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Etude des crédits de la Direction
générale de l'énergie
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'énergie est réunie pour
continuer l'étude des crédits budgétaires de la Direction
générale de l'énergie, du ministre
délégué à l'énergie.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens
(Dubuc), M. Godin (Mercier), M. Joron (Mille-Iles), M. Mercier (Berthier), M.
Rancourt (Saint-François) et M. Raynauld (Outremont).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Charbonneau
(Verchères), M. Dubois (Huntingdon), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gratton (Gatineau), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M. Michaud
(Laprairie) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Lorsque nous avons terminé nos travaux mardi dernier, nous avions
convenu que les discussions préliminaires étaient
terminées.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez,
j'aurais seulement une autre question qui découle des discussions
préliminaires, avant de commencer.
Le Président (M. Clair): Sûrement. Nous avions
convenu, ensemble, de réserver la première période pour
les discussions préliminaires, celle-ci pour l'étude des
crédits. Cela appartient aux membres d'organiser le temps.
Remarques générales (suite)
Publicité de l'Hydro-Québec
M. Ciaccia: Cela pourrait être inclus dans un des
programmes, mais je ne voudrais pas courir le risque de me faire dire
après que cela ne découle pas vraiment d'un des
éléments du programme.
On a parlé de la conservation de l'énergie, de
l'économie de l'énergie et on a parlé de la
publicité. Or, il s'agit de la publicité de
l'Hydro-Québec, de sa campagne de publicité pour les mois
d'automne de 1978 et du printemps 1979. Le but d'une publicité sur
l'économie de l'énergie, cela devrait être de donner de
l'information, ce ne devrait pas être seulement de vendre le Bureau de
l'économie de l'énergie ou de vendre l'Hydro-Québec parce
que l'Hydro-Québec n'a pas besoin d'être vendue. C'est un
monopole. Le public le sait, il connaît les services que donne
l'Hydro-Québec et on n'a pas besoin d'avoir des campagnes de
publicité pour nous dire que c'est l'Hydro-Québec qui rapporte
aux Québécois.
Je vais vous donner quelques exemples. Le ministre a mentionné la
loi 41 qui avait été modifiée par le gouvernement pour
donner un droit de regard, vous avez nommé de nouveaux administrateurs.
Alors, vous avez une responsabilité directe.
Je vais vous lire quelques-uns des messages publicitaires de
l'Hydro-Québec, et je vous demanderais, M. le Président, avant,
de demander au ministre s'il pense vraiment que cela est une information sur
l'économie de l'énergie.
J'en cite un: "Mon pays, c'est l'eau vive." Il y a une page
complète. En grosse manchette, "Mon pays c'est l'eau vive"; après
cela, il y a un message très difficile à lire. Et en bas, on voit
"L'Hydro-Québec, pour vivre le Québec ensemble. "
Je demanderais l'opinion objective du ministre pour savoir si vraiment
cela aide à économiser l'énergie. Je vais vous donner
d'autres exemples.
Le Président (M. Clair): Quand on vit ensemble, c'est
économique.
M. Ciaccia: On parle des dépenses du gouvernement. On
coupe les budgets dans certains endroits. On se fait dire que le gouvernement a
certaines priorités. Quand on voit des dépenses comme cela, on se
demande vraiment où sont les priorités du gouvernement. (10 h
15)
Je vais vous en lire un autre; en grosse manchette:
"L'Hydro-Québec rapporte aux Québécois". On le sait, que
l'Hydro-Québec, depuis 1962... C'était une des raisons de la
nationalisation de l'Hydro-Québec. C'était pour le
bénéfice de toute la société. Et il y a encore le
message "Pour vivre le Québec ensemble".
Je vais vous en lire un autre. Je ne veux pas m'éterniser
là-dessus. Campagne automne-hiver-printemps 1979. C'est une campagne
radio-télévision, message de 60 secondes, et je cite: "Au service
des Québécois. Si une horloge électrique est exacte, si
l'image d'un téléviseur occupe tout l'écran, si les
appareils de mesure sont précis, c'est que le courant électrique
qui les alimente est fiable. Ce courant vient souvent de très loin, de
Manicouagan, de Churchill Falls, bientôt de la baie James, beau temps,
mauvais temps. Au Québec, plus de deux millions d'abonnés paient
pour ce service, deux millions d'abonnés disséminés sur
des milliers et des milliers de kilomètres carrés. Les
employés de l'Hydro-Québec sont aussi des abonnés
je l'espère 24 heures sur 24, ils veillent sur un réseau
complexe, le plus étendu en Amérique du Nord. Deux millions
d'abonnés comptent sur l'électricité chez eux, dans les
fermes, les boutiques, les bureaux, les usines, les hôpitaux, d'un bout
de l'année à l'autre, d'un bout à l'autre du
Québec. L'Hydro-Québec, pour vivre le Québec
ensemble."
M. le Président, je crois qu'on doit critiquer et porter à
l'attention du gouvernement qu'on ne doit pas accepter de tels messages. C'est
un gaspillage d'argent. On ne veut pas gaspiller de l'énergie, mais on
gaspille l'argent.
Le but d'une campagne d'information, pour économiser
l'énergie, c'est exactement de donner l'information au public. Comment
peut-il faire? Comment le public en général peut-il s'y prendre?
Quelles sont les mesures qu'il doit adopter pour pouvoir économiser
l'énergie? On ne peut pas accepter qu'on dépense l'argent du
contribuable pour des messages semblables dans le but de faire une
publicité de ce genre qui n'a absolument pas sa raison d'être.
L'Hydro-Québec n'est pas en compétition avec personne. Il n'y a
personne au Québec qui ne sait pas qu'on peut se fier et qu'on se fie
à l'Hydro-Québec et que cela rapporte à toute la
population. On n'a pas le choix et on l'accepte. Je demande au ministre ce
qu'il va faire pour s'assurer que la campagne de publicité de
l'Hydro-Québec ne sera pas une campagne pour vendre
l'Hydro-Québec ou pour vendre ses tarifs. Vous savez qu'il y a aussi
d'autres moyens d'information. Vraiment, cette campagne de publicité
pour économiser de l'énergie va strictement donner de
l'information à la population. Je lui demanderais aussi s'il a les
montants qui ont été déboursés par
l'Hydro-Québec pour ce genre de campagne d'information.
La Présidente (Mme Cuerrier): Oui, M. le ministre.
M. Joron: Mme la Présidente, je veux bien me prêter
à cette discussion avec le député de Mont-Royal tout en
faisant remarquer qu'on va à rencontre du règlement, en
vérité, parce que ce n'est pas au moment de l'étude des
crédits de la Direction générale de l'énergie qu'on
a à étudier les crédits de l'Hydro-Québec. Ce
serait au moment où une commission étudierait le rapport annuel
de l'Hydro-Québec qu'il faudrait, à la société,
poser cette question-là, parce que, comme le député de
Mont-Royal le sait très bien, ce n'est pas le ministre
délégué à l'énergie qui est responsable de
l'administration interne de l'Hydro-Québec. C'est une
société autonome et c'est à ses dirigeants que les
questions que le député pose devraient être
adressées quand la société comparaît en commission
parlementaire.
Cependant, puisque je trouve quand même la question
intéressante, si les autres membres de la commission y consentent, et
vous, Mme la Présidente, je veux bien qu'on en parle quelques
instants.
Le député de Mont-Royal m'a demandé ce que je
pensais de tout cela. Je ne suis pas un expert en publicité et je pense
qu'il est de peu d'intérêt que je vous livre mes opinions, mes
commentaires sur la qualité de telle annonce par rapport à telle
autre, si tel slogan aurait été mieux que tel autre. Je pense que
ce n'est pas de cela qu'on doit discuter.
Il y a une chose, je pense, qu'il faut souligner au départ. C'est
bien entendu que l'Hydro-Québec n'est pas en concurrence avec qui que ce
soit pour vendre de l'électricité. Elle est en concurrence, par
contre, avec d'autres, pour vendre de l'énergie. Là, il y a une
distinction à introduire.
Même dans les cas de monopole absolu c'est un monopole
d'électricité, l'Hydro-Québec, mais ce n'est pas un
monopole d'énergie. Par contre, un meilleur exemple de monopole absolu
d'un service qui n'est pas en concurrence avec d'autres, ce serait le
téléphone, par exemple. Par contre, même les
sociétés en situation de monopole ont des dépenses de
publicité. Entendons-nous, à ce moment, c'est une
publicité d'une nature différente que celle d'un manufacturier de
savon qui essaie d'inciter les consommateurs à acheter son savon
plutôt que le savon d'un autre. C'est plutôt de l'information que
les utilités publiques font, quand on parle de dépenses de
publicité. Ce n'est pas vraiment de la publicité, c'est de
l'information.
L'Hydro-Québec a beaucoup d'information à
véhiculer. Il y a les sujets que vous avez mentionnés, par
exemple: Est-il utile que l'on explique à la population, aux citoyens
québécois ce qu'est leur service monopolistique
d'électricité, comment cette électricité est faite
et d'où elle provient? Est-il utile d'expliquer la chance qu'ont les
Québécois, par exemple, d'avoir de l'eau, pour nous
référer à l'annonce dont je n'ai pas le souvenir, mais que
vous mentionniez tout à l'heure? Est-il utile d'expliquer aux
Québécois ce qu'on fait avec notre électricité, si
on en exporte, à quel moment de l'année on l'exporte, pourquoi,
qu'est-ce que cela rapporte? Doit-on expliquer aux contribuables ce que
l'Hydro-Québec fait avec leur argent, où elle le dépense,
quelle est la proportion des dépenses effectuées au Québec
par rapport aux autres? Ce sont tous des éléments d'information
qui sont valables.
Le député me demandait quel est le montant... On vous
avait fait parvenir quelque chose. Je peux peut-être le rappeler
brièvement.
M. Ciaccia: Je l'ai le montant.
M. Joron: Au total, l'Hydro-Québec, l'année
dernière, a dépensé $1 800 000, en chiffres arrondis,
à $10 000 près, en publicité, qui se divisaient de la
façon suivante: Annonces du genre de celle que vous avez
mentionnée, $410 000, annonces dans les imprimés, publications,
reportages, radio, télévision, etc., campagne d'information "at
large", et ainsi de suite, à peu près $400 000; campagne
d'économie d'énergie, spécifiquement sur la question
d'économie d'énergie, $760 000; annonces dans les journaux sur
les pratiques d'affaires, les opérations ponctuelles, et surtout en
fonction de la sécurité ou des appels faits au public pour qu'il
évite de trop consommer aux heures de pointe dans les mois critiques
d'hiver, au total, $1 million.
Pour le reste, ce sont les offres d'emploi, les appels d'offres et les
nominations pour à peu près $350 000, on arrive à un total
de $1 800 000. Franchement, honnêtement, moi, je ne trouve pas que ce
soit beaucoup. Ce qu'il y a comme publicité dite de relations publiques,
d'information générale, c'est $400 000? Et $400 000, pour une
société qui a des revenus de $1 500 000 000, c'est
une proportion qui m'apparaît très faible. Je vais vous
donner un exemple en comparaison.
L'Hydro-Ontario, qui ne distribue pas l'électricité, qui
ne fait que la produire et la vendre en gros, puisque ce sont les
municipalités qui distribuent l'électricité en Ontario,
malgré qu'elle ne s'adresse pas directement aux consommateurs,
dépense $1 800 000, exactement le même chiffre, mais excluant, me
dit-on ce sont des renseignements qu'on a demandés hier
même à l'Hydro-Ontario les annonces de demandes d'emploi,
les annonces sur la sécurité, les brochures et les appels
d'offres.
En résumé, on peut dire que l'Hydro-Ontario dépense
peut-être trois fois ce que l'Hydro-Québec dépense en
matière de publicité. Je ne pense pas que l'Hydro exagère.
Je serais curieux de voir aussi les chiffres de sociétés
privées dans d'autres régions en Amérique du Nord, je ne
sais pas, qui sont dans des situations monopolistiques également, des
distributeurs d'électricité à New York, Consolidated
Edison, par exemple. Combien dépensent-ils en publicité ou en
information, par rapport à leur chiffre d'affaires, je suis sûr
que c'est une proportion infiniment plus élevée que
l'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Ce ne sont pas des sociétés d'Etat.
C'est comme Bell Canada, n'étant pas des sociétés d'Etat,
elles ont toujours un peu plus de publicité à faire, parce que la
situation...
M. Joron: Elles n'ont pas de concurrence, non plus.
M. Ciaccia: Ce n'est pas seulement une question de concurrence.
Je prends l'autre déclaration que vous avez faite. Je ne veux pas passer
trop de temps là-dessus, parce qu'on n'aura pas le temps de faire
l'étude des crédits, mais quand vous dites qu'elles ne sont pas
en concurrence dans l'électricité, elles sont en concurrence pour
vendre de l'énergie. On pourrait faire un débat là-dessus.
S'il y avait pénurie d'énergie, personne ne devrait être en
concurrence.
M. Joron: D'accord...
M. Ciaccia: Là, je pense que c'est un petit lapsus. Vous
êtes allé un peu plus loin que votre intention.
Ecoutez, on sait qu'il faut qu'elles donnent une certaine information.
C'est le but de mon intervention. Je ne vous demande pas d'évaluer la
qualité, mais le genre de publicité. S'il faut qu'elles donnent
de l'information sur l'économie d'énergie, ... de nous dire que
notre pays, c'est l'eau vive... Les informations qu'elles donnent, à
savoir comment on doit s'y prendre pour économiser, je suis
entièrement d'accord, et même peut-être, elles devraient en
donner plus, de ce genre d'information. C'est le point que je voulais
établir.
M. Joron: D'accord, M. le Président. Peut-être qu'en
terminant, je pourrais dire tout en rappelant, évidemment, que la
société d'Etat est autonome dans son administration, qu'elle
reste assujettie à la supervision des parlementaires. Il serait
intéressant que le député ramène ce sujet à
la prochaine commission parlementaire qui étudiera spécifiquement
le rapport de l'Hydro-Québec.
Dans l'intervalle, je peux lui dire que, pour ce qui est des domaines
où il peut y avoir une certaine parenté entre la publicité
qu'un ministère de l'Energie peut faire et celle qu'un service
d'utilité publique comme l'Hydro-Québec peut faire sur des sujets
semblables, comme l'économie d'énergie, évidemment, on
s'est arrangé pour avoir des mécanismes de coordination pour
qu'on ne fasse pas tous les deux la même publicité et qu'on ne
dépense pas d'argent pour rien. Cette coordination, dans la
publicité des prochaines saisons, va se faire.
M. Brochu: M. le Président, sur le même sujet,
j'aimerais profiter d'un argument que vient de soulever le ministre. Il indique
que ce sujet pourrait être discuté dans le cadre d'une autre
commission parlementaire soumise, cette fois, à la supervision des
députés, lorsque l'Hydro-Québec viendra déposer son
rapport d'activités, ainsi de suite. Je me reporte dans le temps
à toute la discussion qu'on a eue au cours de la dernière
session, lorsque l'Hydro-Québec est venue, pendant une journée et
demie, présenter son rapport annuel et où on a tous
déploré le manque de contrôle, de temps et d'outils pour
analyser un budget de cette importance; le comportement d'une
société d'Etat avec un mandat aussi large que celui-là
devant une pauvre commission parlementaire mal outillée, pour ne pas
dire non outillée, il n'y avait pas de commune mesure.
Le ministre nous dit qu'il n'a pas le temps de suivre la
société d'Etat ce n'est pas son rôle, d'ailleurs
même les ministres qui sont responsables des
sociétés d'Etat n'ont pas pleine juridiction, en termes de
démocratie, sur l'administration et les performances des
sociétés d'Etat; ce n'est pas un phénomène nouveau,
d'autres ministres l'ont souligné dans le passé. Si les ministres
responsables ne peuvent même pas avoir cet outil de regard direct
à l'intérieur des agissements des sociétés d'Etat,
comment pouvons-nous prétendre que les députés, à
une commission parlementaire, puissent avoir un mot quelconque à dire,
sinon pour la frime? A ce moment-là, ça ne répond pas du
tout à la réalité de ce qu'on peut appeler une
"démocratie moderne".
