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(Neuf heures sept minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des engagements financiers se réunit ce matin pour
terminer l'ordre du jour que nous avions entrepris hier.
Sont membres de cette commission: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bérubé (Matane), M. Blais (Terrebonne), M. Blouin (Rousseau), M.
Caron (Verdun), M. Champagne (Mille-Îles), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Gauthier (Roberval), M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), M. Middlemiss (Pontiac), M. Polak (Sainte-Anne), M.
Proulx (Saint-Jean) et M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Hier, nous étions rendus à l'engagement 100 du
ministère de l'Environnement. Est-ce que c'est cela? Est-ce qu'il y
avait d'autres questions?
Engagements de juillet 1983 (suite)
M. Polak: Je suis rendu à l'engagement 100 du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, à moins que
mon collègue...
M. Middlemiss: Très bien, allez-y.
Industrie, Commerce et Tourisme
M. Polak: Donc, on peut commencer à l'engagement 100 du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. On va attendre que
le ministre soit là, cher Yves.
M. le ministre, nous sommes rendus au ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme, engagement 100. "Subvention à la
Fédération des travailleurs du Québec pour le paiement
d'une partie des coûts de préopération du Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec. Montant de l'engagement:
100 000 $."
Hier, on a étudié le mois de mai 1983. Au ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, on trouvait un
autre engagement de 200 000 $. Il y a un montant total de 300 000 $
engagé vis-à-vis de ce nouveau fonds ou de l'exploitation de ce
fonds. Est-ce le montant total qui semble être impliqué? Mme la
ministre semblait nous dire hier que c'était un maximum de 300 000 $. Je
voulais avoir la confirmation.
M. Bérubé: Je ne sais pas ce que ma
distinguée collègue, vice-présidente du Conseil du
trésor, vous a donné comme information, mais je vous dirais que
oui, c'est la somme des deux. Le montant versé par le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu vise à
entreprendre une campagne de sensibilisation et d'information, alors que
celui-ci vise à financer une partie des coûts de la mise en place
de l'infrastructure, c'est-à-dire les spécialistes en placement
et autres qui devront gérer ce fonds. Mais celui-ci est plutôt de
nature financière, alors que l'autre était de nature
éducative.
M. Polak: Ensuite, engagement 600 du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Bérubé: 600?
M. Polak: 600. "Subventions à divers organismes sous forme
de prise en charge d'une partie du coût des emprunts contractés
pour fins d'achat de machinerie, de bâtisses, de construction ou
modernisation de bâtisses et de redressement d'entreprises. Montant de
l'engagement: 8 329 400 $."
Une liste est attachée avec tous les détails: le nom des
entreprises, leur nature, le but de l'emprunt, le nombre d'emplois
créés, etc. Je ne poserai pas de question sur des engagements
particuliers. J'ai noté que, dans les deux ou trois premières
pages des détails, on ne trouve rien dans la colonne "emplois
créés". Dans les deux dernières pages, dans la colonne
"emplois créés", on trouve des chiffres variant autour de 10, 15
ou 20. Ai-je bien compris que la création d'emplois, ce n'est pas une
condition essentielle pour obtenir un tel emprunt en vertu du programme?
M. Bérubé: C'est cela. Ce que vous devriez retenir,
pour votre gouverne, c'est l'annotation "but de l'emprunt", formant une autre
colonne. Vous verrez, pour les cas où il n'y a pas d'emplois
créés, que le but de l'emprunt apparaît à ce
moment-là généralement comme étant le redressement
de l'entreprise. Il s'agit donc d'entreprises qui faisaient face à des
difficultés de fonds de roulement, étaient menacées de
faillite et dont le dynamisme méritait, compte tenu de la
rentabilité passée, d'être supporté et
appuyé. Par conséquent, dans le cadre de ce
plan, dit plan Biron, on se portait à l'aide de ces entreprises
pour améliorer leur fonds de roulement. Il n'y a donc pas d'emplois. Il
peut y avoir des emplois protégés, si vous voulez,
c'est-à-dire que, les entreprises n'ayant pas fait faillite, on a
peut-être sauvé des milliers d'emplois. D'ailleurs, je pense que
M. Biron a eu l'occasion de donner une conférence de presse sur l'impact
du programme qui a été assez remarquable. À ce point
remarquable, d'ailleurs, qu'on a pu constater - les chiffres ont sorti cet
été -que c'est au Québec que, somme toute, la performance
de soutien d'emplois est la meilleure. Cela vient en bonne partie de ce que,
d'un côté, il y a eu effectivement une stabilisation de la perte
d'emplois, en partie grâce à ce programme et, d'autre part, il y a
eu, évidemment, la mise en place d'un paquet d'autres programmes
gouvernementaux qui donnent des résultats.
M. Polak: J'ai noté que les subventions sont à peu
près de l'ordre de 25% du montant de l'emprunt. Est-ce que j'ai bien
compris que, d'abord, il y a un plafond sur le pourcentage des emprunts totaux
que le gouvernement accorde; deuxièmement, que c'est une condition que
la compagnie en question cherche ailleurs le reste du financement,
c'est-à-dire les autres 75% de l'emprunt?
M. Bérubé: Je ne connais pas les critères du
programme. Il faudrait demander les normes du programme parce que je ne les ai
pas.
M. Polak: J'aimerais savoir...
M. Bérubé: Si on disait le programme Biron, tout le
monde le saurait, mais, étant donné qu'il doit avoir un nom,
appelons cela le programme d'urgence d'aide à la PME.
M. Polak: ...si le montant de la subvention est un pourcentage
plafonné du montant total de l'emprunt par la compagnie
bénéficiaire de l'emprunt. Si tel est le cas, quel est le
pourcentage maximum selon le barème de ce programme.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez d'autres
questions concernant les engagements du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme?
M. Polak: Non, à moins que mon collègue n'en
ait.
M. Bérubé: Est-ce qu'il y a eu des subventions dans
le comté de Sainte-Anne?
M. Polak: Non, j'ai bien regardé, je n'ai rien
trouvé ni à Sainte-Anne, ni à Matane. À Matane, on
a passé hier.
M. Bérubé: En passant, j'en ai vu un à
Matane. Price, dans le comté de Matane.
M. Polak: Oui, mais c'est à cause de la grande
réunion.
M. Bérubé: C'est à l'endroit où il y
avait eu effectivement une très grande réunion. Il n'y en a pas
à Saint-Octave.
Une voix: La récompense pour y avoir assisté.
Loisir, Chasse et Pêche
M. Polak: Je vais à Loisir, Chasse et Pêche,
engagement 101. "Contrat de services pour assurer la surveillance aquatique
auprès des usagers de la piscine et de la plage publique dans le camping
de Côte Sainte-Catherine, pour les saisons estivales 1983, 1984, 1985.
Plus bas soumissionnaire: Sodem Inc, Montréal. Montant de l'engagement:
169 991 $." Quand j'ai vu le nom de Sodem, cela ne me disait rien, mais
j'imagine que c'est une agence de gardiens. Est-ce qu'il y au moins des gars
qui peuvent nager? J'imagine qu'une des qualifications, c'est d'avoir certains
diplômes de la Croix-Rouge ou autres. Je ne voudrais pas qu'on trouve de
temps en temps des personnes retraitées qui travaillent comme gardiens
d'édifice. Donc, quand je vois les mots "surveillance aquatique",
j'espère, au moins, qu'ils ont un certificat de compétence pour
sauver la vie de quelqu'un qui est en difficulté dans l'eau. (9 h
15)
M. Bérubé: Normalement, la surveillance des plages
fait l'objet non pas d'une réglementation, mais d'une pratique bien
connue, je pense, de tous les jeunes qui prennent des cours de natation. Je
vous enverrai ma fille qui terminait sa médaille d'assistant-moniteur et
qui vous expliquera comment on protège les plages. D'ailleurs, c'est
même assez universel. On a eu l'occasion, durant les vacances, de
rencontrer un fort charmant jeune homme également qui faisait exactement
le même travail que cette fort charmante jeune fille qui est mon
aînée.
M. Polak: On m'a dit qu'elle est une jeune libérale.
M. Bérubé: On a pu constater qu'ils passent
exactement les mêmes examens. Il semble que ce soit une pratique
universelle. Cela s'appelle les examens de la Croix-Rouge.
M. Polak: Est-il vrai qu'elle est une jeune libérale? J'ai
entendu une rumeur à ce sujet.
M. Bérubé: Ah! Il faudrait le lui
demander. Je respecte totalement les convictions politiques de tous les
jeunes.
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: Je suppose que, si vous avez des
enfants, ils doivent tous être péquistes.
Le Président (M. Gagnon): D'autres questions sur les
engagements du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche?
M. Polak: Engagement 600, Loisir, Chasse et Pêche. "Contrat
de services pour la réalisation d'une étude sur la perception du
ministère auprès de la population. Fournisseur choisi: Les
conseillers en administration, Sica Inc. Montant de l'engagement: 35 690 $."
Quel est le but de cette étude-là? Est-ce que le ministre veut
savoir si son ministère est populaire et s'ils font bien leur travail?
Je sais, par exemple, que dans mon comté, il y a des gens qui voulaient
exploiter un camp d'été. Tout était bien organisé,
mais il leur manquait peut-être quelques centaines de dollars au plus
pour organiser le transport par autobus. Cette somme n'était pas
disponible et, donc, la famille en question ne pouvait pas donner ce service.
Je me demande, comme question de priorité, si, avant de payer pour des
études de perception du ministère auprès de la population,
on ne devrait pas prendre cet argent et financer beaucoup plus de petits
autobus pour donner la chance à beaucoup de Québécois et
de Québécoises d'aller dans ces camps d'été. Je
suis totalement d'accord sur ce système de camps
d'été.
M. Bérubé: C'est plutôt dans le cadre d'une
réflexion au gouvernement, portant sur la qualité des services
publics au Québec. Il est clair, par exemple, que si un ministère
reste enfoncé dans sa routine quotidienne et oublie d'aller voir ce que
ses clients pensent, il y a des chances qu'il continue à offrir des
services qui ne sont plus vraiment demandés. Également, il y a
des chances que la routine administrative fasse que, éventuellement, on
ne soit plus tellement accueillant à l'égard de la
clientèle, mais qu'on soit davantage tourné vers le
fonctionnement interne du ministère. L'État du Québec est
au service des citoyens du Québec. Par conséquent, il doit
répondre aux attentes des citoyens.
Ces études de clientèle sont d'ailleurs monnaie courante
dans l'entreprise privée. Il n'y a personne, qui lance un produit ou qui
vend des marchandises, qui ne fait pas de temps en temps une étude de sa
pénétration des marchés, de la perception que les gens ont
de son entreprise, de manière, justement, à pouvoir corriger, le
cas échéant, les déficiences de son organisation. Je pense
qu'une telle étude du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, au contraire, est fort louable dans la mesure où elle peut
permettre au ministère de découvrir des perceptions positives -
à ce moment-là, on accentuera l'effort - ou négatives et,
à ce moment-là, on verra à corriger la situation. Je pense
que c'est une étude de marketing normale de la part de toute
administration publique.
Je dois vous avouer également que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens procède de
façon presque continue maintenant à ses propres enquêtes
sur la perception de la population. Je vais vous donner simplement un exemple.
On me le soulignait; je pense que c'est assez amusant et que cela doit
être rappelé. Je soulignais à quelqu'un
l'amélioration notable de la productivité dans le secteur public.
Pour donner les mêmes services, il nous en coûte nettement moins
cher maintenant qu'il ne nous en a coûté, à la fois parce
que la rémunération, évidemment, a été
réajustée, mais également parce qu'en ne remplaçant
pas des gens qui partaient on a graduellement réussi à donner les
mêmes services avec moins de personnel. Jusqu'ici, parfait, gain de
productivité. La réflexion, cependant, de la personne avec qui je
conversais, c'est que c'est peut-être vrai, mais qu'il n'y a personne qui
s'aperçoit qu'il y a un gain de productivité: il y a encore des
queues au Bureau des véhicules automobiles, il y encore du monde qui
attend à l'hôpital. Donc, pour eux, il n'y a pas de gain de
productivité. De fait, on se rend compte, à ce moment-là,
que l'on confond qualité des services et productivité. Je peux
être beaucoup plus productif qu'avant, mais ne pas avoir
amélioré d'un iota la qualité de mes services. Il est donc
aussi important de chercher à améliorer la productivité,
donc à réduire le coût de mes services publics, que de
vouloir améliorer la qualité des services qui n'est pas
nécessairement reliée à la productivité. On voit
donc, par ce genre d'étude portant sur la qualité des services,
que la perception est absolument fondamentale.
M. Polak: Merci. Élément suivant, 601, dans Loisir,
Chasse et Pêche. "Contrat de services pour la réalisation d'un
sondage téléphonique portant sur les habitudes des
Québécois aux activités de loisir. Fournisseur choisi,
COGEM Inc., Montréal. Montant de l'engagement: 42 5000 $."
J'imagine que les mêmes remarques que vous avez faites tout
à l'heure s'appliquent et que le montant total, au lieu de 35 000 $ est
rendu à environ 75 000 $.
M. Bérubé: Sur ce que les gens attendent.
M. Polak: Je voudrais, tout de même,
souligner que je comprends très bien ce que vous dites.
Évidemment, pour améliorer un programme, il faut connaître
la réaction des consommateurs. Mais j'ai toujours peur qu'en voulant
souligner la grandeur d'un service d'un ministère, être fier du
travail que l'on fait, de temps en temps, on cherche de belles relations
publiques et on oublie le consommateur. On a tellement de besoins à la
base où on a tellement coupé. Prenez l'exemple que je donnais de
l'autobus qui, pour 200 $, aurait permis à peut-être une
cinquantaine de personnes d'aller à ce camp, elles ne peuvent pas le
faire, car on a préféré mettre cet argent sur une
étude. Donc, c'est toujours une question de priorités. Je
comprends, à condition qu'on réalise également qu'à
la base on n'a pas encore comblé tous les besoins, même les
besoins les plus urgents.
M. Bérubé: Si tout le monde était
insatisfait des services du ministère, même s'il y en avait 400
qui étaient contents de leur voyage en autobus, je ne suis pas convaincu
que cela aurait été un si bon service à la population.
M. Polak: Avec notre gouvernement, bientôt, on aura
beaucoup de voyages en autobus pour les démunis et probablement beaucoup
moins d'études. Question de perception des priorités.
M. Bérubé: Je n'ai pas tout à fait compris.
Vous voulez dire que, si vous étiez au pouvoir, vous seriez
obligés d'expédier absolument tout le monde en dehors du
Québec en autobus?
Une voix: Pour les ramener.
Main-d'Oeuvre et Sécurité du
revenu
M. Polak: Non, si je dis: Quand on sera au pouvoir, j'assume que
ce sera bientôt!
Main-d'Oeuvre et Sécurité du revenu, engagement 100.
"Subvention à SOREF Côte-Nord Inc., Port-Cartier, comté
Duplessis, à titre d'aide financière dans le cadre du programme
Chantier-Québec. Trois emplois pendant 52 semaines. Montant de
l'engagement: 62 400 $."
Ici, c'est un peu comme le cas qu'on avait chez vous, M. le ministre,
à Matane, sauf qu'il y avait alors neuf emplois et ici il y en a trois.
Mais cela ne passe pas encore dans le cahier ordinaire sur le programme
Chantier-Québec, parce que la somme excède 25 000 $, je pense.
C'est ce que vous avez dit hier?
Comme deuxième question, qu'est-ce que cela veut dire: "SOREF
Côte-Nord Inc.", quelle sorte de groupement?
M. Bérubé: Voilà, j'ai les objectifs: en vue
de promouvoir la prise en main par le milieu, l'entrepeneurship forestier, et
d'assurer le développement de notre ressource forestière - alors,
le "F" doit vouloir dire "forestier" - on crée un petit groupe permanent
et ce petit groupe permanent doit veiller au soutien des programmes. J'imagine
que ce sont des programmes de reboisement, d'aménagement forestier. Il
va élaborer des projets nouveaux; j'imagine que ce sont des projets
d'aménagement de la forêt.
Écoutez, je pense que je sais exactement ce que c'est. Vous avez,
à la grandeur du Québec, des groupements forestiers,
sociétés d'exploitation des ressources - il y a autant de noms,
je pense, qu'il y a de régions au Québec - qui sont des
corporations à but lucratif qui, bénéficiant des
subventions du ministère de l'Énergie et des Ressources,
travaillent à l'aménagement des forêts privées. Ces
sociétés - et il existe également des coopératives
d'exploitation forestière dans des forêts publiques - se sont
engagées dans des programmes d'aménagement de la forêt
avec l'aide gouvernementale.
D'ailleurs, nous avions hier une question sur le groupement forestier
des Chic-Chocs, si je ne m'abuse. Or, sur la Côte-Nord, il n'existe pas
de tel mouvement du côté de Sept-Îles. Ce que je tire comme
conclusion, c'est que, à la suite de la fermeture de la compagnie
Rayonier à Port-Cartier et de l'arrêt des opérations
forestières, il s'est mis en place tout un mouvement de réflexion
sur la façon d'exploiter le patrimoine forestier. Ils ont dû
constater, alors que les autres régions du Québec disposaient
d'une infrastructure pour pouvoir intervenir en forêts publiques, que,
dans leur cas, ils n'avaient absolument rien puisqu'ils ont relativement peu de
forêts privées et qu'il n'y avait pas de coopérative
forestière pour l'exploitation des forêts publiques. Alors, ils
ont mis en place ce projet pour peut-être commencer à imiter le
reste du Québec et voir à aménager eux-mêmes leurs
forêts. D'ailleurs, on me souligne que SOREF voudrait dire
Société de récupération forestière.
M. Polak: Je ne comprends pas, tout de même. On paie ici 20
000 $ par emploi pour trois emplois; trois personnes travaillent pendant 52
semaines. Est-ce que le but du programme Chantier-Québec n'est pas
plutôt de donner le goût du travail ou de faire
réintégrer le marché du travail pendant une période
de huit à dix semaines. On aurait pu aider beaucoup plus de personnes si
on avait pris ce montant de 62 000 $. Est-ce qu'on ne commence pas à
interpréter les normes de Chantier-Québec de façon un peu
élargie?
