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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation.
Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, sont: MM.
Alfred (Papineau), Bertrand (Vanier), Lefebvre (Viau) en remplacement de M.
Bisaillon (Sainte-Marie); MM. Brochu (Richmond), Charron (Saint-Jacques),
Chevrette (Joliette-Montcalm), Ciaccia (Mont-Royal), Goldbloom (D'Arcy McGee),
Guay (Taschereau), Laplante (Bourassa), Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. LeMoignan (Gaspé), Marchand (Laurier), Morin
(Sauvé), O'Neill (Chauveau), Paquette (Rosemont), Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Grenier: M. Grenier (Mégantic-Compton), en remplacement
de M. Brochu et non pas de M. Le Moignan. M. Le Moignan sera ici vers onze
heures.
Le Président (M. Clair): En remplacement de M. Brochu.
Lorsque nous avons ajourné nos travaux hier, j'avais en note le
nom de quelques députés qui désiraient intervenir. Nous en
étions toujours, suivant ce qui avait été
décidé alors, à l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation, mais au niveau des commentaires
généraux.
Après avoir discuté de la chose avec divers membres de la
commission, je pense que tous les membres de la commission pourraient constater
immédiatement qu'en fait, nous ne sommes plus à discuter de
façon générale des crédits budgétaires du
ministère de l'Éducation. Je pense qu'on pourrait constater que
nous avions effectivement commencé l'étude du bloc 1, qui porte
sur l'enseignement élémentaire et secondaire public.
Plutôt que de continuer au niveau des commentaires
généraux, je pense que toute la journée d'hier,
finalement, on l'a passée sur le bloc 1, qui porte sur
l'élémentaire et le secondaire publics. On sait que le bloc 1 est
composé du programme 4 et du programme 2, élément 1.
Je pense que, s'il y a consentement unanime, on oublierait la liste que
j'avais dressée hier, pour recommencer véritablement, cette
fois-ci, avec le bloc 1.
M. Morin: M. le Président, puis-je exprimer mon accord.
Mais je serais cependant tout à fait disposé à
reconnaître que ceux qui avaient demandé la parole hier pourraient
avoir une certaine priorité aujourd'hui, dans la mesure justement
où ils s'apprêtaient à faire des commentaires ou à
poser des questions sur le bloc 1.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre, si ceux-ci
veulent manifester à nouveau le désir d'intervenir, je serai tout
à fait disposé à prendre leurs noms.
M. Morin (Sauvé): Comme il vous plaira.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même qu'on s'entende au départ. Dans les autres commissions
parlementaires où j'ai siégé, je pense que ce n'est
pas un reproche au président, loin de là il a
été pris comme tous nous autres, dans une série de
questions où il était difficile de distinguer entre ce qui
était général et particulier, mais il reste qu'on accorde,
généralement, d'abord, aux partis de l'Opposition un certain
temps pour poser des questions.
Si à chaque question qu'on pose, immédiatement, il y en a
dix autres qui surviennent, finalement, je pense que l'Opposition se trouve de
fait un peu privée du temps qui lui appartient. Il faut quand même
reconnaître que les députés ministériels ont tout le
loisir de poser les questions qu'ils veulent au ministre et, pour nous, c'est
l'occasion d'abord de remplir notre rôle d'Opposition et de montrer
là où il nous semble y avoir des faiblesses. Je pense que nous
n'avons pas la même possibilité de pouvoir dialoguer avec le
ministre aussi facilement que ne l'ont les députés du parti
ministériel.
Je pense que ce sera peut-être bon de considérer qu'on nous
accorde un temps raisonnable pour poser des questions.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, autant je serais
d'accord pour accorder la priorité, comme vous l'avez fait d'ailleurs,
à l'Opposition dans les questions qui peuvent surgir à propos
d'un programme ou de l'autre, autant je tiendrais mordicus, comme nous l'avons
toujours fait par le passé, depuis que je suis membre de cette
Assemblée, à ce que les députés du parti
ministériel aient également toute la latitude voulue pour poser
les questions qui peuvent leur venir à l'esprit. Ils représentent
tout autant la population que les députés de l'Opposition.
La tradition veut qu'on reconnaisse la priorité de l'Opposition;
c'est toujours elle qui tire la première, si je puis m'exprimer ainsi,
mais, par la suite, je n'ai jamais connu de commission parlementaire où
les membres du parti ministériel n'aient eu également
entièrement la liberté de s'exprimer, de poser des questions, de
faire des commentaires. Cela, je pense que c'est conforme aux habitudes qui ont
eu cours par le passé. Je ne voudrais pas qu'on en déroge.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis tout à
fait d'accord pour que les députés ministériels aient
toute la latitude pour poser les questions qui leur viennent à l'esprit.
À ce moment, si on veut m'assurer qu'on pourra passer 50 ou 60 heures
à cette commission parlementaire, je suis tout à fait d'accord,
mais il faudrait peut-être
simplement faire le relevé de ce qui s'est passé depuis le
début de cette commission parlementaire et voir combien de temps a
été accordé à l'Opposition, comparativement au
temps qui a été accordé au parti ministériel. On
pourrait le faire d'une façon tout à fait objective, si quelqu'un
a des loisirs pour le faire. On verrait qu'on n'a nullement tenté
d'empêcher qui que ce soit d'avoir le droit de parole. Je voudrais qu'on
s'entende et qu'on ait plus que les 20 ou 30 heures ou ce qu'on propose de nous
donner. À ce moment, on peut continuer de procéder comme on a
fait. Je n'ai aucune espèce d'objection. Si on doit toutefois être
limité dans le temps qui nous est accordé, je pense qu'il faut
essayer de se partager le temps d'une façon un peu équitable.
Le Président (M. Clair): Les députés de
Mégantic-Compton et de Joliette-Montcalm immédiatement
après, sur le même sujet.
M. Grenier: M. le Président, à l'intention du
député de L'Acadie et du ministre, il est sûr que chaque
député a le même loisir de s'exprimer à la
commission parlementaire. Il est une coutume établie depuis longtemps,
et l'intervention de Mme le député de L'Acadie est très
juste, c'est que les députés ministériels ont plus
d'occasions c'est bien évident de rencontrer le ministre
dans des caucus, de le rencontrer à la table au café et de lui
poser là leurs questions. Alors, même si on alloue le même
temps aux députés ministériels, il me semble bien qu'on
devrait respecter cette coutume qui fait que habituellement, c'est l'Opposition
qui questionne le gouvernement, et non pas le gouvernement qui
s'entrequestionne et se fait poser les questions qu'il veut bien se faire
poser. J'accepte bien qu'à l'occasion, une question qui est pertinente
aux débats s'engage à la table, mais que, très
majoritairement, on conserve le temps à l'Opposition. C'est une coutume
qui est observée en Chambre et qui est normalement conservée aux
commissions.
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, loin de moi l'idée
de vouloir insulter les intervenants, mais il me semble que ce n'est pas la
cohérence qui les guide ce matin, parce qu'ils ont toujours exigé
que les prises de position ou les demandes d'orientation au ministre
concerné s'adressent officiellement devant tout le monde. Rappelez-vous
toutes les envolées oratoires du chef de l'Opposition officielle sur la
dépendance du parti ministériel face au conseil national du parti
ou face au caucus du parti, et insistant pour que tout se discute à ciel
ouvert. À ce moment, si on suivant la cohérence du
député de L'Acadie ou celle du député de
Mégantic-Compton, on serait aussi bien de laisser le ministre seul ici
à répondre aux questions de l'Opposition et on viendrait purement
et simplement faire le nombre pour fins de quorum.
Vous avez dit que l'ensemble de la députation, les 110
députés faisaient partie intégrante de l'Assemblée
nationale et, dans notre régime parlementaire, le Conseil des ministres
a un pouvoir exécu- tif; donc, on a le droit, tout comme n'importe quel
député, de poser des questions. J'ai remarqué
qu'après chaque exposé du ministre, quelle que soit la commission
parlementaire, l'Opposition a un droit de réplique, mais, quand on
arrive au niveau des questions, je pense que vous avez le devoir de
reconnaître qu'on peut avoir des idées, même si on est du
parti ministériel, et qu'on a le droit de questionner sur les
orientations, surtout dans le domaine administratif... Dans les orientations
politiques, soyez sans crainte. On a l'habitude de se brancher en
équipe. Mais, au niveau des orientations sur le plan administratif,
comment ça peut fonctionner, je pense qu'on a le droit de questionner
nous aussi. Si tel n'était pas le cas, personnellement, je me retirerais
des commissions parlementaires, M. le Président, parce que je me
sentirais un membre inutile. Il ne faudrait pas faire en sorte qu'en politique,
on désire tous être dans l'Opposition pour avoir le droit de poser
des questions. Sinon, on aurait l'air fou comme style parlementaire.
Le Président (M. Clair): Je pense que je comprends de
mieux en mieux la position de chacun des partis. Je demanderai seulement aux
deux derniers intervenants de parler sur ce sujet. Je suis prêt à
rendre une décision là-dessus.
M. le député de Bourassa, M. le député de
Mont-Royal.
M. Laplante: Je veux exprimer ma surprise devant la demande du
député de L'Acadie. Si je regarde... Ce matin, j'ai lu avec
attention le brouillon du journal des Débats. Si je fais exclusion des
réponses du ministre, le député de L'Acadie a 50% de la
transcription. Je ne crois pas que son droit de parole ait été
brimé hier.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais seulement
rappeler au ministre le rôle qu'il défendait lui-même dans
l'Opposition, du temps qu'il en faisait partie. Il n'est pas question d'enlever
le droit de parole au parti ministériel. Mais, naturellement, vous avez
plus de représentation aux commissions parlementaires que l'Opposition.
Il faut regarder ça, on semble l'oublier l'usage et les
coutumes des commissions parlementaires, et cet usage, ces coutumes, dans les
règlements, dans la pratique, c'est d'accorder plus de temps à
l'Opposition à l'examen des crédits. Autrement, ce serait inutile
d'avoir une Opposition. Vous allez toujours être plus nombreux aux
commissions. C'est le même rôle durant la période des
questions. C'est la même philosophie, les mêmes principes qui
s'appliquent.
Vous pourriez bien dire: durant la période des questions qui est
limitée selon les règlements à trente minutes à
l'Assemblée nationale que cela pourrait être utilisé par le
côté ministériel. Alors, cela enlèverait totalement
le rôle de l'Opposition officielle de poser des questions au
gouverne-
ment, de faire ressortir les politiques du gouvernement.
J'appuie donc le député de L'Acadie et même je fais
remarquer que, quand le député de Bourassa préside les
commissions parlementaires, il n'accorde pas toujours... il est plus difficile,
il accorde parfois avec difficulté le droit de parole aux autres partis.
Il est plutôt restrictif.
Je voudrais seulement lui faire remarquer cela. Je pense que c'est le
rôle de l'Opposition d'avoir une priorité, sans enlever le droit
de parole au côté ministériel.
Le Président (M. Clair): Je pense que le débat que
nous avons présentement est peut-être dû à deux faits
qui sont facilement explicables et compréhensibles. Premièrement,
jusqu'à maintenant, nous en étions au niveau des commentaires
généraux. Pour le président, il est
particulièrement difficile de mettre fin à la période des
commentaires généraux. Or, dès le départ, j'ai
appliqué, je pense, les règles qui sont reconnues par la coutume
en accordant un droit de parole d'abord au ministre et ensuite à
l'Opposition officielle et ensuite à l'Union Nationale. Ce qui a
peut-être laissé croire à un certain moment que les
députés ministériels intervenaient trop souvent, c'est
peut-être parce qu'on a tous manqué un peu de se faire violence
pour commencer l'étude des programmes un à un.
Deuxièmement, je pense que l'intérêt des membres de
la commission est particulièrement élevé à cette
commission-ci j'ai eu à présider d'autres commissions
et je pense que l'intérêt que les membres portent au sujet
discuté est particulièrement élevé chez tous les
membres de cette commission.
Ceci étant dit, si on regarde l'avenir de nos travaux, j'ai
l'intention de respecter la coutume d'accorder la parole d'abord au ministre
pour les commentaires généraux sur un programme ou sur un
élément particulier. J'ai l'intention de respecter
également le droit de parole de l'Opposition et de l'Union Nationale
d'une façon tout à fait prioritaire.
Maintenant, je pense qu'il n'est que normal si, suite aux vingt minutes
qui pourraient être utilisées de façon absolument
complète, de continuer, si, dis-je, on soulève des questions de
part et d'autre. J'ai l'intention de continuer à noter les
députés qui manifestent le désir d'intervenir, et au fur
et à mesure qu'ils le feront, je les reconnaîtrai suivant cet
ordre de priorité, cet ordre de demande, si on veut. Cela ne contredit,
en aucune façon, selon moi, le principe que j'ai l'intention de
respecter à savoir d'accorder, de façon prioritaire, le droit
à l'Opposition officielle et à l'Union Nationale d'utiliser
largement leur droit de parole. Pour continuer nos travaux, j'avais
soulevé tantôt... M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, une directive. Je pense que
le point soulevé... En tout cas, je veux faire appel au règlement
pour essayer d'introduire la suggestion que je veux faire. Je pense que ce que
le député de L'Acadie reproche le plus à la commission
c'est, lorsqu'elle pose une question, de ne pouvoir continuer, à la
suite de sa question, à scruter le fond même de toute
l'orientation. Si on prenait cette directive: Un député pose une
question, il peut poser toutes les sous-questions qu'il veut et, s'il y a des
questions additionnelles sur le même sujet, on pourrait donner la parole
à ceux qui veulent poser ces questions additionnelles après que
le député concerné, ou qui a la parole, ait pu poser
toutes ses questions, ce qui permettrait peut-être de pallier la lacune
notée par le député de L'Acadie. À ce
moment-là, j'accepterais d'attendre que le député qui a la
parole ait terminé, mais sur la question même. S'il change de
sujet, il faudrait qu'il nous permette de poser des questions additionnelles.
À ce moment-là, je serai satisfait. Je pense que cela fait
sourire le député de L'Acadie.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je veux simplement faire une
précision, parce que tout à l'heure le député de
Joliette a semblé interpréter et je pense que c'est
peut-être de bonne guerre qu'on voulait lui enlever son droit de
parole. On a eu, ce matin, une discussion là-dessus, avant le
début de la commission avec le sous-ministre, le président et
quelques autres, qui se sont joints. Tout le monde commence à
s'inquiéter du moment où on va finir. Je le répète,
si on nous accordait 70 heures, on pourrait vraiment procéder comme on
veut sans que nous n'ayons aucune espèce d'objection. Je sais qu'on
n'aura pas 70 heures. Je n'ai pas d'objection à la formule que soumet M.
le député de Joliette, mais je donne un exemple: À quel
moment allez-vous décider que je change de sujet ou que je ne change
pas? Évidemment, si je commence à parler d'immobilisation et
qu'ensuite je parle du français, langue maternelle, cela semble deux
sujets assez différents. Le problème qui vient s'ajouter, c'est
qu'on ne procède pas par élément.
Ordinairement, on procède par bloc, ce qui ajoute une
difficulté additionnelle, par exemple, pour faire la distinction entre
ce qui est de l'enseignement et du soutien à l'enseignement, je vous
assure qu'on pourrait aussi entrer dans de longues discussions. C'est
peut-être ça qui a rendu tout le processus plus complexe. Je ne
blâme pas personne, mais qu'on trouve assez de temps pour que chacun
puisse faire son boulot à fond. C'est là-dessus que la
difficulté est survenue.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce qu'on ne pourrait pas étudier les
crédits programme par programme, non pas le faire élément
par élément, mais prendre les crédits programme par
programme, que les questions soient acceptées, que ce soit
l'élément 1, 2, 3 ou 4, parce qu'il est quand même
très difficile de faire des divisions?
Le Président (M. Clair): Je suis bien heureux de voir que
tout le monde semble concourir à la suggestion que je m'apprêtais
à faire. Premièrement, relativement à la demande de
directive du député de Joliette-Montcalm, effectivement, j'en ai
l'intention, et c'est ce que j'ai toujours tâché d'appliquer dans
la mesure où mon discernement me permet de pouvoir constater si
effectivement le sujet est épuisé par un député de
l'Opposition et si les questions soulevées par les députés
ministériels portent exactement sur le même sujet. De ce
côté, effectivement, je tâche et je tâcherai de
discerner si un député de l'Opposition qui discute d'un sujet a
bel et bien épuisé ce sujet avant d'accorder le droit de parole
aux autres députés qui désireraient intervenir.
D'autre part, en ce qui concerne la façon de procéder pour
l'étude du sujet programme par programme, nous avons trois choix, je
pense. Premièrement, il faut tenir compte si on veut utiliser le cahier
des crédits dont tout le monde a félicité le ministre au
moment de la distribution. Je pense qu'on se doit d'utiliser ce document de la
façon dont il a été conçu, soit en fonction d'un
ordre de présentation des programmes qui nous a tous été
remis. Il y a maintenant trois façons de l'étudier, de suivre cet
ordre de présentation. On peut l'étudier et permettre des
questions sur un bloc au complet, bloc 1, bloc 2, bloc 3, bloc 4; on peut
également étudier seulement un programme dans chacun des blocs et
ne permettre des questions que sur un programme d'un bloc, tout comme on
pourrait permettre également des questions sur un élément
seulement d'un bloc.
Quant à moi, je vous ferais la suggestion de permettre et
d'accepter les questions et les discussions par bloc, en ce qui concerne le
bloc 1, c'est-à-dire qu'on pourrait discuter de tout ce qui concerne
l'élémentaire public et le secondaire public, peu importent
l'élément et le programme qui apparaissent dans le bloc 1, et
après, nous pourrions adopter dans son ensemble le programme 4 et
l'élément 1 du programme 2.
En ce qui concerne le bloc 2, pour le postsecondaire, les deux premiers
articles portent en fait sur l'enseignement collégial public et la
gestion de l'enseignement collégial public. Je vous suggérerais
de recevoir toutes les questions concernant l'enseignement collégial
public; la même chose en ce qui concerne les troisième et
quatrième articles, qu'on en fasse un seul bloc, puisque ces deux
articles portent sur l'enseignement universitaire. Qu'on étudie ensuite
uniquement l'aide financière aux étudiants. Et, dans un
quatrième mouvement, qu'on étudie la formation des adultes,
puisque les trois derniers articles concernent la formation des adultes. Le
bloc 3 et le bloc 4 pourraient être étudiés dans leur
ensemble et adoptés également dans leur ensemble.
J'aimerais savoir si cette suggestion convient aux membres de la
commission?
M. Morin (Sauvé): En ce qui concerne, M. le
Président, nous sommes tout à fait d'accord. Je crois que c'est
une façon logique de procéder.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On était d'accord sur l'adoption de cet
ordre du jour. La vie s'est compliquée quand on a commencé
à les aborder d'une façon peut-être plus ou moins
cohérente. C'est cela qui s'est passé.
Le Président (M. Clair): Je suis d'accord avec vous, Mme
le député en ce sens que nous avons adopté l'ordre de
présentation de consentement unanime. Ce qu'il s'agit de faire, c'est de
faciliter la tâche du président quant à la
recevabilité des questions qui peuvent être posées, des
discussions qui peuvent avoir lieu.
C'est dans ce sens que je suggère qu'on accepte des débats
sur ce qui constituerait quatre blocs avec quatre sous-blocs, dans le bloc
2.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, qu'on a juste
à essayer. Il n'y a de mauvaise volonté nulle part, mais qu'on
essaie de s'adapter pour fonctionner et faire avancer un peu les travaux. On
pourra rajuster notre tir s'il y a lieu. Je vous offre ma collaboration, c'est
tout ce que je peux vous dire.
Le Président (M. Clair): Mais jusqu'à nouvel ordre,
cela vous convient?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela avait déjà
été adopté.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Depuis que j'ai pris connaissance de cette feuille,
on voit qu'il y a de la continuité. Je pense bien que ce serait tout
à fait intéressant de discuter de cette façon. Comme on le
soutient ici, si jamais il y a des difficultés, rien ne nous
empêche de revenir à l'étude programme par programme. Cela
me semble assez correct de procéder par blocs.
Le Président (M. Clair): Nous avons constaté
préalablement que nous en étions effectivement à
l'étude du bloc 1, puisque les questions, pendant la journée
d'hier, ont effectivement porté, d'une façon ou d'une autre, sur
l'élémentaire et le secondaire publics.
M. le ministre.
Décentralisation
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on m'a
posé de nombreuses questions sur la décentralisation, tant du
côté de l'Opposition que du côté ministériel.
Peut-être conviendrait-il que je fasse un bref exposé sur ce que
nous entendons par là, de façon que tout le monde ait les
renseignements nécessaires pour juger de cette vaste opération
que le ministère est sur le point d'entreprendre et qui. sur certains
points, d'ailleurs, a déjà fait l'objet de certaines mesures.
Vous savez que pendant les années soixante, nous avons
été témoins d'une période de forte centralisation
des centres de décision, parce que la mise en place d'un dispositif
d'éducation de qualité, particulièrement pour ce qui est
des aspects matériels de la chose, exigeait que les décisions
soient centralisées. Mais cette façon de procéder a
entraîné une extrême lourdeur des systèmes de gestion
et cela, à la lumière des conditions qui règnent
aujourd'hui, paraît de moins en moins conforme aux exigences des
commissions scolaires et de la population.
Le processus de gestion et de décision, à ce niveau, est
devenu fort complexe et, au ministère de l'Éducation, nous en
sommes venus à constater que la décentralisation s'impose et
qu'elle signifie avant tout un rapprochement des centres de décision des
utilisateurs eux-mêmes. J'entends parents, élèves,
population en général.
Nous voudrions que le système scolaire soit plus accessible au
plan des services, plus perméable aussi aux changements que ne peut
l'être un ministère hautement centralisé, comme celui que
nous avons connu. Nous voulons que le système scolaire, dans son
ensemble, soit plus sensible aux besoins locaux, plus axé sur une
gestion qui tient compte de la diversité qui caractérise les
régions, les commissions scolaires et les écoles.
Sur le plan politique, qu'entendons-nous par décentralisation?
Avant tout, que les commissions scolaires deviennent des centres de
décision plus importants qu'actuellement et que cette
décentralisation rejoigne également l'école qui
deviendrait c'est un objectif majeur du gouvernement le coeur du
projet éducatif de chaque village, de chaque quartier de la ville.
Comme corollaire, ce choix aura pour effet de forcer le ministère
à investir ses ressources et ses énergies dans des domaines et
des responsabilités qui lui reviennent plus spécifiquement. Le
rôle du ministère va donc devoir être
réexaminé et celui-ci va, selon nos projets, accentuer son
leadership au sujet des contenus de formation jugés essentiels pour
l'ensemble des Québécois, pour l'ensemble des
élèves du Québec, pour répondre aux besoins
collectifs et aux exigences de développement général de la
société. Dans cette perspective, le ministère va investir
ses énergies de plus en plus dans la définition de politiques
générales applicables à l'ensemble du territoire et
devrait se délester autant que possible des activités de gestion
courante.
Nous voulons que cette décentralisation soit ordonnée,
qu'elle ne soit pas improvisée. Nous voudrions que cette
décentralisation respecte certaines lignes d'autorité qui
existent déjà et cela signifie que le rôle des commissions
scolaires doit être revalorisé pour que celles-ci aient toute la
latitude requise pour permettre l'adaptation de leurs écoles à la
réalité.
Je me résume. Nous voulons un ministère de
l'Éducation faisant preuve de leadership à l'égard des
grandes politiques. Nous voulons des commissions scolaires qui soient plus
près des besoins régionaux et locaux et qui soient plus aptes
à gérer quotidiennement les écoles. Nous vou- lons
également des écoles qui répondent à la conception
que les parents se font de la vie scolaire, des principes de discipline. Nous
voulons des écoles où les comités de parents ne seraient
pas de simples organisateurs de tombolas.
Le but principal de la décentralisation, c'est donc
l'amélioration de la qualité de l'éducation dans les
écoles publiques. Le ministère entend, à ces fins, remplir
pleinement son rôle de définisseur des objectifs
pédagogiques, des contenus de formation reliés aux besoins de
l'ensemble de la société. Le ministère entend s'en
remettre, pour l'administration courante, de plus en plus, aux commissions
scolaires. Cela devrait avoir plusieurs conséquences heureuses et,
notamment, de procurer aux enseignants un cadre plus favorable aux
améliorations souhaitées dans les écoles publiques. Une
telle politique constitue un tout intégré, entraînant
plusieurs changements significatifs dans le système. À mon avis,
ces changements doivent être implantés de façon graduelle
au cours des prochaines années, mais il faut s'y mettre dès
maintenant, parce qu'il y a des mentalités bien ancrées qui,
certainement, n'accepteront pas cette évolution de gaieté de
coeur. C'est tellement plus facile, d'une certaine façon, de centraliser
les décisions, ce qui permet, à l'occasion, aux élus
locaux ou régionaux de se départir de leurs
responsabilités et de faire peser le fardeau des erreurs commises sur un
ministère trop lointain.
Il y a déjà, dans cette perspective, des changements en
cours. Le ministère a déjà amorcé des politiques
qu'il est peut-être utile de rappeler ce matin, pour bien faire voir la
portée et les conséquences de nos projets.
Tout d'abord, je voudrais vous dire quelques mots des travaux
d'élaboration du plan de décentralisation. Les objectifs de
l'opération et la démarche proposée sont contenus dans un
document de travail qui a été publié en 1975 pour une
première fois, et qui était intitulé "Vers un nouveau mode
de fonctionnement du système d'enseignement élémentaire et
secondaire au Québec." Ce document, qui a été revu depuis
et qui n'a pas fini de l'être, propose le déplacement d'un certain
nombre de responsabilités administratives du ministère de
l'Éducation vers les commissions scolaires et propose également
de confier aux écoles un certain nombre de pouvoirs de décision.
Ce document a fait l'objet d'une très vaste consultation, à
plusieurs niveaux. Je crois pouvoir dire qu'il suscite des échos
très favorables dans le milieu, j'entends chez les principaux agents du
système d'éducation. Il propose, en gros, les orientations
suivantes:
Les commissions scolaires seraient invitées à effectuer
une planification locale, de sorte que les services d'enseignement offerts
correspondent vraiment aux besoins locaux de la population de leur territoire.
On mettrait en place de nouveaux modes d'évaluation du fonctionnement du
système. Par exemple, il y aurait une évaluation institutionnelle
qui porterait sur la qualité et l'efficacité de l'école,
de chaque école. Il y aurait ce qu'on pourrait appeler une
vérification opérationnelle qui servirait à examiner
périodiquement, peut-être
tous les deux ou trois ans, le fonctionnement des commissions scolaires,
vérification qui serait effectuée par le ministère.
Nous aurions également une évaluation sectorielle qui
permettrait de mesurer, par secteur et par thème, la valeur des services
d'enseignement offerts à la population, par exemple la valeur
d'enseignement du français, l'enseignement des mathématiques,
etc. Cette méthode serait également utilisée par le
ministère de l'Éducation avec la participation de personnes
ressources tirées du milieu. Les résultats de l'évaluation
serviraient, bien sûr, à améliorer les politiques
d'ensemble du ministère.
Nous mettrions en place un système de gestion des ressources
éducatives qui serait inspiré des méthodes de gestion par
programme et par objectif que vous connaissez sûrement déjà
et qui serait mis à la disposition des commissions scolaires. Le
processus actuel d'approbation des budgets des commissions serait
modifié. Dans le nouveau cadre, les commissions scolaires formuleraient
une demande de subvention d'équilibre budgétaire, et le
ministère de l'Éducation déterminerait la subvention, les
conditions qui s'y rattachent le tout après avoir analysé le
budget de chaque commission scolaire.
Si nous nous comprenons bien, l'initiative appartiendrait
désormais à chaque commission scolaire, ce qui n'est pas tout
à fait le cas actuellement.
Il y aurait donc élimination graduelle du processus
d'autorisation, étape par étape, des projets d'immobilisation des
commissions scolaires. Il y aurait établissements de plans directeurs
d'utilisation et d'amélioration des équipements scolaires. Ces
plans directeurs, une fois approuvés par le ministère, seraient
consolidés dans ce qu'on pourrait appeler un plan général,
un plan maître des immobilisations, et la responsabilité de la
réalisation de ces plans appartiendrait aux commissions scolaires, bien
sûr a certaines conditions fixées par le ministère, des
conditions d'application générale.
Je ne veux pas trop entrer dans les détails, M. le
Président. J'ai déjà peut-être un peu trop
insisté sur certains. Si on me pose des questions sur le fonctionnement
de la PAS dans ce cadre, ou sur les mécanismes de tutelle qu'une telle
décentralisation peut supposer pour le cas où le système
aurait des "ratés" et on peut bien prévoir qu'à
l'occasion, il y en aura je répondrai volontiers aux
questions.
À mon avis, ces propositions, qui vont être rendues
publiques de façon beaucoup plus détaillée d'ici quelques
semaines, devraient contribuer à une amélioration sensible des
relations fonctionnelles, des rapports fonctionnels entre les commissions
scolaires et le ministère compte tenu du fait que les
responsabilités respectives de ces organismes seront
clarifiées.
Nous avons déjà procédé à
l'implantation d'une certaine partie du système de gestion des
ressources éducatives et du système d'information
financière. C'est ainsi que six commissions scolaires ont
développé et expérimenté, avec l'appui du
ministère bien sûr, un système de gestion inspiré
des méthodes de gestion par programme et par objectif. Nous constatons,
à l'expérience, que ce système permet une gestion
intégrée, puisqu'il permet de faire le lien entre la gestion
pédagogique et la gestion des ressources. Il permet en outre la
réalisation des phases successives de planification, de programmation,
de budgétisation et d'évaluation. En d'autres mots, le processus
se déroule comme suit: premièrement, identification des besoins;
deuxièmement, choix des priorités; troisièmement, choix
des activités; quatrièmement, formulation d'objectifs;
cinquièmement, choix des moyens; sixièmement, allocation des
ressources; septièmement, réalisation du plan;
huitièmement, évaluation des résultats obtenus.
Si nous réussissions à mettre en place un système
comme celui-là, cela, à notre avis, amènerait l'ensemble
des commissions scolaires à gérer leurs ressources en fonction
des résultats à atteindre.
L'expérience relative au système de gestion des ressources
éducatives a permis l'élaboration d'une nouvelle structure du
budget des commissions scolaires, structure fondée sur les
activités à réaliser plutôt que sur la structure
administrative. Cette initiative a conduit à l'implantation
généralisée d'un nouveau système d'information
financière qui simplifie considérablement les renseignements que
les commissions scolaires doivent transmettre au ministère de
l'Éducation.
Les informations recueillies vont permettre au ministère de faire
une meilleure analyse des coûts dans le cadre de la gestion par
programme, et cela permettra de développer, si je peux m'exprimer ainsi,
un nouveau langage dans les communications entre les écoles, les
commissions scolaires et le ministère, le langage des objectifs, le
langage des résultats.
Il me reste deux mots à dire de la réorganisation que
cette décentralisation va entraîner au centre. Il va nous falloir
réorganiser le ministère lui-même, et chacun aura
deviné que cela va nous amener non plus seulement à la
décentralisation, mais à la déconcentration. Ce sont des
termes que je me suis permis déjà de définir pour les
rappeler simplement à la mémoire des membres de la commission
parce que je suis bien persuadé que tout le monde connaît
pleinement la différence entre ces deux vocables.
Nous avons dû, au ministère, nous réorganiser en vue
de ce résultat que nous recherchons de la décentralisation. Cette
réorganisation administrative du secteur d'enseignement
élémentaire et secondaire a permis le réaménagement
des diverses unités du ministère de l'Éducation,
unités qui étaient très disparates à certains
égards, unités qui ont été ramenées à
trois directions générales. Comme c'est du nouveau, je me permets
d'entrer un peu dans les détails. La première de ces directions
générales s'intitule: Développement pédagogique.
C'est la DGDP comme nous l'appelons familièrement. Elle assure la
préparation des politiques et des objectifs pédagogiques, des
règlements relatifs à l'enseignement, des
grilles-matières, des normes de certification, d'équivalence.
Elle assure le développement des pro-
grammes et elle évalue le matériel didactique. Elle est
également responsable de la préparation et de la diffusion des
instruments nécessaires pour soutenir les commissions scolaires dans
l'implantation des programmes et l'application des politiques
pédagogiques.
Donc, c'est vraiment un service pédagogique centralisé,
qui est au service de l'ensemble des réseaux, puisqu'il y a le
réseau élémentaire et le réseau secondaire.
Nous avons ensuite la DGA, direction générale de
l'administration, qui élabore les politiques, les règles
administratives globales concernant la gestion des ressources humaines, des
ressources financières et matérielles des réseaux.
Comme personne n'aura de difficulté à imaginer le travail
de cette direction générale, je n'insiste pas.
Et nous avons également je la mentionne en dernier, mais
ce n'est pas la moindre la direction générale des
réseaux, la DGR, qui assume une vocation charnière, si je puis
m'exprimer ainsi. C'est cette direction générale qui assume les
fonctions d'interlocuteur central du ministère auprès des
commissions scolaires, et, par l'intermédiaire de ses services, elle
transmet, elle explique les politiques, les régimes pédagogiques,
les programmes, les plans de développement, les conventions collectives,
les règles, les normes des systèmes administratifs. Elle favorise
la concertation et aide à la coordination des activités des
commissions scolaires.
Donc, vous voyez que cette direction générale aura un
rôle tout à fait crucial à l'égard de ces plans de
décentralisation que nous sommes à échafauder et que nous
avons commencé d'ailleurs à mettre en oeuvre à titre
expérimental.
Comme conséquence prévisible, on peut mentionner d'abord
l'établissement de cet interlocuteur que sera pour les commissions
scolaires la direction générale des réseaux. Étant
donné que cette direction va se ramifier en direction
générale dans les régions administratives, elle pourra
davantage être présente dans le milieu, à la fois par ses
activités de gestion et ses activités d'appui.
Je voudrais à cet égard évoquer un problème
qui m'a été mentionné encore tout récemment par les
directeurs généraux des commissions scolaires. On m'a posé
la question suivante: La mise en place de vos directions régionales
n'a-t-elle pas pour effet de centraliser les décisions alors que vous
prêchez officiellement la décentralisation?
Si on ne procède pas assez rapidement d'un bon pas à la
décentralisation, et que parallèlement on se hâte de
déconcentrer vers les directions régionales, il est bien certain
qu'il risque de se produire un genre de hiatus et que la création de
directions régionales pourrait, à toutes fins pratiques,
centraliser davantage alors que notre politique consiste à
décentraliser. Il va donc falloir, autant que possible que
déconcentration et décentralisation marchent de pair. Mais nous
avons déjà voulu mettre en place un certain nombre de directions
générales en prévision de la décentralisation qui
va suivre.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire en
guise d'introduction au sujet de la décentralisation. J'imagine que les
membres de la commission auront pas mal de questions à me poser
là-dessus puisque, il faut bien l'admettre, c'est une réforme
tout à fait fondamentale par rapport à nos habitudes
passées. Et Mme le député de L'Acadie, qui a
présidé aux destinés de la CECM pendant longtemps, est
certainement à même de mesurer toutes les conséquences que
cela peut entraîner, de même que tous ceux qui, à la
commission, ont été de près ou de loin mêlés
aux affaires de l'éducation.
Nous pensons, pour me résumer, qu'en plus de favoriser une
meilleure coordination interne des activités du ministère de
l'Éducation, cette réorganisation devrait permettre d'augmenter
la cohérence des politiques éducatives, d'unifier les
interventions du ministère dans le milieu et de permettre ainsi
l'établissement d'une structure qui favorisera le développement
de relations plus harmonieuses entre le ministère et chacune des
commissions scolaires. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'allais pas
commencer par ce point de la décentralisation, mais comme il a
été abordé, je pense qu'on est aussi bien d'en continuer
la discussion maintenant, puisque de toute façon je me proposais de le
soulever plus tard.
Évidemment, vous avez dit, M. le ministre, que dans trois
semaines vous rendrez public le schéma de cette décentralisation.
