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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre mesdames
et messieurs! La commission de l'énergie et des ressources entreprend
ses travaux dans le but d'étudier les crédits du
ministère.
Les membres de la commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), Mme Bacon
(Chomedey), MM. Duhaime (Saint-Maurice), Fortier (Outremont), Mme Lachapelle
(Dorion), MM. Kehoe (Chapleau), Lavigne (Beauharnois), LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Middlemiss (Pontiac), Perron (Duplessis), Rodrigue
(Vimont).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Desbiens (Dubuc), Dussault
(Châteauguay), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Leduc (Saint-Laurent),
Mathieu (Beauce-Sud), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Tremblay (Chambly),
Vallières (Richmond).
Je demanderais aux membres de la commission de désigner un
rapporteur à la commission.
M. Perron: Je propose le député de
Montmagny-L'Islet, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Le rapporteur sera donc M.
LeBlanc, député de Montmagny-L'Islet. Nous commençons donc
l'étude des crédits. Pour les commentaires préliminaires,
M. le ministre.
Exposés préliminaires M. Yves
Duhaime
M. Duhaime: Je voudrais faire une intervention d'ordre
général, mais peut-être un peu plus longue que celle que
j'ai l'habitude de faire à l'ouverture des crédits. Me basant sur
le fait qu'énormément de documents ont été remis
à nos collègues de l'Opposition, je vois qu'on a travaillé
sur les mêmes ouvrages, les mêmes tableaux et les mêmes
informations. Je voudrais savoir, M. le Président, avant de commencer,
combien d'heures nous avons pour l'étude des crédits.
Le Président (M. Paré): Nous avons sept heures
consacrées à l'étude des crédits.
M. Duhaime: Cela veut dire que cela nous mène...
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Notre commission, pour l'étude des
crédits, a été reportée une dizaine de fois et,
à l'origine, nous avions neuf heures et demie. Je ne comprends pas
pourquoi cela a été réduit à sept heures. Si le
ministre est d'accord - on avait l'intention de procéder le plus
diligemment possible - il y aurait possibilité de s'entendre soit pour
ajourner vers 13 heures ou 13 heures 15 et revenir plus tôt. Je ne sais
pas s'il y aurait moyen de gagner du temps et, si possible, de finir vers 19
heures. De toute évidence, il est 11 h 45. Si on continue comme on a
commencé, cela représente une heure et quart ce matin, trois
heures cet après-midi; cela fait quatre heures et quart. De toute
façon, il faut revenir ce soir. Cela va.
M. Duhaime: On peut quand même aller vite, M. le
Président; si mes collègues ont besoin de temps additionnel, on
peut prolonger après minuit. Travailler de minuit à 8 heures,
cela me rappellera des souvenirs. Si cela vous agrée... Je voudrais
m'excuser pour les quelques minutes de retard, mais il y a une motion qui a
été inscrite ce matin et qui commence à ressembler
à LG 15 ou LG 16 - je ne sais pas trop où on en est rendu - c'est
ce qui m'a retardé, M. le Président. Je pense qu'il est important
de rappeler, au début de nos travaux, que, suivant notre bonne habitude,
nous avons préparé un cahier explicatif des crédits du
ministère qui comprend toute la ventilation de chacun des programmes,
des éléments de programmes. Ces documents ont été
transmis il y a quelques semaines à l'Opposition.
M. le Président, le ministère de l'Énergie et des
Ressources disposera, pour l'exercice financier 1983-1984, d'un budget total de
277 000 000 $ pour la réalisation de son mandat qui, essentiellement,
est un mandat axé sur le développement économique du
Québec pour assurer sa mise en valeur, l'exploitation et la
transformation chez nous de nos ressources forestières, minérales
et énergétiques.
Il s'agit là, vous le comprendrez, d'un défi de taille,
compte tenu de l'impact considérable de chacun des secteurs, soit les
mines, l'énergie et les forêts, et, bien sûr aussi, de la
marge de manoeuvre vraiment très restreinte que nous laisse le
contexte
économique actuel. Chacun des secteurs d'intervention du
ministère de l'Énergie et des Ressources possède sa
caractéristique propre et son rythme de développement.
Le secteur minier, par exemple, se distingue par le fait que notre
industrie minière exporte surtout des matières premières.
L'un des objectifs que nous poursuivrons à cet égard est de
tenter d'accentuer le niveau de transformation au Québec.
Pour ce qui est du secteur de l'énergie, il se caractérise
par un développement très important de notre potentiel
hydroélectrique et aussi l'un des objectifs de notre politique
énergétique est d'améliorer le niveau d'autosuffisance
énergétique du Québec.
Enfin, pour ce qui est du secteur des ressources de nos forêts,
dont les activités de transformation sont aussi très
développées surtout dans le secteur des pâtes et papiers -
ce secteur constitue une tranche majeure de l'activité économique
du Québec.
Il faut ajouter que chacun de ces secteurs a sa problématique
particulière de développement. On retrouve, dans le secteur des
forêts, une concurrence étrangère beaucoup plus
menaçante et une sensibilité accrue par la conjoncture
économique, en particulier, par la conjoncture internationale. Quant au
secteur minier, il est bien certain qu'on note une baisse de nos
réserves, surtout, dans le secteur du cuivre. Dans le domaine de
l'énergie, il nous faut encore souligner une très grande
dépendance de l'extérieur dans nos approvisionnements en
pétrole et ce niveau de dépendance est encore trop
élevé. En matière de besoins énergétiques
globaux, nous ne sommes autosuffisants qu'à 60%, cette année.
Il faut cependant ajouter que les richesses hydroélectriques du
Québec et leur aménagement entraînent, bon an mal an, des
investissements de l'ordre de 3 000 000 000 $ par Hydro-Québec et il est
bien certain que pareille injection ne peut être que
bénéfique à l'économie.
Nous le verrons, bien sûr, en détail plus loin, mais le
ministère de l'Énergie et des Ressources compte relever ces
défis en poursuivant et même en accélérant les
interventions qui ont déjà démontré leur
efficacité et en mettant en place de nouveaux programmes adaptés
à la situation présente et à la conjoncture difficile
à laquelle nous avons à faire face.
Dans le secteur minier, afin de poursuivre le travail amorcé au
niveau de la consolidation de nos avantages comparatifs et du renouvellement
des réserves minières du Québec, le ministère de
l'Énergie et des Ressources dispose d'un budget de 40 000 000 $ -
chiffre arrondi, 39 900 000 $ à consacrer principalement à
l'exploration géologique et minérale pour 17 000 000 $, à
l'assistance à l'industrie minière pour 14 800 000 $ et à
la recherche minérale pour 8 100 000 $. Deux millions cinq cent mille
dollars seront investis dans l'accélération de l'exploration de
la fosse du Labrador et 5 000 000 $ seront destinés à un nouveau
programme de relance de l'industrie minière.
Par ailleurs, mon collègue ministre des Finances a
annoncé, lors du dernier discours sur le budget, qu'un montant de 40 000
000 $ serait consacré au développement, à la mise en
valeur et à l'accélération de projets miniers. Il va de
soi que ce montant de 40 000 000 $ est une allocation de départ; je
crois pouvoir dire à la commission parlementaire qu'au fur et à
mesure de nos besoins, à propos de l'accélération des
projets miniers, nous aurons recours à des fonds additionnels en allant
au fonds de suppléance.
Dans le secteur de l'énergie, le ministère a, cette
année, des crédits de l'ordre de 23 300 000 $ pour établir
les politiques concernant les hydrocarbures et l'électricité,
pour favoriser la recherche de pétrole et de gaz naturel, pour susciter
une utilisation plus efficace de l'énergie et créer un cadre
favorable à l'émergence de recherche et de projets dans la
sphère des énergies nouvelles.
Pour l'année qui vient, le ministère intensifiera ses
efforts en matière d'économie d'énergie en ajoutant aux
programmes déjà existants dans le secteur résidentiel
Énergain, qui a un budget de 7 000 000 $, un programme plus
spécifique adapté aux secteurs industriel et commercial; nous
entendons y consacrer 6 800 000 $. Dans le secteur forestier, par ailleurs, le
ministère de l'Énergie et des Ressources dispose d'un budget de
174 000 000 $ afin de soutenir ses interventions dans le secteur; 55 000 000 $
seront affectés à l'aménagement des forêts publiques
et privées; c'est là une augmentation très notable sur le
budget de l'an dernier, une augmentation de 17,4%. Par ailleurs, 30 000 000 $
seront consacrés à la protection de nos forêts et 18 400
000 $ à la construction de voies d'accès, c'est-à-dire
à des programmes de voirie forestière. Pour le
développement de l'industrie, 41 000 000 $ sont prévus, dont 2
100 000 $ pour la mise en valeur d'un nouveau programme de consolidation et
d'expansion de l'industrie du bois. C'est le premier volet d'un programme d'une
durée beaucoup plus longue. On aura l'occasion d'y revenir.
Il est peut-être important de rappeler que la gestion des terres
publiques et la connaissance du territoire qui relèvent du
ministère de l'Énergie et des Ressources est un secteur moins
bien connu, mais qui est un champ d'intervention fort important puisqu'on y
retrouve les grands instruments de connaissance, de planification et de
contrôle
du territoire québécois. À ce titre de gestionnaire
des terres publiques, le ministère dispose, cette année, de
crédits - disposera, devrais-je dire - de l'ordre de 6 400 000 $ afin de
lui permettre d'assurer le contrôle de l'utilisation de ses terres et de
réaliser les transactions relatives à l'aliénation ou
à la location de certaines parties du domaine public. Aussi, une somme
de 13 500 000 $ sera affectée à des activités qui ont pour
objet de recueillir, tenir à jour et intégrer les informations
techniques de base nécessaires à la connaissance du territoire du
Québec, soit les données concernant la configuration du terrain,
la délimitation et la représentation du morcellement et, d'autre
part, le maintien et le respect de l'intégrité territoriale du
Québec.
Avant de passer à l'analyse plus détaillée des
crédits pour chacun de ces secteurs par programme et par
élément de programme, il y aurait peut-être lieu de
souligner l'impact sur l'emploi des programmes opérationnels du
ministère de l'Énergie et des Ressources. En termes de masse
salariale, le ministère verse à ses 2523 employés
permanents et à ses 5400 employés à temps partiel, soit le
total des effectifs du ministère, des salaires totalisant 100 000 000 $.
Pour souligner l'implication du ministère au niveau du
développement régional, il est peut-être important de noter
que ces crédits sont dépensés dans chacune des
régions du Québec. Je crois que c'est la première fois
qu'on fait ressortir, à l'étude des crédits, la
ventilation régionale des dépenses du ministère. Je vais
les énumérer. Bas-Saint-Laurent et Gaspésie: 66 000 000 $,
c'est-à-dire 24,4% du budget; Saguenay-Lac-Saint-Jean: 20 000 000 $ en
chiffres arrondis soit 7,3% du budget; la région de Québec,
presque 98 000 000 $, soit 36% du budget. Ce montant peut paraître
élevé, mais il faut comprendre que la grande partie des effectifs
du ministère est dans la région de Québec. Je continue; la
région de Trois-Rivières: 16 500 000 $, soit 6,1% du budget; les
Cantons de l'Est: 6 200 000 $, 2,3%; la région de Montréal: 15
000 000 $, 5,5%; l'Outaouais: , 15 500 000 $, 5,7%; la région du
Nord-Ouest: 22 800 000 $, 8,4% du budget; la Côte-Nord: 8 000 000 $, 3%,
et le Nouveau-Québec: 3 000 000 $, soit 1,2%.
Je voudrais également donner quelques chiffres pour souligner
l'importance économique de chacun des secteurs d'activité dont le
ministère de l'Énergie et des Ressources a la
responsabilité. Je ne veux pas qu'on s'enterre sous une avalanche de
chiffres, mais il est important de ne pas simplement dire que le
ministère de l'Énergie et des Ressources joue un rôle
important dans le développement économique du Québec. Je
pense que c'est peut-être utile, une fois par année, de faire le
point.
Je voudrais commencer par le secteur des mines. J'ai indiqué,
tout à l'heure, que nous disposions de crédits pour une somme de
40 000 000 $ affectée au secteur minier. C'est une somme très
importante qui peut paraître, à certains, insuffisante. C'est
toujours insuffisant, bien sûr, mais je pense que c'est un effort
remarquable. (12 heures)
En gros, la valeur de notre production minérale au Québec,
sur une base annuelle, est d'environ 2 000 000 000 $. Les exportations de
produits minéraux comptent pour 18% des exportations totales au compte
du Québec. En termes de main-d'oeuvre, ce secteur occupe 26 000
personnes en emplois directs et près de 75 000 autres en emplois
indirects. Nous chiffrons la masse salariale payée dans ce secteur par
730 000 000 $.
Les droits miniers que le Québec perçoit sont de 34 000
000 $ et les investissements totaux réalisés, sur une base
annuelle, sont de 367 000 000 $. En 1983, nos estimations, en termes
d'investissements globaux, sont de l'ordre de 350 000 000 $; ceci n'inclut pas,
je crois, des projets non prévus pour 1983, mais qui, grâce aux
programmes de relance et d'accélération, pourraient être
mis de l'avant cette année. Ce qui veut dire que 350 000 000 $
d'investissements globaux prévus constituent des chiffres plancher.
Il va de soi - cela découle de la lecture que je faisais
tantôt de la ventilation régionale des dépenses du
ministère de l'Énergie et des Ressources - que le secteur minier
joue principalement un rôle clef dans l'économie de trois
régions: le Nord-Ouest, la Côte-Nord et la Gaspésie.
Sur le plan canadien, en regard de la place que nous occupons dans le
secteur minéral, le Québec est le plus grand producteur canadien
d'amiante, de titane, de sélénium, de niobium, de tellure, d'or,
de fer de refonte, de dolomie magnésienne, de mica, de silice, de
tourbe, de pierre et de granit de construction; le premier rang.
Maintenant, la situation est loin d'être rose au tableau, M. le
Président. Le secteur minier du Québec fait face à des
problèmes importants en dépit des atouts qu'il détient sur
plusieurs autres pays du monde, grâce à des réserves
minières considérables, principalement dans l'amiante, le fer et
dans le titane. Il détient également un avantage comparatif
important à cause des capacités d'exploitation du Québec
déjà en place.
Les problèmes que nous avons à affronter à travers
une des pires crises économiques auxquelles nous avons tous à
faire face sont, premièrement, notre grande dépendance
vis-à-vis de la conjoncture mondiale et de la structure de la demande,
et de la structure de prix, puisque nous n'avons pas beaucoup d'influence sur
les cours mondiaux du cuivre et également sur la demande dans le secteur
de la fibre
d'amiante comme telle, si ce n'est que des actions très ad hoc
que nous pouvons conduire.
Un second problème que nous notons à chaque année
est le degré insuffisant de transformation de nos matières
premières.
Troisièmement, l'approvisionnement local de matières
premières est inadéquat dans des entreprises minières les
plus intégrées à notre économie. C'est le cas du
cuivre et du zinc.
Quatrième problème: les ressources limitées dans le
domaine de la commercialisation des substances minérales sur le
marché international.
Enfin, la faiblesse de nos investissements en recherche,
développement et dans l'introduction de technologies nouvelles. Nous
allons, au cours des années qui viennent, en particulier au cours de
1983-1984, tenter de remédier aux problèmes que je viens
d'identifier et de permettre à l'industrie minérale d'atteindre
son plein potentiel ou, en tout cas, le maximum.
Le gouvernement se propose donc d'aider à relancer l'industrie
minérale du Québec et de soutenir son développement, de
collaborer à rendre plus concurrentiel le secteur du minerai de fer, de
consolider les secteurs de l'amiante, du cuivre et du zinc, de promouvoir
l'exploitation de l'or, d'encourager une transformation domestique plus
poussée des substances minérales extraites du sous-sol
québécois, d'appuyer la recherche et le développement sur
des produits susceptibles de consolider la position de l'industrie
minière et de renforcer le développement industriel, d'assurer le
renouvellement des réserves du minerai de cuivre et de zinc en stimulant
les dépenses d'exploration minière et, enfin, de promouvoir et de
collaborer à la diversification de l'économie des régions
minières du Québec.
Si on faisait un bilan - si bref soit-il -des activités dans le
secteur minier, je pense qu'il serait important de noter, au départ, ce
que mon collègue des Finances annonçait dans le discours sur le
budget, c'est-à-dire qu'une somme de 40 000 000 $ est disponible pour le
démarrage et la mise en accélération de projets miniers.
Bien sûr, ces 40 000 000 $ ne sont pas comptabilisés comme tels
aux crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources,
mais ils sont mis à la disposition du ministère de
l'Énergie et des Ressources. J'ai indiqué tantôt que ce
montant n'était pas limitatif; si nous avons davantage besoin de fonds
pour mettre en accélération des projets miniers, nous pouvons,
bien sûr, avoir recours au fonds de suppléance et le gouvernement
fera ensuite l'arbitrage comme il le fait régulièrement, soit au
Comité des priorités ou encore au Conseil du trésor.
En dépit d'une conjoncture économique très
difficile - je l'ai souligné tout à l'heure que nous a fait
vivre, notamment, la fermeture des installations minières IOC à
Schefferville, un certain nombre d'actions concrètes et positives ont
été réalisées par le ministère au cours de
l'année 1982-1983. En mai, par exemple, avait lieu la tenue d'une
séance préparatoire au sommet sur le fer; ce sommet est
prévu pour cet automne. Cette rencontre préliminaire que
j'appelle "la table de concertation sur le fer" ou encore "la table de fer" a
réuni, pendant toute une journée, tous les intervenants du
secteur minier: les représentants des compagnies oeuvrant dans le
secteur du fer, les représentants des syndicats, les
représentants des municipalités de la Côte-Nord.
Au cours de 1982-1983, l'action du ministère a permis la
réalisation de divers projets; d'abord, l'élaboration d'un
programme d'aide à l'industrie sur le plan de l'exploration, de la
recherche-développement et de la réalisation de projets
industriels, le démarrage des plans quinquennaux d'exploration
minérale de la fosse du Labrador et de la Gaspésie, avec des
investissements respectifs de 2 300 000 $ et de 800 000 $, la
réalisation de plus d'une centaine de projets de recherche et de
développement qui ont permis de dégager les perspectives de
développement dans les secteurs du fer, de l'or, des minéraux
industriels et du niobium, le parachèvement des travaux de mise en
exploitation du gisement de sel des Îles-de-la-Madeleine et l'octroi
d'une aide financière de l'ordre de 75 000 $ pour assurer la promotion
de l'industrie du granit qui en est à ses premiers pas.
La priorité des objectifs d'ensemble que j'ai indiqués
tantôt nous amène à privilégier, au cours de
1983-1984, les principales voies d'actions qui suivent. Pour la
réalisation des projets d'investissement destinés soit à
consolider les exploitations en place, soit à élargir la base
industrielle des régions minières ou à accroître
simplement la contribution économique du secteur minéral, la
possibilité d'assistance financière sera une forme adaptée
aux besoins particuliers de chaque projet.
Deuxièmement, en matière géologique et
minérale, qui est la clé du renouvellement du patrimoine minier
du Québec - tout le monde le comprendra - le gouvernement entend
poursuivre, pour la deuxième année, des plans quinquennaux
d'exploration minière de la fosse du Labrador et des Appalaches. Le
gouvernement, dans le but d'offrir aux intervenants du secteur des mines les
outils nécessaires à l'entreprise, entend également
entreprendre des travaux d'exploration. Les plans quinquennaux
mentionnés mobiliseront, pour l'exercice budgétaire 1983-1984,
des dépenses de l'ordre de 3 000 000 $ chacun.
Par ailleurs, pour soutenir l'initiative
privée, le gouvernement mettra, au cours de 1983-1984, à
la disposition des entreprises explorantes au Québec certains fonds
d'assistance financière. L'appui que le gouvernement entend donner
à la recherche et au développement dans le secteur minier se
concrétisera, en 1983-1984, par la mise en disponibilité d'un
crédit budgétaire de 4 800 000 $, soit une hausse de 25% par
rapport à l'an passé. Ce crédit permettra à la fois
d'améliorer les services offerts à l'industrie minérale
par le Centre de recherche minérale, en plus d'adapter et de
développer des méthodes d'exploitation et les équipements
miniers d'intérêt pour l'industrie minière.
Si vous me le permettez, M. le Président, passons maintenant au
secteur de l'énergie. Je rappelle que les crédits prévus
pour 1983-1984 sont de 23 300 000 $. Je voudrais également faire une
espèce de bilan, non exhaustif bien sûr, mais donner quelques
chiffres clés pour permettre d'avoir une appréciation de
l'importance stratégique de ce secteur d'activité
économique.
La dépense pour la consommation d'énergie
représentait 9 337 000 000 $ ou 12,2% du produit intérieur brut,
en 1981. De cette dépense, une somme de 2 900 000 000 $ allait à
l'électricité alors qu'une somme de 5 900 000 000 $ allait au
pétrole, un montant de 462 000 000 $ allait au gaz naturel et une somme
42 000 000 $ allait au charbon. Environ 55% de cette dépense
était versée pour nos importations de gaz et de pétrole en
provenance du reste du Canada ou de l'étranger.
D'ailleurs, les importations d'hydrocarbures modifient
considérablement le solde de la balance commerciale du Québec.
Les ventes d'électricité, hors Québec, étaient, en
1981, de 18 500 000 000 de kilowattheures et ont rapporté au
Québec 375 000 000 $, classant cette industrie - si on peut la classer -
comme une des principales industries d'exportation. En 1982, les ventes
d'exportation d'énergie électrique ont rapporté plus de
470 000 000 $.
Sur le plan des investissements, en 1981, dans le secteur de
l'énergie, les ventes ont été de l'ordre de 2 884 000 000
$ dont 2 643 000 000 $ par Hydro-Québec, 132 000 000 $ par les
industries gazières et 109 000 000 $ par les industries du
pétrole. Ce montant constituait environ 21% de tous les investissements
dans l'économie du Québec et - pour avoir une comparaison avec le
produit intérieur brut - ces investissements de 2 884 000 000 $
comptaient, en 1981, pour 4% du PIB.
Pour la période de 1983 à 1992, les investissements dans
le secteur hydroélectrique devraient s'élever à 94 300 000
000 $ en dollars de 1982. Pour ce qui est du gaz naturel, les investissements
prévus pour la même période sont de l'ordre de 1 900 000
000 $. Des investissements fort importants seront également
effectués dans les secteurs résidentiel, commercial et industriel
pour les économies d'énergie au cours des dix prochaines
années. (12 h 15)
Pour ce qui est des énergies nouvelles, rappelons seulement que
Nouveler annonçait récemment des investissements directs de 300
000 000 $ au cours des cinq prochaines années. Cela comprend notamment
le projet Biosyn dans le comté de notre collègue, une usine de
production de gazogène à partir des déchets du bois, ce
qui représente un investissement, dans ses deux phases, de 65 000 000 $.
Pour l'industrie pétrolière, malgré la rationalisation en
cours des investissements pour la valorisation du pétrole brut, les
investissements envisagés sont de quelques centaines de millions de
dollars pour la période. L'ensemble de ces investissements devrait
représenter une part des investissements dans l'économie du
Québec au moins égale, sinon supérieure, à ce que
nous avons connu en 1981.
On estime, sur le plan de l'emploi, entre 1983 et 1992, que les
investissements d'Hydro-Québec, de SOQUIP et de ses filiales
justifieront près de 130 000 personnes-année au seul titre des
emplois directs. La répartition des investissements fera que toutes ou
à peu près toutes les régions du Québec seront
touchées: les projets de centrales, de production
d'électricité sur la rivière La Grande et sur la
Côte-Nord, les investissements de transport et de distribution
d'électricité à travers tout le Québec, les projets
régionaux d'utilisation de la matière ligneuse à des fins
énergétiques, par exemple, l'usine de production de
méthanol à Saint-Juste-de-Bretenières, les projets de
gazoducs et de réseaux de distribution de gaz naturel dans les
principales régions du Québec, c'est-à-dire la Mauricie,
les Cantons de l'Est, le Saguenay et la grande région de Québec,
des investissements en économie d'énergie dans les secteurs
résidentiel, commercial et industriel dans toutes les régions du
Québec, également les activités des centres de
recherche.
En ce qui concerne l'achat de biens et d'équipements
fabriqués au Québec, l'application de nos politiques d'achat, la
proportion des achats effectués au Québec par Hydro-Québec
s'élève à au-delà de 70%. Avec les interventions
appropriées, la proportion du contenu québécois dans les
investissements pour la distribution du gaz naturel devrait passer de 50%
à 75%. Au niveau des contrats de génie-conseil, trois des plus
grandes firmes internationales de génie-conseil ont leur siège
social à Montréal et les contrats de produits
énergétiques québécois ont contribué
à l'acquisition de leur expertise; il n'est peut-être pas
mauvais
de le rappeler à l'occasion. L'expansion du programme
d'économie d'énergie dans les secteurs industriel et commercial
recourt, elle aussi, en bonne partie, au service de firmes en
génie-conseil et leur ouvre de ce fait un nouveau champ
d'activité.
En rapport avec les effets industrialisants de l'énergie, la
disponibilité d'énergie à bon prix est un facteur de
production important pour plusieurs de nos industries: les pâtes et
papiers, les mines, l'affinage de métaux, l'aluminerie, la
sidérurgie, et nous entendons, bien sûr, accentuer le rôle
de l'électricité comme facteur de développement. Nous
avons l'occasion de tester nos scénarios et je crois que l'adaptation
que nous avons faite à la conjoncture, en utilisant une politique
tarifaire que je qualifierais d'audacieuse ou, à tout le moins, nouvelle
a fait en sorte que la compagnie Reynolds a décidé d'aller de
l'avant et de faire un investissement de 500 000 000 $ pour moderniser ses
installations et augmenter sa capacité de production à son
aluminerie de Baie-Comeau. D'ici à deux ou trois semaines, les accords
financiers devraient se signer et permettre la mise en route de l'aluminerie de
Bécancour, à la suite de l'association de la compagnie
française Pechiney Ugine Kuhlmann et de la Société
générale de financement, et de commencer un chantier qui
s'étendra sur trois ou quatre ans sur l'emplacement choisi à
Bécancour d'une aluminerie commandant des investissements de l'ordre de
1 500 000 000 $.
L'arrivée du gaz naturel au Québec est aussi, en soi, un
nouveau facteur d'industrialisation. L'expansion des réseaux de
transport et de distribution devrait favoriser la localisation d'industries
dans les différentes régions du Québec en y assurant, sur
le plan de l'énergie, une plus grande sécurité dans leurs
approvisionnements.
Un dernier mot, M. le Président, sur les effectifs.
Hydro-Québec et la Société d'énergie de la Baie
James avaient, en 1981, au-delà de 36 000 employés,
c'est-à-dire la plus haute pointe de nos travailleurs sur les chantiers.
Les calculs ont été faits à la fin de juillet 1981. Sur
une base annuelle moyenne, 11 000 emplois directs seront maintenus par les
investissements d'Hydro-Québec, en particulier sur les chantiers de la
rivière La Grande, pour la période de 1983 à 1992.
Au-delà de 3000 emplois directs seront aussi créés par la
construction et l'exploitation du réseau gazier dont la mise en place,
c'est-à-dire la construction des latérales et des réseaux
de distribution à l'intérieur des municipalités pour la
clientèle résidentielle, commerciale et industrielle, devrait
être complétée en 1987.
Les objectifs que nous poursuivons dans le secteur de l'énergie
ont été établis en 1978, lors de la publication du premier
livre blanc sur l'énergie, et ont été rappelés en
février et en mars dernier lorsque la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources a commencé à siéger
sous le thème "L'énergie, levier de développement
économique" et ses travaux reprendront quelque part en septembre de
cette année afin que nous terminions l'étude, l'examen et
l'audition d'au-delà de 60 mémoires. J'ai eu l'occasion, M. le
Président, de parcourir et de lire chacun de ces mémoires ou, du
moins, l'essentiel. La plupart d'entre eux, sauf exception - pour confirmer la
règle, j'imagine - se déclarent d'accord avec les grands
objectifs poursuivis par l'application de la politique
énergétique du Québec.
C'est peut-être bon de rappeler au moins quelques-uns des
objectifs proposés en 1978. Cela s'articulait essentiellement autour de
quatre propositions. D'abord, le gouvernement souhaitait accroître
l'autonomie énergétique du Québec, et cela, à la
fois en encourageant une utilisation plus efficace de l'énergie et en
doublant, d'ici à 1990, la présence des sources d'énergie
québécoise dans le bilan et en renforçant la
sécurité de nos approvisionnements en énergie
importée.
Le deuxième objectif visait à privilégier le
développement simultané de l'économie et de l'emploi au
Québec en surveillant les retombées des investissements consentis
dans le secteur sur l'économie québécoise.
Troisièmement, la participation des Québécois
à la mise en place et à l'application de la politique
énergétique.
Enfin, nous nous étions fixé comme quatrième
objectif d'intégrer la dimension énergétique dans les
grandes décisions socio-économiques des pouvoirs publics.
Sur le plan d'un bilan, M. le Président, pour 1982, notre
ministère a pu vérifier les effets de la politique
énergétique et a eu plusieurs occasions de confirmer ses
principales orientations par des gestes concrets. Le ministère a
apporté son support pour aider à stabiliser la consommation
énergétique québécoise pour la période de
1973 à 1981.
Au niveau de la pénétration de l'électricité
et du gaz naturel, la part de l'électricité est passée, de
1976 à 1981, de 22% à près de 30% de notre bilan, et celle
du gaz naturel, de 6% qu'elle était en 1976, est portée à
plus de 9%, alors que la part du pétrole tombait de 10 points, passant
de 70% à 60%, soit le niveau le plus bas depuis les années
soixante.
Je crois que ces résultats éloquents peuvent très
certainement être attribués en bonne partie aux actions
entreprises de 1979 à 1982. Il y a sept mesures d'annoncées et
d'appliquées. Premièrement, les interventions au niveau du
transport et de la distribution du gaz naturel; deuxièmement,
l'abolition de
la taxe de vente sur le gaz naturel; troisièmement, une entente
avec le gouvernement fédéral pour la construction et le
financement des embranchements latéraux des gazoducs;
quatrièmement, l'élargissement et la réorientation du
râle joué par SOQUIP; cinquièmement, la négociation
de vente d'électricité pour la réalisation de deux grands
projets d'investissements reliés à deux alumineries;
sixièmement, la prolongation et l'extension du programme de rendement
énergétique dans les secteurs industriel et commercial;
septièmement, une nouvelle tarification de l'électricité
pour 1983 comportant des tarifs spéciaux de vente d'énergie
excédentaire.
Je pense qu'il est important d'ajouter aussi, M. le Président,
que c'est le 19 mars 1982 qu'avait lieu la signature d'un important contrat de
vente d'énergie hydroélectrique entre Hydro-Québec et la
Power Authority of the State of New York d'une durée de treize ans,
c'est-à-dire pour la période de 1984 à 1997, et pour des
ventes de 111 000 000 000 de kilowattheures. Ce qui, pour Hydro-Québec,
peut représenter des revenus totalisant 7 000 000 000 $ en dollars
courants. Presque un an plus tard, jour pour jour, le 21 mars 1983, nous avons
procédé à la signature de contrats relatifs à la
vente d'énergie hydroélectrique, l'énergie
excédentaire bien sûr, entre Hydro-Québec et le New England
Energy Pool. Ces accords d'une durée de onze ans, de 1986 à 1997,
pourraient engendrer des revenus de 5 000 000 000 $ en dollars courants pour
Hydro-Québec.
Nous allons, bien sûr, dans ce dossier, procéder
bientôt à la tenue d'audiences publiques par le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement et pour définir le tracé que suivra
l'interconnexion à partir du poste des cantons dans l'Estrie vers la
frontière américaine.
Le dernier contrat signé avec le New England Energy Pool est
très certainement la plus belle occasion pour, si on veut, profiter de
ce que tout le monde convenait d'appeler, le 21 mars 1983, le momentum. C'est
très certainement une occasion de poursuivre nos discussions
déjà amorcées et bien avancées pour augmenter la
capacité de cette interconnexion du poste des cantons vers la
Nouvelle-Angleterre jusqu'à 2000 mégawatts et envisager ensuite
une transaction sur une vente d'énergie ferme à la
Nouvelle-Angleterre. C'est à cette tâche que l'on travaille au
ministère de l'Énergie et des Ressources et à
Hydro-Québec pour tenter le plus rapidement possible - on s'est
donné comme objectif douze mois, c'est-à-dire mars 1984 - de
parvenir à une pareille entente. C'est peut-être très
audacieux comme délai, mais les gouverneurs, avec qui j'ai eu l'occasion
d'en parler, ont trouvé que c'était un scénario
très réaliste.
(12 h 30)
Pour ce qui est maintenant de 1983-1984, l'année devrait
être une année de consolidation des actions déjà
entreprises dans le secteur de l'énergie, mais aussi une année de
réflexion et de préparation de politiques dans des domaines
jusqu'ici moins bien analysés. Nous allons, bien sûr, suivre de
près, avec soin et avec attention les travaux de prolongement du gazoduc
qui devraient atteindre la ville de Québec cette année ainsi que
l'expansion des réseaux de distribution. Nous allons augmenter le nombre
d'analyses dans le cadre du programme Énergain et permettre à des
Québécois de profiter de ce programme et de faire des
économies.
La poursuite des travaux de notre commission parlementaire de
l'énergie et des ressources - c'est presque un abonnement qu'on a cette
année au salon rouge - devrait nous permettre d'étudier en
détail chacun des mémoires qui nous ont été soumis
par au-delà de 70 organismes tant privés que publics. Nous
allons, au cours des travaux de septembre analyser en particulier les questions
reliées à l'orientation de la recherche et du
développement, à la restructuration de l'industrie
pétrolière, à l'utilisation de l'énergie comme
facteur d'industrialisation et aux retombées économiques des
investissements énergétiques.
Comme on le voit donc, les responsabilités du gouvernement dans
le domaine de l'énergie sont immenses et notre ministère aura
à y jouer, non seulement au cours de l'année qui vient, mais au
cours des prochaines années, un rôle clé. Une coordination
efficace des différentes interventions en ce domaine est donc absolument
nécessaire au développement de toute l'économie du
Québec et c'est ce que nous tenterons de faire.
En terminant, M. le Président, je voudrais dire un mot sur le
secteur des forêts qui, comme vous le savez, est le secteur
d'activité économique qui commande la plus grande partie des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources. Cette
année, nous allons y retrouver une augmentation, nous allons y affecter,
en chiffres ronds, 194 000 000 $ sur un total de 277 000 000 $. C'est donc plus
des deux tiers. Je pense qu'il est aussi important de donner un aperçu
de l'activité économique dans le secteur des forêts au
Québec. C'est bien sûr que c'est l'un des secteurs les plus
importants de l'activité économique et qu'il contribue de
façon soutenue et marquée au développement
socio-économique de nombreuses régions, tant par les emplois
engendrés que par les revenus directs ou indirects et les effets
d'entraînement qu'il induit. On peut aussi illustrer l'importance du
secteur de nos forêts par quelques données.
D'abord, l'industrie forestière compte
60 usines de pâtes et papiers et plus de 1200 usines de
transformation du bois qui suscitent quelque 260 000 emplois directs et
indirects pour une masse salariale de 1 300 000 000 $. Au-delà de 120
municipalités du Québec doivent leur développement et,
dans beaucoup de cas, leur existence à l'industrie forestière.
Alors que près de 19% de tous les emplois du secteur manufacturier au
Québec sont reliés à l'utilisation de la matière
ligneuse, ce pourcentage est de beaucoup supérieur, dans certaines
régions, et en particulier dans la région de la Mauricie,
où il atteint 33% de l'emploi, 47% en Gaspésie et
Bas-Saint-Laurent, et 64% dans le Nord-Ouest québécois. La valeur
totale de livraison pour tout le secteur industriel du bois et du papier
représente 16,2% de la valeur de la production totale de l'industrie
manufacturière du Québec et 19% de la valeur ajoutée. Le
secteur forestier contribue à plus de 20% de la valeur totale des
exportations du Québec avec des expéditions de plus de 3 000 000
000 $. Le Québec, encore aujourd'hui, est l'un des plus grands
producteurs mondiaux de pâtes et papiers avec une production de 4 300 000
tonnes, presque équivalente à celle des États-Unis
d'Amérique, alors qu'en ce qui concerne le sciage, l'industrie
québécoise se classe au deuxième rang des provinces
canadiennes avec des expéditions d'une valeur de plus de 1 000 000 000
$.
Voyons maintenant la problématique. L'analyse démontre que
plusieurs facteurs influencent la capacité concurrentielle de
l'industrie forestière du Québec et que toutes les conditions qui
permettraient un développement optimal du secteur forestier ne sont
certainement pas encore réunies. Aussi, certaines régions
pourraient connaître des conditions d'approvisionnement beaucoup plus
serrées que par le passé à cause, notamment, des ravages
exercés par la tordeuse des bourgeons de l'épinette et des pertes
de potentiel forestier qui en découlent, de l'éloignement des
parterres de coupe par rapport à la localisation de nos usines et des
coûts de main-d'oeuvre et de transport qui s'ensuivent, de la
régénération plus forte que par le passé en
essences feuillues indésirables, de l'expansion prise par l'industrie
forestière et des pressions de plus en plus fortes pour l'utilisation du
milieu forestier à d'autres fins que l'exploitation
forestière.
Dans ce contexte et compte tenu de la conjoncture actuelle, mais
également des possibilités de développement pour le
Québec, nous poursuivrons deux objectifs d'importance. D'abord,
accroître la disponibilité de matières ligneuses en vue de
répondre aux besoins actuels et futurs de l'industrie. Donc, en bref,
mieux transformer, mieux allouer, accroître l'accessibilité,
protéger le stock existant et aménager le maximum de superficie
à haut potentiel. Deuxièmement, consolider l'industrie
forestière existante en maintenant sa capacité concurrentielle et
permettre le développement en optimisant le rendement des
équipements de transformation, en favorisant la modernisation et en
procédant au développement de nouveaux produits et de nouveaux
marchés. La poursuite de ces deux objectifs, pour 1983-1984, se traduira
donc par une augmentation des activités relatives à la protection
et à l'amélioration du capital forestier, par une implication
grandissante dans la mise en oeuvre de projets de développement et par
la poursuite de nos programmes déjà existants.
Le programme quinquennal d'aide à la modernisation des
pâtes et papiers recevra 16 100 000 $ pour l'année 1983-1984. Ce
programme, je le rappelle, prévoit des investissements par l'industrie
des pâtes et papiers de l'ordre de 2 500 000 000 $ pour 41 usines entre
1979 et 1987. À ce jour, nous avons versé, en subventions
à l'intérieur du programme quinquennal de relance et de
modernisation des pâtes et papiers, une somme de 35 000 000 $, alors que
les investissements, cette année, sont à peu près à
mi-chemin. Ils ont atteint une somme de 1 300 000 000 $. En ce qui concerne
maintenant l'industrie du bois et du sciage, en particulier, le
ministère a mis sur pied un programme d'une durée de cinq ans
pour la consolidation et l'expansion de l'industrie du sciage dont le
coût est estimé à 25 000 000 $. À cet effet, 2 100
000 $ sont déjà prévus au budget 1983-1984.
