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Audition des mémoires sur
le projet de loi no 1 :
Charte de la langue française
au Québec
(Dix heures vingt et une minutes)
Préliminaires
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre,
messieurs!
Nous allons permettre, selon l'usage, aux journalistes, surtout aux
photographes et autres membres de la presse électronique de pouvoir
encore en profiter quelques instants. Je leur demanderai, par la suite, de bien
vouloir ou se retirer ou de ne plus utiliser leurs appareils.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la question des media, votre directive
signifie-t-elle qu'il n'y aura aucune prise de photos ou de
télévision pendant les débats?
Le Président (M. Cardinal): Non, pas du tout. Dans ces
commissions importantes, il y a une permission d'accordée, chaque fois
qu'un nouveau groupe se présente, pour qu'on permette quelques instants
pour la photographie ou pour la télévision. Ce n'est pas une
directive que j'ai indiquée. Il est déjà plus de vingt
minutes passé dix heures et je voudrais bien que les travaux
commencent.
Je serai très permissif, pourvu que pendant les travaux
mêmes, nous suivions la règle habituelle qui veut qu'il n'y ait
pas d'appareil photographique.
M. Lalonde: Parce que dans le passé, si vous permettez, en
certaines circonstances exceptionnelles, on avait permis la photographie des
témoins lorsqu'ils se présentaient.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact. C'est exactement
la même chose que je vais faire.
M. Lalonde: Ah bon!
Le Président (M. Cardinal): C'est exactement le même
système. On le fera au fur et à mesure qu'il y aura de nouveaux
témoins qui se présenteront devant nous.
Mesdames et messieurs, avant de commencer véritablement nos
travaux, je désire vérifier, avec l'aide du secrétaire des
commissions, M. Jacques Pouliot, le nom des membres de cette commission, soit
les membres permanents, soit les membres qui viennent de se faire remplacer au
début de cette séance.
Je voudrais auparavant signaler et j'en appelle à la
collaboration de tous les ministres et députés qu'aucun
remplacement ne devra être accepté au cours d'une même
séance; une même séance dure toute la journée, aux
heures déterminées par l'Assemblée nationale ou par la
commission.
Je vérifie donc cette liste des membres de la commission
ceux qui sont présents : M. Alfred (Papineau), qui n'est pas
présent; M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Charbonneau (Verchères) il n'est pas là non plus?
devait remplacer M. Chevrette (Joliette-Montcalm). M. Charbonneau est quand
même membre de la commission pour cette séance. M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault
(Châteauguay), M. Godin (Mercier).
M. de Bellefeuille: ...s'est absenté pour un instant.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. M. Dussault (Châteauguay), M.
Godin (Mercier), par conséquent, M. Biron (Lotbinière), chef de
l'Union Nationale, remplace pour cette séance M. Grenier
(Mégantic-Compton). Ce qui me faisait hésiter, c'est votre
présence à cette table. M. Guay (Taschereau), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), M. le
ministre, Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Paquette
(Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Burns: M. le Président, une modification, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. Alfred (Papineau) est remplacé pour la
séance seulement par M. Louis O'Neill.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. O'Neill (Chauveau).
Merci, M. le leader parlementaire du gouvernement. Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais...
M. Grenier: Est-ce que vous pourriez me dire une chose, M. le
Président? Les députés qui ne sont pas membres d'office de
la commission, bien sûr, n'ont pas droit de vote, mais, est-ce qu'ils ont
droit de parole et d'interroger...
Le Président (M. Cardinal): Je peux répondre tout
de suite qu'en vertu du règlement, ils n'ont pas droit de parole, mais
si vous permettez, M. le député de Mégantic-Compton, je
fais même une exception en vous permettant de poser la ques-
tion, je n'ai même pas le droit de faire cette exception. Soyons
un peu souples au début de ces délibérations. J'ai
l'intention, avant que ne commencent vraiment les travaux de cette commission,
d'expliquer son fonctionnement, de demander la collaboration des
députés et même de leur demander des directives ou des
propositions. Si vous permettez, je préférerais que votre
question soit posée un peu plus tard, mais quand même au
début de cette séance. D'accord? Oui, Mme le député
de L'Acadie; je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais faire une motion. Je pense que cela
rejoint la question de...
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous que l'on
attende et que l'on fasse les procédures du début d'une
commission? Il y a quand même l'ordre du jour qu'il faut appeler.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): D'ailleurs, je vous inviterai
à faire ces motions en temps et lieu.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a d'autres
modifications quant à la composition de cette commission parlementaire
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications? Par conséquent, la liste est fermée, M. le
secrétaire.
Il est aussi nécessaire, au début des travaux de cette
commission, et non seulement de cette séance, de désigner un
rapporteur pour cette commission qui présentera le rapport des travaux
de la commission à l'Assemblée nationale. Je vous invite donc
à présenter une ou des propositions à cet effet. M. le
ministre.
M. Laurin: Je propose M. Gilbert Paquette, député
de Rosemont.
Le Président (M. Cardinal): M. Paquette,
député de Rosemont, est proposé. Est-ce qu'il y a d'autres
propositions ou cette motion est-elle acceptée?
M. Lalonde: Accepté, quant à nous.
Le Président (M. Cardinal): Accepté. Le rapporteur,
M. Paquette, Rosemont.
Nous commençons les travaux de la commission parlementaire
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications pour étudier, après la première lecture, le
projet de loi no 1 intitulé Charte de la langue française au
Québec. Il s'agit d'un mandat spécial, différent du mandat
qui pourra ou pourrait être accordé à la même
commission parlementaire, après adoption en deuxième lecture de
ce projet de loi. Je désire souligner que le mandat de cette commission
est d'entendre des personnes, des groupes, des associations, des organismes,
etc., et non de discuter entre députés du projet de loi, article
par article ou autrement. D'ailleurs, l'avis paru dans la Gazette officielle du
Québec, le 4 mai 1977, au no 16, page 2083, se lit comme suit: "Charte
de la langue française au Québec. Avis. Avis public est, par les
présentes, donné que le projet de loi no 1, intitulé
Charte de la langue française au Québec, a été
déféré, après la première lecture, pour
étude, à la commission parlementaire de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications.
Les personnes ou groupes qui désirent se faire entendre devant
cette commission ont un délai de trente jours à compter de la
date de la présente publication pour déposer au
secrétariat des commissions cent exemplaires de leur mémoire.
Signé par le secrétaire des commissions, Jacques Pouliot.
Cet avis a été publié le 4 mai dernier et comme le
4 juin se trouvait à arriver au cours d'un week-end, nous avons
donné une extension de délai jusqu'à hier, 17 heures.
Les motions qui pourraient être adoptées et les
décisions qui pourraient être prises ne concernent que les travaux
de cette commission dans le cadre du présent mandat et ne
préjugent en rien du mandat qui serait accordé à la
commission après la deuxième lecture.
La commission est maîtresse de ses travaux, mais dans le cadre
strict des règlements, des usages, des précédents et des
ordres de la Chambre.
Le Président ne se prononcera pas sur le fond, mais souhaite
réaliser ce délicat équilibre nécessaire à
la démocratie parlementaire.
En vertu de l'article 118a, cinquième alinéa, à
l'ouverture de la séance, le Président donne lecture de l'ordre
du jour. Les personnes ou organismes convoqués pour aujourd'hui sont les
suivants et j'en donne immédiatement la liste:
Première séance, le mardi 7 juin 1977, organismes
convoqués et porte-parole: Première personne, M. Jean-F. Saucier,
m.d., ph.d., professeur agrégé. Évidemment, c'est lui qui
présentera son mémoire.
Association des enseignants du Sud-Ouest du Québec; porte-parole,
M. Pierre Roy.
Ad Hoc Committee for School Committees of the Richelieu Valley School
System; porte-parole, Mrs Noreen Brownridge,
M. Gaston Laurion et
M. Roger Julien.
Le président appelle ensuite à tour de rôle les
personnes convoquées et, si celles-ci ne sont pas présentes ou ne
sont pas prêtes à procéder, elles perdent, d'après
le règlement, leur droit de se faire entendre, à moins que la
commission, je répète, que la commission n'en décide
autrement.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de faire
immédiatement l'appel des personnes convoquées. J'aurais quelques
autres remarques à soumettre à l'assemblée. Il y aurait
peut-être normalement certaines motions. Lorsque nous serons rendus
à l'audition des témoins, je ferai l'appel de cette liste.
En vertu de l'article 148 ceci s'adresse aux ministres et aux
députés, tous les députés ont ac-
cès à la commission, mais comme nous n'en sommes plus
à l'étude des crédits, ceux qui n'en sont pas membres,
ainsi que les autres personnes, doivent obtenir la permission non pas du
président mais de la commission pour se faire entendre. Même avec
cette permission de la commission, qui peut être accordée soit de
consentement unanime, soit à la suite d'un vote, ces
députés ou ces autres personnes ne peuvent jamais voter à
moins, comme je l'indiquais au début, qu'elles aient été
ou qu'ils aient été, au début de la séance,
désignés comme membres permanents ou remplaçants.
Je rappelle aux personnes invitées comme témoins et au
public qu'il n'est pas permis, ni même à la députation, de
manifester, d'une façon favorable ou défavorable, ni de
démontrer d'aucune façon son approbation ou sa
désapprobation. Nous ne sommes pas à l'Assemblée
nationale, il n'y a pas d'applaudissements et il n'y a aucune marque de
sympathie ou d'antipathie, il ne peut y avoir que des marques
d'intérêt envers les travaux de la commission.
Donc, les applaudissements, les interventions non autorisées et
toute autre forme de démonstration sont interdits.
D'ailleurs et je veux qu'on y porte attention en vertu de
l'article 147 de notre règlement, les commissions siègent en
public, mais leurs membres peuvent décider de siéger à
huis clos. S'il se produit du désordre à la commission, le
président peut enjoindre le public de se retirer. Il peut aussi
décider de la suspension des travaux en tout temps, s'il le juge
opportun. Il est à noter de plus qu'en vertu de l'article 140, aucun
autre sujet ne peut être discuté ici, sauf le projet de loi no 1.
Je ne donnerai pas d'exemple pour ne pas donner de suggestion.
Il sera utile aussi, vu l'abrogation d'une partie des anciennes
règles de pratique qu'on connaissait, par exemple, à l'occasion
des débats précédents sur le projet de loi 22, certaines
de ces règles étant maintenant incorporées dans l'article
118a, il serait utile qu'un modus vivendi soit établi pour la
durée de la présentation des mémoires et des interventions
des députés. C'est donc une invitation que je fais à la
commission pour qu'en temps et lieu ceci soit déterminé. C'est
à la commission à en décider, et non au président
qui est tout d'abord le serviteur de la commission et de l'Assemblée
nationale.
Je rappelle que je demanderai à tous ceux qui se
présenteront devant la commission de s'identifier pour les fins de
l'enregistrement du journal des Débats. Quant au président,
suivant les règlements, il pourra occasionnellement soit se faire
représenter ou remplacer quelques minutes par un membre de la
commission, soit déléguer, selon les pouvoirs que lui a
attribués le président de l'Assemblée nationale, un membre
de la banque des présidents pour présider les travaux de cette
commission.
J'inviterais aussi les députés qui veulent
présenter des motions devant cette commission, à le faire par
écrit. J'ai l'intention aussi, si l'occasion s'en présente et si
je le juge à propos, d'inviter les membres de la commission à "se
commettre", si vous voulez... ou enfin, à donner leur opinion sur la
recevabilité de certaines motions.
Je mentionne que les journalistes, à qui je vais accorder une
entière collaboration et à qui je demande la réciproque,
ont actuellement un nombre assez important de places d'allouées. Ils
pourront toujours communiquer avec la présidence ou le
secrétariat des commissions pour corriger certaines situations. Sauf la
députation, les fonctionnaires et les autres personnes
autorisées, personne ne pourra franchir la grande table qui
sépare la députation du public et des témoins.
J'inviterais aussi tous ceux qui ont à dire un mot, durant toute
la durée des travaux de cette commission, à toujours le faire au
micro. Nous fonctionnons avec le journal des Débats. On remercie d'abord
son équipe de sa collaboration, mais il faut que nous lui accordions la
nôtre. En parlant de micro, ceux qui sont assis sur les banquettes
arrières devront toujours se présenter à cette table,
quitte à demander gentiment qu'on leur cède la place, pour faire
toute intervention jugée acceptable.
J'aimerais maintenant qu'on me laisse terminer cette
avant-dernière ou dernière phrase. J'inviterais M. le ministre
d'État au développement culturel, selon la coutume établie
lors d'une première séance, à prendre la parole au sujet
du projet de loi no 1. Ainsi j'inviterai, par la suite, un représentant
de chacun des partis, à faire de même, à moins qu'un ou des
députés ne désirent auparavant intervenir sur le mode de
procéder de la commission, n'aient des questions à poser ou
n'aient des motions préliminaires à présenter sur l'ordre
de nos travaux.
M. le député de Taschereau.
Motion sur la procédure
M. Guay: M. le Président, je fais suite à votre
invitation d'établir un modus vivendi au sein de cette commission. Dans
le but de faciliter les travaux, compte tenu que nous avons approximativement
200 mémoires à entendre et, dans le but justement de pouvoir
entendre tout le monde dans la mesure du possible, je fais une motion, M. le
Président, pour que le temps d'étude de chacun de ces
mémoires soit limité à un maximum d'une heure et que ce
temps soit ainsi réparti: Vingt minutes pour la personne ou pour le
groupe qui intervient devant cette commission; vingt minutes pour les
députés ministériels et vingt minutes pour les
députés de l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, puis-je avoir votre motion par écrit, s'il vous
plaît?
M. Guay: ...mon écriture. Oui?
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cette motion ressemble à des règles de
pratique qui existaient avant la rédaction
finale et actuelle des règlements, règles de pratique
qu'on a laissé tomber il n'y a pas tellement longtemps c'est de
date assez récente et probablement aussi pour des raisons
pratiques fort valables.
En effet, quiconque a vécu le genre de commissions dont les
travaux s'apprêtent à commencer maintenant sait qu'il est à
la fois impossible et souvent injuste de déterminer à l'avance
une limite de temps aux différents intervenants qui viendront s'adresser
à la commission, aussi aux députés ministériels et
de l'Opposition.
Je pense que c'est une motion qui va à l'encontre du
règlement, qui ne devrait pas être acceptée par cette
commission, et je vous réfère à l'article 137,
deuxième paragraphe, du règlement qui, en se
référant à la commission de l'Assemblée nationale,
dit qu'elle peut établir le règlement de l'Assemblée et
des règles de pratique pour le bon fonctionnement des commissions
élues; ce règlement et ces règles sont soumis à
l'Assemblée, donc l'Assemblée nationale, pour approbation.
Toute déviation de ces règlements, deuxième
paragraphe de l'article 137, va à l'encontre de ces
règlements.
Je vais maintenant mettre fin à cette intervention, mais
strictement sur la recevabilité, sur le fait que cette motion va
à l'encontre du règlement, quitte à parler sur le fond,
selon la décision que vous rendrez, éventuellement, s'il y a
lieu.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Je répète au député de
Mégantic-Compton qu'il ne peut avoir la parole à moins que la
commission n'y consente. Alors, je demande cette permission pour le
député de Mégantic-Compton, parlant sur la
recevabilité de la motion, si la commission est d'accord pour
l'entendre.
Le consentement est accordé? Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ma première question était pour vous
demander cette autorisation et je voulais vous demander, suite à vos
directives de tout à l'heure qui étaient très correctes,
s'il y aurait lieu de préciser dès le départ que ce droit
de parole soit donné à chaque fois qu'un député qui
n'est pas membre d'office de la commission... Devra-ton le donner chaque fois
ou ne pourrait-on pas s'entendre au départ? Je sais bien que cela
concerne actuellement le Parti québécois, le Parti libéral
et l'Union Nationale, puisqu'on arrivera avec des députés qui ne
seront pas membres de la commission et qui pourront avoir le droit de
parole.
Peut-on régler cela dès le départ pour toute la
commission ou préférez-vous qu'on le fasse cas par cas?
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'avais une motion à présenter
éventuellement, mais, étant donné que le
député de Taschereau a eu la parole avant moi, je partage les
inquiétudes du député de Mégantic-Compton et je
crois que la commission devrait établir au départ un modus
vivendi qui va plus loin que simplement demander le consentement à
l'occasion. Je vous fais quand même remarquer que nous sommes sur la
première motion du député de Taschereau. Je ne voudrais
pas qu'on mêle...
Le Président (M. Cardinal): Je vais immédiatement
répondre au député de Mégantic-Compton.
Le 16 juillet 1974, à l'occasion d'une séance de la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, une motion a été présentée, alors
que vous étiez après la première lecture, consentant
à accorder le droit de parole à tous les députés
pour toutes les séances suivantes. Or, une semblable motion pourrait
être à nouveau présentée. Je ne préjuge en
rien de sa recevabilité. Tout dépendra de sa rédaction.
C'est pourquoi j'ai demandé des motions par écrit. Je pense que
ce sujet peut être mis à l'étude non pas le
débat sur cette motion, mais sur sa recevabilité
c'est-à-dire la motion du député de Taschereau. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Si j'ai également la permission de la commission
parce que je ne suis pas membre.
Le Président (M. Cardinal): Si la commission le permet,
parce que nous n'avons pas encore adopté ou fait d'autres motions.
M. Burns: Merci, vous êtes bien gentil.
Le Président (M. Cardinal): Permission accordée. M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, d'abord, la question
soulevée par le député de Mégantic-Compton, je
pense, pourrait être discutée après, étant
donné que déjà vous avez peut-être pas encore
en délibération une motion qui vous a été
soumise. Il m'apparaît...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
leader parlementaire, pour les fins du journal des Débats et la bonne
entente, j'avais indiqué au député de
Mégantic-Compton, avant d'obtenir la permission de la commission, que je
croyais qu'il devait parler de la recevabilité de la motion du
député de Taschereau. C'est donc purement un incident. Je pense
qu'il est clos et je vous redonne la parole, M. le leader parlementaire.
M. Burns: Simplement, M. le Président, je veux,
très brièvement, sur la question de la recevabilité,
appuyer la recevabilité de la motion du député de
Taschereau. Il m'apparaît qu'une commission peut toujours se donner des
règles de fonctionnement dans le cadre du mandat qui lui a
été donné, pour autant qu'elle ne change pas le mandat que
l'Assemblée nationale lui a donné. Le
mandat actuel, comme vous l'avez si bien mentionné, M. le
Président, dans vos remarques introductives, sont, en vertu des articles
118 et 118a, d'examiner les témoignages, d'entendre les
témoignages des personnes intéressées, des groupements
intéressés, qui voudraient venir faire leurs remarques
relativement au projet de loi no 1. Je ne vois pas, M. le Président, et
je vous le soumet bien respectueusement, en quoi le fait que la commission
s'impose à elle-même un modus vivendi ou un ordre de travail, en
quoi cela contrevient à quelque disposition que ce soit de notre
règlement, et en particulier de l'article 137 qui a été
invoqué par le député de Marguerite-Bourgeoys. Quand on
lit l'article 137 de notre règlement, il est évident qu'il s'agit
là de modifications permanentes à notre règlement. Il ne
s'agit pas d'une modification permanente, il s'agit tout simplement d'un cadre
qu'on veut imposer à la discussion en vertu de la disposition
proposée par le député de Taschereau et cela
m'apparaît tout à fait recevable, si la commission juge à
propos d'accepter ce mode de fonctionnement tout au cours des travaux de cette
commission. Je pense que c'est dans l'intérêt également...
Puisqu'on est uniquement au niveau de la recevabilité de cette motion,
il reste quand même que, sans le vouloir, on est obligé
d'effleurer le contenu de la motion. Sans plaider en faveur du contenu, il
reste quand même que c'est une motion qui est faite par un membre de la
commission, motion qui, à l'appréciation de la commission, pourra
peut-être considérée comme étant une meilleure
façon de fonctionner pour les membres de la commission. J'ai entendu,
dans la présentation de la motion du député de Taschereau,
qu'il mentionnait entre autres qu'il y a quelque 200 mémoires à
être présentés. Il s'agit là d'un travail, M. le
Président, je pense, très fastidieux pour la commission.
Si par hasard, chacun de ces mémoires prenait trois heures,
quatre heures ou cinq heures, vous pouvez vous imaginer à quel point les
membres de la commission auraient de la difficulté à suivre les
travaux de la commission. Je pense que c'est un mode de fonctionnement
suggéré tout à fait recevable. Si la commission croit que
c'est acceptable, cela m'apparaît comme une directive que vous pourriez
donner à toutes les personnes qui viendraient éventuellement
devant nous. Voilà les seules remarques que je veux faire, M. le
Président, en vous rappelant qu'à mon avis, l'article 137 ne
s'applique pas, en l'occurrence, parce qu'il vise des modifications permanentes
de notre règlement et non pas un ajustement, un modus vivendi ou un
modus operandi d'une commission particulière.
Le Président (M. Cardinal): Avant de donner la parole
à un autre député, simplement pour établir cet
équilibre délicat entre les partis nombreux qui sont
représentés ici, avec la permission de la commission, je pourrais
inviter le leader de l'Opposition officielle à s'exprimer sur la
recevabilité de la motion. Est-ce que cette permission est
accordée?
M. Burns: Accordée.
Le Président (M. Cardinal): Accordée. M. le leader
de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: M. le Président, je m'apprêtais à
solliciter humblement cette permission. Je vous en remercie. Sur la question de
la recevabilité de la motion, je pense qu'il faudrait faire un court
historique des règles et des règlements qui ont régi les
travaux de l'Assemblée et des commissions. On se rappelle que nous
avions adopté, en 1971, des règles de pratique où il
était prévu justement ce qui fait l'objet de la proposition du
député de Taschereau. À l'époque, à
l'article 8, il était dit: "La durée limite allouée
à chaque personne ou groupe pour un exposé sommaire de son
mémoire est de 20 minutes et le temps alloué aux membres de la
commission pour la période de questions est de 40 minutes,
réparties équitablement entre les partis. Ces périodes
peuvent être prolongées si la commission le juge à
propos."
Cela a été en vigueur de 1971 jusqu'au 17 mars 1976, alors
que l'Assemblée et la commission de l'Assemblée nationale, il
s'agit d'une séance de la commission permanente de l'Assemblée
nationale qui s'est tenue le 17 mars 1976... on avait jugé à
propos alors tel que le prévoit l'article invoqué par le
député de Marguerite-Bourgeoys, soit l'article 137... "La
commission de l'Assemblée nationale s'occupe de toute question que
l'Assemblée lui soumet ou qui n'a pas été confiée
spécifiquement à une autre commission. 2. Elle peut
établir le règlement de l'Assemblée et des règles
de pratique pour le bon fonctionnement des commissions élues; ce
règlement ou ces règles sont soumis à l'Assemblée
pour approbation."
C'est justement en vertu de cet article que la commission a
siégé le 17 mars 1976, où nous avions apporté
quelques modifications peut-être à sept ou huit articles du
règlement. La commission était d'accord d'une manière
unanime à modifier, même à faire disparaître nos
règles de pratique pour les remplacer par le nouvel article 118-A qui
est intercalé, qui fait partie intégrante de nos
règlements actuellement. Nous n'avons plus ces règles de
pratique, tel que l'a mentionné le président de la commission, au
début, lorsqu'il a fait la lecture de l'article 118-A.
D'ailleurs, je voudrais citer ici pourquoi on avait jugé à
propos de modifier ces règles de pratique. À la suite de
l'expérience, autant de la loi 22 ou d'autres commissions, on avait
trouvé des règles rigides de la sorte difficilement applicables
ou praticables. Parce qu'il y a certains mémoires qui méritent
sans doute à l'occasion peut-être une demi-heure comme d'autres
mémoires peuvent mériter la considération de deux heures
de la commission. Je voudrais citer les propos tenus lors de ce débat
par le leader parlementaire de l'Opposition à l'époque,
député de Maisonneuve et maintenant leader parlementaire du
gouvernement, à la page B-242: "M. Burns: Je suis d'accord sur le fait
que nous prenions nos règles de pratique et que nous les mettions de
côté...
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: Je ne veux pas faire un débat.
M. Burns: Est-ce qu'on n'est pas sur le contenu plutôt que
sur la recevabilité?
M. Lavoie: Non, c'est sur l'interprétation de la motion du
député de Taschereau.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît M. le leader parlementaire...
M. Lavoie: Je ne veux pas en faire une polémique.
M. Burns: Moi non plus.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader de l'Opposition
officielle, veuillez continuer s'il vous plait!
M. Lavoie: Un peu plus loin, M. Burns dit: "M. Burns: Dans les
faits, on ne l'a jamais respecté."
Cela prendrait pratiquement des chronomètres, comme au forum,
pour maintenir le temps de parole et le partager; surtout lorsqu'en commission,
on sait que ce n'est pas formaliste, on ne parle pas d'un trait comme à
l'Assemblée nationale, il y a des interventions. C'est la raison pour
laquelle c'était impraticable de s'en tenir à des règles
strictes de 20 minutes pour la présentation d'un mémoire et de 40
minutes partagées.
Je demanderais comment le président pourrait partager
équitablement ces 40 minutes entre le gouvernement, l'Opposition
officielle, l'Union Nationale, le représentant de Rouyn-Noranda et le
représentant de Beauce-Sud.
M. Burns continue plus loin et dit: "Je le soulignais et, dans
les faits, on ne l'a jamais respecté". M. Burns dit un peu plus loin "Je
le soulignais simplement, surtout pour que les présidents de commissions
se rendent compte que cette règle n'existera plus. C'est dans ce sens
que je le faisais. Mais je suis entièrement d'accord que nous laissions
la liberté à la commission..."
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: Et je continue. M. Burns continue en disant: "Laissant
la liberté à la commission d'entendre aussi longuement qu'elle le
voudra les mémoires et les questions."
M. Burns: C'est cela. Alors, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lavoie: Je trouve que, premièrement, cette motion du
député de Taschereau ne serait pas recevable, en vertu, d'abord
de 147 ou 137...
Le Président (M. Cardinal): 137.
M. Lavoie: Et deuxièmement, l'Assemblée na-
tionale, qui a ratifié cette décision de l'Assemblée
nationale, a fait disparaître les règles de pratique. On n'est pas
pour retourner en arrière. Il a été décidé,
d'un commun accord, de laisser la liberté totale à la commission.
Je crois que l'Opposition officielle va offrir sa collaboration totale pour
accorder aux témoins un temps convenable et nécessaire. Si un
mémoire mérite une demi-heure ou trois quarts d'heure, à
la satisfaction des membres, on pourra questionner les témoins, mais il
peut arriver d'autres témoignages qui mériteront peut-être
deux heures de considération et je crois que ce serait mal venu de
mettre des enfarges ou des contraintes aux travaux de la commission.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le leader de
l'Opposition.
M. Burns: En vertu de 96...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le leader
parlementaire, il faudrait encore que vous ayez la permission de la commission
pour la séance dont on parle.
M. Burns: Encore une fois. Je récidive.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la permission est
accordée?
M. Bertrand: Accordée.
Le Président (M. Cardinal): Avec la permission de la
commission, M. le leader parlementaire.
M. Burns: M. le Président, en vertu de l'article 96, je
veux rétablir le sens de mon intervention de tout à l'heure sur
la recevabilité, eu égard à ce que vient de dire le
député de Laval.
M. le Président, c'est exactement ce que j'ai dit et je me
surprends d'être si consistant d'une année à l'autre. M. le
Président, j'avais dit, à l'époque, selon ce que vient de
citer le député de Laval, que c'était la commission qui
jugerait de la situation. Or, justement, la motion du député de
Taschereau veut que la commission juge de la situation, c'est-à-dire
qu'elle établisse, à ses propres fins, comme je le disais tout
à l'heure, des méthodes de fonctionnement. Ce n'est pas
contradictoire. Je pense plutôt que ce que le député de
Laval avait à nous dire tout à l'heure aurait eu une bien plus
grande valeur au niveau du contenu de la motion, non pas au niveau de la
recevabilité. Quant au niveau de la recevabilité, je vous
répète mon argument de tout à l'heure et c'est uniquement
celui-là que je considère comme très important. Concernant
l'article 137, il est évident de par sa lettre et de par son esprit, de
par l'ensemble de l'économie de notre règlement, que 137 vise des
règles permanentes modifiant nos règles de fonctionnement en
commission, c'est-à-dire nos règles de pratique ou encore les
règles de l'Assemblée nationale, et non pas une motion pour un
but très précis, une motion ad hoc, comme celle que vient de
faire le député de Taschereau. Je voulais simplement
rétablir ce fait.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. J'ai pris note de ceux qui ont demandé la parole. Avec la
permission de la commission, je permettrais une première intervention
sur la recevabilité de la motion au député de
Mégantic-Compton.
Est-ce que cette permission est accordée?
M. Grenier: M. le Président, au nom de notre parti, je
n'ai pas vécu...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Est-ce que la
permission est accordée?
Des voix: Accordée.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce que je comprends que pour le droit de parole,
pour régler cette question, c'est chaque fois qu'on prend la parole ou
si c'est donné pour la durée de la commission?
Le Président (M. Cardinal): Tant qu'il n'y aura pas une
motion adoptée par la commission.
M. Grenier: D'accord. Je n'ai pas vécu, bien sûr, ce
temps où le Parti québécois et le Parti libéral,
étaient l'Opposition officielle et le gouvernement. C'est
peut-être heureux parce que je peux parler en toute liberté.
Je considère que la proposition faite par le député
de Taschereau pourrait, bien sûr, à mon sens, être
réglée entre avocats, à savoir si elle est recevable ou
non. Je pourrais trouver... Les us et coutumes ont fait qu'à plusieurs
reprises, ou presque à chaque occasion, on a accordé à une
délégation de se faire entendre au-delà du temps qui lui
était permis par les commissions.
Suite à cela, je pense que c'est peut-être excellent qu'on
se donne des limites, quitte ensuite à les ajuster, s'il y a lieu. Le
point sur lequel je peux différer d'avec le député de
Taschereau, c'est sur la période de questions. Je trouve que c'est pas
mal limité, parce qu'il y a des mémoires qui vont, bien
sûr, intéresser le gouvernement et d'autres qui peuvent
intéresser l'Opposition et, parfois, intéresser à la fois
le gouvernement et l'Opposition.
Je me demande pourquoi on ferait 20/20, alors qu'on pourrait dire: II y
a une période de questions de 40 minutes et c'est à la direction,
au président, de décider qui peut prendre la parole sans limiter
sa période temps.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, si vous permettez, vous en êtes rendu à
parler sur le fond de la motion. Si l'on n'aime pas la motion du
député de Taschereau et qu'elle est déclarée
recevable par le président, nous aurons à nous prononcer sur sa
rédaction et on pourra ou la rejeter ou la modifier. Je ne voudrais pas
qu'on mêle les débats et que l'on en vienne à parler sur le
fond de la motion.
Si vous permettez, il y aurait aussi le député de
Beauce-Sud, qui n'a pas besoin de permission, sauf celle du président,
et je lui donne immédiatement la parole. Après lui, M. le
député de Rouyn-Noranda. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur la recevabilité
de cette motion, je pense qu'il y a deux questions préalables qui
doivent se poser et c'est pourquoi je doute de sa recevabilité. D'abord,
il y a la façon dont la motion pourra s'appliquer. Quand on dit vingt
minutes pour l'Opposition, alors que vous avez quand même quatre voies
différentes, je pense qu'il va falloir que quelqu'un s'occupe de
chronométrer les secondes. Cela va être extrêmement
difficile d'application.
Deuxième point sur lequel je me pose une question, c'est qu'il
faudrait au préalable reconnaître et admettre que tous les
mémoires qui seront présentés devant la commission auront
la même importance, ce que je ne pense pas, et je ne pense pas qu'aucun
membre de la commission parlementaire pense la même chose.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Roy: Se fixer une règle aussi rigide...
Une voix: Un instant!
Le Président (M. Cardinal): Je rappellerai quand
même au député de Beauce-Sud qu'il vient presque lui aussi
d'entrer dans le champ du fond de la motion. La motion...
M. Roy: Non, mais, M. le Président, quand
même...
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Beauce-Sud, c'est que la motion propose une limite
maximale mais ne propose pas un temps déterminé. Comme j'ai
mentionné tantôt, cette motion aussi peut être
modifiée. Je vous cède à nouveau la parole, M. le
député.
M. Roy: Je posais tout simplement ces deux questions pour dire
que l'expérience passée, lors de l'étude de la loi 22,
nous a placés dans des situations assez pénibles au niveau des
membres de la commission, car il nous a fallu passer notre temps, au cours des
séances, à faire des exceptions à cette motion. M. le
Président, ce sont les points, les questions que je soulève au
moment de la discussion de la recevabilité de cette motion, parce que je
ne sache pas qu'il soit possible de l'appliquer de façon à
permettre que nos délibérations puissent se faire en toute
justice entre les membres non seulement de l'Opposition, mais les membres du
côté ministériel qui parfois pourraient avoir des questions
additionnelles à poser après les membres de l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Beauce-Sud, avant que je n'accorde la parole à
un autre député qui l'a demandée, je voulais souligner,
pour le bon entendement
de tous les membres de cette commission, qu'au 18 juin 1974, la motion
qui avait été présentée au sujet de l'article 8 des
règles de pratique ne portait que sur la distribution du temps
accordé aux Oppositions et non pas sur le maximum de temps
accordé pour la discussion de mémoires, ceci étant
déjà contenu à ce moment, comme l'a expliqué, l'a
raconté le leader parlementaire de l'Opposition officielle, à
l'article 8.
Aujourd'hui, comme je l'ai indiqué moi-même je ne me
prononce pas sur la recevabilité de la motion pour le moment dans
le texte liminaire ou préliminaire que je vous ai livré, j'ai
mentionné que seul l'article 118, à aujourd'hui, contenait un
reste de ces règles de pratique et qu'il y aurait lieu pour les membres
de la commission d'établir un modus vivendi. Cela étant
répété, j'accorde la parole à un membre de la
commission, le député de Rouyn-Noranda. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je considère que cette
motion, au sens de l'article 137, m'apparaît comme irrecevable.
Cependant, elle pourrait être recevable, si vous voulez, au plan de la
bonne foi. Je pense qu'il a été établi que, depuis quelque
temps déjà, nous n'avions plus de règles de pratique
depuis 1976. Ceci étant dit, la commission est toujours
évidemment maîtresse de ses travaux, mais nous devons
considérer également les précédents qui sont
établis.
Parmi les différents précédents qui sont
établis, on a vu dans le passé qu'à chaque fois qu'on
s'est donné des règles de pratique assez sévères au
début d'une commission, nous avons dû, au cours des travaux,
changer ces règles de pratique.
Il est difficile, M. le Président, de parler sur la
recevabilité de cette motion sans toucher un peu le fond de la motion,
comme l'a fait tantôt le député de Maisonneuve, leader
parlementaire du gouvernement. Comme il l'a si bien dit, c'est difficile
d'établir la recevabilité sans aller dans certains
précédents et sans savoir ce que cela pourrait donner, en
pratique. Or, il est dit qu'on le fait. On a établi en 1976 qu'une
commission pourrait être libre de ses travaux. Or, la liberté
d'une commission, c'est également la liberté de ses membres,
parce qu'il n'y a pas de commission sans membres, les membres étant les
composantes de cette commission. Ce qui nous est présenté comme
genre de motion... Je vais essayer de ne pas parler au fond de la question
autant que possible, mais c'est difficile, et vous le comprendrez.
Le Président (M. Cardinal): C'est aussi difficile pour le
président de voir jusqu'où vous êtes tout près de
l'abîme.
M. Samson: Oui, mais, M. le Président, avec
l'expérience que je vous connais, vous allez comprendre qu'il est
important que je vous dise ce qui va suivre.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes parti, comme
d'habitude. Continuez, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, le genre de motion qui nous
est présentée je parle du principe de ce genre de motion
pourrait rendre cette motion irrecevable, une fois que vous aurez
compris ce que je vais vous dire.
Le Président (M. Cardinal): Je vous écoute
très bien.
M. Samson: Voici, M. le Président, si l'on amène un
genre de motion visant à limiter l'intervention de ceux qui ont des
mémoires à présenter et à limiter également
le temps d'intervention pour le gouvernement et pour l'Opposition, il y a
certains dangers, dangers d'accrocs au droit des parlementaires. Le droit des
parlementaires, c'est celui de prendre la parole sur les sujets qui sont devant
la commission et ce, aussi souvent que le besoin s'en fait sentir. Si nous
limitons d'une façon très rigoureuse ce temps, à titre
d'expérience, un seul membre de la commission, pour le gouvernement ou
pour l'Opposition, pourrait utiliser tout le temps fixé et il ne
resterait rien pour les autres, alors que les droits des parlementaires, en
vertu du système parlementaire dans lequel nous vivons qui est de style
britannique, sont strictement des droits rattachés aux parlementaires et
non pas des droits spécifiquement rattachés à des partis.
Or, si nous acceptons ce genre de motion, si nous considérons celle-ci
comme recevable, évidemment, on la discutera, mais on arrivera dans
cette espèce de cul-de-sac qui empêcherait possiblement les
membres de la commission, qui sont des membres permanents de la commission, de
pouvoir parler sur les sujets qui les intéressent. C'est pourquoi, me
basant sur les expériences du passé... Et le député
de Maisonneuve se rappellera très bien que, dans le passé, nous
avons eu de ces expériences et nous avons eu de ces motions que nous
n'aurions pas dû laisser passer, c'est-à-dire que nous aurions
dû tenter de les faire déclarer irrecevables. Si nous les avions
acceptées à ce moment, c'est parce qu'il y avait cette
recevabilité que j'appelle la recevabilité de bonne foi, non pas
basée sur le règlement, mais basée sur la bonne entente
entre tous les partis ou les membres composant la commission. Or, je dis que,
dans le passé, à l'occasion d'une commission semblable, le
même qui est maintenant leader parlementaire du gouvernement et qui
réclame qu'on ait un certain temps limite qui nous amène à
discuter de cette motion et à la considérer comme recevable
c'est-à-dire plusieurs mémoires, bien sûr, nous le
comprenons si on recule de quelques années, nous verrons qu'assis
sur un autre siège, il était moins pressé, beaucoup moins
pressé. Évidemment, il devra comprendre...
M. Burns: Arrêtez donc! J'ai argumenté sur la
recevabilité.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le leader
parlementaire du gouvernement, s'il vous plaît!
M. Burns: Soyez donc honnête dans vos propos!
Malhonnête!
M. Samson: M. le Président, je n'ai pas entendu le
député de Maisonneuve, je préfère vous entendre,
vous, et je vous comprends mieux, d'ailleurs!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, ce n'est pas à la suite de...
M. Burns: II n'est pas capable d'argumenter sur une base
intelligible. C'est son problème.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire...
Un instant, s'il vous plaît! Le président de la commission ne se
lève pas en commission parlementaire, mais, normalement, il ne parle pas
en même temps qu'un membre de la commission ou qu'une personne
invitée par la commission. Je dirai quand même au
député de Rouyn-Noranda que, lui aussi, est très
près de parler du fond de la question, s'il n'en parle pas
déjà.
Il a déjà présumé, dans son exposé,
que la motion était recevable. Il a présumé, de plus,
qu'elle est adoptée telle que rédigée. On aurait une
discussion sur la motion même que nous aurions les mêmes
interventions. Malgré cela, je vais user de souplesse et de patience et,
comme je l'ai bien entendu et bien compris jusqu'à présent, je
vais lui demander quand même de conclure son argumentation en faisant
bien attention au fond même de la motion.
M. Samson: M. le Président, je pense que vous allez
constater que si j'argumente sur le fait que la motion me semble irrecevable au
sens du règlement, je souligne je l'ai fait d'ailleurs que
c'est le genre de motion qui pourrait être acceptée ou reconnue
comme recevable, si tout le monde était d'accord. On a
déjà eu ce genre de chose. C'est pour faire la différence
entre les deux, et c'est pourquoi cela m'a amené à tenter de voir
un peu en avant ce que ça pourrait donner, si on la déclarait
recevable au sens des règlements, alors que si vous la déclariez
tout simplement recevable au sens de l'unanimité, ce serait totalement
différent, parce qu'on doit considérer que chaque fois que nous
avons un point de règlement, ce point de règlement, tel
qu'interprété par la présidence, surtout après
l'argumentation des différents membres de la commission, peut devenir un
précédent dont on va, par la suite, se servir pour encore
invoquer le règlement, parce que nous avons droit, en vertu de l'article
1, 5e paragraphe, je pense, d'invoquer les précédents
établis. Alors, je ne voudrais pas qu'on établisse un
précédent en vertu des règlements pour la
recevabilité de cette motion, car l'article 137 est carrément
à l'encontre de ce genre de motion, et si on veut se donner des
règles de pratiques sévères, il aurait fallu le faire par
l'entremise de la commission de l'Assemblée nationale et il aurait fallu
le faire également par l'approbation de l'Assemblée nationale
elle-même. C'est pourquoi, M. le Président, sur la question de
règlement comme telle, je considère cette motion irrecevable et
si, par la suite, les membres de la commission veulent s'entendre sur un moyen
de travailler, on pourrait y aller par suggestions et s'entendre.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Pour indiquer justement que j'ai bien
compris, je pense que je puis me permettre, avant d'entendre une autre opinion,
de souligner que j'avais raison de croire que si la motion était
adoptée, elle créerait un précédent pour cette
commission et pour d'autres à venir. J'ai d'ailleurs indiqué, au
début de cette séance, que la commission était
maîtresse de ses travaux, mais, dans le cadre des règlements, de
la loi, des ordres de l'Assemblée et des précédents. Je
vais permettre à un autre député qui a demandé la
parole, le député de Mont-Royal, de s'exprimer sur la
recevabilité de la motion. Je souligne tout de suite, cependant,
qu'à un certain moment, je me déclarerai suffisamment
informé par les diverses interventions qui ont été faites,
sans quoi je suspendrai la séance et je prendrai une décision que
je rapporterai à cette commission.
Je vais permettre au député de Mont-Royal, qui a
demandé la parole, de parler. Ce n'est pas nécessairement le
dernier, mais je ne voudrais pas que l'on continue ce débat de forme
pendant trop longtemps quand même, pour que les témoins qui ont
été invités aujourd'hui ne voient pas la journée se
passer sans qu'on ne les entende.
M. le député de Mont-Royal, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Sur la question de la
recevabilité de la motion du député de Taschereau, je vais
faire appel non seulement à votre impartialité, M. le
Président, quoiqu'il y ait déjà eu référence
dans plusieurs journaux, parmi lesquels la Gazette, et on ne doute aucunement
de votre impartialité, mais je vais faire appel aussi à votre
formation légale. Je vais vous référer non seulement
à l'article 137, alinéa 2, paragraphe 2, de nos
règlements, mais aussi à l'article 160, qui établit un
droit de parole aux commissions parlementaires pour les députés.
Si nous voulons changer les règlements, si nous voulons abréger
le droit de parole, modifier ce droit de parole, l'article 137, alinéa
2, nous permet de le faire, pourvu que nous soumettions ce changement à
la commission de l'Assemblée nationale pour approbation. Alors, je
prétends, M. le Président...
M. Burns: Est-ce que je peux poser une question, avec la
permission du député...
Le Président (M. Cardinal): II faut la permission de la
commission et du député.
M. Burns: Avec la permission de la commission et du
député...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que le
député le permet...
M. Ciaccia: Écoutez! Je n'ai pas fini...
M. Lalonde: Le député préférerait
finir, d'après ce que j'entends.
M. Burns: Puis-je seulement lui poser une question sur ce qu'il
est en train de dire?
Le Président (M. Cardinal): Je laisse cela à la
discrétion du député. Ce n'est pas très clair.