Il sera peut-être alors plus facile de faire des commentaires
appropriés et plus pertinents. Mais de toute façon, comme
première réaction, je voudrais demander au ministre quand il
décrit entre autres le processus de l'adoption des budgets qu'il
prévoit pour les commissions scolaires, si j'ai bien compris que les
commissions scolaires demanderont des subventions d'équilibre et leur
budget, à ce moment-là sera examiné. Selon qu'il
réponde à certaines règles générales, les
montants nécessaires pourront leur être accordés. Je ne
vois pas très bien comment ceci est très différent de ce
qui existe présentement. Il ne faut pas oublier qu'il y a 70%, et je ne
crois pas exagérer, du budget qui est déjà retenu pour le
paiement des salaires à toutes les personnes qui sont à
l'intérieur des commissions. Je pense que la marge de manoeuvre qui va
rester aux commissions va être sensiblement la même.
On avait déjà les possibilités de transférer
les ressources à l'intérieur des enveloppes, je ne saisis pas
très bien comment ceci va apporter une décentralisation et une
plus grande autonomie des commissions scolaires, à moins qu'on ne leur
apporte en même temps des ressources supplémentaires de
financement. Là-dessus, le ministre n'a pas donné d'indication.
C'est peut-être dans un plan à venir, mais à ce moment-ci,
on sait fort bien comment les budgets sont extrêmement serrés.
Vous dites: On continuera encore d'établir les budgets selon certaines
règles d'encadrement du
ministère. Cela ne me semble pas très différent de
ce qui existe présentement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il est clair que
le processus de décentralisation que j'ai proposé constitue une
question indépendante à plusieurs égards de la question
des ressources.
Les ressources, en tout état de cause, vont demeurer assez
limitées. On ne peut pas prévoir, pour l'avenir prévisible
en tout cas, qu'on en revienne à des situations où l'argent
pourrait être dépensé largement, sans contrainte. Au
contraire, je pense que de plus en plus, il va falloir gérer nos budgets
de façon très stricte. La population attend cela de nous, tout
d'abord parce que la population paie déjà très cher pour
son système d'enseignement, comme elle paie très cher pour
plusieurs autres services qui ont été créés depuis
quelques années.
Donc, nous ne recherchons pas avant tout l'augmentation de la masse de
l'argent mis à la disposition du système. Nous recherchons une
gestion qui soit plus près des besoins des gens, c'est-à-dire qui
mènerait à une meilleure utilisation des fonds limités qui
sont à notre disposition. C'est ça que nous recherchons: Une plus
grande efficacité dans la gestion de montants qui, mon Dieu, sauf, bien
sûr, indexation et réponses à de nouveaux besoins, ne vont
pas augmenter de façon spectaculaire, mais qui seront utilisés de
façon plus serrée et pour répondre aux besoins de chaque
école et de chaque commission scolaire tels qu'elle les aura
définis elle-même.
Le grand changement, Mme le député, c'est que
désormais, c'est la commission scolaire qui va avoir l'initiative de
définir son budget, budget qui, à l'heure actuelle, vous le savez
comme moi, est entouré d'une quantité innombrable de normes
précises, de sorte que la commission se trouve, si vous me permettez,
enfermée dans un corset, n'est-ce-pas! Vous l'avez vécu pendant
suffisamment longtemps pour savoir à quel point cela peut être
ennuyeux d'avoir à travailler comme cela.
Désormais, le budget sera beaucoup moins contraint par des normes
définies d'avance. La commission scolaire va établir son budget,
elle va venir le négocier avec le ministère. Évidemment,
ça va compliquer, à certains égards, la tâche de nos
services, mais nous pensons qu'on va être beaucoup plus près des
besoins de la population, grâce à cela. C'est un système
qui est fondé sur une plus grande confiance dans les commissions
scolaires, et dans l'école, et dans les parents, et dans les
usagers.
Cela va avoir aussi je me permets de vous le signaler, parce que
c'est important pour effet de réduire le nombre de transactions
innombrables, vous en savez quelque chose, qui intervient actuellement entre
chaque commission scolaire et le ministère de l'Éducation. Dans
le nouveau système, on ne retiendra que les principales transactions. Je
pense, par exemple, à la politique éducative de la commission
scolaire. Chaque commission scolaire va se définir une politique
éducative, elle va tenter de planifier, peut-être pour deux ans,
trois ans d'avance. Cela pourrait être discuté avec le
ministère, de sorte qu'on peut aboutir à une adaptation du
ministère à la réalité très variable de
chaque commission scolaire. On peut prévoir également qu'il y
aura une grande transaction, chaque année, avec chaque commission
scolaire, qui portera sur les ressources humaines, la politique des ressources
humaines. Peut-être aussi devrions-nous avoir des prévisions
triennales ce ne serait pas mauvais qu'on tente de voir un peu plus loin
que le bout de son nez concernant la politique des équipements,
des ressources matérielles, et enfin, le budget et les états
financiers qui seraient présentés annuellement.
Autrement dit, l'accent serait mis sur la vérification a
posteriori plutôt que sur le contrôle à priori. Je pense que
je me fais comprendre de personnes qui ont déjà
fréquenté la chose scolaire comme il y en a autour de cette
table.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de toute façon,
je pense que c'est à l'application qu'on pourra voir si cela apporte les
résultats que vous souhaitez. Je voudrais faire un autre commentaire:
Quand vous pensez à des modes d'évaluation du système pour
chaque école, de vérification opérationnelle de commission
scolaire, de vérification sectorielle, je pense que ce sont là
des mécanismes qui demeurent nécessaires pour que le
ministère conserve sa responsabilité des grandes orientations. Je
pense que ce sont des mécanismes qui accompagnent normalement une
décentralisation.
Mon autre question: Est-ce que vous prévoyez, en même
temps, pour rendre cette décentralisation vraiment plus réelle,
une décentralisation des négociations? Je disais tout à
l'heure qu'il y a 70% du budget qui est déjà gelé par les
conventions collectives, ce qui empêche toute adaptation aux besoins du
milieu. Je pense qu'un milieu pourra avoir besoin de plus de professeurs ou de
faire des choix dans le sens du personnel parapédagogique qu'il veut
avoir, c'est cela une décentralisation qui permettrait de coller aux
besoins du milieu. Mais si la négociation reste aussi centrale et qu'on
est je répète mon expression vraiment pris dans
je vais utiliser le terme du ministre ce corset, c'est
très difficile que la décentralisation puisse avoir un sens
véritable.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je dois dire que
nous n'envisageons par, au point où nous en sommes, de revoir le
processus de la négociation collective, en particulier à
l'égard des enseignants. Nous pensons que cette décentralisation
doit être accompagnée d'un certain nombre de garanties qui doivent
être données au personnel-cadre, aux directeurs
généraux des commissions scolaires, quant à leur avenir,
quant à l'emploi qu'ils occupent. Il y a des choses qui vont être
décentralisées, fortement même, comme tout ce que j'ai
décrit tout à l'heure, mais il y a également des choses
qui vont continuer de faire l'objet de négociations d'ensemble, de
transactions d'ensemble.
Cependant, je dois avouer, M. le Président, qu'il nous reste
beaucoup de réflexion à faire là-dessus. Vous avez dit
fort bien. Mme le député,
que c'est à l'usage qu'on va juger, et il est bien certain que
nous allons devoir constamment réévaluer toute la démarche
d'année en année, pour la préciser, certainement aussi
pour affronter les faux pas que nous ferons peut-être, sans le vouloir,
et pour combler les lacunes qu'on va constater dans cette immense
démarche.
Ce dont nous sommes persuadés, c'est qu'il est nécessaire
de décentraliser.
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Mais il faut se mettre en
marche. On ne peut pas attendre d'avoir élaboré un plan qui soit
tellement conceptuellement parfait que cela prendrait trois ou quatre ans
encore pour l'élaborer. On veut se mettre en marche, non pas se jeter
à l'eau sans préparation. Le ministère a
déjà appris à nager depuis quelques années, les
commissions scolaires aussi. Mais qu'on se jette tout de même à
l'eau, avec ce que nous savons déjà, pour mettre la chose en
marche.
J'admets qu'il va falloir réfléchir encore à toutes
ces questions non seulement salariales, mais aussi des politiques d'effectifs,
c'est bien certain. Là-dessus, je serai bien modeste, notre
réflexion n'est pas terminée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que
déjà, sous l'ancien gouvernement, on a eu des projets pilotes de
décentralisation qui ont été mis de l'avant et, si je ne
m'abuse, ceci va faire plaisir au député de Papineau, je crois
que l'un de ces projets est dans l'Outaouais et l'autre dans la
Gaspésie.
M. Morin (Sauvé): Le Bas-Saint-Laurent. Mme
Lavoie-Roux: Le Bas-Saint-Laurent. M. Alfred: On sera
comblé.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a déjà une
évaluation préliminaire qui a pu être faite de ces deux
tentatives et que ceci puisse vous permettre d'établir certaines lignes
directrices pour ce prolongement de décentralisation que vous voulez
faire?
M. Morin (Sauvé): Dans les deux régions
désignées, l'Outaouais et le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie,
les premières étapes qui ont été franchies ont
été l'élaboration de ce qu'on appelle les plans, dont
faisait état tantôt M. le ministre. On avait fait les plans des
ressources éducatives, des ressources humaines, des ressources
matérielles et de financement. Actuellement, il y a eu ce qu'on appelle
des prétests de ces documents, dans quelques commissions scolaires de
l'Outaouais et du Bas-Saint-Laurent pour vérifier l'instrumentation.
Normalement, à l'automne, en septembre, on devrait
généraliser dans les commissions scolaires de ces deux
régions ces plans-là, mais, jusqu'ici, l'évaluation de ces
plans nous a permis de consta- ter que les commissions scolaires avaient besoin
de cet outil pour être capables de formuler leurs propres politiques,
pour éventuellement en arriver à diminuer le nombre de
transactions dans un cadre de règles du jeu bien établi.
Entre autres, le témoignage du directeur général
d'une des commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent qui ont fait cela, qui
nous disait qu'après dix ans de fonctionnement de la commission
scolaire, cela lui a permis de faire le tour, pour la première fois, de
l'ensemble des activités qu'il y avait dans sa commission scolaire.
Cette première étape était franchie avant de commencer
à déterminer les transactions ad hoc à éliminer
entre les commissions scolaires et le ministère.
Actuellement, c'est la mise en place des quatre plans et, de la part du
ministère, la fabrication du recueil des politiques qui vont chapeauter
ces quatre plans. Normalement, on devrait entreprendre les travaux en septembre
dans les deux régions pilotes pour toutes les commissions scolaires, ce
qui veut dire que l'évaluation finale se fera le printemps prochain,
à cet égard.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question, M. le ministre, ce n'est pas
une question, c'est un commentaire. Je pense que vous prévoyez, par
exemple, de diminuer, tant pour le budget d'immobilisation que pour le budget
d'opération, des étapes qui apparaissent superflues et
qu'apparemment vos directeurs généraux ont commencé
à identifier, que ce soit dans le Bas-du-Fleuve ou dans l'Outaouais. Je
pense que c'est fort heureux, mais, compte tenu de toutes les autres
contingences et contraintes qui existent, l'effort qui est fait
m'apparaît, à première vue davantage je me
réserve des commentaires quand on aura vu les modèles
évoluer et quand on aura plus en détail la politique que vous
venez d'exposer un effort louable afin que les commissions scolaires
rationalisent mieux leurs dépenses, gèrent mieux ce qui leur est
accordé que peut-être un pas vers une décentralisation et
une prise de décision beaucoup plus locale que celle que l'on pourrait
souhaiter.
Je voudrais peut-être que vous nous expliquiez... Je vois,
à la rubrique 7, la décentralisation et ses implications, qu'un
montant de $500 000 a été prévu. Est-ce que vous pourriez
nous dire à quelles fins exactement?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, je suis
à même de vous donner des détails là-dessus. Il y
aura effectivement $500 000 qui seront dépensés au budget
1977/78, qui sont prévus pour la mise en oeuvre des points suivants:
Tout d'abord la formule de financement qui doit être
élaborée, mise au point, pour laquelle il a été
prévu $75 000.
Deuxièmement, il y aura certainement à établir un
système d'évaluation qui retiendra $135 000. Nous voudrons
également élaborer le plan de développement, ce qu'on
pourrait appeler le plan maître de toute l'opération, lequel va
exiger, à notre avis, $165 000 et, enfin, oui, il y aura aussi à
prévoir l'impression de tous ces docu-
ments que nous devons mettre à la disposition des commissions
scolaires, de tout le réseau et cela va nous coûter, avons-nous
estimé, $125 000.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question, M. le ministre, Qu'est-ce
que vous prévoyez dans le cas des commissions scolaires de l'île
de Montréal à qui on voudrait, je pense, accorder aussi la
même latitude qu'aux autres commissions scolaires dans une perspective de
décentralisation?
Je sais que c'est un point épineux, mais je voulais simplement
vous demander si vous aviez réfléchi, dans le contexte du conseil
scolaire de l'île qui, finalement, est celui qui a la
responsabilité finale de l'adoption des budgets ou la
présentation au ministère des budgets où tout est
vraiment, sauf pour l'opération renouveau, systématisé en
termes de normes identiques pour chacune des commissions scolaires. Le
député de Bourassa a mentionné strictement
l'équipement. Je le mentionnerais pour bien d'autres domaines de besoins
pédagogiques ou de services parapédagogiques. Est-ce que vous
avez réfléchi à ce problème?
M. Morin (Sauvé): Oui, la question de Mme le
député met sur le tapis toute la question de la restructuration
scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pensais pas aux modalités de la
restructuration mais strictement au plan administratif, dans une perspective de
décentralisation.
M. Morin (Sauvé): Oui. Notre réflexion
là-dessus est commencée, mais elle n'est pas terminée.
Dans notre intention, nous allons laisser le conseil scolaire en place. Il y
aura peut-être lieu, cependant, de repenser ses compétences
à la lumière de tout cet effort de décentralisation que
nous allons entreprendre. Quelle sera la place exacte du conseil scolaire?
Quelle sera la place de chaque commission scolaire dans la perspective de la
décentralisation? J'avoue que nous n'avons pas de solution
définitive, de réponse définitive à vous donner
là-dessus. Nous allons devoir en débattre et avec le conseil
scolaire et avec les commissions scolaires au cours des mois qui viennent. Il
est certain que Montréal pose un problème particulier en raison
de l'existence du conseil scolaire, bien sûr. Si vous avez des
suggestions à me faire là-dessus, Mme le député, je
serais tout ouïe.
Mme Lavoie-Roux: On pourra trouver l'occasion d'en reparler. Ceci
m'amène à vous poser cette autre question. Il fut un temps
où on a parlé possiblement de l'établissement de conseils
scolaires pour d'autres régions du Québec. Quoique,
personnellement, j'aie toujours pensé que la création du conseil
scolaire de la ville de Montréal était un peu à
contre-courant de cette tendance vers la décentralisation, même si
ce conseil scolaire a atteint d'autres objectifs qui étaient louables en
soi, je ne voudrais pas qu'on discute du bien-fondé de l'existence du
conseil scolaire de l'île, mais je voudrais savoir si, dans votre esprit,
cette idée persiste au ministère je pense qu'elle a au
moins déjà effleuré les esprits c'est-à-dire
que d'autres conseils scolaires soient créés.
M. Morin (Sauvé): La création du conseil scolaire
répondait à des besoins, à des problèmes bien
spécifiques de la région montréalaise. Vous-même,
madame, savez à quel point il y a, sur l'île de Montréal,
ce qu'on pourrait appeler une certaine exigence de péréquation
des ressources. Vous avez vous-même, je crois, en une occasion,
suggéré que, peut-être, les surplus, ou une fraction,
à tout le moins, des surplus de certaines commissions scolaires
pourraient être utilisés pour le financement de commissions
scolaires comme la CECM qui, elle, avait à faire face à des
difficultés financières qui, je n'en doute pas, étaient et
demeurent réelles.
Nous ne voyons pas, pour l'heure, la nécessité de
créer de tels conseils dans d'autres régions du Québec,
parce que les problèmes sociaux, les problèmes
économiques, les problèmes de la répartition de la
richesse ne sont pas les mêmes que ceux de la région de
Montréal. Souvenez-vous je n'ai pas besoin de les évoquer;
vous êtes aussi au fait que moi de toutes les
inégalités sociales et économiques qu'on trouve dans la
région de Montréal, qui ne connaissent peut-être pas le
même caractère aigu dans d'autres régions du Québec.
Or, l'une des fonctions du conseil scolaire, c'était justement de faire
en sorte que certaines de ces différences socio-économiques entre
les commissions scolaires puissent être estompées. Je ne passe pas
de jugement sur le succès ou l'insuccès du conseil
scolaire...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... c'est une autre affaire. Nous en
discutions encore ces jours-ci. Il reste beaucoup à faire pour arriver
à atteindre cet objectif, et notamment, peut-être, à donner
un peu plus aux gens de l'île de Montréal le sentiment qu'ils
appartiennent à une même communauté, à une
même collectivité, et qu'ils doivent donc, peut-être mettre
beaucoup plus leurs ressources en commun.
Mme Lavoie-Roux: Alors, M. le ministre, est-ce exact de penser
qu'il n'en est pas question, quoique vous ayez dit, "pour l'heure", pour
l'Île Jésus. C'est une région où on y avait
pensé et, également, je pense pour la région de
Québec. Il y en a peut-être d'autres. C'était les deux
principales, je pense.
M. Morin (Sauvé): Évidemment, j'ai eu soin
d'ajouter pour l'heure, parce que je ne veux pas me couler les pieds dans le
béton, mais...
Mme Lavoie-Roux: J'essaie de vous le faire faire un peu.
M. Morin (Sauvé): Je l'ai bien constaté. C'est
légitime. Mais, même si vous réussissiez, Madame,
je m'arrangerais pour me dépêtrer avant que le béton
ne prenne.
Non. Pour Laval, pour l'ancienne Île Jésus, il n'en est pas
question pour l'heure. Pour l'avenir prévisible, il n'en est pas
question.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Seulement une dernière remarque. Je
pense que les directeurs généraux vous l'avez
mentionné ont soulevé la question de la
déconcentration, quand ils ont parlé du développement des
bureaux régionaux. Je tiens personnellement à insister sur la
prudence qu'on doit avoir pour que cet effort de décentralisation,
finalement, ne soit pas uniquement un effort de déconcentration. Nous
avons vécu cette expérience à la commission où
j'étais, et je pense que ce n'est pas par mauvaise volonté. Cela
a pour résultat de soulager la maison-mère, que ce soit le
ministère de l'Éducation ou une grosse commission scolaire, mais
de fait, ça décentralise vraiment peu. Cela avait
été fait dans un effort de décentralisation. Cela a
amené des problèmes ailleurs, et je pense que ça n'a pas
eu tous les effets bénéfiques qu'on recherchait pour les
écoles. Je pense que toute cette liaison entre le ministère, les
bureaux régionaux, les commissions scolaires et l'école doit
être soigneusement pensée pour vraiment réaliser les
objectifs qu'on se propose, bien honnêtement, et avec bonne foi au
départ.
M. Morin (Sauvé): Mme le député a tout
à fait raison, M. le Président, et, bien sûr que, chemin
faisant, c'est l'un des points que nous allons surveiller de très
près. On peut s'attendre que certains bureaux régionaux soient
plus occupés que d'autres. Cela va dépendre du rythme du
progrès ou de chaque commission scolaire dans chaque région. Mais
il est évident que la décentralisation ne doit pas mener à
une balkanisation il y aurait peut-être ce risque, à gauche
ou à droite à travers le territoire et pour cela, il faut
qu'il y ait, dans chaque région, des interlocuteurs, qui puissent
guider, qui puissent répondre aux questions que les commissions
scolaires poseront sans doute, au fur et à mesure que se
déroulera l'opération. C'est une opération
considérable. Je pense que vous en êtes consciente comme moi. Cela
ne va pas être facile tous les jours, mais c'est nécessaire.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question: Est-ce que vous
avez envisagé ou plutôt est-ce que vous envisagez, que le conseil
scolaire devienne, en quelque sorte, un bureau régional?
M. Morin (Sauvé): Nous y avons pensé. Mes
fonctionnaires ont réfléchi à cela, et la réponse
générale est celle-ci: II y a des pouvoirs qui ne peuvent
être transmis au conseil scolaire, qui doivent demeurer au
ministère, centralisés ou déconcentrés, peu
importe, et je ne pense pas que... Quel que soit le sort réservé
au conseil scolaire, quelle que soit l'étendue exacte de ses
compétences dans le déroulement des projets que je viens de
décrire, le bureau régional restera en place et il devrait avoir
sensiblement les mêmes compéten- ces que l'ensemble des bureaux
régionaux à travers le Québec.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Très brièvement, bien sûr,
plusieurs questions que je me posais l'ont été par la
représentante du Parti libéral. J'admire, bien sûr, les
déclarations que vous nous faites ce matin, depuis le début de la
commission, à savoir cette décentralisation qui va plaire, je
pense bien, à pas mal de monde. Je voudrais bien, évidemment,
qu'on n'en reste pas aux intentions et j'imagine bien que...
M. Morin (Sauvé): Cela va exiger aussi beaucoup des gens
à qui cela s'adresse.
M. Grenier: J'imagine bien, et je pense bien que ce n'est pas une
chose qu'on peut juger dans six mois, mais je pense qu'après une
année de travail, une année et demie, on sera mieux en mesure de
voir les effets de ces nouvelles politiques que vous voulez implanter.
Je pense qu'avec les intentions qui vous animent, vous auriez fait un
excellent ministre d'un gouvernement de l'Union Nationale comme vous en faites
un du gouvernement du Parti québécois.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si je dois prendre cela
pour un grand compliment, mais j'imagine que, dans la bouche du
député de Mégantic-Compton, cela se voulait un
compliment.
M. Grenier: Je ne voudrais pas quand même qu'advenant un
changement de gouvernement pour l'Union Nationale, vous deveniez le Cour-noyer
du système d'éducation!
Vous disiez très justement tout à l'heure que le public se
cherche souvent une espèce de bouc émissaire, mais on le met
haut, on le prend au niveau du gouvernement. Ce n'est pas du nouveau et, dans
tous les systèmes, on fait cela. Les coches mal taillées d'un
député dépendent toujours d'un fonctionnaire quelque part.
Quand ça va bien, cela dépend du député, mais le
système n'est pas neuf non plus et, dans les collèges, quand un
élève était remercié, cela ne dépendait pas
du directeur, mais cela dépendait du grand conseil d'administration, qui
était plus difficile à rejoindre, quand les parents voulaient
intervenir.
Vous avez parlé du rôle que les parents vont jouer.
J'aimerais peut-être laisser l'aspect cents et piastres de la
décentralisation et parler de l'aspect humain, de ce qui touche
davantage les familles, les parents. Vous avez parlé du rôle des
parents. On n'est pas intervenu dans les questions qui ont été
posées par l'Opposition officielle.
J'aurais aimé savoir exactement ce que vous entrevoyez comme
rôle des parents. Vous avez dit à ce moment que vous vouliez autre
chose que
des présidents de tombolas. J'aimerais savoir exactement si c'est
dans votre intention d'y aller jusqu'à ce que les commissions scolaires
soient transformées, afin d'y mettre des représentants de parents
qui jouent un rôle plus effectif que présentement.
M. Morin (Sauvé): Effectivement. J'ai déjà
publiquement échafaudé des propositions que je pourrais
même traiter d'hypothèses, parce que je veux d'abord consulter les
grands agents du monde de l'éducation, les grands partenaires, avant de
procéder à des réformes de la loi 27 ou de la Loi de
l'instruction publique.
J'ai cependant dit publiquement que je souhaitais voir des parents, des
représentants de comités des parents, siéger aux
commissions scolaires. Au départ, et parce que je veux que la chose soit
pleinement expérimentée avant d'aller plus loin, je ne songerais
point à plus d'un représentant des parents à chaque
commission scolaire, sauf peut-être les commissions régionales qui
sont si nombreuses que les parents devraient être plus nombreux.
Dans mon esprit, le parent délégué par ses pairs
serait membre à part entière de la commission scolaire. Le parent
serait à la commission scolaire ce que l'usager est à
l'hôpital.
Vous savez qu'on a voulu faire une place aux usagers dans les conseils
d'administration des hôpitaux. C'est un peu la même idée que
je transposerais dans le système d'éducation. À mon avis,
les usagers, surtout au niveau primaire et au niveau secondaire, ce sont les
parents. Ce sont également les élèves. Je ne veux pas nier
cela. Mais ceux qui prennent les décisions sont les parents et,
l'école étant dans notre esprit le prolongement de la vie
familiale et vice versa, il est normal que les usagers aient quelque chose
à dire dans l'administration de leur commission scolaire.
De plus, j'ai proposé que les comités d'écoles et
de parents qui existent déjà se voient reconnaître un
certain nombre de pouvoirs réels au niveau local par le truchement d'une
participation des parents à ces décisions.
Je suis en train de consulter les comités de parents et
d'écoles à travers tout le territoire québécois,
à l'heure actuelle, pour savoir sur quel point ils aimeraient participer
aux décisions.
Ce qui émerge du débat jusqu'ici, et c'est un débat
qui va durer toute l'année prochaine puisqu'il va en être question
dans le livre vert sur l'enseignement primaire et secondaire, c'est que les
parents aimeraient être associés de très près aux
décisions qui portent sur la vie de l'école, sur les principes de
la discipline, non pas l'application immédiate de la discipline, ils
savent bien que cela relève de l'autorité de l'école, mais
ils aimeraient pouvoir contribuer à définir les principes de la
discipline applicable dans l'école, de sorte qu'on pourrait avoir une
école différente des autres, chaque école pourrait
être typée et refléter le milieu dans lequel elle vit et
auquel elle apprend à vivre à ses enfants.
M. Grenier: Quand vous parlez de décentrali- sation,
est-ce qu'on peut penser que cette décentralisation pourrait aller
même au niveau régional de la programmation scolaire?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire: Est-ce qu'il y
aurait...
M. Grenier: Chaque commission scolaire, je ne dirai pas locale,
mais régionale, pourrait même penser ne pas avoir le même
programme exactement qu'une autre région; le programme pourrait varier
d'une région à l'autre, à cause des besoins qui peuvent
être différents.
M. Morin (Sauvé): II y a des programmes minimaux qui
doivent être respectés pour s'assurer que l'élève de
Gaspé puisse aller terminer ses études à Hull et que la
petite fille de Sherbrooke puisse aller faire ses études secondaires au
Lac-Saint-Jean. Donc, il y a des standards minimaux qu'on doit appliquer
à l'ensemble du Québec. Cela ne peut relever que du
ministère. C'est vraiment l'une de nos fonctions qu'on ne peut pas
songer à abandonner. Mais vous savez comme moi que les programmes, les
grilles-matières prévoient également un certain nombre
d'options. Chaque école et aussi chaque commission scolaire peut
choisir, peut effectuer des choix et, dans mon esprit, il faudrait en venir
à une situation où une école, pas seulement une commission
scolaire parce que là je descends jusqu'au niveau de
l'école pourrait décider si l'accent va être mis sur
les sports ou sur les arts plastiques ou sur la musique, quel genre
d'école cela va être du point de vue, justement, de ces
matières qu'on traite souvent comme étant des accessoires mais
qui sont pourtant tout à fait fondamentales.
M. Grenier: Est-ce que je pourrais savoir vous avez un peu
répondu à cela, je suis venu hier là-dessus, finalement il
a fallu changer de sujet parce que c'était presque
antiréglementaire si c'est l'intention du ministre de donner
davantage des matières de base au niveau des trois premiers groupes,
premier, deuxième et troisième secondaire?
M. Morin (Sauvé): La réponse c'est...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic, je pense qu'on sort complètement du premier...
M. Grenier: Je ne pense pas, on vient de s'entendre à
savoir que c'était le primaire et le secondaire.
M. Morin (Sauvé): Je puis répondre au
député qu'effectivement nos intentions sont d'accentuer la
formation générale au niveau secondaire, en particulier aux
paliers I, II et III. Nous éprouvons passablement de difficultés
cependant dans la mise en oeuvre de ces projets.
M. Grenier: Je dis bravo à une réponse comme
celle-là et j'attends, bien sûr, que l'applica-
tion se fasse. Je pense que c'est là la grande plainte dans la
province, à savoir que nos élèves de premier,
deuxième et troisième secondaire manquent de base et je pense
bien que le consentement est général.
Une toute dernière question. Vous avez annoncé je
l'ai entendu hier soir, je ne l'ai pas lu ce matin encore, mais hier soir, aux
nouvelles la diminution de 10%. Je pense qu'on aurait pu le lire dans le
livre aussi, 10% de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic, je préférerais continuer un autre programme. On
s'était entendu pour toucher seulement la décentralisation
actuellement. Cela n'est plus la décentralisation Mme le
député de L'Acadie s'est arrêtée au moment de la
décentralisation pour pouvoir donner la parole à d'autres sur le
même sujet.
M. Grenier: Je peux réserver ma question pour la Chambre
cet après-midi à 15 heures?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Grenier: À propos de votre déclaration d'hier
soir, la coupure de 10% au secteur privé.
M. Morin (Sauvé): Oui, du secteur privé. Oui, c'est
d'accord, je répondrai en Chambre très volontiers.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont, sur la décentralisation.
M. Paquette: M. le Président, sur la
décentralisation, le ministre m'a rassuré un peu quand il m'a dit
qu'au niveau des programmes d'étude, par exemple, et des
grilles-horaires, l'école aurait un rôle à jouer. Je pense
qu'on a beaucoup trop exagéré la mission de l'État au
niveau de l'uniformité des programmes par rapport à la
diversité qu'on retrouve dans les différentes régions du
Québec.
J'aimerais rappeler qu'en Angleterre, sauf erreur, il n'y a pas de
programme national, le programme se détermine au niveau local. En
Suisse, ce sont les cantons qui font les programmes d'études. Il me
semble qu'on a parfois tendance à oublier l'impact pédagogique de
la décentralisation. Je suis d'accord qu'au niveau central, au
Québec, on détermine des objectifs peut-être plus
précis que dans le cas du programme-cadre de français, un peu
plus précis, mais des objectifs, et qu'on laisse, non seulement à
la commission scolaire régionale, mais aux écoles le soin de
déterminer les moyens pour atteindre ces objectifs.
M. Morin (Sauvé): Diriez-vous la même chose des
mathématiques, M. le député?
M. Paquette: Surtout les mathématiques. Dans le cas des
mathématiques, je pense que les programmes sont beaucoup trop
précis, beaucoup trop détaillés. J'aimerais souligner un
danger que nous avons vécu avec les programmes de mathématiques.
À un certain moment, le ministère a fait un programme-cadre et a
laissé aux commissions scolaires régionales le soin de le
préciser, avec le résultat que, quand le programme arrivait au
niveau de l'école, il était aussi détaillé
qu'avant. Je pense qu'il faut se rendre compte, prendre conscience de l'impact
pédagogique que peut avoir cette situation. À mon avis, c'est
ça qui est l'essentiel de la décentralisation: Qu'est-ce que
ça va donner dans la classe? Ce que ça donne dans la classe,
c'est que le professeur a un programme peut-être qu'en
mathématiques, le problème est encore plus grand qu'ailleurs
il se présente en classe, il a un programme très
chargé à parcourir, il y a des examens communs du
ministère à la fin, il faut parcourir le programme.
Il se présente en classe avec deux ou trois concepts qu'il doit
absolument faire passer pendant cette période de classe, parce que, sans
ça, on prend du retard sur le programme; c'est la course continuelle
contre la montre. J'exagère à peine. Dans tout ça, c'est
clair que les élèves n'y trouvent pas leur compte. Cela ne
correspond pas aux données de la psychologie et de la pédagogie.
Vous ne pouvez pas vous présenter en classe avec l'objectif de dire:
Tous les 30 élèves dans cette classe, pendant cette
période, vont acquérir de façon définitive ces
trois concepts, on n'y reviendra plus jamais par la suite.
Je pense qu'il faut abandonner cette idée. La seule façon
de le faire, c'est d'avoir des programmes souples, bien que plus précis
au niveau des objectifs, au niveau du ministère, et qui le demeurent au
niveau de la commission scolaire régionale.
Cela m'amène à une considération concernant la
stratégie de décentralisation. Je crains qu'on la fasse en deux
étapes peut-être que le ministre pourra me rassurer
là-dessus c'est-à-dire une première étape
où le ministère se concentrerait sur les rapports entre les
commissions scolaires régionales et le ministère on a
surtout parlé de ça à la suite de l'intervention du
député de L'Acadie sur le plan de l'élaboration des
budgets et qu'on dise: Voilà une première étape de
décentralisation et, plus tard, on fera la deuxième et on
s'occupera des relations entre l'école et la commission scolaire.
Je pense qu'il y a là un danger, dans le sens que tout
administrateur a toujours tendance à penser que son autorité est
la meilleure pour régler les problèmes. On risque de trouver
très difficile la deuxième étape. Une fois que, partout au
Québec, les nombreuses commissions scolaires auront acquis plus de
pouvoirs, elles auront tendance à être assez hésitantes
à remettre les pouvoirs au niveau de l'école.
J'espère qu'on va s'attaquer aux relations à tous les
paliers en même temps. J'aimerais avoir plus de précisions
là-dessus. Je vais peut-être arrêter là parce que
j'ai une autre question sur la décentralisation, mais qui touche
à autre chose.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je voudrais
avec votre permission, M. le Président vous dire que, dans
mon esprit, les deux démarches vont de pair. Je constate que la
dé-
marche de décentralisation vers les commissions scolaires est
peut-être plus avancée sur le plan de la réflexion, sur le
plan de l'expérience, que ne l'est l'autre démarche, qui, elle,
consiste à remettre l'école dans son milieu et le milieu dans
l'école.
Cependant, dans mon esprit, ce sont deux démarches qui vont de
pair, a réaliser de façon concomitante. Est-ce que j'y
réussirai? C'est une autre affaire. Mais vous avez dû remarquer
que, dans mes interventions publiques, je ne fais pas de distinction entre ces
deux aspects de ce qui me paraît être une même
démarche. La décentralisation doit, bien sûr, aller vers la
commission scolaire, mais, du même coup, vers les écoles.
Si on devait ne franchir que, comme vous le disiez, la première
étape, on risquerait d'avoir les pieds dans le béton pour
longtemps. Ce n'est pas volontiers qu'une instance administrative abandonne ses
compétences. C'est pour cela que je me permets, depuis quelques mois, de
dire partout à travers le Québec que je compte beaucoup sur les
comités de parents pour nous aider à franchir cette autre
étape de la décentralisation.
Mais, naturellement, il faut avoir à l'idée que le
succès de l'opération va dépendre, dans une très
large mesure, du dynamisme des comités de parents. Je constate que cela
est très inégal d'une région à l'autre, voire d'une
école à l'autre, de sorte que je ne peux pas prédire
exactement le succès de la démarche qui vise à remettre
l'école dans son quartier ou dans son village.
Mais je peux vous dire qu'étant donné les objectifs
socio-économiques et politiques du gouvernement, la place de
l'école, dans tout cela, nous paraît cruciale. Nous allons tout
faire pour que cela se fasse simultanément.
M. Paquette: M. le Président, une autre question concerne
la réforme administrative en cours, qui est presque
complétée, je pense, au niveau du ministère, en
particulier en ce qui a trait au rôle de la direction
générale des réseaux.
Dans l'optique de la décentralisation, je pense qu'un aspect
extrêmement important consiste à faire participer les groupes de
professeurs des écoles et des commissions scolaires régionales
à l'élaboration des documents accompagnant les programmes qui
sont définis au ministère, les guides pédagogiques, les
programmes eux-mêmes. Une fois que les programmes sont établis, il
y a un certain consensus sur les contenus minimaux. Il s'agit de les
réaliser, il s'agit de se donner des instruments, il s'agit que les
expériences passent d'un endroit à l'autre. Cela m'amène
au phénomène de l'animation pédagogique. Je me demande si
la séparation assez nette que l'on a faite entre la direction
générale du développement pédagogique et la
direction générale des réseaux ne va pas couper les
spécialistes de matières qui sont dans la direction
générale du développement pédagogique des
coordonnateurs, des chefs de groupes, au niveau des écoles et des
régionales. S'il faut que le spécialiste d'une matière qui
est à la DGDP soit obligé de franchir un chemin trop long avant
de communiquer avec les gens qui sont dans la matière sur laquelle il
travaille, il va être coupé de la base et on risque d'avoir un
sérieux problème au point de vue de l'aide technique à la
décentralisation, à cause de cela.
