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Etude du projet de loi no 101:
Charte de la langue française
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Oui, nous sommes déjà en retard.
A l'ordre, s'il vous plaît! C'est une nouvelle séance.
Comme d'habitude, la journée sera occupée par deux
séances. Cette première séance, comme c'est un mercredi,
sera ajournée à midi, à la suite d'une entente entre les
partis politiques.
Je fais donc l'appel des membres de la commission de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications siégeant pour
l'étude du projet de loi no 101 après deuxième
lecture.
M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)? M.
Charbonneau (Verchères)? M. Charron (Saint-Jacques)?
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Toujours ici.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)? M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), remplacé par...
M. Raynauld: Raynauld, député d'Outremont.
Le Président (M. Cardinal): ... M. Raynauld,
(Outremont).
Mme Lavoie-Roux: M. Lalonde était retenu à la
commission sur la justice, je pense.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa),
remplacé par M. Vaillancourt (Jonquière). M. Laurin (Bourget)?
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)?
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud)? M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), remplacé par M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce).
Une Voix: C'est Bryce Mackasey...
M. Grenier: Est-il nécessaire de signifier la
présence du ministre Morin...
Le Président (M. Cardinal): Pas du tout... Je le
ferai...
M. Charbonneau (Verchères), remplacé par M. Morin
(Sauvé) et, enfin, M. Samson (Rouyn-Noranda). Le rapporteur est toujours
M. le député de Deux-Montagnes.
A l'ajournement, hier soir, nous en étions à une motion
d'amendement proposée par M. le député de Mont-Royal,
à l'article 69... Je l'ai refaite.
Une Voix: D'accord.
Motion d'amendement à l'article 69
M. John Ciaccia (suite)
Le Président (M. Cardinal): Bon! Alors, pour rendre
service... D'autres l'ont fait, mais je l'ai fait aussi, et pour rendre service
à la commission, j'ai fait réimprimer l'amendement tel que
corrigé, et je demande qu'on le distribue, s'il y a quelqu'un qui veut
bien le faire. On n'a pas d'aide ce matin?
M. Paquette: Est-ce la rédaction finale, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Oui, parce que la motion est
maintenant devant la table et on ne peut plus faire autre chose que...
M. Grenier: La plus récente.
Le Président (M. Cardinal): ... l'amender. Ecoutez! Je
pense qu'il n'y a même pas de fonctionnaires pour en faire la
distribution. Alors, vous pouvez la passer autour de la table.
Cette motion se lit comme suitje la lis pour qu'on soit sûr
du texte "Que l'article..." à l'ordre, s'il vous
plaît... cela aété une motion corrigée par le
président en vertu de l'article 65 "Que l'article 69 soit
modifié en ajoutant après le paragraphe d) le paragraphe suivant:
"Les enfants allophones, rési-
dant au Québec au 31 décembre 1977 et non encore inscrits
à l'école ainsi que leurs frères et soeurs". Sur cette
motion s'est exprimé M. le député de Mont-Royal à
qui il reste trois minutes; à l'ajournement des travaux, M. le
député de Mégantic-Compton avait la parole et il lui reste
quinze minutes.
M. Grenier: Seulement quinze minutes?
Le Président (M. Cardinal): Vous avez parlé cinq
minutes hier soir. C'était tellement intéressant que vous ne vous
en êtes pas aperçu vous-même.
M. Grenier: J'avais commencé mon histoire sur ma tante
Georgina. Je ne la terminerai pas ce matin. Je le ferai plutôt dans ma
deuxième intervention.
M. Guay: Elle est retournée aux "Etats"?
M. Grenier: Elle est retournée... La nuit portant conseil,
j'ai changé ma stratégie un peu et je ferai deux interventions,
celle de ce matin qui durera trois ou quatre minutes, pour revenir un peu plus
tard, quand on aura connu les arguments de l'Opposition libérale qui
viendra défendre sa motion dilatoire qui veut ce matin, suite à
la motion d'hier soir, que les enfants allophones résidant au
Québec au 31 décembre 1977 et non inscrits à
l'école ainsi que leurs frères et soeurs...
Il est bien évident qu'il n'y a pas un parti politique qui a
osé parler de cela jusqu'à maintenant et qui prétend qu'on
va donner des droits à des allophones qu'on ne donne même pas aux
deux groupes reconnus, soit les francophones et les anglophones du
Québec.
De toute évidence, il est clair que nous n'appuierons pas cette
motion et je demanderais une chose au Parti libéral qui présente
cette motion. Hier, la position de l'amendement sur les handicapés se
défendait et on a fait une guerre importante. Le gouvernement a
décidé de reporter cela à 77 et c'est là qu'on
verra véritablement ce qu'il a envie de faire à cet article.
Quant à une motion de ce genre, il est évident qu'on perd
du temps et je pense que je serais surpris que le député de
L'Acadie utilise ses 20 minutes sur une telle motion. Cela peut être le
cas d'autres députés de l'Opposition libérale, mais le
député de L'Acadie ne perdra pas ses 20 minutes sur une telle
motion. Elle est trop consciente que pour le bien d'un parti politique, on ne
peut se permettre de jouer un jeu comme celui-là. J'aimerais faire
savoir au Parti libéral qu'il y a quand même une limite à
jouer au masochiste.
Rendu à 11%, après une telle motion, vous allez vous
ramasser à 6% ou 7%, et c'est votre famille qui va voter pour vous
autres. Ce ne sera plus par conviction. Ce sera par sympathie.
Une Voix: On va peut-être avoir...
M. Grenier: Plus loin que cela, vous allez devenir plus
intéressants à fusionner.
Une Voix: ...faire plaisir aux péquistes.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, depuis hier, on se rend
compte que le Parti libéral court après le bâillon à
tout prix. Il veut absolument voir imposer la loi du bâillon pour se
donner bonne figure, bonne contenance et, de l'autre côté, on voit
circuler le leader depuis une couple de jours, comme on dit, et on attend juste
la raison donnée pour faire tomber la hache. On a l'impression que tout
le monde court après le bâillon de quelque façon. Il n'y a
pratiquement que nous qui courons après une politique linguistique.
C'est assez étrange. J'aimerais bien que le Parti libéral, qui a
ses recherchistes ici, fasse comme l'Union Nationale et qu'il paie ses
recherchistes à l'année. On dirait qu'il les paie à la
motion. Quand il y en a une de votée, ils en sortent une autre. Si le
parti a décidé de les payer à la motion, j'aimerais qu'il
change juste un peu sa stratégie et qu'il les paie aux motions
recevables. Ah là, ils vont travailler! Si, vraiment, ils sont pour
continuer à donner des motions de ce genre...
M. Ciaccia: C'est...
M. Grenier: ...nos recherchistes, qui sont moins nombreux, bien
sûr, que ceux du Parti libéral, et vous le savez, vous êtes
au courant, travaillent 18 heures par jour et on leur permettra, aux
nôtres, de travailler deux heures de plus et d'aider l'Opposition
officielle à donner quelque chose de plus sérieux.
Je ne vais pas plus loin dans le débat. Je vais attendre la
savante argumentation qu'on nous donnera du côté libéral et
j'interviendrai à la toute fin du débat. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, il faut se rappeler que la loi
22 avait fortement mécontenté les allophones et la
présidente de la CECM à l'époque. Celle-ci trouvait, en
effet, que la loi favorisait par trop...
M. Guay: Est-ce que M. le ministre pourrait parler dans le
micro?
M. Laurin: Oui. La loi 22 avait fortement
mécontenté les allophones et la présidente de la CECM
à l'époque. Celle-ci trouvait que la loi favorisait par trop les
allophones et elle s'en était longuement expliquée, d'ailleurs,
à la commission parlementaire de 1974. Les allophones, pour leur part,
estimaient que la loi 22 ne faisait pas du français au Québec la
seule langue officielle, une langue rentable, utile, commune et, pour tout
dire, indispensable. La loi 22 ne rétablissait pas véritablement
l'équilibre en faveur du français. En conséquence, les
allophones n'y voyaient aucune raison pour changer leurs habitudes qui les
inclinaient davantage vers l'intégration ou l'assimila-
tion à la minorité, à la collectivité
anglophone. Ils ont donc violemment dénoncé cette loi, ni chair
ni poisson, mi-figue, mi-raisin, ce compromis boiteux et hypocrite, ce bloc
enfariné qu'ils soupçonnaient de cacher pour eux un poison.
En plus de l'ambiguïté de la loi, ils ont
dénoncé avec encore plus de vigueur le caractère agressif
et sournois que son chapitre de l'enseignement constituait pour leurs enfants
et leurs familles.
Il leur paraissait injuste que la loi ne mette pas sur le même
pied les Anglais de souche et les Anglais d'adoption qu'il voulait constituer,
qu'elle fasse des allophones des citoyens de seconde zone par rapport aux
anglophones, qu'elle fasse montre de discrimination à l'endroit des
allophones, qu'elle ne dise pas franchement qu'elle voulait orienter les
allophones vers l'école française et qu'au lieu de cela, elle
leur rende plus difficile l'accès à l'école anglaise,
qu'elle utilise le moyen détourné de la connaissance suffisante
de l'anglais en choisissant d'appliquer ce critère à des enfants,
qu'elle torture ces enfants même d'âge préscolaire en les
soumettant à des tests qui n'étaient pas de leur âge, qui
les stressaient, les bouleversaient, perturbaient leurs parents et dressaient
même parfois les parents contre ceux de leurs enfants qui ne parvenaient
pas, malgré leurs efforts, à franchir ce cap difficile et
à se conformer ainsi au désir et à la volonté de
leurs parents.
Les allophones dénonçaient enfin avec rage les
conséquences de cette politique néfaste qui aboutissait à
diviser les familles, à rompre l'unité familiale, à mettre
en danger un système de valeurs séculaire en poussant tel enfant
vers l'école française et tel autre vers l'école
anglaise.
Il n'est pas étonnant que cette loi ait produit chez les
allophones des fruits empoisonnés: occupation d'écoles, classes
clandestines, fausses déclarations, abjuration et conversion du jour au
lendemain à la foi protestante, trafic d'inscriptions entre les deux
secteurs catholique et protestant et j'en passe.
C'est maintenant ce même Parti libéral qui a plongé
le Québec dans le désordre et le chaos qui prétend faire
la leçon au gouvernement. Il n'a rien de constructif à proposer.
Il n'est parvenu à rétablir une fragile unité que pour
attaquer et démolir; il s'oppose à la loi par tous les moyens en
menant son "filibuster" à la façon d'un sous-marin en
plongée qui se tient toujours entre deux eaux afin qu'au moins le
gouvernement ne triomphe pas là où il a lui-même
échoué, afin de savourer au moins la dernière
satisfaction, qui est celle d'entraîner avec lui dans l'abîme un
adversaire qui l'a justement vaincu, dussent l'intérêt et le bien
commun en être profondément atteints.
Le député de L'Acadie semble participer allègrement
à ce sombre complot. Elle accepte de renoncer a ses convictions. Elle
adore ce qu'elle a brûlé. Elle brûle l'édifice
qu'elle avait commencé à construire. Elle succombe à des
tentations qu'elle ne peut même plus reconnaître.
Combien plus juste, humaine, réaliste, M. le Président,
apparaît ici la politique du gouverne- ment. Il ne fait pas
mystère de ses intentions, il rétablit clairement dans ses
droits, à sa juste place, la langue française qui est celle de la
majorité du peuple québécois. Il en fait, sans aucune
équivoque, la langue de la vie collective, la langue officielle et
commune, la langue nécessaire qu'il faut connaître si l'on veut
participer à part entière à la construction de notre
société. Atteindre à son plein développement et
à sa pleine réussite sur le plan individuel. Il accorde à
la minorité anglo-québécoise, en raison de son
enracinement historique au Québec, le droit de maintenir ses
écoles, de la maternelle à l'université, tout en
espérant qu'elle ne s'isole pas pour son plus grand malheur dans une
enclave ou un ghetto socio-culturel.
Pour respecter les choix qu'ont jusqu'à ce moment
effectués les allophones, soit parce qu'on les avait mal
informés, soit parce que les gouvernements antérieurs n'avaient
pas assumé leurs responsabilités à l'endroit de la
majorité francophone, soit parce qu'ils trouvaient plus rentable d'opter
pour une minorité qui constituait en fait une majorité sur le
plan socio-économique, le gouvernement permet maintenant aux allophones
qui ont commencé ou poursuivent déjà leurs études
à l'école anglaise de continuer dans la même voie, s'ils le
désirent. Il aurait pu, comme bien des groupes francophones le lui ont
recommandé, comme la plupart des pays le font déjà,
orienter tous ces élèves vers l'école française et
les cours internationaux, aussi bien que le bon sens et la logique lui auraient
donné raison. Mais ce gouvernement, que le Parti libéral veut
à tout prix faire passer pour intransigeant, répressif,
dogmatique, et même fanatique, a préféré une autre
logique, plus humaine, plus généreuse, respectueuse des anciennes
réalités et des conditionnements que celles-ci ont
créés, il compte sur cette générosité et
cette persuasion plus que sur la logique formelle et sur la force, pour
convaincre les allophones de sa compréhension et de son estime à
leur égard. Pour les inciter à faire oeuvre commune avec lui,
pour leur faire voir le nouveau chemin où s'engage maintenant le
Québec d'une façon résolue et définitive. Nouveau
chemin où il espère bien les avoir avec lui comme compagnons de
route pour leur intérêt comme pour celui de la
collectivité.
Le gouvernement met ainsi un terme, pour l'essentiel, à la
discrimination dont les allophones avaient été victimes sous
l'empire de la loi 22. Ceux qui veulent demeurer à l'école
anglaise y resteront, s'ils le désirent, tout comme les anglophones de
souche. Lorsqu'ils se compareront désormais aux anglophones, ils ne
pourront plus se décrire, comme auparavant, comme des citoyens de
seconde zone.
De même, ils se retrouveront sur le même pied cube pour
l'avenir, puisque tous les nouveaux arrivants anglophones ou allophones, de
quelque province canadienne ou pays qu'ils proviennent, seront soumis à
la même obligation d'inscrire leurs enfants à l'école
nationale, à l'école française, à l'école du
pays, comme cela se fait dans tous les pays normaux.
Non content d'accorder aux allophones cette concession qu'ils avaient
réclamée en vain du gouvernement antérieur le gouvernement
se doit, à leur autre demande, de garder intact le lien familial, les
valeurs familiales en permettant aux cadets de fréquenter les
mêmes écoles que leurs aînés. Bien des groupes
francophones nous l'ont reproché, arguant d'une façon fort
logique que cette réunion des enfants cadets ou aînés d'une
même famille pouvait se faire aussi bien à l'école
française. Mais ici encore le gouvernement a
préféré obéir à une autre logique,
précisément celle que nous ont fait valoir les allophones, qui
consiste à tenir compte du passé, des désirs, habitudes et
conditionnements des intéressés, du rejet des mutations trop
soudaines et trop brusques, de la nécessité d'une
évolution graduelle, réfléchie et volontaire vers de
nouveaux buts qui prennent au fur et à mesure toute leur importance.
Lors de ma tournée du Québec, j'ai longuement
exposé cette nouvelle politique aux allophones. Je ne puis dire qu'ils y
ont souscrit entièrement et de gaieté de coeur; je les comprends
d'ailleurs, car cette politique constitue un changement majeur. Même si
celui-ci leur apparaît, comme c'est, j'en suis sûr, le cas,
rationnel, logique et légitime, il n'en est pas moins difficile à
accepter, surtout pour des allophones qui avaient déjà fait
l'effort d'apprendre une autre langue et auraient bien voulu s'éviter
les efforts qu'entraînent inévitablement de nouveaux choix, de
nouveaux apprentissages, de nouvelles adaptations. Mais ce que je sais aussi,
c'est que la très grande majorité des allophones ne
dénoncent pas la loi 101, comme ils ont dénoncé la loi 22,
qu'ils ne s'y opposent pas fondamentalement et qu'ils l'acceptent même.
Ils l'accepteront plus facilement qu'ils savent gré au gouvernement
d'avoir fait montre à leur endroit de fidélité à
ses promesses, de respect, de sympathie, de compréhension et de
générosité à leur endroit.
Cette générosité doit-elle s'étendre
maintenant aux enfants allophones non encore inscrits à l'école,
comme le demande l'amendement du député de Mont-Royal? Nous ne le
croyons pas, car le principe qui a inspiré notre concession au sujet des
frères cadets ne s'applique plus alors. Si aucun enfant n'est encore
inscrit à l'école anglaise, il n'y a plus ici de familles
à réunir ou, négativement, à éviter de
diviser.
S'il fallait accorder cette nouvelle concession, ce devrait être
au nom d'un autre principe, qui ne peut certainement pas être celui de
l'appartenance à la communauté anglophone, puisque les
allophones, on le dit et le répète, ont leur propre
identité, et que, s'ils doivent incliner vers un groupe, cela ne peut
être, logiquement et normalement, que vers le groupe majoritaire. On voit
encore ici le caractère inconséquent et décadent de la
position libérale. Pour que celle-ci soit administrativement applicable,
il faudrait définir, en effet, au préalable, ce qu'est un
allophone, ce qui peut s'avérer aussi difficile, sinon plus, que pour la
définition d'un anglophone. Il faudrait donc revenir, en
conséquence, aux mesures de vérification, de contrôle, en
d'autres termes, aux tests. Les libéraux ne peuvent se débarasser
des tests. Comme la tunique de Nessus, ces tests leur collent à la peau
ou ils leur restent dans la peau. Au temps de Jean Lesage, les libéraux
étaient des "taxeux". Depuis Robert Bourassa, ils sont devenus des
"testeux". Quand ils chassent les tests par la porte d'en avant, comme durant
la dernière campagne électorale, ces tests reviennent par la
porte d'en arrière, comme ce fut le cas à La Malbaie.
Par ailleurs, c'est là une position décadente, car elle
nous ramène en-deça de la loi 22. Celle-ci avait pour intention,
bien que par de mauvais mécanismes, d'orienter les allophones vers
l'école française, et elle y a réussi jusqu'à un
certain point. Mais, depuis sa défaite, le Parti libéral a
retraité, abandonne son option francophone pourtant déjà
bien édulcorée, et c'est l'option anglophone qui prévaut
désormais. Les vues des députés de Mont-Royal, Westmount,
NDG, Saint-Louis ont prévalu sur celles des députés de
L'Acadie, Outremont, Marguerite-Bourgeoys, probablement pour la raison bien
explicable et bien opportuniste que ceux-ci n'auraient jamais été
élus sans le vote anglophone. Et encore, l'amendement ne fait aucune
mention de la petite phrase concoctée au caucus de La Malbaie, je cite:
"En attendant l'intégration progressive des allophones à
l'école française."
Devant la levée générale de boucliers qu'a
provoquée ce petit membre de phrase...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Mont-Royal sur une question de règlement.
M. Ciaccia: Quand nous avons tenté d'inclure dans la
motion que c'étaient des mesures transitoires, c'était pour
corriger 96...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'accepte la question de règlement.
M. Ciaccia: On a tenté d'inclure que c'étaient des
mesures transitoires, mais on nous a dit que ce n'était pas recevable,
alors on ne peut pas se faire accuser maintenant d'avoir omis certains mots
qu'on a été obligés d'enlever. On nous impute des motifs.
On les a enlevés pour assurer que la motion soit recevable.
