Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 101 :
Charte de la langue française
(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous commençons les travaux de la commission parlementaire de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications qui a un
mandat de l'Assemblée nationale, après deuxième lecture du
projet de loi 101, pour étudier, article par article, ce projet de
loi.
Je dois tout d'abord vérifier la liste des membres de la
commission et je voudrais qu'on m'indique s'il y a des modifications.
M. Alfred (Papineau).
M. Alfred: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères).
M. Charbonneau: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Charron
(Saint-Jacques).
M. Charron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Dussault
(Châteauguay).
M. Dussault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau).
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Laplante (Bourassa)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne). M. Laurin (Bourget).
M. Laurin: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
M. le Moignan (Gaspé) remplacé par M. Bro-chu
(Richmond).
M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Deuxièmement, nous devons élire un rapporteur de cette
commission. Y a-t-il une motion?
M. Alfred: M. Pierre de Bellefeuille.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Papineau propose le député de Deux-Montagnes. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Lalonde: II me fait plaisir de l'adopter, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Motion adoptée.
M. Bertrand: Est-ce le même rapporteur que pour...
Le Président (M. Cardinal): Non. C'est la même
commission, mais ce n'est pas le même projet de loi.
M. Lalonde: M ne faudrait surtout pas que ce soit le même
rapporteur, parce qu'il n'a pas été très efficace.
M. Charbonneau: ...
M. Lalonde: Je m'excuse, M. le député de
Verchères, je ne savais pas que c'était vous.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Deux-Montagnes sera rapporteur de cette commission pour
le projet de loi 101.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement, si on y est rendu.
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sur une question de
règlement.
M. Lalonde: Je ne veux pas refaire les discussions concernant
l'imbroglio du retrait du projet de loi 1, surtout qu'on a le brillant auteur
de ce retrait ici, celui qui l'a annoncé à la commission
parlementaire, il y a déjà quelques semaines, mais je me demande
si le fait que cette commission parlementaire qui est la même,
peut-être avec un différent mandat, mais n'a pas fait rapport,
cela veut dire que les motions qui ont été adoptées, qui
ont régi nos travaux, lors de cette première séance, je
veux plus particulièrement référer au droit de parole qui
avait été donné à tous les députés,
est-ce que cette motion est encore...
Le Président (M. Cardinal): Une demande de directive.
M. Lalonde: Oui, une demande de directive. Justement, à
cause de cet imbroglio, je suis un peu incertain quant à la façon
de procéder, parce que j'ai l'intention de proposer une motion. Si c'est
inutile, étant donné que l'autre serait encore en vigueur,
à ce moment-là, vous me le direz. Je pense que la façon la
plus simple serait de proposer une motion et, si elle est inutile, vous, comme
Président, pourrez nous donner la directive.
La motion que j'ai à faire, c'est une motion d'usage presque, en
commission parlementaire, qui prévoit que chaque membre de cette
Assemblée nationale a le droit de parole, a le droit d'intervenir,
naturellement, mais n'a pas le droit de vote, à moins d'être
membre de la commission parlementaire.
Le Président (M. Cardinal): Voulez-vous, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, avant que vous ne lisiez votre
motion, que je réponde tout de suite à votre demande de
directive. Je considère, après y avoir réfléchi,
parce qu'hier soir, on m'a posé des questions à
l'Assemblée nationale à ce sujet, que, même si c'est la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, c'est une commission qui agit en vertu d'un nouveau mandat. Je
l'avais indiqué au début de l'étude du projet de loi 1.
Ici en commission parlementaire, je peux en parler, je ne suis pas à
l'Assemblée nationale. Par conséquent, je considère que
les motions adoptées, lors de l'étude du projet de loi 1, ne sont
pas caduques, elles sont encore devant la commission quant à
l'étude du projet de loi 1. Elles ont été ou recevables et
adoptées, ou irrecevables, ou recevables et non adoptées, comme
l'a été la dernière motion du ministre
délégué au haut-commissariat.
Par conséquent, nous commençons un nouveau mandat, et je
voudrais qu'au début de cette commission cela soit clair. Vous avez
remarqué que, contrairement à la dernière fois, je n'ai
pas fait d'exposé au début des travaux de cette commission, et
c'est volontairement. Mais je voudrais, dès ce matin, souligner que,
même si c'est la même commission, c'est un nouveau mandat que nous
avons, un mandat pour l'étude en deuxième lecture, article par
article, et je souligne ceci. Cela étant dit, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
Motion proposant d'accorder
le droit de parole à tous les
députés M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de cet
éclaircissement. Je pense que votre décision a d'ailleurs
déjà un précédent et je me souviens qu'à
l'étude de la loi 22, exactement à ce stade-ci de nos travaux,
des travaux de cette commission parlementaire, l'Opposition à ce
moment-là, c'était le député de Maisonneuve
avait tenté de faire reconnaître et je lisais la
transcription de ces travaux tantôt de faire continuer une motion
pour entendre les députés qui avait été
adoptée lors d'une première étude. Cela avait
été déclaré dans le sens que vous avez dit, sauf
que, étant donné que notre dernière commission n'a pas
fait rapport, je me demandais si cela apportait un changement.
Je vous remercie de cet avis, de cette décision, et je vais lire
la motion, tel que le règlement me le demande, et c'est une motion pour
donner le droit de parole à tous les députés qui se lit
comme suit: "Que les députés non membres de la commission
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications puissent s'y faire entendre sans devoir obtenir la permission,
et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude, article par article, du projet de loi no
101."
Le Président (M. Cardinal): Merci, j'en ai
déjà une copie. Je déclare, dès ce moment, cette
motion recevable. Il n'y a donc pas de débat sur la recevabilité,
elle est recevable, elle est parfaite dans sa rédaction, et je n'ai pas
à me prononcer sur le fond, les députés, en vertu de
l'article 160, peuvent maintenant se prononcer sur le fond; M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez encore la parole pour
parler sur votre motion. Vous avez 20 minutes pour le faire.
M. Lalonde: Je ne veux pas retarder inutilement les
débats. Vous allez d'ailleurs voir que, contrairement à ce que
j'ai lu, et j'ai distribué des copies tantôt à nos amis
d'en face, pour leur édification, de la transcription des travaux du
début de l'étude, article par article, de la loi 22, où la
commission a réussi à atteindre l'article 1 après quelques
jours de débats.
Contrairement à cette attitude négative de l'ancienne
Opposition officielle, nous avons l'intention d'aborder le plus tôt
possible l'examen de tous les articles. Mais il reste que, pour la bonne marche
de nos travaux et compte tenu du fait que, tout d'abord, c'est l'usage... Je
pourrais même invoquer un député chevronné,
malgré son jeune âge, le député de Saint-Jacques,
que le député de Maisonneuve citait le 16 juillet 1974, lors de
la pre-
mière séance de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles, et des communications qui
examinait, article par article, la loi 22. M. Burns cite et je cite M. Burns
qui cite M. Charron. Je les nomme parce qu'ils sont nommés par leurs
noms dans le texte. Alors, "M. Charron (Saint-Jacques) propose que la
règle habituellement en usage au cours des commissions parlementaires,
à savoir que les membres de l'Assemblée nationale, même
s'ils ne sont pas membres d'une commission, puissent intervenir, soit
respectée et ce, au cours de tout le débat sur le projet de loi
no 22".
Je pense que le député de Saint-Jacques, à ce
moment-là, avait parfaitement raison, c'est une règle
habituellement en usage, c'est-à-dire que tous les députés
puissent, sans être assujettis à un veto d'un des membres, puisque
ça demanderait le consentement unanime en l'absence d'une telle
décision de la commission, intervenir à la commission.
Deuxième raison, je dirais que c'est plus particulièrement
pertinent et même nécessaire dans l'étude, article par
article, d'un projet de loi qui atteint tout le monde, un projet de loi qui
affecte tous les gens, quelles que soient leur origine, leur langue, leur
occupation, leurs opinions. S'il est un projet de loi qui affecte tous les
gens, individuellement comme collectivement, c'est bien un projet de loi
linguistique comme celui que nous sommes appelés à
étudier.
Même si chaque parti a sa position officielle concernant sa
politique à l'égard d'un tel projet de loi, il reste qu'on ne
devrait pas se passer d'avance des lumières, des talents, de
l'expérience, ne serait-ce, souvent, que des questions d'un de nos
collègues à l'Assemblée nationale qui pourraient avoir un
intérêt plus particulier à propos d'une situation, d'un
article quelconque. C'est dans ce sens que cette motion devrait être
appuyée et adoptée par cette commission.
Par exemple, si le premier ministre, revenant de vacances, voyant une
rixe entre deux membres de son parti ministériel à propos d'un
amendement que l'Opposition officielle offrirait et voulait intervenir
immédiatement, s'il se voyait assujetti au consentement de l'Opposition
pour parler, j'aurais honte.
Il me semble que notre premier ministre pourrait venir s'asseoir ici et
intervenir immédiatement dans le débat, sans demander la
permission à personne.
Comme cette possibilité est toujours dans le domaine du possible,
naturellement, et comme c'est une chose qui peut arriver, je ne voudrais pas
que, par mégarde, par négligence, la commission parlementaire
n'ait prévu une telle situation. C'est pour cela que la commission
devrait adopter cette motion.
Elle devrait d'autant plus le faire que j'ai bien indiqué, au
départ, que, toute chose étant égale, toute chose
étant normale, l'Opposition officielle a l'intention de faire un
débat positif et d'aller de l'article 1 à l'article 219. Elle n'a
pas l'intention d'avoir l'attitude agressivement négative de l'ancienne
Opposition officielle, lors de la loi 22, qui n'a pas voulu, mais pas du tout,
aller au-delà de l'article 1 après deux ou trois semaines de
débat.
Alors, que des débats plus longs soient prévisibles sur
des questions plus fondamentales, cela va sans dire. Il n'est pas du tout
et je pense que vous pouvez, à ce stade-ci, prendre cela de
façon très sérieuse, officielle de l'intention de
l'Opposition officielle de faire de l'obstruction systématique et de se
servir de ses 26 députés et de cette permission qui serait
donnée à ses députés de venir s'adresser ici,
d'intervenir ici pour faire de l'obstruction systématique, faire ce
qu'on appelle un filibuster.
Naturellement, si le gouvernement provoque l'Opposition officielle, agit
de façon irresponsable, manque d'ouverture ou enfin crée une
situation où l'Opposition n'a d'autre façon de se faire entendre
qu'en insistant, il faudra reconnaître qu'il s'agit d'un droit strict de
l'Opposition de prendre la parole aussi souvent et aussi longtemps que le
règlement le permet pour faire valoir ses droits.
Il reste que notre attitude à l'égard de l'étude
article par article de ce projet de loi est aux antipodes de l'attitude de
l'ancienne Opposition officielle à l'égard de la loi 22. Nous
voulons améliorer... Le député de Verchères a une
question?
M. Charbonneau: On verra cela après. L'histoire
jugera.
M. Lalonde: Tout ce que je peux faire ici, M. le
Président, c'est vous dire nos intentions. Elles sont correctes. Elles
sont dignes. Je ne veux pas non plus couper l'herbe sous nos propres pieds en
nous engageant formellement à ne pas faire de débats vigoureux,
furieux même s'il le faut, dans des situations qui le justifieraient,
mais il reste qu'une déclaration de l'Opposition officielle suivant
laquelle nous voulons avoir une attitude d'étude, d'examen positif de
chacun des articles contenus dans le projet de loi 101 est un
élément important, je pense, dans l'examen par cette commission
d'une motion comme celle que je viens de faire.
Si je déclarais au départ que nous avons l'intention de
nous servir de nos 26 députés pour faire de l'opposition
systématique à compter de maintenant, je comprendrais
l'hésitation des députés ministériels à
voter pour une telle motion. C'est la raison pour laquelle je mentionne ce
fait. C'est pourquoi, M. le Président, je demande à tous les
députés, pour aider à la bonne marche des travaux, pour
ouvrir justement le débat à tous les membres de cette
Assemblée, comme ce serait le cas si nous étions en commission
plénière, je demande aux députés
ministériels de voter pour cette motion.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Mme le député de de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais appuyer la
motion de mon collègue le député
de Marguerite-Bourgeoys pour que le droit de parole soit accordé
à tous les députés.
Je pense que tel a été le cas durant les auditions
parlementaires sur le projet de loi no 1, et qu'il n'y a pas eu d'abus de la
part des 26 députés de l'Opposition officielle, à ce
moment-là.
Cela me semble doublement important, parce qu'un nouveau projet de loi a
été déposé, le projet 101, dans lequel plusieurs
modifications ont été apportées, certaines pour le mieux,
d'autres, à notre point de vue du moins, sans parler du pire, ne sont
pas, de toute façon, une amélioration. Dans ies circonstances,
compte tenu du fait qu'il n'est pas question qu'il y ait d'autres auditions
parlementaires pour entendre les remarques sur le projet de loi 101, il me
semblerait tout à fait opportun, compte tenu de l'esprit de
responsabilité dont le député de Marguerite-Bourgeoys a
fait part tout à l'heure, que le plus de députés possible,
qu'ils soient de l'Opposition officielle, d'un autre parti ou du parti
ministériel, puissent faire valoir des points de vue et que tous
ensemble on puisse travailler à l'amélioration de ce projet de
loi.
Dès le départ, avant même les auditions
parlementaires, j'ai indiqué que la position de l'Opposition officielle
serait qu'ensemble on puisse en arriver à adopter un projet de loi qui
reçoive le consensus le plus grand dans la population. Je pense qu'une
façon d'en arriver à cet objectif, compte tenu du nouveau projet
de loi qui a été déposé et compte tenu q ue
l'étude d'un projet de loi, article par article, est vraiment le moment
le plus crucial, le moment où on peut tenter de cerner toute la
portée de chacun des articles, toutes les répercussions que
chacun des articles peut avoir, je pense, dis-je, que permettre à chacun
des membres de l'Assemblée nationale, devant un projet de loi aussi
important, de participer aux débats, est une chose tout à fait
normale. Alors, c'est dans ce sens-là, M. le Président, que je
voudrais appuyer la motion de mon collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Richmond, sur la motion.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais intervenir
au nom de l'Union Nationale, mais de façon très brève pour
qu'on puisse aborder le fond de la question le plus rapidement possible, pour
vous indiquer qu'en ce qui nous concerne, on va appuyer cette motion, comme on
l'a fait, d'ailleurs, pour la môme motion présentée au
début de la commission parlementaire destinée à entendre
les mémoires sur le projet de loi linguistique.
Une première raison, très rapidement, c'est pour souligner
simplement qu'à cause de l'importance même de la loi, de sa
nature, elle touche évidemment tous les gens de la province de
Québec, et de façon très particulière, nous
aimerions que nos députés soient entendus de ce
côté. D'un autre côté également, parce que
cette même motion a été adoptée justement pour
l'étude du projet de loi no 1, pour l'audition des mémoires. Cela
avait été le cas également pour le projet de loi no
22.
En ce qui nous concerne, M. le Président, on appuie cette motion,
non pas pour allonger indûment les travaux de la commission
parlementaire, mais pour s'en servir de façon normale. Je tiens à
souligner que nos actions passées en ce domaine sont garantes dé
l'attitude qu'on va adopter à la commission parlementaire, même si
on pouvait avoir cette motion devant nous, c'est-à-dire la
possibilité pour chacun des députés d'être entendu.
On n'utilisera pas ce droit de façon indue pour simplement allonger et
retarder les travaux de la commission parlementaire. Nous allons surtout faire
porter notre action sur le fond du débat, sur les nombreux amendements
que nous avons à apporter et qui sont maintenant connus de façon
publique à l'intérieur de l'important document, le livre bleu que
l'Union Nationale a déposé sur le projet de charte linguistique
au Québec, en disant que ce projet mérite des amendements. Pour
amender un projet de loi, je pense qu'il faut discuter du fond, et le faire de
la façon la plus large possible, mais dans une attitude positive.
Nos actions dans ce sens sont donc garantes de l'attitude que nous
allons adopter à l'intérieur de cette motion, c'est-à-dire
que nos députés participeront de façon positive à
ce débat.
Je conçois que, dans le passé, lorsque le projet de loi 22
a été sur la table, peut-être que le Parti
québécois a util;sé tous les moyens que lui permettait le
règlement pour retarder le projet de loi. Je pense que l'Opposition
officielle a adopté un peu la même attitude aujourd'hui. Il ne
s'agit pas de savoir dans tout cela qui a commencé à se servir du
règlement et à le tordre de tous les côtés pour
essayer d'en arriver à ses fins, non pas sur le fond, comme je le disais
tantôt, mais sur la forme, mais il s'agit de savoir qui va
arrêter.
A ce stade-ci, je suggérerais qu'on adopte une attitude plus
positive dans l'ensemble. Ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys essayait de nous dire tout à l'heure, c'est que
dans l'Opposition, les libéraux sont des péquistes
améliorés. C'est à peu près cela que j'ai retenu
des propos du député de Marguerite-Bourgeoys, dans sa motion.
M. Lalonde: Ecoutez, écoutez mieux, vous êtes
arrivé en retard d'ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brochu: Mais je terminerai simplement en disant que nous
allons appuyer cette motion, que nous allons utiliser ce temps de parole
accordé à tous nos députés s'il l'est
non pas pour étirer les travaux parlementaires... Je pense que cela
n'aura pas non plus pour effet, en soit, de provoquer la clôture des
travaux parlementaires, parce que le projet de loi, en lui-même...
Même si on n'avait pas cette motion permettant à tous les
députés d'intervenir, à cause de l'ampleur du projet de
loi et des longueurs des discussions de fond qui peuvent avoir lieu sur chacun
des articles, il serait même prévisible qu'on puisse, un jour
ou
l'autre, vouloir apporter la clôture au projet de loi. Alors, ce
n'est pas simplement cette motion, qui devrait être adoptée, qui
devrait provoquer la clôture de cette commission parlementaire. En ce qui
nous concerne, nous appuierons cette motion, mais en indiquant clairement que
nous n'avons pas l'intention de nous servir de ce droit de parole de
façon indue, mais pour faire progresser de façon positive les
travaux de la commission parlementaire, en faisant la promotion de nos
amendements et en tentant d'apporter les amendements que mérite la
charte linguistique du Québec.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, j'avais
déjà reconnu le député de Saint-Jacques. Si vous
permettez, je suis l'usage et je vous reconnaîtrai, M. le
député de Jacques-Cartier, ensuite.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, cette motion du
député de Marguerite-Bourgeoys nous donne l'occasion de commencer
les travaux de cette commission avec son nouveau mandat d'une façon
très claire, je pense, et aussi bien profiter, comme il l'a fait
également, de cette occasion pour donner notre état d'esprit
à l'ouverture de ces travaux, comme vient d'ailleurs de le faire le
député de Richmond.
Je fais plus que prendre bonne note, M. le Président, parce que,
connaissant le gentilhomme qu'est le député de
Marguerite-Bourgeoys, je suis convaincu qu'il s'agit en même temps d'un
engagement, d'intentions dignes, comme il les a lui-même
qualifiées, dont il vient de nous faire part. Je ne puis que souhaiter
très vivement que le même engagement pris par le
député de Richmond, au nom de son parti, ne tombe pas comme
feuille au vent aussitôt que, dans un projet aussi litigieux, nous allons
aborder des problèmes qui, depuis longtemps, concernent notre
collectivité.
Je crois c'est la disposition du gouvernement au jeu
auquel nous nous prêtons actuellement, en employant dans le mot "jeu", M.
le Président, tout le sens et tout le respect que nous devons avoir pour
cette institution, c'est-à-dire que nous savons tous qu'il y a un
gouvernement pour gouverner, mais nous savons tous également que la
santé démocratique repose sur la vigilance et sur les droits de
l'Opposition et que c'est dans ce partage des responsabilités, telles
que les Québécois les ont voulues et telles que nos institutions
sont façonnées, que nous allons travailler au cours des prochains
jours.
Cette commission, M. le Président, même avec
l'hypothèse qu'elle ne sera pas la victime d'une obstruction
systématique, comme vient d'en prendre l'engagement, au nom de son
parti, le député de Marguerite-Bourgeoys, même dans cette
hypothèse d'une étude calme, positive et complète, a
devant elle un mandat exhaustif. La loi est importante, elle compte 219
articles, si ma mémoire est fidèle, et elle touche
différents aspects de la vie collective des Québécois. En
ce sens, cette commission parlementaire sera appelée, en vertu de
l'article 150 de notre règlement, qui lui donne cette souplesse,
à siéger de façon plus assidue, je dirais, que nos
collègues qui maintiendront le roulement de l'Assemblée nationale
pendant cette période, ceci non pas dans une volonté de bousculer
qui que ce soit et non pas parce que nous travaillons avec la crainte d'une
obstruction systématique qui vient d'être démolie par
ceux-là de qui on aurait pu s'y attendre, mais bien parce que le seul
mandat confié depuis hier soir à cette commission l'oblige, si
elle veut faire un bon travail, à se donner, en cette période de
l'année, un calendrier un peu plus assidu, comme je viens de le dire.
Ceci fait, par exemple, que cette commission sera appelée à
travailler ce soir; ceci l'amènera également à prendre
d'autres engagements, si tel est le besoin.
Quant à la motion même, M. le Président, si vous me
permettez, j'ai quelques remarques sur cette motion. Le parti
ministériel s'opposera à la motion présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys, avec les explications
suivantes:
Premièrement, l'invocation du précédent à
savoir que, lors de l'audition des mémoires, le droit de parole avait
été accordé, à cette commission, contrairement
à ce que stipule l'article 148-1, à tous les membres de
l'Assemblée nationale; c'est un précédent qui ne peut
être invoqué à ce moment-ci, parce que le mandat n'est
absolument plus le même. En rendant tout à l'heure, M. le
Président, votre décision qu'a reçue de bonne grâce
le député de Marguerite-Bourgeoys, vous l'avez vous-même
signalé, et je pense que nous faisons l'unanimité de la
commission sur le bon sens qui a présidé à cette
décision.
Quand une commission reçoit le mandat d'entendre des
mémoires, il est presque, je dirais, impoli, à l'égard des
membres de l'Assemblée, mais il y a toujours des circonstances qui
peuvent l'imposer, de réduire aux seuls membres de la commission
l'audition des mémoires.
Pourquoi? Parce que les gens qui viennent à la table de la
commission peuvent venir de toutes les régions du Québec, de tous
les milieux du Québec, de toutes les classes sociales du Québec
et c'est véritablement l'intention que nous avons lorsque nous
prêtons, avant même l'adoption en deuxième lecture, à
une commission le mandat d'entendre des témoins du Québec.
Je pense qu'il serait absolument irrégulier si, par exemple, la
commission scolaire de Gaspé, pour donner un exemple, se
déplaçait et que les règlements de notre commission
interdisaient au député de cette ville de s'adresser à ses
concitoyens qui sont venus. Ce serait absolument irrégulier si, par
exemple, un des représentants de l'Assemblée, qui viendrait du
milieu syndical qu'il connaît bien, ou du milieu professionnel
quelconque, au moment où un de ses collègues d'une corporation ou
d'un syndicat se présente, on lui refusait, parce qu'il n'est pas membre
régulier de la commission, de poser des questions qui, par ailleurs,
seraient vraisemblablement plus pertinentes que celles de quiconque,
étant donné qu'il connaît
le sujet. Donc, lorsqu'il s'agit d'audition de mémoires, la
souplesse et je répète le mot que j'ai choisi la
politesse incite, et on l'a fait délibérément et sans
débat, je me souviens, lors du précédent mandat de cette
commission, cela va dans la normalité des choses que d'ouvrir les
débats à tous les membres de la commission. Mais notre
règlement a stipulé que, lorsque le mandat d'une commission vient
à l'étude article par article d'un projet de loi, ce n'est plus
la même chose puisque le jeu, encore une fois, auquel je faisais
référence tantôt, et les obligations géographiques
ou circonstancielles étant disparues, nous devons nous en tenir à
une étude que la répartition des sièges à
l'Assemblée nationale, soit donc la décision des
Québécois lors de la récente élection
générale, impose.
Si, au moment d'une étude d'un projet de loi fondamental, nous
débalançons l'équilibre de notre institution
démocratique, nous manquons même de respect à
l'égard des citoyens qui ont eux-mêmes tracé cet
équilibre. C'est pourquoi cette commission est établie à
la proportion de l'Assemblée nationale. Autrement dit, les gens qui ont
voté pour chacun des partis politiques reçoivent ici la
même représentation. C'est voulu comme tel, et nous allons nous en
tenir à ce point parce qu'il s'agit d'un élément
fondamental de l'institution dans laquelle nous travaillons.
D'ailleurs, M. le Président, l'allégation selon laquelle
ceci est une loi qui affecte tout le monde, on en tiendra compte
également, et notre règlement lui-même en tient compte.
Premièrement, parce que notre règlement n'interdit pas à
des gens à se joindre à nos travaux, il ne fait que
répéter qu'ils doivent obtenir la permission de la commission
pour s'y faire entendre. Et je pense que la gentilhommerie avec laquelle on
s'est engagé à travailler nous permettra, à l'occasion,
sur des points précis, d'ouvrir cette souplesse. L'exemple donné
à l'égard du premier ministre était mal choisi. Le
député en conviendra puisqu'il existe, et elle existait
même au moment de la loi 22, une tradition fondamentale et à
laquelle, je pense, personne ne veut déroger, selon laquelle le chef de
l'Etat est d'office membre de toutes les commissions et qu'il peut, comme nous
le respections à l'égard de l'ancien chef de l'Etat, à
tout moment intervenir dans un débat, membre en règle ou non de
la commission, c'est-à-dire à son tour solliciter de la
commission la permission de s'y faire entendre. Il n'a jamais été
de coutume, ce serait manquer de respect à l'égard du poste que
l'homme occupe, de lui interdire cette même permission. Nous n'entendons
évidemment pas enchérir sur ce genre de
procédé.
L'équilibre des forces à l'Assemblée nationale,
soit la décision des Québécois d'il y a quelques mois, est
ici très proportionnellement représenté. C'est avec ce
même équilibre et sur cette même base que nous allons
étudier une des lois fondamentales du Québec. Je pense d'ailleurs
que les chefs des partis tiennent compte également de cette
responsabilité lorsqu'ils choisissent les membres de la commission. Je
regarde les quatre amis délégués par le chef de
l'Opposition offi- cielle. Je pense que nous avons là quatre bonnes
tendances du Parti libéral qui sont représentées. Je ne
sais pas si elles couvrent la majorité des tendances à
l'intérieur de ce parti, mais je crois que la présence de quatre
hommes identifiés, quatre membres pardon madame quatre
membres de l'Assemblée, aussi diversifiés dans leurs opinions, va
nous permettre d'avoir une bonne vue d'ensemble à savoir quelles sont
ses intentions.
De même, les collègues de l'Union Nationale ont un nouveau
représentant en la personne de son leader parlementaire adjoint. Ainsi,
je crois que par sa présence, la politique déjà
annoncée de l'Union Nationale sera fidèlement et totalement
déposée sur la table à l'attention des membres de la
commission, lorsque vous appellerez les articles l'un à la suite de
l'autre. Je n'ignore pas non plus la bienveillance, comme son vote l'a
manifestée hier soir, que signale tout le temps la présence du
député de Beauce-Sud autour d'une table de commission.
Ceci dit, M. le Président, l'équilibre de
l'Assemblée nationale étant ici réétablie, elle
peut donc procéder dans le respect de la décision des
Québécois. Je pense qu'il est inutile les occasions nous
viendront en vertu de l'article 148, premièrement, et j'ai
déjà signalé une intention de souplesse à cet
égard de notre part... Dans le même sens, donc, je souscris
à l'engagement du député de Marguerite-Bourgeoys de
procéder à une étude régulère
furieuse a été son mot je l'amoindrirais pour dire totale
et complète du projet de loi 101. Vous avez maintenant le mandat, M. le
Président, de le soumettre à notre attention.
Le Président: Alors, dans l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier; ensuite, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Noél Saint-Germain
M. Saint-Germain: M. le Président, je suis
extrêmement surpris de constater le refus du gouvernement d'accorder
à tous les députés de cette Chambre, de l'Assemblée
nationale, le droit de parole à cette commission. Car, depuis onze ans
que je suis ici, chaque fois qu'on en a discuté à une commission
élue, on a toujours accordé, sur demande, le droit de parole
à tous les députés dûment élus à
l'Assemblée nationale. La raison invoquée par le
député de Saint-Jacques pour limiter ce droit de parole
exclusivement aux membres de la commission pourrait servir à prouver que
ces mêmes membres devraient avoir le droit de parole ici même. On
pourrait le prouver, M. le Président, en disant que cette loi est d'une
importance fondamentale et qu'elle aura des répercussions sur la vie de
tous les citoyens de la province, qu'ils soient de langue française ou
de langue anglaise. On ne souffrira pas tous de la peste, M. le
Président, mais, à long terme, nous en subirons tous des
conséquences.
C'est une loi qui, au point de vue de la langue, va modifier le
comportement de chaque citoyen et ceci, M. le Président, dans toutes ses
activités.
Au niveau scolaire, on sait pertinemment l'importance qu'aura cette loi,
les réactions négatives
qu'elle soulève actuellement et les réactions
négatives qu'elle continuera de soulever à l'avenir. On sait
pertinemment que, dans le domaine de l'industrie, dans le domaine des
entreprises, la loi modifiera le comportement des individus qui auront à
travailler, qui doivent ou qui travaillent au niveau de ces personnes morales,
au niveau de l'administration publique. Ceci comprend le gouvernement, les
commissions scolaires, les municipalités. Il y a des articles qui sont,
pour ces corps publics, extrêmement importants. Au point de vue annonce,
il n'y a pas un citoyen de la province de Québec qui ne sera pas
affecté de loin ou de près par cette loi, surtout si l'on pense
à l'enseignement de la langue seconde, par exemple, aussi bien dans les
écoles françaises qu'anglaises.
Alors, il serait extrêmement important, vu que les comtés
de la province de Québec sont tellement diversifiés, que chaque
député ait le droit de parole et puisse donner à cette
commission son point de vue, si bon lui semble, et s'il semble dans
l'intérêt public de venir dire à cette commission les
conséquences que subiront les citoyens de son comté par
l'inclusion dans la loi de tel ou tel article.
Inutile de dire que la province est extrêmement différente
à cause, premièrement, de son ampleur géographique et,
deuxièmement, encore, à cause de la population
hétérogène qui la compose.
Alors, dire qu'il est important, lorsqu'on vient nous présenter
des mémoires, que chaque député ait le droit de parole, le
député de Saint-Jacques a donné un exemple bien
spécifique en parlant d'une commission scolaire ou d'une
municipalité du comté de Gaspé nous présentant un
mémoire, il serait important alors que le député de
Gaspé soit ici pour aider ses concitoyens à bien transmettre
à la commission leur point de vue. Mais pourquoi serait-il d'une
importance secondaire lorsqu'un article donné, ou que la loi en
général, aura des répercussions importantes au niveau du
comté de Gaspé, pourquoi ce même député
n'aurait-il pas le droit de venir dire à cette commission, d'expliquer
à cette commission, soit les côtés positifs ou
négatifs de la loi?
Si c'est important pour les corps intermédiaires qui viennent
nous présenter des mémoires, il devient d'une importance
fondamentale que le député élu dans ce comté ait le
droit de venir dire à cette commission ce qu'il pense de tel ou tel
article de la loi. Car ce député est dûment élu et
est officiellement, d'après nos institutions, le représentant de
cette population au niveau de cette commission. Il devrait l'être et on
devrait lui accorder l'importance et ne pas essayer de le limiter dans ses
prérogatives. Il me semble que c'est fondamental.
D'ailleurs, antérieurement, si on retourne quelques années
en arrière, ces commissions n'existaient pas et c'est à
l'Assemblée nationale qu'on étudiait ces législations
article par article. Si on a voulu transmettre cette obligation et ces charges
à une commission, c'est en vue de l'accélération des
travaux, non pas en vue de limiter le droit de parole des députés
élus, ce qui est abso- lument fondamental, comme je vous le disais si
bien.
Je suis extrêmement surpris de la réaction du gouvernement.
Le gouvernement s'arroge le droit de dire qui va parler ou qui ne parlera pas,
qui sera écouté ou qui ne sera pas écouté. Nos
règlements à l'Assemblée nationale, comme aux commissions,
sont faits pour protéger le droit de parole des membres des commissions.
Or, dans nos institutions, dans l'esprit même de nos institutions, c'est
un droit absolument fondamental. Vouloir accélérer les travaux
parlementaires en limitant, au tout début, le droit de parole des
membres de l'Assemblée nationale, c'est un principe faux. Cela n'a
jamais réussi et cela ne réussira pas non plus actuellement,
parce qu'on obligera les députés à défendre, non
pas exclusivement les droits des citoyens qui sont en jeu dans la loi, mais
tout au long des travaux, on obligera les députés à
défendre leur droit de parole et le droit de parole de leurs
collègues. A ce point de vue, cela n'accélérera pas les
travaux, croyez-moi.
Il y a dans nos règlements tout ce qu'il faut pour que le
gouvernement puisse prendre ses responsabilités; si, devant une
opposition donnée, il ne peut pas légiférer ou est
empêché d'étudier les lois qu'il croit d'une importance
fondamentale, si les études ne peuvent pas être conclues à
cause d'une opposition systématique des membres de l'Assemblée
nationale qui sont élus pour faire opposition à ce
règlement, il y a tout ce qu'il faut dans le règlement.
Alors, le gouvernement devrait être conséquent avec
lui-même. S'il juge que l'Opposition abuse des règlements, s'il
juge que l'Opposition prend avantage des règlements pour paralyser
l'action du gouvernement, qu'il se serve donc des règlements. Ce sont
nos traditions. Qu'il applique donc les règlements qui veulent la
clôture et nous prendrons tous nos responsabilités devant la
population.
Le gouvernement aura à expliquer à cette population que
l'Opposition est irrationnelle et l'Opposition devra se défendre devant
la population d'une telle accusation mais au moins, on jouera franc jeu.
On ne jouera pas au chat et à la souris. La population saura
à quoi s'en tenir et la population jugera, parce que nous n'en parlons
pas au niveau de cette assemblée ou de cette commission, M. le
Président, pour le bien du gouvernement comme tel. Nous nous adressons,
à travers l'Assemblée nationale, comme à travers la
commission, à la population. C'est le citoyen qui, par son vote, jugera
du comportement des divers partis politiques qu'il a bien voulu élire
à l'Assemblée nationale.
