Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Audition des mémoires
sur le projet de loi no 1:
Charte de la langue française
au Québec
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je constate qu'il y a quorum. Je demande à tous et chacun de
regagner son fauteuil.
A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Verchères. M. le député de Papineau, à l'ordre,
s'il vous plaît!
C'est une nouvelle séance. Je fais l'appel des membres. On
m'indiquera les remplacements s'il y a lieu.
MM. Alfred (Papineau), Bertrand (Vanier), Bi-saillon (Sainte-Marie),
Chevrette (Joliette-Montcalm), Ciaccia (Mont-Royal), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Dussault (Châteauguay), Go-din (Mercier), Grenier
(Mégantic-Compton), remplacé par M. Biron (Lotbinière);
MM. Guay (Taschereau), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Laplante (Bourassa),
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé),
remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); MM. Roy (Beauce-Sud),
Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda). Oui?
M. Guay: M. Chevrette, remplacé par le jeune et brillant
député de Verchères.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. M. Chevrette (Joliette-Montcalm), remplacé... Pardon? Oui,
c'est ce qu'on m'indique... par M. Charbonneau (Verchères).
Merci. Alors, la journée: Nous allons siéger
jusqu'à midi, parce que le mercredi, il n'est pas possible de
dépasser midi. Nous reprendrons après les affaires courantes de
l'Assemblée nationale et terminerons également à 18
heures. Les deux organismes convoqués sont l'Association des enseignants
du Sud-Ouest du Québec, mémoire no 3 et The South Central
Protestant School Board, mémoire no 161.
Est-ce que l'Association des enseignants du Sud-Ouest du Québec
est ici? Si vous voulez vous approcher, s'il vous plaît.
C'est M. Pierre Roy qui... M. Pierre Roy?
M. Roy (Pierre): Le mémoire sera présenté
par M. Serge Bail.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. Pierre Roy. Si
vous voulez parler dans le micro, présenter votre association et
indiquer qui vous accompagne, s'il vous plaît. Vous avez 20 minutes pour
la présentation du mémoire.
M. Roy (Pierre): Bonjour. Nous représentons l'Association
des enseignants du Sud-Ouest du Québec à Hull. Nous regroupons
2700 membres dans la région de l'Outaouais. Le mémoire sera
présenté par M. Serge Bail et M. Claude Morisette.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
L'Association des enseignants du Sud-Ouest du
Québec
M. Bail (Serge): L'Association des enseignants du Sud-Ouest du
Québec désire, dans un premier temps, apporter son appui au
gouvernement du Québec, qui, par le projet de loi no 1, tente de mettre
de l'ordre dans la situation sociale et linguistique au Québec.
Davantage, l'Association affirme son accord de principe avec ce projet de loi
qui entend faire du Québec le pays francophone qui nous est reconnu
depuis l'Acte de Québec de 1774 et qui se traduit essentiellement par la
reconnaissance d'une seule langue officielle, le français, et l'adoption
de l'unilinguisme institutionnel.
De plus, nous reconnaissons comme satisfaisantes les dispositions de la
loi concernant la langue de la législation et de la justice (articles 7
à 13), la langue de l'administration (articles 14 à 24), la
langue de certains organismes parapublics (articles 25 à 32), la langue
du travail (articles 33 à 40) ainsi que la langue du commerce et des
affaires (articles 41 à 50).
Dans un deuxième temps, nous aimerions attirer plus
particulièrement l'attention du gouvernement sur les articles 51
à 59 du projet de loi qui concernent la langue de l'enseignement.
Malgré les prétentions du gouvernement à savoir que
la langue de l'enseignement revêt un caractère de moindre
importance, compte tenu de l'effet d'entraînement qu'aura la langue de
travail, nous croyons à la nécessité de circonscrire
adéquatement la langue de l'enseignement ainsi que les critères
d'accès à l'école anglaise, d'autant plus que la
région de l'Outaouais dénombre une population d'au-delà de
200 000 personnes vivant quotidiennement à proximité de sa
voisine ontarienne, que, pour un partie très importante de cette
population, la langue de travail demeurera l'anglais, même en territoire
québécois (ici, qu'on se rapporte aux édifices
fédéraux à Hull), et que des mesures radicales s'imposent
pour redresser une situation linguistique et culturelle en voie de
dépérissement.
Mais, avant d'énoncer les amendements auxquels nous tenons, nous
voulons informer le gouvernement de notre accord concernant trois principes
fondamentaux qui sous-tendent ces articles.
Le premier est celui qui reconnaît la tradition historique vieille
de deux siècles, selon laquelle les véritables anglophones se
sont donné des institutions scolaires de langue anglaise. Avec le livre
blanc, nous reconnaissons que nous ne saurions faire fi de cette tradition,
sans en même temps porter de graves préjudices à ceux qui,
depuis 200 ans, vivent de cette tradition.
Le deuxième principe affirme toutefois que l'accès aux
écoles anglaises ne saurait être reconnu qu'aux seuls
véritables anglophones et que les institutions scolaires anglaises
doivent cesser
de jouer le rôle assimilateur dont elles sont complices à
l'heure actuelle.
Le troisième principe circonscrit le critère à
retenir pour permettre l'accès à l'école anglaise. Nous
sommes également d'accord pour rejeter comme critère le libre
choix des parents, qui était le fond du projet de loi 63, ou encore la
connaissance suffisante de l'anglais, qui était la loi 22. En effet, si
nous ne reconnaissons qu'aux seuls véritables anglophones,
c'est-à-dire ceux qui s'inscrivent dans une tradition deux fois
séculaire, le droit à l'école anglaise, il importe de
retenir un critère qui tienne compte de l'appartenance des individus
à cette communauté historique. Dans ce contexte, la langue
maternelle est, nous semble-t-il, le critère à retenir, mais il
ne faut pas s'arrêter là. En effet, tous les individus de langue
maternelle anglaise n'appartiennent pas forcément à la
communauté des véritables anglophones: Que l'on pense simplement
aux immigrants de fraîche date qui, dès la première
génération, se sont assimilés à l'anglophonie.
C'est pourquoi il convient de pondérer le critère de la langue
maternelle par celui de la langue maternelle des parents et de rattacher
celle-ci à la fréquentation de l'école
élémentaire anglaise.
Ici, je me permets quelque chose qui n'est pas inscrit dans le texte.
Nous voudrions insister auprès du gouvernement sur l'importance qu'a
pour nous l'article 52a où il est mentionné que ceux qui auront
accès à l'école anglaise seront ceux dont le père
ou la mère aura reçu au Québec l'enseignement primaire en
anglais. Nous savons qu'il y a de fortes tentations, actuellement, de la part
du gouvernement, de modifier ce critère du Québec pour le
remplacer par celui du Canada, mais nous tenons, quant à nous, à
ce que ce soit ceux qui ont étudié au Québec à
cause, évidemment, de la situation particulière de l'Outaouais
qui, depuis quelques années, se voit systématiquement envahir par
les anglophones de l'Ontario lesquels, par leur présence
numérique de plus en plus croissante, commencent à revendiquer
des institutions de la langue anglaise et à s'imprégner dans le
milieu, de telle sorte qu'ils constituent un danger flagrant pour
l'intégrité culturelle des Québécois francophones
de cette région.
Mais là où nous ne suivons plus le gouvernement, c'est
quand il affirme qu'il suffit qu'un seul des deux parents ait
fréquenté l'école élémentaire anglaise pour
qu'un enfant soit déclaré appartenir à la
communauté anglaise et puisse ainsi avoir accès à
l'école anglaise.
Nous croyons, d'une part, que le critère d'un seul parent ne
permet pas de circonscrire adéquatement les véritables
anglophones et que, d'autre part, il ouvre la porte à toutes formes de
discrimination, lesquelles ont été clairement mises en
lumière par Lysiane Gagnon dans une série de deux articles parus
dans la Presse des 18 et 19 avril 1977 et intitulés "Langue
d'enseignement, une politique boiteuse et ambiguë". Vous retrouverez
d'ailleurs en annexe le texte intégral de ces deux articles et nous
prions instamment le gouvernement de s'y référer, ce qui nous
évitera ici de re- prendre en long les exemples très nombreux
d'ailleurs qui y sont contenus.
Qu'il suffise de faire remarquer qu'un immigrant qui aurait eu le
bonheur d'épouser une Anglo-Québécoise aura le
privilège de faire instruire ses enfants en langue anglaise alors que le
même immigrant, s'il avait épousé une
Franco-Québécoise n'aurait pu se prévaloir du même
privilège.
Ce qu'il faut, c'est donc retenir le critère des deux parents
ayant fréquenté l'école élémentaire
anglaise; c'est certes plus radical, mais au moins plus clair.
Quant à ceux qui objecteront que le droit de faire instruire ses
enfants en langue anglaise est un droit personnel qui doit pouvoir s'exercer
même quand le conjoint ne possède pas ce droit, nous
répondrons ceci: nous sommes conscients que le conjoint anglophone d'un
couple mixte se verrait, par notre proposition, interdire l'usage de son droit.
Mais nous demandons de quel droit un droit individuel doive primer sur un droit
collectif? Tous les philosophes s'accordent pour dire que le bien commun
prévaut sur le bien personnel et que s'il y a conflit, c'est le bien
commun qui prime.
Par conséquent, et c'est notre première recommandation,
nous demandons au gouvernement d'amender l'article 52a dans le sens suivant:
"Que les enfants dont le père et la mère..." etc.
De même, nous n'admettons pas que les enfants qui n'appartiennent
pas à la véritable minorité anglophone et qui, à la
date d'entrée en vigueur de la loi, fréquenteront une
école anglaise, puissent se voir reconnaître le droit à
l'école anglaise, ainsi qu'à leurs descendants. Encore moins pour
leurs frères et soeurs cadets. Le principe de la non-division des
familles peut tout aussi bien jouer dans le sens de la majorité en
exigeant le retour à l'école française des non
véritables anglophones, ce qui unifierait les familles dans le sens de
la majorité.
Notre deuxième recommandation peut donc se formuler ainsi: Que
l'article 52b soit amendé dans le sens suivant: "Quant aux enfants qui
sont actuellement dans les écoles anglaises et qui ne répondent
pas aux critères ci-haut mentionnés: 1-Que les francophones et
allophones possédant une connaissance d'usage du français soient
réintégrés dans les écoles françaises
à compter de septembre 1977; 2-Que les allophones et les non
véritables anglophones ne possédant aucune connaissance d'usage
du français soient réintégrés graduellement par le
biais des classes d'accueil.
Notre troisième remarque porte sur l'article 51 qui n'oblige
à l'enseignement en français que dans les écoles
maternelles, primaires et secondaires. Nous ne comprenons pas que les CEGEP
aient été exclus de cette obligation, d'autant plus qu'ils sont
financés à 100% par l'Etat, même si les étudiants y
ont des frais d'inscription à débourser.
Quant aux universités, nous croyons qu'elles sont davantage le
reflet d'un savoir universel et qu'à ce titre, elles jouissent
déjà d'une reconnaissance internationale qui devrait les
soustraire à la loi.
En conséquence, nous recommandons au gouvernement, d'amender
l'article 51 pour faire en sorte que la loi s'applique également aux
CEGEP.
En terminant, nous voudrions attirer l'attention du gouvernement sur
l'aspect suivant: Le chapitre IV du titre I vise à franciser
l'administration et, dans ce contexte, l'article 23 vise plus
particulièrement la francisation des commissions scolaires anglophones.
Même si nous reconnaissons que notre propos, à ce stade-ci, ne
relève pas du projet de loi 1, nous aimerions indiquer au gouvernement
qu'une telle francisation devrait être un premier pas vers une
intégration progressive des réseaux scolaires francophones et
anglophones. Nous ne voyons pas pourquoi des services publics devraient se
structurer suivant la langue ou la confessionnalité. Nous
prétendons que l'école est un service public, tout comme une
administration municipale ou hospitalière doit l'être et
qu'à ce titre, elle devrait s'organiser en structure unique dispensant
des services polyvalents, selon le type de clientèle à
desservir.
Nous recommandons donc que les dispositions de l'article 23 visant
à franciser l'administration des commissions scolaires anglophones
conduisent à long terme, dans une éventuelle
réorganisation administrative, à l'intégration de ces
commissions aux commissions scolaires francophones qui formeraient alors des
commissions scolaires intégrées desservant les citoyens
québécois de toute provenance linguistique et de toute croyance,
dans le cadre de services diversifiés.
En guise de conclusion, nous aimerions indiquer au gouvernement qu'il
nous semble important, pour le succès même des dispositions de
cette loi, de tenir fermement aux mesures énumérées dans
l'ensemble du projet de loi et de ne pas reculer d'un centimètre sur ces
questions.
Nous sommes conscients que la loi dérangera certains groupes
sociaux habitués à jouir de privilèges exorbitants et que
ceux-ci tenteront par tous les moyens de faire pression sur le gouvernement
pour qu'il en modifie le contenu. Mais notre accord avec le projet de loi ici
est conditionnel au maintien d'une attitude ferme de la part du
gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Merci, monsieur. M. le
ministre d'Etat au développement culturel.
M. Laurin: Je remercie...
Le Président (M. Cardinal): Vous aviez terminé,
monsieur?
M. Bail: En terminant, on voulait ajouter une chose...
Le Président (M. Cardinal): On va vous attendre alors,
allez-y.
M. Bail: ...vous mentionner que dans les annexes et dans les
textes de la Presse... Nous aimerions déposer aussi un éditorial
du journal local hebdomadaire d'Aylmer, un journal de langue anglaise qui
reprend des propos passablement har- gneux vis-à-vis de la
communauté québécoise de langue française, voire
même qui frise le racisme. Nous le déposons pour montrer aux
membres de cette commission parlementaire et aux députés de
l'Assemblée quel est le sort quotidien que les francophones de cette
région doivent subir de la part de ceux qui nous côtoient.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, sur une
question de technicité, il ne peut pas y avoir véritablement de
dépôt. Vous pourriez remettre ce document au secrétaire de
la commission, M. Jacques Pouliot, qui pourrait, d'une part, en faire la
distribution aux membres de la commission et, d'autre part, l'ajouter en annexe
au journal des Débats. (Voir annexe)
M. Bail: Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Laurin: Je remercie les membres de l'Association des
enseignants du Sud-Ouest du Québec pour le mémoire soigné
qu'ils viennent de nous présenter. Je suis heureux évidemment de
l'accord qu'ils donnent à l'ensemble du projet de loi et
particulièrement au chapitre de la loi qui traite du français,
langue officielle, articles qui feront du français la langue de
l'administration et du monde du travail, du commerce et des affaires.
Le gouvernement a voulu, en effet, que l'accent principal de son travail
de francisation porte sur ces domaines. L'Association des enseignants du
sud-ouest est d'avis cependant que la langue de l'enseignement continue
d'être un élément majeur et le gouvernement le pense aussi.
Cependant, nous considérons quand même que si la
société québécoise se francise dans ses
éléments majeurs dont je parlais tout à l'heure, il y aura
sûrement un effet d'entraînement positif qui finira par se
manifester plus tôt que tard dans le domaine de l'enseignement.
Je voudrais aussi dire à l'Association des enseignants du
Sud-Ouest du Québec à quel point leurs représentations en
ce qui concerne leur situation particulière dans la région de
l'Outaouais nous a touchés. Cette situation n'est pas assez connue, je
crois, de l'ensemble de la population du Québec, et en particulier, de
la députation. C'est là un élément important,
majeur, que doit considérer le législateur, lorsqu'il en arrive
à édic-ter les lois sur des sujets tels que celui que nous avons
abordé. Il ne fait aucun doute que nous relirons ce passage de votre
mémoire afin d'en saisir toutes les implications et afin aussi qu'il
nous inspire peut-être des modifications qui vous aideraient à
préserver dans des situations plus difficiles que celles que vivent les
autres régions un héritage culturel auquel vous tenez
peut-être d'autant plus que vous le sentez davantage menacé.
J'en viens maintenant à vos recommandations principales. Je
voudrais vous dire d'abord que nous avons longuement considéré la
possibilité de l'amendement que vous suggérez et qui ferait que
l'école anglaise ne serait ouverte qu'aux enfants dont le père et
la mère ont fait leurs études en an-
glais. Si nous l'avons rejeté, c'est parce que nous avons vu
là une source de discrimination certaine et qui serait sûrement
pénible pour ceux qui auraient à trancher ce débat au sein
de l'unité familiale. Nous reconnaissons que votre argument est valable
pour les raisons que vous avez invoquées, mais il y a d'autres raisons
à la négative qui, selon nous, doivent inciter le gouvernement
à adopter la solution qu'il a prise.
Nous n'avons pas voulu, par exemple, mettre les individus ou les
familles dans la pénible obligation d'avoir à choisir entre leurs
sentiments familiaux ou amoureux même et leur inclination vers la
préservation de leur héritage culturel.
Nous savons, en effet, que le taux des mariages exogamiques au
Québec, particulièrement dans la minorité non francophone,
est très élevé. Je pense que ce taux de mariages
exogamiques, selon les statistiques, s'élève jusqu'à 47%,
et nous avons voulu éviter à ceux qui seraient dans cette
situation, sans parler d'autres situations que nous avons également
étudiées, de se trouver dans un dilemme où, par exemple,
ils auraient eu à choisir entre le souci de conserver à leurs
enfants le droit de choisir entre l'école française et
l'école anglaise et le souci d'obéir aux inclinations de leur
coeur. C'est là un débat cornélien que nous avons voulu
leur éviter, car nous savons que ce n'est pas tout le monde qui est
capable de subir avec succès ce défi cornélien. Pour ces
raisons, nous avons pensé que nous pouvions réduire l'obligation,
sans trop de conséquences nocives ou dommageables et tout en
préservant un humanisme, une tolérance, une
générosité qui se solderaient au bénéfice
des individus aussi bien que des familles.
Nous considérerons quand même une dernière fois vos
arguments avant d'adopter une position définitive, mais je tenais
à vous dire les raisons qui nous ont amenés à pencher dans
le sens où nous avons penché.
En ce qui concerne votre deuxième proposition, je note que vous
êtes d'accord avec le principe qui a présidé à nos
décisions, c'est-à-dire celui de la non-division des
familles.
Nous avons opté pour ce principe en raison de la connaissance que
nous avons du système de valeurs qui existe partout, mais
particulièrement dans certaines ethnies où la non-division des
familles constitue un principe de vie important. Il nous paraîtrait
cependant difficile de faire jouer ce principe de la non-division des familles
au béné- , fice de la communauté francophone d'une
façon qui serait rétroactive. Comment, en effet, pourrions-nous
juger, en tentant ce rapatriement à l'école française, de
la connaissance d'usage qu'ont pu acquérir du français ces
élèves déjà inscrits à l'école
anglaise sans devoir recourir à nouveau à la méthode
odieuse des tests? Ne courrions-nous pas également un autre risque,
celui d'être susceptible de manquer de bonne foi à l'égard
de familles ou de citoyens qui, au moment où ils ont choisi
l'école anglaise, le faisaient en raison d'une négligence des
services de l'immigration canadienne à informer ces nouveaux arrivants
qu'ils arrivaient non pas dans un pays anglais, qui s'appelle le Canada, mais
dans une province francophone, qui s'appelait le Québec.
Pour ces deux raisons, nous avons pensé qu'il était
préférable, au nom de ce principe de
non-rétroactivité et au nom de la paix sociale également,
si l'on se rappelle tous les débats qui ont entouré la loi 22, de
laisser à l'école anglaise ceux qui y sont déjà
inscrits, en espérant toutefois qu'avec les réformes profondes
qu'apporte la Charte du français au Québec dans la conjoncture
linguistique du Québec, ces francophones qui sont inscrits à
l'école anglaise préféreront ne pas choisir d'y faire
continuer leurs enfants et dans l'espoir également que ces
non-francophones al-lopnones verront eux aussi de plus en plus d'avantages
à inscrire leurs enfants à l'école française
puisque c'est l'école qui est la plus susceptible de les préparer
à vivre dans une société française où le
français sera devenu la langue utile, la langue rentable, la langue
indispensable.