M. Bérubé: C'est une dérogation aux
normes. Une telle demande n'était pas conforme aux normes et elle
a dû être approuvée spécifiquement au Conseil du
trésor.
M. Polak: Quelle était la raison pour laquelle cela a
été approuvé pour 20 000 $? Celui qui gagne 20 000 $ gagne
plus, évidemment, que s'il bénéficiait de l'aide sociale.
Il gagne plus que s'il bénéficiait de l'assurance-chômage.
Donc, c'est au-dessus du salaire moyen.
M. Bérubé: C'est vrai. Mais si cette corporation
réussit à concevoir différents projets
d'aménagement forestier grâce à ses services permanents,
elle va pouvoir soumettre des projets au ministère et donc attirer en
région pour l'aménagement de la forêt de l'argent qui,
autrement, ne serait pas venu. Il y aura à ce moment-là des
emplois de créés. Par exemple, on parlait du groupement forestier
des Chic-Chocs qui faisait des travaux sur la forêt domaniale de Matane.
Eh bien, grâce à l'existence du groupement forestier, de ses
ingénieurs forestiers, de son administration qui est payée
à même les programmes de subvention du MER, ils sont capables
d'imaginer des projets de reboisement, d'aménagement et, donc, de les
soumettre au gouvernement, d'obtenir de telles subventions et de faire
travailler des chômeurs.
Mais, dans une région comme Port-Cartier, ce n'est pas possible
parce qu'il n'y a aucune structure pour concevoir de tels projets. Alors, la
mise en place d'une petite unité légère comme
celle-là peut donc leur permettre de concevoir des projets et, pouvant
concevoir des projets, ils vont pouvoir effectivement récupérer
de l'argent pour la création d'emplois. C'est un peu l'oeuf et la poule;
c'est difficile de dire lequel vient en premier. Mais, dans un cas comme cela,
c'est peut-être important que l'on ait un petit groupe. Comme dans le cas
de Matane avec les jeunes, il est clair que, si 800 jeunes se regroupent dans
une corporation d'action-travail et qu'ils se dotent d'une infrastructure qui
va les aider à se bâtir des projets, il y a des chances qu'on ait
des projets et que, au bout du compte, on ait créé des emplois
chez ces jeunes-là. Donc, même si ce n'est pas tout à fait
conforme aux normes du programme, c'est certainement conforme à l'esprit
du programme. (9 h 30)
M. Polak: Je comprends ce que vous dites, qu'il faut avoir des
exceptions de temps en temps. Mais je voudrais tout de même éviter
que cela ne devienne de l'arbitraire. On sait que, dans le programme
Chantier-Québec, il y a certaines normes à suivre.
Peut-être qu'on aurait dû prendre le programme PECEC dont on a
discuté hier.
Vous avez parlé de programmes où il n'y a aucun
financement ordinaire possible. Pour donner une chance à ces gens, c'est
le gouvernement qui le finance. Donc, peut-être que ce groupe de trois
aurait dû procéder comme cela. Je ne voudrais pas qu'on soit en
dehors des normes des programmes réguliers pour obtenir un avantage
qu'un autre ne peut pas obtenir. Je suppose que c'est par hasard dans le
comté de Duplessis et le comté de Matane. Je ne veux pas devenir
partisan et dire: Vous pouvez obtenir cela tandis que, dans nos comtés,
cela ne marche jamais. Il y a des gens qui peuvent tirer ces conclusions. Vous
savez que je suis trop objectif pour vous attaquer comme cela. Ce n'est pas
bien. Donc, c'est mieux de ne pas avoir d'exception à moins que,
vraiment, il n'y ait une raison exceptionnelle, mais on devrait nous dire
pourquoi.
M. Bérubé: Je ne partage pas votre point de vue,
comme je vous l'ai dit. Essentiellement - je pense que le député
devra le reconnaître - depuis 1976, nous avons mis en place, par le biais
du Conseil du trésor, un très grand nombre de programmes
normés. Autrefois, toutes les dépenses gouvernementales
arrivaient au Conseil du trésor, en bonne partie parce que, comme il
n'existait pas de normes, chaque dépense était, pour ainsi dire,
discrétionnaire. On était loin de traiter tous les citoyens sur
une même base. Ce que le gouvernement précédent avait fait,
il avait mis en place un Conseil du trésor chargé au moins, en
forçant cinq ministres à les examiner, de s'assurer que tous les
programmes arrivaient finalement à une certaine normalité.
Mais, depuis 1976, nous avons changé l'approche. Nous avons
normé presque tous les programmes pour permettre au ministère de
prendre la décision sans devoir venir au Conseil du trésor en
nous donnant des règles suffisamment connues et fixes pour que le
ministère puisse procéder à l'intérieur de ces
normes pour accorder ses subventions. Tout le monde est donc traité sur
la même base puisque le programme est normé. Donc, c'est un effort
pour déconcentrer la prise de décisions dans les
ministères, éviter cette accumulation de niveaux
hiérarchiques qui devaient se prononcer et qui ralentissaient beaucoup
l'appareil gouvernemental. Donc, tout l'effort de réflexion au Conseil
du trésor a porté sur la normalisation.
Mais attention! Autant il est essentiel dans une administration que l'on
normalise pour effectivement permettre à tout le monde de prendre des
décisions du moins suffisamment équivalentes, autant, en
même temps, il faut être conscient que la réalité ne
peut pas se réduire à des normes, qu'il y a des choses qui sont
désirables, mais qu'on n'avait pas prévues et qu'on ne pourrait
pas, non plus, financer partout. Il est évident que
nous ne pourrions pas payer des actions-travail partout, à moins,
évidemment, de supprimer d'autres dépenses ailleurs. Il faudrait
alors décider s'il est préférable d'avoir des
actions-travail à la grandeur du Québec et pas de
Chantier-Québec ou un Chantier-Québec et pas d'actions-travail.
C'est le genre de débat qu'on peut avoir.
Mais il clair qu'on ne peut pas absolument tout normer. Donc, il
existera des expériences pilotes, des projets qui n'entrent pas dans les
normes et qui sont différents - à Matane, ce sera action-travail;
ici, ce sera l'aménagement forestier; à Sainte-Anne, ce sera
autre chose - mais dont les objectifs cadrent avec les objectifs
gouvernementaux.
Si, par exemple, un groupe de comté de Sainte-Anne arrive avec
quelque chose auquel, effectivement, on n'avait pas pensé, mais qui est
intéressant, qu'on le soumet et - je ne sais pas - que les gens de
l'OPDQ nous le recommandent, on dira: Écoutez, d'accord pour
Sainte-Anne, mais on ne pourra pas le faire partout. Alors, s'il y a des gens
de Matane qui viennent demander la même chose en invoquant le cas de
Sainte-Anne, on dira: Écoutez, on regrette, mais on ne peut pas avoir un
programme universel pour toutes sortes de raisons, de coûts, d'obligation
de sacrifier d'autre chose à côté qui nous paraîtrait
plus essentiel. Donc, il faut s'attendre à un minimum de
flexibilité; sans quoi, on sclérose totalement l'administration
publique.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Mon collègue de
Sainte-Anne a fait valoir le point d'une façon discrète; je
procéderai plus directement. J'aimerais savoir si, dans un cas comme
cela - si c'est indiqué au dossier, vous me le direz; sinon, vous
m'informerez autrement - il y a eu une intervention directe du
député du comté de Duplessis. C'est simplement à
titre de renseignement.
M. Bérubé: Je suis presque certain que oui.
M. Doyon: Vous êtes à peu près certain que
oui.
M. Bérubé: Ah! Je suis à peu près
certain parce qu'il est très rare que les projets hors normes ne
nécessitent pas une intervention politique. Par définition, le
fonctionnaire de Chantier-Québec qui reçoit une demande comme
celle-là l'examine et dit: Elle n'est pas conforme aux normes et je n'ai
pas, en vertu des directives du Conseil du trésor et des normes,
l'autorité pour l'approuver. À ce moment-là, seule une
décision politique peut permettre le déblocage. Ce n'est pas
impossible que le fonctionnaire dise: Votre projet est intéressant, je
vais le soumettre au ministre en question en lui demandant s'il ne pourrait pas
aller en dérogation. C'est tout à fait possible, mais il faut
nécessairement qu'il y ait une intervention politique.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor a fait
fort éloquemment état de cas particuliers qui nécessitent
une dérogation aux normes et je pense que ce n'est pas difficile de nous
convaincre de cela. Mais du fait qu'il reconnaisse dans sa réponse qu'il
y a très probablement eu, dans ce cas, intervention du
député, qui est un député ministériel, le
risque est là sûrement - c'est le moins qu'on puisse dire - qu'il
y ait une autre considération qui entre en ligne de compte,
c'est-à-dire l'appartenance...
M. Bérubé: Indéniablement.
M. Doyon: ...je vais simplement terminer - du comté de
Duplessis au parti ministériel. Il est peut-être nécessaire
qu'il y ait des dérogations, mais il ne faudrait pas que, par hasard,
toutes les dérogations s'adonnent à être dans des
comtés qui sont représentés par des députés
ministériels. Personnellement, il est vrai que cela ne fait pas
tellement longtemps que je suis ici, mais j'attends encore des
dérogations semblables -si je les vois, cela me fera plaisir de les
signaler en passant - qui seraient à l'avantage de citoyens et de
citoyennes de comtés représentés par des
députés du parti de l'Opposition.
M. Bérubé; Je vois régulièment des
dérogations qui touchent des comtés non représentés
par des députés du Parti québécois. C'est clair, il
y en a des deux côtés. Je donne un exemple. Dans le comté
de Bonaventure, on a aidé à la mise en place d'un agent de
développement économique, au-delà des normes acceptables,
en ce sens que les normes de population ne le justifiaient pas, mais les
critères de chômage nous apparaissaient devoir justifier une
action particulière. De fait, nous sommes intervenus par un geste
discrétionnaire. Pourtant, le comté de Bonaventure, à ma
connaissance, n'est pas un comté représenté par un
député péquiste.
Vous allez trouver des interventions discrétionnaires partout. De
passage dans le comté de Bonaventure, j'avais rencontré des
représentants des conseils municipaux de la région qui m'avaient
expliqué l'obstacle qu'ils rencontraient de la part du ministère
de l'Industrie et du Commerce qui leur refusait une aide particulière.
Ils m'ont décrit leur situation économique, le problème de
la fermeture de l'usine de Pointe-à-la-Croix, ils m'ont décrit le
chômage de leur région et,
effectivement, après avoir tout examiné, je suis intervenu
auprès du ministre responsable en disant: Écoutez, je pense que,
dans un cas comme cela, on devrait effectivement déroger. Point à
la ligne. Et c'est une intervention politique, parce que les normes ne le
permettaient pas. C'est clair.
M. Doyon: Sauf que, d'après la description que vous nous
faites de cette exception pour le comté de Bonaventure, elle n'a pas de
relation de cause à effet avec l'intervention du député de
Bonaventure. Vous avez vous-même acquiescé, pour obtenir un
certain capital politique, à la suite d'interventions qui vous ont
été faites par des représentants du milieu et vous n'avez
pas fait en sorte, contrairement à ce que vous disiez pour le
comté de Duplessis, que, si crédit il y a, ce crédit
revienne au député de Bonaventure. Cela a été fait
hors de lui, sans lui et, par conséquent, les gens de son comté
en tirent peut-être profit, je ne nie pas cela, mais ce que je dis, c'est
qu'au simple point de vue reconnaissance du travail du député, il
n'y a rien qui puisse être mis à son crédit à ce
sujet particulier, d'après les renseignements que vous me fournissez en
tout cas.
M. Bérubé: II faudrait être cohérent.
Si les citoyens d'un comté s'adressent à un membre du
gouvernement parce qu'ils font face à une situation particulière,
demandent une intervention qui déroge aux normes, et que nous
l'accordons, vous dites: C'est du patronage politique. Mais si, d'autre part,
dans un comté qui n'est pas représenté par un
député du gouvernement, on fait une demande qui est
refusée, vous dites à nouveau: C'est du patronage politique,
puisque vous refusez d'aller en dérogation de vos normes parce que le
député n'est pas un député du gouvernement. Donc,
on est perdant tout le temps: quand on ne le donne pas, c'est par patronage
politique et, quand on le donne, c'est par patronage politique.
Évidemment, à ce moment-là, il faudrait choisir.
Si, en tournée dans la région de Bonaventure comme
ministre responsable de l'Énergie et des Ressources, des conseils
municipaux demandent à me rencontrer, m'expliquent la situation locale
et me demandent d'intervenir auprès du Conseil du trésor pour
qu'il y ait dérogation aux normes et que je fais mon travail comme
ministre responsable, membre d'un gouvernement, à ce moment-là,
on ne peut pas me reprocher d'avoir fait du patronage politique. Je ne me suis
pas renseigné pour savoir si les gens qui me parlaient étaient
libéraux, péquistes ou de quelque couleur que ce soit.
D'ailleurs, ils devaient être en majorité libéraux puisque
le député a été élu. Alors, ce n'est pas le
calcul que j'ai fait. Le calcul que j'ai fait, c'est: Y avait-il un
problème? Est-ce que les normes le couvraient? Les normes ne le
couvraient pas. Est-ce que, cependant, il était justifié de
déroger aux normes? Point à la ligne, c'est tout.
Je suis convaincu que vous allez trouver plusieurs dérogations
à des programmes dans des comtés. Écoutez, le plus bel
exemple, c'est PECEC. PECEC est un programme hors normes. La seule chose qu'on
demande, c'est que l'entreprise ne fasse pas faillite au bout de deux ans
-donc, un minimum de préparation du projet -et, deuxièmement, que
cela crée des emplois. Si cela ne crée pas d'emplois, on dit:
Allez voir ailleurs, nous ne sommes pas intéressés; c'est tout.
Cela, c'est PECEC. Vous voyez que, comme normes, c'est pas mal
général.
À peu près n'importe qui arrivant avec un projet rentable,
créant des emplois, peut dire: J'y ai droit. C'est évident qu'il
ne peut pas y avoir droit, parce qu'on ne pourrait pas donner à tout le
monde des subventions puisqu'on n'aurait pas de budget pour le faire. Alors, il
faut donc que des fonctionnaires examinent les demandes, puis, sur une base
totalement discrétionnaire, sur la base d'une évaluation de
pertinence, choisissent des projets. Je regarde et, dans PECEC, il y en a un
paquet qui viennent de comtés qui ne sont pas représentés
par le gouvernement et, pourtant, c'est tout à fait hors normes. Au
contraire, c'est parce que vous avez maintenu cette mentalité de
patronage politique que vous pensez que les autres le font.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert. Après, ce sera le député
d'Iberville.
M. Doyon: M. le Président, en ce qui concerne l'exemple du
comté de Bonaventure qui a été apporté, le
président du Conseil du trésor est passé maître dans
l'art du sophisme. Si on veut faire des comparaisons, alors qu'il tente de
m'enfermer dans un dilemme avec les deux possibilités qu'il offrait, ce
que je lui demande, c'est quelle aurait été son attitude devant
des représentations des élus municipaux ou des
représentants du milieu dans un comté comme celui de Duplessis.
Est-ce qu'il n'aurait pas eu comme réaction: Voyez votre
député, présentez-lui votre cas, étayez votre
demande, fournissez tous les renseignements et je vais, avec votre
député, voir ce qui peut être fait de façon à
déroger aux normes si la chose est nécessaire? Ce que je signale
au ministre actuellement, c'est que ce n'est pas la formule qu'il a
adoptée dans le comté de Bonaventure. Il a directement obtenu les
renseignements par-dessus la tête du député, hors la
connaissance du député, pour bien faire savoir que, quand on veut
que quelque chose marche dans Bonaventure,
on fait affaires avec le ministre du gouvernement et on ne s'occupe pas
de son député. C'est le message clair qui ressort de tout cela:
Ne vous occupez pas de votre député, cela va aller pas mal mieux.
Faites affaires directement avec moi, Yves Bérubé. Moi, je vais
vous organiser cela. Laissez faire Gérard D. Lévesque, il n'est
pas dans la "game". C'est ce qui ressort de tout cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est tellement faux qu'il me vient,
d'ailleurs, autre chose à l'esprit.
M. Doyon: Oui, mais répondez à celle-là.
M. Bérubé: Oui, oui. Il me vient à l'esprit
un autre cas, dans le comté de Bonaventure, d'une coopérative
forestière près de Saint-Alphonse - attendez un peu, je n'arrive
pas à me souvenir du nom de la paroisse, mais juste à
côté de Saint-Alphonse - qui voulait mettre en place une scierie
et où le député de Bonaventure est intervenu pour me
sensibiliser au problème, pour m'expliquer le problème, pour
demander une intervention discrétionnaire du gouvernement et je dois
avouer qu'on est intervenu. Alors, ce que vous dites est totalement faux. Mais
c'est parce que, comme vous vous connaissez vous-mêmes, vous n'arrivez
pas à imaginer...
M. Doyon: On commence à vous connaître aussi.
M. Bérubé: ...qu'il y ait des gens qui puissent
raisonner différemment.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Iberville. (9 h 45)
M. Beauséjour: Je dirais que la politique, c'est la
politique et que les politiciens, ce sont des politiciens. Et je me dis que,
pour un député de l'Opposition, il peut y avoir deux attitudes
dans la façon de procéder. Prenons l'exemple qui est sorti en
Chambre lorsque le député de Beauce-Sud est intervenu dans le
domaine de l'industrie et que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme avait signalé que, s'il était intervenu, c'était
à cause des interventions du député de Beauce-Sud. Je ne
sais pas si, avant que cela sorte en Chambre, le député de
Beauce-Sud avait signalé aux journaux, lors d'une conférence de
presse ou quelque chose comme cela, qu'il félicitait le gouvernement -
ce n'était pas nécessaire de dire le bon gouvernement parce qu'il
est de l'Opposition - d'avoir répondu à sa demande concernant le
dossier d'une industrie dans son comté.
Par contre, si je me place dans la situation de certains personnages
politiques de l'Opposition - je ne sais pas, ce serait peut-être à
vérifier - s'ils ne font pas de démarches, comme on l'a vu pour
le député de Beauce-Sud, ils peuvent avoir des raisons de
répondre à des électeurs: Écoutez, cela ne
fonctionne pas avec ce gouvernement; il n'y a rien qui marche. Ils peuvent
procéder de cette façon, mais est-ce qu'ils font des
démarches, par exemple? Les gens de l'Opposition peuvent agir de cette
façon. Il y a bien des attitudes du côté de
l'Opposition.