Il n'appartient absolument pas au gouvernement d'empêcher qui que
ce soit de parler. Il n'appartient pas au gouvernement de juger de la
façon dont l'Opposition fait son travail. C'est la population qui doit
faire cela. Obliger un député à demander le consentement
unanime de la commission pour avoir le droit de parole sur une loi aussi
importante que le projet de loi 101, c'est de la foutaise. Je n'ai jamais
demandé au gouvernement mon droit de parole et je le demanderai
jamais. Je le prendrai lorsqu'il me sera offert et je le
défendrai lorsqu'on voudra me l'enlever. C'est aussi clair que cela.
Ce gouvernement, M. le Président, est arrogant. Tout à
l'heure, il a commencé à nous accuser de faire de l'opposition
systématique à cette loi au niveau de cette commission. Il a
déjà pris, lui, dans sa sagesse et sous son autorité, des
dispositions pour dire à l'Opposition comment on procédera
à cette commission même s'il faut enlever le droit de parole
à la très grande majorité des députés de
l'Assemblée nationale.
Qui est le gouvernement pour dire que les députés à
cette Assemblée sont représentatifs du gouvernement et de
l'Assemblée nationale et du Parlement? Nous sommes 110 pour
représenter une population aussi diversifiée dans une province
qui est grande comme un pays. Ce n'est déjà pas suffisant.
Voilà, M. le Président, qu'on veut limiter aux membres de la
commission...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant s'il vous plaît! M. le député de
Jacques-Cartier, je m'excuse de vous interrompre.
M. Saint-Germain: Nous sommes une poignée ici.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Je voudrais
rappeler qu'en commission parlementaire il n'y a pas de démonstration
sympathique ou antipathique de quelque nature que ce soit. A l'ordre, M. le
député de Joliette-Montcalm! M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, lorsque je compare
cette province à la grandeur géographique de cette province, cela
peut plaire à certains députés qui ne sont pas encore
à maturité. Ils l'apprendront vite avec le temps. Ils
vieilliront. Si on veut interpréter cette déclaration en vue
d'une future séparation de la province, on fait fausse route. Que ce
soit bien clair. J'espère que vous le savez, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Retournez à la motion.
Nous n'en sommes pas sur une question de privilège. Il n'y en a pas en
commission parlementaire.
M. Charbonneau: ...
M. Saint-Germain: Vous me connaissez assez pour savoir cela. Je
disais, M. le Président, qu'obliger les membres de l'Assemblée
nationale à venir s'agenouiller devant cette commission pour avoir leur
droit de parole, c'est antiparlementaire, c'est contre l'esprit même de
nos institutions.
Le gouvernement ne comprend pas l'esprit qui domine le pourquoi de nos
institutions. Il ne comprend pas que ces institutions et que ces traditions
dans nos institutions n'ont pas été établies par de
soi-disant penseurs, par de soi-disant philosophes, mais par le temps, d'une
façon absolument empirique. Ce sont les siècles qui ont
établi nos règlements. Ils ont été établis
lorsqu'on a trouvé qu'en établissant nos règlements ou
qu'en le modifiant cela pouvait permettre plus de démocratie, que cela
pouvait permettre au peuple, par l'entremise de ces membres élus, de
s'exprimer. C'est ce qui est fondamental. C'est ce que le gouvernement actuel
ne comprend pas. C'est la raison pour laquelle nos travaux deviennent
réellement fastidieux parce qu'en plus d'étudier les lois, M. le
Président, nous sommes constamment obligés de défendre les
institutions, constamment obligés de défendre notre droit de
parole.
Ceci est une façon de procéder qui
n'accélérera pas, croyez-moi, nos travaux en aucune
façon.
Si le gouvernement veut en venir à établir le
bâillon, c'est sa responsabilité. Je n'ai aucune objection de
principe, qu'il le fasse. C'est sa responsabilité. Il la prendra devant
la population, mais qu'il nous empêche de parler, c'est inadmissible. Si
le gouvernement veut réellement établir le bail-Ion,
établir les règlements pour mettre fin à nos discussions,
il ne s'y prendra pas autrement, M. le Président. C'est la meilleure
façon d'en arriver là. On ne manque jamais son coup, lorsqu'on
veut empêcher les députés de parler, on en arrive toujours
à un cul-de-sac. Cela n'accélère jamais nos travaux. Cela
n'éclaire jamais la population et cela fait, ce qui va probablement
arriver au bill 22...
Que le gouvernement ait donc le sens des responsabilités, qu'il
prenne donc ses responsabilités vis-à-vis des citoyens, qu'il
permette donc à l'Opposition de parler et de faire son travail en toute
quiétude. S'il juge qu'il est dans l'intérêt public de
bâillonner l'Opposition, qu'il le fasse selon nos règlements,
qu'il ne prenne pas de tour hypocrite, comme ce matin. Qu'il ne se serve pas de
nos règlements pour empêcher des députés, des
collègues, qui ont quelque chose à dire relativement à
certains articles... Pourquoi obliger ces gars-là à venir
s'agenouiller devant la commission pour parler? C'est absolument ridicule.
C'est de l'enfantillage. C'est de prendre les députés pour des
gens absolument irresponsables, parce que ce faisant... Agir comme on agit ce
matin, cela nous oblige, M. le Président, comme je vous le disais,
à défendre notre droit de parole et, croyez-moi, on le fera,
soyez assuré de cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Il y a une chose qu'on
peut dire: S'il y a des proverbes qui ont cours depuis des années,
lorsqu'on arrive à l'Assemblée nationale, les mêmes
proverbes n'ont aucune signification. Il y en a un qui dit, entre autres, que
les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ici, à l'Assemblée
nationale, si on peut dire, les jours se suivent et se ressemblent. Je constate
encore ce matin que les hommes, même les femmes, peuvent changer de
côté de table, mais les attitudes, les intentions ne changent
jamais de côté. Quand j'entends les représentants du Parti
libéral, ce matin, réclamer à grands cris et être
un
peu scandalisés de l'attitude du gouvernement, réclamer ce
qu'ils refusaient, eux, lorsqu'ils étaient de l'autre côté
de la table et quand je vois le gouvernement refuser aujourd'hui ce qu'il
réclamait hier, lorsqu'il était de l'autre côté de
la table, de ce côté-ci de la table, on peut se dire, M. le
Président, que notre démocratie est un peu malade.
M. le Président, je reporterai...
M. Bertrand: Conclusion: II faut toujours rester du même
côté de la table.
M. Roy: C'est peut-être la solution la plus facile, mais il
n'y a pas un membre de l'Assemblée nationale qui peut le décider
lui-même. Ce n'est pas nous qui décidons cela. C'est la population
qui le décide. Je me réfère au journal des Débats
du mardi 16 juillet 1974, à la page 5567, alors que M. Burns, leader de
l'Opposition officielle, intervenait à la première séance
pour commencer l'étude, article par article, du très
célèbre et trop fameux projet de loi no 22, Loi sur la langue
officielle. Et voici ce qu'on dit: "M. Charron, député de
Saint-Jacques, propose que la règle habituelle en usage au cours des
commissions parlementaires, à savoir que les membres de
l'Assemblée nationale, même s'ils ne sont pas membres d'une
commission, puissent intervenir, soit respectée et ce, au cours de tout
le débat sur le projet de loi 22. M. Roy, député de
Beauce-Sud, appuie la proposition du député de Saint-Jacques
à condition, toutefois, que la motion s'applique à toutes les
séances et, à tout le débat de la loi 22, ce qui avait
été accepté comme tel."
C'est exactement la situation qui a existé lors de la
première séance où on a commencé à
étudier la loi 22, article par article. C'est pour cela que je dis: Plus
cela change, plus c'est pareil. Les jours se suivent et se ressemblent, M. le
Président.
Je pense qu'il y a une attitude à adopter dans un débat
comme celui-là, une attitude fondamentale.
Je pense qu'un député, de quelque comté que ce
soit, de quelque formation politique que ce soit, a reçu un mandat de
ses électeurs pour les représenter, et j'ai toujours
défendu ce principe qui m'est apparu comme un principe fondamental, un
principe sacré, de pouvoir se faire entendre à l'Assemblée
nationale et dans les commissions parlementaires pour être en mesure de
représenter ses électeurs.
Ce n'est pas parce que certaines personnes sont de l'autre
côté de la table, M. le Président, que je vais changer
d'attitude. J'ai appuyé la motion, dans le temps pour permettre à
tous les députés du Parti québécois, même
s'ils n'étaient que six, de pouvoir intervenir lors de l'étude de
la loi 22, article par article, de pouvoir proposer des amendements, des
sous-amendements, d'être en mesure de représenter leurs
électeurs. Ceci me paraissait un droit strict, un droit fondamental et
c'est encore aujourd'hui un droit strict, un droit fondamental. C'est pourquoi
je m'étonne un peu de l'attitude du gouvernement, même si
l'Opposition qui était limitée à huit
députés dans le temps, est quand même aujourd'hui de
près de 40 députés. M. le Président, s'il y en a
et je ne pose pas de jugement, à ce moment-ci qui ont
l'intention de retarder les travaux par tous les moyens possibles, c'est leur
privilège, c'est même leur droit. Si le gouvernement veut faire
accepter son projet de loi le plus rapidement possible pour qu'il entre en
vigueur, c'est encore son droit et c'est encore son privilège. Mais il y
a d'autres dispositions dans notre règlement qui permettent au
gouvernement d'agir et d'intervenir, sans qu'il soit nécessaire pour
cela d'empêcher tel ou tel député de tel comté de
venir se faire entendre devant une commission parlementaire.
Il y a d'abord la question préalable, à l'article 82, qui
peut être invoquée à chaque article du projet de loi. On me
dira peut-être que c'est une procédure un peu spéciale, un
peu arbitraire, mais cette disposition existe quand même à
l'article 82. Elle a été établie justement pour permettre
au gouvernement qui veut faire avancer des travaux, qui a quand même la
responsabilité de gouverner, de faire avancer ces travaux et de faire en
sorte qu'un vote puisse se prendre dans l'immédiat sur telle motion
actuellement débattue.
Il y a aussi d'autres dispositions dans notre règlement. Ce sont
les dispositions de l'article 84, les motions de suspension de l'application
d'une règle de procédure. Elles pourraient et elles ont dû
être utilisées, dans le passé, par l'ancien gouvernement,
le gouvernement libéral, pour suspendre les règles de
procédure de façon à limiter le débat pendant un
certain nombre d'heures, à le limiter sur des points particuliers.
Ce sont des dispositions, des privilèges que le gouvernement peut
utiliser. Le gouvernement peut aussi utiliser une autre disposition qui a
déjà été utilisée aussi, obliger la
commission à faire rapport dans un délai déterminé.
Le gouvernement peut même obliger la commission à limiter les
discussions sur un article de chaque projet de loi à un certain nombre
de minutes. Il peut même, en vertu d'une motion, de suspension des
règles, être obligé de forcer la commission parlementaire
à agir et de faire en sorte qu'à telle date, la commission
parlementaire fasse rapport.
Tout cela, évidemment, comporte des risques, tout cela comporte
également de la part de l'opinion publique, de la part des media
d'information qui couvrent nos délibérations et qui ont la
responsabilité d'en informer le public, des implications politiques;
cela comporte évidemment au niveau de la population des
questions que la population peut se poser, et la population peut se faire une
opinion et porter des jugements sévères ou moins
sévères ou donner son approbation ou refuser son approbation
à telle ou telle formation politique.
Cela fait partie des responsabilités et je pense que nous devons
les prendre. M. le Président, je le dis à l'intention du
gouvernement. Peut-être que c'est vrai que je n'ai pas changé de
côté à cette table, mais il reste que, depuis sept ou huit
ans que je suis à cette Assemblée, j'ai essayé, lorsqu'on
a des travaux en commission parlementaire ou lorsque des projets de loi sont
examinés, de
maintenir une attitude continue et une ligne de conduite pour être
au moins fidèle avec moi-même.
Ce matin, ce n'est pas parce que certaines personnes ont changé
de côté à cette table, à cette commission
parlementaire, que je vais changer d'attitude. J'ai défendu un principe
qui était fondamental pour les députés du Parti
québécois alors qu'ils formaient l'Opposition officielle, celui
d'être capables de représenter leurs électeurs et
d'intervenir sur chacun des articles du projet de loi, si tel était leur
désir; ce matin, je vais maintenir exactement la même attitude et
je vais appuyer la motion qui a été présentée par
le Parti libéral, même si les libéraux l'ont refusée
catégoriquement, lorsqu'ils étaient de l'autre côté
de la table.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Roy: Je ne veux pas leur donner l'absolution de ce
côté, ni d'un côté ni de l'autre, mais je pense qu'il
faut partir du principe qu'il est absolument indispensable qu'on permette aux
députés représentant des circonscriptions
électorales, sur un projet de loi qui touche un projet de loi
fondamental, un projet de loi que le ministre lui-même qualifie
d'historique tout le monde conviendra que c'est un projet de loi qui va
marquer l'histoire du Québec que, sur un projet de loi aussi
fondamental, s'il y a des députés qui ont des amendements
particuliers à proposer, ils pourraient le faire par l'entremise de leur
formation politique, mais il y a sûrement des points de vue qui
pourraient, qui devraient être exprimés devant la commission
parlementaire. C'est pourquoi, M. le Président, sans aller plus loin,
sans alourdir davantage le débat, je vais appuyer cette motion.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais mettre en
évidence certains points qui ont été soulevés par
l'Opposition et répondre aussi à certaines allégations. Je
trouve qu'on se situe devant une situation de fait, présentement.
Tout au cours de la commission parlementaire, lors de l'audition des
mémoires sur le projet de loi no 1, les députés de
l'Opposition et du côté ministériel avaient le loisir de
venir donner leur point de vue.
A ma grande surprise, certains sont venus uniquement lorsque des gens du
milieu venaient ou encore se sont présentés à la
commission parlementaire au moment des motions dilatoires pour venir allonger
les discussions, venir parler sur toutes sortes d'à-côtés,
mais pas sur le fond.
Lorsque le projet de loi 101 a été présenté,
je me suis aussi rendu compte, parce que j'ai subi j'appelle cela subir
tout près de 26 exposés, beaucoup plus des exposés
critiques, sans aucune suggestion, et le ministre d'Etat au
développement culturel, hier soir, a nettement et clairement
souligné, au niveau de l'Assemblée natio- nale, que certains
s'étaient prévalus de leurs droits de discuter sur le fond du
projet de loi 101 et de faire des suggestions et il s'est même
engagé, hier soir, au niveau du discours, en termes de réplique,
à apporter certains amendements au niveau de la troisième lecture
du projet de loi.
Qu'on ne vienne donc pas dire aujourd'hui que les députés
de l'Opposition ont été bâillonnés; au contraire,
ils ont eu l'occasion, à cause d'une motion dilatoire, d'exprimer leur
point de vue. Ils auraient fort bien pu faire toutes les suggestions et je
crois que les plus assidus à cette commission se retrouvent ici encore
aujourd'hui et qu'ils peuvent tenir compte des suggestions qui ont
été présentées soit par le député de
Beauce-Sud, soit par l'Union Nationale ou soit les quelques propositions, je
dirais peut-être une ou deux suggestions, qui sont venues de la part des
26 de l'Opposition officielle qui se sont exprimés. Très peu de
suggestions sont venues de leur part.
A partir de là, c'est loin de bâillonner l'Opposition,
c'est de permettre à ceux qui, je pense, ont suivi les débats
depuis le début, c'est-à-dire les quatre attitrés par
l'Assemblée nationale qui ont assisté à l'audition des
mémoires, qui ont assisté aux débats en Chambre, de
ramasser tout cela, de faire une synthèse et de donner leur opinion lors
de l'étude article par article.
Je pense qu'en plus de cela, il y a un autre avantage qui n'a pas
été soulevé ici, c'est qu'il est d'une facilité
déconcertante de se faire remplacer à cette commission
parlementaire. Au niveau de l'Assemblée nationale, on peut, en tout
temps, par un avis, se faire remplacer et, au début d'une séance,
on peut très facilement se faire remplacer. Qu'on ne vienne pas nous
dire que c'est difficile, qu'on enlève le droit de parole. Si on avait
au moins donné l'exemple au niveau du projet de loi 1, je pense qu'on
aurait pu le faire.
Il y a le député de Jacques-Cartier qui s'est très
bien exprimé en disant: Je ne me battrai pas pour obtenir mon droit de
parole; je veux représenter la population. J'ai l'impression qu'on ne
parle pas aux mêmes gens, parce que, personnellement aussi, j'ai
parlé à des gens dans mon milieu et dans d'autres milieux et la
population, en général, a hâte de nous voir finir les
discussions sur le projet de loi 1.
Il est drôle de constater que l'Opposition se disait: Va-t-on
arrêter de parler de la langue pour parler des projets
économiques? Au moment où on dit: Accélérons les
travaux de la Chambre sur le projet de loi 101; limitons un peu les droits de
parole puisqu'on a eu la chance de ramasser tout cela, étant
donné, réciproquement, que, dans nos partis, on a la chance de
faire des synthèses et de donner notre point de vue sur chaque article,
là, le même argument est viré à l'envers.
On parlait trop de langue, on ne parlait pas assez d'économique.
Et là, on voudrait parler de la langue à tout prix. Il y a des
contradictions quotidiennes. Si les jours se suivent et se ressemblent, je dois
dire que la cohérence n'étouffe pas l'Opposition officielle de ce
côté. Enfin, je dois dire que ce n'est pas au gouvernement
à prendre sa décision là-dedans, c'est au Parlement. On
dirait
que l'Opposition ne se considère pas membre de l'Assemblée
nationale. On voudrait je le sens en tout cas, je ne sais pas si je suis
le seul dans cette commission après le discours du
député de Jacques-Cartier, on a l'impression qu'il voudrait que,
tout de suite, demain, on passe la clôture pour ne pas avoir à
discuter du fond. C'est dangereux. C'est vrai que c'est difficile de discuter
du fond quand on n'a pas de position.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président. On n'a pas le droit de me prêter des intentions. C'est
absolument contre le règlement. Ce que j'ai dit était bien clair,
bien précis. Alors, on n'a pas le droit d'interpréter mes paroles
et surtout de les déformer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends, M. le député de Jacques-Cartier, que vous avez
invoqué l'article 96, et vous aviez raison, et je redonne la parole au
député de Joliette-Montcalm. M. le député de
Joliette-Montcalm, aviez-vous terminé?
M. Chevrette: Non, mais j'ai été interrompu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je dois
vous dire que la question de règlement en vertu de l'article 96
était acceptable. Je vous recède la parole.
M. Chevrette: Je ne voudrais pas permettre un autre débat
sur des propos qui seraient encore en dehors du fond du mandat même pour
lequel on siège ici; je me limiterai donc à ces quelques
observations en vous disant qu'on respecte le règlement même en
s'opposant à cette motion qui est présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Il est loisible, selon nos
règlements, d'accepter ou de refuser. Donc, en quoi ne respecte-t-on pas
le règlement? Je me le demande. On respecte le règlement. C'est
le privilège de chaque député en cette Chambre, et je
pense qu'un seul député ministériel pourrait s'opposer et
on n'aurait même pas besoin d'avoir une position de parti. Cela prend le
consentement unanime, à ce que je sache, pour permettre à tous
les gens de venir. Quant à moi, c'est clair que je voterai contre cette
proposition et j'invite l'Opposition officielle, en particulier, à se
montrer très positive dans l'étude article par article, pour une
fois, et à suivre l'exemple des confrères de l'Union Nationale et
les intentions du député de Beauce-Sud également, celles
de discuter, pour une fois, du fond de la loi, du projet de loi lui-même,
pour pouvoir sortir d'ici, dans quelques semaines ou dans quelques mois, avec
un projet de loi qui sera sans doute historique pour le Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Avant que je prenne le droit de parole, pourrais-je
avoir une directive sur l'article 160? Est-ce que nous sommes limités
à 20 minutes? D'après mon interprétation, nous pouvons
prendre le droit de parole à plusieurs reprises, pourvu que la
totalité des interventions n'excède pas 20 minutes. Pourrais-je
avoir une directive de vous pour connaître l'interprétation que
vous donnez à l'article 160?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, je pense que l'article 160 est très
clair. Un député peut intervenir aussi souvent qu'il lui
plaît, à la condition que ses interventions, au total,
n'excèdent pas 20 minutes, de sorte qu'en pratique, un
député pourrait intervenir 20 fois avec des interventions d'une
minute. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, inutile de vous dire que
j'appuie la motion du député de Marguerite-Bourgeoys. Je ne
comprends pas pourquoi ce gouvernement tente toujours d'enlever le droit de
parole aux députés ou de le limiter. C'est un principe
inacceptable. Encore une fois, le gouvernement veut placer l'Opposition dans
une chemise de force.
M. Chevrette: Camisole!
M. Ciaccia: Camisole de force! Strait-jacket. Est-ce plus clair,
si je dis strait-jacket?
M. Bertrand: Camisole de force.
M. Ciaccia: Camisole de force? Bon. Parce que c'est ce que vous
faites. Vous voulez absolument limiter les interventions. Les arguments que
vous donnez sont à l'inverse. Ils prouvent que, vraiment, vous devriez
accorder ce droit de parole à tous les députés.
Premièrement, quand le député de Saint-Jacques parle de
l'équilibre électoral, de l'équilibre proportionnel, la
raison de cet équilibre à la commission parlementaire, c'est pour
le droit de vote.
Naturellement, si on pouvait avoir plus de députés dans
l'Opposition que du côté ministériel, ça ne
refléterait pas l'Assemblée nationale. Mais ce n'est pas un
argument pour brimer le droit de parole des autres députés. Selon
la coutume, selon l'usage, on l'accepte toujours, ce droit de parole. Si on
l'accepte dans d'autres commissions qui traitent de sujets qui n'approchent pas
l'importance du présent projet de loi, c'est encore une raison de plus
pour ne pas enlever ce droit au cours de l'étude de ce projet de loi. Ce
n'est pas la même chose, par exemple, si vous traitez du projet de loi no
48, de la petite et moyenne entreprise, vous auriez, même si vous
voudriez l'imposer, dit: Ce n'est pas nécessaire d'accorder le droit de
parole à tous les députés. On traite d'un sujet
spécifique qui affecte un secteur de la population et on peut limiter le
droit de parole à ceux qui ont une expertise ou qui représentent
ce sujet particulier.
Mais ici, nous touchons non seulement tout le Québec, tous les
secteurs du Québec, on touche toute la population dans toutes ses
activités. Ce
n'est pas limité à la langue d'enseignement. Ce n'est pas
limité à certains documents seulement. C'est appliqué dans
toutes les activités, toutes les sphères dans lesquelles on peut
transiger.
Le député de Saint-Jacques, tantôt, a fait allusion
aux mémoires qui ont été présentés, et il a
donné comme exemple que c'était une raison, dans ce cas,
d'accepter le droit de parole de tout député
spécifiquement s'il y avait certains mémoires de certains
secteurs. Mais je voudrais rappeler au député de Saint-Jacques
que quand le même incident s'est produit à la commission
parlementaire lors de l'audition des mémoires, vous avez encore
essayé, et vous avez réussi, à limiter le droit de parole
non seulement des députés, mais aussi des intervenants. Je me
souviens les paroles du député de Maisonneuve qui disait
d'accepter ce droit de parole et le limiter: Quand ce sera nécessaire,
nous accorderons un droit de parole, disait-il, nous donnerons le droit aux
invités de dépasser les 20 minutes ou nous donnerons le droit aux
députés de l'Opposition de les dépasser.
Mais je vais vous dire que, quant à moi, on ne m'a jamais
donné plus que le temps qui m'était alloué. C'était
bien beau de se référer à une largesse, à une
générosité au début des travaux, mais cela ne s'est
jamais produit. Je dirais aussi ici que si vous invoquez l'article 148, je
doute que cela ne se reproduira encore, à savoir que, quand un
député viendra ici pour demander le droit de parole, s'il ne fait
pas partie de la commission, vous lui accorderez. Et même si vous dites
maintenant que vous allez lui accorder, je crois que dans ce sujet-ci, dans une
commission parlementaire telle que celle de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications, qui examine le projet de loi no 101, le
droit de parole ne doit pas être à la merci de la commission. Il y
a trop de secteurs de la population affectés. Même en se
référant aux mémoires qui ont été soumis
à la commission parlementaire, il y a des secteurs entiers de la
population qui n'ont même pas été entendus. S'il y a, sur
des sujets particuliers, un député qui a quelque
représentation à faire, quelque intervention, je ne vois pas
pourquoi vous devrez lui enlever d'avance ce droit.
On l'a déjà dit. Si vous avez peur ou si vous craignez un
abus, les règles de l'Assemblée nationale, de la commission vous
permettent de mettre fin à ces abus. Mais il ne faut pas que vous
présumiez qu'il va y en avoir, parce que je crois que jusqu'à
maintenant, ce n'est pas de notre côté qu'il y a eu des abus. Vous
imposez des règles, vous imposez des restrictions et quand on se
défend, là, vous nous accusez de faire de l'obstruction
systématique. Cela aurait été beaucoup plus facile, M. le
Président, de nous accorder cette motion, et on aurait pu aborder les
travaux de la commission. Mais parce que vous ne l'accordez pas, non pas vous,
M. le Président, mais parce que le côté ministériel
ne semble pas être d'accord, nous sommes obligés de
défendre non seulement notre droit de parole, mais le droit de parole de
nos collègues.
Je pense que vous êtes mal placés pour nous accuser de
faire un blocage systématique.
Je voudrais aussi vous rappeleret corrigez-moi, M. le
Président, si je me trompe que durant les débats sur la
loi 22, le gouvernement de l'époque a accordé le droit de parole
à tous les députés. S'il y a eu des abus, le gouvernement
a agi en conséquence et a imposé le bâillon, la
clôture, mais au moins, il a accordé ce droit de parole.
Je dirais que c'est humiliant d'être obligé de
défendre son droit de parole, de demander d'avoir le droit de parler.
C'est l'attitude rigide et inflexible que démontre ce gouvernement, non
seulement à cette commission, mais dans tous nos travaux. Je crois que
cela serait vraiment dans l'intérêt de la population que ses
représentants élus aient le droit de s'exprimer.
On a parlé des diverses opinions qui sont
représentées par les quatre députés de l'Opposition
officielle. Je voudrais dire qu'il n'y a pas plus d'opinions diverses parmi
nous quatre qu'il n'y en a du côté ministériel. On a nos
points de vue, mais je crois que nous avons fait l'unité sur notre
position concernant le projet de loi linguistique. Nous avons émis la
position du Parti libéral et je ne crois pas que des gens de notre
côté se soient prononcés contre. Alors, je ne crois pas
qu'il est justifié de dire qu'il y a des divergences d'opinions de notre
côté. On représente, naturellement, différents
secteurs de la population et on a le droit d'exprimer certaines de leurs
réserves au sujet de certaines clauses du projet de loi 101.
L'autre impression que le côté ministériel donne,
c'est qu'il semble craindre c'est une crainte qu'ils ont que les
députés ne s'expriment. Pourquoi cette crainte? Ont-ils peur que
la population entende, écoute les différentes
représentations qui pourront être faites par les différents
députés? Veulent-ils limiter les interventions pour cela?
Si ce n'est pas la raison, vous devrez vraiment accorder ce droit de
parole. Dans nos règlements, dans nos coutumes, dans nos habitudes, non
seulement est-ce accordé, mais dans les discussions d'un projet de loi
de l'importance du projet de loi 101, cela devrait être accordé
quasiment automatiquement.
Je dois vous avouer que j'ai et que j'aurai une attitude positive
pendant les discussions du projet de loi 101, article par article. Je ne veux
pas, malgré les accusations que pourraient apporter certains
députés ministériels, faire de "filibuster". Je ne veux
pas prendre mes 20 minutes au complet pour chaque article. Il y a plusieurs
articles que nous accepterons sans discussion parce qu'ils seront acceptables,
mais nous voulons être positifs. Nous voulons apporter des amendements en
vertu de certains principes. Nous voulons le faire d'une façon positive,
mais de la façon dont vous voulez brimer et... vous voulez nous enlever
le droit de parole, ce n'est pas la manière de commencer une commission
de ce genre, d'une façon positive.
Il y a tellement d'interventions... Ce matin, s'il avait fallu invoquer
l'article 100 du règlement chaque fois qu'il y avait une intervention,
personne de nous n'aurait eu le droit de parler parce que toutes les 30
secondes, on l'aurait invoqué...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je vous ferai remarquer que, comme l'a écrit un certain
journaliste, je suis très libéral.
M. Ciaccia: Oui.
M. Bertrand: Vous avez fait deux partis, M. le
Président!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: C'est vous qui avez ouvert la porte.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes toujours du bon
côté de la table.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous êtes libéral. Je suis d'accord avec
vous. Vous avez un esprit libéral...
Le Président (M. Cardinal): J'ai dit très
libéral.
M. Ciaccia: ... mais cela n'enlève pas le fait qu'il y a
eu des interruptions constantes ce matin aux interventions que nous voulons
apporter. Je vais terminer pour le moment et j'espère que les
ministériels vont réévaluer et repenser l'attitude qu'ils
ont prise ce matin. On a parlé des différents côtés
de la table, je pense. On a fait appel à l'esprit positif, on semble
vouloir de nous dans les discussions. Si les ministériels étaient
moins rigides, s'ils étaient un peu plus flexibles, ils accorderaient ce
droit de parole a tous les députés qui veulent faire des
interventions, quitte à mettre fin aux travaux, quitte à imposer
les règlements que les ministériels auraient le droit d'imposer
s'il y avait des abus. Ils ont toute la protection au monde. On commence
à douter je ne veux pas imputer de motifs des motifs des
ministériels, quand ils veulent nous empêcher de parler, quand ils
veulent nous enlever le droit de parole.
Nous voulons procéder à cette commission dans les plus
brefs délais possible, sans la prolonger inutilement, mais, au nom de
nos collègues, je demande que les ministériels nous accordent ce
droit de parole.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, conformément à la directive rendue
tantôt, elle est parfaite, il vous reste 11 minutes et vous pouvez les
employer.
M. Fernand Lalonde (suite)
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'employer tout ce temps, étant donné que je voudrais qu'on
arrive le plus rapidement possible à des discussions directement sur le
projet de loi. Je veux simplement mentionner comme c'est étrange que
l'on comprenne les choses de façon différente, si on est dans la
grande ligue ou dans le club école. Quand j'ai exprimé de
façon très claire les intentions de l'Opposition officielle quant
à l'examen de ce projet de loi, le Parti québécois, par
son député de Saint-Jacques, y a vu un engagement solennel tandis
que l'Union Nationale, par le député de Richmond, nous a
qualifiés d'être simplement des membres du Parti
québécois améliorés. Cela ne me surprend pas
d'ailleurs de l'Union Nationale, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous parlez de la
motion?
M. Lalonde: Oui, mais on a quand même...
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire, déguisée ou
pas.
M. Lalonde: Si les députés avaient le droit de
venir parler conformément à la motion que j'ai
présentée, ils auraient vu le député de Richmond,
je pense qu'il en est rendu à son troisième parti, arriver dans
le club école du Parti québécois cela s'appelle
maintenant, je pense, l'Union Nationale du Parti québécois, ils
auraient pu aider le député de Richmond à présenter
l'épais recueil de pages blanches qu'ils ont présenté
comme politique linguistique.
Une Voix: L'épais!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Lalonde: L'examen rapide de ce livre qu'ils ont produit me
convainc qu'il s'agit en grande partie d'un scénario qui ne tient pas
à l'examen, qui n'y résiste pas, puisque l'épaisseur de
leur bouquin vient beaucoup plus du nombre de pages blanches reproduisant
simplement des dizaines et des dizaines d'articles du projet de loi no 101 que
de la valeur du contenu.
Au fond, c'est assez conforme à toute l'attitude de l'Union
Nationale depuis quelques mois; elle accorde beaucoup plus d'importance au
contenant qu'au contenu parce qu'il n'y a pas de contenu. De là,
l'importance du style qu'on appelle nouveau.
Pour revenir à des choses sérieuses, je ne pensais pas, M.
le Président, provoquer un débat de cette envergure en proposant
une motion aussi simple, aussi traditionnelle que celle-ci. Laissez-moi ouvrir
une parenthèse pour rectifier des déclarations que le
député de Beauce-Sud a faites, sûrement pas de mauvaise
foi, en vieux routier qu'il est de la politique provinciale depuis sept ans
à cette Assemblée nationale. Il a probablement confondu une autre
situation.
Je veux dire et prouver par le meilleur moyen possible, M. le
Président, telle est la preuve écrite, que le Parti
libéral, lorsqu'il était au gouvernement, le 16 juillet 1974, a
adopté une motion présentée par le vice-premier ministre
actuel, alors qu'il était chef de l'Opposition officielle, dans le
même sens que la motion que je présente. Ce n'est pas mot à
mot, mais c'est le même sens, c'est-à-dire une motion ayant pour
but...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, si vous permettez, dois-je présumer que vous
corrigez ce qui aurait été dit à la suite de l'un de vos
discours et qu'à ce moment-là vous ne parlez pas sur la
motion.
M. Lalonde: Si le règlement me le permet, M. le
Président, de corriger ce qui a été dit...
Le Président (M. Cardinal): Oui, le règlement vous
le permet.
M. Lalonde: Alors, à ce moment-ci, c'est ce que je veux
faire. Parce que le député de Beauce-Sud disait que plus cela
change plus c'est pareil, les jours se suivent et se ressemblent, il reste que
le gouvernement libéral, en 1974, avait adopté non
seulement l'Opposition, mais tous les députés une motion
de l'Opposition officielle permettant d'entendre tous les députés
lors de l'étude article par article. C'est ce que je trouve le plus
étonnant lorsque ce Parti québécois, qui s'en est servi
largement, M. le Président, de ce droit de parole, et qui d'ailleurs
n'avait pas fait autre chose que ce que j'ai fait ce matin, de dire qu'il
voulait faire une étude positive de la loi, mais qu'il y aurait des
débats vigoureux, ce qui est arrivé d'ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Vous parliez, il y a quelques
minutes, en vertu de l'article 96, qui vous permet d'apporter des explications,
sur un certain discours que vous avez présenté, qui doivent
être brèves, ne doivent apporter aucun élément
nouveau et ne doivent pas susciter de débat. Alors...
M. Lalonde: Alors, je conclus sur cet article 96, M. le
Président, et je cite, à la page B-5593 du mardi, le 16 juillet
1974, le journal des Débats, commission permanente de
l'éducation, étude du projet de loi no 22, le Président,
M. Gratton: A l'ordre, messieurs, est-ce que cette motion de l'honorable chef
de l'Opposition est adoptée? M. Hardy: Adopté. C'est clair, il
s'agissait de la motion pour entendre tous les députés, donc je
rectifie les faits. Le gouvernement libéral avait appuyé une
telle motion. Je reviens à la motion, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lalonde: Je trouve que l'attitude antidémocratique,
assez discrétionnaire, autoritaire du député de
Saint-Jacques est assez inacceptable, en fait est totalement inacceptable.