Voilà, de toute façon, le genre d'arguments qui nous a
guidés dans l'élaboration de notre politique et dans la prise de
nos décisions. Ceci ne veut pas dire que vos arguments ne sont pas
très valables à certains égards, mais, dans ce domaine,
nous avons à peser le poids de chacun des arguments, dans une
conjoncture dont nous avons hérité, dont nous ne sommes pas
responsables, à un certain moment de l'histoire, de l'évolution
d'une collectivité, donc, non pas dans l'abstrait, mais dans une
situation concrète dont nous pouvons déplorer certains
caractères, mais dont nous sommes obligés quand même de
respecter le poids qu'ils représentent, les conditionnements qu'ils
constituent pour les décisions que nous avons à prendre.
Nous espérons quand même que a ligne
générale, aussi bien de l'action gouvernementale que de
l'orientation législative, corrigera, graduellement, ces
phénomènes que vous avez déplorés et nous permettra
quand même, peut-être avec plus de méandres et en prenant un
peu plus de temps, d'atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés.
A cet égard, je voudrais vous demander si vous avez pensé
aux difficultés d'application que pourrait susciter la formule que vous
nous suggérez et, si vous y avez pensé, quelles recommandations
vous pourriez nous faire.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît, avant de répondre. Une petite technicité entre
parenthèses. M. Grenier n'est pas remplacé par M. Biron
(Lotbinière) pour les fins de cette séance.
Je m'excuse.
Monsieur, vous avez la parole.
M. Morissette (Claude): M. Laurin...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, est-ce que vous
pourriez rapprocher votre micro, s'il vous plaît.
M. Morissette (Claude): Vous vous référez à
la demande que nous faisons d'obliger, de considé-
rer comme véritable minorité anglophone uniquement les
enfants dont les deux parents ont fait leurs études au Québec en
anglais.
M. Laurin: Aux deux recommandations que vous faites, la
première et la deuxième.
M. Morissette: La deuxième, c'est la
réintégration. La première recommandation, je ne vois pas
plus de difficulté à l'application de cette recommandation
qu'à celle d'un seul parent, excepté que j'y vois l'avantage.
Vous soulignez 47%, spécialement dans le groupe allophone, de mariages
mixtes. C'est là que je vois une certaine contradiction. Vous dites
qu'en acceptant qu'un seul parent ait fréquenté l'école
anglaise, on pense quand même réduire passablement le nombre de
ceux qui auront droit à l'école anglaise. J'aperçois ici
une contradiction avec le nombre, le pourcentage très
élevé de mariages exogamiques. Or, on a bien dit, dans notre
mémoire, qu'on est conscient que certains droits individuels, pour ce
qui est, par exemple, du droit d'un parent anglophone de transmettre son droit
à l'appartenance à la culture anglophone, qu'on lui niait ce
droit, mais on a dit qu'on considérait que cela pouvait s'accepter eu
égard aux droits collectifs. Parce que nous considérons et
je pense que si on regarde le pourcentage d'enfants d'immigrants qui
fréquentaient l'école anglaise dans la région de
Montréal et dans notre région également qu'il
s'agissait là véritablement d'une situation catastrophique, d'une
situation d'urgence et qu'il faut quand même appliquer des mesures assez
radicales.
Quand il s'agit d'une loi, il y a toujours une certaine mesure de
coercition. Si on y va, on devrait y aller carrément.
Quant à la deuxième partie, pour ce qui est de
réintégrer dans les écoles françaises les enfants
non véritablement anglophones qui sont inscrits à l'école
anglaise, un système existe présentement, ce sont les classes
d'accueil. Dans notre région, on en a un nombre assez
considérable et elles fonctionnent assez bien. De toute façon,
nous remarquons que vous proposez que les enfants de Canadiens qui viennent
s'installer au Québec devront envoyer leurs enfants à
l'école française. Vous faites cette proposition dans votre
projet de loi. Ces enfants, s'ils sont anglophones, vont forcément avoir
autant de problèmes à s'intégrer à l'école
française que n'importe quel enfant du Québec qui est
déjà à l'école anglaise et qui n'est pas
véritablement anglophone. Intégrer un enfant anglophone qui vient
de l'Alberta à l'école française et intégrer un
enfant italophone ou anglophone d'origine portugaise ou italienne à
l'école française, je pense que les deux choses vont devoir se
faire de la même façon, soit par des cours d'immersion.
En passant, j'aimerais souligner que je représente ici
l'Association des enseignants du Sud-Ouest, mais que je suis également
coordonnateur d'un comité pour l'intégration des immigrants. Nous
travaillons depuis quatre ans avec les immigrants dans la région de
l'Outaouais et nous sommes en train de regrouper différentes ethnies.
J'ai enseigné le français, langue seconde, aux immigrants pendant
trois ans, le soir, en dehors de mon enseignement régulier. On
connaît passablement cette question des enfants d'immigrants.
La question de la division des familles, on la connaît
passablement aussi, parce que mon comité a fait une enquête
auprès de la communauté portugaise de Hull. J'ai moi-même
fait du porte-à-porte avec un interprète portugais; bien que
comprenant le portugais moi-même, il fallait que quelqu'un puisse poser
des questions en portugais. On a vu là des familles déjà
très divisées en ce sens qu'il y a des parents qui parlent
uniquement le portugais et certains de leurs enfants ne le parlent presque
plus. Il y en a qui vont à l'école anglaise et d'autres à
l'école française. Alors, la division dans les familles existe
déjà présentement et elle existait encore plus quand les
parents envoyaient leurs enfants à l'école française
élémentaire et, parvenus au secondaire, les envoyaient à
l'école anglaise pour les rendre bilingues.
Vous avez tout un méli-mélo qui, je pense, serait
redressé si on prenait carrément l'option pour l'école
française au Québec.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie. M. Roy.
M. Bail: J'aurais aimé ajouter que tel que l'article 52a
est rédigé, c'est-à-dire les enfants dont un des deux
conjoints a étudié à l'école anglaise, pour pouvoir
mettre ça en application, il va falloir, j'imagine, tenir un registre ou
un fichier civil qui, je pense, n'existe à peu près pas. Il va
falloir le faire pour l'ensemble des citoyens du Québec. Je me dis que
s'il est fait pour l'ensemble des citoyens du Québec dans le cas d'un
parent, il sera automatiquement fait dans le cas des deux parents. A ce niveau,
on ne voit pas quel problème technique notre recommandation pose de plus
que la recommandation qui est déjà dans le projet de loi.
Là où ça devient un peu plus difficile, et nous
l'admettons, c'est dans le cas de la deuxième recommandation.
M. Laurin: II y a quand même des vérifications
à faire.
M. Bail: Oui, mais une fois que le fichier existe. Je pense que
le gros du travail sera de constituer le fichier et il faudra le faire pour
tout le monde, de toute façon.
La deuxième recommandation: Evidemment, il faudra des
règlements, si jamais c'est retenu, pour appliquer ça. On tient
pour acquis que le gouvernement usera de son intelligence pour édicter
des règlements qui permettront l'application de cette chose sans trop de
heurts. Entre autres, il y aura évidemment les modalités de
réintégration, par exemple, selon qu'on est à
l'élémentaire ou en secondaire V. Je pense qu'on ne
procède pas à la réintégration de la même
manière et avec la même vigueur.
La deuxième chose: Dans la façon de tester la
présence de l'usage du français, on ne voit pas
là-dedans le caractère scientifique qu'on voulait
reconnaître au test s'appliquant en vertu de la loi 22. Il s'agit
beaucoup plus pour nous de détecter si un enfant est capable
d'être réintégré immédiatement au secteur
français sans perdre de temps, c'est-à-dire sans passer par les
classes d'accueil, ou, s'il a besoin de passer par des classes d'accueil pour
ne pas décrocher pédagogi-quement, une fois revenu dans une
classe française.
Je pense qu'au niveau des règlements, il y aurait moyen de
prévoir des formules extrêmement souples qui ne se voudront pas
d'un caractère rigide et scientifique, comme se voulaient les tests de
la loi 22.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
les représentants de l'Association des enseignants du Sud-Ouest du
Québec pour un deuxième voyage. Vous étiez ici, la semaine
dernière, si je ne m'abuse. Je vous remercie pour les remarques que vous
avez dans votre rapport et pour la remise en question du critère retenu
pour déterminer l'admission des enfants à l'école
anglaise.
Vous mentionnez, en page 3, que vous reconnaissez le principe de la
communauté anglophone, tel qu'il est mentionné dans le livre
blanc. Egalement, le deuxième principe, que l'accès aux
écoles anglaises ne saurait être reconnu qu'aux seuls
véritables anglophones. Ma première question: Qu'est-ce que vous
appelez un véritable anglophone?
M. Bail: C'est là qu'on s'oppose au gouvernement, dans le
sens où le gouvernement dit: Les véritables anglophones, ce sont
ceux dont un des deux parents a étudié en langue anglaise au
Québec. Nous disons: Un véritable anglophone, c'est quelqu'un qui
est descendant de parents dont les deux ont étudié à
l'école anglaise. A ce moment-là, pour nous, le fait que ce soit
les deux, cela l'enracine davantage dans la tradition historique des Anglais,
alors que s'il venait d'une famille où un seul des deux conjoints est
anglophone, il y a de fortes chances que ce soit par assimilation, par mariage
mixte, avec un francophone ou un immigrant. C'est moins un véritable
anglophone pour nous.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que le critère d'un parent qui
a fréquenté l'école anglaise ne détermine pas
nécessairement l'appartenance à la communauté anglophone.
Par contre, vous pensez qu'en tenant compte des deux parents, il y a plus de
chance que cela le détermine. Est-ce que vous reconnaissez, par exemple,
qu'un enfant dont les deux parents ont fait des études à
l'école anglaise dans les autres provinces et qui viennent
s'établir au Québec, appartiennent à la communauté
anglophone?
M. Morissette: Si nous rejetons ce critère, c'est d'abord
et avant tout à cause de la région d'où nous venons.
Depuis une couple d'années, nous subissons un changement très
radical, particulièrement dans la ville de Hull, la construction
d'édifices fédéraux, un déménagement de 15
000 fonctionnaires fédéraux. Malgré les politiques
proclamées de bilinguisme du premier ministre du Canada, le premier
groupe de fonctionnaires qui nous a été envoyé dans Hull,
il y a à peu près quatre ans, du ministère de
l'Environnement, les fonctionnaires étaient, à 95%, anglophones.
Il y a un deuxième ministère dont j'oublie le nom, qui est venu
s'installer à la Place du Portage.
Il y a eu, en même temps, un afflux d'anglophones dans la
région d'Aylmer. Il a fait renverser la proportion de la population.
Elle était de 48% anglophone et 52% francophone. Elle est devenue
à 52% anglophone et 48% francophone.
Mme Lavoie-Roux: Vous reprendrez ensuite. Mais la question
précise que je vous pose... J'aimerais avoir plus de renseignements
statistiques sur votre région, sur le plan scolaire et sur le plan de la
population en général. Si vous ne les avez pas, vous pourriez
nous les faire parvenir, ils nous intéresseraient.
La question que je vous pose est la suivante: Vous dites que vous
reconnaissez la communauté anglophone, mais vous dites qu'il faut
s'assurer que les enfants soient bien des membres de la communauté
anglophone. Je vous pose la question. Il nous vient des individus, ou des
familles, qui répondent à ce critère, soit que les deux
parents ont fréquenté l'école anglaise. Quant à
vous, vous dites que c'est le critère d'appartenance à la
communauté anglophone. Est-ce que de là, on pourrait conclure que
les familles qui viennent s'établir ici, de l'extérieur du
Québec, selon votre conception d'un anglophone, appartiendraient
à cette communauté anglophone?
M. Bail: Là-dessus, je pense que cela dépend de
l'angle sous lequel on se place. Le principe que vous mettez de l'avant, on
pourrait l'étendre aux anglophones qui viennent de l'extérieur du
Canada également, qui viennent soit de la Nouvelle-Zélande, de
l'Australie ou du Royaume-Uni.
Il y en a qui disent qu'on ne leur permet pas de le faire parce qu'on se
situe dans le contexte canadien. Nous, on s'est situé dans un contexte
québécois et c'est la raison pour laquelle on n'a pas reconnu aux
anglophones d'ailleurs le droit qu'on reconnaît aux anglophones
d'ici.
Mme Lavoie-Roux: C'est que vous mettez une limite à ce que
doit comporter une communauté culturelle.
M. Bail: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est que, pour vous, elle est limitée
à un article.
M. Bail: II faut que ce soit lié à un territoire;
sans cela, il n'y a plus de point de repère possible.
Mme Lavoie-Roux: Mais une communauté, qu'est-ce que c'est
pour vous, une communauté culturelle? Est-ce que c'est quelque chose de
statique? Est-ce que c'est quelque chose qui évolue?
M. Bail: C'est quelque chose qui évolue et c'est aussi
quelque chose qui transcende nécessairement les frontières.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bail: Mais telle que l'organisation mondiale est faite
actuellement, une communauté de culture, cela s'inscrit
nécessairement dans un territoire donné. La communauté
française déborde le Québec et elle déborde aussi
la France, mais les législations se font toujours en fonction de la
France ou en fonction de la Suisse ou en fonction de tel ou tel pays. C'est la
raison pour laquelle on s'est situé en fonction d'un territoire
particulier qui est celui du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Pour vous, le territoire transcende la
conception d'une communauté culturelle?
M. Bail: Cela le limite aux fins de législation.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'autre question, je reviens à ce
que vous mentionniez tout à l'heure. J'aimerais, si c'était
possible, si vous pouviez, que vous nous fassiez parvenir des statistiques sur
l'évolution de la population en général, des populations
linguistiques dans la région du Nord-Ouest, des populations scolaires et
également sur vos classes d'accueil je sais qu'elles sont
peut-être d'origine plus récente dans l'Outaouais que dans la
région de Montréal combien d'enfants vous avez accueillis,
où se sont-ils intégrés ultérieurement, à
l'école anglaise ou à l'école française. Je pense
que, pour ma part, cela m'intéresserait beaucoup si vous aviez ces
statistiques.
Je suis d'accord avec vous que le critère qui est retenu par le
projet de loi no 1 n'établit pas l'appartenance à la
communauté anglophone et je pense que Mme Gagnon, comme vous l'avez
mentionné, l'a amplement démontré. C'est un critère
discriminatoire à mon point de vue et je l'ai appelé un
critère d'accommodement. C'est simple. Quand vous dites au ministre que
ce ne sera pas plus compliqué d'avoir le registre de la
fréquentation scolaire des deux parents plutôt qu'un, je suis
portée à être d'accord avec vous, mais je pense que ce
critère lui-même n'est pas basé sur un principe
d'appartenance à la communauté anglophone, mais est basé
sur un principe d'accommodement parce qu'on s'est dit que, par cela, on va
éviter les tests. Il ne démontre vraiment pas qu'une famille ou
un enfant appartient à la communauté anglophone.
C'est tellement exact qu'on donne aux enfants francophones, qui ont
fréquenté l'école anglaise, le droit pour leurs
descendants d'aller à l'école anglophone, alors qu'on le refuse
à des anglophones qui vivent actuellement au Québec et qui ont
reçu leur instruction en anglais, même les deux parents dans
certains cas, peut-être pas au Québec, mais qui vivent
présentement au Québec. On leur nie, par ce critère,
l'appartenance à la communauté anglophone.
J'aurai l'occasion d'y revenir, je ne sais pas si ce sera en
deuxième lecture, mais un peu plus tard. Il semble même que ce
soit un critère un peu opportuniste, à mon point de vue, qui a
répondu à certains besoins individuels, mais qui n'appuie pas le
principe de la communauté anglophone qui est pourtant le principe mis de
l'avant dans le livre blanc.
Enfin, il y a deux autres points dont je voudrais parler. Vous
êtes des enseignants. Ici, on entend depuis quelque temps on
l'entend d'ailleurs au Québec "II faut un redressement vigoureux
de la qualité du français au Québec". Cela me semble une
condition préalable, d'abord, à l'intégration plus facile,
la moins coercitive possible de toutes les ethnies à la
communauté française. Il faut que l'école française
soit attrayante, mais, en dehors de cette notion de "II faut un redressement
vigoureux du français dans tous les secteurs de l'enseignement", est-ce
que vous voyez cette qualité du français ou cet effort de
redressement déborder l'école. Et même à
l'intérieur de l'école, les mesures qui sont prises
présentement vous paraissent-elles satisfaisantes ou avez-vous des
suggestions à nous faire? Je pense que ce serait intéressant de
l'entendre de la part d'enseignants.
M. Roy (Pierre): On n'a pas de suggestion précise à
faire pour le moment, mais il est bien évident que la qualité du
français doit déborder l'école. Il s'apprend à
l'école. Avec tous les changements de méthodes d'enseignement que
nous avons connus, c'est peut-être ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui
les gens sont un peu perdus. Ils ne retrouvent pas la qualité qu'on
pense que les gens avaient auparavant. Il n'est pas sûr que la
qualité du français ait diminué tant que cela à
l'école. Il est bien évident que les méthodes
d'enseignement ont changé et que les gens sont inquiets face aux
changements qui ont été apportés. On pourrait vous citer
la même chose pour l'enseignement religieux, la même chose pour
l'enseignement des mathématiques aussi. Je pense qu'on répondra
d'une façon un peu plus précise là-dedans peut-être
avec la publication du livre vert sur l'éducation. Il est aussi
évident, comme je le disais au début, qu'il faut que cela
déborde l'école. Il faut s'assurer d'une bonne qualité du
français partout à l'extérieur de l'école, dans
tous les domaines de la vie et de la société.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais quand même vous inviter, et je
pense que la Centrale de l'éducation du Québec devrait se pencher
sur cette question, pour qu'on dépasse finalement les voeux pieux sur
l'amélioration de la qualité du français. Je pense que
cela devrait être aussi une préoccupation du gouvernement et de
tous les media d'information qu'on puisse sentir cette préoccupation de
l'amélioration de la qualité du
français. Une deuxième question: Vous êtes muets sur
l'enseignement de la langue seconde. Est-ce que vous avez des remarques
à faire là-dessus?
M. Morissette: Oui, nous sommes bien placés pour parler de
l'enseignement de la langue seconde. Depuis quelque temps, on remarque qu'il y
a un accent énorme qui est placé sur l'apprentissage de
l'anglais. Il y a beaucoup d'affirmations qui se font, à savoir que nos
écoles françaises ne donnent pas un enseignement adéquat
de la langue anglaise. D'abord, on aimerait bien voir des études
scientifiques là-dedans. On a vu des études sur la question de
l'apprentissage précoce d'une langue seconde. Maintenant, on
répète continuellement, et je pense que des quelque sept ou huit
mémoires sur lesquels j'ai lu des commentaires et des articles de
journaux, chacun revenait sur cette question, que c'était seulement
à l'école anglaise qu'on pouvait apprendre le français. On
a dit que, quand on sortait de l'école anglaise, on parlait un excellent
français, ce que les statistiques du bilinguisme semblent contredire. On
disait qu'à l'école française, par contre, c'était
minable au point de vue de l'enseignement de l'anglais. Nous, dans notre
région, on peut contredire cela, parce que, chaque année, on a
battu les records pour l'anglais. Nos élèves, aux examens du
ministère, ont toujours eu la meilleure note pour l'anglais au
Québec et ils ont habituellement une note intermédiaire pour le
français. Maintenant, je pense qu'il y a lieu d'améliorer
n'importe quoi. L'enseignement d'une langue seconde, c'est comme toute autre
chose. Cela doit être continuellement amélioré. Je
m'étonne vraiment qu'on parle continuellement de la piètre
qualité de l'enseignement de l'anglais dans les écoles
françaises, et même dans une région aussi menacée
que la nôtre, on est allé aussi loin que de commencer à
enseigner l'anglais à la maternelle. Il y a des études justement
qui démontrent que quelqu'un qui commence à apprendre l'anglais
en sixième année... personnellement, j'ai commencé
à apprendre l'anglais à 17 ans et j'ai continué avec
d'autres langues; je vois énormément de Québécois
qui n'ont pas commencé à apprendre l'anglais tellement jeunes
mais qui l'ont cependant appris.
