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Étude du projet de loi 101:
Charte de la langue française
(Onze heures vint-huit minutes)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
Ne pouvant préjuger de rien de ce qui va se passer à
l'Assemblée nationale, je déclare que nous prenons, en commission
de l'éducation, des affaires culturelles et des communications,
l'étude, article par article, du projet de loi 101, Charte de la langue
française, en cette séance du 23 août 1977.
J'appelle les membres de la commission. M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Godin (Mercier)...
M. Godin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Avec vous, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Le Moignan: II va descendre, il est à
l'Assemblée nationale, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. Guay
(Taschereau)?
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme Lavoie-Roux: II est à l'Assemblée nationale, il
va descendre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: C'est moins sanglant.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Oui, monsieur.
Le Président (M. Cardinal): Je le souligne. M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Madame, messieurs...
Un instant, s'il vous plaît!
Si vous permettez que je débute avant qu'on ne finisse. Nous en
étions, à l'ajournement d'hier soir, à une motion
d'amendement de M. le député de Mont-Royal, à l'article
25a, qui était considérée comme motion principale, et non
pas comme amendement.
M. Charron: M. le Président, avant tout cela...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: ...avant que vous ne fassiez le point, il y a une
modification des membres de la commission.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Charron: Je m'en excuse. M. Duhaime remplace M. Alfred
(Papineau) et non pas M. Godin.
Le Président (M. Cardinal): M. Duhaime
(Saint-Maurice).
M. Charron: C'est cela, mes excuses.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de quoi. Mme le
député de L'Acadie, comme j'ai donné la parole...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais demander si
la commission donnerait son consentement unanime, uniquement pour l'amendement
du député de Mont-Royal, pour accorder le droit de parole au
député de d'Arcy McGee qui a participé à cette
discussion qui, après cela, se retirera uniquement pour ceci... compte
tenu, que tout au cours...
D'autant plus que le député de Marguerite-Bourgeoys n'est
pas ici, alors on ne prendra pas de temps supplémentaire sur cet article
26a.
M. Charron: Nous acceptons. Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Seulement un instant! Ne bougez pas! Est-ce que j'ai compris que
j'avais obtenu le consentement? M. le député de D'Arcy McGee,
vous êtes le bienvenu parmi nous. Je m'excuse. Je reviens donc à
la question pour que nous sachions exactement où nous en sommes. Il
s'agit d'un amendement de M. le député de Mont-Royal à
l'article 25a. Oui, M. le député de Mont-Royal, sur une demande
de directive.
M. Ciaccia: J'ai entendu dire que les amendements possibles de
l'Opposition... Est-ce qu'ils doivent être déposés avant la
fin des travaux ce soir ou avant que le rapport ne soit
déposé?
Le Président (M. Cardinal): Dans l'hypothèse
où la motion du leader parlementaire du gouvernement serait
adoptée, aussitôt que cet amendement sera adopté, si c'est
aujourd'hui, en vertu des articles 123, 124 et 125, il va se passer ceci: C'est
peut-être bon que la commission soit mise au courant. En vertu de
l'article 123, lorsque le projet de loi a été
étudié en commission élue après la deuxième
lecture, ce qui est le cas présent, le rapport de la commission est
déposé à l'Assemblée et distribué à
ses membres. Le rapporteur de la commission, je le répète, est M.
le député de Deux-Montagnes. Il obtiendra ce rapport du
secrétaire de la commission, M. Jacques Pouliot. La prise en
considération du rapport de la commission peut avoir lieu à la
séance qui suit son dépôt à l'Assemblée. Cela
veut dire que cela ne pourra pas être avant demain, normalement. Au cours
de la séance où le rapport est déposé, un
député, et non pas une formation politique, a le droit de
proposer des amendements au rapport et au projet de loi dont il remet copie au
secrétaire avant 22 heures le jour où a lieu le
dépôt du rapport.
Mon conseil serait donc qu'avant 22 heures demain, au nom de chacune des
formations politiques, un ou plusieurs députés remettent au
secrétariat tous les amendements. Cela continue. Le Président
c'est une tâche peu facile et qui prendra quelque temps
décide de la recevabilité des amendements. Il ne peut pas se
faire informer alors par la commission, il n'y en a plus. Il les choisit, pour
en éviter la répétition. Ils sont ensuite ajoutés
en annexe au rapport, suivant l'ordre fixé par le président, et
le secrétaire en transmet sans délai une copie à chacun
des leaders parlementaires des partis reconnus.
Avant la prise en considération du rapport, le président
peut convoquer les leaders parlementaires des partis reconnus pour les
consulter sur l'organisation du débat et la mise aux voix des
amendements, parce qu'il faut se rappeler que chaque député n'a
que dix minutes de droit de parole sur tout ce qui est devant
l'Assemblée, sauf les représentants des partis reconnus, qui ont
une heure. C'est-à-dire qu'on ne dispose pas de chaque amendement l'un
après l'autre, tout est donné en bloc.
Le président organise le débat au cours duquel a lieu la
prise en considération du rapport et des amendements proposés; la
règle voulant qu'un député ne parle qu'une fois ne
s'applique pas au proposeur du projet de loi. Il y a donc une exception pour M.
le ministre d'État au développement culturel.
Aucun sous-amendement ne peut être proposé. Quand le
débat est terminé, les votes sur les amendements sont pris
successivement, de la manière indiquée par le président,
et le rapport est ensuite agréé ou rejeté globalement.
Est-ce que cela répond à la question, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, cela y répond et
je vous en remercie.
Chapitre IV: La langue de l'administration
Article 25a (suite)
Le Président (M. Cardinal): C'est rare que cela
s'applique, mais il semblerait que, cette fois, cela va s'appliquer.
Nous revenons à la motion d'amendement à l'article 25a,
proposée par M. le député de Mont-Royal, qui était
la suivante, je le rappelle, parce qu'il y a encore des changements à la
commission, et je demande si M. le député de Lotbinière,
chef de l'Union Nationale, est membre de la commission.
M. Biron: Non.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
L'amendement était le suivant: "Nonobstant toute disposition de
la présente loi, nul ne peut effectuer une inspection, un examen ou une
enquête concernant un dossier qui est confidentiel, en vertu de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, 1971, chapitre 48,
à moins d'y être préalablement autorisé par un ordre
du tribunal ou expressément ou implicitement par le patient."
M. le député de Bourget et ministre d'État au
développement culturel, vous avez la parole.
M. Laurin: M. le Président, conformément à
l'engagement que j'avais pris à la fin de la séance
d'hier et afin de lever les derniers doutes qui pourraient subsister
dans l'esprit de l'Opposition, j'ai consulté diverses instances
juridiques gouvernementales, dont le bureau du procureur général,
dont le bureau d'officiers légistes du Conseil exécutif, dont le
contentieux du ministère des Affaires sociales, et les trois instances
juridiques ont confirmé, en tout point, l'interprétation que nous
avions donnée de la position du gouvernement ainsi que l'argumentation
que nous avions fait valoir à cet effet, à savoir que si le
législateur avait voulu modifier ou abroger l'article 7 du chapitre 48,
il l'aurait fait d'une façon explicite et qu'en l'absence d'une telle
volonté du législateur, ainsi que nous l'avons fait remarquer
à plusieurs reprises lors de la séance d'hier, il est
évident que l'article 7 continue de prévaloir et qu'en
conséquence, aucun commissaire-enquêteur ne pourrait aller
à l'encontre de l'article 7 dans l'exercice de ses fonctions. Mais pour
être plus explicite à ce sujet, je demanderai au
député de Rosemont de reprendre et si possible, de
compléter l'argumentation que nous avons fait valoir hier.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
ministre d'État, avant de donner la parole à qui que ce soit, je
veux replacer aussi le débat dans son temps, en plus de l'avoir
replacé dans son objet.
M. le député de Rosemont, il vous reste 13 minutes sur
cette motion d'amendement et pas plus.
M. le député de Mégantic-Compton, il vous reste 7
minutes. M. le député de Mercier, si vous désirez y
revenir, il vous reste 18 minutes. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, il vous reste 10 minutes. Mme le député de
L'Acadie, il vous reste 8 minutes. M. le député de D'Arcy McGee,
qui est l'invité de la commission et qui a reçu le consentement,
ne peut quand même employer plus de temps qu'il en aurait employé
s'il avait été membre de la commission. Il lui reste 8
minutes.
Quant au ministre d'État, il a un temps illimité. Sur ce,
M. le député...
M. Ciaccia: Me reste-t-il du temps?
Le Président (M. Cardinal): Oui, je m'excuse. M. le
député de Mont-Royal, il vous reste deux minutes.
M. Saint-Germain: Et moi?
Le Président (M. Cardinal): Vous remplacez M. le
député de D'Arcy McGee et dans le fond, vous me demandez
seulement une directive. Je vais la rendre immédiatement pour que l'on
s'entende bien.
M. le député de Jacques-Cartier et M. le
député de D'Arcy McGee, vous aurez à vous entendre pour
partager les huit minutes qui restent.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité que
les dix minutes du député de Marguerite-Bourgeoys soient prises
par le député de D'Arcy McGee, puisqu'il est ici, si c'est
nécessaire?
Le Président (M. Cardinal): Je pourrais aussi accepter
cela. Si M. le député de Marguerite-Bourgeoys est prêt
à céder son temps, j'accorderais huit minutes à M. le
député de Jacques-Cartier et dix minutes à M. le
député de D'Arcy McGee. Est-ce que la commission accepte cette
décision?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela! M. Ciaccia: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je crois qu'hier je n'ai
employé aucune seconde de mes vingt minutes.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé, vous avez encore vingt minutes devant vous pour faire votre
sermon.
M. Le Moignan: Merci.
M. Goldbloom: Cela convient dans ce cas.
M. Le Moignan: La journée va se terminer comme cela. C'est
la dernière journée. Cela sera peut-être une belle
journée.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a d'autres
questions avant que...
M. Le Moignan: Dans l'harmonie et la paix.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, à 11 h 40,
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans le débat hier
soir, je pense que moi-même de même que le ministre, nous sommes
intervenus pour dire que, selon nous, l'amendement était d'une part
prématuré. Je ne reviendrai pas là-dessus, je pense que si
on voulait mettre des restrictions ou faire des obligations aux commissaires
enquêteurs, c'est dans le chapitre concernant la Commission
d'enquête et de surveillance qu'on aurait dû le faire. Mais on
comprend que l'Opposition se sente un peu pressée par le temps, tout
comme nous, et que par conséquent, elle ait voulu faire cet amendement
à 25a. L'amendement, selon nous, a pour objet de limiter le pouvoir
d'enquête et également de garantir une confidentialité
déjà garantie des dossiers cliniques par l'article 7 de la loi
65. L'argumentation que nous avons reprise hier selon laquelle la preuve de
respect de l'article 25a, c'est-à-dire le fait que les dossiers puissent
contenir des pièces rédigées en français ou en
anglais, la convenance du rédacteur ne demande pas de soi un examen des
dossiers. C'est le premier argument. En fait, il s'agit, M. le
Président, tout sim-
plement, de vérifier, comme l'a dit le ministre hier, s'il y a
oui ou non directive de la part d'un service intéressé pour que
la rédaction se fasse uniquement en français ou à la
convenance du rédacteur, Comme c'est prévu à l'article
25a.
Tout ce que les commissaires-enquêteurs ont à
vérifier, c'est l'existence ou la non-existence de cette directive.
D'autre part, possiblement, en cas de contestation c'est le cas
mentionné par le député de D'Arcy McGee il pourrait
y avoir un individu qui dise: II y a une directive de l'hôpital, du
service de santé et, selon moi, elle n'est pas respectée. Je
soutiens qu'à ce moment-là, il est clair, par la loi, que les
commissaires-enquêteurs devront remettre la question au tribunal, ce qui
est prévu par l'article 7 qui permet au tribunal, au besoin,
d'étudier même des dossiers confidentiels. Mais ce ne seront pas
les enquêteurs de la Commission de surveillance qui vont le faire
à ce moment-là.
Mais je soutiens, encore une fois, que cette possibilité, qui
demeurait à la suite de nos discussions d'hier, est, à toutes
fins pratiques, inexistante puisque la preuve de conformité à
l'article 25a va se faire sur l'existence oui ou non de la directive. S'il y a
directive, c'est essentiellement au service concerné à
l'appliquer. Donc, cette possibilité n'existe pas.
Ce qui nous a fait réétudier la question hier, et c'est un
peu le problème que nous avions du côté ministériel,
c'était une mauvaise interprétation. Je reconnais que nous avons
fait une erreur là-dessus et le député de Mont-Royal avait
raison quant au sens de l'article 7. Qu'est-ce qu'on entend, dans l'article 7,
par la loi et les règlements? Il s'agit bien de l'ensemble des lois et
des règlements et non pas uniquement de la loi 65 en question, ce qui
pourrait nous laisser croire que la loi 101 pourrait, étant donné
qu'elle fera partie des lois générales, contrevenir
éventuellement à l'article 7.
Maintenant, je pense que c'est essentiellement un vice de
rédaction de la loi 65 qu'il faudrait étudier, parce que la loi
65 devrait, à mon avis, être plus étanche. À la
suite des discours de membres des oppositions, on s'est dit: II reste
peut-être quand même un doute à cause de cette erreur que
nous avions faite sur l'interprétation de l'article 7.
Selon nous, l'article 7 voulait dire que la présente loi
était la loi 65 et que la confidentialité des dossiers
était assurée. Telle est l'interprétation des
légistes que le ministre a consultés depuis l'ajournement
d'hier.
Je tiens ici à souligner une chose. On dit que le gouvernement
est fermé, est intransigeant, n'écoute pas les amendements de
l'Opposition. C'est au moins la sixième fois que, à
l'extérieur des heures de la commission, on fait
énormément de travail pour se pencher sur un problème,
lorsqu'il y a un doute raisonnable semé dans notre esprit par les
arguments de l'Opposition.
Je tiens également à souligner que ce qui se passe de ce
côté-ci de la table, c'est un travail d'équipe. La plupart
des gens à cette table ont été associés dès
le début à la préparation de cette loi.
Je tiens à remercier le ministre, même s'il était
moralement convaincu qu'il n'y avait aucun doute dans son esprit hier, parce
qu'il y avait plusieurs membres du parti ministériel qui avaient encore
un doute sur la confidentialité des dossiers, je le remercie d'avoir
accepté de faire ces recherches et de nous arriver avec une
réponse claire ce matin. Je reviens là-dessus. Les
légistes consultés, à la fois au comité de
législation, au ministère de la Justice et au ministère
des Affaires sociales, donc, des gens qui ont à appliquer la loi 65,
article 7, nous disent tous la même chose: II faudrait que, dans la loi
101, il y ait une dérogation explicite à l'article 7 de la loi
sur les services sociaux, de la loi 65, pour que cet article 7 permette de
contrevenir à la confidentialité des dossiers.
M. le Président, il n'y a aucune disposition dans le
présent projet de loi qui donne à qui que ce soit le pouvoir de
consulter les dossiers cliniques. L'article 7, je le rappelle, pose des
interdictions explicites qui ne peuvent être levées que de trois
façons. C'est l'opinion des légistes de ces trois instances du
gouvernement que nous avons consultés: consentement du patient, ordre
d'un tribunal et dérogation prévue par la loi. Ces mots ne sont
pas dans l'article 7, mais c'est tout à fait implicite dans leur esprit.
Même en regard du changement que l'article 203 fait aux règles
d'interprétation, même cet article, selon eux, ne peut être
interprété comme une dérogation à la loi 65.
Devant ces opinions légales, M. le Président, j'avais dit
hier que si nous avions un seul doute que la confidentialité des
dossiers pouvait être violée et un doute demeurait à
la fin de nos travaux d'hier nous allions faire un amendement,
peut-être pas à l'endroit où c'était indiqué,
mais au moment où on parle de la Commission de surveillance des
enquêtes ou encore amender la loi 65 qui peut prêter à
interprétation, qui pouvait sembler prêter à
interprétation hier, M. le Président, il n'y a plus aucun doute,
dans notre esprit, et je pense que le nombre de services consultés et
l'unanimité des avis devraient convaincre l'Opposition que cet
amendement est tout à fait inutile. Je suis maintenant convaincu que
cela n'a pas été fait dans un but dilatoire et que cela nous a
permis d'approfondir la question et je pense qu'il n'existe aucun doute et que
cet amendement est tout à fait inutile et contre-indiqué dans le
genre d'interprétation qu'on doit donner aux lois.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Une question, si M. le député veut bien
répondre.
M. Ciaccia: Pouvez-vous déposer les avis juridiques que
vous avez reçus?
M. Laurin: C'est un avis obtenu par rencontre, ce n'est pas un
avis écrit.
M. Paquette: Je vais laisser cela au ministre. M. Ciaccia:
Vous refusez de déposer les avis?
M. Laurin: II n'y a pas de document, je ne peux rien
déposer, c'est une consultation verbale.
M. Ciaccia: Je remarquais que le député de Rosemont
semblait lire certains avis juridiques. Je pensais qu'il aurait pu les
déposer.
M. Paquette: C'est tout simplement un résumé des
contacts que nous avons faits que j'ai ici.
M. Laurin: Ce n'est pas un avis juridique. M. Paquette: Ce
n'est pas un avis juridique.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas un avis juridique par
écrit?
M. Paquette: Non, cela s'est fait verbalement.
Le Président (M. Cardinal): II serait difficile de
déposer du ouï-dire...
M. Paquette: On n'a pas eu le temps.
Le Président (M. Cardinal): ... d'autant plus qu'en
commission parlementaire, je n'accepte pas de dépôt de documents,
simplement la remise des documents pour fins d'information.
M. le député de D'Arcy McGee, avec le consentement de la
commission, je vous accorde la parole. Je dois noter cependant que, ce matin,
comme il y a des membres qui ne sont pas des personnes inscrites en tant que
membres de la commission, ils auront la permission de la commission sur le
droit de parole mais ils n'auront pas le droit de vote. Que je sois là
ou que quelqu'un me remplace, il faudra prendre le relevé des votes,
faire l'appel nominal sur la liste officielle que j'ai mentionnée ce
matin. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, par votre
intermédiaire, je voudrais dire amicalement au ministre qu'il ne m'a pas
convaincu. Contrairement à son habitude, je n'utiliserai pas de mots
désobligeants, je dirai tout simplement qu'à toutes fins
pratiques, il n'a rien dit. Il nous a dit: Si le législateur
lui-même c'est lui, le législateur, en l'occurrence
avait voulu apporter une modification à l'article 7 du chapitre 48 des
lois de 1971, il l'aurait fait. Mais c'est une vérité de la
Palice, M. le Président, le législateur, député de
Bourget, ministre d'État au développement culturel, ne l'a pas
fait. Ce n'est pas là le problème, M. le Président. Je
voudrais dire, avec la même amitié respectueuse, au
député de Rosemont qu'il a lui aussi offert une argumentation qui
passe à côté de la question. Il ne s'agit pas de savoir si
ce qui est prévu dans le projet de loi no 101 peut être une
contravention à l'article 7 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux.
Rien dans l'argumentation du ministre, ni dans celle du
député de Rosemont n'a relevé ce qu'a avoué hier
soir le député de Saint-Jacques, sauf que je m'excuse,
entre parenthèses le député de Rosemont a, il est
vrai, mentionné la possibilité d'apporter des modifications
à l'article 7 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. C'est hier soir que le ministre délégué au
Haut-Commissariat nous a dit qu'à son avis, après avoir
écouté l'argumentation de l'Opposition, il y avait justement une
lacune, justement une ouverture dans l'article 7 en question. Il a dit: Ce
n'est pas notre faute. J'ai manqué de saisir cela en 1971 quand cette
loi a été adoptée, mais je n'étais pas celui qui
avait à ses côtés les conseillers juridiques. Donc, c'est
la faute de l'ancien gouvernement.
Ce n'est pas une question de déterminer à qui la faute.
C'est une question de déterminer tout simplement: Y a-t-il une ouverture
dans l'article 7? Si oui, n'y a-t-il pas lieu de la fermer? Si on nous dit que
c'est le mauvais moyen de la fermer, c'est une argumentation, mais il me semble
qu'il n'y a rien de mauvais dans la motion d'amendement proposée par
l'Opposition officielle, et que l'on ferme, effectivement, cette petite
ouverture qui existe.
M. le Président, je me permets de vous donner avis que si le
gouvernement persiste dans cet entêtement, reconnaissant d'un
côté qu'il y a une lacune, admettant, comme l'a fait le
député de Rosemont, qu'il y aurait lieu de faire une certaine
enquête, dans son argumentation, il en resterait la portée. Il
dit: Oui, l'enquêteur irait, mais il poserait certaines questions, il
obtiendrait certaines preuves sans toucher aux dossiers cliniques, aux dossiers
médicaux.
M. le Président, telle peut être l'interprétation et
telle est certainement la volonté du député de Rosemont.
Je présume qu'il en est de même du ministre. Il m'aurait
semblé, cependant, que le législateur d'aujourd'hui aurait
compris que, à l'avenir, d'autres interpréteraient la loi qu'il
aurait fait adopter par l'Assemblée nationale. Il m'aurait semblé
qu'un médecin, n'importe lequel, aurait dit: Je vais rendre cela
étanche à toute épreuve contre toute atteinte possible
à la confidentialité. Pour cette raison, je me permets de vous
donner avis que si le gouvernement persiste dans cet entêtement, j'ai
l'intention de faire inscrire au feuilleton en mon nom un projet de loi
il est loisible, je crois, à un député de le faire
pour proposer un amendement a l'article 7 du chapitre 48 des lois de 1971.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Saint-Jacques et ministre délégué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports.
M. Charron: M. le Président, la réaction du
député de D'Arcy McGee est la sienne. Il a le droit de l'avoir.
Je pense que, dans ce sens, il conclut lui-même le débat en disant
que, malgré les assurances apportées par le ministre ce matin,
les explications fournies par le député de Rosemont, il se sent
le devoir, je pense, pour atteindre le même objectif que nous croyons
avoir atteint, surtout après avoir consulté les gens ce matin, il
se sent le devoir d'aller dans le chemin que je lui indiquais
hier, avant même d'avoir consulté les gens ce matin. En ce
sens la démarche du député, qu'il a parfaitement le droit
de faire et qui sera discuté en temps opportun à
l'Assemblée nationale, nous invite maintenant à proposer que
l'amendement présenté par le député de Mont-Royal
soit soumis aux voix.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, il vous reste deux minutes.
M. Ciaccia: II me reste deux minutes, M. le Président. Je
dois dire que je suis très surpris de la réaction du
gouvernement. Je voudrais savoir quelle question ils ont posée aux
juristes, à leurs conseillers juridiques. Et ce qui est encore plus
important: Pourquoi ne sont-ils pas ici? C'est ce que nous demandons depuis le
début. Quand il y a une question légale, la moindre chose
à laquelle nous pourrions nous attendre du gouvernement, c'est que le
ministre de la Justice soit ici, ou que les conseillers juridiques soient en
commission pour que nous puissions discuter des avis et du litige en question
dans cet article. C'est fondamental. Le ministre nous dit, et le
député de Rosemont le dit aussi: La loi 101 ne modifie pas
l'article 7 de la loi 65. C'est là le problème, c'est parce
qu'elle ne le modifie pas. L'article 7 permet à la loi 101, aux
commissaires-enquêteurs de porter atteinte, d'aller regarder ces dossiers
médicaux.
Je ne sais pas quelle question ils ont posée. Si on demande
à un avocat: La loi 101 abroge-t-elle l'article 7? La réponse est
non. La loi 101 n'abroge pas l'article 7. C'est parce que la loi 101 n'abroge
pas l'article 7 qu'on a un problème avec les dossiers
médicaux.
En concluant, ma réaction est la suivante: Si le ministre
n'inscrit pas ce principe de confidentialité dans la loi, principe qui
n'a rien à voir avec la francisation, qui n'a rien à voir avec
les objectifs de la loi, je dois conclure qu'il y a quelqu'un, de ce
côté-là, qui est de mauvaise foi et qu'il y a un
renversement complet des propos et de l'attitude qu'on avait prise tard hier
soir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, il vous reste trois minutes.
M. Paquette: M. le Président, l'Opposition peut vouloir
fermer la porte, je pense qu'elle est fermée, avec les arguments qu'on a
donnés. On a suffisamment d'opinions qui coïncident concernant
l'étanchéité de la loi 101 au sujet de la
confidentialité des dossiers. La porte est fermée, et il n'est
pas nécessaire de la fermer à double tour.
Maintenant, on pourrait regarder, dans un deuxième temps, plus
tard, si la loi 65 est satisfaisante dans sa rédaction actuelle. C'est
une autre question. Il est possible qu'elle ne le soit pas. Une chose est
certaine, la loi 101 ne porte aucunement atteinte à la
confidentialité des dossiers. Il y a peut-être un argument que
j'ai omis de donner tantôt, qui est assez probant. Supposons que nous
sommes dans un hôpital anglophone on va reprendre l'exemple du
député de D'Arcy McGee, qui est peut-être le plus
délicat où il n'y a pas de directive donnée par
l'hôpital. Par conséquent, de par l'article 25a, une personne peut
verser des pièces au dossier en français ou en anglais, à
sa convenance.
Supposons qu'il y ait une preuve à faire par un professionnel de
la santé qui dit: Dans mon hôpital, il n'y a pas de directive,
mais les conditions sont telles que je ne peux pas rédiger des
pièces en français et les verser au dossier. Pour faire la
preuve, ce n'est pas en montrant les dossiers qu'il n'a pas
rédigés, procéder c'est en invoquant des témoins,
des gens de son service. Le fait de produire des pièces au dossier n'est
aucunement pertinent et même si cette personne présentait tous les
dossiers et démontrait que toutes les pièces sont
rédigées en anglais, cela voudrait simplement dire que,
peut-être, cette personne n'a pas pris ses responsabilités ou
qu'elle a convenu de verser ces pièces en anglais, alors qu'elle avait
le droit de le faire en français.
Alors, le fait d'aller fouiller dans les dossiers n'est aucunement un
élément de preuve. C'est sur la base: Y a-t-il une directive ou
non de l'hôpital? Fait-on témoigner le chef de service? C'est sur
l'ordre du tribunal et, par conséquent, la chose ne peut pas se
produire. En plus, les légistes nous disent qu'il faudrait qu'il y ait
dérogation explicite dans la loi si on voulait permettre au
commissaire-enquêteur de se prévaloir d'une des dispositions de
l'article 7 de la loi 65 et de produire les dossiers, chose qui en plus n'est
nullement nécessaire pour faire la preuve.
Je pense que la porte est vraiment fermée et qu'il n'est pas
nécessaire de la fermer à double tour.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Rosemont. Juste à temps. M. le
député de D'Arcy McGee, il vous reste cinq minutes.
M. Goldbloom: M. le Président, respectueusement, je
voudrais par votre intermédiaire, dire au député de
Rosemont qu'il a manqué le point. Quand il invoque le premier
alinéa de ce qui est proposé comme article 25a, il n'y a pas de
problème, parce qu'il y a là une liberté de choix:
français ou anglais. Alors, il n'y a pas d'intervention
nécessaire de la part de qui que ce soit. Ce n'est que dans le cas
où le deuxième alinéa aurait été
invoqué et une directive aurait été émise à
l'intérieur de l'hôpital que le problème pourrait se
poser.
Je pense je fais écho à ce que disait tout à
l'heure mon collègue de Mont-Royal que le gouvernement, le
ministre n'a pas posé la bonne question aux conseillers Juridiques. Il a
demandé: Y a-t-il conflit entre ce qui est proposé dans le projet
de loi no 101 et l'article 7 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux? Il s'est fait répondre que non. Nous sommes d'accord.
Ce n'est pas cela le problème.
Le problème est que justement le député de
Rosemont l'a admis le projet de loi no 101, avec la liberté
accordée au législateur par la rédaction
de l'article 7, qui dit que la loi, tous les statuts du Québec
peuvent accorder à des personnes un accès au dossier
médical, que le projet de loi no 101 viendra, lors de son adoption,
s'ajouter à la liste des autres lois, à part le chapitre 48 des
lois de 1971 qui permettrait un accès au dossier.
Le député de Rosemont nous dit que cet accès ne
serait pas dangereux parce qu'on n'irait pas jusqu'à prendre en main le
dossier d'un malade et l'examiner.
M. le Président, je ne suis pas convaincu que
l'interprétation du député de Rosemont, même
l'interprétation des conseillers juridiques du gouvernement, parce qu'on
leur a posé la mauvaise question, serait éventuellement...
M. Paquette: ...une bonne question.
M. Goldbloom: ...l'interprétation donnée par les
tribunaux si la chose était contestée.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas si M. le
député me permettrait de lui poser une bonne question.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous le permet. Cela
n'appartient pas à la présidence.
M. Goldbloom: Volontiers, M. le Président.
M. Paquette: Merci. Je pense qu'on est d'accord que dans le cas
où il n'y a pas de directive, il n'y a pas de problème. S'il y a
une directive de le rédiger juste en anglais, c'est illégal et il
suffit de produire la directive pour démontrer que l'organisme ne
satisfait pas à l'article 25a donc, il n'est pas nécessaire
d'aller voir les dossiers. Il reste le cas que vous avez mentionné
où il y aurait une directive la deuxième phrase de
l'article 25a selon laquelle on ne rédigerait qu'en
français les pièces à verser au dossier clinique.
D'accord? Cette directive est permise par la loi, mais elle n'est pas
imposée par la loi. Le service de santé a le choix
d'émettre ou non cette directive à l'effet de ne rédiger
qu'en français les pièces...
Le Président (M. Cardinal): Arrivez à votre point
d'interrogation.
M. Paquette: J'y arrive. Ma question est la suivante: Est-ce que,
puisque l'organisme de santé a le choix d'émettre ou non cette
directive et que la loi ne l'impose pas, est-ce que ce n'est pas aux
responsables des services de santé de veiller au respect de leurs
propres directives?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee, vous pouvez répondre à la question, mais
brièvement parce que le temps continue à fuir.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. C'est évident
qu'il y a une obligation morale et plus que morale imposée aux
dirigeants d'une telle institution d'émettre les bonnes directives et de
les faire respecter. Mais il ne s'agit pas ici d'une question purement
administrative de régie interne dans l'hôpital. Il ne s'agit pas
d'un geste symbolique. Il s'agit d'un article de loi avec les autres articles
qui prévoient des enquêtes et des amendes, des
pénalités. Or, M. le Président, de deux choses l'une, ou
bien ce n'est que pour la forme, ce n'est que pour une incitation morale que
l'on rédige l'article 25a, ou bien c'est pour effectuer quelque chose.
Si c'est pour effectuer quelque chose, la situation pourrait se produire
où cette chose n'aurait pas été réussie. À
ce moment-là, il faudrait, devant une plainte portée par un
membre du personnel professionnel d'un hôpital, il faudrait une
enquête quelconque, une vérification quelconque. Et l'on revient
à l'argument, M. le Président. On ajoute, en vertu de l'article 7
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, une autre
possibilité d'accès aux dossiers médicaux et on voudrait
l'éliminer par l'amendement que nous avons proposé.
M. Paquette: M. le Président, j'aurais une autre
brève question si le député le permet.
Le Président (M. Cardinal): Écoutez, je suis
très malheureux, M. le député de Rosemont...
Mme Lavoie-Roux: Quand même, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Je regrette. M. le
député de Rosemont et M. le député de D'Arcy McGee
ont dépassé leur temps. J'ai déjà mentionné
qu'en vertu de l'article 39 je suis le gardien des règlements et la
commission ne pourra pas me libérer de cette obligation.
M. le député de Gaspé.
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques, je regrette. M. le député de Gaspé...
M. Charron: ...soit mise aux voix.
Le Président (M. Cardinal): ...et ensuite, je le dis tout
de suite, justement pour que l'on poursuive dans cette belle amitié qui
nous...
Mme Lavoie-Roux: Qui nous caractérise.
Le Président (M. Cardinal): ...caractérise ce matin
et depuis quelque deux cents et quelques heures. Après M. le
député de Gaspé, ce sera Mme le député de
L'Acadie.
M. Le Moignan: Je voudrais, M. le Président, demeurer sur
la route d'amitié que vous nous proposez. Si je fais une très
brève intervention sur l'amendement de l'Opposition officielle, c'est
qu'hier, le député de Mégantic-Compton a
précisé la position de l'Union Nationale et il a invoqué
aussi certaines raisons militant en faveur de notre support pour cet
amendement.
Comme le député l'a exprimé hier, il y a l'aspect
humain là-dedans et il y a le côté juridique, l'article 7
de la loi 65, et comme dans l'argumentation du député de
Rosemont, il y a peut-être une chose qui n'est pas claire pour moi, c'est
qu'il dit que l'enquêteur s'informera si la directive existe. Quand on
regarde l'article 25a, tel que proposé par le gouvernement dans son
deuxième paragraphe, si on dit que ce n'est pas obligatoire, s'il est
loisible à chaque service de santé ou service social d'imposer
que ces pièces soient rédigées uniquement en
français, à ce moment-là, c'est un article qui pourrait
disparaître. Ce serait une chose à discuter, à regarder un
peu plus tard, parce que ça peut dépendre du fonctionnaire, il y
a toujours un danger de tracasserie, il y a danger que cet article devienne un
peu arbitraire.
Cette chose mise à part, sur laquelle nous reviendrons, M. le
Président, je crois lire dans vos yeux, alors, je vais terminer mon
intervention simplement pour dire que je suis en faveur de l'amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé, ce n'est pas parce que vous avez épuisé votre
temps, c'est parce que j'étais en train de me rendre compte que vous
parliez sur la motion principale et non pas sur l'amendement. Mais comme les
deux sont tellement reliés, je vous ai permis cette licence.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Rosemont nous a dit qu'après consultation de tous les légistes
du gouvernement, qu'il s'agisse de ceux qui sont attachés au
ministère de la Justice ou au ministère des Affaires sociales, il
y a eu un consensus à savoir qu'il n'y avait aucun danger ou aucun
risque d'atteinte à la confidentialité des dossiers.
J'aurais deux questions à poser, et comme le député
de Rosemont a terminé, je vais les adresser au ministre d'État au
développement culturel.
Le Président (M. Cardinal): De toute façon, si vous
permettez, vous ne pourriez pas les poser au député de Rosemont,
parce qu'il n'est pas en train de faire un exposé.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon, d'accord!
Le Président (M. Cardinal): Vous pouvez toujours
questionner le ministre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Le député de Rosemont
nous a dit que, touchant l'article 203, d'après l'avis des
légistes, il n'y avait aucun risque dans cet article, tel que
modifié, tel que rédigé, que les lois puissent
s'interpréter en cas de doute de manière à ne pas
restreindre le statut du français, et que l'article ne portait d'aucune
façon atteinte à ce qui était prévu à
l'article 7 de la loi 65. Évidemment, je ne suis pas légiste,
mais, quand je lie ça au texte et qu'on accorde préséance
au statut du français dans une loi, dans toutes les lois, est-ce
qu'à ce moment-là, il n'y a pas danger que
préséance soit justement accordée au français au
détriment de la confidentialité?
Ma deuxième question, qu'allez-vous faire quand même de
l'ambiguïté relative que vous avez mentionnée à
l'article 7 de la loi 65? Le député de Rosemont a dit: il
faudrait peut-être qu'on réexamine si c'est rédigé
dans sa meilleure forme possible, etc. Pour le moment, il n'est pas
rédigé dans sa meilleure forme possible, puisque vous admettez
même qu'il y a ce danger. Je pense que ce sont là des points qui
devraient être examinés immédiatement avant l'adoption de
la loi 101. Ce sont les deux questions que je voulais poser au ministre.
Le Président (M. Cardinal): Le ministre d'État au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, le député de
L'Acadie part d'un doute hypothétique qu'elle trouve dans la loi
d'interprétation, mais, justement, nous l'avons dit, redit et
répété sous toutes les formes, il n'y a aucun doute. Ne
nous fiant pas à notre propre jugement, en l'occurrence, nous avons
consulté des spécialistes habitués à travailler
avec ces lois et nous leur avons demandé, contrairement à ce que
disait le député de D'Arcy McGee, tout à l'heure, non pas
si la loi 101 était incompatible avec la loi 65 du chapitre 48, mais si,
en vertu des dispositions de la présente loi, un
commissaire-enquêteur, dans l'exercice de ses fonctions, pouvait aller
détruire ou altérer, de quelque façon, la
confidentialité des dossiers.
C'est à cette question que les juristes nous ont dit qu'il n'y
avait aucune possibilité que les commissaires-enquêteurs, dans
l'exercice de leurs fonctions, dans la mise en observation de la loi, puissent
déroger à cet article 7 et s'en prendre à la
confidentialité des dossiers.
Il n'y a aucun doute. L'argument de l'interprétation ne peut
absolument pas se poser, en l'occurrence. S'il y avait eu des dispositions,
dans la loi 101, qui auraient pu autoriser un commissaire-enquêteur, dans
l'exercice de ses fonctions, à déroger à l'article 7,
j'aurais compris les inquiétudes de l'Opposition et il n'y a aucun doute
que nous serions intervenus par un amendement, non pas à l'article 25a,
mais au chapitre de la commission de surveillance, pour baliser le travail des
commissaires-enquêteurs. Mais il n'y a aucun doute à cet
effet.
Par ailleurs, nous l'avons répété à
plusieurs reprises, la façon de voir à l'application de l'article
25a, qui ne prévoit aucune enquête mais qui ne parle que de droit,
ce n'est pas par l'examen des dossiers, mais c'est par l'examen des
procédures qu'une administration hospitalière ou une
administration de services sociaux emploie pour voir à faire appliquer
la loi.
Actuellement, dans les hôpitaux anglophones, il y'a des directives
suivant lesquelles les dossiers ne sont rédigés qu'en anglais.
C'est cette directive, au fond, qui signe la politique d'un
établissement; dans l'observance de la loi, tout ce qu'il y aura
à faire pour le commissaire-enquêteur ou pour l'office, c'est de
voir s'il y a telle ou telle directive et si elle est observée. Ce n'est
pas par
l'examen des dossiers cliniques qui ne révéleraient en
rien si le droit dont on parle à l'article 25a a été pris
à son compte par l'un ou l'autre des autres rédacteurs.
C'est donc là un faux problème, en ce sens qu'il passe
à côté de la question. Donc, l'Office de la langue
française n'aura jamais à consulter les dossiers. Même s'il
voulait consulter les dossiers, en vertu de l'article 7 qui continue à
prévaloir, il ne pourrait pas le faire, parce que la loi 101 ne l'y
autoriserait pas. Il faudrait ce que prévoit déjà la loi
65, c'est-à-dire le consentement d'un patient ou encore un ordre du
tribunal. Ce n'est que dans ces deux cas que le commissaire-enquêteur
pourrait déroger à l'article 7 de la loi 65. Je prévois
que ce cas ne se produira jamais, d'autant plus qu'il n'est pas
nécessaire. La meilleure façon et la seule façon, en
vérité, de vérifier si la loi est observée, c'est
par un autre mécanisme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, si vous le
permettez, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II me reste du temps.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse de vous
interrompre une seconde ou d'interrompre les débats trente secondes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je vais ajouter deux
renseignements à des demandes qui ont été faites ce
matin.
Quand j'ai mentionné que les amendements devaient être
remis au secrétaire par un ou des députés, j'entendais le
secrétaire général de l'Assemblée nationale. Ce
n'est pas en commission que les amendements seront reçus, mais à
l'Assemblée nationale.
D'autre part, on m'a aussi posé la question, à savoir si,
aujourd'hui, il y avait une ou deux séances. C'est une seule
séance qui durera tant qu'on nous permettra de durer. Sur ce, Madame...
Nous suspendrons la séance à 13 h et reprendrons les travaux de
la commission à 15 h, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous donne beaucoup de courage pour
travailler dans ce dernier souffle. Il y aurait juste deux petites questions
supplémentaires que je voudrais poser au ministre. Il a dit: De toute
façon, il n'y aura pas lieu d'intervenir dans les dossiers puisque c'est
à partir d'une directive qui aura été donnée ou
n'aura pas été donnée qu'on pourra voir si la loi est
observée.
Mais il y a d'abord l'existence de cette directive. Vous avez ensuite
dit: II faudra savoir si elle est observée; comment pourront-ils
vérifier si elle est observée? Qu'elle existe, c'est une chose.
Qu'elle soit observée, c'en est une autre.
M. Laurin: Comme cela est fait actuellement, c'est-à-dire
par l'intermédiaire des autorités ordi- naires de
l'hôpital, c'est-à-dire les canaux d'autorité actuellement
prévus: directeur général, directeur des services
professionnels, comités concernés.
Mme Lavoie-Roux: Par un témoignage de ces personnes?
M. Laurin: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion
d'amendement sera adoptée?
M. Lalonde: Appel nominal.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, je vais
faire l'appel nominal, signer les documents ensuite et me faire remplacer par
M. le député de Vanier. M. le député de Vanier,
vous pourrez donc voter. Je souligne que ce remplacement n'est pas un
remplacement par un membre de la commission, mais par un membre de la banque
des présidents et que, par conséquent, il peut me remplacer
pendant plus que quelques minutes.
Vous m'indiquerez si vous êtes favorables ou défavorables
à la motion. M. le député Duhaime, de Saint-Maurice? M.
Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères)? M. Charron (Saint-Jacques)?
M. Charron: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)? M. Guay (Taschereau)? M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud)? M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier)? M. Samson (Rouyn-Noranda)?
Une voix: ...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président, comment pouvez-vous appeler
le député de Jacques-Cartier...
Mme Lavoie-Roux: ... de député de Jacques-Cartier,
ne vous inquiétez pas.
Le Président (M. Cardinal): De la même façon
que j'ai pu appeler le député de Rouyn-Noranda, le
député de Beauce-Sud, le député de Verchères
et d'autres.
M. Chevrette: Lequel des quatre?
Le Président (M. Cardinal): J'ai mentionné
tantôt, avant la mise aux voix, avant l'appel nominal...
M. Chevrette: II a parlé.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Quelle était la liste des membres de la commission.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! je vais donner le
résultat du vote auparavant. Le résultat de l'appel nominal et de
la mise aux voix est le suivant: Pour la motion 4, contre la motion 8. La
motion d'amendement est donc rejetée.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! J'avais reconnu M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Elle est presque désuète
déjà, ma question de règlement. C'était pour faire
appel au député de Joliette-Montcalm, à l'autre bout de la
table, de laisser la lecture de son journal et il pourra suivre les travaux
plus allègrement.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Lalonde: C'est pour la bonne marche des travaux, M. le
Président. Je pourrais faire une motion.
M. Chevrette: Le journal est plus intéressant que les
interventions du député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, nous
revenons à l'article 25a, qui est une motion principale. M. le
député de Saint-Jacques et ministre délégué
au haut-commissariat.
M. Charron: M. le Président, je propose que l'article 25a
soit adopté par la commission.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Avant de passer à l'adoption de l'article
25a, je pense que je n'aurai aucune objection à l'adopter tout à
l'heure, je voudrais simplement apporter un amendement qui est très
facile à comprendre, je pense, qui ne susciterait même pas de
discussion...
M. Lalonde: Vous ne les connaissez pas.
M. Le Moignan: Je vais le soumettre à la
présidence, je n'ai pas à me déclarer immédiatement
sur la recevabilité et je vous le donne en tout, un
résumé. C'est exactement l'article qui nous est soumis par le
gouvernement. Il y a une motion d'amendement à cet article 25a. Nous
voulons que l'article soit modifié en retranchant les mots il
s'agit donc du deuxième paragraphe "toutefois il est loisible
à chaque service de santé ou service social d'imposer que ces
pièces soient rédigées uniquement en français."
L'article ainsi amendé se lirait comme suit: "Dans les services de
santé et les services sociaux, les pièces versées aux
dossiers cliniques sont rédigées en français ou en anglais
a la convenance du rédacteur. Les résumés des dossiers
cliniques doivent être fournis en français à la demande de
toute personne autorisée à les obtenir."
M. le Président, vous avez probablement reçu cette motion
d'amendement.
