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Etude du projet de loi no 101:
Charte de la langue française
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
MM. les députés et Mme le député, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader parlementaire. Nous avons quorum
et nous commençons une nouvelle séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, pour
étude, après déférence en deuxième lecture,
du projet de loi 101. J'indique tout de suite que cette première
séance d'aujourd'hui durera jusqu'à 13 heures et que nous aurons
une deuxième séance qui, selon la motion que ferait le leader
parlementaire à l'Assemblée nationale cet
après-midi...
M. Burns: Et il le fera.
Le Président (M. Cardinal): Exactement... Il nous fera
probablement siéger jusqu'à 23 heures ce soir. J'appelle donc les
membres de la commission, en priant les diverses formations politiques de
vérifier les changements que je dois effectuer.
M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Morin (Sauvé); M. Charron
(Saint-Jacques) remplacé par M. Burns (Maisonneuve).
M. Burns: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Remplacé par lui-même. Une Voix:
Cela s'améliore.
Le Président (M. Cardinal): Ne commencez pas la
journée comme cela, s'il vous plaît! Qu'est-ce que ce sera ce
soir?
M. Chevrette: ...les libéraux ce matin, parce qu'ils ont
la mine basse.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Burns: M. le Président, je vous signale que le ministre
de l'Education vient d'arriver et que le député de Bourassa, qui
est membre de la commission, M. Patrice Laplante, vient aussi d'arriver.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Merci. Alors... Oui,
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: Est-ce que la séance de ce matin est la
continuation de celle d'hier soir?
Le Président (M. Cardinal): Non. Une séance ne dure
jamais au-delà d'une journée. On a d'ailleurs déjà
arrêté l'horloge à l'Assemblée nationale pour
continuer la séance au-delà du jour. M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Au moment où nous nous sommes
quittés hier soir, j'avais la parole...
Chapitre VIII: La langue de l'enseignement
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, auparavant,
M. le ministre, justement, je veux rappeler où nous en étions au
moment où il y a eu l'ajournement à 23 heures. Nous avions
adopté un amendement à l'article 69c. Le texte amendé de
l'article a été remis à chacun des membres de la
commission pour que nous puissions continuer l'étude de cet article.
Il y a eu aussi avis que M. le député de
Mégantic-Compton, si je ne me trompe pas, avait un amendement à
proposer à l'article tel qu'amendé, mais il est exact que le
ministre de l'Education avait le droit de parole. Comme il n'est plus parrain
d'une motion, je suis lié par l'article 160, alinéa 1. Vous avez
20 minutes et aucune partie de votre temps ne vous a encore été
enlevée.
M. Morin (Sauvé): Je n'abuserai pas à ce point, M.
le Président, ne voulant pas être mêlé au filibuster
de l'Opposition libérale.
Je voudrais persuader le député de Mégantic-Compton
que la modification qu'il aurait pu s'apprêter à proposer pourrait
avoir des effets contre-indiqués, des effets qu'il ne souhaiterait
pas.
En effet, comme je l'ai indiqué hier soir, un certain nombre
d'enfants sont entrés illégalement, l'an dernier, à
l'école anglaise, contrevenant aux dispositions expresses de la loi 22.
Ce n'est pas, M. le Président, que nous ayons approuvé cette loi.
Je pense qu'il n'est pas besoin de rappeler comment nous l'avons combattue en
1974. Mais, une fois adoptée, c'était la loi, une fois que la
Charte aura été adoptée, ce sera la loi, et, dans un pays
démocratique où il est possible de changer de gouvernement, on
doit respecter la loi.
Si le député de Mégantic-Compton propose un
amendement ayant pour effet de supprimer le mot "légalement", les
conséquences pourraient être les suivantes: Les parents et les
enfants qui se sont conformés à la loi, qui ont subi les tests,
tout odieux qu'ils aient pu être, qui ont accepté, ayant
échoué aux tests, d'aller à l'école
française, ces parents vont se sentir lésés, et à
bon droit. Ils vont se sentir lésés, parce que, diront-ils, vous
passez l'éponge sur ceux qui ne se sont pas conformés, sur le cas
de ceux qui ne se sont pas conformés à la loi et qui ont
défié la loi, bonne ou mauvaise, pour aller à
l'école anglaise.
M. le Président, ce serait là, à mon sens,
inéquitable. Ce serait une discrimination à l'encontre de ceux
qui, justement, se sont conformés à la loi et se sont
comportés comme de bons citoyens du Québec.
Aussi, je me permettrai de prier le député de
Mégantic-Compton de laisser ce genre d'amendement à la gent
libérale je n'ai pas dit l'engeance, j'ai dit la gent
Une Voix: ...g e n t...
M. Morin (Sauvé): Je crois savoir que, si le
député de Mégantic-Compton ne fait pas l'amendement...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Morin (Sauvé): ... les libéraux trouveront bien
moyen de le faire...
M. Ciaccia: ...règlement.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Morin (Sauvé): ... pour tenter encore de nous faire
perdre du temps..
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre... M. Morin
(Sauvé): Oui.
Le Président (M. Cardinal): ... question de
règlement par M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne veux pas participer au filibuster du
gouvernement qui a probablement employé plus de temps que l'Opposition
officielle hier, avec des interventions pas toujours brillantes, mais je me
demande où on trouve dans le règlement le genre de manoeuvre
à laquelle se livre le ministre de l'Education, actuellement, en tentant
d'intimider le député de Mégantic-Compton, en tentant de
l'amener à ne pas faire un amendement.
Il me semble que notre règlement prévoit la
possibilité pour tout membre de cette commission d'exprimer ses vues sur
un article et aussi, éventuellement, sur une motion d'amendement, mais
de là à tenter d'intimider un député pour le porter
à ne pas faire un amendement, je n'ai jamais vu cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le leader
parlementaire.
M. Burns: II ne s'agit pas d'intimidation et, d'ailleurs, le
député de Mégantic-Compton n'est pas facilement
intimidable. Je lui rends cet hommage.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Burns: Je lui rends cet hommage et je ne vois pas pourquoi je
verrais le député de Marguerite-Bourgeoys se lancer à la
défense du député de Mégantic-Compton...
M. Lalonde: Je me lance à la défense du
règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Burns: ... qui, soit dit en passant, est bien capable de se
défendre lui-même. Je suis convaincu que les paroles du ministre
de l'Education ne l'intimident pas du tout et les paroles du ministre de
l'Education sont plutôt, je pense, comme je les ai comprises, dans un but
de tâcher de convaincre, comme vous avez tâché de nous
convaincre, comme vous avez essayé de nous convaincre de modifier un
certain nombre de choses dans nos projets de lois. C'est tout à fait
normal que le ministre de l'Education dise au député de
Mégantic-Compton que cela serait peut-être souhaitable qu'il se
rende à notre opinion là-dessus et qu'il ne fasse pas de
modification.
Je vous en prie, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, ne
faites pas ce style d'intervention au niveau du règlement parce que je
vais vous intimider et je vais vous dire que cela n'a aucun bon sens de faire
de telles interventions et vous vous rabaissez constamment, individuellement et
collectivement, le parti de l'Opposition officielle qui doit être
là pour surveiller le gouvernement...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Burns: ... et voir à ce que le gouvernement fasse son
boulot.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le leader...
M. Burns: Et vous avez parfaitement raison de le faire...
Le Président (M. Cardinal): M. le leader...
M. Burns: Mais ne le faites pas mal comme cela, ça n'a pas
de bon sens.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader du gouvernement,
à l'ordre!
M. Burns: Vous êtes en train de disparaître.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le leader du
gouvernement .
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Il n'y a pas de débat sur
une question de règlement. Est-ce que vous en soulevez une nouvelle.
M. Lalonde: M. le Président, vous voulez dire que je peux
endurer des "conneries" comme je viens d'entendre et ne pas réagir?
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez invoquer une
question de privilège, vous le ferez à l'Assemblée
nationale, après un avis d'une heure, cet après-midi.
M. Lalonde: Oui, mais il y a des choses qu'on ne peut endurer.
Les sornettes du député de Maisonneuve, je ne suis pas pour
endurer cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est ce que les
journaux appellent les gros canons du gouvernement.
M. Lalonde: Cela fait boum. C'est tout ce que cela fait.
Le Président (M. Cardinal): Bon, vous allez tous cesser
votre émotivité.
M. Lalonde: Cela fait beaucoup de bruit.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Si c'est de cette façon que le gouvernement
veut avoir la coopération de l'Opposition officielle, il vient de la
gagner.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre!
M. Lalonde: Vous allez gagner du temps, beaucoup de temps.
M. Burns: Parfait! Parfait!
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, sur la
question de règlement originale, j'ai souligné hier soir avant
l'ajournement que M. le ministre de l'Education semblait commencer à
parler d'un amendement qui n'était pas déposé. Il a
immédiatement consenti à modifier son style et son approche pour
tout simplement parler sur la motion principale, qui est l'article 69c.
Cependant, M. le ministre s'exécute sur une corde raide et je voudrais
éviter autant que possible les questions de règlement et qu'il
s'en tienne au temps qui lui est attribué.
M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
revenir sur un mot qui se trouve effectivement dans l'article proposé
par le gouvernement, le mot "légalement". Je tentais simplement de
persuader l'Opposition officielle et l'Union Nationale, que ce mot est
nécessaire pour éviter les injustices qui pourraient
découler de sa suppression. Je demande simplement, en terminant,
à l'Union Nationale, de renoncer à un amendement qui, j'en suis
convaincu, partait d'un bon naturel, parce que ses députés
avaient peut-être quelques difficultés à mesurer l'effet
exact de ce mot. Je voudrais persuader ces messieurs de laisser les
libéraux proposer cet article, ce qui va être,
à mon sens, le comble du ridicule, puisque c'est leur loi qu'ils
refuseront d'appliquer, c'est-à-dire la loi 22, dont ils nous diront,
même si elle a été violée: "Passons
l'éponge". Je crois que ce serait particulièrement habile de la
part de l'Union Nationale de laisser les libéraux s'engager dans ce
genre d'impasse.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, sur la motion principale, c'est-à-dire
l'article 69c tel qu'amendé. Approchez donc votre micro, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Oui, M. le Président. Je dois vous dire que,
lorsque nous avons inscrit l'amendement à notre programme, à
notre livre bleu, le mot "légalement" faisait partie d'une série
d'amendements que nous avons déposés il y a près d'un
mois, sur la table, face à cette loi 101, et, ce matin, bien sûr
que les propos commencés hier par le ministre de l'Education ne me
laissent pas indifférent. Je les attendais, bien sûr.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, pour qu'on se comprenne très bien dans cette
procédurite aiguë, vous parlez présentement sur la motion
principale, l'article 69c tel qu'amendé. Vous présenterez votre
motion à un certain moment et alors...
M. Grenier: J'utilise une partie de mes vingt minutes, je pense,
sur la motion principale.
Le Président (M. Cardinal): Certainement, vous y avez
droit. Mais je veux que ce soit clair pour tous, parce que je devrai tenir un
temps différent lorsque nous prendrons votre amendement, que je n'ai pas
encore distribué.
M. Grenier: Mais qui tombera à zéro après
l'article c) adopté, comme on a dit hier soir.
Le Président (M. Cardinal): Oui, l'article 69d sera un
nouvel article.
M. le député de Mégantic-Compton, sur la nouvelle
motion principale, qui est 69c tel qu'amendé.
M. Grenier: Inutile de vous dire que cet amendement faisait
partie des amendements qu'on suggérait. Comme on a publié notre
livre depuis déjà quelque temps, on a vu plusieurs de nos
amendements puisés dans notre livre et par le gouvernement et par le
Parti libéral. Inutile de vous dire, à cause des
procédures, que, quand il y en a un qui échappe ou au
gouvernement ou au Parti libéral, on doit le soumettre. Il fait partie
de notre volume. Il arrive qu'on pige, et vous le savez; cela a
été le cas du ministre au Haut-Commissariat, l'autre jour; c'est
le cas de l'Opposition libérale. On ne leur en veut pas parce qu'on veut
être une Opposition constructive.
Si on avait voulu le garder pour nous, il serait en réserve dans
nos bureaux. Il est entre les mains des journalistes, entre les mains de
l'Opposition officielle et entre les mains du gouvernement, et on prend, en
passant, ce qui nous reste dans le livre après qu'il a été
bien épluché par le gouvernement et par l'Opposition
libérale.
S'il arrive qu'il y ait des amendements qui ne font pas l'affaire du
Parti libéral, de l'Opposition officielle, discrètement, on nous
voit en arrière et on nous dit: II serait peut-être bon que ce
soit vous qui fassiez l'amendement. Nous sommes bien heureux et bien contents
qu'il nous en reste un, parce qu'à cause de notre troisième
position, nous sommes obligés de le prendre. Mais inutile de vous dire
que nous ne sommes pas naïfs au point de penser... Les amendements qui
sont valables dans notre livre, qui se défendent bien, on saute sur eux
à pieds joints, tant du côté du gouvernement que du
côté de l'Opposition libérale. Il nous reste les autres. Ce
matin, cela en est un qui nous reste, le mot "légalement". Devant les
arguments soulevés par le ministre de l'Education, s'il avait
été de bonne guerre de soulever le mot "légalement" par le
Parti libéral et j'en conviens on aurait pu s'attendre
qu'il vienne de là. Je n'ai pas d'objection non plus à ce qu'il
vienne de l'Union Nationale, pour les mêmes raisons, probablement, que le
Parti libéral pourrait donner.
A mon sens, dans l'amendement que nous nous proposons d'apporter, il est
sûr que ce sont des gens qui ne se sont pas soumis à une loi
existante.
C'est une chose toute évidente. Sauf que ces gens sont dans le
système actuellement, ils y sont entrés depuis un an au moins.
Une fois dans le système, cela nous apparaît injuste, cela nous
apparaît inhumain de les en retirer cette année. Je sais qu'ils
ont passé outre aux lois qu'ils connaissaient, qu'ils ont pris des
moyens différés, qu'ils ont passé leur test avec 45% si on
exigeait 50% ou bien avec 55% si on exigeait 60%. On est au courant de tous ces
détails.
Mais il me semble que le gouvernement ferait preuve de largesse de
vue... C'est la dernière année avant l'application de la loi 101.
Ce serait faire montre de largesse de vue, de compréhension et
d'humanité. D'humanité, pourquoi? Parce que dans le
système, déjà, on retrouve de ces familles qui sont
incorporées à l'école anglaise. Comprenez bien que je ne
me fais pas le défenseur de l'idée de "fourrer" dans
l'école anglaise autant de monde qu'on peut. Mais, si cela devait
être le cas, si des représentants anglophones à cette
commission, tant du côté libéral que de notre
côté à nous, puisque nous en avons un, voulaient se servir
de cette loi pour faire entrer dans le système anglophone autant de
Canadiens français qu'il est possible, je serais un peu
révolté si je savais que c'est cela qui les tient. On a fait
plusieurs fois allusion à ce point de loi. Je serais vraiment
offusqué d'apprendre qu'un anglophone du Québec, après lui
avoir donné dans ce livre bleu et dans la loi toute la latitude
possible... Après avoir donné cela dans la loi comme on l'a fait,
d'apprendre que les anglophones voudraient s'alimenter à même les
Canadiens français, je serais passablement désappointé. Ce
sont peut-être des termes qu'on n'a ja-
mais entendus autour de cette table, mais que tout le monde
soupçonne.
Quand il ne reste plus d'argument et qu'on me dit qu'on ne donne pas
suffisamment, il reste cela, à savoir s'alimenter à même
les Canadiens français. Ce n'est pas le but de l'amendement de ce matin.
C'est d'être humain, ce matin. Je conviens qu'on s'alimente à
même les francophones, mais je dis que c'est une dernière
étape avant que la nouvelle loi ne s'applique et qu'on ne doit pas
être mesquin au point de retirer ces enfants des écoles. Ce sont
des hommes d'affaires, vous allez me répondre. Alors, qu'ils profitent
des écoles privées et qu'ils payent. Vous n'avez pas
présenté cet argument, mais vous auriez eu raison de le
présenter. Ce sont en général des hommes d'affaires qui
sentent plus que d'autres le besoin que leurs enfants passent par des
écoles anglaises, non pas pour en faire des Anglais, mais pour en faire
des bilingues parce que le système est mauvais dans les écoles
françaises et on n'apprend pas l'anglais. Je pourrais vous citer... Les
dix doigts de ma main ne seraient pas suffisants pour vous citer des
professeurs anglais qui sont séparatistes. On n'apprend pas beaucoup
d'anglais dans nos écoles. Vous le savez et si vous avez besoin de noms,
vous viendrez me voir après la commission et je vous en
suggérerai. Ce n'est pas une façon d'apprendre l'anglais quand
l'enseignement est donné par tout ce monde.
A partir de là, je dis que cet argument, qui est nouveau ce matin
et qui est important, même si ce sont, en général
l'argument que vous n'avez pas sorti des hommes d'affaires, c'est faire
montre de jugement, agir comme des personnes qui ne sont pas revanchardes, de
la part du gouvernement et de dire: On passe l'éponge.
Là-dessus, je passe à un autre argument sur lequel le
gouvernement a déjà passé l'éponge. On se souvient
que le ministre de la Justice s'est levé sur la loi 23, qui
faisait appel, si je ne me trompe, à des employés du secteur des
hôpitaux, et à la loi 253, qui faisait appel aux employés
du secteur de l'enseignement. Je pense que je suis dans les deux bons secteurs.
Pourtant, on a passé l'éponge sur une série d'infractions
à la loi et, avec des montants importants, que je ne reprends pas, on a
passé l'éponge, trouvant que c'était assez correct.
Ce matin, ce n'est pas avec les enfants qui sont incorporés dans
un système d'écoles anglaises, principalement dans la
région de Montréal, que cela va faire qu'on va angliciser le
Québec; ce n'est pas cela, pas plus d'ailleurs que l'argument d'hier
je le prends comme point de comparaison, je ne veux pas revenir, bien
sûr, à l'alinéa a) de l'article 69 les Canadiens qui
venaient d'autres provinces, les services qu'on avait pu leur rendre, les
Canadiens d'autres provinces qui immigraient ici, peut-être un peu plus
dans la région de la Gatineau, mais ce n'était pas avec ces
Canadiens qu'on anglicisait le Québec. Il y a trop d'endroits dans cette
loi qui font que son effet d'entraînement aurait permis de franciser, eux
comme les autres, ces arrivants au Québec.
Or, si on a été capable de passer l'éponge sur
l'application de la loi 23 et sur l'application de la loi 253, je me demande
pourquoi, même si c'est une loi de l'ancien gouvernement, l'éponge
ne serait pas passée. Encore une fois, ce n'est pas pour inciter ces
gens à ne pas respecter les lois. Je voudrais donc bien, tout autant que
le ministre de l'Education l'a souligné tout à l'heure, que cette
loi qu'on voudrait... Plusieurs amendements, comme vous le voyez, qui ont
été apportés recevront ou ont reçu la collaboration
de l'Opposition; au moins il la recevront, car on se prépare à
donner notre assentiment à plusieurs articles de cette loi, car ils
permettront au gouvernement de mieux l'appliquer, les gens sentant qu'ils ont
l'appui de l'Opposition.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que le député me
permettrait une question, M. le Président?
M. Grenier: Oui, certainement.
M. Morin (Sauvé): Que va-t-il répondre, si un tel
amendement est passé, aux parents qui se sont conformés à
la loi et qui vont venir frapper à la porte du ministère pour
dire: Et nous qui nous sommes conformés à la loi, allez-vous
passer l'éponge pour nous aussi? Allez-vous nous permettre de mettre nos
enfants à l'école anglaise? Qu'allez-vous répondre dans ce
cas?
M. Grenier: M. le Président, je répondrais: Le
gouvernement a posé un geste de grandeur, et un geste de
magnanimité et un geste humain, à l'égard de ces gens.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Morin (Sauvé): Pour nous aussi.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: II y a des pages qui doivent se tourner; on en tourne
une sur la loi 22; il était peut-être temps qu'on la tourne.
M. Morin (Sauvé): Là, ils verront qu'elle sera
tournée pour eux également.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le ministre! Il
vous reste dix minutes sur votre temps; vous pourrez répliquer en temps
et lieu.
M. Grenier: M. le Président, je ne veux pas
défendre, bien sûr, je serais le dernier à défendre
cela va bien de dire cela à la table de la commission mais
je suis vraiment sincère en vous disant qu'on doit être ici et
demander d'appliquer la loi. Pour les gens qui se présentent à
mon bureau et les gens qui ont couru dans tous les ministères pour faire
régler des problèmes et qui voudraient que les
députés fassent des miracles et qu'on n'applique pas la loi dans
leur cas, j'ai toujours cette réponse que s'il y en a un qui doit voir
à ce que la loi s'applique, c'est bien le
représentant du peuple. Jamais je ne ferai passer de lois, peu
importe ce que les citoyens peuvent nous demander. Encore là, je sens
que ces gens ont outrepassé la loi, à ce moment-là, ou
seraient très heureux de le faire; mais ce n'est pas un nombre
incalculable, c'est un nombre limité, et ce n'est pas ces gens qui vont
faire que le Québec s'anglicise. On le demanderait pour ces raisons et
le gouvernement, le ministre de l'Education se rendra compte je ne
l'attaque pas personnellement puisque c'est son administration mais il a
suspendu des tests qui étaient incohérents et fortement
dénoncés, et il a décidé de maintenir ces tests
jusqu'à l'application de la loi. Pourtant c'était justement dans
l'esprit, comme il le disait tout à l'heure, de la loi qui doit
s'appliquer, celle qui avait été votée. Par contre, on
avait un programme de francisation qui était excellent et qui a
été mis de côté. On aurait peut-être pu
être plus cohérent et dire: Voici...
M. Morin (Sauvé): Un programme...
M. Grenier: Le programme de francisation.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton, pour
éviter un débat sur des questions qui sont autres que sur
l'article 69c...
M. Grenier: M. le Président, c'est pour illustrer trois
choses que j'avais à exposer ici. Je voulais d'abord évoquer
l'aspect humain de ces gens qui sont là et démontrer que le
gouvernement a déjà passé l'éponge sur d'autres
lois.
Troisièmement, j'admets que l'administration est parfois bien
compliquée dans des secteurs comme ceux-là, mais la
cohérence n'a pas toujours empêché le gouvernement de
dormir. Je voulais que cela aussi se sente. A partir de là, je pense que
c'est rendre justice à ces gens, et je termine en disant que
l'amendement à l'article 69... et encore là, je voudrais bien
qu'on comprenne que l'Union Nationale, par son porte-parole, ne vient pas, ce
matin, demander aux gens de ne pas respecter les lois, mais vient dire au
gouvernement d'être humain.
M. Burns: Avec le député de Pointe-Claire?
M. Grenier: On arrangera cela entre nous. On va régler
cela en famille, si cela ne vous dérange pas. Commencez par
régler vos problèmes chez vous. Vous en avez déjà
quelques-uns.
M. Burns: J'ai toujours été d'accord.
Le Président (M. Cardinal): MM. les députés
de Maisonneuve et de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Grenier: Ce n'est certainement aucune influence qui pourrait
nous venir de l'un ou l'autre des députés.
Le Président (M. Cardinal): ... laissez parler
M. le député. Venez-en à votre motion, M. le
député de Mégantic-Compton.
Motion d'amendement à
l'alinéa "c" de l'article 69
M. Fernand Grenier
M. Grenier: C'est simplement le bon sens qui nous dit que cette
motion, même si elle n'a pas été retenue, n'a pas
été présentée par le ministre de l'Education, et
qu'elle n'a pas été présentée par le Parti
libéral. Nous considérons quand même qu'il ne s'agit pas
là de faire perdre du temps aux membres de la commission et nous n'avons
pas l'intention d'ajouter quoi que ce soit, mais de signaler... Encore
là, vous comprendrez que, quand on se fait dire par des journalistes
chevronnés... Quand on a des amendements auxquels on ne tient pas
suffisamment, qui semblent sérieux... Il faut quand même
démontrer ici que pour un amendement, on ne passera pas la
journée sur le mot "légalement", cela valait quand même la
peine qu'on le signale à cette commission.
Suite à cela, l'article 69c qui nous a été soumis
par le ministre de l'Education hier soir: les enfants qui, je le reprends, lors
de leur dernière année de scolarité au Québec,
avant l'entrée en vigueur de la présente loi, recevaient
légalement l'enseignement en anglais dans une classe maternelle publique
ou à l'école primaire ou secondaire... Je demande que le
paragraphe c) soit modifié, en retranchant à la fin de la
deuxième ligne, après le mot "recevaient", le mot
"légalement".
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mégantic-Compton, je déclare
immédiatement la motion recevable et je la fais distribuer à
chacun des membres de la commission.
Alors, la motion, je la répète, a simplement pour effet de
retrancher un mot de l'article 69c tel qu'amendé, soit de retrancher
à la fin de la deuxième ligne, après le mot "recevaient",
le mot "légalement". Sur la motion d'amendement, M. le
député de Joliette-Montcalm avait demandé la parole.
M. le député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Oui, je serai très bref, M. le
Président. Je voudrais dire que cet amendement, il faut le situer dans
l'ensemble de l'article lui-même. Les enfants des enfants des enfants
pourront bénéficier d'un droit, alors qu'illégalement, ils
se seraient approprié un tel droit. Donc, à mon sens, ce n'est
pas à court terme qu'il faut regarder. Pour la première
année, cela peut représenter 500, 600 ou 700 enfants au maximum.
Mais si on regarde la répercussion d'un tel geste, cela peut
représenter beaucoup plus. Il faut regarder cet amendement à
l'intérieur de l'article 69 au complet, les autres droits qui s'y
rattachent.
Deuxièmement, je ne suis cependant pas surpris qu'un tel
amendement soit déposé, puisque j'ai oui dire qu'un certain
député encourageait même à
l'illégalité pour septembre prochain...
M. Le Moignan: Chez nous?
M. Chevrette: ... et il fait même partie de la formation
politique qui présente l'amendement. Donc, c'est peut-être
légitimer le geste du onzième député...
Une Voix: Pointe-Claire.
M. Chevrette: ... ce sont peut-être les motifs pour
lesquels...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton... Un instant!
M. Grenier: Vous allez admettre quand même qu'on ne peut
pas laisser passer...
Le Président (M. Cardinal): Non, un instant! M. Burns:
Ecoutez! M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il s'agit d'une
question de règlement...
M. Grenier: Bien oui.
Le Président (M. Cardinal): ... ou d'une question de
privilège?
M. Grenier: Laquelle passe ici?
Le Président (M. Cardinal): Aucune question de
privilège en commission parlementaire. Sur la question de
règlement, je ne vois pas... Je sais que l'on parle d'un absent, mais
cet absent, lorsqu'il apprendra ces faits en lisant le journal des
Débats, pourra lui-même faire sa question de privilège.
Vous-même pouvez la faire pour lui, mais à l'Assemblée
nationale.
M. Grenier: M. le Président, on parle, bien sûr,
d'un absent, premièrement; on parle, en plus de ça, d'un parti,
et je pense que je ne devrais pas laisser passer l'occasion...
Le Président (M. Cardinal): Les partis ne peuvent pas
soulever de questions de privilège. Seuls les députés
peuvent le faire.
M. Grenier: Je peux vous demander une directive?
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Grenier: Alors, je l'ai!
Le Président (M. Cardinal): Bon!
M. Grenier: M. le Président, dois-je laisser le
député de Joliette-Montcalm faire planer des
soupçons...
Des Voix: Oui, oui.
M. Grenier: ...dans cette salle alléguant que des membres
de l'Assemblée Nationale, qui peuvent faire partie de notre formation
politique, encouragent les gens à ne pas respecter une loi?
Le Président (M. Cardinal): Vous devez, oui, pendant cette
séance je rends une directive le laisser faire, quitte
à employer, à la prochaine séance de l'Assemblée
nationale, vous-même, ou le député concerné, les
moyens prévus par le règlement, soit l'article 49, 1 et 2.
M. Grenier: Puis-je vous demander encore une partie de la
même directive...
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Grenier:... ou vous demander de conseiller au
député de Joliette-Montcalm de relire le discours qu'a
prononcé en Chambre le député de Pointe-Claire, M. William
Shaw.
Le Président (M. Cardinal): Vous venez de lancer votre
message. Je pense que le député de Joliette-Montcalm, par mon
intermédiaire, l'a entendu.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je conseillerais au député de
Mégantic-Compton de bien lire les journaux et de faire des restrictions
lorsque les journaux annoncent même ces nouvelles.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, à l'ordre, s'il vous plaît! Pas de débat
sur cette question.
M. Burns: D'ailleurs, ce serait même bon que le
député de Mégantic-Compton puisse lire l'article de M.
Bauch, dans la Gazette, de samedi dernier.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire,
s'il vous plaît...
M. Burns: Cela vaudrait la peine qu'il lise ça.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire,
vous devez donner l'exemple de l'observance des règlements.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse. Je devrais
être un exemple, mais je n'en suis pas un. Je ne suis pas parfait.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jol iette-Montcalm.
M. Grenier: ... tourisme. Mme Lavoie-Roux: ...
M. Chevrette: J'aurais voulu relever assez longuement la
comparaison, M. le Président, mais je ne le ferai pas, à propos
de l'éponge supposément passée sur les lois 253 et 23.
Je ferai seulement remarquer au député de
Mégantic-Compton qu'il y a une nette différence entre un geste
collectif et des gestes individuels.
Dans le cas de la loi 22, les désobéissances civiles
à cette loi l'ont été individuellement par des enfants ou
des parents des enfants alors que, dans le cas des lois 23 et 253, ce sont des
gestes posés par des entités juridiques collectives. Ce sont des
gestes collectifs qui ont été posés et c'est nettement
différent. Il faudrait regarder en plus l'immoralité de la loi 23
ou la légitimité des gestes posés dans le cadre des lois
23 et 253 par rapport à la légitimité des gestes
posés à l'intérieur de la loi 22. C'est nettement
différent.
Je n'ai pas l'intention d'entreprendre un débat là-dessus,
mais on se rendra compte que le projet de loi 22 lançait des principes
de départ et les diluait par la suite, tout en donnant des droits
à des individus. C'est nettement différent quand on lit les lois
23 et 253 qui, elles, imposaient des amendes à des collectivités,
à des exécutifs d'organisation, à des représentants
de syndicats mandatés par des collectivités.
Donc, il faudrait peut-être que le député de
Mégantic-Compton regarde cela, étudie cela de très
près pour pouvoir enrichir son argumentation parce qu'en se basant sur
une telle comparaison, il ne fait que prouver l'adage que toute comparaison
cloche.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on sait que la loi est
l'institution démocratique par excellence qui doit venir, dans l'ordre
des priorités, même avant l'Etat et, assez symptomatiquement, on
voit quel genre de gouvernement on a quand on peut le juger au traitement qu'il
fait de la loi.
Si on regarde, par exemple, le préambule du projet de loi 101, on
s'aperçoit que ce gouvernement met l'Etat devant la loi. On aura un
amendement à proposer à ce moment pour démontrer
l'importance de la loi comme institution démocratique fondamentale, pour
que, dans l'énumération du deuxième paragraphe du
préambule, la loi vienne en premier.
Justement à cause de l'importance de la loi, on ne doit pas la
traiter avec légèreté et on doit voir à ce qu'elle
contienne, en elle-même, les solutions qu'elle tente d'apporter dans
l'organisation d'une société et on ne doit pas recourir à
des formules, à des manoeuvres extérieures à la loi pour
tenter de lui donner une signification, une portée que le
législateur, lorsqu'il l'a adoptée, lui a donnée.
M. le Président, ou bien la loi contient des sanctions, et alors
on les applique et on les applique avec sagesse, avec mesure et souvent avec
sévérité, mais on applique les sanctions de cette loi, ou
bien la loi ne contient pas de sanction et alors, une tradition longuement
établie, quelquefois violée, mais à ces occasions
l'opinion publique s'était chargée de rappeler les gouvernements
à l'ordre. Cette tradition veut qu'on n'impose pas
rétroactivement une sanction, on ne donne pas ré- troactivement
une portée à la loi qui ne contient pas cette portée ou
cette sanction. C'est ce qu'on tente de faire ici en ajoutant dans le
libellé du troisième paragraphe de l'article 69 le mot
"légalement". Ou bien la loi sur la langue officielle a
été respectée, ou elle a été violée.
Si elle a été violée, à ce moment-là, ou
bien elle contient des sanctions ou elle n'en contient pas. Si elle contient
des sanctions, c'est le devoir du gouvernement, quel qu'il soit, que ce soit le
gouvernement antérieur ou le gouvernement actuel de les appliquer. Si,
en violation aux dispositions de la loi actuelle des enfants allaient
être inscrits dans un secteur d'enseignement qui n'était pas le
leur, suivant la loi, à ce moment-là, si des sanctions, encore,
existaient, il appartiendrait aux autorités d'appliquer ces sanctions
pour voir à ce que la loi ne soit pas violée. Si aucune sanction
n'est prévue par la loi, là on doit conclure que le
législateur dans sa sagesse ou dans son erreur n'a pas voulu mettre de
sanction dans la loi. On doit la prendre telle quelle, qu'on l'aime ou qu'on ne
l'aime pas, elle est là. Quand on dit "dura lex sed lex", cela ne veut
pas dire qu'on doit appliquer la loi de façon aveugle, avec une rigueur,
et sans prévoyance. Cela veut dire aussi qu'on doit l'appliquer mais
n'appliquer que cette loi. Si la loi ne contient pas de sanction, on ne doit
pas non plus par une loi additionnelle, une loi nouvelle, la corriger
rétroactivement. La corriger, oui. Les lois doivent continuellement
recevoir du législateur une attention telle qu'elles puissent être
corrigées, être améliorées. Il n'y a aucun doute
qu'on pourrait, aujourd'hui, si le gouvernement nous le suggérait,
inscrire une sanction dans la loi sur la langue officielle pour les cas
nouveaux, les cas futurs, qui verrait à ce que cette loi ne soit pas
violée. Mais on ne doit pas dans une nouvelle loi dire qu'on va traiter
rétroactivement des cas qui ont été prévus, des
inscriptions qui ont été faites soi-disant en violation de cette
loi. Qu'on décide que dans l'avenir, si des inscriptions seront faites
en violation de la loi, telle ou telle sanction devra être
apportée, soit, mais qu'on décide tout à coup,
étant donné le mutisme peut-être de la loi sur la langue
officielle actuellement à l'égard de ces cas de violation, s'il y
a violation, on n'en a pas fait encore la démonstration à cette
commission, nous sommes donc devant une situation présumée.
Si on a des violations, à ce moment, qu'on décide pour
l'avenir que de tels cas de violation seront traités de telle ou telle
façon.
Ce que je trouve répugnant, dans le sens que cela répugne
à l'esprit, c'est l'addition du mot "légalement" dans cette loi.
Ce mot semble changer les règles du jeu rétroactivement. Lorsque
les gouvernements se sont appliqués à légiférer
rétroactivement, on sait jusqu'à quel point l'opinion publique
s'est chargée de rappeler ces gouvernements à l'ordre.
L'autre raison qui m'amènerait à appuyer cet amendement
est le fait que si des gens ne se sont pas soumis à la loi actuelle, ce
sont les enfants qui en seront les victimes, soit du mutisme de la loi, soit de
l'inaction du gouvernement à l'appliquer. Ces enfants, qui sont
naturellement de bonne foi,
on parle d'enfants qui sont dans une classe maternelle, à la
dernière année de leur scolarité, n'ont aucune idée
de ce qui se passe. Naturellement, ce sont les parents qui ont pris les
décisions, ce sont les institutions qui ont aussi pris les
décisions...
M. Burns: Un ancien Solliciteur général. C'est
incroyable!
M. Lalonde: ... ce sont les institutions scolaires, en
particulier, les commissions scolaires, c'est le gouvernement aussi, qui a
laissé faire cette situation, peut-être parce que la loi,
justement, ne prévoyait pas de...
M. Morin (Sauvé): C'est vous qui avez laissé
faire.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Quel que soit le gouvernement... L'enfant qui a cinq
ou six ans actuellement s'en balance que ce soit un gouvernement libéral
ou un gouvernement péquiste en 1973 qui l'a laissé aller à
l'école anglaise. Je ne sais pas jusqu'à quel point vous
êtes rendus partisans pour mettre cela sur le dos d'un enfant!
M. Burns: Le Code civil ne s'applique pas aux enfants.
M. Lalonde: C'est à faire peur!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Messieurs les
députés, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: De la part d'un ancien Solliciteur
général, c'est incroyable d'entendre cela.
M. Lalonde: Justement non, ce n'est pas incroyable. C'est
croyable, parce que la loi, nous la traitions avec respect, nous ne la
"garrochions" pas sur le dos des enfants, et rétroactivement, à
part cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, à l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader parlementaire.
M. Burns: II n'est même pas capable de lire un texte.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire, je
constate que mes anciens élèves reviennent au temps des bancs de
l'université. Je les prierais de revenir au sujet. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, continuez,
vous vous conformiez parfaitement au règlement. Je n'ai pas à me
prononcer sur le fond, et j'inviterais les autres députés
à ne pas interrompre l'opinant, tout simplement en vertu du
règlement ou des règles ordinaires de la politesse.
M. Lalonde: Cela allait si bien, M. le Président, quand le
député de Maisonneuve n'était pas là; mais cela ne
fait rien, nous allons le garder.
M. Burns: Vous n'avez pas le choix, mes électeurs ont
décidé cela.
M. Lalonde: Vous n'aviez pas d'ouvrage au bureau?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le deuxième cas...
Qui, au fond, est la victime de toutes ces manoeuvres que le gouvernement nous
propose actuellement dans ce projet de loi? C'est l'enfant. Il n'a aucune
idée de ce qui se passe actuellement. Il sait qu'il est à
l'école. Il s'imagine que tout le monde veut qu'il soit à cette
école, puisque ses parents l'y ont envoyé, la commission scolaire
l'a accepté, le gouvernement, dont il ignore l'existence, justement, ne
s'en préoccupe pas, et, tout à coup, on va lui dire que dans
cette loi, en cette auguste journée du 9 août 1977, il a
été déclaré quasiment récidiviste quotidien,
parce qu'il a été pointé du doigt, un parmi 10, 20, 30 ou
même 200. Il a été pointé du doigt, il a
été marqué au fer, parce qu'il a été
constamment dans illégalité pendant tout le temps où il a
été à l'école. C'est le genre de gouvernement que
nous avons, M. le Président. C'est cela. C'est marqué, c'est
écrit. C'est le genre de gouvernement que nous avons. Cela non plus, je
ne pense pas que ce soit conforme à une conception humaine, humanitaire
de la justice, et surtout de l'institution fondamentale qu'est la loi.