M. de Bellefeuille: II ne s'agit pas d'un discours...
Le Président (M. Cardinal): Excusez-moi. Le
député de Mont-Royal s'est déjà exprimé
pendant 17 minutes, il a le droit de corriger ce que le député de
Bourget explique présentement.
Et je voudrais rappeler les faits. J'avais mentionné, M. le
député de Mont-Royal je dois apporter une correction
à votre question de règlement que la motion était
non pas irrecevable,
mais était prématurée, telle que
rédigée. Je pense que les faits sont rétablis. Je redonne
la parole à M. le ministre d'Etat.
M. Laurin: M. le Président, devant la levée
générale de boucliers qu'avait provoquée ce petit membre
de phrase, les libéraux ont bien fait de le retirer. C'était
là, en effet, une improvisation irresponsable et odieuse. On ne savait
ni quand, ni comment se serait effectuée cette intégration, ni au
prix de quels procédés tatillons et tracassiers. Mais maintenant
que cette horreur a disparu, la situation n'est pas meilleure. Elle signifie
que les libéraux renoncent à toute idée
d'intégration des al-lophones à la communauté francophone,
ce qui les fait glisser encore plus irrémédiablement sur la pente
savonneuse où les entraînent les députés de
Mont-Royal et autres, qui sont les vrais chefs du Parti libéral.
Enfin, M. le Président, nous ne pouvons accepter l'amendement de
l'Opposition officielle parce qu'il implique des transferts linguistiques ou
scolaires beaucoup plus nombreux qu'on veut bien le dire. Nous avons
procédé, pour notre part, aux calculs que tout gouvernement
responsable doit s'imposer, et voici les résultats que nous devons
maintenant considérer.
Il y a chaque année, en moyenne, au Québec, un nombre de
naissances qui s'élève à peu près à 93 500
enfants. De ce nombre total de naissances, il y a à peu près 5900
naissances allophones, si on multiplie 93 500 par le taux reconnu de 0,06. Si
l'on continue les calculs, on se rend compte que le nombre moyen annuel
d'enfants allophones d'âge préscolaire, la catégorie
d'élèves couverts par l'amendement, qui n'ont pas de
frères et soeurs déjà inscrits à l'école,
s'élève à peu près à 2900,
c'est-à-dire 5918 multiplié par le coefficient usuel choisi dans
les circonstances, c'est-à-dire 0,49.
Si, maintenant, on passe au nombre moyen annuel de naissances hors
Québec, nombre moyen annuel d'enfants allophones d'âge
préscolaire nés en dehors du Québec, on aboutit, avec les
mêmes bases de calcul, à 441 enfants. Si on additionne les deux
chiffres, 2901 plus 441, on aboutit au chiffre total de 3342, et comme c'est un
chiffre annuel et qu'il faut calculer ça pour les enfants
âgés actuellement, au 31 décembre 1977, de zéro
à cinq ans, puisque les effets se feront sentir pour les cinq prochaines
années, on peut donc prévoir, comme chiffre possible pour la
période 1977-1982, le chiffre total de 16 710 enfants allophones
d'âge préscolaire qui pourraient être inscrits à
l'école.
Je vous signale, M. le Président, que ce n'est pas un chiffre
négligeable, et il faut qu'en l'occurrence, le gouvernement assume ses
responsabilités, et aussi bien au nom des principes qu'au nom de cette
réalité numérique et statistique, je pense qu'il n'y a pas
lieu de considérer d'un oeil favorable l'amendement qui nous est
proposé. C'est pour toutes ces raisons, M. le Président, que nous
rejetterons l'amendement du député de Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. On vient
d'assister à l'oraison matutinale du...
Le Président (M. Cardinal): ...de parler dans le
micro.
Mme Lavoie-Roux: ... ministre d'Etat au développement
culturel, marqué au coin, comme il aime dire de la
générosité, de la rationalité et de la logique en
ce qui touche le gouvernement, et de toutes les autres épithètes
et invectives dont il est capable à l'égard de l'Opposition avec
son timbre de voix recto tono; mais de toute façon, c'est au moins la
huitième édition, alors, je commence à m'y habituer.
Comme il me disait hier il me soufflait chacun son tour.
C'était une bonne leçon.
Ceci dit, je voudrais rappeler que durant la commission parlementaire
qui a entendu les mémoires relatifs au projet de loi no 1, nous avons
reçu plusieurs groupes représentant les minorités
ethniques, les principaux étant la Fédération des groupes
ethniques, la communauté grecque et la communauté italienne.
Je pense que tous, on a senti chez eux une résistance à
envoyer leurs enfants à l'école française,
résistance que nous connaissions avant même qu'ils ne se
présentent. Même s'ils reconnaissaient dans leurs propos le
bien-fondé du désir de la majorité francophone de mettre
un frein à l'érosion démographique qui les touche, les
deux principaux arguments que, d'une façon générale, ils
faisaient valoir à ce moment pour s'opposer à
l'intégration de leurs enfants à l'école française
étaient les suivants: Premièrement, ils étaient venus ici
alors que les conditions d'admission étaient autres, et le
deuxième motif invoqué était ce qu'ils considèrent
un enseignement inadéquat de la langue seconde dans les écoles
françaises.
Il est vrai que le premier et ceci, d'autres l'ont invoqué
que le premier argument qu'ils utilisent, à savoir que des
conditions autres existaient avant qu'ils n'arrivent, mettrait tout
gouvernement dans la position ou dans l'impossibilité de
légiférer parce qu'il y aura toujours des gens qui étaient
là avant une loi, et qui y sont encore après, ou de nouveaux qui
arrivent après.
Alors ce n'est évidemment pas un argument qui peut être
utilisé. Quant au deuxième, qui est la qualité de
l'enseignement de la langue seconde dans les écoles françaises,
et leur désir il faut le reconnaître que leurs
enfants soient mobiles et qu'ils puissent acquérir une connaissance
d'usage des deux langues, je pense qu'il est plus que légitime.
Mais à travers tout cela, à travers ces motifs qu'ils
invoquent, ce qu'il faut surtout voir, c'est la résistance des gens qui
sont ici et qui ont des enfants à s'intégrer à
l'école française, et je veux bien le reconnaître ici.
Cette résistance, pour ceux qui étaient ici, soit avant la loi
22, soit avant le projet de loi no 101, est une hypothèque pour tous les
gouvernements quand il s'agit de résoudre ce problème.
Chez les francophones, il y avait et ceci s'est accentué
avec la loi 63, mais même aux
beaux jours de la loi 63, si on peut parler de beaux jours
à peu près 2,5% de francophones je pense que c'est le
maximum qui allaient à l'école française et
d'ailleurs, on ne sait pas dans quelle mesure...
Je m'excuse. 2,5% de francophones qui allaient à l'école
anglaise. Dans le cas des immigrants, c'était massivement que ces
derniers allaient à l'école anglaise et on a relevé des
proportions je pense qu'on s'entendra là-dessus de 90%
d'immigrants qui allaient à l'école anglaise, ce qui explique, je
pense, aujourd'hui, la résistance et les arguments que les groupes
ethniques font valoir quant à leur refus ou leur résistance
à intégrer leurs enfants à l'école
française.
Il faut comprendre, et le gouvernement l'a compris dans une certaine
mesure, que des mesures transitoires peuvent avoir leur bien-fondé,
même si, en elles-mêmes, elles portent des contradictions que je
suis prête à reconnaître. Quand on pense, par exemple, au
principe qu'on a mis de l'avant, la non-division des familles, avec lequel je
suis d'accord, on se souviendra qu'au mois d'avril je disais que celui-ci aussi
apporterait de la discrimination, mais qu'on l'acceptait pour des raisons
humaines et des raisons de réalisme. On apporte des discriminations que
nous allons revivre au mois de septembre, quand on songera ou on observera
à la porte des écoles que parmi les occupants des écoles
de l'année dernière, vont se retrouver une partie d'enfants, qui,
parce qu'ils ont un frère ou une soeur, ont leur entrée à
l'école anglaise, et d'autres qui, parce que leurs parents ont fait
leurs études primaires à l'école anglaise, pourront aussi
aller à l'école anglaise. Il restera, des 1000 ou 1200 enfants,
environ 400 qui ne répondront à aucun de ces critères. Il
y a déjà là un élément de discrimination. Je
l'ai reconnu au mois d'avril. C'est uniquement à cause de
considérations humaines, d'ailleurs, que j'ai voté très
volontiers avec le gouvernement là-dessus hier. C'est, je pense, dans le
même esprit que le député de Mont-Royal a fait sa
proposition.
J'aimerais lire ici un extrait de l'étude du comité de
restructuration scolaire de Montréal qui s'est longuement penché
sur ce problème de l'intégration des non-francophones, à
l'école française. On disait, après de longues
réflexions vous avez sûrement le rapport entre les mains,
vous pourrez y référer, mais je cite cette phrase
particulière: "II ne sera pas inutile de se rappeler que, dans
les matières qui concernent l'avenir des enfants, les brusqueries sont
à éviter et les pédagogies sociales s'imposent." Ceci est
d'autant plus vrai pour les allophones et, d'une manière
générale, pour tous les non-francophones qui devraient ou
voudraient, selon le cas, s'inscrire à l'école
française.
Je pense que, si ceci peut apparaître aux yeux du gouvernement une
bonne mesure, c'est à lui de le juger, si on veut faire des allophones,
qui étaient ici avant l'adoption de ces deux lois, des citoyens qui vont
s'intégrer de la façon la plus harmonieuse possible au
Québec... Si on ne les brusque pas, si, on ne leur impose pas quelque
chose qu'ils ne comprendront pas, ce sera plus constructif.
Dans les écoles italiennes, j'en avais trois dans mon quartier
dans le temps, on respectait les objectifs des francophones. J'essayais, moi,
de comprendre leur résistance, mais il reste qu'il y a un chemin, un
pont, extrêmement difficile à parcourir pour eux à
l'égard de ce qu'ils considèrent comme un objectif fondamental
pour leurs enfants.
C'est dans ce sens que j'appuierai l'amendement du député
de Mont-Royal comme une mesure transitoire contenant ces contradictions mais
n'apportant pas le libre choix en dépit de ce que certains voudront
prétendre, ceux qui ont une certaine honnêteté
intellectuelle le reconnaîtront. Mais cette mesure qui peut
peut-être se présenter comme un moyen qui finira par
résoudre ce problème épineux de la façon la plus
positive possible en ce qui touche un certain nombre d'enfants d'al-lophones
qui étaient ici avant l'adoption de la loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé.
M. Grenier: Si vous nous le permettiez, on laisserait les
propositions du Parti libéral sortir afin de se faire une idée
plus pratique. Il faut admettre que Mme le député de L'Acadie
nous a ébranlés, mais pas encore suffisamment fort pour nous
permettre de faire une intervention valable.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Dans ce cas, M. le
député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je tiens à vous
rassurer que mon intervention sera brève. J'ai assisté à
l'improvisation encore de l'Opposition libérale quant à la
rédaction de cet amendement.
Cette improvisation est la caractéristique même de ce
gouvernement qui a dirigé notre province pendant six ans. Nous avons vu
comment il a improvisé pendant son mandat et cette improvisation a
conduit à son échec le 15 novembre dernier. Mais revenons au
sujet.
Nous devons rejeter cet amendement pour deux raisons fondamentales. La
première, parce qu'il va à rencontre même du principe
premier de notre projet de loi qui se lit ainsi: "Le français est la
langue officielle du Québec" et le second, parce que la langue de
travail au Québec est dorénavant le français.
M. Ciaccia: C'est la langue du chômage, ce n'est pas la
langue du travail.
M. Alfred: Lorsque vous amenez un tel amendement, M. le
député de Mont-Royal, vous voulez, handicaper les enfants des
allophones dans le Québec à venir. D'ailleurs, hier, vous avez
parlé des enfants handicapés et voilà que maintenant vous
voulez handicaper l'avenir et le devenir même des
Québécois.
Cet amendement, M. le député de Mont-Royal, est,
premièrement, une méprise pour les franco-
phones, qui constituent 81% de la nation québécoise,
deuxièmement, c'est une duperie pour les allophones. Vous les trompez,
quand vous prétendez qu'en les inscrivant à l'école
anglaise, vous allez les défendre. Je dirai plus tard pourquoi c'est une
duperie.
Troisièmement, cet amendement dénote quelqu'un d'origine
autre qu'anglaise, venant au Québec, qui s'est assimilé à
la communauté anglophone au mépris même de la
collectivité francophone. J'ai dit que c'est une méprise pour les
francophones, une méprise, parce que vous dites: "Les écoles
françaises sont incapables de former des citoyens normaux", une
méprise encore pour les francophones, quand vous dites que c'est pour
consolider l'avenir et le devenir des enfants allophones que vous leur demandez
d'aller à l'école anglaise.
Devant de telles interventions, un francophone québécois
qui entend cela résiste et vous le traitez de xénophobe. Vous
vous trompez, M. le député de Mont-Royal, et, malheureusement,
votre tromperie a été endossée par Mme le
député de L'Acadie, M. le député d'Outremont et M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Raynauld: Sur une question de privilège.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Alfred: Pourquoi trompez-vous les allophones quand vous faites
un "filibuster", quand vous faites un "show" et, par ces "shows", pour nous
faire rester ici, pour nous faire perdre notre temps, vous prétendez
défendre les Québécois d'origine hongroise, d'origine
italienne et autres?
C'est que les allophones ce que vous appelez les allophones, les
Québécois d'origine hongroise, d'origine italienne, d'origine
arménienne, etc. devraient savoir que, depuis le 15 novembre, les
jeux sont clairs; tout est changé depuis le 15 novembre. Ils savent
très bien que, désormais, le Québec est un Etat
français, la langue de travail sera le français et il faut, pour
s'intégrer réellement à la collectivité
québécoise, qu'ils maîtrisent la langue française
qui est pour eux une deuxième langue; à ce que je sache, la
première langue n'est pas la langue française. Quand vous
prétendez, monsieur, que vous reposez votre amendement sur
l'argumentation qu'il faut qu'ils apprennent très bien la langue
seconde, l'anglais, vous les trompez encore. C'est comme si le ministre de
l'Education ne prenait pas les moyens pour que la langue seconde soit bien
enseignée dans nos écoles françaises.
Dans le projet de loi, vous ne verrez pas la notion de langue anglaise
comme langue seconde parce que nous ne sommes pas assez ignorants pour ne pas
savoir que, dans le contexte nord-américain où nous sommes, la
langue seconde qui sera la plus utilisée par les
Québécois, sera, bien sûr, la langue anglaise. Cependant,
quand cette langue seconde sera-t-elle enseignée? Il ne vous appartient
pas, M. le député de Mont-Royal, de le dire. Il appartient aux
pédagogues, au ministre de l'Education et aux linguistes de
déterminer à quel moment est plus rentable et pour l'Etat et pour
l'enfant l'apprentissage d'une langue autre que la langue française.
Mme Lavoie-Roux: Mais, la population... Le Président
(M. Cardinal): A l'ordre! M. Alfred: Bien sûr... Mme
Lavoie-Roux: Vous avez raison.
M. Alfred: ... cela dénote votre à-plat-ventrisme
devant la communauté anglophone et je n'ai pas besoin de parler beaucoup
là-dessus.
Ce que les allophones devraient savoir de vous, l'Opposition
libérale, c'est que vous avez encore un style de politique qui est
médiéval, dépassé. Vous jouez. Etre homme
politique, cela signifie dire clairement à la population ce que vous
pensez. Vous faites un "show" et, malheureusement, Mme le député
de L'Acadie accepte de jouer ce jeu.
M. Raynauld: Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Sur une question de
règlement, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Serait-il possible que le député s'en
tienne à l'amendement? On est rendu au Moyen Age. Franchement, cela
déborde un peu le cadre de l'amendement.
M. Alfred: C'est-à-dire que j'ai dit que le style de
politique que vous adoptez en Chambre est un style de politique
médiévale.
M. Raynauld: Cela n'a rien à voir avec l'amendement, M. le
député.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Outremont, si vous aviez
été constamment avec nous, vous auriez constaté que nous
sommes partis d'Adam et Eve et nous nous sommes rendus à l'an 2000. M.
le député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, nous sommes contre des mythes
comme: contexte nord-américain, dans le contexte canadien... Parce que,
comme nous vivons dans ce contexte, nous devons démystifier ce qu'on
appelle la langue anglaise comme langue salvatrice. Je me rappelle,
malheureusement, à partir de cet amendement, une intervention du chef de
l'Opposition de l'Union Nationale, quand il disait: "Pour avoir de l'argent
dans ses poches, il faut parler anglais au Québec." Pour nous,
Québécois et les allophones devraient le savoir
pour vivre, nous épanouir, nous intégrer réellement
à la collectivité québécoise, il faut d'abord
maîtriser la langue française.
M. le député de Mont-Royal, nous n'avons rien contre la
langue anglaise, je vous le répète.
M. Mackasey :... but now that you support us... Continuez!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je conclus en disant que l'amendement du
député de Mont-Royal est une insulte à la population
francophone, aux écoles françaises...
M. Ciaccia: Ce n'est pas l'intention, M. le Président.
M. Alfred: ... aux professeurs de langue française, parce
que vous dites, dans votre amendement, aux allophones, mais ceux-ci ne se
laisseront pas tromper par vous quand vous dites que s'ils ne vont a
l'école anglaise, leur avenir n'est pas assuré.
C'est regrettable, M. le député de Mont-Royal, que vous
parliez ainsi, parce qu'en étant élu, vous représentez
toute la collectivité québécoise.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement,
c'est important. Je n'ai pas dit que s'ils ne vont pas à l'école
anglaise, leur avenir n'est pas assuré, j'ai spécifié
l'apprentissage de la langue anglaise. C'est un point que je voulais
rétablir.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Papineau.
M. Alfred: Je termine, M. le député de Mont-Royal,
pour vous dire que je regrette, comme immigrant, que vous ayez apporté
un tel amendement, qui est une méprise profonde à l'endroit du
peuple québécois, de la nation québécoise, et je
crois que je vais moi aussi me faire l'interprète des immigrants qui
sont au Québec. Je pense que, personnellement, je vais leur dire ce que
vous refusez de leur dire, parce que vous êtes assimilé.
Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. A l'ordre!
M. le député d'Outremont. Connaissez-vous les usages
parlementaires d'une commission?
M. Raynauld: Non, je ne les connais pas.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a aucune
démonstration...
Mme Lavoie-Roux: Une par jour!
Le Président (M. Cardinal): permise. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je ne prendrai pas avantage
de cette occasion pour recommencer la campagne électorale, c'est
terminé. Nous sommes ici pour améliorer, si possible. Je vous
félicite, M. le ministre, pour votre beau discours à Terre-Neuve,
un discours que tous les Canadiens du pays ont appuyé. Vous l'avez rendu
avec émo- tion. C'est fameux. C'est un discours que tous les Canadiens
étaient très heureux d'entendre de votre part. Je vous
félicite au nom de tous les Canadiens qui vivent ici au
Québec.
Une Voix: On comprend cela.
M. Mackasey: M. le Président, je m'adresse plutôt
à l'amendement, je pense que c'est le but de cette assemblée,
sauf que si le gouvernement veut qu'on recommence à discuter de la
campagne, d'accord, nous avons tout le temps, mais cela n'avance rien. Quand,
par exemple, le député de Papineau parle des allophones, nous
sommes tous des allophones, moi-même, le président, le ministre,
sauf que, peut-être durant la nuit, un Esquimau, un Inuit ou un Indien
est arrivé et a pris ici la place d'un député. Je pense
que nous sommes tous des allophones; je pense que le ministre serait le premier
à dire, avec fierté, que ses racines sont en France, les miennes
en Irlande. Le député de Mont-Royal, c'est l'Italie.
