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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, mesdames et messieurs!
La commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications se réunit pour étudier les
crédits du ministère de l'Éducation. Y a-t-il consentement
unanime, étant donné que le quorum est de dix et que nous ne
sommes que neuf, pour que la commission puisse légalement
siéger?
M. Grenier: D'accord.
M. Morin (Sauvé): De notre part, certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
consentement unanime étant accordé, les membres de la commission,
pour la séance d'aujourd'hui, seront: M. Alfred (Papineau), M. Bertrand
(Vanier), M. Lefebvre (Viau) en remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie); M.
Grenier (Mégantic-Compton) en remplacement de M. Brochu (Richmond); M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Godin (Mercier), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), M. Marquis (Matapédia)
en remplacement de M. Laplante (Bourassa); M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Morin
(Sauvé), M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette (Rosemont) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
J'aurais tout d'abord une remarque à vous faire. On m'informe que
la commission va continuer ses travaux cet après-midi, après les
questions à la Chambre, et ce soir, à la même salle,
c'est-à-dire à la salle 91-A. D'autre part, étant
donné que je prends la place du député de Drummond,
l'ancien président de la commission, celui-ci m'a informé que le
bloc I avait été adopté sous réserve du droit de
Mme le député de L'Acadie de poursuivre avec certaines questions.
Pour donner suite à la demande du ministre, avant de donner la parole
à Mme le député, j'invite le ministre à prendre la
parole.
M. Grenier: Seulement une directive, si vous me le permettez, M.
le Président, pour un changement permanent, doit-on le demander à
la Chambre ou si on peut le faire ici? À la place de M. Brochu, est-ce
que je pourrais siéger en permanence, sans passer par la Chambre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Étant donné que la commission va ajourner ses travaux
jusqu'à un prochain ordre de la Chambre, vous allez remplacer de nouveau
M. Brochu à 16 heures, cet après-midi, et ce soir à 20
heures.
M. Grenier: D'accord. Je ne peux pas passer par la Chambre pour
faire un changement de façon officielle, parce que, dorénavant,
je remplacerai M. Brochu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
à l'Assemblée nationale.
M. Grenier: II faut passer par la Chambre; d'accord, merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
remplacement ici n'est qu'un remplacement temporaire pour une
séance.
M. Grenier: Merci.
Les milieux défavorisés
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député de L'Acadie m'ayant posé une série de
questions à la fin de notre dernière séance, je me
permettrais d'apporter immédiatement quelques détails sur les
milieux défavorisés, parce que je sais que c'est une des
questions qui l'intéressent fortement.
Au cours de la fin de semaine, j'ai fait établir des chiffres
précis et je suis en mesure de lui donner les renseignements qu'elle
désire; après quoi elle voudra sans doute me poser d'autres
questions. Cela me paraît d'autant plus important que, dans le courant de
la fin de semaine, Mme le député a laissé entendre que
tout notre programme destiné aux milieux défavorisés
serait concentré sur l'émission "Saperlipopette". Je crois qu'il
est important que les chiffres soient connus, de façon que nous sachions
tous à quoi nous en tenir.
Au cours de l'année qui vient, les montants d'argent
destinés aux milieux défavorisés vont, de fait, être
distribués sur un assez grand nombre d'activités. Le total, on le
sait, constitue un ajout de $2 millions par rapport à ce qui se faisait
déjà l'an dernier. En 1976/77, en effet, un montant total de $3
350 000 avait été consacré aux milieux
défavorisés, tandis que cette année le montant sera de $5
348 000, c'est-à-dire une différence de $2 millions à
quelques dollars près.
Comment se répartissent maintenant ces $2 millions additionnels?
Tout d'abord, au niveau préscolaire, nous avons décidé de
pousser plus avant l'expérience de la maternelle, et en particulier de
la maternelle quatre ans, mais aussi de ce qu'on appelle la maternelle cinq
ans. On se souviendra que, dans le passé, des études avaient
été faites tendant à démontrer que les enfants de
milieux moins favorisés étaient handicapés à leur
entrée dans le système scolaire au niveau primaire, par le fait
que leur vocabulaire, à l'âge de trois, quatre et cinq ans,
était sensiblement inférieur à celui d'enfants de milieux
plus favorisés.
Il y avait donc là, au départ même de
l'apprentissage scolaire une différence entre enfants moins
favorisés et enfants de milieux plus favorisés, laquelle
différence risquait de se perpétuer pendant toutes les
études de ces enfants. Nous
avons donc décidé, étant donné que cette
expérience des maternelles de quatre ans et cinq ans et en
particulier la maternelle de quatre ans avait été
intéressante sinon probante, d'ajouter des montants pour étendre
cette solution.
J'avais prévu tout d'abord ajouter $310 000. Après
m'être entretenu longuement avec le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, dans le cadre des négociations qui durent depuis
quelques semaines et qui ont amené l'heureux dénouement que vous
connaissez depuis hier soir, j'ai décidé d'ajouter à ce
montant $225 000. Ce qui veut dire que l'augmentation est en
réalité de $535 000, donc un peu plus d'un demi-million de
dollars, qui iront consolider et développer cette expérience que,
pour ma part, je trouve excellente. Il se peut que le Conseil scolaire ait
retiré quelques dizaines de milliers de dollars de ce montant
j'ai cru apercevoir cela dans les journaux, ce matin, je n'ai pas encore les
détails mais, en gros, on peut dire qu'il y aura un demi-million
de dollars de plus par rapport aux $3 millions qui faisaient partie du
programme. Cela fait donc, pour les maternelles, $3,5 millions par rapport
à $3 millions l'an dernier.
Pour ce qui est du projet télévisé...
Mme Lavoie-Roux: Puis-je vous interrompre, M. le ministre? Il y a
quelque chose que je ne saisis pas. Vous dites que, pour les programmes de
maternelles, il va y avoir $3,5 millions. C'est bien $3,5 millions?
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Sur les $5 348 000 qui sont prévus?
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Morin (Sauvé): Vous voyez, le gros de l'effort va
là-dessus et reste là-dessus.
Maintenant pour ce qui est du projet "Saperlipopette" que vous avez
commenté en fin de semaine, je voudrais, Mme le député,
vous donner quelques précisions. Effectivement, l'an dernier, $350 000
ont été dépensés pour mettre ce projet au point.
D'ailleurs, c'est un projet qui remonte à quoi? Deux ans, trois ans?
Une voix: Ce projet est en marche depuis quatre ans.
M. Morin (Sauvé): Quatre ans, me dit-on. Donc, l'an
dernier, $350 000 ont été dépensés à titre
préparatoire, et, cette année, nous entrons dans la phase
production. La phase diffusion va venir par la suite, mais la plus
coûteuse est, évidemment, la phase production. Nous allons
consacrer à cela $1 038 000, non pas $2 millions, mais un peu plus de $1
million.
Je tiens à ce qu'il soit clair que cette série
d'émissions bien qu'elle pourra être vue par tous les
enfants d'âge de la maternelle est des- tinée
spécifiquement aux milieux moins favorisés, puisque nous avons
prévu des méthodes de soutien en zones
défavorisées.
Autrement dit, il ne faut pas concevoir cette série
télévisée comme étant seulement de la
télévision. Il va y avoir, pour accompagner cette série,
des moyens de soutien, notamment, du matériel écrit
destiné aux parents et, sans doute aussi, un effort, du
côté des enfants, pour prolonger l'effet de cette série en
milieux défavorisés. Que ce soit clair, bien sûr, tout le
monde pourra voir ces programmes et, en ce sens, ils sont
destinés à tous mais, en réalité, c'est une
opération beaucoup plus complexe exigeant du soutien pédagogique,
lequel sera destiné particulièrement aux milieux
défavorisés. Nous allons ajouter un montant de $127 000 pour
l'animation et le soutien concomitants.
Voilà pour le niveau préscolaire.
Me tournant maintenant vers le niveau élémentaire, je
constate que nous avons ajouté des montants qui n'existaient pas l'an
dernier et qui vont expliquer cet ajout total de $2 millions. D'abord, pour le
perfectionnement des maîtres du niveau primaire, nous avons
décidé d'ajouter $234 000. Je sais qu'en fin de semaine, Mme le
député a fait allusion au besoin de perfectionnement des
maîtres. Voilà une réponse, à tout le moins
partielle que nous faisons à ce besoin qu'elle a bien raison
d'identifier. À tous les niveaux, il y a un besoin de perfectionnement
des maîtres. C'est un début et ce montant de $234 000 est nouveau;
il n'existait pas l'an dernier. Il n'y avait aucun montant prévu,
toujours dans la perspective des milieux défavorisés, bien
sûr. Oui, M. le député.
M. Grenier: Est-ce que le ministre me permettrait? Quand vous
parlez du perfectionnement des maîtres, est-ce que cela va avec ce dont
vous nous parliez la semaine dernière, à savoir qu'on
tâchera à faire un peu plus de maîtres
généralistes, si vous voulez, à l'école, au niveau
du primaire, ou si c'est uniquement...
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas cela, M. le
député. C'est le perfectionnement des maîtres dans la
perspective d'une intervention en milieux défavorisés. C'est donc
une pédagogie spéciale, sans doute assez raffinée, pour
pouvoir faire progresser ces milieux sur le plan pédagogique. Il y a,
bien sûr, d'autres montants destinés au perfectionnement des
maîtres, mais ils ne tombent pas dans le même programme.
Nous ajoutons à cela également ce que 'nous appelons
l'adaptation des plans d'études. Effectivement, on s'est rendu compte
que certains milieux ne peuvent pas recevoir des plans d'études de la
même façon que les autres. Il faut nuancer, il faut rendre plus
subtil, il faut adapter pédagogiquement, et nous allons consacrer $100
000 au sein du ministère à ce projet. C'est encore un montant qui
n'apparaissait pas l'an dernier.
Je passe maintenant au niveau secondaire, où se fait sentir un
très vif besoin de soutien et d'encadrement, lequel n'avait pas fait
l'objet, dans le
passé, de dépenses ou de prévisions
budgétaires particulières. Cette année, nous allons
consacrer à ce soutien et à cet encadrement, $184 000. Là
aussi, il s'agit donc d'une nouveauté.
Mme Lavoie-Roux: C'est une nouveauté au niveau du
ministère, mais pas nécessairement au niveau des commissions
scolaires.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. Mais le ministère a
décidé, lui aussi, d'emboîter le pas et de s'en
mêler. Évidemment, c'est un montant assez modeste, mais, compte
tenu de nos difficultés financières, cela veut témoigner
à tout le moins de l'importance que nous accordons à la chose.
Nous voulons mettre en marche des programmes qui pourront se développer
davantage l'année prochaine pour peu que nous connaissions le
succès que nous en attendons cette année.
Enfin, un dernier montant qui explique l'augmentation de $2 millions
tombe sous la rubrique des politiques et plans du ministère.
Là-dessus, je pourrais éventuellement vous donner plus de
détails, si vous en désirez. Je suis accompagné de M.
Arpin, qui n'est peut-être pas arrivé, mais qui sera là un
peu plus tard et, cet après-midi, M. Michaud, du Service
général des moyens d'enseignement, sera là et pourra, au
besoin, répondre à toutes les questions de détail qu'on
pourrait avoir sur ce chapitre auquel nous consacrerons $285 000, presque $300
000.
Voilà ce qui explique, M. le Président, la progression
somme toute, assez marquée que l'on peut noter dans les montants
consacrés aux milieux défavorisés, progression de $2
millions par rapport à des dépenses qui, l'an dernier,
s'élevaient à $3 350 000. J'estime que, compte tenu des
circonstances, c'est une progression assez remarquable. Je ne dis pas que cela
répond à tous les besoins, sûrement pas, et ces besoins
sont immenses, mais le ministère a voulu, à tout le moins, faire
preuve de bonne volonté et lancer un certain nombre de projets, qui,
bien sûr, trouvent déjà leur écho dans le milieu.
Comme Mme le député l'a fait remarquer, il y a des commissions
scolaires qui n'ont pas attendu le ministère pour mettre des projets en
branle, et c'est tant mieux.
Je pourrais vous donner encore plus de détails sur divers aspects
de ces programmes, mais je préfère donner la parole aux membres
de l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le chiffre que j'ai avancé
demeure quand même exact, sur le plan du pourcentage. M. le ministre se
souviendra peut-être, sinon lui, du moins certains de ses fonctionnaires,
qu'au lendemain de sa conférence au Conseil supérieur de
l'éducation, on lisait dans les journaux que le ministère de
l'Éducation consacrerait $3 millions de plus aux milieux
défavorisés, mais le chiffre exact semble être davantage de
l'ordre de $2 millions, comme vous venez de l'expliquer.
Ce qui m'inquiétait, c'est que de ces $3 millions, maintenant on
parle de $2 millions, il y en avait plus de la moitié qui allait
à la réalisation de l'émission de télévision
"Saperlipopette", et que, quand même, avec le montant de $2 millions,
encore au-delà de 50% des montants supplémentaires prévus
pour les milieux défavorisés vont à la réalisation
de cette émission.
Pour ce qui est des autres questions, je voudrais quand même
signaler que je suis contente que le ministre nous ait ventilé ces
montants. Pour moi, c'était la différence qu'il y avait entre $2
millions et $3 millions et qui allait à ce dont il a parlé: le
perfectionnement des maîtres je suis tout à fait d'accord
l'adaptation des plans d'étude, cette initiative d'encadrement au
niveau secondaire. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction, en fait, entre ce
que j'ai dit et ce que le ministre vient de dire, sauf que je partais d'un
montant de $3 millions et que, lui, part d'un montant de $2 millions. Il y
avait eu une mauvaise interprétation quelque part. On n'avait pas
donné un compte rendu tout à fait exact des montants dont le
ministre avait parlé à ce moment.
À tout événement, ce que je maintiens, je sais que
l'émission de télévision "Saperlipopette" est à
l'étude depuis plusieurs années... Je ne sais pas jusqu'à
quel point, mais ce sera un peu une reproduction de la façon de faire de
"Sesame Street".
M. Morin (Sauvé): Oui, mais fortement adaptée aux
besoins québécois.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment. Cela était à
l'étude au ministère depuis plusieurs années, mais n'a pas
été retenu, parce que les priorités du ministère,
dans les milieux défavorisés, n'étaient justement pas de
mettre l'accent sur un programme de nature universelle comme l'est
l'émission de télévision, mais vraiment de penser à
des moyens beaucoup plus personnalisés et qui font plus appel aux
milieux et à leurs organismes. À ce moment-ci, je maintiens qu'au
moins la moitié du montant qui est ajouté pour l'aide aux milieux
défavorisés va à une émission de
télévision qui fait appel à beaucoup plus
d'éléments universels qu'elle ne devrait le faire; ici, je pense
qu'on pourrait faire appel ou agir auprès de milieux
défavorisés. Je pense, d'ailleurs, qu'il y a un principe d'action
en milieux défavorisés qui a fait le consensus, tant aux
États-Unis qu'au Canada, chez ceux qui se sont intéressés
à ce travail, soit de vraiment développer des moyens qui
répondent aux besoins du milieu.
D'ailleurs, je dois dire en passant que cela m'étonne que le
ministre, qui, très fortement, depuis qu'il est au ministère,
parle beaucoup et avec abondance, et je suis d'accord là-dessus, de la
nécessité de réaliser des écoles qui collent aux
milieux, qui répondent aux besoins des milieux, etc., s'en
éloigne par un montant assez considérable, quand on en vient au
budget des milieux défavorisés.
Je voudrais quand même poser quelques questions précises
à ce moment-ci. Peut-il nous dire si cette recommandation de mettre
l'accent,
avec la moitié du budget supplémentaire qui est
prévu, si cette recommandation est venue du comité
interministériel de développement et d'éducation pour
l'établissement de politiques en milieux défavorisés? En
fait, qui a fait la recommandation au ministre de retenir ce programme de
télévision comme étant le programme sur lequel on devait
mettre l'accent?
M. Morin (Sauvé): Le comité
interministériel, qui a été créé par le
ministre, n'a pas fait de recommandations systématiques au ministre. Il
a, jusqu'à maintenant, fait l'étude d'un certain nombre de points
de vue et de dossiers concernant les milieux défavorisés. Il a
d'abord pris connaissance des projets qui étaient en place lors de sa
création. Il est important de rappeler que, lorsque ce projet de
politique a été annoncé par le ministre de
l'époque, il y avait déjà dans le système un
certain nombre de projets qui, à la pièce, étaient faits
dans une perspective d'interventions en milieux défavorisés. Cela
n'a pas commencé avec l'annonce d'une politique à
élaborer. Par exemple, les interventions éducatives par la voie
des émissions télévisées, c'est un projet qui date
de plusieurs années et qui avait été amorcé avant
même que le ministre de l'époque ne demande qu'on consolide les
divers projets, les diverses approches.
Si je ne peux pas parler d'une proposition ferme du comité au
ministre, il est possible de dire, cependant, que le comité de travail,
sur lequel siègent, entre autres, des gens du Conseil scolaire de
l'île de Montréal, a pris connaissance du projet
d'émissions télévisées, a manifesté son
accord sur le projet et a travaillé dans ce sens et aussi dans le sens
d'autres interventions. À ma connaissance, le bien-fondé et la
qualité de ce projet, qui a été intégré au
plan d'ensemble qui doit être déposé d'ici quelques mois,
n'ont jamais été mis en question par qui que ce soit.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le ministre, que ce que le
sous-ministre dit sur la nature d'un tel programme, la qualité qu'il
pourra présenter est exact. Je suis sûre que, si l'on se donne la
peine de le faire, il sera de qualité, il sera bien fait et il servira,
évidemment, à l'ensemble des étudiants ou des enfants
d'âge préscolaire ou des premières années du
scolaire, mais je voudrais quand même lui faire préciser une
chose. Parmi les priorités que l'on voyait comme moyen d'action dans les
milieux défavorisés, était-ce celle à laquelle on
accordait priorité dans l'allocation des ressources
financières?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que Mme
le député aurait tort de me chercher noise sur ce programme
télévisé...
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous cherche pas noise.
M. Morin (Sauvé): ...car c'est un projet qui remonte
à plusieurs années et qui était sur le point d'entrer dans
sa phase production et diffusion. Il y avait donc une décision
extrêmement grave à prendre, dès mon arrivée au
ministère, soit de laisser tomber ce projet dont la mise en oeuvre, dans
le passé, avait coûté très cher, soit d'y consacrer
des montants substantiels qui auraient pu, à vrai dire, être
consacrés à d'autres types d'interventions en milieux
défavorisés.
J'ai choisi, étant donné que nous avions
déjà englouti le mot est fort consacré
beaucoup d'argent à ce projet dans le passé, de le maintenir, car
on m'a fait valoir que, pédagogiquement, cela pouvait avoir une grande
valeur, surtout dans la perspective d'une télédiffusion qui
s'adresserait à l'ensemble des milieux défavorisés, aussi
bien ruraux qu'urbains. Je tiens à faire remarquer à Mme le
député que l'effort essentiel que nous avons fait, compte tenu
des contraintes budgétaires, a été, non seulement de
maintenir ce projet car nous avions de bonnes raisons de le faire
mais d'ajouter à cela des montants consacrés au perfectionnement
des maîtres, à l'adaptation des plans d'étude, aux
politiques et plans et, bien sûr, de faire en sorte que ces
émissions télévisées aient suffisamment
d'écho dans le milieu pour qu'on puisse en mesurer l'impact. C'est pour
cela que nous consacrons $70 000 à l'information et $127 000 à
l'animation et au soutien dans le prolongement des émissions
télévisées. Il ne faudrait donc pas se braquer sur ce
programme télévisé et dire que tout l'argent va
là-dedans et que nous ne pensons qu'à la
télévision. C'est tout à fait inexact.
Il faut tout de même se rendre compte que nous allons augmenter de
28% le nombre des maternelles maisons, des maternelles animation, des
maternelles classes et des maternelles cinq ans temps plein au cours de
l'année qui vient. Il ne faudrait surtout pas perdre cela de vue, une
augmentation de 28% compte tenu de l'exiguïté de nos moyens
financiers, je crois que cela représente un progrès certain.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais faire
remarquer au ministre que je n'ai jamais dit que tout l'argent allait
là. Ce que j'ai dit, c'est qu'une grande partie de l'argent allait
à un programme de télévision alors que, personnellement,
si on recherchait l'avis de gens qui ont travaillé longtemps dans les
milieux défavorisés, on se pose de fortes questions à
savoir si c'est la meilleure utilisation des ressources. C'est vrai que le
programme, enfin, j'imagine que c'est certainement vrai, je n'ai aucune raison
de le mettre en doute, a été élaboré depuis
déjà quelques années, comme les deux sous-ministres l'ont
fait remarquer; mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que toute la
philosophie d'intervention en milieux défavorisés s'est beaucoup
modifiée au cours de ces mêmes années alors qu'au
début, ce genre d'approche pouvait sembler être l'approche qui
servait davantage de gens, pouvait entrer dans tous les foyers, etc. On
s'écarte beaucoup plus de ce genre d'interventions pour se centrer
davantage sur des approches personnalisées. Alors, je ne veux pas
continuer le débat davantage là-dessus, mais je pense que c'est
important que cette philosophie d'intervention en milieux
défavorisés puisse porter certains résultats, parce qu'on
sait que c'est en-
core difficile à évaluer, mais qu'on mette l'argent
là où on pense qu'il peut être le plus utile selon les
études, les observations et les recherches qui ont été
faites sur maintenant, ah! écoutez, à Montréal, cela
remonte au moins à 1969, 1970.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne
dissimulerai pas que je me suis posé personnellement des questions sur
la méthode d'utilisation de la télévision pour parvenir
à ces milieux moins favorisés et avoir un impact. Cependant, je
me suis méfié de mes attitudes montréalaises. Je pense que
Mme le député de L'Acadie devra, elle aussi peut-être,
imaginer qu'il existe autre chose que Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Ah! et comment!
M. Morin (Sauvé): En milieu montréalais, c'est vrai
qu'on peut se poser des questions et c'est vrai que l'approche
personnalisée, comme elle le dit, est probablement mieux
indiquée; mais, nous avons un territoire qui est vaste, où la
population scolaire se fait de plus en plus clairsemée et il faut
l'atteindre quand même. C'est pour cette raison que j'ai voulu maintenir
cette série d'émissions. Je pense qu'elle va nous être
utile en milieu rural comme en milieu urbain. Mais d'autre part, nous sommes
conscients du fait que ce qui est important dans tout cela, c'est l'animation
et le soutien. C'est pourquoi je puis vous informer qu'au cours des prochaines
années les montants consacrés à la production et à
la diffusion décroîtront, qu'alors nous aurons la banque
d'émissions. Par contre, l'animation et le soutien seront appelés
à se développer autour de cette même série, qui,
évidemment ne mobilisera plus des sommes aussi importantes. Autrement
dit, je pense que nous allons vers le type de solution que préconise Mme
le député de L'Acadie, tout en prenant bien garde de nous braquer
seulement sur les problèmes montréalais.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord, M. le Président,
rassurer M. le ministre que j'ai de vieilles racines provinciales que
j'entretiens encore beaucoup à plusieurs égards. Alors, mes
préoccupations dépassent le cadre de Montréal. Cela
m'amène à lui poser une autre question. Je sais qu'il y a tout ce
qu'il dit, il y a les problèmes de Montréal, il y a les
problèmes de l'extérieur de Montréal, je suis tout
à fait d'accord, mais probablement que les approches devront être
différentes selon les milieux, selon les régions, etc. Il y a
présentement un comité d'étude enfin, je ne sais
plus comment on les appelle qui devait établir une carte de
pauvreté pour l'ensemble de la province un peu, je pense, de la
même façon qu'elle avait été faite pour l'île
de Montréal. Je sais qu'on doit déposer cette carte, M. le
ministre a dit qu'il la déposerait peut-être à l'automne ou
le printemps prochain, je l'ignore, je n'y étais pas. Est-ce qu'il n'y a
pas déjà des indications que les plus grandes poches de
pauvreté se trouvent à l'intérieur de l'île de
Montréal ou de la région de Montréal et qu'à ce
moment, autant je veux qu'on tienne compte des problèmes du reste de la
province, il ne faut quand même pas oublier que c'est peut-être
dans un centre urbain comme Montréal que se retrouvent le plus grand
nombre d'enfants qui pourront être affectés par des mesures
d'intervention pédagogiques ou sociales?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, numériquement, le
plus grand nombre d'enfants se trouvent dans cette région, puisqu'il y a
déjà 40% de la population qui se trouve dans la région de
Montréal. Il ne faut pas oublier qu'il y a une assez forte concentration
dans certains quartiers de la ville de Québec, et qu'il y a de fortes
concentrations, toutes proportions gardées, dans le Nord-Ouest et dans
le Bas-Saint-Laurent. D'autre part, je pense que le Conseil scolaire de
l'île de Montréal fait un travail spécifique à
l'intérieur de son mandat, concernant les milieux
défavorisés de l'île de Montréal. La CECM, vous le
savez très bien, pilote l'opération Renouveau depuis plusieurs
années. Ce furent les premiers travaux systématiques du genre, je
pense.
Il y a, effectivement, je crois, plus de moyens offerts, toute
proportion gardée, à la population défavorisée de
Montréal, qu'il n'y en a dans le reste de la province. Le
problème, c'est qu'on doit atteindre aussi les zones parsemées,
parce qu'on s'occupe forcément des concentrations quand on parle des
milieux défavorisés.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Là aussi, on en échappe un
certain nombre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le ministre, qu'on vient de
reconnaître que Montréal en a une forte concentration, ne
serait-ce que parce que, numériquement, elle est plus populeuse et aussi
parce que c'est un grand centre urbain, mais je pense que les approches dans la
ville de Québec, Québec étant aussi un centre urbain,
pourront être assez similaires à celles de Montréal,
quoiqu'il faut tenir compte, comme dans Montréal, des différents
milieux. À ma question précise: Est-ce qu'il peut nous donner,
à ce moment, certaines indications où se trouvent vraiment les
régions les plus touchées? Il semble qu'il y a Montréal,
Québec et qu'il y aurait l'Outaouais, enfin le Nord-Ouest...
M. Morin (Sauvé): Le Nord-Ouest et...
Mme Lavoie-Roux: ... et le Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie.
M. Morin (Sauvé): ... et le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce qui veut dire que, somme toute, quand
même, les mesures d'intervention en milieux urbains demeurent
extrêmement importantes, compte tenu du nombre d'enfants touchés
dans ces centres.
M. Morin (Sauvé): Oui, naturellement. Il ne peut pas en
être autrement, puisque c'est là que
se posent, en concentration urbaine, les plus graves
problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Ceci m'amène à une autre question
qui touche le budget. On a dit que cette année, à
Montréal, on consacrait je parle vraiment de l'île de
Montréal on ajouterait $530 000 ou un peu plus de un
demi-million. C'est bien le chiffre que le ministre nous a donné tout
à l'heure. Là-dessus, je pense qu'il y avait une partie qui va
toucher simplement l'indexation des coûts des prématernelles et
des maternelles. Est-ce exact?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Finalement, ce qui a vraiment été
ajouté pour la région montréalaise, c'est $200 000 que le
ministre vient d'accorder il y a quelques jours ou il y a une semaine, enfin
dans les derniers pourparlers que vous avez eus avec Montréal. Le reste
était vraiment les programmes existants avec indexation. Est-ce que je
me trompe?
M. Morin (Sauvé): En réalité, le montant est
plus élevé que celui que j'ai annoncé ces jours derniers,
pour répondre à des besoins spécifiques que m'a
signalés le Conseil scolaire. Au départ, il y avait un montant de
$600 000 que nous avions porté à $800 000.
Mme Lavoie-Roux: C'était de l'indexation?
M. Morin (Sauvé): C'était plus que de l'indexation,
en fait, mais c'était destiné à couvrir en partie
l'indexation nécessaire. Il n'y avait pas que de l'indexation
la-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Quelle était la partie de l'indexation et
de la non-indexation?
M. Morin (Sauvé): Environ 8% de $600 000, à peu
près de $50 000 à $75 000 qui étaient de l'indexation de
traitements, le reste de la première prévision de $800 000
était de la croissance de développement.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela veut dire un montant, pour la
croissance, d'à peu près $75 000?
M. Morin (Sauvé): De $100 000 à $125 000.
Mme Lavoie-Roux: De $100 000 à $125 000. D'accord.
M. Morin (Sauvé): Une première fois. Plus une
deuxième fois, $225 000.
Mme Lavoie-Roux: Que vous avez annoncé...
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, je voudrais que Mme le
député se rende compte que, dans tous les montants qui sont
mentionnés, niveau élémentaire, niveau secondaire,
politiques et plans, il y a l'argent qui va, de fait, servir à
Montréal, comme au reste du Québec. Par contre, je ne voudrais
pas qu'on se braque trop sur Montréal non plus. Encore une fois, nous
avons sûrement des responsabilités à l'égard de
cette population, mais nous en avons à l'égard de l'ensemble du
Québec. Il faudrait que Mme le député fasse le même
effort que j'ai dû faire pour me "démontréaliser".
D'autre part, M. le Président, j'ai laissé passer tout
à l'heure une intervention de Mme le député, où
elle faisait allusion à mon discours devant le Conseil supérieur
de l'éducation, il y a de cela quelque six semaines ou deux mois, oui,
c'était dans le courant du mois de mars...
Mme Lavoie-Roux: II y a quelques mois, c'était vers le 12
mars.
M. Morin (Sauvé): Le 12 mars exactement, et je me permets
de relire ce que j'ai dit à cette occasion: "Au total, le
ministère dépensera, en 1977/78, plus de $5 millions dans les
milieux défavorisés en vue d'adapter les contenus de formation,
d'outiller les personnels scolaires, d'améliorer les services aux
étudiants, de développer des mécanismes d'appui aux
parents et aux personnels des écoles, en vue d'améliorer la
qualité des relations école-milieu, etc.
Donc, j'avais bien parlé d'un montant total de $5 millions et,
effectivement, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, ce montant
sera de $5 348 000, plus $225 000, c'est-à-dire qu'il sera, de fait, de
$5,5 millions. Les choses se sont améliorées depuis mon discours
du mois de mars plutôt que de se dégrader.
Mme Lavoie-Roux: Ce à quoi je faisais allusion, M. le
Président, c'est aux entrevues que le ministre avait accordées
après et, comme je lui dis, on l'a interprété ou mal
interprété, mais on avait parlé d'une somme additionnelle
de $3 millions. Je ne lui en veux pas si c'est $2,5 millions qu'il a mis, mais
c'était du point de vue de l'interprétation qu'il me disait faire
de l'utilisation de l'argent pour "Saperlipopette". Alors, je pense que
là, que ce soit $5 millions, $3 millions ou $4 millions, ça ne
change rien au fond de la discussion.
M. Morin (Sauvé): Bon! De toute façon, je pense
qu'on peut convenir que les malentendus sont maintenant dissipés. Je ne
suis pas responsable des interprétations qui avaient été
données dans la presse. Je constate simplement que, l'an dernier, il y
avait $3 350 000 consacrés aux milieux moins favorisés et que,
cette année, il y a, en gros, $2 millions de plus qui y seront
consacrés.
Mme Lavoie-Roux: Des autres montants qui restent après
avoir soustrait le programme de télévision, avoir soustrait le
programme de développement de prématernelles ou maternelles, il
reste environ je n'ai pas l'addition tout près de $800 000
qui vont à d'autres fins, perfectionnement des maîtres, adaptation
des programmes et encadrement au secondaire. Ceci va être
réparti...
M. Morin (Sauvé): II y a, en gros, donc, $800 000...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, à peu près.
M. Morin (Sauvé): ... aux niveaux
élémentaire et secondaire, plus, au niveau de la
maternelle...
Mme Lavoie-Roux: Oui, ça, je l'avais mis de
côté...
M. Morin (Sauvé): ... les $225 000 que j'ai
ajoutés.
Mme Lavoie-Roux: Alors, de ces $800 000 qui restent pour
l'adaptation des programmes pour... Évidemment, ce montant pourra servir
à l'ensemble du territoire de la province, je le comprends. Mais le
perfectionnement des maîtres... Ces $800 000 vont être
répartis selon quelle base entre les différentes régions
du Québec?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est à
déterminer. Nous y travaillons en ce moment, puisque ces montants vont
devoir être dépensés durant l'année qui vient,
c'est-à-dire dès cet été, dès l'automne,
mais la répartition exacte n'est pas encore faite. Nous avons un tas de
projets, mais ils ne sont pas définitifs.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'on pourrait conclure quand
même qu'une partie de cet argent pourra aller à la région
montréalaise?
M. Morin (Sauvé): Mais assurément.
Forcément, la région montréalaise polarise toujours une
partie substantielle de tous les montants qu'on peut mettre de
côté pour quelque projet que ce soit en éducation. Prenons
l'exemple du perfectionnement des maîtres, en ce moment, je n'y ai
peut-être pas fait allusion tout à l'heure, mais les
expériences se poursuivent dans six écoles et il y en a deux dans
la région de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Parfait! L'autre question qui m'intéresse
beaucoup, c'est de savoir de quelle façon vous articulerez les services
d'animation et de soutien que vous prévoyez pour la réception la
plus positive possible de votre programme télévisé, parce
que vous touchez quand même à l'ensemble du Québec. Vous
devez faire porter vos efforts sur certaines régions en particulier?
Quel type de services entrevoyez-vous pour réaliser cet objectif?
M. Morin (Sauvé): Nous voulons mettre sur pied une
organisation locale, capable d'encadrer, d'animer, d'appuyer les parents des
enfants de quatre ans et ceux-ci dans le programme d'activités
découlant des émissions télévisées.
Nous voulons également élaborer, avec les autorités
scolaires locales, un programme d'activités pour répondre aux
besoins plus spécifiques des parents et des enfants qui participent au
projet télévisé.
Nous voulons encore rédiger ou, en tout cas, contribuer à
la rédaction de documents requis par cette vaste opération et,
enfin, nous voulons re- cueillir et analyser les retombées qui
découleront des diverses interventions du projet ministériel.
Ce n'est pas tout. Il y a des objectifs d'évaluation, des
objectifs de promotion et de publicité sur lesquels je pourrai donner
les détails, si cela intéresse Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): ...mais je pense lui avoir
déjà donné suffisamment d'indications.
Mme Lavoie-Roux: Ces programmes sont-ils suffisamment
élaborés à ce moment-ci pour coïncider avec le
départ de l'émission de télévision? À quel
moment, en fait, l'émission de télévision doit-elle
débuter?
M. Morin (Sauvé): Nous allons commencer par faire
l'expérience de la chose. Avant de l'étendre à l'ensemble
du Québec, nous voulons travailler avec un certain nombre de commissions
scolaires pour voir comment le milieu réagit, évaluer cette
réaction et, ensuite, au besoin, corriger notre tir s'il
s'avérait que le produit n'est pas exactement ce qui convient. Par
exemple, l'expérience débutera à l'automne dans trois
commissions scolaires, soit celles de Matane, de Montmagny et de
Trois-Rivières.
Nous aurons, pour cette expérience, cinq animatrices,
employées à temps plein, deux à Matane, deux à
Montmagny, une à Trois-Rivières, pour s'occuper de l'animation du
milieu, dans une perspective familiale avant tout, et de l'utilisation des
émissions diffusées. Cette expérience, durera deux ans et,
par la suite, nous pourrons tirer des conclusions et généraliser
la chose.
C'est pour cela que j'indiquais à Mme le député,
tout à l'heure, que les montants consacrés à l'animation
et au soutien sont appelés à se développer au cours des
années qui viennent tandis que les montants consacrés à la
production et à la diffusion vont naturellement être
concentrés sur la période de départ.
Concrètement, cela veut dire deux émissions par semaine,
dès le mois de septembre, dans tout le Québec. En tout, je pense
que le projet initial est de seize émissions et, ensuite, il se
développera jusqu'à 125 émissions, si ma mémoire
est bonne.
M. Grenier: Le ministre me permet-il? Le député de
L'Acadie me permet-il? Je vois Montmagny, Matane, Trois-Rivières. Vous
utilisez Radio-Québec à ce moment ou les
câblodistributeurs? Je suis quasiment assuré que ce ne sera pas
Radio-Canada.
M. Morin (Sauvé): Nous utilisons, de fait, tous les
réseaux, selon les régions. Nous utilisons Radio-Québec,
lorsque c'est possible, Radio-Canada, lorsqu'il le faut, et même la
câblodiffusion dans certaines régions. Autrement dit, nous ne nous
limitons pas à un seul diffuseur, mais nous faisons des arrangements
avec plusieurs, et je ferai remarquer, d'ailleurs que nous allons percevoir
un certain nombre de droits pour ces émissions, lesquels vont
donc permettre de payer une partie des dépenses.
Nous allons toucher $600 000 de droits pour la projection de ces
émissions en dehors du Québec, l'Ontario ayant
réservé d'avance des droits de télédiffusion des
mêmes émissions. Donc, c'est un projet que j'ai cru devoir
maintenir, étant donné qu'il y avait déjà tous ces
arrangements qui étaient faits, que l'Ontario était
intéressée, et Dieu sait que nous sommes intéressés
à rayonner également sur les milieux francophones de
l'Ontario.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir d'entendre cela.
M. Morin (Sauvé): Est-ce vrai?
M. Grenier: C'est une heureuse nouvelle, une bouffée d'air
frais, ce matin.
M. Morin (Sauvé): Je peux vous donner quelques
détails, si cela vous intéresse. Je les ai ici. Le contrat de
production a été accordé à JPL Production, pour un
coût total réparti, évidemment, sur une certaine
période de temps, n'excédant pas $2 371 844. Radio-Canada va
contribuer $2000 par émission et l'Ontario Education Communication
Authority va fournir $3000 par émission. Donc, vous voyez qu'il y a
là des sources de revenus qui vont nous aider à produire cet
instrument d'intervention fort intéressant. On me fera les reproches
qu'on voudra, dans mon meilleur jugement, j'ai pensé devoir maintenir ce
projet.
M. Grenier: Les reproches ne viendront pas de ce
côté-ci de la table, M. le Président, en ce qui concerne
Radio-Canada.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce ne sont pas des
reproches que j'ai voulu adresser au ministre, parce que je pense que le
ministre, de toute évidence, s'est intéressé rapidement
aux problèmes de son ministère, mais je pense que le rôle
de l'Opposition est quand même d'essayer de diriger les interventions
dans le sens où on croit qu'elles pourraient servir le mieux possible la
population.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, et je prie Mme le
député de croire que je prends toutes ses interventions de cette
façon.
Mme Lavoie-Roux: II y a une dernière question. L'île
de Montréal contribue, à même la surtaxe, à payer
une grande partie des interventions en milieux défavorisés.
Est-ce que les autres commissions scolaires agissent de la même
façon ou si, jusqu'à maintenant, les montants qui sont
accordés pour ce type d'intervention viennent surtout des ressources du
ministère? Si tel est le cas, est-ce qu'on travaille à
sensibiliser quand même les milieux locaux dans le sens qu'eux aussi ont
une responsabilité à cet égard et qu'il ne faut pas
nécessairement compter uniquement cela va faire plaisir au
ministère sur les ressources du ministère?
M. Morin (Sauvé): C'est juste, Mme le député
a raison. Je crois que Montréal, donnant l'exemple, a battu la marche
dans ce domaine et qu'à l'heure actuelle, sur les $5,1 millions, $4
millions viendront de la surtaxe, ce qui est tout de même assez
remarquable, il faut le reconnaître. Nous tentons de sensibiliser les
autres régions, les autres commissions scolaires au problème, et
j'imagine que l'un des effets de ce projet télévisé
intitulé "Saperlipopette", sera justement d'élargir les zones
sensibilisées aux problèmes des milieux moins favorisés.
Je souhaite ardemment que toutes les régions deviennent aussi sensibles
à ces problèmes que celle de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Mais, à ce moment-ci, il n'y a pas
beaucoup d'efforts de taxation locale à cette fin, si je comprends
bien.
M. Morin (Sauvé): Non, c'est le ministère qui prend
l'initiative de sensibiliser le milieu à cela en dehors de
Montréal, reconnaissant que Montréal a ouvert les chemins.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question, qui est sans
importance, mais davantage pour satisfaire ma curiosité, pourquoi a-t-on
intitulé le programme "Saperlipopette"? Je ne suis pas encore sûre
d'avoir le bon mot.
M. Morin (Sauvé): C'est une des questions que je me suis
posées en arrivant au ministère. On m'a assuré que le
contenu justifierait éventuellement le titre. Je me suis demandé
si c'était la façon de jurer en milieu moins favorisé. Par
la suite, on m'a expliqué que ce n'était pas cela du tout. Je
puis peut-être prendre conseil pour élucider cette question
délicate.
En fait, l'idée originale, c'était de nommer des
personnages, un peu comme dans "Sesame Street", et "Saperlipopette" vient de la
combinaison des noms de trois personnages. Compte tenu que...
M. Grenier: Des noms de?
M. Morin (Sauvé): Des noms de trois
personnages-clés de l'ensemble des émissions. C'est la
combinaison de ces trois noms qui donne le nom de Saperlipopette. Cependant,
à cause même de la nature de l'intervention et du titre
lui-même, des demandes expresses et répétées ont
été faites pour modifier le nom des personnages et essayer de
modifier le nom de la série.
Nous avons espoir qu'on trouvera peut-être des expressions et des
noms qui correspondront davantage au milieu qu'on entend toucher.