C'est en ce sens que l'Union Nationale avait proposé la
création d'une commission permanente des sociétés d'Etat
qui aurait un certain soutien technique de la part de spécialistes,
puisque les députés ne sont pas des spécialistes en cette
matière. On pourrait avoir accès à ce support technique,
d'un côté, et la commission permanente pourrait avoir un certain
mandat de convocation en ce qui concerne les sociétés d'Etat,
pour analyser leur comportement, leur performance et leurs états de
compte, en quelque sorte. A ce moment-là, cela permettrait à
l'Assemblée nationa-
le et aux députés d'avoir un certain droit de regard.
On n'est pas innovateur dans ce sens, loin de là. En
Colombie-Britannique, je l'ai déjà expliqué, on a
procédé à la mise sur pied d'une commission comme
celle-là, disons que cela rejoint en quelque sorte la formule des
comités sénatoriaux aux Etats-Unis. C'est donc possible. Cela
serait souhaitable. Je profite de l'occasion pour souligner encore l'importance
et l'urgence que le gouvernement prenne des décisions dans ce sens pour
se doter de cette commission. Parce qu'actuellement, qu'on le veuille ou non
le ministre vient de le dire on n'a pas les moyens, on n'a pas
les outils et on n'a pas les éléments à l'intérieur
de notre système démocratique qui permettent ni même au
ministre et encore moins aux députés de l'Assemblée
nationale d'exercer un rôle quelconque sur les comportements des
sociétés d'Etat. Ces dernières sont pourtant
administrées à même les fonds publics. L'exemple de ce
matin est parfait. On peut discuter de la question de la publicité faite
par l'Hydro-Québec. Elle est payée en grande partie par les
revenus des Québécois. Pourtant, on ne peut rien faire ici. Le
ministre nous dit que lui-même non plus ne peut rien faire. Ce qu'il
reste à faire, ce sont des voeux d'intention lorsque
l'Hydro-Québec reviendra encore devant la commission parlementaire. A
toutes fins utiles, c'est ce qui me faisait dire tout à l'heure que
c'est de la frime. (10 h 30)
II faudrait peut-être repenser dans ce sens une formule pas
seulement pour l'Hydro-Québec mais pour l'ensemble de certaines autres
sociétés. On se retrouve dans des situations un peu curieuses,
parce que d'un côté on dit: D'accord, cela n'est pas de la
publicité. C'est de l'information. Mais, au même titre, est-ce
qu'on ne pourrait pas demander au gouvernement de faire de l'information
actuellement sur les quelques milliers de cas en suspens devant la commission
d'application de la loi 90 et qui attendent pour avoir des permis de
construction pour construire sur les terrains qui sont gelés? Quant aux
prêts agricoles qui sont mis de côté depuis un certain
nombre de mois, est-ce qu'il ne serait pas plus utile d'informer les
Québécois qui sont impliqués, et les constructions qui
sont bloquées à cause d'un mauvais fonctionnement d'une
commission qui a été mise en application pour l'application de la
loi 90? Est-ce qu'il ne serait pas plus utile d'investir les fonds des
Québécois pour leur dire ce qui va leur arriver et dans quel
délai? Quand on regarde de telles situations et que l'on fait une
comparaison, je comprends que le ministre ne veut pas parler de l'agriculture,
mais...
M. Joron: Ce propos est non conforme au règlement, on est
rendu dans les crédits de l'Agriculture.
M. Brochu: Pas du tout, le ministre aura très bien compris
d'ailleurs que c'est simplement à titre d'exemple pour souligner de
façon analogi- que l'incohérence qu'il y a de ce
côté. Les propos qui ont été tenus par mon
prédécesseur tout à l'heure, je les fais miens. J'en ai
d'ailleurs parlé au premier ministre à l'Assemblée
nationale dans la période de questions, en ce qui concerne
l'Hydro-Québec. Il a également souligné qu'il n'avait pas
de pouvoir là-dessus, tout simplement.
M. Joron: M. le Président, je comprends que
l'intérêt que porte le député de Richmond à
la question de la surveillance et du contrôle des parlementaires sur les
sociétés d'Etat, mais justement il y a une sous-commission de
l'Assemblée nationale qui discute actuellement de cette question. Le
gouvernement est de l'avis également du député de Richmond
là-dessus. C'est pourquoi on est en train d'essayer de trouver les
moyens de parfaire les instruments de contrôle pour les
parlementaires.
Je ne suis pas d'accord, par ailleurs, avec le député de
Richmond quand il dit que tout ce qu'on dit, que tout ce qu'on fait ici c'est
de la frime et que cela ne sert à rien, etc. De toute manière,
qu'on ne pense jamais que cela sera le rôle des députés
élus qui ont bien d'autres chats à fouetter de dessiner
eux-mêmes et de trouver morceau par morceau tous les
éléments qui composent le programme de publicité de
l'Hydro-Québec pour l'année prochaine. On n'y arrivera jamais;
autrement, on sombrerait dans l'aberration totale. De toute façon...
M. Brochu: N'allez pas du côté des transports en
charriant. Vous nous embarquez dans un autre ministère.
M. Joron: On va arrêter de s'égarer, si vous voulez.
Peut-être pourrait-on revenir plus au vif de notre sujet, M. le
Président. Si les membres de la commission le permettent, je voudrais
répondre à une question que le député de Richmond
posait, qui concerne la publicité également, mais celle-là
à l'intérieur du programme, non pas antiréglementaire,
mais dans l'ordre, qui concerne la publicité de la Direction
générale de l'énergie. Avant hier, le député
de Richmond m'a posé une question relativement au contrat accordé
par le Bureau des économies d'énergie à la firme Conceptat
de Montréal. C'est un contrat que je connais puisque c'est à peu
près le seul qui a été accordé par la Direction
générale de l'énergie.
Les choses se sont déroulées de la façon suivante.
C'est en décembre 1977 et je tiens à souligner dès le
départ qu'il n'y avait pas, à ce moment-là, de
mécanisme de sélection par voie du fichier central, tel qu'il
existe maintenant; ce mécanisme n'existait pas et il n'était pas
en fonction à ce moment-là. Bien qu'il n'y ait eu aucune
obligation, à ce moment-là, de s'adresser au ministère des
Communications, d'aller voir dans son fichier, le Bureau des économies
d'énergie l'a quand même fait par mesure de prudence, ou pour
quelque autre raison que ce soit. Le Bureau des économies
d'énergie s'est adressé, en décembre 1977, au service de
publicité du ministè-
re des Communications. Le service de publicité du
ministère des Communications a fourni le nom de trois agences qui ont
été invitées à faire une proposition pour la
conception, d'abord, puisqu'on partait à zéro, d'une campagne sur
le programme d'isolation des maisons.
En janvier 1978, il y a une agence qui s'est désistée, qui
n'a pas fait de présentation, les deux autres ont fait des
présentations. Une a été jugée par le jury; ce jury
était d'ailleurs composé, contrairement à ce qu'a
laissé entendre le député de Richmond, de cinq personnes
dont deux étaient du ministère des Communications, de
Communication-Québec, et non du cabinet du ministre de l'Education, deux
du Bureau des économies d'énergie et une personne de
l'extérieur, en fait, c'était le directeur de la publicité
de Canadian International Paper. Ce jury de cinq personnes a jugé les
deux présentations qui lui ont été faites, une absolument
inacceptable et l'autre insatisfaisante. La conclusion du jury a
été de dire au BEE: Allez voir ailleurs, ce n'est pas
satisfaisant.
Je rappelle encore une fois qu'il n'y avait pas encore de
mécanisme obligatoire de sélection tel qu'il existe maintenant.
Devant cela, dans l'intervalle, une nouvelle firme s'était inscrite au
fichier, la firme Conceptat en question, que les gens du BEE devaient
connaître, j'imagine. On a demandé à cette firme de faire
une présentation, mais pour ne pas être injuste envers celles qui
avaient fait une présentation antérieurement, des deux qui
avaient été jugées insatisfaisantes, mais peut-être
pas tout à fait inacceptables, on a demandé à une de
refaire également sa présentation pour lui donner une ultime
chance. Les deux présentations ont donc été faites au BEE,
à ce moment-là...
M. Brochu: ... lequel.
M. Joron: J'aime mieux ne pas la nommer parce qu'on porte un
jugement de valeur. On a jugé sa proposition insatisfaisante. Je ne veux
pas ici dire que telle firme fait de la mauvaise publicité. On peut
peut-être s'en parler privément, mais je pense que ce ne serait
peut-être pas opportun de la nommer, ce serait peut-être injuste
à l'égard de la firme en question.
La proposition qui a été faite par cette firme, qui n'a
pas été retenue, visait un programme de publicité qui
était axé principalement sur des magazines, par opposition aux
grands journaux ou aux grands media d'information, et il était beaucoup
plus échelonné dans le temps. Cela ne répondait pas aux
objectifs du Bureau des économies d'énergie, qui voulait faire
démarrer assez rapidement le programme, mais plutôt par les grands
media. C'est la raison pour laquelle la firme Conceptat a été
choisie, parfaitement dans l'ordre des choses à ce moment-là.
Ensuite, il y a eu renouvellement. Donc, la firme Conceptat a
conçu un programme et la publicité a démarré. Par
la suite, il y a eu renouvellement de contrat, c'est-à-dire extension de
la même publicité, une extension de placement, si vous voulez, ce
qu'on appelle des contrats de placement, pour placer à nouveau de la
publicité dans les journaux, etc. En d'autres mots, on ne refaisait pas
les thèmes, les "kits", les dépliants et les brochures.
C'était un prolongement des programmes de placement. L'éthique du
monde de la publicité veut, bien entendu, que quand une firme vous a
conçu des instruments, des slogans, des dépliants, etc., et que
vous voulez répéter les annonces plus tard dans la saison, vous
n'alliez pas prendre le produit d'une firme et le donner à une autre et
l'en faire bénéficier. L'éthique veut, bien entendu, qu'on
reste dans une même campagne publicitaire, avec la firme qui l'a
conçue et qu'on renouvelle. C'est ce qu'on a fait.
Finalement, la dernière partie de votre question concernait
l'approbation du Conseil des ministres du 4 avril, nous autorisant à
élaborer pour l'année prochaine un programme de publicité,
celui-là plus large, pas nécessairement axé sur le seul
programme... On ne parle plus du programme spécifique d'isolation des
maisons, mais d'un programme plus vaste d'économie d'énergie, ou
quoi que ce soit. Celui-là, bien évidemment, passera par les
mécanismes de sélection tels qu'ils existent maintenant. Il n'y a
pas d'engagement, à l'heure actuelle, envers la firme Conceptat à
cet égard. On va être soumis aux mécanismes tels qu'ils
existent.
M. Brochu: Mais est-ce qu'il n'y a pas eu une décision du
Conseil des ministres en date du 4 avril, là-dessus, pour
reconduire...?
M. Joron: Non, pas pour reconduire.
M. Brochu: Ce sont deux choses différentes.
M. Joron: Ce sont deux choses différentes, sur un tout
autre sujet; c'est un programme qui est à concevoir complètement
et pour lequel on devra faire appel au fichier central, selon les
mécanismes de sélection. Qui va l'avoir? J'en n'ai aucune
espèce d'idée.
M. Brochu: A nouveau pour l'ensemble des firmes qui ont
postulé le contrat à ce moment-là au fichier central.
M. Joron: Oui, selon les mécanismes tels qu'ils existent
dans le moment.
M. Brochu: Lorsqu'il a été question du choix de la
firme en question pour la conception de la publicité au niveau de
l'énergie, est-ce qu'il y a eu un plan de publicité? Est-ce que
les propositions étaient faites à ce moment-là, surtout en
ce qui concerne ce dont on a discuté l'autre jour? J'ai ici un des
articles qui reproduit la publicité faite à ce moment-là,
sur lequel il y avait eu une erreur assez sérieuse, qui prêtait
à interprétation et qui a donné lieu à certains
problèmes. On lisait dans ce journal et je cite: "Nous avons
également négocié pour vous un prêt à taux
préférentiel" ce qui n'était pas du tout le cas, puisque
l'allégement était simple-
ment au niveau du taux, mais il n'y avait pas de prêt
négocié. La personne ne pouvait pas aller à une
institution...
M. Joron: Ce n'était pas un prêt garanti. C'est la
confusion que la phrase nous montre. Par mesure de prudence, on a pensé
qu'il valait mieux reprendre cette phrase-là, parce qu'elle pouvait
porter à croire que quelqu'un pouvait se présenter et,
automatiquement, avoir un prêt, alors que ce qui était, c'est que,
si un prêt pouvait être obtenu comme par n'importe qui qui
s'adresserait à sa banque ou à sa caisse populaire, pour cette
fin, il bénéficiait d'un rabais de 1%. Effectivement, il y avait
une confusion dans la phrase, confusion que vous nous avez signalée et
qu'on s'est empressé de corriger.
M. Brochu: D'ailleurs, même dans le texte, plus loin, on
répète la même chose, on l'explique au complet. "Nous vous
offrons également un prêt-isolation. Si vous avez besoin d'un
emprunt pour financer les travaux que vous avez déjà
effectués, le gouvernement du Québec a négocié pour
vous un prêt à taux préférentiel, etc."
M. Joron: C'était un rabais du taux d'intérêt
qu'on avait négocié, ce qui n'était pas dit
clairement.
M. Brochu: Oui, d'accord. Cela a été corrigé
par la suite, mais des questions m'ont été posées dans ce
sens-là. C'est pourquoi je ramène cet argument-là
aujourd'hui. Je l'avais fait lors de mes remarques préliminaires. D'un
côté, on a dit: Le seul critère qu'on a retenu, c'est la
qualité de la présentation du plan de la publicité par
l'entreprise Conceptat et, en même temps, un des premiers
résultats qui est sorti, c'est ce problème-là qui a
été créé, si vous voulez, par... Je ne veux pas
discréditer qui que ce soit, mais est-ce que c'est exact ou non?
L'avez-vous retiré ou non?
M. Joron: Je pense que le député exagère. Il
cherche un pou dans une botte de foin quand il met le doigt sur une phrase qui
pouvait prêter à ambiguïté et qu'on a corrigée
pour dire que le programme, globalement en soi, n'était pas valable; au
contraire, on a conduit une enquête par la suite, puisque le but de ce
programme-là était de faire savoir aux Québécois
qu'il existait un programme québécois d'isolation des maisons et
qu'ils pouvaient s'en prévaloir; on a fait un sondage par la suite pour
s'enquérir, voir si ce programme de publicité, d'information
avait porté fruit et 67% des citoyens interrogés
répondaient qu'effectivement, ils étaient au courant qu'un tel
programme existait. C'est donc la preuve que la campagne a été
bien menée.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je ne veux pas interrompre, mais on
avait abordé une question préliminaire sur la publicité de
l'Hydro, avant que le député entre. Je n'ai pas d'objection, mais
je pense que j'aurais des interventions à faire sur la publicité
de l'isolation des maisons. Je me demande si on pourrait le faire à
l'étude de l'élément 2 plutôt que de continuer
maintenant.
M. Brochu: C'est simplement parce que le ministre a d'abord
exprimé le désir de répondre à la question que
j'avais posée dans mes remarques préliminaires.
Le Président (M. Marcoux): Un instant! M. Joron:
J'aurais pu attendre moi-même.
M. Ciaccia: J'aurais des questions à poser
là-dessus, mais...
M. Brochu: On pourrait peut-être terminer sur la
question...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous
préférez continuer ce débat immédiatement ou
attendre à l'élément 2?
M. Brochu: On peut peut-être simplement terminer rapidement
la question de Conceptat.
M. Ciaccia: Et revenir à l'isolation.
M. Brochu: On reprendra le programme ensuite à
l'élément 2.
Le Président (M. Marcoux): Sur Conceptat, il y a-t-il
d'autres choses à dire?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Marcoux): Non.
Préférez-vous faire un débat général sur les
trois éléments ensemble ou les appeler élément par
élément?
M. Joron: ...
Le Président (M. Marcoux): Un débat
général sur le programme 6.