Vous insistiez tout à l'heure sur la question de l'environnement
culturel, c'est très important. C'est évident que quelqu'un qui
demeure dans une région à 99,9% francophone va avoir plus de
difficulté à apprendre l'anglais que quelqu'un qui demeure dans
une région à 30% anglophone ou l'inverse.
Mme Lavoie-Roux: Comme représentant d'un syndicat
d'enseignants, le Sud-Ouest du Québec, vous n'avez pas objection
à ce qu'on fasse un bon enseignement de la langue seconde et que vos
professeurs soient motivés pour donner ce bon enseignement?
M. Morissette: Moi, qui enseigne à Aylmer depuis dix ans,
c'est ma onzième année à la polyvalente d'Aylmer, ma plus
grande préoccupation, c'est d'amener mes élèves à
parler français entre eux, bien qu'il y en ait qui s'appellent
Lévesque, Morissette, Dumais, etc., c'est de les amener à parler
français entre eux. Alors, de ce côté, disons franchement
qu'à mon école, il n'y a pas de problème. Nous, dans la
région, on a plutôt recommandé de retarder un peu le
début de l'apprentissage de la langue seconde. On a recommandé
que ça commence en cinquième année. Avant ça, c'est
une perte de temps, parce que, finalement, avec les cinq ou six postes de
télévision anglophone qu'on a et le pont qui est juste à
côté, on traverse à Ottawa... Alors, ce n'est pas tellement
important pour nous. Ce n'est pas un problème.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, messieurs.
M. Bail: Non seulement on n'a aucune objection à
l'apprentissage des langues secondes, mais on pense même que
l'apprentissage d'une langue seconde, ça ne nuit pas au caractère
français du Québec... Ce qu'on dénonce, c'est
l'assimilation. Toutefois, la politique de l'association des enseignants se
distingue par rapport à celle dont Claude parlait qui est celle du
Comité pour l'intégration des immigrants, en ce sens que nous
tenons à ce que l'apprentissage d'une langue seconde ne commence pas
avant le niveau secondaire. Nous croyons que l'élève a une
motivation suffisante, parvenu au niveau secondaire. Il a, à ce
moment-là, onze ou douze ans et il a ce qu'il faut pour apprendre
rapidement une langue seconde dont l'anglais qui est relativement facile, par
rapport à une autre langue seconde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Messieurs, je veux d'abord vous féliciter pour
votre mémoire. On se rend compte que, dans le secteur de l'enseignement
vous savez faire des mémoires corrects, clairs et qui nous permettent de
comprendre entre les principes et les recommandations que vous faites. A mon
sens, c'est un des bons mémoires qui nous ont été
présentés et je veux vous en féliciter, même s'il y
a bien des points de vue qu'on peut partager ou pas. C'est ce qu'on verra au
cours de l'étude de la présente loi.
J'ai cru comprendre que vous étiez une association, bien
sûr, francophone d'écoles francophones uniquement. Je crois
comprendre aussi que, dans votre bureau, il n'y a pas non plus d'enseignants ou
de professeurs qui soient anglophones. Est-ce que vous en avez?
M. Roy (Pierre): Jusqu'au 22 avril de cette année, nous
regroupions aussi les enseignants anglophones qui enseignent dans les
commissions scolaires catholiques. Cependant, ces enseignants ont
demandé à être accrédités
séparément et, finalement, c'est une décision du Tribunal
du travail qui a tranché la question et qui le leur a accordé.
Ces anglophones étaient avec nous depuis bon nombre d'années.
M. Grenier: Maintenant, votre association est uniquement
francophone?
M. Roy (Pierre): Oui.
M. Grenier: Vous avez une région... J'ai eu l'avantage d'y
vivre pendant au moins quatre années, en venant d'une région du
Québec où ce n'était pas possible d'apprendre l'anglais.
J'ai dû essayer d'aller me perfectionner à l'Université
d'Ottawa et il m'arrivait plus souvent qu'à mon tour de traverser le
pont, comme vous avez l'habitude de le faire là-bas, et même
là, à l'Université d'Ottawa, je n'ai pas réussi
à apprendre suffisamment l'anglais pour pouvoir le parler correctement.
J'ai dû aller me perfectionner aux Etats-Unis. Là, j'étais
vraiment dans un bain anglophone.
Vous avez une région bien particulière. Je peux vous le
dire. Quand on est obligé de voter une loi, nous autres, les
députés autour de cette table, on est obligé de prendre
toutes les couleurs de chacune des régions. On ne peut pas se
restreindre à une seule région. C'est bien évident et vous
comprendrez l'intérêt qu'on peut avoir pour les gens qui viennent
de chez vous. On peut ensuite comparer cette région à d'autres
comme celles du Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie, des Cantons de l'Est et,
bien sûr, de Montréal. Il y a là des problèmes bien
différents les uns des autres. Il faut les connaître. Ce que vous
nous donnez là, bien sûr, ce sont des remarques que je trouve
judicieuses et qui collent pas mal à la réalité de votre
région, pour le peu que je puisse connaître de votre magnifique
région.
Quel est le pourcentage d'anglophones dans la région de Hull
exactement?
M. Morissette: 20%. M. Grenier: 20%...
M. Morissette: Oui.
M. Grenier:... c'est tout l'Outaouais ou si c'est la
région immédiate de Hull?
M. Morissette: C'est l'Outaouais québécois.
20%.
M. Grenier: Tout l'Outaouais, à peu près 20%.
D'accord.
M. Morissette: Toute la région. Si on prend les deux
côtés, là, ça devient à peu près 70%
anglophone, je dirais, et 30% francophone, parce qu'il ne faut jamais oublier
l'influence d'Ottawa sur...
M. Grenier: Comme première recommandation, vous vous
opposez à l'adoption, dans son contexte actuel, de l'article 52a.
Vous avez dû remarquer que, dans l'article 52a, il y a deux
choses, il y a les deux parents et il y a le primaire uniquement. Vous avez
dû remarquer cela. Vous m'avez signalé, au départ, que vous
n'aviez personne dans votre exécutif qui pouvait être anglophone
ou partiellement anglophone par un des conjoints, mais j'imagine que vous voyez
le problème qu'il peut y avoir dans tout le Québec que de faire
accepter un article comme celui que vous recommandez, soit les deux parents, et
vous ne touchez pas à l'aspect primaire. Vous n'ajoutez pas à
cela non plus l'école secondaire, si je comprends bien, uniquement le
primaire.
Vous savez ce que cela peut causer au Québec. Vous êtes au
courant de ce que cela peut causer dans les régions hors de
Montréal? Vous avez vu cela?
M. Bail: J'aimerais que vous vous exprimiez peut-être un
peu plus clairement là-dessus.
M. Grenier: Vous devez savoir que, maintenant, les
minorités anglophones sont réduites à cause des normes,
à n'avoir des écoles primaires que dans les grands centres. C'est
donc dire qu'il n'y a à peu près plus d'anglophones dans les
petites municipalités qui peuvent se permettre le luxe d'envoyer leurs
enfants à des écoles primaires. Vous êtes au courant de
cela?
M. Bail: On sait qu'il n'est pas toujours nécessaire
d'avoir de grosses écoles. Il y a des classes de langue anglaise. Chez
nous, dans la région, on a des écoles complètes.
M. Grenier: Vous m'avez dit que vous aviez 20% d'anglophones dans
votre région?
M. Bail: Oui, mais nos écoles anglaises regroupent plus
que les 20%, parce qu'il y a une grande partie des immigrants qui s'en vont
là. En fait, sur l'ensemble de nos écoles, nous avons un tiers de
véritables anglophones, en gros, un tiers de francophones qui sont
passés à l'école anglaise et un tiers d'immigrants. C'est
vous dire que s'il y a des écoles anglaises chez nous dans la
région, c'est parce qu'il y a eu un gonflement des effectifs par le
biais de l'assimilation.
M. Grenier: Mais, de tout cela, je veux faire ressortir que votre
région est un peu particulière. Elle ne ressemble peut-être
pas aux autres régions du Québec en dehors de Montréal.
Elle est particulière, il faut l'admettre.
M. Morissette: Mais ensemble, il faut dire que cela constitue la
moitié de la population du Québec. La région de
Montréal et de l'Outaouais constitue la moitié de la population
du Québec et c'est une région importante.
M. Grenier: D'après les principes que vous émettez,
les personnes qui sont ici, qui habitent le Québec, qui sont de parents
anglophones, et qui sont nées au Québec, il ne leur reste plus le
privilège de se former à l'école française. Ce
n'est plus possible. Elles n'ont plus le droit de se former à
l'école frrançaise.
M. Bail: Pour les véritables anglophones?
M. Grenier: Les anglophones qui viennent de pays étrangers
et qui sont ici au Québec, dans le moment, ne pourraient plus, habitant
les autres provinces, les autres pays, fréquenter l'école
anglaise?
M. Bail: C'est cela.
M. Grenier: D'accord? Les familles qui sont issues de mariages
mixtes, comme vous le dites à la page 5, j'ai le bonheur d'avoir
marié une anglophone ces enfants n'auront pas le droit de choix
d'après vous?
M. Bail: Non.
M. Grenier: Ils devront être incorporés à
l'école française seulement? C'est cela?
M. Bail: C'est cela. En fait, il y a un autre principe qui nous a
guidés à l'appui de cela. On est en présence du droit du
francophone et du droit de l'anglophone. A ce moment, on ne voit pas pourquoi
le droit de l'anglophone primerait sur celui du francophone, compte tenu
toujours de la collectivité.
M. Grenier: II est bien sûr que, dans une telle loi, il
faut distinguer entre les régions de la province. Je pense que, dans la
région chez moi, les enfants qui vont apprendre un peu d'anglais de leur
mère n'assimileront pas les francophones de la région de la
Beauce. Cela va être difficile. C'est pour cela que je crois que, dans
cette loi, il faut comprendre que ce que vous demandez dans votre
mémoire c'est peut-être difficile d'application dans tout
le Québec, c'est une recommandation qui est peut-être judicieuse
pour la région de la Gatineau, près d'Ottawa.
Il me fait plaisir de vous entendre que vous avez du succès plus
qu'ailleurs dans l'enseignement de la langue seconde. Je viens du milieu de
l'enseignement. J'étais un enseignant. J'ai même eu l'avantage
d'être tout près de chez vous et d'être le directeur du
collège Bourget de Rigaud. Il y a un monsieur qui disait tout à
l'heure qu'il y avait de la "souffrance" un peu dans chacune des
matières, soit dans la religion et dans le français. Je peux vous
dire qu'il y a une détérioration importante dans le secteur du
français. Du côté de la religion, il y a un progrès
remarquable depuis quelque temps et je pense que les élèves qui
sortent de nos collèges et de nos écoles dans le moment sont
peut-être mieux armés du côté religieux et un peu
moins du côté français.
C'est l'observation que j'ai eue de plusieurs de nos enseignants du
secteur collégial et du secondaire.
Cela prouve peut-être une chose aussi. C'est que vous avez une
facilité de recruter dans votre région des professeurs de langue
seconde et c'est vrai pour les deux langues, le français et l'anglais.
Dans la région de Hull, vous n'êtes pas, bien sûr,
près de la Beauce. Si on devait avoir chez nous des professeurs de
langue seconde, c'est l'anglais chez nous.
Dans d'autres milieux, quand il s'agit d'avoir des professeurs
français, c'est relativement plus facile d'en avoir quand on reste
près des universités où ces gens se sont
perfectionnés jusqu'à ces tout derniers mois. Alors, on n'a pas
l'avantage d'avoir de personnes bien compétentes, c'est malheureux, mais
ils se sont d'abord collés sur les grands centres. Cela viendra et cela
commence déjà à venir. On ne désespère pas.
Mais le témoignage que vous nous donnez ce matin sur la région de
Hull, sur les enseignants de langue seconde, du succès que vous obtenez,
m'encourage à dire qu'il faut, chez les francophones également,
faire un pas important pour perfectionner ce secteur avec les professeurs qui
auront des qualifications. C'est tout pour l'instant, je passe le micro
à d'autres députés.
M. Bertrand: Le député de Mégantic-Compton
me permet-il de lui poser une question?
M. Grenier: Oui.
M. Bertrand: Simplement sur la première partie de vos
explications, tantôt. Je trouve intéressant cet aspect de
l'absence d'école anglaise dans le milieu rural au niveau primaire.
Est-ce qu'à votre connaissance, dans ces régions, et
peut-être que votre région en est une, je ne sais pas si c'est le
cas de Mégantic-Compton, dans les écoles françaises on
permet aux parents d'envoyer leurs enfants dans une classe spéciale
où l'enseignement se donne en langue anglaise? Est-ce qu'il n'y a pas,
dans certains secteurs francophones de ces régions rurales, des classes
uniquement en anglais?
M. Grenier: Non. Mais à la déclaration du ministre
de l'Education, il y a trois semaines ou un mois, j'ai semblé manifester
pas mal d'attention, vous vous en souvenez, en lui posant plusieurs questions.
Ce phénomène me stimule et m'encourage quand il a dit qu'on
pouvait récupérer chez nous des écoles rurales avec un
minimum de 21 élèves. Si c'est vrai pour la communauté
francophone, ce sera j'imagine également vrai pour la communauté
anglophone. C'est peut-être une nouvelle fort réconfortante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci. Le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Messieurs,
premièrement, j'ai pris connaissance de l'éditorial du Aylmer
Reporter que les témoins nous ont donné. Je dois vous dire que je
trouve cela absolument répréhensible. Ce n'est même pas
assez de dire que c'est de mauvais goût. Permettez-moi de vous raconter
ce qui m'est arrivé. A CFCF. je participais à une ligne ouverte.
C'est un poste de langue anglaise. Quelqu'un a appelé pour commencer
à réciter ce poème, ce soi disant poème.
L'annonceur à la fin de la première ligne l'a arrêté
net. J'étais totalement en accord avec l'annonceur. J'ai dit des paroles
assez dures sur les ondes à la personne qui osait donner quelque chose
que je
pourrais qualifier de déchet. C'est du "garbage". Alors, je suis
d'accord avec vous qu'il ne faut pas en prendre...
M, Grenier: Si le député de Mont-Royal me le
permet...
M. Ciaccia: Oui.
M. Grenier: ...il faut peut être lui dire que, hier soir,
on a été témoin de l'inverse et ce n'était pas plus
drôle d'entendre ce que l'on a dit ici.
M. Ciaccia: Exactement. La seule chose que je voudrais dire,
c'est qu'il ne faudrait pas donner satisfaction même en distribuant cela.
Non seulement ces propos ne devraient pas être imités, mais
même l'esprit.
Mme Lavoie-Roux: On va enfermer cela dans...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Non, ce n'est pas
vous que j'appelle à l'ordre, ce sont les autres. Vous avez le droit de
parole.
M. Ciaccia: Excusez-moi. Merci, M. le Président. Ma
première question. L'article 57 du projet de loi oblige un
étudiant d'une école anglaise à avoir une connaissance du
français pour obtenir son certificat. Alors, cela veut dire qu'il va
être bilingue, lui. Est-ce que vous accepteriez un tel article à
l'inverse pour les écoles de langue française?
M. Bail: II est clair que pour nous, ce n'est pas acceptable,
parce qu'un amendement en sens inverse nous ramènerait encore une fois
à un Québec institutionnellement bilingue, ce que nous ne
reconnaissons pas. D'autre part, si nous disons que le projet de loi a pour but
de protéger les francophones, ce ne serait certainement pas
protéger les francophones que de leur mettre de telles enfarges. Ceux
qui ne posséderont pas la connaissance suffisante de l'anglais seront
assez, d'eux-mêmes, pénalisés, sans leur mettre des
enfarges comme celles-là. Par contre, pour les anglophones, compte tenu
qu'on sera dans un Québec français, ce sera important pour
eux.
M. Ciaccia: ...de connaître les deux langues. Alors, vous
les rendrez facultatif pour ceux qui sont de langue française.
Deuxièmement, vous recommandez un système unifié pour
enlever la confessionnalité. A part des questions constitutionnelles qui
peuvent être soulevées, dernièrement, nous avons eu
à Montréal des élections et la population a semblé
rejeter les candidats qui préconisaient un système unifié
en enlevant la confessionnalité.
Est-ce que vous acceptez la décision des électeurs, de la
population, ou pensez-vous que le gouvernement devrait imposer ce
système, même si le peuple ne le veut pas?
M. Bail: J'ai trois choses là-dessus. La première,
c'est que seulement 20% de la population s'est prononcée. Donc, ce n'est
peut-être pas représentatif.
M. Ciaccia: Les autres avaient l'occasion, ils le savaient, s'ils
avaient voulu, ils auraient pu aller voter.
M. Bail: D'accord, mais ce qu'on sait du vote exprimé,
c'est que c'est 20% de la population. On ne sait rien des autres 80%.
M. Ciaccia: Mais c'est 40% de la population qui ont voté
en faveur de ce gouvernement; est-ce que ça veut dire que les autres
60%... On ne sait pas.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Non, mais, écoutez...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a rien de séditieux dans les propos du
député de Mont-Royal. M. le député de Mont-Royal,
continuez, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, je vais vous donner
l'occasion de répondre.
M. Bail: La deuxième chose, c'est que je me souviens avoir
lu dans le Devoir un article qui disait que les enjeux étaient
passablement mêlés entre les deux groupements qui se
présentaient, compte tenu que l'élément
confessionnalité, dans chacun des cas, était le douzième
ou le treizième point et qu'on a joué là-dessus
passablement. Le fait qu'on ait joué, cela a embrouillé les
cartes. Donc, la question de la confessionnalité n'est pas si claire que
ça au niveau des élections à Montréal.
La troisième chose, ce n'est peut-être pas clair dans notre
mémoire, mais on n'a pas voulu se prononcer sur le bien-fondé de
la confessionnalité dans les écoles. La seule chose qu'on dit,
c'est qu'on ne voit pas pourquoi les écoles devraient être
structurées suivant un critère de langue ou un critère de
confessionnalité. D'où notre proposition de regrouper tout
ça, mais de continuer à offrir des services confessionnels, des
services en langues différentes à une population
hétérogène.
M. Ciaccia: Le point que je veux soulever, c'est pour savoir si
vous acceptez que le gouvernement devrait répondre aux besoins des
électeurs ou de la population comme ils donneraient leurs besoins ou si
le gouvernement devrait imposer certaines solutions, que ce soit pour la
confessionnalité ou pour l'apprentissage d'une seconde langue; ça
peut être dans d'autres domaines.
M. Bail: II faut certainement répondre aux désirs
de la population, mais il faut toujours coordonner ça avec les
intérêts collectifs. Je ne sais pas ce que vous feriez en tant que
parti au pouvoir si les parents se mettaient à réclamer des
hôpitaux catholiques. Vous faites quoi avec ça?
M. Ciaccia: La question... On répondrait aux besoins de la
population. Il y a des anglophones catholiques qui ont aussi certains droits.
C'est pour ça qu'on semble avoir ce problème de vouloir imposer,
parce qu'au nom de la collectivité, on peut faire n'importe quoi. Il y a
différentes actions collectives, les syndicats, les droits que nous
avons et la collectivité telle qu'interprétée par un
ministre ou par un gouvernement.
Cela revient à votre conception des droits des minorités.
Il y a d'autres minorités francophones dans d'autres provinces. Est-ce
que vous voudriez que les droits ou la perception que vous avez de la
minorité, des droits de la minorité anglophone au Québec,
soient étendus aux minorités francophones dans les autres
provinces et qu'ils soient traités de la même façon que
celle que vous préconisez ici?
M. Bail: Là-dessus, nous, on a toujours pensé qu'il
y avait une confusion qui était entretenue à ce sujet dans le
sens suivant. C'est qu'en faisant un rapprochement entre les minorités
au Québec et les minorités en dehors du Québec, on semble
laisser entendre que ces deux minorités sont sur le même pied. Ce
qui n'est pas le cas. Il faut se rendre compte qu'en dehors du Québec,
les minorités françaises sont des minorités
complètement dépourvues, tant au plan du nombre qu'au plan
politique, au plan économique. Alors qu'au Québec, la
minorité est une minorité dominante.