M. Grenier: Pourrais-je savoir... Des régions que vous
avez mentionnées tout à l'heure, j'ai l'impression que ce n'est
pas complet. Vous avez mentionné la Gaspésie, le Nord-Ouest,
Montréal, Québec. Y a-t-il d'autres régions qui sont
visées? Je pense, actuellement, à la grande région de
l'Estrie.
M. Morin (Sauvé): II y a d'autres comment dire?
d'autres zones de pauvreté. Les Îles-de-la-Madeleine, par
exemple, sont un secteur où, même si la population n'est pas
très dense, il y a des zones de pauvreté. Il y a une petite
section de l'Estrie qui est également touchée. Lorsqu'on fait la
carte des zones de pauvreté, on peut voir les endroits les plus denses
au point de vue de la pauvreté, et l'Estrie a aussi son coin plus
pauvre.
M. Grenier: Principalement dans mon comté.
M. Morin (Sauvé): Oui, Mégantic-Compton. C'est un
de nos soucis constants.
M. Grenier: Vous êtes dans la bonne voie, M. le
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Lac Frontière.
M. Morin (Sauvé): Dans l'Outaouais, il y a une petite zone
de pauvreté aussi. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean, également. Enfin,
c'est sur une échelle variable.
M. Grenier: On ne tente pas d'expérience, dans ce
secteur-là, dans le domaine de la langue seconde? Principalement au
niveau de l'Estrie?
M. Morin (Sauvé): Nous avons, vous le savez, une
priorité pour ce qui est de la langue seconde. Et chaque commission
scolaire a une certaine marge de manoeuvre dans ce domaine. Je ne saisis pas
tout à fait la portée de la question. Voulez-vous savoir si le
ministère fait des interventions en milieu défavorisé de
langue anglaise? C'est cela que vous voulez dire?
M. Grenier: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Les deux clientèles sont
visées, tant au niveau élémentaire qu'au niveau
secondaire. Il n'y a pas de favoritisme en faveur d'un groupe plutôt que
d'un autre. Mais, naturellement, les émissions
télévisées sont dirigées avant tout vers le milieu
francophone.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, pour rejoindre la question
du député de Mégantic-Compton, de la même
façon que vous prévoyez mettre des services d'animation dans
certaines régions à l'égard de l'émission de
télévision qu'on rebaptisera peut-être, ne pourrait-on pas
envisager la même chose pour la population anglophone concernant, par
exemple, Sesame Street, émission à laquelle ils ont accès?
Je ne sais pas si la comparaison est valable ou si vraiment on a le souci de
servir les deux groupes, est-ce que... je comprends qu'on ne peut quand
même pas traduire l'émission "Saperlipopette" en anglais, je suis
tout à fait d'accord, mais étant donné qu'il y a des
émissions qui ont une certaine équivalence en anglais, ne
pourrait-on pas, à ce moment-là, penser à mettre aussi, si
vous avez identifié certaines parties de la population plus
défavorisées dans le secteur anglais, à utiliser la
même formule de soutien d'animation?
M. Morin (Sauvé): Cela pourra venir éventuellement,
mais je ne pourrais dès maintenant donner de réponse
précise à cette question, Mme le député. Les
milieux anglophones ont bénéficié de Sesame Street tandis
que les milieux francophones, eux, sauf exception, n'en ont pas
bénéficié de sorte que nous avons pensé, avec ces
émissions, rejoindre d'abord et avant tout les milieux francophones.
Mais il n'est pas exclu que par la suite, on puisse faire des adaptations.
Cependant il faudra évaluer le coût de telles adaptations en
fonction des milieux défavorisés anglophones.
M. Grenier: J'aimerais... j'insiste un peu sur le sujet. Il me
semble que cela devient important. J'ai posé la question au ministre en
Chambre l'autre jour, et je me demande, si on est à préparer ces
émissions, si cela ne vaudrait pas la peine que, dans une certaine
région, on fasse une espèce d'expérience pilote, si on
n'est pas trop avancé dans le projet. J'ai toujours été
mordu, à cause d'hommes qu'on a connus, pour que le bilinguisme, chez
les jeunes, se fasse même avant la maternelle, au début. Il y a
peut-être des psychologues qui me contrediront, mais quand on voit des
Trudeau, des Saint-Laurent ou d'autres hommes qu'on pourrait citer, qui ne sont
pas nécessairement au fédéral...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais enfin, vous savez...
M. Grenier: ... qui sont de parfaits bilingues. Ce sont des gens
qui ont pris leur formation seconde dans leur famille, si on se souvient
bien.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais tous les petits
Québécois ne naissent pas, comme on le dit en anglais, "with a
golden spoon in their mouth", n'est-ce pas? Tous les petits
Québécois ne naissent pas dans une famille Trudeau ou une famille
Saint-Laurent. Il faut tenir compte du contexte sociologique dans lequel la
plupart d'entre eux naissent. S'ils appartenaient tous à des familles
très à l'aise, le problème de l'apprentissage de la langue
seconde ne se poserait pas du tout de la même façon. J'admire
beaucoup les êtres bilingues et biculturels, mais...
M. Grenier: Je cite des exemples que tout le monde peut
connaître, à cause de ces hommes connus pour leur parfait
bilinguisme ou à peu près, mais je pourrais vous citer des gens
de Saint-Isidore, de mon comté, qui ne sont pas des Trudeau ni des
Saint-Laurent. En général, on voit cela chez les mariages mixtes,
comme je l'ai dit l'autre jour en Chambre. C'est surprenant de voir à
quel point un enfant de six ou sept ans possède bien les deux langues.
Je serai toujours sceptique à l'endroit de ces gens qui disent qu'on
doit intégrer le cours secondaire, une fois seulement en huitième
ou neuvième année.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je ferai observer à M.
le député que tous les petits Québécois ne
s'appellent pas Stephen et Elliott et qu'il faut en tenir compte aussi. Bien
sûr que dans les familles
qui résultent de mariage mixte, l'enfant bénéficie,
dès le lait de sa mère, en quelque sorte, du bilinguisme et du
biculturisme. Il peut s'allaiter aux deux mamelles culturelles.
Mais, M. le Président, ce n'est pas donné à tous
les petits Québécois. La plupart sont obligés de se
rationner sous cet angle.
Mme Lavoie-Roux: Cela arrive souvent même avec une seule
culture.
M. Grenier: ... pour les jumeaux.
M. Morin (Sauvé): Dans les milieux normaux du
Québec, on trouve moins de mariages mixtes et on trouve des familles
pour lesquelles l'apprentissage d'une seule langue est quelquefois difficile.
Il faut tenir compte de cela aussi.
Encore une fois, si tous les petits Québécois
étaient des Trudeau et des Saint-Laurent, il n'y aurait sans doute plus
de problème, tout le monde serait premier ministre du Canada. Mais ce
n'est pas le cas. Malheureusement ou heureusement, je ne sais trop. Il y a
là sûrement des choix culturels à faire, la plupart des
Québécois ne sont pas biculturels et ont de la difficulté
à devenir bilingues.
Je partage le souci du député de Mégantic-Compton,
souci voulant que les petits Québécois devraient avoir une
connaissance d'usage de l'anglais, étant donné le contexte dans
lequel nous vivons.
Mais il faut s'assurer qu'ils aient d'abord une bonne connaissance,
notamment syntaxique, de leur propre langue maternelle, avant d'aller trop loin
dans l'apprentissage de la langue seconde. Autrement, vous savez ce que cela
donne. Le député de Mégantic-Compton a dû entendre
cela du côté de chez lui. Cela donne: "Le boss que je travaille
pour" et "la fille que je sors avec".
M. Grenier: Oui...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas nécessairement le
résultat du bilinguisme je dois dire, M. le ministre.
M. Grenier: Le ministre ne manque pas de...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas loin d'être
relié à la confusion des deux syntaxes.
M. Grenier: On reconnaît que le ministre ne manque pas de
vocabulaire, bien sûr, mais cela ne répond pas directement
à ma question. Il n'est pas uniquement question des mariages mixtes.
Mais quand on connaît la région des Cantons de l'Est, on est
assuré, sans y venir, que c'est à peu près là qu'on
rencontre le plus de gens bilingues. Ce n'est pas seulement à cause des
mariages, mais à cause de ces villages communs, anglophones et
francophones.
Ce que je demandais au ministre, ce n'est pas d'étendre le projet
à tous les territoires du Québec, mais d'avoir, si c'est
possible, avec cette région, une expérience pilote qui pourrait
nous démontrer qu'à l'avenir, les tenants d'une langue se- conde,
en tout bas âge, pourraient être véhiculés à
travers le Québec. Je pense que cela ne serait peut-être pas
mauvais d'y penser et ce n'est pas uniquement dans ces mariages mixtes. Si je
l'ai signalé, c'est peut-être parce que c'est près et que
cela me touche de près, mais c'est vrai dans tous les Cantons de l'Est.
C'est là qu'une enquête nous démontrerait que c'est
certainement dans les municipalités des Cantons de l'Est qu'on rencontre
le plus de personnes bilingues.
M. Morin (Sauvé): M. le député sait
certainement qu'il existe, à l'heure actuelle, un certain nombre
d'expériences d'immersion, dans les deux sens, d'ailleurs, aussi bien
destinées aux anglophones pour l'apprentissage du français,
qu'aux francophones, pour l'apprentissage de l'anglais.
Ces expériences, nous allons les évaluer, et, dans la
mesure où elles seront probantes, elles seront sans doute
étendues à d'autres régions du Québec. Je puis
assurer M. le député que je prends bonne note de ce qu'il vient
de dire. Nous aurons l'occasion d'en reparler.
Pour l'année qui vient, nous avons déjà beaucoup de
projets sur les bras; avant de songer à trop élargir, je voudrais
qu'on soit bien sûr de la qualité de notre produit, soit le
programme télévisé, et je voudrais être sûr
aussi que les expériences qui ont été entreprises depuis
quelques années ont été correctement
évaluées.
Pour l'apprentissage de la langue seconde, j'ajoute simplement ceci. Je
partage le souci exprimé par plusieurs personnes dans les milieux
d'enseignement, que cette question soit réglée, sur le plan
pédagogique, et non sur le plan politique.
Je pense qu'on doit évites à tout prix d'en faire un
ballon politique ou un enjeu politique entre le gouvernement et l'Opposition.
Cela doit être une question réglée à la
lumière de l'avis des pédagogues et des psychologues. C'est dans
cet esprit, en tout cas, que j'ai l'intention de me pencher sur ce
problème au cours des mois qui viennent.
M. Grenier: Cela va être de beaux débats!
M. Morin (Sauvé): Je ne dis pas qu'il va être
totalement impossible d'éviter un débat politique, mais
j'aimerais qu'il soit le mieux informé possible sur le plan
pédagogique et sur le plan psychologique.
M. Grenier: Est-ce que... Une couple de... Est-ce que vous
changez de sujet?
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, allez-y. Non continuez...
Une voix: Je me repose un peu.
M. Grenier: Pourrais-je savoir, des $535 000 qui sont
affectés du côté de la maternelle en milieu
défavorisé, combien on prévoit toucher d'enfants?
Peut-être qu'on n'aura pas un nombre exact, mais une proportion.
Mme Lavoie-Roux: Ces $535 000, c'était l'augmentation de
l'île de Montréal.
M. Morin (Sauvé): Nous avons les renseignements ici, M. le
député. Je suis en mesure de vous donner quelques chiffres. Pour
ce qui est des commissions scolaires de l'ensemble du Québec, sauf de
Montréal, nous arrivons aux totaux suivants.
Pour ce qui est des maternelles autorisées, destinées aux
enfants de quatre ans, il y a 64 groupes, regroupant 1920 enfants. Au niveau de
la maternelle destinée aux enfants de cinq ans, nous avons 6 groupes,
regroupant 120 enfants et, enfin, pour les maternelles maisons je pense
que Mme et M. le député savent ce que cela veut dire nous
avons 12 groupes, comprenant 345 enfants.
Un coup d'oeil sur l'île de Montréal, j'imagine que cela
peut vous intéresser. Pour l'ensemble de l'île, je pourrai vous
donner des détails par commission scolaire, si vous désirez, nous
avons 108 groupes, je m'excuse, 44 groupes les 108, c'était le
total pour tout le Québec regroupant 1508 enfants; pour la
maternelle cinq ans, 25 groupes, c'est-à-dire passablement plus que dans
le reste du Québec, regroupant 385 enfants. Ce qui nous donne, en tout
et partout, à travers le Québec, 108 groupes comprenant 3428
enfants, au niveau des quatre ans et 31 groupes regroupant 505 enfants au
niveau des cinq ans; enfin, pour les maternelles maisons qui, on le sait, se
concentrent à l'extérieur de Montréal, nous avons 12
groupes regroupant 345 enfants, comme je l'indiquais à l'instant.
C'était pour l'année 1976/77, l'année qui se termine.
M. Grenier: D'accord, merci. Du côté du
perfectionnement des maîtres, vous avez une somme additionnelle, j'ai cru
comprendre, de $234 000, c'est bien cela?
M. Morin (Sauvé): Oui, cela fait une augmentation de 28%
des groupes...
M. Grenier: Sur le budget de l'an passé?
M. Morin (Sauvé): Ah! Vous voulez me parler du
perfectionnement des maîtres.
M. Grenier: Oui, à l'élémentaire,
vis-à-vis des défavorisés toujours. Est-ce qu'il y aurait
possibilité de savoir, encore une fois, sans trop de détails
si c'est trop technique, on peut attendre combien de
maîtres sont touchés par ces études de
perfectionnement?
M. Morin (Sauvé): Nous sommes en train d'élaborer
ces projets. Nous avons décidé, connaissant en gros les besoins,
de mettre $234 000 sur ce perfectionnement, mais il nous reste à
préciser exactement la nature de l'intervention, auprès de quels
maîtres, mais je puis vous assurer que cela vise nommément les
milieux moins favorisés.
M. Grenier: Est-ce qu'on pourrait avoir à peu près
le nombre de professeurs visés par cette mesure, quand ce sera possible?
Je ne le demande pas aujourd'hui, mais, si c'est possible, de répondre
un peu plus tard.
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons peut-être... Oui, je
vais faire faire les recherches nécessaires et j'informerai les
députés aussitôt que possible.
M. Grenier: Du côté des plans d'études, vous
avez une somme de $100 000, évidemment, il n'y a pas de quoi renverser
personne, j'imagine, est-ce qu'il y aurait lieu de préciser un peu et de
nous dire à quoi exactement va servir cette somme?
M. Morin (Sauvé): Oui, je puis vous donner quelques
détails là-dessus. Il s'agit de l'adaptation des plans
d'études et des méthodes d'enseignement. Il s'agit
également de produire du matériel didactique destiné
à ces milieux. Le produit final du projet formera un guide d'adaptation
et amènera une production de matériel favorisant l'adaptation,
notamment, en ce qui concerne l'enseignement du français, pour chacune
des années du cours élémentaire. C'est à cela que
nous consacrons $100 000.
M. Grenier: Bon!
Mme Lavoie-Roux: Pour terminer, je pense que, sur les milieux
défavorisés, on a eu les renseignements qu'on voulait avoir, en
tout cas, les renseignements que je voulais avoir. Je réitère que
je trouve extrêmement positif le programme de perfectionnement des
maîtres, mais, entre parenthèses, comment allons-nous
procéder pour les maîtres qui sont situés, par exemple,
dans les régions beaucoup plus éloignées pour leur
perfectionnement? Est-ce qu'on va...
M. Morin (Sauvé): Oui. Justement, le projet est en marche
dans trois écoles de la commission scolaire La Neigette. Nous pensons
débuter bientôt dans deux écoles de la CECM.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui m'inquiète, ce sont ceux qui sont
à l'extérieur, vous avez parlé du Bas-du-Fleuve, ceux qui
sont près d'un centre universitaire, où il y a plus de
ressources, mais, pour les professeurs qui sont plus éloignés,
qu'est-ce que vous prévoyez comme formule?
M. Morin (Sauvé): II s'agit d'une méthode de
perfectionnement sur place, comme par exemple, dans le cas du PERMAFRA,
programme de perfectionnement des maîtres de français.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il y aura des agents de
développement pédagogique qui iront sur les lieux à ces
fins?
M. Morin (Sauvé): Exactement. Mme Lavoie-Roux: Bon!
D'accord.
M. Morin (Sauvé): On ne peut rien vous cacher, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Quelqu'un vous a déjà entendu dire
cela, et on fait des blagues. Écoutez, je suis prête à
passer à autre chose. C'est vraiment mon intention d'essayer de finir
tout ce bloc à 13 heures. J'ai seulement certaines questions, et je vais
essayer de les faire très courtes.
M. Morin (Sauvé): Pour le reste, je m'en remets aux
questions de l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): J'ai voulu tout simplement ce matin vous
donner en partant les éléments de réponse...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ...parce que je savais que cette
question vous intéressait particulièrement, Mme le
député de L'Acadie. Mais, maintenant, si vous voulez aborder le
livre vert, les classes d'accueil, les plans d'équipement, la PAS, je
suis à votre disposition.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je ne parlerai pas de...
M. Paquette: M. le Président, c'est sur le même
sujet. Je ne sais pas si le ministre pourrait nous déposer les documents
ou nous dire où ils sont accessibles, concernant le plan de
développement des milieux défavorisés, parce qu'on a eu
beaucoup de renseignements...
M. Morin (Sauvé): Ce plan est en voie
d'élaboration...
M. Paquette: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): ...et je puis prendre l'engagement de le
remettre aux membres de la commission, lorsqu'il sera prêt.
M. Paquette: Merci.
M. Morin (Sauvé): Si le député veut bien me
le rappeler dans quelques semaines ou dans quelques mois, à tout le
moins au début de l'automne, je verrai à ce qu'il soit pleinement
informé.
Mme Lavoie-Roux: Vous le déposerez à
l'Assemblée nationale, à ce moment, ou, au moins, aux membres de
la commission?
M. Morin (Sauvé): Si vous le désirez, je puis le
déposer devant l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Alors, pour la langue seconde, je n'y
reviens pas. On aura d'autres occasions d'en parler. Le français, langue
maternelle, je sais que vous n'en avez pas traité le soir où
j'étais absente. C'est quand même très li- mité, ce
que je veux savoir. Maintenant, on prévoit une absence des professeurs
pour trente jours au lieu de quinze, ce qui était le cas avant.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. Nous avons doublé la
période dite de libération.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Est-ce que, du point de vue du
remplacement des professeurs, ceci peut créer certains
problèmes?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, madame, cela pose
certains problèmes que nous n'avons pas encore entièrement
résolus.
Notre volonté, c'est de faire en sorte que ces 30 jours de
libération deviennent une réalité, mais on nous signale,
de plusieurs côtés, que les problèmes de remplacement sont
fort aigus. Nous tentons de trouver des solutions avec les commissions
scolaires concernées.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ça peut être un handicap aux
programmes que vous tentez de mettre de l'avant.
M. Morin (Sauvé): Oui. Il faut reconnaître que
ça constitue un obstacle...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé):... et nous allons le surmonter du mieux
possible.
Enseignement de la langue d'origine
Mme Lavoie-Roux: Je n'entre pas dans les contenus ou quoi que ce
soit. On aura d'autres occasions d'y revenir.
Simplement un mot sur l'enseignement de la langue d'origine. C'est une
mesure qui, je pense, est positive.
Maintenant, où en êtes-vous dans l'élaboration,
d'abord, de ces programmes et deuxièmement évidemment, on
ne peut pas le donner partout. Il faut qu'il y ait des regroupements d'enfants
quand même en nombres suffisants pour que ça justifie de telles
mesures est-ce qu'on a des indications sur les langues d'origine que
l'on entend introduire, le nombre d'écoles où elles pourraient
être enseignées ou si, en fait, on n'a pas encore assez de
données pour pouvoir se prononcer sur cette question-là?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce programme,
qui intéresse avant tout le niveau secondaire, sans exclure pour autant
le niveau primaire, surtout pour les années qui viennent, ce programme
est destiné, dis-je, avant tout aux groupes les plus nombreux et les
mieux organisés parmi les Néo-Québécois.
Ce que je puis vous dire pour l'instant, c'est que j'ai commencé
à rencontrer la plupart des groupes des communautés qui sont en
mesure de bénéficier de ces avantages que j'entends mettre
à leur disposition. J'ai rencontré, notamment, le mi-
lieu italianophone, milieu fort bien structuré et qui
possède de surcroît une association québécoise des
professeurs d'italien, lesquels, déjà nombreux, sont
intéressés à la priorité que j'ai annoncée.
À la suite de trois rencontres que j'ai eues avec eux, ils m'ont
assuré de l'intérêt qu'ils portent aux projets du
ministère.
J'ai l'intention de pousser activement les choses du côté
italien, et nous songeons même à élaborer des programmes
d'enseignement de l'italien pour l'école publique française,
puisque, sans exclure l'école publique anglophone où des
programmes du genre existent déjà, nous voulons mettre l'accent
sur les langues d'origine en milieu francophone, c'est-à-dire dans nos
écoles secondaires, notamment, de l'île de Montréal
où la plupart de ces communautés ethniques sont
concentrées.
Les italianophones sont tout à fait prêts, au cours de
l'année qui vient, à élaborer des programmes, des
méthodes pédagogiques, des méthodes d'évaluation.
Ils ne demandent qu'à s'asseoir avec le ministère pour poursuivre
le travail, et je puis vous assurer, étant donné
l'intérêt personnel que je porte à cette priorité,
parce que je l'avais en tête depuis déjà fort longtemps,
avant même d'arriver aux affaires de l'éducation, je puis vous
assurer que je pousse les rencontres avec le milieu italianophone pour aboutir
à l'application de nos projets dès la rentrée 1978.
Pour ce qui est maintenant du milieu grec, nous avons eu des contacts,
notamment avec la communauté orthodoxe, qui, vous le savez,
possède déjà des écoles privées, sinon
entièrement francophones du moins en bonne voie de francisation, et la
communauté grecque nous a également exprimé son
intérêt pour cet apprentissage, pour cet enseignement non
seulement de la langue grecque, mais, comme je l'ai indiqué, de la
culture et de l'histoire de la communauté grecque.
J'ai également rencontré personnellement, le milieu
ukrainien et la communauté arménienne. Je compte, au cours des
mois qui viennent, et de l'année qui vient, rencontrer
systématiquement tous les milieux qui exprimeront un
intérêt quelconque pour ces projets.
Je m'attends, bien que je n'aie pas encore eu de contact à ce
sujet avec les communautés espagnole, portugaise et quelques autres
aussi qui ont une certaine importance à Montréal ou dans
certaines régions bien identifiées du Québec, comme les
Portugais de Hull, par exemple, je m'attends que les autres communautés
me fassent signe et si elles ne me font pas signe, j'irai moi-même les
trouver. Je les ai, dans le passé, rencontrées à plusieurs
reprises pour d'autres fins, de sorte qu'on peut prévoir que, d'ici un
an ou deux, ces projets pourraient prendre une forme concrète dans
quatre, peut-être cinq communautés dites ethniques.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): II y a aussi des projets
consacrés aux autochtones sur lesquels je ne voudrais pas manquer de
dire deux mots. Nous avons un enseignement aux autochtones dans leur langue
maternelle, le projet de Fort Rupert s'adressant à la Commission
scolaire des Cris. Nous avons également un enseignement en inuttituuit
destiné à la Commission scolaire de Katavik, des projets à
l'école montagnaise de Sept-Îles, à l'école des
Naskapis de Schefferville et à l'école de langue montagnaise de
La Romaine sur la basse Côte-Nord. Ce sont des projets qui existaient
avant mon arrivée au ministère.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais. C'est ce que j'allais...
M. Morin (Sauvé): Ce sont des projets que nous allons
poursuivre.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui me surprend un peu dans votre
exposé, c'est que vous semblez indiquer que l'accent sera surtout mis au
secondaire. D'abord, première des choses, au secondaire, comme vous
l'avez signalé vous-même, ceci existait déjà dans
les écoles anglophones, du moins pour l'italien et chez les protestants,
particulièrement pour les élèves d'origine grecque. Je
pense qu'il y a peut-être là des sources où on peut aller
puiser le type de programmes à développer pour satisfaire les
communautés ethniques. J'aimerais quand même signaler que cela me
semble tout aussi important, sinon davantage, au niveau
élémentaire, pour ce que j'appellerais une approche
psychopédagogique, celle de ne pas aliéner l'enfant de son milieu
familial. C'est quand même à l'élémentaire qu'on
reçoit le plus d'enfants d'origine étrangère et je pense
qu'un effort particulier devrait être développé, là
où il y a des regroupements suffisants, pour que justement la langue
d'origine permette la transition vers l'apprentissage de la langue
française, quitte, après cela, à en diminuer
l'enseignement selon le niveau ou selon des formules différentes. C'est
un aspect important, je pense, de l'introduction de l'enseignement de la langue
d'origine pour garder le contact entre les enfants et leurs parents.
M. Morin (Sauvé): Je partage le souci de Mme le
député de L'Acadie. Je dois cependant vous faire savoir que les
milieux néo-québécois eux-mêmes nous ont
indiqué une préférence pour le niveau secondaire et pour
les raisons suivantes, semble-t-il. Ce sont des démarches
préliminaires de part et d'autre.
Il semble que leurs classes du samedi qui, vous le savez, sont
subventionnées par le gouvernement du Québec, par un autre
ministère, et que leurs écoles privées, parce que certains
d'entre eux ont des écoles privées, leur aient permis de .
répondre dans une certaine mesure aux besoins de l'apprentissage de la
langue d'origine au niveau élémentaire, au niveau primaire. Cela
ne répond peut-être pas à tous les besoins, mais ce qui les
intéresse au premier chef et pour l'instant, c'est le prolongement au
secondaire de cet enseignement qui se fait déjà au primaire parce
qu'ils se plaignent qu'au niveau de l'enfant de douze, treize, quatorze et
quinze ans, il n'y a plus de suite. L'enfant ne s'intéresse plus
à sa culture
d'origine ou à l'histoire de son pays d'origine, de sorte qu'il
semble que leur priorité soit le secondaire.
Je puis, cependant assurer Mme le député que je tenterai
de me conformer le plus possible aux besoins et aux aspirations définis
par le milieu lui-même. Au fond, ce n'est pas au ministère
à choisir arbitrairement ce qui sera le meilleur pour les milieux en
question. Il appartiendra à ces milieux de nous faire connaître
leurs besoins et nous essaierons de nous y adapter le mieux possible.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre a-t-il remarqué au cours des
échanges qu'il a eus, soit avec les écoles arméniennes,
les écoles grecques, d'autres regroupements d'écoles
privées qui servent différents groupes ethniques, qu'il y a
également chez ces groupes un fort désir que l'enseignement de la
langue seconde débute en première année et que, dans leurs
écoles, même si on donne une place beaucoup plus large à
l'enseignement du français, comme c'est le cas des écoles
grecques et évidemment des écoles arméniennes, on tient
quand même beaucoup à l'enseignement de l'anglais comme langue
seconde, dès le départ, et je pense que, dans les écoles
grecques, dans les écoles arméniennes, dans les écoles des
séfardim, enfin d'autres, cet enseignement se fait dès le
début de l'élémentaire.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas inexact, M. le
Président, quoi qu'il y ait des variations d'une école à
l'autre et c'est certainement là un élément, parmi les
autres, qui nous guidera vers l'élaboration d'une politique de
l'apprentissage de la langue seconde.
Classes d'accueil
Mme Lavoie-Roux: Sur les classes d'accueil, une seule question,
M. le Président. Évidemment, les classes d'accueil ont connu un
grand essor. Est-ce que le ministère de l'Éducation examine la
possibilité que, pour un certain nombre d'enfants, là où
ils ne se retrouvent pas en trop grand nombre, à de l'intégration
directe aux classes françaises? C'est une vieille marotte à moi,
je dois l'avouer, mais cela me semble, à bien des égards,
faciliter l'adaptation, là où il y a trop d'enfants, cela devient
trop coûteux ou trop onéreux pour le professeur qui les accueille,
mais là où les nombres sont beaucoup plus restreints, c'est
possible, je crois.
M. Morin (Sauvé): Dans la région 1 de
Montréal, comme Mme le député le sait certainement, nous
avons en cours une politique d'insertion. Je voudrais ajouter que nous
maintenons la politique de développement des langues à cet
égard. Par exemple, au niveau de la maternelle de 4 ans, les classes
d'accueil à demi-temps existent déjà et, au niveau des 5
ans, ces classes d'accueil pour immigrants sont à temps plein. Nous
avons également des plans destinés aux enfants d'âge
scolaire qui arrivent en cours d'année et, comme ils ne connaissent pas
la langue française, nous sommes obligés de les accueillir dans
des classes spécia- les. On observe qu'une fois l'année
terminée, ces élèves sont généralement
capables d'entrer dans une classe régulière. Les succès
sont, je pense, assez probants. Je pourrais, si Mme le député a
des questions à nous poser là-dessus, lui faire part des
résultats obtenus. Notre impression, jusqu'ici, sans avoir poussé
l'analyse, étant donné la difficulté d'assurer le suivi de
ce système, c'est que 85% des enfants accueillis dans ces classes
restent par la suite dans le système francophone.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce n'était pas
là ma préoccupation. Je pense que, de plus en plus, surtout avec
la loi 22, il était difficile pour ces enfants de passer au secteur
anglophone.
M. Morin (Sauvé): Et avec le projet de loi no 1, on peut
s'attendre à ce que le mouvement soit encore plus
accéléré.
Mme Lavoie-Roux: Cela demeure discutable. Mais ce que je veux
savoir de M. Dozois, est-ce qu'on a tenté d'évaluer une formule
par rapport à l'autre? C'est une première question. Ma
deuxième question c'est: Est-ce que le ministère procède
à des études sur les problèmes d'adaptation des enfants
qui font ce passage, surtout au secondaire, de la classe d'accueil à la
classe régulière? On me dira peut-être que c'est du ressort
des commissions scolaires, mais elles ont aussi leurs limites et je pense que
c'est un programme qui relève quand même
généralement du ministère.
M. Morin (Sauvé): D'abord, pour répondre à
votre première question... Je me suis surtout attaché à
votre deuxième, j'ai un peu perdu votre première, qu'est-ce que
c'était déjà? L'intégration directe. Oui.
Mme Lavoie-Roux: Si on avait fait une évaluation des deux
approches.
M. Morin (Sauvé): Comme vous le savez, à la CECM,
dans la région I, on a commencé l'an dernier l'intégration
directe, à l'initiative même de la CECM et, en cours
d'année, l'équipe du ministère à Montréal,
que vous connaissez, avec le directeur du bureau de l'accueil aux immigrants de
la CECM et une équipe de l'UQAM, a mis sur pied un programme
d'évaluation. L'évaluation vient d'être terminée et
le rapport a été déposé devant les commissaires de
la CECM, je crois, à la dernière réunion. Les
résultats étaient, je dirais, relativement bons. Il y avait, bien
sûr, certaines faiblesses qui ont été soulevées par
l'évaluation, qui a été faite. Les commissaires ont
décidé de poursuivre l'an prochain, uniquement dans la
région I, l'intégration directe, tout particulièrement
pour les nouveaux de maternelle, quatre ans et cinq ans.
Quant à votre deuxième question, effectivement, il y a un
suivi qui est fait et là je dois dire tout particulièrement
à la CECM parce que, évidemment, comme vous le savez, plus de 70%
de la clientèle d'accueil est à la CECM et, au niveau secondaire,
elle est presque concentrée à la CECM.
Or, il y a effectivement un suivi qui est fait et, encore là, il
est fait en collaboration avec notre responsable des programmes à
Montréal, M. Latif, avec M. Attar de la CECM et avec les directeurs
d'écoles où sont intégrés au fur et à mesure
les élèves du secondaire qui sont intégrés dans les
classes régulières. Alors, effectivement le suivi est fait. Il y
a des cas, certains problèmes d'adaptation se posent à la suite
du passage dans la classe d'accueil; ces enfants reviennent
généralement dans la classe d'accueil pour quelques mois encore.
Mais, très largement, je pense que l'adaptation se fait très bien
parce que la classe d'accueil n'est pas là pour apprendre la langue
française, mais elle est également là, d'une part pour
permettre un rattrapage dans d'autres matières, et, d'autre part, pour
préparer l'adaptation au milieu de l'école francophone.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on se soucie, M. le ministre,
d'évaluer la persévérance scolaire de ces enfants, surtout
au secondaire? Et ce type d'études qu'ils poursuivent et les groupes
dans lesquels ils se trouvent intégrés, a-t-on des données
là-dessus? Cela semble important quant à des mesures
supplémentaires à mettre à leur disposition s'il y a des
problèmes ou quant à une réorientation pour des
étudiants de ce niveau-là. Les élèves...
M. Morin (Sauvé): Je prends note de votre question et je
vous communiquerai les résultats fort probablement au début de la
réunion de cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Je devrais savoir la
réponse, mais je ne l'ai pas. Est-ce que le ministère met
à la disposition des classes d'accueil, puisque le budget relève
totalement du ministère de l'Éducation, des ressources
supplémentaires au plan de l'aide parapédagogique, que ce soit un
orienteur, que ce soit un psychologue, que ce soit un travailleur social,
est-ce qu'il y a un budget prévu à ces fins?
M. Morin: Je n'ai pas le chiffre exact de la norme qui est
payée par élève. Je pense qu'on ne paie pour les
maternelles cinq ans, entre autres, qu'une demi-journée puisqu'il y a
déjà une demi-journée comprise dans la norme
régulière et une journée complète. La norme est
calculée pour permettre à la commission scolaire de donner les
autres soutiens...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin: ...pédagogiques, pour le transport, bien
sûr, comme vous le savez. Mais tout le soutien pédagogique, est
compris dans la norme spéciale qui est versée pour les
maternelles et les classes d'accueil. Je pourrai vous donner les montants des
normes cet après-midi, si vous le voulez.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a une diminution du nombre
d'élèves dans les classes d'ac- cueil, si on examine les
statistiques des trois dernières années et les prévisions
pour l'an prochain?
M. Morin: Nous avons donné ces chiffres l'autre jour, M.
le Président...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, alors je les demanderai.
M. Morin: Je n'aurais pas d'objection cependant, pour que Mme le
député ait tous les chiffres sous la main, à lui
communiquer le document que j'avais déposé devant la commission
l'autre jour. Si vous voulez avoir l'amabilité de lui transmettre
ceci.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, je m'excuse.
M. Grenier: J'aurais juste une question bien précise
là-dessus, puisqu'on en est encore aux classes d'accueil, pendant que M.
Dozois est là. C'est un homme compétent, ça fait plaisir
de réentendre la voix de notre professeur de sciences politiques, il
s'est certainement amélioré, il avait du succès, parce
qu'il est intelligent et il avait de bons élèves aussi. Est-ce
qu'il pourrait nous dire si cet intérêt qui est suscité
chez les élèves des classes d'accueil va grandissant? C'est un
peu dans ce sens, le tableau va nous montrer ça.
Mme Lavoie-Roux: Cela diminue, je pense. M. Grenier: Cela
va en diminuant.
Mme Lavoie-Roux: Je vois un total de 3490 pour 1975/76 et de 3027
pour 1976/77.
M. Morin: II faudrait interpréter correctement le fait que
pour l'année 1976/77, il y a une croissance subite très grande.
C'est l'arrivée d'un groupe de Vietnamiens, de façon très
particulière, qui explique la croissance exceptionnelle de cette
année. Par la suite, on revient à une croissance
régulière.
Mme Lavoie-Roux: L'an prochain, les prévisions sont
à peu près identiques?
M. Morin: Les dernières conversations que j'ai eues,
particulièrement avec le bureau d'accueil à Montréal
montrent, au moment où je vous parle, il y a encore l'été,
que nous sommes en légère croissance pour septembre prochain.
M. Grenier: Quels sont les moyens d'approche pour incorporer ces
gens aux classes d'accueil? Quel est le processus?
M. Morin: Je pense qu'il faut distinguer, brièvement,
entre les maternelles d'accueil et les classes d'accueil, parce que ce sont
deux types différents de clientèles. La classe d'accueil
s'adresse quasiment essentiellement, à 97% ou 98%, à ceux qui
arrivent, à ceux qui descendent de l'avion.
Donc, chez ceux-là, je pense que, selon les derniers chiffres que
nous avions, compte tenu qu'il y en a qui sont anglophones et qui,
jusqu'à cette année, se dirigeaient vers l'école anglaise,
parmi ceux qui étaient susceptibles de fréquenter les classes
d'accueil, nous touchions à peu près 80% ou 85% des nouveaux
arrivants. Les maternelles d'accueil touchent une clientèle qui peut
être beaucoup plus ancienne. C'est-à-dire que, dans la mesure
où un des deux parents est né à l'extérieur du
Québec, ça peut remonter assez loin dans le temps de sorte qu'on
ne connaît pas le bassin possible des maternelles d'accueil.
Je ne peux donc pas vous dire si on touche 30%, 40%, 50% ou 60% de la
clientèle possible, parce qu'elle est très difficile à
identifier.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut savoir à quel moment ont
commencé ces classes d'accueil pour les immigrés?
M. Morin (Sauvé): Septembre 1973. M. Grenier: 1973.
C'était à la suite...
Mme Lavoie-Roux: ...cela a commencé en septembre 1968.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, c'est parce que je parlais
du plan de développement d'enseignement des langues. Elles avaient
commencé à la CECM, uniquement, en 1968/69.
M. Grenier: Avez-vous senti, lors du dépôt de la loi
63, vous vous souvenez que, même si ce n'était pas dans la loi,
ces classes d'accueil avaient quand même suscité beaucoup
d'intérêt et de nombreux pourparlers... On parlait de mesures
coercitives et on parlait aussi de mesures incitatives.
Est-ce que vous avez senti un intérêt M. le ministre
est peut-être en mesure de répondre à ce moment-là
pour ces classes d'accueil?
M. Morin (Sauvé): Je vais être le plus objectif
possible.
M. Grenier: Vous avez une bonne référence.
M. Morin (Sauvé): Je dois vous dire que la loi 63 date de
1969...
M. Grenier: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Compte tenu du fait que nous
n'étions pas impliqués il y avait les classes d'accueil,
mais il n'y avait pas de maternelles à la CECM, cela a commencé
en 1973 donc on n'a pu constater aucun impact, parce qu'on a
commencé vraiment le mouvement en 1973. Ce qu'on a pu noter, cela a
été un peu plus tard. On ne pouvait pas faire des comparaisons
avec ce qui se passait avant, puisque la maternelle n'existait pas avant. Je ne
connais pas toutes les données qui existaient de 1969 à 1973,
à la CECM, je ne peux pas...
Mme Lavoie-Roux: Cela a été croissant
continuellement, jusqu'au moment de la loi 22 et cela a continué de
croître. Je pense que cela a été...
M. Grenier: Je pense qu'il est intéressant de savoir,
comme le vérifie madame, que cela a été croissant. Je
pense bien qu'il n'y a jamais rien eu de coercitif avant le dépôt
de la loi 22, je pense bien. Il n'y a jamais rien eu... on a senti qu'il y
avait une croissance.
Mme Lavoie-Roux: Sauf cette nuance, que je ferais: À ce
moment-là, même s'il y avait un nombre croissant d'enfants dans
les écoles, les classes d'accueil, peu importe, un moins gros
pourcentage avant la loi 22 s'intégraient par la suite aux
écoles françaises, alors qu'avec l'arrivée de la loi 22,
on a été obligé de se diriger davantage... Le pourcentage
d'intégration de la classe d'accueil à l'école
française a été plus marqué après...
M. Morin (Sauvé): Mais il n'en reste pas moins, et je
pense que tout le monde en conviendra, que la très grande
majorité des enfants des immigrants allaient à l'école
anglaise et que c'était cela, le problème à régler.
Tout autant il était essentiel de maintenir les écoles anglaises
pour les véritables anglophones, tout autant il était absolument
crucial de faire en sorte que cette école ne progresse pas aux
dépens de la majorité. Dans tout pays normal, les immigrants vont
à l'école du pays, à l'école de la majorité.
C'est le problème que nous entendons maintenant régler avec le
projet de loi no 1.
Mme Lavoie-Roux: Cela sera discuté longtemps M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Cela va être un article qui va être fort
débattu.
M. Paquette: Sur le même sujet. Vous permettez?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Paquette: Concernant les classes d'accueil. J'ai
rencontré, il y a à peu près trois mois, un groupe de
Haïtiens qui m'ont fait part d'un problème et je ne sais pas s'il
existe encore. Est-ce que les classes d'accueil sont accessibles aux immigrants
d'origine haïtienne? On va penser que tout le monde arrive ici avec une
bonne connaissance du français. Il y a beaucoup de Haïtiens qui
arrivent ici, qui parlent principalement le créole et qui ont beaucoup
de difficulté d'adaptation aux classes régulières.
Mme Lavoie-Roux: ...qu'ils n'arrivent pas tous
députés.
M. Paquette: Je pense que c'est cela. Et professeurs de
français.
Mme Lavoie-Roux: C'est votre président qui a dit cela.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, vous avez raison. Ils ont
soumis un projet, tant au ministère de l'Immigration qu'au nôtre,
il y a à peu près un an. Je dois vous dire que j'ai eu un appel
la semaine dernière du président de la maison d'Haïti. Je
n'ai pu lui retourner son appel, parce que j'étais ici.