On ne doit pas se servir de la loi comme cela, M. le Président.
On doit la servir. En tentant ici, de créer une catégorie
spéciale, une catégorie d'illégaux qu'on va laisser
continuer à l'école, qu'on fasse son lit, qu'on applique la loi,
s'ils sont là illégalement, ou qu'on dise: On accepte qu'ils
soient là et qu'on passe l'éponge. Il s'agit de quelques
centaines d'enfants.
M. le Président, jouer comme cela de la loi sur le dos des
enfants, je ne l'accepte pas. Le leader parlementaire du gouvernement disait
tantôt: C'est incroyable de la part d'un ancien Soliciteur
général. C'est peut-être justement qu'ayant
été appelé à appliquer les lois, jamais faciles, on
a pu peut-être avec l'expérience que j'ai eue avoir
une conception moins légaliste, moins restrictive, moins
étriquée de la loi que ce gouvernement semble le faire par
l'intrusion du mot "légalement", qui va créer deux classes de
citoyens, des citoyens qui ne savent même pas ce qui se passe.
Pour toutes ces raisons avant de terminer, M. le
Président, le ministre de l'Education était très inquiet
tantôt, il se demandait, avant même que l'amendement soit fait,
justement en passant, je voudrais quand même féliciter le
député de Mégantic-Compton de ne pas s'être
laissé charrier par les manoeuvres d'intimidation du ministre de
l'Education. Le ministre de l'Education se demandait: Mais qu'est-ce que je
vais dire à ceux qui vont frapper à la porte du ministre de
l'Education
et dire: Moi, j'ai appliqué la loi, je me suis conformé et
les autres, voyez, ne s'y sont pas conformés et vous les laissez faire?
M. le Président, je dirai à ces messieurs du gouvernement: Vous
direz la même chose que vous avez probablement été
appelés à dire à tous ces enseignants, à tous ces
employés d'hôpitaux qui se sont conformés à la loi
23 et à la loi 253.
M. Laplante: Les policiers de la ville de Montréal.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bourassa! Est-ce que le député de Marguerite-Bourgeoys a
terminé?
M. Lalonde: Pour l'instant, oui.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, sur la motion d'amendement.
M. Grenier: M. le Président, y a-t-il d'autres
interventions, car j'aimerais autant attendre, étant donné que
c'est ma motion. Je reviendrai là-dessus, si vous le permettez.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Mon collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys, a donné une raison juridique très valable
pour laquelle l'amendement du député de Mégantic-Compton
devrait être appuyé et pour laquelle le gouvernement ne devrait
pas tenter d'aller chercher rétroactivement à faire l'application
d'une loi qui comportait une lacune.
Je voudrais rappeler au ministre de l'Education que peut-être la
loi 22 n'était pas la seule loi dans laquelle il y a une lacune. Quand
cela arrive, les gouvernements, que ce soit dans une loi, par exemple, qui a
une portée économique, essaient de le corriger, mais jamais d'une
façon rétroactive. Un exemple qu'on peut donner, c'est dans le
domaine de l'impôt. Quand il y a une certaine lacune, jamais on ne
cherche à le faire et on accepte le principe qu'une loi ne devrait pas
être rétroactive. Si on fait cela dans le domaine
économique, combien plus devrait-on le faire dans un domaine qui touche
un aspect humain, qui touche les enfants.
Je voudrais faire une suggestion au ministre de l'Education. Il donne
l'impression qu'il veut livrer bataille au PSBGM. Cette impression est
donnée non seulement par ses propos de ce matin, mais même quand
il y a certaines questions en Chambre. Je crois que, pour le bien-être et
l'application des lois, il ne faudrait pas que le gouvernement donne cette
impression que la seule raison pour laquelle il veut inclure cet amendement ou
ce mot "légalement" "lawfully" c'est pour faire une
bataille contre la PSBGM, viser la PSBGM.
Cela n'améliorera pas les bonnes relations entre cet organisme et
le gouvernement. Je pense qu'on devrait essayer, au plus tôt, d'obtenir
que les relations entre la PSBGM, qui est un corps administratif, un organisme
assez important, et le gouvernement s'améliorent. Cela ne sera pas par
des propositions comme celles qui sont contenues dans le projet de loi à
l'article 69c. C'est beau, il faut respecter la loi, mais il ne faut pas se
servir de la loi. Même si on veut viser la PSBGM, on ne la vise pas par
cet article, ce sont les enfants qu'on vise. Cela peut affecter l'aspect
humain. On s'est référé à cela, mais on ne peut pas
trop le répéter. Cela peut affecter l'avenir des enfants, leur
avenir, leur approche totale de l'éducation, leur attitude envers les
écoles. Cela serait malheureux, pour essayer de maintenir un principe
qui ne devrait pas être maintenu, parce que c'est un peu "vindictive"
d'essayer de faire cela, de courir le risque d'affecter tous ces enfants dans
leur avenir scolaire.
M. le Président, je crois que le gouvernement, jusqu'à
maintenant, n'a pas montré du tout de flexibilité dans tous les
propos, dans toutes les discussions sur le projet de loi, mais, dans ce cas-ci,
ce serait seulement agir d'une façon décente, d'une façon
humaine et vraiment montrer que c'est possible de discuter avec le
gouvernement, que c'est possible de lui faire entendre un peu raison, que ce
n'est pas une vengeance contre la PSBGM à laquelle ces gens sont
intéressés, qu'ils réalisent les difficultés qu'ils
causeraient par l'article tel qu'ils l'ont rédigé. Cela ne serait
pas un retrait de leur part. Même s'ils incluent certains articles dans
le projet de loi pour des raisons symboliques, je crois qu'ils pourraient, avec
décence, retirer le mot "légalement" et, en ce faisant, je crois
qu'ils auraient non seulement le respect des parents dont les enfants sont
visés, mais qu'ils auraient aussi le respect des organismes et je dirais
même des membres de l'Opposition sur cet article.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je veux
féliciter le député de Mégantic-Compton de son
amendement. Je l'avais même écouté... Excusez-moi,
avez-vous quelque chose à dire, M. le ministre?
M. Burns: The luck of the Irish.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: I have to accept that compliment from another
Irishman, similar or otherwise.
M. le Président, malgré les arguments du ministre de
l'Education, il ne faut pas nier que, dans une société
basée sur le processus parlementaire, il faut qu'on suive la loi. C'est
dur à admettre, mais il y a probablement quelques enfants qui, selon les
critères du bill 22, sont dans les écoles, peut-être
illégalement. C'est probablement le rôle du gouvernement de
décider quels sont les enfants et s'ils sont vraiment dans le
système, illégalement ou non. Nous aurons, dans le système
dont le ministre a parlé, à notre disposition et à la
disposition du gouvernement, des cours pour décider si
vraiment un enfant est dans l'école illégalement ou si les
citoyens agissent, dans un sens, illégalement, dans le domaine de
l'éducation ou même dans les autres domaines.
Qu'est-ce que l'Union Nationale essaie de faire? Je ne suis pas partisan
au point d'être prêt à aller contre mes convictions parce
que c'est un amendement avancé par l'Union Nationale. L'amendement dit,
peut-être entre les lignes, au ministre de l'Education, que, même
s'il y a quelques enfants qui sont dans le système illégalement,
il y a deux raisons pour lesquelles on devrait essayer de recommencer sur une
nouvelle base. La première, c'est d'avoir l'acceptation de la population
qui pense, avec raison ou pas, que le projet de loi n'est pas
nécessairement basé sur la justice, mais peut-être sur la
discrimination. On ne peut pas nier, pas encore du moins, à la
population ou à quelque citoyen que ce soit le droit de penser ce qu'il
veut. C'est encore un droit fondamental. Qu'est-ce que le député
de Mégantic-Compton essaie de faire? C'est de dire au gouvernement que
même si, très étroitement, il y en a quelques-uns qui sont
entrés dans le système d'éducation illégalement, il
est préférable, dans l'ensemble, d'oublier ce fait et de partir
sur une base qui peut être acceptable par la population.
C'est difficile, M. le Président, de demander à la
population de suivre la loi. Mais il faut suivre ta loi. Mais si le
gouvernement veut que les individus suivent la loi dans tous les domaines, dans
un système basé sur la démocratie, le gouvernement doit,
lui aussi, suivre la loi. Et c'est le ministre de l'Education qui a, avec son
règlement, adopté un ordre en conseil, il y a trois mois,
demandant à la population de l'île de Montréal d'accepter
une formule qui n'a aucun sens dans un esprit légal. Ce n'est
basé sur aucune loi qui ne soit déjà acceptée. Le
règlement qui existe pour l'avenir, pour ceux qui vont aller à
l'école au mois de septembre, est basé sur des règlements
qui sont complètement illégaux. Ce geste illégal, c'est le
geste posé par le gouvernement, pas par les citoyens.
Le gouvernement demande aux citoyens de suivre la loi. Ils doivent le
faire parce que sans la loi, c'est l'anarchie. En même temps qu'on
demande aux citoyens de suivre la loi, et j'admets qu'il faut suivre la loi, le
gouvernement, à cause de sa majorité, est prêt, à
toutes fins pratiques, à accepter de ne pas respecter ou d'ignorer la
loi. Je prétends encore que le ministre de l'Education, en demandant
à ses collègues, il y a quelques mois et encore la semaine
passée, de passer le règlement demandant un règlement
complètement illégal et inacceptable dans une procédure
parlementaire...
Le problème est simple. C'est très difficile de
régler ces problèmes quand vous avez un gouvernement qui est
prêt, lui-même, à faire des gestes ou à passer des
lois qui sont illégales. C'est très difficile d'expliquer cela
aux citoyens. Comment se fait-il qu'il faille suivre la loi dans un
système démocratique quand le gouvernement lui-même est
prêt à ignorer la loi quand cela fait son affaire? Quant à
la loi 22 et au gouvernement libéral... Le ministre de l'Education a
suggéré à l'Union Nationale de ne pas appuyer le Parti
libéral; pour un homme de son calibre, c'est un argument très
faible. Je ne peux pas comprendre. Si un gouvernement fait une erreur, s'il
veut changer ou amender une loi après quelques mois, pour des raisons
qu'il n'a pas remarquées quand la loi a été
votée... si, par exemple, il y a des clauses dans une loi dont les
bureaucrates ou les technocrates peuvent abuser dans l'application de la loi,
je pense qu'un gouvernement gagne en prestige s'il a l'habileté de dire:
Nous avons fait une erreur et nous voulons changer cette erreur. Vous l'avez
même avec ce gouvernement. Le projet de loi 101 est passé devant
la Chambre une, deux, trois fois pour être amendé. Pour quelles
raisons a-t-il été porté plus d'une fois devant la
Chambre?
Parce que, vraiment, quelqu'un, un commissaire, a dit carrément
que la loi 2 était illégale, selon les critères. Le
gouvernement a fait immédiatement son devoir, a accepté sa
responsabilité et a soumis quelques amendements à la loi 2 en
Chambre pour que la loi soit acceptable selon les règlements du
Parlement. Alors, si les tests, qui étaient nécessaires selon la
loi 22, étaient odieux, comme le ministre l'a dit, les choses
réalistes que le ministre avait à faire au mois de novembre, ce
n'était pas d'imposer les tests qui, lui-même l'admettait,
pouvaient faire tort à un enfant ou à des enfants pour des
années à venir et peut-être même pour toute la vie,
sous le prétexte que la majorité a subi ces tests; alors, il faut
que les pauvres 500 ou 1000 enfants qui n'ont pas encore subi ces tests les
passent dans le même sens. Vous pensez que le ministre aurait assez de
sagesse pour au moins essayer d'amender immédiatement la loi 22, qui
existait à ce moment-là, comme il l'avait promis durant les
élections, pour trouver un moyen plus acceptable de décider
à quelle école ou à quel système les enfants
iront.
Je pense que le ministre et le gouvernement, selon cet amendement,
encore une occasion de poser un geste, comme le député de
Mégantic-Compton l'a souligné, qui porte sur le "legalistic
aspect of the bill", Mr President, if I may resort to my own language for the
moment. What the minister here has and we will see if he is willing to
accept the challenge is an opportunity to show some humanity and
understanding of the concern and the anguish of the people who came to this
country, certainly who were coming to a free society, who do not quite
understand yet the logic or lack of logic behind the bill, or even bill 22, and
who felt that it was important to them, because they came under certain
conditions before they left their own country, that they be educated in English
because they related that to the world of finance, rightly or wrongly.
Now, what the minister has at his disposal right now is an opportunity
to accept, unanimously the amendment of the Union Nationale. By removing that
word "legally", he is in no way changing the bill 22. He is simply
deemphasizing the fact that there are people in the school system that must be
rooted out, and he might say to me: Under what pretext or pretense can I do it?
The pretext or pretense, M. le Président, in the name of humanity,
justice, human
justice, concern for children. Now, naturally, if the minister is
impervious to this, if he, in his legalistic background, could be devoid of any
sensitivity, lack of understanding, as the member for Mégantic-Compton
is not, of the need to salvage, if possible, the psychological impact of this
law on the children or presently on the system, who probably had to go through
a very emotional time to even join the system, who, any day, any month, maybe
next year, will have to be again submitted to the due process of the law, for
no reason, M. le Président, sauf que le ministre ne peut pas comprendre
la justice humaine. Je félicite l'Union Nationale et je vais appuyer son
amendement, parce qu'elle essaie au moins de dire au ministre: Même si la
loi est très étroitement imposée ou
déterminée si vous voulez, peut-être qu'il y a quelques
enfants qui sont entrés dans le système illégalement, on
est mieux d'oublier ça et recommencer sur une base et dire au moins
à la population de l'île de Montréal, les allophones
surtout, que c'est au moins le projet de loi no 101 ou le projet de loi no 1
amendé ou ce que vous voulez, qu'il est au moins basé sur le
concept du ministre de la Justice, et non sur la "légalité".
C'est pour ça qu'en terminant, M. le Président, je pense
qu'encore une fois, le ministre de l'Education a l'occasion en acceptant cet
amendement, de convaincre ceux qui ne sont pas convaincus, que le ministre est
prêt à agir avec sensibilité aux problèmes des
individus et avec sensibilité surtout aux problèmes des
enfants.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II existe un problème, il n'y a pas de
doute; seulement, la question que je me pose est que le gouvernement, n'ayant
pas été capable de faire écouter ou obéir à
la loi précédente, quand bien même il introduirait dans le
texte de loi le mot "illégalement", je ne vois pas très bien
comment il pourrait réussir davantage à faire obéir
à la loi 101, en incluant le terme "illégalement."
Il me semble que le ministre devrait profiter de l'expérience
qu'il a eue durant les derniers mois pour réaliser qu'une fois de plus,
ce sont les enfants, comme le disait mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, qui vont devenir les illégaux alors que je pense
que dans le contexte actuel, il y a quelques centaines d'enfants.
Je pense que ministère de l'Education a les noms de ces enfants.
Ils ont été identifiés. Je pense que les pressions que
l'on veut exercer, et je pense, à bon droit, à certains
égards, devraient être faites à partir d'arrangements avec
les commissions scolaires.
Je pense que l'an dernier, le ministre de l'Education a eu une chance,
vers le mois de février, de pouvoir tenter de trouver une solution
humaine qui ne faisait pas appel à la force, à l'autorité
policière pour régler un problème d'occupation
illégale. Il l'a refusée en disant: Cela coûte trop cher.
Je veux bien lui rappeler à ce moment-ci que la proposition qui lui
était faite était une solution qui aurait permis également
de faire l'expérience de ces écoles où les regroupement de
certaines ethnies permet l'enseignement à partir de la langue
maternelle, qui, je sais, se situe dans l'esprit, ou du moins dans les
intentions du ministre de l'Education. Il l'a refusée en disant: Cela
coûte trop cher. Mais à ce moment-ci, devant un problème
tel que celui-là, on peut se demander où un gouvernement met ses
priorités, parce que la commission scolaire en question avait
estimé des dépenses de l'ordre de $1 million, ce qui était
une estimation quand même maximale et qui, je pense, aurait permis de
mettre déjà en place des outils de travail qu'on se propose de
mettre en place de toute façon, et aurait permis de trouver une solution
plus normale et beaucoup moins coercitive à ce problème qui
existe, je ne le nierai pas.
Mais, dans le cas présent, ceci n'ayant pas été
fait, comme je l'ai dit en deuxième lecture, ne serait-il pas beaucoup
plus sage de faire appel à la concertation avec les commissions
scolaires, avec les parents, en leur expliquant la loi, et au besoin, on peut
même, si vous sentez qu'il y a de la mauvaise volonté de la part
de la commission scolaire, refuser de payer les frais de scolarité de
ces enfants; mais si on n'arrive pas à résoudre le
problème de la façon la plus pacifique possible, je pense qu'on
ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. Le ministre de l'Education, comme
d'ailleurs tout le gouvernement ou du moins ceux qui ont été
près de ce projet de loi, est fort conscient que la rentrée
scolaire même si l'échéance est un peu
retardée parce qu'on l'a assoupli au 30 septembre ne se fera pas
sans problème parce qu'à part ces élèves
illégalement inscrits, il y a aussi des élèves occupant
illégalement et pour lesquels, pour des raisons qu'on connaît
tous, la situation a perduré et risque fort de perdurer en
septembre.
Je pense que si à un certain moment, la commission scolaire, par
exemple, n'obéissait pas à un ordre de verser ces enfants au
secteur français, elle devrait subir les conséquences du jugement
de la population, parce qu'elle n'obéit pas à la loi, et ceci en
dépit d'efforts, de rapprochement, de recherche de solution la plus
juste possible, parce qu'elle demeure sur ses positions. Mais je pense
qu'inclure dans la loi, à ce moment-ci, le mot "illégalement"
pour toucher exactement entre 200 et 300 enfants qui sont inscrits
illégalement, c'est vraiment mettre ces enfants dans
l'illégalité et dans la perspective où ils continueraient
leurs études, inscrits dans ce secteur illégalement; rendus
à l'adolescence ils seraient toujours marqués comme des enfants
ayant suivi leurs études d'une façon illégale. Je pense
qu'avant de marquer ces enfants de cette façon il faut être bien
certain qu'on aura épuisé tous les autres moyens de conciliation,
qu'on aura vraiment cherché toutes les autres solutions, d'autant plus
que si on ne trouve pas des solutions d'une façon pacifique dans un
échange, un dialogue, dans une concertation, je ne vois vraiment pas ce
que le mot "illégal" va ajouter, sauf si le ministre a l'intention
d'aller les faire chercher par la police à l'intérieur des
écoles. Il nous a assuré, et là-dessus je suis bien
prête à le croire, que telle n'est pas son intention pour
le mois de septembre s'il se produit des cas de résistance ou de
désobéissance à la loi.
C'est dans ce sens que je vais appuyer la proposition du
député de Mégantic-Compton parce que je pense que le
gouvernement, en inscrivant ce mot "illégalement" qui touche un nombre
infime d'enfants, provoque et ne recherche pas les solutions constructives. Non
seulement il provoque les affrontements à l'égard de ces 200 ou
300 enfants, mais les provoque également à l'égard de
l'application de toute la loi dans le domaine de l'enseignement. Je me
souviendrai du temps où je n'ai jamais cru que les gens occuperaient
illégalement pendant un an, mais ils l'ont fait. Je pense qu'on peut
fort bien se retrouver dans la même situation. Pourquoi ajouter sans
nécessité, sans avoir vraiment exploré toutes les autres
solutions? Pourquoi mettre dans la loi ce terme qui, à mon point de vue,
n'a rien de constructif, et va simplement provoquer, accentuer la
résistance et compliquer la rentrée scolaire et le
déroulement de l'année scolaire? C'est pourquoi je voterai pour
la proposition du député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. La plante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai seulement une question
à poser au ministre de l'Education s'il me le permet. Comment allez-vous
appliquer cette loi, cet article concernant ces enfants? Pourriez-vous...?
M. Morin (Sauvé): II s'applique de lui-même.
M. Ciaccia: De quelle façon? Dès que la loi sera
adoptée, automatiquement les enfants vont savoir que c'est
adopté, et ils vont s'en aller chez eux. Qu'est-ce qui va arriver?
M. Morin (Sauvé): Ils vont se conformer à la loi ou
ne pas s'y conformer.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): S'ils ne s'y conforment pas ils ne
seront pas sur les listes.
M. Ciaccia: Mais s'ils sont admis, s'ils ont commencé; ils
se sont inscrits l'année dernière et ils ont obtenu une
année de scolarité. Mais cette année, je suppose qu'au
mois de septembre ils sont encore inscrits.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Ciaccia: Admettons que la loi est adoptée. Qu'est-ce
qui va arriver au mois d'octobre, au mois de novembre?
M. Morin (Sauvé): C'est là que vous vous trompez,
M. le député. Ils ne seront pas inscrits officiellement. Ils ne
seront pas sur les listes du ministère.
M. Ciaccia: Mais physiquement ils sont encore à
l'école. Qu'est-ce qui va arriver, comment...
M. Morin (Sauvé): Ils peuvent être physiquement
à l'école mais ils n'existent pas pour les fins de financement ni
pour les fins de "diplomation".
M. Ciaccia: Alors l'école doit les renvoyer à la
maison? Physiquement, c'est bien beau de dire qu'ils ne sont pas sur la liste,
mais l'enfant qui va à l'école, lui, il ne sait pas s'il est sur
la liste ou non. Qu'est-ce qui...
M. Morin (Sauvé): Les parents le savent, cependant.
M. Ciaccia: Mais il se peut que les parents ne savent pas
l'implication et les conséquences d'être ou de ne pas être
sur une liste. Beaucoup de ces parents sont des immigrants qui ne parlent
peut-être ni le français ni l'anglais.
M. Morin (Sauvé): Soyez sans inquiétude, M. le
député, ils le sauront.
M. Ciaccia: Même s'ils savent qu'ils ne sont pas sur la
liste, il se peut qu'ils ne savent pas les conséquences. Qu'allez-vous
faire quant à ces enfants? Irez-vous les chercher pour les...
M. Morin (Sauvé): Ne craignez rien, les commissions
scolaires ont déjà très bien compris ce qui est en cause
et les parents comprendront également les conséquences de tout
geste illégal.
M. Ciaccia: Cela ne nous rassure pas. Cela ne nous dit pas
exactement de quelle façon vous allez appliquer cette loi. Vous nous
dites qu'ils vont le savoir...
M. Burns: Puis-je poser au député de
Mont-Royal...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le leader peut
demander lui aussi à...
M. Burns: Non, je demande...
Le Président (M. Laplante): II vous reste vingt minutes.
Lorsque votre tour viendra, vous pourrez poser les questions voulues.
M. Burns: Avec la permission de la commission, j'ai simplement
une question à poser au député de Mont-Royal que me
provoquent les questions qu'il pose au ministre de l'Education.
Le Président (M. Laplante): S'il veut répondre,
c'est sur son temps.
M. Burns: Le député de Mont-Royal peut-il
m'expliquer la logique qu'il y a entre l'attitude du Parti libéral, et
d'ailleurs de l'Union Nationale mais je ne le lui demande pas pour
l'Union Nationale et l'attitude qui nous a été
reprochée
lorsque nous avons, en vertu des dispositions des lois 23 et 253, mis de
côté un certain nombre de choses? On nous avait reproché,
à ce moment, d'avoir été un peu "laxe" dans notre
façon d'agir, et maintenant on demande tout simplement que la loi qui
existait avant s'applique. On nous dit: Cela n'a pas de bon sens, vous ne
devriez pas. Vous devriez laisser... Quelle est la logique de cette
attitude?
M. Ciaccia: Je vais vous le dire. S'il me reste du temps, je
pourrai répondre à la question.
Le Président (M. Laplante): II vous reste huit minutes, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Premièrement, ce n'était pas une loi
rétroactive. La loi 25, je crois que c'était le
numéro avait été adoptée...
M. Burns: 23.
M. Ciaccia: La loi 23, excusez-moi, et 253. ... quasiment dans
une situation de crise.
M. Burns: C'est cela. Justement, on n'est pas en situation de
crise.
M. Ciaccia: Laissez-moi répondre. Ce n'est pas correct. M.
le Président, il m'a demandé une réponse.
Les conditions, c'étaient des situations de crise. Il y avait des
gens qui mouraient dans les hôpitaux. Ils ne recevaient pas les services
médicaux. Une loi a été adoptée et le Parti
québécois a voté pour cette loi. Je voudrais vous le
rappeler.
Après que la loi eut été promulguée dans
cette situation, des gens n'y ont pas obéi. Il y a eu des sanctions
prévues par cette loi. Quand ils n'obéissaient pas, ils
connaissaient les sanctions. La seule chose qui est arrivée, c'est que
nous avons essayé d'appliquer la loi en toute connaissance. Ce
n'était pas rétroactif. Ici, ce n'est pas la même chose.
Premièrement, au niveau humain, vous parlez des petits enfants de cinq,
six ou sept ans, alors qu'il est question de gens qui ne donnaient pas les
services médicaux et de gens qui mouraient dans les hôpitaux. Le
principe juridique que vous cherchez... Ici, vous en faites une question de
rétroactivité, qui n'existait pas dans la loi 25.
M. Burns: II n'y a pas de rétroactivité dans cela.
C'est le contraire.
M. Ciaccia: Oui, c'est rétroactif. Vous introduisez une
pénalité qui n'existait pas dans la loi 22. Pour cela, vous
rendez la loi rétroactive.
M. Burns: Mais, c'est le contraire.
M. Ciaccia: Ce n'est pas le contraire. "You are inserting a
retroactive penalty to the law".
M. Burns: Non.
M. Ciaccia: Oui. Mais alors, appliquez la loi 22. Ces gens...
M. Burns: C'est cela. C'est cela qu'on dit. C'est exactement ce
qu'on dit.
M. Ciaccia: Ce n'est pas Cela que vous faites. Vous ne
l'appliquez pas.
M. Burns: Mais voyons donc!
M. Ciaccia: Vous jouez sur les mots.
M. Lalonde: M. le Président, je soulève une
question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Vous avez probablement raison,
d'ailleurs.
M. Lalonde: Mes excuses à l'égard de mon
collègue de Mont-Royal. Il a accepté une question, mais ce n'est
plus une question, M. le Président, c'est devenu une chicane. Si le
député de Maisonneuve n'accepte pas la réponse, qu'il
dise: Je n'accepte pas la réponse, point.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, j'accepte
votre question de règlement. Je n'accepte pas le mot "chicane". C'est
devenu un débat. Et les débats à l'Assemblée, ou en
commission, peuvent être qualifiés de diverses façons.
M. Ciaccia: Je ne ferai pas de chicane, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Je considère que M. le
député de Mont-Royal, bien qu'on lui ait posé une
question... Pardon, M. le leader parlementaire?
M. Burns: Je ne m'en mêle plus. Cela va bien aller.
Le Président (M. Cardinal): Je vous laisse la parole. Il
vous reste environ six minutes.
M. Lalonde: "Promises, promises".
M. Ciaccia: Je ne voulais pas prendre la parole. Je voulais
donner la réponse. La réponse est que vous faites une loi
rétroactive. C'est cela la différence, à part toutes les
autres différences.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Il n'y a pas
d'autres intervenants? M. le député de Mégantic-Compton.
Encore une fois, je le souligne, pour éviter des
précédents... Oui, M. le député de Mont-Royal,
d'accord.
M. Ciaccia: Si vous appliquiez la loi 22, ce ne serait pas
nécessaire d'inclure l'article 69c.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de
Mégantic-Compton, en tenant compte que ce n'est pas une
réplique que vous excercez. Simplement, il arrive que le hasard vous
favorise: Vous êtes le dernier, à parler sur votre motion...
M. Morin (Sauvé): Pour confesser son erreur. M.
Grenier: Cela commence à être clair.
M. Lalonde: Nous avons encore le droit de parole.
Le Président (M. Cardinal): Vous n'êtes
peut-être pas le dernier, à part cela. D'accord.
M. Grenier: Je pourrai peut-être revenir aussi. Il me reste
du temps, si ce n'est pas un droit de réplique.
Le Président (M. Cardinal): Je tiens à souligner,
justement, que, n'étant pas un droit de réplique, ceux qui ont
encore du temps pourront l'employer.
M. Grenier: Je m'en voudrais, bien sûr, que cette motion
dure trop longtemps. C'est pour cela que je ferai vite, afin de ne pas obliger
les gens...
Le Président (M. Cardinal): Le micro, s'il vous
plaît! On manque quelques-unes des excellentes paroles.
M. Grenier: Je m'en voudrais, M. le Président, de prendre
trop de temps et qu'il se perde trop de temps sur une motion de ce genre.
Mais on veut que les gens connaissent l'importance d'une telle motion.
Mais obliger les journalistes, les media d'information à discourir sur
le mot "légalement", demain matin... S'il fallait passer la
journée sur cette motion, ce serait pas mal fort pour eux. Il ne
faudrait pas leur demander une corvée aussi épouvantable et
passer à un autre article car cela va devenir pénible.
Quand je reçois des félicitations comme tout à
l'heure sur mon amendement, cela me rappelle un peu une phrase du
député de Johnson: "Quand l'encensement se fait, dans le nuage de
"boucane", j'ai toujours peur de recevoir un coup de chaudière"; on n'en
est pas exempt. Je voudrais quand même qu'on sente bien que notre
intervention ici n'est pas pour servir de caution à la loi 22 faite par
l'ancien gouvernement. S'il y a des reproches qu'on se fait sur cette loi,
qu'on comprenne bien que l'Union Nationale ne vient pas cautionner une loi qui
n'était peut-être pas suffisamment bien faite; qu'on le comprenne
bien.
M. Morin (Sauvé): C'est le but de votre motion?
M. Grenier: Sans aucun doute, excepté que je voulais quand
même attirer l'attention de cette commission sur cet aspect de la loi qui
était peut-être très difficile à appliquer. Mais,
qu'on comprenne bien que ce n'était pas l'idée de vouloir
cautionner cette loi.
M. Burns: ... votre amendement.
M. Grenier: Non, vous allez vous en charger dans quelques
minutes, comme c'est l'habitude dans les études de la commission.
Je voudrais remercier le député de L'Acadie pour l'aspect
humain, hier... Un député a dit du député de
L'Acadie qu'elle connaissait mieux les problèmes de Montréal que
ceux de la région. Je dois vous dire qu'elle connaît
également ce n'est pas pour la mettre en évidence; vous la
connaissez et vous savez sa compétence dans le secteur de
l'éducation une bonne partie du secteur rural car elle habite
dans mon comté plusieurs mois par année et c'est là
qu'elle devient plus rurale, M. le député de Bourassa...
Mme Lavoie-Roux: J'ai toujours été rurale.
M. Grenier: Elle habite mon comté de façon assez
prolongée durant l'année et c'est de nature à la rendre
plus provinciale que vous ne le pensez.
M. Laplante: Elle est née à 38 milles de mon
endroit, Rivière-du-Loup.
Mme Lavoie-Roux: Quelle chance!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ce n'est pas le temps de sortir vos curriculum vitae.
M. Grenier: Comme Mme le député de L'Acadie le
mentionnait tout à l'heure, elle est très au fait du
problème et vous vous rendez compte que cela ne concerne que 200
à 300 étudiants de la région de Montréal. Je pense
que ce que nous plaidons ici, ce n'est pas d'enfeindre la loi, vous l'avez
compris depuis assez longtemps.
Ce que le député de Joliette-Montcalm mentionnait tout
à l'heure, en réponse à ma motion, c'est qu'on ne peut pas
accorder le pardon à des individus; on l'accorde, bien sûr,
à des collectivités, mais, à des individus, ce n'est pas
possible. Les collectivités qui jouissent de mandats de groupes et qui
comptent sur les services d'économistes, de sociologues et d'avocats,
elles, ont le droit d'être défendues et d'être
protégées par le gouvernement. Les individus, eux, ce n'est pas
leur cas, ils n'ont pas ce droit; on ne peut pas accorder de pardon à de
jeunes enfants qui ne sont pas responsables d'une loi, qui doivent uniquement
servir de cobayes, mais on peut le faire pour des collectivités, des
groupes qui se sont réunis autour d'une table pendant des heures, des
journées et des semaines pour prendre une décision et pour venir
enfreindre la loi du gouvernement. Pour eux, on peut passer l'éponge et
leur donner la bénédiction urbi et orbi, comme le disait si bien
le ministre d'Etat aux affaires culturelles. Mais pas à des enfants qui
sont en dehors de la loi, qui n'y sont pour absolument rien et qui agissaient
en tant qu'individus.
On doit en conclure, d'après le député de
Joliette-Montcalm, qu'il y a deux sortes de citoyens devant la justice. Quand
ils sont en grou-
pes... Ce qui fait dire que, pendant qu'on est en train de donner la
bénédiction aux gens qui n'ont pas respecté la loi 23 et
la loi 253... Quand vous ne pouvez pas réussir comme individu,
rencontrez un syndicat et enfreignez la loi. Il n'y a pas de problème
là-dessus, on va avoir la bénédiction, mais, quand on le
fait comme individu, le gouvernement ne peut pas se pencher sur cela.
J'aimerais que les gens de la grosse batterie, au bout de la table,
à votre droite, M. le Président, soient témoins de ce
qu'on leur donne en ce moment. On leur donne de l'argumentation qui est
peut-être importante pour eux, pour transformer leur opinion. Evidemment,
on finit par s'habituer aux arguments qu'on donne ici et, quand on a envie de
se promener avec un parapluie et de ne rien accepter, on peut se mêler
à ce moment, s'entretenir entre soi et éviter d'écouter
les arguments qui viennent de l'Opposition, qu'ils soient bons ou mauvais. Cela
devient très secondaire pour un gouvernement qui a envie de faire
adopter sa loi à coups de bulldozer. Ce n'est pas mon intention, je l'ai
dit tout à l'heure et je le répète, ce n'est pas mon
intention, ce n'est pas l'intention de l'Union Nationale...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: II y aurait peut-être lieu d'ajourner pour
quelques minutes pour permettre aux ministres de s'entendre.
Le Président (M. Cardinal): On ne peut pas ajourner pour
quelques minutes; si on ajourne, ce sera à demain.
M. Grenier: Rappelez donc à l'ordre, M. le
Président, les gens qui composent la grosse batterie, à votre
droite.
Le Président (M. Cardinal): C'est ce que je viens de
faire, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: On comprend qu'on ait choisi la salle 81 pour
s'arranger pour éloigner un peu la véritable Opposition, pour
l'avoir plus loin, pour ne pas l'avoir trop en face de soi. Ce n'est pas
intéressant de se faire dire ses vérités, même si
cela avait été davantage intéressant de discuter au salon
rouge.
M. Burns: C'est pour le confort qu'on a choisi la salle 81, c'est
pour cela.
M. Grenier: Ah oui! mon Dieu, Seigneur, que vous êtes
soucieux.
M. Burns: Parce que je sais que cette commission va durer
longtemps.
M. Grenier: Ah! j'ai des nouvelles, je pense. J'ai
déjà eu un radar assez important qui disait que...
M. Burns: Cette salle-ci est climatisée et c'est pour
votre confort que j'ai choisi cette salle-ci.
M. Grenier: J'avais déjà pressenti, M. le leader,
M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une suspension,
M. le député de Mégantic-Compton, c'est un
intermède que je vous permets, après avoir siégé
pendant une heure et demie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai la puce à l'oreille, M. le
Président. Qu'est-ce que vous avez à dire, M. le
député?
M. Grenier: A une commission, j'ai entendu un adjoint dire que
cela durerait longtemps, la commission et les mémoires aussi; sept
minutes après, on a mis la hache dedans. Je commence à avoir
peur; quand je vois le leader ici ce matin, je commence à
m'inquiéter.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas pris de temps, n'est-ce pas, M. le
député?
M. Grenier: Ah oui! le bill 1.
M. Burns: Vous avez raison d'avoir peur.
Le Président (M. Cardinal): M. le
député...
M. Lalonde: Même la loi avait passé par la hache
à ce moment-là.
Le Président (M. Cardinal): L'intermède
étant terminé, je vais demander au député de
Mégantic-Compton de revenir au sujet dont nous discutons.
M. Grenier: M. le Président, une allusion a
été faite également par d'autres députés. Je
ne veux pas donner plus d'importance aux propos qui ont été
tenus, mais, comme sur une question de privilège, on n'avait pas le
choix et que je n'avais pas le choix non plus sur une directive, je voudrais
bien qu'on comprenne que, chez nous, il n'y a personne qui ait
recommandé la désobéissance civile. Si cela devait se
produire dans notre parti, ces personnes ne seraient plus dans notre parti, je
peux vous dire cela. Je serais de ceux qui demanderaient qu'on expulse des gens
qui parleraient de désobéissance civile, que ce soit sur cette
loi ou d'autres lois.
J'ai reconnu tout à l'heure le ministre de l'Education dans ses
propos brefs, mais un peu épeurants, quand il m'a dit qu'on avait en
main les armes qu'il fallait pour faire respecter la loi. J'ai trouvé
qu'il était très large, qu'on ne les passera pas au fusil comme
à la Robin Hood. J'ai trouvé cela large de sa part, c'est
déjà quelque chose, mais plus de subventions et pas de
diplômes, c'est réglé, les largesses extrêmes du
gouvernement, on ne les mettra pas devant les écoles comme à la
Robin Hood pour les passer au fusil. Je vais être bien content. J'ai vu
que le gouvernement avait
compris passablement de choses. Je trouve cela déplorable
vraiment, pour un nombre aussi infime de gens. Mme le député de
L'Acadie m'informe que c'est de 200 à 300, c'est encore moins nombreux
que je ne le pensais. Elle m'informe que, même avec ce que cela pourrait
miser pour l'avenir, ce n'est pas là qu'on va angliciser le
Québec, ce n'est pas avec ces 200 ou 300, et qu'on sente...
Ah oui! tout cela, même tout cela, M. le Président,
même tout ce monde-là, je comprends bien mal que le gouvernement
n'accepte pas cet amendement et se prépare à voter contre encore
une fois.
A partir de là, c'est sûr que ces gens, comme l'a dit le
ministre de l'Education tout à l'heure, seront assis physiquement dans
les écoles, mais ce sera comme s'ils n'y étaient pas. Pas de
subventions pour les élèves et pas de diplômes. On va
comprendre bien rapidement, mais quelle est la largesse du gouvernement? Elle
va commencer à quel moment, la largesse que nous a annoncée le
premier ministre? Il serait peut-être temps de le faire revenir, qu'il
vienne faire partie de la grosse batterie et nous parler un peu de ses
largesses dont il s'est vanté dans tout le Québec, pendant qu'on
voit rétrécir la loi ici de jour en jour.