Il est fort probable qu'une somme additionnelle de 900 000 $ y sera
ajoutée pour une rallonge de crédit, portant ainsi le total
à 3 000 000 $ en cours d'exercice. Ce programme comporte des
études diagnostiques et d'ingénierie en vue d'optimiser le
rendement des procédés de transformation. Il comporte
également des mesures d'aide à l'implantation d'équipement
informatisé tant au niveau de la gestion que de la production, des
mesures visant à favoriser l'embauche de personnel technique beaucoup
plus spécialisé et, enfin, des mesures d'aide à la
promotion des produits québécois du bois sur les marchés
d'exportation; à cette seule fin, nous avons décidé
d'affecter un montant de 500 000 $ à la promotion des produits du bois.
Cette somme de 500 000 $ sera transférée à mon
collègue ministre du Commerce extérieur qui va se charger, d'une
façon plus particulière, de l'application de ce programme.
Maintenant, dans le cadre des programmes de recherche et en plus du
programme de consolidation de l'industrie du bois, le ministère de
l'Énergie et des Ressources affectera environ 800 000 $ dans des projets
visant à développer la
biotechnologie forestière, la fusion protoplasmique, en
particulier, et la poursuite des recherches en génétique
forestière. Le total des programmes de recherche, à
l'intérieur de l'enveloppe budgétaire 1983-1984, est de l'ordre
de 5 200 000 $.
Nous allons, bien sûr, au cours de l'année 1983-1984,
maintenir des programmes d'amélioration des forêts publiques et
privées du Québec et, à cette fin, y affecter une somme de
55 500 000 $.
Dans le cadre des plans de gestion, nous avons mis sur pied un programme
d'aménagement intensif comportant différents travaux qui pourront
toucher 15 000 hectares par année d'ensemencement, 100 000 000 de plants
par année pour le reboisement et 12 000 hectares par an en travaux
sylvicoles. Pour 1983-1984, 70% de l'objectif de reboisement sera atteint sur
le plan de cinq ans, alors que 70 000 000 de plants seront mis en terre, dont
38 000 000 dans la forêt privée - cela représente une
augmentation de 12 000 000 de plants par rapport à 1982-1983 - et 32 000
000 dans nos forêts publiques, une augmentation également de 12
000 000 de plants par rapport à 1982-1983. La production de ces plants
sera assurée, en grande partie, par les pépinières du
ministère de l'Énergie et des Ressources qui fourniront 58 000
000 de plants dont 8 000 000 de plants en récipients par les serres de
East-Angus, le reste étant comblé par des achats auprès de
producteurs privés du Québec.
Au niveau de la forêt privée, 22 000 000 de plants seront
distribués aux organismes de gestion en commun alors que 16 000 000
seront alloués aux propriétaires individuels.
Pour ce qui est d'un volet fort important des activités du
ministère dans le secteur des forêts, le programme de protection
des forêts contre le feu, les insectes et les maladies atteindra, cette
année, un niveau de 27 800 000 $. Une somme de 16 800 000 $ sera
consacrée à la lutte contre les insectes et les maladies,
particulièrement pour combattre l'invasion de la tordeuse des bourgeons
de l'épinette.
Nous allons faire un effort accru au niveau de la lutte biologique. En
ce qui concerne la protection contre les incendies, le Québec, qui est
doté d'un des meilleurs dispositifs de protection, non seulement sur ce
continent, mais dans le monde, je dirais, et l'un des moins coûteux,
prévoit dépenser, cette année, près de 11 000 000
$. Plus de 7 000 000 $ sont prévus au ministère des Transports
pour l'opération de la flotte d'avions-citernes, les Canso et les
CL-215, ce qui veut dire, au total, que le Québec, dans la lutte contre
l'incendie, en combinant les dépenses de transport et les crédits
du ministère à cette fin, donne un total d'à peu
près 18 000 000 $.
Maintenant, pour ce qui est des programmes d'accessibilité
à la ressource forestière, nous allons y consacrer, cette
année, 18 500 000 $. D'après un relevé
exécuté en 1982, nous comptons au Québec -et tenez-vous
bien - quelque 6384 kilomètres de chemin forestier permanent dont 65% du
réseau a été construit sur la forêt domaniale et 35%
sur les concessions forestières.
Par ailleurs, la pénétration des réserves et des
parcs a nécessité la construction de près de 7000
kilomètres de chemin. Un réseau de 3000 kilomètres a
été construit à des fins de villégiature. En
1983-1984, les subventions accordées dans le cadre du programme à
frais partagés s'élèveront à 12 000 000 $ - c'est
le programme 50-50, c'est le programme de voirie forestière -dont 7 000
000 $ sur les forêts domaniales alors que la construction des grandes
voies d'accès Outaouais, la Côte-Nord - je pense, entre autres,
à la route Manic 5 vers Gagnon - devrait nécessiter des
investissements de l'ordre de 11 700 000 $. Nous verrons en cours
d'année comment les allocations budgétaires pourront être
affectées à l'une ou l'autre ou à l'une et l'autre de ces
deux régions. (12 h 45)
En conclusion, M. le Président, cet exposé, qui vous aura
peut-être paru un peu long ou fastidieux, était quand même
fort important pour situer nos discussions dans le cadre de l'adoption des
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources. Je
rappelle donc, en terminant, après ce tour d'horizon que, pour
1983-1984, le ministère de l'Énergie et des Ressources demande
à l'Assemblée nationale des crédits de 277 000 000 $ pour
aider au dynamisme des entreprises reliées au secteur d'activités
économiques qui concerne notre ministère, c'est-à-dire les
mines, l'énergie et la forêt. Il s'agit, pour le Québec,
d'une mission fondamentale; c'est pourquoi je souhaiterais, M. le
Président, que nos crédits soient adoptés le plus
rapidement possible.
Je vous remercie.
Le Président (M. Paré): Merci M. le ministre. La
parole est maintenant au député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, je remercie le ministre de
nous avoir présenté sa thèse de doctorat ou son pot-pourri
des réalisations de tous les individus qui composent son
ministère. J'essayais de voir, dans sa présentation, les grandes
lignes de force de son action, de ce qu'il fait lui-même dans tout
ça. J'essayais de voir les problèmes auxquels il doit faire face,
les priorités qui nécessiteraient des actions très
dynamiques et là où il devrait exercer son leadership.
Mais comme toutes et chacune des activités de son
ministère semblent toutes aussi égales, c'est assez difficile de
déterminer les vraies priorités.
M. le Président, le ministre nous a dit que les richesses
naturelles avaient, dans le passé, joué un rôle
prépondérant dans le développement économique du
Québec. Et c'est vrai que, dans le passé, les richesses
naturelles, les terres et forêts, l'énergie et les mines ont
joué un rôle très important.
Il suffit de se promener sur la Côte-Nord, d'aller à
Thetford-Mines ou dans d'autres régions du Québec - comme en
Gaspésie - pour constater que ce rôle est en perte de vitesse et
que nous faisons face, au Québec, à un problème
extrêmement important.
Bien sûr, on peut trouver certaines raisons à cette
situation. Entre autres, il y a des raisons conjecturales. Il y a
l'affaiblissement de l'économie aux États-Unis, l'affaiblissement
et la chute des ventes d'automobiles qui affectent le marché du fer en
particulier. Il y a une concurrence étrangère de plus en plus
forte, mais il reste, M. le Président, que, si on regarde les raisons
profondes qui expliquent la perte de vitesse de l'importance des richesses
naturelles dans l'économie du Québec, c'est qu'on doit y trouver
et qu'on y trouve des raisons structurelles. Ce qu'il faut dire
là-dessus, M. le Président, c'est que j'aurais aimé que le
ministre nous dise quelles actions particulières il mettrait en marche
pour faire en sorte que, dans le domaine des terres et forêts en
particulier, l'on mette à jour le programme qui avait été
établi en 1972 et que tous les gouvernements, depuis ce jour, ont
continué d'adopter comme étant leur base d'action.
Je crois qu'il serait temps, M. le Président, que le
ministère revienne à la charge, repense tout le problème
des terres et forêts et qu'il redonne une politique à long terme
qui nous permettrait de faire face à la compétition
étrangère et de faire face aux problèmes structurels qui
affectent présentement cette industrie.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de concurrencer le
ministre quant à la longueur des débats puisque mon intention et
l'intention de mes collègues était de questionner le ministre, de
s'attaquer à des problèmes ou à des programmes très
spécifiques de façon à obtenir l'information qui nous
permettrait, à la fin, de voter en faveur des crédits.
Là-dessus, je crois que tout le monde ou tous mes collègues sont
d'accord avec moi pour dire que les dollars, bien sûr, c'est important,
mais ce qui l'est davantage, c'est de souligner les difficultés
auxquelles font face tous les agents économiques dans ce secteur des
richesses naturelles et de trouver les problèmes à long terme
ainsi que les actions que le ministère devrait entreprendre.
C'est pour cette raison, M. le Président, que nous avions, pour
notre part, l'intention de nous concentrer sur quelques programmes bien
spécifiques et d'examiner quelles ont été les actions du
ministère dans le passé et quelles devraient être les
actions du ministère à l'avenir. Je faisais allusion aux
problèmes structurels qui affectent l'économie, que ce soit dans
le domaine des terres et forêts ou dans le domaine des mines. Il est bien
évident, M. le Président, que, dans ce secteur en particulier, le
gouvernement semble en perte de vitesse, que le ministre semble avoir un
fardeau trop lourd face à tous ces domaines qui requièrent son
attention et que la plus grande partie de son attention est dirigée vers
des problèmes à court terme.
On sait, M. le Président, que, même si la crise
économique se résorbe, les secteurs des richesses naturelles,
terres et forêts et mines vont continuer à avoir, au
Québec, des difficultés, même si la crise aux
États-Unis se résorbe dans les années qui viennent.
Je crois que c'est là, M. le Président, qu'il nous faudra
retrouver et trouver ensemble des éléments de politiques qui nous
permettraient, à long terme, de dégager une ligne d'action qui
permette au domaine des richesses naturelles de jouer le même rôle
que celui joué dans le passé. Si on parle de la politique
minière ou de la politique du fer, il était bien évident
à Schefferville, M. le Président, qu'un manque de dialogue avait
eu lieu dans le passé entre l'industrie et le gouvernement et qu'une
attention plus particulière dans ce domaine aurait peut-être
permis d'éviter la catastrophe ou, du moins, de prévenir les gens
impliqués dans ce secteur.
Il y en a qui disent que le ministre a trop à faire depuis qu'on
a fusionné les Terres et Forêts, les Mines et l'Énergie,
que c'est beaucoup trop de travail et qu'on devrait revenir à un
ministère des Terres et Forêts pour qu'un ministre s'occupe enfin
de façon plus particulière de ce domaine qui, comme l'a
souligné le ministre, est extrêmement important et requiert les
deux tiers des crédits de son ministère.
Je me permettrai, bien sûr, à l'avenir, à la suite
de l'étude des crédits et aux différents programmes, de
voir dans quelle mesure cette possibilité devrait être retenue
puisque plusieurs s'interrogent sur le temps que le ministre peut consacrer
à l'étude des priorités dans des domaines aussi
variés que le domaine énergétique, le domaine des terres
et forêts et le domaine minier.
Dans le domaine des terres et forêts, nous avons des questions sur
le rôle de REXFOR. Le ministre n'en a pas parlé, il semblerait que
c'est devenu un État dans l'État, que cette compagnie
achète, vend, met en faillite des compagnies. Il nous
faudrait bien savoir si le ministre, malgré le peu de temps qu'il
a pour diriger son ministère, prend la peine de s'assurer que les
décisions de REXFOR sont dans le meilleur intérêt des
contribuables. Il faudrait bien qu'on comprenne pourquoi REXFOR fait la pluie
et le beau temps dans le domaine des terres et forêts et dans quelle
mesure les actions de REXFOR reçoivent l'assentiment du ministre.
En conclusion, comme je l'ai dit, il y a quelques programmes
spécifiques que nous allons aborder et, si vous le permettez,
étant donné que, dans mon équipe, le député
de Pontiac est plus spécifiquement responsable des terres et
forêts et le député de Chapleau est plus
spécifiquement responsable des mines, je leur demanderais de dire
quelques mots en ce qui a trait à ces secteurs d'activités d'une
façon plus particulière.
M. Duhaime: Avec plaisir, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Le ministre a
certainement démontré l'importance des terres et forêts
dans son ministère; il a abordé l'implication au point de vue de
la production et de la création d'emplois de façon
générale. Au plan régional, l'importance du secteur
forestier est encore plus apparente, les régions-ressources qui dominent
les coupes de bois sont le Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui occupe le premier rang
avec 25% du volume de coupe, le Nord-Ouest vient ensuite, avec 23%, l'Est du
Québec, 14%, et la Côte-Nord, environ 8%.
Dans certaines régions peu industrialisées, comme l'a
mentionné le ministre, les industries forestières jouent un
rôle structurant très important. Selon certaines informations, la
forêt québécoise est surexploitée dans certaines
régions. En 1980 - j'ai déjà posé une question au
ministre à ce sujet - le pourcentage des superficies reboisées,
comparativement aux superficies coupées au Québec, était
seulement d'environ 6%, tandis qu'en Colombie britannique et en Ontario,
c'était de 34% et 15% respectivement. Par ailleurs, les
disponibilités annuelles totales des forêts naturelles
québécoises sont estimées par REXFOR à environ 50
000 000 de mètres cubes.
J'ai eu la confirmation du ministre qu'il était au courant d'un
rapport intitulé: L'industrie du bois de sciage, problématique et
éléments de solution. Même s'il n'était pas d'accord
avec les conclusions, il nous a dit qu'il nous soumettrait un exemplaire de ce
rapport. J'en profite pour lui demander à quel moment il pourrait nous
le faire parvenir.
Plusieurs problèmes se posent au niveau du secteur forestier
québécois; on parle souvent de déficit, de production
vis-à-vis du reboisement, de régénération dans
certaines régions et aussi de rupture de stock. Ceci nous laisse croire
que le potentiel de la forêt québécoise n'est pas connu
avec certitude. Par ailleurs, la forêt privée par rapport à
la forêt publique, selon plusieurs intervenants, souffre d'une
concurrence déloyale de la part du gouvernement. Rappelons qu'avec 70
000 kilomètres carrés, soit 10% de la superficie
forestière du Québec, la forêt privée produit
près de 20% de la matière ligneuse utilisée par
l'industrie forestière. Il faut donner plus de moyens et d'avantages
à la forêt privée, qui est proche des usines de
transformation. De plus, la forêt privée a un impact important et
des effets d'entraînement considérables sur l'économie. Le
ministre a mentionné que, cette année, il y avait une
augmentation; c'est tant mieux. Espérons que, dans ce domaine, la
politique sera d'augmenter, parce qu'on fait état que les forêts
privées sont mieux situées pour les usines qui sont tout
près des centres urbains.
Un autre problème important qui se pose est celui de la lutte
contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Certes, il est
primordial de trouver une solution de juste milieu entre les
pulvérisations aériennes et l'utilisation d'insecticides
biologiques ou autres. Enfin, il manque au Québec un plan
intégré de gestion de forêt si on ne veut pas appliquer les
énoncés de la politique forestière de l'ex-ministre
Drummond. Alors que, dans d'autres provinces, on a trouvé le moyen de
s'entendre sur le partage des responsabilités des forêts
publiques, ici, on semble avoir des problèmes de sémantique au
sujet de la gestion des forêts et de l'aménagement de ces
mêmes forêts. En anglais, on parle de "forest management"; en
français, selon ce que je puis comprendre par ce qui se passe, cela se
traduit par "gestion des forêts pour certaines parties et
aménagement des forêts pour d'autres", comme si les deux ne se
complétaient pas.
Lorsqu'on parle de l'aménagement des forêts, on
répète toujours que les exploitations et l'aménagement
sont indissociables, mais, dans les faits, on éloigne les utilisateurs,
les exploiteurs des décisions et de la planification. Pour certains, la
gestion des forêts, ce sont des lois, des décrets, des directives,
des règlements, des plans. Ils s'imaginent qu'ils peuvent être
gestionnaires sans être aménagistes, sans être directement
impliqués sur le terrain. Par contre, du côté des
industriels, on pense qu'on ne peut pas s'impliquer dans
l'aménagement si on n'est pas également gestionnaire.
Depuis 1974, depuis le livre vert et le projet de loi 27 par lequel le
gouvernement déterminait que tout ce qui touche l'aménagement et
la gestion des forêts relève directement du gouvernement par son
ministère responsable, on a eu beaucoup de discussions et peu
d'aménagement. En fait, le gouvernement disait aux utilisateurs: Ne vous
mêlez pas de planification et d'aménagement, contentez-vous de
couper du bois. De plus, par la révocation des concessions incluses dans
cette loi, le gouvernement a inquiété les industriels
concessionnaires sans pour autant sécuriser les détenteurs de
permis. À l'heure actuelle, l'approvisionnement de toutes les usines est
dans une situation incroyable.
La décision de prendre en charge une responsabilité ayant
des conséquences à long terme, comme l'aménagement des
forêts, sous-tend qu'on doit mettre en place le système et
l'organisation nécessaire, qu'on en assure le financement adéquat
à long terme et qu'on assure la coopération de tous les
intervenants, ce qui est loin d'être ce qui s'est passé et qui se
passe au Québec. À ce point, il serait peut-être sage de
tenter de regrouper autour d'une table de concertation, tous les gens
impliqués dans le milieu pour qu'une fois pour toutes, on puisse
établir une politique qui servira mieux les intérêts de
l'industrie forestière.
L'opération plan-gestion a constitué la première
phase de la mise en place de la politique de l'ancien ministre Drummond. Au
niveau du programme de révocation, jusqu'à maintenant, seulement
36% des concessions forestières ont été
révoquées ou rétrocédées. Ceci montre un
retard considérable par rapport à la promesse de M.
Bérubé, qui voulait révoquer toutes les concessions
forestières en 1978.
Comme l'a mentionné le ministre, le programme de modernisation de
l'industrie des pâtes et papiers semble bien fonctionner.
Déjà, une politique de stabilisation et de relance est en train
d'être élaborée. Un autre programme quinquennal de soutien
à la modernisation de l'industrie du bois fut annoncée au
début de mai. (13 heures)
Nous participons ainsi à une série de programmes
dispersés dans tel ou tel secteur sans avoir une ligne directrice ou une
politique cohérente dans le secteur forestier. On essaie de
résoudre tous les problèmes à court terme sans se soucier
de ceux qui peuvent survenir à moyen ou à long terme. Comme l'a
mentionné mon collègue d'Outremont, lorsqu'il y avait un
ministère...
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: On a écouté le ministre attentivement
pendant une heure, nous ne parlons que pendant quelques minutes; j'aimerais
bien que le ministre écoute attentivement les commentaires que nous
voulons lui formuler.
M. Duhaime: J'écoute, M. le Président, sauf qu'un
petit intermède de 30 secondes ne devrait pas déranger tellement
mon collègue. J'ai une urgence à régler.
M. Perron: Cela ne vous dérange pas qu'on règle une
urgence.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: Si le ministre veut demander la suspension des
débats jusqu'à 15 heures pour régler une urgence, qu'il le
fasse, mais, pour l'amour de Dieu, on a écouté le ministre. On
demanderait au ministre de nous écouter également.
Le Président (M. Paré): J'aimerais rappeler
qu'à la commission, un seul député a le droit de parole
à la fois. La parole était au député de Pontiac,
mais, comme il est 13 heures, selon les règlements, il faudrait le
consentement pour poursuivre les travaux, sinon les travaux reprendront
à 15 heures.
M. Duhaime: À 15 heures?
Le Président (M. Paré): À 15 heures.
M. Duhaime: Très bien.
Le Président (M. Paré): Les travaux sont donc
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 27)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît. La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
reprend ses travaux pour l'étude des crédits. Lorsque nous avons
cessé les travaux, à 13 heures, nous en étions toujours
aux commentaires préliminaires et la parole était au
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président.
Au moment où on a laissé, je venais de signaler que, tel
que mentionné par mon collègue d'Outremont dans son allocution,
lorsqu'il existait un ministère des Terres et Forêts, le ministre
s'occupait uniquement du développement harmonieux et concerté de
l'utilisation et de la transformation des ressources forestières du
Québec.
À la lumière de ce que je viens d'énumérer,
il me semble que plusieurs problèmes doivent être résolus.
Le premier, c'est la nécessité d'établir une politique
forestière ou de remettre à jour ou d'appliquer le livre blanc de
M. Drummond. Il faudrait prendre en considération les diverses
recommandations des principaux intéressés par le secteur
forestier pour sauver la forêt québécoise; à la
limite, demander une commission parlementaire qui traitera de la forêt
québécoise, de ses problèmes, de ses perspectives et de
ses défis. Il est important de privilégier quatre domaines dans
le secteur forestier, à savoir les ressources, la transformation, les
marchés et la mise en marché, et la recherche.
Il faudrait peut-être aussi songer à s'associer à
l'ordre des ingénieurs forestiers du Québec et à d'autres
organismes qui veulent la création d'un ministère des Terres et
Forêts. Et surtout que le Parti libéral du Québec, dans le
livre rouge auquel le ministre fait souvent référence, a
déjà pris position en faveur de ce ministère.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Chapleau.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: M. le Président, j'ai entendu ce matin avec
beaucoup d'intérêt le long discours inaugural du ministre en ce
qui concerne les divers sujets et plus particulièrement les mines.
Pour ce qui est de l'importance du secteur minier dans l'économie
québécoise, il a mentionné que le produit minéral
de la province de Québec se chiffre par plus de deux milliards de
dollars et donne des emplois à environ 26 000 personnnes. Il n'y a aucun
doute que le "fall out" de cette situation consiste en la création
d'emplois secondaires dans ce secteur qui est d'une importance capitale dans
l'économie québécoise.
Le ministre a aussi mentionné que la situation n'était pas
rose dans le secteur minier. Je prétends que, selon une expression
anglaise, c'est l'"understatement of the year", parce que je pense que tous
sont d'accord pour affirmer que l'année 1982 s'est avérée
l'une des plus désastreuses pour l'industrie minière du
Québec. La production minérale a chuté de 17%,
c'est-à-dire de 2 400 000 000 $ à 2 000 000 000 $ comparativement
à l'année précédente.
Dans le secteur minier, le taux de chômage est passé
à 40%, ce qui signifie que l'industrie . minière a
été l'une des plus touchées par la récession. La
valeur de tous les minéraux importants sauf l'or a baissé d'une
façon importante. On note la production du minerai de fer qui a
diminué de 25,6%, à 446 200 000 $. L'amiante a diminué de
22,6%, à 225 000 000 $ et le cuivre a baissé de 11,2%, pour
atteindre 176 600 000 $. Le seul résultat encourageant dans ce secteur
est l'or. La valeur de ce métal a augmenté de 13% et sa
production de 34% pour atteindre 33 tonnes. Le Québec est maintenant le
premier producteur d'or avec 35% de la production canadienne. La baisse de la
valeur et de la production du cuivre est causée par le prix moins
élevé puisque la quantité et la qualité sont
demeurées à peu près les mêmes. En dépit de
la fermeture temporaire de quelques-unes des mines les plus importantes - je
fais surtout référence à la mine de Murdochville - la
production perdue par ces fermetures a été heureusement
partiellement comblée par une plus grande production de la
société des mines Selbaie qui fonctionne maintenant à
pleine capacité. La production d'amiante a non seulement
été touchée par la récession mondiale, mais aussi
par la mauvaise publicité et les réglementations limitant son
emploi. La production de fibre d'amiante en 1982 est tombée de 23,9% par
rapport à l'année 1981.
Comme résultat de ces chiffres, les entreprises ont cessé
leurs opérations mettant à pied des milliers de travailleurs, ce
qui a aggravé davantage la faiblesse économique de la
région de l'amiante au Québec. Nous avons vu durant l'hiver les
chômeurs de la région de Thetford-Mines qui sont venus ici
à plusieurs occasions, à l'Assemblée nationale, pour faire
des revendications demandant au ministre de prendre ses responsabilités
et de donner suite à leurs demandes. Nous ne croyons pas que
l'amélioration de la situation soit pour bientôt parce que les
inventaires sont élevés et la demande demeure faible. Ces
diminutions sont attribuables à la situation difficile dans laquelle se
trouve les compagnies américaines et européennes.
À partir de ce tableau général de la situation, il
m'apparaît évident qu'il est absolument nécessaire
d'établir une politique minière cohérente qui serait le
point de départ de la relance dans ce domaine. C'est bien facile de
rester assis, de ne rien faire et d'attendre la relance économique.
C'est ce que le ministre fait maintenant. Mais sans un plan de relance
clairement préparé, le Québec manquera de nouveau le
bateau quand l'économie sera sur la voie de se rétablir. Il y a
plusieurs questions que je voudrais poser au ministre après avoir
brossé
le tableau général de la situation dans le secteur minier.
Je pense que maintenant nous aborderons la discussion concernant les mines.
Je veux dire en terminant que nous prétendons que les
employés de votre ministère sont depuis longtemps à
préparer une stratégie de modalités du programme de
relance dans le secteur minier, le programme que nous avons demandé
à maintes reprises à l'Assemblée nationale. Vous avez
toujours répondu en disant que, la semaine prochaine, vous alliez
annoncer une subvention octroyée à une compagnie pour faire
certains travaux dans une région du Québec. La semaine
dernière, c'était dans le Nord-Ouest de la province; la semaine
prochaine, ce sera à un autre endroit.
Mais voici la question qu'on pose: Où et quand allez-vous, avec
les fonctionnaires de votre ministère, présenter un programme de
modalités pour savoir exactement où on s'en va dans le domaine
minier?
On sait que, cette année, le nombre de fermetures de mines dans
la province de Québec, le nombre de mises à pied, le nombre de
chômeurs dans ce secteur de l'économie atteint 40%. La
première chose qu'on veut savoir, c'est ceci: Quand allez-vous
préparer un programme à court, à moyen et à long
terme pour la relance dans le domaine minier? On sait que la reprise
économique est déjà commencée, que ce soit dans la
province de Québec, au Canada et dans toute l'Amérique du Nord,
mais on dirait qu'avec le manque d'action du ministre, le manque de
préparation d'un programme cohérent, clair et précis, on
est en train de manquer le bateau. Dans ce domaine, la première question
que je voudrais poser spécifiquement au ministre, c'est ceci: Quand le
programme que vos fonctionnaires sont en train de préparer sera-t-il
annoncé?
M. Yves Duhaime (réplique)
M. Duhaime: M. le Président, je trouve que l'intervention
du député de Chapleau tombe sur notre table un peu comme si on
venait d'aborder un nouveau continent. Dans ce que vous avez apporté
comme commentaires sur l'exposé que j'ai fait ce matin, vous avez dit
que cela ressemblait à un discours inaugural. Si vous aviez
écouté attentivement, je pense que vous auriez eu, à
l'intérieur de cet exposé concernant le secteur
d'activités économiques que constituent les mines au
Québec, les grands axes de la problématique de
développement que nous avons privilégiés. Si cela peut
vous faire plaisir qu'on publie un livre blanc ou un livre vert, on peut bien
le faire. Je ne crois pas cependant qu'on puisse penser que, peu importent les
programmes d'aide, de soutien financier, les mesures fiscales, les efforts dans
la recherche et le développement, les rabattements fiscaux dans les
dépenses d'exploration, les entreprises minières vont
réagir en fonction de la conjoncture, de la demande internationale et
des prix.
Je ne voudrais pas vous en faire grief, ni vous offenser, mais vos
propos me paraissent contradictoires. Lorsque vous tombez d'accord, si j'ai
bien compris vos propos... On admet tous que les matières
premières du secteur minéral sont exportées sur les
marchés internationaux, pour une grande partie, bien sûr, chez nos
clients américains et européens. À partir du moment
où les grands pays industrialisés se débattent
actuellement avec une des pires crises économiques que nous ayons
connues, je pense qu'il faut admettre au départ que les
débouchés pour nos produits, de même que les prix de ces
produits, ne peuvent pas beaucoup être influencés par des
politiques que pourrait avoir le gouvernement du Québec. Nous ne
pourrons jamais influencer le prix du cuivre sur le marché
international, ni même le prix de l'or. Vous avez noté dans votre
exposé une augmentation du prix de l'or. Vous avez même
avancé le chiffre de 13%. Mais, tout récemment, l'or a fait une
chute de 60 $ l'once et cela apparaît aussi aux états financiers
de SOQUEM qui viennent d'être déposés, où la chute
des profits de SOQUEM est attribuable essentiellement à l'effondrement
des cours.
Ce que je vais répondre au député de Chapleau,
c'est très simple. Je vais essayer de me résumer pour qu'on ne
dise pas que je fais un autre discours inaugural. Que faut-il faire dans le
secteur minier? Quelles sont les mesures prises, en termes d'activités
du ministère, sur le plan de l'exploration minière? Nous le
faisons. Nous venons de terminer le plan quinquennal dans le Nord-Ouest. Nous
allons, dans ce budget-ci, commencer le plan quinquennal pour la région
de la Gaspésie. Nous avons ajouté au budget des montants sans
précédent pour l'exploration dans la fosse du Labrador. Nous
allons continuer notre effort d'exploration dans les Appalaches. Il faut bien
comprendre que les travaux d'exploration que conduit le ministère
doivent d'abord et avant tout être faits en termes de connaissance du
territoire, parce que c'est à partir de ces données que
l'entreprise privée peut ensuite pousser plus loin, quant à elle,
ses travaux d'exploration. Donc, là-dessus, nous sommes au travail. Les
budgets d'exploration sont à la hausse.
Secteur des mines
M. Kehoe: Une question spécifique sur ce que vous venez de
dire. Votre ministère a dépensé de l'argent pour les
explorations dans la fosse du Labrador. Pourriez-vous nous dire,
comparativement avec Terre-Neuve, combien la province de Québec a
dépensé et
combien la province voisine a dépensé dans la même
région? Est-ce que les deux sont comparables?
M. Duhaime: Pour être bien franc avec vous...
M. Kehoe: Je ne veux pas avoir des chiffres exacts, mais
seulement...
M. Duhaime: ...je n'en ai aucun à vous donner. La seule
chose que je pourrais risquer, ce serait de vous dire que le gros de l'effort
d'exploration du côté terre-neuvien du Labrador,
c'est-à-dire la partie au nord-est du tracé de 1927, est fait par
des entreprises privées. Je pourrais faire faire la recherche par les
gens de mon ministère et vous la fournir plus tard, c'est-à-dire
quel est l'effort de recherche que Terre-Neuve fait dans le voisinage
immédiat des activités que nous conduisons, et vous fournir cette
précision. Pour le moment, je n'ai aucun chiffre en tête et je ne
voudrais même pas en risquer un. Il y aurait gros à parier que
l'effort d'exploration global de Terre-Neuve par rapport à ce que nous
faisons au Québec soit beaucoup plus faible. Je pourrais risquer cela,
quand on considère la taille des deux budgets et les populations.
Par exemple, en 1982-1983, dont vous allez retrouver les chiffres que je
vais vous mentionner dans le dédale des éléphants
-programmes dans le secteur minier, nous avons dépensé, dans la
fosse du Labrador, 760 000 $. Cette année, nous allons dépenser
de 2 980 000 $ à 3 000 000 $, ce qui est une augmentation de 292%.
Si vous me le permettez, je vais poursuivre. Dans le deuxième axe
d'appui que nous apportons à l'industrie minérale au
Québec, l'effort de recherche et de développement, tant par les
activités des entreprises, qui bénéficient d'avantages
fiscaux bien sûr, que les activités du ministère, le Centre
de recherche minérale, IRDA et l'ensemble de tout cela, ce matin,
j'avais le chiffre en main et le total des crédits affectés
à l'exploration comme telle, c'est 15 000 000 $. Vous allez retrouver
cela au programme 10, aux crédits pour l'exercice financier 1982-1983,
soit 15 900 000 $, et cette année, nous ajoutons 1 000 000 $ pour porter
le total à 16 900 000 $.
Maintenant, il y a aussi une série de mesures qui ont
été prises, que je pourrais inclure sous une rubrique
générale, qui sont différents moyens d'aider à la
mise en exploitation des industries. Par exemple, on vient d'annoncer que, dans
le secteur de l'aluminium, des rabais étaient consentis. J'ai eu
l'occasion de dire à plusieurs reprises que nous étions au
travail avec Hydro-Québec pour mettre sur pied un nouveau programme pour
accélérer les investissements et en même temps
procéder, par voie d'une politique, à l'écoulement des
surplus hydroélectriques. On est en train de finir d'attacher tous ces
fils, et le tout devrait être annoncé incessamment. Je n'ai pas de
risque à vous dire que les rabais seront consentis jusqu'en 1990. Cela
va s'appliquer au secteur minier, à la condition bien sûr que ce
soient des investissements dans du développement et dans la
création de nouveaux emplois. Nous avons aboli en cours de route la taxe
de vente au détail de 9% sur le matériel roulant et l'industrie
minière en bénéficie; nous avons mis sur pied, il y a
près de trois ans maintenant, une formule de société en
commandite qui s'applique à l'industrie minière et dont les
actionnaires, les promoteurs de projets tirent des avantages fiscaux
considérables. En termes d'exploration, à chaque dollar qui
s'investit, le coût net pour celui qui consent l'investissement est de
0,12 $ par dollar en combinant bien sûr les mesures fiscales de nos
propres législations avec les législations
fédérales. (15 h 45)
Tout récemment encore, dans le discours sur le budget, mon
collègue des Finances annonçait que, comme montant d'argent de
départ, il y avait un montant de 40 000 000 $ qui était une
première somme dans un programme d'accélération dans le
secteur minier. Je dois dire que, dans l'espace d'à peu près un
mois, déjà nous avons subventionné trois entreprises pour
des investissements de 82 000 000 $: de mémoire, c'est Falconbridge, la
Société Aiguebelle et la compagnie Kiena, qui sont dans le
secteur aurifère. Je peux vous dire que nous avons également en
dossier deux autres projets d'investissement pour le Nord-Ouest. Les
discussions avec ces deux entreprises se poursuivent. Je souhaiterais -et j'ai
eu l'occasion de répondre à cette question cette semaine à
l'Assemblée nationale - que Mines Gaspé accepte la proposition de
25 000 000 $ de subvention pour un investissement global de 125 000 000 $,
étant bien entendu que les 25 000 000 $ pourraient être
remboursés suivant le rétablissement du prix du cuivre et, par
voie de conséquence, le rétablissement du compte
d'opération de Mines Gaspé.
L'ensemble de ces mesures m'apparaît être... Et j'ajouterais
un dernier élément qui est important pour une des grandes
régions économiques du Québec, la région de
l'Estrie: après une centaine d'années de placotage, nous avons,
au cours de l'an dernier, proposé et fait voter par l'Assemblée
nationale une loi sur la révocation des droits miniers, ce qui
était un bon revenu pour les notaires, bien sûr, mais une entrave
considérable à l'effort d'exploration dans la région de
l'Estrie.
Si toutes ces mesures mises ensemble ne constituent pas quelque chose de
rationnel et d'intelligent en termes de développement économique
dans le secteur minéral... Si vous voulez mon avis, tout ce qui manque,
ce sont les deux couverts pour en faire une livre blanc.
M. Kehoe: On a quand même 40% de chômage, je connais
la réponse que vous allez donner: C'est la crise économique. Je
vais vous poser une autre question: Dans votre programme de marketing, de
promotion et de recherche des marchés dans le tiers monde pour le
produit canadien, que ce soit le fer, que ce soit l'amiante, que ce soit les
différents produits primaires et même secondaires qui proviennent
de la province de Québec, quelles sont les mesures que vous avez prises
et que vous prendrez pour promouvoir l'exportation des minerais du
Québec? En avez-vous déjà en tête? Le
ministère de l'Énergie et des Ressources a-t-il
élaboré à ce jour un programme bien étoffé
et bien détaillé? L'exploration dont vous venez juste de parler,
les programmes que vous avez, du moins pour tenter une relance dans le domaine
minier... Mais il faut vendre le produit, en fin de compte. Les
différents marchés que vous avez, la concurrence est tellement
forte... Je pense à celui du fer, par exemple, avec la concurrence qui
vient surtout des États-Unis, le programme que vous avez mis sur pied ou
que vous allez mettre sur pied pour tenter d'écouler les inventaires et
vendre la marchandise...
M. Duhaime: Écoutez, je ne veux pas que la commission
parlementaire de l'énergie et des ressources qui s'occupe
déjà de passablement de choses, si vous voulez mon avis, se mette
dans les plates-bandes du ministère du Commerce extérieur. Je
pourrais peut-être donner trois exemples de projets qui ont
été entrepris. Dans un cas, ce fut couronné de
succès. Je dirais que dans le deuxième, tous les espoirs sont
permis. Si vous vous souvenez du dossier du bois ouvré, où on
avait eu des plaintes de nos concurrents américains sur le marché
des États-Unis, j'ai, bien sûr, eu des discussions avec mon
collègue du ministère du Commerce extérieur. Nous nous
sommes partagé le travail et des représentations ont
été faites à Washington, en collaboration avec le
gouvernement ontarien et le gouvernement de la Colombie britannique,
principalement. L'ambassade est venue ensuite, si vous voulez mon avis. C'est
avec succès que nous avons pu faire des représentations
auprès de la Commission américaine du commerce. C'est le US Trade
Commission. Je ne sais pas si c'est l'appellation exacte en français.
Finalement, nous avons eu gain de cause non seulement sur un plan
préliminaire, mais sur une décision finale des autorités
américaines.
Le deuxième dossier est celui de l'amiante. Vous vous souviendrez
du symposium mondial - le premier, soit dit en passant, à être
tenu - à Montréal, les 26 et 27 mai de l'année
dernière et, depuis très longtemps, nous avons entrepris des
démarches auprès de la Communauté économique
européenne pour éviter qu'elle prenne une mauvaise
décision, comme celle qui a été prise au Danemark et en
Norvège, où on craignait beaucoup pour le marché allemand.
Finalement, la Communauté économique européenne vient de
rendre publique une décision. Notre approche était de dire aux
Européens: Nous voulons une réglementation quant à
l'utilisation de la fibre d'amiante, l'amiante blanc. Il a d'abord fallu
expliquer à ces gens que l'amiante blanc n'était pas l'amiante
bleu, ni l'amiante brun non plus.
Finalement, ces gens ont retenu de notre proposition de
réglementer ce marché plutôt que de le bannir. Je pense que
c'est une grande victoire pour le Québec. La norme qui a
été retenue est d'une fibre par cc de présence. Avec cela,
on est capable de fonctionner, on va être capable de continuer de faire
la promotion de la fibre d'amiante et de continuer également, au
Québec même, l'effort d'investissement en aval et l'effort de
recherche aussi. Je ne voudrais pas parler de l'usine pilote de
magnésium métal, pour ressasser une vieille querelle, mais c'est
un des dossiers qui va se réaliser.
Un troisième dossier est celui du fer. Il est vrai qu'il y a
plusieurs millions de tonnes de minerai de fer qui sont importées des
États-Unis sur les Grands Lacs. Historiquement, cela a toujours
été le cas, il y a eu un va-et-vient nord-sud des deux
côtés de la frontière. Mais le nouveau concurrent sur le
marché mondial n'est pas le minerai qui vient des États-Unis,
c'est le minerai de fer qui va venir du Brésil. Les Brésiliens
veulent mettre sur le marché international 35 000 000 de tonnes de
minerai de fer à une teneur naturelle d'environ 65%. Ceci veut dire que,
n'ayant pas beaucoup d'enrichissement à faire, ils ont un coût
d'exploitation beaucoup plus faible. Ils ont des masses salariales à
honorer qui sont beaucoup plus faibles que les nôtres. Je crois que le
pourcentage de différence des salaires est de 700% sur une base
horaire.
