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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie ce matin pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation.
Les membres de la commission pour aujourd'hui sont: M. Alfred
(Papineau), M. Bertrand (Vanier), M. Lefebvre (Viau) en remplacement de M.
Bisaillon (Sainte-Marie); M. Brochu (Richmond), M. Charron (Saint-Jacques), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Goldbloom (D'Arcy
McGee), M. Marquis (Matapédia) en remplacement de M. Guay (Taschereau);
M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Morin (Sauvé), M.
O'Neill (Chauveau), M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Lorsque nous avons ajourné nos travaux hier, nous avions
adopté les programmes et éléments compris dans le bloc 1,
sous réserve du droit de parole du député de L'Acadie.
Avant de lui accorder le droit de parole, cependant, le ministre a
manifesté le désir de fournir certains renseignements qui lui ont
été demandés hier.
M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me
réjouis de ce que nous ayons avancé à grands pas, hier,
grâce à la présence du député d'Outremont,
qui a fort bien pris la relève. Je suis sûr que la présence
du député de L'Acadie, ce matin, va nous permettre de
compléter assez rapidement à tout le moins le premier bloc, parce
que nous avons déjà passé une quinzaine d'heures, à
ce qu'on me dit. Je n'ai pas senti passer ces heures, tellement elles ont
été intéressantes, mais il faut tout de même,
à un moment donné, aboutir.
Je voudrais, de façon préliminaire, au début de
cette séance, vous entretenir de deux questions qui me paraissent
importantes. La première a trait au taux de scolarisation. C'est une
question qui m'a été posée par le député
d'Outremont hier. J'y répondrai peut-être dans un instant, pour
laisser à M. Martin le temps de vérifier quelques chiffres pour
voir s'il y a bien concordance entre les chiffres de 1975 et ceux dont il
dispose pour une date plus récente.
Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. Morin (Sauvé): Je voudrais également relever un
article que je crois biaisé, publié dans le Devoir de ce matin et
intitulé: "Le Conseil scolaire de l'île de Montréal a
gagné la bataille des chiffres."
Mme Lavoie-Roux: Je me réjouissais.
M. Morin (Sauvé): Je ne connais pas le journaliste qui a
écrit cet article. Je ne sais de quelles sources il s'est
inspiré, mais visiblement ce sont des sources tout à fait
unilatérales, parce que la vérité est tout autre. Il n'y a
pas de gagnant ni de perdant dans cette bataille, si ce n'est le
contribuable.
Pour ce qui est des chiffres, les voici: Les prévisions initiales
du Conseil scolaire de l'île de Montréal, quant à ses
dépenses, étaient de l'ordre de $38,6 millions; j'entends, bien
sûr, les dépenses hors normes. Après discussions, au cours
desquelles nous avions soutenu, du côté du ministère, que
ces dépenses devaient être fixées à $30 millions, le
conseil scolaire vient de nous soumettre une nouvelle proposition qui se
chiffre par $32,8 millions.
M. le Président, pour être malin, je pourrais poser la
question suivante: Le nouveau chiffre qui nous est fourni par le conseil
scolaire est-il plus près de ce que nous avions prévu, ou plus
près de ses prévisions à l'origine? En ce qui me concerne,
et sans être grand mathématicien, je pense que $32,8 millions est
plus près de $30 millions que de $38,6 millions. S'il devait y avoir un
perdant ou un gagnant dans cette bataille de chiffres, je vous laisse
déterminer par vous-mêmes lequel il serait.
À la lumière de cet examen des chiffres auquel ont
procédé les fonctionnaires du conseil scolaire et du
ministère, je m'apprête, aujourd'hui-même, à faire
une nouvelle proposition, celle-là définitive, au Conseil
scolaire de l'île de Montréal, de sorte qu'il puisse, avant le 1er
juin, prendre les décisions qui s'imposent quant aux taxes.
M. le Président, les gagnants disais-je tout à l'heure, ce
seront les contribuables. Nous proposons au conseil scolaire une
légère augmentation, mais significative tout de même, au
chapitre de l'aide aux milieux défavorisés. Nous proposons de
porter celle-ci à $1 025 000. Nous acceptons aussi de subventionner les
dépenses encourues pour les élections scolaires, ce qui signifie
un ajout de $642 060 à la subvention déjà consentie. Cet
allégement des dépenses du conseil scolaire lui permettra
d'approprier, à même le surplus du 30 juin 1976, une somme de $2
276 780, de sorte qu'il n'existe plus aucune raison d'augmenter les taxes ni de
restreindre de quelque façon que ce soit les fonds destinés aux
milieux défavorisés.
Pour mieux renseigner les députés, j'ai demandé
qu'on vous fasse distribuer un exemplaire de la lettre que je viens d'adresser
au président du conseil scolaire, M. Jacques Mongeau. Je souhaiterais
qu'à l'avenir le journal que je mentionnais plus tôt fasse preuve
d'un peu plus d'objectivité. Je sais que nous sommes en campagne
électorale scolaire sur l'île de Montréal; je sais que ce
journal est déjà engagé dans une certaine bataille du
référendum, mais ce n'est pas une raison pour faire preuve de
partialité dans cette élection scolaire.
Le Président (M. Clair): Le député de
l'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser quelques questions au ministre simplement pour bien comprendre les
chiffres?
M. Morin (Sauvé): Assurément. C'est d'ailleurs un
peu dans ce but que je dépose cette lettre dès le début de
nos travaux, ce matin, parce que j'ai pensé je ne pense pas me
tromper, Mme le député que vous seriez
intéressée à revenir sur cette question.
Mme Lavoie-Roux: Ce matin, j'ai vu l'article dans le journal,
mais je ne m'étais pas proposée de poser des questions sur
l'article du journal, je n'en connaissais pas les résultats, de toute
façon.
Il y a eu également je ne sais pas encore s'il y avait eu
erreur de chiffres un autre article, dans le même journal,
peut-être a-t-il paru ailleurs aussi, il y a à peu près
trois semaines. À ce moment, je vous avais posé une question
à l'Assemblée nationale. On parlait d'une demande de $24 millions
qui avait été adressée au ministère de
l'Éducation. On avait besoin de $24 millions supplémentaires,
autrement, on serait obligé d'aller taxer pour cette somme.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que c'était dans le
même journal?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'était dans le même
journal.