M. Bérubé: Exactement. Des attitudes de
dénigrement continu, quoi!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Oui. Je pose une question au président du
Conseil du trésor: Savez-vous qu'il y a 5 députés
libéraux dans l'Outaouais?
M. Bérubé: Oui.
M. Middlemiss: Pourquoi la nécessité d'avoir eu un
parrain en le ministre du Commerce extérieur, M. Landry, et maintenant
une marraine en la vice-présidente du Conseil du trésor? Pourquoi
cette nécessité si nous pouvons obtenir les mêmes choses
comme députés élus par la population?
Une voix: Excellent.
M. Middlemiss: Pourquoi cela?
M. Bérubé: Écoutez, c'est très
facile. On parle d'un ministre. Effectivement, dans n'importe quelle
région du Québec, on veut pouvoir s'exprimer auprès d'un
membre du gouvernement, car il y a quand même une différence - si
le député de Trois-Rivières était ici, il
reprendrait les remarques d'hier au journal des Débats - dans mon
rôle, par exemple, lorsque j'agis comme député et lorsque
j'agis comme ministre. Lorsque j'agis comme ministre, j'ai l'occasion de
rencontrer des collègues ministres au Conseil des ministres, au Conseil
du trésor. On peut donc - attention! - dans les cas de
dérogation, avoir accès directement à ceux qui vont
influencer et prendre la décision.
C'est clair que n'importe quel citoyen voudra parler directement
à celui qui prendra la décision. C'est une chose de parler
à un député libéral dans son comté, mais, si
la décision se prend au Conseil des ministres, on voudrait bien parler
à la personne qui sera assise au Conseil des ministres quand la
décision se prendra. On voudra bien faire confiance au
député libéral pour l'expliquer au ministre en question.
Il y a un certain nombre de députés libéraux qui font
leur
travail consciencieusement. Je vois régulièrement des
députés libéraux qui traversent la Chambre, qui viennent
m'expliquer des problèmes en disant: Attentionl Il y a quelque chose qui
s'en vient au Conseil du trésor et qui m'expliquent l'ensemble du
problème de manière à m'aider à prendre la
décision. C'est absolument normal. Vous comprendrez que n'importe quel
citoyen veut bien faire confiance à son député pour passer
son information, mais quelquefois aussi il ne veut pas prendre de chance et il
dit: J'aimerais bien parler à quelqu'un qui sera assis à la
table.
Or, il est absolument avantageux, sur un territoire donné
où il n'y a pas d'autres membres du gouvernement - et c'est le cas de
l'Outaouais, par exemple - d'avoir un ministre qui est là pour
écouter, lorsque les gens veulent intervenir en disant: Écoutez,
vous serez au Conseil du trésor, on aimerait que vous teniez compte de
ceci et de cela. C'est avantageux d'avoir un ministre parrain. Moi, dans l'Est
du Québec, j'en ai un, ministre parrain au fédéral, M. de
Bané; c'est le ministre parrain. Il se promène partout. M.
Bussières, c'est le ministre parrain. Je regarde et ce sont tous des
députés libéraux, pourquoi a-t-on besoin d'un ministre
parrain?
Vous voyez que le problème est bien plus grave au plan
fédéral que dans une région où il n'y a pas de
députés gouvernementaux, où la population se demande:
Est-ce qu'on pourra faire connaître aussi facilement ce que nous pensons
et où on dit: D'accord, on va prendre un ministre et on va lui confier
la tâche d'aller régulièrement sur le territoire rencontrer
les gens de manière à prendre de l'information. Effectivement,
quand nous arrivons au Conseil des ministres pour discuter d'un dossier qui
vient de l'Outaouais - il y en a fréquemment - jamais on ne prend la
décision sans que le ministre régional soit là et nous
dise: Voici, j'ai rencontré le conseil municipal de telle, telle ou
telle municipalité. Faites attention, il y a ceci qu'il faut surveiller,
il y a tel problème, etc. C'est tout à fait normal et valable.
Cela ne me fatigue pas du tout.
M. Middlemiss: Qu'est-ce qui arrive au rôle du
député de cette région? Est-ce qu'il ne devrait pas faire
partie de cette décision? N'y a-t-il pas un moyen de le consulter?
M. Bérubé: II faut qu'il gagne l'élection et
qu'il se fasse élire ministre et, à ce moment-là, il sera
au gouvernement.
M. Middlemiss: En d'autres mots, si on n'élit pas un
député du côté ministériel, c'est bien de
valeur, on paie pour. C'est ce que vous dites. La population nous a choisis,
mais on n'a rien à faire et cela vient d'un gouvernement qui se dit
transparent et qui veut tout faire. Nous, notre "input" ne compte pas.
M. Bérubé: Pour éviter cela, on
confie...
M. Middlemiss: À un PQ.
M. Bérubé: ...à un ministre du gouvernement
le soin d'établir le contact avec la région en question. C'est
justement pour éviter que la région ne soit
pénalisée.
M. Middlemiss: Les députés qui sont là ne
sont pas au courant de la réalité? Est-ce qu'on ne pourrait pas
faire en sorte qu'ils soient consultés aussi?
M. Bérubé: Les députés
intéressés, les députés qui s'occupent de leur
comté. Régulièrement, le député de
Bonaventure, quand il a des problèmes dans son comté et qu'il
sait que cela s'en vient au Conseil du trésor ou ailleurs, vient me
voir. C'est un député qui fait son travail. Mais il y a des
députés qui ne font pas leur travail. Il y a des
députés qui s'amusent à dénigrer le gouvernement de
façon continue. Alors, le dénigrant de façon continue,
comment voulez-vous, après, qu'ils soient crédibles quand ils
disent: Je vais y aller et je vais aller voir ce gouvernement pourri que je
déteste et pour lequel je suis totalement incapable d'exprimer la
moindre satisfaction; je vais y aller et je vais défendre votre dossier
auprès de ce gouvernement? La personne qui vous regarde dit: Moi, j'ai
une grande confiance dans mon député qu'il va me
défendre!
M. Middlemiss: C'est pour cela qu'ils sont élus.
M. Bérubé: C'est là qu'est le
problème. Si vous avez un député honnête qui a des
options politiques et qui va dire: Ils ont une philosophie, on en a une autre,
etc., mais qui va aller au fond de la question plutôt que dénigrer
continuellement, celui-là j'imagine qu'il va intervenir plus facilement
pour son comté. Je n'y peux rien si vous faites partie de la
catégorie de ceux qui nous dénigrent complètement de sorte
que vos électeurs ne vous font plus confiance. Je n'y peux rien.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
M. Middlemiss: Écoutez une seconde et je vais vous donner
des faits concrets.
Le Président (M. Gagnon): J'ai une question de
règlement avant.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement. Je pense qu'on commence à descendre dans
l'arène des accusations mutuelles et il faut vraiment mettre fin
à ce débat.
Le Président (M. Gagnon): J'ai été
très très large en ce qui concerne cette question.
M. Bérubé: Un autre point...
M. Polak: M. le ministre, vous recommencez encore avec cela.
Le Président (M. Gagnon): Je n'aurais pas dû
accepter, d'abord, des questions qui s'éloignaient de l'engagement et du
fait que nous ayons accepté cette question...
M. Polak: C'est cela, nous ne sommes plus à
l'engagement.
Le Président (M. Gagnon): ...je me vois obligé de
permettre au ministre de répondre. Par la suite, s'il y a des
répliques, il va falloir arrêter le débat, parce que,
sincèrement, on dépasse l'engagement.
M. Bérubé: M. le Président, je voulais
simplement souligner un point et, là-dessus, je pense que le
député de Pontiac devrait être d'accord avec moi.
Présentement, le ministre délégué à
l'Aménagement du territoire circule au Québec avec une politique
sur le rôle des régions qui, pour définir leurs
priorités sur le plan du développement et de
l'aménagement, vont former une table de concertation à laquelle
vont siéger les députés ministériels et ceux de
l'Opposition. Cela vous montre bien que, contrairement à ce que vous
voulez laisser entendre, nous avons poursuivi, depuis le début, une
politique de traitement équitable à l'égard de tous les
citoyens.
Je pense qu'un jour je tiendrai une conférence de presse - je
sais qu'il n'y a personne qui en fera le moindre titre, mais quand même -
sur le nombre de programmes normés au gouvernement de 1976 à
aujourd'hui, comparé avec la normalisation des programmes avant 1976.
Vous serez estomaqués de voir que, avant 1976, c'était en grande
partie discrétionnaire, alors qu'aujourd'hui c'est en grande partie
normalisé de manière à traiter tous les citoyens sur un
pied d'égalité. Il n'y a personne qui souligne cela au
Québec, mais c'est quand même une réalité.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je veux juste ajouter un point à ce que le
ministre vient de donner comme exemple. Je pense que, pour être objectif,
il devrait parler de l'expérience d'Archipel où le gouvernement a
organisé toute une rencontre. On ne nous a même pas permis
d'être présents en arrière de la salle, quelque part. Les
députés de l'Opposition étaient exclus. En toute
objectivité, si vous vous vantez de l'expérience des MRC au point
de vue des consultations, on n'a certainement pas reçu ce traitement
dans le cadre de l'expérience d'Archipel, ni, d'ailleurs, quand vous
avez consulté le monde patronal et le monde syndical dans le temps, ici
à Québec. On aurait peut-être dû inviter quelqu'un de
l'Opposition quand on parlait...
M. Bérubé: Au sommet? M. Polak: Oui.
M. Bérubé: Oui, il y avait des
députés de l'Opposition comme observateurs.
M. Polak: Ah! observateurs, mais ils n'avaient même pas le
droit de parler.
Une voix: Non, monsieur! Ils parlent trop.
M. Polak: On peut continuer, M. le Président? Je suis
rendu à Main-d'Oeuvre et Sécurité du revenu, engagement
600.
Le Président (M. Gagnon): Engagement 600?
M. Polak: "Subvention au Centre d'adaptation de la main-d'oeuvre
en aérospatial du Québec, Montréal, représentant la
contribution du gouvernement du Québec au financement des
activités du comité chargé de protéger l'emploi
dans le secteur de l'industrie aérospatiale du Québec. Montant de
l'engagement: 27 000 $."
On parle ici d'un comité pour protéger l'emploi dans le
secteur de l'industrie aérospatiale. Est-ce que cela veut dire qu'on
veut éviter que les compagnies ne quittent le Québec ou que de
nouvelles compagnies ne s'installent...
M. Bérubé: Ce sont les pilotes
d'hélicoptère.
M. Polak: ...ou est-ce plutôt, quand on parle du centre
d'adaptation, afin qu'on aide ceux qui perdent leur emploi à trouver un
autre emploi ou à se réadapter à un autre travail?
M. Bérubé: Je n'ai pas assez de renseignements sur
ce projet.
M. Polak: S'il s'agit d'adaptation afin de demander à ces
gens-là de prendre des cours pour se préparer à un autre
emploi, je comprends, mais si c'est un comité chargé de
protéger l'emploi, il y aurait peut-être d'autres mesures que le
gouvernement
pourrait prendre, comme adoucir les aspects négatifs de la loi
101, des mesures quant à l'impôt sur le revenu en comparaison avec
d'autres provinces. Il y a toute une série de mesures qu'on pourrait
prendre de façon beaucoup plus positive.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, vous ne vous plaindrez pas si, par votre commentaire, on
élargit passablement le débat.
M. Polak: Je m'explique sur les mots "chargé de
protéger l'emploi". Protéger l'emploi dans le secteur...
Le Président (M. Gagnon): Oui, mais vous venez de
déborder pas mal de l'engagement.
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Gagnon): De toute façon, je vous
ai laissé aller.
M. Polak: Je donne au ministre la chance de répondre
à ces aspects.
M. Bérubé: Étant donné que le
député de Sainte-Anne n'abuse certainement pas de ses pointes
acérées à mon égard et que j'en ai peut-être
plus à me reprocher que lui, je ne répondrai pas à la
sienne cette fois-ci. Je dirais ceci: II y a 20 000 travailleurs dans
l'industrie aérospatiale et, dans le cadre des programmes de formation
de main-d'oeuvre, il y a une entente fédérale-provinciale en
vertu de laquelle on met en place toutes sortes de programmes de recyclage et
de formation de manière à s'adapter à une technologie en
évolution très rapide. Par exemple si on implante des machines
à contrôle numérique, il faut avoir les gens formés.
Il serait intéressant de prendre quelqu'un, mis à pied d'un
programme comme le Challenger et, de l'envoyer dans une usine de machine-outil.
Donc, il s'agit de recycler les gens, de leur trouver un autre emploi, de les
former chaque fois qu'il y a un changement technologique. Il s'agit ici d'un
programme défrayé à 37,5% par le gouvernement du Canada,
à 37,5% par le gouvernement du Québec et à 25% par
l'employeur.
Cela vous donne une idée du genre de programme. C'est un
programme que l'on retrouve dans toutes les provinces du Canada, qui vise
à permettre le changement technologique dans une industrie sans affecter
l'emploi de façon néfaste.
M. Polak: Vous venez de dire qu'il faut recycler ces gens
à cause d'un changement technologique. Je suis d'accord avec vous.
Est-ce que ce n'est pas à cause d'autres facteurs comme un manque de
confiance dans le Québec de la part des investisseurs que les gens dans
cette industrie aérospatiale refusent simplement d'investir, de venir
ici aussi longtemps qu'on n'aura pas réglé certaines conditions
inacceptables, qui sont même vues comme néfastes et
négatives? Si vous me dites que ces facteurs ne jouent aucun rôle,
j'accepte votre explication, mais je n'y crois pas. (10 heures)
M. Bérubé: Ce qu'il faut dire au
député de Sainte-Anne, s'il veut traiter correctement de la
question, c'est qu'il doit aller voir les chiffres de Statistique Canada
concernant les investissements manufacturiers au Québec et au Canada
pour y constater que, depuis 1963-1964 il y a une baisse continue des
investissements canadiens venant au Québec. Ce n'est pas nouveau, cela
n'a rien à voir avec le gouvernement du Parti québécois.
Cela a à voir sans doute avec l'existence d'une réalité
culturelle française dans une Amérique anglo-saxonne. Oui, cela
est lié l'un à l'autre indéniablement puisqu'on peut faire
les mêmes corrélations pour les provinces maritimes et constater
que l'effet géographique ne peut pas expliquer les tendances.
Il est clair qu'un Québec français dans un univers
anglo-saxon doit développer une dynamique de croissance qui tienne
compte de cette réalité. C'est absolument clair et
évident, étant donné qu'il ne dispose pas d'un vaste
marché. Par exemple, s'il y avait 100 000 000 de Québécois
francophones au Québec, l'existence d'un tel marché ferait en
sorte que les entreprises étrangères ne se poseraient pas la
question à savoir quelle langue est utilisée au Québec.
Une compagnie américaine comme IBM exploite des usines en France et se
sent tout à fait à l'aise en France comme en Allemagne, comme aux
États-Unis ou au Québec. Pourquoi? Parce qu'il existe un
marché et que ce marché est suffisamment payant et rentable pour
qu'on s'y installe.
Les entreprises étrangères qui sont venues s'installer au
Québec ont exploité des richesses naturelles, ne l'oublions
jamais. On ne peut pas déménager les forêts, on ne peut pas
déménager les mines, on ne peut pas déménager les
barrages. Par conséquent, ce sont des entreprises qui ont ignoré
totalement l'effet de langue et qui ont choisi de s'établir au
Québec parce que la ressource était là.
Évidemment, ce n'est pas le cas si on décide de fabriquer
des réfrigérateurs ou des automobiles parce qu'on peut aussi bien
installer une usine pour fabriquer des automobiles en Ontario qu'au
Québec. Là, se pose le problème de l'appartenance
culturelle et linguistique à une société. Et,
nécessairement, l'existence d'un Québec français joue
contre l'économie québécoise. Cela est clair et
évident, il ne faut pas le
nier. À ce moment-là, il y a deux attitudes possibles:
assimilez-vous le plus vite - c'est la position du Parti libéral - ou,
au contraire, mettez en place des politiques qui tiennent compte de cette
réalité; c'est l'approche du Parti québécois. Nous
prônons la souveraineté.
Prenons l'exemple de la Suède, petit pays qui parle une langue
qui n'est pas parlée ailleurs: à ce moment-là, la
Suède se dote de politiques économiques...
Une voix: On ne veut pas un cours d'histoire.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Pourquoi est-ce qu'on ne joue pas la bobine no 4? On a
déjà eu ce cours. Je le connais et je peux vous donner la
réponse sur la bobine no 6. On peut gagner beaucoup de temps si on s'en
tient à l'engagement 600 de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Bérubé: M. le Président, la
première fois...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: ...j'ai indiqué que je ne
répliquerais pas sur le terrain politique et le député de
Sainte-Anne est réintervenu sur le terrain politique. Il a choisi
lui-même de reposer une deuxième fois la question, profitant sans
doute du fait que j'avais dit que j'éviterais cette fois-ci de faire
déborder la question. Puisqu'il m'a ouvert la porte, je pense que cela
vaut la peine de répondre maintenant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, je vous soumets que vous êtes un peu mal placé pour
soulever cette question de règlement parce que vous vous souviendrez
qu'au cours même de votre intervention...
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): ...je vous ai signalé que
vous étiez en train d'ouvrir une porte, que ce que vous faisiez comme
affirmation amènerait nécessairement une réponse et que je
serais mal placé pour écourter la réponse à ce
moment-là.
M. Polak: ...il y a relation aussi au point de vue du temps. J'ai
pris une minute pour poser cette question ou soulever, disons, le
côté politique et le ministre prend quinze minutes pour me
répondre. Je comprends très bien; sa position est tellement
faible qu'il faut parler, parler et parler pendant quinze minutes pour
répondre à ce que je dis dans une minute parce que la mienne est
claire.