Ceux qui s'alarment et qui disent que la minorité anglaise au
Québec est menacée sont grandement alarmistes, à notre
point de vue, parce que la minorité anglaise au Québec a toujours
été une minorité et elle a toujours réussi à
s'imposer à la majorité.
M. Ciaccia: Je ne parle pas d'une minorité qui s'impose ou
ne s'impose pas. Je parle de votre approche sur les droits d'une
minorité au Québec. Premièrement...
M. Bail: C'est ce qui commence...
M. Ciaccia: ...je ne parle pas du passé, je parle de ce
que vous préconisez aujourd'hui et de ce que vous allez
préconiser pour l'avenir.
Premièrement, est-ce que vous reconnaissez que les
minorités francophones des autres provinces auraient besoin d'une
certaine aide, auraient besoin de certains droits? Et, deuxièmement,
est-ce que vous voudriez qu'elles aient les mêmes droits que vous
préconisez? Les mêmes restrictions que vous préconisez pour
les minorités anglophones ici, vous voyez ces restrictions pour les
autres minorités francophones dans les autres provinces pour
l'avenir?
M. Morissette: Je pense que le combat des minorités
francophones, dans le reste du Canada, ce n'est pas exactement notre combat. Je
précise. Les minorités francophones, nous sympathisons avec
elles, elles ont un combat à mener. Mais je ne vois pas en quoi les
francophones du Québec vont pouvoir aider les minorités au Canada
si, eux-mêmes, ils se font angliciser continuellement. Si la
région de Montréal dépasse 50% d'anglophones et c'est 40%
du Québec, c'est toute la puissance économique, je ne vois rien,
cela m'a toujours fait rire, dans toutes ces histoires de se battre pour une
école française quelque part en Alberta, alors que l'ouest de
Montréal est complètement anglicisé.
Ce matin, vous le savez bien, vous avez pris l'avion en même temps
que nous, on n'a pas dit un mot de français sur l'avion, entre Ottawa et
Montréal. Ce n'est pas en Alberta, c'est au Québec même
qu'on doit se battre pour avoir la priorité du français.
M. Ciaccia: Alors, vous ne voyez pas un devoir, une aide ou une
responsabilité envers les autres minorités francophones?
M. Morissette: La même sympathie qu'on peut avoir pour
d'autres minorités comme les Irlandais de l'Ulster, pour ces
gens-là, la même sympathie.
M. Ciaccia: Je comprends.
M. Bail: Ce que je pense, c'est que j'ai tenté de prouver
tantôt, que la situation au Québec était différente
de celle qui prévaut ailleurs au Canada, en termes de minorités.
Si les situations sont différentes, pour nous, cela commande des
approches différentes pour régler les problèmes.
L'approche différente au Québec, c'est de redresser la situation
qui fait que, d'une minorité dominante, on va arriver à une
majorité capable de s'exprimer et d'être respectée.
A l'extérieur du Québec, la minorité est
bafouée. Il faudra trouver, il faudra que ces minorités et
je pense que les francophones hors Québec sont très bien
engagés sur cette voie, mènent un combat pour le respect de leurs
droits et le développement de programmes fédéraux
axés sur la culture.
A mon sens, on fait fausse route quand on essaie d'appliquer les
mêmes solutions aux deux situations; pour nous, elles sont
différentes.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question d'appliquer les mêmes
solutions, c'est une question de restriction de droits. Si vous acceptez des
restrictions pour les minorités ici, il faut que vous les acceptiez
aussi pour les autres.
M. le Président, je sais qu'il ne reste pas beaucoup de temps
à l'Opposition officielle. Je voudrais donner l'opportunité
à mon collègue de poser des questions. Je vous remercie,
messieurs, pour vos réponses.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Vous avez quatre
minutes, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président. Pour continuer
dans le même sens que le député
de L'Acadie, lorsque vous avez considéré le fait que les
Canadiens de langue anglaise des autres provinces, qui viennent
s'établir au Québec, se verront refuser un réseau
d'écoles de langue anglaise au Québec, est-ce que vous avez
considéré les inconvénients que cela pourrait créer
au point de vue du développement industriel et commercial, ici, dans le
Québec même, dans la province? Si oui, tenant compte que les
Canadiens français du Québec ont toujours parlé
français, même si de nombreuses lois, et on l'a vu dans de
nombreux mémoires, leur créaient des contingences tout à
fait inacceptables et injustes, malgré tous ces inconvénients, on
a surmonté tout cela pour continuer à parler français.
Considérant cette motivation qui est à la base même du fait
français au Québec, cette motivation de chaque individu, de
chaque famille, à vouloir s'exprimer en français, est-ce que vous
considérez que ce refus de l'école anglaise aux immigrants des
autres provinces anglaises est important, assez important cela se limite
à un très petit nombre de Canadiens, en fin de compte, pour
handicaper sérieusement le développement économique,
financier et commercial du Québec?
M. Morissette: Dans votre longue question, je relève
certaines affirmations. D'abord, sur la question... depuis quelque temps, cela
fait longtemps. On croirait qu'il est absolument impossible de faire quelque
chose de technique ou de commercial ou d'industriel en français. Je me
demande comment il se fait que les Français font voler des avions, font
fonctionner des usines, font tout un ensemble d'affaires. J'ai vécu au
Mexique. Les Mexicains font voler les avions en espagnol, ils font fonctionner
des usines en espagnol. Je ne vois pas. Cette sacralisation de la langue
anglaise me dépasse vraiment.
Pour ce qui est de la volonté que nous avons toujours
manifestée de parler notre langue, de conserver notre culture, ce n'est
pas quelque chose d'exceptionnel, je pense que c'est tout à fait normal
pour une culture d'essayer de se conserver. On voit le même
phénomène. On est 5 millions ou 6 millions. Il y a autant de
Mexicains aux Etats-Unis qu'il y a de francophones au Québec, c'est
à peu près la même chose, 6 millions. Eux autres aussi se
battent pour conserver leur culture.
On se fait des illusions, si on pense que c'est quelque chose qui va se
perpétuer indéfiniment, parce que, dans notre coin à nous
autres, et dans d'autres coins, dans la région de Montréal et
dans bien d'autres endroits, je suis certain qu'il y avait des familles qui
étaient francophones et qui ont été francophones tant que
ces gens ont vécu à la campagne, qu'ils étaient
isolés ni plus, ni moins, qu'ils n'avaient pas d'influence du milieu
nord-américain, ils se sont conservés francophones, mais ils ont
envoyé leurs enfants à l'école anglaise et, aujourd'hui,
on peut voir très fréquemment ces gens complètement
anglicisés. Je pense qu'on se fait bien des illusions en pensant que
notre culture va se conserver comme cela, sans qu'on y mette certaines
précautions. Quand on est 5,5 millions dans un continent de 240
millions, on ne peut pas s'imaginer qu'on va se préserver si facilement
que cela.
M. Saint-Germain: M. le Président, tout de même, je
crois que la comparaison que notre invité a faite entre la France et le
Québec est un peu étirée, en ce sens qu'on sait
pertinemment que la France a un système économique tout à
fait autonome et que les importations et exportations jouent un rôle
relativement mineur. Il faut considérer qu'au Québec, toute notre
industrie, notre commerce est incrusté, si je peux me servir de ce
terme, dans tout le réseau nord-américain. Alors, il y a
là une différence fondamentale. Vous savez pertinemment qu'au
point de vue de l'industrie, ceux qui sont amenés à jouer des
rôles primordiaux, ce sont des gens qui, habituellement, prennent leur
expérience à voyager à travers toute l'Amérique et
même en pays étrangers.
Si on empêche les Canadiens des autres provinces d'envoyer leurs
enfants à l'école, vous aurez certainement là je
crois que cela a déjà débuté un
élément qui va faire que ces employés exigés ou
qu'on veut employer au Québec refusent de déménager au
Québec et ce sera, à la longue, à mon avis, un handicap
important dans le développement économique du Québec.
Considérant que ces Canadiens qui viennent s'établir au
Québec sont peu nombreux, on n'a qu'à vérifier les
statistiques sur l'immigration des dernières années, est-ce que
vous croyez que le nombre de ces immigrants des autres provinces qui vont venir
au Québec est assez important pour porter préjudice au
développement de la culture française au Québec, pour
qu'on puisse en payer le prix, c'est-à-dire un inconvénient
sérieux dans le développement technique, industriel et financier
du Québec?
M. Roy (Pierre): II me semble que si un industriel désire
venir s'établir au Québec, si on tient compte de l'ensemble du
projet de loi et non pas...
M. Saint-Germain: Je ne parle pas d'un industriel qui veut
s'établir au Québec, je parle d'une industrie déjà
établie au Québec, comme Télécom, ou Northern
Electric dont la politique est de faire la rotation de ses employés
appelés à un avenir à l'intérieur même de la
compagnie. Là, vous enlevez à Télécom ce
privilège ou ce droit, appelez cela comme vous voulez, d'amener des gens
de l'extérieur. C'est cela spécifiquement.
M. Roy (Pierre): Je ne connais pas beaucoup l'exemple de
Télécom, mais j'ai entendu parler de IBM qui, semble-t-il,
fonctionne passablement en français à Bromont. Le fait de
fonctionner en français, je ne sais pas si cela l'empêche de se
développer de façon normale.
M. Saint-Germain: Je m'exprime peut-être mal, il ne s'agit
pas...
Le Président (M. Cardinal): Quelques secondes, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ...de travailler en français ou non, il
s'agit, pour un cadre canadien des autres provinces qui vient s'établir
à Québec... Ce n'est pas ce fait qui va faire que l'industrie va
travailler en anglais, précisément. Est-ce qu'on doit se priver
de ses services à un tel coût?
M. Morissette: J'ai vu des cadres japonais à
l'Université de Mexico qui apprenaient l'espagnol pour venir travailler
en Amérique latine. Alors, ce sont de grosses entreprises qui ont des
moyens énormes. Ces cadres sont des gens normalement assez intelligents.
On les prépare en conséquence. Les multinationales fonctionnent
comme cela partout dans le monde. Elles peuvent aller n'importe où faire
des affaires dans n'importe quelle langue. Je ne vois pas la différence.
Pourquoi ne pourraient-elles pas le faire au Québec?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Pointe-Claire. Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aurais une directive à vous
demander.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Saint-Germain: Je remarque, dans la façon dont vous
tenez le temps et dans la façon dont vos remplaçants le font,
lorsque vous êtes absent, je remarque que vous précédez de
façon différente. Je ne sais pas si ce serait trop vous demander
que de consulter vos remplaçants pour en arriver à une
façon similaire de tenir le temps, s'il en est autrement, et de nous
faire rapport, si vous voulez bien, de cette façon de
procéder.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, je pense que le parti de l'Opposition officielle n'a pas
vraiment de plainte à porter. J'ai devant moi l'heure à laquelle
a commencé des interventions. J'ai accordé, je pense, beaucoup de
flexibilité à la période des réponses. Quand
quelqu'un me remplace, en particulier, le député de
Jonquière, lui-même indique l'heure sur la feuille qui est devant
moi. Alors, je ne pense pas avoir de directives à rendre. Nous avons
commencé le débat ce matin, il était à peine 10 h
12. Nous en sommes à 11 h 38. Je pense qu'il y a eu quand même
beaucoup de flexibilité, parce que je ne veux imposer à personne
de bâillon. Oui, allez.
M. Saint-Germain: Est-ce que je pourrais demander si vous tenez
compte et des réponses et des questions de cette façon?
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez que j'aille
plus loin, je vais le dire. Je tiens compte très
précisément de la période de questions. Je laisse une
certaine flexibilité et une flexibilité certaine pour la
période des réponses, de façon à ne jamais
bâillonner les témoins qui sont devant nous. Quand même,
j'essaie que le débat ne dé- passe pas au total, si vous voulez,
1 h 40 ou 1 h 45, même si c'est 1 h 30 d'après la motion qui est
devant nous.
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas limiter nos invités
dans un temps plus précis que cela, et seulement vous conviendrez avec
moi que les questions peuvent être très courtes et les
réponses très longues. Si les réponses sont longues, on se
trouve privé, si vous voulez...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, je n'ai
brimé aucun des représentants des partis à cette
commission. J'ai tenu compte du fait que certains intervenants avaient des
réponses assez longues. Peut-être que dans les prochains jours, je
devrai demander à ceux qui sont assez patients pour nous attendre et qui
comparaissent devant nous de réduire un peu leur période de
réponses, parce qu'il faut admettre que nous avons un bon nombre de
mémoires devant nous. D'ailleurs, suite à une question qui a
été posée hier, dès demain, je reparlerai de cette
liste de tous les intervenants possibles. Alors, je tente de tenir compte de
tout cela. C'est pourquoi, dans un dernier effort de
générosité, je vous accorderai une dernière
question, mais ce sera vraiment la dernière pourvu qu'elle soit
brève, si vous avez une autre question.
M. Saint-Germain: Non, ce n'est pas là mon intention.
C'était simplement pour parler de la procédure. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, M. le
député de Pointe-Claire. Là, quand je vous donne une
minute, je fais vraiment non pas un effort, parce que ce n'est jamais un
effort, mais un acte de générosité.
M. Shaw: J'ai quatre petites questions, parce qu'elles sont,
à mon avis, très importantes.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez une minute, M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Oui. Premièrement, vous me connaissez comme
anglophone québécois. Croyez-vous que je représente une
collectivité qui est aussi fiable à la contribution de la
réalité du Québec que la vôtre?
M. Morissette: Je ne pense pas que dans notre mémoire on
n'ait jamais nié cela. On a bien établi qu'on reconnaissait des
droits à la minorité anglophone. En tant que professeur
d'histoire, je suis conscient de son existence ici depuis 200 ans.
M. Shaw: Disons qu'un nouveau gouvernement fédéral
est élu avec le leadership de Leonard Jones ou quelqu'un qui a le
même point de vue que lui, qui peut avoir le même sens de revanche
qu'on voit dans vos recommandations, ferait adopter une loi comme la loi no 1,
qui prévoit l'anglici-sation du Canada, seriez-vous...
Le Président (M. Cardinal): Oui, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le député de Vanier.
M. Shaw: ... comme Canadiens français... M. Bertrand:
Je pense que le député de...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce une question de
règlement? ... de Pointe-Claire.
M. Bertrand: Oui. ... de Pointe-Claire devrait se montrer
respectueux des mémoires qui nous sont présentés et
peut-être aller dans le sens des recommandations du député
de Mégantic-Compton et être un peu plus réservé dans
ses remarques.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Vanier. M. le député de Pointe-Claire, je
vous prierais de terminer brièvement.
M. Shaw: Seriez-vous, comme Canadiens français,
prêts à accepter ces règlements? Des règlements
comme on en voit, qui prévoient éventuellement l'assimilation des
anglophones du Québec comme... Voyez-vous la même situation au
Canada?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député a le droit d'exprimer une opinion. Il ne
prête d'intention à personne.
M. Bertrand: II prête des intentions au groupe.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Shaw: Oui, c'est à eux que je pose... Des Voix:
...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse. La façon dont la question est posée est
acceptable. Alors messieurs.
M. Bail: Pour nous, c'est une question qui ne se pose pas, parce
que la question de l'anglicisa-tion du Canada, c'est une chose qui est
déjà faite et qui est en voie de s'effectuer auprès
même des minorités. C'est une question qui est purement
théorique et c'est précisément pour défendre le
droit des minorités contre une anglicisation massive qu'on est
obligé de se donner des lois et des structures pour contrer
ça.
Je pense que ça relève encore de la même confusion
que celle dont j'ai parlé tantôt, voulant qu'on mette les deux
minorités sur le même pied, ce qui n'est pas le cas. Le
français et l'anglais ne sont nullement sur le même pied dans ce
pays. Tantôt, on mentionnait que sur le vol d'Air Canada entre Ottawa et
Montréal, il n'y avait pas un mot de français, même pas
rendu à Montréal; moi, je ne comprends pas les gens qui
continuent à nous laisser croire que le français est sur le
même pied que l'anglais au Canada.
M. Shaw: Alors...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Pointe-Claire, je m'excuse...
M. Shaw: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): ...
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je reste perplexe à la suite de votre
remarque d'il y a un instant. Vous avez demandé, si j'ai bien compris,
aux témoins d'abréger leurs réponses. Je crois que nous
sommes ici pour entendre les témoins et je crois, M. le
Président, qu'il est tout aussi important d'abréger les questions
que les réponses.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Deux-Montagnes. Enfin, je suis prêt à
"supporter" toutes les remarques, mais je pense que, jusqu'à
présent, la commission a atteint une certaine vitesse de
croisière que j'aimerais conserver. Je suis malheureusement
lié... Enfin, je suis lié enlevons le mot
"malheureusement" par une motion amendée et sous-amendée,
jusqu'à ordre contraire, et c'est pourquoi je dois, envers les
témoins comme envers les membres de la commission, établir un
certain nombre de balises. Je ne veux pas du tout empêcher les
témoins de répondre tant qu'ils peuvent le faire, mais je veux
quand même conserver le débat dans ses limites. C'est pourquoi je
donnerai, à la fin de cette intervention de l'Association des
enseignants du Sud-Ouest du Québec, la parole au député de
Papineau, en soulignant que tout devrait être terminé à 11
h 50, s'il vous plaît.
M. le député.
M. Alfred: Mon intervention, M. le Président, sera
brève.
Tout d'abord, je remercie l'Association des enseignants du Sud-Ouest du
Québec pour ce mémoire qui nous est présenté, qui
est clair, précis et exact. Je les remercie d'autant plus que je suis
membre de l'Association des enseignants du Sud-Ouest du Québec.
La situation de l'Outaouais québécois est similaire, bien
sûr, à celle de Montréal. Nous sommes envahis
quotidiennement par les anglophones qui viennent nombreux pour assimiler nos
jeunes Québécois. Enseignant depuis huit ans dans la
région, j'ai été témoin de cette assimilation, et
les études de Charles Castonguay ont démontré aussi cette
assimilation massive de nos jeunes Québécois.
Il y a eu aussi un complot non seulement de la part des
fédéralistes qui sont de l'autre bord, mais aussi de certains
fédéralistes vendus à la cause du fédéral et
qui sont chargés de régler le sort scolaire des
Québécois.
On peut avoir comme témoin une étude effectuée par
la présidente de la Commission scolaire Outaouais-Hull qui a
démontré, par cette étude, que 99% des parents voulaient
l'enseignement de l'anglais en première année. Bien sûr,
après un questionnaire envoyé aux parents, la réponse,
c'était oui.
Il y a eu un complot fédéral aussi pour angliciser
l'Outaouais québécois dû bien sûr à
l'envahissement des édifices fédéraux et dans ces
édifices fédéraux, 95% des fonctionnaires, dans
l'Outaouais, sont des unilingues anglais. Il y a eu un seul
Québécois qui travaillait dans ces édifices. Il triait des
lettres et comme il n'était pas bilingue, on l'a "sacré"
dehors.
Nous avons eu aussi certains députés libéraux qui
étaient vendus à l'idée d'un district
fédéral et qui ont forcé des regroupements dans le but,
bien sûr, d'arriver à un district fédéral pour
forcer encore cette anglicisation et forcer notre dépendance
vis-à-vis d'Ottawa.
Je n'ai pas besoin de vous démontrer le caractère
génocide culturel de tout cet environnement assimilateur anglophone.
J'en ai été témoin. C'est la raison pour laquelle je
remercie sérieusement ces trois personnes qui ont toujours
travaillé et qui travaillent encore pour sauver l'Outaouais
québécois. Nous sommes sûrs que le ministre et l'ensemble
de la commission considéreront sérieusement ces arguments
avancés qui sont d'ordre scientifique par les représentants de
l'Outaouais québécois et qu'ils soient assurés que Jean
Alfred, député de Papineau, représentant aussi de
l'Outaouais québécois, enseignant et pédagogue, va faire
tout ce qui est en son possible pour que ce qui est contenu dans le projet de
loi no 1 soit concrétisé d'une façon
pédagogique.