M. Morin (Sauvé): C'est tout aussi farfelu. Il n'a jamais
été question d'un pareil montant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Il reste que, hors normes, M. le ministre, l'île de
Montréal doit financer $32,8 millions, moins les sommes que vous venez
de mentionner, un ajout pour l'aide aux milieux défavorisés, et
des dépenses pour couvrir les frais des élections scolaires.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Pour vous donner toutes les
précisions nécessaires, Mme le député, cela
signifie que la nouvelle proposition augmentant notre contribution aux milieux
défavorisés et aux élections scolaires signifie des
dépenses hors normes de $31 513 000.
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà une taxe
supplémentaire qui existe à Montréal, pour couvrir les
dépenses hors normes qui avaient été effectuées,
l'année dernière. Maintenant, ces $31 millions est-ce qu'il y en
a déjà une partie de couverte par la taxe qui est
prélevée localement?
M. Morin (Sauvé): Oui, il y en a pour une vingtaine de
millions de dollars. Si vous voulez vous référer à la
lettre, à la page 2, au bas du second paragraphe complet, vous pourrez
lire ceci: "Ce pourcentage porte la prévision des revenus de la taxe
supplémentaire à $20 236 000."
Je continuais: "Si on ajoute les $8 millions de l'entente sur la taxe
des corporations, on peut prévoir des revenus de $31 513 025. "
Mme Lavoie-Roux: Alors, tout serait couvert sans taxe
supplémentaire?
M. Morin (Sauvé): C'est ma conviction, Mme le
député. Il ne sera pas nécessaire d'augmenter les taxes.
Il s'agit ici du rendement de la taxe, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Celle qui est prévue actuellement.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Dans le paragraphe suivant, M. le ministre, la
différence entre les dépenses prévues par le conseil de
$32,8 millions et les revenus de $31 513 000 décrits plus haut, tel
qu'il apparaît dans la lettre, laisse $1,3 million. C'est pour cela qu'il
faudrait peut-être aller prélever une taxe
supplémentaire.
M. Morin (Sauvé): Non, nous ne pensons pas que ce soit
nécessaire. Je l'ai fait savoir au président du conseil scolaire.
Nous pensons que cette différence peut être
réaménagée c'est ce que je dis au bas de la page 2
et au sommet de la page 3 "par la révision des réserves
prévues ou par une légère diminution du per capita
versé aux commissions scolaires, et ce sans qu'il soit nécessaire
de réduire vos activités dans les milieux
défavorisés c'est le chantage qu'on avait tenté
d'exercer sur nous, n'est-ce pas ou d'augmenter le taux de taxe des
contribuables et des corporations." Nous sommes convaincus qu'il est possible,
évidemment, en administrant de façon serrée nous en
sommes tous là, au Québec, à l'heure actuelle de
boucler avec les montants mentionnés, c'est-à-dire $31 513
025.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, tout à l'heure, on
va reparler de l'opération dans les milieux défavorisés.
Je pourrai peut-être revenir sur le sujet, mais il semble que
déjà, quand même, il y a eu une coupure faite par le
conseil scolaire à partir des prévisions préliminaires qui
étaient de l'ordre de $38,6 millions. Vous leur avez demandé de
les réduire pour atteindre un chiffre de $30 millions.
M. Morin (Sauvé): Nous leur avons demandé aussi de
revoir leurs chiffres, parce que leurs chiffres ne nous paraissaient pas
exacts. Révision faite de concert, cela a donné ces $32,8
millions, n'est-ce pas...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...plutôt que $38,6 millions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous dites que, de concert, vous avez
réaménagé cela de telle sorte que vous êtes
arrivés à $32,8 millions. À ce moment-ci, tous les
montants qu'on retrouve sont de l'ordre de $31 513 000. Il reste quand
même une différence. Vous leur dites de réaménager
de nouveau?
M. Morin (Sauvé): Nous leur disons qu'ils peuvent s'en
tirer avec $31 513 000 parce que nous sommes convaincus, à l'examen des
chiffres, que c'est possible. Dans ses premières prévisions de
dépenses je tiens à le souligner à Mme le
député de L'Acadie, qui va être à même de
juger les demandes qui nous étaient faites le conseil scolaire
avait prévu une allocation per capita de $97 par élève,
alors que nous étions convaincus qu'on pouvait s'en tirer avec $67 par
élève.
Évidemment, ayant soufflé de la sorte le per capita, on
aboutissait à $38,6 millions. Le per capita que nous serions prêts
à soutenir, à l'heure actuelle, est de l'ordre de $71 par
tête.
Mme Lavoie-Roux: Est-il identique pour l'ensemble de la province,
ce per capita, ou si c'est en fonction des besoins de l'île de
Montréal?
M. Morin (Sauvé): Cela n'a rien à voir avec le
Québec hors du territoire du conseil scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Quel était leur per capita, l'an dernier,
vous en souvenez-vous?
M. Morin (Sauvé): $63.50.
Mme Lavoie-Roux: C'était leur per capita hors normes;
cette année, ils demandaient $97? Bon. Enfin, je n'ai pas les
détails.
M. Morin (Sauvé): Une augmentation de seulement 54%, soit
dit en passant! Dans une période financière comme celle que nous
traversons, je vous laisse juge.
M. Raynauld: On appelle cela un taux marginal, M. le ministre.
Les taux marginaux sont toujours plus élevés que les taux
moyens.
M. Morin (Sauvé): Pour ne pas jeter indûment d'huile
sur le feu, je ne ferai pas de commentaires.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question là-dessus.
La population diminue de combien dans l'île de Montréal?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire la population
scolaire?
Mme Lavoie-Roux: Scolaire, oui.
M. Morin (Sauvé): On peut vous donner les chiffres
là-dessus, il y a une diminution. En général, c'est
à peu près la moitié de la diminution
québécoise. C'est de l'ordre de 10 000 à 12 000
étudiants pour l'ensemble de l'île.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'ensemble, ce n'est pas de 20 000?
M. Morin (Sauvé): II faudrait vérifier pour
être sûr. On vous donnera l'information, chiffres à l'appui.
Nous avons les chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je ne veux pas plaider en faveur des $71
versus les $97, je n'ai pas assez d'éléments pour le faire, mais
il ne faut pas oublier que dans l'île de Montréal, depuis six ou
sept ans, la baisse de la population a été vraiment très
très considérable, compte tenu de l'ensemble de la province. Cela
a demandé des ajustements radicaux d'année en année. Avec
la disparition de toutes les ententes qui avaient été
prévues, même l'entente sur l'équipement, etc., alors,
finalement, c'est peut-être par ce truchement de la hausse du per capita
hors normes qu'on essaie de maintenir une qualité de services qui soit
un peu identique à celle qu'on avait avant.