Dans le secteur du minerai de fer, nous ne sommes pas demeurés
inactifs. Pour la première fois dans l'histoire économique du
Québec, nous avons pu faire asseoir autour de la même table les
cinq dirigeants des cinq entreprises de minerai de fer au Québec qui
font de l'exploitation. Nous avons réussi à asseoir à
cette table le Syndicat des métallos, qui représente tous les
travailleurs du secteur du fer. Également, il y avait le
groupe des maires et des municipalités régionales de la
Côte-Nord, sous la rubrique "Ne perds pas le Nord" - je crois que c'est
leur slogan - Action Côte-Nord, mais dont le slogan est "Ne perds pas le
Nord". C'est mon collègue de Duplessis qui me le rappelle. Nous avons
passé avec eux une journée très intense de travail autour
de la "table de fer". Cet automne, nous tiendrons, tel que promis lors de la
commission parlementaire de Schefferville, un sommet sur le dossier du fer.
Déjà, jusqu'ici, dix comités, qui découlent
de la journée de concertation de mai dernier, dix tables sont au
travail, chacune sur un sujet: l'environnement, les règlements de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, les
questions de transport, de fiscalité, le statut nordique, etc. Je pense
que c'est un précédent qui mérite d'être
souligné. Mais, prenez ma parole, on aura beau aller chercher les plus
grands génies et les meilleurs cerveaux du monde pour les faire
travailler pour les entreprises minières du Québec, dans le
secteur du fer, ou encore les plus grands cerveaux de la planète pour
les faire entrer au ministère de l'Énergie et des Ressources,
nous ne changerons pas la faible teneur du minerai du Québec.
Ce qu'il faut faire, c'est quoi? Aller voir si nous n'avons pas des
avantages comparatifs qu'on pourrait davantage exploiter. Il y a bien
sûr, et cela saute aux yeux, une tarification dans le secteur de
l'électricité qui permettrait à ce secteur de notre
économie de diminuer son prix de revient de quelques dollars la tonne.
Je pense qu'il va falloir qu'on y aille non pas avec le dos de la cuiller, mais
qu'on prenne des mesures en profondeur. J'ai eu l'occasion, encore
récemment, de rencontrer un des vice-présidents américains
d'une des grandes minières du Québec dans le secteur du fer et il
m'annonçait avec chagrin qu'il venait de perdre un de ses grands clients
qui avait décidé de s'approvisionner à partir du
Brésil.
Si on veut rester concurrentiel sur nos marchés, il faudra que le
gouvernement y mette du sien. Il faudra que l'industrie aussi y mette du sien
en baissant très probablement ses coûts d'exploitation, les
coûts de son management également et il faudra que les
travailleurs de ce secteur prennent conscience de la fragilité de
l'exploitation du minerai de fer au Québec face à cette nouvelle
concurrence. La même chose vaut pour les dirigeants municipaux et les
élus aux municipalités régionales de comté. Si tout
le monde y met du sien, je ne prétends pas que nous allons changer des
données de fond de ce marché international, mais, si on a la
moindre chance de concevoir notre part de marché, c'est dans cette
direction qu'on va travailler. Je pense que la première chose à
faire, c'était cet effort de concertation dans le secteur du fer.
Maintenant, pour ce qui est des expéditions, par exemple, de papier
journal et des ventes de lingots d'aluminium, que je sache, le ministère
de l'Énergie et des Ressources ne serait pas d'un grand secours à
Consolidated-Bathurst ou encore à Kruger ou encore à CIP, ni
même à l'Alcan sur les marchés internationaux. Elles y sont
déjà depuis trois quarts de siècle. Elles connaissent
très bien tous les marchés, tout le dédale des clients
possibles.
Nous allons viser, avec le ministère du Commerce
extérieur, à concentrer d'abord nos efforts à
l'égard des petites et moyennes entreprises qui ont des potentiels
d'exportation à être développés, mais qui ne peuvent
le faire à cause de leur taille trop modeste. C'est vrai
également pour les entreprises qui oeuvrent dans le secteur minier aussi
bien que dans tout autre secteur d'activité économique du
Québec.
M. Kehoe: Un des problèmes auxquels nous avons à
faire face dans des villes -nous avons vécu cela cet hiver quand on est
allé avec la commission parlementaire à Schefferville - comme
Schefferville, Murdochville, Thetford-Mines, des endroits où il y a un
monde industriel - il n'y a qu'une industrie dans ces endroits - que ce soient
des villes éloignées comme Schefferville ou même des villes
qui sont situées plus près des autres centres importants, il y a
une question de diversification des activités qui est d'importance
capitale. Il ne faut pas se baser seulement sur une industrie pour la survie
des villes en question. La question que je me pose, c'est: Est-ce que votre
ministère a préparé des critères ou des programmes
concernant la diversification dans ces endroits où il n'y a qu'une
industrie?
Le Président (M. Paré): Un instant, pour clarifier.
Nous avons passé des commentaires préliminaires, à la
période des questions, sur un secteur précis qui est le secteur
des mines. Est-ce qu'on s'entend pour dire qu'on discute présentement
des programmes 10, 11 et 12?
M. Fortier: De notre côté, cela irait.
Le Président (M. Paré): Vous pouvez poursuivre. La
parole est à vous, M. le ministre. (16 heures)
M. Duhaime: Je vais prendre un exemple. Prenez Murdochville,
l'exploitation du gisement de cuivre a commencé, je crois, en 1952 ou en
1953. Cela fait 30 ans. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de minerai qu'il y a
un problème. Il est là. Sa teneur est faible, il est vrai, mais
l'infrastructure est en place. Le gros des dépenses capitales
a été fait. Si vous payez 1,25 $ pour aller chercher 0,85
$, j'ai comme l'impression qu'on va conclure tout de suite qu'il y a un
problème. C'est dans ce sens qu'on a fait cette offre à Mines
Gaspé à l'intérieur du programme de relance et
d'accélération, non pas pour casser la vocation
monominérale de la région autour de Murdochville, mais qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Il y a du cuivre à Murdochville et,
jusqu'à présent, on n'a pas trouvé une autre chose qui
pourrait être mise en exploitation de façon rentable sur le plan
économique. Et on ne pourra pas non plus transporter des gisements. Je
pense que tout le monde le comprend.
Ce qu'on essaie de faire, cependant, dans ce cas très
précis, c'est d'inciter la compagnie à consolider les
investissements qui sont faits avec l'investissement de 125 000 000 $ qui est
envisagé. On va donner du travail à au-delà de 500
personnes pendant trois ou quatre ans. Et si les conclusions des
premières explorations qui commencent à être faites sous la
ville même de Murdochville sont encourageantes, on pourrait très
bien se retrouver avec des découvertes qui feraient qu'il y aurait, sous
la ville de Murdochville, presque autant de minerai qu'il en a
été extrait depuis le début des activités. Mais,
dans une région comme celle-là, c'est presque impossible.
Quelqu'un que je connais bien dirait peut-être: C'est presque rechercher
la quadrature triangulaire du cercle que d'essayer d'inventer des
activités économiques. Je pense que, si on en arrivait à
consolider cette grande activité minière qui est
déjà sur place, on aurait fait un grand pas en avant.
La problématique est différente dans le cas de
Schefferville où, bien sûr, des gisements miniers ont
été identifiés autour. Quand je dis autour, on est au
nord; alors, les distances sont grandes, bien sûr. Il y a des gisements
à teneur importante qui ont été identifiés, mais,
en tenant compte des coûts de mise en exploitation, à cause de
l'absence d'infrastructures, des coûts d'opération, à cause
de l'éloignement, et des masses salariales qui sont très
élevées, les prix de revient de ce qui pourrait être
envisagé font qu'il n'y a pas de bénéfices possibles,
d'où le non-investissement. Dans le cas de Schefferville, je ne sais pas
quand la décision pourra être prise, mais, à mon
ministère, nous travaillons sur un programme spécial
d'exploration dans cette région, qui viendrait s'ajouter aux
crédits qui sont déjà prévus dans le fossé
du Labrador. Mais je ne pense pas que l'on puisse casser, du jour au lendemain,
des vocations monominérales. Dans le secteur minier, une
découverte, c'est une chose. Mais, parfois, avant que la mise en
exploitation soit faite, il se passe dix, douze, quinze ans.
M. Kehoe: Dans la région de Thetford-Mines, je pense que
c'est très différent. Actuellement, on mise presque uniquement
sur l'exploitation des mines d'amiante. Par contre, j'imagine que la
diversification et l'implantation d'autres industries, ce sera beaucoup plus
facile. Dans ces endroits, est-ce qu'il y a un programme quelconque pour
encourager l'implantation d'industries similaires, connexes? Y a-t-il un
programme spécifique concernant la région d'Asbestos ou de
Thetford-Mines?
M. Duhaime: La première mesure que nous avons prise, si
vous appelez cela une mesure spécifique, cela a été, bien
sûr, de révoquer les droits miniers qui étaient une entrave
à toute hypothèse même de développement. Il est
peut-être intéressant de se le rappeler. Les premières
exploitations de cuivre au Québec l'ont été dans la
région de l'Estrie justement. Il y a des signes prometteurs
également pour l'or et pour le zinc. Est-ce que ces découvertes
pourraient constituer, un jour, des gisements intéressants et
suffisamment élevés en termes de quantité et en termes de
volume et de teneur pour justifier des mises en exploitation? J'avoue ne pas
être en mesure de répondre à la place de ceux qui
détiennent des droits de propriété sur ces parties du
territoire. Mais il est bien certain que, dans une région comme
l'Estrie, les infrastructures étant déjà en grande partie
réalisées, s'il y a des possibilités de mise en
exploitation dans ces régions-là, ce sera fait. Mais si vous me
demandez s'il y a un programme ad hoc en dehors des programmes normaux
d'exploration ou des programmes de dépenses que nous faisons dans cette
région en termes d'exploration sur le territoire, la réponse est
non.
M. Kehoe: Juste une dernière question spécifique,
M. le ministre. Dans la région de l'Outaouais, l'été
dernier, le ministère de l'Énergie et des Ressources a
mandaté une firme pour faire certaines recherches, certaines
explorations concernant le graphite. L'été dernier, au mois de
juillet, au plus tard vers la fin de juillet, votre ministère
était censé rendre public le rapport des différentes
explorations, des différentes études concernant la
possibilité d'une exploitation commerciale de ce minérai.
Pourriez-vous nous dire où en est rendu le dossier et quand ce sera
rendu public?
M. Duhaime: Pour ce qui est du rapport, il devrait être
prêt... Les travaux qui ont été poursuivis dans cette
région du Québec étaient des relevés
électromagnétiques. C'est consigné dans un rapport qui,
à ce qu'on m'informe, est déjà public depuis deux
semaines.
M. Kehoe: Deux semaines?
M. Duhaime: II est à votre disposition, si ce dossier vous
intéresse d'une façon particulière. Personnellement, je
n'en ai pas pris connaissance pour la raison que vous connaissez sans aucun
doute. Je suis resté assis ici depuis le 30 mars 1983 presque sans
interruption.
M. Kehoe: À quoi faire? Serait-il possible d'avoir une
copie de ce rapport? Cela nous intéresse beaucoup, vous pouvez en
être certain.
M. Duhaime: Sûrement, on va même vous le faire livrer
à votre bureau de l'Assemblée nationale.
M. Kehoe: Cela me fait plaisir, je vous en remercie d'avance.
M. Duhaime: Mes gens en prennent note tout de suite.
M. Kehoe: D'accord. Juste une dernière question, M. le
ministre. Dans vos remarques de ce matin, vous avez mentionné qu'une des
faiblesses de votre programme, c'est que vous n'avez pas suffisamment de fonds
à investir dans la recherche et dans le développement du secteur
minier. Si le gouvernement n'avait pas engagé des montants de 100 000
000 $ à 150 000 000 $ dans l'expropriation de la compagnie Asbestos, si
vous n'aviez pas fait toutes ces promesses - pas seulement vous, mais votre
adjoint parlementaire, des membres du Parti québécois, des
ministres et même le premier ministre - et si vous aviez utilisé
cet argent pour faire de la recherche et du développement dans le
secteur de l'amiante, au lieu d'engager des sommes aussi importantes pour en
arriver au résultat que, cette année encore, nous avons pu lire
dans les journaux qu'il y a eu une perte cette année autour de 14 000
000 $ à la compagnie Asbestos, ne croyez-vous pas que cet argent aurait
été beaucoup mieux dépensé dans les secteurs de la
recherche et du développement, afin de trouver des marchés et des
débouchés à l'amiante?
M. Duhaime: M. le Président, je vais recommencer. Dans le
dossier de l'amiante...
M. Kehoe: Pas pour neuf semaines, j'espère!
M. Duhaime: ...nous avons, notre gouvernement, établi une
politique de l'amiante très claire. Nous avons pris des engagements
pendant la campagne électorale de 1976 et nous avons, avec
fierté, livré la marchandise. La question du député
de Chapleau est la suivante... Si nous n'avions pas pris le contrôle de
General Dynamics of Canada et, ce faisant, pour une position de contrôle
sur Asbestos Corporation - supposons que j'efface toute cette transaction, cela
ne nous aurait pas donné une cenne de plus ni une cenne de moins, parce
que cette transaction, en termes de sortie de capitaux, à ce jour, n'a
pas coûté un seul dollar.
M. Lalonde: À ce jour.
M. Duhaime: Bien sûr, si j'avais écouté mon
collègue d'Outremont ou mon collègue de Vaudreuil-Soulanges, qui
parlait de 42 $ l'action, ce qui était, à l'époque, en
discussion avec General Dynamics sur une transaction possible du stock
d'actions d'Asbestos Corporation, nous aurions engagé davantage
d'argent. Je voudrais vous faire remarquer pour la nième fois, quant
à vous, à tous vos collègues, que la transaction n'a pas
porté sur les actions d'Asbestos Corporation, mais nous avons
procédé de la façon suivante. Après une entente
entre "gentlemen" avec M. Lewis, le président de General Dynamics, qui,
soit dit en passant, a des intérêts dans une entreprise qui
fabrique un excellent avion de chasse qui s'appelle le F-16, après
entente avec la direction de General Dynamics, nous avons fait une souscription
dans le capital-actions de GD of Canada et nous avons avancé 12 000 000
$ contre une émission d'actions du trésor. Avec ce montant, nous
étions en position de contrôle dans GD avec 51% des actions.
Quand vous devenez propriétaires, vous avez accès aux
actifs. Le seul actif dans GD Canada, c'est quoi? 12 000 000 $ comptant plus la
totalité des actions d'Asbestos Corporation. Nous donnons 12 000 000 $
d'une main et nous reprenons nos 12 000 000 $; le solde des 65 000 000 $ est
une transaction qui a été faite et, pour l'instant, ces 65 000
000 $ constituent une reconnaissance de dette de la part de la SNA envers
General Dynamics. D'ici à cinq ans, au gré de l'un et de l'autre
des partenaires coactionnaires maintenant dans General Dynamics of Canada,
c'est-à-dire la SNA et GD-US, si nous décidons de poursuivre
notre compagnonnage de part et d'autre, toutes les portes sont ouvertes pour
une entente.
Lorsque vous parlez de centaines de millions, on a entendu tous les
chiffres puisqu'il y a un de vos collègues, l'autre jour, qui a
parlé de 300 000 000 $. Il n'y a pas eu une cenne noire de
dépensée dans la transaction sur la partie de l'acquisition. Ce
que nous avons fait, cependant, c'est d'investir dans la recherche et le
développement, à ce jour, un total cumulé de 10 000 000 $
au Québec, depuis 1977, dans le dossier de l'amiante, en l'espace de
cinq ou six ans. La question est la suivante: Combien s'en était-il
dépensé avant que nous
soyons élus? Pas une maudite cenne, pour que tout le monde
comprenne, pas une!
Le Québec est présent dans le secteur de l'amiante...
M. Kehoe: Maudite!
M. Duhaime: ...maintenant avec le contrôle de la mine Bell
et de la société Asbestos, avec un centre de recherche, avec un
institut de recherche, avec une brochette de compagnies qui n'existaient pas en
aval et qui travaillent aujourd'hui. LUPEL-SNA n'existait pas, Descon
International n'existait pas, MAGNAQ-1 n'existait pas; l'usine pilote dans le
magnésium métal va démarrer à Sherbrooke pour un
investissement, je crois, de 5 000 000 $ et on devrait aboutir -touchons du
bois - dans deux ans à la phase de MAGNAQ-2 pour un investissement, dans
la région de Thetford-Mines, chiffré pour l'instant par 85 000
000 $ et qui pourrait atteindre 100 000 000 $. C'est cela que nous avons fait
dans le secteur de l'amiante.
Les libéraux s'amusent avec ce dossier de l'amiante depuis
l'époque de Louis-Alexandre Taschereau. Si vous faites sortir un des
discours que j'ai déjà eu en main, M. Taschereau lui-même
parlait d'intervenir dans le secteur de l'amiante dans les années
trente. Cela a pris exactement un demi-siècle. Pourtant, Dieu sait si
c'était nécessaire qu'une société nationale de
l'amiante soit mise sur pied. Je suis convaincu que, n'eût
été l'intervention du gouvernement dans ce secteur en mettant sur
pied la Société nationale de l'amiante pour faire des
acquisitions, pour faire ensuite des investissements dans des dépenses
capitales, dans l'effort de recherche et de développement, ce serait la
catastrophe. La fibre d'amiante doit sûrement être un marché
intéressant puisque Johns-Manville d'Asbestos vient d'être
achetée par des intérêts québécois suivant ce
que les journaux nous en ont dit. Quant à nous, nous n'avons pas eu
davantage d'information que ce que la presse a rapporté. (16 h 15)
Ne me sortez pas vos vieux discours qui découlent de deux mauvais
"filibusters" qui remontent déjà à quatre ou cinq ans au
sujet de l'amiante. Ce que je dis, c'est qu'il faudra y mettre le temps. Vous
verserez peut-être des larmes de crocodile dans quatre ou cinq ans
lorsque...
M. Kehoe: Au contraire, on sera bien heureux si...
M. Duhaime: ...l'industrie de l'amiante retrouvera une vitesse de
croisière et que la fibre d'amiante non seulement sera exportée
sur des marchés internationaux, mais sera transformée au
Québec avec des technologies du Québec pour des produits en aval
avec de la valeur ajoutée et de l'emploi.
M. Kehoe: Depuis que le gouvernement a acheté la compagnie
Asbestos, combien d'emplois avez-vous créés dans la région
de Thetford-Mines? Je pense que vous seriez mieux d'aller voir les
chômeurs. Ils sont venus à l'Assemblée nationale. Vous
savez comment le député de cette circonscription est
traité par les travailleurs de la région. Vous avez promis des
emplois, de l'expansion dans la région d'Asbestos. Je pense que, depuis
ce temps, c'est un désastre complet. Vous dites que, si vous ne l'aviez
pas acheté, le tout aurait été un désastre. Je ne
sais pas comment cela peut être pire qu'actuellement.
Quand vous dites que vous n'avez pas dépensé un sou pour
acheter la compagnie, il y a les engagements que vous avez pris et vous serez
obligé dans un échéancier très court d'acheter des
parts pour les options que vous avez. Je pense qu'on noyé le poisson un
peu en disant que vous n'avez pas mis un sou et que tout l'argent que vous avez
investi, c'est dans la recherche et le développement. Je me demande si
c'est complètement la vérité; pas la vérité,
mais si c'est complètement exact, car je me tiens loin de ce mot pour le
moment.
Une voix: Commission parlementaire avec assermentation.
M. Duhaime: J'espère qu'on ne recommencera pas pour faire
amiante II.
M. Kehoe: Non, pas pour le moment.
M. Duhaime: Écoutez, je suis conscient qu'il y a eu des
mises à pied dans le secteur de l'amiante dans l'Estrie. Ce que je
trouve un peu farfelu cependant, c'est que la députation libérale
aille jouer à la balle molle dans ce coin-là et, en plus, se
fasse battre à la balle molle 15 à 5 après cinq
manches.
M. Kehoe: On les a laissé faire. C'était pour les
encourager que nous, les libéraux, on s'est laissé faire.
M. Duhaime: Cela ressemble un peu à vos performances
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire. Ce qui
m'agace dans ce dossier, c'est que, quand vous me parlez du comité des
chômeurs, j'ai beaucoup de peine comme député dans mon
propre comté à recevoir des sans-travail, puis à
être obligé de reconnaître qu'il n'y a pas d'emplois
disponibles pour l'instant. Tout le monde gage que la reprise économique
va venir et puis que cela va redémarrer.
Quand je vois le gouvernement fédéral, par exemple,
subventionner 40 000 $, 50 000 $ et 60 000 $ par année un comité
de chômeurs ou, au moins, ses dirigeants qui
sont passablement loin des données économiques
qu'entretiennent ces messieurs à Ottawa et qui sont en train de tenter
de transformer ces gens en des activistes et, en plus, ils sont
encouragés par l'Opposition de sa très gracieuse Majesté,
vous me faites pleurer. Je ne vous prends pas au sérieux pas une
seconde.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, pour continuer dans le
secteur de l'amiante, ce que les gens de la région veulent savoir,
indépendamment des promesses à long terme, c'est ce que vous
allez faire dans l'immédiat. Je pense qu'il y a deux questions
fondamentales. La première, c'est: Est-ce que le ministre a l'intention
de débloquer des fonds pour la Société nationale de
l'amiante en ce qui concerne le développment de la mine BC?
M. Duhaime: De quelle mine?
M. Fortier: BC. La deuxième question: Est-ce que le
ministre a l'intention de débloquer des fonds pour des projets
temporaires via les programmes PECEC comme le fait le
fédéral?
Les gens dans la région de l'amiante veulent savoir cela. Vous le
savez, ils sont déçus. Je pense bien qu'ils n'ont pas besoin de
notre encouragement. Ils sont extrêmement déçus parce que
des promesses leur avaient été faites et ils constatent
maintenant que la réalité est autre chose. Sans vouloir insister
trop là-dessus, ce que ces gens-là demandent présentement
- et vous le savez, vous avez des représentants qui vous ont
rencontré - c'est que le gouvernement pose un geste pour tenter de
créer certains emplois dans la région de Thetford-Mines en
particulier. Ils se demandent pourquoi il n'y a pas certaines initiatives comme
celle que la société Johns-Manville a prises dernièrement.
Le ministre, je crois, m'a répondu en Chambre qu'il y avait quelque
chose qui se préparait dans la cuisine. Mais j'en profite pour demander
encore une fois, au nom de ces gens-là qui veulent savoir à quoi
s'en tenir: Quand allez-vous pouvoir débloquer des fonds et annoncer
qu'un programme va être engagé pour créer des emplois pour
ceux qui ont été laissés pour compte depuis trop
longtemps?
M. Duhaime: C'est une excellente question et cela me fera plaisir
d'y répondre. Dans le dossier de Johns-Manville dont on parlait
tantôt - c'est cette filiale de Johns-Manville des États-Unis qui
vient de passer entre les mains d'intérêts
québécois, nous a-t-on dit - à partir du moment où
ce sont des comptables et des avocats qui sont les administrateurs de cette
nouvelle compagnie, j'imagine qu'il y a des transactions qui sont en train de
se terminer. Mais je tiendrais pour acquis, suivant ce que la presse nous a
donné comme renseignement, que c'est un fait qu'il s'agit maintenant
d'intérêts québécois. Cette prise de contrôle
est survenue quelques semaines après l'annonce d'un investissement de 35
000 000 $ par Johns-Manville à Asbestos, J'ai eu l'occasion de faire un
commentaire là-dessus. Je me réjouis énormément de
cette décision. Cela va créer des emplois. Ce sont des
dépenses dans le développement. Mais j'ajoute tout de suite que
Johns-Manville, pour réaliser son investissement de 35 000 000 $, a
obtenu une aide du gouvernement fédéral de 10% de son
investissement, c'est-à-dire 3 500 000 $. Mutatis mutandis, nous avons
sur nos tables de travail deux projets d'investissement qui concernent la
société Asbestos et la mine Bell, les deux filiales de la
Société nationale de l'amiante. Les projets pour les deux
entreprises totalisent 30 000 000 $ d'investissements. Le gouvernement du
Québec a déjà pris la décision de subventionner ce
projet à l'intérieur du programme de relance et
d'accélération et d'y accorder une subvention de 3 000 000 $.
Nous ne pourrons aller au-delà de ce seuil de 3 000 000 $, parce qu'il
s'agit de dépenses très lourdes dans du développement pour
préparer des extractions futures, mais nous avons cru et nous croyons
toujours que ce que le gouvernement fédéral a fait à
Baie-Verte, à Terre-Neuve, ce qu'il a consenti à une entreprise
privée comme Johns-Manville à Asbestos, cela pourrait
également être fait pour les deux entreprises
québécoises qui appartiennent à la Société
nationale de l'amiante. J'ai eu l'occasion d'en parler tout récemment
encore avec M. Perlstein, le président de la SNA. Des discussions sont
en cours avec le gouvernement fédéral, d'autant plus que cette
région est dans une zone spéciale ou une zone
désignée et qu'elle pourrait être hautement
subventionnée. Les fédéraux font des annonces de
subventions dans ces régions; on dit même que cela va aller
jusqu'à 50% de l'investissement. On n'en demande pas tant. On demande
10%. Aussitôt que la décision fédérale sera -
souhaitons-le affirmative et que les 3 000 000 $ auront été
débloqués - le nôtre est déjà sur la table -
ces 30 000 000 $ vont être investis. Je le dis de mémoire, mais je
ne crois pas tellement me tromper dans les chiffres, le total
représenterait 375 emplois pour environ 18 mois de travail si on
additionne les projets des deux entreprises. Ce serait peut-être un
excellent dossier pour le comité de chômeurs de cette
région qui est subventionné par le gouvernement
fédéral et qui pourrait prendre une partie de cette subvention
pour se payer un voyage d'autobus
à Ottawa et aller faire un exposé pour soutenir l'approche
que nous vous faisons.
Ces investissements pourraient être réalisés et
commencés dès cet été.
M. Fortier: M. le ministre, j'ai de la difficulté à
comprendre la hargne que vous avez contre ces gens qui défendent leur
pain et leur beurre. J'ai de la difficulté à comprendre comment
il se fait qu'une société privée comme la Johns-Manville
ait réussi à aller chercher l'aide fédérale pour
investir elle-même alors que, jusqu'à maintenant, le gouvernement
du Québec a toujours dit: On attend de voir ce que le gouvernement
fédéral va faire. Vous le dites encore et vous ne l'annoncez pas
d'une façon formelle, quoique vous veniez de dire certains mots qui
portent à croire que vous vous êtes engagé formellement
à investir.
M. Duhaime: Oui, oui. On est engagé vis-à-vis de la
SNA.
M. Fortier: Mais je ne comprends pas les retards qu'il peut y
avoir. Comment se fait-il que des deux compagnies, la Johns-Manville, d'une
part, et la Société nationale de l'amiante, de l'autre, il y en a
une qui se traîne les pattes alors que l'autre réussit à
aller chercher assez facilement la même chose?
M. Duhaime: Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette
question. Communiquez plutôt avec les autorités
fédérales. Nous leur avons posé cette question à
maintes reprises et nous attendons la réponse.
M. Fortier: M. le Président, cette réponse n'est
pas satisfaisante parce que les mêmes règles s'appliquent dans les
deux cas. Il ne faudrait pas penser qu'il s'agit de subventions tellement
subjectives que dans un cas elles sont acceptées et dans un autre cas
elles ne le sont pas. J'oserais croire que dans un cas la société
Johns-Manville a fait son "home-work" avant tout le monde et a
procédé, a demandé sa subvention, alors que dans l'autre
cas des délais se sont produits de la part de la Société
nationale de l'amiante ou peut-être de la part du ministère.
M. Duhaime: Non. Cela est une explication classique de
l'Opposition. Je peux vous dire que la SNA a fait ses classes, que son dossier
a été présenté. Ici, je vais peut-être vous
donner un élément d'information dans le dossier. Il faut bien
comprendre que la rentabilité de l'investissement chez Johns-Manville
est beaucoup plus immédiate en termes de retour sur l'investissement.
Dans les dossiers qui sont présentés par la Société
Asbestos et par la mine Bell, ce sont des dépenses de
développement pour préparer des extractions futures. En d'autre
termes, les projets pour une trentaine de millions de dollars qui ont
été préparés par la Société nationale
de l'amiante pourraient attendre très certainement un an, deux ans et
même trois ans et ne pas mettre en péril les niveaux d'extraction
prévus à l'horizon des années 1985, 1986 et 1987. Mais ces
programmes sont compris dans le programme de relance et
d'accélération des investissements, puis, parce que nous sommes
aussi conscients qu'il y a beaucoup de sans-travail dans cette région
parmi les mineurs qui étaient autrefois à l'emploi de ces deux
sociétés, nous avons décidé, en collaboration avec
la Société nationale de l'amiante, de dégager un montant
de 30 000 000 $ qui serait fourni par notre gouvernement pour une part de 10%,
en prenant pour acquis que ce qui a été fait pour Johns-Manville
par le gouvernement fédéral pourrait l'être
également pour la Société Asbestos et la mine Bell.
Il m'apparaît un peu court de dire que Johns-Manville avait un bon
dossier et que la SNA n'en avait pas un bon. Franchement, ce n'est pas ainsi
que cela fonctionne.
M. Fortier: M. le Président, je ne voudrais pas...
M. Kehoe: J'aurais une courte question à poser au
ministre. Pourriez-vous me déposer une copie du décret 268-83, un
contrat signé avec les mines Seleine Inc., pour la fourniture de 79 000
tonnes de sel?
M. Fortier: La mine Seleine.
M. Duhaime: Bien, j'ai l'impression que ces documents vous sont
accessibles par votre service de recherche.
M. Kehoe: Je n'ai pu me le procurer, j'ai essayé de
trouver ce document.
M. Fortier: Vous n'avez qu'à appeler au Conseil
exécutif.
M. Duhaime: Vous avez un excellent service de recherche.
M. Kehoe: Je n'ai pu mettre la main dessus.
M. Duhaime: Je peux m'informer de mon côté.
J'imagine que certaines personnes prennent des notes et qu'on pourra vous le
faire livrer avec...
M. Kehoe: Je vous remercie encore une fois à l'avance pour
votre...
M. Duhaime: ...le rapport sur les relevés
électromagnétiques dans le graphite.
M. Kehoe: ...coopération exemplaire, M. le ministre.
M. Duhaime: Cela va me faire plaisir.
M. Fortier: M, le Président, j'aurais seulement deux
courtes questions dans le domaine des mines et on pourrait ensuite passer aux
terres et forêts. Je ne voudrais pas voler le temps à
d'autres.
En ce qui concerne l'exploration, dans le discours sur le budget je
crois qu'on a parlé de 5 000 000 $ pour l'exploration dans la fosse du
Labrador. Ici dans le texte qui nous a été remis, on mentionne
qu'un montant de 5 000 000 $ sera investi dans la fosse du Labrador et dans la
fosse des Appalaches. Est-ce qu'il s'agit de 5 000 000 $ pour la fosse du
Labrador ou s'il s'agit de partager le montant de 5 000 000 $ entre la fosse du
Labrador et celle des Appalaches? Et quel montant sera dépensé
dans la fosse du Labrador proprement dite?
M. Duhaime: J'ai un tableau comparatif que vous retrouverez sans
doute au livre des crédits. Je l'avais il y a quelques instants. Dans le
document que nous vous avons fait livrer il y a plusieurs semaines, vous avez
à la page 95 une ventilation et à la page 87 vous avez le
détail sur les trois exercices financiers. Votre question portait sur la
fosse du Labrador?
M. Fortier: Oui, à la page 85, on indique qu'une somme de
$6 000 000 $ y sera consacrée. On dit "Le ministre
accélérera de façon significative l'exploration de la
fosse du Labrador et des Appalaches. En effet, $6 000 000 $ y seront
consacrés".
Ma question est la suivante: Est-ce que le montant de 6 000 000 $ est
partagé entre les deux? J'aimerais savoir combien de millions seront
dépensés dans l'un et dans l'autre ou s'il y a une appropriation
spécifique. On parle toujours d'une somme de 6 000 000 $ pour le
Labrador, mais, dans le fond, c'est 6 000 000 $ pour les deux programmes.
(16 h 30)
M. Duhaime: Qu'est-ce qui fait 6 000 000 $? La Gaspésie,
c'est 3 068 000 $.
M. Fortier: À peu près 3 000 000 $ chacun.
M. Duhaime: Les fosses du Labrador, c'est 2 980 300 $. Vous
trouverez ces chiffres-là à la page 87; c'est à la page
suivante, à gauche, le tableau. Vous avez ensuite la Côte-Nord,
563 600 $; l'Estrie, 435 300 $; l'Outaouais, 206 100 $ - tant qu'à y
être, continuons - l'Abitibi-Témisca-mingue et le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 3 160 100 $. Cela vous donne le détail
ventilé des 6 200 000 $.
M. Fortier: On parlait tout à l'heure de concurrence dans
le domaine du fer en provenance du Brésil. Est-ce que, sur le plan
technique ou de la qualité du minerai, il y a une concurrence qui vient
également du minerai de fer de Terre-Neuve? Est-ce que le minerai de fer
terre-neuvien - c'est ce qu'on nous a dit à Schefferville - est plus
riche et plus concentré que le minerai québécois?
Mon collègue, tout à l'heure, posait des questions sur
l'exploration qui avait été faite dans la région. Il
semblerait, selon les informations que nous avons, qu'il y a longtemps qu'une
prospection est faite, du moins par les compagnies du secteur privé, et
que la concurrence ne vient pas seulement du Brésil, mais aussi de
Terre-Neuve. Dans un cas comme celui-là, quelle est la stratégie
du gouvernement québécois? De quelle façon peut-on
contrecarrer cette concurrence? Comme de raison, je vais émettre
l'hypothèse que les deux gouvernements pourraient se parler, ce qui
n'est peut-être pas le cas présentement - si les deux
gouvernements pouvaient se parler, la meilleure façon de contrecarrer la
concurrence du Brésil serait de travailler ensemble. Je ne sais pas quel
est le pouvoir de marchandage du gouvernement québécois.
D'une part, il faut prendre acte que la concurrence ne vient pas
seulement du Brésil, mais aussi de Terre-Neuve. D'autre part, on a
certains atouts dans notre manche, soit l'électricité, soit les
ports de mer qui sont déjà développés, et une
stratégie pourrait peut-être être développée
dans l'avenir. Or, pour cela, il va falloir que le dossier de Churchill Falls
soit réglé pour chercher à développer une
stratégie commune face à la concurrence du Brésil.
M. Duhaime: L'idée est intéressante, mais il faut
faire bien attention quand on regarde ce dossier-là. Sur le plan des
marchés, il y a le marché libre et il y a les marchés
captifs. Il est certain que les minières dont les actionnaires sont dans
la sidérurgie qui créent un prix artificiel, un prix de transfert
à la sidérurgie, il faut exclure cela de nos discussions sur le
marché international ou encore le marché libre. Bien entendu, une
concurrence nous vient de Terre-Neuve. Ce n'est pas un problème de
langues; c'est un problème de structure interne du minerai. Le minerai
qui vient de Wabush a une structure interne qui fait qu'il a une composante en
eau beaucoup plus faible, de sorte que la quantité d'énergie
nécessaire pour la concentration... Je ne suis pas un technicien dans la
mécanique des roches...
M. Fortier: ...des minerais.
M. Duhaime: ...je voudrais être prudent. Il y a plus de
magnétite dans le minerai qui vient de Wabush, de sorte qu'il commande
beaucoup moins d'énergie pour la concentration.
M. Fortier: Outre ces avantages techniques que possède le
Labrador terre-neuvien, est-ce qu'il y a d'autres avantages qui auraient trait
au salaire horaire, aux conditions de travail? Dans l'analyse qui a
été faite et qui avait été déposée
à Schefferville, je crois qu'une comparaison avait été
faite.
Pour ce qui est du Brésil, le niveau des salaires et les autres
avantages accordés aux employés constituent un facteur
remarqué. Je ne me souviens pas s'il y avait également une
comparaison avec Terre-Neuve. C'est bien beau de parler de concertation et je
conviens qu'il faut faire une table de concertation, mais, si on a un
concurrent à notre porte, de l'autre côté de la
frontière, il va falloir qu'on prenne en considération le fait
que la concurrence n'est pas bien loin -ce n'est pas au Brésil, c'est de
l'autre côté de la frontière - et qu'il va falloir faire
quelque chose pour la régler, celle-là aussi.
M. Duhaime: J'aimerais mieux retenir mon commentaire et faire
vérifier certaines informations. Je n'ai pas eu la bonne idée de
revoir les notes dont je disposais lors de la commission parlementaire de
Schefferville. Il y a peut-être des différences en termes de
bénéfices sociaux ou autres. Sur le plan des salaires, je ne
crois pas qu'il y ait beaucoup de différence, mais j'aimerais mieux le
vérifier.
M. Fortier: Le point important que je voulais souligner, c'est
qu'on parle de la concurrence brésilienne. Vous n'avez pas fait allusion
à cette concurrence qui était assez près de nous. Quand on
parle de Schefferville, c'est de l'autre côté de la
frontière. Vous n'avez pas énoncé une stratégie
qui, à mon avis, prendrait en considération cette situation.
C'est pour cela que je vous pose la question: Quelle est la stratégie du
ministère? C'est beau d'avoir une stratégie face au
Brésil, mais il faudrait bien en avoir une face à Terre-Neuve qui
est de l'autre côté. Je n'ai rien entendu à ce sujet.
M. Duhaime: Vous n'en entendrez pas non plus. J'ai très
bien dit qu'il fallait faire la distinction entre les marchés captifs et
le marché libre. Le minerai de fer qui vient du Brésil est sur le
marché libre, tandis que le minerai de fer qui sort de Wabush appartient
à IOC sur un marché captif. Ce sont deux discussions
complètement différentes. Il est bien entendu que si jamais on
faisait une trouvaille quelconque pour concentrer notre minerai à un
prix de revient beaucoup plus faible et qu'on en arrivait à pouvoir le
livrer sur les Grands Lacs à un prix qui concurrencerait celui de
Wabush, je ne suis même pas convaincu qu'à ce moment-là IOC
accepterait de casser son marché captif pour devenir un acheteur du
minerai québécois. C'est un marché captif.
M. Fortier: IOC oeuvre également au Québec.
M. Duhaime: Oui, je le sais.
M. Fortier: Ils ont fait un choix, celui de laisser tomber le
Québec pour prendre Terre-Neuve. Vous me parlez d'une table de
concertation et, dans l'esprit des gens, cela évoque de grandes
possibilités. Dans le fond, vous me dites que, malgré les tables
de concertation, on sera obligé de vivre avec la réalité.
La réalité, c'est que le minerai du côté de Wabush
est plus riche; Iron Ore a décidé d'aller du côté de
Terre-Neuve. Qu'on fasse toutes les tables de concertation qu'on voudra, on
doit vivre avec la réalité. Donc, les possibilités de
développement du côté québécois sont
très restreintes. C'est le message que j'en retiens.