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense que le
député a raison. Ce que la direction générale des
réseaux doit faire, c'est de se charger de transactions administratives
formelles entre les commissions scolaires et le ministère et il est
essentiel qu'elles portent sur un certain nombre de dossiers de base dont le
ministre a parlé.
Par ailleurs, il est essentiel que la direction générale
du développement pédagogique garde un contact direct, constant,
suivi, avec les enseignants en particulier, selon les matières, et
surtout quant à la fabrication des programmes, leur évaluation et
aussi quant aux moyens d'enseignement.
M. Paquette: Vous allez augmenter les budgets pour l'animation
pédagogique cette année? Est-ce que c'est prévu? Ils vont
diminuer, j'ai l'impression.
M. Morin (Sauvé): Ils n'ont pas été
augmentés, mais on pourrait peut-être donner des...
Mme Lavoie-Roux: D'après ce que j'ai vu, ils diminuaient.
Je vais vous montrer où j'ai vu cela.
M. Paquette: Mais il y a tous les frais de réunions de
comités, les frais de circulation de documents. Je n'ai pas l'impression
que cela va être augmenté.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que les traitements ont
été augmentés, automatiquement, si je puis dire, mais nous
pouvons peut-être vous donner des chiffres plus exacts, si vous voulez
attendre une seconde.
Mme Lavoie-Roux: À la page 2-07, vous avez $2,5
millions.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Oui, $2,5 millions par
rapport à $2,3 millions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous aviez $3,6 millions en
1975/76.
M. Morin (Sauvé): En 1975/76. Mme Lavoie-Roux:
Alors...
M. Morin (Sauvé): Oui, au budget de l'an dernier, 1976/77,
il y a eu une coupure de $1 million sur les ADP, entre les budgets de 1975/76
et 1976/77.
M. Paquette: C'est l'ancien gouvernement, cela.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait savoir, entre les $300 000 et les
$500 000, quelle partie va au redressement des salaires.
M. Morin (Sauvé): La totalité.
Oui, c'est l'ensemble, tout le montant.
Mme Lavoie-Roux: ... et que cela représente les $200 000
de différence?
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est pour le redressement des
salaires ou pour ajouter des agents de développement
pédagogique?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est du redressement de
salaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est comme l'an dernier?
M. Morin (Sauvé): Oui, en somme, si vous voulez, c'est
comme l'an dernier, puisque nous ne pouvions faire mieux financièrement
cette année; mais la coupure initiale a été
pratiquée sous l'empire d'un gouvernement
prédécesseur.
Mme Lavoie-Roux: Alors que le coût de la vie était
moins élevé, il y avait $3,5 millions. Ce sont des discussions
qui n'ajouteront pas d'argent...
M. Morin (Sauvé): Qui ne mèneraient pas loin.
Mme Lavoie-Roux: ...de développement pédagogique
dans le réseau.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, avez-vous terminé?
M. Paquette: C'est simplement pour exprimer le souhait
qu'au-delà des agents de développement pédagogique, on
donne des outils suffisants aux responsables de matières à la
DGDP pour leur permettre de réunir les coordonnateurs des
régionales, de faire circuler les expériences pédagogiques
qui se font dans les diverses régionales, de façon à
préparer également le terrain à la
décentralisation.
Le Président (M. Clair): Le député de
Papineau sur la décentralisation.
M. Alfred: Oui, à ce propos, M. le Président,
l'exposé du ministre m'a plus que rassuré. J'admire
également les questions que Mme le député de L'Acadie a
posées, parce qu'elles sont très pertinentes et, franchement, la
pertinence de ses questions me permet d'avancer que Mme le député
de L'Acadie aurait fait un bon député péquiste. Mais
passons.
M. Morin (Sauvé): À quelques petits détails
près.
M. Alfred: À quelques petits détails près,
effectivement. Mais, à ce propos, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): En diriez-vous autant du
député de Mont-Royal? Je ne voulais pas partir un débat,
M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, il faut se demander si c'est un
compliment ou pas.
M. Alfred: De ma part, c'est un compliment. Je tiens à
préciser que ce que je viens de dire à propos de Mme le
député de L'Acadie...
M. Morin (Sauvé): C'est une très grande gentillesse
de la part du député de Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai interprété comme cela.
M. Morin (Sauvé): Si vous saviez...
Mme Lavoie-Roux: II me fait souvent des compliments,
d'ailleurs.
M. Alfred: D'ailleurs, à propos de ce problème de
décentralisation, j'aimerais attirer, bien sûr, l'attention du
ministre sur la formation de ce qu'on pourrait appeler les principaux
d'écoles, qui doivent être les moteurs de la réussite de
cette décentralisation. C'était un commentaire. Sur cette
décentralisation, j'aimerais, bien sûr, qu'il y ait des exigences
précises quant à la formation de ces principaux d'écoles.
J'aimerais exiger qu'ils aient une formation théorique et pratique,
d'une part, en administration c'est très important, parce que je
crois encore à la pratique d'une bonne théorie et aussi
une formation théorique et pratique, en pédagogie, parce
qu'administrer une école, ce n'est pas la même chose
qu'administrer une usine et, troisièmement, ce qui a toujours fait
défaut dans le passé, de la part des gestionnaires scolaires,
c'est que ces principaux d'écoles manquaient d'un point important en
n'étant pas des spécialistes en relations humaines.
J'aimerais que ces gestionnaires qui devraient être le moteur de
la réussite de ce système de décentralisation aient une
formation théorique et pratique en administration, une formation
théorique et pratique en pédagogie et j'insisterais beaucoup pour
qu'ils soient de véritables spécialistes en relations humaines,
de façon à pouvoir interrelier les éléments qui
doivent concourir au succès du système, c'est-à-dire les
parents, les étudiants et les professeurs.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une
question très pertinente. Effectivement, si nous voulons
décentraliser jusqu'à l'école, les principaux et leurs
adjoints vont avoir un rôle tout à fait crucial à jouer. Il
existe déjà des programmes de perfectionnement à
l'intention des principaux, mais j'avoue que le gros de, l'effort reste
à effectuer. Dans la mesure où nous allons de plus en plus nous
en remettre pour certaines choses aux commissions scolaires, il va
peut-être falloir prévoir davantage du côté du
recyclage, du côté du perfectionnement plutôt, des
principaux d'école.
Il y a un autre problème aussi qui est connexe et je n'insisterai
pas, mais j'attire l'attention du député de Papineau
là-dessus. Les principaux se plaignent de n'avoir pas suffisamment
d'aide, dans bien des cas, d'être très isolés dans leurs
fonc-
tions. La politique administrative et salariale va prévoir des
règles d'effectifs pour les principaux et leurs adjoints. La convention
collective, vous le savez peut-être, prévoit des chefs de groupe
pour encadrer les professeurs. La commission scolaire peut décider de ne
pas nommer les chefs de groupe. Dans ce cas, la commission peut combiner les
montants prévus pour les chefs de groupe et les principaux adjoints pour
repenser son organisation des écoles. C'est alors que la PAS
prévoit deux niveaux de principaux adjoints. Je ne veux pas
m'étendre sur cet aspect de la question. Je pourrai peut-être y
revenir quand on étudiera la PAS, mais il est évident que nous
allons devoir faire un effort aussi pour les adjoints.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa, sur la décentralisation.
M. Laplante: Je suis chanceux. J'ai à peu près six
questions que j'avais projetées et qui ont été
posées. Tout de même, je voudrais savoir si le ministère a
prévu des mécanismes dans la décentralisation des
directeurs généraux et des structures administratives qu'il y a
dans les régionales ou dans les centres administratifs des commissions
scolaires où, souventefois, c'est difficile à traverser parce que
cela devient une chasse gardée pour un secteur, soit de cadres ou de
fonctionnaires qui ne veulent pas se libérer de pouvoirs qu'ils ont
à l'intérieur de ces commissions scolaires. On le voit
très souvent au moment d'une décentralisation. Avez-vous un
mécanisme de surveillance pour que cela puisse se faire directement vers
l'école?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas de mécanisme de
surveillance, M. le député. Je pense que certains verraient cela
d'un assez mauvais oeil. Il est certain que des directeurs
généraux prennent souvent leurs fonctions très à
coeur et deviennent effectivement, la cheville ouvrière de leur
commission scolaire. J'ai même entendu dire par des commissaires,
à l'occasion, que les directeurs généraux prenaient
beaucoup de place dans l'élaboration des politiques. Lorsque les
commissaires ne sont pas eux-mêmes très actifs et très
présents, forcément, la fonction publique de la commission tend
à prendre du poil de la bête. La réponse se trouve dans le
dynamisme de chaque commission scolaire et non pas dans quelques
contrôles émanant du ministère.
M. Laplante: Cela m'amène aussi à parler des
principaux d'écoles. Je ne sais pas si vous avez envisagé...
D'abord, je suis très heureux que vous ayez envisagé les cycles
de recyclage au point de vue des principaux d'écoles. Je pense que je ne
trahis rien en disant qu'on a, pour la plupart des directions d'écoles
très honnêtes, très habiles, mais qui sont
dépassées actuellement dans le système scolaire. Depuis
les années soixante, l'opération 55, on a fait de nos directions
d'écoles des administrateurs, au lieu d'en faire des pédagogues,
des gens de soutien pour leurs professeurs. Est-ce que, dans notre
mécanisme, on ne pourrait pas trouver une forme administrative où
le rôle du principal d'école serait strictement un rôle
pédagogique? Le mot "directeur d'école" devrait
disparaître, à un moment donné, de notre vocabulaire. C'est
la décentralisation, si je comprends bien. C'est dans cette...
Le Président (M. Clair): Je ne vois pas très bien
en quoi ça concerne la décentralisation.
M. Laplante: ... si, dans cette décentralisation, vous
avez trouvé un mécanisme qui changerait le nom du directeur
d'école, ce serait un pédagogue au service des professeurs et un
administrateur qui pourrait peut-être s'occuper de deux ou trois petites
écoles élémentaires selon la taille.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est du changement de nom,
j'ai moi-même suggéré, à un récent
congrès des principaux et des directeurs d'écoles, que
l'appellation "principal" n'est pas si mauvaise. D'aucuns auraient tendance
à lui substituer d'autres expressions. Moi, je crois que le mot
"principal" rend assez bien compte de la nature des fonctions qu'on attend de
la personne qui se trouve à la tête d'une école, parce que
"principal" veut dire principal enseignant. C'est le primus inter pares,
ça devrait, du moins, l'être et, dans ce sens, je trouve qu'il
serait bon que nous conservions cette bonne vieille expression de "principal".
Cela traduit assez bien, même en termes de renouveau pédagogique
de décentralisation, ce que nous attendons de ceux qui seront, de fait,
les chevilles ouvrières de toute réforme.
M. Laplante: J'ai deux courtes questions, M. le Président.
Dans la décentralisation, avez-vous l'intention de changer la politique
d'achat du livre pour les commissions scolaires? Parce que je sais que c'est
par...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa, je me demande si cette question fait...
M. Laplante: Cela fait partie...
Le Président (M. Clair): ... effectivement partie de la
décentralisation.
M. Laplante: ... de la décentralisation, parce qu'on est
centré sur le livre actuellement, par le ministère.
Mme Lavoie-Roux: À ce compte-là, M. le
Président...
M. Morin (Sauvé): Je ne serais pas, de toute façon,
en position de vous donner une réponse, M. le député,
parce que tout ce dossier est à l'étude actuellement et je n'ai
rien de neuf à annoncer là-dessus.
M. Laplante: À annoncer là-dessus. L'autre question
touche la réforme électorale. Avez-vous l'intention dans la
décentralisation, de faire une réforme électorale
vis-à-vis des commissions scolaires?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à ce
compte-là, je vous aurais posé 300 questions. Moi, j'ai
essayé de me discipliner vraiment à votre exposé, et on
est rendu dans les élections, les...
M. Ciaccia: M. le Président, il y a dix minutes, vous avez
arrêté je ne sais combien de députés de parler,
parce qu'ils sortaient du programme; alors je vous inviterais...
Le Président (M. Clair): Vous avez tout à fait
raison, Mme le député de L'Acadie et M. le député
de Mont-Royal. Je pense que cette question déborde le cadre de la
décentralisation, et M. le député de Bourassa aura
sûrement l'occasion de poser de nouveau cette question.
M. Morin (Sauvé): Quoiqu'il y ait l'aspect... M. le
Président, la question peut être interprétée comme
ceci: Est-ce que le processus des élections sera
décentralisé comme le reste? La réponse serait très
brève: un document a été préparé
là-dessus au sein du ministère et il est actuellement entre les
mains du ministre d'État à la réforme
électorale.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal. M. le député de Bourassa, je ne vous reconnais
pas.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. le ministre, dans votre conception de la décentralisation,
est-ce que vous avez pensé exiger la formation de comités de
parents à l'école élémentaire et de comités
de parents à l'école secondaire? Et la commission, avant de
prendre certaines décisions, par exemple, quant au choix du personnel
enseignant et au choix du principal d'école, quant aux décisions
sur le changement des programmes d'études, aurait l'obligation de
consulter ce comité de parents?
M. Morin (Sauvé): Ou les comités de parents...
M. Ciaccia: Selon la commission, oui...
M. Morin (Sauvé): ... puisque la commission scolaire peut
avoir et, généralement...
M. Ciaccia: Plutôt les comités de parents, oui.
M. Morin (Sauvé): ... administre plusieurs écoles.
Je puis vous dire que les parents eux-mêmes m'ont entretenu de
suggestions semblables et, à la Fédération des
comités de parents, la fin de semaine dernière encore, j'ai
reçu deux ou trois suggestions de cet ordre.
Pourquoi la commission scolaire, avant de prendre certaines
décisions d'ordre pédagogique ou qui intéressent plus
directement la vie de l'école, ne serait-elle pas tenue de rencontrer
les comités de parents et de s'entretenir avec eux à titre
consultatif, ce qui compléterait la présence à laquelle je
songeais plus tôt ce matin, la présence d'un parent à la
commission scolaire?
J'avoue que ce sont des suggestions que j'ai retenues. Elles me
paraissent intéressantes.
M. Grenier: Pour répondre à la question du
député de..., il y a jusqu'à des pouvoirs
décisionnels pour ces comités auxquels fait allusion le
député de Mont-Royal.
M. Morin (Sauvé): Au niveau de l'école, je crois
qu'effectivement, on peut songer à ce que les parents soient
associés à des décisions. Au niveau de la commission
scolaire, les parents y seraient à nouveau associés, mais par la
présence d'un représentant des comités de parents, soit
locaux, soit régionaux au sein de la commission, avec voix
délibérative, délibérante, n'est-ce pas? tandis
que, ce à quoi le député de Mont-Royal fait allusion, je
pense que ce sont des rencontres entre la commission scolaire et un ou des
comités de parents, selon le cas, pour consultation
réciproque.
M. Ciaccia: ... avant de prendre certaines décisions.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Ciaccia: Je voudrais vous référer, par exemple,
ce n'est pas un concept nouveau à l'entente signée
entre le gouvernement du Québec et les autochtones de la baie James et
du Nord-Ouest québécois et, précisément, il y a un
article dans cette entente où ce concept a été
imposé. Il y a eu la création d'une commission scolaire dans ces
endroits et la commission scolaire est obligée de consulter...
premièrement, elle est obligée de former ces comités
d'écoles élémentaires, les comités de parents pour
les écoles secondaires. Elle est obligée, avant de prendre sa
décision, de consulter sur ces sujets que je vous ai mentionnés.
Cela constitue non seulement un processus de décentralisation, mais
aussi de démocratisation de l'idée de l'école et de la
participation des parents. Dans cette même entente et je sais bien
que vous aviez eu, au moment où nous avons discuté de cette
entente en commission parlementaire, une attitude assez positive les
concepts de décentralisation qu'on semble discuter, ont
été prévus à plusieurs endroits et j'attirerais
votre attention, par exemple, sur les articles concernant l'éducation
où il est prévu que la commission scolaire, en consultation avec
le ministre de l'Éducation, ait certains pouvoirs, par exemple, de
négocier des conditions de travail avec les employés, exception
faite de certains standards minimums, des standards de base. On parlait,
apparemment, des questions d'effectif; ce serait la commission scolaire qui
aurait ce pouvoir. Alors, vous avez déjà un
précédent assez important pour pouvoir essayer de prendre
quelques-unes de ces idées et de les adapter, naturellement, aux
conditions locales parce que celles-ci concernaient le Nord-Ouest
québécois. Cependant c'était une préoccupation que
l'école reflète un peu la société dans un processus
évolutif et de démocratisation de l'école.
Je crois que vous étiez d'accord que ces concepts étaient
assez valables.
M. Morin (Sauvé): Le député de Mont-Royal
sait tout le bien que je pense de l'entente, à quelques exceptions
près. J'ai déjà eu l'occasion de le lui dire en commission
parlementaire et c'est un bon exemple, je crois, du progressisme qu'on trouve
à bien des égards dans l'entente et je puis l'assurer que je vais
tenir compte des propos qu'il vient de tenir.
Je suis heureux que l'Opposition entre dans les vues que j'ai
énoncées quant à l'importance qu'on doit attribuer aux
parents dans le système scolaire.
Il y a des commissions scolaires qui, effectivement, rencontrent
déjà des comités de parents, mais ce n'est pas obligatoire
et de surcroît, ce n'est pas très fréquent.
Peut-être conviendrait-il de prévoir des rencontres soit
à des dates fixes pendant l'année scolaire ou encore qui
devraient intervenir nécessairement avant que certaines décisions
soient prises. Là-dessus, cependant, je veux en parler aux commissions
scolaires. Les parents m'en ont déjà parlé, mais je veux
voir comment cela peut s'articuler avec le fonctionnement des commissions
scolaires. Là-dessus, peut-être que Mme le député de
L'Acadie, M. le député de Mégantic-Compton, qui ont eu des
expériences de commissaire, M. le député de Bourassa,
pourront me faire part de leurs observations. Cela m'intéresserait
beaucoup de savoir ce que vous en pensez.
M. Ciaccia: Dans le problème de la consultation, il y a
aussi la participation des professeurs. Je sais qu'on a tous fait partie des
comités parents-maîtres ou des associations parents-maîtres;
or, un des problèmes était que les professeurs n'étaient
pas trop d'accord pour avoir ces consultations, ces rencontres; peut-être
que le député de Papineau pourrait nous éclairer sur un
recyclage des professeurs pour qu'ils aient un esprit plus ouvert pour
rencontrer les parents...
M. Laplante: Vous êtes mieux de continuer à parler
de décentralisation.
M. Ciaccia: ... et participer avec eux, parce que cela fait
partie de la décentralisation et de la démocratisation de nos
écoles. M. le ministre, je vous référerais à
l'entente au chapitre 16 où nous avons donné des pouvoirs assez
larges aux commissions scolaires dans cette entente.
Le Président (M. Clair): Le député de
Trois-Rivières.
M. Morin (Sauvé): Le député de Papineau ne
répond pas à la provocation?
M. Alfred: J'allais répondre, effectivement. Mais je
ne...
M. Ciaccia: Je ne voulais pas le provoquer. Je voulais le faire
réfléchir.
M. Alfred: Je pense que ce que vous avez avancé, M. le
député de Mont-Royal, ne me parait pas tout à fait vrai
parce que, dans le milieu où j'ai oeuvré, les profs veulent
collaborer avec le milieu, avec les parents.
M. Paquette: D'ailleurs, dans le débat sur la loi 71,
à Montréal, les centrales syndicales ont pris des positions
très claires dans des comités bipartites, tripartites, à
plusieurs occasions, j'en ai discuté même avec le président
de l'Alliance...
Mme Lavoie-Roux: La situation c'est qu'il y a beaucoup de bonnes
intentions et peu de réalisations. C'est le problème en
éducation.
M. Paquette: Oui, mais il faut aussi une volonté
politique.
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde est...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Mont-Royal est sûrement satisfait
des informations reçues. Le député de
Trois-Rivières.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Vaugeois: M. le Président, j'espère que ma
question va se situer dans le cadre de l'objet de la discussion sur la
décentralisation. Je me souviens qu'à l'époque on avait
envisagé une possibilité d'accréditation des écoles
élémentaires et secondaires. C'est je pense, une forme, de
décentralisation, mais assez poussée. Je voudrais savoir si cette
réflexion se poursuit au ministère de l'Éducation et si on
envisage éventuellement des processus d'évaluation des
écoles élémentaires et secondaires qui pourraient conduire
à une forme d'accréditation. Évidemment, ceci indique,
à ce moment-là, une très large autonomie de
fonctionnement.
M. Morin (Sauvé): La réponse, monsieur, c'est oui,
nous voulons fonctionner, si j'ai bien saisi la question, selon trois plans qui
seraient soumis par la commission scolaire, chaque année: un plan qui
porte sur les ressources matérielles; un plan portant sur les ressources
humaines et enfin, aussi, le plan des politiques éducatives, ce qui
couvre pas mal tout le champ des préoccupations des commissions
scolaires. Est-ce que j'ai bien saisi la question du député? J'ai
pensé que c'était une allusion à ces trois plans, mais je
n'en suis pas sûr.
M. Vaugeois: Effectivement, vous avez là trois domaines
d'évaluation qui peuvent conduire à une accréditation,
mais l'accréditation supposerait, à partir du moment où on
la reconnaît, une autonomie d'agir qui peut être extrêmement
poussée et qui pourrait nous rapprocher un peu de ce que deviennent en
pratique certaines écoles privées, c'est-à-dire
qu'à partir du moment où elles rencontrent un certain nombre de
conditions, elles ont...
M. Morin (Sauvé): Oui, je vois ce à quoi le
député fait allusion. Il pense sans doute à la
façon,
par exemple, de fonctionner de certains États américains
où l'école est accréditée après avoir
présenté un certain nombre de projets. Nous n'en sommes pas tout
à fait là. J'imagine qu'il faut d'abord le faire au niveau de la
commission scolaire et que si nos projets de décentralisation
jusqu'à l'école réussissent, si on arrive vraiment
à mettre ensemble, au niveau de l'école, non seulement la
direction, mais les enseignants et les parents, on pourrait en venir à
un système comme celui-là, ultérieurement. Mais nous avons
des étapes importantes à franchir pour en arriver à
cela.
On peut cependant, et je serais heureux que le député
s'étende sur cette question, songer éventuellement à des
objectifs de cette nature.
Le Président (M. Clair): Avant de passer à un autre
sujet avec le député de L'Acadie, le député de
Viau, le député de Rosemont.
M. Lefebvre: Dans cette décentralisation au niveau de
l'école, il reste une grande différence d'une école
à l'autre, principalement dans le cadre de la discipline ou de la
spécialisation. Avez-vous l'intention de donner pleine liberté
aux parents de choisir l'école à l'intérieur d'une
régionale?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire, est-ce que les parents
pourraient, au sein d'une même commission scolaire...
M. Lefebvre: ... choisir l'école de leur choix?
M. Morin (Sauvé): Évidemment, il y a
déjà des expériences de ce genre en cours, notamment
à Montréal. Le ministère, de concert avec la commission
scolaire, y a mis en place des écoles très typiques, très
particulières, soit quant aux programmes, soit quant au genre de
discipline qui y règne. L'idéal serait d'en venir un jour
à ce que chaque école soit bien typique et représente
vraiment le milieu dans lequel elle oeuvre. Je trouve les expériences
non seulement passionnantes, mais je pense qu'elles sont très
réussies pour la plupart. J'ai rencontré quelques-uns des
responsables de ces expériences. Si on pouvait, grâce à nos
projets de réinsertion de l'école dans le milieu, amener les
parents à participer vraiment à la définition du
caractère de chaque école, à la limite, il ne serait
même plus nécessaire de faire trop circuler les enfants à
travers une région, puisque, dans le quartier, les parents trouveraient
l'école qui reflète les besoins du quartier.
Mais il faudra sans doute aussi développer l'idée que
certaines écoles doivent être encore plus
spécialisées que d'autres. Je pense par exemple à des
expériences qui se font dans le domaine musical où vraiment, on a
affaire à une clientèle beaucoup plus spéciale. Est-ce que
ça répond à votre question ou si vous voulez quelque chose
de plus précis encore?
M. Lefebvre: Juste un cas particulier. À Montréal,
il y a deux grosses polyvalentes à moins d'un mille l'une de l'autre.
Actuellement, les gens ne peuvent pas aller d'une école à
l'autre. Pourtant, le cadre disciplinaire est très différent.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, je me suis fait
entretenir de ces problèmes lorsque je me trouvais dans la région
de Montréal, il y a quelques semaines. Le problème, c'est que ce
sont déjà de grosses polyvalentes et que les listes d'attente
pour y entrer sont également considérables. Il y a un
problème de places et, bien sûr, vous n'allez pas nous recommander
d'agrandir encore ces polyvalentes pour qu'elles deviennent encore plus
pléthoriques qu'elles ne le sont. C'est simplement un problème de
place-élève.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont. Et dans le but de nous faire violence pour étudier le plus
grand nombre possible de sujets, ce sera la dernière intervention sur la
décentralisation. Nous passerons ensuite à un autre sujet avec le
député de L'Acadie.
M. Paquette: Je serai bref, M. le Président, c'est pour
mettre la question de la décentralisation en relation avec
l'évaluation des étudiants. Je pense que... Pardon?
M. Ciaccia: ... venez-vous en du côté de
l'opposition, on va vous faire poser toutes les questions.
Mme Lavoie-Roux: L'évaluation touche toute la question
pédagogique. Enfin, c'est au président à décider,
mais c'est comme ça.
M. Paquette: Écoutez, ça dépend si vous
voulez faire une décentralisation pour donner plus de pouvoirs aux gens
des différents paliers ou si vous voulez que cela paraisse dans la
classe, si vous voulez que cela ait un effet dans la classe? C'est une question
importante.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre, dans son
exposé, nous a dit qu'il pensait je ne sais pas où sont
mes notes à des évaluations opérationnelles des
commissions scolaires, sectorielles des écoles, des classes, de
l'enseignement. Ce sont toutes des choses qui ont été couvertes.
C'est qu'on ne passera jamais à autre chose.
M. Paquette: Est-ce que le ministère songe à abolir
les examens communs provinciaux?
M. Morin (Sauvé): Non. Le ministère veut pouvoir,
au moins à certaines étapes du processus pédagogique, du
développement de chaque enfant, le ministère peut vouloir
vérifier, dans l'ensemble du Québec, où nous en sommes,
savoir si ces objectifs de formation ont été atteints.
Quelle doit être la fréquence de ces vérifications?
C'est une autre question. Mais je puis vous dire que si nous songeons à
la décentralisation de la gestion et même à la
décentralisation pédagogique, le ministère doit tout de
même s'assurer que certains standards minimaux soient
respectés
à travers tout le Québec. Si vous voulez, l'autre
côté de la médaille, par rapport à la...
M. Paquette: Je suis bien d'accord, mais on vient de parler de
modèles d'écoles différents, de possibilités
d'adaptation des programmes au niveau local. Cela devient assez anachronique de
faire un examen uniforme pour tout le monde. Il faudra donc adapter les modes
d'évaluation.
M. Morin (Sauvé): Assurément. Dans ces
cas-là, oui.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie sur le même sujet.
Financement des commissions scolaires
Mme Lavoie-Roux: C'est un sujet qui a été
abordé lors des questions générales hier, mais sur lequel
je n'ai pas eu l'occasion de poser de question, compte tenu de la façon
dont nous procédions. C'est celle du financement des commissions
scolaires.
Il règne passablement d'insécurité dans les
commissions scolaires sur ce que l'avenir leur réserve au plan du
financement. Il y a eu des déclarations de trois ministres; une qui
revenait, je pense, de plein droit au ministre de l'Éducation est
qu'hier, il a laissé entendre que, pour le moment, il considérait
l'impôt foncier...
Par contre, vous avez une déclaration du ministre des Affaires
municipales qui dit: Je me demande si les CLSC, et les commissions scolaires
locales ne devraient pas être des fonctions des municipalités
dûment assumées par le conseil et la population, ou même par
un conseil de quartier.
Il y a également le ministre d'État à
l'aménagement, M. Léonard, qui a parlé de remettre
possiblement aux conseils de comté des responsabilités. Je
voudrais, pour la population en général, que le ministre de
l'Éducation, qui demeure quand même le maître d'oeuvre de
tout ceci, essaie de nous situer sur ses intentions à cet
égard.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pensais avoir
déjà, à tout le moins partiellement, répondu
à cette question hier ou avant-hier...
M. Grenier: Vous avez deux ministres qui n'ont pas compris.
M. Morin (Sauvé): ...en expliquant que mes
collègues ont évoqué là des hypothèses, je
dirais des hypothèses à long terme. Du côté de
l'éducation, nous avons tendance à penser que nous avons des
réformes urgentes sur les bras, que nous devons décentraliser,
que nous devons faire en sorte que l'école soit au coeur du projet
éducatif, que cela constitue déjà des étapes
importantes à franchir et qu'avant d'aller vers des hypothèses
plus lointaines, on doit se pencher sur nos problèmes
immédiats.
Je ne voudrais pas empêcher mes collègues, loin de
là, de mettre en circulation des idées, pour qu'elles soient
débattues. Nous recherchons la meilleure façon de gérer le
système scolaire. C'était, je puis le dire à Mme le
député, l'intention de mes collègues de lancer des
idées pour fins de discussion. Vous avez dû noter qu'ils
n'annonçaient pas des politiques. Si vous ne l'aviez pas noté, je
puis vous assurer qu'ils n'annonçaient pas des politiques.
Cependant, c'est dans un gouvernement qui veut remettre de l'ordre dans
le désordre établi. Il faut qu'on se sente libre de lancer les
idées pour voir quel écho elles peuvent évoquer dans la
population, de sorte que je voudrais que mes collègues se sentent,
surtout le ministre d'État à l'aménagement qui a à
penser l'aménagement des "compétences" à tous les niveaux
à travers le Québec, à long terme, qu'ils se sentent
libres de dialoguer avec la population sur des sujets comme celui-là,
mais je réitère qu'à l'Éducation, nous avons des
projets déjà plus précis que ceux qu'on trouve
peut-être dans d'autres ministères. Nous sommes en marche vers la
décentralisation et il nous paraît que ces objectifs nous
suffisent pour l'instant. Si on peut déjà réussir la
décentralisation jusqu'à l'école, ce sera si
considérable et la situation sera déjà si
améliorée, si différente de ce qu'elle était que,
pour l'instant, on peut peut-être considérer que ce sont des
objectifs suffisants.
Mme Lavoie-Roux: Je peux penser que, du moins à court
terme, il n'est pas question d'abolir l'impôt foncier.
M. Morin (Sauvé): Les positions que j'ai prises
publiquement là-dessus sont les suivantes: On devrait, à tout le
moins, avant de s'aventurer dans des solutions comme celle-là, bien
réfléchir aux conséquences. Je ne dis pas qu'il faut
l'exclure totalement, parce que je voudrais vraiment que le débat soit
complet là-dessus, mais on doit réfléchir à
ceci.
Nous sommes sur le point de décentraliser, si je puis m'exprimer
ainsi, de la main gauche, de rendre aux commissions scolaires et aux
écoles certains pouvoirs de décision. Si nous devions, de la main
droite, supprimer l'impôt foncier scolaire qui est l'impôt qui
permet à une commission scolaire d'aller chercher ses dépenses
inadmissibles et d'être responsable devant la population locale de son
administration, si nous allions transformer, du moins substituer à
l'impôt foncier scolaire des revenus émanant de l'impôt sur
les profits des sociétés ou de l'impôt personnel, de
l'impôt sur le revenu personnel, alors, nous risquerions de recentraliser
ce que nous venons de décentraliser.
La centralisation fiscale est une forme de centralisation tout à
fait efficace, si on recherche effectivement la centralisation. Je n'en veux
pour exemple que la centralisation fiscale entre les mains du pouvoir
fédéral qui lui permet de centraliser bien d'autres choses que la
simple fiscalité, qui lui permet d'envahir des domaines qui ne
relèvent pas de sa compétence.
M. Alfred: ...l'immigration.
M. Morin (Sauvé): L'immigration, encore que là, il
puisse s'appuyer sur une compétence partagée, mais
l'éducation, en particulier, l'éducation...
M. Paquette: On va vous le chanter, vous ne comprenez pas quand
on vous le dit.
M. Morin (Sauvé): ...de sorte que je serais, le moins
qu'on puisse dire, en réponse à Mme le député de
L'Acadie, fort hésitant devant des perspectives, des mesures qui
m'amèneraient à recentraliser ce que je tente de
décentraliser.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser au ministre la question
suivante, parce que tout ceci est à l'étude au Conseil des
ministres: Est-ce qu'il peut assurer les membres de cette commission que, dans
l'hypothèse où l'impôt foncier serait retiré
progressivement et totalement aux commissions scolaires, il s'assurerait qu'on
puisse garantir quand même aux commissions scolaires une source de
financement autonome?
M. Morin (Sauvé): Si, pour une raison ou pour une autre,
l'impôt foncier scolaire venait à être aboli ou s'il venait
à être consolidé avec d'autres impôts, d'une
manière ou d'une autre, j'aurais pour souci, je puis l'assurer à
la commission, de faire en sorte que les commissions scolaires aient des
sources de revenu autonomes.
Autrement, on les priverait de tout pouvoir réel de
décision. Je puis vous assurer que c'est mon état d'esprit.
Mme Lavoie-Roux: Une autre question. Ce sont les
mécanismes de compensation qui sont présentement accordés
aux commissions scolaires, compte tenu de la chute de natalité qu'elles
subissent. J'y ai touché très brièvement hier ou
avant-hier, en mentionnant qu'il y avait présentement un
mécanisme qui ne semble pas satisfaisant pour le fonctionnement des
commissions scolaires, c'est celui qui est relié à une certaine
compensation davantage liée à l'équipement qu'aux services
pédagogiques. Elle est minime et elle ne dure que pour un an. C'est la
compensation de $80 à l'élémentaire, $150 au secondaire,
multipliée par la moitié du nombre de la diminution des
élèves. Elle ne vaut que pour un an. Chaque année, de plus
en plus, et compte tenu que cette diminution va en se perpétuant et
crée finalement une diminution de qualité de services pour les
commissions scolaires, sans compter les problèmes journaliers auxquels
elles peuvent être confrontées et, d'ailleurs, qui peuvent
confronter d'autres organismes publics également, est-ce que le
ministère de l'Éducation entend réviser ce
mécanisme compensatoire qui n'apparaît vraiment pas
satisfaisant?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, nous sommes
conscients des difficultés des formules actuelles de financement. Nous
avons d'ailleurs rencontré plusieurs commissions scolaires qui nous ont
fait part de doléances à ce sujet. Je dois cependant vous dire
que nous songeons, dans le ca- dre du livre vert, à de nouvelles
formules de financement justement pour tenter de résoudre certains des
problèmes auxquels vous venez de faire allusion. Voulez-vous ajouter
quelque chose?
Essentiellement, la visée de la nouvelle formule, c'est de faire
participer le milieu à la dépense de la commission, compte tenu
de l'indice de richesse du milieu même et des particularités
auxquelles elle doit faire face, en particulier celle que vous soulevez, celle
de la diminution de la clientèle. Il y a, bien sûr, un certain
nombre de dépenses fixes qui demeurent quand même, tels que les
locaux sous-utilisés ou autres, auxquelles les commissions scolaires
devront faire face quand même. La nouvelle formule de financement va
cependant permettre une négociation budgétaire entre chaque
commission scolaire, tenant compte des particularités qui peuvent se
présenter, que ce soient les commissions scolaires en croissance, en
stabilité ou en décroissance, c'est très variable. Les
règles budgétaires actuelles, parce qu'elles sont des normes
applicables universellement à toutes, ne peuvent pas tenir compte de ces
situations comme telles. Il nous semble que c'est la négociation du
budget avec chacune des commissions scolaires qui permettrait de tenir compte
de ces particularités.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je veux bien croire aux bonnes
intentions du sous-ministre, mais j'espère qu'il ne m'en voudra pas
d'être un tout petit peu sceptique. Depuis déjà six ou sept
ans, on a demandé de réexaminer simplement un aspect du
financement qui concernait l'état de vieillissement des
équipements. À ma connaissance, on n'a pas encore trouvé
de formule. Celle qu'il prône me semble encore beaucoup plus complexe,
puisqu'on doit évaluer la richesse relative de chaque communauté,
si, une fois de plus, on se réfère à l'île de
Montréal, ou si c'est un grand ensemble. Je vois que l'opération
pourrait être très complexe.