M. Morin (Sauvé): Disons que pour l'année 1977/78,
ce que vous soulevez sera certainement atténué, compte tenu des
prévisions dans les conventions collectives à l'égard de
la sécurité d'emploi. Dans les données des années
antérieures, soit la CECM, le PSBGM, ou d'autres commissions scolaires
de l'île ou dans la province de Québec, bon nombre des
dépenses hors normes étaient pour assumer un surplus de
personnel. Maintenant, dans la nouvelle convention, compte tenu de la
sécurité d'emploi et surtout du fait que la
sécurité d'emploi est payée hors enveloppe, ceci devrait
diminuer de beaucoup estime-t-on, le coût des dépenses hors normes
à être supporté par les commissions scolaires, surtout au
poste 90, entretien des écoles et autres, des diminutions d'effectif, de
personnel.
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment c'est...
Le Président (M. Clair): Étant donné que la
discussion sur le sujet est parti sur la base de faits nouveaux portés
à la connaissance de la commission, je permettrai au
député de Bourassa de poser une question sur le sujet. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Ce n'est pas une question, c'est surtout
l'état du conseil de l'île avec son président. Je trouve
regrettable que le président du conseil de l'île, depuis le 15
novembre, n'ait pas réalisé ou n'ait pas accepté encore
l'élection du nouveau gouvernement péquiste.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Évidemment, on a l'immunité parlementaire, ici,
on peut dire ce qu'on veut. Mais je pense qu'essayer, à ce moment-ci, de
faire un débat sur le président du conseil de l'île... Le
président du conseil de l'île est quand même le porte-parole
des commissions et ces demandes sont venues des commissions scolaires. Je
trouve que les propos du député de Bourassa n'ont guère de
pertinence avec le dossier qui vient de nous être présenté
qui était vraiment d'examiner les chiffres que le ministre de
l'Éducation a retenus. Je pense que cela n'avance à rien.
M. Laplante: Vous considérez-vous le porte-parole de M.
Mongeau, de ce temps-ci, Mme le député de l'Acadie?
Une voix: Non, mais ce sont des affirmations gratuites.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Vous faites des affirmations gratuites.
M. Laplante: Si cela n'est pas cela, le président m'a
donné la parole sur la réponse...
M. Alfred: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois pas ce que cela va faire avant
que...
Une voix: Ne vous laissez pas faire, Mme...
M. Alfred: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Papineau a soulevé une question,
une nouvelle question de règlement.
M. Alfred: Ma question c'était pour signifier que
l'exposé que s'apprête à faire le député de
Bourassa sur cette question est dans l'ordre, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa, est-ce que vous désirez intervenir sur la question de
règlement?
M. Laplante: Sur la question de règlement. Je
conçois, après avoir donné la parole au
député de l'Acadie sur la déclaration du ministre, qu'il y
a certains faits que j'aimerais rétablir dans cette déclaration,
parce que c'est une continuité. Je crois qu'il y a des mises au point
qui doivent être faites.
M. Raynauld: M. le Président, sur cette question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je ne sais exactement ce que le député
de Bourassa veut dire, mais, si c'est dans la veine de son début de tout
à l'heure, je pense que c'est inadmissible qu'on accepte ici des
affirmations absolument gratuites comme celle qu'il a faite à l'effet
que le président du conseil ne s'était pas encore aperçu
qu'il y avait eu des élections le 15 novembre. Si c'est pour poursuivre
dans cette veine je vais m'y opposer jusqu'au bout. Je pense que c'est
inadmissible.
Mme Lavoie-Roux: C'est le vieux style du député de
Bourassa, vous savez.
M. Laplante: C'est peut-être le nouveau style.
J'aime mieux le dire ouvertement que d'aller le dire dans un restaurant
du nord de Montréal, madame, avec certain directeur
général. Vous comprenez très bien ce que je veux dire,
madame, vos relations avec le conseil de l'île ont été
établies comme si vous étiez commissaire encore au conseil de
l'île.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Question de privilège.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Quand des faussetés sont dites, quel
recours avons-nous?
Le Président (M. Clair): Vous avez des recours devant
l'Assemblée nationale comme telle sur une question de
privilège.
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des
crédits, l'article 160 de notre règlement prévoit qu'un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît à condition de ne pas parler plus de 20
minutes en tout sur un même sujet. M. le député de
Bourassa, vous êtes président de commissions parlementaires, vous
savez sûrement aussi bien que moi les droits et privilèges des
membres de l'Assemblée nationale de même que les limites dans
lesquelles nous pouvons discuter d'un sujet. Je suis convaincu que le
député de Bourassa connaît bien les conséquences de
ses gestes et, malheureusement ou heureusement, je n'ai pas à
déterminer de la justesse des propos prononcés par un
député en commission parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Ils seront reproduits. Je poserai une question
de privilège à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa, je vous invite à continuer.
M. Laplante: Pour faire suite, le président du conseil de
l'île devrait réaliser que le 15 novembre est passé, que
nous sommes un nouveau gouvernement et qu'il fait du chantage actuellement dans
sa première déclaration en voulant imposer des taxes nouvelles
aux contribuables et faire passer cela sur le dos du gouvernement. Cela fait
suite aussi à une autre action du conseil de l'île, sur le
Musée d'histoire naturelle. Mme le député de L'Acadie
connaît très bien aussi les conséquences de l'affaire du
Musée d'histoire naturelle où on menace continuellement,
aussitôt qu'on n'a pas ce qu'on veut. On a même menacé
d'envoyer ces pièces en Ontario. Cela vient encore du Conseil de
l'île de Montréal. Il faudra apprendre à fonctionner avec
le gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: ... berlue...
Le Président (M. Clair): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je exprimer
simplement un souhait? C'est que ces questions financières qui sont
d'ordre technique ne deviennent pas un enjeu dans l'élection scolaire du
mois de juin. Malheureusement, je dois constater, en lisant certains
communiqués publiés notamment dans le Devoir, que les chiffres
pourraient devenir un enjeu électoral. Je le regretterais
profondément parce que cela forcerait le ministre de l'Éducation
qui jusqu'ici a beaucoup insisté pour tenir un langage technique,
financier à monter dans l'arène.