M. Ciaccia: Allez-y.
M. Burns: Vous êtes trop bon.
Le Président (M. Cardinal): Très brièvement,
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Voulez-vous dire par votre argumentation que la
commission, aujourd'hui, ne pourrait pas décider que tous les membres de
la commission pour la durée des séances ne pourraient pas avoir
le droit de parole? C'est ça?
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ce que je dis. M. Burns: Ce
n'est pas pareil.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas pareil. Vous avez une formation
légale et vous avez le don de pouvoir tourner les paroles, quand
quelqu'un dit quelque chose, un peu à votre avantage.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Burns: Non.
M. Ciaccia: C'est la formation d'un avocat.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Mont-Royal a la parole.
M. Ciaccia: L'article 137, paragraphe 2, est très
spécifique et très clair en disant que la commission de
l'Assemblée nationale peut établir le règlement de
l'Assemblée et des règles de pratique pour le bon fonctionnement
des commissions élues et il faut absolument soumettre ces changements
à l'Assemblée pour approbation.
Si nous prenons l'article 137 et l'article 160, il est absolument clair
que la motion du député de Taschereau n'est pas recevable.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Mont-Royal.
Le député de Vanier, sur la recevabilité de la
motion, s'il vous plaît.
M. Bertrand: Je serai très bref, M. le Président.
Je vous demande de juger recevable cette motion pour une raison bien simple. On
sent fort bien que les interventions jusqu'à maintenant, ayant presque
porté ou même porté sur le fond, il y a
nécessité qu'on puisse discuter de cette question et certainement
de s'entendre sur nos règles de procédure à
l'intérieur de cette commission.
Pour cette raison, je vous demande, et intervenant uniquement sur la
forme, de recevoir cette motion pour qu'on puisse enfin discuter sur le
fond.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Si la commission de l'Assemblée
nationale a changé les règles du jeu au niveau de nos
commissions, c'est parce que l'expérience acquise dans le passé a
prouvé que ces règles qui devaient disparaître
étaient un handicap pour les invités qui devaient venir ici nous
donner leurs opinions sur certains projets et c'était aussi un
inconvénient relativement à la liberté de parole de chaque
député.
Et l'Assemblée nationale a accepté les dires de la
commission de l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, qu'est-ce qui nous
arrive? Si on revient au règlement passé, c'est le sens exact de
la motion du député, on passe par-dessus l'Assemblée
nationale, qui est pourtant l'autorité suprême ici au Parlement,
sur une question de règlement que l'Assemblée nationale a cru
fondamental pour l'efficacité des travaux au niveau de la commission. Ce
n'est pas simplement une règle de forme. C'est une règle
fondamentale. Si on a fait disparaître de notre règlement, au
niveau de la commission, ces limites de temps, c'est exactement pour
protéger les membres de la commission et surtout les membres de
l'Opposition.
Il me semble être absolument évident que si, au niveau de
la commission, on peut passer pardessus l'autorité de l'Assemblée
nationale, on le fera toujours au détriment de la liberté de
parole, soit de nos invités ou soit des membres de l'Opposition. Si vous
permettez un vote sur cette motion en particulier, vous allez simplement
permettre un vote qui pourrait, à cause des députés plus
nombreux du gouvernement, permettre à cette commission d'aller à
l'encontre de l'Assemblée nationale qui a voulu, en changeant...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier, malgré certaines interventions autorisées de
certains députés, je pense que vous dépassez, vous aussi,
à votre tour, les bornes de la recevabilité.
Je vous prierais de conclure votre argumentation.
M. Saint-Germain: J'essaie de vous expliquer les principes qui
sous-tendent ces modifications et ce sont des principes de base. Je comprends
mal qu'en vous disant que si vous permettez un vote sur cette motion, en
particulier, vous redonnez... Non, mais en la recevant...
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas dit qu'elle
n'était pas recevable. J'ai dit qu'elle n'était pas
reçue.
M. Saint-Germain: En la recevant, vous donnez l'autorité
au gouvernement en place de bâillonner l'Opposition. Cela me semble
évident.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Burns: ...de bâiller comme cela.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Dans vos remarques, tantôt, vous avez
souhaité ne pas faire attendre les invités et mettre fin à
ces débats de procédure. Naturellement, nous aussi nous le
souhaitons. Nous reprochons au gouvernement de ne pas avoir convoqué
d'assemblée, de réunion préliminaire à cette
commission parlementaire, avant d'inviter le public, parce que nous aurons
sûrement, au début de ces travaux qui peuvent s'annoncer assez
longs, plusieurs motions à discuter. Nous avons l'impression que le
gouvernement aurait dû prévoir, avoir plus de clairvoyance et au
moins tenir une séance de quelques heures de cette commission avant
d'inviter le public.
Concernant les remarques du député de Maisonneuve à
propos de l'interprétation de son intervention du 16 mars 1976, si vous
devez en tenir compte pour décider de la recevabilité, je ferais
ces remarques: Lorsqu'il a dit: "Mais je suis entièrement d'accord pour
que nous laissions la liberté à la commission d'entendre aussi
longtemps qu'elle le voudra les mémoires et les questions..." il dit
aujourd'hui: C'est justement ce que la motion veut faire. Je vous soumettrai
respectueusement, M. le Président, que la commission n'est pas du tout
en mesure, actuellement, au début de ses travaux, de déterminer
que chaque mémoire méritera un maximum d'une heure ou que chaque
mémoire méritera un maximum de 20 minutes de questions de la part
du parti ministériel. C'est pour cela que les remarques ou
l'interprétation que le député de Maisonneuve fait de ces
remarques portent à faux et ne devraient pas être retenues par
vous, M. le Président, pour décider de la
recevabilité.
Maintenant, très rapidement, je voudrais appuyer l'argument du
député de Mont-Royal. En effet, l'article 160 détermine:
"Lorsqu'une commission étudie un projet de loi c'est ce qu'on
fait actuellement un député peut prendre la parole sur le
même point, aussi souvent qu'il lui plaît à condition de ne
pas parler plus de 20 minutes en tout, etc.." La motion du député
de Taschereau a pour effet de limiter ce temps de parole. C'est une sorte de
motion de clôture avant le temps, que seule, l'Assemblée
nationale, en vertu de l'article 137, si on veut changer le règlement,
peut faire, par la voix de sa commission tout d'abord et ensuite par son
autorisation formelle à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas qu'on
veuille faire de l'opposition systématique au gouvernement sur la
façon de procéder... Le gouvernement et vous, M. le
Président, pouvez compter sur la collaboration de l'Opposition
officielle, j'en suis sûr, et des autres membres de l'Opposition
ils pourront le dire sur la marche des travaux, mais nous ne voulons pas
nous sentir d'avance pris dans un carcan, alors que nous allons inviter des
centaines de personnes à venir ici s'expliquer, exprimer leur opinion
sur un sujet aussi important que celui qui nous occupe actuellement.
Le Président (M. Cardinal): Je vais accorder un dernier
droit de parole pour qu'on termine cela et ensuite, je devrai,
évidemment, rendre une décision. Ce n'est pas facile.
C'était prévu, d'ailleurs, dans les règles du jeu des
commissions parlementaires. Donc, un dernier intervenant. L'intervenant refuse
le droit de parole, cède son droit de parole. Est-ce qu'il y a un autre
intervenant?
M. Bisaillon: Je ne le cède pas, j'y renonce.
Le Président (M. Cardinal): Je ne sais pas. Est-ce que
vous cédez votre droit de parole ou si vous y renoncez?
M. Bisaillon: J'allais vous demander de vous prononcer, M. le
Président, étant donné que c'est un débat
passionnant, mais qu'on a fait le tour de la question et il me semble qu'il est
temps qu'on ait une décision, parce que si vous la recevez, on aura
peut-être des discussions à faire sur le fond par la suite.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors à
l'ordre, s'il vous plaît. On pourrait bien suspendre et
réfléchir pendant je ne sais combien de temps, avec ou sans
chronomètre. Je préfère, quand même, en venir tout
de suite à une décision. Je veux le faire sérieusement en
prenant quelque temps, même si cela retarde ou semble retarder les
travaux de cette commission. Certains membres de la commission ont
allégué que si la motion était jugée recevable, ce
serait aller au-delà, déjà, de la recevabilité, et
que cela équivaudrait à un bâillon.
Je ne me prononcerai pas sur le jeu politique qui peut s'effectuer entre
les divers partis à cette table, mais je rappellerai que,
présentement, et indépendamment de la recevabilité
même, certains témoins pourraient penser qu'ils sont
déjà bâillonnés et ne pourront peut-être pas
se faire entendre au cours de la journée, parce que, ou bien la motion
est jugée recevable et nous allons en discuter dans les limites de
l'article 160 et sans avoir adopté d'autres motions quant au droit de
parole de ceux qui ne sont pas membres de la commission, cette commission
devrait le demander encore à chaque fois. L'article 160 s'appliquera
toujours évidemment et l'article 160, à mon humble point de vue,
ne donne qu'une limite de l'intervention d'un député sur un point
particulier.
Quant à l'article 137, il faut le relire, et là, je vais
utiliser justement la déformation juridique, M. le député
de Mont-Royal: "La commission de l'Assemblée nationale s'occupe de toute
question de l'Assemblée que l'Assemblée lui soumet ou qui n'a pas
été confiée spécifiquement à une autre
commission. L'alinéa 1 ne paraît pas s'appliquer, il n'y a pas eu
de réunion de la commission de l'Assemblée nationale, la question
ne lui a pas été posée avant que ne se réunisse
cette commission
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications. 2. Elle peut établir, et je le souligne, elle peut. En
droit, le terme "peut" ou "droit" ou le présent ou le futur ont une
grande différence, l'un étant purement permissif et l'autre
étant obligatoire ou coercitif. La commission de l'Assemblée
nationale peut donc établir le règlement de l'Assemblée et
des règles de pratique pour le bon fonctionnement des commissions
élues; ce règlement et ces règles sont soumis à
l'Assemblée nationale pour approbation.
La commission de l'Assemblée nationale aurait donc pu adopter de
tels règlements ou de telles règles de pratique, elle ne l'a pas
fait. Je crois donc, malgré les excellents arguments des
députés, que l'article 137 ne constitue pas présentement
pour le président une limite à son droit de juger recevable ou
non recevable la motion du député de Taschereau.
Avant de rendre définitivement cette motion, il serait
peut-être temps que je prenne le texte écrit de cette motion et
que je le lise en entier. "Que le temps d'étude de chaque mémoire
soit limité à un maximum d'une heure et que ce temps soit ainsi
réparti: 20 minutes pour l'intervenant, 20 minutes pour les
députés ministériels, 20 minutes pour les
députés de l'Opposition."
J'ai dit au début que, sur la recevabilité d'une motion,
je consulterais les membres de cette commission. Ce matin, au tout début
de nos travaux, j'ai non seulement consulté les membres de la
commission, puisque je les ai laissés s'exprimer, même assez
longuement, j'ai même consulté deux leaders parlementaires et
d'autres députés qui ne sont même pas membres de cette
commission. Cette consultation me prouve une chose, c'est que et je
pense que c'est le député de Rouyn-Noranda qui l'a
souligné il n'y a pas consentement unanime pour qu'elle soit
recevable. Cela me paraît évident.
Il reste donc au président, malgré la difficulté et
même si le député de Mont-Royal en appelait à mes
sentiments en parlant d'impartialité, à faire un effort
particulier et à rendre immédiatement cette décision.
Je voudrais rappeler ce qui a été dit au début,
que, sans doute, comme l'a indiqué le leader de l'Opposition officielle,
on a aboli les règles de pratique, et on a invoqué aussi cette
phrase du leader parlementaire maintenant du gouvernement, du mois de mars
1976, qui laisse clairement entendre, je pense que je l'interprète bien,
qu'il laissait à la commission, selon la règle
générale, qui est transcendante de toutes les autres
règles, le pouvoir de déterminer la marche de ses travaux.
Comme je l'ai déjà dit avant une intervention, si on
n'accepte pas la motion dans son texte, on peut toujours, théoriquement,
la rejeter ou la modifier. Il y a aussi un précédent qui s'est
produit à la commission de l'énergie, où plusieurs
mémoires ont été présentés et où le
président décidait de lui-même du temps employé.
Je veux rappeler ce qui s'est passé le 18 juin 1974. C'est
à la page B-3731 du journal des Dé- bats. C'était le
président lui-même qui, ne jugeant pas de la recevabilité
d'une motion, mais se référant à l'article 8 qui existait
alors des règles de pratique relativement au partage de 20 minutes qui
était fixé par cette règle, allouées aux membres de
la commission pour poser des questions à ceux qui présentent un
mémoire, le président avait estimé, de lui-même, que
50/50, à cette époque, était un partage équitable
entre les députés ministériels et les
députés d'Opposition.
J'ai voulu rappeler ces faits pour montrer quand même que ce n'est
pas la première fois que, devant une commission parlementaire, se pose
ce problème du temps alloué.
Nous aurions pu procéder autrement. Nous aurions pu nous dire: En
l'absence d'une règle de pratique, le temps alloué, au maximum,
pour la présentation et les questions, à l'occasion d'un
mémoire donné, soit de tant de temps, tant de minutes ou tant
d'heures. Mais la motion qui est rédigée, n'est pas
libellée dans ce sens. Elle détermine à l'avance, non
seulement le temps maximum pour l'exposé du mémoire ou de son
résumé, selon que le désirent les témoins et aussi
le temps accordé, d'une part, aux ministériels et, d'autre part,
aux membres des autres partis à cette table. Même si le
député de Rouyn-Noranda a mentionné que c'étaient
les privilèges des membres de l'Assemblée qui étaient
protégés et que les partis, juridiquement, n'existaient pas, il y
a quand même un très long usage qui veut que, pendant la
période de questions, que pendant la réponse au discours
inaugural, que pendant la réponse au discours du budget, l'on tienne
compte, non seulement de la députation, c'est-à-dire de chaque
membre de l'Assemblée nationale, mais aussi des partis. On est parfois
tenté d'aller plus loin, d'aller jusqu'à la
représentativité en forme de pourcentage; à ma
connaissance, ceci a peut-être été pris en
considération, mais n'a jamais fait l'objet d'une décision.
Tout ceci étant dit, pour décider que je
préférerais que la motion elle-même soit débattue
plutôt que d'être simplement rejetée et de faire face
à une nouvelle motion, rédigeant d'autres textes.
C'est pour cette raison, que j'ai appelé d'équilibre d'un
procédé démocratique en cette commission parlementaire,
que je déclare recevable la motion du député de
Taschereau. Je donne la parole au député de Taschereau.
Je m'excuse, je donnais la parole au député de Taschereau,
parlant sur la motion. Je pense qu'on ne peut pas en appeler de la
décision du président, qu'on ne peut pas la déférer
à l'Assemblée nationale et qu'on ne peut pas la contester.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes limité
par l'article 160.
M. Guay: Très brièvement, parce qu'une bonne partie
du débat sur le fond a été fait lors du débat sur
la forme. Je voudrais simplement préci- ser les raisons qui m'ont
amené à proposer cette motion.
La commission parlementaire qui est réunie, aujourd'hui, pour
sans doute quelques jours et quelques semaines, a pour but d'entendre les
opinions de la population du Québec sur un projet bien particulier, la
Charte de la langue française.
Cette commission, qui intervient après la première
lecture, n'a pas pour but de constituer un débat entre les
députés, débat qui interviendra lors de la deuxième
lecture, lors de l'étude article par article.
Il s'agit donc d'entendre les intervenants, d'écouter les
mémoires qui seront présentés, et, dans la mesure
où les députés ne sont pas complètement
informés ou éclairés des mémoires qui seront
présentés, de poser des questions et non pas de faire des
interventions ou d'ouvrir un débat entre l'Opposition et le
gouvernement.
Dans ce contexte, M. le Président, il me semble bien
évident qu'une heure au maximum par intervention, par intervenant, par
mémoire à moins que le mémoire ne soit
rédigé dans un tel état de confusion, auquel cas il serait
sans grand mérite devrait donc suffire pour que chaque membre de
cette commission soit suffisamment éclairé quant aux propos qui
seront tenus par chacun des intervenants.
Normalement, le mémoire est, en soi, relativement clair. À
cela peuvent s'ajouter quarante minutes de période de questions qui ont
pour but de donner aux députés de chaque côté de la
salle la possibilité de faire préciser certains points bien
précis, mais d'éviter pour autant un débat.
Dans ces circonstances, il me semble qu'une heure, sauf de rares
exceptions peut-être, sera même peut-être trop dans bien des
cas, compte tenu qu'un certain nombre de mémoires sont extrêmement
brefs, une page, deux pages, trois pages, et suffisamment clairs sans qu'il y
ait besoin à chaque député de poser des questions en vue
d'être plus amplement éclairé sur la nature même de
l'intervention.
C'est donc dire que, dans les circonstances, en vue,
précisément, de faire en sorte que cette commission en arrive au
but qu'elle s'est elle-même fixé, qui lui a été
fixé, qui est d'entendre la population du Québec, d'entendre
ceux, parmi la population, les individus ou les groupes, qui ont quelque chose
à dire en faveur ou à l'encontre du projet de loi no 1,
précisément dans le but d'en entendre le plus possible et
quand on pense qu'on en a près de 200 il me semble
préférable qu'on limite le temps d'intervention sur chaque
mémoire à une heure. Je pense qu'en une heure, on a le temps de
se renseigner suffisamment sur le mémoire qui est présenté
et, en limitant cela à une heure, on a la possibilité,
physiquement, dans le temps, d'entendre le maximum d'interventions possible
alors que, si on passe deux, trois, quatre, voire cinq heures sur un
mémoire en particulier, cela se fera au détriment d'autres
intervenants dont l'intervention est tout aussi pertinente, chacun des citoyens
étant, devant ce Parlement, égal en droit.
D'autre part, je propose effectivement qu'on divise cette heure en trois
parties, qu'on la répar- tisse de la façon suivante: vingt
minutes à l'intervention elle-même, vingt minutes aux questions
que peuvent avoir à poser les députés ministériels
et vingt minutes aux questions que peuvent avoir à poser les
députés de l'Opposition.
Une voix: II est parti avec celle-là.
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Guay: II me semble que vingt minutes, M. le Président,
pour les députés ministériels et vingt minutes pour les
députés de l'Opposition, lorsqu'il s'agit de questions et non pas
de débats de fond il ne s'agit pas de débattre le propos,
on n'est pas en deuxième lecture, on est en première lecture
il me semble que cela devrait suffire amplement, à moins, bien
sûr, que des députés veuillent détourner la
commission de son but premier, ce qui serait extrêmement
étonnant.
Il se peut, à l'occasion, que certains parmi nous qui seraient
les plus bavards soient obligés de restreindre leurs interventions. Ma
foi, cela sera d'autant mieux pour la procédure de cette commission et
d'autant mieux pour l'état de la démocratie au Québec. Je
vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, si, à l'heure
actuelle, il est exact que nous ayons en notre possession plus de 200
mémoires et, s'il s'avérait qu'à l'usage, nous devions
prendre une heure par mémoire, approximativement, il s'ensuivrait que
nous en aurions ici pour environ 200 heures de débats, ce qui veut dire,
à toutes fins pratiques, que, si on imagine cinq journées pleines
par semaine, à raison de huit heures par jour ce qui est un
maximum; si on exclut le vendredi après-midi et le vendredi soir, ce
n'est même plus la vérité on en aurait au minimum
pour cinq semaines de discussions en commission parlementaire.
Il va donc de soi, M. le Président, que, bien sûr, la
proposition du député de Taschereau va nous amener sans doute
à restreindre le droit de parole de chacun des parlementaires, mais je
pense que c'est en vue, justement, de permettre que nous puissions faire ces
travaux dans le meilleur état d'esprit possible.
Je pense que, quand on aura entendu 200 mémoires, à raison
d'environ une heure par mémoire, le moins qu'on puisse dire, c'est que
cette commission parlementaire sera certainement suffisamment informée.
Il y aura des recoupements dans ces mémoires, il y aura des redites et
il est donc nécessaire que nous nous imposions une discipline de travail
qui nous force à limiter nos interventions et surtout à faire en
sorte, M. le Président, qu'on comprenne bien le sens de cette commission
parlementaire. Dans cette commission parlementaire qui étudie un projet
de loi en première lecture et dont la responsabilité est
d'entendre des groupes et des individus, les vedettes,
ce ne sont pas les députés, ni du pouvoir, ni de
l'Opposition, les vedettes, ce sont les groupes et les individus qui viennent
nous faire savoir comment ils réagissent face au projet de loi no 1 et,
même si cela peut s'avérer difficile je pense qu'on
pourrait tous faire un mea culpa personnel là-dessus pendant un
mois, un mois et demi, que les députés ne soient pas les vedettes
de la commission parlementaire, je pense que c'est un juste retour des choses,
permettant ainsi que les groupes et les individus qui ont été
invités à présenter des mémoires puissent se faire
entendre et défrayer la manchette à partir de ce qu'ils ont
à dire.
Nous aurons l'occasion, aux débats en deuxième lecture
à l'Assemblée nationale, de faire tous les discours que nous
voudrons faire sur le fond de la loi no 1. Nous pourrons, article par article,
en commission parlementaire, après la deuxième lecture, parler
chacun vingt minutes sur chacun des articles du projet de loi no 1, ce qui fait
qu'au bout du compte je pense que chacun des députés de cette
commission aura suffisamment le loisir de faire tous les exposés qu'il
jugera à propos de faire, ou sur le fond, ou sur la forme des articles,
que ce soit en deuxième lecture ou en troisième lecture.
Je pense donc que la discipline à laquelle nous invite la motion
du député de Taschereau ne peut être que
bénéfique à nos travaux. S'il s'avérait qu'à
cause de cette motion, nous puissions enfin comprendre que notre fonction, ici,
c'est d'interroger, de poser des questions brièvement à des
groupes et à des individus qui veulent se faire entendre, je ne vois
là-dedans rien qui aille contre l'exercice de la démocratie. Je
vois, au contraire, là-dedans, la possibilité pour nous de faire
en sorte que nos travaux soient bien définis dans le cadre qui doit
être le leur. Alors, je pense que les vedettes, ce devraient être,
pour le prochain mois, les groupes et les individus qui ont accepté de
rédiger des mémoires et de venir se faire entendre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, maintenant que cette motion
doit être considérée, je pense qu'il faut examiner dans
quel contexte on doit appliquer cette règle qu'on offre à la
commission. Il s'agit d'entendre plusieurs dizaines de mémoires, on dit
qu'il y a 200 mémoires, mais il y en a sûrement qui ne se sont pas
offerts pour venir les présenter. Probablement que le ministre pourra
éventuellement venir nous informer ou le président
du nombre total de personnes qui ont demandé à être
entendues, et ceci pour éclairer la commission parlementaire de
l'éducation sur ce projet de loi sur la langue.
On sait qu'en pratique, les mémoires ont une facture
différente, sont le produit de différentes recherches et aussi,
souvent, enfin dans plusieurs cas, sont le résultat de travaux,
d'examens, de consultations de la part d'organismes qui ont duré souvent
plusieurs jours. Le but, c'est justement d'être éclairés
sur les différents aspects de ce projet de loi qui, on le sait
maintenant, est fort complexe. Or, avant même que le premier
mémoire soit entendu, j'essaie de me mettre à la place des
quelques personnes et organismes qui ont été invités ici
et qui croyaient commencer à nous adresser la parole à 10 heures
ou 10 h 15. On est rendu 11 h 45, et, à cause de cette tentative du
gouvernement de bâillonner littéralement la commission
parlementaire, ils vont être chanceux s'ils passent aujourd'hui, ou enfin
cet après-midi, et cela à cause de l'incurie du gouvernement qui
n'a pas cru bon, dans son insouciance, de réunir la commission
parlementaire pour justement discuter de toutes ces questions qui sont
importantes, parce qu'elles vont déterminer les travaux d'ici quelques
semaines, d'ici quelques mois.
Le fond de cette motion est d'autant plus inacceptable, de l'avis
même du leader parlementaire du gouvernement, et je répète
la citation qu'on a faite de son intervention en commission permanente de
l'Assemblée nationale, le 17 mars 1976. Il dit à la page B-242:
"Et, dans les faits, on ne l'a jamais respecté." Ce qu'on n'a pas
respecté dans les faits, c'est exactement le même genre de carcan
qu'on a tenté d'imposer, que les règles de pratique, de toute
bonne foi, d'ailleurs, je ne mets pas en doute la bonne foi du
député de Taschereau, au contraire.
Une voix: Moi, je la mets.
M. Lalonde: On cherche à trouver la meilleure façon
pour que les travaux se déroulent normalement, efficacement. Ce que je
dis, c'est que ce n'est pas pratique. Qu'il fasse donc appel à
l'expérience du passé, qu'il consulte son leader
parlementaire.
Il va le lui dire, il va le lui répéter: Dans les faits,
on ne l'a jamais respecté, et qu'il fasse donc confiance à la
commission parlementaire. De toute façon, les ministériels ont la
majorité.
C'est une motion que je verrais probablement avec beaucoup plus de
sympathie si, après trois ou quatre jours de réunion de cette
commission, on avait été témoin de longueurs
interminables, d'une opposition systématique de la part de
députés, d'une perte de temps évidente. À ce
moment-là, je verrais un député proposer, à cette
commission, un peu d'autodiscipline et on pourrait en discuter, à savoir
comment on ferait pour que ce soit quand même applicable.
Cependant comment peut-on être inspiré par autre chose que
le désir de mettre fin rapidement à cet exercice, lorsqu'on
apporte cette proposition, au début même, avant même d'avoir
entendu un seul témoin? C'est difficile de comprendre que, d'une part,
ayant, dans le passé, vécu, tenté l'expérience sans
succès, deuxièmement, ayant les témoignages
évidents du même parti selon lesquels ça n'a jamais
été respecté et troisièmement, n'ayant aucune
raison d'apporter cette motion actuellement, parce qu'on n'a été
témoin d'aucun abus, évidemment, on n'a entendu aucun
témoin, comment peut-on actuellement, en adultes, voter
pour une telle motion? Comment peut-on actuellement nous dire,
présumer que, parmi les quelque 200 mémoires et 150
témoins, aucun ne méritera d'être entendu plus d'une heure?
C'est faire injure à ces gens, faire injure aux organismes qui ont
passé des jours et des jours à préparer leur
mémoire et qui ont un tas de choses à nous dire, et Dieu sait si
le gouvernement a des choses à apprendre sur la question
linguistique.
Alors, qu'on fasse donc confiance à la commission. Que les
députés ministériels se donnent donc la chance d'entendre
un peu plus longuement certains mémoires. C'est un maximum,
naturellement, et plusieurs mémoires le député de
Taschereau, je pense, le disait sont très courts. On en a vu. On
a reçu les copies. Une page, deux pages, quoiqu'on ne peut
présumer de la longueur de la discussion. Un paragraphe peut soulever un
sujet, une question à laquelle personne n'avait pensé et qui
pourrait à bon droit, intéresser tous les députés.
Je pense que c'est faire injure aux gens qui viennent ici, qui ont pris la
peine de travailler sur cette question, de faire des travaux, des
études, des recherches, un mémoire et de se déplacer pour
venir ici, que de leur dire: On va vous entendre une heure au maximum.
Compte tenu, justement, de cette impossibilité dans laquelle on
est de s'imposer un carcan... Et, à part de ça, je trouve que
c'est répugnant un peu, pour une commission parlementaire qui est quand
même composée de personnes adultes, de s'imposer un carcan comme
à la petite école. Je pense que, pour éviter des abus, et
je l'offre, réellement, avec toute la collaboration de l'Opposition
officielle, aux députés ministériels et à ceux de
l'autre Opposition, au moins, d'étendre le maximum, un maximum
au-delà duquel ce serait excessif d'aller. Une heure, c'est vite
passé, surtout quand il y a 20 minutes... si les députés
ministériels avaient été témoins de certains
débats que nous avons eus je fais référence aussi
aux débats sur la loi 22 où des représentants sont
allés au-delà de leurs 20 minutes et c'était quasiment
impossible de les interrompre, parce qu'ils étaient dans le feu de leur
argumentation.
Motion d'amendement
M. Lalonde: Alors, il reste quoi? Il reste quelque 20, 25 minutes
aux députés pour discuter de mémoires souvent
fondamentaux. Après une heure, quelqu'un pourra simplement soulever une
question de règlement et la commission devra reprendre une discussion,
à savoir est-ce qu'on va au-delà de l'heure? Je pense que
l'heure, ce n'est pas réaliste. J'offrirais, avec toute la
collaboration, de façon très positive, un maximum plus
réaliste et, dans cet esprit, M. le Président, je propose un
amendement pour remplacer le mot "une" par le mot "deux". Je pense que deux
heures je pourrai parler là-dessus, mais enfin, je vais dire quel
est mon amendement ...
Je propose de remplacer le mot "...une..." par le mot "...deux..." dans
la motion. Remplacer les mots "...vingt minutes pour les députés
ministériels..." par les mots "...trente-cinq minutes pour les
députés ministériels". Remplacer les mots "...vingt
minutes pour les députés de l'Opposition..." par les mots
"...trente-cinq minutes pour les députés de l'Opposition
officielle..." et "...trente minutes pour les autres députés de
l'Opposition".
Et je conclurais en terminant cet amendement "...et que l'article 160 de
nos règlements soit respecté".
Je vais terminer la rédaction...
Le Président (M. Cardinal): Sauf peut-être, si vous
permettez, un conseil... Je pense que vous n'avez pas à invoquer qu'un
règlement soit respecté. Cela va de soi.
M. Lalonde: Si le président me dit à l'avance que
c'est irrecevable, je ne l'écrirai pas dans mon...
Le Président (M. Cardinal): Je me permets de donner un
conseil pour éviter qu'on discute d'une question non pas
décidée à l'avance par le président, mais
décidée à l'avance par le règlement.
M. Lalonde: Je vais l'éviter. Cela m'a quand même
permis d'émettre le voeu que l'article 160 soit respecté.
J'espère que les députés ministériels auront
écouté. Je voudrais terminer la rédaction de mon
amendement. Lorsque j'aurai terminé mon intervention, je n'ai pas
l'intention d'être long.
Le Président (M. Cardinal): Vous n'avez pas l'intention de
parler sur l'amendement immédiatement? Il faudrait savoir si
l'amendement est recevable ou non, comme on l'a fait pour la motion
principale.
M. Lalonde: Je termine la rédaction et je passe la parole
à quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Cardinal): Vous terminez la
rédaction et vous me passez votre texte, s'il vous plaît. Si vous
permettez, il n'y a pas de suspension. Il faut être assez patient pour
attendre la rédaction par écrit de la motion d'amendement.
M. Samson: Pourrais-je avoir une directive en attendant?
Le Président (M. Cardinal): Certainement, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: En attendant que le député
prépare sa motion d'amendement, accepteriez-vous de suspendre les
travaux pour cinq minutes environ, afin de permettre une rencontre entre les
différents membres des partis, ce qui pourrait peut-être avoir
pour effet d'en arriver à une entente, quant au partage du temps. Cela
éviterait peut-être un long débat de procédure.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous remercie de votre suggestion. Je
préférerais procéder de la façon suivante, je vais
vous indiquer comment et pourquoi.
Je préférerais recevoir la motion par écrit du
député de Marguerite-Bourgeoys, en lire le texte à la
commission, déclarer si elle est recevable ou demander s'il y a
consentement et, ensuite, demander c'est le deuxième stade
si les membres de la commission, acceptant parce que je veux toujours
c'est une parenthèse procéder avec les membres de la
commission et dans la mesure du possible, non pas ne pas avoir à prendre
de décisions, mais à les prendre avec les membres de la
commission.
Si vous permettez, je vais attendre le texte de la motion de
l'amendement. Je vais lire ce texte à la commission. Je vais m'informer
de l'intention générale de la commission avant de commencer un
débat sur l'amendement et ensuite, votre demande de directive sera
soumise à la commission et si la commission ne décide pas, le
président devra, une fois de plus, rendre sa décision.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je serai encore obligé de demander la
permission de la commission pour vous entendre. Est-ce que ce consentement est
accordé?
M. Guay: On a beaucoup d'estime pour le député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Lalonde: ...de le faire...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'ai cru comprendre qu'on discutait la
recevabilité de l'amendement?
Le Président (M. Cardinal): Non. Ce n'est pas exact. J'ai
dit que je voulais recevoir le texte de l'amendement que je vais vous lire. Je
ne voudrais pas qu'on recommence un débat. Je vais demander si on le
considère recevable. Sinon, je devrai rendre une décision.
La motion d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys
à la motion principale du député de Taschereau se lit
comme suit: merci "Remplacer..." vous me corrigerez, parce
que je lis un texte manuscrit "...la fin de la motion..." venez
donc ici, M. le député, je m'excuse ...".
M. Lalonde: Remplacer le mot "...une..." par le mot
"...deux..."
Le Président (M. Cardinal): Remplacer le mot "...une..."
par le mot "...deux..." dans le début de la motion qui se lirait alors
"...que le temps d'étude de chaque mémoire soit limité
à un maximum de deux heures".
M. Lalonde: Et il y aurait un "s" à ajouter,
naturellement!
Le Président (M. Cardinal): Évidemment.
Deuxièmement, remplacer la fin de la motion.
M. Lalonde: ...qui commence par les mots...
Le Président (M. Cardinal): ...qui commence par les mots
"...vingt minutes pour les députés ministériels..." par
les mots "...trente-cinq minutes pour les députés
ministériels et trente-cinq minutes pour les députés de
l'Opposition officielle et trente minutes pour les autres députés
de l'Opposition globalement".
Alors, la même question se pose tant sur une motion d'amendement
que sur une motion principale. Est-ce qu'il y a consentement... Non, pas
consentement. Je fais une consultation. Est-ce que le résultat, sans un
débat, serait que la commission accepte d'elle-même cette motion
d'amendement? Si l'un s'oppose je ne veux pas de débat
immédiatement uniquement sur la recevabilité, je devrai
rendre la décision moi-même.
M. Roy: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Est-ce que cet amendement qui est proposé à
la motion, on pourrait y présenter un sous-amendement, s'il est
accepté?
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Roy: Alors, cela prouve dans quel ridicule nous sommes en
train de nous enliser.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je comprends, M. le
député de Beauce-Sud, que vous n'avez pas l'intention de dire:
J'accepte que cela soit recevable.
M. Roy: D'accord, mais c'est ridicule quand même.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous le
permettez, pour éviter justement que l'on ne perde beaucoup de temps,
quand j'ai déclaré la motion principale recevable... Un instant,
il faudrait en discuter... Oui, M. le député de Bourassa.
M. Laplante: On parle sur la recevabilité de...
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Le
président va commencer par parler de la recevabilité, si elle est
reçue, on verra. Il n'y a pas, présentement, consentement sur la
recevabilité. Je me permets simplement de dire que de même, et
pour les mêmes raisons que j'ai jugé la motion principale
recevable, il me semble que je dois, en toute équité, juger la
motion d'amendement recevable, et à ce moment-là, que le
député de Marguerite-Bourgeoys puisse s'exprimer sur la motion
d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, on voit dans quel imbroglio
l'insouciance et l'incurie du gouverne-
ment viennent de lancer la commission parlementaire, le manque de
planification et tout...
Une voix: Qui a présenté l'amendement?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est moi qui ai présenté l'amendement.
Je parle sur mon amendement.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a pas de motion pour que la commission siège avant,
ni à l'Assemblée nationale, ni devant cette commission...
D'ailleurs, nous sommes déjà à la première
séance où des témoins ont été
convoqués. Je rappellerai de plus aux députés de tous les
partis que le président n'a pas à intervenir dans les
débats politiques. Les députés peuvent certainement, dans
les limites de la décence et de la bienséance attaquer
habituellement le gouvernement, l'Opposition et les autres partis ou les autres
députés et, sur ces questions, je laisserai à chacun des
députés le soin de juger non seulement de la pertinence mais des
limites dans lesquelles on doit se tenir dans ce genre de débat. Ceci
étant dit, je demanderais que l'on n'intervienne pas pendant que le
député de Marguerite-Bourgeoys exerce son droit de parole sur sa
motion de membre. En vertu de l'article 160, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Très brièvement, M. le
Président, je n'ai pas l'intention de prendre 20 minutes, quoique ce
sera probablement la dernière fois que j'aurai l'occasion de le faire
d'ici quelques mois, pour supporter mon amendement, mais la bienséance
à l'égard des invités, M. le Président, m'oblige
à blâmer le gouvernement pour son incurie. Je le fais avec toute
la bienséance que vous avez souhaitée.
J'ai déjà, dans mon intervention sur la motion,
indiqué les raisons pour lesquelles, dans la situation absurde dans
laquelle le gouvernement nous met, on doit quand même, pour ne pas
tourner complètement au ridicule, établir un maximum plus
décent que celui qui a été imaginé par le
député de Taschereau. Naturellement, il n'y a pas de
vérité absolue là-dedans, le maximum devrait
peut-être être de deux heures et demie. Est-ce que cela devrait
être une heure et demie? On pourrait se chicaner pendant trois jours
là-dessus, avec des amendements et des sous-amendements. Je fais
simplement appel au bon sens des députés pour ne pas faire injure
à tous ceux qui sont ici et qui viendront d'ici quelques jours et
quelques semaines. Il me semble normal, il me semble raisonnable et
indiqué que le maximum soit assez élevé pour que ce ne
soit qu'au-delà de ce maximum que la situation ne devienne
intolérable. Cela ne m'apparaît pas du tout intolérable
d'écouter un témoin qui a préparé un mémoire
bien fait, qui a des choses à nous dire, de prendre plus d'une heure,
compte tenu du grand nombre de personnes qui ont à venir ici nous
parler, même deux heures à quelques reprises et, à ce
moment-là, je fais confiance à la commission, je fais confiance
au gouvernement pour, à l'occasion, si jamais il arrivait
qu'au-delà de deux heures, la commission désire continuer
d'entendre un témoin, que unanimement, on suspende le règlement,
ou enfin cette règle.
Mais une heure est tout à fait inacceptable à mon sens.
Deux heures m'apparaissent plus indiquées, quoique ce soit à
regret que je fasse cet amendement, parce qu'il est dans le même sens que
celui d'autodiscipline prématurée, genre petite école, que
le député de Taschereau a offert aux députés de
cette commission.
J'ai proposé 35 minutes pour le gouvernement, 35 minutes pour
l'Opposition officielle. Je pense qu'il n'est que juste pour l'Opposition
officielle, étant donné la reconnaissance que notre
système parlementaire et les règlements font de l'Opposition
officielle comme étant absolument indispensable à notre
système, qu'on lui réserve un traitement égal à
celui du gouvernement. Ainsi, dans certains débats, on voit que le
gouvernement a une heure ou deux heures pour certains discours et l'Opposition
officielle a aussi un temps égal.
Je pense que 30 minutes... Je n'ai pas dit ça en consultant les
autres députés; si on n'est pas heureux et qu'on a autre chose,
je serai tout à fait ouvert à changer ma proposition. Je pense
que 30 minutes, ça reconnaît la différence qu'il y a entre
l'Opposition officielle et les autres oppositions et ça donne quand
même à tous les députés plus de liberté de
poser des questions, parce que nous comptons sur tous les
députés, non seulement ministériels et ceux de
l'Opposition officielle qui a l'intention de collaborer, de contribuer
pleinement aux travaux de cette commission, mais aussi sur tous les autres
députés des autres oppositions.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Encore avec la permission de
la commission, M. le leader parlementaire du gouvernement a demandé la
parole.
M. Lavoie: Je suis prêt à accorder la parole au
député de Mégantic, je parlerai après lui. Le
leader du gouvernement...
Le Président (M. Cardinal): Non, je m'excuse...
M. Lavoie: Je me suis trompé de leader. M. Lalonde:
Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Burns: ... viré de bord depuis le 15 novembre!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je comprends qu'il y a un moment pour travailler et un moment pour
badiner.
Mais c'est trop sérieux, même si nous sommes dans une
situation qui peut paraître rococo.
M. Grenier: ... accorder mon...
Le Président (M. Cardinal): Non, je demande si...
M. Grenier: Je veux bien donner mon accord avec les autres, mais
je voudrais bien qu'on revienne à cette question et qu'on donne le point
de vue de l'Union Nationale sur l'amendement, sur la motion de fond, tout de
suite après les propos du leader.
Le Président (M. Cardinal): Cela ne sera pas
oublié. Enfin, on décidera en temps et lieu, si le consentement
est accordé, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, très brièvement,
le type de motion que nous examinons actuellement n'écarte pas la
possibilité et ça, c'est bien important de le dire
qu'à l'unanimité, la commission décide, à cause de
l'importance de la livraison ou de la substance très importante qu'on
reçoit à l'occasion d'un mémoire en particulier, que la
commission, à l'unanimité, décide de donner plus de temps
à un individu. Lorsque nous avons débattu tout à l'heure
la recevabilité de la motion, nous parlions d'une espèce de cadre
dans lequel devait s'inscrire chacun des mémoires.
Ceci pour éviter que, sur un mémoire qui ne mérite
pas je ne dirige pas ça à l'endroit de quelque intervenant
que ce soit, ce n'est pas sur le fond plus que quelque vingt minutes, on
doive nécessairement passer des heures et des heures. C'est pour donner
cette limite. Je suis absolument certain qu'il va se présenter plusieurs
occasions au cours des séances de la commission où, de
façon unanime, de l'expérience du bill 22 entre autres, de
l'examen des mémoires présentés au bill 22, la commission
va décider d'accorder plus de temps à un intervenant et plus de
temps aux députés. Mais on s'est donné ce qu'on appelle
une espèce de cadre, si vous me passez l'expression, des "guide-lines"
qui s'appellent une heure de travaux. C'est drôle qu'on dise ça,
c'est accepté; comme les Anglais...
Le Président (M. Cardinal): Veuillez, s'il vous
plaît, revenir au vif du sujet.
M. Burns: ... comme les Anglais, M. le Président, qui ne
connaissent pas ce mot, utilisent le mot français qui s'appelle
nuance...
Le Président (M. Cardinal): Revenez au sujet, M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Burns: ... comme tel. Cela n'existe pas en anglais, le mot
nuance, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cela existe, ce mot français, c'est un idiotisme en
anglais.
M. Burns: C'est-à-dire que les Anglais l'ont simplement
adapté à leur langue.
Le Président (M. Cardinal): Ne m'embarquez pas en dehors
du débat. Veuillez revenir au débat, M. le leader
parlementaire.
M. Burns: D'accord. M. le Président, tout cela pour dire
qu'il ne faudrait pas faire une tempête dans un verre d'eau. Si, à
un moment donné... C'est quoi qu'il roucoule, le député
de... Il roucoule quoi, le député de Mont-Royal?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le leader
parlementaire du gouvernement, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: On nous met des bâtons dans les roues:
soyez bien sages, bien tranquilles, ne réagissez pas, soyez calmes, on
vous enlève votre droit de parole. Soyez honnêtes, soyez calmes,
collaborez.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier! M. le député de
Jacques-Cartier, s'il vous plaît!
Un témoin dans la salle: Est-ce qu'un témoin
pourrait dire ce qu'il pense de votre comédie?
Le Président (M. Cardinal): Non, monsieur. Vous n'avez pas
le droit de vous exprimer présentement. À l'ordre, s'il vous
plaît! Ce genre d'incident devait arriver justement et je rappellerai aux
députés que je n'ai pas l'avantage de pouvoir me lever ici. Je
n'ai que l'avantage de pouvoir suspendre les travaux et je ne considère
pas cela un avantage pour la commission et pour les témoins.