Alors, je n'ai qu'à vous remercier de cet apport de l'Outaouais
et j'aurai le temps d'expliquer à nos confrères
québécois que l'Outaouais québécois est non
seulement victime d'un génocide culturel, mais aussi que nous avons 20
ans de rattrapage à faire à cause de la dominance pendant 20 ans
de quelqu'un qui avait travaillé uniquement pour faire de l'Outaouais
québécois un district fédéral, un nom que je ne
veux pas citer, mais que vous connaissez si bien, mais qui, heureusement, le 15
novembre, a été mis dehors.
Merci.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: Les applaudissements, les applaudissements...
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'applaudissement au
débat?
M. Lalonde: II n'y a pas d'applaudissement?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Mégantic-Compton, c'est une
question de règlement?
M. Lalonde: Qui remercie le conférencier?
M. Grenier: Je veux demander au député de
Deux-Montagnes s'il trouve que la question a été suffisamment
courte et si c'était une question.
M. de Bellefeuille: M. le Président, avec l'indulgence de
la commission et votre permission, je voudrais signaler qu'il ne s'agissait pas
d'une question, mais d'une intervention et que ce type de remarque est permis
par le règlement.
Mme Lavoie-Roux: Un nouveau président! Un nouveau
président!
Le Président (M. Cardinal): Je laisse passer. M. Pierre
Roy, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Roy (Pierre): Oui, juste un petit mot de remerciements aux
membres de cette commission pour avoir bien voulu accepter qu'on se
présente à nouveau, compte tenu que, la première
journée, il y a eu des difficultés et que nous n'avons pas pu
être entendus. Alors, on tient à vous remercier et on
espère, évidemment, que vous saurez tenir compte de façon
sérieuse de notre mémoire. Merci.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. Roy et vos
collègues, je vous remercie. Ce que vous venez de dire, je veux quand
même le souligner. C'est vraiment grâce à la commission que
vous avez pu être entendus à nouveau. C'est une décision
qui a été prise vendredi dernier. Alors, à l'Association
des enseignants du Sud-Ouest du Québec, au nom de toute la commission,
nos remerciements et j'invite immédiatement l'organisme suivant à
se présenter. Il s'agit du South Central Protestant School Board,
mémoire 161. Les représentants sont présents? Alors, s'il
vous plaît, je vous demanderai de vous identifier, tant le groupe que les
personnes qui le représentent, et je vous rappelle que vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire. Je rappelle aussi que le
mercredi, à 12 heures, je devrai d'office suspendre les travaux
jusqu'après les affaires courantes de l'Assemblée nationale.
Alors, Mme Gobrecht.
South Central Protestant School Board
Mme Beaulieu-Gobrecht (Reine): M. le Président, si nous
n'avons que quinze minutes pour faire la présentation de ce
mémoire... Trouvez-vous qu'il est essentiel que nous le lisions à
la longueur, ou à quelle heure devrions-nous revenir cet
après-midi?
Le Président (M. Cardinal): Cet après-midi vers...
Vous avez 20 minutes. Alors, si vous voulez bien commencer, nous serons
obligés de vous interrompre, mais vous aurez le temps de continuer cet
après-midi, après 16 heures.
Mme Beaulieu-Gobrecht: Je laisse la parole à M. le
vice-président de notre association.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous voulez,
auparavant, vous identifier, s'il vous plaît, pour la commission?
M. Rasmussen (Flemming): Je suis le vice-président de la
commission scolaire South Central et nous avons trois membres dans notre
équipe. La première personne qui prendra la parole, c'est M.
Clifford Board, commissaire; la deuxième, c'est Mme Reine
Beaulieu-Gobrecht, notre secrétaire général, et je finis
la présentation. Mon nom est Flemming Rasmussen, aussi commissaire. Je
pense que nous sommes très représentatifs de notre région.
M. Board est un Canadien anglais et Mme Gobrecht est une Canadienne
française et je suis un Canadien immigrant. M. Board.
M. Board (Clifford): Premièrement, un historique. La
commission scolaire protestante South Central, représentant un vaste
territoire comprenant, entre autres municipalités, Lacolle, Saint-Jean,
Candiac, Delson, Saint-Constant, Sainte-Catherine, Saint-Hubert et Greenfield
Park, soumet le présent mémoire au gouvernement du Québec
avec le consentement unanime de ses onze membres élus.
Quoique l'immense impact que le projet de loi no 1 pourrait avoir dans
le domaine de l'éducation au Québec, soit à la source de
présentation de ce mémoire, notre commission désire
également porter à l'attention du gouvernement du Québec
ses réserves quant à l'application de ce projet de loi dans
d'autres champs d'activité. Nous espérons que ce document
exprimera de façon constructive notre inquiétude quant à
certains aspects du projet de loi no 1 qui, au lieu de servir les objectifs
définis par le gouvernement, semblent diminuer ses chances de
succès dans ce domaine et produiront à long terme, un impact
négatif sur l'avenir de notre province, le Québec.
Chapitre 1. Le statut de la langue française. En nous
référant à l'énoncé du premier chapitre,
à l'effet que le français est la langue officielle du
Québec, nous devons exprimer notre opposition très fortement en
ce qui a trait à l'exclusion complète de toute reconnaissance de
l'anglais déjà établi et reconnu comme étant aussi
une langue officielle.
Une telle omission et un manquement de la part du gouvernement du
Québec d'accepter la culture et la langue anglaise comme une
réalité, n'arriveront pas aux fins que le projet de loi semble
vouloir atteindre. Une telle omission démontre clairement que le
gouvernement néglige de reconnaître le caractère bilingue
et biculturel de notre province, lequel est un aspect très
spécial au Québec. On omet également de reconnaître
que l'usage de la langue française au Québec au cours des
dernières années est devenu plus vigoureux et plus sain que
jamais auparavant.
Cette croissance de l'usage du français a créé un
fort intérêt chez les Québécois anglophones qui, en
s'efforçant volontairement d'apprendre et d'utiliser le français,
reconnaissent l'importance de la conservation du caractère
français de notre province.
A cet effet, nous devons souligner que cet intérêt s'est
manifesté très concrètement dans la région de
Québec desservie par notre commission scolaire au cours des
dernières années. En effet, nos statistiques démontrent
qu'au niveau des classes maternelles, les classes d'immersion françaises
qui en 1965 n'avaient que 2% de popularité ont atteint un pourcentage de
50% en 1976.
D'autres statistiques indiquent qu'une croissance
régulière dans nos classes bilingues et d'immersion
françaises ont atteint un niveau tel qu'un tiers de notre population
étudiante à l'élémentaire y est inscrite.
A la lumière des statistiques soumises ci-haut, nous sommes
déçus de constater que les efforts volontairement
démontrés par la population anglophone afin de reconnaître
la nature et l'aspect essentiel du caractère du bilinguisme au
Québec sont ignorés et qu'une législation soit
proposée, laquelle ignore complètement toute reconnaissance de la
langue anglaise.
Non seulement le Chapitre I du projet de loi no 1 refuse de
reconnaître l'existence des deux langues officielles du Canada, mais
encore ignore-t-il la nécessité des échanges
économiques entre Québec, l'Amérique du Nord et l'ensemble
du monde.
Au Québec, le bilinguisme est une nécessité
économique vitale et nous dénonçons respectueusement son
exclusion totale du chapitre 1 du projet de loi no 1, car elle n'aura pour
effet que de mettre en danger l'avenir de la population des régions que
cette loi prétend vouloir protéger.
Chapitre II Les droits fondamentaux de la langue.
Nous dénonçons, dans sa forme présente, le projet
de loi no 1, car il ne reflète pas de façon équitable les
droits fondamentaux de la langue de tous les Québécois, mais il
semble ne servir que les intérêts du Québécois
francophone.
Un tel refus de reconnaître et respecter les droits individuels de
tous les Québécois, tant de source française qu'anglaise,
ne pourra qu'engendrer des conflits irréconciliables et empêchera
tous les Québécois de travailler main dans la main vers un but
qui leur est commun.
Chapitre III La langue de la législation et de la
justice.
En nous référant aux diverses circonstances
décrites dans ce chapitre, la loi semble adéquate. Mais puisque
cette situation est déjà existante en pratique, la
nécessité de procéder à l'adoption d'une telle loi
est discutable et, à notre avis, ne fera qu'augmenter le nombre de
litiges constitutionnels coûteux, sans nécessité.
Mme Beaulieu Gobrecht (Reine): Je vais reprendre au chapitre IV
La langue de l'administration.
Notre commission n'est pas tombée d'accord avec l'objectif de
base du chapitre qui stipule que les communications verbales et écrites
devront être effectuées en français, dans les cas où
les circonstances indiquent expressément que le français doit
être utilisé.
Cependant, nous sommes en désaccord total avec les stipulations
de l'article 21, lequel spécifie que les procès-verbaux de toute
assemblée délibé-
rante de l'administration civile doivent être transcrits en
français.
Nous sommes également en désaccord avec le contenu de
l'article 23, lequel oblige toute commission scolaire, sans distinction de la
langue prédominante d'instruction, à se conformera cette
provision de la loi avant la fin de l'année 1983.
Nous portons respectueusement à votre attention que selon les
termes d'une telle loi, une commission scolaire pourrait être dans
l'absurde position d'apprendre à communiquer en français avec un
Québécois dont la langue est l'anglais.
Il est de notre opinion qu'une telle absurdité pourrait
être évitée en apportant un amendement à l'article
21 du projet de loi no 1 et que provision soit faite pour toute commission
scolaire desservant des populations à prédominance anglaise, que
les ordres du jour et procès-verbaux soient maintenus dans la langue
anglaise, si tel est leur choix, et que la loi maintienne une provision selon
laquelle les représentants de telles commissions se devront de
communiquer en français avec tout individu dont la langue est le
français. Nous avons amendé notre mémoire, nous avons
enlevé la "langue maternelle".
Un tel amendement ne pourrait que renforcer la politique existante
à nos bureaux et à ceux d'autres commissions scolaires à
prédominance anglaise selon laquelle les communications doivent se faire
dans la langue maternelle de l'individu, soit en français pour notre
clientèle française et en anglais pour notre clientèle
anglaise.
La révision et l'amendement de l'article 21 pour corroborer ce
qui est déjà en pratique dans les organismes serait donc
suffisant et rendrait le texte de l'article 23 superflu.
Nous nous opposons fortement au texte du projet de loi no 1 tel que
rédigé, spécialement aux chapitres qui s'appliquent aux
commissions scolaires à prédominance anglaise. Nous sommes
également d'avis que la loi, telle que proposée en ce sens
n'atteindra pas l'objectif général visé par le
gouvernement du Québec. Si lesdits articles de la loi devaient
être promulgués tels que rédigés, cela
créerait un impact néfaste sur le fonctionnement et
l'efficacité des organismes scolaires et des représentants
élus et, par conséquent, sur la qualité de
l'éducation dans le secteur anglophone. Nous n'avons aucun commentaire
sur le chapitre V.
M. Rasmussen: Pour le chapitre VI, la langue du travail, en tant
que représentants élus portant la responsabilité de
gérer efficacement les neuf écoles sous notre juridiction, nous
protestons vigoureusement contre l'inclusion des articles 36 et 37 au projet de
loi.
Par le texte de l'article 36, le gouvernement assume sans fait à
l'appui que certains organismes procéderaient à des mises
à pied ou des rétrogradations basées sur le seul fait que
les employés soient unilingues français. Une telle
présomption manque de sérieux et nous demandons
expressément que l'article 36 du projet de loi soit rayé dans son
entité.
De façon similaire, l'article 37 laisse percevoir les
inquiétudes et les soupçons non fondés de notre
gouvernement, lesquels sont dirigés de façon directe envers les
organismes de prédominance anglaise, leur administration, association,
etc. Nous vous indiquons respectueusement que ces suppositions sont superflues
et sans fondement.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, je dois, comme je
l'ai indiqué tantôt, ajourner les travaux sine die,
c'est-à-dire jusqu'à ce que le leader parlementaire du Parlement
donne un avis ou fasse une motion. Nous vous invitons à venir devant
nous à nouveau cet après-midi, après les travaux de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire passé 16 heures.
Malheureusement, je ne puis fixer d'heure précise. Cela ne m'appartient
pas. Merci. A cet après-midi.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 11 h 59)
Reprise de la séance à 16 h 30
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je demanderais aux députés de prendre leur fauteuil. Je
constate qu'il y a quorum.
Comme c'est une nouvelle séance je regrette cette
procédure, mais il faut la maintenir je fais l'appel des membres
de la commission et on m'indiquera les changements s'il y a lieu.
A l'ordre, s'il vous plaît!
MM. Alfred (Papineau), Bertrand (Vanier), Bi-saillon (Sainte-Marie),
Chevrette (Joliette-Montcalm), Ciaccia (Mont-Royal), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Dussault (Châteauguay), Go-din (Mercier), Grenier
(Mégantic-Compton), Guay (Taschereau), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
Laplante (Bourassa), Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Le
Moignan (Gaspé)... Est-ce que M. Le Moignan est remplacé?
M. Grenier: Remplacé par M. Shaw.
Le Président (M. Cardinal): M. le Moignan (Gaspé),
remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); MM. Paquette (Rosemont), Roy
(Beauce-Sud), Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda).
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député.
M. Dussault: M. Bisaillon est remplacé par M. Charbonneau,
qui va revenir bientôt.
Le Président (M. Cardinal): M. Bisaillon (Sainte-Marie),
remplacé par M. Charbonneau (Verchères).
Merci.
L'ordre du jour est très court. Nous avons commencé
d'entendre The South Central Protestant School Board ou la Commission scolaire
protestante South Central, mémoire 161. Il reste onze minutes aux
témoins pour terminer l'exposé de leur mémoire.
Je vous donne la parole.
M. Rasmussen (Flemming): Merci. Nous continuerons nos
commentaires au chapitre VI.
Le fait demeure que d'employer un personnel en nous basant sur son
habileté par rapport aux critères d'admissibilité
définis dans un poste, sans mettre l'emphase sur la langue de travail si
tel critère n'est pas requis, a toujours été et demeurera
la formule idéale en administration, que la loi soit existante ou
non.
Chapitre VII. La langue du commerce et des affaires. En tant que
représentants du secteur anglophone, nous nous opposons aux vues
exprimées par le gouvernement en ce qui a trait au rejet de tout jouet
ou jeu manufacturé dans un autre pays et dont les instructions ne
seraient pas disponibles en langue française. Une telle loi est une
atteinte flagrante à nos droits en tant qu'individus et limitera la
disponibilité de ces objets qui auraient une valeur
pédagogique.
Nous recommandons fortement que l'article 43 du projet de loi soit omis
dans son entité.
Concernant le chapitre VIII, la langue de l'enseignement, à
l'unanimité, les membres de la Commission scolaire protestante South
Central désirent présenter leur ferme objection relativement
à la nature restrictive de ce chapitre.
L'inclusion de ce chapitre dans sa présente forme élimine
le droit fondamental des parents d'exercer leur choix quant à
l'éducation de leurs enfants et nous croyons qu'un tel droit outrepasse
tout pouvoir légitime, même si l'ordre émane du
gouvernement.
Par la visée poursuivie dans ce chapitre, le projet de loi no 1 a
pour but flagrant de restreindre l'éducation en langue anglaise et, de
ce fait, on a dénié complètement l'aspect bilingue et
biculturel du Québec et du Canada ainsi que sa survie économique.
Par son usurpation des droits fondamentaux de l'homme, ce chapitre ne fait que
mettre au grand jour le manque de oonfiance du gouvernement quant à la
vitalité de la langue française, langue en usage par la grande
majorité de la population québécoise depuis plus de trois
siècles. Par une telle attitude, le gouvernement refuse de
reconnaître les efforts démontrés par le secteur anglais et
son acceptation volontaire croissante de s'intégrer au secteur
français.
En basant notre énoncé sur le fait que la vitalité
du français est indiscutablement grandissante au Québec depuis
les dernières années, nous croyons sincèrement que la
liberté de choix ne représente aucune menace à la survie
de la langue française et de la culture française au
Québec.
Si le gouvernement éliminait cette liberté de choix, un
tel geste détruirait le développement éducationnel et
culturel de tous les enfants québécois, tant au secteur
francophone qu'au secteur anglophone. Le choix de l'éducation est le
droit fondamental de tout Québécois et la responsabilité
du gouvernement est de faire en sorte que le français soit un choix
avantageux pour tous. L'enseignement d'une langue seconde devrait être
une partie intégrante de l'éducation de chaque étudiant
québécois et les moyens nécessaires devraient être
pris pour qu'un tel objectif soit atteint.
Tel que mentionné au chapitre 1, nous sommes des plus fiers de
l'immense progrès déjà réalisé dans nos
écoles où l'on a opté pour un système
éducationnel bilingue.
En conclusion, nous soumettons respectueusement notre demande pour que
le chapitre VIII du projet de loi no 1 soit amendé de façon
à permettre à tous les Québécois d'exercer leurs
droits et de choisir le système éducatif de leur choix et que
l'emphase soit mise sur l'enseignement d'une langue seconde à tous les
niveaux. Nous ne commenterons pas les autres chapitres.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le ministre d'Etat
au développement culturel.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier cet organisme d'avoir pris
la peine de préparer un mémoire et de venir nous le
présenter; je veux le remercier aussi pour le soin avec lequel il a
préparé ce mémoire. Je décèle
évidemment dans ce mémoire une opposition quasi
générale et systématique aussi bien aux principes qu'aux
modalités d'application du projet de loi. J'y décèle en
même temps une sorte de nostalgie pour un Québec d'hier, un
Québec d'antan où, à la faveur du laisser-faire, la
puissance économique anglo-saxonne avait pu pousser ses avantages dans
plusieurs secteurs et plusieurs domaines. Je laisserai à mon
collègue de Châteauguay le soin de commenter ces divers aspects du
mémoire.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, M. le
ministre. J'ai laissé aux moyens d'information de toutes sortes toutes
libertés depuis le début. Je demanderais cependant que l'on ne se
serve pas d'appareil enregistreur ou de micro pendant les débats. M. le
ministre.
M. Laurin: Je voudrais simplement, pour ma part, m'arrêter
sur un point, c'est-à-dire la demande que fait l'organisme que le
Québec demeure un pays bilingue et biculturel et que l'anglais, au
même titre que le français, en devienne une langue officielle.
J'avoue que cette demande m'étonne, me surprend et pour ne pas me
dire, me sidère. J'aimerais bien demander quelques explications à
l'organisme qui présente une pareille demande. Depuis près de
trois siècles, la langue française est ici parlée par la
très grande majorité des Québécois, et je rappelle
ici qu'il y a à peine une centaine d'années, la minorité
anglophone ne formait que 8% ou 9% de la population; et même si,
aujourd'hui, le nombre des parlants anglais peut s'élever à 18%
ou 19%, les anglophones de souche n'en constituent quand même encore
qu'à peu près le même pourcentage, c'est-à-dire 9%
ou 10%.
Donc, étant donné que la langue française est
parlée ici par la majorité, la très grande majorité
des résidants québécois depuis trois siècles;
étant donné que le caractère d'une langue officielle est
précisément d'être comprise aussi bien que d'être
parlée par le plus grand nombre possible d'habitants d'un pays;
étant donné que l'objectif que poursuit l'instauration d'une
langue officielle est d'en faire, d'en constituer une langue commune qui a pour
but d'assurer la cohésion sociale des divers groupes, d'éviter la
formation de ghettos, de favoriser l'intégration de tous les groupes aux
courants collectifs d'une société, j'aimerais demander aux
groupes qui présentent une pareille suggestion quelles sont les raisons
qu'ils peuvent nous apporter pour nous convaincre que le Québec devrait
être bilingue et biculturel et que l'anglais devrait y être
élevé au statut de langue officielle au même titre que le
français.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez la parole.
Mme Beaulieu-Gobrecht: Pouvons-nous avoir un moment de
réflexion, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): Certainement.
M. Laurin: C'est une question qui mérite
réflexion.
M. Board: M. le ministre, premièrement, j'ai dit que je
veux une province bilingue et biculturelle et je veux que la langue anglaise
soit aussi une langue officielle. La langue anglaise est une langue qui est
demandée par les économistes, dans toute l'Amérique du
Nord. Si vous avez seulement la langue française comme langue
officielle, je pense que vous avez un Québec, non pas comme le
Québec de l'année passée, non pas comme un Québec
qui demeure encore en Amérique du Nord. Je suis un
Québécois, je suis un Anglais, je suis né dans la province
de Québec. Je pense que ma langue est une langue officielle comme la
langue française. C'est une des raisons de notre suggestion.