Le Président (M. Bertrand): Je ne demande
même pas l'avis des membres de la commission là-dessus. Je
pense que, dans sa forme, cette motion d'amendement est tout à fait
conforme à nos règlements, à l'article 70
particulièrement, et, donc, je juge cette motion d'amendement recevable.
Je suis prêt à entendre immédiatement le
député de Gaspé, s'il veut donner des explications pour
appuyer sa motion d'amendement.
M. Le Moignan: Je serai très bref, pas même 20
minutes. Vous voyez comme nous sommes très bons collaborateurs, nous
aussi. Après avoir écouté certains préopinants ici
autour de cette table, tant du parti ministériel que des partis de
l'Opposition, il ne semble pas du tout que ce que nous voulons enlever du
texte, ces trois lignes viennent modifier le projet de loi. Le français
va sauvegarder toute sa valeur. Je crois que cet article, qui comporte beaucoup
de tracasseries, pourrait justement entrer dans les desseins, dans les vues de
ceux qui ont élaboré longuement tous ces projets. Alors, c'est
pour cela que si nous l'enlevons, nous enlevons une tracasserie inutile. Il y a
toujours le danger là-dedans... On sait que les professionnels de la
santé peuvent déjà procéder et faire le rapport
dans la langue qu'ils veulent. Ensuite, si on ouvre la porte à
l'arbitraire, il suffira qu'un fonctionnaire zélé, par exemple,
harcèle un professionnel de la santé dans le but de faire
respecter la loi, pour nous conduire à une situation peut-être
ridicule et grotesque. Alors, pour simplement sauver une règle
administrative, on risque de négliger ce qui est important, la vie et la
santé des citoyens. Alors, je n'insiste pas plus longuement. J'ai
donné, d'une façon brève...
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: Pour ma part, je vais insister, au contraire, pour que
l'article demeure tel quel, pour toutes sortes de raisons qui tombent
véritablement sous le sens. D'abord, je ferai remarquer au
député de Gaspé que l'article 25a porte sur tous les
services de santé et les services sociaux du Québec, et non pas
uniquement sur les services de santé et les services sociaux dont la
majorité de la clientèle serait anglophone, mais sur tous les
services de santé et les services sociaux du Québec. Comme le
député de Gaspé le sait très bien, la très
grande majorité de ces services de santé et de ces services
sociaux sont exclusivement francophones, à l'heure actuelle. On ne peut
sûrement pas interdire à des services de santé et à
des services sociaux exclusivement francophones dans un pays comme le
Québec, qui est un pays français où le français est
la langue officielle, on ne peut sûrement pas interdire à un
pareil service de santé de décréter que la langue des
dossiers puisse être exclusivement francophone. Si on ne le faisait pas,
bien au contraire, on obligerait, pour ainsi dire, à un bilinguisme
institutionnel à ce niveau. Ceci ferait en sorte que le français
et l'anglais pourraient être utilisés dans tous les hôpitaux
du Québec. Ce serait l'instauration d'un bilinguisme qui n'a absolument
pas lieu d'être institué.
Donc, si nous avons introduit ces trois lignes dans le corps de
l'article, c'est pour bien marquer, pour entériner une situation de fait
d'abord, puisqu'elle existe dans un très grand nombre d'hôpitaux
francophones, et c'est pour bien marquer, pour bien spécifier que ceci
est conforme, non seulement à la pratique, mais au droit que
possèdent les services de santé et les services sociaux
francophones dans un pays francophone. En conséquence, nous ne voyons
aucune nécessité, bien au contraire, à élaguer ce
texte et à lui enlever les trois lignes qui sont situées au corps
de cet article.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce sera très bref. Je
pense que le ministre a donné les principaux arguments contre cet
amendement. J'ajouterais à ceci qu'on pourrait soutenir qu'il serait
préférable pour la qualité des soins de faire en sorte
qu'on puisse, même dans les hôpitaux francophones, verser des
pièces aux dossiers en français et en anglais, puisque c'est ce
que l'amendement arriverait à faire. Mais je pense que, pas plus
qu'actuellement, dans les hôpitaux anglophones où on
fonctionnerait uniquement en anglais, et encore moins dans le cas des
hôpitaux francophones où on fonctionnerait en français, il
n'y aurait de problème, puisque la décision serait laissée
aux services de santé concernés.
Cela voudrait donc dire qu'avant qu'un hôpital francophone
émette une directive voulant que seules les pièces en
français puissent être versées au dossier, j'imagine qu'il
va prendre ses responsabilités. Ces gens vont regarder pour voir si la
majorité des professionnels de la santé sont de langue
française. Ils vont prendre leurs responsabilités.
Quand le député parle de possibilités d'arbitraire,
de harcèlement ou de tracasseries, je pense qu'elles n'existent pas
puisque, pour se conformer à cet article, il suffit, tout simplement
c'est au choix du service de santé d'émettre une
directive. Ce n'est pas, comme on l'a dit tantôt, je le
répète encore une fois, à l'office ou à la
commission de surveillance ou aux enquêteurs à voir si les
directives qu'un hôpital a consenti à donner librement vont
être respectées puisque l'hôpital lui-même a pris la
décision d'émettre cette directive; ce sera à lui de la
faire respecter et ceci, qu'on soit dans un hôpital francophone ou
anglophone; c'est la même chose.
Étant donné le caractère français du
Québec, comme la possibilité est beaucoup plus grande que, dans
un hôpital, tout le monde s'exprime en français, il faut laisser
la possibilité aux hôpitaux d'émettre une telle directive
selon laquelle toutes les pièces, dans un dossier, pourraient être
versées en français.
Le Président (M. Bertrand): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que
l'amendement du député de Gaspé est parti
d'un désir d'éviter que ces trois lignes deviennent
l'objet de contestations possibles à l'intérieur d'un
hôpital anglophone. D'ailleurs, il l'avait mentionné avant
même que nous y arrivions. Ce qu'il veut éviter, d'un autre
côté, rend difficile ce qui a été expliqué
par le député de Rosemont. Qu'arrive-t-il dans le cas des
hôpitaux qui sont de langue française, ou des services sociaux qui
sont de langue française, et qui veulent imposer que ces pièces
soient rédigées uniquement en français?
Tel que rédigé, à moins que le député
de Gaspé n'y apporte un amendement qui toucherait les hôpitaux ou
les services sociaux dont la majorité des administrés sont de
langue anglaise, il nous est difficile de voter pour l'amendement tel quel,
parce que la remarque du député de Rosemont, je pense, s'applique
dans le cas présent. C'est cela qu'il a voulu éviter pour les
hôpitaux anglophones, j'en ai bien l'impression, et, finalement, cela
touche à tous les services sociaux.
M. Charron: Je propose que vous mettiez l'amendement aux voix, M.
le Président.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Lotbinière, vous n'êtes pas inscrit. Si le
député de Gaspé veut demander à la commission de
vous donner le droit de parole.
M. Paquette: M. le Président, là-dessus, on a
déjà fait une exception pour le chef de l'Opposition officielle
qui était venu faire une brève apparition, lors des accords de
réciprocité. Je pense qu'on pourrait donner le même
privilège.
M. Lalonde: Avant St. Andrews.
M. Paquette: Oui, avant St. Andrews. Il était venu parler
là-dessus pour dire qu'il était d'accord en principe et,
après, il a dit qu'il n'était plus d'accord. Je pense
qu'étant donné cette exception, on peut donner la parole au
député de Lotbinière.
Le Président (M. Bertrand): Du consentement unanime de la
commission, M. le député de Lotbinière, vous avez la
parole.
M. Biron: Merci, M. le Président. Je vais intervenir
brièvement, sur cette question en particulier, parce que le
député de Rosemont, tout à l'heure, nous a apporté
un argument important en disant que, même si l'enquêteur peut
demander, peut vérifier s'il y a une directive, il ne peut pas, à
cause de la confidentialité des dossiers, vérifier
véritablement si la directive a été acceptée et
réalisée dans les faits.
Tout de suite, on s'aperçoit qu'on a une certaine tracasserie
administrative qui ne peut pas se vérifier, finalement, par la
commission d'enquête ou par le commissaire-enquêteur.
Déjà, c'est un argument très fort en faveur de
l'acceptation de cette motion d'amendement telle que présentée
par le député de Gaspé. Je serais prêt quand
même et j'ai écouté le député de
L'Acadie, tout à l'heure à amender un peu ce que nous
avons suggéré afin que cela puisse s'appliquer seule- ment aux
hôpitaux ou aux centres de services sociaux ou aux services de
santé à majorité anglophone. Mais il ne s'agit pas d'avoir
le bilinguisme institutionnel et partout, puisque la grande majorité des
citoyens du Québec vont parler français, vont vivre en
français, donc, vont rédiger leurs rapports en français,
pour les professionnels de la santé comme pour les autres, mais la seule
chose, c'est qu'on a une tracasserie administrative qu'on ne peut pas
vérifier au bout.
Finalement, on arrive avec un article de loi qui ne peut pas se
réaliser dans le projet de loi no 101 parce que le
commissaire-enquêteur ne pourra pas aller jusqu'au bout de son travail et
voir si réellement cette directive imposée par un service de
santé ou un service social est véritablement appliquée
à l'autre bout de la ligne.
Je crois que c'est un argument que le député de Rosemont a
apporté tout à l'heure, qui mérite d'être
étudié et qui milite pour l'adoption de cet amendement; il peut
être corrigé, tel que suggéré par le
député de L'Acadie, mais l'amendement, tel que proposé par
le député de Gaspé, mérite d'être
adopté et c'est là-dessus, tout simplement, que je voulais
intervenir parce que je crois que c'est un amendement qui a sa place.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En examinant ces derniers amendements, l'article 25a
en particulier, qui nous a été proposé à la
dernière minute par le gouvernement j'en ai la quatrième
version ici je me demande si, toutefois, la question que se pose le
député de Gaspé n'est pas au fond pertinente.
Je suis tenté de ne pas voter pour l'amendement, parce que cela
aurait des effets trop grands, mais si on conserve les trois lignes qu'il veut
enlever, on se trouve à avoir la situation suivante, qui peut
créer un conflit où, en vertu de l'article 108f, c'est l'office
qui désigne les services de santé prenons comme exemple
les services de santé qui peuvent recourir aux dispositions des
articles comme l'article 25 qui donnent le droit à ces services de
santé d'utiliser à la fois la langue officielle et une autre
langue dans leurs communications internes.
L'office décide par exemple... la majorité des personnes
qui bénéficient de leurs services... je ne sais pas comment cela
va se faire, mais admettons que, par hypothèse, cela peut se faire, et
la décision de l'office est que tel hôpital, étant
donné qu'il reçoit 51% d'anglophones, peut utiliser l'anglais
comme une des deux langues de communication. Mais l'hôpital est
francophone dans sa direction, dans son organisation, dans ses structures et la
majorité des patients sont anglophones. Alors, il recourt à cet
article 25a pour imposer que ce soit rédigé uniquement en
français et vous allez avoir 50% ou 60% de la clientèle dont les
dossiers devront être en français, alors que la loi, que l'office
aura reconnu cet hôpital comme étant un hôpital anglophone,
à cause de la clientèle. C'est un conflit possible, qui existe
entre deux dispositions de la loi. L'une donne à l'office le droit de
désigner
un hôpital comme un hôpital anglophone et l'autre donne
à cet hôpital le droit de dire que tout se passe en
français dans les dossiers. Je ne sais pas jusqu'à quel point
l'improvisation du gouvernement nous entraîne dans l'incohérence,
mais cela est un exemple qui me saute aux yeux.
Le Président (M. Bertrand): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question que je voudrais poser... Je
vais la poser au ministre...
M. Paquette: Elle est sur une base tellement fragile.
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Guay: ... le député de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: Vous, on sait bien! Vous n'êtes pas
fatigué, avec tout le travail que vous avez fait!
M. Guay: En pleine forme!
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, quel est l'objet de ces
trois lignes parce que, lorsque vous les incluez, vous voulez autoriser
c'est l'argumentation que le député de Rosemont a
développée vous voulez permettre ou enfin ce qui est
normal, de toute façon, que dans les services sociaux et les services de
santé qui sont français, les dossiers soient
rédigés uniquement en français. Je pense que c'est une
chose acquise. Je vois mal qu'un service de santé qui est
français soit même obligé d'émettre une telle
directive. Je pense que cela va de soi.
Quel est donc vraiment l'objectif que vous poursuivez? Est-ce,
éventuellement, que dans les hôpitaux anglophones une telle
directive puisse être donnée? Je ne saisis pas tout à fait
l'objet parce que, dans les faits, cela va se faire. C'est ce qui existe.
Quel est l'objectif que vous poursuivez par ces trois lignes?
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Seulement ces trois lignes d'amendement
dont je parle.
M. Lalonde: Oui, les trois lignes d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
M. Laurin: J'ai écouté avec attention
l'argumentation du député de Marguerite-Bourgeoys, mais je pense
qu'il a vu lui-même que, dans cet article 25a, on ne fait aucune
référence à l'article 108f parce que, justement, cela
s'applique à tous les services de santé et à tous les
services sociaux.
Par ailleurs, vous aurez bien remarqué aussi que la
phraséologie employée dit bien qu'il est loisible, on ne demande
pas que ce soit obligatoire, pour chaque service de santé ou chaque
service social, même exclusivement francophone, d'imposer que les
pièces soient rédigées uniquement en français. En
somme, l'institution le fera à la lumière de sa propre situation.
Nous avons voulu en cela respecter l'autonomie des institutions justement pour
qu'elles collent à la réalité qui est la leur. Par
ailleurs, il nous paraît essentiel d'inclure cet alinéa dans le
paragraphe parce que si nous ne le mettons pas, c'est le bilinguisme qui sera
obligatoire, en somme, dans toutes les institutions.
Le but que nous poursuivons, évidemment, c'est d'entériner
une pratique qui existe à l'heure actuelle. En vertu de ce paragraphe,
je ferai remarquer aussi qu'il ne serait pas interdit même à une
institution anglophone ou à une institution dont la majorité des
usagers serait anglophone, d'instituer que toutes les pièces
versées au dossier soient rédigées en français. Je
ne pense pas que cela se produise, remarquez, mais il est possible que, en
vertu d'objectifs ou de motivations qui nous échappent actuellement,
certains hôpitaux, dont la majorité des administrés sont
anglophones, verraient que ce soit opportun que les dossiers soient
écrits en français. On ne force pas les hôpitaux
anglophones à faire ceci, on ne les force pas non plus à... On ne
fait pas en sorte que l'unilinguisme anglais prévale dans ces
hôpitaux où il y a des patients et des travailleurs
anglophones.
Je pense donc que le but que nous poursuivons est le but
général de la loi, c'est-à-dire la francisation relative
ou progressive des services de santé et des services sociaux anglophones
dont la majorité des usagers sont anglophones et, en même temps,
permettre aux hôpitaux francophones, qui le croiraient opportun,
d'émettre, par le canal de leurs administrations internes, l'emploi
exclusif du français dans les dossiers.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement poser une question au ministre
s'il veut y répondre. C'est pour obtenir une clarification. Quand on
parle de chaque service de santé ou de chaque service social, est-ce que
cela peut être interprété comme étant un service
à l'intérieur d'un organisme comme un hôpital? Pourrait-il
y avoir différents services dans un hôpital dont l'un exigerait
que les pièces soient rédigées uniquement en
français, tandis que l'autre service du même hôpital
n'aurait pas cette exigence? Est-ce qu'on a l'intention d'appliquer cela
globalement à tout l'organisme?
M. Laurin: En fait, M. le Président, je pense bien que le
député de Mont-Royal trouvera la réponse à sa
question dans l'annexe où la liste des établissements couverts
par la loi est bien écrite. Encore une fois, cependant, en ce qui
concerne le fonctionnement interne de l'hôpital, il reviendra
aux autorités de l'hôpital ou du service de santé,
en fonction de la situation qui est la leur, de déterminer s'il leur est
loisible ou non d'imposer que les pièces du dossier soient
rédigées uniquement en français. Nous nous en remettons,
pour cela, aux autorités régulières des services de
santé ou des services sociaux.
M. Ciaccia: Concernant le droit ou le pouvoir que vous accordez
à l'hôpital de prendre cette décision, j'aimerais savoir
s'il peut y avoir des divisions dans le service?
M. Laurin: Mais dans le premier mot de l'article, services de
santé et services sociaux réfèrent à ce qui est
établi à l'annexe.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, peut-être que la
question posée par le député de Mont-Royal devrait trouver
sa réponse dans le chapitre 48, Loi sur les services de santé et
les services sociaux. Or, si vous cherchez dans les définitions, dont
celle de services de santé et services sociaux, vous ne la trouverez
pas. Vous allez trouver: définition d'établissement, un centre
local de services communautaires, un centre hospitalier, un centre de services
sociaux, un centre d'accueil, vous trouvez établissement public,
établissement privé, établissement affilié, conseil
régional. Alors, la question du député de Mont-Royal est
extrêmement pertinente, peut-être qu'on n'a pas employé les
bons termes. Peut-être qu'on a voulu dire qu'un établissement
pouvait imposer le français ici, à sa deuxième phrase de
ce chapitre 25a, mais avec toute l'improvisation, les amendements de
dernière minute, cette loi est toute croche et elle ne marchera pas.
Je vous ai dit, je vous ai démontré qu'il y a une
contradiction...
M. Charron:... cela va vous faire de la peine...
M. Lalonde: ... entre 118f qui donne un pouvoir. Le ministre
disait tantôt: On n'oblige pas, on donne simplement... il est loisible...
Une loi, il faut qu'elle dise quelque chose. Quand on dit qu'il est loisible,
ça veut dire qu'on donne un pouvoir. On donne un pouvoir à un
service, on ne sait même pas ce qu'est un service de santé, ce
n'est pas un établissement, d'après la loi. Si c'était la
loi 48, ce serait un établissement. On donne un pouvoir à quelque
chose, on ne sait pas quoi et on donne un autre pouvoir à l'office de
dire le contraire.
En tout cas, avec la guillotine au-dessus de la tête, avec
l'improvisation du gouvernement, je ne fais pas d'amendements, je dis que c'est
tout croche et que ça ne marchera pas.
M. Charbonneau: Si vous n'en faites pas, tant mieux.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement du
député de Gaspé est-elle adoptée?
M. Charron: Rejetée sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Rejetée sur
division.
M. Charron: Je propose l'adoption de l'article 25a.
Le Président (M. Bertrand): J'appelle donc l'article 25a
tel que rédigé initialement, c'est-à-dire comme motion
principale. M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je propose son adoption, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): L'article 25a est-il
adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, à cause de la
discussion que l'on vient de faire au sujet de l'amendement proposé par
l'Union Nationale et où on a senti qu'il y avait une
vérité, si l'amendement n'était pas exprimé pour
rendre claire notre intention dans cet article, je pense qu'il y a lieu de
revenir ici et soyez sûr que je n'avais pas l'intention de faire un
débat d'une demi-heure. Je le propose, ça prend trois minutes et
si ça ne va pas selon la nouvelle formulation, si elle ne plaît
pas au gouvernement, il s'agira de le dire. J'aimerais bien qu'on l'entende.
L'amendement se lit comme suit: "Que l'article 25a soit modifié en
ajoutant, après le deuxième alinéa, les mots suivants:
l'alinéa précédent ne s'applique pas aux organismes de
santé et aux services sociaux reconnus à l'article 108f".
L'article, ainsi modifié, se lirait comme suit, je vous en fais parvenir
une copie: "Dans les services de santé et les services sociaux, les
pièces versées aux dossiers cliniques sont rédigées
en français, ou en anglais, à la convenance du rédacteur.
Toutefois, il est loisible à chaque service de santé ou service
social d'imposer que ces pièces soient rédigées uniquement
en français."
L'alinéa précédent ne s'applique pas.
M. Laurin: C'est aussi clair que cela.
M. Charron: M. le Président, le député, je
le savais occupé ailleurs, n'aurait pas fait cette intervention, ne
présenterait pas cet amendement, s'il avait suivi le débat
sérieux, à l'exception de la contribution du député
de Marguerite-Bourgeoys, qui nous a amenés...
M. Paquette: C'est très mauvais...
M. Charron: ...à rejeter l'amendement de son
collègue, non pas parce que nous le jugions un obstacle au rendement de
la loi, mais celui qu'on vient de nous présenter est
superfétatoire. Il n'a
qu'à se les rappeler, et si vous les avez entendus, son chef
était présent, les arguments que nous avons fait valoir, à
l'encontre des arguments du député de Gaspé, sont encore
existants.
Nous avons dit qu'il est important que cet article demeure, parce qu'il
permet aux établissements francophones de fonctionner uniquement en
français, s'ils le veulent. S'il y a quelqu'un qui a objection à
cela, je trouve qu'il aurait une drôle d'opinion de ce que peut
être le Québec français.
À ce moment-là, l'amendement que propose le
député est inutile, puisque ce droit est accordé et doit
être maintenu. Cela saute aux yeux dans le texte actuel de l'article 25a.
Si le député le soumet à la discussion, c'est son droit,
mais...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Mégantic-Compton, j'ai laissé au député de
Saint-Jacques le soin d'apporter ses éclaircissements. Est-ce que ces
informations vous suffiraient?
M. Grenier: Non, pas pour le retirer. Je le dépose comme
motion...
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais à ce
moment-là au député de Mégantic-Compton d'en
déposer le texte. Je ne suis pas en possession de votre motion
d'amendement et je ne peux rien décider tant et aussi longtemps que je
ne l'ai devant les yeux.
La motion d'amendement à l'article 25a se lirait comme suit: "Que
l'article 25a soit modifié en ajoutant, après le deuxième
alinéa, les mots suivants...
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'alinéa.
Le Président (M. Bertrand): II n'y a pas, dans ce cas
précis, d'alinéa. C'est après la deuxième
phrase.
M. Lalonde: Le deuxième élément.
Le Président (M. Bertrand): Je me permets,
conformément au règlement, de modifier votre motion d'amendement.
"Ajouter les mots suivants, après la deuxième phrase.
L'alinéa précédent ne s'applique pas". Vous comprendrez
comme moi que ces mots sont sans sens, à ce moment-là. Vous me
posez d'ailleurs une difficulté, parce que je suis moi-même
obligé de faire le travail que vous auriez dû faire et je pense
que, dans les circonstances, c'est assez...
M. Grenier: M. le Président, je pense que vous avez
justement dit tout à l'heure que le président pouvait se
permettre d'aider à la rédaction d'un article de loi.
M. Charbonneau: Dans ce cas, arrêtez de parler
d'amateurisme du côté ministériel, par exemple.
M. Grenier: M. le Président, pour répondre au
député de Verchères...
Le Président (M. Bertrand): Vous n'avez pas besoin de
répondre au député de Verchères, il était
hors d'ordre. Vous n'avez qu'à vous adresser à la
présidence et vous y trouverez satisfaction.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais au
député de Mégantic-Compton s'il veut prendre quelques
instants pour rédiger sa motion d'amendement, de façon qu'elle
soit plus convenable et qu'elle corresponde à la formulation de
l'article 25a.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que l'Union Nationale
ne pourrait pas seulement déposer son livre bleu? On verrait si...
Le Président (M. Bertrand): J'accepte donc de suspendre
nos travaux quelques secondes, en vous invitant à demeurer à vos
sièges.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut se lever, M. le
Président? À nos sièges, ah bon!
Le Président (M. Bertrand): Si vous voulez vous lever,
vous pouvez aussi le faire, mais sans aller trop loin.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise de la séance à 12 h 55)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
M. le député de Rosemont, M. le député de
Mont-Royal... Par les bons soins d'une collaboration fort empressée de
quelques-uns des membres de la commission, la présidence, nous en sommes
venus à trouver une forme de rédaction qui pourrait sans doute
convenir et qui répondrait à la volonté exprimée
par l'Union Nationale.
L'amendement serait formulé comme suit: Que l'article 25a soit
modifié en ajoutant, après le mot "français" de la seconde
phrase, à la septième ligne, les mots suivants: "Cette
dernière disposition ne s'applique pas aux organismes de santé et
de services sociaux reconnus à l'article 108f."
Il doit être compris que la première disposition de
l'article 25a dit que, dans les services de santé et les services
sociaux, les pièces versées aux dossiers cliniques sont
rédigées en français ou en anglais, à la convenance
du rédacteur, que la seconde dit qu'il est toutefois loisible à
chaque service de santé ou service social d'imposer que ces
pièces soient rédigées uniquement en français.
Quand la motion d'amendement dit: "Cette dernière disposition ne
s'applique pas aux organismes de santé et de services sociaux reconnus
à l'article 108f", elle fait référence à la phrase
qui
précède, à savoir qu'il est toutefois loisible
à chaque service de santé ou service social d'imposer que ces
pièces soient rédigées uniquement en français.
Le travail d'amélioration de la motion d'amendement étant
maintenant fait, je peux la juger re-cevable et la soumettre à la
délibération des membres de la commission. M. le
député de Mégantic-Compton, proposeur de la motion,
voudrait-il nous faire part de quelques commentaires?
M. Grenier: M. le Président, je me proposais d'intervenir
sur la recevabilité. Maintenant qu'on est sur le fond, vous constatez
qu'il est sensiblement le même que celui de la motion antérieure.
Ce qui compte, c'est de fermer la porte à l'arbitraire qui pourrait se
produire dans l'administration d'une institution ou d'une autre. Maintenant
qu'on a clarifié la situation, à savoir que l'institution
francophone peut fonctionner en français... C'est pour permettre aux
institutions, je les entends au terme large, de pouvoir donner des services
comme on l'entend dans l'amendement qu'on vous apporte.
M. le Président, j'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet
après l'heure du lunch, mais je voudrais vous faire comprendre que cet
amendement est important à l'intérieur de cet article de loi.
Il est, à mon sens, impossible, absolument impossible de voter
sur l'article 25a selon le contexte qui nous est soumis par le gouvernement.
D'autant plus qu'on détecte, à l'intérieur de cela, pour
être capable d'apporter un amendement, que le texte serré comme il
l'est dans le moment, n'ayant pas de paragraphe, n'ayant pas d'alinéa,
il devient difficile de discerner les idées les unes des autres.
À partir de là, l'amendement est plus vague, n'est pas aussi
précis qu'on aurait voulu le faire. Je pense qu'il rend quand même
justice et vous l'avez reçu. Il est bien évident que, pour nous,
c'est pour clarifier une situation afin de fermer la porte à
l'arbitraire dans le secteur de l'administration, et que le gouvernement, par
sa loi, dit clairement ce qu'on veut entendre à des conseils
d'administration, par exemple, ou à des fonctionnaires qui auraient trop
de latitude de jugement et, à cause d'une fermeture d'esprit qui est
toujours possible dans ce secteur, on aimerait que la loi le clarifie d'une
façon bien particulière. Je vous demanderais non pas la reprise
des débats, mais l'ajournement des débats.
Le Président (M. Bertrand): Alors, à ce moment, tel
que le stipule notre règlement, je suspends les travaux jusqu'à
15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 9
Visite d'une délégation
sénatoriale française
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Madame et messieurs les membres de la commission, avant que nous
recommencions nos travaux, je voudrais simplement, pour le
bénéfice des membres de la commission parlementaire et du public
qui assiste de façon presque assidue maintenant aux séances de
cette commission, souligner la présence aujourd'hui parmi nous, et je
pense que c'est un grand honneur pour nous de les recevoir ici, à
Québec, des membres de la délégation sénatoriale
française, en l'occurrence M. Adolphe Chauvin, président national
de France-Canada et président du groupe d'amitié France-Canada et
France-Québec, du Sénat français, accompagné de M.
Michel Chauty, M. René Debes-son, M. Alfred Kieffer, M. Jules Roujon et
M. Robert Schmitt.
Je m'en voudrais aussi de ne pas souligner la présence
pour faire en sorte que cette délégation trouve, sans doute, plus
de plaisir à passer son séjour ici, au Québec de
leur accompagnatrice, la secrétaire de la délégation
sénatoriale française, Mme Jeanne Réguer.
Sur ces mots, et pour plonger immédiatement cette
délégation sénatoriale française dans nos travaux
de la commission parlementaire, nous allons revenir à la motion
d'amendement proposée par le député de
Mégantic-Compton, à l'article 25a, laquelle motion a
été jugée recevable, et M. le député de
Mégantic-Compton avait pris la parole durant trois minutes. S'il veut
continuer, il lui reste 17 minutes.
Article 25a (suite)
M. Grenier: Je veux vous demander une explication, M. le
Président. J'étais absent au départ de l'étude ce
matin. Vous n'avez pas fait l'appel des noms; j'imagine que c'est la
séance qui se continue.
Le Président (M. Bertrand): La séance se continue,
ce n'est pas une nouvelle séance. Elle se continuera, comme le disait le
président précédent, jusqu'à ce que mort
s'ensuive.
M. Grenier: M. le Président, l'amendement qui vous a
été soumis ce matin, avant l'heure de l'arrêt de travail,
comme on l'a signalé, est sensiblement le même que celui qui a
été déposé ici par notre parti. Il s'attaque, comme
vous le savez, bien sûr, à cette partie de l'article 25a qui se
lit comme suit: "Toutefois, il est loisible à chaque service de
santé ou service social d'imposer que ces pièces soient
rédigées uniquement en français."
De toute évidence, l'amendement que nous apportons, à ce
moment-ci, s'incorpore exactement au centre de l'article 25a. Vous l'avez
mentionné, mais pour rafraîchir cet amendement dans
l'esprit des gens qui travaillent autour de cette table, je le reprends:
"Dans les services de santé et les services sociaux, les pièces
versées aux dossiers cliniques sont rédigées en
français ou en anglais a la convenance du rédacteur. Toutefois,
il est loisible à chaque service de santé ou service social
d'imposer que ces pièces soient rédigées uniquement en
français. Cette dernière disposition ne s'applique pas aux
organismes de santé et de services sociaux reconnus à l'article
108f.
Les résumés des dossiers cliniques doivent être
fournis en français à la demande de toute personne
autorisée à les obtenir."
Vous comprenez qu'il est bien évident...
J'essaie de hausser la voix mais je ne réussis pas à
couvrir les mini-caucus.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Mégantic-Compton. Maintenant que le ministre
d'État au développement culturel a été en mesure de
saluer la délégation...
M. Grenier: Je m'excuse. Je pensais que c'était autour de
la table... Je faisais allusion à la table et non pas à
l'extérieur.
Conduisez-vous comme de grands garçons. Il y a de la visite
aujourd'hui.
Je reprends donc. Il est clair que l'amendement que nous proposons, de
ce côté-ci, a pour objet de modifier l'article 25a. Même si
une partie de l'étude, avant la pause, m'a échappé
à cause d'une autre intervention, je pense avoir saisi qu'il
répondait à un besoin qui a été exprimé par
l'Opposition au complet, et même, il a semblé intéresser
d'une façon, je dirais presque démesurée, le ministre
d'État au développement culturel. Au moment où on
intéresse le ministre à un amendement, c'est quasiment du coup
penser qu'il peut y apporter certaines modifications.
Comme on l'a signalé antérieurement, je voudrais bien que
cette motion, on lui donne toute l'appréciation qu'elle mérite.
Comprenez bien que l'intervention est courte, mais suffisamment pour rendre
claire, maintenant que chaque membre de la commission a l'amendement entre les
mains, notre position. C'est bien évident cela est établi
au premier paragraphe que dans les services de santé et les
services sociaux, les pièces versées aux dossiers cliniques sont
rédigées en français et en anglais, à la convenance
du rédacteur.
D'abord, cette possibilité, mais cela n'enlève rien
à la prééminence du français, et vous le constatez,
cela permet un service qui répond à la communauté
anglophone, communauté que nous qualifions de communauté
articulée; cela ne change absolument rien, comme vous le savez, au fait
français et à l'image française que nous voulons donner
à la province.
M. le Président, je voudrais bien que cette table de travail se
penche sur l'amendement et qu'on y donne non pas pour l'évaluer
en valeur de temps, ce n'est pas là qu'on évalue l'importance
d'un amendement l'attention qu'il mérite avant de le juger
négativement, pour ne pas nous obliger à revenir avec une autre
motion qui res- semblerait peut-être à celle-là pour aider
le gouvernement à une meilleure application de l'article 25a. J'ai
terminé.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, je comprends bien que cette
phrase qu'on désire ajouter s'applique à la deuxième
phrase dont je disais ce matin qu'elle s'appliquait surtout aux hôpitaux
francophones qui constituent la majorité actuellement au Québec
et qui, en vertu de cette phrase, auraient le loisir d'imposer que toutes les
pièces qui sont versées au dossier soient rédigées
uniquement en français.
Je dois vous avouer très sincèrement, M. le
Président, que je ne vois absolument pas ce que cette phrase ajoute
véritablement à l'article 25a. Non seulement je ne vois pas ce
que cette phrase ajoute, mais je considère qu'elle est inutile, pour ne
pas dire superfétatoire, d'abord parce qu'il est très peu
probable que les hôpitaux anglophones imposent que les pièces
versées aux dossiers soient rédigées uniquement en
français, il n'y a donc pas lieu de le prévoir d'une façon
expresse par un article du projet de loi. Deuxièmement, comme je le
disais ce matin, je crois qu'en ces matières il faudrait laisser
l'initiative, si jamais initiative il y a, aux institutions
intéressées. Si jamais une institution hospitalière ou un
service social anglophone désiraient, pour des raisons qui sont de leur
ressort et qu'ils croiraient opportunes, d'imposer que les pièces du
dossier soient rédigées en français, je pense que c'est
leur responsabilité d'en décider. Par ailleurs, il est possible
que, pour des fins de régie interne, ces institutions décident
que, dans certains secteurs de l'institution, service social ou institution
hospitalière, elles croient opportun par les mesures qui ressortent de
leurs pouvoirs d'édicter que la langue des dossiers dans ces secteurs
soit uniquement le français.
De toute façon, ce sont là des éventualités
qu'il ne revient pas au législateur de prévoir. Je pense qu'il
faut ici s'en remettre à l'initiative des autorités
hospitalières ou des autorités institutionnelles
concernées. En l'occurrence, je ne vois aucune utilité d'ajouter
cette phrase à l'article.
Le Président (M. Bertrand): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous allons appuyer
l'amendement de l'Union Nationale. Je pense qu'en intégrant, dans son
amendement, une suggestion que nous avions faite ce matin, ce parti le rend
vraiment applicable et on en comprend davantage l'objectif. Car, il se peut
qu'éventuellement, les institutions anglophones décident que
leurs pièces soient rédigées uniquement en
français, mais je pense bien que personne ne leur en ferait reproche si
elles décidaient de le faire et dans un esprit d'évolution. Tel
que rédigé présentement, l'article est certainement plus
libéral, mais empêche justement libéral, dans le bon
sens du mot...
M. de Bellefeuille: C'est un aveu. M. Guay: En rapport
avec votre parti.
M. Charbonneau: On n'en attendait pas moins de vous.
M. Charron: On ne vous le fait pas dire.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, ce que l'Union Nationale
craignait en présentant tout d'abord son amendement, c'était
qu'on trouve là une occasion de contestations ou de conflits qui,
à mon point de vue, sont inutiles. Et dans les faits, il n'y a rien qui
empêcherait des services de santé et services sociaux anglais,
éventuellement, de rédiger leurs dossiers en français,
s'ils le voulaient.
Une autre difficulté qui nous influence à voter dans ce
sens, c'est que, comme le signalait mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
ce matin, il n'est pas du tout certain que les services de santé et les
services sociaux correspondent à la définition officielle de la
loi 65. Je diffère d'opinion avec le ministre quand il nous dit: II se
pourrait qu'à l'intérieur d'une institution hospitalière
on pense davantage à ça plutôt qu'aux services
sociaux où c'est peut-être plus homogène un service
décide tout à coup que tous ses documents sont en
français, que, dans une autre partie de cet hôpital, les documents
sont en anglais, il me semble que c'est là créer des
difficultés inutiles pour le fonctionnement de l'hôpital.
Je pense que, pour le moment, nous allons voter en faveur de
l'amendement de l'Union Nationale.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, à l'appui de mon
assertion, je voudrais ajouter une preuve qui vient de m'être fournie
récemment. On dit que dans les hôpitaux anglophones, il est peu
probable que certains départements ou secteurs puissent trouver opportun
d'utiliser uniquement la langue française.
Pourtant, il peut se trouver certains de ces secteurs. Je recevais, pas
plus tard qu'il y a trois jours, un télégramme de l'Association
professionnelle des technologistes médicaux du Québec dans
lequel, entre autres choses, on nous disait qu'une étude que
l'association professionnelle venait de mener révélait que, dans
les hôpitaux anglophones, les salariés de langue maternelle
anglaise représentaient 38,8%, les salariés de langue maternelle
française, 14,8%, et les salariés de langue maternelle autre que
le français et l'anglais, 46,3%.
Il est bien possible que dans les années qui viennent, ces
salariés de langue maternelle autre que le français et l'anglais
aient tendance à s'assimiler ou à s'intégrer aux
salariés de langue maternelle française. Il ne serait donc pas
étonnant que, d'ici quatre ou cinq ans, dans un département comme
celui des laboratoires où travaillent ces technologistes
médicaux, le département des laboratoires trouve opportun de
recommander au directeur des services professionnels, au directeur
général, que, à des fins de communication, on ne se serve
que de la langue française pour la rédaction des pièces
qui seront versées au dossier. Ce n'est donc pas une
éventualité que l'on peut rejeter.
Je ne voudrais pas non plus que la loi l'impose. Mais que la loi
permette cette évolution, si la direction des services hospitaliers le
juge opportun, cela m'apparaît quand même plausible. Il nous
semble, à bon droit, que le législateur devrait laisser, en ces
matières, complète initiative aux autorités
hospitalières concernées.
Quant à la première remarque du député de
L'Acadie, à savoir qu'il semble flotter une certaine
ambiguïté sur la définition de ce qu'est un service de
santé ou un service social, je ne le crois pas, pas plus dans le projet
de loi 101 que dans la loi 22, puisque, dans l'annexe qui figure au projet de
loi 101, nous avons repris exactement la même formulation que celle qui
existait dans la loi 22, c'est-à-dire que les services de santé
et les services sociaux sont définis comme des établissements au
sens où on l'entend dans la loi 65 ou le chapitre 48. Je ne crois donc
pas qu'il y ait ambiguïté à cet égard.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez...
Mme Lavoie-Roux: Pourrais-je poser une question au ministre, M.
le Président?
Le Président (M. Cardinal): Si M. le ministre daigne bien
vous répondre, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous daignez me répondre, M.
le ministre? J'ai perdu ma question avec cela. Ah oui! M. le Président,
par votre entremise, je voudrais mentionner au ministre que je comprends bien
qu'il ne veuille pas interdire aux services anglophones de pouvoir
éventuellement utiliser le français dans leurs communications,
mais croit-il que l'article tel que rédigé présentement
leur interdirait, c'est-à-dire l'amendement, l'article amendé,
s'il était accepté, si tel était leur désir
éventuellement de se servir du français, de s'en servir? Il me
semble que non.
M. Laurin: II me semble que oui.
Mme Lavoie-Roux: II vous semble que oui?
Le Président (M. Cardinal): Madame, si vous permettez,
j'ai reconnu M. le député de D'Arcy McGee, mais je dois souligner
que je ne puis pas motu proprio lui accorder la parole. Je dois demander
à cette commission si elle veut bien, unanimement, que M. le
député de D'Arcy McGee puisse intervenir. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Avec la circonspection que saura reconnaître le
député à ce droit qui lui est reconnu, bien sûr,
mais sans doute pas pour allon-
ger inutilement le débat sur un article qui a déjà
attiré plus que beaucoup l'attention de la commission.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Mme le député de L'Acadie sur une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez de
rassurer le député de Saint-Jacques, nous sommes toujours
à l'article 25a. L'intervention du député de D'Arcy McGee
se veut très limitée, je crois, selon ce qu'il m'a dit.
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! J'ai reconnu M. le député de Bourrassa et ensuite M.
le député de Saint-Jacques.
M. Saint-Germain: Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Question de règlement,
oui.
M. Saint-Germain: Si cela peut aider à éclairer
cette commission, je céderais volontiers mon droit de parole au
député de...
M. Charron: Pas questions de troc, ni d'échange, ni de
marchandage, ni de réciprocité.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Pas de réciprocité!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vous prierais de ne pas employer de temps pour tenter d'en
épargner.
M. le député de D'Arcy McGee.
Une voix: Je conserve mon droit de parole.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je suis déjà
intervenu contre le fait de donner la parole à un député
qui était, à ce moment, le député de Saint-Laurent.
Remarquez bien que ce n'était pas dans le même contexte du tout.
À ce moment, on prévoyait qu'il pourrait y avoir cinq
députés qui interviendraient du côté de l'Opoosition
officielle, mais je pense que ce n'est pas le cas aujourd'hui. On se priverait
des interventions du député de D'Arcy McGee qui sont fort
pertinentes à la question que nous traitons aujourd'hui.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je verrai à ce que le règlement et les
usages soient observés.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je serai extrêmement
bref et mon intervention est faite dans un esprit constructif. Je note que
l'amendement proposé par l'Union Nationale utilise l'expression
"organismes de santé et de services sociaux". L'article 25a
proposé utilise l'expression "services de santé et services
sociaux". Déjà, mon collègue de Mont-Royal a posé
la question: Est-ce que cela veut dire une institution ou un service à
l'intérieur de cette institution? Je voudrais simplement suggérer
qu'il serait plus clair dans les deux cas si l'on faisait allusion aux
établissements régis par la Loi sur les services de santé
et les services sociaux, et, ensuite, si l'on faisait allusion à de tels
établissements.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous permettez,
un instant. La motion d'amendement a été jugée recevable
dans son libellé. M. le député de D'Arcy McGee ne peut
présenter de sous-amendement, mais s'il y avait consentement unanime de
la commission pour que l'on modifie le texte de l'amendement de M. le
député de Mégantic-Compton, je n'y verrais aucune
objection.
M. Grenier: Je n'ai aucune espèce d'objection à
remplacer le mot "organismes" par le mot "services". C'est en plein dans
l'esprit de l'amendement que nous apportons.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la commission est
d'accord pour que l'on change le mot "organismes" par le mot "services"?
M. Charron: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Cardinal): À l'ordre! M. Charron: Sherlock Holmes.
Le Président (M. Cardinal): Non, je n'ai pas le droit de
préjuger de ce qui va se passer, vous le savez. Est-ce qu'en vertu de
l'article 65, je remplace le mot "organismes" par "services"?
M. Charron: M. le Président, si j'ai bien remarqué,
le député de Marguerite-Bourgeoys se cherche un parti
politique!
Mme Lavoie-Roux: Ne craignez rien.
M. Lalonde: Qui cherche le député de
Marguerite-Bourgeoys?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est peut-être un parti politique qui cherche
le député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): Sur cette motion d'amendement
de M. le député de Mégantic-Compton, modifiée par
la commission, avec l'autorisation de la présidence, le terme
"organismes"
sera remplacé par le mot "services". Cette motion d'amendement
sera-t-elle adoptée?
M. Charron: Le sous-amendement.
M. Laurin: En raison de la concordance avec l'article 108f, je
crois qu'elle s'imposait, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Grenier: Unanimement.
Le Président (M. Cardinal): Unanimement, merci, madame et
messieurs. Cette motion de sous-amendement est adoptée unanimement. Je
vous prierais de me laisser une seconde.
M. Charron: Pas leurs amendements, mais leurs sous-amendements,
n'importe quand.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que vous aviez adopté
l'amendement. Je me demandais ce qui vous arrivait. J'étais
inquiète.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Je sais que c'est l'heure de la pause-café, mais...
Je reviens à l'article 25a. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais simplement savoir
s'il serait utile que le gouvernement ou les représentants du
gouvernement aillent faire rapport à l'Assemblée nationale, en
haut, disant que nous avons adopté unanimement un sous-amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Peut-être que la guillotine pourrait être
remisée, en haut.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: C'est...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai dit que c'était le temps de la pause-café, ce
n'est pas le temps des messages publicitaires.
Nous revenons à l'article 25a. L'article 25a sera-t-il
adopté, tel qu'amendé?