M. Joron: Oui.
Etudes et recherches concernant les hydrocarbures et
l'électricité
Le Président (M. Marcoux): Je vais appeler
l'élément 1, recherches d'hydrocarbures. M. le ministre.
M. Joron: Mardi, surtout dans les documents qu'on a fait parvenir
aux membres de la commission, on a explicité dans le détail
chacune des dépenses. Je pense qu'on ferait peut-être perdre le
temps de la commission si, à chaque élément, j'avais
à redire ce qu'on a déjà fourni par écrit. On
devrait plutôt réserver le temps aux questions des membres de la
commission.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'aurais deux questions. Je n'ai pas trouvé le
programme 7 dans les... Je comprends que nous sommes au programme 6, mais le
ministre s'est référé aux documents qu'il nous a fournis,
aux renseignements de base pour les crédits. Vous étalez le
programme 6, au début, à la page...
M. Joron: 8, je pense.
M. Ciaccia: Oui, à la page 8, vous étalez le
programme 6, mais je n'ai pas trouvé le programme 7 dans ce
document-ci.
M. Joron: La Régie de l'électricité et du
gaz, non, effectivement, parce que... En fait, de tradition... Il n'est pas
tellement compliqué, on pourra en discuter quand on abordera le
programme 7.
M. Ciaccia: Vous ne l'avez pas inclus ici? M. Joron:
Non.
M. Ciaccia: Peut-être qu'on reviendra au programme 7 quand
on aura terminé ce programme 6. Pouvez-vous expliquer la baisse des
sommes allouées à la recherche d'hydrocarbures? Pour
l'année 1978/79, vous aviez un montant de $843 400 et, pour 1979/80, ce
chiffre dans le budget est réduit à $437 000. (10 h 45)
M. Joron: II faut bien comprendre que le service d'exploration
à la Direction générale de l'énergie, surtout
depuis l'existence de SOQUIP une société de la couronne qui
a un tel mandat a une importance relativement moindre qu'autrefois.
Essentiellement, tout ce qui apparaît ici c'est modeste, en fait
est le résultat d'une entente Québec-Canada dans le cadre
de l'entente auxiliaire sur le développement minéral. C'est le
fait qu'il y a une diminution dans le nombre de projets qui entraîne une
diminution des crédits. C'est une entente qui dure cinq ans, et nous
sommes dans la troisième ou la quatrième année de cette
entente. Elle prendra fin après cinq ans.
M. Ciaccia: Quelle est la relation vous avez
mentionné SOQUIP qui existe entre votre ministère sur cet
élément, la recherche d'hydrocarbures, et le rôle de
SOQUIP, ainsi que les fonctions qu'elle occupe dans le domaine?
M. Joron: M. Turgeon, directeur des hydrocarbures, pourrait
peut-être, si les membres le veulent, répondre plus
spécifiquement pour vous expliquer le mécanisme de cette
coordination.
En fait, au niveau de cet élément de programme, c'est
surtout un travail de reconnaissance géologique et de relevés
sismiques. Dans la mesure où il y a des travaux sismiques qui se font,
il y a une certaine coordination qui se fait avec SOQUIP pour satisfaire
conjointement les besoins de reconnaissance et les besoins de SOQUIP.
D'ailleurs, l'an dernier, sur ce plan, il y a eu une entente concernant
l'utilisation des équipes sismi- ques qui ont fait le travail
conjointement pour SOQUIP et la Direction générale de
l'énergie.
M. Ciaccia: Je sais qu'il y a eu des découvertes à
Saint-Flavien, mais est-ce qu'il y a eu d'autres découvertes positives?
Est-ce que les résultats de ces recherches, soit de votre
ministère ou de la collaboration que vous avez avec SOQUIP... Les sommes
qui sont dépensées, est-ce que le ministère
évalue...
M. Joron: SOQUIP existe depuis 1969 et la Direction
générale de l'énergie, comme telle, à
l'intérieur du ministère des Richesses naturelles existe depuis
1970. Anciennement, qu'est-ce que le ministère des Richesses naturelles
faisait dans ce domaine? Je vous avoue que, pour l'instant, je l'ignore. Depuis
dix ans, la direction comme telle, n'a pas dépensé
énormément d'argent dans l'exploration proprement dite. SOQUIP,
par contre, a dû dépenser au total une quarantaine de millions de
dollars à peu près depuis dix ans. Evidemment, conduire un
inventaire du potentiel des hydrocarbures d'un pays aussi vaste que le
Québec, ce n'est pas une mince affaire. On a pu assez rapidement
délimiter les zones où il valait la peine de le faire et celles,
pour toutes sortes de raisons géologiques, où il était
inutile d'aller explorer. On arrive aujourd'hui à un point où on
se concentre essentiellement. Je vais résumer, sans en faire un trop
grand débat. Dans la vallée du Saint-Laurent, il y a de bonnes
chances de trouver du gaz. On en a trouvé à Saint-Flavien, vous
l'aviez mentionné. Il y en a eu ailleurs aussi, par des producteurs
privés, à la Pointe-du-lac, près de Trois-Rivières.
La plupart du temps, ce qu'on a découvert jusqu'à maintenant, ce
sont de petits réservoirs à cause de la nature des argiles
fracturés, m'explique-t-on. Dans la vallée du Saint-Laurent, il y
a théoriquement peu de chance de trouver d'immenses réservoirs,
mais il existe du gaz. Si on trouve l'endroit précis de ces plus petits
réservoirs, les uns pouvant être rattachés aux autres, cela
peut devenir quelque chose de substantiel.
Pour ce qui est du pétrole, globalement, les chances sont
meilleures dans le golfe Saint-Laurent, au large des côtes de la
Gaspésie, par exemple, où SOQUIP est en train, justement en ce
moment, de conduire des forages.
Le résultat de tout ça nous porte à croire que
ça vaut la peine de continuer, même d'intensifier l'effort. C'est
plus facile à dire aujourd'hui évidemment quand le pétrole
se vend de $15 à $20 le baril que ça l'était il y a dix
ans quand ça coûtait $3 le baril. Cela coûte aussi plus cher
pour faire de l'exploration également aujourd'hui, mais c'est une
denrée plus recherchée, disons.
En conclusion générale, on pense que cet effort doit
être accéléré, doit être continué et
les indices sont relativement favorables, mais, encore une fois, on ne fera
croire à personne que le Québec, c'est l'Arabie Saoudite.
M. Ciaccia: Vous dites que les indices sont relativement
favorables, je n'ai pas les termes
techniques, mais n'est-ce pas un fait que la formation géologique
d'où, généralement, il y a des découvertes de
pétrole, je crois qu'on en a fait un tableau, se trouve, par exemple, en
Alberta, se trouve en Arabie Saoudite, et 90% de toutes les découvertes
de pétrole sont faites là où ces conditions existent. Or,
au Québec, ces conditions n'existent pas généralement.
Sans utiliser des termes techniques, le sommaire de tout ça, est-ce que
ce ne serait pas exact?
M. Joron: Les probabilités sont nettement moins
élevées. Cela, tout le monde le sait. Elles existent quand
même suffisamment pour justifier un certain effort. Encore une fois, ce
serait peut-être une autre discussion intéressante au moment
où, en commission...
M. Ciaccia: II faut le temps, parce que... M. Joron: Oui,
mais...
M. Ciaccia: ... aujourd'hui, on n'a pas la garantie d'avoir une
autre séance...
M. Joron: Oui, c'est ça.
M. Ciaccia: Est-ce que ça se termine à 12 h 30
aujourd'hui?
M. Joron: Automatiquement...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a possibilité d'avoir...
M. Joron: L'entente prévoyait une limite de cinq heures de
débats. Je pense que les leaders des partis ont accepté de
respecter entre eux cette entente.
M. Ciaccia: C'est qu'il y aurait beaucoup de problèmes
à examiner, il y en a plus que pour cinq heures.
M. Joron: Encore une fois, ce n'est pas parce que je ne trouve
pas la discussion intéressante, mais, étant donné que la
direction comme telle est si peu impliquée, finalement, dans
l'exploration comme telle, mais que c'est SOQUIP, la société, qui
l'est, ce serait intéressant d'avoir cette discussion en présence
des gens de SOQUIP. Là, on pourrait avoir passablement plus
d'intérêt.
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'autre question. Merci.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 1 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 2?
M. Joron: L'élément 2, c'est évidemment le
coeur même de l'activité de la Direction générale de
l'énergie. Ce sont les fonctions du conseil de la
Direction générale de l'énergie.
L'élément 3, c'est la distribution.
Evidemment, l'essence même de l'éventuel ministère
se trouve à cet élément 2. Je ne sais pas par quelle
question les membres de la commission voudraient commencer.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Brochu: J'ai juste une brève question, on pourrait
peut-être poser une question générale au ministre en
commençant. Prévoit-il le jour où la direction
générale pourra devenir éventuellement un ministère
comme tel?
M. Joron: C'est un engagement formel du premier ministre dans son
discours inaugural.
M. Brochu: Oui.
M. Joron: Effectivement, c'est définitivement au programme
législatif pour cette année. Vous dire précisément
dans quelle semaine ou quel mois...
M. Brochu: D'accord, c'est certainement cette année.
M. Joron: Cela relève plus du leader du gouvernement que
de moi.
M. Brochu: C'est la troisième année qu'on en parle.
C'est pour vérifier, m'assurer que c'est cette année qu'on va
passer à l'action dans ce domaine.
M. Joron: Cela fait plusieurs années qu'on en parle,
enfin, plusieurs, cela fait deux ans qu'il y a un ministre
délégué à l'énergie, mais c'est la
première fois que c'est un engagement dans le menu législatif du
discours inaugural. Cela va venir.
M. Ciaccia: Dans le programme d'isolation des maisons, combien
avez-vous dépensé en publicité pour ce programme?
M. Joron: C'est au titre du programme d'isolation des maisons
peut-être que la plupart des questions à l'élément
2, que nous étudions dans le moment, des variations de montants peuvent
s'expliquer.
La première, c'est la publicité. Vous avez vu la
catégorie 4, services, c'est là que sont incluses les
dépenses de publicité. Les crédits qui avaient
été accordés l'année dernière étaient
au total de $3 200 000 et ils sont de $2 millions, cette année. Il y a
une baisse importante. Si on reprend cela dans le détail, c'est à
la page 17 du cahier bleu, on peut le regarder ensemble...
M. Ciaccia: Je vois, à la page 23, que vous avez un
transfert d'argent. Vous aviez prévu $6 700 000 et, pour 1979/80, $3 200
000.
M. Joron: Voulez-vous qu'on prenne cela ou la publicité,
d'abord, la publicité du programme d'isolation des maisons?
M. Ciaccia: On va aller à la publicité et on
reviendra après.
M. Joron: C'est à la page 50. Il y a deux cas de
dépenses de publicité directement reliées au programme
d'isolation des maisons; c'est la première, en haut, $230 000, $259 069
dépensés et, le troisième sujet, $83 691, qui était
la prolongation. Au total, ça fait donc environ $323 000. C'est le
montant attribuable à la publicité relative au programme
d'isolation des maisons.
M. Ciaccia: Ce n'est pas $566 000 qui seraient attribuables au
programme d'isolation des maisons?
M. Joron: Non. Le montant dépensé durant l'exercice
financier, c'est ce que vous avez à la page 50.
M. Ciaccia: Le montant des subventions accordées se
chiffre à $1 445 000.
M. Joron: C'est cela, au 31 mars; c'est à la page 29.
M. Ciaccia: II me semble que vous aviez prévu, au
début du programme...
M. Joron: C'est votre autre question concernant les
transferts?
M. Ciaccia: ... beaucoup plus que le nombre de personnes qui se
sont prévalues de ce programme.
M. Joron: Effectivement.
M. Ciaccia: Premièrement, le programme visé
d'isolation de maisons, vous devez savoir que les propriétaires sont en
minorité, il y a à peu près 20%, 30%...
M. Joron: 40,4%, pour être plus précis. M.
Ciaccia: 40,4% sont propriétaires... M. Joron: Des
logements au Québec.
M. Ciaccia: Les autres sont tous locataires. Dans votre
programme, est-ce que vous avez prévu cette différence ou si
votre programme était...
M. Joron: Non...
M. Ciaccia: ... s'adressait à tous les
propriétaires sans distinction?
M. Joron: Par la même occasion, je vais répondre
à l'autre question que vous avez posée, où il y a une
variation considérable à la supercatégorie du transfert
qui avait été prévue l'année dernière
à $6 700 000 et qui tombe, cette année, à $3 200 000, ce
qui explique, en fait, l'essentiel de la diminution globale des crédits.
C'est l'expérience des subventions accordées dans le cadre du
programme d'isolation des maisons; tout cela, ce sont des subventions du
programme, c'est cet élément. La différence, c'est que
ça a été moins vite que ce qu'on avait
espéré au départ. On avait budgétisé pour $6
700 000, l'an passé, et on est loin d'avoir accordé ce nombre de
subventions. C'est la raison pour laquelle on a aussi modifié le
programme le 15 janvier de cette année, on a élargi le programme.
(11 heures)
Je rappelle son origine; le programme a débuté en mars
1978 et s'adressait aux maisons unifamiliales construites avant 1946. Les
résultats, c'est qu'il y a eu, au cours de l'exercice financier, $1 500
000 de subventions. On s'est aperçu que c'était insuffisant,
qu'on avait les fonds disponibles pour plus que cela et qu'il fallait
élargir le programme. On a élargi le programme pour couvrir
toutes les maisons construites avant 1961, toujours des maisons unifamiliales.
Donc, cela s'adresse à 700 000 maisons à peu près, sur un
total au Québec d'approximativement 2 millions, 2 200 000, je pense.
Cela s'adresse globalement à peu près au tiers des logements
québécois et à la grande majorité des maisons
unifamiliales. C'est au programme de nos activités de cette
année, on est à élaborer un programme, une façon
d'intervenir pour insister, pour amener l'isolation des maisons autres que des
maisons occupées par un propriétaire ou un locataire d'une maison
unifami-liale. Le problème se pose, évidemment, très
différemment dans le cas d'un immeuble d'appartements, d'un triplex ou
ainsi de suite, parce que l'intérêt du propriétaire n'est
pas le même. Il faut s'assurer que les dépenses qu'il pourrait
faire ne soient pas passées au loyer ou ainsi de suite. Vous voyez que
le concept même d'un programme qui s'adresse à des logements
à louer doit être entièrement différent de celui qui
s'adresse aux propriétaires. Pour l'instant, on n'a touché que
les propriétaires; cette année, on veut élaborer un
programme qui s'adresserait...
M. Ciaccia: Le concept de votre programme ne s'applique pas du
tout...
M. Joron: Non.
M. Ciaccia: ... aux maisons à...
M. Joron: ... à logements multiples. M. Ciaccia:
... logements multiples. M. Joron: Non.
M. Ciaccia: Je remarque que vous avez eu des demandes de
subventions à 7350 et vous mentionnez que, dans cette catégorie,
il y a 215 000 maisons. Cela n'est pas beaucoup.
M. Joron: C'était la...
M. Ciaccia: Vous en avez approuvé 4000.
M. Joron: C'était la phase un du programme qui s'adressait
aux maisons construites avant 1946.
M. Ciaccia: Oui, mais même...
M. Joron: En l'élargissant jusqu'à 1961...
M. Ciaccia: Je comprends...
M. Joron: ... le nombre de 215 000 devient 700 000...
M. Ciaccia: Mais même en se limitant aux maisons avant
1946...
M. Joron: Oui.
M. Ciaccia: Approuver 4000 subventions quand il y a 215 000
logements...
M. Joron: Cela n'est pas beaucoup.
M. Ciaccia: Cela porte à croire que votre programme n'est
pas efficace.
M. Joron: Non, cela porte...
M. Ciaccia: Votre campagne d'information ou le contenu du
programme ne vaut pas la peine...
M. Joron: Non; par contre, les sondages...
M. Ciaccia: Vous dépensez $300 000 de
publicité...