M. Paquette: Savez-vous ce que cela veut dire "allophone"?
M. Mackasey: Même, que, quand il est arrivé ici, il
a reçu sa formation à l'école française, non pas
à l'école anglaise. Quand on parle du mot "allophone" ce
n'est pas un mot qu'on aime on le trouve, par exemple, dans
l'amendement. Comme le ministre l'a souligné tout à l'heure,
c'est très difficile de décrire qui sont des allophones, qui ne
sont pas des allophones. Vraiment, nous sommes tous des allophones, sauf ceux
qui étaient ici, comme les Inuit, comme les Indiens et les autres.
M. Paquette: Cela étend considérablement la
portée de l'article.
M. Mackasey: Je félicite le gouvernement de les
protéger dans la ' loi. Quand le député de
Mégantic-Compton parle d'une motion dilatoire, il verra pourquoi la
motion a été soumise.
Il faut souligner dès le départ, M. le Président,
que j'accepte cela.
Je l'ai même dit au mois d'octobre, quand la question m'a
été posée par un journaliste, quand je suis arrivé
ici, pendant la campagne électorale, que je n'avais aucune objection,
que je partage même les sentiments de ceux qui prétendaient que
les immigrants qui viendraient au Canada, à l'avenir, avant de quitter
leur pays, sachent d'avance que s'ils viennent au Québec ils vont aller
à l'école française, qu'ils sachent d'avance que s'ils
veulent aller en Ontario, ils vont aller à l'école anglaise.
Qu'ils fassent leur choix, qu'ils décident de leur sort
économique, de leur culture. Ils décideront de bien des choses.
Et là, ils décideront s'ils veulent aller au Québec, en
Ontario, au Manitoba. Là, il n'y a pas de choix. Vous allez à
l'école anglaise. Je me demande pourquoi on ne peut pas dire exactement
les mêmes critères à ceux qui vivent encore dans un autre
pays, mais songent à venir au Canada, si, par exemple, c'est
acceptable,
selon les critères établis par le gouvernement
fédéral en collaboration avec les provinces.
Sur la base du principe, il n'y a aucune réserve du fait qu'on
déciderait que ceux qui viendront au Canada, à l'avenir, des
autres pays, des immigrants, iront à l'école française
parce que, comme le ministre l'a souligné tout à l'heure, il y a
une question d'équilibre entre les anglophones, ce qui comprend ceux qui
sont assimilés, si vous voulez, et les Français qui vivent ici au
Québec. J'accepte sans réserve cette proposition. Je l'ai
toujours acceptée, ce n'est pas depuis le commencement de nos
séances ici, je l'ai toujours appuyée.
J'ai déjà été, comme vous le savez, ministre
de l'Immigration. Je comprends un peu les immigrants. En général,
vous le savez autant que moi, M. le ministre, je sais qu'on partage cela, c'est
avantageux pour une province, pour un pays. Ils viennent ici pour travailler
fort. Ils viennent ici et pas seulement les pauvres. Une année, je me
rappelle, quand j'étais ministre de l'Immigration, les immigrants
avaient apporté avec eux $500 millions d'investissements. C'est beaucoup
d'argent. Nous avons besoin des immigrants dans tout le pays, et cela comprend
le Québec.
En 1971, quand j'ai eu l'occasion de discuter le problème avec le
ministre de l'Immigration du temps, je pense que c'était M. Bienvenue,
je ne me rappelle plus le nom de son comté, à peine 14% des
immigrants avaient des connaissances en français. Et là, je cite
des chiffres de McGill, M. le ministre, je pense et j'espère qu'ils sont
exacts. Pour les trois premiers mois de 1977, ce chiffre de 14% des immigrants
qui ont maintenant des connaissances en français est rendu à 32%.
Que représentent les changements dans les critères? Avec raison.
Mais, quand même, cela va les aider à faire la transition, vous le
savez autant que moi, au système d'écoles françaises.
Quand on discute de la langue, de la religion, des relations industrielles,
c'est difficile, parce que ces discussions engendrent souvent des
émotions chez les participants aux débats et c'est très
difficile de rester objectif sur ces sujets.
J'essaie de le faire ce matin. J'espère qu'on peut avoir une
journée où moi y compris on pourra parler sans
émotion et se consacrer au concept d'amélioration de la loi. De
quoi parlons-nous exactement ici? On ne parle pas de ceux qui viendraient au
Canada à l'avenir. On parle de ceux qui sont déjà
arrivés au Canada et qui, heureusement pour tout le monde, je pense,
vivent ici au Québec. Quand on parle de ce qu'est un allophone, pour
moi, c'est un Canadien ou peut-être quelqu'un qui sera un Canadien un
jour, c'est un immigrant qui n'est pas encore un citoyen canadien. Cela
comprend aussi des Canadiens originaires, comme je l'ai dit tout à
l'heure, d'un autre pays que le Canada. Le seul mot "abrasive" comme on dit en
anglais, mais, que voulez-vous? Il faut l'employer. C'est au moins un terme
générique, si vous voulez!
On parle maintenant seulement sur la motion d'amendement du
député de Mont-Royal. On parle seulement de ceux qui sont
déjà ici; qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, quand ils ont
décidé de venir au Canada, quand ils ont décidé de
venir dans la province de Québec, et ça, après des
discussions avec les fonctionnaires dans leur pays, les fonctionnaires qui
représentaient le ministère de l'Immigration du Canada, le
ministère de l'Immigration de la province de Québec... Et nous
n'avons qu'à souligner les discours du leader du gouvernement, que j'ai
lus moi-même il y a trois ou quatre jours, quand il a
félicité les fonctionnaires de la province de Québec, dans
un discours en Chambre, pour leur compétence pour les examens des futurs
immigrants de la province de Québec. Alors, ceux qui sont venus dans ce
pays, dans cette province, étaient conseillés en ce sens que
s'ils venaient au Québec, ils avaient le choix de décider
eux-mêmes ce qu'ils pensaient être dans le meilleur
intérêt pour leurs enfants et non pas à l'Etat de
décider ça pour eux.
Quand le député de Papineau parle de la
nécessité de parler français à l'avenir dans la
province de Québec, je suis complètement d'accord avec lui, et
ça, c'était le principe du rapport Gen-dron. Du moment que c'est
nécessaire, obligatoire, autant que possible parler français dans
les grandes entreprises, dans le domaine du commerce; c'est normal et logique
que les immigrants accepteront d'apprendre la langue de travail. C'est normal,
et le fait que maintenant 32% ont déjà une compétence dans
cette langue, aidera encore. On ne parle pas de ceux qui arriveront
prochainement. On parle de ceux qui sont déjà ici et qui
pensaient qu'en venant ici, dans la province de Québec nous
sommes tous, d'abord, encore des Canadiens quand ils sont arrivés
au Canada et quand ils ont décidé de venir au Québec, ils
savaient d'avance qu'ils avaient le choix. Ils auraient dû avoir ce choix
ou non, ce n'est pas la question. On ne veut pas les affecter, M. le ministre,
avec une proposition bien fondée, mais en même temps
rétroactive. Alors, quand on discute de l'amendement du
député de Mont-Royal, on ne discute pas une motion dilatoire.
Peut-être que l'Union Nationale pense que toutes les motions dilatoires,
ce sont celles qu'elle défend pour elle-même. Mais je ne suis pas
ici pour me chicaner avec mon ami de Mégantic-Compton, parce que c'est
rare qu'on ne s'entend pas.
M. Grenier: ... on ne s'entendait pas à East Angus. Vous
ne disiez pas la même chose qu'aujourd'hui.
M. Mackasey: Non, le ministre est...
M. Grenier: Vous jouiez au Bonhomme Sept Heures. Vous faisiez
peur aux Anglais.
M. Mackasey: Depuis quelques jours, je pense, le ministre a
attrapé le rhume. Il travaille trop fort. Je ne sais pas ce qu'a le
député de Mégantic-Compton...
M. Grenier: Ce ne sont pas vous autres qui nous donnez de
l'ouvrage. Vous ne faites rien.
M. Mackasey: II n'est pas ici pour décider si une motion
est dilatoire ou non. Il est ici pour dire s'il est en faveur ou pas de
l'amendement, et en donner les raisons.
Quand le député de Mont-Royal a souligné le fait
que les enfants allophones je pense qu'il veut parler des enfants des
immigrants qui sont au Québec, des Canadiens qui sont au Québec,
ou de ceux qui ne sont plus des immigrants et qui sont des citoyens du
Québec et, par accident, ne sont pas des Inuit, ne sont pas des Indiens,
parce que tous les autres sont compris dans cette définition que
les enfants de ces parents qui résident au Québec ne sont pas
encore inscrits à l'école, les parents devraient avoir le choix
de décider s'ils vont aller à l'école anglaise,
peut-être à cause qu'ils sont entièrement compétents
en français, déjà, comme par exemple, beaucoup de
Tunisiens, si vous voulez; ou s'ils veulent aller et je leur conseille
de le faire dans le système français, à cause de la
nécessité de travailler en français à l'avenir;
c'est logique, et je ne suis pas contre ce concept non plus. Alors, le
député de Mont-Royal, tout ce qu'il veut faire par l'entremise de
son amendement, c'est de régler une question de transition pour ceux qui
sont déjà ici. Cela ne concerne pas tous les immigrants qui
viendraient au Canada à l'avenir, mais ça regarde tout simplement
ceux qui sont déjà ici.
Comme le député de Papineau l'a dit, ne pas donner la
compétence en français, c'est handicaper un enfant pour l'avenir,
s'il veut rester au Québec. Il faut avoir la compétence en
français, mais que les parents décident si c'est un handicap pour
les enfants et non pas l'Etat. Peut-être que c'est là la
différence entre vous et moi, M. le député.
Je pense que c'est la responsabilité des parents de
décider si c'est un handicap ou non, non pas celle de l'Etat. C'est
peut-être différent à travers la ville, la philosophie des
collectivités... les droits d'une personne à décider
elle-même. C'est la philosophie. On ne peut pas régler cela par
des lois, même pas par des discussions amicales.
Alors, je demande à tous ceux qui sont ici aujourd'hui
d'étudier cet amendement dans cet esprit. On parle de ceux qui sont
déjà arrivés au Québec. Ils savaient à
l'avance les règles du jeu, que s'ils venaient au Québec, ils
avaient le choix, parfois avec leur argent, leur finance, leurs moyens, que
s'ils étaient prêts à travailler fort, dans les
métros et faire les autres emplois qu'on ne veut pas parce qu'on se
pense trop instruit... des positions... Il y a peut-être quelques
milliers de fonctionnaires qui remplissent ces positions, qui travaillent
à temps plein dans différents bureaux. Ils sont prêts
à tout faire pour que les enfants reçoivent un bon enseignement,
pour que leurs enfants aient l'éducation pour avancer dans les
professions et ne pas toujours rester ouvriers.
Je comprends les motivations des immigrants. J'en ai passé des
heures et des heures avec des immigrants qui entraient au pays
illégalement en 1970, en 1971. Ils avaient au moins le courage de
l'accepter comme Canadiens... encore qui se présentent... les
fonctionnaires, pour être reçus comme immigrants acceptables au
Canada... 92% ont passé les examens une deuxième fois parce
qu'ils avaient été refusés la première fois. C'est
normal que je comprenne leurs problèmes, et que je partage leurs
craintes. Je n'ai pas dit que c'était réaliste. Je ne parle
même pas de ceux qui viendront ici après l'adoption du projet de
loi. J'accepte le concept. Quelqu'un qui n'est pas encore parti de l'Irlande,
ou du Portugal, ou de l'Italie, ou de la Yougoslavie, ou de l'Ukraine, ou de la
Pologne sait à l'avance que s'il vient au Canada et qu'il décide
d'aller en Ontario, ses enfants iront à l'école anglaise, et s'il
vient au Québec, ils iront à l'école française.
J'accepte cela sans réserves depuis longtemps, mais actuellement, on
parle de ceux qui sont ici au Canada. ... enseignés ou rassurés
par les fonctionnaires du gouvernement fédéral, par les
fonctionnaires du gouvernement provincial que, s'ils décidaient de venir
au Québec, les parents auraient le choix d'envoyer leurs enfants
à l'école française ou à l'école
anglaise.
Je sais que c'est à leur avantage d'être bilingues.
J'espère qu'ils comprendront la nécessité d'aller à
l'école française, surtout quand le ministre a assuré
l'Assemblée nationale qu'ils auraient l'habileté, la
compétence d'apprendre les deux langues, les facilités
d'apprendre les deux langues dans le système français. On
n'entend pas souvent maintenant de cette province... Cela aiderait les
allophones, si une bonne journée, le ministre de l'Education avait le
courage de dire aux syndicats: "Vous commencerez l'enseignement d'une
deuxième langue en 2ème ou en 3ème année". Je ne
dis pas la 10ème ou la 12ème année, parce que cela ne fait
pas l'affaire de ses membres... Il doit respecter les droits des parents au
lieu des droits des syndicats, mais c'est autre chose. Cela aiderait aussi
à faire accepter la loi.
En terminant, pour le moment, je m'adresse directement... à
l'amendement. Je ne suis pas ici pour l'échange et le combat... que j'ai
livré au mois de novembre, ni pour échanger des insultes... parce
que j'ai toujours le désavantage... mais je parle pour appuyer cet
amendement. Si la date du 31 décembre 1977 est trop
éloignée, si vous voulez que ce soit, lorsque le projet de loi
sera adopté, au mois d'octobre ou de novembre, ce sera la même
chose.
La date ne m'intéresse pas autant que la question de "retroactive
legislation". Ce n'est pas la bonne loi, M. le ministre, et vous le savez
autant que moi. Ce que l'amendement essaie de faire, c'est de respecter
l'engagement que le Canada et la province de Québec ont pris en disant:
Demandez, ou insistez, ou encouragez ces immigrants non seulement à
venir au Canada mais aussi à venir à Québec. On a dit: Si
vous venez au Québec, voilà les avantages et voilà les
désavantages, dans le même sens qu'il y a des avantages et des
désavantages pour un immigrant qui va s'installer en
Colombie-Britannique ou à Terre-Neuve, si vous voulez. Des avantages et
des désavantages, il y en a partout au Canada. Un des avantages pour lui
à ce temps-là, c'était le droit de décider pour ses
enfants s'ils devaient recevoir leur enseignement en français ou en
anglais. Si, et cela est souvent le cas, les immigrants avaient
déjà des connaissan-
ces de la langue française, peut-être y verraient-ils des
avantages pour leurs enfants s'ils allaient à l'école anglaise.
Si les immigrants n'avaient aucune connaissance du français,
peut-être penseraient-ils que c'est avantageux pour leurs enfants de les
envoyer à l'autre système. Tout ce que nous demandons ici n'est
pas de régler le cas des allophones pour l'avenir, mais de respecter
l'engagement pris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Mackasey: C'est de respecter l'engagement envers les
allophones qui sont déjà au Québec et qui
prétendent qu'il y a un engagement solennel de la part de la province de
Québec de respecter leur droit de décider eux-mêmes et non
pas l'Etat s'ils doivent envoyer leurs enfants à l'école
française ou à l'école anglaise.
En terminant, comme le dit le député de Papineau,
peut-être partage-t-il ce sentiment que ces enfants sont
handicapés, s'ils sont unilingues. S'ils sont handicapés, ce sera
à cause de la décision de leurs parents et non pas à cause
de la décision de l'Etat. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président. Nous devons
donc étudier un autre amendement proposé, une fois de plus, par
un député libéral, amendement, cette fois-ci,
improvisé, scribouillé sur le coin de la table et aussi mai
rédigé que le fut la motion tristement célèbre du
député de Laval à l'endroit du ministre d'Etat au
développement culturel et du ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, que l'Assemblée nationale, fort heureusement, avait
repoussée, mais dont la rédaction, on s'en souviendra, avait
nécessité l'intervention de la présidence, tant elle
était mal faite, nonobstant le fait que le député de Laval
se perçoit comme un grand pontife de la procédure. Il en est
ainsi également de cet amendement. Il était si mal
rédigé qu'il a fallu que la présidence intervienne afin de
le remettre à l'endroit si tant est qu'il peut être à
l'endroit, en tout cas, quant à la forme.
M. Ciaccia: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Relativement à la première motion
d'amendement que nous avons soumise, ce n'était pas une question qu'elle
était mal rédigée et c'était même pas une
question de savoir si elle était recevable ou non, la suggestion avait
été faite que peut-être elle était
prématurée. Alors, pour éviter tout doute, qu'elle soit
prématurée ou non, nous avons changé l'amendement.
M. Guay: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Ciaccia: C'est une question de règlement.
M. Guay: On se souviendra, là-dessus, de toute
façon, que le député de Mont-Royal voulait en faire
l'alinéa e), ce qui était également inconcevable, et cet
amendement a dû être rédigé à nouveau avec
l'aide de la présidence à plusieurs reprises, tellement il
était mal scribouillé. Quoi qu'il en soit, M. le
Président, il est évident qu'une fois de plus nous faisons face
à une tentative de prolonger ce "filibuster" que le député
de Marguerite-Bourgeoys nous a si bien annoncé hier soir, puisque le
résultat net de cet amendement est évidemment de retarder
davantage les travaux de cette commission.
Mais la raison pour laquelle j'interviens sur l'amendement se rapporte
à l'intervention du député de Mont-Royal, hier soir, alors
que, soutenant son amendement, invoquant des arguments à la faveur de
cet amendement, si tant est qu'on peut en trouver, il a déclaré
à cette commission, et je cite: "On refuse d'être unilingues
français on parlait, je présume, des immigrants on
refuse d'être handicapés".
Je veux bien croire que, suite au discours-fleuve du Parti
libéral d'hier soir, les handicapés étaient à la
mode. Je comprends parfaitement que, venant de ce parti les handicaps soient
effectivement de l'essence du Parti libéral.
Il n'en demeure pas moins qu'on vient nous dire ici, à une
commission de l'Assemblée nationale du Québec, qu'être
unilingue français au Québec, c'est être handicapé.
Je trouve cela profondément insultant.
En même temps, je dois dire que le député de
Mont-Royal, dans ce que je veux bien croire être sa candeur, nous a aussi
fait un aveu, en quelques mots, sur la véritable nature de ce pays qu'il
défend si chèrement, le Canada.
En effet, unilingue français au Canada, au Québec
même, c'est un handicap. Unilingue anglais, bien sûr, cela fait
partie de la quintessence de la civilisation.
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Pourrais-je demander qu'on traite de l'amendement,
s'il vous plaît?
M. Guay: Je traite de l'amendement puisque je parle de l'argument
que le député de Mont-Royal a invoqué à la faveur
de son amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): L'autre
président a dit tout à l'heure, M. le député
d'Outremont, que, si vous aviez été ici tout le long des
débats, vous vous seriez aperçu que tous les
députés, quels que soient les partis, avaient la tolérance
de la présidence lorsque, pour quelques secondes, ils déviaient
du sujet. Je pense qu'il est très difficile, surtout que, dans ce cas,
le député de Taschereau fait continuellement
référence à
des propos déjà tenus par un autre député
qui présentait cet amendement. Compte tenu de tout cela...
M. Ciaccia: Je suis contre l'unilinguisme anglais, pour
l'information du député de Taschereau. Si cela peut l'aider, je
suis contre l'unilinguisme anglais ou français.