M. Doyon: Sur la même question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je suis peut-être en meilleure position pour
intervenir, n'étant pas la cause de cette altercation pour une fois. Je
vous signale que ce n'est pas parce qu'on ouvre la porte à un vendeur
qu'on lui permet de coucher dans la maison. Le président du Conseil du
trésor, sous prétexte qu'on a répondu à la porte
quand il a sonné, entre dans la maison et s'installe. Je regrette, M. le
Président, cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Gagnon): Comme vous parlez sur la
question de règlement, je vous signale que, lorsque vous ouvrez la porte
au vendeur, que vous le laissez entrer et que vous attaquez son produit, vous
avez de grosses chances qu'il défende son produit.
M. Doyon: On ne l'invite pas à coucher, M. le
Président.
Une voix: On peut coucher dehors aussi avec cela. On peut le
mettre à la porte si cela ne fait pas notre affaire.
Le Président (M. Gagnon): Cela étant dit, est-ce
qu'on peut revenir à l'engagement 600?
M. Bérubé: M. le Président, je termine
uniquement là-dessus. C'est un fait, la clé -il ne faut pas se le
cacher - c'est dans la reprise de contrôle par les
Québécois de leur économie. Elle est là, la
clé. C'est que, le jour où le développement
économique au Québec sera le fruit de l'action de
Québécois impliqués dans le développement
économique, l'effet linguistique ne joue plus. Il est bien
évident que, si Domtar est contrôlée par des
Québécois, Domtar, dans ses projections de développement
industriel, tient compte des gens qui la contrôlent. Alors, on assure
notre développement. Donc, la clé, c'est d'avoir des Bombardier;
la clé, c'est d'avoir des institutions financières que nous
contrôlons; la clé, c'est d'avoir...
Une voix: Une bonne Opposition libérale!
M. Proulx: C'est très important, la démocratie.
M. Bérubé: Oui, oui. Mais la clé, c'est
donc le contrôle local, national du développement
économique; alors, il n'y a plus de problème. Et vous retrouvez
ainsi l'action gouvernementale qui vise, depuis le début, la prise de
contrôle par des intérêts d'ici du développement
économique de telle sorte que je peux vous dire que jamais je
n'envisagerais de construire une usine en Ontario. Le seul moment où
j'envisagerais de le faire, c'est si, pour faire fonctionner mon usine au
Québec, j'ai besoin d'une filiale en Ontario qui me permettra de mieux
vendre mes produits; oui, je le ferais. Mais, fondamentalement, ma
première orientation serait d'installer mon usine au Québec.
Donc, la clé, c'est d'avoir des Québécois qui
contrôlent l'économie québécoise. À ce
moment-là, il n'y a plus aucun effet de langue. En Suède, ce sont
des Suédois qui contrôlent l'économie et il n'y a aucun
problème de développement; au contraire, c'est le plus riche au
monde. Elle est là, la réponse. La réponse, c'est
dans...
M. Polak: M. le Président...
M. Bérubé: ...l'indépendance...
M. Polak: ...question de règlement.
M. Bérubé: ...et non pas dans la
dépendance.
M. Polak: Est-ce que le ministre a terminé?
Le Président (M. Gagnon): Je crois qu'il a terminé.
M. le député de Pontiac avait demandé la parole.
M. Middlerniss: J'espère qu'il a terminé.
M. Polak: M. le Président, je ne réponds même
pas au message du ministre. Au début, il y a deux ans, je prenais cela
vraiment au sérieux et on faisait de grands débats. Maintenant,
je commence à voir qu'il est bloqué quelque part, c'est un peu
comme un malade. Mon médecin m'a dit: Ne touche pas, cela va
peut-être disparaître avec le temps.
Le Président (M. Gagnon): M. le député, vous
avez dit que vous ne répondiez pas et vous êtes en train de
répondre.
M. Polak: Non. Ah! D'accord. Donc, je saute au ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement, engagement 101.
Le Président (M. Gagnon): Sur les
Transports, vous n'avez pas de questions?
M. Polak: Non, à moins que...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac a sûrement...
M. Middlemiss: On sait que ton avion part à 11 heures,
mais...
Le Président (M. Gagnon): ...des questions sur le
ministère des Transports.
M. Polak: Mon collègue est avant les Travaux publics.
Transports
M. Middlemiss: J'en ai choisi deux sur les Transports. Ce ne sont
pas des suppléments; il n'y en a pas, cette fois. Le premier, c'est
l'engagement 628 aux Transports et l'autre, c'est l'engagement 645. Dans le
premier cas, on a donné un contrat et si on compare l'estimation du
ministère, elle était de 51% plus basse que le prix. J'aimerais
savoir pourquoi cela s'est produit comme cela. À l'engagement 645, c'est
l'inverse; on a donné un contrat et l'estimation du ministère
était de 48% plus élevée que le prix de la soumission.
Est-ce qu'on peut demander pourquoi?
M. Bérubé: Je vais le demander au ministère.
Je rappellerais seulement au député que nous avons
déjà eu l'occasion d'examiner les statistiques concernant
les...
M. Middlemiss: ...pourcentages...
M. Bérubé: ...prévisions de coût, les
contrats émis. Nous avons examiné dans quelle mesure les
prévisions du ministère des Transports étaient bonnes et
nous avions constaté qu'à 90% du temps le ministère
était pile dans les prévisions, mais qu'il y avait 10% des cas,
donc une fois sur dix, où la prévision était
inadéquate. J'en ai profité pour souligner que, en tout cas,
quant à moi, si ma fille me revenait toujours avec des notes de 90% et
plus, je serais fort satisfait, parce que, la perfection n'étant pas de
ce monde, on peut, en cherchant la trop grande perfection, entraîner des
coûts additionnels. Par exemple: il est toujours possible de -vous
êtes ingénieur et je le suis moi-même -pousser plus loin les
études d'ingénierie pour arriver à une prévision
adéquate, le préengineering se fait en général avec
une prévision de coûts d'environ 35%. L'engineering final se fait
avec une prévision de coûts d'environ 10%. C'est clair qu'il est
toujours possible au gouvernement de dire: Poussons plus loin les études
de manière à avoir une plus grande prévision, sauf que le
fait de mieux prévoir les dépenses ne diminue pas les
dépenses; cela les augmente. Plus je prévois
précisément ce que va me coûter un contrat, plus, pour
arriver à cette réponse, je devrai dépenser. Cela fait que
le coût total du contrat va
être absolument plus élevé lorsque je prévois
davantage.
M. Middlemiss: Pas nécessairement. M.
Bérubé: Inévitablement.
M. Middlemiss: Cela paraît que vous n'avez pas
exercé le génie.
M. Bérubé: J'ai des travaux qui doivent
coûter 1 500 000 $... On l'a vu dans le drainage. Je fais de
l'engineering approximatif et j'arrive à 1 200 000 $. Bon. Je me suis
trompé de 300 000 $. Si j'avais poussé mon étude
d'ingénierie beaucoup plus loin, peut-être qu'effectivement
j'aurais démontré que c'est un montant de 1 500 000 $. Mais,
comme mon étude d'ingénierie aurait coûté plus cher,
le coût total aurait été plus élevé. C'est la
raison pour laquelle il faut avoir une certaine précision dans la
prévision, de manière à pouvoir planifier le budget. C'est
bien évident que, si tout le monde se trompe toujours, si on doit
dépenser 500 000 $ et que c'est un montant de 1 000 000 $ qui est
dépensé, je vais avoir des problèmes parce que, quand je
viens pour réaliser les travaux, je pensais pouvoir démarrer dix
projets et je découvre que mes projets vont me coûter deux fois
plus cher que prévu, ce qui fait que je suis obligé de retarder
des projets, d'en décaler dans le temps et ma planification se fait
mal.
Donc, c'est uniquement une question de planification qui est en cause.
Plus c'est précis, mieux on planifie, mais parce qu'on planifie mieux,
cela ne veut pas dire que, nécessairement, les coûts sont
inférieurs mais, par contre, les coûts des études sont
supérieurs. Par exemple, en drainage agricole, il n'y a presque pas
d'études d'ingénierie, car cela coûterait beaucoup trop
cher de faire l'étude d'ingénierie avant de faire le drainage
agricole. Qu'est-ce qu'on fait alors? Approximativement, un fonctionnaire du
ministère, qui est habitué, regarde cela à l'oeil et dit:
Cela va coûter tant. Il y avait peut-être du roc, mais il ne l'a
pas vu. Conséquence: quand l'entrepreneur vient faire les travaux, il
est obligé de dynamiter. Forcément, j'ai un dépassement de
coûts. Mais cela ne me dérange pas parce que, de toute
façon, pour faire le ruisseau en question, que je fasse les
études ou non, cela ne change rien; le roc est là et il va
falloir que je dynamite.
M. Middlemiss: Oui, mais on n'a pas toujours le même prix
unitaire pour le roc. Lorsque vous demandez des soumissions, si vous dites
qu'il y a du roc, il y en a un qui va vous demander 10 $ la verge et un autre
peut vous demander 8 $. Vous n'aurez pas l'avantage de cela. Peut-être
que cela va vous coûter 2000 $ pour faire faire l'étude, mais,
ensuite, vous pouvez économiser. Ce n'est pas toujours d'un seul
côté. En tout cas, le but de ma question était de savoir
s'il y avait quelque chose dans les deux cas. J'en ai pris un...
M. Bérubé: On va le demander au
ministère.
M. Middlemiss: ...favorable. C'est cela. Je comprends, mais il y
a peut-être des choses là. Pourquoi on a 51% et 48%, dans un cas
parce qu'on était trop libéral et, dans l'autre, parce qu'on
était trop conservateur? Pourquoi cette chose?
M. Bérubé: C'est ce que j'ai dit. On va le demander
au ministère.
M. Middlemiss: Oui, mais je ne voulais pas tout un cours pour
savoir comment évaluer et comment faire des études plus
poussées.
Une voix: Les coûts-bénéfices, on sait
comment cela marche.
M. Middlemiss: C'est pour cela que les ingénieurs sont
là. Avant de faire le travail, ils disent: Est-ce qu'on devrait
investir...
M. Bérubé: Si vous faisiez une analyse de
coûts-bénéfices, vous démissionneriez.
M. Middlemiss: ...3000 $ pour en épargner peut-être
25 000 $ au moment de l'exécution des travaux? C'est le but.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une question à ce sujet.
Le Président (M. Gagnon): Je voulais m'assurer que le
député de Pontiac avait terminé. On a pris note de la
question et le ministre l'a acceptée.
M. Middlemiss: J'y reviendrai. J'ai un commentaire à faire
au ministre et je vais le garder pour le dessert.
Le Président (M. Gagnon): Merci.
M. Polak: Sur le même sujet, M. le Président.
J'imagine, quand le ministère demande des soumissions publiques, que
l'estimation n'est pas connue par ceux qui présentent leurs
soumissions.
M. Bérubé: C'est possible qu'elle soit connue, mais
j'en doute. On ne peut pas garantir qu'une information pareille ne coule
pas.
M. Polak: C'est justement ma question.
M. Bérubé: Je n'ai pas l'impression que le
ministère diffuse dans les médias le coût de certains
contrats avant la demande de soumissions.
M. Polak: Non, mais la raison pour laquelle je pose la
question...
M. Bérubé: On me dit que, de toute façon,
ils le savent puisque la caution demandée est égale à 10%
de l'estimation du ministère.
M. Middlemiss: Non. À 10% de l'estimation de
l'entrepreneur. En faisant le prix, c'est 10% de l'estimation de
l'entrepreneur.
M. Bérubé: On me dit 10% ou un montant fixe. Quand
le ministère fixe un montant, c'est 10% de son estimation à
lui.
M. Middlemiss: Normalement, c'est 10% du prix.
M. Bérubé: Mais je ne peux pas vous dire...
M. Middlemiss: Je ne pense pas que ce soit connu. (10 h 15)
M. Bérubé: ...si le ministère diffuse cette
information. Je l'ignore. Il faudrait le demander au ministère. J'en
doute. J'ai tendance à en douter. Le ministère ne doit pas
s'amuser à le dire à des entrepreneurs, car il arrive parfois que
des entrepreneurs ont faim et ils sont prêts à soumissionner
passablement plus bas que ce que le ministère s'apprêtait à
payer. On a vu le cas à la Baie-James où, à un moment
donné, à cause du manque de travail, le coût de la
construction a beaucoup diminué. Il n'est pas impossible que, dans un
cas particulier, cela arrive.
À l'engagement 645, que vous souleviez, il y a un point qui est
intéressant. Dans le cas de l'engagement 645 où il s'agit de
travaux de construction de tunnels accordés à la firme
Simard-Beaudry, vous constatez effectivement que l'estimation du
ministère était de 330 000 $ et que le contrat accordé
était de 155 400 $. Lorsqu'on va voir les soumissions publiques, on
constate effectivement qu'il y a 141 300 $ pour la firme Simard-Beaudry. Il y
en a neuf qui ont soumissionné. Il y en a un qui a soumissionné
pour l'infrastructure et la construction à 287 000 $, donc, beaucoup
plus près de l'estimation du ministère. Les soumissions vont de
141 000 $ à 287 000 $.
M. Middlemiss: C'est lui qui a eu le contrat.
M. Bérubé: On se rend compte que cela varie. Il y a
des soumissions de 141 000 $, de 150 000 $, de 188 000 $, de 198 000 $, de 224
000 $, de 235 000 $, de 279 000 $ et de 287 000 $. On me souligne que, dans ce
cas particulier, la garantie exigée par le ministère lors du
dépôt des soumissions était de 33 000 $, soit 10% de
l'estimation de 330 000 $. Il est donc possible pour un entrepreneur qui
regarde la garantie exigée, 33 000 $, connaissant la politique du
ministère qui est de la fixer à 10% de ce qu'il croit être
le coût des travaux, de se dire: Ah! Le ministère calcule 330 000
$. Sauf que ce n'est pas ce qu'il fait. Il se dit: Le ministère pense
que cela va coûter 330 000 $, mais moi, j'aiguise mon crayon, je vois
à peu près les plans et devis et je vais aller voir sur le
terrain, et je suis capable de faire cela pour 141 000 $. Tant mieux!
M. Middlemiss: Pour autant qu'on n'arrive pas avec un
supplément par la suite. C'est ce qu'il faut surveiller.
M. Bérubé: Cela n'a aucune espèce
d'importance puisque, de toute façon, c'est le plus bas soumissionnaire.
Comme mes prix unitaires sont les plus bas, si c'est lui qui a le contrat,
même s'il y a des dépassements de travaux, je vais les faire au
coût le plus bas, soit le coût soumissionné.
M. Middlemiss: Lorsqu'on demande des suppléments, combien
de fois entend-on: On n'a pas prévu ceci, on n'a pas prévu cela?
Enfin, si on prenait un cas à partir du début, on peut dire: La
soumission originale a été pour tant d'argent. Ensuite, on se
justifie en disant: C'est parce que c'était imprévisible.
M. Bérubé: Cela ne change rien.
M. Middlemiss: Ah! Faites attention, quand vous dites que cela ne
change rien.
M. Bérubé: J'ai à redéplacer 1000
mètres cubes de roc.
M. Middlemiss: Si on ne sait pas que c'est du roc, on ne donne
pas un prix en soumission.
M. Bérubé: Un instant! Je disais: 1000
mètres cubes de roc. J'ai deux soumissions: une à 100 $ et
l'autre à 200 $. Je commence les travaux. Je découvre que ce
n'est pas 1000 mètres de roc, mais 2000. Fort heureusement, j'ai pris le
plus bas soumissionnaire à 100 $. Évidemment, je me retrouve avec
1000 mètres de roc de plus à 100 $ le mètre cube, cela me
coûte X. Si j'avais pris le plus haut soumissionnaire à 200 $,
j'aurais quand même eu 1000 mètres de roc de plus, sauf que
j'aurais été obligé
de le payer 200 $ le mètre cube. Donc, cela m'aurait
coûté plus cher. Qu'il y ait des dépassements ou non, le
processus de soumissions publiques a permis d'identifier celui qui demandait le
moins. C'est tout. Le processus de soumissions publiques vise une seule chose:
déterminer celui qui coûte le moins cher. Une fois qu'on a mis la
main sur celui qui est le plus économique, ensuite, on lui donne le
contrat et, si on en a un peu plus à lui faire faire, tant pis, on lui
en donne plus.
M. Middlemiss; Sauf que si, dans la soumission, il y a un entrepreneur
qui va vérifier et qui s'aperçoit que, d'après les plans
et devis, on donne une petite quantité de roc, disons 100 verges, mais
avec beaucoup de sol, le soumissionnaire donne un prix très bas pour le
sol parce qu'il a vérifié qu'il y aura peut-être au-dessus
de 3000 verges de roc et il met un prix élevé pour le roc. Dans
la soumission, il y a 100 verges de roc, mais il sait fort bien qu'au moment du
contrat il y en aura 3000 à 4000; donc, il met un prix très
élevé pour son roc parce qu'il y aura moins de sol.
Une voix: II va se reprendre là-dessus. M. Middlemiss:
Donc, son prix global...
M. Bérubé: Vous dites que ce qu'il fait, c'est
qu'il va lui-même sur le terrain...
M. Middlemiss: C'est cela.
M. Bérubé: ...il contrôle les plans et devis
et il s'aperçoit que le ministère s'est trompé. Je vous
dirais alors, tout simplement, que, si son concurrent est le moindrement
intelligent, il va faire pareil. Ils sont placés exactement sur un pied
d'égalité.
M. Middlemiss: Cela ne se fait pas. C'est pourquoi je vous dis
que cela arrive.
M. Bérubé: Bien oui, mais...
M. Middlemiss: J'ai vécu l'expérience et c'est
pourquoi je vous dis que ces choses arrivent.
M. Bérubé: Bien oui. Je ne vous dis pas que cela ne
peut pas arriver; c'est bien évident. On est d'accord pour dire que, 90%
du temps ou à peu près, le ministère a une bonne
prévision des coûts par ses plans et devis. À 90% du temps.
Il y a 10% des cas où, effectivement, les travaux d'ingénierie
n'ont pas permis...
M. Middlemiss: Vous ne voulez pas améliorer ces 10%?
M. Bérubé: Ah! Je ne veux pas dire qu'il n'est pas
possible de les améliorer.
M. Middlemiss: II ne faudrait pas essayer d'améliorer cela
du tout?
M. Bérubé: Je ne vous dis pas que ce n'est pas
améliorable.