Lui-même, qui a bénéficié de cette motion, il y a
trois ans... Oui, je m'excuse, lui-même était probablement membre
de la commission, mais, enfin, comme membre d'un parti, il a vu des membres,
des collègues de son parti, à ce moment-là,
bénéficier d'une telle attitude démocratique de l'ancien
gouvernement.
Dans le même souffle, le député de Saint-Jacques
exige, toutefois, un traitement spécial pour le député de
Taillon. Naturellement, la fonc- tion de premier ministre indique une attitude
sûrement très positive à son endroit, mais je mentionne ce
fait seulement pour souligner la contradiction et l'incohérence du
gouvernement actuel, du député de Saint-Jacques en particulier,
qui, sans aucune raison... sauf que l'article 148 existe, oui. L'article 148
existait en 1974 aussi, sauf que la commission... Et cet article existait au
début des séances de la commission parlementaire qui a
étudié le projet de loi no 1. Alors, je ne vois pas comment on
peut justifier une attitude aussi autocratique, simplement en disant: Voici, il
y a un article du règlement. Oui, il existe, c'est justement, on veut
demander à la commission de déterminer d'avance que quiconque
demandera la parole aura un accueil positif. Il ne s'agit pas de mettre de
côté l'article 148, il s'agit d'avance de déterminer quelle
sera la position de la commission parlementaire, soit de mettre de
côté l'aspect discrétionnaire qui pourrait empêcher
un député de parler seulement parce qu'un membre, soit par humeur
ou autrement, s'y opposerait, un droit de veto, quoi.
J'avais fait une ouverture au gouvernement et son attitude ne changera
pas l'intention fondamentale que le Parti libéral a eue à
l'égard de ce projet de loi no 1 d'abord et 101 maintenant,
c'est-à-dire de discuter à fond tous les éléments
de ce projet de loi de façon positive. Non, cela ne changera pas notre
attitude, maintenant, S'il arrive, toutefois, M. le Président,
qu'à cause de ce genre d'attitude du gouvernement à
l'égard de ma motion, les travaux de cette commission ne se
déroulent pas tel que le gouvernement le voudrait, il en prendra la
responsabilité.
Une intention de souplesse ne suffit pas. C'est ce qu'il y a de plus
discrétionnaire et c'est justement pour éviter la
discrétion que le gouvernement devrait prendre ses
responsabilités et demander aux députés
ministériels d'appuyer une telle motion.
Qui sait, M. le Président, si un député
ministériel ne s'opposerait pas à ce qu'un autre
député ministériel, qui n'est pas membre de cette
commission, adresse la parole à cette commission? Cela pourrait
même arriver aux députés ministériels.
Je pense que le gouvernement, et en particulier le député
de Saint-Jacques, manquent de prévision et ils devraient nous
écouter pour régler d'avance toutes ces situations qui pourraient
être fort fâcheuses, pour éviter des cas où un
député se verrait bâillonné ni plus ni moins par
l'humeur d'un seul député qui exercerait son droit de veto. On
préfère le veto, nous allons devoir, naturellement, nous
soumettre à cette décision, nous allons naturellement devoir nous
ajuster à cette attitude antidémocratique du gouvernement.
J'espère qu'il changera d'idée le plus tôt possible durant
le cours de l'examen du projet de loi.
Nous n'avions, au fond, que trois petites motions, trois motions qui,
normalement, auraient pris quelques heures, en tout, à débattre
si le gouvernement avait eu une attitude beaucoup plus positive. Voilà
déjà presque une heure et demie que nous sommes en train de
débattre une motion
simple qui aurait dû recevoir l'accueil le plus chaleureux du
gouvernement et du député de Saint-Jacques. Si ça donne
une idée de la façon que nos travaux se dérouleront, M. le
Président, le gouvernement en portera la responsabilité.
Comme je l'ai dit tantôt, nous avons deux autres motions à
présenter avant de procéder à l'étude, deux motions
qui concernent les travaux de cette commission et nous aurons l'occasion, je
l'espère, à ce moment, de voir un gouvernement beaucoup plus
positif, beaucoup plus ouvert. La fameuse ouverture, la fameuse ouverture dont
on a parlé, dont même le premier ministre nous a parlé:
Venez en commission parlementaire, nous a-t-il dit...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, l'article 160 s'applique dans les deux sens; je vous
prierais de conclure, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Je conclus, M. le Président, en regrettant
l'attitude du gouvernement et en lui disant qu'il devra encourir la
responsabilité de son geste.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, il vous reste 16 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Ne craignez rien, je n'utiliserai pas 16
minutes, à peine quelques minutes...
Des Voix: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ceci est une commission parlementaire, ce n'est pas une partie de
cartes.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux (suite)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
exprimer mon regret devant ce qui semble devoir être la décision
du gouvernement, à moins qu'il ne se ravise au dernier instant, mais je
n'entretiens pas, à ce moment-ci, trop d'espoir.
Je voudrais simplement dire à ces gens je peux me tromper
que je crois qu'ils commettent une erreur. Je pense que, comme le disait
le député de Jacques-Cartier, pour les parlementaires, venir ici
quémander un droit de parole sur un projet de loi qui est aussi
important risque de créer plus de difficultés que si ce droit
avait été accordé d'une façon volontaire et
gracieuse de la part du gouvernement.
La seule question que je me pose c'est si, au moment où un
député vient solliciter un droit de parole et que cette demande
doit recevoir l'appui unanime de la commission, le jugement des
députés qui doivent accorder ce droit de parole est-il aussi
libre qu'il ne l'est quand il est d'abord accordé au point de
départ. Ce que je veux dire, c'est que, quand on sent qu'un
député veut intervenir sur une question qui peut, aux yeux de
certains, compliquer le débat non pas accélérer
mais au contraire retarder le débat, ou que d'au- tres jugent peu
utile ou peut-être, n'apportant pas d'éléments nouveaux, je
pense qu'à ce moment-là, la liberté de jugement des
députés qui doivent accorder leur consentement peut être un
peu obscurcie. Je n'impute pas cela davantage à un côté de
la table qu'à l'autre. Je pense que c'est simplement humain. On risque
davantage de s'enchevêtrer dans d'autres grandes discussions, chaque fois
qu'un député viendra demander le droit de parole. Cela aurait
été beaucoup plus simple si on l'avait accordé au
départ. Comme je le disais au tout début, je pense qu'au moment
des auditions parlementaires, il n'y a pas eu des vingtaines de
députés qui sont venus ici faire de l'obstruction.
Les gens évidemment nous rappellent toujours, avec beaucoup
d'éloquence, la fin des travaux de ces auditions. On sait dans quelles
circonstances ceci s'est passé. Les députés qui sont venus
sont venus parce qu'ils avaient des intérêts précis au
sujet des mémoires qui étaient présentés. Je pense
qu'on n'a pas senti... Je pense au député d'Outremont; je
pense au député de D'Arcy McGee je ne pense pas que ces
gens-là soient venus ici faire de l'obstruction. Là, ce à
quoi on s'expose, c'est que, chaque fois que quelqu'un va demander le
consentement de cette commission et chaque fois qu'il se le verra refuser,
quelqu'un devra en porter l'odieux. On risque, comme je le disais tout à
l'heure, d'entrer dans des débats beaucoup trop longs et inutiles.
Je voudrais finir ici, peut-être par une boutade. Cela me fait
penser un peu à l'école anglaise qu'on restreint de tous les
côtés et qui devient de plus en plus attrayante. Ceci vaut autant
pour la loi 22 que pour le projet de loi 101. Je me demande si, quand tous les
députés sauront qu'ils ne peuvent pas venir à cette
commission-ci et qu'il leur faudra quémander, qu'il leur faudra
solliciter, cela ne sera pas une raison de plus pour qu'ils viennent s'y
présenter. Enfin, je le dis comme boutade, l'analogie est loin
d'être parfaite. Ce que je veux rappeler au gouvernement, c'est qu'on va
se créer des difficultés, plutôt que de les résoudre
et, ainsi, accélérer les travaux. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, avant de commencer,
pourriez-vous me dire combien de temps il me reste, s'il vous plaît?
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, je pense qu'il vous
reste encore seize minutes.
M. Lalonde: Je ne pense pas, M. le Président. Au nom du
règlement...
Le Président (M. Cardinal): II a commencé à
11 h 21. Il a terminé à 11 h 28. Cela fait 7 minutes. Il en reste
13.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. Alfred: Cela ne se
peut pas.
M. Chevrette: Cela ne se peut pas.
M. Ciaccia: Ecoutez. Il a donné une directive.
Le Président (M. Cardinal): Excusez-moi. Le temps est
tenu, c'est déjà une charge suffisante que de le tenir. A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Bellefeuille: Absolument raison, c'est le
député de Nicolet...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! La décision est rendue. M. le député de
Mont-Royal, il vous reste 13 minutes.
M. John Ciaccia (suite)
M. Ciaccia: Au moins, le président reconnaît les
droits des minorités, plus que le côté ministériel,
de s'exprimer. L'approche du gouvernement pourrait être qualifiée
au moins de contradictoire. Je me souviens d'avoir lu, je crois que
c'était dans le Devoir, mais c'était avant les élections
du 15 novembre, que le Parti québécois avait été
qualifié d'être le parti le plus démocratique qui existait;
je constate qu'avec la prise de pouvoir, le concept de la démocratie de
ce gouvernement et de ce parti a changé considérablement. La
population a le droit d'entendre l'opinion, les vues de ses
députés. Pour un gouvernement, vouloir enlever ce droit, c'est
inacceptable. Je voudrais me référer, M. le Président
et je sais que, comme juriste, vous êtes certainement au courant,
à la doctrine des abus des droits. C'est une doctrine du droit
français, alors, cela serait peut-être plus acceptable par nos
amis d'en face. Je ne cite pas une doctrine du droit anglais ou du droit
canadien. Cette doctrine est dans le sens qu'on peut agir légalement,
qu'on peut prendre avantage de certains droits, dans ce cas-ci, de l'article
148 du règlement, mais on peut le faire de telle façon qu'on
abuse de nos droits quand on le fait seulement dans le but de nuire aux autres;
dans ce cas-ci, c'est, de nuire à l'Opposition officielle et aux membres
des partis d'Opposition.
Je n'en ferai pas une question de directive ou une question de
règlement, mais je serais tenté de le faire, de vous demander
vraiment si nous ne faisons pas face, ici, aux abus des droits par les
ministériels. C'est ce qui existe. Il y a un abus des droits en voulant
imposer certains règlements. L'article 148 n'a pas été
rédigé dans l'économie de nos règles pour enlever
les droits de parole à une commission parlementaire. Cela devrait
plutôt, dans l'esprit de nos institutions, être appliqué par
exception plutôt que d'être la règle. L'usage le veut ainsi.
L'article 148 a été appliqué dans l'exception. Ce n'est
pas la règle. L'article 4 dit que nos coutumes et nos usages doivent
être pris en considération, je soumets, M. le Président,
que nous faisons face ici à un abus de droit du côté
ministériel.
Vous savez sans doute... C'est une théorie, c'est une doctrine
qui a été mise de l'avant par d'éminents juristes
français, Planiol et Ripert, et qui a été acceptée
dans le droit français, qui a été mise en application et
même dans notre droit du Québec, par certains éminents
juristes ici, a été référée... Oui, c'est
vrai, M. le Président, vous avez déjà écrit des
articles sur cette doctrine. C'est pourquoi je ne vous demanderai pas une
directive à savoir si ça s'applique ici, mais je suis
persuadé que c'est ça que le côté ministériel
fait. Il abuse de son droit d'appliquer les règlements d'une
façon intransigeante, inflexible. Ce n'est pas assez de dire que c'est
sa stratégie. D'un côté, il veut montrer l'image d'un parti
démocratique, d'un parti qui veut discuter. Même le ministre
d'Etat au développement culturel invite la population: Convainquez-moi
si certains articles doivent être changés. Cela sera pas mal
difficile, M. le Président, de le convaincre si on enlève le
droit de parole aux députés de venir ici et essayer de lui
présenter des arguments convaincants.
C'est une attitude du gouvernement qui dit: Faites ce que je dis, ne
faites pas ce que je fais. C'est une imposition, c'est une approche arbitraire,
et, dans l'esprit du déroulement des travaux, c'est une approche qui
sera "contre-productive", qui va aller à rencontre des travaux de cette
commission. Comment pouvons-nous entreprendre ces travaux dans un esprit
positif, dans un esprit de vouloir apporter au gouvernement des suggestions
pour faire en sorte que le projet de loi no 101 soit applicable d'une
façon acceptable de la part de la population et qui soit vraiment dans
son intérêt quand, au début, on voit cette attitude
intransigeante? Est-ce que ça veut dire, M. le Président, que
chaque fois que nous allons apporter des suggestions, des recommandations, le
gouvernement va les mettre de côté, dans le même esprit
qu'il a au sujet de cette motion?
M. le Président, je suggérerais fortement au gouvernement
les gouvernements ont déjà changé d'idée,
des députés ont changé d'idée dans le but de
nous montrer sa bonne foi, vous voulez vraiment que les travaux de cette
commission se fassent d'une façon positive, d'accepter la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: J'imagine que vous voulez la mettre aux voix. Je
voudrais simplement...
Le Président (M. Cardinal): S'il n'y a pas d'autres
interventions, oui.
M. Charron: ... utiliser 30 secondes pour vous dire...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez douze minutes.
M. Claude Charron (suite)
M. Charron: Je ne les prendrai pas, M. le Président. Je
voulais simplement vous dire que peut-
être, sans le vouloir c'est tout à leur honneur
les députés de l'Opposition officielle viennent de nous
faire la preuve du bien-fondé de l'Opposition du gouvernement sur cette
question, s'excusant, tour à tour, de devoir présenter pareille
motion et réaffirmant leur volonté de procéder le plus
rapidement possible, ils ont utilisé les 80 minutes auxquelles ils
avaient droit.
M. Lalonde: Une rectification, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Ce n'est pas possible. M. Lalonde: 96, M. le
Président. Mme Lavoie-Roux: J'ai parlé...
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: ... cinq minutes.
M. Lalonde: Je pense qu'on ne peut tout de même pas tromper
la commission comme cela.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas tout à
fait 96. Vous pouvez tout simplement invoquer le règlement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys; c'est possible en commission
parlementaire.
M. Lalonde: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Je n'aimerais pas que vous
invoquiez l'article 96, parce que ce n'est pas une correction à votre
discours.
M. Lalonde: J'invoque le règlement, M. le
Président, pour dire que nous n'avons pas employé tout le temps
qui nous était dévolu par le règlement. Nous avons
simplement exprimé nos opinions, non pas dans le but de faire de
l'obstruction. Le député de L'Acadie, par exemple, a
employé moins que son temps. Je ne sais pas pour les autres, mais pour
elle, je le sais.
M. Ciaccia: M. le Président, moi aussi...
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je voudrais corriger... C'est une question de
règlement. Je n'ai pas employé tout mon temps. Je vais
m'arrêter à cette intervention.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, la
rectification étant faite, M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: J'ai terminé, M. le Président. Vote
sur la motion
Le Président (M. Cardinal): Puis-je mettre la motion aux
voix?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Evidemment, je pars de la
liste qui a été établie ce matin. Demande-t-on un vote
enregistré ou simplement...?
M. Charron: Un appel nominal.
Le Président (M. Cardinal): Bon. Alors, appel nominal.
Chacun mentionnera s'il est pour ou contre la motion.
M. le député de Papineau.
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bourassa. Il est remplacé... Pardon. M. le député de
Terrebonne. Il n'y est pas. M. le député de Bourget.
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont. Il n'est pas ici. M. le député de Beauce-Sud. Il n'est
pas ici. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda. Il n'est pas ici. La motion est rejetée.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, avant, pour que...
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Cardinal): ... nous connaissions les
règles du jeu, surtout qu'il y aura probablement d'autres votes
puisqu'il y aura d'autres motions vous l'avez vous-même
annoncé j'ajournerai les travaux sine die à midi, ce qui
terminera cette première séance.
Nous aurons une deuxième séance qui sera
déterminée par la motion du leader parlementaire du
gouvernement.
Cette séance, qu'elle dure une partie de l'après-midi ou
une partie de l'après-midi et la soirée, ce que je ne sais pas,
malgré l'annonce qu'avait faite le député de
Saint-Jacques, sera une seule séance. Par conséquent, les
remplacements et les votes seront pris sur cette nouvelle liste. Nous aurons
aujourd'hui deux séances. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Motion pour production des projets de
règlements M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais, pour aider la
bonne marche des travaux de cette commission sur le projet de loi no 101, faire
motion pour qu'avant de procéder à l'étude du projet de
loi no 101 article par article, la commission prenne connaissance de tous les
projets de règlements prévus pour la mise en application de la
loi.
M. le Président, je vais seulement dire quelques mots. Certains
députés, surtout celui qui me fait face actuellement, le
député de Saint-Jacques, se souviennent très bien des
arguments qu'il avait lui-même apportés à cette motion,
d'une motion semblable qu'il avait faite concernant l'étude du projet de
loi 22, ceci pour vous dire que...
M. Charron: M. le Président, mon passage à cette
Assemblée est déjà historique.
M. Lalonde: Oui, et vos contradictions vont devenir historiques
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Faites attention qu'on ne vous mette dans un
musée.
M. Charron: ...peut-être voter en faveur.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, à 17 reprises, soit de
façon formelle, soit par inférence, le projet de loi 101
prévoit des règlements. Je pourrais vous en donner la liste. Ce
sont les articles 32, 48, 50, 54, 63, 77, 79, 80, 81, 88, 108-C, 108-D, 109,
110, 121, 132, 142, 195. Il prévoit soit l'adoption de règlements
ou d'autres démarches, comme, par exemple, la commission d'appel
à l'article 79, qui implique sinon un règlement, du moins un
texte quelconque qui forme cette commission d'appel.
Ces règlements sont très importants pour la
compréhension des intentions législatives du gouvernement. Je
pourrais citer le député de Saint-Jacques, en date du 16 juillet
1974, lorsqu'il donnait des arguments extrêmement valables en faveur
d'une telle motion. Je ne pense pas que sa motion ait été
adoptée à ce moment-là. J'aimerais souligner la
différence des deux situations. En 1974, naturellement, nous
étions devant du nouveau droit et il n'y a aucun doute que le
progrès fait depuis trois ans dans la préparation de tous les
outils, de tous les instruments de mise en application d'une loi linguistique
est très considérable et a fait changer la situation de
façon totale.
Nous avons, jusqu'à maintenant, des projets de règlement
concernant la francisation des entreprises, concernant aussi, je crois,
l'accès des professionnels ou des candidats aux corps professionnels et
aussi en ce qui concerne la langue de l'enseignement. Mais il reste que des
règlements extrêmement importants surtout si on
considère l'article 88 qui donne un blanc-seing au gouvernement et que
nous allons, d'ailleurs, combattre, je vous le dis tout de suite, ce sera un de
nos amendements nous mettent dans la situation où, n'ayant pas
ces règlements, nous ne sommes pas en position de discuter valablement,
en toute sérénité, en toute connaissance de cause, de ce
projet de loi et de ses implications.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, j'avais
prévenu cette auguste assemblée. Il est midi...
M. Charron: Je n'ai pas le libellé de la motion.
Le Président (M. Cardinal): Le président l'a en sa
possession, mais elle n'a pas encore été officiellement
présentée. Si M. le député deMarguerite-Bourgeoys n'a aucune objection...
M. Charron: Pourrais-je l'obtenir, pour donner une réponse
convenable à la reprise, à 4 heures? On va voir ce qu'on peut
faire.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lalonde: Je l'ai lue, en fait, mais je ne l'ai pas
donnée.
Le Président (M. Cardinal): Attendez. La motion n'est pas
reçue. Alors, je ne parlerai pas de la recevabilité. Je veux
simplement dire que nous ajournons les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 heures)
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs! Je constate qu'il y a quorum.
M. Lalonde: Je vais peut-être me retirer parce que je me
sens un peu seul.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Je peux m'asseoir à côté de
vous.
M. Chevrette: Je considère qu'on a le meilleur.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Vous voulez
commencer?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): C'est une nouvelle
séance et je dois rappeler le nom des membres de la commission: M.
Alfred (Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Charbonneau (Verchères), M.
Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault
(Châteauguay), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Guay
(Taschereau), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa), M.
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan
(Gaspé)...
M. Grenier: II est remplacé par Monsieur... Une Voix:
Bellechasse. M. Chevrette: Goulet. M. Grenier: ...Goulet.
Le Président (M. Cardinal): ...est remplacé par M.
Goulet (Bellechasse)...
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Cardinal): ...M. Paquette (Rosemont)
remplacé par M. Duhaime (Saint-Maurice); M. Roy (Beauce-Sud), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda) et sur ce, la parole
était à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'étais en train de parlementer, c'est le cas
de le dire, en faveur d'une motion...
M. Ciaccia: Pendant que le ministre lit le journal...
M. Lalonde: ...visant à ce que les membres de cette
commission prennent connaissance de tous les projets de
règlements...
M. Charron: II lit le Devoir quand même...
M. Lalonde: ...pour la mise en application de la loi. Le
député de Saint-Jacques ce n'est pas une conversation
privée que je rapporte m'a indiqué qu'il avait une
proposition valable à faire. A ce moment, je vais interrompre ma
représentation...
Le Président (M. Cardinal): Vous savez que vous gardez
quand même votre temps. M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: J'apprécie le geste que vient de poser le
député de Marguerite-Bourgeoys. Il aurait pu effectivement,
même si je lui ai dit que j'avais quelque chose à lui faire
connaître, utiliser pleinement son temps. Je m'aperçois une fois
de plus que la sincérité de ses propos de ce matin...
M. Lalonde: Vous en doutiez?
M. Charron: D'autant plus que vous les avez confirmés, me
dit-on, avant que nous ne reprenions cette séance...
M. Bertrand: Devant six millions de Québécois.
M. Charron: ...devant six millions de Québécois et
je sais le député homme de parole.
Mme Lavoie-Roux: II vous embarque un peu plus chaque fois!
Une Voix: Cela va en faire un peu plus qui vont s'embarquer.
M. Charron: Cela fait partie de la "game".
Le Président (M. Cardinal): Cela paraît qu'on est
simplement entre députés. Parlez-vous sur la question de
règlement, sur une motion qui n'est pas encore déposée,
sur une entente qui a été faite...
M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je crois qu'elle est déposée, au moins
en principe.
M. Lalonde: Ah oui.
Le Président (M. Cardinal): Non, elle n'est pas encore
reçue. Elle n'a jamais été lue.
Pourrais-je, pour le journal des Débats, et pour qu'on comprenne
ce qui se passe... Je demanderais au député de
Marguerite-Bourgeoys de lire sa motion et, ensuite, je redonnerai la parole
à M. le député de Saint-Jacques.
M. Lalonde: Vous m'excuserez parce que je l'avais lue sans le
dire pour le journal des Débats. La motion se lit comme suit: "Qu'avant
de procéder à l'étude du projet de loi no 101, article par
article, la commission prenne connaissance de tous les projets de
règlements prévus pour la mise en application de la loi". Je vous
en remets une copie immédiatement.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Le député de Marguerite-Bourgeoys, en
présentant cette motion ce matin, a fait état d'arguments que, il
y a trois ans maintenant, j'avais fait valoir, au moment de l'étude du
projet de loi 22, sur la pertinence du dépôt des règlements
au moment où on étudie une loi.
Je dis au député de Marguerite-Bourgeoys, qui avait
qualifié mes arguments de l'époque d'extrêmement valables,
que je ne les renie pas et que je les soutiens encore, ce qui fait que je puis
vous dire, au nom du gouvernement, que nous sommes prêts à
souscrire en principe a l'objet de la demande de l'Opposition officielle, mais
non pas dans le libellé actuel de la motion et que, si nous devions nous
en tenir au libellé de la motion, malheureusement je le dis parce
que nous avons un accord de principe nous serions obligés de la
rejeter.
Voici pourquoi et j'explique. La motion qui vient d'être
présentée spécifie que la commission puisse prendre
connaissance de ces projets de règlement prévus pour la mise en
application de la loi avant de procéder à l'étude du
projet de loi no 101, article par article.
J'ai une contreproposition à faire et je n'en fais
même pas un amendement, je la fais entre hommes qui peuvent se parler
face à face qui est la suivante:
Je suis con' aincu que dans l'étude d'un projet de loi de cette
envergure nous l'avions dit au moment de la loi 22, je le redis
aujourd'hui il est pertinent quant à une loi qui fait appel
à la réglementation éventuelle ou son application, que les
députés, lorsqu'ils étudient article par article la loi
d'où proviendra cette réglementation, aient en même temps
une vue de la façon qu'un gouvernement entend utiliser ce pouvoir. C'est
tellement v/rai, M. le Président, que nous avons déjà, au
moment où la loi 1 était à l'étude en cette
commission, déposé des règlements afférents
à la loi 1. Je dis tout de suite que ces mêmes règlements
s'appliqueront aux articles qu'on retrouve à la loi 101 et qui leur
permet de naître. Ces trois règlements ont déjà
été déposés à l'Assemblée nationale.
Je pense que tous les députés en ont pris connaissance. Et ils
ont été publiés. J'ajoute, à l'intention du parrain
de la motion et des collègues membres de la commission que nous avons
l'intention de déposer les autres également au cours de
l'étude article par article, mais nous ne le pouvons pas, avant de
procéder à l'étude du projet de loi.
Dans la grande mesure du possible, je le dis, nous avons
vérifié cet après-midi, dans la période de
délai, si... Mon désir était de pouvoir affirmer à
l'ancien ministre responsable de la Régie de la langue française
j'ai fait les vérifications auprès du ministre d'Etat
que tous les règlements seront déposés au cours
de... C'est notre souhait. Je peux vous donner les mesures que nous avons
prises pour pouvoir le faire. D'une part, au niveau du cabinet du ministre
d'Etat au développement culturel, c'est achevé à un faible
pourcentage près, quant à sa préparation, à lui. Et
pour accélé-
rer l'étude des règlements et pouvoir ainsi, lorsque nous
aborderons les articles qui y font directement référence, dans la
mesure du possible, les déposer pour que la commission puisse en prendre
connaissance, le Conseil des ministres a pris la décision, ce matin, de
créer un comité restreint de cinq membres, dont les deux
ministres qui sont actuellement membres de la commission, pour permettre, d'une
façon plus rapide, d'un mercredi à l'autre, d'étudier
ensemble les règlements. Nous sommes donc cinq, mandatés pour
l'ensemble des collègues, pour pouvoir, ce soir, à la fin de nos
travaux, faire une réunion, et ainsi nous rendre à ce qui est une
légitime demande de l'Opposition officielle, encore une fois dans la
mesure du possible, à savoir remettre tous les règlements qui
doivent venir de la loi; ils seront présentés en cours de
route.
J'offre une autre chose au député de Marguerite-Bourgeoys,
tellement je suis d'accord avec la légitimité de sa demande. A un
moment où, par exemple, nous atteindrons un article qui fait
lui-même appel à un règlement, nous accepterons de
suspendre l'étude de cet article, si de bonne foi nous pouvons vous dire
qu'à une séance ultérieure nous aurons le règlement
demandé. De notre côté, nous allons faire diligence, encore
une fois, je ne peux m'engager à les déposer tous, parce que
là le député remettrait ma parole en cause, et je ne veux
pas m'avahcer aussi loin, mais je suis tellement convaincu, non seulement pour
le travail de l'Opposition que je respecte, mais pour l'intérêt
des Québécois aussi et de ceux qui rapportent nos travaux aux
Québécois, de faire connaître les règlements. C'est
notre intention. Je signale que ce n'est pas une mauvaise plaisanterie que je
fais, mais je dis que nous avons déjà, avant même
l'adoption de la loi, déposé trois règlements
afférents à la loi. C'est plus que ce que la loi 22 avait connu
comme règlements qui en découlaient, deux ans après son
adoption. Que je sache, la Régie de la langue française n'a
produit que deux règlements parmi tous ceux qui devaient naître de
la loi 22. Nous sommes, dans un certain sens, déjà en avance sur
la production de la loi 22. Peu importe ce détail, s'il est inexact, je
veux surtout que le député comprenne l'engagement de bonne foi
que nous faisons ici, tellement nous sommes d'accord sur l'objectif voulant que
lorsque nous arriverons à des articles encore une fois, je suis
contre le libellé de la motion et si le député devait s'y
en tenir, nous nous y opposerons, parce que cela nous est impossible qui
font appel à des règlements, dans la très grande mesure du
possible, nous les déposerons. Ceux qui sont adoptés sont
déjà connus, d'autres le seront en cours de route et ceux que
nous serons incapables de soumettre, nous expliquerons à la commission
pourquoi nous avons été incapables de les soumettre.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, avant de
donner la parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je dois considérer, en toute justice pour les membres de la commission,
que nous ne parlons pas présentement de la motion, mais de sa
recevabilité.
Je dois dire tout de suite que je n'ai pas déclaré cette
motion recevable, que j'aurais des doutes sérieux sur sa
recevabilité, peu importe le précédent de juillet 1974,
des doutes sérieux pour deux raisons, c'est que le mandat de la
commission est d'étudier le projet de loi 101 article par article. Je
vois difficilement comment la commission pourrait dire: Nous le ferons quand un
autre événement se sera produit.
Il y a un deuxième argument, qui est une espèce de
pétition de principe. Comment pouvons-nous préjuger que les
amendements qui seront proposés par l'Opposition officielle, par l'Union
Nationale, par le député de Beauce-Sud, par le
député de Rouyn-Noranda et même par le ministre d'Etat au
développement culturel, qui l'a annoncé au moment du débat
de deuxième lecture, comment pouvons-nous préjuger que ces
amendements ne seront pas adoptés dans cette commission? Et, par
conséquent, comment pourrions-nous avoir des règlements avant de
connaître la substance même de la loi?
Je ne dis pas que la motion est irrecevable. Je dis que j'ai de forts
doutes, c'est pourquoi je viens de déclarer, et c'est une directive que
je donne, que nous discutons présentement non pas de la motion, mais de
sa recevabilité. Sur ce...
M. Charron: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député. Si le député de Marguerite-Bourgeoys,
à qui j'avais accordé la parole, le permet.
M. Charron: Pour un instant et pour mettre fin aux angoisses qui
vous assaillent, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Elles sont très
profondes...
M. Charron: ...je comprends ces hésitations, moi aussi, je
m'y suis arrêté un instant, mais je pense que, pour ne pas nous
enferrer dans une procédure que, des deux côtés de la
table, nous ne voulons connaître, si mon offre au député de
Marguerite-Bourgeoys lui convient et elle est sincère il a
la possibilité de retirer la motion, ce qui fait que les doutes
d'arbitre que vous avez disparaîtront et nous pourrons procéder
à une autre... J'ai dit que c'est le plus loin que le gouvernement peut
honnêtement aller. C'est un engagement maximal. Si le
député, pour une raison ou pour une autre, veut s'en tenir
à sa motion, alors, M. le Président, je ne commenterai même
pas sa recevabilité, je vous laisserai ce soin et nous
procéderons au vote lorsque les députés se seront
exprimés.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Saint-Jacques, ce que vous venez de dire est
très important, parce que si nous commençons à discuter de
la motion, je viens de dire que nous n'en discutons pas, nous discutons de sa
recevabilité, si nous avons un seul mot sur le fond de la motion, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys ne pourra plus la retirer à
moins du
consentement unanime de la commission. Il est maître de sa motion
tant que le débat n'est pas commencé. M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Retrait de la motion
M. Lalonde: Je vais laisser aux experts les dédales de la
procédure. Je pense que ce qui est important, c'est ce que le
député et ministre de Saint-Jacques a mentionné. Si le
libellé de la motion ne convient pas à sa proposition, je suis
prêt à la retirer tout simplement.
Il y a lieu quand même, si vous me le permettez, sans parler du
fond de la motion, puisque j'ai l'intention de la retirer à la fin de
mes propos, de dire que nous accueillons avec satisfaction la proposition du
député de Saint-Jacques, mais nous voulons exprimer aussi une
certaine réserve. Il ne m'en voudra pas de mentionner un
événement plutôt récent à une commission,
justement celle-ci, où un ministre nous a dit que les gens seraient
invités dès que possible. Je cite: Dans la grande mesure du
possible, cela ressemble beaucoup à cela. Or, les gens n'ont jamais
été invités.
M. Charron: La loi est toujours devant...
M. Lalonde: Je pense quand même qu'en retirant ma motion,
je conserve le loisir de la représenter, sans préjuger de sa
recevabilité ou non, tout en prenant acte de l'offre, de l'engagement
presque du gouvernement de faire dans la grande mesure du possible, en sorte
que les projets de règlements soient distribués aux membres avant
de commencer l'examen de l'article en question. Je pense que cela va quand
même permettre au gouvernement un certain délai puisque le premier
des articles qui font état des règlements, c'est 32, et il est
déjà déposé, celui-là, c'est l'accès
aux professions.
On tombe à l'article 48 par après, à
l'étiquetage et à l'affichage, qui ne devrait quand même
pas créer beaucoup de problèmes, étant donné
l'étude précédente qui a été faite depuis
deux ans. Il s'agit de faire des choix maintenant.
Ce que j'aimerais quand même mentionner, c'est que le
parallèle qui a été tiré par le
député de Saint-Jacques entre la situation actuelle et la
situation de la loi 22 est quand même un peu injuste. A la loi 22, on
créait littéralement du droit. C'est vrai que cela a pris deux
ans pour créer, par exemple, les règlements sur la francisation
des entreprises, dont le ministre s'est largement inspiré au niveau des
mécanismes, des formulaires d'analyse, des programmes de francisation,
etc.
M. Charron: J'en conviens.
M. Lalonde: En toute justice, on avait produit quand même
quatre règlements, sur l'accès aux corporations professionnelles,
l'étiquetage, l'affichage et la francisation des entreprises. Dans ces
circonstances, M. le Président, je regrette quand même qu'on ait
douté de ma sincérité. Quand je parle ici à titre
de député, c'est devant six millions de personnes que je parle;
je n'ai pas besoin d'aller devant les journalistes, d'ailleurs, ils sont
là pour en être témoins. Je retire donc ma motion, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, j'accepte
que la motion soit retirée. Elle pourra être
représentée en tout temps, avec le caveat que j'ai fait quand
même au député de Marguerite-Bourgeoys quant à son
libellé...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît!
J'indique cependant, au cas où il y aurait d'autres motions, qu'elles
viennent de quelque parti que ce soit, qu'il y a eu le 18 juillet 1974,
justement au sujet du projet de loi 22 on la retrouve au journal des
Débats, référence B-5842-3 une décision de
la présidence qui est la suivante: "Que selon l'économie de notre
règlement et selon la tradition parlementaire, il semble très
clair je répète, très clair que le seul
mandat d'une commission élue, après la deuxième lecture,
c'est l'étude du projet de loi article par article. Une fois qu'on a
disposé des motions préliminaires, très peu nombreuses, le
président doit appeler l'article 1."