C'est donc très précisément que je vous rappelle
que je ne représente pas un parti, que je représente la
présidence, et que tout le monde, quels que soient ses sentiments, son
émotivité, doit, à chaque instant, la respecter.
J'espère que je n'aurai pas, comme à l'occasion d'un
témoin qui a voulu s'exprimer en dehors du temps, à exercer le
même geste envers les membres de la députation. Je demanderai
à chacun des députés, y compris ceux qui parlent avec la
permission de toute la commission, de respecter ces règles qui
dépassent la bienséance et qui sont des règles qui
permettent cet exercice de la démocratie qui doit se faire avec beaucoup
de patience et, même s'il y a des passions, je le comprends, en les
retenant quand même.
M. le leader du gouvernement, je vous prierais d'en venir au sujet
même. Je prie les autres députés de ne pas interrompre
celui qui intervient.
M. Burns: Merci, M. le Président. Heureusement que nous
avons votre tête froide pour nous rappeler constamment à l'ordre
et vous le faites très bien.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
M. Burns: M. le Président, je disais tout simplement qu'il
y a quelque chose de pas compliqué qui s'appelle l'unanimité de
la commission, et ce
n'est pas quelque chose que des parlementaires, dans le passé,
ont mis de côté. Je le dis, maintenant que je suis du
côté ministériel, à l'endroit de ceux qui,
maintenant, sont dans l'Opposition officielle, qui n'ont pas abusé des
règles qui existaient à l'époque, c'est-à-dire
exactement les règles que propose le député de Taschereau
par sa motion.
À l'époque, je n'ai pas senti que la partie
ministérielle avait abusé de la règle de pratique qui
existait. Ce que nous proposons maintenant, c'est que cette règle de
pratique soit mise en vigueur, mais que, sans qu'on le dise, de façon
unanime, on puisse dire que M. Untel ou le groupement un-tel nous arrive avec
un document tellement substantiel qu'il soit physiquement, intellectuellement
et moralement impossible de l'entendre à l'intérieur d'une
période de 20 minutes.
À ce moment-là, le consentement de la commission va
sûrement se donner. Je ne vois pas que les ministériels actuels
abusent davantage du privilège que cette motion, une fois
adoptée, pourrait leur donner, que les ministériels
précédents, avant le 15 novembre 1976, n'en ont abusé.
Je vois les choses comme cela, sauf qu'on se donne un cadre de
fonctionnement. Ce cadre de fonctionnement m'apparaît tout à fait
normal, tel que suggéré par le député de
Taschereau. De cette façon, personnellement, je serais vraiment contre
la proposition du député de Marguerite-Bourgeoys, quant à
son amendement proposé à la motion principale.
Le Président (M. Cardinal): Avec la permission de la
commission, je donnerais la parole au leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Est-ce que ce consentement est accordé?
M. Burns: Consentement.
Le Président (M. Cardinal): Accordé. M. le leader
de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Le plus brièvement possible, je dois vous dire
que nous, nous regrettons ce débat de procédure. Nous le
regrettons vraiment. C'est un manque de politesse envers les témoins que
nous avons convoqués. Je ne suis pas ici pour vous lancer des fleurs,
messieurs; et ce n'est pas votre devoir de m'en lancer non plus. C'est un forum
populaire ici. D'accord? Vous allez m'endurer. C'est clair? Comme je serai
obligé de vous endurer tout à l'heure.
Mais je regrette cette improvisation et cette motion du
député de Taschereau qui est arrivée sur un petit bout de
papier de 4X5, alors que nous avions commencé à avoir des
négociations avec le leader du gouvernement la semaine dernière
sur cette question.
Je crois que je lui ai c'est précis laissé
entendre, et même avant la commission aujourd'hui, qu'il n'y avait pas
consentement de notre part et je lui ai rappelé la modification des
règles que nous avions apportées en 1976, à cause de
l'"impraticabilité" de la motion proposée par le
député de Taschereau.
Il y a manque de consultations et je dois regretter ce manque de
confiance qu'on a accordée, qui avait été
suggérée dans le passé à la commission. Notre
désir, ce n'est pas de retarder les travaux, on le sait qu'il y a 200
mémoires, ni de nous servir des deux heures proposées dans la
motion d'amendement. Mais, en tout respect pour nos témoins, nous avons
élargi cette motion à deux heures même si nous
souhaiterions qu'il y ait confiance absolue en la commission pour
certains mémoires très importants comme ceux qui passeront dans
quinze ou vingt minutes. Il y en a d'autres qui auront besoin, peut-être
en cours de route, de deux ou trois heures et on ne voudrait pas d'une
contrainte d'une heure. On sait dans quel climat va se passer cette commission,
c'est la première journée et on voit ce qui se passe
actuellement.
Dans deux semaines, dans trois semaines, dans un mois, demander le
consentement en système démocratique... Là, vous voulez
que le consentement vienne de votre part, alors qu'on aura une contrainte. Je
crois que, dans notre système parlementaire, démocratique, le
consentement devrait être obtenu de l'Opposition et non pas de la
majorité ministérielle, vous renversez le fardeau de la preuve
actuellement.
Votre motion est tellement grave qu'elle vient totalement à
l'encontre de l'article 160 de notre règlement et je terminerai, tout
à l'heure, par une directive au président. Comment fera-t-il pour
appliquer l'article 160 qui donne des droits absolus à tous les membres
de la commission? Je vous lis l'article 160 qui dit: "Lorsqu'une commission
étudie un projet de loi c'est notre cas ou des
crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne
pas parler plus de vingt minutes en tout sur un même article, un
même paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre
ou de règlement".
Cela veut dire que, si on adopte votre motion, M. le
député de Taschereau, on n'a plus d'application pour l'article
160, parce qu'on pourrait soulever, durant les auditions, une question de
règlement ou une question d'ordre où tous les
députés auraient droit à vingt minutes.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader de l'Opposition
officielle, je m'excuse.
M. Lavoie: Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Cardinal): Vous permettez, quand
même.
M. Lavoie: Je vous dis que la portée de cette motion a
été adoptée par la commission.
Le Président (M. Cardinal): Je vous écoute. Je ne
voudrais pas que, vous adressant aux ministériels, vous vous adressiez
indirectement à la présidence. Je sais les difficultés que
soulèverait cette motion si elle était adoptée. Je les ai
vues au moment où la décision a été rendue. J'en
parlerai au moment de la demande de votre directive. Je vous permets de
continuer, avec beaucoup d'intérêt.
M. Lavoie: M. le Président, revenant à la question
pratique, c'est que durant la présentation d'un mémoire, on
pourrait soulever une question de règlement et tous les
députés, les 19 députés, auraient le droit
d'intervenir vingt minutes sur la question du règlement. Je vais
à l'extrême. Cela voudrait dire que, dès qu'un ou deux se
seraient exprimés, un député pourrait invoquer la question
de règlement et dire: C'est terminé, il n'y a plus de question de
règlement. Messieurs, quittez la table, parce que nous avons l'ordre de
la commission que cela dure une heure. La gravité, c'est que, si on
adoptait votre motion, cela suspendrait la règle 160 qui est un article,
non pas une règle de pratique, mais un article de fond de notre
règlement. Plus que cela, si on acceptait votre motion, on irait
à l'encontre de l'article 84, qui est un article très important
de notre règlement, qui dit que la seule manière de suspendre
l'article 160, c'est de le faire en vertu de l'article 85, je m'excuse, de
l'article 84, motion de suspension de l'application d'une règle de
procédure.
Suspendre l'article 160, c'est tellement grave qu'il faut passer,
à l'Assemblée, par une motion annoncée: "L'application
d'une règle de procédure prévue aux paragraphes 2, 3, 4 de
l'article 3 du règlement peut être suspendue à la suite
d'une motion annoncée du leader parlementaire du gouvernement ou d'un
ministre indiquant l'objet pour lequel elle est suspendue".
Deuxièmement, si vous considérez que le projet de loi 1
est d'une importance et d'une urgence capitale, il y a une autre provision pour
cela, au paragraphe 2 de l'article 84: "Quand la motion de suspension de
l'application d'une règle a lieu pour raison d'urgence, elle n'a pas
à être annoncée et elle doit contenir uniquement un
exposé des motifs qui prouvent l'urgence et justifient la suspension de
l'application des règles".
Votre motion, si elle était adoptée, ferait, en
conséquence, qu'on suspendrait l'article 160 du règlement. Je me
demande comment le président pourra l'appliquer et le faire appliquer,
l'article 160.
Nous avons ici nous nous servons uniquement de l'article 84 dans
des cas extrêmes, dans des cas de clôture, dans des cas de
guillotine et votre motion apporte l'effet à la pièce de chaque
mémoire d'une clôture et d'une guillotine sur la
présentation de chacun des mémoires.
Je me demande pourquoi s'aventurer et aller adopter une telle motion.
Plus que cela, si elle était adoptée par la majorité
gouvernementale, vous l'avez, la majorité, vous pouvez l'adopter, cette
motion, cela veut dire que vous imposeriez par l'adoption de votre motion la
clôture et le bâillon à toute l'Opposition, et même
aux témoins. Vous voyez la gravité de votre motion!
M. le Président, je vais émettre deux voeux, par politesse
et par respect pour les cinq témoins que nous avons convoqués
aujourd'hui. Je ferais une suggestion au député de Taschereau,
soit qu'on suspende le débat sur votre motion pour quelques jours, qu'on
entende d'abord, en priorité, les cinq témoins que nous avons
convoqués, suivant les règles normales. Nous allons prouver que
nous n'exploiterons pas et que nous ne prendrons pas une heure, ou même,
encore moins deux heures par mémoire.
Une journée, le plus tôt possible, et même le soir,
si vous voulez, faites une séance spéciale de la commission
durant laquelle on la débattra ou on verra nos règles du jeu, si
on peut arriver à un consensus des règles du jeu, mais pas
débattre pendant déjà deux heures et quart, alors qu'il y
a des témoins qui attendent. On pourrait la mettre de côté,
si vous êtes d'accord, et si la commission est unanime pour entendre les
témoins suivant les règles normales, vous allez jugez de la bonne
foi de l'Opposition, on pourra convoquer la commission à un autre moment
pour déterminer nos règles du jeu.
Deuxième chose, une autre requête, si vous n'êtes pas
prêts à accepter celle-là, à cause de la
gravité de la suspension des règles, de la clôture que la
majorité gouvernementale pourra imposer, le bâillon et la
guillotine, je disais tout à l'heure qu'à la suite des propos du
leader du gouvernement, il veut nous mettre des contraintes, un corset, des
enfarges, et après cela, dire: On vous accordera notre consentement
unanime. Je crois qu'en système parlementaire, en système
démocratique, cela devrait être renversé. Faites confiance
à la commission, et l'Opposition je vous donne ma parole en ce
qui nous concerne accordera son consentement unanime pour certains
mémoires, que cela prenne uniquement 20 minutes ou 30 minutes. Je crois
que cela devrait être renversé, ce consentement unanime.
Je regrette, encore une fois, cette improvisation. Je me demande s'il a
consulté le leader du gouvernement, à la suite des consultations
que nous avons eues la semaine dernière et ce matin, alors que je l'ai
prévenu, et que je lui ai rappelé les débats de 1976,
alors qu'on avait suspendu les règles de pratique, même à
la demande du leader du gouvernement, pour faire confiance à la
commission.
Mon dernier mot. Je me demande dans quel piège, justement par ce
manque d'improvisation... si la majorité gouvernementale voulait se
servir de son rouleau à vapeur et de sa majorité, le
député de Taschereau ne sait pas dans quel piège, il s'est
embarqué, parce que cette motion pourrait être débattue
toute la semaine. Tous les députés ont le droit d'apporter des
amendements et des sous-amendements. Étant donné que votre
règle n'est pas encore suspendue, on aurait le droit de parole, chacun
de nous, autant sur les amendements que les sous-amendements, et une fois que
le sous-amendement est rejeté, l'amendement est rejeté, tous les
députés ont le droit d'en faire d'autres. Les 25 témoins
que vous avez convoqués cette semaine, ils s'en iraient tintin, à
cause du piège dans lequel vous vous êtes fourrés.
M. Guay: À cause de l'Opposition.
M. Lavoie: Je termine, je regrette, je n'ai pas pris mes 20
minutes, vous le voyez. Mon premier voeu; qu'on suspende le débat sur
votre motion
pour entendre les cinq témoins, qu'on siège un matin cette
semaine où il n'y a pas de témoins et qu'on fasse les
règles du jeu. Mon autre voeu: au nom de toute décence, vous
devriez retirer votre motion.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vais immédiatement procéder aux deux demandes du
leader de l'Opposition officielle. Je veux quand même indiquer que si je
le suis sur une partie de son argumentation voulant que l'article 160 doit
s'appliquer, voulant que cette application serait très difficile comme
ce le fût à la suite de la décision rendue par un autre
président, à l'occasion des débats sur le projet de loi
22, j'ai fort bien vu ceci, au moment où j'ai rendu ma décision,
il y a déjà un certain temps. Le fait qu'une motion soit
difficilement applicable ou ne soit pas difficilement applicable, c'est
peut-être un argument dont il faut tenir compte, mais ce n'est pas
l'argument principal.
Le deuxième point. Il a vu que jusqu'à présent
l'article 160 a été observé à la lettre, même
si les députés ont manifesté une retenue très
bienvenue dans les circonstances. Alors, je demande à la commission si
le premier voeu, parce que ce n'est pas une motion, du leader de l'Opposition
officielle, voulant que du consentement, l'on suspende le débat sur la
motion et l'amendement, est accepté. Avant de poser la question
officiellement, je poserais la question suivante: Est-ce que cela suppose que
toute autre motion serait d'avance suspendue tant que les témoins
convoqués aujourd'hui n'auraient pas été entendus?
C'est une question que je pose au leader. Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je suis tiraillé entre
le voeu du leader, parce que je l'approuve. D'un autre côté, nous
avions quelques motions... Il y en a sûrement quelques-unes qu'on
pourrait faire à un autre moment, si le gouvernement nous assurait
qu'une séance de cette commission serait tenue cette semaine, où
aucun invité ne serait présent, de sorte qu'on ne se sentirait
pas dans cette situation et un peu mal à l'aise de faire perdre le temps
des témoins. À ce moment-là, si le ministre, comme
dirigeant de cette commission parlementaire, nous assurait qu'une séance
de cette commission parlementaire serait tenue le plus tôt possible, sans
témoins, au moins une séance de trois heures, une matinée,
disons, à ce moment-là, plusieurs des motions que nous avons
pourraient être reportées à celle-là. Je ne dis pas
toutes. Peut-être que le député de L'Acadie pourra
expliciter sa pensée là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): Avant que je ne donne la
parole au député de L'Acadie, je vous remercie, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys d'avoir d'abord apporté
cette précision à ma question, et je pose la question très
précisément, aux seuls membres de la commission, pour le moment,
parce qu'il n'y a pas de débat sur un voeu, je demande aux membres et
aux seuls membres de la commission s'ils sont d'accord pour approuver et
entériner le voeu du leader de l'Opposition officielle...
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Je regrette, M. le
député de Mégantic-Compton. Je demande auparavant aux
membres de la commission... C'est parce que s'il n'y a pas accord des membres
de la commission, il est inutile de faire un débat. Le leader de
l'Opposition officielle a exprimé un voeu. Il a demandé à
la commission, si j'interprète bien M. le leader de l'Opposition
officielle, si elle était d'accord pour suspendre et la motion
d'amendement et la motion principale qui est devant nous. À une question
que j'ai posée, le député de Marguerite-Bourgeoys a dit
qu'il serait prêt, advenant cette suspension accordée par tous les
membres de la commission et par eux seulement, à ce que d'autres motions
viennent à une éventuelle séance de cette commission.
M. Lalonde: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Bon! Bien, d'accord! Sur ce
voeu...
M. Lalonde:... je voudrais préciser.
Le Président (M. Cardinal): ... je vais demander au
député de Marguerite-Bourgeoys de préciser et, avec la
permission de la commission, vous aurez la parole...
M. Grenier: Sur la motion principale, on a un amendement, et on a
un voeu actuellement.
M. Lalonde: J'aimerais préciser...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: J'aimerais bien qu'on s'exprime et qu'on sache
où on s'en va avec ça. La salle est exaspérée et,
nous aussi, on commence à l'être.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton...
Une voix: ... vous exagérez... M. Grenier:
Non...
Le Président (M. Cardinal): Je veux tout de suite
libérer la commission de ce voeu exprimé par le leader de
l'Opposition...
M. Burns: Qu'est-ce que ça va...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Qu'est-ce que ça va être au mois
d'août?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le leader
du gouvernement!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, très
brièvement, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, toutes nos motions
préliminaires pourraient être faites à l'autre
séance, si le gouvernement nous donne son assurance qu'il y aura une
séance sans inviter ici, cette semaine, disons...
Une voix: Ouverte au public.
M. Lalonde: Ouverte au public, naturellement, comme toutes nos
séances, sauf la motion que j'avais l'intention de faire, que nos
députés pourraient faire, selon laquelle tous les
députés auraient droit de parole, qui n'est pas encore faite.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais ne franchissez
pas d'autres clôtures, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Burns: Je ne peux pas répondre, je n'ai pas le droit de
parole.
Le Président (M. Cardinal): Justement, j'ai dit que seuls
les membres du côté ministériel, les autres qui sont
membres de la commission peuvent répondre. Est-ce que ce voeu est
acceptable et accepté?
M. Guay: Non.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Dès qu'il y a un
non...
M. Guay: Je vais vous expliquer pourquoi, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Alors, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Le gouvernement a proposé déjà
à l'Opposition officielle et peut-être aux autres partis
d'Opposition, mais au moins à l'Opposition officielle, que cette
commission siège avant le délai d'un mois qui a été
prévu au règlement, suite à la publication dans la Gazette
officielle. Si l'Opposition officielle avait consenti à cela, il aurait
été évidemment possible, à ce moment-là de
faire une séance uniquement sur la question de procédure. Comme
le consentement n'a pas été obtenu, il a fallu que nous fassions
ces motions à la première séance publique,
c'est-à-dire ce matin, et la meilleure façon d'en disposer, M. le
Président, est de régler une fois pour toutes nos travaux pour
les semaines à venir et d'entendre les parties qui sont là
aujourd'hui et que nous souhaitons entendre immédiatement, si c'est
possible, c'est de disposer de la motion en faveur ou à l'encontre.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, je comprends...
M. Lavoie: ... faire, étant donné... sur les
propos, sans soulever de débat...
Le Président (M. Cardinal: Oui, M. le leader
parlementaire...
M. Lavoie: ... je dois mentionner que si...
Le Président (M. Cardinal): Avant de compléter, je
présume qu'il y a consentement de la commission pour vous entendre?
M. Lavoie: Oui, merci. Lorsqu'on a eu des conversations
informelles selon lesquelles on siégerait avant le délai, ce
n'était pas pour préparer les travaux ou des travaux
préliminaires, c'était, dès le début, pour entendre
les quelques rapports qui étaient déposés à ce
moment-là.
Je n'ai jamais eu la proposition de tenir une première
séance préparatoire...
M. Guay: Je l'ai dit d'ailleurs. M. Lavoie: L'incident est
clos.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Un instant.
M. le député de Mégantic-Compton, si la commission vous le
permet... Je vous demanderais d'être bref.
Le consentement est non seulement présumé, mais il est
accordé, puisque le député s'est exprimé.
M. Grenier: On fait face, bien sûr, à une motion
principale, à une motion d'amendement et à un voeu. On se rend
compte, comme je l'ai dit tout à l'heure, que la salle est
peut-être exaspérée et on la comprend, nous aussi, on
commence à l'être, même si on a l'expérience de ces
débats.
Bien sûr que ce débat peut aller loin. Pour nous, notre
parti, ce n'est pas ce que nous voulons faire ici. Ce n'est pas de la
procédure qu'on veut faire et je me fous pas mal de ce qui s'est fait
les années passées, ce à quoi on peut
référer. Ce qu'on veut et je sais que des 200 mémoires
qu'on va entendre, comme le dirait sans doute le ministre de
l'Éducation, quot capita, tot sensus. Autant on en entendra, autant on
aura d'opinions.
Si on décide que ce sera une heure ou deux la motion de
fond d'une heure ou l'amendement de deux heures si on en arrive à
cela, ce n'est pas pour informer le leader du gouvernement, cela ne sera
peut-être pas un "guide line", ce qu'on appelle chez nous, en milieu
rural, des balises. Cela importe peu, que ce soit une heure ou deux heures. Ce
qui compte, c'est qu'on minute le temps. Selon qu'on décidera que c'est
une heure ou deux, on minutera le temps. C'est là-dessus qu'on ne s'est
pas entendu. C'est beau de dire que ce sont trente-cinq minutes du
côté ministériel et trente-cinq minutes du
côté de l'Opposition, mais il faudra préciser aussi ce qui
revient à l'Union Nationale.
À partir de là, si on se limite à une heure ou
à deux, peu importe ce qui arrivera, pour moi, il est important
d'entendre plusieurs mémoires...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. M. le
député de Mégantic-Compton, vous en êtes rendu
à parler de l'amendement et de la motion principale. Je pensais
que vous vouliez vous exprimer sur le voeu et pour justement empêcher que
ceux qui sont devant nous ne deviennent exaspérés, je vous
prierais de terminer et je vais rendre tout de suite une décision sur le
voeu.
M. Grenier: Bon, d'accord. J'en reviens au voeu pour
régler l'imbroglio. Ce qui a été proposé par le
député de Rouyn-Noranda au départ, c'est-à-dire de
faire cesser la commission de siéger ce matin et de s'entendre sur un
arrêt qu'on aurait pu faire, on en revient à toutes ces
discussions de tout à l'heure...
Il est évident que si on avait fait ce qui est proposé
depuis tout à l'heure par l'Opposition officielle, par le
député de Rouyn-Noranda, si on s'en était tenu à
l'article 143, la commission aurait pu nommer un comité directeur et des
sous-commissions et aurait pu préparer tout ce cheminement qu'on est en
train de faire ce matin devant des gens qui sont arrivés ici depuis
plusieurs heures et qu'on ne pourra peut-être pas entendre aujourd'hui,
si on continue.
Si on avait eu cela avant, ces règles seraient déjà
établies. Encore une fois, je suis convaincu que si on en vient à
s'entendre sur le temps, ce qui compte... Je ne pense pas qu'on brime
l'Opposition, parce qu'il y a toujours consentement et on accordera le
consentement unanime, à savoir que s'il y a un mémoire
intéressant pour l'un et l'autre, on donnera le temps qu'il faut pour
l'entendre. Bien sûr que tout le monde sera intéressé de
l'entendre. Ce qui compte, c'est d'entendre le plus de mémoires possible
parce que, lorsque la salle sera devenue un sauna, on ne sera plus
intéressé d'entendre tellement de mémoires et on sera
tenté de dire que tout se répète et cela ne sera
peut-être pas vrai à ce moment. Plus on aura de mémoires,
plus on en apprendra.
Je serai d'accord qu'on s'entende sur un ordre de temps et à
l'intérieur de ce temps, il faudra déterminer ce qui revient, non
seulement au gouvernement et à l'Opposition officielle, mais aux partis
de l'Opposition au pluriel, parce qu'on est plusieurs et on représente
un pourcentage important de la population, je pense. Il nous faut parler au nom
de ces gens.
Encore là, si on en vient aux minutes qu'on veut donner, je pense
qu'il faudra faire...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Grenier: Je m'excuse si je touche un peu à la motion de
fond.
Le Président (M. Cardinal): Justement, n'y touchez pas,
s'il vous plaît. Je voudrais qu'on puisse, pour une fois, tenter de
disposer, calmement, mais avec efficacité du voeu et du sous-voeu du
leader de l'Opposition officielle.
M. Grenier: Le voeu qui rejoint la proposition faite par le
député de Rouyn-Noranda a pas mal de bon sens. Ce voeu est de se
retirer, temporairement, pour décider de quelque chose en comité,
aplanir et régler cela. Pendant que le comité se retirera ou non,
pendant que ce comité, qui pourrait être formé de moins de
personnes que nous sommes, décidera de la façon dont on va
fonctionner, qu'on entende les mémoires des cinq organismes qui sont ici
aujourd'hui, qu'on les entende pendant que le comité pourra
siéger ailleurs ou qu'on remette à plus tard la formation du
comité. Qu'on entende tous ces mémoires in extenso avec des
formules qu'on peut se donner, tenant compte des règles que peut former
le comité.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, heureusement que vous terminiez, parce que je vous
rappelais à l'ordre. Si vous le permettez, je vais permettre à
deux autres...
M. Grenier: Mais cela forme un tout, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Cela forme
un tout, mais il faut quand même distinguer les choses.
Je vais permettre deux brèves interventions de deux autres
partis, d'abord le député de Beauce-Sud et ensuite celui de
Rouyn-Noranda. Il n'y aucune préférence. C'est l'ordre dans
lequel le président les a reconnus et, par la suite, je pense que je
pourrai rapidement disposer des voeux qui ont été soumis à
la commission.
Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je n'ai pas l'intention
d'être très long pour ne pas abuser du temps que nous avons, parce
qu'actuellement on est en train de perdre notre temps pour épargner du
temps. M. le Président, il est exactement 12 h 30. Je ne ferai pas un
voeu, on peut appeler cela peut-être une suggestion ou un sous-voeu, peu
importe. On en est rendu dans la confusion la plus complète avec les
termes. Il nous reste 30 minutes avant 13 heures. Je suis convaincu, je suis
persuadé, M. le Président, que si on suspendait les travaux de la
commission parlementaire et que les représentants des différents
partis présents à cette table se réunissent, nous
pourrions régler ce problème et entreprendre, de façon
sérieuse et sereine, les travaux de la commission parlementaire,
immédiatement après la période de questions cet
après-midi. Sinon, M. le Président, nous allons nous retrouver
à 16 heures ou 16 h 30 exactement dans la même procédurite.
Actuellement, on passe pour des gens qui ne sont pas sérieux dans un
débat qui est extrêmement sérieux. Il y a des limites
à perdre notre temps pour essayer d'épargner du temps.
Le Président (M. Cardinal): ... M. le député
de Beauce-Sud. D'ailleurs, si vous le permettez, avant justement qu'il ne soit
13 heures et que le règlement ne me permette tout simplement de me lever
à cause de l'avis de la Chambre qui est le suivant:
La commission d'aujourd'hui siège de 10 heures à 13 heures
et l'Assemblée nationale, à sa discrétion ou suivant la
motion ou l'avis du leader parlementaire du gouvernement, une nouvelle
rencontre de la commission... On n'est pas pour commencer à discuter
à 13 heures s'il faut ajourner ou s'il faut suspendre nos travaux. Je
sais que cela aurait l'air ridicule que l'on ajourne les travaux sine die. Cela
donnerait une fausse impression et, de fait, à 13 heures, nous serons
remis à l'ordre de la Chambre qui actuellement ne nous permet de
siéger que depuis ce matin, 10 heures, jusqu'à 13 heures. Je
pense que M. le leader parlementaire du gouvernement se rend compte que ce que
je dis est exact. J'espère que vous avez terminé, M. le
député de Mégantic-Compton. Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Sud, j'étais rendu là. C'est
terminé?
M. Roy: Oui, M. le Président, et même si le
règlement en vertu de l'article 77 me permet de faire une motion de
suspension de nos travaux, je pourrais la faire, mais je ne veux pas la faire,
pour ne pas ajouter une autre motion, mais je pense quand même que nous
sommes des adultes. Il devrait y avoir un consentement unanime autour de cette
table immédiatement pour qu'on suspende nos travaux pour que nous nous
réunissions pour tâcher de trouver une solution acceptable pour
tout le monde. Je n'ose pas en faire une motion, M. le Président, parce
qu'on va encore discuter de la motion pendant une heure.
Le Président (M. Cardinal): ... d'autres voeux, monsieur.
Non, M. le député de Mégantic-Compton, je regrette. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je pense que si nous pouvions
avoir une collaboration autour de cette table, on pourrait régler cela
très rapidement. Je trouve un peu odieux le genre de débat qu'on
est obligé d'avoir ce matin. J'ai fait tantôt une suggestion
à la présidence et je pense qu'il n'est pas exclu que la
présidence puisse demander le consentement unanime concernant cette
suggestion que j'ai faite. Je la maintiens. Nous devrions suspendre nos travaux
pour quelques minutes, le temps de permettre aux représentants de chacun
des partis d'aller s'entendre sur la question du partage du temps en même
temps que sur la limite du temps. Je sais que nous avons deux motions devant
nous. Une motion qui nous limite à une heure et une autre motion qui
veut élargir le temps à deux heures et on pourrait faire d'autres
motions ad vitam aeternam, M. le Président. Il n'y aurait pas de limite.
Je pense que si on veut, d'un côté ou de l'autre, ne pas mettre
d'eau dans son vin, on va tout simplement continuer ce jeu et cela ne
rapportera rien à personne. Je vous demande, M. le Président,
s'il vous est possible de demander aux membres de cette commission la
permission de suspendre pour quelques instants et nous permettre d'aller nous
entendre, puis qu'on revienne et qu'on travaille.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, j'avais retenu votre proposition, je l'ai même
notée ici. Mais comme il y avait eu ce voeu ou cette proposition, peu
importe le nom qu'on puisse traiter d'une suggestion à cette commission,
on pourrait jouer longtemps sur les termes, mais je veux revenir... le
député de Taschereau me corrigera, j'ai l'impression que le
premier voeu du leader parlementaire de l'Opposition officielle, le
député de Laval, voulant qu'il suspende sa motion principale
n'est pas accepté après ce qu'il a dit. Il y avait un second
voeu, je ne l'appellerais pas un sous-voeu... Oui, M. le député
de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, est-ce qu'un membre non
officiel de la commission peut faire ses voeux ou peut faire des
propositions?
M. Lavoie: Dans le cadre de la procédure.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est une demande de directive. J'ai dit beaucoup de choses ce
matin qui, je pense, ont été oubliées ou qui ne sont pas
retenues, tant que le journal des Débats n'est pas publié. La
procédure m'a appris qu'il fallait dire ce qu'on va dire, le dire et
dire qu'on l'a dit. Je reviens à votre demande. La directive est pour
qu'avec le consentement de la commission, et c'est le règlement qui le
dit, quelqu'un puisse s'exprimer et terminer l'expression de son opinion par un
voeu. Je ne pense pas qu'il puisse la terminer par une motion. Il ne peut
certainement pas voter. Mais j'ai voulu, et je l'ai mentionné au
début, que les députés n'abusent pas de leurs
privilèges pour qu'on conserve cette espèce d'équilibre
dans la démocratie. Il ne faudrait pas qu'elle joue au détriment
des témoins qui viennent devant cette commission.
C'est pourquoi je considère, immédiatement et sans autre
discussion, qu'il n'y a pas consentement, non pas au sujet de la motion, mais
du premier voeu du leader de l'Opposition officielle à l'effet de
suspendre le débat sur la motion d'amendement et ensuite sur la motion
principale.
D'autre part, je pense que, peut-être pour la forme, j'aurais
besoin de demander au député de Taschereau s'il retire sa motion,
mais, implicitement, je pense qu'il ne l'a pas retirée. Je pense donc
que cet incident est clos.
J'en arrive immédiatement, avant qu'on ne revienne à la
motion d'amendement, à la proposition du député de
Rouyn-Noranda. Le député de Rouyn-Noranda est membre de cette
commission, il n'a pas désiré faire une motion formelle, ni rien
par écrit. Il a simplement suggéré que, du consentement
unanime des membres de la commission, si vous avez bien ouï et bien
compris, l'on suspende quelques minutes, à 12 h 38. Je demande ce
consentement à la commission, et, si ce consentement est accordé,
je ne permettrai pas d'intervention sur le voeu ou la proposition non formelle
du député. Est-ce que le consentement est accordé?
Une voix: Oui.
Une voix: Non.
Le Président (M. Cardinal): On a dit non du
côté ministériel, le consentement n'est donc pas
accordé, nous continuons jusqu'à 13 heures et la parole est
donnée maintenant à nouveau, du consentement de la
commission...
Une voix: Vous n'êtes pas d'accord?
Le Président (M. Cardinal): Non, ils ont dit qu'ils
n'étaient pas d'accord.
M. Lavoie: Du côté ministériel, il y a eu un
non.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a eu au moins un non.
Du consentement de la commission, pour respecter encore une fois cet
équilibre entre les partis, même si le député de
Mégantic-Compton a fait un exposé qui était tout
près de la motion de fond de l'amendement, du consentement de la
commission, je serais disposé à lui accorder la parole, mais
strictement sur la motion d'amendement. Est-ce que ce consentement est
accordé au député de Mégantic-Compton?
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Une voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Accordé. M. le
député de Mégantic-Compton. Encore une fois, dans les
limites de l'article 160, pour satisfaire ceux qui s'intéressent
beaucoup à la procédure.
M. Grenier: C'est à se demander, M. le Président,
si ça vaut la peine d'apprendre. Sur cette motion où on nous
répartit 35 minutes, on demande d'avoir deux heures au lieu d'une, comme
je l'ai dit tout à l'heure, je n'ai pas d'objection à ce qu'on se
donne deux heures ou une heure, ce que j'accepte, c'est qu'on se donne des
balises, qu'on puisse dire: Un mémoire va demander deux heures ou une
heure, mais qu'on sache où on s'en va, pour qu'on puisse, d'avance,
déterminer à peu près le nombre d'heures qu'on aura
à siéger. Il est bien sûr qu'à l'intérieur de
deux heures ou d'une heure, on pourra couper, c'est une limite qu'on se
donne.
À partir de là, je serais d'accord pour qu'on entende le
plus grand nombre de mémoires. Je reviens à ce qui touchait le
fond tout à l'heure, M. le Président, qu'on entende le plus grand
nombre de mémoires, parce que c'est à l'audition des
mémoires multipliés qu'on formera une opinion plus claire. Il est
évident qu'après sept ou huit mémoires, si c'est un temps
illimité sur chacun des mémoires, il est clair qu'on peut poser
à peu près toutes les questions, qu'on saura d'avance ce que les
autres mémoires vont nous donner.
Je ne vois pas, après l'audition d'une dizaine de bons
mémoires, ce qui restera à nous apprendre si ça doit nous
prendre une journée par mémoire.
À partir de là, je pense que c'est de se donner ce que le
leader du gouvernement appelle des "guide lines", ce que j'appelle des balises,
se donner une direction plus précise, pour savoir où on s'en va
avec ce temps qu'on veut limiter.
Encore une fois, que ce soit l'amendement de deux heures ou la motion
principale d'une heure, il faudra se déterminer à
l'intérieur de ça, probablement avec un comité qu'on
pourrait former bien rapidement et qui pourrait en décider assez
facilement, tenant compte des partis qui sont ici représentés,
tenant compte du pourcentage de votes qu'ils représentent
également. Il faut maintenant qu'on est pris avec cette motion et qu'il
faudra l'accepter, savoir ce qu'on peut donner à chacun de nos partis.
Ce que je veux, M. le Président, c'est un souhait, je pense qu'il ne
reste que ça à faire, le voeu a été fait, les
amendements, les sous-amendements, qu'on détermine avec un comité
ad hoc, les périodes de temps qu'on peut attribuer à chacun de
nos comités, de nos partenaires.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mégantic-Compton, je vous remercie, mais, maintenant qu'on est
passé aux motions d'amendement, aux voeux, aux sous-voeux et aux
souhaits, je demanderais qu'on en reste à la motion d'amendement et je
donne la parole à Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'aurais
souhaité ne pas avoir à parler, ni sur la motion principale, ni
sur l'amendement. Dans mon esprit, je pense que le but d'une commission
parlementaire qui entend des témoins est vraiment de permettre au
processus démocratique de s'accomplir de la façon la plus
satisfaisante possible pour la population.
Je dois néanmoins dire que, dans les circonstances, compte tenu
des limites qui me semblent vraiment trop grandes qui sont contenues dans la
motion principale, je me rallierai à l'amendement qui est proposé
par le député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense qu'il convient de
rappeler que cet imbroglio a été créé par le parti
ministériel et qu'à ce moment-ci, nous ne devons plus avoir
qu'une seule préoccupation, celle de permettre le plus rapidement
possible aux personnes qui vont se présenter à cette
assemblée de pouvoir se faire entendre.
Pour les consoler, quoique je pense que ce n'est pas une consolation, je
dois vous dire que j'ai personnellement vécu l'expérience de ces
fameuses commissions parlementaires où j'ai été admise
comme témoin et où, à ce moment-là, le
président actuel siégeait, sur la loi 62, et on nous a fait faire
trois voyages non, le troisième n'a pas eu lieu, parce qu'on a
déclenché des élections entre-temps on nous a fait
faire deux voyages pour discuter de la loi 62. J'espère bien que vous ne
serez pas soumis au même processus.
M. le Président, je suis d'accord avec l'amendement. Je pense
qu'il est un correctif à la motion principale, mais mon souhait le plus
sincère aurait été qu'on entende les gens à leur
mérite et à la
valeur des présentations qui sont faites et qu'on fasse confiance
aux membres de cette commission pour qu'on puisse, à l'amiable et dans
des limites raisonnables, fonctionner d'une façon qui nous permette
d'obtenir le meilleur éclairage possible, tout en respectant les
personnes qui seront appelées à se présenter à
cette commission.
En terminant, je voudrais simplement demander une directive au
président. Comment va-t-il faire appliquer l'article 160 des
règlements si la motion est adoptée?
Le Président (M. Cardinal): Avec beaucoup de
difficulté, Mme le député de L'Acadie. Dans l'ordre
parce que j'ai reconnu certains députés le
député de Mont-Royal et, ensuite, le député de
Rouyn-Noranda.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Moi aussi, je regrette
d'être obligé de prendre le temps de la commission et le temps de
ceux qui ont soumis des mémoires et qui ont voulu se faire entendre
aujourd'hui, de prendre leur temps pour discuter de cette motion.
Il ne faut pas oublier que c'est une motion que le parti
ministériel nous impose. Mais il ne faut pas blâmer l'Opposition
officielle si elle veut défendre des principes que vous essayez de
brimer dans une telle motion. Je ne sais pas si nous sommes tous au courant, si
nous réalisons les implications que la motion du député de
Taschereau entraînera. Je suis révolté personnellement
qu'on impose, qu'on essaye de nous enlever le droit de parole à une
commission parlementaire. Le droit de parole d'un parlementaire, c'est
sacré.
Non seulement on veut nous enlever notre droit de parole, mais on veut
enlever le droit de parole de ceux qui ont soumis leurs mémoires en les
limitant à vingt minutes, parce qu'il y a ceux qui ne pourront
peut-être pas expliquer la complexité, tous les points qu'ils
veulent soulever.
On ne peut pas décider d'avance que quelqu'un aura droit à
seulement vingt minutes. Quand le député de Vanier a dit: Ce ne
sont pas les députés qui seront les vedettes, ce n'est pas la
question d'être des vedettes, c'est la question d'avoir un principe,
d'avoir un droit, un droit de parole. On brime non seulement nos droits, mais
on brime les droits de ceux qui, de bonne foi, sont venus devant cette
commission.
Est-ce qu'on pourrait demander au gouvernement s'il a peur qu'on aille
à fond dans ces mémoires? Est-ce qu'on veut nous obliger à
discuter de tous les mémoires d'une façon superficielle? Je ne
peux pas accepter les explications du député de Maisonneuve qui
dit: On va fixer une limite et, après cela, si je décide ou si le
gouvernement décide qu'on peut parler plus longuement, vous allez avoir
le droit de parler plus longtemps, mais, écoutez, concernant les
accusations, les commentaires, les déclarations qui sont faits à
l'égard de l'aspect totalitaire, de la pensée totalitaire de
brimer les droits démocratiques, vous donnez une preuve exacte,
aujourd'hui, de ce que vous faites.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Ciaccia: S'il vous plaît! Vous n'aimez pas cela quand on
discute, quand on amène quelques arguments. Tout de suite, cela ne fait
pas votre affaire, mais je pense que ces choses doivent être dites, parce
que c'est exactement cela que vous faites. Si vous étiez de bonne foi,
si vous ne vouliez pas nous enlever le droit de parole, si vous ne vouliez pas
imposer la clôture d'avance, vous retireriez cette motion. Cela me
répugne d'être obligé de défendre mes droits de
parole, comme parlementaire, à une commission parlementaire.
Savez-vous ce que vous nous obligez à faire? Est-ce que vous
réalisez les implications de votre motion, les implications de votre
manière de procéder? Je ferais appel au ministre et même je
ferais appel aux députés ministériels. Vous n'êtes
pas obligés de voter en faveur de cette motion, non, vous ne
l'êtes pas et si, vraiment, vous êtes un parti
démocratique...
Une voix: C'est vrai.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Un à la fois, M. le député
de Mont-Royal, et je demanderais aux autres d'écouter attentivement, de
méditer, de prendre leur décision dans le secret de leur
âme et conscience. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Écoutez, si
vous êtes un parti tellement démocratique, si vraiment la
démocratie vous tient à coeur et si vous avez vraiment le
bien-être de nos citoyens à coeur, vous ne créerez pas un
précédent aussi dangereux que celui-ci. C'est bien beau de dire:
En deuxième lecture, vous aurez le droit de parler sur chaque article.
Qu'est-ce qui va nous attendre en deuxième lecture? Ce seront d'autres
règlements qui vont nous imposer le bâillon à l'avance.
Est-ce que c'est cela votre conception de la démocratie? Est-ce que
c'est cela? Je le demanderais au leader parlementaire. Est-ce que c'est cela
qu'on vous a fait pendant que vous étiez dans l'Opposition? Est-ce que
vous avez deux règles de jeu différentes, une pendant que vous
êtes dans l'Opposition officielle et une pendant que vous êtes au
gouvernement?
M. Burns: C'était bien pire que cela quand on était
dans l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Burns: C'était bien pire que cela.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: On vous a donné toutes les occasions.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre, messieurs! Le leader parlementaire n'a pas
été autorisé à répondre. Veuillez
continuer.
M. Burns: Sauf qu'il m'a posé une question. M.
Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous n'avez pas été autorisé à
répondre, même si le député de Mont-Royal vous a
posé une question, en vertu du règlement.
M. Burns: D'accord, mais j'ai répondu quand
même.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais souligner que les incidents que nous
voyons ici aujourd'hui, ce n'est pas la première fois dans l'histoire
d'un pays démocratique que cela arrive et je vous demanderais de faire
bien attention, parce qu'on perd nos droits démocratiques, exactement de
cette façon.
On n'arrive pas du jour au lendemain là où on n'en a plus.
C'est une érosion graduelle. C'est une érosion flagrante
aujourd'hui, la motion que vous essayez de nous imposer. Je suis venu à
cette commission avec un esprit complètement ouvert, pour
écouter, entendre et voir les commentaires des diverses personnes ou des
divers organismes qui veulent faire une intervention. Même le ministre a
fait des déclarations, il a dit: Oui, cela se peut que nous fassions des
changements au bill 1. Je reviens à la motion, M. le Président,
mais comment pourriez-vous ceci est dans l'ordre certainement M.
le ministre, je vous le demande en toute bonne foi, si cette motion est
acceptée, dire à la population que vous avez écouté
les gens qui sont venus ici et qui ont présenté un
mémoire, quand vous les bâillonnez d'avance et que vous dites:
C'est 20 minutes pour vous écouter, le côté
ministériel, c'est 20 minutes que ce soit 20 ou 35 minutes
je vais me rallier à la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que, naturellement, cela va nous donner un peu plus
de temps, mais c'est le principe, M. le ministre. En toute
sincérité, et si vous voulez montrer votre bonne foi, c'est une
motion faite par un député, on peut l'accepter et on peut la
rejeter, mais je vous demanderais de donner le bon exemple, de donner l'exemple
que vos paroles veulent dire quelque chose, que vous êtes vraiment de
bonne foi, que vous êtes sincère, qu'on peut venir devant cette
commission; non pas que vous allez écouter tout ce que nous allons dire,
mais vous allez nous donner la permission de parler et de faire valoir nos
vues. Je vous demanderais, M. le ministre, de demander au côté
ministériel de rejeter cette motion.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. de Bellefeuille: Une question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais vous
demander pourquoi, tout à l'heure, vous avez demandé à la
commission si elle accordait son consentement unanime à propos du voeu
exprimé par le député de Rouyn-Noranda, alors que vous
n'avez pas posé la même question à propos du voeu qui avait
été formulé antérieurement par le
député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Cardinal): Non, le député
de Beauce-Sud n'a pas fait de voeu formel à ce que je me souvienne, je
pense qu'il me le confirmera. Il a même confirmé lui-même
qu'il ne voulait pas faire un voeu. Il en était rendu uniquement
à l'étape des suggestions. Il a employé le mot "souhait",
comme l'a employé le député de Mégantic-Compton. Je
pense que cela répond à la question. Je donne la parole
immédiatement...
