible qui dérangent le chef d'entreprise. Dans la
grande entreprise - on en est tous conscients il y a des spécialistes
pour recevoir les inspecteurs. Mais le propriétaire de PME qui est
comptable, surintendant, directeur des ventes, ingénieur, tout cela en
même temps, ne peut pas perdre trop d'heures de travail par semaine, cela
n'a pas de bon sens pour lui.
Dans ce sens, je dirais oui. Nous sommes conscients de cela et on a fait
le ménage chez nous. Deuxièmement, les autres ministères
sont en train de prendre conscience de ce phénomène et de ce
problème et essaient de limiter autant que possible la présence
d'inspecteurs partout dans les entreprises. Ceci dit, il faudra toujours un
minimum d'inspecteurs, mais il ne faut pas qu'il y en ait trop. Ils devront
être très humains et réaliser que le chef d'une PME, c'est
un bonhomme qui fait toutes sortes de choses, dont le temps coûte cher
à l'entreprise, et qu'il ne peut pas perdre son temps pendant des heures
à répondre aux questions des inspecteurs. Je pense qu'il y a un
effort d'apporté là-dessus au gouvernement du Québec. Je
suis heureux de l'appui du député de Laporte. Je l'assure que je
continue à discuter dans ce sens avec mes collègues qui ont des
gens dans leur ministère qui font affaires directement avec
l'entreprise.
M. Bourbeau: Tant mieux, M. le Président, parce que la
grande complainte des industriels, c'est de passer leur temps
littéralement à se promener avec des inspecteurs et à
ouvrir leurs livres toutes les semaines. Certains d'entre eux disent qu'ils
doivent affecter uniquement à la réception des inspecteurs une
personne qui doit accompagner ces inspecteurs dans leurs usines.
M. Biron: M. le Président, sur ce point,
je peux peut-être dire au député de Laporte que, de
1960 à 1976, j'ai été en affaires et que je me plaignais,
moi aussi, des inspecteurs. Il y avait probablement trop d'inspecteurs aussi
à ce moment-là.
M. Bourbeau: Le ministre doit savoir que le problème n'a
fait qu'augmenter depuis 1976, parce que la politique actuelle du gouvernement
vise à multiplier les contrôles des fonctionnaires.
Le Président (M. Fortier): En a-t-on terminé avec
l'élément 1?
M. Bourbeau: Pas du tout, M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Non? Allons- y.
M. Bourbeau: On aborde l'élément 1.
Le Président (M. Fortier): Ah! on l'aborde.
M. Bourbeau: C'étaient des remarques préliminaires.
À la catégorie Traitements, la documentation...
M. Biron: M. le Président, voudriez-vous qu'on se retire
afin que vous puissiez avoir un caucus ou peut-on demeurer ici?
M. Bourbeau: Le président est neutre, M. le ministre. Cela
vous montre comment l'Opposition...
Le Président (M. Fortier): Un caucus avez qui? Un
député m'a demandé si on procédait catégorie
par catégorie. Je voulais seulement m'assurer qu'on était
toujours à la catégorie 1.
M. Biron: Je croyais que le député de Laporte
allait dire: Le président est de votre côté aussi, je suis
seul de l'autre côté.
M. Bourbeau: Non, le président est objectif. On peut se
parler comme si...
M. Perron: Cela s'applique à tous les présidents de
toute façon.
M. Bourbeau: C'est son rôle d'ailleurs.
Le Président (M. Fortier): Mon rôle est tout
simplement d'activer l'affaire, mais si on veut s'attarder à la
catégorie 1, tant mieux. Allons-y. M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On ne s'y attarde pas, on constate seulement qu'il y
a une augmentation de 18,4% à la catégorie 1, Traitements. Comme
cela excède de beaucoup les normes gouvernementales, je me demandais si
le ministre n'avait pas des explications à nous donner.
M. Biron: II y a dix nouveaux professionnels à la
Direction de l'industrie. Ce sont des transferts qu'on a réussi à
avoir avec des postes et des budgets, particulièrement en ce que
concerne l'industrie des boissons alcooliques. Il y a dix nouveaux postes.