Comme toute autre communauté assez importante, les Haïtiens
ont des problèmes particuliers, c'est sûr. Il n'était pas
certain qu'on en tenait suffisamment compte dans les classes d'accueil, de
sorte que le problème a été discuté. Il y a eu une
rencontre avec le directeur du bureau de l'accueil aux immigrants de la CECM,
il y a eu une rencontre avec ces gens et apparemment, dans un premier temps,
cela s'est réglé à leur satisfaction.
J'ai eu une lettre et un appel. Cette lettre disait qu'ils
considéraient avoir encore certains problèmes, de sorte que nous
allons recommuniquer avec eux, pour voir quel type de problème ils ont.
Cependant, nous désirerions le plus possible maintenir quand même
le concept de classe d'accueil avec eux. Mais nous allons les rencontrer
à nouveau et voir à quel type de problèmes ils ont
à faire face.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais encore ajouter un
détail? L'an dernier, ils ont réussi, grâce à leurs
propres efforts, à créer des classes d'été qui ont
permis un certain rattrapage, je crois. La question m'est posée,
à l'heure actuelle, pour savoir si ces classes d'été
doivent continuer et si elles doivent être financées par le
ministère.
J'ai devant moi une lettre, depuis hier ou avant-hier, laquelle me
demande une intervention du ministère. Je compte me pencher
là-dessus, au cours des semaines qui viennent, pour donner une
réponse. Je n'ai pas encore pris de décision à cet
égard parce que le projet qu'on m'a présenté n'est pas
suffisamment défini pour que je puisse me faire une idée.
Mme Lavoie-Roux: Monsieur...
M. Alfred: M. le Président, sur le même sujet,
est-ce que je peux apporter des éclaircissements, étant
donné que je connais très bien le problème dont il est
question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Papineau, je ne
présidais pas cette commission la semaine dernière, mais on
m'informe qu'il avait été convenu que le bloc I était
adopté sous réserve du droit de poser des questions de la part de
Mme le député de L'Acadie et il semblerait que ce droit
était exclusif, de telle sorte que cela prendrait le consentement, pour
respecter cette convention, de Mme le député de L'Acadie pour que
vous puissiez intervenir.
M. Alfred: Acceptez que j'intervienne.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait vraiment être de mauvaise
grâce, sur le sujet qu'on discute, que de ne pas accorder la parole au
député de Papineau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Après, nous reviendrons avec Mme le député de L'Acadie. M.
le député de Papineau.
M. Alfred: C'est-à-dire que, sur les problèmes des
Haïtiens, vous savez qu'il y a eu, dans le passé, deux types de
Haïtiens qui sont arrivés au Québec. Il y a ceux, bien
sûr, qui étaient des professionnels, dont les enfants n'avaient
pas de problèmes...
M. Grenier: Vous parlez de problèmes du Québec, non
pas ceux de là-bas.
M. Alfred: Ici, oui.
M. Grenier: Ils sont nombreux.
M. Alfred: Là-bas, ils sont très nombreux et nous
laissons au gouvernement haïtien régler les problèmes
d'Haïti. Je n'interviens pas là-dedans, dans ce
débat-là.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous devriez les aider, quand
même!
M. Alfred: II n'est pas de mon ressort d'intervenir dans le
débat haïtien, sur les problèmes haïtiens. Nous ne nous
occupons pas de la gestion interne des gouvernements étrangers.
M. Morin (Sauvé): II faut croire que le
député de Papineau est un Québécois, il ne faudrait
pas perdre cela de vue.
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, je pense qu'il a sa
citoyenneté canadienne, M. le ministre.
M. Alfred: C'est-à-dire que...
M. Morin (Sauvé): II faudrait faire la différence
entre le pays légal et le pays réel.
M. Alfred: J'ai été adopté par le
Québec, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est le Canada qui vous a accueilli, M. le
député de Papineau, mais, enfin, laissons de
côté...
M. Alfred: De toute façon, c'est un débat qui est
sans issue.
Bien sûr, pour ces premiers immigrants d'origine haïtienne
qui sont arrivés ici, ces enfants n'ont pas eu de problèmes,
parce que ces enfants parlaient français chez eux, mais, depuis deux ou
trois ans, il y a des immigrants qui sont arrivés ici qui parlaient
plutôt créole. Bien sûr, on comprend que leurs enfants
puissent se trouver dans une situation désavantageuse, parce qu'ils ne
parlent pas la langue québécoise. Ils parlent français,
mais un français qu'on pourrait cataloguer comme mitigé.
Malheureusement, ils sont perçus comme
des gens venant des pays francophones. C'est la raison pour laquelle
j'aimerais attirer l'attention du ministère. Pour ces types d'immigrants
de pays francophones, il faut un soin particulier, parce que, s'ils ne
reçoivent pas d'aide dans la langue de la majorité, ils peuvent
se trouver placés dans des classes dites défavorisées.
Pourtant, ils ne le sont pas.
Personnellement, je pense que je maîtrise assez bien la langue de
Molière, mais je suis de père et de mère ne
maîtrisant pas cette langue. C'est la raison pour laquelle j'aimerais que
nous les considérions d'une façon toute particulière, sans
pourtant leur accorder un statut particulier; ces immigrants auraient besoin
d'aide au niveau scolaire pour ne pas être traités comme des
défavorisés, parce que c'est un problème qui serait
important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement ajouter une remarque en
réponse à la question du député de Rosemont et
également aux remarques du député de Papineau. Cela peut
peut-être intéresser M. Dozois. C'est que, l'an dernier, j'avais
moi-même demandé qu'à la CECM se fasse une étude sur
les problèmes d'adaptation des Haïtiens. Il y avait d'abord le
problème de leur intégration aux classes d'accueil, mais il y a
aussi le problème de l'intégration au plan pédagogique de
ces étudiants qui, souvent, accusent un retard de plus de deux ans, ce
qui rend difficile leur adaptation au programme et a comme autre
résultat de les retrouver souvent, et, je pense, à tort, dans
bien des cas, dans les classes allégées.
Je sais que ce rapport est sorti je ne l'ai pas vu, je ne sais
pas quelle valeur il a mais je pense que cela vaudrait la peine qu'on en
prenne connaissance. J'ai demandé qu'on me l'envoie, étant
donné que je l'avais demandé. Je pense qu'on l'a étendu
à l'étude des problèmes d'adaptation pédagogique
non seulement des Haïtiens, finalement, mais des autres groupes des
classes d'accueil.
M. le Président je pense que je ne l'aborderai pas, parce
que ce sera trop long...
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas vous priver de votre
droit d'obtenir tous les renseignements que vous voulez.
Formation sociale et personnelle
Mme Lavoie-Roux: On va se rendre en septembre prochain.
Je ne veux pas toucher au plan de développement de
l'éducation chrétienne que vous avez touché. Pourrait-on
très brièvement me dire où en est rendu le
ministère sur sa réflexion ou sa méditation au sujet du
programme de l'éducation sexuelle qui devrait éventuellement
être offert dans les écoles? Je ne voudrais pas non plus provoquer
une autre discussion. Je pense qu'on discuterait peut-être moins
d'avortement si on se préoccupait davantage de cette question dans les
écoles.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons
déjà à notre disposition un programme approuvé par
le comité catholique, qui est disponible pour les commissions scolaires
qui désirent s'en prévaloir. Ce document est intitulé:
"Éléments d'un programme pour les écoles catholiques des
niveaux élémentaire et secondaire". Il est codé 16-2702,
daté de juin 1976 et a donné lieu jusqu'à maintenant
à deux interventions dans le milieu:
Premièrement, à la Commission scolaire
Honoré-Mercier, à Saint-Jean-sur-le-Richelieu, seize
écoles élémentaires regroupant 1500 élèves
dont l'âge varie de dix à treize ans, sont l'objet d'une
expérience, grâce à ces éléments de
programme. Il s'agit de sensibiliser le milieu, de donner un cours audiovisuel
aux élèves, suivi de discussions et suivi de cours auprès
des parents également. Les objectifs de cette première
intervention sont de favoriser le dialogue entre parents et enfants, de
corriger et de compléter l'information qui, souvent, est fort lacunaire,
d'obtenir une certaine maîtrise de soi, une alimentation plus saine et
aussi, de façon très concrète, de prévenir les
grossesses prématurées.
Deuxièmement, la Commission scolaire régionale de
l'Estrie, à Sherbrooke, nous a fait parvenir une demande en août
1976. La DGDP a alors décidé d'un plan de développement
régional en éducation sexuelle destiné aux niveaux
élémentaire et secondaire. Au niveau de l'école, le
travail va commencer en septembre prochain.
Voilà les renseignements que je puis mettre à votre
disposition.
Mme Lavoie-Roux: Au sujet de l'arrêt qui avait
été fait des cours de formation sociale et personnelle, je pense
que c'était peut-être le comité catholique qui était
intervenu pour dire qu'on devait s'en tenir aux expériences pilotes qui,
à ce moment, avaient lieu dans la région de Granby et à
Montréal, là-dessus, la restriction est-elle levée? D'une
façon générale, les commissions scolaires sont-elles
habilitées à pouvoir offrir à leurs élèves
des cours de formation sociale et personnelle, qui incluent la dimension
"éducation sexuelle"?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, pour le programme de
formation personnelle et sociale l'expérimentation continue, à la
Commission scolaire de Granby et à la CECM. Compte tenu que le
comité catholique approuve la partie du contenu du programme portant sur
l'éducation sexuelle, laquelle n'est pas imposée aux commissions
scolaires.
C'est leur libre choix, compte tenu de cette approbation du
comité catholique, de l'utiliser ou non. Maintenant, le comité
catholique a accepté que le ministère poursuive
l'expérience du cours de formation personnelle et sociale en incluant
les autres éléments de ce cours. Il faut dire que tout le contenu
de ce cours n'est pas encore terminé. En fait, à Granby, on a
cessé toute augmentation en 1976. À ce moment, les raisons
données étaient la surcharge des professeurs et surtout le manque
de ressources humaines et financières. L'interdit du comité
catholique, étant levé, c'est pour d'au-
tres raisons que cela ne s'est pas continué. Mais les travaux ont
continué dans ces commissions scolaires avec les responsables au
ministère sans pour autant que des cours soient donnés.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, quelles sont vos intentions
justement à l'égard de ce cours de formation sociale et
personnelle? On vient de mentionner que la commission scolaire de Granby, pour
des raisons de manque de ressources financières ou humaines, au lieu
d'augmenter, semble aller en diminuant, d'après ce que j'ai compris.
Quelle importance faut-il y accorder dans l'ensemble du programme de formation
des élèves de niveau élémentaire? Je pense qu'on
semble même reculer plutôt qu'avancer.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je puis affirmer
à Mme le député de L'Acadie que j'attache personnellement
la plus grande importance à ces expériences. Compte tenu de
l'évolution sociale du milieu, il est essentiel que les enfants, de plus
en plus, se voient équipés très tôt de tous les
renseignements nécessaires dans ce domaine, dans une perspective,
évidemment, de formation personnelle et sociale. J'ajouterai que la
réaction de chaque milieu est importante, nous devons en tenir compte.
Nous ne pouvons pas imposer des programmes qui seraient tellement
contestés dans le milieu qu'on retarderait ces apprentissages de
plusieurs années. Heureusement, je constate que, dans le cas de Granby,
confrontés à ce que sera la nouvelle version du programme et du
guide, les enseignants ont manifesté un intérêt
renouvelé pour la chose et le responsable a même demandé de
l'expérimenter dès septembre 1977, ce que, malheureusement, nous
ne pourrons peut-être pas concéder pour les raisons qui ont
été mentionnées plus tôt. Dans les autres
commissions scolaires, une seule école a demandé de rencontrer
les responsables du ministère, mais plusieurs commissions ont
demandé des renseignements à ce sujet. S'il y a des observations
à faire, ce seraient les suivantes: dans l'ensemble, on projette de
confier cette responsabilité aux professionnels non enseignants et, dans
cette optique, plusieurs écoles font l'expérience du document
dont j'ai parlé tout à l'heure, codé 16-2702,
éliminant ainsi la tâche des rapports à établir avec
le ministère, comme le document l'indiquait. Il semble que le milieu
percevait tout cela comme constituant un appareil trop lourd. De l'ensemble des
expériences et des demandes semble se dégager le constat suivant:
deux sentiments dominent le milieu scolaire au sujet de ce programme, soit,
l'embarras, évidemment, de devoir accomplir une tâche difficile
et, deuxièmement, la lourdeur d'un programme qu'il faut ajouter à
l'horaire par-dessus tout ce qu'on doit déjà enseigner.
Il en résulte également des propositions et je pense qu'il
est réaliste de croire qu'une bonne méthode et des instruments
appropriés peuvent rendre la tâche plus facile, moins lourde voire
même enthousiaste. La critique proposée par des maîtres de
la pédagogie, dans le nouveau développement du programme, nous
permet de penser que cette affirmation est valable. Voilà le point
où nous en sommes.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord avec vous
que cela ne s'impose pas au milieu, mais est-ce que vous songez, par exemple,
à utiliser les agents de développement pédagogique pour
fournir des ressources aux milieux qui en exprimeraient le désir, de la
même façon qu'on le fait pour les milieux
défavorisés. Je comprends que le ministère ne peut arriver
d'autorité et imposer cela mais, par contre, il a peut-être une
responsabilité de sensibilisation des différents milieux.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. En 1977/78, nous allons,
effectivement, mettre quelques agents à la disposition de certaines
commissions scolaires où il y a une certaine ouverture dans ce sens. Le
ministère ne demande pas mieux que d'élargir la portée de
cet enseignement, de cet apprentissage mais, évidemment, il faut le
faire, dans ce domaine peut-être plus que dans d'autres, avec le milieu.
Il est très difficile d'imposer ce qui correspond, peut-être
à un système de valeurs... D'ailleurs, je pense que Mme le
député en est consciente, s'il est un enseignement qui touche de
près les valeurs du milieu, c'est bien celui-là.
M. Grenier: L'enseignement, qui se donnera à l'Estrie
à compter de septembre, se donnera à quel niveau? Est-ce à
tout le premier cycle du secondaire?
M. Morin (Sauvé): C'est au secondaire dans ce cas, M. le
député.
M. Grenier: Au secondaire de l'Estrie? M. Morin
(Sauvé): Oui.
M. Grenier: Combien d'heures-semaine accorde-t-on à cela?
Une autre matière est-elle soustraite à cause de cela?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, cela reste
à déterminer. C'est justement l'une des questions à
laquelle nous voulons apporter une réponse en coopération avec la
commission scolaire de l'Estrie.
M. Grenier: Si la commission scolaire régionale de
l'Estrie a fait une demande, s'est entendue pour donner ces cours, j'imagine
qu'elle a préparé, à l'avance, ses professeurs. Peut-on
savoir quelles qualifications supplémentaires ils ont sur les autres
professeurs, pour enseigner une telle matière, en plus des
expériences personnelles?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne peux pas
donner d'indications bien précises là-dessus, car nous sommes
à en débattre avec la CSRE. Je puis simplement indiquer que cela
va sans doute entraîner un besoin de perfectionnement pour certains
maîtres.
M. Grenier: Cela veut dire qu'ils sont déjà
prêts? Si on donne ces cours au mois de septembre, ces gens sont
prêts?
M. Morin (Sauvé): On nous dit que certains maîtres
sont prêts.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même indiquer que ma préoccupation dépasse la dimension
éducation sexuelle. Je pense...
M. Morin (Sauvé): La formation personnelle et sociale dont
vous nous parliez tout a l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Exact.
Deux questions très courtes. Je sais que M. le ministre a
déposé le programme de l'enseignement de l'histoire 412 pour le
secondaire IV. Je sais qu'il a l'intention d'introduire à
l'élémentaire, s'il n'y a pas déjà de
l'enseignement de l'histoire, tous ces programmes pour
l'élémentaire et les secondaire I et II, pourrait-on
déposer ceux qui sont envisagés?
M. Morin (Sauvé): Pourriez-vous répéter la
fin de votre question, Mme le député?
Mme Lavoie-Roux: Simplement, que l'on dépose pour tous les
niveaux, que ce soit à l'élémentaire, que ce soit au
début du secondaire je sais que cela a été fait
pour le secondaire IV les programmes d'enseignement de l'histoire et de
la géographie.
M. Morin (Sauvé): Les programmes qui ont cours
actuellement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Nous allons faire cela.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question très courte.
J'avais cru comprendre que le livre vert serait déposé au
mois de juin. Maintenant, c'est retardé à l'automne.
Est-ce...
M. Morin (Sauvé): Non, pas du tout, Mme le
député, je compte déposer le livre vert avant les
vacances. J'aimerais que les députés et les partenaires, dans le
domaine de l'éducation, partent avec ce livre vert sous le bras,
dès cet été, mais naturellement la discussion
elle-même ne pourra commencer qu'en septembre. Je sais que Mme le
député s'intéresse beaucoup à ce livre vert,
notamment aux objectifs du niveau primaire et il en sera largement question
dans le livre vert. Je puis l'assurer que ce livre sera orienté vers
l'avenir et que les programmes de grilles horaires qu'elle a mentionnés,
notamment, la semaine dernière, y trouveront un écho et pourront
faire l'objet de discussions, tout au long de l'automne prochain.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Qu'advient-il du plan de
développement pour l'éducation physique et le sport scolaire? Si
ceci a été discuté lorsque je n'y étais pas, je me
référerai aux notes de la commission parlementaire, mais s'il
n'en a pas été question, où en êtes-vous dans ce
plan de développement?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, il n'en a
pas été question en votre absence, donc, je consens très
volontiers à vous éclairer là-dessus.
J'avais présenté une priorité pour
l'éducation physique et le sport scolaire, mais, devant un certain
désordre qui règne entre municipalités et écoles
dans l'utilisation des équipements nécessaires, le Conseil des
ministres a demandé aux ministères concernés,
c'est-à-dire non seulement à l'Éducation, mais au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, de
même qu'au ministère des Affaires municipales, de se concerter
pour faire l'inventaire des équipements existants. Nous ne voulons pas,
et le ministre des Finances a exprimé certainement le souci de
l'ensemble du Conseil des ministres sur ce point, nous lancer dans des
programmes de construction de gymnases scolaires, alors qu'il en existe tout
près à la disposition de la municipalité. Nous ne voulons
pas, de même, que certains équipements scolaires ne soient pas
utilisés par la population dans son ensemble. Chacun est,
évidemment, jaloux de sa compétence. Les municipalités ne
veulent pas, à moins que l'Éducation ne finance l'entretien des
piscines, les mettre à la disposition du monde scolaire, de même
que le monde scolaire ne veut pas, à moins que les municipalités
ne contribuent à l'entretien des équipements sportifs, les mettre
à la disposition de la population en général.
Il y a là sans doute des comportements à
réconcilier. C'est pourquoi le Conseil des ministres, avant de se lancer
dans un programme de construction, a demandé qu'on fasse l'impossible
pour que tous les équipements existants soient utilisés au
maximum.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord sur cette approche. Elle me
semble sage, mais est-ce que je me trompe en croyant qu'il y a eu des sommes
d'annoncées dernièrement pour l'éducation physique?
M. Morin (Sauvé): De façon plus précise, Mme
le député...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...je puis vous dire que les travaux
d'élaboration d'une politique, à cet égard, continuent de
façon très active et sont même assez avancés,
notamment pour ce qui est de la formation des maîtres, du
perfectionnement des maîtres, également en ce qui concerne les
programmes et le soutien pédagogique. Autrement dit, pendant que ce
travail d'enquête et de réconciliation des équipements se
poursuit, les travaux portant plus spécifiquement sur l'aspect
pédagogique se poursuivent également, de sorte que mon espoir
serait qu'en cours d'année, on puisse aboutir à des politiques
plus rationnelles d'utilisation et
que nous puissions également aller chercher un budget
supplémentaire qui nous permettrait de procéder dès les
prochains mois à la mise en oeuvre de ces politiques.
Mme Lavoie-Roux: Présentement, dans les budgets, il
n'apparaît pas de sommes supplémentaires par rapport à l'an
dernier qui vont être affectées à l'éducation
physique ou aux sports scolaires?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas eu d'ajout... Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ...mais les sommes prévues l'an
dernier sont maintenues.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Une dernière question touchant
le scolaire, après cela, il nous restera l'équipement et la PAS.
Vous avez reçu, j'imagine du moins, le rapport du conseil scolaire de
l'île, touchant la restructuration scolaire de l'île de
Montréal.
M. Morin (Sauvé): Le tout dernier, je l'ai eu entre les
mains samedi matin, lors de ma rencontre avec le président du Conseil
scolaire de l'île de Montréal. Je suis donc à en prendre
connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, il est trop tôt pour nous
indiquer la formule que vous retiendrez comme formule de restructuration et
aussi pour dire si le gouvernement a l'intention de donner suite l'an prochain
à un projet de restructuration qui peut être selon ce que le
conseil a soumis ou selon d'autres formules.
M. Morin (Sauvé): II est beaucoup trop tôt pour ce
faire. Vous avez tout à fait raison, Mme le député. Non
seulement dois-je prendre connaissance du document considérable qui
vient de m'être remis par le conseil scolaire, mais je veux
également tenir compte des autres documents qui ont été
portés à ma connaissance et que j'ai lus, rapports minoritaires
notamment, ou rapports de synthèse qui ont été
effectués par le ministère à la demande du ministre, et
c'est après avoir pris connaissance de tout le dossier que je serai en
mesure de faire des recommandations au Conseil des ministres à ce
sujet.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, le programme du Parti
québécois met de l'avant, comme projet de restructuration, un
projet qui retient l'option des "commissions scolaires unifiées". Est-ce
que vous vous sentez lié par le programme du Parti
québécois à cet égard?
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de vous informer que des
nuances ont été apportées en commission, au cours du
congrès qui vient de se dérouler en fin de semaine.
Malheureusement, les résolutions de la commission sur ce point n'ont pu
être adoptées en plénière, puisque le temps
était trop limité. Je puis vous dire que l'objectif de l'uni-
fication est maintenu, mais il est nuancé par l'addition de dispositions
qui indiquent au ministre que le voeu du parti, à l'heure actuelle, est
de constituer des commissions scolaires qui correspondent davantage aux milieux
socio-économiques et socio-géographiques de l'île de
Montréal, dans une perspective d'unification.
Je ne suis pas prêt, ce matin, à annoncer quelque politique
que ce soit, mais je puis vous dire que je m'inscris sans difficulté
dans le sens des recommandations de la commission. J'estime, en effet, qu'on
doit, à terme, songer éventuellement à une unification,
lorsque le milieu sera plus disposé à l'accueillir. Mais qu'il y
a des étapes à franchir avant d'en venir là, et l'une des
étapes, c'est non seulement de créer des commissions scolaires de
proportions plus humaines dans l'île de Montréal, mais c'est
également de mettre en oeuvre cette autre partie de notre programme, qui
consiste à inscrire davantage l'école dans le milieu et à
faire en sorte que l'école soit plus autonome et reflète mieux
les besoins et les aspirations de chaque milieu dans lequel elle vit.
Ce sont là, à mon avis, des étapes
préliminaires. Je ne voudrais pas centraliser toute l'île de
Montréal sans avoir, au préalable, fait en sorte que
l'école de quartier reflète vraiment les aspirations du milieu
dans lequel elle s'inscrit. Autrement dit, je veux éviter une
centralisation qui ne serait pas précédée d'un vaste
mouvement de décentralisation et d'autonomie de chaque école.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Moi, je retiens de ce que vient de dire le
ministre il pourra être en désaccord avec moi si je
l'interprète mal qu'il semble y avoir une préoccupation
autre que de continuer de jouer avec des structures, et même si, à
long terme, ça pourrait évoluer vers une nouvelle structure,
parce que je pense que, compte tenu des débats qui entourent ce
problème de restructuration scolaire de l'île de Montréal
et qui, d'ailleurs, transpire dans le peu de consensus qu'on y retrouve, il
semble bien que, pour un temps, il faudrait peut-être, au lieu de
continuer ces débats interminables, mettre l'accent vraiment sur des
problèmes d'école, sur des problèmes de service et
s'écarter peut-être un peu de la préoccupation... continuer
de jouer avec les structures d'une façon qui n'en finit plus, ça
fait quinze ans. J'exagère; ça fait au moins dix ans.
M. Morin (Sauvé): Je puis, dans une certaine mesure,
être d'accord avec Mme le député que les structures en
elles-mêmes, ne règlent pas tous les problèmes, au
contraire. C'est pour cela que nous voulons que l'école reprenne une
place plus importante dans le système, et c'est une autre
résolution adoptée en fin de semaine, d'ailleurs, qui met
l'accent sur la décentralisation pédagogique et la
décentralisation en ce qui concerne la gestion.
Puis-je ajouter simplement à cela que je suis très
soucieux de donner au milieu le leadership nécessaire pour l'amener
à évoluer, tout en évitant de faire violence au milieu par
le moyen des structures?
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci, M. le ministre. M. le
Président, je voudrais qu'on aborde l'équipement. J'ai deux
questions. Si vous pouvez y répondre, cela peut aller assez
rapidement.
M. Morin (Sauvé): Sur le plan de l'équipement...
Oui?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est D-20 ou D-22. Il y a une
question d'ordre général qui peut peut-être permettre
d'éviter un grand nombre de sous-questions.
Comment entendez-vous établir les priorités pour
l'ensemble du Québec quant au plan de construction, de
réaménagement d'écoles ou simplement de remplacement
d'équipements qui sont devenus trop vieux? Envisagez-vous un plan
d'ensemble pour la province et quels sont les critères que vous
utiliserez pour établir vos priorités?
M. Morin (Sauvé): Nous avons de tels besoins de
places-élèves dans le réseau, en ce moment, que nos
priorités vont à la construction d'équipements
répondant à ces besoins. Je le dis à regret. Nous ne
pouvons pas, pour l'immédiat, songer à nous attaquer, en
priorité du moins, au problème de la vétusté de
certains équipements. Il y a trop d'enfants qui n'ont pas encore leur
place dans l'école, et Mme le député est bien
placée pour le savoir puisque la CECM, c'est un problème qui se
fait jour sur plusieurs territoires qui en relèvent. Nous devons
envisager d'abord et avant tout de loger les enfants, par exemple dans les
quartiers neufs qui sont en pleine expansion alors que, bien sûr, dans
les milieux situés dans le centre des villes, on assiste au
phénomène du vieillissement des équipements, mais aussi,
souvent, au phénomène de la fermeture de ces
équipements.
Mme Lavoie-Roux: Si je crois comprendre, votre priorité
sera accordée pour l'ensemble du territoire du Québec à la
création de places-élèves, là où il y a des
élèves et où il n'y a pas d'école.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Vous semblez dire qu'il y a tellement besoin de
places-élèves nouvelles, en fait...
M. Morin (Sauvé): ... par rapport aux moyens dont nous
disposons.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Pourriez-vous nous dire j'en connais
une dans la région de Montréal, mais à part cela...
où se situent les autres, compte tenu que la population diminue
considérablement? Est-ce simplement un effet de la migration des
populations ou...?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, il y a des milieux en
croissance rapide. Prenons le nord de Montréal, Terrebonne, la rive sud
de Montréal, le coin de Mille-Îles, ici, à Québec,
la région Sainte-Foy-Cap-Rouge, en fait, tous les nouveaux quartiers
résidentiels dans le développement urbain font en sorte qu'on
doit répondre en priorité aux places-élèves au
niveau élémentaire. Déjà, cela constitue une bonne
assiette financière, compte tenu des coûts élevés de
construction à l'heure actuelle. Ceci constitue une bonne part des
montants nécessaires.
D'un autre côté, il y a aussi la nécessité de
terminer ce qui est engagé depuis quelques années, soit la
construction des places polyvalentes au niveau secondaire, de
l'Opération dite 55; tout en étant quand même de taille
réduite, il reste encore quelques écoles secondaires à
aménager en termes d'enseignement polyvalent. C'est ce qui constitue les
deux pôles principaux pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: Et les équipements sportifs viendraient
en troisième lieu après que le...
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement. Les
équipements sportifs, d'ailleurs, feront l'objet d'une concertation
entre plusieurs ministères.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des demandes faites. Je pense que
c'est un vieux problème qui était d'ailleurs soulevé l'an
dernier par un membre du parti de l'Opposition qui fait maintenant partie du
parti ministériel au sujet de la CECQ dont les membres, à un
moment donné de leur histoire, se sont dit: Nous ne voulons pas des
équipements polyvalents partout, on préférerait des
formules mixtes, en ce sens que, peut-être dans certains endroits, il
nous faut des écoles polyvalentes, dans d'autres, on
préfère conserver des écoles "traditionnelles". Je ne suis
pas certaine que, dans tous ces échanges, la CECQ n'ait pas
été finalement pénalisée dans la mise en place des
équipements dont elle avait besoin pour les enfants n'a pas
été faite, même si les sommes qu'elle demandait devaient
être inférieures, peut-être, à ce que d'autres
commissions scolaires demandaient. Où en êtes-vous dans
l'étude du dossier des immobilisations à la CECQ?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, la CECQ a
déposé, comme vous le savez, l'an dernier, son plan
d'aménagement des écoles secondaires sur le territoire à
la suite de travaux publics, de rapports qui ont été publics
à l'époque et que les parents avaient d'abord refusé, ce
qui a fait l'objet d'une nouvelle étude qui, finalement, a fait
l'unanimité sur le territoire. On demandait l'aménagement d'un
réseau polyvalent plutôt que de constituer des écoles
polyvalentes. Effectivement, au début de l'année 1976, nous avons
accepté en principe la constitution d'un tel réseau polyvalent
d'écoles, et, de mémoire, ceci constituait une économie de
$10 millions par rapport à une demande originale d'écoles
polyvalentes qui aurait coûté $20 millions. Cela réduisait
la demande de la CECQ à $10 millions. Le plan étant
accepté en principe, il reste à déterminer à quel
moment on va pouvoir commencer l'aménagement de ces différentes
écoles selon ce plan. Ce n'est pas prévu dans le budget actuel de
1977/78, mais il va falloir voir
dans le temps à quel moment on va commencer le travail.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire que, même si la CECQ a
déjà été pénalisée dans le
passé, quel que soit celui qui en a la responsabilité, elle doit
encore attendre, en dépit du fait que ses demandes par rapport à
celles d'autres commissions sont plus modestes.
M. Morin (Sauvé): Tout ce que je peux dire, c'est que tous
les enfants du territoire de la CECQ sont dans des classes. Ils ont une
place-élève, ils ont un toit. Ce n'est pas un réseau de
qualité comme si on avait construit des écoles neuves, bien
sûr. Il y a des regroupements à faire. De là à dire
qu'ils sont pénalisés, je n'oserais pas le faire dans ce
sens-là. Pour avoir un meilleur réseau, il faudrait faire les
investissements dont je vous ai parlé.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, vous avez reçu, de la
part du Conseil scolaire de l'île de Montréal, une demande pour un
budget d'immobilisation dont j'ignore le montant.
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions nous ne faisons
pas de cachette déposer le document qui nous est parvenu du
Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Oui, pour l'ensemble du...
M. Morin (Sauvé): Je dois vous dire cependant que M. le
président du conseil m'a promis un document plus précis que celui
qu'il m'a remis il y a quelques semaines, lequel ne contenait pas la
hiérarchie des besoins que je lui avais demandée, mais seulement
cinq grandes catégories au sein desquelles il m'appartenait,
semble-t-il, de faire des choix. Or, j'avais demandé
spécifiquement au conseil, lors d'une rencontre antérieure, de me
donner une liste précise, dans l'ordre des priorités, des
équipements requis dans l'île de Montréal. Tout ce dont je
puis faire état pour l'instant, puisque je n'ai pas reçu le
nouveau document de la CECM peut-être a-t-il été
adopté hier soir; c'est possible, mais je n'ai pas encore sous les yeux
c'est de ces cinq catégories. Si vous le voulez, je pourrai
même vous faire parvenir un exemplaire de ce document.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Est-ce qu'elles correspondent, quand
même, aux priorités que le ministère a établies, des
écoles nouvelles là où il n'y a pas de
place-élève, mise à la disposition des
élèves d'équipement pour l'enseignement professionnel,
etc...
M. Morin (Sauvé): En gros, si je considère la
première catégorie en particulier si vous voulez
m'attendre un instant, je vais la retrouver voici les critères
qui ont été retenus par le Conseil scolaire dans le dernier
document qu'il m'a remis. Premièrement, les projets qui créent
des places-élèves jugés indispensables ou qui remplacent
des édifices loués ou des unités
préfabriquées qui devraient, sans projet de construction,
demeurer en place à long terme. Dans cette première
catégorie, ce sont donc vraiment des équipements dont la
construction est urgente. Deuxièmement, les projets qui remplacent des
édifices jugés désuets. Troisièmement, les
agrandissements ou réaménagements nécessaires en vue de
donner des services d'enseignement professionnel dans un milieu où ces
services sont inexistants. Quatrièmement, agrandissements ou
réaménagements nécessaires pour donner des services
pédagogiques ou parapédagogiques et enfin, cinquièmement,
les agrandissements ou réaménagements en vue de donner des
services sportifs.
Dans la première catégorie figurent, par exemple, les
projets suivants, sans qu'il y ait cependant, je tiens à le
répéter, priorité indiquée par le conseil scolaire,
jusqu'à nouvel ordre du moins: CECM, école à
Rivière-des-Prairies pour le premier cycle de
l'élémentaire; CECM, école à
Rivière-des-Prairies pour le niveau secondaire; Commission scolaire
Jérôme-LeRoyer, école polyvalente destinée aux
anglophones, deuxième cycle; Commission scolaire Baldwin-Cartier,
école primaire dans le secteur nord; Commission scolaire Lakeshore,
école Mount Pleasant et enfin, CECM, école à
Rivière-des-Prairies, pour le second cycle du primaire.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, M. le ministre, de mettre
toutes ces informations à notre disposition. Si vous voulez m'envoyer le
dossier je l'examinerai, mais voici les questions plus précises que je
veux vous poser... une fois que le conseil scolaire de l'île vous aura
envoyé ce nouveau document que vous lui avez demandé et qui tient
compte probablement des priorités du ministère, est-ce
qu'à ce moment-là, vous laisserez le conseil scolaire juge des
priorités qu'il aura établies? C'est ma première question,
et la deuxième question: est-ce qu'on va encore une fois accorder, ou
peut-être que cela a déjà été fait, un budget
global d'immobilisation sans obliger le conseil à reprendre le processus
d'approbation pour chaque projet? Ce n'est pas un reproche que je fais au
gouvernement actuel mais au précédent, il faudrait éviter
le fameux processus de faire réadopter "ad infinitum" chacun des projets
en particulier.
M. Morin (Sauvé): Mme le député sait que la
loi me fait une obligation de scruter les projets de construction
émanant de l'ensemble du Québec, et bien que j'aie
demandé, dans un esprit de décentralisation, au Conseil scolaire
de me faire parvenir ses priorités, je n'en puis, pour autant, abdiquer
mon propre jugement sur la question. Dans toute la mesure du possible, je puis
vous assurer que je tiendrai compte des priorités que m'indiqueront les
instances décentralisées, en l'occurrence le Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Nous ne l'avons pas créé pour
rien, nous l'avons créé pour qu'il prenne ses
responsabilités, parce qu'il est plus près des besoins du milieu.
Ma tendance, je ne m'en cacherai pas, c'est d'approuver ce qu'il me soumettra.
Néanmoins, l'état des finances est
tel au Québec à l'heure actuelle que le Conseil du
trésor entend scruter chaque projet pour s'assurer que les montants sont
parfaitement justifiés. De sorte que ces projets seront
étudiés de très près et pour nous, avoir l'opinion
du Conseil scolaire sur les priorités dans ce domaine, ce sera
précieux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la question que je veux
poser, exactement, au ministre est celle-ci: Je suis tout à fait
d'accord que le ministère établisse un ordre de priorités
pour l'ensemble de la province. Là-dessus, vous avez ma totale
collaboration. Pour ces critères, que vous demandiez aux gens qu'ils en
tiennent compte quand ils établissent leurs priorités, si ce sont
des critères logiques, je suis également d'accord. Mais, une fois
que les instances locales se sont soumises à ceci que vous avez tenu
compte du pouvoir d'emprunt général de la province quant aux
sommes qu'on peut affecter tel ou tel montant à des constructions, du
réaménagement ou peu importe, à ce moment-là,
peut-on m'expliquer pourquoi on n'accepterait pas les priorités qui sont
indiquées par les instances locales?
On parle du conseil de l'île de Montréal, on pourrait
parler de Québec, on pourrait parler des plus grands ensembles
scolaires; là où il n'y a qu'une école, c'est
différent. Est-ce qu'on ne pourrait pas, à ce moment-là,
respecter les priorités qui sont établies par les élus de
ces instances locales, une fois qu'ils se sont soumis à ces autres
critères?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je puis
vous dire que c'est dans l'esprit que vous venez d'indiquer que j'ai
demandé au Conseil scolaire de me faire parvenir des priorités
précises. Dans toute la mesure du possible, je vais m'en tenir à
ce que pense l'instance décentralisée.
Je ne puis, cependant, abdiquer les responsabilités que la loi
fait peser sur moi et je ne puis me contenter, aux yeux de la Loi de
l'administration financière, d'adopter des montants globaux. La Loi de
l'administration financière m'oblige à justifier chaque projet.
Je serai donc obligé de me pencher sur chacun d'entre eux. Mais je puis
vous assurer que le plus grand égard sera accordé à
l'opinion de l'instance décentralisée.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Une seule autre question. Je vois, en
page D-22, qu'une de vos orientations pour 1977/78, est de compléter
l'inventaire des immeubles. J'ai l'impression que c'est un processus qui est en
marche depuis plusieurs années, je me demande même si vous n'avez
pas eu du personnel de Montréal pour vous appuyer dans cette
démarche. Où en êtes-vous rendu?
M. Morin (Sauvé): II y a deux étapes. Il y a
d'abord l'inventaire physique des immeubles qui a été fait
à quelques reprises, comme vous l'indiquez, depuis déjà
quelques années et qui est mis à jour assez
régulièrement.
Ce qui est mentionné ici, avec peut-être pas suffisamment
de précision, c'est de compléter un inventaire d'utilisation des
immeubles, compte tenu qu'un plan d'équipement un peu plus rationnel
pour l'ensemble du territoire suppose qu'on connaît l'utilisation qui est
faite des équipements sur le territoire. Nous avons un peu plus de
difficulté à mettre au point la technique d'un inventaire qui ne
serait pas trop lourd, comme technique, pour que les commissions scolaires nous
fournissent un inventaire d'utilisation des équipements.
Mme Lavoie-Roux: Un dernier problème que je voudrais
apporter au sujet de l'équipement, c'est la question des normes qui sont
établies pour le matériel pédagogique, par le
ministère. D'après mon expérience et je peux me
tromper, je l'admettrai facilement j'ai souvent eu l'impression que ces
normes, souvent, allaient peut-être au-delà des besoins
pédagogiques des étudiants, pas nécessairement quant au
nombre, je pense que c'est quand même rationalisé, mais quant
à la qualité de certains équipements et de certaines
ressources.
Est-ce qu'on révise ceci régulièrement? Par
exemple, on le fait, je le sais, en concertation avec les animateurs
pédagogiques ou les coordonnateurs pédagogiques qui, bien
humainement et normalement, souhaitent toujours la meilleure qualité
possible de matériel. Je ne sais pas jusqu'à quel point ceci est
toujours justifié et jusqu'à quel point cela ne vient pas un peu
limiter les ressources financières qui pourraient peut-être
être utilisées à meilleur escient. Les coordonnateurs de
pédagogie n'apprécieront pas ce que je dis, mais c'est quand
même une réalité qu'il faudrait peut-être examiner de
plus près.
M. Morin (Sauvé): Régulièrement, il y a des
révisions de normes de certains équipements qui sont faites. Je
voudrais indiquer cependant que l'ensemble de la normalisation des
équipements existe en termes d'indications et que la commission
scolaire, à travers une panoplie d'équipements existants pour
telle fin pédagogique, doit déterminer son choix et
déterminer elle-même aussi la qualité. L'objectif de la
normalisation dans ce cas-là, c'est d'indiquer ce qui est sur le
marché et qui peut répondre à des objectifs précis,
avec leurs valeurs correspondantes, mais il reste que la commission scolaire
peut fort bien déterminer d'autres aménagements et respecter
quand même la normalisation qui est faite.
Cependant, vous avez raison de dire qu'entre eux, les gens, les
spécialistes, lorsqu'ils examinent une question cherchent toujours quand
même à mettre en exergue le meilleur produit et ce n'est
peut-être pas toujours... Vous avez raison là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous que la commission
doit exercer son propre jugement, mais les normes du ministère ont une
forte valeur d'indication. Vous savez, on dit: Le ministère le permet.
C'est retenu. C'est dans ce sens, mais, enfin, peut-être que la
suggestion que j'apporte n'est pas fondée, mais je la fais pour ce
qu'elle vaut.
Avez-vous des questions maintenant, M. Le Moignan, sur les écoles
publiques?
M. Le Moignan: Non, je n'ai rien sur les équipements.
D'ailleurs, j'en ai trop manqué ce matin.
Mme Lavoie-Roux: J'ai simplement un mot sur la PAS.
M. Morin (Sauvé): Oui, allons-y, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'après cela, on va...
M. Morin (Sauvé): Vous pensez en particulier au
problème de l'encadrement, je pense?
