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(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Fortier): Je déclare la
séance ouverte. Nous avons ce matin l'interpellation du
député de Charlesbourg au ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme sur le sujet suivant: la situation de l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration.
M. le Secrétaire, pourriez-vous nous aviser s'il y a des
substitutions de membres dans la commission?
Le Secrétaire: Oui. M. Côté (Charlesbourg)
remplace M. Cusano (Viau), M. Paré (Shefford) remplace M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Sirros (Laurier) remplace Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), M. Blank (Saint-Louis) remplace M. Kehoe (Chapleau), M.
Brouillet (Chauveau) remplace M. Lavigne (Beauharnois) et M. Rocheleau (Hull)
remplace M. Lincoln (Nelligan).
Le Président (M. Fortier): Je vous remercie, M. le
Secrétaire. Étant donné qu'il s'agit de la première
interpellation à se tenir sous l'égide de nos nouvelles
règles de procédure, je crois qu'il serait utile de rappeler
comment se déroule une interpellation selon le nouveau code. Tout
d'abord, le député qui a donné l'avis d'interpellation,
donc, ce matin, le député de Charlesbourg, interviendra le
premier pendant dix minutes. Le ministre interpellé, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, interviendra ensuite pendant dix
minutes seulement. Il y a, ensuite, alternance dans les interventions. C'est
donc dire qu'un député du groupe de l'Opposition interviendra,
suivi d'un député du groupe ministériel et, tour à
tour, un député du groupe de l'Opposition suivi d'un
député du groupe formant le gouvernement. Chaque intervenant a un
temps de parole de cinq minutes seulement.
Il est important ici de noter que, si le ministre peut intervenir aussi
souvent qu'il le désire selon l'article 293, il doit le faire,
cependant, en respectant les autres règles de l'article 293. Ainsi, le
ministre, à l'exception de ses interventions d'ouverture et de
clôture où il a un temps de parole de dix minutes, selon les
articles 292 et 294, ne dispose que d'un temps de parole de cinq minutes par
intervention. Il doit également respecter la règle de
l'alternance et intervenir en lieu et place d'un député du groupe
formant le gouvernement.
Quant à l'interpellant, il n'a pas, à la lumière
des articles relatifs à l'interpellation, à être membre de
la commission, quoique ce matin le député de Charlesbourg est
membre de la commission puisqu'il y a eu substitution. Il doit
également, à l'exception de ses interventions d'ouverture et de
clôture où il a un temps de parole de dix minutes selon les
articles 292 et 294, se limiter à cinq minutes par intervention. Il
doit, de plus, respecter la règle de l'alternance et intervenir en lieu
et place d'un député du ou des groupes d'opposition.
Vingt minutes avant la fin de la séance, j'accorderai un dernier
temps de parole de dix minutes au ministre et l'interpellant, soit le
député de Charlesbourg, aura un droit de réplique de dix
minutes également. Je donne donc la parole au député de
Charlesbourg.
Exposé du sujet M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté: M. le Président, si on interpelle,
ce matin, le député de Lotbinière et ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, c'est pour le sensibiliser à la
situation intenable dans laquelle la loi 43, notamment, a placé
l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration. Pour
récupérer 20 000 000 $, le gouvernement a tout bousculé et
a hypothéqué davantage l'avenir de cette industrie qui est
déjà fragile. M. le Président, le ministre me dira
certainement: La loi 43, c'est le ministre du Revenu que cela regarde, ce n'est
pas moi. Nous lui avons dit au ministre du Revenu tous les torts que sa loi a
faits à l'industrie. On lui a dit qu'il y a eu un manque total de
prévoyance et que c'est une autre preuve que le gouvernement agit de
façon ponctuelle sans prévoir les conséquences de ses
actions, qu'il adopte des solutions simplistes qui ne tiennent pas compte de la
complexité d'une industrie, qu'il fait des consultations
biaisées. Nous le lui avons dit et nous allons le lui redire.
Mais, maintenant, nous nous tournons naturellement vers le ministre
supposément responsable de l'industrie de l'hôtellerie et de la
restauration et nous lui disons: M. le ministre, la loi 43, c'est aussi votre
responsabilité. Nous lui demandons: Où étiez-vous dans ce
dossier? Qu'est-ce que vous
avez fait pour défendre les intérêts de l'industrie
dont vous êtes le responsable? M. le ministre, nous sommes à
même de vous parler des effets néfastes de la loi 43 sur
l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration parce que le groupe
présent ici, ce matin, de mes collègues fait le tour du
Québec. Nous sommes allés voir en région les impacts de la
loi 43. C'est un peu à tout cela que nous voulons vous sensibiliser et
tout ce que nous avons ramassé ce matin, nous vous le livrons, M. le
ministre, dans ce dépôt et dans cette interpellation.
Je peux vous dire, tout de suite, M. le ministre, que ce qui nous a le
plus frappés dans notre tournée, ce qui sortait le plus souvent
de la bouche des restaurateurs et des hôteliers et ce qui explique
l'ampleur de leur réaction à cette loi, c'est que la loi 43 est
la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ces gens sont
excédés de l'attitude du gouvernement à leur égard
et envers leur industrie. Ils en ont assez de se faire imposer constamment des
charges et des contraintes additionnelles. Ils disent stop, comme
l'ex-député de Saguenay le disait très bien, stop, c'est
assez. Notre industrie est en péril et le gouvernement nous amène
toujours un peu plus proche du précipice.
M. le Président, passons aux faits. Je vais vous donner un
échantillon des mesures qui irritent profondément l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration: augmentation de la taxe de vente de
8% à 10% sous le gouvernement péquiste; surtaxe de 4,4% de la SAQ
et des frais de livraison; taxe foncière pour les hôtels, baisse
de la ristourne pour percevoir la taxe de vente de 500 $ à 100 $; taxe
sur le "payroll" de 1,5% à 3%; taxe de vente sur certains
équipements utilisés par les restaurateurs alors qu'il y a des
exemptions au fédéral; intérêt sur
intérêt et pénalités pour les paiements en retard
à Revenu-Québec; vin libre dans les restaurants.
Regardons ce que cela donne simplement au niveau des taxes indirectes.
Le ministre constatera avantageusement que, si on compare avec 1976-1977, 180
000 000 $, on se retrouve en 1983-1984 - ce n'est pas un régime
libéral, c'est un régime péquiste -avec une augmentation
comparative pour ces deux années sous votre gouvernement de 89,7% des
taxes indirectes. C'est une première chose dont il faut se rendre
compte. C'est, bien sûr, la taxe de vente, les droits et les permis qui
visent directement l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration.
M. le Président, si on veut regarder davantage ce que cela donne
par rapport à l'augmentation des revenus de cette industrie, on voit,
pour les années 1976-1977 à 1981-1982 - parce que,
ultérieurement, les chiffres ne sont pas disponibles - au niveau des
taxes indirectes, des augmentations de votre gouvernement de 67,4%, alors que
les revenus de l'industrie ont augmenté de 39,5%, quant à eux.
Donc, vous vous êtes servis. Vous vous êtes dit: II y a de l'argent
là; on en a besoin; on a des trous partout, il faut les boucher, ce
n'est pas pire de surtaxer l'industrie de l'hôtellerie et de la
restauration.
M. le Président, ce n'est pas tout. Lorsque l'on considère
les taxes indirectes versus la vente dans l'hôtellerie et la
restauration, parce que ces chiffres sont les seuls disponibles, on se
retrouve, en 1979-1980, 1980-1981, 1981-1982, avec une augmentation des taxes
indirectes de l'ordre de 26,5%, alors que les ventes dans l'hôtellerie et
la restauration n'ont augmenté que de 8,6%. C'est le moyen que vous avez
trouvé pour aller surtaxer toute cette industrie.
M. le Président, un dernier petit tableau, et celui-là est
sublime: taxe sur le "payroll" dans l'industrie de l'hôtellerie -tout le
monde sait ce que cela veut dire -versus les revenus; c'est sous votre
gouvernement: 1976-1977 à 1981-1982, une augmentation de 183,9% alors
que les revenus n'ont augmenté que de 39,5%. Alors, je pense que c'est
là l'héritage que votre prédécesseur et
vous-même, M. le ministre, avez laissé. Le ministre va me dire:
Ah, bien, ce n'est pas moi, comme dans le cas de la loi 43; c'est le ministre
du Revenu. Ces taxes-là, ce n'est pas moi, c'est le ministre des
Finances.
On répond encore au ministre: Que faites-vous pour
défendre les intérêts de ce secteur? Vous avez fait des
tournées dans tout le Québec et vous vous êtes vanté
de ce que vous aviez obtenu pour la PME. C'est un reproche que le milieu vous
fait: dans le plan de relance de l'automne, vous avez parlé abondamment
de toutes sortes de beaux programmes pour la PME et, vous l'avez dit, sauf pour
l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration. C'est écrit en
toutes lettres dans les journaux et c'est votre propre déclaration. M.
le ministre, on dit: Où étiez-vous? C'est votre rôle de
défendre cette industrie. Admettez au moins qu'ils ont raison de se
plaindre et de réclamer de l'aide.
Ce qui est encore aussi très probant, c'est lorsqu'on regarde le
niveau des faillites dans l'hôtellerie: 42 en 1979 et on se retrouve avec
le double, 88, en 1983. Si on va voir dans la restauration, c'est sûr
qu'on a encore de beaux problèmes. C'est un héritage qui est
très lourd à supporter. Au niveau de la restauration, M. le
Président, en 1979, 229 faillites et on se retrouve, en 1983, avec
exactement 527 faillites.
M. le Président, je pense qu'on se retrouve devant une situation
qui est assez catastrophique et qui a été en bonne partie
causée par la surtaxation de toute cette industrie. C'est peu dire que
de dire que la goutte qui fait déborder le vase, c'est la loi
43. On vous parle de la loi 43, mais on vous parle de tout le reste
aussi. C'est ce qui est totalement inacceptable. Règle
générale, les gens admettent que vous avez fait un certain
travail au niveau de l'industrie et du commerce, mais au niveau du tourisme, la
deuxième industrie en importance au Québec, M. le ministre, on
dit: Vous n'êtes pas là et c'est répandu partout dans le
Québec. Il s'agit d'aller faire une tournée.
On dit: En 1978, il y a eu un beau sommet touristique, un très
bon sommet touristique où il y a eu une concertation. D'ailleurs, vous
êtes le gouvernement des consultations, mais vous n'êtes pas
nécessairement le gouvernement de Vagissement. Vous avez des beaux
termes - agir - et vous êtes bons pour vous féliciter: bravo! Mais
êtes-vous conscients aujourd'hui que vous êtes obligés de
vous féliciter vous-mêmes et que ce ne sont pas les intervenants,
les personnes qui sont visées qui vous disent aujourd'hui bravo.
M. le ministre, le but de l'opération ce matin, c'est de vous
faire prendre vos responsabilités et de vous dire publiquement, devant
les caméras de la télévision, ce que nous avons recueilli
dans tout le Québec en allant faire les tournées. Ce matin, M. le
ministre, je pense qu'on pourrait avoir une discussion très ouverte et
surtout éviter de nous servir la gymnastique traditionnelle des
statistiques: que notre situation comparativement à l'Ontario est
très bonne, qu'on a fait des gains et qu'on a progressé, de la
même manière que l'a fait le leader adjoint du gouvernement hier.
N'oubliez surtout pas de nous dire et de nous donner les raisons pour
lesquelles - M. le ministre si vous jouez ce jeu des statistiques - il y a cinq
fois plus de touristes américains qui vont en Ontario que maintenant au
Québec.
M. le ministre, la conclusion qui s'impose et que l'industrie retire de
votre participation dans le monde du tourisme et de l'hôtellerie, on a
essayé de la caricaturer: on se retrouve devant un tableau blanc. C'est
l'absence totale du ministre. C'est, finalement, cela que l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration dénonce aujourd'hui en disant
au ministre: Vous êtes notre ministre responsable de la deuxième
industrie la plus importante au niveau du Québec, vous vous devez de
prendre vos responsabilités et de défendre l'intérêt
de l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration. (10 h 15)
Le Président (M. Fortier): M. le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
Réponse du ministre M. Rodrigue Biron M. Biron: M. le
Président, avant de répondre au député de
Charlesbourg, je lui souhaite la bienvenue à la commission parlementaire
de l'industrie, du commerce et du tourisme. Je pense qu'il est le
huitième, le neuvième ou le dixième porte-parole de son
parti en trois ans que j'ai à affronter qui a à parler sur
l'économie. Je déplore le départ du député
de Viger. Je pense qu'on lui a enlevé ce dossier. Je souhaite au
député de Charlesbourg un plus long règne qu'à son
prédécesseur. Je suis prêt à collaborer avec lui
pour, au moins, lui dire un peu ce qui se passe dans l'industrie et, bien
sûr, aussi dans le commerce et dans le domaine touristique.
Ceci dit, je vais juste relever quelques points du député
de Charlesbourg. Lorsqu'il a parlé du plan de relance, il a dit:
L'industrie touristique est complètement éliminée du plan
de relance. Je pense que vous n'avez pas lu... Je vous ferai parvenir des
documents là-dessus. C'est la première fois dans l'histoire du
Québec - même pas sous les libéraux de M. Bourassa - que
l'industrie touristique est considérée comme une industrie.
Lorsque vous dites que c'est la deuxième industrie en importance au
Québec après l'industrie des pâtes et papiers pour la
création d'emplois, c'est exact. Nous voulons considérer
l'industrie touristique comme une industrie et, à cet effet, maintenant
de plus en plus dans le plan de relance vous pouvez voir comme dans les autres
plans que l'industrie touristique est considérée comme une
industrie. La garantie de prêt s'adresse aux entreprises
manufacturières du tertiaire moteur et aussi aux entreprises
touristiques, sauf à la restauration seule.
Vous comprendrez qu'avec 12 000 ou 12 070 établissements dans le
domaine de la restauration ceux et celles qui sont déjà dans ce
domaine nous disent: II y a assez de restaurants au Québec. On a un
restaurant par 500 habitants, alors que l'Ontario en a un pour 900 habitants.
Ceux et celles qui sont déjà dans ce domaine-là nous
demandent de calmer cela un peu, la restauration.
Pour ce qui est d'autres instruments de développement touristique
comme l'hébergement en particulier et des croisières, nous
voulons les appuyer à fond, parce qu'on en a besoin. Bien sûr, si
la restauration est à l'intérieur d'une auberge, elle est admise
au nouveau plan de relance, comme elle est admise à l'ancien plan de
développement du crédit touristique. Nous avons élargi, au
cours des dernières années, le crédit touristique pour
pouvoir atteindre tous les établissements touristiques
d'hébergement du Québec. On se souvient qu'autrefois il y avait
certaines zones touristiques ou certains corridors touristiques; maintenant
c'est dans tout le Québec. Je pense que cela est important à
noter.