Je dirais une chose. Si le président du conseil scolaire n'est
pas capable d'adopter une attitude semblable à la mienne, j'irai
défendre les chiffres et j'irai parler de son administration, si la
chose est nécessaire. Et dans la mesure où Mme le
député de L'Acadie entretient encore des rapports favorables avec
le président du conseil scolaire, elle voudra bien lui faire part de mon
message.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas vu le
président du conseil scolaire et je ne lui ai pas parlé depuis
l'élection du 15 novembre. Je voudrais, M. le ministre, dire que celui
qui tente de politiser la situation est le député de Bourassa.
J'ai simplement dit tout à l'heure qu'on aurait dû strictement
s'en tenir aux explications techniques que je vous ai demandées pour
essayer de mieux comprendre le tableau. Je pense que je ne m'en suis pas
écartée.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. M. le Président,
puis-je ajouter simplement que je prends acte?
M. Raynauld: Question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, M. le
député d'Outremont soulève une question de
règlement.
M. Raynauld: Je soulève une question de règlement.
M. le Président, vous venez de dire que le député de
L'Acadie n'avait pas le droit de soulever une question de privilège. Il
est bien indiqué à l'article 133 qu'à moins de
dispositions contraires les règles relatives à l'Assemblée
s'appliquent aux commissions.
Or, dans les règles de l'Assemblée nationale, on dit
à l'article 49, qu'un député peut toujours soulever une
question de privilège à l'Assemblée immédiatement
après qu'ont été prononcées les paroles ou que se
sont déroulés les événements qui y donnent
lieu."
Ce n'est pas à moi de soulever la question de privilège,
mais sur cette question de règlement, le député de
L'Acadie a parfaitement le droit de soulever cette question privilège.
Elle aurait double- ment raison, maintenant que le ministre vient lui aussi de
faire allusion aux mêmes faits.
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre, sur la question
de règlement?
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas sur la question de
règlement. J'estime que ce débat a assez duré. Je voudrais
simplement prendre acte de ce qu'a dit Mme le député de L'Acadie.
Je crois très volontiers ce qu'elle a dit. Pour le cas où elle
aurait l'occasion de rencontrer M. Mongeau, si elle a quelque influence sur
lui, si elle pouvait lui expliquer le langage que nous avons tenu ce matin, qui
est un langage financier et technique, si elle pouvait l'inciter à s'en
tenir à cela, ce serait pour le plus grand bien et du conseil scolaire
et de l'éducation.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement du député d'Outremont, il a raison sur le point
qu'il défendait voulant entre autres, qu'il n'appartient pas à
lui, mais bel et bien au député de L'Acadie de soulever une
question de privilège, s'il y avait question de privilège. Mais
il a tort quant au fait qu'il y aurait lieu de poser des questions de
privilège en commission parlementaire. C'est une tradition solidement
établie en vertu de notre règlement, en vertu de nos
interprétations passées et actuelles du règlement. Je n'ai
pas l'intention d'admettre en aucune façon des questions de
privilèges en commission parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais plus si je soulève une
question de règlement ou de privilège, mais puis-je vous poser
une question?
Le Président (M. Clair): Faites-le sous la forme d'une
question de règlement ou de demande de directive, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me demandez quel règlement
j'invoque, il faudrait que j'aille étudier pendant... Pour ne pas
créer de confusion, il y a une précision que je voudrais donner.
C'est vraiment avec un souci d'honnêteté que je le fais. J'ai dit
que je n'ai pas vu le président du Conseil scolaire de l'île de
Montréal depuis le 15 novembre. Or, j'ai été
convoquée au Conseil scolaire de l'île de Montréal au
moment du débat sur la présentation du comité de
restructuration scolaire. On avait invité les membres qui n'en faisaient
plus partie pour le présenter au public. À ce moment, je l'ai vu.
Je tiens à le dire. Je ne me souviens pas à quelle date. Cela se
peut que ce soit au mois de janvier. Si on voulait aller vérifier si je
l'ai vu physiquement, je vais au moins vous dire cela. Je l'ai vu à ce
moment et il n'a pas été question de budget.
M. Morin (Sauvé): Nous ne vous en tiendrons pas
rigueur.
Mme Lavoie-Roux: Question de privilège.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Comment vais-je poursuivre?
M. Alfred: Question de règlement.
M. Raynauld: Sur cette question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont, je serais bien embêté de savoir sur quelle question
de règlement puisqu'il n'y a pas, effectivement, de question de
règlement soulevée actuellement.
M. Raynauld: En vertu des articles 163 et 48b).
M. Alfred: Vous n'avez pas le droit, M. le député
d'Outremont, de revenir sur une décision du président.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont...
M. Alfred: La décision du président est
irrévocable.
Le Président (M. Clair): ... vous auriez sûrement
avantage à communiquer avec d'autres membres de votre parti sur ce
point. Il n'est vraiment pas d'usage de soulever des questions de
privilège en commission parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: On a aussi eu de longues discussions à
savoir si une motion pouvait être présentée en commission
parlementaire pour l'étude des crédits. Les gens se souviendront
que cela s'est passé à l'étude des crédits des
Affaires culturelles, des Communications et dans une autre commission, j'oublie
laquelle.
À ce moment, le parti ministériel a fait état du
fait que ce n'était pas exclu et l'Opposition officielle avait fait
valoir que c'était l'usage qui faisait qu'on n'introduisait pas de
motion au moment de l'étude des crédits aux commissions
parlementaires qui font l'étude des crédits. À ce moment,
vous vous servez d'un argument de l'Opposition officielle pour dire que l'usage
fait qu'on ne soulève pas de questions de privilège.
Pourriez-vous soumettre la question au président de l'Assemblée
nationale?
M. Alfred: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Je pense que ce que Mme le député de
L'Acadie dit n'est pas tout à fait vrai, parce qu'il y avait eu des
précédents qui ont été confirmés par le
vice-président de la Chambre en ce qui concerne la recevabilité
de la motion du député de Vanier.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, quand même, qu'on
étudie la chose, parce que, pour moi, c'est peut-être plus
important des questions de privilège sur des propos tels qu'a tenus le
député de Bourassa, qui sont absolument gratuits, qu'une motion
qui, en fait, peut être sans conséquence.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont sur la question de règlement.