M. Charron: Non, rejeté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, M. le Président, nous
parlons sur l'amendement proposé par le député...
Le Président (M. Cardinal): Sur l'amendement, vous avez
raison.
M. Ciaccia: Sur l'amendement. M. le Président, je crois
que c'est le devoir d'une loi d'éviter le conflit, d'éviter les
ambiguïtés, et il semble que les points que nous faisons se
rattachent à des questions juridiques, mais c'est exactement ce que nous
devons soulever à une commission qui examine un projet de loi article
par article.
Quand le ministre d'État au développement culturel a dit
que cela serait possible, pour les services de santé dans un
hôpital, individuellement, d'exiger l'application d'un
département...
M. Laurin: ... d'un secteur.
M. Ciaccia: ... d'un secteur, oui, d'exiger l'application de
l'article 25a, je vous dis que, d'après la définition à
l'annexe, ce ne serait pas possible. Si nous nous référons
à la loi 65, nous voyons qu'il y a une définition, parce que
l'annexe réfère au chapitre 48, et il y a une définition
qui s'applique à tout l'établissement.
Je crois que si c'est l'intention du ministre que chaque
département ait le droit d'imposer, je pense qu'il faudrait, ou faire un
amendement à l'annexe, ou faire un amendement à cet article-ci,
autrement, ce n'est pas clair.
J'ai une autre question. Comment cette décision sera-t-elle
prise? Qui va décider qu'un service de santé, qu'un
département, qu'un établissement va rédiger en accord avec
l'article 25a? Quand on parle d'éviter des conflits possibles, je
voudrais rappeler au gouvernement qu'il y a le conseil d'administration d'un
hôpital et que, d'après la loi 65, il y a des nominations du
gouvernement.
Alors, je suggère qu'il pourrait y avoir un conflit possible
entre les nominations du gouvernement, entre le conseil d'administration, entre
l'administration propre de l'hôpital et entre l'administration d'un
service, et l'article que nous voyons ici n'est pas clair à cet
égard. Il peut conduire à des conflits d'application et à
des pressions, par exemple, par le conseil d'administration au sujet d'un
organisme spécifique.
Alors, pour ces raisons, je crois que l'amendement du
député de Mégantic-Compton apporte au moins une
précision, une exclusion pour ne pas forcer, pour ne pas obliger
certains organismes, malgré leur propre administration, leurs propres
vues à obéir à cet article.
Je crois que c'est un amendement que nous devrons appuyer, mais, en plus
de cela, je dis au gouvernement que la rédaction de cet article est
très ambiguë. Il y a des contradictions et des difficultés
d'application en ce qui concerne les décisions qui seront prises selon
les dispositions de cet article.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je pense que le député de Mont-Royal a
le don de grossir les difficultés et de voir des ambiguïtés
là où il n'y en a pas.
Le deuxième alinéa de l'article 25a s'adresse aux services
de santé et services sociaux tels que définis on nous le
dit dans l'annexe à la loi 65 et je pense qu'il faut comprendre
qu'il s'agit de ces entités autonomes qu'on appelle parfois des
hôpitaux, des CLCS...
M. Ciaccia: ...a dit. Le ministre a dit des
départements.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Un instant. Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Vous allez voir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: C'est pour aider le député de
Rosemont.
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Paquette: Je n'ai pas besoin de votre aide.
Le Président (M. Cardinal): Cela n'aide pas du tout. M. le
député de Rosemont, et M. le député de Mont-Royal,
j'ai déjà mentionné que les duos étaient fort
agréables quand les voix concordaient, ce qui n'est pas le cas. M. le
député de Rosemont, vous avez la parole.
M. Ciaccia: On peut avoir des falsettos.
M. Paquette: Je soutiens que le deuxième alinéa
désigne ces entités administratives qu'on appelle, à
l'occasion, les hôpitaux, les centres locaux de services communautaires,
etc., et l'article dit tout simplement: II est loisible à ces organismes
d'imposer que les pièces aux dossiers soient rédigées
uniquement en français.
À mon avis, il me semble que l'interprétation est claire.
Il s'agit, pour ces organismes, de décider comment seront
rédigés les dossiers. Ils ont une obligation stricte.
Normalement, c'est à la discrétion du rédacteur. S'ils
veulent imposer le français, à mon avis, ils sont libres de le
faire totalement, dans tous les services sous leur juridiction ou concernant
certains services sous leur juridiction.
J'imagine que cela va se faire à la demande des personnes
concernées dans ces différents services, mais, en
définitive, ces organismes sont autonomes. Ils ont un conseil
d'administration et c'est le conseil d'administration qui prendra la
décision.
L'amendement du député de Mégantic-Compton a pour
but d'empêcher qu'un conseil d'administration d'hôpital anglophone,
par exemple, décide d'exiger, d'émettre une directive pour que
les pièces soient rédigées uniquement en français,
partout dans l'hôpital ou dans certains services.
C'est ce que fait l'amendement du député de
Mégantic-Compton...
M. Ciaccia: ...nommé par le gouvernement. Le conseil
d'administration est nommé par le gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Paquette: M. le Président, il y a deux
représentants du gouvernement au conseil d'administration des
hôpitaux. Je pense qu'il ne faut pas exagérer les
difficultés et prévoir des conflits possibles et des guerres
d'usure autour d'un sujet comme celui-là. On laisse la
possibilité, on imagine que les hôpitaux vont tenir compte de
l'opinion des personnes qui travaillent dans l'hôpital, qu'ils vont
prendre la décision la plus sage étant donné la situation.
La loi, telle que rédigée, a pour but, précisément,
de leur laisser le loisir de le faire et on veut leur retirer cette
possibilité. C'est ce que fait l'amendement.
Je tiens à dire qu'à ce moment-là, si on leur
retire la possibilité, ces hôpitaux visés à
l'article 108f vont être soumis au premier alinéa de l'article
25a. Donc, ils devront laisser le rédacteur choisir la langue dans
laquelle il va rédiger les pièces versées aux dossiers
alors que, dans certaines situations, cela peut être
contre-indiqué. Nous voulons laisser au conseil d'administration de
l'hôpital le soin de décider si cela est indiqué pour
l'institution. Il me semble qu'on réduit considérablement la
souplesse, la possibilité d'évolution qu'évoquait le
député de L'Acadie lorsqu'il a dit que rien n'empêcherait
les hôpitaux de le faire. Bien sûr qu'ils seront
empêchés de le faire parce que le premier alinéa dit que,
normalement, c'est en français ou en anglais, à la convenance du
rédacteur. Le deuxième alinéa est là
précisément pour dire oui, d'accord, mais un hôpital peut
décider d'imposer le français. L'amendement du
député de Mégantic-Compton vient nous dire qu'ils n'ont
pas le droit de le faire. Donc, comme je viens de le dire, les hôpitaux
anglophones seraient soumis au premier alinéa.
En terminant, M. le Président, j'ai peut-être
été un peu long, mais je pense que c'est le quatrième
amendement qu'on fait à l'article 25a, l'article qu'on avait dit
improvisé. Il n'y a eu qu'une seule rédaction, contrairement
à ce qu'a dit le député de Marguerite-Bourgeoys de cet
article. Il n'y a eu qu'une seule rédaction de l'article 25a. Vous en
avez eu une sous forme manuscrite et la même version sous forme
dactylographiée et on constate que cet article 25a n'est pas
improvisé, il résiste à l'analyse et tout ce qu'on fait...
Et ce n'est sûrement pas la volonté du député de
Mégantic-Compton de retarder les travaux. Je suis persuadé qu'il
a hâte qu'on passe au chapitre du travail et de l'entreprise. Nos heures
sont comptées.
M. Lalonde: Ce n'est pas notre faute.
M. Paquette: II y a des choses beaucoup plus importantes que des
détails qui visent à enlever de la souplesse dans la loi alors
que vous avez passé votre temps à critiquer la rigidité de
la loi.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Paquette: On veut y mettre de la souplesse et vous voulez
l'enlever.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si le député vous permet la question. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Paquette: Oui, certainement.
Le Président (M. Cardinal): Si elle est pertinente.
M. Lalonde: Oui, elle est pertinente, M. le Président,
vous allez le voir.
M. Chevrette: On le jugera après.
M. Lalonde: Si le député déplore le fait que
nos heures sont comptées, est-ce qu'il est prêt à voter
contre la motion en haut?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous sommes, comme on l'a déjà dit...
Une voix: Elle n'était pas pertinente.
Le Président (M. Cardinal): ... une excroissance de
l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Pas pour longtemps.
Le Président (M. Cardinal): Nous ne sommes pas
l'Assemblée nationale. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous savez fort bien, avec votre longue expérience
et votre sens juridique, que votre question n'était pas pertinente.
M. Lalonde: Mais elle était bonne en "batêche", par
exemple!
Le Président (M. Cardinal): C'est une autre chose. M. le
député de Rosemont, est-ce que vous aviez terminé?
M. Paquette: J'avais terminé, sauf pour répondre,
peut-être, au député.
Le Président (M. Cardinal): Ah non! Ah non! S'il vous
plaît!
M. Paquette: Vous ne me le permettez pas.
Le Président (M. Cardinal): Non, non. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le député de Rosemont me
permettrait une question sur les propos qu'il vient de prononcer...
M. Paquette: Avec plaisir.
M. Ciaccia: ...sur son interprétation de l'article 25a.
Vous avez dit que cela va permettre à l'organisme... Quand j'ai
soulevé la question, à savoir si c'était un service, vous
avez dit que c'est écrit que c'est un organisme. Le ministre a
semblé dire que chaque service ou plusieurs services dans un organisme
pourraient prendre cette décision.
M. Paquette: Ce n'est pas ce que le ministre a dit.
M. Laurin: Je n'ai jamais dit cela.
M. Ciaccia: Alors, c'est l'établissement, pas les services
individuels...
M. Paquette: Non, ce que le ministre a dit... M. Ciaccia:
Ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. Paquette: ... c'est que l'hôpital pourrait
décider qu'un service seulement aurait à appliquer l'unilingusime
français dans la rédaction des dossiers. Il a dit que
c'était sur décision de l'hôpital, que ça pourrait
nous donner ce résultat. C'est bien clair que, d'après la loi,
c'est le conseil d'administration de l'hôpital qui va décider en
dernier ressort.
M. Laurin: En vertu de l'article 96, M. le Président, le
député de Mont-Royal, comme il lui arrive souvent, me comprend
mal. J'ai dit qu'un secteur ou un département pouvait...
M. Ciaccia: II vous comprend bien, M. le Président.
M. Laurin: ... recommander, s'il le trouvait opportun, au conseil
d'administration de permettre à tel département ou à tel
secteur d'utiliser uniquement une langue plutôt que telle autre. Mais je
n'ai jamais dit que, de sa propre autorité, un département ou un
secteur pouvait décider en cette matière, comme en n'importe
quelle autre, sans se référer au conseil d'administration car
aucun département ou secteur n'a une autonomie marquée à
ce point dans une institution hospitalière. Il faut que la
décision soit prise par le conseil d'administration.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je veux seule-
ment dire quelques mots, étant donné que l'amendement
répond à une interrogation que j'ai exprimée ici, ce
matin, selon laquelle il y a un conflit entre le texte proposé à
l'article 25a par le gouvernement et l'article 108f. En effet, en vertu de
l'article 108f, on confie à l'Office de la langue française le
soin de déterminer quels sont les services de santé, qui sont en
fait des établissements au sens de la loi 48, quels sont ces
établissements qui ont un caractère linguistique autre que
français, pour employer une expression chère au gouvernement.
D'autre part, on confie aussi à ce service de santé le
loisir d'imposer que des pièces versées aux dossiers cliniques ne
soient rédigées qu'en français. Au moins, l'amendement du
député de Mégantic-Compton tente de remettre une certaine
cohérence ce n'est pas facile dans le roman qu'on nous
propose, M. le Président, qui donne ouverture à tant de
confusion. Ceci, d'ailleurs, quelques heures avant que la guillotine ne nous
tombe sur la tête.
Mme Lavoie-Roux: La chaise électrique.
M. Lalonde: On appelle encore ça la guillotine. À
moins que le député de Saint-Jacques n'ait trouvé une
autre formule. La chaise électrique, je l'ai entendu, oui.
M. Charron: La chaise électrique. M. Lalonde: Oui,
on a entendu ça.
Mme Lavoie-Roux: II paraît que c'est moins douloureux.
M. Lalonde: Oui.
M. Charron: Vous allez mourir avec le sourire.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: M. le Président, on voit comment...
Le Président (M. Cardinal): II n'y a personne qui va en
mourir.
Mme Lavoie-Roux: II a vraiment l'air de jouir. Le
Président (M. Cardinal): Non, non.
M. Ciaccia: Le sadisme... jouir, ils sont sadiques.
M. Grenier: M. le Président, il n'a pas le droit de jouir
en disant ça.
M. Bertrand: ... jouit tout le temps, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, s'il
vous plaît, on n'était pas bien ensemble?
Mme Lavoie-Roux: Vous allez voter contre la motion, M. le
Président?
M. Lalonde: M. le Président, votre tête...
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne voterai pas.
M. Lalonde: M. le Président, votre tête ne vaut pas
plus que la mienne, je regrette, sous la guillotine qui va nous tomber dessus
ensemble. Je regrette, parce que je pense que vous avez...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez une bonne tête. M. Lalonde:
... vous avez une bonne tête.
Le Président (M. Cardinal): C'est écrit sur les
murs: Mane, thecel, phares.
M. Lalonde: Ce n'est même pas en français, M. le
Président.
M. Ciaccia: C'est une autre langue.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, si vous voulez revenir à
la pertinence du débat.
M. Grenier: Vous êtes un membre du Parti
québécois.
M. Lalonde: II a fallu passer des heures à discuter d'un
article qui a été inventé sur place, qui a
été scribouillé sur un coin de table il y a quelques jours
et qui nous est présenté sous le numéro 25a. Au moins, le
député de Mégantic-Compton a fait une tentative
honnête limitée; limitée, mais honnête, pour
décrochir un peu cette loi qui est encore aussi croche qu'elle
l'était ce matin, mais,qui va quand même, peut-être,
éviter un peu de problèmes aux Québécois, cette loi
qui est sinueuse, serpentante, couleuvrée et qui est remplie
d'ambiguïtés, ambiguïtés que le ministre appelle
souplesse...
M. Bertrand: M. le Président...
M. Lalonde: ... qui ouvre la porte à l'arbitrage que le
ministre appelle souplesse.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Vanier, vous soulevez une question de...
M. Bertrand: Pourriez-vous demander au député de
Marguerite-Bourgeoys de ne pas se prendre pour le ministre d'État au
développement culturel?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! M. le député de Vanier, vous avez
réussi, mais...
M. Charbonneau: Changez de cassette. Vous avez pris la même
que ce matin.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il y a un article
qui ne permet pas de prêter des intentions indignes.
Une voix: Si vous continuez à être si populaire, je
me sauve.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Un
instant!
M. Charbonneau: Changez de cassette, vous avez pris la même
que ce matin.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Verchères! M. le député de Vanier
a très bien réussi, mais s'il réussit aussi souvent, je
vais être obligé de faire siéger la commission à
huis clos.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Laurin: Je n'ai jamais vu des guillotinés possibles qui
s'ébaudissent autant.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): J'ai l'impression que, d'ici
23 heures, j'aurai beaucoup de facilité avec vous.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, comptez sur moi. Si le
gouvernement ne le sait pas encore, l'Opposition n'est pas là pour se
faire "bulldozer". La guillotine, même si elle est tout près de
notre tête, ne nous fera pas changer d'opinion.
M. Charron: Allons, vous vous trompez d'étage.
M. Lalonde: Même après la guillotine, le
gouvernement va s'apercevoir que l'Opposition officielle ne se laissera pas
garrocher, ne se laissera pas bousculer.
Une voix: C'est votre droit.
Le Président (M. Cardinal): Encore une fois, dans mon
immense...
M. Charron: Vous resterez ici la semaine prochaine et le reste de
votre parti sera en vacances.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Dans mon immense générosité, j'ai laissé
lancer votre message que vous auriez dû lancer un étage plus
haut.
Mme Lavoie-Roux: ... là-haut.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Laurin: II ne faut pas parler de corde dans la maison du
pendu.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Y compris M. le ministre.
M. Saint-Germain: D'ailleurs, M. le Président... Des
voix: Ah! Ah!
M. Saint-Germain: Dans l'état actuel du Québec, on
est à peu près les seuls citoyens à faire du temps
supplémentaire et on veut nous guillotiner.
Le Président (M. Cardinal): C'est pour vous couper au
salaire minimum. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je me surprends que le
gouvernement ne veuille pas appuyer cet amendement qui tente d'apporter un peu
de cohérence à cet article rédigé à la
vitesse, qui est le résultat de l'improvisation qu'on a vue depuis
quelques jours dans cette commission parlementaire, improvisation qui permet
quand même à ce gouvernement d'offrir une guillotine, en haut, qui
va nous descendre sur la tête ce soir, M. le Président.
Même si on voulait adopter le projet de loi dans une heure, on ne
pourrait pas le faire, le gouvernement ne sait pas quoi apporter. Il y a des
bouts de papier, comme cela, 25a, combien de a) avez-vous encore à nous
offrir?
M. Charron: Proposez-vous l'ajournement? Une voix: Demain,
on les aura.
M. Lalonde: Combien d'amendements avez-vous à nous offrir?
Combien d'amendements?
M. Laplante: Demain, vous allez savoir cela.
M. Charbonneau: Ce sont les citoyens qui paient cela, n'oubliez
pas cela.
M. Lalonde: II est malheureux que ce soit dans cette
espèce de cirque, à caractère de vacances, que les
députés ministériels traitent les derniers moments des
travaux de cette commission.
M. Charbonneau: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le
député de Joliette-Montcalm, à l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: ...eux autres. On ne se laissera pas insulter tout
l'après-midi, sans riposter, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je reprends la phrase de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je puis, comme certains l'ont dit, avoir un certain sens
peut-être de l'humour et d'autres choses, mais je n'admettrai pas
que la commission se termine en cirque, même si ces heures
semblent, selon certains, comptées. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, l'amendement du
député de Mégantic-Compton a au moins la vertu de mettre
un peu de cohérence dans cet article qui, autrement, pourrait ouvrir la
porte à un conflit direct entre le service de santé, d'une part,
et l'Office de la langue française, d'autre part.
L'exception créée par l'amendement indique bien que les
dispositions qui permettent que ce soit rédigé uniquement en
français naturellement, il faut permettre qu'elles soient
rédigées uniquement en français, parce que l'effort de
bilinguisme que la première phrase contient ou représente a tout
à coup fait peur à ce gouvernement qui, pris de frayeur, a mis le
deuxième article en disant: Est-ce que je donne de la main gauche ce
qu'il faut que je reprenne de la main droite? Mais la contradiction qu'il a
créée avec les autres articles de la loi, naturellement, ne l'a
pas frappé, à cause d'une certaine ignorance de la technique
législative. On a vu jusqu'à quel point ce gouvernement, autour
de cette table, même malgré la qualité intellectuelle de
certains de ses membres, du côté ministériel, l'ignorance
de la technique législative...
M. Charbonneau: Si vous n'êtes pas capable de trouver
d'autres arguments que de descendre les gens, d'essayer de les diminuer, vous
pouvez retourner à votre bureau.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères...
M. Lalonde: M. le Président, quand j'ai parlé de
qualité intellectuelle...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys aussi! À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ...je ne visais personne.
Mme Lavoie-Roux: Son whip va s'occuper de lui.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, à l'ordre! S'il vous plaît, M. le député
de Verchères, il est sûr que vous représentez une
circonscription, ce qui n'empêche pas que, comme représentant de
cette circonscription, vous êtes tenu d'observer...
M. Saint-Germain: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier! Cela n'empêche pas que tous et
chacun d'entre vous êtes soumis au règlement et que, par
conséquent, lorsqu'un député s'exprime, à moins
qu'on ne lui demande la permission, en lui posant une question, on doit le
laisser s'exprimer librement, comme le veut la démocratie et non
seulement le règlement.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends qu'on manque, de
l'autre côté... Pourtant le gouvernement est rempli de services,
surtout des services juridiques qui sont pleins de talents, qui pourraient
donner au gouvernement quand même des conseils utiles, mais autour de
cette table, malheureusement, on a vu dans les discussions, récemment,
qu'on ne semble pas saisir les problèmes de la technique juridique, de
la technique législative. Or, le sous-amendement du député
de Mégantic-Compton a au moins cet avantage...
Le Président (M. Cardinal): Pas le sous-amendement, il est
adopté.
M. Lalonde: L'amendement, excusez-moi. Avec l'improvisation du
gouvernement on est tellement mêlé qu'on ne sait plus où on
en est. L'amendement du député de Mégantic-Compton...
M. Charbonneau: Vous êtes tellement mêlé que
vous ne vous apercevez pas que cela fait quatre fois que vous dites la
même chose.
M. Lalonde: ...au moins ajoute un peu de cohérence. Je
suis surpris que le gouvernement, après deux heures de discussions et
les députés qui sont là, qui protestent...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, adressez-vous au président. De toute façon,
M. le député de Verchères n'est pas membre du
gouvernement.
M. Lalonde: J'allais dire justement les députés qui
forment le groupe ministériel, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lalonde: Je suis surpris, M. le Président, que ces
députés, que je ne peux pas regarder, à qui je ne peux pas
m'adresser...
Le Président (M. Cardinal): Vous pouvez les regarder.
M. Lalonde: ...qu'ils ne voient pas là l'occasion
d'exercer leur charge, leur fonction de législateurs. Ils ne sont quand
même pas ici pour faire le nombre seulement. Je comprends que des fois
c'était utile, parce que toute l'Opposition était là et il
n'y avait personne de l'autre côté, hier soir, de 20 heures
à 20 h 15.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! La pertinence du débat.
M. Paquette: Franchement...
M. Dussault: Le "filibuste" continue.
M. Lalonde: Je comprends qu'on trouve cela impertinent, surtout
que...
M. Paquette: C'est vous qui êtes impertinent. Le
Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le
député de Châteauguay, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, on a noté votre bon comportement à cette
commission, continuez donc jusqu'à la fin.
M. Charbonneau: M. le Président, il ne faut pas
charrier.
Une voix: Une flatterie.
M. Lalonde: M. le Président, je fais appel, s'il en reste,
au sens de la responsabilité des législateurs, des membres de ce
parti qui sont en face de nous pour quelque temps encore pour tenter de
regarder, même s'ils ont reçu des ordres d'en haut, de regarder
l'amendement. Il ne fait pas mal l'amendement.
M. Paquette: II n'est pas bon.
M. Lalonde: II est excellent. Il va vous éviter des
problèmes. Notre intérêt, disons, qu'on pourrait cacher, un
intérêt seulement partisan, si on suivait cet
intérêt, on vous laisserait faire vos bêtises tout seuls,
mais cela fait 98 heures, ou presque 100 heures, qu'on tente de vous sauver,
qu'on tente de vous sortir de vos misères, qu'on tente de permettre que
cette loi soit meilleure, de sorte qu'elle soit plus facilement applicable. Au
fond, vous avez bien raison de rire, parce qu'au fond ce n'est pas vous que
nous voulons sauver, ce sont les Québécois que nous voulons
sauver de vos misères. Vous allez imposer une loi aux
Québécois qui va leur créer des problèmes. Vous
avez invité vos amis.
M. Paquette: Ils ont parlé plus clairement le 15
novembre.
M. Lalonde: M. le Président, encore une preuve de
l'intransigeance, de l'hermétisme, de la fermeture de ce gouvernement
dans la discussion de ce projet de loi. Je pense qu'il faut le souligner. C'est
le nième amendement qui, pourtant, n'attaque pas le fond du
problème, ne veut qu'améliorer techniquement cette loi et, encore
une fois, la porte est fermée, le mur est impossible à franchir,
l'ouverture est absente malgré les promesses qu'on nous a faites avant
d'arriver ici. À chaque décision que prend ce gouvernement de
cette façon, inspirée par l'intransigeance et par
l'intolérance, il s'éloigne de plus en plus de ce que les
Québécois veulent, il s'isole de plus en plus de sa
clientèle et il va se retrouver tout seul dans un coin, et ce ne sera
pas long.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, il vous reste onze minutes.
M. Grenier: M. le Président, je ne prendrai pas les onze
minutes, soyez-en sûr. Sur l'amendement que j'ai proposé, il est
assez étrange de constater, pour avoir été
mêlé à ce milieu de la santé, que, parfois, quand
les choses ne tournent pas rond, on dit: Le gouvernement devrait trancher la
question. D'autres fois, on a vite dit: Le gouvernement devrait se retirer de
tel secteur, c'est de l'ingérence. C'est évident que c'est ce
qu'on vit autour de cette table aujourd'hui. Les ministériels
prétendent que c'est de l'ingérence que d'accepter cet
amendement. De notre côté, on prétend que le gouvernement
devrait imposer, par une loi, l'amendement que nous vous proposons. Je pense
que c'est l'objet de la discussion qu'il y a de chaque côté de la
table. Je continue de prétendre, malgré l'argumentation qu'a
faite le ministre d'État au développement culturel, que pour une
décade au moins, on devrait obliger, par une loi, les autorités
institutionnelles à appliquer l'amendement qu'on vous propose
aujourd'hui.
Évidemment, je ne veux pas, bien sûr, faire perdre le temps
de la commission. Je pense que le député de Rosemont a
été très honnête tout à l'heure en disant que
ce n'était pas notre intention. Mais c'est quand même notre
travail que de proposer des choses, des changements qui pourraient
améliorer l'administration de la province. C'était le but de
l'amendement comme cela a été le but de nos autres
amendements.
Maintenant, on travaille comme je l'ai mentionné ce matin
en Chambre avec le changement de gouvernement qu'il y a eu. L'ancien
gouvernement nous a pendu avec dix pieds de corde sa guillotine, si vous
voulez. Celui-ci nous pend avec quinze pieds, mais on meurt quand même,
vous savez, avec quinze ou dix pieds.
Je demanderais que l'amendement qu'on a là... On en est rendu
à penser je ne vous le cache pas que c'est un peu
désabusant de travailler on l'a mentionné tout à
l'heure, M. le député de Marguerite-Bourgeoys l'a
mentionné . Bien honnêtement, sans vouloir vous en faire
grief, cela rend un peu désabusé de travailler et de sentir qu'on
veut quand même faire des propositions qui sont constructives et
je pense que c'en est une avec des divergences de vues, mais je vois mal
qu'on nous accuse de vouloir faire perdre du temps.
Je vous le fais remarquer bien simplement, l'amendement se
défend. Il se défend, cet amendement, et il se défend
bien. Il faut avoir été mêlé au milieu. Les
personnes qui ne sont pas mêlées au milieu d'un centre
hospitalier, et je l'ai été pendant six années... Il est
important, cet amendement. C'est pour cela que je l'ai apporté. Pour
savoir jusqu'à quel point le gouvernement à des occasions
et s'il en est un qui s'est battu contre le fait que le gouvernement doit se
retirer de certains secteurs pour laisser plus de latitude au conseil
d'administration, j'en suis un... J'ai été le président de
l'Association des centres d'accueil du Québec, et j'ai visité
à peu près chacune des institutions. J'ai ramassé
là des plaintes assez surprenantes, parfois, de l'ingérence du
gouvernement dans certains secteurs.
D'un autre côté, parfois, on aurait voulu avoir des
directives plus précises. L'argumentation du député de
Rosemont, puisque cela a été, avec celle du ministre, les seules
que nous avons eues de l'autre côté, sont sans doute valables.
C'est un point de vue que je ne partage pas; elles sont sans doute valables,
mais, mêlées au milieu', je pense
que, dans ce secteur, je demanderais au gouvernement d'accepter notre
amendement. Si on se fait battre, bien sûr, cela en fera un de plus que
je rangerai dans mon dossier qui commence à être très
épais, cela en fera un de plus qui n'aura pas été
accepté, mais c'est notre rôle de faire des propositions.
Devons-nous rester sur cet amendement jusqu'à ce soir? J'en suis
quasiment rendu à penser cela. Celui-là est aussi drôle que
les autres. C'est aussi bien de rester là que de passer à un
autre. Cela n'apporte rien de l'autre côté. Cela ne donne rien.
Nous avons voté un amendement tout à l'heure pour changer
"organismes" par "services", ce sont à peu près les seules
concessions que nous avons eues. Pourquoi irions-nous nous battre maintenant?
J'en suis quasiment venu à cela, nous allons employer le temps, M. le
Président, jusqu'à 23 heures, ce soir.
Mais, s'il arrive que le gouvernement n'accepte pas un amendement de ce
genre, un amendement que j'ai vécu pendant longtemps, alors que
j'étais membre d'un conseil d'administration... Je veux bien faire
confiance au ministre. Lui aussi était dans le secteur. J'ai
été membre d'une corporation pendant six ans. J'ai
été membre des corporations dans la province, dans l'ensemble des
corporations des centres d'accueil. J'ai eu à siéger plusieurs
fois à des conseils d'administration de petits hôpitaux de 200
lits et moins. On a vu les difficultés que cela pouvait apporter. On
demande, avec le vocabulaire que je peux trouver... Je ne braillerai pas sur un
amendement comme celui-là. Je n'irai pas jusque-là, je ne suis
pas capable. Cela n'attire pas mes larmes à ce point. Mais, je n'ai pas
d'autre argument que de vous dire d'en accepter un de temps en temps, et cela
en est un qui assainirait l'administration. Cela donnerait un coup de main
à ces maisons. Cela les aiderait.
On témoigne, de ce côté de la table, avec notre
forme de vocabulaire. On se fait dire par ceux de l'autre côté:
Vous faites perdre le temps aux gens qui sont ici. Quand on discute, on prend
toujours du temps. C'est évident.
J'ai demandé, ce matin, en Chambre, de laisser continuer la
commission. La guillotine, je n'y tiens pas. On peut peut-être commencer
à trouver cela drôle. Les vacances d'été sont
terminées. Je n'ai pas pris de vacances avec mes enfants. Ils vont
entrer à l'école et je ne serai pas allé en vacances. Il y
en a d'autres qui sont allés en vacances, par exemple. Je ne les
nommerai pas. Je ne dirai pas de quel côté de la table ils sont.
Je n'aime pas cela. Je voudrais bien que cela arrête, qu'on arrête
de dire qu'on prêche la vertu et qu'on pratique le vice.
À partir de là, je ne me laisserai pas dire des choses
comme celles qu'on a insinuées tout à l'heure, qui ne sont
heureusement pas dans le journal des Débats.
M. Laplante: Sommes-nous toujours sur l'amendement?
M. Grenier: Oui, M. le Président, sur l'amen- dement, qui
est un des derniers avant la clôture de ce soir.
Je demanderais au gouvernement de faire comme on disait, à
l'occasion, comme on l'a dit il y a un bout de temps, ici: Un beau geste, dans
les deux sens. Vous vous en souvenez, vous avez vécu cette étape,
vous aussi, M. le Président, quand l'ancien premier ministre, M.
Johnson, disait au premier ministre du temps: Un beau geste, M. le chef de
l'Opposition? Je demande un beau geste. Seulement dans un sens, du
côté du gouvernement.
Encore une fois, c'est un amendement qui a été jugé
recevable. Je vous demanderais de nous donner une petite chance. On aimerait
cela, être capable de dire, ce soir, et le gouvernement n'y perdrait pas,
de dire: On a accepté un amendement. Cela n'allongerait pas tellement la
loi, il y a trois lignes dedans. Cela préciserait la loi et cela
pourrait aider les conseils d'administration. Maintenant, comme je vois que
cela n'intéresse absolument pas les deux ministres qui sont ici,
j'arrête de parler et j'arrête de faire perdre du temps à la
commission.
Le Président (M. Cardinal): La motion d'amendement de M.
le député de Mégantic-Compton sera-t-elle
adoptée?
M. Charron: Elle est rejetée, sur division, M. le
Président.
M. Grenier: Un vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Mégantic-Compton.
À l'ordre, s'il vous plaît! Êtes-vous disposé
à voter, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
Je fais l'appel nominal. M. Duhaime (Saint-Maurice)? M. Bertrand
(Vanier)?
M. Bertrand: C'est sur l'amendement, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): De M. le député
de Mégantic-Compton.
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)? M. Dussault (Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)? M.
Le Moignan (Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Seulement un instant, s'il vous plaît! Le résultat du vote
est le suivant:
Pour: 5 Contre: 9.
La motion d'amendement est rejetée et j'en reviens à
l'article 25a, qui est une motion principale.
M. Charron: Je propose que l'article 25a soit adopté.
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Cardinal): Adopté sur division.
Laissez-moi 60 secondes pour accomplir le nécessaire.
Je n'appelle pas l'article 26. Je rappelle que l'article 26 a
été adopté. Je rappelle que l'article 27 a
été adopté et je dois je pense qu'il est de mon
devoir de le faire rappeler que M. le député de
Mégantic-Compton avait suggéré qu'après
l'étude de ce chapitre IV sur la langue de l'administration, l'on puisse
peut-être suspendre l'étude de certains articles.
Auparavant, M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je me souviens aussi de cette proposition faite par
notre collègue de Mégantic-Compton, qui était
peut-être une proposition, à l'époque,
prématurée, mais dont le caractère politique était
recevable.
Effectivement, le député de Marguerite-Bourgeoys nous a
abondamment rappelé que nous travaillons aujourd'hui pendant que nos
collègues de l'Assemblée sont à juger si cette commission
a mis trop de temps à étudier le projet de loi, article par
article, et si on ne doit pas lui retirer la confiance que nous lui avions
faite pour achever ce mandat dans un temps normal, régulier qu'impose
l'importance du projet de loi ou si, par contre, cette commission n'a pas
été victime d'une obstruction qui, larvée à
l'occasion, évidente même pour les aveugles à d'autres
moments, n'a pas fait qu'aujourd'hui, après quelques trois semaines de
labeur qui nous ont conduits à siéger à nombre d'heures et
même à des heures irrégulières en regard des travaux
de l'Assemblée nationale, nous ne pouvons rapporter à la
commission qu'un faible progrès de nos travaux.
Effectivement, avec les 14 articles du chapitre de la langue de
l'enseignement et les 27 articles qui sont maintenant adoptés dans les
premiers chapitres, nous n'avons adopté ensemble que 41 des 219 articles
que l'Assemblée nationale nous avait mandatés pour étudier
en son nom; il est à prévoir que lorsque nous ferons rapport
à l'Assemblée de la façon dont cette commission s'est
acquittée de sa tâche, plusieurs des membres de l'Assemblée
auront à justifier leur attitude, puisqu'il est invraisemblable que nous
ayons pris autant de temps sur une loi aussi importante pour faire aussi peu de
travail à l'intérieur de quatre semaines. Mais là n'est
pas la question.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Charron: Voilà, je veux revenir...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Il y a une
question de règlement...
M. Charron: ... à la question.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Un instant!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur une question de
règlement.
M. Lalonde: Je me demandais si vous aviez appelé l'oraison
funèbre, M. le Président, de cette commission...
M. Charron: Non.
M. Lalonde: ... que le ministre est en train de nous faire.
A-t-il quelque chose à proposer?
M. Charron: Oui. J'ai quelque chose à proposer et
j'étais à dire...
Le Président (M. Cardinal): Non. À l'ordre! M.
Charron: J'allais dire...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Un
instant!
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, si vous permettez, M. le
député de Saint-Jacques. J'allais vous demander si vous parliez
sur une motion qui n'était peut-être pas encore tout à fait
officiellement reçue.
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je considère que
la motion de M. le député de Mégantic-Compton est
recevable et reçue et...
M. Charron: Non.
Le Président (M. Cardinal): Non. Alors, sur quoi
parlez-vous?
M. Charron: Sur une proposition que je veux...
Le Président (M. Cardinal): II faudrait que j'appelle un
article...
M. Charron: ... vous présenter.
Le Président (M. Cardinal): ... en vertu du mandat de
cette commission.
M. Charron: Vous avez appelé l'article 28.
Le Président (M. Cardinal): Non. L'article 28 a
été suspendu pour les fins de la discussion et pour vous
permettre de continuer.
M. Charron: J'ai une proposition...
Chapitre V: La langue des organismes
parapublics
Le Président (M. Cardinal): Non. À l'ordre!
Article 28
Le Président (M. Cardinal): ... l'article 28 ayant
été suspendu, j'appelle l'article 28. M. le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: J'ai une proposition à faire à la
commission.
M. Lalonde: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avant l'intervention du député de
Saint-Jacques, vous avez fait référence à une proposition
ou à une suggestion du député de
Mégantic-Compton...
Le Président (M. Cardinal): C'est exact.
M. Lalonde: J'ai cru que vous étiez sur le point de
proposer à cette commission de discuter de cette suggestion, sinon de
cette motion, je ne sais pas si elle a pris la forme d'une motion. Quelle est
la préséance? Est-ce la proposition du député de
Mégantic-Compton ou celle du député de Saint-Jacques qui a
préséance.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Si vous me
permettez, je vais répondre à la question. Je vais du moins
tenter d'y répondre avec le plus d'honnêteté possible. J'ai
interrompu M. le député de Saint-Jacques à la suite d'une
question de règlement soulevée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que je constatais que M. le député de
Saint-Jacques parlait de choses qui n'étaient pas devant la commission.
Le mandat de la commission est d'étudier article par article le projet
de loi 101. Charte de la langue française. Je viens officiellement
d'appeler l'article 28 ce qui permet à tout membre de cette commission
de faire toute motion qui serait jugée recevable.
M. Charron: M. le Président, sur l'article 28.
Le Président (M. Cardinal): D'autre part, si vous me
permettez, il est reconnu que lors de l'appel d'un article, le parti
ministériel a le premier mot s'il n'en a pas le dernier par la
suite.
M. Charron: M. le Président, j'étais à vous
dire que la situation que nous n'avons pas à juger effectivement ici
à la commission, tout le monde le sait, est présentement
analysée, scrutée par nos collègues de l'Assemblée
nationale. Puisque j'ai la ferme conviction que le bilan négatif, la
longueur de temps que nous avons pris vaudra dans les prochaines heures
à la commission de se voir retirer la confiance de l'Assemblée
nationale pour procéder à l'étude article par article du
projet de loi que celle-ci lui a confié, puisque je suis convaincu que
nos collègues de l'Assemblée nationale ne sauront se prononcer
fièrement sur la façon dont nous nous sommes acquittés de
cette tâche et qu'ils nous retireront la confiance qu'ils nous ont
donnée il y a maintenant quatre semaines, à cause du
piètre rendement et du piétinement de la commission et, par
intuition, sur la décision de l'Assemblée nationale, sachant que
nous allons achever les travaux de la commission aujourd'hui même,
j'aimerais, de la même façon que je l'ai fait lorsque j'ai
invité les membres de la commission à se prononcer sur un des
chapitres les plus litigieux et, Dieu sait que le temps que nous avons mis
à...
M. Saint-Germain: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Motion pour passer à l'étude du chapitre
VI
M. Charron: Je suis en train de présenter une motion, M.
le député. Je dis, M. le Président, que de la même
manière que j'avais présenté et proposé à la
commission d'étudier le chapitre de la langue d'enseignement en lui
donnant préséance sur d'autres chapitres, exactement comme ceux
que nous venons d'achever d'étudier, je propose à la commission
d'utiliser les dernières heures qui lui restent avant que la confiance
qu'elle avait méritée et qu'elle a perdue de l'Assemblée
nationale ne lui soit retirée, pour se prononcer sur un autre chapitre
que nos excellents amis de l'Opposition ont identifié comme étant
un des points les plus litigieux du projet de loi.
Je sais très bien, M. le Président, qu'il ne reste que
quelques heures avant que cette confiance ne nous soit retirée. Mais je
ne l'ai pas voulu. Je suis de ceux qui auraient voulu que l'on abordât la
question de la langue de travail le plus rapidement possible. Je n'ai pas
multiplié les amendements irrecevables ou recevables. Je n'ai pas fait
perdre le temps de la commission sur une question de recevabilité. Je
pense normalement qu'au bout de quatre semaines, je ne devrais pas être
en train de vous proposer de passer à l'étude du chapitre de la
langue du travail. Cela devrait être déjà fait par une
commission qui, attentive et respectueuse du mandat que lui avait confié
l'Assemblée nationale, se serait promptement acquittée de sa
tâche. Nos collègues de l'Opposition ne l'ont pas voulu ainsi et,
dans le respect de leurs droits, nous devons, maintenant, à la limite,
accuser un retard qui, à mon avis, pour l'ensemble des
Québécois, est inacceptable.
Dans l'espoir que l'Opposition aura des amendements structurés et
dans l'espoir que l'Opposition puisse, et ait réfléchi sur
l'occasion que nous lui offrons maintenant, je propose donc, M. le
Président, au nom du gouvernement du Québec, que cette commission
suspende l'étude des articles 28 à 37 du projet de loi que nous
avons mandat d'étudier et qu'elle aborde immédiatement
l'étude du chapitre VI de la loi intitulé: La langue du travail,
soit les articles 38 à 46.
M. Guay: Avez-vous reçu l'absolution?
M. Lalonde: Sa pénitence était de revenir ici.
M. Charron: C'est mon tour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît, à l'ordre! Il est
proposé par le député de Saint-Jacques que cette
commission suspende l'étude des articles 28 à 37 et aborde
immédiatement l'étude du chapitre VI de la loi, soit les articles
38 à 46. Je déclare cette motion recevable et reçue. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, avec tout ce qui nous est
arrivé depuis quelques jours, l'improvisation et l'incohérence du
gouvernement, les amendements faits sur le coin de la table à la
dernière minute, présentés à la
va-comme-je-te-pousse, avec les deux guillotines qui nous ont été
imposées par la lourde majorité du gouvernement, on n'a plus
à se surprendre de la façon dont le gouvernement dirige ses
travaux en cette Chambre et à cette commission.
Malgré ça, M. le Président, je suis surpris,
étonné que le gouvernement lui-même déplore ne pas
avoir assez de temps pour étudier tout ce projet de loi. C'est le
même gouvernement, de l'autre côté de la table qui, en haut,
à l'Assemblée nationale, propose une motion de guillotine pour ce
soir. Dans une pirouette comme on n'en a pas vu souvent, il vient ici pleurer
sur les quelques heures qui nous restent, M. le Président, il vient ici
déplorer le fait que nos heures sont comptées et qu'il faut
immédiatement passer à un autre chapitre pour pouvoir gagner le
respect de l'Assemblée nationale.
M. le Président, le député de Saint-Jacques
était bien meilleur dans l'opposition, on va voir à ce qu'il y
retourne. Au moins, là, il avait l'air un peu plus cohérent, un
peu plus vraisemblable. Réellement, là, je l'ai
écouté sérieusement, et lorsqu'il dit que !a commission
parlementaire aurait perdu le respect de l'Assemblée nationale parce
qu'on n'a adopté que cinq chapitres, qu'une cinquantaine, pas 41
articles, parce que les absences nécessaires du député de
Saint-Jacques je dis nécessaires, à cause de ses autres
fonctions, sûrement à cette commission parlementaire vont
peut-être empêcher de s'apercevoir qu'il y a eu des articles a),
des articles additionnels, des 22a, des 81a, des 25a, et qu'on est rendu entre
45 et 50 articles, après une centaine d'heures, et avec plusieurs
articles, en plus de ça, qui ont été apportés par
le gouvernement, des amendements, des nouveaux articles, 23 est un nouvel
article, 24 est un nouvel article, 25 aussi, 25a, 22a, tout un nouveau chapitre
introduit dans l'administration par le gouvernement, à la
dernière minute, sur un coin de table, jeudi soir, alors qu'on avait
justement inscrit la première motion de guillotine...
M. Paquette: II a été déposé à
une conférence de presse.
M. Lalonde: Jeudi soir, alors qu'on suggérait à
l'Assemblée nationale d'imposer un rythme plus grand, une cadence plus
grande à cette commission, ici, on ne savait même pas ce qu'on
voulait, sur le coin de la table. Et puis le député de
Saint-Jacques, presque la larme à l'oeil, dit qu'on a perdu le respect
de la commission.