M. Joron: Mais non, mais vous voyez...
M. Ciaccia: C'est quoi, c'est...
M. Joron: Mais, remarquez...
M. Ciaccia: ... 20%, 25% en publicité?
M. Joron: Si vous voyez les chiffres que l'on fournit à la
page... sur la croissance de la demande des subventions, on l'a mois par mois;
je ne sais plus à quelle page... A la page 27, on s'aperçoit que,
depuis que le programme a été modifié... à la page
26...
M. Ciaccia: Oui, à la page 27, c'est une bonne
illustration. Cela monte et cela baisse. Cela a monté jusqu'au mois de
novembre et, depuis le mois de novembre, il y a une baisse
considérable.
M. Joron: Oui, mais M. Ruelland, du Bureau des économies
d'énergie, à côté de moi, pourrait répondre
à certaines de vos questions. Mais, essentiellement, c'est que la
période où l'isolation se fait, ordinairement, c'est avant la
saison de chauffage: c'est à l'automne. Mais, si vous regardez à
la page 29, vous allez voir que les montants versés et le nombre de
subventions approuvées, cela commence à augmenter... Si vous
partez de décembre, qui est le point bas de l'hiver; décembre,
vous aviez 398 subventions approuvées; janvier, 410; février,
719; mars 979. Là, il y a une courbe ascendante qui commence.
Globalement, de toute façon, je suis d'accord avec le
député de Mont-Royal pour dire que ce sont des résultats
qui ne nous satisfont pas, c'est aussi la raison pour laquelle on a
amélioré le programme. En plus de l'avoir élargi, on en a
rendu l'administration plus simple pour le propriétaire. Mais comment
expliquer cela? Peut-être quelques éléments d'explications.
Un premier, on en a parlé avant-hier déjà, je sais
très bien que le député de Mont-Royal le sait aussi, la
sensibilisation au coût de l'énergie, dans notre
société et en Amérique du Nord en général,
est faible encore, trop faible malheureusement.
Par contre, les prix ont déjà commencé à
augmenter d'une façon un peu plus rapide suite aux
événements de l'Iran et d'ailleurs, et il est clair qu'au niveau
du prix de l'énergie, des programmes comme ceux-là deviennent de
plus en plus attrayants pour le propriétaire, à mesure que les
prix de l'énergie s'élèvent.
Il y a autre chose aussi dans un programme qui démarre.
L'expérience ailleurs nous a démontré que c'était
à peu près la même chose. Dans un programme qui
démarre, les gens se disent: Oui, on sait, on nous dit que les prix vont
augmenter, ce serait une bonne idée d'isoler ma maison. Les deux tiers
des citoyens, selon le sondage qu'on avait fait, savent qu'un programme existe,
mais ils se disent: Je peux peut-être attendre un an de plus avant de
faire des dépenses. Il y a aussi une autre question que les gens se
posaient au départ, à savoir: Comment faire, par quel bout
commencer, par quelle sorte de travaux, etc? Il y avait une insuffisance
d'information dans le public et certains propriétaires également
étaient hésitants, ne sachant à qui s'adresser et ayant
peur, peut-être, de s'adresser à des gens plus ou moins
compétents en matière d'isolation.
Il y a toute une série de facteurs. On pourrait en discuter
longuement. Mais tout cela explique que le programme a démarré
lentement. C'est évident qu'il a démarré lentement,
à notre insatisfaction. On espère, par un effort d'information
additionnelle, compte tenu également du fait que les prix de
l'énergie, de l'huile à chauffage, entre autres, se sont
élevés passablement depuis, et considérant aussi le fait
qu'on a amélioré notre programme en le rendant plus facile, que
les citoyens vont s'en prévaloir dans les mois et dans les années
qui viennent à un rythme de beaucoup supérieur à ce qu'il
en a été durant les mois de démarrage.
M. Ciaccia: II n'y a aucun doute, et on a abordé le
problème hier, c'est une question de priorité du gouvernement et
c'est une question de volonté politique. Il ne faut pas donner
l'impression, quelquefois, de la façon dont les sommes ont
été déboursées le programme d'information,
la publicité... Vous n'aviez pas d'autre choix que d'avoir un programme
d'isolation de maisons. Le fédéral en avait un, vous vouliez
garder la juridiction au Québec, alors dans le contexte actuel, vous
n'aviez pas d'autre choix que d'avoir un tel programme. Vous avez
implanté ce programme...
M. Joron: II est fait pour les propriétaires aussi, ce
programme-là.
M. Ciaccia: Mais quand on voit le peu de gens qui se sont
prévalus de ce programme, qui en ont pris avantage, est-ce parce que le
programme n'est pas assez attrayant? Si vous voulez vraiment faire un programme
attrayant, quand quelque chose est dans l'intérêt du public, ce
n'est pas 4000 sur 215 000 qui feront des demandes, ce n'est pas la paperasse
qui va les empêcher d'aller chercher l'argent au gouvernement.
Premièrement, il faut que le programme soit assez attrayant et,
pour le rendre attrayant, il faut que vous ayez l'intention de le mettre
vraiment en application. Quelles modifications apporte-rez-vous au programme
pour le rendre plus attrayant, en plus d'enlever les difficultés
d'application?
M. Joron: D'accord. Ecoutez, je vais répondre très
spécifiquement, ou plutôt, je demanderais à M. Ruelland
d'expliquer les changements intervenus en détail au programme pour le
rendre plus attrayant.
Je veux seulement souligner ceci tout d'abord. Il ne faut pas croire que
le nombre de propriétaires qui ont isolé leur maison au
Québec se limite à ceux qui ont fait appel à notre
programme. Il y a bien des gens qui ont fait des travaux d'isolation. Un
sondage récent nous a indiqué que l'année dernière,
40 000 à 60 000 propriétaires ont fait des travaux d'isolation
sur leur maison.
M. Ciaccia: S'ils font des travaux sans faire appel à
votre programme, ça démontre que votre programme n'est vraiment
pas attrayant.
M. Joron: Cela montre justement que l'effet de sensibilisation a
été réussi. Des propriétaires ont fait de petits
travaux et ils n'ont pas jugé bon de s'embarquer dans ce qui
était peut-être pour eux, une complexité administrative
trop grande pour se faire rembourser un montant relativement petit. Ils ont
jugé bon, comme on aurait pu le faire normalement aussi, même en
l'absence de tel programme, de faire des dépenses d'isolation. Je l'ai
fait, par exemple, avant l'existence d'un tel programme; je ne le regrette
pas.
M. Ciaccia: On parle du programme. Il faudrait se limiter au
programme.
M. Joron: II y en a bien d'autres qui l'ont fait comme cela.
Mais, plus spécifiquement, je vais demander à M. Ruelland de vous
expliquer les changements intervenus entre la phase I et la phase II.
M. Ciaccia: Pour le rendre plus attrayant.
M. Joron: Je voudrais auparavant ajouter un aspect qui
apparaît important. Comme on a défini le programme
québécois comme étant complémentaire, puisqu'il y
avait un programme fédéral qui existait déjà, on
doit soustraire, au départ, les investissements qui sont admissibles au
gouvernement fédéral, de façon à éviter de
verser deux fois une subvention pour les mêmes travaux et éviter
de gaspiller les fonds publics. Cela pénalise fortement le programme
québécois, puisque, dans le cadre du premier programme, on devait
soustraire $750, au minimum, des dépenses d'investissement, ou des
dépenses de travaux effectués par un propriétaire.
M. Ciaccia: Pourquoi ne pouvez-vous pas l'ajouter?
M. Joron: L'ajouter?
M. Ciaccia: Oui. Supposons que j'obtienne une subvention du
gouvernement fédéral qui va me donner $500. Je fais des travaux
qui coûtent $2000 et on me donne $500. Est-ce que, pour recevoir votre
subvention, il faut soustraire le montant de $500?
M. Joron: On ne soustrait pas la subvention, on soustrait
l'investissement qui détermine la subvention. Par exemple, s'il y a une
subvention, dans le cadre du premier programme, pour des travaux de $525, le
fédéral donnait 66% de cet investissement, soit $350. En fonction
d'un certain nombre de calculs qui avaient été effectués,
on avait établi le plancher des investissements admissibles à
$750, de façon à éviter, par exemple, que les frais des
matériaux qui étaient admissibles dans le cadre d'un programme et
qui ne l'étaient pas dans l'autre les portes et fenêtres,
par exemple...
M. Ciaccia: Pour ne pas avoir 100% de subvention.
M. Joron: Pour ne pas avoir 100% de subvention, parce qu'on
considère que cela entraîne du gaspillage et, évidemment,
ce n'est pas justifié. Pour terminer le premier programme, cela a
entraîné beaucoup moins de participation à notre programme,
puisque, automatiquement, les gens qui faisaient des travaux modestes,
relativement mineurs, et qui étaient influencés par la
philosophie du programme fédéral qui est d'isoler surtout
l'entretoit de la maison, ce qui constitue finalement la majorité des
travaux qui sont effectués dans une maison unifamiliale, allaient
chercher leur subvention au niveau du gouvernement fédéral.
Alors, les travaux majeurs, qui sont évidemment beaucoup moins
importants, ou que les gens hésitent à faire, cela nous revenait.
Le coût
moyen des travaux était d'environ $1500 pendant la période
du premier programme du Québec, ce qui entraînait une subvention
moyenne d'environ $360.
Dans le cadre du deuxième programme, on a été
obligé aussi d'appliquer le même principe, mais de façon
différente. On soustrait les investissements admissibles aux subventions
fédérales au départ, pour les mêmes raisons, de
sorte qu'en pratique et dans la majorité des cas, on va devoir
soustraire les investissements de $800 et moins qui sont admissibles pour les
travaux d'isolation et la main-d'oeuvre, à l'exception principalement
des portes et fenêtres.
Encore une fois, cela pénalise, en quelque sorte, les
succès du programme, bien que cela ne pénalise pas
nécessairement le consommateur. Mais cela pénalise, en termes de
nombre d'isolations ou de nombre de subventions accordées, le programme
québécois. Mais cela évite, encore une fois, de
subventionner deux fois les mêmes travaux.
Le ministre, l'été dernier, a demandé à son
collègue fédéral d'intégrer les deux programmes et
d'en faire, en quelque sorte, une espèce de programme à frais
partagés, de façon à éviter qu'il y ait deux
administrations, deux programmes et tout cela.
M. Ciaccia: Quelles modifications avez-vous apportées?
Vous voyez que ce ne sont pas des difficultés pour le consommateur, ce
sont des difficultés pour vous de débourser les sommes. Quelles
modifications avez-vous apportées à votre programme pour inciter
plus de gens à en profiter?
M. Joron: On a dispensé les gens de remplir le
questionnaire "Ener$age" que certains trouvaient trop compliqué, parce
qu'on posait des questions techniques et tout le monde n'a pas le même
degré de connaissances d'architecture ou de génie, ne sachant pas
tous tellement comment leur maison est construite... C'était une
exigence du premier et on s'est aperçu qu'elle ennuyait les gens
considérablement. On a enlevé cela. La subvention, toujours avec
un plafond de $500 non taxables, s'applique à 50% des travaux au lieu de
25% auparavant, au-delà des déductions faites des investissements
admissibles au programme fédéral. (11 h 15)
On paie jusqu'à 50% des travaux au lieu de 25% auparavant.
Au-delà des déductions faites des investissements admissibles au
programme fédéral, on paie jusqu'à 50%, au lieu de 25%. Ce
sont les points majeurs. Il y en a d'autres aussi sur les détails. Il y
a eu des changements par rapport aux fenêtres, etc. La date des maisons
construites avant 1961 a été changée aussi.
Le programme est plus attrayant. Toujours avec un maximum de $500, il
peut donner plus de subventions aux consommateurs et il est moins
compliqué aussi pour le propriétaire de toucher sa subvention. Il
y a sans doute d'autres petits points, mais c'est l'essentiel.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il va y avoir un programme pour les maisons
avec des locataires?
M. Joron: C'est notre intention d'y arriver cette année.
Je veux seulement souligner une dernière chose aussi que M. Ruelland
évoquait quand il disait que, l'année dernière, j'avais
demandé à mon homologue fédéral d'intégrer
les deux programmes. Je n'ai pas été le seul à demander
cela. Unanimement, les ministres de l'Energie des dix provinces ont fait la
même demande, qui n'a pas été agréée par le
gouvernement fédéral. C'était une recommandation unanime,
une proposition unanime de la conférence interprovinciale des ministres
de l'Energie.
C'est sûr que l'existence des deux programmes, qui n'ont pas tout
à fait les mêmes normes et se situent en plus dans un secteur,
comme les autres ministres l'ont jugé également, de juridiction
exclusivement provinciale, complique la vie des citoyens, du fait d'avoir
à s'adresser à deux places, à telle place pour les portes,
à telle autre place pour telle affaire, etc.
M. Ciaccia: Je pense que cela complique plus la vie du
gouvernement que celle des citoyens, parce qu'ils font des applications...
M. Joron: C'est peut-être une des explications du fait que
pas suffisamment de gens se sont prévalus du programme.
M. Ciaccia: A la page 37, vous vous référez
à des études qui ont été faites pour le secteur
résidentiel multiple. Les études devaient être
complétées le 15 avril. Est-ce qu'elles ont effectivement
été complétées? Est-ce votre intention de rendre
publiques ces études?
M. Joron: Cette étude qui nous sert de base pour
l'élaboration du programme s'adressant aux édifices à
logements multiples, on me dit qu'elle est terminée depuis Pâques.
On n'en a pas encore pris connaissance, cela fait trois jours qu'on est revenu.
Cela nous servira de guide à la préparation de...
M. Ciaccia: Quelles sont les conclusions de cette
étude?
M. Joron: Je pense qu'il est un peu tôt pour en faire part
à ce moment-ci, puisque le ministre lui-même n'en a pas pris
connaissance encore. C'est fait depuis quelques jours. Si le
député veut être patient, il pourra peut-être me
poser...
M. Ciaccia: Est-ce votre intention de rendre l'étude
publique?
M. Joron: Ce n'est pas une étude, c'est un document
interne, en fait.
M. Ciaccia: Avec $75 000, cela doit être une étude
assez étoffée. On lit ici que le coût est de $75 000.
M. Joron: II n'y a pas là de cachette. Vous voyez que des
cachettes, on n'en fait pas beaucoup d'ailleurs. Je tiens d'ailleurs à
vous signaler comment on en est arrivé à vous fournir ce cahier.
Ce cahier avait été préparé par mes fonctionnaires,
à mon intention, pour me permettre de répondre à vos
questions. C'est censé être les renseignements confidentiels du
ministre. Quand j'ai vu cela, je me suis dit: II n'y a pas là de
cachette, on va donner cela à tout le monde.
L'étude en question, donnez-moi le temps de la voir et je suis
sûr que...
M. Ciaccia: Quand, approximativement, pensez-vous pouvoir...
M. Joron: Disons d'ici un mois.
M. Ciaccia: ... donner des détails sur ce nouveau
programme? Ce sera un nouveau programme.
M. Joron: Avant de lancer un nouveau programme, vous comprendrez
que cela nécessite l'autorisation du Conseil des ministres. Pour
l'instant, ce serait hasardeux de ma part de viser une date, mais on le
souhaite pour cette année, pour que cela puisse être utile en
function de la prochaine saison de chauffage.
M. Ciaccia: Avant de laisser la parole à mon
collègue, parce que le temps passe, si vraiment la question
d'économie d'énergie par l'isolation des maisons est une question
prioritaire, je pense que vous pourriez, même dans l'optique qu'il y a
déjà un programme fédéral, si c'est vraiment votre
intention de vous fixer un objectif, au lieu d'avoir 4000 maisons, il y en aura
davantage, il y en aura 10 000, 15 000 ou 20 000, rendre ce programme assez
attrayant pour que les gens l'utilisent.
Si vous voulez ce parcours, vous pouvez prendre l'approche suivante: Je
veux dépenser seulement $2 000 000 ou $2 500 000 et je vais
préparer mon programme en conséquence. Ou bien, vous allez dire:
C'est important, l'économie d'énergie. Mon programme va
être fait de telle façon que les $2 millions, les $3 millions ou
les $4 millions, le public va les prendre.
M. Joron: Même, je...
M. Ciaccia: Quand c'est assez attrayant, ce n'est pas les
formulaires ou les autres choses qui vont empêcher les gens. Ils vont en
prendre avantage.