M. Guay: Je constate, M. le Président, qu'en disant cela
à l'appui de l'amendement du député de Mont-Royal, en
disant qu'être unilingue français au Québec, c'est un
handicap, il en dit long sur la nature de la société
québécoise à l'heure actuelle, et sur la nature de la
société québécoise à l'intérieur de
ce beau et grand Canada.
Je me sens insulté par des propos de cette nature, non pas que je
ne sois pas favorable à l'apprentissage d'autres langues, bien au
contraire. Il est évident que, plus une personne connaît d'autres
langues vivantes, que ce soit l'anglais, bien sûr, que ce soit
l'espagnol, l'allemand, le russe et même le chinois, plus une personne se
trouve, personnellement, enrichie, mais dire que quelqu'un au Québec qui
possède le français à l'exclusion de toute autre langue
est une personne handicapée, je trouve cela invraisemblable car cet
argument utilisé pour soutenir l'amendement que nous étudions
s'adresse directement à ce bien commun qui est peut-être le plus
précieux que nous ayons collectivement, cette langue française
qui fait intimement partie de ce que nous sommes, de ce que nous avons
été et de ce que nous voulons être. S'il y a un bien qui
s'identifie étroitement, intimement à la personnalité
québécoise, c'est bien la langue française, cette langue
pour laquelle nos ancêtres se sont battus et pour laquelle certains
d'entre eux ont payé de leur vie.
On vient nous dire aujourd'hui que la posséder à
l'exclusion d'une autre langue au Québec, c'est être
handicapé. On oublie peut-être que ce handicap que nous aurions si
nous étions unilin-gues français, ce n'est pas celui de
posséder un quelconque dialecte qui ne s'étendrait pas
au-delà des frontières du Québec c'est posséder une
des grandes langues internationales, certainement la langue d'une des plus
grandes civilisations que le monde ait connues, une langue dont la
précision, la beauté et la noblesse est telle qu'elle fut
longtemps et qu'elle est encore, à maints égards, la langue de la
diplomatie internationale, une langue que l'on retrouve presque partout sur le
globe et qui, bien sûr, n'a plus l'universalité de la langue
anglaise, mais qui, néanmoins, n'est pas un quelconque dialecte qui nous
handicaperait si nous le possédions à l'exclusion d'autres
langues, mais, au contraire, elle est une langue internationale.
Quand j'entends le député de Mont-Royal soutenir son
amendement en nous disant que nous sommes handicapés, je trouve que, non
seulement c'est invraisemblable, mais qu'en même temps, en disant cela,
le député de Mont-Royal nous donne peut-être la meilleure
définition en quelques mots de ce qu'est le colonianisme au
Québec.
Il nous prouve, en même temps, puisque la langue française,
à l'exclusion de toute autre lan- gue serait un handicap, de
façon fort éloquente et fort rapide, la nécessité
de l'approbation la plus rapide par l'Assemblée nationale de la loi 101
qui vise à remettre conséquemment les choses à l'endroit
et à cesser, dans les termes du député de Mont-Royal, de
faire des handicapés des unilin-gues français au
Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président, je vais essayer de
m'en tenir à l'amendement autant que possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'aurai
la même tolérance que j'ai eue à l'égard de tout le
monde.
M. Raynauld: Je pense que vous n'en aurez pas besoin, je
l'espère!
Cet amendement qui est proposé est un amendement qui fait partie
de mesures transitoires proposées pour assurer justement un passage d'un
régime à un autre un plus harmonieux et un peu plus paisible
qu'on pourrait craindre, si on n'y prête pas attention.
Je ne voudrais pas en faire une question de principe parce qu'en
réalité c'est une dérogation aux principes
généraux et de la position que nous avons prise au Parti
libéral sur la question de la langue et sur le projet de loi 101 tel
qu'il est présenté, une dérogation aux principes
généraux, mais on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de principe en
arrière de cet amendement. Le principe, c'est de reconnaître un
certain statut à ceux qui sont déjà ici par opposition
à ceux qui vont arriver à l'avenir. Des dérogations comme
celles-là, il y en a déjà dans le projet de loi 101,
à l'article 69. Il y en a plusieurs, il y en a une qui est inscrite dans
la loi elle-même, c'est-à-dire le paragraphe c), où l'on
dit que, indépendamment du fait que les parents aient reçu ou non
l'enseignement primaire en anglais, ceux qui "au cours de la dernière
année de scolarité avant l'entrée en vigueur de la
présente loi, recevaient l'enseignement en anglais dans une classe
maternelle publique et à l'école primaire ou secondaire", cet
alinéa est une exception, est une dérogation aux principes
généraux, et l'amendement que nous proposons n'est pas une
dérogation plus fondamentale et plus inacceptable que la
dérogation du paragraphe c) de l'article 69.
Dans les faits, il y a aussi des dérogations qui sont
acceptées par le gouvernement. Je pense ici, par exemple, aux
francophones qui iront dans les écoles anglaises en vertu du paragraphe
a), les enfants dont le père ou la mère a reçu au
Québec l'enseignement primaire en anglais. Bien sûr qu'on ne
voulait pas et sûrement que le gouvernement ne voulait pas que des
francophones reçoivent l'accès libre à l'école
anglaise. C'est une dérogation de fait au principe
général. Etant donné qu'on avait choisi de baser toute la
loi sur l'inscription de l'un des parents à une école anglaise,
au niveau primaire, étant donné qu'on choisissait cela, cela
avait comme conséquence
que certaines catégories de personnes se trouvaient à
avoir accès à l'école anglaise et cela n'était pas
prévu. Les frères et soeurs qui sont à l'école
française à cause de la loi 22 vont avoir la permission de
retourner à l'école anglaise l'année prochaine en vertu de
l'article 69. Cela aussi est une dérogation aux principes
généraux. A ce moment, je ne pense pas que l'amendement que nous
présentons n'ait aucune validité. Je pense que c'est une mesure
d'exception, parce que c'est une mesure de transition, mais ce n'est pas plus
fondamental que bien d'autres mesures d'exception qui sont déjà
inscrites dans la loi.
Cet amendement va-t-il poser des problèmes beaucoup plus graves
que ceux qui vont se poser suite à l'application de l'article 69? A
cette question, je voudrais répondre que non. Il n'y aura pas plus de
problèmes qu'il va y en avoir lorsque les dossiers auront
été perdus. Il n'y aura pas plus de problèmes que
lorsqu'on appliquera le paragraphe b) où on dira que quelqu'un qui a
reçu l'enseignement primaire en anglais hors du Québec pourra
avoir accès à l'école anglaise. Dans ces dossiers, on ne
parle plus des dossiers du Québec à ce moment, on parle de
dossiers qu'il faudra trouver probablement à travers le monde entier. Je
ne pense pas que cela sera une opération facile. Je crois que là
aussi il va y avoir du trafic d'inscriptions. Je pense que, là aussi, il
va y avoir des mensonges. Peut-être y aura-t-il un peu de torture des
enfants mis en cause par ce genre de loi. Je ne pense pas qu'on devrait juger
l'amendement que nous présentons comme un amendement infâme,
compte tenu de toutes les procédures qui devront être mises en
place en vertu du projet de loi 101, et qui vont poser effectivement des
problèmes considérables.
C'est pour cela qu'à cet égard je suis surpris du langage
que tient le ministre d'Etat au développement culturel. Son langage est
un langage fondamentaliste. On affirme des choses, des grands principes quand,
en réalité, on essaie, du mieux qu'on peut et peut-être
d'une façon maladroite, et du côté libéral et du
côté du gouvernement, de résoudre un problème
extrêmement difficile.
Je n'aime pas qu'on essaie toujours de qualifier la position du
gouvernement de généreuse, de vraiment axée...
Mme Lavoie-Roux: Rationnelle, logique.
M. Raynauld: ...rationnelle, logique, normale, et les positions
de l'Opposition sur ce sujet d'incohérentes. Je ne pense pas qu'il y ait
plus d'incohérence dans les amendements que nous avons
présentés, au contraire. J'ai l'impression que l'ensemble des
amendements que nous avons présentés jusqu'à maintenant,
sur l'article 69, s'inspiraient d'une stratégie générale,
fondée sur des principes qu'on peut ne pas vouloir accepter. Mais,
sûrement, je n'accepterai pas que l'ensemble des positions que nous avons
présentées sur la politique linguistique sont
incohérentes. Je pense qu'elles sont aussi cohérentes que celle
que le gouvernement présente aujourd'hui.
Malheureusement, le ministre essaie de qualifier cela et, sans aller,
évidemment, dans les détails, en pensant probablement à
cette phrase célèbre que je vais modifier un pe.u:
Répétez, répétez toujours, il en restera toujours
quelque chose.
Mme Lavoie-Roux: II est très poli, très gentil,
n'est-ce pas?
M. Raynauld: Le problème va-t-il être
considérable en termes, par exemple, du nombre impliqué? Je
remercie le ministre de nous avoir donné une estimation du nombre de
personnes concernées par un amendement comme celui-là. J'ai
essayé, depuis une journée ou deux, de calculer ce nombre et je
dois dire que je suis arrivé pas très loin de son chiffre, mais
par des méthodes que vous n'auriez probablement pas acceptées
comme valables. Je suis heureux que vous ayez présenté les
chiffres.
On dit finalement, au total, que cela implique 3000 enfants par
année; pour à peu près cinq ans, 16 710 enfants. On nous
dit que ce nombre n'est pas négligeable. Les frères et soeurs
sont déjà compris. Les frères et soeurs cadets des enfants
visés au paragraphe c) sont déjà là. 16 710
enfants, c'est le chiffre cité par le ministre et que j'accepte. Je ne
veux pas contester ce chiffre. Je veux simplement montrer que 16 000 enfants
sur cinq ans, 3000 enfants par année, lorsqu'il y a 1,3 million, 1,5
l'année dernière enfants inscrits dans les
écoles, si on n'appelle pas cela négligeable, je me demande bien
ce qui est négligeable. C'est deux dizièmes pour cent.
Une autre chose très importante: Parce que c'est une mesure
transitoire, ce ne sont pas des nombres qui vont se répéter
indéfiniment, cela se répète. On a un nombre fixe: 16 710.
C'est un peu comme sur le volume d'une rivière qui coule. Ce n'est pas
parce qu'on met trois ou quatre chaudières d'eau dedans que...
M. Laurin: Cela s'appliquera, par la suite, aux enfants de ceux
qui sont inscrits à l'école.
M. Raynauld: Si je comprends bien, cela retombe, suivant les
autres articles, les autres alinéas...
Une Voix: D'accord.
M. Raynauld: ...de l'article 69 avec lesquels on n'était
pas d'accord.
Mme Lavoie-Roux: On n'était pas d'accord.
M. Raynauld: En réalité...
Non, ils ont accès à l'école anglaise. C'est un
nombre maximal d'enfants qui peut aller à l'école anglaise.
M. Ciaccia: Parce que, normalement, c'est l'école
française.
M. Raynauld: C'est un nombre maximal qui va opter pour
l'école française. Par conséquent, c'est
un nombre maximal. Un nombre maximal, c'est 3000.
Pour revenir à mon image, quand on essaie de voir ce qui affecte
le volume d'eau, ce n'est pas une chaudière ou deux que l'on met dans la
rivière qui vont affecter le volume, ce sera la source qui se renouvelle
continuellement qui fait qu'on a un volume d'eau plus ou moins
élevé. Même si on ajoute un nombre fini de personnes, 16
710, dans un système qui se renouvelle chaque année par les
naissances, je pense que c'est proprement négligeable. Chose certaine,
ce n'est pas pour les riches du tout, cela n'a rien à voir avec les
riches ou les pauvres, c'est un nombre négligeable du point de vue de
l'influence que pourrait avoir le choix, par ces enfants, de l'école
anglaise sur l'ensemble du système scolaire francophone de la province
de Québec. C'est dans ce sens que je dis que c'est négligeable.
Cela n'a rien à voir avec la question de savoir si ce sont des riches ou
des pauvres.
Enfin, comme conclusion, je réaffirmerai simplement que cet
amendement est proposé pour assurer une transition plus facile, une
transition plus harmonieuse que ce serait le cas autrement pour
reconnaître que les gens qui sont déjà ici peuvent avoir un
traitement différent de ceux qui vont arriver à l'avenir. Cela a
été reconnu, d'ailleurs, même par le premier ministre
actuel du Québec, cela été reconnu que les immigrants qui
sont déjà ici auraient un traitement différent de ceux qui
vont arriver à l'avenir. Finalement, c'est le seul objet de cet
amendement, et je ne pense pas que cet amendement soit simplement
présenté pour retarder les travaux ou simplement pour embarrasser
le gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député d'Outremont. M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Quand j'ai
regardé l'amendement proposé hier soir, ce n'est pas sans
surprise que ce libellé m'a frappé un peu. Surtout quand on dit:
"Les enfants allophones résidant au Québec au 31 décembre
1977". Immédiatement, j'ai vu entrer par centaines et par milliers,
j'étais probablement dans l'erreur, de nouveaux immigrants, de nouveaux
allophones qui, à ce moment-là, auraient certainement le droit de
s'inscrire à l'école plus tard. Mais, ayant écouté
le député de Mont-Royal, j'y ai tout de même relevé
un aspect très positif, cette compréhension, cet amour, qu'il a
témoignés pour les immigrants. On connaît leurs
problèmes dans le passé, on connaît leurs
difficultés d'adaptation ici au Qué-bec, j'en ai eu connaissance,
et ils ont certainement trimé bien dur pour essayer de tracer leur
route, de s'imposer un peu. Je sais qu'après coup, alors que les
immigrants, dans les débuts, avaient accès à
l'école française et qu'à un moment donné, pour des
raisons d'ordre pratique, pour des raisons d'avancement dans la
société, plusieurs immigrants me l'ont affirmé
déjà en parlant avec moi dans le passé, on leur a dit que,
pour avoir des chances d'avancement, il fallait à tout prix qu'ils
aillent à l'école anglaise, autrement dit, s'intégrer de
plus en plus à la minorité anglophone. Je n'ai pas l'intention de
blâmer tous les immigrants du passé, tous ceux qui ont
envoyé leurs enfants à l'école anglaise, parce qu'ils
voulaient vivre et qu'on leur avait dit que, dans notre contexte
nord-américain, l'anglais était une clé, un passe-partout
et, dans le fond, ce n'était pas tellement faux.
Mais, si on regarde notre propre position, et on a blâmé
l'Union Nationale d'avoir retiré le libre choix de la langue
d'enseignement, je pense que si on l'a fait, c'est après certaines
douleurs, après avoir examiné davantage tout le fond du
problème; on s'est aperçu qu'en fonction de la loi 22, et surtout
de la Charte de la langue, du projet de loi no 1, il fallait rajuster notre
tir. Si nous voulions être conséquents avec nous-mêmes, si
on voulait refuser aux futurs immigrants le droit de s'intégrer à
l'école anglaise, à ce moment-là, c'était bien
gênant pour les francophones de continuer d'envoyer leurs enfants
à l'école anglaise. C'est un point sur lequel on nous a
reproché d'avoir "viré capot", d'avoir changé tellement
notre politique, et je crois que nous n'avons pas tellement changé, si
ce n'est que, sur ce point-là, en nous ajustant aussi à la
politique de tous les autres partis qui existent dans le moment.
Pour les allophones, et je crois que ceci existe de façon
générale, plusieurs nous l'ont affirmé lors de l'audition
des mémoires sur le projet de loi no 1, et nous avons eu aussi
l'occasion de le lire souvent, les citoyens d'origine italienne nous l'ont
aussi affirmé, ils sont prêts, ils reconnaissent le fait
français ici au Québec. Quand on regarde le Devoir de ce matin,
on voit M. Lopinski, le président de l'Alliance polonaise au Canada, qui
nous déclare ceci et je cite: "Les Canadiens polonais comprennent
très bien les aspirations des Canadiens français en
général, et des Québécois en particulier, ainsi que
leur volonté de maintenir une identité culturelle distincte au
milieu de la vaste société anglo-saxonne qui les entoure."
Alors, si le gouvernement actuel et les législateurs tendent
à favoriser l'intégration des allophones à la
majorité francophone du Québec, je crois que ceci est tout
à fait normal et je crois, ici, que nous sommes tout à fait
d'accord. Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce qui me surprend un peu,
ce qui n'est pas clair on a mentionné tout à l'heure qu'on
avait modifié les dates ce sont les futurs immigrants qui
entreront au pays en 1977, quels que soient leur race, leur origine ou encore
leur pays.
Maintenant, comme je l'ai mentionné, la position de l'Union
Nationale... Nous l'avions inscrite, d'ailleurs, à notre programme, sauf
pour les allophones vivant déjà au Québec et qui ont
déjà opté pour l'école anglaise. Il n'est pas
question de libre choix pour les allophones, tout comme il n'en est pas
question pour les francophones. Et c'est là qu'on réalise
peut-être que les francophones sont un peu handicapés, ceux qui
avaient pris cette habitude d'envoyer leurs enfants dans les écoles
anglaises. Mais, comme le gouvernement nous assure, pour des raisons d'ordre
culturel, pour des
raisons aussi d'ordre pratique, étant donné le contexte
nord-américain dans lequel nous vivons, si on donne, dans nos
écoles, un meilleur enseignement de la langue anglaise pour ceux qui,
évidemment, voudront apprendre cette langue, ce serait
déjà quelque chose d'acquis et, quand on regarde l'aspect
économique, on sait très bien que nous avons un rôle
à jouer. On peut vivre au Québec seulement en français, et
il y a une très grande partie de la population qui, probablement, ne
parlera jamais la langue anglaise.
Chez les Anglais, on le sent, et je crois que c'est un courant
général dans le moment, il y a certainement des progrès
d'accomplis et nul doute que le projet de loi no 101 va les aider, de
façon non pas coercitive, mais va peut-être les convaincre, et je
crois que c'est encore la meilleure méthode, à s'intégrer
davantage à la communauté francophone et, tout en gardant leur
culture, à nous apporter des richesses de leur propre culture.
Quand on revient aux allophones les Italiens nous l'ont dit,
d'ailleurs, à l'audition des mémoires, un peu comme les
francophones ils vont venir vers nous avec d'autant plus de
spontanéité. Ils viendront à l'école
française si, comme ils nous l'ont dit aussi, il se donne un meilleur
enseignement de la langue anglaise. Je crois que c'est primordial du
côté du gouvernement, parce que les allophones, qui tendent
à une spécialisation, comprennent peut-être mieux que nous,
les Canadiens français, cette nécessité d'avoir une
connaissance approfondie de la langue anglaise s'ils veulent se tailler, comme
je l'ai mentionné cette semaine, une véritable place dans le
monde de la finance et surtout du côté des affaires
internationales.
Maintenant, la motion libérale, telle que
présentée, nous invite à revivre, de façon un peu
anachronique, puis-je dire, une ère que nous ne voulons plus revivre,
celle que l'Union Nationale a connue en 1969 avec le bill 63. L'Union Nationale
a peut-être commis une erreur à ce moment-là. Je ne
l'accuse pas parce que j'étais en dehors de la politique. C'est un fait.
J'appartiens à l'Union Nationale. Mais, tout ce que je puis dire, c'est
que, pour régler un petit bobo, l'Union Nationale est allée
directement du salon funéraire au cimetière.
M. Grenier: En passant pas l'église, M. le
curé.
M. Le Moignan: Ce n'est pas sûr qu'elle a eu la
bénéfiction de l'Eglise à ce moment-là.