M. Bertrand: L'alarme ou la larme? M. Lalonde: La
larme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: II déplore que cette pauvre commission ait
perdu le respect de cette belle Assemblée nationale, M. le
Président. Il ne se souvient pas, il a la mémoire courte, le
député de Saint-Jacques, quand il le veut, parce que je sais
qu'il a la mémoire longue quand il le veut aussi. Il se souvient
sûrement en 1974...
M. Charron: ...En 1976.
M. Lalonde: ...justement...
Mme Lavoie-Roux: La romance.
M. Lalonde: ...après 55 heures de travaux à une
commission parlementaire semblable à celle-ci, un article adopté
et un autre abordé. Plusieurs "cinquaines", sinon dizaines de motions
dilatoires, par exemple, dans un "filibuster" complètement officiel et
déclaré. C'était bien fait d'ailleurs, c'était bien
fait.
Alors qu'ici, à la suite d'un débat assez long,
quelquefois, un débat vigoureux souvent, franc toujours. Nous avons
adopté une cinquantaine d'articles, nous avons adopté cinq
chapitres, dont le chapitre de l'enseignement, qui n'est quand même pas
un petit chapitre, qui est celui qui contient les dispositions les plus
controversées de ce projet de loi ou parmi les plus
controversées, qui est un chapitre qui a même donné lieu
à de nouveaux articles, au moins à un nouvel article, mais un
article quand même important pour le gouvernement, l'article des accords
de réciprocité, qui a aussi donné lieu à un
débat qui devait se faire.
Après 5 chapitres, une cinquantaine d'articles adoptés, on
ose venir ici, nous offrir, alors qu'il nous reste, de par le rouleau
compresseur de la majorité, quelques heures à peine à
discuter, on nous offre de tripoter les travaux de cette commission
parlementaire et de changer l'ordre que le gouvernement lui-même a choisi
pour étudier cette loi. On l'a accepté. On avait voté
contre, mais cette commission a accepté de passer à la langue
d'enseignement il y a quelques jours. À ce moment-là, on croyait
encore que le gouvernement aurait l'honnêteté de laisser à
cette commission tout le loisir et tout le temps nécessaire, en toute
sérénité, pour étudier les articles 1 à 219,
avec tous les articles a) du gouvernement en plus.
À ce moment-là, que la commission décide, en
assumant qu'on aurait le temps d'aller à l'article 219, de passer d'un
chapitre à l'autre, passe. Mais maintenant, cela ne passe pas. Il y a
quand même une limite pour rire de cette commission parlementaire. La
manipulation du projet de loi dont le gouvernement se rend coupable
actuellement enlève tout le sérieux à cette commission,
pour les quelques heures qui nous restent.
Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'article 219, en
espérant qu'à la dernière minute, le gouvernement va voir
clair, qu'à la dernière minute, ce soir, lorsque le vote va
être pris, le gouvernement va, soit retirer sa motion, soit que les
députés ministériels ici, qui ont quand même
participé vigoureusement et avec beaucoup d'intérêt
pour quelques-uns au moins à la discussion article par article de
cette loi, eux aussi, désirent aller jusqu'à l'article 219, car
ils ont sûrement conscience de l'importance de cette loi pour tous les
Québécois.
On ne peut pas s'imaginer qu'une loi comme celle-là va prendre un
mois et demi, à compter de son dépôt en juillet. Nous
sommes rendus à la fin d'août, alors que des lois comme la loi 65
le chapitre 48 de nos lois a pris deux ans à passer
à l'Assemblée nationale, par toutes les étapes, les
études, les consultations et aussi l'examen des articles de la loi.
La même chose pour le Code des professions. Cela a pris deux ans
à cette réforme en profondeur pour franchir toutes les
étapes. Ici, on veut nous "bulldozer" une loi importante, qui va
affecter tous les Québécois en un mois et demi, et on nous
reproche d'avoir perdu le respect de l'Assemblée nationale. Par une
autre pirouette que je ne comprends pas, apparemment, on va regagner le
respect, si on s'en va à la langue du travail.
M. le Président, non seulement, nous voulons aller à la
langue de travail et l'étudier, nous avons aussi des amendements
à apporter à la langue du travail. Non seulement nous voulons
passer la langue des organismes parapublics, mais nous voulons aussi aller au
chapitre de la francisation des entreprises.
C'est là même le ministre l'a reconnu à
plusieurs reprises que se joue le sort de cette loi et de toute
politique linguistique au Québec, c'est de faire du français une
langue nécessaire, là où elle ne l'est plus, où
elle tend à ne plus l'être, c'est-à-dire surtout dans la
grande entreprise, et surtout dans la région de Montréal.
Mais on veut y aller. Peu d'espoir, naturellement. Il faudrait
être aveugle pour ne pas voir jusqu'à quel point le gouvernement
est empêtré, s'est enfargé dans son incohérence, et
dans son improvisation, à cause de la rentrée des classes, il
doit nous forcer, nous, la commission parlementaire, qui est composée
d'élus du peuple, autant de l'Opposition que du parti
ministériel. Mais nous avons le devoir d'examiner tous ces articles et
on vient nous proposer tout à coup, comme une panacée à
nos misères, d'aller au chapitre de la langue du travail. Ce chapitre de
la langue du travail est extrêmement important. Nous ne voulons pas du
tout en minimiser l'importance. C'est un chapitre qui va affecter beaucoup de
travailleurs, beaucoup de secteurs d'activité de la population et nous
ne désirons pas moins, au contraire, peut-être davantage que le
gouvernement, avoir le loisir d'étudier chacun des articles et de
recevoir des réponses à nos questions et, possiblement, de
recevoir l'accord à nos amendements.
Mais, à la dernière minute comme cela, de se livrer
à la manipulation du projet de loi que le gouvernement lui-même a
composé... S'il avait voulu que le chapitre du travail soit
étudié avant la langue des organismes parapublics, il l'aurait
fait, M. le Président. Je ne comprends pas le gouver-
nement. C'est sûrement inspiré par le désespoir, ce
n'est plus de l'improvisation, c'est sûrement le résultat d'une
incohérence qu'on n'a jamais encore vue à cette Assemblée
nationale, et nous ne sommes pas d'accord. Nous allons passer l'étude
des organismes parapublics. C'est possible qu'on puisse les passer assez
rapidement, nous avons seulement quelques amendements. Sûrement qu'en
l'expliquant bien au gouvernement, il comprendra assez rapidement, quoique mon
espoir...
Mme Lavoie-Roux: ...c'est qu'il ne comprend pas.
M. Lalonde: ...soit assez tamisé de par
l'expérience que j'ai vécue depuis quelques semaines devant ce
gouvernement hermétique. Mais, quand même, je ne peux pas, je n'ai
pas le droit de désespérer, je n'ai pas le droit d'être
découragé et j'ai le devoir de continuer à travailler dans
le sens que le gouvernement nous l'a proposé au début,
c'est-à-dire de passer à l'article 28.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement,
j'aurais voulu d'abord vous demander une directive avant qu'on entreprenne
l'étude du chapitre de la langue du travail. Pardon?
M. Bertrand: Cela n'a pas encore été
décidé.
M. Grenier: J'ai bien peur qu'il y ait une majorité de
l'autre côté que j'ai comptée. J'avais fait la proposition,
comme vous le savez, il y a quelque temps, de passer au chapitre de la
francisation des entreprises. Aujourd'hui, on propose de passer au chapitre de
la langue du travail . C'est la deuxième fois que le ministre
délégué au Haut-Commissariat reprend mes propositions. La
première que j'avais faite, j'avais proposé qu'on laisse le
chapitre I pour aller à la langue de l'enseignement, et c'est le
ministre au Haut-Commissariat qui en avait formulé la motion. Là,
il revient avec ma motion initiale, comme vous l'avez signalé, à
savoir sauter certains chapitres pour revenir à celui de la langue du
travail.
Remarquez bien que j'ai fait ma proposition pour l'étude de la
francisation des entreprises, j'aurais tout aussi bien pu la faire pour la
langue du travail. C'étaient deux chapitres qui nous
intéressaient, mais à cause de la fin évidente des
débats, j'aurais pu la faire pour ce chapitre. Avant d'intervenir
directement sur le sujet, j'aurais voulu, M. le Président, par une
directive, vous demander s'il y aurait lieu qu'on invite ici quelqu'un qu'on
n'a pas vu depuis le début de la commission, le premier ministre,
à venir assister...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M...
M. Grenier: M. le Président, permettez que je termine, si
vous le voulez, cela prendra une seconde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...M. le
député de Mégantic-Compton, je voudrais que vous adressiez
votre demande de directive à la présidence...
Mme Lavoie-Roux: Pour l'inviter, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...parce
qu'actuellement nous sommes en train de discuter...
M. Grenier: Je vais faire un voeu à l'intérieur de
mon intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, est-ce que vous avez une
demande de directive à adresser à la présidence?
M. Grenier: C'était pour vous demander si vous jugiez
recevable l'idée, dans une directive, d'inviter... C'est une invitation,
c'est un voeu que je vais faire si vous ne le prenez pas comme une
directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, vous avez l'expérience
de cette Assemblée nationale et de cette commission parlementaire. Vous
saviez, avant même de présenter cette demande, que ce
n'était pas une directive ni une question de règlement. Je vous
invite, s'il vous plaît, à parler sur l'amendement.
M. Grenier: À l'intérieur de mon intervention, M.
le Président, j'aimerais, pour l'étude...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion.
M. Grenier: Oui. ...des articles 38 à 46 de ce chapitre,
que l'on invite le premier ministre à assister à nos
débats, lui qui n'a pu, à cause de son travail qui le retient
ailleurs...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, sur la motion d'amendement,
s'il vous plaît!
M. Grenier: Non, mais c'est pour donner de la consistance
à nos études, M. le Président. Pour donner de la
consistance à l'étude qu'on va faire ici, je pense qu'il serait
cohérent que le chef du gouvernement, comme dit le député
de Rosemont, vienne participer, peut-être pas activement, mais vienne
entendre les débats que nous allons tenir sur la langue du travail, pour
se sensibiliser et se reconnaître lui-même. J'aimerais qu'il vienne
se reconnaître dans les largesses qu'est en train de donner le
gouvernement, comme il l'a si bien dit dans des conférences de presse,
voir combien le gouvernement est large, combien il est humain, combien il n'a
pas les deux pieds figés dans le ciment, parce qu'il était quand
même un journaliste qui avait, lui, la facilité des
expressions.
Le gouvernement qui n'a pas les deux pieds dans le ciment, qu'il vienne
réaliser lui-même, sur la langue du travail, combien le
gouvernement va être meuble, comme disent nos cultivateurs chez nous,
combien il va être facile d'apporter ici des suggestions qui seront
acceptées par le gouvernement. Il va constater de visu combien son
gouvernement est souple, combien les amendements sont acceptés avec
facilité de l'autre côté, des amendements majeurs
principalement. J'aimerais que vous usiez... C'est la dernière demande
d'un condamné qui vous demande de voir une dernière fois son
premier ministre; il me semble que cela ne peut pas être
refusé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la présidence pourrait vous faire une dernière demande, celle
de parler sur la motion du député de Saint-Jacques, s'il vous
plaît?
M. Grenier: M. le Président, je pense bien que, même
sur un ton qui semble un peu badin, vous jugez de la pertinence du débat
avec la motion qui est sur la table, vous jugez cela avec tout le
sérieux, et je vous connais, et vous savez que, même si je dis
cela sur un ton badin, mon intervention est des plus sérieuses. On a vu
ici les chefs des autres formations politiques et je pense qu'il serait de
grande convenance qu'on rencontre, d'ici les quatre heures trente qu'il nous
reste d'étude, que le premier ministre vienne se sensibiliser à
nos...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, pour la dernière fois,
je vous invite à prendre position sur la motion de suspension
présentée par le député de Saint-Jacques.
M. Grenier: Écoutez, M. le Président, j'irai le
voir et je lui demanderai de venir. Cela va régler la question.
M. Guay: Ecrivez-lui.
M. Grenier: Non, il est assez humain pour comprendre, je pense
bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: M. le Président, ce chapitre que nous allons
étudier ensemble, j'aimerais... Je suis d'accord pour qu'on passe
à la langue du travail. J'aimerais quand même, sur cette motion
que nous avons sur la table, obtenir une plus grande souplesse du gouvernement.
J'aimerais que le gouvernement fasse preuve... Cela lui sera peut-être un
peu compliqué parce que vous allez réaliser que l'Union Nationale
avait à son programme, aux pages 42 à 50, pas mal
d'affinités avec le gouvernement sur ce chapitre. C'est pour cela que
j'avais surtout demandé qu'on vienne au chapitre de la francisation des
entreprises, où il y avait un peu plus de différence et où
cela nous aurait permis d'y aller de certaines recommandations. Comme nous
n'avions, au moins à la publication du volume, qu'un seul amendement,
à la lumière de ce qui s'est fait jusqu'à maintenant, il y
aura peut-être un peu de changement, mais ce sera certainement mineur, ce
qu'on aura à proposer. Alors, je suis heureux qu'on passe à
l'étude de la langue du travail. Vous aurez, bien sûr, toute notre
collaboration. J'aimerais donc cela, pour une fois, à ce chapitre, qu'on
soit un petit peu plus mou je ne le dis pas fort du
côté du gouvernement.
M. Bertrand: Jamais, nous ne serons mous.
M. Grenier: Tendre, disons que je change
d'épithète. Je pense que le ministre d'État au
développement culturel m'a suggéré tendre. Il me semble
que je l'ai senti, parce qu'il en a beaucoup, lui. C'est plus souple. Je pense
que cela va mieux.
M. le Président, bien sûr que la proposition que j'ai faite
à l'article 23 d'étudier le chapitre de la francisation des
entreprises va tout aussi bien pour le chapitre de la langue du travail. Nous
collaborerons afin de bonifier cette loi, si c'est possible, à condition
que le gouvernement veuille bien tendre une oreille attentive aux
propositions...
M. Bertrand: Tendre une oreille tendre.
M. Grenier: ...aux suggestions de l'Union Nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mégantic-Compton. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement, sur la motion, je pense que toute bonne chose a une fin. On
a étudié le projet de façon très cohérente,
très sympathique des deux côtés de la table pendant
énormément de temps. On a adopté 46 articles, dont,
à ma connaissance, trois ou quatre amendements provenant de
l'Opposition. On a étudié dans trois ou quatre autre cas des
suggestions qui nous ont été faites. Quand vous avez
au-delà de 75% des amendements qui sont irrecevables et que vous passez
votre temps à discuter sur la recevabilité, sur la
procédure, et quand, d'autre part, des députés parlent
à côté du sujet, il ne faut pas être surpris du peu
d'articles que nous avons pu voir. Si l'Opposition s'était
concentrée sur les articles vraiment essentiels au lieu de nous faire
des amendements de détail, souvent des amendements qui ne changeaient
rien, ou encore des amendements irrecevables, parce qu'ils allaient contre le
principe de la loi.
Le problème, c'est que l'Opposition n'a jamais accepté le
principe de la loi. Ce n'est pas un Québec bilingue que nous voulons,
c'est un Québec français. À chaque article, on avait
toujours un amendement pour nous remettre de l'anglais, soit que l'amendement
était jugé recevable, soit qu'on ne pouvait pas l'accepter, parce
que nous voulons une certaine cohérence dans cette loi.
Je commence à être fatigué. C'est la dernière
journée des éternels braillages de l'Opposition. On dit que le
gouvernement est hermétique, et tout.
On se rappellera que, sur la loi 63, il n'y a pas eu un maudit
amendement, ni sur la loi 22, en provenance de l'Opposition.
Je viens de souligner qu'on a accepté certains amendements de
l'Opposition. Je pense qu'il n'y a pas lieu de pleurer et de s'éterniser
sur le sujet, parce que, on pourrait encore passer peut-être une semaine
sur le chapitre des organismes para-publics, sujet sur lequel il y a
peut-être de petites améliorations à faire encore, mais qui
n'est jamais aussi central, et qui est indépendant du chapitre de la
langue du travail.
Je pense qu'il faut passer immédiatement à l'étude
de ce chapitre fondamental, qui constitue l'ossature du projet de loi, et qu'on
puisse entendre de l'Opposition j'espère qu'elle va se concentrer
sur les articles essentiels ce serait malheureux que le "filibuster"
épisodique que l'Opposition a mené reprenne et qu'on termine dans
cette veine, les quelques heures qu'il nous reste pour discuter du projet de
loi.
Je tiens à dire aux gens de l'Opposition qu'encore une fois,
à chaque amendement qui sera apporté, nous l'étudierons
avec toute l'ouverture d'esprit nécessaire, comme nous l'avons fait dans
le passé, mais si on continue, on va passer toute la journée
à se demander sur quoi on va s'interroger.
Mme Lavoie-Roux: Cela aurait été bien plus
simple...
M. Lalonde: Vous retardez les travaux actuellement.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui les retardez.
M. Lalonde: Nous aurions peut-être adopté l'article
28, au lieu de passer ce temps-là...
M. Paquette: Je propose que nous votions immédiatement et
que nous passions au chapitre de la langue du travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! La motion du député de Saint-Jacques sera-t-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, s'il y a un
député qui n'aurait pas dû oser nous amener une telle
motion, c'est bien le député de Saint-Jacques. Je me souviens
très bien, lors de l'étude du projet de loi 22, que le
député de Saint-Jacques fut un de ceux qui,
délibérément, pendant quinze jours ou trois semaines, ont
tenu la commission à l'étude de l'article premier de la loi
22.
On a prolongé ce débat pour une seule raison et par une
seule motion qui voulait que le français soit la seule langue officielle
du Québec. On a été témoin, et j'ai assisté
à ces discussions parce que j'étais membre de la commission, de
ce long "filibuster". C'est à la suite de ce "filibuster" que le
gouvernement du temps avait mis fin aux travaux de la commission.
Le gouvernement a pris ses responsabilités. On pouvait accepter
cette clôture de l'ancien gouvernement ou la critiquer, mais il
était tout de même clairement admis que l'Opposition du temps
faisait réellement un "filibuster" contre le projet de loi 22, et chacun
a pris ses responsabilités vis-à-vis de la population.
Depuis un mois approximativement que nous étudions ce projet de
loi, article par article, nous avons accepté une cinquantaine
d'articles, ou 46, pour faire plaisir à ces messieurs d'en face, et je
ne crois pas qu'il y ait là matière à scandale. Nous avons
peut-être pris plus de temps qu'on aurait dû. C'est possible. C'est
une question d'opinion personnelle. Il n'en reste pas moins que nous ne
devrions pas accepter un tel projet de loi qui va modifier le comportement
social de bien des Canadiens français et de bien des Canadiens de langue
anglaise, et qui va certainement marquer, d'une façon négative,
à mon avis, l'évolution et le progrès dans cette province
que nous voulons bien voir aller de l'avant.
Dans ces conditions, je me demande pour quelle raison on ne devait pas
simplement continuer. Nous sommes rendus au chapitre V, article 28. C'est un
chapitre important. Si le gouvernement veut réellement qu'on
étudie le chapitre de la langue du travail, personne n'y a objection. La
terre n'arrêtera pas de tourner demain matin. La province ne
disparaîtra pas demain matin non plus, et la culture française au
Québec ne sera pas en danger parce que l'étude du projet de loi
prend du temps.
Alors, on a tout le loisir... On pourrait, le mois prochain, ou cet
automne, étudier article par article le chapitre du français,
langue de travail. C'est la responsabilité du gouvernement, qui veut
nous mettre le bâillon. Quant à nous, nous sommes absolument
prêts à collaborer et à faire que ce projet de loi...
M. Charbonneau: Et les tests de la loi 22 pour la
rentrée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Saint-Germain: ...soit accepté cet automne, il n'y a
absolument pas d'objection de principe.
M. Charbonneau: ...les tests de la loi 22?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: Si le gouvernement, vu la condition actuelle du
Québec, veut mettre de côté pour un certain laps de temps
l'étude de ce projet de loi pour s'attaquer à des
problèmes fondamentaux, à des problèmes importants,
à des lois que la
population exige du gouvernement, nous n'avons pas d'objection de
principe.
Si le gouvernement était réellement honnête
vis-à-vis de la population et franc avec la population, et transparent,
comme il nous l'a répété tellement souvent, on pourrait
certainement scinder ce projet de loi et prendre le chapitre qui concerne la
langue au niveau des écoles, qui a été
étudié, voté article par article. On pourrait l'amener
à l'Assemblée nationale. On pourrait le voter en troisième
lecture et il deviendrait une loi avant l'ouverture des classes. Si c'est ce
que le gouvernement veut, nous sommes bien prêts à collaborer, et
c'est d'ailleurs une façon de procéder qu'aurait pu utiliser un
gouvernement, avec plus d'expérience, un gouvernement qui aurait pu
prévoir la situation du Québec actuellement. Cela aurait
été cette façon de procéder que des hommes
responsables et d'expérience auraient mise en pratique dès ce
printemps.
Il est entendu que la loi 22, pour faire plaisir au député
de Châteauguay... Ce chapitre devait être modifié. On sait
pertinemment que la question des tests, entre autres, a soulevé des
réactions extrêmement négatives dans la population et qu'il
fallait absolument que ce chapitre soit modifié pour le mois de
septembre. Rien n'empêchait le gouvernement qui était en
autorité, de le faire; mais le gouvernement a fait son lit. Il a choisi
de nous apporter une modification totale de la loi de la langue au
Québec avec un projet de loi qui a au-delà de 200 articles, un
projet de loi mal rédigé, mal préparé, un projet de
loi qui reflète bien l'inexpérience du gouvernement dans les
différents champs d'application de cette législation. Si, M. le
Président, le gouvernement maintient sa guillotine, veuillez croire
qu'en autant que je suis concerné, je ne pleurerai pas sur cette
guillotine.
Seulement, si on pense aux intérêts du Québec, je
crois que le gouvernement fait un faux pas et vous saurez me le dire. Vous
serez probablement encore là, M. le Président, dans un avenir
assez rapproché...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
l'espère!
M. Saint-Germain: Vous l'espérez bien? Moi aussi,
croyez-moi, et vous verrez que le gouvernement, en adoptant cette loi en bloc,
sans étude préalable, reviendra très bientôt avec
des amendements à cette loi, parce qu'il aura vu, avec
l'expérience de l'application de cette loi, que, dans bien des champs
d'activité, cette loi contredit des lois antérieures ou vient en
contradiction avec les droits personnels des gens et qu'il devra
nécessairement modifier la loi à nouveau. Mais il la modifiera
exclusivement lorsqu'il aura soulevé dans la population des
réactions négatives, lorsqu'il aura soulevé des craintes,
des inquiétudes qui demeureront, même après modification de
la loi, et je puis vous garantir que cette loi sera modifiée.
Il serait dans l'intérêt du Québec que le
gouvernement prenne le temps voulu. Rien ne presse, on n'est pas pressé.
Même si on n'étudiait que 50 ou 75 articles dans un mois, il n'y a
pas d'urgence.
L'urgence, c'est le gouvernement qui la fait. C'est son opinion, ce
n'est certainement pas l'opinion de ceux qui auront à subir les
préjudices qu'entraînera cette loi.
Lorsque le député de Saint-Jacques vient pleurer sur le
temps perdu, qu'il vient pleurer sur les fonds publics qui sont
dépensés pour que nos travaux progressent, cela me fait rire,
c'est une risée. On peut prendre les citoyens de la province de
Québec pour des imbéciles, mais on se trompe
grossièrement. La province de Québec sait pertinemment quelle
sorte de "filibuster", quelle perte de temps a été
occasionnée par trois semaines de travaux exclusivement sur un article
de la loi 22. Nous, aujourd'hui, avec l'expérience acquise, on s'est
aperçu que si l'Opposition du temps avait pris le temps d'étudier
ce projet de loi article par article, et si l'Opposition du temps avait voulu
être sérieuse, peut-être que ces réactions
négatives amenées par les tests n'auraient pas eu lieu parce que
peut-être que ces articles auraient été modifiés
sous l'éclairage que l'Opposition du temps aurait pu apporter au
débat.
M. le Président, à mon avis, il est malheureux car
ce sont les intérêts du Québec qui sont en jeu
d'avoir à adopter sans condition et sans discussion des chapitres de la
loi aussi importants que la langue des organismes parapublics, que le chapitre,
par exemple, sur la langue du travail, parce qu'il y a là,
assurément, des articles qui vont aller directement à l'encontre
de l'évolution et du progrès du Québec.
M. Paquette: C'est ce que nous voulons étudier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: Je ne parle pas pour le député de
Bourassa qui est en vacances. Franchement, lui, il aurait pu y rester on
n'aurait rien perdu, M. le Président.
M. Laplante: C'est la seule journée que vous venez. Il
vous ont exclu.
M. Saint-Germain: Je ne parle pas pour lui, il ne comprendra
jamais rien à cela. Mais, je parle au nom des gens que j'ai l'honneur de
représenter et au nom des citoyens de cette province. Si le
gouvernement, si le député de Saint-Jacques amène cette
motion aujourd'hui, c'est simplement parce que le peu de temps que le
gouvernement a décidé de nous accorder pour l'étude de ce
projet de loi, il veut qu'on le perde dans des discussions de procédure,
dans des discussions qui, en fin de compte, ne résoudront absolument
rien, il veut réellement nous empêcher d'étudier article
par article le projet de loi sur la langue des organismes parapublics. C'est
une motion qui n'apporte rien, qui n'est pas sérieuse, d'ailleurs. Si le
gouvernement était sérieux il nous donnerait le temps
d'étudier le chapitre de la loi qui concerne la langue de travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, comme l'Opposition ne semble
pas pressée qu'on entreprenne immédiatement l'étude du
chapitre sur la langue du travail et qu'elle profite de la discussion de la
motion du député de Saint-Jacques pour faire connaître son
point de vue sur la façon dont ont été menées les
délibérations en cette commission parlementaire, je ne me sens
pas du tout gêné d'exprimer mon sentiment personnel sur la
question, d'autant plus qu'au moment où l'Opposition lance des hauts
cris sur l'arrivée de la guillotine, au moment où elle nous fait
connaître son ressentiment à l'endroit du genre de travail qu'a
mené le parti gouvernemental pendant l'étude de ce projet de loi
article par article et au moment où on se plaint du fait que nous
voulions passer à un chapitre qui concerne des milliers et des milliers
de travailleurs au Québec, je pense que le temps est venu, de laisser
savoir aux membres de cette commission qu'effectivement notre lit est fait
depuis très longtemps, que le Québec sera français sans
détour et que nous ne saurions accepter, sous le couvert d'un article
premier, disant que la langue officielle est le français, de consacrer
une situation de fait qui ferait du Québec une province bilingue. Il y a
donc des principes fondamentaux que l'Opposition officielle n'a pas compris ou
a refusé de comprendre, depuis le début des travaux de cette
commission, de telle sorte que tous les amendements ou à peu près
qui ont été apportés à chacun des articles que nous
avons étudiés n'avaient comme seul véritable but que de
nous ramener à la situation de fait que consacrait la loi 22.
Et non pas de s'inspirer du principe fondamental qui est celui du
gouvernement, qui est de faire du français la langue du Québec,
de faire du Québec un pays français et de ne jamais compromettre
ce principe dans quelque article que ce soit sans pour autant faire en sorte
que, chaque fois qu'il nous fallait faire preuve de respect devant les droits
de la minorité anglophone, nous puissions le faire. Je pense que, dans
ce sens, nous avons agi avec dignité.
On semble croire, du côté de l'Opposition officielle,
chaque fois que nous faisons valoir l'urgence, la nécessité de
voter ce projet de loi en troisième lecture, avant la rentrée des
classes, que nous sommes en train de commettre une erreur, que la population ne
veut pas cela, que nous rendons un mauvais service aux Québécois.
Je dis que nous n'avons aucune leçon à recevoir de
l'Opposition.
L'Union Nationale a connu son époque linguistique. La loi 63
était sa décision, elle y a tenu malgré, dans certains
cas, l'avertissement de certains députés de l'Opposition, mais
c'était sa décision et, comme gouvernement, elle avait le droit
d'y tenir jusqu'au bout. Elle était là pour prendre des
décisions, pour gouverner et la population n'attendait pas autre chose.
Seulement, la population qui, tous les quatre ans, elle, exerce son pouvoir de
guillotine de façon bien particulière, avait décidé
en 1970, que, peut-être à cause de ce projet de loi, elle ne
devait pas revenir à la tête du gouvernement.
Cela a été le cas de l'Opposition officielle, M. le
Président, elle a eu sa chance en 1974, elle a adopté la loi 22,
c'était sa décision, comme gouvernement, elle avait fait son lit
sur la question linguistique, et quelles qu'aient été les
attitudes de l'opposition, on savait d'avance que le gouvernement avait fait
son lit, qu'il avait accepté d'aller devant l'électorat avec ce
projet de loi, il y est allé et la guillotine aussi s'est fait valoir
dans son cas, de telle sorte que la population a considéré que ce
projet de loi aussi ne correspondait pas à son attente.
M. le Président, je dis que quand l'Union Nationale a
tenté sa chance, elle l'a tentée de bonne foi, elle était
au gouvernement, la population a tranché. Pour le Parti libéral,
cela a été la même chose. Mais je pense que le Parti
québécois est tout à fait dans son droit, à ce
moment-ci, au moment où on constate que les Québécois ont
renié deux projets de loi qui ne leur donnaient pas satisfaction.
C'était son droit, et je dirais même que c'était son
devoir, à la lumière des deux projets de lois
précédents, c'était son devoir d'arriver avec une
réforme, mais qui, là, soit très différente des
autres et consacre le caractère français et fondamentalement
français, dans tous les secteurs de l'activité
québécoise, et le fasse sans détour.
C'est la raison pour laquelle le projet de loi 101, depuis longtemps,
nous l'avons expliqué aux Québécois, à travers les
dix années de vie du Parti québécois, sans cesse, nous
avons répété les mêmes principes fondamentaux et
jamais nous ne sommes revenus sur nos engagements. Quand les
Québécois nous ont élus le 15 novembre dernier, ils
savaient qu'un jour, le projet de loi 101 serait déposé à
l'Assemblée nationale, discuté et adopté. Aujourd'hui, au
moment où nous allons mettre fin à ces travaux, M. le
Président, je dis que la population est satisfaite, est contente; elle
attendait ce projet de loi, elle l'a. Je pense que l'Opposition serait
bienvenue de constater que ce projet de loi n'a pas donné lieu au
désordre social qu'on a connu lors des deux lois
précédentes.
La loi 63 a donné lieu à de sérieux
problèmes; la paix sociale n'existait pas au Québec au moment
où on a assisté aux délibérations sur la loi 63, ni
sur la loi 22, où l'opposition venait non seulement des francophones
mais aussi des anglophones. Personne ne trouvait son compte dans cette loi qui,
à toutes fins pratiques, disait certaines choses quand on s'adressait
aux francophones et presque le contraire quand on s'adressait aux
anglophones.
Mais aujourd'hui, nous sommes en mesure de le constater, au moment
où nous allons adopter ce projet de loi en troisième lecture, il
n'y a pas eu dans l'ensemble de la population québécoise le genre
de manifestations et de revirement de l'opinion publique contre son
gouvernement que nous avons connus au moment de l'étude de la loi 22 et
de la loi 63.
Alors, je dis que les gens sont tannés et veulent que nous en
finissions de la question linguis-
tique parce que leur lit est fait depuis longtemps, de la même
façon qu'il est fait pour le gouvernement et que pour eux, la question
linguistique, dès lors que nous avons déposé le projet de
loi no 1 et ensuite le projet de loi no 101, c'est réglé. Ils
veulent maintenant que nous passions à autre chose. C'est même
à l'invitation de l'Opposition officielle que nous voulons passer
à autre chose. Il y a des questions urgentes dans le domaine de
l'économie, dans le domaine des affaires sociales; la question
linguistique, cela fait dix ans que le Parti québécois la
présente à la population. Depuis dix ans, il réaffirme ses
objectifs et les principes sur lesquels il allait légiférer et,
aujourd'hui, les gens ont la satisfaction de sentir que leur gouvernement a
été en accord avec les principes qu'il a défendus depuis
dix ans et il nous demande de passer à autre chose, M. le
Président. Alors, qu'on cesse de nous faire pleurer et qu'on cesse de
nous faire la morale sur l'insatisfaction de la population et le fait que cela
ne marchera pas. M. le Président, je dis que le Québec
français, cela va marcher, n'en déplaise à l'Opposition,
de quelque nature qu'elle soit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je croyais toujours
que le but d'une commission parlementaire, pour étudier article par
article, était exactement cela, d'étudier le projet de loi, mais
pas nécessairement de faire de la démagogie pour le public.
Je voudrais donner mes vues sur la motion du député de
Saint-Jacques. Premièrement, M. le Président, ce n'est pas nous
qui avons fait une obstruction systématique à la discussion de ce
projet de loi. Je crois que cela est assez évident. Nous avons
tenté, tout en respectant les objectifs du projet de loi, d'essayer
d'apporter des clarifications, des changements, à certaines des
modalités, parce que, M. le Président, je suis d'opinion qu'un
projet de loi doit être clair, ne doit pas être ambigu, ne doit pas
avoir de conflit. Il doit être cohérent.
Pour ces raisons, nous avons tenté d'apporter certains
amendements, toujours dans le but d'assouplir, de faciliter et d'essayer
d'éviter certaines des difficultés majeures qui pourraient
résulter de l'application du projet de loi.
M. le Président, l'application ne se fera pas par les membres de
cette commission. L'application va se faire par des fonctionnaires, par
d'autres personnes qui en seront responsables. Pour cette raison, il est
absolument essentiel d'avoir un projet de loi qui n'a pas
d'ambiguïté et qui n'a pas de contradiction. C'était un des
objectifs que nous avions dans les modifications que nous avons
apportées.
Nous avons tenté d'aborder l'étude article par article
dans un esprit positif, malgré l'intransigeance du gouvernement.
M. le Président, quand un projet de loi est rédigé,
il y a un certain ordre à suivre. Il y a une raison pour laquelle on met
le premier chapitre où il est. On continue, dans ce cas-ci, avec les
droits fondamentaux. Ensuite, on a procédé à la langue
d'administration et tous les différents chapitres.
Ce n'est pas nous, de l'Opposition officielle, qui avons choisi de
placer ces différents chapitres selon l'ordre dans lequel ils sont.
C'est le gouvernement. Si le gouvernement avait jugé que c'était
plus important d'étudier la langue d'enseignement au début, il
n'avait qu'à le faire. S'il pensait que c'était plus important de
situer la langue de travail à un autre endroit, c'était à
lui de le faire.
Mais, il y a un certain ordre dans un projet de loi. Il y a des raisons
pour lesquelles la langue d'enseignement est à la fin. Ceci, M. le
Président, nous l'avons souligné quand on a fait la motion de
suspension pour étudier la langue d'enseignement avant d'étudier
la langue du travail.
C'était important à ce moment-là, M. le
Président, nous l'avions dit: Vous ne devriez pas étudier les
articles sur la langue d'enseignement avant d'étudier les articles sur
la langue du travail. Ce qui va arriver, dans le domaine du travail, dans le
domaine des affaires, c'est cela qui va affecter l'éducation et cela
peut avoir des conséquences assez importantes sur le système
scolaire et sur les droits linguistiques, sur la façon dont les articles
sur la langue d'enseignement devraient être rédigés.
Le gouvernement n'a pas accepté ces arguments, quoique le
gouvernement ait accepté le principe parce que lui-même, dans le
projet de loi, a inséré le chapitre sur la langue du travail
avant le chapitre sur la langue d'enseignement. Il y a une certaine progression
logique qui devait se poursuivre et, dans le projet de loi, cette progression
est incluse. Maintenant, on voit que le gouvernement ne veut pas suivre ce que
lui-même a jugé être une certaine logique dans la
progression des articles du projet de loi.
M. le Président, c'est triste et c'est malheureux qu'on veuille
toujours étudier, poser des gestes seulement politiques. On ne veut pas
aller au fond d'une affaire. Il y a des droits fondamentaux, des
conséquences qui peuvent être assez importantes dans tous les
articles du projet de loi et, si le gouvernement avait été
logique avec lui-même et de bonne foi, il aurait procédé
suivant l'ordre dans lequel il a inséré ces articles dans le
projet de loi. Non, le gouvernement veut poser des gestes pour démontrer
qu'il est le grand défenseur de toutes sortes de droits. Vraiment, ce
n'est pas exactement le cas et nous l'avons démontré.
Nous avons apporté à cette commission des amendements
assez importants. J'en signale un, par exemple, sur la question de la langue de
la justice. Si le gouvernement avait accepté nos recommandations, je
pense qu'il aurait pu éviter de recevoir des lettres ou une lettre du
juge en chef de la Cour supérieure du Québec qui avait les
mêmes inquiétudes que nous, M. le Président.
Peut-être que, si le ministre de la Justice avait assisté ici
à la discussion sur la langue de la justice, on aurait pu éviter
cette difficulté. Nous avons demandé cela au gouvernement. Nous
l'avons fait d'une façon positive. Nous avons accepté les
arti-
cles et les principes sur la langue de la justice, mais les
modalités et les effets sur tous les Québécois, qu'il
soient francophones ou anglophones, pouvaient être assez majeurs, assez
importants et c'est pour cela que nous avons fait nos recommandations. Ce
n'était pas dans le but de faire de l'obstruction et la preuve en a
été que le juge en chef a cru cela assez important pour
écrire une lettre au ministre de la Justice. Il ne l'aurait pas fait si
ce que nous avions apporté ici n'était pas important. C'est
seulement un exemple, M. le Président, je peux vous en donner un
autre.
M. Paquette: II n'en connaît même pas le contenu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, j'invoque le
règlement. Si vous voulez parler, vous parlerez après, mais, en
attendant, vous allez m'écouter. C'est vous qui avez soulevé la
motion, vous allez m'écouter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: J'ai été obligé d'écouter
vos niaiseries, vous écouterez les propos que je vous donne ici. M. le
Président, dans l'autre domaine, le domaine des services de
santé...
M. Chevrette: En vertu de l'article 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm...
M. Ciaccia: Voulez-vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm, l'article 96 ne s'applique...
M. Chevrette: Cela ne marche pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
cela ne marche pas.
M. Chevrette: Lequel fonctionne... M. Ciaccia: M. le
Président...
M. Chevrette: ...dans vos numéros? Un instant! Une
directive, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm...
Mme Lavoie-Roux: L'article 147.
M. Chevrette: Je ne me fie pas à votre
numérotation, Mme le député de L'Acadie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais avoir
une...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
présume que vous voulez adresser une question au député de
Mont-Royal?
M. Chevrette: Non, parce que j'aurais utilisé
l'article...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
c'eût été l'article 100.
M. Ciaccia: Non, je ne veux pas, non, M. le Président, je
n'accepte pas l'article 96.
M. Chevrette: Je ne veux pas lui poser de question.
M. Lalonde: L'article 26, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je ne veux pas lui poser de question, je veux faire
appel à vos services. Quand il y a un fait qui est relaté dans un
discours d'un député ou dans un monologue endormant, quand le
fait est faux, quel est l'article qu'il faut utiliser pour rectifier ce
fait?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
moins que le député en question fasse allusion à des
propos que vous avez vous-même tenus, il n'y a aucun moyen, sinon de
demander la parole à la présidence après que les autres
députés auront été reconnus.
M. Chevrette: Quand c'est un fait de notoriété
publique?
M. Ciaccia: J'invoque l'article 26.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.le député de Joliette-Montcalm, je pense que...
M. Saint-Germain: Le député de
Joliette-Montcalm...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Saint-Germain: ...au Code du travail. S'il veut être
nommé ministre, ce n'est pas avec des interventions comme
celle-là!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Chevrette: La lumière 100 qui vient de s'exprimer.
M. Saint-Germain: Assistant parlementaire et ministre du
Travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm, à l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Commencez donc par apprendre à lire, ne vous
trompez pas de ligne. Il ne sait même pas lire et cela charrie!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Jacques-Cartier,
M. le député de Joliette-Montcalm, à l'ordre, pour la
dernière fois!
M. Chevrette: Ne me dites pas, j'aurais le goût de
sortir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Peut-être, M. le Président,
pourriez-vous considérer l'application ou la pertinence de l'article 96
que le député de Joliette-Montcalm voudrait peut-être
invoquer, étant donné que le député de Mont-Royal a
parlé des niaiseries qui avaient été dites par les
députés ministériels.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vous en prie. Je cède
à nouveau la parole au député de Mont-Royal qui a
commencé à 16 h 56.
M. Chevrette: Je vous demande la parole après.
M. Ciaccia: M. le Président, vous venez d'avoir une autre
démonstration qui est arrivée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion?
M. Ciaccia: Oui, sur la motion. Je vais expliquer pourquoi nous
allons être contre. C'est une autre démonstration, une autre des
tactiques du parti ministériel. Chaque fois que nous prenons la parole
et que nous tenons des propos qui ne sont pas acceptables pour le parti
ministériel, tout de suite, il est obligé d'intervenir. C'est
contre les règlements. Je l'inviterais à respecter le droit de
parole démocratique qui existe encore à cette commission,
à l'Assemblée nationale. Je mentionne que s'il n'est pas d'accord
avec les propos que je tiens, il aura tout le temps voulu pour faire des
interventions et exprimer son opinion. Je ne peux accepter cette façon
de procéder. Nous avons été soumis à ces abus du
parti ministériel depuis le commencement de cette commission. Il semble
que, si on n'est pas d'accord avec les propos du gouvernement, l'attitude qu'il
prend, c'est qu'on n'a pas le droit de parler. C'est leur vision de la
démocratie, c'est la vision de leur société future. Je
regrette. Il pourrait agir d'une façon un peu plus démocratique
et respecter le droit de pa- role, même s'il n'est pas d'accord. Nous
respectons le sien. Ce sera au public et à l'Assemblée nationale
de juger vers quoi vont porter nos propos.
M. le Président, pour continuer sur la motion, la raison pour
laquelle je vais voter contre, c'est que je ne veux pas jouer le jeu politique
du gouvernement. S'il avait vraiment voulu discuter de la langue du travail, il
n'aurait pas attendu deux ou trois heures avant la guillotine. Comment
voulez-vous qu'on discute d'une façon convenable, d'une façon
permettant d'apporter toutes les lumières possibles, toutes les
discussions possibles sur ce chapitre qui est le plus important de tout ce
projet de loi? On nous a laissé trois heures avant la guillotine. Je
vous invite, sans imputer de motifs, à juger par ces actions exactement
ce qu'on essaie de faire. Je le dis, je ne veux pas jouer ce jeu politique. Je
ne veux pas faire partie de cela. Je ne veux pas qu'on ait la chance de dire
par la suite: Nous avons discuté de la langue du travail et tout a
été accepté. C'est faux. Qu'on enlève la motion de
guillotine en haut et qu'on nous assure qu'on va pouvoir discuter
convenablement, complètement tout le chapitre de la langue du travail.
C'est un chapitre qui aurait dû être discuté bien avant la
langue d'enseignement, parce que ses effets peuvent affecter les écoles
et la langue d'enseignement, comme je le disais tantôt.
M. le Président, ce n'est pas une façon de procéder
à cette commission. Ce n'est pas une façon de nous bousculer, de
faire paraître que c'est nous qui faisons de l'obstruction
systématique. Ce n'est pas nous du tout. C'est le gouvernement qui ne
peut supporter qu'on ne soit pas d'accord avec certains principes. C'est
malheureux, parce que plusieurs des amendements et des suggestions que nous
avons apportés, si le gouvernement avait écouté, auraient
vraiment servi les intérêts de tous les Québécois.
Je vous en donne un autre exemple. J'ai donné l'exemple de la langue de
la justice, je vais vous en donner un autre, les services médicaux.
Quelle sera la chose la plus importante, une fois que tous les organismes
médicaux auront accepté de donner les services, en
français et en anglais? Une fois que ce principe sera accepté,
que tous les francophones auront droit à des services médicaux
dans leur propre langue, quelle sera la nécessité de sacrifier la
qualité des services médicaux aux petits détails, aux
petits amendements, aux règlements, aux règles, aux articles de
ce projet de loi qui sont de l'ingérence dans la régie interne
d'une profession assez technique? Je crois que le député de
D'Arcy McGee l'avait bien dit, quand il s'agit des services
médicaux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, sur une question de
règlement.