M. Laurin: Est-ce qu'il y a d'autres raisons, outre la puissance
économique de la minorité anglaise du Québec, ou le
voisinage des autres provinces canadiennes ou des Etats-Unis?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! Une question de
règlement par le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'ai l'impression que le ministre a imputé
certains propos aux témoins, qu'ils n'ont pas dit. C'est consigné
au journal des Débats. Le témoin a dit que c'était
à cause de la puissance économique de la minorité. Ce
n'est pas cela du tout que le témoin a dit. Le témoin a dit: La
langue officielle devrait être l'anglais, parce que je me
considère un Québécois anglais et je ne vois pas pourquoi
ma langue ne devrait pas être officielle au Québec. Il n'a pas
référé à la minorité économique.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, M. le
député de Mont-Royal! Je comprends votre interprétation,
mais je pense que le ministre a simplement posé une question
additionnelle. C'est mon interprétation. Je ne veux imputer, ni au
ministre, ni à vous, M. le député de Mont-Royal, ni aux
témoins, des sous-entendus dans la façon de formuler leurs
interventions. Je redonne la parole au ministre.
M. Laurin: Si j'ai posé cette question, M. le
Président, c'est parce que le témoin a quand même fait
référence, d'une façon très explicite, à la
dimension économique...
Une Voix: ...
M. Laurin: ... mais quand même la dimension
économique.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Continuons dans la même paix que depuis le
début de la journée. M. le ministre d'Etat, s'il vous
plaît.
M. Laurin: Est-ce à dire alors que l'anglais devrait
devenir une langue officielle au Québec, en raison du voisinage
économique, du voisinage des communautés anglaises des autres
provinces et des Etats-Unis? Est-ce la seule et unique raison que vous invoquez
à l'appui de votre demande?
Mme Beaulieu-Gobrecht: Dr Laurin, je pense que les termes que
vous avez employés sont un peu techniques. Pour que M. Board puisse
comprendre, est-ce que vous auriez la courtoisie de le lui demander dans la
langue anglaise, s'il vous plaît?
M. Laurin: Yes. In the light of the opinion you have already
expressed, would you say that your primary reason to ask that English becomes
an official language in Québec is due to the fact that Québec is
surrounded by nine or ten provinces where English is the official, implicitly
or explicitly, language of those provinces and also the language of our
powerful neighbor at the South of the 45th parallel?
M. Board: Non, pas seulement parce que les autres qui restent
près du Québec parlent anglais, mais parce que, comme je l'ai
dit, je suis né dans la province de Québec. Je suis né
Anglais, je suis Anglais et je suis Québécois. Ma langue
maternelle est l'anglais et je pense que ma langue est une langue officielle au
Québec, mais la loi nous dit qu'il n'y a seulement qu'une langue
officielle dans la province de Québec.
M. Laurin: So, if this is your most important reason stemming
from individual motivations, would you also ask that Italian and Greek, for
example, become official languages in Québec...
M. Board: Non pas...
M. Laurin: ... and, if not, how would you explain the
difference?
M. Board: Parce que le Québec maintenant fait partie du
Canada et qu'au Canada, il y a deux langues, la langue anglaise et la langue
française. Ici, au Québec, je pense que la langue anglaise est
aussi une langue officielle.
M. Laurin: Would you not agree then that Mr Trudeau always said
that Québec had to be bilingual, French and English, because it was the
languages of the two founding people, French and English, and that it was
French and English only for the sake of federal services, and not as it could
be applied to any or the other of the provinces of Canada where, as you know,
English is the official language, implicitly or explicitly, of all other
provinces. Then, why would you deny the right to Québec to do, as the
other provinces have done?
M. Rasmussen: If I can just answer on that, I just feel that one
of the big advantages Québec has, is its competition in its bicultural
nature. There is a good response between the French and the English. We are
convinced that the direction of the Province among the English at this time is
for a better comprehension and understanding of the French. I also feel that
the strength of the Province rests in the fact that it is not unilingual, but
is bilingual. It gives it an international market and an international flavour.
It allows it to adress itself, I think, better, not only the North American
context, but also to the European and the world context. I think that we loose
the impact that we possibly could have if we limit the language to unilingual
French. The languages of this world, both French and English are used
throughout the world and throughout the North American context. At a time, when
language rights in other countries an in the United States, in particular, the
rights of the minorities, for obtaining education in their language of the
minority are becoming easier and better, it seems to be a time when this is not
possible within the Québec. We seem to be going backwards where everyone
else is going forward. In the United States, it is now, and for instance, in
California, they passed the law where if there are more than 20 people of
anyone ethnic background in a school, they have to form a special committee and
offer courses that are of bilingual nature or even completely subsidiary
courses to improve their language or else bilingual courses. And yet, this is
at a time... This is only for 20 people. If the same thing was adopted in
Québec, the immigrants, whether they are Greek or Italian, or what not,
they would be able to have classes in Greek, Italian and so on and, at the same
time, learn the French language and the English language, whatever.
M. Laurin: We have read those articles and those laws, and if we
understand them well, they are meant for children who do not know enough
English to get proper instruction in English and it is given to them as a
transitory measure, so as to help them to learn English, the official language
of the country, more easily. We have the text of those laws here.
I would have another question to ask you. How do you think the
establishing of French as the official language would prevent biculturalism or
event at that, pluriculturalism or multiculturalism?
M. Rasmussen: The question is not whether French becomes the
predominant language, nor the language of commerce, nor the language of the
general public milieu. The restrictions that we see in the law, as it is
we have mentioned a couple of them but the one which regards the toys is
one. This is a deliberate... What we feel is not good for neither the French
youth nor for the English youth. I think there is already discussion on the
game "Oh Canada!". The fact that it could possibly improve the English of the
French student seems to be something that is objectionable to the French
education part of our society. It seems preposterous to me that it is not
an advantage to learn both French and English and we should make every
attempt to do this. The law, as it is stated, restricts the use of English, for
instance, among the corporations. I am an engineer and I feel that the language
of the corporation should be addressed to the members in the language that they
obtain the most information.
It seems that we would also, in addressing the public, "disenfranchise"
many of the older people if we had to address and promulgate our elections or
official election announcements and so on solely in the French language. It
seems preposterous that we can consider this sort of attack to people who have
lived here and have given their lives within Québec and have contributed
greatly to the society that there is here.
M. Laurin: I can understand how you want to make things very easy
for the English minority in Québec, but I wonder if you realize that
with this kind of proposals, the results would be that it would make things
quite difficult for the majority, and maybe in that sense, we may feel that we
belong to two different worlds. I understand that the other argument I have
spoken about and on which you have not come back, the question of an official
language which has, as its aim, to make all ethnic groups to participate in the
mainstream of collective life is not given due account in your proposal. But,
anyway, I think we can dialogue later on that score.
M. Rasmussen: Une simple réponse à cela. Nous avons
dit, dans notre mémoire, que nous sommes très fiers de notre
instruction publique. C'est notre espoir que toutes les personnes au
Québec deviennent bilingues, parlent la langue française et la
langue anglaise.
Nous n'avons aucun problème avec le fait que la langue
française devienne la langue la plus en usage dans la province. J'ai une
petite compagnie et, lorsque j'ai commencé, il y a dix ans, tous mes
employés étaient anglophones. Maintenant, sur douze
employés, j'en ai deux anglophones, les autres sont francophones et
toutes les affaires se font en français. Cela va bien et je pense que,
dans le milieu anglais, dans les bureaux, dans les compagnies et dans les
usines, tout se fait de plus en plus en français, mais je pense que si
vous suivez la loi no 1 comme vous voulez la promulguer, cela donne un
très gros "backlash" et vous arrêtez le progrès de la
langue française chez les anglophones et aussi chez les immigrants.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux vous
remercier, madame et messieurs, d'être venus à la commission
présenter votre mémoire et nous faire valoir votre point de vue.
On réalise que le projet de loi no 1 préoccupe beaucoup
pour utiliser le terme du ministre de l'Education les agents de
l'éducation, parce que je pense que les parents en sont. Jusqu'à
maintenant, nous avons entendu plusieurs mémoires du milieu de
l'éducation, et je ne peux que regretter une fois de plus l'absence du
ministre de l'Education à ces auditions.
La première chose que je voudrais vous demander: Quelle est la
population scolaire de vos neuf écoles? Vous regroupez combien
d'enfants?
M. Rasmussen: Dans notre secteur élémentaire, on a
2500 élèves.
Mme Lavoie-Roux: Et au secondaire?
M. Rasmussen: Au secondaire, à peu près 2000
autres.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rasmussen: Dans toute notre région, on a 11 000
élèves. Je parle de la région de la South Shore Protestant
Regional School Board. On a 11 000 élèves.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez 11 000 élèves et vous
regroupez... Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
M. Rasmussen: On a trois commissions scolaires dans la
région.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! D'accord. Alors, en tout, 11 000
élèves.
M. Rasmussen: Et, dans notre secteur élémentaire,
on en a 2500, dans les neuf écoles.
Mme Lavoie-Roux: Cette population scolaire, depuis les trois,
quatre ou cinq dernières années, est-elle croissante ou
décroissante?
M. Rasmussen: Elle est croissante aux environs de 20%. Cette
croissance est d'à peu près 200 élèves depuis cinq
ans et cela augmente d'à peu près 100 élèves par
année.
Mme Lavoie-Roux: A part Saint-Hubert et Greenfield Park, les
autres localités que vous avez mentionnées, Lacolle, Saint-Jean,
sont-elles des localités ou des municipalités à faible
minorité anglaise? Je devrais peut-être dire: Sont-ce surtout des
localités à forte majorité française?
M. Rasmussen: On a 28 municipalités dans notre
région et il n'y a que neuf écoles.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est à majorité
française?
M. Rasmussen: C'est à majorité française
à Saint-Jean. Nous avons 400 élèves à Saint-Jean.
Ceci comprend Saint-Jean, Iberville, Napierville et toute la région
là-bas, Saint-Luc aussi; à Candiac, on a une assez grosse
population anglaise, mais
elle est petite à Saint-Constant et à Delson, on a
beaucoup mieux. A Saint-Hubert, on a à peu près 15% des
élèves qui sont anglophones et, à Greenfield Park,
à peu près 42% sont anglophones.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande si, selon que les groupes
anglophones viennent de Montréal ou des environs de Montréal
où la population anglaise est considérable ou d'endroits
où elle l'est beaucoup moins, je me demande si ceci ne se
réflète pas un peu dans les représentations qui sont
faites par ces groupes anglophones à cette commission,
c'est-à-dire que ceux qui viennent de régions où la
population anglophone est moins nombreuse ne perçoivent pas le
problème tout à fait de la même façon que les
anglophones de l'agglomération de Montréal où leur
présence est beaucoup plus importante.
Je dois dire qu'il y a certainement une de vos préoccupations que
je partage, au moins jusqu'à temps que les règlements soient
promulgués et nous éclairent davantage là-dessus, c'est
celle de la langue de l'administration dans les commissions scolaires à
forte prédominance anglophone. Dans la loi, cela ne paraît pas
très clair, à savoir jusqu'à quel point les communications
pourront se faire en langue anglaise.
Je pense que si les écoles anglaises doivent rester, on doit
quand même permettre aux administrations qui les soutiennent de
fonctionner en anglais. Je comprends qu'on dit: Peut utiliser soit l'anglais,
soit le français, mais il y a quand même un processus de
francisation qui s'étend jusqu'en 1983 et, sans les règlements,
il est encore difficile de mesurer exactement ce que cela veut dire. Je pense
que c'est un point auquel nous serons très attentifs.
A la page 2, chapitre 8, vous dites à la deuxième phrase:
Si le gouvernement éliminait cette liberté de choix, un tel geste
détruirait le développement éducationnel et culturel de
tous les enfants québécois tant au secteur francophone qu'au
secteur anglophone. Je me demande si vous pourriez expliciter un peu ceci.
Je voudrais seulement vous faire remarquer au départ que vous
faites partie d'une commission scolaire protestante qui regroupe une
très forte majorité d'étudiants d'origine anglaise ou de
langue maternelle anglaise et que, pour vous, le libre choix n'est pas
enlevé.
J'aimerais que vous expliquiez de quelle façon vous pensez qu'une
restriction du libre choix pourrait détruire le développement
éducationnel et culturel de tous les enfants québécois si
on assurerait à ceux qui n'iraient pas à l'école anglaise
un bon enseignement de la langue seconde, pas seulement des voeux pieux, mais
vraiment un bon enseignement de la langue seconde. Cette condition
établie, j'aimerais quand même essayer de comprendre ce que vous
voulez dire ou ce qui vous fait affirmer une telle chose.
M. Rasmussen: II y a deux choses dans cette section. L'une est le
problème du bilinguisme dans l'éducation et si vous
étudiez le rapport de
McGill Jean de Vries de Carlton a soumis une étude
si le choix est éliminé et la loi promulguée comme elle
est, le système anglophone, en disant... Je n'ai pas le rapport ici, je
n'ai pas les chiffres exacts, mais le système anglophone diminue de 40%
jusqu'à maintenant et le système francophone a augmenté de
6% à 7% dans la même période. C'est une chose. Quand je
pense à la vitalité du système anglophone qui est
coupé de 40%, c'est impossible de continuer les cours que nous donnons
maintenant. Nous avons les règlements et nous suivons les
règlements du gouvernement pour l'implantation de notre cours
bilingue.
Et c'est impossible de faire l'implantation dans ça si nous
n'avons pas un cours d'anglais en même temps qu'un autre cours bilingue.
Si nous n'avons pas plus de vingt étudiants dans une maternelle, c'est
impossible de diviser ça en deux. Il faut que vous ayez assez
d'étudiants pour offrir les deux moyens d'étudier. C'est une
chose.
D'un autre côté, si vous lisez et discutez de la chose avec
M. Jacques De Bagheera de l'Université de Montréal qui enseigne
aux enseignants français qui veulent édudier l'anglais ou qui
enseignent l'anglais, il a dit que seulement 2% des enseignants qui enseignent
l'anglais à l'école française sont Anglais, seulement 2%.
Pour les autres, c'est presque 80% qui ne sont pas parfaitement bilingues et on
a beaucoup plus de la moitié qui ne réussissent pas le test final
de onzième année dans les écoles anglaises.
De notre côté, c'est exactement la même moyenne. Nous
en avons 132, dans notre région, qui enseignent le français; il y
en a seulement 22 qui sont d'origine anglaise. Tous les autres sont d'origine
française ou européenne. Mais les autres ne sont pas Anglais et
nous avons l'enseignement du français dans nos écoles; je sais
que c'est beaucoup mieux que de leur enseigner l'anglais dans les écoles
de notre région.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais vous demander... Vous avez fait
référence aux statistiques de l'Université McGill qui fait
une projection pessimiste du nombre d'élèves qui,
éventuellement, seraient dans les écoles anglaises si la loi 1
était appliquée telle quelle. Evidemment, la loi 1 prévoit
que l'école anglaise n'est réservée qu'aux personnes qui
sont présentement au Québec et ceci est aussi entouré de
certaines autres restrictions dans lesquelles je ne veux pas entrer.
Mais si on réservait l'école anglaise à tous les
enfants qui viennent de la communauté anglophone, par exemple des autres
provinces, c'est-à-dire qui appartiennent à la communauté
anglophone, qu'ils viennent des autres provinces ou même qu'ils viennent
de pays anglophones, est-ce que vous seriez aussi pessimistes vis-à-vis
des projections du secteur anglais ou de l'école anglaise?
M. Rasmussen: Non, le résultat ne serait pas le
même. Je pense que c'est une diminution d'environ... The number of
children we will have after eight years will be about 70% or 65% of what we
have now.
Mme Lavoie-Roux: L'autre étude à laquelle vous avez
fait référence, celle du professeur de l'Université de
Montréal sur les enseignants de la langue seconde, je l'ai lue et je
pense que votre inquiétude est réelle pour les enfants qui
devraient faire l'apprentissage de l'anglais dans les écoles
françaises et le gouvernement nous promet qu'il va essayer
d'améliorer ça; on verra les résultats dans le temps.
C'est une difficulté, mais je pense qu'il faut quand même s'y
attacher et essayer de la résoudre.
Ma dernière question est celle-ci: Est-ce que vous croyez que,
pour un enfant qui n'est pas de langue anglaise, qui n'est pas de culture
anglaise et qui ne parle ni le français, ni l'anglais, est-ce que, selon
vous, il doit aussi avoir le libre choix ou si, à ce moment-là,
au Québec, ça peut-être une chose normale que de l'inviter
à aller à l'école française, en l'assurant de
toutes les choses dont j'ai parlé précédemment?
M. Board: Oui. Je pense que le choix est le choix individuel des
parents. Si le petit garçon ou la petite fille ne comprend ni l'anglais
ni le français, c'est aux parents de faire un choix, l'anglais ou le
français.
Mais, dans les classes de notre région, dans les classes
d'immersion bilingues, je pense que c'est un choix individuel.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir à vous, monsieur, est-ce que
vous croyez qu'avec la deuxième projection que vous faites,
l'enregistrement dans les classes anglaises de la population vraiment de langue
anglaise, à ce moment-là, vous seriez aussi inquiet de la survie
des écoles anglaises?
M. Rasmussen: Ce n'est pas complètement une question de
survie. Je pense que l'impact et la possibilité de créer une
bonne société qui travaille dans le milieu, dans le
Québec, mais aussi dans le Canada et dans l'Amérique du Nord,
cela devient de plus en plus difficile, si le secteur anglophone diminue
trop.
Ce n'est pas la question de l'accroissement du secteur francophone. Il
n'y a aucune question quant à cela. Mais, dans chaque région, et
ce n'est pas la même chose partout, mais notamment dans la région
de Gaspé, on a beaucoup d'autres problèmes; c'est aussi
sérieux dans notre région, de même qu'à Greenfield
Park et aussi à Saint-Hubert. Ce n'est pas le même
problème.
Mais cela deviendra le même problème à Gaspé
et dans notre région si la loi arrête tous les choix comme cela.
Pour moi, cela serait mieux, si les immigrants entraient dans une école
bilingue. Dans notre cours d'immersion, de notre côté, la
maternelle, la première année et la deuxième année
sont toutes en français. Il n'y a pas d'anglais dans les trois
premières années, pour tous les enfants qui ont fait cette
option. Si les enfants sont français, anglais ou immigrants, cela ne
fait rien. Mais ce n'est pas pour les enfants de langue française, les
classes d'immersion, parce qu'on commence par des choses très
élémentaires.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie messieurs. Merci, madame.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je passerai la parole au député de
Pointe-Claire, M. le Président. Si vous n'avez pas objection. Le
député de Pointe-Claire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: First of all, lady and gentlemen, I appreciate the
amount of efforts that you are making, especially in speaking French, when you
are having difficulty doing it, but I understand, because I have the same
problem here in the National Assembly.
I want to confirm in my own mind that the English language is an
official language in the Province of Québec in spite of Bill 22, and any
subsequent Bill, not only because of the surrounding area, but because of the
reality that there are a million and a half Quebecers who use this language and
regard it as their precious right, that they can have hit considered as
official.
Mme Gobrecht, je voudrais vous poser une question. Vous êtes une
Canadienne française, vous êtes mariée à un Canadien
d'origine allemande. Est-ce que vous trouvez que vous êtes
assimilée maintenant, du fait de participer à un système
scolaire anglophone? Est-ce que vous croyez que vous êtes
assimilée?
Mme Beaulieau-Gobrecht: je ne comprends pas la teneur du terme
"assimilée" dans votre question.
M. Shaw: Est-ce que vous vous croyez encore Canadienne
française?
Mme Beaulieu-Gobrecht: Oui, sans le moindre doute. Tout en
étant respectueuse de mes employeurs et des autres Canadiens
français de la province, je demeure un individu et ce que je veux faire,
c'est ce qui est le mieux pour la commission scolaire pour laquelle je
travaille. Mais je suis quand même une Canadienne française. Je
travaille pour elle depuis cinq ans et demi et je pense que j'ai
été très bien traitée.