Je ne veux pas, par cela, brimer les droits de la députation, je
veux tout simplement indiquer que je suis prêt à recevoir d'autres
motions, mais pas pendant une semaine.
M. Lalonde: Vous êtes moins patient que le président
qui présidait cette commission, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
patience, c'est une question de remplir le mandat de la commission.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question de vertu.
M. Lalonde: De toute façon, on n'a qu'une autre
motion.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Mégantic-Compton m'a demandé la parole
auparavant.
M. Grenier: M. le Président, bien sûr, je suis
satisfait également, au nom du parti, des propos qu'a tenus le ministre
et député de Saint-Jacques. Je suis sûr que nous aurons,
à ce moment-là, l'information dont nous avons besoin pour pouvoir
continuer l'étude...
Je remercie le député de Marguerite-Bourgeoys du retrait
de sa motion, mais nous avons, ici à notre tour, une motion à
proposer. Je la lis pour ensuite l'expliquer, si c'est bien dans l'ordre, ou
voulez-vous que je l'explique avant de la lire? Je pense que c'est plus
intelligent de la lire avant de l'expliquer.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, seulement
une remarque auparavant. Je voudrais
quand même, au nom de la présidence, remercier les
députés de Marguerite-Bourgeoys et de Saint-Jacques. Pour parler
selon les termes du projet de loi 101, c'est une entente de gentilshommes. On
emploie d'habitude une autre expression et je veux sincèrement leur
marquer ma reconnaissance pour le geste qu'ils viennent de poser. Sur ce, M. le
député de Mégantic-Compton, il serait peut-être
préférable que la motion soit lue au début. On
éviterait ce qui s'est produit tantôt et on pourra en discuter
après et tenir le temps sur la motion.
Motion pour entreprendre
l'étude du chapitre VIII du projet
de loi M. Fernand Grenier
M. Grenier: Ce serait plus intelligent, ce serait plus facile
également. La motion se lit comme suit: "Que les membres de cette
commission entreprennent l'étude article par article du projet de loi
101 par l'étude du chapitre VIII, la langue d'enseignement, soit de
l'article 68 à l'article 83 inclusivement." Pourquoi? C'est que la
nature m'a pourvu d'un nez assez important et ce radar me laisse entendre, par
les propos que nous avons entendus en Chambre tout à l'heure et ce que
nous avons entendu...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse de vous
interrompre. Pourrais-je avoir une copie de la motion, s'il vous
plaît?
M. Grenier: Je croyais qu'elle était rendue.
Le Président (M. Cardinal): Non, je ne l'ai pas
encore.
M. Grenier: Toujours le même problème. Y en
aurait-il pour les députés également?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, pourrais-je, avec votre permission, la distribuer aux
membres de la commission?
M. Grenier: Distribuez-la, M. le Président, c'est pour
cela qu'on vous l'a remise.
Pour ce que nous avons entendu, M. le Président, je crains qu'on
ne se bouscule d'ici quelques jours puisque déjà ce soir... On a
entendu tout à l'heure, avant de quitter: On est en train de
régler notre sort en Chambre, à savoir si nous allons
siéger ce soir à 20 heures, ou non. J'ai bien l'impression que le
gouvernement va encore gagner. S'il devait en être ainsi, même
après un débat d'une heure et trente minutes, si on siège
ce soir, je crains qu'on ne siège également le vendredi et le
samedi. On verra ensuite si les autres partis veulent donner leur consentement
et si on peut s'en passer... Cela sera à décider au cours des
prochains jours. Mais ce que je crains le plus, c'est qu'on se dirige vers la
fin des débats, d'une façon assez rapide. A mon sens, on devrait
entreprendre ce chapitre VIII d'abord, si la chose peut se faire, puisque c'est
celui qui nous fournira de l'éclairage sur plusieurs autres chapitres de
la loi. Bien brièvement, je n'ai pas l'intention d'utiliser mon droit de
parole de 20 minutes, ni celui de l'autre représentant du parti,
uniquement pour faire entendre à cette assemblée qu'il serait
honnête qu'on commence ainsi. Je ne veux pas dire que si on commence par
le chapitre I, c'est malhonnête. Mais il me semble qu'à cause des
difficultés contenues dans ce chapitre VIII, et du temps qu'il pourrait
peut-être nous permettre également, si on devait le régler
assez rapidement, on pourrait procéder à Montréal,
à la rentrée scolaire, d'une façon plus
régulière que si on devait attendre à la toute fin de
l'étude de ce projet de loi, si on devait être bousculé
pour la terminer vers ce qu'on entend dire, soit le 20 août.
J'en fais une motion et je vous demande, bien honnêtement, si
c'est possible, que cette commission puisse commencer par le chapitre VIII et
qu'on règle d'abord la langue d'enseignement.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Mégantic-Compton, je vais procéder
exactement de la même façon que pour la motion
précédente. Pour que vous ne perdiez pas votre droit de parole,
je vais considérer que nous parlons de la recevabilité de la
motion et, par la suite, je rendrai ma décision.
J'ai reconnu le député de Saint-Jacques sur la même
question de recevabilité de la motion du député de
Mégantic-Compton.
M. Charron: Vous avez qualifié certains membres de
gentilshommes tout à l'heure. J'ai l'impression que toute la commission
a atteint un niveau de sérénité qui est de fort bon
augure. Je crois que c'est la présence de Mme le député de
L'Acadie qui en est la source principale.
J'ai aussi une contreproposition à faire à mon ami, le
député de Mégantic-Compton. Le gouvernement avait
réfléchi à cette hypothèse et plusieurs des
arguments qu'il a avancés à l'appui de sa motion sont
fondés. Il reste une nuance que je me permets d'apporter et que je lui
énonce en contreproposition.
Le projet de loi est un tout appelé Charte de la langue
française, au Québec, parce que précisément, nous
voulons y maintenir une logique, un ensemble. Il est construit comme tel. Que
l'on soit pour ou contre la loi, c'est de cette façon qu'on l'a
apprécié et les députés qui se sont
prononcés en principe hier, lors d'un vote en deuxième lecture,
c'est sur l'ensemble du projet de loi en question qu'ils se
prononçaient.
J'admettrai, après avoir fait cette affirmation à laquelle
je tiens et à laquelle le gouvernement tient fondamentalement, que le
chapitre de la langue d'enseignement dont je dirais très
honnêtement qu'il n'est pas plus important qu'un autre pour faire du
Québec un pays français, mais qui est sûrement le plus
débattu et le plus névralgique voilà le mot que
madame me souffle fait que la demande du député est
fondée.
Nous n'avons pas d'objection à modifier l'or-
dre traditionnel d'une étude d'une loi, c'est-à-dire de
l'article 1 jusqu'à... et le député de
Marguerite-Bourgeoys se souviendra des débats sur la loi 22 à cet
effet... Est-il permis ou non...? La décision avait été
que oui, cela peut être permis s'il y a consentement de la
commission.
Je peux vous dire que du côté ministériel, nous
sommes d'accord pour modifier l'ordre régulier de l'étude d'un
projet de loi et à devancer l'étude du chapitre VIII sur la
langue d'enseignement.
Je crois que nos amis de l'Opposition officielle, qui ont fait plusieurs
de leurs interventions sur ce sujet je les laisserai s'exprimer tout
à l'heure n'y verront pas d'objection, je l'espère, pas au
moment où le député de Mégantic-Compton... Nous
estimons, et c'est l'objet de ma contreproposition, que nous ne pouvons
atteindre, de façon complète, avec toute l'attention que
mérite ce chapitre VIII et toute la cohérence des interventions
des membres de l'Assemblée, si nous n'avons précédemment
disposé des deux premiers chapitres de la loi... Si le
député se permet d'y référer ma demande est
bien précise nous sommes disposés à étudier
le chapitre de la langue d'enseignement dès que cette commission se sera
prononcée sur le chapitre premier qui fait du français la langue
officielle du Québec. Nous avons besoin de cette affirmation pour
éclairer nos débats sur la langue d'enseignement. Nous ne pouvons
immédiatement y procéder si, auparavant, nous ne savons pas
quelles sont je connais les positions de l'Union Nationale les
langues officielles, ou quelle est la langue officielle du Québec. Par
la suite, évidemment, quand la commission se sera prononcée, il
lui sera beaucoup plus facile de sauter immédiatement à la
langue.
La même chose au chapitre 2. Il s'agit de cinq articles qui sont
les droits linguistiques fondamentaux. Je me dis: Si nous établissons
quelle est la langue officielle du Québec et quels sont les droits
linguistiques fondamentaux au Québec... En particulier, l'article 6,
auquel je réfère immédiatement le député,
précise que: "Toute personne admissible à l'enseignement au
Québec a droit de recevoir cet enseignement en français". Je
pense que la commission doit d'abord se rendre à ces questions
fondamentales et, par la suite, M. le Président, si le
député veut proposer, lorsque nous aurons disposé de
l'article 6 je lui laisserai l'honneur de le faire, s'il le veut
que nous nous transportions immédiatement à l'article 68 qui est
le premier inclus au chapitre VIII, il y aura consentement du côté
gouvernemental.
Il nous semble, encore une fois, je n'ai pas besoin d'exagérer le
plaidoyer en faveur, que, pour un débat fondé sur la langue
d'enseignement, il faut d'abord établir quelle est la langue officielle
du Québec et quels sont les droits linguistiques fondamentaux dans notre
société. Par la suite, nous procéderons au chapitre
VIII.
Le Président (M. Cardinal): Madame, messieurs, si vous le
permettez, je suis suffisamment informé pour rendre une décision
sur la recevabilité de la motion.
J'ai repris tantôt une décision rendue le 18 juillet. J'ai
écouté la suggestion de M. le député de
Saint-Jacques, comme j'ai lu attentivement la motion de M. le
député de Mégantic-Compton. Si j'avais des doutes
sérieux sur la recevabilité de la motion retirée de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai plus que des doutes sur la
recevabilité de la motion de M. le député de
Mégantic-Compton. M. le député de Saint-Jacques a
plaidé sur le fond de la question. Je n'ai pas le droit de le faire. Je
m'en tiendrai à la forme des choses. Je le rappelle pour une
troisième fois: Le mandat de la commission est d'étudier le
projet de loi 101, article par article. Il faut tout d'abord que le
président appelle l'article 1. Si j'avais appelé l'article 1, une
motion semblable aurait été reçue tout à fait
différemment. Nous pouvons appeler l'article 1 et, ensuite, du
consentement unanime de la commission, sauter par-dessus toute une série
d'articles. Ce n'est pas à moi à me prononcer, et d'en arriver
à l'article 68, par exemple, jusqu'à 83. Mais dans le cas
présent, je ne puis immédiatement recevoir cette motion tant que
l'article 1 n'aura pas été appelé.
Alors, pour le moment, je n'ai pas dit que la motion au fond
était irrecevable, j'ai dit qu'elle était
prématurée et que le président ne pouvait la recevoir
à ce moment-ci. M. le député de Mégantic-Compton,
je m'excuse encore, madame... Oui.
Retrait de la motion
M. Grenier: Oui, M. le Président, pour une meilleure
compréhension et une meilleure collaboration, vous m'avez convaincu,
bien sûr, puisque je sais que la commission est maîtresse de ses
travaux. A partir de là, messieurs, si on décide, pour soutenir
la proposition qu'a faite le ministre, député de Saint-Jacques,
nous pourrons revenir, à ce moment-là, à l'article 1 et
faire les deux chapitres, s'il y a lieu. Je pense, de plus en plus, que c'est
vraiment ce dont nous avons besoin. Ensuite, nous nous reporterons à
l'article 68. Donc, je retire ma motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, c'est la deuxième fois, c'est rare que cela
arrive dans nos commissions parlementaires. C'est grâce à des
ententes de gentilshommes et je ne connais pas, Mme le député de
L'Acadie, de version française, pour ces dames, de gentilhomme.
Nous allons retirer cette motion et je vais donner la parole à
Mme le député de L'Acadie.
M. Chevrette: Jamais deux sans trois.
Mme Lavoie-Roux: Faites attention aux termes que vous
utilisez.
M. le Président, comme le disait M. le député de
Joliette-Montcalm, jamais deux sans trois, j'ai bien peur que la motion ait le
même sort que les deux autres, mais, de toute façon, je ne veux
pas présumer de votre décision.
Le Président (M. Cardinal): N'en préjugez point
surtout.
Motion pour scinder le projet de loi Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: C'est une motion qui, si elle n'est pas encore
publique, c'est qu'elle n'a pas eu la chance d'être déposée
formellement avant aujourd'hui. J'en avais fait part au tout début
elle était à notre ordre du jour de la commission
parlementaire pour entendre les mémoires concernant le projet de loi no
1, mais on connaît la suite. Au moment de la deuxième lecture, je
pense qu'il ne nous était pas possible de faire cette motion parce que,
d'après les règlements et les informations données. Alors,
il me reste possiblement cette dernière chance de faire la motion. Si je
la fais, c'est que je la juge quand même extrêmement importante au
plan des principes et elle rejoint, je pense, d'une autre façon, la
préoccupation du député de Mégantic-Compton.
Tout le monde sait, et cela a été affirmé par
d'autres avant moi, que le gouvernement se trouve devant une
échéance très serrée quant à l'ouverture des
classes et l'application de la loi en ce qui touche la langue
d'enseignement.
Nous avions je pense que ce devait être le printemps
à ce moment; on ne connaît plus vraiment la différence
entre les saisons suggéré au gouvernement, justement,
connaissant l'échéance qu'il devait respecter dans le domaine
scolaire et que, déjà, on pouvait calculer en mars ou avril, de
scinder le projet de loi en deux. Ceci, dans le but de ne pas escamoter une
partie de la loi au profit de l'autre ou vice versa, et même, je sens
aujourd'hui que l'échéance est de plus en plus serrée.
C'est pour cela que, la semaine dernière, alors que nous discutions de
la motion d'amendement, j'ai fait une suggestion. Plutôt que de parler
d'une autre solution, si le gouvernement voulait l'utiliser, c'était une
suggestion. C'est de penser à des dispositions temporaires pour la
rentrée scolaire. Je sais d'ailleurs que le chef de l'Union Nationale
ou, du moins, on a rapporté ses intentions, voulait que l'application de
ce chapitre de l'enseignement soit reportée à un an. Ceci
n'enlève pas le problème de la rentrée scolaire de
septembre 1977.
Je sais que le gouvernement est coincé entre la loi 22 et la loi
101 à ce moment. Nous, nous étions prêts à
étudier des dispositions temporaires qui permettraient cette
rentrée scolaire paisible.
A tout événement, je vous lis la motion que je veux faire
et je laisserai à votre bon jugement le soin de décider de sa
recevabilité. La motion se lit comme suit: "Que la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications est
d'opinion qu'en vue de rechercher un consensus de l'Assemblée sur le
français comme langue officielle il nous semblait que
c'était beaucoup plus facile d'en arriver à un consensus dans
cette autre partie de la loi et d'assurer une rentrée scolaire dans les
meilleures conditions possibles on retranche du projet de loi no 101,
Charte de la langue française, présenté par le ministre
d'Etat au développement culturel, le chapitre relatif à la langue
d'enseignement, soit le chapitre VIII du titre premier, et qu'un autre projet
de loi concernant ce chapitre soit déposé à
l'Assemblée au nom du mi- nistre de l'Education et que ce dernier projet
soit étudié en priorité."
Evidemment, à ce moment, les gens pourront rétorquer que
ce sera encore très long. C'est vrai que le temps court, mais il reste
que toutes les représentations qui ont été faites en
commission parlementaire, à peu près toutes, ont touché la
langue d'enseignement. Je pense qu'il n'y a pas lieu d'entendre d'autres
témoins sur ce sujet et qu'on pourrait quand même procéder
avec célérité en retranchant ce chapitre et en faisant une
loi à part.
Le Président (M. Cardinal): Vous permettez que je la lise,
je prendrai encore une troisième fois le même système. Une
fois que j'aurai lu la motion, je donnerai la parole à M. le
député de Saint-Jacques. Nous ne parlons pas sur le fond de la
motion, elle n'est pas encore reçue. Nous parlons sur la
recevabilité. J'ai le droit et même peut-être le devoir de
recevoir conseil des membres de la commission et je verrai après.
Seulement un instant, le temps de lire la motion. Je ne suspens pas la
séance. Je puis d'ailleurs la lire à voix haute, tout le monde
l'entendra à nouveau. "Que la commission de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications est d'opinion qu'en vue de
rechercher un consensus de l'assemblée sur le français comme
langue officielle et d'assurer une rentrée scolaire dans les meilleures
conditions possible, on retranche du projet de loi no 101, Charte de la langue
française, présenté par le ministre d'Etat au
développement culturel, le chapitre relatif à la langue
d'enseignement, soit le chapitre VIII du titre I, et qu'un autre projet de loi
concernant ce chapitre soit déposé à l'Assemblée au
nom du ministre de l'Education et que ce dernier projet soit
étudié en priorité."
Le seul commentaire que je ferai immédiatement, c'est que c'est
une motion exactement à l'inverse de celle de M. le député
de Mégantic-Compton. Je vais quand même entendre M. le
député de Saint-Jacques, avant de rendre une décision,
s'il y a lieu d'en rendre une immédiatement. M. le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je suis heureux que vous
teniez un débat d'abord sur la recevabilité plutôt que sur
le fond, parce qu'ici il est de mise, je pense, que nous ayons quelques propos
sur la recevabilité d'une pareille motion. Nous siégeons ici
à la suite d'un vote de deuxième lecture où le principe a
été adopté par l'Assemblée nationale, et nous
sommes ici pour étudier un projet de loi article par article. C'est en
haut, au moment où nous avons reçu l'ordre de venir ici, qu'on
aurait pu nous dire de nous abstenir de faire l'étude de quelque article
que ce soit et c'est en haut qu'on aurait dû nous dire également
s'il était opportun de scinder, le projet à ce moment-ci, comme
le suggère la motion de madame, mais la motion et l'ordre de la Chambre
en vertu desquels nous siégeons, M. le Président, sont
d'étudier le projet de loi 101, tel qu'il est écrit, avec les
chapitres, tels qu'ils sont écrits, article par article, et il n'y a
aucun endroit dans la loi qui nous permette de faire
exception. Nous devons étudier ici tous les articles du projet de
loi qui a été adopté en principe par
l'Assemblée.
Nous n'avons pas le droit de prendre sur nous, de retourner à la
Chambre et de lui dire que nous refusons de nous prononcer sur quelque article
que ce soit, pour quelque raison que ce soit, puisque l'ordre qui nous fait
siéger ici spécifie très bien que c'est article par
article. Je considère la motion de Mme le député comme
irrecevable, dans sa lettre, comme dans son esprit.
Je peux me référer à la motion qui nous fait
siéger aujourd'hui, qui a été adoptée vers 22
heures, hier soir, à l'Assemblée, et je suis assuré,
étant un peu familier avec ce genre de chose, après huit ans dans
cette Assemblée, que l'ordre du leader du gouvernement était que
ce projet de loi soit déféré à la commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications pour en
faire l'étude article par article.
C'est à ce moment que madame aurait pu proposer là,
il y aurait eu un débat également sur la recevabilité
d'une pareille proposition à ce moment-là au moment
où on rédigeait l'ordre qui nous fait exister ici aujourd'hui
qu'il aurait été possible de faire les distinctions, mais,
à ce moment-ci, nous n'avons pas le droit de le faire. M. le
Président, je pense que la motion de Mme le député de
L'Acadie est irrégulière et irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député... Non, j'avais reconnu auparavant, si vous permettez, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, M. le député de
Mégantic-Compton, ensuite, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grenier: M. le Président, sur la motion du
député de L'Acadie, mon impression, avec le communiqué de
presse qui a été émis ce midi, c'est qu'on se suit pas
à pas, ce qui nous fait dire que quand M. Biron parlait de regroupement
des forces de l'Opposition, c'est effrayant que plus cela se ressemble plus il
y a du pareil, puisqu'on a adopté, ce midi, dans la conférence de
presse, sur les cinq points, presque quatre points et demi qui sont ceux du
livre bleu de l'Union Nationale et que...
M. Charbonneau: En toute humilité!
M. Grenier: ...c'est bien difficile d'appuyer la motion du
député de L'Acadie ou de la recevoir puisque à
l'intérieur du projet de loi qui fait un tout, à mon sens, il
serait difficile de retirer cette partie pour la discuter à part alors
que, comme on l'a signalé depuis le début, c'est une
espèce de projet de loi collectif, comme l'a signalé le
député de Saint-Jacques, et si on élimine ce chapitre qui
traite de la langue d'enseignement, il me semble que c'est mettre une
espèce de note discordante dans ce projet. Si on pouvait non pas revenir
à la motion, mais à ce qui est amorcé depuis le
début, à savoir de traiter des chapitres I et II pour ensuite
étudier le chapitre VIII, cela répondrait sans doute à
l'amendement que propose Mme le député de L'Acadie et on devrait
y parvenir sans trop de retard.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que le député de Saint-Jacques
et ministre délégué au Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports a posé les bonnes questions mais
donné les mauvaises réponses.
En effet, il faut se poser la question à savoir si l'article 87
est applicable au stade de notre débat actuellement. Sinon, quand
peut-on le faire?
J'aimerais attirer votre attention sur une décision rendue le 10
décembre 1974 par le président, l'actuel député de
Laval, et qui est très pertinente, sur la question de savoir quand le
député de L'Acadie aurait dû faire cette proposition de
scinder le bill. Si ce n'est pas à ce stade-ci, cela aurait-il pu
être en première lecture, en deuxième lecture ou cela
devrait-il être en troisième lecture?
La décision que vous retrouverez est à la page 3319 et
aussi aux pages 3320 et 3321. Pour la première question, à savoir
si cela peut se faire au moment où on a une motion devant
l'Assemblée qui dit ceci: Que tel projet de loi soit lu, une
première, deuxième, troisième fois, la décision est
qu'une telle question n'est pas divisible et je ne vous lis pas la
décision. Je pense bien que vous avez la référence.
Le Président (M. Cardinal): Celle du 10 décembre
1974?
M. Lalonde: Vous la connaissez.
Le Président (M. Cardinal): Je pourrais vous la lire. Je
l'ai devant moi.
M. Lalonde: Et, à la question suivante, qui était
tout à fait pertinente, qui avait été posée par le
député de Maisonneuve, à savoir: "Oui, mais si ce n'est
pas maintenant, c'est quand?", le président d'alors, après
l'argumentation du député de Maisonneuve et aussi du
député de Saint-Jacques, avait rendu, à la page 3321, la
décision suivante, je vais vous en lire seulement une phrase: "Cela se
fait toujours par les commissions". Donc, c'est en commission seulement que
cela peut se faire.
Si c'est en commission, à ce moment, je pense que nous sommes en
commission et qu'on ne doit pas faire la confusion que le député
de Saint-Jacques faisait tantôt, entre le mandat qu'on a reçu et
l'objet du mandat, qui est le projet de loi. Le mandat est de l'étudier,
mais l'objet de ce mandat, c'est étudier quoi? Le projet de loi.
Le projet de loi, sans aucun doute, est divisible. C'est une question
qui est divisée, de toute façon, en 219 articles et en plusieurs
titres et en plusieurs chapitres. Donc, c'est à ce stade-ci.
Aurait-on pu le faire à l'autre commission parlementaire? C'est
possible, mais le fait de ne pas l'avoir fait à ce moment, je pense, ne
nous enlève pas le loisir de le faire ici, si c'est aussi rece-
vable ici que cela l'aurait été lors de l'étude du
projet de loi no 1.
De toute façon, pour le projet de loi 101, on n'est pas
allé en commission parlementaire pour recevoir les gens. C'est la
première commission parlementaire que nous avons pour ce projet de loi.
On aurait peut-être pu faire cette même proposition pour le projet
de loi no 1. On ne l'a pas fait, mais cela ne rend pas caduque la
possibilité de le faire actuellement, et je pense qu'on n'a d'autre
choix que de le faire maintenant. Si ce n'est pas en première ou en
deuxième lecture, ou en troisième lecture, parce que la question,
à ce moment, n'est pas divisible, c'est en commission, et la
décision du président du 10 décembre 1974 est claire.
A ce moment, je pense que le député de L'Acadie est tout
à fait dans son droit et que sa demande est bien fondée.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez...
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier. Vous voulez parler sur la
recevabilité?
M. Saint-Germain: Oui.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Saint-Germain: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Cardinal): Ne parlez pas sur le fond de
la question, parce que cela a des conséquences. Sur la
recevabilité seulement.
M. Saint-Germain: Je voulais reprendre, M. le Président,
l'argumentation...
M. Lalonde: Le député de Bourassa est revenu.
M. Ciaccia: M. le Président, une question de
règlement. Si le député de Bourassa veut le droit de
parole, est-ce qu'il peut s'adresser à la présidence et est-ce
qu'elle le lui accordera?
M. Laplante: M. le Président, c'est seulement pour
expliquer au député de Jacques-Cartier le fond...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Jacques-Cartier, sur la question de
recevabilité, quand même, parce que je réfléchis
pendant que vous m'informez. Je pourrais, après votre intervention,
rendre une décision.
M. Saint-Germain: M. le Président, si le
député de Bourassa comprend clairement la question, rien ne
l'empêche de prendre le droit de parole lorsque son tour sera venu.
J'attends avec anxiété, d'ailleurs, l'intervention du
député, puisqu'il est président de commission.
Peut-être aurait-il quelque chose de positif à nous apporter
à ce point de vue là.
Ceci dit, je voudrais reprendre l'argument du député de
Saint-Jacques qui nous disait que la Chambre nous avait ordonné
d'étudier, article par article, le projet de loi. C'est exactement, M.
le Président, ce que nous voulons faire. La division du bill ne veut
absolument pas dire que nous refusons d'étudier le projet de loi,
article par article. La Chambre a accepté le principe du projet de loi
et nous ne voulons pas non plus en discuter.
Une des raisons qui n'est pas dite dans la motion, qui nous amène
à vouloir diviser le projet de loi, ce sont des raisons administratives,
parce qu'évidemment le projet de loi sera sous la responsabilité
administrative de deux ministres. Si le projet de loi était
administré par un seul ministre, vu que l'éducation prend une
importance fondamentale, je crois que tout ceci irait contre
l'intérêt de la population.
Alors, en divisant le projet de loi en deux parties, nous ne refusons
pas d'étudier ce projet de loi tel que l'Assemblée nationale nous
l'a ordonné, article par article. Nous ne voulons pas revenir sur les
principes du bill qui, d'ailleurs, sous-tend les deux parties, si le
gouvernement acceptait que le bill soit divisé.
En divisant le bill, nous ne nous soustrayons pas, si vous voulez,
à nos obligations vis-à-vis de l'Assemblée nationale, en
aucune façon.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur la recevabilité.
M. Ciaccia: Sur la recevabilité, très
brièvement, M. le Président. C'est seulement pour répondre
à une question posée par le député de
Marguerite-Bourgeoys quand à la possibilité que cette motion soit
recevable en commission parlementaire qui a entendu les mémoires.
Seulement pour vous donner certaines idées de ces opinions sur cet
aspect, je crois que ce n'était pas le moment, même s'il y avait
eu une commission parlementaire sur le projet de loi 101, pour entendre des
mémoires, parce que le mandat de la commission... Oublions pour
l'instant que ce sont les projets de loi 1 ou 101 et tenons pour acquis que
c'est le même projet de loi. Le mandat, à ce moment-là,
c'était d'entendre les mémoires. Alors, je ne pense pas qu'on
aurait pu appliquer les articles 87 et 88 de nos règlements quand le
mandat était précisément d'entendre les mémoires
soumis à la commission.
Alors, cela élimine la possibilité d'amener cette motion
à ce stade. Je suis d'accord qu'on n'aurait pas pu, non plus,
présenter cette motion en deuxième lecture. Nous n'allons pas
contre le mandat d'examiner le projet de loi, article par article. Nous voulons
apporter, si la motion est recevable... Nous avons le droit de faire une
recommandation de rapporter à l'Assemblée nationale, que, pour
telle ou telle raison, d'après les articles 87 et 88, nous lui
recommandons que le projet de loi soit scindé. Alors, l'Assemblée
nationale prendra les décisions qui s'imposent, suite aux re-
commandations de cette commission. Alors, pour ces motifs, je soutiens
que la motion est recevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, sur la recevabilité.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement
m'inspirer de trois articles de notre règlement pour juger irrecevable
cette motion de division.
L'article 87 se lit comme suit: "Par une motion non annoncée, un
député qui a le droit de prendre la parole peut proposer la
division d'une question en délibération."
L'article 140 se termine par les mots suivants: ... "La demande et
l'avis de convocation pour la tenue d'une commission élue; c'est
le cas ici doivent indiquer, l'heure, l'endroit et l'objet de la
réunion et aucun autre sujet ne peut y être discuté."
L'article 158 dit: "Une commission ne peut modifier, dans son principe,
une proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée."
Me référant à ces trois articles de notre
règlement, M. le Président, surtout à l'article 87, je
voudrais noter que le sens surtout dans son libellé
donné à la motion du député de L'Acadie a vraiment
pour effet de diviser la question qui a été discutée
au niveau de son principe, en deuxième lecture, à
l'Assemblée nationale.
Si la proposition du député de L'Acadie avait eu pour
effet, par exemple, M. le Président, de diviser l'étude de
l'article 69, questions en délibération, parce qu'on est ici pour
délibérer sur les articles, M. le Président... On n'est
pas ici pour délibérer sur le fond du projet de loi. On n'est pas
ici pour discuter des principes du projet de loi dans leur ensemble, tout cela
a été discuté en deuxième lecture, cela a
été adopté, 219 articles, non pas pris par article, mais
pris dans leur globalité, c'est-à-dire, que le projet de loi no
101, Charte de la langue française, a été adopté en
deuxième lecture.
En commission élue, maintenant, en deuxième lecture, on a
le mandat d'étudier, article par article, un projet de loi et, donc, les
questions qui sont en délibération, ce sont 219 articles pris
individuellement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il serait tellement
facile, tantôt, après l'article 6, de passer à l'article
68. Ce sont des façons de procéder normales, puisqu'on discute
d'articles.
La motion du député de L'Acadie, dans son libellé,
dans son voeu, je crois, veut, à toutes fins pratiques, faire en sorte
que le projet de loi, qui a été adopté en deuxième
lecture, soit scindé en deux. La première partie comprendrait 219
articles, moins 68 à 83, ce serait sur ces articles qu'on se pencherait.
L'autre partie comprendrait les questions en délibérations, soit
les articles 68 à 83, c'est-à-dire tout le chapitre VIII sur la
langue d'enseignement, pour en faire, comme le disait le député
de l'Acadie, un nouveau projet de loi. Eventuellement, il pourrait être
soumis à l'Assemblée nationale pour discussion en deuxième
lecture et, probablement, par la suite, pour discussion, article par article,
en commission élue.
C'est inadmissible, M. le Président. Dans son principe
même, cette motion est irrecevable parce qu'elle vient tout simplement
fausser le jeu même de cette commission qui, à l'heure actuelle,
doit délibérer sur chacun des articles de la loi.
Pour ces raisons, M. le Président, prenant comme arguments les
articles 87, 140 et 158, surtout l'article 87, dans son principe et dans son
libellé, je considère que la motion du député de
L'Acadie est irrecevable.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Vanier.
Oui, Mme le député de L'Acadie, brièvement, s'il
vous plaît, parce que, quand même...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas encore parlé sur la
recevabilité de ma motion et je ne suis jamais longue là-dessus,
M. le Président.
Je voulais vous demander, j'essaie de m'instruire, il semble y avoir...
Lequel est spécialiste de la procédure dans le parti
ministériel, à part le Président, particulièrement
dans le cas présent, entre le ministre délégué au
Haut-Commissariat et le député de Vanier? M. le
député de Vanier vient d'arguer qu'on ne peut proposer une telle
motion parce qu'elle a déjà été adoptée dans
son principe. Elle a été adoptée en deuxième
lecture. Le député de Saint-Jacques a fait l'argumentation
suivante: Si j'avais voulu faire cette proposition, j'aurais dû la faire
au moment où la motion allait être déférée en
commission.
M. Bertrand: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le Président (M. Cardinal): Ne partez pas de débat,
s'il vous plaît, sur la motion.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je vous souhaite toute la
sagesse possible, M. le Président, pour décider de la
recevabilité de la motion.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne sais pas si vous
me donneriez une seconde.
M. Chevrette: Une directive, M. le Président. Le
Président (M. Cardinal): Oui, M. le député.
M. Chevrette: Vous vous êtes déclaré
suffisamment informé et pour...
Une Voix: Non, non.
M. Chevrette: ...une intervention et demie sur une question
similaire... Vous en êtes rendus à la douzième
intervention.
Mme Lavoie-Roux: Bien, vous ne savez pas compter!
M. Alfred: Nous savons compter, madame.
Motion jugée irrecevable
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Non, M. le
député de Jacques-Cartier, je regrette, vous savez, j'avais
indiqué, lors de la première séance de la même
commission qui étudiait un autre projet de loi, que j'étais
disposé à écouter les membres de la commission sur la
recevabilité, quitte à prendre mes responsabilités et
à rendre la décision. Nous faisons depuis quelque temps je ne
sais pas s'il faut le dire de la haute voltige en matière de
procédure, et vous placez la présidence devant des questions fort
inquiétantes, d'autant plus que les décisions rendues font
jurisprudence.
Nous ne devons pas nous trouver ni banals ni empressés parce que
nous jouons ce jeu du régime démocratique et, je l'ai
déjà mentionné, je le dirai en d'autres mots, c'est qu'il
faut en payer le prix, et le prix c'est le temps que nous prenons. Cependant,
si on regarde la motion dans son libellé, que l'on se
réfère à tout ce que ces députés savants
m'ont indiqué, particulièrement à la décision du 10
décembre 1974, dans le dernier paragraphe de cette décision, le
président d'alors disait ceci: "La seule possibilité qui
s'offrirait pour scinder le projet de loi est celle de l'application de
l'article 152 aux termes duquel la commission qui étudie le projet de
loi après la deuxième lecture recevrait un ordre de
l'Assemblée." C'était la conslusion de cette décision.