M. Joron: Je suis tout à fait de votre avis. Si les fonds
sont insuffisants, on retournera voir le ministre des Finances et on demandera
un budget supplémentaire.
M. Ciaccia: Avant d'avoir le budget, il faut que votre programme
soit mis en place d'une telle façon que ce soit attrayant pour le
public. L'impression qu'on a, d'après les chiffres que vous nous avez
donnés, les difficultés et le petit pourcentage de personnes qui
ont pris avantage de ce programme, c'est qu'il n'est pas assez attrayant.
M. Joron: II ne l'était pas. On l'a
amélioré. Les chiffres des premiers mois on a ceux de
février et mars, pour l'Instant, avril n'est même pas
terminé semblent indiquer qu'il y a une croissance, une
remontée.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
de... Non? L'élément 2 est adopté?
M. Ciaccia: Non, un instant. Encore à
l'élément 2, parce que les plus grosses sommes d'argent sont dans
cet élément. Cela comprend presque je ne dirais pas toute
la totalité des activités du ministère. Dans les
édifices publics et parapublics, revenons pour un instant à ce
sujet brièvement, vous aviez émis un communiqué de presse
au mors de juin 1978. Vous vous étiez référé
à un investissement total possible de $9 millions pour apporter
certaines économies d'énergie. Je voudrais demander au ministre
si, effectivement, vous avez déboursé ces sommes et si vous avez
eu les résultats que vous aviez prévus par l'investissement de ce
montant d'argent.
M. Joron: Pour qu'il n'y ait pas de confusion, entendons-nous; ce
n'est pas $9 millions que nous devions débourser, c'est $9 millions qui
devaient se dépenser dans l'ensemble...
M. Ciaccia: C'est un investissement qui devait être...
M. Joron: ... des ministères ou qui devaient être
prévus au budget des autres ministères. Jusqu'à
maintenant, on est un petit peu en retard là-dessus, si bien que c'est
dans les budgets des ministères de l'année prochaine que
l'essentiel des dépenses va être fait. La plupart des choses
préliminaires ont été faites. Celles-là exigeaient
moins des dépenses d'investissement que des études. Il fallait
d'abord que le ministère des Affaires sociales sache, fasse l'inventaire
de la sorte de travaux qu'il a à faire, où et à quel
montant cela peut se chiffrer, avant de demander les crédits pour le
faire. La même chose était vraie à l'Education. Aux Travaux
publics, c'était un peu plus avancé. On traverse cette
étape où l'identification de ce qu'il y a à faire a
été faite, ce qui va permettre aux ministères, dans les
crédits qu'ils demanderont au prochain exercice financier, de
requérir les montants pour faire ces investissements. Je vous disais
mardi que le principe d'un programme d'investissement quinquennal, parce
qu'évidemment tout ne sera pas fait dans un an, a été
approuvé en principe par le Conseil des ministres ce printemps, il y a
un mois ou deux, et que l'année 1 du programme quinquennal commencera
vraiment avec les crédits de l'année prochaine. Je ne peux pas
vous fournir sur-le-champ le chiffre des crédits affectés cette
année à chacun des ministères pour des investissements
aux fins d'améliorer le rendement énergétique des
édifices publics ou parapublics.
Encore une fois, je vous signale ceci que j'ai dit mardi, c'est que tous
les investissements qui peuvent avoir pour résultat d'améliorer
le rendement énergétique de ces édifices ne sont pas
identifiés comme tels. Il y a beaucoup d'argent qui se dépense
sans doute dans la réfection et la rénovation des édifices
publics, à l'heure actuelle, ce qui va avoir pour effet
d'entraîner... mais qu'on peut très difficilement identifier comme
étant strictement voué à l'économie
d'énergie.
M. Ciaccia: Je comprends, M. le ministre, qu'il peut y avoir des
conséquences de travaux qui se font maintenant qui vont résulter
en des économies d'énergie. Ce serait bizarre d'effectuer des
travaux de la même façon qu'ils étaient effectués il
y a dix ans et avoir le même gaspillage. Cela, c'est une
conséquence normale.
Ce que je ne comprends pas, c'est ce qui suit: Vous êtes le
ministre délégué à l'énergie. Vous
êtes intéressé à l'économie de
l'énergie. Le gouvernement, supposément, dans votre livre blanc,
a approuvé ou devrait juger cette question prioritaire. Pourquoi laisser
à tous les autres ministères la responsabilité de dire:
Nous allons effectuer des économies d'énergie dans notre domaine?
Parce que vous le savez, comme je le sais, qu'il y a des conflits
d'intérêts, c'est très humain, très
compréhensible et c'est politique aussi. Le ministère des
Transports, quand il va dépenser pour économiser de
l'énergie dans l'édifice où il est logé, est moins
intéressé, pour des fins politiques, que d'aller dépenser
ces sommes d'argent dans les différents comtés où il va
pouvoir en tirer des avantages politiques. Soyons honnêtes et clairs.
Soyons réalistes.
Si, vraiment, le gouvernement était intéressé
à économiser l'énergie, il me semble que ce devrait
être le rôle, la responsabilité, et la fonction du
ministère de l'Energie. Les fonds nécessaires ne devraient pas
être éparpillés dans 26 ministères
différents.
M. Joron: Cela devrait être notre rôle, voulez-vous
dire?
M. Ciaccia: Cela devrait être votre responsabilité,
oui, ça devrait être chez vous. C'est vous qui avez émis le
communiqué de presse, n'est-ce pas? Vous avez dit: $9 millions. Le
ministre des Finances devrait allouer au ministère de l'Energie $9
millions pour l'économie de l'énergie et vous allez
décider des priorités, à savoir où ce sera
appliqué. De cette façon, on peut s'assurer que ce sera fait et
que ce sera concrétisé.
Mais, de la façon dont vous le faites maintenant, ce ne sera
jamais fait, parce qu'il y aura toujours une autre priorité politique,
dans les affaires sociales, construire un édifice pour les personnes
âgées sera beaucoup plus rentable politiquement et peut-être
qu'il y aura plus de pression. Il y a différentes pressions à
différents ministères. C'est humain et c'est normal. Si vous
étiez minis- tre des Affaires sociales, vous seriez plus attentif aux
demandes immédiates que de dire: L'énergie, je vais
l'économiser, mais c'est pour demain.
Alors, la priorité du gouvernement, c'est votre
responsabilité. Vous devriez avoir, même si vous n'avez pas les
fonds actuellement, le pouvoir, la surveillance et la capacité
d'insister pour que ces choses soient faites de cette façon. Autrement,
la seule conclusion qu'on peut en tirer... On fait beaucoup de
déclarations. On induit la population en erreur, à savoir que le
gouvernement est vraiment intéressé à ça, mais il
ne le fait pas. Mais si vous ne le faites pas, vous, comment vous attendez-vous
que la population va aller investir des sommes pour économiser de
l'énergie dans ses résidences et dans ses édifices?
L'exemple de la volonté politique, c'est à vous de l'assumer
avant de pouvoir faire des campagnes d'information publique. Je crois que toute
la façon dont ces programmes sont mis en place et les
déclarations, c'est presque irréalisable.
M. Joron: Ecoutez, M. le Président, je comprends les
suggestions que fait le député de Mont-Royal. Je les trouve
intéressantes. On partage les mêmes objectifs, d'ailleurs,
à cet égard, mais c'est une question de savoir si c'est
administrati-vement possible ou non. Il faut bien comprendre que c'est
difficile de distinguer... Par exemple, vous suggérez que les
investissements que les différents ministères seraient
appelés à faire dans le domaine de l'amélioration du
rendement énergétique des édifices qui sont sous leur
responsabilité, que ces crédits devraient être chez nous,
de façon à ce qu'on puisse en avoir l'autorité
directe.
M. Ciaccia: Que ce soit sous votre contrôle, que vous ayez
un certain contrôle.
M. Joron: Ah, voilà! C'est ça... M. Ciaccia:
Un des deux.
M. Joron: ... parce qu'autrement, ça peut devenir
extrêmement compliqué...
M. Ciaccia: Oui.
M. Joron:... parce que comment identifier des dollars
dépensés pour l'économie d'énergie et d'autres qui
sont identifiés pour la rénovation? Enfin, tout ça se
mélange et ça deviendrait drôlement compliqué. Le
ministère de l'Energie ne peut pas, à cause de la dimension de
l'énergie, se substituer au ministère des Travaux publics,
etc.
M. Ciaccia: Non, mais là, vous mélangez les
deux.
M. Joron: Non...
M. Ciaccia: Parce que quand vous dites: $9 millions, vous avez
identifié un chiffre non pas pour des travaux...
M. Joron: ... peut être fait...
M. Ciaccia: ... c'était pour de l'économie
d'énergie.
M. Joron: Non, écoutez, je comprends très
bien...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Un à la fois. (11 h 30)
M. Joron: Je comprends très bien votre souci. Il y a moyen
de s'organiser en conséquence possiblement par l'entremise du
contrôle qu'exerce le Conseil du trésor sur les dépenses
des différents ministères, l'identification des dépenses
peut être faite. Il y a une chose qui serait prévue, de toute
façon, c'est que la Direction générale de l'énergie
ou le ministère de l'énergie ait la possibilité d'accorder
un certificat d'autorisation; puisque l'exertise en matière
d'économie d'énergie existe chez nous, c'est à nous
d'émettre, avant qu'un autre ministère dépense, une
autorisation ou un certificat, cela peut être fait.
On peut aller plus loin et envisager... si le gouvernement a
approuvé un programme quinquennal, il faut organiser la mécanique
en conséquence pour que les ministères concernés
dépensent les investissements que le gouvernement souhaite faire en
matière d'économie d'énergie. On trouvera le
mécanisme et, quand il sera à point, j'en ferai part avec plaisir
non seulement au député de Mont-Royal, mais à la
Chambre.
M. Ciaccia: L'impression qu'on a, c'est que le gouvernement n'est
pas intéressé à cet élément-là,
certainement pas de la même façon que ne l'est le ministre de
l'énergie...
M. Joron: C'est une fausse impression, M. le
député.
M. Ciaccia: On est dans le concret, on n'a pas d'autres
conclusions à tirer. Qu'avez-vous fait de plus spécifique
on ne peut pas identifier les $9 millions dans les domaines public et
parapublic, à part les études et les bonnes intentions? Qu'est-ce
qu'il y a de concret qui a été fait pour économiser
l'énergie?
M. Joron: C'est une question large qui implique passablement de
détails.
M. Ciaccia: ... je parle de choses spécifiques.
M. Joron: D'accord. Je vais demander à M. Roquet, le
sous-ministre, de vous faire l'éventail, si vous voulez, des mesures qui
ont été prises dans ce domaine.
M. le Président, nous avons là un domaine qui est
extrêmement important parce que ce sont des multiplicateurs avec lesquels
nous traitons, des multiplicateurs qui sont, d'une part, des ministères
contrôlant des réseaux importants, par exemple, le
ministère des Travaux publics, le ministère de l'Education, le
ministère des Affaires sociales et certains autres, ou des
ministères qui ont leur propre consommation et leurs propres politiques
et, d'autre part, des sociétés d'Etat dont certaines de
très grande taille, comme l'Hydro-Québec dans le domaine public
et, évidemment, dans le domaine privé aussi.
Dans les deux domaines, nous avons eu le même
préjugé initial, c'est-à-dire d'utiliser ces
multiplicateurs pour multiplier notre propre dynamisme et nos propres moyens
plutôt que de nous substituer à ces facteurs. Il est certain que
même si nous étions allés chercher des moyens uniquement
à nous pour intervenir dans ce domaine, nous n'aurions jamais pu obtenir
le genre de moyen que pourrait déployer, une fois bien informé et
bien motivé, un ministère, par exemple, comme le ministère
de l'Education qui a en main des sommes, bien sûr, mais aussi des
instituti-tions, toutes sortes de multiplicateurs à lui sur tout le
territoire. Il nous a semblé c'est un choix de départ qui,
à ce jour, n'a pas prouvé être mauvais qu'il fallait
essayer plutôt de travailler avec les multiplicateurs que de travailler
à leur place. C'est dans ce cadre que nous avons, dans un premier temps,
établi des systèmes de concertation avec surtout,
évidemment, les grands ministères à réseaux et avec
l'Hydro-Québec, essayant d'être à leur service et de les
conseiller pour dégager des programmes d'action techniquement valables.
En ce sens, c'est un souci qui était exprimé tout à
l'heure par un des intervenants, certainement, notre ministère, au
départ et pendant la conception, joue un rôle au sein de
comités qui ont été établis dans la plupart des
ministères et dont certains ont un long passé de travail
maintenant, un passé qui va au-delà d'un an.
Nous croyons qu'il y a des bases très solides qui se sont
dégagées dans ce que le ministre appelait l'identification de
programmes valables, des programmes qui visent, d'ailleurs, non seulement la
consommation interne d'un ministère ou de ses réseaux, mais ses
politiques et ses orientations. Pour ce qui est des dépenses, de la
traduction au niveau des crédits, il est certain que, comme le disait le
ministre, l'année prochaine sera l'année du plus grand
départ, mais nous pensons que cette année même, il y aura
déjà des efforts significatifs de faits. Nous sommes couramment
en pourparlers avec chacun des principaux ministères, nous avons
reçu d'un bon nombre de sous-ministres des propositions officielles
qu'ils nous transmettent et qu'ils soumettent au Conseil du trésor et
nous espérons que, dans des arbitrages administratifs et financiers
internes, nous allons pouvoir mettre en voie des choses extrêmement
intéressantes, cette année.
Ce qui est certain, c'est que, contrairement à ce qui se passait
dans le passé, nous avons maintenant des programmes d'action vraiment
valables pour la plupart de ces ministères, quoique, pour
peut-être un ou deux, il reste encore du travail à faire.
Evidemment, nous n'avons donc pas des millions immédiatement à
faire rouler sur la table, mais nous pensons que des dépenses
très
solides et très sérieuses ont été
posées et que le programme quiquennal du gouvernement fait quelque chose
de substantiel et qui non seulement donnera l'exemple à la population,
mais sera lui-même une contribution très importante à la
réduction de la consommation. Merci, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le ministre, je voudrais encore avoir de vous des
détails sur les mesures concrètes que vous allez prendre. C'est
encore au niveau de l'élaboration et de la discussion. J'ai l'impression
que vous ne l'avez pas le pouvoir de dire: Ecoutez, on va passer un
règlement. Plutôt que les édifices publics ou les
écoles vous avez mentionné les écoles il
faut qu'à un certain moment les lumières soient éteintes,
il faut que certaines choses soient faites...
M. Joron: Oui.
M. Ciaccia: Vous avez mentionné qu'à titre
d'expérience pilote le ministère des Transports devrait
procéder à l'enlèvement d'un certain nombre de
lampadaires. On a l'impression que c'est encore au niveau des discussions et de
l'élaboration mais que les mesures spécifiques et les montants
spécifiques nécessaires pour mettre ces mesures en application,
on ne les voit pas encore.
M. Joron: II y a deux choses qu'il faut distinguer. D'une part,
on a parlé longuement des investissements à faire dans la
rénovation des édifices existants de chaque ministère,
comment s'arranger pour que les crédits soient affectés à
chaque ministère. Tout cela est prêt, comme le sous-ministre vient
de vous l'expliquer. On sait où il faut dépenser, le programme
quinquennal a été approuvé, l'année
évidemment la plus importante commencera l'année prochaine.
Voilà pour les investissements des différents ministères.
Il y a autre chose que vous avez signalé, dont on n'avait pas
parlé à ce jour, ce sont les normes, les normes de chauffage, les
normes d'éclairage, quelle devrait être la température
maintenue dans les différents édifices publics et parapublics.
Ces normes sont déjà faites, c'est déjà fait, et
cela a été transmis aux différents ministères. Sauf
que, dans un édifice comme celui dans lequel on est, je ne sais pas si,
en ce moment, vous trouvez qu'il fait trop chaud, moi, je trouve qu'il fait
trop chaud ici. On a beau dire que, dans le parlement...
M. Ciaccia: That is that are generating...
M. Joron: La température...
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'il fait chaud.