Mme Lavoie-Roux: Oui, qu'est-ce que c'est? Il semble que vous
soyez un peu à réviser la politique administrative et salariale
du point de vue d'une certaine flexibilité, des besoins
d'encadrement...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... pour répondre aux besoins
particuliers des différents milieux. Il y a également, je pense,
une procédure d'appel qui doit être introduite ou qui est
peut-être déjà introduite pour les cadres. Enfin, c'est sur
ces différents points que je voudrais savoir où en est rendue
votre réflexion.
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président,
effectivement, nous sommes à revoir systématiquement, avec les
intéressés, l'ensemble de la PAS, parce que vous savez que cela
recouvre plusieurs catégories de fonctionnaires des commissions
scolaires, non seulement les cadres, mais les principaux, les directeurs
d'écoles, les directeurs généraux des commissions
scolaires, et je dois dire que, bien qu'ils aient en commun certains
problèmes, notamment au niveau de la sécurité d'emploi,
les solutions varient d'une catégorie de cadres à l'autre.
Je puis vous donner quelques détails, notamment, si vous voulez,
au sujet de l'encadrement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... puisque c'est votre principale
préoccupation. Nous avons constaté que les règles
actuelles ne suffisent pas. C'est un fait. On nous l'a dit sur tous les tons,
dans l'ensemble du réseau et je pense en particulier, naturellement, au
niveau secondaire. On nous réclame, par exemple, des principaux
adjoints. Les principaux nous font valoir qu'ils sont débordés
et, effectivement, surtout dans une perspective de décentralisation
comme celle que nous envisageons de mettre en oeuvre au cours des années
qui viennent, les principaux vont devenir véritablement les
charnières du système. Si l'école devient vraiment plus
autonome qu'elle ne l'est, à l'intérieur naturel- lement des
normes générales de la loi et du ministère, ils vont avoir
besoin d'aide, et surtout au niveau secondaire, bien que le problème se
présente aussi au niveau primaire, dans plusieurs cas.
La politique vers laquelle nous nous orientons et qui a fait l'objet
d'expériences dans certaines commissions scolaires, c'est celle des
cellules-communautés ou des cellules-foyers.
J'entends par là que nous entendons favoriser le fractionnement
des grandes écoles polyvalentes en sous-écoles, ou en
communautés plus restreintes de 500 ou 600 élèves
encadrés par des professeurs réunis, non plus dans une
perspective de regroupement par matière, mais plutôt dans une
perspective multidisciplinaire. C'est ainsi, par exemple, que, dans une
commission scolaire que j'ai à l'esprit et que j'ai pu fréquenter
quelque peu, on a créé des groupes de 500 à 600
élèves encadrés par une vingtaine de professeurs et un
responsable.
Ces expériences nous paraissent assez concluantes d'autant qu'il
s'en est fait également, je crois, à la CECM, alors que vous en
étiez la présidente. Nous pensons que ces expériences
doivent être élargies, étendues. Surtout que,
d'après la convention collective, la commission scolaire peut
désormais nommer soit des chefs de groupes, c'est-à-dire un
encadrement à partir d'enseignants ou encore utiliser le même
argent pour nommer ce qu'on appelle des PA 1 ou des PA 2, c'est-à-dire
des adjoints à deux niveaux, lesquels constituent d'ailleurs des postes
de cadre.
Nous avons donc tenté d'insuffler dans la PAS une certaine
souplesse qui permette aux commissions scolaires d'utiliser l'une ou l'autre
formule selon ce qu'elles croient le plus opportun, le plus utile pour
affronter leurs problèmes spécifiques. J'ajouterai simplement, en
terminant: ces projets que, pour ma part, j'estime très prometteurs, et
que j'entends encourager requièrent évidemment des fonds
additionnels, qui pourraient aller chercher certainement des centaines de
milliers de dollars, si ce n'est même quelques millions. Et nous sommes
obligés de tenir compte du coût, dans la mise en place de ces
dispositifs.
Mme Lavoie-Roux: En ce qui concerne le personnel de cadre des
commissions scolaires, qu'envisagez-vous?
M. Morin (Sauvé): Alors là, vous faites surtout
allusion à la sécurité d'emploi?
Mme Lavoie-Roux: Les effectifs d'abord. Prévoyez-vous
laisser une marge de manoeuvre aux commissions scolaires quant aux effectifs
qu'elles peuvent engager? Il y a aussi c'est une autre dimension
la question de la sécurité des cadres.
M. Morin (Sauvé): Nous nous orientons, à l'heure
actuelle, vers des solutions que je qualifierais de subtiles. Après
consultation du milieu, d'ailleurs. Parce que nous faisons tout cela en liaison
étroite avec les principaux agents de l'éduca-
tion. C'est pourquoi j'ai proposé, à la suite de ces
délibérations, une double politique administrative et salariale,
en ce sens que la première partie serait obligatoire et ferait l'objet
d'un décret du gouvernement, ce qu'on appelle un arrêté en
conseil, tandis que la deuxième partie serait facultative bien que, si
ma mémoire est bonne, la commission scolaire doive se prononcer sur
cette partie facultative et l'adopter par une résolution expresse.
Dans la première partie, dite obligatoire, et qui ferait l'objet
du décret, on trouverait les règles de sécurité
d'emploi et de droits de recours, de même que ce qu'on pourrait appeler
les règles d'effectifs et de rémunération, tandis que,
dans la deuxième partie non obligatoire, on trouverait le reste des
préoccupations qui intéressent les cadres et l'affectation
particulière de l'effectif.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si je comprends bien, vous
détermineriez l'affectation de l'effectif, la rémunération
pour toutes les commissions scolaires, et une latitude leur serait
laissée quant à l'affectation de ces cadres. Le deuxième
point était...
M. Morin (Sauvé): Surtout l'affectation, le
perfectionnement, la sélection, l'engagement, toute la partie dite
normative. Mais c'est un effectif global qui serait obligatoire dans la
première partie.
Mme Lavoie-Roux: Dans cette optique, M. le ministre, est-ce que
je comprends bien que les commissions scolaires elles-mêmes auraient peu
de marge de manoeuvre? C'est-à-dire que le cadre serait identique pour
toutes les commissions scolaires, puisqu'il s'agit d'un décret qui
tiendrait compte en particulier des effectifs. Serait-ce
déterminé à l'avance pour l'ensemble des commissions
scolaires? C'est ce que je crois saisir de votre double façon de
voir.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr, compte tenu de la
taille de chaque commission scolaire. Si je puis vous apporter quelques
détails sur la façon dont nous allons procéder, nous
voulons, j'en ai informé les commissions scolaires et les
régionales, nous voulons, en ce qui concerne le personnel de cadre et de
gérance, établir une distinction entre les éléments
obligatoires et les éléments indicatifs. J'utilise ce vocabulaire
à dessein parce que c'est celui que nous utilisons dans le
réseau. Je pourrais peut-être vous donner plus de renseignements
encore, mais tout n'est pas absolument réglé. Il y a des aspects
de cette politique qui sont encore à l'état de discussion, non
seulement avec les cadres et le personnel de gérance, mais avec les
directeurs généraux et les directeurs généraux
adjoints des commissions scolaires. Donc, je ne veux pas m'aventurer trop dans
les détails à ce stade-ci. Je vous donne, si vous voulez bien, le
cadre général dans lequel nous entendons fonctionner, d'un commun
accord avec eux, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi. Il est une heure.
Mme Lavoie-Roux: II ne me resterait que deux minutes si...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Deux
minutes?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
adopter le bloc un?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on adopte le bloc un. Écoutez...
M. Morin (Sauvé): Moi, j'y consens. De consentement
unanime, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Deux
minutes, de consentement unanime.
Mme Lavoie-Roux: La seule chose que je veux souligner au
ministre, c'est qu'il semble bien qu'on retienne toujours la formule de
l'effectif basé sur le per capita d'élèves, et dans un
esprit de décentralisation et d'adaptation au milieu, on ne laisse
aucune marge de manoeuvre. Si on sent le besoin d'en avoir plus, on va vers la
surtaxe. Et tout cela me...
M. Morin (Sauvé): Je vous arrête un instant, Mme le
député, j'ai quand même indiqué tout à
l'heure la souplesse que nous donnait la convention collective, qui est,
à mon sens, un progrès, puisqu'on peut opter entre deux formules
en ce qui concerne les chefs de groupe ou les PA 1 et les PA 2. C'est un
assouplissement réel. Pour le reste, le ministère, dans la
perspective où nous nous situons, à l'heure actuelle, a des
responsabilités financières contraignantes qui font que et
d'ailleurs nous avons aussi des responsabilités devant ces personnels
qui sont très présents... Vous savez que c'est un effectif
très structuré qui fait valoir auprès du ministre, et de
façon très suivie, des revendications, notamment en ce qui a
trait à la sécurité d'emploi et aux droits de recours en
cas de congédiements. Le ministère a des responsabilités
que je considère assez directes envers ces personnels.
Mme Lavoie-Roux: II reste que je continue d'avoir des
préoccupations quant à la décentralisation qui est faite
dans ce sens. La question que je veux vous poser est au sujet du droit d'appel
ou du droit de recours que ces personnes réclament et qui me semble tout
à fait légitime. Êtes-vous assez avancé, dans les
mécanismes que vous voulez mettre en place, pour protéger ce
personnel?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai fait
parvenir aux commissions scolaires, le 13 mai, un ensemble de modifications
à la politique administra-
tive et salariale du personnel de cadre et du personnel de
gérance, de même que des directeurs généraux et
directeurs généraux adjoints. Dans ces documents, qui remplacent
et annulent certaines règles précédentes, il y a un
chapitre, le chapitre II, qui couvre plusieurs pages et qui est
intitulé: Le recours et le droit d'appel. Le contenu de ce recours, de
ce droit d'appel est défini comme suit. Il traite des principes et des
mécanismes de règlements relatifs aux problèmes pouvant
survenir, entre les cadres, les gérants et les commissions, quant
à l'interprétation et l'application de l'ensemble de la politique
administrative et salariale. Il y a dans ce document, également, des
sous-chapitres intitulés: L'organisation administrative, le
comité consultatif local, le comité de recours régional
puisque nous avons un dispositif de cette nature qui constitue un
recours spécifique, dans les cas de non-réengagement, de
résiliation d'engagement et de congédiement et, enfin, un
comité d'appel. Avec le chapitre consacré aux délais, cela
couvre huit pages.
Mme Lavoie-Roux: Puisque ce document a été
envoyé aux commissions scolaires, le ministre pourrait-il déposer
ce document?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, j'y consens
volontiers. Je puis remettre à Mme le député et à
M. le député de Gaspé, dès cet après-midi,
s'ils le désirent, des exemplaires de ces instructions et, si vous le
désirez, à tous les membres de cette commission.
Mme Lavoie-Roux: Dernière question, très
concrète. Présentement, un cadre dont la sécurité
d'emploi pourrait être mise en question, par sa commission scolaire, avec
ce dispositif ou ces directives que vous avez envoyées aux commissions
scolaires, est-il protégé?
M. Morin (Sauvé): Oui, s'il s'agit de
congédiement.
Mme Lavoie-Roux: II est protégé par un droit
d'appel?
M. Morin (Sauvé): Oui, par recours et droit d'appel, et
par une forme de stabilité d'emploi aussi.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'hypothèse où il fait appel
à ce droit de recours je ne sais pas qui porte le jugement,
devant qui il va pour ce droit d'appel dans l'hypothèse où
la décision indique que cette personne doit être maintenue dans
ses fonctions ou doit être gardée à l'intérieur de
la commission, qui va payer les frais de ce personnel de la commission pour qui
cela devient une charge supplémentaire, compte tenu qu'elle a
déjà adopté un budget en ayant soustrait cette
personne?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, si
l'arbitre décide une réintégration, naturellement, la
commission scolaire devra en assumer les frais puisque le cadre est remis dans
la position ante bellum, si je peux m'exprimer ainsi.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est peut-être pas
nécessairement une guerre. Parfois cela peut être...
M. Morin (Sauvé): Je sais, mais dans un cas de
réinstallation, cela pourrait résulter d'un différend de
cette nature, par hypothèse.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Alors, ce sont les commissions scolaires
qui devront encourir les frais de cette réinstallation ou de la
réinsertion de cette personne, dans leur personnel?
M. Morin (Sauvé): Dans les cas de mises à pied, pas
pour surplus.
Mme Lavoie-Roux: Ne créez-vous pas, aux commissions
scolaires, une obligation qui devient très difficile pour elles car je
pense que dans les cas où cela se présente j'imagine que
c'est une minorité de cas où c'est la guerre c'est
davantage dans les cas où l'on doit faire des coupures de personnel. On
l'a fait pour des raisons budgétaires et, de nouveau, vous leur imposez
des obligations budgétaires.
M. Morin (Sauvé): II ne faut pas confondre, Mme le
député, entre les mesures disciplinaires et le problème de
la sécurité d'emploi qui en découle, et les règles
applicables aux effectifs. Nous ne parlons pas de la même chose.
Mme Lavoie-Roux: J'en fais deux questions différentes.
Dans le cas des mesures disciplinaires, je pense qu'ils prennent le risque de
ce qui arrive.
M. Morin (Sauvé): Si vous le permettez, dans le cas des
non-réengagements ou des congédiements, qui ont toujours un
caractère disciplinaire, il y aura un recours à un tiers arbitre
et s'il y a corroboration de la commission scolaire,
réintégration ou pénalité financière, c'est
la commission scolaire qui devra l'assumer.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est du surplus d'affectation
des cadres, ceux qui sont en surplus ont un certain nombre de garanties
d'emploi à la commission, non pas dans le poste cependant. Dans ces
cas-là, le financement est spécifique pour le surplus. Il n'est
pas pris dans l'enveloppe régulière. Par conséquent, la
commission scolaire n'est pas pénalisée.
Mme Lavoie-Roux: Bon. C'était ma question. Je vous
remercie. M. le Président je propose que les blocs un et deux soient
adoptés. Je ne sais pas si c'est a et b...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, le
programme 4 est adopté.
M. Morin (Sauvé): Vous êtes trop aimable,
madame.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Élément un du programme 2, adopté. Alors, les travaux de
la commission sont ajournés jusqu'au prochain ordre de la Chambre,
c'est-à-dire après la période des questions, vers seize
heures.
(Ajournement de la séance à 13 h 7)
Reprise de la séance à 17 h 5
Le Président (M. Clair): À l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation.
Étant donné que la commission a siégé ce matin, je
pense qu'il n'est pas utile de répéter le nom des membres de la
commission.
Étant donné l'immunité et la grande
considération dont jouit le président, et étant
donné également que nos débats ont duré
jusqu'à maintenant 18 heures et que nous n'avons pas encore
commencé à entamer le bloc 2, je vous suggère soit,
à titre de points de référence, soit que vous m'en donniez
l'instruction, de faire respecter strictement cet ordre. Si on comptait finir
nos travaux à 23 heures ce soir, je ne dis pas que c'est moi qui vais en
décider ainsi, c'est vous qui allez en décider ainsi, et le
leader du gouvernement, mais si on compte jusqu'à 23 heures ce soir,
cela veut dire qu'il nous resterait 240 minutes de débat. Il reste six
sujets importants à discuter, ce qui voudrait dire que nous aurions 40
minutes par sujet, et ce qui pourrait être acceptable pourrait être
de répartir ces 40 minutes par sujet de la façon suivante: 20
minutes à l'Opposition officielle, 15 minutes à l'Union Nationale
et 5 minutes aux députés ministériels. Si on accepte cela
comme point de référence, je le considérerai comme point
de référence seulement. Si on accepte cela comme nous liant, je
compterai les minutes régulièrement et, quand un parti ou l'autre
aura épuisé son temps, j'en préviendrai
l'interlocuteur.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je constate que
vous pouvez compter sur l'appui du parti ministériel pour s'en tenir
à un régime comme celui-là. J'ajouterai simplement que je
serais disposé, pour en arriver à finir ce soir, à
prolonger les débats au-delà de 23 heures, si c'est
nécessaire. Je serais tout à fait disposé à finir
à minuit ou une heure, de sorte que nous aurions terminé
l'étude des crédits et que, demain, nous pourrions jouir d'une
liberté bien méritée.
Le Président (M. Clair): Est-ce que je peux comprendre, M.
le ministre, que, du côté ministériel, il n'y aurait pas
d'objection à ce que, quand les cinq minutes qui seraient
réservées aux députés ministériels seraient
terminées, au moins, je pourrais le souligner aux membres, quitte
à ce que chacun d'eux prenne ses responsabilités, ou si vous
préféreriez être liés à ce délai?
M. Morin (Sauvé): II faudrait le demander aux
députés.
M. Alfred: Vous avez l'accord le plus total, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, est-ce que nous sommes
assurés de l'appui de M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Je vais tenter de me faire le plus bref
possible.
M. Le Moignan: Ce n'est pas un reproche. Je n'ai pas d'ordre
à vous donner, mais je peux vous contrôler, comme je fais avec le
député de Papineau.
Le Président (M. Clair): Est-ce donc dire, M. le
député de Gaspé, que je peux compter également vous
souligner...
M. Le Moignan: Moi, je vais être bref.
Le Président (M. Clair): ...que vous avez terminé
vos 15 minutes quand les 15 minutes seront terminées?
M. Le Moignan: Je ne me rendrai pas à 15 minutes.
Le Président (M. Clair): Vous me permettrez quand
même de vous le souligner. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je ne veux pas prendre d'engagement de la
sorte. Tout ce que j'ai dit, je pense, ce matin en arrivant, je le
répète: Si on peut finir à 11 heures ce soir, c'est ce que
je souhaite, mais dire à ce moment-ci, avant de partir, 20 minutes sur
un, 20 minutes sur l'autre cela peut être 10 minutes sur un, ça
peut être 35 sur l'autre. Cela dépend de l'importance des sujets
et de l'intérêt qu'on y porte et, également... Je suis
prête à donner toute ma collaboration pour aller le plus vite
possible, qu'on ne retarde rien, et je pense que tout le monde a
intérêt à ce que ça finisse.
Le Président (M. Clair): À titre indicatif, Madame,
est-ce que vous accepteriez, vous également, quand vos 20 minutes seront
écoulées, que je vous le souligne, quitte à ce que vous
preniez votre décision?
Mme Lavoie-Roux: Absolument. D'ailleurs, il y a très peu
de temps où j'ai occupé 20 minutes d'affilée, je pense.
L'autre chose, c'est que je voudrais bien me rendre au désir du ministre
d'aller jusqu'à 1 heure du matin, mais je vous avouerai franchement que,
passé 11 heures, 11 heures et quart... À moins que je ne me sente
tout à fait... Je trouve que c'est tard, 11 heures le soir...
Le Président (M. Clair): Personnellement, Mme le
député, je souhaite que vous ne vous sentiez pas...
M. Morin (Sauvé): Comment dites-vous cela, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: C'est quand la loi de la pesanteur va être
modifié, ça. On va flotter.
Le Président (M. Clair): Je le soulignerai donc à
chacun des membres de la commission, lorsque je compterai le temps de la
commission, non pas le temps de l'intervention, mais le temps de la commission
réservé à chacun des interlocuteurs; je me permettrai de
le souligner, lorsque le temps sera épuisé pour chacun. Chacun
prendra ensuite sa décision personnelle.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Sur le bloc II, M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires généraux à
faire?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais donner
l'exemple et ne point faire d'exposé liminaire, attendant tout
simplement que l'Opposition et les députés ministériels me
posent des questions.
Le Président (M. Clair): Cela commence bien, M. le
ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Enseignement collégial
Mme Lavoie-Roux: Bon! Moi non plus, je n'avais pas l'intention de
faire d'exposé. Je vais plutôt me résumer à des
questions précises. Je pense que c'est la façon la plus rapide de
procéder.
D'abord, je voudrais savoir quand le ministre entend déposer son
livre blanc.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Sera-t-il soumis à une consultation?
Est-ce qu'il peut nous dire s'il retient... Je ne sais pas si
j'énumère une série de questions comme ça, est-ce
que c'est plus simple ou vous les préférez une à une. En
tout cas... Est-ce qu'il peut nous dire, à ce moment-ci, pourquoi il ne
juge pas qu'il est prêt à faire des recommandations pour
l'enseignement collégial? Il a sans doute vu comme nous, peut-être
même avant nous, les représentations que le Conseil
supérieur de l'éducation a faites et dans lesquelles on
s'inquiète qu'il n'y ait pas encore de décisions de prises quant
à l'enseignement collégial.
De là, je voudrais lui demander si on entrevoit quand même,
en dépit de tout ça, de modifier les conseils d'administration
des cégeps, de retenir la recommandation qui est contenue dans le
rapport Nadeau et peut-être dans le groupe de travail X sur la
séparation du secteur professionnel et du secteur général
à l'intérieur du collégial.
Je vais commencer avec cela et je reviendrai avec d'autres questions par
la suite.
M. Morin (Sauvé): Je suis en mesure de faire à
savoir à Mme le député de L'Acadie que le livre blanc sur
l'enseignement collégial devrait probablement être prêt pour
le mois d'octobre, en vue de le rendre public, probablement vers novembre ou
décembre.
Je ne voudrais pas lui faire part d'un échéancier
précis. Je puis, cependant, lui apprendre que le plan de travail et la
formation des équipes sont maintenant terminés. Je puis
même peut-être lui laisser voir le plan général de ce
livre blanc, lui apprendre également qu'au mois de juin, d'ici quelques
jours, auront lieu des journées d'étude au cours desquelles on
discutera, notamment, de l'enseignement professionnel et de l'éducation
permanente.
Ensuite, toujours au mois de juin, d'ici la fin du mois, il y aura
rapport des équipes de travail sur les programmes, l'évolution
des enseignements, les services aux étudiants, la gestion interne des
collèges, la gestion des ressources matérielles et
financières des personnels, la formation des maîtres.
Par la suite, il faudra rédiger, sans doute, dans le courant de
l'été, une synthèse, synthèse qui fera l'objet de
consultations auprès des services de la DGEC. Finalement vers le mois
d'octobre ou novembre, nous devrons aboutir à une rédaction
définitive du livre blanc et j'espère pouvoir déposer ce
document vers la fin de l'automne.
Il y aura donc débat avant que le document ne connaisse sa forme
définitive. Il y aura débat également après le
dépôt devant la Chambre et devant l'opinion publique. Ce
débat devrait durer, j'imagine, quelques mois, dans l'espoir que nous
puissions, si telle était la conclusion de ces débats, aboutir
à des modifications législatives ou réglementaires vers le
printemps prochain. La raison pour laquelle je ne veux pas bousculer les choses
je m'en suis d'ailleurs ouvert publiquement c'est que j'estime
que ces discussions sur l'avenir des collèges d'enseignement public
doivent être le plus étendues possible. L'époque est
révolue où on peut imposer des réformes avant qu'elles ne
soient pleinement comprises et assimilées par ceux qui en font les
frais.
Vous me demandiez, madame, pourquoi nous n'appliquons pas ipso facto le
rapport du Conseil supérieur de l'éducation. J'imagine que vous
faites allusion au rapport Nadeau.
Mme Lavoie-Roux: Mais peut-être davantage aux
recommandations qui, j'imagine, ont dû être produites par le groupe
de travail X qui devait reprendre le rapport Nadeau. Est-ce que ceux-ci ont
produit certaines recommandations dont certaines pourraient être
appliquées plus rapidement que tout le processus que vous venez de
décrire, et ceci dans l'intérêt des collèges?
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas que ce serait dans
l'intérêt des collèges de procéder par voie
autoritaire ou, péjorativement, on pourrait dire par voie
technocratique, parce que ces réformes doivent d'abord donner lieu
à un bilan de l'expérience des cégeps depuis dix ans. Or,
ce bilan n'a pas été fait par le Conseil supérieur. Il y a
des allusions, bien sûr, à la chose dans le rapport Nadeau, mais
le bilan complet manque et toute la première partie du livre blanc
devrait être consacrée à ce bilan. J'estime qu'avant
d'aller plus loin, il faut d'abord voir quels sont les points forts, quels sont
les points faibles de notre enseignement collégial. On aurait tort
d'ailleurs de croire qu'il n'y a que des points faibles, dans cet
enseignement.
La première partie du livre blanc sera intitulée: Dix ans
après la loi 21, puisque nous allons célébrer à
l'automne, justement, le dixième anniversaire des cégeps. On
rappellera les objectifs de la réforme de 1967, on décrira le
collège tel qu'il existe aujourd'hui et ses rapports avec les
enseignements secondaire et universitaire de même qu'avec l'enseignement
privé, avec le monde du travail, avec les corporations
professionnelles.
Cette première partie comprendra également un chapitre
consacré à des comparaisons avec des collèges, tels qu'ils
existent, dans d'autres pays occidentaux. Ce qui nous permettra de jeter une
lumière sur nos propres collèges, à la lumière de
l'expérience commune des pays qui font partie de l'Occident.
La deuxième partie portera sur les dix prochaines années,
c'est-à-dire l'avenir prévisible. Nous ne voulons pas nous
risquer dans une prospective trop lointaine, les choses évoluant si vite
aujourd'hui. Nous pensons que la perspective de dix ou de quinze ans est
suffisante, de sorte que nous viserons le collège vers 1990.
Nous rappellerons, dans cette deuxième partie, les fondements de
l'éducation, les types de formation qu'on peut envisager, les
maîtres, leur formation, leur perfectionnement, pour ensuite passer
à une analyse de l'étudiant de niveau collégial.
Après quoi, nous étudierons la gestion du personnel, la
pédagogie au collège, l'administration des collèges, la
gestion des ressources matérielles et financières. Enfin, avant
de conclure, nous ferons une analyse du collège dans la
communauté, qui fera pendant à cette étude sur
l'enseignement supérieur, au sein de laquelle on retrouvera justement
une analyse de l'université dans la société
québécoise d'aujourd'hui.
Nous traiterons également de l'enseignement collégial par
rapport aux autres niveaux, des collèges privés, de
l'enseignement professionnel, avant de conclure à un certain nombre de
modifications, de redressements ou de réformes qui s'imposeront à
nous, une fois ce bilan et cette étude prospective terminés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je remercie le ministre
des informations qu'il veut bien donner. Si je suis le cheminement qu'il
prévoit, ça peut se traduire par il n'acceptera
probablement pas le terme que je vais utiliser un retard à
certaines modifications, sinon une réforme en profondeur, ce sera
à lui de juger ce qu'il veut faire au niveau collégial, un retard
d'une couple d'années au moins. Il faut quand même noter qu'il y a
des problèmes assez cruciaux au niveau de l'enseignement
collégial, ne serait-ce que celui de l'enseignement professionnel et de
la révision des programmes.
Est-ce que ceci se fait parallèlement? Dans l'étude que
vous nous citez, est-ce qu'à ce moment-ci, on est à
réviser certains programmes?
M. Morin (Sauvé): Parallèlement à cette
étude qui se poursuit, il y a une série de gestes ponctuels qui
sont quand même posés par la direction générale de
l'enseignement collégial, au niveau, par exemple, de l'acceptation de
nouveaux programmes professionnels ou de la limitation de l'acceptation de
nouveaux programmes professionnels, au niveau de la politique des stages, au
niveau des services auxiliaires de l'enseignement collégial. Autant
d'actions qui sont prises au fur et à mesure que les problèmes se
posent.
Par ailleurs, il n'y a pas de volonté d'appliquer d'avance, les
conclusions, du rapport GTX ou les conclusions auxquelles on pourrait en
arriver dans le cadre de l'étude sur les collèges, parce que les
collèges nous le reprocheraient justement.
Mais, par ailleurs, dans des domaines bien précis, je pense, par
exemple, au phénomène des stages, aux techniques de laboratoire
médical, il y a un document qui a été
préparé, qui est en circulation dans les collèges, on
compte en arriver à des conclusions bien précises.
Mme Lavoie-Roux: Et ces conclusions bien précises
pourraient être mises en application avant même que le livre
blanc...
M. Morin (Sauvé): Sûrement.
Mme Lavoie-Roux: On n'assiste pas, quand même, à une
paralysie?
M. Morin (Sauvé): En aucune façon. D'ailleurs,
à la page E-05, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: On parle des gestes ponctuels.
M. Morin (Sauvé): Précisément et nous avons
indiqué certaines de nos orientations qui sont applicables, dès
l'année 1977/78. Si le député veut que j'entre dans les
détails, je puis le faire. Comme tout cela est en noir sur blanc, j'ai
pensé que cela serait suffisant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut nous dire s'il y a des mesures
qui sont également prises et qui pourraient être prises avant
l'application des recommandations qui seront faites après la publication
du livre blanc, sur l'évaluation des étudiants, sur
l'évaluation de l'enseignement? Ce ne sont pas des choses qui peuvent
attendre. Après le dépôt du livre blanc, est-ce qu'il y
aura une commission parlementaire? Je veux bien qu'on n'agisse pas
d'autorité, mais il reste qu'il faut aussi aider un peu à
l'évolution des choses, sinon, cela peut demeurer statique pendant bien
longtemps. C'est un problème que la population ressent beaucoup, ce
problème de l'évaluation du rendement des étudiants, de la
qualité de leur formation...
M. Morin (Sauvé): Mme le député entend-elle
parler de l'évaluation des collèges ou de l'évaluation des
étudiants?
Mme Lavoie-Roux: L'évaluation des étudiants. J'ai
laissé l'évaluation des collèges, vous m'avez dit que vous
feriez une étude pour faire le bilan de la qualité de
l'enseignement collégial par rapport à d'autres milieux.
M. Morin (Sauvé): Nous avons des travaux en cours au
ministère, qui portent également sur l'évaluation des
étudiants, et qui seront communiqués durant l'année aux
cadres des collèges. Le livre blanc ne suspend donc pas toute action. Je
ne voudrais pas que Mme le député garde cette impression. Au
contraire, il y a des choses qui sont trop urgentes pour que nous attendions
les mesures qui découleront du livre blanc. De même je tiens
à ajouter, peut-être n'ai-je pas été assez
précis tout à l'heure, que nous pensons déjà
à des avant-projets de règlements, éventuellement à
des modifications législatives, vers novembre ou décembre 1977,
quand la réaction du milieu commencera à nous être connue
et, pendant toute la période de débats publics, nous
travaillerons déjà sur des textes, de sorte que j'espère
aboutir, le printemps prochain, à des résultats concrets.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que vous prévoyez des
changements ou des modifications de nature législative, peut-être
même tard à l'automne, est-il trop tôt pour nous indiquer de
quel ordre sont ces modifications?
M. Morin (Sauvé): Oui, il est trop tôt, madame, car
la chose n'a pas été débattue publiquement, et, à
vrai dire, moi-même, je ne me suis pas encore déterminé sur
ces questions. J'ai pris connaissance de certaines rédactions
préliminaires, de certains chapitres du livre blanc, cependant, je ne
puis pas dire qu'à l'heure actuelle je suis personnellement prêt
à m'engager dans telle ou telle réforme.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre peut-il nous dire si, de sa part,
il y a une détermination ou une volonté de faciliter le passage
des étudiants du secondaire professionnel au professionnel des
cégeps et également du cégep à l'université,
quoique, là, je sache qu'il y a eu des assouplissements?
M. Morin (Sauvé): Comme Mme le député le
sait peut-être, il y a déjà un comité de liaison
entre l'enseignement secondaire et l'enseignement collégial, de
même qu'entre l'enseignement collégial et l'enseignement
universitaire. Ce comité travaille depuis déjà quelque
temps sur ces problèmes de transition d'un niveau à l'autre.
En ce qui me concerne, je puis dire que nous favorisons le plus possible
le passage du secondaire au collégial dans le domaine professionnel,
parce que les formations qu'on exige des étudiants sont de plus en plus
poussées. J'ai eu l'oc-
casion de rencontrer des responsables de l'enseignement professionnel,
notamment dans le secteur de l'aéronautique et dans le secteur de
l'électronique, et je puis vous dire que c'était là un des
problèmes sur lesquels ils ont attiré mon attention. Ce sont des
problèmes difficiles à résoudre, mais le ministère
les a sous les yeux.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre est au courant qu'il
s'est établi, à l'égard de certaines occupations
professionnelles une concurrence entre le secondaire et le cégep et
peut-être également entre le cégep et l'université,
mais là je ne saurais le dire, mais qu'avec l'objectif, par exemple, ne
serait-ce que de financer les cégeps lequel est financé par un
per capita, etc., il y a ainsi, dans le domaine du commerce, par exemple, un
chevauchement entre certains sujets qui sont offerts au niveau secondaire et
d'autres qui sont offerts au niveau collégial? Et je pense
également aux programmes en électricité et à
d'autres programmes techniques?
M. Morin (Sauvé): II peut exister des chevauchements entre
les deux. Je ne sais pas si vous faites allusion à des programmes bien
précis, j'en ai un en tête qu'on est en train d'évaluer,
avec l'Office des professions. Si vous avez en tête le domaine dentaire,
par exemple, le niveau des assistantes dentaires par rapport aux techniques
dentaires de niveau collégial, cela est un exemple dont nous sommes
parfaitement conscients et dont nous tentons d'évaluer actuellement les
implications avec l'Office des professions, pour déterminer quel doit
être le niveau de la formation. Je peux vous dire que, vis-à-vis
du niveau universitaire, chaque fois qu'on affronte un problème de cet
ordre ou chaque fois qu'on fait appel à nous pour mettre sur pied un
nouveau programme professionnel, on se demande si le programme professionnel
est nettement de niveau collégial, de niveau universitaire ou s'il est
de niveau secondaire. On se demande également s'il doit être
à la fois de niveau secondaire et de niveau collégial, comment il
peut être réparti sur les deux niveaux, s'il doit être
attribué uniquement à un seul niveau et, dans le cas où il
devrait l'être aux deux, quel doit être le passage entre le niveau
secondaire et le niveau collégial et cela, c'est dans le cadre des
travaux du comité de liaison de l'enseignement secondaire et
collégial.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il ne faut pas oublier
qu'à ce moment, avec les diminutions des populations scolaires qui vont
toucher le collégial incessamment, il y a même certains
collèges que cela a déjà touchés, car il y a eu une
redistribution de la population au niveau de l'enseignement collégial,
il y a cette tentation très forte, en fait, de doubler, dans certains
programmes, et je pense que l'éducation coûte trop cher pour se
permettre de laisser jouer ce type de concurrence.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, M. le Président,
je crois que les préoccupations du député de
L'Acadie sont fondées. Pour ce qui est de l'évolution de
la clientèle, nous observons depuis 1970-71 une croissance continue,
mais qui va diminuant.
De 1971 à 1976/77, la variation annuelle a été de
20,9, 14,5, 11,7, 4,4, 3,7, 2,5 et 3,4. C'est dire qu'il y a une croissance,
mais qu'elle va diminuant. D'après nos chiffres, nous arriverions, cette
année en 1977/78, à un maximum ce maximum se situerait
à 112 500 étudiants et, à compter de l'an prochain
j'entends 1978/79, nous serions témoins d'une légère
baisse de près de 1% et, par la suite, cela tomberait, graduellement,
pour se stabiliser vers 1985/86, autour de 87 800 étudiants. Ce serait,
à ce que l'on me dit, le chiffre le plus bas. Cela va nous créer
des problèmes, effectivement, mais moins dramatiques qu'au niveau
primaire-secondaire.
Pour ajouter à ce que nous disions tout à l'heure, je
constate qu'il y a un problème causé par le fait que la
très grande majorité des candidats aux études
collégiales viennent du secteur général. On a
peut-être eu tendance à oublier que le cégep devait
être accessible à tous les diplômés du secondaire, y
compris les étudiants du secteur professionnel. Je suis prêt
à réaffirmer le principe général concernant
l'admission au cégep. Si ce principe devait être appliqué,
comme nous le pensons, plus d'étudiants envisageraient la
possibilité de faire des études secondaires professionnelles. Ils
n'auraient pas l'impression, trop répandue, que le secteur professionnel
est réservé à ceux qui ne désirent pas poursuivre
des études collégiales.
Mme Lavoie-Roux: Une petite question de détail, ici. Vous
avez cité des statistiques de population. Je voulais vous demander
comment se fait-il que, tout à coup, en 1981/82 et 1982/83, il y a une
légère augmentation. Est-ce la double promotion? Non, la double
promotion sera finie à ce moment.
M. Morin (Sauvé): Non, ce sera terminé. C'est, tout
simplement, une projection faite à partir de la structure d'âges.
Nos démographes ont des chiffres très précis
là-dessus et cela leur permet de nous donner des prévisions qui,
en général, se réalisent assez bien.
Mme Lavoie-Roux: J'ai juste deux petites questions, je vais bien
essayer d'être obéissante... Dans le même ordre
d'idées, vis-à-vis de l'enseignement aux adultes qui se donne
dans les cégeps, je pense qu'il arrive souvent qu'il y ait
répétition des mêmes cours, en fait, qu'on donne au niveau
du cégep des cours qui pourraient se donner au niveau du secondaire. Je
pense, par exemple, aux cours de formation générale et aux cours
à caractère socioculturel, qui gagneraient peut-être
à être donnés au secondaire, parce qu'ils seraient moins
coûteux que s'ils continuaient d'être donnés au niveau du
cégep. Est-ce qu'on a examiné cette question de rationalisation
des ressources?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il faudrait peut-être
distinguer dans un premier temps entre les
cours aux adultes qui donnent lieu à des crédits et ceux
qui, en règle générale, à moins d'exceptions, sont
situés par niveaux et se rapportent aux programmes réguliers
correspondants. Dans les cours dits de culture ou de formation personnelle et
non pas de formation générale, comme un cours d'espagnol... un
cours d'espagnol de base peut être donné, de fait, aussi bien par
une commission scolaire, un collège ou même une université.
Il faut dire cependant que ces cours sont autofinancés et qu'en
définitive, c'est le client qui les paie, de sorte que le
problème de la duplication est peut-être moins grand qu'on ne le
pense.
Il s'agit plutôt là de services à la population
qu'une fois de plus l'usager paie. On peut dire qu'une partie du coût
n'est pas absorbée par l'usager, l'existence même de
l'édifice, etc., mais, en général, ces cours dits de
culture personnelle ou de ce type sont autofinancés et, il faut
l'admettre, sont sans niveau précis.
Mme Lavoie-Roux: Votre intention est-elle de continuer cela ou si
vous croyez qu'il pourrait y avoir un ajustement? Que l'on n'occasionne pas de
dépenses, car vous savez fort bien que, même s'ils sont
autofinancés, il reste toutes les dépenses administratives qui
peuvent constituer 10% ou 15% des frais de cours, mais je pense que...
M. Morin (Sauvé): Normalement, les dépenses
administratives sont couvertes dans l'autofinancement.
Mme Lavoie-Roux: S'il en est ainsi, tant mieux.
La dernière question que je voulais poser, pour le moment, est la
suivante: Pour un adulte je parle des 25 ans et plus on a au
niveau des cégeps des programmes qui n'imposent pas à
l'étudiant, pour obtenir un diplôme, pour obtenir un DEC, toutes
les exigences que l'on impose à l'étudiant régulier qui
vous arrive des écoles secondaires, dans le sens de faciliter le
recyclage, non seulement pour un emploi particulier mais même au plan
professionnel qui ensuite déboucherait sur l'université. Je suis
sûre que cela se fait, mais exempte-t-on l'étudiant d'une partie
des exigences qu'on a pour l'étudiant régulier qui arrive du
secondaire?
M. Morin (Sauvé): Tout à fait, et cela se pratique
depuis déjà un bon moment. C'est tout le système des
équivalences qui sont reconnues aux étudiants adultes et qui les
dispensent de suivre tel ou tel cours, qui est normalement obligatoire dans le
cadre d'un programme régulier imposé à un étudiant
régulier à temps plein qui n'est pas un adulte.
Mme Lavoie-Roux: Qu'entendez-vous par une équivalence? Je
sais ce qu'est une équivalence, mais pouvez-vous me donner un exemple
d'équivalence que vous accorderiez, par exemple, à un adulte qui
revient et qui veut éventuellement, s'en aller en génie, disons,
alors qu'il doit prendre une série de prérequis en maths, en
physique, en science? À ce moment, vous l'exemptez de la philosophie, de
la littérature, etc. Que considérez-vous comme équivalence
à ce moment? Simplement son âge ou quoi?
M. Morin (Sauvé): II peut être dispensé de
certains cours qui ne sont plus, dans son cas, jugés indispensables
à sa formation, et il pourrait également être
dispensé de certains cours particuliers nécessaires à la
discipline dans laquelle il s'est inscrit, à la condition c'est
plus exigeant qu'il puisse faire la preuve qu'il possède
effectivement les connaissances requises.
Dans le cas de quelqu'un qui veut obtenir un DEC qui lui permettrait
ensuite de s'inscrire à l'université en génie, on exigera
qu'il suive les prérequis du profil habituellement imposé
à l'étudiant, à moins qu'il puisse faire la preuve
concrète qu'il a les connaissances équivalentes de tel programme
de mathématiques, par exemple, mais la question que vous soulevez est
évidemment une question extrêmement importante. Il est beaucoup
plus facile de dispenser des cours complémentaires ou des cours
généraux qui sont imposés à l'étudiant
régulier que de tenter de découvrir comment on pourra
éviter de lui faire suivre le cours de mathématiques 402 ou 502,
mais il y a des possibilités également.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous me donnez l'assurance que les
cours généraux, par opposition aux exigences spécifiques,
il peut en être exempté sans présenter
d'équivalences. Il n'a peut-être jamais suivi les cours de
littérature ou de philosophie. On peut donc ne pas les exiger de lui
strictement et l'université fera-t-elle la même chose
?