Mais, mon intervention, et je croirais que c'est celle de tous les
membres de cette commission, c'est de bien servir les allophones et, si nous
voulons les bien servir, il faut que nous soyons un peu solidaires avec
eux.
Si nous voulons les intégrer à notre collectivité,
nous allons le faire dans la mesure où ils constateront que nous avons
un grand respect pour leurs droits et pour leur culture, pour ce qu'ils nous
apportent et qu'ils nous ont déjà apporté... Il faut que,
pour le Québec tout entier, nous puissions profiter, non seulement de la
culture anglophone, mais de ce que les autres grou- pes ethniques peuvent nous
donner. Je vous donne encore un exemple local... En Gaspésie,
après la révolution de 1956 en Hongrie, nous avons reçu
sept ou huit familles hongroises. Vous allez peut-être me dire que c'est
facile de s'intégrer en Gaspésie, et de fait, ils se sont
intégrés. Ils sont allés à l'école
française et la plupart ont épousé des Canadiennes
françaises. Ceci s'est fait sans problème, sans difficulté
et nous sommes très heureux de les compter dans notre milieu parce
qu'ils nous apportent leur talent, parce qu'ils nous apportent, non pas leur
argent parce qu'ils sont arrivés nus comme des vers, raides pauvres, si
on veut...
M. Guay: Pas à ce point-là.
M. Le Moignan: ...mais ces gens aujourd'hui sont fiers
d'être Québécois. Ils sont fiers d'appartenir à
notre communauté et ils sont très heureux de vivre. Je sais que
le véritable problème se situe à Montréal, mais
c'est difficile... Nous avons travaillé au compte-gouttes parce qu'ils
n'étaient pas nombreux; mais si on peut, dans les grands milieux,
travailler avec eux de cette façon, à ce moment, on verra toute
la richesse que ceci pourrait nous procurer.
Le danger qu'il y a dans nos plaidoyers ici est de nous servir des
allophones à des fins purement électorales ou encore à des
fins de "filibuster", peut-être je n'en suis pas tellement certain
mais c'est pour ça que cette motion libérale nous fait
dire que c'est par de telles positions la position qu'ils prennent en ce
moment, ce style un peu ambivalent du bill 22 et le Parti
québécois leur doit peut-être une certaine reconnaissance
parce que si l'Union Nationale est allée au cimetière, les
libéraux n'y sont pas allés complètement. Ils sont tout de
même allés presque aux portes et ils ont peut-être
favorisé, dans une très large mesure, l'élection du Parti
québécois, le 15 novembre dernier. Il ne faudrait pas que les
libéraux, en continuant leur même tactique, fassent oublier aux
Québécois quels sont les véritables arguments du parti
ministériel et c'est pour cela que nous avons peut-être
intérêt à unir nos forces un peu du côté de
l'Opposition.
Vous n'êtes pas prêts à vous intégrer,
à vous ajuster à entrer dans notre parti, et le but de mon
invitation n'est pas là ce matin. Je crois que par une bonne politique
ici, à la commission parlementaire, nous devons éclairer la
population aussi sur les véritables motifs, même les motifs
cachés surtout du Parti québécois, face à la charte
de la langue.
Et ce n'est pas la non-acceptation formelle de la communauté
anglophone réelle du Québec, ni de la réalité
continentale sur un certain plan, qui nous donnera plus de puissance sur le
terrain économique; dans le sens de la crédibilité et dans
le sens aussi de la marche un peu de l'histoire du Québec et de
l'histoire du Canada.
Tout cela nous commande, nous, de l'Union Nationale, de voter contre
cette motion des libéraux parce que cette motion, une fois battue, va
peut-être nous aider à favoriser la reprise à un ryth-
me un peu plus accéléré des débats sur les
autres articles de la loi et, à ce moment-là, je leur demanderais
de ne pas trop multiplier les amendements parce qu'il y a beaucoup d'autres
articles dans le projet de loi. Nous aurons des amendements, vous en aurez et,
à ce moment-là, il nous fera plaisir de discuter avec vous et
d'essayer de conjuguer nos efforts parce qu'il n'y a pas eu tellement
d'amendements qui ont été adoptés jusqu'à
maintenant, même parmi les vôtres et parmi ceux que nous avons
tenté de présenter.
Mme Lavoie-Roux: Nous allons conjuguer nos efforts.
M. Le Moignan: Nous allons conjuguer, Mme le député
de L'Acadie. Nous allons commencer ce matin. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Gaspé. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, avant que le
député de L'Acadie et le député de Gaspé ne
se conjuguent, je voulais rappeler et conclure, en fin de compte, la position
gouvernementale sur ce sujet et vous inviter, après que les droits de
parole auront été utilisés à satisfaction, à
amener cette motion au vote. Nous puisons une partie de notre argumentation,
visant à refuser cet amendement que le député de
Mont-Royal a fait accepter à son caucus dernièrement, dans un
échange extrêmement intéressant que j'ai eu avec Mme le
député de L'Acadie alors qu'elle était présidente
de la Commission des écoles catholiques de Montréal et qu'elle se
présentait devant nous le 26 juin 1974. J'étais alors le
porte-parole de l'Opposition sur la loi 22 et nous avons abordé cette
question des allophones en puisant à même le mémoire de la
Commission des écoles catholiques de Montréal.
A la page B-4237 du mercredi 26 juin 1974, Mme le député
engageait une réponse à une de de mes questions sur la situation
des non-francophones et des non-anglophones. Elle nous faisait part de cette
statistique, c'est elle-même qui nous le disait c'est une
statistique que vous n'avez pas jusqu'ici et je cite Mme le
député qui était alors présidente de la Commission
des écoles catholiques de Montréal: "On sait que, dans nos
classes d'accueil, cette année, 72% des enfants qui y sont inscrits
je ne parle plus des maternelles et des prématernelles; je parle
des classes d'accueil 72% seulement s'inscriront à l'école
française d'une façon définitive ou plus ou moins
définitive. Ce sera quand même un résultat très
encourageant si on tient compte de ce qui se passait il y a cinq ou six ans.
Mais, si on examine ce pourcentage d'un peu plus près, on réalise
que ces 72% ne sont que le tiers des enfants d'âge scolaire, immigrants
ou non anglophones j 'aimerais mieux parler de non-anglophones qui
arrivent ici au Québec." Je lui demandais alors: "II n'est donc que de
33% ou à peu près" et Mme Lavoie-Roux me répondait: "Entre
30% et 35%, disons."
Je revenais à la charge et disait: "De 30% à 35% d'enfants
d'âge scolaire ont choisi le secteur francophone actuellement et ils sont
dans des classes d'accueil?" Mme Lavoie-Roux me répondait: "Oui". Je
revenais avec une nouvelle question: "Sur ces 30% ou 35%, il n'y en a que 72%
qui décident de maintenir cette inscription à l'école
francophone. Les autres, donc, après un stage, les quelque 30%,
après un séjour dans les classes d'accueil francophones de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, se dirigeront ou
vont manifester l'intention de se diriger au secteur anglophone. Est-ce exact?"
Madame Lavoie-Roux me répondait: "C'est exact!"
Je revenais à la charge et je disais: "Cela donne une dimension
relative". J'admets avec vous, comme vous le signaliez, que, comparé
avec il y a cinq ans, la proportion de ces 70% de ces 30%... Il y a
peut-être une amélioration, mais j'en venais à cette
question: Dans l'ensemble, et c'est sur le plan collectif de l'action, est-ce
que vous jugez encore le résultat insuffisant et croyez-vous
nécessaire une intervention législative dans ce domaine? Mme
Lavoie-Roux me répondait: "Assurément". M. le Président,
nous rejetterons l'amendement de l'Opposition libérale, je devrais dire
de l'Opposition à l'intérieur du Parti libéral pour nous
rendre aux arguments que Mme Lavoie-Roux a elle-même défendus, si
elle est logique avec ses positions à l'intérieur de son caucus.
C'est parce que nous soutenons sa position plutôt que celle du
député de Mont-Royal que nous rejetterons l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Attention, est-ce une question
de privilège ou de règlement?
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous
écouter.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas vous dire que vous êtes
plus libéral, cela pourrait être mal interprété.
Vous qui êtes si gentil, si magnanime...
Tout ce que le député de Saint-Jacques a dit est
absolument exact, mais ce dernier se rappellera peut-être qu'en discours
de deuxième lecture, et ici à cette commission c'est
dommage, je n'ai pas mon discours; je l'ai eu longtemps, mais je ne l'ai plus
ce matin j'ai cité maintenant je dois le dire de
mémoire, mais les chiffres seront exacts les chiffres pour les
années 1975-1976 et 1976-1977. Les allophones, et tous les allophones
cette fois-là, se sont intégrés à partir des
classes d'accueil, dans une proportion de 90%, aux écoles
françaises. Les gens qui sont en charge des classes d'accueil ont
qualifié ceci de succès total. Des 90% aux 100%, il ne faut pas
conclure qu'il y en a 10 qui sont allés à l'école
anglaise. En fait, sur ce nombre, 1700 ou quelque chose comme cela, il y en a
eu 19. Les autres, comme vous le savez, sont retournés dans leur pays
d'origine, sont allés dans
d'autres provinces ou sur le marché du travail. Ce que je disais
en 1974, et ce que vous avez rapporté est absolument exact, s'est
modifié. Est-ce la loi 22? Est-ce que ce sont les classes d'accueil?
C'est une combinaison des deux. Je suis fort heureuse que le président
me permette de rappeler que ce renversement est fait, et dans le sens où
nous le souhaitons tous.
Le Président (M. Cardinal): C'était vraiment une
question de règlement en vertu de l'article 96, parce que vous avez
prononcé un discours sur cette motion. M. le ministre.
M. Charron: Mme le député me permettrait-elle une
question? Je n'ai pas en mémoire son discours de deuxième
lecture.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, je ne sais pas
si je dois recommencer ce jeu.
M. Charron: Alors, je ferai une affirmation à
l'intérieur de mes 20 minutes.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Charron: Je me réjouis c'est peut-être
dû aux efforts de la Commission des écoles catholiques de
Montréal en particulier, et même du séjour qu'y a fait Mme
le député que la proportion de 72% de permanents dans le
système francophone après le passage à la classe d'accueil
ait augmenté au cours des dernières années. Je me demande
toujours si la proportion de 30% d'enfants allophones qui choisissaient les
classes d'accueil francophones et de laquelle seulement 70% restaient... Est-ce
que la proportion de 30% de jeunes enfants allophones qui choisissent des
classes d'accueil francophones a été modifiée? Cela, je me
le demande.
Mme Lavoie-Roux: C'est la totalité, moins 10% qui ne sont
pas dans les classes d'accueil de la CECM.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ne faites pas un débat sur une question de
règlement. Vous allez utiliser le temps qui vous reste.
Mme Lavoie-Roux: Je n'en ai plus.
Le Président (M. Cardinal): Oui, il vous reste...
Mme Lavoie-Roux: Ah! oui, j'avais oublié cela. J'y avais
renoncé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, quel est le prochain
intervenant?
M. Charron: Je pense que M. le député de Mont-Royal
va conclure, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Mont-Royal. Encore une fois, ce n'est pas une
réplique, c'est peut-être une conclusion; je n'en sais rien.
M. Ciaccia: J'ai encore un peu de temps et j'aurais voulu
soulever une question de règlement à l'article 96.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, il vous reste trois minutes.
M. Ciaccia: Je demanderais un peu votre indulgence. J'ai
été un peu blessé par les propos du député
de Taschereau qui a interprété mon intervention d'hier. Je
donnais le point de vue malheureusement, cela n'a pas été,
je crois, compris d'un allophone qui considérait pour
lui-même qu'être unilingue était un handicap.
Malheureusement, cela a été interprété comme si je
disais cela pour tous les francophones. Je voudrais corriger cette impression,
je crois que j'ai trop de respect pour les droits individuels, pour les
aspirations linguistiques de tous les groupes pour faire de telles
affirmations.
M. le Président, il faut se rappeler que la langue
française n'est pas ma langue maternelle et, parfois, mes paroles vont
au-delà de ma pensée. Je voudrais rectifier cela. C'est un
désavantage, mais je donnais le point de vue d'un immigrant.
En conclusion, M. le Président, la raison d'amendement, ce n'est
pas une motion dilatoire, je sens trop les besoins des allophones tels qu'ils
les ont présentés à la commission parlementaire. C'est
qu'ils sont contre l'unilinguisme, ils ne sont pas contre la langue
française, ils ne sont pas contre les francophones, mais ils veulent
s'intégrer à la société québécoise
avec tout ce que cela comporte. Il ne faudrait pas croire que, quand on veut
critiquer une politique du Parti québécois, on critique
nécessairement les francophones. J'appuie les propos qui ont
été cités par le député de Gaspé,
venant du président de la communauté polonaise, relativement
à la reconnaissance de l'identité québécoise. La
question est: Comment allons-nous y arriver? Je dis que c'est par incitation,
ce n'est pas par coercition; c'est en comprenant les problèmes des
allophones. Ils ont déjà un désavantage ici c'est
ce que je voulais dire hier et l'unilinguisme, pour eux, ce serait un
double désavantage. Les groupes ethniques on dénoncé le
projet de loi 101 pour les raisons que je viens de vous donner, non pas parce
qu'ils étaient contre le fait français ou contre les francophones
du Québec. Je voudrais en dehors d'un esprit de partisanerie, car
cela est trop important qu'on comprenne cela, M. le
Président.
C'est une mesure transitoire; cela répond aux besoins qu'ils
perçoivent, cela répond aussi aux promesses que le premier
ministre a faites le 25 octobre et à celles du ministre de l'Education,
quand il est allé à Notre-Dame-de-Pompéi, le 7 novembre,
et a promis aux Italiens d'utiliser le recensement de la langue parlée
à la maison comme critère d'admissibilité. Ce n'est pas
une demande de retourner au libre choix, mais c'est une reconnaissance des
besoins que ce groupe, M. le Président,
c'est dans ce sens que j'ai fait cet amendement et j'espère que
c'est dans ce sens que cela sera interprété par les membres de la
commission.
Le Président (M. Cardinal): Merci de votre collaboration,
M. le député de Mont-Royal. Puis-je mettre la motion d'amendement
du député de Mont-Royal aux voix? Non.
M. Grenier: Seulement une minute pour terminer. Peut-être
qu'on pourrait voter, même avant le dîner...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, allez-y.
M. Grenier: ...non pas pour utiliser du temps, bien sûr,
mais pour dire que cette proposition rejoint exactement, on ne peut plus, la
position que j'ai combattue à l'intérieur du bill 63. C'est
exactement sur ce fait-là que j'étais allé voir le premier
ministre du temps pour lui demander d'ajuster cet article, afin que je puisse
voter pour la loi 63. On touche justement à cela, ce matin. Comme vous
voyez, c'est une vieille affaire qui traîne depuis 1969 et qui est
difficilement conciliable...
Le Président (M. Cardinal): Nous traînons
présentement sur l'article 69.
M. Grenier: Oui, aussi. Vous l'avez aussi vécue, cette
période, M. le Président. Je trouve un peu étrange que,
dans les discours purement théoriques, les grands discours, tout le
monde à cette table soit pour la promotion du français mais,
quand on arrive dans les faits, qu'on s'accroche toujours à un article
comme celui-là. Je pense que si on veut l'être en théorie,
il va falloir l'être en pratique aussi. Je pense qu'il n'y a rien, comme
on le signalait, sur ces centaines de petits allophones, mais, finalement, cela
finit par en faire 16 000 et il faut que la loi commence quelque part.
Je pense que c'est le temps qu'on décide que cet article, qui
ressemble étrangement à l'article de la loi 63, qui a
été rejeté par l'équipe libérale, en 1974,
qu'on n'y revienne pas, et je pense bien que ce serait tout à fait dans
l'ordre, que ce qu'on a convenu tout à l'heure, cette erre d'aller
qu'ont les allophones qui arrivent, de s'incorporer à la
communauté canadienne-française, ils n'en exigent pas tant, ils
n'exigent même pas une motion ce matin, puisqu'on dit que, dans ce groupe
bien spécifique, les chiffres sont énormément
changés, depuis la comparution déjà de la CECM de
Montréal. Raison de plus justement de ne pas amener une motion ce matin
pour dire qu'on veut leur donner des droits qu'ils exigeaient il y a cinq ou
six ans et qu'ils ne veulent déjà plus. Je me demande pourquoi on
en donne plus que le client en demande.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! Alors, madame et
messieurs, est-ce que je puis mettre aux voix la motion de M. le
député de Mont-Royal?
M. Grenier: Est-ce qu'on peut voter avant de partir?
Le Président (M. Cardinal): II faudrait voter deux fois.
Il faut suivre la technique. Il faudrait voter sur la motion et voter ensuite
sur tout l'article tel qu'amendé.
Non, on a demandé l'appel nominal.
Vote sur la motion
Le Président (M. Cardinal): Alors, sur la motion de M. le
député de Mont-Royal, je n'ai pas besoin de relire, nous en avons
parlé suffisamment longtemps, je pense, vous m'indiquerez si vous
êtes favorables... Oui, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, est-ce qu'on va faire les
deux votes avant de suspendre?
Le Président (M. Cardinal): Je voudrais tenter de le
faire.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Alors, sur la motion
d'amendement. M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier); M. Morin
(Sauvé), M. Charron (Saint-Jacques)?
M. Charron: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Absolument contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Raynauld (Outremont).
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget).
M. Laurin (Bourget): Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Raquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), absent.
M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mackasey: M. le Président Cardinal, pour.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. Samson
(Rouyn-Noranda), absent.
Le résultat du vote sur la motion d'amendement est le suivant:
Contre: 11; Favorables: 4; La motion est rejetée.
Etes-vous prêts à adopter, en bloc, l'article 69 tel
qu'amendé.
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Demandez-vous un vote ou
si...
M. Ciaccia: Un vote nominal.
M. Charron: Un vote nominal, M. le Président.
Vote sur l'article 69 tel qu'amendé
Le Président (M. Cardinal): Alors, pour l'article 69, tel
qu'amendé à l'alinéa c), vous m'indiquerez si vous
êtes favorables ou défavorables.
M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Favorable.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Charron: C'est l'amendement du ministre de l'Education.
M. Mackasey: Est-ce que c'est un amendement ou une question
de...
M. Charron: C'est de changer les mots "au Québec" de
place. Le député devrait s'en rappeler, il était...
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est un amendement... Si
vous permettez, je peux le sortir de nouveau, c'est au journal des
Débats.
M. Charron: Mais, vous vous rappelez. Ne faites donc pas
exprès pour allonger inutilement... Servez-vous de votre tête
enfin.
Le Président (M. Cardinal): Je vous ai tous
distribué ce texte. Oui, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'était pas présent; c'est parce que
vous avez remplacé M. le député de Jacques-Cartier.
M. Laurin:... au Québec en anglais et qu'il les continue
en anglais à l'étranger, de revenir les poursuivre au
Québec en anglais, lorsqu'il revient. Vous auriez sûrement
voté pour.
M. Mackasey: M. le Président, seulement pour......les
arguments de tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Une minute! On ne s'entend pas sur le vote.
M. Ciaccia: M. le Président, on veut savoir vraiment
pourquoi nous votons. Ce n'est pas pour perdre du temps.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Je vais... Ecoutez!
M. Ciaccia: Est-ce qu'on vote pour l'article 69
globalement...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Un instant, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Pourquoi a-t-il dit ça?
Le Président (M. Cardinal): Je peux vous lire l'article en
entier, si vous voulez.