Je ne vois pas du tout où elle va être. Il y a eu une
espèce d'amendement hier pour avoir une phrase plus française,
d'après ce qu'on a eu. Je me demande où vont commencer les
largesses du gouvernement. C'est à y perdre son latin. On a des
amendements qui étaient acceptables, à mon sens. Mais on voit ce
gouvernement, dans la grande théorie, dans les grands discours de
deuxième lecture, les grands discours d'ouverture de Chambre, qui dit
qu'il vient ici pour collaborer avec une Opposition vigilante, une Opposition
qui va lui faire des propositions, une Opposition valable, intéressante
qu'il veut avoir en face de lui. On lui fait des amendements à
l'alinéa a), on demande... J'ai insisté énormément.
J'ai pris le ton de voix que je devais prendre; j'ai pris ce que j'avais comme
argument.
Je peux vous dire qu'on a des recherchistes qui ont fait un travail
considérable. Pour le peu qu'on a du gouvernement, on a des
recherchistes qui font peut-être l'envie de passablement de partis
politiques. On a une argumentation valable. On propose la clause "secondaire",
à l'alinéa a), elle est rejetée du revers de la main sans
aucune considération.
On propose à l'alinéa b), qui est passé à
l'alinéa a), la clause Canada, aucune considération.
M. Burns: L'amendement.
M. Grenier: Cela va en réveiller quelques-uns à la
table; cela va faire du bien qu'on parle un peu plus fort.
M. Burns: L'amendement.
M. Grenier: On arrive, à l'alinéa c), avec la
clause "légalement", elle est encore rejetée. Pourriez-vous nous
donner une indication, M. le ministre d'Etat au développement culturel?
Où est la place où on peut intervenir et changer des choses?
C'est à quel endroit?
Du train où cela va, on va continuer et on va parler un peu, tant
et aussi longtemps que les chaises ne seront pas électrifiées,
comme nous a annoncé le leader adjoint, et qu'on ne nous mettra pas au
courant. On va continuer. Je pense qu'on n'en a pas pour bien longtemps, avec
ce que je peux sentir avec mon radar.
M. Burns: J'ai retiré la "plug". Faites attention, par
exemple, on va "repluger" ça vite.
M. Grenier: M. le Président, demandez donc au leader de
faire comme hier soir, d'aller se reposer et de nous laisser discuter plus
sérieusement ici. Cela va bien jusqu'à ce qu'il arrive.
M. Burns: Hier, j'étais en Chambre.
M. Grenier: Quand il arrive ici et qu'il commence à se
frotter la moustache avec sa main gauche, c'est qu'il jongle à des
choses qui ne sont pas toujours catholiques.
M. le Président, je ne peux pas aller plus loin là-dedans.
Et comme M. Johnson disait à l'ancien premier ministre, M. Lesage, c'est
un beau geste, dans les deux sens, si vous voulez. Aidez-nous donc. Aidez-nous
donc à accepter un amendement. Montrez donc, ce matin, un geste de
générosité. Parce qu'à mon sens, c'est de la
générosité, ce matin. C'est de la
générosité qu'on vous demande, ce n'est pas d'appliquer
une loi; un geste de générosité montre qu'un gouvernement
a du coeur. Mais, quand on se fait répondre par un ministre: Non, on est
large, on ne fusillera pas ces gens, on va juste leur couper leurs
diplômes et leurs subventions, j'aimerais qu'on entende d'autres choses
que cela. Pour l'Union Nationale, on est à court d'arguments. On n'a
vraiment pas autre chose... Parlez donc, les gens de ce côté-ci.
J'excuse certains députés, entre autres le député
de Joliette-Montcalm, qui fait des interventions un peu plus brillantes, mais
donnez-nous donc des arguments, sortez-nous-en donc si vous en avez. Il y a eu
un seul intervenant, le député de Joliette-Montcalm, sur cette
motion. Pourtant, elle a fait la manchette des journaux pendant un an, la
motion "légalement". Cela n'intéresse personne dans la
région de Montréal. Il n'y a pas un député PQ qui
est intervenu sur la motion "légalement", de façon logique et
honnête. Qu'on nous dise donc, à Montréal, ce qu'on pense
de la motion "légalement". Qu'on montre donc un peu
d'humanité.
M. Laplante: On a vécu la loi 22. C'est là la
différence.
M. Grenier: Je ne suis pas obligé de trouver cela
drôle. Avec des ministres qui ne sont pas capables de s'intéresser
à la question, ce matin, comme on le fait en ce moment, que les
journalistes notent donc le désintérêt qu'ont les membres
du Cabinet qui sont ici à la motion qu'on soumet.
M. Laplante: Vendons les pépins.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: C'est désespérant de travailler
à une commission de ce genre. De l'arrogance de ce genre-là, je
n'ai jamais vécu cela depuis dix ans au gouvernement. Je n'ai jamais
vécu cela, dans leur rire, dans leur vocabulaire, dans leur attitude,
les trois qui sont là, les trois ministres qui sont là. Je n'ai
jamais vu cela. Ni chez les libéraux, ni chez l'Union Nationale.
Pédants! Prétentieux! Je n'ai jamais connu cela dans un
gouvernement, ici à Québec. Ils sont jugés à leur
valeur. Laissez venir une élection. On fera savoir ce que vaut le
gouvernement prétentieux qu'on a en face de nous. Aucun amendement
accepté depuis le début par ce gouvernement! On se demande
où on s'en va. On est mou, on ne dit rien, on ne parle pas, cela marche.
On essaie, cela fait une journée qu'on essaie d'amener quelque chose,
une journée pénible comme celle qu'on a passée hier,
à la haute pointe de la loi 101. Rien. Il n'y a rien qui a
été apporté du côté du gouvernement. On
portera l'onéreux de cela. Vous allez voir qu'il y a des
séparatistes dans la province qui veulent une loi 101, dans le texte
actuel de l'article 69, Vous allez trouver qu'ils ne seront pas nombreux aux
prochaines élections. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal. Il vous reste six minutes.
M. Ciaccia: J'aurais une question. Est-ce que le ministre...
Une Voix: Un bon "show" pour la presse!
M. Grenier: Non, ce n'est pas pour la presse, c'est pour
vous.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le leader parlementaire me permettrait une
question?
Le Président (M. Cardinal): Dans le cas présent,
vous commencez une procédure qui n'est pas tout à fait conforme
aux us et coutumes.
M. Ciaccia: Je vais demander...
Le Président (M. Cardinal): Comme il ne prononce pas de
discours, il faudrait demander au président plutôt que de demander
au leader parlementaire. Ce qui me permettrait de terminer l'affaire quand cela
aura duré assez longtemps.
M. Ciaccia: M. le Président, dans mes six minutes,
j'aurais aimé demander au ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, au leader parlementaire...
M. Burns: Electoral et parlementaire.
M. Ciaccia: ... électoral et parlementaire, si le
gouvernement avait jugé bon de retirer les plaintes, les poursuites
concernant les lois 23 et 253... C'était une loi claire. On avait
amendé la loi clairement. Pourquoi le gouvernement n'est-il pas
prêt à prendre la même approche dans le cas actuel? Il y a
beaucoup moins de gens affectés et, en plus, ce ne sont pas des adultes,
ce sont des petits enfants. J'aurais aimé poser cette question au
ministre, pourquoi ne pouvait-il pas prendre la même approche ici?
Le Président (M. Cardinal): Si M. le ministre veut
répondre... Mais, dans ce cas, je calcule le temps comme si
c'était une intervention.
M. Burns: Je pense... D'accord. Je pense que le ministre de
l'Education peut très bien répondre là-dessus.
Il est très au fait de la situation, et je connais la
réponse, puisqu'on vient de s'en parler pendant que vous posiez votre
question, je peux vous dire d'avance que je suis totalement d'accord avec la
réponse que va vous donner le ministre de l'Education.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je serai
très bref. Les deux cas sont totalement dissemblables. Dans le cas
auquel le député a fait allusion il y a un instant, il y avait
interruption des poursuites. Il n'est pas question de poursuites ici. Nous
n'allons pas poursuivre qui que ce soit. Nous allons simplement appliquer la
loi, celle qui était applicable en 1975-1976 et celle qui sera
applicable à compter de 1977.
De surcroît, il y a une autre différence, qui est celle-ci:
dans le cas de la législation portant sur les hôpitaux, le fait de
suspendre des poursuites avait des effets très limités et ne
comportait pas d'injustices pour les uns ou pour les autres. Tous
étaient placés sur le même pied, tandis que si nous allons
suspendre l'application de la loi dans le cas présent, il y aurait
injustice, parce que ceux qui ont respecté la loi se verraient
pénalisés.
M. Burns: C'est ça.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je peux prendre le
reste de mon temps?
Le Président (M. Cardinal): Oui, il vous reste, attendez
un peu, quatre minutes.
M. Ciaccia: M. le Président, ce sera très difficile
de faire croire aux gens qui sont visés par cette loi qu'il n'y a pas de
poursuites contre eux. Dans leur esprit, on peut utiliser les termes
légaux tant qu'on veut, une poursuite en bonne et due forme devant les
tribunaux et/ou une poursuite de ce genre, du projet de loi no 101, article
69c. Pour ces gens, il y a une poursuite, et quand on parle d'injustice, je
suis étonné qu'on défende ici le principe de
non-discrimination quand, dans le projet de loi, on ne peut pas tourner une
page sans
qu'il n'y ait discrimination contre quelqu'un, et je crois que
l'impression qu'on donne, c'est qu'on essaie de pratiquer une discrimination
contre un organisme spécial, on veut faire la lutte au PSBGM. Même
si on voulait le faire, je crois, M. le Président, que ce ne devrait pas
être sur le dos des enfants; qu'on cherche un autre endroit pour les
amener à faire ce que le gouvernement veut, et spécifiquement ne
pas viser ces enfants. C'est seulement un problème d'approche humaine.
Je trouve que l'approche du gouvernement vis-à-vis de ces enfants est
inhumaine.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): II vous reste une minute.
M. Lalonde: II ne me reste qu'une minute, M. le Président,
je pensais que j'avais été plus bref.
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Lalonde: Cela indique, M. le Président, jusqu'à
quel point le gouvernement n'a pas confiance dans les autres dispositions de la
loi destinée à promouvoir le français et à faire du
français une langue nécessaire au Québec. Plusieurs ont
souhaité que les dispositions de la loi concernant la langue
d'enseignement soient transitoires, temporaires, parce que c'est là
surtout qu'on voit la coercition et la répression, dans une bonne
mesure, alors que le français étant devenu chose
nécessaire, étant devenu la règle, en fait, au
Québec, surtout dans l'entreprise, dans le secteur du travail, on
pourrait laisser aller ensuite la coercition. Pour poursuivre jusqu'à
leurs petits-enfants et leurs enfants des gens qui ont cinq, six ans
actuellement, M. le Président, le gouvernement n'a aucune confiance dans
le succès de son entreprise.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Mme le député de L'Acadie, il vous reste, à vous,
douze minutes.
Mme Lavoie-Roux: Ce sera une minute, M. le Président.
Je pense que le gouvernement fait son lit, il couchera et dormira
dedans. J'espère qu'il n'aura pas trop de cauchemars.
Je pense qu'il aurait pu atteindre les mêmes objectifs en
n'incluant pas ce mot "légalement" et particulièrement alors
qu'il l'avait oublié dans le projet de loi no 1. Ceci ne peut être
interprété par le public que comme quelqu'un qui veut aller, par
tous les moyens, faire la chasse aux sorcières.
Je pense que les objectifs que vous tentez de rejoindre, vous les
risquez, vous ne les atteindrez pas, vous allez gâcher le climat et vous
n'aurez qu'à vous le reprocher à vous-même par la
suite.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Maisonneuve et leader parlementaire.
M. Burns: Je serai très bref. Effectivement, le
gouvernement prend, à mon avis, ses responsabilités. Il propose
un projet de loi. Il n'est pas fermé et, d'ailleurs, il l'a
prouvé à de nombreuses reprises dans le passé et il l'a
prouvé, d'ailleurs, par la réimpression du projet de loi no 101,
ou par le dépôt du projet de loi 101 qui, à toutes fins
pratiques, était une réimpression du projet de loi no 1, mais le
gouvernement prend ses responsabilités, comme on s'est fait dire
d'ailleurs, je me souviens très bien, lorsque j'étais dans
l'Opposition et que je le faisais, aussi honnêtement que les membres de
l'Opposition tentent de le faire actuellement, les efforts pour faire changer
d'idée au gouvernement sur certains projets de loi...
Le gouvernement précédent disait: C'est par là que
je m'en vais. Sur des choses essentielles comme l'article 69, à notre
point de vue, nous sommes prêts à en porter la
responsabilité politique et c'est cela le courage d'un gouvernement. On
n'a pas à nous faire état de tout simplement tenir notre bout sur
de telles choses, comme je n'ai pas à blâmer l'Opposition de
vouloir tenter, par tous les moyens, de nous faire changer d'idée.
Là-dessus, je peux vous dire, honnêtement, que c'est une
décision gouvernementale et nous sommes prêts je le
répète à porter les responsabilités de cette
décision devant l'électorat. Cela sera positif ou cela sera
négatif. C'est l'électorat qui le jugera éventuellement,
mais je vous dis, que sur cela, sur des points essentiels comme l'article 69,
nous sommes prêts à maintenir notre position, à la garder
de cette façon.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste huit minutes.
M. Mackasey: M. le Président...
M. Burns: Vous n'êtes pas obligé de les utiliser,
par exemple.
M. Mackasey: No. I would rather be on the beaches of Old Orchard
frankly, but my sense of responsibility said that I should remain here. On the
other hand, if I was at Old Orchard, I would come running home and send other
people back and probably it would be faster.
I am astounded, Mr President, that is why I am speaking my own language
for the moment, at the lack of understanding of the law by the minister of
Education. Technically, he is accurate, there is a law on the books which all
of us, the whole population, particularly French-speaking Canadians, who are
known for their tolerance, and their respect and their love of children, have
indicated because of bureaucratic tumblings in bill 22, that this law, these
tests were odious, it is not the word that sticks out in our mind, and I must
say that, as an experienced parliamentarian, I was
surprised when the minister of Education got up last fall. I anticipated
what he was going to say, that because of the fact that although I should
respect the law and apply it to the letter of the law, I am going to risk being
in contempt of the law because of my concern for the psychological damages
these tests have done or could be doing and I am prepared to see that they be
eliminated immediately.
M. le Président, I would appreciate the attention of the
minister, who is obviously deaf to the argument but, at least, he can pretend
to be listening. Having missed that opportunity of showing that the government
is really concerned about people, individual rights and humanity, about the
law, and as it was in that particular case, having missed that opportunity, the
minister now has a golden opportunity once more. It is rare in parliamentary
history that an opposition hands you such an opportunity, as the member from
Mégantic-Compton has gone to ignore what is a bad law.
Only half of 300 or 400 children at the most, in fear of being
psychologically damaged, hysteria and concern about the test now are living in
fear that they may, one day, next week, next year be plucked out of school by
an overzealous bureaucrat or a provincial police or somebody who represents law
and order to them, simply on the pretext that the law is the law, and that it
must be applied. If the law is wrong, it should be changed, not applied. And
that is the whole basis for bill 101. Bill 22 was imperfect, and I cannot
understand what the opposition finds so funny about the very moving statement
made by the member of Mégantic-Compton. It was the plea, M. le
President, of somebody who cares, who understands the sensitivity of people, of
human nature, who was pleading with the Government that has been insensitive to
any arguments since we sat here. We have sat here day and night. We must
remember, Mr President, that the rules have even been organized to present
amendments being put forward. And it has been more difficult for people to
participate in debate by changing the rules of the game. And the member for
Mégantic-Compton is saying to the minister of the Education: "Here is an
opportunity, for goodness' sake to prove that you are prepared to show a
greater concern for 300 little children than you are for a law that has been
improperly interpreted, enforced, if you like, by insensitive bureaucrats." In
so doing, the minister is proving to be as insensitive as the bureaucrats who
messed up the law. This is the tragedy and it must hurt some of the members
opposite me who I know are sensitive and who are good people.
M. Morin (Sauvé): ...
M. Mackasey:The minister is right.The minister could be very
right. I get along well with the minister surprisingly.
The point the minister...
M. Ciaccia: You are going to show the protestants that they
should not do that.
M. Mackasey: But the point the minister and I make a plea
to the minister, the man who has a very responsible and difficult job, that he
will not lose any prestige in saying: "I am going to ignore the application of
the law for 200 people", any more than the minister of Justice may have lost
any prestige in saying to the people who were before the courts, the minister
points out, in withdrawing the charges, because, why? What were the arguments
of the minister of Justice? The law was too severe. That was his logic.The law
was too severe in its application against the hospital workers. If the law was
not too severe, he claimed, he would have applied the law. He pretended, at
least, and I accepted it, I always accept the word of a gentleman, that it was
not the number of people that frightened him off, that it was not the strenght
of the union that frightened him off, it was that the law was wrong, even
though the law was there, it was wrong. And because it was wrong, he was
withdrawing the penalties. In fairness, probably the law was wrong in
application. You do not settle labour disputes or anything involving emotion to
humanity through laws. You cannot legislate a happy marriage. You cannot
legislate industrial peace. And, Mr Minister of Education, you cannot through
legislation, force people to do what they do not understand. These 200 children
and their parents do not understand that this is the law. All they understand
is that they are being discriminated against in the sense of what they
understood, freedom and democracy to be in this province. You have said
yourself that this law is psychologically damaging or potentially so. It seems
to me that you would come out of this with greater stature, if you were
prepared to say to hell the effect it has on you electorally. What is right is
important and what is right here is that you place above a poorly drafted law
or one that is poorly applied by the school board, if you like, by the civil
servants if you like... If you are man enough to say: "I am prepared to risk my
political career on behalf of 200 innocent children by stating categorically
that I am not going to impose those tests because maybe only one of those 200
children would be scared emotionnally for life. How many people have that
opportunity in their hands, to prevent the occurrence of some event that might
scare forever some innocent child who does not know what is happening here?
They are not my words, but those of the then opposition now the government.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, pardon. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: In conclusion...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je m'excuse, il faudrait terminer.
M. Mackasey: Oui, j'accepte votre décision. Seulement, en
terminant, je tiens à dire au ministre de l'Education que, pendant la
période du déjeuner, il songe à l'occasion que
l'amendement lui offre de
sortir d'ici avec la réputation "even greater, even better than
it is or come out of this amendment with...
M. Burns: ... better.
M. Mackasey: O.K. Let us keep it at that level then, but if you
want to apply it as it is, his reputation as a humanitarian will suffer, and
what is more important, children will suffer.
Le Président (M. Cardinal): D'accord! Merci! M. le
député de Mont-Royal, il vous reste deux minutes.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai écouté
avec intérêt les propos du député de Maisonneuve et
son concept de la justice. Il a dit: Nous allons répondre à
l'électorat pour ce que nous faisons. Alors, il nous dit: Quand les
syndicats...
M. Burns: Non, nous prenons nos responsabilités. C'est
ça que j'ai dit.
M. Ciaccia: ... qui sont nombreux, font des pressions, nous
allons réagir. Mais si nous avons des injustices à commettre,
nous allons le faire sur un groupe qui ne peut pas se défendre, qui
n'est pas nombreux, et c'est ça notre concept de la justice et du projet
de loi. C'est bon à savoir, l'esprit, M. le Président, de cet
article 69.
M. Burns: Si le député de Mont-Royal veut
être malhonnête et interpréter mes paroles de diverses
façons...
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire, je
comprends que vous invoquiez, sans le dire, l'article 96.
M. Burns: L'article 96, M. le Président, mais je pense que
cela ne vaut pas la peine de le faire véritablement, je vais le faire en
deux mots. Si le député de Mont-Royal veut torturer le sens de ce
que j'ai dit tout à l'heure, qui était au contraire très
positif, et qui n'offrait aucune référence à l'approche
négative qui vient juste d'être décrite à propos de
mes propos par le député de Mont-Royal, à ce moment, libre
à lui et il en portera lui aussi la responsabilité publique,
à un moment donné.
Le Président (M. Cardinal): Puis-je mettre aux voix la
motion d'amendement de M. le député de
Mégantic-Compton?
M. Lalonde: L'appel nominal. Vote sur la motion
Le Président (M. Cardinal): L'appel nominal, d'accord.
Vous vous rappellerez, après tous ces débats, que la motion est
à l'effet de retrancher à l'article 69c le mot
"légalement". Vous m'informerez, si vous êtes pour ou contre. M.
Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Burns (Maisonneuve)?
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont)?
Absent. M. Roy (Beauce-Sud)? Absent. M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Mackasey: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda)?
Le résultat du vote est le suivant: Pour: 6 Contre:
10.
La motion est rejetée. Oui, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à quel sujet, s'il vous plaît?
M. Lalonde: C'est une directive que je veux vous demander, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lalonde: Quant à nous, nous n'avons pas d'autre
amendement à proposer au paragraphe c), mais nous avons un amendement
qui pourrait, éventuellement, arriver à la fin du paragraphe c),
selon votre directive. C'est-à-dire que nous avons un amendement qui va
prévoir le cas des enfants inadaptés, de l'enfance
inadaptée ou handicapée. Le député de L'Acadie a
l'intention de proposer un amendement qui viendrait, pour la bonne
compréhension, la bonne structure de l'article 69, normalement, comme
sous-paragraphe e). Maintenant, je voudrais savoir si ce serait irrecevable
parce qu'on le présenterait comme sous-paragraphe ou si, pour le rendre
recevable, il faudrait que je le mette à la fin du paragraphe c).
Le Président (M. Cardinal): Sur cette demande de
directive, M. le leader parlementaire du gouvernement veut m'informer...
M. Burns: Je ne veux pas vous informer, M. le Président,
je veux vous faire une suggestion et la faire également au
député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense que, de tout temps, les
présidents de commission ainsi que le président de
l'Assemblée nationale ont toujours décidé c'est
d'ailleurs selon les coutumes qui existaient en vertu de l'ancien
règlement que lorsqu'un nouvel article ou un nouvel
élément veut être apporté, c'est à la fin de
l'article et après l'article que cela doit être fait.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le leader
parlementaire...
Mme Lavoie-Roux: Cela se ferait à e).
Le Président (M. Cardinal): Oui, c'est cela. Si vous
permettez, la demande de directive qui...
Mme Lavoie-Roux: Du moment que ce n'est pas à la fin de la
loi 101, car je commençais à être inquiète.
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous que je rende la
directive? A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Non, on est tout à fait ouvert; d'ailleurs,
d'avance, je vais donner mon consentement, M. le Président, à ce
qu'on apporte un amendement après le d) si on veut ajouter un e).
Le Président (M. Cardinal): D'accord, peu importe le
texte...
M. Lalonde: C'est pour l'admission.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour l'admission à l'école
anglaise.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Pourvu que l'amendement, dans sa rédaction, soit
techniquement recevable en vertu de l'article 70 et en vertu des règles
ordinaires des amendements, il est sûr que la directive que m'a
demandée M. le député de Marguerite-Bourgeoys et la
suggestion faite par le député de Maisonneuve, leader
parlementaire, sont dans le même sens. Il est sûr et j'en
assure immédiatement les membres de cette commission que
j'accepterai, à la fin de l'article 69, c'est-à-dire après
l'alinéa d), que l'on suggère d'ajouter un ou d'autres
alinéas. Je le dis dès maintenant et vous pouvez être
assurés que cette décision sera confirmée dans les
faits.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
M. Burns: Alors, paragraphe c), adopté?
Le Président (M. Cardinal): L'article 69c tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté; alors, juste un
instant pour que je fasse les écritures, comme on dit.
Nous sommes rendus à 69d. Selon l'usage, je demande si, du
côté ministériel, quelqu'un veut intervenir.
M. Burns: II n'y a personne du côté
ministériel qui veut intervenir: c'est tellement clair.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, mon intervention sera
très courte, comme à l'habitude. Je veux simplement dire que le
paragraphe d) correspond à une mesure de transition que, depuis
déjà longtemps, je pense, tout le monde réclame et qui se
situe, même si elle ne correspond pas au principe mis de l'avant pour
l'accessibilité à l'école anglaise, qui est le principe de
la fréquentation scolaire au primaire des parents, s'inscrit dans un
contexte d'une période de transition. Elle indique une pédagogie
sociale tout à fait appropriée et permettra de diminuer un peu
plus les ré-
sistances, qui sont demeurées à l'égard d'une
législation linguistique en matière d'enseignement, à les
résoudre plus facilement. Elle réduira certainement les
problèmes qui ont été soulevés
antérieurement quant à l'application du chapitre de
l'enseignement que l'on retrouve dans la loi 101.
Pour ce qui est de l'Opposition officielle, nous allons certainement
souscrire au paragraphe d).
Le Président (M. Bertrand): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, aussi cocasse que cela puisse
paraître et je ne voudrais pas que cela soit jugé peu
sérieux au paragraphe d), cela va poser un problème
je ne sais pas si, au ministère, vous avez pensé à cela
à cause de l'amendement qu'on a apporté à a),
à savoir le secondaire. Vous vous souvenez que vous l'aviez soumis
principalement au ministre de l'Education qui m'avait demandé des
références pour faire faire des recherches par son
ministère.
Une Voix: ...
M. Grenier: Oui, d'accord, mais il a été
refusé. Tenant compte de cela, dans les régions
éloignées, des enfants qui pourraient profiter de la loi
encore là, ce n'est pas pour contingenter le secteur anglophone
vous avez certainement dû prévoir qu'aux frères et soeurs
cadets des enfants visés au paragraphe c), il pourrait s'en ajouter
d'autres, l'adoption d'enfants dans des familles, des gens qui veulent vraiment
faire éduquer leurs enfants pourraient facilement profiter de ce
paragraphe c) pour faire admettre leurs enfants dans une autre famille.
Vous n'êtes pas sans savoir que, dans le moment... J'ai même
rempli une formule la semaine dernière pour faire
référence à une famille qui voulait adopter son
beau-frère pour avoir de l'argent du bien-être social. C'est une
coutume qui est établie et qui commence à s'élargir.
J'aimerais savoir ce que le ministère prévoit, dans des cas qui
peuvent être au début des cas exceptionnels, mais qui pourraient
se multiplier dans certaines régions.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Grenier: Non, je ne voudrais pas que ce soit
considéré comme cocasse, mais ce sont des cas qui se multiplient
vis-à-vis du bien-être social à un rythme assez
apeurant.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je partage
l'avis du député selon lequel cela pourrait devenir un
problème; cela n'en est pas un du point de vue de l'éducation,
pour l'instant. Si cela devait devenir un problème nous le
saurions assez rapidement alors, bien sûr, il nous faudrait
apporter de nouvelles dispositions dans la loi pour couvrir ce cas, mais nous
ne pensons pas à l'heure actuelle que ce sera significatif, que ce sera
un problème significatif.
M. Grenier: II est vrai que les intérêts ne sont pas
les mêmes, mais vous êtes conscients qu'au ministère des
Affaires sociales, c'est une plaie. J'imagine que vous êtes au courant.
Si cela devait se...
M. Morin (Sauvé): Une plaie, ce n'est peut-être pas
aussi répandu que le député le laisse entendre, mais si
cela devait le devenir, je puis l'assurer, que nous prendrons les dispositions
nécessaires.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Mégantic-Compton a-t-il terminé son intervention?
M. Grenier: Oui, c'était seulement une question. Je
m'excuse, ce n'était pas dans le cadre d'une discussion.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres
interventions sur le paragraphe d)? M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: D'après le paragraphe d), si je comprends
bien, ce sont les frères et soeurs de ceux qui sont déjà
à l'école. Par exemple, si, dans une famille, il y a quelqu'un
qui vient de terminer ses études et qu'il a un très jeune
frère ou soeur, que l'aîné a fait ses études et
qu'il les a terminées, cela ne donne pas le droit, d'après
l'alinéa d), à son frère ou à sa soeur d'aller
à l'école anglaise?
M. Morin (Sauvé): C'est exact, s'il y a une très
grande différence d'âge.
M. Ciaccia: S'il y a une grande différence d'âge,
l'alinéa d) ne s'appliquerait pas.
M. Morin (Sauvé): Ne s'appliquerait pas, sauf
naturellement que l'enfant pourrait tomber sous le coup des paragraphes a) ou
b).
Une Voix: Oui.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr.
M. Lalonde: La raison de la division de la famille ne
s'appliquerait plus à ce moment-là.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce avait demandé la parole.
M. Mackasey: Oui. Je poserais une question au ministre concernant
cet alinéa c), s'il vous plaît. Je parle maintenant de 300 enfants
qui sont à l'école, peut-être illégalement, parce
que je ne suis pas juge de cela.
C'est fort possible que quelqu'un d'ordinaire, peut-être une
commission scolaire, décide que cet enfant est à l'école
illégalement.
M. Morin (Sauvé): Cela va être
déterminé d'ici quelques mois au maximum.
M. Mackasey: Par quel moyen, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Tout simplement il y aura des enfants
dont les droits auront été reconnus par la personne
désignée à cet effet, tandis que d'autres enfants n'auront
pas pu établir leurs droits, donc ce droit ne sera pas reconnu.
M. Mackasey: Est-ce que ce seront les enfants qui seront
obligés d'affirmer leurs droits, ou leurs parents?
M. Morin (Sauvé): Généralement, ce sont les
parents qui font la requête, qui remplissent les formulaires
nécessaires, bien sûr.
M. Mackasey: Oui, parce que ce n'est pas croyable qu'on demande
à un enfant de six ans d'établir la loi, on ne demande pas cela
dans la loi.
M. Morin (Sauvé): Vous avez bien raison.
M. Mackasey: La raison pour laquelle je soulève la
question est très simple, c'est que si cela a rapport, il y a une
possibilité que les frères et les soeurs de ces enfants qui sont
à l'école illégalement peuvent être acceptés,
c'est le prétexte qui a...
M. Morin (Sauvé): Vous commencez à voir les
conséquences.
M. Mackasey: Non. Les conséquences, je les comprends. Il
n'y aurait aucune conséquence, si vous aviez assez d'humilité
pour dire aux 300 élèves que, dans un esprit de justice, vous
allez les considérer comme étant dans la légalité,
parce que les tests étaient odieux. Au moment où vous ferez cela,
il n'y aura pas de conséquence négative. Au contraire, la
conséquence est positive pour les frères et les soeurs des
enfants déjà à l'école. Maintenant que l'amendement
de l'Opposition n'est pas accepté, il y a le problème d'abord des
autres enfants qui sont dans le système d'enseignement, anglais ou
français, avec la conséquence qu'un enfant est à
l'école et que, dans deux ou trois mois, comme vous dites, mais
peut-être dans deux ou trois ans, on déciderait que cet enfant est
à l'école illégalement et la conséquence à
cela est que si d'autres enfants ne sont pas admissibles à cause des
paragraphes a) et b)...
M. Morin (Sauvé): II y a une réponse à cela
et elle est très précise, M. le député. Les cas
d'illégalité sont connus des commissions scolaires. Nous en avons
discuté avec elles.
M. Mackasey: Jusqu'à maintenant, vous n'avez rien fait et
vous les connaissez?
M. Morin (Sauvé): Oui. Nous en avons discuté avec
les commissions scolaires. Chaque cas a été analysé. Elles
savent donc exactement qui n'avait pas le droit d'être dans leur
école l'automne dernier. Donc, elles connaissent également le
statut éventuel des frères et soeurs cadets, dans ces cas
illégaux. D'autre part, je tiens à vous dire une chose
parce que je crois que vous pouvez très bien le comprendre ce
n'est pas tellement aux quelques centaines de cas illégaux que je songe,
je songe beaucoup plus aux milliers d'enfants qui se sont conformés
à la loi.
M. Mackasey: Oui, vous avez souvent souligné ce fait. Je
comprends mais, naturellement, je ne partage pas vos sentiments.
And I am not going to quote the Bible in a place where we are not
allowed to say our prayers. But I could pick you some pretty good examples
where, you know, in the question of human justice, children have had to go
through this potentially psychologically damaging test, one would be the first
to agree that the children do not have to go through the same test. They are
not going to be resentful. Human nature should not be that way. I have a
greater faith in human nature. They would be the first to say: thank God, these
200 children do not have to go through the same psychological tests that were
imposed on the majority of children through bill 22 which another government
imposed. There is no argument about that. But I come back to my point.
Governments can recognize when there are faults or loopholes in the law, and
there is no loss of prestige to rectify that. I am simply saying that if, as
you can probably point out, potentially we are going to be affecting thousand
of children, à cause du fait qu'il y a 200 ou 300 enfants qui sont dans
le système illégalement. Vous avez, par exemple, d'abord, plus
que le sort de 200 ou 300 enfants soumis à votre disposition,
confiés à votre générosité et à votre
humanité. Vous avez dans vos mains, M. le ministre de l'Education, le
sort de quelques milliers d'enfants, vous l'avez dit vous-même. Vous
n'avez quand même pas assez d'humanité pour dire à ces 200
enfants: Vous et vos parents n'auriez jamais dû essayer de contourner la
loi.
En regardant cette loi qui, à mon sens, était injuste,
dans le même esprit que les lois contre les grévistes des
hôpitaux étaient injustes, je suis porté à en
accepter les conséquences qu'on m'énonce et à laisser ces
200 enfants à continuer à fréquenter l'école.
Vous le savez autant que moi, M. le ministre, en revenant à
l'article 10, ce n'est pas le sort de 200 enfants qui va faire un grand
changement dans les relations entre les francophones et les anglophones.
M. Morin (Sauvé): Pour les milliers qui se sont
conformés à la loi, cela fait une grosse différence.
M. Mackasey: Vous parlez de 200 et non pas de 2000.
M. Morin (Sauvé): Je parle des milliers qui se sont
conformés à la loi.
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais, s'il vous
plaît, que le député de Notre-Dame-de-Grâce puisse
terminer son intervention et qu'ensuite le ministre puisse ramasser les
différents éléments de questions qui pourraient s'y
trouver.
M. Mackasey: Je vais vous adresser la question, M. le
Président. Ce n'est pas un argument, c'est une manière...
M. Morin (Sauvé): ...de ramasser le député,
M. le Président.
M. Mackasey: M. le Président, l'échange avec le
ministre est intéressant et je ne pense pas dans un esprit... Je peux
souligner la fois que le ministre a répondu qu'à cause de
l'intransigeance du gouvernement, si vous voulez, le sous-paragraphe c), de ne
pas laisser les 200 ou 300 enfants il n'y en a pas plus que ça
selon le député de L'Acadie à ces écoles,
bien qu'ils aient peut-être essayé de contrevenir à la loi,
comme les grévistes, si vous voulez, dans les hôpitaux, et le
ministre de la Justice a décidé de ne pas faire de poursuites...
Si le ministre de l'Education décide il a le pouvoir de le faire
que ces 200 enfants peuvent continuer, bien qu'ils n'aient pas
passé les mêmes tests que les autres enfants là, le
ministre affecterait, comme il l'a dit, pas seulement la vie de ces 200
enfants, mais peut-être l'avenir de 1000 enfants. Alors, dans mon esprit,
cela le rendrait encore plus grand, s'il avait le courage de faire ce geste
humanitaire.
Je ne puis dire plus, M. le Président, sauf peut-être que
le ministre de l'Education a placé devant nous une meilleure raison de
céder à l'amendement qui a déjà été
battu, l'amendement de l'Union Nationale. Cela affectera peut-être 1000
ou 2000 enfants, comme le ministre l'a dit. Je me demande si vraiment le Parti
québécois veut être connu dans l'histoire du Canada comme
un parti de vengeance, dans le même sens qu'on a appliqué le
"Padlock Law" contre les "Jehovah Witnesses" durant les années
cinquante.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je n'ai rien
à ajouter. Les propos du député étaient fort
intéressants, mais portaient sur le paragraphe c), qui a
été adopté il y a un instant.
Il est évident, cependant, qu'il a très bien fait
ressortir lui-même il aurait pu le faire au moment où nous
débattions le paragraphe c) que si nous allions passer
l'éponge et reconnaître que les enfants qui sont entrés
illégalement dans le système des écoles protestantes
anglaises devaient y rester, leurs frères et soeurs cadets auraient
également, en vertu du paragraphe d), le droit de s'y trouver, de sorte
qu'on aboutirait, en fin de compte, à des milliers de cas et non plus
à des centaines.
Au fond, le député en vient à renforcer les
arguments dont je faisais part à la commission, il y a un instant.
M. Mackasey: Je pense...
M. Chevrette: M. le Président, j'en appelle au
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'ai laissé terminer M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Vous êtes bien gentil, merci beaucoup.
M. Chevrette: ... pour ne pas être impoli tantôt.
M. Mackasey: Thank you very much!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: I was scared stiff you were going to interrupt me. I
was terrified, you know, like the... on the Cliche Commission...... backed away
from.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce! Vous n'avez pas le droit de
parole en ce moment, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, ... à chaque bout de
la table maintenant. D'accord.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Joliette-Montcalm, sur une question de règlement.
M. Chevrette: Je disais, M. le Président, comme l'a
souligné le ministre de l'Education, que c'était un débat
contraire au règlement. Puisque le député n'a pas
abusé de son droit de parole, personnellement, je me suis permis...
M. Mackasey: Personnellement, we do not care what the hell he
thinks.
M. Chevrette: ... de ne pas faire appel au règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député! Je vous prierais de laisser le président
écouter ce que le député de Joliette-Montcalm a à
dire sur une question de règlement. Par la suite, je verrai si vos
droits sont injustement lésés.
M. Chevrette: Mon appel au règlement comporte deux
aspects: D'abord, parce que c'est hors sujet; ensuite, parce que vous avez
permis un dialogue et qu'hier soir un précédent a
été établi par votre prédécesseur, à
savoir que, quand c'est une question, on peut laisser répondre, mais
quand un dialogue s'est établi comme on l'a fait tantôt, c'est
contraire au règlement. Donc, il y a deux aspects dans mon appel au
règlement, et j'espère que vous en tiendrez compte, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Sur la première partie
de votre intervention concernant la question de règlement, M. le
député de Joliette-Montcalm, je pense que la dernière
intervention du député de Sauvé démontrait qu'il y
avait une intimité entre le paragraphe c) et le paragraphe d), et que le
député
de Notre-Dame-de-Grâce était dans son droit d'intervenir
comme il l'a fait; deuxièmement, bien sûr, nous ne sommes pas
à cette table pour faire en sorte que le débat se résume
à deux personnes qui veulent discuter entre elles, mais bien à
faire en sorte que tous les membres puissent y participer. Effectivement, hier
soir, on a demandé qu'il y ait le moins de dialogues possibles, entendu
dans le sens de ce que nous avons vu tantôt, mais on ne l'a pas
empêché pour autant. Ce qu'on a empêché, cela a
été simplement de compter le temps du ministre dans le temps du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, si vous voulez bien
terminer.