La même chose pour les bourses d'affaires. On veut
développer de jeunes
entrepreneurs, compétents, dynamiques qui graduent maintenant des
universités, qui graduent de l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec. On veut leur donner une chance de
s'installer. Les jeunes qui se lancent dans l'industrie touristique peuvent
aussi profiter des bourses d'affaires. Vous comprendrez qu'on fait un effort
énorme de ce côté. Lorsque le député de
Charlesbourg dit qu'on a oublié l'industrie touristique dans le plan de
relance, il n'a certainement pas lu le plan de relance puisque l'industrie
touristique est considérée sur tous les plans de
développement économique qu'on a au gouvernement du
Québec.
Le député de Charlesbourg a cité quelques chiffres,
certaines statistiques et il nous dit de ne pas le faire parce que lui l'a
fait. Je voudrais corriger certaines choses. Le député de
Charlesbourg nous a parlé des taxes, mais son chef a dit que les taxes
sur les chambres d'hôtel étaient trop élevées au
Québec. Il a peut-être oublié qu'il n'y a plus de taxe sur
les chambres d'hôtel depuis 1977, l'année suivant le départ
de M. Bourassa comme chef de gouvernement. Il a oublié cela
complètement. Vous savez ce que représente ce que le gouvernement
du Québec à l'époque de M. Bourassa percevait sur les
chambres d'hôtel comme taxes. Je vais vous montrer un tableau. Voyez ce
que cela représente en millions de dollars, les taxes perçues
directement sur les chambres d'hôtel jusqu'en 1977. Avec la venue du
gouvernement du Parti québécois, on a enlevé la taxe
directe sur la chambre d'hôtel; il faut que vous reconnaissiez cela et
vous ne l'avez pas mentionné, M. le député de
Charlesbourg. Je pense que vous auriez dû le mentionner dans votre
intervention si, véritablement, vous vouliez être complet. Cela
contribue au développement touristique; cela contribue à amener
plus de gens au Québec.
Quand vous dites que cela ne fonctionne pas au Québec, il faut
aussi savoir qu'on a passé à travers une crise économique
passablement difficile. Même si on a traversé cette crise
économique, il faut dire ce qui arrive au Québec. Bien sûr,
il faut se comparer à d'autres de l'extérieur si on veut savoir
si nous sommes les seuls à avoir été frappés par la
crise ou si elle a frappé d'autres endroits ailleurs à travers le
monde et, en particulier, la province de l'Ontario. Regardons ce qui est
arrivé dans la province de l'Ontario et au Québec au cours des
dernières années. Pour à peu près la même
période, M. le député de Charlesbourg, pour laquelle vous
avez cité vos chiffres, je voudrais juste vous montrer deux tableaux
bien simples que vous n'avez pas vus encore. Mais c'est important pour vous de
savoir ce qui arrive au Québec si on le compare à l'Ontario.
Est-ce qu'on est pire que l'Ontario ou si on est mieux que l'Ontario? Je pense
que cela est intéressant de le noter. Bien sûr, on est en
arrière sur l'Ontario parce que, dans le passé,
traditionnellement, le Québec était en arrière sur
l'Ontario, on ne pouvait rien faire. Il faut maintenant augmenter de plus en
plus et puis reprendre de plus en plus notre place. On ne la reprendra pas du
jour au lendemain.
Ici, j'ai un tableau qui montre les nuitées. Lorsqu'ils viennent
ici, les touristes couchent quelque part, ceci compte pour une nuitée.
Nous avons une augmentation. Dans le tableau que vous aviez, vous aviez la
période 1977-1981; j'ai la même période ici, pour les
nuitées passées à la fois au Québec et en Ontario.
Au Québec, on a une augmentation de 1977 à 1981 dans les
nuitées de 15%. En Ontario, pendant la même période, une
diminution de 12% de visiteurs américains. Je pense qu'il faut noter
cela. Vous allez me dire: Oui, mais il y en avait plus en Ontario et puis moins
au Québec. C'est exact, mais on est en train de reprendre le terrain que
le Parti libéral, en particulier, sous M. Bourassa, nous a fait perdre.
La même chose vis-à-vis des visiteurs d'outre-mer. Maintenant, on
a une augmentation sur ces quatre années de 75% des visiteurs
d'outre-mer qui sont venus coucher au Québec. Une augmentation de 75%,
alors que l'Ontario a une augmentation de 19%. Je pense que ce sont des
chiffres qui existent, qui sont réels. Tout ce que vous avez à
faire, c'est communiquer avec Statistique Canada et vous allez les avoir, ces
chiffres-là, il n'y a aucun problème là-dessus.
Vous dites: Des gens qui rentrent et qui ressortent. Bien sûr, il
y a plus d'Américains qui entrent au Canada par la province de
l'Ontario, parce qu'il y a plus de monde dans le Midwest américain,
qu'il n'y en a qui entrent par ici. Mais il faut, quand même,
prévoir les visites provinces de ces gens-là qui viennent. Alors,
pour les visites provinces (le nombre de gens qui visitent les provinces), au
Québec, nous avons une augmentation, pour la même période
que vous avez mentionnée tout à l'heure, de 9%. En Ontario, une
diminution de 6%. Ce sont les visiteurs américains. Les visiteurs
d'outre-mer, pour les visites des provinces, augmentation de 55%, augmentation
de 38% en Ontario.
Il semble que la performance du Québec, donc, relativement
à ce que c'était dans le passé, a tendance à
s'améliorer. Est-ce qu'il faut être satisfait de cela? Je dis, M.
le Président, que nous nous améliorons. Et moi, je ne serai
jamais satisfait tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
véritablement, à tout point de vue, par des chiffres concrets,
dépassé l'Ontario. Mais il faut, quand même, remarquer
qu'à cause des actions des intervenants dans le milieu et à cause
des actions du gouvernement du
Québec, on réussit maintenant à en reprendre un peu
plus sur l'Ontario.
Vous voulez savoir maintenant ce qui est arrivé en 1982? C'est la
dernière année. Les statistiques nous disent aussi que, tout
dernièrement, on peut compter dans la restauration, en particulier, une
augmentation. Le mois de janvier 1984, comparativement à janvier 1983 -
ce n'est pas loin, cela vient de passer - une augmentation au Québec de
7,6% des revenus de la restauration; en Ontario, une augmentation de 4,8%. Le
mois d'avant, une augmentation au Québec de 8,2%; en Ontario, 2,1%. Il
semble qu'on est en train de reprendre un peu - lentement, vous allez me dire,
bien sûr - le terrain que nous avions perdu. Il est important de noter
les actions que le gouvernement du Québec fait dans ce sens. Les ventes
de chambres d'hôtel. Vous voulez encore des statistiques: en 1983,
à Montréal - si on veut comparer cela à Toronto - les
ventes de chambres d'hôtel ont diminué un peu, de 2,2% par rapport
à 1982. La situation était trois fois pire à Toronto
où on a eu une diminution de 5,9%, alors qu'à Montréal
cela a été 2,2%. Si vous voulez comparer maintenant les revenus
des restaurants licenciés au Québec, dans la même
période...
Le Président (M. Fortier): M. le ministre, 30
secondes.
M. Biron: ...nos revenus ont augmenté de 11,6% au
Québec en 1982, alors qu'ils ont augmenté en Ontario de 1,5%.
Cela veut dire une chose: le Québec, lentement, mais sûrement est
en train de reprendre sa place dans le domaine touristique parce qu'il y a des
actions concrètes qui ont été posées à la
fois par le gouvernement du Québec, à la fois par les
associations touristiques régionales et aussi, surtout, par les
intervenants privés de ce secteur.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le ministre.
J'aimerais, quand même, faire seulement une petite correction. Vous avez
parlé de la commission parlementaire de l'industrie, du commerce et du
tourisme. Avec la réforme parlementaire, comme vous le savez, la
commission qui siège ce matin est la commission de l'économie et
du travail. Cette correction étant faite, je donne la parole au
député de Hull.
Argumentation M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec la patience qui m'est permise les statistiques ou les
données du ministre de l'Industrie et du Commerce, pour ne pas dire du
Tourisme, parce qu'il ne s'en occupe pas. Il y a des points importants. Quand
on peut se lancer des chiffres, des statistiques, des données et tout
cela, c'est bien beau, M. le ministre, mais cela ne donne pas à manger
aux chômeurs, cela ne donne pas à manger aux assistés
sociaux et cela ne crée pas de nouveaux emplois dans la
restauration.
Sous votre gouvernement, vous avez instauré des taxes
additionnelles. Tantôt, vous mentionniez que vous aviez
éliminé la taxe sur les chambres d'hôtel. C'était
apparent, parce que les gens ne payaient plus les 10% sur les chambres
d'hôtel. Mais vous avez omis de dire que, dans la restauration, et cela,
le public en général ne le sait pas... M. X se présente
à la "commission des liqueurs" et va se chercher un 40 onces de
spiritueux, il paie un prix. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que le
restaurateur ou l'hôtelier qui va à la même "commission des
liqueurs" chercher son stock pour satisfaire ses consommateurs doit payer une
taxe additionnelle de 4,4%. Il paie déjà plus cher que le
consommateur. Ce que vous ne dites pas, non plus, M. le ministre, c'est qu'au
cours des dernières années vous avez même mis une taxe
additionnelle sur la bière, c'est-à-dire que l'hôtelier ou
le restaurateur doit payer la caisse de bière de 24, soit 0,94 $ de plus
que l'épicier ou le dépanneur du coin. Encore là, c'est
une taxe déguisée que le restaurateur ou l'hôtelier doit
ajouter dans son prix de revient.
En plus de la taxe d'hôtellerie de 10% qui est ajoutée,
vous récupérez aujourd'hui, à l'heure où on se
parle, M. le ministre, beaucoup plus de profits ou de revenus que
l'hôtelier, que le restaurateur ou que la restauration en
général au Québec. Vous vous êtes emparés de
tout l'espace des revenus additionnels. Ce n'est plus la restauration qui fait
les profits au Québec. C'est, effectivement, le gouvernement du
Québec par ses nouvelles augmentations.
Quand on parle de la Société des alcools et de la
livraison du produit dans les municipalités ou les villes importantes du
Québec ou chez les restaurants ou hôtelleries, qui
reçoivent leur commande de boissons par livraison, encore là, il
y a une charge additionnelle d'environ 1,15 $ par caisse livrée. Ce sont
des montants qui font en sorte que la restauration est dans une situation
précaire actuellement au Québec. Vous êtes le responsable
de ce dossier par l'entremise du ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme et vous n'avez même pas eu la décence, lors de la
commission parlementaire, l'an dernier alors que le ministre du Revenu de
l'époque était M. Fréchette, député de
Sherbrooke -de venir entendre les intervenants du milieu, les restaurateurs,
les employés et ceux qui, en somme, s'opposaient carrément
à l'adoption d'une loi qui tiendrait compte des
pourboires dans la restauration.
M. le ministre, j'aimerais vous poser une question aujourd'hui. Elle est
bien simple. Quand le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
va-t-il s'occuper de la situation de la restauration au Québec et qui
relève de son ministère, à toutes fins utiles?
Plutôt que de permettre d'accorder des subventions pour des sex-bars dans
le comté de Duplessis - on s'en souvient - plutôt que de penser
d'accorder éventuellement ce type de subventions, il serait
peut-être préférable de préserver l'industrie de la
restauration avant qu'elle ne fasse faillite, comme il semble que ce soit le
cas.
Le Président (M. Fortier): Merci. Je dois féliciter
tous les intervenants de se limiter au temps accordé. J'en profite pour
vous dire que, si un député ne prend que trois minutes, enfin,
s'il prend moins que ses minutes de temps de parole, on passe au groupe
parlementaire opposé. Donc, le temps non utilisé est perdu. Je
donne la parole au député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais essayer de
faire cela rapidement parce qu'il est vrai qu'un temps de cinq minutes est
très court.
Je vais commencer par remercier les membres de l'Opposition de nous
donner la chance de parler de quelque chose d'aussi important que l'industrie
touristique au Québec. Enfin, on ne parle plus seulement de tourisme,
comme cela se faisait avant, mais on parle maintenant - j'en suis content; au
moins, c'est dans le langage; donc, cela s'en vient dans les esprits -
d'industrie touristique.
Avant d'en venir directement au fond du sujet, je veux quand même
rappeler quelque chose au député de Hull. Sur la taxe de 4% dont
il vient de parler en ce qui concerne l'achat de boissons par les gens du
milieu hôtelier, il ne faudrait pas oublier que ce n'est absolument pas
nouveau. Cela existait aussi bien avant nous. Cela existait dans le temps de M.
Bourassa. Donc, il ne faudrait pas nous imputer l'ajout de taxes qui existaient
déjà. Il faudrait faire attention à cela. J'aimerais
rappeler qu'on parle beaucoup des prix, mais il y a aussi d'autres chiffres
qu'il faut rappeler. J'espère que cela ne sera pas seulement une
bataille de chiffres et de statistiques pendant toute la matinée. Sauf
qu'il est important d'en donner quand on s'en fait citer par les gens d'en
face. (10 h 30)
II ne faudrait pas oublier l'indice du prix des repas pris au
restaurant, par exemple, la variation entre 1981 et 1983; à
Montréal, l'augmentation est de 8,8%. À
Toronto, elle est de 16,9%. Donc, on réussit quand même,
à notre avis, à maintenir des augmentations qui sont beaucoup
plus raisonnables qu'ailleurs. Il est bon de le souligner aussi. Cela augmente
moins rapidement. C'est donc que les revenus des restaurateurs
licenciés, comme le disait le ministre tantôt, ont quand
même augmenté au Québec de 11,6% en 1983 comparativement
à 1982. Donc, s'il y a une augmentation des revenus des restaurateurs et
que cela nous permet d'augmenter deux fois moins vite les prix qu'en Ontario,
c'est aussi le consommateur qui en profite et c'est bon de le rappeler.
On a beaucoup parlé des taxes. Oui, on peut les sortir une
à une, les taxes, et préparer de gros tableaux, mais il est
question de l'ensemble des taxes payées par les contribuables et les
industries, dont l'industrie touristique. Cette différence, si on se
compare à l'Ontario - c'est important de se comparer à ce qu'il y
a de plus près, de plus semblable - la différence qui
était payée en 1976, sous un gouvernement libéral, entre
le Québec et l'Ontario, était au-delà de 19%; il ne
faudrait pas l'oublier. Les Québécois payaient près de 20%
de plus qu'en Ontario en impôt et en taxes et, au moment où on se
parle, c'est rendu environ à 11%. Il faut prendre les chiffres
globalement car c'est toute la population qui a à payer des taxes pour
qu'on puisse se donner des services collectifs.