M. Ciaccia: Non, non.
Le Président (M. Cardinal): Bien, c'est le seul moyen
parce que j'ai distribué, à tous et chacun, le texte de l'article
amendé. Je comprends qu'il y a des remplacements, et je ne voudrais pas
que, sur une question de procédure...
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Cardinal):... l'on retardât un
vote.
M. Ciaccia: Non, M. le Président, ce n'est pas
l'intention. Vous avez fait référence à l'article
69...
Le Président (M. Cardinal): Cela a besoin d'être
très bref, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: ... c). Est-ce que nous votons maintenant sur le
paragraphe c) seulement ou si...
Le Président (M. Cardinal): Non, nous votons sur l'article
69 en entier.
M. Ciaccia: Bon! Très bien! Merci! C'est tout ce que je
voulais savoir, M. le Président. Vous n'avez pas besoin de vous
énerver.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! D'accord! Le tout
sans violence!
Article 69 en entier, mais tel qu'amendé, parce qu'il y a eu un
amendement. Bon! M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)? Absent.
M. Morin (Sauvé)? Absent. M. Charron (Saint-Jacques)?
M. Charron: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Depuis longtemps pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Favorable.
Le Président (M. Cardinal): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), absent.
M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Mackasey: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda),
absent.
Le résultat du vote sur l'article 69 est le suivant: Pour: 9
Contre: 6.
L'article 69 est adopté, et les travaux de la commission sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 3)
Reprise de la séance à 16 h 58
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Messieurs les ministres et députés, si vous voulez bien
regagner vos fauteuils. C'est une nouvelle séance de la Commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications pour
l'étude du projet de loi 101, Charte de la langue française,
après la deuxième lecture.
Je vais faire l'appel des membres de la commission. M. Alfred
(Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier). M.
Charbonneau (Verchères). M. Charron (Saint-Jacques).
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal). M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). M. Laplante (Bourassa). M. Laurin (Bourget).
M. Laurin: Cela va.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mackasey: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Mackasey: Ce nom vous intrigue, M. Cardinal.
Le Président (M. Cardinal): II est aussi difficile de
prononcer mon nom en anglais que de prononcer le vôtre en
français. Sur ce...
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant, si vous le
permettez, je vous donnerai la parole immédiatement après.
Nous commençons cette séance qui se continuera selon et
à la fois, la motion qui vient d'être adoptée en Chambre et
le désir de la commission jusqu'au moment où celle-ci en
décidera. Ce sera une seule séance, de toute façon. Il y
aura ensuite ajournement à demain dix heures, suite à l'avis
donné en Chambre. Sur ce, M. le leader parlementaire adjoint.
M. Charron: M. le Président, autant ne pas faire de
cachotterie à personne et organiser rationnellement la séance de
travail qui débute fort tard pour une séance d'après-midi.
Puisque la motion qui vient d'être votée par l'Assemblée
nous en donne le loisir, je crois que nous en bénéficierons pour
avancer dans nos travaux. Nous ajournerons, vraisemblablement, dans 45 minutes
pour aller participer au vote sur la motion...
Le Président (M. Cardinal): Nous suspendrons.
M. Charron: Nous suspendrons, je m'excuse, M. le
Président, nos travaux vers 17 h 45 pour aller voter sur la motion
présentée par le leader de l'Opposition à
l'Assemblée et nous reprendrons nos travaux de 20 heures à 23
heures ce soir.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, monsieur...
Mme Lavoie-Roux: ...consentement unanime.
Le Président (M. Cardinal): Non, un instant! M. le
député de Saint-Jacques.
Auparavant, je voudrais souligner que je viens d'apprendre du whip de
votre parti que M. Bertrand (Vanier) est remplacé par M.
Vaillancourt
(Jonquière). Je veux le souligner, pour les fins des
écritures.
Vous venez de faire, je ne sais si c'est une suggestion, un voeu ou une
motion, mais, évidemment, c'est à la commission à en
décider, elle est maîtresse de ses travaux. J'aimerais que nous ne
prenions pas de 17 heures...
M. Charron: A décider de cela.
Le Président (M. Cardinal): C'est un peu comme l'autre
soir. Il y a eu une discussion semblable et on aurait pu discuter
jusqu'à 22 heures, pour savoir si nous siégions jusqu'à 20
heures.
Oui, M. le député de Mont-Royal, sur la même
question:
M. Ciaccia: Sur la même question, je voudrais seulement
faire remarquer à la présidence que, d'après la motion que
le leader parlementaire a faite et les explications qu'il a données, il
a dit: La commission décidera elle-même, selon ses travaux. Je me
demande si c'est prématuré. Nous n'avons même pas
commencé et on nous dit maintenant: Nous allons siéger ce soir.
L'implication claire du leader parlementaire était que, le tout
dépendant des travaux de cet après-midi, on déciderait
à 18 heures ce que nous devions faire ce soir.
Si on nous le dit aussitôt que nous entrons ici, il aurait
été mieux de le dire en Chambre, au moins, on aurait su à
quoi s'attendre. Cela aurait été plus honnête, M. le
Président. Franchement!
M. Morin (Sauvé): C'est parce qu'il y a trois
commissions.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas trois
commissions. Il n'y en a que deux. Il n'est pas possible qu'il y en ait trois
pendant que la Chambre siège. Il y a deux commissions qui siègent
cet après-midi et sans doute ce soir.
M. Charron: M. le Président, je pense que je sais...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! J'avais reconnu Mme le député de L'Acadie auparavant
et, tout de suite après, M. le député de
Saint-Jacques.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux quand même
vous donner nos intentions, à ce moment-ci. J'abonde un peu dans le sens
du député de Mont-Royal que ce qui a été dit en
Chambre devient un peu inutile. Je veux quand même vous faire part des
intentions du Parti libéral, pour les articles qui suivent.
Peut-être qu'à ce moment on pourrait voir et ensuite prendre une
décision. Je ne sais pas si votre motion est formelle sur la table.
C'est une autre affaire.
C'était une directive d'ailleurs que je voulais vous demander, M.
le Président. Pour les articles 70, 71, 72, 73, 74, 75, il n'y aurait
que de petites questions d'information que nous aimerions poser. Si on
procédait comme cela, si on peut s'éloi- gner de la formule de
discussion habituelle et simplement poser des questions, ceci à notre
point de vue, pourrait être très court.
Après cela, à l'article 76, nous avons un amendement. Je
crois que le ministre en a un à l'article 77, si je ne m'abuse, si je me
réfère à ce qui a été dit hier soir.
Dans les autres qui suivent, de mémoire, je ne peux pas vous
dire, on a probablement un ou deux autres amendements, mais on n'en a pas avant
76 et on serait bien prêt à procéder rapidement pour se
rendre à 76. Vous nous dites, que selon la façon dont vont se
dérouler les travaux, vous déciderez ce que vous faites
après le souper et vous venez de nous annoncer qu'on siège de 8
heures à 11 heures. On arrivait avec de bonnes intentions et vous nous
donnez un peu une douche d'eau froide.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez juste un très
bref commentaire. C'est la commission qui doit décider, ce n'est pas un
ministre ou un député. J'ai reconnu, dans l'ordre, M. le
député de Saint-Jacques et M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Charron: M. le Président, j'avais essayé de
gagner du temps et on va être obligé d'expliquer encore une fois.
Je prends bonne note des intentions de l'Opposition officielle exprimées
sur les articles auxquels nous sommes arrivés maintenant, depuis que
nous avons disposé de 69. Tant mieux. Je rappelle simplement à
Mme le député que l'article que nous avons pris deux jours et
demi à adopter n'était que le huitième que nous adoptions
dans un projet de loi qui en compte 219. Je n'ai pas besoin d'attendre
jusqu'à 6 heures pour savoir que cette commission a besoin de toute la
latitude que la motion du gouvernement vient de lui offrir. La latitude, ce
serait aux collègues des Affaires municipales qui siègent en
même temps que nous, peut-être, de l'utiliser à
discrétion, mais cela saute aux yeux que, quand on a déjà
pris une semaine, à peu près, de travaux complets cette
commission en est à son sixième jour de travail et qu'on a
adopté huit articles dans un projet de loi qui en compte 219 et que
pareille motion appelle de la latitude, je sais d'avance, je n'ai pas besoin
d'attendre à 6 heures moins le quart pour savoir que j'ai besoin des
trois heures de travail de ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous faites un peu fi de ce que le leader
a dit!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Mégantic-Compton et, ensuite, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Grenier: M. le Président, entre la décision
prise en Chambre et ce qui se produit ici, il y a une marge. Pour nous, quant
au rythme accéléré de la commission, bien sûr, en
principe, il n'y a pas un député qui va dire qu'il est contre
parce qu'il y a des journalistes qui assistent à la séance. En
pratique, on se rend compte que les moyens adoptés
sont des moyens de bulldozer et on aurait aimé le savoir avant.
Quand on voit qu'on a perdu une soirée, comme on en a perdu une hier
soir, parce que le gouvernement ne réussit pas à déposer
ses amendements...
M. Guay: Ils sont devant vous.
M. Grenier: ...qu'on perd son temps comme on l'a fait hier soir
à discuter d'une motion qui aurait peut-être dû être
retirée au tout début et qu'on a perdu presque trois heures
à discuter d'une motion proposée qui avait sa place, à mon
sens, celle du député de L'Acadie, c'est difficile d'arriver le
lendemain et de demander la collaboration de tout le monde, c'est-à-dire
reprendre encore à 17 heures et de siéger, comme on le propose,
jusqu'à 20 heures.
Personnellement, je trouve que les offres qui nous ont été
faites en Chambre... Puisqu'on arrive ici, j'aurais voulu qu'on avance, qu'on
se dirige vers des articles et qu'on décide, avant le souper, ce qu'on
va faire après.
S'il y avait lieu, encore une fois, que le gouvernement nous dise vers
quoi il se dirige, il me semble qu'on travaillerait plus clairement. Qu'on ait
sur la table des propositions sur lesquelles les partis de l'Opposition
puissent se pencher pour faire avancer les travaux.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, et ensuite M. le député de
Mont-Royal.
M. Mackasey: Je partage, M. le Président, un peu les
sentiments du ministre, le député de Saint-Jacques, dans le sens
que je pense qu'on ne fait pas beaucoup de progrès sur le projet de loi
101. C'est peut-être parce qu'on commence chaque séance dans une
atmosphère positive, mais, après deux ou trois minutes, nous
sommes devenus des adversaires comme si on était dans un débat
à l'Assemblée nationale. C'est vraiment la forme pour faire les
débats...
Nous sommes ici pour améliorer un projet de loi. J'ai toujours
été prêt à accepter les amendements, qu'ils viennent
de l'Union Nationale, du gouvernement, ou du ministre, si, à ma
connaissance, c'est pour l'amélioration du projet de loi. Je n'ai jamais
vu une loi tellement parfaite qu'il n'était pas nécessaire
d'aller en commission pour y faire des améliorations, y apporter des
précisions. C'est mieux qu'on prenne un peu plus de temps sur quelques
articles de la loi pour prévenir les injustices prévues par
personne et que personne ne désire, certainement pas le ministre. La
conséquence de cela, c'est de revenir avec un bill qui est embarrassant
pour tous les ministres, je le sais par expérience. Cela arrive.
Le but de notre commission, c'est de travailler ensemble, autant que
possible. Je ne peux pas dire que nous ne sommes pas d'accord, de temps en
temps, sur l'interprétation d'un article, mais j'ai pris de bonne foi
les déclarations du leader du gouvernement, cet après-midi, et
j'ai essayé, justement, pour ne pas venir discuter trop longtemps ici ou
travailler sur le bill...
Ce que vraiment le leader du gouvernement voulait dire? J'ai
essayé, à deux ou trois reprises, de lui poser une question dans
ce sens, quand il parlait des commissions, si on allait siéger ce soir,
entre 5 heures et 8 heures ou de 8 heures à 11 heures, je me demande si
vraiment le leader avait même la permission ou le droit, et vous
êtes plus savant que moi dans les règlements, s'il avait le droit,
dis-je, de céder ce pouvoir à la commission qui, normalement,
devrait être décidé à l'Assemblée nationale.
C'est la première question que je voulais lui poser.
Deuxièmement, quand on parle de commission, on est aussi bien de
parler du gouvernement dans le sens que nous ne sommes pas majoritaires. Nous
sommes minoritaires. Je voulais demander au leader du gouvernement, qui est un
homme raisonnable, s'il prend vraiment en considération les heures,
surtout pour mes collègues qui ont siégé le lundi, le
mercredi, etc., qu'au moins la décision selon laquelle on siège
ou pas soit prise par un vote unanime. Sinon, le point de vue de l'Opposition
ne vaut pas grand-chose.
Nous sommes minoritaires et si, par exemple, le gouvernement dit que si
nous sommes de bons amis, si nous passons onze, douze, treize articles,
peut-être qu'à 6 heures, on va songer à nous
récompenser comme des enfants d'école avec un congé ce
soir. Cela ne va pas. Je pense que cela ne crée pas l'atmosphère
qu'on désire. Quand arrive le temps de décider si on travaille
entre 5 heures et 8 heures, si on ne travaille pas du tout ce soir, ou si on
travaille de 6 heures à 11 heures, cela prendrait une motion. Cette
motion, on peut la discuter. J'espère que ce n'est pas
nécessaire. J'espère vraiment qu'on peut avancer sur...
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, justement, comme
président je suis présentement très mal à l'aise.
J'ai maintenant devant moi une motion formelle, rédigée par
écrit, conformément au règlement. Nous pouvons, vous
pouvez discuter de cette motion, en vertu de l'article 160, et nous pouvons
perdre tout le temps à décider de cette motion. Vous avez raison,
dans un sens, il est bien évident que lorsqu'elle ira au vote, la
majorité en décidera, comme c'est la règle. Cela aurait pu
se faire à l'Assemblée nationale. Le leader parlementaire a
décidé de remettre cette décision à la commission,
probablement ce n'est pas une imputation d'intention pour que
l'Assemblée puisse continuer ses travaux.
Je puis tout simplement faire un appel aux membres de la commission pour
qu'une décision soit rapidement prise à ce sujet, mais les
membres de la commission ne sont pas liés par mon appel, et je n'ai pas
l'intention de faire un discours qui prendrait le temps des
députés de la commission, mais je vais immédiatement lire
la motion qui est devant moi. Je dis tout de suite, parce que je ne veux brimer
aucun droit, que j'ai reconnu ensuite M. le député de Mont-Royal
et Mme le député de L'Acadie.
Or, la motion de M. le député de Saint-Jacques se lit
comme suit: "Que la commission
suspende ses travaux de 18 heures à 20 heures et reprenne ensuite
ses travaux de 20 heures à 23 heures."
Sur cette motion, et rien d'autre, M. le député de
Mont-Royal.
M. Mackasey: Notre-Dame-de-Grâce, je pense.
M. Ciaccia: II n'avait pas terminé, excusez. Le
Président (M. Cardinal): Bien, monsieur...
M. Mackasey: Je vous ai posé une question, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: ... c'est seulement pour une information, parce que
vous savez plus que moi, avec votre expérience à
l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mackasey: Vous n'avez pas coupé...
Le Président (M. Cardinal): Non, j'aimerais bien
comprendre le député de Notre-Dame-de-Grâce, et j'aimerais
que les autres députés écoutent pendant que le
député de Notre-Dame-de-Grâce s'exprime.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je vous remercie, M. le Président, parce que
les règlements de l'Assemblée nationale sont ceux de
l'Assemblée nationale et ils sont peut être un peu en variation
avec les règlements, mais probablement que c'est mieux pour
l'Assemblée nationale. Alors, je prends votre conseil.
Il me semble que, pour les parlementaires, la jurisprudence, c'est
très important, et je pense que nous sommes en train de créer de
la jurisprudence ici. Dans ce sens, M. le Président, je n'ai aucune
autre objection à ce qu'on crée de la jurisprudence par une
décision prise ici, que ce soit...... parce que, sans doute, ce sera la
base des décisions à l'avenir.
Vous savez mieux que moi qu'il y a l'article 150, qui est un petit peu
ambigu, et que nous sommes en train, à l'heure actuelle, de discuter,
n'est-ce pas?
Partant de l'article 150 du règlement, qui est ambigu, ce n'est
pas la faute du président, c'est la faute du député, c'est
à lui de clarifier ce qu'il voulait dire par l'article 150, il
cède quand même le pouvoir au leader du gouvernement, selon
l'article 150; il est peut-être défectueux, non pas par la faute
du président, encore une fois, de dire: On va siéger...
Le gouvernement, malgré les autres lois, a le droit de
décider par... malgré les autres lois, peut décider si une
commission va siéger en dehors des heures régulières, mais
aujourd'hui, le leader du gouvernement a cédé ce pouvoir...et
même, nous ne sommes pas tout à fait d'accord sur sa façon
de procéder... Il cède à la commission...
Il me semble que c'est un geste complètement en dehors et
illégal. Le précédent est qu'à l'avenir, une
commission, sans les instructions implicites de l'Assemblée nationale,
puisque cette jurisprudence, décide elle-même... la
majorité peut elle-même décider de siéger samedi,
dimanche, lundi soir, au mois de novembre, à Noël, si vous voulez,
du moment qu'on a établi ici une autre méthode de décider
si...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, demandez-vous une directive ou parlez-vous sur la
motion?
M. Mackasey: ...je ne faisais que poser la question. On n'a pas
encore discuté de la motion. Même la motion... quand j'ai
commencé à parler, mais le président est au courant de
cela et il dit cela en vérité...
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi je vous pose la
question.
M. Mackasey: Si vous voulez que je commence par une
question...
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Mackasey: ...je laisserai commencer un autre et je prendrai
mes 20 minutes tout à l'heure.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, vous m'avez
posé une double question. Je répondrai... Je vais tenter d'y
répondre brièvement la question est longue en trois
points. Premièrement, le règlement prévoit que la
commission est maîtresse de ses travaux dans les limites d'un ordre de la
Chambre, des règlements et des usages.
Or c'est le deuxième point les usages dans le
passé... Lorsque les commissions parlementaires ont commencé en
1968, l'ordre de la Chambre était plutôt vague et les commissions
décidaient de leurs heures de séance, non pas de leurs jours de
séance, parce que chaque jour constitue en soi une séance et
même, parfois, deux séances.
Deuxième point. Il est exact que, pendant que vous me demandez
cette directive, à l'Assemblée nationale, l'on discute d'une
motion de M. le député de Laval à savoir si l'article 150
doit être modifié pour indiquer que les commissions
siégeront à certaines heures fixées dans cette motion. Je
ne veux pas préjuger du vote qui sera pris vers 17 h 45.
Le troisième point, c'est qu'il y a eu une motion
d'adoptée à l'Assemblée nationale il y a quelques minutes
et, à ce moment-là, comme président, quels que soient mes
impressions, mes intentions ou mes désirs, je suis lié par cette
motion qui nous dit deux choses: que nous devions commencer à
siéger immédiatement, ce que nous avons fait, et que la
commission elle-même déciderait si, à 18 heures, elle
suspendrait ses travaux
ou si, à 18 heures, elle continuerait ses travaux ou si, à
18 heures, elle déciderait de siéger dans la soirée.
Ma directive est que la commission est liée par cette motion
adoptée par l'Assemblée nationale et que nous devons maintenant
discuter de la motion de M. le député de Saint-Jacques, selon
laquelle nous siégerions jusqu'à 18 heures, suspendrions à
18 heures, reprendrions les travaux à 20 heures jusqu'à 23
heures. Maintenant, j'aimerais que nous parlions de la motion.