M. Grenier: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ce que signale le député de
Joliette-Montcalm avec beaucoup de véracité et je note ce
changement qu'il y a aux commissions parlementaires depuis que je suis revenu,
depuis 1976, ces règlements qu'on a transformés qui font que
chacun fait son discours de 20 minutes...
Je dois vous dire que cela enlève un caractère humain
à la commission qu'on avait auparavant et que nous n'avons plus. Chacun
se sent obligé de faire de longues tirades, alors qu'on n'aurait qu'une
question à poser. J'ai remarqué tout à l'heure, dans
l'échange qui s'est fait avec les gens de l'autre côté de
la table, que cela a peut-être évité que plusieurs
députés ne parlent pendant 20 minutes, parce qu'on avait la
réponse immédiatement.
Je me demande si on ne devrait pas aussi songer à l'occasion
à laisser passer des questions, comme je l'ai fait vis-à-vis du
ministre de l'Education et comme le député de
Notre-Dame-de-Grâce vient de le faire, ce qui a peut-être
évité de longues tirades encore une fois et a donné
justice au député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Bertrand): C'est pour cette excellente
raison, M. le député de Mégantic-Compton, que nous l'avons
permis.
M. Mackasey: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si je peux faire appel à un peu
d'expérience, je me souviens, il y a quelques années je le
fais parce que le ministre de l'Education est ici ou l'an dernier, quand
je pilotais un projet de loi à propos des corporations professionnelles,
le ministre de l'Education était le chef de l'Opposition à ce
moment, et, à chaque article, il nous posait des questions:
Qu'entendez-vous faire ici et quelle est la raison de ça? Quand cela
n'est pas controversé, cela va très bien. C'est un peu comme lors
de l'étude des crédits des ministères.
C'est pour cela que j'aimerais appuyer votre largesse, votre
libéralité là-dessus, pour permettre un certain
échange qui ne tourne pas en débat.
Le Président (M. Bertrand): Je vais continuer d'avoir
cette attitude, évidemment, mais je voudrais que nous cessions le
débat sur la question de règlement qui risquerait de devenir plus
long que le débat sur l'article 69, paragraphe d).
Alors, si le député de Notre-Dame-de-Grâce veut bien
terminer, s'il vous plaît, son intervention, sous quelque forme qu'il
jugera bon de le faire.
M. Mackasey: Je vais laisser le député de
Marguerite-Bourgeoys terminer.
M. Lalonde: J'ai terminé mon point de règlement. Je
voulais simplement intervenir sur le paragraphe d).
Le Président (M. Bertrand): C'est cela.
M. Mackasey: Je n'ai que quelques mots à dire. Au moins,
j'ai la chance... le ministre de l'Education... c'est avantageux pour tout le
monde, je comprends maintenant. ...Ce ne sont pas les 200 élèves
mentionnés au paragraphe c), et j'ai le droit de référer
au paragraphe c), parce que ce dernier est mentionné au paragraphe d)...
Ce ne sont pas ces 200 élèves que le ministre vraiment essaie de
respecter au paragraphe c), mais par le paragraphe d), naturellement, il
efface, non pas des milliers, par exemple...
M. le ministre, je pense que ces enfants... n'ont pas tellement de
frères et de soeurs que dans l'espace de deux ans, cela va... nier les
droits de quelques milliers d'enfants.
Selon le député de Joliette-Montcalm, il faut,
premièrement... mentionner, souligner le fait que, tout à
l'heure, j'ai dit au ministre de l'Education que ce n'était pas la fin
du monde de changer ses idées. Parfois, cela prend du courage. Prenez
donc, par exemple, le député de Joliette-Montcalm qui voulait
être ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre un jour, qui a pris une
position à la commission Cliche et qui, maintenant, publiquement, dit le
contraire. Est-il moins homme, est-il moins député, parce que,
maintenant, il met de côté tous les sentiments... qu'il avait mis
en vedette, en tant que grand spécialiste dans le domaine du travail
à la commission Cliche? Maintenant qu'il est devenu
député, il a perdu toutes ses convictions.
M. Guay: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Taschereau.
M. Mackasey: C'est seulement un autre exemple...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'essaie de faire respecter
le règlement quand il s'agit
de vos interventions. J'aimerais que, lorsqu'une question de
règlement est soulevée, vous me permettiez de l'entendre.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je veux bien croire que l'Opposition libérale
cherche à faire du "filibuster" à cette commission, mais je
trouve qu'il y a quand même des limites à l'indécence.
Lorsqu'on est rendu à parler de la commission Cliche en rapport avec le
paragraphe d) de l'article 69 de la Charte de la langue française, il me
semble que l'on charrie monumentalement. Je vous demande de bien vouloir
rappeler le député de Notre-Dame-de-Grâce à
l'ordre.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le député de Taschereau vient de faire
sa deuxième intervention depuis le début de nos séances,
et elle est aussi brillante que la première.
M. Guay: C'est faux. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, comme toujours, ne sait pas compter.
M. Lalonde: Heureusement qu'on peut compter sur sa longue
expérience en matière de procédure. Je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce demandait au gouvernement de
changer d'idée.
C'est simple, et c'est ce qu'il a le droit et le devoir de faire,
changer d'idée. Il n'a pas eu beaucoup de succès jusqu'à
maintenant lui non plus, mais il donnait un exemple.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense que vous n'êtes plus du tout dans le cadre
de la question de règlement; vous vouliez simplement intervenir sur
l'élément qu'avait soulevé le député de
Taschereau. C'est fait, et je considère à ce stade-ci que le
député de Notre-Dame-de-Grâce peut reprendre la parole,
mais je l'inviterais à admettre humblement que, jusqu'à un
certain point, il tente de raviver le débat sur le paragraphe c) alors
qu'il devrait admettre que la commission a tranché sur le paragraphe c)
et qu'elle a décidé de rejeter un amendement qui avait
été proposé, qu'elle a décidé aussi
d'adopter un autre amendement, et que le paragraphe c) a été
adopté tel qu'amendé. Je vous prierais de bien vouloir vous en
limiter au paragraphe d).
M. Mackasey: M. le Président, une question de
règlement a été soulevée par le
député de Taschereau. Le député a
suggéré que j'étais en train de faire un "filibuster". Je
n'accepte pas que le député de Taschereau, sous le
prétexte de soulever un point de règlement, décide pour
tout le monde si je fais un "filibuster" ou non. Tout ce que j'essaie de faire
depuis que je suis ici, et je vais continuer de le faire, c'est de
protéger mes droits ainsi que le font les membres de cette commission,
même s'ils sont minoritairesf c'est normal que cela se
produise. Si nous avons peur d'établir nos droits, nous ne jouons pas le
rôle que nous sommes censés remplir comme membre de l'Opposition.
C'est normal que les députés qui n'ont rien à dire et qui
siègent à cette table, qui remplissent les sièges vacants,
tentent de temps en temps de soulever des points de règlement inutiles
pour souligner le fait... Au moins ils ne dorment pas. Mais lorsque des
députés disent que c'est un "filibuster", je dis qu'au contraire
nous ne sommes pas intéressés à faire du "filibuster".
Nous sommes cependant prêts à faire du "filibuster" pour
protéger les droits des citoyens de la province de Québec, qu'ils
soient francophones anglophones ou allophones. C'est de notre devoir. Les
députés de Taschereau et de Joliette-Montcalm, qui sont nouveaux
dans le système démocratique, ne comprennent pas cela. Ils n'ont
pas encore fait leur apprentissage. Je ne comprends pas qu'ils n'aient pas
d'admiration pour ceux qui essaient, mais qu'ils n'essaient pas de me
dire...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pense...
M. Mackasey: On dit en anglais, M. le Président, "We do
not impute model" n'est-ce pas?
Le Président (M. Bertrand): M. le député, je
vous en prie, je pense que vous avez fait valoir votre point de vue maintenant
sur la question de règlement.
M. Mackasey: D'accord! J'accepte votre...
Le Président (M. Bertrand): J'ai tenu pour acquis que je
défendais justement ce droit que vous invoquiez. J'aimerais maintenant
que vous respectiez aussi ma directive selon laquelle vous vous en limiterez
à l'alinéa d).
M. Mackasey: Sans réserve, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez terminé?
M. Mackasey: Oui.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais simplement
souligner le fait suivant. Il semble que le paragraphe d) soit inspiré
d'une volonté d'apporter un adoucissement pour des raisons humanitaires.
On en a parlé lors de l'application de la loi 22. Cela a fait l'objet de
plusieurs engagements au niveau de la dernière campagne
électorale, et je retrouve là le désir du gouvernement,
partagé par tous les partis, je crois, d'humaniser l'application d'une
loi qui, au niveau des enfants, au niveau des
familles, pourrait avoir des effets indésirés. Je veux
quand même souligner qu'à cause de l'erreur que le gouvernement
vient de faire au paragraphe c) puisqu'il n'a pas accepté notre
amendement et l'amendement de l'Union Nationale et le fait que le paragraphe d)
réfère spécifiquement à c) et je le lis: "Lee
frères et soeurs cadets des enfants visés au paragraphe c)", donc
je ne peux pas m'empêcher de me référer à c). Le
gouvernement se voit dans l'obligation de faire de l'humanitarisme au
compte-gouttes. On calcule avec une certaine avarice notre mouvement
humanitaire. Là on voit le manque de logique et l'incohérence
fondamentale du gouvernement à savoir que...
M. Morin (Sauvé): On peut peut-être enlever
cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde: Merci, M. le Président. ... si on doit laisser
aller à l'école anglaise les frères et soeurs cadets de
ceux qui sont déjà à l'école anglaise pour ne pas
diviser les familles, va t-on faire la ségrégation de ceux qui
sont là "légalement"? A ce moment, oui, on peut diviser les
familles qui ont un enfant "illégal". Plus d'humanitarisme pour les
enfants illégaux, et pour les frères et soeurs. On voit
jusqu'à quel point on tombe dans le petit calcul. Je regrette que le
gouvernement ne s'en rende pas compte. Il va probablement faire les cauchemars
que le député de L'Acadie lui prédisait.
M. de Bellefeuille: C'est pour cette raison qu'il est contre le
paragraphe d).
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre' s'il vous
plaît. Est-ce que l'article 69d...
M. Morin (Sauvé): On peut endurer n'importe quoi
après vous.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pensais pas que vous parliez de nous, mais
des problèmes.
M. Alfred: On est capable de les résoudre.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes capables de les résoudre.
On va voir cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Mme le député de L'Acadie, vous êtes tellement
gentille d'habitude.
Mme Lavoie-Roux: II me provoque, le député de
Papineau.
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): L'article 69d est
adopté sur division?
M. de Bellefeuille: L'appel nominal. Des Voix: Appel
nominal.
Le Président (M. Cardinal): Alors je demande l'appel
nominal? D'accord. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, il me semble que c'est
adopté.
Le Président (M. Cardinal): Non, on a demandé qu'il
y ait appel nominal.
M. Lalonde: Alors, si on vote par appel nominal, pour exprimer
notre accord pour que les frères et soeurs cadets soient traités
de façon humanitaire, nous allons voter pour...
Des Voix: Ah! Ah. Ah!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre' s'il vous
plaît.
M. Lalonde: ... mais, vu les réserves que nous avons
adoptées et que nous avons exprimées, il n'y avait aucun doute
qu'il y avait des divisions à la commission parlementaire... C'est pour
cela que j'avais exprimé cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. de Bellefeuille: Adopté à
l'unanimité.
M. Alfred: Appel nominal.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Grenier: Nous aussi, parce que s'il n'y a pas d'Anglais
à l'école anglaise, il va y avoir au moins des frères et
des soeurs!
Une Voix: Est-ce unanime?
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, est-ce que je
considère que, malgré les réserves exprimées par
les oppositions, l'article 69d est unanimement adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Cardinal): L'article 69d est
adopté.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais proposer une
motion d'amendement à l'article 69, que je lirai dans quelques
instants.
Cet amendement n'aurait pas eu à être
présenté, si le critère d'admission retenu par le
gouvernement pour l'accès à l'école anglaise avait
été différent. Si, au lieu de se référer
à la fréquentation scolaire du père et de la mère,
il ne s'était pas trouvé de restrictions quant au Canada et aux
anglophones venant d'ailleurs, cet amendement que je présente aurait
été tout à fait inutile. Mais de-
vant le fait que le critère retenu ne réfère pas
à la langue anglaise, ou à la langue maternelle anglaise,
à moins que certaines dispositions ne soient incluses dans la loi, eu
égard à des enfants qui sont en difficulté
d'apprentissage, je pense que cette loi, telle quelle, sans amendement,
m'apparaîtrait pour le moins inhumaine, ne tenant pas compte de
problèmes socio-pédagogiques très profonds...
Il est même un peu surprenant que le gouvernement n'ait pas
songé à cette partie de la clientèle scolaire, ou à
ce pourcentage de la clientèle scolaire, qui est quand même
restreint, mais qui requiert des mesures d'apprentissage particulières,
compte tenu des handicaps des enfants qui sont touchés.
J'ose espérer que je n'aurai pas à faire une longue
démonstration pour convaincre le gouvernement du bien-fondé de
cet amendement.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous pourriez...
Mme Lavoie-Roux: Cela ne sera pas plus long avant
qu'après, n'est-ce pas?
On va le déposer, c'est très simple.
M. Morin (Sauvé): C'est écrit?
Motion d'amendement à l'article 69
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est écrit.
La motion d'amendement à l'article 69 se lirait comme ceci: "Que
l'article 69 soit modifié en ajoutant le paragraphe e) suivant: "Les
enfants de langue anglaise qui sont en difficulté d'apprentissage en
raison de déficience mentale, de mésadaptation socio-affective
grave ou de handicaps sensoriels."
On notera que j'ai mis cette proposition quand même très
restrictive. Je l'aurais souhaitée plus large, mais...
M. Grenier: Je m'excuse, Mme le député, mais
pourrait-on savoir immédiatement si elle est jugée recevable?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Cardinal): On verra, j'attends que la
motion soit distribuée.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas perdre mon temps, je ne parlerai
pas pour rien.
Le Président (M. Cardinal): Pendant qu'on distribue
l'amendement... J'ai rendu une directive tantôt, j'ai dit d'avance que,
si la motion était recevable, nous procéderions sur cet
amendement qui ajoute un alinéa nouveau. Je veux cependant souligner
qu'à ce moment-là, il n'est plus question de compter le temps sur
la motion principale de l'article 69, mais uniquement sur l'amendement qui est
ajouté par Mme le député de L'Acadie. Il ne faudrait quand
même pas être byzantin et recom- mancer tout le débat sur
l'article 69 qui a été adopté; 69a, b, c et d est
adopté.
La motion que j'ai devant moi se lit comme suit: "Que l'article 69 soit
modifié en ajoutant le paragraphe e) suivant: "Les enfants de langue
anglaise qui sont en difficulté d'apprentissage en raison de
déficience mentale, de mésadaptation socio-affective grave ou de
handicaps sensoriels".
Ce nouvel alinéa viendrait s'ajouter, comme dérogation,
à l'article 68. C'est pourquoi j'ai souligné que je ne
permettrais pas qu'on reprenne toute la discussion sur l'article 69, mais
uniquement sur cet amendement. Mme le député de L'Acadie va
commencer l'amendement a été proposé à 11 h
34 Mme le député de L'Acadie. A 11 h 38, pardon.
Mme Lavoie-Roux: L'avez-vous jugé recevable?
Le Président (M. Cardinal): Je le juge recevable.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'il sera adop-table aussi.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, j'ai commis une
erreur, c'est 12 h 38; avec les heures pendant lesquelles nous siégeons,
vous m'excuserez si parfois j'oublie si...
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire qu'il me reste 20 minutes pour
parler; c'est cela?
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous accorder 20
minutes.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Si vous permettez, cela va durer une demi-minute.
J'ai déjà vu le ministre qui déjà a dit, dès
la recevabilité par le président: Nous voterons contre au
départ. Je pense qu'il était, à ce moment, prévenu
de la motion...
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas entendu...
Mme Lavoie-Roux: Moi non plus.
M. Grenier: Pas cet amendement, mais un autre amendement, au
départ, avant même les discussions, il a dit: "Nous voterons
contre". Pourrait-on savoir si le gouvernement parce qu'on va
entreprendre des débats, quand même a l'intention de faire
son idée tout de suite?
Le Président (M. Cardinal): C'est une espèce de
directive que vous me demandez. La parole est à Mme le
député de L'Acadie et, selon l'usage, je demanderai
immédiatement après à un représentant
ministériel de s'exprimer. Vous aurez votre réponse dans quelques
minutes.
M. Chevrette: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Elle est
déclarée recevable, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je vais vous donner une directive, dans ce
cas-là. Vous pouvez la recevoir, mais, quand une proposition
adoptée antérieurement dispose d'une autre qui vient par la
suite, il me semble que cela peut difficilement être recevable pour les
motifs suivants: juste une minute on peut en disposer par
concordance dans le sens suivant... Quand on dit: les enfants de langue
anglaise, les enfants de langue anglaise sont couverts par les articles
préalablement adoptés, indépendamment des handicaps...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, j'aime bien vous entendre, mais vous discutez d'une
décision rendue et, deuxièmement, je vous soulignerai qu'il y a
quelques instants à peine, j'ai indiqué que je ne voulais
justement pas que l'on reprenne tout le débat sur l'article 69 et que
cet amendement était, en soi, une dérogation à l'article
68, sur le fond, sur lequel je ne désire pas m'exprimer et sur lequel je
n'ai pas le droit de m'exprimer.
La motion a été déclarée recevable. J'avais
pris un engagement, avant même de la déclarer recevable, que,
selon les usages c'est l'article 4 de notre règlement qui
s'applique cette façon de procéder s'est souvent produite
en commission parlementaire. L'on peut être contre ou pour la motion; on
peut aller plus loin ce n'est pas à moi de suggérer les
moyens que l'on peut employer, c'est à chacun de vous de les trouver par
lui-même c'est pourquoi je ne peux pas vous permettre de
continuer. C'est avec regret. Je l'ai mentionné, j'aime vous entendre,
mais, quand même, j'ai déclaré la motion recevable, la
parole est à Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je ne parlerai
pas très longtemps sur cette motion d'amendement, dans un premier temps,
parce qu'elle m'apparaît très claire; elle m'apparaît
absolument essentielle, si on veut cela devrait demeurer une
préoccupation première essayer de servir les enfants dans
les écoles, selon leurs besoins et essayer de répondre le mieux
possible à leurs difficultés.
Hier, j'ai essayé de faire valoir, particulièrement
à l'égard des enfants du secondaire, l'importance quand
même que des enfants engagés dans un secteur d'enseignement
linguistique puissent continuer dans ce même secteur, lorsque
l'école est disponible. Pour moi, c'était un critère
pédagogique, mais de toute façon, on l'a rejeté du revers
de la main, à mon grand regret, parce que cela n'était pas parmi
les préoccupations des membres du gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, Mme le
député de L'Acadie, ne tournez pas le fer dans la plaie.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas le droit de parler?
Le Président (M. Cardinal): Non, vous avez le droit de
parler, mais ne revenez pas sur les motions qui ont été
déclarées irrecevables. Vous avez eu l'intervention du
député de Joliette-Montcalm. Je ne veux pas me placer dans une
situation difficile. Ce qui a été décidé est
décidé.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous allez voir que c'est tout
à fait logique, M. le Président. Non, je n'essaie pas vraiment de
tourner le fer dans la plaie.
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne doute pas de votre
logique.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie beaucoup de me dire que
c'était une grosse plaie qui avait été faite. De toute
façon, les enfants qui fréquentent une école qui dispense
l'enseignement dans la langue qui leur est propre, d'une façon
très majoritaire, obitennent des résultats pédagogiques
plus satisfaisants. L'on sait fort bien que les enfants qui sont
obligés, par des circonstances familiales ou géographiques ou
autrement, de poursuivre des études dans des écoles qui
dispensent l'enseignement, non pas dans leur langue maternelle, mais dans une
langue étrangère, s'exposent, pour un bon nombre d'entre eux,
à des difficultés d'apprentissage.
Je ne veux pas ici donner de statistiques dans un sens ou dans l'autre,
mais je pense que l'observation générale démontre cela.
Evidemment, les gens qui émigrent ne peuvent pas éviter cette
difficulté, et c'est un choix qu'ils font, je pense, pour leurs
enfants.
Ce qui s'applique comme règle générale... M. le
Président, ce n'est peut-être pas important ce que j'ai à
dire, mais peut-on parler en fait?
M. Alfred: Excusez-moi, M. le Président, c'est le
député de Marguerite-Bourgeoys qui m'interrompait pour...
Mme Lavoie-Roux: Vous parliez alors, s'il vous interrompait.
Le Président (M. Cardinal): Non, je m'excuse, oui.
Mme Lavoie-Roux: Cette observation générale que je
faisais pour l'ensemble des enfants s'applique, à plus forte raison,
dans le cas d'enfants qui ont des problèmes ou des difficultés
d'apprentissage.
Je ferai remarquer je ne veux pas entrer ici dans des
définitions de ces types d'enfants, que si on me le demande dans un
second temps, je suis bien prête à le faire, mais on n'est quand
même pas ici pour faire du travail clinique, je voudrais simplement faire
remarquer au gouvernement que lorsque j'ai identifié les enfants
souffrant de difficultés d'apprentissage, je les ai restreints quant aux
types d'enfants qui sont touchés et quant au
nombre d'enfants qui sont touchés. J'aurais tout simplement pu
citer, pour donner un exemple, celui d'enfants qui souffrent de
mésadaptation socio-affective, ce qui est beaucoup plus large. Il y a
mésadaptation socio-affective légère, moyenne et grave. A
ce moment-là, je pense qu'on aurait peut-être pu m'accuser de...
non je ne crois pas qu'on m'aurait accusée d'ouvrir une porte quand il
s'agissait d'enfants handicapés. Mais je pense que c'est peut-être
beaucoup plus difficile à déterminer à ce
moment-là, si un enfant peut vraiment étudier dans sa langue
maternelle ou s'il peut quand même, en dépit de certaines
difficultés, faire un apprentissage dans une langue
étrangère. C'est pour cela que j'ai restreint les
catégories et j'ai vraiment touché aux enfants en
difficulté d'apprentissage sérieux. Par contre, j'invite bien le
gouvernement, s'il le veut, à ouvrir ces catégories d'enfants,
à les rendre plus généreuses, et je ne m'y opposerai
certainement pas. Mais, pour le moment, M. le Président, c'est ce que je
veux dire, en ajoutant qu'il y a deux autres raisons, en dehors de la notion de
langue maternelle de l'enfant, qui justifient cet amendement.
C'est que' de plus en plus, dans la philosophie, si je peux dire, des
enfants en difficulté d'apprentissage, on tente de les acheminer vers
l'école publique, particulièrement toutes les catégories
d'enfants souffrant de déficience mentale et même ceux souffrant
de mésadaptation socio-affective grave et les handicapés
sensoriels qui, maintenant, trouvent leur place et c'est fort heureux pour la
très grande majorité d'entre eux, dans l'école publique.
Autrefois, c'étaient peut-être les églises ou même
des services privés qui servaient ces enfants. Un autre
élément justifie qu'on soit plus ouvert à l'égard
de ces enfants, c'est la nécessité de la collaboration que l'on
requiert des parents pour en permettre le meilleur apprentissage possible des
enfants. Je pense qu'on requiert la collaboration des parents, s'ils veulent
bien la donner, dans tous les cas des enfants qui sont à l'école.
Mais on sait fort bien que, pour ces catégories d'enfants,
l'apprentissage est grandement compromis si on ne peut pas obtenir la
collaboration du milieu. Obtenir la collaboration du milieu, c'est quand
même pouvoir, pour l'école, communiquer avec les parents, et
permettre que, là ou c'est possible, la langue ne devienne pas une
barrière dans cet effort d'équipe qui est fait entre
l'école, la famille et toutes les autres ressources cliniques,
médicales ou psychologiques qui sont mises à la disposition de
ces enfants.
Je m'arrête ici. J'ai l'impression qu'il n'y a pas lieu de faire
une argumentation beaucoup plus longue et j'ose espérer que le
gouvernement va recevoir cet amendement favorablement.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez
d'accorder la parole aux ministériels, je voudrais quand même,
suite aux interventions qui ont été faites, indiquer que,
techniquement, j'ai déclaré la motion recevable. Mais
évidemment, son libellé vis à-vis du reste de l'article
pourrait peut-être être corrigé, mais ce n'est pas à
moi d'en décider. Ce sera à la commission d'en
décider.
Ceci n'est pas un reproche vis-à-vis du parrain de la motion,
absolument pas, c'est simplement le contexte de tout l'article 69.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que si les gens veulent collaborer, M.
le Président, on peut trouver un moyen de l'amender en
conséquence.
Le Président (M. Cardinal): C'est une invitation dans ce
sens, Mme le député de L'Acadie et, encore une fois, sans me
prononcer sur le fond. Du côté ministériel?
M. Laurin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: ...ce que j'ai entendu jusqu'ici, ce sont plutôt
des exposés de principes et des considérations
générales auxquels je n'ai aucune objection, non pas seulement en
tant que ministre ou député, mais en tant que psychiatre qui
connaît un bon nombre de ces cas-là. J'ai eu à m'en occuper
personnellement, et je connais des institutions où on s'en occupe, mais
ce qui me manque pour apprécier la portée de cet amendement,
c'est que je ne sais pas à quelle situation pratique le
député de L'Acadie se réfère, d'une part. J'ai
l'impression, en regardant les paragraphes a), b), c) et d), qu'il y a quand
même un très grand nombre de cas d'enfants de langue anglaise qui
seraient admissibles à des institutions publiques subventionnées,
en vertu de ces paragraphes. J'ai l'impression que ça doit couvrir la
très grande majorité des cas auxquels on peut songer.
Mais là, le député de L'Acadie nous dit qu'il y a
sûrement certains cas qui ne sont pas couverts par ces paragraphes, mais
elle ne s'en est pas ouverte; elle ne l'a pas expliqué. Elle ne l'a pas
explicité. Donc, même si je suis très en accord avec les
principes qu'elle vient d'émettre, je ne vois pas encore, dans son
intervention, où ils s'appliquent, comment ils s'appliquent, comment les
cas qu'elle a en tête dérogent ou ne sont pas couverts par les
paragraphes déjà mentionnés.
Mme Lavoie-Roux: C'est incroyable!
M. Laurin: Est-ce que ça s'applique, par exemple, à
des enfants qui seraient déjà en institution ou seraient dans des
institutions francophones, alors même qu'ils parleraient anglais, ou
est-ce que ça s'appliquerait à des enfants dont le père et
la mère ont reçu ou non l'enseignement en anglais? Il me semble
que, même si l'on est d'accord avec le fait que l'apprentissage, chez des
cas aussi difficiles que ceux-là, exige la collaboration du milieu, de
l'équipe soignante, des parents, et que le langage ne doit pas devenir
une barrière, il faudrait quand même que nous sachions, d'une
façon très spécifique, auxquels cas ces principes
s'appliquent, qui ne seraient pas couverts par les amendements, les paragraphes
a), b), c) et d).
M. Lalonde: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): C'est-à-dire que vous
pouvez intervenir, si vous permettez.
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre. Il ne me restera plus
de temps si je vous réponds tout de suite.
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le
député de... Vous pouvez intervenir...
M. Laurin: Oui, ça se comprend. M. Lalonde: Alors, je
veux...
M. Laurin: S'ils viennent des autres provinces, d'accord,
mais...
Le Président (M. Cardinal): Quand même, c'est que,
normalement, on suit un ordre lors d'une motion et, comme je l'ai dit, vous ne
pouvez pas répondre. J'aimerais mieux que vous gardiez votre droit
d'intervention et cédiez la parole au député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je m'excuse, M. le Président. Pour cet
amendement proposé par le député de L'Acadie, le
député de Gaspé prendra la parole le premier.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Gaspé, c'est l'entente au sein de votre
formation politique.
M. Le Moignan : Je ne suis pas prêt tout de suite.
M. Grenier: Ah bon! Un instant! Je m'excuse. Il s'attendait de
prendre la parole, mais pas immédiatement. Voici: J'ai suivi...
Le Président (M. Cardinal): Bien là, qu'est-ce qui
arrive?
M. Grenier: ...Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cardinal): Bon! D'accord!
M. Grenier: L'amendement proposé par le
député de L'Acadie fait preuve de grande humanité, je
pense bien, et comme le ministre est intervenu en se posant des questions, je
pense que nous trouvons là un amendement qui pourrait être
possiblement acceptable par le gouvernement, à moins que, pendant le
dîner, il y en ait un qui convainque le ministre que des Anglais vont
nous arriver d'ailleurs, capables de se faire passer pour sous doués
pour être acceptés à l'école anglaise. C'est bien
possible qu'on arrive avec un argument de ce genre, ou qu'on dise que des
francophones sont capables de se rendre handicapés pour réussir
à passer aux écoles anglaises.
J'espère bien qu'on trouvera au moins cet argument plausible et
acceptable. Il faut avoir été mêlé au milieu de
l'éducation pour comprendre... Vous savez combien les écoles sont
convaincantes des deux côtés, à savoir que la
deuxième langue peut s'apprendre au niveau primaire ou au niveau
secondaire. Mais je pense qu'un handicapé qui ar- rive ici en
général, je pense qu'on va s'adresser aux gens qui sont des
arrivants il a déjà assez à souffrir de son
handicap qu'on devrait quand même élargir la loi pour lui
permettre de s'incorporer, de rester dans sa communauté.
Il y aurait bien sûr des questions et autant...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai trois intervenants en même temps. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je vais être obligé de vous
suggérer une deuxième fois qu'on retourne au salon rouge, pour
les raisons que vous soupçonnez, afin qu'il n'y ait qu'un monologue en
même temps.
On disait que le député de L'Acadie connaissait les
questions de la ville de Montréal intégralement. J'aurais voulu
savoir... Je connais les institutions canadiennes-françaises qui
acceptent des sourds-muets. Lorsqu'on parle des sourds-muets, c'est difficile
de parler de langue parce qu'on dit déjà des sourds-muets, mais
vous savez quand même qu'ils finissent par apprendre une langue.
Le Président (M. Cardinal): McLuhan a écrit: "Votre
langue est-elle aveugle?" C'est aussi bien que ce que vous avez dit l'autre
jour.
M. Grenier: Pour cet apprentissage, j'aurais voulu savoir... Le
député de L'Acadie est certainement au courant. Y a-t-il des
institutions anglophones à Montréal versées dans
l'enseignement aux sourds-muets, par exemple, pour ne parler que de
ceux-là?
Mme Lavoie-Roux: De plus, quand ils sont intégrés
dans les écoles publiques... Il y sont dans les écoles
publiques.
M. Grenier: Ils sont incorporés aux écoles
publiques. Nous reviendrons...
Le Président (M. Cardinal): Parlez dans le micro, s'il
vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne voulais pas que cela compte dans mon
temps de droit de parole.
M. Grenier: Nous reviendrons. J'ai laissé aller le
débat un bout de temps, mais, au départ, il faut comprendre que,
psychologiquement, il serait extrêmement pénible d'obliger ces
enfants à s'incorporer et à prendre leur formation parce
que ce n'est pas uniquement de l'enseignement, c'est vraiment de la formation
qu'on est obligé de faire en même temps les obliger
à prendre leur enseignement et leur formation simultanément et du
même coup dans une autre langue, c'est vraiment trop.
On remet sur le tapis, comme a semblé l'insinuer le
député de Joliette-Montcalm il y a quelques minutes, la clause
"monde" et la clause "Canada" qu'on a paraphées antérieurement.
Je pense que, principalement, concernant ce secteur des handicapés dont
il est fait mention dans l'amendement du député de L'Acadie, il
vaut la
peine que le gouvernement s'y penche davantage et nous dise,
après le lunch, ce qu'il entend faire avec cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, simplement pour
répondre et réagir à l'accueil plutôt froid du
ministre d'Etat au développement culturel à cette suggestion qui
me paraît tout à fait acceptable. Naturellement, cela s'inscrit
dans ce cadre que cette commission a déjà choisi pour l'admission
à l'école anglaise.
Naturellement, pour les enfants qui ont des difficultés
d'adaptation et dont le père ou la mère a reçu au
Québec l'enseignement primaire en anglais, il n'y a pas de
problème.
Naturellement, les enfants dont le père ou la mère est,
à la date d'entrée en vigueur de la présente loi,
domicilié au Québec et a reçu, hors du Québec,
l'enseignement primaire en anglais, pour ces enfants inadaptés, il n'y
aura pas de problème. Mais c'est pour les autres. On peut continuer
à mentionner les cas ouverts par l'article 69 c) et d), mais c'est pour
les autres enfants qui, de toute évidence, ont des difficultés
d'apprentissage et qui ne pourraient pas être couverts par ces
sous-paragraphes. C'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce sera très bref.
C'est simplement pour dire que j'interprète l'hésitation du
ministre comme un désir tout simplement d'étudier la question,
parce que, tel que formulé, l'amendement, même si le fond est tout
à fait justifié, à mon avis, est difficilement acceptable.
Quand on parle des enfants de langue anglaise, comment est-ce défini?
C'est toujours le même problème. Va-t-on soumettre ces enfants
à des tests? Il vaudrait mieux...
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas répondre? M. Paquette:
Je comprends qu'il y a des en- tants qui arrivent d'autres provinces
où ils ont commencé un apprentissage dans des maisons
spécialisées, et il faudrait les laisser continuer. J'ai
visité de telles institutions et l'apprentissage est extrêmement
lent. Leur demander de faire cet apprentissage dans une autre langue les place
dans une situation extrêmement difficile. On peut retarder leur
progrès de trois ou quatre ans.
Mais, tel que formulé, je pense que c'est difficilement
acceptable, parce qu'il n'y a pas là de critère objectif
facilement applicable. C'est tout simplement cela. Il s'agit de trouver une
meilleure formulation, à mon avis.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, oui...
M. Burns: M. le Président, le député de
Rosemont pourrait peut-être revenir à la charge lorsque le leader
parlementaire du gouvernement...
M. Paquette: J'ai terminé, M. le Président.
M. Burns: Je ne veux pas vous couper la parole. Simplement, il
est 13 heures, mais lorsque le leader parlementaire du gouvernement
décidera de faire siéger à nouveau cette commission...
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
leader parlementaire, je vais vous interrompre. C'est sûr que nous
allons, dans quelques secondes, ajourner sine die, jusqu'à votre bon
plaisir. Cependant, je ne sais pas si un président a le droit de
s'avancer jusque là. Je ne me prononce simplement pas sur le fond de la
motion d'amendement, cependant, une espèce de déformation me dit
que les gens devraient penser, pendant l'heure du déjeuner,
indépendamment du fond, mais quant à la forme, pour que l'article
69, en son entier, soit conforme aux règles législatives et qu'on
n'ait pas des problèmes d'interprétation par après. Ce
n'est pas sur le fond.
La séance est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 17 h 29
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Nous avons quorum, je le constate, c'est une nouvelle séance de
la commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications qui étudie après déférence de
l'Assemblée nationale le projet de loi 101.
Avant de commencer la séance je dois à nouveau, selon
l'usage et le règlement, faire l'appel des membres de la commission. M.
Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier). M.
Charbonneau (Verchères) remplacé par M. Morin (Sauvé); M.
Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Burns (Maisonneuve); M.
Chevrette (Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont Royal).
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa). M.
Laurin (Bourget).
M. Laurin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Présente.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Au moment de l'ajournement sine die, à 13 heures, nous en
étions à un amendement qui ajoutait un alinéa à
l'article 69 après l'alinéa d). Mme le député de
L'Acadie s'est exprimée, M. le ministre aussi, M. le
député de Mégantic-Compton, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le député de Rosemont, mais...
M. Morin (Sauvé): M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, est-ce une question de
règlement ou...
M. Morin (Sauvé): J'ai une proposition à soumettre
à la commission qui, sans doute, rencontrerait les desiderata
exprimés par Mme le député de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Normalement... non, il y a
déjà une motion sur la table, je n'ai pas besoin de relire...
M. Morin (Sauvé): Sur un point de règlement.
J'aurais une question de règlement. J'estime qu'il ne serait
guère logique que nous discutions pendant je ne sais combien de temps de
la proposition de Mme le député de L'Acadie pour
découvrir, par la suite, que ce que je suis prêt à proposer
répond à ses exigences.
M. Lalonde: Voilà que cela répond à nos
exigences.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Marguerite-Bourgeoys! Il nous reste
tellement peu de temps que je ne procéderai pas de cette
façon.
J'ai moi-même indiqué, à la fin de la séance
de ce matin, qui s'est terminée à 13 heures, que, même si
la motion était recevable, il y aurait peut-être lieu à
entente entre les formations politiques pour qu'elle soit libellée
autrement et, cela, sans me prononcer sur le fond.
C'est pourquoi, exceptionnellement, le prenant comme une question de
règlement en vue d'aider la commission, je permettrai, brièvement
à M. le ministre de l'Education de s'exprimer, mais qu'il en vienne
immédiatement au sujet qu'il veut nous proposer.
M. Morin (Sauvé): Je suis tout à fait
disposé à procéder comme vous me le suggérez, M. le
Président.
Mme le député de L'Acadie nous proposait d'ajouter un
alinéa e) à l'article 68, si j'ai bonne mémoire.
Le Président (M. Cardinal): A l'article 69, après
l'alinéa d).
M. Morin (Sauvé): L'article 69, c'est exact. M. le
Président...
M. Grenier: Je m'excuse, M. le ministre. Je comprends qu'on
continue de discuter de l'amendement proposé et que l'intervention peut
se terminer par autre chose, mais dans le moment...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Justement, pour
qu'il n'y ait pas de doute ni de vice de procédure, et qu'on ne
s'enferre pas dans cela, il n'y a aucune motion caduque présentement
devant nous. Elle a été jugée recevable par la
présidence. Si M. le ministre de l'Education veut aider la commission,
je pense que son intervention doit être la bienvenue de tous.
M. Morin (Sauvé): Et elle sera brève.
M. Laurin: C'est parce qu'on a hâte d'accepter un
amendement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Toutefois, M. le Président, nous
avons examiné la proposition de Mme le député de L'Acadie
pendant l'heure du déjeuner. A notre avis, l'esprit doit en être
retenu, parce que effectivement il pourrait se faire qu'un enfant venant au
Québec avec ses parents d'un pays étranger ou d'une province avec
laquelle il n'y aurait pas d'accord de réciprocité, ne puisse
aller à l'école anglaise pour personnes handicapées, ses
parents ne répondant pas aux critères de l'article 69.