M. Roy: Je m'excuse, mais j'aimerais peut-être apporter
cette nuance. Je ne l'ai pas fait pour rien. Je l'ai fait en espérant
que la présidence puisse s'en prévaloir. C'est dans ce but que je
l'ai fait.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais il aurait fallu
un consentement. Alors, je passe immédiatement au député
de Rouyn-Noranda, qui a demandé la parole.
M. Samson: M. le Président, il faut se rendre maintenant
à l'évidence qu'on ne pourra entendre aucun mémoire avant
13 heures. Il est une heure moins huit, moins sept. Avant de parler sur la
motion, je voudrais vous poser, avec votre permission, une autre question.
Est-ce que ce serait possible?
Le Président (M. Cardinal): C'est une demande de
directive?
M. Samson: Une demande de directive.
Le Président (M. Cardinal): Si c'est une demande de
directive, je vais vous écouter, jusqu'au moment où je jugerai
que c'est possible ou que ce n'est pas possible.
M. Samson: D'accord! Est-ce qu'il serait possible, M. le
Président, dans une autre tentative de règlement de bonne foi,
que vous demandiez aux membres de cette commission s'ils accepteraient que les
représentants des différents partis se réunissent entre 13
heures et environ 16 heures, qui sera l'heure, j'imagine, de la reprise de nos
travaux, ce qui veut dire que ça pourrait se faire en dehors des travaux
de la commission? Une réunion pourrait nous permettre d'en arriver
à un consensus et à régler ce problème pour que,
à 16 heures ou 16 h 30, on puisse revenir et commencer à
travailler? Est-ce que ça serait possible, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, ma réponse est immédiate, c'est oui. Je puis
immédiatement demander à la
commission, au lieu de vous accorder le droit de parole jusqu'à
la suspension, si elle désirerait unanimement, parce que, encore une
fois, elle est maîtresse de ses travaux, qu'il y ait réunion des
représentants de chacun des partis avant la reprise, enfin, même
pas la reprise, avant qu'on ne suive soit l'avis ou la motion du leader
parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Est-ce que j'ai la permission de la commission, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Avec la permission... La
commission le permet, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, de la façon dont j'ai
compris la réaction de certains membres ministériels tout
à l'heure qui ont refusé de suspendre les travaux de la
commission pour tenir une telle réunion, ça n'excluait pas que
les gens puissent se rencontrer à l'extérieur de la durée
de cette commission et, quant à moi, je serais personnellement
très favorable même à organiser cette rencontre, si vous
voulez. Mais ce que j'ai compris tout à l'heure, entre autres, de la
motion du député de Taschereau, c'est qu'il voulait faire avancer
les travaux de la commission et ne voulait pas suspendre les travaux de la
commission pour tenir une telle réunion. Mais si ça fait plaisir
à tous les membres de la commission, je vous invite même tous
à mon bureau immédiatement après ou au bureau du
président de l'Assemblée nationale, si le vice-président
ou le président de la commission préfère que ce soit
là. Je ne sais pas si vous voulez accepter que ce soit en terrain
neutre...
Le Président (M. Cardinal): Je puis difficilement vous
inviter au bureau du président, ne l'ayant pas consulté.
M. Burns: ... ça ne nous dérange pas. Non, en tout
cas, écoutez, si vous voulez trouver un terrain neutre, on pourrait
trouver une toilette quelque part, ça ne nous dérange pas.
Mais entre-temps, je vous dis personnellement que je suis prêt
à essayer d'organiser une telle rencontre.
Le Président (M. Cardinal): Ce sont les sentiments de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Avec le consentement de la
commission.
M. Lavoie: Je suis d'accord. Je pense bien qu'il y a consentement
de la commission à participer à une telle réunion des
leaders, mais, comme d'habitude et d'après la tradition, je
préférerais qu'elle soit organisée, comme cela s'est
toujours fait, par la présidence et non pas par le leader parlementaire
du gouvernement. J'accepterais avec plaisir votre invitation, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, justement
pour ne pas engager la présidence directement, je puis promettre de
tenter de rejoindre immédiatement, au moment de la suspension, le
président et lancer immédiatement le message à chacun des
partis, à moins qu'il n'y ait une autre suggestion...
M. Burns: M. le Président, on pourrait peut-être
avoir une réunion préliminaire pour décider de l'endroit.
On pourrait peut-être s'accorder deux heures sur le choix de l'endroit
où on pourrait se réunir.
Le Président (M. Cardinal): Ni sur la forme de la table,
ni sur l'endroit.
M. Burns: Bon! très bien.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, je vais rendre
immédiatement une décision.
M. Burns: Cela me fait penser aux négociations sur le
Vietnam!
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes tous
invités au bureau du vice-président, même si cela n'est pas
aussi grand que les bureaux de la présidence, à 13 h 15. Cela
vous irait-il?
Alors, à 13 h 15, au bureau du président de cette
commission.
Le député de Mégantic-Compton, avec la permission
de la commission.
M. Grenier: D'accord. Cela me va, parce qu'on recommence cela
depuis le matin, on dit que cela aurait dû être fait avant.
À plus forte raison, à midi, on est d'accord pour qu'il y ait
quelqu'un qui se réunisse et qu'on décide des règles du
jeu, mais je m'excuse... 13 h 15? Vous ne nous invitez pas à
dîner, si j'ai cru comprendre?
Le Président (M. Cardinal): Non, quand même, je n'ai
pas de budget à même les taxes des citoyens pour cette fin.
M. Lavoie: Oui, mais, à 13 h 15...
Le Président (M. Cardinal): Préférez-vous
une autre heure que 13 h 15? Voulez-vous que cela soit... Alors, sans
motion...
M. Burns: 14 heures.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que 14 heures...?
Une voix: À deux heures. M. Grenier: ... C'est un
peu.
M. Burns: ... le ministre est occupé à 14
heures.
Le Président (M. Cardinal): À quelle heure le
ministre est-il disponible?
M. Burns: À 13 h 15.
M. Lavoie: À quelle heure va-t-on déjeuner?
M. Burns: Après.
Le Président (M. Cardinal): Avant d'ajourner, il faut
quand même prendre une décision là-dessus.
Une voix: 13 h 15. Cela va.
Le Président (M. Cardinal): À 13 h 15, au bureau
115-B. Est-ce que je comprends qu'il y a consentement des membres de cette
commission pour ajourner nos travaux sine die et qu'on s'entende sur les
termes? Cela ne veut pas dire qu'on ne se réunira pas. On se
réunira suivant l'avis ou la motion du leader parlementaire, du
gouvernement cet après-midi.
Consentement? Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
Reprise de la séance à 16 h 44
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs! Malgré ce qui a été mentionné ce matin,
c'est-à-dire qu'une séance normalement durait une journée,
pour des raisons techniques et de procédure, je vous ai
mentionné, avant l'ajournement sine die de 13 heures, que nous en
étions, dès cet après-midi, à la deuxième
séance. Il faut donc que je revoie la liste des membres de cette
commission et je prierais chacune des parties de m'informer au fur et à
mesure s'il y a des modifications.
Sont membres de la commission M. Alfred (Papineau) remplacé
par...
M. Laplante: M. O'Neill.
Le Président (M. Cardinal): M. O'Neill (Chauveau); M.
Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par...
M. Godin: M. Charbonneau (Verchères).
Le Président (M. Cardinal): M. Charbonneau
(Verchères); M. Ciaccia (Mont-Royal), M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Godin (Mercier), M.
Grenier (Mégantic-Compton). Cet après-midi, à cette
deuxième séance, M. le député de
Mégantic-Compton, vous êtes membre de la commission?
M. Grenier: M. Biron me remplace.
Le Président (M. Cardinal): Alors, remplacé par M.
Biron (Lotbinière); M. Guay (Taschereau), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Paquette (Rosemont),
M. Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Constatant qu'il y a quorum et qu'il n'est pas nécessaire de
nommer un nouveau rapporteur puisque le rapporteur est nommé pour toutes
les séances de la commission, je rappelle quand même l'ordre du
jour, malgré tout ce qui a été dit ce matin et quoique
nous devions commencer avec les procédures.
Les organismes convoqués ou les personnes convoquées sont:
M. Jean-F. Saucier, l'Association des enseignants du Sud-Ouest du
Québec, le Ad Hoc Committee for School Committees of the Richelieu
Valley School System, M. Gaston Laurion et M. Roger Julien.
Nous en étions, à la fin de la première
séance qui a été ajournée sine die à 13
heures, à une motion d'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys et, comme aucun député n'avait
demandé l'ajournement du débat, la parole n'est accordée
en priorité à personne, je dois le constater.
Alors, M. le député de Rouyn-Noranda, sur la motion
d'amendement.
M. Samson: M. le Président, sur la motion d'amendement, je
regrette infiniment que nos discussions n'aient pu donner lieu à des
ententes. Nous aurions pu éviter ce débat que je considère
très difficile, difficile pour les députés et difficile
également pour les gens qui sont là et qui attendent chacun leur
tour de comparaître devant cette commission.
La première motion qui est venue du gouvernement voulant limiter,
à l'occasion de chacun des mémoires, le débat à une
heure en tout, c'est-à-dire 20 minutes pour le mémoire, 20
minutes pour le gouvernement et 20 minutes pour l'Opposition, était
à mon sens totalement inacceptable. La motion d'amendement s'inscrit
dans ce que je considère comme un moindre mal, compte tenu de la rigueur
avec laquelle le gouvernement a défendu sa motion principale et du fait
que ce même gouvernement semble ne pas vouloir revenir sur ses
positions.
Il y aurait eu, bien sûr, beaucoup de façons de mieux
régler ça. La meilleure aurait encore été celle de
commencer à travailler et de laisser les membres de la commission
travailler comme on le fait normalement. S'il y avait eu abus, la motion qui
est venue de l'autre côté de la Chambre, du gouvernement, aurait
alors eu lieu d'être, d'exister. Mais il n'y a pas eu, jusqu'à
maintenant en tout cas, d'abus quant au déroulement des travaux, je veux
dire vis-à-vis des témoignages que nous devons entendre, ce que
je considère un peu comme de l'abus, mais évidemment, je ne veux
pas en porter préjudice à personne... Ce genre de débat de
procédure est un débat qui retarde les travaux et qui
dérange pas mal de monde.
La motion d'amendement qui veut porter de 1 heure à 2 heures la
limite pour chacun des mémoires qui seront présentés
devant cette commission est, comme je le disais tantôt, un moindre mal.
Pour certains mémoires, je pense que 2 heures peuvent être
suffisantes, pour d'autres, ça peut être très insuffisant
également, alors que pour d'autres mémoires, peut-être
qu'une demi-heure pourrait être suffisante. Selon le contenu de chacun
des mémoires, il est très difficile que nous nous astreignions
à des limites, surtout lorsque ces limites sont aussi astreignantes que
celles proposées par le gouvernement.
Je suis d'accord, M. le Président, avec la motion d'amendement,
en ce qui concerne la partie du délai à être accordé
à l'occasion de chaque présentation de mémoire,
c'est-à-dire deux heures.
Si nous avions pu nous entendre, il y aurait peut-être eu une
possibilité d'un compromis acceptable et honorable qui aurait
évité ce débat. Mais comme on n'a pu s'entendre, nous en
sommes revenus exactement au même point où nous en étions
ce matin.
M. le Président, j'accepte d'appuyer cette motion d'amendement
sauf que j'aimerais que nous puissions peut-être, soit par un amendement,
ou encore, par une suggestion, déterminer le partage du temps à
l'intérieur de l'enveloppe globale. Cette enveloppe globale qui serait
si l'amende- ment est accepté de deux heures, pourrait
permettre aux intervenants présentant des mémoires d'une
période d'une vingtaine de minutes et permettre de faire en sorte que
soit partagé le reste de ces deux heures, entre le gouvernement, d'une
part et les multiples Oppositions, d'autre part.
M. le Président, à moins que l'on me fasse un signe du
côté gouvernemental, qu'on est disposé à accepter la
motion qui est en délibération présentement, je me dois de
souligner au gouvernement que faute de pouvoir s'entendre à l'amiable,
l'Opposition se devra, et c'est légitime, d'utiliser tous les moyens qui
sont à sa disposition et qui sont prévus dans le
règlement. Ces moyens, tout le monde les connaît. On les a
tellement utilisés depuis quelques années, ceux qui se retrouvent
au gouvernement aujourd'hui se rappelleront les avoir tellement utilisés
quand ils étaient dans l'Opposition et c'étaient les seuls moyens
à leur disposition. Ces moyens qui sont à notre disposition sont
les seuls moyens aussi qui garantissent, en même temps, la
démocratie.
Or, ou bien on s'entend, ce qui n'a pas été fait je
souligne qu'on aurait pu le faire assez rapidement mais ce qui n'a pas
été fait à cause de certaines positions très
rigides. Si on ne s'entend pas, on risque d'avoir des amendements et des
amendements et des sous-amendements et on risque beaucoup de traîner ce
débat de procédure, non seulement d'ici à ce soir, mais
d'ici à quelques jours.
Bien sûr, c'est désagréable. C'est
désagréable pour tout le monde, c'est désagréable
pour nous, c'est désagréable surtout pour nos invités,
très désagréable pour eux, nous le considérons et
nous le constatons. Mais il n'y a pas de choix; ou bien on a de la
compréhension ou de la collaboration je n'oserais pas dire qu'il
y a de la mauvaise foi, ce serait là prêter de mauvaises
intentions et je ne voudrais pas le faire mais je dirai qu'il y a un
manque de collaboration évident de la part du gouvernement et ce manque
de collaboration évident nous place dans une situation où nous
n'avons pas le choix non plus. On est obligé d'utiliser les seuls moyens
prévus par notre règlement qui sont ceux d'aller d'amendement en
amendement.
On pourrait en principe, M. le Président, tous les membres de
l'Opposition, parler sur le même amendement, celui qui est devant nous
et, en principe, le dernier qui a le droit de parole sur cet amendement
pourrait présenter un autre amendement et on recommencerait encore le
bazar.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le
député de Rouyn-Noranda. D'après le règlement, nous
sommes dans une motion d'amendement; nous pourrions avoir une motion de
sous-amendement, mais nous ne pourrions pas aller au-delà de cela, en
vertu des règlements.
M. Samson: M. le Président, je souscris à ce que
vous venez de dire, mais je pense que vous auriez pu comprendre, dans mes
propos, qu'on a d'autres trucs dans notre sac. On pourrait les utili-
ser, toujours en demeurant à l'intérieur du
règlement.
M. Burns: C'est un bel aveu cela.
M. Samson: Pardon? Ce n'est pas un aveu.
M. Laplante: Oui, c'est un aveu, la même chose qu'en
réunion à midi.
M. Samson: À part cela, je n'ai pas peur de ce que je
dis...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: ... d'autant plus que je l'ai appris du leader du
gouvernement quand il était dans l'Opposition, ce que je viens de vous
dire là. Il va s'en rappeler, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Burns: Je faisais cela bien mieux que vous, soit dit en
passant.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Samson: Peut-être que le leader du gouvernement faisait
cela mieux que moi, mais qu'il me donne encore quelque temps et je vais
l'apprendre, je vais l'avoir.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Je n'annonçais pas cela deux semaines
d'avance.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le leader
du gouvernement! À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: Mauvais professeur.
Le Président (M. Cardinal): Je dois souligner deux choses
à ce stade-ci. Tout d'abord, avec tous mes regrets, M. le leader du
gouvernement n'a pas demandé la permission à la commission.
M. Burns: Vous avez bien raison, M. le Président.
M. Samson: Vous voyez, M. le Président, comme j'ai bien
fait de ne pas l'apprendre comme il faut de lui.
M. Lalonde: ... mon consentement la prochaine fois.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys! Deuxièmement, ce n'est pas
moi qui ai à considérer s'il y a aveu ou non de la part du
député de Rouyn-Noranda, j'ai simplement à rappeler le
règlement.
Troisièmement, je veux rappeler aux membres de la commission
"qu'on m'a informé qu'à cause de l'utilisation des micros,
certaines personnes qui sont dans le public ont de la difficulté
à entendre d'une façon claire et précise ce qui se dit
à cette table. Alors, je demanderais justement à chacun des
intervenants, y compris le président, d'ailleurs, d'utiliser son micro
à bon escient.
M. le député de Rouyn-Noranda, je vous rappellerais
cependant que vous parlez, non pas sur une stratégie politique, mais sur
la motion d'amendement.
M. Samson: M. le Président, vous allez admettre avec moi
qu'on a toujours, je pense que c'est un droit qui est acquis, un droit
parlementaire... On peut toujours se référer à des
exemples. Ce que j'ai utilisé, c'est une référence
à certains exemples, mauvais exemples peut-être, que j'ai eus
quand le leader parlementaire était dans l'Opposition, quand il
était celui qui parlait le premier, à ce moment. Je peux assurer
immédiatement le leader parlementaire que je ne suis pas prêt
à le suivre partout, sûrement pas, en tout cas, dans tous les
genres de gestes qu'il a posés quand il était dans
l'Opposition.
M. Burns: De toute façon, vous ne seriez pas capable de me
suivre.
M. Samson: Cela va peut-être le rassurer.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: C'est lui qui devrait...
Le Président (M. Cardinal): Écoutez, ce matin...
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Vous n'êtes pas capable de me suivre. Il faut le
lui dire.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Samson: M. le Président, il faut comprendre que...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Rouyn-Noranda, vous avez fort le droit de provoquer le parti
ministériel.
M. Samson: Je le fais bien, d'ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas à juger de
ce point. Je vous prierais, cependant, une fois de plus, d'en revenir à
la motion d'amendement.
M. Samson: Pour en revenir à la motion d'amendement, cela
ne me surprend pas qu'on cherche à m'interrompra quand je parle comme
cela. Il ne peut pas m'écouter, il n'écoute pas le
président de l'Assemblée. Qu'est-ce que vous voulez?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, sur ce point, je ne puis vous suivre, parce que c'est vraiment
antiréglementaire et que, comme je l'ai déjà
mentionné...
M. Samson: Vous avez raison, M. le Président. Le
Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Samson: II n'en demeure pas moins que s'il n'était pas
là, cela irait pas mal mieux. Il me semble qu'avec les autres, on aurait
pu s'entendre, mais avec le leader qu'on a là, qu'est-ce que vous
voulez. Il va falloir s'en tenir...
M. Laplante: C'est ce qu'on a fait durant une heure ce midi.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Bourassa.
M. Samson: II y en a d'autres qui ont pris son mauvais exemple,
de ce côté. Cela n'a pas été long.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez suffisamment d'expérience et vous savez que
présentement, tout en étant presque dans les règles, vous
provoquez la réaction. Je vous prierais...
M. Samson: Merci, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas défendu, cela, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas défendu,
non. Nous sommes dans un débat et par conséquent, tous les usages
sont permis pourvu qu'on s'en tienne à la motion.
M. Samson: Merci, M. le Président, de me dire que je suis
presque dans les règles et que je provoque un débat. C'est mon
droit de le faire. Les gens mordent, qu'est-ce que vous voulez?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous permettrez que le président ne participe pas au
débat.
M. Samson: Non, M. le Président, j'ai beaucoup trop de
respect pour vous pour vous demander de participer au débat du
côté du gouvernement.
M. le Président, je pense qu'il va falloir qu'on comprenne, du
côté gouvernemental que, même si la première
journée va être difficile, parce qu'elle va être
passablement chargée par un débat de procédure, il faut
aussi qu'on comprenne que nous, on sait, dans l'Opposition, on est assis
à cette table pour étudier ce projet de loi et que ça peut
durer deux mois. On n'a pas l'intention de se faire "bulldozer" pendant deux
mois. Il faudrait qu'on comprenne ça, du côté du
gouvernement, et c'est en partant qu'on va émettre des règles
pour protéger la démocratie, mais protéger
également les gens qui viennent devant nous, protéger les
témoins, parce qu'il n'y a pas seulement les mémoires qui peuvent
être présentés. Il y a des questions qui peuvent être
posées. Il y a aussi des députés qui ont le droit de
parole sur certains mémoires qui pourront être
présentés, M. le Président. Cela, ça doit se faire
dans le respect de la liberté de chacun des députés qui,
en cette Chambre, représentent une partie de la population, soit celle
de leur district électoral respectif. Et cette partie de la population
que nous représentons, cela a été prévu dans le
règlement que nous avons là, cela a été
prévu également dans la Loi de la Législature.
On peut retrouver certains articles de la Loi de la Législature,
où on dit que chaque député doit et peut, en vertu de la
protection qui lui est accordée par la Loi de la Législature,
exercer son mandat en toute liberté. En toute liberté, ça
veut dire que ce qu'on a à dire, ça peut parfois ne pas plaire,
surtout pas au gouvernement, et on n'est pas là... Je le lui dis, ce
n'est pas un aveu que je vous fais, c'est une déclaration, on n'est pas
là pour vous faire plaisir, on est là pour défendre les
intérêts de ceux que nous représentons en cette Chambre au
même titre que les membres du gouvernement aujourd'hui, qui
étaient dans l'Opposition et à l'Opposition officielle, il y a de
cela pas très longtemps, avaient le même droit et s'en sont
servis, M. le Président. On n'a jamais rien dit contre ça,
c'était leur droit. Donc, nous avons ces droits et nous allons les
utiliser. Autant il y a eu de motions sur le bill 22, préparez-vous, si
vous voulez commencer de travers comme ça, vous en aurez, des motions,
et des motions que vous n'allez pas trouver trop intéressantes parfois.
Cela va vous fatiguer, mais on n'est pas là pour vous lancer des fleurs.
Tenez-vous le pour dit.
Le leader du gouvernement, qui a beaucoup d'expérience, aurait
peut-être dû avoir une petite conférence avec les autres
membres qui représentent le gouvernement à cette table, et
peut-être qu'on aurait pu s'entendre sur des règles de pratique
pour les fins de la présente commission parlementaire, des règles
de pratique qui auraient pu permettre à tout le monde de parler et de
dire tout ce qu'il avait à dire.
Les invités que nous avons, nous les embarquons à vingt
minutes. Si cela prend 25 minutes pour lire un mémoire, si cela prend 30
minutes pour lire un mémoire, je ne voudrais pas qu'on utilise la
guillotine contre nos invités pas plus que je voudrais qu'on l'utilise
contre les membres de cette Chambre.
La guillotine, tous les gouvernements y ont recours un jour ou l'autre
par les règlements de clôture. Je sens qu'avec ce gouvernement, on
va y faire face avant longtemps. Mais, je me demande pourquoi le gouvernement
se sent dans l'obligation de nous soumettre immédiatement à ce
règlement de clôture, parce que ce qui est proposé dans la
motion principale qui a été amendée motion
d'amendement que j'appuie s'appelle de la clôture. Cela s'appelle
nous limiter,
parce que la motion principale était tellement mauvaise qu'il n'y
avait rien de prévu comme partage du temps du côté de
l'Opposition. On disait: 20 minutes pour les mémoires, 20 minutes pour
le gouvernement, 20 minutes pour l'Opposition. Comment peut-on, dans un tel
contexte, représenter la population? La première personne qui
prendrait la parole du côté des Oppositions il y a quatre
formes d'Opposition pourrait utiliser, en théorie, 20 minutes,
privant ainsi les trois autres formes d'Opposition de leur droit de parole.
C'est ce genre de guillotine qu'on nous a mis sur la table, ce matin,
que le gouvernement nous a amené. Évidemment, on tente de dire
que c'est parce qu'on veut que les travaux aillent plus vite, etc., et qu'on
veut entendre tout le monde. J'ai des nouvelles pour eux! On a compris le
stratagème du gouvernement.
Ce que le gouvernement a voulu, dans cette motion principale, qui a
été amendée motion que j'appuie a
été de mettre la chicane entre les partis de l'Opposition. C'est
aussi clair que cela parce que...
Oui, et d'ailleurs, je ne vous en veux pas d'avoir pensé à
cela. Qu'est-ce que vous voulez? Peut-être qu'un jour, j'y penserai
aussi, mais pour le moment...
Ne vous en faites pas. J'ai encore pas mal d'années devant moi.
J'ai pas mal plus de défis en avant que j'en ai en arrière.
Tout ceci pour tenter de diviser l'Opposition. Cela ne veut pas dire que
les différentes Oppositions ont les mêmes genres d'argument
à propos de ce projet de loi no 1. On pourrait avoir des divergences
d'opinions, mais par cette motion de clôture, on ferait en sorte que
chacun des groupes d'Opposition tenterait d'obtenir la parole le premier et
celui qui l'obtiendrait pourrait garder ce droit de parole jusqu'à
échéance, c'est-à-dire jusqu'à la fin des 20
minutes.
Priver les autres, je ne marche pas dans ce jeu.
Si le gouvernement veut nous obliger, par ce genre de motion, à
tomber dans son piège, je dis que le piège est trop grand. Votre
piège paraît trop. On s'en aperçoit et on ne tombera pas
dedans. On va voter pour la motion d'amendement de l'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys qui dit: Deux heures. C'est un
délai, un moindre mal. Des fois, cela pourrait prendre deux heures et
demie, mais c'est un moindre mal. C'est un délai, au moins, qui pourrait
permettre à tous les membres des Oppositions de prendre la parole s'ils
ont le désir de prendre la parole, compte tenu des différents
mémoires qui nous seraient soumis. C'est dans ce sens, M. le
Président, que je trouve normal que la proposition d'amendement soit
venue et je sais qu'il y aura une possibilité. J'aimerais avoir un signe
quelconque du gouvernement.
Vous voyez, je n'ai même pas eu le temps de finir ce que j'avais
à dire que j'ai eu un signe négatif. Cela ne dialogue pas,
ça ne discute pas, ça ne négocie pas du côté
gouvernemental. Ces gens ont fait leur lit, ils sont les tout-puissants de la
province de Québec présentement. J'ai des nou- velles pour vous
autres, les tout-puissants, vous allez vous apercevoir qu'il y en a un, c'est
votre ministre, qui a dit qu'il ne se sentait pas le dos au mur, mais vous
allez peut-être vous cogner la tête sur le mur, par exemple. J'ai
des nouvelles pour vous. Les tout-puissants, cela ne dure pas trop longtemps.
Ne vous en faites pas, vous autres comme les autres, vous allez passer, mais
pendant que vous êtes là, au moins vous pourriez être moins
méchants un peu, parce que vis-à-vis de l'Opposition... Je
m'excuse, M. le Président, c'est à vous que je dois m'adresser.
Les gens qui sont à votre droite, M. le Président, devraient
savoir que ce qu'ils font aujourd'hui, un jour ils pourront peut-être
subir la même chose; mais, M. le Président, ceux qui sont à
votre gauche, je suis sûr qu'on ne voudrait pas leur faire subir la
même chose. Je suis certain, M. le Président, qu'on va être
bienveillant pour eux-mêmes, même on va s'en rappeler longtemps de
ce qu'on nous fait aujourd'hui, on va être bienveillant pour eux, on va
leur pardonner cela dans ce temps-là, parce qu'ils ne seront pas
nombreux et ils vont faire pitié.
M. le Président, est-ce que je peux y aller encore...?
Le Président (M. Cardinal): Oui, vous en avez encore. Oui,
certainement.
Une voix: Cela achève, par exemple.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Non, je croyais que vous aviez terminé.
M. Samson: Ce qui me surprend, c'est que le leader soit tellement
tranquille, cela me désarme quasiment. Je suis quasiment mal à
l'aise.
Le Président (M. Cardinal): Je rappellerai au
député de Rouyn-Noranda que le leader parlementaire du
gouvernement n'est pas membre de la commission et que, par conséquent,
à moins qu'il n'ait votre consentement parmi les autres, il ne peut pas
vous répondre.
M. Samson: M. le Président, je ne lui refuserai pas mon
consentement, soyez-en certain. Je ne lui ferai pas la même chose qu'il
nous fait. Je vous le dis, on ne répondra pas de la même
façon qu'il travaille. Je pense qu'il serait bon de prendre en
considération que si nous adoptons ou si on réussit à leur
faire comprendre, parce que ces gens ont la majorité de l'autre bord,
quand on va arriver au vote tantôt, ils vont battre l'Opposition par la
force. Mais si on réussissait à leur faire comprendre qu'il y
aurait peut-être possibilité d'un compromis honorable, on pourrait
y aller pour deux heures, on pourrait partager le temps, laisser du temps
à ceux qui viennent devant nous, laisser du temps au gouvernement
il a des choses à dire, j'espère et permettre à
tous ceux de l'Opposition d'avoir aussi quelques minutes pour pouvoir poser des
questions. On sait, M. le Président, par expérience, que la
meilleure façon de travailler en commission parlementaire pour poser
des
questions à nos invités, ce n'est pas toujours d'y aller
dans l'ordre, parce que, évidemment, le dernier à parler aurait
peut-être pu voir ses questions posées par d'autres. Il aurait
peut-être pu avoir des questions supplémentaires très
pertinentes à poser et à ce moment-là on ne lui permet pas
tellement de s'exprimer facilement.
Je dis qu'en commission parlementaire, quand on questionne nos
invités, il est raisonnable de croire qu'il vaut mieux les questionner
à partir du droit de parole du gouvernement, et, s'il y a des questions
supplémentaires, qu'on permette tout de suite à l'Opposition une
dernière question supplémentaire de sorte qu'on peut vider, point
par point, ce qui nous intéresse sur les différents
mémoires. C'est de cette façon qu'on a toujours
procédé ou presque, c'est par exception qu'on ne l'a pas fait
comme ça.
M. le Président, je pense que nous devons aujourd'hui agir ainsi.
C'est malheureux qu'on soit obligé de le faire comme ça, parce
que, avec les mois qui s'en viennent, si on laisse le gouvernement agir
à sa guise, comme il l'a fait depuis le début, ce seront des mois
où les membres de la commission, autant que nos invités, ne
sentiront pas que c'est une consultation valable faite par le gouvernement,
parce que bousculés. Ce n'est pas dans la bousculade qu'on exerce son
droit démocratique, M. le Président, c'est dans la
liberté, la liberté d'expression, la liberté de mouvement.
Or, si on laisse le gouvernement faire ce qu'il nous a dit ce matin, la
liberté d'expression est amputée grandement, parce qu'à
partir du 1er, du 2e ou du 3e, c'est très rare qu'on aura des chances de
poser des questions, car le temps sera écoulé. C'est ce qu'on
veut éviter, M, le Président, pour la bonne marche de nos travaux
et aussi pour la bonne compréhension des mémoires qui sont
présentés devant nous, les membres de l'Assemblée.
M. le Président, je pourrais faire un sous-amendement à ce
moment-ci, mais je sais que j'ai des collègues qui ont le droit de
parole et qui veulent parler sur l'amendement. Je vais leur laisser le droit de
parole sur l'amendement et leur permettre de faire un sous-amendement, s'il y a
lieu, ce qui me permettra de revenir plus tard pour parler sur le
sous-amendement qu'un de mes collègues voudra bien vous présenter
et, bien sûr, tenter encore une fois d'implorer la bonne
compréhension de ce gouvernement, même si je n'aime pas implorer.
Il reste que, pour la bonne marche des travaux, je suis bien prêt
à le lui demander, "s'il vous plaît." Cela ne me dérange
pas, si c'est ça que vous voulez de l'autre côté, on va
vous dire "s'il vous plaît, s'il vous plaît", pour la population,
pas pour nous. Nous autres, on est habitués, on est là pour se
défendre, pour défendre nos idées et on n'a pas peur de
ça.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau sur la question de règlement.
M. Guay: Bien que le député de Rouyn-Noranda ne
dise rien, ça fait vingt minutes qu'il parle, d'après moi, et il
me semble qu'on devrait invoquer le règlement pour mettre fin à
cette première partie de son filibuster.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, la phrase était peut-être de trop sur la question de
règlement qu'on peut invoquer dans un discours. Je soulignerai vraiment
au député de Rouyn-Noranda qu'il est rendu à la limite de
son temps, en vertu de l'article 160, qui a été si souvent
invoqué ce matin. Je remarque sa grande expérience, qui lui
permet de se retirer sur la motion d'amendement pour reprendre son droit de
parole sur la motion de sous-amendement. Lui-même a annoncé ses
couleurs. Je ne fais pas de commentaire additionnel. Je l'inviterais en 30 ou
35 secondes à conclure s'il y a lieu.
M. Samson: M. le Président, je regrette, parce que le
député de Taschereau, qui siège à côté
de moi à l'Assemblée nationale, aurait pu apprendre beaucoup s'il
m'avait écouté. Mais il ne m'a pas écouté, M. le
Président.
Je termine en vous disant que je suis d'accord avec la motion
d'amendement qui a été présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que tous les
membres de cette commission ce matin sont venus ici avec les meilleures
intentions du monde. Nous avions tous à l'idée qu'on pourrait,
à cette table, écouter nos invités et, en gentilshommes,
prendre le temps voulu, ni trop ni moins, pour essayer d'être bien
éclairés sur les différents mémoires qui nous
auraient été présentés.
Malheureusement, le gouvernement a bien voulu, dès le
début, nous bâillonner. Je le dis sans
arrière-pensée, je crois que c'est le terme absolument juste.
D'habitude, dans le passé, on bâillonnait les oppositions à
la fin des débats et voilà maintenant qu'on les bâillonne
au tout début des procédures.
L'expérience a prouvé, dans le passé, et on l'a vu
surtout lorsqu'on a étudié le bill 22, en commission
parlementaire, et maints autres sujets, qu'il était extrêmement
difficile, au niveau des commissions et dans le genre de travaux dont nous
avons actuellement la responsabilité, d'établir des règles
très strictes.
Il faut toujours, dans nos institutions parlementaires, dans le
régime démocratique dans lequel nous vivons, avoir, en plus des
règlements auxquels nous sommes soumis, un sens de la démocratie
et respecter tous les membres, tous les représentants, même s'ils
ne sont pas de notre propre parti ou même s'ils n'ont pas la même
philosophie politique que nous. Il est très difficile de faire
fonctionner le Parlement et d'évoluer dans nos travaux d'une
façon positive si cette démocratie n'est pas la
caractéristique de tous les membres et surtout si elle n'est pas la
qualité première du gouvernement.
Voilà que, malgré les expériences passées
qui ont prouvé qu'il était difficile d'avoir des règles
très strictes, on nous arrive, au tout début des travaux, avec
une motion qui remettrait en vigueur des règlements qui, dans le
passé, se sont révélés absolument inefficaces.
Les raisons pour lesquelles ces règles sont inefficaces sont
assez nombreuses et toujours basées sur l'expérience. On aura,
lors de l'étude de ce bill, des mémoires de corps
intermédiaires, par exemple, qui sont très représentatifs
de cette province, très représentatifs de certaines couches de la
population. Ces mémoires seront le résultat de nombreuses heures
de travail, d'études par des experts et voilà que ces gens
devront se limiter à 20 minutes pour nous faire part du résultat
de leurs travaux et que l'Opposition sera limitée à 20 minutes,
de même que le gouvernement.
Le mémoire suivant sera peut-être celui qui nous sera remis
par un individu, tout simplement. Ce mémoire pourra avoir une grande
valeur; peut-être que cette valeur sera moindre. Mais, tout de
même, nous serons encore limités à une heure.
Il est très difficile de déterminer à l'avance quel
devrait être le temps précis accordé à un groupe ou
à un autre. Ceci, dans le passé, a été
laissé à la discrétion des membres de chaque commission
et, lorsque cette discrétion était de rigueur, les travaux sont
toujours allés de l'avant.
Voilà qu'aujourd'hui, au lieu d'écouter ces
mémoires et de voir progresser nos travaux, nous sommes appelés
à répondre de notre liberté de parole à titre de
députés.
Le gouvernement veut simplement nous limiter et si, par hasard,
d'après son échelle de valeur et sa façon de voir les
choses, il trouve qu'un mémoire devrait être étudié
plus à fond, il aura lui-même la responsabilité de
déterminer si on doit l'étudier pendant une demi-heure, une heure
ou une heure et demie de plus.
Depuis quand, M. le Président, les députés ont-ils
le droit de parole, exclusivement lorsque le gouvernement leur permet ce droit
de parole? Je crois que c'est fondamentalement injuste. À titre de
député, je n'ai jamais demandé, depuis que je suis ici, au
gouvernement, de m'accorder ou de me refuser un droit de parole. Un
député qui se respecte et qui respecte son siège prend la
parole quand il a le droit de la prendre et il la demande au président,
jamais au gouvernement; et le président, avec son jugement juste, lui
donne le droit de parole, si le gouvernement lui permet. Ce sont nos
institutions, c'est cela la liberté de parole. Si on veut nous forcer
à demander au gouvernement, au lieu du président, notre droit de
parole, on nous force nécessairement, M. le Président, à
faire sur ce sujet, un long débat au détriment des invités
qui nous écoutent et, il est bien possible qu'on ne pourra pas les
écouter de la journée, parce que vous mettez en jeu un principe
de base dans notre système parlementaire. Le gouvernement ne veut pas le
faire de front, il le fait, comme il le fait très souvent en Chambre,
par bribes, par morceaux, petit à petit.
Aujourd'hui, on a vu que le gouvernement, de nouveau, essaie de brider
les gens, de brider l'Opposition, comme si le gouvernement était
absolument assuré d'avoir le monopole de la vérité. C'est
du paternalisme absolument inacceptable au niveau de nos institutions. Quel est
le choix d'un député de l'Opposition dans de telles
circonstances?
Si on pouvait, pour être poli, élégant, gentilhomme,
courtois envers nos invités, laisser passer ces injustices sans mot
dire, on le ferait bien, M. le Président, mais nous savons tous, surtout
ceux qui ont de l'expérience, que si on laisse nos libertés de
parole bridées à ce stade-ci, on s'en servira comme
précédent pour aller plus loin la prochaine fois et cela semble
sans fin.
Quant à l'amendement à la motion, il va sans dire que je
l'accepte, mais il reste que c'est encore un moindre mal, parce que,
nécessairement, on ne mettra pas deux heures à étudier
chaque mémoire. Certains mémoires exigeront de nous deux heures,
mais il serait bien plus simple, pour le gouvernement, de s'entendre avec les
membres de l'Opposition. Je suis certain, assuré qu'avec un peu de bonne
volonté, on y parviendrait extrêmement rapidement et ce serait un
geste extrêmement positif pour faire avancer nos travaux.
Autrement, nous serons obligés, M. le Président, pour
défendre notre liberté de parole qui est fondamentale, de
continuer ce débat qui est en soi extrêmement stérile et
négatif.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Par formation ou
déformation personnelle, je pense bien que tous les membres de cette
commission s'attendront à voir en moi un apôtre de la
conciliation.
Depuis ce matin, je constate que nous sommes engagés dans un
débat très difficile. Tot capita, tot sensus, comme l'a dit
quelqu'un à l'Assemblée nationale déjà à
quelques reprises. Il y a tout de même là-dedans les
privilèges des députés. Il y a une question de
liberté. Il y a une question de démocratie. Quand on aborde un
sujet aussi capital, aussi sacré que celui d'une charte de la langue, je
voudrais vous citer seulement un vers ou deux d'un très beau
poème d'un poète vous allez en avoir deux, M. le leader
canadien français, natif de la Beauce, par-dessus le
marché. Ce beau poème sur la langue: "Notre langue naquit aux
lèvres des Gaulois. Ses mots sont caressants, ses règles sont
sévères". Si la langue française est sévère,
je ne suis pas étonné qu'il y ait beaucoup de
sévérité dans cette première journée.
Je ne sais pas. Quand on a mentionné cette motion d'une heure,
trois périodes de 20 minutes, je regarde le bloc ministériel qui
est censé être uni, non pas divisé, il n'y a pas de
divergence chez vous, vous le dites assez souvent, c'est donc dire qu'à
ce moment, un ou deux intervenants résument très bien la
pensée de votre groupe. Quand vous traversez la table, non pas que nous
soyons tous tellement désunis, mais il y a l'Opposition officielle, il y
a l'Union Nationale et il y a deux autres partis de représentés.
Mais, comme on l'a mentionné tout à l'heure, si nous n'avons que
20 minutes, le premier qui prendra le crachoir risque de le garder pendant 20
minutes. Pour vous autres, c'est facile de faire un arrangement en famille et
de poser les questions que vous voulez.
Le député de Marguerite-Bourgeoys apporte un amendement et
il nous propose deux heures.
Comme on l'a dit, il y a des mémoires qui sont courts, parce
qu'on ne juge pas d'un mémoire d'après sa longueur, pas plus que
d'un discours ou d'un sermon ou de n'importe quoi. On peut avoir un
déluge de mots dans un désert d'idées. Mais un
mémoire de deux pages peut susciter beaucoup de réflexion et un
mémoire de vingt pages peut être très étoffé,
mais se résumer parfois de façon assez facile. Je ne suis
peut-être pas d'accord avec la répartition qui a été
faite pour donner, je ne me souviens pas, 30 ou 35 minutes aux autres, c'est
encore une chose sur laquelle on pourrait peut-être revenir. Moi je crois
que ce qui est important, et ce que je déplore c'est qu'après une
longue journée de procédures, on n'ait pas pris la
précaution d'étudier l'article 143, de créer ce
comité directeur. On ne perdrait pas tellement de temps, on n'aurait pas
à pleurer sur un petit verre de lait qui serait renversé. On
aurait pu commencer à travailler ce matin, immédiatement. Je
pense à nos intervenants, à nos témoins, à ceux qui
viennent ici aujourd'hui, qui viennent peut-être d'assez loin, ils ont
perdu leur journée et ils risquent peut-être de ne pas être
entendus.
Comme quelqu'un l'a dit ce matin, c'est vrai que nous sommes des
comédiens. Il y a peut-être beaucoup de vrai dans tout cela. Je
m'attendais ce matin... mais comme je n'ai aucune expérience, je ne
connais rien du passé, alors, je ne veux même pas émettre
des conseils, mais je voulais me faire l'apôtre de la conciliation.
Comme le député l'a présenté, on se
réunit, on arrête et on essaie de s'entendre entre chefs et,
après ça, on se lance dans nos travaux. Mais je ne veux pas
intervenir plus longtemps...
M. Burns: ... la rencontre. Mme Lavoie-Roux: Bien oui.
M. Le Moignan: C'est ça qu'on n'a pas eu encore. On va
peut-être finir par l'avoir, tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: On ne l'a pas eu.
M. Le Moignan: C'est pour ça que je vais laisser
quelqu'un...
M. Burns: ... a été très bon.
M. Le Moignan: Oui, je vais résumer mes remarques pour
qu'on ait le résultat de la rencontre, pour savoir si c'est positif et
si on est sur un air d'aller pour réellement embarquer dans le
débat. On n'a pas eu le temps de se consulter...