M. Paquette: Si je peux me permettre une dernière
intervention là-dessus, je pense qu'il ne faudrait pas préjuger
de ce qui se passe dans le cerveau du président du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Nous verrons, d'après sa réaction
à la proposition du gouvernement, s'il est guidé par des
considérations politiques. Si, devant une proposition qui est fort
raisonnable, il ne réussit pas à gratter encore $1 million dans
les divers budgets du Conseil scolaire de l'île, chacun pourra tirer ses
conclusions, mais je souhaiterais qu'on passe à autre chose.
M. Morin (Sauvé): Je suis tout à fait
disposé à faire cela, M. le Président. Je serais
même tout à fait prêt à répondre à la
question du député d'Outremont posée hier soir au sujet du
taux de scolarisation, du moins à lui donner la réponse partielle
que j'ai sous les yeux. Les recherches faites par M. Dufour et...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse. J'ai
demandé au président d'obtenir l'opinion du président de
l'Assemblée nationale, à savoir si une question de
privilège pouvait être soutenue ici, compte tenu de l'autre
incident qui s'est passé.
Le Président (M. Clair): Sur le fait que vous affirmez
qu'il y a lieu de soulever des questions de privilège en commission
parlementaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Clair): ... je pourrai rendre une
décision dans quelques minutes. Nous allons donc suspendre la commission
pour quelques minutes, s'il vous plaît!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ne pas
perdre trop de temps, je suis prêt à entendre la question de
privilège du député n'importe quand.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, pour l'instant je
suis fermement convaincu qu'il n'y a pas lieu d'accepter c'est un
précédent qui serait créé à
première vue, une question de privilège en commission
parlementaire. J'aimerais pouvoir bénéficier de quelques minutes
pour rendre une décision motivée.
M. Paquette: Je me demande si c'est nécessaire. De toute
façon, le député de L'Acadie a fait tellement
d'interventions qui revenaient au même.
Mme Lavoie-Roux: II y en a que je voudrais faire.
M. Paquette: II y en a que vous n'avez pas faites!
Le Président (M. Clair): Je considère que la chose
est suffisamment importante pour que nous suspendions les travaux pendant
quelques minutes afin de rendre une décision motivée.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au moment
où vous allez faire cela, pour que le député de L'Acadie
ne perde pas son temps dans l'intervalle, je vais déposer, pour qu'elle
puisse en prendre connaissance, la liste des comités du ministère
de l'Éducation pour l'année financière 1976/77.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Suspension. À l'ordre,
s'il vous plaît!
Sur la question soulevée par le député de L'Acadie
visant à savoir s'il y avait ou pas de questions de privilège en
commission parlementaire, je maintiens la décision que j'ai rendue ou
que je m'apprêtais à rendre tantôt à l'effet
qu'effectivement je n'accepte pas de questions de privilège en
commission parlementaire. Je réfère le député de
L'Acadie au journal des Débats du 21 mai 1975, page B-3576; elle verra
que cette décision est conforme à la tradition et à la
coutume établies en commission parlementaire en vertu de notre
règlement.
Si le député de L'Acadie entend soulever une question de
privilège, elle pourrait le faire sur un avis d'une heure au
président de l'Assemblée nationale, à la prochaine
occasion.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. C'est ce que je
ferai mardi prochain à l'Assemblée nationale. Je m'excuse du
retard, je ne l'ai pas provoqué.
M. Morin (Sauvé): Madame, vous êtes tout
excusée et, avec votre permission, bien que le député
d'Outremont ne soit plus des nôtres, je déposerais quelques
chiffres sur le taux de scolarisation. Ensuite, nous pourrons, si vous le
désirez, Mme le député, aborder la question des milieux
défavorisés qui, je le sais, vous intéresse.
Mme Lavoie-Roux: J'en avais quelques autres avant.
M. Morin (Sauvé): À votre guise.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le ministre veut parler.
Le Président (M. Clair): M. le Ministre.
Taux de scolarisation au Québec
M. Morin (Sauvé): Le taux de scolarisation, je voudrais
que ce soit réglé. Nous avons des chiffres fiables qui nous
viennent des recherches de M. Dufour et de Mlle Lavoie, sur la
fréquentation scolaire au Québec de 1966 à 1986,
jusqu'à l'âge de 17 ans. Au-delà, les chiffres doivent
êtres pris sous réserve parce qu'ils ne comprennent pas les
étudiants universitaires, ce qui entraîne, on en conviendra, une
certaine déformation des résultats.
Ces chiffres sont tout de même significatifs jusqu'à
l'âge de 17 ans et je les résume. En 1966, le taux de
scolarisation chez les garçons de 14 ans était de 94,6%, alors
qu'il est passé à 99% en 1975. Pour les filles, le même
taux était de 92,8% en 1966; il est passé également
à 99% en 1975, ce qui marque une évolution fort significative.
Passons maintenant au palier des garçons et filles de 15 ans. Le taux en
1966 pour les garçons était de 87,1%; il est passé
à 97%. De même, pour les filles, il est passé de 84,8%
à 97%. Pour ceux de 16 ans, les garçons sont passés de
72,2% à 81% et les filles, de 64,9% à 81% également.
On voit qu'il y a une égalisation constante des taux entre
garçons et filles.
Pour l'âge de 17 ans, le taux est passé de 51,1% à
60% chez les garçons et de 39% à 62% chez les filles. Il y a donc
là encore beaucoup de place pour l'amélioration. Au-delà,
à compter de 18 ans, les chiffres ne tenant pas compte des
étudiants universitaires, je n'oserais donner officiellement quelque
chiffre que ce soit. Mais je puis assurer le député de L'Acadie,
pour le député d'Outremont, que nous allons tenter
d'établir ces chiffres au cours de l'année qui vient et que l'an
prochain, lorsque nous nous retrouverons pour l'étude des
crédits, je tenterai de donner un tableau complet de la situation.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président, est-ce que
le tableau a été remis ou est-ce qu'on va nous remettre le
tableau de ce qui existe présentement?
M. Morin (Sauvé): Oui, le député d'Outremont
est parti avec les documents que nous voulions déposer, parce qu'il
attachait un intérêt particulier à la chose.
Mme Lavoie-Roux: Je m'en ferai faire une copie.
M. Morin (Sauvé): Si cela intéresse d'autres
députés, nous pourrons le déposer en Chambre, la semaine
prochaine. Je le ferai, puisque je vois deux députés qui
m'indiquent que cela peut les intéresser, le député de
Rosemont et le député de Gaspé, notamment.