M. Charbonneau: Question de règlement. M. le
Président, je pense que, manifestement, la question des services
médicaux a déjà été discutée. Le
chapitre est terminé. J'inviterais le député de Mont-Royal
à s'en tenir à la pertinence...
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
Je veux donner les raisons pour lesquelles je suis contre la motion. Je veux en
donner les raisons. Une des raisons, c'est ce qui est arrivé dans les
services médicaux. C'est pour cela que je l'ai invoqué.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
été très large depuis le début de la discussion sur
cette motion...
M. Ciaccia: Oui, mais le député de Vanier a
parlé...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...et je
continuerai à l'être, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Exactement. Le député de Vanier a
remonté en 1968, je pense bien que je peux remonter à ce
matin...
M. Laurin: Ha, ha, ha, ha, ha!
M. Ciaccia: On a sacrifié la qualité des services
médicaux. Je voudrais demander aux membres de cette commission et
à vous, M. le Président, par votre entremise, si quelqu'un est
malade, quelle est la chose la plus importante? Est-ce que ce sont les soins
médicaux qu'il recevra ou si c'est la langue dans laquelle le
spécialiste parlera? C'est bien beau, en théorie, d'être
pour et de poser des gestes pour montrer qu'on est le défenseur de la
culture et de la langue, mais quand on le fait dans un domaine aussi sensible,
aussi difficile, aussi technique et aussi important que le domaine
médical, je veux vous rappeler, M. le Président, que, dans le
projet de loi 1, on n'en parlait pas, mais quelqu'un, je ne sais pas pour quel
motif, a voulu absolument démontrer qu'il faut vraiment poser un geste,
même si cela veut dire que les gens recevront des services moindres,
même si cela veut dire que le gouvernement n'accepte pas la
confidentialité des dossiers médicaux, quand il n'a pas
accepté notre amendement.
Je ne participerai pas aux discussions pour quelques heures sur la
langue de travail pour donner au gouvernement la chance de dire: On a
discuté d'un domaine qui est important pour tous les
Québécois. C'est vrai que c'est important pour tous les
Québécois, mais pas pour en discuter deux heures avant la
guillotine. Si le gouvernement est à retirer la motion de guillotine en
haut et à nous assurer que nous allons pouvoir discuter de la langue du
travail, peut-être je dis peut-être, parce qu'il y a
d'autres articles avant et j'insiste, l'ordre des chapitres qui ont
été insérés dans ce projet de loi, ce n'est pas
nous qui l'avons fait, c'est le gouvernement, alors que le gouvernement se
respecte et qu'il observe ses propres lois et sa propre façon d'avoir
insisté pour que nous procédions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Ciaccia: Vous remarquerez, M. le Président, que je n'ai
invité aucun de mes électeurs de Mont-Royal dans la salle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre! M. le député de
Verchères.
M. Bertrand: Nous non plus.
M. Charbonneau: Je pense que c'est toujours l'Assemblée
nationale et l'Assemblée du peuple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Laplante: J'en ai rencontré des vôtres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Allez, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci. Je n'ai pas l'intention de parler
longuement, simplement, je veux dire que cela fait une couple de jours que l'on
sent que cela achève. Ce qui me fait rire un peu, comme un parlementaire
qui n'est pas encore aguerri, naturellement, je n'ai pas honte de le dire,
d'ailleurs, c'est cette espèce d'hypocrisie qui entoure le
système parlementaire.
Malheureusement, d'un peu partout, de chaque côté de la
table, on se sent souvent obligé, de...
M. Ciaccia: C'est de la dictature, il n'y a pas d'hypocrisie.
M. Charbonneau: Savez-vous ce que c'est que de la dictature?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Voulez-vous respecter chacun d'entre vous le droit de parole de votre
collègue.
M. Charbonneau: Le député de Mont-Royal
était tellement empressé, tantôt, de nous parler de
démocratie et de gens qui brimaient son droit de parole, et il est le
premier... Il faut toujours se méfier des gens qui parlent si facilement
de la démocratie.
M. Ciaccia: Je vous pose une question.
M. Charbonneau: Je disais que je trouve que le système
parlementaire, et ce que nous faisons ici devant le public, devant les citoyens
qui nous paient pour faire cela, un peu aberrant comme hypocrisie.
Personnellement, je me sens assez choqué de la façon dont cela se
déroule.
Je me rappelle d'un mot que le leader parlementaire m'avait dit,
à un moment donné, lui qui a été membre de cette
Assemblée déjà pendant six ans avant moi, il me disait
que, effectivement, c'était le droit légitime et normal de
l'Opposition, dans un système démocratique, d'utiliser tous
les
moyens, y compris tous les trucs de procédure pour alerter
l'opinion publique quand elle le jugeait à propos.
Je peux bien concéder à l'Opposition officielle ou
officieuse qu'elle juge à propos d'alerter l'opinion publique, mais le
problème, c'est que l'opinion publique ne s'est pas sentie
alertée. C'est le problème. Ordinairement, et c'est ce qui est
arrivé d'ailleurs, lors de l'étude du projet de loi 22, vous
aviez six députés qui se sont battus avec acharnement et qui,
à six, ont réussi à alerter la majorité des
citoyens du Québec. Ils ont réussi à faire comprendre
à la population, par des trucs de procédure, effectivement, par
une bataille de tranchées, de faire comprendre aux citoyens que la loi
qui était proposée à l'Assemblée nationale
était inacceptable.
Mais, ici, au nombre de députés de l'Opposition ils
se sont relayés, cela n'a pas toujours été les mêmes
ils n'ont pas réussi, depuis le mois d'avril qu'on étudie
dans l'opinion publique québécoise les projets de loi no 1 et no
101, à faire frémir la majorité des
Québécois francophones. Comme le disait un éditorialiste
la semaine dernière, à un certain moment, il faut arrêter.
À un certain moment, il faut comprendre que les gens ont fait leur lit,
comme le disait le député de Vanier, tantôt. Lorsqu'on n'a
pas compris cela, et qu'on continue d'abuser des procédures
parlementaires, non seulement on continue d'être hypocrite et de frauder
d'une certaine façon les citoyens qui paient pour cela, mais en plus, on
contribue à détériorer toute la valeur du parlementarisme.
Personnellement, je suis assez dégoûté de voir comment on
continue à se conduire ici, autour de cette table, devant, de toute
façon, des procédures normales et devant une population qui a
très bien compris et qui a fait son choix.
C'est tout ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa.
M. Lalonde: Question de règlement. Je n'ai pas interrompu
le député, mais vous avez pu vous rendre compte de la pertinence
du débat, sûrement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or,
comme M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Je pensais que c'était le discours qu'il avait
prononcé en haut.
M. Charbonneau: Je pense qu'il me reste encore du temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys... S'il vous plaît, M. le
député de Verchères! Il ne faudrait pas entreprendre de
débat là-dessus...
M. Lalonde: Ils font un "filibuster".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Depuis
les toutes premières interventions, je re- marque que tous les sujets ne
sont pas pertinents au débat, et j'attends les questions de
règlement qui ne viennent pas.
J'aurais pu me servir d'un article du règlement qui me permet de
vous rappeler constamment à l'ordre. Je ne l'ai point fait, mais
j'avertis quand même et vous le savez, que chaque membre de la commission
a le droit, s'il le veut, de soulever une question de règlement chaque
fois qu'il pense qu'un député est en dehors du sujet et, à
ce moment, j'appliquerai le règlement.
M. Laurin: M. le Président, j'ai compris que vous
accordiez la dernière cigarette aux condamnés.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement, je tiens à vous dire que personnellement, j'ai
interprété les propos du député de Verchères
comme une réponse à un des arguments amenés par
l'Opposition à l'effet...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont...
M. Paquette: ... sur la motion...
M. Lalonde: ... un "filibuster". Il nous reste trois heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Chevrette: Bon. ... a parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que tous les membres comprennent également que même si un
député de...
Mme Lavoie-Roux: ... pas parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! En terminant...
Mme Lavoie-Roux: ... pas parlé là-dessus. M.
Lalonde: II fait un "filibuster".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je pense que tous les députés comprennent, et
M. le député de Joliette-Montcalm tout
particulièrement...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... que
même si un député de l'Opposition ou un
député ministériel est hors du sujet, cela ne donne pas
nécessairement le privilège ou le droit à un autre
député d'un autre parti de l'être également.
L'illégalité n'entraîne pas l'illégalité.
Et là-dessus, je cède la parole à M. le
député de Bourassa.
M. Chevrette: Dis-le. Cela va être beau!
M. Laplante: Non. L'Opposition, aujourd'hui, me
déçoit énormément vis-à-vis d'un projet de
loi aussi important que le projet de loi no 101, d'exprimer toutes les
réflexions que vous avez passées aujourd'hui, cela ne fait pas
sérieux.
M. Ciaccia: ... en vacances.
M. Lalonde: Pour un gars qui revient de vacances...
M. Laplante: J'ai pris une semaine. Nous, comme membres du parti
ministériel, avons pris la peine de ne pas déranger l'Opposition
afin qu'elle puisse faire le plus d'amendements possible, les mieux
préparés possible, à tous les midis, on s'était
fait un devoir, nous, comme membres du parti ministériel, de nous
réunir, de parler de ces amendements, de préparer nos
réunions, à tous les jours, pour essayer d'être le plus
sérieux et de rendre le projet de loi le plus fonctionnel possible; mais
ce n'est pas ce qui est arrivé. Aujourd'hui, vous braillez sur la
guillotine. Le député de Mégantic-Compton nous a mis en
garde plusieurs fois, non pas seulement une fois, vous accusant de faire perdre
le temps de la commission, de faire perdre des amendements importants qu'ils
avaient à faire, vous accusant même de ne pas être
préparés, d'avoir même volé leur livre bleu...
M. Bertrand: C'est vrai. C'est certain. Mme Lavoie-Roux:
... du gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Bertrand: Cela, c'est préparé. M. Laplante:
... et aujourd'hui... M. Lalonde: ... sondage...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
ne respectez pas vos collègues, respectez à tout le moins la
présidence.
Une voix: Oui, M. l'Inspecteur.
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président. On s'excuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa.
M. Chevrette: On se croirait dans une maternelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, M. le député de Joliette-Montcalm!
M. Laplante: ...vous pleurez la guillotine. Vous contestez le
droit de l'Opposition reconnue, l'Union Nationale, qui a demandé en
premier lieu d'aller voir le chapitre de la langue du travail.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez même pas répondu
hier.
M. Laplante: On a répondu, Madame. Mme Lavoie-Roux:
Non.
M. Laplante: Si le député de L'Acadie se souvient
très bien de 1974, la première intervention qu'elle a faite lors
du bill 22...
Mme Lavoie-Roux: Cela y est! Cela va bien! M. Lalonde:
...traumatisé...
M. Laplante: ...vous aviez bien dit à ce moment-là
que la commission ne se prononçait pas sur la langue du travail, mais
que vous disiez que c'était un des aspects les plus importants à
traiter. Cela, vous l'aviez spécifié. Aujourd'hui, la langue du
travail, on l'a devant nous. Tous les groupes ethniques se sont
prononcés en faveur d'une langue du travail pour qu'il n'y ait pas
d'injustice, pour que tous les gens, les Québécois, soient
traités sur le même pied d'égalité. C'est important,
vous aviez trouvé l'éducation très importante, mais nous,
nous avons toujours dit aussi que la langue du travail, des entreprises,
c'était le chapitre le plus important.
M. Lalonde: ...la guillotine.
M. Laplante: La guillotine, c'est vous autres qui l'avez
demandée. Vous seriez peut-être surpris si on nommait un des
députés en face de nous, aujourd'hui, qui l'a demandée
cette guillotine.
M. Lalonde: Nommez-le! Nommez-les!
M. Laplante: Vous n'avez pas à le pleurer. C'est vous
autres. On a accédé à votre demande.
M. Lalonde: Seulement un. Mme Lavoie-Roux: Nommez-le!
M. Laplante: Donnez-moi un cas!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: On ne le fera pas rougir ce
député-là. Vous êtes assez humiliés comme
vous êtes là de ne pas avoir pu apporter quelque chose de concret
à l'intérieur de cette loi, dans son étude. Ce que
j'aimerais de vous autres, c'est que vous révisiez un peu votre
position, de donner au moins une chance à un parti reconnu, l'Union
National, d'étudier, pour ce qui nous reste de temps, le chapitre VI, la
langue du travail. Vous êtes capables...
M. Lalonde: La francisation des entreprises.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela qu'ils veulent étudier.
M. Laplante: Ils veulent aller à la francisation des
entreprises.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: Vous êtes capables de le faire si vous voulez
être sérieux. Vous disiez tout à l'heure que vous aviez 80
amendements à apporter. Combien en avez-vous apporté?
Peut-être une dizaine jusqu'à maintenant. Les autres ont
été faits sur le coin de la table, souventefois on disait:
Attendez, on va aller faire imprimer "de ce qu'on a de marqué." Vous les
avez corrigés plusieurs fois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Ce n'est pas du bon français dire: "De ce
qu'on a de marqué."
Une voix: Même toi tu sais cela.
M. Laplante: Tout ce que je demande actuellement, c'est de
revenir à la loi du travail, de faire un bon geste, en terminant les
quelques heures qui nous restent avant votre motion de clôture, afin de
satisfaire le monde du travail, le monde du groupe ethnique surtout qui attend
beaucoup de cette loi dans le domaine de la langue du travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement, sur
la possibilité de ma dernière cigarette, comme le disait le
ministre au développement culturel, j'ai écouté
l'intervention du député de Vanier tout à l'heure et j'ai
été surpris, sans intervenir, surtout que c'est lui qui faisait
cette intervention. Je l'aurais compris dans la bouche d'un autre
député, mais cela m'a vraiment un peu ébahi de voir que
c'était le député de Vanier qui faisait cette intervention
relativement au projet de loi 63.
M. le Président, je dois vous dire une chose ici, c'est que les
problèmes du projet de loi 63, vous le savez, étaient très
limités, c'était pour régler une question, dans le temps,
et dans un lieu bien particulier. C'était le but du projet de loi 63. Je
pense qu'on ne peut pas vouloir avoir de grief à l'égard du
premier ministre du temps qui a apporté le projet de loi 63, un premier
ministre qui, à mon sens, ne manquait pas de jugement et le
député de Vanier est mieux placé que moi pour le savoir.
C'était pour régler une question, dans le temps. Il est sûr
que le gouvernement peut s'être fait battre à cause de cela et ce
n'était pas uniquement pour cela. Personnellement, sur ce projet de loi
63, vous savez toutes les restrictions que j'ai apportées et que c'est
par esprit de parti que j'ai été présent...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, c'est la première fois
que j'interviens. Je suis très large, mais sur la loi 101.
M. Grenier: M. le Président, j'arrête mon
intervention. Si ce n'est permis qu'au député de Vanier de parler
de cela, je n'insiste pas.
M. Laurin: Mais vous en faites...
M. Bertrand: M. le Président, l'article 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: À l'article 96, M. le Président, je
pense que vous reconnaîtrez que je suis tout à fait dans mon droit
de rétablir ici des faits que le député de
Mégantic-Compton semble vouloir déformer. Je suis un peu
malheureux qu'il ait fait mention de cela dans son intervention.
M. Bertrand: On relira le journal des Débats, pour bien se
rendre compte qu'à aucun moment de mon intervention concernant les lois
précédant la loi 101, je n'ai fait mention du fond de ces projets
de loi, je n'ai fait mention de quelque artisan que ce soit de ces projets de
loi et j'ai même dit, à un moment, dans cette intervention, que
ceux qui ont fait adopter ces lois l'ont fait de bonne foi. Dieu sait que je
suis bien placé pour le savoir, M. le Président.
Quand le député de Mégantic-Compton veut se servir
de son intervention en commentant la mienne pour laisser croire aux gens de la
commission et au public, à la presse, que je voudrais critiquer de
quelque façon que ce soit les auteurs, les artisans de la loi 63, il se
met un doigt dans l'oeil jusqu'au coude, M. le Président, parce que ces
gens l'ont fait en toute bonne foi et je sais, moi, quelle était la
sincérité qui les animait, au moment où ils ont fait
adopter ces lois au Parlement et je serai prêt à témoigner
en quelque temps que ce soit. Mon adhésion au Parti
québécois n'a rien à voir avec un jugement qui serait
porté sur le passé, concernant des gestes posés par
d'autres gouvernements et par d'autres hommes politiques qui les ont
posés avec dignité à l'époque où ils les ont
posés.
M. le Président, je voulais que ces faits soient rétablis,
parce que jamais je n'accepterai qu'on fasse une telle relation entre les
attitudes que je pose aujourd'hui et les attitudes posées par d'autres
dans le passé.
M. Grenier: M. le Président, je dois intervenir ici pour
vous dire que ce que le député de Vanier vient de dire, c'est ce
que je voulais entendre de lui. Il vient de le donner, j'ai le message complet
maintenant, c'est de bonne foi que cela s'est fait avant. Il ne voulait pas
faire de reproches, ni moi non plus. J'ai entendu le message et je suis heureux
qu'il l'ait rétabli. C'est lui qui a rétabli les faits. Je lui
suis reconnaissant d'avoir rétabli les faits.
M. Laurin: II n'aurait même pas dû avoir à le
faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Sur la loi 101.
M. Grenier: Vous n'auriez pas dû commencer autour de la
table, M. le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Autre chose, M. le Président, sur mon
intervention maintenant. Quand on parlait de contestations, et il est possible
aussi que, dans le contexte actuel, il y en ait, sur les contestations, je vais
vous dire une chose, les temps ont pas mal changé depuis la loi 63, les
temps ont pas mal changé et tant mieux aussi. Je suis heureux que ce
soit transformé. Quant aux contestations, j'inviterai le
député de Vanier à un souper que nous aurons, le
président, le député de Prévost, M. Cardinal, je
suis obligé de l'appeler par son nom, parce qu'on change de
président, le député de Vanier, le député de
Saint-Jean et moi. On aura les éclaircissements qui
préciseront...
M. Paquette: On est rendu aux rencontres sociales!
M. Grenier: ...les événements à cette
commission.
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, s'il vous plaît! Il y a
une question de règlement qui vient d'être invoquée sur la
pertinence du débat et je me dois de vous rappeler à l'article
101 ...
M. Lalonde: Est-ce que je peux être invité?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...et
à la motion de suspension.
M. Charbonneau: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, si je comprends bien la
façon dont vous avez appliqué, vous et la présidence en
général, le règlement, lorsque l'article 96 est
invoqué, c'est lorsque le député qui a suscité chez
un autre intervenant l'article 96 a fini de parler. Le député de
Mégantic-Compton avait indiqué qu'il terminait son intervention.
Le député de Vanier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Monsieur, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ...a utilisé l'article 96 et je pense que,
maintenant, le droit de parole est à un autre député.
M. Grenier: Vous n'avez pas compris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, vous avez peut-être strictement
et juridiquement raison, la présidence a quand même permis au
député de Mégantic-Compton de continuer et lui permet
encore de continuer de parler sur la motion du député de
Saint-Jacques.
M. Grenier: M. le Président, bien sûr que les faits
sont rétablis et je vais vous dire une chose, je suis très
heureux de l'intervention, je veux le préciser, pour ne pas laisser de
doute, je suis très heureux des deux interventions du
député de Vanier, et je pense que la mienne a peut-être
servi à crever un abcès qui aurait dû l'être avant
ça. Je suis heureux que ce soit fait.
À partir de là, M. le Président, vous pouvez
être sûr que, sur l'article de loi que nous envisageons dans le
moment sur la langue du travail, vous allez avoir notre collaboration et notre
coopération entière là-dessus. Vous le savez, vous le
présumez déjà, j'imagine, parce que vous avez pris
connaissance de ce qu'on vous a soumis ici. Soyez sûr que, sur ce
chapitre de la langue du travail, plus que tout autre, nous sommes conscients
que ce secteur doit être francisé au maximum et c'est là
je parle du fond de la motion, bien sûr, je sais que vous
n'endurerez pas que je vienne sur les articles qui viendront un à un
que le gouvernement aura notre appui à presque 100% de chacun des
articles qu'on amène là, pour la bonne raison qu'on est
conscient, que notre parti est conscient, pour avoir administré la
province une quinzaine d'années sur vingt, du travail qui doit
être fait dans ce secteur.
Nul autre que le gouvernement rie peut régler la question.
À partir de là, soyez sûr que notre collaboration sera
large et j'imagine qu'on réussira à passer à travers le
chapitre de la langue au cours de la soirée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'une grande
partie de cette discussion a été inutile. J'ai été
un peu surprise de voir certains députés du parti
ministériel jouer les vertueux. La contribution de quelques-uns d'entre
eux à cette commission a été très positive mais la
majorité d'entre eux sont venus ici pour faire le quorum, quand ils le
faisaient.
De toute façon, ceci aura donné l'occasion au
député de Vanier de faire valoir son point de vue sur la langue,
sur ses aspirations sur le plan culturel. Je ne sais pas s'il jouait au
prophète quand il rappelait le passé, mais je voudrais juste lui
dire que ce n'est jamais deux sans trois. Alors, qu'il fasse bien
attention.
De toute façon, il est un peu surprenant qu'à ce moment-ci
le gouvernement nous demande de passer un chapitre pour arriver
immédiatement à la langue du travail. Il n'y a aucun doute dans
mon esprit. Je n'ai même pas l'impression de vous imputer des motifs.
J'ai la ferme confiction que ceci est strictement un geste politique de la part
du gouvernement. Au moment où on a la guillotine au-dessus de la
tête, tout à coup, il faut escamoter une dizaine d'articles pour
arriver au chapitre du
travail. C'est son droit et de toute façon, c'est ce qui va
arriver. Je ne parlerai pas longtemps, trois minutes. Je vous laisse le plaisir
de voter en faveur de votre motion.
Mais je pense qu'il est important que personne ne soit dupe de ce genre
de manège politique, d'autant plus que ceci va nous donner une occasion,
une fois de plus, de prouver que cette commission parlementaire, nous y sommes
restés pendant quelques semaines cela commence à faire des
mois avec la première qui a précédé... On a
assisté à deux scénarios assez identiques. À la
première commission parlementaire, on a minimisé les
représentations qui étaient faites, on a qualifié les gens
avec qui on n'était pas d'accord de certaines épithètes
que je ne répéterai pas ici. À cette commission-ci, ce fut
un scénario identique. J'ai l'impression, la quasi-certitude, pour ne
pas dire la certitude, que les amendements que nous avons faits n'ont pas
été vraiment considérés. C'est vrai qu'ils
n'étaient pas tous d'égale valeur, mais il y en a qui, pour nous,
étaient importants. Je rappellerai, en passant, les articles 13, 17 et
20. J'ai hâte de voir ce qui arrivera à l'article 41, parce qu'on
a aussi un amendement à cet article. Pour nous, au niveau des principes,
cet amendement est extrêmement important.
De temps à autre, on avait l'impression qu'on touchait une corde
sensible chez certains députés et, peut-être, chez certains
ministres. On a eu l'impression que les réunions amicales que vous aviez
à l'heure des repas étaient pour fourbir vos armes, non pas pour
essayer de comprendre le point de vue de l'Opposition, mais pour voir comment
vous pourriez démolir les arguments qu'elle pouvait mettre de l'avant.
En tout cas, c'est la nette impression que j'ai eue. Si je me trompe, tant pis,
mais c'est vraiment la nette impression que j'ai eue.
Quand nous allons passer à la langue du travail
j'espère que ce sera d'ici trois minutes on en aura une autre
démonstration. Entre-temps, je veux dire que les articles 38 à 46
contiennent quand même quelques éléments qui ont
causé des problèmes lors de l'application de la loi 22. Je pense
que chacun d'entre vous avez entendu parler des représentations qui ont
été faites par les ordres professionnels. Je réalise bien
que la question de la santé, c'est réglé, parce qu'on l'a
pris dans le chapitre de l'administration. Il ne s'agit que de retrancher, aux
articles 28 et 29, ce qui, maintenant, a été
intégré dans le chapitre de l'administration.
De toute façon, vous jugez que non. C'est plus important,
à ce moment-ci, de dire: On finit la commission parlementaire en
touchant à la langue du travail, des travailleurs, des petits. Quand on
regarde l'accueil qui a été fait, après plusieurs heures
de débat, aux handicapés, je me demande où est votre
préoccupation pour les petits, de toute façon.
En terminant, je voudrais dire une chose, ce n'est pas souvent que je
suis d'accord avec le député de Verchères. Mais je suis
d'accord avec une partie de ce qu'il a dit, le début, parce que, pour le
reste, il s'est mis à nous accuser de tous les pé- chés
d'Israël, mais, dans la première partie, quand il a dit...
M. Paquette: ...
Mme Lavoie-Roux: ...ceci montre quelles sont les faiblesses du
système parlementaire, etc. Je pense que, s'il y a quelque chose qui
doit être changé dans le régime parlementaire
probablement qu'on me dira que c'est impossible à cause des
délais prévus mais une fois qu'on met la guillotine, qu'on
nous sorte donc de la salle, parce qu'on sait fort bien que vous nous demandez
de travailler dans des conditions impossibles. Tout à coup, au moment
où on a la guillotine sur la tête quand je dis "vous",
c'est parce que c'est vous autres qui êtes de ce
côté-là, quand ce sera un autre gouvernement, ce sera
d'autres on nous demande notre collaboration: C'est urgent d'adopter
tout ce qui n'a pas été adopté, ces articles qui
représentent la vie et la mort pour un tas de citoyens. Écoutez,
je ne vous en accuse pas, c'est le système, et je le trouve absolument
ridicule. Une fois qu'on a décidé de mettre la guillotine, qu'on
la mette, qu'on s'en aille et qu'on vaque à d'autres occupations
plutôt que de faire ce qu'on fait ici.
Vous nous demandez quelque chose qui, à toutes fins pratiques,
est quasiment impossible. Je termine ici mes propos, malgré tout, il y a
toujours un bon côté aux choses, je suis une optimiste. Dans mes
livres de souvenirs que je n'ai jamais eu le temps de commencer à faire,
peut-être que, quand j'aurai 75 ans, j'aurai le dernier amendement de la
commission 101 présenté par le gouvernement sur un bout de papier
griffonné. Je n'ai pas besoin de le dire, c'est évident.
Une voix: ...dans le débat.
M. Laurin: II y en a d'autres.
Une voix: II y en a d'autres qui s'en viennent.
Mme Lavoie-Roux: Sur un bout de papier comme cela?
M. Laurin: Oui. M. Bertrand: Non.
Mme Lavoie-Roux: Celui-ci, je pourrai l'encadrer et ce sera
l'écriture immortelle, me dit-on, du président de la
commission.
M. Paquette: Cela va être un mauvais souvenir pour vous,
dans quelques années.
Mme Lavoie-Roux: Je le garderai, mais, blague à part, nous
sommes prêts à voter sur votre motion et voir si l'ouverture va
être plus grande à la langue du travail qu'elle ne l'a
été dans les autres chapitres. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci beaucoup, M. le Président. Je voulais
souscrire également aux remarques du député de
Verchères. Je me dis: C'est un néophyte. Je partage la même
naïveté. Quand on arrive en commission parlementaire ou à
l'Assemblée nationale, on brûle peut-être d'un zèle
je dirais non pas intempestif, mais presque saint, de voir le travail avancer
plus vite qu'on ne le voudrait, mais après avoir siégé
quelques mois, on s'aperçoit qu'il y a tout un jeu qui n'est pas
nécessairement antidémocratique. Mme le député de
L'Acadie l'a mentionné, il y a nécessairement urgence d'apporter
des réformes; avec le temps cela ne sera pas ce soir, cela ne
sera pas demain matin je crois que c'est avec la collaboration de tous
les membres du parti...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Le Moignan: Je fais pourtant quelque chose de bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Le Moignan: En votre faveur.
M. Paquette: On est tous d'accord, vous pouvez parler sur la
proposition.
M. Le Moignan: Je m'en allais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Oui,
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je suis bien prêt à entendre toutes
les lamentations et les confessions autour de la table, mais on parle d'une
motion. C'est rendu qu'on est dans la réforme parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, puisqu'il y a une question de règlement de
soulevée, je vous demanderais de parler de la motion du
député de Saint-Jacques.
M. Le Moignan: C'était mon préambule pour me
réchauffer, M. le Président. J'en arrive justement, dans cette
réforme.
M. Charbonneau: Embarquez dans le jeu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...que
vous connaissez.
M. Le Moignan: Le député de
Mégantic-Compton, pendant mon absence, je pense, avait
déjà formulé ce voeu, ce souhait qu'après
l'étude de la langue d'enseignement, on en vienne à la langue du
travail. Je ne veux donc pas m'inscrire en faux contre mon confrère,
mais il y a tout de même des choses importantes. Quand on a parlé
de la loi 63 et de la loi 22, il y a tout de même un climat qui a
changé au Québec. On parle justement de travail, il y a tout un
climat. Aujourd'hui, on dit, il n'y a pas de contestation. Les gens vont
accepter qu'il y ait des modifications à la loi du travail, à la
loi de l'enseignement, cela fait presque dix ans qu'on en parle, et les gens
ont hâte d'en sortir et, justement, avec cette idée qu'il y aura
un jour une Charte de la langue, c'est cela qui va apporter un nouveau climat
et il y aura beaucoup moins de mécontents cette année. C'est
faire confiance au gouvernement, peut-être allez-vous dire que je suis
aveugle. Il y aura moins de mécontentement chez les francophones et
même chez les anglophones, si le gouvernement nous parle d'amendements,
si le gouvernement essaie de nous vendre sa crédibilité.
Personnellement, je me dis: II faut être naïf, mais tout de
même, d'un autre côté, on n'est pas encore en dictature.
Nous sommes dans un système démocratique. Si on ne fait pas
confiance du tout à notre gouvernement, quand il nous dit qu'il y aura
des études, des spécialistes, qu'il y en aura d'autres qui vont
regarder les lois, si on est rendu, à un moment donné, à
douter de tout, c'est là que je me demande où on s'en va dans
notre système. Ce n'est pas parce que je veux ramper devant le
gouvernement. Ce n'est pas parce que je suis tellement d'accord avec tous les
projets, mais quand on regarde notre livre bleu, ce n'est pas la grande
perfection, mais il y a beaucoup d'amendements positifs là-dedans. Il y
a des choses tout de même là-dedans qui ont de la valeur. On n'a
jamais pensé au début que le gouvernement adopterait tous et
chacun des articles tels qu'ils sont proposés. C'est impensable. Il
reste que si le gouvernement en a pris un, c'est déjà pas mal,
"services" pour "organismes", c'est déjà pas mal, et la semaine
dernière, je pense qu'il est arrivé encore deux ou trois petits
mots, mais au moins, ceux qui ont travaillé, qui ont donné
beaucoup de temps, n'ont pas travaillé en vain.
C'est pour cette raison que je me dis, quand on parle de perte de temps,
on sait bien qu'il nous reste trois heures, ce soir. Tout le monde se lance la
pierre. Je n'ai pas envie de faire le procès de 1974, c'est très
bien connu. On sait combien on a consacré d'heures et de temps sur
l'article no 1, alors je laisse tout cela de côté, mais je me dis
que personnellement, je suis déçu de ne pas avoir
étudié plus d'articles, plus de chapitres. C'est ma conviction
personnelle. N'en déplaise à mon voisin, je parle en mon nom
personnel. Je pense que nous sommes d'accord. J'aurais aimé qu'on avance
un peu plus.
Vous allez peut-être dire qu'on a contribué, l'Union
Nationale, à apporter des amendements. On les croyait justes dans le
temps, on les croyait légitimes. Je suis sûr que du
côté de l'Opposition officielle, les amendements qu'elle
apportait, elle les apportait certainement avec l'arrière-pensée,
avec le désir de faire avancer la loi. Alors, je n'ai aucun doute. Je
n'ai pas à lui prêter d'articles, mais quand on veut venir
à la langue du travail, on se dit oui, mais à condition de
travailler, à condition de s'embarquer dans la langue du travail. Si,
à 22 h 45, on se demande si c'est opportun de la commencer ce soir, oui
ou non, on n'aura pas commencé. Le tunnel dans lequel on s'est
intro-
duit, se rétrécit tout le temps. Plus on avance, moins il
y aura de choses à la fin de la soirée.
Je pense que, normalement, on devrait immédiatement passer
à l'étude de la langue du travail et essayer d'étudier les
articles, non pas tellement à la vapeur, on n'a pas beaucoup
d'amendements, les libéraux en ont peut-être un ou deux, nous en
avons un. Alors, cela veut dire qu'à 23 heures, on pourrait avoir tout
terminé cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Gaspé. Est-ce que la motion du
député de Saint-Jacques sera adoptée? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement quelques mots. Est-ce que le
député de Châteauguay voulait...
M. Dussault: Oui, M. le Président. Vous avez probablement
oublié que mon nom était écrit sur la liste. Je ne serai
pas long. Si j'avais à écrire un livre sur l'expérience
que j'ai vécue depuis plusieurs semaines, j'intitulerais mon livre "Les
101 procès d'intention de l'Opposition officielle", parce que c'est,
effectivement, ce qu'on a vécu depuis le temps qu'on est ici.
Je voudrais revenir sur un argument qui a été
employé par le député de Mont-Royal qui nous a dit, cela a
été le milieu, le point culminant de son intervention, parce
qu'on a vu là toute sa contradiction, que la langue du travail aurait
dû être étudiée avant la langue de l'enseignement. On
sait à quel point c'est important, la langue d'enseignement. D'ailleurs,
tout le monde le sait. Pourtant, il se refusait à l'idée que l'on
puisse étudier, parce qu'elle est tellement importante, cette partie de
la loi, immédiatement la question de la langue du travail.
Évidemment, à la commission parlementaire, il y a toujours deux
attitudes possibles: iI y a l'attitude pour la galerie et l'attitude qu'on peut
avoir en coulisse.
À la commission, effectivement, l'Opposition officielle a pris
très souvent cette attitude pour la galerie, de refuser la guillotine
alors qu'on sait que ces députés se sont plaints à nous
parce que nous parlons entre nous, en dehors des commissions
parlementaires ils souhaitaient cette guillotine dont ils ont tellement
parlé dans les dernières minutes. Ils nous suppliaient de leur
apporter cette guillotine. Qu'on ne vienne pas nous tenir ce langage, qu'on
vient de tenir.
Quant à la question de la logique d'un projet de loi, je pense
que personne ne sera leurré par les propos du député de
Marguerite-Bourgeoys, parce qu'on sait très bien que la logique interne
d'un projet de loi n'a pas nécessairement de lien avec l'importance des
thèmes que développe une loi. Je le disais tout à l'heure,
la langue du travail est un des volets importants de ce projet de loi.
Il y avait la question de l'enseignement, nous aurions pu être
beaucoup plus radicaux sur cette question de la langue de l'enseignement. Nous
avons préféré rester humains, mais, d'un autre
côté, il fallait quand même atteindre des résultats,
et c'est du côté de la langue du travail, je pense qu'il y avait
une possibilité d'atteindre des résul- tats. J'espère bien
que l'Opposition officielle saura discuter de cela positivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je ne sais pas à
quelle heure le débat a commencé sur cette motion. Il me semble
que c'est vers 16 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
connais pas l'heure, mais je connais le temps employé par chaque
député.
M. Lalonde: Chacun y est allé de son petit testament
politique de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Treize
députés sont intervenus sur cette motion, à l'heure
actuelle, et certains, à deux reprises, dont le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement quatre de l'Opposition officielle. Je peux
vous dire qu'une majorité des députés ministériels
ont cru bon d'éclairer le député de Saint-Jacques qui
n'est plus ici, d'ailleurs, pour défendre sa motion, à savoir
pourquoi ils devraient voter pour cette motion.
M. le Président, je voudrais simplement souligner le manque de
sagesse du gouvernement de proposer une motion comme celle-ci à la fin
de nos travaux. Le gouvernement aurait dû savoir qu'avec les quelques
heures seulement qui nous restent, nous aurions probablement pu, dans cette
heure et trois quarts, à peu près 1 h 45 minutes, que nous
discutons de cette motion, entamer largement et peut-être même
disposer du chapitre précédent, et nous serions probablement
arrivés à la langue de travail au moment où nous sommes
rendus.
On voit encore là l'improvisation du gouvernement, son manque de
préparation dans les travaux, et pour des motifs strictement politiques,
pour pouvoir dire: Nous avons voulu parler de la langue de travail et ensuite,
essayer d'en tirer un crédit politique ou électoral; on a
manipulé, on a tripoté le projet de loi, et on s'est ri
littéralement de cette commission parlementaire.
Je dis qu'il est faux de dire, comme le député de
Châteauguay et d'autres députés, que nous souhaitons la
guillotine. C'est faux.
M. Laplante: Vous l'avez demandée.
M. Lalonde: Nous n'avons pas demandé la guillotine. Nous
avons demandé d'avoir le loisir de discuter de chaque article,
jusqu'à l'article 219.
M. Laplante: Je vous donnerai les noms après.
M. Lalonde: Nous avons demandé de nous traiter de
façon un peu plus humaine, dans le programme de nos travaux. Je suis
convaincu que, si l'urgence qui frappe le gouvernement actuellement, en ce qui
concerne la langue de l'ensei-
gnement, était disparue par le retrait de ce chapitre, et par
l'adoption d'une loi spéciale séparée pour la langue de
l'enseignement, nous pourrions, comme c'est notre devoir de
législateurs, discuter de chacun de ces articles jusqu'à la
fin.
N'est-ce pas le sort que toute loi devrait avoir à ce stade des
délibérations?
Je me demande pourquoi, étant donné qu'il s'agit d'une loi
linguistique, il faudrait nécessairement couper court et arriver avec
une guillotine, à ce stade. Ce n'est pas pour rien que nous avons
discuté d'une cinquantaine d'articles.
Même si on n'est pas d'accord, on a voté pour plusieurs de
ces articles et même si on n'est pas d'accord sur plusieurs principes qui
sous-tendent ce projet de loi, il est désirable qu'un tel projet de loi
soit discuté jusqu'au dernier article.
Plusieurs fois, vous avez eu des suggestions. On vous a
démontré qu'il y avait des trous et vous les avez bouchés.
Vous n'avez pas souvent accepté nos amendements, rarement. On l'a dit.
On vous l'a reproché. On vous a quand même montré
l'écueil qu'il y avait dans certains articles. Alors, je pense que nous
avons fait simplement notre devoir et je reproche au gouvernement d'avoir,
à ce stade-ci, quelques heures avant la fin de nos travaux, tenté
de manipuler la commission et d'avoir fait perdre encore une heure et trois
quarts de notre temps très précieux, simplement pour des fins
purement politiques.
M. Dussault: C est le cent-deuxième procès
d'intention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. le ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, dans notre candeur naïve,
nous espérions que l'Opposition officielle, surtout, accepterait
très rapidement la motion que nous faisions, car, à entendre tous
les discours que particulièrement le député de
Marguerite-Bourgeoys nous répétait depuis plusieurs mois sur la
langue du travail, l'importance de la langue du travail, nous pensions qu'il
sauterait sur l'occasion que nous lui offrions pour commencer à en
discuter tout de suite, afin qu'on puisse en discuter le plus longtemps
possible avant que nous mettions fin à nos travaux.
Mais les sentiments de l'Opposition officielle ont été mal
jaugés de notre part, encore une fois, et nous avons eu une
réaction à laquelle on ne s'attendait pas. L'Opposition
officielle a voulu profiter de l'occasion pour effectuer une magnifique finale
à la symphonie qu'elle nous a jouée depuis quelques
semaines...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ...un amendement.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Laurin: ...et ses membres ont profité de l'occasion
pour, comme disait le député de Marguerite-Bourgeoys, faire leur
testament politique, pour inscrire des messages dans des bouteilles qu'ils
veulent lancer à la mer afin que la postérité s'en
rappelât. Ils ont voulu fumer leur dernière cigarette. Ils ont
voulu, en somme, nous faire la morale, tirer les conclusions qui s'imposent
d'un débat qu'ils ont raté. Évidemment, il y a quelques
phrases qui ont été lancées au cours de ces débats
que je voudrais relever.
Le député de L'Acadie, par exemple, qui a dit que les
députés ministériels n'étaient là que pour
faire quorum.
Mme Lavoie-Roux: Un certain nombre.
M. Laurin: C'est absolument faux, puisque comme on l'a dit, tous
les députés de ce côté-ci de la table ont
contribué, depuis les tout premiers instants, bien avant que le projet
de loi ne soit déposé, à l'élaboration, à la
rédaction, à la défense du projet de loi.
Comme on l'a souligné, même pendant cette commission, les
députés ministériels se sont réunis tous les jours,
ont discuté tous les amendements que nous avons déjà
déposés et les autres que nous déposerons d'ailleurs
incessamment, et leur contribution a été précieuse
à tous les moments. S'ils ne sont pas intervenus plus souvent, c'est
uniquement pour ne pas apporter de l'eau au moulin de l'obstruction
systématique ou plus ou moins systématique ou plus ou moins
souterraine qu'a menée l'Opposition depuis le début de nos
travaux. En ce sens, je pense qu'il faudrait plutôt rendre hommage
à leur sens de l'efficacité plutôt que de leur faire
reproche d'un silence qu'ils se sont volontairement imposé.
Par ailleurs, le député de L'Acadie a dit: Jamais deux
sans trois. Là-dessus, je dois lui dire que je suis d'accord avec elle.
D'ailleurs, j'ai souvent été d'accord avec elle au cours de la
discussion.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Laurin: Jamais deux sans trois, M. le Président, et
c'est toujours vrai quand un gouvernement légifère contre
l'opinion publique. Jamais deux sans trois quand un gouvernement
légifère contre la majorité d'un pays. Jamais deux sans
trois quand l'Opposition fait des projets de loi qui, d'une part, veulent
instaurer la francisation d'un pays et, d'autre part, contribue à sa
bilinguisation. Jamais deux sans trois quand un gouvernement
légifère d'une façon mi-figue, mi-raisin, ni chair ni
poisson, et prétend courir trois ou quatre lièvres à la
fois. Jamais deux sans trois quand les gouvernements présentent des
projets de loi qui ne sont pas marqués au coin de la nuance, de la
souplesse, de l'équilibre, mais en même temps au coin de la
fermeté, au coin d'une volonté politique enracinée dans
des convictions depuis longtemps
ancrées dans la conscience collective d'un gouvernement avant
qu'elle ne le soit dans un peuple. C'est la raison pour laquelle nous ne
craignons pas le jugement de la population. C'est la raison pour laquelle nous
ne craignons pas non plus le jugement de l'histoire en ce qui concerne le
projet de loi 101.
J'étais très content, M. le Président, lorsque nous
avons mis la dernière main, le dernier vote au chapitre qui a
précédé, car, en effet, le député de Vanier
l'a dit d'une façon très brillante, ce chapitre sur
l'administration était le premier, véritablement, qui marquait la
volonté de ce gouvernement de faire du Québec un pays qui ne soit
plus bilingue, mais un pays qui soit français sans détour, un
pays qui instaure, qui enfin retrouve sa communauté foncière
d'expression, un pays qui se permette d'être unilingue sur le plan
institutionnel comme tous les autres pays normaux le sont. D'ailleurs, ceci est
permis même à l'intérieur d'un Canada bilingue puisque les
autres provinces sont déjà aussi anglaises que le Québec
veut devenir massivement français.
J'étais content qu'on adopte enfin ce chapitre sur
l'administration parce qu'il revenait précisément à
l'État de donner l'exemple, il revenait précisément
à l'État d'imprimer sa marque sur les institutions de ce
pays.
Mme Lavoie-Roux: La pertinence, M. le député de
Joliette-Montcalm!
M. Lalonde: C'est adopté, cela!
M. Laurin: II revenait à l'État de donner l'exemple
au reste de la population...
M. Lalonde: La pertinence, M. le Président.
M. Laurin: ...car on sait, M. le Président, à quel
point...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: II l'a, la patente, lui. C'est lui qui est le
"boss", écoutons-le!