M. Laplante: Demandez-le au député de
Beauce-Sud.
M. Le Moignan: Oui, on va le lui demander. Il va me
répondre tout à l'heure si je lui demande.
M. Laplante: II va vous donner ça, lui.
M. Le Moignan: Mais c'est ça qui est vrai et c'est
ça que je déplore un peu. Nous, de l'Union Nationale et,
j'imagine, le Parti libéral également, et peut-être vous
autres aussi, on a dit que ce débat sur la langue, quand on pense
à l'expérience du passé, c'est un débat qui suscite
déjà beaucoup d'enthousiasme, beaucoup de crainte, beaucoup
d'incertitude, beaucoup d'animosité. On ne peut pas cacher des mots. Ils
sont là. On les voit dans les journaux. Mais il faudrait tout de
même en arriver ici à un genre de consensus. Il faudrait qu'on
travaille dans un véritable climat. Autrement, si on vote une loi sur la
langue, on va être pris pour travailler, on va être poussé
par les jours, par les heures, par les semaines et, à la fin, quand tout
le monde sera bien fatigué, on risque d'adopter à la vapeur,
comme on l'a fait dans des cas précédents, une loi qui,
peut-être, aura à revenir dans deux ou trois ans, quand il y aura
un autre gouvernement. Il faudrait éviter ça. Si le gouvernement
actuel veut donner au peuple du Québec une véritable charte de la
langue, qu'on y prenne le temps et, si on est trop fatigué au mois de
juillet et qu'il fait trop chaud, qu'on nous envoie donc respirer le bon air,
que ce soit en Gaspésie ou ailleurs, et là, on reviendra
reposé et on aura l'air plus calme. On sera moins nerveux, et je pense
qu'on rendra service à l'honorable ministre qui est responsable de la
charte de la langue.
Alors, je veux terminer, je veux laisser à d'autres intervenants
le soin de parler. Mais je veux dire que je suis d'accord avec le
député de Marguerite-Bourgeoys sur sa proposition, quitte
à discuter peut-être la question du temps qui sera alloué
à chacun, afin que le partage soit le plus équitable
possible.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je ne veux pas reprendre
tous les propos qui ont été tenus et, évidemment, il est
difficile d'aborder le fond de la motion, mais il y a quand même un court
commentaire que j'aimerais faire pour expliquer un peu l'attitude qui m'anime
à ce moment-ci.
Je pense que tous les membres de l'Opposition se sont suffisamment
prononcés pour dire que la limite d'une heure, qui avait
été fixée, n'est pas acceptable pour les membres de
l'Opposition puisque les 20 minutes qui ont été laissées
pour être réparties entre les membres de l'Opposition ne pouvaient
pas s'appliquer.
Je pense que, dans un projet de loi comme celui-là, il est de la
plus haute importance qu'on permette aux gens, aux membres de la commission
parlementaire de pouvoir obtenir toutes les informations qu'ils peuvent obtenir
et de profiter du passage de nos invités pour pouvoir obtenir le plus
d'éclairage possible. C'est pourquoi, M. le Président, non pas
pour alourdir les travaux de cette commission, non pas pour ajouter à la
procédure, mais dans un effort pour en venir à un
compromis acceptable, tant du côté gouvernemental que du
côté de l'Opposition officielle et des autres oppositions, je me
permettrai, avec votre permission, M. le Président de proposer un
sous-amendement. Je dis, cependant, et je veux être bien clair
là-dessus, que ce n'est pas dans le but d'alourdir les travaux de la
commission parlementaire et de faire de la procédurite. C'est dans un
effort ultime; après avoir fait quelques consultations, il m'a
semblé qu'on pouvait peut-être trouver un dénominateur
commun, une nouvelle formule, qui permettrait de faire un consensus et de
recueillir l'approbation de la majorité, pour ne pas dire la
totalité des membres de cette commission parlementaire.
Motion de sous-amendement
M. Roy: M. le Président, je proposerais donc que
l'amendement proposé par l'honorable député de
Marguerite-Bourgeoys soit sous-amendé pour se lire comme suit: "Que la
période maximale de temps soit portée de 120 minutes à 90
minutes".
Si je fais cette proposition, M. le Président, c'est parce que je
suis bien conscient et je pense que tous les membres de la commission
parlementaire doivent être conscients que nous avons également 200
mémoires qui nous seront présentés devant la commission
parlementaire. Il faut évidemment trouver le moyen, trouver un consensus
pour pouvoir concilier le rôle et les responsabilités des
parlementaires et pour pouvoir concilier également le droit de ces
organismes de se faire entendre.
Alors, l'amendement disait de porter de 60 à 120 minutes. Le
sous-amendement est de partir de 120 minutes et de revenir à 90 minutes.
"Deuxièmement, que le temps se répartisse de la façon
suivante: Pour le mémoire, 20 minutes." Je pense que tout le monde sera
d'accord. "Pour le côté gouvernemental, 30 minutes et pour les
quatre Oppositions, 40 minutes, ce qui fait un total de 90 minutes.
Troisièmement, que le temps de l'Opposition soit divisé comme
suit: Libéraux: 20 minutes; Union Nationale: 10 minutes; Ralliement
créditiste et Parti national populaire: 5 minutes chacun." Cela fait
exactement 40 minutes pour l'Opposition, 30 minutes pour le gouvernement et 20
minutes pour les mémoires, ce qui fait exactement 90 minutes.
Pour terminer, je pense qu'on devrait accepter ce sous-amendement qui
pourrait devenir, en quelque sorte, la motion qui pourrait régir les
travaux de cette commission parlementaire pour qu'on puisse procéder le
plus rapidement possible à l'audition des mémoires.
Je fais parvenir une copie de cette motion au président.
Le Président (M. (M. Vaillancourt, Jonquière): Y
a-t-il des députés qui voudraient intervenir sur la
recevabilité du sous-amendement?
M. Burns: C'est tout à fait recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'était l'opinion du président.
M. Burns: C'est ma suggestion. Je ne vois pas pourquoi on se
battrait là-dessus.
M. Lalonde: Je n'ai aucune objection sur la recevabilité,
M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Désirez-vous que le président relise le sous-amendement? Le
député de Beauce-Sud propose que l'amendement proposé par
le député de Marguerite-Bourgeoys soit amendé de la
façon suivante: "Premièrement, que la période maximale de
temps soit portée de 120 à 90 minutes; deuxièmement, que
le temps se répartisse de la façon suivante: Mémoires: 20
minutes, ce qui est conforme à l'amendement; parti ministériel:
30 minutes; les Oppositions: 40 minutes et troisièmement, que le temps
des Oppositions, soit 40 minutes, soit divisé de la façon
suivante: Parti libéral: 20 minutes; Union Nationale: 20 minutes;
Ralliement créditiste: 5 minutes..."
M. Roy: L'Union Nationale: 10 minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): L'Union
Nationale: 10 minutes; Ralliement créditiste: 5 minutes; Parti national
populaire: 5 minutes." Est-ce conforme à votre...?
M. Roy: C'est en tous points conforme, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, comme vous avez proposé un sous-amendement à
l'occasion d'un amendement, vous terminez votre droit de parole et la parole
est à tout autre membre de la commission au sujet du sous-amendement.
Vous êtes d'accord?
M. Roy: Je vous remercie, M. le Président. J'en ai
déjà été informé dans le passé, dans
des cours de procédure, à l'occasion de séances identiques
à celle-ci.
Le Président (M. Cardinal): Votre voisin de droite avait
déjà saisi ce point. Alors, sur le sous-amendement...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Autant je voudrais essayer d'arriver à un
compromis pour qu'on sorte de cet imbroglio, autant je trouve difficile de me
rallier au sous-amendement du député de Beauce-Sud.
J'ai dit ce matin que j'appuyais l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys parce que c'était un moindre mal, que cette limite
de temps qu'on voulait imposer et je pense que la raison pour laquelle on ne
voulait pas de limite de temps, était relié à l'importance
et à la valeur de certains mémoires qui vont être lus
devant nous. L'expérience passée l'a prouvé, je l'ai
même vécu personnellement, lors de la présentation de
certains mémoires, on va se sentir extrêmement coincé
par
ces 90 minutes qui maintenant seraient le nombre de minutes qu'on
accepterait.
Pour moi, les deux heures étaient un minimum, quitte à ce
que d'un commun accord, là où il ne s'impose pas je pense
que tous et chacun d'entre nous avons un certain bon sens on y renonce
tout simplement.
Ce n'était pas une obligation, les deux heures. Mais pour les
mémoires qui en valent la peine, dire qu'on se réduit et
là, je ne parle même pas du temps de présentation des
personnes qui vont venir, mais je pense simplement aux représentants du
PNP et du Ralliement créditiste à cinq minutes pour poser
des questions importantes sur un dossier important, j'aimerais mieux ne pas me
trouver à votre place. Même à cela, ce seraient 20 minutes
qui nous seraient accordées... Je trouve qu'il peut être aussi
insuffisant à l'égard de dossiers importants et j'aimerais mieux
que l'on conserve les deux heures. Je peux vous assurer que l'Opposition
officielle va renoncer facilement à ces deux heures là où
elles ne s'imposeront pas, mais par contre, comme je l'ai dit, j'aurais
préféré qu'on travaille sans carcan, mais puisqu'il semble
qu'on soit obligé d'en prendre un pour réduire les
dégâts, je voudrais au moins qu'il soit assez large pour qu'on ne
soit pas pris dans des difficultés qui nous empêcheront vraiment
de remplir notre rôle. C'est pourquoi je ne pourrai pas appuyer le
sous-amendement du député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Cardinal): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, je m'aperçois qu'on fait
énormément de procédure aujourd'hui pour finalement
empêcher les gens qui sont venus ici ce matin, de bonne foi, de se faire
entendre. J'aurais aimé, moi aussi, qu'on mette de côté ces
amendements ou ces motions pour les débattre un peu plus tard, lorsque
nous aurons entendu nos invités. Quand même, dans l'esprit qui
caractérise l'Union Nationale depuis la dernière élection
provinciale, nous serions prêts à accepter le sous-amendement du
député de Beauce-Sud, pour donner l'exemple d'un projet vraiment
collectif des députés, des membres de l'Assemblée
nationale qui sont ici autour de cette table et nous allons voter en faveur de
ce sous-amendement, non pas que nous trouvons que le temps qui nous est
alloué est raisonnable, parce que nous aurions aimé, nous aussi,
pouvoir interroger à notre guise les différents invités
qui viendront ici, mais parce que nous voulons en faire un projet collectif. Il
restera peut-être un choix au gouvernement, s'il voulait
éventuellement maintenir jusqu'au bout sa suggestion d'une heure, c'est
d'enlever tout simplement la période de questions au gouvernement, mais
de permettre à l'Opposition de poser des questions. Je juge à
propos que 40 minutes au minimum pour l'Opposition, nous ne pouvons accepter
moins pour nous donner le temps, au moins, de voir clair dans les
différents projets qui seront ici présentés devant nous
aujourd'hui. C'est donc dans cet esprit, M. le Président, que je voterai
en faveur du sous-amendement présenté par le député
de Beauce-Sud.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, de ce côté-ci
de la table, nous allons voter en faveur du sous-amendement
présenté par le député de Beauce-Sud. Nous
considérons que ce sous-amendement contribue vraiment à faire
avancer le règlement des questions de procédure liées
à la discussion de la charte.
Premièrement, la suggestion du député de Beauce-Sud
nous permet de trouver je pense que là on doit y voir nettement,
pour réemprunter les termes mêmes du chef de l'Union Nationale
le nouveau style du gouvernement, voulant travailler de façon
positive. C'est, je pense, un juste compromis entre l'heure que nous avions
proposée initialement et les deux heures que l'amendement de
l'Opposition officielle avançait. Deuxièmement, vous le noterez,
c'est un élément très nouveau sur la proposition initiale
du gouvernement qui disait: 20 minutes au pouvoir, 20 minutes à
l'Opposition. Vous noterez que nous allons voter en faveur d'un sous-amendement
qui permet à l'Opposition de bénéficier de dix minutes de
plus, soit 40 minutes, que le parti ministériel qui en aura 30.
Troisièmement, je pense qu'il faut reconnaître que le
député de Beauce-Sud a apporté, au bénéfice
de l'Opposition, une contribution fort valable en présentant
lui-même une répartition du temps, qui, je pense, respecte,
jusqu'à un certain degré, la répartition qui existe en
termes de députés, en termes de pourcentages de vote, et en
termes de membres présents à cette commission parlementaire.
Vous noterez, et j'espère que vous le notez, que d'accepter cette
proposition veut dire que le député de Beauce-Sud aura cinq
minutes, que le député de Rouyn-Noranda aura cinq minutes, que
les deux porte-parole de l'Union Nationale auront cinq minutes chacun, que les
quatre porte-parole du Parti libéral auront cinq minutes chacun, mais
que les ministériels, qui sont au nombre de onze, vont se
répartir le reste de la période: 30 minutes, c'est-à-dire
un peu plus de deux minutes chacun.
Donc, à un peu plus de deux minutes chacun, si M. le
député de Gaspé compte bien, de la même façon
que moi...
M. Le Moignan: Oui, c'est parce que les députés
sont plus brillants et vont plus vite de l'autre côté pour
s'exprimer.
M. Bertrand: C'est un peu pour ça qu'on accepte aussi.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Vanier, veuillez continuer.
M. Bertrand: En conclusion, M. le Président, ne faisons
pas de cachette à l'ensemble de ceux qui sont ici présents, nous
savons fort bien que le député de Beauce-Sud, en réunion,
avant même que nous revenions en commission, avait fait cette
proposition; nous avions déjà signalé à ce
moment-là, que nous y étions passablement favorables,
quitte à l'étudier jusqu'à cette période de
discussion en commission, et je pense que tout le monde se réjouirait,
nous étions même les seuls, si ma mémoire est bonne, si on
pouvait constater que non seulement les députés
ministériels ont fait un grand pas en avant, un grand bond en avant,
pour emprunter le langage de Mao, mais aussi, l'Opposition officielle, parce
que je vois que l'Union Nationale se rallie à ce sous-amendement, et je
suis certain que M. le député de Rouyn-Noranda n'attend que le
moment de prendre la parole pour le faire...
M. Samson: Vous n'avez pas le droit de me prêter de
mauvaises intentions.
M. Bertrand: Ce serait extrêmement intéressant si
l'Opposition officielle acceptait, elle aussi, de réviser sa position et
d'embarquer dans ce sous-amendement qui nous permet à la fois de
comprendre qu'il y a 200 mémoires à étudier, mais, en
même temps, de se donner cette limite de temps ou ce temps
nécessaire pour poser les questions qu'on voudrait poser.
Alors, nous allons voter en faveur de ce sous-amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je tiens à remercier le
député de Beauce-Sud de l'initiative qu'il a prise, lors de la
rencontre des partis ce midi, ainsi que l'Union Nationale, après
quelques hésitations, de s'être ralliée à cette
proposition à laquelle le parti ministériel s'était
déjà rallié dès ce midi lorsque le
député de Beauce-Sud l'a faite.
Le but de la proposition que j'ai faite ce matin, de la motion que j'ai
faite, on s'en souviendra, était d'assurer que la démocratie soit
respectée en ce sens qu'avec 200 personnes ou groupes qui veulent se
présenter devant cette commission, il devenait impératif de fixer
une limite de temps, tout en respectant les droits de chaque parti politique
et, par le fait même, de chaque membre de cette assemblée.
En portant de une heure à une heure et demie la période de
temps qui sera ainsi consacrée à chaque intervention, je pense
que nous réglons quelques réserves que pouvaient avoir certains
membres de l'Opposition, notamment quant à la répartition du
temps qui aurait été alloué à l'Opposition ainsi
que l'a souligné le député de Vanier. En cela, nous avons
fait un accroc au principe qui voulait que le parti ministériel ait
autant de temps que l'Opposition, de façon à pouvoir
précisément non pas mettre fin à un filibuster qui n'avait
pas vraiment tout à fait commencé, bien que le
député de Rouyn-Noranda ait fait un vaillant effort dans ce sens,
mais dans le sens de permettre aux intervenants de comparaître dès
aujourd'hui, si possible, et donc, de permettre à la commission d'aller
de l'avant avec ses travaux.
Il n'en demeure pas moins, M. le Président, qu'on nous a
imputé, du côté de l'Opposition offi- cielle, en
particulier, les motifs les plus sombres quant au but qui avait
été poursuivi lorsque nous avons présenté cette
motion. On nous a accusés de vouloir brimer les droits de l'Opposition,
on nous a accusés même de vouloir brimer les libertés
individuelles. Si ma mémoire est bonne, c'est un terme que le
député de Mont-Royal affectionne tout particulièrement, en
effet. Je l'ai déjà entendu lors de la commission parlementaire
sur les communications, en parler; je crois aussi qu'à la culture...
M. Ciaccia: Vous avez écouté, mais pas entendu.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas entendu.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Vous allez l'entendre encore. M. Guay: Je n'en
doute pas; je le sais.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Il est 17 h
45.
M. Guay: J'ai même vu...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Il est 17 h
45. Si on pouvait disposer du sous-amendement, de l'amendement et de la motion
principale, on pourrait entendre les témoins. Je demanderais aux
députés d'être attentifs à ce que prononce le
député de Taschereau, à qui je redonne la parole.
M. Guay: Je m'insurge donc, M. le Président, contre le
procès qu'on nous a fait de vouloir brimer les droits des individus, en
présentant la motion que nous avons présentée ce matin.
Bien au contraire, la motion avait précisément pour but de
s'assurer que tous les droits des individus seraient respectés, en ce
sens qu'il y aurait possibilité d'entendre tous les mémoires et
tous les intervenants.
Je sais que le député de Mont-Royal revient
périodiquement, il l'a fait à Niagara Falls encore l'autre jour,
avec cette idée que le Parti québécois a de sinistres
objectifs...
M. Lalonde: La pertinence, s'il vous plaît, M. le
Président.
M. Guay: C'est de la pertinence, M. le Président. C'est
tout à fait pertinent. Je parle des propos du député de
Mont-Royal, ce matin.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Ciaccia: Je peux vous envoyer une copie du discours, au lieu
de lire seulement quelques lignes...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Cela ne vaut pas la peine d'être lu.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M. le
député de Taschereau, je ne dis pas que vous avez
dépassé ou outrepassé la pertinence du débat, mais
je vous prierais de tenter de vous en tenir vraiment au sous-amendement.
M. Guay: C'est très bien, M. le Président. Il y a
une chose qu'il importe de souligner lorsque l'on dit que 20 minutes, ce n'est
pas assez pour la présentation des mémoires. Non seulement,
à la lecture des mémoires que nous avons eus jusqu'à
maintenant, il me semble que 20 minutes, c'est amplement, mais, en même
temps, il faut aussi souligner qu'en plus du mémoire, il y a tout le
temps de parole, en réponse aux questions qui vont sûrement venir
de part et d'autres de la Chambre, ce qui fait que, finalement, le temps
dévolu aux intervenants est beaucoup plus considérable que les
seuls 20 minutes qui apparaissent, tant dans le sous-amendement que dans
l'amendement et, en tout cas, dans la proposition ministérielle de ce
matin.
Tout cela pour dire, M. le Président, qu'avec le sous-amendement
du député de Beauce-Sud, que je fais mien, sans l'incorporer
à la proposition principale, parce que cela serait inutilement
compliqué en termes de procédure, mais pour lequel nous allons
sûrement voter avec plaisir, j'espère que nous pourrons aller de
l'avant le plus rapidement possible et entendre, peut-être pas tout de
suite, parce qu'il est 5 h 45, mais, dès la reprise de huit heures, les
premiers intervenants, à moins, bien sûr, qu'il y ait des
tactiques dilatoires j'espère que ce ne sera pas le cas et
qu'on subisse une avalanche de motions inutiles.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on voit dans quel ridicule le
gouvernement nous a fait tomber au niveau de la commission parlementaire. On
est rendu à se chicaner sur des minutes. On avait proposé...
M. Burns: ...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: C'est complètement ridicule, vous étiez
déjà là.
Une voix: Je pensais que le docteur vous avait calmé.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, tout le monde! Mme le député de L'Acadie, sur une
question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-il exact que le
leader du gouvernement doit demander la permission pour parler?
Le Président (M. Cardinal): C'est exact, il n'y a aucun
doute dans mon esprit ni dans le vôtre probablement.
Une voix: C'est exact.
Le Président (M. Cardinal): Ni dans le sien. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Peut-être qu'il ne parlait pas.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys au sujet, s'il vous plaît.
M. Lalonde: M. le Président, on voit justement, j'allais
dire...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ... dans quel ridicule le gouvernement nous a fait
tomber, a entraîné la commission à cause de sa
stratégie incompréhensible. On en est rendu à se chicaner
sur quelques minutes. Au niveau des principes, la violation des droits
fondamentaux des députés reste encore là.
Nous avions proposé un amendement pour réduire les
dommages, pour protéger davantage le droit de parole des
députés et aussi, je dirais même surtout, parce que c'est
le but des réunions de cette commission parlementaire, le droit de
parole des intervenants.
Toutefois, je pense que le fait que la division du temps reconnaît
à l'Opposition une plus grande importance que les propositions qui nous
avaient été faites jusqu'alors par le gouvernement, donne
à la proposition du député de Beauce-Sud un mérite
que je blâme le gouvernement de ne pas avoir perçu, dès ce
matin, où on aurait pu régler cela assez rapidement.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Laissez le
député de Marguerite-Bourgeoys s'exprimer. À l'ordre!
M. Lalonde: Si le député de Vanier...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous n'avez pas à répondre aux
interventions qui ne sont pas permises.
M. Lalonde: Ne répondant pas au député de
Vanier, M. le Président, je vais dire qu'en ce qui concerne ma
participation à la réunion de cet après-midi, on en
était encore à la division moitié moitié du temps
entre le gouvernement au moment où j'ai participé...
M. Bertrand: Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, je vous
en prie.
M. Lalonde: M. le Président, dans le but de mettre fin
à cet imbroglio stupide dans lequel le gouvernement nous a
entraînés, je vais mettre fin
rapidement à mon intervention et, vu qu'il semble qu'un consensus
se fasse autour... Je le fais même si, en ce faisant, nous violons un
principe ou nous laissons le gouvernement violer un principe fondamental, nous
allons, quant à moi, je pense... Enfin, je vais me rallier à la
suggestion du député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député... À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Ils sont gênés d'être tout
seuls.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le leader
du gouvernement! M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous
plaît.
M. Saint-Germain: M. le Président... Mme Lavoie-Roux:
Vous verrez...
M. Saint-Germain: ... je crois qu'il est extrêmement
regrettable que nous soyons à la veille d'accepter une procédure
qui, dans le passé, s'est montrée absolument inefficace et
absolument injuste. Dans le passé, si cette procédure s'est
montrée inefficace et injuste, c'est parce qu'elle avait maintes fois
brimé le droit de parole de ceux qui venaient déposer des
mémoires et brimé le droit de parole de certains
députés au niveau de la commission.
Ceci dit, je ne vois pas réellement en quoi une heure ou une
heure et demie peut faire une différence énorme. Il y a là
un principe en jeu, un principe qui avait été
étudié au niveau de la commission de l'Assemblée
nationale, accepté par cette commission, et que, d'un trait de plume,
aujourd'hui, le gouvernement veut détruire, au niveau de cette
commission. Ce principe qui est fondamental, c'est le droit de parole de ceux
qui déposent des mémoires, comme des députés. Sur
un tel principe, je ne crois pas qu'on va faire des compromis comptés
à la minute. C'est une manoeuvre, à mon avis, c'est une
compromission. Deux heures, c'est peut-être, à mon avis, un temps
absolument minimum; il aurait pu, à la rigueur, être acceptable,
mais si on avait cru qu'on aurait pu passer au centre, on aurait bien pu dire
quatre heures. Qu'est-ce que cela nous aurait donné? Deux heures. Alors,
je ne me rendrai pas responsable d'une telle solution. Je dois dire que je
voterai contre le sous-amendement.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Je rappelle
qu'il est 17 h 54. Je donne la parole au député de Rouyn-Noranda
sur la motion de sous-amendement.
M. Samson: M. le Président, sur cette motion de
sous-amendement, je dois rappeler qu'il s'agit là d'un principe qui
entre en ligne de compte avec ce qu'on appelle habituellement les débats
restreints. Or, on peut se référer à l'article 24, qui
nous donne un aperçu de la façon dont on peut opérer
à l'occasion de débats restreints, c'est-à-dire un partage
du temps qui est disponible. Dans la proposition initiale de ce matin, il
manquait cette partie que je considère très importante. Dans la
deuxième proposition, c'est-à-dire l'amendement, on demandait
plus de temps, mais un fait demeure, c'est qu'on ne réglait pas ce
dernier problème du partage du temps. C'est pourquoi je n'ai pas voulu
proposer de sous-amendement pour tenter d'en arriver à vouloir se
comprendre. Ce midi, ce qu'on a recherché, c'est une voie d'entente qui
permette à tout le monde d'être d'accord et de pouvoir aussi
exercer son droit de parole de la façon la plus normale possible. Or,
comme on dit souvent, faute de pain, on mange de la galette, je suis d'accord,
si on ne peut pas avoir le pain, je suis bien prêt à accepter la
galette qu'on nous offre, mais en faisant ressortir cela peut compter
pour l'avenir le fait que lorsqu'on voudra, à l'occasion de
commissions parlementaires, limiter le temps des débats à
l'avance, ce serait une bonne chose de prévoir, dans la motion
principale, le partage du temps, ce qui aurait peut-être pu nous
éviter passablement de discussion.
Je suis d'accord, M. le Président, avec la motion qui est devant
nous, motion de sous-amendement. Je voterai en faveur de cette motion, et je
souligne que la collaboration à laquelle je m'accrochais et que je
demandais au gouvernement, elle est venue, cette collaboration, du
gouvernement, et je pense qu'une manifestation de collaboration doit en appeler
une autre. C'est pourquoi, M. le Président, je me joins à cette
motion de sous-amendement dans un esprit de collaboration et surtout en
tentant, au meilleur de notre connaissance, de permettre à tout le monde
le temps d'expression pour que cette commission puisse être bien
éclairée par les mémoires qui sont devant nous.
M. le Président, je voterai donc en faveur de la motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président ça va
être très bref après avoir subi ces nombreuses
heures de discussion sur la procédure, je m'en voudrais, au moment
où il semble qu'il se dégage un consensus, laisser passer
inaperçu un certain nombre de points.
Premièrement, lorsqu'on s'est rencontré à l'heure
de l'ajournement et que la proposition amenée par le
député de Beauce-Sud a été mise sur la table, il
faudrait rappeler, parce que pour moi c'est important si on veut, à
l'avenir, procéder correctement, préalablement, que les seuls
représentants qui étaient d'accord avec la formule du
député de Beauce-Sud étaient les représentants du
parti ministériel. Personne du côté du parti de
l'Opposition officielle, personne du côté de l'Union Nationale,
pas plus que le député de Rouyn-Noranda, n'ont accepté, au
moment où on s'est réuni, la formule proposée par le
député de Beauce-Sud.
C'est bien beau, aujourd'hui, au moment où on se parle, de venir
dire qu'enfin, on a trouvé la formule. Elle était
déjà trouvée à 13 h 30, cette
formule, et on aurait pu, dès cette heure, dès qu'on est
arrivé ici, entendre les témoins.
Deuxième remarque, si cette proposition du député
de Beauce-Sud passe, ce n'est pas parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys y consent. C'est parce que les députés du
parti ministériel ont accepté, dans le cadre de la discussion qui
nous avait été proposée ce matin, un compromis, de voter
pour cette proposition. Laissez-moi terminer, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Pourquoi ne l'avez-vous pas proposé à
16 h 30?
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! M.
Bisaillon: Laissez-moi terminer!
M. Lalonde: C'est vous qui avez fait perdre le temps de la
commission.
M. Bisaillon: Troisièmement...
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de... À l'ordre! S'il vous plaît! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bisaillon: ... on voit immédiatement ce qui, depuis le
début des travaux à l'Assemblée nationale, bloque,
lorsqu'il s'agit de discuter des aménagements.
Je me rends compte que le leader de l'Opposition officielle n'est pas
présent au moment où on se parle et qu'on peut arriver à
un consensus au moment où il est absent et dernièrement...
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Bisaillon: Je voudrais vous faire souligner...
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Marguerite-Bourgeoys sur une question de règlement. À l'ordre!
À l'ordre! C'est une question de règlement.
S'agit-il d'une question de règlement ou de privilège?
M. Lalonde: C'est une question de règlement. Je sais qu'il
y a une disposition dans le règlement qui interdit à un
député de prêter des intentions de quelque nature que ce
soit...
Une voix: L'article 96.
M. Lalonde: ...à une parole un geste, ou une
déclaration d'un député.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Les insinuations du député de
Sainte-Marie sont malvenues.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît. À l'ordre! Vous m'obligez depuis ce matin...
Permettez, M. le député de Mégantic-Compton, sur la
question de règlement... Vous m'obligez depuis ce matin à rendre
de multiples décisions. Je pense en toute impartialité que le
député de Sainte-Marie a simplement mentionné une absence
et qu'il n'a pas prêté d'intentions.
Alors, M. le député de Mégantic-Compton...
M. Lalonde: Je ne vous ai pas demandé un jugement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): ...est-ce une question de
règlement?
M. Grenier: C'est obligé d'être une question de
règlement, parce qu'on n'a pas le droit à une question de
privilège ici.
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Grenier: Je dois vous dire que je regrette l'intervention du
député de Sainte-Marie...
M. Bisaillon: Puis-je terminer?
Le Président (M. Cardinal): Non. Un instant. C'est une
question de règlement.
M. Bisaillon: Oui, mais il n'a pas le droit de parole, M. le
Président, tant qu'on ne le lui a pas donné. Qu'il termine. Je
n'ai pas abusé.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Mégantic-Compton. Il n'y a rien de spécial?
M. Grenier: Très bien. Je ne prendrai pas la parole, mais
je regrette amèrement ce qui est dit par le député de
Sainte-Marie. Ce n'est pas la réalité de ce midi.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Burns: ...
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre! À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Ils veulent justifier leur comportement de ce
matin.
M. Lalonde: Vous avez bâillonné la commission.
M. O'Neill: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Cardinal): II est 18 heures et le
président suspend les travaux de cette commission à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, madame et
messieurs! Avant de continuer, parce que nous ne commençons pas, je
voudrais rappeler que c'est la suite de la deuxième séance de la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications. Au moment où nous avons suspendu nos travaux, à
18 heures, nous discutions de la motion de sous-amendement et Mme le
député de L'Acadie avait manifesté son intention de
s'exprimer sur cette motion.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... si ma mémoire m'est fidèle, au
moment où nous avons laissé nos travaux, le député
de Sainte-Marie avait la parole. J'aurais voulu utiliser l'article 96, mais
comme cela n'a pas été possible parce que les travaux ont
été suspendus et que je dois le faire normalement, selon
l'article 96, une fois que le discours est terminé, je présume
que le discours est terminé puisque le député n'a pas
redemandé le droit de parole. C'est très simple, c'est simplement
pour souligner que cette question sur laquelle j'ai pris la parole, la question
du sous-amendement, pour être correct avec tout le monde, il y avait au
moins, avant 16 heures, quatre partis qui étaient disposés
à accepter cela et ce midi également. Peut-être par une
erreur d'interprétation, on n'a pas souligné ce fait, mais pour
rendre justice à tout le monde, je pense que je dois le faire.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Le député de Sainte-Marie,
selon mes souvenirs l'a déjà souligné. Ce n'est pas pour
vous enlever du crédit, mais déjà, à ce
moment-là, même s'il y a eu une suspension et non pas un
ajournement, j'avais reconnu Mme le député de L'Acadie, demandant
cependant que, après tout ce qui a été dit sur cette
motion de sous-amendement, elle veuille bien, si c'est possible, s'exprimer
brièvement de façon que nous puissions liquider la motion de
sous-amendement d'amendement, la motion principale, dans les plus brefs
délais pour commencer à entendre les témoins qui sont
devant nous et qui nous écoutent depuis ce matin, 10 heures. Alors,
merci, M. le député de Rouyn-Noranda. Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai parlé du
sous-amendement qui a été présenté par le
député de Beauce-Sud et je n'ai rien à ajouter. Je vous
remercie quand même de m'avoir accordé la parole.
M. Ciaccia: M. le Président, je serai très bref et
je voudrais souligner que le but de mon intervention, comme les interventions
que l'Opposition a faites, ce n'est pas de mener un filibuster. Je veux vous
assurer cela et je veux vous signaler que de tous les députés de
l'Opposition officielle qui ont fait des interventions sur le sous-amendement
du député de Beauce-Sud, pas un n'a pris ses vingt minutes
entières. Si nous avions voulu faire un filibuster, nous aurions pris
tout le temps qui nous était accordé par le règlement,
règlement que vous voulez changer pour les fins de cette commission.
Nos interventions, je crois, sont seulement pour rétablir
certains faits et énoncer certains principes qui sont brimés. Je
vais être assez bref, M. le Président, parce que je réalise
qu'il y a des gens qui veulent présenter leurs mémoires.
Cependant c'est un peu aberrant, M. le Président, de se voir accuser de
faire du filibuster, alors qu'on se défend quand on veut nous enlever
nos droits, brimer nos droits.
Le député de Taschereau a essayé d'expliquer
pourquoi il a énoncé sa première motion et il semble dire
qu'au nom de la démocratie il veut brimer les droits
démocratiques. Si c'est cela la dialectique du député de
Taschereau, je suis un peu inquiet de sa perception de la
démocratie.
M. Guay: Mais en quoi, M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: M. le Président, pour une question de principe
et pour les mêmes raisons que nous avons données, à savoir
que nos droits ne doivent pas être brimés, pas plus qu'on ne doit
brimer les droits de ceux qui viennent présenter leurs mémoires,
en les limitant à vingt minutes, je suis contre ce sous-amendement.
C'est une question de principe. C'est une question de droit. On se fait
reprocher... et en discussion, le député de Taschereau me
reproche de vouloir défendre les droits individuels.
Franchement, je ne sais pas où nous en sommes arrivés,
dans notre société, si c'est cela le seul reproche que vous
pouvez nous faire.
M. Guay: Oh! non. Il y en a bien d'autres.
M. Ciaccia: Quand je défends les droits individuels, je
défends les vôtres aussi. Peut-être aurez-vous l'occasion
d'être content d'avoir ces droits individuels qui ne devraient pas
être brimés...
Bienvenue, M. le député de Mercier.
M. Godin: Merci.
M. Ciaccia: Savez-vous, on prend tout à la
légère, on discute, on enlève nos droits et tout semble
être drôle du côté ministériel. Mais c'est un
peu plus sérieux que cela pour nous.
Je voulais seulement rétablir ces faits, M. le Président.
J'ai dit que je serais bref, je le suis. J'aurais beaucoup d'autres choses
à dire sur cette sous-motion, mais, dans l'intérêt des gens
qui sont venus ici présenter des mémoires, je vais terminer mon
intervention à ce stade-ci.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Étant donné que le député de
Mont-Royal m'a mis en cause, je voudrais quand même prendre la parole
brièvement, pour bien préciser.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Taschereau, ce n'est pas sur une question de privilège?
M. Guay: Non, non.
Le Président (M. Cardinal): II faudrait que vous parliez
vraiment du sous-amendement.
M. Guay: C'est en vertu de l'article 96, M. le Président.
Mon voisin de Chambre me donne quand même de bonnes leçons
à l'occasion.
M. Samson: Cela me fait plaisir.
M. Guay: M. le Président, j'aimerais préciser quand
même une chose. Quand on nous parle des droits des parlementaires qu'on
voulait brimer ou de choses comme cela, cela n'a jamais été
l'intention du gouvernement, bien au contraire, de brimer quelque droit que ce
soit et, en se référant aux anciennes règles de pratique
de cette assemblée, qui se situe quand même dans le courant du
parlementarisme britannique et de la démocratie telle qu'elle a
été, en quelque sorte, mise au monde en Occident par la
mère patrie du Canada, en s'inscrivant directement dans la tradition de
ces règles de pratique, dans la réalité de ces anciennes
règles de pratique qui sont carrément dans la tradition du
parlementarisme britannique, je ne pense pas, M. le Président, qu'on
puisse insinuer que nous voulions brimer les libertés fondamentales,
à moins que le député de Mont-Royal veuille nous faire
croire que le système parlementaire britannique lui-même est un
système qui vise à brimer les libertés et les droits des
parlementaires.
D'ailleurs, M. le Président, en disant cela, en affirmant que
nous voulions faire cela, avec la motion que nous avons
présentée, j'espère que le député de
Mont-Royal ne veut pas dire également que le député de
Beauce-Sud, avec son amendement que nous appuyons, que les
députés de l'Union Nationale appuient, que le
député de Rouyn-Noranda appuie ont tous pour but de brimer les
droits des parlementaires et surtout, bien sûr, ceux du
député de Marguerite-Bourgeoys qui nous a annoncé,
à l'encontre du député de Mont-Royal et du
député de Jacques-Cartier, qu'il allait également appuyer
cet amendement. J'espère que tout ce bon monde n'a pas pour but de
brimer les droits des parlementaires et les libertés du
député de Mont-Royal.
Adoption des motions
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Taschereau. C'est en vertu de l'article 96, ne pas
parler sur cette motion de sous-amendement.
Avant de mettre cette motion de sous-amendement aux voix, j'aimerais
savoir si quelque autre député qui possède encore le droit
de parole veut s'exprimer. Dans ce cas, la motion de sous-amendement
proposée par le député de Beauce-Sud... Entre
parenthèses, la question de recevabilité n'a pas
été soulevée, mais, dans sa rédaction, on pourrait
quand même soulever certains points, mais je ne le ferai pas pour que
l'on ne recommence pas cette période de procédure.
Le député de Beauce-Sud propose que, pour les fins de
l'étude du projet de loi no 1: Charte de la langue française au
Québec, la période maximale de temps pour l'étude des
mémoires soit portée de 120 minutes à 90 minutes, soit de
deux heures à une heure et demie; que le temps se répartisse de
la façon suivante: pour la présentation du mémoire, par
les témoins, vingt minutes; pour les ministériels, trente
minutes, et pour les Oppositions, quarante minutes, ce qui fait 90 minutes et,
troisièmement, que le temps de l'Opposition soit divisé comme
suit: savoir, les représentants de l'Opposition officielle, vingt
minutes; les représentants du parti reconnu de l'Union Nationale, dix
minutes et les deux autres représentants de l'Opposition, cinq minutes
chacun, ce qui fait un total de quarante minutes.
Je mets immédiatement cette proposition aux voix. Vous avez le
choix, madame, messieurs, soit d'un vote à main levée, soit d'un
vote enregistré.
Des voix: Enregistré.
Le Président (M. Cardinal): Vote enregistré. Mise
aux voix et je vais appeler les voix pour chacun des membres de cette
commission. Un instant, s'il vous plaît!
M. O'Neill (Chauveau)? M. O'Neill: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Bertrand (Vanier)?
M. Bertrand: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Bisaillon
(Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Ciaccia
(Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Contre. M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M.Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Ce n'est pas moi qui vote, c'est M. Biron.
Le Président (M. Cardinal): Pardon. M. Biron
(Lotbinière)? Vous avez raison, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Biron: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Guay
(Taschereau)?
M. Guay: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Cardinal): En faveur. Pour. M. Laplante
(Bourassa)?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Contre. M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Paquette
(Rosemont)?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Cardinal): Contre. M. Samson
(Rouyn-Noranda)?
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour.
Si vous permettez que je donne le décompte: 16 pour la motion, 3
contre. La sous-motion d'amendement est adoptée.
Nous devons maintenant discuter de la motion d'amendement
présentée par le député de...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je peux...
Le Président (M. Cardinal): Elle ne tombe pas
automatiquement, je regrette. L'amendement est adopté.
M. Guay: Est-ce qu'on peut considérer la proposition telle
qu'amendée comme ayant été adoptée avec le
même vote?
Le Président (M. Cardinal): S'il y a consentement de la
commission, je l'accepte. Il y aura même un vote sur l'amendement.
M. Lalonde: Sauf que cela va peut-être être des votes
inverses; enfin, vous saurez.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous voulez que je
reprenne le vote?
M. Lalonde: Non, je veux dire qu'étant donné qu'on
a voté en faveur...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, parce que cela vient
du côté...
M. Lalonde: D'accord, je vous fais confiance, pour
l'interprétation du vote.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Roy: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: L'amendement qui vient d'être mis aux voix, c'est
l'amendement qui a été amendé par le sous-amendement?
Le Président (M. Cardinal): C'est cela. M. Roy:
Alors, c'est le même vote?
Le Président (M. Cardinal): C'est ce qu'on demande, oui.
C'est cela.
M. Roy: Je voulais être sûr d'avoir bien compris.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, monsieur. Sur une
question de règlement?
M. Lalonde: Non. Je voulais être reconnu lorsque vous aurez
déclaré la motion adoptée telle qu'amendée.
Le Président (M. Cardinal): Bon. La motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys telle qu'amendée est
adoptée sur le même vote que sur le sous-amendement. Nous en
venons à la motion principale qui a été
présentée ce matin par le député de Taschereau.
M. Lalonde: Même vote, M. le Président?
Le Président (M. Cardinal): Est-ce le même vote, du
consentement unanime de la commission? La motion principale, amendée et
sous-amendée, est donc adoptée suivant le vote que j'ai
indiqué; je vais le répéter: 16 contre 3.
Madame, messieurs, cette motion étant adoptée, je rappelle
où nous en étions ce matin, avant que nous ne commencions ces
discussions.
J'avais alors invité le ministre d'État au
développement culturel, ainsi que les représentants de chacun des
partis d'Opposition à s'exprimer sur le projet de loi no 1, à
moins que, et je le répète, un ou des députés ne
désirent auparavant intervenir sur le mode de procéder de la
commission, n'aient des questions à poser ou n'aient des motions
préliminaires à présenter sur l'ordre de nos travaux.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Droit de parole aux députés
non-membres
M. Lalonde: ... je veux faire une motion très courte,
très brève, qui se lit comme suit: "Que les députés
non-membres de la commission de l'éducation, des affaires culturelles et
des communications puissent s'y faire entendre sans devoir obtenir la
permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite commission,
relativement au projet de loi no 1."
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que je peux vous demander de me présenter
votre motion par écrit?
M. Lalonde: Oui, M. le Président, dans le texte
écrit, je désigne la commission comme étant la commission
de l'éducation et non pas de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications. Si vous l'acceptez ainsi, je vous la passe
tout de suite.
Le Président (M. Cardinal): J'en prends connaissance et...
Je lis, pour les membres de la commission, la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys: "Que les députés non-membres de la
commission de l'éducation, puissent s'y faire en- tendre sans devoir
obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite
commission, relativement au projet de loi no 1."
Immédiatement, pour tenter d'épargner du temps, je
pourrais consulter la commission, comme je l'ai fait ce matin, mais je
déclare recevable cette motion. Les précédents au sujet de
l'étude d'autres projets de loi en commission parlementaire,
après première lecture, sont nombreux. Je ne pense pas que...
sauf, peut-être M. le député de Marguerite-Bourgeoys, un
petit terme qu'on peut ajouter "sans la permission de la commission
parlementaire", m'empêche de déclarer cette motion irrecevable.
Or, cette motion, étant déclarée recevable, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas faire un
débat là-dessus. Je pense qu'on a vu à l'expérience
aujourd'hui jusqu'à quel point les membres de la commission
étaient unanimes à laisser les députés qui ne sont
pas membres, s'exprimer.
Je pense que des précédents ont été
créés à cet égard dans des débats qui
concernent non seulement les spécialistes, mais qui intéressent
tous les députés, qui intéressent toute la population en
général.