Je dois rappeler que l'article 87 est un article qui permet de faire une
motion pour scinder une question en délibération. Cette
même décision du 10 décembre 1974 mentionnait qu'une motion
de deuxième lecture était une motion unique et qui ne peut pas
être scindée. Cette décision n'indiquait pas et je n'ai pas
l'intention d'indiquer à quel moment les articles 87 et suivants
pourraient être utilisés. Ce n'est pas à moi à
prendre des hypothèses et à indiquer aux députés,
à cette commission ou à l'Assemblée nationale, quand et
comment ils doivent agir. Je n'ai qu'à décider au moment
où ils ont posé un geste. Là aussi, l'article 154
alinéa 2, qui n'a pas été cité par mes augustes
collègues, dit que la commission peut amender un projet de loi pourvu
que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet et
qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième lecture
il y a une économie dans notre code, il y a quand même une
philosophie derrière toute cette procédure ce qui rejoint
quand même l'article 158 qui nous dit: "Une commission ne peut modifier,
dans son principe, une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée".
Pour ne pas faire rendre une décision qui prendrait tout le temps
de cette commission, ma conclusion est à l'effet suivant: Si la motion
avait été libellée autrement et qu'on eût
demandé que nous retournions devant l'Assemblée pour avoir un
ordre de cette Assemblée, j'aurais peut-être pu je ne sais
pas comment cette motion aurait été rédigée,
puisque je n'en rédige point accepter la motion, mais, telle que
rédigée, comme j'ai devant moi un ordre de l'Assemblée qui
m'oblige à appeler le plus rapidement possible et c'est la
quatrième fois que je le souligne l'article 1, qui ne permet pas
d'aller contre la motion de deuxième lecture, sur le principe de la loi,
et où il n'y a pas eu de division, où il était impossible
d'en avoir une, c'est le problème, c'est exact, vous aviez raison, Mme
le député de L'Acadie, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le député de Mont-Royal, M. le
député de Jacques-Cartier.
On peut se demander à quel moment l'article 87 peut s'appliquer.
Je ne dis pas à quel moment, encore une fois. Je dis simplement que la
motion, telle que rédigée, je ne peux pas la juger recevable,
avec regret, Mme le député de L'Acadie.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: ...pourrais-je recevoir une directive, étant
donné qu'on s'en va vers 18 heures, et que nous allons suspendre les
travaux, j'imagine, à 18 heures précises, jusqu'à 20
heures?
Vous avez dit tout à l'heure que nous commencerions par l'article
1. Ne pensez-vous pas qu'il serait plus logique de commencer par étudier
le préambule de la loi, sans que j'en fasse une motion, bien
sûr?
Le Président (M. Cardinal): Je rends la directive tout de
suite, et sur deux chefs. Le premier, c'est une question d'usage, de tradition
de cette Assemblée et de règlement. Cela revient toujours au
même principe. En toute chose, dans une commission parlementaire qui a
mandat d'étudier un projet de loi article par article, il faut tout
d'abord appeler l'article 1 et commencer à discuter au sujet de
l'article 1, que ce soit un débat général, ce que l'usage
consacre, ou que ce soit un débat particulier, si on veut bien arriver
tout de suite au sujet.
De plus, il y a de nombreuses décisions rendues par les
présidents précédents je ne les ai pas toutes
devant moi à savoir qu'on ne peut discuter du préambule
d'une loi, lorsqu'il y en a un, tant qu'on n'a pas discuté de chacun des
articles de cette loi. C'est le premier chef.
Le deuxième chef: Si nous étudions le système
législatif du point de vue juridique, le préambule d'une loi n'en
fait pas partie comme pièce impérative. D'ailleurs, c'est rare
qu'il y ait un préambule. C'était autrefois très
fréquent. Jamais un tribunal n'a accepté d'interpréter un
préambule, c'est pourquoi je vous dis tout de suite que nous n'allons
étudier le préambule, si vous le désirez, qu'après
avoir étudié les quelque 200 articles de la loi. La directive est
rendue.
M. Grenier: M. le Président, vous dites: Après
avoir étudié tous les articles de la loi, mais il se pourrait,
après avoir appelé l'article 1, qu'on en revienne au
préambule, avec le consentement unanime?
Le Président (M. Cardinal): Exactement, M. le
député de Mégantic-Compton. Vous avez compris.
M. Grenier: Je commence à être bon en
procédure. Je n'ai pas besoin d'appeler M. Bellemare pour cela.
La langue officielle du Québec
Le Président (M. Cardinal): Sur ce, puis-je appeler
l'article 1? A l'ordre!
Nous sommes à étudier le projet de loi no 101, Charte de
la langue française, après la deuxième lecture, et
l'article 1, qui s'appelle l'article premier, d'ailleurs, du chapitre premier,
se lit comme suit: "Le français est la langue officielle du
Québec".
Dois-je retenir cet usage qui veut que je donne la parole à M. le
ministre qui a présenté le projet de loi? M. le ministre d'Etat
au développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, je n'ai pas de commentaire
spécifique à faire à l'article premier, mais comme c'est
la première occasion qui m'est donnée de le faire, je vais dire
simplement que je suis très heureux qu'après à peine deux
heures de discussion sur les procédures, nous en soyons au moment
d'étudier le projet de loi article par article.
J'espère que l'on procédera avec diligence à
l'étude de chacun de ces articles et que nous n'aurons pas à
perdre trop de temps, soit dans des motions dilatoires ou dans des mesures
procédurières qui pourraient se multiplier, afin que nous
puissions adopter ce projet de loi dans les plus brefs délais.
Comme je l'ai déjà indiqué, j'aurai, à
l'occasion de l'étude de l'un ou l'autre de ces articles, des
amendements à présenter et je les ferai distribuer à cette
occasion.
En ce qui concerne l'article lui-même, encore une fois, je pense
qu'il est simple, il est limpide, il est clair. Il reprend, d'ailleurs, la
formulation exacte de la loi 22. Il va dans le même sens que la loi 22.
Il me semble qu'il tombe sous le sens que nous devrions l'adopter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme vient de le
signaler le ministre d'Etat au développement culturel, je pense que le
premier article qui dit que le français est la langue officielle du
Québec est certainement un article auquel l'Opposition officielle
souscrit, parce que je pense que ceci est déjà inscrit dans la
loi no 22. C'était l'objet premier de la Loi sur la langue officielle,
ce qui était d'ailleurs le titre de la loi.
Je regrette d'avoir à le souligner, mais je pense que ceci
rappelle un peu le rôle pour le moins ambigu que le gouvernement actuel,
qui formait alors l'Opposition du temps, avait joué pendant des semaines
je pense que ce n'était pas au bout de deux heures qu'on avait pu
parvenir à l'étude de l'article premier de longs discours
pour faire inclure dans cet article le qualificatif "seule", et, aujourd'hui,
alors qu'on étudie la loi 101, intitulée la Charte de la langue
française, le premier article est absolument identique à celui de
la loi 22, en ce qui touche le statut du français langue officielle du
Québec.
Je voudrais néanmoins, à ce moment, proposer un
amendement, en ajoutant, à la fin, les alinéas suivants:
Le français et l'anglais conservent le statut juridique
défini à l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique et "La langue anglaise a le statut juridique défini par la
présente loi."
La raison pour laquelle nous jugeons important d'inclure ces deux
alinéas à l'article premier est que l'esprit qui sous-tend le
projet de loi 101 et nous l'avons affirmé à plusieurs
reprises tendent très fortement à sous-estimer ou à
mettre en veilleuse l'existence de la communauté anglophone au
Québec, il nous apparaît important, pour qu'on obtienne de la part
de cette communauté anglophone la collaboration la meilleure pour
l'application de cette loi et l'observation de cette loi, il nous semble
indiqué, à ce moment, d'ajouter ces deux alinéas qui,
à notre point de vue, vont quand même confirmer que, dans la loi
101, le français et l'anglais conservent le statut juridique
défini à l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique et qu'on accorde également à la langue anglaise un
statut juridique tel qu'il sera défini par la loi.
Je pense que ceci ne peut avoir que pour effet d'amener une
collaboration et une meilleure observation de la loi de la part d'un large
segment de la population du Québec qui, à notre point de
vue...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie, permettez-moi, puisque vous avez
présenté une motion, avant d'en discuter le fond, je pense que la
présidence aura à décider si cette motion d'amendement est
recevable ou irrecevable, conformément, en fait, à la politique
suivie par le vice-président et le président de
l'Assemblée nationale. Je vais lire la motion. S'il y a des
députés qui veulent intervenir sur la recevabilité,
j'entendrai quelques observations, avant que la décision ne soit
rendue.
Il est proposé par Mme le député de L'Acadie une
motion d'amendement à l'article premier, à savoir "Que l'article
premier soit amendé, en ajoutant à la fin les alinéas
suivants: "Le français et l'anglais conservent le statut juridique
défini à l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. "La langue anglaise a le statut juridique défini par la
présente loi."
Comme je l'ai dit, conformément à la politique
établie par le président habituel, j'entendrai quelques
observations de la part de ceux qui veulent intervenir sur la
recevabilité de l'amendement et, par la suite, s'il y a lieu, les
députés pourront intervenir sur le fond de l'amendement.
J'avais reconnu le député de Vanier, et ce sur la
recevabilité.
M. Bertrand: Non, tout simplement une directive. Avez-vous
l'intention, M. le Président, pour
les amendements qu'on vous apporte, de les faire photocopier par les
services de la commission, afin qu'on puisse en avoir? Il risque d'y en avoir
certainement une bonne cinquantaine au moins qui vont être
présentés.
M. Lalonde: Si vous me le permettez, M. le Président, je
prends la suggestion du député de Vanier en bonne part. Je
m'excuse pour cette fois-ci, nous tenterons désormais d'avoir des copies
en nombre suffisant pour tous les membres de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce qui
veut dire qu'il pourrait y avoir d'autres motions d'amendement?
M. Lalonde: Nous en avons plusieurs, M. le Président; pour
bonifier cette loi, cela va en prendre!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité, y a-t-il des députés qui voudraient
intervenir? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vais être
très court. Les règles qui gouvernent la recevabilité
d'une motion d'amendement se retrouvent en partie au moins à l'article
70 de notre règlement, et je le lis: "Un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il
est irrecevable si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement."
Je pense, et vous me rappelez à l'ordre, si je m'écarte de
la pertinence du sujet que l'article premier, lorsqu'il dit: "Le
français est la langue officielle du Québec", statue, de
façon on ne peut plus formelle, on ne peut plus officielle, sur la lan-
gue qui doit être la langue officielle au Québec. Il reste
toutefois qu'en apportant un amendement, en ajoutant, non pas en changeant ce
qui deviendrait le premier alinéa de l'article premier, on
n'écarte pas la question principale, qui est de faire du français
la langue officielle du Québec. On s'en tient dans le cadre
général de statut linguistique, de statut d'une langue ou d'une
autre, et on ne fait qu'ajouter à cette déclaration, à
cette proclamation du français langue officielle du Québec, et
j'aurai l'occasion, lorsqu'on discutera une fois l'amendement reçu, je
l'espère, et accepté, je n'en doute pas, de tout l'article
premier, tel qu'amendé. On se trouve donc à simplement ajouter,
à l'intérieur de ce cadre qui est un statut juridique, en fait,
à une ou à plusieurs langues, des dispositions qui, comme le
député de L'Acadie l'a dit, touchent la langue française
quant au premier alinéa de notre amendement et touchent aussi à
la langue anglaise, mais à son statut tout simplement. Nous ne nions pas
par cet amendement l'article lui-même. Si nous avions dit, par exemple,
pour ajouter à la proposition, que le français est la langue
officielle du Québec, un article disant que le français n'est pas
la langue officielle du Québec, ou que c'est le chinois qui est la
langue officielle du Québec, je comprendrais peut-être votre
hésitation à le recevoir, parce qu'il tendrait à
contredire l'article lui-même.
Dans ce sens, et sans aller au fond, sans justifier le bien-fondé
ou l'à-propos de cet amendement, je pense qu'il est tout à fait
recevable, parce qu'il ne contredit pas, il n'écarte pas la question
principale. Il ne fait qu'ajouter à la question principale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Les travaux de la
commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous continuons cette séance et nous avions devant nous un
amendement à l'article 1 proposé par Mme le député
de L'Acadie qui se lisait comme suit: "Que l'article premier soit amendé
en ajoutant, à la fin, les alinéas suivants: "Le français
et l'anglais conservent le statut juridique défini à l'article
133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et la langue anglaise,
le statut juridique défini par la présente loi."
J'ai entendu des membres de la commission se prononcer sur la
recevabilité de cette motion. Il y a quand même une
différence entre les motions préliminaires que nous avons
entendues aujourd'hui et une motion de fond. C'en est une.
Jusqu'où la présidence peut-elle aller trop loin? C'est
vraiment une question, devant une motion semblable. En 1974, le 20 juillet, au
sujet de l'article 1 du projet de loi 22, il y a eu une motion d'amendement qui
se lisait comme suit: "Que l'article 1 soit amendé en ajoutant, à
la fin, l'alinéa suivant: "L'article 133 de l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique...
Mme Lavoie-Roux: Je ne le savais pas.
Le Président (M. Cardinal): ...cesse d'avoir effet en ce
qui concerne les matières relevant de la Législature du
Québec."
Le président, devant cette motion, avait alors répondu:
"Je voudrais dire, dès à présent, que, compte tenu de la
diversité des opinions des éminents juristes sur cette question,
je déclare cette motion recevable."
Un conseiller parlementaire avait ajouté en commentaire: "II n'y
a pas de risque à laisser débattre une motion lorsqu'il y a des
doutes sur sa recevabilité."
Il est très difficile pour la présidence ce n'est
pas la première fois que le cas se présente de rendre une
décision sur la recevabilité et de ne pas toucher au fond de la
motion. Cette motion serait-elle superfétatoire?
En ce sens, est-ce que dans un texte de loi, on doit écrire que
le crime est interdit? Est-ce que dans un texte de loi, on doit dire que l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique est conservé? Est-ce que dans
un texte de loi, l'on doit dire que le statut de telle langue est celui reconnu
par ce texte de loi? Suite à cette décision du 20 juillet 1974,
pourrait-on citer une chanson? "C'est vraiment le monde à l'envers". Et
ce n'est pas la première fois que cela se produit aujourd'hui.
Je pourrais, en vertu du principe qui veut que dans un cas de doute
véritable, l'on doive laisser débattre la motion pour favoriser
des oppositions... Je ne voudrais pas avoir cette espèce de nonchalance,
ni, d'ailleurs, aucune ironie, en rendant cette décision... Jamais je
n'ai voulu attaquer un membre de cette commission. C'est pourquoi je prends
certaines précautions oratoires pour dire qu'après beaucoup de
réflexion je ne peux décla- rer cette motion recevable. Je ne
peux déclarer cette motion recevable.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que, comme je vous ai déjà
entendu rendre de nombreuses décisions jusqu'à maintenant, en les
appuyant sur des motifs qui nous permettaient de nous convaincre du
bien-fondé de votre décision, vous auriez l'obligeance de nous
dire pour quel motif, en considérant l'article 70, cette motion
d'amendement ne serait pas recevable?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la forme, la motion est parfaitement recevable parce
qu'elle ajoute des mots à un article. Je pense que vous êtes
d'accord. C'est pourquoi, tantôt j'ai parlé du fond. Je sais que
c'est difficile ce qui se produit actuellement. Je vous dirai que si la
rédaction était différente, une motion semblable sur
l'article 1 pourrait être déclarée recevable.
La raison profonde et je m'excuse de répéter
est que je ne vois pas comment dans un texte de législation de ce
Parlement, on puisse répéter j'emploie le mot
répéter que l'article 133 continue de s'appliquer. Il n'y
a rien qui dit qu'il s'applique ou qu'il ne s'applique pas dans la loi
actuelle.
L'article 133 n'a pas été rescindé à ce que
je sache et, par conséquent, c'est pourquoi j'ai peut-être
employé un terme pédant, en disant que c'était
superfétatoire. C'est parce que l'article 133 existe encore.
Deuxièmement, quand on ajoute que la langue anglaise est le
statut qui est prévu dans la loi, je m'excuse, mais il est bien
évident que c'est le statut qui est prévu dans la loi, en autant
que la loi en prévoit un. Et c'est dans ce sens que je dis que je ne
vois pas comment on pourrait discuter d'une motion d'amendement semblable qui
dirait simplement: La loi est légale et le droit est juridique.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous avez cité la motion de 1974 où il
y avait un article pas tout à fait identique, mais cela
référait aussi à l'article 133 dans ce cas et cela disait
que ça ne devait pas s'appliquer, qu'il y avait différentes
opinions juridiques sur l'application.
Pourquoi cette motion était-elle recevable et celle-ci n'est-elle
pas recevable?
Le Président (M. Cardinal): Pour deux raisons, M. le
député de Mont-Royal. Remarquez, j'accepte qu'on discute de ma
décision, alors que vous savez qu'elle est sans appel. Mais cependant,
comme c'est une question importante, j'accepte
qu'on le fasse pour que les règles de la démocratie soient
observées.
Le 20 juillet 1974, à la page B-6007 du journal des
Débats, la motion d'amendement au sujet de l'article 1 était
à l'effet contraire. On demandait que soit amendé l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. On demandait que l'article 133 de cet
acte de 1867 cesse d'avoir effet. Dans l'amendement proposé aujourd'hui,
on dit qu'on va mettre dans notre loi que l'article 133 continue à
s'appliquer.
Je m'excuse, j'ai peut-être un fond de juri-disme en moi, mais je
ne vois pas pourquoi on dirait que la loi continue à s'appliquer.
M. Ciaccia: Elle est mise en doute par le projet de loi 101.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, justement,
deuxième raison; c'est la deuxième raison. Comme il y a des
juristes éminents qui ont discuté longuement de la
constitutionnalité ou de l'inconstitutionnalité soit du projet de
loi 1, soit du projet de loi 101, soit de l'application de l'article 133, je ne
pense pas que ce soit au président d'une commission parlementaire de
décider de cette question et je ne pense pas que ce soit à un
amendement à la loi, a une loi du Parlement du Québec, de
décider que l'article 133 doit continuer à s'appliquer ou ne doit
pas continuer à s'appliquer. Je m'excuse, je suis obligé de
toucher au fond, à ce moment-là, parce que vous me poussez
justement au bout.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une discussion sur le fond, une
décision sur le fond.
Le Président (M. Cardinal): Non, écoutez je n'ai
pas le choix...
M. Ciaccia: Le bénéfice du doute.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas voulu... Oui, bon;
alors en 1974, la décision du président a été prise
sur le doute, parce qu'on demandait, dans le fond, le retrait de l'article 133
ou le retrait de l'application de l'article 133. Remarquez que j'y ai
pensé longuement, depuis que nous nous sommes quittés à 18
heures. J'ai pensé à cette décision que j'aurais à
rendre et ce n'est pas, encore une fois... Je m'excuse. Cette question du fond
et de la forme est très difficile lorsqu'on en vient à des
amendements sur des articles et c'est très difficile pour le
président d'en décider et de conserver son détachement
vis-à-vis des partis politiques.
Cependant, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de
mentionner qu'il ne fallait pas que, dans une loi, on indique, comme je l'ai
mentionné en d'autres termes tantôt, que les lois qui existent
doivent être appliquées. Je ne pense pas que cet amendement soit
un amendement de substance, si vous voulez; c'est le fond de ma
décision.
M. Lalonde: M. le Président, une question de...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, dans la décision au
sujet de la recevabilité d'une motion d'amendement, je vois l'article 70
de nos règlements; j'aimerais que vous me disiez quels autres articles
de notre règlement s'appliquent. Avant que vous me répondiez,
j'aimerais vous citer l'article 70 qui dit: Un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Je
pense que là, la motion d'amendement est correcte.
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai dit sur la forme, si
vous permettez, parfait.
M. Lalonde: Je continue. Il est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale...
M. Duhaime: D'écarter la question principale.
M. Lalonde: ... sur laquelle il a été
proposé etc. Le reste de l'article a trait à un sous-amendement,
donc ce n'est pas pertinent ici. Dans quelle mesure la présidence...
Enfin, ne mettons pas la présidence en question. Dans quelle mesure la
recevabilité doit tenir compte du contenu de l'amendement, lorsque
l'amendement ou la motion d'amendement respecte littéralement l'article
70? Que l'amendement soit farfelu, qu'il soit totalement inacceptable à
la majorité, qu'il soit Qualifiez-le de ce que vous voulez
il me semble que ce n'est pas à la présidence de décider
que c'est irrecevable parce que cela n'a pas de bon sens. Non. Si cela n'a pas
de bon sens, à ce moment-là, cela va être défait et
même si cela a du bon sens, souvent cela va être défait,
mais quand même, je veux dire...
M. Duhaime: ... du bon sens à la question.
M. Lalonde: ... mais quand même, je vous demande une
directive.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je m'excuse. Non. Vous demandez plus qu'une directive,
vous attaquez ma décision. Si vous invoquez l'article 70... M. le
député de Mont-Royal, s'il vous plaît!
Si vous attaquez ma décision, c'est que je n'ai pas voulu,
justement, aller véritablement au fond de la question. Si on lit
attentivement l'article 70: "Un amendement doit se rapporter directement au
sujet de la motion proposée c'est le cas et ne peut avoir
que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots c'est le cas
ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale..." A mon très humble avis,
l'amendement a effet d'écarter la question principale et le principe du
projet de loi.
Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: A partir de la décision que vous venez de
rendre, je voudrais avoir les directives
sur deux plans. Premièrement, je voudrais savoir si chaque fois
que nous aurons un amendement de proposé, peu importe sur quel article
et à quel moment, il y aura débat quant à la
recevabilité avant le débat sur le fond. C'est ma première
question.
La deuxième. Est-ce que nous aurons une discussion soulevant les
motifs mêmes sur lesquels pourrait reposer une décision de la
présidence de la commission parlementaire chaque fois qu'une
décision pourra être rendue par la présidence sur la
recevabilité ou l'irrecevabilité d'une motion d'amendement?
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
Sur la première question, sur la recevabilité, lorsque la
commission s'est réunie pour la première fois au sujet du projet
de loi no 1, j'avais indiqué au début que je consulterais
brièvement la commission sur la recevabilité, tout simplement
pour faire jouer la démocratie à sa limite. Nous l'avons fait
jusqu'à présent, tant aux premières séances de ce
projet de loi no 1 qu'à la séance d'aujourd'hui.
Est-ce que j'ai eu tort de demander ceci? Est-ce que cela peut permettre
à une formation politique ou à une autre d'employer ce moyen pour
utiliser notre temps? La présidence ne peut en juger. C'est pourquoi
tout dépendra de l'importance de la motion d'amendement ou d'autres
motions qui pourraient être proposées.
J'ai mentionné tantôt qu'il y avait une différence
entre les motions préliminaires et les motions de fond. A votre
première question, je ne peux donner de réponse
définitive. Je pense que, si vous me permettez, M. le ministre, c'est
une question hypothétique. Cela dépendra du genre de motions qui
seront présentées à cette commission.
Quant à la deuxième question, je n'hésite pas
à répondre que c'est la première fois, à ma
connaissance, que devant cette commission, l'on discute de la décision
de la présidence. Je l'ai permis, parce que la décision me
paraissait importante et que je ne voulais pas créer de
précédent, je le souligne. A votre demande de directive,
j'indique immédiatement qu'à l'avenir je ne récidiverai
pas.
M. le député de Mégantic-Compton et ensuite M. le
député de Mont-Royal, mais sur quelle question, s'il vous
plaît?
M. Grenier: M. le Président, le député de
Bellechasse avait demandé de prendre la parole. M. le
député de Bellechasse, si vous me le permettiez... Ce n'est pas
pour en appeler de votre vérité "cardinalice", mais...
Le Président (M. Cardinal): Laissez faire, non.
M. Grenier: Sans méchanceté, mais uniquement pour
vous dire que j'aurais eu un bon discours à vous donner que je vais
être obligé de mettre de côté. Notre abstention
aurait justement porté sur la forme de la résolution
présentée par le
Parti libéral. Nous étions d'accord sur le fond. Nous
aurions dû nous abstenir justement sur la forme.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
député de Mégantic-Compton, comme j'ai laissé un
peu de corde, je vous répondrai ceci: J'ai indiqué tantôt
que si... Vous savez une motion, c'est dans son texte, dans son libellé
que vous la prenez. Il eût été possible que,
rédigée autrement, elle soit recevable par la présidence.
C'est mon seul commentaire additionnel.
Est-ce que M. le député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Excusez, mon collègue me parlait, M. le
Président, je m'excuse...
Le Président (M. Cardinal): Vous n'avez pas à vous
excuser, mais...
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Cardinal): J'aimerais savoir sur quoi,
parce que...
M. Ciaccia: Ce n'est pas pour contester votre décision, M.
le Président. Les questions que nous avons posées, je voudrais
que vous les preniez dans l'esprit dans lequel elles ont été
posées. Ce n'est pas pour contester, on voudrait avoir des directives.
On voudrait avoir certaines raisons, certaines explications, pour savoir
pourquoi votre décision a été prise de telle façon,
afin que nous puissions nous guider.
Premièrement, dans la présente motion, si nous devons
faire un autre amendement, peut-être en aurai-je un autre à vous
suggérer, si celui-là n'est pas acceptable... Alors, je
voudrais... Pour ma part, je crois bien que je parle pour mes collègues,
ce n'est pas une question de revenir et de contester votre décision,
c'est plutôt pour demander des explications sur le raisonnement qui vous
a amené à cette décision et pour nous la faire
comprendre.
Je vous avoue que je ne comprenais pas trop la différence... La
question de forme... Quand quelqu'un dit: Je suis contre l'article 133, cela,
c'est la forme. Oublions le fond, je puis dire: Je suis pour ou contre
l'article 133, cela, c'est, la question de forme. Alors, si je dis: Je suis
contre, vous dites: C'est acceptable. Si je suis pour, cela n'est pas
acceptable. A ce moment, il me semble qu'il y a une confusion dans... On va au
fond de la question, mais, comme je l'ai dit, je ne reviens pas sur votre
décision. Peut-être aurai-je un autre amendement pour remplacer
l'amendement que vous avez devant vous et, si vous me permettez de vous le lire
et, peut-être, de faire des changements...
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous auparavant,
M. le député de Mont-Royal? J'ai laissé, je l'ai dit
tantôt, les gens discuter après décision rendue justement
pour que l'on comprenne, non seulement pourquoi elle a été
rendue, mais
pour que l'apparence de cette décision soit évidente, soit
je n'oserais pas employer le mot transparence vous comprenez,
dans les circonstances... Je ne voudrais pas qu'on en fasse un débat de
procédure, ce que j'ai répondu tantôt à M. le leader
parlementaire adjoint. C'est pourquoi, M. le député de
Bellechasse, M. le député de Mont-Royal avait la parole et
s'apprêtait à proposer une motion. Oui, est-ce une question de
règlement?
M. Goulet: Une question de règlement, M. le
Président, ou une question d'information. Le député de
Mont-Royal a pris la parole après que vous vous soyez prononcé
sur la recevabilité de l'amendement.
J'aurais pu faire la même chose et en profiter pour proposer un
autre amendement. Je ne l'ai pas fait et j'ai respecté votre parole;
mais là on part de l'amendement no 1 et on saute à l'amendement
no 2 d'après le même droit de parole. Je me demande si,
normalement, je n'aurais pas dû avoir mon droit de parole avant lui,
parce que j'aurais pu faire la même chose. J'ai voulu respecter votre
décision; je n'ai pas voulu éterniser les débats et je
suis pénalisé.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bellechasse...
M. Goulet: C'est une question d'information, vous comprenez le
cas de...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez un assistant, M. le Président,
le député de Vanier...
M. Goulet: Personnellement, M. le Président, j'aurais un
amendement précis se rapportant spécifiquement à l'article
70 de notre règlement.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez... Sur la
question de règlement?
M. Lalonde: Oui, sur la question de règlement, M. le
Président. Je pense que le député de Bellechasse fait
appel à la tradition qui veut que vous passiez la parole d'un parti
à l'autre. Je ne discute pas de cette tradition qui est tout à
fait bien fondée. Mais lorsque vous avez déclaré un
amendement, une motion irrecevable, je pense qu'il est tout à fait juste
que vous redonniez la parole au parti qui a vu sa motion déclarée
irrecevable afin qu'il puisse continuer la discussion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ce n'est pas une question de règlement et
là, je n'en veux aucunement à M. le député de
Bellechasse. Il est normal vous avez bien fait de me le souligner
que je redonne la parole au parti de l'Opposition officielle.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Puisque pour nous
c'est une question assez importante de discuter de cet amendement, nous
voudrions vous suggérer et vous proposer la motion d'amendement
suivante:
M. Duhaime: La motion no 2, si je comprends bien.
M. Ciaccia: La motion no 2, vous savez...
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de motion no 1,
elle a été déclarée irrecevable. La motion no
1.
M. Ciaccia: Que l'article premier soit amendé, en ajoutant
à la fin, les alinéas suivants: "Le statut juridique de la langue
anglaise est défini par la présente loi." "L'usage de l'anglais
et du français, devant les tribunaux et devant l'Assemblée
nationale, ne sera pas affecté par la présente loi."
Le Président (M. Cardinal): Pourrais-je vous demander le
texte écrit de votre motion, s'il vous plaît?
M. Bertrand: Cela ne se tient pas.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Très rapidement pour ne pas retarder les
travaux. Une motion qui, de toute évidence, a été
citée verbalement, même si on a griffonné des mots,
peut-elle être recevable?
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Verchères, si elle m'est remise par
écrit.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, pour ne pas donner une
mauvaise impression à ces gens ou qu'ils ne m'imputent pas des motifs
que nous n'avons pas, premièrement, nous considérons la motion
assez importante; deuxièmement, vous avez vous-même dit que si
elle était rédigée de façon différente,
peut-être qu'elle serait recevable. Or, nous ne faisons que suivre les
directives de la présidence et nous nous conformons à sa
décision et à ses recommandations. Nous ne voudrions pas
être critiqués pour cela.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Oui, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Une partie peut-elle plagier une autre partie? Un
parti peut-il plagier un autre parti?
Le Président (M. Cardinal): Cela va plus loin que cela, M.
le député de Papineau.
M. Ciaccia: Parlez-vous d'un parti politique...
M. Alfred: Est-ce qu'un parti politique peut plagier un autre
parti politique, quand on est dans l'Opposition?
Le Président (M. Cardinal): Non, je n'irai pas au fond de
la question et, de toute façon... A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: C'est dans votre article 1. Une Voix: Vous
avez plagié.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
règlement, et si on fait référence à ce qui s'est
passé en juin et juillet 1974, je voudrais qu'on l'oublie, parce que
cela fait quand même plusieurs fois qu'on y revient. J'attends donc la
motion par écrit. Je ne suspens pas, je pense que les gens peuvent
être calmes avant, que j'analyse la motion pour cette commission.
A l'ordre, s'il vous plaît! Devant cette situation...
Mme Lavoie-Roux: On aura tout vu.
Le Président (M. Cardinal): La séance est
suspendue, pendant que la motion sera rédigée,
c'est-à-dire que la séance est suspendue pour trois minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 36)
Reprise de la séance à 20 h 38
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Pourrais-je demander aux... A l'ordre s'il vous plaît!
La nouvelle motion se lit comme suit: Que l'article premier soit
amendé en ajoutant à la fin les alinéas suivants: "Le
statut juridique de la langue anglaise est défini par la présente
loi." Et: "L'usage du français et de l'anglais devant les tribunaux et
à l'Assemblée nationale ne sera pas affecté par la
présente loi."
M. Alfred: Quel mauvais français! Cela fait
pitié.
Le Président (M. Cardinal): Laissez faire la forme.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Oui, M.
le député de Mégantic-Compton. A l'ordre s'il vous
plaît!
M. le député de Mégantic-Compton a la parole.
M. Grenier: Ne pensez-vous pas je vous le demande
qu'il serait possible, lorsqu'il arrive une motion si cela arrive au
bout de la main d'avoir un service à notre disposition pour qu'on
puisse l'avoir sous les yeux? On est obligé de l'écrire et on
n'est pas sûr qu'on va écrire la même chose.
M. Alfred: C'est improvisé.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre s'il vous
plaît!
Avant de vous répondre, je vais laisser la parole à M. le
député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: Je pense qu'en plus d'être farfelue, cette
motion est irrecevable à sa face même. Si j'ai bien compris le
texte, il y a deux phrases...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse de vous
interrompre. Vous parlez sur la recevabilité de la motion. Je veux que
cela soit clair. Je n'ai cependant pas l'intention qu'il y ait un débat
d'une demi-heure sur la recevabilité de la motion, d'autant plus que M.
le député de Saint-Maurice tantôt m'avait posé des
questions là-dessus.
Je vous prierais d'être bref. Je donne la parole à quelques
députés et quand je me sentirai suffisamment informé, je
rendrai la décision.
M. Duhaime: Si j'ai bien entendu la ponctuation qui a
accompagné la lecture, il m'apparaîtrait qu'il y a deux phrases.
La première partie de la motion étant: "Le statut juridique de la
langue anglaise est défini par la présente loi." Cela
m'apparaît déclaratoire, et l'autre partie: "L'usage du
français et de l'anglais..." et il manque un mot.
Le Président (M. Cardinal): "Le statut juridique de la
langue anglaise est défini par la présente loi!' "L'usage du
français et de l'anglais devant les tribunaux et à
l'Assemblée nationale ne sera pas affecté par la présente
loi."
M. Duhaime: Si vous référez plus loin, à
d'autres articles de la loi il y a des articles qui traitent
spécifiquement de la langue de l'administration de la justice et en
particulier le chapitre III et le chapitre IV, traitent également de la
langue de l'administration; alors, je vois mal, simplement sur le plan logique
et méthodique, que l'on puisse accueillir, à sa face même,
une première motion d'amendement à l'article premier qui aurait
pour effet de nous précipiter un peu à tort et à travers
dans le corps même de tout le projet de loi 101, en passant assez
allègrement d'un chapitre à l'autre. Alors, je pense que vous ne
devriez pas avoir d'hésitation; à sa face même, cette
motion est irrecevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bellechasse, sur la recevabilité.
M. Goulet: M. le Président, d'après moi, si la
motion antérieure était irrecevable, celle-ci l'est encore plus.
La terminologie de cette motion est très vague et, tenant compte de la
deuxième partie, je pense que cela se rapporte plutôt au chapitre
III. On est encore au chapitre premier. Alors, si l'Opposition officielle veut
être conséquente dans ses propos, elle n'aura qu'à nous
appuyer au chapitre III, je pense qu'on aura l'amendement qu'il faut.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier et ensuite M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur la
recevabilité de la motion.