M. Bourbeau: II y en dix. Le ministre pourrait-il nous
précisez un peu ce que les boissons alcooliques ont à voir
là-dedans?
M. Biron: Autrefois, l'inspection, les contrôles des
entreprises manufacturières ou des entreprises qui font l'embouteillage
relevaient directement de la Société des alcools. Les entreprises
se sont plaintes de cela en disant: La SAQ est notre concurrente et elle est en
même temps juge et partie, parce qu'elle dirige les inspecteurs. Les gens
du secteur privé n'ont pas voulu que cela demeure au sein de la SAQ. Si
vous vous en souvenez, l'an dernier, lorsqu'on a adopté la loi sur la
SAQ, on a transféré en même temps les postes au MICT afin
que les gens qui s'occupent de cette industrie ne relèvent pas
directement des administrateurs de la Société des alcools.
M. Bourbeau: Je présume que les inspecteurs en question
ont des postes différents, qu'ils ne travaillent pas en laboratoire et
que celui-ci continue d'être sous l'autorité de la SAQ. Le
ministre pourrait-il nous indiquer la différence entre le travail
effectué par le laboratoire et le travail fait par ces inspecteurs?
M. Biron: Le laboratoire ne fait que l'analyse du contenu du vin,
l'analyse chimique, tandis que les inspecteurs vérifient si les permis
sont respectés, l'arrivée des vins de l'extérieur, les
certificats d'authenticité, le contenu des produits
québécois ou étrangers. Il y a des formules à
remplir là-dessus. On essaie de les limiter le plus possible, mais cela
prend quand même un certain contrôle en ce qui concerne les
boissons alcooliques.
M. Bourbeau: II y a dix postes nouveaux comme inspecteurs.
Combien y a-t-il d'inspecteurs en tout? Est-ce qu'il y a dix inspecteurs ou si
ce sont dix inspecteurs qui s'ajoutent à d'autres déjà en
fonction?
M. Biron: Un cadre, trois techniciens, quatre ou cinq inspecteurs
et deux ou trois personnes de soutien.
M. Bourbeau: Ces gens font l'inspection des cargaisons de vin qui
arrivent d'Europe ou d'ailleurs, par exemple, mais ils ne font
pas l'étude de la qualité du vin. C'est le laboratoire qui
fait cela.
M. Biron: C'est le laboratoire de la Société des
alcools du Québec parce qu'on n'a pas voulu doubler, avoir deux
laboratoires. On jugeait que, finalement, un laboratoire c'était assez.
On s'est entendu avec les industriels privés, après de longues
discussions, parce qu'ils disaient: C'est peut-être mieux d'avoir un
deuxième laboratoire ou de transférer le laboratoire au MICT. On
a dit: On va essayer, toujours; on va contrôler. On vous assure le
contrôle de la Société des alcools du Québec de ce
côté-là. S'il y a des plaintes en cours de route, vous nous
le dites et on pourra juger. D'autant plus que, maintenant, comme il y a un
comité interprofessionnel, l'entreprise peut toujours faire appel au
comité interprofessionnel. Jusqu'à présent, il semble que
c'est satisfaisant. S'il y avait trop d'insatisfaction, on serait prêts
à regarder cela, encore une fois. Mais on juge que, pour
économiser de l'argent aux contribuables, on est mieux de laisser le
laboratoire à la SAQ qui, d'une façon ou d'une autre, en a besoin
quotidiennement et, nous, de nous occuper de l'autre côté des
arrivages.
M. Bourbeau: Évidemment, je présume que les
inspecteurs ne doivent pas s'attarder très longuement à inspecter
la SAQ, la Société des alcools du Québec, qui doit
être quand même assez consciente de ses devoirs. Est-ce qu'il y a
beaucoup de plaintes, effectivement, contre l'entreprise privée dans ce
domaine-là? Est-ce que les inspecteurs sont très occupés?
Qu'est-ce qu'ils font, exactement, comme inspection? Est-ce qu'ils inspectent
la qualité des produits qui sont manufacturés par les producteurs
québécois?