M. Morin (Sauvé): II peut en être exempté,
sur présentation du dossier. Il peut en être exempté
d'autant plus facilement au niveau collégial que les exigences des
universités sont elles-mêmes plus souples à l'égard
des adultes, mais il peut être exempté de ces cours
généraux.
Mme Lavoie-Roux: Et c'est facile? M. Morin (Sauvé):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'arrête pour le moment.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président.
Je suis bien content que le ministre manifeste l'intention de nous
livrer un livre qui sera une évaluation des dix premières
années de l'enseignement collégial. Je sais très bien
qu'au point de vue des statistiques, si, au secondaire, il y aura 200 000
élèves de moins dans dix ans, c'est donc dire qu'au
collège il y en aura environ 20 000.
Cela va poser des problèmes, nous n'allons pas entrer
là-dedans pour le moment, je pense que le ministre a répondu au
sujet du secondaire la semaine dernière, mais je voudrais demander,
peut-être sur un aspect de la qualité et du contenu de
l'enseignement collégial... si je comprends bien, c'est le ministre qui
signe les diplômes...
M. Morin (Sauvé): Qui signe les diplômes... M. Le
Moignan: Des finissants du collégial...
M. Morin (Sauvé): Effectivement, c'est le ministre qui les
signe comme, d'ailleurs, pour le niveau secondaire.
M. Le Moignan: C'est-à-dire qu'à ce
moment-là le ministre est en état d'attester la
véracité de ce qu'il signe.
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas me laisser
entraîner sur la pente glissante que me propose le député
de Gaspé, parce que, forcément, l'évaluation des
étudiants est effectuée par voie de délégation. Ce
n'est pas le ministre qui fait subir des examens écrits et oraux
à tous les étudiants du niveau collégial au Québec,
mais le ministre se porte garant d'un minimum de qualité qui est
censée couronner les études collégiales de chaque
étudiant.
M. Le Moignan: Justement, je sais très bien que le
ministre n'est pas en état d'accomplir une telle tâche et, quand
je parcours le programme, je vois qu'il y a beaucoup de choses
là-dedans; on parle de romans, par exemple, si on peut parcourir
plusieurs siècles... on peut s'attacher au roman contemporain, on peut
s'attacher exclusivement au roman québécois.
Anciennement, il y avait le service des programmes et des examens;
aujourd'hui je crois qu'il n'existe que le seul service des programmes. Il y
avait tout de même un certain contrôle qui rendait service au
ministre et qui lui permettait de donner plus de poids à cette signature
à ce moment-là, parce que le collège, lui-même, je
crois, perd de plus en plus de contrôle sur les programmes, parce que les
responsables des départements peuvent refuser à la direction du
collège certains détails à cause de la convention
collective. C'est pour cela que la direction des collèges, dans certains
cas, peut-être dans une situation assez embarrassante, je pense, si les
chefs des départements refusent de livrer certains détails ou
certains renseignements qui leur sont demandés.
Maintenant, je retiens ceci: en causant avec des professeurs et avec des
chefs de départements, parfois, on sent qu'il y a une certaine
contradiction, certains professeurs peuvent enseigner ce qu'ils veulent et
c'est très difficile de contrôler leur programme. Je comprends
que, dans l'ensemble des cégeps, ce n'est pas aussi facile qu'on le
pense; il y a toujours cette question de l'évaluation. En même
temps, au collège, le choix des professeurs est quelque chose d'assez
difficile. Quand je regarde votre comité de sélection qui est
composé de trois professeurs et de deux membres du collège, je
pense que les professeurs peuvent faire passer n'importe quel candidat, quelle
que soit sa compétence et le collège se trouve à
être un peu paralysé. C'est en vertu de la convention, article 4.
Il y a un petit point là-dedans, justement, qui peut entraîner une
certaine faiblesse en cours de route.
Je pose des questions simplement pour me rassurer. Je ne veux pas
accuser les collèges, mais je vois cette faiblesse alors que le
collège perd le contrôle sur l'engagement de ses professeurs et je
comprends que cela a peut-être été le prix de la paix qui a
été achetée au printemps 1976, alors que l'on gardait les
étudiants en otage et que des règlements, des conventions ont
été signés peut-être un petit peu en vitesse,
à la dernière minute.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il ne faudrait pas que le
député de Gaspé soit conduit à penser qu'il
n'existe pas de contrôle des résultats obtenus par les
étudiants des cégeps. Les universités, quant à
elles, savent assez bien à quoi s'en tenir et si jamais un cégep
se laisse aller, si jamais un conseil d'administration de cégep ne
surveille pas de façon suffisante tel enseignement, cela se saura
très rapidement dans le réseau et, notamment, dans le
réseau universitaire, de sorte que les étudiants sortant de ce
cégep seront appelés, tôt ou tard, à en faire les
frais et la réputation du cégep elle-même en sera
touchée.
Si d'autre part, il devait se produire une dégradation
significative du climat d'un cégep ou de la façon d'administrer
un cégep, il y a toujours la solution de la tutelle que le
ministère a pratiquée à une couple de reprises dans le
passé. Je ne dis pas que c'est de gaieté de coeur que l'on en
vient à des solutions si draconiennes, mais que le député
de Gaspé sache qu'il y a quand même un minimum de
contrôle.
M. Le Moignan: Oui. Je pose cela surtout sous forme de question,
car un directeur de cégep me déclarait, il y a quelques mois,
qu'il était lui-même inquiet. C'était pourtant un directeur
de cégep. Il me parlait de ses discussions, de ses rencontres avec
d'autres directeurs de cégeps et c'est lui qui me posait justement ce
point d'interrogation; je n'ai rien contre les cégeps, bien au
contraire. J'ai remarqué son inquiétude et il me mentionnait, en
même temps, cette tendance à l'auto-évaluation. Même
l'examen final tend à disparaître de plus en plus, je crois, de
nos collèges. C'est pourquoi on peut se demander ce que valent les
diplômes en réalité. On s'est demandé, dans certains
collèges, lors de certaines discussions pédagogiques, s'il ne
fallait pas en revenir, par exemple, à un examen provincial. Je ne vous
dis pas dans toutes les matières. Cela...
M. Morin (Sauvé): Cet examen, que vous appelez provincial,
ne s'est jamais pratiqué dans le passé.
M. Le Moignan: Je ne veux pas vous le proposer non plus.
M. Morin (Sauvé): En ce qui me concerne, je ne pense pas
que le gouvernement envisage une solution comme celle-là. Il faudrait
vraiment que les cégeps soient totalement irresponsables, ce qui n'est
pas le cas, je crois, pour qu'on en vienne à une solution comme
celle-là. D'autre part, je vous ai signalé, et j'insiste sur ce
fait, que les universités sont encore, peut-être, les examinateurs
les plus vigilants, car elles ont intérêt à aller chercher
les étudiants les plus qualifiés, de sorte que les cégeps
se classent vite selon leur qualité, aux yeux des universités et
à leurs propres yeux également.
Je voudrais ajouter le point suivant: les remarques que vous faites
sont, bien sûr, partagées par certains directeurs
généraux de cégeps et par le ministère. C'est
pourquoi on a confié une étude à ce groupe qui s'appelle
CADRE, relié à la fédération des cégeps, et
qui nous a déjà fourni des rapports préliminaires qu'on a
discutés, pour qu'on soit en mesure de donner à chaque
cégep des moyens, des outils pour qu'il puisse s'évaluer,
évaluer à la fois son administration, le rendement de ses
enseignements et la qualité des connaissances qu'ont acquises les
étudiants qui ont fréquenté le cégep, cela nous
paraît être une voie plus intéressante que la voie de
l'imposition d'un examen provincial.
M. Le Moignan: Non, je ne suis pas du tout pour l'imposition,
cela ressemblerait trop à l'ancien baccalauréat où tous
les collèges fonctionnaient selon les mêmes normes.
M. Morin (Sauvé): Quant à la façon
d'évaluer les étudiants... Vous savez, ce serait un beau
débat, mais je ne pense pas qu'on le réglerait ce soir, de savoir
si l'examen de fin d'année est préférable à
l'évaluation continue. Il y a beaucoup de pédagogues qui pensent
que l'évaluation continue est préférable. Vous êtes
vous-mêmes intéressé à l'enseignement et j'imagine
que vous savez, comme moi, qu'une évaluation continue peut avoir de
grands avantages par rapport à un examen de fin d'année, sous
pression. Je ne voudrais pas me substituer au meilleur jugement de chaque
collège, sur cette question.
Pour ce qui est de la sélection des professeurs, si je me
réfère à la convention collective qui fait suite à
l'entente intervenue entre le gouvernement et l'AFNEQ affiliée à
la CSN, et plus particulièrement à l'article 4-5.03, je constate
qu'un comité de sélection effectue le choix des candidats. Ce
comité de sélection est composé de deux personnes choisies
par le cégep et de trois professeurs choisis par les professeurs du
département, qui peuvent aussi désigner des substituts; mais la
décision finale n'est pas prise par ce comité dit de
sélection. C'est le conseil d'administration du collège qui
décide, sur recommandation de ce comité. Le conseil
d'administration conserve donc...
M. Le Moignan: II n'est pas lié par la recommandation?
M. Morin (Sauvé): Non, il n'est pas lié par la
conclusion du comité de sélection. Si je puis me permettre de
vous signaler l'article suivant, qui dit que toutes les candidatures, ainsi que
les attestations de compétence et d'expérience s'y
référant doivent être soumises par le collège au
comité de sélection, le comité de sélection faisant
ses recommandations au collège et en informant le
département.
M. Le Moignan: J'aurais une dernière remarque. Je ne
voudrais pas parler du budget immédiatement, je pense que cela vient
après, dans le deuxième article.
M. le ministre nous disait que les universités sont justement en
mesure d'apprécier la valeur des collèges, car elles
reçoivent les candidats qui sortent des collèges. Vous avez
là le véritable test. Cependant, un professeur de français
me disait la semaine dernière: Si jamais, en commission parlementaire,
tu as l'occasion de souligner ceci: je vous dis ce qu'un professeur de
français me disait...
M. Morin (Sauvé): C'est l'endroit.
M. Le Moignan: Et je vous le donne!
Il me disait que le programme de français ici n'est pas
réaliste. Je le cite, à peu près textuellement, il dit: Le
programme est fait pour des gens qui ont déjà une maîtrise
élémentaire de la langue. Et il m'a montré des travaux. Il
dit: Souvent, ceux qui nous arrivent n'ont même pas les rudiments de
base, c'est bourré j'ai failli dire que c'est paqueté
de fautes de français. Il dit qu'aux programmes de poésie,
de roman, de théâtre, etc., il faudrait introduire un peu plus de
grammaire et d'orthographe. Peut-être a-t-il amplifié, mais je
sais très bien que l'on reçoit des lettres d'étudiants qui
sont au collège, sollicitant un emploi de vacances; parfois on pourrait
en envoyer une photocopie au ministère et vous verriez que je n'ai pas
tellement tort.
M. Morin (Sauvé): À titre d'universitaire, je
pourrais témoigner dans le même sens. Souvent, nous voyons des
étudiants qui sont incapables d'écrire correctement deux phrases
françaises de suite. Devant ce problème, le ministère a
fait un effort spécial en demandant aux cégeps d'imposer des
cours de rattrapage de langue française. Cela se fait à l'heure
actuelle. Ces cours se donnent. Évidemment, nous espérons qu'ils
ne devront pas être donnés à perpétuité, mais
il faut faire porter l'effort sur les niveaux primaire et secondaire, pour
corriger éventuellement cette lacune qui, je le reconnais, est
réelle.
M. Le Moignan: Oui, elle existait dans le passé
également. Il y aura toujours des étudiants qui auront de la
difficulté avec la langue française, mais cela devrait tendre
à diminuer, comme le ministre le dit si bien dans le moment.
M. Morin: Pour être plus précis, M. le
député, ces mesures exceptionnelles dont je vous parlais
comportent le remplacement de certains cours obligatoires de français,
par des cours correctifs. On procède actuellement à la
révision de l'ensemble des cours obligatoires, de sorte que l'on
pourrait arriver à vaincre les difficultés suivantes:
premièrement, la nécessité d'une norme et de standards
linguistiques précisant les niveaux d'intervention éducative;
deuxièmement, la nécessité d'une politique
pédagogique clairement définie, concernant l'enseignement du
français et son utilisation; troisièmement, la
nécessité d'instruments de diagnostic efficaces pour identifier
les lacunes des étudiants; quatrièmement, la
nécessité de tests permettant de mesurer la compétence
linguistique des étudiants, leur niveau de maîtrise de la langue;
enfin, cinquièmement, la nécessité de développer un
matériel didactique et une pédagogie corrective appropriée
à la situation.
Je ne sais pas si cela peut rassurer le député de
Gaspé, mais il se fait quelque chose pour améliorer la langue au
niveau collégial.
M. Le Moignan: Le député de Papineau me fait signe
de répondre dans l'affirmative. Je crois qu'il a quelque chose à
dire...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé, vous avez le loisir de poser aussi peu de questions que vous le
voudrez, sur les deux premiers articles du postsecondaire, enseignement
collégial public et gestion de l'enseignement collégial public,
puisqu'il vous reste encore cinq minutes avant que je vous signale, selon
l'entente convenue, de...
M. Le Moignan: J'avais beaucoup d'autres questions, mais je ne
veux pas poser toutes les questions. Je vais aller directement au budget. On a
accepté des augmentations de salaires, selon les conventions, et autres
dépenses, je crois que c'est en 1975/76 qu'on a approuvé 4%.
En 1976/77, il n'y a pas eu du tout d'augmentation, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): C'est plutôt le contraire, M. le
député.
M. Le Moignan: Alors, c'est le contraire. Ainsi, ce qui
représente les deux années, supposons 15% du coût de la
vie, est ajusté; c'est une chose, ou bien est-ce là encore
où cela accroche?
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas que ce soit cela
exactement. Pour plus de précision, je vais prendre conseil. Pour la
catégorie des dépenses qui s'appelle autres coûts, en
résumé, l'an dernier, donc au crédit 1976/77 et pour
l'année scolaire 1976-1977, l'augmentation de l'article autres
coûts a été de zéro. Ce fut le cas également
dans les commissions scolaires et les universités, si je ne me
trompe.
M. Le Moignan: II s'agit des salaires des professeurs, n'est-ce
pas?
M. Morin (Sauvé): Non, pour autres coûts. Tandis que
pour l'année 1977/78, autres coûts, la masse des autres
coûts a été indexée de 4% et, de nouveau, c'est la
même règle que dans le cas des commissions scolaires; mais il
s'agit des dépenses autres que celles du personnel. Il s'agit des
fournitures, de l'éclairage, du chauffage, de l'entretien, etc.
M. Le Moignan: J'ai terminé pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Viau, une question.
M. Lefebvre: Oui, y aura-t-il de nouvelles options
professionnelles envisagées pour correspondre aux besoins de la vie
moderne au niveau collégial?
M. Morin (Sauvé): II y a deux nouvelles options qui ont
été autorisées pour la prochaine année. L'une est
la technique d'évaluation foncière, au cégep de
Drummondville, et l'autre est la technique de la prévention au
cégep de Jonquière.
M. Lefebvre: Un comité qui fait des études pour
savoir...
M. Morin (Sauvé): La comité fait des études
sur les programmes existant; il en existe un également pour analyser les
demandes de nouvelles options qui sont faites par chacun des cégeps.
M. Lefebvre: Mais les demandes viennent toujours des
cégeps d'abord?
M. Morin (Sauvé): Les demandes viennent des cégeps,
mais peuvent être également identifiées par le
ministère ou peuvent être identifiées par le milieu du
travail Dans le cas, par exemple, des techniques d'évaluation
foncière, le ministère des Affaires municipales avait
identifié un besoin et l'a soumis au ministère de
l'Éducation. Il a été étudié et il y a eu
une autorisation de créer une option de technique d'évaluation
foncière au cégep de Drummondville.
Le Président (M. Clair): Si nous respections l'entente
dont nous avons convenu, nous avons déjà discuté de
l'enseignement collégial depuis 52 minutes. Nous avions parlé
d'un cadre de 40 minutes. Le député de L'Acadie semble avoir une
autre question, on pourrait l'accepter, étant donné qu'il reste
peu de temps avant 18 heures et tenter d'adopter...
Mme Lavoie-Roux: II me reste plus d'une question.
Le Président (M. Clair): Plus d'une question, madame?
Mme Lavoie-Roux: II est 18 heures sonnées; je proposerais
la suspension des travaux et, qu'on revienne.
Le Président (M. Clair): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à vingt heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 21
Le Président (M. Clair): Madame, messieurs, à
l'ordre, s'il vous plaît!
Lorsque nous avons suspendu nos travaux ce soir à 18 heures, et
sans faire allusion à la proposition que je vous avais faite, nous
parlions depuis 53 minutes de l'enseignement collégial public et le
député de L'Acadie avait demandé la suspension de nos
travaux.
Madame le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avant de débuter, M. le Président,
est-ce que, avec l'unanimité des membres, il serait possible de
substituer, je ne sais si c'est l'expression juste, M. Raynauld à M.
Ciaccia?
Le Président (M. Clair): Sûrement. M. Raynauld
remplace donc M. Ciaccia.
Mme Lavoie-Roux: La question que j'allais poser était la
suivante: Où en êtes-vous dans l'implantation du réseau des
cégeps à travers la province? Mais permettriez-vous au
député de Roberval de parler? Il a une question
particulière à poser là-dessus? Après ça,
peut-être qu'on pourrait me donner une image générale et me
dire où on en est dans le développement du réseau des
cégeps.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Merci beaucoup, M. le Président. C'est dans
le cadre de l'implantation des campus au Saguenay-Lac-Saint-Jean. M. le
ministre sait pertinemment que le collège Saguenay-Lac-Saint-Jean est en
discussion depuis plusieurs mois avec son ministère pour la construction
du campus collégial de Saint-Félicien. J'ai eu l'occasion,
à de très nombreuses reprises, de rencontrer les autorités
du collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et on m'a fait
part, au cours des derniers mois, que les négociations allaient bon
train et de manière satisfaisante avec les autorités du
ministère. J'avais convenu avec les autorités qu'à
l'occasion de la commission parlementaire, je poserais des questions, de
manière à permettre au ministre de répondre sur la
construction du campus de Saint-Félicien.
Le Président (M. Clair): Le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce projet dont
parle le député de Roberval en est à la phase des plans et
devis. La construction a été autorisée, je suis heureux de
l'apprendre au député, s'il ne le savait déjà.
Le début des travaux est prévu pour 1977 et la fin, pour
1979.
M. Lamontagne: Évidemment, je voudrais d'abord remercier
le ministre de cette heureuse nouvelle. Je pense qu'en la transmettant dans
le
journal des Débats, cela va permettre au ministre de s'exprimer
publiquement. J'avais devant moi une espèce d'échéancier
pour permettre la construction en 1977; vous en êtes au stade des plans
et devis, quand aura lieu l'appel d'offres, le ministre est-il en mesure de le
mentionner?
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas
d'échéancier tout à fait précis, M. le
Président, mais cela devrait se faire d'ici quelques mois au maximum. Si
vous voulez me donner un instant, je vais jeter un coup d'oeil sur la
programmation.
M. le Président, je serais tenté d'accepter les
remerciements du député, si je lui avais accordé quelque
faveur que ce soit. Mais ce n'est pas le cas. Il a été
traité, les citoyens de son comté ont été
traités comme tous les citoyens du Québec et le
député n'a pas à me remercier. Il a tout simplement
à considérer que les choses viennent à terme. Cette
année, en 1977/78, on prévoit dépenser $1 179 200 environ
pour un projet qui va en totaliser $7 749 200, ce qui signifie que les appels
d'offres doivent avoir lieu au plus tard d'ici quelques mois, probablement au
début de l'automne, pour qu'on puisse déjà procéder
aux dépenses qui sont prévues pour l'année courante.
M. Lamontagne: M. le Président, le ministre peut-il
m'indiquer si le montant qu'il vient de mentionner comprend la piscine?
M. Morin (Sauvé): La piscine a été
acceptée en principe, mais je ne suis pas en mesure de vous dire si elle
est comprise dans les montants que je viens de vous indiquer. Je pourrais,
cependant, si la chose vous intéresse personnellement, tenter de le
vérifier et vous le faire savoir.
M. Lamontagne: Je dois dire que ce n'est pas à titre
personnel que cela m'intéresse, mais pour tous ceux qui auront
l'avantage d'y pratiquer leur sport favori.
Mais vous n'êtes pas en mesure de m'indiquer si ce montant
comprend la piscine?
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions vérifier dans nos
documents, mais cela va nous prendre quelque temps. Si vous voulez, on peut
tenter de le faire.
M. Lamontagne: C'est pour que vous puissiez donner une
réponse complète. C'est embêtant de déclarer que le
ministre ne savait pas si la piscine était comprise dans ce million.
M. Morin (Sauvé): Non, je peux vous dire qu'elle est
autorisée en principe. Ce que je ne sais pas, mais nous pouvons
vérifier dans nos papiers, c'est si sa construction est prévue en
1977/78 ou en 1978/79. Ceci, je vais le vérifier. Il y aurait un
léger suspense pendant lequel le député sera sur les
charbons ardents, avant de tomber dans la piscine.
M. Lamontagne: C'est pour permettre, vu que la déclaration
du ministre va certainement avoir des répercussions dans notre
région, que sa réponse soit complète.
M. Morin (Sauvé): Oui, seulement, ce qui me paraît
urgent, c'est la construction du collège lui-même.
M. Lamontagne: Oui, je suis d'accord avec vous.
M. Morin (Sauvé): La piscine, c'est important
assurément, mais je suis sûr que le député va dormir
ce soir même s'il ne possède pas la réponse.
M. Lamontagne: Oui, très bien.
M. Grenier: II profitera du sauna dans la salle 91.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je voulais simplement demander:
Est-ce que le programme d'implantation des cégeps tire à sa fin
ou quels sont ceux qui restent en plan? Apparemment, il y a celui de
Saint-Félicien. Mais il y a celui de Drummondville.
M. Morin (Sauvé): Le plan d'équipement... Mme
Lavoie-Roux: Avec ou sans piscine.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis en
mesure de vous dire que le plan d'équipement de 1977 à 1982
vous savez que le ministère fonctionne par plans qui
s'étendent sur plusieurs années comprend les projets
suivants qui ont été autorisés et dont certains seront mis
en marche dès cette année.
Le cégep Édouard-Montpetit subira des transformations pour
plus de $4 millions, de même que le collège Saint-Laurent, pour $3
millions. Le bloc sportif du collège de la Côte-Nord et de la
Manicouagan a été autorisé pour $1 312 000. Au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Chicoutimi en particulier, des réparations
majeures sont prévues pour près de $1 500 000. À
Sainte-Foy, la bibliothèque et certaines transformations vont nous
coûter $3 500 000. À Valleyfield, le centre sportif est
prévu pour un montant de $1 700 000. Il y aura également à
cet endroit des réparations majeures pour plus de $1 million.
À Drummondville, le cégep Bourgchemin sera construit pour
$12 216 000; à Sorel-Tracy de même, pour $10 822 000. Un centre
sportif est prévu pour le cégep François-Xavier-Garneau et
il coûtera $3 500 000; de même la bibliothèque et des
transformations sont prévues au même cégep pour $3 700
000.
Il y aura également, mais c'est à l'étude entre le
ministère et le conseil d'administration du cégep
intéressé, à La Pocatière, des projets qui
devraient se concrétiser d'ici quelques mois au maximum.
Voilà donc pour les projets en cours, vous voyez que la feuille
de route du ministère depuis quelques années, s'est
allégée. Sans être complètement au bout de nos
projets, je peux dire que nous en approchons. Il reste encore un ou deux
problèmes à régler, je vous le signale, mais ce sont des
projets qui n'ont pas été encore intégrés à
la programmation 1977 à 1982 et qui sont à l'étude, comme
le cégep Dawson, le cégep Champlain à Lennoxville, les
techniques du cinéma au cégep d'Ahuntsic, des transformations
prévues au cégep de la Côte-Nord Manicouagan, de même
à Joliette, de même au cégep Lionel-Groulx, de même
en Gaspésie. Enfin, depuis quelque temps, sont à l'étude
des transformations au pavillon no 3 du cégep de Sherbrooke. Mais encore
une fois, ce ne sont là, pour l'instant, que des projets que nous
devrons reprendre dans nos programmations ultérieures.
Mme Lavoie-Roux: Ceux que vous avez mentionnés, les
premiers que vous avez mentionnés la première série
ceux-là, ils sont en marche? C'est parti?
M. Morin (Sauvé): Ils sont à la phase de la
préparation des plans et devis.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont tous reçu l'approbation du
Conseil du trésor?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr. Peut-être pas
pour toutes les phases, mais pour certaines phases. Si vous voulez que je vous
mentionne également, rapidement, les projets qui sont en voie
d'élaboration, à la phase des plans et devis, je mentionnerai la
bibliothèque, le centre sportif et les transformations au cégep
Bois-de-Boulogne, le bloc sportif du cégep Édouard-Montpetit, le
centre sportif et l'Institut Mgr Courchesne à Rimouski, le dernier, pour
les fins de l'Institut de marine au sujet duquel j'ai fait une
déclaration la semaine dernière, le cégep John Abbott, des
transformations à Valleyfield, un bloc sportif à Vanier, un bloc
sportif à Victoriaville, de même que des
réaménagements.
Je vous ai fait part tout à l'heure de ce qui en était
pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Saint-Félicien; de même,
à Trois-Rivières, on prévoit une bibliothèque et
des réaménagements. À Maisonneuve, des
réaménagements sont prévus, et enfin, la construction du
cégep Côte-Nord-Mingan est également au stade des plans et
devis.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je suis étonnée
qu'on fasse encore des réaménagements au cégep de
Maisonneuve. Ce n'est pas la première fois. Il y a eu des
investissements assez considérables faits lors d'une seconde phase.
M. Morin (Sauvé): C'est à ne pas confondre avec
Eulalie-Durocher, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je connais très bien les deux. Il y en a
un qui est notre voisin d'en face, l'autre, voisin... Ce n'est pas du tout la
même chose. Mais j'aimerais avoir des explications. Pourquoi fait-on
encore des investissements au cégep Maisonneuve? Est-ce qu'il y a une
augmentation d'étudiants? Est-ce qu'il y a des programmes nouveaux?
M. Morin (Sauvé): Les rénovations, au niveau
collégial comme au niveau universitaire, sont échelonnées,
dans les plans quinquennaux, sur une période de trois ou quatre ans et
on procède, chaque année, à une partie des
rénovations. C'est l'explication, dans le cas de Maisonneuve. Cela fait
partie d'un plan d'ensemble, en vertu duquel les réparations sont
faites, non pas toute la même année, mais subséquemment
dans le temps.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez mentionné tout à l'heure
le cégep Dawson.
Je pense que tout le monde sait que c'est une population importante
servie depuis de nombreuses années, dans des locaux
éparpillés...
M. Morin (Sauvé): À travers le centre de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Oui et si on considère la qualité
générale des cégeps existants et si on la compare aux
locaux qui abritent les étudiants de Dawson, quand pense-t-on prendre
une décision au sujet de Dawson?
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas encore pris de
décision à ce sujet, Mme le député. Je suis en
train d'étudier plusieurs hypothèses qui me sont soumises par le
cégep et par le ministère. Je suis tout à fait conscient
de l'urgence qu'il y a de répondre aux besoins de ces étudiants
qui sont, je crois, au-delà de 4000, si je ne m'abuse.
Tout près de 7000.
Mme Lavoie-Roux: Près de 7000, vraiment.
M. Morin (Sauvé): Près de 7000. Quand on met
ensemble tous les bâtiments à travers lesquels ils sont
répartis, on arrive à ce chiffre considérable. Est-ce que
nous construirons un bâtiment immense, capable de loger tous ces
étudiants ou est-ce que nous partirons de ce qui existe
déjà pour compléter les besoins? Je n'ai pas encore
décidé. J'avoue que ce n'est pas une décision facile. Il
faut tenir compte de la répartition de la population, des transports.
C'est un véritable casse-tête et je ne suis pas au bout de mes
peines.
Mme Lavoie-Roux: Quand croyez-vous pouvoir donner des indications
sur ce que vous envisagez?
M. Morin (Sauvé): Je pense être en mesure, puisque
mes fonctionnaires y travaillent activement à l'heure actuelle, de
donner une réponse au début de l'automne.
Mme Lavoie-Roux: Parce que je pense que, dans ce cas-là,
il ne s'agit pas de caprices. Si vos
fonctionnaires sont familiers avec les locaux qui abritent ces
élèves...
M. Morin (Sauvé): Ils sont très familiers avec la
chose, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Autant, je pense, qu'il ne faut pas bâtir
des locaux là où certains peuvent être encore
utilisés, autant je pense que ces étudiants sont mal servis.
Autre question: Qu'est-ce qu'il doit advenir d'André-Laurendeau?
Est-ce qu'on poursuit le plan prévu de faire un cégep pour les
étudiants francophones de la section sud-ouest de Montréal,
LaSalle, etc.? Il y a eu passablement de questions de soulevées à
ce sujet.
M. Morin (Sauvé): Ce cégep nous cause quelque
anxiété, Mme le député, parce qu'il a
été construit, vous le savez peut-être, pour quelque 4000
étudiants. Or, contrairement aux prévisions, il ne s'en trouve
guère que 1500 et encore, je crois que c'est un maximum.
Mme Lavoie-Roux: 1200.
M. Morin (Sauvé): II se pourrait que ce soit 1200.
Évidemment, là aussi, j'ai des décisions très
difficiles à prendre et je ne suis pas encore en mesure de vous dire de
quelle façon je m'oriente.
Cela fait partie des quelques casse-tête qui me restent au niveau
des équipements des collèges.
M. Raynauld: Vous avez le même casse-tête à
propos de La Pocatière, à ce qu'on m'a dit?
M. Morin (Sauvé): La Pocatière est beaucoup moins
un casse-tête, surtout depuis que les ministères de l'Agriculture
et de l'Éducation se sont donné la main pour tenter de trouver
des solutions, à la fois aux problèmes du collège public
et à ceux de l'école d'agriculture. Il se peut que nous arrivions
à trouver une solution qui réconcilie les intérêts
divergents de l'Institut de technologie agricole, du collège public de
La Pocatière et du collège privé de La
Pocatière.
M. Grenier: Madame, est-ce que vous permettez, sur votre
question...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai rien de définitif
à annoncer. Nous sommes en train de débattre ces problèmes
avec les principaux intéressés.
M. Grenier: II y a une question qui semble bien connue, celle du
cégep de Montréal. On vient de dire qu'il y avait une liste
d'attente de 4000 étudiants et qu'elle est maintenant à peine de
1500. Sont-ce des enquêtes qui avaient été mal faites avant
ou une disparition de la ville, une évacuation? Que s'est-il
passé?
M. Morin (Sauvé): Vous savez, c'est un peu difficile de se
faire une idée précise de ce qui est arrivé, mais je crois
qu'on avait prévu qu'il y aurait une certaine expansion
démographique dans ce coin de Montréal.
M. Grenier: Cela n'est pas réalisé?
M. Morin (Sauvé): On a pensé qu'il y aurait
beaucoup de construction. Elle ne s'est pas encore réalisée. Il
faut que nous réexaminions cela, que nous nous demandions si c'est un
phénomène passager ou bien si les années qui viennent vont
confirmer la chose, auquel cas il y aura des décisions à
prendre.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Sur le même sujet, M. le Président,
merci, le cégep André-Laurendeau devait coûter $11
millions. On dit, je ne sais pas si c'est vrai, qu'il en a coûté
$22 millions. En plus, M. le ministre, je voudrais vous demander s'il est vrai
qu'il y aurait eu de la part d'un premier entrepreneur un bris de contrat et je
voudrais savoir aussi s'il y a eu pénalité à cause de ce
bris de contrat.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas du collège
André-Laurendeau, la soumission initiale qui a été fournie
en 1972, je crois, ou 1973, était de l'ordre de $11 millions.
L'entrepreneur général a failli en cours d'exécution de
ses travaux et tous les contrats ont dû être
renégociés avec les sous-traitants, entre autres, et une
gérance a dû être négociée avec un nouvel
entrepreneur général. Le coût total qu'on me cite pour ce
contrat est de $18,4 millions. Pendant cette période,
c'est-à-dire entre 1973 et 1975, les coûts des matériaux et
de main-d'oeuvre avaient augmenté.
C'est un fait que, dans la nécessité où le
collège s'est trouvé de renégocier avec les sous-traitants
leurs contrats, les sous-traitants ont exigé des ajustements à
leurs prix. Dans la soumission initiale c'est la deuxième partie
de votre question faite par le premier entrepreneur
général, qui était le plus bas et qui a eu le contrat, il
y avait un vice qui ne fut découvert, apparemment, que plus tard. La
soumission de cet entrepreneur n'était pas accompagnée du bond de
garantie ou du cautionnement requis par l'appel d'offres et par
l'arrêté en conseil 2380. Il y avait un vice dans la soumission et
le même vice s'est trouvé répété dans le
contrat qui a été signé par le collège, sans que le
défaut de cautionnement ne soit constaté.
M. Laplante: Est-ce exact que le ministère devait $1,5
million à ce monsieur, ce qui l'a empêché de faire ses
dépôts et que ce serait le ministère qui l'aurait mis en
faillite?
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Laplante: Dans le programme initial, est-ce que le bloc
sportif était compris dans les premières soumissions?
M. Morin (Sauvé): Je ne le sais pas.
Si vous voulez nous laisser une seconde, on va tenter de
vérifier. La réponse semble être non. Il n'était pas
compris dans les soumissions initiales.
M. Laplante: Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je suis sûr que vous
voulez que le député de Roberval dorme du sommeil du juste.
Est-ce que vous avez la réponse...
M. Morin (Sauvé): Je la gardais pour la fin, parce que
ça me fait plaisir de le voir là. Ce n'est pas souvent qu'il
vient à cette commission, et je craignais qu'aussitôt que je l'aie
annoncée, il ne file à l'anglaise.
M. Lamontagne: C'est exactement ce que je vais faire. Je m'en
vais à la commission de l'agriculture.
M. Morin (Sauvé): Oh! Alors, comme vous avez un motif
valable, M. le député, je suis heureux de vous faire savoir que
le collège a été autorisé le 27 mai à
demander des appels d'offres et que la piscine fait partie du projet en
question. Elle se présente sous forme de projet communautaire avec la
régionale et la municipalité, et le projet est inclus dans les
montants et les plans d'investissements que j'ai mentionnés tout
à l'heure.
Vous pouvez maintenant aller vous soucier des problèmes de
l'agriculture.
M. Lamontagne: De graves problèmes, d'ailleurs.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont, sur le même sujet.
M. Raynauld: Sur le même sujet des cégeps, pas sur
la piscine, si vous me permettez.
Le Président (M. Clair): Allez-y!
M. Raynauld: À part cette brique, il paraît
qu'à propos des cégeps, plusieurs études ont
été faites, plusieurs rapports ont été
commandés par les gouvernements antérieurs et ont
été examinés. M. le ministre, vous avez annoncé, je
pense, un livre blanc pour l'automne dans ce domaine.
J'ai lu le rapport Nadeau en fin de semaine. J'avais également vu
l'avis du Conseil supérieur de l'éducation qui vous presse de
prendre une décision sur les structures internes, la structure
pédagogique, les programmes à l'intérieur des
cégeps.
Il semble y avoir une certaine inquiétude dans le milieu à
ce sujet. J'ai même été surpris de voir dans cet avis du
Conseil supérieur de l'éducation que certaines personnes
pensaient même que l'existence des cégeps était remise en
question. Je voudrais savoir de vous si cette étude ou ce li- vre blanc
va traiter de ces questions. Entendez-vous essayer d'orienter assez rapidement
le ministère à ce sujet? Je pense que c'est fondamental. Quelle
sorte de formation va-t-on donner dans ces cégeps? Il y a des
propositions très diverses sur ce sujet et je pense qu'il serait bon que
vous indiquiez quelles sont vos intentions à ce sujet.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, comme nous avons
longuement débattu cette question cet après-midi, aussi bien mes
intentions à l'égard du rapport Nadeau et de ce mystérieux
rapport GTX les intentions futures du ministère au sujet du livre blanc
qui devrait sortir vers la fin de l'automne, je ne voudrais pas revenir de
façon trop détaillée là-dessus. Je dirai simplement
que le ministère a l'intention de rédiger un livre blanc pour
fins de discussions dans le milieu. Je ne veux pas et je l'ai
mentionné à plusieurs reprises à l'époque où
je faisais état publiquement des priorités du gouvernement en
matière d'éducation je ne voudrais pas que ces
réformes, s'il y en a, se fassent sans que le milieu ait eu l'occasion
de les débattre, de les assimiler et des les comprendre parfaitement. Le
danger de réformes imposées d'en haut de façon abstraite
et peut-être de façon un peu trop technocratique, c'est de mener
à des affrontements. Comme je veux que les redressements ou les
renouveaux qui s'imposent soient vraiment concrétisés dans les
faits, j'entends procéder avec le milieu, d'où la
rédaction de ce livre blanc qui va comprendre plus de sujets que le
rapport Nadeau ou le rapport GTX, en ce sens qu'il va comporter un bilan de la
situation des cégeps après dix ans d'existence. Ce bilan n'avait
pas été établi jusqu'ici, que je sache du moins dans les
rapports du Conseil supérieur de l'éducation.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Ma question est très brève, M. le
Président. A-t-il été question d'une nouvelle
résidence pour étudiants dans les collèges? Cela a
peut-être été mentionné durant mon absence?
M. Morin (Sauvé): Effectivement. Nous allons voir la liste
rapidement, M. le député. Si je me réfère à
la programmation de la Société d'habitation du Québec,
direction générale des opérations, laquelle remonte au 25
avril dernier, je puis faire état des projets suivants.
Nous en proposons sept au Conseil des ministres, mais je dois dire que
je ne pourrai mentionner ni les montants, ni être bien précis,
parce que tout cela doit être approuvé par le Conseil des
ministres. Il se pourrait bien, comme cela s'est vu à l'occasion, que
l'état des finances nous cause quelques désagréments. Il y
a donc sept projets dont plusieurs portent sur des collèges et un seul
sur l'Université du Québec à Trois-Rivières. Je
vais vous indiquer simplement le nombre de places, de lits comme on dit en
termes du métier, dans chacun de ces projets. Au collège de La
Pocatière, il est prévu 50 lits pour les étudiants. Il y
avait un projet de 100 lits...
Mme Lavoie-Roux: II y a quelqu'un qui a dit qu'on
économisait... que chaque lit était fait pour deux personnes.
M. Morin (Sauvé): Mais ça, c'est pour les
établissements de Gaspé, si j'ai bien compris.
M. Grenier: C'est un collège mixte, à
Sainte-Anne.
M. Le Moignan: À Gaspé, ce sont des lits
doubles.
M. Morin (Sauvé): Vous me rappelez le mot de Duplessis
à qui on vantait l'élite, qui disait: L'élite,
l'élite, les lits doubles?
M. Grenier: Le député n'a pas dit si les lits
doubles, c'était dans les presbytères.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au cégep
de La Pocatière, 50 lits. Il y avait un projet de 100 lits, inscrit
à la programmation de 1973, qui a déjà été
réalisé. Au collège régional Champlain, campus
Lennoxville, 100 lits. Au collège de Sherbrooke, 75 lits. Au
collège Lionel-Groulx à Blainville, 75 lits, au collège de
Saint-Jérôme, 150 lits et au collège régional de la
Côte-Nord, campus Manicouagan-Hauterive, 150 lits.
Mme Lavoie-Roux: J'allais poser une question sur les
résidences d'étudiants et sur tous les services auxiliaires de
logement dont il est fait mention dans E-06, deux réalisations 1977/78.
Peut-on me dire ce qu'on prévoit pour le budget de fonctionnement de ces
résidences? Parce que vous vous souviendrez qu'il n'y a pas tellement
longtemps, au cégep Bois-de-Boulogne, où il existe une
résidence d'étudiants, apparemment, on encourait un
déficit et, si je ne m'abuse, on a finalement obligé la maison
à couvrir son déficit de telle façon que ce sont les
étudiants qui, en fin de compte, ont été
pénalisés. Est-ce qu'il y a des taux fixes qui sont
demandés aux étudiants ou est-ce que cela varie d'un cégep
à l'autre? Quelle est la formule de financement pour ces
résidences d'étudiants qui, quand même, accueillent des
étudiants de 17, 18, 19 ans, qui n'ont pas des revenus très
considérables?
M. Morin (Sauvé): La formule, c'est l'autofinancement,
sauf que pour les services de la dette. Mais c'est la même formule au
collégial qu'au niveau universitaire. Tous les services auxiliaires
doivent s'autofinancer.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce que vous croyez que les
revenus d'un étudiant de cégep sont suffisants? Ou est-ce que les
prêts sont accordés en conséquence?
M. Morin (Sauvé): J'aurais dû l'ajouter tout de
suite. C'est un élément dont on tient compte dans le
régime des prêts et bourses. Ayant constaté qu'il y avait
eu des augmentations quant au prix des repas dans les cafétérias
et quant au prix des chambres dans les résidences, des indexations ont
été apportées au montant qu'on accorde à
l'étudiant dans le calcul de ses prêt et bourse.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la moyenne du prix des repas dans les
résidences de cégeps ou dans une cafétéria de
cégep?