Qu'est-ce que nous avons fait des taxes perçues et qui sont deux
fois moindres que dans le temps de M. Bourassa? Nous avons apporté de
l'aide à l'industrie touristique, il n'y en avait pas beaucoup avant
notre arrivée au pouvoir. Une forme d'aide très populaire dans le
milieu se retrouve dans les associations touristiques régionales et
c'est indispensable, de façon que le tourisme ne soit pas soumis
à la seule volonté du ministre ou de quelques ministres ou ne
reçoive de l'aide que par une subvention, comme on nous le soulignait
tantôt en disant: Vous devriez donner des subventions. Nous le faisons,
sauf qu'il ne faut pas que les subventions deviennent sporadiques, qu'elles
aillent là où cela nous fait plaisir; elles doivent
répondre à des besoins. De quelle façon peut-on
répondre le mieux aux besoins si ce n'est pas en répondant aux
besoins régionaux afin de permettre à tous les coins du
Québec de profiter de cette industrie touristique qui est si
importante?
Nous avons donc mis sur pied les associations touristiques
régionales et nous les subventionnons; les chiffres nous ont
prouvé que le développement de l'industrie touristique va de
l'avant, que tout va bien, justement parce que ce sont des gens qui sont sur le
terrain et qui connaissent les possibilités de leur coin qui nous
présentent des programmes. Je ne sais pas si le député
de Hull a lu la lettre que l'Association touristique de l'Outaouais a
envoyée, mais j'en ai plusieurs copies que je ne lirai pas car ce serait
trop long. J'ai ici des lettres d'à peu près toutes les
associations touristiques régionales qui nous disent à quel point
il est important qu'on apporte cette forme d'aide pour permettre le
développement de l'industrie touristique en général, mais
aussi pour permettre à chacune des régions de se
développer. Si c'est vrai que l'industrie touristique au Québec
est la deuxième en importance, elle pourrait et devrait devenir la
première avec les années, parce que le monde a de plus en plus de
loisirs. Le Québec n'a jamais eu sa part et on en a parlé
tantôt.
Donc, il faut maintenant qu'on ait notre part. Comme l'industrie
touristique à un double volet, c'est-à-dire attirer les gens qui
viennent de l'extérieur et aussi garder les Québécois chez
nous, il faut prendre des moyens pour ce faire et un de ces moyens est d'aider
les associations touristiques régionales à promouvoir, autant au
Québec qu'à l'extérieur, autant aux
Québécois qu'aux étrangers, le goût de visiter le
Québec.
Je termine, M. le Président, puisque vous me dites qu'il me reste
moins d'une minute. On a fait d'autres programmes d'aide; entre autres, un
programme très important a été la publicité
coopérative. C'est important qu'on dise aux gens ce qu'on peut leur
offrir pour qu'ils viennent voir le Québec ou pour qu'ils restent au
Québec. Qu'on profite donc de l'une de nos richesses naturelles,
l'hiver, au lieu de s'en plaindre. Grâce au gouvernement du
Québec, 800 000 exemplaires d'un dépliant touristique ont
été envoyés aux États-Unis et ont été
distribués au Québec afin que les gens puissent profiter de ce
qu'on a au Québec en hiver, c'est-à-dire la neige et les pentes
de ski. Les chiffres nous prouvent que cela a porté fruit, les
résultats nous amènent de plus en plus de touristes au
Québec et de plus en plus de touristes, cela veut dire de plus en plus
d'emplois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. Je donne maintenant la parole au député de
Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
sur deux petites choses que disait le ministre de l'Industrie et du Commerce
et, comme disait mon collègue de Hull, "absent dans le Tourisme". Le
porte-parole pour le tourisme, c'est encore moi et je suis le seul. Quand il
dit qu'il y en a eu huit ou neuf depuis 1981 - je crois qu'il est là
depuis 1981 - je dis que, depuis 1981, le critique officiel pour le Parti
libéral, c'est moi. Il s'agit toujours de malhonnêteté du
ministre quand il dit des choses semblables.
Je voudrais justement revenir sur un autre aspect qu'il a
mentionné tantôt pour démontrer sa
malhonnêteté, quand il a parlé de la taxe sur les chambres
de M. Bourassa. Il est malhonnête quand il dit cela parce que M. Bourassa
voulait parler de la taxe foncière sur les chambres d'hôtel. Ce
n'était pas la taxe de 8%. Il est bien clair que c'était la taxe
foncière. Étant donné qu'on a un ministre comme cela, on
peut s'attendre à tout de sa part.
On veut justement parler un peu de cette taxe foncière. On peut
citer sur cette question le président de l'Association des
hôteliers du grand Montréal lors du sommet sur le tourisme: "Je
voudrais revenir sur l'aspect économique, le coût du produit, sur
la nécessité de nous rendre concurrentiels avec nos
compétiteurs, soit l'Ontario, soit les États-Unis avoisinant le
Québec. Je voudrais aussi toucher les taxes municipales. Comme on le
sait, sûrement, les deux grands centres urbains du Québec,
Montréal et Québec, ont les taxes municipales les plus
élevées en Amérique du Nord. Elles sont à peu
près deux fois plus élevées que celles de Toronto, trois
fois plus élevées que celles de certaines villes
américaines. Ces taxes municipales sont à la base un
problème d'évaluation qui n'est pas standard partout et non pas
nécessairement un problème de taux, parce qu'on a un revenu au
taux équitable des autres industries depuis 1975. Je sais que le
gouvernement est très conscient de cet aspect et on espère avoir
la réponse à ce sujet." Ces gens-là attendent encore la
réponse du gouvernement. Il est très clair que le gouvernement en
est tellement conscient que le problème existe toujours en 1984.
Voici à quoi cela peut ressembler lorsqu'on regarde
l'évolution des dépenses des taxes municipales et scolaires pour
les hôtels du Québec par rapport à l'évolution de
leur revenu et ce, de 1976 à 1981. Si on regarde ce tableau on a eu,
depuis 1976, des revenus qui ont augmenté de 40,9% et on a eu des
augmentations des taxes scolaires et municipales de 59,1%. C'est cela la
différence.
Comme on le voit, ces taxes ont augmenté de 60% alors que les
revenus n'ont augmenté que de 40%. On sait aussi que la chambre
d'hôtel coûte, seulement en taxes, pour Montréal 4700 $ par
rapport à 1800 $ en Ontario et à 1200 $ à New York. Il
faut que quelqu'un absorbe cette charge et les hôteliers n'ont plus les
moyens d'absorber tout cela.
J'aurais un autre tableau à montrer au ministre sur les
nuitées de l'agglomération de Montréal. En 1977, on avait
2 289 200 nuitées dans l'agglomération de Montréal. En
1983, 2 422 400. On voit la progression et la diminution.
À ce stade-ci, je voudrais justement faire remarquer une chose au
ministre. Tantôt, il nous a dit que, depuis qu'il est là, il y
avait eu des augmentations sur les nuitées de l'agglomération de
Montréal, depuis qu'il est là en 1981: en 1980, on avait 2 724
000 nuitées; en 1983, on en a 2 422 400. De 1977 à 1983, il y a
eu seulement 5% d'augmentation et, depuis qu'il est là, il y a eu des
diminutions.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre entend prendre ses
responsabilités et agir afin de défendre les
intérêts de l'industrie? On lui a déjà dit cela et
tous les intervenants sont d'accord pour dire qu'il ne prend pas les
intérêts de l'industrie et on le voit. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. La parole est au député de Chauveau.
M. Raymond Brouillet
M. Brouillet: M. le Président, j'aimerais d'abord attirer
l'attention des gens sur la dernière intervention du
député de l'Opposition quand il est revenu sur le sujet des taxes
qui étaient très élevées. Je lui ferai remarquer -
je crois qu'il l'a mentionné au passage - et il est bon d'attirer
l'attention sur le fait que les taxes foncières ne sont pas des taxes
imposées par le gouvernement du Québec. Les taxes
foncières, je crois, sont des taxes municipales, de même que la
taxe scolaire. Quand le ministre a dit qu'on avait aboli la taxe sur les
chambres d'hôtel, vous l'avez traité, enfin, de
malhonnêteté. Je crois qu'il était très clair - tout
le monde le sait - que la taxe sur les chambres d'hôtel était de
8% sous le régime de M. Bourassa et c'est une réalité que
je ne crois pas que vous puissiez nier qu'en 1978 le gouvernement du
Québec a aboli la taxe sur les chambres d'hôtel.
J'aimerais revenir sur un autre des aspects qui a été
abordé par le député de Charlesbourg pour expliquer, pour
tenter de démontrer le fardeau considérable qu'on impose à
l'industrie touristique. Il a fait allusion à la loi 43 et il a dit:
C'est épouvantable, cette loi; on devrait... Enfin, il a laissé
entendre qu'on devrait la retirer parce que cela ajoute aux coûts de
l'industrie touristique. Je crois que la loi 43, on doit d'abord l'aborder
quant à ses principes de fond et c'est là, je crois, que le
débat doit porter. La loi 43 est là pour essayer d'apporter une
équité fiscale plus grande au sein de la société et
aussi pour rendre justice à l'ensemble des employés du secteur en
leur permettant d'avoir accès, sur le même pied que l'ensemble des
autres citoyens, aux mesures sociales, aux avantages sociaux qui sont
rattachés à tout travailleur. Je crois qu'à cet
égard la loi 43 a voulu respecter ces principes.
On peut discuter des modalités d'application. Il est
évident qu'à cet égard le débat est engagé.
Le nouveau ministre, dès le lendemain de sa nomination, a
rencontré les représentants des employeurs du secteur. Il a
également rencontré, durant une journée entière,
à Montréal, la semaine dernière, les représentants
des employeurs et des travailleurs. Il s'apprête également
à rencontrer à nouveau ces représentants dans les
prochaines semaines. Le nouveau ministre, M. Dean, s'est dit également
prêt, dans une réponse à une question à
l'Assemblée nationale, à rencontrer les membres du comité
des députés de l'Opposition qui étudient cette question
pour échanger avec eux sur les améliorations qu'on pourrait
apporter quant aux modalités d'application des deux principes que j'ai
énoncés tantôt.
Nous connaissons M. Dean comme étant un homme à
l'écoute. Négociateur chevronné, je suis convaincu qu'il
saura, dans ce dossier, apporter des solutions à quelques-uns des
inconvénients que nous voyons dans l'application de cette loi.
Il y a un aspect de la loi qui fait problème. C'est la
possibilité pour les employeurs d'avoir droit à
l'assurance-chômage. Il y a beaucoup de revendications de la part des
employeurs qui se réfèrent à cette dimension. Nous savons
que le gouvernement fédéral n'a pas encore accepté de
couvrir, de rendre assurable cette partie des revenus des travailleurs, les
pourboires. Beaucoup de démarches ont été faites
auprès du gouvernement fédéral pour en arriver à ce
que les employés aient justice. Je me permettrai de citer certains
membres de la Chambre des communes, entre autres, le ministre Bussières
qui a dit, lors d'une conférence de presse, dans une rencontre avec la
Chambre de commerce de Charlesbourg, qu'il pensait que le gouvernement
fédéral pourrait à son tour modifier la Loi sur les
impôts de sorte que le calcul du salaire et des pourboires puisse se
répercuter aussi dans le niveau des prestations
d'assurance-chômage. (10 h 45)
Le Président (M. Fortier): ... M. le
député.
M. Brouillet: En conclusion, je crois que nous n'avons pas, au
nom, disons, de la diminution des coûts de l'activité touristique,
à prôner et à maintenir l'inéquité fiscale et
l'injustice sociale. Il ne faut pas troquer ces principes, il faut trouver
d'autres voies et la politique du gouvernement est là pour aider
l'industrie touristique. Ce n'est pas en sacrifiant la justice sociale et
l'équité fiscale qu'on devra parvenir à développer
l'industrie touristique. Il y a d'autres moyens pour le faire, le gouvernement
s'y est employé depuis assez longtemps et il continuera de le
faire encore.
Le Président (M. Fortier): M. le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'aimerais tout de
suite répondre à deux choses que le député de
Chauveau a dites: Premièrement, concernant la taxe foncière, je
pense que c'est un peu irresponsable et pas correct d'essayer de se cacher en
arrière des municipalités pour ne pas assumer les vraies
responsabilités qui incombent au gouvernement parce que c'est,
effectivement, le gouvernement qui, par la réforme sur la taxation
municipale, a refilé cette affaire aux municipalités. Donc, ne
venez pas nous dire aujourd'hui que ce n'est pas vous, ce sont les
municipalités. C'est le gouvernement du Québec qui est l'ultime
responsable de la situation dans une industrie comme celle de
l'hôtellerie et de la restauration.
Deuxième petit point, sur la loi 43, le député
semble presque dire que tout va bien. Mais, M. le Président, une
question bien simple: Si cela va si bien que cela, comment se fait-il qu'une
loi adoptée par le Parlement au mois de décembre passé ne
peut pas être en vigueur en ce moment, que le ministre lui-même a
été obligé de presque suspendre l'application de la loi en
émettant une tolérance administrative pour la première
fois dans l'histoire du Québec depuis les années de Duplessis? Si
cela va tellement bien, voyons donc!
Mais, M. le Président, je vais parler d'autres choses à ce
moment-ci. J'aimerais dire que tout le monde est d'accord pour affirmer que la
qualité des infrastructures dans l'industrie et la qualité des
établissements et du service qu'on y retrouve sont des facteurs de
première importance pour le tourisme. Et comment peut-on concevoir un
bon produit touristique sans un autre niveau de qualité dans
l'hébergement et la restauration? Or, c'est là un autre
problème qui a été perçu par l'industrie et qui
avait également été identifié lors du sommet de
1978: la variété et la qualité inadéquate des
services en région, la réglementation et la classification
inadéquate des établissements.
Voilà, M. le Président, qu'on aborde la question de la
réglementation. Et c'est un couteau à double tranchant, parce
qu'un certain niveau de réglementation est nécessaire pour
assurer la qualité des services, mais, d'autre part, pour encourager le
secteur privé, il faut réduire les contraintes de la
réglementation.
Il faut s'assurer pourtant que toute la panoplie de lois, de
règlements et de normes qui régissent l'hôtellerie et la
restauration a été conçue pour corriger des
négligences. Le législateur, finalement, n'a pas imposé
toutes ces consignes pour son bon plaisir. Or, certes, l'industrie se plaint
régulièrement de la réglementation, mais elle est aussi,
quand même, très consciente de son utilité.