M. Biron: Ils s'occupent surtout des arrivages, parce que le
producteur québécois a le droit, maintenant, de marquer sur sa
bouteille "vin importé de France". Alors, il faut quand même
s'assurer du contrôle; si le vin est importé de France, il faut
qu'il arrive de France et non pas du Maroc ou d'ailleurs. Il faut qu'il soit
transféré dans des réservoirs et vraiment "sealé"
ou marqué. Il faut qu'il soit vraiment embouteillé dans ses
bouteilles. Cela fait un contrôle quand même assez strict
vis-à-vis des embouteilleurs là-dessus.
Ce qu'on a essayé de faire, c'est de s'entendre avec les
entrepreneurs privés autour d'une table sur la façon de
procéder. Il n'y a peut-être pas beaucoup de plaintes du grand
public mais, à l'intérieur de cette industrie, chacun se plaint
de l'autre. Alors, on a essayé de s'arranger avec les industriels pour
avoir une norme de travail qui soit respectée de tous. Une fois que la
norme a été définie, c'est ce personnel qui a
été transféré au MICT pour pouvoir suivre ces
normes.
M. Bourbeau: Est-ce que les inspecteurs pénètrent
effectivement à l'intérieur des usines de fabrication de vin
québécois pour vérifier les processus de fabrication du
vin, de vinification, de fermentation? Est-ce qu'on exerce un contrôle
physique et présent dans les usines?
M. Biron: On exerce un contrôle physique. On ne peut pas
toujours être là avec cinq ou six inspecteurs et onze entreprises.
Cela veut dire qu'on est là à mi-temps. Cela, c'est juste dans le
domaine du vin. Après cela, il y a le domaine des distillateurs; il faut
également être là, contrôler la qualité. Vous
avez d'ailleurs, dans le volume qu'on vous a remis, à la page 26 du
programme 3, élément 1, une page complète qui parle du
service de l'industrie des boissons alcooliques, qui résume assez bien,
je pense, la plupart des travaux accomplis par cette direction.
M. Bourbeau: Je m'excuse. J'aimerais bien trouver cela. Le
programme 3?
M. Biron: Programme 3, élément 1. Et si vous
tournez à la page 26 de cet élément, la dernière
page...
M. Bourbeau: En pratique, est-ce qu'il y a des plaintes qui sont
portées contre les producteurs pour activités illégales?
(17 h 45)
M. Biron: II y a des contrôles. Il n'y a pas beaucoup de
plaintes de portées. Il y a des contrôles, une fois qu'on s'est
entendu avec tout le monde, parce que c'est une industrie où il y a
beaucoup de compétition. Il faut établir les règles du jeu
avec les gens. C'est pour cela que je vous disais, tout à l'heure: On a
établi, avec les producteurs privés, les règles du jeu. On
a dit: Maintenant que ce sont les règles du jeu, on va s'organiser pour
que ce soit respecté par tout le monde. Le jour où on ne pourra
pas faire respecter ces règles du jeu par quelqu'un, tout de suite, cela
va être le vrai bordel dans cette industrie. Pour faire en sorte que cela
soit respecté... À partir de là, tout le monde joue les
règles du jeu et cela nous permet, nous, d'avoir une certaine marge de
manoeuvre et de faire du développement. Cette direction fait aussi un
certain développement de produits, discute avec les gens pour les
encourager à développer certains produits ou certains
marchés.
M. Bourbeau: J'essaie de poursuivre un peu plus loin mes
questions. La Société des alcools a le monopole de la
distribution du vin au Québec, n'est-ce pas?
M. Biron: Oui, le monopole de la première distribution,
celui de grossiste.
M. Bourbeau: Oui, mais enfin, tous ceux qui importent, qui
fabriquent, qui "élaborent" pour employer l'expression chère au
ministre - ou qui mélangent du vin au Québec doivent, une fois
que tout est embouteillé, passer par le goulot qu'est la
Société des alcools du Québec avant que cela soit
redistribué, soit dans les épiceries ou dans les succursales de
la Société des alcools?