Je pense que cette façon de procéder serait la
reconnaissance appliquée d'une démocratie plus vivante, plus
complète. Dans le passé, si on se réfère à
certains débats et vous ne m'en voudrez pas de
référer plus particulièrement à celui sur la loi 22
la permission qui avait été accordée à ce
moment n'a pas été suivie d'inconvénients, par exemple,
que trop de députés se seraient présentés à
la table, qu'il n'y aurait pas eu assez de place pour les députés
qui auraient voulu intervenir.
Je pense que le système s'autodiscipline et que c'est simplement
permettre à la commission de profiter de l'expérience, de la
contribution de chaque député qui peut, à l'occasion,
venir écouter les témoignages, poser des questions. Au fond, tout
ce que nous voulons, c'est éclairer davantage la commission
parlementaire qui est le prolongement de l'Assemblée nationale et je
pense enfin, j'espère que cette commission ne trouvera pas
d'objection à cela. Si oui, je suis prêt à utiliser mon
droit de parole ou ce qui me reste de droit de parole sur cette motion pour
plaider davantage.
Le Président (M. Cardinal): Le ministre d'État au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, je suis d'accord sur l'esprit,
le principe de cette résolution ainsi que sur les raisons qui la
motivent, mais cependant, je la trouve imprécise et incomplète.
Imprécise parce qu'elle traite du projet de loi no 1 et qu'on ne sait
pas si on fait référence aux deux commissions, celle qui se tient
pour entendre les mémoires et celle qui discutera du projet de loi en
commission plénière, article par article.
Incomplète également parce que cette motion ne parle pas
du droit de vote des membres de la commission. Elle ne sous-entend que le droit
de
parole et c'est la raison pour laquelle je propose un amendement qui se
lirait comme suit: "Que les députés non-membres de la commission
de l'éducation..." c'est le libellé de la
résolution du député de Marguerite-Bourgeoys
qu'après les mots: les députés non-membres de la
commission de l'éducation aient droit de parole à la
présente commission pour la durée de ses travaux, mais que seuls
les membres de la commission aient droit de vote.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'État
au développement culturel, ce n'est pas une correction que je veux
apporter à votre exposé, mais vous auriez pu tout simplement
demander une directive au président. Maintenant que vous avez fait une
motion, je pense que nous devons discuter de cette motion d'amendement et je ne
sais pas si vous voulez vous exprimer davantage sur cette motion
d'amendement.
M. Laurin: Non.
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion d'amendement, le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je suis d'accord avec
l'esprit de l'amendement, sauf qu'étant donné qu'on ne demandait
pas, justement, le droit de vote, je pense que le règlement s'applique
à ce moment-là et que seuls les membres ont droit de vote.
Autrement dit, c'est sous-entendu et c'est très clair, d'après
notre règlement, qu'en accordant le droit de parole à des
députés qui ne sont pas membres de la commission, on
réserve le droit de vote aux seuls membres de la commission. Je suis
tout à fait d'accord sur cette attitude. Donc, je serais d'accord sur
l'esprit, mais il me semble qu'elle est redondante, que la motion est inutile,
quoi. Elle pourrait même ne pas être recevable, justement, M. le
Président, à cause du fait que le règlement le
prévoit.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai indiqué tantôt
que votre motion était peut-être incomplète. Vous vous
souvenez que j'ai indiqué cela au début. Ce n'est pas un
reproche; je ne veux, en aucun moment, mentionner ou faire des reproches aux
membres de cette commission. J'ai agi de même envers le ministre
d'État et c'est beaucoup plus difficile envers un ministre. J'ai
adressé ou j'ai semblé faire un reproche en disant que, si on
m'avait demandé une directive, on aurait pu éviter cette motion
d'amendement. Je dois rappeler qu'en commission, après la
première lecture, à la suite de ce que j'ai mentionné ce
matin, une motion qui accorde certains droits aux membres de l'Assemblée
nationale ne préjuge en rien du mandat de la commission après la
deuxième lecture, ni du droit des députés après la
deuxième lecture. Donc, cette permission, qu'elle vienne sous forme de
motion, comme celle proposée par le ministre d'État, ou qu'elle
vienne sous forme de directive donnée par le président, ne
s'étend pas aux travaux de la même commission de l'éduca-
tion, des affaires culturelles et des communications qui se réunirait
pour étudier le même projet de loi après la deuxième
lecture. Par conséquent, et pour éviter toute discussion, je
demande le consentement unanime. On peut tout simplement adopter la motion
d'amendement du ministre d'État immédiatement.
Est-ce que ce consentement est accordé? Alors, la motion
d'amendement est adoptée.
Maintenant, je reviens à la motion principale. Est-ce que
quelqu'un veut s'exprimer sur la motion principale? La motion principale est
adoptée? Oui, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre avait posé
certaines questions, à savoir si cela s'appliquait aux deux commissions,
et la réponse est oui, justement parce qu'il n'y a pas de
précision.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, je m'excuse. Je viens
de mentionner qu'à la suite soit de la motion du ministre d'État
au développement culturel, soit d'une directive de la présidence,
cette motion ne s'applique qu'au mandat de la présente commission
après la première lecture.
M. Lalonde: C'est une directive que je vous demande, M. le
Président. Est-ce que vous iriez jusqu'à conclure que cette
commission n'aurait pas le droit d'accorder le droit de parole à des
députés non-membres pour l'autre mandat?
Le Président (M. Cardinal): Sans aucune hésitation,
oui, ce sont deux mandats différents. Si vous me permettez, ce matin,
dans mon exposé, j'ai clairement indiqué que le mandat de cette
commission était un mandat spécial pour entendre des
témoins et les questionner. Cela n'était pas un mandat pour
étude article par article. Nous n'avons même pas accepté le
principe du projet de loi no 1, nous avons accepté, à
l'Assemblée nationale, tout simplement que ce projet de loi no 1 soit
étudié. Un point, c'est tout.
Par conséquent, il s'agira d'un nouveau mandat et je veux tout de
suite indiquer, pour la seconde ou la troisième fois, que se sera un
nouveau mandat qui sera donné, non pas par le président, mais par
l'Assemblée nationale, probablement par un ordre de la Chambre
après la deuxième lecture. Je ne veux en rien préjuger ni
préjudicier au mandat de cette commission qui sera la même,
d'accord, ni aux motions qui seront alors présentées.
M. Lalonde: Alors M. le Président, je m'incline, votre
décision me semble logique.
Le Président (M. Cardinal): Alors messieurs, nous sommes
sur la motion principale indiquant que tout membre de l'Assemblée
nationale ait le droit de parole à la présente commission et,
après ce que je viens de dire, après la première lecture,
pour la durée de ses travaux, mais que seuls les membres de la
commission aient droit de vote, c'est bien évident et, de plus, toutes
les personnes pourront s'exprimer, mais dans le cadre de la motion qui a
été auparavant adoptée.
C'est évident que la présidence, en vertu de l'article
160, aura des problèmes, nous tenterons de les régler. Est-ce que
cette motion du député de Marguerite-Bourgeoys est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Motion adoptée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Du droit d'être entendu
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une autre motion à
présenter. Que soient entendus tous les organismes, groupes et personnes
qui désirent l'être, à moins que, de façon unanime,
la commission n'en décide autrement.
Je pense que lors de la discussion de la décision qui a
été prise par les membres de cette commission, de limiter le
temps d'audition et le temps des questions pour justement... un des arguments
qu'on a mis de l'avant était le fait qu'il y avait de nombreux
organismes qui avaient demandé à être entendus. On nous a
parlé de 200 mémoires. Il reste que dans les limites de temps que
la commission vient d'accepter, il me semble qu'il serait souhaitable, au
moins, qu'on assure à tous les organismes, groupes et personnes qui
désirent se faire entendre, qu'elles le soient.
Je comprends que ceci se situerait à l'intérieur des
règlements qui sont prévus, il faut que les demandes aient
été faites avant certaines dates, etc., ce devrait être en
conformité avec ces règlements, ça comprend ceci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais attendre que vous
vous prononciez sur la recevabilité de la motion. Je voudrais parler sur
le fond.
Le Président (M. Cardinal): Justement, M. le
député.
M. Roy: Avant qu'on parle de la recevabilité de la motion,
M. le Président, j'aimerais quand même que les membres de la
commission parlementaire puissent avoir des copies. . Le Président
(M. Cardinal): Je vais la lire immédiatement. Nous pourrions
peut-être suspendre pour avoir des copies, parce que vous savez qu'au
point de vue technique, les commissions manquent de moyens.
Je lis très lentement la motion du député de Mme le
député de L'Acadie: "Que soient entendus tous les organismes,
groupes et personnes qui désirent l'être, à moins que, de
façon unanime, la commission n'en décide autrement".
Immédiatement, je vais procéder comme cet avant-midi. Je
vous ai dit, au début, que sur la question de recevabilité de
toute motion, je vous consulterais. Je vous demanderais cependant de n'en pas
faire un débat. Je pense que l'article 160 ne s'applique pas quand le
président consulte la commission. Je demanderais, s'il y a consentement
unanime, s'il y a des oppositions, et ensuite, je me prononcerai, une fois de
plus, sur la recevabilité de cette motion.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, dans sa forme, cette motion me
semble irrecevable, pour la raison suivante: II est indiqué dans notre
règlement que l'on doit entendre à l'article commission
suite à un avis qui est donné, tous les groupes ou
individus qui ont fait connaître leur désir de venir devant la
commission et qui se sont conformés au règlement. Ces personnes
doivent être automatiquement entendues, à moins que la commission
n'en décide autrement.
Il va de soi que la commission a toujours le pouvoir d'en décider
autrement et il me semble qu'à ce moment-ci, compte tenu du
règlement qui nous régit, cette motion n'est pas utile.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne vois pas pourquoi cette motion ne serait pas
recevable actuellement. Le mandat de la commission est clair, c'est d'entendre
ceux qui se sont adressés à la commission pour être
entendus. Nous savons qu'un grand nombre de gens a exprimé le
désir de le faire. Si on avait... Par exemple, on a cité la loi
no 2 où il n'y avait que trois personnes qui demandaient à
être entendues, cela ne crée pas de problème. Mais lorsque
nous nous engageons dans un calendrier très chargé de travail,
lorsque le calendrier est tellement chargé que le gouvernement prend la
peine d'imposer à la commission une règle de travail, une limite
de temps pour chaque personne et chaque organisme qui se fera entendre
et Dieu sait jusqu'à quel point le gouvernement s'est embourbé,
au point qu'il a fallu le sortir, presque à mains nues, de
l'ornière où il s'était embarqué, et il pourra nous
remercier de l'avoir fait...
M. Bisaillon: Ça, c'est fort.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Je pense qu'il est dans l'ordre, à ce
moment-là, pour être sûrs que les travaux de la commission
se déroulent conformément aux désirs de l'Assemblée
nationale, que tous ceux qui ont exprimé le désir de venir soient
entendus.
Je pense que non seulement c'est une expression nécessaire,
à ce stade-ci, pour les membres de la commission qui sont appelés
à travailler à cette commission, mais aussi pour les membres de
la population, c'est sûr, qui ont exprimé le désir de venir
nous rencontrer. L'hésitation que... Je ne veux pas m'adresser au fond,
M. le Président, mais
il me semble qu'il est tout à fait dans l'ordre actuellement...
J'aimerais qu'on me cite un article du règlement qui empêcherait
la commission, qui est quand même tout à fait souveraine à
l'intérieur de son mandat, son mandat étant d'entendre les gens,
ce soir, résolument, d'entendre tous ceux qui veulent être
entendus. Cette question est assez importante pour que le gouvernement ait
décidé de faire une démarche particulière
actuellement. Je pense qu'il est tout à fait indiqué pour la
commission qu'elle indique à tout le monde qu'elle détermine
publiquement son désir, sa volonté d'entendre tous ceux qui
seront prêts à venir s'adresser à nous; sauf naturellement,
lorsque, unanimement, nous en déciderons... mais, à ce
moment-là, la règle d'unanimité, elle aussi, existe pour
toute décision. Il me semble qu'elle est tout à fait recevable,
M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez posé une question. À compter du
moment où on a posé une question, il faut s'attendre à une
réponse. Il ne faut peut-être jamais poser de question, si on ne
veut pas entendre la réponse.
M. Lalonde: Je voulais la réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela, elle va venir la
réponse et, avec tout le respect à l'endroit du
député de Marguerite-Bourgeoys et de Mme le député
de L'Acadie. L'article 118A est l'article clef qui régit nos
délibérations. L'alinéa 6 est très important. Si
j'acceptais la motion de Mme le député de L'Acadie, même
avec un amendement qu'elle a elle-même suggéré vous
permettez que je le souligne pour les fins de bon entendement de la
commission a elle-même voulu proposer que sa motion soit amendée
pour se lire comme suit: Que soient entendus tous les organismes, groupes et
personnes qui, à ce jour, ont signifié leur intention de
l'être, à moins que, de façon unanime, la commission n'en
décide autrement.
Or, l'alinéa 6 de l'article 118A nous dit: "Lorsqu'elle
c'est-à-dire la commission croit être suffisamment
renseignée, la commission peut décider de cesser les auditions".
Pour cette seule et unique raison...
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse de vous
interrompre. Je craignais qu'en donnant les réponses à ma
question, vous me donniez aussi la décision.
Le Président (M. Cardinal): C'est bien exact.
M. Lalonde: J'aimerais quand même être entendu, avant
que vous ne donniez la décision. C'est vrai que ce serait une...
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas encore rendu ma
décision, que vous semblez, je n'emploie pas le mot "préjuger"
mais "intuitionner" ce que sera la décision...
M. Lalonde: Disons "l'appréhension".
Le Président (M. Cardinal): ... sans qu'on ne fasse un
débat qui durera une heure, je vous permettrai, ainsi qu'à
quelques autres, de vous exprimer sur la recevabilité. Très
brièvement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous mentionnez l'article en
réponse à ma question qui dit que "lorsqu'elle croit être
suffisamment renseignée, la commission peut décider de cesser les
auditions". Cet article consacre la souveraineté de la décision,
l'autorité de la commission quant à son programme de travail.
Cette souveraineté est aussi la source de cette motion. Aussi la
commission pourrait-elle dans l'avenir se croire suffisamment
renseignée, aussi bien pourrait-elle décider d'avance, à
cause de l'importance du débat, d'entendre tous ceux qui ont bien voulu
la renseigner sur la question de la langue.
Je ne pense pas que le paragraphe 6 soit un obstacle à la
recevabilité, au contraire, je pense qu'il consacre justement la
souveraineté de la commission, quant à son programme de travail,
quant à ses travaux, quant à l'organisation de ses travaux et
qu'autant le paragraphe 6 de l'article 118A donne le pouvoir à la
commission de terminer ses travaux, lorsqu'elle le croit indiqué, autant
la commission, par la même source et aussi par toute l'économie du
règlement, est habilitée à décider, au
départ, qu'elle va entendre tous les témoignages.
C'est pourquoi je conclus que la motion est recevable.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Le
député de Vanier, sur la recevabilité.
M. Bertrand: M. le Président, cette motion n'est
sûrement pas recevable. Si nos règlements étaient muets sur
cette question, je dis qu'il faudrait absolument que les membres de la
commission s'entendent pour qu'on puisse établir un règlement de
ce genre, mais les règlements ne sont pas muets; au contraire, ils
parlent de façon très claire. L'article 118-A, paragraphe 6, le
dit de façon tellement claire que j'ai presque l'impression d'y
retrouver sous une meilleure forme la proposition ou la motion
présentée par le député de L'Acadie. Je pense que,
pour l'économie de nos débats, cette motion n'avait pas
été prévue pour rien. Sans doute, dans l'étude des
différents rapports qui nous sont présentés, vient un
moment où la commission peut se sentir suffisamment informée et
c'est la raison pour laquelle notre règlement prévoit que nous
pouvons utiliser un tel article pour décider de cesser les
auditions.
Il est bien clair que ce n'est pas là, de notre
côté, vouloir empêcher d'entendre les groupes; au contraire,
je pense que la motion qu'on a discutée ce matin pour limiter les
débats à une heure voulait justement qu'on puisse en entendre le
plus possible. Donc, il ne s'agit pas de se servir de cet élément
118-A, paragraphe 6, pour empêcher
qu'on entende les groupes. Au contraire, c'est pour faire en sorte qu'on
ne s'enferme pas dans la proposition du député de L'Acadie et
qu'au contraire, on fasse confiance à l'ensemble des membres de la
commission et que, si on sentait qu'on est suffisamment renseigné, comme
le dit l'article, on puisse décider de cesser les auditions. C'est sans
doute avec ce bon esprit, d'ailleurs, s'inspirant des règlements, que,
lors de l'étude du bill 22, le gouvernement de l'époque avait
étudié, si ma mémoire est bonne, 75 des 185
mémoires qui lui avaient été présentés.
Donc, après 75 mémoires sur 185, ces gens avaient eu le sentiment
qu'ils étaient suffisamment renseignés et que la commission
pouvait décider de cesser les auditions. Je pense qu'il s'agit
maintenant, dans l'étude de la charte de la langue française,
qu'on s'inspire du même règlement et qu'on entende ces groupes le
plus rapidement possible.
Le Président (M. Cardinal): Le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, autant je suis d'accord avec le
principe même de cette motion qui veut que nous puissions entendre tous
ceux qui ont des mémoires à nous présenter ou qui ont
quelque chose à dire à cette commission, autant je crois que le
libellé de la motion vient en contradiction avec l'article 118-A,
paragraphe 6, car c'est préjuger que nous ne serons pas suffisamment
renseignés dans cette commission à la toute fin des auditions
seulement. Il se peut qu'on soit assez renseigné après avoir
entendu 100 mémoires. J'espère qu'on pourra tous les entendre,
ces mémoires, quant à moi. Je crois que ce serait
nécessaire d'entendre tous les mémoires, mais, quand même,
pour la décision que vous êtes appelé à rendre, je
crois, personnellement, que la motion n'est pas recevable à cause de
l'article 118-A, paragraphe 6.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le chef de l'Union
Nationale. M. le député de Taschereau; non, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je continue d'avoir confiance
en votre impartialité. Je continue à faire appel à votre
impartialité, à votre formation légale. L'article 118-A,
paragraphe 6, n'est pas un article obligatoire. C'est vrai que la commission
peut se prévaloir de cet article, mais il n'y a rien qui exige que la
commission décide, à un certain moment, de dire: Oui, nous sommes
suffisamment informés. Pour des raisons que la commission peut juger
nécessaires, même si elle est suffisamment informée,
renseignée, elle peut décider, pour des raisons
démocratiques, pour donner la chance à tous ceux qui se sont
prévalus de leur droit de soumettre un mémoire, de les entendre.
Alors, la commission peut décider maintenant qu'elle va entendre tous
ceux qui ont soumis des mémoires. Elle peut prendre cette
décision. Alors, nous ne parlons pas sur le fond de la motion, nous
parlons sur la recevabilité.
Il ne faudrait pas donner l'impression que les motions du parti
ministériel sont recevables et que les motions du côté de
l'Opposition officielle ne le sont pas.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, M. le
député de Mont-Royal! Je regrette. J'ai accepté
aujourd'hui une motion du parti ministériel. J'ai accepté une
motion du parti de l'Opposition officielle. J'ai accepté des motions
d'autres partis. Je ne voudrais pas qu'en aucun moment on laisse supposer,
devant la presse, devant le public, que l'on laisse même la moindre
supposition que j'aie voulu accepter une proposition dans un sens ou dans
l'autre, d'un parti ou d'un autre, surtout lorsque je n'ai pas rendu ma
décision. Je vous remets quand même la parole, en vous demandant
cependant de ne pas laisser supposer que la présidence pourrait
être influencée, par des lignes de parti...
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le Président. Je ne faisais
pas allusion à la présidence, je voulais plutôt faire
allusion aux ministériels, à savoir que, pour eux, toutes les
motions qu'ils faisaient étaient recevables et ils donnaient des
arguments en faveur de leurs motions, mais quand il s'agissait d'une motion de
l'Opposition officielle, elles n'étaient pas recevables. Je m'excuse
profondément, M. le Président...
M. Paquette: Ils ont voté pour une de vos motions.
M. Ciaccia: ...si j'ai laissé cette impression, ce
n'était pas à la présidence que je voulais faire cette
allusion, c'était plutôt du côté...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Mont-Royal comprendra que c'est simplement pour la perception que peuvent avoir
le public ou la presse, non pas que je craigne leur interprétation, mais
pour rétablir vraiment les faits et pour que l'on continue ce qu'on a
commencé ce matin vers 10 h 15.
M. Ciaccia: J'accepte volontiers.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je ne demande pas
d'excuse. Le député n'a pas à se rétracter, il peut
continuer.
M. Ciaccia: Très bien. Merci, M. le Président.
...parce que, du côté des ministériels, ce serait facile de
dire: Ils ont accepté la motion d'entendre tous les
députés. Quand on est limité à une heure et demie
pour tous les mémoires, vous pourriez bien entendre non seulement les
députés actuels, mais les ex-députés aussi. On a
seulement 20 minutes. Alors, vous ne nous donnez pas grand-chose en acceptant
cette motion. Quant à la question de la recevabilité, nous
pouvons décider aujourd'hui, ce soir, que nous allons entendre tous ceux
qui ont présenté des mémoires. Je regrette encore pour
ceux qui attendent depuis ce matin
que nous devions discuter de ces questions de procédure. Mais
nous avons malheureusement passé toute la journée sur un point de
procédure qui aurait pu être évité, si le parti
ministériel n'avait pas introduit, sans la connaissance de l'Opposition
officielle, une motion qui, vraiment, nous enlevait notre droit de parole.
Alors, quant à cette motion-ci, M. le Président, je soumets
très respectueusement qu'elle est recevable, que nous pouvons la
discuter et que l'article 11-A, alinéa 6, ne nous empêche pas...
Ce n'est pas un article obligatoire. La décision est... Si la commission
peut décider de limiter le temps que les députés peuvent
avoir pour s'adresser à la commission, en dépit de l'article 160,
la commission peut définitivement décider qu'elle n'appliquera
pas, à ce moment-ci, l'article 118-A, 6e alinéa.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): ...sur la recevabilité
de la motion.
M. Samson: ...oui, je continue à prétendre qu'elle
est irrecevable en me basant sur l'ensemble de l'article 118-A 1er paragraphe,
qui détermine toutes les procédures à suivre et qui
détermine également, de façon très claire, que tous
ceux qui ont présenté des mémoires dans les délais
requis seront entendus, à moins que nous en arrivions à
décider d'appliquer l'article 118-A, 6e paragraphe.
Autre chose, M. le Président. Je trouve cette motion non
nécessaire, pour les raisons suivantes et sans aller au fond de la
situation, c'est que, même si nous décidions par motion, si
c'était recevable, immédiatement, que tous les mémoires
sont entendus, il reste que la commission possède encore, en vertu de
l'article 118-A, 6e paragraphe, le même droit de revenir sur cette
décision par une autre motion à n'importe quel moment de nos
travaux.
En outre, M. le Président, je pense que ce serait aller à
l'encontre du règlement qui existe. Si nous recevions cette motion, M.
le Président, ce serait aller à l'encontre du règlement
qui existe, parce que je considère que, pour déclarer recevable
et pour aller jusqu'à admettre la motion qui est actuellement
présentée, il faudrait revenir à l'article 84...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez raison, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... qui dit qu'il faut absolument, pour suspendre les
règles de procédure qui sont prévues au présent
règlement, une motion annoncée à l'Assemblée
nationale et que cette motion annoncée soit mise en
délibéré et, par la suite, on pourrait suspendre l'article
118-A, mais puisqu'on n'a pas ce genre de mandat, on ne peut pas, par une
motion à cette commission, changer la forme de l'article 118-A dans son
entier ou 118-A, 6e alinéa seulement.
Le Président (M. Cardinal): Je pourrais dès ce
moment rendre ma décision. Mais, comme j'ai dit, ce matin, que je
consulterais toujours la commission sur la recevabilité d'une motion,
j'accorderai la parole au député de Jacques-Cartier, au
député de Taschereau, la réplique au député
de L'Acadie, qui a présenté la motion, et ensuite, je rendrai ma
décision, pour éviter qu'on ne débatte davantage de ce
sujet.
Le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, nos règlements
sont absolument muets sur le temps dont peut disposer un groupe ou un citoyen
pour présenter son mémoire ainsi que le temps où un
député, soit de l'Opposition ou du gouvernement, peut discourir
sur le sujet, mais nous avons introduit cet après-midi un
élément, et ce temps est maintenant limité pour tout le
monde à une heure et demie.
Je ne veux pas revenir sur tous les détails du sous-amendement,
mais il serait normal je crois, à ce stade-ci, pour la protection des
groupes qui vont venir nous présenter des mémoires ou des
citoyens qui vont venir nous présenter leurs points de vue, que la
commission considère qu'elle ne sera pas renseignée suffisamment
à voir et à écouter tous les groupes, comme le dit en
fait, la motion.
Cela serait une garantie, pour ceux qui ont bien travaillé
à leur mémoire, que tout ce travail et ces études ne
seraient pas inutiles et je sais pertinemment que ceux qui vont
comparaître devant nous, dans les jours qui viennent, s'inspireront aussi
des discussions et des mémoires qui auront été
déposés antérieurement. Je sais pertinemment que ces gens
feront leur possible pour prendre connaissance de nos travaux et
améliorer peut-être pas nécessairement leur mémoire,
puisqu'il aura été déposé, mais du moins
améliorer leur point de vue sur la loi.
Je ne vois donc pas pourquoi cette motion ne serait pas recevable, parce
que je ne vois pas pourquoi la commission ne pourrait pas à ce
moment-ci, considérer qu'elle ne serait pas proprement ou suffisamment
renseignée, hormis que les mémoires et toutes les personnes et
les groupes désireux de le faire aient été entendus.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Je voudrais simplement aux arguments
évoqués par le député de Rouyn-Noranda et le
député de Vanier, je souscris entièrement souligner
le fait que, de tradition, puisque ce n'est pas mis noir sur blanc dans le
règlement, les votes de l'Assemblée nationale ou des commissions
se prennent à la majorité et la majorité l'emporte, et il
m'apparaît tout à fait à l'encontre de cette tradition et
voire antiparlementaire et, par le fait, cela rendrait la proposition
irrecevable, de mettre le mot unanimement dans une motion, ce qui ferait que la
commission serait, à toutes fins pratiques, soumise à la tyrannie
non pas de la minorité, mais d'une seule personne, d'un seul membre de
la commission, ce qui laisse la porte ouverte, évi-
demment, dans la pire des hypothèses, au plus odieux des
chantages et brime donc carrément tout le système parlementaire
qui fonctionne selon le système de la majorité.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Beauce-Sud, sur une question de règlement.
M. Roy: Oui, sur un point de règlement, M. le
Président. J'aimerais vous demander s'il est exact que
l'Assemblée nationale pourrait décider n'importe quand de mettre
fin aux travaux de la commission.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact. Nous avons eu ce
matin une première séance. Nous avons ajourné nos travaux
sine die à 13 heures et c'est par un ordre de l'Assemblée
nationale que nous sommes revenus vers 16 h 35.
Je pense que ceci répond à votre question de
règlement. Si vous le permettez, pour permettre cette démocratie,
même si elle est lourde à supporter pour plusieurs, et ceci dit
sans jeter de pierre dans le jardin de personne, je sais qu'il y a des gens qui
attendent de s'exprimer, je donnerais le droit de réplique
immédiatement au parrain de cette motion, Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas
présumer de votre décision. Je m'y conformerai sans essayer de
faire beaucoup de procédure, ce qui n'est pas mon fort, et qui de plus,
n'avancera pas les auditions attendues pour ce soir. Mais je pense qu'il
faudrait quand même réaliser certaines choses. J'entendais le
député de Vanier qui faisait référence à ce
qui s'était passé au moment de la loi 22 et j'ai entendu
également une question que le député de Beauce vous a
posée, soit que la Chambre peut, à n'importe quel moment,
décider d'arrêter les travaux. J'ai aussi entendu le
député de Rouyn-Noranda qui, en se référant
à l'article 118A semble interpréter qu'il s'agirait cependant de
circonstances j'imagine assez exceptionnelles pour décider, en se
servant du paragraphe 6, que la commission peut décider de cesser les
auditions parce qu'elle est suffisamment renseignée. Je voudrais
simplement affirmer que la question est extrêmement importante pour toute
la population du Québec. Le ministre d'État au
développement culturel l'a indiqué à plusieurs reprises et
l'objectif de cette motion était surtout ne pas décourager les
personnes. Je savais que ceci pouvait se présenter à un moment
donné, à savoir qu'on déciderait qu'on a entendu
suffisamment de gens. Je ne voulais pas décourager les gens qui, quand
même, se préparent avec beaucoup d'efforts, avec beaucoup de
conviction aussi et essaient de faire des représentations qu'ils jugent
valables et importantes, qu'ils ne sentent pas qu'à un moment
donné, c'est bien dommage, mais ils ne feront pas partie des 100, 125 ou
150 qui seront entendus.
À tout événement, M. le Président, si la
motion n'est pas recevable, je souhaiterais quand même, comme c'est le
ministre qui est maître du choix des mémoires qui seront
présentés à cette commission parlementaire qu'au moins il
consulte les partis de l'Opposition si jamais on devait envisager que certains
mémoires ne soient pas entendus et ceci afin que le plus possible tous
les points de vue, surtout ceux qui peuvent être différents,
puissent se faire entendre devant cette commission parlementaire, compte tenu
de l'enjeu extrêmement sérieux pour tous les citoyens du
Québec de ce projet de loi qui est maintenant devant la Chambre.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Mme le
député de L'Acadie, je vous remercie tout d'abord de ce voeu que
vous avez exprimé sous forme de motion. Encore une fois, et c'est
toujours difficile de le faire, sans suspendre, je vais immédiatement
rendre ma décision pour éviter que les suspensions, justement, ne
retardent encore ces travaux. La commission, une fois de plus, comme on l'a
mentionné à plusieurs reprises aujourd'hui, est maîtresse
de ses travaux. D'accord. Son mandat est d'entendre des témoins et je
mentionne aux membres de la commission qu'il serait temps que l'on arrive
à la réalisation de ce mandat. Ceci dit en passant. Il est
entendu donc que la commission entendra tous les témoins à moins
qu'elle ne déclare qu'elle est suffisamment informée, suivant
l'article 78 A, alinéa 6. Et sur ce point, je regrette de
différer d'opinion avec mon savant collègue de Mont-Royal voulant
que l'article ne soit qu'indicatif et non pas un article qui décide
d'une question de fond. D'après moi, l'article 118 A qui stipule que la
commission entend ceux qui désirent l'être, à moins qu'elle
ne décide qu'elle est suffisamment informée, veut dire tout
simplement qu'à un certain moment, le ministre particulièrement,
ou le leader parlementaire de l'un des partis n'indique cette intention ou que
la commission, de façon unanime, se sente suffisamment
informée.
Il y a un autre argument que l'on peut invoquer, c'est que la motion
demande implicitement de mettre de côté une règle qui est
contenue dans nos règlements, à savoir l'article 118A,
sixième alinéa. Il a été souvent invoqué cet
après-midi, à l'occasion d'autres motions. On ne peut et
là je n'attaque en rien le député de L'Acadie, qui n'a pas
invoqué ce point pour une motion, invoquer un côté
de la médaille et pour une autre, invoquer le contraire.
Et je rejoins ici, il en sera fort heureux, le député de
Rouyn-Noranda qui a invoqué l'article 84 du règlement; si Mme le
député de L'Acadie veut vraiment arriver à ce qu'elle
désire, je lui soumets respectueusement qu'elle devra le faire sous
forme de motion à l'Assemblée nationale, en vertu de l'article 84
qui est une motion de suspension de l'application des règles de
procédure.
Ceci étant dit, j'ajoute aussi cet autre argument qui a
été invoqué, que l'on désirerait que unanimement la
commission se prononce, c'est-à-dire que d'avance, on exigerait le
consentement unanime, ce qui est une prérogative de la présidence
sujette à cet accord des membres de l'Assemblée,
c'est-à-dire de la commission. Pour toutes ces raisons, avec toute la
déférence que je vous dois, Mme le député de
L'Acadie, je déclare cette motion irrecevable.
M. Roy: M. le Président, question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, sur une question de règlement.
M. Roy: Avec tout le respect que je vous dois, M. le
Président, j'aimerais quand même rappeler aux membres de la
commission les dispositions de l'article 84, suite à ce que vous venez
de dire au député de L'Acadie. "L'application d'une règle
de procédure prévue aux paragraphes 2, 3 et 4 de l'article 3 du
règlement peut être suspendue à la suite d'une motion
annoncée du leader du gouvernement ou d'un ministre, indiquant l'objet
pour lequel elle est suspendue". Ces motions ne seront pas possibles pour les
autres députés, sauf pour le leader du gouvernement ou pour le
ministre parrain ou responsable d'un projet de loi. La motion est très
claire: On ne peut pas suspendre les règles au niveau de la commission
parlementaire, il faut que ce soit devant l'Assemblée nationale, mais ce
n'est pas un privilège qui est dévolu aux membres de
l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie, M. le
député de Beauce-Sud, vous soulevez un point intéressant.
Je mentionnerai cependant qu'au moment des motions non annoncées, le
député de L'Acadie pourrait quand même, par analogie,
soulever une motion d'urgence en vertu de l'article 91 ou de l'article 94, qui
aurait le même effet que la motion prévue à l'article 84.
Je n'ai pas voulu... Je pourrais, chaque fois que je rends une décision,
écrire un volume et vous en entretenir pendant une demi-heure sur la
procédure. Je ne veux pas procéder de cette façon. Je vous
remercie quand même de votre collaboration, ce sera une indication de
plus à Mme le député de L'Acadie. Merci de votre
collaboration.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, sur quelle
question?
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement, la même. Simplement pour exprimer un regret que cet
article 84 n'ait pas été invoqué cet après-midi,
sur la recevabilité de la motion du député de
Taschereau.
Je termine là mon intervention sur la question de
règlement; j'aurais quelques autres motions à présenter,
mais je donne avis que je les présenterai aux prochaines séances
demain ou après-demain ou dans le courant de la journée de demain
pour permettre, à moins que d'autres députés aient
d'autres motions, de commencer les travaux immédiatement.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie beaucoup, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys et je voudrais, à la
suite de ce que vous venez de dire, vous faire un aveu public. Mon intuition
m'ayant trompé, j'aurais cru qu'après un avis d'une heure cet
après-midi, il y aurait eu une semblable motion à
l'Assemblée nationale. Ceci ne s'est pas fait, il est trop tard et ce
n'est pas à moi à suggérer aux membres de cette commission
les procédures particulières, qu'elles soient dilatoires,
préliminaires ou autres. Par conséquent, vous avez parfaitement
raison, je vous remercie de votre collaboration. Est-ce que, du consentement
unanime de la commission, je puis appeler le premier témoin?
Auparavant, je rappelle que j'ai indiqué que je permettrais au
ministre et à chacun des représentants des partis un
exposé sur ce projet de loi no 1, Charte de la langue française
au Québec.
Est-ce qu'il y a consentement pour donner la parole au ministre, afin de
procéder immédiatement à l'audition des témoins
avant l'ajournement de 23 heures?
M. Lalonde: Consentement.
Le Président (M. Cardinal): Consentement accordé.
M. le ministre d'État au développement culturel.
Exposé du ministre, M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, je serai bref.
Il y a plus de deux mois j'avais l'occasion de présenter à
l'Assemblée nationale et au peuple du Québec la politique
québécoise de la langue française. Trois semaines plus
tard, à la fin d'avril, je déposais le projet de loi no 1, la
Charte de la langue française au Québec. Au cours des deux
derniers mois, j'ai eu le plaisir de parcourir le Québec et de
rencontrer les groupes les plus divers de la société
québécoise. De Chicoutimi à Côte Saint-Luc, de
Dollard-des-Ormeaux à Rimouski, des milliers de Québécois
m'ont exprimé leurs opinions et préoccupations. Cette
consultation populaire illustre bien la volonté du gouvernement de
gouverner avec transparence, d'être ouvert à la population et de
dialoguer avec elle.
Aujourd'hui s'ouvre la deuxième étape de cette
consultation populaire, l'étape parlementaire. Alors qu'au cours des
deux derniers mois cette consultation s'est faite sur la place publique, elle
se déplace maintenant à l'Assemblée nationale où
siègent les élus du peuple et où tous les partis
politiques québécois sont représentés. C'est
maintenant à l'Assemblée nationale, dépositaire de la
volonté nationale des Québécois, que sera dévolu le
rôle d'arbitre et d'instance décisionnelle suprême.
J'aimerais signaler que rarement dans l'histoire du Québec un
projet de loi n'a fait l'objet d'un aussi vaste débat. Au cours des deux
derniers mois, les points de vue les plus divers se sont exprimés et au
cours des prochaines semaines, ces mêmes points de vue continueront
à s'exprimer devant la commission. Je crois qu'il s'agit là d'un
exercice extrêmement sain pour notre démocratie
québécoise.
Lors de la présentation du livre blanc, j'exprimais l'espoir que
notre politique linguistique fasse l'unanimité au sein de la population
québécoise. Ce souhait ne s'est pas réalisé dans
son entier, mais je constate quand même que les principes fondamentaux,
les objectifs de base du projet de
loi, font maintenant l'objet d'un large consensus. Même les
groupes et les individus qui émettent des réserves ou s'opposent
sur tel ou tel point, admettent que certaines positions des plus fondamentales
sont désormais acquises et se situent au-dessus de tout débat.
Bien sûr, les media d'information font-ils ressortir le plus souvent les
éléments critiques des interventions. Je ne conteste pas leur
droit de le faire, malgré que certains l'aient outrepassé.
Mais ces critiques ne réussissent pas à voiler les
nombreux et importants éléments d'un consensus qui
s'avérait impensable il y a quelques années à peine.
Ainsi, en fin de semaine, 300 citoyens venant d'horizons politiques que nos
amis d'en face connaissent bien, publiaient une longue déclaration dans
laquelle ils s'élevaient contre certains aspects du projet. Ils n'ont pu
s'empêcher d'admettre, cependant, que désormais, au Québec,
le français doit devenir la langue normale et habituelle du travail, de
l'enseignement et des communications.
Ils affirmaient également que l'énoncé des droits
linguistiques fondamentaux, tels que formulés dans le projet, ne
sauraient faire l'objet d'un débat. Ils exprimaient leur accord quant au
droit des travailleurs de recevoir les communications de leur employeur en
français. Ils se ralliaient à la flexibilité c'est
leur propre expression du projet de Charte, notamment, en ce qui
concerne les articles 58 et 113 qui assurent la mobilité des cadres dont
les entreprises ont besoin et l'utilisation de l'anglais pour les
échanges des entreprises du Québec avec celles des autres
provinces et des autres pays.
Je pense que cette déclaration est assez représentative
d'un ensemble de prises de positions qui ont généralement
été considérées comme défavorables au projet
de loi. Si l'on se place dans le contexte de l'évolution historique du
Québec, il y a là un acquis nouveau et fondamental.
Que des citoyens venant de milieux aussi conservateurs et
généralement réfractaires au changement soient maintenant
d'accord avec les principes que je viens d'énoncer, cela constitue le
signe d'une évolution majeure dans l'histoire du Québec. Il y a
à peine quelques années, voire même quelques mois, un tel
accord eût été impensable.
Avant même son adoption, la Charte de la langue française
au Québec produit donc déjà des effets positifs. Une
évolution similaire s'est produite en ce qui concerne la langue de
l'enseignement.
La théorie du pseudo libre choix qui n'avantageait que la seule
minorité anglophone et qui, en 1969, n'avait été
contestée que par cinq membres de l'Assemblée nationale, dont
l'actuel premier ministre, est aujourd'hui rejetée tant par le Parti
libéral que par l'Union Nationale, du moins si j'interprète
correctement les méandres de la révolution marqués
très souvent au coin de l'opportunisme. Il y a là aussi un signe
des temps.
Certes, je ne suis pas assez naïf pour penser que l'élite
économique et les forces politiques tra- ditionnelles qui la
représentent se sont converties subitement aux objectifs qui sont les
nôtres; cette évolution est plutôt la conséquence
directe de l'accord et de l'enthousiasme qu'a rencontrés la Charte de la
langue française auprès de la majorité
québécoise et dont même le journal The Gazette a dû
convenir; cet enthousiasme de la masse exprimé par ses
éléments les plus dynamiques et les plus novateurs est tel que,
dans l'autre camp, on en est maintenant aux concessions. Faute de pouvoir
lutter sur le plan des objectifs, certains se résignent à ne plus
mener qu'une lutte d'arrière-garde sur les modalités qui
permettront d'atteindre ces objectifs.
Le procédé est maintenant connu. Après un rapide
"lip-service" aux objectifs, on s'attaque aux outils, aux méthodes,
espérant ainsi ralentir ou enrayer la marche de l'appareil
administratif, afin que les Québécois soient forcés de se
contenter une fois de plus de ce qui a été trop souvent leur lot,
c'est-à-dire une victoire de principe.
Quant au gouvernement, son attitude sera à la fois logique et
réaliste. Dans la meilleure tradition cartésienne, c'est notre
ferme intention de donner à la loi tous les instruments
nécessaires à la réalisation des objectifs qui font
l'objet maintenant d'un si large consensus. Le peuple du Québec ne nous
pardonnerait pas de troquer un progrès réel et nécessaire
contre des voeux pieux. Nous ne serons pas dupes de la bonne volonté des
apôtres de la onzième heure.
Par ailleurs, c'est avec un esprit ouvert que nous abordons cette
commission parlementaire. J'ai souvent déclaré que nous
étions prêts à amender ce projet de loi que nous n'avons
jamais considéré comme parfait. Déjà, j'ai fourni
certaines indications sur les amendements qui pourraient être
apportés. Un comité de révision du projet de loi est
déjà à l'oeuvre. Au cours des prochaines semaines, il
s'alimentera à même les représentations faites à
cette commission. On peut donc penser que des améliorations seront
apportées après la commission parlementaire et avant la
deuxième lecture.
Si nécessaire, nous procéderons même à une
réimpression du projet de loi. Nous sommes conscients que, dans certains
secteurs, il existe des contraintes que l'État doit respecter; nous les
respecterons.
Toutefois, nous avons l'intention de bien distinguer entre ce qui est
contrainte réelle et simple résistance au changement. Nous
comptons sur les intervenants à la commission ainsi que sur nos
collègues de l'Opposition pour faire d'eux-mêmes cette
distinction. Au besoin, nous les aiderons à la faire.
À l'aube de cette commission parlementaire, comme au cours des
deux derniers mois, nous sommes donc ouverts au dialogue, bien conscients
toutefois que la rigueur intellectuelle est indispensable à tout
dialogue qui se veut fécond. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Remarques de l'Opposition Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, mes remarques seront
plutôt brèves à ce stade-ci de la commission parlementaire,
me limitant plutôt à des observations d'ordre
général dans un premier temps. Un peu plus tard au cours des
travaux de cette commission et après avoir entendu les mémoires,
je me livrerai au fur et à mesure à une analyse plus
détaillée et technique des différents aspects de la Charte
de la langue française.
Mes premières remarques m'amènent à vous dire que
je partage sans réserve l'objectif principal recherché par le
biais du projet de loi no 1 et que cet objectif m'apparaît comme
étant fondamental dans la société
québécoise, cet objectif d'assurer à la langue
française sa prééminence et de lui confirmer son statut de
langue officielle, mais il y a cependant une question que je me pose à
ce moment-ci.