Les fonctionnaires du ministère travaillent depuis trois ans
maintenant sur un projet de refonte de la réglementation sur l'industrie
de la restauration et de l'hôtellerie qui devait déjà se
matérialiser l'année dernière. À l'étude des
crédits du 19 mai 1983, le ministre mentionnait, et je cite: "II y aura
probablement aussi un projet de loi - en parlant d'un dépôt la
semaine suivante - il s'agit de la Loi concernant les travailleurs au pourboire
de la restauration et de l'hôtellerie pour déréglementer
tout ce qui existe concernant l'hôtellerie." II a ajouté plus
loin: "On déposera une loi sur l'hébergement pour avoir un peu
moins d'inspecteurs, moins de normes, moins de réglementation." On est
assuré que la compétition dans l'entreprise privée
maintiendra quand même un certain niveau de qualité.
M. le Président, après toutes ces années de
gestation, c'est-à-dire tout le temps qu'il a fallu pour qu'une solution
sérieuse et satisfaisante soit trouvée, on s'apprête
maintenant à sortir, semble-t-il, un nouveau règlement qu'il est
difficile de qualifier autrement que de chose catastrophique. Le ministre
s'apprête à déréglementer son industrie pratiquement
à 100% et, quant à nous, cela va être la pagaille. Ce n'est
pas du tout cela que les intervenants demandaient et ils commencent à
être bien inquiets de ce qui risque d'arriver.
Voilà un autre bel exemple d'une solution simpliste et
irresponsable d'une pseudo-consultation finalement. Encore une fois, à
ce sujet, on peut citer un participant du sommet économique de 1978: "La
deuxième chose que je voudrais mentionner, c'est qu'au niveau de la
réglementation, il y a lieu, je pense même que c'est essentiel,
qu'il y ait beaucoup plus de consultations au niveau du secteur
d'activité qui est concerné par la réglementation
spécifique."
Dans le passé, on a eu à subir différentes
réglementations qui étaient carrément en dehors de la
réalité quotidienne et cela repose, justement, sur un manque de
concertation. C'est une autre chose dont il va falloir également parler.
Or, quand il y a des modifications à apporter à un
règlement qui concerne le secteur d'activité, je pense qu'il
serait tout à fait approprié de consulter d'abord le secteur
d'activité concerné sans pour cela altérer la
responsabilité du ministère ou de l'organisme en question.
Les conséquences de cet acte qu'on se prépare à
poser sont, comme on l'a dit, catastrophiques. Je voudrais simplement vous
donner un petit exemple pour vous montrer
ce que cela peut être. Voici le règlement sur les
établissements hôteliers et les restaurants et voici ce qui va
disparaître. Tout cela, semble-t-il, c'est en voie de disparition. Cela
fait au-delà de 80%, 85% des règlements qui sont en voie de
disparaître. La question qu'on veut poser aujourd'hui au ministre, c'est:
Est-ce qu'il entend aller de l'avant avec son projet de réglementation
totale et aller ainsi à l'encontre des demandes et des besoins de
l'industrie? Quand est-ce qu'il va agir avec discernement dans ce dossier?
Le Président (M. Fortier): La question est posée.
M. le ministre, vous répondez?
M. Biron: Je suis très surpris et même
estomaqué d'entendre l'intervention du député de Laurier,
membre d'un parti politique qui se vante d'être pour l'entreprise
privée et contre la réglementation. On est contre la
réglementation, mais on est pour la réglementation. C'est
vraiment la marque de commerce du Parti libéral de ne jamais être
branché, de ne jamais savoir ce que le Parti libéral veut. Dans
ce sens, je suis très surpris de l'intervention du député
de Laurier. Ou on a confiance dans l'entreprise privée et je pense que
le gouvernement du Québec a prouvé qu'il avait confiance dans
l'entreprise privée, on pose des actions précises chaque jour
là-dessus. Si on a confiance dans l'entreprise privée, c'est une
entreprise qui est capable de se discipliner, à mon point de vue, et la
compétition va faire en sorte que la marchandise de qualité,
à un prix concurrentiel, soit livrée à la population du
Québec et aux touristes étrangers qui vont venir chez nous.
Il y a des actions importantes à faire dans ce sens. Bien
sûr, il faut améliorer autant que possible la gestion de nos
entreprises. Nous sommes d'accord avec cela. Présentement, il y a tout
un programme mis de l'avant depuis déjà plusieurs années
à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, qui
fait en sorte que nos chefs d'entreprise sont de plus en plus
sensibilisés à la qualité de leur gestion et à la
qualité du service à offrir au touriste. Dans ce sens, ce n'est
pas une réglementation, ce n'est pas des inspecteurs ou une montagne ou
une armée d'inspecteurs qui vont faire en sorte que la qualité va
être plus grande dans la restauration et l'hébergement au
Québec. Ce sera la qualité des chefs d'entreprise du
Québec.
Il semble que vous autres, vous n'avez pas confiance dans les chefs
d'entreprise du Québec. Moi, j'ai la foi dans les chefs d'entreprise du
Québec et je sais qu'ils sont capables de gérer comme du monde.
Je sais qu'ils sont capables de faire un bon travail et je sais qu'ils sont
capables de livrer une bonne marchandise à un prix concurrentiel.
Pourquoi vous autres voulez-vous toujours les harceler, pourquoi voulez-vous
toujours les réglementer, pourquoi voulez-vous toujours les
écraser, pourquoi n'avez-vous pas foi dans la capacité des
Québécois et des Québécoises de réussir?
Chaque fois qu'on entend un discours de l'autre côté, c'est un
discours éteignoir, c'est un discours pour tuer la volonté des
Québécois de réussir. C'est un discours pour tuer la
confiance et la foi que les Québécois et les
Québécoises ont dans leur capacité de faire des choses. Il
me semble que vous devriez vous relever un peu. Vous êtes des membres de
l'Assemblée nationale avant d'être des fidèles serviteurs
du Parti libéral du Québec. L'Assemblée nationale, c'est
au service du monde du Québec. Vous devriez avoir un peu plus confiance
aux chefs d'entreprise comme nous autres, on a confiance aux chefs d'entreprise
et comme nous autres, on a confiance aux travailleurs et travailleuses du
Québec.
Ceci dit, il ne faut pas, bien sûr, laisser aller cela comme cela.
Il faut leur donner le coup de pouce nécessaire. Le gouvernement du
Québec n'entend pas remplacer les chefs d'entreprise par une
armée de fonctionnaires ou d'inspecteurs. On entend, tout simplement,
appuyer les chefs d'entreprise dans leur volonté de se
développer. Qu'est-ce qu'on fait pour cela? D'abord, bien sûr, on
met de l'avant des programmes de soutien à l'entrepreneurship, des
programmes de soutien à l'entreprise, des programmes d'aide au
financement de l'entreprise. On met aussi de l'avant des programmes d'aide
à la gestion de l'entreprise. On a eu UNI-PME. On a eu Outil de gestion
qui s'est appliqué, justement. On a eu Gestion marketing qui s'est
appliqué à l'entreprise. Beaucoup de ces programmes sont aussi
appliqués à l'entreprise touristique. Avec l'Institut de tourisme
et d'hôtellerie du Québec, on est en train, avec les chefs
d'entreprise, d'implanter des modalités de gestion, de production, de
contrôle qui permettent aux chefs d'entreprise, dans le domaine
touristique, dans la restauration, en particulier, de réduire ses
frais.
On a un centre de consultation en gestion à l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie du Québec qui a été
spécialement créé à cette fin avec une aide
gratuite aux chefs d'entreprise. On veut augmenter la compétence du
personnel en place. On offre des cours de perfectionnement aux employés,
à ceux et celles qui travaillent dans l'hôtellerie et dans la
restauration avec le service d'éducation des adultes de l'ITHQ. On veut
rendre service à chacune des régions du Québec et à
chacune des entreprises dans les régions du Québec. On est en
train, avec les entreprises et les associations touristiques régionales,
de mettre au point de nouveaux menus à des prix abordables.
Bien sûr, cela demande un effort de créativité que
le Parti libéral du Québec n'est pas capable d'avoir. Mais nous
autres, on est capables de créer des choses si on a confiance dans la
capacité des Québécois et des Québécoises de
réussir. On a un centre de recherche technologique à l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie qui a déjà commencé
à produire des menus types région par région. On a des
bourses d'affaires qui s'adressent aux jeunes pour qu'ils puissent mieux aller
dans le domaine touristique. On a plus de 3000 professionnels du domaine
touristique et de la restauration qui ont été formés
jusqu'à maintenant dans des cours réguliers à l'Institut
de tourisme et d'hôtellerie du Québec, en plus des 29 000
employés du secteur de la restauration et de l'hébergement qui
ont suivi des cours dans l'industrie touristique et qui ont
bénéficié de l'éducation des adultes à
l'ITHQ. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites
du côté de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie,
précisément pour répondre davantage aux besoins des
citoyens et des entreprises du Québec. Qu'on songe que, depuis que
l'ITHQ existe, il y a tout près de 3000 cours secondaires qui ont
été donnés à 3000 personnes différentes pour
améliorer la gestion de nos hôteliers; 2100 personnes ont
bénéficié d'un cours collégial. Tout cela fait que
la qualité de la gestion de l'entreprise québécoise est
meilleure parce que le gouvernement du Québec s'y implique et parce
qu'il a foi en la capacité des chefs d'entreprise de gérer comme
du monde.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Merci, M. le Président. Je veux seulement dire
au ministre qui vante l'Institut de tourisme et d'hôtellerie - qui a
déjà été dans mon comté - qu'il oublie un
fait: cet institut a été créé par le gouvernement
libéral sous Robert Bourassa. Ce n'est pas quelque chose que le Parti
québécois a inventé. C'est nous qui l'avons inventé
et maintenant on l'utilise pour des raisons... J'étais à
l'ouverture, c'est moi qui ai coupé le ruban.
M. Biron: Par l'Union Nationale.
M. Blank: Le ministre a parlé des cours de gestion qu'on
donne aux gens pour leur permettre d'économiser et de bien administrer.
C'est vrai. Le ministre a même dit que l'an passé, dans la
restauration, les revenus ont augmenté de 7,4%, mais il oublie de dire
qu'avec la loi 43 cela va diminuer les profits d'environ 3% sur les gros
revenus et de 15% sur la masse salariale, ce qui signifie
qu'immédiatement on "mange" la moitié des revenus avec la loi 43.
Cela veut dire que les profits seront moindres.
Quand le ministre parle des PME en disant que les industries
touristiques vont bénéficier de prêts ou de l'aide
gouvernementale, il ne définit pas ce que sont les industries
touristiques. Dans sa déclaration - je l'ai ici - il dit: "Dans le
domaine touristique, à l'exclusion des hôtels et des restaurants."
Le ministre a donné l'impression, quand il a fait sa déclaration,
que ce sont seulement les restaurants qui n'ont pas droit à cette aide.
Mais les hôtels, non plus, n'y ont pas droit. C'est ce qu'il a dit dans
sa déclaration et dans son communiqué de presse: donc, cela
couvre l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration.
Mais dans cette industrie, il y a toutes sortes de choses qui causent
des problèmes, par exemple, la taxe de vente. Cela fait longtemps que
l'industrie demande qu'on réduise la taxe de vente de 10% à un
taux plus normal. En Ontario, elle est de 7% seulement. C'est le Parti
québécois en 1977 qui l'a augmentée à 8% et
à 10%. Cela nous crée des problèmes avec les touristes qui
viennent ici en convention ou en congrès. Quand ils se rendent compte de
la différence de taxe avec celle de l'Ontario, cela nous cause des
problèmes. C'est le Parti québécois qui l'a
augmentée, peut-être pour compenser pour les chambres
d'hôtel. Il donne d'une main et il reprend de l'autre et il se vante
qu'il donne des choses. Mais, en fait, ces 2% sur la taxe de vente constituent
un déboursé 100 fois plus élevé de la part des
contribuables que les revenus des chambres d'hôtel.
À propos de la perception de la taxe de vente, les
propriétaires d'hôtels et de restaurants ont déjà eu
jusqu'à 1000 $ pour le travail qu'ils ont fait pour percevoir la taxe
sur les repas pour le gouvernement. Le gouvernement, il y a quelques
années, a réduit ce montant à 500 $, puis à 100 $.
Et je constate que, par un arrêté en conseil de la semaine
dernière, le gouvernement a réduit ces 100 $ pour les vendeurs au
détail. Est-ce que cela va s'étendre aux restaurants et aux
hôtels? On va travailler pour le gouvernement en ramassant de l'argent
pour lui gratuitement?
D'autres petites choses. Ici, à Québec, c'est le seul
endroit où les propriétaires de restaurants et d'hôtels qui
font des erreurs dans leur rapport paient intérêt sur
intérêt et toutes sortes d'amendes. La question de la taxe de
vente sur certains équipements: le gouvernement fédéral
donne des exemptions, mais le gouvernement provincial n'en donne pas. La
question des repas des employés. C'est une affaire compliquée que
le ministère du Revenu a imposée aux hôtels et aux
restaurants pour calculer le montant de taxe que les employés doivent
payer parce
qu'ils ont des repas à prix réduit. C'est un peu ridicule
toutes ces choses et cela coûte de l'argent à ces gens-là.
(11 heures)
Je veux savoir quelle est la position du ministre sur la question de la
taxe de vente et des autres petites choses que tous les propriétaires de
restaurant et d'hôtel doivent payer. Qu'est-ce que va faire le ministre?
Quand va-t-il agir pour éliminer ces choses et pour changer la taxe sur
les repas? Beaucoup de gens veulent que ce soit universel, parce qu'ils
prétendent que c'est discriminatoire. Qu'est-ce que le ministre va faire
dans ce domaine?
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. Je crois que la parole est au député de
Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. J'aimerais
seulement revenir sgr un point qui a été dit au début
auquel je n'ai pas pu répondre. Dans votre tournée où vous
avez rencontré des associations de restaurateurs, ils vous ont
certainement dit, quand il a été question des faillites - je les
ai rencontrés, moi aussi, dans ma région à quelques
reprises - qu'un des problèmes, c'est que - c'était comme cela
auparavant, mais de moins en moins, heureusement - souvent on a pris la
restauration comme quelque chose qu'on part comme cela à
côté d'un autre au bout de la rue, ce qui fait en sorte que ce
n'était pas vraiment considéré comme une industrie
importante. Les chiffres nous le prouvent: au Québec, nous avons un
restaurant par 500 de population, alors qu'ailleurs c'est un restaurant par 900
de population. C'est évident qu'à un moment donné c'est
plus difficile quand la concurrence est aussi grande.
J'aimerais revenir sur les programmes d'aide. C'est important de dire
quelles sont les possibilités pour les gens qui sont dans le secteur
touristique de savoir comment le gouvernement met à leur disposition de
l'argent et toutes sortes de services afin de leur permettre, entre autres, de
développer notre produit touristique. C'est cela qui est important. Il
faut être capables d'offrir quelque chose si nous voulons que les gens
restent chez nous et que les gens viennent chez nous. Il y en a des programmes.