M. Middlemiss: Bien oui, c'est ce que vous avez dit. Vous
êtes satisfait que votre fille ait 90% dans ses notes, mais il ne
faudrait pas qu'elle ait 95% puisqu'il ne faut pas essayer de faire mieux. Il
faut rester stable. On accepte 90% et il ne faut pas s'améliorer.
M. Bérubé: Attention! La question que je vais me
poser est la suivante: Posons l'hypothèse que mon enfant a 90% de
moyenne à l'école. Je peux effectivement exiger qu'elle passe dix
ou quinze heures de plus à étudier pour passer de 90% à
91%. Sauf que là, je vais me poser des questions. Premièrement,
aura-t-elle des loisirs harmonieux? Deuxièmement,
protégera-t-elle sa santé? À un moment donné, je
fais un choix. Je dis: Moi, je trouve qu'elle travaille bien et, à ce
moment-là, elle doit avoir un développement
équilibré. La question qu'il faut se poser alors est: Combien
coûterait...
M. Middlemiss: II faut se poser la question.
M. Bérubé: ...une augmentation de la
précision de la prévision, par rapport à ce que cela
rapporterait? Vous n'en avez pas d'idée. Vous dites que vous avez
déjà connu un cas où, effectivement, le bonhomme est
allé voir et s'est rendu compte que le ministère se trompait,
qu'il y aurait beaucoup plus de roc que prévu. Le sachant, il a
soumissionné très bas pour la terre parce que, à ce
moment-là, il serait le plus bas soumissionnaire comme il y avait peu de
roc, théoriquement, à excaver et il a soumissionné
à un prix très élevé pour le roc à excaver.
À ce moment-là, il a eu le contrat. Quand le ministère lui
a donné des quantités supplémentaires, il a
été capable de faire ces quantités supplémentaires
à un coût nettement plus élevé. De fait, si on
l'avait donné à l'autre entrepreneur qui, lui, n'avait pas fait
ce travail, on aurait peut-être économisé. Voilà
l'exemple que me donne le député. C'est tout à fait
plausible. C'est un cas possible.
Ma réplique est très simple: Si le concurrent avait
procédé comme l'autre et était allé voir sur le
terrain...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bérubé: ...le roc à excaver, il
aurait
procédé de la même façon et on aurait eu un
système de soumissions publiques normal.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le ministre. Il
y a une question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement.
M. Bérubé: C'est son problème.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. le
député de Pontiac et M. le ministre, il y a une question de
règlement.
M. Middlemiss: Le problème, c'est que le gouvernement paie
pour aussi.
M. Doyon: Question de règlement, M. le Président.
Vous avez fort judicieusement laissé aller le ministre une fois sur une
explication d'un sujet. Maintenant, on n'est pas obligés, nous autres
ici, d'entendre trois fois la même chanson et trois fois la même
affaire. Cela fait trois fois qu'il nous explique que, si un l'a fait, l'autre
peut le faire, qu'il a beau aller le faire et tout le monde aussi. On a compris
la première fois. On n'est pas si bornés qu'il le pense. Je pense
qu'il est de votre devoir, M. le Président, de dire: Vous l'avez dit une
fois, maintenant, passons à autre chose. Cela fait trois fois qu'il dit
la même affaire. Il y a quand même des limites.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, M. le ministre.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Si le
député de Louis-Hébert avait compris du premier coup, de
toute évidence, son collègue voulait des explications
additionnelles puisqu'il a posé trois fois la même question.
Alors, si le député de Louis-Hébert n'est pas capable de
respecter son collègue d'à côté qui insiste pour
reprendre la même question trois fois de suite, je n'y peux absolument
rien. Ce doit être un homme absolument détestable si on travaille
avec lui au sein de la même formation politique. Il passe son temps
à vouloir bâillonner ses collègues.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, le président du
Conseil du trésor nous a donné un exemple. J'ai voulu, pour ma
part, lui donner un exemple contraire de ce qui se produit aussi.
C'était seulement cela. J'avais bien compris et je comprends très
bien ce système. S'il y a une chose que je comprends, c'est bien cela.
Donc, il n'a pas besoin de me faire de leçon et de tenter de
créer une division entre mes collègues de ce côté-ci
et moi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac, j'ai bien remarqué la question posée. C'est un fait que
le ministre avait répondu et vous êtes revenu en disant: Comme
cela, vous êtes satisfait d'un taux de perfection de 90%? Vous ne pensez
pas qu'on devrait améliorer cela? Si je comprends bien, le ministre vous
explique pourquoi c'est difficile d'améliorer cela pour avoir plus de
90% d'efficacité. Vous avez à juger de la réponse en
tenant compte de votre question. Moi, je sais que le ministre répondait
à votre question. C'est peut-être un peu long, mais vous
êtes revenu au moins deux ou trois fois avec la même question. Ce
n'est pas facile de l'arrêter quand vous reposez la même
question.
M. Middlemiss: Quel est notre but ici? C'est de tenter
d'améliorer la situation et de s'assurer que le gouvernement du
Québec ne paie pas plus qu'il ne devrait pour des travaux. Donc, s'il y
a des suggestions qu'on peut faire, s'il y a des moyens de vérifier que
cela ne coûtera pas une fortune, pourquoi ne pas le demander et, en ayant
les réponses, on pourra juger s'il y a des changements à faire.
S'il n'y en a pas, d'accord, mais, si on ne peut pas poser des questions pour
améliorer cela, on n'a pas d'affaire ici.
Le Président (M. Gagnon): Je ne suis pas en train de
critiquer la question, j'ai accepté vos questions. Ce que je suis en
train de vous dire, c'est que, selon moi -cela ne veut pas dire que la
réponse est trop longue, je ne juge pas de la longueur de la
réponse - il répond à la deuxième ou
troisième question que vous avez posée, à savoir si, du
côté du gouvernement, on regarde la possibilité de diminuer
la marge d'erreur pour passer, par exemple, de 90% à 95%
d'efficacité ou atteindre les prévisions. Le ministre
répond à cela et, comme j'ai accepté la question, je suis
obligé de donner le temps au ministre de répondre. M. le
ministre.
M. Bérubé: La première question portait sur
les raisons et j'ai accepté la question, car il est possible que le
ministère, en donnant les raisons, révèle qu'il y a eu une
erreur administrative ou encore qu'on n'a pas poussé assez loin les
études. On pourra alors dire: À l'avenir, surveillez donc ce
point en particulier, ce qui va peut-être permettre de passer de 90%
à 91%. En ce sens, j'acceptais la question du député de
Pontiac qui m'apparaissait tout à fait pertinente. Mais je n'accepte pas
une question d'ordre général, abstraite, qui dirait: Vous devez
travailler à
augmenter le pourcentage de 90% à 91% et, si vous ne le faites
pas, vous ne faites pas votre travail. Là, évidemment, je suis
coincé pour discuter du fond.
Je préférerais qu'on s'en tienne à ces deux cas et,
quand vous aurez la réponse, la réponse peut vous amener à
penser qu'effectivement le ministère aurait pu, à un coût
faible, obtenir plus d'information, ce qui aurait permis d'éviter telle
et telle pratique possiblement plus coûteuse. Là, on aurait un
beau débat autour d'une amélioration qui permettrait
peut-être de passer de 90% à 90,2%, ce qui est désirable en
soi. Mais c'est tout. J'acceptais les deux premières questions et le
débat subséquent résultait de questions qui portaient sur
des principes généraux où là, évidemment, il
faut que je défende notre approche.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je parlais tout à
l'heure de l'estimation du ministère. Prenons le cas de l'engagement
628, qui était le premier cas soulevé par le député
de Pontiac. L'estimation du ministère était de 176 000 $; Les
constructions Deschênes a soumis un prix de 348 000 $ - c'est à
peu près le double - et Sintra a soumis pour environ 100 000 $ de plus,
soit 293 000 $, et a obtenu le contrat. S'il est vrai que l'estimation du
ministère est connue d'avance - je ne le sais pas, j'aimerais avoir des
renseignements là-dessus - rien n'empêche Sintra et
Deschênes - parce que ce sont les deux seuls soumissionnaires - d'avoir
une rencontre entre eux, un bon petit "lunch" et de se dire: Avez-vous vu,
l'estimation du ministère est à 176 000 $? Donc, ils savent
qu'ils peuvent le faire pour ce prix. Ils vont se dire: Nous sommes les deux
seuls à soumissionner là-dessus et il y a une marge de 100 000 $,
donc pourquoi ne pas...
M. Bérubé: Bien...
M. Polak: Mais ils connaissent la soumission du ministère
de 176 000 $ et ils tiennent pour acquis que le ministère fait des
estimations pas mal justes.
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: Donc, ils vont dire: Nous sommes concurrents. On veut
tous deux avoir le contrat, mais on va faire une petite entente. Il y a
déjà une marge de jeu de 100 000 $, on ajoute 100 000 $ et,
ensuite, chacun est libre de faire ce qu'il veut.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, je vous arrête immédiatement. Si cela amène
des réponses extrêmement lentes et longues, c'est que votre
question est extrêmement hypothétique.
M. Polak: C'est pour améliorer le système. Comme
conclusion...
Le Président (M. Gagnon): Comme c'est une question
hypothétique, la réponse va couvrir un champ assez large. (10 h
30)
M. Polak: ...j'ai une suggestion à faire au ministre.
Selon moi, premièrement, une estimation du ministère doit rester
secrète jusqu'au moment où on ouvre les enveloppes de
soumissions, pour éviter, surtout s'il n'y a que deux soumissionnaires,
qu'ils ne connaissent les chiffres au préalable et s'arrangent entre
eux. Pour éviter cela, il ne faut pas qu'ils sachent ce que le
ministère a déterminé comme estimation; cela doit rester
secret.
Deuxièmement, est-ce que le ministère a le droit...
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais répondre
immédiatement à celle-là?
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: Parfois, les questions sont assez
longues, ce qui fait que, quand j'arrive à la deuxième, j'ai
oublié la première.
D'abord, vous postulez qu'il y a collusion illégale entre
entrepreneurs pour contourner le processus des soumissions. C'est,
évidemment, illégal, il s'agit d'un geste criminel, mais, enfin,
vous posez l'hypothèse qu'il n'y a que deux entrepreneurs - je ne parle
pas, évidemment, de l'engagement 628; vous parlez dans l'abstrait -
qu'ils sont tous les deux décidés à commettre une
illégalité et qu'ils vont donc, à ce moment, s'entendre
pour soumissionner de manière à en faire passer un. Ils ne
connaissent pas le coût établi par le ministère, n'est-ce
pas? On s'entend, je prends votre hypothèse. À ce moment, il n'y
a pas de problème. Même s'ils ne connaissent pas le coût du
ministère, ils regardent les plans et devis, ils font leur propre
estimation et disent: Si je le fais, cela me coûterait 150 000 $, mais
pas de problème, je vais soumissionner à 300 000 $, tu va me
laisser passer en soumissionnant à 350 000 $; je vais mettre le profit
dans ma poche et, au prochain contrat, on fera l'inverse. C'est ce que vous
avez à l'esprit. Alors, que les deux entreprises connaissent
l'estimation du ministère ou non n'a absolument aucune incidence sur la
collusion, parce que la collusion concerne tout simplement les deux
entrepreneurs qui, l'un par rapport à l'autre, s'organisent pour en
laisser passer un en gonflant indûment les prix.
M. Polak: D'accord. Mais j'ai une autre mesure qui se rattache
à cela; c'est pourquoi
mes deux suggestions vont ensemble.
Premièrement, une estimation secrète du ministère.
Cela veut dire qu'ils ne peuvent pas s'entendre, ne connaissant pas les
chiffres du ministère; donc, on sait où on commence. On
évite cela parce qu'ils ne connaissent pas les chiffres du
ministère.
Deuxièmement, c'est un élément essentiel dans ma
théorie que le ministère se réserve le droit de dire: Je
n'accepte pas, quand "en ouvrant les soumissions" cela excède un certain
pourcentage de son estimation.
M. Bérubé: Oui, c'est le cas. M. Polak: Si
c'est le cas...
M. Bérubé: Toutes les soumissions publiques
comportent une clause selon laquelle le ministère n'est pas tenu de
prendre le plus bas ni aucun des soumissionnaires.
M. Polak: Donc, dans le cas de l'engagement 628, si le
ministère a une estimation de 176 000 $ et s'aperçoit que
Deschênes ou un autre soumissionne pour le double, alors que le
deuxième le fait pour 100 000 $ de plus, peut-être aurait-il
dû dire: Je ne prends pas le plus bas soumissionnaire...
M. Bérubé: Exactement.
M. Polak: ...on va à nouveau en soumissions. Alors,
pourquoi ne l'a-t-on pas fait ici?
M. Bérubé: C'est pour cela que la question du
député de Pontiac est tout à fait fondée. En toute
probabilité, voici ce que le ministère va répondre, s'il
n'y a pas eu d'erreur: Nous avons examiné les soumissions, nous avons
constaté que nous avions effectivement sous-estimé le coût
des travaux pour telle ou telle raison. À partir des plans et devis, il
aurait fallu, par exemple, calculer les distances de transport, ce que nous
n'avions pas calculé, etc., et il va arriver à la conclusion que
c'est justifié.
M. Middlemiss: S'il l'a accordé, c'est que c'était
justifié. On veut savoir pourquoi.
M. Bérubé: II y avait une justification. Ce que le
député de Pontiac pose comme question, c'est: Quelle est la
justification? Parce que effectivement le ministère a été
obligé de se poser la question que soulève le
député de Sainte-Anne: Est-ce qu'on le donne au plus bas
soumissionnaire, compte tenu que cela coûte beaucoup plus cher que ce que
nous pensions. S'il a pris la décision de le donner, c'était donc
qu'il pensait que, même s'il retournait en soumissions, il n'aurait pas
de meilleur prix.
M. Middlemiss: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): La question qu'on avait
notée, c'est: Qu'est-ce qui explique l'écart? C'était
là votre question?
M. Middlemiss: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Alors, peut-on passer à
un autre engagement maintenant?
M. Doyon: Très rapidement, M. le Président, sur le
même engagement et je suis sûr que cela n'amènera pas de
longues réponses. Enfin, je ne suis pas sûr; je retire mon "je
suis sûr" et je dis "j'espère".
Quand on demande des soumissions publiques, est-ce que le
ministère indique dans sa demande de soumissions qu'il n'est
obligé d'accepter aucune des soumissions? Est-ce que c'est
arrivé, à certaines reprises, compte tenu des évaluations
qui peuvent avoir été beaucoup plus basses par le
ministère, de retourner en soumissions publiques pour obtenir d'autres
chiffres et, possiblement, des prix plus conformes?
M. Bérubé: Oui. M. Doyon: Bon.
M. Polak: On a fini avec les Transports.
Le Président (M. Gagnon): Voilà une réponse
très courte, très brève.
M. Polak: Je vais aux Travaux publics.
M. Bérubé: On ne peut pas ne pas donner de
réponse imprécise à une question aussi claire.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Travaux publics, engagement 101. M. le ministre, la loi
101.
M. Bérubé: Cela arrive tellement peu souvent au
député de Louis-Hébert, M. le Président, d'avoir
une question claire.
M. Doyon: M. le Président, je vais être
obligé de me rasseoir.
Le Président (M. Gagnon): Travaux publics.
Travaux publics et Approvisionnement
M. Polak: "Contrat pour l'achat de 249 000..."
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Louis-Hébert, sur une question de règlement.
M. Doyon: Je signale au ministre qu'il est mauvais juge,
étant partie là-dedans, pour décider de l'à-propos
de mes questions. C'est la population qui décide de cela et personne
d'autre.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: "Contrat pour l'achat de 249 900 rubans de machines
à écrire pour les besoins de différents ministères
pour les douze prochains mois. Fournisseur: Produits pour reprographie Mid
City, Vaudreuil. Montant de l'engagement: 153 497,04 $."
Je voudrais savoir la raison pour laquelle on a procédé
par le biais d'un contrat négocié, parce que je crois que les
compagnies qui fabriquent des rubans de machines à écrire ne
représentent pas une spécialité au point qu'il y en aurait
seulement une à Québec. Est-ce qu'il y a une raison
spéciale pour laquelle on a confié ce contrat à cette
compagnie en particulier?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Ah, ce n'est pas compliqué.
D'abord, je vous ferai remarquer que c'est l'engagement 101.
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: Et, deuxièmement, que c'est la
seule compagnie québécoise qui fabrique des rubans de
reprographie.
M. Polak: Et cela, votre cahier le dit? M.
Bérubé: Oui.
M. Polak: Je me souviens d'une fois où on a eu cette
fameuse affaire d'enveloppes qu'on avait achetées en Ontario...
M. Bérubé: Attention.
M. Polak: ...et, l'année suivante, soudainement, on les a
commandées à Québec parce que j'avais dit que je ne
pouvais pas croire qu'il y avait seulement une compagnie.
M. Bérubé: Attention. M. Polak: Oui.
M. Bérubé: C'est le seul manufacturier
québécois qui répond aux spécifications. Alors, si
vous vouliez débattre de la question, il faudrait que vous demandiez
quelles sont les spécifications du gouvernement et, à ce
moment-là, vous pourriez les contester.
M. Polak: On parle de rubans de machines à écrire.
Qu'est-ce qu'il y a comme spécifications?
M. Bérubé: II faudrait voir. Par exemple, si je
suis équipé, au gouvernement, de machines IBM dotées d'un
certain type de rubans et que la seule entreprise québécoise qui
fabrique des rubans pour machines IBM, c'est celle-là, je regrette, mais
je n'ai pas le choix: il faut que je fasse affaires avec elle. Donc, ce que
nous dit le ministère, c'est que c'est le seul manufacturier
québécois qui répond à nos spécifications.
Alors, je ne peux pas mettre en doute l'affirmation du ministère,
puisqu'il utilise cela comme justification.
Un fonctionnaire qui signerait une justification erronée, s'il
était démontré qu'elle l'était à sa
connaissance, pourrait, évidemment, faire l'objet de mesures
disciplinaires. Un fonctionnaire ne peut pas dire au Conseil du trésor
que c'est le seul manufacturier qui répond aux spécifications si
ce n'est pas le cas. Et, si ce n'est pas le cas, il y a deux choses possibles:
il ne le savait pas et c'est justifiable dans les circonstances pour toutes
sortes de raisons, ou il ne le savait pas et c'est injustifiable, il aurait
dû le savoir et, à ce moment-là, c'est une faute technique.