M. Laurin: ... la langue que l'État utilise a une
influence sur la vie d'un citoyen et on sait à quel point le
gouvernement, l'administration, par toutes les institutions qu'il
contrôle ou qu'il anime, s'introduit dans tous les secteurs de la vie
collective. Nous l'avions dit d'ailleurs en première lecture,
c'était là le premier axe majeur de la loi.
Mais si nous avons voulu passer immédiatement au chapitre de la
langue du travail, c'est que cela constituait le deuxième axe majeur de
ce projet de loi. Deuxième axe majeur, parce que c'est là
précisément, dans ce monde du travail, que la majorité
francophone avait eu le plus à souffrir dans le passé. Le
député de Marguerite-Bourgeoys le rappelait d'ailleurs tout
à l'heure.
C'est là le domaine où le redressement qu'il y avait
à effectuer s'imposait avec le plus d'évidence, car non seulement
il s'agit alors de cohérence, de logique qui doit être la
même au niveau du travail comme elle l'est au niveau de l'administration,
mais il y a un argument de plus, il y a une raison additionnelle, il y a un
facteur de justice sociale qui nous impose de procéder aux correctifs
que depuis longtemps d'ailleurs, la population nous demandait d'effectuer.
M. Saint-Germain: Vous allez l'avoir, votre statue.
M. Laurin: Nous savons en effet que c'est dans ce domaine que les
exigences injustifiées des employeurs ont contribué le plus
à créer des inégalités, d'abord sociales, mais qui
sont devenues également des inégalités culturelles. Cela
devenait une sorte d'injustice que d'exiger de la part d'une majorité
une connaissance d'une langue qu'ils ne possédaient pas ou qu'ils
possédaient insuffisamment et qui devenait, par le fait même, une
barrière qui les empêchait d'accéder au domaine où
leur individualité, aussi bien que leur compétence acquise au
niveau des écoles, leur permettait et leur donnait le droit
d'accéder.
C'est la raison pour laquelle nous avons voulu passer
immédiatement à ce chapitre afin que dans les quelques heures
qu'il nous restait, on puisse au moins débattre des grands principes qui
ont orienté l'action du gouvernement et entendre aussi les
représentations, les objections, les amendements ou les suggestions que
pouvaient nous faire valoir les deux Oppositions dans ce domaine qui,
justement, est particulièrement important.
Encore une fois, nous avions l'impression qu'on accéderait
immédiatement à cette demande. On a préféré
tirer, encore une fois, les dernières salves, jouer le jeu politique
qu'a déploré le député de Verchères aussi
bien que le député de L'Acadie.
Nous le déplorons pour notre part, mais nous espérons
quand même que nous nous rattraperons dans les quelques heures qui nous
restent, que nous ferons diligence et que ce débat de trois heures nous
permettra quand même, aussi bien à nous, du côté
ministériel, que de l'autre côté, de dire les choses
essentielles qu'il fallait dire, d'échanger les argumentations majeures
qui s'imposaient peut-être apporter à ce chapitre du travail
l'éclairage ainsi que les additions que nous continuons
d'espérer. Je vous remercie, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'à ce stade-ci, je vais suspendre les travaux jusqu'à vingt
heures. Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 4
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
En vertu de l'article 145, parce que c'est la même séance,
le quorum est présumé et de toute façon, il est existant.
Nous en sommes sur une motion d'amendement de suspension qui a commencé
à 16 h 15. Au moment de la suspension de la séance, la parole
devait être accordée à M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'était vrai.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président, quelques mots seulement. Je
suis surpris de constater, j'ai tenu pour acquis que tous les gens ici,
à cette table, étaient de bonne foi, même si je
m'excuse, M. le curé me dérange, M. le Président, avec sa
bénédiction, je pourrais sans doute continuer ...
Le Président (M. Cardinal): Le cardinal vous permet de
continuer.
M. Le Moignan: Je peux tout faire avec la permission de
mon...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Que tout
ceci se termine en beauté.
M. Le Moignan: Cela va se terminer en beauté aussi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous participerez à cette fin en beauté. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'avais
étiré mon préambule précisément pour
attendre la venue du député de Mont-Royal. Donc, je disais
tantôt que j'ai tenu pour acquis que tout le monde était de bonne
foi et qu'ensemble, nous cherchions à passer à travers la
majorité des articles qui sont inclus dans le projet de loi 101. Il est
bien évident que depuis la commission parlementaire sur la loi no 1, on
a nettement compris que l'Opposition officielle désirait parler
ardemment du français comme langue du travail, qu'elle tenait mord'cus
à parler de la langue du travail. Donc, j'ai trouvé le geste du
député de Saint-Jacques, dans sa motion privilégiée
de permettre à cette opposition sachant fort bien que les travaux
se terminent ce soir le fait de leur permettre de discuter pendant au
moins trois heures d'une façon sérieuse de la langue du travail,
pouvait, pour un groupe restreint surtout de quatre députés dans
leur cas...
Et nous sommes prêts, de notre côté, à leur
donner toute la chance possible d'exposer leurs griefs, leurs doléances,
leurs remarques, leurs suggestions, pour faire en sorte que le gouvernement,
dans un effort ultime, puisse faire des corrections, selon les suggestions
heureuses que cette Opposition pourrait faire.
Cependant, j'ai remarqué énormément de
contradictions dans l'argumentation pour s'opposer à cette même
motion qui, à toutes fins pratiques, répondait aux voeux
exprimés par l'Opposition officielle. Je pense, entre autres, au
député de Mont-Royal, qui commence par essayer de
démontrer il faut bien dire que c'est une vaine tentative, mais
il a quand même essayé, je pense, dans un effort pour parler
surtout 20 minutes l'importance de l'ordre numérique des
articles, alors qu'on sait pertinemment qu'un volume ou qu'une loi, cela
s'attaque, cela s'aborde par sujets particuliers.
Après avoir essayé vainement de démontrer
l'importance de traiter les articles d'une façon numérique, un
après l'autre, le député de Mont-Royal a fini par dire: Si
vous enleviez la guillotine, en haut, nous pourrions peut-être consentir
à regarder la langue de travail. Donc, il démolissait
lui-même sa propre argumentation. C'était moins important, parce
que, en haut, si cela n'avait pas été la motion de clôture,
j'ai l'impression qu'on aurait accepté.
Tout au long des débats, cela a été la même
chose, amendements dilatoires les uns après les autres. On a
passé des heures et des heures à discuter beaucoup plus pour
savoir si on devait discuter qu'à discuter sur le fond comme tel.
Je ne prendrai pas 20 minutes, M. Saint-Germain. Mon nom est
Chevrette.
M. Saint-Germain: Non, je vous écoute, vous êtes
très intéressant, je vous écoute avec une grande
attention.
Une voix: Continuez.
M. Chevrette: Si vous me trouvez intéressant, cela
m'inquiète.
Je m'excuse, M. le Président, mais on m'interrompt à tout
moment.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je ne sais pas si
c'est moi qui dois m'excuser, mais il y a trois personnes qui me parlent en
même temps.
M. Charbonneau: C'est cela, l'absence de la
démocratie.
M. Chevrette: Mais je suis censé être le seul.
Le Président (M. Cardinal): Cela m'est difficile. M. le
député de Joliette-Montcalm, j'ai compris que vous étiez
le seul qui pouviez, pour le moment, vous adresser à moi.
M. Chevrette: Légalement vous parler.
Le Président (M. Cardinal): Pas légalement, parce
que ce terme est trop... Réglementairement.
M. Chevrette: Je peux y aller? Merci, je ne vous dérange
plus?
Je suggère fortement, entre autres au député de
L'Acadie, qui se sent vexée chaque fois que le gouvernement dit à
l'Opposition de cesser ses mesures dilatoires, s'en trouve fort
offusquée et rétorque: C'est faux, jamais nous ne faisons
d'obstruction, vous allez me faire parler, c'est plus fort que moi, je n'avais
plus un mot à dire, mais là, je vais prendre la parole.
Cela leur fait mal quand on leur dit qu'il y a des mesures dilatoires de
leur côté. Donc, je suis persuadé que ce genre de gestes
spontanés de sa part prouve énormément de bonne foi chez
elle et ce serait l'occasion rêvée ce soir pour tout nous
déballer ce qu'elle a sur le chapitre de la langue du travail, mais nous
le déballer d'une façon rapide. On n'a pas le processus mental
très très lent. On est capable de capter assez vite les nuances
ou les observations qu'elle pourrait nous faire, que le député de
L'Acadie pourrait nous faire, sur le chapitre de la langue du travail,
consciente, bien sûr, que ce soir, à 23 heures, ce sera la fin des
travaux de cette commission. Mais elle n'a pas le droit, si elle est aussi de
bonne foi qu'elle le dit, de garder cela pour elle-même, toutes ces
perles rares. Elle n'a pas le droit de priver le gouvernement des
lumières qu'elle prétend avoir. C'est la même chose pour le
député de Marguerite-Bourgeoys. Que d'écueils il nous a
fait éviter, ce député, depuis le début! La loi
était toute croche!
M. Lalonde: Elle l'est encore.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: II nous a indiqué par des
pictogrammes...
M. Lalonde: Plus vous la regardez, plus elle est croche.
M. Chevrette: ... plusieurs écueils!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier. S'il vous plaît!
M. Chevrette: Je m'abstiendrai de parler de lui.
Le Président (M. Cardinal): II ne nous reste même
pas trois heures...
M. Lalonde: C'est un "filibuster".
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est un "filibuste" et non un "filibuster".
Le Président (M. Cardinal): Le président n'a pas
à juger de telles choses, sauf en vertu de l'article 65. Je dirais ceci:
Au moment où, comme l'a dit un député, nous allons
être "pendus" par la guillotine, ce n'est pas le temps de perdre du
temps.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je disais donc, avant l'interruption du
député de Marguerite-Bourgeoys, que, lui-même, qui a
porté des jugements sévères sur la forme de la loi, sur sa
rédaction même, sur les mauvais conseils que l'on a reçus
lors de la rédaction de ce projet, s'il a tant de lumières que
cela, il me semble qu'au lieu de se poser des questions pendant deux heures et
demie ou trois heures pour savoir si on doit parler ou non de la langue de
travail, il aurait dû profiter de ces deux heures et demie ou trois
heures pour faire la lumière, comme il sait si bien le faire, avec peu
de mots, des interventions courtes, éclairantes pour
l'assemblée...
Je ne comprends pas qu'on ait réussi à passer autant de
temps sur une telle motion. Quant au député de Mont-Royal, je
voulais bien me contenter, bien sûr, et parler de chacun d'eux, parce
que, étant donné que chacun a fait son testament ou son
procès...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, sur une question de
règlement.
M. Chevrette: Sur la pertinence.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le
député de Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: Combien de temps reste-t-il au député
de Joliette-Montcalm?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm s'exprime pour la première fois.
M. Ciaccia: J'ai le droit de savoir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, quant à vous, vous vous êtes déjà
exprimé et il vous reste trois minutes.
M. Ciaccia: Je voudrais savoir combien de temps il reste au
député de Joliette-Montcalm!
Le Président (M. Cardinal): II a commencé à
20 h 5 et il a droit à vingt minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm. M. le député de Saint-Maurice et ministre du
Tourisme, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Comme chacun a tenté d'exprimer, avant le
souper, tous les bons moments qu'il avait passés ici ou les regrets
qu'il avait, moi, je voudrais vous dire que je suis heureux pour un
député dans cette salle. Je suis heureux pour le
député de Mont-Royal que cette commission prenne fin ce soir.
Vraiment, il m'a impressionné par son courage à vouloir boucler
régulièrement ses vingt minutes en regardant sa montre.
M. Ciaccia: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Article 96.
Le Président (M. Cardinal): J'espère que vous me
laisserez un peu de temps pour terminer vers 23 heures, M. le
député de Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, sur une question de
règlement. Le député de Joliette-Montcalm vient de dire
que j'ai toujours pris mes vingt minutes. Je veux vous dire, et vous-même
pouvez le constater, que ce n'est pas vrai. Je n'ai pas toujours pris mes vingt
minutes.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, vous avez raison, vous
avez invoqué l'article 96 sans le dire parce que vous vous êtes
déjà exprimé. Il vous reste trois minutes.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas tout le monde qui...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
privilège. M. le député de... La soirée va se
passer comme cela, n'est-ce pas?
M. Lalonde: Ce n'est pas la première fausseté et ce
n'est pas la dernière, sûrement!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est la dernière fois qu'il parle,
je pense.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Le député de Joliette-Montcalm devrait
revenir au sujet de la motion, M. le Président. Il s'est
égaré un peu.
M. Lalonde: Ils ont eu congé, ce soir, ils ont le droit de
parler.
M. Ciaccia: Qu'est-ce que vous avez pris pour souper, vous?
Une voix: On l'a eu à une heure...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Ah!
M. Lalonde: Un petit lunch.
Mme Lavoie-Roux: À l'amicale.
M. Lalonde: À l'amicale.
M. Ciaccia: Votre patience m'étonne, M. le
Président!
Une voix: Notre dernière veillée!
M. Chevrette: Un bon professeur, M. le Président, fait
comme vous faites présentement quand les élèves sont
turbulents.
Le Président (M. Cardinal): Je ne suis pas un maître
d'école...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes notre...
Le Président (M. Cardinal): ... et j'ai déjà
indiqué que je n'étais pas votre patron non plus. Je suis votre
humble serviteur. Et comme on m'a appris jeune c'est peut-être
dépassé à être poli, je ne parle pas lorsque
quelqu'un parle. J'aimerais que mon exemple soit suivi par tous.
Mme le député de L'Acadie, je suppose que c'est sur une
question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais que vous
rassuriez le ministre d'État au développement culturel qui vient
juste d'arriver, parce que le député de Joliette-Montcalm tient
le temps très bien. Il n'y a pas d'inquiétude.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, Mme le
député de L'Acadie, le message est passé. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais bien comprendre, M. le
Président...
M. Lalonde: II vient d'arriver...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vous en prie, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, s'il avait fallu que je
n'apprenne pas quelque chose depuis quatre semaines. On a appris à tenir
le temps, et il y en a qui ont appris à le perdre. Donc, je termine, M.
le Président, en disant que...
M. Saint-Germain: Non, ne termine pas, vas-y.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, s'il vous plaît. À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Je n'aurais jamais cru qu'une veilleuse pouvait
s'éclairer si rapidement.
Le Président (M. Cardinal): Non, ce n'est pas
congé ce soir. À l'ordre, s'il vous plaît! Si c'est
congé ce soir, je rappellerai à cette auguste et sage
assemblée que, malgré l'ordre de la Chambre, il y a
possibilité de suspendre ou d'ajourner la séance et je pense
qu'il ne serait pas sage que je le fasse dans les circonstances.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Après plusieurs efforts pour terminer, M. le
Président, je voudrais vous dire que, si l'Opposition est vraiment
sincère dans ses propos, elle devrait, dans les quelque deux heures qui
restent, nous donner tout le matériel, nous fournir tous les arguments,
les dangers, les écueils qu'on doit éviter à
l'intérieur du chapitre de la langue du travail. Ce serait faire preuve,
en terminant, d'une grande maturité politique. Ce serait faire preuve
également d'un sérieux et d'un désir de collaborer
jusqu'à la dernière minute, parce que j'ai entendu cette
expression à maintes reprises au cours des discussions à cette
commission. Nous voulons collaborer. Ces gens l'ont répété
tellement souvent que j'ai cru, à un moment donné, qu'ils
voulaient collaborer, mais j'ai compris qu'ils voulaient collaborer à se
rendre à la dernière minute en ne passant pas à travers
tous les articles, s'il faut faire des procès d'intention, mais ne
voulant pas le faire parce que j'ai dit que je le tenais pour acquis et que je
voudrais être cohérent de mon côté, ne doutant pas de
leur bonne foi, je suis sûr qu'ils vont se forcer pour terminer avec un
nouveau visage pour qu'on dise, nous tous, les députés
ministériels, à la fin de cette session: Cela nous a pris du
temps à comprendre la position, les politiques du Parti libéral,
sauf qu'à la fin, ces députés nous ont vraiment
prouvé que c'était du monde sérieux, désireux de
collaborer jusqu'à la dernière minute.
Ils n'ont pas le même processus de collaboration que nous avons,
mais au moins, on l'a compris le dernier soir. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm. Maintenant, la commission aimerait
entendre M. le député de Jacques-Cartier.
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Bourassa, s'il vous plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: M. le Président, je viens de
découvrir la raison pour laquelle on a perdu nos élections.
Après une telle nomination à la commission Cliche, comment
voulez-vous qu'un gouvernement puisse rester au pouvoir?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, je vous prierais de revenir à cette motion. S'il vous
plaît! Est-ce que les membres de la commission se rappellent de quelle
motion nous discutons présentement?
M. Lalonde: Projet de loi no 1, je pense, M. le
Président.
M. Duhaime:... un jour, j'ai rencontré la
vérité.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait mettre la motion aux voix
immédiatement?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier a demandé la parole et je lui accorde.
M. Paquette: Je pensais qu'il avait fini.
Le Président (M. Cardinal): Non, je lui ai accordé,
il n'a pas terminé.
M. Paquette: Je pensais qu'il avait dit tout ce qu'il avait
à dire.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Bourassa: Combien reste-t-il de temps avant qu'on dorme?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, il vous reste neuf minutes.
M. Saint-Germain: II est regrettable, comme vous le voyez, que
l'opposition se fasse "filibuster" par le gouvernement, c'est le monde à
l'envers. C'est dommage, parce qu'il y a une multitude d'articles dans cette
loi qui va être votée, qui va devenir loi, sans étude
préalable, sans étude suffisante. Il est très facile, avec
une telle loi, de flatter le nationalisme québécois et de laisser
croire à la population qu'avec une telle loi on va solutionner tous les
problèmes de la province de Québec.
M. Duhaime: M. le député de Jacques-Cartier, je
vous entends mal.
M. Saint-Germain: C'est regrettable, M. le ministre.
M. Paquette: Je pense que c'est assez évident.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, nous parlons d'une motion de suspension et non pas de nationalisme
et d'autre...
M. Saint-Germain: Le ministre d'État au
développement culturel peut être sûr qu'il va avoir sa
statue, lui aussi, à côté de cette de Duplessis, parce
qu'on va découvrir vite qu'il aura été le sauveur de la
race.
À part de ça, M. le Président, si on continue
à faire des déclarations qui sont aussi radicales, qui vont
à l'extrême, pour bâtir cette statue, il va y avoir de la
main-d'oeuvre en masse.
Il va y avoir assez de chômeurs dans le Québec qu'on va
peut-être manquer de finance. Il y aura des volontaires, parce qu'il va y
avoir bien du monde à ne rien faire.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce que M. le
député de Mégantic-Compton... À l'or- dre, s'il
vous plaît! Je le sais bien. À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: II est essoufflé.
Le Président (M. Cardinal): Non, non. À l'or- dre,
s'il vous plaît!
M. Ciaccia: II n'a pas pris des vacances, comme vous, lui.
Le Président (M. Cardinal): La presse a écrit que
j'étais trop sérieux.
M. Grenier: II faudra faire une motion de blâme contre la
presse. Vous cadrez mal avec la table de travail.
Le Président (M. Cardinal): M. le
député...
M. Saint-Germain: Est-ce que le député de Joliette
a fait son temps, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Joliette a terminé et vous aussi.
M. Saint-Germain: A-t-il parlé pendant 20 minutes?
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Saint-Germain: S'il veut parler, je vais lui donner de mon
temps.
Le Président (M. Cardinal): Vous ne pouvez pas. C'est
à la présidence d'en décider, avec beaucoup de
sérieux.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ce que je vous ai signalé en passant, c'est
pour plus tard dans la veillée, ce n'est pas immédiatement.
Le Président (M. Cardinal): Ah bon!
M. Paquette: C'est parce qu'il veut être le clou du
spectacle. C'est pour cela.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, est-ce que la
motion... M. le député de Marguerite-Bourgeoys, il vous reste
quatre minutes.
M. Lalonde: Seulement quelques mots. M. le Président,
après la parodie de la démocratie que l'on a faite de cette
commission jusqu'à maintenant, après s'être servi de cette
commission parlementaire pour marquer le temps et amuser la galerie,
maintenant, il n'est pas très surprenant que ce gouvernement d'image et
de parade termine cette manoeuvre par un dernier "sparage".
Nous n'aurons pas le temps, à cause de l'intolérance de ce
gouvernement, d'étudier tous les articles de ce projet de loi. Nous
n'aurons même pas le temps d'étudier les articles concernant la
langue du travail. Mais nous avons eu droit, grâce à ce dernier
"sparage", encore une fois, à toutes les redites du ministre avant le
lunch...
M. Paquette: Sans compter toutes les redites du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Les députés ministériels ont eu
congé de silence et nous en avons entendu de toutes les couleurs.
Si cela peut amuser le gouvernement et ses soldats, tant mieux. Quant
à nous, nous nous opposons à nous associer à cette
dernière manoeuvre et nous allons voter contre cette motion. Nous allons
quand même étudier les articles que vous aurez le devoir de nous
présenter, mais je suis sûr que personne ne sera dupe de cette
dernière manoeuvre de mauvais goût.
Des voix: Aux voix!
Adoption de la motion
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la motion de M. le
député... À l'ordre, s'il vous plaît! Un instant,
s'il vous plaît!
Est-ce que la motion de M. le député de Saint-Jacques,
demandant la suspension d'un certain nombre d'articles, sera
adoptée?
M. Paquette: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté sur division.
Alors, je rappelle à nouveau l'article 28...
M. Lalonde: Article 38.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, je m'excuse, oui.
Article 38.
M. Lalonde: Le président a toujours raison.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais je me suis
trompé de dix numéros.
Mme Lavoie-Roux: On peut aller à l'article 28, si vous
voulez, pour vous faire plaisir le dernier soir.
Nouvel article 38
Le Président (M. Cardinal): Non, je m'excuse. Article 38?
Je m'excuse, je vais prendre quelques secondes pour qu'on se replace dans le
cadre, tant ceux qui sont membres de la commission que ceux qui nous entendent
et ceux qui liront un jour le journal des Débats. L'article 38 est le
premier article du chapitre 6, la langue du travail. Je n'ai pas de directive
à rendre. Le premier article de chaque chapitre présentement a
été considéré comme un article clé.
L'article 38 se lit comme suit: "L'employeur rédige dans la langue
officielle les communications qu'il adresse à son personnel". Est-ce que
M. le ministre d'État au développement culturel ou M. le ministre
du Tourisme et leader parlementaire adjoint désire s'exprimer?
M. le député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais déposer
devant la commission... Non pas faire une motion pour amender l'article 38,
mais déposer un nouvel article 38... Oui, je crois qu'on vous en
adonné avis...
M. Lalonde: Qui fait partie du vrac.
M. Duhaime: ...qui ajoute, en fait, une phrase: "II rédige
et publie en français les offres d'emploi ou de promotion". Je voudrais
également, dans la même foulée, déposer le nouvel
article 38a.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Saint-Maurice et M. le ministre, je vais prendre cette
situation en deux temps. Si la commission est d'accord, comme elle l'a fait
souvent dans le passé, l'article 38 ne sera pas considéré
comme un amendement, mais comme étant un article remplaçant un
nouvel article...
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que j'ai cet
accord?
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Deuxièmement...
M. Duhaime: Vous êtes d'accord, M. le député
de Mégantic-Compton, oui?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Cardinal): J'ai regardé à
gauche, parce que l'Union Nationale est toujours à ma gauche. Quant
à l'article 38...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes à droite de votre...
Le Président (M. Cardinal): Non, je suis au centre. Quant
à l'article 38a, nous pourrions tout simplement attendre cette
rivière pour franchir le pont, mais comme il vient de m'être
présenté, est-ce que l'article 38a devrait être
considéré comme un nouvel article ou comme un amendement? Oui, M.
le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: M. le Président, pour un meilleur entendement
peut-être du chapitre du travail, je vois que vous semblez vous diriger
pour accepter l'article 38a, et que vous acceptez de facto l'article 38 et
38a...
Le Président (M. Cardinal): Un instant...
M. Grenier: ...c'est-à-dire avec le consentement de la
commission, bien sûr.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Grenier: Vous vous apprêtiez à me corriger.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire part à la commission
également de tous les articles qui traitent du chapitre, et je parle
aussi à l'intention du ministre. Je donne mon consentement à
l'avance pour qu'on puisse accepter tous les amendements ou nouveaux articles
qui seraient ajoutés au chapitre du travail...
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie beaucoup, M.
le député de Mégantic-Compton, et j'attends du parti
ministériel, du parrain de la loi 101, les autres textes. Je ne suspends
pas, mais je vous demande quelques minutes de méditation. Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous sommes aussi d'accord pour que le ministre nous
produise le nouveau chapitre sur la langue du travail, que nous avons, quelques
minutes avant que la guillotine ne tombe.
Le Président (M. Cardinal): II n'est pas nécessaire
de suspendre la séance, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. La commission peut-elle attendre quelques instants?
M. Lalonde: Nous n'avons pas assez de temps pour suspendre la
séance.
M. Duhaime: C'est un gros quotient intellectuel, il n'y a pas de
problème, il va comprendre tout de suite.
Le Président (M. Cardinal): Puis-je recevoir les autres
textes?
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous un nouvel article 38a?
Le Président (M. Cardinal): J'ai l'article 38, non pas
modifié, mais un nouvel article 38, l'article 38a, l'article 39...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce la même chose que dans votre petit
livre?
Le Président (M. Cardinal): Ils seront
distribués... l'article 41.
M. Grenier: M. le Président, il n'y a rien à
l'article 40?
Le Président (M. Cardinal): Non, il y a l'article 41a,
41b... Puis-je reprendre?
M. Lalonde: S'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Le chapitre VI de la langue du
travail comprend les articles 38 à 46.
M. Duhaime: Inclusivement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Maurice.
Le gouvernement, par l'intermédiaire de M. le ministre
d'État au développement culturel, me soumet un nouvel article 38,
qui ne serait pas un article amendé, mais un nouvel article; un article
38a, qui serait un nouvel article; tous ces textes ont été
distribués un nouvel article 39...
M. Duhaime: Non, une motion d'amendement.
Le Président (M. Cardinal): Vous voulez en faire une
motion d'amendement?
M. Duhaime: Oui, c'est un nouveau. Amendement.
Le Président (M. Cardinal): II y aura une motion
d'amendement à l'article 39.
Mme Lavoie-Roux: C'était ... à l'heure du
souper.
M. Lalonde: C'est rire du monde! M. Paquette: Ils
recommencent. M. Ciaccia: Question de règlement.
M. Lalonde: Trois heures avant le fin, après cent
heures!
Le Président (M. Cardinal): Si votre collègue de
Marguerite-Bourgeoys peut vous laisser parler, je vais accepter votre question
de règlement.
M. Ciaccia: II va me laisser parler, M. le Président.
Comment pouvons-nous honnêtement étudier la langue du travail? On
vient de nous déposer maintenant les nouveaux amendements, et on veut
faire... C'est une directive, M. le Président.
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question de règlement et
ce n'est pas une directive.
M. Ciaccia: Comment voulez-vous qu'on étudie d'une
façon rationnelle...
M. Lalonde: C'est un nouveau projet de loi.
M. Ciaccia:... qu'on dialogue et qu'on apporte des arguments qui
ont du bons sens, avec les articles qui viennent de nous être
présentés maintenant? Est-ce possible de faire cela, M. le
Président? Je vous le demande.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, vous savez que le président n'a jamais participé au
fond du débat ni aux questions concernant les formations politiques que
l'on peut appeler partisanes.
Votre demande de directive, votre question de règlement, n'en est
pas une. Vous me demandez de répondre à la place du parti
ministériel et vous savez que, justement, je suis entre les trois, sinon
les quatre, parce que nous avons ce soir la visite de M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, vous allez m'obliger à
prendre la parole.
Le Président (M. Cardinal): Je ne vous obligerai jamais,
vous avez simplement le droit de la demander.
Mme Lavoie-Roux: C'est bénévole.
Le Président (M. Cardinal): Je ne souligne pas par
là une absence, mais une présence.
M. Roy: Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je ne peux pas répondre à votre question.
M. Saint-Germain: ... le même numéro...
Le Président (M. Cardinal): Je vais simplement reprendre
ce que j'ai dit pour que tous tentent de se comprendre...
M. le député de Bourassa, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: C'est toujours 101? M. Ciaccia: M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je comprends que, sur la question de directive...
et je ne voulais pas vous causer des embarras, mais, d'après
l'économie de nos règlements, quand un projet est
déféré en commission parlementaire, pour étude
article par article, il me semble que c'est contre les règlements que de
nous introduire, à la dernière minute, un amendement qu'on n'a
jamais vu.
Bon. Une autre série d'amendements! Et là, on met la
guillotine à 23 heures.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
M. Ciaccia: Je suis allé dans des bordels "meilleurs"
organisés que cela!
M. Lalonde: C'est un nouveau projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): Question de règlement,
pourvu que cela ne soit pas une question de règlement sur une question
de règlement. Je comprends que, ce soir, nous allons passer une
très agréable soirée...
M. Lalonde: C'est de l'improvisation.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le
député de Rosemont, sur une question de règlement et Mme
le député de L'Acadie, sur une question de règlement.
M. le député de Rosemont, et cela a besoin d'être
une question de règlement.
M. Paquette: Cela va être très bref. J'ai
assisté, à plusieurs moments, au dépôt d'amendements
lors de la troisième lecture sur un projet de loi. Au lieu de les
présenter en troisième lecture, le ministre nous présente
une série d'amendements. Quand l'Opposition dit que ces amendements ne
seraient pas recevables, que c'est de l'improvisation, c'est le même
spectacle que lorsqu'on a étu-
dié la langue de l'administration qui recommence encore ce
soir...
M. Ciaccia: Excepté qu'on n'avait pas la guillotine
à ce moment.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Plusieurs de ces amendements...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. M. le
député de Rosemont, je m'excuse. Je dois employer la même
règle envers tous. Très gentiment, ce n'est pas une question de
règlement. Vous jouez le jeu normal des formations politiques et je dois
vous arrêter parce que vous n'avez soulevé, à ma
connaissance, aucune question de règlement en vertu d'un article que je
connais ou que je ne connais pas.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Mme le
député de L'Acadie me demande une directive.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez une longue expérience
parlementaire, la mienne est beaucoup plus courte. Est-il coutumier ou est-il
possible qu'après deux heures de débats, qui ont
été partagés vous savez de quelle façon, pour nous
convaincre, alors que nous étions convaincus avant eux, qu'il fallait
étudier la langue de travail et qu'on nous dise...
M. Duhaime: J'espère que, lorsque vous parlez, vous ne
voulez pas...
Mme Lavoie-Roux: ... qu'il reste deux heures, on puisse, à
ce moment, arriver avec autant de nouveaux amendements alors qu'on a
essayé de nous convaincre que c'était de toute urgence, qu'il
fallait étudier la langue de travail pour l'adopter ce soir?
Est-ce normal qu'on arrive je vous le demande en toute
objectivité avec autant d'amendements à la dernière
minute alors qu'on a la guillotine sur la tête, sur le cou?
M. Bertrand: Question de règlement.
M. Paquette: Ce n'est pas plus conforme au règlement que
mon intervention de tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Je demande la directive au président et
non pas à vous.
Le Président (M. Cardinal): Un instant.
M. Charbonneau: Vous avez assez hâte qu'elle tombe!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Vous êtes gênés!
Mme Lavoie-Roux: II y a de quoi.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laplante: ... commencé à travailler à une
heure cet après-midi...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bourassa, au moins, soyez devant votre micro si vous désirez vous
exprimer.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je vous le demande sérieusement.
Le Président (M. Cardinal): Oui. Vous me posez une
question sérieuse et je l'admets. Ce n'était pas une question de
directive qui se pose au président. C'est une question qui se pose au
parti ministériel.
M. Chevrette: On va répondre.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Le parti ministériel peut-il déposer les textes que j'ai
devant moi? Vous avez remarqué, Mme le député de L'Acadie,
que je n'ai pas pris de décision, que j'ai fait une demande a la
commission, c'est-à-dire à tous les membres de cette commission.
Vous pourriez me dire, qu'évidemment, il y a une majorité
à cette commission. Il suffit qu'un membre de la commission dise non
pour qu'un nouveau texte devienne un amendement et que je sois obligé de
me prononcer sur la recevabilité. Je ne sais pas si, ce faisant, je
réponds à votre question.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faudrait que je vous dise: Non?
Le Président (M. Cardinal): Bien, il faudra attendre que
je dise quelque chose.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Vanier. Ensuite, le député de
Mont-Royal.
M. Bertrand: M. le Président, dans notre règlement,
et puisque vous nous demandez d'en demeurer au règlement, quand on
soulève une question de règlement, les articles 69, 70, 71, 72,
73, 74 et 75 de notre règlement mentionnent que c'est dans les droits de
tout parlementaire de déposer en commission des amendements, des
sous-amendements sur des motions et, en commission parlementaire, il y a autant
de motions principales qu'il y a d'articles dans un projet de loi. À ce
que je sache, il y en a 219 dans notre loi. Donc, il pourrait y avoir des
amendements et des sous-amendements pour chacun de ces articles. C'est le droit
de tout parlementaire. C'est un
privilège qui n'appartient exclusivement ni à l'Opposition
reconnue ni à l'Opposition officielle que de présenter des
amendements. D'après le règlement même, il pourra y avoir,
dans le débat de troisième lecture, de la part de tous les partis
de cette Assemblée nationale, des blocs d'amendements qui pourront
être discutés globalement et sur lesquels on aura à
voter.
M. le Président, je pense que nous agissons de façon tout
à fait régulière quand nous procédons de cette
façon. Je pense que nous travaillons nous aussi à
améliorer la loi jusqu'à la dernière limite,
c'est-à-dire à son adoption en troisième lecture.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, votre question, sous forme d'affirmation, ressemble d'une certaine
façon à celle de Mme le député de L'Acadie. J'ai
dit que j'avais un certain nombre de textes devant moi. Je ne pense pas que
vous me suggériez que je les conserve tous comme des amendements. J'ai,
depuis le début des travaux de cette commission, chaque fois qu'un
nouveau texte est présenté, demandé si la commission en
entier il suffisait d'un non le considérait comme un texte
nouveau du projet de loi ou un amendement. Je maintiens cette directive. Dans
l'ordre, M. le député de Mont-Royal, sur une question de
règlement ou de directive, et M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Ciaccia: M. le Président, sur une question de
règlement. Le président est le protecteur des droits des
parlementaires à une commission comme celle dont nous sommes membres. Je
demande cette protection des droits des parlementaires. Comment pouvons-nous
être en mesure d'exercer nos droits de parlementaires sur des motions
d'amendements comme la pile qui a à peu près deux pieds
d'épais?
Une voix: Ce n'est pas français.
M. Ciaccia: Ce n'est pas français, mais il comprend ce que
je dis. M. le député de Vanier s'est référé
à des amendements. Je voudrais vous signaler que les articles auxquels
il vous a référé ne se réfèrent pas à
des amendements quand ils sont déposés une heure et demie ou deux
heures et demie avant que la guillotine soit appliquée.
M. le Président, je vous demande, en toute
honnêteté, comment, comme parlementaires, nous pouvons exercer nos
fonctions, comment nous pouvons apporter notre contribution et travailler au
déroulement des travaux de cette commission, jusqu'à la
dernière minute, sans nous annoncer, sans avoir eu la courtoisie de nous
l'avoir dit, qu'il y a des amendements, qu'il va y avoir un nombre
d'amendements comme ceux qu'on semble avoir devant nous. Alors, M. le
Président, je demanderais, sans vous placer...
Une voix: II y a eu une conférence de presse. Vous le
savez depuis seize heures, cet après-midi.
M. Ciaccia: ...dans l'embarras, parce que je sais que c'est
difficile pour vous, comme président, il faut que vous soyez objectif et
non partisan, mais en étant non partisan, c'est parce que vous
êtes non partisan, que je demanderais cette protection, autrement les
parlementaires et spécialement ceux de l'Opposition qui sont en
minorité n'auront aucun droit à cette commission.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, vous savez qu'à cette commission, comme ailleurs, il y a
particulièrement deux articles qui régissent mon attitude,
lorsqu'il y a un règlement clair. L'article 39 me dit qu'il est du
devoir du président d'attirer immédiatement l'attention sur toute
violation du règlement, sans même attendre qu'elle lui soit
signalée. Il y a un article plus général qui me
réfère à tous nos us et coutumes, l'article 4, qui me dit
que "dans un cas non prévu par les règles de procédure ou
dans un cas de divergence d'opinions sur l'interprétation d'une
règle de procédure, le président décide en tenant
compte des usages de l'Assemblée depuis son origine." Il y a 110
ans.
Je comprends que ma patience est légendaire, je suis prêt
à admettre d'autres question de règlement, mais il y aura une
limite à le faire.
J'ai reconnu M. le député de Joliette-Montcalm. Je l'ai
indiqué déjà.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais savoir si j'ai
bien compris, donc, je vais vous dire comment j'ai vu cela, vous me direz si
j'ai bien vu. Le député de Mégantic-Compton a
demandé à la présidence s'il était possible
d'obtenir l'ensemble des amendements du chapitre portant sur la langue de
travail. Est-ce que j'ai bien compris que la présidence a demandé
au ministre d'État de les faire connaître?
Le Président (M. Cardinal): C'est exact, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Merci. Aller jusque-là, j'ai bien compris.
Je comprends maintenant d'autant plus l'ébahissement de l'Opposition
officielle de voir notre promptitude et notre souplesse.
Le Président (M. Cardinal): N'allez pas plus loin, parce
que si vous allez au-delà de cela vous allez nuire à ma
compréhension. J'ai reconnu aussi M. le député de
Saint-Maurice et ensuite M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
C'est une longue question de règlement. C'est presque un
règlement de compte. M. le député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: M. le Président, je ne voudrais pas invoquer
le règlement, parce qu'on l'invoque assez allègrement, mais
j'avais cru comprendre que des deux côtés de la table, tout
à l'heure, on avait donné un consentement dans le but de recevoir
le nouveau texte de l'article 38.
Le Président (M. Cardinal): C'est un fait.
M. Duhaime: Deuxièmement, le député de
Mégantic-Compton a fait part à la présidence de son
voeu et de son désir de pouvoir prendre connaissance d'amendements ou de
nouveaux articles du chapitre VI concernant la langue du travail. Si ma
mémoire est bonne, M. le Président, nous étions en train
de déposer, dans l'ordre des numéros, les différents
articles ou nouveaux articles du chapitre VI lorsque vous avez commencé
à recevoir des questions de règlement. Est-ce que je pourrais
vous suggérer que l'on revienne à l'article 38 et que l'on
procède article par article?
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Saint-Maurice, j'aimerais beaucoup le faire, mais j'ai
déjà reconnu M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
sur une question de règlement, de directive.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai pris quelques minutes de
réflexion avant de réagir à ce qui se passe ici en
écoutant les autres intervenants. C'est mieux comme ça, parce que
je pense qu'à voir la façon dont le gouvernement traite cette
commission, il y va même de la plus élémentaire
décence. Peut-être que le règlement permet, oui, au
gouvernement ou à un membre de cette commission de proposer des
amendements au gouvernement avec le consentement, comme on l'a fait, de
remplacer des articles, mais nous avons un chapitre presque complètement
différent, deux heures avant le bâillon.
M. le Président, je vous dis sérieusement, très
calmement, après 100 heures de travail ici, qu'il en va de notre
capacité de continuer à participer à cette commission.
M. Duhaime: Préparez votre partie, vous êtes bien
partis, vous n'avez qu'à continuer comme ça.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Duhaime: À la première page demain, dans tous
les journaux, ça va être bon.
Le Président (M. Cardinal): ... vous avez raison en
partie, mais je vous soulignerai que, si on ajoutait les heures de la
commission du projet de loi 1 à celles de la commission sur le projet de
loi 101, ça dépasserait 215 heures.
M. Lalonde: J'ai voulu seulement parler des heures de cette
commission-ci, étude, article par article.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, ensuite, M. le ministre d'État au développement
culturel et, enfin, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Ciaccia: M. le Président, vous avez mentionné
avec raison l'article 4 concernant les usages de l'Assemblée. Je
voudrais aussi vous mentionner une théorie que vous connaissez
très bien, celle de l'abus des droits. Je vous ferai remarquer
très humblement et très respectueusement, que ce que le
gouvernement fait ce soir, deux heures avant le bâillon, c'est un abus
des droits, un abus des règlements. Cela n'a jamais été
l'intention de ceux qui ont rédigé ces règlements de nous
placer dans de telles situations et d'ainsi créer une fausse impression
sur la -présidence quant aux études en commission
parlementaire.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Alors, je fais remarquer respectueusement que
l'article 4, selon la théorie de l'abus des droits, s'applique dans le
cas actuel et nous permettrait de refuser d'étudier les amendements
à ce stade-ci, à moins que le gouvernement ne veuille nous donner
une garantie que la clôture ne s'appliquera pas ce soir et que nous
aurons le temps voulu pour examiner les nouveaux articles qui seront soumis
momentanément.
M. Paquette: M. le Président, sur une question de
règlement...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Paquette: ... si vous la recevez comme question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Non, j'ai reconnu M. le
ministre et, ensuite, vous, M. le député de Rosemont. Mais je
veux répondre à M. le député de Mont-Royal, parce
que la présidence est impliquée.
Merci pour les compliments. Écoutez...
M. Ciaccia: Vous les méritez, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cela fait partie du jeu quand
il y en a.
Mme Lavoie-Roux: On vous en fera d'autres un peu plus tard.
Le Président (M. Cardinal): Mais sur la question de la
théorie d'abus de droits, ne me demandez pas de recommencer ce que j'ai
déjà écrit à ce sujet. Je ne serais pas en mesure
d'en juger ce soir. Je dois simplement dire ceci, en réponse à la
question de règlement de M. le député de Mont-Royal: Je
n'ai rien reçu devant moi officiellement. J'ai simplement, si on me
permet l'expression, des feuilles de papier. Au moment où les questions
de règlement ont commencé, mon désir était de
prendre chacun de ces documents et d'avoir l'opinion de la commission, non pas
sur la recevabilité au début, mais sur le fait que ce soit une
motion principale ou une motion d'amendement.
Déjà, j'ai senti, à travers les interventions qui
me sont parvenues, que ça pouvait varier d'un texte à l'autre.
Alors, M. le député de Mont-Royal, je puis vous assurer...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ça. Non, ce n'est pas
ça.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
Je puis vous assurer qu'aucun de ces textes ne sera officiellement
étudié par la commission tant que la présidence ne les
aura pas présentés à la commission en demandant l'avis de
la commission sur la façon dont nous les recevrons.
Je voudrais qu'on se rende compte que je ne suis, ni du parti de
l'Opposition, ni du parti ministériel, ni d'un parti reconnu qui
s'appelle l'Union Nationale, ni d'un autre parti que l'on peut appeler PNP.
J'ai un rôle qui se situe en dehors de tout cela. J'attends tout
simplement que l'on cesse les questions de règlement pour savoir comment
nous déciderons de ces textes qui sont non seulement devant moi, mais
qui sont aussi devant vous.
J'ai reconnu aussi M. le ministre d'État au développement
culturel, soit sur une question de règlement, soit sur une demande de
directive, et ensuite, M. le député de Rosemont.
M. Laurin: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grenier: M. le Président, avant, je veux que vous
mettiez mon nom sur la liste. J'ai une question.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Je vais
faire une correction. M. le ministre d'État au développement
culturel, M. le député de Jacques-Cartier, M. le
député de Rosemont et M. le député de
Mégantic-Compton. Les derniers seront parfois les premiers.
M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je soutiens respectueusement
que, quoi que fasse le gouvernement, il est blâmé, parce que
l'Opposition officielle a pris délibérément le parti de
l'invective et de la vitupération.
J'ai considéré que la demande du député de
Mégantic-Compton était parfaitement légitime.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question de règlement, si
vous ne comprenez pas...