Voilà pour les taux de scolarisation, du moins pour
l'instant.
M. le Président, je suis prêt à écouter les
questions du député de l'Acadie.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Encadrement des étudiants
Mme Lavoie-Roux: Quand j'ai quitté, hier soir, j'ai
demandé si on avait songé à associer des parents au
programme d'encadrement des étudiants dans le règlement 7 qui a
été finalement adopté, puisqu'il semble qu'il y a eu peu
de modifications qui aient été apportées. On m'a
répondu que non, on ne l'avait pas fait. J'aimerais demander au ministre
s'il ne croit pas que ce serait là une bonne occasion, dans un esprit
d'encouragement, d'avoir la participation des parents et de peut-être
songer à les associer dans certaines activités d'encadrement. Je
pense d'ailleurs que, dans les faits, cela se fait particulièrement au
niveau élémentaire et même au niveau secondaire dans des
écoles. Je pense que cela aurait peut-être été une
occasion, quitte à qualifier leur intervention, mais au moins,
officiellement, l'inclure dans la révision du règlement no 7.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai le
même souci que Mme le député. Je pense que la
présence des parents devrait être plus prononcée, notamment
au niveau primaire. Au niveau secondaire, la chose peut paraître plus
difficile, quoique ce serait également à explorer. Puisque vous
abordez le problème de l'encadrement des élèves, je me
permettrais de faire quelques observations, notamment pour le niveau où
ce problème présente le plus de difficultés, qui est le
niveau secondaire.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais bien.
M. Morin (Sauvé): Avant de le faire, cependant, je peux
assurer Mme le député que dans notre projet de remettre
l'école dans son milieu, nous voulons également mettre le milieu
dans l'école parce que cela va de pair. Nous voulons que les parents
jouent un rôle plus considérable dans l'école et que l'un
des aspects de cette participation soit non seulement de contribuer à la
définition des principes de discipline, de la vie scolaire en
général, mais aussi d'apporter une contribution d'ordre
pédagogique.
Naturellement, cela va devoir varier beaucoup selon les milieux parce
que, comme vous l'avez fait observer, Mme le député, il y a des
milieux où cela se fait déjà, mais il y en a d'autres
où on est très réfractaire à ce genre de
participation des parents puisque d'aucuns considèrent l'école
comme étant une sorte de garderie, un endroit qui permet de se
débarrasser de ses enfants pour la journée. Ces attitudes
demeurent beaucoup trop répandues pour qu'on puisse les ignorer, elles
sont là. Il faut certainement souhaiter une évolution dans les
mentalités qu'on trouve dans certains milieux à cet égard.
En somme, je partage les préoccupations du député de
L'Acadie.
Me tournant maintenant vers l'encadrement des élèves au
secondaire, il me paraît assez clair que cet encadrement doit être
réalisé en traçant à chaque étudiant, chaque
élève, un programme de travail personnel, en lui indiquant les
normes d'évaluation dans son travail et en lui fournissant l'appui,
avant tout, des éducateurs qui sont là pour l'aider et pour le
guider. À ce niveau, c'est surtout aux éducateurs que je
m'adresserais, d'abord parce que l'enseignement est devenu plus complexe qu'au
niveau primaire et aussi parce que les démarches pédagogiques
sont devenues plus complexes. Le lieu premier de l'activité de
l'étudiant est la classe, je pense que nous en conviendrons tous. C'est
là qu'on doit lui créer, par tous les moyens, un cadre de travail
et lui assurer tout le soutien dont il a besoin. Cette responsabilité
relève avant tout, à mon avis, en tout cas, du professeur.
Bien sûr, on doit faire intervenir d'autres professionnels de
l'éducation, des conseillers d'orientation, des psychologues, des
éducateurs dans le domaine du sport et de l'éducation physique,
mais c'est encore dans la classe que se déroulent les choses les plus
importantes du point de vue de la formation de l'élève.
Les reproches qu'on adresse le plus fréquemment à
l'endroit de l'école secondaire sont probablement ceux de l'anonymat de
l'élève et de l'absence parfois trop
généralisée de discipline. La prolifération des
voies, des options, la spécialisation des enseignants, la distribution
des élèves en groupes-matières plutôt qu'en
groupes-classes, tout cela, évidemment, ne contribue pas à
favoriser le climat souhaitable aux études.
D'ailleurs, ce sont des causes bien connues de cette situation. Les
éducateurs ce n'est pas toujours leur faute, je tiens à le
dire ne connaissent pas suffisamment leurs élèves et,
compte tenu du va-et-vient généralisé, ils peuvent
difficilement faire une évaluation de chaque élève en
particulier. Cette situation, on commence à en convenir dans plusieurs
milieux, est préjudiciable à l'élève qui ne
perçoit plus très bien la responsabilité de l'école
et des enseignants à son endroit et qui ne peut facilement se
référer à un adulte qui puisse intervenir rapidement
lorsqu'il a des problèmes.
L'élève se sent trop souvent laissé à
lui-même dans l'école et cet isolement n'est pas de nature
à favoriser son sentiment d'appartenance à un milieu de vie, ce
sentiment d'appartenance qui, à tous les âges de la vie, est fort
important pour l'équilibre émotif de chacun. De plus, cette
lacune constitue une barrière entre la famille et l'école, de
sorte que j'en conclus à la nécessité, au cours des mois
et des années qui viennent, de créer une situation où
l'enseignant ou des équipes d'enseignants, comme je le dirai tout
à l'heure, aient une connaissance personnelle de chaque
élève pour atteindre l'objectif de formation
générale dont j'ai parlé.
Diverses solutions s'offrent pour tenter d'atteindre cet objectif,
diverses formules d'organisation qui, d'ailleurs, sont déjà
pratiquées dans plusieurs écoles secondaires. Nous avons
déjà des expériences sur lesquelles nous pouvons nous
fonder et qu'on pourrait répandre à travers le Québec, des
expériences qui ont porté fruit, no-
tamment dans certaines grosses polyvalentes. En général,
ces expériences font qu'on distingue les élèves du premier
cycle et du deuxième cycle non seulement au plan des méthodes
d'enseignement et des formules d'encadrement, mais aussi au plan de la
localisation physique dans l'école.