M. le député de...
M. Mackasey: Est-ce que la motion est recevable? C'est ce que je
veux savoir.
Le Président (M. Cardinal): La motion est certainement
recevable, en vertu du mandat que nous avons reçu de l'Assemblée
nationale.
M. Mackasey: De l'Assemblée nationale ou du leader du
gouvernement?
Le Président (M. Cardinal): Non, de l'Assemblée
nationale. Je m'excuse. Je viens de rendre une directive suite à votre
question. J'ai dit que nous étions...
M. Mackasey: Je pose une question. J'ai seulement... Ce n'est pas
vous.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Paquette: Ne soulevez pas un débat! Vous n'étiez
pas là.
Le Président (M. Cardinal): J'ai dit que nous
étions liés par un vote pris à l'Assemblée
nationale. M. le député de Mont-Royal avait demandé la
parole sur la motion.
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Cardinal): Vous cédez votre droit
de parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys ou de
L'Acadie?
M. Lalonde: M. le Président, je ne comprends pas le
gouvernement à ce stade-ci. Nous sommes arrivés ici à 17 h
15, nous sommes arrivés ici pour discuter des articles, d'après
ce qu'on m'a dit...
Le Président (M. Cardinal): A 17 h 13.
M. Lalonde: Oui, à 17 h 13. On m'a dit j'ai
été absent ce matin, je devais aller à la commission
parlementaire de la justice sur un autre projet de loi on m'a dit que
l'article 69 était adopté ou enfin qu'on a disposé d'un
dernier amendement que nous avions.
Mme Lavoie-Roux: II a été adopté.
M. Lalonde: Le député de L'Acadie a
déjà indiqué qu'on n'a pas de problèmes majeurs,
qu'on n'a pas d'amendements à proposer aux articles 70 à 76, je
pense, exclusivement, et, tout à coup, il semble que, lorsque le
député de Saint-Jacques s'occupe de procédure, on
s'embourbe quelque part. Qu'on se souvienne du retrait du projet de loi 1.
Pourquoi si c'est le désir du gouvernement de nous faire siéger
ce soir, ne pas l'avoir dit en haut? C'est aussi simple que cela. Nous, nous ne
voulons pas siéger le mercredi soir, on l'a dit depuis le début.
Alors, qu'on ne nous le demande pas. C'est non. Si on avait au moins vu que les
travaux étaient embourbés, et qu'aux articles 70 et 71, on
traîne une heure là-dessus, ou une demi-heure, là, on
aurait pu dire: On ne va pas assez vite, on va siéger ce soir. Mais on
n'a même pas eu la décence d'attaquer l'article 70 après
notre indication, notre volonté, notre intention d'étudier
l'article 70, de faire avancer ce projet de loi. L'article 69, on le sait, est
un article extrêmement controversé et on en a disposé
après plusieurs heures de débat et sans aucun
sous-amendement.
Mais, M. le Président, on nous demande actuellement de perdre le
temps précieux de cette commission et de tous les gens qui sont ici pour
discuter simplement d'une motion pour ajourner les travaux à 20
heures.
M. Paquette: Arrêtez d'en parler. M. Guay: Arrêtez
d'en perdre.
M. Lalonde: Nous ne comprenons pas ce que vous avez dans la
tête.
Une Voix: Pour rétablir les faits...
M. Lalonde: Etudions la loi.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde: Etudions la loi, et si vous nous demandez...
M. Paquette: Adoptons la motion, et je vais vous le dire dans
deux minutes.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Tout le monde.
M. Guay: Le "filibuster" est-il commencé?
M. Lalonde: Ce n'est pas un "filibuster". M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, et les autres, à l'ordre,
s'il vous plaît! Ecoutez, je sais à quoi m'attendre ce soir. Par
conséquent, vous pouvez chacun prendre votre stratégie, ce n'est
pas à moi à vous donner des conseils, mais je voudrais que l'on
discute de la motion. C'est ce que fait présentement M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Il a le droit, en le faisant,
d'attaquer le gouvernement. C'est la règle du jeu, et je voudrais qu'on
lui laisse la parole.
M. Lalonde: M. le Président, cela peut être aussi
une manoeuvre. Naturellement, avec ce gouvernement de scénario et de
parade, on sait très bien qu'on va tenter de démontrer que ces
vingt minutes pendant lesquelles nous allons nous opposer à
l'ajournement des travaux à 20 heures... on va dire que c'est un
"filibuster". On connaît le député de Taschereau. Hier
soir, par sa brillante intervention, après mon discours, on s'en
souvient... On veut démontrer qu'on fait un "filibuster" simplement
parce qu'on va s'opposer pendant quelques minutes à une motion qui n'a
pas de bon sens.
M. le Président excusez-moi si je vous appelle Mme, je
viens de parler à une Mme le Président en haut c'est
clair, nous n'avons jamais consenti à siéger le mercredi soir.
Nous l'avons fait, forcés par le gouvernement. Nous avons accepté
pour les lundis. Nous avions même voté pour siéger le
lundi, mais pas le mercredi soir, et pour des raisons qui sont connues et qui
sont fort traditionnelles.
Je sais qu'on va tenter de démontrer que l'Opposition officielle
fait un "filibuster". Imaginez-vous! Il faudrait quand même que les
députés ministériels aillent à l'école.
Qu'ils demandent au député de Saint-Jacques ce que c'est qu'un
"filibuster". Lui, il le sait. Lui, il en a fait. Lisez les Débats au
moins, si vous n'avez pas eu le bonheur de l'entendre, parce que je vous dis
qu'il faisait cela très bien, sûrement, et je lui rends
hommage.
M. Charron: Merci beaucoup.
M. Lalonde: J'ai appris, à relire les débats sur la
loi 22, que je n'ai pas suivis, seulement pour savoir comment ne pas faire un
"filibuster".
Le député de Saint-Jacques sait comment se fait un
"filibuster". Je suis convaincu que les gens ne se laisseront pas prendre par
ce nouveau scénario d'un gouvernement d'images, d'un gouvernement de
parade, d'un gouvernement de pirouettes.
M. Guay: Comment va Bourassa de ce temps-ci?
M. Lalonde: M. le Président, je ne voterai pas en faveur
de cette motion, pour travailler à l'étude de ce projet de loi ce
soir, de 20 heures à 23 heures.
M. Paquette: Auriez-vous voté pour en Chambre?
M. Lalonde: Je ne voterai pas. C'est le choix du
gouvernement.
M. Paquette: Auriez-vous voté pour en Chambre?
M. Lalonde: Le gouvernement a choisi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de
Rosemont, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Je n'aurais pas été appelé
à voter pour parce qu'une motion...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'on pourrait au moins, pendant que le président
parle, le laisser parler? M. le député de Rosemont a le droit de
vous poser une question. J'ai le droit de dire si vous allez lui
répondre ou non.
M. Lalonde: Je vais répondre, M. le Président. Je
pense que sa question n'est pas pertinente. Je ne veux pas dire impertinente.
Elle n'est pas pertinente dans le sens et le président pourra me
corriger que pour faire siéger la commission ce soir, cela aurait
pris un avis du leader et non pas une motion. La motion, c'est seulement pour
faire siéger la commission pendant que la Chambre siège, alors
qu'un avis dit simplement... Donc, je n'aurais pas été
appelé à voter sur un avis du leader du gouvernement.
M. le Président, c'est clair. Nous voulons avancer.
Nous aurions espéré que le gouvernement prenne les 45
minutes qui nous ont été offertes par l'Assemblée
nationale, presque unanimement, je crois, pour étudier le projet de loi,
article par article, au lieu de transporter le débat sur les travaux de
la Chambre ici, à cette commission, alors qu'on a autre chose à
faire.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement dire
que, moi non plus, je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je suis
arrivée ici immédiatement, je vous ai demandé la parole
avant même que qui que ce soit ouvre la bouche pour vous faire
connaître les intentions de l'Opposition officielle de procéder,
pour voir où nous nous rendrions. Pour moi, il n'y avait aucune
objection, pour autant que l'Opposition officielle était
concernée, il n'y avait pas de difficulté à accepter les
articles 70, 71, 72, 73, 74, 75 avant le souper et, à ce moment, on
aurait pu décider si nous continuions après le souper.
M. Charron: Madame, me prenez-vous pour un enfant de la
dernière pluie?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Pendant ce temps, que fait le
député de Saint-Jacques? Il nous dit: Je n'ai pas besoin d'avoir
votre avis, je sais qu'il faut qu'on siège après le souper.
Quelle est la comédie qu'on a faite en haut en disant à la
commission de décider ce qu'elle va faire, alors que vous venez nous
dire: Je n'ai pas besoin de connaître votre avis, je sais qu'il faut
qu'on siège après le souper? Et il
s'efforce de dire: Cela fait une semaine qu'on est à l'article
69. D'abord, première des choses, si vous aviez été ici
plus souvent, cela ne fait pas une semaine qu'on est à 69 et vous savez
fort bien que c'est l'article noeud et l'article le plus important de toute
cette loi. L'article le plus controversé, nous l'avons adopté ce
matin et nous étions prêts à continuer. Je vous ai
parlé d'une motion à l'article 76 que nous aurions faite et qui,
je pense, n'aurait pas suscité non plus de longues discussions. A ce
moment, nous serions arrivés à l'article 77 et c'est le ministre
de l'Education qui, je pense, veut présenter un amendement. Je trouve
qu'essayer de déplacer d'un endroit à l'autre ce genre de
discussion, pour ensuite nous en faire porter l'odieux, ce sont des manoeuvres
qui ressemblent à celles qu'on a vues il y a à peu près
trois semaines.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal et ensuite M. le député de Rosemont.
M. Ciaccia: M. le Président, le leader parlementaire nous
a clairement laissé entendre, il nous a dit que nous allions commencer
à siéger et, selon le déroulement des travaux de la
commission, la commission prendrait la décision de siéger ou de
ne pas siéger ce soir. Je m'attendais, M. le Président, de venir
ici et de commencer à discuter des articles, en commençant avec
l'article 70. Nous avions pleinement l'intention, comme le député
de L'Acadie l'a dit, de poser quelques questions on n'a pas d'amendement
et de passer aussi vite que possible sur les articles qui ne sont pas
controversés.
M. le Président, même avant qu'on commence la discussion
d'un article, on nous annonce qu'on fait une motion pour siéger ce soir.
M. le Président, le gouvernement agit ici de mauvaise foi. C'est
vraiment de la mauvaise foi que de nous avoir laissé entendre en Chambre
que cela dépendait de notre bonne foi. Le public, les gens qui ont
entendu le leader parlementaire, quand ils sauront qu'on siège ce soir,
que diront-ils? Ils diront: Encore les libéraux, c'est la faute des
libéraux qui n'ont pas voulu faire que les travaux se déroulent
convenablement et le gouvernement a été obligé de
siéger. Ce n'est pas cela du tout et c'est pour cela qu'on l'explique.
Quand on explique un geste du gouvernement, immédiatement, on se fait
accuser de "filibuster". Ce n'est pas juste, M. le Président, je ne peux
pas accepter cela et je dois protester contre cette façon d'agir, contre
cette façon de nous bousculer, de nous pousser et d'essayer de nous
prêter des intentions et des actes que nous n'avons pas. Le
député de Saint-Jacques nous accuse et nous dit qu'on a
passé une semaine sur huit articles.
M. le Président, franchement, en anglais on dit: "The pot calls
the kettle black". Parce que c'est le député de Saint-Jacques qui
avait, je crois, avec ses collègues, passé deux semaines sur un
article concernant la loi 22.
On a quand même, sur des articles fondamentaux comme les articles
1 à 6, les droits fondamen- taux dont le gouvernement nous a dit
clairement qu'il était important de discuter, même avant de
discuter de la langue d'enseignement... Nous les avons passés ces
articles et je veux rappeler que nous avons voté pour. Nous avons eu
certaines questions; nous avons soulevé certains points d'ordre
technique, mais les principes et les articles eux-mêmes, nous avons
voté pour. Quand nous sommes venus à l'article 69 qui est un
article fondamental et important qui va décider des droits des citoyens
du Québec, et qui va décider qui peut aller à certaines
écoles ou non et qui va affecter les communautés et les groupes
ethniques, les minorités, les collectivités au Québec; on
ne peut pas nous accuser d'avoir pris trop de temps pour discuter de cet
article.
Si on n'en avait pas discuté, le gouvernement nous aurait
accusé d'irresponsabilité et nous ne sommes pas
irresponsables.
M. Guay: La pertinence du débat, M. le
Président.
M. Ciaccia: Nous avons apporté des arguments fort valables
et si nous avions voulu faire un "filibuster", on aurait pu faire d'autres
amendements à l'article 69; nous serions encore à l'alinéa
a). Ce n'est pas cela notre intention, mais je m'oppose à la
façon d'agir du gouvernement qui essaie de toujours nous faire porter
l'odieux, de démontrer de la mauvaise foi, de ne pas nous donner
l'occasion de vraiment être positifs et de travailler au
déroulement de cette commission dans une atmosphère plus
détendue que celle que le côté ministériel essaie de
créer et de, clairement, aller à l'inverse, à rencontre,
à l'opposé total de ce qu'a dit le leader parlementaire, de ce
qu'il nous avait laissé entendre.
Même le député de Notre-Dame-de-Grâce
je pense qu'il va revenir là-dessus voulait poser une question au
leader parlementaire. Nous autres, on lui a dit: Non, laisse faire. On est de
bonne foi, on présume de la bonne foi; on va discuter et, à 18
heures, on va déterminer si nous n'avons pas fait assez de
progrès.
M. le Président, je ne peux pas accepter la façon d'agir,
la méthode que les ministériels essaient de nous imposer.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Rosemont auparavant, et ensuite M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Paquette: M. le Président, ce sera très bref,
parce que je n'ai pas l'intention d'alimenter ce débat stérile.
On nous prête toutes sortes d'intentions, c'est une chose que je
déplore à cette commission. On a toujours je le dis pour
les deux côtés de la table l'impression que l'autre a les
plus sombres desseins. Tel n'est pas le cas, M. le Président.
Lorsque le leader du gouvernement a proposé sa motion pour
laisser la commission décider de ses heures de travail, la situation
était différente; nous ne savions pas, à ce
moment-là, qu'on allait
avoir seulement une demi-heure, et il reste actuellement dix
minutes.
M. Ciaccia: II le savait, il était 17 heures quand il a
fait sa motion.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre! M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Je vous réaffirme qu'à ce
moment-là, ces faits n'étaient pas connus du leader du
gouvernement. On ne pensait pas n'avoir qu'une demi-heure pour discuter des
articles du projet de loi. Il reste actuellement dix minutes. Si vous
suggérez pourquoi on n'a pas commencé à étudier les
articles pour attendre et pour savoir si on allait continuer ce soir, la raison
est bien simple, et elle est éloquente, avec tout ce débat. Si on
avait attendu à 6 heures moins 10, vous savez très bien que si le
débat se poursuit, même à 6 heures moins quart, on ne
pourra pas siéger ce soir. Nous voulons donner la chance à tous
les partis de faire le meilleur travail possible sur ce projet de
loi-là. C'est pourquoi nous avons voulu faire ce débat sur le
fait de siéger ce soir dès le début, dès la
rentrée, quand on a vu qu'il ne nous resterait pas assez de temps. Je
pense que si le Parti libéral ne cesse pas ses interventions, c'est la
dernière que je ferai, on a encore 10 minutes, rendu à 6 heures
moins quart, c'est fini, on ne siégera pas ce soir. On ne siégera
pas ce soir, mais on va perdre énormément de temps et on va avoir
un projet de loi moins efficace, moins valable que ce qu'on pourrait faire si
on se mettait tous ensemble à travailler là-dessus ce soir. C'est
bien clair. Il n'y a pas de mauvais desseins de la part du gouvernement et je
vous conjure d'arrêter de parler de cette motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: II y a des paroles sages qui viennent de sortir de la
bouche du député de Rosemont, peut-être pas dans le sens
qu'il les entendait. Si on voulait "désassombrir" ces noirs desseins, je
pense que ce soir serait peut-être une soirée de relâche
pour permettre au gouvernement de nous donner demain matin ses amendements et
qu'on arrête de perdre du temps ici à cette table. Je l'ai dit
tout à l'heure un peu en vitesse, on a passé hier soir trois
heures à débattre une motion qui était des plus
justifiées, proposée par le député de L'Acadie,
qu'on a appuyée, pour apprendre qu'il y aurait un amendement dont on
connaît très peu la teneur, qui sera proposé à
l'article 77 et qui pourrait venir répondre partiellement à ce
que...
Le Président (M. Cardinal): Madame, à l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je pense que la sorte de débat qu'on tient
à cette table, inutile de se le cacher, tout le monde le sait
d'après les procédures, cela ne pourra pas durer après 6
heures moins quart. C'était pourtant l'intention du gouvernement de nous
faire siéger ici jusqu'à 6 heures et, ce soir, nous permettre de
faire autre chose. Mais cette espèce de rouleau compresseur qu'on met
sur la commission de l'éducation, je pense que ce n'est pas d'un
gouvernement responsable d'agir ainsi. J'ai vu le premier ministre nous
déclarer, avant de partir en vacances, que ce n'était pas trop de
travailler dix mois par année. J'ai à répondre
là-dessus que ce n'est pas dix mois, c'est douze mois par année
que je travaille. A partir de là, on nous fait travailler le lundi
matin, et je me souviens de ce qui s'est passé ici lundi matin. Notre
parti avait voté contre le fait de siéger le lundi. On arrive ici
et c'est l'Opposition qui a composé le quorum. Voici à quelle
heure les gens de la grosse batterie sont arrivés ici. Le ministre
responsable du dossier est arrivé ici à 10 h 5 au moment du
début de la commission. Le leader parlementaire qui composait la
commission est arrivé ici à 10 h 45 et le ministre de l'Education
qui composait la commission est arrivé ici à midi moins cinq.
M. Guay: La pertinence du débat, M. le
Président.
M. Grenier: Oui, M. le Président, la pertinence du
débat pour savoir si on siège ici ce soir.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Cela fait deux fois qu'on invoque cette question. J'avoue que je
suis très malheureux de parler de la pertinence du débat.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cela sent
l'irresponsabilité de la part du gouvernement. On dirait qu'on a appris
des anciens gouvernements, tant le nôtre que le libéral. On a
peut-être appris dans le passé que cela devait se faire ainsi a la
fin des sessions, employer un rouleau compresseur. Depuis que ce gouvernement
est élu, on nous dit qu'il faut changer des choses.
C'en est une que je suis d'accord pour changer. C'en est une chose qu'on
doit changer, de mettre des rouleaux compresseurs à la fin de
l'année et d'arriver ici avec des lois qui sont importantes, de vouloir
faire travailler les gens 18 heures par jour. Quand j'ai travaillé... M.
le Président, je suis parti de chez nous le lundi matin à 5
heures et je travaille le soir jusqu'à minuit ici, à
Québec. On n'arrête pas le mercredi soir et on veut nous faire
siéger jusqu'au samedi soir. C'est inhumain. Le mercredi soir... je me
suis opposé en Chambre... S'il y avait eu un vote en Chambre, j'aurais
vote contre. Je n'ai pas honte d'expliquer ça à mes
électeurs, chez nous. Je n'ai pas honte d'expliquer à mes
électeurs que le lundi on doit être au bureau pour les rencontrer,
quand le rouleau compresseur du gouvernement nous dit qu'on doit être ici
pour siéger à la commission de l'éducation. Cela se dit...