Le problème nous paraît donc soulevé à bon
droit, mais la solution n'est pas d'ajouter un paragraphe e) à l'article
69, mais plutôt de nous tourner vers l'article 77, qui n'en est pas bien
éloigné on pourra en prendre connaissance à la page
15 du projet de loi. Nous pensons qu'il conviendrait d'ajouter un second
alinéa à cet article, lequel pourrait se lire comme suit: "Le
gouvernement peut également, par règlement, exempter de
l'application du présent chapitre les enfants ayant des
difficultés graves d'apprentissage et statuer sur la procédure
à suivre dans un tel cas".
Comme nous venons tout juste, après de multiples projets, d'en
arriver à cette dernière rédaction, je n'ai pas eu le
temps de le faire mettre au propre, mais je communique le projet manuscrit
à Mme le député de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, M. le
ministre? Nous sommes quand même devant une difficulté. Il me faut
vraiment, pour que nous procédions de cette façon, le
consentement unanime de la commission, parce que ou bien nous suspendons
l'étude de l'article 69 et de la motion qui est devant nous et de tous
les articles qui suivent, ou nous acceptons que nous discu- tions cette
question à l'article 77 que vous avez mentionné. Je ne vais
certainement pas suspendre, à l'heure qu'il est, pour que la
décision soit prise. Mais je ne voudrais pas que l'on discute sur cette
motion qui serait, selon le règlement, prématurée à
moins d'un consentement unanime de la commission.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur cette question
particulière.
M. Lalonde: M. le Président, même si l'article 77
n'est pas très éloigné de l'article 69 physiquement, il
est aussi éloigné qu'une loi peut l'être
spatialement, oui il est aussi éloigné qu'un
règlement peut l'être d'une loi. Pour cette raison, nous ne
donnons pas notre consentement à ce qu'on suspende l'examen de la motion
du député de L'Acadie, car nous croyons et nous pourrons
nous étendre plus amplement sur cette question nous croyons,
dis-je, que si l'esprit de cet amendement est aussi acceptable, le gouvernement
devrait trouver le moyen de l'inclure dans un amendement dont il pourrait nous
suggérer les changements, s'il le désire, quant au
libellé, mais qu'il devrait trouver le moyen de le mettre dans la loi.
Nous avons proposé, le député de L'Acadie a proposé
un amendement à la loi et ce n'est pas aux règlements que nous
voulons confier le soin de créer des droits à l'égard des
enfants qui sont dans une situation vulnérable. C'est la loi qui va
protéger ces enfants. C'est la raison pour laquelle nous n'acceptons pas
la proposition du ministre de l'Education.
Le Président (M. Cardinal): Alors... Mme
Lavoie-Roux: ...remercier...
Le Président (M. Cardinal): ...madame et messieurs les
membres de cette commission, je remercie, d'une part, M. le ministre de
l'Education d'avoir fait sa suggestion. Je regrette que le règlement ne
me permette pas de la soumettre immédiatement, sauf concernant...
M. Morin (Sauvé): Je tiens à vous dire, M. le
Président, si je puis ajouter, que nous serons fort malheureux de la
chose, mais nous allons devoir battre l'amendement de Mme le
député de L'Acadie, parce que c'est un moyen
détourné de réintroduire la communauté anglophone,
la langue anglaise, enfin, tout ce qu'on trouve dans son amendement.
M. Lalonde: Voilà que ça commence à
poindre!
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde: Les oreilles pointent.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Morin (Sauvé): Vos oreilles pointaient
déjà fortement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Prenez donc vos responsabilités!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
Une Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Dans ce cas-là, je rappelle que nous en sommes sur une
motion d'amendement de Mme le député de L'Acadie et que la parole
était à M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je reviendrai plus tard, M. le Président,
si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai aucune objection. Vous
ne renoncez pas à votre droit. En vertu de l'article 160, vous pouvez
toujours revenir plus tard.
M. Grenier: M. le Président, vous remarquez que le
député de Gaspé... J'ai été distrait par
d'autres travaux... Mais est-ce que la motion a été
déposée, la motion d'amendement qu'on propose d'apporter à
l'article 77?
Le Président (M. Cardinal): Oui, elle a été
déposée; elle a été...
M. Grenier: ...pas distribuée?
Le Président (M. Cardinal): Elle a été
distribuée.
M. Grenier: Celle du député de L'Acadie a
été distribuée?
Le Président (M. Cardinal): Oui, nous ne parlons plus de
la motion de M. le ministre de l'Education. Je viens de déclarer qu'elle
était prématurée, parce qu'elle se rapporte à
l'article 77. Elle n'est pas distribuée, parce qu'elle n'existe pas
présentement. On ne peut pas la débattre présentement.
M. le ministre d'Etat au développement culturel.
Une Voix: Monsieur...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le ministre
d'Etat au développement culturel, ensuite, M. le député de
Bourassa.
M. Laurin: M. le Président, comme vient de l'annoncer mon
collègue de l'Education, même si nous sommes d'accord avec
l'esprit qui sous-tend cet amendement et avec le problème qu'on voulait
régler, nous allons être obligés de voter contre cet
amendement, parce que la façon dont il est ré- digé ne
correspond pas à l'esprit ou aux principes qu'on a voulu nous exposer
avant qu'on ajourne la commission avant le dîner.
Il y a là un vice de formulation qui introduit, dans
l'amendement, un vague, un flou, un souffle qui va à l'encontre de ce
qu'on entend explicitement.
En effet, la façon dont cet amendement est formulé
les enfants de langue anglaise nous retombons dans la difficulté
d'apprécier, de vérifier la connaissance de la langue
anglaise.
Il est aussi difficile, sinon encore plus difficile de le
vérifier avec des enfants qui souffrent de déficience mentale ou
de mésadaptation socio-affective grave ou de handicap sensoriel qu'on
pourrait le faire avec des enfants plus normaux ou en pleine possession de
leurs moyens, et le caractère odieux des tests qui a été
dénoncé, à plusieurs reprises, serait encore plus odieux
lorsqu'on s'adresse...
Mme Lavoie-Roux: II commence bien. Le Président (M.
Cardinal): A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Le charriage qui recommence.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laurin: ... à cette catégorie d'enfants. M.
Lalonde: Le fanatisme qui monte.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Laurin: Et, par ailleurs, lorsque j'ai demandé des
explications, on m'a répondu que ceci se référait à
des enfants qui pouvaient appartenir à des familles venant d'autres pays
ou d'autres provinces, alors que, dans le libellé de l'amendement, il
n'est fait aucune mention de cette provenance des enfants ou des familles, et
on ne peut adopter un amendement où, dans les explications, on parle
d'une notion aussi importante que celle de la provenance des enfants ou des
familles et qui, dans le libellé spécifique, n'en contient aucune
mention.
Il y a donc là deux vices...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je voudrais quand
même qu'en cette commission, alors qu'il nous reste si peu de temps, l'on
observe les règlements et les simples règles de la politesse.
M. le ministre.
M. Laurin: II y a donc là deux vices de formulation qui,
même s'ils ne rendent peut-être pas l'amendement irrecevable,
techniquement parlant, le rendent absolument irrecevable en ce qui concerne le
fond.
Par ailleurs, nous avons aussi une autre objection. Si nous acceptions
le libellé de cet amende-
ment tel qu'il nous est présenté, il nous faudrait
absolument expliciter ces notions que constituent la déficience mentale,
la mésadaptation socio-affective et le handicap sensoriel.
Il s'agit là de catégories cliniques qui appartiennent
à la psychologie ou à la psychiatrie, et je suis bien
placé pour savoir que la définition exacte de ces concepts et ces
entités cliniques est extrêmement difficile. Dans les textes
spécialisés, les meilleurs auteurs peuvent prendre des pages,
pour ne pas dire des chapitres, pour définir avec une certaine
exactitude des entités aussi complexes, aussi difficiles que
celles-là, où les connaissances ne cessent de s'accumuler et
rendre les définitions données il y a quelques années
caduques à la lumière des connaissances nouvelles que nous
acquérons.
Donc, il nous faudra définir dans un texte de loi des notions qui
font le désespoir même des grands spécialistes en la
matière.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, il nous paraît
impossible d'accepter cet amendement tel que formulé. Encore une fois,
comme l'a dit mon collègue de l'Education, il y a quand même
là un problème réel dont nous ne sous-estimons pas
l'importance, mais nous croyons qu'il y a lieu de le régler d'une autre
façon qui corresponde, de façon plus adéquate, à la
technique législative, et qui colle exactement au
phénomène, au problème que l'on veut régler avec un
souci d'économie de moyens, un souci de justesse que l'on ne trouve pas
dans l'amendement qui nous est suggéré. Nous retenons donc
l'idée. Nous voulons régler le problème qui nous a
été soulevé, mais nous le ferons à notre
façon avec les meilleurs moyens possibles que nous soumettront les
légistes et les spécialistes de la rédaction des lois. En
même temps, nous essaierons de régler le problème sur le
fond.
Nous voulons donc dire que, même si nous n'acceptons pas la
formulation, nous reconnaissons qu'il y a là un problème à
régler. Nous présenterons, à l'article 77, un amendement
qui tentera de régler le problème de la meilleure façon
qui soit. Dans l'intervalle, M. le Président, nous remercions
l'Opposition officielle qui a quand même porté à notre
attention un problème réel. C'est par souci de réalisme,
par souci de la justice et de la vérité que nous entendons le
régler. Toutes les fois que des problèmes comme ceux-là
seront soumis à notre attention par l'une ou l'autre des oppositions, il
nous fera grand plaisir de les accepter.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez à la
présidence de s'exprimer, non pas sur le fond, mais sur ce qui se
produit, je voudrais, pour que tout soit clair, pour tous, indiquer,
premièrement, que la suggestion de M. le ministre de l'Education
je ne la prends pas comme une motion dont je n'ai pas le texte n'a
été jugée ni re-cevable ni irrecevable. Elle a
été tout simplement jugée prématurée, parce
que je n'avais pas le consentement de la commission pour que nous passions
à l'article 74, comme nous sommes passés à l'article 68
après l'article 6. Par conséquent, cela peut être mis en
réserve et nous déciderons de ce cas lorsque nous y arriverons.
Nous sommes donc toujours sur la motion de Mme le député de
L'Acadie.
M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Est-ce que cela voudrait dire, M. le
Président, qu'actuellement...
Le Président (M. Cardinal): Parlez-vous sur la motion
ou...
M. Laplante: C'est sur votre directive. Est-ce que cela voudrait
dire que l'amendement proposé par le député de L'Acadie
n'a pas encore reçu l'acceptation de la présidence?
Le Président (M. Cardinal): Oui, non seulement elle a
été déclarée recevable, il y a même eu un,
deux, trois, quatre, cinq, six intervenants sur la motion. Même Mme le
député de L'Acadie ne pourrait par la retirer, parce qu'elle ne
lui appartient plus. Elle appartient à la commission.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Qui est le prochain
intervenant? M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je trouve quasiment
incroyable qu'on refuse un tel amendement, une telle proposition du
député de L'Acadie. Quand on dit qu'on en accepte l'esprit, mais
qu'on va le faire par règlements, sans doute que le ministre de
l'Education, qui est un éminent juriste, n'est pas sans savoir qu'on ne
peut pas faire des règlements qui vont à l'encontre de certains
des articles spécifiques de la loi.
M. Morin (Sauvé): Si on y est forcé.
M. Ciaccia: Non, ce seraient des règlements ultra vires.
Il faut premièrement que le principe soit accepté. Il faut que le
droit soit créé. En se référant à un
règlement, cela ne peut pas créer un droit. Je me demande
pourquoi on ne nous explique pas pourquoi on ne peut pas accepter cet
amendement. On essaie toujours de détourner, de contourner. S'il y a
vraiment un endroit où il ne devrait pas y avoir de question, il ne
devrait pas y. avoir de contestation, il ne devrait pas y avoir d'opposition,
ce serait bien au sujet des gens tels que ceux décrits dans cet
amendement, des handicapés.
J'écoutais les propos du ministre d'Etat au développement
culturel. Il semblait dire que cela dépendait du pays d'origine de la
maladie. Oui, cela dépend du pays d'origine de la maladie.
M. Paquette: Vous êtes perdu, ce n'est pas possible!
M. Ciaccia: Non.
M. Chevrette: C'est une preuve de maladie.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordrel
M. Ciaccia: Si cela ne dépend pas de cela, le ministre va
l'expliquer tantôt. Très bien? A-t-on peur d'utiliser le mot de
langue anglaise? On ne veut pas réintroduire la communauté
anglophone. Cet amendement a été battu. Vous ne l'avez pas
accepté. On demande que des gens handicapés, qui sont de langue
anglaise, puissent continuer leurs études dans leur propre langue.
C'est assez difficile, ils sont déjà handicapés.
Ils ont déjà des difficultés dans leur propre langue,
c'est cela la description de ces maladies, il est déjà assez
difficile pour eux de parler l'anglais. Mais on dit: Non, on ne peut pas
accepter ce principe. J'ai seulement une manière de décrire les
propos du ministre, je ne sais pas comment les traduire, c'est du "Orwellian
double thinking", it really is to try and...
M. Morin (Sauvé): With this type of language, I think you
would fall under the exception.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ai je besoin d'invoquer le numéro... A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre de l'Education et M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous rappelle formellement à l'ordre. Est-il
besoin d'invoquer le numéro des articles pour qu'on sache que,
lorsqu'une personne parle, les autres doivent écouter?
M. Lalonde: Ecoutez, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys! Nous sommes tous en politique et
nous connaissons les règles de ce jeu. Ce n'est pas une raison d'en
abuser.
M. Ciaccia: On n'est pas en politique pour se faire insulter, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je vous prierais de continuer.
M. Ciaccia: Cela peut être un des effets d'être en
politique, mais ce n'est pas pour cela qu'on est dedans. Je me demande
vraiment, M. le Président, ce qu'on fait de ce côté-ci de
la table. Chaque fois qu'on apporte des suggestions... non, mais,
sérieusement, je me demande si cela vaut la peine de continuer à
siéger à cette commission. Je peux comprendre, sur des principes
fondamentaux ou, comme dans les amendements qu'on avait suggérés
à 69a que les ministériels ont fait un choix politique. Ce n'est
pas la communauté anglophone, ce sont les Anglais, ceux qui ont eu leur
langue d'enseignement élémentaire au Québec. Cela est un
choix politique. Mais peut-on faire un choix politique avec des gens
handicapés? Le ministre dit...
M. Laplante: Oui.
M. Ciaccia: Le député de Bourassa dit oui, qu'on
peut faire un choix politique. Ecoutez, si on est rendu à cela, M. le
Président, je ne sais vraiment pas quel genre de société
on va avoir avec ce côté-là de la table. Arrêtez de
m'interrompre, pour commencer...
M. Grenier: M. le Président, à l'ordre! Le
député de Bourassa peut aller s'asseoir à l'autre bout,
où cela lui convient, il pourra intervenir et lancer des bouchons dans
des discours qui ont de la valeur.
Le Président (Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, ne l'imitez point. M. le député, de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre d'Etat essaie de
dire que les mots, ce n'est pas la façon de décrire, je pense que
ce sont les termes médicaux.
Quelqu'un est en difficulté d'apprentissage pour ces raisons...
Ou il a des handicaps, ou il n'en a pas, c'est une question de faits. Il ne
faut pas trouver cela comme excuse pour ne pas accepter l'amendement. Il ne
faut pas avoir une phobie à ce point. A-t-on peur que quelqu'un se rende
malade et handicapé pour avoir l'enseignement en anglais? C'est
ridicule.
Une Voix: On a peur de cela.
M. Ciaccia: A quel point, en sommes-nous arrivés? Cela
démontre encore, on l'a dit, l'inflexibilité. Une intransigeance
de ce genre concernant les handicapés qui ont des difficultés
d'apprentissage, comme je le disais tantôt, qui ont de la
difficulté à parler leur propre langue, il faut les changer...
Non seulement ils vont avoir cette difficulté, mais il faut qu'ils
s'ouvrent à la possibilité d'apprendre une autre langue
complètement.
M. le Président, je ne pense pas que cela vaille vraiment la
peine pour moi de continuer. Il n'y a pas d'autre raison que cela. Quand on en
arrive à un mur de pierre de ce genre du côté
ministériel, on peut seulement être étonné de son
attitude. De même, essayer de donner des raisons... A quoi cela va
servir?
M. le Président, je trouve inconcevable, et même
impensable, que le gouvernement n'accepte pas cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on dirait que le
député de Mont-Royal souhaite qu'on rejette le principe de cet
amendement. En fait, depuis le début de son intervention, il nous dit
qu'on a une attitude fermée, alors qu'on a dit à plusieurs
reprises qu'on accepterait le principe de l'amendement, qu'on le trouvait
justifié et qu'on cherchait un moyen de l'intégrer
harmonieusement à l'ensemble du projet de loi.
Quand vous dites qu'on a peur que des gens se fassent passer pour
handicapés pour avoir accès aux écoles anglaises, ce n'est
évidemment pas notre intention, aucunement. Mais je pense qu'il y a,
dans l'amendement tel que formulé, beaucoup trop
d'ambiguïtés pour qu'on puisse le laisser comme il est
là.
On parle d'enfants de langue anglaise. Ce n'est pas parce qu'on a peur
qu'il y ait des gens
qui se fassent passer pour handicapés qu'on est contre cette
formulation, c'est qu'on se dit qu'il va falloir le définir et qu'il y a
des gens qui vont appliquer cela dans les institutions. On ne voudrait
pas...
M. Ciaccia: ... de langue anglaise.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Paquette: Attendez un peu, laissez-moi finir.
Le Président (M. Cardinal): Vous n'aimez pas être
interrompu.
M. Ciaccia: Je le laisse parler, je veux l'aider à
expliquer...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! C'est une assemblée délibérante, ce n'est pas
une assemblée délirante.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Mais on ne voudrait pas que les enfants soient
soumis à l'arbitraire de fonctionnaires qui vont avoir à tester
ou à juger ou à admettre des enfants aux institutions.
D'ailleurs, partout dans la loi, et particulièrement à l'article
69, on a fait attention de respecter, depuis le début, une des marottes
du député de Mont-Royal qui a dit à plusieurs reprises que
cet article, le député de L'Acadie aussi, que cet article
était discriminatoire, qu'il était basé sur des
considérations ethniques ou linguistiques. On fait attention de formuler
l'article 69 pour que le critère d'accès ne dépende que de
la résidence et de la date d'arrivée au Québec des gens
qui pourraient avoir accès à l'école anglaise.
C'est un projet de loi où on ne fait pas de distinction
basée sur l'origine ethnique ou sur la langue maternelle des citoyens
québécois. C'est précisément pour cela que la
Commission des droits et libertés de la personne a jugé que cet
article n'était pas contraire à la Charte des droits et
libertés de la personne, comme d'ailleurs tous les autres articles du
projet de loi. Il s'agit de maintenir cela. Ce que j'essaie de vous dire, c'est
qu'il s'agit de trouver une façon de respecter le fond de l'amendement
du député de L'Acadie en respectant les principes du projet de
loi. On ne veut pas faire de distinction sur la langue maternelle ou sur
l'origine ethnique des citoyens. Dans cet amendement, on trouve encore "langue
anglaise", comment allez-vous définir cela? Bon. On ne voudrait pas
avoir à le définir. On ne voudrait pas avoir à le
définir dans la loi. Il y a d'autres termes ambigus
également.
M. Ciaccia: Regardez dans le Webster, ils vont vous
définir "langue anglaise"!
M. Paquette: M. le Président, pourriez-vous rappeler les
députés de l'Opposition à l'ordre? Parce que cela fait
trois ou quatre fois que le député de Mont-Royal
m'interrompt.
Le Président (M. Cardinal): Que cela soit d'un
côté ou de l'autre, je n'en peux plus des rappels à
l'ordre. J'espérais que cet ordre s'établisse par lui-même.
M. le député de Rosemont, pour le peu de temps qui reste avant la
suspension.
M. Paquette: II y a d'autres termes ambigus dans l'amendement tel
que formulé. On parle de mésadaptation socio-affective grave. Le
mot "grave", jusqu'à quel point c'est grave? Si ce n'est pas grave, on
peut entrer...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez le droit de réplique. Il reste du temps à
chacun pour répondre. Je vous prierais d'avoir suffisamment de
contrôle pour attendre votre tour. M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je tiens simplement à souligner que le terme
de "mésadaptation socio-affective grave" demande un acte de jugement qui
aura à être précisé, de toute façon, dans les
règlements.
Quand le député de Mont-Royal dit qu'il ne veut pas
laisser cet article assujetti à des règlements, cela va en
prendre de toute façon. Les mésadaptés socio-affectifs, je
veux dire, ça peut couvrir un vaste champ; on pourrait même dire,
à la limite, que cela inclut certaines des personnes, en tout cas, qui
sont en voie allégée au niveau secondaire, par exemple. Alors, il
faudra, de toute façon, préciser cet amendement en termes de
règlements, et s'il fallait faire un sous-amendement ici...
M. Ciaccia: ...pas les malades au secondaire auront le
droit...
Le Président (M. Cardinal): Non, à l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Rosemont, vous aurez la parole
au début de la séance ce soir...
Une Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! La séance n'est pas encore suspendue, un instant, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Est-ce que vous me permettez une question?
Le Président (M. Cardinal): Le débat sur l'article
69 a débuté le 5 août 1977, exactement à 17 h 7. Il
est 18 heures aujourd'hui, à la date que vous connaissez, et la
séance est suspendue jusqu'à 20 heures.
(Fin de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous continuons cette même séance de la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, et la
parole est à M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais essayer de terminer
brièvement. J'étais en train d'expliquer, avant la suspension des
travaux, qu'il me semblait que ce n'était pas du côté
ministériel qu'on faisait preuve d'un manque de souplesse, mais du
côté de l'Opposition officielle, parce qu'on ne veut absolument
pas reconnaître que cet amendement a des lacunes importantes, des termes
ambigus qui demandent à être précisés j'en ai
mentionné deux celui de la langue anglaise, qui n'est absolument
pas administrable ni applicable, ce qui n'est pas dans l'intérêt
des enfants en question, et celui de la mésadaptation socio-affective.
Il y en a probablement d'autres.
Par conséquent, j'ai l'impression que ce qu'il faut rechercher,
c'est un article où on affirme clairement le droit des enfants souffrant
de troubles d'apprentissage graves à être exemptés de la
loi, mais qu'en même temps on laisse le soin aux règlements de
préciser les modalités de façon qu'on ait le temps de le
faire c'est un problème complexe de façon aussi
à réduire le plus possible l'arbitraire chez les fonctionnaires
qui auront à appliquer cette loi. Ce n'est pas nous qui aurons à
rappliquer. Parmi ces critères qui pourraient apparaître dans les
règlements, j'en vois, mais je suis loin d'être certain qu'ils
soient adéquats.
Il y en a un, par exemple, qui m'apparaît de toute
évidence: Un enfant qui, à l'extérieur du Québec,
était déjà dans une institution spécialisée
à cause de troubles d'apprentissage, de problèmes
d'apprentissage. Voilà une façon de faire la preuve de son
admissibilité à une école équivalente, qu'elle soit
de langue anglaise ou de langue française à son choix
au Québec, mais cela ne couvre pas tous les cas. Il y a d'autres
cas, par exemple, d'enfants n'ayant pas encore commencé un séjour
dans une institution spécialisée, mais s'apprêtant à
le faire. Il pourrait, dans certains cas, être important que ces enfants
aient baigné dans un milieu de langue anglaise. Il serait
préférable, pour eux, à ce moment, d'avoir accès
à une institution spécialisée de langue anglaise au
Québec.
Donc, je pense que nous sommes d'accord avec le fond, avec le contenu de
l'amendement proposé par le député de L'Acadie. En
terminant, simplement une petite remarque. Je suis d'accord avec cette
préoccupation qu'on a pour les enfants qui ont des troubles
d'apprentissage qui arrivent au Québec, mais ne trouvez-vous pas cela
étonnant qu'on n'ait jamais eu la même préoccupation, et
autant quel que soit le parti politique, même chez nous
pour les enfants québécois francophones qui sont dans la
même situation, qui quittent le Québec et qui n'ont aucune
garantie, que cela soit dans les autres provinces ou aux Etats-Unis de trouver
des institutions dans leur langue, alors que dans certains cas, cela serait
extrêmement important et vital pour eux de les avoir?
Et cela fait partie et je termine là-dessus de ce
comportement où on pense toujours aux autres avant de penser à
nous. Il faut faire les deux. Comme nous sommes en train d'étudier un
amendement pour les autres, je suis parfaitement d'accord pour l'inclure dans
la loi, mais je pense que dans les accords de réciprocité qu'on
aura à négocier avec les autres provinces, c'est également
l'élément à faire valoir dans le dossier. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président.
M. de Bellefeuille: Depuis le temps qu'on l'attend.
M. Le Moignan: Je ne voudrais pas faire le procès des
déficients mentaux, des mésadaptés socio-affectifs,
handicapés sensoriels..
M. de Bellefeuille: Sauf de ce côté-ci de la
table.
M. Le Moignan: Je n'ai fait aucune allusion à nos amis
d'en face. Je ne voudrais pas qu'ils se reconnaissent dans ce que je viens de
dire. Ce serait malheureux. Ce ne serait pas très charitable de ma
part.
M. Chevrette: Nous sommes des fils de l'Eglise.
M. Le Moignan: Ce n'est pas dans mes habitudes, le
député de Deux-Montagnes le sait très bien, mais
j'étais content, j'ai voulu retarder un peu cet après-midi parce
que le sujet me semblait tellement important, cet amendement du
député de L'Acadie. Je crois que ceci peut très bien
s'inscrire dans la charte de la langue française, d'autant plus que,
peut-être chose étonnante, j'ai senti chez les ministres une
certaine approbation indiquant qu'ils ont reçu d'un bon oeil cet
amendement. Non pas que les amendements sont là pour la gloire ou le
prestige, soit du Parti libéral, soit du parti de l'Union Nationale. Si
on réussit à en faire inscrire un dans le projet de loi, on ne
chantera pas victoire pour autant. On rejoint, je pense, les objectifs qui nous
ont été formulés à l'Assemblée nationale sur
le rôle de l'Opposition et nous sommes là, parfois, pour apporter
quelques suggestions. Si, sur mille, une vient à être
adoptée, je crois qu'à ce moment-là, c'est la loi qui peut
certainement en profiter. Je n'ai pas à vous dire, et vous le savez, et
vous le mentionnez peut-être trop souvent, que l'Union Nationale
collabore trop avec vous et que vos ennemis, en somme, c'est l'autre
opposition. Sur cela, je ne suis pas tellement d'accord. On l'entend souvent
et...
M. Guay: On n'a pas remarqué cela.
M. Alfred: Ce n'est pas...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Le Moignan: Je pense que notre rôle, quand on regarde
sérieusement un projet de loi aussi important... C'est pour cela que des
fois on se demande ce qu'il y a de sérieux là-dedans quand on
agit un peu comme des écoliers; c'est peut-être parce qu'on est
fatigué, c'est peut-être parce qu'il fait très chaud
certains jours, et je crois que le public peut nous pardonner. Ceci est tout
à fait humain.
Cet amendement proposé pour des élèves de langue
anglaise, évidemment, il ne s'agit pas des élèves de
langue française puisque tout est bien stipulé déjà
dans le projet de loi, je ne veux pas discuter du libellé ou de la
façon dont cet amendement est présenté, on en a
déjà fait mention, je sais qu'il y a des spécialistes qui
vont le rédiger de façon beaucoup plus potable, non pas quant au
fond, mais quant à la forme. Pour nous, ce que nous regardons
là-dedans, c'est tout de même cette idée que ces
déficients mentaux, tous ceux qui sont en difficulté
d'apprentissage, ce sont des jeunes exceptionnels qui vont peut-être
aussi nous arriver, soit de provinces anglaises, je ne le sais pas, soit
peut-être d'autres pays.
Comme il s'agit de cas d'exception, c'est peut-être la raison pour
laquelle le ministre a indiqué cet après-midi je ne me
souviens pas lequel des deux, je sais que c'est l'un des ministres, je fais
confiance à l'un et l'autre, dans le cas présent que,
quand on regarde ces enfants, qu'ils soient retardés, lents, sourds,
muets ou paralysés, l'article 69, de façon
générale, couvre peut-être l'ensemble des cas, mais il y a
toujours la règle d'exception. Comme l'a mentionné Mme le
député de L'Acadie, je crois que nous avons à faire face
à un problème surtout d'ordre humanitaire. On peut parler de
réglementation, on peut parler de procédure à suivre, mais
il y a trois points que nous voudrions simplement mentionner, en essayant
d'être un peu fidèles aux principes que l'Union Nationale a
déjà énoncés. Je vais essayer de le faire sans
contredire ce que notre chef, ou mon voisin, a pu avancer la semaine
dernière, alors que je n'étais pas ici, quand on a discuté
un peu du début.
Premièrement, nous reconnaissons bien l'esprit et l'objectif de
cette proposition, qui nous est parvenue à cette table par l'entremise
du député de L'Acadie.
Deuxièmement, il y a un principe sur lequel nous ne sommes pas
tellement d'accord avec l'autre Opposition. Nous reconnaissons, comme principe
de base, le critère de la fréquentation scolaire, plutôt
que celui de la langue maternelle. Ici encore, ce sont les règlements
qui vont déterminer... Dans le cas d'élèves inscrits
légalement, ou illégalement, à l'école, le ministre
a dit qu'il avait tous les moyens de détecter tout cela. Je n'ai aucune
crainte pour des cas exceptionnels comme ceux qui vont se présenter, si
cet amendement fait partie de la nouvelle loi. A ce moment, je crois que ce
sera bien facile, puisque les cas ne se produiront pas par centaines tous les
jours.
Troisièmement, je pense qu'il est très important qu'on
reconnaisse, dans la pratique, cette détermination des
règlements. Je crois que c'est la pratique qui va déterminer
cela, peut-être plus que le texte de la loi. Ce sont les
règlements qui vont donner au ministre toute la latitude requise pour
être capable de légiférer dans de tels cas. Il y a un point
sur lequel je voudrais attirer l'attention du gouvernement. Dans le texte
proposé cet après-midi, on dit: Le gouvernement peut
également, par règlement... Je proposerais ceci: On pourrait dire
"le gouvernement doit également, par règlement". A ce moment, je
pense que cela fermerait la porte à beaucoup de critiques, ou encore
à beaucoup d'éventuels points d'interrogation. Le simple fait de
changer un petit verbe donnerait, non seulement aux membres de l'Opposition,
mais aussi à la loi, je crois, un caractère beaucoup plus stable,
beaucoup plus riche.
Si on dit: Le gouvernement doit, par règlement, exempter de
l'application du présent chapitre les enfants ayant des
difficultés graves d'apprentissage, et statuer sur la procédure
à suivre dans un tel cas... Quel que soit l'endroit où le
gouvernement va insérer cet amendement, personnellement, je suis assez
indifférent, dans le moment...
Une Voix: Est-ce une motion?
M. Le Moignan: Non, pas encore. S'il y a une motion, je...
Le Président (M. Cardinal): C'est une suggestion.
M. Le Moignan: C'est une petite suggestion, oui.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, continuez.
M. Le Moignan: Nous aurons l'occasion d'y revenir tout à
l'heure, s'il s'agit d'en faire une motion. Nous ne voulons pas parler
simplement pour tuer le temps, ou pour recommencer à discuter sur un
seul mot, mais je laisse la suggestion au ministre en passant. "Le
gouvernement, donc, doit". Il nous semble que ce serait beaucoup plus
acceptable et que cela simplifierait les choses.
Pour le moment, je crois que ce sont les seules idées que je vais
laisser. Le député de Mégantic-Compton reviendra tout
à l'heure à la lumière des autres discussions pour
apporter peut-être un autre éclairage, surtout quand nous aurons
entendu les idées et suggestions qui vont nous venir d'un peu partout de
cette table.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): C'est moi qui vous remercie.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je pense
que la motion d'amendement proposée par le député
de L'Acadie est tellement importante que tous les membres surtout
moi-même devraient avancer des arguments aussi positifs que
possible. Je veux dire l'importance d'oublier autant que possible nos positions
d'adversaires, le rôle de l'adversaire si vous voulez, parce que le but
de l'amendement, je pense, est clair, et non pas seulement pour le
député de L'Acadie, mais pour mes amis d'en face. J'en ai
plusieurs, quand nous ne sommes pas dans l'arène politique. Quand on
pense que c'est pour aider les enfants de langue anglaise; pour ma part, je
considère que ce sont tous les enfants, quelle que soit leur langue, qui
ont des difficultés d'apprentissage en raison de déficiences
mentales, de mésadaptation socio-affective grave ou de handicaps
sensoriels, je pense, M. le Président, que le problème que nous
avons à l'heure actuelle, c'est de savoir comment le régler. Le
député de Rosemont a dit, avant 18 heures, vouloir
réaliser le but de cet amendement je pense que tout le monde l'a
compris et, en même temps il peut trouver une manière de le
faire acceptable à tous les partis.
Il y a sans doute deux manières, peut-être trois. Je
parlerai de la troisième tout à l'heure. La première,
c'est un amendement au projet de loi 101, en ajoutant un autre article ou un
autre paragraphe, ou aliéna, si vous voulez, à l'article 69,
comme le député l'a proposé cet après-midi, mais ce
n'est pas la seule manière.
Je pense que le ministre en a souligné une autre qui est valable
et que, par les règlements, on arrive à la même solution
à la même méthode de procéder dans ce cas.
Permettez-moi, M. le Président, de discuter un peu je sais
que vous êtes expert dans la loi des avantages et des
désavantages de cette procédure. Si on décide, par les
règlements, d'adopter cela à l'article 69 ou à un autre,
à l'article 81, si vous voulez, il y a des avantages. Les avantages des
règlements sont que les règlements permettent une
flexibilité que nous n'aurions pas dans un article du projet de loi; la
flexibilité du cabinet permet, à une séance ou à
une autre, de décider de changer ce règlement. Ce n'est pas la
fin du monde, c'est souvent très nécessaire d'avoir de la
flexibilité dans une loi.
Le danger, par exemple, c'est qu'on peut changer ces règlements,
non pas seulement facilement au cabinet, mais souvent sur recommandation des
technocrates, des bureaucrates, des fonctionnaires, qui ne sont pas
nécessairement au courant de l'esprit qui a inspiré les
règlements originaux ou même le but de l'amendement qui, dans ce
cas-ci, est présenté par Mme le député de
L'Acadie
Tant que les droits des enfants qui sont en difficulté, en raison
de déficience mentale, si vous voulez, leur droit d'aller à un
hôpital, à une école, anglaise ou française, pour
améliorer leur sort est déterminé par des
règlements. Alors, dans un sens, les règlements existent pour les
privilèges, mais pas pour les droits. L'inflexibilité peut
travail- ler contre eux. Et le gouvernement à l'avenir un
changement de ministre, des fonctionnaires moins sensibles peut prendre
avantage de la flexibilité du règlement. Un ordre en conseil peut
facilement changer les règlements dans un sens qui ne reflète
aucunement l'esprit partagé par tous les députés.
D'un autre côté, si on ajoute un autre paragraphe, le
paragraphe e) à l'article 69, en même temps nous n'avons pas la
flexibilité des règlements pour changer cet article 69e,
après qu'il soit adopté, s'il est adopté, pour prendre un
autre projet de loi. Un projet de loi ne correspond pas aux désirs de
tout le monde. Les changements à un projet de loi ne sont pas
nécessairement possibles, parce que souvent l'Assemblée nationale
est aux prises avec une question qui peut durer un jour, une semaine, un mois,
six mois, si vous voulez, et il est souvent impossible de faire les changements
nécessaires dans la loi.
Il me semble que, pour en arriver à la solution, il faudrait
à cause des arguments positifs avancés par le
député de Rosemont cet après midi, trouver une
définition de la déficience mentale, quels sont les enfants de
langue anglaise, etc. Cela prend des définitions. Ces définitions
prennent des règlements. Je pense que la solution est très
simple. Cette solution est de capter... J'aimerais bien avoir l'attention du
député de L'Acadie autant que celle des députés de
l'autre côté... parce que nous sommes tous
intéressés par ce problème.
M. Alfred: Ce n'est pas gentil. Mme Lavoie-Roux: Excusez
moi. M. Guay: II sollicite votre attention.
M. Mackasey: Je pense que la solution, M. le Président, se
trouve dans une combinaison, si vous voulez, d'un amendement à l'article
69 suivi par les règlements basés sur cet amendement à
l'article 69. Le député de Rosemont a souligné qu'il
était possible de décrire dans la loi ce qu'est un enfant de
langue anglaise, y compris les problèmes des enfants malades. Je pense
qu'on devrait discuter objectivement, pas comme des libéraux, pas comme
membres du Parti québécois ou de l'Union Nationale, mais comme
des citoyens de la province de Québec qui veulent absolument aider les
enfants qui, pour des raisons qui ne sont pas leur faute, commencent la vie
avec un handicap assez difficile. Certainement, ces enfants ont besoin d'aide,
autant que possible.
Si on peut discuter... Le ministre, qui représente le
gouvernement, est un homme sensible, un homme qui a au moins la
réputation d'être humanitaire. Il pourrait songer à
accepter dans la loi, à l'article 69, un amendement, un autre paragraphe
e) comme le député de L'Acadie l'a suggéré. Ensuite
qu'on discute pas nécessairement... soit d'une autre question
des règlements basés sur cet article. Les
règlements qui découleraient... Qu'est-ce que cela veut dire les
enfants de langue anglaise?
Est-ce mieux de dire que tous les enfants en difficulté devraient
avoir la permission d'aller dans une institution qui, par accident, est
fondée par un groupe francophone, par des médecins francophones
ou le Mackay Institute, pour les sourds-muets, qui représente les
philanthropes d'expression anglaise, les médecins francophones et
anglophones, et les enfants sont des Anglais, des Français, des
Italiens, des Irlandais, ils sont de toutes les nationalités que vous
voulez. Ce sont des enfants, point. Il me semble que, surtout dans ce cas-ci,
on devrait oublier que nous sommes des adversaires, si vous voulez, et accepter
la motion d'amendement du député de L'Acadie, telle que
formulée mais, en même temps, nous accepterons la
nécessité, la validité de formuler, autant que possible,
les règlements qu'a suggérés le député de
Rosemont pour préciser un peu la définition de cette section de
la loi, pour les enfants de langue anglaise. Il y a d'autres exemples que le
député a soulignés avant 18 heures, et je ne vais pas les
répéter, à savoir quelle est la définition de la
déficience mentale, etc.