M. Biron: C'est exact.
M. Bourbeau: Bon. Est-ce qu'il arrive parfois que des producteurs
de vin écoulent des quantités de vin en dehors de la
Société des alcools du Québec? Est-ce qu'il y a des
plaintes à ce sujet? Est-ce qu'il y a des saisies à ce sujet?
M. Biron: Ce n'est pas censé. On ne croit pas que cela
arrive, mais la loi prévoit que dans le cas d'infractions, les amendes
sont très sévères. De mémoire, c'est 25 000 $, je
crois, d'amende et la perte du permis. Le coût très
élevé des amendes et la menace de perdre le permis font en sorte
que les gens respectent les règlements qu'on a institués.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre est au courant
personnellement de cas de quantités de vin qui ont été
saisies en dehors du canal normal de la Société des alcools du
Québec?
M. Biron: Personnellement, je ne suis pas au courant. On
m'informe qu'il y a eu certaines poursuites l'an dernier, mais que les gens
n'ont pas été condamnés parce que la preuve n'avait pas
été faite.
M. Bourbeau: Est-ce que ce sont des cas qui se sont...
M. Biron: Mais c'était avant la nouvelle loi. À
l'époque, les amendes n'étaient pas tellement
élevées.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a eu, à la connaissance du
ministre ou du ministère, plus d'un cas de trafic illégal - si je
peux dire - de vin ou si c'était un cas isolé?
M. Biron: On m'informe qu'il y a eu deux cas de poursuite, mais
qu'il n'y a pas eu de condamnation. Donc, la preuve n'a pas été
faite.
M. Bourbeau: Je ne parle pas des poursuites. Je parle des cas
où il y a eu des saisies. Il peut y avoir des saisies sans qu'il y ait
poursuite. C'est bien différent.
M. Biron: À ma connaissance, non.
M. Bourbeau: Et à la connaissance des gens qui sont au
courant non plus?
M. Biron: Non plus.
M. Bourbeau: Le ministre a fait état tout à l'heure
d'un comité interprofessionnel.
M. Biron: C'est cela.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre peut nous dire exactement de
quoi il s'agit? En vertu de quelle réglementation existe-t-il?
M. Biron: En vertu de la loi 29 qu'on a votée au mois de
juin l'an dernier, il y a un comité interprofessionnel d'appel,
c'est-à-dire que si vous voulez faire inscrire sur la liste un nouveau
produit, vin ou spiritueux, et que la Société des alcools dit non
pour une raison autre qu'une raison de stratégie de marketing... Dans le
cas d'un "dry gin", la Société des alcools peut dire qu'elle en a
assez. Cela ne donne rien d'en vendre un de plus; cela va seulement diminuer la
vente des autres et on en a déjà huit ou dix. Dans ce sens, c'est
une raison de marketing. Mais si la SAQ dit: La qualité de votre produit
n'est pas acceptable... Autrefois, c'était le verdict et personne ne
pouvait faire appel de cela. Cela finissait là. Alors, on rejetait la
plupart des produits en disant tout simplement: - au lieu de dire la vraie
raison qui souvent était une stratégie de marketing - Votre
produit n'est pas acceptable à cause de la qualité. Personne ne
pouvait faire appel. Maintenant, l'industriel ou le commerçant peut
faire appel au comité interprofessionnel. Si la SAQ dit que la
qualité n'est pas bonne, le commerçant ou le manufacturier peut
faire appel. Mais s'il fait appel, tous ses confrères qui sont autour de
la table vont connaître la qualité de son produit. Si son produit
est de bonne qualité et qu'il en est certain, il fait appel. Mais s'il
n'en est pas certain, il laisse cela mort tout simplement pour que personne ne
sache que son produit n'est pas de bonne qualité. C'est ce qui est
arrivé dans le passé, malheureusement, avec certains produits
qu'on fabriquait au Québec.