M. Raynauld: Moins de $3, pour qu'il n'y ait pas de taxe de
vente.
M. Morin (Sauvé): Cela varie suivant les cégeps.
À ma connaissance, mais il faudrait vérifier, cela dépasse
rarement $2.25, $2.50.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut me dire si, dans les centres
hospitaliers, les cafétérias doivent aussi s'autofinancer?
M. Morin (Sauvé): La réponse est oui, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir,
peut-être, à ce livre blanc et demander au ministre si
l'éducation...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont, je vous préviens tout de suite que si le ministre juge
avoir répondu à ces questions cet après-midi, je
n'admettrai pas les questions parce qu'il me semble, honnêtement, qu'on a
débattu ce sujet cet après-midi.
Je laisserai le ministre décider, mais je vous dis
immédiatement que si le ministre considère avoir répondu
à ces questions...
M. Alfred: Question de règlement...
Le Président (M. Clair): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Je pense, c'est ma question de règlement, que
Mme le député de L'Acadie a posé beaucoup de questions sur
le même sujet que le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'aimerais qu'on
entende...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont, ne soulevez pas de débat à ce sujet, je
considère qu'il ne s'agit pas d'une question de règlement. Posez
votre question et j'agirai comme je l'ai indiqué.
M. Raynauld: J'allais demander qu'on me permette de poser la
question, parce que ce n'est pas sur le même sujet. Peut-être qu'on
en a discuté aussi, mais je voudrais savoir si, dans cette
réforme qui est envisagée, on va examiner toute la question de
l'éducation permanente. Là, on pourra
en discuter à propos des universités, à propos des
cégeps, on pourrait les couvrir maintenant, s'il y a lieu. Il me semble
qu'il s'agit là d'un sujet qui déborde de beaucoup la question
simplement des régimes pédagogiques des cégeps dont on a
pu parler cet après-midi, mais je voudrais soulever la question de
l'éducation permanente dans son ensemble, parce qu'il s'agit (à
d'un problème très important où il y a longtemps qu'on
attend des réformes de structures.
M. Grenier: Un instant, je m'excuse, j'avais des questions sur le
même sujet. Je pourrai y revenir, j'imagine, après le
député d'Outremont?
Le Président (M. Clair): Sûrement, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Raynauld: Je pense que l'éducation permanente est un
problème dont on discute et qu'on véhicule déjà
dans à peu près tous les colloques depuis une dizaine
d'années, mais il y a toujours des barrières très nettes
qui sont érigées entre des cours du soir, des cours du jour, des
cours à temps plein, des cours à temps partiel, il n'y a pas
d'intégration avec les cours de recyclage qui sont donnés en
dehors et souvent en dedans des cégeps et des autres institutions
d'enseignement. Je voulais savoir s'il n'y aurait pas lieu, dans ce cas
particulier de l'éducation permanente, d'essayer de voir s'il est
possible d'accélérer un peu les réformes dans ce domaine
ou si ces réformes doivent être incluses dans le livre blanc dont
on parlera cet automne, mais qui pourrait aussi ne pas attaquer le
problème dans son ensemble. J'aimerais bien recevoir des assurances du
ministre que ce problème va recevoir toute son attention.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, M. le Président,
nous allons traiter de la formation générale et socio-culturelle
des adultes et de la formation professionnelle des adultes, aux programmes 7 et
11, qui sont regroupés dans le même bloc. J'ai déjà
indiqué cet après-midi que l'éducation permanente faisait
partie de l'un des chapitres prévus dans le livre blanc de l'automne sur
l'enseignement collégial, au chapitre consacré aux divers types
de formation. Il en sera donc question et je puis ajouter à ce que je
disais cet après-midi le renseignement suivant: Notre direction
générale de l'éducation des adultes est saisie de ce
problème et prépare en ce moment un dossier qui va servir de
toile de fond au livre blanc. Nous l'attendons incessamment.
M. Raynauld: Alors, vous n'envisagez pas de réforme
à plus brève échéance que ça en ce qui
concerne l'éducation permanente?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire des réformes en
profondeur ou des rajustements, parce que...
M. Raynauld: II pourrait peut-être y avoir des ajustements
en attendant, parce qu'il me semble que c'est un problème sérieux
et je serais surpris, peut-être que vous pourriez confirmer ou infirmer
l'impression que j'ai que, sur ce plan, il y a beaucoup d'aménagements
qui reçoivent l'assentiment d'à peu près tout le monde et
qu'il n'y a peut-être pas lieu d'engager des études encore
à très long terme pour essayer de progresser.
M. Morin: II n'empêche que c'est quand même un
problème de grande étendue, c'est une conception bien
spécifique de l'éducation qui est en cause, et ce n'est pas le
genre de projet collectif qu'on bouscule. D'ailleurs, ce n'est pas le seul
niveau où il est question d'éducation permanente, nous en parlons
également au niveau universitaire et même à d'autres
niveaux inférieurs à l'enseignement collégial. Notre
attitude est de prendre le temps de réfléchir à la chose
avant de nous lancer dans de grandes réformes.
Puisque le gouvernement a entrepris des études sur tous les
niveaux de l'enseignement, je préférerais attendre que nous nous
trouvions devant des rapports bien circonstanciés avant d'annoncer des
politiques nouvelles ou avant de les mettre en vigueur.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous êtes passé tout à l'heure
sur le cégep Champlain de Lennoxville. Il s'agit d'un cégep
francophone, je pense?
Mme Lavoie-Roux: Non, anglophone.
M. Grenier: C'est celui qui est anglophone?
M. Morin (Sauvé): Le cégep Champlain, en
dépit de son nom, est un cégep anglophone.
M. Grenier: Cela me surprenait un peu, parce qu'il n'y en a qu'un
à Lennoxville.
M. Morin (Sauvé): II est temps que l'on donne, même
à des cégeps anglophones, des noms de grands personnages
historiques, pourquoi pas?
M. Grenier: Ensuite, vous êtes revenu en disant qu'il y
aurait un aménagement de 100 lits. Est-ce le seul changement qui se
produit à ce cégep? Vous regarderez, en même temps, pour
Sherbrooke, qui suit, pour 75 lits.
M. Morin (Sauvé): Dans l'immédiat, c'est
effectivement le seul projet concret que nous ayons dans nos dossiers. À
plus long terme, cependant, il y a d'autres projets auxquels je ne voudrais pas
faire allusion, de façon précise, parce qu'ils ne sont pas encore
vraiment décidés.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut me dire si cela répond aux
exigences du milieu, savoir ces 100 lits du cégep? Quand on
connaît un peu cette région, on sait que cela doit être un
grand nombre
de pensionnaires qui se regroupent à Lennoxville, étant
donné qu'il n'y a plus d'école secondaire, à peu
près, dans la région des Cantons de l'Est. Est-ce que cela
répond pas mal à la demande ou si ce sont les huit
dixièmes, à peu près, ou bien...?
M. Morin (Sauvé): On me dit que chaque projet de
construction fait l'objet d'une étude de pertinence. Vraiment, on scrute
de près la clientèle, les besoins de cette clientèle. Or,
ce nombre de 100 lits semble répondre aux besoins de l'heure.
M. Grenier: Est-ce qu'à ce cégep il y a un
échange entre les professeurs de l'université Bishop et ceux du
cégep de Lennoxville, à un taux assez important?
M. Morin (Sauvé): Précisons que le cégep
Champlain comporte trois campus.
M. Grenier: Oui.
M. Morin (Sauvé): Quand on parle de Lennoxville, on ne
parle que de l'un des campus parmi d'autres. Il y en a un qui est ici, à
Québec, je crois et l'autre à Saint-Lambert.
Mme Lavoie-Roux: À Québec, c'est St. Lawrence.
M. Morin (Sauvé): St. Lawrence, c'est cela.
Pour ce qui est de la question que vous me posez, je vais prendre
conseil, parce que je ne connais pas la réponse.
Vous avez parlé des échanges de professeurs entre
l'université et le collège...
M. Grenier: Des échanges de professeurs
d'université.
M. Morin (Sauvé): II en existe. Il y a des professeurs qui
enseignent à la fois au collège et à
l'université.
M. Grenier: D'accord. Pour Sherbrooke, vous avez confirmé
que le changement qu'il y avait au cégep de Sherbrooke, c'était
de seulement 75 lits? C'est cela?
M. Morin (Sauvé): Attention. J'ai bien pris soin de dire
que ces projets n'ont pas encore reçu l'approbation définitive du
Conseil des ministres.
M. Grenier: C'était sur la programmation.
M. Morin (Sauvé): Alors, n'allez pas annoncer cela, M. le
député.
M. Grenier: Ah! je...
M. Morin (Sauvé): Vous pourriez avoir quelques
déconvenues par la suite.
M. Grenier: Je suis très réduit dans mes annonces
vis-à-vis des media. Je peux vous dire que ce qui se passe en commission
parlementaire, j'attends que le ministre le fasse...
M. Morin (Sauvé): Cela me ferait plaisir de vous obliger,
mais je ne peux pas le faire.
M. Grenier: Une question m'intéresse et qui est plus
importante que toutes, parce que ce sont quand même des questions
très techniques. Vous parlez, depuis une quinzaine de jours, de
l'école. J'ai l'air drôle de vous en parler, mais je ne suis pas
de la région de Montréal, je suis
"démontréalisé", comme on disait ce matin, il y a
longtemps, je l'ai toujours été.
Je m'inquiète des sections rurales. Quand vous avez parlé
et je vous l'ai dit à ce moment-là du retour
possible, afin de conserver dans nos villages ruraux les écoles
primaires, vous avez en même temps parlé de formation plus
généraliste de nos professeurs et de nos étudiants. Vous
avez également parlé de formation plus générale
chez nos étudiants du premier cycle. Je parle encore puisque je
ne suis pas retourné à l'enseignement depuis ce temps-là
de huitième, neuvième et dixième année.
Le ministère a-t-il envisagé, compte tenu de cette
formation plus générale qu'on pourrait donner, et cette
déclaration que vous avez faite du retour possible d'écoles
primaires dans nos villages, de récupérer, dans nos villages, des
élèves d'au moins septième année, possiblement de
huitième et neuvième année, pour nous aider? Ainsi, cela
affecterait certainement la vie des cégeps, et on pourrait
peut-être récupérer dans nos écoles primaires, des
classes de cégeps. Vous êtes en train de parler de
développement de cégeps. Il serait peut-être temps de
penser, afin d'éviter de se retrouver avec des cégeps à
moitié vides, de venir remplir nos polyvalentes de nos secondaires.
M. Morin (Sauvé): II existe effectivement de ci, de
là, des écoles où on trouve des élèves de
niveau secondaire I, mais je ne suis pas enclin à en faire une
politique, parce que, si cela devait se généraliser, nous aurions
une école primaire de sept ans, de huit ans ou de neuf ans. Je crois que
l'étudiant y perdrait, dans l'ensemble. Je suis plutôt enclin
à penser que les deux cycles du secondaire, même s'ils peuvent
n'être pas nécessairement dans le même bâtiment,
doivent être distincts du niveau primaire.
M. Grenier: Ce qui m'amène à dire que la
déclaration remarquez que je ne veux pas être
désobligeant d'une école primaire en campagne, si on ne
parle que de la 1ère à la 6e année, où même
plusieurs élèves quittent après la 5e, sautent la 6e et se
ramassent en 7e au secondaire, ce sont des exceptions, disons, oui.
M. Morin (Sauvé): Dans votre comté, les gens sont
brillants.
M. Grenier: Comme on le mentionnait ce matin, ce sont les Trudeau
et les Saint-Laurent. Si
cela devait être cela, quand vous nous disiez tout à
l'heure que... Je ne veux pas en faire une politique générale,
mais je ne sais pas si cela a été assez longuement pensé,
parce que, si vous ne voulez pas, il y a des raisons à cela. Est-ce
parce que les écoles primaires ne sont pas suffisamment
équipées? Si elles ne sont pas suffisamment
équipées, peut-être qu'on n'aura pas beaucoup de
professeurs intéressés à aller enseigner à
"Saint-Profond" et on peut se ramasser avec des écoles primaires
où il y aura peu de professeurs compétents, à moins qu'on
ne décide d'avoir des professeurs itinérants. Je m'excuse de
revenir au primaire, mais cela a quand même un rattachement avec le
cégep, puisqu'il faut partir des trois premières années de
cégep.
M. Morin (Sauvé): II y a des problèmes d'ordre
pédagogique que soulève votre question et aussi des
problèmes d'ordre matériel. Les écoles primaires ne sont
pas équipées, dans la majorité des cas en tout cas, pour
faire face aux exigences du niveau secondaire. De fait, si j'en faisais une
politique générale, nous aboutirions à des écoles
primaires de sept et de huit ans.
Or, tout nous indique que ce n'est pas souhaitable qu'il en soit ainsi,
qu'il vaut mieux qu'il y ait une distinction entre le primaire et le
secondaire. Je reste par ailleurs sensible à l'idée que les
premier et deuxième cycles du secondaire peuvent être, lorsque
c'est possible, tenus distincts, parce que, là encore, il y a, entre les
premier et deuxième cycles, comme un hiatus psychologique qui pourrait
avoir des conséquences pédagogiques.
Mais là j'avoue qu'on est évidemment dans un domaine qui
pourrait faire l'objet de longues discussions.
M. Grenier: Je suis d'accord, M. le ministre, mais, suite
à cela, je ne vous cache pas que, cette semaine, cela doit
paraître, je suis un peu bouleversé par les déclarations...
Je ne vous le cache pas.
M. Morin (Sauvé): Les déclarations de
réouverture ou de maintien des petites écoles?
M. Grenier: Le maintien des écoles primaires, oui, parce
que je vous le dis à nouveau devant les fonctionnaires qui sont ici,
c'est une déclaration que m'a plu, puisque cela fait peut-être 15,
16 ou 17 ans qu'on attend une déclaration de ce genre. S'il pouvait y
avoir des suites à cela, je pense que ce serait heureux pour
passablement de monde, et quand on est en train de parler de politiques de
cégeps qui ne seront pas encore finis et qu'on va encore en bâtir,
avant de se ramasser, quand je regarde les chiffres, la dégringolade qui
va se faire au niveau du secondaire ou des cégeps ce sont les
cégeps ici ...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je puis ajouter...
M. Grenier:... il me semble qu'on devrait s'asseoir comme il faut
avant de se lancer là-dedans.
M. Morin (Sauvé): Votre question prend une tournure un peu
différente. Je puis vous dire qu'avant de bâtir des cégeps,
nous avons une politique qui consiste à scruter la région pour
voir s'il n'y aurait pas des bâtiments en état de servir.
On a eu un exemple à Granby où il y avait une école
qui, de fait, pouvait servir aux fins du cégep et qui a
été utilisée. Il faut dire également que, dans le
cadre du plan quinquennal d'investissements du réseau collégial,
toutes les clientèles ont été revues et non pas sur une
période de cinq ans, mais sur une période de dix ans, de telle
sorte que tous les devis pédagogiques ont été
réduits et qu'on construit non pas pour la période de pointe,
mais pour la période de stabilisation des clientèles.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement faire une remarque
additionnelle. Je me demande si le député de
Mégantic-Compton n'avait pas plutôt en tête, M. le ministre,
les étudiants des régions vraiment rurales qu'on oblige à
un âge très jeune à voyager sur de grandes distances. Votre
principe de mettre les enfants du secondaire avec des enfants du secondaire
peut être bon en soi, mais, est-ce que, dans le cas de régions
rurales, très éloignées, où on fait voyager des
enfants sur de grandes distances, le fait, à ce moment, de garder la
première année du secondaire à l'école
élémentaire pourrait d'abord la rendre plus viable au plan des
ressources et, ensuite, répondre à des besoins et aux attentes
des parents?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je
répéterai simplement ce que j'ai dit tout à l'heure. Il
existe des situations, et notamment en milieu rural, où le secondaire I
se trouve effectivement intégré au primaire. Seulement, si nous
devions en faire une politique générale...
Mme Lavoie-Roux: Non, d'accord.
M. Morin (Sauvé): ...nous devrions nous mettre à
construire et à vider certaines écoles secondaires.
M. Grenier: Si c'est possible. On le fait ici, je pense qu'on est
sérieux, et les ministres sont en état de nous fournir beaucoup
d'excellentes déclarations avec leurs préoccupations de l'heure
du souper dont fait rapport le député de Gaspé. On sait
qu'ils se sont comportés comme des hommes qui nous ont vraiment fait
honneur au cours de l'heure du souper. Je pense que, si ce n'est pas une
politique générale, il me semble que le ministère devrait
se pencher d'une façon bien particulière sur ces cas. Vraiment,
à la campagne, j'ai l'air d'insister, mais il me semble qu'on devrait se
pencher de façon bien particulière sur ces cas.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je peux inviter les
députés, en particulier le député de
Mégantic-Compton, à me signaler des cas concrets? Je puis prendre
l'engagement de jeter un coup d'oeil attentif à tout ce qu'il m'enverra
et qui porte sur cette question.
M. Grenier: Merci.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question sur les
cégeps. C'est simplement pour demander si le ministère a fait des
études ou fait des études présentement sur la
persévérance des étudiants au niveau du cégep.
Quels en sont les résultats?
M. Morin (Sauvé): J'ai déjà parlé,
aux niveaux primaire et secondaire, de l'opération relance, vous vous en
souviendrez, Mme le député. Je vais essayer de dégager des
mêmes documents des chiffres portant sur le collégial. Nous ne
possédons pas, à l'heure actuelle, de moyens précis pour
mesurer ce phénomène tout à fait pénible de
l'abandon scolaire. Nous savons, cependant, depuis 1970-1971,
c'est-à-dire depuis le moment où le réseau
collégial a été complété, que le nombre
d'étudiants inscrits dans chaque programme est d'un tel nombre. Nous
connaissons le nombre d'étudiants qui l'ont complété. Je
pourrais vous donner des indications année par année sur le taux
de passage. Nous sommes actuellement à mettre en place une
méthode dite du flux de clientèle qui devrait nous permettre de
suivre l'étudiant dès son entrée au réseau
collégial et jusqu'à sa sortie. Cette méthode qui n'est
pas tout à fait au point fournira, notamment, le temps que
l'étudiant prend pour suivre ses études de niveau
collégial, les abandons temporaires d'étude, les transferts de
programmes, les transferts de collèges, etc.
Quant au taux de passage proprement dit, il était, en 1970-1971,
de 0,949 entre la formation générale I et la formation
générale II. En 1975, par rapport à l'année
précédente, il était de 0,916, pour une moyenne des cinq
années de 0,935. Pour ce qui est maintenant du taux de passage de la
formation professionnelle I à II, je vous donne la moyenne des cinq
dernières années, jusqu'en 1975-1976, parce qu'autrement nous
n'en sortirons pas; ce sont des colonnes de chiffres.
La moyenne a été de 0, 775. Laissez-moi vous donner aussi
quelques détails au sujet du taux de passage de la formation
professionnelle II à la formation professionnelle III. Pour les cinq
années, la moyenne est de 0,877. Enfin, la moyenne cumulative pour les
trois niveaux du professionnel pour les années 1970-1971 à
1975-1976, c'est à-dire pour cinq ans, est de 0,670. En fin de compte,
ces taux nous paraissent relativement bas.
M. Raynauld: M. le Président, si je comprends bien,
ça veut dire que les deux tiers de ceux qui sont entrés vont
réussir. C'est ça?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Raynauld: 0,67...
M. Morin (Sauvé): Au professionnel.
M. Raynauld: Au niveau professionnel, ce sont les deux tiers, et
au niveau général...
M. Morin (Sauvé): Ce sont les deux tiers pour les trois
années, oui.
M. Raynauld: ...vous avez donné seulement l'année
un et deux. Évidemment, c'est très élevé. C'est
93,5. C'est 93% de gens qui réussissent.
M. Morin (Sauvé): C'est ça, exactement.
M. Raynauld: Alors, pourquoi dites-vous que c'est très
bas, ces chiffres? Je trouve ça...
M. Morin (Sauvé): Non, je veux dire que le taux
d'abandon...
M. Raynauld: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): ...pour ce qui est de la formation
générale...
M. Raynauld: Le taux d'abandon est bas. D'accord.
M. Morin (Sauvé): Le taux d'abandon est bas. C'est ce sur
quoi la question portait.
Mme Lavoie-Roux: Pour le professionnel.
M. Morin (Sauvé): II est relativement bas pour le
général. Il est évidemment un petit peu plus
élevé pour le professionnel. Il y a des problèmes de ce
côté-là.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je n'ai pas d'autres questions
là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le député de
Taschereau. Je constate qu'il n'y a pas d'autres questions sur les
éléments 1 et 2 du bloc 2.
Mme le député de L'Acadie, étant donné que
c'est vous qui avez soulevé le sujet qui m'intéresse au plus haut
point, c'est-à-dire le sujet des immobilisations dans le domaine des
études collégiales, étant donné que je suis
président et que je ne peux pas poser des questions, je vais vous
demander de poser une question sur...
Mme Lavoie-Roux: Cela va me faire plaisir.
Le Président (M. Clair): Cela va vous faire plaisir.
...une question sur le programme d'immobilisations. J'aimerais savoir s'il y a
un ordre de priorités financières ou un ordre de priorités
dans l'acheminement des dossiers d'immobilisations dans le domaine
collégial en général, parce qu'en ce qui concerne le
cégep de Drummondville, non seulement on n'a pas de piscine, non
seulement on n'a pas de complexe sportif, mais on n'a pas de
cafétéria et on est à la veille d'avoir des piscines dans
les classes, parce que les plafonds coulent. J'aurais aimé savoir s'il y
a un ordre de priorités qui a été fixé pour ce
cas-là.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, vous
n'aurez pas à répéter la question, le
président...
Mme Lavoie-Roux: C'est la question qu'on a posée pour le
secondaire, en fait. Votre établissement doit...
M. Morin (Sauvé): ...a très bien fait les choses.
Je vais tenter de lui donner une réponse.
Le Président (M. Clair): Je vous permettrai toute autre
question sur le même sujet, Mme le député.
M. Morin (Sauvé): À l'heure actuelle, le
collège de Drummondville étudie le dossier et nous attendons de
ses nouvelles. Si tout va bien et si le député sait faire passer
les messages qui conviennent, eh bien, nous pourrions, sans doute, songer
à aller chercher les autorisations nécessaires auprès du
Conseil des ministres vers le mois d'août.
Une voix: II faut faire pression...
M. Morin (Sauvé): "Avant l'août, foi d'animal".
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'est dommage, je n'ai pas de cégep
dans mon comté pour lesquels je pourrais faire des réclamations.
J'ai des fermetures d'écoles, mais on n'y reviendra pas.
M. Morin (Sauvé): Je sais, je sais.
M. Alfred: Mme le député de L'Acadie, j'ai des
écoles élémentaires, moi.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Clair): Étant donné qu'il
n'y a pas d'autres intervenants sur la liste, nous pourrions passer
immédiatement à l'adoption du programme 5 en entier. Alors, le
programme 5 sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Le Moignan: M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: ...si vous permettez, j'aurais seulement une
petite question.
J'ai assisté ce soir à une cérémonie en
l'honneur du 10e anniversaire du décès du chanoine Groulx et j'ai
écouté un brillant ministre prononcer un vibrant éloge de
ce grand historien et quelqu'un m'a dit que, sur la liste des livres de
consultation du collégial et du secondaire, le nom de Groulx ne figurait
même pas. On m'a peut-être induit en erreur. Mais avec toute cette
"batterie" de spécialistes derrière vous, je sais que la
réponse ne tardera pas à venir.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une
question qui porte sur un point très particulier. Je vais
m'enquérir de la chose, je ne connais pas la réponse. Il se peut
que les livres de Lionel Groulx ne fassent pas partie des ouvrages à
lire, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas dans les
bibliothèques, à la disposition des étudiants. Et cela ne
veut pas dire non plus que les enseignants n'en tiennent pas compte dans leur
enseignement. Du moins, j'ose l'espérer. Pour la question précise
que vous m'avez posée, je tenterai d'autant plus de trouver la
réponse que, désormais, l'enseignement de l'histoire va
être obligatoire au niveau secondaire et qu'il ne serait donc pas mauvais
que ces livres figurent sur les listes de lecture.
M. Le Moignan: Si cela m'intéresse, c'est parce qu'il doit
y avoir d'autres historiens qui sont mentionnés sur cette même
liste. Il y a certainement d'autres historiens qui sont mentionnés.
M. Morin (Sauvé): On vient de m'apporter une
précision, M. le député. Au niveau collégial, ce
n'est pas le ministère qui fixe les listes de livres recommandés,
comme cela peut être le cas à d'autres niveaux. Au niveau
collégial, c'est le professeur qui, vous le savez, est un grand
spécialiste en général; c'est lui, dis-je, qui va donner
à ses étudiants une bibliographie. Quant à savoir si une
proportion d'entre eux, ou tous, recommandent la lecture des ouvrages de
Groulx, je n'en sais rien et j'imagine que cela peut dépendre de leur
méthode d'enseignement.
Le Président (M. Clair): Le programme 5 serait-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Ai-je entendu, Mme le
député?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Merci, Mme le député.
Le Président (M. Clair): Adopté. S'agit-il, d'autre
part, à l'article 2, M. le ministre, de l'élément 2 du
programme 2, section 1?
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que nous avons
regroupé l'administration avec le réseau lui-même et, s'il
y a des questions sur l'administration, je serais prêt à en
disposer tout de suite, de sorte que nous pourrions adopter le bloc II.
Mme Lavoie-Roux: La seule question, c'est: Que
prévoyez-vous pour l'absorption des déficits encourus par les
cégeps? Ou est-ce qu'il n'y a pas des problèmes de
déficits?
M. Morin (Sauvé): II y en a plusieurs et, si vous voulez
bien me laisser un moment, je vais essayer de vous donner une réponse
intelligente.
Je puis vous indiquer qu'un certain nombre de collège ont eu des
déficits. L'ordre de grandeur varie énormément de l'un
à l'autre et, comme tout cela se trouve devant le Conseil du
trésor, je préférerais ne pas mentionner de chiffres. Mais
je vous mentionne les collèges Bourgchemin, Champlain,
Côte-Nord, Gaspésie, Joliette, Lévis-Lauzon,
Limoilou, Lionel-Groulx, Montmorency, Nord-Ouest, Outaouais, Rimouski,
Rivière-du-Loup, Rosemont, Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Jérôme, Sherbrooke, Valleyfield,
Vanier et Vieux-Montréal. Comme vous le voyez, ce n'est pas l'ensemble
des cégeps, mais cela en fait tout de même quelques-uns.
Alors, quelle est notre politique à l'égard des
déficits de ces collèges? Elle comportait, jusqu'à
récemment, deux volets principaux. Premièrement, la
régularisation des déficits au 30 juin 1976 et,
deuxièmement, l'élimination de la notion de déficit pour
les années 1976, 1977 et les années ultérieures. Je pense
qu'il convient que je vous donne quelques détails là-dessus,
parce que cela peut avoir l'air de vouloir rayer d'un trait de plume des
réalités lancinantes.
Pour ce qui est de la régularisation des déficits au 30
juin 1976, le principe est celui-ci: Que la partie du déficit qui
pourrait être imputable au ministère soit assumée par
celui-ci et que le solde soit absorbé par les collèges à
même leur budget des cinq prochaines années. Les paramètres
sont les suivants. La partie du déficit que le ministère
considère comme pouvant découler de sa responsabilité est
déterminée de la façon suivante: Premièrement
ce sont les paramètres, il y en a quatre, en gros
l'assurance-clientèle pour le salaire des enseignants selon la
prévision de clientèle. Deuxièmement, l'exercice de
transférabilité entre les groupes budgétaires de
l'enseignement régulier pour les années 1970-1971 et
antérieures. Troisièmement, il s'agit de permettre le versement
des surplus de l'éducation permanente ou des services auxiliaires vers
l'enseignement régulier. Quatrièmement, le ministère
accepterait de subventionner certaines situations vraiment
particulières, menacées de chutes draconiennes de
clientèle, de dimension réduite de locaux ou d'éloignement
géographique.
Donc, pour ce qui est des déficits au 30 juin dernier, une
régularisation va tenter de faire le partage entre la
responsabilité du ministère et celle des cégeps. Pour ce
qui est de l'élimination des déficits pour les années
ultérieures, nous entendons réaffirmer le principe juridique de
l'absence de déficit. Il ne doit pas y avoir de déficit. Nous
entendons laisser aux collèges 100% des surplus nets
réalisés; de même, nous pourrions porter une assistance
technique aux collèges en difficulté en cours d'année.
Voilà donc la politique que nous entendons suivre pour ce qui est de
l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si je comprends bien, les cégeps
seront obligés d'administrer, sauf dans des situations très
particulières, sans encourir de déficit à l'avenir.
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais dans le moment, vous trouvez des formules
pour équilibrer les déficits antérieurs. Ce n'est pas tout
à fait cela, je pense.
M. Morin (Sauvé): Le répartir sur cinq ans,
d'abord, ce qui donne une chance aux cégeps de se rattraper. Nous avons
pour politique générale c'est vrai aussi pour les
universités, c'est vrai pour d'autres niveaux qu'il n'y ait pas
de déficit. Il faut s'administrer de façon très
serrée et si nous commencions à assumer systématiquement
tous les déficits, je pense que Mme le député peut
comprendre jusqu'où cela pourrait nous mener. Il n'y aurait pas de
limite à cela. Cela conduirait à une irresponsabilité
complète. Nous avons pratiqué cette politique à l'endroit
des universités; chacun se souviendra du cas de Sherbrooke, notamment,
un cas qui a fait couler beaucoup d'encre. Nous avons appliqué le
principe à l'Université de Sherbrooke. Nous entendons l'appliquer
dans un autre cas que je ne veux pas mentionner ce soir. Il ne nous
paraît pas que des principes différents devraient régir les
collèges. Après tout, ils reçoivent tous leurs fonds de
l'État et n'ont pas de pouvoirs de taxation autonomes, comme c'est le
cas des commissions scolaires. Donc, ils doivent faire en sorte de demander
à l'intérieur des limites qui leur sont imposées.
Évidemment, ce n'est pas facile, mais c'est la règle
d'application générale, surtout en ces temps de
difficultés budgétaires.
M. Raynauld: N'est-il pas exact que plusieurs fois ce sont des
décisions qui sont prises par le gouvernement du Québec, le
ministère de l'Éducation, qui imposent des déficits aux
collèges?
M. Morin (Sauvé): En l'occurrence, non, mais si
c'était le cas...
M. Raynauld: Les salaires sont négociés à
l'échelle de la province.
M. Morin (Sauvé): J'ai mentionné justement
l'assurance-clientèle pour le salaire des enseignants, la
transférabilité entre les groupes budgétaires: lorsque
c'est "la faute" du ministère, alors nous pensons assumer cette partie
du déficit. Lorsque nous sommes responsables autrement dit d'une partie
du déficit, nous allons aider le collège à l'assumer, nous
allons faire notre part. Mais lorsqu'il s'agit d'une responsabilité
propre au collège, nous croyons qu'il faut s'en tenir au principe de
l'absence de déficit.
Enseignement universitaire
Le Président (M. Clair): L'élément 2 du
programme 2, dans sa première partie, serait-il adopté?
Adopté.
Nous passons donc immédiatement à l'étude des deux
programmes du bloc II, soit: Enseignement universitaire et Gestion de
l'enseignement universitaire.
M. Morin (Sauvé): À l'onglet F du cahier, on
trouvera un dossier-programme pour l'année 1977/78, M. le
Président, lequel contient déjà beaucoup de renseignements
sur les orientations de l'an dernier, les réalisations, de même
que les priorités de l'année qui vient.
Mme Lavoie-Roux: Je ne ferai pas d'énoncé de
principe, je pense que je vais m'en tenir aux questions, compte tenu de l'heure
et de ce que nous avions établi comme façon de procéder.
Je voudrais simplement référer le ministre à F-12. Je
m'excuse, où était le budget des...
M. Morin (Sauvé): Le budget de...
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai, c'est à la page...
M. Morin (Sauvé): F-13.
Mme Lavoie-Roux: F-17, en fait. Si j'ai bien compris les
explications préliminaires qui se trouvent à l'intérieur
de l'onglet F, il semble bien que les augmentations que l'on ait
accordées soient reliées d'abord à l'accroissement du
nombre d'élèves, d'étudiants à l'université
et qui sont calculées selon une nouvelle formule qui est
expliquée aussi à l'intérieur des pages explicatives que
vous nous avez données. En fait, il n'y a pas d'accroissement en termes
de développement de services à l'intérieur des
universités, est-ce que je me trompe?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, comme vous le
savez peut-être, le financement des universités est lié
à ce que nous appelons une formule historique, c'est-à-dire
qu'à un certain moment, dans l'histoire des universités, on a
évalué ce que coûtait un étudiant dans chaque
université et ces coûts ont été indexés par
la suite. Depuis un an, si je ne m'abuse, nous avons modifié cette
formule historique, mais elle demeure quand même fondamentalement
appuyée sur le principe historique.
Si vous désirez plus de détails sur les modifications
apportées cette année, je vais prendre conseil.
On retrouve à la page F-04 essentiellement, les modifications qui
ont été apportées pour l'année 1976/77. On y dit
que le ministère a éliminé le développement
mécanique sous forme de per capita relié aux étudiants et
rattaché l'ensemble des ressources de développement directement
à la croissance des clientèles. Le ministère a
ajusté la subvention liée aux dépenses d'enseignement d'un
taux égal à 100% du taux de croissance des clientèles,
alors que les subventions liées au personnel autre que le personnel
enseignant et à l'achat de biens et services n'ont été
qu'à 50% du taux de croissance des clientèles, pour
l'année 1976/77.
Pour l'année 1977/78, on a retenu une formule
légèrement différente, soit un ajustement de 75% sur les
deux masses. On ne tient plus compte du per capita, mais uniquement de la
croissance.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait m'expliquer pourquoi il
n'y a pas de taux de croissance quant à l'évolution de la
population peut-être qu'on ne l'a pas calculé pour
Concordia et les Hautes Études commerciales, à la page F-12? Il
semble qu'on ait le nombre d'étudiants, mais qu'on n'ait pas le
pourcentage. Je suppose qu'on ne l'a pas calculé.
Est-ce qu'il y a une autre explication? Ah! c'est la même
clientèle, vous avez raison. L'autre question que je veux poser, il
semble que...
M. Morin: Ce sont les deux institutions, Mme le
député, qui ont fait le choix d'une hypothèse nulle de
croissance.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Alors, il semblerait que toutes les
universités, pour l'année 1977/78, sont satisfaites des budgets
qui leur sont accordés. Je pense même que l'université de
Montréal prévoit un léger surplus parce que des
subventions lui ont été accordées trop tard pour qu'elle
puisse les utiliser durant l'année 1976/77.
Il resterait, à ce que je comprends, deux problèmes
particuliers, celui de Sherbrooke et celui de Concordia.
Quelles sont les intentions du ministère à l'égard
de ces deux universités?
M. Morin (Sauvé): Lesquelles avez-vous mentionnées,
madame?
Mme Lavoie-Roux: Concordia et Sherbrooke.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous dire que toutes les
universités, sauf Concordia, sont dans une bonne situation
financière. Pour ce qui est de Concordia, j'ai rencontré, il y a
trois semaines je crois, le président du conseil de l'université
et le principal, comme on l'appelle, pour discuter avec eux de leurs
problèmes de financement qui me paraissent réels.
Toutefois, je ne voudrais pas, ce soir, entrer dans les détails,
parce que c'est à l'état de discussion entre eux et nous. Je
crois que donner des détails pourrait gêner beaucoup plus
l'université que le ministère.
Pour Sherbrooke, c'est réglé.
Mme Lavoie-Roux: II reste quand même un déficit pour
Sherbrooke?
M. Morin (Sauvé): II y a un déficit
considérable, je crois qu'il est de l'ordre de $7 millions, mais elle a
accepté de le rembourser sur une période de dix ans. Elle est
satisfaite de cette solution et je crois, étant donné qu'il
existe un léger surplus, qu'elle va arriver à rembourser sans
trop de difficulté, de sorte que nous faisons respecter la règle
selon laquelle les universités doivent s'en tenir également aux
budgets qui leur sont impartis.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de Concordia, M. le ministre, je
sais qu'elle a eu les problèmes de la fusion, qui ne sont probablement
pas tout à fait solutionnés, entre Sir George Williams et Loyola.
Est-ce que quand même, sans entrer dans les détails, je peux
comprendre que le ministre, à ce moment-ci, ne veut pas le faire, est-ce
que c'est quand même une université qu'on a l'intention de
maintenir? Est-ce qu'on a...
M. Morin (Sauvé): Tout à fait.
Mme Lavoie-Roux: Tout à fait.
M. Morin (Sauvé): Tout à fait. Il n'est pas
question de laisser périr la moindre institution
québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Je sais que cela fait plusieurs années
que la difficulté se répète à Concordia...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut-être causé par des
problèmes de régie interne, reliés à leur fusion
qui a été difficile, etc.
M. Morin (Sauvé): II y a cela et il y a aussi la formule
historique qui, il faut l'avouer, ne les avantage pas particulièrement.
Mais peut-être puis-je vous donner plus de détails.
Au titre de la fusion, précisément, entre le
collège Loyola et l'université Sir George Williams, on est en
train de régulariser la situation et on s'apprête à faire
un versement à l'université de $3 millions, ce qui
rétablira sensiblement sa situation financière.
Il existe un autre problème que connaissent les
universités anglophones, avant les universités francophones,
c'est le problème de la stabilisation des clientèles. Elles ne
voient plus leur clientèle augmenter, de sorte qu'il faudra trouver une
règle pour ces universités qui ne sont plus en croissance, mais
qui atteignent le plafonnement.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, dans le projet d'étude
que vous devez mettre sur pied, avec les quatre volets qui sont exposés
dans la présentation que vous avez faite la première
journée, on retrouve une foule de problèmes qui vont être
examinés. Je ne veux pas les décortiquer. Vous dites qu'ils
répondent à des préoccupations pour le fonctionnement des
universités depuis déjà assez longtemps.
On prévoit un délai de dix-huit mois, au moins?
M. Morin (Sauvé): Oui, environ dix-huit mois. Mme
Lavoie-Roux: L'étude n'a pas démarré?
M. Morin (Sauvé): Elle est sur le point de
démarrer. Nous en sommes à tenter, par voie de consultation avec
le milieu, de déterminer qui fera partie de ces groupes d'étude,
puisqu'il y en aura sans doute plusieurs.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pensez à des gens du
ministère, des gens des universités et des gens du milieu pour
faire partie de ces groupes?
M. Morin (Sauvé): À des gens de tous les milieux
qui gravitent autour de l'université, et non pas seulement à des
universitaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je pense.
Vous dites les gens qui gravitent autour de l'université, mais
est-ce que vous pensez aussi à des gens qui, peut-être ne
gravitent pas nécessairement autour de l'université de
façon immédiate, mais qui sont des citoyens ou des contribuables
qui pourraient peut-être apporter le gros bon sens du milieu, vous
savez?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais, quand je dis les milieux qui
gravitent autour de l'université, il s'y trouve beaucoup de monde, vous
savez.
Mme Lavoie-Roux: Vous pensez aux contribuables. D'accord.
M. Morin (Sauvé): Cela veut dire les milieux
économiques et sociaux les plus divers, les milieux de travail qui sont
en contact avec l'université, de sorte que cela fait déjà
un bassin considérable. Le problème, c'est même l'embarras
du choix.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Il y a un seul problème qui, je
pense, sera touché à plus ou moins long terme au moment de
l'étude, mais, compte tenu du fait que l'étude va prendre 18
mois, qu'après cela on l'examinera, qu'elle fera vraiment l'objet d'une
consultation et tout le processus qu'on connaît, il reste le
problème de contingentement des étudiants à
l'université. Je pense qu'on ne peut quand même pas attendre
toutes ces études avant de réfléchir et je suis sûre
que vous y avez déjà réfléchi...
M. Morin (Sauvé): C'est un des maux de tête les plus
considérables que je connaisse.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pensez qu'il faille songer, en
termes de contingentement, à tenter de faire une conciliation, je
dirais, entre la diminution des emplois dans certains secteurs
spécialisés je pense au droit, à l'architecture,
enfin il y en a peut-être d'autres et le désir quand
même des jeunes qui prennent des options en fonction d'une profession
définie ou d'une activité ultérieure qu'ils ont choisie
suite à un assez grand nombre d'années d'études?
M. Morin (Sauvé): À l'heure actuelle, il existe au
sein du ministère un comité de liaison dont j'ai mentionné
l'existence, je crois, tout à l'heure, entre le niveau collégial
et le niveau universitaire, lequel doit consacrer deux jours, tout
prochainement, les 9 et 10 juin, à l'étude de ce
problème...
Mme Lavoie-Roux: ... le cégep, oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): ... et qui doit me faire rapport dans
les jours qui suivront.
J'ai ici la liste, un peu longue, à vrai dire, dont je vous
épargnerai la lecture, des programmes contingentés dans chaque
université. Effectivement, nous allons avoir des décisions
difficiles à prendre, parce que la capacité d'accueil ne peut
guère être augmentée.