J'ai nettement l'impression que cette opération a
déjà été faite publiquement et légalement;
publiquement par les nombreuses discussions débattues en commission
parlementaire en 1974 et juridiquement par la sanction de la Loi sur la langue
officielle, le 31 juillet 1974.
Je me demande donc, M. le Président, pour quelle raison on doit
revenir sur le sujet de la langue, puisque la loi 22 n'a jamais
été contestée dans ses principes, loin de là. et
que cette même loi visait elle aussi à faire du Québec un
État francophone, comme le projet de loi no 1 le stipule dans son
premier article.
Il convient, je pense, de rappeler ici le préambule de la Loi sur
la langue officielle.
Attendu que la langue française constitue un patrimoine national
que l'État a le devoir de préserver, et qu'il incombe au
gouvernement du Québec de tout mettre en oeuvre pour en assurer la
prééminence et pour en favoriser l'épanouissement et la
qualité;
Attendu que la langue française doit être la langue de
communication courante de l'administration publique;
Attendu que les entreprises d'utilité publique et les professions
doivent l'employer pour communiquer avec la population et avec l'administration
publique;
Attendu que les membres du personnel des entreprises doivent pouvoir,
dans leur travail, communiquer en français entre eux et avec leurs
supérieurs;
Attendu que la langue française doit être
omniprésente dans le monde des affaires, particulièrement en ce
qui concerne la direction des entreprises, les raisons sociales, l'affichage
public, les contrats d'adhésion et les contrats conclus par les
consommateurs;
Attendu qu'il importe de déterminer le statut de la langue
française dans l'enseignement;...
Donc, M. le Président, il n'y a non seulement ressemblance sur
l'objectif même de la loi 1 et de la loi 22, je dirais qu'il y a
unanimité, ce que d'ailleurs le ministre au développement
culturel vient de confirmer, lorsqu'il dit que, de plus en plus, ce consensus
semble presque total dans la population du Québec.
Alors, la question que je me pose, c'est: Pourquoi recommencer toute la
procédure à zéro trois ans plus tard? Pourquoi
réaffirmer une deuxième fois que le français est la langue
officielle? J'aimerais que le ministre nous dise s'il a de nouvelles
données suite à l'application de la langue officielle, de la Loi
sur la langue officielle, qui commandent impérativement de tout
reprendre l'aspect législatif de la question linguistique du
Québec. Si oui, nous apprécierions qu'il nous fasse
connaître ses nouvelles données. Si non, les travaux de cette
commission se baseront-ils sur les mêmes statistiques et bilans
compilés dans le rapport de la commission Gendron?
Il ne faut pas oublier que la loi 22 était le résultat de
plusieurs années d'études sérieuses sur la situation
linguistique au Québec. Aujourd'hui, on peut se demander quelle est la
motivation du gouvernement d'arriver avec ce nouveau projet linguistique qui,
selon toute apparence, ne semble pas reposer sur des données
nouvelles.
Donc, si c'est cette deuxième interrogation, à savoir
qu'on se basera de nouveau sur les mêmes statistiques et bilans
compilés dans le rapport de la commission Gendron, on peut se demander
ce que nous apprendrons de nouveau, et, par conséquent, nous aurons
peut-être tendance à nous répéter. En quoi toute
cette répétition de débats nous avancera-t-elle comme
collectivité? Des groupes de citoyens, d'ailleurs, ont posé la
question au ministre lors de ses tournées. On peut se demander si ce
n'est pas là une tentative de la part du gouvernement de distraire
l'attention publique des vrais problèmes. Que l'on pense au
problème du chômage, aux problèmes nombreux de
l'habitation, aux relations de travail qu'on n'a pas encore commencé
à toucher, aux diverses mesures sociales longuement attendues et au
sujet desquelles le présent gouvernement a pris des engagements
répétés lors de la campagne électorale qui l'a
porté au pouvoir.
Je me demande bien sincèrement pourquoi le ministre d'État
au développement culturel se précipite dans une telle
opération, au lieu d'attendre les principales recommandations que
pourrait formuler la Régie de la langue française, une fois qu'un
temps de cheminement suffisant aurait été parcouru et qu'un
véritable diagnostic basé sur l'expérience et le
vécu aurait été posé. Même
déjà, dans le premier rapport annuel de la Régie de la
langue française de 1975, je n'ai malheureusement pas pu obtenir celui
de mai 1976, il est écrit et je cite: "Connaissance du français,
utilisation du français, présence francophone, la loi
répond aux exigences de la situation. Elle assure à la langue
française sur le territoire du Québec le statut qui lui convient
en Amérique du Nord. Elle permet avec le temps aux francophones
d'utiliser librement leur langue au Québec, dans les situations de
contacts que créent entre francophones et non-francophones les
activités de travail et de consommation. Elle assure la présence
francophone là où son absence se fait le plus fortement
sentir, soit dans la hiérarchie administrative de l'entreprise
privée. Elle fait, avec le temps, de la langue française la
langue commune des Québécois, c'est-à-dire celle qui,
connue de tous et susceptible d'être utilisée par tous pourra
servir naturellement d'instrument de communication entre francophones et
non-francophones dans les situations de contacts obligatoires tels ceux qui se
rencontrent au travail.
Aujourd'hui, pour les raisons que l'on sait, c'est surtout l'anglais qui
joue encore ce rôle. La Loi aura pour effet de transférer peu
à peu cette prérogative à la langue française,
langue de la majorité des citoyens."
Enfin, je vous dirai, M. le Président, que le chapitre 5 de la
loi 22 traitant de la langue d'enseignement et de ses modalités
d'application, aurait dû retenir prioritairement l'attention du
gouvernement et particulièrement par l'intermédiaire de son
ministre de l'Éducation. Je regrette d'avoir à souligner
l'absence du ministre de l'Éducation à cette commission, alors
qu'il est fort bien connu que c'est le chapitre de la langue d'enseignement qui
a été la pierre d'achoppement de l'application de la loi 22, qui
a créé les nombreux débats que l'on connaît et qui,
fort probablement, sera l'objet des débats les plus passionnés et
les plus animés de tout le nouveau projet de loi qui est
présentement sur la table. Le ministre de l'Éducation est
absent.
En effet, le critère retenu dans le chapitre 5 de la loi 22
était ambigu et il convient de le reconnaître. Il avait
soulevé des difficultés d'application que tous connaissent fort
bien. Par contre, on ne peut s'empêcher de demeurer très perplexe
alors que les efforts du gouvernement auraient surtout dû porter sur la
correction des lacunes de ce chapitre, de constater qu'il n'a pas trouvé
mieux que de retenir un critère qui est au moins aussi ambigu et
discriminatoire et qui soulèvera autant, sinon plus de
difficultés d'application.
Il aura fallu un gouvernement péquiste, qui se targue
d'être plus québécois que quiconque, pour décider
que la fréquentation scolaire de l'école anglaise d'un parent
à l'élémentaire consacre l'appartenance à la
communauté anglophone de ce parent et de ses descendants. Je vous
réfère au livre blanc, également aux articles de lois
touchant la langue d'enseignement qui viennent confirmer ce message.
Automatiquement sont devenus anglophones tous les francophones qui sont
allés à l'école anglaise faire l'apprentissage de la
langue seconde. Je passe sous silence tous les autres, qui n'étant pas
anglophones, sont allés, comme la très grande majorité des
francophones, à l'école anglaise non pas pour s'y angliciser,
mais pour y faire l'apprentissage d'une langue seconde. Quant aux
ambiguïtés du critère retenu des difficultés
d'application qu'il posera, nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous
discuterons du projet de loi article par article, ou lorsque nous aurons
l'occasion de poser des questions aux personnes qui se présenteront
devant cette commission.
Je dis donc que la Loi sur la langue officielle était et demeure,
dans ses principes et son appli- cation, un moyen d'épanouissement
linguistique efficace et respectueux des droits de chacun.
Je pense qu'avant de présenter une nouvelle loi linguistique
à caractère hautement coercitif, il aurait fallu analyser de plus
près les premiers résultats de la loi 22 et d'en faire
l'évaluation et, simultanément, s'assurer ou amorcer un
véritable effort collectif pour améliorer la qualité du
français au Québec.
Compte tenu que le temps est limité et qu'il n'est surtout pas
question pour moi de faire de l'opposition pour de l'opposition, mais, au
contraire, de contribuer d'une façon constructive à
l'évolution de tout ce débat, je me permettrai, M. le
Président, quelques questions seulement, à ce moment-ci, à
l'endroit du ministre d'État au développement culturel.
La première que je porterai à son attention est la
suivante: Quelle valeur reconnaît-il à la coercition et à
la multiplication des sanctions pour réaliser des objectifs sociaux,
culturels, économiques qui, une fois les règles administratives
et législatives mises en place, ont beaucoup plus de chance d'être
atteinte, si on fait appel à la concertation et à un dynamisme
culturel qui a déjà commencé à agir?
Ainsi, je pense que personne ne niera que dans un milieu comme
Montréal, qui est le point névralgique du débat
linguistique, des progrès manifestes ont été
réalisés quant à l'utilisation du français comme
langue d'usage et de communications.
Je pense qu'il convient de souligner la détermination des parents
anglophones pour assurer un apprentissage du français à leurs
enfants, qui soit un apprentissage vraiment d'une langue parlée, bien
comprise, qui leur permette de participer à la vie du Québec et
à la vie culturelle du Québec.
Pourtant, parfois, devant l'insistance de certains à ignorer
cette réalité, on peut se demander si ce n'est pas une lutte
perdue d'avance, pour les minorités qui veulent vraiment participer
à la vie québécoise, puisque, de toute façon,
malheureusement, pour trop de francophones du Québec, celui qui n'a pas
un nom à consonance proprement québécoise ou un accent
proprement québécois, celui-là demeure trop souvent
quelque peu suspect.
Les efforts déployés ne correspondent pas toujours aux
résultats espérés.
Deuxièmement, je voudrais demander au ministre d'État au
développement culturel quelle est sa conception d'une communauté
culturelle et humaine, en l'occurrence, anglophone, que le livre blanc
reconnaît comme faisant partie de l'héritage culturel du
Québec.
Le concept de communauté culturelle correspond-il chez lui
à quelque chose de statique, de dynamique, d'évolutif ou de
régressif? Peut-elle être un apport à la
collectivité québécoise ou, au contraire, n'y voit-il
qu'un obstacle aux francophones?
J'aimerais avoir son idée là-dessus. Je pense que cela
nous permettrait, pour reprendre l'ex-
pression qui devient de plus en plus à la mode, un nouveau
départ là aussi.
Une chose m'inquiète. On a fait disparaître du programme du
Parti québécois le fameux concept de contingentement et je m'en
réjouissais, mais à la lecture du projet de loi no 1, je crois
comprendre qu'il y demeure de façon déguisée et tout aussi
implicite.
Une autre question que je voudrais poser au ministre. Pourrait-il nous
dire s'il a accordé une réflexion objective à la dimension
économique du problème linguistique? En d'autres termes, est-il
sensible aux différentes préoccupations exprimées par les
francophones à ce sujet ou doit-on considérer son
agressivité à leur endroit je dois dire que par suite des
quelques réflexions qu'il vient de nous livrer, elle semble avoir
diminué depuis la fin de semaine mais comme j'y avais
pensé avant, la question que j'allais lui poser était: Ou doit-on
considérer son agressivité à leur endroit comme l'unique
mesure de l'importance qu'il accorde à cet aspect de la question
linguistique?
Je ne voudrais pas allonger mon exposé indûment, mais
j'aimerais avoir des précisions sur ces différentes questions que
j'ai posées au ministre d'État au développement culturel
et je pense que cela aiderait à préciser certaines balises
nécessaires à un dialogue fructueux et respectueux
J'aimerais, si le ministre d'État au développement
culturel possède des données nouvelles quant au progrès
réalisé dans la francisation, soit de l'entreprise, soit de la
langue de travail, soit dans l'intégration des non-francophones aux
écoles françaises, qu'il les mette à la disposition de
cette commission.
Je pense que cela, probablement, nous aiderait à progresser plus
rapidement dans l'étude des mémoires et éviterait aussi
des questions inutiles ou des remarques qui pourraient s'avérer ne plus
être fondées.
Je souligne donc de nouveau qu'il n'était pas nécessaire,
à mon avis, de tout reprendre le débat sur la langue et qu'il
était inutile d'exposer de nouveau la population du Québec
à ce choc linguistique qui se situe peut-être dans une
stratégie à plus long terme pour le gouvernement, mais qui, je
pense, laisse en veilleuse des priorités sociales et économiques
qui sont encore plus fondamentales quant à leur urgence pour la
population du Québec.
Je voudrais aussi signaler que quant au chapitre 5, des corrections
s'imposaient, mais là encore, autant le critère d'admission
à l'école anglaise doit être examiné pour
éviter la discrimination entre autres en créant deux classes de
citoyens chez des individus qui partagent la même langue et la même
culture, autant devrait-on se préoccuper de l'amélioration de la
qualité pédagogique et de la qualité de vie de
l'école française, de l'amélioration de l'enseignement du
français. Je sais que c'est là une priorité du
gouvernement, mais encore faudrait-il s'assurer qu'elle devienne une
réalité parce que déjà depuis plusieurs
années, elle est une priorité et on peut se poser des questions
sérieuses quant au progrès réalisé.
Il faudrait également s'assurer de l'amélioration combien
urgente et réclamée par tous les parents, qu'ils soient de langue
française ou d'une autre langue, de la qualité de l'enseignement
de l'anglais, langue seconde. Il faudrait s'assurer qu'un meilleur accueil soit
réservé aux enfants d'autres origines dans le milieu scolaire
francophone, sans parler bien sûr d'un accueil qui mérite
d'être repensé dans certaines entreprises, dans la fonction
publique en particulier et dans les différents milieux de travail. Ce
sont là, pour moi, des prérequis qui permettront à une
politique linguistique de porter des fruits et également de se
réaliser dans un esprit de collaboration et de concertation
heureuse.
Compte tenu des remarques que j'ai faites, et compte tenu de
l'importance que je continue d'attacher à la langue d'enseignement,
comme étant le problème crucial qu'il importait de corriger le
plus rapidement possible, j'aurais souhaité et je ne dis pas que
je ne reviendrai pas avec une semblable motion plus tard, je pense que ce
serait désastreux d'y venir ce soir de toute façon que
l'on scinde la loi en deux, c'est-à-dire que l'on isole la partie
scolaire. Elle est un des aspects particuliers du problème linguistique
qui requérait une attention immédiate, mais qui aurait permis,
d'une part, de régler de façon la plus heureuse possible les
problèmes d'inscription, le problème scolaire du mois de
septembre. En même temps, je pense, ceci permettrait peut-être
d'obtenir ou de rechercher le consensus parmi tous les membres de
l'Assemblée nationale sur cet objectif fondamental de faire du
français la langue d'usage, de communication générale et
de la rendre une réalité dans la vie de tous les citoyens du
Québec.
En conclusion, je voudrais simplement souligner qu'alors que le
gouvernement prêche la tolérance, l'harmonie, la concertation, il
propose un projet de loi qui, je le répète, pourrait faire
l'unanimité quant à ses grands objectifs, mais qui, à
cause de certaines implications concrètes risque fort de se traduire par
de l'intolérance, voire même de l'injustice. En effet, plusieurs
dispositions, à mon point de vue, ne reposent pas sur des principes
sûrs, mais sur une certaine improvisation, voire même un certain
opportunisme, souvent appuyé par des sanctions tracassières qui
pourront créer un climat de méfiance entre les citoyens
plutôt qu'un rapprochement qui est une condition essentielle pour
continuer à édifier une société où tous se
sentiront des citoyens à part entière.
L'Opposition officielle, pour sa part, s'efforcera de retirer de ces
audiences le meilleur éclairage possible qui, par la suite, nous
l'espérons, lui permettra de contribuer à bonifier le projet de
loi et, surtout, de mettre à la disposition de tous les citoyens de
cette province un outil de promotion sociale, culturelle et économique,
qui repose sur des principes de justice et de respect à l'égard
de tous les citoyens du Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
Mme le député. M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, alors que nous abordons
à peine l'étude du projet de loi no 1, par l'ouverture des
audiences publiques, il ne m'apparaît pas opportun de procéder
dès maintenant à l'analyse exhaustive de cette question.
Les individus, les groupes et organismes qui ont demandé à
être entendus par cette commission parlementaire se sont prévalus
d'un droit légitime dans notre démocratie, soit celui d'exprimer
leur opinion sur un sujet qui leur tient à coeur.
Le très grand nombre de ceux qui s'en sont prévalus
auraient déjà su largement nous indiquer combien ce sujet
préoccupe notre population, si tant est que nous ayons eu besoin d'un
tel indicateur pour signaler l'intérêt suscité par la
question linguistique au Québec.
L'importance de la question n'est plus à démontrer, la
pertinence de la présentation d'une législation visant à
la définir et à régler son fonctionnement non plus.
Ce qui doit nous importer, à ce stade-ci de nos travaux, nous les
législateurs du Québec, c'est d'être attentifs aux
réactions populaires, aux réactions de ceux-là mêmes
pour qui cette législation est conçue, ceux qui, individus,
groupes ou organismes, viennent nous en livrer leur appréciation, juger
de sa portée et surtout nous en exposer les conséquences
espérées ou appréhendées.
C'est sur la foi de l'entendement populaire qui se manifestera ici que
nous aurons à évaluer la créance de cette
législation projetée.
Au-delà d'un préjugé de la question que nous avons
tous, dans un sens ou dans l'autre et ce, à des degrés divers,
nous devons tendre à l'objectivité.
Nous devons, dans la mesure où notre nature humaine nous le
permettra, passer outre à une instinctive réaction toute
personnelle devant certaines prises de position à l'audition de certains
énoncés; nous aurons à faire abstraction de l'esprit de
parti, à franchir la ligne que nos partis se sont tracée sur la
question pour véritablement juger au mérite et apprécier
toute la valeur des représentations qui nous serons faites.
C'est, M. le Président, sous l'éclairage de ces
représentations, confronté à celui de nos positions
personnelles et à notre parti que le chef et les députés
de l'Union Nationale participeront ultérieurement à la seconde
étape de l'étude, en deuxième lecture, du projet de loi no
1.
À cette étape, M. le Président, nous de l'Union
Nationale, attendons de la part du gouvernement et du ministre rien moins que
l'acceptation d'amendements qui viseront à doter les
Québécois et les Québécoises d'une véritable
charte linguistique. Nous suggérerons donc au gouvernement des
amendements en vue d'atteindre cet objectif et cet idéal. Pour ce faire,
mon parti assumera pleinement son rôle, celui de véritable agent
d'une authentique Union Nationale de tous les Québécois.
Nous n'avons pas la prétention d'être en possession
tranquille de la vérité; si l'Union Nationale a celle d'avoir
certaines idées sur la question, elle n'a surtout pas la
prétention de détenir d'une façon exclusive la formule qui
prétendrait tout résoudre. Aussi, nous attendons beaucoup de ces
audiences publiques que nous inaugurons aujourd'hui.
C'est avec calme et avec sympathie que nous accueillerons chacune des
interventions. Nous écouterons les intervenants sans méfiance et
en toute bonne foi, en les assurant de notre compréhension et de notre
ferme volonté de les bien servir.
Nous analyserons avec le plus grand soin et la plus grande attention
chacune de leurs représentations. Nous ferons la part de
l'émotion dont nous n'avons que faire et garderons celle de la raison
qui, seule, est de nature à nous éclairer. Nous colligerons les
observations judicieuses; nous en ferons synthèse et, de ce tout
cohérent, nous obtiendrons une vue d'ensemble qu'il nous sera dès
lors loisible de confronter à notre propre vue d'ensemble de la question
linguistique. Cette vue d'ensemble veut non seulement tenir compte du
véhicule de communication qu'est la langue pariée, mais aussi de
l'outil privilégié d'expression d'une réalité
culturelle qu'est la langue vécue.
Toute démarche, réflexion et analyse de notre part, se
feront sous l'éclairage de deux grands principes, à l'origine de
la position linguistique de l'Union Nationale. Premièrement, assurer,
dans les faits et gestes quotidiens de chaque Québécois, de
chaque Québécoise, la prééminence de la langue
française et le caractère essentiellement francophone du
Québec. Deuxièmement, respecter, par souci de justice et
d'équité, les droits de la communauté anglophone
québécoise, laquelle, pour nous, bien plus qu'un groupe
linguistique minoritaire, constitue, au plein sens du mot, un groupe, une
communauté socialement articulé.
Cette position linguistique n'est en rien dictée par des
sentiments revanchards; aucune vindicte n'est à l'origine de notre
volonté de légiférer. Tout au contraire, loin de vouloir
accentuer les désaccords et élargir le fossé qui,
malheureusement, s'établissent parfois entre nos deux
communautés, nous mettons tous nos efforts à accorder les parties
en litige et à rapprocher les divergences pour les faire converger
harmonieusement vers une manière de vivre ensemble, au plus grand profit
de tous, dans la préoccupation du bien-être de chacun.
Mais, M. le Président, au-delà des évocations
particulières à certains aspects, chapitres ou articles du projet
de loi no 1, qui seront faites devant nous, nous essaierons de percevoir, dans
les propos des intervenants, la conception globale qu'ils se font de la
portée dudit projet de loi.
Nous tenterons de saisir leur interprétation de ce qui est en
filigrane dans le texte, car s'il y est bien question de
légiférer en matière linguistique, il y est surtout
question de redéfinir le milieu de vie des Québécois,
puisque le projet de loi no 1 porte sur l'ensemble de la vie en commun.
C'est bien de la définition politique d'une société
québécoise dont il y est question; ne devrait-il pas plutôt
y être question d'une redéfinition de cette société
dans le sens d'un projet collectif de tous les Québécois, de
toutes les Québécoises.
Sans reprendre le très lourd contentieux de
l'établissement social en Nouvelle-France, au Québec, en cette
partie d'un territoire de l'Amérique du Nord qui devait, plus tard,
s'appeler le Canada;
En évitant d'ouvrir au chapitre des luttes pour la survivance,
avant tout physique, ultérieurement culturelle, le livre de l'histoire
d'ici;
Sans évoquer les multiples transformations juridiques qui
régirent successivement cette société montante;
Sans reprendre l'historique de ses revendications et de ses affirmations
nationalistes, traduisant fièrement, avant tout, le sentiment et la
volonté d'appartenance à un modèle culturel
français;
Sans faire état de l'évolution, au cours des
siècles, des structures et des idées de cette
société;
Sans épiloguer sur les heurts de sa confrontation avec la
réalité sociale contemporaine;
Sans énoncer les étapes de l'évolution du
contentieux Canado-Québécois;
Sans se lancer dans une apologie des avantages et une diatribe des
désavantages de la Confédération canadienne;
Nous pouvons affirmer qu'il existe bien une société
québécoise et que, si elle naquit un jour et grandit au fil des
ans, elle se trouve aujourd'hui en situation de se redéfinir;
En situation de faire le point pour mieux répartir et poursuivre
sa trajectoire;
Quant à nous, cette trajectoire, elle la poursuivra,
régénérée en elle-même, à
l'intérieur d'un Canada redéfini, pour vivre la suite de
l'histoire.
Cette redéfinition, comment se fera-t-elle? Ce projet collectif,
dans quel climat sera-t-il défini?
Il nous faut, M. le Président, réfléchir en tenant
compte d'hier, bien sûr, mais aussi dans la pleine connaissance
d'aujourd'hui, pour projeter sur le demain le plus souhaitable.
Nous aurons bientôt à légiférer sur une
matière fondamentale dont les conséquences sur la
réalité économique seront multiples, nous ne pouvons
l'ignorer. Le caractère essentiel et déterminant de cette
législation exige qu'elle soit élaborée dans la plus
grande sérénité, avec calme et objectivité, que nos
travaux soient exempts de toute hâte excessive et à l'abri des
perturbations provoquées par une trop grande
émotivité.
Cette société à redéfinir, nous ne la
voulons pas fermée et méfiante, toute à la dévotion
d'une ethnie vouée à un culte passionné, mais bien
ouverte, hospitalière et progressiste où il y fera bon vivre,
où, sans exclusion, tous les Québécois sentiront que c'est
là qu'il leur faut vivre et qu'ensemble, fièrement, ils y
vivront.
Pour y arriver, il nous faudra extirper de nos fibres tout sentiment
exacerbé, apaiser nos haines, atténuer nos rancoeurs et calmer
nos appréhensions.
Il nous faut envisager le Québec dans la totalité de sa
réalité et prolonger la portée du concept du nationalisme
à tout ce qui est québécois, à tous ceux qui vivent
ici et qui contribuent à son maintien, à son évolution et
à son développement, pour qu'au-delà des origines
ethniques, culturelles et linguistiques, on en vienne à établir
un consensus sur l'appartenance véritable à la
société québécoise.
C'est ainsi que nous pourrons formuler notre projet collectif qui est
d'établir ici une authentique société
québécoise qui, en fonction du respect mutuel et de la ferme
détermination qui nous animera tous, saura atteindre les objectifs
qu'ensemble, tous les citoyens du Québec lui auront fixés.
Lors du sommet économique, nous avons été
témoins que ce qui était réputé inconciliable
pouvait se concilier. Il suffit souvent pour cela de simplement aménager
le cadre approprié pour qu'une communication s'établisse entre
les agents impliqués.
Peut-il m'être permis de formuler le souhait que cette commission
devienne le cadre d'un sommet social et qu'à travers l'étude de
la question linguistique, on établisse une saine communication entre
gouvernants et gouvernés pour qu'ainsi, nous tous, membres de la
société québécoise, nous en arrivions à
définir notre convention, ce nouveau contrat social souhaité.
Par cette convention de caractère solennel qui devra régir
nos rapports, par ce projet collectif librement consenti, nous donnerions
véritablement vie à une authentique société
québécoise.
Cette société devra faire la synthèse de tous les
apports ethniques, culturels et linguistiques du Québec tels qu'ils se
trouvent être en ce troisième quart du XXe siècle, au seuil
du XXIe siècle.
Située au confluent des grandes cultures européennes, dans
la réalité contemporaine d'une situation géographique
nord-américaine, elle devra constituer le point de rencontre à la
fois des idées et des systèmes tant sociaux, politiques que
culturels, en une formule originale et authentiquement d'ici.
C'est à ce projet collectif que nous convions le gouvernement et
les Québécois. C'est ce défi de bâtir une
société nouvelle que nous voulons relever car cette
société québécoise, bâtie dans le respect de
ce qui est, sera riche d'un souffle nouveau et, selon une formule qui aura
provoqué l'adhésion générale, elle saura
dorénavant rendre possible et accessible ce qui, hier encore, pouvait
nous sembler relever de l'utopie: Conférer la dignité
d'être à quiconque, peu importe sa langue ou son origine ethnique,
qui de par sa volonté d'être un citoyen à part
entière de cette province, aura droit d'être appelé
Québécois.
Voilà, M. le Président, brièvement exprimée,
la façon dont l'Union Nationale compte participer aux travaux de cette
commission. C'est dans cet état d'esprit que nous aborderons
l'étude du projet de loi no 1.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le chef de l'Union Nationale. Pour être logique avec une motion
déjà adoptée, j'accorderai maintenant successivement la
parole aux dépu-
tés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud. M. le député
de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, le projet de loi que nous
avons en discussion et pour lequel nous sommes ici présents est un
projet de loi qui a fait dire à d'aucuns qu'il était quelque peu
gênant ou humiliant d'être obligés de
légiférer sur la langue.
Ayant vécu l'expérience du bill 22 que l'on peut, pour
d'aucuns en tout cas c'est là mon point de vue qualifier
d'erreur historique, je me demande dans quelle proportion, compte tenu du fait
que le présent projet de loi est aussi très controversé,
on ne s'achemine pas vers une deuxième erreur historique et, à
mon sens, si on additionne des erreurs ou qu'on les multiplie, plusieurs
erreurs n'égalent jamais une bonne décision.
Aussi, c'est avec prudence qu'il me semble devoir envisager
l'étude de ce projet de loi, en me demandant, aussi dans quelle
proportion l'actuel gouvernement, compte tenu du fait que nous connaissons tous
que, déjà, les projecteurs sont dirigés vers la
présente commission, vers la présente étude, s'il n'y a
pas là une certaine manoeuvre de diversion pour tenter de faire oublier
à nos concitoyens d'autres sortes de problèmes qui sont des
problèmes fondamentaux.
Une déclaration du ministre rapportée tout
dernièrement lui faisait dire qu'il ne se sentait pas le dos au mur
quant au présent projet de loi. C'est peut-être là sa
perception des choses, mais peut-être qu'après coup il se
retrouvera face au mur, ce qui ne sera guère mieux.
La consultation démocratique qui semble, selon les
déclarations, avoir été faite jusqu'à ce jour m'a
un petit peu inquiété, pas parce que j'ai quelque chose contre
les consultations démocratiques, au contraire, je trouve que c'est
normal et que c'est même souhaitable. L'attitude du ministre telle que
rapportée par les journaux m'inquiète. Il n'a pas manqué
une occasion de fustiger tous ceux qui ne sont pas d'accord avec son projet de
loi, à des niveaux différents peut-être. Aussi, certaines
déclarations me paraissent, compte tenu de l'ensemble des
déclarations faites, un peu contradictoires.
Alors qu'on étudie un projet de loi sur la langue et que l'on
veut faire du français la seule langue officielle, c'est-à-dire
qu'on veut faire en quelque sorte du Québec, un Québec unilingue,
je me réfère à une déclaration qu'on prête au
ministre, dans le Devoir du 3 mai 1977, où le ministre déclare
que les Québécois doivent être bilingues. Je ne ferai pas
lecture de l'article, mais il me semble qu'il y a là matière
à réflexion, parce que dans l'article, le ministre aurait
mentionné qu'il considère que le Québec a besoin d'un
bilinguisme individuel. Je ne vois pas tellement comment on peut arriver
à concilier ce genre de déclarations avec l'expression du projet
de loi lui-même, qui, en quelque sorte, est totalement différent
de la déclaration qui a été faite par le ministre.
Comment peut-on prôner un bilinguisme indi- viduel dans un
unilinguisme universel? Je me pose certaines questions.
Il y a aussi d'autres déclarations du ministre qui
reconnaît, cette fois, la difficulté d'équilibrer les
droits collectifs et les droits individuels. Je pense qu'il a touché
là un sujet très délicat, parce qu'il est difficile, bien
sûr, de concilier et d'équilibrer les droits collectifs et les
droits individuels. Cependant, en matière de droits individuels, nous
savons tous que cette assemblée, l'Assemblée nationale, a
adopté à l'unanimité un projet de loi qui porte le
numéro 50, qui s'appelle la Loi sur les libertés de la personne,
en tout cas, on l'a qualifié de Charte des droits et libertés de
la personne. Je trouve aussi curieux que dans le projet de loi actuel on
outrepasse les dispositions de cette Charte des droits et libertés de la
personne qui a été votée à l'unanimité par
les membres de cette assemblée pour protéger les libertés
individuelles. Je me demande comment on peut concilier cet état de fait,
qui se retrouve dans la loi 50, avec les énoncés de principe
qu'on retrouve dans les déclarations aussi bien que dans le projet de
loi actuel. Comment peut-on brimer des libertés individuelles par un
autre projet de loi, alors que, si je me le rappelle bien, dans cette fameuse
Charte des droits et libertés de la personne, on y confirmait la
prépondérance de cette loi sur les autres lois à
venir?
Il faut également considérer le droit à la vie des
citoyens québécois. Le droit à la vie, ça
présuppose, bien sûr, le droit à des facilités
économiques et, à ce chapitre, compte tenu du contexte
nord-américain dans lequel nous nous trouvons géographiquement,
et même avec un gouvernement péquiste, on ne pourra sûrement
pas changer la géographie, compte tenu de ce contexte
nord-américain dans lequel nous nous trouvons, nous serions très
mal venus d'entreprendre des dispositions législatives qui, tout en ne
le voulant pas, en arriveraient à pénaliser et très
fortement les Québécois francophones.
Dans la Presse du mercredi 6 avril 1977, alors qu'à Chicoutimi on
parlait du livre blanc, on a un gros titre qui parle de lui-même, et je
cite: "Quand on a du chômage à manger, on n'a pas le temps de
penser au dessert". C'est un peu la réaction que nous retrouvons dans
les masses populaires, parmi les gens qui sont en chômage, se cherchant
un emploi, parmi les gens qui doivent vivre de l'aide sociale et qui voudraient
vivre autrement. Dans la situation économique actuelle, et tout le monde
est d'accord, je pense, pour admettre qu'elle n'est pas tellement rose, notre
situation économique actuelle au Québec, dans ce contexte, ce
n'est pas nécessairement en légiférant et en utilisant la
contrainte en matière linguistique que ce problème
économique va être réglé.
Il est connu de tout le monde qu'il est plus facile de bien parler une
langue quand on est en vie. Or, M. le Président, si nous ne tenons pas
compte des problèmes économiques, et je pense qu'on sort de ce
sentier, surtout dans le contexte actuel, en dérivant des
problèmes réels, je ne peux pas voir comment on rend un
réel service à notre
population. Nous avons des régions frontalières au
Québec, et il est connu de tous que des Québécois
commercent beaucoup avec des gens d'outre-frontières, que ce soient les
frontières de l'Ontario, que ce soient les frontières du
Nouveau-Brunswick ou les frontières des États-Unis; ce commerce
est avantageux pour ceux qui le font et procure des emplois aux
Québécois. Or, il ne faut pas se cacher que lorsque nous tentons
de produire et de vendre la production à ces gens, il est normal que le
consommateur, l'acheteur, qui s'adonne à ne pas parler la même
langue que nous ait certaines exigences, et s'il ne parle pas notre langue, je
pense que ceux qui voudront faire du commerce voudront continuer à
pouvoir s'exprimer pour continuer ces échanges.
Cela rejoint en quelque sorte, l'idée que le ministre a
émise en disant que les Québécois devaient être
bilingues. Bon! Mais on ne peut pas être bilingue si on ne crée
pas un contexte qui peut permettre de le devenir. Atteindre les objectifs
visés, c'est-à-dire la primauté du français au
Québec, ça, on fait l'unanimité, je pense,
là-dessus. Loin de moi l'idée de tenter de m'opposer à cet
objectif. Mais il y a une question qu'il est bon de se poser: Est-ce que les
objectifs visés seront atteints?
M. le Président, je ne crois pas qu'il aurait été
nécessaire d'avoir recours à une charte spéciale pour, non
seulement améliorer, mais faire avancer grandement la cause du
français au Québec. Il y a d'autres moyens dont le gouvernement
dispose.
Nous souscrivons à l'idée du français, langue
d'enseignement, dans l'administration, dans les affaires, dans le travail; que
le consommateur québécois francophone puisse être servi en
français, il n'y a personne qui, à ma connaissance, en tout cas
au Québec, pourrait s'élever contre cela.
La langue de la législation, la langue de la justice. Je me
demande jusqu'à quel point on a pensé, non seulement aux droits
individuels de l'ensemble de la population, mais aussi aux droits individuels
des citoyens d'une circonscription électorale quelconque qui, en
théorie, pourraient décider un bon jour d'élire
c'est leur choix et leur droit dans une région et il y en
a au Québec où il y a une concentration de
Québécois anglophones, quelqu'un qui parlerait difficilement le
français. Cela serait là leur droit, et cela serait nier ce droit
fondamental que d'aller jusque dans la législation...
Je dis qu'il faut être prudent de ce côté.
La langue de communications, la langue d'affichage. On est d'accord,
mais d'une façon rationnelle; autrement dit, il ne faudrait pas perdre
les pédales. Il ne faudrait jamais oublier que le niveau de vie des
Québécois est directement relié à leur appartenance
au contexte économique nord-américain, et tout en voulant
je pense que c'est normal avantager davantage les
Québécois francophones, je me demande si on ne passerait pas
à côté de la cible et si au contraire, on ne les
pénaliserait pas.
Toutefois, c'est avec objectivité que j'écouterai ceux qui
viendront devant cette commission et compte tenu des arguments qui nous seront
apportés, je ne ferme pas la porte à quelque forme d'argument que
ce soit. Si l'on réussit à faire la preuve qu'il était
absolument nécessaire d'avoir ce genre de projet de loi, à ce
moment, je vous assure que je serai prêt à réviser mes
positions, mais compte tenu de l'expérience passée, j'ai
certaines inquiétudes et je vous dis que je serai très prudent
pour en arriver à des conclusions.
On connaît l'expérience du passé. C'est un sujet
assez difficile que chaque gouvernement qui a touché à ce sujet
permettez-moi l'expression s'est cassé la gueule et cela
pourrait, si on n'est pas suffisamment prudent, aussi arriver à celui
qu'il y a devant nous comme cela pourrait arriver à un prochain
gouvernement qui voudrait tenter la même expérience.
Je recommande la prudence, surtout de ne pas aller trop vite, de ne pas
utiliser je pense que cela s'est fait un peu, et je le regrette
l'émotivité, mais le maximum possible de réalisme.
C'est là mon point de vue, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, le
gouvernement du Parti québécois nous propose l'étude de
son projet de Charte de la langue française au Québec. Je n'ai
pas l'intention ce soir d'entrer dans les détails et d'analyser les
détails de ce projet de loi. J'ai l'intention de me limiter à
quelques considérations d'ordre général.
Ce projet de loi, le gouvernement nous dit le présenter en vue
d'assurer la qualité et le rayonnement de la langue française et
ce en faisant en sorte que le français devienne la langue de
l'État, de la loi, aussi bien que la langue habituelle de travail de
l'enseignement et des communications. Sur ce principe de base
énoncé par le gouvernement du Parti québécois, nous
sommes d'accord. Nous avons toujours été convaincus que le
Québec doit affirmer et consolider avec fierté et dans la
dignité son caractère français afin que le Québec
demeure un territoire de culture et de tradition françaises. D'ailleurs
lors de l'étude de la tristement célèbre loi 22, dont j'ai
réclamé le retrait dès le début des travaux de la
commission parlementaire, j'affirmais que la culture, la langue et la
fierté d'une nation, cela ne s'achète pas et cela ne se
négocie pas. Cela fait partie de son patrimoine, et il est de la
responsabilité d'un gouvernement responsable de s'assurer que ce
patrimoine soit conservé dans son entier.
Bien que d'accord sur ce principe fondamental, le projet de loi no 1
comporte une seconde partie que, tant par sa forme que par sa nature, nous est
complètement inacceptable. Je parle ici de toute la superstructure de
contrôle de la langue que le gouvernement veut nous proposer. La langue
française, chez nous, a-t-elle un si intense besoin de protection qu'il
faille la placer dans une cage dorée? Est-elle à ce point en
disgrâce qu'il faille instaurer une structure de contrôle aussi
énorme que celle qui nous est proposée? La lan-
gue française appartient aux citoyens individuellement et
collectivement. Elle n'est pas la chose de l'État. Il serait mal venu de
l'enrégimenter sous le contrôle d'une véritable
bureaucratie de la langue ou d'une police de la langue.
En 1974, je me suis opposé avec vigueur à l'instauration
d'une régie de la langue devant émettre des ordonnances et des
décrets pour nous dire qui va parler français, quand, où
et comment on va parler, et ceci en sachant bien que cette
réglementation allait encore une fois être confiée à
des personnes nommées par le gouvernement et envers qui elle n'aurait de
compte à rendre qu'à lui seul et Dieu sait comment. Actuellement,
en plus de maintenir la régie, même sous un nouveau nom, le
gouvernement nous propose d'autres structures encore. Que l'on songe à
la commission de toponymie, à la commission de surveillance et
d'enquête, à ses inspecteurs, ses contrôleurs, au conseil
consultatif. Est-ce qu'on s'est demandé ce que tout cela allait nous
coûter? Est-ce qu'on s'est demandé quels seront les budgets que
nous devrons consacrer au Québec pour faire fonctionner toute cette
superstructure gouvernementale.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, que l'actuel projet de
loi comprend quelque 23 articles qui se réfèrent à la
réglementation. Il est à se demander si les citoyens ne devront
pas s'abonner à la Gazette officielle pour savoir comment et où
parler français. Ceci est très important, car, par le pouvoir de
réglementation et nous ne connaissons pas les règlements,
qui ne sont pas déposés devant l'Assemblée nationale
et les structures que le gouvernement s'accorde dans le projet de
charte, le gouvernement ajoute encore quelques mailles à la chaîne
bureaucratique et technocratique qui étouffe déjà notre
société et qui emprisonne et empoisonne la vie des
Québécois. Il est inconcevable, à l'heure où la
majorité de la population décrie de plus en plus
l'omniprésence des fonctionnaires dans la vie quotidienne, que le
gouvernement puisse proposer aux Québécois un carcan de cette
nature.
Actuellement, tous les ministères ont leur quelconque forme de
contrôle. Le Québec a même sa Sûreté et
malgré toute cette structure de contrôle et de contraintes, le
gouvernement nous propose tout un nouvel appareil de contrôle. Le
prétexte peut sembler fort louable, mais nous n'échapperons pas
aux conséquences.
M. le Président, nous avons quand même au Québec un
ministère des Affaires culturelles qui a des responsabilités,
nous avons le ministère de l'Éducation qui a des
responsabilités: la loi de protection des consommateurs protège
les droits des consommateurs, nous avons la Charte des droits et
libertés de la personne qui, soit dit en passant, devrait demeurer la
soupape pour empêcher que les fonctionnaires, technocrates et les
décrets gouvernementaux n'aillent trop loin dans la vie individuelle et
dans les droits individuels des individus; nous avons le ministère de la
Justice et, par surcroît, nous avons le Protecteur du citoyen; pourquoi
ajouter à tout cela une autre forme de contrôle et
d'inspecteurs.
Oui, M. le Président, une nouvelle catégorie d'inspecteurs
et de contrôle va s'ajouter et, comme le phénomène tend
à s'accroître constamment, nous aurons un jour la surprise de
constater qu'il y aura plus d'inspecteurs que d'inspectés.
La fierté d'un peuple ne s'achète pas, ça ne se
commande pas et, par surcroît, ça ne se contrôle pas. Croire
que la langue française sera sauvée, pourra s'épanouir
sous l'oppression des contrôles, c'est de faire erreur. Il faut
éviter de se faire oppresseurs et la qualité et le rayonnement de
la langue française chez nous seront choses acquises. On ne peut certes
pas reprocher au ministre parrain de la loi de ne pas avoir d'expérience
dans le monde de l'économie et dans le monde des affaires, mais cela ne
lui donne pas le droit de les ignorer et j'espère que nous n'aurons pas
à le lui reprocher.
Il ne faut pas faire la sourde oreille et se fermer les yeux sur cette
réalité du monde économique, car on ne doit pas oublier
que l'état de l'économie québécoise, beaucoup plus
que le projet de loi que le ministre parraine assurera et garantira notre
survie et notre épanouissement. Il faudrait être d'une
naïveté inqualifiable pour prétendre le contraire. Je suis
certain, du moins je l'espère, que le ministre et le gouvernement l'ont
bien compris.
M. le Président, le gouvernement et l'Assemblée nationale
sont devant un défi de taille. D'autres l'ont rappelé avant moi,
mais qu'il suffise de nous rappeler encore une fois que nous en sommes à
la troisième tentative de solution de cet épineux problème
linguistique. En moins de dix ans, deux gouvernements ont déjà
sombré sur cette question. Un troisième échec aurait des
conséquences difficilement évaluables et pourrait même
être néfaste pour nous tous.
C'est donc sous le signe de la responsabilité et du
réalisme que nous devrons poursuivre nos travaux. Je formule le voeu, en
terminant, que nos délibérations dépassent toute dimension
partisane.