Alors, est-ce qu'on peut espérer que, cette fois-ci, cela portera
plus de fruits que par le passé? Non pas qu'on n'ait pas eu de bonne
volonté, mais les résultats n'ont pas été probants,
je regrette de le dire.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, nous avons
l'intention, dans le courant de l'automne, de procéder, à travers
toutes les régions du Québec, à une simulation de ces
nouvelles formules, pour voir ce qu'elles donnent. Vous ne pouvez pas nier que
c'est là un effort pour se mettre à la portée des
problèmes, très différents, qu'on trouve d'une
région à l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, j'admets que vous
puissiez, à la lumière de votre expérience personnelle,
faire preuve de quelque scepticisme, mais nous allons vraiment tenter de
trouver des formules plus souples, plus réalistes aussi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est tout ce que j'ai à poser sur
le financement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement. Le ministre nous dit qu'il voit une
autre façon de financer les commissions scolaires localement et
d'enlever l'imposition foncière qui existe actuellement. Il ne faudrait
pas, pour reprendre...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit ça, M. le
député.
M. Grenier: Vous étudiez la possibilité, c'est
ça?
M. Morin (Sauvé): Non. Certains de mes collègues
ont évoqué, comme hypothèse...
M. Grenier: Et le programme du Parti québécois.
M. Morin (Sauvé): ... ont lancé l'idée qu'on
pourrait transformer la question de l'impôt foncier. Mais, en ce qui me
concerne, je n'ai pas fait allusion à cette possibilité.
M. Grenier: Parce que, si on s'en tient à ça, et
certains de vos collègues et le programme du parti en parlaient, je
pense qu'il ne faudrait pas, pour reprendre l'expression du ministre, tout
à l'heure, reprendre d'une main ce qu'on va donner de l'autre ou donner
d'une main ce qu'on va enlever de l'autre. J'aimerais bien qu'on ait
peut-être un peu d'éclairage sur ces nouveaux moyens qu'on
envisage pour que les commissions scolaires gardent leur autorité tout
en se trouvant localement des moyens de financement. Parce que, comme vous
l'avez dit tout à l'heure, je pense bien que l'autorité locale
est diminuée quand on n'a plus de possibilités
financières.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je voudrais bien être
sûr de comprendre votre question. Vous me demandez, en somme: si
l'impôt foncier scolaire n'existait plus, y aurait-il d'autres sources de
taxation locale?
M. Grenier: Locale.
M. Morin (Sauvé): II y aurait toujours la taxe de vente,
mais...
M. Grenier: Mais c'est votre intention de redonner possiblement
aux localités, aux commissions scolaires le moyen de percevoir
elles-mêmes leurs sources de financement.
M. Morin (Sauvé): Dans mes intentions actuelles, pour peu
que le gouvernement me donne raison, pour peu que le congrès du parti en
décide de cette façon également, puisqu'il ne faut pas
perdre de vue que le nombre d'intervenants est considérable, dans mes
intentions actuelles, l'impôt foncier demeurera jusqu'à ce qu'on
ait trouvé quelque chose de plus efficace. Dans mon esprit, à
l'heure actuelle, il est loin d'être prouvé qu'on ait
trouvé une solution plus réaliste et efficace que celle-là
et qui permette c'est surtout ça qui est important
à la démocratie scolaire d'être réelle, je veux
dire, aux commissaires de répondre de leurs actes devant ceux qui paient
les taxes, devant les contribuables. C'est ça, la démocratie
scolaire.
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Clair): Sur le financement, j'ai sur ma
liste les députés de Trois-Rivières, de Papineau, de
Rosemont et de Bourassa. Je vous invite à être brefs et à
parler directement du sujet.
M. Vaugeois: Ma question touche l'argent, mais pas
nécessairement le financement. Je vous demande un peu d'indulgence. Je
tiens ma question des "Notes explicatives du budget, à la page 17. On y
indique que, dans le cadre des priorités gouvernementales, un montant de
$6,6 millions a été accordé pour l'enseignement
élémentaire et secondaire. On note un montant de $3 millions dans
une direction et un $0,2 million pour la révision des programmes
d'histoire et de géographie à l'élémentaire et la
préparation d'un cours intégré d'histoire et de
géographie nationales au secondaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Trois-Rivières, je pense que cela ne touche pas directement le
financement des commissions scolaires. C'est le sujet sur la table,
actuellement.
M. Vaugeois: Vous procédez dans un ordre que je ne
comprends pas et je n'appartiens pas à cette commission. Je voudrais
poser cette question et j'y attache beaucoup d'importance. Si vous voulez
m'indiquer à quel moment vous aborderez un propos qui me permettra de
poser cette question, je veux bien y revenir.
Le Président (M. Clair): Cela sera sûrement à
l'intérieur du bloc 1. Actuellement, le sujet en discussion est le
financement des commissions scolaires et dans le but d'avoir des débats
les plus serrés possible, j'apprécierais que vous reveniez avec
votre question.
M. Vaugeois: Pouvez-vous m'indiquer à quel moment cette
question pourrait devenir pertinente?
Le Président (M. Clair): Je ne peux pas vous indiquer le
moment où elle deviendra pertinente. Cependant, si vous assistez
à nos délibérations, à nos travaux, vous serez
sûrement en mesure de constater à quel moment elle le
deviendra.
M. Vaugeois: Je ne suis pas membre de cette commission et vous
m'avez dit, tout à l'heure, que
nous pouvions intervenir, que nous avions tous les droits
d'intervenir.
Le Président (M. Clair): Oui. Vous avez tous le droit
d'intervenir, mais actuellement, nous avons un sujet sur la table.
M. Vaugeois: Je vous demande simplement de m'indiquer l'ordre que
vous allez suivre à partir de maintenant.
Mme Lavoie-Roux: On va aller "luncher" bientôt!
M. Morin (Sauvé): Peut-on convenir que l'initiative des
questions, comme vous l'avez dit, je crois, appartient d'abord à
l'Opposition et que c'est à elle d'amener un certain nombre de
questions, par exemple, sur l'enseignement de l'histoire et de la
géographie. Je pense bien qu'elle le fera tôt ou tard et à
ce moment, le député pourra, certainement, mettre son grain de
sel dans la discussion. Si l'Opposition ne soulève pas cette question,
avec l'approbation du bloc enseignement élémentaire et
secondaire, à ce moment, les députés ministériels,
qui auront accumulé toutes ces frustrations pendant le débat,
pourront donner libre cours à leurs questions.
M. Vaugeois: Les frustrations sont de courte durée. Je
vais me concerter avec l'Opposition.
Le Président (M. Clair): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Mon sujet prendra peut-être dix bonnes minutes
avec l'indulgence, bien sûr, de l'Opposition. Je suis sûr qu'elle
acceptera cela. Donc, je préférerais terminer le débat
maintenant pour le reprendre après le lunch, si j'ai le consentement des
membres de la commission.
Le Président (M. Clair): Vous demandez la
suspension...?
M. Alfred: La suspension des travaux.
Mme Lavoie-Roux: Puis-je faire une sugges- tion? Je n'ai pas
d'objection, en principe, à ce que le député de Papineau
demande, mais si la question des deux autres membres touchait directement le
financement et n'était pas longue, on pourrait continuer jusqu'à
13 heures, quitte à reprendre avec le député de
Papineau.
M. Alfred: Les membres de la commission accepteraient-ils qu'au
début je situe la question parce que, pour avoir une décision
éclairée de la part du ministre, il faut qu'il y ait des
préambules. Vous allez me faire le plaisir d'accepter.
M. Morin (Sauvé): Si c'est le financement de l'Outaouais
que le député a dans l'esprit...
M. Alfred: ...ce n'est pas...
M. Morin (Sauvé): ...alors, on pourrait lui donner la
priorité à la reprise de la séance plus tard et
j'essaierai de répondre de mon mieux.
Le Président (M. Clair): Nous l'entendrons en
priorité à la reprise et je pense cependant qu'il y aurait
peut-être lieu de suspendre immédiatement le débat,
étant donné que nous sommes jeudi et qu'il y a un caucus des
députés ministériels à 13 heures. Je l'avais
oublié.
Mme Lavoie-Roux: On s'oppose!
Le Président (M. Clair): S'il y a consentement unanime,
nous pourrions suspendre immédiatement.
Mme Lavoie-Roux: Faites ce que vous voulez, je veux simplement
vous aider, M. le Président. Si vous pensez que nous ne retardons rien,
c'est à votre goût.
M. Grenier: Pour collaborer...
Le Président (M. Clair): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à cet après-midi 16 heures ou après la
période des questions suivant la plus rapprochée des deux
échéances.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Clair): À l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications se réunit pour continuer l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation.
Les membres de la commission, pour la présente séance, sont: MM.
Alfred (Papineau), Bertrand (Vanier), Bisaillon (Sainte-Marie), Brochu
(Richmond), Charron (Saint-Jacques), Chevrette (Joliette-Montcalm), Ciaccia
(Mont-Royal), Goldbloom (D'Arcy McGee), Guay (Taschereau), Laplante (Bourassa),
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Le Moignan (Gaspé),
Marchand (Laurier), Morin (Sauvé), O'Neill (Chauveau), Paquette
(Rosemont), Samson (Rouyn-Noranda).
Au moment où nous avons suspendu nos travaux ce midi, nous en
étions à discuter du financement des commissions scolaires dans
le cadre de l'étude du bloc 1 portant sur l'élémentaire et
le secondaire publics.
Le député de Papineau avait demandé la parole. M.
le député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre, mais, avant de poser la question, il faut bien situer le
problème. Il s'agit de $13 millions que doivent payer les sept
commissions scolaires de l'Outaouais québécois. Je vais parler
plutôt de deux commissions scolaires locales qui font partie de ces sept
commissions scolaires qui doivent ces $13 millions. Ces deux commissions
scolaires locales sont celle de Gatineau et celle de Champlain, les deux
forment la grande ville de Gatineau.
Je vais parler surtout pour ces deux commissions scolaires qui se
trouvent dans mon comté et qui m'ont élu le 15 novembre dernier.
Je vais dire pourquoi les contribuables de ces deux commissions scolaires
locales ne peuvent pas faire face à cette taxe qui, malheureusement,
perdure et s'accumule depuis 1972. Tout d'abord, M. le Président, je
comprends les commissaires, qui n'ont pas voulu taxer les contribuables de ces
deux commissions scolaires locales de la grande ville de Gatineau. Il y a la
situation géographique de ces deux commissions scolaires, qui porte les
maisons à un prix exorbitant, ce serait inabordable pour eux de payer
ces taxes. De plus, ces contribuables ont eu la malchance de subir pendant
nombre d'années deux dominations, celle du fédéral et
celle de l'ex-ministre de la Fonction publique et ex-député de
Hull.
Parlons de la deuxième domination. Ce député ne
travaillait que pour lui et un peu pour la ville de Hull, le comté de
Hull, et il a oublié, par le fait même, les villes environnantes.
Cet ex-ministre a forcé le regroupement de la ville de Gatineau le 1er
janvier 1975. En faisant ce regroupement, cette ville de Gatineau devient la
plus grande ville de l'Outaouais québécois, avec une population
de 75 000 habitants et une superficie de 104 milles carrés.
Ce regroupement n'ayant pas été planifié place la
ville de Gatineau dans une situation financière catastrophique, les
taxes municipales étant les plus élevées au Québec.
Par exemple, le propriétaire d'une petite maison de $13 525
d'évaluation paie, en moyenne, $1100 de taxes municipales en plus des
taxes scolaires.
Aussi, si vous passez dans la ville de Gatineau, il y a tant de maisons
à vendre qu'on pourrait qualifier cette ville de "ville à
vendre". Donc, je ne vois pas comment la population de la ville de Gatineau
pourrait payer ses taxes scolaires dues depuis 1972. Cependant, je dois dire
que cette ville de Gatineau n'ayant pas d'infrastructure, n'ayant rien en soins
hospitaliers, a eu la malchance, en 1975, d'élire un maire qui
n'était pas de couleur rouge.
Donc, vu cette situation catastrophique, vu l'incapacité de la
population de la commission scolaire Champlain et celle de Gatineau de pouvoir
faire face à cette taxe qui va normalement tomber sur elle, je me pose
bien des questions pour savoir comment le ministre de l'Éducation va
pouvoir trouver un moyen pour résoudre ce problème, qui est
réellement complexe, j'en conviens. Qui doit assumer les frais? Sont-ce
les commissaires d'écoles qui n'ont pas taxé en 1972, en 1973 et
j'en passe? Ou est-ce les petits contribuables qui ne pourront plus faire face
à cette taxe?
Ma question est simple et la réponse sera complexe. Devant cette
situation ci-dessus décrite et devant, sûrement,
l'incapacité de payer des Gatinois, qu'est-ce que le ministre de
l'Éducation entend faire pour essayer de résoudre un
problème que je crois insoluble?
Le Président (M. Clair): Le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Le problème n'est pas totalement
insoluble, M. le Président, mais je conviendrai avec le
député de Papineau qu'il est fort délicat et complexe.
Tout d'abord, pour bien le comprendre, il faut sûrement le situer dans un
contexte plus vaste que la seule région où sévit ce
problème, c'est-à-dire dans le contexte québécois,
puisque, depuis quelques années, le ministère a entrepris, pour
des fins de justice distributive et pour que le fardeau fiscal soit le
même au plan scolaire pour tous les Québécois, de placer
les évaluations des diverses commissions scolaires sur une base
égale et réelle, égale entre elles, réelle par
rapport à la valeur marchande des immeubles qui sont assujettis à
la taxe foncière.
Or, depuis 1972-1973, les commissaires de la Commission scolaire
régionale de l'Outaouais n'ont pas suivi les directives du
ministère de l'Éducation et ont décidé, pour des
raisons qui leur appartiennent, de ne pas taxer comme le reste du
Québec. La commission scolaire locale constituante de cette CSRO a
décidé, en 1972-1973, d'homologuer les rôles
d'évaluation de la Communauté urbaine de l'Outaouais en
déclarant que ce rôle était uniforme sur tout le
territoire.
C'est assez exact, ce rôle avait une certaine uniformité,
mais il reste à savoir s'il reflétait la valeur réelle des
immeubles.
Le ministère de son côté, selon les règles
contenues dans le guide d'uniformisation des rôles, a soutenu, depuis
cette époque, que ce rôle n'était pas à la valeur
réelle, et le ministère a soutenu que les valeurs imposables
auraient dû être plus élevées, pour qu'on puisse dire
que les gens de l'Outaouais faisaient leur part, une part égale à
celle que font les autres Québécois pour le paiement de leurs
écoles.
Cette situation qui a donc débuté en 1972 s'est
perpétuée en 1973-1974 et l'année suivante
également. Pour ces trois années scolaires, les commissions
scolaires affirment, bien sûr, qu'elles ont respecté l'article 373
de la Loi de l'Instruction publique, laquelle nous disait, à cette
époque, que la propriété devait être
évaluée sur une base égale. Voyant que cela pouvait
prêter à confusion, le ministère a pris l'initiative de
faire modifier cet article de la loi cela en 1975, si ma mémoire
est bonne dans le but de clarifier la situation et d'indiquer que si les
commissaires constatent que les propriétés, en vertu des dix
rôles, sont évaluées à leur valeur réelle
nous avons substitué le mot "réelle" au mot "égale"
alors, ils doivent homologuer ce ou ces rôles d'évaluation
selon le cas ou les parties qui les concernent. En dépit de cette
modification de la loi qui ne laisse guère d'incertitude quant à
la volonté du législateur et à la volonté du
gouvernement, les commissions scolaires ont maintenu leur pratique, elles ont
maintenu leur attitude de sorte que, bien sûr, l'écart est
allé s'élargissant et elles ont, de la sorte, accumulé un
manque à gagner, un manque à percevoir considérable qui
atteint, je crois, un peu plus de $18 millions, à l'heure
actuelle...
M. Alfred: $13 millions.
M. Morin (Sauvé): $13 millions, je m'excuse. C'est $13
millions, dont $5,5 millions pour Champlain et Gatineau, et $5 742 000 et
quelques dollars pour la ville de Hull. Donc, rien que dans Hull et
Champlain-Gatineau, on trouve la majeure partie de ce manque à percevoir
accumulé. Pour la période de 1972 à 1977, devant ce
problème, le ministère a demandé que l'on fasse faire une
étude par une société, une firme d'évaluateurs
spécialisés, d'évaluateurs professionnels, afin
d'établir des rôles à la valeur réelle pour chacune
des années de taxation et pour chaque commission scolaire. Selon ces
études, nous sommes donc arrivés à ce chiffre de $13
millions... un instant, $13 888 237.
En plus de cette récupération, les contribuables,
d'après le rapport, verraient leur évaluation augmenter
subitement pour atteindre la valeur imposable réelle qu'ils auraient
dû avoir.
Bon! Voilà les faits à partir desquels nous allons devoir
trouver des solutions; parce qu'effectivement, pour les contribuables de ces
villes, de ces commissions scolaires, ce sont des problèmes très
graves. Pour les années 1972 à 1975, pour ces trois
années, les commissions scolaires pourraient toujours argumenter que le
ministère a été lent à réagir et qu'il n'a
pas fait beaucoup d'efforts pour trouver une solution au problème.
J'entends le problème de la valeur égale par rapport à la
valeur réelle. Mais le ministère estime, de son
côté, qu'il était du devoir des commissions scolaires de se
conformer au guide qu'elles connaissaient fort bien. De l'avis du
ministère je dois le dire au député de Papineau, il
devra sans doute s'en expliquer, lui aussi, auprès de ses commissions
scolaires et de la commission régionale celles-ci connaissaient
fort bien leurs obligations. Elles ont choisi, pour des motifs que je n'ai pas
à analyser le député les connaît probablement
mieux que moi de s'aligner sur l'évaluation qui avait
été faite par la communauté régionale, mais, ce
faisant, elles ne se conformaient pas, de l'avis du ministère, à
la loi.
Cela étant, vers quel genre de solution pouvons-nous nous
diriger? On peut peut-être songer à du rattrapage. On peut
peut-être jeter un coup d'oeil sur le manque à percevoir de chaque
commission scolaire. Le député a mentionné Champlain et
Gatineau, d'une part. Je lui ai mentionné le montant qui est applicable
à la ville de Hull. Il reste également Aylmer pour $2 593 000. Je
donne les montants approximatifs. Il y aura également Pontiac, avec $13
988 et Portage-du-Fort avec $93 946. Ce sont évidemment des montants
beaucoup moindres.
Comment pourrait-on arriver à effacer ce manque à
percevoir? Il est évident qu'on ne peut pas exiger que ces commissions
scolaires perçoivent le manque à gagner sur un an. Ce n'est pas
possible. Il faut plutôt songer à des solutions de
récupération s'étalant dans le temps, trois ans, quatre
ans, cinq ans peut-être, ce qui rend la chose beaucoup plus raisonnable
sur le plan des sommes d'argent qui devraient être versées par les
contribuables.
Par exemple, je me permets de vous donner quelques
particularités. Pour l'Outaouais-Hull, avec des revenus de $5 604 587 en
1976-1977, si nous ajoutons un solde à percevoir de $5 742 421, il est
évident que le taux normalisé va se trouver doublé
littéralement et on va devoir passer de $1 il doit être de
$1 chez vous, plus les inadmissibles; il est de combien actuellement chez vous?
$1 ou $1.05?
M. Alfred: $1.22. C'est assez fort.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, on devrait
ajouter, si on récupérait sur une année, $1.02 à ce
taux normalisé, ce qui évidemment, est énorme. Cela
doublerait, littéralement, ou presque, la taxe perçue par la
commission scolaire. Mais si on l'étale sur cinq ans, cela ne fait plus
que $0.20 par année.
M. Alfred: ... des solutions.
M. Morin (Sauvé): II y a des solutions, et je dois dire
que le ministère est prêt à faire preuve
d'une certaine souplesse. Plus de cinq ans, cela me paraîtrait
déraisonnable. Etalé sur cinq ans, je pense qu'on peut envisager
des solutions de cet ordre. Laissez-moi vous donner maintenant l'exemple de
Champlain et de Gatineau.
Dans le cas de Champlain, avec des revenus de $2182 177 en 1976-1977, si
nous allions leur demander de percevoir les $2 338 000 et quelques dollars
à pourvoir en une année, cela aurait pour effet,
littéralement, là aussi, de doubler le taux, ce qui est...
M. Alfred: Cela n'a pas de sens.
M. Morin (Sauvé):... déraisonnable, mais si on
l'étale sur cinq ans, cela fait $0.21 à ajouter au taux
normalisé. Pour Gatineau, c'est un peu plus fort. Cela fait $0.24 sur
cinq ans.
Je voudrais attirer l'attention du député sur ce point. Si
les commissions scolaires persistent à ne pas respecter le guide, pour
des raisons qui sont les leurs, si elles persistent à taxer sur la base
du rôle de la CRO, l'écart va aller grandissant, va aller
croissant, et le rattrapage d'année en année va être de
plus en plus difficile, voire même quasi impossible. Je pense que nous
sommes à la limite en ce moment. Il faudrait que des décisions
soient prises, ma foi, avant le 1er juin, qui est la date à laquelle les
taux doivent être fixés. Donc, s'il m'était permis de
donner un conseil au député de Papineau et à...
M. Alfred: Je suis ouvert à vos conseils, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... tous les députés de
cette région, je leur dirais de faire comprendre aux commissions
scolaires en question et à la commission scolaire régionale que
cette attitude ne peut pas durer. Le problème va aller vraiment en
s'empoisonnant davantage. Mais d'un autre côté, nous sommes
prêts à faciliter la transition et un retour à ce que
j'appellerais la normale. Vous me soulignez avec pertinence que
l'évaluation municipale à Gatineau et à Hull est
considérable.
M. Alfred: C'est surtout à Gatineau, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, certains ont qualifié cela
d'invasion de fonctionnaires fédéraux, de personnes qui
travaillent dans l'Ontario et qui se logent...
M. Alfred: C'est-à-dire qu'on est passé rapidement
à une superville de 75 000 habitants. Il n'y a rien pour financer, bien
sûr, la municipalité. Les contribuables paient jusqu'à 80%
des taxes de la gestion de la ville. Donc, maintenant, si vous passez dans la
ville de Gatineau, il y a tellement de maisons à vendre, non pas parce
que les maisons sont trop chères, mais parce que les taxes sont trop
élevées, les contribuables n'ayant pas assez de sous, ils sont
incapables d'y faire face. Si l'on tombe sur eux avec une masse de $5 millions
à payer tout de suite... Heureusement d'ailleurs que vous pensez
à trouver des moyens intéressants, ce que l'ancien gouvernement
n'a pas fait, donc nous avons sur les bras, encore, des choses qui n'ont pas
été faites.
M. Morin (Sauvé): C'est une situation qu'on a
laissé pourrir.
M. Alfred: À ce moment-là nous sommes pris avec
cette situation. Il faut que j'explique cela à une population qui est
déjà surtaxée. Ce sont encore d'autres pots qui ont
été cassés que nous allons réparer.
M. Morin (Sauvé): Je suis prêt à admettre une
chose pour les fins de la discussion, c'est que, jusqu'à ce que le
gouvernement modifie la loi clairement et indique qu'il s'agissait de la valeur
réelle et non pas de la valeur égale, on peut toujours argumenter
que la loi n'était pas parfaitement claire, je le reconnais. Mais,
depuis 1975, il n'y a vraiment aucune raison de voir les commissaires ne pas
appliquer la loi. Bien sûr, les évaluations sont fortes, mais la
valeur marchande est forte également. Sauf que, maintenant, il y a
peut-être beaucoup de maisons en vente pour toutes sortes de raisons,
mais le fait...
M. Alfred: Quand ce sont des Québécois qui s'en
vont... Il n'y a pas d'évasion en Ontario, parce que les
Québécois sont fiers d'être Québécois, ils
vont rester chez eux.
M. Morin (Sauvé): M. le député...
M. Alfred: C'est-à-dire à la campagne, très
loin, québécoise...
M. Morin (Sauvé): II ne voulait pas dire Gaspé, M.
le député...
M. Le Moignan: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Gaspé est une ville.
M. Le Moignan: M. le ministre, si vous permettez, le
député de Papineau a mentionné que, depuis le 15 novembre,
il semblait y avoir incertitude et panique...
M. Alfred: Non, vous venez d'arriver...
M. Le Moignan: Est-ce que c'est son arrivée sur la
scène politique qui aurait créé ça?
M. Alfred: ... j'ai dit la population qui m'a élu le 15
novembre, que je dois représenter.
M. Le Moignan: C'est parce que j'ai mal compris, j'ai
pensé que la panique était installée depuis le 16
novembre.
M. Alfred: Vous avez peut-être l'esprit mal tourné,
vous êtes peut-être paniqué vous-même.
M. Le Moignan: Non, je ne suis pas paniqué.
Mme Lavoie-Roux: II fait ça avec beaucoup de
compétence, le député de Papineau.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Papineau a fini son intervention?
M. Alfred: Les réponses du ministre me permettent de
répondre à mes contribuables.
M. Morin (Sauvé): J'ajouterai simplement ceci, M. le
Président. Nous sommes prêts à discuter autour d'une table,
non seulement avec le député, bien sûr, les
députés de la région, mais avec la commission scolaire
régionale, les commissions scolaires concernées, nous sommes
prêts à les aider à percevoir ce manque à gagner.
Nous allons mettre de la souplesse, mais il y a des principes qu'on ne saurait
abandonner qu'en entraînant des répercussions à travers
tout le Québec. Si toutes les commissions scolaires devaient se
comporter de la même façon, alors, à travers tout le
Québec, ce serait vraiment la pagaille. Je dois le dire au
député.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, c'est une question
d'information qui a trait au financement. Je voudrais qu'on m'explique
pourquoi, quand on autorise une commission scolaire à pourvoir une
école d'une piscine, tout le temps ou dans certains cas, pourquoi
dis-je, on demande à la municipalité de financer la construction
de ladite piscine? C'est un cas précis, je voudrais savoir le pourquoi
de la chose.
M. Morin (Sauvé): C'est une politique qui date
déjà d'il y a quelque temps. Je ne sais pas si c'est le sens
exact de votre question, mais vous savez que le gouvernement actuel a le souci
de rentabiliser au maximum les équipements sportifs. Nous voulons en
particulier que les piscines ou les gymnases, lorsqu'ils sont à la
disposition d'une école, puissent également être
utilisés pour fins municipales, pour fins de loisir, pour fins du sport,
non pas seulement par les élèves, mais aussi par la population.
De sorte que, chaque fois que nous pourrons trouver des arrangements avec les
municipalités pour construire des équipements qui serviraient
à la fois du côté municipal et du côté
scolaire, nous allons, évidemment, encourager ce genre de
coopération.
À l'heure actuelle, il y a trop d'écoles qui refusent de
mettre leur équipement sportif au service de la population et il y a
aussi, dans certains cas, des municipalités qui refusent de mettre leur
équipement au service des écoles, de sorte qu'on est amené
à dédoubler les services, ce qui, vous l'avouerez, dans la
perspective financière actuelle du Québec, est plutôt
fâcheux.
M. Vaugeois: Est-ce que c'est la seule raison?
Je vais vous aider en précisant mon cas très
rapidement.
M. Morin (Sauvé): Je sentais bien qu'il y avait un cas
particulier.
M. Vaugeois: Oui, un cas particulier, une piscine demandée
pour l'Académie de la Salle, à Trois-Rivières. Le
ministère de l'Éducation envisage d'allouer un montant de $767
000, le Haut-Commissariat vient à la rescousse avec $200 000 pour
l'allonger un petit peu et la ville doit financer une participation qui est
évaluée à peu près à $200 000.
L'hypothèse que je fais, c'est qu'on veut être certain que
l'équipement de la piscine servira à tous les citoyens. Vous me
répondez que c'est un peu le sens de votre préoccupation. Je
constate actuellement la ville ne peut pas financer ou ne veut pas
financer qu'on est prêt à laisser faire la commission
scolaire, à la condition qu'elle reste en deçà de ce
montant de $767 000.
Je me permets de terminer. J'ai demandé aux institutions de mon
milieu, qui comprend l'université, le cégep et la ville de
Trois-Rivières, sous la houppette du Haut-Commissariat, de mettre en
commun les équipements sportifs du milieu triflu-vien. Je pense qu'il y
a d'autres façons d'arriver à une mise en commun des
équipements sportifs que celle de la participation au financement d'un
corps par un autre corps.
Actuellement, le milieu reçoit bien cette idée d'un groupe
permanent pour la mise en commun des équipements sportifs. Si c'est la
préoccupation du ministère, j'ai tout de suite une solution
à ce problème et j'ai donc une façon d'assurer
l'accessibilité d'une installation sportive pour le bien
général de la population.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je
m'intéresse beaucoup à cela. Je crois savoir qu'il était
aussi question de la dimension de la piscine.
M. Vaugeois: Oui.
M. Morin (Sauvé): Comme c'est un cas particulier...
M. Vaugeois: Mais le montant de $200 000 du Haut-Commissariat
venait pour l'allonger de cinq mètres.
M. Morin (Sauvé): Je vais demander aux gens qui
m'entourent de donner quelques explications.
Le projet remonte à quatre ans, à peu près.
À ce moment-là, un protocole avait été signé
entre la municipalité et les commissions scolaires, lequel protocole
prévoyait les modes de financement et les contributions
supplémentaires prévues par les autres organismes. Il
était entendu, dès le départ, que la commission scolaire
ne bâtirait que la partie normalisée, compte tenu de la dimension
de l'école concernée et que les ajouts, s'il y en avait, seraient
aux frais des autres organismes. C'est cela qui continue à être
respecté.
Je sais que la municipalité a avisé qu'elle ne pouvait
plus tenir la partie financement. Nous avons donc indiqué à la
commission scolaire que les sommes d'argent prévues pour le projet
étaient maintenues et qu'elle pouvait faire sa partie avec cet argent.
Le ministère autorisait quand même le projet, mais pour la partie
normalisée, tel que convenu dans nos plans et devis.
Le Président (M. Laplante): Vu que c'était mon
tour, je vais attendre le retour du président. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais simplement demander s'il y avait un
fondement à la rumeur voulant que le ministère de
l'Éducation soit passablement en retard dans le versement de l'argent
nécessaire pour les budgets d'opération et que les commissions
scolaires se voient dans l'obligation de se financer passablement à
court terme. Je pense, en particulier, à la commission scolaire de
Mille-lsles, si je ne m'abuse, où on reçoit une partie des
subventions, une très minime partie des subventions qui, normalement,
devraient lui être allouées. Ceci crée passablement
d'inquiétudes, à savoir si on pourra, pendant très
longtemps, se financer à court terme.
M. Morin (Sauvé): Pour situer la réponse plus
précise dans un contexte plus général, l'analyse des
états financiers des commissions scolaires, au ministère de
l'Éducation, a été faite en retard, depuis de très
nombreuses années.
L'an dernier, nous avons terminé la mise à jour des
états financiers des commissions scolaires en remontant en 1970/71 et
nous avons rattrapé, au moment où on se parle, toutes ces
années antérieures; nous allons terminer, aussitôt que nous
les aurons reçus, l'analyse des états financiers de 1976/77.
Dans cette opération, étant donné que l'analyse des
états financiers des années antérieures n'était pas
terminée, le dernier ajustement de subventions pour les années
passées a été fait forcément en retard. Au 30 juin
de l'an dernier, je crois que nous avions versé toutes les subventions,
ou enfin, les ajustements finals de subventions d'équilibre
jusqu'à la fin de l'exercice 1974/75.
Pour l'année 1976/77, nous les versons
régulièrement et il ne reste donc que la partie 1975/76 où
les ajustements de versements de subventions ne sont pas terminés. Je
pense que cela donne un montant de l'ordre de $155 millions.
Mme Lavoie-Roux: N'est-il pas exact que certaines commissions
scolaires auraient des difficultés à faire des emprunts à
court terme? J'avais particulièrement à l'esprit le cas de la
commission scolaire de Mille-lsles qui attend une subvention de $4 millions et
a reçu $600 000.
M. Morin (Sauvé): Non, dans le cas de Mille-lsles, on
pourrait en parler. De façon générale, les commissions
scolaires ont reçu jusqu'ici 70% du budget de l'année en cours,
prévu au budget d'opération et, en 1975/76, il y a eu un
rattrapage de $157 millions qui a été versé, des
années antérieures, comme l'expliquait M. Martin. Dans le cas de
Mille-lsles, il y a un litige relativement à des arrérages des
années passées qu'elle doit financer à court terme. C'est
un cas très particulier en termes de dimension de problème et non
pas en termes de subventions régulières.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais...
M. Morin (Sauvé): Si vous désirez des chiffres
précis, on peut vous en donner.
Mme Lavoie-Roux: Non, la réponse me suffit, s'il n'y a pas
vraiment de problème important. Je voudrais simplement faire remarquer
que, selon M. le ministre, c'était une préoccupation du
gouvernement actuel que les équipements sportifs servent à
l'ensemble de la population. J'aimerais signaler, vu qu'il y a un public ici,
que c'est une initiative qui est prise depuis déjà fort longtemps
et qui, particulièrement dans l'île de Montréal et
même dans d'autres villes du Québec, a été fortement
encouragée par le gouvernement précédent. Je tiens
à le dire. C'est peut-être la...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais avec un succès
mitigé.
Mme Lavoie-Roux: Oh! plus ou moins, je regrette, M. le ministre.
Il faudrait aller voir, consulter des statistiques, par exemple, pour
l'île de Montréal et voir ce qui se passe, pour ne parler que de
ce cas que je connais avec pertinence. Je pourrais peut-être faire le
tour du reste de la province, mais je veux quand même que... On croit
qu'avec le nouveau gouvernement, le soleil s'est levé, mais il y a des
réalités objectives qu'il faut reconnaître.
M. Morin (Sauvé): Naturellement, le soleil s'était
levé auparavant, mais il paraît simplement plus brillant depuis le
15 novembre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question d'appréciation
subjective.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai qu'à Montréal
peut-être est-ce, en partie, grâce aux efforts de Mme le
député il y a eu beaucoup de progrès, depuis
quelques années. Il est vrai aussi que c'est plus facile dans une grande
ville, comme Montréal, que cela peut l'être dans des villes de
moindre importance ou encore dans des régions moins peuplées.
Dans ces régions, je peux vous dire, Mme le député,
qu'il ne faut pas confondre Montréal avec le reste du Québec. Il
y a encore énormément à faire pour intégrer
harmonieusement les équipements sportifs.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'amène à une dernière
question sur le financement. Je sais que le
ministre, j'oublie toujours son titre, serait-ce le haut loisir? M.
Charron, en tout cas...
M. Morin (Sauvé): Le Haut-Commissaire.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, ...à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, je pense que c'est cela...
M. Laplante: Plein air. Mme Lavoie-Roux: Pardon? M.
Laplante: Plein air.
Mme Lavoie-Roux: Plein air, à part cela. Il a dit
publiquement que les commissions scolaires étaient réticentes
à mettre leurs équipements, non seulement sportifs, mais d'autres
types d'équipements à la disposition du public.
Je voudrais faire remarquer ici que, quand les commissions scolaires le
font je pense qu'elles désirent le faire elles encourent
des dépenses touchant les frais de concierge, d'entretien, de location,
enfin...
À moins que vous ne prévoyiez dans le financement une
mesure de compensation, si elle ne peut être obtenue des
municipalités, je pense qu'il est difficile pour les commissions
scolaires de prendre cela à même leur budget général
d'opération pour fins d'éducation. J'aimerais qu'on fasse la part
des choses avant de faire des déclarations aussi absolues que
celles-là. Je pense que ce n'est pas la faute des commissions scolaires.
Il peut y en avoir certaines qui sont fautives, mais, d'une façon
générale, je pense que c'est vraiment dû à une
difficulté de financement.
Enfin, j'aimerais demander au ministre ce qu'il entrevoit pour que ces
équipements puissent servir aux populations, peut-être
après entente avec le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, pour que ces équipements deviennent de plus en
plus accessibles au public.