M. Bertrand: M. le Président, si, tantôt, vous
n'aviez aucune difficulté à juger recevable la motion sur la plan
de la forme et que vous vous posiez des questions sur sa recevabilité en
touchant quelque peu au fond, dans ce cas-ci, il n'y a peut-être rien
à redire sur le fond ni sur la forme. Alors, c'est on ne peut plus
douteux. La seule terminologie utilisée dans le premier membre de la
phrase, le statut juridique de la langue anglaise est défini par la
présente loi; il s'agit bien du projet de loi no 101. Or, il n'y a aucun
statut juridique qui est défini dans la présente loi pour la
langue anglaise. Alors, de quoi veut-on parler dans le premier membre de
phrase? ll y a, sur le plan de la forme, quelque chose qui ne marche pas du
tout là et, dans la deuxième partie, il y a effectivement, comme
le disait le député de Saint-Maurice tantôt, des
éléments de cette motion d'amendement qui ne se
réfèrent pas du tout à l'article premier. Dans ce cas,
effectivement, on s'écarte de la question principale qui est de
définir un statut juridique au français ou à l'anglais.
Eventuellement, si quelqu'un veut définir un statut juridique, il n'y a
personne qui définit le statut juridique là-dedans, sauf qu'on
parle de l'Assemblée nationale, ce qui est le chapitre III. On parle de
la justice, c'est le chapitre III et puis on dit que la langue anglaise a un
statut juridique défini dans la présente loi et ce n'est pas le
cas du tout. Alors, sur le plan de la forme, il y a quelque chose qui ne cadre
pas, M. le Président. Vous n'avez même pas besoin de recourir au
fond, dans ce cas-ci, pour la juger irrecevable. Je ne reviens pas sur la
décision précédente.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense quand même
qu'il va falloir revenir aux sources et s'appuyer sur du sérieux. Quand
j'ai entendu les trois derniers intervenants, ils se sont
référés, pour appuyer leurs propos suivant lesquels cette
motion serait irrecevable, è d'autres articles du projet de loi. Je
pense qu'en ce qui concerne la recevabilité, la présidence n'a
pas à se demander si l'amendement contredit ou change quelque chose dans
le projet de loi. Naturellement, cela change quelque chose dans le projet de
loi, sans cela il n'y aurait pas d'amendement. Le député de
Vanier, tantôt, a suggéré que vous vous étiez
appuyé sur le fond pour rendre votre décision
précédente. Je ne veux pas revenir sur votre décision; ce
n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le député de Vanier. Il reste
que je suis sûr que vous ne ferez pas référence au fond,
comme vous l'avez dit tantôt. Le fond doit être discuté, si
c'est recevable, par les membres de cette commission et adopté ou
rejeté suivant le vote ou le choix de chacun.
Cette motion d'amendement ajoute des mots à l'article 1, son
effet n'est pas de s'éloigner de la question principale. La question
principale, c'est: Le français est la langue officielle. Cet article, de
toute évidence, de par le seul alinéa qu'il contient
actuellement, établit un cadre dans lequel le statut juridique de la
langue peut être discuté. Naturel- lement, si on parlait de la
température, M. le Président, dans notre amendement, vous auriez
raison de dire que notre amendement s'éloigne de la question principale.
Mais on parle de langue, on parle de statut de langue et à ce propos je
pense que l'amendement est parfaitement irrecevable. Je fais appel à la
rigueur de votre jugement. Je fais appel à l'article 70...
M. Ciaccia: Recevable.
Une Voix: J'ai compris irrecevable.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous avez
donné la parole au député de Papineau?
Le Président (M. Cardinal): Non, au député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je fais appel aussi
à l'article 110. Je pense que c'est là notre seul fondement,
à nous, à vous et à tous les membres de cette commission,
pour décider si cette motion est irrecevable ou recevable. En lisant
l'article 70...
Qu'on soit d'accord ou non avec l'amendement, qu'on soit d'accord avec
le fait que cet amendement change quelque chose plus loin dans le projet de
loi, cela n'a rien à voir avec la question qui doit être
décidée actuellement, à savoir est-ce que c'est un
amendement qui peut-être reçu par la présidence, qui peut
être proposé à la discussion.
A ce point de vue-là, M. le Président, je pense que cet
amendement est recevable.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, sur la recevabilité.
M. Saint-Germain: M. le Président, le porte-parole du
gouvernement dit que cet amendement ne s'applique pas à l'article 1. Je
crois, à mon humble avis, qu'il s'attaque directement à cet
article. On dit: Le français est la langue officielle du Québec.
On laisse sous-entendre dans tout le projet de loi, comme dans son titre, que
la langue anglaise n'existe pas dans la province de Québec. Nous voulons
que dans le projet de loi et que dans le titre, à l'article 1,
dès le début, on dise qu'en fait comme en droit, la langue
anglaise existe. Alors...
M. Goulet: Nous avons une motion toute prête.
M. Saint-Germain: Je ne vois pas pour quelle raison on devrait
faire cet amendement plus tard.
M. Alfred: C'est du charriage.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Jacques-Cartier, vous allez plus
loin que la présidence, vous parlez vraiment du fond de l'amendement. Si
vous parlez du fond,
il va y avoir des problèmes de procédure qui vont se
créer. Il y en a déjà...
M. Saint-Germain: M. le Président, cela a
été l'argument des porte-parole du gouvernement. Alors, si, eux,
se conforment au règlement, je m'y conforme aussi. Si vous voulez parler
du fond, je n'ai pas d'objection. Mais on a dit, on a soutenu que cet
amendement n'était pas en concordance avec l'article 1. Je veux
simplement vous dire, M. le Président, qu'à notre avis la
commission décidera il doit venir à l'article 1 pour les
raisons que je vous ai données.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Jacques-Cartier. Vous avez raison en ce sens que, s'il
y a un amendement de ce genre, il doit venir à l'article 1. Si je
reprends l'amendement, encore une fois, tel que rédigé, je dirai,
et sans vexer personne, qu'à première vue, quand je l'ai entendu,
il était peut-être plus recevable que le premier. Cependant, quand
je le relis attentivement, je constate qu'un amendement, cela doit amender, et
c'est le fond de la question, peu importe l'article 70. Or, le premier
alinéa de l'amendement n'amende rien. On ne peut pas dire dans une loi,
surtout lorsqu'on n'y parle pas du statut juridique de la langue anglaise, que
le statut juridique de la langue anglaise est défini par la
présente loi.
Alors, on n'amende pas. Je regrette. Un amendement, c'est pour amender.
Là, je vais vraiment au fond de la question. Un amendement, c'est fait
pour changer quelque chose sur le fond.
Il y a une deuxième chose que je veux ajouter. La deuxième
phrase de l'amendement amende, mais je ne suis pas pour invoquer, comme
président, l'article 87 pour demander la division de l'amendement.
Et je me sens obligé de dire, malgré que ma
popularité va baisser vis-à-vis des partis d'Opposition, qu'un
amendement étant indivisible et que la première partie de
l'amendement n'était pas un amendement, la motion est irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président, je demande une directive.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys a demandé la parole le
premier, suivra M. le député de Mégantic-Compton.
M. Lalonde: M. le Président, quand l'article 70 nous dit
qu'un amendement ne peut avoir que les objets suivants: "Ajouter des mots",
est-ce que la présidence doit se poser la question à savoir si
les mots qui sont ajoutés changent ou ne changent pas? Cela pourrait
être simplement des mots ajoutés.
M. Goulet: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goulet: Une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! ...A l'ordre!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, encore une fois,
remet ma décision en cause. Vous qui avez été un de mes
brillants élèves, vous savez fort bien que l'article 70 n'est
qu'une question de forme et que quand j'ai mentionné qu'un amendement
doit amender, j'ai parlé d'une question de fond qui est de l'ordre,
appelez-la de la sémantique, de la dialectique, de la philosophie ou de
la logique, et que, par conséquent, je n'accepte pas que l'on discute de
ma décision en vertu de l'article 70.
J'ai mentionné tantôt dans ma décision, j'ai pris le
soin de dire vis-à-vis de l'article 70, j'ai mentionné, dis-je,
à deux reprises que la motion était, quant à la forme,
acceptable. J'ai mentionné que quant au fond, non pas au fond de la
question, mais au fond juridique de l'affaire, je ne pouvais point
l'accepter.
M. Ciaccia: M. le Président, sans mettre en question votre
décision.
Le Président (M. Cardinal): En posant des questions sur ma
décision.
M. Ciaccia: Non, non.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. J'ai
mentionné que M. le député de Mégantic-Compton
aurait la parole après.
M. Grenier: M. le Président, bien sûr que je n'en
appelle pas de votre décision, je ne discute même pas votre
décision, mais cela fait trois quarts d'heure qu'on est ici pour trouver
les deux amendements du Parti libéral, du parti de l'Opposition
officielle, irrecevables.
M. le Président, je vous demande une directive. Il y a longtemps,
nous avons préparé un document sérieux et nous avons un
amendement. Je pense bien qu'il va être jugé recevable. Il est
absolument dans l'esprit, comme fond, de ce que propose ici le Parti
libéral, mais il a le mérite d'avoir été
préparé. Il peut être recevable. Mais si ce n'est pas
possible, s'il faut encore recommencer, parce que vous êtes, tout
à l'heure, après une motion rejetée, revenu encore au
Parti libéral, on va encore écrire au bout de la fourche un autre
amendement sur une feuille de papier que personne va avoir en main. Je vous
demande s'il ne serait pas opportun ou bien qu'on passe à notre motion,
ou bien qu'on suspende les travaux pendant quinze minutes, afin que certains
aillent dans l'autre salle, qu'ils préparent quelque chose de
sérieux et qu'ils reviennent.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je vous dis que je n'ajournerai pas, parce que ce
serait une motion en vertu de l'article 77 ou 157 et qu'on aurait un
problème. On le sait, on l'a déjà vécu ailleurs.
Quant à votre demande de directive, j'avoue qu'elle m'embarrasse
beaucoup plus que les directives que j'ai eu à ren-
dre depuis le début de cette soirée, en ce sens qu'il y a
quand même une tradition en vertu de l'article 4 qui veut que l'on
commence par le parti ministériel, puis l'Opposition officielle, et
enfin, le parti reconnu.
Il y a eu une espèce de directive rendue tantôt voulant
qu'une motion étant rejetée, l'on revenait au parti de
l'Opposition officielle. Ma seule réponse serait celle-ci:
J'espère justement, je n'ai qualifié en rien ce qui se passe ce
soir, je n'ai point le droit de le faire, que le parti de l'Opposition
officielle n'abusera pas de cette tradition qui lui permet de parler le premier
après le parti ministériel.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'abuser, je voudrais répéter que l'on considère cet
amendement, que le député de L'Acadie a proposé, assez
important...
Le Président (M. Cardinal): Pardon. Attention! Les deux
amendements n'existent pas.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président. Vous avez
mentionné que la première partie...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Est-ce que je peux retirer...
Le Président (M. Cardinal): Ma décision est rendue,
vous ne pouvez point en parler.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux retirer...
Le Président (M. Cardinal): L'amendement? Vous n'avez pas
à le retirer, il n'existe pas.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux faire l'amendement. Je ne veux pas
entrer dans la question de procédure, je n'ai pas cette intention. Je
veux me conformer à votre directive.
Le Président (M. Cardinal): Ma directive, c'est qu'il n'y
a pas d'amendement devant la commission présentement.
M. Ciaccia: II y a eu une suggestion, M. le Président;
ceci est assez sérieux, on ne fait pas cela pour...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, parlez-vous sur ma décision?
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Sur une question de
règlement ou si vous proposez un amendement?
M. Ciaccia: Je propose l'amendement suivant, et c'est la
dernière fois que je proposerai un amendement.
M. Goulet: M. le Président, question de règlement.
Question de règlement, M. le Président. Cela fait trois quarts
d'heure qu'on joue avec les libéraux. Ils me font penser à des
colporteurs à qui on ferme la porte d'en avant, ils vont à
l'arrière; on la ferme en arrière, ils reviennent en avant.
Va-t-on jouer ainsi jusqu'à demain matin?
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Goulet: Nous sommes aussi bien d'ajourner tout de suite la
séance et de les laisser faire entre eux, M. le Président; on
reviendra demain matin.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Madame et
messieurs. Si vous voulez vraiment perdre du temps, je puis suspendre les
travaux jusqu'à 22 h 58.
M. Grenier: M. le Président, sur une question de
règlement, vous avez dit que les deux motions avaient été
rejetées. A partir de maintenant, si l'Opposition libérale
officielle de 11% a une proposition intéressante à mettre sur la
table, qu'elle la donne et là, on va discuter sérieusement.
Sinon, passez à la proposition de l'Union Nationale qui est
sérieuse.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas une question de
règlement. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président. Je pense que les propos un peu énervés
de...
M. Grenier: Non, très pondérés, M...
M. Lalonde: ... du tiers parti, l'Union Nationale.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Non, à l'ordre, s'il vous plaît! Il n'y a pas de question
de privilège directe ou déguisée en commission
parlementaire et je n'en accepterai pas. Par conséquent, le prochain qui
demandera la parole, je veux qu'il m'indique dès le début de quel
sujet il veut parler.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je propose que l'article premier soit amendé
de la façon suivante: Que l'article premier soit amendé en
ajoutant, à la fin de l'alinéa suivant... Est-ce que ma
prononciation vous satisfait?
M. Grenier: Cela ressemble au restant.
Le Président (M. Cardinal): Je peux vous laisser un moment
de liberté.
M. Ciaccia: L'usage du français et de l'anglais
devant les tribunaux et à l'Assemblée nationale ne sera
pas modifié par la présente loi.
Le Président (M. Cardinal): Voulez-vous me remettre le
texte, s'il vous plaît? M. le député de Saint-Maurice, sur
la recevabilité?
M. Duhaime: Pour toutes les raisons que j'ai données
tantôt, M. le Président, je vous demanderais de rejeter cette
motion d'amendement qui est exactement dans le même sens et au même
effet.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Bellechasse, sur la question de recevabilité.
M. Goulet: M. le Président, je proposerais qu'on passe
à la motion 404, car celle-là est irrecevable au même titre
que l'autre. Alors, si ces gens ont une quatrième proposition... C'est
la même chose, M. le Président, c'est sur le même point de
règlement que tantôt. J'aimerais que vous interveniez. Va-t-on
jouer ainsi jusqu'à demain matin? Cela n'a réellement pas de bon
sens.
M. Lalonde: Soyez patient.
Mme Lavoie-Roux: Votre tour viendra.
M. Goulet: Pour vous endurer, il faut être patient.
M. Lalonde: C'est fatigant, être pris à partie!
M. Saint-Germain: M. le Président, je vous demanderais une
directive.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II arrive, M. le Président, que, dans ce
projet de loi, la langue anglaise a les mêmes droits que les langues de
toutes les minorités. Jamais, on ne prononce, on ne fait usage du terme
"langue anglaise" ou des termes "langue anglaise" dans la loi. Alors, si nous
voulons absolument modifier l'article premier, c'est que nous voulons que la
langue anglaise ait une priorité sur les autres langues en usage au
Québec.
Ceci dit, M. le Président, nous avons plusieurs amendements
à apporter à ce projet de loi et nos amendements à
l'article premier sont en concordance avec les amendements que nous allons
apporter dans l'avenir. Je sais pertinemment que je parle un peu du fond du
problème, si vous voulez. Mais, je crois qu'on a discuté, au
niveau des règlements, énormément du fond de la question.
C'est pour cela que je vous demande une directive. Est-ce que vous
interprétez cette motion comme étant recevable, est-ce qu'elle ne
modifie pas ou ne pourrait pas servir à l'Opposition officielle à
modifier le projet de loi dans le sens que je viens de vous décrire?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, il est bien évident que votre question est la vraie
question. Est-ce que je vais décla- rer la motion recevable ou
irrecevable? Je la lis et je la relis et je sais que M. le député
de Marguerite-Bourgeoys va invoquer de nouveau l'article 70, qui parle de la
façon formelle dont on peut modifier un article, une motion.
Probablement que le président actuel a une déformation et revient
toujours aux mêmes termes. C'est qu'un amendement, encore une fois, il
faut que cela amende. Un texte de loi, il faut que cela ait un sens
impératif. Un texte de loi ne dit pas qu'il faut que le monde soit
heureux, qu'il faut que le monde soit de bonne humeur, qu'il faut que le monde
parle français ou qu'il faut que le monde parle anglais.
Si on me dit dans un amendement que l'usage du français ou de
l'anglais devant les tribunaux ou devant l'Assemblée nationale ne sera
pas modifié par la présente loi, peu importe qu'on ait
changé "affecté" par "modifié", à mon humble point
de vue, vous savez comment vous me poussez au bout, vous ne faites pas un
amendement. Ecoutez!
M. Lalonde: Puis-je vous interrompre?
Le Président (M. Cardinal): Ou la loi modifie l'usage du
français et de l'anglais ou ne le modifie pas. On ne dira pas dans un
texte de loi que la loi ne le modifiera pas.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...je sens que vous êtes en train de rendre
votre décision et vous avez dit au début que M. le
député de Marguerite-Bourgeoys va dire ceci ou cela.
Le Président (M. Cardinal): Oui, j'ai invoqué votre
précieuse expérience.
M. Lalonde: J'ai pensé que vous me laisseriez justement
m'exprimer sur la recevabilité avant de terminer, c'est pour cela que je
me suis permis, malgré les usages, de vous interrompre, vous m'en
excuserez. Je pense que si on s'adresse au fond, et il faut en fait s'adresser
au fond pour conclure, comme vous semblez tenter de le faire, à savoir
si cela change quelque chose ou non, un amendement doit changer quelque
chose.
A ce moment-là, je vous propose l'hypothèse suivante, que
le premier alinéa, enfin ce qui deviendrait le premier alinéa "Le
français est la langue officielle du Québec" serait
modifié, dans une certaine mesure, par notre amendement à savoir
qu'en ce qui concerne l'Assemblée nationale, qu'en ce qui concerne les
tribunaux, le français et l'anglais conservent les mêmes droits,
donc l'usage du français et de l'anglais n'est pas modifié, et
cela change le premier alinéa.
Cette qualité, cette vertu de changer que vous invoquez, je
pense, est inscrite dans l'amendement, qu'on soit d'accord ou non avec cet
amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous montrez une grande habileté. Si la motion du
parti de l'Opposition officielle était rédigée comme vous
venez de le dire, je l'aurais déclarée recevable.
M. Lalonde: C'est exactement ce que je viens dire, "L'usage n'est
pas modifié par la présente loi".
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas cela que j'ai
entendu.
M. Lalonde: La conclusion est donc que...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous ne commencerez pas à arguer avec la
présidence. Sortez la transcription du journal des Débats,
relisez ce que vous avez dit exactement et vous allez voir que ce n'est pas le
texte de la motion que j'ai devant moi.
M. le député de Vanier, sur la recevabilité.
M. Bertrand: M. le Président, je sens que vos arguments
semblent déjà nous amener à conclure que vous allez juger
irrecevable cette troisième motion. Je voudrais ajouter que, chaque fois
que nous avons voulu que vous rejetiez cette motion, que vous la jugiez
irrecevable, nous invoquions, pour cette partie de la motion qui a trait
à l'usage du français et de l'anglais à l'Assemblée
nationale et devant les tribunaux, nous faisions référence au
fait que ce n'était pas l'objet de l'article 1. L'objet de l'article 1
portait sur le statut juridique des langues, et si l'Opposition officielle veut
faire des amendements qui concernent la langue utilisée à
l'Assemblée nationale ou devant les tribunaux, qu'elle vienne donc
à l'article 7. Il y a un article qui dit que le français est la
langue de la législation et de la justice au Québec. Si elle veut
faire un amendement pour dire que le français et l'anglais sont les
langues de la législation et de la justice au Québec, qu'on fasse
de tels amendements, mais qu'on ne vienne pas faire sur le statut juridique
d'une langue des amendements qui portent sur l'utilisation des langues à
l'Assemblée nationale et devant les tribunaux, on est en dehors de la
question, on s'écarte de la question, tel que le dit l'article 79 M. le
Président.
Donc, M. le Président, si vous jugez irrecevable cette motion, il
me semble qu'en baseball, quand on frappe "strike 3", c'est fini, vous devriez
passer à un autre parti de l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous m'avez invité
à consulter la transcription des débats. Je ne peux pas le faire
actuellement, naturellement, étant donné que je ne l'ai pas.
Est-ce que vous accepteriez de suspendre quelques minutes pour faire venir la
transcription, à votre invitation? Vous m'avez demandé de le
faire.
M. Ciaccia: C'est assez important, M. le Président.
M. Lalonde: Je voudrais ajouter que les propos du
député de Vanier sont tout à fait non pertinents, non pas
impertinents.
Le Président (M. Cardinal): Pas de débat, s'il vous
plaît! Nous avons refusé trois motions, parce que la
troisième est irrecevable. A l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez
conserver votre sang-froid, ce n'est pas terminé, on en a pour quelques
semaines encore, et parce qu'on en a pour quelques semaines et parce que le
député de Marguerite-Bourgeoys s'est montré fort gentil en
m'invitant à une brève suspension, on se rappellera que j'avais
moi-même suspendu la même commission pour aller chercher le
transcript. Cela a pris un peu de temps. Il y a une suspension jusqu'à
21 h 10.
(Suspension de la séance à 21 h 8)
Reprise de la séance à 21 h 16
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame,
messieurs.
Un instant. La suspension a duré plus longtemps, parce que j'ai
voulu laisser tout le temps possible à cette vérification, mais,
M. le député de Mégantic-Compton, si vous voulez bien
m'indiquer sur quel sujet... Il vient de demander la parole.
M. Grenier: De Bellechasse.
Le Président (M. Cardinal): De Bellechasse, pardon.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais proposer un
amendement, si vous me le permettez.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la question de règlement.
M. Lalonde: Je pense que lorsque vous avez
décrété la suspension des travaux pour quelques minutes,
c'était pour permettre la vérification de la transcription. J'ai
cru, à ce moment, qu'à la reprise des travaux on continuerait
à discuter de la question qui était sur la table,
c'est-à-dire de l'amendement que l'Opposition avait
présenté.
Naturellement, vous l'avez déclaré irrecevable, tout en
indiquant que si l'amendement était fait dans la forme dont je
m'étais servi pour l'exprimer, en plaidant en faveur de la
recevabilité, il pourrait être recevable.
Je pense qu'en toute justice, vous devriez me permettre de continuer
avant de donner la parole au député de Bellechasse.
M. Goulet: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Lorsque nous avons suspendu nos travaux pour prendre
un café ou pour prendre connaissance de la transcription, vous vous
étiez prononcé sur le troisième amendement du parti dit
officiel et, que je sache, il n'y avait pas de quatrième amendement de
proposé. Vous vous étiez prononcé, un point, c'est tout,
sur le troisième amendement proposé par le député
je ne sais plus quel député de Marguerite-Bourgeoys
ou de son collègue.
On ne discutait pas de l'amendement. Vous vous étiez
prononcé et c'est vous qui aviez suspendu les travaux. Je ne vois pas
pourquoi je n'aurais pas la parole.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je sais que ce soir,
je vais faire de la peine à tout le monde. J'ai commencé à
20 heures et je vais continuer. Je ne prendrai pas la question de la même
façon que le député de Marguerite-Bourgeoys ou que le
député de Bellechasse. Je la prendrai autrement. Je
reconnaîtrai qu'à la suspension des travaux, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys avait la parole,
indépendamment de tout amendement jugé recevable ou
irrecevable.
M. Lalonde: Je propose l'amendement suivant: "Que l'article
premier soit amendé en ajoutant à la fin l'alinéa suivant:
"L'usage de l'anglais continue à être permis dans les
débats de l'Assemblée nationale et dans les témoignages et
plaidoiries orales devant les tribunaux."
Je vous en donne une copie et je vous dirai immédiatement, sur la
recevabilité, que ce n'est pas la forme que j'ai employée
tantôt dans mon intervention. C'est plutôt la forme d'un
sous-amendement qui avait été fait par le député de
Saint-Jacques et qu'on retrouve à la page 6040 du journal des
Débats de 1974. Il avait été accepté par la
présidence, lors de l'étude, article par article, du projet de
loi no 22.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Verchères, sur une question de
règlement.
M. Charbonneau: Je ne veux pas contester une de vos
décisions, mais je voudrais que vous me donniez une directive qui
pourrait servir pour l'ensemble de l'étude, article par article.
Si j'ai bien interprété la tradition, j'ai l'impression
que l'Opposition officielle a, le premier, le droit de parole. Cela veut-il
dire, dans ce cas, que chaque membre de l'Opposition officielle a le droit
d'intervenir?
Je pense que ce que cela veut dire qu'un député, au nom de
l'Opposition officielle, prend la parole le premier, pendant vingt minutes au
maximum. Je pense que plusieurs, au nom de l'Opposition officielle, sont
intervenus. Dans ce sens-là, on va à l'encontre de la tradition
et je me demande si on ne va pas à rencontre du règlement
également.
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Verchères. Il y a deux règlements, un
règlement général, l'article 4, et un règlement
particulier, l'article 92. En vertu de l'article 92, quelqu'un qui s'adresse
à la présidence doit indiquer qu'il s'adresse à la
présidence, par son titre. En vertu de l'article 4, les traditions
s'appliquent.
Vous avez peut-être raison dans le fond de votre intervention, non
pas à cause de l'attitude de la présidence, parce que, si vous
l'avez remarqué, j'ai toujours donné la parole, disons, à
un membre de la formation politique ministérielle, à un membre de
l'Opposition officielle, à un membre de l'Union Nationale, à M.
le député de Beauce-Sud, lorsqu'il est là, et à M.
le député de Rouyn-Noranda, lorsqu'il est là, et je
recommençais la tournée...
Il est arrivé, ce soir, quelques incidents de
procédure qui ont fait que l'on n'a parlé que de la
recevabilité d'une motion, non pas du fond d'une question. C'est
pourquoi, malgré ce qui pourrait sembler un reproche à mon
égard, j'accepte quand même que le député de
Marguerite-Bourgeoys ait déposé sa motion. Cette motion, je la
lis, pour que tous l'entendent: Que l'article premier soit amendé en
ajoutant à la fin l'alinéa suivant: "L'usage de l'anglais
continue à être permis dans les débats de
l'Assemblée nationale et dans les témoignages et plaidoiries
orales devant les tribunaux".
Il est exact, comme l'a dit M. le député de
Marguerite-Bourgeoys... Ce n'est pas exactement ce qu'il a dit, tantôt,
qui a été enregistré au journal des Débats.
Cependant, même si un débat peut être soulevé sur la
recevabilité de cette motion, je dois, cette fois, mentionner ceci:
Lorsqu'il y a un doute raisonnable nous ne sommes pas en droit criminel,
nous sommes en procédure parlementaire, c'est un droit particulier
il doit jouer en faveur de l'Opposition. C'est pourquoi, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je déclare recevable cette
motion et nous allons en discuter... La décision est rendue, M. le
député de Saint-Maurice.
C'est pourquoi nous allons discuter, en vertu de l'article 160. Ce qu'a
dit M. le député de Verchères, j'en tiendrai compte, je
ferai vraiment le tour de la table. M. le député de
Saint-Maurice, je suppose que vous soulevez une question de
règlement.
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Je vais vous demander en
même temps une directive, parce que nous avons en face de nous, la
quatrième motion d'amendement sur l'article premier. Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys, en proposant sa motion, a voulu
respecter, je pense, ce que vous auriez laissé entendre et qui pouvait
satisfaire aux normes de recevabilité, suivant l'interprétation
de vos décisions sur les trois motions antérieures. Mais je vous
souligne, M. le Président, que personne du côté
ministériel n'a même été entendu sur la
recevabilité de la motion no 4 qui est devant vous.
Il y a un principe en droit qui dit "Audi alteram partem". J'ai entendu
cela tout récemment à l'Assemblée nationale, à
plusieurs reprises. Je vous demande respectueusement que l'on puisse s'exprimer
avant qu'une décision ne soit rendue sur les questions de
procédure, mais, cependant, si vous maintenez votre décision de
ne pas laisser la parole à tous les intervenants sur les motions
d'amendement, je voudrais qu'on établisse une directive pour la bonne
marche de cette commission.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice, je n'ai pas empêché le parti ministériel de
se prononcer sur la recevabilité. Vraiment, je ne l'ai pas
empêché. Je n'ai tout simplement pas reconnu personne qui, avant
que je ne commence à parler, ait demandé la parole. Dans chaque
décision qui est rendue, à cette commission, ou ailleurs dans
cette Assemblée, il y a une valeur de précédent,
c'est-à-dire d'engagement pour l'avenir.
Pour cette raison, malgré votre suggestion qui est excellente, je
ne puis pas la retenir, puisque une décision étant rendue, on en
discuterait après, et cela, pour l'avenir, serait grave. Ou bien un
membre de la députation ministérielle n'a pas été
assez rapide, ou bien la présidence a commis une erreur en étant
trop rapide; je l'admets et je l'enregistre au journal des Débats. Mais
je ne peux pas revenir sur la décision.
M. Duhaime: Alors, je vais intervenir sur le fond, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Le proposeur a 20
minutes en vertu de l'article 160. M. le député de Saint-Maurice,
je vous reconnais immédiatement comme étant le successeur du
proposeur.
M. Duhaime: Vous comprendrez facilement que je n'ai pas voulu
prendre de chance sur le fond.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Saint-Maurice. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, et le tout, j'espère, conformément à
l'article 160.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, d'ailleurs je ne
prendrai pas les 20 minutes, mais moins. Dans ma première intervention,
conformément à la proposition de la Commission des droits et
libertés de la personne, aux pages 19 et 20 du mémoire que cette
commission a fait parvenir au ministre de la Justice, je crois au
gouvernement, disons, par précaution de langage le 6 juin 1977,
suite au dépôt du projet de loi no 1, on indique qu'il est
nécessaire de reconnaître explicitement les droits des
minorités et plus précisément le droit linguistique. Mais
voici, M. le Président, une motion d'amendement qui est, il faut
l'avouer, incomplète. Les débats de procédure que nous
avons subis tantôt ont tronqué ce que nous voulions accomplir
comme Opposition, que nous voulions proposer au gouvernement dans la
foulée de cette recommandation qui m'apparaît fondamentale,
à savoir que les droits linguistiques des minorités doivent
être inscrits, définis clairement dans un projet de loi
linguistique. On l'appelle la Charte de la langue française du
Québec, quant au projet de loi no 1. On a enlevé "du
Québec" pour le projet de loi 101. Si on fait la comparaison avec le
véritable premier projet de loi sur la langue française,
c'est-à-dire la loi 22, on lui avait donné un titre
peut-être un peu plus modeste, avec peut-être un peu moins de
panache, mais, avec un caractère un peu plus solennel ou officiel,
à savoir qu'il s'agissait de la Loi sur la langue officielle.
Le fait qu'on ait donné ce titre, à ce moment-là,
je pense que l'on peut rejoindre...
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès de mon collègue,
mais je voudrais soulever une question de règlement. J'écoute
attentivement l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys et
je cherche, dans ses propos, le lien qu'il pourrait y avoir entre les
éléments de la motion d'amendement no 4, quant à l'article
1. Je pense qu'on est très loin de votre proposition d'amendement. Je
vous demanderais, M. le Président, de bien vouloir prier l'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys de parler sur le fond de son
amendement.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Maurice, effectivement, je cherchais moi aussi et je pensais qu'avec un
peu de patience j'allais entendre des choses qui allaient s'y relier. Mais
j'allais bientôt intervenir. Or, je demanderais, s'il vous plaît,
le plus tôt possible, à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, de faire la preuve qu'il parle vraiment sur
l'amendement.
M. Lalonde: Je parle sur l'amendement, M. le Président.
Naturellement, il faut faire de longues explications pour démontrer
à ce gouvernement l'évidence, mais si on peut m'accorder un peu
de patience, j'arrive à la conclusion de mes propos.
Je disais donc que le fait qu'on ait donné ce titre de Charte de
la langue française n'enlève pas l'évidence de la
réalité, à savoir que ce sont les droits linguistiques de
tous les Québécois qui sont affectés par ce projet de loi
et qu'on ne devrait pas avoir cette espèce de fausse pudeur de parler
des droits linguistiques de tous les Québécois dans une charte
linguistique.
J'allais dire que, malgré la mauvaise humeur de nos amis de
l'Union Nationale, ce soir...
M. Grenier: Ah! non, je suis de bien bonne humeur.
M. Lalonde: ... je rejoins, dans une certaine mesure, l'Union
Nationale quand je suggère cette ouverture.
M. Grenier: C'est moins bien dit, cependant.
M. Lalonde: Je fais référence au titre de leur
supposé projet de loi, que j'ai appelé leur épais recueil
de pages blanches cet après-midi, quand ces gens parlent d'une
législation des droits linguistiques. Je ne sais pas si c'est verbatim,
cela m'a frappé comme étant plus large que le titre de ce projet
de loi que nous avons actuellement. Je pense que le gouvernement est malvenu de
faire preuve de fausse pudeur en refusant, dans son projet de loi, de
reconnaître généreusement, clairement, avec ouverture,
qu'il est nécessaire, comme la commission des droits et libertés
de la personne l'a suggéré, d'inscrire les droits linguistiques
des minorités dans son projet de loi. Nous ne sommes qu'à
l'article premier. Nous aurons une kyrielle d'autres articles où, dans
la même veine, nous allons proposer justement que ce pro- jet de loi qui
doit être... Encore là, permettez-moi de me référer
à l'Union Nationale, nos amis de ce côté-ci de la
table...
M. Goulet: Une chance que vous avez eu notre document.
M. Alfred: La fusion se fait. Une Voix: Entre qui?
M. Lalonde: Je veux parler de l'Union Nationale, club ferme du
Parti québécois, qui, malgré tout...
M. Goulet: Je ne pensais pas que notre document servirait comme
cela, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, ces interruptions sont...
M. Goulet: Ils l'ont lu à la dernière minute, on a
vu cela ce matin à la conférence de presse...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Bellechasse.
M. Lalonde: En effet, nous avons fait une conférence de
presse qui a été, je pense, extrêmement saine pour
l'établissement de la politique linguistique et de la position du Parti
libéral à cette commission parlementaire. Ce que je voulais dire,
c'est que nous croyons qu'on ne doit pas avoir cette fausse pudeur qui
s'inspire d'une fermeture d'esprit malvenue pour un gouvernement qui veut faire
de son projet de loi un projet qui appartienne à tous les
Québécois. Pourquoi ne pas inscrire clairement, avec
maturité, une maturité qui devrait nous être
inspirée justement par notre statut de majorité de francophones,
une maturité qui nous permettrait, sans crainte, sans
appréhension, d'inscrire largement et clairement dans ce projet de loi
les droits linguistiques des minorités.
Malheureusement, l'amendement tout à fait incomplet, je le
regrette, parce que j'aurais préféré parler sur un
amendement plus large, mais c'est un commencement; peut-être que le
gouvernement va voir la lumière...