M. Duhaime: Je ne sais pas ce que vous avez, je ne sais pas si
c'est la température, les longs mois de pluie, mais c'est
épouvantable comme vous êtes devenu pessimiste; je n'en reviens
pas. Je vais recommencer mon explication. Nous avons réuni tous les
intervenants autour d'une table de concertation. Actuellement, il y a dix
comités qui sont à pied d'oeuvre. Nous avons mis ce dossier en
accélération pour les réunir à nouveau en septembre
ou en octobre. Quand le gouvernement ira à ce sommet, il ira au
bâton. Nous ne craindrons pas d'avancer des scénarios, mais
laissez-nous au moins faire le tour de la question avec les entreprises, avec
les municipalités, avec les travailleurs. Je crois pouvoir vous dire que
les métallos, dans le dossier du fer, sont parfaitement conscients de la
fragilité de cette industrie à cause de la concurrence
internationale. Mais on ne changera pas la teneur du minerai, on ne changera
pas les procédés de fabrication. Au centre de recherche, on
tente, bien sûr, de trouver un procédé - je crois que c'est
avec de la tourbe - pour en arriver à concentrer à meilleur prix
le minerai de fer du Québec. Ces études et ces recherches sont
encore en marche; nous n'avons rien de concluant pour l'instant qui pourrait
améliorer de façon notable la situation. Mais s'il y a quelques
dollars la tonne qui pourraient être économisés en
diminuant les coûts de production, je pense que ce sont tous les
partenaires qui seront mis à contribution. C'est assez facile de dire:
Cela va très bien
partout, sauf au Québec. Franchement!
Le Président (M. Paré): Donc, s'il n'y a pas
d'autres questions sur le secteur des mines, nous allons adopter le programme
10, éléments 1 et 2. Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Programme
11, éléments 1, 2, 3, 4 et 5?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Programme
12, éléments 1, 2 et 3.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Les
programmes 10, 11 et 12 du secteur des mines sont adoptés. Nous allons
maintenant entreprendre le secteur de la forêt qui comprend les
programmes 1 à 7.
M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président...
M. Duhaime: Un instant, M. le Président. L'année
dernière, nous avions procédé de façon inverse avec
l'énumération des différents programmes et des
éléments de programme. À la demande, d'ailleurs, de
l'Opposition, nous avions fait l'étude du secteur des mines, de
l'énergie et, ensuite, de la forêt. Simplement pour les fins de
fonctionnement et pour ne pas demander à des hauts fonctionnaires de
rester ici tout simplement en attente, je voudrais savoir quelles sont vos
intentions. Est-ce qu'on aborde le secteur de l'énergie maintenant ou si
c'est celui de la forêt? Est-ce que vous êtes prêts à
adopter très rapidement les crédits du secteur de
l'énergie? On pourrait les étudier tout de suite et aborder le
secteur de la forêt ensuite.
M. Fortier: Je vais donner une indication au ministre. Concernant
le secteur de l'énergie, je n'avais pas l'intention de passer beaucoup
de temps. J'aimerais concentrer notre étude sur le secteur des terres et
forêts.
M. Duhaime: Certains de vos collègues m'ont
déjà dit cela, assis exactement à votre siège, et
cela a duré dix semaines. Écoutezl II est 16 h 40. Si vous me
dites qu'on en a pour une demi-heure, par exemple, dans le secteur de
l'énergie, pourquoi ne le ferait-on pas tout de suite? Cela nous
permettrait de libérer nos fonctionnaires ici; ils pourraient
partir.
M. Fortier: Qui est-ce?
M. Duhaime: Pardon? Qui est ici? Je ne connais pas tout le monde
qui travaille au ministère dans le domaine de l'énergie, mais
tout le monde est en "stand by", comme on dit, et on attend la cloche pour
venir nous rejoindre. Si vous me dites qu'il y en a pour une demi-heure, ce
serait peut-être plus simple de faire l'étude du secteur de
l'énergie.
M. Fortier: M. le Président, je sais que si on s'engage
dans le secteur de l'énergie...
M. Duhaime: Mais on a un excellent dossier, M. le
Président.
M. Fortier: ...me connaissant moi-même, il y a un grave
danger qu'on prenne beaucoup de temps. C'est la raison pour laquelle je propose
que l'on passe au secteur des terres et forêts.
M. Duhaime: Mais on pourrait se contraindre. Je peux surveiller
la montre. D'ailleurs, mon intervention est faite dans le secteur de
l'énergie. Si vous me disiez qu'on pourrait y aller jusqu'à 17 h
15 et que vous disiez vous-même, au départ: Fini pas fini,
à 17 h 15, nous allons terminer l'énergie et on va commencer tout
de suite après le secteur des forêts... Autrement, on va demander
à tout ce monde-là - c'est vendredi - de rester en "stand by" au
ministère pour attendre que nous autres, on se soit branchés pour
une demi-heure de travail.
M. Fortier: Je vais donner l'assurance au ministre que mes
questions dans le secteur de l'énergie vont être très
faciles.
M. Duhaime: Donc, on les ferait tout de suite?
M. Fortier: Non, on les fera plus tard.
M. Duhaime: Alors, cela ne m'avance pas.
Une voix: Faciles, mais plus tard.
M. Duhaime: Alors, c'est quoi votre idée?
M. Fortier: Qu'on aborde le secteur des terres et
forêts.
M. Duhaime: Et qu'on aborde le dossier de l'énergie vers
22 heures, 22 h 30, 22 h 45 et on va demander à tout ce monde-là
de rester en "stand by".
M. Fortier: Ils ne sont pas obligés de rester ici.
Écoutez'. L'un ou l'autre, c'est la même chose. Que ce soient ceux
de terres et forêts qui sont en "stand by" ou ceux de l'énergie,
je ne vois pas beaucoup la
différence.
M. Duhaime: Mais cela me paraîtrait plus raisonnable de
prendre une demi-heure de notre temps et de faire le dossier de
l'énergie et, ensuite, on aura jusqu'à 18 heures et toute la
veillée, si vous voulez, jusqu'à minuit. Si vous voulez avoir un
consentement jusqu'à 5 heures demain matin, je vais vous le donner tout
de suite.
M. Fortier: Non, M. le Président.
M. Duhaime: Mais je l'aurais souhaité, parce que je prends
aussi des engagements parfois envers des gens de mon ministère qui ont
des familles et qui ont des déplacements. Il y a assez de nous qui
travaillons dans des conditions impossibles, le vendredi, à
défendre des crédits en commission parlementaire, alors que tout
le monde se balade sur la Grande-Allée. Je vous le demande.
M. Fortier: Voyez-vous, M. le Président, on a
commencé...
M. Duhaime: Est-ce que vous voulez qu'on le fasse en une
demi-heure?
M. Fortier: À quelle heure a-t-on commencé ce
matin? À 11 h 45. Et je croyais que l'étude du secteur des mines
ne serait pas tellement longue, mais voilà que nous sommes rendus
à 16 h 45. C'est facile de constater que, lorsqu'on s'engage dans
l'étude des crédits, c'est assez difficile de s'arrêter en
chemin.
M. Duhaime: On me dit qu'il pleut, M. le Président. Mais,
apparemment, c'est une pluie chaude.
Une voix: Cela va calmer les ardeurs.
M. Duhaime: D'accord. Allons-y. Forêts.
Secteur des forêts
Le Président (M. Paré): J'appelle le secteur des
forêts, c'est-à-dire les programmes 1 à 7. La parole est
à vous, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Comme on l'a
mentionné, on aura des questions spécifiques sur certaines
projets spécifiques. Le premier concerne le dossier de la scierie
Nazaire Gagnon Inc., de Grandes-Bergeronnes. J'aimerais que le ministre porte
attention, parce que je veux faire un préambule...
M. Duhaime: Grandes-Bergeronnes, dans un comté où
il y a une élection partielle, lundi.
M. Middlemiss: M. le Président, je pense que le dossier
n'a rien à voir avec l'élection. On veut tenter de faire toute la
lumière sur le dossier. Nul n'ignore qu'avant que soit imposé,
par l'ex-député de Saguenay, l'ex-ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, M. Lucien Lessard, un regroupement, en 1981, dont
faisait partie Nazaire Gagnon Inc., cette compagnie avait éprouvé
des difficultés financières essentiellement à cause d'un
problème d'alimentation de bois pour que cette usine fonctionne
normalement. À cet égard, voyant qu'antérieurement la
coopérative forestière de l'unité de gestion 91 n'avait
pas fourni le bois nécessaire à la compagnie Nazaire Gagnon Inc.,
REXFOR avait offert à la scierie d'intervenir dans le dossier et signait
un contrat le 17 juillet 1979. À la fin de décembre de cette
même année, les quantités de bois n'avaient pas encore
été entièrement fournies et la scierie éprouva des
difficultés, à un tel point qu'elle a dû fermer ses portes,
pour un total de 182 heures de sciage et des pertes financières
d'environ 130 000 $. (16 h 45)
Le respect de notre contrat d'alimentation en matière
première destiné à cette scierie était d'autant
plus important qu'elle en était dépendante à 80% et
qu'à toutes fins utiles, si la coopérative ne pouvait garantir
les commandes, le sort de plus d'une trentaine de travailleurs était
menacé. Je rappelle au ministre qu'à cette époque la
société d'État REXFOR était fortement
impliquée dans ce dossier et que plus tard, soit en 1981, elle le sera
encore plus lors de la création d'une nouvelle structure à la
suite à l'élimination de la scierie Nazaire Gagnon Inc. Je lui
rappelle aussi que plus tard le même problème d'alimentation
resurgira en dépit d'un arrêté en conseil signé par
le prédécesseur de l'actuel ministre de l'Énergie et des
Ressources, le 23 juin 1980 obligeant la Coopérative régionale
des Escoumins à respecter un calendrier de livraison de bois.
Ma première question: Dans le cas d'une expérience pilote
telle que vécue par la scierie Gagnon, dont le fondement repose sur le
préjugé favorable d'une coopérative, le ministre peut-il
nous dire combien d'entreprises privées sont alimentées à
80% par une coopérative forestière?
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le ministre.
M. Duhaime: J'imagine, Mme la Présidente, que le
député de Pontiac a plusieurs questions concernant cette scierie.
Si vous voulez me les donner toutes, je vais me prendre des notes et je vais y
répondre en bloc ensuite.
M. Middlemiss: D'accord. Deuxième
question sur ce thème: Dans le cadre de cette politique, le
gouvernement ne trouverait-il par normal d'indemniser avec justice une
entreprise privée pour les inconvénients subis à la suite
du non respect d'un contrat devant être effectué par une
coopérative forestière au lieu de la mettre en faillite? Je
continue.
M. Duhaime: Allez-y.
M. Middlemiss: Vous êtes certain que vous aurez le temps de
les prendre, M. le ministre?
M. Duhaime: Oui. Non respect d'une convention, c'est
noté.
M. Middlemiss: Dans ce dossier bien précis, à quel
degré se situe la responsabilité du gouvernement? J'aborde un
autre thème, soit l'approvisionnement pour l'année 1979. À
la suite de cela, je vais vous poser des questions. Les vraies
difficultés de la scierie Nazaire Gagnon Inc., ont commencé en
1978, reliées au problème d'approvisionnement. La
société REXFOR a offert à la scierie d'intervenir.
Là encore, ce sont les problèmes d'approvisionnement qui ont
prévalu et un contrat fut signé le 17 juillet 1979 entre la
scierie et la coopérative forestière de l'unité de gestion
91, contrat négocié par les agents de REXFOR. Le problème
de ce contrat venait du fait - je cite l'article 21 de ce contrat - que le
vendeur ne pourrait en aucun temps être pénalisé soit pour
le volume de bois coupé, soit pour le rythme de livraison sur chemin en
forêt, limitant ainsi les obligations d'achat au volume coupé.
Cette clause était d'autant plus saugrenue que la viabilité de
l'entreprise dépendait étroitement de la régularité
dans la quantité et la qualité du bois.
En dépit de cette anomalie, la scierie Gagnon signe le contrat.
Mais une entente verbale intervient, où un agent de l'Énergie et
des Ressources était présent, M. Roger Morasse, à savoir
qu'il soit permis à la scierie d'effectuer ses propres coupes pour toute
quantité de bois qui ne serait pas fournie en temps et lieu par la
coopérative. Tel que prévu, les problèmes
d'approvisionnement surgissent et les dirigeants de la scierie formulent une
demande le 13 août 1979 afin de permettre le transfert des droits de
coupe conformément à l'entente. Cette demande est rejetée,
mais la coop fait parvenir une lettre à M. Adélard Couture, du
ministère de l'Énergie et des Ressources, faisant état
d'une résolution adoptée en assemblée
générale de la coop sous l'engagement de fournir à la
scierie les 4000 cunits prévus au contrat du 17 juillet 1979. À
la fin de décembre 1979, ces quantités de bois n'avaient pas
encore été fournies.
Ma première question: Comment se fait-il que le ministère
de l'Énergie et des Ressources n'était pas en mesure de voir
à ce que le contrat de la coopérative soit dûment rempli,
tel que le stipulait l'entente du 17 juillet? Deuxièmement, le ministre
ne considère-t-il pas que REXFOR, une société
gouvernementale, avait une responsabilité à assumer du fait
qu'elle était un des principaux intervenants dans ce dossier?
M. Duhaime: Y a-t-il d'autres questions sur le dossier?
M. Middlemiss: II y en aura d'autres, mais pourrait-on avoir des
réponses aux questions posées sur ce dossier jusqu'à
maintenant?
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le ministre.
M. Duhaime: Ma chère madame, j'aurais pu soulever une
question de règlement il y a dix minutes, parce que je ne retrouverais
nulle part au livre des crédits le sujet qui fait l'objet de toute
l'attention du député de Pontiac. C'est un dossier parmi les 1081
dossiers des scieries au Québec. Vous me prêtez beaucoup de talent
en pensant que je peux vous répondre au pied levé sur un dossier
qui remonte à 1979. Je voudrais vous faire une suggestion. Il aurait
été utile, si vous aviez l'intention d'aborder ce dossier
à l'étude des crédits, de m'en prévenir et j'aurais
pu, avec grand plaisir, vous fournir toutes les réponses cet
après-midi.
Je vais vous donner une première réponse. Le gouvernement
pouvait-il intervenir dans le non-respect d'une convention entre une
coopérative et la scierie de M. Gagnon et la responsabilité du
gouvernement du Québec est-elle engagée? Je l'ignore
complètement. Je ne suis pas un juge et je ne sais même pas si ce
dossier a fait l'objet de procédures devant les tribunaux. Si la firme
de M. Gagnon prétend avoir été lésée dans
ses droits par un bris de contrat ou par le bris d'une convention et que la
responsabilité du gouvernement, de REXFOR ou de la coopérative ou
du ministère de l'Énergie et des Ressources pouvait être
engagée sur un dossier qui remonte à 1979, je vous avoue
honnêtement être désespérément dans
l'obligation de vous dire que je ne peux pas vous répondre.
Cependant, je vais demander à mes collaborateurs de porter le
dossier à ma connaissance dès lundi et, si je suis de retour de
Montréal assez tôt pour la période des questions, je vous
répondrai en détail lundi, en tenant pour acquis que vous me
"planterez" une question sur ce sujet, ou encore je vous répondrai
mardi. Mais j'avoue honnêtement que, sur un dossier comme
celui-là qui va nécessiter, bien sûr, des recherches
au ministère - cela remonte à quatre ans - si le seul
intérêt du député de Pontiac est de soulever cette
question aujourd'hui en évaluant que cela aura un impact politique sur
le déroulement des élections partielles de lundi dans ce
comté, c'est votre évaluation, mais le moins que je pourrais
dire, c'est que le moyen que vous utilisez pour porter ce dossier à la
connaissance de celui qui vous parle n'est pas le meilleur.
La Présidente (Mme Lachapelle): Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Question de règlement ou de directive, Mme la
Présidente. Est-ce nouveau dans les règlements de
l'Assemblée nationale que l'Opposition doive confier ses questions
à l'avance au ministre lors de l'étude des crédits? Je
pense que c'est l'endroit, dans notre démocratie, où on doit
poser au ministre toutes les questions qui se rapportent à son
ministère, à l'orientation qu'il veut lui donner, aux
différents programmes et aux priorités qu'il veut accorder
à chacun de ces programmes. Je ne pense pas que l'on doive, comme
Opposition, livrer nos questions à l'avance au ministre. Le ministre
n'est pas seul quand il vient répondre aux questions. Des
fonctionnaires, des officiers supérieurs du ministère
l'accompagnent et sont là pour l'aider à répondre aux
questions. Je ne sache pas que le règlement oblige les
députés de l'Opposition à dévoiler d'avance la
série de questions qu'ils voudront bien poser au ministre et,
personnellement, je m'opposerais fortement à ce qu'on oblige
l'Opposition à faire cela. Je ne voudrais pas que le ministre en tienne
rigueur à mon collègue de Pontiac, parce qu'il ne lui a pas remis
son dossier.
Mettons de côté les élections. Le ministre utilise
beaucoup le prétexte des élections. Il ne faudrait quand
même pas qu'il pense que nous ne sommes préoccupés que par
les élections de lundi. Cela va très bien dans les trois
comtés, M. le ministre, en passant. Alors, je ne vois pas pourquoi nous
ne continuerions pas à lui poser des questions sur les différents
dossiers qui touchent son ministère. Il est là pour
répondre; c'est sa responsabilité de répondre et aux
crédits, quelles que soient les questions que l'Opposition pose, je
pense que le ministre doit répondre.
La Présidente (Mme Lachapelle): Je m'excuse, M. le
député d'Outremont a demandé la parole avant vous sur une
question de règlement.
M. Fortier: Sur la question de règlement, j'ai lu le
procès-verbal de l'étude des crédits depuis plusieurs
années. Si vous le faites vous-même, vous allez vous apercevoir
que précisément l'étude des crédits, c'est le
moment de poser des questions sur des projets ou des problèmes comme
ceux-là. De fait, même quand les gens du Parti
québécois étaient dans l'Opposition, si on retourne en
arrière, on s'aperçoit qu'eux-mêmes le faisaient et que
chaque année c'est la procédure normale pour poser des questions
sur des problèmes spécifiques. Il est normal à ce
moment-là, même si on ne retrouve pas tel poste dans le budget
comme tel, de poser des questions au ministre. Si le ministre croit qu'il n'a
pas l'information, on va suspendre nos travaux jusqu'à la semaine
prochaine et il s'organisera si les crédits ne sont pas approuvés
en temps et lieu.
Je crois que le ministre doit répondre à nos questions;
autrement, la seule interprétation qu'on pourra donner au fait qu'il ne
désire pas répondre, c'est qu'il désire ne pas donner
l'information au public qui est en droit de savoir de quelle façon est
dépensé l'argent des contribuables, de quelle façon le
ministre administre son ministère. C'est cela le sens de nos questions
et nous allons continuer, à moins que le ministre ne désire
suspendre jusqu'à une période indéfinie.
M. Duhaime: Alors, Mme la Présidente, j'imagine que vous
avez une décision à rendre sur la question de règlement.
Je voudrais, d'abord, dire à Mme la députée de Chomedey
que je n'ai jamais demandé à l'Opposition de me donner d'avance
les sujets des questions, jamais! Ce que je dis, cependant, c'est que sur une
question comme celle qui m'est posée, dans un dossier où je
n'étais même pas titulaire du ministère de l'Énergie
et des Ressources à l'époque qui est mentionnée dans la
série de questions 1978-1979, le règlement me permet... Je vais
vous lire l'article 167 du règlement de l'Assemblée nationale et
ce règlement s'applique aux travaux en commission. L'article 167 se lit
comme suit: "Les questions peuvent être écrites ou orales.
Toutefois, les questions dont les réponses exigent une certaine
recherche doivent être écrites." Le reste est non pertinent.
J'ai plusieurs moyens à ma disposition, Mme la Présidente,
je pourrais utiliser l'article 171 et dire tout simplement que je refuse de
répondre, ce que je ne veux pas faire. Le règlement me permet
également de prendre avis de la question. Le règlement me permet
aussi de vous conseiller d'inscrire votre question au feuilleton de la Chambre.
Sans demander pour autant à l'Opposition de me livrer les questions, je
maintiens que sur un dossier comme celui-ci - je pense que c'est le gros bon
sens qui parle - qui remonte à quasiment cinq ans, il ne faut pas
que vous demandiez au titulaire du ministère de l'Énergie
et des Ressources de vous répondre au pied levé.
Ce que je vous réponds aujourd'hui, c'est une réponse
générale que j'ai donnée en ce qui concerne les
responsabilités. Je vous dis que je n'ai pas vu ce dossier. Je vous dis
que je ne vous répondrai pas aujourd'hui. Je prends donc avis de toutes
les questions qui m'ont été posées par le
député de Pontiac et j'informerai la présidence qu'une
question m'a été posée en commission parlementaire
à laquelle je voudrais répondre en Chambre, et je le ferai lundi
ou mardi.
Mme Bacon: Je voudrais faire remarquer, M. le Président,
au ministre qu'en 1974 la scierie n'était pas en faillite et que le
ministre était à ce moment-là ministre de l'Industrie et
du Commerce, si ma mémoire est fidèle.
M. Duhaime: En 1974?
Mme Bacon: Après 1974. Cela date de 1974, ce dossier. La
scierie n'était pas en faillite.
M. Duhaime: Je n'étais pas au gouvernement non plus,
madame.
Mme Bacon: Non, je sais, mais après le ministre a
été quand même titulaire de l'Industrie et du Commerce et
il avait sûrement accès à des dossiers par le biais de la
SDI. Il est aussi titulaire et responsable de REXFOR comme titulaire de son
ministère. Alors, je pense qu'il a aussi accès à certains
dossiers qui peuvent lui apporter des connaissances suffisantes pour
répondre aux questions. (17 heures)
J'aimerais aussi vous faire remarquer que les brefs qui ont
été émis pour l'élection du 20 juin ont
été faits par le gouvernement et non par l'Opposition et
qu'évidemment la date des crédits est choisie aussi par le
gouvernement et le ministère et non pas par l'Opposition.
M. Duhaime: Je remercie madame la députée de toutes
ces savantes informations. Cela ne change pas le fait car, si j'ai eu
accès à des dossiers avant 1981 - j'ai été ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de septembre 1979 jusqu'après
les élections de 1981 - comme je n'ai pas de machine
électronique, ni une mémoire d'éléphant, je vous
dis que sur des dossiers qui remontent à aussi loin, ma conscience
parlementaire et professionnelle m'oblige à revoir ces dossiers avec les
hauts fonctionnaires de mon ministère. Je prends avis des questions et
j'y répondrai en Chambre la semaine prochaine; si possible, lundi.
Mme Bacon: Je serais tentée de dire au ministre: Le
saccage de la Baie-James remonte à quelle année?
M. Duhaime: Ce sont vos folies à vous; vous vous
arrangerez avec vos problèmes.
Mme Bacon: Vous vous en souvenez, M. le ministre, tout de
même.
M. Duhaime: Je vais m'en souvenir longtemps.
M. Fortier: Le ministre a cru bon de s'occuper du saccage de la
Baie-James alors qu'il n'était pas ministre et il ne répond pas
à nos questions maintenant qu'il est ministre. Voilà la
contradiction de ce gouvernement.
M. Middlemiss: M. le Président, je crois qu'il y a
certainement des gens du ministère qui peuvent répondre à
ma première question d'ordre bien général: Est-ce qu'il y
a d'autres scieries qui sont alimentées en totalité ou à
80% par des coopératives? Y a t-il quelqu'un qui peut
répondre?
M. Duhaime: Ma réponse est négative, M. le
Président.
M. Middlemiss: C'est un cas unique. Si je pose de nouveau mes
questions au ministre, à celles auxquelles il peut répondre me
donnera-t-il une réponse aujourd'hui?
M. Duhaime: Je n'aime pas faire le perroquet. Il y a un nouvel
animal qui est venu au monde sur cette planète, du croisement d'une
tigresse avec un perroquet mâle, vous regarderez quelle sorte d'animal
cela fait. Je ne prendrai pas des réponses qu'on peut me souffler
à ma gauche et à ma droite, je veux revoir ce dossier à
tête reposée. Je ne vois pas l'urgence que vous me sortiez cela
à nouveau un vendredi après-midi, en juin 1983, à moins
que vous n'ayez des éléments explosifs dont il faudrait me faire
part. Je ne sais pas si c'est un nouveau mandat qu'a obtenu l'Opposition de
s'occuper de la scierie de M. Gagnon. J'avoue honnêtement n'avoir jamais
touché à ce dossier. Posez-moi toutes les questions que vous
voudrez, on va revoir la transcription du journal des Débats et s'il y a
22 questions, vous aurez 22 réponses, mais la semaine prochaine.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais poser une question de façon
beaucoup plus générale au ministre: De quelle façon le
ministère travaille-t-il avec REXFOR? De toute
évidence, REXFOR a été créée et elle
est alimentée par les fonds publics d'une façon assez
considérable; il y a toutes sortes d'ententes de faites entre le
ministère et REXFOR. Par la suite, REXFOR intervient dans des dossiers
extrêmement importants. Oublions celui qui est devant nous
présentement. Dans quelle mesure le ministre se préoccupe-t-il
des décisions de REXFOR qui peuvent avoir un impact sur des
décisions que lui-même prend et qui affectent les coupes de bois,
les permissions, les permis qu'il donne lui-même? J'aimerais que le
ministre nous explique dans quelle mesure il est au courant des
décisions de REXFOR, des engagements de REXFOR, dans quelle mesure il
suit les dossiers de REXFOR. Est-ce qu'il laisse REXFOR libre de décider
ce qu'elle veut bien, sans égard aux politiques du ministère dans
le domaine des coupes de bois, dans le domaine de l'alimentation des scieries
et dans le domaine des scieries d'une façon générale?
M. Duhaime: D'une façon générale, REXFOR est
une société d'État qui, bien sûr, a des relations
avec le ministère de l'Énergie et des Ressources,
particulièrement avec la direction des forêts. C'est une
entreprise qui a un président, qui a un conseil d'administration et qui
a une loi constitutive qui lui a été donnée par
l'Assemblée nationale. REXFOR a, bien sûr, des contrats
d'approvisionnement qu'elle reçoit du ministère de
l'Énergie et des Ressources, mais le ministre n'intervient pas de
façon à favoriser REXFOR dans certains contrats
d'approvisionnement. Nous tentons de maintenir ce que j'appellerais cette saine
et libre concurrence avec le secteur privé.
Je pense que REXFOR a été mise au monde par un
gouvernement libéral pour des nécessités qui existaient
à l'époque et qui sont encore là aujourd'hui. Je ne
m'occupe pas de la gestion quotidienne des affaires de REXFOR. Les grandes
orientations qui sont prises au conseil d'administration de REXFOR sont
soumises, vous le savez, comme pour toute autre société
d'État, dans un plan de développement que le gouvernement
approuve. C'est un plan de cinq ans. Je pense qu'il est accessible aux
députés de l'Opposition, tout comme le plan de
développement d'Hydro-Québec vous est accessible. REXFOR est une
société d'État qui a, bien sûr, son autonomie et qui
prend ses décisions d'entreprise, qui prend ses risques, qui
tantôt fait des profits, tantôt fait des pertes. Si votre question
va dans le sens suivant: Est-ce que REXFOR respecte les règles du jeu -
que ce soit dans l'industrie du sciage ou ailleurs - je crois pouvoir dire, M.
le Président, que la réponse est affirmative.
M. Fortien Ma question était dans le sens, M. le
Président, que REXFOR peut avoir des droits de coupe elle-même et,
par ailleurs, elle peut avoir des relations avec d'autres
sociétés qui, elles, bénéficient de droits de coupe
du ministère. J'imagine qu'à ce moment-là le
ministère est appelé à être un peu l'arbitre entre
ceux qui bénéficient de différents privilèges du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Ma question était celle-ci: Compte tenu de la mission de REXFOR,
d'une part, et, d'autre part, des permis qu'il peut accorder à d'autres
sociétés ou à d'autres coopératives, est-ce que le
ministre se tient au courant des rapports qui existent entre ces
différents intervenants qui émargent aux largesses du
ministère de l'Énergie et des Ressources?
M. Duhaime: Je crois pouvoir répondre, M. le
Président, que je suis régulièrement tenu au courant, dans
leurs grandes lignes, des activités de la société
d'État REXFOR. J'ai même ici les faits saillants de l'année
financière 1982-1983 et les perspectives pour 1983-1984.
Est-ce que le ministère de l'Énergie et des Ressources est
appelé à faire des arbitrages entre REXFOR et des concurrents? La
réponse est affirmative, bien sûr, tout comme à longueur
d'année dans l'administration de ce ministère le ministre, de par
la loi du ministère de l'Énergie et des Ressources, est
appelé à prendre des décisions à savoir si un
contrat d'approvisionnement va être accordé à telle
entreprise pour X dizaines de p.m.p. ou dizaines de milliers de cunits et pour
combien d'années et dans quel secteur. On fait cela à longueur
d'année avec les grandes compagnies productrices de papier journal, avec
les scieries.
J'ajoute également qu'il n'y a pas seulement REXFOR dans le
portrait. Il y a Donohue, entre autres, qui est aujourd'hui la plus grande
entreprise de sciage au Québec. Encore la semaine dernière,
j'avais des discussions avec les hauts fonctionnaires de mon ministère
pour tenter de faire un arbitrage, tenter aussi de prendre la décision
la plus juste possible dans les allocations d'approvisionnement pour Donohue en
tenant compte de la présence d'autres entreprises qui sont sur les
mêmes territoires d'approvisionnement. L'explication vaut autant pour
Donohue que pour REXFOR. On le fait régulièrement, c'est
entendu.
Si vous me demandez: Est-ce qu'au jour le jour par-dessus
l'épaule de M. Michel Duchesneau, le P.-D.G. de REXFOR, le ministre de
l'Énergie et des Ressources suit son travail, la réponse est
négative. Ce n'est pas dans mes attributions.
M. Fortier: M. le Président, ce que nous dit le ministre,
c'est qu'il est mis au
courant des relations et des arbitrages nécessaires entre les
différentes sociétés, y inclus REXFOR. En
conséquence, lorsqu'il y a des litiges qui se développent entre
différents intervenants qui ont des permis, le ministre est tenu au
courant. Le ministre doit suivre ces dossiers et il le fait. C'est la raison
pour laquelle, M. le Président, l'exemple que mon collègue
donnait était un exemple tout à fait dans cet ordre
d'idées car, justement, il y avait des différends entre
différentes sociétés bénéficiant de permis
de coupe. Je me demande comment cela se fait que le ministre peut nous dire
qu'il n'est pas au courant de tels problèmes.
M. Duhaime: M. le Président, si vous me le permettez, je
pense qu'il faut être juste un peu. Ou bien vous me prenez pour un
phénix ou bien vous me prenez pour un nono. Ce dossier remonte à
1979. Vous me prêtez des intentions de refuser de répondre; moi,
je vous dis que je répondrai la semaine prochaine aux questions
relatives au dossier de la scierie Nazaire Gagnon. Il y a déjà au
moins quatre fois que je vous réponds que je ne connais pas ce dossier.
Cela remonte à quatre ou cinq ans. Je vais prendre toutes les
informations et je vais vérifier cela, puisque cela semble être
une préoccupation du député de Pontiac, de Mme la
députée de Chomedey et du député d'Outremont.
Est-ce que REXFOR a eu quelque chose à voir dans ce dossier-là?
Je vais m'en informer. Je vais en prendre connaissance et je vous
répondrai la semaine prochaine.
D'une façon générale, dans mon travail, comme
ministre responsable, comme ministre de tutelle de cette société
d'État qui, est REXFOR, les grandes orientations de REXFOR, bien
sûr, je les connais. Je pourrais vous en parler pendant au moins une
heure, mais vous allez ensuite me reprocher de prononcer un discours inaugural.
Je ne le ferai pas. Si vous me posez des questions ad hoc sur tel dossier, tel
dossier, tel dossier qui sont du ressort du P.-D.G de l'entreprise et du
conseil d'administration, je n'ai pas à y répondre. Si ce sont
des questions qui impliquent une décision du ministère de
l'Énergie et des Ressources qui remonte à 1979, sur un dossier
qui a commencé en 1974, je pense que n'importe qui ayant une tête
sur les épaules va réaliser qu'un vendredi après-midi,
quand il n'y a plus un chat dans le ministère, il est parfaitement
raisonnable que je vous réponde, à 17 h 12, que vous aurez tous
les détails la semaine prochaine.
M. Fortier: M. le Président, la date des crédits a
été choisie par le ministre ou par le leader du gouvernement.
Cela a déjà été changé une dizaine de fois.
Ce n'est pas nous qui avons choisi cette date-ci, vendredi, un des derniers
jours de la session. Tout à l'heure, le ministre nous disait, avant de
renvoyer certains fonctionnaires, qu'il voulait les garder ici. Il voulait
savoir dans quel ordre nous procéderions. Je tiens pour acquis que le
ministre a amené avec lui les fonctionnaires qui peuvent répondre
aux questions. Je prends acte du fait qu'il refuse de répondre à
nos questions. Je crois que cela est tout à fait intolérable pour
des démocrates qui veulent savoir de quelle façon l'argent des
contribuables est dépensé, de quelle façon les
décisions sont prises au ministère. Si le ministre veut
absolument étudier un dossier pour lequel il a reçu un
préavis, je vais lui parler du dossier des Produits forestiers Saguenay
Limitée.
M. Duhaime: M. le Président, avant de changer de
dossier...
M. Fortier: Je lui ai donné un préavis en Chambre,
mais il a refusé de répondre aux questions là encore.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Duhaime: Avant de changer de dossier, je ne sais pas sur quoi
a marché le député d'Outremont, probablement un
oeuf...
M. Fortier: On pile sur le caca jeté par le premier
ministre à l'Assemblée nationale.
M. Duhaime: Vous nous dites que je devrais me présenter en
commission parlementaire, si je suis votre raisonnement, avec, derrière
moi, tout l'arsenal des informations et toutes les machines d'information
possibles et imaginables pour vous répondre sur tous et chacun des
dossiers du ministère des quatre ou cinq dernières années.
Si vous voulez mon avis là-dessus, c'est pas mal fou raide comme
approche.
La deuxième chose que je voulais dire, c'est que je vais faire
vérifier la transcription du journal des Débats de l'étude
des crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources de
1977, 1978, 1979, 1980, 1981 et 1982 pour voir si l'Opposition de Sa
Majesté a posé des questions sur le dossier de la scierie Nazaire
Gagnon. S'il n'y en a pas eu, je vais devoir conclure que l'Opposition est en
retard d'au moins quatre ou cinq ans dans ce dossier. Vous aurez la
réponse lundi.
Une voix: Des menaces! Des menacesl
Le Président (M. Paré): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, étant donné
que le ministre ne veut pas répondre à mes questions, je vais lui
lire un petit passage et lui demander de nous soumettre certains documents.
Après cela, nous
laisserons ce dossier de côté, pour y revenir à un
autre moment qui sera peut-être plus propice pour le ministre.
En me référant au contrat signé le 19 juin 1980
entre REXFOR et la scierie Nazaire Gagnon, je cite l'article 22 concernant la
mise en marché et les communications: "Mise en marché et
communications: Sur une base du meilleur effort, REXFOR tentera d'obtenir des
prix égaux aux conditions du marché et toute communication sera
faite dans un esprit de collaboration et de loyauté. Toute vente fera
l'objet d'une confirmation de commande au client avec copie à la
compagnie." (17 h 15)
Compte tenu de cette clause, le ministre pourrait-il déposer les
documents suivants pour que les membres puissent en prendre connaissance? Le
premier: la quantité de bois vendue par REXFOR. Le deuxième, le
nom des acheteurs. Tout à l'heure, le ministre m'a dit qu'il
était pour en prendre note. Troisièmement, le prix payé,
ainsi que la date des ventes. Quatrièmement, les inventaires non vendus.
Cinquièmement, les copies de factures de bois vendu et contrats remplis
ou non. Tout cela, c'est pour la période de 1981 à ce jour.
Ensuite, la dernière...
M. Duhaime: J'en prends avis, M. le Président. J'aurai une
réponse la semaine prochaine.
M. Fortier: Changement de dossier, on va prendre un dossier qui
est beaucoup plus près du ministre puisque je crois qu'il a des
crédits dans le budget du ministère qui touchent les Produits
forestiers Saguenay. J'ai fait état en Chambre du fait qu'à la
suite des problèmes qui avaient été vécus par
l'usine Samoco il y avait eu une réorganisation en 1978 et 1979 pour
faire en sorte que cette usine soit repartie avec trois firmes ontariennes qui
avaient été choisies par le ministre du temps. Il y avait une
entente et REXFOR était intervenue, le ministère était
intervenu et le Conseil du trésor était intervenu. La
première question que j'avais posée au ministre - comme il a
reçu un préavis, j'imagine qu'il peut répondre à
mes questions! Est-ce que le groupement ontarien est en défaut de
paiement vis-à-vis de REXFOR et s'il l'a été, à
partir de quelle date l'a-il été?
M. Duhaime: Je vais répondre, M. le Président, avec
plaisir. C'est plus près de nous. C'est arrivé à l'automne
1982. C'est même un dossier qui est actif au ministère. La
réponse est oui, Produits forestiers Saguenay sont actuellement en
défaut de paiement vis-à-vis de REXFOR et depuis le 23 octobre
1982 Produits forestiers Saguenay devaient rembourser à REXFOR
près de 2 200 000 $ à raison de 200 000 $ par année et
l'intérêt de 11% sur ce prêt était aussi payable
semi-annuellement à partir de la même date. Aucun versement n'a
été effectué par Produits forestiers Saguenay à
REXFOR.
M. Fortier: Depuis quelle date?
M. Duhaime: Le 23 octobre 1982. Je viens de le dire.
M. Fortier: Je crois que, si Produits forestiers Saguenay sont en
difficulté, il y a une convention à savoir que le
ministère paie les intérêts à REXFOR. Est-ce que le
ministre peut m'indiquer les montants qui ont été payés
par le ministère à REXFOR à cause de ce manquement, de ce
défaut de rencontrer les obligations qu'avaient les
sociétés ontariennes?
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Duhaime: Oui, M. le Président, avec plaisir. Les
versements effectués jusqu'à maintenant pour l'année
1981-1982 en deux tranches...
M. Fortier: Pour 1981-1982?
M. Duhaime: Pour 1981-1982. Première tranche, 68 735,35 $.
Deuxième tranche, 163 444,61 $ pour un total, au 10 mars 1982, de 232
179 $. Pour l'exercice financier 1982-1983, une troisième tranche a donc
été versée à REXFOR de 163 444,61 $, c'était
au 4 août 1982 et une quatrième tranche durant l'exercice
financier 1982-1983 au montant de 260 621,54 $, pour un total au 21
février 1983, pour l'exercice 1982-1983, de 424 066 $ pour un grand
total, à ce jour, de versements remboursés, c'est-à-dire
de paiements effectués à REXFOR, de 656 246 $. Pour l'exercice
financier 1983-1984, il n'y a eu aucun versement du gouvernement à
REXFOR, suivant la convention parce que ces montants ne sont pas encore
dus.
M. Fortier: Les montants que vous avez mentionnés sont 232
000 $, plus 163 000 $.
M. Duhaime: Plus 260 000 $.
M. Fortier: Plus 260 000 $. Est-ce que cela couvre uniquement la
période à partir du 23 octobre 1982? On dirait, d'après le
nombre de versements que vous avez faits, que cela remonte plus loin. Vous les
payez tous les six mois, avez-vous dit?
M. Duhaime: Oui, cela remonte nécessairement avant le 23
octobre 1982 puisque, en date du 10 mars 1982, il y a eu un deuxième
versement de 163 444,61 $. Je
n'ai pas la date précise du versement. M. Fortier: Cela
remonte à 1981.
M. Duhaime: Je crois que ce serait 1981 pour le montant de 68
735,35 $.
M. Fortier: J'essaie de comprendre, M. le ministre. Tout à
l'heure, j'ai demandé à partir de quel moment ils sont en
défaut de paiement. Vous m'avez répondu le 23 octobre 1982.
Là, vous payez des intérêts depuis 1981. Donc, j'imagine
qu'ils étaient en défaut de paiement depuis 1981.