Au premier cycle surtout, on regroupe les élèves de
façon plus homogène et plus stable. On retrouve les mêmes
élèves ensemble et en des lieux qui leur sont propres. En
conséquence, les enseignants, surtout ceux du premier cycle, commencent
à être regroupés dans certaines expériences en
équipes de formation plutôt que selon les disciplines. À
mon avis, il faudrait favoriser la création et la stabilité
d'équipes dont les membres se complètent, je veux dire
d'équipes interdisciplinaires. Une équipe de formation se
définirait comme un groupe formé des enseignants, des
personnes-ressources et aussi des administrateurs qui sont collectivement
responsables du cheminement d'un groupe spécifique
d'élèves.
Cette solution ne ferait pas de distinction entre ce qu'on
désigne souvent par vie étudiante et vie pédagogique. Dans
la mesure du possible, il nous semble souhaitable que des enseignants
spécialistes ne soient désignés que dans les disciplines
qui requièrent une spécialisation particulière. Je pense,
par exemple, à l'enseignement religieux, à l'éducation
physique, à la musique, aux arts et à la langue seconde.
Pour le reste, plus on pourra faire appel à des
généralistes, mieux cela vaudra.
M. le Président, j'ai encore quelques mots à dire sur la
question. Je ne veux pas m'étendre indûment, mais je sais que ce
problème en est un de fond et intéresse plusieurs membres de la
commission. C'est pour cela que je me permets de faire en quelque sorte une
introduction au débat qui devrait suivre.
À l'heure actuelle, déjà, dans les écoles
secondaires, il y a plusieurs solutions qui ont été mises
à l'épreuve. Je voudrais retenir deux exemples. La
première de ces solutions est celle du titulariat dans laquelle les
élèves d'un groupe donné sont placés sous la
responsabilité d'un professeur de ce groupe. Les tâches de ce
titulaire incluent des moments de rencontre avec chacun de ses
élèves, en plus de prévoir des contacts avec les parents
de chacun tout au cours de l'année. On a prévu d'ailleurs, dans
ces cas, un allégement de la tâche d'enseignement dudit
professeur. La seconde solution est celle qu'on pourrait appeler le tutorat qui
est une formule pédagogique bien connue notamment dans certains
établissements britanniques où chaque professeur a la
responsabilité d'un très petit nombre d'élèves. La
division des responsabilités s'effectue au sein d'une équipe
multidisciplinaire responsable de plusieurs groupes d'élèves.
Comme tous les enseignants n'ont pas nécessairement le goût
et les aptitudes pour jouer ce rôle, la répartition des
tâches peut se faire en conséquence. Si la formule dite du groupe
d'élèves stable, des équipes de formation paraît
particulièrement adaptée au premier cycle, il faut, pour le
second cycle, je crois, étudier une combinaison des formules du
titulariat et du tutorat. Autrement dit, il faut avoir des formules très
souples qui pourraient, d'ailleurs, varier d'une polyvalente à
l'autre.
À notre avis ces solutions seront évoquées
dans le livre vert qui sera rendu public sous peu l'utilisation de ces
formules est de nature à diminuer sensiblement les difficultés
vécues par les élèves et les enseignants dans les grosses
écoles. Déjà, les expériences qui ont
été faites nous le démontrent. Mme le député
de L'Acadie connaît, je pense, ces expériences et elle peut
constater avec nous qu'elles sont, somme toute, fort concluantes.
Ces solutions devraient également permettre une action conjointe
entre la famille et l'école, une action qui serait fondée sur une
connaissance commune, conjointe de l'enfant. Cette action suppose, de toute
évidence, le maintien de la communication régulière et
l'identification d'interlocuteurs, de part et d'autre.
Pour terminer, je dirais qu'on ne saurait ignorer les
conséquences pratiques de ces formules, notamment pour ce qui est des
coûts prévisibles tant en aménagements physiques qu'en
effectifs supplémentaires dans plusieurs cas.
Aux deux types d'encadrement déjà évoqués,
je veux dire l'encadrement lié à la formation et l'encadrement
lié au rattachement à un groupe stable, il faut ajouter celui
qu'assument déjà les services aux étudiants. Ces services
poursuivent des objectifs qui sont de toute évidence du même
ordre.
Ils veulent aider l'élève dans son orientation scolaire et
professionnelle en lui fournissant les moyens techniques, l'information et
l'appui moral dont il a besoin, organiser des loisirs formateurs, assurer la
plus large autonomie dans l'accomplissement des démarches
d'apprentissage, aider aussi l'élève à prendre contact
avec le monde extérieur à l'école pour qu'il puisse y
acquérir des suppléments de formation.
M. le Président, j'en ai déjà assez dit. Je
pourrais continuer encore longtemps sur un sujet aussi passionnant et aussi
crucial que celui-là, mais j'aimerais entendre les observations de mes
collègues.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me proposais pas de continuer la
discussion là-dessus. Les formules que le ministre a
énumérées sont intéressantes. Il y en a plusieurs
qui sont déjà à l'essai dans plusieurs commissions
scolaires et dans les écoles. Évidemment, il faut la
collaboration et la motivation du milieu pour arriver à réaliser
ces choses. Cela ne se réalise pas nécessairement avec de
l'argent, mais bien davantage avec cet esprit de collaboration et cette
motivation dont je parlais.
M. Morin (Sauvé): Vous avez tout à fait raison.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement je ne
m'étendrai pas davantage sur ce su-
jet demander au ministre, sur la question de l'encadrement:
Quelle réception reçoit-elle chez les enseignants, d'une
façon générale? Malheureusement, et on le sait, les
enseignants avaient un peu perdu particulièrement au secondaire,
parce que le problème ne se posait pas à
l'élémentaire cette notion d'encadrement, les
circonstances ne s'y prêtant pas ou quelles que soient les raisons.
À ce moment on leur redemande de reprendre une responsabilité
véritable en éducation. Semble-t-on rencontrer chez les
enseignants, en général, d'après les rapports que vous
avez des commissions scolaires, une ouverture et une motivation à
l'égard de ces formules qui pourraient être introduites pour le
bénéfice des élèves?
M. Morin (Sauvé): Règle générale, ces
idées qui circulent déjà dans le milieu sont assez bien
reçues. Je conviens qu'il y a encore des difficultés à
surmonter. Toutefois, je vous ferai observer que la convention collective
je crois que c'est pour la première fois parle
d'encadrement. Évidemment, on a prévu un nombre de minutes qui
peut paraître insuffisant qui est de 100 minutes mais le principe
de l'encadrement est déjà inscrit dans un document qui a fait
l'objet de longues discussions, comme vous le savez.