M. de Bellefeuille: C'est un recommencement.
M. Lalonde: Ces gens sont quand même assez aveugles
jusqu'à maintenant, mais je conserve l'optimisme que j'ai eu depuis le
début de ce débat. D'ailleurs, le gouvernement a
déjà vu la lumière lorsque cela lui a pris quatre mois
pour retirer l'article 172. Il faut dire quand même que la lumière
a été assez éblouissante, mais ces gens l'ont vue un
peu.
M. Alfred: L'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, le gouvernement n'aime pas se
faire parler de choses qui font mal, mais, quand même, on y
reviendra.
Je reviens donc à la pertinence...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le président aimerait cependant que vous parliez
de l'amendement.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, c'est dans ce sens que
nous proposons cet amendement qui ne fait que reconnaître la
réalité. Souvenons-nous et le ministre était
présent à la commission parlementaire qui a entendu le Barreau du
Québec du témoignage franc, ouvert, qui a décrit
d'une façon tout à fait précise, sans fermeture, sans
hésitation, la situation linguistique devant les tribunaux, par exemple.
Notre amendement est justement dans cette même veine. Je pense que le
témoignage du Barreau du Québec était tout à fait
pertinent et il supporte notre amendement, actuellement, à savoir que
l'usage de la langue anglaise, comme de la langue française
naturellement, qui est largement, très largement, plus qu'à 80%
même, la langue des tribunaux, la langue des contestations judiciaires,
trouve quand même ses droits, tels que d'ailleurs
déterminés par la constitution, à l'article 133.
M. le Président, je pense que l'évidence même de la
pertinence de l'amendement m'empêche de continuer plus loin, puisque je
vais conserver les quelques minutes qui doivent me rester pour répondre
aux arguments qui pourraient être apportés je ne sais pas
lesquels naturellement, mais on peut en inventer par le gouvernement ou
d'autres membres de cette commission.
Le Président (M. Dussault): Je cède maintenant la
parole, puisque j'ai en note ceux qui ont demandé de prendre la parole,
à M. le député de Saint-Maurice. Est-ce que vous avez une
question de règlement?
M. Grenier: Une précision peut-être. Est-ce la
coutume. Il me semble que c'était l'Opposition officielle et qu'on
revenait au parti ministériel. J'aimerais faire préciser
seulement si c'est ainsi que cela doit fonctionner? C'est que...
Le Président (M. Dussault): Je vais d'abord
répondre à cette demande de directive que vous me faites.
M. Grenier: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
qu'à la commission de l'éducation, c'était la façon
de procéder, c'était d'abord...
Le Président (M. Dussault): C'est, je pense, à la
commission à laquelle vous faites allusion, un ordre que nous nous
étions donné, par vote, lors d'un débat sur cette
question. Mais, dans les commissions parlementaires, normalement, où on
discute article par article, c'est la même chose au niveau des
crédits, le Président prend les droits de parole à mesure
qu'ils sont signifiés au Président. Je me suis fait signifier par
le député de Saint-
Maurice qu'il désirait prendre la parole ensuite. Je puis vous
dire immédiatement ceux que j'ai sur la liste. Après le
député de Saint-Maurice, le député de Vanier,
ensuite le député de Mont-Royal, ensuite le député
de Deux-Montagnes et vous seriez le suivant, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: La coutume établie, jusqu'à ce soir,
c'était l'Opposition officielle, les partis reconnus, et on terminait
avec les ministériels et on revenait. C'est la coutume qui était
suivie quand j'étais ici, il y a une dizaine d'années.
M. Charbonneau: Sur la question de règlement, M. le
Président. Cela va peut-être éclairer M. le
député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Dussault): Je réfléchis
à votre demande de directive pendant que j'entends la question de
règlement de M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense que M. le député de
Mégantic-Compton a raison. Cependant, c'est exactement ce que l'on fait,
c'est-à-dire qu'on a donné la parole à l'Opposition
officielle, qui a vingt minutes. Mais, maintenant qu'on discute de
l'amendement, c'est au premier intervenant à parler. Par la suite,
lorsque cette motion sera vidée. Ce sera à l'Union Nationale, je
pense, d'avoir le droit de parole. Sinon, cela n'a plus de sens.
Le Président (M. Dussault): D'accord, M. le
député de Verchères, j'ai bien compris votre intervention
et je trouve que cette explication est pleine de bon sens. Dans la
réception même des amendements sur chacun des articles du projet
de loi, je pense que l'ordre de fonctionnement que vous me signifiez devrait
être celui qu'on devrait suivre. Cependant, au niveau des amendements,
à partir du moment où ils sont reçus, je pense que c'est
à partir du moment où on signifie sa volonté de parler que
le Président prend en note les droits de parole.
M. Grenier: M. le Président, ce n'est pas une
décision, c'est une directive qu'on vous demande.
M. Goulet: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je ne parle pas d'il y a dix ans, mais, depuis six mois,
à trois commissions auxquelles j'ai participé, amendements comme
motions, pour débattre le projet, c'est-à-dire l'article,
c'était l'Opposition officielle, une fois, les autres partis
d'Opposition, ensuite le gouvernement, et ensuite, c'était au premier
prenant, à celui qui avait demandé la parole.
En tout cas, dans les trois commissions auxquelles j'ai
participé, c'est comme cela que cela s'est passé, l'Opposition
officielle, les partis de l'Opposition, s'ils veulent prendre leur droit de
parole, le parti ministériel, et ensuite on revenait, par exemple, au
premier qui levait la main.
Je ne le sais pas, je fais une demande de directive, parce qu'à
trois commissions, avec trois présidents différents, cela s'est
passé comme cela, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je ne veux pas anticiper sur
ce qui va se passer ensuite, mais, étant donné que la
présidence a déjà reconnu le député de
Saint-Maurice, c'est à lui que je donne la parole.
M. Duhaime: M. le Président, cette quatrième motion
d'amendement à l'article premier me semble comporter trois
éléments. Je ne parlerai que sur la forme et en
référence à d'autres textes de loi, et je laisserai ; mes
collègues, s ils en font la demande, le soin d'intervenir sur le f
ond.
Le premier élément que je décèle, c'est
l'usage de l'anglais dans les débats de l'Assemblée nationale; le
deuxième élément, c'est dans les témoignages; le
troisième, c'est dans les plaidoiries orales devant les tribunaux.
Si on se réfère au projet de loi dans son ensemble et plus
particulièrement au chapitre III, on y retrouve la langue de la
législation et de la justice et, au chapitre IV, on y retrouve
également la langue de l'administration.
Pour la bonne compréhension de nos amis d'en face, vous me
permettrez de leur rappeler la lecture de l'article 84 du chapitre IX, dans les
dispositions diverses du projet de loi 101, tel que déposé. Je
vais me permettre de vous en faire la lecture: "L'usage d'une autre langue que
celle prescrite par la présente loi continue d'être permis
à moins que la présente loi n'exige l'usage exclusif de la langue
officielle".
Cela me paraît être assez clair. Je voudrais tout simplement
mentionner qu'il est tout à fait irrégulier, à mon point
de vue, de vouloir amender le Code de procédure civile par une motion
d'amendement à l'article premier du projet de loi 101. Je vous
réfère, M. le Président, et les membres de la commission,
à l'article 305 de notre Code de procédure civile: "Pour
faciliter l'interrogatoire d'un témoin, le juge peut requérir les
services d'un interprète dont la rémunération fera partie
des frais de la cause."
Cela signifie que si un Slovène ou un Khurde a à
témoigner devant une instance judiciaire, la cour peut trouver un
interprète.
Je pense que l'on mêle toute espèce de légumes dans
une mauvaise macédoine et qu'il est évident que ce qui ressort de
ce quatrième amendement, c'est une improvisation absolument
imcompréhensible.
Le Président (M. Dussault): Je cède maintenant la
parole à M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je suis un peu
éberlué par le nombre de motions qui nous ont été
présentées sur le bout du pouce depuis quelques moments. Je me
rends compte, cependant, que cela fait suite à une conférence de
presse du Parti libéral qui a eu lieu ce midi et on m'informe que cela
avait l'air d'un quintette. Ils étaient cinq représentants, ils
ont pris chacun un quart d'heure environ pour parler; les journalistes
n'auraient peut-être pas eu de place pour des questions...
Bien sûr que c'est ce feuillet qu'on a produit à ce
moment-là. Ils avaient moins à répondre que dans notre
livre bleu qu'on a produit il n'y a pas loin d'un mois pour les media
d'information. Ce qui est drôle dans ce dépliant, sur lequel on a
trouvé ce soir la motion, c'est que le chef de l'Opposition officielle a
pris quatre pages pour expliquer que ce serait positif.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président, sur la motion.
M. Grenier: Là où on a trouvé l'amendement
qu'on propose ce soir, c'est dans les cinq recommandations de la fin. Je
devrais dire que les re-cherchistes du Parti libéral qui sont pourtant
nombreux... Quand j'allais à l'école...
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président. Parle-t-on de la conférence de presse ou de
l'amendement qu'on a apporté?
Une Voix: De l'amendement.
Le Président (M. Dussault): M. le député
de...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai obtenu la
parole.
M. Saint-Germain: Si monsieur veut parler de la conférence
de presse, je n'ai pas d'objection de principe, s'il veut faire un débat
là-dessus personnellement.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saint-Germain: II faudrait...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme le député de L'Acadie, je tiens à vous faire
remarquer que M. le député de Mont-Royal me posait la question,
à savoir l'ordre de fonctionnement, et je lui répondais, ce qui
m'a empêché de comprendre parfaitement l'intervention de M. le
député de Mégantic-Compton. Mais, à partir de ce
moment, j'ai constaté qu'effectivement il ne parlait pas sur
l'amendement en question. Alors, je vous demanderais, M. le
député de Mégantic-Compton, de vous en tenir à
l'amendement, s'il vous plaît.
M. Grenier: Je suis bien fidèle, M. le Président.
Je vais revenir à mon texte. J'aurais voulu quand même avoir le
temps de préciser que ces cinq recommandations, on les a prises dans
notre programme. Je pourrais même vous citer les pages et les
paragraphes.
M. le Président, cette motion, qui est conforme à la
déclaration du chef de l'Opposition faite au début de cet
après-midi en conférence de presse, soit reconnaître en
fait un statut juridique à la langue anglaise au Québec, dans les
faits, si je ne me trompe pas, cette motion vise, pour reprendre les paroles du
chef de l'Opposition, à permet-
tre à la communauté anglophone de se développer
normalement ici, en particulier, en ce qui concerne le domaine de
l'enseignement, des services sociaux et de la santé, des institutions
municipales et scolaires, et les droits reconnus par l'article 133 l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
Je constate, M. le Président, que cette motion reprend, quant au
fond, la position déjà bien connue de l'Union Nationale, mais,
contrairement à notre position sur laquelle j'aurai l'occasion de
revenir tout à l'heure, quand on amènera notre amendement
à l'article 1, elle a le défaut d'être très
incomplète. La position de l'Union Nationale sur ce point précis
a au moins le mérite d'être claire. On n'a pas, pour le dire, des
choses comme je le pense. J'inviterais le député de
Marguerite-Bourgeoys et ses confrères à nous dire clairement si
ce n'est pas en réalité le statut officiel qu'ils veulent donner
à la langue anglaise par le biais de cette motion.
A mon avis, cette motion vise à conférer un
caractère officiel à la langue anglaise, sinon dans tous les
domaines, du moins dans certains secteurs bien définis.
Pourquoi ne pas dire franchement les choses comme elles sont, au lieu de
se cacher derrière des expressions incomplètes et très
partielles?
J'ai dit, précédemment, que nous étions d'accord
sur le fond. C'est sur la forme que nous avons des réserves. Je pense
que les autres motions qui ont été rejetées avant
celle-là, étaient dans le même esprit. Nous aurions eu des
réserves, bien sûr, sur la forme, non pas sur le fond.
Je préfère de loin la politique mise de l'avant par l'UN
qui préconise le français et l'anglais comme langues officielles
avec cette distinction que nous reconnaissons la nécessité de
limites d'application du caractère officiel de l'anglais à
certains domaines précis que nous estimons vital pour le maintien et
l'épanouissement de la communauté anglophone au Québec. Ce
n'est donc pas un statut égalitaire des deux langues que nous
préconisons, comme l'a laissé entendre, hier soir, le ministre
d'Etat au développement culturel dans sa réplique sur la motion
de deuxième lecture. Dans le but de convaincre mes amis, les
libéraux, du bien-fondé de mes observations, j'aimerais citer une
partie très brève d'un éditorial qui a paru dans le Devoir
sous la plume de Claude Ryan en date du 27 juillet dernier: "Rejetant
l'unilinguisme français et l'égalité pure et simple des
deux langues...
M. Saint-Germain: On parle d'un amendement bien
précis.
M. Grenier: M. le Président, je suis exactement dans la
motion.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Mégantic-Compton, vous pouvez
continuer, j'y vois des liens.
M. Grenier: Merci, M. le Président.
M. Ciaccia: ...M. le député de
Mégantic-Compton, arrêtez de le "coacher".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, à l'ordre, s'il vous plaît. M. le député
de Mégantic-Compton, vous pouvez continuer.
M. Grenier: Merci, M. le Président.
M. Goulet: II y a ceux qui causent et ceux qui copient.
M. Grenier: Le frère me tapait sur les doigts quand je
copiais. Je reprends, pour donner du sens au texte, je reprends au
début. "Rejetant l'unilinguisme français et
l'égalité pure et simple des deux langues, l'UN a mis au point
une formule étonnante, au premier abord, qui ferait du français,
la première langue officielle, et de l'anglais, la seconde langue
officielle. En réalité, cette formule n'est rien d'autre qu'une
formule solution du type primauté du français. De toutes les
formules mises de l'avant, elle a néanmoins un trait nettement
distinctif. Elle est celle qui comporte la reconnaissance la plus explicite
d'une réalité qui crève les yeux, mais que certains
s'évertuent à nier ou à rapetisser, à savoir
l'existence au Québec d'une communauté anglophone aisément
reconnaissable et jouissant d'une longue et solide implantation historique. On
pourra discuter le pour et le contre de la dernière trouvaille de
l'UN.
Une chose paraît toutefois certaine: elle exprime assez bien le
sentiment de fond que l'on avait pu observer chez les militants présents
à la journée d'étude que M. Biron convoquait en avril
dernier, autour de la politique linguistique."
M. le Président, la motion présentée par le Parti
libéral, ce soir, ressemble étrangement quant au fond, comme je
vous l'ai dit, à celle de l'Union Nationale. C'est ainsi que,
logiquement, nous ne pourrons pas voter pour la motion du Parti libéral,
puisque nous présentons un amendement qui est beaucoup plus clair
à l'article 1. Nous ne pouvons pas accepter la forme dans laquelle elle
est présentée, puisqu'elle n'est vraiment pas claire. Nous avons
quelque chose de plus précis.
M. Ciaccia: Ils ont peur des mots.
M. Grenier: C'est la quatrième. On n'a pas peur des mots
dans notre motion. On la présentera telle quelle par le
député de Bellechasse. Nous sommes assurés qu'à ce
moment on aura sans doute l'appui du Parti libéral, puisque c'est ce
qu'il tente de nous donner depuis le début. Il tortille notre article 1
pour essayer de ne pas dire la même chose, mais dans des mots moins bien
choisis.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Premièrement...
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier, j'essaie de me plier à ce qui me semblait être la
volonté de tout le monde de suivre l'ordre des partis. Nous avions
commencé avec M. le député de Marguerite-Bourgeoys et,
comme la présidence avait donné la parole à M. le
député de Saint-Maurice, j'ai pensé qu'il fallait ensuite
passer à l'Union Nationale et recommencer ensuite avec le Parti
libéral; ce qui me permet maintenant de donner la parole à M. le
député de Mont-Royal. Ce sera ensuite votre tour, M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Je savais tantôt que j'avais le droit de
parole après le député de Saint-Maurice selon votre liste.
J'allais vous proposer, au moment d'avoir mon droit de parole, qu'à
l'avenir j'allais vous faire une proposition au nom du parti
ministériel lorsqu'un article était présenté
pour la première fois, le ministre prenait la parole pour faire la
présentation de l'article. L'Opposition officielle émettait des
commentaires. L'Union Nationale émettait des commentaires et ensuite,
c'était le droit de parole laissé à chacun des
parlementaires, indépendamment des partis.
Si un amendement était proposé par l'Opposition
officielle ce qui a été le cas il était
normal que le gouvernement ait le premier droit de réplique, suivi de
l'Union Nationale et ensuite de chacun des autres parlementaires.
Si c'était l'Union Nationale qui présentait un amendement,
il était, encore une fois, normal que le gouvernement réponde et
qu'ensuite la parole soit donnée à l'Opposition officielle et,
ensuite, à chacun des parlementaires. Mais puisque le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a présenté
l'amendement, a pris le droit de parole du Parti libéral, que le
gouvernement a pris le sien, que l'Union Nationale a pris le sien, il me semble
qu'après cela, c'est la règle qui doit s'appliquer. Tous les
députés demandent la parole, indépendamment maintenant des
partis auxquels ils appartiennent.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier, je pense qu'il faudra régulariser ce tour du droit de parole. M.
le député de Mont-Royal puisque je vous avais reconnu
accepte-riez-vous que M. le député de Vanier prenne la
parole et qu'ensuite nous suivions l'ordre habituel, s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Je regrette, très respectueusement. J'avais le
droit de parole avant le député de Mégantic-Compton. J'ai
cédé suivant les directives que vous aviez données.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je comprends que
vous n'acceptez pas ce que je vous demande et je préviens les autres
députés qu'au tour suivant je profiterai de l'occasion pour
régulariser la situation.
M. le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, monsieur le
député.
M. Lalonde: Si vous permettez, M. le député de
Mont-Royal. Je pense que le "filibuster" que le gouvernement tente de faire est
tout à fait inacceptable.
Le Président (M. Dussault): Ce n'était pas une
question de règlement.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci. Le député de
Saint-Maurice...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: ...en se prononçant contre l'amendement de
l'Opposition officielle, s'est référé à l'article
84 et il s'est aussi référé au Code de procédure
civile. Je voudrais rappeler au député de Saint-Maurice que
précisément, parce qu'il y a l'article 84, qui en somme dit que
l'autre langue, autre que le français, ne sera pas exclue à moins
qu'il n'y ait une prohibition spécifique... Parce qu'il y a cet article
84. S'il s'était référé à l'article 11 du
projet de loi, les personnes morales sont obligées de s'adresser dans la
langue officielle.
C'est une des raisons pour lesquelles l'amendement de l'Opposition
officielle a été soumis.
A part de cela, la question du Code de procédure civile, c'est le
projet de loi 101, M. le Président, qui fait des amendements au Code de
procédure civile, avec des articles comme l'article 11, parce que le
Code de procédure civile n'empêche pas les personnes morales, ou
n'oblige pas les personnes morales de s'adresser aux tribunaux et aux
organismes exerçant des fonctions judiciaires et quasi judiciaires dans
la langue officielle; alors c'est le projet de loi 101 qui amende le Code de
procédure civile. Non, mais vous avez dit que c'était notre
amendement, alors je voudrais vous ramener au projet de loi et à la
raison pour laquelle nous le faisons et pourquoi c'est important,
nécessaire de faire cet amendement, précisément pour les
raisons que vous avez invoquées.
M. le Président, il aurait été
préférable naturellement, si nous avions pu élargir
l'amendement que nous avons finalement pu obtenir comme re-cevable. Je ne veux
pas attaquer la recevabilité, je veux seulement donner mon opinion sur
la portée restreinte de cet amendement et j'aurais souhaité que
l'amendement original qui avait été fait par le
député de L'Acadie...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mont-Royal, la patience de la présidence est incommensurable.
M. Ciaccia: ... et des députés de l'Opposition
officielle aussi, M. le Président. Mais, ce disant, je ne me
réfère plus à la restriction que nous avons
été obligés de subir. Une des raisons pour
lesquelles nous faisons cet amendement, pour lesquelles nous voulons parler de
l'article 133 qui nous a donné certains droits devant les tribunaux,
devant l'Assemblée nationale, non seulement aux personnes physiques,
mais aux personnes morales, c'est précisément pour une
déclaration qu'avait faite le ministre de l'Education. Le ministre de
l'Education avait dit que, si le projet de loi 101 était attaqué
devant les tribunaux, et si la Cour suprême déclarait certains
aspects de ce projet de loi inconstitutionnels, cela lui donnerait une
très bonne raison pour convaincre les Québécois de la
nécessité du séparatisme. Je crois que ce serait une
fausse ra'ison.
Je ne veux pas parler du séparatisme, je ne veux pas parler de
l'option politique du Parti québécois, mais il ne faudrait pas
qu'il soit obtenu par de tels moyens. La reconnaissance que nous
préconisons dans notre amendement est justement pour éviter de
telles divisions dans la population, justement pour éviter des attaques
devant les tribunaux, des procédures légales, pour
reconnaître une réalité qui existe, une
réalité d'une minorité assez imposante au Québec.
Si nous ne voulons pas continuer à causer des divisions dans le peuple,
dans la société québécoise, c'est
précisément pourquoi nous avons besoin d'un amendement comme
celui que nous proposons.
Il ne faut pas, par un projet de loi, M. le Président, provoquer
la population. Il faut, avec un projet de loi, assainir le climat social. C'est
pour des raisons de justice, d'équité et surtout de
reconnaissance de la réalité, que nous faisons cette proposition.
Le député de l'Union Nationale a parlé de la question des
deux langues officielles, nous allons y revenir, cela ne fait pas partie de
l'amendement de l'Opposition officielle maintenant, alors je ne veux pas
m'écarter de cet amendement. Je veux seulement signaler au
député de Mégantic-Compton, que nous aurons quelque chose
à dire sur la question de l'amendement proposé par l'Union
Nationale et nous y référer. Il a fait un amendement, sur lequel
on se demande vraiment et on serait intéressé à avoir la
réponse de la présidence sur la recevabilité de
l'amendement de l'Union Nationale, parce que si la présidence n'accepte
pas d'amendement qui n'ajoute pas...
M. Duhaime: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Maurice sur une question de
règlement.
M. Duhaime: Le député de Mont-Royal, M. le
Président, est en train de parler de la recevabilité ou de
l'irrecevabilité d'une motion d'amendement qui n'est même pas
encore déposée devant la commission. Je lui demanderais de bien
vouloir rappeler au député qu'on est en train de parler de
l'amendement no 4 à l'article premier.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Maurice, vous avez en partie
raison et en partie pas raison. Vous avez raison en ce sens que M. le
député de Mont-Royal est en train de parler d'un amendement qui
n'est pas devant cette commission, même s'il a été
évoqué par le député de Mégantic-Compton.
D'autre part, il n'y a pas de quatrième amendement. Il n'y en a qu'un,
c'est celui dont nous devons parler, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Mais, M. le Président, puisque, comme vous le
dites, cela avait été évoqué, je ne pouvais pas
laisser cela passer sans quelques commentaires. La portée que je donne
à cet amendement de l'Opposition officielle, M. le Président,
c'est que l'usage de l'anglais et du français, devant les tribunaux et
devant l'Assemblée nationale, ne devrait pas être modifié
par le présent projet de loi. C'est pour reconnaître une situation
qui existe, des droits qui existent, pour éviter une provocation, je ne
dirais pas que c'est une question de reconnaissance ou de protection de droits
des minorités, parce que je crois que c'est un terme qu'utilise souvent
le côté ministériel, c'est une attitude un peu trop
paternaliste. On devrait parler du respect des minorités plutôt
que de la protection des minorités, et c'est dans ce respect et dans cet
esprit que nous avons proposé cet amendement et nous allons, je vais
l'appuyer, même s'il ne va pas aussi loin que je l'aurais
préféré.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Quelle pensée tortueuse et torturée,
M. le Président, que celle de l'Opposition libérale qui,
insatisfaite elle-même de la motion d'amendement qu'elle se voit
résignée à proposer, regrette que les trois
précédentes, qui faisaient référence, surtout pour
la première, à l'article 133, n'aient pas été
acceptées! D'autant plus, M. le Président, que s'il arrivait,
dans le cours de nos débats, qu'un autre parlementaire propose, à
un moment donné, je parle de façon hypothétique, que par
exemple, on affirme très catégoriquement que le français
et l'anglais sont les langues officielles du Québec, s'il arrivait
qu'une telle motion soit présentée, je suis presque assuré
que l'Opposition officielle se rebellerait et reviendrait à...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, sur une question de règlement.
M. Ciaccia: Une question de règlement. Je demande qu'on
s'en tienne à l'amendement et qu'on ne parle pas d'un possible
amendement devant la commission parlementaire. Pour les mêmes raisons, M.
le Président, qui ont été...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, je demanderai tout simplement à M. le député
de Vanier de suivre votre exemple.
M. Ciaccia: Je voudrais une directive un peu plus claire que
cela, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: En d'autres mots, M. le Président, si c'est
vraiment l'intention de l'Opposition officielle de présenter à
l'article premier un amendement qui aurait pour conséquence de modifier
le fond même de l'article 1, dans le sens où il s'agirait de ne
plus faire en sorte que le français soit la langue officielle du
Québec, en d'autres mots, si l'Opposition libérale avait voulu
que le statut juridique des langues ou de la langue soit autre que ce que
l'article premier dit qu'il sera, j'aurais compris qu'un amendement soit
présenté, qui aurait vraiment amendé le statut juridique
du français langue officielle du Québec. Mais vous
présentez un amendement et je n'embarque même pas sur le
fond, parce qu'il y a comme une espèce d'inutilité de
débattre le fond de votre amendement, tellement...
Mme Lavoie-Roux: Cessez de parler.
M. Bertrand: Oui, mais il y a tellement d'autres choses...
M. Lalonde: Le "filibuster" du gouvernement est inacceptable.
M. Bertrand: ... intéressantes à dire pour
expliquer pourquoi nous allons voter contre cet amendement.
M. Lalonde: Arrivez.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Qu'on arrête de trouver des excuses pour
siéger le samedi soir ou le vendredi soir.
Le Président (M. Cardinal): II est normal que d'un parti
à l'autre on se lance des phrases comme celles que je viens d'entendre.
Jamais la présidence ne parlera de "filibuster"; elle ne fera que le
subir.
M. le député de Vanier.
M. Lalonde: D'habitude, c'est le gouvernement qui le subit, M. le
Président, maintenant c'est l'Opposition officielle.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Le Parti libéral propose un amendement qui se
limite strictement à parler de l'usage du français et de
l'anglais dans les débats à l'Assemblée nationale et dans
les témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux. En rien, cet
amendement ne s'attaque au statut juridique du français comme langue
officielle. Ce n'est pas dans l'argumentation du député de Vanier
que vous devez voir des failles, c'est dans la motion d'amendement que vous
avez présentée.
Si vous voulez présenter une motion d'amen- dement concernant
l'usage ou la permission d'utiliser l'anglais dans les débats de
l'Assemblée nationale, allez aux articles où il en est question.
L'article 7 mentionne que le français est la langue de la
législation et de la justice au Québec, et l'article 84 mentionne
que l'usage d'une autre langue que celle prescrite par la présente loi
continue d'être permis, à moins que la présente loi n'exige
l'usage exclusif de la langue officielle. Donc, cette première partie de
votre amendement est purement inutile, l'article 84 continue de permettre que
dans les débats de l'Assemblée nationale l'anglais puisse
être utilisé. Quelle est la pertinence de cette partie de votre
motion d'amendement dans l'article 1, alors que l'article 84 le permet dans le
cadre même du projet de loi no 101?
M. Alfred: Ils ne l'ont pas lu.
M. Bertrand: En d'autres mots, nous vous avions
précédés. Dans l'économie générale de
ce projet de loi, déjà, la première partie de votre motion
d'amendement était incluse.
M. Ciaccia: L'amendement que le président nous
permettait... On aurait voulu le dire autrement, mais on ne le pouvait pas.
M. Charbonneau: On n'attendait pas un si bel aveu.
M. Bertrand: Deuxièmement, pour ce qui est des
témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux, l'article 11
reconnaît que les personnes morales peuvent, s'il y a consentement...
Mme Lavoie-Roux: C'est beau, cela.
M. Bertrand: Oui, mais écoutez, attendez une seconde.
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'on a fait l'amendement. Elles
n'auraient pas besoin de consentement.
M. Bertrand: C'est cela, nous ne sommes pas d'accord, M. le
député de Mont-Royal, nous ne sommes pas d'accord sur le fond
quant à l'article 11. Vous seriez d'accord, à l'article 11, que
les personnes morales puissent s'adresser en anglais.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, adressez-vous à la présidence. Ce n'est pas un dialogue
avec M. le député de Mont-Royal.
M. Bertrand: Très bien, M. le Président.
Le député de Mont-Royal aimerait qu'à l'article 11
les personnes morales puissent s'exprimer en anglais. De toute façon,
continuons d'admettre que les individus pourront le faire. L'article 11
n'empêche pas les individus de le faire. L'article 84 leur permet de le
faire. Donc, il y a deux aspects de votre amendement qui sont tout à
fait inutiles. Le premier, sur les débats à l'Assemblée
nationale, l'article 84 le permet. Le deuxième concernant les individus
dans les témoignages et
plaidoiries orales devant les tribunaux, le projet de loi le permet. Il
y a seulement le troisième aspect sur lequel on ne s'entend pas sur le
fond.
M. Ciaccia: ...
M. Bertrand: Laissez-moi donc terminer, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dis-le-lui, c'est le député de...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, non. A l'ordre, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: II me parle à moi, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je viens de dire au
député de Vanier de ne pas s'adresser à vous et de ne pas
s'adresser non plus au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Ciaccia: C'est la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal, vous connaissez les règles parlementaires. M. le
député de Vanier s'adresse à la présidence et vous
écoutez tous. Quand vous écoutez, vous ne parlez point.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je m'adresse à vous.
Je comprends l'attitude du député de Mont-Royal qui me signifiait
par des coups de tête et des signes de la main de m'adresser au
député de Marguerite-Bourgeoys qui est le responsable de ce
mauvais amendement. Ce n'est pas ma faute, cela les regarde. Qu'ils se battent
entre eux, moi je m'en moque. Je prends ce que j'ai devant moi.
Sur le deuxième aspect de leur amendement, M. le
Président, sur les témoignages et plaidoiries orales, les
individus peuvent le faire, d'après notre projet de loi. Seules les
personnes morales ne peuvent le faire, et encore, dans une situation où
il y a consentement entre les parties, elles peuvent s'adresser en langue
anglaise. C'est donc dire que les deux tiers de la motion d'amendement sont
inutiles, parce que déjà permis par le projet de loi no 101. Une
partie seulement est en désaccord avec le projet de loi no 101, c'est la
partie qui concerne les personnes morales devant les tribunaux. C'est l'article
11.
Or, pour l'économie de nos débats, si vous n'aviez pas eu
cette volonté machiavélique d'essayer de vous racheter à
travers des motions qui, finalement, ne représentaient même plus
ce que le député de Mont-Royal aurait voulu qu'elles
représentent, vous devriez au moins admettre que votre amendement aurait
dû être présenté à l'article 11 et laisser
l'Union Nationale au moins présenter des amendements qui sont clairs et
qu'on débattra tantôt.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais, au
départ, expliquer la raison de cet amendement que j'appuie
évidemment.
Une Voix: Je n'ai pas compris.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais, d'une part, revenir sur certaines
affirmations du député de Mégantic-Compton qui nous
imputait toutes sortes de motifs, qu'on devait faire clairement et qu'on ne
faisait pas clairement, etc.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, Mme le
député, votre micro est trop loin, on ne vous entend pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est vraiment dommage.
Le Président (M. Cardinal): C'est vraiment dommage.
M. Grenier: On vous comprendrait, mais on ne vous entend pas.
Le Président (M. Cardinal): On vous voit, mais on ne vous
entend pas. Allez, Madame.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce que je reprends depuis le
commencement, si je veux que ce soit enregistré?
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est enregistré
quand même.
M. Lalonde: Surtout le passage où vous dites que vous
m'appuyez.
Le Président (M. Cardinal): C'est dit et redit... Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux quand même
parler sérieusement sur cet amendement, je pense que...
M. Laplante: Ce n'était pas sérieux avant?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Bourassa! Madame le député de L'Acadie a
la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que je n'ai
interrompu personne.
La motion d'amendement originale et tout le monde sait quel sort
lui a été réservé a été
présentée par moi; alors, je veux quand même expliquer dans
quel esprit ceci a été présenté.
Première chose, je répète et je voudrais faire
référence aux motifs que le député de
Mégantic-Compton nous imputait, à savoir qu'on ne voulait pas
faire ouvertement ce qu'on essayait de faire par des détours. Enfin, je
ne répète peut-être pas au texte ce qu'il a dit, mais je
pense que cela reflète assez bien l'opinion qu'il a donnée.
M. Alfred: Vous interprétez bien.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: La première des choses, pour l'Opposition
officielle... Je pense que si le français est reconnu la langue
officielle du Québec, c'est que, dans notre esprit et dans l'observation
des faits, on réalise que la langue française a besoin de cette
promotion et de cette reconnaissance et que c'est dans cet esprit qu'un statut
de langue officielle nous apparaît important. Par contre, devant le
silence du gouvernement, qui ne veut pas reconnaître, dans les faits, la
minorité anglophone... Même si le ministre d'Etat au
développement culturel essaiera, comme je l'ai déjà dit,
de nous culpabiliser en disant qu'on vient à la défense des
anglophones, je dois vous dire que, pour nous, c'est une minorité qui
fait partie de l'histoire du Québec. Aux membres de l'Union Nationale
qui, facilement, nous accusent de voler leurs bonnes idées, je pourrais
au moins leur dire que ce concept de la communauté anglophone ne vient
pas de l'Union Nationale. L'Union Nationale le sait fort bien.
Je pense que cette communauté qui, au plan historique, a
joué un rôle important au Québec, représente pour
nous plus qu'une autre minorité. Fort consciemment et je le
regrette le gouvernement dit: Cette minorité ou une autre, c'est
la même chose. Ceci ne serait pas encore si mal si on ne se rappelait pas
que, dans le livre blanc, après beaucoup de précautions oratoires
et j'ai eu l'occasion de le dire en commission parlementaire le
ministre d'Etat au développement culturel ou enfin le livre blanc
disait: Les minorités, très bien, mais lorsque le fait
français sera établi. Je n'ai malheureusement pas le texte avec
moi, mais on établit d'abord le fait français et, après
cela, il y aura de la place pour les minorités. Pour nous, les
minorités font déjà partie du Québec.
C'est dans ce sens qu'on aurait évidemment
préféré avoir un amendement plus large que celui qui nous
a été permis de faire, mais, néanmoins, je pense qu'au
niveau des principes, la reconnaissance d'une minorité importante aura
une portée sur la vie des autres minorités du Québec. On
ne peut pas faire fi d'une minorité importante sans
éventuellement faire fi d'autres minorités, en dépit des
assurances et réassurances qui ont été données par
le gouvernement.