En terminant, M. le Président, je pense que la solution ne se
trouve pas seulement dans l'amendement; on ne la trouvera pas seulement dans
les règlements, on la trouvera dans la rédaction d'un article qui
devrait être dans la loi pour la protection de ces enfants, parce que ce
serait très difficile pour un gouvernement, à l'avenir, que ce
soit le Parti québécois, le Parti libéral ou l'Union
Nationale, même pour empêcher des fonctionnaires qui ne connaissent
pas l'esprit qui existe ici, de changer les règlements. Ce n'est pas
dans le meilleur intérêt de ces enfants. C'est pour ça que
c'est important que cette clause soit dans la loi pour protéger ces
enfants. Une fois dans la loi, c'est difficile à changer. Mais c'est
inutile et ce n'est pas réaliste de penser qu'une fois que cet article
est dans la loi, on n'a pas besoin des règlements pour décrire
précisément les points soulignés cet après-midi par
le député de Rosemont.
Je pense que ce serait un geste accepté par tous les Canadiens
d'expression française, qui ont la réputation, surtout dans le
domaine de l'humanité, de l'amour pour les enfants, de comprendre
exactement les sentiments du député de L'Acadie, qui a
proposé un article pour prendre soin des enfants que, jusqu'à
maintenant, on a oublié complètement dans nos discussions.
Alors, c'est peut-être un effort pour convaincre, si vous voulez,
le ministre de l'Education, qui est ici, lui faire comprendre qu'on veut
absolument protéger ces enfants. Il faut donc inclure dans la loi
quelque chose qu'il serait difficile de changer dans l'avenir, mais, en
même temps, d'être aussi réaliste et comprendre qu'on a
besoin de règlements basés sur cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. te
député de Vanier.
M. Bertrand: Très brièvement, M. le
Président. C'est simplement pour indiquer que je suis fondamentalement
d'accord avec la motion d'amendement présentée par le
député de L'Acadie. Je souhaitais vivement que notre gouvernement
la fasse sienne, mais je dois admettre, à l'analyse, que la proposition
du député de Sauvé, ministre de l'Education, est beaucoup
plus satisfaisante que le contenu, le libellé de votre motion
d'amendement, parce que je trouve que le contenu de votre motion est
restrictif. Elle ne parle que des enfants de langue anglaise qui auraient
certains troubles d'apprentissage, alors que je considère c'est
sans doute votre intention, dans le fond de votre motion essentiel de
protéger tous les enfants qui ont des problèmes d'apprentissage,
de quelque degré que ce soit, de quelque niveau que ce soit, dans
quelque domaine que ce soit.
Je vous donne un exemple, Mme le député de L'Acadie.
Supposons qu'une famille espagnole émigre au Québec et qu'elle a
deux ou trois enfants d'âge scolaire dont l'un, a certaines
déficiences mentales, par exemple, ou certains problèmes,
handicaps sensoriels ou autres.
Il y a deux des enfants qui n'ont aucune déficience et qui
peuvent s'en aller à l'école française tel que le prescrit
la loi, mais un de ces enfants qui parlent espagnol ne serait pas en mesure
si on respecte le principe qui se trouve au fond de sa motion et avec
lequel je suis d'accord ne devrait pas aller à l'école
française parce que cela poserait un problème sur le plan de
l'apprentissage, sur le plan du développement de la personnalité.
Mais il ne serait pas pour autant meilleur pour lui, dans ce contexte, d'aller
à l'école anglaise et donc, il serait nettement meilleur,
qu'à cause de la proposition qui est faite par le député
de Sauvé et qui vise à exempter tous les enfants, de quelque
langue qu'ils soient, de l'application de l'article 69, à ce moment, il
pourrait arriver...
Par exemple, prenons une situation... Pour cet enfant espagnol, on
essaie de trouver un moyen qui lui permettrait de vivre dans un milieu
où ce serait la langue espagnole qui lui permettrait de connaître
le meilleur développement de sa personnalité. Alors, j'ai eu
l'impression à un certain moment je suis certain que ce n'est pas
l'intention du député de L'Acadie, je la connais trop bien pour
savoir que ce serait son intention cela pouvait donner l'impression
qu'on pouvait prendre le prétexte d'enfants qui ont des troubles
d'apprentissage pour aller agrandir le secteur anglophone. Mme le
député de L'Acadie, je vous demande de bien comprendre ce que je
vous dis. Je suis certain que ce n'est pas l'esprit avec lequel vous avez voulu
présenter cet amendement, mais la façon dont il est
libellé restreint aux seuls enfants de langue anglaise la
possibilité d'aller à l'école anglaise, pour justement
préserver ce principe fondamental, quant à moi, qui est de
permettre le développement de ces responsabilités dans un
contexte qui soit pour eux le meilleur sur le plan humain. Mais il faut que
cela s'applique à tout le monde et pour que cela s'applique à
tout le monde, il faut qu'on ne fasse aucune distinction entre les enfants de
langue anglaise ou les enfants de quelque langue que ce soit. Cela inclut donc
les immigrants et cela inclut des gens de nationalité allemande,
portugaise, hongroise, espagnole,
italienne, qui seraient placés dans de telles situations;
à ce moment, la proposition du député de Sauvé,
présentée à l'article 77, d'abord répond à
un des points que vient d'exprimer le député de
Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'en définitive, ce n'est pas
uniquement inscrit dans le règlement. C'est la procédure
d'application qui est inscrite dans le règlement, mais la volonté
du ministre qui aura à appliquer la loi, la volonté du
gouvernement se trouve exprimée à l'intérieur d'un article
parce que telle que formulée, la motion d'amendement à l'article
77, qui sera présentée par le député de
Sauvé est incluse dans un article 77. C'est inclus dans la loi. On ne
peut pas y déroger et donc, le règlement n'est là
uniquement comme procédure d'application de cet article qui permet de
déroger à l'article 69.
Ces deux éléments, l'un pour inclure tous les enfants, de
quelque nationalité qu'ils soient, et le deuxième visant à
faire comprendre que c'est inclus dans la loi, à l'article 77, je pense
que cela devrait, dans le fond, faire comprendre à l'Opposition
officielle que le principe que vous présentez qui est fondamentalement
bon et que le gouvernement est prêt à endosser, se trouve
préservé par notre proposition; je ne vois pas en quoi vous vous
opposeriez à ce que nous le présentions à l'article
77.
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous demander la permission de vous
poser une question, mais vous avez terminé. Alors, apparemment,
cela...
M. Bertrand: Mme, je suis prêt... M. Laplante: Vous
pouvez poser...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander au député de
Vanier de préciser dans le cas de sa famille espagnole. C'était
très clair que c'étaient des enfants qui ne parlent que
l'espagnol. Il y en a deux qui vont à l'école française,
et le troisième, où l'envoyez-vous? Celui qui est
handicapé?
M. Bertrand: Je pense que c'est la volonté de ceux qui
permettent qu'on puisse déroger à la loi.
Mme Lavoie-Roux: Mais où l'envoyez vous? A l'école
français ou à l'école anglaise? De toute façon, il
faut qu'il fasse l'apprentissage d'une nouvelle langue.
M. Bertrand: Vous créez un problème par votre
motion d'amendement où il y a uniquement des enfants de langue anglaise
qui peuvent se prévaloir de déroger à la loi, mais il y a
certainement possibilité...
Mme Lavoie-Roux: ...vous voulez envoyer cet enfant espagnol qui
ne parle ni français, ni anglais à l'école anglaise.
M. Alfred: C'était vous! M. Bertrand: Non.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, qu'est-ce que c'est? Où
l'envoyez vous votre troisième?
M. Paquette: Je pourrais répondre à cela, M. le
Président.
M. Bertrand: Mme le député de L'Acadie, vous me
présentez...
Mme Lavoie-Roux: Où l'envoyez-vous? C'est vous qui avez
soulevé le problème. Je vous pose la question...
M. Bertrand: Vous me posez une excellente question et je n'essaie
pas de me dérober. J'essaie simplement de vous expliquer que si cela
pose un problème de quelque nature que ce soit, je pense qu'il s'agit
d'y répondre de la façon la plus convenable possible.
Ce que je veux simplement vous dire, c'est que, quant à moi, si
vous tenez vraiment au fond de votre argumentation... Des problèmes
d'apprentissage, cela peut se poser pour des enfants de quelque
nationalité que ce soit. N'allez pas simplement en faire une question de
principe pour les enfants de langue anglaise. C'est ce que je veux vous dire.
Comprenez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, M. le député de Vanier,
cet enfant-là ne connaît ni le français ni l'anglais.
Alors, il doit faire son apprentissage dans une autre langue. A ce moment-la,
je ne vois pas pourquoi on ferait une dérogation pour l'envoyer à
l'école anglaise.
M. Grenier: Si Madame me permet...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Madame ne peut vous le permettre parce qu'on en est au temps
du député de Vanier. Mais M. le député de Vanier
peut vous le permettre. S'il vous plaît!
M. Grenier: Alors, le député de Vanier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Vanier.
M. Grenier: ... pour une explication qui semble bien simple:
C'est un peu le monde à l'envers. Un député
ministériel qui nous propose la liberté de choix pour un secteur
bien précis.
Une Voix: Ce n'est pas cela qu'on veut. M. Alfred: ... On
parle de pédagogie.
M. Bertrand: M. le Président, pour terminer, ce que je
veux simplement souligner, et là-dessus je veux que le
député de L'Acadie... Je sais qu'on est ici dans le fond pour
essayer de trouver la meilleure réponse possible à un
problème réel. Je veux simplement que le député de
L'Acadie comprenne que dans mon intervention il y a simplement une
volonté d'étendre ce principe que vous voulez voir
reconnaître. Libre à nous, ensuite, de trouver la meilleure
solution possible pour faire en sorte que cela s'applique. Mais votre
amendement est restrictif et ne s'applique qu'à des enfants d'une seule
nationalité, c'est-à-dire à des enfants de langue
anglaise. Je pourrais aussi vous retourner la question à vous. Comment
faites-vous pour répondre aux problèmes des gens qui ne sont pas
de nationalité anglaise et qui ont des problèmes d'apprentissage?
Que faites-vous pour ceux-là? Dans le fond, je pourrais vous renvoyer la
question. Je pense qu'il s'agit de se pencher sur ce problème et de voir
de quelle façon on pourrait en arriver à le résoudre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous renvoyez la question à la bonne personne puisque la prochaine
personne sur la liste est Madame le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
nom était écrit.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, un point
d'ordre, s'il vous plaît.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Sauvé.
M. Morin (Sauvé): Un député qui n'est pas
membre de cette commission a-t-il le droit de prendre la parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A moins
d'avoir le consentement unanime. Dans ce cas, il le peut.
M. Forget: C'était précisément la question
que j'allais vous poser, M. le Président. Je sais que de façon
générale, au début de ses travaux, je crois, si mes
informations sont exactes, la commission a tranché ce point, mais en
même temps je crois que le porte-parole ministériel avait
indiqué...
M. Morin (Sauvé): Mais vous n'avez pas le droit de prendre
la parole en ce moment, monsieur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est ce que j'allais dire.
M. Forget: C'est sur le point de règlement... avait
indiqué que ce serait interprété avec
libéralité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Je pense que je comprends exactement ce que
veut savoir le député de Saint-Laurent.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, est-ce que je pourrais
répondre au député de Saint-Laurent et
répéter...
M. Grenier: Je trouve que votre réponse est superflue
parce qu'il n'avait pas le droit de parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord! Mais il n'en reste pas moins qu'il a pris la parole pour demander
cette directive. Alors, je lui répète, ou je lui dis pour une
première fois, et pour le bénéfice de tout le monde
d'ailleurs, qu'une motion a été présentée en ce
sens au début des travaux, une motion préliminaire, motion qui a
été rejetée de telle sorte qu'à moins d'avoir le
consentement unanime des membres de la commission, seuls les membres de la
commission ont le droit de parole lors de nos travaux.
M. Grenier: M. le Président, si vous me permettez, sur ce
point de règlement. Voici, j'ai vu arriver l'ex-ministre des Affaires
sociales tout à l'heure, contre qui je n'ai absolument rien, bien
sûr, et je sais que la commission aurait grand avantage à
l'entendre, sauf qu'on s'est donné comme règlement que seuls les
membres de la commission avaient droit de parole. Sans le consentement
unanime... Personnellement, je ne donnerai pas mon consentement pour personne,
que ce soit un libéral, un membre de l'Union Nationale ou du Parti
québécois, je ne le donnerai pas. La raison à cela, c'est
qu'on ne terminera pas les débats. A ce compte-là, je crois
comprendre je vous demanderais une directive que la question se
pose chez l'équipe libérale et qu'elle aurait pu se poser chez
nous. De toute façon, on a un invité, on a des invités qui
peuvent s'asseoir, ou bien à la table s'il y a de la place, ou bien en
arrière pour écouter les débats. Si on veut les faire
intervenir... Je pense que le député de Saint-Laurent pourra
certainement intervenir à l'article 77, et on aurait grand avantage
à l'entendre quand on passera là. A ce moment-là, il
pourra se faire nommer membre de la commission. On pourrait donner au Parti
libéral quatre fois vingt minutes, tandis que ce soir, on fera cinq fois
vingt minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
directive a été donnée tout à l'heure. Ce que je
veux dire, c'est qu'en cours de route, en cours de séance, on ne peut
remplacer un membre, de telle sorte que le député de
Saint-Laurent pourra demain devenir membre de la commission. Mais en ce qui
concerne la séance présente, il n'en est pas membre.
M. Grenier: D'accord!
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes membre.
M. Lalonde: Je suis membre au bout de la table. Le
député de Mégantic-Compton vient d'annoncer son attitude
à l'égard d'une demande tout à fait probable de
consentement unanime pour le député de Saint-Laurent. Je
comprends, vu que ma motion a été défaite, celle qui
permettait d'entendre tous les députés... On en revient à
l'article 178 je ne me souviens plus du numéro, enfin qui
dit que seuls les membres ont le droit d'adresser la parole ici à cette
commission, étant bien entendu, et c'est le député
ministériel, à ce moment, qu'il l'avait indiqué, qu'une
certaine souplesse serait accordée en l'occurrence.
Je tiens à faire remarquer au député de
Mégantic-Compton, avant qu'il ne prenne une décision finale, que
c'est la première fois, depuis une semaine à peu près de
débat, qu'un membre de la députation qui n'est pas membre de
cette commission offre ou demande d'adresser la parole à cette
commission. L'abus n'est donc pas là, et ce n'est sûrement pas par
le nombre de nos interventions hors membres que nous allons retarder les
débats, en ce qui nous concerne, au moins pour l'Opposition
officielle.
Deuxièmement, le député de Saint-Laurent veut
intervenir tout à fait particulièrement sur la motion
d'amendement du député de L'Acadie. L'expérience qu'il a
accumulée dans ses fonctions lui permet de nous laisser espérer
un éclairage tout à fait pertinent. Je tiens à le
mentionner, parce que s'il fallait attendre à demain matin pour que le
député de Saint-Laurent puisse nous adresser la parole sur cette
question, nous n'aurions plus que le choix, comme Opposition officielle, de
faire un filibuster pour maintenir la discussion, le débat
jusqu'à demain matin. Je voulais simplement illustrer, à
l'égard du député de Mégantic-Compton qu'on
n'avancerait pas dans les débats. Nous n'avons pas l'intention de faire
un filibuster.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! J'ai permis au député de Marguerite-Bourgeoys
de se faire le plaideur pour et au nom du député de
Saint-Laurent, qui n'a pas le droit de parole. Je le félicite de son
geste, mais je n'ai pas à subir un débat sur le brillant
plaidoyer que vient de faire le député de Marguerite-Bourgeoys,
pour essayer de convaincre les membres de cette commission.
Mon devoir, à titre de membre de cette commission,
conformément à la directive, et à la motion qui a
été rejetée, est de demander tout simplement et tout
bonnement le consentement unanime. Si je me rends compte que le consentement
n'est pas unanime, je me dois, malheureusement, de le constater, et de donner
le droit de parole à un autre membre de la commission. M. le
député de Mégantic-Compton, cela s'adresse
particulièrement à vous, qui voulez parler actuellement, je pense
qu'il serait mal venu, actuellement, de permettre à tous les
députés de venir dire pourquoi ils donnent leur consentement et
pourquoi certains députés refusent leur consentement.
Je me contente de vous demander, à l'ensemble de la
députation ici présente, membres de la commission, s'il y a
consentement unanime?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
M. Grenier: Non, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): N'ayant
pas le consentement unanime, M. le député de Saint-Laurent n'a
pas le droit de parole. En conséquence je cède le droit de
parole, conformément à la liste que j'ai devant moi, à Mme
le député de L'Acadie, à qui il reste douze minutes sur
l'amendement.
Mme Lavoie Roux: D'accord. Douze minutes, c'est très court
pour l'importance...
M. Grenier: M. le Président, je pense que c'est une
question de règlement. Je dois justifier ici notre prise de
position.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le député de Mégantic-Compton, je viens de donner une
directive. La présidence n'a qu'à constater l'unanimité ou
le défaut d'unanimité. Ceci a été fait, et je
cède la parole au député de L'Acadie.
M. Grenier: Quand on manque ainsi de prévision, cela
devait se faire à midi. C'est à midi que cela se
réglait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, douze minutes, c'est
très court pour essayer de discuter d'une motion aussi importante que
celle-là. Tout d'abord, je voudrais prendre une minute...
M. le Président, si on n'est pas capable de parler en paix, je
m'en vais. Ce n'est pas une blague, cet amendement...
M. Lalonde: Si les membres de l'Union Nationale veulent faire un
caucus, ils peuvent le faire ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: Si vous voulez faire un caucus, vous pouvez le faire
ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Joliette, tous les membres, M.
le député de Joliette, s'il vous plaît!
M. Chevrette: ... depuis une secousse. Vous n'écoutez
même pas M. Mackasey. Qu'elle ne se permette pas de faire la mère
supérieure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette, tous les membres de la commission, s'il vous
plaît, M. le député de Joliette, et tous les
députés, respectez le droit de parole de quiconque veut
s'adresser à cette commis-
sion et qui en a le droit, parce que membre. Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les premières
paroles que je veux dire, c'est simplement pour rétablir certaines
intentions que m'a prêtées le ministre de l'Education, en disant
que, par cette motion, j'essayais de trouver une façon
détournée d'introduire dans la loi l'appartenance à la
communauté anglophone. Je le prie de croire que ma motivation
était bien loin de cela. Dans un même temps je dirai au
député de Rosemont qu'il s'étonne que, tout à coup,
on pense à l'enfance exceptionnelle, et bien qu'il faisait le reproche
probablement à n'importe quel gouvernement...
M. Paquette: Même à tout le monde. J'ai dit qu'il
n'y avait personne qui avait pensé à cela pour les enfants
québécois qui allaient dans les autres provinces et qui avaient
le même problème.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ce que je veux dire au
député de Rosemont, c'est que, peut-être, si j'occupais un
autre poste, je pourrais le faire, mais, à ce moment-ci, je suis ici et
mon intérêt pour l'enfance exceptionnelle parmi ceux qui
s'intéressent à ma feuille de route, il y en a qui l'ont
mentionné à cette table remonte à un grand nombre
d'années et cela part vraiment d'une préoccupation profonde pour
ce groupe d'enfants.
M. Paquette: Vous n'êtes pas la seule...
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, je ne veux pas perdre
plus de temps sur ces mises au point.
La raison pour laquelle je n'ai pas accédé à la
demande du député de Sauvé, c'est que d'ailleurs,
le député de Notre-Dame-de-Grâce en a parlé
il est important que ces enfants soient inclus dans la loi, qu'on le
prévoira poureux et qu'on ne les reconnaîtra pas uniquement par
des règlements.
Je pense que le député de Sauvé, dans le temps, eut
bien des arguments juridiques, il avait même cité le Barreau pour
dire que les règlements ne sont pas aussi efficaces que la loi, etc. Je
ne veux pas les relever, parce que cela prendrait trop de temps, mais il y a
une chose certaine, c'est que l'on sait qu'en multipliant les règlements
d'application d'une loi ou les règlements déterminant la
portée de la loi, on trahit ce qui devrait être le processus
normal de l'adoption d'une loi, c'est-à-dire son adoption avec le
processus normal de discussion avec l'Opposition.
On sait fort bien que si on se repose uniquement sur des
règlements pour reconnaître des droits à des personnes ou
à des groupes de personnes, il est impossible de cerner les intentions
véritables du législateur.
Je voudrais je ne prendrai pas de temps déterminer
ou essayer de définir les catégories d'enfants handicapés
que vous retrouvez dans la motion. Je pense que, pour l'information de chacun,
ce sont des catégories qui ne sont pas des catégories auxquelles
j'ai rêvé une bonne nuit, mais des catégories qui sont
celles utilisées par le ministère des Affaires sociales et celui
de l'Education, et elles sont tellement bien définies que, si vous
prenez la peine de regarder la convention intervenue entre la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, le ministère de l'Education et la Centrale de
l'enseignement, vous allez retrouver ces catégories bien définies
et même avec des normes prévues quant au rapport
maître-élève accordé pour chacune de ces
catégories d'enfants.
De dire que ce sont des catégories floues, je pense que c'est
inexact. Si j'étais arrivée avec un amendement parlant de
l'enfance inadaptée ou d'enfants en difficulté d'apprentissage ou
encore, comme le suggère le ministre de l'Education, d'enfants ayant des
difficultés graves d'apprentissage, vous auriez été les
premiers à bondir et, à bon droit d'ailleurs, de l'autre
côté de cette table pour dire: Mais, c'est un voeu pieux, c'est
très général. Je pense que les catégories qui sont
là correspondent vraiment à des catégories d'enfants pour
qui la langue devient un handicap. Je pense, comme fait le ministre d'Etat au
développement culturel, "que ce sont là des termes trop vagues et
que les ministériels vont trouver les meilleurs moyens nous les
réglerons à notre façon" je pense que, compte tenu
de l'attitude que le gouvernement a eue à l'égard de tous les
amendements qui ont été présentés ici, je me
permets d'insister pour qu'on essaie de régler cette question de
principe, avant que ceci s'en aille et soit réglé par des
règlements que nous n'aurons pas même le loisir de discuter.
Il y a d'autres points que je voudrais réfuter, et
également rétablir des faits. Il ne s'agit pas d'enfants allant
en institution; il s'agit je croyais l'avoir expliqué cet
après-midi d'enfants qui, justement, de plus en plus, sont
intégrés au secteur public. Je pense que quand je vous ai
parlé de la convention, il s'agissait vraiment des enfants qui sont dans
les écoles publiques. Quant aux enfants allant en institution,
ordinairement, les institutions pour les enfants très handicapés
sont déjà divisées sur une base linguistique, du moins
dans la région de Montréal, il n'y a pas de doute
là-dessus.
Quant à la difficulté d'établir la langue
maternelle de l'enfant ou la langue que l'enfant maîtrise le mieux, je
pense qu'il s'agit d'un faux problème, puisque tous ces enfants auront
subi des évaluations, compte tenu des handicaps qu'ils ont, des
évaluations psychologiques, pédagogiques, médicales ou
autres et j'en passe.
En soulevant ce faux problème, veut-on laisser supposer et
je n'impute pas cela au député de Vanier qui, d'ailleurs, s'est
très bien expliqué d'autres veulent-ils laisser supposer
que des professionnels pourraient utiliser trop largement ce critère
alors qu'ils devront tenter d'évaluer non seulement les nombreuses
facettes du fonctionnement d'un enfant, mais également recommander des
mesures correctives appropriées, les mieux appropriées pour
chacun de ces enfants que ne serait pas indiqué d'une façon
judicieuse
quelle langue l'enfant maîtrise le mieux et avec laquelle il sera
possible, pour lui, de faire le meilleur apprentissage et amorcer le meilleur
processus de réhabilitation, si je peux m'exprimer ainsi.
M. le Président, je veux simplement dire à ce moment-ci
que je comprends que le gouvernement fait un effort en reconnaissant le
fondement de la proposition du député de L'Acadie, mais qu'on s'y
oppose en disant qu'on ne veut pas la langue anglaise dans la motion, c'est
impensable. J'aurais voulu le mettre autrement, mais si je le mets autrement,
c'est un libre choix. La seule raison pour laquelle je fais cette demande,
c'est que l'on a un secteur anglais et un secteur français et que, pour
un enfant qui ne parle ni français ni anglais, le problème ne se
pose pas, parce que l'apprentissage ou la réhabilitation, pour lui, sera
aussi difficile en anglais qu'en français. C'est uniquement pour les
enfants dont la langue dans laquelle ils s'expriment le mieux, qu'ils
maîtrisent le mieux, et qui est leur langue maternelle, est
l'école anglaise. Pourquoi, à ce moment-là, le leur
refuser et se cacher derrière certaines insinuations comme quoi on veut
contourner la loi, briser les principes, alors que notre seule et unique
motivation est vraiment de reconnaître qu'il faut servir ces enfants dans
la langue qui est la leur autant que possible. Dans la mesure où les
ressources existent dans cette langue et nous ne sommes pas justifiés,
à l'égard de cette catégorie d'enfants, d'établir
des restrictions. Et on dit que se référer uniquement à la
langue anglaise est restrictif? S'il y a quelque chose de restrictif, c'est
peut-être à l'égard d'autres catégories d'enfants
handicapés que je n'ai pas voulu élargir et où, je pense,
la question de la langue ne joue pas le même rôle que dans les
catégories d'enfants que j'ai énumérées. Si le
gouvernement s'oppose à ceci, c'est simplement et je regrette de
le dire, je ne l'ai jamais dit, et j'hésite toujours à utiliser
ce genre de terme, je ne l'ai jamais fait à l'Assemblée nationale
mais pour moi, c'est un reflet du fanatisme du gouvernement et c'est
avec regret que je le dis au public.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Laplante: Juste une question. Mme le député de
L'Acadie, répond riez-vous à une petite question, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
vous prend le consentement de Mme le député de L'Acadie.
M. Laplante: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je veux garder mon temps pour discuter de mes
amendements.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa, Mme le député de L'Acadie
refuse de répondre à une de vos questions. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, on manque de
l'éclairage voulu, et je trouve qu'il est extrêmement
compliqué de discuter à cette table ce soir. Tout le monde le
comprend, on fait face à deux propositions. C'est-à-dire qu'on en
a une, vous êtes d'accord, et vous devez admettre qu'il n'y en a qu'une,
mais nous sommes obligés d'admettre qu'il y en a deux sur la table. Cela
se discute assez difficilement, je peux vous le dire. On en a une avec laquelle
on ne sait pas exactement ce qui nous attend. L'autre, on l'a, elle est claire.
Celle déposée par le député de L'Acadie est claire,
on sait où on va. Mais on aurait voulu que l'autre soit plus claire et
on aurait pu, à ce moment-là, être en mesure de voter celle
du député de L'Acadie et savoir ce vers quoi on allait à
l'article 77.
Inutile de vous dire que je trouve fort étrange le
déroulement du débat et tout le monde va le remarquer. On vient
de vivre un événement ici. Pour le droit de parole, je n'ai pas
l'intention de fournir des explications. Vous me l'avez refusé et je ne
prendrai pas de moyens détournés pour l'expliquer. Mais tout
fonctionne à la va-comme-je-te-pousse. Autant de ce
côté-ci, vous arrivez avec une proposition de dernière
minute, et cela se voit qu'on va frapper cet article. Cela se voit d'avance.
Nous, de l'Union Nationale, avons décidé que, sur la langue
d'éducation, c'était le député de Gaspé et
le député de Mégantic-Compton. Quand arrivera la langue du
travail, ce sera un autre député. Mais c'est décidé
d'avance, pas une heure avant. Je voudrais bien qu'on comprenne ma position.
J'ai quand même passé mon message.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
aviez dit que vous ne le feriez pas, mais vous l'avez quand même
fait.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Remarquez que la présidence est passablement dépourvue devant une
telle attitude. Je vous incite à revenir à la motion en
discussion.
M. Grenier: Je ferai remarquer également que la
proposition qui vient du gouvernement, ce n'est pas mieux, c'est un peu
pis.
M. Alfred: ...
M. Grenier: C'est la motion qu'on a, ça! Ce n'est pas
drôle, vous savez, le gouvernement au pouvoir. On a ça. On discute
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... M.
le député de Mégantic-Compton...
M. Grenier: On l'a pris... Il a fallu la prendre, parce qu'on n'a
pas de papier. Il aurait fallu l'avoir sur la table ce soir, l'amendement clair
du gouvernement. On ne l'a pas. On s'en va entre deux et, M. le
Président, je regrette, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, permettez-moi de vous dire que
si vous ne l'avez pas, c'est que la présidence a jugé cette
motion prématurée, et je pense, et je me dois de rétablir
les faits et de vous dire que, juridiquement et légalement parlant, il
n'y a qu'une motion en discussion actuellement.
M. Grenier: D'accord. Alors, je vais vous dire: La motion qui est
sur la table dans le moment change, pour l'endosser; et moi, j'ai bien peur,
parce que là, on s'en va vers l'article 77 et on ne sait pas ce qui nous
attend. Endosser celle-là, nous l'acceptons, et je trouve que la
proposition du député de L'Acadie est une proposition très
imaginée, humaine et très acceptable. Cependant, elle change le
programme de l'Union Nationale, qui est de revenir maintenant à la
langue maternelle, qu'on rejette dans notre livre bleu, et vous le savez. Elle
nous ramène à la langue maternelle, alors qu'on a choisi la
fréquentation scolaire. Vous voyez... On dira, tout à l'heure:
L'Union Nationale n'a pas d'idée. Bien oui, mais on ne sait pas
où on s'en va.
M. Mackasey: ...
M. Grenier: Le gouvernement nous met dans cet
état-là.
M. Mackasey: Le Bon Dieu va bénir l'Union Nationale en
même temps que le...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... s'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je demanderais
aux gens dans la salle, s'il vous plaît, de manifester le moins
possible.
M. Grenier: Si on accepte la proposition du député
de L'Acadie, il faut rejeter, à mon sens, l'option de l'Union Nationale
ce serait malheureux l'option qu'on a choisie depuis le
début et qu'on défend, notre option où on choisit selon la
fréquentation scolaire, la nouvelle façon qui est
préconisée par le gouvernement et qui nous semble, en tout cas,
très supérieure à celle qu'il y avait dans la loi 22. On
ne veut pas revenir à la loi 22. Par contre, au risque d'accepter la
proposition dans son état actuel, celle qu'on attend vous
n'êtes pas au courant, M. le Président, mais nous, on l'a su
et qui va nous arriver à l'article 77, on ne pourra pas
l'accepter dans cet état. On peut refuser celle-là en passant et
être vis-à-vis de rien à l'article 77. C'est beau, hein?
Bon!
M. le Président, si on veut être cohérent, on ne
peut pas prendre de risque ici, à moins que le ministre nous assure...
En tout cas, moi, je n'en fais pas une motion, mais si le ministre voulait
qu'on s'entendre sur un texte... Si on avait eu devant nous, à l'article
77, une proposition qui peut être amenée vous ne le savez
pas, bien sûr, vous mais si on avait une proposition qui pourrait
nous être amenée et qui ressemblerait à ceci, "le
gouvernement doit exempter de l'application du présent chapitre..."
Excusez! Attendez donc pour les dialogues, surtout quand c'est nos...
M. Paquette: M. le Président, ... question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Non, je vois venir la question de règlement, et je
pense que...
M. Paquette: Non, j'aurais une suggestion à vous faire,
une suggestion de procédure. Je ne sais pas si c'est du consentement
unanime des autres partis. On ne pourrait pas se donner un peu plus de temps et
faire un petit caucus des représentants des trois partis, mettre cet
amendement sur la glace jusqu'à demain matin cela permettrait
peut-être au député de Saint-Laurent de parler demain matin
s'il le veut aussi et...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, en
fait, M. le député de Rosemont, je comprends que de
consentement...
M. Paquette: Parce que j'ai l'impression qu'on ne se dirige pas
vers la meilleure solution de cette façon-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
mais je comprends que de consentement unanime, en fait, la commission est
maîtresse de ses travaux, mais je ne pense pas que ce consentement
unanime existe...
M. Grenier: Oui, une seconde...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... et,
en conséquence, il appartient au député de
Mégantic-Compton qui, en fait, semble constater qu'il peut y avoir des
problèmes à voter, qu'il ne connaît pas la motion
d'amendement qui peut venir à l'article 77...
M. Grenier: Juste un point. Ce n'est pas l'Union Nationale qui a
des problèmes à voter. C'est tout le monde à la table.
M. Chevrette: Oui, c'est vrai. Voyons! On n'est pas tous
d'accord...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de
Joliette-Montcalm, tout le monde, s'il vous plaît! Ce que j'ai à
vous dire, c'est que des règles de procédure, cela en prend un
minimum pour une assemblée de ce genre. M. le député de
Sauvé a présenté une sorte de suggestion qui a
été jugée prématurée par la
présidence, et je dois vous dire que je respecte et que je suis d'accord
avec cette opinion, et qu'on ne peut pas préjuger du fait, à
savoir s'il va y avoir une motion à l'article 77 et quelle sera-t-elle,
s'il y en a une?
A ce moment-là, ce que je dis au député de
Mégantic-Compton, c'est qu'il doit s'exprimer sur l'amendement qui est
proposé, quitte à proposer, s'il le veut, et ça, c'est son
droit, un sous-
amendement à l'amendement, mais il n'est pas question d'essayer
de présumer des motions qui pourront survenir à des articles
subséquents.
Je pense que cela est clair. Je comprends que, juridiquement, il n'y a
qu'un amendement dans votre esprit. Vous avez eu une suggestion et une motion
d'amendement, mais je vous demanderais de vous en tenir, s'il vous plaît,
à la motion d'amendement.
M. Chevrette: M. le Président, une directive. Il y a une
question de bon sens dans le débat qui échappe...
Quand Mme le député de L'Acadie a présenté
son amendement, elle a dit qu'elle accepterait n'importe quelle suggestion
heureuse, si c'était dans le sens de la reformulation, mais qu'elle
tenait au fond de sa proposition.
Vous ferez relever le journal des Débats.
Le député de Sauvé a présenté un
amendement qui respectait le fond...
M. Lalonde: Non.
M. Chevrette: Un instant! Laissez-moi finir. Vous direz non
après. ...qui respectait le fond de la résolution, mais que vous
avez trouvé prématuré. Le député de
Mégantic-Compton dit: Si j'avais l'assurance que le fond de la
proposition du député de L'Acadie était vraiment
présenté à un article ultérieur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quelle
est votre demande de directive, M. le député de
Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Je veux savoir s'il y a moyen de suspendre des
règles de procédure ridicules qui nous empêchent de trouver
un consensus à la table?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pense, M. le député de Joliette-Montcalm, qu'il y a moyen, sans
suspendre les règles de procédure, de faire que le
député de Sauvé, qui interviendra possiblement dans ce
débat, plus tard, sur l'amendement pourra peut-être apporter
l'éclairage voulu à ceux qui en veulent, à ceux qui en ont
besoin.
Je pense qu'il n'y a pas lieu de suspendre les règles de
procédure. M. le député de Mégantic-Compton a la
parole. D'autres députés prendront la parole plus tard. A ce
moment, on espère que tout le monde pourra avoir l'éclairage
voulu sur ce qui pourrait survenir plus tard.
Je cède de nouveau la parole au député de
Mégantic-Compton en considérant ce problème comme
étant réglé, pour le moment.
M. Grenier: II s'est fait des mini-caucus pendant ce temps. On a
parlé de bien d'autres choses pendant que vous parliez. C'est la preuve
qu'il y a des hommes publics qui peuvent parler et écouter en même
temps. Ce n'est pas sûr qu'ils font bien les deux.
D'abord, je voudrais bien qu'on sache ici que l'allusion que j'ai faite
tout à l'heure à la proposition du ministre... Je n'ai pas
dévoilé de secret. Cela a été lu publiquement avant
l'heure du dîner. Je pense bien que tout le monde en a pris connaissance,
mais je voulais dire que ce n'était pas encore ajusté, ce
n'était pas sûr, ce sur quoi on ne discutait pas valablement, sur
l'amendement qui arrivera à l'article 77.
Pour m'en tenir à cette proposition qui est celle du
député de L'Acadie, j'ai retenu les propos du
député de Vanier, propos fort justes. C'est possible qu'on soit
obligé de dire là que c'est une liberté de choix pour un
certain secteur, qui ne fait pas partie de notre programme comme vous le savez
et qui ne fait plus partie du programme d'aucun parti politique à cette
table, mais s'il fallait ça pour régler ce secteur bien
particulier, la question du député de Vanier était fort
judicieuse.
Quant à la motion du député de L'Acadie, je pense
qu'on peut difficilement être contre une motion aussi humaine et aussi
nécessaire dans ces secteurs. Il faut avoir été dans
l'enseignement, comme je l'ai dit avant le dîner, pour comprendre combien
c'est déjà pénible pour cette catégorie d'enfants
qui sont à l'école, sans arriver et leur enseigner une langue
différente de la leur.
S'il arrive plus tard, à certains autres articles que je ne
nommerai pas, des propositions plus applicables que celle-là, on est
bien d'accord, mais, dans le moment, comme c'est celle-là que nous
avons, j'attendrai les propos du ministre, et sûrement qu'il est en train
de se préparer à éclair-cir la situation...
Pour notre parti, je réserve notre position, puisqu'on n'en a
connu qu'une, qui était fort correcte. Sur un tel point, j'aime vous le
laisser savoir, je suis prêt à ce qu'on abandonne ce qu'on
soutient depuis le début, parce qu'on n'a pas autre chose en main, et
que cela soit bien clair, notre livre bleu fait toujours appel à la
fréquentation scolaire. Je serais bien prêt à ce qu'on
lève cette exception et qu'on en vienne à la langue maternelle,
si c'est utile dans ce secteur, quand on comprend bien.
Je suis prêt à endosser ce que le député de
L'Acadie amène dans sa motion pour notre parti, mais j'attendrai
l'éclairage que nous apportera le ministre, qui saura nous faire voir ce
qui nous attend un peu plus loin dans la loi. Je dis donc que laisser à
des règlements cela a été plaidé assez
fortement tout à l'heure, je l'entendais distraitement, mais j'entendais
le député de L'Acadie plaider le fait que, des règlements,
c'est laisser à ce moment le problème à des
fonctionnaires. Je trouve cela moins drôle. Je n'aime pas que cela
paraisse dans une loi.
J'ai été me battre, et vous en aurez connaissance au cours
de la semaine prochaine, quand des règlements sont laissés
à des fonctionnaires d'un autre secteur, soit celui des petits
abattoirs... C'est bien différent de notre secteur de ce soir, mais vous
verrez ce que cela donne. C'est un grand abattoir ici.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question, très brièvement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si le
député y consent.