M. Morin (Sauvé): Mme le député m'arrache
les mots de la bouche. Il faut, de toute évidence, en venir à des
ententes. C'est ce que le gouvernement a demandé que nous fassions, le
ministère de l'Éducation, mais également le
Haut-Commissariat et les Affaires municipales, que nous nous entendions pour le
financement de ces équipements sportifs. Il ne serait pas juste qu'on
dise à une commission scolaire, par exemple: Vous avez une belle
piscine, un beau gymnase, vous allez l'ouvrir au public à toute heure,
sans fournir à cette commission scolaire les moyens financiers de le
faire. Si la commission scolaire ne le fait pas, souvent, c'est parce qu'elle a
égard et elle doit avoir égard aux coûts du concierge, des
surveillants, de l'entretien. Je suis d'accord avec Mme le député
pour dire qu'un élément très important de la
rationalisation de cette utilisation est le financement. J'ai d'ailleurs eu
l'occasion de le dire à mes collègues.
M. Le Moignan: Une question additionnelle,
M. le Président. Lors de l'étude des crédits en
commission avec M. Charron, j'avais posé la même question. Je sais
que certaines municipalités, l'été, par exemple,
reçoivent déjà des subventions du gouvernement et que M.
Charron s'était dit très intéressé à
utiliser, après entente avec votre ministère, les
équipements scolaires dont certaines polyvalentes sont très bien
pourvues. Je pense à celle de Gaspé. Cela pourrait non seulement
aider aux jeunes, mais cela pourrait aussi aider aux adultes. Mme le
député de L'Acadie parle de l'entretien, de la conciergerie, mais
peut-être à un niveau moindre; à la campagne, l'ajustement
serait plus facile, parce qu'il y a beaucoup de bénévolat
l'été dans les loisirs, dans les sports. C'est peut-être
cela qui rejoint vos préoccupations, comme vous venez de le mentionner.
Je sais que cela ne sert pas pour trois mois d'été, les
équipements. Même l'hiver, parfois, à certaines
périodes, cela pourrait aider même aux adultes et à
d'autres groupes qui voudraient s'en servir.
M. Morin (Sauvé): C'est exactement à ce genre de
problèmes que le gouvernement a pensé quand il a chargé
les trois ministères de s'entendre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. M. le ministre, on
parle souvent du financement des commissions scolaires. On demande des
montants. Il y a un sujet qu'on touche très rarement, c'est
l'administration même d'une commission scolaire. Si je me souviens bien,
en 1973, lorsque j'ai été élu commissaire, j'ai
passé pour un fouineux un peu, à ce moment. J'étais
allé voir un peu dans les entrepôts ce qui se passait, je parle de
chez nous. Je pense que le chiffre...
M. Morin (Sauvé): ...les entrepôts de...
M. Laplante: Les entrepôts des commissions scolaires
pour...
M. Morin (Sauvé): ... de mobilier, par exemple?
M. Laplante: De mobilier, du matériel de toutes sortes.
À ma grande honte, à ce moment, on avait demandé s'il y
avait des inventaires de faits. Aucun inventaire n'était fait de ces
mobiliers. C'était tout là, parce que ces montants avaient
déjà été versés une fois, et les mobiliers
étaient entreposés dans de vieilles écoles. Avec le
consentement des commissaires, de la commission, on a réussi à
serrer la vis, et, en deux ans, je crois que c'est $500 000 de matériel
qu'on a pu sortir de ces entrepôts. Je suis certain aujourd'hui...
M. Morin (Sauvé): ... On a sorti ce matériel pour
le réutiliser dans de nouvelles écoles, et non pas pour le
vendre?
M. Laplante: Pour le réutiliser, c'est exact. Pas pour le
vendre, mais pour le réutiliser.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être les deux, des fois, quand le
matériel est désuet.
M. Laplante: Je m'imagine qu'il y a beaucoup de commissions
scolaires qui sont comme ça, que ce n'était pas un exemple
typique à la CECM. Le ministère est lâche, souventefois,
dans son application de normes. Lorsqu'on construit une école, on change
de mobilier. Tout de suite, c'est du mobilier neuf. On a des normes
spécifiques pour les tables, pour qu'on puisse les mouvoir d'une
façon facile. On ne regarde pas ce qui peut être
réutilisé. Aujourd'hui, avec le nombre d'écoles qui se
ferment dans une commission scolaire, disons de la CECM, je suis certain que
cette commission aura probablement pour environ $800 000 à $1 million de
matériel qui sera encore dans ces entrepôts. On va en acheter
encore. Tous les ans, on achète des produits d'arts plastiques à
la tonne. Cela ne baisse pas dans les commissions scolaires. Pourtant,
d'année en année, on n'a pas besoin du même nombre de
produits. Si on fouillait dans les armoires des écoles, on s'apercevrait
qu'il y a une économie énorme à faire dans les commissions
scolaires. Pour tout le matériel de laboratoire, c'est encore pareil.
Les armoires sont encore pleines, à peu près dans chaque
école. Il n'y a pas d'inventaire de suivi. D'autant plus que les
commissions scolaires ont aussi facilement l'habitude dans certaines
commissions scolaires; ce n'était pas le cas chez nous de dire,
à un moment donné: II faut se payer un voyage. Un exemple: Lors
d'un congrès qui s'est tenu en Colombie-Britannique, une commission
scolaire était représentée par sept commissaires et leurs
épouses. Ce n'est pas chez nous, Madame.
Mme Lavoie-Roux: C'est certain.
M. Laplante: Ce n'est pas à la CECM.
Mme Lavoie-Roux: On m'a reproché, d'ailleurs, de ne pas
être assez généreuse.
M. Laplante: Ce sont des abus actuellement. On dit souvent, pour
s'en sortir: Le commissaire n'est pas payé. C'est une récompense
qu'il se donne.
Si on fait une addition de tout, ça représente plusieurs
dizaines de milliers ou plusieurs centaines de milliers de dollars dans nos
commissions scolaires. Je ne sais pas s'il n'y aurait pas un programme de
sensibilisation que le ministère pourrait... Sans donner des directives,
il pourrait reconnaître l'autonomie d'une commission scolaire et lui
souligner certains points de dépenses exagérées qui
peuvent se faire. Tout le matériel didactique... Moi, je trouve
ça effroyable...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Laplante: ... le matériel d'arts plastiques, c'est
épouvantable l'argent qui se dépense là-dedans.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que le
député met le doigt sur un problème réel,
particulièrement dans les grandes villes comme Montréal,
où la dénatalité et les transferts de population
amènent des fermetures d'écoles, les fermetures d'écoles
amènent forcément des surplus d'équipement, et tout
ça se ramasse empilé dans quelques écoles
transformées en entrepôts. On m'a déjà, à
plusieurs reprises, parlé de ce problème.
Je suis soucieux de respecter l'autonomie des commissions scolaires. Je
l'ai dit à maintes reprises et, de surcroît, vous le savez, dans
l'enveloppe budgétaire, l'article qui est consacré au mobilier
peut être transféré. C'est un article qui peut être
transféré à l'entretien, par exemple, et je ne voudrais
certainement pas m'immiscer outre mesure dans des problèmes tels que
ceux-là. Mais on me signale qu'il y a peut-être eu des abus
à gauche et à droite. Non seulement le problème a-t-il une
dimension régionale je veux dire qu'on devrait s'assurer que
telle école construite dans Rivière-des-Prairies, par exemple,
qui relève de la CECM, puisse s'approvisionner en bureaux ou en
pièces de mobilier dans ces réserves qui ont été
constituées à la CECM mais on devrait peut-être
aussi s'assurer que d'autres commissions scolaires soient mises au courant de
ce qui se trouve en surplus, plutôt, quelquefois, que de voir brader
littéralement des équipements qui ne sont pas toujours aussi
désuets qu'on le pense. De sorte que j'avais songé nous
n'avons pas encore mis cela en pratique au ministère, mais je songe
à le faire à constituer des inventaires qui soient
disponibles pour les autres commissions scolaires, qu'une commission scolaire
qui vient de construire une école neuve, avant de s'en aller acheter du
nouveau mobilier coûteux sur le marché, sache, parce qu'elle a des
listes devant elle, qu'il existe, dans telle autre commission scolaire, des
équipements qu'elle pourrait obtenir à prix réduit,
plutôt que de voir ces équipements vendus pour des prix
carrément... vendus à rabais.
M. Laplante: Je crois qu'il y a un effort qui a été
fait vis-à-vis de la CECM.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Laplante: Justement, là-dessus, en 1974...
M. Morin (Sauvé): Je sais qu'à la CECM, on a fait
des inventaires.
M. Laplante: ... dans toutes les commissions scolaires.
M. Morin (Sauvé): Oui. Mais il faudrait peut-être
voir à ce que ceci soit organisé. J'en ai vu des inventaires. Je
sais qu'il en existe, mais ils ne sont peut-être pas complets.
Mme Lavoie-Roux: Mais je voudrais ajouter quelque chose.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas placé pour le
savoir, mais ce que j'allais dire, je l'évoque à titre
d'idée, cet après-midi. Le ministère devrait
peut-être non pas exercer tellement une surveillance que fournir des
services pour que les commissions scolaires sachent qu'à tel endroit il
y a du mobilier disponible, et si Mme le député de L'Acadie veut
exprimer des idées là-dessus, je serai très heureux,
étant donné son expérience, d'en faire mon profit.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sauf
que je dois vous dire qu'il faudrait aussi qu'il y ait des changements dans les
normes édictées par le ministère quand on construit une
école nouvelle. Avec l'école nouvelle, il est prévu telle
ou telle sorte d'équipement.
Je me souviens qu'on a mis en vente des équipements que nous
avions en surplus, parce qu'on paie aussi pour l'entrepôt, quand on
entrepose. Il est arrivé ceci. Nos acheteurs ont été les
écoles privées, dans bien des cas. Elles acceptaient d'avoir un
équipement de deuxième ordre et de moins bonne qualité.
Enfin, une moins bonne qualité, tout est relatif mais un
équipement qui avait été utilisé et ce n'est pas
ici pour vanter l'école privée de quelque façon que ce
soit, mais c'est pour montrer qu'il faudrait que les normes qui accompagnent
l'équipement dans une construction d'école nouvelle soient
modifiées.
Il ne faut pas penser non plus qu'on pourra récupérer de
l'équipement pour toutes les écoles nouvelles qui pourraient
être construites. C'est quand même assez limité. Souvent, il
faut le remettre en état, mais cela aussi, c'est très
coûteux.
Alors, c'est un problème qui mérite d'être
examiné, mais il n'est pas simple.
M. Morin (Sauvé): Je note la suggestion de Mme le
député. Je pense que le ministère devra se pencher sur ces
normes sérieusement, étant donné l'état des
finances publiques...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection.
M. Morin (Sauvé): ... et étant donné qu'il
n'y a pas d'argent à gaspiller et qu'il n'y en aura pas d'ici plusieurs
années.
M. Alfred: On a deux concepts qu'il faut différencier.
D'une part, on a parlé de surveiller. J'aurais
préféré qu'on emploie contrôler, au sens anglo-saxon
du terme, qui est plus administratif, parce que, lorsqu'on parle de
surveillance, il y a une question d'épier, tandis que, lorsqu'on dit
contrôler, c'est une question de soumettre la commission scolaire
à des normes...
M. Morin (Sauvé): Dans ce cas, il s'agit non pas de
surveiller ou de contrôler, il s'agit peut-être de revoir nos
normes et il s'agit de rendre aux diverses commissions scolaires le service de
leur faire connaître les surplus de mobilier qui peuvent se trouver chez
certaines d'entre elles.
Le Président (M. Clair): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: J'ai noté, tout à l'heure, que le
ministre de l'Éducation nous informait que d'ici peu, les sommes
à verser aux commissions scolaires arriveraient à temps, ce qui
est une excellente nouvelle. Du côté des institutions
privées, y a-t-il des dispositions qui ont été prises pour
les subventions de ces dernières? Puisqu'elles supposent, je pense, un
certain nombre de calculs fondés sur des renseignements que
l'institution ne peut donner qu'après le début de
l'année...? Y a-t-il un système d'avance, par exemple, sur une
hypothèse des effectifs de l'année précédente ou
quelque chose comme cela? On m'a donné des exemples d'institutions
privées de façon un peu inacceptable. Ces institutions
privées sont obligées, pendant plusieurs mois, de recourir
à des emprunts à la banque pour se financer pour des sommes qui
sont, finalement non négligeables.
Je voudrais savoir quelle est la situation de ce côté.
M. Morin (Sauvé): Si j'ai bien compris la portée de
votre question, vous nous demandez s'il est possible de verser plus tôt
les montants aux établissements privés.
M. Vaugeois: Voilà.
M. Morin (Sauvé): Nous ne pouvons évidemment le
faire que lorsque nous connaissons le nombre d'élèves et
d'étudiants qui s'inscrivent. C'est une première condition.
Deuxièmement, il nous faut établir le coût moyen de
l'année précédente.
Donc, il y a toute une série de paramètres qui
déterminent les montants que nous n'avons pas toujours sous la main
aussi vite que nous le voulons, de sorte qu'il arrive que certains... Mais je
crois que la règle générale, c'est que ces montants sont
payés. Oui, il y a effectivement des avances qui sont fournies aux
institutions privées. Maintenant pour le détail, je vais prendre
avis. Si vous le voulez, je pourrai vous donner une réponse plus
détaillée à la prochaine séance.
Le Président (M. Clair): De toute façon, M. le
ministre, nous aurons l'occasion d'y revenir lors de l'étude du bloc III
qui porte sur le secteur privé. M. le député de
Trois-Rivières, un peu de respect.
M. Morin (Sauvé): Alors, je prends avis de la question
pour vous donner plus de détails à ce moment-là.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie sur un nouveau sujet.
Mme Lavoie-Roux: Bon! On va entrer en pédagogie. J'ai
quand même une demande préalable à faire. C'est très
court. Y aurait-il possibilité que nous soit remise une liste des
comités d'étude qui existent au ministère de
l'Éducation, que ce soient des comités du ministère ou que
ce soient des comités interministériels?
M. Morin (Sauvé): Sur quel sujet en particulier?
Mme Lavoie-Roux: Particulièrement des comités
d'ordre pédagogique, mais il peut aussi y avoir d'autres comités
qui... Surtout d'ordre pédagogique.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas d'objection à ce que
ce soit déposé devant la commission, peut-être pas tout de
suite, mais à une prochaine séance, M. le Président.
Règlement no 7
Mme Lavoie-Roux: Ma première question est sur le
règlement no 7. J'ai deux questions bien précises. La
première: Est-ce que les commissions scolaires en sont venues à
un réaménagement de leur grille-horaire suite aux directives
qu'elles ont reçues du ministère de l'Éducation au mois de
mars pour se conformer aux nouvelles dispositions des conventions collectives?
Et, est-ce que dans certaines commissions scolaires cela crée des
problèmes du point de vue d'abord possiblement d'un surplus de
personnel, compte tenu de la diminution des heures d'enseignement et
également des difficultés, suite au réaménagement
à l'intérieur des écoles des effectifs scolaires?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais
répondre d'abord à la deuxième partie de la question. Il
n'y a pas eu de réduction d'effectifs d'enseignants, au contraire...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ...à la suite de l'application
soit des conventions collectives, soit du règlement no 7.
Deuxièmement, à notre connaissance les difficultés
qui étaient nées dans certaines commissions scolaires quant
à la définition de la grille-matière et du choix entre six
ou sept blocs, par exemple, se sont maintenant résorbées, non pas
parce que le ministère a envoyé une directive, nous ne l'avons
pas fait, mais parce que le ministre a demandé officiellement, au cours
d'une conférence de presse, aux commissions scolaires de s'aligner sur
le maintien des sept blocs. Je parle évidemment du niveau secondaire.
À notre connaissance, à l'heure actuelle, les problèmes
sont résorbés et les commissions scolaires ont choisi de
maintenir les sept blocs, mais selon des solutions qui sont variables. Nous ne
leur avons pas proposé je n'ai pas devant moi l'annexe...
Mme Lavoie-Roux: Je les ai eues, les quatre grilles.
M. Morin (Sauvé): Vous les avez eues, bon! Vous avez vu
que nous faisions preuve de souplesse et que nous invitions les commissions
scolaires à choisir entre plusieurs solutions tendant toutes au
maintien, bien sûr, de la polyvalence. Parce que pour nous,
c'était ce qu'il fallait sauver au niveau secondaire. Je suis à
votre disposition pour toute question que vous pourriez avoir à me poser
maintenant sur les détails, soit au niveau primaire, soit au niveau
secondaire, concernant la grille-matière.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me dire de quelle façon les
commissions scolaires ont dû réaménager, tant à
l'élémentaire qu'au secondaire, quoique c'est peut-être un
peu plus aigu au secondaire, compte tenu de la diminution du nombre de minutes
qui touchait tous les niveaux du secondaire, alors qu'à
l'élémentaire, il y avait une moyenne à faire. Quelle
influence ceci a-t-il eu sur la révision des programmes du niveau
élémentaire et secondaire?
M. Morin (Sauvé): Je crois qu'il faut distinguer
effectivement les deux niveaux, parce que le problème n'était pas
le même. Comme vous l'avez indiqué, il était plus grave au
niveau secondaire, puisqu'il mettait littéralement en cause la
polyvalence. Le premier élément du casse-tête, c'est le
régime pédagogique prévu au règlement no 7. Ce
règlement, vous le savez, régit l'enseignement que
reçoivent les élèves et détermine les conditions de
base de leur éducation. Le deuxième élément du
casse-tête, c'est la convention collective qui régit,
particulièrement au chapitre 8, le temps que les enseignants doivent
consacrer à la prestation d'enseignement et aux activités
d'encadrement. Il s'agissait de réconcilier ces deux documents.
Au niveau élémentaire, la problématique
était la suivante: la majorité des commissions scolaires
offraient, par le passé, un enseignement qui variait de 1250 à
1500 minutes par semaine. Par exemple, les élèves inscrits au
premier cycle élémentaire recevaient généralement,
vous le savez, un enseignement d'une durée de 1250 minutes et ceux qui
étaient inscrits au second cycle élémentaire recevaient un
enseignement d'une durée de 1500 minutes environ, par semaine.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse, ce que je
voudrais savoir du ministre, c'est: De quelle façon a-t-on dû, si
on a dû le faire, modifier les programmes d'enseignement pour s'adapter
à ces nouveaux horaires?
M. Morin (Sauvé): J'en venais précisément
à ça, M. le Président. Il y a d'autres
éléments que je dois mentionner. D'après la convention
collective, la proportion maître/élèves est passée
de 26 élèves, en moyenne, à 23 élèves. Le
problème était de concilier ces dispositions contraignantes de la
convention collective avec le comportement effec-
tif des commissions scolaires, au niveau élémentaire, et
avec le règlement no 7. En vue d'effectuer cette conciliation, j'ai
proposé un certain nombre de modifications au règlement no 7,
mais dans l'esprit suivant: s'éloigner le moins possible de ce qui
existait déjà concrètement, pour perturber le moins
possible les régimes pédagogiques.
C'est ainsi, par exemple, que j'ai indiqué aux commissions, et
nous avons modifié les articles 9 et 10 du règlement no 7 pour ce
faire, j'ai indiqué aux commissions scolaires qu'elles devraient
normalement offrir aux élèves du premier cycle
élémentaire, un minimum de 1260 minutes, soit 21 heures
d'enseignement par semaine et aux élèves du deuxième cycle
élémentaire, un maximum de 25 heures d'enseignement par semaine,
c'est-à-dire les 1500 minutes qu'elles donnaient déjà dans
la plupart des cas.
De sorte que les élèves du niveau
élémentaire, les deux cycles réunis, recevraient cette
moyenne de 23 heures d'enseignement par semaine imposées par la
convention collective. Pour donner une certaine dose de souplesse à la
solution d'un problème difficile, les commissions scolaires qui, pour
toutes sortes de raisons, par exemple certaines méthodes
pédagogiques particulières, ne pouvaient pas ou ne voulaient pas
adopter un tel modèle, nous avons dit qu'elles pourraient adopter un
régime qui, selon les groupes d'âge des enfants, pourrait aller de
21 heures à 25 heures, la moyenne devant toutefois se conformer aux
exigences de la convention collective qui est de 23 heures.
De sorte que... je pense que vous commencez un peu à voir la
souplesse du système: ou bien on pouvait prévoir 21 heures au
premier cycle et 25 heures au deuxième, ou bien on pouvait distinguer
dans chaque cycle, entre chaque classe, la première, la deuxième,
la troisième, et à la condition de respecter la moyenne
générale de 23 heures.
Commencer peut-être, avec 21 heures en première, un petit
peu plus en deuxième, un petit peu plus en troisième et ainsi de
suite, jusqu'en sixième, de sorte que chaque commission scolaire avait
une certaine latitude dans l'établissement de son régime
pédagogique.
Le but visé, et je crois que nous l'avons atteint dans la
majorité des cas, c'est de maintenir les enseignements qui
étaient en vigueur tels quels. Autrement dit, de perturber le moins
possible le niveau élémentaire. Voilà pour
l'élémentaire. Peut-être avez-vous des choses à me
dire là-dessus. Ensuite, on pourrait passer au secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Ma question précise, j'y reviens. Est-ce
qu'il y a des contenus de programmes qui ont dû être
modifiés dans certaines commissions scolaires, suite à ceci?
M. Morin (Sauvé): Le résultat obtenu est le
suivant: Les matières fondamentales n'ont pas été
touchées, comme nous le désirions. Mais certaines autres
matières je pense qu'on a mentionné publiquement les arts
plastiques, la musique ont fait l'objet, ici et là, pas de
façon géné- rale, de certaines amputations, de certaines
modifications, de réductions de temps, de cinq à quatre, par
exemple.
Mme Lavoie-Roux: En fait, si on prend la moyenne des enfants de
l'élémentaire, il se fait moins d'enseignement
qu'antérieurement.
M. Morin (Sauvé): Non, pas à
l'élémentaire, madame. Ces cas que je vous mentionne ne sont pas
généralisés.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y en a?
M. Morin (Sauvé): II y en a quelques-uns, oui. Je pourrais
tenter de l'établir, mais je ne pense pas que nous ayons une recension
complète de tout cela.
On me signale, Mme le député, que certaines écoles
avaient plus de 1500 minutes à l'élémentaire. J'avais
oublié de le mentionner à l'instant. Cela allait jusqu'à
1575, cela variait, mais j'ai vu jusqu'à 1575. Celles-là ont
dû, pour respecter la convention collective, revenir à 1500.
Il y a eu certaines modifications, mais dans l'ensemble, on peut dire
que le régime pédagogique n'a pas été
perturbé en profondeur. C'était d'ailleurs l'objectif
visé, vous le pensez bien.
Mme Lavoie-Roux: Simplement pour mon information, là
où il y a du transport scolaire dans les commissions scolaires
semi-urbaines ou rurales, où il y a davantage de transport scolaire,
est-ce que ceci a causé des problèmes sur le plan de
l'organisation et du contenu des programmes?
M. Morin (Sauvé): Oui, j'ai cru ouïr qu'il y avait
quelques petits problèmes à gauche et à droite, dans les
transports scolaires, mais rien de généralisé, que je
sache. Le problème, c'est que certains auraient voulu que nous donnions
25 heures partout, à tous les niveaux, dans toutes les classes de
l'élémentaire.
Nous avons fait certains petits calculs pour voir ce que cela
coûterait à la collectivité et le résultat a
été le suivant: Pour répondre à un régime
qui offrirait 25 heures d'enseignement par semaine au cours des six
années des études élémentaires, il faudrait
accorder environ 3500 professeurs de plus. D'ailleurs, nous ne les avons pas.
Nous n'avons pas suffisamment, à l'heure actuelle, de professeurs
possédant les diplômes nécessaires. Imaginez s'il avait
fallu en trouver 3500 de plus et cela, de surcroît, aurait
représenté un déboursé supplémentaire de
l'ordre de $60 millions. J'aime autant vous dire que compte tenu de la
situation financière actuelle du Québec, nous aurions couru pour
les trouver. C'était cela le problème.
Je dois dire à Mme le député elle pourra me
contredire si elle le veut que dans les circonstances, nous avons
réussi, j'allais dire, par la peau des dents, à maintenir un
régime pédagogique convenable.
Mme Lavoie-Roux: Pour le secondaire, j'ai une question
précise, parce que je connais un peu
les grilles qui ont été offertes ou
suggérées aux commissions scolaires. Je sais que certaines en ont
choisi une plutôt que l'autre. Ma question précise est celle-ci:
Est-ce qu'il y a des étudiants qui, au niveau secondaire,
reçoivent moins de temps d'enseignement en français?
M. Morin (Sauvé): Ce qu'on a pu constater jusqu'ici, dans
les grilles-horaires qui nous ont été fournies par les
commissions scolaires, surtout au niveau secondaire, c'est qu'au contraire il
n'y a pas eu de diminution dans les matières de base telles que le
français, les mathématiques ou les langues secondes.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu diminution du temps d'enseignement du
français.
M. Morin (Sauvé): Dans les grilles-matières qui
nous ont été fournies jusqu'ici, celles qu'on connaît. On
n'a pas celles de toutes les commissions scolaires encore, jusqu'ici.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez combien?
M. Morin (Sauvé): De mémoire, on a reçu
celles d'environ une quarantaine de commissions scolaires régionales. Il
n'en reste donc pas beaucoup à venir.
Mme Lavoie-Roux: Où a-t-il été pris
alors?
M. Morin (Sauvé): Ce qui arrive, c'est que, règle
générale, les commissions scolaires combinent des matières
dites optionnelles en les réduisant soit à quatre périodes
par semaine plutôt que cinq ou encore, elles font des horaires sur six
jours ou sept jours, même si ce serait un tour de force de bâtir un
horaire sur quatorze jours ou quinze jours, je crois.
Le fait de prolonger l'organisation de la grille-horaire sur une
période plus longue que cinq jours-semaine permet de maintenir le nombre
de périodes d'enseignement dans les matières de base, de
façon équivalente à ce qu'il y avait dans le passé.
Il y a effectivement réduction dans certaines matières, mais au
niveau des matières optionnelles.
Mme Lavoie-Roux: II reste que, dans les faits, les
étudiants du secondaire ont moins de temps d'enseignement qu'ils n'en
recevaient, ce qui équivaut à peu près à deux
périodes d'enseignement-semaine par élève.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire...
Mme Lavoie-Roux: 75 minutes, cela fait...
M. Morin (Sauvé): ... 75 minutes, pour être
précis...
Mme Lavoie-Roux: ... presque deux... Enfin, on peut se chicaner
si c'est une période et demie ou une période et trois
quarts...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais vous devez aussi tenir compte
de l'encadrement, madame. Si ma mémoire est bonne, il y a cent minutes
d'encadrement.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce que cela remplace
l'enseignement?
M. Morin (Sauvé): Écoutez...
Mme Lavoie-Roux: Cela remplit une autre fonction qui était
nécessaire, mais est-ce que cela remplace l'enseignement?
M. Morin (Sauvé): Cela remplit une exigence
pédagogique extrêmement importante, l'encadrement. Cela permet,
par exemple, à un enseignant d'accorder une attention
particulière à un élève qui est en
difficulté. C'est fait pour cela. Donc, à notre avis, sur ce
plan-là, ce n'est pas nécessairement un recul.
Vous savez que nous avions tout un problème, parce que, d'une
façon générale, l'horaire comportait 35 périodes de
45 minutes, ce qui faisait 1575 minutes, comme je l'ai expliqué il y a
un instant. La nouvelle convention collective, elle, dit: 1000 minutes par
enseignant. Ce n'était pas facile d'arriver à réconcilier
ces deux dispositions. Je dois dire qu'on y est assez bien arrivé. Je
veux le dire, parce que c'est important, surtout que la plupart des commissions
scolaires se sont inclinées devant les représentations que nous
leur avons faites. C'étaient des suggestions très fortes que nous
leur faisions, mais elles les ont acceptées. Toutes les
difficultés, finalement, ont été aplanies.
On avait un fichu dilemme et je pense que Mme le député en
est consciente. Ou bien nous appliquions tel quel l'article 31 du
règlement no 7 qu'elle connaît bien et nous nous trouvions devant
un manque d'effectif pour assurer les 1575 minutes en question et ce
déficit devait s'ajouter à celui que j'ai déjà
constaté tout à l'heure au niveau élémentaire, un
déficit de 1800 enseignants... Le coût de ces 1800 aurait
été, pour une année, d'environ $30 millions en plus des
$60 millions que j'ai mentionnés tout à l'heure.
Donc, il fallait faire quelque chose, il fallait trouver une autre
solution et nous avons décidé de modifier l'article 31. Nous
avons été conduits à réduire la durée de la
semaine de 1575 minutes à 1500 minutes. J'avoue qu'on ne l'a pas fait de
gaieté de coeur, parce que cela avait pour effet de faire
disparaître certains enseignements, mais c'était de deux maux le
moindre. C'était vraiment la solution la plus pratique dans les
circonstances, mais nous avons insisté aussi pour que soient maintenus
les sept blocs.
M. Laplante: Je pense que le député de L'Acadie est
consciente que c'est un héritage qu'on a eu du gouvernement
précédent, un héritage très lourd.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, M. le Président, M. le
député de Bourassa sait fort bien que je
n'étais pas d'accord. J'ai dit hier que je ne suis pas ici pour
défendre des choses que je ne trouvais pas justifiées hier; je ne
les trouve pas davantage justifiées aujourd'hui.
M. Laplante: Je ne veux pas dire que vous étiez d'accord,
vous n'étiez pas d'accord.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, c'est au ministre que je
parle. J'aimerais que le ministre nous dise s'il a envisagé de prolonger
le nombre de jours de classe pour les étudiants, c'est-à-dire
d'allonger le calendrier scolaire pour les étudiants ou les
élèves, plutôt que de restreindre le contenu des cours.
M. Morin (Sauvé): Encore une fois, les 100 minutes nous
permettent, pour peu qu'il y ait de la bonne volonté chez les
partenaires dans le système, de donner dans la très grande
majorité des cas, les mêmes services qu'avant, et même de
répondre à une exigence combien de fois soulignée par les
parents, de consacrer une partie du temps à l'encadrement. D'ailleurs,
Mme le député, dans les 1575 minutes, il y avait de l'encadrement
dans la plupart des cas dans l'ancien système, de sorte qu'à tout
prendre ce n'est peut-être pas ce que nous aurions tous
souhaité mais à tout prendre, pour peu que les enseignants
se servent de ces 100 minutes pour faire véritablement de l'encadrement,
les étudiants ne seront pas perdants.
M. Alfred: Sur le même sujet, vous voulez? Un exemple
concret.
Le Président (M. Clair): Vous pourrez revenir, M. le
député de Papineau. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-il exact, M. le ministre, que la CEQ se
serait opposée à ce qu'on allonge le calendrier scolaire des
étudiants?
M. Morin (Sauvé): Écoutez, nous avons eu des
entretiens là-dessus, mais comme nous en discutons, je ne crois pas
opportun, tant que nous n'en serons pas venus à une entente, de dire
quoi que ce soit à ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, de toute façon, mon objectif
en soulevant ce problème, c'était quand même de
sensibiliser les gens du ministère à ce qu'à la prochaine
ronde, on ne coupe pas 75 autres minutes aux étudiants.
Mon autre question sur le règlement no 7: est-ce que vous avez
reçu les rapports de consultation que vous aviez entrepris pour modifier
le règlement no 7, et dans quel sens entendez-vous le modifier?
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, vous savez, dans cette
consultation, je tiens à le dire, mes fonctionnaires ont vraiment
été exemplaires.
Mme Lavoie-Roux: Je n'en doute pas.
M. Morin (Sauvé): Ces consultations ont commencé
dès le départ. Elles ont été suivies, il y a eu des
rencontres à plusieurs étapes du processus, mais pour les
détails, je pense que je vais prendre conseil.
Les commissions scolaires, en bonne majorité, ont répondu
durant le mois de mars. La plupart des commissions scolaires qui ont
répondu étaient, je dirais dans une proportion de 90%, favorables
à la proposition de modification du règlement no 7, favorables
autant pour le niveau élémentaire que secondaire. Les quelques
détails qui pouvaient figurer, c'était une plus grande
précision de certains termes, soit que certaines commissions scolaires
demandaient un cadre plus rigide, et d'autres, plus souples. Alors, les quelque
10% des commissions scolaires qui n'étaient pas tout à fait
d'accord avec les propositions, s'équilibraient l'une et l'autre, parce
que la proposition était plutôt au centre. Depuis, l'avis du
conseil supérieur a été reçu et le nouveau
règlement a été approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il va paraître dans la Gazette
officielle et il sera envoyé aux commissions scolaires ces jours-ci pour
leur donner la nouvelle version officielle du règlement no 7.
Mme Lavoie-Roux: Dois-je comprendre que c'est pratiquement la
version originale qui demeure ou est-ce que je me trompe?
M. Morin (Sauvé): Le règlement...
Mme Lavoie-Roux: Puisque vous dites que 70% étaient
satisfaits et que le reste s'équilibrait, alors, vous avez
conservé le projet original, avec aucune modification.
M. Morin (Sauvé): Non, il n'y a pas eu de modification.
D'ailleurs, je dois vous apprendre, pour le cas où vous ne le sauriez
pas, que le règlement a été modifié. Il a
été adopté par le gouvernement, il y a de cela une dizaine
de jours, deux semaines au maximum. Il n'a pas été publié,
que je sache dans la Gazette officielle, mais il va l'être incessamment.
Toujours est-il que je pourrais même vous en faire donner un exemplaire,
si vous le désirez.
Il n'y a aucune modification. J'aimerais souligner le fait qu'à
partir du mois de novembre, il y a eu plusieurs réunions avec des
représentants des commissions scolaires pour déterminer de quelle
façon on pouvait l'écrire correctement pour que ça
corresponde le mieux à la réalité des commissions
scolaires, de façon telle que, lorsque la consultation officielle s'est
faite en mars, c'était déjà le résultat et le fruit
d'une démarche qui convenait à l'ensemble. C'est pour cela qu'il
n'y a pas eu de modification à la suite de la consultation officielle.
La démarche avait déjà pris quatre mois avant d'en arriver
à ce texte qui était proposé aux commissions
scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Une toute dernière question, parce que je
suis obligée de partir. Est-ce que
vous n'aviez pas eu une recommandation selon laquelle
peut-être que vous les avez inclus dans les modalités
d'encadrement qui étaient prévues avec le personnel enseignant
parapédagogique, enseignant et non enseignant, que les parents soient
également inclus? Est-ce que vous les avez inclus?
M. Morin (Sauvé): Ceci, c'est à l'article 50
quelque chose. Un instant, je vais vérifier. Je n'ai pas le
mémoire.
Mme Lavoie-Roux: C'est à l'article 54.
M. Morin (Sauvé): 54. Je peux lire la nouvelle
formulation...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): "La direction de l'école, en
collaboration avec le personnel professionnel enseignant et le personnel
professionnel non enseignant et les élèves, doit mettre en place
des formules d'encadrement des élèves."
Mme Lavoie-Roux: Alors, les parents sont demeurés
exclus.
Bon! Je m'excuse.
M. Morin (Sauvé): Mais, avant que vous ne partiez, Madame,
dois-je comprendre que nous avons terminé le programme 04 portant sur
l'enseignement élémentaire et secondaire public, auquel cas nous
pourrions l'adopter ou est-ce que vous avez encore des questions?
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, mais... M. Morin (Sauvé):
Ah! Vous n'avez pas...
Mme Lavoie-Roux: ...je pense que je l'ai expliqué hier, et
le leader du gouvernement m'a dit qu'est-ce qu'il a dit
exactement? que vous me réserveriez le...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce doit être un privilège... de
reposer les questions que je ne pouvais pas poser cet après-midi ou ce
soir à cause de mon absence?
M. Morin (Sauvé): Assurément. Nous allons... Mme
Lavoie-Roux: Pardon?
M. Paquette: On prend soin des députés
d'Opposition. Ils ne sont pas si nombreux.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on peut
considérer, cependant, Mme le député, que vous avez
terminé nos questions relativement au règlement no 7 sur ce sujet
précis dans le bloc 1.
Mme Lavoie-Roux: II m'en resterait de petites sur la provision de
la grille-horaire que vous prévoyez, enfin... Ce ne sera pas très
long.
Le Président (M. Clair): Nous vous en réserverons
pour demain.
M. Morin (Sauvé): Nous allons tenter, dès demain
matin, de vous apporter des réponses à ces questions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé, sur le règlement no 7.