J'ai cependant à l'esprit le principe suivant dont il faudra
tenir compte dans l'avenir. Je pense qu'il ne faudrait pas faire un lien absolu
entre la formation et la profession ou les débouchés sur le
marché du travail par la suite, parce que nous serions sans doute
conduits assez rapidement, dans certains domaines, à fermer
complètement certaines options, parce que c'est saturé et cela va
l'être peut-être pour quelques années.
Il faut peut-être je réfléchis tout haut,
j'avoue que je n'en suis pas encore venu à des conclusions fermes
là-dessus, puisque la signification sociale de ces décisions est
considérable dissocier formation et capacité d'accueil du
marché du travail. Il faudrait peut-être qu'à un moment
donné on dise clairement le moment n'est pas loin peut-être
où il faudra le faire aux étudiants qui se
présentent pour un certain programme: Écoutez, ce programme
existe, mais sachez que les débouchés pour l'avenir
prévisible sont à peu près nuls. Maintenant, nous
reconnaissons que nous avons tout de même une responsabilité
sociale envers vous, qui est de vous donner la formation que vous recherchez,
parce qu'elle vous plaît. Mais vous voyez que cela comporte des choix
sociaux, Mme le député, et qu'il n'est pas facile de faire
comprendre à des jeunes qui s'inscrivent dans un programme que,
peut-être, par la suite, ils auront fait ces études pour le
plaisir de les faire.
Cependant, l'évolution du marché du travail est telle,
c'est une chose tellement fluctuante, que je me sens tout à fait
gêné de limiter des capacités d'accueil. Je ne le ferais
que si j'étais vraiment contraint de le faire et parce qu'il n'y aurait
pas d'autres solutions. On a vu tellement de fois des secteurs prendre tout
à coup une expansion inattendue, à la suite de je ne sais trop
quelle décision gouvernementale d'ordre économique.
Ainsi, on ne peut jamais prédire avec très grande
certitude quelle sera l'évolution de telle profession ou de tel secteur
du marché du travail. C'est la raison pour laquelle je trouve qu'on doit
être très prudent quand on joue avec des choses aussi socialement
essentielles que les études entreprises par nos jeunes et la
capacité d'accueil des institutions. Maintenant, il y a aussi des
capacités d'accueil matérielles qu'on ne peut pas
dépasser.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a eu des chiffres. Je pense qu'ils
étaient à l'intérieur, les chiffres. Je les ai vus quelque
part.
M. Morin (Sauvé): J'ai devant moi une liste que je
pourrais déposer...
Mme Lavoie-Roux: Non, je l'ai vue...
M. Morin (Sauvé):... à moins que le
député de L'Acadie l'ait déjà en sa possession.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai vue quelque part, mais je ne sais pas
où, dans la masse de documents que nous avons.
M. Morin (Sauvé): C'est un document sur les programmes
contingentés. À l'Université Concordia, par exemple, on
voit que l'option journalisme est limitée à 20, tout simplement,
parce qu'il n'y a pas d'espace disponible pour plus d'élèves. Les
arts de la communication sont limités à 100. On retrouve de tels
contingentements dans toutes les universités.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Est-ce qu'on peut m'indiquer
quel est le coût de la téléuniversité? Quel est son
impact sur le plan social? Est-ce que c'est une formule qu'on tend à
vouloir développer davantage?
M. Morin (Sauvé): La téléuniversité
est une constituante...
Mme Lavoie-Roux: ... est une...
M. Morin (Sauvé): ... de l'Université du
Québec...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... qui a principalement offert des
programmes de perfectionnement des enseignants. Je pense qu'il n'appartient pas
au ministère de se prononcer sur le maintien ou l'abandon de la formule
de la téléuniversité. C'est une constituante qui existe,
l'Université du Québec s'y est penchée et nous a fait des
recommandations. Quant à nous, il n'est pas question de faire
disparaître la téléuniversité. Contrairement
à ce que son nom peut indiquer, il ne s'agit pas d'un organisme qui fait
surtout de l'enseignement par voie de télévision, mais d'un
organisme qui rejoint par toutes sortes de media les populations
éloignées. En ce sens, la téléuniversité a
eu des initiatives et a rejoint des groupes qui ne l'avaient pas
été jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Favorisant de la sorte ce qu'on appelle
quelquefois la formation sur place.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que c'est une constituante de
l'Université du Québec, que vous en respectez l'autonomie et
tout, mais il reste que... Est-ce qu'on peut nous dire les coûts de cette
formule? Est-ce qu'on en a fait l'évaluation sur le plan des
résultats? Quel est l'impact sur la collectivité? C'est
peut-être très difficile à évaluer, mais on devrait
quand même s'en soucier, parce qu'il y a des coûts
d'impliqués.
M. Morin (Sauvé): Au niveau des coûts, la
téléuniversité est financée au même titre que
les autres universités, c'est-à-dire à partir des
clientèles qui existent. Par ailleurs, au cours de l'année
1976/77, on a donné une subvention particulière pour assurer
l'infrastructure de la téléuniversité. La subvention
était de $1 million. Nous reprenons la même chose en 1977/78 en
donnant une
somme de $500 000. Une fois l'infrastructure établie, la
téléuniversité devrait pouvoir se financer de la
même façon que l'ensemble des universités.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'université va se soucier de
mettre en place des mécanismes d'évaluation, parce qu'on peut
bien continuer une telle chose, mais il faut quand même s'assurer que
cela donne des résultats?
M. Morin (Sauvé): L'Université du Québec se
propose de le faire.
Mme Lavoie-Roux: Les mécanismes ou le projet
d'évaluation n'est pas encore...
M. Morin (Sauvé): II n'est pas encore terminé, il
n'est pas encore mis au point.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas encore mis au point.
M. Morin (Sauvé): II s'agissait d'un projet pilote
lancé l'expression étant consacrée pour cinq
ans, qui devait faire l'objet d'une évaluation et d'un rapport par
l'université à la fin de la période.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Un projet de cinq ans, vous avez
dit?
M. Morin (Sauvé): Cinq ans.
Mme Lavoie-Roux: Cinq ans, d'accord.
Une autre question, et je voyais que vous l'aviez indiquée. Je
n'ai pas la référence exacte ici. Vous deviez développer,
ou peut-être ceci a-t-il déjà été fait, une
politique concernant les étudiants étrangers, c'est-à-dire
le financement des études des étudiants étrangers au
Québec. Est-ce qu'on a avancé dans ce projet d'étude ou
s'il est trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit ou parler de
certains mécanismes de compensation ou certaines obligations que ces
étudiants pourraient avoir?
M. Morin (Sauvé): Dans la question des étudiants
étrangers, une première difficulté pratique se
présente dès le début. Il s'agit de les dénombrer
et de les identifier. Nous devons le faire, évidemment... Nous ne
pouvons le faire qu'avec la collaboration des établissements
universitaires, des collèges et aussi des commissions scolaires, ainsi
que des ministères de l'Immigration du gouvernement du Québec et
du gouvernement du Canada. Les données dont nous disposons sont
partielles mais relativement indicatives, par exemple, au niveau universitaire.
Nous avons, en dossier, un premier projet au niveau des principes seulement,
qui a également été transmis au ministère de
l'Immigration du Québec et au ministère des Affaires
intergouvernementales pour discussion préliminaire au niveau des
fonctionnaires.
S'il vous intéresse d'avoir le nombre total des étudiants
étrangers inscrits à des universités qué-
bécoises pour l'année 1975 nous n'avons pas de chiffres
plus récents que ceux-là le total était de 5768.
Là-dessus, je puis vous indiquer les universités qui ont les plus
forts taux. Il y en a 2060 à l'Université McGill, 1486 à
l'Université Concordia, 782 à l'Université de
Montréal et 770 à Laval.
Mme Lavoie-Roux: Mais, de ces étudiants, il y en a qui
peuvent être des boursiers de leur propre pays, j'imagine ou...
M. Morin (Sauvé): Sûrement, oui, il y en a.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ils ne sont pas tous à la charge
des contribuables québécois. Est-ce que ce serait une proportion
de 50%-50% ou... M. le président est-ce que j'ai utilisé mes
vingt minutes?
M. Morin (Sauvé): Évidemment, ils paient les
mêmes frais de scolarité que les autres étudiants
québécois et comme ces frais de scolarité ne comptent que
pour 15% des frais entraînés par les universités, cela veut
dire qu'ils sont à la charge des contribuables québécois
à concurrence de 85%. Il y aura peut-être là-dessus, un
jour, des décisions à prendre.
Mme Lavoie-Roux: Mais le ministre ne peut pas nous indiquer dans
quel sens il veut s'orienter.
M. Morin (Sauvé): Non, j'attends des recommandations de
mes fonctionnaires qui, eux, réfléchissent au problème
depuis déjà quelque temps.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
On y a touché dans les programmes antérieurs, mais quand
même, il y a au niveau des universités, tout le programme de la
formation des maîtres, et vous savez que c'est une chose qui me
préoccupe beaucoup, le ministre également, je pense. D'abord, je
voudrais lui demander si certains programmes de perfectionnement des
maîtres, par exemple... Je sais que le PERMAFRA a été
abandonné tout simplement. Non, je me trompe.
M. Morin (Sauvé): Non, non. Je tiens à vous
souligner que non.
Mme Lavoie-Roux: Non, excusez. M. Morin (Sauvé):
Non.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Enfin... Le secteur professionnel, le
recyclage des professeurs d'anglais, langue seconde. Est-ce que les coûts
de ces programmes ont été plus élevés que ceux
qu'on avait prévus, première des choses, et est-ce que les
programmes qui ont été mis en place vous semblent satisfaisants
quant aux objectifs que vous poursuiviez?
M. Morin (Sauvé): Les programmes sont assez nombreux. Vous
connaissez sans doute le PPMF
déjà. Je sais que cela en est un qui vous intéresse
particulièrement.
Il y a également le programme de perfectionnement des
maîtres de l'enseignement professionnel du niveau secondaire et le PPMF,
je vous le signale, prend plusieurs formes, dont le PERMAFRA dont vous parliez,
il y a un instant. Si je puis me permettre maintenant de mentionner des
chiffres, pour l'année qui vient. Je pense que l'indication sera
suffisante, à moins que vous ne vouliez que nous comparions avec les
autres années.
Pour 1977/78, on retrouve à Laval, $161 000 pour le PPMEP et $1
770 000 pour le PPMF. À Montréal, $101 000 pour le PPMEP et $2
099 000 pour le PPMF, les maîtres de français dont nous parlions,
il y a un instant. À McGill, on pouvait s'y attendre, il n'y a que le
PPMEP, qui reçoit $732 000, ce qui est plus considérable que pour
Laval et Montréal. À Sherbrooke, on retrouve à nouveau le
PPMEP, qui reçoit $843 000 et le PPMF, $999 000. Vous voyez que nous
scrutons les chiffres de près. À l'Université du
Québec, le PPMEP retient $1 663 000 et le PPMF, $2 790 000.
Voilà. Si vous voulez les subventions, je pourrais entrer dans les
détails du programme PERMAMA, le programme de mathématiques, mais
j'ai voulu vous donner là les...
Mme Lavoie-Roux: Mais ces programmes continuent avec les
universités. Chacun de ces programmes continue.
M. Morin (Sauvé): Oui. Ce sont des programmes qui
continuent. Il est même très difficile de les arrêter, une
fois qu'ils sont mis en marche.
Mme Lavoie-Roux: Si c'est pour le mieux, il ne faut pas avoir
d'objections. Mais il y en a quand même un qui m'inquiète un peu.
C'est celui de l'expérience pilote du programme de baccalauréat
en enseignement professionnel à l'Université du Québec,
qui a connu des moments difficiles à cause de la grève de
l'Université du Québec, et par la suite, à cause de
difficultés internes en raison du fait... enfin le programme n'a pas
redémarré très rapidement, s'il a démarré.
Et, finalement qu'arrive-t-il de ce programme et quelle en sera la valeur
finalement pour les étudiants qui, non seulement auront perdu un
trimestre, mais deux?
M. Morin (Sauvé): II y a effectivement des
difficultés particulières, M. le Président, qui font que
ce programme, d'après ce que nous en savons, ne débutera
qu'à l'automne qui vient. Il y a eu la grève...
Mme Lavoie-Roux: Alors, il n'a jamais commencé?
M. Morin (Sauvé): II y a eu des tentatives de
départ...
Mme Lavoie-Roux: Au début de l'année? Cela va
être un nouveau départ, comme au ministère.
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas qu'il y ait
d'équation, dans votre esprit, entre ce qui se passe là et ce qui
se passe au ministère. Ce sont deux choses bien distinctes, Mme le
député.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, M. le
député de Mégantic-Compton? Mme le député de
L'Acadie.
M. Grenier: Non, ce n'est pas là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est une dernière
question, mais une des avant-dernières. Sur le plan de la recherche
universitaire, avez-vous eu des entretiens avec des autorités
universitaires, tant de l'Université Laval que du Québec ou de
l'Université de Montréal, sur certaines priorités que vous
les voyez assumer dans ce domaine?
M. Morin (Sauvé): La réponse que je puis donner
à votre question est un peu complexe.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Morin (Sauvé): Tout d'abord, à moyen et à
long terme, il existe au sein du gouvernement, dans le cadre du comité
interministériel de développement culturel, un comité qui
rédige en ce moment un rapport sur la recherche, et en particulier la
recherche universitaire.
Les travaux avancent bon train, je pense, J'ai moi-même eu
l'occasion de participer aux étapes préliminaires de ce travail
considérable. Nous aurons donc, de la part du gouvernement, d'ici
quelques mois, un livre vert enfin je ne sais trop de quelle couleur il
sera, il sera probablement vert sur la recherche universitaire. À
plus court terme, les stratégies triennales d'allocation des ressources
qui émanent chaque année de la direction générale
de l'enseignement supérieur et qui sont destinées au
réseau universitaire pour fins de discussions, et je crois que les
discussions ont lieu en ce moment...
Mme Lavoie-Roux: Terminées.
M. Morin (Sauvé): ... contiennent un chapitre assez
considérable sur la recherche. Je ne sais pas si le député
veut que j'entre dans l'exposé de la situation, les détails
financiers, l'énoncé de la stratégie, les axes de
développement, les priorités gouvernementales, peut-être
est-ce cela qui vous intéresse le plus?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas cela qui m'intéresse.
Les priorités gouvernementales, d'accord.
M. Morin (Sauvé): La situation est donc la suivante:
depuis plusieurs années déjà, le ministère de
l'Éducation manifeste l'intention que la recherche universitaire soit
davantage orientée sur les grands problèmes qui confrontent
l'avenir de la collectivité québécoise. À cette
fin, il a dégagé et retenu un certain nombre de thèmes
prioritaires
s'appliquant aux subventions qu'il alloue annuellement dans le cadre de
ce qu'on appelle le programme de formation de chercheurs et d'action
concertée, le PFCAC. Récemment, le ministère de
l'Éducation a entrepris de cerner avec plus de précision les
aires de problèmes qui sous-tendent ces thèmes par des
consultations élargies et plus systématiques auprès des
organismes gouvernementaux. Chacun aura compris que je lis un texte, car,
d'habitude, je ne m'exprime pas de façon aussi savante. "Cette
démarche devra se poursuivre..."
Mme Lavoie-Roux: Mais toujours très soignée, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais pas aussi savante. "Cette
démarche devra se poursuivre, mais elle permet déjà,
à ce stade, de retenir une liste de sujets qui représentent des
cibles dont les solutions requièrent une contribution de la recherche
universitaire. Cette liste ne peut avoir un caractère immuable, me
fait-on dire, il faut plutôt la considérer comme évolutive.
Ainsi des modifications...
Mme Lavoie-Roux: C'est prudent.
M. Morin (Sauvé): ... devront y être
apportées pour tenir compte de l'incidence des politiques
gouvernementales au fur et à mesure que des décisions seront
communiquées. Des modifications devront également être
apportées afin de préciser davantage la problématique des
secteurs identifiés". Voulez-vous que je continue?
Mme Lavoie-Roux: Mais cela ne m'a pas encore dit quels
étaient les points-cibles que vous aviez identifiés.
M. Morin (Sauvé): Alors, les voici. D'abord le
développement culturel. Il y en a pour quelques pages.
Mme Lavoie-Roux: Au moins les grands titres. Mais j'ai une autre
suggestion à vous faire, M. le ministre. Est-ce qu'on pourrait nous
remettre l'étude de cette stratégie triennale pour les
universités puisque, de toute façon, elle circule dans les
universités, où elle fait l'objet de consultations et
d'échanges avec les...
M. Morin (Sauvé): Précisément, elle circule
dans des milieux restreints, universitaires, et elle n'a pas fait l'objet de
décisions, ni au niveau universitaire, ni à la suite du dialogue
qui va devoir avoir lieu sur la question entre les universités et le
ministère de l'Éducation ni de la part du ministère. De
sorte que...
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est un document de travail.
M. Morin (Sauvé): C'est un document interne de travail et
si le député a la bonne fortune d'avoir des accointances
universitaires qui lui refilent le document, c'est une chose. Il y a de ces
fuites, M. le Président, que je ne puis empêcher.
Mme Lavoie-Roux: Vous me soupçonnez de toutes sortes de
choses, M. le ministre. Ce n'est pas la première fois.
M. Morin (Sauvé): Non, mais je dis qu'il y a des fuites
qui se produisent et qu'on ne peut pas empêcher, mais je
préférerais, si vous désirez avoir les détails,
vous donner lecture de nos priorités de développement culturel,
de développement économique, d'aménagement, de
développement social, et dans le domaine des institutions politiques et
administratives.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, ce qui est triste, c'est que
cela m'intéresse beaucoup et je ne sais pas si les gens ici sont aussi
disposés que moi à écouter la lecture de cinq ou six
pages. Mais, honnêtement, cela m'intéresse de savoir quelles sont
vos priorités au plan de la recherche, les priorités
gouvernementales.
M. Morin (Sauvé): Alors, j'ai une solution à vous
suggérer. Plutôt que de vous donner les thèmes des
stratégies triennales qui portent sur l'avenir, je pourrais vous donner
la répartition par thèmes des subventions d'équipe pour
l'exercice financier qui se termine.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas là mon
intérêt.
M. Grenier: Pourquoi, M. le Président, qu'on ne
permettrait pas le dépôt des cinq ou six pages qui nous concernent
pour que ce soit incorporé au journal des Débats? Ce serait
simple et on l'aurait demain. Cela simplifierait la question; madame aurait sa
réponse et on pourrait passer à autre chose.
M. Morin (Sauvé): C'est que je ne vous donne pas
nécessairement tout le contenu des cinq ou six pages en question.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites de la censure.
M. Morin (Sauvé): Je fais des choix, Mme le
député.
M. Grenier: Le ministre ne manque pas de vocabulaire.
M. le Président, je ne sais pas, mais il me semble que je vois
venir un peu, je suis pris de panique, il est 10 h 10, je me rends compte que,
pour demain, il n'y a pas de commission de l'éducation et je crains la
journée de jeudi. S'il y avait d'autres commissions d'annoncées
et si c'était ce soir notre dernière heure, j'aurais bien
aimé qu'on effleure au moins les sujets...
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'on ne mourra pas cette
nuit.
M. Grenier: Non, mais j'ai peur que la commission puisse mourir
cette nuit. Si ça devait arriver, j'aimerais bien qu'on ait quelques
minutes. Si vous voulez procéder à l'enseignement privé,
on aurait des questions; sinon, j'aimerais bien qu'on avance...
M. Morin (Sauvé): C'est vrai, ça intéresse
fortement Mme le député. En fin de semaine, elle a fait des
déclarations fort importantes sur l'enseignement privé. Ce serait
intéressant que je puisse moi aussi l'interroger là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Pour en revenir au point qui nous
intéresse, quels sont les points-cibles, les priorités en
recherche pour le gouvernement dans la prochaine stratégie triennale des
universités?
M. Morin (Sauvé): Écoutez, je vous donne ce qui a
cours actuellement pour l'année 1976-1977; certains de ces thèmes
sont prolongés dans l'avenir, d'autres ne le sont pas et sont
débattus en ce moment avec les universités. Cela va vous donner
tout de même une idée. Les ressources, il y a 33 projets; la
technologie, 39 projets; les sciences de l'éducation, 59 projets;
l'aménagement, le développement économique et la
planification, 42 projets; la civilisation et la culture
québécoise, 23 projets; l'administration et le droit public, 13
projets; la nutrition et le secteur agro-alimentaire, 2 projets, ce qui donne
un total de thèmes orientés atteignant 211 projets.
Il y a également des thèmes fondamentaux, les
connaissances mathématiques comptent pour 14 projets; la connaissance de
la matière et du rayonnement pour 36; la connaissance des organismes
vivants pour 84; la connaissance de l'homme j'imagine que, dans ce sens,
l'homme embrasse la femme pour 20; enfin, la connaissance des
sociétés et des institutions pour 14.
Mme La voie-Roux: Merci, M. le ministre. Est-ce que vous pouvez
nous indiquer si, dans celui dont vous ne voulez pas nous parler, on est
à débattre présentement des projets de recherche qui
toucheraient l'économique?
M. Morin (Sauvé): II y en a déjà
quelques-uns, comme je l'ai indiqué; développement
économique et planification, il y avait 42 projets cette
année.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je l'ai escamoté. Je dis
ça parce que...
M. Morin (Sauvé): Écoutez, sur le
développement économique, puisque ça vous
intéresse, je puis vous donner quelques-uns des projets pour vous donner
une idée de ce qui a cours. Elaboration de méthodes
économétriques de prospection et d'analyses applicables au
domaine de l'énergie au Québec; Étude de prospectives
technico-économiques visant à expliciter dans le contexte
socio-économique québécois l'intérêt et la
rentabi- lité des différentes sources d'énergies qui
peuvent être envisagées et les recherches scientifiques qui
seraient nécessaires; Développement des diverses technologies de
production, de stockage et de conservation d'énergie;
Méthodologie concernant l'exploration, l'exploitation et la conservation
des ressources forestières; La productivité et l'utilisation de
la technologie pour le développement économique et les
systèmes de gestion; La place du secteur public dans le
développement économique; La petite et moyenne entreprise;
L'organisation et la réforme de l'entreprise; L'étude des
systèmes financiers, l'investissement et l'utilisation de
l'épargne québécoise. Cela vous suffit-il? Je peux
continuer encore quelque temps.
Mme Lavoie-Roux: Non, je veux juste vous demander s'il y en a
touchant les coopératives ou les systèmes coopératifs.
M. Morin (Sauvé): Je crois que c'est un
élément débattu avec les universités à
l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: II n'apparaît pas sur votre liste.
M. Morin (Sauvé): En fait, la question des
coopératives entre comme sous-thème dans plusieurs des
thèmes déjà évoqués. On a qu'à penser
au développement forestier, par exemple, ou encore à
l'agroalimentaire que j'ai mentionné également en passant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, Mme le député de L'Acadie, si vous
n'avez pas d'autres questions... de toute façon, je partage les
inquiétudes du député de Mégantic-Compton, nous
avons tous joyeusement je dis bien nous, parce que je m'inclus
là-dedans bafoué les règles que nous avions
tenté de nous donner au départ. Je pense quand même
qu'à ce stade-ci, il reviendrait au député de
Mégantic-Compton de pouvoir faire ses interventions sur le même
sujet.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je ajouter
simplement qu'à la fin de juin, je prévois rendre public le
document sur les stratégies triennales d'allocation des ressources.
Mme Lavoie-Roux: Parfait.
M. Morin (Sauvé): À ce moment-là, la
consultation auprès des universités sera terminée et je
serai en mesure de vous donner un document final et complet.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai pas de question à poser sur les
universités. Je voulais changer de sujet pour en arriver au secteur
privé, s'il y avait moyen d'y arriver tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: II me reste une question, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a des ententes il y en a
sûrement entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial, au sujet de la recherche scientifique, des
allocations, des subsides? Et vers quoi vous orientez-vous, comme nouveau
gouvernement, dans cette allocation des ressources?
M. Morin (Sauvé): Je vais d'abord vous décrire la
situation et ensuite, je vous dirai quelle est l'attitude du gouvernement.
Il n'y a pas d'entente actuellement entre le ministère de
l'Éducation ou le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada ou ses conseils et agences, sur la politique générale de
subventions à la recherche scientifique, y compris la recherche
universitaire.
Il y a des ententes particulières pour des projets
spécifiques que je ne pourrais énumérer, mais qui sont
à peu près au nombre d'une douzaine. Il y a cependant des
consultations suivies qui ont lieu entre les autorités du gouvernement
du Canada et les ministères provinciaux de l'Éducation, via,
entre autres, le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada.
Un comité conjoint vient d'être constitué et a
siégé pour la première fois le 12 janvier dernier,
à Montréal. Il doit siéger pour la deuxième fois le
19 juin, à Toronto. Ce comité en est encore au stade des
préliminaires et l'objet principal de ses travaux pour l'année
sera l'échange d'information réciproque sur les politiques de
financement à la recherche de chacun des gouvernements des provinces
canadiennes et du gouvernement fédéral.
Évidemment, les données de base sont publiques, de part et
d'autre; les gouvernements ou les ministères publient leurs
données de subventions, les rapports annuels font état du nombre
de projets, des thèmes, etc.
Mais l'intérêt de ces échanges d'information, dans
un premier temps, est de venir voir l'avenir avec un peu plus de connaissances
mutuelles.
J'ajouterai, pour ce qui est de cet avenir, que la politique sera
définie de façon assez précise dans le livre vert dont
j'ai entretenu le député tout à l'heure...
Mme Lavoie-Roux: On va avoir toute une bibliothèque, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Et multicolore.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Et de quoi faire...
Mme Lavoie-Roux: Beaucoup de commissions parlementaires.
M. Morin (Sauvé): ... beaucoup de commissions
parlementaires et beaucoup de nuits d'insomnie à préparer
lesdites commissions.
Je puis cependant vous faire part de l'ampleur du problème en
termes de chiffres. L'ensemble des universités
québécoises, je ne vous donnerai pas les détails, parce
qu'on n'en sortirait pas...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): ... a reçu, de sources
privées d'origine canadienne, $3 866 686 en 1973/74. Ce sont les
derniers chiffres que nous ayons. Pour la même année, le
gouvernement fédéral est intervenu pour $31 721 000 dans la
recherche québécoise. Je crois que ces montants, d'après
ce que j'en sais, n'ont fait que s'accroître depuis.
Je ne sais pas exactement de quel ordre ils sont pour l'année
écoulée, mais comme universitaire, je me suis frotté
à ces problèmes à l'occasion et je puis vous dire que ce
sont des montants encore plus considérables.
La même année, le gouvernement du Québec intervenait
pour $9 243 951, montants qui ont également augmenté depuis
lors.
Toutes les sources non canadiennes ont contribué pour $1 359 000,
ce qui est un montant fort modeste et toutes sources comprises, nous arrivons
au total de $50 816 390.
Puis-je vous faire observer que le gouvernement fédéral,
de la sorte oriente, de façon très directe la recherche
universitaire au Québec? Ce n'est pas toujours nécessairement en
fonction des priorités que souhaiterait définir le gouvernement
du Québec de sorte que, dans l'immédiat et jusqu'à ce que
le livre vert vienne nous donner plus de détails, la politique du
gouvernement, c'est de récupérer le plus possible toutes les
sources de fonds de recherche.
Cependant, le gouvernement fédéral tient à cela,
pour diverses raisons. Il aime à conserver le pouvoir d'émettre
des chèques et dans le plus grand nombre de domaines possibles, parce
que cela, naturellement, constitue une certaine influence dans des milieux qui
sont névralgiques du point de vue de l'avenir.
Le Québec pour sa part, contribue, de fait, pour beaucoup plus
que ces $9 240 000 dont j'ai parlé il y a un instant, parce que son
financement général destiné aux universités finance
indirectement la recherche. On me signalait qu'environ 20% de ces fonds qui
vont pour les frais généraux servent en fait à des fins de
recherche de sorte que la contribution québécoise est
considérable et qu'elle sert d'ailleurs souvent à financer les
frais généraux souvent des projets fédéraux.
Voilà une autre source d'irritation, pour un ministre de
l'Éducation québécois, qui vient s'ajouter à
d'autres sources d'irritation purement politiques.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous ajoute de l'insomnie.
M. Morin (Sauvé): Oui, que je partagerais volontiers avec
Mme le député.
M. Grenier: Attention! Ne poussez pas plus loin.
Le Président (M. Clair): II y aurait peut-être lieu
d'adopter immédiatement le programme 6 dans son entier, s'il n'y a pas
d'autres questions.
Mme Lavoie-Roux: Une toute dernière.
M. Morin (Sauvé): J'espère que Mme le
député aura pris en bonne part la suggestion de partager nos
insomnies.
Mme Lavoie-Roux: Non, je partage beaucoup de vos
inquiétudes mais...
M. Laplante: Elle reconnaît qu'on lui donne la parole, ce
soir.
Mme Lavoie-Roux: Concernant les inquiétudes que vous avez
sur ce plan de l'intrusion du fédéral, surtout en matière
d'éducation, là-dessus, je pense qu'il y aurait certainement des
points communs qu'on pourrait discuter plus longuement...
M. Morin (Sauvé): Vous partagez ce souci.
Mme Lavoie-Roux: ...mais compte tenu de l'heure...
M. Morin (Sauvé): Je suis intéressé quand
même de noter que c'est également votre avis.
Mme Lavoie-Roux: Une question d'ordre pratique: On a vu dans les
journaux récemment, que suite aux grèves de Laval je ne
sais pas si on peut établir une relation de cause à effet, peu
importe il semble y avoir une diminution d'élèves
prévue tant à l'Université du Québec qu'à
Laval qui peut se traduire par une diminution des subsides que ces
universités recevront, en fait, qui peut se traduire par un
déficit pour ces universités. Comme on ne connaît vraiment
pas, je pense, le nombre d'étudiants, sauf au moment de la fin des
inscriptions, qu'est-ce que vous prévoyez pour ces déficits que
peut-être les universités qui ont subi de longues grèves
pourraient encourir durant l'année financière 1977/78?
M. Morin (Sauvé): À l'Université Laval, les
derniers chiffres qui en proviennent nous indiquent qu'il n'y aura pas de
diminution substantielle du nombre d'étudiants.
Autrement dit, les événements des derniers mois n'auront
pas de conséquence funeste pour cette université. Mme le
député a bien raison de s'inquiéter. Si elles perdent 15%,
20% et à plus forte raison, 30% de leur clientèle, c'est le per
capita qui joue, donc les pertes peuvent être considérables. Si je
ne m'abuse, l'an dernier, à la suite de diverses grèves,
l'Université du Québec à Montréal a perdu une somme
assez rondelette, tout près de $2 millions qui, dans son budget, faisait
un trou passablement béant. Pour ce qui est de l'Université du
Québec à Montréal, à la suite des
événements de cette année, il y aura, semble-t-il, une
diminution, mais nous n'en connaissons pas l'ampleur de façon certaine.
À l'heure actuelle, il doit justement y avoir des pourparlers entre le
ministère, ces jours-ci, jeudi plus exactement, et l'UQAM, pour
déterminer l'étendue des pertes, s'il y en a. Je pense qu'il y en
aura, effectivement. Nous espérons qu'elles soient réduites.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment, est-ce que vous
prévoyez combler le déficit qui serait encouru, par suite de la
diminution des étudiants comme étant un accident qu'on ne peut
contrôler?
M. Morin (Sauvé): Nous avons pour principe de ne pas
couvrir les déficits. Nous reconnaissons, cependant, qu'il peut exister
des situations tout à fait exceptionnelles.
Mme Lavoie-Roux: Dans un cas comme celui-là.
M. Morin (Sauvé): Nous les traitons comme des cas ad hoc.
Peut-être devrons-nous le faire, mais je tiens beaucoup au principe
qu'une université doit faire ses frais et doit porter les
conséquences de tous ses actes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le programme 6 en entier
sera-t-il adopté? Adopté. L'élément 2 du programme
2, dans sa partie 2, sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté. Étant
donné que le député de Mégantic-Compton a
manifesté le désir de passer le plus rapidement possible à
l'étude du bloc 3, le président peut-il comprendre qu'il y aurait
possibilité d'adopter immédiatement les programmes 3, 7, 11 et
autres relativement à l'aide financière aux étudiants,
à la formation des adultes?
M. Grenier: En ce qui me concerne, oui.
Le Président (M. Clair): En ce qui concerne le
député de Mégantic-Compton, vous seriez disposé
à adopter ces programmes? Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est tout le programme de la
formation générale et socioculturelle des adultes. C'est le
programme de l'aide aux étudiants. Je ne suis quand même pas
prête à vous donner carte blanche là-dessus.
M. Grenier: D'accord, mais il reste une chose...
Mme Lavoie-Roux: L'école privée, allez-y! On peut
peut-être renverser l'ordre prévu.
M. Grenier: Oui, d'accord. C'est cela que j'allais vous
proposer.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection.
M. Grenier: Si on pouvait revenir là-dessus, parce que le
temps passe et si on ne peut pas passer au bloc 3-08, on sera peut-être
à court de temps. Si madame désire revenir sur l'autre, il
restera certainement du temps, j'en ai pour quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si les autres sont d'accord, mais
cela m'est indifférent.
M. Grenier: Est-ce que cela vous va?
Le Président (M. Clair): Y a-t-il consentement unanime
quant au fait de passer immédiatement à l'étude du bloc 3,
concernant l'enseignement privé?
M. Grenier: Avec des réserves pour madame qui aimerait
revenir sur une couple de sujets du bloc 2.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Clair): Est-ce que Mme le
député de L'Acadie manifeste la volonté de laisser
l'initiative sur ce sujet au député de Mégantic-Compton ou
si nous convenons, étant donné les inquiétudes du
député de Mégantic-Compton que la commission ne soit pas
convoquée à nouveau, de diviser le temps qui reste en deux
parties égales entre vos deux partis ou si...
Mme Lavoie-Roux: Pour moi, cela va être très court.
Cela pourra même être des parties inégales.
Le Président (M. Clair): Étant donné que je
me méfie de moi-même, vous me permettrez d'insister pour trancher
la question quant à savoir si on convient de répartir le temps
qui reste également entre les deux partis, parce que je ne voudrais
pas...
M. Grenier: Je voudrais bien quand même m'assurer...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez en avoir un peu plus long, vous
pouvez le prendre.
M. Grenier:... parce qu'on a commencé à
siéger ce soir à 20 h 10, et si on a utilisé les trois ou
quatre minutes de notre temps, c'est tout juste, et tout le reste est
passé à l'Opposition officielle. Alors, je veux bien avoir le
temps au moins de poser quelques questions avant que cela ne se termine. On
représente quand même 20% de la population.
Mme Lavoie-Roux: Je peux bien laisser l'initiative au
député de Mégantic-Compton pour commencer et je
continuerai demain.
M. Grenier: Je vous remercie.
M. Morin (Sauvé): Je dirai ceci, M. le Président.
Nous sommes, du côté ministériel, disposés à
dépasser 23 heures. Si Mme le député de L'Acadie se
sentait, à cette heure-là trop faible pour poursuivre...
Mme Lavoie-Roux: Trop faible, oui.
M. Morin (Sauvé): ... nous pourrions peut-être
poursuivre avec ces messieurs de l'Union Nationale et en finir. On peut
dépasser 23 heures. Ce n'est pas une heure sacramentelle.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: D'accord. Simplement une question d'ordre
général, d'abord, qui n'a pas été effleurée,
et j'ai peur qu'on termine sans le savoir. Est-ce qu'il y a du changement du
côté des bourses aux étudiants de 18 ans et plus?
Mme Lavoie-Roux: Là, vous retournez en arrière.
M. Grenier: C'est-à-dire que ça n'a pas
été posé. À quel moment voulez-vous poser cela?
Mme Lavoie-Roux: Vous nous avez proposé d'aller au secteur
privé.
M. Grenier: Oui, mais là, à quel moment
vouliez-vous revenir là-dessus? Sur quel numéro...
Mme Lavoie-Roux: Après que vous auriez passé le
secteur privé. Enfin, quand ça conviendra à tout le
monde.
Le Président (M. Clair): La question que vous posez, je
crois...
M. Grenier: Je laisse tomber celle-là. Je la garde. Je
reviendrai après.
Le Président (M. Clair): Alors, ça va. M. le
député de Mégantic-Compton, si vous laissez tomber la
question sur l'aide financière...
M. Grenier: Aimeriez-vous d'abord intervenir tout de suite?
Mme Lavoie-Roux: Non, allez-y avec le secteur privé.
Enseignement privé
M. Grenier: D'accord. J'aimerais savoir du ministre ce qui reste
comme institutions au secteur privé, le nombre d'institutions qu'on a au
Québec.
M. Morin (Sauvé): Oh! Il y en a un certain nombre. On va
tenter de vous dire ça immédiate-
ment. Si vous voulez bien regarder à la page H-13 de votre
compendium du parfait député...
Une voix: Le vade-mecum!
M. Morin (Sauvé): Je vais pouvoir vous indiquer
l'évolution du nombre des statuts des institutions privées
agréées. Ces institutions puis-je le souligner en passant?
peuvent avoir plusieurs statuts, selon les niveaux, de sorte que les
nombres que je vous donne maintenant ne correspondent pas exactement au nombre
d'institutions. Ils sont un peu plus élevés que le nombre
d'institutions.
Pour ce qui est des déclarations d'intérêt public,
les fameuses DIP, en 1976-1977, nous en avions, au collégial, 29; au
secondaire, 122; au primaire, 29; au préprimaire, 10; à l'enfance
inadaptée, 21, pour un total de 211. Passant maintenant aux
reconnaissances pour fins de subventions, les RFS, toujours pour l'année
qui se termine: 8 au collégial; 40 au secondaire; 7 au primaire; 11 au
préprimaire et aucune à l'enfance inadaptée, pour un total
de 66. Passant maintenant aux permis, lesquels ne comportent pas de
subventions, les chiffres sont les suivants, pour l'année qui se
termine: 18 au collégial; 71 au secondaire; 60 au primaire; 77 au
préélémentaire; 373 pour la culture personnelle, les
instituts de toute nature qui donnent de la culture personnelle aux gens; 5
pour l'enfance inadaptée; et 604 au total.
Le total général est de 1122 statuts reconnus à des
institutions privées agréées.
Vous avez d'ailleurs tout le détail à la page H-13, M. le
député. Je vois que vous n'avez pas eu le soin du
député de L'Acadie qui, elle, a passé de longues veilles
et des nuits entières à parcourir ce document.
Mme Lavoie-Roux: C'est presque vrai, M. le ministre.
M. Laplante: Est-ce que je pourrais poser une question
additionnelle à la vôtre, M. Grenier? Les permis d'écoles,
M. le Président, comme les écoles de danse, vous appelez
ça de la culture personnelle, une école de boucherie, une
école de musique, ça fait partie de ça?
M. Morin (Sauvé): Non, pas la boucherie...
Mme Lavoie-Roux: La boucherie avec la musique.
M. Morin (Sauvé): Oui, pour la musique; oui, pour le
maintien...
M. Laplante: Ce que je voulais savoir, moi, c'était...
M. Morin (Sauvé): ... pour la danse.
M. Laplante: ... pour le comité. De qui est formé
le comité qui analyse les demandes de per- mis? Quels groupes sociaux
sont représentés à ce comité? Les noms de ces
personnes, si vous les avez, s'il vous plaît?
M. Morin (Sauvé): J'imagine qu'il s'agit de la commission
consultative.
Une voix: Exactement.
M. Morin (Sauvé): Les membres de la commission
consultative ne représentent pas des organismes comme tels.
Les organismes sont consultés pour recommander la nomination de
membres, mais depuis 1975 les membres de la commission ne proviennent pas
directement des organismes qui les ont recommandés, et ceci de
façon que les membres de la commission ne soient pas en conflit, soit
avec les écoles ou avec les associations qui les ont recommandés.
Ceci à quelques exceptions près; par exemple, la
Fédération des commissions scolaires a évidemment
recommandé un commissaire d'écoles et le ministre a
désigné un commissaire d'écoles. En ce qui concerne les
associations d'écoles, qu'il s'agisse de l'AIES, de l'APLQ, de I'OIPEQ
ou de la Fédération des écoles privées, les
intéressés ont recommandé la nomination de membres
provenant hors de leur sein.
M. Laplante: Est-ce qu'on pourrait avoir les noms de ces membres
qui en font partie actuellement?
M. Morin: Je n'ai pas une liste écrite. Le
président de la commission consultative est M. Jean-Yves Drolet,
ex-doyen de la faculté des sciences de l'éducation de
l'Université Laval; il y a en outre, M. Lachance, comptable, de
Sherbrooke; M. Louis Reed, de la Fédération des commissions
scolaires; Mme Anna Normand, de l'Association des parents catholiques du
Québec; Mme Marielle Primeau, qui avait été
recommandée par le Conseil de la protection du consommateur; M. Vianney
Saint-Michel, qui avait été recommandé par la
Conférence religieuse canadienne et M. Jean-Jacques Bergeron,
ex-fonctionnaire du ministère de l'Éducation, à sa
retraite. Enfin, il y a deux postes vacants, pour le moment, à la suite
de la démission de M. Charles Valois et de Mme Sarah Paltiel. Cette
dernière avait été recommandée par l'Association
des écoles juives.