M. Duhaime: Attention, ils sont en défaut sur la nouvelle
convention, depuis le 23 octobre 1982, mais sur la convention qui remonte
à 1979, je crois, ils étaient également en défaut;
c'est pourquoi le ministère a remboursé REXFOR pour le montant
que j'ai indiqué, pour l'exercice financier 1981-1982, de 232 179 $.
M. Fortier: Quand vous parlez d'une nouvelle convention...
M. Duhaime: Ah! Bon, je m'excuse. Il n'y avait pas défaut
de Produits forestiers Saguenay pour les versements à effectuer pour
l'exercice financier 1981-1982, cela faisait partie de la convention.
M. Fortier: Oui, c'était le fait qu'une partie avait
été transformée en capital.
M. Duhaime: II y avait une prise en charge
d'intérêts de la part du ministère envers REXFOR pour aider
à la relance de l'entreprise dans laquelle, à ce jour, votre
gouvernement et le nôtre ont investi à peu près...
M. Fortier: ...25 000 000 $. M. Duhaime: ...25000
000 $.
M. Fortier: II y a une clause, si je comprends bien, dans la
décision du Conseil du trésor, à savoir que vous avez,
pour payer des intérêts lorsque les sociétés
ontariennes de Produits forestiers Saguenay sont en défaut de paiement,
une limite d'un an. Dois-je comprendre que la date magique est celle que vous
avez donnée, le 23 octobre 1982, et que vous n'aurez que jusqu'au 23
octobre 1983, donc, dans quatre ou cinq mois, pour continuer ces paiements?
M. Duhaime: Et, ensuite, l'obligation d'intenter des
poursuites.
M. Fortier: C'est cela. La question que je voulais vous poser est
celle-ci: Quel est l'état de la question? Est-ce que vous ne faites
qu'attendre, présentement? Pour autant que je sache, il semblerait qu'on
s'en aille vers un dénouement inéluctable du genre de celui que
vous venez d'énoncer. Y a-t-il des efforts qui sont faits?
Prévoyez-vous être obligé d'intenter des actions ou si vous
croyez, au contraire, qu'il y aura un redressement de la situation? Autrement
dit, quelle est l'évolution du dossier face à cette
échéance prochaine?
M. Duhaime: Bon, on va essayer de faire une longue histoire
courte, M. le Président. Le 15 octobre 1981, à la suite de
longues et laborieuses discussions auxquelles j'ai participé avec les
hauts fonctionnaires de mon ministère, la Banque impériale de
commerce, REXFOR et le groupe Lévesque, qui a le bloc des
intérêts majoritaires dans Produits forestiers Saguenay, nous en
sommes venus à la conclusion, à REXFOR, au ministère de
l'Énergie et des Ressources et, finalement, au gouvernement, puisqu'il y
a eu approbation du Conseil du trésor et du Conseil des ministres
également, que le prêt de 4 500 000 $ que REXFOR détenait
dans cette entreprise devrait être converti de la façon suivante:
un montant de 2 200 000 $ est resté dans l'entreprise sous forme de
prêt avec garantie de première hypothèque; un autre montant
de 2 200 000 $, à même le prêt hypothécaire a
été converti en actions privilégiées et un montant
de 100 000 $ a été souscrit, c'est-à-dire converti dans le
capital-actions de l'entreprise en actions ordinaires.
Pourquoi a-t-on fait ce scénario? Je vais vous fournir
l'explication avec plaisir. La Banque de commerce canadienne impériale
qui finance non seulement Produits forestiers Saguenay, mais également
les entreprises du groupe Lévesque, en Ontario, a avisé le groupe
Lévesque qu'à moins d'un refinancement dans Produits forestiers
Saguenay et de nouvelles injections de capitaux la banque rappelait sa marge de
crédit. Pour que la Banque de commerce canadienne impériale
puisse avancer - je vais le dire de mémoire, à moins qu'on ne me
le confirme - je crois que c'est 6 000 000 $ dans l'entreprise, elle voulait
une meilleure garantie sur sa créance et nous avons donc, après y
avoir réfléchi, décidé de réduire notre
créance hypothécaire de 4 500 000 $ à 2 200 000 $ et de
prendre une participation dans le capital-actions, privilégiées
et ordinaires, pour les montants que j'ai indiqués tantôt. La
banque, à ce moment-là, a fait un investissement dans le fonds de
roulement de l'entreprise pour 6 000 000 $, ce qui a permis à Produits
forestiers Saguenay de se remettre en route.
Mais comme l'histoire qui arrive une fois arrive toujours deux fois -
dans ce cas-ci, c'est une longue histoire - Produits forestiers Saguenay,
à cause de la crise économique et de la mauvaise conjoncture
dans l'industrie du sciage, est à nouveau en panne. Nous sommes
en discussion actuellement et le dossier n'est pas encore à mon niveau
pour une décision. Mes fonctionnaires m'ont informé que des
discussions se poursuivaient actuellement entre, bien sûr, la Banque de
commerce canadienne impériale, le ministère de l'Énergie
et des Ressources, REXFOR, la Banque fédérale de
développement et la Société de développement
industriel, pour voir si un refinancement et une restructuration du capital de
cette entreprise ne pourraient pas être faits pour permettre de
dégager un fonds de roulement, une marge bancaire avec une garantie
satisfaisante pour la Banque de commerce canadienne impériale.
Je sais que le dossier est très actif. Si vous me demandez de
prendre position actuellement, j'ai une vague idée, oui, de ce que je
vais faire avec ce dossier, mais j'attends, bien sûr, de voir quelles
vont être les positions respectives de la Banque de commerce canadienne
impériale, de la Banque fédérale de développement
et de la Société de développement industriel, avant que
nous acceptions de modifier à nouveau les 2 200 000 $ que nous
détenons dans cette entreprise et qui sont garantis en première
hypothèque.
J'avoue honnêtement que, si nous n'avons pas toutes les assurances
que ce dossier va être remis les quatre roues sur les rails, j'aurai
énormément d'hésitation à transporter la
créance hypothécaire que nous avons dans du capital-actions
privilégié. Il faudra, bien sûr, que les actionnaires
actuels ou éventuels de l'entreprise acceptent d'apporter du capital
frais dans le capital de risque de cette entreprise. Voilà à peu
près où en est le status quaestionis.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Mutatis mutandis, si on veut parler latin.
Le Président (M. Bordeleau): Pour finir en traducteur.
M. Fortier: M. le Président, ce qui me frappe dans ce
dossier, c'est que le ministre fait allusion au groupe Lévesque. Je n'ai
pas mes notes là-dessus, mais il y a trois actionnaires de fait et le
groupe Lévesque en est un. Il y en a deux autres.
M. Duhaime: Qui est majoritaire.
M. Fortier: Qui est majoritaire. À la suite de la
déconfiture de Samoco, le ministre qui était là avant lui
au ministère et qui cherchait une compagnie très solide pour
assurer l'avenir de ce qui s'est avéré par la suite les Produits
forestiers Saguenay, avait arrêté son choix sur des
sociétés ontariennes, alors qu'entre autres une
société québécoise avait proposé une offre
où le comptant était plus important et le ministre, à
l'époque, a préféré...
M. Duhaime: Je peux entendre des deux oreilles. Je ne sais pas si
cela vous impressionne, mais je commence à être
habitué.
M. Fortier: Allez-y!
Une voix: C'est moins poli.
M. Duhaime: Je vous suis. (17 h 30)
M. Fortier: Ce qui m'inquiète, c'est le choix qu'on a fait
à ce moment-là. On a choisi d'aller vers des
sociétés ontariennes et il s'est avéré, par la
suite, qu'elles étaient en difficultés financières. On a
préféré, à ce moment-là, ne pas choisir une
société québécoise qui existe toujours au
Québec; c'est Donohue, je crois. Une évaluation avait
été faite, à savoir que les paiements seraient faits au
gouvernement sur 15 ou 18 ans. Bien sûr, ce genre de calcul est bien
impressionnant, parce qu'on arrive avec des additions de millions de dollars
et, dans un cas, la société québécoise aurait
donné plus d'argent comptant. Les sociétés ontariennes
donnaient seulement 1 000 000 $, si mes renseignements sont bons, et des
versements sur une période de 15 à 18 ans. On s'aperçoit
maintenant, une fois l'entente convenue, après les élections,
qu'elles demandent un refinancement et qu'elles sont maintenant en
difficulté de paiement.
La question que je voudrais poser est la suivante: Y a-t-il eu une
étude financière des capacités du groupe Lévesque
et ce genre de renseignement est-il disponible? Le gouvernement était-il
convaincu pleinement à ce moment-là que le groupe Lévesque
était financièrement solide, pour ne pas se retrouver justement
dans la situation où nous sommes maintenant?
Le Président (M. Bordeleau); M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, que le groupe Lévesque
soit franco-ontarien, qu'il ait des activités dans d'autres entreprises,
par exemple à Hearst, la décision qui a été prise
à l'époque, avant que je sois le titulaire de ce
ministère, l'a été, je crois, sur la base de la meilleure
offre entre Donohue, Rayonier et le groupe Lévesque. À l'heure
actuelle, le groupe Lévesque détient 96% du capital-actions dans
Produits forestiers Saguenay, les autres 4% étant à REXFOR. Je
parle du capital-actions ordinaire, bien sûr, c'est-à-dire le
montant
de 100 000 $ dont j'ai parlé tantôt à la suite de la
conversion qui a été exécutée en octobre 1981. Il
faut comprendre que le groupe Lévesque a investi dans Produits
forestiers Saguenay quelques millions de dollars et ce n'est pas parce que
cette compagnie n'était pas solide financièrement. Sinon je ne
pense pas que la Banque impériale de commerce aurait avancé un
nouveau crédit de 6 000 000 $ lorsque nous avons fait la conversion. Je
pense que les difficultés actuelles de Produits forestiers Saguenay sont
dues à deux choses: une sous-capitalisation de l'entreprise et des frais
d'intérêt beaucoup trop élevés pour une pareille
entreprise qui doit oeuvrer dans une conjoncture économique très
difficile.
Le député d'Outremont me demande si les analyses des
états financiers de Rayonier, de Donohue et du groupe Lévesque
pouvaient être disponibles à l'époque où la
décision a été prise. Il faudrait très certainement
vérifier si nous n'avons pas d'accord de confidentialité, comme
cela arrive souvent dans ces dossiers, mais, à première vue,
Donohue est sûrement une entreprise solide, même si elle n'offrait
que 1 000 000 $.
M. Fortier: Je ne parle pas de Donohue, je parle du groupe
Lévesque qui a été retenu.
M. Duhaime: Rayonier offrait 2 000 000 $. Pour ce qui est du
groupe Lévesque, je pense que la prudence m'obligerait à demander
l'accord de ce groupe avant de rendre publics les états financiers de
cette entreprise. C'est la réserve que je fais.
M. Fortier: La question que je pose au ministre - j'imagine
qu'elle doit être celle que tout électeur pose lorsqu'il voit des
fonds publics s'engouffrer dans une entreprise semblable - est la suivante: Les
vérifications nécessaires ont-elles toutes été
faites au moment où la décision a été prise? Vous
me dites maintenant: On va essayer de renflouer le bateau. Or, on se retrouve
à peu près dans la même situation qu'en 1978, alors que les
ministres du temps nous disaient que l'histoire ne se répéterait
pas. On se retrouve dans une situation extrêmement difficile. Je ne sais
pas le nombre d'ouvriers qui étaient à l'emploi des Produits
forestiers Saguenay. Ils sont maintenant à pied. D'après ce qu'on
me dit, les seules personnes qui travaillent maintenant à Produits
forestiers Saguenay, ce sont le président et sa secrétaire. C'est
à peu près tout. Peut-être que vous pourriez nous donner
des chiffres sur le nombre d'emplois qui existaient et le nombre d'emplois
présentement.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Duhaime: Oui, M. le Président.
À l'usine comme telle, donc dans les opérations de
transformation, il y a du travail pour 175 personnes, 9 contremaîtres, 88
travailleurs sur l'équipe de jour, 77 travailleurs sur l'équipe
de nuit.
Nous devons souligner que, depuis que les Produits forestiers Saguenay
Ltée administrent cette entreprise, l'intérêt des
travailleurs et les relations de travail sont bons. Comme on peut l'imaginer,
tous les travailleurs proviennent des villages environnants. La main-d'oeuvre
est hautement spécialisée pour le genre de travail.
Dans les opérations forestières, il y avait 21 personnes,
du personnel d'encadrement, 8 contremaîtres et 13 mesureurs. L'abattage
du bois nécessitait l'embauche de 250 travailleurs pour une durée
de six mois.
Je voudrais être bien clair avec le député
d'Outremont, notre attitude dans ce dossier est loin d'être une approche
négative, au contraire, du moins c'est l'impression que je retiens des
propos du député d'Outremont. Le groupe Lévesque,
lorsqu'il s'est porté acquéreur, en position de contrôle,
des Produits forestiers du Saguenay Ltée, a drainé
énormément d'argent à même les
bénéfices d'exploitation de ses entreprises en Ontario et l'a
investi dans les Produits forestiers du 5aguenay Ltée. Il faut
reconnaître que c'est une des meilleures usines et une des plus modernes
au Québec actuellement. S'il y a quelque moyen qui existe, bien
sûr avec la collaboration des institutions financières qui ont
déjà des engagements et qui sont preneuses dans ce dossier, si
vous voulez mon sentiment, on ne se rangera pas nécessairement pour
laisser passer la Banque de commerce canadienne impériale et essuyer une
perte sur le prêt hypothécaire. Si vous voulez mon avis, sur le
montant ou sur la valeur des actions privilégiées de 2 200 000 $
ou des 100 000 $ d'actions ordinaires qui est dans cette entreprise, je n'ai
pas l'impression qu'on pourrait récupérer notre mise. Cependant,
il faut bien comprendre que si cette entreprise - c'est très
théorique ce que je vais dire - était mise en liquidation, je ne
suis pas certain à partir du moment où la valeur marchande de
cette entreprise est élevée, à cause des millions qui y
ont été investis dans sa modernisation, c'est une usine
moderne... Ce que nous ferons de notre côté, tant du
côté du ministère que du côté de REXFOR, ce
sera de voir de quelle manière on peut renflouer, c'est le cas de le
dire, cette entreprise, mais de la renflouer sur des bases qui permettront aux
travailleurs de ce coin du Québec de s'assurer un emploi beaucoup plus
stable qu'on ne l'a imaginé dans le passé. On prend toujours un
risque quand on investit et c'est malheureux, je le regrette, je n'ai eu
que
d'excellents échos au sujet du groupe Lévesque qui a
investi dans ce dossier. Je vais vous avouer franchement que, lorsqu'un
Franco-Ontarien de souche québécoise décide de rentrer au
bercail et de faire des investissements au Québec, ce genre de mouvement
est le bienvenu, mais il y a encore plusieurs discussions à avoir avec
principalement la Banque de commerce canadienne impériale et, je crois
l'avoir dit tout à l'heure, la Banque fédérale de
développement.
M. Fortier: Quel est le calendrier que vous prévoyez?
Est-ce que cela dépend des négociations? Est-ce que cela
dépend du marché?
M. Duhaime: Non, cela ne dépend pas du marché parce
qu'il y a une reprise assez surprenante mais vraiment une reprise dans le
secteur du sciage actuellement au Québec à cause du boom qu'on
est en train de vivre dans la construction, grâce notamment à
notre programme de Corvée-habitation. C'est un peu le genre de
scénario où il s'agit de savoir qui va bouger le premier. Est-ce
la Banque de commerce canadienne impériale qui va bouger en tout premier
lieu? Les événements pourront me faire mentir, je suis prêt
à parier que la Banque de commerce canadienne impériale envisage
une reprise des activités de cette entreprise plutôt que de
simplement tirer le bouchon, comme on dit, et de la mettre en liquidation.
Mais, quant à nous, il est bien certain qu'on y pense avant de se
décider à convertir le prêt de 2 200 000 $ plus les
intérêts qui sont dus en capital-actions ou encore en
débentures ou en obligations. Peu importe le moyen de financement, il
est bien certain que tout le monde va courir un risque. Autrement, si nous
n'avons pas un degré suffisant dans la reprise de l'entreprise, on va
devoir se condamner peut-être à faire comme les autres
créanciers, ce sera la mise en liquidation et peut-être une
nouvelle acquisition par un autre groupe parce que la valeur marchande de cette
entreprise est très élevée. Juste un détail...
M. Fortier: C'est tout hypothéqué par REXFOR.
M. Duhaime: C'est une entreprise qui est criblée de
dettes. Elle a une valeur marchande qui a été
évaluée, ou une valeur de remplacement, à 18 000 000 $.
C'est quand même énorme. La valeur marchande variera suivant
l'intensité, la volonté de l'acquéreur qui va en faire
l'acquisition.
M. Fortier: La valeur marchande dépend de celui qui veut
investir dedans.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de Chomedey.
Mme Bacon: Oui, M. le Président. J'aimerais, si vous le
voulez bien, qu'on aborde le sujet de la pulvérisation aérienne
contre la tordeuse des bourgeons. Pour renouveler la mémoire du
ministre, on a déjà vu, au début de mai - le Devoir nous
l'avait rapporté - qu'au Nouveau-Brunswick le gouvernement avait
décidé d'interrompre l'épandage aérien de
l'aminocard. C'est un insecticide qui est employé au Québec
contre la tordeuse des bourgeons. On craignait, à l'époque, au
Nouveau-Brunswick, que cet insecticide ne cause certaines malformations
congénitales. C'est un peu pour cette raison que le gouvernement du
Nouveau-Brunswick avait préféré attendre certaines
études d'experts canado-américains sur la question. On apprenait
aussi que le ministère des Affaires sociales aurait posé
certaines conditions comme: pas d'arrosage, la mise en place d'un programme de
surveillance, la création d'un comité interministériel, la
mise en place d'un conseil scientifique, etc., et que les recommandations
n'avaient pas été retenues. Est-ce que le ministre a pris en
considération le rapport du comité canado-américain sur la
question, comme le gouvernement du Nouveau-Brunswick l'avait fait?
M. Duhaime: Pour ce qui est de la situation au Nouveau-Brunswick,
nous sommes au courant que le gouvernement du Nouveau-Brunswick a pris une
décision sur la base de je ne sais quel rapport exactement. Il est
arrivé à la conclusion de prononcer l'interdiction quant aux
arrosages. C'est le premier fait. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a, bien
sûr, vérifié ce rapport et, dans le jargon des
spécialistes - je vais vous référer au rapport Ecobichon -
il est arrivé à des conclusions diamétralement
opposées aux premières craintes qu'il y avait dans ce dossier.
Sur la base du rapport Ecobichon, le Nouveau-Brunswick a repris ses arrosages.
Nous utilisons le même produit. (17 h 45)
Pour ce qui est maintenant de l'implication du ministère des
Affaires sociales, j'ai eu, bien sûr, une conversation à ce sujet
- je n'arriverais pas à me souvenir de la date - avec mon
collègue, M. Pierre-Marc Johnson. Sa préoccupation était
quant à la présence - je vais juste vérifier l'orthographe
du mot, il y a des formules chimiques passablement compliquées; vous
allez, j'espère, nous épargner l'épreuve du laboratoire -
de matacyl dans le génitrothion. Est-ce que j'ai la bonne expression?
C'est cela qui était un sujet d'inquiétude. Là-dessus, je
peux dire à Mme la députée que la formule que nous
utilisons est celle qui a toujours été utilisée dans le
passé sans changement dans les dosages. Je dois dire
que nous avons comme ministère de l'Énergie et des
Ressources fait des représentations devant le Bureau d'audiences
publiques lorsque le BAPE a commandé ces audiences publiques.
Pour vous donner une idée de l'impact de ces produits lors des
arrosages - c'est un peu technique comme information, mais cela peut être
utile - nous arrosons en mettant un dosage de sorte qu'à chaque acre de
superficie arrosée, il y a trois quarts d'once de ce produit ou de ce
mixte chimique.
Pour revenir au BAPE, le rapport du BAPE a été
négatif, comme vous le savez. Je crois que ce rapport a
été rendu public très tardivement. C'est pourquoi nous
avons pris la décision au Conseil des ministres de refuser le plan
d'arrosage de trois ans du ministère de l'Énergie et des
Ressources et de procéder à l'arrosage cette année en
prenant l'engagement, bien sûr, que nous allions élargir les zones
tampons, que nous allions faire les arrosages avec le BT en plus grande
proportion, que nous allions prendre les mois qui viennent pour contre-analyser
et contre-expertiser le rapport du BAPE. Nous retournerons très
probablement devant le Bureau d'audiences publiques l'an prochain, puisque
à moins de changements nous avons l'intention de demander à
nouveau une autorisation du ministère de l'Environnement pour les
années 1984, 1985 et 1986.
Il se pourrait cependant, madame, - ce serait mon souhait, en tout cas -
que nous ayons une procédure allégée pour la saison 1984.
Autrement, on risque de se retrouver à nouveau à la
dernière minute. Je sais que c'est un dossier très
compliqué, très technique et qui très souvent dans le
grand public ne reçoit pas toute la compréhension voulue. De
pareils ingrédients chimiques mériteraient d'être
analysés lors d'un colloque avec les détenteurs de doctorats en
chimie et d'un peu tout le monde qui se prétend spécialiste dans
ce dossier. On verra comment cela va se dérouler.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a porté une attention
spéciale et soutenue à la possibilité d'un moratoire d'un
an, compte tenu d'une certaine inconnue quand même face aux produits
utilisés, face aussi à certaines expériences? On
mentionnait le Nouveau-Brunswick qui a discontinué et recommencé
l'épandage aérien. Au ministère de l'Énergie et des
Ressources, est-ce qu'on a envisagé un moratoire d'un an pour prolonger
ou pour continuer d'approfondir les études sur tout ce problème
d'épandage aérien?
M. Duhaime: Cela n'a jamais été envisagé
comme tel, mais cela a été chiffré. Il faut bien
comprendre que, lorsque nous faisons une campagne contre la tordeuse des
bourgeons de l'épinette, la problématique consiste non pas
à vouloir assassiner toutes les tordeuses et toutes ces "bebites" qu'on
retrouve et qui grignotent d'année en année notre capital
forestier, puisque c'est une épidémie qui malheureusement nous
est venue de l'Ouest, en même temps que les coyotes, et qui fait rage au
Québec sur des cycles d'intensité qui varient depuis le
début du siècle. Ce n'est pas un phénomène nouveau.
Ce que nous faisons, ce sont des arrosages qui, soit dit en passant, portent
sur une infime partie de la superficie de nos forêts commerciales - je
crois que c'est 7% - dans le sens que nous voulons rejoindre
l'épidémie là où elle risque de mettre en
péril à jamais la forêt commerciale.
Si, par hypothèse, nous avions décidé il y a un
mois d'aller dans le sens de votre suggestion et de retenir un moratoire, ce
qui aurait signifié aucun arrosage cette année, nous aurions
risqué de mettre en péril 225 000 hectares. Si vous voulez
l'avoir en acres, vous ferez la multiplication, je n'ai pas ma calculatrice en
main. De plus, 275 000 autres hectares seraient endommagés d'une
façon telle qu'il y aurait eu risque de perdition totale. Bien entendu,
nous allons oeuvrer cette année dans les territoires les plus
stratégiques, mais 225 000 hectares perdus, si vous voulez avoir une
idée de la valeur commerciale de cette perte, vous arriverez à un
chiffre de plusieurs centaines de millions de dollars.
Ce n'est pas avec légèreté que nous examinons ce
dossier, c'est avec beaucoup d'attention et de sérieux. Nous tentons
d'avoir la meilleure expertise possible sur le plan technique, parce que je
serais le dernier à vouloir exposer quiconque aux effets
"potentiellement", entre guillemets, nocifs de ces arrosages. Or, je pense
aussi que nous devons tenir compte dans nos analyses et dans nos
évaluations de ces centaines de millions de dollars qui seraient perdus
si le moratoire était retenu.
Dans mon esprit, le problème ne se pose pas dans le sens de
prendre un risque pour épargner quelques centaines de millions. Si, avec
tout ce qu'on peut entendre dans un ministère comme celui de
l'Énergie et des Ressources sur ce dossier-là, à coups de
briques et d'expertises à gauche et à droite, j'avais le moindre
doute en ce qui touche la santé des populations de ces régions,
les arrosages cesseraient immédiatement. Je n'aurais même pas
besoin d'un rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pour
prendre une telle décision.
Je pense que nous sommes à la fine pointe de l'information. Vous
voyez ce qui s'est passé au Nouveau-Brunswick, ils ont
décidé d'arrêter leur campagne lorsque le rapport
Écobichon a été rendu public ou, du moins, accessible. Ils
ont décidé de les reprendre. Je voudrais vous donner cette
assurance, madame, tant pour vous que pour moi-même; nous allons
continuer de suivre ce dossier de près et je dois dire que,
malgré les joutes sportives avec lesquelles certains membres de la
tribune parlementaire semblent s'amuser, il n'y a aucun match d'entrepris entre
mon collègue de l'Environnement et moi-même. Nous travaillons en
très étroite collaboration dans ce dossier et j'ajouterais en
pleine harmonie.
Mme Bacon: Je croyais que vous étiez un à un.
Est-ce que le gouvernement québécois a en main toutes les
études qui pourraient nous assurer qu'il n'y a aucune conséquence
sur la population et l'habitat faunique de la région?
M. Duhaime: Je m'excuse, madame.
Mme Bacon: Vous ne pouvez pas entendre deux personnes à la
fois, M. le ministre. Je répète: Est-ce que le gouvernement
québécois a en main toutes les études qui pourraient nous
assurer qu'il n'y a aucune conséquence sur la population et sur
l'habitat faunique?
M. Duhaime: Je crois que oui, très fermement.
Mme Bacon: Vous les avez en main, ces études?
M. Duhaime: Oui.
Mme Bacon: Est-ce qu'on continue, en ce moment...
M. Duhaime: Excusez, madame. Cela va peut-être vous
éviter d'autres questions. On a à peu près tout ce qui a
pu être publié dans l'Occident chrétien civilisé sur
ce dossier-là.
Mme Bacon: Est-ce qu'en ce moment...
M. Duhaime: II n'y a rien, jusqu'à présent, de
concluant qui irait dans le sens que, pour la santé, il y aurait danger
ou risque. Il n'y a rien de concluant.
Mme Bacon: Je vais continuer mes questions, M. le
Président, si le ministre me le permet.
M. Duhaime: Allez-y, chère madame.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a encore des études d'impact en
cours ou si on semble avoir acquis la science infuse...
M. Fortier: La science absolue.
Mme Bacon: ...la science absolue dans ce dossier?
M. Duhaime: Notre ministère poursuit, bien sûr, des
études d'impact, mais si votre question vise à savoir si une
étude d'impact nous a été commandée par le
ministère de l'Environnement, je ne le crois pas. Les études
d'impact que nous faisons actuellement proprio motu à notre propre
ministère sont en prévision, bien sûr, des audiences qui
auront lieu l'an prochain, parce qu'on veut se donner rendez-vous devant le
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Je dois dire que nous aurons
peut-être des faits nouveaux à introduire dans ce dossier lors des
prochaines audiences.
Mme Bacon: Ou de meilleurs matchs à jouer.
M. Duhaime: Ou de?
Mme Bacon: De meilleurs matchs.
M. Duhaime: On verra.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut me donner, puisque nous
sommes à l'étude des crédits, un aperçu du
coût des études qui sont en cours? Il doit quand même y
avoir des budgets prévus.
M. Duhaime: La dernière étude d'impact qui a servi
comme document de base lors des dernières audiences publiques du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, en tenant compte du salaire des
employés du ministère - une évaluation sans doute sommaire
- se chiffre à environ 600 000 $.
Mme Bacon: Le ministre sait sans doute que le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement avait fortement recommandé d'utiliser des
produits biologiques de préférence aux produits chimiques. Est-ce
que le ministre s'engage dès maintenant à utiliser de tels
produits l'an prochain?
M. Duhaime: Non, madame. Le ministre ne s'engagera pas dans cette
voie pour l'instant.
Mme Bacon: Est-ce cela qui amène le ministre à
mettre en doute ces recommandations du BAPE et à aller devant le BAPE
pour donner son point de vue? Est-ce au sujet de ces produits qui sont
recommandés par le BAPE?
M. Duhaime: Je n'ai pas l'intention d'y aller moi-même,
vous le comprenez bien.
Mme Bacon: Non. Quand je dis le ministre, c'est le
ministère.
M. Duhaime: Mais mon ministère sera là lors des
prochaines audiences et nous
allons également parler de M. Smirnoff qui, soit dit en passant,
n'a rien à voir avec l'excellente vodka que les Polonais ont eu
l'heureuse idée d'inventer, mais qui est un des auteurs et un des
créateurs, si je ne m'abuse, du BP. Lui-même a des objections, que
je sache, pour que nous utilisions, cette année, le BP. Alors, on va
donner rendez-vous à M. Smirnoff. On va avoir l'occasion de lui parler
et, j'espère, trinquer avec lui.
Mme Bacon: J'aimerais, quand même, discuter du programme
des arrosages de phytocides en milieu forestier. On a quand même eu des
questions, lors de la période des questions en Chambre.
M. Duhaime: Sur les phytocides. Mme Bacon: Oui.
M. Duhaime: Excusez-moi, chère madame. Mon estomac
m'indique qu'il est 18 heures et, notre horloge...
Mme Bacon: J'ai seulement deux ou trois questions, M. le
Président.
M. Duhaime: ...ayant perdu ses aiguilles, je vous proposerais que
nous revenions à 20 heures.
Mme Bacon: Vous n'avez pas le temps de répondre à
trois questions, M. le ministre. Cela commande à ce point-là.
M. Fortier: Mme la députée de Chomedey n'a que deux
ou trois questions. Est-ce qu'on peut retarder de quelques minutes?
M. Duhaime: Ah bon! C'est parce que vous voulez avoir votre
soirée libre. Vous êtes donc chanceuse! Cela va me faire plaisir
de vous aider, chère madame.
Le Président (M. Paré): Comme il y a consentement,
nous allons poursuivre jusqu'à ce que les questions de Mme la
député de Chomedey soient épuisées. Elle a
parlé de deux ou trois questions.
Mme Bacon: Je vais vraiment profiter des largesses du ministre,
M. le Président, mais je vais essayer de faire rapidement pour ne pas
trop abuser de sa bonté.
M. Duhaime: Et de sa patience.
Mme Bacon: Cela va de soi. Un ministre doit être patient,
M. le Président.
Est-ce que le ministre peut me dire quand commenceront les travaux? On a
parlé de certains travaux mécaniques relativement aux arrosages;
par exemple, des phytocides en milieu forestier. Est-ce que le ministre a
vraiment pris toutes ses décisions quant aux travaux qui seront
effectués? Je n'ai pas à rappeler au ministre que les
régions touchées sont aussi fortement touchées par le
chômage. Est-ce que le ministre a des dates à annoncer ou a un
échéancier de travail qui est prêt en ce moment? (18
heures)
M. Duhaime: Non, l'échéancier de travail n'est pas
disponible, mais vous allez me permettre d'informer la commission parlementaire
que nous avons démontré, la semaine dernière, que nous
pouvions, à l'occasion, nous déplacer et faire un virage à
180°. J'ai décidé de retirer la demande
présentée au Bureau d'audiences publiques pour obtenir
l'autorisation de faire des pulvérisations aériennes aux
phytocides. Ce seul volet représentait des dépenses d'à
peu près 800 000 $; c'est l'estimation pour cette année. Comme
programme de relève - parce que je ne voudrais pas voir mourir nos
petits plants sous les framboisiers sauvages ou encore sous les feuillus
indésirables - nous allons donc procéder en utilisant les
phytocides par des arrosages au sol, ce qui nous est permis.
Deuxièmement, nous allons faire intervenir la main de l'homme ou la main
de la femme, c'est-à-dire que des travailleurs manuels seront sur le
terrain avec de l'équipement mécanique léger, dans
certains cas, et procéderont aux travaux d'effardochage, c'est le terme
qu'on utilisait dans ma région natale.
Mme Bacon: Je me souviens du mot.
M. Duhaime: Votre question est: Quand ce programme va-t-il
être annoncé?
Mme Bacon: Oui. Quand débuteront les travaux?
M. Duhaime: J'aurais pu l'annoncer hier ou avant-hier, mais nous
devons voir à attacher tous ces fils. Je compte bien mettre à
contribution le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et voir si un des volets du PECEC ne pourrait
pas être utilisé parce que j'ai 800 000 $ à mon budget.
Deuxièmement, puisque le ministère de l'Environnement a
été très insistant lors de nos discussions, nous avons
convenu, mon collègue de l'Environnement et moi-même, qu'une
partie du financement, une partie des coûts du programme serait
supportée par le ministère de l'Environnement, ce qui peut nous
donner une somme assez intéressante.
Combien d'emplois cela va créer? Combien de millions cela va-t-il
coûter? Écoutez, je ne peux pas être à deux places en
même temps. Je suis à l'Assemblée nationale et en
commission depuis le 30 mars 1983. Mes fonctionnaires travaillent, bien
sûr. Mon cabinet travaille beaucoup plus à l'aise,
mais il y a quand même des décisions qui doivent être
prises au niveau de trois ministres. Nos gens sont en train de terminer le
montage du dossier.
Je ne prends pas un grand risque en vous disant qu'au cours des deux ou
trois prochaines semaines, le plus rapidement possible, on sera en mesure
d'annoncer conjointement ce nouveau programme qui devrait donner de l'emploi
dans ces régions du Québec.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez quand même fait une
première évaluation du coût, de même qu'une
évaluation du nombre de personnes qui pourraient être
engagées? Vous n'êtes pas sans savoir que des personnes se sont
penchées sur le problème, ont fait des travaux, ont fait des
études et ont fait aussi des recommandations au gouvernement. Cela
a-t-il été pris en considération par le
ministère?
M. Duhaime: Oui. En fait, vous nous demandez si on a une
idée de l'ordre de grandeur du programme. Je pourrais vous
répondre aussi bien 3 000 000 $ que 6 000 000 $ ou 7 000 000 $. Cela va
dépendre de l'intensité que l'on veut mettre sur ce programme.
Cela va être un programme important. Ce qu'on sait, c'est que le travail
fait sur le terrain aux lieu et place des pulvérisations
aériennes va coûter certainement quatre fois le prix, à peu
près. À partir du moment où existe un pareil état
de confusion dans le dossier des phytocides, qu'on compare au produit orange
utilisé au Vietnam par les méchants Américains contre les
bons Vietnamiens, je préfère attendre de voguer dans des eaux
plus calmes pour reprendre le débat là-dessus. Ce n'est pas une
décision sur le fond que nous avons prise; c'est essentiellement une
décision que vous pourriez qualifier, chère madame, de
stratégique et vous auriez parfaitement raison.
Mme Bacon: II y a toutes sortes de virages, M. le ministre.
Vous savez quand même que, lorsqu'on parle d'épandage, cela
doit se faire sous certaines conditions climatiques. Il y a quand même
urgence à prendre des décisions. Vous n'êtes pas sans
savoir cela. Si on veut que cela profite aux bénéficiaires de
l'aide sociale, si on veut leur donner la possibilité de gagner leur vie
dans ce genre de travail, est-ce qu'on peut considérer qu'ils auront
suffisamment de travail pour une durée de 20 semaines, ce qui leur
permettra ensuite de retirer de l'assurance chômage? Je pense ici aux
jeunes qui ne reçoivent que 144 $ par mois.
M. Duhaime: Oui, l'objectif est de faire travailler ces gens
pendant 20 semaines.
Mme Bacon: Avant la neige?
M. Duhaime: Cela dépend de l'année, madame.
Quelquefois, il neige tard. En 1982, il a plu pendant tout le mois de
décembre. Il a même fait très doux. Hydro-Québec a
dû renoncer à plusieurs centaines de millions de dollars de
revenus à cause de dame température. Comme
Québécois, ce n'est pas moi qui m'en plaindrai, remarquez
bien.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a régulièrement - je ne
veux pas que le ministre me révèle ses secrets - des rencontres
entre le ministre de l'Environnement et le ministre de l'Énergie et des
Ressources, compte tenu de la gravité de la situation? Quand on pense
à la santé publique, quand on pense à la protection de
l'habitat faunique, il y a des responsabilités gouvernementales
très importantes. Est-ce qu'on se rencontre assez souvent pour bien
coordonner les travaux des deux ministères?
M. Duhaime: Est-ce que vous parlez du dossier des phytocides ou
de la tordeuse?
Mme Bacon: Oui, de certains dossiers qui touchent ces deux
ministères. Il y a quand même une importance capitale au
rôle que doit jouer le ministre de l'Environnement, qui est un
rôle, au fond, de protection de la qualité de la vie, à mes
yeux. Cela concerne plusieurs ministères. Ici, nous étudions les
crédits du ministre de l'Énergie et des Ressources. Il s'amuse
beaucoup, mais il pèse souvent très lourd au Conseil des
ministres par rapport au nouveau ministre de l'Environnement.
M. Duhaime: On pourrait peut-être convenir que vous...
Mme Bacon: Surtout que le nouveau parle moins fort que
l'autre.
M. Fortier: C'était peut-être prévu dans le
scénario.
Mme Bacon: J'aimerais quand même que le ministre nous
rassure. J'espère qu'on n'a pas changé de ministre de
l'Environnement pour éloigner certaines prises de décisions, par
exemple.
M. Duhaime: Vous prêtez beaucoup d'intentions au ministre
de l'Énergie et des Ressources, chère madame, et vous lui
accordez un poids qui est... Chacun fait son évaluation. J'ai l'habitude
de travailler sur certains dossiers, mon collègue de l'Environnement
fait la même chose. Lorsque nous avons pris, récemment, une
décision difficile au Conseil des ministres, comme vous savez, sur ce
dossier comme sur d'autres, il y a eu consensus au Conseil des
ministres et mon collègue de l'Environnement fait partie de ce
consensus. J'hésite un peu à vous donner mon carnet de
rendez-vous, mais je puis vous dire que, régulièrement, tous les
mercredis, mon collègue de l'Environnement et moi qui sommes très
assidus aux délibérations du Conseil des ministres, nous nous y
retrouvons. Bien sûr, à l'occasion, nous avons à nous
parler, soit avant le début du Conseil des ministres ou soit à
l'ajournement qui dure une heure et demie ou deux heures, à l'heure du
lunch où nous profitons de cet intermède pour causer, dialoguer,
converser et nous entendre sur les dossiers qui nous touchent mutuellement. En
dehors de ces rencontres, j'ai eu autant de discussions et de rencontres que
nécessaire avec mon collègue de l'Environnement. Nos deux
cabinets sont en constante communication, de même que les plus hauts
niveaux de nos administrations respectives. Tant sur le dossier de la tordeuse
des bourgeons de l'épinette que sur celui des phytocides, il y a eu une
très étroite collaboration entre les deux ministres, entre les
deux cabinets et entre les deux ministères.
Mme Bacon: Le ministre me dit qu'il rencontre souvent son
collègue. J'ai dit tantôt que je ne voulais pas lui faire
dévoiler ses secrets, mais il y a plus que du "placotage" devant une
tasse de café à l'occasion d'un Conseil des ministres.
M. Duhaime: Je ne "placote" jamais, madame.
Mme Bacon: Le ministre nous dit lui-même qu'il travaille
à partir de dossiers et de bon dossiers, je l'espère. Existe-t-il
des comités interministériels où les ministres
concernés - là, je parle, évidemment, du ministre de
l'Environnement, du ministre des Affaires sociales, du ministre de
l'Énergie et des Ressources et du ministre délégué
à la Science et à la Technologie, qui sont aussi
préoccupés par ce dossier, du moins je l'espère; il a ses
virages lui aussi - discutent de ces problèmes spécifiques?