Il y en a qui ont fait des remarques à l'effet que, probablement
cet amendement aurait pu être inclus au chapitre III.
Cela aurait été notre souhait de voir qu'au chapitre III,
on aurait retrouvé une reconnaissance plus explicite de ce que l'article
133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique reconnaît.
D'ailleurs, il y a eu, à la commission parlementaire, des
représentations très sérieuses faites par le Barreau
à cet effet. Sauf pour des modifications de forme très mineures,
le gouvernement n'a pas jugé, en dépit du fait que le Barreau
faisait valoir que ceci mettait le gouvernement ou la loi à l'abri de
toute contestation. Bien que le Barreau ne se prononçait pas sur le fond
même, à savoir la constitu-tionnalité ou pas, il la mettait
en question.
Nous avons senti là, devant l'absence de toute modification dans
ce sens, dans un chapitre où la minorité anglaise est reconnue
sur le plan constitutionnel, une autre indication que le gouvernement
persistait dans son idée qu'en ce qui le concernait, la minorité
anglophone avait une importance fort relative, même si elle faisait
"partie de l'héritage culturel du Québec".
C'est ici l'esprit de cet amendement. Je l'ai dit au départ, au
moment du premier amendement qui a été proposé. Je pense
que lorsque des minorités entendent parler, possiblement, quoique
dernièrement nous ne l'avons pas entendu, de dispositions qui suivraient
cette charte, de dispositions ultérieures on a parlé
d'autres dispositions qui, éventuellement, pourraient être prises
il est important de rassurer, dans la mesure du possible. Cela n'aurait
coûté rien au gouvernement de modifier le chapitre III en
conséquence pour justement calmer ces appréhensions qui sont
fondées.
Il y a eu la loi 22 et on sait les inquiétudes que cela a
créées chez les minorités et non uniquement la
minorité anglophone. On réalise fort bien maintenant que la loi
101 va beaucoup plus loin. Ces appréhensions sont accrues et certains
gestes du gouvernement, lorsqu'il a réécrit ou enfin
publié un nouveau projet de loi touchant la langue, auraient pu aider
à réduire ces appréhensions et, en même temps,
appeler une collaboration constructive et importante d'une minorité
considérable au Québec et, en même temps, faire appel aux
autres minorités.
J'ai eu l'occasion de parler des appréhensions des autres
minorités qui se demandent: Quand notre tour viendra-t-il?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Un instant! M. le
député de Saint-Maurice sur une question de règlement.
Une Voix: Question de règlement.
M. Duhaime: J'invoque le règlement, M. le
Président, parce que nous sommes tous liés par les
règlements qui gouvernent la marche des commissions parlementaires.
J'écoute avec beaucoup d'intérêt le député de
L'Acadie, depuis plusieurs minutes et, en aucun moment, on n'a fait
référence au débat de l'Assemblée nationale, aux
témoignages devant les tribunaux ou encore aux plaidoiries orales devant
les tribunaux. C'est, je pense, ce qui est devant la commission actuellement,
une discussion de fond sur une motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur la même question de
règlement.
M. Lalonde: Je pense que l'interprétation du ministre,
député de Saint-Maurice est tout à fait restrictive. Le
député de L'Acadie est bien justifiée de faire appel
à une argumentation plus large pour
démontrer le bien-fondé de l'amendement. Lorsque le
député de L'Acadie dit qu'on doit reconnaître les droits
des minorités, c'est exactement ce que l'amendement fait, même si
le député de L'Acadie ne fait pas mention de plaidoiries orales
ou d'Assemblée nationale. C'est l'esprit même de l'amendement qui
fait l'objet de son argumentation. Je ne vois pas comment une
interprétation aussi restrictive que celle du député de
Saint-Maurice pourrait être acceptée par la présidence.
Le Président (M. Cardinal): Je présume toujours,
à moins qu'il y ait des questions de règlement, que tout va bien.
Comme, de chaque côté, on s'est répondu sur la question de
règlement, je demanderais à Mme le député de
L'Acadie de revenir tout simplement à la motion d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de toute façon je
m'apprêtais à conclure en disant que, pour nous, cet amendement,
malheureusement diminué, à ce moment-ci, compte tenu des
décisions que vous avez rendues et que je respecte tout à fait,
me semblait nécessaire pour, une fois de plus, je pense, calmer les
appréhensions et assurer la collaboration précieuse à ce
moment-ci d'une minorité en particulier, qui, je pense, peut continuer
de contribuer à l'édification de la société
québécoise. Je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Pour éviter une
querelle de procédure sur le droit de parole, pour éviter que
l'article 92 soit appliqué d'une façon stricte, je vais indiquer
tout de suite que M. le député de Bellechasse sera le prochain
opinant. Il sera suivi par M. le ministre d'Etat au développement
culturel et ensuite par M. le député de Jacques-Cartier. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je serai très
bref. Avec votre permission, j'aimerais dire au député de
L'Acadie que, justement en parlant sur l'amendement, le concept de la
communauté anglophone ne vient certes pas de l'UN, mais, M. le
Président, j'aimerais, par exemple, dire au député de
L'Acadie que nous avons été les premiers à en parler d'une
façon claire et précise à l'Assemblée nationale,
sans mâcher nos mots. Le concept ne vient peut-être pas de l'UN, M.
le Président, mais, lorsqu'on se pose des questions par rapport au Parti
libéral, on ne se demande pas d'où vient son concept, mais on se
demande quel est son concept?
Nous sommes d'accord, par contre, M. le Président, avec le fond
de l'amendement. Par ailleurs, nous ne sommes pas d'accord avec la forme, parce
qu'elle n'est pas claire et très imprécise. On semble avoir peur
des mots, je le répète. Nous croyons, à l'UN, que c'est au
chapitre III qu'il faudrait aborder la question visée par la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys. Etant donné que nous avons
un amendement à l'article 1, M. le Président, et que nous avons
également des amendements au chapitre III et pour les raisons
évoquées auparavant par le député de
Mégantic-Compton, nous croyons que nous devons nous abstenir de voter
sur cet amendement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, monsieur. A l'ordre,
s'il vous plaît! Chacun a droit à ses opinions, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, et je donne la parole vous
avez le droit aux vôtres vous aussi, mais ce n'était pas votre
tour de parler M. le ministre d'Etat au développement
culturel.
M. Laurin: M. le Président, naughty child,
listen.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! MM. les
députés, est-ce qu'il faut que, chaque jour, inlassablement, je
vous rappelle le texte des articles 26 et 100?
M. Ciaccia: 26 et 100?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, je ne peux m'empêcher
d'écouter avec un certain sourire, un sourire amusé, les
arguments de l'Opposition officielle, car s'ils sont véritablement
convaincus de la valeur de leur argumentation, pourquoi n'y ont-ils pas
songé en 1974? Et pourquoi n'ont-ils pas ajouté alors à
l'article premier de la loi 22, qui est absolument identique a celui de la loi
101, l'amendement qu'ils nous suggèrent aujourd'hui? Car, si leur
argumentation est véritablement convaincante, on peut penser qu'ils
auraient dû, sur la foi de cette argumentation, rédiger autrement
l'article premier de la loi 22.
Si cette argumentation n'est pas convaincante, comme mon confrère
de Vanier l'a brillamment démontré, il faut alors leur imputer
d'autres motifs à l'appui de l'amendement qu'ils nous suggèrent
ou encore il faut le mettre sur le compte d'une décadence, d'une
déchéance ou d'un repli par rapport à des positions qu'ils
soutenaient encore en 1974. Ce qui fait la beauté, la valeur de
l'article premier de la loi 101 comme de la loi 22, d'ailleurs, c'est sa
clarté, c'est sa simplicité, c'est sa limpidité.
Le français est la langue officielle. C'est un principe majeur,
fondamental, qui fait ressortir le caractère fondamental de la
société québécoise.
Dans la loi 22, on attendait au moins les autres articles qui suivent
pour atténuer, pour édul-corer ce principe par toutes sortes
d'admissions ou de concessions, mais trois ans après, c'est dans
l'article premier lui-même qu'on ajoute l'atténuation,
l'édulcoration, qui en enlèvent le caractère fondamental,
qui font disparaître, en fait, l'opportunité de cet article
premier.
Ceci, c'est sur le fond. Je pense que cela démontre bien que ce
parti, qui se prétend autonome du parti fédéral, est, en
fait, plus que jamais, à sa remorque et qu'il ne fait ici que remplir le
rôle de succursale d'une maison-mère qui émet les ordres
véritables.
Par ailleurs, sur le fond, je ne veux pas répéter
l'argumentation savante du député de Vanier. Je pense
qu'il a tout dit. Cet amendement est absolument inutile, superfétatoire,
mal placé, prématuré, arrive à mauvais escient,
puisque c'est dans les chapitres successifs qu'il aurait fallu en discuter, et
même, je ne suis pas sûr qu'il aurait fallu en discuter puisque cet
amendement me semble un coup d'épée dans l'eau, me semble
assimilable à cette manoeuvre de Don Quichotte qui se battait contre des
moulins à vent, puisque, comme disent nos gens aujourd'hui: "Y a rien
là".
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Laurin: C'est-à-dire que l'usage de l'anglais...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! En commission
parlementaire, s'il vous plaît, aucune démonstration
d'émotivité.
A l'ordre! M. le ministre.
M. Laurin: C'est-à-dire que l'usage de l'anglais continue,
en fait, à être permis dans les débats à
l'Assemblée nationale, continue à être permis dans les
témoignages et plaidoiries orales que peuvent rendre des individus
devant nos cours de justice. Les témoignages et plaidoiries orales que
peuvent rendre les personnes morales demeurent permises dans la majeure partie
des cas, sauf, lorsqu'un consentement de l'une des parties n'est pas
obtenu.
Pour toutes ces raisons, je pense que nous voterons contre cet
amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier; ensuite, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Saint-Germain: Pour répondre directement au ministre,
je dirais qu'à l'article premier où il est dit que le
français est la langue officielle au Québec,... c'est très
clair et je me demande même pourquoi on a tellement discuté en
1974 sur le mot "seule".
Si on veut faire ressortir...
M. Alfred: C'était trop ambigu.
M. Saint-Germain: ...je me serais personnellement attendu que le
mot "seule" soit inclus à l'article premier, d'autant plus que
l'amendement que nous proposons, actuellement, a été
proposé par le député de Saint-Jacques, mot à mot,
en 1974. Vous le trouverez au journal des Débats à la page 6040:
"Que la motion en discussion soit amendée en ajoutant à la fin,
la phrase suivante: L'usage de l'anglais continue à être permis
dans les débats à l'Assemblée nationale et dans les
témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux" C'est à
la lettre.
L'ignorance du ministre me surprend. Enfin, on jugera de la valeur de
son argumentation. Si cet amendement a été apporté par le
député de
Saint-Jacques, c'est parce qu'il voulait, semble-t-il, réduire
l'usage de l'anglais à cet article.
Si nous apportons aujourd'hui cet amendement... Vous savez pertinemment
que nos premiers amendements et le premier surtout nous ont été
refusés.
Je ne critique pas votre décision, mais je dois avouer que nous
nous attendions très peu à cette décision, tellement peu
que nous n'étions pas préparés en conséquence et
que l'amendement que nous avons à étudier aujourd'hui ne
reflète certainement pas, comme nous aurions aimé, la
façon, notre vue sur l'article premier: Le français est la langue
officielle du Québec, non seulement à l'article premier, mais
dans tout le contenu de la loi.
Mais de toute façon, aurions-nous amené, M. le
Président, un amendement des plus intelligents, des plus logiques,
à plein dans nos règlements, tout ceci aurait été
sans aucune importance, connaissant la mentalité et la philosophie du
gouvernement, nous sommes assurés qu'il aurait été
rejeté comme celui-ci va l'être assurément. Nous apportons
des amendements au projet de loi, M. le Président, et vous le savez
pertinemment, pour nous permettre de livrer à la population notre
façon de voir, notre philosophie au point de vue linguistique. C'est
là notre seul but, alors il n'est certainement pas catastrophique pour
l'avenir de cette province, que cet amendement ne reflète pas nos
politiques et nos façons de voir.
Cela nous permettra tout de même, de donner à cette
commission, notre façon de voir les choses. Si nous avons voulu amener
cet amendement, M. le Président, j'ai eu l'occasion de le dire, je l'ai
explicité peut-être un peu plus, c'est que dans cette charte de la
langue française, on ne semble vouloir attacher pas plus d'importance
à la langue anglaise qu'à toute autre langue parlée dans
cette province. Et, à ce point de vue, il arrive que la langue anglaise,
dans cette province, se trouve pratiquement sans statut, aucun, sinon au niveau
de l'école où on conservera des institutions de langue anglaise,
du moins pour les années immédiates.
Et je trouve que cette philosophie qui se dégage du projet de
loi, c'est cette philosophie d'ailleurs, M. le Président, qui nous a
amenés à cet amendement, est une provocation à la
minorité de langue anglaise dans cette province. Je crois que c'est un
abus de pouvoir. Elle reflète une haine, un mépris de la culture
anglaise. Elle semble vouloir dire à notre minorité anglaise,
qu'elle n'a joué dans cette province aucun rôle d'importance et
qu'elle n'a eu rien à faire dans les libertés que chaque citoyen
possède actuellement dans cette province, qu'elle n'a rien à
faire dans le niveau de vie que nous avons actuellement dans cette province,
rien à faire dans ce niveau de vie, ses libertés individuelles
que pourtant tous les étrangers nous envient.
M. Charbonneau: Apprenez votre histoire. Le Président
(M. Cardinal): A l'ordre!
M. Saint-Germain: ...et, M. le Président, on apprendra au
niveau du gouvernement, que d'humilier les gens, que de frustrer les gens, que
d'oublier des réalités, la réalité des choses, ne
peut absolument pas aider en aucune façon, au développement de la
culture française dans cette province. L'existence même de la
culture française n'est pas l'effet d'une telle philosophie. L'existence
du français au Québec est l'effet d'un amour positif, d'une
échelle de valeurs de chaque citoyen, de chaque citoyen francophone et
il n'y a pas lieu de penser que le développement de la culture anglaise
de cette province, comme je le disais, peut se soustraire au
développement de la culture française. Je crois que les deux
côte à côte devront évoluer, progresser et quelles
que soient nos lois, nous aurons toujours, dans cette province...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Papineau sur une question de règlement. Je m'excuse...
M. Saint-Germain: M. le Président, j'espère que
ceci ne sera pas enlevé sur mon temps.
M. Alfred: De grâce, est-ce qu'on va entendre des
débats stériles du député de...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordrel Non, un instant. A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! Non, la demande du
député de Jacques-Cartier n'est pas une demande de directive.
M. Alfred: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Papineau, je vous prierais d'en venir directement à la question de
règlement.
M. Alfred: Depuis quelques minutes, M. le député
parle. Il est en train de nous tuer avec un débat stérile;
puisse-t-il revenir à la motion d'amendement et ne pas parler des
frustrations, des mots qu'il ne comprend même pas.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne parle pas pour le député de
Papineau, M. le Président, je parle pour les citoyens de cette province.
Ce que le député de Papineau pense, je m'en fous comme de la
première chemise que j'ai portée.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Pas de débat entre deux députés, pas de
dialogue, pas d'amitié particulière. M. le député
de Jacques-Cartier, veuillez vous adresser à la présidence et
parler de la motion.
M. Saint-Germain: M. le Président, au moins, je vais avoir
le plaisir de parler à un homme intelligent. Je disais donc que la
progression ou le développement de la culture anglaise n'est pas un in-
convénient au développement de la culture française. Nous
aurions aimé, M. le Président, qu'à l'article premier, le
français est la langue officielle du Québec nous admettons
cet article, nous admettons que la langue officielle du Québec est le
français, mais nous ne pouvons admettre qu'en fait et en droit, les
anglophones n'aient aucun droit, n'aient pas de droit, n'aient pas droit
à la considération et au respect qu'ils méritent. Je vous
ferai remarquer, M. le Président, que s'il y a un champ
d'activité où le respect mutuel entre francophones et anglophones
a existé, c'est bien dans le champ juridique. Il y a longtemps que ces
professions d'avocat ou de juge sont bilingues dans le Québec. Ils n'ont
pas attendu la législation du gouvernement provincial. Ils l'ont
été obligatoirement, par une question de fait, et tous ces gens
ont appris à vivre ensemble et sans heurts. Pour quelle raison
croyez-vous, M. le Président, que le gouvernement a voulu s'immiscer au
point de vue linguistique dans ce champ d'activité fondamental de notre
société, puisque que c'est par nos tribunaux qu'on rend justice?
Or, dans une société civilisée comme la nôtre, il
est fondamental que les citoyens aient des droits égaux devant nos
tribunaux. Ceci, M. le Président, était fait, était
terminé. Qu'est-ce qui amène le gouvernement à
légiférer dans ces champs d'activité bien définis
par notre amendement, si ce n'est pour plaire aux radicaux et aux
extrémistes de cette province? Vous aurez remarqué que, dans ce
projet de loi, le gouvernement est bien protégé à sa
gauche. On n'entend pas de critique de nos nationalistes extrémistes
traditionnels. Le gouvernement est très bien protégé. Un
des éléments qui le protège, c'est cette injustice qu'on
fait nos minorités en s'immisçant dans les tribunaux au point de
vue linguistique. Faut-il vous rappeler, M. le Président, que nous avons
un personnage du Québec, actuellement, qui est devant les tribunaux en
Ontario et qui crie à l'injustice, parce qu'il ne peut pas être
jugé en français? Mais par quelle tournure d'esprit, par quelle
philosophie veut-on rendre nos gens, notre minorité anglaise, pourquoi
les mettre dans la même situation? Est-ce qu'on veut
déséquilibrer les relations sociales dans cette province? Est-ce
qu'on veut avoir des réactions tellement négatives entre
francophones et anglophones? Il faut réellement se poser la question. Un
autre champ d'activité, M. le Président, à cette
Assemblée nationale, vous le savez, vous y êtes depuis des
années...
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question au député?
Le Président (M. Cardinal): Si M. le député
de Jacques-Cartier permet que vous posiez la question, vous pouvez la
poser.
M. Bertrand: Une petite question?
M. Saint-Germain: II me la posera, s'il veut bien me la poser,
après mon temps.
M. Bertrand: M. le Président, je ne suis pas
pressé.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Jacques-Cartier ne le permet pas.
M. Saint-Germain: Mais, entre-temps, je vais continuer mon
argumentation.
Le Président (M. Cardinal): Après, non. M.
Bertrand: Oui, il permet après.
M. Saint-Germain: Après, c'est bien permis, si vous le
permettez, croyez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je le regrette, non, je ne le
permets pas.
M. Saint-Germain: Alors, nous sommes deux à ne pas le lui
permettre. ... M. le Président, l'Assemblée nationale, vous y
avez siégé, vous y avez travaillé pendant nombre
d'années.
Quand avons-nous eu des critiques sur les relations qui existent entre
les francophones et les anglophones qui ont été élus au
niveau de cette Assemblée? Jamais. Même les anglophones, la
population anglophone de cette province a été assez sage pour
traditionnellement élire des gens bilingues au niveau de cette
Assemblée. On n'a jamais eu de problème, d'aucune façon.
Voilà un autre champ d'activités extrêmement important,
parce que ce sont nos institutions mêmes, où il n'y a aucune
difficulté entre les francophones et les anglophones. Mais pourquoi le
gouvernement se met-il le nez là-dedans quand les choses vont bien?
Est-ce qu'il veut que cela aille mal? Est-ce cela, le but?
Alors...
M. Charbonneau: II ne veut rien comprendre.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que, là
encore, on veut plaire, on veut agir en concordance avec nos extrémistes
francophones qui nous ont traditionnellement toujours entraînés
dans des expériences extrêmement négatives. Je dis que le
gouvernement joue avec le feu; il n'est pas facile d'avoir une politique
linguistique qui crée un consensus. C'est très difficile. On n'en
a pas eu avec le bill 63. Et vous, vous étiez là, M. le
Président, au bill 63, vous l'avez piloté.
M. Bertrand: La présidence n'était pas
là.
M. Saint-Germain: Vous en connaissez les réactions. On a
eu le bill 22.
M. Duhaime: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Saint-Maurice sur une question de règlement. Un instant, M. le
député de Saint-Maurice sur une question de règlement.
M. Lalonde: M. le Président, avant que le
député de Saint-Maurice prenne la parole.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, pas avant.
M. Duhaime: J'ai soulevé une question de règlement.
J'ai demandé la parole en premier.
M. Lalonde: C'est une question de règlement sur le droit
de parole du député de Saint-Maurice.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a pas de question de règlement sur une question de
règlement. Je m'excuse. Cela se fait parfois, c'est une erreur.
M. le député de Saint-Maurice, s'il vous plaît.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Maurice a demandé le droit de parler?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice.
M. Lalonde: II n'est pas membre de la commission.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas membre de la commission, le
député de Saint-Maurice.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice est membre de la commission. Il remplace M. Paquette, le
député de Rosemont, et ceci depuis environ 4 h 30, cet
après-midi.
M. Duhaime: Je vous demande pardon.
Le Président (M. Cardinal): Ceci est au journal des
Débats et je veux bien le rappeler.
M. Lalonde: J'aurais aimé que le député de
Saint-Maurice...
M. Charbonneau: Saviez-vous qu'il était ici tantôt?
Saviez-vous qu'il était là tantôt?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! S'il vous
plaît!
Il n'y a rien. Ne commencez pas cela.
M. Lalonde: Est-ce qu'il est membre lui aussi?
M. Duhaime: Je voudrais que vous retiriez vos paroles
malveillantes.
Le Président (M. Cardinal): Tous les gens autour de cette
table sont membres de la commission.
M. le député de Saint-Maurice, sur la question de
règlement.
M. Duhaime: Dois-je comprendre, M. le Président, que le
député de Marguerite-Bourgeoys retire ses paroles
là-dessus?
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez commencer cela,
on peut le faire.
M. Lalonde: J'ai mis en doute le fait qu'il soit membre de cette
commission. Je croyais qu'il n'était pas membre parce qu'il avait
remplacé le député de Saint-Jacques au pied levé
vers 5 heures, mais vous m'avez éclairé, M. le Président,
en me disant qu'il avait déjà remplacé un autre membre de
cette commission.
M. Duhaime: Vous n'avez pas mis ça en doute; vous
m'avez...
Le Président (M. Cardinal): Exigez-vous encore un
retrait?
M. Duhaime: Non.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Saint-Maurice, sur la question de règlement.
M. Duhaime: M. le Président, je pense que le
député de Jacques-Cartier implique la présidence dans le
débat sur le projet de loi no 63. Je pense, M. le Président,
qu'il serait dans l'ordre de rappeler au député de
Jacques-Cartier que la présidence comme telle n'a jamais
été impliquée dans ce débat. Sa remarque visait
tout particulièrement le député de Prévost et je
pense que c'est tout à fait antiréglementaire et contraire
à l'esprit et à la lettre de nos règlements.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Maurice et M. le député de Jacques-Cartier, la
présidence, en tant que présidence n'a pas bronché.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, si l'intervention du ministre, M. le
Président, avait pour but d'interrompre mon discours, j'espère au
moins que vous ne m'enlèverez pas non plus ce temps.
Quant à la présidence...
M. Duhaime: ... jusqu'à 11 heures.
Le Président (M. Cardinal): L'article 160 s'applique et M.
le député de Jacques-Cartier a trois minutes qui lui
appartiennent encore.
M. Saint-Germain: J'allais dire, M. le Président, que j'ai
beaucoup plus de respect pour vous que je puis en avoir pour le ministre,
surtout avec le genre d'intervention qu'il vient de faire.
M. Charbonneau: II n'a pas de leçon à donner
à quiconque.
M. Saint-Germain: J'étais en train de dire, lorsqu'on m'a
interrompu, que, lorsque les Québécois suivent d'aventure nos
extrémistes, il se crée toujours au Québec des
réactions négatives. Ceux qui en souffrent le plus sont toujours
les francophones, je n'ai pas besoin de vous dire que ce sont toujours les
francophones les plus dépourvus. Nous acceptons que la langue
française soit la langue officielle du Québec. Je sais pertinem-
ment que nous aurions pu dire: Le français et l'anglais sont les langues
officielles du Québec, de cette façon, nous aurions pu essayer de
protéger la chèvre et le chou et essayer de satisfaire tout le
monde, surtout en rendant une langue un peu plus officielle que l'autre et
rendre la langue française tellement officielle qu'on aurait pu
s'exempter dans maints champs d'activité de la langue anglaise
complètement. On aurait pu faire ça et c'aurait été
plus facile, M. le Président.
Mais, là n'était pas notre pensée et là
n'était pas notre façon d'agir. Nous admettons que la langue
française doit être la langue, officielle du Québec, mais
nous ne pouvons pas admettre qu'on considère la langue anglaise comme
n'importe quelle langue qui est parlée au Québec, c'est tout
à fait inacceptable. Il me semble certain que, si on continue de la
sorte et si le gouvernement n'amende pas la loi dans le sens qu'on vient de
vous l'indiquer, M. le Président, il pourrait y avoir, d'une
façon, dans l'avenir des réactions très négatives
et qui seront un inconvénient très sérieux pour le
développement de la culture française dans cette province,
où, quoi qu'il arrive, nous serons toujours dans l'obligation de
posséder la langue seconde et, quoi qu'il arrive, nous serons toujours
en relations journalières, du moins pour les "leaders" de cette
communauté francophone, avec les gens de culture et de langue anglaises.
Il y aurait donc intérêt à ce que les relations entre les
groupes soient humaines, se fassent dans le respect et soient positives. Je
crois qu'il y va de l'intérêt même de la très grande
majorité des Québécois, M. le Président. C'est dans
ce sens que je viens de vous dire, qu'à mon avis, nous aurions
aimé étudier un amendement qui aurait pu réellement
refléter la façon de voir que j'ai essayé de vous
expliquer.
Je sais que, pour ce qui regarde le gouvernement, je parle dans des
oreilles de sourds, j'ai appris cela. Seulement, il verra vite que le pouvoir
est éphémère, très éphémère.
Depuis onze ans que je siège à cette Assemblée, M. le
Président, j'en ai eu la preuve et, fréquemment. Rien ne
m'indique que le pouvoir est plus stable aujourd'hui qu'il ne l'était il
y a deux ou trois ans, croyez-moi.
Il serait dommage, pendant que ce gouvernement...
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Verchères, sur une question
de règlement.
M. Charbonneau: Combien de minutes lui reste-t-il encore? Je
pense qu'on a largement dépassé et qu'on prive les autres membres
de la commission...
Le Président (M. Cardinal): On n'a pas largement
dépassé, non. S'il vous plaît! M. le
député...
M. Laplante: Ces beaux discours, un peu brouillons.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaîtl A l'ordre, M. le député de Bourassa! M. le
député de Jacques-Cartier, je vous prierais de conclure, s'il
vous plaît!
M. Saint-Germain: Je souhaite, M. le Président, que par
cette charte, le gouvernement ne soit pas vu par les Québécois
comme un gouvernement ayant réellement causé un handicap, et
sérieux, au développement des francophones au point de vue
culturel, au point de vue des libertés, à tous points de vue. Je
souhaite que ce gouvernement ne soit pas un handicap sérieux au
développement des Canadiens français dont j'ai l'honneur de faire
partie.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Le
débat multiforme sur le projet de loi 1 et ensuite sur le projet de loi
101 semble, à certains moments, avoir laissé certaines personnes,
mais, ce soir, j'ai nettement l'impression que ce débat multiforme est
nécessaire. Les interventions que nous avons entendues ce soir, en
particulier celle du député de Jacques-Cartier, montrent combien
ce débat est nécessaire.
Ce débat est nécessaire, parce que le gouvernement s'est
vu confier par le peuple du Québec un mandat et, dans l'exécution
de ce mandat, il veut donner au peuple québécois certains des
moyens essentiels pour affirmer sa dignité.
Un premier ministre de France a intitulé ses mémoires
"L'Histoire jugera". On connaît l'accélération de
l'histoire. L'histoire, M. le Président, je crois, jugera vite, jugera
rapidement le sens du débat.
Le peuple québécois, grâce au projet de loi no 101,
pourra, bientôt, sous l'aspect de la langue, affirmer sa dignité.
Cela est fondamental. Je suis convaincu que cela permettra d'instaurer au
Québec, contrairement à ce que vient d'affirmer le
député de Jacques-Cartier, une paix sociale durable. Cela me
paraît essentiel à l'avenir du Québec que le peuple
québécois affirme sa dignité dont un des
éléments les plus importants, c'est le fait que le
français en est déjà et doit continuer d'en être la
langue officielle.
On nous a reproché c'est en particulier le
député de Marguerite-Bourgeoys qui nous l'a reproché
d'être lents à comprendre. Je pense, M. le
Président, que les quatre cavaliers de l'Apocalypse qui
représentent ici l'Opposition officielle sont, eux, très lents
à comprendre comme la formation politique qu'ils représentent
dans son ensemble. Ils sont lents à comprendre le sens des
événements qui se sont déroulés au Québec
depuis déjà plusieurs années et en particulier depuis
1974.
Ils sont lents à comprendre que le peuple du Québec entend
voir le français langue officielle partout respecté. Je voudrais,
M. le Président, affirmer ma profonde conviction, à propos des
minorités du Québec et en particulier à propos de la
minorité anglophone, ma profonde conviction que, peut-être
après des moments d'ajustement et de compréhension à
passer, qu'après ces moments, plus les Québécois
francophones auront affirmé leur dignité et leur droit de vivre
en français, plus les minorités, et en particulier la
minorité anglophone, sauront dans quelle sorte de société
elle est ou elles sont appelées à s'épanouir.
Ce sera, M. le Président, la fin d'incertitudes malfaisantes. Ce
sera, M. le Président, la fin de certaines formes de colonialisme qui
perdurent. Ce sera, M. le Président, la réalisation d'un Etat
normal pour une société adulte. M. le Président, pour ces
raisons, comme M. le ministre d'Etat au développement culturel l'a
déjà indiqué, pour cette raison, il est absolument
indispensable que l'article premier du projet de loi no 1 conserve sa
clareté, conserve sa pureté, conserve ce caractère qu'il a
d'affirmation fondamentale qu'il ne faut, en aucune façon, diluer.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, comme pour les autres
qui ont été exposées par les ministres et par le
député de Vanier, il nous paraît absolument indispensable
de défaire le plus tôt possible cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, quelques mots sur l'Union
Nationale, si je le dis au début, c'est pour qu'on les ait
oubliés à la fin. L'Union Nationale, dans l'ensemble, dit: Le
Parti libéral a pris notre jouet. L'Union Nationale se scandalise de
cette façon. Je crois, M. le Président, que c'est un argument de
collégien. L'Union Nationale est incapable de se brancher. On n'est pas
pour la forme, on est pour le fond. On fait une pirouette. On était pour
la liberté de choix, on n'est plus pour la liberté de choix. On
est pour deux langues officielles, une première, une deuxième. Si
elle ne fait pas son amendement avant demain ou après-demain, il y en
aura peut-être trois. M. le Président, je pense que cela indique
un peu la valeur du contenu...
M. Goulet: M. le Président, question de privilège.
Faut-il être malhonnête...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Goulet: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! C'est à la présidence de décider.
M. Goulet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): En commission
parlementaire...
M. Goulet: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): ...il n'y a pas de question de
privilège, mais attention...
M. Goulet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Faut-il être malhonnête, M. le
Président, pour affirmer de tels propos lorsqu'on a
présenté un tel livre. Qu'on lise donc le livre et qu'on
arrête de chanter la romance à tout le monde et d'amener des faits
aussi faux que vient de prononcer le député... J'ignore le
comté, parce que j'aime mieux l'ignorer.
M. Lalonde: Cela m'a pris cinq minutes à le lire, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Bellechasse, vous auriez pu invoquer
l'article 96.
M. Goulet: Je peux dire au député de
Marguerite-Bourgeoys que s'il est ici pour dire des bêtises, il peut
s'attendre à en recevoir. Je peux lui dire cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui avez commencé.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, désirez-vous
continuer?
M. Lalonde: Oui, M. le Président. J'avais raison de dire
qu'il ne fallait pas s'occuper trop longtemps...
M. Goulet: Ce n'est pas une maternelle.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ...de l'Union Nationale dans le débat.
M. Goulet: Ce n'est pas une maternelle.
M. Lalonde: Quant aux arguments du ministre d'Etat, j'aimerais
m'y attarder quelques secondes. Il reproche à la loi 22 de ne pas avoir
déterminé la place de la langue anglaise, alors qu'on le
suggère pour l'article premier de ce projet de loi no 101.
J'attire l'attention du ministre sur l'article 5 du projet de loi no 22,
qui est maintenant la Loi sur la langue officielle, qui dit: "Le présent
titre règle les effets juridiques de l'article 1" et qui, dans
l'ensemble, arrive exactement au même résultat,
c'est-à-dire qu'il détermine, article par article, plus loin, la
place, les droits, le statut juridique, non seulement du français,
langue officielle, mais aussi de la langue anglaise, d'autant plus que dans la
loi 22, on ne s'attaquait pas à l'article 133, comme on le fait ici,
dans le projet de loi no 101.
Le député de Vanier s'inquiète j'aimerais
dire quelques mots là-dessus parce que cette inquiétude va
revenir du fait qu'on présente un amendement, à un certain
moment, qui ne semble pas bien placé d'après lui.
Il semble qu'il faudrait que l'Opposition s'encadre dans le désir
du gouvernement et qu'on n'ait pas l'audace de changer un iota au projet de
loi. Il faudrait que le député de Vanier reconnaisse que
lorsqu'on propose un amendement aux articles 1, 2, 3, 4 ou 25, on le fait en
fonction des autres amendements qui seront proposés, en assumant que le
gouvernement verra la lumière et les acceptera.
Alors, si cela ne fait pas son affaire actuellement, c'est parce qu'il
ne connaît pas les autres amendements.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton sur la question de
règlement.
M. Grenier: Je vous ferai remarquer qu'il arrive enfin onze
heures, mais...
Une Voix: II est onze heures.
M. Grenier: ...ensuite j'ai l'impression que le
député de Marguerite-Bourgeoys a terminé ses vingt
minutes, sinon, cela paraît comme si cela faisait une demi-heure qu'il
parlait.
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Mégantic-Compton, vous avez, comme cela arrive
parfois aux députés, à la fois raison et tort. Vous avez
raison de me souligner qu'il est 23 heures, mais je vous assure que, même
à 23 heures, il restera, même après cela, quatre minutes
à M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Sur ce, les
travaux de cette commission sont ajournés à demain dix
heures.
(Fin de la séance à 22 h 59)