M. Joron: La température moyenne pas seulement
d'ailleurs pour des raisons d'économie d'énergie mais pour des
raisons de santé, on surchauffe et c'est mauvais pour la santé
devrait être de 20 degrés centigrades, 68 degrés
Fahrenheit, en comptant sur le dynamisme des députés pour
réchauffer ceux qui auraient froid. C'est bien beau de dire cela, que
cela va être 68 degrés partout dans le parlement. Mais regardez
cet édifice, comme il est fait, comment il a été
construit, comment il est chauffé. Il n'y a pas moyen d'arriver à
cela avant d'avoir fait des tas de travaux pour le changement du système
de conditionnement de l'air, du système de chauffage. J'ignore dans les
détails quelle est la chaufferie de l'Assemblée nationale, mais
vous voyez que la norme existe, qu'elle a été établie et
imposée. Elle ne se traduit pas je prends l'exemple de cet
édifice immédiatement. Pour ce qui est de
l'éclairage et tout cela, s'est fait. A l'Hydro-Québec, entre
autres, les représentations avaient été faites. Souvent,
il y a des gens qui disaient: L'édifice est éclairé toute
la nuit et ainsi de suite. Cela fait longtemps que c'est fait. Evidemment, il
est éclairé une partie de la nuit, parce qu'il faut que
l'entretien de l'édifice soit fait après que les employés
ont quitté à 17 h 30. Mais, après cela, automatiquement,
les lumières s'éteignent. Ce genre de normes ou de
règlements, si on peut appeler cela comme cela, existe. Tout cela existe
et c'est en fonction.
M. Ciaccia: A la page 42 de votre document, vous parlez des
économies d'énergie des municipalités. Encore dans ce
domaine, est-ce qu'il y a quelque chose de concret que vous avez pu mettre en
place en plus de seulement amorcer certaines discussions ou de continuer
à consulter, à discuter...
M. Joron: C'est vraiment...
M. Ciaccia: ... avec les municipalités?
M. Joron: C'est vraiment un examen qui commence conjointement
avec les municipalités, c'est le début, c'est vraiment le tout
début.
M. Ciaccia: Autrement dit, le rôle de votre
ministère est vraiment un rôle consultatif. Vous n'avez pas de
pouvoir décisionnel d'imposer des économies d'énergie
à un autre ministère.
M. Joron: Oui, mon ministère comme tous les autres. Si on
pense qu'une règle doit être appliquée, mon rôle est
de soumettre cette proposition-là au Conseil des ministres et celui-ci
doit l'imposer. Le lieutenant-gouverneur en conseil l'impose à tous les
autres. C'est ainsi que ça fonctionne.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose. Le ministère
des Transports a juridiction sur les transports. Il n'a pas besoin, pour mettre
en place une politique dans le transport, d'aller visiter le ministère
des Affaires sociales.
M. Joron: Je comprends ce que vous voulez dire, mais...
M. Ciaccia: Je vous dis que vous devriez avoir le pouvoir dans le
domaine de l'énergie et vous dites que vous ne l'avez pas.
M. Joron: Non, ce n'est pas exact. Il y a moyen d'arriver
à toutes ces fins, mais, de toute manière...
M. Ciaccia: Vous avez de bonnes intentions...
M. Joron: Je pense que vous anticipez un peu...
M. Ciaccia: ... mais le gouvernement ne vous suit pas et c'est
malheureux, parce qu'on se fait dire qu'il y a pénurie
d'énergie...
M. Joron: Non, écoutez!
M. Ciaccia: ... qu'il y a des difficultés, les prix
montent et, en attendant, vous consultez.
M. Joron: On fait plus que ça! Si M. le Président
le permet, je voudrais répondre à la question. Dans un sens, on
est... Non, on n'est pas à l'encontre du règlement dans cette
discussion-là, mais la réponse à vos inquiétudes,
à savoir comment, spécifiquement, le ministère de
l'Energie va-t-il être capable d'appliquer ses politiques, la
définition précise de ce que sera le ministère de
l'Energie, son rôle en tant que conseil, ses pouvoirs et son
autorité en matière d'énergie sur d'autres
ministères? Toute cette discussion-là est contenue dans la loi
qui va créer le ministère de l'Energie, justement. A ce
moment-là, je serais très heureux et cela va venir
très bientôt que le député de Mont-Royal se
montre aussi soucieux qu'il se montre ce matin pour appuyer le ministre
de...
M. Ciaccia: Ne vous inquiétez pas.
M. Joron: ... l'Energie, de façon à avoir un
ministère qui soit capable de donner suite pleinement à nos
politiques.
M. Ciaccia: Quand...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, si vous me permettez de vous souligner, aux deux
côtés, qu'il est présentement 11 heures 40, qu'on termine
à 12 h 30 et qu'il nous reste encore trois éléments
à étudier. C'était un rappel simplement.
M. Ciaccia: Juste une question. Quand prévoyez-vous
déposer votre loi créant le ministère de l'Energie?
M. Joron: Elle est dans le processus législatif, au stade
d'étude. Elle sera étudiée sous peu, sous très peu,
par le Conseil des ministres. Une fois cette étude-là faite,
ça revient au leader du gouvernement de décider du moment
opportun de la déposer, mais il serait possible de le faire avant
l'ajournement d'été.
M. Ciaccia: Une question de renseignement; je ne veux pas enlever
le droit de parole à mon collègue, s'il veut intervenir.
L'article "énergies nouvelles, directives" est-ce que ça vient
à l'élément 2 du programme 6?
M. Joron: Oui. M. Ciaccia: Bon!
Le Président (M. Clair): L'élément 2 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Non, je voudrais demander une question sur
l'énergie nouvelle.
Le Président (M. Clair): Ah bon!
M. Ciaccia: A la page 73, vous vous référez
à la création d'une société qui s'appelle
Société nationale des énergies nouvelles. Est-ce que vous
pouvez nous dire à quel stade cela se trouve et quand cette
société sera créée?
M. Joron: A la toute dernière partie de votre question,
non, je ne peux pas répondre tout de suite. A la première, oui,
je peux vous dire que le mémoire du ministre
délégué à l'énergie proposant la
création de cette société a été soumis au
comité de développement économique qui, à sa
prochaine séance ou tout au plus à la séance
subséquente, en discutera. Dans le processus, c'est au CPDE,
Comité permanent de développement économique; par la
suite, ça va au Conseil des ministres et ensuite on verra, on
décidera du moment opportun de le concrétiser, soit par une loi
ou soit possiblement... Le livre blanc évoque plusieurs options
possibles, ce peut être une filiale d'une société d'Etat
existante qui peut être créée. Alors, ça peut
être ou bien une loi ou la création par une société
d'Etat existante. Les discussions interministérielles des ministres
à vocation économique n'ont pas encore eu lieu sur le sujet. Un
peu plus tard, on pourra répondre avec plus de précision sur ce
sujet. (11 h 45)
M. Ciaccia: Au mois de novembre 1978, dans le journal La Presse,
un fonctionnaire du ministère de l'Energie a affirmé que les
fonds destinés à l'énergie nouvelle au Québec sont
bloqués au Conseil du trésor à cause des conditions
impossibles. Quelles sont ces conditions impossibles que pose le Conseil du
trésor?
M. Joron: Le journal a dû rapporter, de façon
sommaire, les propos qu'a pu tenir le fonctionnaire en question. Je comprends.
Ce qui a pu être déploré par ce fonctionnaire, comme par
moi à certaines occasions, c'est qu'il est difficile, dans un domaine
aussi nouveau et aussi varié, que ce qu'on appelle les énergies
nouvelles, vous comprendrez que cela couvre des projets de nature tellement
différente les uns des autres, chaque projet en soi est quasiment d'une
nature différente... C'est la première fois que le Conseil du
trésor se voit soumettre des projets dans un secteur aussi nouveau. Ces
gens sont un peu à la recher-
che de critères qui permettraient de mieux définir, de
catégoriser, ou d'établir des critères pouvant les guider.
C'est ce qui a créé, à l'occasion de CT spécifiques
qui peuvent avoir été proposés par le Conseil du
trésor sur tel ou tel sujet vous avez toute la liste des
subventions qui ont été accordées des retards ou
des discussions avec le Conseil du trésor.
Par contre, il faut bien dire que même si on déplore tout
retard, je pense qu'ils sont, jusqu'à un certain point, normaux. Nous
sommes dans un domaine nouveau, comme le mot le dit. Mais ces premières
difficultés de démarrage sont du passé.
M. Ciaccia: Combien va-t-on accorder de crédits à
cette société dans ce domaine?
M. Joron: Ce n'est pas déterminé. Le livre blanc
vous donne un ordre de grandeur...
M. Ciaccia: $150 millions, cumulatifs sur une période de
dix ans.
M. Joron: Comment et à quel rythme tout cela devrait
être dépensé? Quelle pourrait être la participation
d'acteurs privés autour de tout cela? Il est beaucoup trop tôt
pour en discuter à ce moment-ci.
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'autres questions sur
l'élément 2.
Le Président (M. Clair): L'élément 2 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 3.
M. Ciaccia: On a parlé d'une loi sur la
sécurité d'approvisionnement au Québec. Il ne faudrait pas
induire, même sans le faire sciemment, la population en erreur. De la
façon dont cela a été rapporté dans les journaux,
votre loi va assurer la sécurité d'approvisionnement...
M. Joron: Elle ne permet pas de manufacturer du
pétrole.
M. Ciaccia: Je veux en venir aux détails de cette loi. Il
y a deux problèmes. Il y a le problème que le Québec
obtienne les produits nécessaires. Il faut s'assurer qu'ils arrivent au
Québec. Votre loi n'a rien à faire avec cela, parce que
naturellement, vous ne pouvez pas passer une loi pour cela. Il faut faire une
distinction quant aux produits qui vont arriver au Québec.
Mais une fois que les produits sont ici, votre loi, je présume,
va assurer à la population qu'il va y avoir une distribution
adéquate et qu'aucune région, dans le Québec, va en
manquer. Par exemple, comme l'année dernière, il y a eu des
quotas, supposément imposés aux distributeurs
indépendants, je présume que votre loi va essayer de trouver des
solutions pour protéger toutes les catégories, soit de
distributeurs, soit de consommateurs. Si je comprends bien, c'est le but
de...
M. Joron: Oui, c'est exact.
M. Ciaccia: Alors, la sécurité d'approvisionnement,
pour bien se comprendre, veut dire: une fois que les produits sont ici.
M. Joron: Oui, c'est exactement cela. La sécurité
des approvisionnements, si vous voulez en discuter au sens large, en dehors du
cadre de la loi, elle peut venir de toutes sortes d'autres actions que le
gouvernement peut faire ou entreprendre, d'activités qui sont
déjà permises par la charte actuelle de SOQUIP, par exemple. Rien
n'empêche SOQUIP, au moment où on se parle, d'aller conclure un
contrat d'approvisionnement où que ce soit dans le monde, même au
moment où on se parle.
M. Ciaccia: Quelles sont les mesures ou les mécanismes que
le ministre propose, s'il en propose? Qu'est-ce que le ministre va faire pour
assurer qu'il n'y aura pas, au Québec, de pénurie
d'approvisionnement? Je ne parle pas une fois que les produits sont rendus ici,
mais est-ce que vous faites quelque chose pour nous assurer qu'il va y avoir
assez de produits énergétiques au Québec durant
l'année qui s'en vient, cet été et, ce qui est encore plus
important, l'hiver prochain?
M. Joron: II y a une chose je le disais hier, avant-hier
plutôt qui a une incidence importante et qui rentrerait sous le
chapitre de la loi dont on parlait tout à l'heure, c'est la question du
maintien des inventaires et de niveaux minimaux d'inventaires.
M. Ciaccia: Pouvez-vous obliger une compagnie à maintenir
un inventaire? Je pense qu'il y a déjà une loi qui a
été adoptée en 1975, le chapitre 61, je crois, où
vous pouvez demander...
M. Joron: La Loi sur le commerce des produits
pétroliers.
M. Ciaccia: Oui. Est-ce sur la base de cette loi que vous pouvez
insister...
M. Joron: C'est sur la base de cette loi et c'est à partir
d'amendements à cette loi d'ailleurs qu'on peut y ajouter les
éléments qui y manqueraient pour permettre, d'une part, de faire
face à des situations de pénurie. Quand il en manque et qu'il
s'agit de répartir pour qu'une personne ne soit pas plus
pénalisée qu'une autre et que des injustices ne soient pas
créées, comment est-ce qu'on organise un système de
distribution...
M. Ciaccia: Excusez-moi si je vous interromps. Comment
pouvez-vous insister auprès d'une compagnie pour qu'elle ait un minimum
d'inventaires au Québec, si la compagnie dit: Ecoutez, je ne suis pas
capable d'en obtenir. Si
vous allez à la Golden Eagle et dites: Vous allez maintenir 100
000 barils par jour. Les gars vont dire: Merci beaucoup. J'aimerais bien, mais
allez les acheter pour moi, fournissez-les moi et je vais avoir les 100 000.
Vous ne pouvez pas obliger une compagnie d'avoir un minimum d'inventaires, si
elle ne les a pas.
M. Joron: S'il n'existe pas, si le produit n'est disponible nulle
part dans le monde, c'est bien entendu que...
M. Ciaccia: Je vous demande quel mécanisme vous allez
mettre en place pour vous assurer que les produits seront ici.
M. Joron: La sécurité des approvisionnements ou
plutôt les approvisionnements en pétrole brut c'est ce dont
on parle viennent de quoi, au moment où on se parle? Elles
viennent essentiellement de l'action d'intervenants privés. Ce sont les
raffineries. Les sept raffineries québécoises, les six de
Montréal-Est et celle de Saint-Romuald, qui existent sur le territoire
du Québec sont toutes des filiales de compagnies internationales. Chaque
compagnie, à venir jusqu'à maintenant, est libre de
décider de ses approvisionnements. Ce sont elles qui achètent le
brut où elles veulent et qui le font venir.
Pendant ce temps-là, le système... Je vous rappellerai les
discussions qu'on a eues il y a déjà deux ans en commission
parlementaire où chacun de ces intervenants, toutes ces compagnies
majeures sont venues expliquer comment elles croyaient, elles étaient
convaincues que, grâce à leur appartenance à de grandes
familles internationales, de grandes compagnies qui ont des
intérêts et des réseaux partout, elles s'estimaient en
mesure d'assurer pleinement l'approvisionnement du Québec en brut. Cela
a été les règles du jeu non seulement au Québec,
mais dans l'ensemble du Canada à venir jusqu'à maintenant.
Qu'adviendrait-il si le mécanisme se mettait à fonctionner
moins bien dans l'avenir? Comment pourrait-on réagir à cela?
On a vu se dessiner, depuis quelques mois surtout, des
négociations d'Etat à Etat. PétroCa-nada est actuellement
en discussion au Venezuela, par exemple, et au Maxique. SOQUIP pourrait fort
bien être en discussion quelque part, si besoin il y avait. La plupart
des Etats ou des gouvernements ont des instruments à leur disposition,
advenant le cas où le système traditionnel ne fournirait plus
à leur satisfaction les approvisionnements; ils ont des instruments pour
leur permettre d'intervenir. Comment trouverait-on du pétrole? On serait
acheteur. On serait acheteur comme l'est n'importe qui dans le monde.
Si vous parlez de la sécurité globale de l'ensemble du
Canada, on a longuement discuté mardi de tout le système de
sécurité collective des approvisionnements qu'a
créé l'Agence internationale de l'énergie. C'est une autre
chose. Même avec l'existence de l'Agence internationale de
l'énergie, si, en fin de compte, il n'y a pas de pétrole ou qu'il
y en a moins, qu'il y a une diminution des approvisionnements mondiaux, on va
en avoir moins à notre disposition. C'est évident.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on est vraiment à la merci des
compagnies multinationales qui nous ont donné certaines assurances lors
des...
M. Joron: Le système, jusqu'à maintenant, a
fonctionné.