M. Duhaime: Oui. Le comité qui est le point de fuite de
toutes ces discussions, avant les discussions du Conseil des ministres, c'est
le COMPA, comme on l'appelle, le Comité ministériel permanent
à l'aménagement, que préside mon collègue, le
ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional. Je ne siège pas d'office à
ce comité; je siège au Comité ministériel permanent
au développement économique. Je peux vous dire qu'avant la
décision du Conseil des ministres le dossier de la tordeuse des
bourgeons de l'épinette a été discuté au COMPA,
mais la récente décision que j'ai prise de dessaisir le Bureau
d'audiences publiques et le ministère de l'Environnement du dossier des
phytocides est une décision unilatérale après discussion
avec mon collègue de l'Environnement.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Paré): Cela répond à
vos questions? La commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures...
M. Duhaime: Jusqu'à 20 h 15.
Le Président (M. Paré): ...ou 20 h 15.
M. Duhaime: Ou 20 h 30.
M. Fortier: Jusqu'à 20 h 15.
Le Président (M. Paré): La commission suspend donc
ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 12) (Reprise de la
séance à 20 h 21)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'énergie et des
ressources reprend donc l'étude des crédits du
ministère.
Tout le monde à l'ordre, s'il vous plaîtl
Je ne sais pas où l'on en était exactement. Est-ce le
député d'Outremont? Oui.
M. Fortier: Je vais proposer, pour mettre peut-être un peu
d'ordre dans nos débats, de suivre l'ordre des crédits et, au fur
et à mesure qu'on aura des questions, on les posera tout simplement.
Cela va nous forcer à une certaine discipline.
Le Président (M. Bordeleau): J'appellerai donc le secteur
des forêts, avec le programme 1.
M. Fortier: Quand j'ai proposé cela l'an dernier, il n'a
jamais voulu.
Le Président (M. Bordeleau): Ah, bon. Est-ce que le
programme 1 sera adopté? Il porte sur la connaissance de la
forêt.
M. Fortier: On veut bien être diligents, mais laissez-nous
le temps de regarder nos documents.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on va vous laisser le
temps de respirer. S'il vous plaît!
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le programme 1 est
adopté. J'appelle le programme 2, Amélioration de la
forêt.
M. Fortier: Un instant, il faut que je revoie mes notes.
Le Président (M. Bordeleau): Le programme 2, c'est
l'amélioration de la forêt, le reboisement, les travaux
sylvicoles, l'aide à la production forestière privée.
M. Fortier: Je regarde ici le document qui nous a
été remis par le ministère et je vois à la page 20:
protection de la forêt.
M. Duhaime: C'est l'autre élément, M. le
Président,
Le Président (M. Bordeleau): C'est au programme 3, M. le
député d'Outremont. Oui, M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Les 5 000 000 $ de crédits additionnels,
est-ce que cela apparaît ici?
M. Duhaime: Non, cela n'apparaît pas au livre des
crédits.
M. Middlemiss: II y a 5 000 000 $ pour le reboisement? De quelle
façon ces 5 000 000 $ seront-ils utilisés?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Ce montant sera utilisé à
l'intérieur d'un programme visant un effort additionnel dans les
productions de plants. Alors, voici la ventilation. Un montant de 1 400 000 $ -
en chiffres arrondis - pour rajeunir les équipements requis pour la
culture de plants à racine nue et se doter de nouveaux
équipements plus modernes, aussi pour permettre l'amélioration
des systèmes d'irrigation dans nos pépinières et
également pour procéder à l'amendement des sols à
certains endroits.
Un autre bloc de 1 465 000 $ pour des achats d'équipement pour la
production de semis en récipients et aussi pour se doter
d'ombrières et de système d'irrigation convenant à ce mode
de culture.
Une somme de 1 500 000 $ pour l'amélioration des infrastructures
existantes et pour l'agrandissement de chambres froides, entrepôts et
pour la rénovation de bâtisses, et 670 000 $ pour
l'aménagement de nouvelles superficies acquises en 1983-1984,
nivellement, drainage souterrain et de surface, chemins, brise-vent et
également pour l'acquisition de diverses pièces
d'équipement scientifique.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Duhaime: Cela va se répartir à Berthierville,
Duchesnay, East Angus, Grandes-Piles, comté de Laviolette, Normandin,
Sainte-Luce, Saint-Modeste et Trécesson.
Le Président (M. Bordeleau): En
Abitibi-Témiscamingue.
M. Duhaime: Vous l'avez bien dit, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Le programme 2 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Programme
3?
Protection de la forêt
M. Fortier: C'est là qu'on retrouve les questions
d'arrosage. Vous aviez une question là-dessus?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Ce n'est pas tellement sur les arrosage que sur
les effets de la tordeuse et sur le bois qui est en perdition. Une de mes
questions est: Comment peut-on expliquer le comportement du ministère
qui tente, d'une part, de récupérer le bois en perdition dans la
région 01, pertes qui se chiffraient à 2 350 000 mètres
cubes depuis 1977 alors que, d'autre part, on continue de couper dans les
peuplements verts, tant dans la forêt publique que privée? Comment
le ministre peut-il expliquer cela?
M. Duhaime: Le problème va survenir à nouveau cette
année également; nous l'avons eu sur les bras l'an dernier et
presque tous les ans. On ne peut pas si facilement que vous pourriez le croire
demander à l'industrie de modifier ses plans de coupe qui parfois sont
programmés sur deux ans, trois ans et même davantage.
Cependant, par des interventions du ministère, on essaie de faire
en sorte que la production de bois atteint par la tordeuse des bourgeons de
l'épinette soit écoulée au maximum. Là-dessus,
depuis que je suis au ministère de l'Énergie, chaque
année, il y a de longues discussions, de longues veillées avec
l'Association manufacturière autant qu'avec la Fédération
des producteurs de bois pour, d'abord, bien identifier les inventaires
réalisés, les stocks. Nous avons cette année, comme ordre
de grandeur, à peu près 2 000 000 de cordes de bois atteint par
la tordeuse des bourgeons de l'épinette; il nous resterait à
placer, à l'heure actuelle, à peu près 600 000 cordes.
Alors, les négociations
vont se poursuivre avec l'industrie pour voir comment on peut faire
absorber ces quantités de bois, mais il se pose toujours le
problème aussi des coûts. L'an dernier - je ne pourrais pas vous
donner le chiffre exact, peut-être pourra-t-on me le fournir - nous avons
mis sur pied un programme qui a consisté à subventionner je crois
que c'est à 2 $ la corde le bois atteinte par la tordeuse pour qu'il
puisse trouver preneur auprès de l'industrie.
Le problème n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire au
départ. Théoriquement, on pourrait dire: S'il y a 6 000 000 de
mètres cubes apparents de bois atteint par la tordeuse des bourgeons de
l'épinette et atteint à divers degrés: II n'y aura pas de
coupe dans tel secteur des forêts publiques et l'industrie privée
devra s'alimenter d'abord et avant tout à partir des forêts
atteintes par la tordeuse, soit publiques, soit privées. (20 h 30)
C'était ce que j'appellerais l'approche Bona, il y a quelques
années, qui aurait consisté en une intervention
législative. On n'a pas eu besoin de le faire jusqu'à
présent. Je pense pouvoir vous dire que le niveau de collaboration qui
existe tant du côté de l'Association des manufacturiers, soit le
secteur du sciage, que des producteurs de pâtes et papiers, de même
qu'avec la Fédération des producteurs de bois pour essayer
d'équilibrer les quotas à l'intérieur des
différents syndicats de producteurs, fait en sorte que même cette
année, avec un bas niveau d'activité dans les entreprises de
pâtes et papiers, j'ai confiance qu'on puisse arriver à mettre sur
le marché l'essentiel.
Il faut bien comprendre que, lorsque ces négociations
s'entreprennent au niveau de la Fédération des producteurs de
bois, les montants de mètres cubes apparents qui devraient être
écoulés sont toujours élevés. On se rend compte
après quelques semaines de négociation qu'il se fait des
ajustements sur les quantités. Mais il n'est pas question, pour le
moment, en tout cas, que l'on intervienne par voie législative ou par
voie réglementaire pour essayer de régler ce problème. On
va plutôt gager que cette année encore, avec les discussions et,
je pense, aussi beaucoup de bonne foi de la part de tous les
intéressés et beaucoup de bonne volonté, on devrait
être capable d'en arriver je ne dirais pas à régler
totalement la situation, mais du moins à trouver des modus vivendi ou je
devrais dire des modi vivendi pour faire en sorte que tous ceux qui sont
intéressés par ce dossier y trouvent leur profit.
M. Middlemiss: Merci. J'aurais une autre question. Vas-y.
M. Fortier: Non, ce n'est pas sur le même sujet.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord. En juillet dernier, le gouvernement du
Québec a confié à la firme REXFOR la tâche
d'étudier la possibilité d'exporter à l'étranger
une quantité comparable, environ 300 000 mètres cubes, de bois en
perdition. Est-ce que le ministre peut nous dire où en est rendu ce
dossier?
M. Duhaime: Bon, c'est le dossier qui est en discussion
actuellement avec l'Islande sur une possibilité d'exportation de 200 000
mètres cubes, réels et non pas apparents. Le problème que
nous avons est que les Islandais voudraient un contrat de longue durée.
Quant aux approvisionnements c'est dix ans qu'ils demandaient pour leur
permettre d'amortir leurs investissements dans une usine parce qu'ils ont l'eau
chaude en Islande, des bains de vapeur, mais pas beaucoup de bois. Nous ne
sommes pas prêts à entrer dans un contrat de dix ans. En fait, on
ne peut pas gager que, dans dix ans, le degré d'épidémie
de la tordeuse sera au même niveau et, si on s'engageait dans un pareil
contrat sur une garantie d'approvisionnement en bois vers l'exportation, je ne
voudrais pas qu'on coure le risque que, dans la sixième,
septième, huitième, neuvième ou dixième
année, on soit obligé d'exporter du bois vert pour respecter les
exigences d'un pareil contrat. À ce moment, on exporterait une
matière première sans aucune valeur ajoutée. Ce que nous
avons offert jusqu'à maintenant à l'Islande est un contrat de
plus courte durée, une espèce de contrat ouvert dans le genre: Si
vous voulez du bois atteint par la tordeuse, on va vous en envoyer tant qu'il y
en aura. Mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour eux. Le dossier n'est
pas fermé; les transactions ne sont pas conclues, non plus.
M. Fortier: Deux questions à ce sujet. La première:
Est-ce que le Québec a des compétiteurs qui pourraient offrir des
contrats à long terme? La deuxième: Qu'est-ce que l'Islande fait
avec ce bois? Ils le transforment, si je comprends bien.
M. Duhaime: Je ne sache pas que nous ayons des
compétiteurs parce qu'il n'y a pas beaucoup de pays dans le monde qui
laisseraient... Il y a peut-être les Soviétiques qui seraient
intéressés, pas sur la base de la rentabilité
financière...
M. Fortier: C'est quand même un compétiteur.
M. Duhaime: ...mais sûrement pour des raisons autres. C'est
un compétiteur et, pour
l'instant, je n'en connais pas d'autres qui laisseraient partir leurs
matières premières sans aucune valeur ajoutée. Qu'est-ce
que les Islandais veulent faire de ce bois? Leur projet est une usine de
pâte. C'est tout ce qu'on en sait.
M. Fortier: Ah! C'est la raison pour laquelle ils veulent avoir
un approvisionnement à long terme?
M. Duhaime: Oui. Si j'étais à leur place, avec un
contrat de cinq ans, je ne toucherais pas à cela. C'est pour cela qu'ils
sont intéressés à avoir un contrat d'au moins une dizaine
d'années et, ensuite, voir s'il n'y aurait pas pour eux d'autres sources
d'approvisionnement ailleurs. Mais dix ans leur apparaît une durée
minimale sur un projet de cette envergure, parce qu'une usine de pâtes,
cela va chercher dans les quelques centaines de millions de dollars
d'investissement. Je pense que personne, même en Islande, n'irait se
lancer dans un pareil projet sans une garantie d'approvisionnement.
M. Fortier: Je m'excuse de revenir en arrière; j'ai deux
questions. Premièrement, à la page 33, vous donnez le
détail des subventions versées aux offices et syndicats de
producteurs. J'ai reçu des commentaires et, assez curieusement, de la
Mauricie.
Une voix: Oh!
M. Duhaime: C'est formidable.
M. Fortier: Le Syndicat forestier de la Mauricie nous informe que
le ministère de l'Énergie et des Ressources, qui accordait des
montants d'argent pour faire travailler lesdits syndicats dans les milieux
ruraux, avait compressé les budgets de façon
exagérée, ce qui place dans une situation difficile ces syndicats
forestiers. À la lecture, je m'aperçois que le budget, l'an
dernier, était de - est-ce que c'est 13 000 $ ou 13 000 000 $? - 13 550
000 $...
M. Duhaime: ...au total.
M. Fortier: ...et, cette année, de 13 963 000 $. Pour la
Mauricie, je vois que c'était 533 000 $ et, cette année, 536 000
$; donc, c'est à peu près constant si on prend la Mauricie comme
exemple. Mais, compte tenu que le montant global est à peu près
constant, se pourrait-il que les règles qui sont utilisées
fassent qu'un syndicat en particulier soit pénalisé plus qu'un
autre?
M. Duhaime: Non, je ne le crois pas, M. le Président. Je
suis en train de regarder les deux colonnes de chiffres rapidement.
Pour 1982-1983, le total était de 13 550 000 $. Cette
année, pour 1983-1984, ce sera 13 963 000 $. Il y a même un
montant de 180 000 $ qui, cette année, va à la
fédération et qui n'apparaissait pas. Les autres montants, en
gros, sont à peu près constants, sauf dans la région de
Labelle où il y a une diminution. Dans les Laurentides, cependant, c'est
doublé, mais je crois qu'on parlait autrefois de Laurentides-Labelle.
C'est peut-être regroupé. Je ne crois pas qu'il y ait
diminution...
M. Fortier: Laurentides-Labelle est encore là.
M. Duhaime: Oui, mais si on regarde Laurentides-Labelle ensemble,
il n'y a pas de diminution. Il y a plutôt une augmentation.
M. Fortier: La fédération.
M. Duhaime: La fédération, on part de zéro
pour aller à 180 000 $. La Mauricie se maintient, 530 000 $ à 536
000 $. Il y a 100 000 $ de plus dans La Pocatière. Il y a 200 000 $ de
plus dans la Beauce. Il y a 160 000 $ de plus dans Québec.
M. Fortier: En Gaspésie, diminution.
M. Middlemiss: Gaspésie-Bas-Saint-Laurent.
M. Duhaime: Le Saguenay diminue de 200 000 $. Le
Bas-Saint-Laurent diminue de 400 000 $. Pour la Gaspésie, il y a une
différence de 50 000 $. Alors, on voit, en gros, que ce sont à
peu près les mêmes montants.
M. Fortier: Évidemment, si on tient compte de l'inflation,
enfin, les montants diminuent en valeur peut-être. Mais la question
fondamentale, c'est: Comment sont distribués ces montants d'argent? Sur
quelle base? Quels sont les critères qui font que la Gaspésie a
une baisse et qu'une autre région a une hausse? Comment cela est-il
réparti entre les différents syndicats? Est-ce d'après les
programmes qu'ils vous soumettent ou si c'est un jugement subjectif que vous
faites?
M. Duhaime: Non, il y a des données de base qui servent de
critères. Cela donne un résultat à peu près
automatique. Je vais vous donner les précisions.
Je pourrais peut-être vous donner, d'abord, l'explication du
rendez-vous que vous avez eu avec des gens de ma propre région. Ils sont
venus me voir également. Ce qui s'est produit, c'est facile à
expliquer. Au Conseil du trésor, une analyse a été faite
par des analystes - j'imagine bien - et ils en sont venus à la
conclusion qu'avec le même montant d'argent mis à la disposition
des
syndicats de producteurs on pourrait doubler les superficies sur
lesquelles des travaux pourraient être effectués. Si mon souvenir
est bon, on partait d'au-delà de 700 $ l'hectare pour donner, dans la
proposition qui nous est venue du Conseil du trésor, à peu
près 400 $. Je n'ai pas besoin de vous dire que plusieurs de mes
collègues, députés et ministres... J'ai eu une
série d'appels téléphoniques de tous les syndicats de
producteurs, mais cette décision qui avait été mise en
route au ministère était une application mécanique d'une
décision prise antérieurement. Nous avons révisé le
tout et décidé de revenir au statu quo. Depuis votre rendez-vous
avec les gens de la Mauricie, la situation a été corrigée
de sorte que c'est autour de 705 $ ou 706 $ l'hectare.
M. Fortier: Avez-vous un certain contrôle?
M. Duhaime: Oui, oui.
M. Fortier: Doivent-ils faire un certain travail?
M. Duhaime: Oui, il y a des inspections qui sont faites sur la
base d'échantillonnage, je pense, ou c'est fait en région par
l'administration régionale. Cela veut dire que les montants d'argent
à l'intérieur des 14 000 000 $ en chiffre arrondi qui sont
versés le sont non pas en fonction du nom du président ou de son
lieu de résidence ou de son appartenance politique, mais que c'est
relié directement à l'étendue des travaux qui sont
effectués dans chacune des régions du Québec.
M. Fortier: Ces travaux-là sont de quel ordre? Du
même ordre que ceux dont Mme la députée de Chomedey parlait
cet après-midi ou d'un autre ordre?
M. Duhaime: Non, non, ce n'est pas du tout la même chose.
Avec Mme la députée de Chomedey, nous avons plutôt
parlé d'effardochage dans les plantations, tandis qu'ici il s'agit de
travaux sylvicoles sur les boisés privés.
M. Fortier: Pour mon information, cela inclut quoi? Cela inclut
de la coupe partiellement; cela inclut la plantation ou...
M. Duhaime: Oui, oui, c'est l'entretien et l'amélioration
de leurs boisés privés. Ils utilisent également des
phytocides, mais en application au sol, comme on le dit dans le Code civil, par
la main de l'homme et non pas par pulvérisation aérienne.
M. Fortier: Pas par la main de Dieu. J'ai une autre question qui
n'est pas reliée à cela. Je m'excuse, je ne sais pas où
cela va dans l'ordre des crédits.
M. Duhaime: Allez-y, on va vous le dire.
M. Fortier: C'est sur l'arpentage.
M. Duhaime: Alors, c'est la connaissance géographique du
territoire.
M. Fortier: On a déjà passé. Avez-vous
beaucoup de plaintes sur la Loi sur les arpentages? Ici, il y a un individu qui
m'a écrit - il y en a quelques-uns d'ailleurs - et il prétend que
la loi devrait être modifiée, indiquant qu'un voisin peut obliger
quelqu'un à tirer les lignes et cela coûte
énormément cher et que, si une plainte comme celle-là
était effectuée, le ministère devrait prendre cela en
charge. Autrement dit, il se plaint que la loi est trop impérative.
La question générale, c'est: Êtes-vous en train
d'évaluer cette loi? Y a-t-il d'autres plaintes qui ont
été faites ou s'il s'agit d'un cas particulier?
M. Duhaime: Je m'excuse auprès du député
d'Outremont, mais, si vous voulez retenir votre question, cela me fera plaisir
de vous fournir l'information. Je ne voudrais pas qu'on enjambe les
éléments des programmes parce qu'il m'est déjà
arrivé une année dans l'étude des crédits d'un
ministère qu'un élément d'un programme n'avait pas
été voté en commission.
M. Fortier: Je poserai ma question au programme 8, cela me fera
plaisir.
M. Duhaime: Oui? D'accord.
M. Fortier: C'est au programme 8? Alors, on y reviendra à
ce moment-là.
M. Duhaime: Alors, on pourra y revenir. On était
où, M. le Président?
M. Fortier: On était rendu au programme 3, je crois.
M. Duhaime: Le programme 3, d'accord.
Le Président (M. Paré): C'était le programme
3 avec les trois éléments à être adoptés.
M. Fortier: Au programme 3, les achats des nouveaux avions, ce
n'est pas ici, c'est par le ministère des Transports.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Fortier: Cela veut dire que votre ministère n'inclut
aucune dépense concernant ces avions.
M. Duhaime: Sauf que c'est notre ministère qui a entrepris
la démarche à une conférence des ministres responsables
des forêts dans chacun des ministères. Ce que vous avez en
tête, c'est l'achat en groupes des CL-215?
M. Fortier: C'est cela, oui.
M. Duhaime: C'est le ministère de l'Énergie et des
Ressources qui a pris cette heureuse initiative. Nous avons reçu l'appui
de nos collègues des autres provinces et nous avons fait une
démarche conjointe auprès du gouvernement fédéral
pour l'intéresser à l'état lamentable de l'avionnerie de
Montréal. Je pense qu'on se doit de reconnaître ce fait et de l'en
féliciter. On a été plus chanceux avec ces avions qu'avec
le F-18, mais les dépenses inhérentes à ce programme
devraient normalement apparaître aux crédits de mon
collègue, le ministre des Transports.
M. Fortier: Très bien, merci. Alors, le programme 3 est
adopté.
Le Président (M. Paré): Le programme 3 est
adopté. Programme 4?
Utilisation de la forêt
M. Fortier: L'allocation des bois, cela va.
M. Duhaime: La principale dépense, c'est le programme de
voirie forestière qui, comme vous le savez, est à frais
partagés avec l'industrie sur la base 50-50.
M. Middlemiss: Pour la route Maniwaki-Témiscamingue, qui
semble être toujours une des routes dans lesquelles on dépense le
plus d'argent, il semblerait que l'échéancier a été
changé. Quel est l'échéancier pour compléter cette
route? (20 h 45)
M. Duhaime: On va tenter de vous dire cela. Je sais que
l'échéancier a été reporté dans le temps
à cause de la mauvaise situation économique et des restrictions
budgétaires que nous nous sommes imposées. Alors, je crois que
l'échéancier a été reporté de deux
années et qu'on devrait avoir terminé les travaux en 1987
plutôt qu'en 1985. Je tente de voir où, aux crédits, on
nous indique le montant qui est prévu pour ce poste de dépenses.
En fait, la date de la fin des travaux a été reportée,
mais je crois qu'il y a de l'argent au livre des crédits
là-dessus. Vous l'avez, en toutes lettres, à la page 49: 4 000
000 $, presque 5 000 000 $, comparativement à 4 839 000 $ l'an dernier.
La majorité de ces crédits, comme ce fut le cas en 1982-1983 -
voyez comme le gouvernement est bon pour les comtés dans l'Opposition -
seront affectés à la poursuite des travaux de la route
Maniwaki-Témiscamingue, principalement du côté de Maniwaki.
Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Middlemiss: Merci, M. le ministre. J'hésite à
vous poser cette question parce que vous n'étiez pas ministre dans ce
temps-là et il semble qu'on ne peut pas vous poser des questions sur des
faits qui sont survenus lorsque vous n'étiez pas là.
M. Duhaime: Quand j'ai la réponse, cela me fait plaisir de
répondre.
M. Middlemiss: Oui.
M. Duhaime: Mais si vous me demandez...
M. Fortier: Quand il n'y a pas d'élection partielle, cela
lui fait plaisir.
M. Duhaime: ...trois heures de recherche...
M. Middlemiss: C'est le complexe forestier de la Haute-Gatineau
qu'on nous a promis juste avant le référendum de 1980 et ensuite,
durant l'élection de 1981, on l'a annoncé maintes fois.
M. Duhaime: Cela, c'est le CITUF?
M. Middlemiss: Oui. Est-ce qu'on peut connaître
l'échéancier ou est-ce qu'on va attendre à la prochaine
élection pour nous le promettre encore?
M. Duhaime: Je n'ai pas l'impression qu'on pourrait faire
seulement une élection avec un dossier comme cela.
M. Middlemiss: On peut essayer.
M. Duhaime: Mais si on veut parler sérieusement, le projet
du CITUF va pouvoir démarrer dans la mesure où, dans cette
région du Québec, nous pourrons trouver l'entente cordiale entre
les différents utilisateurs de la matière ligneuse. J'ai
refusé, pour ma part - comme il m'arrive à l'occasion de refuser
des demandes qui nous sont faites par des sociétés d'État
- de donner le contrôle, c'est-à-dire une position majoritaire
à 51%, à REXFOR. Je veux limiter la participation de REXFOR
à 50%, mais le problème que nous avons, c'est de trouver un
porteur de ballon. Vous êtes de cette région, vous le savez, je ne
sais pas si le monde est chicanier par naissance ou autrement dans ce
coin-là, mais je n'ai jamais vu un enfer semblable pour asseoir des gens
autour d'une table et essayer de faire une répartition équitable
des approvisionnements sur un financement de ce projet. Pour être bien
honnête avec vous, je
ne me tromperais pas beaucoup en vous disant que mon sentiment, c'est
que le dossier est en panne actuellement et il faudra, bien sûr, une
volonté régionale pour que ce dossier pousse dans la bonne
direction. Et je compterais sur les bons efforts du député de
Pontiac pour nous aider dans cette voie-là.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut compter sur une volonté
ministérielle également?
M. Duhaime: Absolument, c'est déjà acquis.
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Bordeleau: Comme on parlait de chemins et de ponts, j'aurais
une petite question concernant le pont de la rivière des Outaouais,
qu'on appelle le pont du Twin, chez nous.
M. Duhaime: Le pont du quoi?
M. Bordeleau: Le pont du Twin, le pont jumeau, sur la
rivière des Outaouais. C'est un pont qui est tombé. On avait le
chemin Maniwaki-Témiscamingue, à la page 49; la page suivante,
c'est la page 50.
M. Duhaime: Oui.
M. Bordeleau: On dit: "Quant aux ponts, il s'agit d'une
année où il n'en sera pas construit sur les chemins
réalisés en régie." Je voulais juste savoir s'il y avait
une demande, dans le cadre de la politique du 50-50, de reconstruire ce
pont-là, qui va devoir être reconstruit, de toute façon, et
s'il y a des possibilités quand même au ministère.
M. Duhaime: Nous attendons une réponse positive,
souhaitons-le, des industriels de cette région. Nous sommes prêts
à payer la moitié et à l'inclure à
l'intérieur de notre programme de voirie forestière. Le pont
Gémeau, c'est cela?
M. Bordeleau: On appelle cela le pont du Twin, mais c'est un
langage local.
M. Duhaime: Alors, c'est le pont du Gémeau; au
féminin, ce serait le pont de la Gémelle.
M. Bordeleau: D'accord, merci.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 4?
M. Fortier: Non, adopté.
Le Président (M. Paré): Programme 4 adopté.
Programme 5?
Gestion interne et soutien
M. Fortier: Programme 5, c'est la direction du ministère.
Il y a bien des économies à faire là. Je vois que vous
allez opérer cette année avec un budget moindre.
M. Duhaime: Oui, nous avons même une réduction.
M. Fortier: Cela veut dire que dans le passé vous aviez
trop de budget.
M. Duhaime: Pardon?
M. Fortier: Cela veut dire que dans le passé vous aviez
trop de budget. Ou vous avez coupé les salaires. Ou peut-être l'un
et l'autre.
M. Duhaime: C'est comme quelqu'un qui est malade aujourd'hui,
j'en conclus qu'autrefois il était en bonne santé. Cela me
paraît assez évident. Nous avons réduit le personnel du
ministère quelque peu - j'avais ces chiffres en main hier en
préparant nos travaux - autant le personnel permanent que le personnel
occasionnel. En fait, on a fait notre part et un effort honnête de
compression. On parle de 15 500 000 $. C'est une compression d'à peu
près 700 000 $ au total. Les effectifs permanents sont diminués
de 50 personnes, les occasionnels de 75 personnes. Cela veut dire que mon
ministère ne contribue pas à la reprise de l'emploi en
surchangeant la liste de paie du ministère.
M. Fortier: Question générale. Chez REXFOR, il se
trouve des professionnels très nombreux, d'ailleurs, qui sont
utilisés par votre ministère à l'occasion pour faire des
évaluations de programmes, si mon information est exacte. Dans quel
secteur REXFOR a-t-il des professionnels plus spécialisés et dans
quelle mesure?
M. Duhaime: Par rapport au ministère? M. Fortier:
Oui.
M. Duhaime: Dans aucun secteur. Ce sont des gens qui travaillent
aux mêmes niveaux de compétence: ingénieurs forestiers,
comptables, analystes, financiers.
M. Fortier: Lorsque vous faites des évaluations
précises de programmes à long terme pour quantifier des
programmes, c'est plutôt REXFOR qui fait cela.
M. Duhaime: Non, REXFOR ne fournit pas d'effectif au
ministère, que je sache.
M. Fortier: Est-ce que vous leur confiez des mandats à
l'occasion?
M. Duhaime: Oui, bien sûr. Il y a un gros mandat qui a
été confié à REXFOR sur la papeterie de Matane, par
exemple. Il y a une équipe d'analystes financiers qui travaille autour
du vice-président aux finances à REXFOR, M. Chamard. Les
officiers de mon ministère les rencontrent sur ce dossier comme sur
d'autres. Pour répondre à votre question de façon
précise, il n'y a pas de va et vient d'employés du
ministère chez REXFOR ou d'employés de REXFOR au
ministère. REXFOR fonctionne comme une entreprise autonome qui au
ministère est traitée, je dirais, comme toute autre entreprise.
Cela vous paraît dur à avaler, mais c'est cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le programme 5
est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Le programme
6?
Financement forestier
M. Fortier: Financement forestier. Le nouveau projet de loi qui
va être adopté cette semaine, je voudrais savoir si ses
crédits sont inclus ici?
M. Duhaime: Je ne crois pas qu'il y ait de crédits comme
tels parce que nous allons introduire...
M. Fortier: Cela va être un financement externe.
M. Duhaime: En fait, écoutez, il y aurait peut-être
une nuance à faire. Il y a très certainement des dossiers qui
sont en cours de route qui peuvent commander des dépenses d'ordre
budgétaire. Mais avec la nouvelle loi concernant le crédit
forestier par les institutions privées, l'argent va être
avancé par les institutions privées avec la garantie du
gouvernement, comme on l'a vu hier soir lorsqu'on a travaillé de
façon explicite sur le projet de loi 5.
M. Fortier: Compte tenu du fait qu'il peut y avoir des
mésaventures, est-ce que vous prévoyez des fonds de
réserve au cas où la garantie gouvernementale serait
appelée à assumer des coûts ou si ce sera au fur et
à mesure que vous devrez les assumer?
M. Duhaime: Pour vous donner une réponse bien
précise, j'ai M. Moreau avec moi, qui est président de l'Office
du crédit agricole et qui est responsable auprès du ministre de
l'Energie et des Ressources de la bonne application de la loi sur le
crédit forestier.
La situation financière au 31 mars 1983 de l'Office du
crédit agricole du Québec démontre des engagements totaux
de 32 102 178 $ et, au poste 3 de cet état financier, un solde
disponible pour engagement de 5 972 822 $ et c'est à même ce fonds
disponible qu'est constituée une réserve. En gros, il y a 6 000
000 $ pour faire face à des mauvaises créances.
M. Fortier: Ce montant est pris à même les
crédits de l'année.
M. Duhaime: Ce dont je parle, c'est des états financiers
de l'Office du crédit agricole, mais vous aurez compris qu'il s'agit de
l'application de la loi sur le crédit forestier. Il y a les prêts
qui sont en cours, qui pourront aller puiser au solde disponible pour les
engagements d'environ 6 000 000 $. Maintenant, avec la nouvelle loi sur le
crédit forestier et l'implication des institutions privées,
l'office a constitué un fonds de roulement de 1 000 000 $ qui va servir
à la fois à jouer un rôle supplétif, au cas
où une institution financière déciderait de ne pas faire
le prêt ou - c'est un des cas que soulevait le député de
Pontiac hier soir - si dans une région quelconque l'ensemble des
institutions financières décidait de ne pas prêter et de ne
pas participer au programme. Également, ce montant de 1 000 000 $
constitue la réserve pour les mauvaises créances. On se souvient
que, lors du débat en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, j'avais indiqué qu'au crédit
forestier les montants ne sont pas tellement élevés; le plafond
jusqu'à présent était de 60 000 $ et la moyenne des
prêts varie entre 13 000 $ et 14 000 $. Maintenant, avec le
déplafonnement de 60 000 $ à 500 000 $, on va voir comment cela
va aller. Peut-être y aura-t-il lieu d'augmenter le fonds de roulement,
mais je pense que, pour partir, avec 1 000 000 $, on devrait être en
mesure de faire face à la musique.
M. Fortier: Le 1 000 000 $ est déjà là.
M. Duhaime: II est déjà là. M. Fortier:
Merci.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 6?
M. Fortier: Dans le programme 6, cela couvre cette loi. C'est
à peu près cela. Est-ce que le programme 6, c'est uniquement le
financement? C'est toute la régie.
Le Président (M. Paré): Programme 6, adopté?
Adopté. Programme 7?
Développement de l'industrie
forestière
M. Fortier: Au programme 7, le 16 février 1983, le
ministre et moi étions à Port-Cartier et il y a eu une promesse
de faite par le ministre qu'il travaillerait d'arrache-pied pour relancer
l'usine et que, dans six mois, il ferait le point. Peut-être qu'il veut
profiter de la situation pour nous annoncer des bonnes nouvelles et nous dire
si l'usine a trouvé preneur et si les progrès sont à ce
point excellents qu'il serait en mesure d'annoncer des bonnes nouvelles. Cela
fait six mois, c'est cela, le 16 août 1983 à Port-Cartier?
M. Duhaime: Devant les gens qui étaient réunis et
qui avaient eu l'amabilité de nous accueillir au cégep de
Port-Cartier lors de notre passage au printemps, le député
d'Outremont avait eu l'heureuse idée de suggérer que dans une
année franche nous refassions le point. Donc, je m'excuse, votre
première proposition a été un an et c'est moi qui ai
proposé six mois. (21 heures)
M. Fortier: Je ne m'en souviens pas.
M. Duhaime: C'est bien cela, n'est-ce pas? Alors, nous ferons le
point à la mi-août. J'espère que le dossier va
évoluer très rapidement de la mi-juin à la mi-août.
Pour l'instant, il y a toujours les deux firmes en liste, TEMBEC et Papier
Cascades. On me dit qu'il y a également un troisième promoteur
dont je connais les états financiers. Il ne paraît pas avoir les
reins trop solides pour aller essayer de digérer un animal d'environ 350
000 000 $ sur la Côte-Nord. Mais enfin, nous maintenons nos
équipes au travail. Il y a plus de chance - en tout cas, c'est mon
intuition - qu'on puisse en arriver à un redémarrage de cette
usine. Je n'ai pas d'idée du délai, je n'avance pas de calendrier
non plus, mais je tiendrai l'engagement - ce ne sera peut-être pas
à l'intérieur des six mois franc - d'aller refaire le point avec
les gens de Port-Cartier. Ce que nous avons songé à faire et que
nous avons effectivement fait avec les gens de Port-Cartier qui s'occupent
très activement du dossier, avec le groupe dont le slogan est "Perds par
le Nord" - c'est un bon slogan à ne jamais oublier - nous avons mis au
point un prospectus pour offrir en vente cette usine sur le marché
international.
J'ai eu l'occasion de parler avec un des vice-présidents d'ITT
qui s'occupe du dossier. Cette compagnie dépense entre 4 000 000 $ et 5
000 000 $ par année pour tenir l'usine dans un état d'entretien
satisfaisant, principalement les dépenses de chauffage durant les mois
d'hiver. Eux ne veulent plus voir le dossier, ils ont englouti dans ce projet
à peu près 600 000 000 $ dont environ 350 000 000 $ en capital,
le reste environ 250 000 $ en perte de fonctionnement. Alors, je n'ai pas
besoin de vous dire que l'usine nous est offerte à un prix vraiment
très bas par rapport au montant réel des investissements. Mais
même si c'était une usine de 350 000 000 $ qu'on nous offrait pour
50 000 000 $, si cela coûte 4 000 000 $ pour l'entretenir, que vous la
remettez en marche et que vous faites des pertes - en dernier, je crois que les
pertes était d'environ 10 000 000 $ par mois - je pense que c'est un
investissement qui ne vaut pas tellement cher. Alors, nous avons confiance que
le prospectus devrait permettre soit à TEMBEC ou soit à Papier
Cascades de trouver un partenaire de l'étranger qui serait
intéressé à la remise en route de l'usine.
Il faut dire qu'il y a eu quelques aberrations commises par d'excellents
ingénieurs dans ce dossier; la fabrique d'acides se trouve à
l'intérieur même de l'usine. Simplement démonter cela et
replacer cela à l'extérieur, c'est quelque chose entre 35 000 000
$ et 50 000 000 $, si on veut avoir un ordre de grandeur.
Pour l'instant, c'est à peu près toutes les informations
que je possède dans ce dossier. Je n'ai pas besoin de vous dire que je
vais résister à la tentation, même si parfois c'est
très insistant pour que le gouvernement se porte acquéreur de ces
installations, parce que, à partir du moment où on va s'en porter
acquéreur, ce sera le gouvernement qui devra, bien sûr, dans un
premier temps, assurer les frais d'entretien de l'usine et se trouver avec un
éléphant blanc qu'il n'a ni créé, ni mis au monde.
Le mieux à faire pour l'instant est de continuer nos efforts. Dans cette
région nous avons mis en route différents programmes de travaux
forestiers qui sont tous axés sur une problématique de reprise
des activités, mais j'aime autant vous dire que je suis prudent dans les
investissements que nous allons consentir dans ces travaux.
M. Fortier: M. le Président, est-ce que le ministre a
confirmé qu'il y aura une réunion publique en août,
septembre ou à peu près? En fait, c'était la proposition
que j'avais faite et le ministre l'avait agréée.
M. Duhaime: Oui, oui. Je suis parfaitement d'accord.
M. Fortier: Je crois que les gens de la région attendent
un "progress report". Je pense qu'ils voudraient bien savoir où on s'en
va. Peut-être que le mieux dans les circonstances, c'est tout simplement
de leur dire ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
Deuxième question: Est-ce qu'un engagement ministériel ou un
engagement du ministère pourrait aider à la prospection? Est-ce
que des engagements financiers pourraient aider TEMBEC ou Papier Cascades
à trouver un
autre acheteur ou si ce sont ces gens qui font la prospection? Autrement
dit, la prospection est faite par les deux compagnies que vous mentionnez ou si
le ministère est engagé dans cette opération?
M. Duhaime: Le ministère va apporter tout son soutien,
principalement un soutien d'ordre technique. Nous allons nous appuyer aussi sur
le réseau des maisons du Québec à l'étranger et des
agents économiques qui sont là. Non seulement le prospectus va
porter sur l'usine comme telle, mais sur ce qui sera très certainement
intéressant pour les acquéreurs éventuels, soit la
connaissance de la forêt dans cette région du Québec. C'est
dans ce sens qu'on va travailler. Je pense aussi que le ministère du
Commerce extérieur devrait nous seconder dans les démarches qui
vont être entreprises.
M. Fortier: Vous avez dit tout à l'heure que le
marché s'améliorait. On parlait du marché du bois de
sciage, je crois. Dans le secteur des pâtes et papiers, d'après
les journaux, le marché va rester stagnant pendant un certain temps.
Quel est l'état de la situation face au marché américain
ou mondial et dans quelle mesure l'état du marché peut-il
être un handicap considérable pour la relance de l'usine?
M. Duhaime: Pour ce qui est des prévisions dans le secteur
des pâtes et papiers pour l'année 1983, les plus optimistes
pensent que nos usines de papier journal pourraient reprendre une vitesse de
croisière et atteindre 85% de leur capacité de production.