Donc, je dois poser le principe que, s'il y en a d'autres, il n'est pas au
courant et il est de bonne foi et, normalement, on ne doit pas s'attendre qu'il
soit au courant et que, par conséquent, il n'y en a pas d'autres. Alors,
s'étant mis d'accord sur le fait qu'il n'y en a pas d'autres, il reste
la question suivante: il me dit que c'est le seul manufacturier qui
répond à nos spécifications. Donc, le débat peut se
faire sur les spécifications. Je n'ai pas d'objection. Si on me dit:
Écoutez, vous exigez des rubans, je ne sais pas, moi...
M. Polak: Emballés dans une boîte avec une fleur de
lys dessus.
M. Bérubé: C'est cela, par exemple, à cause
de l'engagement 101. Alors, évidemment, dans ces conditions-là,
vous pourriez dénoncer les spécifications en disant qu'on
favorise indûment une entreprise. Cela serait possible, mais
au-delà je ne suis pas capable d'accepter une question.
M. Polak: Donc, c'est exactement ce à quoi je
réfère: quelles sont les spécifications qui ont
influencé le ministère pour en arriver à la conclusion que
c'est la seule manufacture qui peut répondre à ces
spécifications? J'aimerais poser une sous-
question sur cela. Dans ces spécifications...
M. Bérubé: La question que vous posez, si je
comprends bien, c'est: Aurait-on pu modifier les spécifications des
rubans de manière à ouvrir les soumissions à d'autres
manufacturiers québécois? Je pense que c'est cela, la
question.
M. Polak: C'est cela. Est-ce que ces spécifications
contiennent seulement des éléments essentiels pour les rubans de
machines ou est-ce qu'il y a du tralala autour? Par tralala, je veux dire la
couleur, l'emballage, toutes sortes d'éléments. Je ne sais pas si
le ministère les considère important.
M. Bérubé: Non, mais on pourrait s'entendre sur la
première question.
M. Polak: On prend un ruban de machine à écrire;
donc les spécifications concernant cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, c'est la première question que vous avez posée.
Supposons qu'on oublie la deuxième.
M. Polak: J'aimerais tout de même savoir dans la
première question...
Le Président (M. Gagnon): Si vous demandez les
spécifications qui ont fait qu'on n'avait qu'une compagnie comme choix,
à ce moment-là, vous devriez aussi avoir la réponse
à la deuxième. Aurait-on pu modifier les
spécifications?
M. Polak: C'est cela.
M. Bérubé: C'est cela, aurait-on pu modifier les
spécifications de manière...
M. Polak: ...à ouvrir... Exact.
M. Bérubé: ...à permettre à d'autres
entreprises de soumissionner?
M. Polak: C'est cela.
M. Bérubé: C'est cela, finalement, la question.
J'ai des rubans de nylon pour machines à écrire Facit-Royal,
Adler V-2Z code no 301-0410-9. Quand vous allez recevoir la liste des
spécifications, vous ne serez pas plus avancé parce que vous
allez avoir des spécifications et vous ne serez peut-être pas
capable de juger. Si on pose la question au ministère: Aurait-on pu
modifier les spécifications de manière qu'un autre fabricant
puisse soumissionner, à ce moment-là, on va avoir la
réponse. Il va peut-être dire, par exemple: Oui, on aurait pu
modifier les spécifications concernant la durée de vie du ruban
et prendre un ruban ayant une durée de vie moindre. Toutefois, ceci
aurait entraîné des coûts additionnels pour telle et telle
raison. On a donc fixé notre spécification sur cette
base-là. C'est le genre de réponse que vous allez avoir.
M. Polak: Parfait.
M. Bérubé: Je collabore avec les gens de
l'Opposition.
M. Polak: Je n'ai pas de problème avec vous. On a une
différence d'opinion sur le plan politique, mais c'est tout.
Engagement 102. "Contrat pour l'achat de fauteuils et causeuses pour
l'ameublement des bureaux des juges au palais de justice de Québec."
M. Bérubé: Imaginez-vous, si on était dans
l'Opposition, à quel point se plaindrait le président du Conseil
du trésor. Lui, il se ferait "rider", si j'étais de l'autre
côté.
Le Président (M. Gagnon): M. le député, vous
avez la parole.
M. Polak: Travaux publics et Approvisionnement, engagement
102.
M. Bérubé: II ne faut pas seulement que je donne
les réponses; il faut que je prépare les questions.
M. Polak: M. le Président, je vais prendre la
méthode de Bérubé, s'il était à
l'Opposition. On va l'essayer avec l'engagement 102. "Contrat pour l'achat de
fauteuils et causeuses pour l'ameublement des bureaux des juges au palais de
justice de Québec. Fournisseur: Bouty Inc., Montréal. Montant de
l'engagement: 76 151,44 $."
Encore ici, je me pose la question: Pourquoi a-t-on
procédé par un contrat négocié? Est-ce qu'il n'y a
pas de fournisseurs de fauteuils et causeuses pour ameublement des bureaux des
juges au palais de justice de Québec, sauf Bouty Inc., de
Montréal? Est-ce qu'il y a une raison spéciale, comme pour les
rubans au point de vue des spécifications? Est-ce qu'on aurait pu
changer les spécifications pour ouvrir le marché à
d'autres fournisseurs, toujours suivant le principe que cela doit être
accordé à celui qui soumet le prix le plus bas pour
l'État?
M. Bérubé: Je suis célèbre pour mes
opinions sur la justice au Québec et les juges en général.
Je ne voudrais pas commenter sur la qualité des fauteuils absolument
requise pour permettre d'asseoir les juges du Québec. C'est vrai que je
suis protégé par l'immunité parlementaire en commission.
Néanmoins, je n'oserais pas. La seule réponse
que je pourrais vous donner est la suivante: Compte tenu de l'exigence
du ministère sur la spécificité du produit, c'est
spécial un juge...
M. Polak: Apparemment.
M. Champagne: Attention, tu peux devenir juge à un moment
donné!
M. Bérubé: ...il n'y a qu'une seule compagnie qui
est suffisamment spécifique pour les juges du Québec et c'est la
compagnie Bouty.
M. Polak: Vraiment, M. le ministre, vous lisez un document qui
dit que c'est la seule compagnie qui peut produire des chaises et des fauteuils
pour les juges du Québec? C'est ça que le document dit ou si ce
sont vos paroles, à vous?
M. Bérubé: Non, je lis exactement la raison pour
laquelle le Service général des achats a négocié
avec la compagnie Bouty. C'est uniquement compte tenu de l'exigence du
ministère quant à la spécificité du produit. Vous
avez parfaitement raison, je présume qu'il y aurait d'autres
façons d'asseoir confortablement le postérieur des invités
de nos juges, indéniablement, il n'y a pas de doute là-dessus,
pour causer, mais je suis convaincu qu'il y a des normes relatives à la
décoration. (10 h 45)
Grosso modo - ce sera très simple - ils ont dû commander
à un architecte des plans d'aménagement. L'architecte a
dessiné des plans, a imaginé des volumes pour les causeuses. Il a
fait tout un plan d'aménagement. Après cela, comme c'est
fréquemment le cas lorsque vous engagez un architecte ou même un
ingénieur pour construire une usine, l'ingénieur dira: Vous
mettrez un moteur de telle grosseur, ici. Vous constatez que ce moteur est
frabriqué à une seule place. Je présume qu'en construisant
le palais de justice on a engagé des aménagistes qui ont des
catalogues et qui disent: Tiens, ce fauteuil serait joli. Je suis convaincu que
vous avez déjà décoré une maison et, si vous ne
l'avez jamais fait, votre épouse l'a certainement fait. Qu'est-ce
qu'elle a fait?
M. Polak: On n'a pas d'argent pour faire cela.
M. Bérubé: Elle s'est assise, a regardé la
dimension des pièces, la couleur des murs et elle s'est dit: Ce serait
amusant d'avoir un fauteuil de tel volume. Elle a fait le tour des magasins et
elle a dit: Tiens, voici exactement le fauteuil qui conviendrait. Ayant choisi
le fauteuil qui conviendrait, elle a constaté que ce fauteuil-là
était fabriqué par quelqu'un.
Imaginons que la même situation se produise dans le cas de
l'aménagement du palais de justice. Il y a des aménagistes qui
sont engagés à contrat dans le cadre de la construction de ce
palais, qui ont regardé la dimension des pièces, la couleur des
murs et qui sont arrivés à la conclusion que ce serait joli s'il
y avait une table ronde avec un joli pied et un fauteuil qui irait avec la
table. Ils ont fait un plan. Forcément, j'imagine qu'à ce
moment-là, lorsqu'on a commandé le fauteuil, on a constaté
que ce fauteuil-là était fabriqué par quelqu'un, parce
qu'ils l'avaient vu quelque part dans un catalogue. Je pense que c'est dans ce
sens-là qu'on doit parler de spécificité.
M. Polak: Maintenant, quand vous expliquez...
Le Président (M. Gagnon): Excusez, sur la même
question, M. le député de Roberval.
M. Bérubé: Je pense qu'il faut le demander au
ministère. Il n'y a pas d'autres raisons. En quoi est-ce qu'un juge est
spécifique? Moi, je ne peux pas vous le dire.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je profite de la commission
pour signaler au président du Conseil du trésor...
Peut-être que le président pourrait écouter.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Roberval, est-ce qu'il y a possibilité de monter le volume?
M. Gauthier: M. le Président, concernant cette question
spécifique et la façon dont sont attribués les mobiliers,
je dois dire que c'est avec un peu d'étonnement que je vois des choses
comme celle-là. Je me demande si notre façon d'établir des
critères dans l'ameublement n'est pas un peu dépassée. Je
me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour le président du Conseil du
trésor, de penser à une formule du genre: le montant total
accordable par catégorie d'employés pour meubler un bureau
plutôt que par spécifications.
J'ai eu l'occasion de vivre ce problème récemment lorsque
j'ai changé de bureau. Par souci d'économie, j'avais choisi
à l'entrepôt, des meubles qui ne servaient plus. Sauf que la
spécificité des meubles qui sont accordés à un
adjoint parlementaire ne me permettait pas d'utiliser les meubles que j'avais
choisis à l'entrepôt, alors que ceux-ci étaient
inutilisés et ne coûtaient rien. À la place, le
ministère des Travaux publics m'offrait d'acheter un mobilier complet
selon les standards prévus pour un adjoint
parlementaire, ce qui revenait, finalement, à une dépense
beaucoup plus élevée.
M. Bérubé: Est-ce que les meubles étaient
plus coûteux que ceux que vous vouliez prendre?
M. Gauthier: Effectivement, le pupitre qui avait
été choisi était réservé, semble-t-il,
à un bureau de juge.
M. Bérubé: Ah! les bureaux des juges sont beaucoup
plus spécifiques que ceux d'un adjoint parlementaire.
M. Gauthier: Probablement. M. Bérubé: Ils
ont droit à...
M. Gauthier: M. le président du Conseil du trésor,
on a appris deux choses aujourd'hui: les juges ont les fesses plus sensibles
que les adjoints parlementaires et ils ont aussi les mains plus sensibles,
semble-t-il, parce que leur bureau doit être différent. Tout cela
pour dire que des normes établies à bon escient pour essayer de
limiter ou de catégoriser certains ameublements pour éviter des
abus deviennent parfois ridicules, à la limite. On a peut-être un
exemple de ce ridicule ici. En ce sens, dorénavant, il faudrait
peut-être penser à prévoir des montants d'argent à
l'intérieur desquels on doit meubler les bureaux de telle ou telle
catégorie d'employés plutôt que de parler de
spécificité de meubles.
L'exemple que je donnais est très à propos. Finalement, on
a réussi à faire des économies en allant au-delà de
la réglementation régulière. Normalement, la
réglementation est prévue pour faire faire des économies.
Il y a des choses assez étonnantes qui se passent et je pense que le
Conseil du trésor, qui a su trouver différentes formules
intéressantes pour bien contrôler les dépenses de
l'État au cours des dernières années, devrait
peut-être se pencher sur ce problème. Je sais que la masse
monétaire disponible est une technique utilisée pour d'autres
achats au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: En réponse à la question
du député de Roberval, je dois dire que je comprends un peu la
situation qu'il a vécue. La réponse à sa question est dans
sa question elle-même. Il a dit: Vous devriez avoir une enveloppe. Or,
c'est justement cela. Normalement, il y a, par exemple, pour un ministre, une
enveloppe prévue pour l'aménagement de son bureau. Il ne peut pas
dépasser tant de dollars. On va même plus loin que cela. On s'est
dit: Si on achetait des meubles en série, il serait possible de le faire
à moindre coût. On a donc des standards pour la
spécificité des ministres. J'ai une certaine sensibilité
de mon postérieur qui m'est propre, mais qui est universelle pour tous
les ministres du gouvernement. Il semble qu'il y ait une
spécificité des adjoints parlementaires, d'après ce que
vous me dites.
M. Polak: Pourquoi mettre ces distinctions?
M. Bérubé: Pardon?
M. Gauthier: Si on plaçait cela sur une
échelle...
M. Polak: Pourquoi seriez-vous assis sur une chaise meilleure que
la mienne? Il n'y a aucune raison.
M. Bérubé: II y a un niveau...
M. Polak: Expliquez-moi ces spécificités.
M. Bérubé: En commission parlementaire, c'est
exact, nous avons le même fauteuil.
M. Polak: À moins que vous n'ayez les
hémorroïdes, je ne sais pas.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît, laissons le ministre répondre et,
ensuite, vous aurez la parole.
M. Bérubé: Je vous ferai remarquer, M. le
député, qu'il y a quelqu'un assis à cette table qui a une
spécificité qui lui est propre, puisque le fauteuil du
président est notablement plus confortable que les petites chaises
droites qu'on nous accorde, que nous soyons de l'Opposition ou du gouvernement.
D'ailleurs, je vois le président changer de siège.
M. Gauthier: On connaît l'humilité légendaire
du président.
M. Bérubé: Oui, l'humilité légendaire
du député de Champlain m'incite à croire que ce n'est
certainement pas lui qui a exigé d'avoir un fauteuil particulier. En
fait, la tradition veut que le bureau du premier ministre soit peut-être
plus élégant, plus raffiné en termes d'espace, en termes
de meubles que le bureau d'un ministre. Vous savez qu'il est extrêmement
difficile pour un fonctionnaire de refuser à son ministre l'achat de
ceci ou de cela. Je ne vous dirai pas que c'est sous notre administration que
cela s'est fait, je l'ignore, tout ce que je
sais, c'est qu'il existe des normes et des standards pour éviter
des abus et pour mieux contrôler cela. Ces standards prévoient
l'enveloppe disponible pour les juges, l'enveloppe disponible pour les
ministres, l'enveloppe disponible pour les bureaux de députés.
Quant aux adjoints parlementaires, je ne savais qu'ils avaient une
spécificité propre, mais enfin, il y a des
spécificités.
Une fois que cette enveloppe est déterminée, on a
également des gens au ministère des Travaux publics, des
aménagistes, qui examinent des catalogues et essaient de voir un exemple
de mobilier qui serait agréable et qui conviendrait à peu
près à tout le monde. À ce moment-là, ils
commandent en série de ces mobiliers. Cela explique pourquoi, lorsque
vous avez voulu prendre un mobilier pour les juges, par exemple, on vous a
rappelé à l'ordre en vous disant que votre
spécificité ne permettait pas de disposer d'un mobilier de juge.
Point à la ligne.
M. Gauthier: Même si celui-ci coûtait moins cher.
M. Bérubé: Non. Vous m'avez dit que le mobilier de
juge coûtait plus cher.
M. Gauthier: Non, non. C'est justement l'inverse.
M. Bérubé: Attention!
Une voix: II n'était pas utilisé.
M. Polak: II était en entrepôt.
M. Bérubé: L'erreur est de croire qu'il n'est pas
utilisé. S'il est en entrepôt, cela ne veut pas dire qu'il ne sera
pas utilisé.
M. Middlemiss: Un jour. M. Bérubé: Bien non. M.
Gauthier: Ah bon!
M. Bérubé: J'achète, par exemple, douze
mobiliers de juges. Au lieu de les acheter un par un - ce qui va me
coûter beaucoup plus cher - j'en achète une série de douze
en vrac. Je les mets en entrepôt. Évidemment, si tous les
députés qui arrivent à l'Assemblée nationale se
promènent dans l'entrepôt et disent: Oh! Regardez donc, il y a un
beau mobilier de juge, je le prends. Je comprends, sauf que, quand j'aurai
besoin d'un mobilier de juge pour un juge, il va m'en manquer un.
M. Gauthier: Je dois dire, M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: ...que le président du Conseil du
trésor comprend fort mal la question.
M. Bérubé: Je vous comprends parfaitement.
M. Polak: C'est le rôle de l'Opposition, cela. Le
système parlementaire change.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Roberval, vous avez la parole.
M. Gauthier: II s'agit de meubles usagés. J'essayais et
j'essaie encore d'expliquer au président du Conseil du trésor,
parce que je voudrais bien qu'il comprenne, que notre but est d'essayer de
faire des économies, c'est clair. Quand on arrive dans des
entrepôts du gouvernement qui regorgent de meubles usagés dont
certaines personnes peuvent se contenter parce qu'ils sont encore acceptables
même s'ils ne sont pas de tout premier ordre, cette catégorisation
empêche - je tiens à signaler le cas et je pense que c'est normal
de le faire - quelqu'un qui voudrait utiliser des meubles usagés et les
faire rafraîchir, ce qui coûterait beaucoup moins cher que
d'acheter un mobilier neuf. Parce que la catégorie ne convient pas ce
n'est pas, accepté. Je trouve cela un peu anormal et je signale le cas.
Je ne veux pas soulever un débat là-dessus.
M. Bérubé: La réponse est simple. Lorsque
vous avez un remaniement ministériel, vous avez des bureaux de ministres
qui doivent être évacués. Exemple, lorsque j'ai
été nommé président du Conseil du trésor,
l'ancien cabinet du ministre de l'Énergie, M. Joron, existait, mais il
n'y avait pas de meubles. Pourquoi? Parce que ces meubles avaient
été retournés à l'entrepôt et qu'ils
faisaient partie de la banque de meubles ministériels qui seront
alloués à d'autres. Lorsque, par exemple, M. Paquette a
été nommé ministre de la Science et de la Technologie, on
lui a dit: Voici, nous avons en entrepôt des meubles et certains peuvent
avoir servi, c'est évident.