Il ne faudrait pas oublier la Loi sur le développement touristique, cela
a été adopté sous notre gouvernement en 1979. C'est
quelque chose qui change, qui évolue et qui est capable de s'adapter aux
situations nouvelles qui s'en viennent. Il y a moins d'un an, en juin 1983, on
a encore apporté des amendements de façon à
élargir, à étendre à plus d'entreprises l'aide qui
est apportée par la Loi sur le développement touristique au
Québec. Oui, on s'est préoccupé, justement, de ce secteur
de l'économie qui est si important et dès 1979 cette loi a
été présentée et elle a été
amendée. Elle le sera probablement encore au cours des années au
fur et à mesure que les besoins vont changer, que les demandes vont
changer aussi. Il y en a des programmes d'aide, mais il y en a d'autres qui se
sont rajoutés.
Comme le disait le ministre tantôt, on n'a pas oublié, non
plus, dans notre plan de relance économique de venir en aide à ce
secteur. Un des points majeurs du programme de relance, c'est le financement
assuré. Dans le financement assuré, pour répondre au
député de Saint-Louis qui, tout à l'heure, n'était
pas sûr si on venait en aide au secteur de l'hôtellerie, il est dit
- c'est clair et net - que le nouveau programme s'adresse à des
établissements touristiques: hébergement, campings,
croisières, centres de ski alpin et tourisme d'action. Oui, on aide les
gens, même dans notre programme de relance économique. On n'a pas
oublié ce secteur si important pour l'économie du
Québec.
Il y en a d'autres politiques qui ont été amenées
dernièrement. Qu'a-t-on fait depuis quelques années pour
s'assurer que le produit touristique qu'on offre aux Québécois et
aux étrangers, c'est un produit varié et c'est un produit de
qualité? Je vais vous en donner quelques-uns, cela vaut la peine que
vous soyez informés et que la population le sache. Entre autres, notre
nouvelle politique du ski alpin qui permet d'avoir des centres majeurs afin de
permettre aux gens de venir faire du ski chez nous, dans un contexte où
on répond à tous leurs besoins. Entre autres,
dernièrement, dans notre coin, dans une région où on ne
s'est, malheureusement, pas suffisamment occupé de tourisme dans les
années passées, mais où à partir de maintenant
c'est une préoccupation, M. le premier ministre est venu annoncer un
investissement de 10 000 000 $ à Sutton en infrastructures pour
permettre, justement, non seulement d'avoir les pentes, parce qu'on les a, mais
d'être capables d'avoir la neige artificielle, d'être capables de
bâtir au pied des montagnes tout l'hébergement et la restauration
nécessaires pour que les gens qui viennent puissent demeurer durant
quelques jours. C'est cela qui est important quand les gens viennent chez nous,
c'est qu'ils y demeurent durant quelques jours. C'est là que cela
devient payant, le tourisme.
On en a parlé aussi tantôt, mais c'est bon qu'on le
rappelle: c'est nous qui avons construit le Palais des congrès à
Montréal qui va générer tout autour la venue de plusieurs
personnes, de plusieurs touristes parce que les congrès, c'est payant.
Ce sont des dizaines de milliers d'Américains spécialement qui
viennent pour la tenue de congrès à Montréal. C'est tout
le secteur de l'hôtellerie et de la restauration qui en profite.
Bientôt - il en est question, le
projet de loi est présentement ici à l'Assemblée
nationale; je ne peux pas parler du projet comme tel, mais je peux parler de la
réalisation qui va aboutir - on aura la Maison de la science et de la
technologie. Cela aussi va permettre non seulement d'attirer plus de touristes,
mais cela va permettre de revitaliser et de repopulariser -excusez l'expression
- l'île Sainte-Hélène qui avait une vocation, justement,
d'avenir et de développement touristiques.
Je vous en ai parlé tantôt et je vais seulement le signaler
au passage: la publicité coopérative qui permet de vendre notre
produit touristique. Si d'autres formations politiques disent que cela va
toujours mal au Québec et que ce n'est pas intéressant à
voir, on est obligé de payer pour dire le contraire. Donc, on participe
à la publicité coopérative.
Pour vous montrer à quel point - et j'espère que, dans les
autres régions aussi, cela va se faire - le développement
touristique est devenu une préoccupation de première importance
chez nous, on a un programme de zones récréotouristiques, la
Clé des cantons. Par l'entremise de l'entreprise privée, ce sont
des dizaines de millions qui seront investis en hébergement et en
restauration au pied des montagnes et un peu partout dans notre région
qui, à mon avis, deviendra un point majeur pour les touristes
bientôt. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. La parole est au député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, le
député de Chauveau nous a ouvert la porte tantôt à
une autre question. Il a répondu par autre chose, évidemment,
à la loi 43. Cette question, je voudrais l'adresser au ministre et
j'aimerais que le ministre lui-même me réponde. Dans les trois
principes, il y avait l'équité fiscale, l'équité
sociale et il y avait aussi la protection de l'industrie. Je pense que cela
doit relever du ministre. Le député de Shefford a fait allusion
à notre tournée tantôt. Oui, on en est très fiers et
on a fait certaines constatations qui sont très évidentes, que je
voudrais donner au ministre pour la bonne compréhension du
problème de la loi 43: augmentation des prix plus importante que ce que
le gouvernement avait prévu - on sait ce que le gouvernement fait,
règle générale, avec ses prévisions - donc,
augmentation des coûts du produit touristique et perte de
compétitivité. On aggrave donc des problèmes qui sont
déjà considérés comme majeurs. Si le ministre veut
contester cela, il ira parler aux grands hôteliers de Montréal
dans les négociations des voyages à forfait, il va voir ce que
cela donne. Discrimination par rapport aux établissements, ce qui
entraîne un déséquilibre encore plus marqué dans la
concurrence "fast-foods", visites et restauration traditionnelle;
détérioration de la situation financière des
établissements, selon l'Association des restaurateurs qu'il citait tout
à l'heure pour autre chose. J'imagine que ces chiffres-là sont
bons aussi; seulement 5% des restaurateurs du Québec font un profit
entre 5% et 8%; 35% sont au point mort et 60% ont des pertes. Incitation
à transformer des restaurants en "fast-foods" ou en
cafétérias pour se soustraire à la loi; donc, diminution
de la qualité de la restauration. Baisse de la qualité et de la
quantité du service causée par des diminutions de personnel et
des tensions dans les relations du travail; diminution de la qualité de
la restauration. Le ministre peut-il encore croire que la loi 43 ne le concerne
pas?
M. le ministre, vous n'avez même pas levé le petit doigt
pour défendre les intérêts de cette industrie; donc, vous
êtes en principe responsable. Déjà, en 1982, vous
étiez absent de la commission parlementaire sur le livre vert. Vous
n'êtes intervenu à aucun moment lors de l'étude du projet
de loi. Vous ne vous êtes jamais dérangé dans tout le
débat pour vous enquérir de la situation et vous n'avez
même pas rencontré des restaurateurs et des hôteliers.
M. le ministre, la première fois que vous avez daigné vous
intéresser à la loi 43, c'est le 20 janvier 1984, date à
laquelle un attaché politique de votre ministère a tenté
de contacter l'Association des restaurateurs. Mais, il n'a pas insisté
plus que cela, après une tentative, tout est resté lettre morte.
Lorsqu'on entend dire et véhiculer dans le milieu que le ministre est
absent pour défendre les droits de cette industrie, c'est là un
exemple très probant, la loi 43. M. le ministre, ses effets sont
néfastes et même les deux ministres du Revenu, le
député de Rimouski et le député de Prévost,
ont admis que l'augmentation causée directement par la loi 43 est de 3%
à 4% de coûts supplémentaires que les hôteliers et
les restaurateurs devront assumer par cette loi avec tout ce que cela comporte.
C'est votre responsabilité et, jusqu'à preuve du contraire, vous
n'avez pas défendu, soit au Conseil des ministres ou devant cette
Chambre, les intérêts des restaurateurs et des
hôteliers.
M. le ministre, la question est très claire et très
simple, au moment où le député de Prévost, ministre
du Revenu, tente de concilier tout cela. Le député de Chauveau
nous disait tantôt: II n'y en a pas de problèmes avec la loi 43;
le seul problème, c'est le fédéral,
l'assurance-chômage qui ne fonctionne pas. Eh bien, c'est être
irresponsable, ou inconséquent, ou inconscient de dire qu'il n'y a pas
de problèmes avec la loi 43. S'il n'y en a pas, que fait M. Dean dans
toutes les rencontres
qu'il a avec l'Association des restaurateurs et des hôteliers du
Québec et les représentants des employés?
M. le ministre, si cette industrie est la deuxième en importance
au Québec et vous concerne, qu'entendez-vous faire comme
représentations auprès de votre collègue de Prévost
et du Conseil des ministres pour corriger la situation?
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. Est-ce que le ministre répond? Qui a la parole? M.
le député de Chauveau.
M. Brouillet: Je vais revenir un peu sur le sens de mon
intervention de tantôt. D'abord, le député de Charlesbourg
charrie toujours un peu, comme c'est son habitude. Il dit que j'ai dit qu'il
n'y avait pas de problèmes dans l'application. Au contraire, j'ai
reconnu qu'il y avait des problèmes dans les modalités
d'application. C'est précisément pour cela que j'ai dit que le
ministre rencontrait les intervenants dans le secteur et qu'il était
ouvert à la discussion et à la négociation pour arriver
à atténuer les inconvénients quant à certains
aspects des modalités d'application.
Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de problèmes, mais j'ai dit
que le problème qui s'avérait le plus fondamental, celui qui
suscitait le plus de réticences, entre autres, chez les employés,
était le fait qu'ils n'avaient pas accès à
l'assurance-chômage. C'est ce que j'ai dit. J'ai nuancé mon
intervention.
Je fais remarquer que, dans un compte rendu qui fait allusion à
la tournée du député de Charlesbourg dans toute la
province le journaliste faisait précisément mention que le
député de Charlesbourg aurait dit aux journalistes que,
précisément, le problème fondamental qui fait que les
employés sont très réticents est qu'ils n'ont pas
accès à l'assurance-chômage. Je n'ai pas dit qu'il n'y a
pas de problèmes, mais que la raison peut-être fondamentale
était ce point.
Ce que je veux dire aussi, c'est que je reconnais qu'il y a certains
coûts additionnels à l'application de la loi. Tout le monde le
reconnaît. On peut discuter sur certains pourcentages. J'ai des chiffres
officiels de calculs qui ont été faits. Pour ce qui est des
coûts additionnels quant aux cotisations additionnelles que l'employeur
devra verser, sur un chiffre de ventes de 400 000 $ et sur la base d'un
pourboire de 8%, cela représenterait une augmentation de 1,3%.
M. Blank: Pour les cotisations?
M. Brouillet: Qu'est-ce que j'ai dit? J'ai dit: Pour ce qui est
des cotisations additionnelles. Qu'il y ait aussi certains coûts au
niveau de l'administration... J'ai dit que, pour l'augmentation des
cotisations, cela représenterait une augmentation de 1,3%.
Ma position - que j'ai dit tantôt - c'est qu'il ne faut pas, au
nom d'un coût additionnel, mettre de côté les principes
d'équité fiscale et la poursuite de l'objectif d'une justice
sociale. S'il y a des problèmes engendrés au niveau de la
compétitivité, c'est ailleurs qu'il faut trouver des solutions et
non pas revenir sur la poursuite de l'objectif de l'équité
fiscale et de la justice sociale.
On dit que le ministre est absent pour défendre l'industrie. On a
fait, tantôt, mention de toute une série de mesures que le
gouvernement a mises sur pied et qui impliquent de l'aide financière
pour aider le développement de l'industrie touristique. Ce n'est pas
parce qu'on ne demande pas la suppression de la loi 43 qu'on ne fait rien,
qu'on est absent du développement touristique. On a établi
tantôt toutes les interventions du gouvernement pour assurer le
développement touristique.
Je vais prendre un exemple qu'on a à peine effleuré
tantôt. C'est toute l'intervention du gouvernement dans le domaine du ski
alpin par le biais du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Il y a des dizaines de millions de dollars qui vont être
investis dans ce secteur pour faire de nos centres un attrait touristique
international. Allez demander aux gens du tourisme de la région du mont
Sainte-Anne s'ils croient que le gouvernement n'a rien fait pour les aider. Les
hôtels ont été remplis cette année par rapport aux
années antérieures et les investissements que le gouvernement du
Québec a faits au mont Sainte-Anne pour assurer des conditions de ski
excellentes durant toute la saison d'hiver ont attiré des touristes et
cela va aller en s'accroissant dans l'avenir. (11 h 15)
C'est la même chose pour les autres centres de ski qui seront
admissibles aux programmes mis au point dans le cadre de la politique de ski.
Il y a toute l'aide à la promotion touristique dont on a fait mention
tantôt; il y a aussi toute la politique dans le domaine culturel. Le
développement de nos activités culturelles par le biais des
centres de la science et des techniques, par le biais des musées,
Musée de la civilisation qu'on aura ici à Québec et qui va
demander des investissements d'environ 30 000 000 $. Ce sont des
activités, des interventions du gouvernement pour aider au
développement touristique, aider aux gens qui oeuvrent dans cette
industrie. Je crois que nous sommes très présents, très
conscients de l'important développement touristique, très
conscients qu'il faut aider ce secteur. Ce n'est pas en renonçant
à la poursuite de l'objectif de la justice sociale et de
l'équité fiscale qu'on doit aider au développement
touristique et aider à la compétitivité de nos
entreprises
dans ce secteur. Il faut prendre d'autres voies et ne jamais renoncer
à la poursuite de l'équité fiscale et de la justice
sociale.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député. Je ferai remarquer que nous allons très bien
puisqu'il nous reste 40 minutes avant de tirer nos conclusions et donner le
droit de réplique.
Je donne le droit de parole au député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Ce que le
côté ministériel ne semble pas comprendre, c'est que
l'industrie de la restauration au Québec actuellement connaît des
difficultés majeures. Ce que vous ne semblez pas comprendre, c'est qu'au
cours des dernières années vous avez imposé une
surtaxation à l'industrie de la restauration au Québec. Vous avez
créé des problèmes particuliers. Quand on parle de la loi
43 et que, de ce côté-ci, on la dénonce, c'est que vous
touchez à un aspect important qui est l'employé et aussi
l'employeur.
Si vous traitez de l'employé, au cours des dernières
années, il y a eu une diminution des pourboires au Québec parce
que l'économie n'a pas permis la relance dans ce domaine. Où on
blâme le ministre de ne pas s'être occupé du dossier
touristique et de ce qui touche plus particulièrement la restauration et
les hôtels, c'est qu'au cours des dernières années on sait
que la restauration n'a pas déclaré de surplus, de revenus, de
profits. Le gouvernement, pour palier cela, a augmenté la taxe sur le
capital dans le but d'aller chercher, chez les restaurateurs et les
hôteliers, chez ceux qui devaient se refinancer, qui devaient s'endetter
davantage pour se maintenir à flot...