M. Grenier: Je vous dis, M. le Président, que je pense que
c'est le problème qu'il y a à cette table. Personnellement, je
suis prêt à ce qu'on puise à notre programme, et qu'on dise
ici qu'on tiendra compte dans ce secteur de la langue maternelle. Mais si le
ministre nous donne tout à l'heure l'éclairage dont on a besoin,
j'aimerais mieux qu'on continue de garder la fréquentation scolaire.
C'est beaucoup plus facile à vérifier. Je pense bien que cela
soulèvera pas mal moins de tollés et de contestations, même
dans ce secteur, s'il peut nous faire la preuve que cela peut se faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont, très brièvement, puisqu'il ne
reste que quelques minutes.
M. Paquette: Très brièvement, est-ce que le
député de Mégantic-Compton serait d'accord avec moi que
tous les règlements de cette loi ne seront pas élaborés
par les fonctionnaires, mais vont être soumis au Conseil de la langue
française? C'est dit dans la loi, et ils vont être connus du
public et il va pouvoir y avoir des débats autour de cela. Il ne
faudrait quand même pas craindre outre mesure l'amendement qui s'en
vient.
M. Grenier: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que d'autres députés voudraient intervenir sur l'amendement? M.
le député de Sauvé.
M. Morin (Sauvé): Très brièvement, M. le
Président, je voudrais remercier Mme le député de L'Acadie
d'avoir soulevé ce problème. Comme je l'ai constaté dans
ma première intervention un peu plus tôt, il s'agit d'un
problème réel et je l'ai fait examiner, de très
près par les personnes qui connaissent le secteur de l'enfance
inadaptée, le secteur des personnes qui souffrent d'handicaps sensoriels
etc. L'avis général a été qu'il s'agit là
d'un domaine fort complexe qui appelle de nombreuses définitions, et que
les situations peuvent se multiplier à l'infini. Qu'est-ce qu'un
handicapé sensoriel? Est-ce que quelqu'un qui souffre d'une
légère surdité est un handicapé sensoriel? Aux yeux
de certains, oui, aux yeux de certains autres, non, de sorte qu'il faut que
tous ces termes soient définis. On m'a fait observer qu'il s'agissait
là d'un règlement fort important qui devrait être soumis
non seulement au gouvernement mais éventuellement au Conseil consultatif
de l'enfance inadaptée, etc. De sorte que Mme le député
soulève un vrai problème, mais elle ne nous donne pas la bonne
solution. La bonne solution est complexe et ce n'est pas à cette table
que nous allons, nous qui ne nous y connaissons guère dans un domaine
aussi difficile, improviser comme cela une solution "garrochée" sur un
bout de papier.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je proteste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je rends hommage
à Mme le député qui a soulevé un problème
réel. Mais je crois que la solution n'a pas été aussi
fouillée que l'énonciation du problème. C'est pourquoi je
suis prêt à prendre l'engagement, lorsque viendra l'article 77, et
normalement, si on veut bien mettre fin au "filibuster" (on devrait y venir
assez bientôt) je prends l'engagement d'ajouter un alinéa à
l'article 77 d'après lequel le gouvernement pourra, par
règlement, exempter de l'application du chapitre VIII les enfants ayant
des difficultés graves d'apprentissage et par lequel le gouvernement
s'engage à statuer sur la procédure à suivre dans un tel
cas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Sauvé. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce avec sept minutes et sur l'amendement.
M. Mackasey: M. le Président, l'article 77 relève
des règlements. Est-ce qu'on insiste au moins pour protéger les
enfants handicapés; si nous ne sommes pas handicapés par la haine
ici, que leurs droits soient écrits dans un article de la loi et que les
règlements viennent ensuite pour décrire les paramètres et
les descriptions que le député de Rosemont a soulevés
à 18 heures. Si les enfants malades n'imposent aucun danger à la
langue française ou à la langue anglaise, qu'importe, si leur
droits sont limités à l'article 77, je le répète,
il n'y a aucune protection; le jour où les fonctionnaires veulent
changer les règlements, ils peuvent le faire à n'importe quelle
séance du Cabinet au lieu d'apporter la loi devant l'Assemblée
nationale pour procéder aux amendements après une étude
complète.
Tout le monde, tous les partis auront l'occasion de se prononcer, de
donner leur point de vue. C'est la différence entre les
règlements prévus à l'article 77 et un article, que ce
soit un amendement à l'article 69 ou à un autre, mais il y a une
distinction. Le ministre devrait le savoir, s'il est ministre.
Si on veut vraiment protéger les enfants qui ont vraiment besoin
d'aide, on peut le faire, d'abord, en parlant pour eux ici à
l'Assemblée nationale. Il faut que leurs droits soient reconnus dans la
loi, non pas dans les règlements. C'est normal, c'est logique,
après un ajustement à l'article 69, suggéré par le
député de L'Acadie... Nous aurons besoin du règlement plus
tard, pour définir ce que nous allons dire exactement par l'amendement
que nous proposons. Que le ministre suggère que les droits de ces
enfants malheureux soient limités par les règlements... Je ne
peux pas du tout comprendre la "sensibilité", ou
"l'insensibilité" du ministre.
On ne parle pas ici des adultes. On ne parle pas des Anglais, on ne
parle pas des Français. On ne parle pas des maudits Irlandais. On parle
des enfants qui, pour une raison ou une autre ce
n'est certainement pas leur faute sont handicapés d'une
triste manière. La seule protection qu'on demande pour ces enfants,
c'est d'inclure dans la loi un article, pas des règlements, un article,
qui ne soit pas changé sans une étude profonde à
l'Assemblée nationale, où tout le monde peut participer.
Ce n'est pas le cas... Si les droits de ces enfants pour continuer dans
une institution ou une autre, qu'elle soit définie comme anglaise,
française, ce que vous voulez, si on laisse cela aux fonctionnaires, et
c'est le résultat de protéger les droits seulement dans les
règlements... Je ne peux pas comprendre qu'en 1977 il y ait encore des
membres d'assemblées, des politiciens, qui soient tellement insensibles
aux problèmes des pauvres enfants malheureux, quelle que soit la langue,
qu'ils ne comprennent pas du tout...
Oui, tu peux rire, mon... excusez-moi, ne me refais jamais ce geste une
autre fois. Essayez donc de le faire en dehors d'ici. Dans la rue
Grande-Allée, si vous voulez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Mackasey: Je veux dire, M. le Président, que, s'il n'a
pas de respect pour un enfant malade, moi, j'en ai. J'en ai vu, j'en ai
passé des heures, des semaines avec eux, quand j'étais en charge
des programmes d'initiatives locales et autres.
Si le député pense que c'est drôle. Ce n'est pas
drôle.
M. Guay: Moi non plus.
Une Voix: La démagogie, ce n'est jamais drôle.
M. Mackasey: Le député de Taschereau est un des
hommes chanceux de n'avoir aucun handicap, mais peut-être qu'il en a un
et qu'il ne le sait pas. De la manière qu'il agit, je pense qu'il en a
un. Quand même, moi, je n'en ai pas.
M. Guay: Vous, c'est assez évident.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je redemande à la salle, s'il vous plaît!
M. Guay: Je me permets d'en douter.
M. Mackasey: Je suis plus intéressé par les
enfants. Ce n'est pas leur faute. Je dis encore que si le député
de L'Acadie était membre de l'Union Nationale, du Parti
québécois ou du parti crédi-tiste, elle aurait mon vote
sur cet amendement. C'est une réflexion de notre sensibilité
envers des concitoyens qui ne sont pas aussi chanceux que nous.
Je ne peux pas comprendre franchement comment il se fait que l'on prenne
une demi-heure, une heure, une heure et demie pour discuter le sort des enfants
de deux, trois, quatre, cinq, six ans, quand cela leur a pris peut-être
six, huit ou dix mois pour répondre à l'instruction: "Corne
here". Finalement, ils comprennent ce que cela veut dire, ou: "viens ici",
après dix mois, ils comprennent maintenant ce que cela veut dire. Puis
on va leur demander de s'accoutumer à une autre langue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Terminez, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: J'ai fini, mais c'est triste et de valeur. Si le
Parti québécois est tellement insensible, c'est triste pour
lui.
M. Guay: A t'entendre, oui.
M. Mackasey: Les Français que je connais n'acceptent pas
un parti aussi insensible mais je ne pense pas qu'ils sont tous comme le
député de Taschereau; je l'espère au moins pour mes
concitoyens de la province de Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Quand on parle de
règlements, il faudrait se rappeler les tests sur la loi 22, parce qu'en
soi, le concept des tests, s'il avait été bien administré,
M. le Président, cela n'aurait pas été si mal, cela aurait
pu être quelque chose de bénéfique pour le principe, et le
principe était que ceux qui connaissaient la langue anglaise pouvaient
aller aux écoles anglaises et ceux qui ne la connaissaient pas, pour des
questions administratives ou autres, n'y allaient pas. Mais on a vu de quelle
façon c'étaient des règlements ils ont
été administrés. Je crois qu'ils ont été
administrés contrairement à l'esprit, à l'intention du
gouvernement, et cela a causé des problèmes assez graves. C'est
une raison pour aller contre la question des règlements. Mais, c'est
plus que cela.
Je voudrais lire l'article 77 pour vous montrer que c'est inapplicable,
ce que le gouvernement propose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal et tous les députés, je
comprends qu'on fait face à une motion et que, d'autre part, on a
peut-être une future motion qui s'en vient à l'article 77; je
comprends qu'il est difficile pour tous les députés de s'en tenir
uniquement au texte de l'amendement qui est devant nous actuellement, mais je
vous demanderais quand même de faire des efforts en ce sens.
M. Ciaccia: M. le Président, je vais faire l'effort de
démontrer que la seule façon de donner effet à l'esprit de
l'amendement du député de L'Acadie, ce que les
députés ministériels veulent, c'est impossible de le faire
par l'article 77 et je vais vous lire, brièvement, l'article 77. "Le
gouvernement peut, par règlement, statuer sur la procédure
à suivre lorsque des parents invoquent l'article 69..."
M. le Président, on ne peut pas invoquer l'arti-
de 69, c'est pour cela qu'on fait un amendement. Ces parents ne
pourraient jamais invoquer l'article 69; ce serait impossible de faire des
règlements sur l'article 77. Je ne voudrais pas aller plus loin que
cela. Il suffit de dire que ce serait impossible, du point de vue juridique, de
faire des règlements pour répondre aux exigences, à
l'objectif de l'amendement du député de L'Acadie par l'entremise
de règlements en vertu de l'article 77.
Quand le gouvernement nous dit qu'il va faire des règlements, M.
le Président, franchement, je n'irai pas plus loin, je vais seulement
dire que c'est impossible et qu'il faut le réaliser.
On a dit, du côté ministériel, je crois que c'est le
député de Rosemont, je suis persuadé que le
député de Rosemont est de bonne foi, franchement...
M. Paquette: Toujours.
M. Ciaccia: Non, il perçoit, d'une façon
différente, les concepts que nous essayons de mettre de l'avant, mais je
ne crois pas qu'il puisse nous dire que l'amendement du député de
L'Acadie est une définition de question ethnique. Ce ne sont pas des
questions ethniques, on parle de la langue anglaise, ce n'est pas une
ethnicité la langue anglaise; non, il peut y avoir des gens de la
Grèce et de partout au monde qui ont cela comme langue maternelle. Ce
n'est pas ethnique, ce n'est pas nécessairement anglo-saxon; ce n'est
pas nécessairement une personne d'Angleterre ou de Westmount, cela peut
être de tout le monde entier. Il s'adonne que l'enfant a
été habitué à cette langue.
Mais pas un enfant normal, un enfant handicapé. Quand on donne
comme argument qu'on ne peut pas inclure cet amendement parce que c'est
basé sur une question d'ethnie, je voudrais soumettre, très
respectueusement, M. le Président, au député de Rosemont,
que ce n'est pas le cas. Il devrait peut-être repenser les raisons pour
lesquelles il est contre l'amendement.
M. Paquette: Vous lirez le rapport de la Commission des droits de
l'homme, M. le député de Mont-Royal, lequel parle de
discrimination quant à la langue. Cela existe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Rosemont, s'il
vous plaît!
M. Ciaccia: Mais il n'y a pas de discrimination. Comment... C'est
détourner totalement l'esprit, les mots, les paroles du
député de L'Acadie. Ce n'est pas une discrimination, c'est
l'inverse. Un enfant handicapé qui est habitué à
comprendre le peu qu'il comprend dans une certaine langue, la langue anglaise;
n'ayons pas peur de le dire: langue anglaise, langue anglaise, langue
anglaise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Ciaccia: Ce n'est pas encore un crime de dire ce
mot-là.
M. Lalonde: Vous allez faire faire des crises cardiaques!
M. Ciaccia: Cela arrive partout. Cela peut être une autre
langue mais dans ce cas-ci c'est la langue anglaise parce qu'à l'article
69, par exception, ils reçoivent l'enseignement en langue anglaise. Nous
avons des institutions, au Québec, qui fournissent ces services aux
handicapés de langue anglaise. Ce n'est pas un crime. L'inverse serait
un crime. Ce qu'on dit, c'est que ces pauvres gens... C'est pour des raisons
humanitaires. C'est difficile de ne pas être émotif face aux
arguments des ministériels. On essaie le temps qu'on peut de donner des
arguments raisonnes, de donner des arguments rationnels. Mais quand on entend
le député de Vanier aussi, je comprends, je ne doute pas
de sa bonne foi. Mais de dire que l'enfant handicapé peut être
espagnol, qu'est-ce que cela vient faire avec l'amendement? On n'a pas
d'institutions espagnoles au Québec. Si l'enfant est espagnol, le
député de L'Acadie a raison, ils l'enverront à
l'école française s'il vient au Québec. Ils vont l'envoyer
à l'école francophone. On parle de certaines exceptions à
la règle générale. La règle générale
a été acceptée. C'est l'école francophone pour tous
les Québécois. On a accepté cette règle. Mais il y
a un réseau anglophone. Il y a des enfants handicapés
anglophones. Il ne faudrait pas se servir de cette loi pour causer plus de
dommages à ces enfants. Ce n'est pas si difficile de discuter de cela
d'une façon non partisane. On nous oblige parfois, parce qu'on est de
chaque côté de la table, à être des adversaires. Je
ne voudrais pas être adversaire dans ce cas-ci. On parle d'une raison
humanitaire. Des enfants non seulement qui n'ont pas une connaissance de la
mentalité, des mots, des sons francophones. Ils ont à peine la
connaissance de l'anglais. Mais c'est leur habitude. On vous dit, seulement
pour ces enfants. Puisque vous faites une loi 101, puisque vous émettez
certains principes généraux selon lesquels tous les gens doivent
aller à l'école francophone. On vous dit, on vous prie, pour des
raisons humanitaires, que s'il y a des enfants de langue anglaise... Langue
anglaise, soudain, c'est difficile à définir. On a besoin d'une
définition de la langue anglaise. Vous dites que cela crée des
ambiguïtés. C'est la première fois que j'entends parler de
cela.
English language is a very well identified language. There is no
difficulty in identifying the English language from the Italian language, the
Spanish language or any other language. You do not need great experts. The
English language, every one knows what it is.
Et on vous dit, pour des raisons humanitaires, que ces pauvres enfants
ont le droit de prendre des services dans leur langue. Si vous ne pouvez pas
accepter cela, je ne sais pas quoi vous dire de plus pour vous convaincre. Je
ne sais pas ce qu'on peut vous dire de plus pour vous faire accepter des
principes de justice, d'équité. Oublions la question humanitaire.
Si vous voulez des symboles, comme l'option-Québec qui est un symbole.
Pour des raisons politiques, vous avez adopté l'option-Québec,
symboliquement.
Pour l'amour de Dieu, ne prenez pas comme symbole les enfants
handicapés. S'il y a des difficultés à définir les
termes médicaux, ce n'est pas ça qu'on demande; ce n'est pas
ça que l'amendement du député de L'Acadie vous demande.
Les médecins pourront statuer: Oui, cet enfant satisfait à cette
exigence ou pas. Mais le principe de recevoir ces services médicaux dans
la langue dans laquelle il a été élevé, dans la
langue dans laquelle il peut comprendre, ce principe, c'est le moindre qu'on
puisse vous demander d'accepter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Mont-Royal.
La parole est maintenant au député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je m'excuse. Tout
à l'heure, dans le brouhaha de certains mini-caucus, le ministre de
l'Education a donné une certaine précision sur une certaine
question. Je regrette d'avoir été fautif moi-même et
d'avoir participé à un caucus alors que le ministre parlait. Je
voudrais simplement faire éclaircir un petit point.
J'ai cru comprendre que vous preniez un engagement formel à
l'occasion de l'article 77, l'amendement proposé par le
député de L'Acadie, auquel j'ai souscrit au départ, M. le
Président. Si vous me le permettez, je vais simplement reformuler ma
question au ministre de l'Education. J'ai cru comprendre que le libellé
d'un article pourrait se définir comme ceci: "Le gouvernement doit
exempter de l'application du présent chapitre les enfants ayant des
difficultés graves d'apprentissage et statuer, par règlements,
sur la procédure à suivre dans un tel cas".
Si c'est à peu près l'idée du ministre de
l'Education, et s'il voulait me donner peut-être son sentiment, nous
sommes prêts à accepter, évidemment sa réponse et
à y souscrire, si...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé, c'est la deuxième fois que vous faites une suggestion dans
le même sens. Il faut quand même que la législation ait une
certaine cohérence, et je ne voix pas comment cette modification
à l'article 69 puisse s'ajouter, puisque 69 est une dérogation
à 68, et je ne vois pas qu'on écrive dans une motion que le
gouvernement peut ou doit c'est le lieutenant-gouverneur en conseil tout
d'abord ...
M. Le Moignan: Si vous le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): ...etc., c'est-à-dire
que le libellé, tel quel, n'est pas recevable.
M. Le Moignan: Si vous le permettez, le ministre de l'Education a
fait une allusion, tout à l'heure, et a dit: Je m'engage de façon
formelle. C'est là que j'ai perdu un petit bout. C'est pour ça
que je reviens lui poser la question, parce qu'on veut voter de façon
positive. On n'est pas contre du tout, absolument rien.
Le Président (M. Cardinal): Dans le fond, vous demandez
simplement au ministre de répondre à votre question. Ce n'est pas
une motion.
M. Le Moignan: Je l'ai dit tout à l'heure; j'ai mal
compris, parce que je n'ai pas écouté.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, la parole est
à M. le député de Deux-Montagnes.
Une Voix: Personne ne répond?
M. Le Moignan: Le ministre va nous répondre tout à
l'heure.
Le Président (M. Cardinal): Oui, quand ce sera son
tour.
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'ai demandé
la parole parce que je souhaiterais vivement que, par-delà les lignes de
parti, nous trouvions le meilleur libellé possible pour tenir compte des
enfants qui font l'objet de la motion de Mme le député de
L'Acadie.
Je sais que le ministre de l'Education a annoncé l'intention de
présenter un amendement à l'article 77 pour tenir compte des
situations dont il s'agit. Mais, par ailleurs, quant à moi, ayant
écouté le débat de ce soir et ayant noté en
particulier, les interventions des députés de Vanier et de
Rosemont, je serais légèrement gêné de voter
carrément contre l'amendement du député de L'Acadie.
Je voterais contre pour les raisons qui ont été
exposées et qui sont, s'il faut faire la somme, des arguments valables,
mais ce sont des questions fort délicates où j'estime qu'il ne
suffit pas de faire la somme des arguments.
Je reprends la proposition qui a déjà été
faite par le député de Rosemont afin que nous laissions la nuit
porter conseil, afin que nous différions la suite du débat sur
cette question, que nous passions à l'article suivant afin de permettre
aux parlementaires, par-delà les lignes de parti, de chercher, avant le
vote, le meilleur libellé possible.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Mont-Royal, il vous reste trois minutes... non pas de
Mont-Royal, mais de Notre-Dame-de-Grâce... M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez terminé?
M. Lalonde: Je m'excuse. Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous n'avez plus le droit de
parole sur cette motion.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur une question de
règlement.
M. Lalonde: Le député de Deux-Montagnes a-t-il fait
une motion ou une suggestion? Je ne sais pas trop quel est le statut de
sa...
Le Président (M. Cardinal): Si on permet à la
présidence d'interpréter, je ne l'ai pas pris comme motion. Je
l'ai pris comme un voeu pieux.
M. Lalonde: Le député de Deux-Montagnes a-t-il
terminé?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. de Bellefeuille: J'aurais terminé, sauf que, de
l'expression que vous, M. le Président, venez d'employer, je voudrais
biffer le mot "pieux". C'est un voeu.
Le Président (M. Cardinal): Qu'est-ce que vous voulez?
C'est mon caractère "cardinalice" qui surnage. Mais M. le
député de Deux-Montagnes, à ma connaissance, avait
terminé.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous voulez
intervenir?
M. Lalonde: Sur la motion.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Lalonde: Je pense que c'est la première fois que
j'interviens.
Le Président (M. Cardinal): Seulement un instant que je
vérifie. Non. Il vous reste 18 minutes. Vous êtes intervenu deux
minutes, si vous vous en rappelez bien...
M. Lalonde: Ah oui!
Le Président (M. Cardinal): ... au moment où la
motion a été présentée.
M. Lalonde: Je vous fais confiance, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous vous en rappelez?
M. Lalonde: Oui. Alors, étant donné la façon
dont le débat s'est engagé, on peut difficilement ne parler que
de la motion sans faire état de l'engagement du ministre à
apporter un amendement à l'article 77. Je le ferai dans le respect le
plus possible du règlement.
Au fond, ce qu'on nous offre, c'est la différence entre une loi
et un règlement. Ce qu'on nous offre, c'est la différence entre
un acte de législateur, que nous sommes tous autour de la table, et un
acte de gouvernement représenté par deux représentants
ici. Je pense que tous les députés, de tous les partis, du parti
ministériel, de l'Union Nationale ou de l'Opposition officielle, ici
autour de la table, doivent bien reconnaître et accepter le fait que
notre vote sur cette motion sera un vote de législateur.
Je comprends surtout les députés
ministériels que vous fassiez confiance au gouvernement, mais ce
n'est pas un vote de confiance au gouvernement qu'on nous demande ici. On nous
demande de faire des lois, comme législateurs, et que chacun vote
relativement à cet amendement, comme si le gouvernement demain matin
devait être un autre gouvernement, parce que les gouvernements se
succèdent mais les lois demeurent. Ce sont les législateurs qui
sont appelés à faire les lois les meilleures.
Les droits doivent être créés par des lois. Les
règlements sont appelés à y ajouter des modes
d'application, des modalités, des conditions à l'intérieur
desquels ces droits sont exercés.
Alors, cette distinction est extrêmement importante, et je fais
surtout appel à l'Union Nationale dont on connaît l'esprit
démocratique pour bien faire la distinction entre l'amendement qui veut
créer un droit inscrit dans une loi et l'engagement du ministre, que je
respecte le ministre et l'engagement à
éventuellement couvrir la situation par un règlement.
On ne peut pas, comme législateur, donner un blanc seing au
gouvernement, quand il s'agit de droits, de droits que l'on considère,
en l'occurrence, importants.
On se surprend de l'amendement du député de L'Acadie.
L'amendement vise à régler un problème créé
par le critère bâtard que le gouvernement a choisi pour
l'accès à l'école anglaise. On a pensé à
l'enfance inadaptée. Dans quelques jours, on va probablement trouver
d'autres cas où ce critère, qui n'est fondé que sur la
fréquentation scolaire des parents, pourra rester ouvert.
On tente de corriger à la pièce des injustices
créées par ce critère mécanique, automatique, mais
qui perd en valeur, qui perd en principe ce qu'il gagne en automatisme et en
facilité d'administration. On ne pense actuellement qu'aux injustices
les plus criantes qui pourraient être créées par un tel
critère. Même si nous, de l'Opposition officielle, avons
tenté de trouver les situations intenables, les situations inacceptables
qui pourraient être créées par un tel critère, je
crains fort qu'il y en ait d'autres et qu'on aura à se reprocher
nous-mêmes de n'avoir pas prévu tous les cas lorsque
l'administration de cette loi aura débuté.
M. le Président, on a le ministre d'Etat au
développement culturel en particulier reproché à
notre amendement l'usage de critères vagues, flous, de termes difficiles
à définir. Ces termes sont définis dans des ententes, une
entente collective entre autres, qui a été mentionnée par
le député de L'Acadie; pour les personnes qui sont plus expertes
que nous, ce sont des réalités quotidiennes quand on parle des
termes que nous avons à notre amendement, quand on parle de
déficience mentale, de mésadaptation socio-affective grave ou de
handicap sensoriel. L'argument du ministre m'étonne d'autant plus que
lui-même, c'est-à-dire son gouvernement, son collègue de
l'Education, utilise un critère encore plus large, plus vague dans
l'amendement qu'il nous a offert à l'article 81, en tout cas, je ne sais
pas s'il a utilisé le même...
Mme Lavoie-Roux: C'est la même chose.
M. Lalonde: Oui, "difficultés graves d'appren-
tissage". C'est le critère, ce sont les termes qu'il emploie
pourdécrire la situation qu'il veut corriger. Si c'est le principal
défaut que l'on reproche à notre amendement, qu'on propose un
sous-amendement et, je vous le dis tout de suite, nous, de l'Opposition
officielle, allons voter en faveur d'un sous amendement proposé par le
gouvernement qui aurait pour effet de remplacer les critères plus
précis, plus limités que nous avons utilisés justement
dans le but de ne pas nous faire reprocher le caractère vague de notre
amendement, et nous allons voter en faveur de ce sous-amendement si le
gouvernement nous reproche d'avoir utilisé des critères trop
précis. D'une main, on nous dit qu'on est trop vague et, de l'autre, on
nous dit qu'on est prêt à utiliser les termes "difficultés
graves d'apprentissage". Pourquoi le gouvernement ne prend-il pas ses
responsabilités et ne propose-t-il pas un sous-amendement? A ce
moment-là, on saura exactement ce qu'il a dans la tête.
On nous a aussi reproché, je pense que c'est évident, que
ce qu'on reproche le plus à cet amendement, c'est l'emploi des mots "de
langue anglaise". On parle des enfants de langue anglaise. Qu'est-ce que c'est
que cet animal-là? On n'a pas osé toucher à cela, M. le
Président, depuis le commencement de la loi en 219 articles. Comment
corrompre cette loi pure en parlant d'enfants de langue anglaise? Je pense,
encore là, que le gouvernement est tout à fait incohérent,
parce qu'aux articles 24 et 25, on a justement accepté, de façon
sous-entendue au moins, le fait que le législateur et que le
gouvernement qui va administrer cette loi devra compter des Anglais. Je lis
l'article 24: "Les organismes municipaux ou scolaires dont les
administrés sont en majorité d'une langue autre que le
français..." qu'est-ce que c'est, si ce ne sont pas des Anglais, si ce
ne sont pas des Chinois, si ce ne sont pas des Italiens? Il va falloir les
compter pour voir s'ils sont en majorité. Oui, c'est certain. Il ne faut
pas se voiler la face. Il ne faut pas être hypocrites, il faut le
reconnaître ici. A l'article 25, c'est la même chose. "Les
organismes scolaires peuvent utiliser à la fois la langue officielle et
la langue de la majorité de leurs administrés..." Alors, pour
appliquer les articles 24 et 25 proposés par le gouvernement, il va
falloir compter des personnes de langue anglaise.
Alors, ne nous scandalisons pas, tout ce que nous vous demandons, c'est
de compter quelques enfants de langue anglaise. Vous allez sûrement
développer une façon pour compter les administrés de
langue anglaise, en vertu des articles 24 et 25, et si ma mémoire m'est
fidèle, des articles analogues existent actuellement dans la loi sur la
langue officielle. La Régie de la langue française, qui va
devenir l'office, si cette loi est adoptée, a déjà mis sur
pied les mécanismes nécessaires pour déterminer quelles
sont les municipalités qui ont un pourcentage de 10%, 20% ou 50% de
personnes de langue anglaise. Tout ce qu'ils ont pris, sûrement, c'est le
recensement. C'est la façon la plus simple, la plus facile.
Ce qu'on pourrait faire, sûrement, transposer dans notre cas... On
pourrait faire confiance, une fois pour toutes, aux parents. Le père ou
la mère d'un enfant handicapé, si vous ne croyez pas à sa
signature quand il dit qu'il est de langue anglaise, à ce moment, je ne
sais pas à quoi vous allez croire. Et si, accolé à cette
déclaration, il y a un certificat d'un médecin qui dit que cet
enfant a un handicap quelconque, qu'allez-vous croire? Et qu'allez-vous
régler avec l'article 77?
Je trouve que c'est un peu fâchant de voir l'attitude du
gouvernement devant une question qui devrait être quand même
au-dessus des partis.
Le ministre d'Etat au développement culturel a dit: "Nous allons
prendre les meilleurs moyens possible". M. le Président, le meilleur
moyen possible, c'est la loi. C'est dans la loi qu'on doit mettre les droits
des gens, pas dans les règlements. Combien de fois, surtout depuis le
développement de notre société moderne, combien de fois
devons-nous, souvent à tort un peu, recourir aux règlements pour
donner une certaine souplesse, une certaine facilité d'application
à nos lois, mais pas quand il s'agit de créer des droits?
On a tenté de dire: Si on remettait cela à demain, si on
pouvait faire un petit caucus. Non, M. le Président. La proposition est
là. Ceux qui n'ont pas le courage de voter pour, qu'ils aient au moins
le courage de voter clairement contre. On saura de quoi ils se nourrissent. Si
après la démonstration qu'on vient de faire en ce sens que cette
question devrait être au-delà des symboles politiques, qu'elle
devrait être au-delà de la partisanerie politique, qu'elle devrait
être au-delà et au-dessus de l'électoralisme; après
avoir fait la démonstration que tout ce qu'on suggère, quand on
parle d'un enfant de langue anglaise, on l'offre déjà aux
articles 24 et 25; on l'a choisi, du côté du gouvernement, quand
on sait qu'on nous offre simplement un règlement, alors que les droits
doivent appartenir aux lois, M. le Président, à ce moment, si
après toutes ces explications et ces ouvertures que j'ai faites, en
disant qu'on serait prêt à voter pour un amendement, si le
gouvernement avait le courage de l'apporter, à ce moment, je me demande
quelle est l'inspiration de ce gouvernement, de quelle intransigeance il
s'inspire et de quel fanatisme Mme le député de L'Acadie a
mentionné ce mot, et je crains fort qu'elle ait raison de quel
fanatisme on a à faire preuve ici, dans l'étude de ce projet de
loi.
Nous avons entrepris, nous, de l'Opposition officielle, cette
étape de l'examen du projet de loi no 101 dans un esprit positif. On
nous dit que c'est un filibuster. Ceux qui pensent que c'est un filibuster, je
les invite à venir; un peu plus tard peut-être, nous allons leur
montrer ce que c'est qu'un filibuster. Et les autres le savent. Que le ministre
de l'Education nous fasse un cours sur le filibuster.
M. Guay: On le constate.
M. Lalonde: J'aurais aimé que les nouveaux
députés, et il y en a plusieurs ici, aient été
témoins de certains débats, y compris le débat sur la loi
22...
M. Morin (Sauvé): Mais je sais reconnaître un bon
élève!
M. Lalonde: M. le Président, je ne prétends
même pas être un bon élève dans le secteur des
filibusters, mais cela s'apprend vite. Comptez sur moi!
M. le Président, non, ce n'est pas un filibuster que nous
faisons.
Nous avons à peu près 80 amendements que nous allons
rendre publics éventuellement, surtout si on s'aperçoit que ce
gouvernement est en train de nous mettre le bâillon, et vous allez voir
que nos amendements ont tous pour but de donner à cette loi un peu plus
de sens.
On a engagé ce débat, il y a près d'une semaine, en
disposant de motions préliminaires en quelques heures alors que, sur la
loi 22, je pense que les Péquistes avaient pris trois ou quatre jours,
en disposant des articles de fond, des articles réellement fondamentaux,
en quelques heures encore, proposant quelques amendements, mais sans
sous-amendements et sans débat, sans opposition systématique.
M. le Président, aucun amendement n'a été
accueilli, malgré la promesse d'ouverture que le premier ministre nous a
faite et que même le ministre, à quelques occasions, a faite au
public et, en particulier, par les journaux, à l'Opposition. Nous
croyons au processus démocratique; nous croyons au travail que nous
faisons actuellement dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles,
à des heures qui ne sont pas toujours les plus propices à la
bonne discussion, mais nous jouons le jeu parlementaire à plein, parce
que nous croyons en cette institution. Mais, si cet amendement, si cette motion
qui ne devrait faire l'objet d'aucune décision partisane, ne
reçoit pas l'accueil qu'il devrait recevoir, comme le gouvernement l'a
annoncé et je ferais appel à certains
députés qui ont dit qu'au fond, ils sont en faveur de cet
amendement, je ferais appel à leur conscience de législateurs
l'accueil qu'il mérite, nous saurons exactement ce que le
gouvernement a l'intention de faire avec cette commission et nous prendrons nos
responsabilités.
M. le Président, j'ai tenté de démontrer, au fond,
que cette question devrait être au-dessus des partis. Est-il besoin de
dire que, lorsque nous aurons compté, puisqu'on a une petite attaque de
démographie ici, à cette commission, les quelques enfants
anglophones de langue anglaise qui ont des handicaps, pour ma part, comme
francophone, comme partie de la majorité, je ne me sentirai pas
menacé, ni dans ma culture, ni dans ma langue. J'aurai honte, par
exemple, de mon gouvernement qui aurait, avec mesquinerie, traité de
cette question comme d'une question politique. Ce gouvernement, par cette
attitude, est en train de perdre la confiance des Québécois. Ce
gouvernement prend une position marginale actuellement, ce soir, M. le
Président, et un gouvernement marginal ne représente pas la
majorité des Québécois.
Par son vote contre cet amendement, ce gou- vernement s'isole, et,
remarquez ce que je vous dis, cela se mesurera bientôt.
M. Guay: M. le Président, puis-je poser une question au
député de Marguerite-Bourgeoys, avec son consentement?
Le Président (M. Cardinal): S'il veut bien vous
répondre.
M. Guay: Pourquoi ne le voudrait-il pas? M. Lalonde:
Allez-y.
M. Guay: Plus tôt, ce soir, M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys, au moment où le parti de
l'Opposition officielle souhaitait que le député de Saint-Laurent
puisse intervenir, a annoncé dans son exposé, que, si d'aventure,
le député de Saint-Laurent ne pouvait intervenir, parce que
quelqu'un lui refusait le consentement, ce qui a été le fait du
député de Mégantic-Compton, le député de
Marguerite-Bourgeoys nous a alors annoncé, dis-je, un filibuster
jusqu'à demain matin pour permettre au député de
Saint-Laurent de parler. Je voulais simplement vérifier si effectivement
le tissu de démagogie que nous avons entendu depuis une heure de la part
de l'Opposition officielle fait partie de ce filibuster ou si nous devons
attendre d'autres mesures d'ici 23 heures, pour que le filibuster dure
jusqu'à demain matin.
M. Lalonde: M. le Président, je vais répondre, M.
le Président, non pas que la question mérite une réponse,
je trouve assez écoeurant, qu'un député, alors qu'on est
en train de parler d'une question importante, pose une question simplement sur
un filibuster.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: S'il a peur d'un filibuster, qu'il s'en aille.
M. Guay: Je n'ai pas peur, je veux savoir si vous continuez.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Si on avait voulu faire un filibuster, on aurait un
sous-amendement.
M. Guay: Vous en faites un. M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, monsieur! A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: C'est tout cela qui vous intéresse, vous ne
méritez même pas de vous asseoir là.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Vous faites honte à votre gouvernement, votre
arrogance est épouvantable.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Guay: Allons donc! Pas venant de vous, le Parti
libéral!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Taschereau. Est-ce qu'un silence pourrait, pendant
quelques instants, subsister dans cette salle?
Je ne reviendrai pas sur cette question, à moins qu'il n'y ait
demande de directive à un moment donné. Quel est le prochain
intervenant? Mme le député de L'Acadie, il vous reste trois
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre de l'Education veut tenter de nous
convaincre de troquer l'amendement que j'ai présenté pour un
alinéa qui propose de régler ce problème par
réglementation, à partir d'un concept tellement vague, des
enfants ayant des difficultés graves d'apprentissage, qu'il n'engage en
rien le ministre. D'autant plus qu'il nous a avertis que c'était un
domaine où il était extrêmement difficile de définir
les termes. Le ministre ne veut s'engager en rien et il ne faut pas être
dupe d'une telle proposition. Ce qui est important, c'est que le principe du
droit qu'ont ces enfants soit dans la loi, et c'est a ceci que je tiens. Il est
véridique que j'ai dit que la formulation m'importait peu, mais cela ne
veut pas dire que je sois disposée à accepter un pouvoir de
réglementation en échange du principe dans la loi.
Dans la loi 22 on a omis, tout le monde s'en souviendra, de
considérer le principe de la non-division des familles. On sait les
problèmes qui furent créés. Aujourd'hui, de bonne foi,
sans filibuster parce qu'on aurait pu reprendre un amendement à
partir du beau critère vague que le ministre d'Etat au
développement culturel aimait beaucoup, les difficultés graves
d'apprentissage aujourd'hui, sans filibuster, de bonne foi, au moment
où on est à étudier la loi actuelle, article par article,
nous faisons un amendement qui éviterait de créer plus tard des
problèmes humains considérables, et le gouvernement
s'apprête à refuser.
Tout ce que je peux dire en terminant, c'est que ce gouvernement, par
son attitude, démontre un comportement et je n'hésite pas
à le dire dans les circonstances immoral, antipsychologique,
antipédagogique et antisocial.
Le Président (M. Cardinal): Juste un commentaire, et ce
n'est pas sur le fond. Le droit de réplique, comme tel, je l'ai dit
à quelques reprises, n'existe pas en commission parlementaire. Celui ou
celle qui propose un amendement a le même droit de parole que les autres,
sauf le ministre proposeur du projet de loi. Le "proposeur" peut cependant
ou la "marraine", selon le journal des Débats terminer le
débat, mais ce n'est que l'effet...
Une Voix: Du hasard.
Le Président (M. Cardinal): Même pas du hasard,
mais, enfin, de ce jeu qui se pratique à cette commission. Sur ce,
sommes-nous prêts à mettre aux voix...
M. Grenier: Non, M. le Président, ce n'est pas
terminé. Juste une seconde, c'est une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Ce que je viens de dire
était fort pertinent.
M. Grenier: Il reste du temps à M. le député
de...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gaspé, il vous reste du temps. Il vous reste neuf minutes.