M. Laurin: Au début de l'étude d'un chapitre,
à l'article 1, il est tout à fait légitime pour un
député de demander que pour information, uniquement pour
information, le gouvernement communique la teneur des autres amendements ou des
nouveaux articles modifiés qui peuvent survenir par la suite, afin
d'éclairer sa lanterne et afin de pouvoir discuter de l'article 1,
à la lumière de toute l'orientation du chapitre.
C'est une demande qui m'a paru parfaitement légitime. D'ailleurs,
cette demande avait déjà été fajte lors du chapitre
sur l'administration, lorsque le gouvernement avait annoncé son
intention de changer l'endroit où on parlait des services sociaux et des
services de santé, des entreprises à l'administration. À
bon droit, je pense que c'est le même député de
Mégantic-Compton qui avait fait valoir, à ce moment-là,
qu'il était plausible et légitime que le gouvernement communique
la teneur de tous ces amendements, afin que l'on puisse se
référer, au cours de la discussion, aux nouveaux articles, de
façon à ce que la discussion se concentre sur des faits
réels, conformes aux intentions du gouvernement.
C'est une demande qui m'a paru tout à fait légitime
lorsqu'elle avait été faite à l'occasion des services de
santé et des services sociaux et elle m'apparaît tout aussi
légitime lorsqu'elle est faite à propos de la langue du
travail.
Si la commission avait accepté à l'unanimité...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre,
brièvement.
M. Laurin: Oui. Si la commission avait accepté à
l'unanimité que l'on suive pareille procédure, alors, pourquoi
n'accepterait-elle pas qu'on procède ainsi pour l'étude de la
langue du travail?
Encore une fois, si la commission ne consent pas à ce que,
simplement pour information, on communique la teneur des amendements ou des
nouveaux articles, nous n'y tenons pas plus que cela, nous les retirerons et
nous les ferons connaître un à un, au fur et à mesure que
nous aborderons l'étude de tel ou tel article.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le ministre.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, sur cette question de
règlement, nous avons reçu de l'Assemblée nationale un
mandat bien clair et bien précis. C'est d'étudier ce projet de
loi après la deuxième lecture; voilà que des chapitres
presque complets du projet de loi sont subitement modifiés.
Je me demande s'il n'y a pas maintenant un décalage entre la
teneur du projet de loi que nous avons étudié en deuxième
lecture et qu'on nous a chargés d'étudier article par article
à cette commission, et la teneur du bill que nous étudions
présentement. Je crois que c'est là un principe que
j'émets et qui a été reconnu par le gouvernement
même. Le gouvernement nous est arrivé avec une loi qu'il a
appelée le bill no 1 et il nous est arrivé avec une
deuxième loi, parce que les modifications étaient tellement
importantes qu'on a cru bon de réimprimer un deuxième bill. Mais
voilà que l'on change si profondément ce deuxième bill 101
qu'on se demande, en deuxième lecture, si c'est ce bill que
l'Assemblée nationale a accepté en deuxième lecture. Je me
sens réellement mal à l'aise devant une telle situation de
fait.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier... Un instant, M. le député de Rosemont, je veux
quand même répondre à ceci. C'est l'article 154,
deuxième alinéa, qui me régit:
"La commission peut amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne
soit pas étranger à l'objet du projet et qu'il ne s'oppose pas au
principe affirmé en deuxième lecture".
Vous avez raison d'indiquer qu'il y avait un principe d'adopté en
deuxième lecture. Tant que je n'aurai pas commencé à vous
soumettre chacun des articles nouveaux ou des amendements que j'ai devant moi,
je ne pourrai pas appliquer l'article 154. Je devrai vous écouter l'un
après l'autre sur des questions de règlement.
Le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, quand le
député de Jacques-Cartier dit que c'est un nouveau projet de loi,
d'autres intervenants ont dit que c'était un nouveau chapitre,
manifestement, ils n'ont pas lu les feuilles que j'ai en main. L'article 38 est
une légère modification à l'article 38 actuel. L'article
38a a été annoncé, il y a au moins quatre semaines, lors
d'une conférence de presse. Il a été abondamment
discuté dans les journaux. Il s'agit de l'obligation de faire
paraître des offres d'emploi dans les journaux francophones quand on les
fait paraître dans les journaux anglophones. L'article 39 est tout
simplement une légère clarification de l'ancien article 39. Il
n'y a pas de changement à l'article 40. L'article 41, simplement une
légère clarification de l'ancien article 41. Quant à
l'article 41a, c'est tout simplement, presque mot à mot, l'ancien
article 43. Alors, quand on dit qu'on vient tout chambarder le chapitre et que
c'est de l'improvisation, que cela lèse les droits des
députés, de l'Opposition, c'est du charriage...
M. Ciaccia: Pourquoi faire ces amendements si c'est la même
chose? Pourquoi faire des amendements? Vous n'étiez pas prêts
à l'introduire, votre projet de loi?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Assez, c'est assez.
M. Duhaime: Vous sentez-vous suffisamment informés...
Le Président (M. Cardinal): L'on m'a suffisamment
questionné. J'en viens... À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: Pas un autre projet de loi?
Le Président (M. Cardinal): Non. J'ai permis un certain
nombre de questions de règlement. MM. les députés ont
été assez habiles pour faire des questions de règlement
différentes et non pas des questions de règlement sur une
même question de règlement. J'ai appelé l'article 38.
J'indique à cette commission que j'ai cru comprendre que l'article 38
nouveau était accepté comme l'article 38 nouveau. Je prends la
décision suivante, que nous verrons, au moment des articles suivants ce
qui se produira, de façon que ne se reproduise pas l'incident assez
prolongé qui vient de se produire. Sur ce, je dis article 38 nouveau qui
se lirait comme suit... Oui, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, c'est une question qui
traîne sur la table depuis tout à l'heure et que je n'ai pas eu le
temps de préciser, puisque je vous ai dit que c'était un
renseignement que je voulais vous demander. Est-ce que je comprends qu'il n'y a
pas d'autres amendements qui arrivent aux articles 43, 44, 45 et 46? Est-ce que
M. le ministre pourrait préciser?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, il n'y a pas d'autres
amendements ou de nouveaux articles au chapitre de la langue du travail que
ceux que j'ai communiqués, mais comme l'a signalé le
député de Mont-Royal, il y a à mon côté,
toute la liste des amendements couvrant les autres chapitres que je pourrais
distribuer pour information si la commission y consent bien, mais encore une
fois, si elle ne le veut pas, je ne les déposerai pas.
M. Ciaccia: Si c'est un autre projet de loi... C'est un autre
projet de loi, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Un instant, s'il
vous plaît!
M. Ciaccia: Qu'il le réintroduise. Ce sera le projet de
loi 201 et on le discutera. Pourquoi y a-t-il des changements d'abord?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Si c'est la même chose, on n'a pas besoin de
cela.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Maurice. Je rappelle, cependant, M. le
député de Saint-Maurice et M. le ministre, que j'ai
demandé que cessent les questions de règlement. M. le
député de Saint-Maurice, une dernière fois.
M. Duhaime: Non pas sur la question de règlement, mais si
j'ai bien compris votre décision, on reprendrait le chapitre de la
langue du travail, article par article.
Le Président (M. Cardinal): Exactement, et l'article 38,
sur un article nouveau.
M. Duhaime: Alors, je proposerais l'adoption de l'article 38 tel
que modifié.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article 38 sera
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton sur l'article 38 nouveau.
M. Grenier: M. le Président, pour dire un mot
bien rapidement. Si vous me le permettez, le député de
Rosemont m'a arraché les mots de la bouche. C'était à peu
près la même intervention que je voulais faire tout à
l'heure. On voit que le paquet de feuilles est peut-être volumineux, mais
on se rend compte que c'est quand même minime par rapport à ce que
nous avons dans les mains.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, M. le
député de Mégantic-Compton, j'ai beaucoup de
difficulté à vous entendre, parce qu'il y a beaucoup de gens
autour de moi qui se permettent de parler en même temps que vous.
Approchez-vous de votre micro, s'il vous plaît.
M. Grenier: M. le Président, je n'ai plus de corde. La
corde raccourcit à mesure que les heures avancent.
Ce chapitre vise à établir concrètement la
prééminence de la langue française dans le monde du
travail, en donnant aux travailleurs les moyens et les garanties qui leur
permettront, comme le veut le nouvel article 4 de notre loi, d'exercer leur
activité en français.
Tous les articles de ce chapitre visent donc à rendre obligatoire
l'usage du français, sans toutefois interdire l'usage de la langue
anglaise. Comme vous le savez, dans son programme d'octobre 1976, l'Union
Nationale reconnaît la prééminence du français,
notamment au chapitre de la langue du travail.
Je passe brièvement sur cet article 38, où il n'y avait,
pour nous, aucune question qui se posait, sauf une précision, et elle
est rendue claire dans l'article 38a, que vous appellerez tout à
l'heure, au sujet des demandes que nous avions pour les journaux francophones
et anglophones, pour la publication, ce qui sera clarifié dans quelques
instants.
À l'article 38, on ne peut pas être plus d'accord sur ce
chapitre, alors qu'on vise concrètement, pour une fois, dans ce milieu
du travail qui est au moins à 80% et on me le dira si les
chiffres ne sont pas exacts francophone, et, une fois pour toutes, on
donnera à ces gens la possibilité de travailler dans leur langue
maternelle.
Le Président (M. Cardinal): Madame, messieurs, le nouvel
article 38 sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Non, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai une question à poser à l'article
38. En principe, tel qu'il était, nous n'avions pas de problème;
au contraire, c'était la répétition de ce que nous avions
dans la loi 22. Pour l'ajout qu'on a fait: "Ils rédigent et publient en
français les offres d'emploi et de promotion"... Qu'ils rédigent
en français les offres d'emploi et de promotion, je ne vois pas de
problème, avec l'addition de l'article 84, de toute façon, cela
n'empêcherait pas un employeur qui voudrait rédiger dans les deux
langues de le faire, mais quand on dit: "Ils pu- blient en français", ma
question se pose au gouvernement. Est-ce que cela veut dire qu'un employeur qui
voudrait publier une offre d'emploi ou de promotion, dans un journal, devrait
le faire soit en français, soit en français et en anglais?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État.
Je m'excuse, je pense qu'il y a un vote. Comme je sais ce qui se passe en haut,
nous en étions à la réplique, il y a quelques minutes.
Une seconde. Nous aurons la réponse du ministre tantôt. Je
suspends pour le temps du vote, et j'indique immédiatement que, dans les
circonstances, je ne voterai pas.
(Suspension de la séance à 21 h 4)
Reprise de la séance à 21 h 27
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs!
M. Lalonde: M. le Président, c'est une arme offensive. Je
la confisque.
Le Président (M. Cardinal): Non. À l'ordre, s'il
vous plaît! Je ne pourrais m'en servir que pour trancher les questions de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: L'aviez-vous mise à ma place pour que
j'en exécute quelques-uns?
Le Président (M. Cardinal): Non. Ce n'est pas moi qui ai
fait cela. À l'ordre, s'il vous plaît!
Avant de poursuivre, je voudrais établir un certain nombre de
points de repère pour que nous ne nous égarions point à
nouveau dans les méandres des questions de règlement.
Premièrement, le nouvel article 38 proposé a
été considéré par la commission comme étant
un article du projet de loi no 101.
Deuxièmement, les autres articles seront pris un à la
fois, au fur et à mesure qu'ils se présenteront.
Troisièmement, quant à ce qui est à ma droite, pour
le journal des Débats, un certain nombre de projets de nouveaux articles
ou d'amendements, je n'en sais rien, je ne permettrai pas officiellement qu'il
y ait dépôt à la commission.
Si le parti ministériel veut en faire une distribution pour fins
d'information, je n'ai point d'objection, mais je ne consacrerai pas le geste.
J'ai déjà rappelé les dispositions des articles 123, 124
et 125. Ces amendements, à la suite de ce qui vient de se produire
à l'Assemblée nationale, devront être annexés au
rapport avant 22 heures demain.
Je le répète, ces textes pourront être
officieusement et non officiellement c'est là notre
système parlementaire distribués si quelqu'un le
désire, mais, vu le vote qui vient de se produire, ces amendements ou
ces nouveaux textes ne se-
ront pas reçus par la présidence, sauf dans le cadre du
rapport de la commission.
Un instant! M. le député de Mégantic-Compton.
Recommençons. Et M. le député de Marguerite-Bourgeoys et
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Duhaime: II y a une question qui avait été
posée lorsqu'on s'est quitté.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais il y a une question
de règlement de posée et cela suspend tout. Qu'est-ce que vous
voulez? On y reviendra. Je me rappelle très bien qu'il y a une question
qui a été posée à M. le ministre sur une question
de fond. M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, c'était sur vos
propos, je ne sais pas si vous appelez cela une question de règlement,
mais c'est pour vous signaler qu'on nous a remis les amendements et les
nouveaux articles au chapitre de la langue du travail. Pour ce qui est des
autres amendements à la loi, je pense que cela n'affecte pas le cours de
nos travaux et, au train où évoluent nos travaux, nous en avons
suffisamment pour couvrir l'heure et demie de travail qu'il nous reste. Au lieu
de faire encore état d'une contestation, d'un tollé de
contestations, je pense qu'on pourrait peut-être le faire à la fin
de l'étude de ce soir et remettre à chacun le document qui est
là et qui n'implique pas le travail que nous avons à faire.
Le Président (M. Cardinal): C'est une excellente
suggestion. Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Deux questions, M. le Président. La
première, c'est à la suite de vos propos. La recevabilité
des amendements qui seraient ainsi annexés seraient jugée...
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez desquels?
M. Lalonde: Les amendements qui seraient annexés au
rapport demain.
Le Président (M. Cardinal): Ah oui!
M. Lalonde: ... par vous, comme président de la
commission, ou par la présidence?
Le Président (M. Cardinal): Pas nécessairement par
moi. En vertu de l'article 123, le président, et vous savez quelle est
cette sainte trinité, décide de la recevabilité des
amendements et les choisit pour en éviter la répétition.
Je n'ai pas eu d'entente avec qui que ce soit pour savoir si ce sera M. le
Président de l'Assemblée nationale ou votre humble serviteur qui
aura à juger soit de la recevabilité ou de la
répétition. Je ne sais pas si ma réponse est suffisamment
claire.
M. Lalonde: Oui, cela va! Ma deuxième ques- tion
s'adresserait au ministre, en vertu de l'article 124. Est-ce que le ministre a
l'intention de faire réimprimer le projet de loi en raison des
changements considérables qu'il a subis, et je lis: "en raison des
changements considérables qu'il a subis" dans l'article 124 du
règlement?
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, avant
que le ministre ne réponde, non pas que je n'aie pas confiance en la
réponse de M. le ministre, mais j'ai souligné, ce matin, les
dispositions de l'article 124. Il est sûr que, lorsqu'un ministre qui a
présenté un projet de loi en deuxième lecture, qui a
été étudié en commission parlementaire
évidemment, l'article 124 suit l'article 123 il peut en proposer
la réimpression. M. le ministre, vous pouvez répondre si vous le
désirez.
M. Laurin: M. le Président, j'ai bien fait d'attendre
votre réponse avant de donner la mienne. D'ailleurs, je ne suis pas d'un
naturel impétueux et j'ai l'habitude de me tourner la langue sept ou
quatorze fois dans la bouche avant de répondre à une question
venant du député de Marguerite-Bourgeoys. Je lui répondrai
donc très simplement non.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on revient au
débat?
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, j'ai une
autre question...
M. Saint-Germain: Une dernière question, s'il vous
plaît, sur une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est cela, une
dernière et ensuite, M. le ministre d'État au
développement culturel.
M. Duhaime: Vous êtes mieux d'en placer une bonne pour la
fin.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le ministre d'État au développement culturel
répondra à la question qui lui a été
posée.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, lorsque la
présidence aura à étudier tous ces amendements, est-ce que
vous allez être aussi obligé de considérer le principe de
la loi qui a été voté en deuxième lecture?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier. C'est une demande de directive. La
présidence, dans ces rares cas la dernière fois que cela
s'est présenté, c'était au mois de juillet 1974
où elle reçoit un rapport avec amendements, doit,
premièrement, informer la Chambre qu'il y a des amendements. Elle doit
établir trois groupes d'amendements, ceux qui sont irrecevables en vertu
même du principe ou parce que, pendant les travaux de la commission ou
pendant le débat de deuxième lecture, il se révèle
que ces amendements sont contre le principe ou
ont déjà été jugés irrecevables.
Troisièmement, il voit à ce que les amendements qui viennent de
plusieurs formations politiques et qui sont de même nature soient
compilés et il doit, en vertu de l'article 65, corriger ces amendements,
pour n'en faire qu'un de plusieurs. C'est ainsi qu'en 1974, le
président, au moment où le rapport a été
appelé, a déclaré: Messieurs, il est vrai que le leader
parlementaire de l'Opposition m'avait suggéré trois votes.
Après le travail de fin de semaine, ce sera celui de nuit, cette
fois-ci, lorsque j'ai étudié ce projet d'amendement avec tous les
amendements, j'en suis arrivé à la conclusion que nous aurions pu
avoir au moins 125 votes. J'en viendrais, ce soir, à une conclusion
qu'on pourrait avoir peut-être 200 votes. Je ne le sais pas encore. Je ne
le saurai qu'à 22 heures, demain soir.
Cela veut dire que tous les articles du projet de loi qui n'ont pas
été considérés en commission pourraient être
considérés, au moment de la prise en considération du
rapport, mais à la suggestion et on disait de l'honorable
député de Maisonneuve...
M. Duhaime: II est encore honorable.
Le Président (M. Cardinal): ...pour qu'il y ait une
continuité, pour qu'il y ait un respect des principes de droit
parlementaire, je vais vous donner immédiatement cinq catégories
d'amendements. C'est-à-dire qu'en vertu d'un autre article, le
président réunit habituellement les leaders parlementaires et
détermine quelles seront les modalités du débat sur la
prise en considération du rapport. À ce moment-là, chaque
député a son droit de parole, c'est un droit de parole
limité au cours duquel il peut parler de n'importe quel amendement et la
présidence décide combien d'amendements seront mis aux voix et
dans quel ordre. Ce soir, je ne pourrai pas répondre à cette
question n'ayant pas reçu tous les amendements. C'est ainsi que ceci va
se passer avec toutes les difficultés que cela comporte.
Oui, M. le ministre d'État au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, aucune question ne semble vous
surprendre, serait-il possible que vous les ayez toutes prévues?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État,
ne m'obligez pas à donner mon curriculum vitae. M. le ministre
d'État, ce n'est pas à moi à répondre à
cette question, c'est à vous à répondre à une
question qui vous a été posée par l'Opposition
officielle.
M. Lalonde: M. le Président, avant de continuer, j'aurais
une question.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais faire quelque chose qui n'est pas conforme au
règlement. Vous allez me déclarer antiréglementaire.
Le Président (M. Cardinal): Ne le dites pas d'avance.
M. Lalonde: Parce qu'on a tellement parlé des articles qui
ont été déposés et retirés tantôt que
je ne peux quand même pas me retenir de vous...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez le mens rea.
M. Lalonde: Oui. Je serai coupable, cependant je ne peux me
retenir de tendre une perche au gouvernement pour tenter de l'amener à
améliorer ses amendements aux articles 39 et 41 qui m'apparaissent
défectueux, parce qu'on laisse tomber des mots, sans le dire. M. le
Président, ma question était à propos de l'emploi du mot
"publie" dans l'ajout à l'article 38 dans l'amendement, dans la
deuxième partie de la phrase...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je comprends que
vous parlez sur la motion principale...
M. Lalonde: 38.
Le Président (M. Cardinal): ...qui est le nouvel article
38. D'accord.
M. Lalonde: "II rédige et publie en français les
offres d'emploi ou de promotion". Je comprends que l'on veut couvrir la
publication dans les journaux. Est-ce que le député de
Saint-Maurice veut me répondre ou le ministre d'État? Parce qu'on
a ajouté ces mots, ici à l'article 38: "II rédige et
publie en français les offres d'emploi ou de promotion". Quant à
la première partie de l'article, je n'ai aucun problème, quant
à la rédaction des offres d'emploi et de promotion non plus, en
français et en anglais, sur l'article 84, mais quand on parle de
publication, est-ce à dire que la publication devra être faite
dans les deux langues dans un journal anglophone, par exemple?
M. Grenier: La réponse est à l'article 37a, M. le
Président.
M. Lalonde: Non, on doit étudier l'article 38 tout
seul.
M. Grenier: M. le Président, si vous le permettez, sur une
question de règlement. On a demandé, c'était mon intention
quand j'ai demandé qu'on dépose ici les amendements, qu'on prenne
connaissance de tout ce que le gouvernement amenait comme amendements. Alors,
c'était la question sur laquelle on s'interrogeait. On avait vu cette
faiblesse qu'il y avait à l'article 38 et le gouvernement nous
répond avec l'article 38a qui me va. À partir de maintenant, je
pense qu'on ne peut pas se permettre de l'isoler. C'était notre demande
au gouvernement de donner tous ces amendements. Maintenant qu'on les a, on ne
va pas les
isoler en utilisant un article seulement et ne pas tenir compte de
l'article 38a qui répond à la question du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je pense que la question du
député de Marguerite-Bourgeoys est pertinente. Sur la
signification du mot "publie" et ses conséquences, alors je permets au
ministre de répondre. À l'ordre, s'il vous plaît...
M. Laurin: II me fait plaisir de répondre à la
question du député de Marguerite-Bourgeoys. M. le
Président, de quelle utilité peut-il être pour un
employé que l'employeur rédige dans le secret de son bureau une
offre d'emploi et de promotion et qu'il la garde ensuite in pectore,
c'est-à-dire...
Mme Lavoie-Roux: Dans son coeur. M. Lalonde: Dans son
coeur. Une voix: En catimini.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laurin: ... sans que l'employé en ait connaissance? Il
y a donc deux étapes dans le processus qui amènera
l'employé à prendre connaissance d'une offre d'emploi. Il y a le
moment de la rédaction, il y a ensuite le moment de l'annonce ou le
moment de la publication. Je réfère le député de
Marguerite-Bourgeoys à la définition que donne le Petit Robert du
mot publier, "faire connaître au public par la parole, par des
écrits, annoncer publiquement, déclarer, divulguer, proclamer".
C'est la raison pour laquelle nous avons cru utile, bien que peut-être
pas automatiquement nécessaire, mais utile quand même, que nous
établissions comme règle que l'employeur rédige, mais
annonce, rende publiques en français les offres d'emploi et de
promotion, que ce soit d'ailleurs à l'intérieur de l'usine, sur
un babillard, sur un tableau ou sur un bulletin de circulation interne ou par
tout autre moyen qu'il juge opportun de publier les offres d'emploi ou de
promotion aussi qui peuvent être faites.
Il faut penser que, dans certaines entreprises, il y a des
mécanismes analogues à ceux qui sont en usage dans la fonction
publique où il y a des concours, où on demande aux gens de se
présenter. Il nous a donc paru opportun, pour fins de clarté,
d'aller aussi loin et de dire "publie également", d'ajouter le mot
"publier" au mot "rédiger", afin que l'article soit bien clair. Il nous
a paru aussi opportun de dire que ceci doit être fait en français,
ce qui, encore une fois, n'exclut pas l'usage de l'anglais.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser une question au ministre.
Est-ce que ceci veut dire qu'il doit publier, dans un journal anglais, s'il
choisit de publier dans un journal anglais, en français et en
anglais?
M. Laurin: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non, ça ne veut pas dire ça.
M. Laurin: Non, c'est simplement une règle, rendre
public.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 38 est adopté? M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'aurais une question à poser au ministre, M.
le Président. À l'article 38, il y a une obligation de
communiquer en français avec les employés et, plus tard, à
un autre article dont je cherche le numéro, c'est dans la francisation
des entreprises, quand il y a des employés...
M. Laurin: Ce doit être à l'article 135, le
programme de francisation.
M. Ciaccia: Oui, le programme de francisation, il semble qu'il y
ait un délai accordé à des entreprises...
M. Lalonde: Article 134.
M. Ciaccia: ... qui ont plus qu'un certain nombre
d'employés, et le délai accordé comprend la communication,
est-ce qu'il y a des obligations additionnelles imposées aux petites
entreprises, à l'article 38, tandis que les plus grandes entreprises,
elles, je croirais, pourraient plus facilement se conformer à la loi,
parce qu'elles ont plus de ressources financières? Il semblerait que,
d'après l'article 134, les plus grandes entreprises auraient un
délai jusqu'à 1983. Est-ce qu'il n'y a pas là un
conflit?
M. Laurin: Pour l'administration, il y avait les articles 124,
125 et 126, qui prévoyaient des délais d'application lorsque
l'application de tel ou tel article causait un certain nombre de
difficultés; de même, le député, s'il veut bien
compulser tous les articles qui traitent de la francisation des entreprises,
verra aussi que de tels délais sont prévus lorsqu'il s'agit de
l'observance de tel ou tel article.
M. Ciaccia: Est-ce que ces délais s'appliqueraient
à l'article 38?
M. Laurin: À tous les articles de la loi. M. Ciaccia:
À tous?
M. Laurin: Pas à tous les articles, mais à un
certain nombre d'articles.
M. Lalonde: L'article 143, M. le Président, si vous le
permettez, dit que lorsqu'il accorde un certificat de francisation, même
à titre provisoire, l'office peut exempter temporairement l'entreprise
de
l'application de toute disposition de la présente loi. C'est
à cet article que je me réfère. C'est très
discrétionnaire.
M. Ciaccia: C'est une discrétion, tandis que les
entreprises de 500 employés et plus ont, par la loi, un délai,
tandis que les entreprises de moins de 500 employés n'ont pas ce
délai.
M. Laurin: Non seulement cela, M. le Président, mais, au
chapitre de la commission de surveillance, le député de
Mont-Royal verra aussi que d'autres délais sont prévus entre une
plainte, par exemple, et la correction qui pourra suivre l'énoncé
d'une plainte.
M. Lalonde: Non. 147, c'est dans le premier article. Je cherche
le vrai.
M. Laurin: Non, c'est dans les articles 160 et 174.
M. Paquette: M. le Président, je peux me permettre aussi
une autre information. Dans l'article 134, on parle des communications internes
en général, donc pas nécessairement de l'employeur
à ses employés. L'article 134 a une portée beaucoup plus
générale, dans les programmes de francisation, que l'article 38,
qui s'adresse uniquement aux communications d'un employeur avec le
personnel.
M. Lalonde: Ce qui est dans la loi actuelle, d'ailleurs, dans la
Loi sur la langue officielle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 38 sera adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 38 est adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Nouvel article 38a
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que vous avez en mains
le nouvel article 38a?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
j'ai en mains le nouvel article 38a qui va être considéré,
du consentement unanime, comme un nouvel article, comme une motion principale
que je vais lire.
M. Duhaime: Est-ce qu'il y a un consentement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Lorsqu'une offre d'emploi concerne un emploi dans l'administration, dans un
organisme parapublic ou dans une entreprise qui, en vertu des articles 130, 136
ou 141, doit, selon le cas, posséder un certificat de francisation,
instituer un comité de francisation ou appliquer un programme de fran-
cisation, l'employeur qui publie cette offre d'emploi dans un quotidien
diffusant dans une langue autre que le français, doit la publier
simultanément dans un quotidien diffusant en français, dans une
présentation au moins équivalente.
Est-ce que le nouvel article 38a sera adopté?
Des voix: Adopté.
M. Lalonde: Non, M. le Président, pas maintenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai pas demandé la parole, M. le
Président, j'ai simplement dit...
Mme Lavoie-Roux: ... en concordance avec les articles...
M. Lalonde: ... je veux dire qu'il n'est pas adopté de
toute façon.
M. Ciaccia: M. le Président, puisque c'est un nouvel
article qu'on vient de nous soumettre, est-ce que cela serait possible
d'expliquer la portée de cet article?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Laurin: M. le Président, il n'est pas tout à
fait nouveau, puisqu'il paraissait dans le premier train d'amendements que j'ai
déjà déposés.
M. Ciaccia: Pas dans les mêmes termes, M. le
Président.
M. Laurin: Attendez. Mais j'admets cependant que nous l'avons
modifié, à la suite des réactions qu'a suscitées la
lecture de cet article à la suite des rencontres que j'ai eues avec des
représentants de l'Association des quotidiens du Québec, en
particulier deux de leurs représentants les plus autorisés, le
rédacteur en chef de la Gazette et le rédacteur en chef du
Montreal Star, que j'ai eu le plaisir et l'honneur de rencontrer à mes
bureaux tout récemment.
Il faudrait d'abord expliquer l'origine de l'article 38a dans le premier
train d'amendements que j'ai déposés, qui s'applique d'ailleurs
aussi bien à la version modifiée que je présente
aujourd'hui.
Ceux qui ont lu avec attention tes mémoires qui ont
été présentés à la commission parlementaire
ou qui ont lu les articles qui ont paru dans les journaux, concernant l'un ou
l'autre des aspects de la langue du travail, auront remarqué qu'on a
souvent fait référence à la situation particulière
des Québécois francophones en ce qui a trait à
l'embauche.
Par exemple, certains scientifiques et certains spécialistes ont
parlé de la différence de revenus entre les francophones et les
autres groupes linguistiques au Québec, lorsqu'on tentait d'expliquer,
de donner la raison pour laquelle les franco-
phones se situaient au dernier rang de l'échelle au
Québec, et je me réfère ici, par exemple, au rapport de la
commission Laurendeau-Dunton, qui date déjà d'une douzaine
d'années, mais également aux études plus récentes
qui ont paru sur le même sujet, en particulier aux études de
Calvin Veltman, qui poursuit des études depuis plusieurs années
à l'université Laval, ou des études de Jacques Boulet, ou
des études de François Vaillancourt, qui ont paru dans la Presse,
ou des études du professeur Arnaud Sales, qui ont paru dans le
Devoir.
On verra que tous ces auteurs en arrivent à la même
conclusion. Si les Québécois de langue française se
retrouvent toujours au dernier rang de l'échelle, c'est pour toute une
série de raisons. Les premières raisons, c'est que dans le
passé, les employeurs anglophones qui constituaient la grande
majorité au Québec, particulièrement dans les entreprises
multinationales ou les entreprises comptant un très grand nombre
d'employés, exigeaient d'une façon qui nous apparaît
injustifiée, la connaissance d'une autre langue que le français
pour les promotions, et l'exigeaient de plus en plus, au fur et à mesure
que les emplois offerts étaient de calibre supérieur. C'est une
raison qui a été donnée par tout le monde.
Une autre des raisons qui a été donnée et qui est
peut-être moins évidente, à première vue, c'est que
les canaux d'information à l'usage des francophones étaient moins
nombreux et qualitativement moins fournis que ceux qui étaient à
l'usage de la communauté anglophone. Ceci valait,
particulièrement, par exemple, pour les diplômés de
l'université, pour les diplômés de collège ou de
cégep particulièrement. Lorsqu'on poussait plus loin l'analyse,
on se rendait compte que les emplois les plus intéressants
étaient souvent offerts à profusion dans les journaux
anglophones, mais l'étaient beaucoup moins souvent, et pas de la
même façon dans les journaux francophones, en particulier dans les
quotidiens. C'est un peu à ce réseau d'informations, à ces
canaux de communications que référaient les auteurs que j'ai
mentionnés tout à l'heure, lorsqu'ils disaient que
l'accessibilité à certains postes, et particulièrement
à certains postes supérieurs, était inégale, que
les diplômés des universités ou des collèges
anglophones, non seulement québécois d'ailleurs, mais ontariens
ou manitobains ou des autres provinces étaient favorisés par
rapport aux Québécois francophones. C'est ce qui explique
qu'actuellement au Québec, encore aujourd'hui, près de 40% des
cadres des grandes entreprises ne sont pas des Québécois, non pas
seulement des Québécois francophones, mais ne sont même pas
des Québécois, c'est-à-dire qu'ils habitent le
Québec depuis quelques années, mais qu'ils proviennent, soit des
États-Unis, soit des autres provinces. Dans ces 40% de cadres non
Québécois, il y a aussi une très faible proportion de
Québécois francophones, et malgré que les anglophones
soient en minorité au Québec, ils figurent d'une façon
avantageuse, pour ne pas dire numériquement supérieure aux
francophones.
Il y a là tout un système. Il y a là tout un
ré- seau qu'il importe d'analyser si l'on veut procéder
rationnellement et aller à l'origine, à la source même des
causes qui ont produit les phénomènes que nous déplorons
aujourd'hui. C'est à la suite de ces études que nous avons
menées, poursuivies laborieusement depuis quatre ou cinq mois, que nous
en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait ajouter aux
correctifs que contient déjà la loi, par exemple, dans les
programmes de francisation, par exemple, dans les principes du chapitre II, un
autre correctif qui apparaît maintenant à l'article 38a selon
lequel, il importerait d'établir une accessibilité égale
à l'information à l'endroit des francophones aussi bien que des
anglophones du Québec.
Évidemment, comme je le disais tout à l'heure, la
première version de notre article a suscité quelques
réactions. On nous a fait valoir et nous en avons convenu bien
volontiers qu'il ne fallait pas trop généraliser, qu'il serait
opportun, par exemple, d'exclure de la portée de ces articles, ce qu'on
appelle en anglais, les "menial jobs" ou les emplois de calibre moyen et qu'il
fallait plutôt réserver cette accessibilité à
l'information aux emplois intéressants, aux emplois de cadres
intermédiaires, aux emplois de cadres supérieurs.
On nous a fait valoir aussi, et je suis bien d'accord avec les
représentations qu'on nous a faites, qu'il ne fallait quand même
pas pénaliser les employeurs ontariens ou manitobains ou des autres
provinces du Canada, qui entendaient recruter, embaucher du personnel
formé par nos universités québécoises anglophones
ou francophones et qu'il ne fallait pas non pas leur fermer l'accès
à nos grands media d'information, mais à le leur rendre si
difficile que ceci pourrait constituer une entrave à cette information
et pourrait les décourager de l'utiliser.
C'est la raison pour laquelle la première version leur paraissait
trop générale. Nous en avons convenu. Et dans la version que vous
lirez maintenant, vous verrez que la portée de l'article est
restreinte.
De la même façon, nous avons pensé qu'il ne fallait
pas également rendre la portée de l'article trop
générale, pour fins de contrôle, car, après
étude de la question, nous avons vu, par exemple, que si nous songeons
non plus aux quotidiens, mais aux hebdomadaires, il n'y a pas un
parallélisme exact entre les revues spécialisées de langue
anglaise et les revues spécialisées de langue française.
Il serait donc devenu difficile d'appliquer cet article de loi si nous avions
demandé qu'une offre d'emploi pour un travail spécialisé,
pour un poste spécialisé, parue en même temps dans un
hebdomadaire ou un mensuel de langue anglaise, pour lequel il n'existe pas
d'équivalent francophone ou vice versa.
Dans un premier temps, nous avons donc décidé de garder
notre objectif, qui est de généraliser l'accès à
l'information, de provoquer une égalité des chances, en ce qui
concerne l'information, mais en le limitant aux quotidiens. Nous verrons les
résultats de cette mesure. Nous verrons le succès qu'elle
remportera. Nous verrons peut-être aussi l'effet d'entraînement
qu'un article comme
celui-là pourra comporter pour les entreprises qui,
peut-être d'elles-mêmes, spontanément, choisiront de rendre
accessibles à tous les Québécois francophones ou
anglophones les offres d'emploi intéressantes qui peuvent être
disponibles dans leur entreprise, et, à l'étude de ces
résultats, nous jugerons s'il faut aller plus loin.
Par ailleurs, nous avons voulu aussi limiter d'une autre façon la
portée de l'article en le limitant dans le secteur de l'entreprise
à celles pour lesquelles un certificat de francisation est exigible,
c'est-à-dire les entreprises qui comptent 50 ou 100 employés,
selon les termes qui apparaissent au projet de loi, de même que pour les
entreprises d'utilité publique qui, pour les fins du projet de loi, sont
considérées comme des entreprises, de même que pour
l'administration, les nombreux organismes de l'administration qui,
d'après le projet de loi, ne se limitent pas au gouvernement maintenant,
comme dans la loi 22, mais qui s'étendent à des organismes
municipaux, dont la taille peut être importante, ou à des
organismes scolaires dont la taille peut également être
importante.
Il nous semble donc que, aménagé sous cette nouvelle
forme, avec une portée limitée, mais efficace, l'objectif peut
être atteint sans que l'observance de cet article donne lieu à des
obligations trop lourdes ou trop contraignantes pour les entreprises.
Nous avons enfin pensé à un autre aménagement. Dans
la première version de l'article, il n'était pas sûr quel
agent de l'économie portait l'obligation. On ne savait pas, par exemple,
si l'obligation portait uniquement sur l'entreprise, ou sur le media
d'information qui publiait cette offre d'emploi. Des questions nous ont
été posées à cet égard.
Il est bien évident que nous n'avons jamais eu l'intention de
faire porter au media d'information lui-même la responsabilité de
l'observance ou de la non-observance de cette loi. Dans notre esprit, il a
toujours été clair que cette responsabilité incombait
d'abord à l'employeur et à l'entreprise. C'est la raison pour
laquelle, dans la version que nous présentons aujourd'hui, la
responsabilité ou l'obligation est nettement établie et qu'il
apparaît que c'est à l'employeur d'assumer cette
responsabilité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous permettez... Pour accélérer un
peu les travaux, on pourrait procéder par questions pour obtenir
certaines informations du ministre.
M. Laurin: ...le mot inutile?
M. Ciaccia: Je ne porterai pas de jugement tout de suite...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour une
brève période, on peut procéder de cette façon, si
cela peut accélérer les travaux.
Mme Lavoie-Roux: ...ce moment d'information.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, M. le ministre, les employeurs,
en dehors du Québec, par exemple, quelqu'un de l'Ontario ou de Calgary,
n'est pas assujetti à cet article... Les employeurs qui emploient moins
de 50 employés, à moins qu'ils ne tombent...
M. Lalonde: L'article 142.
M. Ciaccia: ...sous le coup de l'article 141 ne sont pas...
Mme Lavoie-Roux: C'est assez discrétionnaire.
M. Ciaccia: Je dois vous dire qu'on est d'accord sur ce principe
que les canaux d'information devraient être équilibrés. Si,
dans le passé, le secteur francophone ne recevait pas assez
d'informations sur les emplois disponibles, je crois que c'est une...
M. Lalonde: ...correction...
M. Ciaccia: ...correction qui est apportée par le projet
de loi que personne ne critiquera. Vous avez parlé tantôt
d'égalité. Avez-vous considéré, dans votre article,
dans le projet de loi, d'obliger l'employeur non seulement à publier ses
annonces en français et en anglais, mais de le faire dans les deux
quotidiens? De la façon que votre projet de loi, que l'article est
rédigé, c'est possible de le publier seulement dans le quotidien
français. Alors, si vous parlez d'égalité, avez-vous
considéré d'obliger aussi la publication dans le quotidien
anglophone? Ceci aussi pour une autre raison...
Il y en a qui ont critiqué l'article que vous aviez avant ce
dernier amendement. Ils ont prétendu qu'on touchait peut-être
à la liberté de presse en donnant une prépondérance
à un plutôt qu'à l'autre. Alors, en les plaçant tous
les deux sur le même pied, peut-être pourriez-vous répondre
à ces critiques et aussi atteindre le même but, la question de
l'égalité, pour le secteur francophone?
M. Laurin: Oui, nous avons pensé à cette
éventualité, mais c'est pour le travailleur francophone qu'il
importe de rétablir la situation. Il n'y a pas de risque
d'ailleurs, tous les exemples du passé le prouvent que les
travailleurs anglophones, surtout ceux qui ont des chances, de par leur
formation, d'atteindre des emplois élevés, il n'y a pas de risque
qu'ils soient pénalisés ou oubliés, en l'occurrence. Par
ailleurs, il faut bien se rappeler, encore une fois, que le Québec entre
dans la phase d'unilinguisme institutionnel, comme nous l'avons amplement
répété depuis le début, et que, très
bientôt, les anglophones, en vertu de l'article que nous avons
étudié au chapitre VIII, connaîtront la langue
française et l'utiliseront de plus en plus, de même que tous les
autres
Québécois. En l'occurrence, nous n'avons pas cru qu'il
importait d'amender l'article dans le sens que vous le suggérez.
M. Ciaccia: Quand vous dites que vous êtes pour
l'unilinguisme institutionnel, vous n'entendez sûrement pas par là
que les institutions telles que les journaux anglophones disparaissent de la
circulation?
M. Laurin: Ils ne disparaîtront pas non plus.
M. Ciaccia: Ne pensez-vous pas que vous affectez possiblement les
revenus ou les affaires de ces journaux. Si un employeur doit publier dans le
quotidien français, est-ce que cela ne cause pas un
déséquilibre parce qu'il n'a pas l'obligation de le publier dans
le journal anglais?
M. Laurin: Je voudrais répondre au député de
Mont-Royal qu'au cours de la rencontre que j'ai eue avec M. Munro et M.
Goodson, nous avons abordé cet aspect de la situation et eux-mêmes
m'ont répété qu'ils n'insistaient pas du tout pour
demander cette réciprocité. Ils n'en voyaient pas
l'utilité et ils ne paraissaient nullement inquiets de la survie de leur
quotidien en l'occurrence en raison de la politique que nous
énoncions.
M. Ciaccia: Alors, nous n'avons pas eu l'occasion d'examiner cet
article, M. le Président, et je vais me fier aux représentations
faites par le ministre selon lesquelles ceux qui sont affectés par cet
article, les quotidiens de langue anglaise, sont satisfaits de la nouvelle
rédaction de votre article 38a.
M. Laurin: Je pense qu'il faudrait quand même qualifier
l'affirmation que vient de nous faire le député de Mont-Royal, je
ne peux pas dire qu'ils sautaient aux nues.
M. Ciaccia: Non, ils sont modérés, ils ne feraient
pas cela.
M. Laurin: Je ne peux pas dire que d'eux-mêmes ils nous
auraient suggéré un pareil article.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas impétueux. Ils sont comme
le ministre.
M. Laurin: Mais je crois pouvoir dire, cependant, qu'à la
suite de l'entrevue que nous avons eue, que cet article, tel que nouvellement
rédigé leur apparaissait satisfaisant...
M. Ciaccia: Est-ce que c'est acceptable pour eux?
M. Laurin: ... et capable de sauver l'essentiel de l'entreprise
qu'ils dirigeaient.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais demander au
ministre si à l'inverse il aurait eu des réactions des media
écrits francophones qui, eux, auraient pu exprimer l'idée que
cela pouvait assu- rer une certaine partie de leur viabilité comme
entreprise de presse dans la mesure où un article comme celui-là
était adopté?
M. Laurin: Non, je n'ai pas eu de représentations à
cet effet.
M. Ciaccia: M. le Président, si je me souviens bien, il y
a même eu des représentations d'une association incluant des
francophones qui se sont opposés à l'article 38a tel
qu'originellement rédigé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est exact!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, à l'article 38a, cela
répond à une question qu'on se posait, concernant les quotidiens.
En fin de semaine, je pense que je n'ai pas à vous le dire, les
quotidiens anglophones s'inquiétaient à savoir s'ils devaient
publier dans les deux langues et, pour plusieurs du milieu, c'était un
fait accompli que la loi les obligeait à publier dans les deux langues,
alors que l'amendement nous arrive. Cela répond amplement à ma
question et je pense que c'est tout à fait dans l'ordre qu'il en soit
ainsi. Les journaux anglophones, vous l'avez signalé à la toute
fin de votre intervention, n'ont pas dû vous sauter au cou pour vous
embrasser, mais cela devait être le moins auquel ils pouvaient s'attendre
que de devoir, au sein de l'administration, publier dans les journaux
francophones. C'est le moins que l'on puisse exiger.
À partir de là, les articles 130 et 136, cela va.
Pourriez-vous me répondre sur l'article 141? J'ai demandé tout
à l'heure qu'on retienne les amendements jusqu'à la fin de la
session. Est-ce qu'il y a un amendement ou si l'article 141 se présente
dans le même ordre, parce qu'on fait appel à 141 ici. J'aurais des
réserves sur 141 si c'était le 141 qu'on a ici dans la loi.