M. Le Moignan: Oui, je veux simplement dire, M. le
Président, étant donné mon absence forcée d'hier ou
de ce matin, que je n'ai pas eu le temps de consulter le député
de Mégantic-Compton, à savoir quels avaient été les
sujets touchés et explicités, mais, au règlement no 7, je
n'ai absolument rien à dire. Sur les autres sujets, je vais essayer de
me renseigner pour ne pas y revenir et faire des répétitions sur
ce qui a pu se dire depuis une journée et demie, en somme.
Le Président (M. Clair): Le député de
Papineau.
M. Alfred: J'allais parler du TNS. C'était pour donner un
exemple à Mme le député de L'Acadie, qui n'est plus
là. Donc, mon intervention n'a plus sa raison d'être.
Le Président (M. Clair): Le député de
Trois-Rivières.
Enseignement de l'histoire et de la
géographie
M. Vaugeois: Je pense que là, je peux poser ma question.
J'en suis certain?
Je vais chercher ma question dans les notes explicatives qui nous ont
été remises avec le budget, à la page 17. Je la reprends,
je m'en excuse. Dans le cas des priorités gouvernementales, un montant
de $6,6 millions ont été accordé pour l'enseignement
élémentaire et secondaire. Sur ce montant, il y a $200 000
le document dit $0,2 million qui sont allés à la
révision des programmes d'histoire et de géographie à
l'élémentaire et à la préparation d'un cours
intégré d'histoire et de géographie nationales au
secondaire.
Évidemment, M. le ministre, ma question porte, de façon
spéciale, d'abord, sur le sens que prend ici le mot
"intégré", de même que sur le sens que prendrait le terme
"national". J'aimerais également savoir si ces $200 000 constituent un
budget mis à la disposition d'une équipe spéciale de
fonctionnaires ou de consultants externes travaillant avec des fonctionnaires
ou d'équipes externes au ministère.
M. Morin (Sauvé): M. le député, j'ai
déjà, à la page 21 de mon exposé, dont vous avez eu
copie, j'ose le croire...
M. Vaugeois: Et j'en ai pris connaissance, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Et vous avez pu voir que nous proposons
un programme d'histoire nationale au niveau secondaire et que j'ai
décidé de rendre obligatoire, pour fin de certification, cet
enseignement de l'histoire nationale au secteur général, niveau
III.
D'autre part, nous voulons qu'en première et deuxième
année du secondaire, tous les élèves complètent
leur formation en histoire et en géographie qu'ils auront
désormais formellement amorcée à la fin du cours
primaire.
Nous voulons, ai-je dit, que tous les élèves du secondaire
reçoivent un enseignement d'histoire et de géographie nationales.
Cela inclut non seulement le secteur général, mais le secteur
professionnel. Cette orientation, je l'ai souligné, pose des
difficultés d'application pratique, en particulier pour les
élèves de l'enseignement professionnel, étant donné
la composition actuelle de la grille-matière, de sorte qu'à
l'heure actuelle, le résultat concret déjà acquis, c'est
que l'histoire nationale est maintenant obligatoire pour fins de certification
au secteur général, niveau III. Il reste à régler
le problème de l'enseignement de l'histoire et de la géographie
nationales au secteur professionnel.
À l'heure actuelle, nous étudions un certain nombre
d'hypothèses parce qu'il faut tenir compte que nous ne sommes pas les
seuls à prendre des décisions. Nous voulons les prendre,
notamment, avec les enseignants et, avec les commissions scolaires qui sont aux
prises avec une grille-matière qui, au secteur professionnel, est
déjà surchargée.
Donc, ce n'est pas facile. Il y a des moments où je me demande si
je n'ai pas entrepris la quadrature du cercle. Néanmoins, je peux
assurer le député que nous nous en occupons activement. Encore,
il y a deux ou trois jours, j'ai étudié avec mes fonctionnaires
un certain nombre d'hypothèses. Je ne suis pas encore
déterminé là-dessus. Je n'avais pas l'impression d'avoir
devant moi toutes les hypothèses que j'aurais souhaité, mais
l'étude va continuer.
De façon plus précise, maintenant, pour ce qui est de
l'utilisation des fonds prévus au budget 1977/78, je puis vous donner
des détails sur les $200 000 dont le ministre des Finances nous
entrenait dans son discours du budget. $100 000 seront consacrés
à ce que nous appelons l'expertise interne il y a les deux. Il y
a l'expertise interne pour la préparation du programme du secondaire III
et, deuxièmement, nous avons prévu un montant égal pour
l'expertise externe, pour nous aider dans l'amélioration des programmes
d'enseignement de l'histoire à l'élémentaire, le tout
tendant, à la suite de la résolution de l'Assemblée
nationale du 27 novembre 1974, bien connue du député de
Trois-Rivières, à mettre en oeuvre un enseignement de l'histoire
nationale et à compléter le tout au niveau
élémentaire et à faire de même avec la
géographie.
Donc, nous n'avons réalisé qu'une partie de nos projets
jusqu'ici, mais je dois dire que nous nous donnons l'année prochaine
pour résoudre tous ces problèmes.
M. Vaugeois: M. le Président, vous me permettrez de
préciser un peu ma question. Est-ce que le fait que le terme
"intégré" soit utilisé dans ce document pour l'histoire et
la géographie suggère qu'éventuellement la solution que
vous envisagez pour le secteur professionnel pourrait procéder de
l'intégration des disciplines histoire et géographie pour le
secteur professionnel, mais non pas pour le secteur général?
M. Morin (Sauvé): C'est une hypothèse de travail et
j'aimerais bien avoir l'avis du député de Trois-Rivières
là-dessus. Nous nous en sommes peut-être déjà
parlé. Au niveau professionnel, il est apparemment très difficile
d'envisager cinq heures d'histoire pour ces étudiants. D'autre part,
nous ne pouvons nous résoudre à les voir sortir du secteur
professionnel sans un minimum de formation en histoire et en géographie
nationales. De sorte que nous nous orientons, mais ce n'est encore qu'une
hypothèse de travail, parce que même celle-là comporte des
difficultés, vers une sorte de bloc intégré
histoire-géographie nationales, qui pourrait être d'une
durée de cinq heures. Je ne sais pas ce que le député de
Trois-Rivières, avec son expérience d'enseignant dans le domaine
de l'histoire, pourrait nous dire là-dessus, mais je peux l'assurer que
je suis disposé à tenir compte de tout ce qu'il pourrait avoir
à me dire. Je suis à la recherche de conseils.
M. Vaugeois: Je ne profiterai pas de cette commission pour
développer cette question. Je me contenterai d'indiquer qu'à mon
avis l'approche d'un cours intégré d'histoire et de
géographie pour le secteur professionnel peut effectivement amener des
éléments d'une solution que nous cherchons depuis longtemps. Il
reste que la difficulté tient non seulement à une question
d'horaire, mais tient aussi à l'orientation professionnelle qu'ont ces
étudiants, à un besoin différent qu'ils ont au niveau de
la formation et de l'information. Cela tient également au niveau
où le cours est susceptible de se donner. Cela devient un défi de
taille que de donner un cours substantiel, valable, au titre de la formation,
en particulier au niveau III, pour les étudiants autant d'ailleurs du
secteur général que du secteur professionnel. Si nous nous
rappelons notre propre cheminement d'études, nous avons reçu des
cours d'histoire finalement à un niveau qui correspondait au-delà
du secondaire V et je ne suis pas certain que nous en profitions à 100%.
Je veux bien croire qu'il y a eu évolution à plusieurs
égards, que la didactique des disciplines entre autres s'est
améliorée, mais il reste qu'un défi de taille auquel on
fait face, c'est d'enseigner l'histoire, en particulier, si tôt.
Vous ne répondez pas sur le terme national. J'imagine que vous
visez la nation...
M. Morin (Sauvé): C'est parce que je n'ai pas eu le temps
d'y venir, mais je peux répondre à toutes vos questions
là-dessus.
M. Vaugeois: Alors, je tiens pour acquis, et vous me corrigerez
si je me trompe, qu'il s'agit ici de la nation ou canadienne-française
ou québécoise, et je me permettrai un commentaire très
bref. On a, dans les milieux nationalistes, plaidé pour la place de
l'enseignement de l'histoire en particulier, au cours secondaire. Je ne vous
étonnerai pas en vous disait que j'étais moi-même de ce
plaidoyer, mais avec une préoccupation qui n'a peut-être pas
toujours été très bien perçue. Il ne s'agit pas de
faire de l'histoire une discipline à vocation politique; il s'agit de
lui garder, avec beaucoup d'attention et beaucoup de soin, sa valeur de
discipline scientifique, avec une préoccupation de formation et
d'information, ce dont les jeunes ont particulièrement besoin. À
aucun moment, il ne faudrait qu'un cours d'histoire ou de géographie
devienne l'occasion d'une information à tendance politique.
Je pense bien que tout le monde s'entend là-dessus, mais il y a
des précédents qui nous montrent que le danger existe. Je vais
vous avouer, M. le ministre, que si j'ai insisté pour poser cette
question, c'est que je craignais que le ministère de l'Éducation
continue à subventionner un programme d'études qui proposait
l'intégration de l'histoire et de la géographie et dont
l'objectif était nettement politique, faisant servir ces deux
disciplines à des objectifs d'unité nationale au sens où
on l'entend généralement à Ottawa.
Vous n'ignorez pas qu'en certains milieux de l'Ontario, on s'est
préoccupé de l'influence qu'avait pu avoir au Québec
l'enseignement traditionnel de l'histoire. On y a même vu les sources des
revendications d'affirmation nationale des Québécois; alors que
l'enseignement de l'histoire était à peu près
complètement disparu, on y cherchait quand même une telle
explication.
Partant de là, on a construit et on continue de préconiser
un programme dit d'études canadiennes où l'approche cesse,
à mon avis, d'avoir une valeur de formation véritable pour
devenir un cours de propagande en faveur de l'unité canadienne. Cela
m'amènerait finalement à vous poser peut-être une
sous-question: Vous pouvez donc témoigner aujourd'hui, M. le ministre,
qu'il n'existe pas de subvention particulière de votre ministère
pour favoriser l'élaboration d'un tel programme d'études
canadiennes?
M. Morin (Sauvé): II est bien sûr que lorsqu'on veut
amener un peuple à perdre sa personnalité, l'un des premiers
moyens dont on dispose, c'est de lui faire perdre la conscience qu'il a de
lui-même en tant que peuple et de supprimer l'enseignement de l'histoire
nationale.
D'autre part, je suis convaincu, et Lionel Groulx a là-dessus des
pages extrêmement profondes, qu'il est possible d'enseigner l'histoire de
façon objective, même si chaque peuple peut avoir sa version
à lui des événements.
On n'arrivera jamais à établir entre
Québécois francophones et Anglo-Canadiens un consensus sur la
signification de ces événements historiques. Pour les uns, c'est
un événement fâcheux, pour les autres, c'est un
événement heureux. Mais il reste qu'il est possible de
décrire les faits et de laisser chacun juger selon ses racines et selon
sa mentalité, selon son univers mental.
Cela étant dit, le cours d'histoire nationale auquel nous nous
référons est un cours que le député connaît
bien, qui s'intitule, je crois "Nouvelle-France, Canada, Québec". Je
crois même qu'il a commis là-dessus un manuel par ailleurs fort
estimé et que j'ai moi-même utilisé à
l'occasion.
Je ne sache pas que le ministère subventionne des enseignements
à caractère politique qui auraient pour objet je ne sais trop
quelle propagande en faveur d'un Canada uni, mais je ne sache pas non plus que
le ministère subventionne des enseignements qui auraient pour but de
faire avancer la thèse souverainiste plutôt qu'une autre
thèse non plus. En tout cas, si c'était le cas, je voudrais que
ce soit porté à mon attention, parce que ce n'est pas ainsi que
je conçois l'enseignement de l'histoire.
D'autre part, le député saura que j'ai fait retirer de la
circulation des documents qui me paraissaient, eux, carrément
biaisés, dont ce jeu du moins le présentait-on comme un
jeu ce document intitulé "Oh! Canada". Le titre étant
lui-même anglicisant d'ailleurs, et le tout étant d'une
pédagogie plus que douteuse. J'ai fait retirer de la distribution ce
jeu, ce soi-disant jeu, ce qui donne une idée de mes attitudes. Je ne
veux pas qu'on se serve du système scolaire québécois pour
faire passer quelque propagande que ce soit.
Que certains professeurs enseignent l'histoire d'une manière
plutôt que d'une autre, c'est la besogne de chacun, à la condition
qu'il se tienne à l'intérieur du programme. Chacun a sa
pédagogie et chacun a sans doute aussi ses idées et le
ministère n'a pas à faire des vérifications
idéologiques, assurément.
M. Vaugeois: M. le Président, vous me permettrez un
dernier commentaire. Je pense que le ministère de l'Éducation a
rarement eu un ministre aussi préoccupé, et avec autant de
compétence que son titulaire actuel pour ces questions. Les propos que
vous venez de formuler sont fort justes et les inquiétudes que vous avez
soulignées n'étaient pas nécessairement celles que j'avais
à l'esprit, mais ce sont celles que le milieu, à certains
moments, a eues à l'esprit au point d'ailleurs de décréter
il n'y a pas tellement longtemps une enquête sur la qualité des
enseignants de l'histoire et la partie de leur enseignement, par une personne
bien connue, qui d'ailleurs, avait donné un résultat absolument
non probant, ni dans un sens, ni dans un autre. Toutes les tendances peuvent se
retrouver à l'école comme elles sont dans le milieu.
L'école ne s'abstrait pas des influences du milieu.
Comme j'ai soulevé moi-même le problème de la
définition du terme "national", mon dernier commentaire serait le
suivant: Étant donné que le programme officiel du
ministère de l'Éducation en histoire a besoin de constantes
améliorations, il me semble qu'un filon devrait être
utilisé à partir de la formule suivante: On ne devrait pas
chercher
à faire l'histoire d'un territoire; on devrait plutôt
chercher à faire l'histoire d'un peuple. Ainsi, ce peuple a tantôt
une dimension atlantique, tantôt une dimension liée à
l'Amérique du Nord, ou une dimension liée au Canada
français.
L'histoire du Québec ne se dissociera jamais de l'histoire du
Canada. Il n'en reste pas moins que ce peuple, aujourd'hui, se concentre sur
une partie du territoire de l'Amérique et qu'il faut en tenir compte. Je
dis ces choses qui peuvent paraître banales, parce que, longtemps, on a
imposé à nos étudiants une approche canadienne de la
connaissance du passé, dans le sens que vous avez manifesté tout
à l'heure. Mais on ne retenait que les faits qui étaient à
l'intérieur du Canada, alors qu'on négligeait des faits qui
avaient valeur d'explication, comme la Révolution américaine, par
exemple, ou certains faits de l'histoire du monde atlantique qui ont une valeur
tout aussi importante.
Si je vous disais, M. le ministre, qu'au Canada anglais, on continue
d'avoir des cartes explicatives de caractère historique qui font
abstraction du sud de notre pays, qui est toujours le Canada, alors que ce qui
se passe au sud a souvent eu, pour notre propre évolution, une valeur
d'explication plus grande que certains événements qui se sont
déroulés aux limites du territoire canadien.
Si on veut bien accepter de faire l'histoire d'un peuple, en relation
avec d'autres peuples, plutôt que de l'histoire d'un territoire, on
trouve là, je crois, la clef toute simple d'une élaboration de
programme qui convient à la dimension même de l'histoire, qui est
essentiellement une science de l'homme et rien d'autre.
M. Morin (Sauvé): J'abonderais dans le même sens, M.
le Président, et je trouverais pénible que les jeunes
Québécois ne sachent pas qu'à une certaine époque,
dans l'histoire de l'Amérique du Nord, la plus grande partie de ce
continent relevait du Québec, de la capitale de l'Empire français
d'Amérique, qui était le Québec.
Je me contenterai, pour terminer, puisque l'heure est venue, de raconter
une anecdote qui marque bien notre présence dans toute l'Amérique
du Nord. Un jour, un de mes collègues, aujourd'hui membre de la Cour
suprême du Canada, se trouvait dans l'Ouest, dans un des grands parcs
nationaux de l'Ouest américain. Il était allé, ce dimanche
matin, à la messe dans une petite chapelle, qui s'appelait "Our Lady of
the Tetons". Cela l'intriguait beaucoup, ce titre. Qu'est-ce que cela peut
signifier, "Our Lady", Notre-Dame des Tétons? En sortant, il a
posé la question au prêtre qui avait dit la messe. Celui-ci a
rougi légèrement et se tournant vers la chaîne de montagnes
qui se trouvait derrière lui, lui a indiqué deux superbes
mamelons qui avaient été baptisés, à la
manière bien québécoise, par des voyageurs venus de
Montréal. Notre-Dame des Tétons.
M. Vaugeois: Pour une fois, je ne voudrais pas laisser le dernier
mot au ministre. Est-ce que le ministre me permettrait une anecdote du
même genre qui sera très brève? Un jour, j'étais
dans un musée de Virginie. Il y avait une immense carte qui montrait
l'empire français d'Amérique et l'empire espagnol, il ne restait
à peu près rien pour les Américains, si vous
préférez, pour les colonies anglaises on est vers 1700
cela se limitait à une étroite bande de terre sur la
côte atlantique. J'y suis resté une demi-journée à
entendre les Américains dire: Ils se sont trompés, il y a une
erreur, cela ne se peut pas. Je me suis dit que s'il fallait que vienne un
Québécois, il serait probablement d'accord avec les
Américains pour dire: Effectivement, il y a une erreur.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, je proposerais
l'ajournement à 20 heures, ce soir.
Le Président (M. Clair): Effectivement, nous suspendons
nos travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications est réunie pour continuer l'examen des
crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux à 18 heures, le
député de Gaspé avait demandé la parole.
M. le député de Gaspé.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je crois qu'il
vous faudrait tout de même constater qu'il y a eu changement, si nous
voulons être parfaitement dans l'ordre. Il y a eu substitution d'un
député de l'Opposition officielle pour un autre.
Le Président (M. Clair): Effectivement, le
député d'Outremont...
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Clair):... remplace le
député de L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): Cela ne se fait pas normalement, mais
nous allons faire une exception, ce soir, en faveur d'un invité aussi
illustre.
M. Raynauld: Cela ne se fait pas? J'en suis surpris.
M. Morin (Sauvé): Pas en cours de journée
d'habitude mais, pour vous, M. le député d'Outremont, nous allons
faire une exception.
M. Raynauld: Je suis très impressionné par cette
magnanimité.
Le Président (M. Clair): De toute façon, en vertu
de notre règlement, lors de l'étude des crédits
budgétaires, tout député a le droit de se faire entendre,
qu'il soit membre de la commission ou non.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Avant la suspension
à 6 heures, M. le député de Trois-Rivières avait
touché certains points que j'aimerais développer. Il a
parlé d'histoire. Comme nous en sommes à l'enseignement de
l'histoire et de la géographie, je voudrais englober les deux, parce que
dans mon optique, c'est inséparable.
Je voudrais constater qu'en dépit de tous les efforts qui ont
été développés au cours des dernières
années, soit du côté du matériel pédagogique,
des sociétés de professeurs, de nombreux congrès, de
nombreuses sociétés d'histoire régionale, de nombreux
groupes de recherche, il s'est produit une dégradation dans
l'enseignement de l'histoire, à tel point que c'est presque toute une
génération qui est tout à fait ignorante des grands faits
non seulement de l'histoire locale, mais surtout de notre histoire
régionale.
Je crois bien que personne n'a jamais mis en cause la fonction
éducative de l'histoire et de la géographie. Évidemment,
on a voulu démocratiser l'enseignement.
On a connu la Révolution tranquille, qui nous a apporté ce
pluralisme avec un horaire très chargé, beaucoup de
matières qui sont peut-être toutes très valables et
à ce moment, le malheur est qu'on a relégué l'histoire au
rang de matière secondaire et facultative dans bien des cas alors qu'il
n'y a pas si longtemps, l'histoire, c'était quelque chose de fondamental
et de vraiment indispensable dans la formation des jeunes.
Il est un fait que l'on peut constater, même de nos jours. Il y a
beaucoup de professeurs de littérature française qui
s'improvisent professeurs d'histoire ou encore des professeurs d'histoire qui,
dans certaines écoles, ont été forcés d'enseigner
soit la catéchèse ou d'autres matières.
Il me semble que l'histoire devrait être une promotion
véritable et si j'aborde le sujet, c'est peut-être pour avoir
certains éclaircissements. On a touché cet après-midi
l'histoire au général et au professionnel. Je sais très
bien qu'à ce niveau les étudiants sont encore assez jeunes et si
l'histoire est répartie sur un programme de trois ans, il faut
nécessairement repenser les méthodes, les programmes en fonction
des deux groupes d'étudiants et lorsqu'on regarde l'histoire nationale,
dans son ensemble, surtout en fonction de l'enseignement, il semble qu'on ne
peut jamais séparer ici au Canada ces deux régimes. Et, quand on
lit "Notre grande aventure" de Lionel Groulx, quand on voit tous ces noms
français qui ont marqué le Canada, je dirais toute
l'Amérique du Nord, quand on pense à cette épopée
héroïque de nos fondateurs, de nos découvreurs, de nos
explorateurs, de nos missionnaires, des premiers colons, je crois qu'il y a
quelque chose là-dedans, dans ce régime français qui a
tout de même marqué les assises, les bases de la civilisation
française et chrétienne en Amérique du Nord, que nos
jeunes devraient être au courant de ces grands faits. Je crois que ceci
leur inspirerait vraiment la fierté d'être
Québécois, si on commence par cet aspect tellement important.
Ensuite, quand on aborde le régime britannique, évidemment
ici, il y a beaucoup de danger et c'est ici, je pense, qu'il faut repenser le
programme et surtout l'esprit, la méthode de cet enseignement.
Quand on regarde les manuels d'histoire, surtout les anciens, on
plaçait l'accent sur l'histoire religieuse, très peu d'histoire
politique, on parlait un peu de l'histoire militaire et, si l'on compare les
manuels anglais aux manuels français, évidemment, pour nous,
c'était peut-être surtout l'histoire de la province de
Québec, avec un peu de développement sur l'histoire du Canada
tout entier. Les manuels de langue anglaise consacraient peut-être 50
pages sur 500 ou 600 pages à l'histoire du Canada français.
Évidemment, il y avait un débalancement là-dedans et,
comme on l'a mentionné
cet après-midi, l'histoire ne doit pas devenir un instrument de
propagande, de politique. L'histoire ne doit pas se résumer à
décrire nos luttes nationalistes. Je crois qu'il y a là-dedans
beaucoup plus que tout cela.
On a dit aussi que la personnalité du professeur et c'est
vrai pouvait peut-être, encore là, fausser l'enseignement
parce que les faits, surtout quand on considère l'histoire politique,
l'histoire de 1760 à nos jours, ouvrent la porte à de nombreuses
interprétations. Je crois qu'ici, c'est l'honnêteté du
professeur qui va être capable de guider; il peut donner sa version, son
interprétation. On avait mentionné cette semaine à la
commission qu'avant 1960, il y avait très peu de liberté de
laissée aux jeunes, que les cours étaient peut-être trop
autoritaires. Je sais très bien que j'enseignais en 1955 et mon plus
grand plaisir, c'était de provoquer les jeunes. J'étais
peut-être un peu trop nationaliste pour l'époque, peut-être
trop autonomiste aussi, et cela tombait sur les questions politiques. À
ce moment-là, évidemment, je pouvais être tenté de
leur passer un message personnel, mais j'ouvrais...
M. Morin (Sauvé): Quel aurait été ce message
personnel?
M. Le Moignan: C'est-à-dire laisser percer mes tendances
politiques.
M. Morin (Sauvé): Quelles sont-elles, ces tendances?
M. Le Moignan: M. le ministre, à l'époque, je vous
ai dit que c'était très nationaliste et très autonomiste,
vers 1955, et...
M. Alfred: Vous avez changé depuis?
M. Le Moignan: Je n'ai pas changé d'idée.
M. Alfred: Ah!
M. Le Moignan: Je persévère toujours dans la
même ligne de pensée, mais je sais que je le faisais...
M. Morin (Sauvé): Bravo, M. le député.
M. Le Moignan: ...M. le ministre, parce que j'ouvrais la porte
aux discussions, je permettais aux jeunes de s'exprimer. Si j'ouvrais la porte
politique, ce n'était pas parce que je faisais de la politique active,
c'était simplement pour avoir leurs réactions, leur façon
de penser et j'ai toujours procédé en histoire, avec cette
méthode de dialogue.
M. Laplante: Vous êtes conscient que c'est
enregistré? On va lire ça demain.
M. Le Moignan: Je suis très conscient et j'ai des anciens
élèves qui travaillent pour certains ministres; ils pourraient
même vous le prouver, parce qu'il y en a qui ont conservé des
plans d'histoire du Canada.
M. Alfred: Ils doivent être très malheureux de nous
voir avec M. Biron!
M. Le Moignan: Au contraire, ils sont très heureux de voir
que je suis demeuré fidèle à mes convictions. Vous me
dites souvent vous-même, vous du groupe ministériel, que mes
idées se rapprochent beaucoup des vôtres...
M. Alfred: ...sont en concordance avec les nôtres.
M. Le Moignan: Et comme un m'a dit l'autre jour: c'est le parti
de l'Union Nationale qui a tracé la voie du Parti
québécois. Je suis très heureux de mon enseignement d'il y
a 25 ans passés.
M. Morin (Sauvé): Vous avez lieu d'être fier.
M. Le Moignan: Je n'ai pas à le renier et les petits
points qui vont nous séparer, nous allons les voir plus tard au cours de
la session. À ce moment-là, je vous ferai connaître les
points sur lesquels nous ne sommes pas totalement d'accord. Mais il y a des
points sur lesquels je vais insister et...
M. Alfred: Fondamentalement d'accord.
M. Le Moignan: ...fondamentalement, M. le député de
Papineau, comme vous le dites si bien. Quand je parle d'histoire nationale et
quand je parle de géographie, c'est la véritable, pas l'histoire
inventée, pas l'histoire à l'eau de rose, pas l'histoire qui sert
de propagande comme je viens de le dire, mais des manuels, il en existe. Je
vois le député de Trois-Rivières qui me regarde et il
comprend très bien; j'ai intéressé mes jeunes, il y a
longtemps, au Boréal Express. C'était un instrument de travail.
Nous avons fondé une société d'histoire à
Gaspé en 1962, à la suite de ce qui pouvait se faire ailleurs
dans d'autres régions.
Nous n'avons rien inventé à ce moment-là. Mais
c'était justement pour amener les jeunes à penser, à
travailler, à juger par eux-mêmes, même s'ils
n'étaient pas d'accord avec le professeur sur l'interprétation de
beaucoup de faits. Évidemment, dès qu'on touche l'Acte de
Québec, les troubles de 1837, l'Acte de 1891, de 1867, la constitution,
à ce moment-là, on sait très bien, et même à
l'époque, les professeurs d'université ne s'entendaient
même pas sur l'interprétation à donner à certains
actes, certaines lois. Alors, ce n'est pas étonnant que beaucoup de
professeurs, qui ne sont pas prêts et qui enseignent l'histoire du Canada
en l'improvisant, ne puissent guider les jeunes sur la bonne voie.
Mais personne n'est à blâmer, parce que vous savez comment
s'est édifié notre système et, même aujourd'hui,
c'est cela que nous déplorons, c'est que nos professeurs d'histoire ont
plus d'occasions de recevoir une meilleure formation. Quand je dis histoire,
cela englobe, comme je le dirai un peu plus loin, tous les domaines, que ce
soit culturel, politique, économique, religieux, militaire, etc.
Dans les manuels d'histoire, évidemment, je ne parle pas
d'histoire à la Léandre Bergeron, ce n'est pas le manuel que je
conseillerais à mes élèves, si j'avais à retourner
à l'enseignement. Je leur conseillerais plutôt d'aller du
côté de Trois-Rivières, où je me souviens que
l'abbé Martel et un autre avaient déjà un manuel qui
était peut-être assez succinct, mais il reste qu'à ce
niveau du secondaire, pour essayer de faire comprendre à des jeunes les
grands faits qui nous concernent aujourd'hui et qui ont leur redondance, qui
viennent interpeller le peuple québécois pour être
honnête, l'enseignement de l'histoire se devra d'être positif et
non pas biaisé, non pas déformé.
Je crois que M. le ministre de l'Éducation sait très bien
que si l'histoire est un instrument de formation, et je prends formation dans
son sens le plus intégral, le plus fondamental, celui de donner à
nos jeunes cette fierté nationale, et si l'on n'enseigne pas l'histoire,
si on laisse cela facultatif, comme les arts plastiques, ce n'est pas
étonnant, quand on cause avec nos jeunes, qu'ils soient tellement
ignorants de tous les faits qui les ont précédés. Je n'ai
pas à porter de jugement, c'est une constatation qui a été
faite par beaucoup de personnes.
Mais quand on pense à la géographie, pour moi, c'est
inséparable. Quand on remonte aux vieux documents, si on prend la Bible,
par exemple, les premières pages de la Bible, c'est la mise en place de
la terre, des eaux, c'est l'installation des plantes, des animaux, pour en
arriver finalement aux hommes.
Quand on pense aux jeunes Romains et aux jeunes Grecs, c'est dans les
textes d'Homère qu'ils apprenaient leur histoire et leur
géographie. C'est pour cela que, dans toute la civilisation antique,
l'histoire et la géographie sont un des fondements de son humanisme. Il
y a toute une différence entre l'antiquité et notre monde
moderne.
Quand on pense en termes de géographie, il s'est fait une telle
évolution avec nos méthodes modernes de cartes
géographiques, topographiques, démographiques,
économiques, par les moyens audio-visuels qu'il y a là-dedans un
instrument indispensable et c'est beaucoup plus important que les noms de
lieux, que les populations. Je sais très bien, quand on avait un "quiz",
ces programmes, ces concours à $5000, où un type se
perfectionnait dans l'histoire du Canada...
Une voix: Vous n'êtes pas passé, vous, à un
de ces concours?
M. Vaugeois: C'est là que j'ai fait ma fortune.
M. Le Moignan: C'est là que vous avez fait votre fortune,
je m'en souviens très bien. C'était pour des spécialistes.
Tout de même, cela intéressait le peuple. Ce programme a
été très populaire. Quand on pense à tout cela, je
pense que cela nous aide à faire un peu l'inventaire de notre ignorance.
C'est très beau de gémir, mais l'histoire du Canada et la
géographie peuvent nous aider à réfléchir sur
l'actualité mondiale ou nationale et c'est comme cela, je crois, qu'on
va éveiller l'intérêt de nos élèves et qu'on
va vraiment leur donner quelque chose.
L'histoire et la géographie, pour résumer peut-être
cette idée, si on veut développer le patriotisme, si on veut
vraiment donner à nos étudiants une connaissance exacte du
passé, je demande à l'honorable ministre et à ses
officiers de les réintégrer, si elles ne font pas partie
officiellement des programmes. Je suis loin un peu des programmes du secondaire
dans le moment, mais tout le monde y songe, tout le monde voudrait que l'on
revienne à ce point-là.
C'est bien difficile de comprendre l'histoire, si on n'ajoute pas
à cela une compréhension de l'économie et, actuellement,
les manuels d'histoire, les études publiées au cours des
dernières années placent l'accent à côté de
la politique et des autres domaines déjà mentionnés sur le
rôle économique, sur la fonction que cette branche importante doit
jouer, comment elle a marqué notre peuple depuis ses débuts.
Je voudrais simplement ici vous citer quelques lignes d'une étude
de la Chambre de commerce de la province de Québec, une politique
d'action publiée en 1976. Il y a un petit chapitre consacré
à l'enseignement de l'économique et du civisme: À maintes
reprises, et depuis plusieurs années, la Chambre de commerce s'est
élevée contre ces déficiences marquantes dans
l'élaboration de programmes scolaires, de cours en économique et
dans la préparation académique des enseignants.
Par conséquent, les jeunes, au sortir de l'école, du
collège et même de l'université, ne comprennent presque
rien au fonctionnement du régime économique dans lequel nous
vivons. De plus, la Chambre croit que la formation de spécialistes en
gestion administrative, mise en marché, planification et le reste,
répondrait à de grands besoins. À cet effet, il est
nécessaire d'éveiller le goût des étudiants aux
sciences économiques et commerciales.
Nous croyons aussi qu'une connaissance élémentaire des
sciences commerciales et économiques est absolument nécessaire
à l'avancement économique et culturel de la population de la
province de Québec. Le député de Rosemont...
M. Paquette: Moi? D'Outremont.
M. Le Moignan: ...d'Outremont peut élaborer davantage sa
pensée, et je crois que cela lui fait peut-être plaisir d'entendre
ce bref aperçu d'un très intéressant rapport de la Chambre
de commerce.
M. Morin (Sauvé): Qui ne voudrait remplacer une outre par
une rose?
M. Le Moignan: Je le considère tellement important, M. le
ministre, que des cours des notions économiques, même
élémentaires, donnés à nos jeunes du secondaire et
même du collégial, pourraient les inciter à prendre part
davantage à l'économie de notre province. Il suffit de penser aux
programmes donnés dans les milieux anglais.
Déjà très jeunes, ils sont initiés, et, en
plus, on leur donne des notions d'économie, non pas pour qu'ils
deviennent de bons secrétaires, mais pour qu'ils deviennent dans leur
compagnie, dans leur genre de travail, le président, si c'est possible.
Nous, on nous a toujours habitués, si on était secrétaire,
à essayer d'être un parfait secrétaire, un bon
rond-de-cuir. J'insiste sur ce point.
Quand, la semaine dernière, on a remis un doctorat d'honneur
à M. Giroux, président de l'Hydro-Québec, M. Giroux a
insisté sur ces cours d'économie que l'on donne à
l'université qui, d'après lui, ne sont pas adéquats, mais
il a mentionné aussi que cela devrait commencer bien longtemps avant
l'université. Je voudrais soumettre à l'étude du
ministère cette question. Je crois que pour les professeurs d'histoire,
cela pourrait s'intégrer dans un programme avec l'histoire et la
géographie, puisque la géographie va toucher tous les aspects
économiques, culturels et le reste.
À ce moment-là, je crois qu'en ajoutant des cours
d'économie, nous aurons complété un programme d'histoire
et de géographie. Les Québécois seront alors, beaucoup
plus fiers d'appartenir à notre collectivité, parce qu'ils auront
une meilleure connaissance du passé et c'est le passé... Notre
maître, le passé, comme l'Abbé Groulx l'a écrit, est
le garant de l'avenir.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
convenir avec le député de Gaspé que l'histoire est de
plus en plus culturelle, économique et sociale.
On a volontiers mis en vedette, dans le passé, ceux qu'on
appelait les grands hommes, quoique d'aucuns nous ont fait observer qu'il n'y a
pas de grands hommes, mais qu'il n'y a que de grandes causes servies par des
hommes qui se haussent en les servant.
Le véritable acteur de l'histoire, je suis persuadé, sans
doute comme le député de Gaspé, que c'est le peuple, avant
tout le peuple. Or, l'histoire des peuples, elle est culturelle, sociale,
économique. Cela m'amène à répondre aux voeux qu'il
exprimait d'une éducation économique qui viendrait
compléter la formation historique et géographique.
Le député tombe bien. C'est l'une des conclusions du
sommet économique qui vient de se dérouler à
Pointe-au-Pic. C'est l'un des engagements que le gouvernement, par la bouche du
premier ministre, a pris, aujourd'hui même, que de faire une place plus
importante à l'enseignement de l'économie.
Justement, au ministère de l'Éducation, nous songions,
depuis quelque temps, à intégrer au sein d'un bloc appelé
sciences humaines, non seulement l'histoire et la géographie, mais
également l'éducation économique.
En fait, je puis annoncer, volant, en quelque sorte, au-devant des
désirs du député de Gaspé, que la direction
générale du développement pédagogique en a fait
l'une de ses priorités pour l'année 1977/78. Nous songeons
à un enseignement économique au niveau du secondaire IV ou V.
Nous n'avons pas encore pris de décision. Nous sommes en train
d'étudier ce qui serait le plus opportun, et nous songeons
également à ce qu'on pourrait appeler une initiation à
l'histoire économique au niveau primaire, mais qui utiliserait, qui
procéderait par le biais de la commission, de l'épargne et d'un
certain nombre de notions que les jeunes élèves devraient se voir
inculquer assez tôt dans leur vie.