Je vais simplement vous donner un exemple concret. Qu'avez-vous fait
dans le cas de Ruby Foo's à Montréal, M. le ministre? Il a
dû laisser aller 260 employés. Il a dû fermer ses portes
parce qu'il n'arrivait plus à consolider ses obligations. À un
moment donné, on a blâmé les syndicats. Est-ce qu'on
n'aurait pas pu blâmer le gouvernement qui n'a pas pris ses
responsabilités dans une industrie aussi importante? Pourquoi
rencontre-t-on des gens de l'hôtellerie et de la restauration dans de
pareilles difficultés?
Le ministre des Finances, en 1981-1982, lors de son budget, a tout
simplement augmenté la contribution de l'employeur au fonds de la
Régie de l'assurance-maladie. On est parti de 1,5% à 3% de la
masse salariale. On l'a doublée dans un domaine particulier. On vous
dit, M. le ministre, que la charge de l'industrie, entre les années
1976-1977 et 1981-1982, a augmenté de 184% alors que les revenus n'ont
progressé que de 39%. Le député de Charlesbourg vous
disait tantôt que la majorité de la restauration au Québec,
l'hôtellerie en général fait actuellement des pertes, alors
qu'un faible pourcentage fait des profits et peut se payer le luxe de payer des
impôts. Vous frappez de nouveau dans cette industrie. Vous ne faites pas
votre job auprès du ministre des Finances quand il fait le tour de son
budget pour l'année et qui tente de chercher et de percevoir des taxes
où il reste encore un peu de profit.
L'industrie de la restauration, au cours des dernières
années, on lui a fait terriblement mal. La loi 43, dans le contexte
économique actuel, n'était pas appropriée. Quand on nous
parle d'équité fiscale, je suis 100 milles à l'heure en
arrière de cela, quand on parle d'équité fiscale dans le
contexte économique actuel, où les employés de la
restauration ont connu des baisses de salaire - salaire plus pourboires - au
cours des dernières années. Je vous mets au défi, M. le
ministre, de sortir les états financiers de la restauration au
Québec depuis 1970 à aujourd'hui. Vous allez vous apercevoir que,
de 1970 à 1976, la restauration au Québec était en bonne
santé. De 1977 à 1983, dans les mêmes états
financiers, vous allez trouver qu'il y a une diminution importante et
même une perte considérable dans la restauration. Vous continuez
à adopter des lois comme la loi 43. J'espère que le ministre des
Finances, lors de son prochain budget, n'imposera pas des taxes
déguisées. Vous ne m'avez pas répondu, M. le ministre,
quand je vous ai dit que, depuis deux ans, l'hôtelier ou le restaurateur
devait payer 0,94 $ de plus pour une caisse de bière. Ce sont des taxes
déguisées dont le consommateur ne s'aperçoit pas
directement mais indirectement sur sa facture, parce que sa facture augmente
considérablement. On aura sûrement l'occasion d'y revenir, M. le
ministre.
Le Président (M. Fortier): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je voudrais informer
l'Opposition de ce qui se passe dans le domaine touristique. Il semble que vous
êtes encore avant 1976, dans les années noires du tourisme,
à l'époque de M. Bourassa, les années noires du tourisme
parce qu'on ne faisait absolument rien dans ce temps-là. On laissait
l'industrie touristique se développer à la bonne franquette.
L'industrie touristique n'est pas une entreprise indépendante; ce sont
plusieurs entreprises réunies ensemble. Dans une industrie
manufacturière, vous pouvez fort bien faire le marketing, les
stratégies de développement sans vous préoccuper des
entreprises qui sont autour de vous. Dans l'industrie touristique, un
hôtel, un restaurant, un établissement de développement
touristique, on ne peut pas
travailler seul. Le touriste qui vient passer quinze jours dans un
endroit ne passera pas quinze jours enfermés dans sa chambre
d'hôtel. Il va sortir, il va aller ailleurs; il va manger dans d'autres
restaurants; il va acheter des souvenirs; il va pratiquer certains sports.
Finalement, l'industrie touristique est une pléiade de petites
entreprises qui doivent, ensemble, établir une stratégie de
développement, une stratégie de promotion, une stratégie
de publicité et une stratégie relative à l'accueil des
touristes afin d'échanger des touristes qui viennent dans leur
région. On a développé des associations touristiques
régionales et on a dit aux gens du milieu - c'est la confiance du Parti
québécois envers les gens du milieu, envers la capacité
des gens de se prendre en main sans que cela soit toujours gouverné par
l'État - aux établissements hôteliers, aux restaurateurs,
à tous ceux qui sont reliés au domaine touristique:
Réunissez-vous à l'intérieur de l'association touristique
régionale et nous allons subventionner une grande partie de vos frais de
gestion et, ensemble, vous développerez votre produit touristique.
Je pense que les associations touristiques régionales sont les
interlocuteurs privilégiés du gouvernement pour ce qui est du
développement touristique. Les restaurants, les auberges font partie des
associations touristiques régionales. Je suis en constant contact avec
les ATR du Québec. J'aime parler à ces gens-là; ce sont
eux qui représentent les industries touristiques de chacune des
régions. Je suis en tournée régulièrement pour
rencontrer les dirigeants des associations touristiques régionales. Je
n'ai pas besoin d'attendre un événement particulier pour les
rencontrer à mon bureau; je les vois régulièrement. Je
vois les représentants des restaurateurs, des grands hôtels et des
établissements d'hébergement du Québec.
On a, d'ailleurs, des réunions deux fois l'an avec ces gens pour
discuter des stratégies et les consulter avant de faire des campagnes de
publicité ou de promotion, parce qu'ils sont importants. J'ai des
lettres, et je pourrais vous en citer des dizaines et des dizaines venant des
associations touristiques régionales, nous disant qu'enfin il s'est fait
quelque chose dans le domaine touristique au Québec au cours des
dernières années, alors qu'il ne se faisait rien auparavant.
L'Association touristique de l'Outaouais, M. le député de Hull,
m'a écrit dernièrement pour me dire: "En prenant connaissance des
communiqués de presse ci-inclus, bien que peu développé,
le produit touristique de l'Outaouais a connu un réel progrès
grâce à l'intervention de l'Association touristique de
l'Outaouais. Vous réalisez, sans doute, l'importance de l'industrie
touristique au Québec. Ce champ d'activité est probablement celui
qui crée le plus d'emplois à court terme. Le gouvernement - dit
l'Association touristique de l'Outaouais - consacre beaucoup d'argent et
d'énergie à l'industrie touristique; nous en sommes conscients et
nous l'apprécions."
D'autres associations touristiques me disent la même chose
constamment. Pour ces gens, il est important que le gouvernement du
Québec reconnaisse les associations touristiques comme des
interlocutrices privilégiées du gouvernement pour le
développement touristique régional. Je voudrais vous montrer un
tableau montrant les actions du gouvernement du Québec dans la
publicité. Si on dépense beaucoup d'argent pour la
publicité, on a une chance que cela nous revienne. Dans les
années noires de M. Bourassa, jusqu'en 1976, on dépensait environ
3 000 000 $ par année pour faire la publicité du Québec.
En 1984, on a 13 900 000 $; en 1985, on aura aussi 13 900 000 $, en plus de ce
que les associations et les établissements feront. Imaginez-vous la
différence. C'était à peu près inexistant, une
stratégie de développement touristique à l'époque
de M. Bourassa; maintenant, on a une stratégie de développement
touristique qui fait en sorte que l'on se fie aux ATR, on se fie aux
établissements privés, on fait en sorte de développer
l'industrie touristique parce qu'on a des programmes précis pour aider
cette industrie-là, et d'une façon professionnelle et non pas
d'une façon amateur, comme cela se faisait de 1970 à 1976.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Le ministre a
parlé tout à l'heure de l'intervention de l'État dans
l'activité économique, etc. S'il y a un gouvernement qui est
intervenu, qui s'est immiscé finalement partout dans les
activités économiques et humaines de la société, M.
le Président, c'est bien le gouvernement du Parti
québécois. Ce que l'on dit nous autres, de ce
côté-ci, c'est la façon avec laquelle on approche les
choses, M. le Président, c'est le bon sens et puis l'équilibre.
Cela va aussi pour la réglementation, M. le Président. De l'autre
côté, on a une approche qui est
déséquilibrée, pour ne pas dire que les politiques aussi
sont déséquilibrées, pour ne pas parler de la façon
dont les personnes abordent les problèmes qui les confrontent, M. le
Président. Ce que l'on dit, c'est que l'on ne peut pas aller de tout
à rien. Il faut voir les choses et faire des choix judicieux. On ne peut
pas simplement fuir les responsabilités qui sont là, en se
soustrayant de tout ce qui est normes, etc. Il faut sûrement faire une
déréglementation dans
l'industrie, non seulement dans cette industrie, mais partout dans
l'économique du Québec. On l'a répété
maintes fois de ce côté-ci de la Chambre, mais on le souligne avec
une approche équilibrée, M. le Président.
En parlant d'approche équilibrée, il faut aussi parler de
leadership dans ce domaine, parce que les déboires de la loi 43
illustrent clairement et malheureusement amèrement les résultats
désastreux de cette absence de coordination, de cohérence et de
leadership finalement dans les actions du gouvernement qui affectent
l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration, du tourisme même
dans son ensemble. Parce que, M. le Président, on peut nommer, et je
veux le faire, au moins 14 ministères et 3 organismes qui peuvent
affecter directement l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration.
Il y a la Société des alcools du Québec, la Régie
des permis d'alcool du Québec, la Société de
développement industriel par le crédit touristique, le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le
ministère du Revenu, le ministère de la Justice, le
ministère du Travail, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le ministère des Affaires municipales,
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
le ministère des Affaires culturelles, le ministère des
Communications, le ministère de l'Éducation, le ministère
des Finances, le ministère des Communautés culturelles
même, le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, le Conseil du trésor. C'est assez, M. le Président,
pour rendre fou n'importe qui qui a à faire affaires dans le monde
économique. Évidemment, on pourrait en nommer d'autres dont les
décisions risquent d'avoir des répercussions sur l'industrie.
Et ces problèmes aussi avaient été clairement
identifiés au sommet de 1978 et un des participants s'exprimait ainsi,
et je cite: "Je pense qu'il est grandement temps qu'il y ait une coordination
entre les diverses actions des ministères qui sont impliqués dans
le domaine touristique et, à cet effet, même si cela semble
normal, je pense qu'on devrait confier au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme la responsabilité de coordonner cette action
pour éviter la disparité, la multiplicité d'objectifs
différents et même contradictoires dans certains cas. Étant
donné que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
aurait à coordonner la politique globale du tourisme, je suppose, je
pense qu'il lui reviendrait aussi de canaliser toutes les actions qui
interviennent à différents temps dans le domaine du tourisme."
Les ministres présents à l'époque, MM. Duhaime et Landry,
se disaient évidemment d'accord avec ce critère et promettaient
même des actions efficaces.
Mais, M. le Président, en 1984, le problème est toujours
là. Il y a toujours 17 parties du gouvernement qui interviennent dans
l'industrie sans aucune coordination, sans qu'elles exercent
véritablement un leadership dans cette industrie. Ce dont l'industrie a
besoin, c'est effectivement de leadership et de volonté de la part du
ministère et du ministre, en particulier.
Les conclusions de nos interventions d'aujourd'hui, je pense,
démontrent qu'il n'y en a pas eu, qu'il n'y en a pas, que c'est
incohérent et que cette approche un peu déconnectée de la
réalité de l'industrie existe toujours. Ce que j'aimerais savoir
de façon très concrète, de la part du ministre, c'est ce
qu'il a fait concrètement pour améliorer la cohésion des
actions gouvernementales qui affectent l'industrie de l'hôtellerie et de
la restauration. Qu'est-ce qu'il attend finalement pour agir dans ce manque de
leadership et de cohérence dans les actions du gouvernement, M. le
Président?
Le Président (M. Fortier): Le problème de la
cohésion et des politiques gouvernementales est soulevé. Est-ce
que c'est le député de Shefford qui prend la parole? (11 h
30)
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais commencer
par dire que oui, on a une préoccupation de l'industrie, comme je l'ai
dit tantôt, parce que nous en sommes très conscients. C'est
très important à plusieurs niveaux, on l'a dit et je le
répète. Il y a 12 000 établissements au Québec et
il y a 100 000 employés qui en vivent directement. Donc, c'est
important, on ne peut pas négliger cela. Le chiffre d'affaires qui est
suscité par l'industrie de la restauration au Québec, c'est 2 700
000 000 $.
Donc, c'est impossible de ne pas s'en occuper et on a prouvé...
Je ne répéterai pas tous les programmes d'aide qu'on a
apportés à ce secteur de l'économie du Québec. Je
ne voudrais pas les répéter, sauf que ce que je veux ajouter,
c'est qu'on a une préoccupation qui est pas mal globale au niveau du
gouvernement à cet égard, parce qu'il y a différents
ministères - là, on a parlé du ministère qui est
concerné ce matin - qui sont impliqués au niveau du
développement touristique, de l'industrie touristique globalement qui
inclut, évidemment, l'hôtellerie et la restauration. Parmi ces
ministères - il ne faudrait pas l'oublier - il y a le ministère
de l'Aménagement qui est responsable de l'OPDQ et du fonds de
développement régional. Il faut savoir utiliser cela aussi et ces
gens sont présents eux aussi. Justement - cela répond à la
question qui vient d'être posée - ils sont présents au
niveau régional. Donc, ils répondent justement de cette
coordination qu'on
cherche pour développer le milieu, pour répondre aux
besoins du milieu. Donc, l'OPDQ est présente en région, apporte
une aide au niveau technique et au niveau financier, bien entendu, pour
permettre qu'il y ait des projets qui se réalisent ou qui se
concrétisent au niveau touristique.
J'espère que, dans vos régions, vous vous en occupez et
que vous profitez, justement, des fonds d'aide, du fonds de
développement régional de l'OPDQ. Je dois dire que chez nous, en
tout cas, ils sont présents et très présents au niveau du
développement du produit touristique. Je vais vous donner seulement un
exemple. L'OPDQ vient de donner 300 000 $ à la Société
zoologique de Granby pour lui permettre d'apporter un attrait touristique dans
notre région douze mois par année, alors qu'avant, c'était
six ou sept mois. Donc, c'est du développement touristique qui va
permettre aux gens de venir à Granby, non plus six ou sept mois par
année, mais douze mois. Cela veut dire, M. le Président, que
c'est toute l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration qui va en
profiter. Donc, l'OPDQ, c'est un autre organisme qui participe au
développement de l'industrie de la restauration et du tourisme,
globalement, dans son ensemble.