M. Ciaccia: Oui, le système. Alors, le point no 1, vous
nous dites: Le Québec est à la merci de ces compagnies, et,
jusqu'à maintenant, cela a fonctionné. Nous avons vu cet hiver
que cela a failli ne pas fonctionner. Exxon voulait diriger 25 000 barils
à un autre endroit que le Québec. Le gouvernement
fédéral est intervenu. Vous l'avez mentionné
vous-même, il y a PétroCan...
M. Joron: II l'a ordonné à Exxon, mais Exxon n'a
pas écouté.
M. Ciaccia: Elle n'a pas écouté, mais, au moins, il
a posé un geste. Quand Exxon n'a pas écouté, il est
allé acheter des approvisionnements au Mexique. Puis, il y a
PétroCan.
M. Joron: C'est-à-dire qu'il ne l'a pas acheté. M.
Ciaccia: II a obtenu...
M. Joron: II est allé négocier la
possibilité d'achats ultérieurs pour se prémunir contre
d'autres cas comme ceux-là.
M. Ciaccia: Exactement. Il s'est assuré en cas d'une
pénurie d'approvisionnement de ces compagnies. Je ne crois pas que ce
soit assez qu'on dise au Québec: Ecoutez, le système a bien
fonctionné dans le passé. C'est vrai qu'on est à la merci
des multinationales. S'il n'y en a pas globalement, ce n'est pas notre faute.
Je ne pense pas que ce soit assez rassurant pour la population, parce qu'au
mois de décembre prochain, s'il n'y a pas d'huile, ou cet
été, si on n'a pas de pétrole pour nos automobiles, je ne
pense pas que cette explication... La question que je vous pose est celle-ci:
II y a des mesures que vous pourriez prendre...
M. Joron: Comme...
M. Ciaccia: Premièrement, établir des
mécanismes avec le gouvernement fédéral. Oublions un peu
la politique de partisanerie, nous sommes fédéralistes et vous ne
l'êtes pas, mais cela n'a rien à faire avec le problème de
l'approvisionnement. Quand vous dites: On va l'acheter sur les marchés
internationaux, je crois que si le Québec seul essaie de faire ces
achats ou de s'approvisionner, je ne dis pas qu'il ne peut pas les obtenir,
mais je pense que, en travaillant avec un groupe ou un pays qui a plus
d'ampleur, qui est plus grand et fort, cela va être plus facile.
Premièrement, vous pourriez établir des mécanismes
avec
le gouvernement fédéral. En avez-vous fait? Si oui, quels
sont-ils?
Deuxièmement et je sais qu'on s'y est
référé hier aux discussions préliminaires il
y a le pipe-line de Sarnia à Montréal. Allez-vous demander au
gouvernement fédéral d'augmenter la capacité de ce
pipe-line pour en arriver à la situation que, s'il y avait une
pénurie de pétrole des sources internationales, la
capacité additionnelle de Sarnia à Montréal puisse
répondre aux besoins du Québec? Je pense que ce sont deux points
où le gouvernement du Québec pourrait agir pour nous assurer
cette sécurité et pour rassurer la population.
M. Joron: Vous avez dit tout à l'heure qu'on était
satisfait du fait que, dans le passé, les mécanismes du
marché privé avaient fourni au Québec des
approvisionnements normaux en pétrole, qu'on était content de
cela. La nouvelle situation énergétique fait que, justement, on
ne peut plus se fier exclusivement à cela pour l'avenir. C'est la raison
pour laquelle, d'ailleurs, on a élaboré une politique
énergétique qui veut nous soustraire aux risques que cette
dépendance fait courir au Québec. (12 heures)
M. Ciaccia: ...
M. Joron: Je ne veux pas refaire tout le débat sur
l'ensemble de la politique énergétique...
M. Ciaccia: C'est un ensemble...
M. Joron: ... qui vise tranquillement à substituer
d'autres formes d'énergie pour nous dégager de cette
dépendance, mais, pour ce qui reste, dans l'immédiat, pour
l'hiver prochain par exemple, par rapport au pétrole dont nous aurons
besoin de toute façon, que peut-on faire, advenant que les
approvisionnements ne seront pas disponibles, pour une raison ou pour une
autre, par les raffineries québécoises qui sont des filiales de
multinationales, qu'est-ce qu'on fait? Je vous l'ai dit. On peut faire comme
PétroCanada. On peut être acheteur comme tout le monde sur le
marché mondial. Le pétrole n'est pas réservé
à qui que ce soit. Il est là pour celui qui veut le payer. C'est
aussi simple que ça. Le Québec, à cet égard, si on
considère le Québec comme un tout, comme acheteur mondial de
pétrole, ce n'est pas une petite affaire. Savez-vous que c'est le
dixième plus gros importateur de pétrole au monde, le
Québec? Sur quelque 160 pays dans le monde, le dixième plus gros
acheteur de pétrole dans le monde, c'est le Québec. On n'est pas
des nains dans ce domaine.
On peut aller acheter du pétrole, comme PétroCanada peut
le faire, ou ainsi de suite. Plus spécifiquement, s'il s'agit de
répondre à la question: Comment faire pour être sûr
qu'il ne manquera pas d'huile à chauffage au mois de janvier prochain?
là, on revient à la loi sur la distribution des produits
pétroliers dont on parlait tout à l'heure, qui peut créer
l'obligation de maintenir, au début de la saison, des inventaires
minimaux, de façon à être sûr qu'on a tant de jours
de réserve devant nous, pour être capables de passer l'hiver, ou
alors avoir suffisamment de temps pour se tourner de bord et aller chercher du
pétrole ailleurs, s'il advenait une raréfaction.
D'autre part, si la raréfaction était telle, ce sont les
mécanismes de l'Agence internationale de l'énergie qui se
mettraient à jouer. Cela, je vous l'ai expliqué. A ce
moment-là, si le monde industriel les 20 pays qui font partie de
l'Agence internationale de l'énergie manquent de pétrole
dans une proportion importante, au-delà de 7% de leurs
approvisionnements normaux, chacun va être pénalisé, si
vous voulez, ou va souffrir d'un manque dans la même proportion, au
prorata de sa consommation.
Plus spécifiquement, sur votre demande, à savoir si on a
l'intention de demander au gouvernement fédéral d'augmenter la
capacité actuelle du pipe-line Sarnia-Montréal, non, nous n'avons
pas cette intention, parce qu'on n'en a pas besoin. La capacité, au
moment où on se parle, est de 350 000 barils par jour. La consommation
moyenne au Québec est d'à peu près 450 000. Il faut
maintenir on en parlait mardi pour garder vivant le pipe-line de
Portland, un minimum de 100 000 à 150 000 barils, selon la saison. Vous
arrivez au total de ce que sont nos besoins. Et le reste pourrait venir par
bateau, ma foi!
Le Québec, au moment où on se parle, est dans une
situation aussi sécuritaire à part celui,
évidemment, qui est assis "drette là", au-dessous du puits
est dans une situation parfaitement sécuritaire, même plus que
l'ensemble des Etats-Unis qui, on le disait mardi, ont une sous-capacité
de raffinage et une capacité relative de stockage moindre que le
Québec, et qui importent aujourd'hui plus de la moitié de leur
consommation.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne comprends pas le
ministre dans l'approche qu'il prend, franchement. Je trouve que vous
évitez de vous fier à certaines sources qui sont certaines, qui
sont là et je crois que vous le faites pour des raisons politiques. Je
vais m'expliquer.
Vous nous dites: Le Québec peut acheter du pétrole sur le
marché international. Vous nous dites: On peut se fier au marché
international et vous ne semblez pas porter attention ou donner d'importance
aux sources canadiennes. Alors, vous nous dites...
M. Joron: Non...
M. Ciaccia: Non, je vais finir. Vous dites aux
Québécois: Ne parlons pas de l'importance des sources
canadiennes, on peut aller acheter cela sur le marché international.
C'est un peu irréaliste de dire cela quand on sait que les Etats-Unis
importent 50% de leur pétrole. Vous nous dites: On va pouvoir convaincre
la compagnie Exxon de venir nous alimenter plutôt que d'aller alimenter
les Etats-Unis s'il y a une pénurie. Je crois que la population aurait
de la difficulté à accepter cela, à
se fier que le Québec, parce que nous importons 67% de nos
besoins énergétiques en pétrole vous oubliez de
dire que la majorité de ces importations ne viennent pas du
marché international de l'Ouest canadien. Je crois que c'est un
peu induire...
M. Joron: Par les mêmes compagnies, c'est Imperial Oil,
c'est Gulf...
M. Ciaccia: Un instant, c'est la source qui est importante;
Exxon, par le pipe-line, ne peut pas orienter l'huile de l'Alberta vers les
Etats-Unis quand elle s'en vient à Montréal, tandis que Exxon par
les bateaux de l'Arabie Saoudite, au lieu d'aller dans le Maine pour le
pipe-line de Montréal peut aller le placer ailleurs.
M. Joron: C'est pourquoi je vous dis qu'on peut faire comme
Exxon, savoir aller en acheter pour le mettre dans le pipe-line de
Portland.
M. Ciaccia: Non, je ne peux pas accepter. M. le Président,
je vais finir mon intervention, il me reste peu de temps.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Je ne peux pas accepter que vous nous disiez et que
vous disiez à la population du Québec: On va se fier davantage
sur les sources internationales, on va pouvoir acheter le pétrole sur le
marché international, je n'ai pas besoin de mécanisme avec le
gouvernement fédéral, je n'ai pas besoin d'augmenter la
capacité c'est drôle que vous disiez cela de Sarnia
à Montréal qui est une source sûre, parce que j'ai de 100
000 à 150 000 barils par jour qui viennent du pipe-line du Maine et je
veux garder ce pipe-line viable. Même si à l'autre bout du Maine
les bateaux n'arriveront pas pour nous livrer l'huile, je vais prendre mes
chances.
Je trouve cela difficile, vous n'avez pas comme l'a dit un
éditorialiste du Devoir une politique du pire; si le pire
arrivait, que feriez-vous? Quelle serait votre politique? Vous allez vous fier
sur les sources internationales, mais si on a une crise, ce sont les sources
internationales qui vont manquer. Or, vous dites: Je vais pouvoir en acheter
à ces sources. Vous refusez de le dire à la population. Vous
refusez d'instituer des mécanismes avec le fédéral pour
vous assurer que l'huile de l'Ouest va venir nous alimenter.
En 1973 et en 1975, si vous aviez été là et si vous
aviez pris cette approche, on aurait eu une pénurie durant
l'été et durant l'hiver. Le pipe-line de Sarnia à
Montréal, selon votre approche, n'aurait jamais été
construit. On sert mal la population en prenant votre attitude de ne pas
demander au gouvernement fédéral d'augmenter la capacité
de Sarnia à Montréal par une source qui va être sûre,
sur laquelle on peut se fier, c'est dans notre pays, c'est dans le Canada, cela
ne peut pas être détourné et aller ailleurs, on n'a pas
besoin de se fier sur Exxon, le pipeline est là, et vous dites non. Je
pense bien...
M. Joron: Est-ce que vous pensez sérieusement que le
gouvernement fédéral, si une telle demande lui était
adressée, n'éclaterait pas de rire? Je vous ai dit tout à
l'heure qu'au moment où on se parle, des 450 000 barils par jour dont on
a besoin, il y en a 350 000 qui peuvent venir par le pipe-line de Sarnia
à Montréal, les autres 100 000 barils provenant soit par bateau
à la Golden Eagle ou par le pipe-line de Portland.
Pour 100 000 barils de plus, même pas, parce que le pipe-line ne
vient pas jusqu'à la raffinerie de Saint-Romuald. Pour 50 000 barils de
plus, ce qui doit être traité à la raffinerie de
Montréal, il y a 100 000 de capacité ici à la Golden
Eagle, soustrayons-les; quel est le déficit manquant par rapport
à la capacité actuelle du pipe-line? Il ne reste pratiquement
rien là où le pipe-line aboutit à Montréal au
moment où on se parle. Pensez-vous qu'on pourrait demander de
façon raisonnable aux gens: Faites des investissements de je ne sais pas
combien de millions pour augmenter la capacité du pipe-line pour 50 000
barils qu'on est capable de trouver ailleurs et qui, de toute façon, ne
seront plus disponibles des sources de l'Ouest canadien dans cinq, six ou sept
ans.
M. Ciaccia: ... je n'accepte vos...
M. Joron: C'est absolument injustifiable comme
investissement.
M. Ciaccia: C'est le même raisonnement qui a
été utilisé quand l'extension devait être faite de
Sarnia à Montréal. Ils ont dit la même chose que vous venez
de dire: Cela ne sera pas rentable, il n'y aura pas assez d'huile parce qu'il
n'y a pas assez de sources conventionnelles en Alberta pour satisfaire les
besoins. La situation a changé, heureusement ce raisonnement n'a pas
été suivi. Ils l'ont construit le pipe-line, il est devenu
rentable. Il y a eu d'autres découvertes.
M. Joron: Mais écoutez...
M. Ciaccia: Jusqu'à maintenant...
M. Joron:... sur ce point là...
M. Ciaccia:... avec les sources conventionnelles, d'après
les chiffres de l'Office national de l'énergie, on peut en avoir
jusqu'à 1995.
M. Joron: Oui, mais il y a longtemps que cela aurait cessé
de couler à Montréal...
M. Ciaccia: C'est une question d'urgence.
M. Joron:... à ce moment, il n'y en aurait plus dès
la fin des années 1980 pour fournir entièrement le marché
de l'Ontario, encore moins pour se rendre au bout du pipe-line. Le chiffre de
1995, ce sont les réserves totales dont vous parlez.
M. Ciaccia: Conventionnelles.
M. Joron: La diminution des approvisionnements par rapport au
volume actuel est appelée à commencer dans les années
1983, 1984, 1985 à peu près.
Le Président (M. Clair): Je veux souligner qu'il est 12 h
10 et qu'il me semble avoir entendu cette discussion au début des
travaux de la commission.
M. Joron: Je voudrais peut-être ajouter une chose.
M. Ciaccia: C'est malheureux qu'on ne puisse pas faire un
débat là-dessus, parce que je pense que c'est très
important pour l'avenir et pour les besoins énergétiques du
Québec. Votre position...
M. Joron: On en fait...
M. Ciaccia: Votre position, que vous rendez publique, met en
péril l'approvisionnement pour le Québec...
M. Joron: M. le Président...
M. Ciaccia: Je crois que vous n'agissez pas dans les meilleurs
intérêts de la population avec cette approche. On peut contester
les chiffres que vous avez...
M. Joron: M. le Président...
M. Ciaccia: ... et dire que la diminution va commencer en 1983,
j'ai des chiffres de l'Office national de l'énergie...
M. Joron: Ce sont les mêmes que je vous sers...
M. Ciaccia: Non, cela n'est pas en 1983, c'est en 1990 que va
commencer la diminution.
M. Joron: M. le Président, je ne vais qu'ajouter une
chose. J'ai l'impression que le député de Mont-Royal je ne
dis pas que c'est son intention, mais c'est l'impression qu'il donne
veut faire peur aux gens pour rien et leur dire: On va manquer de
pétrole. Je ne prends qu'un exemple de ce que vous avez dit tout
à l'heure qui est totalement faux. Vous avez dit: Quelle pénurie
aurions-nous eue si le pipe-line n'avait pas été prolongé
de Sarnia à Montréal en 1974-1975? Il n'y aurait eu aucune
pénurie...
M. Ciaccia: Excusez, je ne pense pas que j'aie dit cela, parce
que le pipe-line a été extensionné après la
crise.
M. Joron: Le pipe-line n'aurait pas existé au moment
où on se parle...
M. Ciaccia: S'il n'avait pas...
M. Joron: ... qu'il n'aurait jamais manqué un seul baril
dans les raffineries de Montréal. Cela n'aurait fait aucune
différence. Cela n'aurait eu aucun...