M. Fortier: Cette année ou à la fin de
l'année?
M. Duhaime: Au cours de l'année 1983. Si ces optimistes se
trompent et que l'industrie est obligée de refaire ses stocks, il est
évident qu'on va s'acheminer davantage vers 86%, 87%, 88%. Le
scénario que je crois être le plus réaliste - je souhaite
me tromper de tout mon coeur - c'est qu'on va plutôt se tenir autour de
80%, 82% de capacité utilisée en 1983.
Pour ce qui est de l'industrie du sciage, on sent une très nette
reprise. Il y a différents signes: il y a, d'abord, l'emploi qui est
à la hausse parmi les grands producteurs de bois de sciage au
Québec et il y a aussi le téléphone qui sonne moins
souvent à l'intérieur de l'administration, on a moins de demandes
pour des reports de paiement de droits de coupe. Enfin, ce sont tous des signes
qui nous donnent une indication avec les chiffres que nous fournit la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, de
même que les données statistiques ici au Québec et du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Par
exemple, il y a eu des mises en chantier dans le secteur domiciliaire au
Québec qui atteignent des niveaux très encourageants. Alors,
c'est le détonateur pour l'industrie du sciage.
M. Fortier: Je crois que dans le secteur du sciage, c'est surtout
l'exportation américaine qui fait vivre l'industrie
québécoise en très grande partie.
M. Duhaime: Oui, mais il y a reprise aussi sur le marché
domestique. Est-ce qu'il y a un lien entre les chances de redémarrer
l'usine ITT et la reprise? Oui, bien sûr, il y a un lien. Je dirais que
ce lien est ténu parce que ce n'est pas seulement un problème de
marché pour ce qui est de la remise en route de l'usine ITT. C'est
essentiellement le coût d'approvisionnement en bois qui est un
problème très sérieux et les installations actuelles
devront être remontées en parties très importantes. Tout
simplement pour la question de l'usine de production d'acides, il y a là
50 000 000 $ en partant à dépenser en capital. Tant et aussi
longtemps - même si le marché était bon - qu'il n'y aura
pas amélioration dans les coûts de production, donc, un prix de
revient qui pourrait faire que la production de cette usine serait
concurrentielle, je pense que, comme les Anglais le diraient, c'est "No dice".
Mais les deux facteurs vont jouer, c'est évident.
M. Middlemiss: La même journée où on
était à Port-Cartier, vous avez annoncé des sommes
d'argent pour des travaux en forêt. Vous avez mentionné tout
à l'heure que ces travaux-là sont en marche.
M. Duhaime: Effectivement, les travaux sont en marche dans leur
première phase. Si le montant est disponible, on va vous le fournir tout
de suite. Les prévisions de dépenses, c'est de l'ordre de 800 000
$ pour l'exercice financier actuel. Le premier projet, de 80 000 $, a
été approuvé; l'embauche va être faite et le
départ, dès lundi qui vient.
M. Fortier: Pour terminer le dossier de la ITT,brièvement, le nom de D.C. Forest avait été
mentionné. Alors, c'est encore aléatoire.
M. Duhaime: D.C. Forest est venue faire son tour et elle a
rebroussé chemin, comme les Chinois d'ailleurs.
M. Fortier: Dans le programme 7, un montant assez
appréciable a été mis. Je crois que, selon l'explication,
c'était pour la papeterie de Matane. On a posé des questions en
Chambre dernièrement. Vous avez indiqué - je ne veux pas revenir
là-
dessus - que, dans le cas de la papaterie de Matane - le premier
ministre l'a dit - cela dépend beaucoup des marchés. C'est assez
aléatoire. Il me semblerait qu'en toute honnêteté ce projet
n'est pas plus certain que ITT, peut-être un peu plus. Mais la question
est celle-ci. Dans certains cas, comme pour les fonds que le ministre des
Finances met à votre disposition pour accélérer les
investissements dans le domaine minier, il y a un fonds à part qui n'est
pas dans vos crédits. Si vous avez mis un montant pour la papeterie de
Matane qui, probablement, ne servira pas cette année, est-ce que c'est
simplement un jeu politique ou s'il y a une rationalisation derrière la
préparation des budgets?
M. Duhaime: Jeu politique dans la préparation des budgets!
Je me demande où vous prenez cela.
M. Fortier: Pour quelle raison le mettre ici, alors que dans
l'autre cas ce n'est pas dans votre budget?
M. Duhaime: C'est l'application intégrale d'une
rationalité mathématique très avancée.
Des voix: Ah!
M. Fortier: En tant qu'ingénieur, je n'ai pas encore
compris. Expliquez-moi celai
M. Duhaime: Nous avons identifié très clairement le
niveau d'investissement que serait appelée à faire REXFOR dans le
projet de Matane, de même que le montant de la subvention qui, de
mémoire, est de 23 000 000 $; le reste, bien sûr, étant des
investissements susceptibles d'être faits par REXFOR sur les avances du
gouvernement dans le projet. Je pense qu'il ne serait pas juste de comparer le
projet de la papeterie de Matane avec le dossier de la relance de l'usine ITT
de Port-Cartier.
M. Fortier: Je le faisais avec les 40 000 000 $...
M. Duhaime: Oui, mais...
M. Fortier: ...du développement de l'industrie
minière, qui n'est pas dans votre budget.
M. Duhaime: Je vais vous expliquer cela très clairement.
Les montants qui seront investis dans Matane, soit en participation dans le
capital de risque ou encore par une subvention, sont des montants connus, donc
chiffrables sur au moins deux exercices financiers, parce que c'est à
peu près le délai normal de construction d'une usine de cette
capacité de production. C'est une capacité de 160 000 tonnes.
Dans le secteur des mines, le montant de 40 000 000 $ qui a été
annoncé dans le discours sur le budget est un montant non ventilé
et un montant affecté, au moment de son annonce, à aucun projet.
Jusqu'ici, à même les 40 000 000 $, nous avons
dépensé 12 000 000 $ pour enclencher des investissements de 82
000 000 $ dans le secteur aurifère.
J'ai indiqué, cet après-midi, que nous avions - est-ce que
je l'ai fait ou non? Je l'ignore. De toute façon, je vais le
répéter, pour ne pas l'oublier - deux autres projets très
importants à l'étude actuellement qui nous viennent de la
région du Nord-Ouest et un troisième groupe, le projet de relance
de Mines Gaspé, pour un montant de 125 000 000 $, avec une subvention de
25 000 000 $. Alors, si vous additionnez aux 12 000 000 $ déjà
engagés, les 25 000 000 $ mis de côté pour Mines
Gaspé, cela fait 37 000 000 $. Déjà, nous avons
épuisé l'enveloppe de 40 000 000 $ et, suivant la
mécanique du programme d'accélération, nous irons au fonds
de suppléance au fur à mesure des nécessités de
financement des projets d'investissement à l'intérieur du
programme de relance et d'accélération des investissements. (21 h
15)
Dans le cas de Matane, l'engagement du gouvernement peut être
chiffré à l'heure actuelle. Voilà la raison pour laquelle
nous avons inscrit aux crédits du ministère de l'Énergie
et des Ressources une somme de 21 000 000 $. J'ai eu l'occasion de le dire
récemment lorsque j'ai rencontré M. le maire Dion, de Matane, de
même qu'une bonne quinzaine d'intervenants qui s'occupent de ce dossier.
C'était la journée où, je crois, l'Opposition avait fait
une promesse, qui n'a pas été tenue à 100%. L'Opposition
s'était engagée envers les gens de Matane à poser des
questions au premier ministre et au ministre de l'Énergie et des
Ressources sur le dossier de la papeterie, mais le gros de la période
des questions a porté sur LG 2. Alors, ces gens étaient
très déçus. Ils me l'ont dit, ils l'ont dit devant le
premier ministre. Ce n'est pas exact?
M. Fortier: Ce n'est pas exact...
M. Middlemiss: La question a été posée.
M. Fortier: ...parce que cela a été posé au
premier ministre.
M. Middlemiss: Si vous vous souvenez bien, le premier ministre a
donné une réponse. Le président a voulu vous passer la
parole, il a dit: Si vous voulez donner la parole à quelqu'un, ne donnez
pas de réponse. Le lendemain...
M. Fortier: Votre énoncé est inexact,
M. le ministre.
M. Duhaime: II est très exact, il est dans le mille;
c'était à la fin de la période des questions.
M. Middlemiss: C'est moi qui ai posé la question, M. le
ministre.
M. Duhaime: Vous auriez dû avoir l'heureuse idée de
me poser une question additionnelle, vous auriez eu une réponse
très précise. Enfin!
M. Fortier: Ce que le ministre veut dire, c'est qu'il
était fâché que la question ne lui ait pas
été posée.
M. Duhaime: Vous savez, les jours où je n'ai pas de
questions à l'Assemblée nationale, cela ne m'empêche pas de
dormir le soir, soyez sans inquiétude; c'est plutôt l'effet
contraire qui se produit.
M. Fortier: Des blancs de mémoire.
M. Duhaime: Dans le dossier de Matane, nous attendons, et je
souhaite que nous ayons ces réponses rapidement. Je l'ai dit. J'ai
expliqué notre position aux gens de Matane que nous avons
rencontrés. Je ne peux pas vous dire qu'ils sont satisfaits du dossier,
mais il m'ont semblé, en tout cas, être satisfaits de la franchise
que j'ai eue à leur endroit. Nous avons obtenu du gouvernement
fédéral, du ministère du Revenu fédéral un
"ruling", l'année dernière, à savoir que les avantages
fiscaux qui seraient reliés au financement de ce projet, par le biais
d'une société en commandite, tenaient jusqu'au dernier jour de
mars 1983. Le président de REXFOR, M. Duchesneau, a fait des
démarches écrites auprès du ministère du Revenu
fédéral pour obtenir une extension du "ruling". Je ne sais pas
comment on dit cela en français.
M. Fortier: Décision gouvernementale.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas une décision
gouvernementale; c'est une décision du ministère. C'est un terme
intraduisible, de toute façon. Nous avons demandé que ce "ruling"
soit prolongé de douze mois additionnels - cela ne coûte pas une
maudite "cent" - et nous attendons après cette demande depuis plusieurs
mois.
Deuxième chose, notre gouvernement a déjà
annoncé, il y a plusieurs mois, que nous étions prêts
à respecter l'entente Bérubé-De Banné,
signée au cours d'une tempête, par laquelle les deux gouvernements
s'étaient déclarés d'accord pour que Québec paie
40% d'une subvention et Ottawa, 60%. Nos 23 000 000 $ sont sur la table et nous
attendons une réponse affirmative, espérons- le, du gouvernement
fédéral.
Je ne peux pas continuer les négociations avec quelque partenaire
que ce soit parce que, à la première question qu'il me pose: Si
nous investissons dans la papeterie de Matane, est-ce que nous
bénéficierons des avantages fiscaux d'une société
en commandite? Je suis obligé de répondre: Je ne le sais pas. Et
on me demande ensuite quel va être le montant de la subvention
fédérale dans le projet parce que c'est un surplus d'apport
énorme sur le pro forma de l'entreprise au point de départ; je
suis obligé de répondre: Je ne le sais pas.
On en est là, M. le Président. Lorsque ces deux questions
seront réglées, je serai en mesure, sans aucun doute, de faire
avancer les pourparlers et les démarches que nous avons entreprises avec
F.F. Soucy, de Rivière-du-Loup, et le groupe Québécor.
M. Fortier: J'espère que vous leur donnerez le
numéro de téléphone des gens d'Ottawa pour qu'ils puissent
obtenir la réponse.
M. Duhaime: Des ministres fédéraux, il en
traîne partout dans le paysage, dans toutes les régions du
Québec. C'est facile d'avoir la réponse. La réponse, pour
l'instant, c'est non aux deux questions.
M. Fortier: Je crois qu'on n'a pas d'autres questions; cela va
là-dessus. Adopté.
Le Président (M. Paré): Le programme 7 est
adopté. Donc, on a fini le secteur des forêts.
M. Fortier: Excusez-moi, j'aurais une autre question sur le
marché des pâtes et papiers. On sait qu'il y a une concurrence de
plus en plus vive des États-Unis pour l'alimentation en bois. On parle
de ITT. Il y a un espoir que les choses reviennent comme avant, mais comme dans
bien des domaines, il se pourrait fort bien que les choses ne reviennent pas
comme avant. Je me demandais si le ministère ou les compagnies de
papier, ou conjointement, avaient fait une étude stratégique de
la position concurrentielle du Québec face à celle des
États-Unis ou si les faits sont assez bien connus pour qu'il ne soit pas
nécessaire de faire des études. Le ministre est-il en mesure de
nous dire si nous vivons un moment difficile ou si les moments difficiles vont
continuer dans l'avenir dans le domaine des pâtes et papiers, compte tenu
de la concurrence du Sud des États-Unis en particulier?
M. Duhaime: Oui, en fait, il y a une concurrence qui continuera
d'être présente et qui viendra du Sud des États-Unis. Il y
a des capacités de production qui s'ajoutent
également dans les pays en voie de développement. Je crois
que c'est le Mexique, l'Argentine, le Chili et le Brésil qui vont
ajouter de la capacité de production dans le monde. La capacité
de production du Québec est d'environ 4 500 000 tonnes.
À travers la crise, nous maintenons à l'échelle
mondiale notre part du marché. J'ai la certitude que la continuation du
programme de relance et de modernisation qui implique des
déboursés prévus jusqu'en 1987 d'au-delà de 3 000
000 000 $ devrait permettre aux usines de papier au Québec de continuer
de produire à des coûts très concurrentiels.
Le plus grand danger, je crois, qui nous menace nous vient des pays en
voie de développement qui ont souvent accès à une
matière ligneuse beaucoup plus proche des centres de production avec des
coûts de main-d'oeuvre très bas. Mais là où nos
entreprises peuvent se reprendre, c'est avec le très haut niveau
d'avancement de la technologie et l'introduction de l'informatique dans le
fonctionnement des usines de papier. J'avais l'occasion récemment d'en
inaugurer une à Shawinigan, dans ma ville. Je l'ai fait avec plaisir et
fierté parce que c'est une usine de papier dans laquelle j'ai eu
l'occasion de travailler, j'allais dire de mes sueurs et de mon sang, mais
c'est presque vrai. S'il y en a parmi vous qui ont déjà
travaillé sur la relève de minuit à huit pour aller faire
le ménage en dessous de la machine à papier no 4, on gagne notre
argent dans les usines de papier journal.
M. Fortier: Cela marque un homme pour la vie. On s'en
aperçoit.
M. Duhaime: Nous avons inauguré, c'est tout récent,
avec la direction de la compagnie Consolidated-Bathurst, la nouvelle machine
à papier, c'est-à-dire la machine à papier no 8 maintenant
modernisée qui, au début de sa production, il y au-delà
d'une vingtaine d'années, tournait à peine à 1100 ou 1200
pieds-minute. Cette même machine, avec un double système sur le
séchoir pour pouvoir tourner à 3800 pieds-minute, fonctionne avec
un système de contrôle informatisé quant à
l'humidité, à la composition de la pâte chimique, etc.
C'est donc dire que, si le programme de modernisation atteint les
mêmes résultats dans les autres usines que ceux que j'ai vus
à l'usine Belgo de Shawinigan, je pense qu'il y a lieu d'être
optimiste pour l'avenir et de penser que non seulement nous pourrons utiliser
toute la capacité de production qui existe au Québec, mais aussi
que nous pourrons ajouter de la capacité de production pour que dans
quelques années notre part de marché à l'échelle du
monde soit protégée. Alors, M. le Président, je suis
optimiste.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Oui. Est-ce que le ministre peut nous indiquer
à quel moment il a l'intention de présenter un plan
intégré de gestion des forêts du Québec?
M. Duhaime: Grande question pour environ 10 ans d'ouvrage.
M. Fortier: Est-ce que vous avez au moins commencé
à y travailler? Peut-être que le ministre peut me donner le
cheminement qui va être suivi pour arriver au résultat.
M. Duhaime: Ce n'est pas mon habitude beaucoup. Je ne sais pas si
c'est l'influence de mes séjours dans les institutions anglaises, mais
j'ai l'habitude de travailler cas par cas. Je sais que nous travaillons, bien
sûr, sur des plans de gestion au ministère. Nous travaillons sur
une problématique de mise en place de sociétés de gestion
forestière; il y en a une pilote en route dans le Témiscamingue.
Vous connaissez la grande thèse de doctorat sur un plan
intégré de gestion de la ressource forestière. Moi, je
vous avoue honnêtement qu'en soi cela peut être un cadre de
travail, de réflexion fort intéressant.
Je peux vous dire que nous avons réussi jusqu'à
présent à maintenir - ce qui m'apparaît être le
principal et l'essentiel -un équilibre entre l'offre et la demande de
matière ligneuse, une répartition régionale qui s'est
protégée dans ses investissements, l'objectif étant
l'utilisation maximale de notre ressource forestière, en particulier
l'utilisation des feuillus, une plus grande diversification de production dans
le bois ouvré. Je pense, entre autres, à l'investissement qui a
été fait avec l'aide du gouvernement, une association avec REXFOR
que l'on semble décrier dans certains coins du Québec, mais qui
était très bienvenue à Sayabec. Il s'agissait de
s'associer avec le groupe allemand Kunz pour un investissement très
important dans la vallée de la Matapédia. Cette entreprise est en
marche actuellement avec une technologie à la fine pointe; même
qu'on devait procéder à l'inauguration officielle en mai dernier,
il y a quelques semaines, mais vos collègues ont cru bon de me retenir
à la table de la commission permanente de l'énergie et des
ressources. Alors, on a remis la cérémonie à l'automne.
C'est de cette façon que nous travaillons.
Maintenant, votre question, sans être théorique, ne retient
pas pour l'instant toutes les énergies des effectifs du
ministère. Il y a des gens qui font une réflexion, bien
sûr; on verra ce que l'on peut faire.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. LeBlanc: Dans le même ordre d'idées, est-ce que
le ministère est impliqué de quelque façon dans la
préparation des schémas d'aménagement des
municipalités régionales de comté? C'est un peu dans le
sens de cette même question.
M. Duhaime: Oui, en fait, nous sommes, bien sûr,
étroitement impliqués dans ce dossier. Nous aurons à
travailler, je dirais, avec beaucoup de soin et d'attention avec les
municipalités régionales de comté pour ce qui est de la
réglementation en matière d'aménagement. Il y a une
crainte persistante et sérieuse de la part de l'industrie
forestière que la réglementation des municipalités
régionales de comté viendrait entraver non seulement l'action du
ministère de l'Énergie et des Ressources, mais les projets
d'investissement et d'aménagement de l'industrie. Je dis bien que c'est
là le point de vue de ceux qui ont des craintes.
J'ai eu l'occasion de discuter de ce dossier avec mon collègue
des Affaires municipales et mon collègue de l'Aménagement, et je
pense que, en cours de route, nous allons certainement trouver le moyen de
concilier un objectif nécessaire de réglementation minimale au
niveau des MRC et de la mise en place des schémas d'aménagement,
ensuite des schémas régionaux et des objectifs poursuivis par le
ministère et par l'industrie.
M. Middlemiss: Une dernière question, M. le
Président. Est-ce que vous avez ces statistiques? Quels sont les
bénéfices pour la province de Québec pour chaque dollar
investi dans le domaine forestier? (21 h 30)
M. Duhaime: Je ne comprends pas votre question.
M. Middlemiss: Les retombées?
M. Duhaime: Je l'ai donné dans mon discours ce matin.
M. Middlemiss: Les bénéfices pour la province, les
retombées pour chaque dollar investi dans la forêt?
M. Duhaime: Le coefficient multiplicateur en termes
d'investissements? Est-ce que c'est sur des investissements
réalisés ou sur la valeur ajoutée ou sur la part de
l'industrie à l'intérieur du produit intérieur brut? C'est
quoi, votre question?
M. Middlemiss: Pour chaque dollar investi par le gouvernement
dans tout le domaine forestier, quelles sont les retombées sur le
gouvernement, par la vente, les impôts, ainsi de suite? Quels sont les
bénéfices? Est-ce que cela pourrait atteindre 45%?
M. Duhaime: Je ne sais pas où vous avez pris ce chiffre.
J'avoue n'avoir jamais travaillé sur un chiffrier de cette
nature-là. Ce qu'on peut vous dire, c'est que le ministère de
l'Énergie et des Ressources affecte à peu près les deux
tiers de son budget à la forêt. Est-ce qu'on comptabilise, dans
votre scénario, les dépenses pour la lutte contre les incendies,
contre la tordeuse, etc? Il faudrait voir de façon très
précise ce que vous avez en tête, mais les chiffres que j'ai
donnés ce matin, je vais les retrouver tout de suite dans mes notes.
Nous avons déposé, je crois, à l'Assemblée
nationale... C'est mon collègue, le leader parlementaire du gouvernement
qui a fait ce dépôt, parce que j'étais pris ailleurs au
moment du dépôt de documents. Oui, oui, il a été
déposé.
M. Fortier: Oui, c'est le document qui a été
déposé et dont les journalistes n'ont pas eu copie avant. Dans le
cas de SOQUEM, c'était différent. Les journalistes en ont eu une
copie; ensuite, cela a été déposé à
l'Assemblée nationale.
M. Duhaime: Qu'est-ce que vous me racontez là pour
SOQUEM?
M. Fortier: Cela a été déposé ce
matin, mais les journalistes en ont eu une copie hier puisque les journaux en
faisaient état.
M. Duhaime: Oui, il y a eu une graine dans la machine quelque
part. C'est que toutes les copies, les 215 copies du rapport financier annuel
de SOQUEM, étaient rendues au bureau du greffier ou au bureau du leader,
je ne sais trop, et il y a quelqu'un qui n'a pas fait son boulot quelque part.
Que voulez-vous que je vous dise? Le nôtre était fait et c'est
toujours avec beaucoup de précaution que nous déposons les
rapports annuels. Je peux vous dire d'avance que nous déposerons le
rapport annuel de SOQUIP lundi. Maintenant, à la page 11 de ce document
et peut-être ailleurs aussi - on pourrait passer le reste de la
soirée à vous lire le document - je pense que vous pourrez
retrouver les chiffres qui sont les grands indicateurs que j'ai donnés
ce matin. Il y a 260 000 emplois directs et indirects dans l'ensemble de
l'industrie; la masse salariale est évaluée à 1 3 000 000
$. La valeur totale des livraisons pour tout le secteur industriel du bois et
du papier représente 16,2% de la valeur de la production totale de
l'industrie manufacturière québécoise et 19% de la valeur
ajoutée. Les forêts contribuent pour plus de 20% de la valeur
totale des exportations avec des expéditions
dépassant 3 000 000 000 $. Alors, à partir de ces
données et des chiffres du ministère, de même que les
revenus que nous avons à la colonne des crédits pour ce qui est
des droits de coupe que nous percevons, vous pouvez certainement faire un
montage financier. Mais je ne pense pas que, de toute manière, le dollar
investi puisse être suivi dans une comptabilité pour qu'on puisse
sentir son rendement en cents ou en dollars. Si quelqu'un vous a dit 45%, je ne
sais pas du tout sur quoi ce calcul pourrait être fondé.
M. Fortier: Programme 7, adopté.
Le Président (M. Paré): Le programme 7 est
adopté? Adopté. Donc, nous avons terminé le secteur des
forêts.
M. Fortier: Programme 8.
Le Président (M. Paré): Nous passons au secteur des
statistiques, de la planification et de la coordination. Programme 8?
Secteur des statistiques,
de la planification et de la coordination
M. Fortier: On parle beaucoup de cartographie dans cette
section.
Dernièrement, je regardais le rapport annuel de la
Société de cartographie du Québec. En 1982, il y a un
déficit de 544 000 $. Je regardais les buts de cette
société. À ma connaissance, le même genre de
services se retrouve dans le secteur privé. Le ministre me
corrigera.
Ma première question: Pour quelle raison garder une telle
société? Est-ce que, à toutes fins utiles, le
ministère ne pourrait pas compter uniquement sur ce qui se fait dans le
secteur privé et éviter une perte de 500 000 $ comme
celle-là?
M. Duhaime: Ma réponse va être simple: II n'y a
aucune raison. Non seulement les services que nous pouvons obtenir de la
Société de cartographie peuvent être obtenus de
sociétés concurrentes dans le secteur privé, mais
également le ministère de l'Énergie et des Ressources a
l'air passablement bien organisé en équipements de tous genres de
production dans le secteur de la cartographie. Je vais le dire un peu pour
taquiner plus que d'autres choses: J'ai l'impression qu'on est très bien
équipé au ministère de l'Énergie et des Ressources
dans ce domaine.
Il faut dire que la Société de cartographie, lorsqu'elle a
été mise en route sous l'ancien gouvernement, je pense que cela a
été une des - même s'il est tard, on ne sera pas malin -
bonnes décisions pour la raison qu'il fallait, à l'époque,
un secteur d'expertise, un secteur témoin. Il y avait très
certainement dans le temps défaillance du côté du secteur
privé. Je vous avoue que mon idée est à peu près
faite: Nous avons l'intention de nous retirer de ce champ d'activités.
C'est un projet du ministère, pour l'instant. Je ne sais pas ce que mes
collègues en penseront au Conseil des ministres. J'ai comme l'impression
que, si nous faisons un scénario de transfert des actifs par des mises
en vente, par des transactions ou encore en regroupant la Société
de cartographie à l'intérieur d'un consortium avec le
privé, n'importe quelle solution qui fait disparaître un
déficit d'une société d'État est toujours
bienvenue. Nous y travaillons actuellement. Les décisions ne sont pas
prises. Je crois pouvoir vous dire qu'au cours de l'année 1983 cette
question pourrait être réglée.
Je pense, entre autres, aussi - si vous me permettez de poursuivre pour
quelques secondes - à l'intégration du personnel qui est
là, formé, bien sûr, de techniciens. C'est un secteur
d'activités de haute précision. J'ai eu l'occasion de visiter la
Société de cartographie. Il y a de la machinerie passablement
impressionnante, de technologie nouvelle également. Si nous
procédons à une liquidation de la Société de
cartographie, on ne le fera, bien sûr, que dans la mesure où on y
verra un intérêt. On pourrait très bien envisager que la
Société de cartographie reste une corporation, une entité
juridique qui pourrait détenir une participation à
l'intérieur d'un consortium qui pourrait regrouper des intervenants dans
le secteur privé. Il y a plusieurs scénarios qui sont sur la
table pour discussion. Je pense que cela devrait être en cours de
l'année 1983 qu'on pourrait prendre une décision finale dans ce
dossier.
M. Fortier: Je suis heureux de la décision et de
l'orientation du ministre. En regardant les états financiers et les
actions ou la mission de la société, même si à
l'origine il y avait de bonnes raisons, présentement cela me semblait un
peu superflu. Comme à chaque semaine on semble créer de nouvelles
sociétés d'État, il faudrait peut-être se pencher
sur celles qui existent pour voir celles qui pourraient disparaître du
paysage. Certainement pour celle-là, cela ne soulèverait pas un
débat extraordinaire si une décision était prise dans le
sens que le ministre vient d'évoquer, tout en réduisant le
déficit budgétaire à cet effet.
Est-ce que ce déficit émarge au budget du ministère
ou si cela relève du fonds consolidé?
M. Duhaime: Cela n'apparaît pas à notre budget.
C'est au fonds consolidé.
M. Fortier: La société se rapporte au
ministre?
M. Duhaime: Oui. C'est moi qui suis le ministre de tutelle.
M. Fortier: Je peux reprendre ma question sur le problème
de l'arpentage. Personnellement, je ne connais pas beaucoup la Loi sur les
arpentages. Je vais être bien franc avec vous. Est-ce que des plaintes
comme celle que j'ai reçue ici sont nombreuses? Est-ce qu'il y a
beaucoup de gens qui se plaignent du fait que si un voisin exige un certain
arpentage qui peut être coûteux, cela peut vouloir dire une
dépense anormale pour un propriétaire de boisé, de terre
forestière, je ne sais pas, qui, lui, est satisfait de la ligne qui
existe? Est-ce que vous avez reçu des plaintes à cet effet?
M. Duhaime: Moi, j'ai un très volumineux courrier et je
n'ai jamais été frappé par un volume de correspondance de
la nature que vous évoquez. Le problème que vous soulevez est
très certainement un problème de mitoyenneté ou d'une
dispute entre bons voisins. Cela fait partie de la tradition
québécoise de se ruiner pour une querelle de clôture et
cela ne relève pas de la Loi sur les arpentages. Cela relève du
Code civil où le propriétaire d'un terrain peut demander et
forcer même l'arpentage. Tous les jeunes avocats qui commencent à
pratiquer ont l'insigne bonheur, généralement, de commencer leur
pratique avec deux, trois bonnes actions en bornage pour réaliser, une
fois rendus à la Cour d'appel, qu'ils sont en train d'y laisser leurs
frais et de ruiner leur client. C'est bien connu au barreau, mais, pour
être bien clair, cela ne relève pas de la Loi sur les arpentages,
mais du Code civil.
M. Fortier: Du Code civil proprement dit.
Le Président (M. Paré): Le programme 8 est-il
adopté? Programme 8, adopté. Est-ce qu'on passe
immédiatement à énergie ou si on va au programme 9?
M. Fortier: 9, oui.
Secteur de la gestion juridique du cadre
socio-économique
Le Président (M. Paré): Programme 9, secteur de la
gestion juridique du cadre socio-économique.
M. Duhaime: Pas de problème. Cela va très bien,
messieurs de l'Opposition.
M. Fortier: À quoi sert le programme 9?
M. Duhaime: La gestion des terres publiques.
M. Fortier: Est-ce que cela inclut le
Labrador?
M. Duhaime: C'est le ministère de l'Énergie et des
Ressources qui a la responsabilité du territoire, de protéger son
intégrité et de faire la gestion des terres publiques,
l'application de la Loi sur le cadastre, par exemple, la surveillance de nos
frontières.
M. Fortier: Est-ce que vous avez des
gardes-frontières?
M. Duhaime: Non. Je pense que c'est important de le noter.
Cependant, je ne sais pas comment il se fait que l'Opposition n'a pas
été frappée par l'importance de ce volet d'activité
judiciaire. L'État québécois est encore aujourd'hui
propriétaire de la presque-totalité de son territoire, 90%. Ce
droit de propriété s'étend, bien sûr, dans plusieurs
villes et villages du Québec, notamment en Abitibi et sur la
Côte-Nord. De temps en temps, on en perd un morceau comme la Mingamie
où on vient de se faire passer un Québec, comme on dit.
M. Fortier: D'autres fois, sous d'autres gouvernements, on
acquiert un gros morceau comme l'île d'Anticosti.
M. Duhaime: Oui. Ce programme 9 n'est pas tellement
impressionnant par le montant des crédits qui y est rattaché,
mais est, cependant, très important. Presque toutes les semaines, le
Conseil des ministres adopte des arrêtés en conseil sur
l'entrée en vigueur du cadastre dans certaines régions du
Québec, les échanges de terrains, des cessions, des transferts de
propriété d'un ministère à l'autre ou des
échanges de terrains avec des particuliers, l'industrie, etc. C'est ce
programme également qui s'occupe du répertoire et de la
connaissance du territoire.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Programme 9, adopté.
Nous allons maintenant passer au secteur énergie, programmes 13 et
14.
Secteur de l'énergie Régie de
l'électricité et du gaz
(21 h 45)
M. Fortier: Programme 13, Régie de
l'électricité et du gaz. En 1982-1983, 3 000 000 $; en 1983-1984,
2 000 000 $. Félicitations, coupure assez extraordinaire de 1 000 000 $.
Pourriez-vous me dire comment vous avez réussi ce coup extraordinaire,
si ce n'est que vous aviez l'intention de l'abolir complètement et que
vous êtes en train de réviser votre position?
M. Duhaime: J'aurais vraiment été très
déçu, M. le député d'Outremont, si vous ne m'aviez
pas posé cette question. Nous avons réussi cette compression
d'ordre budgétaire en réajustant le nombre des emplois par des
mises en disponibilité et par un transfert du service d'inspection de la
régie au ministère.
M. Fortier: Quel service d'inspection? Dans le domaine du
gaz?
M. Duhaime: Dans le domaine du gaz, oui.
M. Fortier: Cela prendrait une loi pour faire cela, M. le
ministre.
M. Duhaime: Non. M. Bédard.
M. Fortier: Parce que la loi de la régie indique -
remarquez bien que je n'ai rien contre le fait que l'inspection soit
tranférée - qu'elle est responsable de l'inspection.
M. Duhaime: Je dois vous dire, pour ajouter à
l'information, que moi non plus, je n'ai pas comme objectif de m'amuser
à abolir des sociétés d'État, des régies ou
des offices; je n'ai aucun préjugé en partant. Mais nous nous
sommes posé très honnêtement la question, en mettant, bien
sûr, à contribution la direction de la Régie de
l'électricité et du gaz, s'il y avait lieu de maintenir les
activités de la Régie de l'électricité et du gaz ou
encore de l'intégrer aux activités du ministère. Nous nous
sommes rendu compte que certaines économies d'échelle pouvaient
être réalisées sans toucher a la structure juridique de la
Régie de l'électricité et du gaz. Donc, ce que nous avons
fait cette année, une compression de 1 000 000 $ dans les
dépenses, c'est un pas dans cette direction.
Maintenant, il faut comprendre que la loi accorde à la
Régie de l'électricité et du gaz les pouvoirs d'un
tribunal administratif, des fonctions quasi judiciaires. J'aurais, bien
sûr et très certainement, scandalisé le
député d'Outremont si nous avions déféré
à la commission parlementaire élue de l'énergie et des
ressources l'approbation des tarifs en matière de gaz. C'est une des
fonctions qu'exerce la régie. Elle exerce aussi des fonctions, je
dirais, de juge effectivement ou de tribunal lorsque des plaintes sont
portées, soit par des détenteurs de franchises ou encore par des
clients pour ce qui est du respect des prix et de la tarification. Mais nous
nous sommes rendu compte qu'en tentant de l'intégrer davantage au
ministère, nous allions empêcher la Régie de
l'électricité et du gaz de remplir cette fonction quasi
judiciaire qui lui est dévolue par sa loi constitutive. Alors, on est
à peu près au maximum de compression qui peut être fait
pour ce qui est de la Régie de l'électricité et du gaz.
Cela a dû vous frapper autant que moi, c'est une compression de 33,6%.
Mes fonctionnaires, au ministère, ont tous mis une plume à leur
chapeau lorsque ce résultat a été connu.
M. Fortier: Est-ce qu'il s'agit d'une réduction de
personnel ou d'un transfert de responsabilités? En regardant la Loi sur
la Régie de l'électricité et du gaz, on s'aperçoit
que l'inspection qui est là n'a rien à faire avec la
responsabilité de la régie; j'avais entendu dire qu'elle serait
transférée au ministère des Relations avec les citoyens,
je ne sais pas. Est-ce que cette fonction, qui devait coûter 1 000 000 $
à 1 500 000 $, a été transférée à
votre ministère ou à un autre ministère? Alors, on ne
parle pas d'économie, on parle simplement d'un transfert des
responsabilités.
M. Duhaime: Non, il n'y a pas un transfert de chiffres et un
"fling flang" pour faire croire au monde qu'on a fait une économie alors
qu'on n'en a pas fait.
M. Fortier: Vous venez de dire que le côté
inspection avait été transféré. Cela devait
coûter 1 000 000 $ au moins.
M. Duhaime: Oui, mais nous en sommes venus à la conclusion
que nous pouvions réaliser le devoir et le mandat d'inspection à
un coût beaucoup moindre en faisant des mises en disponibilité et
en redistribuant les responsabilités à l'intérieur d'une
des directions de l'énergie au ministère de l'Énergie et
des Ressources.
En termes clairs, la responsabilité de l'inspection pour ce qui
est du secteur gazier, qui était la responsabilité jusqu'à
présent de la Régie de l'électricité et du gaz, est
transférée au ministère de l'Énergie et des
Ressources. Nous avons donc comprimé du tiers le budget de
fonctionnement de la Régie de l'électricité; il y a donc
eu de la part de la Régie de l'électricité des mises en
disponibilité et le scénario de transfert, pour ce qui est des
services d'inspection, est en train de se faire graduellement de la
Régie de l'électricité et du gaz vers une des directions
du ministère de l'Énergie et des Ressources. À la section
énergie, je tente de me souvenir du nom, il y a déjà un
service d'inspection qui existe pour les produits pétroliers. Ces gens
devraient tous se rencontrer.
C'est un peu curieux que nous ayons eu jusqu'à présent le
ministère de l'Énergie et des Ressources avec des inspecteurs sur
la route pour ce qui est des produits pétroliers mais qui n'avaient pas
le mandat d'agir en matière de gaz; alors, le service de la Régie
de l'électricité et du gaz et le service du ministère de
l'Énergie en matière d'inspection des produits pétroliers
vont
s'intégrer, d'où l'économie qui sera
réalisée.
Est-ce que maintenant le gain net sera de 1 000 000 $ à la fin de
l'exercice financier 1983-1984? C'est ce que nous souhaitons. Mais il est
certain que la Régie de l'électricité et du gaz ne pourra
pas dépenser davantage que ce qui est prévu au budget, au
programme 9.
M. Fortier: Parce que le personnel d'inspection dont on parle
était surtout du personnel en région.
M. Duhaime: Oui, pour la plupart à Montréal.
M. Fortier: Est-ce que cela veut dire que les employés qui
étaient à la régie avaient moins de permanence que ceux
qui étaient au ministère? C'étaient des gens de la
fonction publique de la même façon. Dans quelle mesure la Loi sur
la fonction publique vous permet-elle de mettre ces gens en
disponibilité?
M. Duhaime: Tous les employés de la Régie de
l'électricité et du gaz ont le statut de fonctionnaires du
gouvernement. Et lorsqu'arrive le moment de leur mise en disponibilité
à la suite d'abolition de postes, c'est la convention
générale des fonctionnaires qui s'applique à eux,
c'est-à-dire le règlement de mise en disponibilité, un
délai de six mois pour tenter de leur retrouver un emploi dans...
M. Fortier: C'est quand il y a abolition de poste,
n'est-ce-pas?
M. Duhaime: ...un autre secteur d'activité avec la fameuse
clause du 50 kilomètres. Ensuite, une année, deux années.
Enfin, ils ont tous les avantages de la sécurité d'emploi. Mais
le nombre de postes est diminué.
M. Fortier: Puis, vous n'avez pas eu de difficultés par le
fait que ces postes étaient abolis à un endroit, mais
créés à un autre? 3e veux dire que le syndicat ne vous a
pas soulevé d'opposition.
M. Duhaime: Ce genre d'opération ne se fait jamais sans
difficultés, mais on va tenter de la faire avec le plus grand
doigté et en tenant compte qu'il y a très certainement des
effectifs qui peuvent être transférés.
M. Fortier: Ce n'est pas encore fait.
M. Duhaime: J'avoue honnêtement ne pas être en mesure
de vous donner des informations dans le menu détail. Ce n'est pas
complété, mais c'est commencé.
M. Fortier: C'est commencé, mais c'est loin d'être
complété. J'imagine que les chiffres qui sont là auraient
été valides si cela avait été fait au 1er
avril.
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Ce qui veut dire que votre budget est faux en
partant.
M. Duhaime: Non.
M, Fortier: Ce budget ne sera pas respecté.
M. Duhaime: Le budget de la régie va être
respecté, mais, s'il y a un accroissement de dépenses, ce sera au
ministère de l'Énergie et des Ressources. On verra en cours
d'année comment on s'ajustera. Mais l'économie réelle
à la régie est là.