Il y a d'autres ministères qui s'impliquent aussi. Je pense au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Donc, ces gens
s'impliquent, eux aussi, parce que c'est important qu'on vienne en aide
à tous les secteurs. Lorsqu'on ne peut pas répondre aux demandes
au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, il y a d'autres
ministères qui prennent la relève et qui viennent aider, dont
celui que je viens de mentionner, le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, qui permet d'apporter une aide dans des secteurs
où on ne peut pas répondre par les programmes que j'ai
énumérés tantôt. Les autres ministères font
aussi du développement touristique. Donc, on s'en occupe.
Il y a le point que vous avez soulevé ce matin qui est important,
la loi 43, le ministère du Revenu aussi, sauf qu'il ne faut pas oublier,
comme je l'ai dit au tout début de mon intervention, qu'il y a
au-delà de 100 000 employés concernés dans ce secteur de
l'économie. Si vous êtes allé faire une tournée
à la suite des contestations, je dois vous dire que, dans ma
région, j'en ai fait une avant, pour consulter les gens. J'ai
écrit à l'ensemble des travailleurs et des restaurateurs de ma
région pour que ces gens s'impliquent au niveau d'une commission
parlementaire. Donc, c'est avant qu'on est allé consulter. Il y a eu une
commission parlementaire pour que les gens fassent valoir leur point de vue. Il
ne faudrait pas l'oublier et, sur plusieurs points, on en est arrivé
à un accord. Vous avez même voté au niveau du principe de
la loi 43, parce que, tout le monde est d'accord avec l'équité;
tous doivent payer leurs impôts au Québec -il ne faut pas
l'oublier - parce que tous profitent des avantages sociaux qui sont fournis par
l'État. Tous sont d'accord aussi pour qu'on donne plus d'avantages aux
employés. Il ne faudrait pas l'oublier, parce que, quand on paie une
cotisation, que ce soit le Régime de rentes du Québec,
l'assurance-chômage, la CSST et tout cela, et même l'assurance
automobile, les employés qui ne paient que sur la partie du salaire
payée par l'employeur, qui est souvent très minime au niveau de
tous ces revenus - parce que les pourboires, c'est très payant dans
certains cas - cela veut dire que, s'ils ont un accident d'automobile ou un
accident du travail, ils sont payés par la suite à 90% seulement
de ce qui était déclaré. C'est injuste, parce que ces gens
méritent, s'il leur arrive une malchance, d'avoir les mêmes
avantages sociaux que les autres travailleurs. Là-dessus, on
était tous d'accord en commission parlementaire et on est encore
d'accord quand je vais rencontrer les gens à ce sujet. Il y a
peut-être certains points de la loi dont on peut améliorer
l'application. On est ouvert là-dessus. M. Dean a déjà
commencé à faire des rencontres qu'il va poursuivre. Donc, c'est
sur les coûts et les coûts, vous allez le voir quand on va
s'être entendu, c'est quelque chose d'acceptable.
Il me reste une minute. Je vais conclure là-dessus, M. le
Président, en disant que le dernier tableau qu'on nous a montré
tantôt, un tableau complètement blanc, et la discussion qui a eu
lieu depuis tout à l'heure, je me rends compte que c'est probablement la
page du Parti libéral concernant le tourisme qu'on nous a
montrée, parce qu'il n'y a aucune idée qui est venue, à
part des critiques. On ne retrouve pas de plan de développement global
ou de conseils qu'on pourrait apporter, alors que nous, nos programmes sont
là. Donc, vous pouvez garder ce carton blanc et, sur la taxe sur
lequelle on est revenu souvent, je vais vous rappeler ce que je vous ai dit
tantôt. Quand on a pris le pouvoir en 1976, c'était près de
20% de plus qu'en Ontario que l'ensemble des gens payaient en taxes ou en
impôts, et on est rendu à 11%. Oui, cela a grossi, parce que les
services que l'on distribue ont aussi augmenté. Donc, c'est plus, sauf
que la différence est moins grande qu'elle ne l'était. En plus,
nous aidons l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration, enfin,
l'ensemble de l'industrie touristique; ce que vous ne faisiez pas en 1976.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Merci. C'est la dernière
intervention avant la conclusion du ministre et le droit de réplique du
député de Charlesbourg. M. le député de Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. C'est seulement pour
reprendre quelques affirmations qui ont été faites par le
ministre tantôt. Il est tellement visible qu'il n'est même pas au
courant des derniers chiffres sur les entrées des touristes, que ce soit
ici au Québec ou en Ontario, qu'il n'a rien trouvé de mieux que
de nous présenter les mêmes tableaux que ceux qu'il nous avait
déjà présentés l'an dernier. Il n'est même
pas au courant des derniers chiffres des entrées des touristes au
Québec en comparaison avec l'Ontario.
S'il avait, comme il en a toujours l'habitude, regardé
Statistique Canada, pour les mois de janvier à novembre 1983 en
comparaison avec 1982, on a eu des entrées de touristes des
États-Unis au Québec, en automobile, en 1982, 800 000
entrées; en 1983, 784 000; une diminution de 2%. Les touristes venus au
Québec par un autre moyen de transport sont au nombre de 562 000 en
1982; 545 000 en 1983; une diminution de 2,9%. Le ministre nous arrive toujours
avec des chiffres en nous disant que le nombre de gens d'autres pays qui
viennent ici au Québec est plus élevé qu'on Ontario.
Même là, en 1982, il y a eu au Québec 346 000 touristes
étrangers - je veux dire de l'Europe et d'autres pays - qui sont venus
ici, en comparaison avec 305 000 en 1983. Cela veut dire une diminution de
12,2%. En totalité, on eu au Québec 1 710 000 touristes en 1982;
en 1983, 1 635 000; une diminution de 4,4%.
En Ontario, en totalité, on a eu, en 1982, 7 281 000 touristes;
en 1983, 7 350 000 touristes. M. le ministre, ce sont des chiffres de
Statistique Canada. Ce sont les derniers chiffres publiés le 26 janvier
1984 et qui étaient à la Bibliothèque de
l'Assemblée nationale. Vous n'êtes même pas au courant de
ces chiffres. Il y a eu une diminution de 4,4% au Québec; en Ontario, il
y a eu une augmentation de 0,9%. Quand on vous dit que vous êtes
complètement absent, c'est que vous n'êtes même pas au
courant des derniers chiffres.
Nous ne pouvons constater dans ce domaine que des déficiences de
la part du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. C'est un fait
et cela nous a d'ailleurs été confirmé encore une fois
lors de notre tournée dans toute la province. Le ministre doit admettre
une fois pour toutes, puisque ce n'est pas la première fois que nous
émettons cette critique, que ses efforts sont non seulement
insuffisants, mais aussi mal orientés. L'industrie n'a pas seulement
besoin d'un interlocuteur gouvernemental qui défende ses
intérêts, mais elle réclame aussi des gestes concrets et
significatifs pour favoriser la consolidation et le développement de ses
entreprises.
L'exemple le plus récent du manque de priorités est le
plan de relance. Qu'y a-t-il là-dedans concernant la consolidation de
l'hôtellerie et de la restauration? L'industrie est très
déçue et elle se sent délaissée encore une fois.
Tout cela est relié à l'absence d'un plan d'ensemble de
développement. Le gouvernement actuel privilégie les actions les
plus éclatantes. Le ministre nous a dit tantôt qu'il y avait une
somme de 13 000 000 $ pour la promotion touristique, mais il y a seulement un
montant de 285 000 $ pour le service de l'hôtellerie. Comment peut-on
parler de marketing alors que le produit se dégrade?
Ma question au ministre est la suivante: Qu'est-ce que le ministre a
l'intention de faire pour fournir une aide concrète et significative au
développement de l'hébergement et de la restauration? Quand
va-t-il se décider à agir? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député de Viger. La question est posée et vous avez dix
minutes, M. le ministre.
Conclusion M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je regrette que le
député de Viger raconte toujours des sornettes et qu'il ne soit
pas au courant des dossiers et de tout ce que le gouvernement du Québec
fait, alors qu'il n'y avait absolument rien de fait avant 1976. Je voudrais lui
montrer un tableau de la situation du tourisme avant 1976 au Québec.
Cela, ce sont les années noires de M. Bourassa dans le domaine
touristique. Il ne se faisait rien, il n'y avait pas de plan d'ensemble,
c'étaient les années noires du domaine touristique à
l'époque.
On veut savoir ce qui s'est fait? Le crédit touristique a
commencé au Québec en 1978 et a contribué à 120 000
000 $ d'investissements nouveaux. Par le plan de relance qui a
été annoncé par M. Lévesque, qui s'adresse aussi
à l'industrie touristique québécoise, pour la
première fois, au Québec, l'industrie touristique est
considérée comme une industrie importante. Il y aura, dans le
cadre du plan de relance qui va durer un peu plus de deux ans, 250 000 000 $
qui seront réservés en garanties de prêt aux
établissements du domaine touristique qui voudront investir au
Québec et comme polices d'assurance contre la folie des taux
d'intérêt qui a littéralement tué les PME
québécoises au cours des dernières années, avec la
Banque du Canada qui décidait de fermer des entreprises au Québec
en augmentant les taux d'intérêt à 20%, 22% et 24%.
Il y a aussi les bourses d'affaires: 5000 bourses d'affaires sont
gardées pour de jeunes diplômés universitaires ou des
diplômés du collégial professionnel qui veulent se
lancer en affaires. Il y a 500 de ces bourses d'affaires qui sont
gardées pour ceux et celles qui veulent être propriétaires
d'un établissement touristique, qui veulent travailler à leur
propre compte, qui veulent être indépendants
financièrement. C'est ce qui est important pour nous, de donner une
chance aux Québécois et aux Québécoises
d'être à leur compte. Ce sont des choses qui sont faites
présentement, qui ne se faisaient pas à l'époque de M.
Bourassa et du Parti libéral, des choses comme la promotion du
Québec à l'extérieur. Il ne se faisait rien à
l'époque de M. Bourassa et du Parti libéral; il n'avait qu'un
budget de 3 000 000 $ alors que nous avons 13 900 000 $ de publicité. En
plus, les intervenants privés collaborent maintenant à 100% avec
le gouvernement du Québec de même que les associations
touristiques régionales.
Cela nous a permis, comme vous l'a démontré tout à
l'heure mon collègue, le député de Shefford, d'imprimer
cette revue sur le ski, Québec Skiing, à la française, qui
est distribuée à 800 000 exemplaires à travers
l'Amérique du Nord. Cela attire beaucoup de gens au Québec,
beaucoup de skieurs qui viennent dépenser de l'argent, qui vivent dans
des auberges, dans des hôtels ou des motels, qui mangent au restaurant et
qui, finalement, viennent nous aider à faire travailler les
Québécois et les Québécoises. C'est une richesse
naturelle du Québec, il faut avoir confiance en notre
capacité.
J'aimerais que l'Opposition arrête de détruire le
Québec, qu'elle arrête de dire que nous ne sommes pas capables de
faire certaines choses, que nous ne sommes pas capables de réussir.
C'est le temps de tenir un langage de confiance en nos capacités, de foi
aux Québécois et aux Québécoises qui sont capables
de faire des choses et de réussir.
Nous avons beaucoup travaillé avec les associations touristiques
régionales. Cela n'existait pas à l'époque de M. Bourassa,
c'étaient les années noires du tourisme à cette
époque et on laissait le tourisme se développer tout seul. Nous
avons voulu un plan d'action, une stratégie globale de
développement touristique et pour cela, on a dit: Chaque région
va identifier son produit et nous allons travailler avec ces régions.
Nous allons payer une partie de la gestion, de l'administration des
associations touristiques régionales. En six ans, nous avons
donné aux seize ATR et aux deux offices de tourisme et de congrès
à travers le Québec 7 500 000 $ en frais d'administration et de
gestion et ils ont établi des stratégies de développement.
Ce n'est pas le gouvernement du Québec qui va établir cela tout
seul; les Laurentides vont établir leur stratégie, l'Estrie la
sienne, Charlevoix aussi et on va réussir à développer un
produit de qualité.
Notre objectif est de développer au Québec un produit de
qualité à un prix compétitif et on est de plus en plus
capable de le faire parce que, avec les associations touristiques
régionales, avec l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec, on réussit à faire des choses, à
améliorer la gestion de nos chefs d'entreprise et à
améliorer la qualité du produit québécois.
J'ai reçu, justement à ce sujet, une lettre tout
dernièrement qui ne vient pas d'un Québécois, mais d'une
compagnie américaine qui s'appelle Travel Consultants Inc. de
Jacksonville en Floride. Ces gens m'écrivent pour me dire à quel
point ils ont été bien reçus au Québec. On dit dans
la lettre: "Our clients who have visited Québec have been very satisfied
with their experience." Nos clients qui ont visité le Québec sont
très satisfaits de leur expérience.
Ils disent ensuite: "Why were our clients happy? No, delighted with
their travel experience for two sound reasons". Pourquoi nos clients ont-ils
été heureux comme cela? Ils ont même été
très heureux, extraordinairement heureux de leur expérience de
voyage au Québec pour deux raisons principales. La première
raison est: "The personnal attention, care and interaction between guest,
lodge, staff and ski instructor." La façon dont ils ont
été reçus au Québec, l'hospitalité
proverbiale des Québécois et des Québécoises les a
enthousiasmés; c'est la première raison. (11 h 45)
Écoutez la deuxième raison, messieurs de l'Opposition,
ça prend des Américains pour vous faire la leçon pour
avoir un peu confiance en la capacité des Québécois de
faire quelque chose qui a du bon sens. Le gouvernement du Québec a
confiance en ses gens. Donc, la deuxième raison est "price and good
value". Le prix et la qualité. Des Américains qui viennent skier
au Québec nous écrivent pour nous dire: On a été
extraordinairement heureux. On a été bien reçus par les
Québécois et en plus on a eu un bon prix et une qualité de
produit. On a des lettres comme ça d'un peu partout. Il me semble que
ça fait réfléchir le monde. Bien sûr que ça
nous force aussi à continuer et à aider les autres à
améliorer leurs produits et leurs prix, et ça nous force aussi
comme gouvernement à faire en sorte de travailler avec les intervenants
touristiques de l'industrie privée pour continuer à aider ces
gens à faire du développement touristique afin d'avoir plus
d'auberges, plus d'hôtels, plus de centres de ski, plus de centres
touristiques et ainsi de suite. Cela veut dire aussi que nos gens du
Québec ont maintenant pris en main leur contrôle, leur
qualité, leur capacité de faire les choses et qu'ils sont
capables de produire de la qualité
à un prix compétitif et abordable.