M. Ciaccia: Ils l'ont fait pour rien le pipe-line.
M. Joron:... à partir de la crise iranienne, c'est un
raisonnement qu'on pourrait soutenir. Il y a bien des gens et je ne
parle pas de gens complètement à l'extérieur du
débat constitutionnel, vers lequel quelquefois vous voulez amener cette
discussion, mais des gens complètement en dehors de ce débat ou
à l'extérieur du Québec qui persistent à
croire aujourd'hui que ce fut là une mauvaise décision. Il y en a
encore qui pensent cela. Il n'y a rien qui prouve que ce fut une bonne
décision, puisqu'il n'y a pas eu de pénurie de brut dans le monde
entier jusqu'à la crise iranienne. Ce pipe-line a peut-être
effectivement été fait pour rien, parce qu'il n'aura servi que
partiellement nos intérêts pendant un certain temps seulement et
peut-être trop court pour le rentabiliser. Il n'y a rien qui prouve qu'on
avait besoin de ce pipe-line. De toute façon, la discussion portait
sur... il est là maintenant. Sa capacité est suffisante pour
assurer les intérêts du Québec.
Quand vous parlez de rupture des approvisionnements internationaux
je l'ai dit mardi dernier également il ne faut pas
s'imaginer que ce sont tous les puits du monde entier, aussi bien ceux
d'Indonésie, du Venezuela, du Nigeria, de l'Iran, de l'Irak, de
l'Algérie, de partout, qui s'arrêtent en même temps.
Quand on parle de rupture des approvisionnements mondiaux, on ne veut
pas dire que le pétrole arrête de couler partout en même
temps, on veut dire qu'il y en a un peu moins d'offert qu'auparavant. Il y a un
système je l'ai rappelé mardi de protection
internationale là-dessus, qui s'appelle l'Agence internationale de
l'énergie, qui prévoit que si cette diminution-là va
au-delà de 7%, le reste, on le partage entre nous.
M. Ciaccia: Malgré cela, les Etats-Unis prévoient
peut-être un rationnement cet été, parce qu'ils importent
50% et ici... (12 h 15)
M. Joron: Mais c'est pour d'autres raisons, je vous l'ai dit
mardi. Cela n'a pas rapport à la disponibilité du brut, cela a
rapport à leur capacité de stockage et à leur
sous-capacité de raffinage. Cela n'a rien à voir avec la
disponibilité...
M. Ciaccia: Non, cela a rapport au fait que 50% est
importé et on n'importe pas 50% au Canada. Il est là le rapport,
dites donc la vérité...
M. Joron: Non, ce n'est pas ça.
M. Ciaccia: Les conclusions que l'on tire de tout ça, je
veux que ce soit clair, je veux les comprendre, c'est qu'on va se fier sur les
produits pétroliers internationaux, et il n'y a pas de mécanisme
établi avec le gouvernement fédéral au cas
où il y aurait pénurie possible au Québec. Je ne
veux pas éterniser le débat, parce qu'on a d'autres
questions...
M. Joron: C'est votre conclusion, ce n'est pas la mienne.
Le Président (M. Clair): L'élément 3 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Régie de l'électricité et du
gaz
Le Président (M. Clair): Le programme 6 est adopté.
Le programme 7, élément 1.
M. Joron: Le programme 7, ce sont, comme vous le savez, les
crédits de la Régie de l'électricité et du gaz, qui
est un organisme autonome. Vous me demandiez un peu plus tôt pourquoi on
n'avait pas fourni les mêmes détails. Il a toujours
été de tradition en cette commission parlementaire, autrefois
celle des richesses naturelles qui étudiait ces
crédits-là, comme il s'agissait des crédits d'une
régie, de les adopter comme on le fait pour des crédits
statutaires. Si les membres ont d'autres questions par rapport à la
régie, je veux bien y répondre.
M. Ciaccia: Par rapport à la régie, vous deviez
déposer une loi qui va transformer le rôle de la régie.
Quand prévoyez-vous déposer cette loi?
M. Joron: Rappelons qu'actuellement, à part le service...
Vous voyez d'ailleurs à l'élément 1, le Contrôle et
la surveillance des distributeurs, que c'est la fonction que la régie
remplit. Ce sont les distributeurs de gaz naturel, essentiellement, Gaz
Métropolitain dans la région de Montréal, la
vérification de la sécurité des tuyaux, l'inspection,
etc., un service technique comme nous faisons à la Direction
générale de l'énergie pour ce qui est des
dépôts de produits pétroliers et, comme dans d'autres
domaines, le fait le ministère du Travail. Pour le reste, le rôle
de la régie en est un d'approbation des tarifs des distributeurs de gaz
et a aussi à voir aux distributeurs privés
d'électricité. Il en reste évidemment fort peu, il reste
une coopérative et 22 municipalités au Québec.
Le rôle de la régie est appelé à changer de
façon assez substantielle, parce qu'il ne reste pratiquement plus de
distributeurs privés d'électricité et il restera
peut-être, à la fin de l'année, moins de distributeurs
municipaux également, dans la mesure où plusieurs
municipalités sont en négociation avec l'Hydro-Québec pour
vendre leur réseau; si bien qu'il resterait quoi comme fonctions
à la régie? Le livre blanc a évoqué de donner
à la régie une fonction accrue qui serait celle de
l'interprétation des règlements tarifaires de
l'Hydro-Québec. D'autre part, on évoquait aussi, à ce
moment-là, une compétence en matière d'environnement, par
exemple le choix de sites de lignes de transmission, pour ce qui est de
l'électricité ou de pipe-lines, ou des choses semblables.
Evidemment, la nouvelle loi de l'environnement a rendu cette suggestion
caduque, puisque cela relève... Je ne vous cache pas qu'à ce
moment-ci, nous en sommes à nous demander quel pourrait être le
rôle éventuel de la régie, puisque, finalement, son champ
d'action semble se restreindre considérablement et n'est pas exclue
c'est une chose qui est à l'étude; de loin, cela n'a pas
été discuté, ni au Conseil des ministres ou quoi que ce
soit, mais c'est quelque chose qui est évoqué à l'heure
actuelle la possibilité d'une fusion de la Régie de
l'électricité et du gaz avec celle des services publics, pour
avoir une seule régie avec compétence sur l'ensemble du domaine
des services publics. C'est quelque chose qui peut être
discuté.
Vous me demandiez si nous avions l'intention de donner suite à la
suggestion du livre blanc de transformer la Régie de
l'électricité et du gaz en une régie de l'énergie,
ce qui comprend la question de l'environnement, de la tarification du gaz, de
l'interprétation des règlements de l'Hydro-Québec.
Il y en a déjà un morceau qui n'est plus là, celui
de l'environnement. Pour le reste, on se demande s'il en reste suffisamment
pour justifier une existence autonome d'une régie semblable ou s'il ne
vaut pas mieux envisager sa possible fusion avec la Régie des services
publics.
On devra attendre d'avoir fait cette discussion avant de pouvoir
répondre à votre question, à savoir qu'est-ce qu'on a
l'intention de faire avec la Régie de l'électricité et du
gaz.
M. Ciaccia: Ce n'est pas votre intention de donner à la
Régie de l'électricité et du gaz le pouvoir d'examiner les
tarifs d'électricité qui seraient demandés par
l'Hydro-Québec, non pas en vue de prendre la décision finale,
mais en vue de pouvoir faire des recommandations au gouvernement, de la
façon que la régie le fait en Ontario, par exemple. Quand
l'Hydro-Ontario fait une demande de hausse de tarifs, c'est soumis à la
régie. D'ailleurs, on en avait déjà discuté
à la dernière séance de la commission parlementaire. Le
but de cela était de permettre les interventions de ceux qui sont
directement impliqués, de permettre l'aide technique et les experts
nécessaires pour examiner à fond les demandes de l'Hydro;
après cela, la régie ferait une recommandation au ministre, que
le gouvernement pourrait accepter ou modifier.
Au moins, on aurait un forum qui, il me semble, serait beaucoup plus
adéquat pour examiner la hausse de tarifs, parce que je pense que vous
êtes d'accord que, de la façon qu'on le fait maintenant, dans une
journée et demie ou deux jours, on doit examiner toutes les
activités de l'Hydro-Québec et de la Société
d'énergie incluant la hausse des tarifs. Je ne crois pas que ce soit
réaliste et je ne pense pas que la population soit bien servie et
qu'elle obtienne toutes les informations qu'elle devrait obtenir.
M. Joron: On a déjà discuté de cela,
l'année dernière. A ce point-ci, je vous répondrai que
non,
ce n'est pas notre intention de donner ce pouvoir à la
régie, parce que l'on cherche je l'ai déjà dit
l'année dernière des mécanismes ou un forum autre
que celui d'une régie. Ne pensons pas que ce serait
nécessairement quelque chose où le public aurait une grande
facilité à se faire entendre ou à s'expliquer, parce
qu'une régie, c'est hautement technique et composée d'experts,
etc. Je pense que ce que vous avez en tête, comme moi d'ailleurs, c'est
quelque chose qui est beaucoup plus large et plus politique. On a
mentionné...
M. Ciaccia: Non, je n'avais pas quelque chose en tête de
plus politique. J'avais en vue des auditions où on pourrait
peut-être faire les deux, mais moins avec l'accent sur l'aspect
politique, avec plutôt l'accent sur l'aspect technique, parce que c'est
bien beau de se faire dire par l'Hydro: On va augmenter de X pourcentage. On
voudrait avoir des experts, de l'autre côté, qui pourraient
examiner pour voir exactement si l'Hydro a raison d'augmenter. Peut-être
que ceux qui l'utilisent en grande quantité auraient des
représentations à faire et d'autres informations à
donner.
M. Joron: II y a deux aspects à la question. Qu'un forum
existe meilleur que ceux qui ont existé dans le passé où
la population ou les représentants de différentes associations
peuvent venir se faire entendre et dire ce qu'ils ont à dire sur ce
sujet-là, oui, c'est souhaitable qu'il en existe un. C'est un engagement
que nous avons pris. Que ce soit finalement par le truchement d'une forme
nouvelle de commission parlementaire, plus étoffée, mieux
équipée, etc., où les documents seraient plus nombreux,
fournis à l'avance, dotée d'experts, tout cela, oui, cela, c'est
une chose. Un forum où les représentants de la population peuvent
venir s'expliquer, c'est souhaitable. C'est une chose et cela peut être
fait.
Par contre, pour arriver à cela, il n'est pas nécessaire
de transférer, de donner une compétence nouvelle à la
régie. Il s'agit de savoir si le forum le plus approprié serait
dans une régie ou dans le Parlement, par exemple. Quant à donner
à la régie le mandat de donner des avis au gouvernement la
régie en tant que régisseur, les experts, les techniciens, les
analystes sur les niveaux de tarifs, dans la mesure où il s'agit
là d'un des instruments principaux de la politique
énergétique, on pense qu'il appartient au gouvernement, au
ministère de l'Energie de faire cette analyse et d'expliquer
publiquement pourquoi on retient telle ou telle solution. Il n'appartient pas
à des experts indépendants, à des régisseurs
indépendants de faire, finalement, une partie importante de la politique
énergétique du gouvernement. On refuse cette idée.
Le Président (M. Clair): Est-ce que le programme 7 est
adopté? Messieurs.
M. Ciaccia: Un instant! Vous me donnez quelques instants, M. le
Président? Il y aurait eu d'autres sujets qu'on aurait voulu aborder.
J'aurais aimé continuer un peu sur les raisons que le ministre a
données pour ne pas accorder à la régie les pouvoirs de
recommandation...
M. Joron: Je peux peut-être ajouter à ma
réponse, très rapidement, peut-être que cela aidera. Les
régies, généralement, sont habituées à
arbitrer des intérêts qui peuvent être opposés entre
des sociétés, des entreprises et des clients.
M. Ciaccia: ... à cette régie... La même
chose...
M. Joron: Elle donne...
M. Ciaccia: C'est la même situation en Ontario, c'est un
monopole.
M. Joron: Je pense que l'Ontario fait une erreur, parce qu'elle
enlève à son gouvernement ou à son ministère de
l'Energie le pouvoir de déterminer une partie essentielle de la
politique énergétique. Il y a les entreprises, il y a les
clients, les intérêts de l'entreprise et les intérêts
du client, les régisseurs sont habilités à arbitrer cela.
Qu'est-ce qu'il advient des intérêts de l'Etat et de la politique
énergétique de l'Etat? Je pense que cela n'appartient pas
à une régie. C'est la raison pour laquelle on ne croit pas
opportun de confier cela à une régie.
M. Ciaccia: On va accepter...
Le Président (M. Clair): D'adopter le programme 7?
M. Ciaccia: ... d'adopter le programme 7. Avant de terminer, je
voudrais seulement conclure sur les programmes qu'on a examinés, les
réponses du ministre. Je crois qu'il y a deux aspects qui nous
préoccupent; il y a d'abord l'aspect de la conservation. Je n'ai pas
l'impression que le gouvernement donne vraiment une priorité à ce
programme de conservation et d'économie d'énergie. Cela nous
préoccupe. On voudrait voir des faits plus concrets et s'assurer que les
investissements dont le ministre a parlé dans ses annonces soient mis en
place.
L'autre aspect qui nous préoccupe beaucoup, c'est l'aspect des
approvisionnements, des mécanismes pour assurer la
sécurité des approvisionnements. Je crois que le ministre met de
côté une source ou les sources les plus fiables, les plus
sûres pour les Québécois. Je crois que la seule conclusion
que je puisse déduire de ça, c'est qu'il le fait pour des raisons
politiques. C'est malheureux que, dans un domaine aussi important que la
sécurité d'approvisionnement d'énergie, on utilise ce
programme pour y faire entrer des objectifs politiques, parce que, quand on
utilise une politique énergétique à des fins
idéologiques, je n'ai pas besoin de rappeler au ministre que ce sont
seulement les pays qui ne sont pas autosuffisants qui peuvent en souffrir.
L'Arabie Saoudite peut se
permettre des questions idéologiques, l'Iran peut se permettre
des questions idéologiques. Eux, ils sont autosuffisants, mais je ne
pense pas que le Québec puisse utiliser l'énergie pour des fins
partisanes.
Le Président (M. Clair): Messieurs, le programme 7 est
adopté. Les crédits du ministre délégué
à l'énergie sont donc adoptés.
Un mot en conclusion? M. le ministre.
M. Joron: S'il vous plaît, M. le Président. Je
voudrais brièvement dire, sans reprendre encore une fois la discussion,
simplement en ce qui concerne les programmes d'économie de
l'énergie, que le député de Mont-Royal verra par les
programmes que le gouvernement a déjà élaborés,
qu'ils sont, au niveau des différentes provinces canadiennes, parmi les
plus avancés. Quant aux mesures qui seront prises cette année, je
pense que le député de Mont-Royal sera rassuré quant
à la ferme volonté du gouvernement d'agir en cette
matière. (12 h 30)
Sur le deuxième point, sur notre sécurité
énergétique au sens le plus large, je pense que le
député de Mont-Royal a passé sous silence le fait que
notre politique énergétique comporte de multiples aspects et de
multiples façons d'assurer notre avenir énergétique. C'est
d'ailleurs de là que vient le titre du livre blanc sur l'énergie,
"Assurer l'avenir", qui a été acclamé à bien des
endroits en dehors du Québec et même jusque par le ministre
saoudien du pétrole, le sheik Yamani lui-même, à la
télévision séoudienne, et ailleurs au Canada
également et...
M. Ciaccia: Oui, mais cela ne garantit pas la
sécurité d'approvisionnement.
M. Joron: ... qui a été reconnu par les ministres
de l'énergie des autres provinces et par le ministre
fédéral de l'Energie comme étant un des efforts les plus
substantiels, une des contributions les plus substantielles à l'effort
qui est le même à travers le reste du Canada. La situation n'est
pas globalement différente ici de ce qu'elle est dans les autres pays
industriels. Tous les pays industriels cherchent à assurer leur
sécurité énergétique et je pense que le
Québec est un de ceux qui contribuent de la façon la plus
substantielle à cet effort par sa politique de substitution; enfin, je
ne veux pas reprendre là tous les éléments de notre
politique énergétique.
Je voudrais seulement, en conclusion, M. le Président, remercier
mes collègues de leur participation à ce débat que j'ai
trouvé extrêmement enrichissant, les assurer que les nombreuses
suggestions qui ont été formulées ne sont pas
tombées dans l'oreille d'un sourd et que nous allons les mettre à
profit.
Le Président (M. Clair): Merci, messieurs. La commission
ajourne des travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 33