Je me résume: Le gouvernement reconnaît que parmi les
sciences humaines, l'économie est aujourd'hui, sinon aussi importante,
du moins presque aussi importante que l'histoire et la géographie. Le
député a parfaitement raison de voir là un tout.
Nous comptons, au cours de l'année qui vient, élaborer des
programmes d'initiation économique et de sciences économiques aux
niveaux primaire et secondaire et j'imagine que, d'ici quelques mois, je serai
en mesure d'annoncer des mesures plus précises, soit devant cette
commission, soit devant l'Assemblée.
M. Le Moignan: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
Enseignement religieux, classes d'accueil, etc
M. Raynauld: Je vous remercie, M. le Président. Je
m'excuse si j'arrive un peu à brûle-pourpoint au milieu des
travaux de la commission. Si je soulève des questions, M. le
Président, qui ont déjà été traitées,
même si vous n'avez pas besoin de mon autorisation, vous me le direz, si
je vais à l'encontre du règlement.
Je voudrais d'abord enchaîner sur ces questions sur l'enseignement
de l'histoire et de la géographie pour appuyer, évidemment, les
efforts que le ministre vient de nous annoncer qu'il ferait pour l'enseignement
de l'éducation économique.
Il y a d'ailleurs d'autres ministères qui ont
développé toutes sortes de travaux et qui essaient aussi de
vendre l'idée de l'éducation économique. Si je comprends
bien, ces travaux, en particulier du ministère de l'Industrie et du
Commerce, vont porter fruit bientôt.
J'ai des questions un peu plus particulières à poser en ce
qui concerne cet enseignement. D'abord, si j'ai bien compris le ministre, cet
enseignement ne serait pas nécessairement donné dans le cadre des
cours d'histoire et de géographie dont nous parlons ici.
M. Morin (Sauvé): Non. Cela serait distinct, mais dans le
bloc des sciences humaines.
M. Raynauld: Cela sera distinct, oui. Dans le bloc des sciences
humaines. Un des problèmes que je voulais soulever est qu'il semble
qu'il y ait
déjà des difficultés reliées aux horaires et
qu'il y en aurait même pour l'histoire et la géographie, de sorte
que la question évidente que je pose est celle-ci: Comment allez-vous
introduire cet enseignement additionnel, si vous avez déjà des
difficultés à introduire l'histoire et la géographie dans
le programme actuel parce qu'apparemment, il est déjà assez
chargé?
J'ai noté que le Conseil supérieur de l'éducation
vient justement d'émettre un avis sur ces questions et note avec regret
une diminution progressive du temps d'enseignement et insiste auprès du
ministère pour que ce soit la priorité pédagogique
première et non pas celle des conventions collectives. Je ne puis
qu'appuyer une telle position et, à cet égard, je demanderais ce
que le ministre entend faire pour que cette priorité soit
respectée et ensuite, évidemment, si elle peut être
respectée, dans quelle mesure il sera possible d'introduire l'histoire
et la géographie, d'une part et ensuite, comment il sera possible
d'introduire en plus des programmes dans ce bloc de sciences humaines et de
programmes centrés sur l'éducation économique.
Enfin, étant donné que l'histoire et la géographie
sont des matières distinctes de l'éducation économique, je
voudrais demander si le ministre pourrait nous donner une ébauche du
programme de ces nouvelles matières d'histoire et de géographie,
puisque le ministre sera très sensible à l'idée que, dans
de telles matières, il est facile de passer d'un enseignement de
très haute qualité à un enseignement qui se résume
à de la propagande.
Je voudrais qu'il nous assure que toutes les mesures seront prises pour
éviter que les cours d'histoire soient ainsi transformés en des
enseignements qui ne seraient pas dignes d'enseignement dans le système
d'éducation du Québec. Donc, je lui demande s'il existe
déjà un programme pour qu'on puisse se rendre compte, s'il y a
lieu, de la nature de l'histoire qu'on va enseigner. Est-ce que c'est une
histoire comme celle à laquelle le député de Gaspé
a fait allusion tout à l'heure? Est-ce que c'est une histoire à
la Léandre Bergeron? Ou si c'est une histoire véritable qui va
être enseignée dans nos écoles? Voilà pour le
problème de l'histoire et de la géographie.
Si vous me permettez, je pourrais peut-être ajouter quelques
autres questions. Je n'aime pas revenir continuellement. Alors, je voudrais
passer à d'autres sujets pour poser aussi des questions d'information.
D'abord, est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques indications sur
la situation qui existe à l'heure actuelle relativement aux classes
d'accueil? Autres points. Parmi les priorités du ministère pour
l'année 1977-1978, j'ai noté également un plan de
développement de l'éducation chrétienne. Je voudrais
peut-être quelques renseignements supplémentaires à cet
égard. Comment cet enseignement sera-t-il organisé?
M. Morin (Sauvé): Lequel, je m'excuse?
M. Raynauld: C'est celui de votre priorité sur un plan de
développement de l'éducation chrétienne.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Raynauld: J'aimerais peut-être que vous nous exposiez un
peu plus en détail quel est ce plan de développement, comment il
va être appliqué et, en particulier, quelle est la relation qui
peut exister entre cet enseignement de l'éducation chrétienne et
les cours de formation qui existent déjà sur la formation
personnelle et sociale. Est-ce que cela se marie ou si c'est un enseignement
additionnel?
Autre question. Il m'aurait semblé naturel que, dans une
évaluation de l'activité d'ensemble du ministère, on ait
une idée de ce qu'on appelle les taux de scolarisation par âge,
puisque c'est cette mesure qui, habituellement, est choisie pour
déterminer le degré de réussite d'un système
d'enseignement. Il est possible qu'il y ait des difficultés statistiques
attachées à l'élaboration d'une telle mesure, mais
j'aimerais bien savoir, de la part du ministre, si ces taux existent et s'il
faut nous les donner. Enfin, on a fait allusion, apparemment, soit hier, soit
aujourd'hui, à une nouvelle formule de financement des commissions
scolaires. D'ailleurs, c'est bien au programme ici, je l'ai, l'implantation
d'une nouvelle formule de financement. Si ce n'est pas complètement
antiréglementaire, j'aimerais peut-être qu'on nous explique quelle
est cette nouvelle formule de financement. Si je pose la question, c'est parce
que j'ai déjà posé la question au député de
L'Acadie et elle ne semblait pas avoir une idée bien précise de
ce qu'était cette nouvelle formule de financement. Alors, avec votre
permission, j'aimerais, si c'était possible, que vous nous expliquiez,
peut-être de nouveau, quel est l'essentiel de cette formule. Je vais
arrêter là pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai
déjà répondu, au moins partiellement, à plusieurs
des questions soulevées par le député d'Outremont,
notamment pour ce qui est de la diminution des heures d'enseignement et de la
nouvelle formule de financement. Toutefois, je veux bien me résumer.
J'ai démontré, cet après-midi, à la suite d'une
question de Mme le député de L'Acadie, qu'il ne se produirait
aucune diminution des heures d'enseignement au niveau primaire, à la
suite des recommandations que j'ai faites aux commissions scolaires sur
l'organisation de l'enseignement à ce niveau.
S'il se produit quelque perte, quelque diminution, c'est essentiellement
au niveau secondaire par la perte de quelque 75 minutes, lesquelles peuvent
être compensées par l'existence de 100 minutes que les enseignants
doivent mettre à la disposition des étudiants pour fins
d'encadrement en vertu de la convention collective.
On ne peut donc, à l'heure actuelle, évaluer de
façon précise cette diminution, à supposer qu'il y
en ait une. Je ne voudrais pas que le député d'Outremont
dramatise une situation qui bien sûr nous préoccupe, mais qu'il se
rende plutôt compte que nous avons réussi à conserver la
polyvalence du système secondaire. Ce qui, dans les circonstances, peut
paraître à certains un véritable tour de force. Nous avons
réussi à conserver les sept blocs de matière, alors que
plusieurs personnes, sinon plusieurs groupes, auraient voulu nous voir passer
à six blocs. Ce qui non seulement aurait signifié une
véritable diminution des heures d'enseignement, mais surtout aurait
entraîné la fin de la polyvalence de nos écoles
secondaires.
Pour ce qui est de l'histoire, de la géographie et de
l'éducation économique, il y a une distinction à faire qui
est la suivante. L'Assemblée nationale nous a demandé de rendre
obligatoire l'enseignement de l'histoire nationale par une résolution
votée en 1974, à l'unanimité, résolution qui
émanait de l'Opposition, mais qui avait été reprise par le
gouvernement après l'avoir modifiée.
De sorte que l'intention du gouvernement, déjà
manifestée dans certaines des décisions qui ont été
prises par le Conseil des ministres, c'est de rendre obligatoire l'enseignement
de l'histoire, sans doute aussi celui de la géographie dans la mesure
où nous arriverons à résoudre les difficultés
considérables qui sont liées à la surcharge de la
grille-matières. Dans ce sens, je dois donner raison au
député d'Outremont, il y a là des contraintes certaines.
Toutefois, nous avons réglé le cas de l'histoire, au secteur
général du secondaire, puisque celle-ci, non seulement est
obligatoire, mais deviendra dès l'an prochain obligatoire pour fins de
certification.
J'ai dit, cet après-midi, que nous étudions, à
l'heure actuelle, la possibilité d'étendre cet enseignement
obligatoire de l'histoire et de la géographie, au secteur professionnel
du niveau secondaire, peut-être au secondaire III. Mais les
décisions ne sont pas encore prises parce qu'il y a beaucoup de
difficultés à surmonter.
Pour ce qui est de l'éducation économique, il n'existe
à peu près rien à l'heure actuelle et le projet du
ministère et du gouvernement, c'est de présenter, au niveau
secondaire, un cours qui serait facultatif, un cours d'éducation
économique facultatif. Tenter de lui faire une place, à titre
obligatoire, relève presque de la quadrature du cercle, pour les raisons
que le député d'Outremont a soulignées lui-même. Si
nous pouvions le rendre obligatoire, nous en serions fort heureux, mais pour
l'instant, ce serait déjà, je pense, une réalisation
considérable que d'organiser un bon enseignement d'éducation
économique, à titre facultatif.
Au niveau primaire, étant donné qu'il existe
déjà un certain enseignement qu'on pourrait qualifier
d'initiation à la vie sociale, on y ajoutera simplement la dimension
économique et cela fera partie d'un tout. Du moins, c'est le projet
à l'heure actuelle, il reste à l'élaborer, il reste
à l'étoffer et je ne sais pas quelle forme il prendra
éventuellement.
Me tournant maintenant vers l'éducation chrétienne, je
voudrais simplement vous rassurer et vous dire que cette formation, que ce
programme de formation, n'a rien d'un programme d'initiation à la
personnalité. C'est un véritable cours de formation religieuse
que nous avons à l'esprit. Si je pouvais vous décrire le contenu
des travaux à faire pour réaliser cette priorité au cours
de l'année qui vient, je pourrais vous décrire les
opérations suivantes:
II convient d'élaborer un projet éducatif pour
l'école catholique, y compris la préparation d'un diaporama.
Il convient d'élaborer et d'implanter de nouveaux programmes, de
préparer des devis en matière d'enseignement religieux, et pour
l'enseignement religieux de type culturel, et pour l'enseignement religieux
professionnel, et pour l'enseignement moral qui, vous le savez, est
facultatif.
Il faudra également, au cours de l'année, réviser
le programme de l'enseignement religieux de l'élémentaire IV et
préparer le devis pour ce qu'on appelle l'instrumentation. C'est un
terme baroque qui relève du jargon de mon ministère.
Il faudra de même spécifier les programmes, préparer
des documents relatifs à la pastorale scolaire dans les écoles
secondaires et élémentaires.
Il faudra, enfin vous voyez que c'est tout un programme
entreprendre des études et des recherches sur la problématique
d'une deuxième voie en enseignement religieux à
l'élémentaire, sur la problématique de l'enseignement
religieux chez les Inuit et les Montagnais.
Il faudra procéder à la rédaction d'un document
d'information sur l'application des articles 14, 15 et 16 du règlement
du comité catholique.
Il faudra préparer un diaporama d'information sur les options en
enseignement religieux de type culturel et en enseignement moral. Je pourrais
continuer encore de la sorte.
M. Raynauld: Je ne vous en demandais pas tant.
M. Morin (Sauvé): J'ai le souci que vous soyez pleinement
informé.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a quelque chose pour 1977/78, M. le
ministre? Est-ce que cela va être fait pour 1977/78 ou si c'est pour
1980?
M. Morin (Sauvé): II y a déjà des choses qui
vont se faire, en 1977/78, mais...
M. Raynauld: Parce que j'ai noté que...
M. Morin (Sauvé): ... la revue de programmes est
destinée à entrer en oeuvre, à être mise en oeuvre
à la rentrée 1978, c'est bien cela.
M. Raynauld: 1978/79? M. Morin (Sauvé): 1978/79.
M. Raynauld: Voilà, très bien.
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas que le
député ait l'impression qu'il ne se fait, à l'heure
actuelle, ni enseignement religieux, ni enseignement moral dans nos
écoles, tout simplement que__le pense qu'il faut que je m'explique
davantage, parce que le député n'était pas là quand
nous en avons parlé.
En 1974, le comité catholique a décidé de
reconnaître, comme étant catholiques, les écoles qui
relèvent des commissions dites catholiques, ce qui n'était pas le
cas auparavant. Elles étaient catholiques sans l'être
officiellement.
Désormais, elles le sont, comme les écoles protestantes
sont protestantes officiellement, désormais.
M. Raynauld: Est-ce que ce sont les écoles
élémentaires et secondaires?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, puisqu'on trouve les
unes et les autres sous la compétence des commissions scolaires. En
1974, le gouvernement, le lieutenant-gouverneur en conseil, a adopté le
règlement du comité catholique et le règlement du
comité protestant du Conseil supérieur de l'éducation. Ces
règlements posent des exigences à l'endroit des écoles qui
sont reconnues comme étant catholiques ou comme étant
protestantes. C'est pour mettre en oeuvre ces décisions de 1974 que,
depuis ce temps-là, le comité catholique et le comité
protestant ont élaboré des programmes et sont sur le point de
pouvoir les mettre en oeuvre dans les écoles relevant de leur
compétence.
Donc, nous nous préparons à appliquer les
règlements adoptés. Est-ce que cela est plus clair?
M. Raynauld: Oui, parfait. M. le Président, je pense qu'il
y avait d'autres questions que j'avais posées. Sinon, je voudrais
peut-être revenir avec quelques questions supplémentaires sur les
mêmes sujets.
M. Morin (Sauvé): Ah! effectivement, il y avait encore une
ou deux autres questions, comme les classes d'accueil.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, est-ce que c'est
sur une question qui avait été posée, dans le groupe de
questions qui viennent juste d'être posées, ou si ce sont de
nouvelles questions que le député veut poser concernant les
classes d'accueil?
M. Raynauld: Pas de nouvelles questions.
Le Président (M. Clair): Pas de nouvelles questions, parce
que...
M. Raynauld: Ce sont des questions additionnelles sur les
réponses que le ministre vient de nous donner et, en plus, je lui
demande s'il pourrait répondre aux autres questions que j'avais
posées. Suivant mes notes, il en reste deux.
Le Président (M. Clair): Vous pourriez peut-être les
rappeler au ministre immédiatement.
M. Raynauld: II y a les classes d'accueil dont on parle et,
ensuite, les taux de scolarisation.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, je ne sais
pas si nous avons sous la main les documents concernant le taux de
scolarisation. Nous les avons envoyé chercher, parce qu'ils existent,
ces taux. Je serai tout à l'heure, à même de vous
renseigner, sinon à la première séance qui se
présentera à laquelle le député sera
présent.
Pour ce qui est des classes d'accueil, je puis vous mettre au courant de
l'évolution des effectifs dans les maternelles et les classes d'accueil
pour chaque commission scolaire, non, je ne le ferai pas, parce qu'il y en a
17, je vais vous donner les totaux, je pense que c'est ce qui vous
intéresse, essentiellement.
M. Raynauld: Oui.
M. Morin (Sauvé): Pour l'année 1973/74, il y avait,
dans l'ensemble de ces 17 commissions scolaires la plupart sont
circonvoisines de Montréal, mais on y trouve également
Sherbrooke, Sainte-Foy, c'est cela 1589 enfants dans ces classes
d'accueil. Je vous rappelle qu'elles sont destinées avant tout aux
immigrants, n'est-ce pas? Le député sait certainement cela.
L'année suivante, au 31 janvier 1975, le chiffre était de
2348.
Au 31 janvier 1976, le chiffre était passé à 3486,
surtout en raison de la croissance spectaculaire à la CECM du groupe de
6 à 17 ans, qui avait plus que doublé cette
année-là. En 1976/77, plus précisément au 30
septembre 1976, ce sont les chiffres les plus récents que je
possède, ce groupe de 6 à 17 ans a diminué à la
CECM, de même que le groupe de 5 ans. Le total général est
de 2919, presque 3000 élèves ou participants.
M. Raynauld: Alors, une question additionnelle sur les classes
d'accueil. Est-ce que ce nombre d'élèves représente le
potentiel ou est-ce que cela représente... est-ce que les limites, c'est
le nombre de classes offertes? Est-ce qu'en tant que ministre de
l'Éducation, vous êtes satisfait de cet effectif?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je n'ai pas une
connaissance directe des faits, mais on me dit que ces chiffres
représentent à peu près l'effectif intéressé
à suivre ces cours. Le chiffre a connu une croissance assez remarquable,
en dépit de la dénatalité, faut-il le souligner, et c'est
en raison des transferts qui se font moins vers les écoles anglophones
et davantage vers le secteur francophone. Sans doute ces chiffres vont-ils
s'accroître encore davantage et la clientèle en puissance
va-t-elle croître. Je n'oserais avancer de chiffres, parce que je n'en
possède pas, mais je ne serais pas surpris que cela aille chercher
plusieurs centaines d'enfants de plus l'an prochain.
M. Raynauld: Alors là, vous avez donné deux
chiffres, je m'excuse, mais 2919, c'est pour 1976/77; 3486,
c'était pour quelle année?
M. Morin (Sauvé): C'était pour l'année
précédente.
M. Raynauld: L'année précédente?
M. Morin (Sauvé): Au 31 janvier 1976. C'est pour
l'année 1975/76. Je n'ai malheureusement pas de chiffres plus
récents que ceux du 30 septembre 1976 à vous donner.
M. Raynauld: II aurait été intéressant de
savoir s'il y a eu des changements récents, plus récents pour
septembre de l'année dernière, 1976/77.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'eût été
intéressant et d'autant que d'habitude, de septembre à janvier,
il y a une croissance.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): À cause de l'arrivée des
immigrants.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Alors, je ne serais pas surpris que le
total soit... On me dit que nous pourrons déposer demain matin les
chiffres au 31 janvier. Nous allons les faire sortir.
M. Raynauld: Merci.
M. Morin (Sauvé): Au 31 janvier 1977, naturellement.
M. Raynauld: C'est cela, 1977. Alors, quelques autres questions
supplémentaires en commentaire aux réponses qui viennent
d'être données. En ce qui concerne...
Le Président (M. Clair): M. le député,
est-ce que c'est concernant les classes d'accueil...
M. Raynauld: Non.
Le Président (M. Clair): ...parce que vous avez
évoqué plusieurs sujets lors de vos questions. J'ai actuellement
sur ma liste un certain nombre de députés qui, je pense, sur au
moins deux sujets que vous avez évoqués, les classes d'accueil et
l'enseignement religieux, désireraient intervenir. Étant
donné que nous avions convenu, dans le but de circonscrire le plus
possible nos discussions, de vider une question avant de passer à une
autre, est-ce qu'on pourrait passer immédiatement à d'autres
députés qui désirent intervenir sur l'un ou l'autre des
deux sujets? D'abord, sur l'enseignement religieux, le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président. Je sais très
bien que M. le ministre de l'Éducation, dans une conférence du
mois de mars 1977, a bien men- tionné le fait que la collectivité
québécoise compte dans son héritage la foi
chrétienne. Si je comprends bien, dans le budget de 1977/78, il y a des
fonds plus volumineux qui seront affectés à l'éducation
chrétienne.
M. Morin (Sauvé): C'est un montant assez substantiel, si
ma mémoire est bonne; de mémoire, c'est $1 641 000.
M. Le Moignan: Je sais que c'est supérieur au montant de
l'année précédente.
M. Morin (Sauvé): Ah, oui!
M. Le Moignan: Oui.
M. Morin (Sauvé): C'est en plus de ce qui était
prévu l'année précédente.
M. Le Moignan: Oui. Maintenant, je me pose une question: Nous
avons des prêtres, des aumôniers qui travaillent à temps
plein et d'autres à temps partiel. Je sais que, dans une commission
scolaire, et je sais que ce ne sont pas des directives, je crois, qui
émanent du ministère de l'Éducation, on a signifié
à des aumôniers qu'ils ne seraient pas réengagés en
septembre prochain. Peut-être que j'ai ouï-dire que les commissaires
n'étaient pas d'accord. Parce qu'ils voulaient épargner de
l'argent et affecter ces sommes à d'autres causes, ils ont
diminué les objectifs du côté des aumôniers.
Maintenant, je ne sais pas s'ils n'aiment pas la poste royale; ça
coûte $0.12 pour une lettre. Ils ont fait livrer, par un huissier, une
lettre avertissant les prêtres en question. J'ai un cas, en particulier,
où l'huissier a parcouru 120 milles pour aller livrer une lettre. Je ne
sais pas combien son voyage a coûté, mais 120 milles pour livrer
une lettre à un prêtre par un huissier... Je ne sais pas s'il
avait un dossier judiciaire ou quelque chose, mais, avec $0.12, par la poste,
cela aurait simplifié les choses. La commission scolaire aurait
épargné de l'argent. Comme je vous dis, ce ne sont pas vos
directives. C'est peut-être un problème d'ordre local, mais,
étant donné qu'il y a plus d'argent d'affecté, ça
me surprend qu'on diminue, qu'on coupe.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je voudrais
vous rassurer. C'est en vertu, je crois, de certaines dispositions de
conventions collectives et pour éviter toute contestation possible
ultérieurement qu'on a procédé de cette façon qui,
je l'avoue, n'est pas la plus civilisée qui soit. Mais elle
empêche que soient faits des griefs par la suite, sous l'empire de la
convention collective.
Cela étant, je suis conscient de certains faits qui se sont
produits, non pas de façon générale, mais à gauche
et à droite, et, pour plus de détails, je vais prendre conseil de
M. André Rousseau, qui est le sous-ministre associé de foi
catholique.
Au niveau de la pastorale scolaire, dans le plan de
développement, il y a une priorité qui s'évalue à
environ $400 000, en vue, justement, de permettre d'offrir un service
adéquat au niveau
élémentaire. Dans les écoles primaires, il y a
actuellement différents modèles d'animation pastorale. Il y a
certaines commissions scolaires qui n'offrent aucun moyen financier aux
animateurs de pastorale. Il y a d'autres commissions scolaires qui ont des
contrats de services avec le diocèse et d'autres embauchent des
animateurs de pastorale. Ces différents modèles se sont
développés à l'échelle du Québec, selon les
possibilités de développement dans chacune des régions et,
en ce qui concerne l'ensemble des régions du Québec, les projets
d'animation pastorale sont déjà soumis, pour la plupart, au
ministère de l'Éducation, en vue d'un financement partiel ou
total, selon les difficultés de chacune des régions.
Est-ce que ces explications vous donnent satisfaction, M. le
député?
M. Le Moignan: Oui. Par ailleurs, on m'a dit que c'était
une habitude, peut-être, dans certaines régionales, de remercier
certains agents de pastorale ou certains aumôniers et, quand le mois de
septembre venait, on les engageait de nouveau. Est-ce que... C'est
peut-être pour satisfaire aux conventions, à ce
moment-là?
M. Morin (Sauvé): Écoutez! En ce qui concerne le
personnel des commissions scolaires, les professionnels non enseignants ne sont
pas gérés en termes de ratio, c'est-à-dire que la
commission scolaire embauche les professionnels non enseignants qui sont les
animateurs de pastorale, les conseillers pédagogiques, les conseillers
en orientation, les psychologues et autres. Ils sont engagés selon des
besoins particuliers, mais c'est clair que, lorsqu'il y a des restrictions
budgétaires, ce sont les premiers cas touchés, puisqu'il n'y a
pas de ratio, il n'y a pas de normes pour ce personnel comme, d'ailleurs, pour
le personnel de cadre de la commission scolaire.
Maintenant, en ce qui concerne l'animation pastorale, la pastorale
scolaire aux niveaux élémentaire et secondaire, le nombre de
commissions scolaires où il y avait une baisse importante au 1er avril
était de six, au niveau de la province, et, après
réexamen, il n'y a actuellement que deux endroits où on peut
considérer qu'il y a une difficulté particulière face au
respect des attentes en termes de pastorale scolaire.
M. Le Moignan: En ce qui concerne l'enseignement religieux,
l'enseignement moral, les programmes, les manuels ou le contenu des programmes,
tout cela dépend-il d'un comité catholique ou d'un comité
d'étude que vous avez au ministère?
M. Morin (Sauvé): C'est le ministère de
l'Éducation qui définit les programmes d'étude. Les
manuels scolaires et le matériel didactique sont préparés
par des équipes de travail engagées par le ministère de
l'Éducation. Ces équipes travaillent, évidemment, en ce
qui concerne l'enseignement religieux en concertation avec l'Office de
catéchèse du Québec et ces programmes, ces manuels et tout
le matériel didactique d'accompagnement sont évidemment
approuvés par le comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation.
M. Le Moignan: Cela vaut-il pour le secondaire
également?
M. Morin (Sauvé): Pour l'élémentaire et pour
le secondaire.
M. Le Moignan: Et le secondaire.
M. Morin (Sauvé): Pour l'élémentaire, tous
les programmes ont été révisés. Tous les outils ont
également été révisés. Nous sommes rendus
à l'élémentaire V et, au niveau secondaire, nous sommes
rendus au secondaire III. Nous entreprenons la révision des programmes
pour l'élémentaire VI et le secondaire IV, comme l'indiquait le
ministre tantôt, à l'intérieur du plan de
développement de l'éducation chrétienne.
M. Le Moignan: Peut-être une dernière question. Je
sais que les parents ont la liberté de permettre à leurs enfants
de suivre ou non les cours de formation morale ou religieuse. Pendant ce temps,
y a-t-il quelque chose de prévu pour occuper ces jeunes ou, comme on en
voit parfois dans des polyvalentes c'est très mal organisé
se promènent-ils un peu partout, ne sachant trop quoi faire?
M. Morin (Sauvé): II ne faut pas nier que l'exemption
crée certaines difficultés, plus particulièrement sur le
plan administratif, là où vous trouvez quelques unités.
À l'échelle du Québec, il n'y a pas 5% des
élèves qui sont exemptés. Dans certaines écoles,
même avec toute l'information, vous pouvez trouver un, deux ou cinq
élèves pour cinq niveaux de l'école
élémentaire et, au niveau secondaire également, vous
n'avez, dans certains milieux, qu'un nombre restreint d'élèves
d'exemptés.
Pour septembre 1977, le ministère de l'Éducation aura
terminé ses programmes d'enseignement moral pour les exemptés, de
même que ses programmes d'enseignement moral optionnel; parce qu'au
niveau secondaire, à partir du secondaire III, les élèves
ont le choix, tandis que de l'élémentaire I au secondaire III, il
ne s'agit pas d'un choix. Il s'agit d'une possibilité d'exemption.
Alors, les programmes pour exemptés sont terminés. Ils ont
été expérimentés cette année dans six
écoles du Québec et les programmes optionnels sont
également terminés. Ce qui veut dire que la commission scolaire
qui a le devoir d'informer les parents et d'offrir un programme pour les
élèves exemptés aura, à partir de septembre
prochain, l'outil pour pouvoir respecter cette exigence du règlement du
comité catholique.
M. Le Moignan: C'est donc dire que jusqu'à maintenant, le
taux d'exemption n'a jamais été tellement élevé. Il
ne dépasse pas 5% à travers la province. N'est-ce pas ce que vous
voulez dire?
M. Morin (Sauvé): II n'est pas très
élevé. Évi-
demment, c'est plus particulièrement dans la région de
Montréal et au niveau secondaire que l'on trouve des
exemptés.
M. Le Moignan: Du côté protestant je termine
avec cette question remarque-t-on exactement le même
privilège d'exemption, ou est-ce plus difficile d'aller donner
l'enseignement religieux, parce que les effectifs, au point de vue de la
préparation, membres du clergé... Les ministres protestants
participent-ils également à l'enseignement religieux?
M. Morin (Sauvé): Dans les écoles protestantes,
l'enseignement moral et religieux doit être offert. Il s'agit donc d'une
option, mais il doit être offert.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa sur le même sujet.
M. Laplante: Sur l'enseignement religieux, c'est une observation
strictement personnelle. Selon ce qu'on a vécu, je trouve qu'il y a une
grande anomalie face aux pressions qu'on reçoit de
l'archevêché, des paroisses, de tout mouvement chrétien,
catholique sur l'enseignement religieux à l'élémentaire et
participation religieuse surtout et pastorale vis-à-vis du
secondaire.
Ceux qui sont concernés par cela n'ont pas encore trouvé
le moyen de faire un partage des coûts. Je trouve peut-être le mot
gros, ce que je vais vous dire là, c'est peut-être immoral de
trouver qu'en pastorale des prêtres gagnent $23 000 et $25 000 par
année et qu'à l'élémentaire on ne soit pas capable
de trouver des prêtres même pour faire la préparation
à la première communion. J'ai même déjà vu
une école qui a été six ans sans la visite d'un
prêtre et le prêtre demeurait de l'autre côté de la
rue, l'église étant en face. Je pense que ce n'est pas seulement
une responsabilité de l'État actuellement. Il devrait y avoir une
responsabilité du clergé aussi, au niveau des diocèses,
pour l'enseignement religieux, une sensibilisation.
Si on regarde le sondage des parents, les parents veulent un
enseignement religieux honnête, avec participation de la paroisse; il y a
eu jusqu'à 83% des parents qui se sont prononcés dans un sondage
qu'on a eu là-dessus. Je ne crois pas que la commission scolaire et
l'État puissent faire les pas seuls là-dedans. Il va falloir,
à un moment donné, qu'un équilibre se fasse dans le monde
religieux pour aider ces polyvalentes et surtout, l'élémentaire,
où la place du prêtre a été perdue. Elle est perdue
actuellement dans beaucoup de centres. Vous le sentez peut-être moins
dans vos régions comme la Gaspésie, mais, dans les grands centres
comme Montréal, je trouve cela triste parfois, la part qu'on peut avoir
là-dedans.
M. Le Moignan: Vous me permettez, M. le député?
M. Laplante: Oui, allez-y.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je n'en suis pas à l'idée qu'il faut
imposer à tout le monde un enseignement moral. Non. Je comprends ce que
vous dites. Dans nos régions, si je parle de mon expérience,
j'avais un vicaire qui se dévouait beaucoup pour le primaire; il ne
recevait pas d'argent, mais il aimait cela et il était
spécialisé. Mais il y a beaucoup d'endroits aussi où le
prêtre ou le curé est seul, ce n'est pas facile. Mais je sais que,
dans le milieu où j'étais, c'était facile parce que le
type aimait cela et il y allait...
M. Laplante: C'est tellement rendu à l'aspect
pécuniaire que j'ai eu moi-même une lettre d'un prêtre qui
allait à l'élémentaire et qui voulait être
payé pour y aller. J'ai trouvé cela un peu triste d'en être
rendu à ce point. Il faut se dire que l'État ne peut pas
être seul. Je crois que l'État est actuellement organisé
avec le comité catholique et le comité protestant. Ils font ce
qu'ils peuvent faire à l'intérieur de cela. Je ne suis pas
capable de leur lancer la pierre actuellement comme gouvernement, quel que soit
le gouvernement qui est passé. C'est là qu'on en est rendu.
Je voudrais aussi, si vous me le permettez, M. le Président,
toucher aux classes d'accueil, pas pour des questions, mais seulement pour
vanter le mérite des classes d'accueil. J'ai eu l'avantage de desservir
ces classes et il y a un bonhomme en particulier que j'aimerais
féliciter ici publiquement. Cela n'arrive pas souvent qu'on
félicite un fonctionnaire, mais c'est M. Dozois, qui est ici
actuellement. J'ai eu connaissance à plusieurs reprises, pour avoir
été dans le milieu des classes d'accueil avec lui, du travail
formidable qu'il a fait dans ce domaine. Il a pris quelque chose presque
à zéro et il l'a monté, du moins dans la région de
Montréal, comme on a pu le voir, jusqu'à en faire un
succès. J'ai rencontré aussi énormément de parents
de ces classes d'accueil à l'école Nicolas-Viel, c'est ainsi
qu'on appelait, et il y avait, je crois, 19 nationalités dans cette
école. Je n'ai jamais dit que ce pouvaient être des immigrants. Je
les ai toujours appelés des résidants du Québec, des
constructeurs, de futurs alliés du Québec. Si tous les nouveaux
résidants du Québec pouvaient avoir la chance de venir visiter
ces centres, de venir avec leurs enfants passer une journée, du moins
pour en faire l'expérience, peut-être qu'on améliorerait le
climat, qu'on créerait un climat plus favorable. Je pense qu'on devrait
se faire un devoir, chaque fois qu'on en a la chance, de dire ces choses de les
dire publiquement, de ne pas avoir peur de ces mots. L'ancien gouvernement a
beaucoup fait à ce sujet. On ne peut le nier. Cela a été
une de ses bonnes actions, ce qu'il a fait au point de vue des classes
d'accueil.
Maintenant, il y a un nombre que M. le ministre donnait, au 31 janvier
1976. Vous parliez de 3486 élèves, ajoutant que la diminution
était, au 30 septembre 1976, de 2919.
Dans les prévisions de la CECM, est-ce que ce n'était pas
à cause des classes parallèles qui se sont
développées après ça, que cela a fait dimi-
nuer le chiffre en septembre? Il n'y avait pas une de ces raisons?
M. Morin (Sauvé): Non, ce qui s'est produit, c'est que le
31 janvier 1975, on note qu'il y avait 2348 étudiants dans les classes
d'accueil et le 31 janvier 1976, 3400; l'augmentation subite est due à
l'arrivée de 500 Vietnamiens...
M. Laplante: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ...pendant cette période et
après, on retrouve la croisière régulière.
M. Laplante: Je vous remercie du temps que vous m'avez
accordé et j'encourage les députés quel que soit le parti,
à encourager ces classes d'accueil.
Le Président (M. Clair): Le ministre de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Je remercie le député et
je suis très heureux que soit reconnu à l'occasion le
mérite de certains fonctionnaires qui se dévouent pour ce genre
de tâche qui peut facilement passer inaperçue et qui est pourtant
fort importante.
M. le Président, je voudrais apporter une réponse au
député d'Outremont au sujet du taux de scolarisation, auquel
j'ajouterais le taux de passage d'un niveau à l'autre. Si je le fais,
c'est que je crains qu'il ne soit pas des nôtres demain et j'ai obtenu
des chiffres qui sans être au dixième pour cent exacts, vont quand
même lui donner, je pense, une idée assez précise de la
situation.
Tout d'abord, au niveau de la maternelle 5 ans, le taux de scolarisation
est de 95% chez les enfants. Cela a connu une croissance assez spectaculaire
depuis quelques années, comme on peut le constater. Passons maintenant
à l'élémentaire, au niveau primaire, comme je
préfère dire: chez les enfants de 6 à 12 ans, le taux
oscille autour de 100%. Naturellement, il ne peut pas être
supérieur à 100%, mais il peut-être
légèrement inférieur à 100%. C'est donc à
quelques unités près...
M. Raynauld: M. le ministre, est-ce que vous me permettriez de
raconter une blague? Un ministre de l'Éducation dans un pays avait dit
un jour: 50% des filles, 50% des garçons, ça fait 100%. Cela
pourrait dépasser 100%.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au niveau
secondaire maintenant, 90% ou 99% des élèves du niveau
élémentaire passent au secondaire. Le taux de passage est donc
très élevé et parmi ceux-ci, je puis vous donner la
répartition pour ce qui est du secteur public. Malheureusement, je ne
suis pas en mesure d'ajouter les étudiants du secteur privé, mais
de toute façon, cela voudrait dire une modification à la hausse
ou à la baisse de pas plus de 10%, de sorte que ces chiffres sont quand
même assez fiables. Donc, parmi ceux qui sont passés au
secondaire, 10% sont classés comme étant inadaptés et bien
sûr, font l'objet d'un enseignement qui leur est destiné
particulièrement.