M. Laurin: Les articles 130, 136, 141 s'appliquent aux mots qui
suivent. L'article 130 s'applique aux entreprises qui doivent posséder
un certificat de francisation. L'article 136 s'applique aux entreprises qui
doivent instituer un comité de francisation, c'est-à-dire celles
qui ont 100 employés et plus. L'article 141 s'applique aux entreprises
qui doivent appliquer un programme de francisation qui ont moins de 50
employés au cas où l'office jugerait nécessaire,
après toutes les formalités requises, de leur appliquer un
programme de francisation.
Au fond, vous avez l'explication des articles 130, 136, 141 dans les
trois lignes qui suivent.
M. Grenier: À l'article 141, on dit, je pense, que c'est
laissé au ministre, si je ne me trompe pas, avec l'autorisation du
ministre. L'office peut, avec l'approbation du ministre, exiger... Je m'excuse,
M. le Président, si je fais appel à l'article 141, c'est parce
que, dans...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends. L'article 141 est mentionné dans l'article 38a.
M. Grenier: Oui. L'office peut, avec l'approbation du ministre,
exiger d'une entreprise employant moins de cinquante personnes qu'elle
procède à l'élaboration et à l'application d'un
programme de francisation. Chaque année, l'office doit faire au ministre
un rapport des démarches qu'il a ainsi faites et des mesures prises par
les entreprises. Vous comprenez quand même une inquiétude; pour
une industrie qui aurait, par exemple, cinq ou six employés, je pense
qu'il y a une question de jugement qui doit être faite, mais je me
demande si cela ne devrait pas être précisé davantage
à l'article 141. J'attire votre attention.
M. Laurin: Si j'ai dit au député de
Mégantic-Compton que je le comprenais très bien, c'est parce que
je me remémore très facilement l'amendement qu'il nous
suggérait dans le livre bleu et il me fait plaisir de lui dire que nous
avons accepté cet amendement et qu'il figurera dans le train
d'amendements qu'on déposera demain comme annexe au rapport.
M. Grenier: M. le ministre, vous êtes en train de mettre la
hache dans mon discours de troisième lecture. Je vous remercie, je n'ai
pas d'autre question.
M. Duhaime: Pour être plus précis, M. le
député de Mégantic-Compton, l'article 141 inclura un avis
dans la Gazette officielle; donc, c'est un ajout au texte actuel de l'article
141 et, de plus, on exigera que l'on procède à l'analyse de la
situation linguistique avant l'élaboration et l'application d'un
programme de francisation. Je pense que cela rejoint le sens de votre
amendement.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 38a serait adopté?
M. Lalonde: J'avais demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Dans cet article, est-ce qu'il y a une
obscurité à propos de l'emploi dans une entreprise?. Le mot
"entreprise" n'est pas défini dans la loi. Je pense que le projet de
règlement contient une définition que je n'ai pas ici. Ce que je
veux simplement souligner, c'est: Est-ce qu'il est clair qu'il s'agit d'un
emploi au Québec dans une entreprise?
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: Pour une entreprise nationale, par exemple,
canadienne, qui voudrait, même si le siège social est ici et que
l'offre d'emploi est faite d'ici pour un emploi à Toronto, est-ce
qu'elle est assujettie aux mêmes dispositions? C'est ce qui
m'apparaît peu clair. D'autre part, compte tenu de toutes les
réserves qui ont été exprimées concernant le
respect de la liberté de diffuser, quant à la liberté de
presse dans le sens très large du mot, je pense qu'il est
désirable que ces réseaux d'information qui ont
protégé des personnes indûment dans le passé, pas en
faveur de ceux que cela protégeait, mais à l'encontre de ceux qui
n'avaient pas accès à ce réseau, que ces réseaux
soient ouverts, dans ce sens, nous sommes pour cet article.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais poser une question au ministre
d'État au développement culturel. Souvent, lors des
représentations qui nous ont été faites je pense
que le ministre s'en souviendra certains groupes minoritaires ont fait
valoir qu'ils n'avaient pas quelles qu'en soient les raisons, il ne
s'agit pas d'entrer là-dedans leur juste représentation
à l'intérieur de la fonction publique ou des organismes
parapublics. C'est plutôt une question d'information que je pose au
ministre à ce moment-ci parce que je n'aurais pas d'amendement à
proposer dans ce sens-là. Est-ce que l'administration, du moins
l'administration publique laissons le parapublic de côté;
ordinairement, c'est plus spécialisé, de toute façon
est-ce que vous publiez les offres d'emploi en français dans les
journaux anglais.
M. Laurin: Oui. En fait, dans le livre blanc, j'avais
moi-même mentionné cette carence, ce déséquilibre.
Dans la tournée du Québec que j'ai faite, j'ai souvent eu
l'occasion de revenir sur le sujet. J'ai souvent exprimé l'opinion
suivante, qu'il était aussi important que, dans le secteur privé,
le nombre d'emplois intéressants augmente en faveur des francophones
que, dans la fonction publique, le nombre d'emplois intéressants en
faveur des anglophones et des allophones augmente.
Je me suis informé des raisons qui motivaient ce
déséquilibre. Évidemment, j'ai trouvé plusieurs
raisons dont les réseaux d'information dont j'ai déjà
parlé, mais également dans les traditions, dans les habitudes et,
parfois aussi, dans les capacités d'accueil qui étaient au
désavantage des francophones dans certaines entreprises privées
et au désavantage des anglophones ou des allophones dans certaines
administrations gouvernementales ou municipales. Je suis très conscient
qu'il y a là un problème qu'il nous faudra résoudre, mais
je pense qu'il va être plutôt résolu, non pas par la loi,
mais par des directives administratives et par des politiques qu'il nous faudra
instaurer à ces divers niveaux.
J'en ai déjà parlé au ministre de la Fonction
publique et des mesures sont déjà en préparation pour
corriger ce déséquilibre au niveau du gouvernement, mais il
faudra plus que cela. Je pense qu'il s'agira d'instaurer une véritable
campagne dans ce sens-là par tous les moyens à notre disposition,
que ce soit par des moyens publics ou par
des pressions faites aux divers niveaux. Mais je suis très
conscient du problème. Je déplore moi aussi cette
disparité, mais j'espère bien que, par d'autres moyens que les
moyens législatifs, nous pourrons arriver à corriger ce
déséquilibre.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne mettriez pas de côté la
possibilité peut-être que ça existe
déjà, remarquez bien, c'est pour cela que je vous pose la
question que ces offres d'emploi soient publiées en
français uniquement, parce que si on veut venir dans la fonction
publique, il faut au moins qu'on soit capable de lire une offre d'emploi en
français, mais qu'elles le soient dans des quotidiens anglophones.
M. Laurin: La presse ethnique, les quotidiens anglophones,
oui.
M. Paquette: M. le Président, tout simplement, vous
regarderez l'article 15...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je voudrais vous dire, M. le Président, que,
même si j'interviens pour la première fois ce soir, j'ai bien
hésité avant de venir à la commission parlementaire. Je
voulais participer activement, comme je l'ai dit en deuxième lecture, au
chapitre de la langue du travail. Malheureusement, les circonstances ont voulu
que j'assiste en même temps aux obsèques de la commission
parlementaire.
Cependant, sur l'article 38a, peut-être que je suis contraire au
règlement, mais j'aimerais quand même qu'on m'éclaire parce
que ça m'apparaît drôlement important. Il y a des
entreprises au Québec qui travaillent dans différents secteurs,
que ce soit la vente, la promotion, la publicité, ou autres. Il y a des
entreprises qui font également des affaires au Québec, mais qui
ne sont pas du Québec, qui n'ont pas de bureau au Québec, et qui
envoient des gens travailler au Québec, des compagnies dont le
siège social pourrait être à Toronto, les bureaux
même à Toronto. Vous savez qu'il y a des compagnies d'assurance,
des courtiers en valeurs mobilières, il y a une multitude de personnes
qui travaillent à des postes très rémunérateurs,
qui viennent de l'extérieur et qui viennent travailler au Québec.
Ces entreprises, évidemment, sont en concurrence avec les entreprises du
Québec, les entreprises résidant au Québec, ayant un
siège social, des places d'affaires au Québec, seront soumises
à la loi.
Qu'arrive-t-il? Qu'est-ce que le gouvernement, le ministre a
prévu? Pourrait-on m'expliquer de quelle façon on va pouvoir
obliger les entreprises à l'extérieur du Québec, qui
viennent concurrencer nos entreprises du Québec, pour lesquelles, il me
semble, en vertu de la loi no 101, le gouvernement n'aura aucun
contrôle... J'aimerais un peu qu'on m'éclaire de ce
côté, si je suis contraire au règlement, qu'on me le dise,
mais je pense que l'article 38a nous permet d'aborder ce sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
donne raison, M. le député de Beauce-Sud.
M. Laurin: Pour mieux répondre à la question du
député de Beauce-Sud, j'aimerais qu'il nous donne des exemples
plus nombreux et plus concrets. En quoi, dans quel secteur ça
concurrence les entreprises du Québec auxquelles il pense?
Peut-être pourrait-il nous indiquer les correctifs auxquels
lui-même avait pu penser quand il a fait ces constatations?
M. Roy: M. le Président, avant de suggérer des
correctifs, j'aimerais au moins qu'on analyse ceux que le gouvernement, qui a
beaucoup plus d'experts que je peux en avoir moi-même, qui a beaucoup
plus d'études de ce côté, puisse me répondre.
Je n'ai pas de cas particuliers d'exemples pour citer des noms. Mais je
vais prendre un exemple. Prenons une compagnie qui est
spécialisée dans la vente de matériaux de construction,
qui a 75 vendeurs répartis dans le territoire du Québec, qui n'a
pas de bureau au Québec et qui expédie directement de l'Ontario.
Dans l'industrie de la construction, ce sont des choses qui existent.
Vous l'avez dans l'alimentation. J'ai parlé tantôt du monde
économique. Vous l'avez dans la quincaillerie. Vous l'avez dans de
grosses compagnies, les poudres à laver, par exemple, Proctor and
Gamble, qui est un bel exemple. Combien y a-t-il d'employés dans la
province de Québec? Je sais qu'elle expédie directement de
l'Ontario. Ces gens-là travaillent pour la compagnie, l'adresse de la
compagnie est à Toronto.
Il y en a d'autres du même genre. Il y a des gens qui travaillent
au Québec, qui sont payés par des compagnies installées
à Toronto et qui rendent compte à leurs supérieurs
immédiats dans l'Ontario. Il peut y en avoir ailleurs, mais je prends
une province qui est près de nous, qui est notre voisine, l'Ontario.
Si, M. le ministre me dit qu'il n'y a pas de correctifs, qu'on n'a pas
de réponse à cela, je me dis qu'il va falloir qu'on se penche sur
cette question. Les entreprises qui résideront au Québec auront
des exigences supérieures, auront nécessairement des coûts
additionnels à cause de l'application de la loi et des implications
qu'il y aura, ces gens-là vont avoir des frais supplémentaires
à payer, bien que je sois bien d'accord je tiens à le dire
au ministre pour qu'on prenne les mesures nécessaires pour
protéger les francophones du Québec. D'ailleurs, j'ai
appuyé le principe de la loi no 101.
Et si nos entreprises...
M. Laplante: ...bon Dieu, si vous ne voulez pas écouter.
Voyons, c'est sérieux, cela.
Une voix: Si le député de Beauce-Sud...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Roy: ...que nous avons au Québec se font concurrencer
par des entreprises de l'extérieur, j'aimerais savoir si le gouvernement
s'est penché sur cette question, si le gouvernement l'a
analysée
sérieusement. Quelles sont les mesures que le gouvernement peut
avoir prises jusqu'à maintenant? Si on me demande des suggestions, il va
falloir qu'on prenne le temps d'en parler sérieusement et ce n'est pas
dans exactement 37 minutes qu'on peut régler cette question.
M. Laurin: Bon. Oui, ce problème nous a été
signalé lors de nos rencontres, lors des consultations que nous avons
eues avez certains secteurs du monde industriel. Mais il nous apparaît
bien difficile de le régler par le biais d'une politique linguistique,
car nous vivons dans un système capitaliste. Nous avons souvent dit que
nous ne prétendions pas ériger des barrières, des murs
autour du Québec, que nous ne voulions pas entraver la mobilité
des personnes ni des emplois et, dans le cadre socio-économique actuel,
il nous paraît difficile d'empêcher des entreprises dont les
sièges sociaux sont situés en dehors du Québec, ou
même des entreprises qui opèrent à partir de centres
décisionnels situés à l'intérieur du Québec,
d'envoyer au Québec leurs commis voyageurs ou leurs agents, tenter leur
chance dans les divers domaines qu'a mentionnés le député
de Beauce-Sud.
Il nous apparaît véritablement impossible, à l'heure
actuelle, d'affecter les remèdes vraiment efficaces au problème
que soulève le député de Beauce-Sud, et surtout pas par
une politique linguistique. Je pense que le problème que soulève
le député de Beauce-Sud est beaucoup plus un problème
socio-politique. Actuellement, j'avoue qu'en raison de la philosophie qui
inspire tout le secteur privé et en raison de la politique actuelle du
gouvernement, je ne vois pas quels correctifs nous pourrions instaurer pour
empêcher pareille concurrence indue. Mais je remercie le
député de Beauce-Sud de me signaler ce problème et surtout
de l'illustrer, de l'éclairer avec des exemples comme ceux qu'il nous
apporte aujourd'hui. Je pense que je ne peux que lui dire que nous allons y
réfléchir. Peut-être que lorsque arrivera le moment
d'établir des politiques dans d'autres secteurs, nous pourrons
communiquer avec lui et tenter d'en arriver aux solutions qui s'imposent.
M. Roy: M. le Président, je remercie le ministre de sa
grande franchise. J'aimerais lui poser une deuxième question.
Qu'arriverait-il, cependant, si une entreprise qui, actuellement,
établie à Montréal, établie le long de l'Outaouais,
décidait de traverser la rivière pour aller s'installer en
Ontario, pour se soustraire à la loi 101 et continuer à faire les
mêmes affaires à l'intérieur du Québec?
M. Laurin: Elle pourrait le faire.
M. Roy: Elle pourrait le faire. Elles vont le faire, je pense. Il
y en a un certain nombre qui vont le faire. Je tiens à rassurer le
ministre, ce ne sont pas les entreprises de la Beauce qui vont faire cela. Je
ne suis pas à la commission pour représenter un comté ou
une région. Je pense qu'il faut regarder l'ensemble du Québec. Ce
que le gouvernement veut, dans la loi no 101, c'est apporter, effectivement, un
correctif qui permette aux francophones du Québec de pouvoir avoir leur
place, garder leur place et être capables de vivre dans un certain
degré de dignité. Si, d'un autre côté, il y a
énormément d'échappatoires qui risquent de placer les
entreprises qui demeureront au Québec je ne dis pas que j'ai des
solutions à présenter au ministre c'est la raison pour
laquelle j'avais des réserves lors de la deuxième lecture sur ce
point... Si on ne peut pas empêcher les entreprises du Québec qui
veulent se soustraire à la loi de déménager ailleurs ou de
traverser l'Outaouais, parce que c'est dans cette région surtout que le
problème de la langue se pose, et si elles continuent de faire affaires
au Québec de la même façon, je dis qu'on a encore un bon
bout de chemin à faire et qu'on a encore pas mal d'heures de travail
à passer pour étudier la question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais réagir
très brièvement aux propos du député de Beauce-Sud,
parce que je me sens en communion d'idées avec lui quant aux objectifs
que sous-tendent ses questions. Il faut distinguer le problème
économique du problème culturel. Sur le plan culturel, dans la
mesure où cette loi fait du Québec un État massivement
français, il va en tout cas être difficile, même pour les
compagnies de l'extérieur, de ne pas communiquer en français avec
le public, avec les citoyens et avec les autres organismes.
M. Roy: Cela se fait déjà.
M. Paquette: Cela se fait déjà. C'est
déjà commencé, mais cela va être intensifié
par le projet de loi. D'autre part, s'il pense aux problèmes
économiques, à ces entreprises qui pourraient
déménager, il dit qu'il faudrait s'attacher au problème
global. Je pense que c'est justement une des particularités de notre
parti politique de considérer que le fait que le Québec soit
dévalorisé sur tous les plans, ce ne sont pas des
problèmes indépendants les uns des autres, ce sont des
problèmes reliés. Dans la mesure où on aura une solution
politique, si on parle d'un contexte de souveraineté-association, pour
fonctionner au Québec, les compagnies vont devoir se donner au moins des
sièges divisionnaires ici et s'incorporer. Déjà, dans le
cadre de la politique d'achat, il y a quand même un début de
mesures pour favoriser les entreprises québécoises au
détriment des entreprises extérieures, ce qui est tout à
fait normal, parce qu'il s'agit de donner le bénéfice aux
Québécois. Mais je suis d'accord pour dire que ce sont seulement
des mesures partielles que le gouvernement commence à prendre et que
c'est vraiment un problème global de structures politiques et
économiques, comme a dit le ministre.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Laplante: Mais oui, si cela peut vous éclairer.
M. Lalonde: Le député de Rosemont vient de
mentionner ces solutions comme étant des solutions partielles. Est-ce
qu'il pourrait nous donner les solutions globales et totales qu'il a en
tête pour corriger cette situation?
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais bien le faire,
mais je pense qu'on va avoir de multiples occasions, la campagne du
référendum s'en vient et on va avoir le temps de s'en parler.
J'enfreindrais le règlement si je répondais à votre
question et cela prendrait du temps, à part cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article s'il vous plaît! 38a sera adopté?
M. Roy: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
le nouvel article 38a est adopté.
Mme Lavoie-Roux: C'est un amendement.
Nouvel article 39
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'article 39, il s'agit d'un nouvel article modifié qui se lirait comme
suit: "Les conventions collectives et leurs annexes doivent être
rédigées dans la langue officielle, y compris celles qui doivent
être déposées en vertu de l'article 60 du Code du travail".
L'article 39 modifié va vous être distribué à
l'instant.
M. Lalonde: M. le Président, c'est sur la question,
simplement... Je ne veux pas faire de procédure. Il reste que c'est une
motion d'amendement et non pas une motion principale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'aurais
une motion d'amendement en avant de moi, sauf que le ministre vient de me
remettre un nouvel article 39, au lieu d'un amendement, qui incorpore
l'amendement.
M. Laurin: Qui incorpore l'amendement, selon notre habitude.
Selon l'habitude antérieure, il y avait deux façons de le
présenter, soit sous forme d'amendement, et ensuite, l'article
modifié se lisant comme suit...
Pour sauver du temps, on avait accepté antérieurement de
discuter à partir de l'article modifié, tel qu'il se lit,
après incorporation de l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
l'article 39 incorpore l'amendement.
M. Grenier: C'est exactement la même chose que vous avez
donnée.
M. Lalonde: Oui, cela élimine la difficulté que la
motion d'amendement contenait, étant donné qu'on faisait
disparaître un mot sans le dire.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que je comprends qu'il
y a un consentement unanime de la commissionbonsoir, M. le
député de Mégantic-Compton pour que le nouvel
article 39 soit considéré non pas comme une motion d'amendement,
mais comme une motion principale?
M. Grenier: Accordé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Accordé. Sur l'article
39, M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, il n'y a qu'une
légère modification par rapport au texte antérieur. Si
nous sentons le besoin d'apporter un nouvel article, c'est pour les raisons
suivantes: notre intention avait toujours été de couvrir toutes
les conventions collectives qui se signent au Québec. Il y a quand
même deux régimes principaux de conventions collectives à
l'heure actuelle, le régime auquel on pense d'abord est celui que l'on
retrouve dans le Code du travail et qui couvre presque toutes les entreprises,
alors que l'autre régime est celui qui s'applique aux travailleurs de la
construction, en vertu de la loi 290, je pense.
Par ce nouvel article modifié, il devient sûr que toutes
les conventions collectives seront dorénavant rédigées
dans la langue officielle, non seulement celles qui doivent être
déposées en vertu de l'article 60 du Code du travail, mais toutes
les autres, et en particulier, les conventions collectives qui s'appliquent aux
travailleurs de la construction.
Le Président (M. Cardinal): Cet article 39 sera-t-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II faut quand même faire comprendre ici que les
conventions collectives qui sont touchées par le nouvel article 39
concernent une réalité nouvelle qui va beaucoup plus loin que
celle que l'article 39 originel voulait affecter. Le ministre a-t-il une
idée assez précise du nombre de conventions collectives que cela
affecte?
M. Laurin: Pour celui qui est quelque peu familier avec le
secteur de la construction, qui a suivi toutes les discussions qui ont
entouré l'adoption de la loi des travailleurs de la construction, ou les
modifications qu'on y a apportées, ou la loi 38, ou les décrets,
on se rend compte que les conventions collectives qui s'appliquent aux
travailleurs de la construction couvrent un très grand nombre
d'employés, peut-être 150 000 à 200 000, selon les
époques, et que ces travailleurs sont divisés en plusieurs
secteurs. Il y a les ferblantiers, il y a les
vitriers, il y a les menuisiers, il y a les charpentiers, il y a les
plombiers, il y a les mécaniciens d'ascenseurs, il y a les monteurs de
structures.
Il est sûr que ceci affecte les travailleurs d'un très
grand nombre de secteurs.
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Le nouvel article 39 est donc
adopté unanimement.
M. Grenier: Adopté, M. le Président, oui.
Article 40
Le Président (M. Cardinal): J'appelle l'article 40, au
sujet duquel je n'ai aucun nouvel article. M. le ministre d'État au
développement culturel.
M. Laurin: C'est la répétition d'un principe et
d'un article que nous avons adopté au chapitre de la législation
et de la justice.
Il s'agit ici d'une extension du même principe, de la même
solution qui s'applique, cette fois, au domaine du travail où, comme
l'on sait, il y a moult griefs, moult arbitrages, moult sentences arbitrales,
moult jugements provenant du tribunal du travail et je pense que si l'on veut
être logique avec soi-même, il faudra appliquer exactement dans les
mêmes termes ce que nous avons déjà décidé au
chapitre de la langue de la législation et de la justice.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous retrouvons ici la même lacune que nous
avons soulevée lors de l'examen de l'article 13, je crois, en ce qui
concerne la langue de la justice.
Nous croyons qu'il s'agit là d'un principe fondamental pour
l'administration de la justice et puisque le gouvernement nous propose un
nouvel article 40, qui donc n'entre pas dans l'application de l'article 13,
nous devons faire les mêmes représentations que nous avons faites
lors de l'article 13, mais pour un secteur tout à fait différent,
tout à fait séparé, et c'est pourquoi je vais faire une
motion d'amendement à l'article 40 qui se lit comme suit: "Que l'article
40 soit modifié en remplaçant dans la cinquième ligne du
premier alinéa les mots "Seule la version française de la
sentence est officielle" par les mots "Les deux textes de la sentence sont
officiels". En cas de divergence, le texte original prévaut".
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je reçois la
motion d'amendement à l'article 40 et, une fois de plus, je vais
m'informer auprès de la commission, suivant toujours les mêmes
règles qui ont prévalu ici sur la recevabilité de cette
motion.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous sommes en terrain connu en ce qui concerne le
contexte de cet amende- ment qui, dans les mêmes termes, a
été accepté à un article différent. La seule
objection que j'attends du parti ministériel qui s'oppose
systématiquement a la recevabilité de nos amendements... En ces
quelque vingt minutes qu'il nous reste à agoniser à cette
commission parlementaire que le gouvernement vient d'occire, je pense qu'on
doit répondre à cette objection...
Le fait que l'amendement ne va pas à l'encon-tre d'une
décision... Tout d'abord, il ne va pas à l'encontre du principe
de la loi et j'invoque le précédent de l'article 13 où le
même amendement, un amendement semblable a été
accepté comme n'allant pas contre le principe de la loi, et
deuxièmement, il ne va pas non plus à l'encontre d'une
décision déjà prise à cette commission
parlementaire puisque même si l'amendement est dans les mêmes
termes, la décision à l'égard de l'article 13 ne
s'appliquait qu'aux jugements des tribunaux.
Si le gouvernement a choisi de légiférer, de proposer une
loi en deux temps, en ce qui concerne d'une part, les jugements à
l'article 13 et d'autre part, les sentences arbitrales, à ce moment, on
doit considérer que le jugement traite de façon différente
ces deux secteurs d'activités et nous devons avoir, comme membres de
cette commission, le loisir de le traiter différemment, comme le
gouvernement l'a choisi.
Alors, je ne pense pas que vous puissiez retenir l'objection qui sera
sûrement faite en ce sens que cela a déjà été
décidé par cette commission. Oui, cela a été
décidé, mais pour les jugements.
Il s'agit là d'un secteur d'activités différent. Il
s'agit de sentences arbitrales. On sait, par exemple, que les sentences
arbitrales se font dans un contexte de justice moins formel, moins
organisé dans le sens de toute la structure qui entoure les tribunaux et
de toutes les ressources, par exemple, dont les tribunaux sont entourés
et auxquelles ils peuvent recourir pour la traduction de leurs jugements, par
exemple.
Par hypothèse, et sans aller au fond, sauf un peu comme on doit
parfois le faire, cette commission, le gouvernement pourrait décider
que, pour les tribunaux, cela va très bien de se fier à la
traduction parce que les ressources humaines, les ressources financières
sont là, alors que, pour les sentences arbitrales qui sont
administrées dans un contexte différent et avec des ressources
différentes, peut-être que le gouvernement voudra décider
qu'on ne peut pas s'attendre que tout le système de traduction soit
aussi parfait, soit aussi à point et bénéficie des
ressources financières, des ressources humaines qu'on peut retrouver
dans le système judiciaire. C'est pourquoi je pense que cet amendement
est parfaitement recevable, qu'il ne va pas à l'encontre d'une
décision antérieure de cette commission, parce que cette
décision ne touche pas du tout les sentences arbitrales et, dans cette
mesure, je pense que la motion d'amendement devrait être
reçue.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demande
pour trois raisons de juger irrecevable cette motion d'amendement.
La première raison est justement pour répondre à ce
que vient de dire le député de Marguerite-Bourgeoys, que cela
n'attaque pas le principe de la loi. Je fais valoir, M. le Président,
qu'au contraire, vous noterez, que chaque fois que l'Opposition a voulu faire
mention de deux langues officielles, nous sommes toujours revenus à la
charge pour dire que l'article premier fait bien mention qu'il n'y a qu'une
langue officielle au Québec, le français. Nous avons dit que nous
n'accepterions jamais cela, et je pense que même une motion d'amendement
qui ferait en sorte que deux textes seraient considérés comme
officiels ne devrait jamais être reçue, parce que cela va sur le
principe même, à l'encontre de l'article premier de la loi, qui
définit le principe fondamental de cette loi.
Deuxièmement, M. le Président, je fais valoir très
humblement que ce qui a été décidé à
l'article 13 vaut aussi pour l'article 40 parce que, dans les deux cas, il est
question de jugements, il est question de sentences. Je pense qu'une
décision qui a déjà été rendue à
l'article 13 devrait aussi être rendue de la même façon
à l'article 40. La définition du dictionnaire, par exemple, M. le
Président, au mot sentence, dit: "décision d'un juge, d'un
arbitre, arrêt, décret, jugement, verdict". Dans la
définition du mot "jugement", qui était le terme utilisé
à l'article 13, on disait "jugement, décision, arrêt,
sentence, verdict".
M. le Président, je fais valoir très humblement que c'est
déjà une question qui a été décidée
à l'article 13. En revenant sur cet article 40 avec une motion
d'amendement qui a déjà été battue à
l'article 13, nous revenons à la même question qui a
déjà été décidée.
Troisièmement, il pourrait arriver qu'une sentence arbitrale soit
contestée devant un autre tribunal, lequel autre tribunal, M. le
Président, serait soumis à la volonté manifestée
par l'article 13. Or, imaginez une situation où on se trouverait
placé à l'article 40, au moment d'une sentence arbitrale, devant
un texte qui dirait: Les deux textes de la sentence sont officiels; en cas de
divergence le texte original prévaut, et on se retrouverait devant une
autre cour devant laquelle on aurait interjeté appel pour se rendre
compte que c'est l'article 13 qui prévaut.
En d'autres mots, M. le Président, je fais valoir que non
seulement le principe est attaqué, non seulement la décision a
déjà été rendue sur un autre article pour une
question analogue je ne dis pas identique, je dis analogue et
troisièmement, je fais valoir que si vous receviez une telle motion
d'amendement, et qu'elle pouvait être débattue ici, cela
contreviendrait et mettrait en danger l'article 13, puisque de toute
façon on se trouverait à mettre en contradiction deux articles et
permettre un débat sur cette motion d'amendement. Imaginez la situation
assez loufoque dans laquelle on se trouverait, M. le Président, d'avoir
deux textes officiels au niveau d'une sentence arbitrale qui va en appel et on
se rend compte que devant ce tribunal il y a un seul texte qui est officiel,
tel qu'adopté à l'article 13.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président, un commentaire très
bref pour vous dire que cette motion d'amendement ne peut pas être
reçue puisqu'elle va à l'encontre même du principe de la
loi. Je ne parlerai pas de l'article 13, je vais parler tout simplement de
l'article 1. Je respecte l'opinion de celui qui a proposé cette motion,
mais j'ai quand même le droit de ne pas la partager, M. le
Président. C'est ce que je serais tenté d'appeler une motion
dilatoire, s'il en est une, pour perdre notre temps. Qu'on se rappelle, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: ...tout simplement les débats qui ont eu lieu sur
la fameuse loi 22 pour dire que le Parti libéral, à
l'époque, avait fait du français ses membres s'en sont
vantés à l'Assemblée nationale la langue officielle
du Québec. Ce soir, on nous propose deux langues officielles. M. le
Président, je ne regrette pas de ne pas avoir participé à
toutes les séances de cette commission parlementaire, parce que j'aurais
perdu mon temps. M. le Président, il y a quand même des limites
à se moquer de la Chambre, à se moquer des députés
et se moquer tout simplement du mandat que l'Assemblée nationale a
confié à la commission parlementaire d'étudier
sérieusement un projet de loi article par article. À partir du
moment où l'article no 1 a été accepté à
l'unanimité, s'il vous plaît, je ne vois pas ce que vient faire ce
genre de motion à ce moment-ci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, vous aurez le dernier mot sur la recevabilité
de la dernière motion, peut-être parce que je... Vous n'aurez pas
le dernier mot, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je ne m'attends pas à cela non plus. M. le
Président, j'entends l'intervention du député de
Beauce-Sud et elle cadre dans les discussions qui se font autour de cette table
depuis plusieurs semaines. Il semble que ce soir, les tenants de cette table
qui sont ici depuis le début n'ont plus l'énergie de faire des
interventions aussi vigoureuses que celle de notre Beauceron à la table
ce soir, mais je dois vous dire, M. le Président, qu'en vertu de
l'article 70, cela me semble bien conforme. Bien sûr qu'il pèche
légèrement peut-être contre l'article 1, dont faisait
mention le député de Vanier, mais de moins près, il y a
moins de cannotations avec l'article 13, je pense. Ce sont des chapitres assez
différents les uns des autres et j'aimerais... C'est un autre argument,
je ne suis pas sûr que ce soit le plus fort, mais c'est un amendement qui
ressemble étrangement à un amendement que nous aurions
aimé apporter,
nous, du parti. Ce n'est peut-être pas mon meilleur argument,
selon ce que je sais de la part des professionnels de la loi, mais j'aimerais
qu'avant le dernier sprint, on accepte un amendement proposé par
l'Opposition officielle et qu'on puisse en discuter, le mettre aux voix, et
ensuite, adopter l'article avant 23 heures.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la recevabilité de la motion.
M. Lalonde: M. le Président, quant au député
de Beauce-Sud, notre petit nouveau, si vous acceptez son argument, vous
accepteriez qu'il conteste la décision de la présidence à
l'égard de la motion d'amendement acceptée pour l'article 13.
À l'article 13, cet amendement, un amendement identique, n'avait pas
été considéré comme allant à l'encontre de
l'article 1, c'est-à-dire du principe de la loi.
Quant à l'argumentation du député de Vanier, je ne
comprends pas quel est son problème en ce qui concerne les
problèmes pratiques que ça pourrait créer. Je pense qu'une
expérience des cours pourrait l'éclairer un peu. Si deux textes
sont officiels et que les deux sont identiques, à ce moment-là,
il n'y a pas de conflit, la cour, qui a à juger s'il y a une
contestation de la sentence arbitrale, prend le texte qu'elle désire et
il n'y a aucun problème. S'il y a une divergence, à ce
moment-là, elle prend le texte qui est original, comme on l'a dit.
Même des éditorialistes ont dit que la décision du
gouvernement en ce qui concerne l'article 13 touche l'absurde, c'est ce qu'on
veut éviter à l'article 40. Que le gouvernement prenne certaines
décisions absurdes, mais que les décisions ne soient pas toutes
absurdes, on veut l'aider.
M. le Président, si l'amendement allait à l'encontre d'une
décision identique, à ce moment-là, peut-être que le
règlement ne le permettrait pas, mais le député de Vanier
lui-même plaide qu'il s'agit d'une décision analogue. L'analogie,
à ce moment-là, ne m'empêche pas, n'empêche pas cette
commission de prendre en considération un amendement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Madame et messieurs
les membres de la commission, devrais-je rendre à cette heure une
décision...
Mme Lavoie-Roux: En délibéré, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): ... non jamais.
Mme Lavoie-Roux: Elle est sûrement
prématurée.
M. Roy: De toute façon, nous sommes suspendus.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Devrais-je vous en priver...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez ovationné ça, à
part ça.
M. Lalonde: Vous manquez de jugement, c'est
épouvantable.
M. Duhaime: Comment est-ce que ça s'épelle,
guillotine?
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Devrais-je, à cette
heure, rendre une décision, devrais-je, madame et messieurs les membres
de la commission, vous en priver ou devrais-je la rendre, quelle qu'en soit
l'effet? Quel en serait l'effet à cette heure?
M. Lalonde: Vous pouvez nous priver du gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Vous voulez vraiment que le
président, à ce dernier moment, alors que j'ai un rapport
à vous faire dans quelques instants, rende une décision.
Mme Lavoie-Roux: Ils veulent être méchants
jusqu'à la fin, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je puis facilement l'employer,
parce que j'ai beaucoup de choses à ajouter.
Mme Lavoie-Roux: ... amendements.
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous qu'avant que
cette décision ne soit rendue et qui sera la dernière...
Mme Lavoie-Roux: Ne rendez pas l'âme. Epilogue
Le Président (M. Cardinal): Ne craignez pas, chère
madame le député de L'Acadie. Je remercie les membres de cette
commission. Devrais-je rappeler quels sont les héros tenaces...
M. Lalonde: Les zéros sont en face, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Duhaime: C'est ce que j'allais dire, vous allez avoir de la
misère...
Le Président (M. Cardinal): Je le sais.
M. Duhaime: Vous m'enlevez les mots de la bouche.
Le Président (M. Cardinal): ... parfois remplacés,
que ce soit le député de Papineau, qui n'est pas avec nous ce
soir, le député de Vanier. Je ne
ferai pas de compliments à chacun, cela deviendrait fastidieux,
parce que je serais obligé de chercher tous les adjectifs dans le
dictionnaire, devant une commission aussi brillante.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre pourra vous en fournir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères; M. le député de Saint-Jacques, ce soir
remplacé par M. le député de Saint-Maurice, tous les deux
ministres; M. le député de Mont-Royal, si "fluent" dans les deux
langages...
Mme Lavoie-Roux: ... du président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Deux-Montagnes; M. le député de Châteauguay qui, parfois
agissait comme président pendant quelques minutes, en vertu du
règlement; M. le député de Mégantic-Compton qui n'a
jamais raté son coup; M. le député de Taschereau; M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a montré qu'il
était un homme d'opposition; M. le député de Bourassa,
qui, parfois, lui aussi, me remplaçait quand le calme lui revenait; M.
le député de Bourget, qui, lui, ne l'a jamais perdu; M. le
député, pardon, Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: II ne l'a pas encore appris.
Le Président (M. Cardinal): ... envers qui j'ai toujours
eu un faible particulier; M. le député de Gaspé...
M. Le Moignan: ... président.
Le Président (M. Cardinal): Laissez faire. Qu'il n'y ait
pas de relations cléricales entre nous; M. le député de
Rosemont, le sphinx de cette commission qui a réussi à plaire
à tous; M. le député de Beauce-Sud qui nous est revenu ce
soir; M. le député de Jacques-Cartier, avec ses envolées
qui nous ont fort charriés et M. le député de
Rouyn-Noranda qui, malheureusement, ne nous accompagne pas en ce moment
solennel.
Mme Lavoie-Roux: En ce calvaire.
M. Lalonde: M. le Président, on croirait que c'est la
colonne de nécrologie, ce que vous dites.
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, au contraire. C'est la colonne de
ceux qui resteront dans l'histoire, pour avoir employé tant de temps
à l'étude des projets de loi 1 et 101. Cela sera au journal des
Débats et cela sera connu de tous.
Les membres de la commission. Je les remercie donc sincèrement de
la collaboration qu'ils m'ont accordée.
Je veux aussi souligner la présence du secrétariat des
commissions, M. Jacques Pouliot, qui nous a accompagnés tout au long de
ce long cheminement, son adjoint, M. Jean Robitaille c'est la
première fois que son nom est prononcé en cette salle ses
secrétaires qui présentement sont, heureusement pour elles, en
vacances, les services de sécurité qui eux aussi ont
été avec nous. C'est rare que l'on souligne leur présence,
même certains les remarquent, et l'on s'apercevra qu'en ce Parlement de
1977, que c'est le Parlement de la population qui est devant nous. Les
journalistes, qui ont eu toute cette patience et qui ont tenté
d'interpréter toutes nos circonvolutions, les employés du journal
des Débats, que ce soit à cette console ou dans une des deux
salles, dans le corridor voisin, le public qui, tout au long de ces
débats, nous a été d'une fidélité plus que
remarquable et d'un calme à souligner je leur permettrais
même de l'être moins en ce moment.
J'espère, en ce moment, n'oublier personne. Je n'ai pas
terminé. Il n'est pas 23 heures. Je dois, tout particulièrement,
et vous avez raison, M. le député de Verchères, remercier
M. le député de Jonquière qui, à plusieurs
reprises, m'a remplacé dans des moments délicats et difficiles,
et qui l'a fait à très bon escient. Je veux aussi rappeler, et
c'est l'heure solennelle, qu'à l'Assemblée nationale, ce soir,
vers 21 h 10, une motion qui se lit comme suit: Que, conformément
à l'article 156 du règlement, le rapport de la commission
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications sur l'étude du projet de loi 101, Charte de la langue
française, après la deuxième lecture, soit
déposé à l'Assemblée nationale, avant les affaires
du jour le 24 août 1977, la commission devant mettre fin à ses
travaux à 23 heures, le mardi 23 août 1977.
Les travaux de cette commission ne sont donc ni ajournés, ni
suspendus...
M. Guay: M. le Président, avant que vous ne
déclariez la suspension de la séance...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: ... ou l'ajournement de la séance, je voudrais
faire une motion qui, je pense, pour la première fois, va
peut-être rallier l'unanimité de cette assemblée...
Une voix: Même si les députés libéraux
sont partis.
M. Guay: ... de cette commission, sans qu'il soit
nécessaire de la traduire et sans même que l'Union Nationale ne
s'abstienne. C'est une boutade, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ah! C'est pareil.
M. Guay: Je voudrais simplement souligner, je pense je le
fais par hasard; d'autres pourraient le faire; tout le monde pourrait le faire
la dextérité, la sagesse, l'impartialité avec
lesquelles vous avez dirigé nos travaux, tant lorsque nous avons
étudié les mémoires qui nous ont été
présentés au sujet de la loi no 1 que lors de l'étude
article par article de cette commission, et cette motion, M. le
Président, qui s'adresse également au député de
Jonquière, qui vous a remplacé à maintes reprises,
mais qui s'adresse tout naturellement d'abord et avant tout à
vous-même, c'est une motion de félicitations de la part de cette
commission pour la façon dont vous avez dirigé les travaux de
cette commission.
Le Président (M. Cardinal): Merci beaucoup. Ma
reconnaissance à tous, mais cette motion, et c'est ma dernière
décision, est jugée irrecevable, n'étant pas dans le
mandat de la commission. Les travaux de cette commission sont
terminés.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne ferai pas de
motion, mais je voudrais quand même, au nom de l'Opposition officielle,
vous remercier bien sincèrement de la façon que vous vous
êtes acquitté, ainsi que vos collègues, de cette
tâche souvent difficile de la présidence. Si l'Opposition
officielle a continué jusqu'au bout d'essayer de remplir ses fonctions
le mieux possible, je pense que vous en êtes responsable pour une large
part. C'est à regret que je dois dire que, devant l'attitude trop
souvent négative du gouvernement, je ne pourrais lui adresser des
félicitations semblables, mais à vous, c'est vraiment très
sincère, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: À la toute fin de ces interventions, je ne
voudrais quand même pas vérifier cette phrase latine: In cauda
venenum. Je pense bien que ce n'est pas dans la fin que doit être le
venin.
Nous avons passé ensemble plusieurs heures. Quant à nous,
je pense qu'il y a eu une amélioration sur les travaux antérieurs
d'une commission sur un thème aussi contesté et je pense que le
peu d'amélioration qui s'est fait ici, l'Union Nationale a voulu y
collaborer. Somme toute, il est bien sûr qu'il y a des griefs qu'on devra
faire savoir en troisième lecture, mais je dois dire au nom de notre
parti que la collaboration que nous avons voulu offrir au gouvernement en
était une positive et je pense que le gouvernement a dû sentir...
D'ailleurs, les dernières déclarations du ministre ont
témoigné que les heures nombreuses que nous avons passées
à soumettre nos propositions auront servi, j'espère, quelque peu
à la bonne cause, à la bonification du projet de loi no 101.
C'était là notre désir et j'espère que cela a
contribué à vous aider dans nos travaux, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ...un "filibuster" sur cette motion et même si vous
ne l'avez pas reçue, je veux m'associer aux propos de mon
collègue pour vous féliciter de la façon dont vous avez
mené les travaux de cette commission. Bien que j'admette que je n'ai pas
assisté à toutes les séances j'ai assisté
aux deux premières séances et à la dernière
je les ai suivies de très près; même n'étant pas
présent, j'ai suivi les travaux de cette commission, je peux vous dire
que cette motion... Je serais même tenté de dire que vous n'auriez
pas à la juger. Elle devrait être présentée
unanimement par tous les membres de la commission et pour la première
fois peut-être créer un précédent dans notre
règlement, mais que vous n'ayez pas à vous prononcer sur la
recevabilité de cette motion.
Le Président (M. Cardinal): Ce serait la première
fois ici. Une dernière intervention, s'il vous plaît. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, César, ceux
qui vont mourir te saluent.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Morituri te
salutant. Je laisse un dernier mot à M. le ministre d'État au
développement culturel avant de terminer les travaux de cette
commission.
M. Laurin: Je m'en voudrais, M. le Président, de ne pas
remercier d'abord votre humble personne pour toutes les qualités dont
elle a fait preuve au cours de ces délibérations.
Je remercie également tous les membres de la commission et en
particulier, les membres de l'Opposition ce soir, pour les contributions qu'ils
ont apportées à la discussion et dont les fruits seront
peut-être vus d'une façon plus évidente dans le train
d'amendements que nous déposerons, officiellement, demain à
l'Assemblée nationale.
Je remercie également tous mes collègues. Je pense que
nous avons bien travaillé pour le Québec. Je souhaite longue vie
à cette loi, que la population attendait. Je souhaite longue vie au
Québec français.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse de l'anti-climax.
Je dois, en disant mes sentiments de reconnaissance à tous et, au lieu
de dire mes sentiments les meilleurs, mes sentiments d'impartialité,
déclarer que les travaux de cette commission sont terminés et que
M. le député de Deux-Montagnes doit faire rapport demain avant
les affaires du jour. Merci.
(Fin de la séance à 23 h 5)