Le Président (M. Cardinal): Pour terminer ce tour de table
des partis ministériels et des partis de l'Opposition, aujourd'hui les
cinq partis, je permettrai au ministre d'État au développement
culturel une brève réplique avant que nous ne commencions
l'audition de ceux que nous appelons les témoins.
M. le ministre d'État.
Réplique de M. le ministre
M. Laurin: M. le Président, si nous avions
véritablement commencé le débat de deuxième
lecture, ce qui n'est manifestement pas le cas, j'aurais aimé
répondre en détail aux diverses questions qui m'ont
été posées, en particulier par le député de
L'Acadie, ainsi qu'aux exposés que je viens d'entendre, comme j'aime
d'ailleurs le faire souvent, lorsque je rencontre des auditoires partout dans
le Québec. Mais je réserve ce moment que j'attends pour le
véritable débat de deuxième lecture qui commencera, je
l'espère, le plus tôt possible.
Je voudrais simplement me limiter à quelques remarques que
m'inspirent les exposés des divers porte-parole des partis.
Par exemple, je voudrais dire que si le gouvernement s'est vu
obligé de légiférer sur la question linguistique, si peu
de temps après l'adoption de la loi 22, c'est précisément
en raison des lacunes, des insuffisances et des faiblesses de la loi 22 qu'au
nom du bien commun, il nous importait de corriger.
Je voudrais aussi faire remarquer au député de L'Acadie
que les ministres et particulièrement celui dont elle a mentionné
le nom, sont tous membres de cette commission et qu'ils y viendront au moment
opportun. S'ils n'y sont pas présents d'une façon continue, c'est
que précisément, ces audiences nécessiteront une
présence constante des membres de la commission et qu'ils doivent quand
même voir aux affaires de leur ministère au nom du bien commun.
Par ailleurs, même si les ministres ne sont pas présents à
cette commission d'une façon continue et permanente, ceux qui y sont,
les membres de cette commission, ont gagné leurs galons, non seulement
en raison de leurs mérites personnels, mais en raison aussi du travail
très long, intense et fructueux qu'ils ont accompli au sein du groupe de
travail qui, dans la phase préparatoire du projet de loi, a fourni au
gouvernement des instruments et des lumières dont il a abondamment
profité. Je pense que le député de L'Acadie ne pourra que
se féliciter des interventions qui pourront être faites, à
l'occasion, par les membres de la commission, du côté
ministériel.
Je voudrais aussi rappeler je l'ai d'ailleurs fait dans le livre
blanc que pour nous, la communauté anglophone constitue une
partie de notre héritage dont la contribution a été
majeure au développement du Québec et que nous entendons prendre
tous les moyens pour assurer la continuité et l'importance de cette
contribution au destin québécois, au devenir
québécois, quitte à rechercher les meilleurs moyens,
à notre satisfaction réciproque, qui permettront un pareil
résultat.
Je ferais remarquer aussi que je reconnais, avec plusieurs, que le
débat est difficile, l'expérience antérieure l'a
prouvé, mais que précisément si le débat est
difficile, c'est que la situation, la situation des francophones, en
particulier, puisque c'est pour eux que cette loi est faite, Charte de la
langue française au Québec, a été, est et demeure
difficile. Et, c'est précisément pour effectuer les
redressements, les rattrapages qui s'imposent, qu'il importe de
légiférer, à l'heure actuelle. C'est même là
un devoir de justice auquel notre gouvernement ne saurait se
dérober.
Il ne faudrait pas, bien sûr, attendre de cette loi qu'elle
apporte une solution à tous les problèmes économiques du
Québec. Je rappellerai ici conformément à l'adage des
philosophes, qu'il faut distinguer pour unir. Si nous voulons régler les
problèmes économiques, il faut préparer des lois
distinctives pour ce genre de problème, même si nous savons que
les lois économiques peuvent avoir une connotation culturelle.
Pour la même raison, si l'on veut régler des
problèmes linguistiques, il faut présenter des pro- jets de loi
spécifiques, même si nous reconnaissons que ces projets de loi
peuvent avoir une connotation économique.
Il reste cependant qu'il faut faire remarquer qu'une des raisons pour
lesquelles il importe de légiférer est précisément
de nous attaquer, par un certain biais, au problème du
chômage.
Par combien de fois dans le passé, les francophones ont
été victimes du chômage ou d'un sous-développement
individuel, parce qu'en raison des barrières linguistiques et
culturelles qui leur étaient opposées, ils ne pouvaient obtenir
ni les emplois, ni les promotions auxquels leurs talents naturels ou leurs
compétences leur donnaient droit.
Il reste, cependant, qu'après avoir distingué, il faudra
aussi unir et c'est la raison pour laquelle notre gouvernement entend bien ne
pas se limiter à une législation sur la langue au Québec
mais à présenter au cours de cette année et de celles qui
suivront un train abondant de lois qui seront axées principalement sur
le développement économique du Québec.
Je rappellerai aussi que le rôle de l'État est absolument
essentiel, en l'occurrence. Il ne faudrait pas en avoir une peur maladive,
surtout quand il s'agit du peuple français du Québec qui a connu
une existence, une évolution difficile, qui n'a pu compter longtemps et
qui ne peut compter encore aujourd'hui que sur cette incarnation de la
volonté collective que constitue l'État, sur le poids aussi bien
politique et économique qu'il constitue pour redresser des situations
malencontreuses, néfastes, aussi bien pour le destin individuel des
Québécois que pour leur destin collectif. L'État est
peut-être, plus que pour toute autre communauté, notre principal,
notre plus important, notre plus précieux allié et ceci est
particulièrement vrai, lorsqu'il s'agit de redresser des situations
douloureuses face à d'autres pouvoirs qui exercent sur une partie de la
population des contraintes qui, bien qu'invisibles, sont parfois quand
même violentes et empêchent un développement normal et
légitime des individus comme des collectivités.
Ceci dit, M. le Président, je ne voudrais pas allonger ce
débat qui devra se répéter dans une autre enceinte, mais
je me félicite de l'attitude non partisane qu'ont voulu adopter les
porte-parole des divers partis. Je décèle chez eux des
intentions, des attitudes, une ouverture qui sont aussi les nôtres et,
sans plus tarder, j'espère que nous entendrons ceux qui attendent depuis
déjà le début de la journée pour se faire entendre
et que, pour ma part, j'accueille avec la plus grande cordialité.
Le Président (M. Cardinal): Justement, M. le ministre, je
désire rappeler, malgré l'heure tardive, que le mandat de cette
commission est d'abord et principalement d'entendre des personnes, des groupes
et des associations. Je ne détaillerai pas davantage ce sujet.
Malgré cette affirmation, il faudrait bien que ceux qui sont devant nous
que l'on a appelés les témoins on me permettra cette
désignation ne soient pas surpris des inci-
dents de procédure, des retards et de tout ce qui s'est produit
en cette journée.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, la démocratie a
ses exigences et elle demande de la part de tous ceux qui y participent une
longue patience. Il y a ici un processus parlementaire, un
procédé démocratique pour les élus; il y a aussi un
exercice de la démocratie pour tous ceux-là, pour qu'ils soient
attentifs à ceux qui se feront entendre maintenant. Je suis heureux
qu'enfin nous puissions les entendre.
C'est au tour de ces "invités" de s'exprimer et j'espère
que la députation respectera leur droit de parole comme ils ont
eux-mêmes, avec beaucoup de patience, respecté celui des
députés. La première personne appelée, si elle est
présente, voudra bien me le confirmer, c'est le Dr Jean-F. Saucier. Si
vous voulez venir à la table, M. le Dr Jean-François Saucier.
Je vous donne la parole dans les limites établies par la motion
adoptée par la commission. Vous avez 20 minutes à votre
disposition. M. le Dr Saucier, je vous demanderais cependant de vous identifier
le plus précisément possible pour les fins du journal des
Débats.
Audition des témoins M. Jean-François
Saucier
M. Saucier (Jean-François): M. Jean-François
Saucier, médecin, professeur agrégé à la
faculté de médecine de l'Université de
Montréal.
Le Président (M. Cardinal): Allez.
M. Saucier: M. le Président, dans l'étude de ce
document imposant qu'est la Charte de la langue française au
Québec, je me limiterai à une seule suggestion qui se veut
constructive et qui concerne l'article 52 du chapitre VIII. De plus, mon propos
sera limité au problème de la langue d'instruction des enfants de
parents anglophones des autres provinces canadiennes qui auront immigré
au Québec après la proclamation de ce projet de loi. Je
présenterai d'abord deux principes de base, puis une brève
discussion du projet actuel, et, enfin, une suggestion d'amendement.
Premier principe: quel que soit l'avenir du Québec, que ce soit
le statu quo, le statut particulier, la souveraineté avec association,
l'indépendance complète ou tout autre statut, nous aurons besoin
d'un minimum de relations de bon voisinage avec les autres provinces
canadiennes, et cela, plus spécialement, si nous visons la
souveraineté avec association avec ces mêmes provinces.
Deuxième principe: quel que soit l'avenir du Québec, nous
aurons toujours l'intérêt et le devoir de soutenir nos
compatriotes francophones résidant dans les autres provinces canadiennes
dans leur lutte pour la survivance. En ce qui concerne le premier principe,
j'ai l'impression, en lisant les journaux anglophones, que l'article 52
pourrait nuire fortement à ce minimum de relations de bon voisinage. En
effet, l'impossibilité pour les enfants des immigrants anglophones de
recevoir leur ins- truction en anglais a soulevé de fortes
réactions dans les autres provinces. En ce qui concerne le
deuxième principe, ni l'article 52, tel qu'il est actuellement, ni les
autres articles, d'ailleurs, n'apportent quelque chose de tangible à nos
compatriotes francophones qui ont immigré dans les autres provinces. On
a déjà suggéré dans plusieurs milieux d'abolir tout
simplement le règlement qui forcerait les enfants d'immigrants
anglophones à aller à l'école française. En fait,
l'abolition pure et simple de ce règlement ne ferait que répondre
au premier principe cité plus haut mais sans toucher du tout au
deuxième.
Permettez-moi de suggérer plutôt un amendement qui
répondrait aux deux principes, c'est-à-dire qu'il favoriserait
nos relations de bon voisinage avec les autres provinces, tout en soutenant nos
compatriotes francophones dans ces mêmes provinces. Il s'agit d'une
clause conditionnelle qui accorderait l'éducation en anglais aux seuls
enfants d'immigrants dont la province d'origine accorderait un traitement
satisfaisant en ce qui concerne l'instruction à sa minorité
francophone. Cette clause conditionnelle entraînerait une série de
négociations avec les autres provinces où le Québec
pourrait être représenté par son ministre des Affaires
intergouvernementales. Advenant un accord satisfaisant avec une autre province,
alors et alors seulement, les enfants des immigrants venant de cette province
seraient admis dans le système d'instruction anglophone
québécois.
En résumé, cette suggestion a pour but d'obtenir
l'égalité des chances en éducation simultanément
pour la minorité anglophone du Québec et pour les
minorités francophones des autres provinces canadiennes. Cette
suggestion est basée tout simplement sur la loi de
l'équité, la seule base de toute entente à long terme. En
pratique, il ne serait pas nécessaire de changer quoi que ce soit
à la loi actuelle, à l'article 52. Il suffirait tout simplement
d'ajouter un amendement, c'est-à-dire l'alinéa 52c. Vous savez
que l'article 52 concerne la liste des enfants qui peuvent fréquenter
l'école anglophone à Québec. Alors, on ajouterait à
l'article 52 l'alinéa 52c qui se lirait comme suit ou à peu
près: Un enfant dont les parents ont reçu leur éducation
en anglais, dans une autre province canadienne, et dont il a été
reconnu, après un accord explicite avec le Québec, qu'elle
procure une éducation satisfaisante en français à sa
minorité francophone. Bref, tel qu'il est maintenant conçu, le
projet de loi sera un puissant moteur de changement au Québec.
Si, d'autre part, on lui ajoute l'amendement que je suggère, le
projet de loi deviendra un moteur de changements pour tout le Canada.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Dr Saucier.
Avant de donner la parole, selon la motion adoptée cet
après-midi, au parti ministériel et aux partis de l'Opposition,
est-ce que je pourrais vous demander, vu l'heure tardive, si vous consentiriez,
si ceci n'est pas terminé à 23 heures, d'être à
Québec demain, à 10 heures?
M. Saucier: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le ministre
d'État au développement culturel.
M. Laurin: Je remercie beaucoup le Dr Saucier pour sa suggestion.
Je l'avais déjà lue dans un article qu'il avait fait parvenir
à un certain journal et elle m'avait alors grandement
intéressé. Je le remercie d'avoir pris la peine de rédiger
un mémoire à cet effet et de venir nous le présenter pour
que nous puissions en discuter.
Je pense que cette suggestion nous rappelle très
opportunément le sort déplorable qui a été fait aux
minorités françaises dans les autres provinces du Canada. Je
pense que notre gouvernement ne serait que trop heureux de venir en aide
à ces minorités françaises et de mettre en oeuvre une
politique qui pourrait les aider à obtenir, d'une façon plus
rapide et efficace, les droits qu'ils revendiquent depuis si longtemps et qui
leur ont été enlevés. D'ailleurs, lors de la
présentation des "Héritiers de Lord Durham", il n'y a pas
tellement longtemps, certaines minorités francophones ont
répété à satiété qu'elles regardaient
avec envie le sort que ferait à la communauté anglophone du
Québec le projet de loi no 1 et ont espéré pouvoir
obtenir, à leur avantage, des conditions similaires.
Tout ceci pour dire que cette suggestion me semble très
intéressante. Il reste cependant la question de son obtention et
également la question de son administration. Le Dr Saucier n'a pas
été très explicite sur ce point. Est-ce que je peux lui
demander s'il suggère la signature d'accords de
réciprocité et je lui demande s'il a envisagé la
façon dont de tels accords pourraient s'administrer?
Le Président (M. Cardinal): Dr Saucier.
M. Saucier: Non, je ne suis pas juriste. Je suis médecin
seulement. Alors, je ne peux pas préciser. Je pense que, enfin, j'ai
l'impression de lancer une suggestion, une sorte de défi peut-être
à nos juristes pour essayer de préciser, de voir quelles sont les
possibilités constitutionnelles ou bien, peut-être, de
dépasser un peu la constitution telle qu'on l'a pratiquée
jusqu'ici et peut-être d'ouvrir un champ nouveau. Mon impression, moi...
Enfin, mon impression de non-juriste, c'est que, jusqu'ici, le Québec,
quand il s'agissait de traiter au sujet des minorités francophones,
c'est comme s'il était assez limité dans... C'est comme s'il
devait toujours passer par Ottawa, par le gouvernement fédéral,
et j'ai l'impression, moi, que, si cet amendement était adopté,
peut-être que ça ouvrirait un autre champ de relations directes
entre chaque province. Là, je suggère tout simplement, vaguement,
que le ministre des Affaires intergouvemementales pourrait peut-être, en
fait, préciser, consulter ses juristes à lui et essayer une
méthode nouvelle, ou bien si, peut-être, d'autres provinces
étaient intéressées, elles pourraient peut-être en
prendre l'initiative elles-mêmes et essayer de consulter le Québec
et essayer d'avoir une sorte d'entente.
Je ne peux pas préciser plus par un manque de
compétence.
Le Président (M. Cardinal): Merci Dr Saucier. Le
député de Taschereau.
M. Guay: C'est l'Opposition avant, non?
Le Président (M. Cardinal): Non. Vous êtes dans les
limites de la motion de cet après-midi.
M. Guay: Ah bon! Le texte qui a été
déposé et qui n'est pas le même que celui que vous avez lu
fait état à un certain moment que les dispositions du projet de
loi nous priveraient de spécialistes utiles et, à court terme,
elles soulèveraient l'hostilité de plusieurs anglophones
canadiens. Je me demandais jusqu'à quel point cette intuition que vous
avez quant au fait que le Québec pourrait être privé de
spécialistes n'était pas contré par l'article 58 du projet
de loi qui précise que "le présent chapitre ne s'applique pas aux
personnes qui, aux conditions fixées par règlement du
gouvernement, sont de passage au Québec ou y séjournent pour un
temps limité."
M. Saucier: Je ne sais pas s'il y a un règlement de la
commission... C'est parce que lorsque j'ai rédigé ma
première communication, c'était assez rapidement.
Deuxièmement, le projet de loi n'était pas rédigé.
C'était seulement la charte qui était parue. Je ne sais pas si la
commission pourrait accepter la communication de ce soir comme étant
l'officielle et l'autre comme étant un premier jet. Est-ce possible?
Parce que j'aimerais que mon projet de ce soir soit plutôt
l'officiel.
Je n'insiste pas du tout sur cet argument d'introduction, mais comme
vous dites, que la plupart des spécialistes soient seulement des
temporaires, cela serait réglé. Cela ne serait pas compris dans
cette proposition.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord remercier le Dr Saucier
d'avoir été aussi patient. Parce que même avec ma myopie,
j'ai cru le voir assis ici presque toute la journée, à nous
attendre.
Je voudrais aussi le remercier d'être venu sensibiliser le
gouvernement actuel à la dimension des francophones des autres
provinces. Malheureusement, je trouve que souvent c'est une inquiétude
qu'il n'a pas, mais qu'il semble développer depuis tout
récemment. Je pense que c'est pour le mieux.
Il y a six millions de francophones en Amérique du Nord. Je ne
pense pas qu'on puisse se payer le luxe d'en laisser tomber un million.
Ceci dit, pour revenir à la recommandation que vous faites et qui
vient justement de cette préoccupation que vous avez à
l'égard de cette communauté francophone à
l'extérieur du Québec, je pense qu'elle est intéressante.
Elle pose, cependant, un problème. Dans l'hypothèse où il
y a déjà des provinces où cela ne créerait pas
de
problème parce que les écoles existent, il y en a d'autres
je n'en nommerai pas, mais supposons une province plus à l'ouest,
peut-être celle à l'extrême ouest et que ces accords
ne puissent être obtenus et qu'à l'intérieur de compagnies
pour des raisons de transfert d'emplois, des familles anglophones arrivent au
Québec et qu'on ne soit pas parvenu à un accord avec une ou
plusieurs provinces... ne trouveriez-vous pas, qu'à l'égard des
enfants eux-mêmes ou qu'à l'égard de ces familles, prises
individuellement, on pourrait se trouver dans une situation peut-être un
peu difficile puisque selon qu'une famille viendrait de Winnipeg où on
aurait pu faire des accords, deux familles de même culture, de même
langue et qui sont tous citoyens canadiens, tant du Québec que du
Manitoba ou de la Colombie-Britannique...
On se retrouverait finalement au Québec avec des citoyens, des
gens qui ont la même citoyenneté, dont les uns pourraient
fréquenter l'école anglophone et les autres ne le pourraient pas.
Est-ce que vous ne verriez pas là un facteur de discrimination? Et si
oui, avez-vous pensé peut-être à d'autres dispositions qui
pourraient éliminer cette discrimination possible qui ne serait pas
causée par nous, remarquez bien, mais qui quand même affecterait
des individus?
M. Saucier: C'est sûr que c'est un problème
particulier qui est assez difficile. J'ai l'impression qu'il s'agirait qu'il y
ait des négociations entre les deux provinces, entre le Québec et
une autre province et c'est sûr que ce ne serait pas nécessaire
que le Québec établisse ou requière le même standard
pour toutes les provinces. Québec pourrait juger, dans les circonstances
et certaines provinces étant plus avancées que d'autres, ce
serait plus facile pour elles de satisfaire aux exigences de l'instruction
francophone. Par ailleurs, si une autre province est beaucoup moins
avancée, peut-être que le Québec pourrait dire: Si vous
faites au moins un début... À ce moment-là, le
Québec serait satisfait, mais à condition que ce début
continue. Ce que je veux dire, c'est que le Québec serait libre de
choisir les standards qui pourraient changer ou qui pourraient être
adaptés à chacune des provinces. C'est tout ce que je puis
dire.
Mme Lavoie-Roux: En passant, je dois vous dire qu'il existe un
conseil des ministres de l'Édu- cation et qu'il y a peut-être
déjà une table de concertation qui existe. Je voudrais demander
ceci au Dr Saucier qui semble s'être attardé ou avoir
examiné de plus près l'article 52; Est-ce que vous auriez
d'autres remarques à faire sur l'article 52 quant au critère qui
est retenu pour déterminer l'admissibilité des enfants à
l'école anglaise? Là, je parle des enfants qui sont au
Québec ou des enfants... Est-ce que vous avez examiné cela? Non.
Vous avez considéré strictement cet échange avec les
autres provinces et c'est vraiment là votre souci, si je vous
interprète bien. C'est la vie française à
l'extérieur du Québec qu'il faut continuer d'aider. Est-ce que je
vais trop loin en l'interprétant de cette façon-là?
M. Saucier: Disons que je veux limiter mon intervention...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, Dr Saucier. Vu
l'heure, je vais être obligé de vous inviter à revenir
demain, à moins qu'il n'y ait un consentement...
M. Paquette: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Justement, je m'excuse, mais
il faut le décider tout de suite.
M. Paquette: J'aimerais...
Le Président (M. Cardinal): Non, attendez un instant. Nous
devons ajourner...
M. Paquette: C'est là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): ...normalement nos travaux
à 23 heures. C'est dans six minutes environ. Alors, à moins d'un
consentement unanime, cet ajournement se fera automatiquement. Oui, un instant.
Est-ce une question de règlement, M. le député de
Beauce-Sud?
M. Roy: Non, c'est une question que j'allais vous poser, une
directive.
Le Président (M. Cardinal): Je vais prendre la question de
règlement et ensuite vous aurez la question de directive.
M. Paquette: Une question de directive, je ne suis pas
très familier avec tout cela. Mais il me semble qu'on devrait prolonger
la période pour entendre M. Saucier, ne pas l'obliger à revenir
demain matin. De notre côté, nous n'avons pas
énormément de questions à poser. Je ne pense pas qu'on
prenne les 30 minutes.
Je ne sais pas, de l'autre côté, comment ça se
dessine, mais on pourrait peut-être prolonger au moins jusqu'à 11
h 30.
Le Président (M. Cardinal): Tout ce que je puis vous
répondre, c'est que j'ai déjà plusieurs membres de la
commission qui ont demandé le droit de parole; pour continuer
au-delà de 23 heures, parce que nous fonctionnons selon un ordre de la
Chambre, il faudrait le consentement unanime.
Suite à votre demande de directive, je peux peut-être
permettre une ou deux questions, je vais être obligé de demander
ce consentement. Auparavant, si vous permettez, pour donner non pas la chance,
mais le droit à chacun, je vais permettre au député de
Beauce-Sud de poser sa question et au député de Taschereau. Le
député de Beauce-Sud.
Un instant, non d'accord, c'est parce que...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Roy: La question que j'aimerais vous poser, M. le
Président, c'est pour savoir si vous aviez l'intention de demander
à la commission parlementaire si elle était prête à
donner son consentement unanime pour qu'on termine ce mémoire ce soir de
façon à ne pas obliger, ça va dans le même sens que
mon collègue, le Dr Saucier à revenir demain matin en commission
parlementaire pour une période de dix ou quinze minutes au maximum.
Le Président (M. Cardinal): Ma réponse est
très précise, du consentement unanime, je suis prêt
à l'accorder.
Écoutez, il y en a qui ont retiré leur demande. Est-ce
qu'il y avait... M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Guay: On peut peut-être le laisser finir et on verra
à 11 heures.
M. Lalonde: La question nous est posée maintenant par le
président.
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai posée
maintenant, parce qu'à 23 heures, normalement, je n'aurais pas le choix
sans un consentement que de me lever et ajourner.
M. Guay: Si on est rendu à 11 heures, je suis d'accord, il
reste deux ou trois questions, c'est un peu... En tout cas.
Le Président (M. Cardinal): Je pose la question, est-ce
qu'il y a consentement pour qu'on poursuive au-delà de 23 heures et,
à ce moment-là, je pose tout de suite la deuxième
question, jusqu'à quelle heure?
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on se trouve ici devant le
premier exemple, la première occasion de prolonger la séance.
Votre expérience et l'expérience de plusieurs parlementaires est
qu'à tous les soirs, à 11 heures, quand on entend les gens du
public, il y a quelqu'un qui n'a pas terminé. Avec le programme de
travail qui nous attend d'ici quelques semaines, je pense qu'on devrait
s'imposer la règle de terminer à 23 heures, à moins qu'il
y ait une petite question à terminer, pour quelques minutes. À ce
moment-là, je serais prêt à donner mon consentement, mais
si vous avez une liste de six ou sept questions qui peuvent prendre une
vingtaine ou une trentaine de minutes, quant à moi, je ne suis pas
prêt à décider qu'à partir de maintenant, nous
allons siéger jusqu'à 23 h 30.
Le Président (M. Cardinal): Je suis obligé
d'être très franc, j'ai une liste, d'au moins quatre intervenants
présentement. C'est pourquoi j'ai soulevé ce point dès
cette heure. J'avais déjà demandé au Dr Saucier s'il
était prêt à revenir demain. Je ne veux pas indûment
allonger ce débat, je suis d'autre part, comme je l'ai mentionné,
le serviteur de cette commission et, s'il n'y a pas de consentement, je devrai
suivre l'ordre de la Chambre.
M. Lalonde: M. le Président, quant à moi, pour ce
soir, je serais prêt à donner mon consentement, mais je vous
assure que ce sera en fonction, à l'avenir, de ce que j'ai dit
maintenant. Mais, pour ce soir, étant donné qu'on a
retardé, je serais prêt. Il y en a d'autres qui ne sont
peut-être pas prêts, c'est une question personnelle. Parce qu'on a
retardé, pas indûment, mais quand même, il a attendu 12
heures.
Une voix: Ce n'est pas notre faute.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, je n'accuse
personne, il n'est pas question de faute ici. Nous ne sommes pas devant la
commission de l'assurance avec ou sans faute. Par conséquent, je demande
s'il y a consentement unanime des membres de la commission pour continuer
au-delà de 23 heures? Si quelqu'un s'oppose, la question est
réglée.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne veux pas...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ...être un empêcheur de danseur en
rond, mais je suis parti de chez moi ce matin, la journée a
été très longue, je crois que j'ai fait mon devoir,
j'aimerais bien qu'on me laisse une chance de dormir un peu. Demain, il faut
être ici à 10 heures et plus tôt même, pour
préparer les travaux.
Je crois qu'on a été particulièrement raisonnable.
Je ne veux pas être déplaisant.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, le
député de Jacques-Cartier. Mme le député de
L'Acadie, une très brève intervention suite à ce qu'a
dit...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais essayer de convaincre mon
collègue. Je me sens comme lui, je dois dire. Mais je pense que ce sont
des circonstances exceptionnelles et qu'un autre soir, il faudrait appuyer
l'avis que donnait le député de Marguerite-Bourgeoys. Si tous les
soirs, on allonge d'une demi-heure ou trois quarts d'heure, les circonstances
devraient être différentes. Ce soir, je pense qu'on pourrait
peut-être aller jusqu'à 11 h 15; je vais essayer de limiter mes
questions.
M. Saint-Germain: Je suis bon entendeur. J'avais une question
à poser. Vous pouvez l'annuler. Moi, je vais me retirer. Soyez sans
gêne, continuez les travaux tout simplement, je ne veux pas...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je trouve que c'est
exceptionnel.
Le Président (M. Cardinal): Je puis tenter, non pas de
rendre un jugement, mais de proposer une solution. Est-ce que nous pourrions
continuer jusqu'à 23 h 15? À ce moment-là, le Dr Saucier
continuera de répondre à la question du député de
L'Acadie, qui a encore la parole. À 23 h 15, s'il y a consentement de
tous, d'office, encore une fois, je me lèverai et nous ajournerons nos
travaux à demain, dix heures. Consentement? Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le Dr Saucier se rappelle la
question que je lui ai posée. Je lui avais demandé d'autres
détails sur l'article 52, il ne s'y est pas penché, c'est
vraiment, strictement, la question des francophones à l'extérieur
du Québec qui l'inquiète. C'est dans ce sens-là qu'on doit
comprendre que vous avez fait votre démarche. Est-ce exact?
M. Saucier: C'est cela. J'ai enseigné trois ans à
Ottawa et c'est là que j'ai pris conscience du problème des
minorités francophones ailleurs et c'est sur ce point exact que je me
penche ce soir. Je ne veux pas discuter d'autre chose.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question hypothétique. Vous
disiez, au départ, quel que soit le statut éventuel du
Québec, statut particulier, association, etc., à ce
moment-là, est-ce que vous croyez vous n'y avez peut-être
pas réfléchi mais dans le cas de l'indépendance du
Québec, que le Québec devrait continuer ces mêmes accords
pour les populations de l'extérieur du Québec?
M. Saucier: Je pense que le Québec devrait commencer
bientôt, et ensuite, que ces accords soient, ou bien continués ou
repris par la suite, s'il y a des changements de statut. Cela devrait continuer
comme cela, à long terme.
Mme Lavoie-Roux: Merci, Dr Saucier.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'opine dans le même
sens que le Dr Saucier sur ce qui vient d'être dit.
J'aimerais lui poser une question sur sa proposition concernant les
éventuels accords bilatéraux avec les autres provinces, car vous
dites que les autres provinces devraient donner l'enseignement en
français. Il me semble que c'est un échange un peu
défavorable pour le Québec, car on sait justement que, dans la
région d'Ottawa où vous avez professé, les
Franco-Ontariens peuvent bénéficier d'assez bons services de
français, ce qui est exceptionnel dans les autres provinces et pourtant,
cela n'empêche pas un très grand nombre de familles, je pense
à 42%, de parler une autre langue que leur langue maternelle à la
maison. Donc, il y a un taux d'anglicisation assez élevé.
Est-ce que ces ententes avec les autres provinces, selon vous, ne
devraient pas déborder l'enseignement en français et s'attaquer
à d'autres questions, comme l'utilisation du français dans les
cours de justice, dans les Assemblées législatives, au niveau des
communications avec l'administration publique, ou est-ce que, selon vous, cela
devrait se faire simplement au niveau des ententes concernant
l'enseignement?
M. Saucier: Je pense que l'article 52c pourrait être un
point de départ, en ce sens qu'il y aurait d'abord un accord
là-dessus, et ce serait la seule chose que cette loi pourrait offrir ou
pourrait permettre, mais, une fois cette première négociation
faite et réussie, c'est sûr qu'à ce moment une nouvelle
voie sera ouverte pour que les négociations reprennent sur d'autres
plans et, à ce moment-là, peut-être qu'une autre loi
pourrait favoriser cette chose. La loi elle-même ne pourrait pas exiger
cela, vu que cet article est limité à l'enseignement.
Le Président (M. Cardinal): Je donne tout de suite l'ordre
des intervenants; M. le chef de l'Union Nationale, suivi par M. le
député de Chauveau, ministre des Affaires culturelles, si nous
avons le temps, et ensuite, je dois faire l'appel des membres qui comparaissent
devant cette commission. M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Je remercie le Dr Saucier, surtout je vous
félicite d'avoir trouvé un moyen de forcer la négociation
entre le Québec et les différentes provinces canadiennes. Quand
même, sur cette intervention du Québec dans l'administration de
l'éducation dans les autres provinces canadiennes, croyez-vous d'abord
que le Québec a des pouvoirs pour vérifier cette administration
de l'éducation ou de l'instruction dans les autres provinces?
M. Saucier: Non, le Québec n'a pas de pouvoirs, et aucune
autre province n'a de pouvoirs sur le Québec. Au cours des
négociations, pour arriver à une entente, il y aurait un accord
sur cette façon de voir. À ce moment-là, je ne sais pas
comment on pourrait s'arranger, mais, enfin, il y aurait un moyen que chacune
des deux parties donnerait à l'autre de vérifier ou je ne sais
quoi, par des visites ou des choses comme cela.
Ce seraient des ententes précises à obtenir au cours de
cette négociation, mais je ne peux pas préciser plus;
peut-être aussi que les accords entre le Québec et une province
pourraient varier à comparer avec d'autres. Cela dépendrait des
possibilités.
M. Biron: D'accord. Vous avez certaines personnes qui vont venir
d'une autre province et qui vont dire: L'instruction en français, cela
fonctionne mal dans ma province. Qui va vérifier cela? La bureaucratie
gouvernementale québécoise qui est déjà beaucoup
trop lourde, à mon point de vue? Est-ce que cela va être une autre
commission de surveillance qui va faire le tour des autres provinces pour
vérifier cela?
M. Saucier: Non, je ne peux pas préciser cela. Ce serait
au cours de l'accord entre la province et
le Québec où il y aurait une décision sur ce
mécanisme.
M. Biron: À présent, vous savez qu'on continue
quand même à vivre dans un pays où on peut changer de
province assez facilement. Comment allez-vous faire pour vérifier la
province d'origine d'un citoyen donné qui est originaire de
Colombie-Britannique et qui va passer quatre ou cinq ans dans l'Ontario. Quelle
va être sa province d'origine, l'Ontario ou la Colombie-Britannique?
M. Saucier: Je dirais que ce serait la province d'où les
parents sont venus pour arriver au Québec. Il faudrait prendre un moyen,
et ce serait celui-là.
M. Biron: Vous voyez tout de suite que cela commence à
être compliqué à vérifier. J'aurais une autre
question. Vous avez parlé de spécialistes qui viennent ici. On
sait qu'on a beaucoup de sièges sociaux, en particulier, ou
d'hôpitaux ou d'universités qui font venir des spécialistes
pour un an, deux ans ou trois ans, mais, finalement, le spécialiste va
rester pendant sept ans ou dix ans. Comment allez-vous faire pour
définir qu'un tel spécialiste, après trois ans, qui a
envoyé ses enfants à l'école anglaise, mettons pour trois
ans... Après trois ans, on change les enfants d'école, parce
qu'il a passé ses trois années. Avez-vous une méthode pour
définir comment on va faire les changements?
M. Saucier: Je ne le sais pas. Est-ce que c'est
déjà prévu dans la loi? Est-ce que c'est
précisé? Si ce n'est pas précisé...
Mme Lavoie-Roux: C'est une des ambiguïtés de la
loi.
M. Saucier: Si ce n'est pas précisé, ce serait
peut-être le temps ici de le préciser afin de fixer une limite, ce
qui est temporaire et ce qui est permanent.
M. Biron: Croyez-vous qu'après quelques années,
changer des enfants d'école, c'est bon pour les enfants ou c'est humain;
en tout cas, changer au moins de système d'enseignement?
M. Saucier: C'est aussi difficile. M. Biron: Merci.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Chauveau et le ministre des Affaires culturelles.
M. O'Neill: M. le Président, ma question porte sur une
partie du texte, du document qui nous a été remis où le Dr
Saucier nous dit que la disposition qu'il commente de la loi 52 pourrait
provoquer l'hostilité de plusieurs anglophones canadiens hors du
Québec. Je voulais seulement lui demander ceci: Est-ce qu'il est
d'accord sur les remarques qui ont été faites par le Dr Laurin,
à savoir que le projet de loi, dans sa teneur actuelle, accorde un
traitement infiniment plus généreux envers la minorité
anglophone d'ici que le traitement qui est accordé aux minorités
francophones dans les autres provinces?
M. Saucier: En général, je dirais oui. Je ne
connais pas les détails pour chacune des provinces, mais mon impression,
c'est que, en général, pour les autres provinces canadiennes, je
suis d'accord avec cet...
Le Président (M. Cardinal): C'est terminé, M. le
ministre?
M. O'Neill: C'est tout.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais demander à M.
Saucier, étant donné qu'il a fait une recommandation pour que les
enfants des citoyens qui viennent d'autres provinces, en vertu de quoi ces
mêmes provinces auraient conclu des accords avec le Québec,
pourraient fréquenter le réseau d'écoles anglaises au
Québec. Si j'ai bien compris, c'était l'essence et le fond
même de votre motion.
Le réseau d'écoles anglaises n'existe pas à travers
tout le Québec. Il y a quand même énormément de
régions au Québec, des régions assez populeuses à
l'intérieur desquelles il n'y a aucune école anglaise. Alors,
est-ce que vous avez examiné cette situation et pour ceux qui iraient
résider dans ces régions, est-ce que vous avez une suggestion
à faire?
M. Saucier: Là-dessus, je crois qu'il y a
déjà eu des essais, enfin, des décisions. Par exemple,
pour le problème du bilinguisme au fédéral, il y avait des
normes, à savoir que si, dans une communauté, je pense que c'est
10%, 10% sont de langue française, par exemple, il devrait y avoir des
services francophones dans cette communauté. Alors, on pourrait
appliquer la même chose au cours de ces négociations. C'est
sûr qu'on ne peut pas demander à une communauté en
Colombie-Britannique, très au nord, où il n'y a qu'une seule
famille française, d'avoir une école francophone. C'est la
même chose; on ne peut pas exiger la même chose au
Québec.
Alors, il y aurait une sorte de norme qu'on pourrait décider au
cours des négociations, soit les 10% ou 15% et c'est comme ça
qu'on suivrait cette norme.
M. Roy: Supposant que, dans une région donnée, vous
avez 10% de gens qui font partie de la communauté anglophone et que,
pour des raisons assez spéciales, il n'y ait d'école anglaise,
ça voudrait dire, à ce moment-là, qu'une région du
Québec serait dans l'obligation d'en instituer une pour pouvoir
répondre à ses engagements?
M. Saucier: C'est ça. Enfin, le Québec s'engagerait
à faire la même chose que l'autre province fait avec nous. Si
c'est 10% ou 15%, on s'enten-
drait sur une norme, et chacun des deux groupes serait tenu d'observer
cette norme qu'il exige de l'autre.
Le Président (M. Cardinal): Une dernière question,
parce qu'il y aura d'autres procédures à faire avant de terminer
à 23 h 15. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
le principe d'aide aux autres communautés francophones n'est pas
contesté de notre part.
J'avais même soulevé cette question en commission
parlementaire des affaires culturelles je crois que c'était le
ministre des Affaires culturelles et on avait suggéré
qu'une certaine aide devrait être apportée aux autres francophones
hors du Québec, mais je ne crois pas que le ministre des Affaires
culturelles ait été trop réceptif à ce moment. Ma
question est donc celle-ci: Ne trouvez-vous pas que c'est un peu un
précédent dangereux de vouloir tenir responsable un enfant, une
famille, un individu qui, pour une raison ou une autre, vient au Québec,
des actions ou de l'inaction d'un autre gouvernement? Ne trouvez-vous pas cela
un peu bizarre comme principe?
M. Saucier: C'est la même chose en sens inverse.
M. Ciaccia: C'est aussi bizarre en sens inverse. Cela ne justifie
pas...
M. Saucier: II s'agirait de créer un
précédent, c'est sûr, mais ce n'est pas un
précédent dangereux en ce sens que cela serait un
précédent qui serait un début de changement.
Jusqu'ici, il y a eu des échanges culturels entre le
Québec et certaines autres provinces, mais cela a toujours
été des échanges plutôt périphériques
ou inconstants ou volontaires, des choses comme ça, alors que,
là, vous auriez, pour une fois, une sorte de structure, une structure de
négociation et d'échange qui serait beaucoup plus stable,
beaucoup plus à long terme; il est sûr qu'il y aurait des
problèmes, mais je pense que cela commencerait, pour prendre une
expression anglaise, un "new ball game". Je pense qu'il y aurait un changement
dans le type de relations.
M. Ciaccia: Ce n'est pas l'échange culturel que je mets en
doute. Ce n'est pas le problème d'échanges culturels et d'aide.
Ce n'est pas ce principe, mais c'est le principe de tenir responsable un
individu. En somme, ne pourriez-vous pas être accusé de vouloir
tenir en otage c'est cela que vous voulez faire des individus
pour l'inaction d'un gouvernement? C'est un genre d'action. Pourriez-vous nous
donner un autre précédent où ce type de suggestion que
vous venez de faire a été mis en vigueur par un autre pays...
M. Saucier: Je n'en connais pas.
M. Ciaccia: ... à part Idi Amine? Je pense qu'ldi Amine
l'a fait.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez... À
l'heure qu'il est, nous allons prendre cinq minutes de ce débat,
conformément à la motion adoptée cet après-midi...
Je désire poser un certain nombre de questions, avec l'accord de la
commission. Ce n'est pas une décision de la présidence, mais de
la commission.
Est-ce que la commission désire que le Dr Jean-François
Saucier soit présent demain matin à 10 heures?
M. Roy: Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la commission est
satisfaite?
M. Roy: Très satisfaite et on le remercie.
Le Président (M. Cardinal): Alors, Dr Saucier, nous vous
remercions et vous êtes libéré sans condition.
M. Saucier: Merci beaucoup.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Je continue. Est-ce que
l'Association des enseignants du Sud-Ouest du Québec est ici
présente? Alors nous prendrons une décision demain matin.
D'ailleurs, cette association d'après certains renseignements que j'ai
eus désirerait revenir plus tard. Ce sera, comme je l'ai
mentionné ce matin, la décision de la commission. Le Ad Hoc
Committee for School Committee of the Richelieu Valley School System, you are
there? Vous êtes ici? Vous êtes prêts à venir demain
matin, 10 heures? D'accord. La commission accepte. Vous serez les premiers
demain matin, 10 heures. M. Gaston Laurion. M. Laurion est absent.
Une voix: II était là toute la journée, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): Enfin, la commission prendra
aussi une décision. M. Roger Julien. Oui, M. Julien. Alors, M. Julien,
la commission vous invite pour demain. Quant à l'ordre de
présentation, je devrai avoir l'accord de la commission pour d'autres
absences, mais vous êtes convoqué pour demain.
Demain, les travaux de la commission, normalement, suivant la
procédure qui s'est établie à l'Assemblée
nationale, sera de 10 heures à midi. Je le rappelle à chacun des
membres de la commission, nous sommes à mercredi, puis après la
période des affaires courantes jusqu'à 18 heures. Oui, c'est une
question?
M. Bertrand: Oui, M. le Président? Est-ce qu'on peut
savoir, parce qu'on a demandé à ces gens de venir demain à
10 heures et 11 heures, s'il va y avoir des motions débattues ou
présentées demain matin?
M. Lalonde: C'est possible, M. le Président.
M. Ciaccia: Si vous en présentez, oui, on va les
débattre. Si vous présentez des motions pour
nous enlever nos droits, on va les débattre, vous pouvez en
être certain.
M. Bertrand: Le public a dit oui.
M. Ciaccia: Vous avez convoqué ces gens ici sachant que
vous aviez des motions qu'on n'accepterait pas.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! II est près de 23 h 15.
Une voix: II est fatigué.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre. Madame et
messieurs les députés, à l'ordre!
M. O'Neill: II est fatigué.
Le Président (M. Cardinal): J'ai indiqué au
début de l'audition des témoins que j'espérais qu'on les
entendrait. Il y en a déjà deux qui ont été
appelés et j'espère que la députation de tous les partis
permettra à ces témoins de se faire entendre demain. Normalement,
après ces témoins déjà mentionnés, les
autres organismes convoqués sont les suivants. Montreal Women Council,
Montreal Lake Shore University Women's Club, M. Ro- bert Marteau, M. W. R.
David Ross et Mme Hélène Bergeron.
C'est la commission elle-même, en vertu du règlement et non
pas par décision du président, qui verra à l'horaire de
demain et sur ce...
M. Lalonde: M. le Président pour répondre à
la question...
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous donner 30
secondes, s'il vous plaît, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour répondre, vu l'heure tardive.
M. Lalonde: Je n'ai pas du tout l'intention de renoncer la veille
à vous présenter les questions des motions le lendemain. Aucun
autre député, j'imagine... Si on les fait, ce sera simplement
pour améliorer les travaux. Demain, nous jugerons de
l'opportunité de présenter des motions. Cela ne sera jamais pour
retarder les travaux de la commission.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys de votre collaboration, la
commission ajourne ses travaux à demain dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 15)