M. Le Moignan: Je n'aurai pas besoin de mes neuf minutes. Je
considère que le député de Marguerite-Bourgeoys
prêche un peu par optimisme lorsqu'il annonce que son parti a beaucoup
d'amendements à proposer et, au train où vont les choses, je
crains bien que très peu de ces amendements ne soient
écoutés.
J'ai posé tout è l'heure une question au ministre de
l'Education, et comme je n'ai pas eu de réponse et que le ministre ne
semble pas accepter l'effort réel et honnête que l'Union Nationale
veut faire dans les circonstances pour concilier les deux principes, le
critère de la fréquentation scolaire et les droits particuliers
des handicapés, à ce moment-là, devant le vote, je pense
que nous n'avons pas le choix et que nous allons appuyer la motion du
député de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez terminé votre temps.
M. Grenier: D'accord, mais sur une directive, c'est tout ce qui
me reste.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, vous pouvez toujours
utiliser ce moyen.
M. Grenier: J'aimerais, M. le Président, que vous
indiquiez à la commission si le ministre de l'Education va
répondre à une question qui est fort importante.
Le Président (M. Cardinal): Je ne peux pas vous
l'indiquer. Ceci ne dépend pas de la présidence. J'ai
demandé s'il y avait d'autres intervenants, et je vois que M. le
ministre de l'Education veut intervenir.
M. le ministre de l'Education.
Une Voix: Bon! On l'a!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, comme j'avais
déjà répondu à la question plus tôt le
député a avoué qu'il n'écoutait pas à ce
moment-là je veux bien consentir rapidement à lui dire que
j'ai pris l'engagement d'apporter un amendement à l'article 77, pour
autoriser le gouvernement à exempter de l'application du chapitre VIII
les enfants ayant des difficultés d'apprentissage.
Les députés de l'Union Nationale m'ont fait parvenir un
projet d'article qui serait également inscrit comme second alinéa
de l'article 77. Nous allons examiner cette suggestion, qui émane de
l'Union Nationale, d'ici à ce que nous en venions à l'article 77,
de façon à trouver le texte qui peut permettre de résoudre
le problème réel qui a été soulevé par le
député de L'Acadie.
Voilà, M. le Président. Je ne peux pas m'engager à
faire plus que cela pour l'instant.
Le Président (M. Cardinal): Alors, mise aux voix de la
motion...
M. Grenier: Un instant!
Le Président (M. Cardinal): Oui. Un instant, en vertu
de...
M. Grenier: M. le Président, je...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous voulez que je
suspende?
M. Grenier: Non, non.
M. Le Moignan: Je réponds tout de suite. Moi, je veux bien
croire à la sincérité du ministre, mais il veut nous
passer un chèque en blanc et on va attendre qu'il nous donne de
meilleures preuves.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Rosemont...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): ... il vous reste treize
minutes.
M. Paquette: ... je ne parlerai pas treize minutes. Je n'en ai
que pour deux minutes. Je veux simplement expliquer pour quelle raison j'ai
l'intention de voter contre l'amendement.
Je n'accepte pas la dernière intervention du député
de Gaspé. Je pense que le ministre s'est engagé à faire un
amendement qui m'apparaît, à moi, bien qu'il pourra encore
être amélioré, beaucoup plus satisfaisant que l'amendement
du député de L'Acadie.
Je pense que ce dont il s'agit, ce n'est pas de l'accès à
l'école anglaise pour des enfants handicapés, mais de l'exemption
de la loi, ce qui est bien différent, ce qui va nous permettre de
toucher à un certain nombre de cas, ce qui va nous permettre aussi
d'avoir le temps de préciser par règlements les critères
d'exemption, de façon à faire que les enfants ne soient pas
soumis à l'arbitraire de fonctionnaires, que le corridor soit mieux
défini qu'il ne l'est par l'amendement du député de
L'Acadie.
Or, M. le Président, encore une fois, on a
réaffirmé tout au long du débat qu'on était
d'accord avec le fond de l'amendement, mais sur le plan de la forme, et
étant donné qu'il y a un amendement annoncé par le
ministre qui, à mon avis, peut remplir l'objectif du
député de L'Acadie beaucoup mieux, j'ai l'intention de voter
contre cet amendement. Si le député de Gaspé a des
craintes sur l'amendement éventuel que le ministre pourrait ne pas
apporter, il n'a simplement qu'à le faire et s'il ne le fait pas, je le
ferai.
M. Mackasey: Puis-je poser une question?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez...
M. Mackasey: ... pas à vous, parce que vous n'avez aucune
compréhension...
M. Paquette:... c'est fini, c'est pour ça que j'ai
parlé.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Notre-Dame-deGr-Grâce, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez
terminé votre temps.
M. Mackasey: Oui, je posais une question au député
de Rosemont.
Le Président (M. Cardinal): Le temps est terminé,
je m'excuse...
M. Burns: Vote!
Le Président (M. Cardinal): ... mais je dois suivre
continuellement les règles qui...
M. Mackasey: Pas du député de Taschereau. Il n'a
aucune compréhension de ce dont on parle.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Après, après.
Vote sur la motion
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de...
Mise aux voix. Il s'agit de l'amendement proposé par Mme le
député de L'Acadie, voulant que l'article 69 soit modifié
en ajoutant après le paragraphe d) un paragraphe qui se lirait comme
suit: "Les enfants de langue anglaise qui sont en difficulté
d'apprentissage, en raison de déficience mentale, de
mésadaptation socio-affective grave ou de handicap sensoriel". L'on
m'indiquera si on est pour ou contre la motion.
M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Défavorable.
Le Président (M. Cardinal): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
M. Grenier: M. le Président, défavorable du
côté de...
Le Président (M. Cardinal): J'ai compris
défavorable, oui.
M. Burns: Cela veut dire contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Burns (Maisonneuve)?
M. Burns: Contre et défavorable.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Laurin (Bourget).
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud).
Absent.
M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mackasey: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Absent.
Le résultat du vote est le suivant: Pour: 11 Contre: 6
La motion est rejetée.
Mme Lavoie-Roux: Adoptée.
Le Président (M. Cardinal): Non. Je m'excuse. Je
recommence. J'ai commis une erreur.
Mme Lavoie-Roux: C'est le coeur qui a pris le dessus.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie! A l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! Je m'excuse de ce lapsus parce que je n'ai pas
droit de participer aux débats. Je répète le
résultat...
M. Grenier: Ce qui est dit est dit.
Le Président (M. Cardinal): Contre: 11 Pour: 6
La motion est rejetée. Même si j'ai commis une erreur, j'ai
indiqué à la fin que la motion était rejetée,
dès le premier...
M. Chevrette: ...jet.
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez, je n'osais pas
le dire.
Sur ce, est-ce que l'article 69...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Sur quel sujet, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Sur l'article 69.
Le Président (M. Cardinal): Justement, si vous permettez
que j'y arrive. J'allais demander si... Remarquez que nous sommes dans une
singulière
situation. Nous avons adopté l'article 69 a), b), c), d), le tout
tel qu'amendé et avons rejeté l'alinéa suivant.
M. le député de Mont-Royal, je dois supposer que vous
voulez ajouter un nouvel alinéa?
M. Ciaccia: Oui. C'est pour cela que j'ai demandé le droit
de parole.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Mont-Royal.
Motion d'amendement à l'article 69
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Je voudrais présenter une motion d'amendement
à l'article 69. "Que l'article 69 soit modifié en ajoutant le
paragraphe e) suivant: A titre de mesure transitoire, les enfants allophones
résidant au Québec au 31 décembre 1977, et non encore
inscrits à l'école, peuvent s'inscrire à l'école
anglaise s'ils le désirent. Ce droit s'étend à leurs
frères et soeurs."
Le Président (M. Cardinal): Pourrais-je avoir le texte de
votre amendement, s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, je me demande si je dois
prendre la question en délibéré. Vous auriez
évité les premiers (1, 2, 3, 4, 5) mots de votre amendement que
je l'aurais reçu immédiatement parce qu'il existe dans la loi un
titre VI il est composé des articles 199 et suivants qui
s'appellent: "Dispositions transitoires et diverses", et vous commencez: "A
titre de mesure transitoire..."
C'est un peu comme l'amendement qu'a proposé M. le ministre de
l'Education qui se rapportait à l'article 77 que j'ai jugé non ni
recevable ni irrecevable, mais prématuré.
Je dirais que, libellée comme l'est votre motion, j'aurais
beaucoup de difficulté, malgré toute l'amitié que j'ai
envers vous, à l'accepter immédiatement.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Cardinal): Je vous permets tout ce qui
est conforme au règlement.
M. Ciaccia: Avec l'amitié que moi j'ai envers la
présidence, me permettriez-vous de retirer les mots...
Le Président (M. Cardinal): Vous pourrez tout
simplement...
M. Ciaccia: ... "à titre de mesures..."
Le Président (M. Cardinal): Puis-je vous aider? Vous
pourriez tout simplement retirer votre motion et en faire une nouvelle.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président, c'est
toujours mon sort de réintroduire des motions qui ne sont pas
recevables.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de vote.
M. Ciaccia: Je vous demanderais une directive ou je vais retirer
cette motion et introduire la motion suivante: "Que l'article 69 soit
modifié en ajoutant le paragraphe e) suivant: Les enfants allophones
résidant au Québec le 31 décembre 1977 et non encore
inscrits à l'école peuvent s'inscrire à l'école
anglaise s'ils le désirent. Ce droit s'étend à leurs
frères et soeurs".
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal. Vous admettrez l'immense collaboration de la présidence.
M. Ciaccia: Je l'admets volontiers.
Le Président (M. Cardinal): Cette motion telle que
maintenant rédigée est acceptable. Vous me permettrez quand
même encore une suggestion...
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, sur une question de
règlement, M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): ... la phrase que nous a lue le
député contient un verbe. Or, vous constaterez que, s'il s'agit
d'un paragraphe e) qui viendrait s'ajouter à l'énumération
que contient l'article 69, il ne peut s'agir là d'une
énumération mais d'une phrase distincte.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, juste un
instant, pour qu'on ne mêle pas deux choses. Je vais faire
vérifier s'il s'agit d'un vote ou d'une question de quorum.
Une Voix: C'est un vote.
Le Président (M. Cardinal): C'est un vote. Je vais
être obligé de suspendre le temps du vote. Nous reviendrons et je
me rappellerai, M. le ministre de l'Education, votre intervention.
(Suspension de la séance à 22 h 10)
Reprise de la séance à 22 h 25
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Au moment de la
suspension pour le vote, M. le ministre de l'Education, le député
de Sauvé, avait la parole, sur une question de règlement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai simplement
voulu faire observer que la proposition du député de Mont-Royal
ne pouvait pas s'inscrire
dans une énumération comme celle que nous avons
déjà dans l'article 69, puisque la phrase qu'il nous a
proposée contient un verbe. Ce serait un nouveau paragraphe, ou je ne
sais trop comment vous pouvez l'accueillir, mais cela ne pourrait certainement
pas faire partie de rénumération.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez,
justement, à la suite de cette question de règlement, j'aurais
deux remarques à faire sur la proposition.
De toute façon, en vertu de l'article 65, le président
peut également modifier dans sa forme une motion pour la rendre
recevable. Il y a d'ailleurs une décision du 25 mars 1976, à ce
sujet. J'aurais deux remarques à apporter sur la motion telle que
libellée.
La première, c'est que le début de la motion devrait se
lire: "Que l'article 69 soit modifié, en ajoutant, après le
paragraphe d), le paragraphe suivant". A la suite de toutes les discussions que
nous avons eues sur le paragraphe qui n'a pas été adopté,
je pense que, quant à la forme de présentation d'une motion, il
faudrait faire ceci.
Deuxièmement, j'accepte les remarques de M. le ministre de
l'Education, sauf que je n'ai pas eu le temps, parce que, comme tout le monde,
je suis allé faire mon devoir, et que je suis allé voter, je
pense que c'est un peu comme la motion de Mme le député de
L'Acadie; sur le plan purement de la législation, étant quand
même gardien, dans un certain sens, de cela, je pense que, sur le simple
plan et législatif et du français, la phrase proposée ne
peut pas s'ajouter aux phrases qui existent déjà à
l'article 69.
Par là, je ne déclare pas cette motion recevable, loin de
là. Je dis simplement que je suis prêt à laisser quelque
temps au proposeur ou au parrain, comme on dit au journal des Débats,
pour apporter la modification nécessaire. Mais je suggère
moi-même cette première modification.
Quant à la deuxième, je pense que la phrase qui est
proposée devrait s'enchaîner dans les autres phrases. Il faut se
rappeler que l'article 69 dit, par dérogation à l'article 68:
Peuvent recevoir là, il faudrait dire "les enfants", etc., Il
faudrait enlever "ils peuvent", ou quelque chose comme cela. Puis-je demander
à M. le député de Mont-Royal de modifier en
conséquence sa motion?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Que l'article 69 soit
modifié, en ajoutant, après le paragraphe d), le paragraphe
suivant: "Les enfants allophones résidant au Québec au 31
décembre 1977 et non encore inscrits à l'école, ainsi que
leurs frères et soeurs."
M. Guay: Est-ce qu'on pourrait avoir le texte?
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Je vais répéter, et vous me corrigerez, si je
commets la moindre petite erreur.
Motion d'amendement à l'article 69, par M. le
député de Mont-Royal. Que l'article 69 soit modi- fié, en
ajoutant, après le paragraphe d), le paragraphe suivant: "Les enfants
allophones résidant au Québec au 31 décembre 1977 et non
inscrits à l'école anglaise..." Est-ce cela?
M. Ciaccia: "Et non encore inscrits à l'école".
Le Président (M. Cardinal): "Et non encore inscrits
à l'école anglaise..."
M. Ciaccia: Non, juste "à l'école".
Le Président (M. Cardinal): "... non inscrits à
l'école, ainsi que leurs frères et soeurs."
Je répète, parce que c'est quand même un peu
difficile. Je répète, parce que je ne pourrai pas distribuer
l'amendement. Je viens à peine de le corriger et, à cette
heure-ci, on sait qu'il est difficile d'obtenir des photocopies: "Que l'article
69 soit modifié, en ajoutant, après le paragraphe d), le
paragraphe suivant: "Les enfants allophones résidant au Québec au
31 décembre 1977 et non encore inscrits à l'école ainsi
que leurs frères et soeurs." C'est cela?
M. Ciaccia: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Veut-on que je
répète ou si c'est clair?
M. Morin (Sauvé): Pourriez-vous répéter?
Le Président (M. Cardinal): Je répète. "Que
l'article 69 je m'excuse pour le public, mais dans la
législation, il y a des règles qu'il faut suivre et il faut avoir
une certaine prudence soit modifié en ajoutant, après le
paragraphe d), le paragraphe suivant: "les enfants allophones résidant
au Québec au 31 décembre 1977 et non encore inscrits à
l'école ainsi que leurs frères et soeurs."
A l'ordre! Techniquement, en vertu de l'article 70, je déclare
cette motion recevable quant à la forme. M. le député de
Mégantic-Compton, question de règlement ou quoi?
M. Grenier: M. le Président, je ne sais pas à quel
titre je peux vous demander la parole. S'il y avait un article 34, il me semble
que j'aurais aimé cela revenir là-dessus, parce que je suis
vraiment débiné de voir arriver un amendement de ce genre. Je ne
sais vraiment pas comment intervenir pour vous dire que, ce qu'on est en train
de faire ici à la table, c'est de l'amateurisme au possible. Un
amendement qui nous arrive au bout de la fourche comme cela, sans
préparation, improvisation. Dès que j'interviendrai sur la
motion, M. le Président, j'aime mieux vous dire tout de suite que je
serai d'une virulence comme je n'ai pas été au cours de la
journée.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, si vous vous rappelez de la soirée d'hier, j'ai
fait mention, à un moment donné, d'une ancienne institution qui
existait et
qui pouvait vérifier les textes rédigés sur un bout
de table en commission parlementaire ou à l'Assemblée
nationale.
Je ne raconterai pas toute l'histoire des commissions parlementaires,
parce que je prendrais le temps de la députation, mais j'ai voulu
favoriser l'Opposition en utilisant un article qui est rarement utilisé
et qui me permettait de corriger ou de faire corriger un amendement qui
était proposé; mais sur le plan technique, et ne pouvant jamais
me prononcer sur le fond, quelle que soit la façon dont l'amendement ait
pu être préparé, je dois le déclarer recevable et
donner la parole au député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Question de règlement. M. Grenier: Sur le
règlement...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Sur la question de
règlement, dans l'ordre, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys et M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le député de
Mégantic-Compton, je pense qu'on doit reconnaître que nous devons
nous adapter aux décisions qui sont rendues par la présidence.
Dans le but de contribuer aux travaux de cette commission, nous nous sommes
aperçus que c'était en sous-paragraphe qu'il fallait la porter
pour qu'elle soit recevable, tout d'abord, ce qui change naturellement le
libellé de la motion. Cette motion avait été
annoncée par le député de L'Acadie, au début de
tout, au début des travaux, lorsqu'elle avait décrit les
amendements que nous avions à apporter; quant à l'amateurisme, M.
le Président, nous n'avons pas de leçon à recevoir de
l'Union Nationale.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): En autant que c'est une
question de règlement, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur la question de règlement
qu'interprète le député de Marguerite-Bourgeoys, je
n'arrive pas à comprendre que je n'ai pas ici à ma droite un
parti né d'hier, un parti qui a administré la province et qui est
en train de nous laisser connaître son programme au compte-gouttes, que
personne ne peut deviner à 22 h 35 du soir. On est obligé de se
faire l'idée sur un amendement. N'y aurait-il pas moyen de publier cela
quelque part et de nous le donner dans un livre pour qu'on puisse
l'étudier à l'avance?
M. Ciaccia: Dans la Gazette officielle.
M. Grenier: De nous les donner deux jours... M. le
Président, bien calmement, il y a quand même une limite à
arriver ce soir avec un amendement qui va absolument contre tout ce qu'on a vu
présentement et de nous arriver... En fait, c'est quasiment du libre
choix de nous proposer cela avec un semblant de sérieux qu'on voudrait
faire accepter à la table. Je vais vous dire, bien rapidement, j'ai mon
voyage.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est la dernière question de règlement que
j'accepte, parce que j'ai déjà mentionné qu'il n'y a pas
de question de règlement sur une question de règlement. Je
suppose donc que c'est une nouvelle question de règlement et non pas une
question de privilège.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, j'invoque le
règlement qui permet à chacun des députés membres
de cette commission de proposer des amendements à mesure qu'on aborde
l'étude d'un article. Si cela ne plaît pas au député
de Mégantic-Compton, s'il a son voyage, il fera ce qu'il voudra, mais
cela ne nous empêchera pas, comme Opposition officielle, et je pense que
c'est le règlement que j'invoque, qui protège le
privilège...
Le Président (M. Cardinal): Quel article, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Qui protège... Vous savez sûrement mieux
que moi le numéro de l'article, M. le Président. Je fais appel
à une de vos vertus "cardinalices", M. le Président, pour... Et
peut-être l'article 4, M. le Président, c'est la tradition qui
permet à un député qui trouve sensé de proposer un
amendement, il n'a pas besoin de faire toute une parade publicitaire avec un
livre bleu ciel.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'un libéral peut invoquer la tradition? Oui, M. le
député de Mégantic-Compton, c'est l'heure de la
récréation.
M. Grenier: Vous pouvez être sûr que je
déplore qu'on fasse perdre du temps à cette commission avec des
choses comme celles-là, tout le monde est d'accord là-dessus,
même l'équipe libérale. Le député de
Marguerite-Bourgeoys dit que je pourrais bien faire autre chose. Je vais vous
dire une chose. Je suis payé par la province, par l'Etat pour m'asseoir
ici et "toffer", mais j'aimerais mieux user mes culottes à faire quelque
chose de plus sensé que ce que je fais ce soir.
M. Ciaccia: Va-t-en!
M. Grenier: Non. On va rester. On est obligé d'être
ici, M. le député de là-bas, M. le député de
Mont-Royal. Autant, M. le Président, j'ai trouvé une
motion...
M. Ciaccia: Calmement.
M. Grenier: ... je pense que c'est celle du député
de L'Acadie.
Le Président (M. Cardinal): Je sais que vous êtes
chacun d'un côté différent de la clôture...
M. Ciaccia: ... clôture.
M. Grenier: Autant la motion qui vous avait été
présentée était sérieuse, bien faite, la motion du
député de L'Acadie que nous avons d'ailleurs appuyée,
autant on ne partagera pas cette motion qui arrive et qui est
complètement hors des normes des partis qui sont à la table et
qui est le début d'un filibuster. On a dit qu'on ne jouerait pas ce jeu
et j'aime mieux vous dire tout de suite, bien calmement, que, quand le temps
viendra, on donnera notre exposé là-dessus, mais il me semble que
si le Parti libéral voulait donner un peu de collaboration, on devrait
accepter immédiatement l'article 69 et qu'on procède
immédiatement à 70.
Le Président (M. Cardinal): Remarquez que... Mme
Lavoie-Roux: Cela vous est indifférent.
Le Président (M. Cardinal): Non, cela ne m'est pas
indifférent. Au contraire. J'ai tout simplement beaucoup de retenue et
je n'ai pas le droit d'employer les termes du député de
Mégantic-Compton. Je n'ai le droit, encore une fois, que de les subir
dans les faits, et je ne puis refuser cette motion telle qu'elle est
rédigée. J'ai indiqué tantôt à quelqu'un
qu'à ce moment-là, cela faisait 16 heures et 30 minutes que nous
en étions à l'article 69. Nous pouvons continuer longtemps comme
cela et je continuerai à avoir la même patience. M. le
député de Mont-Royal, vous avez proposé cette motion, je
l'ai déclarée recevable et vous avez 20 minutes, en vertu du
règlement.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, je peux vous assurer
que ce n'est pas une motion dilatoire. Ce n'est pas dans le but de faire un
filibuster. C'est une motion qui, pour moi, est essentielle, très
importante. Ce n'est pas un retour je veux le signaler au libre
choix. Et après que la commission aura entendu les raisons pour
lesquelles j'ai fait cet amendement, elle pourra juger de la substance
plutôt que d'essayer de perdre du temps sur la forme de l'amendement.
M. Alfred: C'est vous qui l'avez aidé à
préciser son amendement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Papineau, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Alfred: II ne pouvait même pas le préciser et il
parle de substance.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Nous verrons. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: As-tu fini?
M. Alfred: Quelqu'un nous a déjà dit que vous
n'étiez même pas capable de rédiger un article de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordrel M. Ciaccia:
Je défends...
Le Président: Le député de Mont-Royal a 20
minutes et, dans 20 minutes, nous devrons ajourner. Alors... M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je défends aussi tes droits. Ce sont les
droits des allophones.
M. Alfred: Voyons! C'est les droits des Québécois
qu'il faut défendre.
Le Président (M. Cardinal): MM. les députés
de Mont-Royal et de Papineau, je vous rappelle formellement à l'ordre et
je prierais M. le député de Mont-Royal, à qui il reste
juste le temps de s'exprimer avant l'ajournement, de le faire
immédiatement.
M. Ciaccia: Premièrement, je voudrais donner les raisons
pour lesquelles je crois que cet amendement est important.
Il y a deux raisons principales. La question maintenant, je vous le dis,
c'est la question de la langue seconde, l'enseignement de la langue seconde.
C'est la question des préoccupations que la communauté allophone,
que les allophones ont avec notre société et ce à quoi ils
s'attendent de cette société.
Mais je voudrais, avant, faire deux petites remarques
préliminaires.
Le député de Verchères, M. le
Président...
M. Laplante: II n'est pas ici.
M. Ciaccia: ...a dit, je crois, hier, que, quand un immigrant
il a fait référence à un Italien allait
à l'école anglaise, il devenait anglophone. M. le
Président, je peux vous assurer que les allophones, les Italiens,
n'importe quel autre groupe minoritaire, ne deviendront ni Anglais ni
Français du fait qu'ils fréquentent une école anglaise ou
française. De la même façon que chacun veut garder son
identité, ses valeurs, je peux vous assurer, M. le Président, que
j'ai gardé mes valeurs et que je suis allophone, d'après les
définitions que le gouvernement nous donne. C'est sûr qu'on
modifie, qu'on change notre façon de penser, mais on n'est pas
assimilé. Nous nous intégrons, M. le Président, à
notre société, et notre société est composée
d'anglophones et de francophones, mais nous ne sommes pas assimilés
je veux assurer le député de Verchères ni
par une communauté, ni par l'autre. Alors, je voudrais lui enlever cette
idée selon laquelle on va être assimilé par un groupe
plutôt que par un autre, selon qu'on fréquente un réseau
d'écoles plutôt qu'un autre.
L'autre remarque que je voudrais faire touche les remarques que le
député de Deux-Montagnes a faites, selon lesquelles, apparemment,
j'aurais dit que les minorités ne veulent pas être contraintes
à apprendre le français. J'espère que ce n'est pas
ça que j'ai dit, M. le Président. J'espère que ce n'est
pas ça.
Les minorités... Je vais vous parler franchement, et je veux
parler à cette commission parlementaire. Je veux qu'elle entende ce
qu'un allophone, ce qu'une personne d'un groupe ethnique ressent face à
cette loi linguistique. On ne veut pas prendre, M. le Président, un
côté ou l'autre. On ne veut pas défendre une
minorité ou une majorité, mais on veut avoir certains avantages.
M. le Président, quand un immigrant vient au Québec...
Jusqu'à maintenant je ne parle pas pour l'avenir, parce
qu'à l'avenir, peut-être que les règles seront
différentes il est venu ici, avec une certaine perception de
notre société. D'après cette perception il était
important que sa famille, que ses enfants aient tous les avantages possibles.
Un francophone ici, ou un anglophone, a quelque chose de plus qu'un immigrant.
La seule chose qu'un immigrant ait, M. le Président, c'est l'espoir de
s'améliorer, et cet espoir, pour lui, comporte nécessairement le
droit d'apprendre la langue seconde. Cela ne veut pas dire, M. le
Président, que les allophones veulent défendre le réseau
anglais. Cela ne veut pas dire que les allophones veulent défendre la
communauté anglophone ou une autre communauté, mais il y a
certaines valeurs qu'ils cherchent.
Il y a certains principes et cela a été, je crois, un peu
faussé, ce que ces gens recherchent. On parle de deux solitudes. Comme
le rapport Gen-dron l'a très clairement dit, il y a une troisième
solitude, et ce sont les immigrants.
Ils n'ont ni les avantages de la minorité anglophone, ni les
avantages de la majorité francophone. Ils ne peuvent accepter
d'être unilingues, ils ne veulent pas l'accepter.
Ce n'est pas parce qu'ils veulent aller au réseau d'écoles
anglaises. Je veux qu'on comprenne spécifiquement pourquoi cet
amendement a été apporté. Ce n'est pas parce qu'ils
insistent pour la liberté de choix. Ce n'est pas sur cela qu'ils
insistent, mais, dans le contexte actuel, la seule façon d'apprendre les
deux langues, c'est dans le réseau anglophone.
Nous avons tenté d'apporter un amendement pour obliger le
gouvernement à enseigner la langue seconde, la langue anglaise, dans les
écoles francophones. On nous a dit que c'était
prématuré, que ce n'est pas acceptable.
M. Laplante: Vous voyez la réaction du peuple.
M. Ciaccia: Selon la perception de ces minorités, c'est
là qu'ils vont apprendre les deux langues. Si vous remarquez,
originalement, notre motion, la motion que j'ai proposée disait: "A
titre de mesure transitoire..." Nous prévoyons ceci comme une mesure
transitoire. Ces gens sont venus ici avec une certaine perception. Je ne parle
pas des futurs immigrants, quand ils sauront exactement ce qui est attendu
d'eux, ce qu'ils peuvent avoir au Québec, la question sera
différente, mais les gens qui sont ici, ce n'est pas cela qu'ils ont
reçu comme représentation. Ce n'est pas leur concept. Ils se sont
fait une perception, une vue de notre société qu'il est
peut-être difficile de comprendre pour les ministériels, mais je
ne voudrais pas que ceux-ci interprètent cet amendement comme un refus
des allophones de s'intégrer à la société
québécoise, à la société et au groupe
francophones.
Je voudrais faire remarquer que la plupart des groupes minoritaires
habitent des endroits où il y a des francophones, qu'ils sont bilingues
et trilingues. Il ne faudrait pas, comme on a essayé de le faire dans le
passé, et je ne me réfère pas seulement à
l'administration antérieure, mais à d'autres administrations
aussi, ce n'est pas un blâme particulier que je jette, mais il ne
faudrait pas essayer, sur leur dos, de faire encore des symboles de la
défense de la langue française. Ce serait injuste, parce que s'il
y a un groupe pour qui c'est plus difficile qu'un autre de se défendre,
ce sont bien les minorités ethniques.
Elles ne sont pas nombreuses. Elles n'ont pas tous les instruments
économiques de représentation pour se défendre comme les
autres groupes, et ce serait malheureux, pour cette administration, pour
démontrer que vraiment elle veut défendre le fait
français, de ne pas réaliser les préoccupations des
groupes minoritaires. Il faudrait se rappeler que, historiquement, on n'a
jamais été accepté dans le système francophone et
vous ne pouvez pas changer cela du jour au lendemain.
Il faut être réaliste. Il va falloir qu'il y ait des
changements de mentalité, des changements d'attitude pour accepter et
accueillir les minorités dans les groupes francophones. Ce n'est pas
seulement par une loi 101, avec trois ou quatre lignes dans un article de loi
que vous allez créer cet accueil. Je suggérerais fortement au
gouvernement qu'au lieu de la coercition, il devrait démontrer que
vraiment il est de bonne foi et qu'il comprend.
C'est une autre culture aussi. On parle de la différence des deux
solitudes entre les anglophones et les francophones et on ne semble pas faire
ce pont entre les deux. Mais les gens des minorités sont aussi des
êtres humains avec une autre culture, d'autres habitudes, une autre
mentalité et personne ne fait l'effort d'essayer de les comprendre. Cela
n'entre pas dans les préoccupations de notre société, ce
sont des immigrants. C'est malheureux, cette attitude, et on le sent, on le
sent fortement.
Je voudrais seulement rappeler aux ministériels les
représentations que le premier ministre a faites le 25 octobre au
Canadian Club; il y a dit que les anglophones et les allophones, les
Néo-Québécois, auraient la liberté de choix. Cela,
c'était durant la campagne électorale.
Je ne dis pas cela parce que je prône la liberté de choix.
Je sais que c'est aujourd'hui un concept qui ne peut pas être
administré et qui ne peut pas faire partie de nos droits pour plusieurs
raisons. Personnellement, j'y serais favorable, mais je sais que, du point de
vue de la loi, il faut abandonner ce concept.
Quand je dis donc que le premier ministre a fait ces
représentations le 25 octobre au Canadian Club, ce n'est pas parce que
je veux que la liberté de choix soit incluse dans la loi 101, je veux
seulement vous démontrer le genre de représenta-
tions qu'on nous a faites et comment les minorités, les groupes
ethniques peuvent se défendre.
Le gouvernement porte une responsabilité morale pour avoir fait
ces représentations. Il a dû y avoir une raison pour que le
premier ministre fasse ces représentations à ce moment-là,
et je ne veux pas croire, je ne peux pas croire que c'était seulement
pour des raisons électorales. Il a dû y voir un problème,
il a dû y voir une mentalité, il a dû y voir des
préoccupations, il a dû y comprendre quelque chose que ces gens
avaient. Il leur a dit cela. Il leur a même dit que c'étaient les
anglophones et les Néo-Québécois.
Le ministre de l'Education, je n'étais pas là, mais on m'a
rapporté qu'à une réunion à
Notre-Dame-de-Pompéi plus tard, il avait une copie du discours du
premier ministre. Il n'a pas contredit ce discours; s'il ne les a pas
répétés, il n'a pas contredit les propos du premier
ministre. Pour ces allophones, c'est un terme qu'on utilise, je vais
l'accepter, il y a une responsabilité morale.
Il n'y aurait pas un allophone qui ne parlerait pas le français
aussi. Je peux vous en assurer. Ils vont parler les deux langues et
peut-être trois langues. C'est assez un handicap d'être un
immigrant dans un pays et, pour comprendre ces handicaps, il faut être
immigrant. En théorie, personne ne peut jamais comprendre ce que cela
veut dire, mais, dans les faits, quand vous subissez les problèmes de
notre société, que ce soit au niveau économique, que ce
soit au niveau politique, vous pouvez vous rendre compte seulement en
étant un immigrant des problèmes auxquels nous faisons face.
Nous n'avons pas grand-chose pour nous aider. La question de la langue,
pour nous, c'est une occasion de nous améliorer. On refuse, M. le
Président, pas parce qu'on est francophone, qu'on est contre le fait
français, on refuse d'être unilingue français. On refuse
d'être handicapé. On veut les deux langues. Si le gouvernement
peut nous assurer qu'il va garantir aux immigrants l'enseignement de la
deuxième langue, vous verrez que l'amendement que j'ai apporté ne
sera pas défendu avec tellement de vigueur, parce que ce n'est pas la
liberté de choix qu'on cherche nécessairement, mais c'est le
droit d'avoir l'occasion de vivre dans l'Amérique du Nord. C'est cela
qu'on voit, on voit le Québec faisant partie d'un continent, et on voit
le Québec faisant partie d'un Canada. On nous cite des raisons
démographiques, je dirais que s'il y a une crise démographique,
elle sera résolue plutôt par une relance de l'économie et
un esprit d'ouverture de la part des Franco-Québécois envers les
immigrants. La crise démographique ne sera pas résolue par les
propos, les projets de loi que le Parti québécois projette, qui
pourraient accentuer cette division entre les différents groupes au
Québec.
M. le Président, c'est pour ces raisons que je soumets cet
amendement et que je suggère fortement au gouvernement de l'adopter dans
un esprit d'accueil et un esprit d'aide envers les minorités ethniques
qui ont besoin de cette aide. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Après avoir
consulté le parti ministériel, parce que je vais échapper
à l'usage qui veut qu'à la suite d'une proposition de
l'Opposition officielle, on en revienne au parti ministériel, je vais
donner la parole à ceux qui nous ont annoncé, d'avance, la
virulence, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vais diviser cela en deux.
La virulence est pour demain; ce soir, je vais être plus calme, parce que
j'ai le droit de diviser mes vingt minutes en trois ou quatre parties.
Le Président (M. Cardinal): En vingt fois d'une minute,
monsieur.
M. Grenier: Non, cela ne donne pas assez de consistance, une
minute, je vais faire cela dans deux ou trois périodes.
M. le Président, le Parti libéral, avec l'amendement qu'il
vient de nous proposer, est poigné entre la loi du gouvernement, le
livre bleu de l'Union Nationale et sa loi 22. Cela me fait un peu penser
à ma tante Georgina qui reste aux Etats.
M. Ciaccia: Je ne suis pas poigné par la loi 22, M. le
député de Mégantic-Compton, ne vous inquiétez
pas.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! M. le député de Mont-Royal, personne ne
vous a interrompu, depuis...
M. Ciaccia: II m'a interrompu souvent, lui. M. Grenier:
Non. Non.
Le Président (M. Cardinal): Non, pas depuis votre
dernière intervention. Depuis 17 minutes, puisqu'il vous en reste 3,
vous avez pu parler calmement. M. le député de
Mégantic-Compton, je vais préserver votre droit de parole.
M. Grenier: Merci, M. le Président; je reconnais en vous
un véritable président.
Je disais donc que le Parti libéral, pris entre la loi du
gouvernement, le livre bleu de l'Union Nationale et la loi 22, me rappelle un
peu ma tante Georgina qui reste aux Etats. Quand elle descendait nous voir chez
nous au Canada, elle appelait ses trois ou quatre soeurs et elle leur demandait
quel-le sorte de colliers elles porteraient. Il y en avait une qui disait: Moi,
je vais prendre un collier bleu; l'autre optait pour un jaune et l'autre un
vert. Elle était poignée; pour avoir l'air originale, elle
était obligée de porter des colliers de toutes les couleurs. Cela
ne lui faisait rien d'avoir l'air d'un arbre de Noël, vous savez, du
moment qu'elle était originale.
Ce soir, on tombe sur une motion qui est fort originale...
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez sur la motion
d'amendement, n'est-ce pas?
M. Grenier: Oui, elle n'est même pas das le programme du
Parti libéral, que je sache, actuellement.
M. Lalonde: C'est faux.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Grenier: Elle dépasse tous les programmes d'un parti
politique.
M. Lalonde: C'est faux.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Grenier: II n'y a personne qui ait prétendu aller si
loin et si en dehors d'un programme. Les allophones sont actuellement en train
d'avoir des droits qu'on n'a même pas pensé donner aux deux
communautés, anglophone ou francophone, et on s'en va donner des droits
aux allophones auxquels personne n'a jamais osé prétendre
jusqu'à ce soir.
M. Ciaccia: C'est effrayant.
M. Grenier: Non, ce n'est pas effrayant, c'est réaliste,
M. le député.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, adressez-vous à la présidence, vous
serez mieux accueilli.
M. Grenier: ...et mieux protégé, M. le
Président.
Une motion qui est amenée comme cela, pour faire la preuve comme
c'est farfelu, on n'a pas encore en main la vraie proposition qui a
été sou- mise, pour ce qui est des députés autour
de la table. J'ai été maire d'une des plus petites
localités du Québec et je ne suis jamais arrivé à
la table du conseil, comme maire, sans avoir en main, par écrit, chacune
des résolutions du conseil.
Ce soir, on est le gouvernement provincial. On arrive ici avec une
motion faite au bout de la fourche, que personne n'a encore en main. C'est
à peine si, autour de la table, on sait de quoi on parle dans le moment.
C'est ce qui a été modifié avec vous...
M. Lalonde: C'est évident que vous ne savez pas de quoi
vous parlez.
M. Grenier: Elle a été acceptée par vous
tout à l'heure. On a eu une motion, mais je sais qu'elle a
été transformée depuis ce temps et elle n'a pas encore
été distribuée. A ce rythme, on va reprendre les
débats, et il est évident on termine en ce moment
on découvre actuellement que le leader parlementaire se promène
de plus en plus, il approche, et on se rappelle que, quand la fin est
arrivée, on avait l'adjoint qui s'est promené dans les
dernières heures. Il est venu et il n'est pas encore bien loin. Il est
à l'écoute, il nous entend. Il entend cela dans son bureau, vous
savez cela.
M. Lalonde: Vous voyez des ombres. M. Ciaccia:... non plus.
Le Président (M. Cardinal): Sur ce, les travaux de cette
commission sont ajournés à demain à 10 heures, nouvelle
séance.
(Fin de la séance à 23 heures)