M. Laplante: Peut-on me donner le pouvoir de ces gens,
maintenant? C'est ma dernière question. Dans quelle proportion les
recommandations faites par eux sont acceptées par le ministère?
C'est surtout cela.
M. Morin (Sauvé): II est bien difficile de répondre
de façon précise. Le rôle de la commission est de donner un
avis. Il s'agit d'une commission consultative, elle donne un avis au ministre
de l'Éducation avant que ce dernier ne prenne décision. De
façon générale, on peut dire que les recommandations de la
commission consultative
sont plus favorables sur le plan des statuts subventionnés que
les décisions du ministre. Il est difficile, cependant, de donner un
nombre de cas où la décision du ministre a été
différente de la recommandation de la commission consultative.
M. Laplante: Le ministre prévoit-il des changements dans
cette commission pour l'avenir?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, il y a deux vacances,
comme on vient de le souligner. Le 1er juillet, tous les mandats sont
échus, de sorte que nous allons pouvoir procéder à un
certain renouvellement du personnel de ce comité consultatif.
M. Laplante: Une nouvelle orientation?
M. Morin (Sauvé): Cela dépendra, naturellement. Je
ne peux pas lier la compétence des membres du comité. Je ne peux
pas d'avance leur imposer des directives. Ce n'est pas ce que la loi
prévoit. Ce à quoi vous faites allusion peut faire l'objet d'une
réforme plus en profondeur qui pourrait certainement faire l'objet
d'études au cours des prochaines années. Pour ce qui est du
renouvellement du comité à la suite de cette
échéance du 1er juillet, certainement qu'il y aura lieu de faire
en sorte qu'il y ait du sang neuf dans le comité.
M. Le Moignan: Est-ce que ces personnes travaillent à
temps plein?
M. Morin (Sauvé): Non. Il s'agit d'un comité qui se
réunit de temps à autre pour me faire des recommandations. Je
suis libre de les suivre ou de ne pas les suivre. Tout d'abord, je n'ai pas
reconnu de nouveau statut depuis que je suis là, comme vous le savez
sans doute. Au cours des prochains mois, il restera au gouvernement à
établir une nouvelle politique à l'endroit des DIP, des RFS et
des permis.
M. Grenier: Est-ce que les institutions privées
recommandent l'émission de permis à ces personnes-là?
M. Morin (Sauvé): Non seulement les permis, mais
même la reconnaissance pour fins de subventions ou la DIP. Leurs
recommandations peuvent porter sur les permis et les statuts.
M. Grenier: D'accord. Est-ce que ces personnes sont
recommandées par des milieux ou si ce sont des nominations qui
relèvent du ministre seulement?
M. Morin (Sauvé): Elles sont nommées, strictement
parlant, par le ministre, mais sur recommandation du milieu. Six sur neuf, je
crois, sont nommées sur recommandation du milieu.
M. Grenier: Du milieu.
M. Morin (Sauvé): Trois directement par le ministre.
M. Le Moignan: Alors, vous venez de laisser entendre que ce sont
les six sur neuf que vous allez probablement changer.
M. Morin (Sauvé): Je ne peux pas dire, à ce
moment-ci, combien de gens exactement seront mutés. Il se peut qu'il y
en ait qui reviennent aussi. Mais j'aimerais profiter de l'occasion qui m'est
donnée le 1er juillet pour jeter un coup d'oeil de très
près sur la composition de ce comité.
M. Le Moignan: Faire un "clean sweep".
M. Morin (Sauvé): La loi no 1 est bien attendue, M. le
député.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Maintenant, dans le secteur privé, à la
suite de l'événement du 15 novembre, puisque le programme du
Parti québécois est connu, est-ce qu'il y a des institutions
privées qui prévoient une fermeture éventuelle?
M. Morin (Sauvé): À la suite du 15 novembre?
M. Grenier: À la suite du 15 novembre. Est-ce que vous
n'avez pas entendu dire que des institutions...
M. Morin (Sauvé): À ce que je sache, pas
d'institutions subventionnées, non. Sûrement pas. Nous avons eu,
au niveau des permis, quelques cas spéciaux où le
ministère a froncé les sourcils et, à la suite d'un
certain nombre d'avertissements, considère la possibilité de
retirer des statuts ou des permis. Je ne veux nommer personne, parce que je
craindrais de nuire à ces institutions. Mais, lorsque nous constatons
que certaines normes ne sont pas observées, nous donnons un certain
délai pour y voir et, si l'institution refuse de se conformer aux
standards... Je prends un exemple, le standard des bibliothèques, une
institution privée doit respecter certains standards pour obtenir un
statut, un permis. Si ces critères ne sont pas respectés, le
ministère est libre de retirer aussi bien le permis que le statut
subventionné.
M. Grenier: Est-ce que la même réglementation
s'impose pour le secteur public au même niveau que le secteur
privé? Je prends, par exemple, le critère des
bibliothèques.
M. Morin: C'est du même ordre. Cela peut varier
légèrement. Mais nos exigences sont à peu près les
mêmes.
M. Grenier: Le ministre, cet après-midi, à la
question que j'ai posée en Chambre sur les écoles privées,
a été amené à comparer le collège Stanislas
avec l'école Paul-Gérin-Lajoie et nous a dit que le
collège Stanislas...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, je n'ai es-
quissé aucune telle comparaison. C'est le député de
L'Acadie, je crois...
M. Grenier: Non, c'était une question additionnelle du
député de L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): ... qui insinuait je ne sais trop quoi
à ce sujet.
M. Grenier: C'est-à-dire que je demandais au ministre,
pour un secteur très différent...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien insinué. Je vous ai
posé une question très précise, M. le ministre.
M. Grenier: Vous avez répondu à une partie de la
question, parce que cela a tourné autrement. Je crois que le leader du
gouvernement est intervenu; finalement, cela a tourné en queue de
poisson; on n'a pas pu avoir la fin de la question. Est-ce qu'on peut
savoir...
M. Morin (Sauvé): Non, j'ai répondu.
M. Grenier: Vous avez répondu, mais pour une partie, pour
le secteur du collège Stanislas. Cela s'est terminé comme cela.
Vous avez dit: M. le Président, la réponse n'est pas tellement
compliquée puisque ce collège ne relève pas de mon
ministère. Il relève du ministère des Affaires
intergouvernementales et fait l'objet d'une entente
franco-québécoise.
M. Morin (Sauvé): À la suite d'une décision
du gouvernement libéral.
M. Grenier: Oui, d'accord. Mme Lavoie-Roux: Oui...
M. Grenier: Maintenant, est-ce l'intention du ministre de laisser
ce collège fonctionner selon une entente?
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous l'intention de la modifier?
M. Morin (Sauvé): C'est une entente intergouvernementale
entre Québec et Paris. Cela relève donc, à mon avis,
beaucoup plus du ministère des Affaires intergouvernementales que du
ministère de l'Éducation, mais j'admets que mon ministère
ne peut pas se désintéresser de la question...
Mme Lavoie-Roux: II me semble.
M. Morin (Sauvé): ...surtout sur le plan des programmes,
sur le plan pédagogique. D'ailleurs, dans le passé, il a suivi
cette question d'assez près, bien sûr.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait
une continuité au collège Stanislas, comme on
connaît...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez voir... vous allez avoir moins de
problèmes.
M. Grenier: Celle-là à la base, et je reviendrai
à Brébeuf. Au collège Stanislas, est-ce qu'on peut
prévoir qu'il y aura une continuité par suite de cette entente ou
si ce sera mis... si c'est à l'étude pour un changement.
M. Morin (Sauvé): Écoutez, je ne peux vous donner
là-dessus aucune précision. Je sais que, cette semaine
même, il en a été question entre le ministre des Affaires
intergouvernementales et les représentants de la France au sein d'un
organisme de coopération, au sein de la Commission permanente de
coopération franco-québécoise. Je ne connais pas le
résultat de leurs délibérations. Je vais forcément
en être avisé tôt ou tard, c'est sûr. Mais, vraiment,
ce sont des établissements qui jouissent d'un statut tout à fait
particulier, résultant de cette entente.
M. Grenier: À la suite de la réponse que vous avez
donnée à ma question, il semble ressortir qu'en campagne, en
milieu rural, les collèges privés existent aussi actuellement, et
ce sont principalement des pensionnats.
M. Morin (Sauvé): Pas toujours, au secondaire, les
pensionnats sont minoritaires, au collégial, je crois qu'au contraire,
ils sont assez nombreux. L'un des problèmes, c'est que le nombre des
pensionnaires tend souvent à diminuer, de sorte que ce qu'on appelle
pensionnat, quelquefois, il faut en étirer considérablement la
signification.
M. Grenier: Est-ce l'intention du ministre peut-être
pas aussi précisément qu'on le voudrait, puisque cela
relève de la Chambre et c'est plus embarrassant, tandis qu'en
commission, on a plus de détails est-ce l'intention du ministre,
c'est ce que j'ai cru comprendre, de n'apporter à peu près pas de
modifications au système actuel? Il nous a parlé d'enfants
handicapés, il nous a parlé de collèges privés en
ville qui étaient principalement des externats. En tout cas, c'est ce
qu'on déduit de ce qu'il nous a dit...
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des
établissements...
M. Grenier: ...l'école complémentaire, je n'ai pas
saisi.
M. Morin (Sauvé): ...qui ont une fonction carrément
complémentaire, je ne suis pas en mesure de supprimer ces
établissements privés, à moins de les remplacer par des
établissements publics. Donc, il faut y aller avec une certaine
prudence. Ces établissements privés rendent des services à
la société et le secteur public n'est peut-être pas en
mesure de les remplacer au pied levé. Pour ce qui est des autres, le
gouvernement va avoir à déterminer d'ici quelques mois une
politique. Pour l'année qui vient...
M. Grenier: Les autres, desquelles parlez-vous?
M. Morin (Sauvé): Les autres, j'entends les écoles
de niveau secondaire, parce que vous savez qu'au niveau primaire, il n'y a pas
de subventions aux écoles francophones, il n'y a que quelques
subventions à des écoles dites ethniques qui procèdent
à une certaine francisation de leurs élèves. Mais au
niveau secondaire et au niveau collégial, il y a un certain nombre
d'établissements privés qui ne sont pas nécessairement
complémentaires par rapport à l'enseignement public. C'est
là que se posent les difficultés les plus considérables.
Là-dessus, le gouvernement va avoir à tenir compte de plusieurs
facteurs; d'abord, certainement, les recherches qui ont été
effectuées au sein du ministère depuis quelques mois sur le
financement de l'enseignement privé; ensuite, il faudra tenir compte
également des résolutions qui ont été votées
en congrès en fin de semaine et qui nous demandent d'explorer activement
la possibilité d'une intégration dans le cas où c'est
possible.
De sorte que le ministère va devoir faire des recommandations, je
devrai faire des recommandations au Conseil des ministres d'ici quelques mois
pour les années postérieures à 1977/78. Pour ce qui est de
l'année qui vient, les budgets sont adoptés, nous avons, vous le
savez, on en a débattu en Chambre, nous avons défini,
après en avoir d'ailleurs informé les associations
concernées, la formule de calcul de financement, qui servira au
financement des institutions privées.
J'estime que nous n'avons pas à revenir là-dessus pour
l'année qui vient. Je n'aime pas revenir sur des décisions qui
ont déjà été prises et on comprendra facilement les
raisons qui me poussent à agir de la sorte.
Pour les années subséquentes, la politique reste à
déterminer. Je puis vous assurer qu'elle ne sera établie
qu'après une mûre réflexion et après avoir
consulté les principaux intéressés.
M. Grenier: C'est donc dire que le ministre ne se sent pas
lié à 100% par les résolutions de fin de semaine du Parti
québécois.
M. Morin (Sauvé): Le premier ministre lui-même a
indiqué à plusieurs reprises, s'il était besoin, que le
gouvernement doit certainement s'inspirer des résolutions du parti. Mais
il n'est pas lié dans le temps. Il peut décider de
réaliser telle partie du programme cette année, parce que cela
est particulièrement urgent. Je pense à certains problèmes
sociaux qui n'attendent pas. Pour d'autres, il peut les remettre à deux
ans, à trois ans, à cinq ans, tout dépend des
disponibilités financières, tout dépend de son analyse de
la situation et tout dépend aussi de la perception que le gouvernement a
du meilleur intérêt de la collectivité
québécoise.
Je ne voudrais donc pas laisser au député l'impression que
les résolutions du parti n'ont aucune importance. Au contraire, c'est un
facteur très important, parmi d'autres, dans notre jugement.
M. Grenier: Sauf la question sur l'avortement, qui peut
être envoyée aux calendes grecques. C'est vrai, ce n'est pas votre
ministère.
M. Morin (Sauvé): Je me satisferais des calendes
canadiennes.
M. Grenier: J'aimerais aussi que le ministre retienne que la loi
1 va poser des problèmes. Vous verrez peut-être se
développer, si elle est adoptée intégralement, s'il n'y a
pas de modifications, des pensionnats chez les anglophones, au niveau du
primaire et du secondaire, dans plusieurs régions du Québec.
Il serait peut-être important d'y penser. On le verra à
l'application de la loi, on le verra, au cours de l'étude de la loi. La
loi dit, par exemple, que des enfants dont les parents n'auront pas
fréquenté l'école primaire en anglais ne pourront pas
être éduqués à l'école. Il se pourrait que
bien des parents décident à ce moment-là de
transférer leur enfant, même au niveau du primaire, dans des
régions plus éloignées, afin de continuer
l'éducation de leur famille en anglais.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous sommes conscients de ce
problème, mais la loi, en principe, s'appliquera aussi bien aux
institutions privées qu'aux institutions publiques, nous tenterons de
l'appliquer dans toute la mesure de nos moyens.
M. Grenier: Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Cet après-midi, il a exprimé, je pense,
deux idées différentes si elles n'étaient pas
différentes, elles étaient peut-être complémentaires
quand on lui a demandé s'il se sentait lié par la
résolution des membres du parti, la résolution qui avait
été adoptée en fin de semaine.
Ce que le parti avait recommandé, c'était que, sur une
période de cinq ans, l'on procède à une
intégration, d'abord à une réduction du financement des
écoles privées...
M. Morin (Sauvé): Vous étiez sur un meilleur
sentier avec votre première phrase, on parte d'abord
d'intégration.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je vais continuer.
L'intégration des écoles privées, à un rythme, avec
un échéancier de cinq ans au secteur public, sauf que vous aviez
fait valoir ou que quelqu'un a fait valoir en atelier qu'il y avait le cas des
écoles complémentaires, etc.
Je vous ai posé des questions sur les écoles
complémentaires et les deux exemples que vous avez cités, un en
milieu semi-urbain et l'autre en milieu urbain, me sont apparus comme deux cas
d'écoles complémentaires. J'ai voulu savoir d'une
façon précise quelle était l'extension, au fond,
que vous donniez au mot "complémentaire".
Je vais prendre un autre exemple, le collège Notre-Dame par
rapport à Paul-Gérin-Lajoie. Est-ce qu'à votre avis, il
s'agit là de deux écoles complémentaires?
M. Morin (Sauvé): Vous voyez, cela ne s'analyse pas
nécessairement seulement en termes géographiques. J'imagine que
cela peut aussi s'analyser en termes de formation.
Mme Lavoie-Roux: C'est en termes de formation, pour ma part;
c'est parce que je pense à ces deux-là que vous connaissez fort
probablement.
M. Morin (Sauvé): Ah oui! je connais assez bien le cas de
l'école Paul-Gérin-Lajoie. J'ai d'ailleurs rencontré, hier
matin, le président et le directeur général...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Morin (Sauvé): ... de la commission Sainte-Croix et les
parents de PGL, comme on l'appelle familièrement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Quand vous parliez de
complémentarité, ce n'était pas, dans les cas que vous
avez décrits, au plan géographique; c'était vraiment au
plan d'une complémentarité de services. Dans la question que je
vous pose prenez une autre école si vous voulez Notre-Dame
et Paul-Gérin-Lajoie, c'est parce que je sais qu'il y a échange
d'élèves vu la proximité entre ces deux écoles, ou
il peut possiblement y en avoir. Est-ce que, dans votre esprit à vous,
ce sont deux écoles complémentaires ou deux écoles par
opposition à complémentaires? Est-ce qu'on pourrait appeler
parallèles...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne suis pas
disposé à m'engager dans une discussion cas par cas. J'ai tenu,
en Chambre, à m'en tenir au niveau des principes et des grandes
catégories. Je ne veux pas déroger de cette attitude, parce que
ce serait déjà préjuger de la politique gouvernementale
dans ce domaine.
Je reconnais cependant qu'il y a là des difficultés, et je
trouve légitime le désir du député de L'Acadie
d'avoir des précisions, mais je ne suis pas en mesure de lui en donner
à l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: La seule raison pour laquelle je demande des
précisions je regrette de me référer à des
cas particuliers, parce qu'on aurait pu en prendre deux autres
c'était quand même pour essayer d'avoir la définition la
plus complète du terme "complémentarité".
M. Morin (Sauvé): Oui, mais naturellement...
Mme Lavoie-Roux: J'ajouterais que la raison pour laquelle je pose
cette question je pense que cette précision peut être utile
c'est que, compte tenu de l'autre partie de la réponse que vous
avez donnée cet après-midi, à l'Assemblée
nationale, selon laquelle, progressivement, on entrevoyait d'intégrer,
avec un échéancier de cinq ans, les écoles qui ne seraient
pas complémentaires aux écoles publiques. Ceci peut créer,
je pense, une situation d'incertitude je pense que le ministre
l'admettra assez grande, si les autorités des écoles
doivent fonctionner en se disant: Notre tour viendra peut-être dans un
an, dans deux ans, dans trois ans, dans quatre ans, dans cinq ans. Je pense
qu'en fonction des étudiants qu'on a à servir, il faut des
situations plus claires pour quelque institution que ce soit, qu'elle soit
publique ou qu'elle soit privée, pour fonctionner avec un minimum de
conditions favorables pour la clientèle qu'elle sert. C'est cela,
l'objet de ma question.
M. Morin (Sauvé): J'admets cela et je puis vous dire que
je suis sensible à cette dimension du problème. Toutefois, je
vous ferai remarquer que cette intégration, doublée d'une
réduction éventuelle progressive des subventions, doit être
interprétée à la lumière du reste de la
résolution, lequel prévoit que l'école publique va devenir
beaucoup plus variée.
Nous pensons, pour peu que nos politiques puissent se concrétiser
d'ici deux ou trois ans, à l'école alternative, chaque
école étant un type bien à elle, de sorte que
l'école publique tendrait à se rapprocher de certaines
caractéristiques que possède à l'heure actuelle
l'école privée. Ce rapprochement pourrait peut-être
faciliter l'intégration éventuelle de certaines écoles
privées dans le secteur public, à des conditions qu'il reste
à déterminer, ce qui pourrait avoir pour effet, dans certains
cas, de faciliter le financement de l'école publique.
S'il m'était permis de profiter de l'expérience de Mme le
député, qui est également ancienne présidente de la
CECM, elle a parlé en fin de semaine de repenser le financement de
l'école privée. Je serais très intéressé
à savoir de quelle façon vous vous orienteriez, si vous aviez ce
dossier entre les mains.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas le ministre. J'ai eu l'occasion
de répondre à cette question en fin de semaine, parce que
quelqu'un me l'a posée à une conférence.
M. Morin (Sauvé): Cela m'a paru un peu vague.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas vague du tout. Ma position est
celle que j'ai toujours eue. Je pense qu'il faut examiner cela de près.
C'est de savoir si le financement de l'institution privée se fait au
détriment ou peut se faire au détriment de l'institution
publique, dans ce sens que, par exemple, le calcul moyen...
M. Morin (Sauvé): Du coût moyen.
Mme Lavoie-Roux: ... du coût moyen per capita n'est
peut-être pas identique et n'apporte peut-être pas des conditions
de fonctionnement qui soient équitables à l'égard d'un
secteur ou de l'autre. Alors, c'est pour cela mon autre question. Je sais que
vous avez dit en Chambre c'est peut-être jeudi dernier que
vous proposiez ou qu'on avait prévu des budgets qui prévoyaient
justement cette nouvelle forme de calcul pour les allocations de financement au
secteur privé, compte tenu de cette dimension que j'ai moi-même
apportée en fin de semaine, comme étant une considération
qu'on devait avoir.
M. Morin (Sauvé): Vous avez dit en fin de semaine, si je
vous ai bien comprise, qu'il fallait faire une distinction entre le
professionnel et le général.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas cela que vous avez dit?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est que...
M. Morin (Sauvé): Auquel cas, je vous aurais dit: C'est ce
que je viens de faire dans le calcul du coût moyen.
Mme Lavoie-Roux: Non. D'ailleurs, si vous vous souvenez, en
Chambre, quand vous avez dit que vous aviez fait un calcul qui tenait compte de
la disparité possible, je vous ai dit que j'étais d'accord sur
cela. Vous ne m'avez pas entendue, parce que vous étiez peut-être
un peu fâché.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne vous ai pas entendue, mais je
suis heureux...
Mme Lavoie-Roux: Si vous relisez le journal des Débats,
vous trouverez cela, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Bon, j'en suis ravi.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, vous ne m'avez pas comprise, parce
que vous m'avez attaquée par la suite.
M. Morin (Sauvé): Oh! Violemment?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas très violemment. J'ai
donné comme exemple que peut-être il n'y avait pas un calcul
équitable des ressources ou une distribution équitable des
ressources entre les deux secteurs, compte tenu que si on partait du coût
moyen et qu'un secteur avait beaucoup d'enseignement professionnel, qui
coûtait davantage, et que l'autre en avait peu, ceci pouvait amener une
iniquité entre les deux et que c'est cela qu'il fallait revoir. Ce que
je voudrais demander aujourd'hui, est-ce qu'on pourrait déposer la
formule de calcul qui a été utilisée pour essayer
d'établir cette distribution qui serait vraiment une distribution
équitable entre les deux secteurs? Je serais fort
intéressée à l'obtenir, parce qu'on est quand même
parti de certaines données pour décider...
M. Morin (Sauvé): J'en ai parlé dans mon
exposé liminaire, mais je suis tout à fait disposé
à déposer devant la commission la méthode de calcul
utilisée l'an dernier, comportant la liste des exclusions du coût
moyen...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé):... au public. À la page 2, on
trouvera les dépenses du secteur public exclues du calcul des
coûts moyens devant servir au calcul des subventions aux institutions
privées en 1977/78. Nous avons ajouté un certain nombre
d'éléments comme les intérêts sur emprunts à
court terme, qu'on ne retrouve pas dans le secteur privé, et le
rattachement des écoles publiques au SIMEQ qui...
Mme Lavoie-Roux: L'informatique, d'accord.
M. Morin (Sauvé): ... entraîne des frais qu'on ne
retrouve pas également dans le secteur privé, ce qui nous a
permis de raffiner passablement la formule de calcul du coût moyen.
M. le Président, je suis prêt à déposer ce
document.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'était dans cet esprit, je pense,
que vous vouliez corriger cela, s'il y avait une distribution inégale
des ressources entre les deux secteurs; c'est ça que vous vouliez
corriger, et...
M. Morin (Sauvé): Dans l'immédiat, effectivement,
j'ai voulu corriger ce qui m'apparaissait être inéquitable...
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, là-dessus, je suis...
M. Morin (Sauvé): Remarquez bien que le...
Mme Lavoie-Roux: ... d'accord avec le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... secteur privé conserve quand
même, pour l'année qui vient, une augmentation de 8,4%, si ma
mémoire est bonne.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il faut quand même penser que ce
secteur reçoit une année en retard ses subventions,
c'est-à-dire que ce n'est pas exact, mais l'indexation est toujours
faite une année plus tard, n'est-ce pas, si je ne m'abuse?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est l'année
précédente qui sert à déterminer...
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être ça qui explique
aussi une partie de...
M. Morin (Sauvé): ... effectivement.
Maintenant, est-ce que je pourrais vous poser une autre question? Cela
m'intéresse vraiment. Si on n'a pas le temps ce soir, il faudrait qu'on
en discute une autre fois. Je pose la même question à tous les
députés.
Voici qu'on veut ouvrir une nouvelle école privée dans une
petite ville où il existe une ou deux écoles publiques. Si on
examine les chiffres de près, on s'aperçoit que l'ouverture d'une
école privée peut entraîner la fermeture de l'une des
écoles publiques ou, à tout le moins, le regroupement des deux
écoles en une seule, ce qui signifie quand même la fermeture de
l'une des écoles publiques.
À ce moment-là, peut-on parler de
complémentarité? Ne peut-on pas parler davantage de concurrence?
Et si c'était le cas, si l'école privée se
révèle comme étant en concurrence directe avec le secteur
public, faut-il alors autoriser l'ouverture d'une nouvelle école
privée? C'est une belle question, et je vous assure qu'elle n'est pas
facile à traiter. Je serais très heureux de savoir ce que vous en
pensez.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je ne voudrais pas porter un
jugement gratuit, mais je pense qu'il faudrait d'abord savoir dans combien de
cas ça se présente. Est-ce qu'il y en a présentement sur
la table du ministère, des exemples d'une petite ville où on veut
en ouvrir, ou si on parle d'un cas hypothétique?
M. Morin (Sauvé): Non, il peut y avoir des cas, mais je ne
veux pas les nommer. Je ne peux pas les nommer.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Le problème qui se présente,
à mon point de vue, à l'heure actuelle, pour l'école
privée, c'est le problème des écoles privées
existantes, et ce qu'on veut en faire, ce que le gouvernement veut en faire. Je
pense que c'est là le problème et c'est le gouvernement qui doit
avoir la réponse à ceci.
M. Morin (Sauvé): Naturellement, mais ça n'exclut
pas qu'il consulte et, à l'occasion, pourquoi ne consulterait-il pas
l'Opposition pour voir ce qu'elle a dans le ventre à ce
sujet-là?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est là le rôle du
ministre.
M. Morin (Sauvé): Pardon! Dans l'esprit.
M. Laplante: Simplement un petit ajout à ça, M. le
Président. Je me souviens qu'à la commission on avait même
refusé de vendre un édifice scolaire qui était libre
à une institution privée pour qu'elle ne devienne pas
concurrentielle. Mais il y a l'aspect de la loi aussi là-dedans qui
était entré en ligne de compte. Je suis complètement
d'accord avec vous qu'on ne doit pas mettre les deux systèmes en
concurrence dans un cas précis tel que vous le dites.
Mme Lavoie-Roux: ... il y a une autre chose, avant de donner
votre réponse à la ville ou, enfin, à la population qui
fait cette requête, surtout s'il s'agit d'une aussi petite
communauté que celle dont vous parlez, puisqu'il y a une ou deux
écoles et que, tout à coup, on veut ouvrir une école
privée, je m'inquiéterais grandement de savoir ce qui motive les
parents, dans un milieu restreint à Montréal ou dans les
grandes villes, il y a d'autres problèmes qui viennent se greffer, des
problèmes sociaux et autres à vouloir poser un tel
geste.
Il faut examiner la situation de près avant d'accéder
à une telle demande et voir ce qui ne va pas dans le secteur public.
C'est une première question qu'on doit se poser.
M. Morin (Sauvé): Assurément, et tenter de
remédier aux lacunes, s'il se révélait qu'il y en ait de
ce côté. Ce serait même peut-être une démarche
initiale à faire de voir s'il n'y a pas moyen de remédier aux
lacunes du secteur public pour le cas où ce serait cela la raison.
Mme Lavoie-Roux: Dans une petite communauté, on peut se
poser des questions dans ce sens. En ville...
M. Grenier: Le problème se pose assez souvent. On a vu,
dans certains secteurs, qu'il reste encore des professeurs qui ne sont pas
syndiqués dans le secteur privé. On a vu ces problèmes
arriver alors que, dans le secteur public, on est passé par une
grève assez longue, où les élèves restaient chez
eux tandis que, dans le secteur privé, ou tout près de là,
les élèves ont continué leur année. On a
vécu cela chez nous. Les gens avaient tendance à dire: Si on
avait chez nous ces écoles privées, c'est sûr que cela
irait bien mieux. Si on en arrivait à la même chose, à
faire face au même problème, que le secteur privé soit
syndiqué de la même façon et qu'il ait les mêmes
syndicats et les mêmes grèves, je ne suis pas sûr que les
parents auraient un choix à faire qui ressemblerait à
celui-là. C'est un point, à part tout le reste, et c'est normal.
Je pense qu'avant le développement du secteur public, et il ne
faut pas se le cacher il a été longtemps cela
commence à se transformer que les meilleurs professeurs
commençaient par tenter de s'installer dans le secteur privé.
Mais on est allé trop vite au tout début, il faut se le dire
maintenant, on a dû se contenter dans le secteur public, au tout
début de professeurs qui venaient d'ailleurs ou insuffisamment
qualifiés. C'est encore vrai dans certaines régions
éloignées. Des professeurs qui n'offrent pas toute la
compétence voulue et qui sont là souvent, font peut-être
bien plus d'activisme que d'activités au niveau de leurs écoles.
Je pense que le problème existe encore, et c'est peut-être cela
qui motive les parents à se diriger vers des secteurs privés
où ils se sentent plus en sécurité. Le jour où on
arrivera avec des professeurs également compétents dans un
secteur comme dans l'autre, je ne suis pas sûr que les gens
préféreront le secteur privé.
M. Laplante: Je crois qu'il y a un autre aspect non
négligeable dans le secteur rural et le secteur urbain aussi: cela fait
longtemps que les commissions scolaires demandent un encadrement de vie
étudiante pour le midi. Je pense que la CECM a
fait énormément là-dedans pour essayer cela mais
elle manquait de fonds elle aussi comme d'autres commissions scolaires. Il y a
au moins 25% des enfants qui vont au secteur privé parce qu'ils restent
là le midi. La maman qui travaille, qui a une occupation ailleurs, n'est
pas préoccupée le midi. Son enfant est à l'école.
Il y est gardé et il y a un encadrement qui se fait au secteur
privé, ce qu'on a pas au secteur public, et c'est une négligence
qu'on déplore actuellement.
M. Grenier: La maman travaille et d'autres choses s'ajoutent
à cela; dans le secteur privé, il y a cela aussi, le
problème de la mère sur le marché du travail, c'est un
problème assez épineux dans certains foyers également ces
derniers temps.
M. Morin (Sauvé): C'est un point sur lequel il y aurait
moyen de faire de gros progrès au secteur public, mais il y a un
coût évidemment à cela, qu'il faut évaluer avec
soin.
Le Président (M. Clair): Madame, messieurs, il est
présentement 23 heures. J'aimerais savoir si vous entendez vider la
question de l'enseignement privé ou si nous ajournons
immédiatement nos travaux. Actuellement, le député de
L'Acadie et le député de Taschereau ont manifesté le
désir d'intervenir à nouveau sur ce sujet. Qu'en est-il?
Mme Lavoie-Roux: J'ai seulement un mot à ajouter surtout
sur l'enseignement privé.
M. Morin (Sauvé): Je suis prêt à
continuer.
Mme Lavoie-Roux: II me reste un mot à dire sur
l'enseignement privé, simplement pour compléter ce que le
député a dit. Ce que le député de Bourassa dit est
exact, et nous l'avons fait à même nos dépenses
inadmissibles.
Permettre aux enfants de l'élémentaire de manger à
l'école, cela remonte à 1973. Avec les restrictions
budgétaires et là je n'en fais reproche à personne
c'est devenu de plus en plus serré, au point que maintenant les
parents doivent payer les coûts. Cela avait été fait avec
cet objectif exactement: rendre service aux parents qui le demandaient. Je sais
fort bien que la raison qui a été soulignée par le
député de Bourassa, qui, à ce moment-là,
n'était pas à la commission, est réelle.
Mais il y a autre chose. M. le député de Mégantic a
parlé du climat que les négociations collectives ont
créé à l'école publique. Je pense que le ministre
en est très conscient et si on ne veut pas, dans une autre ronde de
négociations, en arriver à détériorer ce climat
davantage, je pense qu'il faut s'attaquer au problème
immédiatement. On en a parlé déjà, il y a quelques
jours.
Il y a aussi le fait qu'à l'école publique, surtout au
niveau secondaire, j'ai même vu des commissaires d'écoles
protester contre certains règlements que l'école voulait faire
pour encadrer les étudiants.
Finalement, on a fini par créer une image de l'école
secondaire je pense surtout à l'école se- condaire;
d'ailleurs, les écoles privées existent surtout au niveau
secondaire on a fini par créer une image de cette école
où on va comme on vient. Je pense qu'une partie de cette image est
fondée et l'autre l'est moins, mais on a finalement
développé cette image de manque de discipline ou d'encadrement
des élèves, ce qui a aussi contribué à diriger des
étudiants, des élèves vers le secteur privé. Je
pense que, là-dessus, c'est peut-être nécessaire, que les
administrateurs de l'école publique et même les enseignants,
pensent que l'encadrement d'élèves, c'est encore une chose
nécessaire. Ce sont des raisons comme celles-là qui ont fait que
les parents ont surtout dirigé leurs enfants vers l'école
privée.
Une voix: II y a peut-être un point que j'aimerais
soulever...
M. Morin (Sauvé): Je ne peux pas dire que c'est
impossible, M. le Président, si vous me permettez une courte
intervention, et Mme le député a raison de souligner l'aspect
image de la question. Parce qu'il peut arriver que des parents retirent leurs
enfants d'une institution publique qui est bonne, mais dont l'image a pu subir
quelques atteintes, pour les inscrire dans des institutions privées
moins bonnes, mais dont l'image peut paraître meilleure, parce qu'il
arrive que des institutions privées ne soient pas toujours de
très bonne qualité. Je ne veux pas donner d'exemple, mais cela
existe.
Mme Lavoie-Roux: Un troisième élément vient
s'ajouter, et il faudrait aussi le jauger ou en peser le bien-fondé,
c'est la question de la confessionnalité. Vous avez présentement,
à Montréal, un groupe qui je ne dis pas qu'il a tort ou
raison, mais je pense que cela correspond à ses convictions personnelles
dit: II faudrait des écoles multiconfessionnelles, il faudrait
rendre l'école neutre, etc. C'est un autre facteur qui a joué
dans le passé, mais qui va peut-être même jouer davantage en
faveur de l'école privée. Ce sont des éléments que
j'apporte au ministre comme étant des réalités qui, je
pense, influencent les parents dans le choix qu'ils font de l'école.
Le Président (M. Clair): Le député de
Taschereau, et le député de Mégantic-Compton ensuite, sur
le même sujet.
M. Guay: Ma question à l'origine portait sur la
possibilité que l'école publique, le midi, puisse rester ouverte.
Le ministre y a répondu en partie, quant à son intention
d'examiner la question.
Mon autre question porte non pas sur des écoles privées
qui voudraient ouvrir leurs portes, dans le cas hypothétique que vous
avez évoqué, mais sur les écoles privées qui
existent, je pense au secteur secondaire, dans la ville de Québec, et
qui font une concurrence au secteur public, à telle enseigne que je vous
donne l'exemple, parce que c'est un exemple intéressant, je pense, car
il y a beaucoup d'écoles privées secondaires dans la
haute ville de Québec. À tel point que la clientèle
scolaire au secondaire public a diminué de façon sérieuse
et qu'à l'origine la Commission des écoles catholiques de
Québec songeait à envoyer tous les enfants du secondaire à
la basse ville, à l'école Marguerite-Bourgeoys, qui est dans
Saint-Sauveur, et à Cardinal-Roy et Wilbrod-Bhérer, qui sont dans
le parc Victoria, juste au nord du quartier Saint-Sauveur.
Les facteurs à la fois géographiques et psychologiques
propres à la ville de Québec ont fait qu'on a
décidé de garder une école secondaire publique ouverte
dans la haute ville, histoire d'affirmer la présence du secteur public
dans la haute ville.
Le résultat, si on se fie au projet de la CECQ à l'heure
actuelle, j'espère qu'elle n'y donnera pas suite dans sa forme actuelle,
c'est que l'école Marguerite-Bourgeoys, construite en 1952, c'est donc
une école relativement neuve, s'apprêterait à être
fermée en 1983 pour envoyer tous les enfants à
Wilbrod-Bhérer et à Cardinal-Roy, en fusionnant ainsi,
physiquement sinon dans l'horaire, les deux cycles du secondaire.
Ce qui se produit, c'est qu'à cause de la présence du
secteur privé, le secondaire en haute ville, ce sont les enfants du
secteur public en basse ville, ceux-là mêmes qui en ont le moins
les moyens, qui vont faire les frais de cette concurrence réelle qui
existe. Sans vouloir avoir de réponse précise à ce cas ce
soir, je me demandais si on allait revoir toute la question de cette
concurrence qui est fournie au secteur public secondaire et primaire sans doute
aussi, mais enfin au secondaire, par le secteur privé.
M. Morin (Sauvé): C'est effectivement l'un des objectifs
que nous allons poursuivre au cours des mois, sinon des deux ou trois
années qui viennent, parce que ce ne sont pas des problèmes
faciles. Ils touchent à des situations sociales que le
député connaît et il va falloir faire preuve, je pense, de
beaucoup d'imagination pour arriver à trouver des solutions qui soient
équitables pour tout le monde.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Deux choses. Pour la question qui est soulevée
par le député de L'Acadie, en milieu rural, il faut bien le
distinguer, l'enseignement religieux ne fait pas de chicane, comme on peut voir
cela à Montréal et je pense que les fonctionnaires sont
sensibilisés au fait que la politique qui est appliquée à
Montréal s'appliquerait mal en milieu rural dans ce secteur, puisque les
revendications ne sont certainement pas et, de loin, celles qu'on peut trouver
principalement à Montréal.
Deuxièmement, en ville, il y a un problème qui se
résorbe un peu, mais qui continue d'être persistant, si cela peut
vous donner des jalons ou des balises pour contrer ce problème. Dans le
milieu rural, quand je parle de rural, ce sont de petites villes ou des
villages qui ne sont pas des villes universitaires, c'est assez
compliqué d'avoir des professeurs qui sont encore en voie de se
perfectionner, car ils sont à distance des universités
importantes.
Le gouvernement, le ministère a fait des efforts assez importants
dans le passé pour essayer de rapprocher les cours de perfectionnement
des maîtres des petits et des moyens centres. On n'y est pas parvenu
à 100%. Cela explique en partie que nos professeurs en section vraiment
rurale ne peuvent pas s'offrir la qualification qu'on peut avoir dans des
villes universitaires. C'est un problème, je le signale, je pense que ce
n'est pas nouveau, mais je dois ajouter que ce problème n'est pas aigu
et se résorbe.
M. Morin (Sauvé): Je remercie le député, ce
sont des observations dont je prends bonne note.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Une dernière observation, M. le
Président. Cela va vous paraître peut-être simple, ce que je
vais vous dire la, mais cela existe encore pour une partie. Les
élèves de l'école privée arrivent à leurs
cours et, en entrant dans la classe, chaque élève a sa place, et
ses livres sont sur son banc.
Au secteur public, on prend une semaine avant l'entrée de nos
élèves, à les inscrire, au début de chaque
année. L'école commence une dizaine de jours en retard avec tous
ces paquets d'inscriptions, la rentrée par niveau, premier cycle,
deuxième cycle, ou par secondaire 1, 2, 3, 4, et 5, chacun a sa
journée pour entrer. À la fin du compte, l'école commence
dix jours après et elle finit aussi...
Je suis certain qu'au moment où on se parle, 50% des
écoles secondaires ne donnent plus de cours. C'est un vice de notre
système public. On dit qu'on est en récapitulation, les
élèves ne veulent pas y aller, ils décrochent, pour toutes
sortes de raisons; il n'y a plus d'intérêt, au moment où on
se parle, à l'école publique. À l'école
privée, tous les jours, il y a encore des programmes. Chaque
année, au mois de juin, c'est le même malaise au secteur
public.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, là-dessus,
peut-être que le sous-ministre pourra nous l'indiquer, j'ai l'impression
que les dates d'examens ont été reportées à plus
tard cette année, comparativement aux autres années. Est-ce que
je me trompe?
M. Morin (Sauvé): Je ne pourrais pas vous dire, je ne le
sais pas.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression qu'on va plus tard au mois de
juin que...
M. Morin (Sauvé): Les examens du ministère? Ils
sont pour le 23 juin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela et cela me semble nouveau par
rapport aux autres années; je ne sais pas si je me trompe, mais...
M. Laplante: Déjà, Mme le député de
L'Acadie, dans une certaine commission scolaire que je ne nommerai pas, les
enfants ont été avisés, au moment où je vous parle,
de rester chez eux, que cela ne leur donnait rien d'aller à
l'école et d'attendre les examens.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais que le député
me donne des détails à l'occasion...
M. Laplante: Je vous donnerai les détails, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... pour que nous jetions un coup d'oeil
là-dedans et voyions ce qui se passe exactement, parce qu'effectivement
cela ne serait pas normal. Si c'était exact, cela ne serait pas
normal.
Le Président (M. Clair): Le programme 8 serait-il
adopté? En fait, c'est l'enseignement privé.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 3 du programme 2, qui apparaissait au deuxième
article du bloc III, serait-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Comment s'appelle-t-il, celui-là?
Le Président (M. Clair): Administration de l'enseignement
privé.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! d'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté. La commission de
l'éducation ajourne donc ses travaux sine die.
M. Morin (Sauvé): J'aurais été
disposé à continuer et à finir. Il nous restait quoi? Il
nous restait deux courts programmes.
(Fin de la séance à 23 h 18)