Ce serait tout à fait différent si vous me disiez que les
meubles en question étaient des meubles à être
déclarés en surplus, c'est-à-dire des meubles
défraîchis d'un bureau ministériel que le Service
général des achats ne voudrait pas remettre dans un bureau
ministériel, choisissant, au contraire, de s'en départir. S'il
s'agissait de ce type de meubles à être déclarés en
surplus et, donc, ne faisant pas partie de la banque de meubles
attribués aux juges - je pense que vous aviez cité ce cas - je
pense que vous avez raison: il y aurait là économie si, au lieu
de les liquider à vil prix, on vous
les refilait, puisque vous êtes tout à fait consentant
à les prendre et que cela coûte moins cher. Il y aurait là
une économie. Si c'est la situation, vous avez parfaitement raison et il
faudrait qu'on regarde les normes qui, si elles existent, vous empêchent
d'utiliser des meubles défraîchis, déclassés, ayant
une faible valeur et qui vous forcent à devoir acheter des meubles
nouveaux, peut-être moins élégants que les premiers, mais
certainement plus chers puisqu'ils sont neufs. Si la norme était ainsi
faite, vous avez parfaitement raison. Est-ce le sens de votre question?
M. Gauthier: Oui, effectivement. M. Bérubé:
Ah!
M. Gauthier: Une partie de l'ameublement n'était
absolument pas réservée pour quiconque. C'était ce qu'on
appelle des meubles bons pour je ne sais pas trop quoi, le dépotoir ou
l'entrepôt pour 25 ans.
M. Bérubé: Ou la vente des surplus.
M. Gauthier: La vente à l'encan ou je ne sais trop. Le
bureau avait été mis de côté. Dans l'ensemble, pour
l'essentiel, il n'y a pas moyen de récupérer les vieux meubles
non utilisés. De temps en temps, on en réserve pour un juge aux
fesses sensibles ou un ministre au postérieur non moins sensible. Mais,
pour l'essentiel, je peux vous dire qu'il existe certainement un
problème curieux là-dedans. Il y aurait souvent moyen de faire
beaucoup d'économies si on n'avait pas une norme si rigide. Je pense
qu'il faudrait y aller par enveloppe budgétaire.
M. Bérubé: Entendons-nous.
M. Gauthier: II faudrait recourir à une enveloppe
budgétaire, comme cela se fait, d'ailleurs, pour les limousines du
gouvernement. On ne dit pas que certains ministres dits "seniors" ont droit
à une Pontiac Parisienne, les ministres "juniors", à une
Chevrolet ou à je ne sais pas quoi. On dit: Vous avez une enveloppe de
tant à tant et, annuellement, cela ne doit pas excéder cela.
M. Bérubé: On dit essentiellement, dans le cas des
automobiles: Vous avez trois véhicules possibles. La Pontiac je ne sais
pas trop quoi...
M. Gauthier: La Pontiac Parisienne, la Chevrolet Caprice
et...
M. Bérubé: ...l'Oldsmobile Cutlass. M. Gauthier:
Oui.
(11 heures)
M. Bérubé: Ce sont les trois choix de
véhicules; ce sont trois véhicules du même prix, c'est
standard. Nous les commandons en vrac maintenant, alors qu'auparavant on les
achetait à l'unité. En commandant une flotte de douze
véhicules en même temps, c'est bien évident qu'on a
maintenant des prix plus intéressants.
Pour reprendre le cas particulier des meubles, je pense qu'il faut poser
la question. Dans le cas de l'engagement 102, je ne peux pas vous
répondre, il faut vraiment s'adresser au Service général
des achats. Car lorsqu'on dit: "spécificité des mobiliers de
juge", c'est difficile pour moi de savoir ce que cela veut dire, ce n'est pas
assez précis. Ce que je pense, c'est que, comme quand vous construisez
un immeuble neuf, vous engagez des aménagistes qui font un
aménagement, forcément eux ont des catalogues, ils regardent la
forme des meubles, la couleur, les fonctions des meubles et ils composent un
aménagement en choisissant différentes pièces de meubles.
Lorsque vient le moment de commander, on est forcément lié par le
choix qui a été fait, parce qu'on a choisi tel fauteuil.
À moins de décider que désormais on ne fera plus
affaire avec aucun architecte et aucun aménagiste, je pense qu'on n'a
pas d'autre choix que d'accepter cette procédure. En effet, un
architecte qui dessine une maison va décider, par exemple, de mettre un
type de fenêtre, ce type de fenêtre n'est pas nécessairement
construit par bien des constructeurs, chaque constructeur a son modèle
de fenêtre à lui et alors on se rend compte que le simple fait
d'engager un architecte a souvent comme conséquence de fixer - je ne dis
pas toutes les composantes de l'immeuble - certaines composantes de l'immeuble
qui ne pourront pas être faites par d'autres que ceux qui les produisent
déjà.
Cela m'apparaît clair et c'est inévitable, cela fait partie
du génie inventif de l'architecture et de l'aménagement, qui fait
qu'ils doivent quand même pouvoir s'exprimer; sans quoi ce n'est pas la
peine, on va tout simplement faire une soumission publique en disant: On
soumissionne pour des chaises, on va prendre les chaises le meilleur
marché et ensuite on aura un lot hétéroclite de chaises
absolument pas regardables, on les mettra comme cela au hasard. C'est bien
évident qu'on ne peut pas faire cela. Donc, la spécificité
doit, je pense, être reliée, dans le cas des bureaux des juges du
palais de justice de Québec, au design qui a été
retenu.
Deuxièmement, il existe une autre spécificité qui
est celle qui veut que, au Service général des achats, on
achète en vrac un groupe de meubles. Là, évidemment, on en
choisit un, on fait exactement la même chose, on regarde l'ordre de
grandeur
des prix des meubles et ensuite on dit: On pourrait peut-être
prendre celui-là, celui-là ou celui-là et on va demander
des soumissions publiques sur les trois catégories de meubles.
Là, il peut y avoir une certaine spécificité à la
suite d'une interaction entre le Service général des achats qui
décide: Voici l'enveloppe monétaire réservée pour
l'ameublement d'un bureau de ministre, l'ameublement d'un bureau de
député, l'ameublement d'un bureau de juge et, à partir de
cela, on essaie d'évaluer quel est le meilleur coût possible pour
des meubles qui rencontreraient un certain standard de qualité. À
ce moment-là on a des meubles tous pareils. D'ailleurs, il faut le voir,
depuis quelques années les bureaux ministériels sont
meublés de la même façon.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne: Je m'interroge sur les préoccupations du
député de Sainte-Anne au sujet de l'achat de fauteuils et de
causeuses pour l'ameublement des bureaux des juges du palais de justice de
Québec. Je ne sais pas si le président du Conseil du
trésor sait que le député de Sainte-Anne a
déjà été juge d'une cour municipale, dans l'ouest
de Montréal...
M. Polak: C'était déchiré, on pouvait voir
le trou; je vais vous montrer la chaise.
M. Champagne: Je ne sais pas si le député de
Sainte-Anne regrette son poste ou s'il jalouse les juges de Québec qui
auront quand même des bureaux bien meublés et auront des fauteuils
confortables; je m'en réjouis pour eux. Peut-être le
député n'a-t-il jamais connu le plaisir de la causeuse dans son
poste de juge municipal, on va espérer que, lorsqu'il va quitter la vie
politique, il retrouvera cette causeuse et un bon siège aussi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, d'abord le sérieux et
ensuite la réponse à mon collègue de Mille-Îles.
En ce qui concerne le sérieux, vous connaissez ma
préoccupation avec le principe - d'ailleurs je sais que le ministre me
supporte sur cela - qu'il faut passer toujours par soumissions publiques quand
c'est possible. Dans ce cas, il n'y a pas de doute que la compagnie Bouty Inc.
a eu l'avantage d'avoir un contrat négocié avec le
ministère pour 76 000 $. C'est tout de même une jolie somme pour
une compagnie qui fournit des fauteuils et des causeuses. J'aimerais savoir
combien de ces sièges et causeuses... Je n'ai aucune idée du
nombre de bureaux. S'il y a un contrat, j'aimerais avoir une copie du contrat
de la compagnie Boutelet Inc., fournisseur du ministère.
Troisième question: Qui, au ministère, aurait
négocié cela? Est-ce que le ministère a un
décorateur d'intérieur dans ce service? Je sais, par exemple,
que... Je suis d'accord avec le principe que les bureaux des juges doivent
être convenablement meublés. Mais, on peut appeler une compagnie
telle que La Baie, Morgan, Eaton, qui ont des rayons de décoration
intérieure et qui offrent une soumission gratuite dans l'espoir d'avoir
le contrat. Donc, même là, il y a une sorte de concurrence qui
existe, qui ne coûterait rien au gouvernement et vous aviez les services
de compagnies qui sont de première classe. Je suis certain que Eaton ou
La Baie sont aussi bons dans l'ameublement que Boutelet Inc., à moins
que la spécificité ait des exigences auxquelles on ne pourrait
répondre. Donc, j'aimerais savoir quel fonctionnaire s'en est
occupé et comment cela s'est déroulé, parce que tout de
même, si c'est vrai que cela avait pu être fait pour 30 000 $ - je
n'ai aucune idée, peut-être que 76 000 $ est un montant assez
raisonnable - je pense qu'il faut répondre à cette question.
Quant à la dernière remarque du député de
Mille-Îles: c'est vrai que j'étais juge municipal; mon local se
trouvait à côté de la salle des détenus parce que
c'était une petite municipalité et la chaise n'était
même pas aussi confortable que celle sur laquelle je suis assis comme
petit député de l'Opposition; il y avait un grand trou dans le
cuir. Je n'avais certainement pas de causeuse. Donc, j'ai travaillé dans
des conditions extrêmement pénibles. Ce n'est pas par jalousie que
je pose des questions, mais je suis plutôt de l'opinion du
député de Roberbal. Vous savez que je suis objectif et que je
pense que ces remarques doivent être prises au sérieux. Il faut
regarder ces choses-là un peu plus en détail. Quand on sait qu'on
a des ameublements d'un sous-ministre, d'un ministre, d'un adjoint
parlementaire, etc., de différentes catégories, il faut qu'il y
ait une certaine distinction. Évidemment, le bureau du premier ministre
doit avoir un peu plus d'ampleur. Je comprends cela; je suis tout à fait
d'accord. Et même un ministre, en comparaison avec un
député, mais il ne faut pas aller dans toutes sortes de... Ici,
j'ai l'impression que le fonctionnarisme nous force un peu trop. Si le
député de Roberval disait: Moi, je suis bien prêt à
vivre avec l'ancien ameublement qui se trouve là. Je suis tout à
fait d'accord avec cela et j'aurais agi de la même manière.
Là, il est forcé d'acheter un ameublement. Ce sont
peut-être de petits points, mais pour moi, c'est une mentalité
qu'il ne faut pas développer.
M. Bérubé: J'inviterais le député de
Sainte-Anne à faire un tour guidé de mes bureaux. Il y constatera
d'ailleurs que je dispose de meubles confortables, standardisés. Je
dispose d'un bureau et d'une commode en bois plastifié qui sont jolis,
mais enfin, ce ne sont certainement pas des meubles d'un coût
considérable. Je dispose d'un divan raisonnable également.
M. Gauthier: Vous êtes seulement ministre.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Gauthier: II ne faut quand même pas exagérer.
M. Bérubé: J'ai eu l'occasion de voir l'ensemble de
l'ameublement que l'on implantait dans les bureaux ministériels. Je dois
vous avouer que lorsque je suis arrivé au ministère de
l'Énergie et des Ressources, j'avais un bureau nettement plus beau: des
fauteuils absolument remarquables, des tapis très épais et
vraiment très beaux. D'ailleurs, je ne critique pas. Je pense que...
Une voix: C'était le ministère des Terres et
Forêts.
M. Bérubé: ...c'était le ministère
des Terres et Forêts à ce moment-là. Il le connaît.
Je pense que M. le député...
Une voix: Cela a toujours été superbe.
M. Bérubé: Je dois vous avouer que, effectivement,
c'était un bureau fort beau. Nous mettons moins d'argent depuis dans les
bureaux ministériels que l'on en mettait autrefois, c'est vrai. Mais, il
reste que le coût est quand même appréciable. On sait
à quel point l'ameublement d'une pièce ou d'un bureau est
coûteux.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, le ministre a
parlé de...
M. Bérubé: Et le député a raison de
vouloir connaître exactement la nature... Moi, je serais même
intéressé à savoir exactement en quoi les meubles des
bureaux des juges au palais de justice sont spécifiques et quels sont
les caractères recherchés par les architectes dans le dessin.
Le Président (M. Gagnon): ...retenus et vous me direz si
cela répond à votre demande. Cela fait déjà un
certain temps qu'on parle des sièges des juges. Alors, dans le cas de
l'engagement 102: le nombre de fauteuils et de causeuses; une copie du contrat
ou ce qui tient lieu de contrat, copie de la procédure qui gouverne cet
achat.
M. Polak: Le nom du fonctionnaire qui s'occupait de cela? Est-ce
qu'il y a un décorateur d'intérieur ou si c'est quelqu'un qui est
en charge de négocier ce contrat avec Bouty Inc.?
Le Président (M. Gagnon): Qui s'occupe de négocier
ce contrat avec la compagnie en question?
M. Polak: Oui, au ministère.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cela va comme
question à retenir?
M. Polak: Oui, maintenant...
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on passe à un
autre engagement?
M. Polak: Non, une dernière question. Le
Président (M. Gagnon): Non.
M. Polak: Le ministre a parlé de spécificité
selon laquelle il faut que tout soit en ligne. Pensez-vous que la statue de
Simon Bolivar a quelque chose à voir avec cela? Est-ce que l'ameublement
doit être conforme à cela et ne pas être tout à fait
en dehors du contexte général du palais de justice.
M. Bérubé: La plupart du temps, on
représente généralement M. Bolivar assis sur un cheval. On
ne pense pas que l'on fournisse de chevaux aux juges.
M. Polak: Vous m'avez bien répondu.
M. Bérubé: Ce sont peut-être des fauteuils en
forme de selle. Peut-être n'a-ton pas pensé à cela.
M. Polak: Travaux publics et Approvisionnement, engagement
800.
M. Bérubé: Ce que je n'arrive pas encore à
comprendre, c'est que le député de Louis-Hébert, avec les
nombreux dictionnaires dont il dispose, n'a même pas pris la peine de se
renseigner sur qui était Simon Bolivar.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, j'espère que le
président a pu faire ses commentaires lorsque le député de
Louis-Hébert était présent.
M. Bérubé: On n'a pas parlé de la statue de
Simon Bolivar lorsque le député de Louis-Hébert
était présent. C'est le député de Sainte-Anne qui a
soulevé la question.
M. Middlemiss: D'accord. On a parlé de
dictionnaires aussi.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'engagement 800.
M. Polak: Engagement 800 dans Travaux publics et
Approvisionnement. "Contrat de services pour effectuer une étude visant
à identifier les modalités de transition ainsi que les
tâches à effectuer dans le cadre du projet de transformation du
ministère en une société d'État qui aurait pour
mandat d'agir à titre d'agent immobilier pour les ministères et
organismes publics. Fournisseur: Peat, Marwick et Associés,
Montréal. Montant de l'engagement: 75 000 $."
Est-ce que le résultat de cette étude sera rendu public,
car cela m'intéresse beaucoup d'en avoir une copie? Je pense que
cela...
M. Bérubé: II y a la loi sur l'accès
à l'information, c'est le genre d'étude qui, à mon avis,
est public.
M. Polak: Qui, quoi?
M. Bérubé: Qui est public.
M. Polak: Public, d'accord. Donc, au cas où le
ministère...
M. Bérubé: On l'a diffusé à
l'Assemblée nationale. L'impression que j'ai, si vous voulez en obtenir
copie...
M. Polak: Donc, est-ce que je devrais écrire au
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement ou si je peux le
demander tout de suite? Je suis d'accord avec vous.
M. Bérubé: Je préférerais que vous
établissiez des relations cordiales avec mon collègue des Travaux
publics et que vous lui écriviez. D'ailleurs, votre collègue de
Pontiac trouvait que les députés de l'Opposition n'avaient pas
suffisamment l'occasion de communiquer avec les ministres, de faire valoir
leurs préoccupations. Par conséquent, je pense que je devrais
vous encourager dans la voie qu'il a tracée.
M. Middlemiss: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Pontiac.
M. Polak: M. le Président, c'est important...
Excusez-moi.
Le Président (M. Gagnon): Non, je m'excuse.
Immédiatement après, je vous redonnerai la parole. M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Vous dites souvent qu'on ouvre la porte au
président du Conseil du trésor. Il vient de m'en ouvrir une. Il
n'y a pas tellement longtemps, il parlait de l'importance d'avoir un parrain ou
une marraire dans l'Outaouais pour sensibiliser les ministres lorsqu'il y a des
demandes venant de notre région. Je dois lui dire qu'il y a des gens de
la Papeterie de Matane qui sont très heureux d'avoir eu un
député dans l'Opposition qui a réussi à obtenir un
rendez-vous avec le premier ministre. Le premier ministre ne répondait
même pas aux lettres du maire et du groupe d'action et cela a pris une
intervention de la part d'un député de l'Opposition pour avoir ce
rendez-vous. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Vous accepterez que ce
commentaire était antiréglementaire, mais, de toute façon,
votre intervention est terminée.
M. Middlemiss: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, engagement 800. Je dois
comprendre qu'il s'agit d'une transformation du ministère des Travaux
publics en une société d'État. Il y a un projet de loi qui
a été déposé au mois de juin. Je soumets que c'est
très important que cette étude soit disponible pour au moins les
membres - s'il y a une commission parlementaire là-dessus - avant qu'on
commence les travaux. Ce qui arrive c'est que Peat, Marwick peut avoir toutes
sortes de suggestions qui peuvent être incorporées dans le projet
de loi ou des conclusions fort intéressantes peuvent être
tirées.