M. Shaw: Nous avons souvent entendu aujourd'hui d'autres
témoins qui donnent à croire que si vous n'êtes pas
totalement dans le système français, que si vous ne parlez pas
exclusivement français, vous êtes assimilé.
M. Charbonneau: ... voyons donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Voyons donc, je ne fais d'abus.
M. Shaw: Est-ce que vous croyez vous-même, comme membre
d'une commission scolaire du secteur anglophone, que vous êtes encore
aussi Canadienne française que n'importe quel membre de cette
commission, sauf les anglophones qui sont avec moi?
Mme Beaulieu-Gobrecht: Absolument, M. Shaw.
M. Shaw: Merci, madame.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui.
M. Grenier: M. le Président, M. Shaw a terminé pour
le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Shaw a terminé. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
remercier les représentants de cette commission scolaire protestante du
sud de venir nous apporter leur point de vue sur le projet de loi no 1. Je
trouve qu'ils le font avec beaucoup de courage, parce qu'ils défendent
des points de vue qui ne sont plus tellement répandus maintenant. Il ne
reste que quelques députés à l'Assemblée nationale
qui peuvent parfaitement assumer le point de vue que vous venez défendre
ici aujourd'hui. C'est pour cela que j'apprécie davantage le courage
dont vous faites preuve en le faisant.
Permettez-moi de vous dire aussi mon étonnement à vous
voir venir défendre ici, à travers toute la collectivité
québécoise, le point de vue...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, je pense que ce n'est pas une question de
règlement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au député de Châteauguay.
M. Lalonde: M. le Président, peut-être une question
de règlement. J'aimerais quand même, si vous me le permettez,
qu'on soit un peu respectueux des opinions des autres députés,
sans imputer directement d'opinion aux autres députés. On pouvait
quand même déduire des propos du député de
Châteauguay que tous les autres députés partageaient
l'avis... ou qu'enfin la grande majorité partageait son avis. Je pense
qu'il devrait parler pour lui-même, en son nom et laisser les autres
s'exprimer.
M. Guay: Une question de règlement, M. le
Président. Le député de Châteauguay avait simplement
évoqué le fait qu'il ne restait plus qu'un certain nombre de
députés à l'Assemblée nationale à
défendre ce point de vue. Je ne sais pas si on doit en inférer
des propos du député de
Marguerite-Bourgeoys qu'il est de ceux-là et je ne vois pas ce
que cela a de préjudiciable...
M. Lalonde: II fait le même péché, lui, il
fait le même péché, la même faute...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: ... la même erreur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Guay: Mais, c'est fini.
M. Lalonde: La même erreur, il fait les conclusions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Guay: Je ne vois pas ce que cela a de préjudiciable et
je ne vois pas en quoi les propos du député de Châteauguay
ont pu être, de quelque façon, blessants à l'endroit de qui
que ce soit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que l'incident est clos. De toute façon, je ne pense pas que telles que
dites les paroles du député de Châteauguay, qui ne faisait
mention d'aucun nom et d'aucun nombre d'ailleurs, ne portaient préjudice
à quelque membre de cette commission. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président. J'étais en
train de dire mon étonnement à voir les représentants de
cette commission scolaire venir défendre les intérêts des
francophones à travers toute la collectivité
québécoise.
Cependant, je pense que le mémoire ne va pas
nécessairement, dans toutes ses explications, dans ce sens. D'abord, je
pense qu'il est important de faire une distinction, ce que le mémoire ne
fait pas, entre le bilinguisme d'individus et le bilinguisme d'institutions.
Malheureusement, je pense qu'on doit toujours tirer la conclusion qu'on parle
des individus au Québec qui, pour un bon nombre, sont bilingues, mais
cela ne veut pas dire que les institutions doivent refléter ce
bilinguisme des individus pour des raisons que j'aurai largement le temps
d'expliquer tout à l'heure.
Je tiens quand même, cependant, à vous féliciter
pour l'intérêt que vous portez aux classes d'immersion
françaises. Je pense que tous les individus, parce qu'encore là
c'est une question d'individus, qui attachent autant d'importance aux classes
d'immersion font la preuve qu'ils ont beaucoup d'intuition du futur et je pense
que c'est surtout ce qui doit guider effectivement des gens qui veulent envoyer
leurs enfants dans des classes d'immersion françaises. Cela va
effectivement rendre service à leurs enfants plus tard.
Quant à ce que l'on dit à la page 2 du chapitre I, quand
on parle du bilinguisme qui est une né-
cessité économique vitale et qu'on dénonce... en
fait que l'on dit comme étant une nécessité
économique vitale, je pense que c'est vraiment une vision statique et
arrêtée de la réalité québécoise que
nous du Parti québécois et du parti ministériel refusons
d'assumer.
Ce que nous voulons, c'est un renversement de la situation et nous avons
le devoir de le faire. Depuis le 15 novembre, nous avons toute
légitimité pour le faire. Vous dites, au chapitre II sur les
droits fondamentaux de la langue, que des conflits irréconciliables
pourraient être engendrés et vous parlez ensuite de
Québécois qui devraient travailler main dans la main vers un but
qui leur est commun.
Je pense que parler de travailler main dans la main, ce sont des propos
qui vous font honneur, bien sûr, car ils relèvent d'un bon esprit,
mais cela relève aussi d'un principe qui est celui de la
suprématie des droits individuels sur les droits collectifs, ce que nous
ne pouvons pas assumer ici, en tant que Québécois. Quand vous
parlez de cela, vous ne tenez pas compte de la proportion de plus en plus
grande et de plus en plus grandissante du nombre d'anglophones dans la
région de Montréal, à Montréal
particulièrement, mais aussi dans les environs; vous en êtes,
d'ailleurs.
Vous parlez de conflits irréconciliables. Je pense que ces
conflits irréconciliables, nous les connaîtrons réellement
et je ne veux pas faire le prophète, mais je pense que c'est un
risque réel lorsque la majorité sera devenue anglophone
à Montréal. C'est autant l'intérêt des francophones
que des anglophones que de prévenir les conflits de ce type qui
pourraient devenir violents dans certains cas. La façon d'y arriver, je
pense, c'est en définissant et en clarifiant les droits de la
majorité. Je pense que vous ne parlez pas suffisamment de
majorité. Je sais que c'est difficile pour vous de parler de cela, mais
c'est une réalité, une majorité dans un territoire
national comme le nôtre, et on ne peut pas la nier. Je ne vous demande
pas d'accepter cela, je vous demande de le comprendre. Donc, en clarifiant les
droits de la majorité, tout en laissant cependant, et nous sommes
prêts à le faire, le maximum de droits aux minorités, ce
que nous faisons avec générosité... Quand nous employons
le mot "générosité", ce ne sont pas que des mots. C'est
une réalité que l'on retrouve dans le projet de loi no 1.
Mme Lavoie-Roux: Pas fort. Pas fort.
M. Dussault: Au chapitre III, quand on parle de la langue de la
législation et de la justice, vous dites, à un moment
donné, que cette situation est déjà existante en pratique.
Vous dites par là qu'il ne faudrait pas prévoir des choses dans
le projet de loi no 1. Je pense que dans le passé, la loi est,
très souvent, venue confirmer la réalité. Nous pensons que
c'est un devoir, pour nous, effectivement, de confirmer une
réalité. Je tiens à vous faire remarquer qu'il y a quand
même dans ce projet de loi une nouveauté. Dorénavant, les
personnes morales qu'on peut appeler, je pense, en an- glais, les "corporate
body" devront s'exprimer dans les cours de justice, dans la langue officielle,
ce qui est une conséquence logique de la francisation de l'entreprise,
toujours par les bons soins de cette loi, d'ailleurs.
Quant à la langue de l'administration, vous parlez des
procès-verbaux et des ordres du jour. Vous voudriez les voir en anglais.
Je pense que ce que vise la loi no 1 sur la langue de l'administration, et
particulièrement sur les procès-verbaux et les ordres du jour,
c'est la garantie pour les francophones de pouvoir se procurer en
français, les procès-verbaux. Il n'est pas dit dans la loi
vérifiez et vous allez voir qu'il sera interdit de traduire en
anglais les procès-verbaux et de pouvoir se les procurer. Ce n'est pas
dit dans la loi et je pense qu'il ne faudrait pas tirer cette conclusion, ce
que malheureusement, trop souvent, les groupes qui sont venus s'exprimer font.
Ici, je parle des groupes anglophones ou minoritaires, c'est justement ce genre
de choses... C'est d'ailleurs une constante dans tous leurs mémoires:
les gens viennent nous dire qu'ils n'auront pas telle ou telle chose, alors que
la loi ne dit pas qu'ils ne l'auront pas. Au contraire, la loi bien souvent est
généreuse par ce qu'elle ne dit pas. Encore faut-il pouvoir
chercher à le comprendre et à le voir dans la loi. C'est tentant,
évidemment, quand on est minoritaire de se faire un peu peur devant des
lois qui viennent et d'appuyer davantage ses conclusions, non plus sur les
textes eux-mêmes mais sur les peurs qu'on se fait. Malheureusement, on a
eu cette attitude dans le passé d'avoir peur des fois. Je pense que vous
êtes en train de développer un peu ce type d'attitude. Je ne vous
souhaite pas, d'ailleurs, de développer cela, parce que vous allez vivre
des années pénibles. Je pense que vous pouvez vivre ici
agréablement sans développer des complexes et des peurs comme il
nous en est arrivé dans le passé.
M. Blank: Programme de complexes.
M. Dussault: Maintenant, au chapitre de la langue du travail.
Vous voulez que le ministre renvoie les articles 36 et 37 du projet de loi. Je
pense qu'à toutes fins pratiques, retirer ces articles du projet de loi,
c'est enlever une très grande partie du sens de ce projet de loi. Vous
n'avez peut-être pas d'exemple chez vous. Nous avons
énormément d'exemples du côté des francophones, de
gens qui, sous des dehors, sous des déguise-ments, en fait, ont
été renvoyés de leur milieu de travail, parce que,
effectivement, ils ne parlaient pas suffisamment l'anglais.
Or, c'est ce que nous voulons dorénavant éviter. C'est
pour cette raison que la loi confirme que nous voulons maintenant donner toute
garantie aux francophones que, parce qu'ils ne parleraient pas une autre langue
que le français, ils ne pourraient pas être renvoyés. C'est
extrêmement important que le projet de loi comporte ce genre de
choses.
On se dit aussi que, malgré un changement profond quant au visage
français, il resterait vrai-
ment tentant pour l'entreprise anglophone, ou multinationale, ou
étrangère de privilégier encore un nombre
considérable de parlants anglais dans l'oubli,
délibéré ou non, de l'élément francophone du
Québec. Ces mesures des articles 36 et 37 sont des mesures
nécessaires, et on ne peut pas se permettre de les enlever du projet de
loi, comme vous le demandez.
Quant à la langue du commerce et des affaires, je voudrais ici
faire ressortir particulièrement le point de vue sur les jouets. Vous
êtes, en fait, le premier groupe qui a fait ressortir des idées
relativement aux jouets. J'ai joué je pense que vous connaissez
ce jeu pendant des années au "scrable" suivant des
règlements, sur la couverture de la boîte, qui n'étaient
qu'en anglais. Il n'y a quand même pas très longtemps, on a pu se
procurer enfin ce jeu en français avec des explications en
français, alors qu'on aurait pu tout autant, dès le début,
nous donner ce jeu en anglais, dans la boîte pour les anglophones, et en
français pour les francophones.
Ce que l'on veut, à toutes fins pratiques, par cet article du
projet de loi, c'est assurer aux francophones égalité de chance
de comprendre ces choses que l'on avait donnée aux anglophones, parce
que ces jeux, bien souvent, venaient des Américains, et il n'y a rien
qui nous interdit d'exiger dorénavant que ces jeux soient
expliqués en français autant qu'en anglais. Pourquoi pas?
D'une façon ou d'une autre, si vous avez bien lu cet article 43
du projet de loi, on dit bien que l'Office de la langue française aura
le pouvoir d'intervenir pour faire des exceptions, et on sait qu'il est
possible on peut déjà le prévoir
théoriquement que certains jeux devront effectivement
paraître uniquement en anglais, parce que la nature même du jeu ne
pourra pas faire autrement. Mais on doit, au départ, mettre dans la loi
un article qui va donner chances égales aux francophones.
Quant à la langue de l'enseignement, je pense que ce que vous
dites, à savoir le libre choix, c'est une répétition, bien
sûr, de ce qui s'est dit. On a largement débattu cette question,
et je pense que ce serait vraiment de trop que de continuer à discuter
là-dessus. Cependant, je pense qu'on peut faire une petite remarque sur
votre texte. Vous parlez, à un moment donné, de restreindre
l'éducation dans la langue anglaise, comme étant un but poursuivi
par ceux qui ont préparé le projet de loi.
Je pense que restreindre l'accès ne signifie pas restreindre le
service, ce que votre texte a trop tendance à laisser croire.
Je pense qu'il faut ajouter ici qu'il est important de rester
français pour nous, mais il est encore plus important de rester
majoritairement français. C'est une distinction que vous ne faites
malheureusement pas assez souvent et je pense que c'est capital.
Vous dites que c'est une question de confiance; bien, nous avons fait
confiance à cette situation pendant 200 ans, ce qui a fait de nous 200
ans de survivance ou 200 ans de survivants.
Or, nous voulons cesser de survivre. Nous voulons enfin vivre, et la
première façon de vivre, c'est d'abord d'agir. C'est ce que nous
faisons avec le projet de loi no 1.
Ce sont les remarques que j'avais à faire sur votre
mémoire. Evidemment, je vous laisse le temps de vous exprimer sur tout
ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Est-ce que vous voulez répondre ou si je cède la parole
à quelqu'un d'autre?
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je comprends, M. le Président, que les
témoins ne veulent pas répondre au député de
Châteauguay.
M. le Président, je voudrais simplement reprendre une question
qui a été discutée tantôt. Il s'agit de la langue
officielle.
Vous savez qu'actuellement, au Québec, le français est la
langue officielle, depuis près de trois ans, selon la loi. Si on
retrouve ce même article dans la loi no 1, ça procède
plutôt avec tout le battage de publicité qu'on a vu avec la
présentation du livre blanc, de ce que j'appellerais une hypocrisie
politique qui tente de faire oublier l'état de la question au moment
où le gouvernement a proposé ce projet de loi. Ce sera une
question que l'on a dénoncée, que l'on continuera de
dénoncer.
Mais en m'adressant plus directement au concept de la langue officielle,
j'aimerais vous demander si vous êtes d'accord que la langue
française devienne de plus en plus la langue prééminente
au Québec.
M. Rasmussen: C'est la vérité et cela devient de
plus en plus la langue de tous les jours et pour tous.
M. Lalonde: Et vous êtes d'accord avec cette situation, que
le Québec...?
M. Rasmussen: Oui, je suis d'accord, mais, en même temps,
je ne veux pas que l'enseignement de l'anglais, dans nos écoles
anglaises, soit mis de côté et que nous n'ayons pas le pouvoir de
discuter des choses en anglais avec les autres personnes qui sont
anglophones.
M. Lalonde: Oui. D'ailleurs, je ne parle pas de dispositions
particulières; c'est simplement à votre suggestion selon laquelle
les deux langues devraient être officielles. Je ne sais pas quel est
votre concept de la langue officielle. Cela a été expliqué
d'une façon assez élaborée dans le rapport Gen-dron et, si
vous n'avez pas lu le rapport Gendron, je vous invite à le faire. Il
existe, dans ce rapport, une étude sur la question linguistique beaucoup
plus apolitique, beaucoup plus précise que celle dans le livre blanc. Le
livre blanc, d'après moi, est simplement un document de propagande pour
préparer l'acceptation d'une décision politique, mais, si vous
voulez savoir exactement quelle est la situation du français et pourquoi
un gouvernement, il y a trois ans, a été appelé à
légiférer sur
cette question, malgré le fait qu'on ait pu voir
extérieurement une diffusion plus grande de la langue française,
un usage plus grand de la langue française, en quelques mots, il reste
que, depuis une quinzaine d'années, surtout à cause du
développement de l'industrialisation, de l'urbanisation et du
développement des communications, la langue française
n'était pas la langue de tous les Québécois, la langue
disponible pour tous les Québécois, surtout dans le domaine des
affaires.
Je pense que le diagnostic du rapport Gen-dron est assez clair
là-dessus. Il s'agissait de rendre la langue française
nécessaire pour qu'elle ait le statut qui lui revient.
C'est pour cela que je me demande dans quelle mesure on pourrait
maintenir cette prééminence du français sans que ce soit
le français qui soit la langue officielle au Québec. Je me
demande s'il n'y a pas une contradiction dans votre affirmation selon laquelle
vous acceptez que cela soit la langue et j'emploie un qualificatif
anglais que vous avez employé "predominant". I do not like the
part "dominant" in the word but you used that word and I do not know how you
can reconcile the fact that you agree with the fact that the French language
should be predominant in Québec and your suggestion that it should not
be the only official language.
M. Rasmussen: I do not see, frankly, any contradiction in that
statement. The point is that I feel that French is a second language, is
something on the part of an Anglophone, is something that enriches his ability
to discuss and be part of the society and be part of the world.
I think it is very important. I feel that even three languages or more
are better for the person individually. The fact that French is going to be
used more and more in this Province does not bother me at all.
I feel that the timetable that is proposed for taking over or having
most of the things occurred in French is far too fast. For instance, if we
follow through with our bilingual programme and right now, because of
restrictions placed on us by the Government and also by our society, we cannot
have anyone in our bilingual programme, but if we follow this through, we got
50% of our children now in our English system going in a bilingual programme,
but it will be fifteen years or at least eleven years before they are at the
CEGEP level and a few more years after that before they are in society and yet
the proposition that all of these discussions and all of these things occurred,
the francisation of our society occur before 1983, I think it is just an
accelerated thing.
I think the place to start is with the school system and ensure that the
second language taught within our schools is adequate, and I think that the
government is right in requesting or insisting that the children who graduate
from the English schools have a reasonable ability in French. I think this is
important. I think it is premature to insist on it for next year, mind you,
because I do not think that the children in our high schools righ now can
possibly get that qualification within one year, without loosing everything
else that they have got. I think that it is far too early. I think you have got
to allow time for the school system to feed this in and, in five years, you
could have this on the further requirement of graduation for the English
system, and we would be able to cope with it without creating hardships for the
students that are in our system now that do not have a strong background in
Frencn. And I might say some 60% of our students in our English system do not
have an adequate background in French to possibly even in one year, get to a
point where they would even be considered acceptable in French. It would just
be impossible. I think that the acceleration and the emphasis in the bill, it
is coming, but it is not going to come overnight and, in the meantime, it is
just going to get everybody upset because it creates so many hardships
individually within our system and within our society.
M. Lalonde: Je dois vous dire que je suis d'accord avec votre
approche que cela doit être un mouvement progressif, qu'on doit retirer
le plus possible les mesures inutilement coercitives pour amener cette
situation à se faire. Quant à moi, je veux terminer
là-dessus, même en étant d'accord sur l'objectif qui,
d'ailleurs, aurait été atteint de toute façon par
l'application de la loi actuelle, l'objectif donc de faire du français
la langue de tous les jours, nous allons combattre les dispositions inutilement
coercitives. Nous reconnaissonsje parle pour moi que le
français peut être la langue officielle au Québec, la
langue de toutes les activités, mais que deux cultures, deux groupes
culturels peuvent vivre et se développer harmonieusement. Je pense que
plusieurs dispositions de ce projet de loi empêchent justement ce
développement harmonieux de deux cultures, c'est-à-dire la
culture de la grande majorité et aussi, dans le cas historique que l'on
connaît au Québec, la culture anglophone.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je voudrais, au nom de notre
parti, vous remercier d'être venu nous rencontrer, nous présenter
votre mémoire, qui a été pensé, bien sûr, et
qui est pensé selon vos besoins et vos exigences, les exigences de votre
milieu. J'aimerais cependant vous poser quelques questions et avant,
peut-être, vous dire que les années changent passablement les
choses. Je me souviens qu'en 1969 on a voté une loi qui s'appelait la
loi 63. Personnellement, j'étais membre de l'Assemblée nationale.