Le comité interprofessionnel regroupe quelques fonctionnaires de
la Société des alcools, des gens de l'industrie du vin et des
gens de l'industrie de la distillerie. Ils sont autour de la table pour former
ce comité d'appel en cas d'insatisfaction de la part d'un producteur
québécois.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire exactement
qui sont les membres de ce comité et qui en est le président? Qui
nomme les membres du comité et le président?
M. Biron: Je pourrais déposer la liste complète
demain matin. C'est M. Laurent Vivès qui est président. Il
était président du groupe Soprovin qui regroupait tous les
industriels du vin au Québec. C'est lui qui a été
nommé le premier président. Quant aux autres membres, je pourrais
déposer la liste demain matin.
M. Bourbeau: Est-ce que ces nominations sont faites par le
ministre?
M. Biron: Par le ministre, après consultation avec le
milieu.
M. Bourbeau: Pour l'instant...
Le Président (M. Fortier): Est-ce qu'on a terminé
l'élément 1 du programme 3?
M. Bourbeau: II restait seulement une question. Il y a un montant
très important d'augmentation dans les transferts. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire de quoi il s'agit?
M. Biron: Vous avez d'ailleurs, dans le document que je vous ai
remis, le montant des transferts: Pétromont pour 10 000 000 $ et Bell
Helicopter pour 38 000 000 $. Ce sont les gros montants. Il y a quelques
industries dans le domaine du textile, de la bonneterie, des vêtements
pour 4 750 000 $; les industries du meuble et de la chaussure pour 1 900 000 $
et l'aide à la concrétisation de projets industriels pour 1 000
000 $.
M. Bourbeau: Je voudrais simplement m'excuser si quelquefois je
pose des questions qui sont dans le cahier. On l'a reçu hier matin et je
n'ai pas pu l'apprendre par coeur. Si on l'avait reçu avant, on pourrait
s'empêcher de poser parfois des questions qui...
M. Biron: J'ai déjà présenté mes
excuses.
Le Président (M. Fortier): Cela a déjà
été fait.
M. Bourbeau: Oui, mais je le constate encore.
Le Président (M. Fortier): Si on a terminé
l'élément 1, j'appelle l'élément 2,
Société du parc industriel du centre du Québec. Je croyais
qu'il y avait quelqu'un du côté ministériel qui voulait
intervenir.
M. Biron: Le député de Nicolet sera ici demain
matin et pourra peut-être intervenir.
Le Président (M. Fortier): On pourra y revenir si c'est
nécessaire.
M. Biron: On pourra peut-être lui permettre
d'intervenir.
Le Président (M. Fortier): Est-ce qu'il y a un
député qui veut intervenir sur l'élément 2? Sinon
je vais appeller l'élément 3.
M. Bourbeau: II y aurait seulement la question des
rémunérations, à Autres rémunérations,
où il y a une augmentation très substantielle.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Peut-être le ministre pourrait-il nous dire de
quoi il s'agit.
M. Biron: Quatre occasionnels sont engagés, surtout
à cause de la venue de Pechiney.
Le Président (M. Fortier): Ça va?
J'appelle l'élément 3, Infrastructure d'accueil à
l'industrie.
M. Biron: Sur cela, M. le Président, je voudrais juste
faire un commentaire au départ. Il y a une importante augmentation.
D'abord, une augmentation importante au commissariat industriel, de tout
près de 1 000 000 $, et une augmentation importante à l'entente
auxiliaire sur les infrastructures industrielles, volet 1, volet 3; c'est une
entente auxiliaire Canada-Québec pour la complétion
d'infrastructures industrielles dans les parcs industriels. La plupart sont des
engagements qui ont été pris au cours des dernières
années mais qui doivent être complétés au cours de
l'exercice financier 1984-1985. C'est ce qui explique la différence,
soit qu'on passe de 12 000 000 $ de transfert à 23 800 000 $.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que le ministre peut
nous rappeler la façon dont on finance ces sociétés de
développement dans les régions - comment les appelez-vous?
-...
M. Biron: Les commissariats industriels.
Le Président (M. Fortier): ...les commissariats
industriels. Vous les financez à 50-50.