Ah! On parle toujours devant les journalistes: II faut cacher ça. Il
faut donner l'impression qu'on travaille. C'est la malhonnêteté
des hommes
qui sont depuis trop longtemps en politique, ça. Je vais vous
dire honnêtement: On fait des journées de fous ici à
Québec. Si on veut "se ressourcer" un peu, il faut se reposer de temps
en temps. Hier soir, j'ai terminé à minuit, comme la plupart des
gens qui sont ici. Ce matin, à 8 heures, il fallait être sur la
"go" et repartir. Demandez ça à un homme d'être capable de
fournir, de donner et de donner des six jours par semaine, à part ce qui
l'attend dans son comté en fin de semaine.
Une Voix: Cela se fait.
M. Grenier: Si les députés qui siègent
à cette commission et, qui sont des députés de la ville de
Montréal, par exemple, ont besoin d'une secrétaire pour trois
députés parce qu'ils n'ont pas de travail d'administration, nous,
on a besoin de trois secrétaires par député, ce qui est
l'inverse. Il y a cet aspect à ne pas négliger non plus.
Arriver ici avec un rouleau et nous dire: Vous siégez le mercredi
soir et vous siégez le lundi matin, on a la majorité et on va le
passer... Si cela s'était passé en Chambre, j'aurais voté
contre, et je vous le dis, j'aurais demandé à mon parti de voter
contre cette motion.
On a besoin de "se ressourcer" de temps en temps. On a besoin de se
reposer quelques heures aussi, même si ça presse, et même si
le gouvernement veut adopter cette loi 101 pour se donner trois ans pour la
faire oublier, parce qu'il sait que les électeurs ne seront pas
satisfaits. Ce n'est pas une raison quand même pour faire mourir le monde
de la commission. C'est de l'amateurisme, de l'irresponsabilité. Les
visiteurs qui sont ici, qui viennent nous voir discuter, nous voir perdre une
heure autour de la table, vont se rendre compte que mon intervention a pas mal
de bon sens.
M. Paquette: ...dossiers...
M. Grenier: M. le député de Rosemont, vous viendrez
me montrer les dossiers de votre comté et je vous montrerai les miens.
Vous verrez que j'ai autre chose à faire, moi, que de siéger
autour de la table de la commission de l'éducation...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre!
M. Grenier: ...aussi. Je dois remplir mon mandat de
député.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre! Là, vraiment, ce n'est plus dans la
pertinence du débat.
Est-ce que le député de Mégantic-Compton a
terminé?
M. Grenier: Non, une minute seulement. Le Président (M.
Cardinal): Bon! D'accord!
M. Grenier: Je voudrais dire au gouvernement, ce soir, de
s'asseoir avec ses membres, de tenir un caucus avec les membres de la
commission et de nous donner, demain matin, les amendements...
Le Président (M. Cardinal): Sauf le président.
M. Grenier: Pas le président. Non, M. le Président,
vous n'êtes pas témoin de ça, vous. Sauf vous, M. le
Président, mais que les autres membres de la commission de
l'éducation s'asseoient ce soir et nous les produisent, les amendements,
et c'est là que cela va être efficace; c'est là que le
gouvernement va être transparent, comme on doit s'y attendre depuis qu'on
siège ici.
On nous dit que c'est un gouvernement transparent, qu'on nous
dépose les amendements pour qu'on sache où on s'en va de ce
côté-ci de la table. On a fait connaître les nôtres et
on n'a pas eu honte. On les défend à mesure qu'ils arrivent. A
chacun des articles, on défend nos amendements dans le livre bleu. Que
le gouvernement fasse donc la même chose.
M. Guay: ...
M. Grenier: Je parle au gouvernement aussi. Pourquoi ne les
dépose-t-on pas du côté du gouvernement? Est-ce
irréel et insensé ce que je demande? Cela se justifie-t-il?
Demandez donc aux gens de la presse qui sont ici? Demandez donc aux gens
qui sont de l'autre côté de la barrière ici? Demandez-leur
donc s'ils ne seraient pas intéressés à connaître
les amendements que le gouvernement a envie d'amener à sa loi? Il nous
en promet des substantiels. Est-ce que ce ne serait pas jugé bon de
connaître cela? Pour des gens qui sont des élus du peuple, on n'a
rien pour travailler. On ne les a pas encore produits et on va les donner au
compte-gouttes, ces amendements.
M. Charron: M. le Président...
M. Grenier: Je vous dis une chose. J'aimerais bien qu'on en
vienne...
M. Paquette: On peut vous les donner, mais si on siège ce
soir.
M. Grenier:... à déposer ces amendements et qu'on
nous permette de travailler ici avec tous les outils dont on a besoin.
J'ai terminé.
Le Président (M. Cardinal): M. le député "de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Pour continuer dans le même sens que tout
à l'heure, ce n'est pas seulement, pour moi, la question de la Charte de
la langue française. Vous savez, la semaine prochaine ou dans deux ou
trois semaines, la Charte de la langue française sera adoptée
avec ou sans amendement et, quand une minorité prend avantage des
règlements pour faire du "filibuster", le gouvernement a toujours
à sa disposition la motion de
clôture dont on se sert souvent au Parlement d'Angleterre. Mais,
pour moi, il y a une chose plus importante. Il est sûr que je ne suis pas
le seul membre de la commission qui pense que le problème de la Charte
de la langue française, pour moi, est moins important que le processus
parlementaire.
Je pense que je partage un peu avec vous ces sentiments. Que l'avenir du
Québec soit dans la Confédération ou que le Québec
soit indépendant, il faut avoir un système de travail. Il faut
avoir une procédure pour protéger la minorité,
l'Opposition, même s'il n'y a qu'un ou deux députés dans
l'Opposition, comme c'est arrivé en Alberta et dans d'autres
provinces.
Si nous n'avons aucun respect pour le processus parlementaire, le
système parlementaire, malheureusement, cela n'existe plus et là,
nous aurons un gouvernement qui va faire ce qu'il veut, quand il veut.
C'est pour cela que j'insiste. Ce n'est pas parce que je ne veux pas
travailler ce soir. J'insiste sur le fait que si vous voulez dans notre
Parlement une opposition efficace, que ce soit une opposition de cinq membres,
trois membres, cinquante membres, il faut avoir des règlements, et,
autant que possible, que ces règlements soient là pour faire
respecter les droits des individus élus comme tous les autres pour
représenter un tel nombre de concitoyens de toute expression et de toute
philosophie. Alors, M. le Président, il est important pour moi à
chaque occasion où cela se présente à la commission et
même à l'Assemblée nationale, d'intervenir quand c'est mon
droit, pas par mauvaise foi, mais quand on crée, quand nous sommes en
train de créer une jurisprudence qui joue encore, qui impose encore des
restrictions à l'Opposition, aux députés, aux
minorités et les empêche d'agir comme une minorité
efficace, sans respect pour les lois et surtout, vous le savez autant que moi,
la responsabilité de la présidence est primordiale dans notre
système. Qu'est-ce que nous avons ici...
Une Voix: C'est le vote qui va nous faire...
M. Mackasey: ... nous sommes en train d'établir une
jurisprudence. Je sais, M. le Président, que vous aimeriez mieux
écouter le témoin plutôt qu'écouter le ministre,
sauf votre respect, je sais que je suis un simple député ici,
mais j'ai quand même le droit de parole, c'est encore un droit des
individus de parler au moins au président. Vous êtes d'accord, je
le sais...
M. Guay: Vous parlez longtemps!
M. Mackasey: Je sais. Ne commencez pas, vous! Nous sommes de bons
amis et...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! M. le député de...
M. Mackasey:... et je veux que cela continue. Le
Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le député de
Notre-.Dame-de-Grâce, vous vous adressez au président, qui vous
écoute avec beaucoup d'attention.
Une Voix: ... il va le sortir!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, le point est très
important... On va aller prendre une bière ensemble tout à
l'heure, mais il va payer, par exemple. M. le Président, le point
important ici est de savoir si on veut ou si on ne veut pas qu'une commission
ait le pouvoir, même par la procédure...
Une Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): Une directive?
M. Mackasey: ...par la procédure. Non, pas seulement la
recevabilité. La logique de la recevabilité, si vous voulez, M.
le Président... Quand vous avez la majorité à
l'Assemblée nationale, vous pouvez adopter n'importe quelle loi, que ce
soit une bonne ou une mauvaise. On peut plaider l'injustice de cette loi. C'est
justement pour cela que je demande qu'on respecte les lois et surtout le
processus parlementaire.
La procédure parlementaire permet aux minorités, parce que
nous ne sommes pas en nombre aussi élevé que le gouvernement,
avec les lois à sa disposition, de travailler. Quand nous sommes
obligés, parce que le gouvernement a la majorité, à cause
de l'ambiguïté de l'article 150... nous sommes un peu les
prisonniers de la majorité. Pas seulement les prisonniers de
l'Assemblée, mais les prisonniers des membres de la commission. Par
exemple et je ne dis pas cela pour imputer des motifs si on
savait que la motion arrivait, comme le député de Rosemont l'a
dit tout à l'heure, seulement à six heures moins quart, sans
qu'on dise: Soyez de bons garçons, entre 5 heures et 5 h 45, soyez de
bons garçons, passez donc dix ou quinze articles et on va vous
féliciter à six heures moins quart, comme de bons membres de
l'Assemblée. On va vous récompenser et vous permettre de ne pas
siéger mercredi soir, quand, normalement, on ne siège pas le
mercredi soir. L'article 150, vous le savez autant que moi, existe seulement en
cas d'urgence, pour permettre à l'Assemblée, et surtout au leader
du gouvernement, d'agir avec prudence, parce que, si ce n'est pas avec
prudence, on n'a pas besoin de l'article 150. On n'a qu'à faire un
règlement omnibus, si vous voulez, qui dise: Voilà les heures,
etc., et n'avoir aucun article 150.
C'est plutôt dans l'esprit de protéger les droits des
minorités, de protéger les droits des individus, de
protéger les droits des citoyens. Vous en avez eu l'occasion, quand
l'Opposition n'était pas plus nombreuse que six ou sept membres.
C'était par l'entremise des règlements, par l'entremise de la
sagesse du président qui appliquait ces lois, afin que les droits des
minorités soient respectés.
Si ce n'était pas de la présence du Président et de
la sagesse avec laquelle il fait l'interpréta-
tion des règlements, une minorité de 5, 10, 15, 20 est
à la disposition de la majorité et celle-ci pourrait faire ce
qu'elle veut s'il n'y avait pas le règlement.
En terminant, M. le Président, si on n'a pas de respect pour le
processus parlementaire, si on ignore complètement le règlement,
si on joue avec le règlement, si on l'interprète contre l'esprit
du respect de la minorité... Malheureusement, je suis en train de
préparer un discours que je vais prononcer bientôt à
Montréal et j'ai 18 exemples où les droits des minorités,
les droits des individus, les droits des citoyens dans cette province sont mis
de côté au nom de la collectivité.
M. Charron: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, à l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Saint-Jacques sur une question
de règlement.
M. Charron: C'est sur une question de règlement. Je pense
que le député s'éloigne du sujet de la motion que j'ai
présentée et qu'on y gagnerait à la mettre aux voix le
plus rapidement possible.
M. Mackasey: Quant à moi, il n'y aura pas de vote. Je vais
vous le dire carrément parce que je suis ainsi, je suis fait ainsi.
L'affaire est très simple. Nous sommes une minorité devant une
majorité qui, si elle veut prendre un avantage numérique
pas nécessairement par son intelligence peut détruire
complètement, entièrement les droits des minorités dans un
système parlementaire.
M. Charron: Avez-vous peur de vous prononcer sur la motion?
M. Mackasey: Je parle au Président. Je
répète encore, M. le Président. Dans votre sagesse, vous
êtes encore capable, au moins, de protéger un droit qui est
là pour défendre les minorités, ou cette commission peut
encore détruire cette protection que le système parlementaire met
à la disposition des minorités. Je n'ai jamais vu une commission
avec l'autorité de décider elle-même de ses heures. Si,
à l'Assemblée, aujourd'hui, le gouvernement avait
décidé, par l'entremise du leader, de dire: Vous travaillerez
jusqu'à 6 heures et vous travaillerez de 8 heures à 11 heures,
là, au moins nous serions en règle, mais, quand on dit: Vous
déciderez vous-mêmes, à la commission, c'est une
jurisprudence inacceptable, on veut continuer, a l'Assemblée nationale,
de suivre un système qui est basé sur le système
britannique, dont le ministre de l'Education parlait l'autre soir en disant aux
citoyens de suivre les règlements de la province de Québec.
J'insiste, M. le Président, pour que l'on respecte ces droits et,
comme je l'ai déjà dit, pour moi, c'est même plus important
que la Charte de la langue française, parce que, quand nous aurons
terminé avec la Charte de la langue française, sans doute qu'il y
aura dix autres projets de loi que, à tort ou à raison, on
trouvera inacceptables pour bien des raisons.
M. Paquette: M. le Président, j'ai une directive à
vous demander, je ne sais pas si le député a terminé.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Paquette: Avant que la cloche ne sonne...
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Paquette: ... J'aimerais tenter une dernière tentative
pour qu'on puisse travailler un peu sur le projet de loi. En discutant avec le
député de L'Acadie tantôt, il m'a semblé que
peut-être certains députés de l'Opposition seraient
d'accord sur une autre motion qui permettrait de sauver le mercredi;
peut-être que l'Union Nationale serait d'accord également.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: ...Si on décidait... Laissez-moi terminer. Je
vous suggère, M. le Président, de demander le consentement
unanime pour qu'on retire cette motion et qu'on accepte unanimement de
siéger d'ici à 20 heures et de ne pas revenir ce soir.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont, je réponds immédiatement à votre demande. Il y a
trois moyens de sortir de cette impasse, et je les qualifie. Le premier, c'est
un consentement unanime de la commission pour siéger, sans suspension,
comme on l'a fait vendredi soir, jusqu'à 20 heures, sauf la suspension
pour le vote qui aura lieu à l'Assemblée nationale.
Il y a une deuxième solution je l'indique maintenant,
parce que je veux que ce soit très honnête et très
précis c'est évidemment que l'on cesse de discuter de la
motion et qu'on la vote.
Il y a une troisième solution qui est peut-être celle qui
peut arriver et je la dis tout de suite. La présidence, à
l'Assemblée nationale, a accepté la motion du leader
parlementaire. Cette motion a été votée et, comme
président de la commission, j'ai été lié par cette
motion. Je devrai, par conséquent, lors de la suspension pour le vote,
ou à 18 heures, prendre une décision sur les travaux de la
commission si la commission n'a pas pris de décision.
Immédiatement, je demande...
Oui, M. le député de Saint-Jacques, sur la question de
règlement?
M. Charron: Non, pas sur la question de règlement, M. le
Président, sur la motion.
Le Président (M. Cardinal): Non, sur la motion.
M. Charron: Je pense que le député avait
terminé et j'étais le prochain intervenant.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais je demande s'il y a
consentement unanime pour que nous siégions jusqu'à 20 heures,
sans suspension, sauf pour le vote.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais beaucoup...
M. Charron: Y a-t-il...
Le Président (M. Cardinal): Sans discussion, je demande
seulement s'il y a consentement unanime. Dès que quelqu'un dit
non...
M. Lalonde: Je ne peux pas donner mon consentement, à
cause d'autres engagements.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a alors pas de
consentement, c'est réglé. M. le député de
Saint-Jacques, sur votre motion.
M. Charron: M. le Président, il n'y a pas de consentement
pour 18 heures à 20 heures. Manifestement, l'Opposition libérale
utilise tous ses artifices de phrases creuses pour perdre du temps
jusqu'à ce que le vote nous rappelle à l'Assemblée
nationale.
Nous prenons note que l'Opposition libérale, qui joue au scandale
aisément, refuse trois heures supplémentaires de travail ce soir.
Nous lui offrirons vraisemblablement d'autres occasions d'étudier la
loi. Le Conseil des ministres s'est prononcé ce matin sur les derniers
amendements. Nous les avons en bandoulière. Nous sommes prêts
à les déposer pour discussion. Nous croyons que cette loi
mérite toute l'attention de tout le monde et je ne fais aucun grief,
même si certains amendements avaient un caractère douteux quant
à leur pertinence, et surtout quant à la longueur de temps qu'on
mettait à les défendre, je ne fais aucun grief sur les travaux
jusqu'ici, surtout sur l'article 69, qui était fondamental. Je rappelle
seulement que l'Opposition s'est même opposée à ce que nous
étudions l'article 69, elle qui s'est fait aller à n'en plus
savoir que faire, une fois que la commission a eu tranché la question de
la soumettre à la discussion, comme quoi nous avons bien fait de passer
outre aux divisions à l'intérieur du Parti libéral.
Je pense, encore une fois, que nous devrions procéder au vote
immédiatement sur ma motion parce que, ce soir, j'ai bon espoir qu'avec
les trois heures qui nous restent, nous pourrions achever, ou tout le moins
je n'ai pas autant de prétention avancer largement dans
l'important chapitre de la langue d'enseignement. Le député de
Marguerite-Bourgeoys nous a signalé des amendements, des questions sur
les articles que nous avons suspendus. Nous les prendrions dès demain
matin avec l'accord de tout le monde. Les députés
ministériels sont prêts. Je vous demande, M. le Président,
de procéder à l'appel nominal sur ma motion.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai entendu trois personnes en même temps. Le premier que
j'ai entendu, en vertu de l'article 92, c'est le député de
Mégantic-Compton, parce qu'il s'est adressé à la
présidence en la désignant par son titre. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une question brève. J'ai vu que le
gouvernement a bougé. On vient de nous informer, par la voix du ministre
responsable au haut-commissariat, que des amendements étaient
prêts. J'aimerais savoir de l'un ou l'autre des trois ministres qui sont
ici si on est prêt dès demain matin, à 10 heures, à
déposer ces amendements?
M. Morin (Sauvé): Ce soir, à 8 heures.
M. Charron: Ce soir, à tout le moins sur le chapitre de la
langue d'enseignement, je m'y engage, nous les déposerons, à
l'ouverture des travaux à 8 heures, dès que la motion sera
votée, je vous demande encore une fois, M. le Président, de
procéder à l'appel nominal...
Le Président (M. Cardinal): Si, dans 30 secondes, vous
n'avez pas pris une décision, je vais être obligé d'en
prendre une!
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: La question du député de
Mégantic-Compton est-elle terminée?
Le Président (M. Cardinal): La réponse a
été donnée.
M. Grenier: Elle est terminée, s'il y avait lieu d'avoir
ces amendements ici pour qu'on puisse commencer à les étudier,
j'aimerais bien que ce soit déposé immédiatement.
M. Charron: A 8 heures, M. le Président, je peux
même les fournir au bureau du député à l'heure du
dîner, pour qu'il en ait déjà pris connaissance à 8
heures.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Marguerite-Bourgeoys. Sur quelle question?
M. Lalonde: Sur la motion.
Le Président (M. Cardinal): Bien, si c'est sur la motion,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je vais être
obligé, immédiatement, de rendre une décision. D'ailleurs,
la cloche sonne. Je vous demande d'attendre quelques secondes. Vous avez le
temps de vous y rendre.
M. Charron: On peut procéder au vote, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): La commission n'ayant pas
voté, n'ayant pas pris de décision, je suis lié par
l'article 31, alinéa 1, et, par conséquent, je dois non seulement
suspendre les tra- vaux pour le vote, mais ajourner les travaux de la
commission à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)