En second lieu, parmi les expériences pratiques qui ont
été tentées, je songe en particulier à la
régionale de Chambly, les résultats sont probants non seulement
du point de vue des élèves, mais du point de vue des enseignants,
qui se félicitent d'appartenir à des groupes, je crois que c'est
une vingtaine de professeurs coiffés par un responsable et responsables
à leur tour de 500 à 600 élèves en
général. Je suis justement allé rencontrer des personnes
qui ont été mêlées de près à cette
expérience et mon impression, c'est qu'elle a été
très réussie. Les enseignants ne demandent pas mieux que de
continuer. Aurons-nous le même succès ailleurs? La réponse
va tenir dans la manière dont nous allons procéder. Il faut que
nous le fassions avec les enseignants et non pas comme la foudre tombée
de Jupiter si je me fais comprendre.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon je ne veux pas ajouter de
commentaires sur ce point car vous avez invité les autres
collègues à réagir. Je vais laisser la parole aux autres
si tel est leur désir.
M. Morin (Sauvé): Si je comprends bien, vous êtes,
en gros, d'accord avec la démarche. Cela m'intéresse de le
savoir.
Mme Lavoie-Roux: Certainement, il y a eu le rapport POLY, il y a
eu toutes sortes de formules qui ont été tentées, que ce
soient des chefs de groupes, etc. La seule question que je me pose, je la
répète: Est-ce qu'on pourra et je le souhaite beaucoup
remotiver les enseignants à une partie de la tâche que les
circonstances leur avait fait mettre de côté jusqu'à un
certain point? C'est la seule question...
M. Morin Sauvé): C'est une question réelle, mais je
pense que cela va dépendre du climat aussi. Est-ce que nous allons
continuer d'avoir un climat d'affrontement, ou si nous allons avoir un climat
de concertation et de coopération? C'est toute la question qui se pose,
non seulement dans le domaine économique mais dans le domaine social,
dans le domaine de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait en parler à M.
Charbonneau.
M. Morin (Sauvé): Cela a déjà
été évoqué à quelques reprises, et je compte
bien avoir des entretiens féconds avec la CEQ sur ces
problèmes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Sur le même sujet, M. le Président, je
pense que les formules de titulariat et de tutorat ont été
expérimentées avec des succès divers, quand même.
J'ai tendance à rattacher le problème au fait que, souvent, on
laisse des équipes d'enseignants ou d'enseignants-titulaires, ou tuteurs
d'un groupe d'étudiants sans support pédagogique et aussi sans
activité précise. J'aimerais savoir si le ministère a
songé à une formule qui s'est développée dans
certains États américains, qui consiste à réserver
certaines périodes à des projets de groupe qui sont, justement,
multidisciplinaires et qui permettent à l'enseignant responsable d'un
groupe d'étudiants de penser au développement global de
l'étudiant, sur le plan de différents objectifs, sur le plan
intellectuel, sur le plan cognitif ou sur le plan affectif. Qu'on permette aux
groupes d'étudiants de réaliser des projets précis qui
impliquent plusieurs matières et où l'enseignant puisse se
préoccuper du développement global de l'enfant. Je sais qu'il y a
certaines formules où, simplement, on dit à l'étudiant:
Vous pouvez aller voir le titulaire ou le tuteur pendant dix ou quinze minutes,
jaser de vos problèmes. Cela n'apporte pas de résultats tellement
probants parce que les enseignants n'ont pas d'activité à
réaliser avec les jeunes, où les problèmes de
développement global peuvent se poser, où le titulaire ou le
tuteur peut voir les étudiants à l'oeuvre sur des projets
précis, ce qu'ils n'ont pas le temps de faire, souvent dans des
matières spécialisées.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ces
expériences auxquelles songe le député de Rosemont ont
déjà été effectuées, notamment au niveau
collégial. Le député sait que cela existe et,
effectivement, cela se pratique non pas de façon
généralisée, mais à gauche et à droite, avec
un succès certain. La question que je me pose est la suivante: Dans
quelle mesure peut-on transposer ces techniques pédagogiques, dont
l'utilité paraît certaine, au niveau collégial, au niveau
secondaire, où nous avons des étudiants, je crois, de 13, 14, 15
ans qui ont encore énormément de formation, de connaissances
à acquérir avant de tomber dans un contexte
multidisciplinaire?
Je pense qu'on pourrait sans doute songer à des essais, des
expériences pour voir ce que cela pourrait donner, mais il reste que les
objectifs de
formation du secondaire sont encore fortement axés sur les
acquisitions de connaissances qui, au niveau collégial, permettront,
justement, un climat prémultidisciplinaire.
M. Paquette: Les expériences auxquelles je songeais ont
été faites aux États-Unis, à la fin de
l'élémentaire, justement. Je pense qu'il y a une partie du temps
qui est réservée, quand même minime, sur le plan
d'activité, où on peut se préoccuper de la formation
globale, ce qui n'empêche pas de coordonner cela avec la formation
spécialisée au secondaire. Je pense qu'il faut aller dans cette
direction.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je serais
heureux que le député de Rosemont nous communique ces documents.
Ils n'ont pas été portés à ma connaissance.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Clair): II est présentement treize
heures, nous devons donc ajourner nos travaux à mardi prochain.
Maintenant, mardi prochain, ce sera un autre que moi qui présidera la
commission. Pour le bénéfice de ce président, est-ce qu'on
peut considérer que la discussion, sur ce point, est close et que nous
reviendrions avec de nouvelles questions du député de L'Acadie,
toujours concernant l'élémentaire et le secondaire publics,
à moins que Mme le député de L'Acadie nous informe qu'elle
est prête à aller au bloc 2?
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, je vais essayer de faire le plus
brièvement possible mardi, mais je...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons
réservé tous les droits du député de L'Acadie tel
que cela avait été entendu. Est-ce que je pourrais, cependant,
lui demander pour combien de temps elle pense que nous pourrions en avoir
à parcourir ces questions?
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous dire brièvement, même
les...
Le Président (M. Clair): Nous pouvons immédiatement
ajourner nos travaux à mardi matin prochain, et nous reprendrons avec
des questions du député de L'Acadie qui demande
l'ajournement.
(Fin de la séance à 12 h 57)