M. Biron: Non, on finance jusqu'à un maximum de 50%. En
pratique, c'est 35% en moyenne. Cela veut dire que les gens du milieu
s'impliquent beaucoup. Les municipalités, les municipalités
régionales de comté, les industriels et les commerçants
s'impliquent beaucoup dans ces organismes de développement industriel.
Nous, nous ne faisons que donner la formation aux commissaires ainsi que les
informations nécessaires, le support technique plus la
subvention qui est passée, l'an dernier, de 45 000 $ à 50
000 $. Cette année, il y a certaines possibilités pour les plus
gros commissariats - les corporations qui dépensent plus d'argent -
d'avoir une prime, selon le nombre d'entreprises, qui pourrait aller
jusqu'à 10 000 $.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que vous avez la
distribution par région? Est-ce qu'elle nous est donnée ici?
M. Biron: Non, mais je pourrais vous laisser une liste des
organismes qui sont subventionnés et subventionnables en 1984-1985.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que nous pourrions avoir
la liste pour l'an dernier des subventions qui ont été
accordées par le commissariat industriel?
M. Biron: Oui, sur la feuille que je vous remettrai vous avez
1983-1984 et 1984-1985.
Le Président (M. Fortier): Merci.
M. Biron: II y a une colonne où c'est marqué
"primes additionnelles prévues selon le nombre d'entreprises". Si vous
avez 150 entreprises, vous avez le droit d'avoir la prime. À partir de
moins de 25, je pense qu'il n'y a pas de prime.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Duplessis. Vous avez terminé, M. le ministre? M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. C'est toujours dans le
cadre du programme du commissariat industriel. N'y a-t-il pas, M. le ministre,
un programme spécial qui s'adresse aux commissariats industriels lorsque
ces mêmes commissariats comptent plus de 30 entreprises sous leur
juridiction? C'est un programme qui est annuel ou si c'est tout à fait
nouveau?
M. Biron: Non, ce sont les normes régulières, mais
le programme est beaucoup plus flexible depuis deux ou trois ans. Je vous
rappelle qu'il y a deux ans, nous avions seulement 2 000 000 $ de subventions
aux commissariats industriels, et nous sommes rendus à 4 000 000 $ cette
année. Il y a eu beaucoup d'augmentation à cet article de notre
programme, car nous constatons que pour faire du développement
industriel, il est préférable que nous fassions confiance au
milieu et nous gageons sur son professionalisme. Les normes se sont assouplies
au cours des deux dernières années, elles se sont
élargies, ce qui nous a permis d'accepter plusieurs nouveaux
commissariats.
M. Perron: Merci.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Sur la même question des primes au nombre
d'entreprise - c'est un programme spécifique - il y a des
critères qui sont établis et c'est le commissariat industriel qui
doit présenter une demande à cet effet?
M. Biron: Nous avons la demande, le nombre d'entreprises par
commissariat industriel. Pour un petit commissariat industriel, on se rend
jusqu'à 50 000 $ ou 50%. Mettons que le commissariat aurait un budget de
80 000 $, ce sera 40 000 $, ce qui équivaut à 50%. S'il monte
jusqu'à 100 000 $, c'est 50 000 $; s'il monte jusqu'à 150 000 $,
c'est toujours 50 000 $, sauf que dans les commissariats où il y a plus
de 25 entreprises, à chaque fois qu'il y a cinq entreprises
industrielles manufacturières additionnelles, il y a une prime de 1000 $
parce que l'on juge que le commissaire doit travailler plus fort pour faire du
développement ou poursuivre ses entreprises.
Finalement, il en ressort que les gros commissariats ont 10 000 $ de
plus que les petits, mais il y a plus d'ouvrage à effectuer dans ces
commissariats.
M. Desbiens: Et les commissariats n'ont pas à
présenter de demande, c'est étudié directement par le
ministère.
M. Biron: C'est automatique.
Le Président (M. Fortier): Oui, allez-y.
M. Leblanc: Est-ce que ce minimum de 25 entreprises, ce sont les
entreprises participantes ou l'inventaire des entreprises qui sont dans la
région.