Je voudrais bien que les gens de l'Opposition arrêtent de
détruire les entreprises québécoises. À toutes les
fois qu'on vous entend parler, c'est pour détruire les gens au
Québec, pour détruire les entreprises en disant: Tout va mal au
Québec. Si on vous écoutait, on se découragerait et on
s'en irait. Ce que vous dites n'a pas de bon sens. Vous êtes des
destructeurs de l'économie. Des saboteurs de l'économie, on en a
en face de nous autres. Il me semble que vous devriez changer un peu votre
cassette et être plus responsables envers les gens du Québec.
J'ai été dans l'Opposition moi aussi et je me faisais un
point d'honneur de ne pas détruire le Québec. Je critiquais le
gouvernement, mais je ne voulais pas détruire le Québec, les
entreprises québécoises et les citoyens. Je pense que vous
devriez vous mettre les deux pieds à terre et dire: Nous sommes des
Québécois et, à l'Assemblée nationale du
Québec, avant d'être au service du Parti libéral du
Québec nous sommes au service de tous les citoyens. Bon Dieu! essayez
donc d'avoir confiance un peu en la capacité des gens du Québec
de faire des choses et de réussir.
Dans le fond, quel est le défi de demain pour les
Québécois? C'est de se prendre en main, c'est de devenir
indépendants financièrement. Vous êtes d'accord pour que
l'entreprise privée puisse se prendre en main et devienne
indépendante financièrement. Je suis d'accord aussi et cela va
nous mener sur le chemin de l'indépendance politique, c'est sûr,
mais au moins il faut continuer à faire confiance à nos gens. Il
faut faire en sorte que ces gens-là soient fiers et heureux non
seulement de leur gouvernement, mais de leurs capacités et de
l'Opposition aussi. De ce temps-là, je ne pense pas que les gens du
Québec soient très heureux de l'Opposition qui détruit
systématiquement les entreprises québécoises.
J'étais à Montréal hier pour participer à un
colloque de chefs d'entreprises. Tout près de 500 chefs d'entreprises
sont venus travailler avec le gouvernement du Québec pour essayer
d'apporter des solutions au financement, à la capitalisation de nos PME.
Cela n'a pas été des critiques toute la journée. Au
contraire, on a entendu une forme de critique sur certains aspects
particuliers. Sur d'autres choses, ils ont dit: Vous faites bien. En plus, il y
a eu des solutions et des suggestions très pratiques sur ce qu'ils
devraient faire, sur ce que nous devrions faire et sur ce que tout le monde
devrait faire collectivement. C'est la façon de travailler du
gouvernement du Québec, de faire en sorte que les gens se prennent en
main le plus possible, contribuent et participent, avec le gouvernement du
Québec, avec les autres entreprises et avec les autres citoyens du
Québec, à améliorer la qualité de nos entreprises,
le prix compétitif de notre produit. Mais, bon Dieu! pour ça il
faut que d'abord les hommes et les femmes politiques aient confiance en la
capacité des Québécois et des Québécoises de
réussir.
Personnellement, j'ai confiance en la capacité des chefs
d'entreprise, je leur fais confiance et je travaille avec eux à
établir des plans et des stratégies de développement
économique pour aider l'entreprise à se développer et
à créer des emplois au Québec. C'est le message de
confiance que je voudrais que vous autres aussi entendiez de temps en temps
à l'égard des citoyens et des chefs d'entreprise
québécois.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le ministre. La
réplique est maintenant au député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, quand on parle de
l'hôtellerie et de la restauration, on touche à tout le
problème du développement des infrastructures du tourisme et, en
même temps, du plan de développement du tourisme dans son
ensemble.
Par exemple, comment peut-on parler d'un programme favorisant
l'investissement dans le secteur de l'hébergement sans une politique de
l'hébergement qui elle-même doit se situer dans le cadre d'une
politique de développement?
Or, on ne peut s'empêcher de constater la déficience dans
ce domaine. Certes, certaines actions ont été posées,
principalement à la suite du sommet sur le tourisme de 1978, où
on avait identifié les principaux problèmes, mais les actions
ponctuelles ne sont pas suffisantes. D'ailleurs cela est très bien
exprimé par M. Jacques Demers, un des plus grands spécialistes du
tourisme au Québec, haut fonctionnaire depuis 1965 à la Direction
du tourisme au gouvernement du Québec et président de l'Institut
nord-américain de recherche en tourisme dans son récent livre
intitulé: Tourisme en péril. C'est un gars de chez vous, M. le
ministre, à votre ministère, un gars qui a une connaissance du
tourisme partout. C'est un livre qui a été publié l'an
dernier. Il l'a vécu de l'intérieur. Il a vécu avec votre
prédécesseur et il a vécu avec vous aussi. Qu'est-ce qu'il
dit? "Tout au cours de cette circonvolution, le secteur tourisme a peu
gagné, mais surtout perdu de son importance pour redevenir à peu
de choses près et encore une fois un genre de service de
publicité - ce que vous avez prouvé tantôt - au
détriment d'autres aspects prioritaires, tel le développement.
Finalement, la Direction générale du tourisme en sort
particulièrement écorchée. Elle a perdu ses principaux
éléments. Ainsi, le service des agents de voyage - vous
n'en avez pas parlé, M. le député de Shefford; vous avez
oublié - est parti discrètement pour d'autres lieux. La Direction
du développement n'existe que sur papier. Le service des programmes et
de développement s'est aussi volatilisé et le crédit
touristique s'essouffle et est réduit à un corpuscule. Bien
entendu, la Direction du marketing jouit d'une bonne santé et, fort
heureusement, il reste toujours l'Institut de tourisme et d'hôtellerie,
bien que l'on tente, depuis quelque temps, d'en faire une corporation autonome.
Voilà à peu de choses près le cheminement cahoteux de
l'organisme québécois responsable du tourisme." C'est un de vos
fonctionnaires les plus éminents du ministère. Il connaît
cela un peu, lui. Ce n'est pas l'Opposition. C'est un de vos fonctionnaires,
à vous.
Le gouvernement actuel a trop misé sur la publicité -
c'est un fait - particulièrement avec le dernier ministre. On en a fait
la démonstration très claire tantôt. Regardons ce que M.
Demers, une sommité dans le domaine, a à nous dire. Il dit:
"Pourtant, au sommet économique de Sherbrooke, en 1978 -vous
n'étiez pas encore avec eux à cette époque, je pense;
c'est après - on identifiait sans équivoque le problème:
produits inadaptés, mise en marché inappropriée. Cette
prise de conscience avait réussi à réchauffer quelques
espoirs dans l'attente d'une solution prodigieuse, mais l'exaltation s'est
refroidie avec le temps ou tout au moins avec la conjoncture économique.
Dans le domaine du tourisme, l'enthousiasme fait souvent place au scepticisme
et vice versa. L'apparition des associations touristiques régionales, du
crédit touristique, des centres de congrès, etc., sont tous des
éléments susceptibles de favoriser le développement du
tourisme. Néanmoins, l'emballement est souvent momentané et
l'impact demeure imperceptible d'une année à l'autre." On n'a
qu'à regarder, M. le Président, l'évolution du budget du
tourisme pour se convaincre de toutes ces choses-là.
On se retrouve encore avec les mêmes problèmes
malgré les démentis du ministre. Il y a un manque très net
et très évident de leadership au niveau gouvernemental. À
cause d'un manque de cohérence, tous les intervenants gouvernementaux
qui ont un impact sur le tourisme viennent déséquilibrer le
système. On l'a bien vu aujourd'hui et dans les discussions qu'on a eues
au cours des dernières semaines concernant la loi 43. Maintenant, le
vase déborde, M. le ministre, et je pense que vous avez compris ce matin
que c'est le temps d'agir, un thème qui vous est très cher.
J'aimerais relever certaines élucubrations du ministre et de ses
collègues qui se sont pavanés pendant quelque minutes à
tenter de répondre en passant la balle pour que l'adjoint parlementaire
paraisse bien et pour que la présence de la région de
Québec par le député de Chauveau soit là.
Le ministre a sorti exactement - on l'avait prévu - la même
cassette - pas la même "cossette" - que le 20 mai 1983. On avait
prévu cela, M. le ministre, et vos petits tableaux ne nous ont pas
énervés. Vous êtes tombés dans le panneau et vous
vous êtes pourfendus, en particulier le député de Shefford,
à vanter les mérites des ATR, leur rôle exceptionnel, et on
ne l'a jamais démenti de notre côté. Finalement, vous
confiez presque toute la responsabilité aux ATR. Regardons le budget de
1983-1984 pour 18 associations. Vous avez, tantôt, présenté
une enveloppe, une belle enveloppe. Vous êtes parfaitement
intégré au PQ, M. le ministre. C'est l'image; c'est beau; un
budget de 1 368 000 $. C'est cela le véritable budget; vous passez la
balle et cela va très bien.
Quant à parler des ATR, M. le ministre, vous auriez
peut-être pu nous dire qu'elles ont rempli leur rôle. Elles sont
venues en commission parlementaire nous dire que la loi 43, le projet Marcoux,
était la plus belle stupidité que le gouvernement ait jamais
inventée. J'avais oublié de vous dire cela. Le ministre disait:
Vous autres, les libéraux, vous êtes des saboteurs de l'industrie;
vous n'avez pas confiance en l'entreprise privée. M. le ministre,
j'aurais bien aimé entendre votre opinion à vous sur
l'intervention de l'État dans Asbestos - cela en est de la confiance en
l'entreprise privée - dans Quebecair, dans la raffinerie de sucre; vous
faites crever d'autres entreprises. Cela est une belle démonstration de
votre gouvernement, vous le ministre de l'Industrie et du Commerce à ce
niveau.
M. le ministre, vous qui êtes très sensibilisé -
parce que vous avez tenté de nous le démontrer ce matin - au
problème du tourisme, combien avez-vous engagé cette année
de techniciennes et de techniciens en tourime? Si mes informations ne sont pas
fausses, aucun, aucune personne et, aujourd'hui, vous venez tenter de nous
faire croire que vous avez fait des choses pour l'industrie touristique.
L'imprévoyance du gouvernement et la vôtre dans le domaine du
tourisme sont à l'image de votre prédécesseur. Lorsque le
débat au niveau du Palais des congrès a eu lieu, on a
parlé du site, il y a eu une bataille sur le site et, aujourd'hui, on
arrive avec la connexion. Cela prend une connexion maintenant, un petit projet
de 150 000 $. Il n'y a rien de trop beau pour une erreur de site. C'est vous,
votre gouvernement à vous, qui a fait cela. Il vous travaille, M.
Bourassa, il vous fait mal. Vous avez parlé des années noires,
mais, M. le ministre, fouillez donc dans vos chiffres ou demandez donc à
vos conseillers autour de vous si, sous le gouvernement
libéral, l'industrie touristique n'est pas devenue la
première industrie en importance au Québec alors qu'à ce
moment-ci elle est en deuxième place sous votre gouvernement et que vous
aspirez à la première place.
Vous nous avez dit toutes sortes de sornettes, M. le ministre. Votre
obligation de passer à des budgets de 21 000 000 $ et 13 000 000 $ dans
le domaine de la publicité, c'est tout simplement pour compenser des
lois que vous avez adoptées qui sont néfastes au tourisme au
Québec. Vous avez oublié de dire, lorsque vous parlez des gens de
la Floride qui étaient très heureux, que, s'ils étaient
venus au Québec, c'était grâce au taux de change qui est de
0,24 $ de différence dans le dollar ce matin. Vous avez oublié de
dire à la population du Québec qu'il y a cinq fois plus de
touristes américains en Ontario qu'au Québec, et il y a des
raisons à cela. J'entendais le député de Shefford, le
ministre dire: Pas de solution. M. le ministre, des recommandations, on en a
à vous faire. On va terminer avec cela pour finir le débat sur
une note positive. Si cela va si bien que cela, ce sont des propositions que
votre parti ne pourra pas refuser.
Hier, j'écrivais au député d'Outremont, qui est
vice-président de la commission du travail et de la main-d'oeuvre, pour
lui demander ceci, et je vais vous faire lecture de la lettre:
"Conformément au règlement de l'Assemblée nationale du
Québec, je vous transmets, par la présente, une demande du
comité des députés de l'aile parlementaire du PQ, à
savoir que la commission de l'économie et du travail se voit confier le
mandat suivant: étudier les problèmes de l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration, problèmes qui entravent son
développement dans le contexte de la problématique du tourisme au
Québec. En particulier, son mandat devrait l'amener à effectuer
ou à faire effectuer les études appropriées et
approfondies sur les problèmes des boissons alcooliques, taxes, permis,
vins libres; le problème de la taxation indirecte dont la taxe de vente
et les droits sur les permis; le problème de la taxation directe dont
les taxes salariales et taxes foncières; les possibilités
d'accès à des incitatifs fiscaux et d'utilisation des taxes
perçues pour l'industrie."
M. Fortier, qui a reçu la lettre hier, transmettait à Mme
Harel, ce matin même, la même demande et j'ose espérer que
la majorité ministérielle acceptera que l'on puisse faire un
débat beaucoup plus large pour qu'on puisse entendre les intervenants du
milieu dans une commission très ouverte avec les nouveaux
règlements de l'Assemblée nationale.
Il sera intéressant de voir et de tester tous les propos que le
ministre et ses ténors lui ont fait transmettre ce matin, de
façon qu'on puisse avoir un éclairage plus net et qu'on puisse
vérifier si, dans la région de Shefford, dans la région de
Québec, dans la région des Laurentides, cela va si bien que cela.
L'industrie elle-même, qui doit être au moins crédible parce
que vous en avez confiance - l'industrie pourra venir nous le dire. Le constat
majeur qu'on retire de ce matin, c'est que le ministre avait exactement les
mêmes cassettes que le 20 mai. Il n'a pas progressé depuis ce
temps et il n'a apporté strictement aucune espèce de
réponse aux problèmes majeurs de l'industrie. On a raison de
conclure que le ministre est un ministre absent du tourisme au niveau du
Québec. Merci.
Le Président (M. Fortier): Merci, M. le
député de Charlesbourg. Je voudrais informer les membres de la
commission de l'économie et du travail que, effectivement, j'ai transmis
cette demande au nom des députés membres, de groupes
parlementaires de l'Opposition, à Mme Harel, et qu'à une
réunion qui sera convoquée prochainement, je l'espère,
nous aurons l'occasion d'en débattre. Je voudrais également
remercier tous les membres de la commission pour leur collaboration. Je crois
que les nouvelles règles de conduite de ce genre de débat ont
permis un débat animé et j'ose espérer que nous en aurons
de nouveau à cette même commission à l'avenir. Merci
à tous. Je déclare notre commission parlementaire ajournée
sine die.
(Fin de la séance à 12 heures)