M. Fortier: Étant donné que la loi de la
régie disait qu'elle était responsable de l'inspection, j'aurais
cru que, pour le faire, vous auriez été obligé d'apporter
une modification à la loi. Pouvez-vous faire cela sans modifier la
loi?
M. Duhaime: Je ne sache pas que la loi dise cela - je ne l'ai pas
à portée de la main - que le service d'inspection a
été confié à la régie.
M. Fortier: Est-ce que cela a été
vérifié?
M. Duhaime: Oui, cela a été vérifié
par les services du contentieux du ministère. Je peux vous donner
l'assurance aussi que M. Cloutier n'aurait pas laissé partir son service
d'inspection si nous allions enfreindre sa loi constitutive à la
Régie de l'électricité et du gaz.
M. Fortier: Je ne suis pas certain de cela parce que,
d'après les "feed-backs" que j'avais, c'était une fonction qui
n'avait rien à faire avec la régie proprement dite.
M. Duhaime: On me dit qu'il n'y a rien dans la loi comme telle
qui lui donne un mandat spécifique d'inspection. C'étaient des
mesures de prévention que prenait la Régie de
l'électricité et du gaz.
M. Fortier: Je ne suis pas sûr, mais je pense
personnellement que c'est aller dans la bonne direction. À mon avis, la
régie doit avoir une fonction de régie. Ce n'est pas souvent que
je donne mon absolution au ministre, mais dans ce cas-là c'est un pas
dans la bonne direction.
M. Duhaime: À la Régie de
l'électricité
et du gaz, on est d'accord pour que les fonctions d'inspection soient
dévolues ailleurs, mais à force d'entendre vos discours sur la
tarification d'Hydro-Québec, on est en train de vous croire. On ne m'a
pas encore convaincu, remarquez bien.
M. Fortier: Cela fait trois ou quatre ans...
M. Duhaime: Si cela peut vous consoler, vous n'aurez pas
parlé en vain.
M. Fortier: ...qu'on a préparé un mémoire.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on a commencé à faire des
représentations.
M. Duhaime: Mais cela fait trois ou quatre ans que vous en
parlez.
M. Fortier: Le ministre a-t-il pris une décision afin de
garder la régie moins l'inspection telle qu'elle est présentement
à Montréal?
M. Duhaime: Oui.
M. Fortier: Je ne sais pas, je ne veux pas en faire un cas
personnel, mais le président de la régie demeure toujours
à Québec et la régie est toujours à
Montréal. Quelles sont les dépenses encourues par le gouvernement
à cause de cela? Cela doit être des montants assez
considérables.
M. Duhaime: Son port d'attache étant Montréal, le
président a choisi de se payer l'autoroute 20 le nombre de fois par
semaine qu'il le désire ou de prendre l'avion. Ses dépenses comme
P.-D.G. sont remboursées en fonction de son port d'attache, comme on le
dit en langage maritime, qui est Montréal.
M. Fortier: Avez-vous fait une évaluation? Vous avez dit
tout à l'heure: On a regardé cela. D'après ce qui me
semble être le cas, d'ailleurs, avec l'Ontario Energy Board, les revenus
qui s'en vont dans le fonds consolidé sont plus considérables que
les coûts de la régie. C'est le cas de l'Ontario Energy Board en
particulier. J'imagine que vous avez dû faire le même calcul ici
pour vous apercevoir que les revenus allant dans le fonds consolidé
venant des compagnies de gaz sont plus considérables que les
dépenses occasionnées par la régie elle-même. Si on
avait la même chose du côté de l'électricité,
bien sûr, les dépenses seraient assumées par
HydroQuébec.
M. Duhaime: C'est une technique...
M. Fortier: Alors, à ce moment-là, ce n'est pas
tellement une question de coût gouvernemental; c'est plutôt une
question de principe sur la procédure à suivre.
M. Duhaime: ...que mon collègue des Finances
apprécie beaucoup.
M. Fortier: Oui, parce que ce n'est pas le ministère qui a
les revenus.
Les études, les recherches et les interventions concernant
l'énergie, je ne sais pas si c'est ici.
M. Duhaime: On est encore au programme 13.
M. Fortier: On est encore au programme 13, oui. Alors, les
éléments 1 et 2 du programme 13, c'est la régie, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Duhaime: Oui, c'est cela. Tout le programme 13 est
exclusivement la Régie de l'électricité et du gaz.
Le Président (M. Paré): Peut-on adopter
immédiatement le programme 13?
M. Fortier: J'ai seulement une dernière question. Je sais
que le personnel de la régie était très inquiet de ce qui
se passait. Est-ce que, maintenant que des décisions ont
été prises, cela va stabiliser le moral des troupes?
M. Duhaime: Espérons-le. Je crois que oui.
M. Fortier: Ils ont été avertis?
M. Duhaime: Oui, ils sont au courant de toutes nos
démarches.
M. Fortier: Ils sont au courant des décisions de
principe.
M. Duhaime: Cela a été fait, je n'irais pas dire
conjointement et solidairement, au moins conjointement.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Le programme 13 est
adopté. Programme 14?
Études, recherches et interventions concernant
l'énergie
M. Fortier: J'aurais une question à poser au ministre sur
le programme 14. Il y a eu une annonce qui a été faite
dernièrement par M. Chrétien, indiquant qu'il y avait un
programme sur le développement des économies d'énergie ou
de nouvelles technologies, pour un montant de 29 000 000 $. Le Québec
étant la seule
province qui n'avait pas participé à ce programme, ils ont
décidé d'y aller d'une façon unilatérale. (22
heures)
M. Duhaime: Dans le secteur industriel?
M. Fortier: Je ne me souviens pas du programme. Je n'ai pas le
communiqué avec moi.
M. Duhaime: Je devrai vous corriger là-dessus.
M. Fortier: C'était le programme du développement
des nouvelles technologies et toutes les provinces avaient signé avec le
fédéral à ce sujet. Le gouvernement fédéral
a procédé d'une façon unilatérale dans ce cas.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès du député
d'Outremont. Je croyais que vous vouliez me parler d'un programme
d'économie d'énergie dans le secteur industriel et
commercial.
M. Fortier: C'est dans les nouvelles technologies, je crois.
C'est l'énergie solaire et les nouvelles formes d'énergie.
M. Duhaime: Pour le programme d'économie d'énergie
dans le secteur industriel...
M. Fortier: On peut se réjouir du fait que ce sera financé
totalement par le fédéral. D'un autre côté, je me
demandais si c'était en contradiction avec les actions du
ministère ici ou si le fait que le Québec ne participe pas ne
permettait pas la collaboration qui devrait normalement s'effectuer.
M. Duhaime: Non, pas du tout. Le programme qui s'appelle
Ener-Démo, qui vient d'être annoncé par le gouvernement
fédéral, comporte des dépenses de 29 000 000 $ sur cinq
ans. Si vous voulez mon avis, c'est un peu un pois dans la soupe. Le
fédéral va payer 100% des dépenses. Ce sont beaucoup plus
des analyses?
Une voix: Non, ce sont des projets de démonstration.
M. Fortier: Ce sont des projets spécifiques.
M. Duhaime: Ce sont des projets de démonstration.
M. Fortier: Dans le domaine de l'énergie solaire en
particulier, je pense que ce sera très apprécié.
M. Duhaime: Oui. Alors, on nous a proposé une entente par
laquelle nous allions être invités à payer 50% de ce
programme et nous avons décidé de ne pas accepter la proposition.
Alors, le gouvernement fédéral a décidé d'y aller
seul et paiera donc 100%.
M. Fortier: J'imagine qu'il a mis les 50% qu'il aurait mis de
toute façon. Alors, au lieu d'avoir quelque 50 000 000 $, il va y en
avoir seulement 25 000 000 $.
M. Duhaime: Vous avez parfaitement raison. C'est ce qui prouve
qu'on n'a jamais rien de plus que ce qu'on peut espérer et parfois
beaucoup moins qu'annoncé.
Hydro-Québec
M. Fortier: D'une façon générale - je ne
sais pas où soulever certains de ces sujets-là - à
Hydro-Québec, il y a une nombreuse correspondance. Le ministre doit
être au courant de l'Association du personnel des anciennes compagnies
hydroélectriques du Québec. Cela commence en 1977, rencontre avec
Renaud Lapierre. En 1978, rencontre avec Lucien Saulnier. En 1978, le ministre
Marc-André Bédard nous écoute attentivement et nous
annonce que de nouvelles offres seraient bientôt faites à notre
association. Cela continue. En 1981, rencontre avec le ministre Duhaime,
à son bureau de Shawinigan, et il nous garantit un règlement
aussi prochain qu'équitable après nous avoir avoué que le
premier ministre lui avait confié le mandat de régler le
problème. Il nous autorise à communiquer la bonne nouvelle
à nos membres. En 1982, rencontre avec M. Guy Coulombe. Formation d'un
groupe de travail qui se voit confier le mandat de discuter du fonds de pension
des nationalisés et d'aboutir à une entente à
l'intérieur de deux mois; c'était le 22 février 1982. Cela
continue. Il y en a qui sont en conflit d'intérêts. En 1982,
rencontre avec le sous-ministre Denis Bédard et conversation
téléphonique avec Luc Roy, chef de cabinet du ministre Duhaime,
qui nous annonce que, selon toutes les probabilités, le problème
sera réglé d'ici la fin de 1982.
Cela continue ainsi, M. le Président, et ces gens-là nous
font valoir des arguments, à savoir qu'ils se disent dans un état
de préjudice, qu'ils trouvent qu'Hydro-Québec ne les traite pas
d'une façon équitable, qu'il y a deux types de pensionnés
à Hydro-Québec, ceux qui ont toujours travaillé à
Hydro-Québec et ceux qui ont travaillé pour des
sociétés qui ont été nationalisées, avant la
nationalisation. Ici, on nous donne des chiffres qui indiquent que, de fait, il
y a une très grande disparité entre les deux.
Je ne sais pas quelle est la responsabilité originelle
d'Hydro-Québec, je dirais, au moment de la nationalisation, mais compte
tenu qu'on semble avoir fait des
promesses de règlement ou d'une amélioration de la
position de ces gens-là d'une façon plus précise,
étant donné que M. Guy Coulombe semble avoir formé un
comité de travail en 1982 pour régler la question et semble avoir
donné des indications qu'il était favorable à un certain
règlement, le ministre peut-il nous dire si ce dossier va être
réglé subito presto?
M. Duhaime: Je suis, bien sûr, favorable à un
règlement, mais je suis favorable à un règlement final et
hors cour, si possible. J'ai eu l'occasion de rencontrer ces messieurs de
l'association des anciens "nationalisés", M. Beaudoin en particulier et
M. Tardif, et à force de les voir, je les connais presque intimement. Je
leur ai dit que mon approche dans ce dossier était que, si nous allions
bonifier à nouveau le régime de retraite des nationalisés
et si le dossier restait ouvert encore 20 ans, je n'étais pas
intéressé à toucher à ce dossier. Si un dossier,
sous six ou sept gouvernements, n'est pas encore réglé, je pense
qu'on va convenir qu'il est plus compliqué que la scierie de
Grandes-Bergeronnes. II y a...
M. Fortier: Une question de coût, j'imagine.
M. Duhaime: Oui. Il y a un coût actuariel. C'est aussi
compliqué parfois de réconcilier les actuaires que les avocats,
prenez ma parole.
M. Fortier: Mais plus on attend, plus cela va coûter
cher.
M. Duhaime: Pas nécessairement. J'ai fait une offre
à l'association, que je ne dévoilerai pas ici. Je l'ai faite sur
ma tête et de mon propre chef, en disant que, si elle acceptait cette
proposition et que cela constituait un règlement final, j'étais
prêt ensuite, avec son accord, à porter le dossier devant mes
collègues au Conseil du trésor et au Conseil des ministres. Elle
a refusé mon offre. Il y a plusieurs millions de dollars qui sont en
cause. Selon des chiffres qui nous viennent - je ne voudrais pas identifier les
sources, en tout cas, pour l'instant - la différence actuarielle,
suivant le mode de règlement que l'on peut retenir, passe du simple au
double et au triple. Il est évident que ce régime a
été bonifié en cours de route à plusieurs reprises.
Le ratio actuel est de 1,66. Les anciens employés des compagnies
nationalisées ont eu droit à des formules de rachat et
d'ajustement mais, fondamentalement, je suis absolument convaincu qu'il y a eu
une inéquité commise dans ce dossier sous tous les gouvernements
depuis 20 ans. C'est mon sentiment personnel et ma conviction profonde. Il y a
encore à Hydro-Québec maintenant au-delà de 3500
personnes, je crois, pour avoir un ordre de grandeur précis, mais il y a
une différence importante qui sépare le ministère de
l'Énergie et des Ressources et Hydro-Québec dans ses pourparlers
avec l'Association des anciens employés des compagnies
nationalisées. L'écart est de taille et j'aurai très
certainement l'occasion de revoir ce dossier dès mon retour de vacances.
J'aurais souhaité que la proposition que j'ai faite soit
acceptée. Cela va faire partie du règlement de ce dossier que, si
nous bonifions le régime, cela va être sur un règlement
final et avec l'accord de l'association. Si on en vient à une entente,
le dossier sera clos et terminé.
M. Fortier: Mais légalement parlant, est-ce qu'une entente
avec l'association a une valeur juridique? J'imagine qu'il faudrait que
l'entente se fasse avec chacun des individus.
M. Duhaime: Non. En fait, il faut bien comprendre. C'est une
reconnaissance de facto de cette association, parce que ces employés
d'Hydro-Québec, ceux qui font partie de l'unité
d'accréditation, sont, bien sûr, représentés par
Hydro-Québec. Je crois qu'il y a 17 ou 18 syndicats, sinon davantage. Ce
sujet ne fait plus partie des négociations lors du renouvellement des
conventions collectives de travail pour des raisons qu'il serait probablement
trop long et inutile d'expliquer. De bonne foi, HydroQuébec, sans
reconnaître juridiquement cette association, la reconnaît de facto
comme étant un interlocuteur valable. Bien sûr que nous n'avons
pas à faire des ententes individuelles avec tous et chacun des
employés concernés par ce dossier pour une raison très
simple: c'est qu'il n'existe aucun lien de droit entre l'obligation qu'aurait
Hydro-Québec d'ajuster le régime de retraite des anciens
employés des compagnies nationalisées. Si vous voulez mon avis,
avec des montants semblables, il y a longtemps qu'Hydro-Québec serait
rendue devant les tribunaux s'il y avait un lien de droit. Effectivement, il
n'y en a pas.
Il faut bien comprendre que ce genre de dossier nous fait évoquer
la situation des religieux autrefois en communauté et également
l'ajustement de leur régime de retraite, qu'ils réclament. Je ne
suis pas un spécialiste de ces questions de fonds de pension, mais je
crois pouvoir dire que mon sentiment personnel serait que, si l'association des
anciens employés des compagnies nationalisées se mettait d'accord
avec moi sur un règlement - j'ai dit de façon très
explicite à MM. Beaudoin et Tardif, entre d'autres, que je n'avais pas
de mandat précis du Conseil des ministre pour leur faire une pareille
offre, que je n'avais
aucun mandat du Conseil du trésor - j'allais me porter garant
auprès d'eux pour faire valoir et plaider leur dossier auprès de
mes collègues. Mon offre reste sur la table. Elle est là. Si
l'association change d'idée, ils pourront bien sûr communiquer
avec moi.
Je peux vous dire que j'ai passé de très longues heures
sur ce dossier extrêmement compliqué dont les niveaux de revenus
pour ce qui est des rentes varient à des différences qui vont
jusqu'à 25% dans certains cas. Je pense qu'il est incorrect d'essayer de
globaliser la situation parce que chaque groupe d'employés de chacune
des compagnies privées autrefois faisait partie de régimes de
retraite différents. Un ancien employé de la Shawinigan Water and
Power ne cotisait pas à un régime de retraite pendant un certain
nombre d'années; ensuite, il y a eu une cotisation et le fonds de la
compagnie a été administré par une compagnie d'assurances.
La part de l'employé était considérée comme un
avantage social. Lorsqu'un employé de la Shawinigan prenait sa retraite,
les paiements mensuels lui étaient faits à même le compte
d'exploitation. Le fonds qui payait les pensions n'avait pas été
isolé dans la comptabilité de l'entreprise. C'est le genre de
tour de Babel où une chatte pourrait perdre tous ses petits, j'en suis
à peu près certain.
Je pense pouvoir vous dire que si j'avais une réponse positive de
la part de l'association sur la proposition que j'ai faite qui, il faut bien le
dire, ne rejoint pas la pleine parité demandée, mais qui
m'apparaît être une solution de compromis sur une base
d'équité, si j'avais ce retour, je me ferais fort de
déployer toutes mes énergies et mes ressources pour convaincre
mes collègues au Conseil des ministres de réviser et de fermer le
dossier.
M. Fortier: Est-ce que le ministre nous dit que la
négociation se fait entre lui et l'association et que la direction
d'Hydro-Québec n'est plus impliquée, n'a pas son mot à
dire dans les négociations? Je croyais que c'était la direction
d'Hydro-Québec qui négociait avec eux. Le ministre vient de nous
dire que c'est lui qui négocie avec l'association.
M. Duhaime: Hydro-Québec, en particulier M. Bourbeau, a
rencontré les dirigeants de cette association, à ma demande. M.
Coulombe les a rencontrés également. D'autres officiers
supérieurs à Hydro-Québec les ont rencontrés.
Lorsque j'ai fait l'offre aux dirigeants de cette association, c'est avec le
plein accord d'Hydro-Québec, bien sûr, parce que c'est
Hydro-Québec qui sera appelée à payer. Cela ne
relève pas de dépenses qui seraient imputables au gouvernement.
Ce sera Hydro-
Québec qui fera le versement, mais le Conseil du trésor,
mon collègue délégué à l'administration, M.
Bérubé, est très intéressé à ce
dossier. Je le tiens au courant des démarches parce que nous ne voulons
pas risquer un effet d'entraînement dans d'autres dossiers analogues. (22
h 15)
M. Fortier: Je ne veux pas passer trop de temps sur le dossier
d'Hydro-Québec parce que c'est un dossier tellement considérable
qu'on pourrait y passer toute la nuit, mais il y a un aspect qui est
très important et cela a trait aux négociations salariales
à Hydro-Québec. En commission parlementaire l'automne dernier, la
direction d'Hydro-Québec, avec beaucoup de franchise, nous a dit qu'elle
demandait une augmentation de tarifs limitée pour tenir compte des
conditions économiques du Québec et pour, j'imagine aussi,
mousser la vente d'électricité et pour ne pas rendre son prix
trop élevé. Dans le calcul qu'elle faisait des coûts
qu'elle avait à défrayer, elle avait prévu des
augmentations salariales très limitées. Elle prenait en
considération - ce n'est pas moi qui le dis - selon sa propre
évaluation, que les salaires du personnel d'Hydro-Québec
étaient de 25% - je ne parle pas seulement du salaire, mais de la
rémunération globale - plus élevés que ceux des
grandes entreprises de plus de 500 employés dans le secteur
privé. Hydro-Québec voulait, par une négociation,
chercher, sur une période de je ne sais pas combien d'années une
certaine parité. Ils ont fait ces offres-là. Cela a
été rejeté par les syndicats. À ma connaissance, il
y a eu conciliation.
On connaît les enjeux: d'une part, s'il y avait une augmentation
substantielle des salaires d'Hydro-Québec, j'imagine que cela aurait un
effet sur les calculs qu'Hydro-Québec avait faits et que cela aurait un
impact sur les tarifs d'Hydro-Québec. D'autre part, j'imagine que les
consommateurs d'électricité du Québec, eux aussi, ont
droit à une certaine équité et que, s'il est vrai -je n'ai
pas vu le rapport d'Hydro-Québec, mais le ministre a dû en prendre
connaissance - que les employés d'Hydro-Québec, d'une
façon générale... Et je vais demander à nos
collègues ici qui étaient employés d'Hydro-Québec
de s'excuser sur le sujet, pour ne pas en discuter trop longuement.
Je voudrais savoir si le ministre est d'accord avec l'objectif poursuivi
par HydroQuébec. J'aimerais savoir où en est le dossier. Et comme
c'est l'habitude du syndicat d'Hydro-Québec d'attendre à l'hiver
pour rendre les négociations encore plus difficiles, de quelle
façon le gouvernement ou la direction d'Hydro-Québec
entendent-ils poursuivre les négociations pour que le bien public soit
respecté?
M. Duhaime: Bien voici, comme dirait... J'ai demandé
à Hydro-Québec de faire un effort sans précédent de
compression de ses dépenses d'exploitation. Historiquement, le rythme de
croissance des dépenses d'exploitation était de l'ordre de 21% ou
22%. Il a été réduit à 11% en 1982 et l'objectif
pour 1983 est de 5,4%. Les informations que j'ai jusqu'à présent
nous indiquent que le rythme de croissance est autour de 4% à l'heure
actuelle.
M. Fortier: Pour les dépenses de...
M. Duhaime: La croissance des dépenses d'exploitation. Les
dépenses d'exploitation à Hydro-Québec, en gros: le plus
gros du morceau, c'est 70% de ce compte qui constitue la masse salariale. La
convention collective à Hydro-Québec est expirée depuis le
dernier jour de décembre 1982. Nous sommes actuellement au bout de notre
mandat. Nous avons tout mis sur la table et offert 3,5% d'augmentation...
M. Fortier: C'est une augmentation qui vient des changements
d'échelle.
M. Duhaime: ...pour l'année 1983, plus les augmentations
d'échelon, j'imagine. Quant aux négociations comme telles, ce
n'est pas le ministre de l'Énergie et des Ressources qui les conduit,
c'est la direction d'Hydro-Québec, bien sûr. Je ne crois pas que
mes bons offices soient requis dans ce dossier. Cependant, la direction
d'Hydro-Québec me tient informé de l'évolution du dossier.
J'ose espérer que nous en viendrons à une entente le plus
rapidement possible avec l'ensemble des employés d'Hydro-Québec.
Je ne sais pas si ce chiffre de 25% en avance sur le secteur privé dans
la rémunération s'applique à toutes les catégories
d'employés. Je ne le croirais pas. Cela me paraît très
fort, 25%.
M. Fortier: 25% pour l'ensemble.
M. Duhaime: Cela me paraît très fort quand
même, 25%. C'est sûrement inférieur.
M. Perron: Le plus haut, c'est 25%; le plus bas est 14%.
M. Duhaime: La moyenne n'est sûrement pas 25%. Elle est
très certainement inférieure à 20%.
M. Fortier: À la commission parlementaire, ils ont dit
20%. J'ai pensé que c'était une moyenne. Je ne parle pas des
salaires, je parle de la rémunération globale.
M. Duhaime: Si on parle de la rémunération globale,
c'est très certainement autour de 20% à cause...
M. Fortier: À cause du fonds de retraite et de tout le
reste.
M. Duhaime: ...de la comptabilisation du fonds de retraite.
M. Fortier: Je dois vous avouer que, quand j'étais dans le
secteur privé, j'en étais fort conscient.
M. Duhaime: II faut aussi dire que, dans la
rémunération globale, autant à Hydro qu'à la
fonction publique, jamais un montant d'argent n'a été
comptabilisé comme tel au poste de la sécurité d'emploi et
de la permanence de l'emploi.
M. Fortier: Je dois dire au ministre que j'ai posé la
question dernièrement au président d'Hydro-Québec. Dans le
calcul qu'ils ont fait, ils n'incluaient absolument rien sur la question de la
permanence de l'emploi. Ils prenaient en considération le salaire...
M. Duhaime: C'est ce que je dis.
M. Fortier: ...les avantages sociaux et le fonds de retraite.
M. Duhaime: II y a un très bon livre que je pourrais
recommander au député d'Outremont, je ne sais pas s'il l'a lu,
c'est le livre de François De Closets, Toujours plus, qui établit
comment EDF, en France, en arrive à faire des déficits de
plusieurs milliards de francs avec une entreprise de production et de
distribution d'énergie. C'est très éloquent de voir
comment un syndicat affilié à la CGT a réussi à se
bâtir un empire.
M. Fortier: Pour obtenir un treizième et un
quatorzième mois.
M. Duhaime: Cela donne à réfléchir. Je l'ai
lu avec beaucoup d'intérêt. Je vais vous en envoyer un exemplaire,
si vous le voulez, à la condition que vous me promettiez de me le
retourner.
M. Fortier: Cela me ferait plaisir, M. le ministre. Juste pour
terminer sur la question de la négociation, Hydro-Québec a
demandé la conciliation. Où en est-on aujourd'hui? Est-ce que la
conciliation a donné des résultats ou si cela traîne en
longueur?
M. Duhaime: Je ne pourrais pas vous répondre. Je tiens
pour acquis qu'un conciliateur a été nommé. Est-ce qu'il y
a eu des séances de conciliation, où en est-on rendu? J'avoue
honnêtement que, lors de ma dernière rencontre avec le
président-directeur général d'Hydro-Québec et le
président du
conseil d'administration, à l'occasion des travaux de la
commission parlementaire sur le projet de loi no 4, nous avons eu un entretien
de quelques heures et nous n'avons pas abordé cette question. Je ne
pourrais pas faire le point sur l'état de la conciliation.
M. Fortier: J'imagine que ce n'est pas du ressort du ministre; si
cela devenait un affrontement, ce serait du ressort du ministre du Travail.
J'imagine que le ministre suit la situation quand même. Si on s'en allait
vers une autre loi spéciale à l'automne, j'espérerais que
ce ne serait pas la façon dont le litige serait réglé.
M. Duhaime: Espérons qu'on n'aura pas à une
envisager pareille hypothèse. J'aime mieux gager que la conciliation va
donner des effets avant même d'envisager une médiation ou toute
autre mesure.
M. Fortier: En ce qui concerne la commission parlementaire pour
entendre la présentation des mémoires, le ministre en a dit
quelque chose. Est-ce que la date a été fixée?
M. Duhaime: Non, la date n'est pas fixée comme telle. Je
dois reparler avec mon collègue, le leader du gouvernement. J'ai
moi-même des déplacements à faire à
l'étranger, cet été. Je voudrais que l'on rende pleine
justice à tous ces groupes qui se sont donné la peine de
rédiger un mémoire, de le déposer, de nous faire part de
leur intention de venir nous rencontrer en commission parlementaire. J'ai fait
faire un scénario par mes fonctionnaires sur la durée probable de
la commission, à la reprise, et on arrive à la conclusion que
nous aurons besoin de trois ou quatre semaines. Il est évident que, si
nous pouvions commencer avant la reprise des travaux de l'Assemblée
nationale, on pourrait très certainement envisager de travailler
à un rythme de quatre jours par semaine; en ayant nos pleines
matinées, nos pleines journées, nos pleines soirées, cela
pourrait aller rapidement. Mais je ne veux pas, en restant, bien sûr,
dans un cadre raisonnable, imposer une règle de 20 minutes, une
demi-heure pour entendre un mémoire. J'aime mieux utiliser la
méthode que nous avons retenue jusqu'à présent qui
consiste non pas à entendre une relecture de ce que nous avons
déjà lu, mais à ce que ceux qui veulent faire valoir leurs
arguments et porter leur mémoire à notre attention puissent le
faire en résumé et ensuite que nous puissions, comme
parlementaires, leur poser des questions.
C'est un boulot énorme qui nous attend à l'automne.
Aussitôt que la date sera connue, soyez assurés que je vous en
ferai part, parce que nous devrons également prévenir tous ceux
qui veulent être entendus, et nous essaierons de mettre au point un
horaire de travail pour ne pas avoir des heures impossibles. À ce rythme
infernal, je crois que nous allons tous y laisser notre peau. Envisager trois
semaines m'apparaît un scénario réaliste.
M. Fortier: Même avec ce décalage, si c'était
au mois de septembre, il y a des mémoires qui vont être devenus
périmés, dans une certaine mesure dans certains domaines. Il y a
une certaine évolution et, si on retarde encore plus...
M. Duhaime: II y a des mémoires qui réclament
à grands cris le réseau gazier; au moment où on va les
entendre, le réseau va être arrivé. On va communiquer avec
eux pour leur demander si c'est nécessaire de les entendre nous dire:
Oui, effectivement, le gaz est rendu chez nous. Dans la région de
l'Estrie, en particulier, et dans la région de Québec, il y aura
des mémoires dans ce sens.
La Société de développement de la
Baie James
M. Fortier: Rapidement, le discours inaugural - pas celui du
ministre, celui du premier ministre - annonçait la liquidation prochaine
de la SDBJ. Aucun projet de loi n'a été déposé.
Certaines informations sont arrivées à mes oreilles à
savoir que c'était très compliqué, sur le plan juridique,
de liquider la SDBJ. Est-ce que le fait que ce soit retardé est une
confirmation que le ministre éprouve plus de difficultés qu'il
n'en avait appréhendé et que, de fait, il n'y aura pas de
liquidation de la SDBJ? Compte tenu des ententes sur le plan des mines, des
ententes minières, en particulier, ou avec les autochtones, il y a eu
des protestations. Est-ce que le ministre peut nous mettre à jour
à ce sujet?
M. Duhaime: Non, nous n'avons pas l'intention de modifier le
scénario retenu. Nous allons procéder à la liquidation.
Actuellement, nous avons des pourparlers qui vont déboucher sur des
ententes avec SOQUEM en particulier, de sorte que SOQUEM va prendre le relais
des activités de la SDBJ dans le domaine minier. Les discussions sont
également commencées avec REXFOR pour que cette
société d'État prenne le relais. Pour ce qui est des
activités forestières, il existe une filiale de la SDBJ qui
s'appelle Sotour qui oeuvre dans le secteur du tourisme. Je ne sais pas
exactement où celle-là va aller atterrir. Sotel a toutes les
chances de se retrouver au ministère des Communications. Maintenant, de
mémoire, il y a d'autres filiales de la SDBJ, bien sûr, qui
existent, mais pour
chacune des activités sur le territoire, il y aura transfert de
responsabilité.
Il est important, maintenant, de voir que les embûches juridiques
que nous rencontrons sur notre route sont à peu près celles que
nous avions estimées. Il y a, bien sûr, la Convention de la Baie
James et les diverses ententes avec les autochtones dans l'application de la
Convention de la Baie James. Mais il n'est pas exclu que nous maintenions comme
entité juridique la SDBJ pour les fins de l'administration et de
l'application de la Convention de la Baie James. Ce qui est important, à
mon point de vue, c'est le rapatriement des activités minières et
forestières à REXFOR et à SOQUEM. (22 h 30)
Pour ce qui est de la municipalité de la Baie-James où la
SDBJ est très impliquée comme vous le savez, des discussions sont
en cours et la responsabilité de ce mandat a été
déférée conjointement au ministre de l'Énergie et
des Ressources et au ministre de l'Aménagement, et c'est le
Comité ministériel permanent à l'aménagement qui
est actuellement saisi de ce dossier. Nous verrons comment les transferts de
responsabilités pourront se faire de la SDBJ vers une autre
entité. J'ai comme l'impression que ce sera dévolu à la
municipalité de la Baie-James après entente avec les intervenants
du milieu. Il y a trois MRC dans cette région, si je ne me trompe.
M. Bordeleau: Au nord du 49°, il n'y en a pas.
M. Duhaime: Non, je le sais, mais dans la région de
Chibougamau, il y en a et c'est dans le territoire de la SDBJ.
M. Bordeleau: Non, à Chibougamau, il n'v a pas de MRC
encore; c'est au nord du 49 parallèle.
M. Duhaime: De toute façon, les intervenants de cette
région seront consultés. Nous avons également fait une
réorganisation du conseil d'administration de la SDBJ. Des nouveaux
administrateurs ont été nommés et deux sur cinq
proviennent de la région du Nord-Ouest. C'est M. Jessop, qui autrefois
était délégué du Québec à
Düsseldorf, qui assume maintenant la tâche de P.-D.G. de cette
entreprise.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Vous parlez du nouveau conseil d'administration. Ce
nouveau conseil qui a été modifié ne doit-il pas vous
présenter un rapport dans les prochains mois sur les nouvelles
orientations à donner au développement régional du
Nord?
M. Duhaime: Oui, effectivement, cela fait partie du mandat qui
lui a été confié. Lorsque ce rapport nous sera transmis,
nous allons, bien sûr, faire le point au niveau du COMPA, le
Comité ministériel permanent à l'aménagement. En
fait, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce n'est pas la fin des
activités qu'exerçait et qu'exerce encore aujourd'hui la SDBJ
dans le territoire de la Baie-James, mais beaucoup plus un transfert de
responsabilité de ces activités. Je sais que, dans le Nord-Ouest,
il y a eu certaines inquiétudes au moment où cette
décision a été connue, mais cela s'est apaisé
depuis parce que nous n'avons pas l'intention de nous retirer purement et
simplement comme présence dans ce territoire. Au contraire il faut y
être possiblement plus efficaces et le faire avec une plus grande
collaboration et une plus grande implication dans le milieu. Le siège
social de la SDBJ a toujours été à Montréal.
M. Bordeleau: Place Maisonneuve.
M. Duhaime: C'est une distance effrayante par rapport aux
activités sur le territoire comme tel. J'ai davantage confiance qu'avec
l'implication réelle des gens du milieu et leur collaboration nous en
arriverons à maintenir des activités. Pour ce qui est de la SDBJ
et de la structure juridique comme telle, j'avoue honnêtement que c'est
un des scénarios qui sont retenus maintenant, le maintien de cette
espèce de coquille qui constituerait l'entité juridique pour les
fins de l'application de la Convention de la Baie James. Mais cela n'exclut pas
que nous puissions un jour procéder à la liquidation pure et
simple. Très certainement, lorsque le travail sera plus avancé,
il y aura des modifications qui devront être apportées à la
loi qui a créé la Société de développement
de la Baie-James. Il faut comprendre aussi que, si la présence de la
SDBJ sur le territoire a été nécessaire au départ -
c'est une chose qui m'a toujours étonné - c'était la
Société de développement de la Baie-James qui était
le siège social de la Société d'énergie de la
Baie-James dans les années soixante-dix, un peu après la
Saint-Robert, ce qui veut dire en 1971-1972. Le député de Pontiac
fait le saut. La Saint-Robert, c'est le 13 avril 1971.
Je ne pense pas qu'aujourd'hui, avec le ralentissement des
activités sur les chantiers de la rivière La Grande, il y ait
lieu de maintenir intégralement les activités de la SDBJ. Mais il
faut reconnaître un chose, c'est qu'en termes de connaissance de ce
territoire, en termes de travail dans le secteur de l'environnement en
particulier, il y a eu un travail monumental qui a été fait par
la Société de développement de la Baie-James.
M. Fortier: Mais le ministre disait que les mêmes
activités vont se perpétuer. La décision a
été prise sans consultation avec SOQUEM en particulier; enfin,
c'est ce que j'ai lu dans les journaux. Il faut bien se rendre compte que la
mission de SOQUEM est une mission commerciale. Eux veulent avoir du rendement
et on doit admettre qu'ils font un gros effort de ce côté. La
SDBJ, c'est un développement minier à plus long terme. Alors, si
vous transférez cela à SOQUEM - je ne suis pas certain qu'ils le
veuillent nécessairement - je n'ai pas l'impression que la mission
originale de la SDBJ sur le territoire du Grand-Nord va se poursuivre de la
même façon parce que SOQUEM voudra avoir des rendements beaucoup
plus à court terme que la SDBJ pouvait le faire dans le
passé.
M. Duhaime: Écoutez, on va s'expliquer bien clairement. Il
n'est pas question de passer des factures à SOQUEM et de leur imposer de
quelque manière que ce soit...
M. Fortier: Je suis complètement d'accord. Donc, s'ils ne
le font pas, il n'y a personne qui va le faire.
M. Duhaime: Ce n'est pas ma façon de procéder, vous
me connaissez assez bien pour cela. J'ai bien dit qu'il y avait des pourparlers
en marche actuellement. Le gouvernement, étant actionnaire des deux
sociétés, pourrait au pis aller imposer sa volonté. Nous
n'avons pas l'intention de faire cela. Au contraire, sur le transfert des
actifs, nous voulons que SOQUEM fasse sa propre évaluation. Il n'est pas
question de donner à SOQUEM, qui est, comme vous l'indiquez très
bien, une société commerciale et qui, encore cette année,
va montrer des profits, un mandat de développement qui ne serait pas
directement relié à une activité commerciale comme telle.
Le relais sera pris par le ministère ou encore par un autre organisme
qu'on pourra mettre, dépendant de la volonté régionale
aussi. Mais enfin, je me suis convaincu que le mandat actuel de la
Société de développement de la Baie James, après
dix ans d'existence, avait fait son temps et que, même si parfois des
décisions sont difficiles à prendre, je pense qu'il faut les
prendre et surtout les tenir.
M. Fortier: M. le Président, on va faire le pari que dans
dix ans la SDBJ va encore exister, compte tenu des problèmes avec les
autochtones.
M. Duhaime: Ce n'est pas impossible, je l'ai indiqué tout
à l'heure. Mais si la SDBJ reste une entité juridique, avec les
modifications qui seront apportées à sa loi, ce pourrait
très bien être une SDBJ qui serait une structure de papier en
quelque sorte et qui ne servirait que de simple véhicule pour les fins
de l'application de la Convention de la Baie James.
M. Bordeleau: II faudra que le siège social soit en
Abitibi-Témiscamingue.
M. Fortier: D'après ce que je peux voir, ce sera un
siège social de papier.
M. Duhaime: On pourrait envoyer le siège social à
Val d'Or dans ces conditions.
M. Fortier: Bonne idée. Cela va faire du travail pour les
compagnies de pâtes et papiers.
Le Président (M. Paré): On est rendu au programme
14.
M. Duhaime: Vous voulez savoir où on est rendu? Si vous
voulez avoir mon avis, il serait grand-temps qu'on termine.
Le Président (M. Paré): Le programme 14 est
adopté. Cela veut dire que l'ensemble des programmes est
adopté.
Une voix: On en a oublié un élément ou un
programme, non?
Le Président (M. Paré): Non. Tout semble
conforme.
M. Duhaime: Vous vouliez nous entretenir de quelque chose, M. le
député? Vous pensez qu'on a fait notre journée.
M. Bordeleau: Non, je pense que la journée est bonne.
Le Président (M. Paré): Oui. Je pense qu'on a fait
notre journée. Donc, l'ensemble des crédits du...
M. Fortier: Non. Dans ma déclaration initiale, je voulais
faire un compliment au ministre et je l'ai totalement oublié. C'est
qu'à mon avis la plus grande réalisation du ministre cette
année - cela a été une chose que j'ai fort
appréciée; d'ailleurs, je l'ai dit à son attaché de
presse - ce sont ces publications qui nous donnent des photos des dirigeants du
ministère avec les numéros de téléphone. Je trouve
cela assez exceptionnel. C'est le seul ministère, à mon avis, qui
l'a réalisé et je dois féliciter le ministre d'avoir eu
l'intelligence de mettre au point un document comme celui-là et de le
diffuser parmi les députés. Je l'en félicite; c'est
certainement une réalisation qui va être tout à son honneur
et qui va rester dans les annales du ministère pendant fort longtemps,
et que j'ai fort appréciée.
M. Duhaime: Je vais prendre votre
compliment comme étant une bonne blague et servir de
véhicule pour que ce compliment aille à qui de droit dans mon
administration.
Le Président (M. Paré): Donc, sur ces bonnes notes,
l'ensemble des crédits du ministère de l'Énergie et des
Ressources est adopté. J'inviterais le rapporteur à faire rapport
à l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais. Sur
ce, les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 40)