M. Biron: L'inventaire des entreprises dans la région.
M. Leblanc: Leur participation financière au financement
du commissariat des entreprises par les entreprises n'entre pas en ligne de
compte.
M. Biron: Sauf pour la base de 50%. Si le milieu ne contribue pas
beaucoup, nous on ne contribue pas beaucoup.
Le Président (M. Fortier): Est-ce que M. le ministre peut
nous dire si les régions qui sont les plus défavorisées
dans le domaine de l'emploi vous demandent davantage? Autrement dit, est-ce que
l'initiative de ces régions-là est plus forte qu'elle ne
l'était? J'imagine que vous pouvez faire une mesure
entre les besoins et les demandes qui vous sont
présentées, quoique cela dépende de l'initiative locale.
Si on examine, entre autres, les subventions par région, cela nous
donnera une mesure de l'effort local qui est fait dans ces différentes
régions.
M. Biron: C'est aussi la population, mais c'est vrai que cela
dépend de l'initiative locale. Depuis quelques années on essaie,
nous, en tout cas pour nos délégués régionaux et
les fonctionnaires du MICT, d'être en étroite collaboration, en
contact constant avec les commissariats industriels et les commissaires
industriels. Autrefois, on les laissait aller un petit peu tout seuls par leur
propre dynamisme. Or nous avons constaté que se réunir une couple
de fois par année afin de resserrer ce monde-là ensemble, leur
fournir des informations sur nos programmes, nos stratégies de
développement... Nous passons des journées entières avec
les gens de la Direction générale de l'industrie pour leur dire:
Voilà des créneaux industriels que nous devrions
développer, on discute de possibilités pour les commissariats
industriels. Finalement, je pense qu'on perd moins de temps. Autrefois on a vu
jusqu'à cinq, six commissaires courir après la même
entreprise. Aujourd'hui on essaie de leur dire: Écoutez, restez deux ou
trois au maximum, ou juste un, mais faites d'autres entreprises, car elle va
venir investir à une seule place, d'une façon ou d'une autre, et
les autres vont perdre leur temps. Il y a un petit peu plus de coordination et
je pense qu'il y a suffisamment de professionnalisme pour être satisfait
des résultats.
M. Perron: M. le Président?
Le Président (M. Fortier); M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Dans le cadre du
programme de travail pour 1984-1985, à l'élément se
rapportant à l'aide à l'aménagement d'infrastructures dans
les parcs industriels, élément 2.3, on mentionne, à la fin
du paragraphe, qu'un montant de 7 756 800 $ sera octroyé pour les
infrastructures industrielles de Montréal, Saint-Jérôme,
Sept-Îles et Pointe-Noire. Y aurait-il possibilité d'obtenir la
répartition des montants se rapportant à chacun des parcs
industriels en question?
M. Biron: Oui, M. le Président...
M. Perron: Dans le cadre des infrastructures.
M. Biron: Dans le cas de Pointe-Noire, 5 000 000 $ sont
réservés en 1984-1985 et en 1985-1986. Cela fait partie de
l'entente auxiliaire. Je pourrais, M. le Président, vous remettre une
copie. D'ailleurs, vous retrouverez ce qu'on a fait en 1983-1984 ou ce qui
reste, en 1984-1985 et déjà ce qui est budgétisé
pour 1985-1986.
M. Perron: Si je comprends bien, ce sont des ententes qui ont
été reconduites.
M. Biron: Oui.
M. Perron: Lorsqu'on parle de Sept-Îles et Pointe-Noire, le
montant de 5 000 000 $ se rapporte-t-il à Sept-Îles et à
Pointe-Noire ou seulement à Pointe-Noire?
M. Biron: II faudrait que je vérifie. C'est indiqué
sur ma feuille: Sept-Îles (Pointe-Noire) 5 000 000 $ en 1984-1985, 5 000
000 $ en 1985-1986.
Le Président (M. Fortier): II est 18 heures. Je crois,
à moins que la commission ne désire poursuivre durant quelques
minutes, que je vais devoir ajourner à demain matin, 10 heures, salle
91.
(Fin de la séance à 18 h 5)