Je m'étais opposé à cette loi parce que notre parti ne
voulait pas y inclure la possibilité que les immigrants aient à
s'incorporer à la communauté canadienne-française. Je me
suis opposé à la loi à cause de cela. Vous voyez qu'on est
loin. On n'est pourtant pas loin en années, mais on est
déjà loin de ces idées. Maintenant ce n'est plus un
problème, il n'y a à peu
près plus de gens qui défendent cette option qu'un
éventuel immigrant doit s'incorporer à la communauté
canadienne-française.
Si notre parti et les autres ont fait un cheminement important depuis ce
temps, je pense que la communauté canadienne-anglaise en a fait un
également. Je pense que toute minorité, dans une province ou dans
un pays, a tendance à se regrouper. C'est le cas dans les autres
provinces et c'est le cas également dans la nôtre aussi. Je
signalais ce matin que je m'étais rendu à Ottawa pour apprendre
l'anglais pour terminer mes études, ou pour faire des études en
anglais. Je ne l'ai pas appris.
J'ai dû aller aux Etats-Unis, parce qu'une fois à Ottawa,
je m'étais incorporé à un groupe francophone.
On se rend compte qu'au Québec, la minorité anglophone a
peut-être été, jusqu'aux années soixante, trop
fermée sur elle-même et a peu réussi à se
"bilinguiser". C'est surtout vrai dans le West Island, on le sent moins dans la
partie rurale du Québec. Mais je pense qu'il faut admettre aujourd'hui
que depuis 1961/62, il y a eu un travail important qui s'est fait dans cette
collectivité anglophone et on voit que maintenant, il y a des gros
points de gagnés dans ce secteur et vous me disiez au début du
dépôt de votre mémoire que les cours d'immersion
étaient passées de 2% à 50%.
On voit que là, il y a de la compréhension et pourtant, ce
ne sont pas les mesures coercitives qui ont amené ça, ç'a
été simplement des mesures incitatives. Cet éveil s'est
peut-être fait après 1960.
J'aimerais savoir de vous, s'il n'y avait pas de liberté de choix
dans la loi, est-ce que vous pensez que deux langues bien enseignées
et on se dirige vers deux langues bien enseignées avec la
formation de nos maîtres qui sont davantage prêts sont de
nature à améliorer la partie française et la partie
anglaise, Mme Beaulieu?
Mme Beaulieu-Grobecht: Je vais référer cette
question à M. Rasmussen qui est un de nos directeurs exécutifs
à la régionale et qui est beaucoup plus qualifié pour
répondre dans le domaine pédagogique, s'il vous plaît.
M. Rasmussen: Oui, je pense que c'est mieux si les deux langues
sont enseignées dans les deux systèmes. Maintenant, ce n'est pas
une vérité et c'est le gros problème, quand nous avons des
discussions avec les immigrants. Je connais quelques immigrants, d'Espagne et
d'autres pays d'Europe, ils ne veulent pas faire entrer les enfants dans le
système français, parce qu'on n'a pas l'occasion d'obtenir une
bonne formation en anglais et en français. Ils commencent dans notre
région, les immigrants entrent dans notre système bilingue, et
tous les enfants parlent les deux langues dans ce système.
M. Grenier: Je vais un peu vite, je m'excuse si je semble vous
interrompre, on m'a fait signe tout à l'heure que je n'avais que sept
minutes, alors je...
Le Président (M. Cardinal): De toute façon, il faut
terminer à 18 heures.
M. Grenier: On dit que la langue française est la langue
de la majorité au Québec, est-ce que vous acceptez qu'on projette
une image ici au Québec d'un Québec français? Est-ce que
vous acceptez ça? Majoritairement?
M. Rasmussen: C'est une vérité.
M. Grenier: C'est la vérité. Si vous acceptez
ça, comment est-ce que vous voyez, où et comment on pourrait voir
cette image française de la province de Québec?
M. Rasmussen: Répétez.
M. Grenier: J'aimerais que vous me disiez par quelle sorte de
moyen ou comment on peut mieux voir cette image d'un Québec
français, d'après vous.
M. Rasmussen: De notre côté, j'ai vu ça
très fortement. Je pense que cette position... when you look at this,
from the image that you have, it changes, I mean the image that I see of the
French fact in Québec is completely different from the position that
many French people see the French fact in Québec.
From my point of view, I see everything is really more and more French
and I had noticed from the comments of the Gendron Commission a lot of
statistics that were developed in that to support the actual fact of you can
say the lack of French opportunity in the province were generated then years
ago. I do not think the same statistics are true today. And if we read
Dominique Cliffs article, concerning... who was a hero of now, we see that the
statistics that he is suggesting are completely different than those that were
proposed earlier.
M. Grenier: J'écourte, je m'excuse encore. Les cours
d'immersion qui sont montés de 2% à 50%...
M. Rasmussen: Oui.
M. Grenier: ... cela peut représenter combien
d'élèves dans le West Island?
M. Rasmussen: Je ne sais pas dans le West Island...
M. Grenier: Ce n'est pas votre problème à vous,
mais avez-vous ces chiffres pour le West Island?
M. Rasmussen: Non, pas les chiffres pour le West Island.
M. Grenier: Chez vous alors?
M. Rasmussen: C'est seulement pour nos écoles. Dans les
cours de la maternelle, cette an-
née, nous avons 700 élèves et 347 suivent notre
cours bilingue français.
M. Grenier: Vous n'avez pas non plus les données pour
l'élément anglophone de l'île de Montréal?
M. Rasmussen: Non.
M. Grenier: D'accord.
Je termine ici, c'est ma dernière question, je pense bien.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Grenier: Vous avez demandé, je pense, le retrait de
l'article 43. C'est cela? L'article 43 porte sur les jouets. Je partage un peu
votre crainte, puisqu'on a présenté, il n'y a pas si longtemps,
au Québec, un jeu fait en français, un jeu qui s'appelait "Oh
Canada", qui, de plus, était présenté par le commissaire
aux langues et qui a été refusé par un des ministres, ici,
à Québec. C'est pour cela que c'eût été bon
qu'on ait le règlement, bien sûr, mais on l'aura pour la loi 42.
Mais il avait un autre défaut, ce jeu, il venait d'Ottawa. C'est
peut-être important.
M.Alfred: Question de règlement. M. Bertrand: Cela n'a
rien à voir. M. Grenier: M. le Président, je
m'excuse...
M. Alfred: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Papineau.
M. Ciaccia: Si lui est capable de parler de "Scrabble", on est
bien capable...
Mme Lavoie-Roux: II parle de scrabble.
M. Grenier: On a même traité de l'autre
côté de la table de "Scrabble", je pense qu'il y avait un jeu qui
avait plus d'importance que le "Scrabble", tout à l'heure.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs! Il reste
tellement peu de temps.
M. Alfred: Je regrette que le député de
Mégantic-Compton ait souligné cet apport du jeu "Oh Canada", qui
n'avait qu'un but, angliciser les Québécois.
Mme Lavoie-Roux: M. le député... Une Voix:
C'est mieux qu'en français.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Alfred: C'était bien biaisé.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Papineau!
M. Grenier: M. le Président, sur ce point... M. Alfred:
C'était biaisé.
Le Président (M. Cardinal): Ceci n'est pas une question de
règlement. Je considère que cet indi-cent est clos et je vous
demande de conclure.
M. Grenier: D'accord, mais, M. le Président, le
député de Papineau prétend que c'est pour angliciser...
Moi, mon pot de confitures aux fraises, avec la loi, cela va être
marqué en français et cela va être marqué, à
la fin, en anglais, confitures aux fraises. Je ne vois pas que cela va
angliciser le Canada.
M. Alfred: C'était biaisé.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai dit que cette question de règlement n'en était
pas une.
M. le député de Mont-Royal, vous avez cinq minutes, au
maximum.
M. Ciaccia: Malheureusement, M. le Président, il ne me
reste pas grand-temps. J'aurais voulu poser certaines questions au
témoin. Est-ce que vous êtes en faveur de l'article 57? Are you in
favour of article 57, which stipulates that to graduate from an
English-speaking school, you must have a knowledge of French?
M. Board: No.
M. Ciaccia: You are in favour?
M. Board: Certainement.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle je demande cela, c'est que
vous avez fait une affirmation à savoir que cette loi ne semble servir
que les intérêts des Québécois francophones. You are
saying that the law is only in the interest of French-speaking Quebecers.
If there is not the similar provision... S'il n'y a pas une provision
similaire pour les écoles françaises, ne trouvez-vous pas que
cela va avantager plutôt les écoles anglaises?
Would not it be more to the advantage of English students who come out
of the school? They will be bilingual where as the French students will only be
unilingual. Don't you think that this particular provision really does not
advantage?
Cela n'avantage pas nécessairement l'étudiant
francophone.
M. Board: C'est peut-être un avantage pour les Anglais,
mais c'est un grand désavantage pour les Français...
M. Ciaccia: Oui, très bien, c'est cela que je
voulais...
M. Board: ... parce que ce n'est pas la même chose pour les
Français de savoir les deux.
M. Ciaccia: Cet article, it is an advantage for the
English-speaking students, because they will be bilingual. I am trying to point
out that the purpose of the law and the actual effects may be two different
things. You know, the Parti québécois may be saying this is
really for the advantage of the French-speaking people, but in a fact, it is
really advantaging, in this particular case, I am not saying among the
others.
A l'article 21, on nous a donné une interprétation. Je
crois, M. le député de Châteauguay, que vous auriez la
permission, que vous pourriez communiquer en anglais.
Mme Lavoie-Roux: ... d'un article, c'était l'article
23.
M. Ciaccia: Oui, mais à l'article 21? Mme Lavoie-Roux:
C'est lui...
M. Ciaccia: II y a une obligation.
There is an obligation in that article that the language of
administration of an English School Board will be French.
Mme Lavoie-Roux: Article 23. M. Ciaccia: Articles 21 and
23.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'ont jamais référé
à l'article 21, ils ont référé à l'article
23.
M. Ciaccia: Non, mais c'est l'administration, cela fait partie de
l'administration.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît,
à l'ordre! Il reste peu de temps.
Une Voix: Cela va ensemble.
Le Président (M. (M. Cardinal): Oui, madame. A
l'ordre!
Mme Beaulieu-Godbreclt: ... de temps.
M. Ciaccia: You are objecting to that article, you are not
objecting in having French proceeding also. What you are saying is that if it
is an English School Board, the Majority of the members are English. You want
to be able to communicate in English.
Mme Beaulieu-Gobrecht: Oui, nous voulions avoir une clarification
à cet effet et c'est la raison pour laquelle je n'ai pas fait de
commentaire. Nous voulions savoir si, en effet, la loi disait que toute
assemblée délibérante devait délibérer en
français et je n'ai pas eu l'opportunité de le demander au Dr
Laurin...
M. Ciaccia: Pour revenir...
Mme Beaulieu-Godbrecht: ... si c'est l'intention de la loi que
toute assemblée délibérante, que ce soit d'une commission
scolaire anglaise ou d'autre, soit en français. A ce moment-là,
nous aurions un commentaire.
M. Laurin: Ce n'est pas du tout l'intention du projet de loi.
Mme Beaulieu-Godbrecht: Nous voulions cet éclaircissement.
Merci.
M. Ciaccia: L'article dit... Je suis heureux de savoir que ce
n'est pas l'intention du ministre. Cela veut dire qu'il va l'amender.
M. Lalonde: "Quiconque a le droit", cela veut dire que personne
d'autre n'a le droit...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Pour revenir à la langue officielle on
n'est pas ici pour défendre aucun projet de loi présent ou
antérieur est-ce que je peux comprendre que c'est votre
intention, the reason that you want English as the official language is not
that you want all proceedings and everyone to be obliged to use English, but,
if I understand you correctly, you want a recognition of English, because it is
one of the founding language groups of Canada, of Québec and you want
that status. That is as far as it goes. Is that correct? Am I interpreting it
correctly?
M. Board: Correct.
Le Président (M. Cardinal): Une trentaine de seconde.
M. Ciaccia: C'est fini. Une trentaine de secondes, cela ne donne
pas grand temps.
L'article 43, c'est vrai que c'est un des groupes qui nous l'a
souligné; mais dans le peu de temps qu'il me reste, on parle d'une
charte d'une langue et on voudrait par cela avoir quelque chose qui traite de
sujets importants et nobles. J'ai lu la magna carta, la grande charte
britannique, la grande charte des Anglais. J'ai lu la déclaration
d'indépendance des Américains. J'ai lu la déclaration des
droits de l'homme qui a été promulguée en France, et
même, j'ai regardé la constitution qu'on vient de réviser
en Russie. Je dois avouer que dans aucun de ces documents, je n'ai vu une
référence à des jouets. Je crois que le point...
M. Charbonneau: Cela, c'est brillant. M. Alfred: Vous
êtes très brillant.
M. Ciaccia: Ne m'enlevez pas mon droit de parole.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: No one is as zealous as a convert. Alors, je veux
terminer sur ce point. Je crois qu'ils ont bien fait de souligner cet article,
d'un esprit un peu mesquin...
M. Alfred: Ce n'est pas mesquin.
M. Ciaccia: ... qui est contenu dans une sup-posément
charte, qui doit traiter de sujets importants et nobles. Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, en reconnaissant qu'il faut terminer à 18 heures, sans
faute.
M. Guay: Oui, M. le Président, je vous remercie. Est-ce
que, parmi les sujets nobles dont doit traiter une loi noble comme
celle-là, vous reconnaissez que l'enseignement, l'éducation, en
général je ne parle pas de l'enseignement scolaire, mais
de l'éducation en général tout ce qui peut
influencer l'évolution d'un enfant dans une direction ou dans une autre,
a une grande importance? En d'autres mots, pour préciser ma question,
des jouets ont inévitablement une influence, une conséquence,
d'une façon négative ou positive sur un enfant, de la même
façon qu'un programme de télévision ou un cours dans une
école. A ce moment, est-ce qu'il n'est pas normal, dans un projet qui
vise à faire du français la langue quotidienne et qui vise
à assurer au français le rôle qui lui revient au
Québec, celui de faire en sorte que l'on cesse que nos enfants soient
les victimes d'une espèce de colonialisme, dans ce domaine où
l'immense majorité de ce qui est à leur disposition est
finalement dans une langue, et conséquemment dans une culture qui n'est
pas celle de la majorité?
Le projet de loi, jevous le fais remarquer, a pour but de s'assurer que
les enfants francophones auront des jouets en français. Ils pourront
aussi avoir des jouets en anglais, pourvu que les deux soient disponibles et
inversement pour les enfants anglophones. Est-ce qu'il n'est pas normal
d'éviter, à cette étape fondamentale de l'évolution
d'une personne qui est l'enfance, n'est-ce pas, que l'on puisse, par le biais
de jeux, entre autres, influencer, de façon négative,
l'évolution de l'enfant, l'influencer de façon contraire à
ce qu'on vise comme collectivité? Est-ce que vous considérez que
ce n'est pas là une chose normale que l'on prévoit dans une
loi?
M. Rasmussen: Well, I think it definitely is true that these
influences, the toys and the other things, have a definite influence on the
upbringing of a child and the direction that he is going to go. I mean, I am
against a lot of things, for instance, TV is one of them. I think that there
are a lot of negative influences. However, I believe it is the parents' choice
that determines which way the child is going to go and if the parents do not
buy the toys that you do not want them to buy, or do not want them to use,
then, the children will not have them.
M. Guay: You will agree with me that in order for the parents to
exercise their choice, there has to be a choice.
M. Rasmussen: There has to be a choice, that is correct.
M. Guay: In order to have a choice, we have had to go via the
road of legislation, because there is little choice at the moment for the
French-speaking children in Québec or, for that matter, for the
English-speaking children.
M. Rasmussen: Well, I feel that there is a choice, but I am more
concerned from a pedagogical point of view in that we use a lot of toys or
facilities, pedagogical articles in our schools that are coming out of the
United States or other places that are geared for our English system. As it
reads now, we would not have these available, we could not buy them unless, you
know, we contravened this law in essence, because...
M. Guay: Or unless the producer makes them in French.
M. Rasmussen: Unless the producer makes them in French, but it
may be...
M. Guay: Ma deuxième question... I am sorry, there is only
a minute left.
M. Rasmussen: O.K.
M. Guay: Ma deuxième question s'adresse à madame.
Rapidement, madame nous a indiqué qu'elle était francophone, ce
qui est visible, qu'elle travaillait depuis cinq ans à la commission
scolaire en question. Est-ce que je peux savoir quelle est la langue de travail
à la commission scolaire?
Mme Beaulieu-Gobrecht: Nous travaillons dans les deux langues, M.
le député.
M. Guay: Oui, mais principalement...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, vous avez entendu...
Mme Lavoie-Roux: La cloche.
Le Président (M. Cardinal): ... l'horloge, la cloche. Je
regrette.
M. Ciaccia: You will not be able to play tidd-leywinks
anymore...
M. Guay: Ah bien non, attendez un peu! Lui non plus, par exemple,
n'a pas le droit d'intervenir!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Guay: Cela suffit! Si je n'ai pas le droit d'intervenir, le
député de Mont-Royal n'a pas plus le droit.
M. Ciaccia: ... if bill 1 is passed. Tiddleywinks is illegal.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! Est-ce qu'il y aurait...
M. Bertrand: Le bagarreur de Mont-Royal.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Je peux quand
même accorder une minute, s'il y a une réponse. A l'ordre, s'il
vous plaît! Y a-t-il une réponse?
Mme Beaulieu-Gobrecht: Oui, j'aimerais donner une réponse,
M. le Président. Nous travaillons à nos bureaux où nous
avons un système de taxation scolaire et nous devons avoir des
employés qui sont dans le domaine bilingue et qui doivent
répondre aux anglophones dans leur langue et aux francophones dans leur
langue. Donc, c'est la raison pour laquelle je vous ai dit que nous travaillons
50% 50%.
Maintenant, depuis plusieurs années, nous ne recevons de la
correspondance du gouvernement que dans la langue française. Nous avons
toujours répondu en français. Est-ce que cela répond
à votre question?
Le Président (M. Cardinal): D'accord. A l'ordre, s'il vous
plaît! Merci madame et messieurs.
Je rappelle que la commission va ajourner ses travaux à demain,
dix heures. La liste possible des mémoires pour demain,
conformément à cette entente de vendredi dernier, est la
suivante: Mémoires 6, 169, 164, 162, 157 et 114.
Je mentionne, cependant, que ceci n'est qu'indicatif et que demain, au
début de la séance, l'ordre du jour sera donné.
Je remercie, une fois de plus, ceux qui ont, volontairement, voulu
comparaître devant cette commission, tous ceux qui ont participé
à ces travaux, députés et autres. La commission ajourne
ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 17 h 58)
ANNEXE
Article publié en page 4 du journal
"Aylmer Reporter", le 9 juin 1977.
I'll remember Quebec
Poem submitted by Marion Dwyer.
No matter what happens I'll remember Quebec With the Laport murder, and
Rene Levesque The Cross kidnapping, the FLQ And who will forget Bill
22.
Quebec and I were always true Till she found out I cannot "Parlez vous"
And so she said to me "Mon chum" Your days in Quebec are almost done.
I overlooked bombings as everyday strife And the Army in Montreal, well,
just part of life And the licence plates sported "La Belle Province" Not once
did I call Quebec "Little France".
Look back in history, time hasn't changed Hitler and Levesque
both mentally deranged Quebec is like Germany in World War 11 About as healthy
to be English as it was to be Jew.
So I will leave Quebec to those who will stay
And my blessings to them for a happier day
But you'll need more than blessings when you have to sing "All hail
Levesque God save our King".
One last remark I cannot refrain Bourassa gets credit for part of the
blame We could have stopped him so never forget Where was the help from
our Prime Minister Pet.
Now to Vancouver I must go
To see my Canadian friends ans say "Hello"
And if at the border they won't let me pass
I'll tell them to kiss "MY ROYAL CANADIAN ASS".