Je suggère fortement que le ministre -vu que le président
du Conseil du trésor est ici - communique avec le ministre des Travaux
publics pour que cette étude - avant qu'on commence à
étudier en détail ce projet de loi - soit connue, pas juste
intérieurement dans le ministère, mais à tous ceux qui
sont intéressés y compris l'Opposition.
Le dernier point que j'ai, M. le Président, c'est l'engagement
803 dans les Travaux publics. "Contrat pour la location de locaux situés
au 770, rue Sherbrooke ouest, Montréal, et destinés à
loger les services des ministères de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, ceux du Commerce extérieur et ceux de la Société
de développement industriel. (11 h 15) "La durée du bail est de
dix ans à compter du 1er avril 1984 et la superficie locative est de
7780 mètres carrés. Plus bas soumissionnaire: Place Mercantile
Inc., Montréal. Montant de l'engagement:
19 574 000 $."
J'ai quelques questions sur cet engagement. C'est à compter du
1er avril. Apparemment, l'intention est de regrouper tous ces ministères
dans un édifice: le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, celui du Commerce extérieur ainsi que la SDI. Qu'arrive-t-il
aux baux déjà en vigueur pour ces différents
ministères? Est-ce que - pour moi c'est très important - les baux
sont échus? Est-ce qu'on a pris des arrangements pour résilier
les baux? Si oui, est-ce qu'on a été obligé de payer une
indemnité? Il y a beaucoup de questions qui se posent. J'ai entendu dire
que ces lieux qui seront occupés sont vraiment très luxueux.
C'est très riche. Est-ce que vous avez quelque chose dans vos dossiers
pour calmer nos inquiétudes relatives au gaspillage?
M. Bérubé: J'ai réponse à toutes vos
questions. D'abord, le bail de Place Ville-Marie où logent
présentement les ministères de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme et du Commerce extérieur vient à échéance
le 30 avril 1984. Le bail de Place Victoria où loge la
Société de développement industriel du Québec vient
à échéance le 30 avril 1985. Comme les baux arrivent
à échéance, c'est le temps ou jamais de procéder
à une réaffectation d'autant plus que les aménagements,
une fois que vous avez loué, le temps que vous aménagez les
locaux dans le nouvel édifice, le temps que les autres baux se
terminent, la transition, tout cela se fera pendant une année.
Deuxièmement, concernant le coût, c'est le plus bas
soumissionnaire. On pourra toujours dire ce qu'on voudra, mais quels que soient
les autres endroits - parce qu'il y en a quand même cinq qui ont
soumissionné - il n'y a aucune soumission rejetée pour vice de
forme et le plus bas soumissionnaire est Place Mercantile Inc. Je n'y peux
absolument rien si Place Mercantile est capable d'offrir de très beaux
locaux - comme vous le dites, et là je prends votre parole parce que je
ne les ai pas vus - et qu'en plus, ils sont très bon marché.
C'est beau, bon, pas cher, que pourrait-on nous reprocher?
M. Polak: Maintenant, vous avez parlé en
général, mais je voudrais avoir plus de détails. Vous
mentionnez que le bail de Place Victoria se termine le 30 avril 1985...
M. Bérubé: Pour la SDI.
M. Polak: Pour la SDI. Qu'arrive-t-il...
M. Bérubé: II faut les reloger.
M. Polak: II faut reloger qui? Je veux savoir si Place
Mercantile, dans sa soumission, a dit: Moi, je m'engage à prendre les
locaux à Place Victoria - cela se fait parfois - ou si le
ministère reste responsable pour les locaux de Place Victoria en
espérant trouver un locataire? Ce sont des questions très
importantes.
M. Bérubé: Mais non, le bail est terminé ou
va se terminer.
M. Polak: En 1985.
M. Bérubé: Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on va
d'abord louer 5450 mètres carrés à partir du
1er avril 1984 dans le nouvel édifice. Subséquemment,
le 1er avril 1985, on va louer 1560 mètres carrés additionnels
dans le nouvel édifice. Au fur et à mesure que les baux arrivent
à échéance - les baux du MICT, de la SDI - on
transfère les gens dans le nouvel édifice et on loue de l'espace
additionnel.
M. Middlemiss: On dit qu'il y a 7780 mètres carrés
pour dix ans.
M. Polak: On paie pour toute la superficie et cela reste
inoccupé,
M. Bérubé: On attire mon attention sur
différents types de chiffres dont nous disposons. La superficie
utilisable est de 7010 mètres carrés, ce qui représente
une superficie locative approximative de 7780 mètres carrés. Je
suppose qu'il y a des corridors et des accès qui ne servent pas. De
plus, cela ne sera pas tout loué instantanément en ce sens qu'on
va d'abord commencer par louer 5440 mètres carrés le 1er avril
1984; le 1er avril 1985, on va ajouter 1560 mètres carrés
additionnels, compte tenu des déménagements.
M. Polak: II reste donc que le loyer qu'on paie pour la
première année est moindre que pour la deuxième
année. La troisième année, ce sera encore plus parce que,
au fur et à mesure que les baux se terminent, on ne prendra plus de
locaux ici. L'engagement nous dit que cela coûte 19 000 000 $ pour dix
ans. On aurait dû donner des détails. Quoi qu'il en soit, je pense
qu'on a besoin de plus de renseignements que cela. J'aimerais avoir les
renseignements suivants. D'abord, pour quelle raison
déménage-t-on à la fin du bail? Un
déménagement coûte toujours de l'argent.
M. Bérubé: Oui. M. Polak: Est-ce qu'il y
a... M. Bérubé: J'ai la réponse. M. Polak:
Quelle est-elle?
M. Bérubé: Le regroupement. La décision a
été prise de donner un meilleur
service aux entreprises et éviter que celles-ci, par exemple, qui
veulent aller au Commerce extérieur, soient obligées d'aller
à la SDI, qui a des programmes d'aide à l'exportation, qu'elles
soient obligées d'aller au MIC, qu'elles soient obligées d'aller
au Commerce extérieur. Finalement, qu'elles soient obligées de
courir de l'un à l'autre. Donc, l'objectif est de donner un guichet
unique pour les entreprises où, lorsqu'un homme d'affaires se rend, il
est certain qu'il fera toutes ses affaires au même endroit et tous les
gens qu'il veut rencontrer sont tous là, plutôt que d'être
obligé de garer sa voiture, de se déplacer, de regarer
ailleurs... Enfin, vous voyez les complications? Donc, premier objectif: Une
meilleure qualité des services aux entreprises. Cet la raison pour
laquelle on fait le regroupement.
M. Polak: Bon. Cela règle la première question. Je
n'ai même pas eu besoin de poser la première, mais voici la
deuxième. J'aimerais avoir une copie du bail entre le ministère
et Place Mercantile. On va étudier cela. Également, le total du
loyer payé maintenant par ces différents ministères.
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: Si on prend le loyer de chacun maintenant pour la
même équipe de travailleurs.
M. Bérubé: Mais ce ne serait pas
nécessairement le loyer qu'ils paieraient en renouvelant le bail. Vous
êtes d'accord?
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: On s'entend.
M. Polak: D'accord. Le loyer qu'ils paient maintenant ou qu'ils
paieront à la fin de leur bail.
M. Bérubé: Oui.
M. Polak: Troisièmement, je voudrais savoir - cela se
trouve probablement dans le bail - si le loyer varie d'année en
année, étant donné qu'on va l'occuper au fur et à
mesure que les autres baux se termineront. J'imagine que ce doit être
dans le bail. Sinon, je le demande à part. Quel est le prix des autres
soumissionnaires ou, au moins, de trois autres soumissionnaires qui se suivent
après le plus bas soumissionnaire qui est Place Mercantile?
M. Bérubé: Vous avez Place Mercantile pour un
montant de 19 574 400 $; le suivant est de 19 938 000 $; le suivant est de 22
187 011 $; le dernier 23 576 000 $. Dans l'ordre décroissant ou
croissant, si on veut, pour le coût: Place Mercantile, Groupe
Conseil Roche, Banque Nationale du Canada et Immeubles Condominium du
Canada.
M. Polak: Toujours pour des baux de dix ans?
M. Bérubé: Je n'ai pas l'information, mais
probablement car c'est la même soumission.
M. Middlemiss: Est-ce que les devis qu'on avait pour cette
demande de soumission sont des devis standards qu'on utilise aussi pour
d'autres immeubles ou étaient-ce des devis spéciaux?
M. Bérubé: II est assez rare qu'on procède
par soumissions publiques pour la location d'espaces. On procède
plutôt par avis de recherche dans les journaux. On avise les gens qu'on
est à la recherche d'espaces à bureau par publication dans les
journaux. À ce moment-là, on reçoit des offres et,
à partir de cela, quelqu'un des Travaux publics fait la tournée
pour voir ce qui correspondrait le mieux aux objectifs visés. En
soumissions publiques, c'est assez rare. Je n'ai pas l'impression que ce soit
très standard comme approche. On n'en voit presque jamais.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait avoir une comparaison entre
les exigences qu'on utilise de façon normale et les exigences et le
devis qu'on avait dans ce cas spécifique?
M. Bérubé: C'est difficile, parce qu'il n'y a pas
d'autres locaux de bureau comme cela au Québec, c'est unique. Il n'y a
pas d'autres endroits où nous avons un guichet unique à
l'entreprise avec des contraintes propres à trois ministères.
Quant au type de clientèle dont on parle, il faut bien se rendre compte
qu'en même temps, ces services-là servent d'ambassade pour le
commerce extérieur du Québec. Des gens de tous les pays du monde
viennent dans ces bureaux voulant faire affaires avec des entreprises
québécoises, voulant connaître la situation. Donc, vous
avez là quelque chose d'un peu particulier. Ce ne sont pas des
édifices, des bureaux administratifs de type classique. J'imagine que le
ministère de l'Éducation a des bureaux à Montréal
et à Québec, mais il s'agit de bureaux administratifs bien
standards pour faire du travail de routine où il n'y a pas un contact
direct avec le public. Dans ce cas-ci, il y a une espèce de
mélange de guichets de vente des entreprises québécoises
à l'étranger, de services administratifs pour le traitement des
demandes, d'accueil aux industriels québécois. Donc, cela suppose
de petites salles de réunion, des salles de conférence de toutes
sortes, des équipements audiovisuels pour
permettre la présentation de différents produits.
C'est extrêmement difficile... on ne pourrait d'ailleurs pas
répondre à cela. On ne pourrait pas vous dire que l'on a trois ou
quatre cas semblables et voici ce qu'on a exigé ici par rapport à
ce qu'on a exigé ailleurs. Tout ce que l'on pourra vous dire, c'est
quels sont les devis des soumissions.
M. Middlemiss: ...on cherchait une meilleure qualité dans
le contexte présent à cause de la vocation...
M. Bérubé: À cause du caractère
même du service d'accueil, à la fois pour les entrepreneurs
québécois, pour les étrangers qui viennent. À titre
d'exemple, nous avons des normes très rigoureuses maintenant pour les
rapports financiers que vous voyez publiés au gouvernement
continuellement. Vous avez remarqué par ailleurs que le rapport
d'Hydro-Québec est absolument remarquable, en couleur, il est superbe.
Il faut comprendre qu'Hydro-Québec emprunte quelques milliards de
dollars dans le monde et que lorsque quelqu'un veut prêter de l'argent
à HydroQuébec, il voudrait savoir ce qu'est HydroQuébec.
Là, il y a une question de prestige, de présentation. On doit
s'attendre que SOQUEM également, qui doit se chercher des partenaires,
soit capable de les impresionner par la qualité de son rapport
financier. Il faut aller voir les services d'accueil de SOQUEM pour voir de
très beaux services d'accueil. Cela se comprend aussi. Ils font affaires
avec des gens et il y a des standards. Quand on va visiter une compagnie
minière à Toronto, par exemple, on est généralement
surpris de la qualité de la réception. Cela est normal, je pense
que cela fait partie des standards que vous devez maintenir dans un secteur. Je
ne peux pas vous dire, on pourrait demander le devis de ces bureaux.
Le Président (M. Gagnon): Le devis?
M. Bérubé: Inutile de dire qu'au Conseil du
trésor on l'a épluché de très près aussi
parce que lorsque vous arrivez avec une demande de loyer de 19 000 000 $, vous
imaginez que des questions se posent. Cela m'est apparu tout à fait bien
fait.
M. Middlemiss: Le devis pour la demande de soumissions. Est-ce
que ceci comprend la bâtisse nue? Le gouvernement sera obligé de
fournir l'ameublement et les divisions en sus?
M. Bérubé: On pourra demander au
ministère.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que la bâtisse est
aménagée?
M. Middlemiss: C'est cela. C'est peut-être compris dans le
bail aussi.
M. Polak: Si cela n'est pas dans le bail, on le demande, comme
j'ai fait avec la question du loyer.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que les coûts
d'aménagement sont compris dans le bail? D'accord.
M. Middlemiss: Le coût d'aménagement, de divisions
internes, ainsi de suite.
M. Polak: ...
Le Président (M. Gagnon): Juste avant la dernière
question du député de Sainte-Anne, je voudrais vous demander si
on peut prendre rendez-vous pour le 29 septembre à 9 h 30 pour la
prochaine réunion des engagements financiers?
M. Polak: Est-ce que cela ira, M. le ministre, pour le 29?
M. Bérubé: II faudra confirmer auprès de Mme
Marois. Il semble que je ne serai pas à ce moment-là...
M. Polak: On a tout de même une légère
préférence. On n'a rien contre Mme Marois, mais le ministre
répond beaucoup plus en détail. Il ne réfère
pas...
M. Bérubé: Ils aiment se faire taquiner parce que
dans le fond qu'est-ce que je fais? Je les torture pendant toute la
séance des engagements financiers et ils aiment cela.
Une voix: C'est du masochisme.
Une voix: On préfère la marraine de
l'Outaouais.
M. Polak: Ah bon! Mon collègue aimerait bien avoir la
marraine de l'Outaouais. Est-ce qu'il y a une autre date, M. le
Président? Ne pourrait-on pas avancer d'une semaine, soit le 22?
M. Bérubé: Ce serait plus facile au début
d'octobre.
M. Polak: Non, non. M. le Président, on a travaillé
dès le début pour être à jour. On était en
retard de trois mois et on a réussi à être à jour.
On va de nouveau avoir le même problème.
M. Bérubé: Écoutez, soyez raisonnable. Si je
vous donne le premier jeudi d'octobre plutôt que le dernier jeudi de
septembre, entre vous et moi, ce n'est pas à une semaine près...
Je préférerais la première semaine d'octobre, le premier
jeudi
d'octobre.
M. Polak: Oui, mais là... Non, non, on est dans le sprint
final... Évidemment, mon homme est pas mal en avance, mais, tout de
même, il faut que je donne le coup de grâce à la fin. C'est
difficile.
M. Bérubé: Écoutez. D'après moi, je
serai absent du Québec. Je vous dis qu'on pourrait s'entendre avec la
vice-présidente du Conseil du trésor.
M. Polak: Bon. Si elle est disponible... Moi, je
préfère que ce soit à la fin de septembre pour terminer,
pour être à jour, parce que j'ai horreur de faire deux ou trois
mois de suite... Je suis toujours content d'être à jour.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on demande au
secrétaire de vérifier...
M. Bérubé: On va confirmer auprès du
secrétaire la disponibilité de Mme Marois.
Le Président (M. Gagnon): Pour le moment, on se fixe
rendez-vous pour le jeudi 29 septembre à 9 h 30. On confirmera avec la
vice-présidente du Conseil du trésor.
M. Polak: Et si cela ne marche pas ou qu'elle ne veut pas ou
qu'elle se trouve des excuses, ayant peut-être beaucoup moins
d'intérêt à répondre que le président du
Conseil du trésor, on va travailler avec le président, mais on
peut seulement faire cela dans la première semaine du mois d'octobre.
Donc...
M. Bérubé: C'est cela. Je serai absent du
Québec pour environ huit ou neuf jours et cela tombe à ce
moment-là.
M. Polak: Vous allez où?
M. Bérubé: Je vais étudier certaines
choses.
M. Polak: Des choses qui ont des liens avec d'autres pays?
M. Bérubé: Oui.
M. Champagne: Cela ne fait pas partie des engagements
financiers.
M. Polak: Oui. C'est plutôt le mouvement au lieu d'aller
d'est en ouest, c'est au sud? Ce n'est pas le marché commun avec les
États-Unis, rien de cela?
M. Bérubé: C'est plutôt... Oh! le
marché commun avec les États-Unis est déjà
passablement en place. Non, non.
M. Polak: Parce que, dans ce cas-là, j'aimerais bien
être invité...
M. Bérubé: Je réfléchis, à
l'heure actuelle, aux mécanismes de négociation dans le secteur
public et je dois compléter mes connaissances.
M. Polak: Un homme compétent, député de
l'Opposition, n'est pas invité?
M. Bérubé: Je remarque que le député
de Sainte-Anne participe à beaucoup plus de voyages à
l'étranger, dans le cadre de délégations de
l'Assemblée nationale, que je ne le fais.
M. Polak: M. le Président, je ne suis pas encore sorti du
Canada. Je suis le seul.
M. Bérubé: Vous nous avez parlé d'un voyage
à Boston avec votre épouse...
M. Polak: Ah! Boston? Ah oui! c'est de l'autre
côté...
M. Bérubé: ... et tous tarissaient d'éloges
vis-à-vis de votre épouse.
Une voix: En Amérique, en Amérique.
M. Polak: En Amérique, en Amérique du Nord. Je ne
suis même pas allé plus loin que Boston.
Est-ce que le ministre peut noter que si nos négociations avec
Mme Marois ne donnent pas de résultat, que lui, réserve en
principe le 6 octobre pour nous?
M. Bérubé: Oui, oui.
Le Président (M. Gagnon): Ce sera à confirmer. Ce
sera, de préférence, le 29 septembre et, peut-être le 6
octobre; cela est à confirmer. Alors, là-dessus, est-ce qu'il y a
d'autres questions sur les engagements financiers?
M. Polak: C'est terminé.
Le Président (M. Gagnon): Alors, la commission des
engagements financiers a étudié les engagements des mois de mai,
juin et juillet 1983, et nous sommes à jour, comme vous l'avez dit, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Je remercie tous les membres de leur collaboration.
Le Président (M. Gagnon): Je voudrais remercier tous les
membres de la commission de leur collaboration. Cette commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 34)