Il s'agit d'un ordre de grandeur. 15% se retrouvent au professionnel
court et 20% au professionnel long; 10% abandonnent leurs études, ce qui
est tout de même trop élevé à notre avis, ça
pourrait être réduit davantage. Enfin, 45% passent au niveau
collégial, ce qui également n'est peut-être pas un
pourcentage idéal.
Au niveau collégial, maintenant, la moitié s'oriente vers
le secteur professionnel et l'autre moitié vers le secteur
général, en gros, du moins. Ceci m'amène au niveau
universitaire. Les deux tiers environ des étudiants qui terminent leurs
études au collège, secteur général, entrent
ultérieurement à l'université.
Le député pourra constater que la situation a bien
changé depuis 20 ans.
M. Raynauld: Évidemment, M. le ministre, on n'a plus de
taux de scolarisation du tout, là?
M. Morin (Sauvé): On peut fournir demain les taux de
scolarisation, une configuration...
M. Raynauld: Les plus intéressants, ce serait pour ceux de
18 à 24 ans. Évidemment, dans les bas âges, on s'attend
à ce que ce soit très près de 100, mais c'est de 18
à 24 ans. Il semble que la difficulté soit d'incorporer à
la fois l'enseignement secondaire et post-secondaire, parce qu'il y a des
chevauchements d'âges. Si vous devez les fournir demain, je vais attendre
jusque-là.
M. Morin (Sauvé): Je vous ai donné surtout les taux
de passage pour les niveaux collégial et secondaire en particulier. Je
pourrai, demain matin, si vous le désirez, compléter les
renseignements avec un tableau sur le taux de scolarisation proprement dit.
Le Président (M. Clair): Avant de passer à un
nouveau sujet, le député de Viau désire intervenir sur le
taux de scolarisation et le député de Gaspé a une autre
intervention sur l'enseignement religieux,
M. Lefebvre: Quand vous avez parlé de 10% j'ai
noté ici "drop out" de gens qui abandonnent, est-ce que les
conflits de l'an passé ont été une des causes ou est-ce
à peu près négligeable?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne pense pas
que cela ait été mesuré de façon précise.
Même si on me fournissait des chiffres, je les traiterais avec un grain
de sel. Je les prendrais avec un grain de sel, parce qu'il est très
difficile, à moins de faire un sondage très approfondi, de savoir
pourquoi exactement un jeune abandonne ses études. Il se peut que dans
certains cas, les événements dans le monde scolaire soient, comme
on dit en anglais, la paille qui casse le dos du chameau, c'est-à-dire
le facteur qui donne le coup de pouce final et entraîne l'abandon.
Mais je ne puis, pour l'heure en tout cas, vous donner une
réponse plus précise que celle-là.
M. Lefebvre: Mais vous ne pouvez pas comparer par rapport
à l'année précédente? Est-ce que le pourcentage est
le même à peu près?
M. Morin (Sauvé): Je crains que nous n'ayons pas de
chiffres aussi précis que cela. Mais je puis toutefois
peut-être pas pour demain étant donné que la
question ne manque pas d'intérêt, voir si nous pourrions
éventuellement déterrer des chiffres qui nous renseigneraient
là-dessus et si je ne les trouve pas dans l'avenir immédiat, je
les communiquerai au député aussitôt que je les aurai
à ma disposition.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: C'est à la suite des remarques du
député de Bourassa qui a mentionné le salaire des
prêtres qui s'occupent de pastorale et qui gagnent jusqu'à $25 000
par année. Évidemment, il a plus d'expérience que moi dans
le domaine.
Voici ce qui m'intrigue un peu! Je sais que nous avons, au
diocèse de Gaspé, un prêtre en charge de la pastorale et
qui est payé par le diocèse. Maintenant, si je regarde à
la polyvalente de 2400 élèves, celle de Gaspé, qui est
française, anglaise, catholique, protestante, il y en a peut-être
1800 ou 2000 de langue française, nous avons deux laïques qui sont
en charge de la pastorale. Cela doit exister aussi dans d'autres
polyvalentes.
Quand vous parlez de salaire, ces laïques, qui sont
spécialisés, ont nécessairement des conventions
collectives qui déterminent leur salaire. Quand vous parlez de
prêtres à $25 000, il s'agit de prêtres à plein temps
ou en charge d'une polyvalente.
Parce que j'imagine que ceux qui sont à temps partiel, cela
dépend de chacune des régionales pour déterminer ce
qu'elles offrent à un prêtre qui donne quatre à six heures
par semaine?
M. Laplante: En charge du secteur de la pastorale.
M. Le Moignan: Payé par la régionale?
M. Laplante: Payé par la commission scolaire.
M. Le Moignan: Par la commission scolaire régionale,
oui.
M. Laplante: Oui.
M. Le Moignan: À temps plein?
M. Laplante: Ce qu'on aurait aimé, c'est qu'il y ait un
"split" qui se fasse, à un moment donné, pour qu'on puisse aider
l'élémentaire à engager des religieuses. Il y a beaucoup
de religieuses qui aimeraient... Même, il y a certaines paroisses qui
paient des religieuses qui vont visiter ces écoles qui donnent, je ne
dis pas des cours de religion, mais un support aux enseignants qui dispensent
les cours en science religieuse.
M. Le Moignan: Oui, cela se fait dans notre diocèse, mais
est-ce que vous avez déjà, dans le passé, entretenu des
pourparlers avec des régionales? Tout cela a-t-il été
fait?
M. Laplante: Monsieur, il ne faudrait pas tout étaler cela
ici.
M. Le Moignan: Non, en résumé. Vous parlez de votre
région ou de toute la province?
M. Laplante: C'est répandu dans la province, mais dans
votre cas à vous, ce sont des cas exceptionnels, comme le diocèse
Saint-Jean, chez vous; mais pour la plupart aujourd'hui on est pris par les
contraintes qu'on a là. C'est dommage.
M. Le Moignan: Je ne doute pas de votre parole, mais je
m'informerai pour notre région, afin de savoir ce qui se fait plus
concrètement. Je sais que cela sort...
M. Laplante: Le diocèse de Montréal est grand, pour
vous donner un exemple qui est frappant.
M. Le Moignan: J'accepte très bien vos remarques.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont, sur un nouveau sujet.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais revenir en
réalité sur les sujets qui ont été soulevés
au début.
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse, mais vraiment,
cela fait au moins une heure que j'attends pour avoir la parole.
Le Président (M. Clair): Sur quel sujet, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: Encore sur le sujet de la grille-horaire. Je n'ai
pas pu raccrocher, parce que le député d'Outremont a posé
six ou sept questions et les députés ont commencé à
se raccrocher à d'autres questions.
Une voix: C'est cela.
M. Paquette: Mon collègue a également le même
problème.
Le Président (M. Clair): Le sujet de la grille-horaire,
vous entendez par là le sujet qui avait été soulevé
par le député de L'Acadie?
M. Paquette: L'équilibre entre les matières, c'est
plus vaste que cela.
M. Laplante: Le député d'Outremont en a
parlé aussi.
M. Vaugeois: On se demandait comment on intégrerait
l'économique dans tout cela.
Une voix: Quand il y aura assez de place; on veut faire de la
place.
Le Président (M. Clair): Sur ce point-là, le
député de Rosemont. Le député de
Trois-Rivières désire intervenir également? Le
député de Rosemont.
M. Paquette: Je vous remercie, M. le Président. Justement,
en partant de ces pressions qui s'exercent de plus en plus fortes sur la
répartition du temps entre les matières, il m'apparaît
évident qu'on s'en va vers un cul-de-sac. Plus cela va, plus la somme
des connaissances qu'on jugerait utiles à la formation
générale des jeunes augmente. Ce n'est pas seulement le nombre de
matières, mais la somme des connaissances à l'intérieur
des matières.
J'aurais deux remarques à faire là-dessus. J'ai
l'impression, premièrement, qu'on a un problème de
pédagogie qui ne suit pas l'explosion des connaissances au même
rythme. C'est un premier point.
Deuxièmement, je reviens à cette idée de
cloisonnement. On a peut-être trop cloisonné les matières
et peut-être qu'on devrait enfin poser les gestes significatifs vers une
certaine forme d'intégration.
Le député de Gaspé avait souligné
l'intérêt de regrouper l'enseignement de l'histoire, de la
géographie et, éventuellement, de l'économique. J'aimerais
savoir si le ministère a une politique en ce sens. Je vais vous donner
un exemple de ce qu'on peut faire sur le plan de l'intégration, je veux
dire en termes non seulement d'économie de temps, mais d'augmentation,
à mon avis, de la qualité de l'acte pédagogique.
On peut, dans le cours de mathématiques, taire faire des tas de
calculs aux jeunes, un peu comme on fait faire des gammes pour apprendre le
piano; mais est-ce qu'il n'est pas préférable, tant sur le plan
de la motivation que de l'impact pédagogique, sur le plan du temps
limité aussi qu'on a à notre disposition, de faire faire ces
calculs mathématiques dans le cadre d'activités sur
l'économique, dans le cadre d'activités sur la physique?
Il me semble que, sans dire qu'on va tout mêler et qu'on va
arrêter de faire faire des gammes en mathématiques, des gammes en
français, est-ce qu'il y a une certaine volonté ou certaines
études au niveau du ministère d'aller dans le sens de cette
intégration? J'ai l'impression qu'on va finir par arriver à un
cul-de-sac très bientôt.
Déjà, c'est extrêmement difficile d'insérer
de nouvelles matières à l'horaire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est un peu
dans cette perspective évoquée par le député de
Rosemont que le ministère estime qu'il ne serait pas mauvais de revenir
au généralisme, non seulement au secteur primaire, mais
même pour le secondaire, en tout cas, secondaire I, II et III. Je puis
l'assurer qu'on songe à ce genre d'intégration des connaissances,
si je peux m'exprimer ainsi, mais je dois dire que nous en sommes en- core,
pour être franc, aux premiers balbutiements d'une véritable
intégration.
M. Paquette: Une question supplémentaire qui est
reliée à cela. Je prends l'exemple du plan de
développement de l'enseignement des langues. J'aimerais suggérer
au ministère d'orienter ce plan de développement de
l'enseignement des langues, de façon que l'apprentissage des langues
puisse se faire en coordination avec les autres matières. Je comprends
que c'est devenu très politique, on veut rapprocher les deux
communautés et parce qu'on n'a pas réussi à le faire sur
d'autres plans, on voudrait que le système scolaire règle tous
ces problèmes de différences entre les communautés. Cela a
amené le gouvernement qui nous a précédés a
insérer des sommes dans le plan de développement de
l'enseignement des langues.
D'un autre côté, cela fait longtemps aussi qu'on dit que
les Québécois manquent de "know-how" dans les domaines
scientifiques, dans les domaines techniques, dans les domaines commerciaux,
dans le domaine de l'économique. On va se mettre à passer
beaucoup de temps à l'enseignement des langues. Une chose qui me
scandalise, c'est que cela prenne cinq ans au niveau secondaire pour apprendre
l'anglais et encore. Les jeunes sortent du cours secondaire et ils sont presque
incapables d'utiliser l'anglais. Il y a l'exemple des classes d'immersion
où cela semble donner de bons résultats. J'aimerais avoir
l'évaluation du ministère là-dessus, parce que
voilà un exemple d'intégration véritable. En faisant
d'autres matières, entre autres le cours d'anglais, on apprend
l'anglais.
M. Morin (Sauvé): On nous fait souvent observer, et je
pense que c'est à ce phénomène que le député
se réfère, que des professeurs enseignant des matières
autres que le français défont souvent ce que tentent de faire les
professeurs de français.
M. Paquette: II y a cela aussi.
M. Morin (Sauvé): On m'a même signalé des
cas, non seulement depuis que j'occupe les fonctions de ministre de
l'Éducation, mais même avant, alors que j'effectuais des
tournées comme chef de l'Opposition. J'ai souvent entendu des
enseignants et des parents se plaindre de ce que le professeur de
mathématique, par exemple je ne voudrais pas jeter de pierres
dans votre jardin, M. le député, mais...
M. Paquette: Les professeurs de mathématiques disent que
les professeurs de physique déforment les concepts de
mathématiques. C'est exactement la même chose.
M. Morin (Sauvé): On m'a raconté que les
professeurs de mathématiques affectent de mépriser tout ce qui
est grammaire ou syntaxe, pensant sans doute que les mathématiques sont
un langage, un métalangage qui suffit aux communica-
tions. J'ai commencé un peu à mobiliser les enseignants du
secteur primaire, notamment, autour de l'idée que quelle que soit la
matière qu'on enseigne, on doit le faire dans un français
correct. Je ne sais si c'est à cela que le député pensait
en particulier, mais il y a là probablement une sorte de campagne de
fierté de l'enseignant, de motivation des enseignants qu'il faut
organiser. Je ne pense pas qu'on arrive à vaincre cette
difficulté seulement en y mettant de l'argent ou en tentant d'offrir des
cours de recyclage en français aux professeurs de mathématiques,
parce que la plupart d'entre eux, j'en suis sûr, savent s'exprimer
correctement. C'est une question de motivation. J'imagine qu'on va y arriver,
à la longue, au fur et à mesure que le gouvernement va donner le
sentiment qu'il veut vraiment améliorer la qualité de
l'enseignement. C'est un des éléments majeurs, naturellement, de
la qualité de l'enseignement.
M. Paquette: Simplement pour terminer, c'est un peu l'idée
que je me faisais. J'espère que le plan de développement de
l'enseignement des langues ne servira pas tout simplement à former les
professeurs de français ou, éventuellement, à augmenter le
nombre de périodes de français ou de langue seconde, mais qu'il
servira à imprégner tout l'enseignement de cette
préoccupation et, également, à réduire le temps
auquel on serait peut-être amené par d'autres voies pour
l'enseignement des langues, de façon à laisser un peu de place
aux autres matières aussi, qui sont extrêmement importantes.
M. Morin (Sauvé): Naturellement, le plan de
développement des langues peut avoir l'effet recherché par le
député au niveau primaire, parce que, comme le
député le sait, nous avons un système de titulaires,
c'est-à-dire de professeurs qui enseignent plusieurs matières,
sinon presque toutes et, en leur donnant l'occasion de se recycler ou de se
perfectionner, grâce au programme de développement des langues, on
améliore, en quelque sorte, tout l'enseignement au niveau primaire, du
point de vue linguistique. Mais, au niveau secondaire, c'est beaucoup plus
difficile, parce que, comme chacun lé sait, c'est le système des
spécialistes. C'est là que nous avons le plus de
difficultés à faire en sorte que la langue utilisée par
les enseignants soit correcte. C'est précisément à cet
âge-là que joue un certain snobisme qui fait que s'exprimer mal
est quelquefois considéré comme une marque d'intelligence.
Le Président (M. Clair): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: C'est également à la suite d'une
question posée tout à l'heure par le député
d'Outremont qui se demandait, avec raison, si on pouvait ajouter
indéfiniment, par exemple, des cours d'économique obligatoires
par-dessus des cours de géographie qu'on cherche à rendre
obligatoires, par-dessus des cours d'histoire qu'on aimerait voir obligatoires.
C'est bien évident qu'on ne peut pas en ajouter indéfiniment. On
est déjà à l'étroit.
Pourquoi est-on à l'étroit? Je pense que le cours
secondaire s'est développé un peu à cause d'un facteur qui
aurait pu ne pas intervenir, mais qui est intervenu. C'est qu'un jour, on a
pensé demander à l'université ce qu'elle attendait du
cégep et cela a donné l'idée à des gens de demander
aux cégeps ce qu'ils attendaient du cours secondaire.
Les gens des sciences exactes, en général, ont
indiqué qu'ils attachaient de l'importance à ce que leurs
étudiants, pour venir chez eux, aient fait de la chimie, de la physique,
de la biologie. On aurait pu ne jamais poser cette question. On l'a
posée, et les gens des sciences exactes ont mis des exigences, des
prérequis, qui ont entraîné des prérequis. Donc, on
a actuellement des prérequis de prérequis et de prérequis.
Cela va de l'université au niveau secondaire.
Les facultés de sciences humaines, en général,
n'ont pas tellement manifesté d'inquiétude de ce
côté-là. Elles ont réagi plus tard en se...
Finalement, on a eu des facultés de sciences humaines qui ont
exigé les mêmes prérequis que les facultés de
sciences exactes, parce que c'était devenu synonyme d'excellence ou
d'étudiants plus doués. Ainsi, la bibliothéconomie, par
exemple, a des exigences qui n'ont rien à voir avec la
bibliothéconomie, mais elle veut avoir des étudiants qui sont
réputés brillants, alors on a copié les exigences des
facultés de génie et de quelques facultés comme
celles-là.
Le milieu, pendant ce temps-là, se faisait entendre bien
timidement. Il n'y avait personne qui demandait des cours de sciences humaines,
comme prérequis à la vie et, pour moi, le problème
actuellement, c'est qu'on ne peut additionner les exigences du cégep et
de l'université en termes de prérequis et les exigences du
milieu. Ce que nous rencontrons, depuis quelques années, ce sont les
exigences formulées par le milieu, par les parents, par toutes sortes de
gens, par des groupes qui ont été cités ici.
L'économique, c'est une exigence formulée par un groupe qui vient
de se réunir et qui réitère la même exigence que
d'autres avaient déjà formulée.
Pour moi, c'est maintenant qu'il faut choisir. Si on veut tenir compte
des exigences que formule le milieu et continuer à tenir compte des
exigences telles que formulées par le cégep et par
l'université, on n'en sortira pas et, à mon avis, c'est
maintenant qu'il faut se poser la question. Pour ma part, je remettrais en
question immédiatement les exigences qu'on a tenues pour acquises qui
provenaient du cégep, et par ricochet, de l'université.
Ce soir ou demain, nous pourrons revenir sur le niveau collégial.
J'ai l'intention d'introduire une réflexion qui date déjà
de quelques années de MM. Dumont et Rocher sur le niveau
collégial, où ils s'inquiétaient du
phénomène de la concentration et de la surspécialisation.
Pour moi, c'est ce phénomène-là qui a touché le
niveau secondaire et, actuellement, nous avons à choisir. Est-ce que
nous privilégions uniquement les exigences du niveau collégial?
Si oui, oublions tout de suite ce dont on discute.
Si nous voulons tenir compte également des
exigences et des prérequis, si on peut me permettre de parler
ainsi, du milieu, à ce moment, nous chercherons un équilibre et
l'équilibre, finalement, se fera entre les sciences de l'homme et les
sciences exactes, entre l'étude de la matière et l'étude
de l'homme, et nous tiendrons compte de toutes sortes de facteurs qui
s'appellent, par exemple, la mobilité des gens. Les gens qui sont ici ce
soir, pour la plupart, ne se sont pas préparés directement
à la fonction qu'ils occupent actuellement et c'est même vrai pour
un ingénieur qui, toute sa vie, sera ingénieur; dans sa vie
d'ingénieur, il aura à s'adapter plusieurs fois. Je pense que
ceci plaide en faveur d'un cours secondaire et même, probablement, d'un
cours collégial beaucoup plus tourné vers ce que Rocher et Dumont
appelaient une culture fondamentale que vers un jeu de prérequis et une
formation linéaire qui ferait qu'à partir de l'âge de
quatorze ans, on aurait dirigé toutes ses études vers un seul
bloc de disciplines.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais faire quelques commentaires.
Je suis, en effet, tout à fait sensible à ce que vient de dire le
député de Trois-Rivières. Sans pour autant écarter
totalement certaines exigences de l'université ou du collège,
exigences fondamentales ayant trait, par exemple, à la façon
d'écrire le français puisque, dans certaines de nos
facultés, on constate que les élèves ne savent même
pas écrire deux ou trois phrases correctement sans pour autant,
donc, écarter totalement ces profils des niveaux d'enseignement
supérieur, je pense qu'il y a lieu de repenser chaque niveau en fonction
de l'âge des enfants qui s'y trouvent, en fonction aussi des exigences du
milieu.
C'est d'ailleurs la façon dont le livre vert, qui sera rendu
public dans quelques semaines, pose le problème. Autrement dit, il veut
que le niveau primaire soit déterminé par les exigences du groupe
d'âge qu'il encadre et non pas nécessairement par les exigences du
niveau secondaire, et ainsi de suite, en remontant.
Le député peut-être le savait-il, je ne sais
trop a fait allusion à la problématique du livre vert.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense qu'il sera assez facile d'enchaîner
sur ce qui vient d'être dit. Je ne voudrais, en tout cas, laisser
personne avec l'impression que je voudrais plus de spécialisation, en
particulier aux secondaires I, II et III. Si j'ai appuyé tout à
l'heure un enseignement de l'histoire, celui de l'éducation
économique, même celui-là, je serais prêt à le
sacrifier, si on avait à choisir entre une formation plus
générale et une formation plus spécialisée. Dans le
cas de l'éducation économique, cependant, c'est peut-être
un peu différent.
Je pense que la préoccupation en tout cas, la mienne,
quand je parle d'éducation économique est plutôt
celle d'avoir des programmes d'études qui soient plus proches des
réalités économiques et sociales. Je ne pense pas du tout
à des prérequis d'un enseignement supérieur.
M. Laplante: Voulez-vous faire allusion aux déceptions
d'Ottawa, au fait d'avoir pratiqué votre métier au
fédéral?
M. Raynauld: Vous êtes trop subtil pour moi! Je ne vois pas
ce que cela vient faire là-dedans, mais, pour revenir à mes
questions initiales, j'avais demandé, tout d'abord, si, en histoire, il
y avait un programme d'études qui pourrait être disponible. Si
j'ai bien compris les réponses du ministre, en ce qui concerne le
secteur général, le problème est réglé. J'en
déduis donc que cet enseignement de l'histoire, de façon
obligatoire, sera introduit en 1977-1978. Par conséquent, il doit bien
exister un programme quelque part. En ce qui concerne le côté
professionnel, vous avez dit que cela serait peut-être reporté
à un peu plus tard.
M. Morin (Sauvé): On peut vous déposer le programme
d'histoire du Canada, no 412, l'histoire du Québec. Je crois que cela
s'intitule: Nouvelle-France-Canada-Québec.
M. Raynauld: Je l'apprécierais beaucoup.
M. Morin (Sauvé): On peut vous le procurer dès
demain matin.
M. Raynauld: Merci. Pour revenir encore à la même
perspective... Pardon?
M. Paquette: On va faire de la publicité pour le mouvement
de M. Gratton.
M. Raynauld: Ah! Oui? C'est par inadvertance, sûrement.
M. Vaugeois: Si le député d'Outremont veut
approfondir le programme, je suis à sa disposition.
M. Raynauld: Très bien, merci beaucoup. Je vois qu'il y a
beaucoup...
M. Morin (Sauvé): Par inadvertance? Ce n'est pas par
inadvertance, c'est par souci d'objectivité. Le Québec, sans
doute malheureusement pour lui, fait encore partie du Canada. Il n'en sera
peut-être pas toujours ainsi. Un jour, il devra sans doute trouver des
formules plus subtiles d'association, mais le Canada sera toujours notre
voisin, comme les États-Unis, et vouloir l'ignorer, ma foi, ce ne
pourrait être qu'à nos propres dépens. Je vois que le
député d'Outremont est d'accord avec moi pour une fois.
M. Raynauld: Je suis très heureux d'entendre le ministre
parler ainsi. Il y a beaucoup de choses...
M. Grenier: II véhicule les idées des radicalistes
de son parti.
M. Raynauld: II y a beaucoup de choses qu'une indépendance
du Québec ne changerait pas. Cela en est une.
M. Vaugeois: L'association en particulier. M. Raynauld:
Bon, ensuite?
M. Morin (Sauvé): Les idées obstinées de
certains députés.
M. Raynauld: Bien sûr. Pour revenir encore à la
surcharge des programmes, quand j'ai soulevé la question tout à
l'heure au début de la réduction du temps consacré
à l'enseignement, de la durée de l'enseignement, M. le ministre,
vous m'avez répondu qu'il y avait une perte de 75 minutes au secondaire
qui était compensée par une centaine de minutes qui
étaient ajoutées sous forme d'encadrement. Il me semble que ce
n'est pas une réponse satisfaisante, mais, sans vouloir dramatiser la
situation, j'ai bien lu ici que le Conseil supérieur de
l'éducation déplore vivement cette réduction de la
durée de l'enseignement et, bien sûr, moins les enseignants
enseignent, moins les élèves sont longtemps à
l'école dans une journée. Bien sûr, les programmes vont
paraître surchargés avant longtemps, mais je voudrais
peut-être rappeler ici que le Conseil supérieur de
l'éducation dit: "De rogner encore une fois sur la durée de
l'enseignement accrédite une impression de plus en plus répandue
qu'on lui accorde une moindre importance". Un peu plus loin, je cite encore:
"Le conseil déclare qu'il faut prendre nettement conscience que le temps
de présence de l'élève à l'école se trouve
une autre fois réduit de manière plus ou moins sensible selon les
pratiques en cours dans les milieux." Est-ce qu'il n'est pas exact que, sur
cette durée de l'enseignement, dans la province de Québec, nous
enregistrons des records par rapport à ce qui se pratique ailleurs,
peut-être dans le reste du Canada et en particulier en Ontario, et est-ce
que ce n'est pas un problème un peu plus important et un peu plus grave
que celui que le ministre nous a donné à entendre à ce
sujet?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
de la comparaison avec d'autres systèmes d'enseignement, je vais faire
sortir les chiffres, si possible, pour demain, mais je tiens à faire
observer au député que cette diminution de 75 minutes par semaine
du temps consacré aux cours et aux activités inscrites à
l'horaire de l'élève est non pas entièrement
compensée mais partiellement compensée par la nouvelle convention
qui prévoit expressément qu'en plus des 1000 minutes
consacrées aux cours et aux activités inscrites à
l'horaire des élèves, chaque enseignant doit consacrer les 100
minutes par semaine dont je parlais tout à l'heure à des
activités d'encadrement et à des cours de
récupération. Je lui ferai observer également que les
parents réclamaient ce type d'encadrement, ce type de pédagogie
depuis déjà quelque temps, de sorte qu'il y a eu diminution, il
faut en convenir, mais à condition que ce phénomène de
diminuer l'horaire de chaque étudiant chaque semaine ne continue pas je
ne suis pas prêt à crier à la catastrophe. Ce n'est pas une
situation idéale sûrement, mais il nous aurait fallu, pour donner
aux étudiants les 1575 minutes qu'ils avaient auparavant, consentir 1800
enseignants de plus et cela représentait un déboursé
annuel supplémentaire de l'ordre de $30 millions.
Nous ne les avons pas à l'heure actuelle. Il faut tenir compte du
fait que déjà, les conventions collectives du printemps dernier
ont coûté très cher aux fonds publics. S'il avait fallu, en
plus, accorder $30 millions au niveau secondaire et $60 millions au niveau
primaire, parce qu'il y a des problèmes analogues, quoique moins
dramatiques, qui se posent à ce niveau, cela aurait signifié une
augmentation de $90 millions au budget de l'Éducation.
Nous avons concilié du mieux que nous avons pu les contraintes de
la convention collective avec le règlement no 7. Je crois que tout
compte fait, dans les circonstances, nous n'avons pas trop mal réussi.
Je serais d'accord cependant, avec le député, que si ce mouvement
devait continuer, il y aurait certainement danger que ça devienne grave
pour la formation des élèves, des étudiants.
M. Raynauld: M. le Président, je serais prêt
à revenir à cette autre question que j'avais posée, s'il
n'y en a pas d'autres qui veulent continuer sur le même sujet.
Le Président (M. Clair): II n'y a personne qui s'est
manifesté sur le même sujet.
M. Raynauld: C'est sur cette formule de financement, M. le
ministre. Je sais que ça vous embarrasse un peu parce que vous en avez
déjà parlé, mais je voudrais attirer votre attention sur
le fait que vous en avez vous-même parlé dans ce discours que j'ai
lu avec beaucoup d'intérêt. Vous voyez que je suis quand
même les activités.
M. Morin (Sauvé): Mais je puis vous rendre le compliment
et vous dire qu'à l'occasion, je suivais vos savants rapports du Conseil
économique du Canada.
M. Raynauld: Merci beaucoup. Dans ce discours, vous dites que
vous voulez implanter une nouvelle formule de financement des commissions
scolaires fondée sur un nouveau partage des coûts, par lequel la
richesse relative de la commission scolaire devient un facteur qui influence de
façon importante la contribution du gouvernement. Or, je pensais,
à cet égard, qu'il y avait déjà une formule de
péréquation du fardeau fiscal des municipalités et je me
demande ce que cette formule ajoute de plus et quelles sont les dépenses
additionnelles ou les coûts additionnels dont on va faire état, je
suppose, pour répartir de nouveau ces coûts. Est-ce que ça
va ajouter des sources de financement nouvelles? Est-ce que le gouvernement
croit, par cette nouvelle formule, augmenter les recettes totales qu'il
perçoit, qu'il reçoit ou est-ce qu'il s'agit simplement d'un
aménagement?
M. Morin (Sauvé): Si on revient à la formule
actuelle de financement pour la décrire brièvement, le premier
revenu est constitué par l'impôt
foncier normalisé dont le taux est fixé annuellement, qui
est pour l'année prochaine de $1 par $100 d'évaluation, à
quoi s'ajoutent ensuite des subventions dites d'équilibre
budgétaire qui sont versées par le ministère de
l'Éducation ensuite des revenus dits taxes pour dépenses
inadmissibles aux subventions. C'est donc une structure de revenus pour les
commissions scolaires qu'on pourrait qualifier d'horizontale, par tranches qui
s'ajoutent l'une par-dessus l'autre.
La formule actuelle assure une péréquation des efforts
dans le sens suivant: le taux étant normalisé à $1 pour
l'ensemble des commissions scolaires du Québec, ce taux normalisé
s'applique à une évaluation redressée pour qu'elle soit
rendue comparable, évidemment, le plus possible; $1 d'impôt
foncier scolaire représente le même effort pour tout
contribuable.
J'ajoute pour vous donner des proportions, un ordre de grandeur, que le
rendement de l'impôt foncier normalisé est de l'ordre de $500
millions sur une dépense totale en coûts de système d'une
année scolaire de $2,3 milliards, ce qui tourne autour de 27%.
La nouvelle formule de financement ne veut pas nécessairement
modifier ces proportions. Évidemment, le ministre en a parlé cet
après-midi, il y a des discussions politiques qui ont lieu depuis
plusieurs années, qui ne sont pas terminées, à savoir si
l'impôt foncier scolaire est une bonne source de revenus, etc. Je n'entre
pas dans cet aspect de la question.
Tenant pour acquis, pour le moment, que cela demeure un fait, la
nouvelle formule de financement proposera un partage vertical, si on peut
utiliser cette image, par opposition au partage horizontal actuel.
Le principe de base est le suivant: pour tout dollar
dépensé en éducation par les commissions scolaires, et
à partir du premier dollar dépensé, la commission scolaire
et le ministère de l'Éducation partageraient une partie de ce
dollar. C'est ce qu'on appelle la structure verticale. Compte tenu de la
richesse relative de chaque commission scolaire, qui se calcule en gros par la
proportion... la relation entre le nombre d'élèves sous sa
responsabilité et l'évaluation imposable, le partage du premier
dollar, comme du dernier dollar, peut être de $0.05 pour la commission ou
$0.95 pour le ministère dans le cas d'une commission scolaire qui a
beaucoup d'élèves et peu d'évaluation et vice versa.
Théoriquement, sur la courbe, c'est $0.95 pour la commission scolaire et
$0.05 pour le gouvernement si, par hypothèse, une commission scolaire
avait très peu d'élèves et beaucoup d'évaluation
imposable.
Cette nouvelle formule de financement ne vise pas à ajouter des
sommes d'argent, ni à en mettre davantage en circulation, ni à
augmenter le rendement de l'impôt foncier scolaire, ni à augmenter
la part de la subvention du gouvernement. Le principe de base est de partager
les coûts. Pourquoi cette formule a-t-elle été mise de
l'avant, dans le cadre d'une politique de décentralisation? C'est pour
une raison fort simple: Plus on décentralise et plus la décision
se prend au niveau local et proche de l'usager, plus il est utile et
politiquement utile que l'usager connaisse véritablement les prix et les
coûts des services et connaisse la répercussion en coût, et,
par conséquent, en coût local, en contribution locale, d'une
dépense supplémentaire.
Dans la formule actuelle, le taux de base étant normalisé,
tout ce qui en excède a tendance à être demandé sous
forme de subvention d'équilibre budgétaire additionnelle. Donc,
cette nouvelle formule essaie de mettre de l'avant une structure de revenus qui
favoriserait la responsabilité locale sur la dépense, par une
participation directe à toute la "cheminée" de la dépense,
pour reprendre mon image verticale.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que cela va
être introduit bientôt?
M. Morin (Sauvé): Dans le livre vert qui va être
déposé devant la Chambre, avant l'ajournement
d'été, il y aura effectivement plusieurs pages consacrées
à cette nouvelle formule de financement.
M. Raynauld: Et vous vous attendez à cela
bientôt?
M. Morin (Sauvé): Dans le document antérieur
publié il y a déjà quelques mois, qui est en circulation
libre, les principes de la formule sont énoncés, avec des
hypothèses quant à la courbe de partage et ainsi de suite.
M. Raynauld: Avec les incidences sur les commissions scolaires?
C'est fait, cela?
M. Morin (Sauvé): Ce qu'il s'agit de faire au cours de la
prochaine année, c'est une simulation complète, pour chacune des
commissions scolaires, des effets de l'application éventuelle de ce type
de formule de financement. La simulation a été faite sur les
états financiers de 1974/75 pour, je pense, une trentaine de commissions
scolaires.
Il n'y a pas eu, dans ces trente cas, d'hérésies qui sont
apparues dans les résultats, mais comme il s'agit d'une matière
importante où les variables sont nombreuses, nous croyons certainement
plus sage de faire une simulation complète pour toutes les commissions
scolaires à partir des chiffres réels de l'exercice 1976/77 qui
se termine le 30 juin. Cette simulation pourrait se faire à
l'automne.
M. Raynauld: Quand le nouveau système sera-t-il
implanté?
M. Morin (Sauvé): Le livre vert va faire l'objet d'un
débat qui va durer certainement quelques mois, tout l'automne et
peut-être une partie de l'hiver, de sorte que nous aimerions être
en mesure de tirer des conclusions de tout cela au printemps prochain. Y
aura-t-il des suites législatives à donner, dès ce
moment-là, à nos conclusions? Cela reste à voir, mais nous
souhaitons aboutir assez rapidement.
M. Raynauld: Je voudrais simplement ajouter, avant de terminer ce
sujet, que les objectifs, tels qu'ils ont été donnés,
semblent très bons. Il resterait à voir comment s'applique une
formule comme celle-là. Je voudrais étudier davantage la formule
avant de me prononcer là-dessus, mais je pense que l'intention est
excellente et va de pair avec les objectifs, je pense, qui sont communs de part
et d'autre sur ce sujet de décentraliser davantage le système et
de donner un peu plus d'autonomie aux commissions scolaires. Si c'est pour
obtenir ce résultat, j'en suis très heureux; c'est comme un
début de réforme puisque, évidemment, ce n'est pas encore
suffisant, bien entendu, du point de vue de l'autonomie fiscale que j'aimerais
voir complète, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont sur le même sujet.
M. Paquette: J'aurais deux questions sur la nouvelle formule. Au
point de vue des commissions scolaires régionales qui ont tendance
à évaluer leur autonomie en fonction de l'argent qu'elles
prélèvent elles-mêmes, si j'ai bien compris votre formule,
il y a certaines commissions scolaires qui se financeraient à même
l'impôt foncier, théoriquement jusqu'à 95% et l'État
fournirait seulement 5%. Cela doit être des cas très
exceptionnels.
M. Morin (Sauvé): C'est théorique, je n'en ai aucun
cas.
M. Paquette: Donc, vous pensez que les différences seront
suffisamment minimes d'une régionale à l'autre pour que certaines
commissions scolaires ne se mettent pas à dire qu'elles ont plus
d'autonomie que d'autres, parce que le milieu dans lequel elles évoluent
est plus riche, par exemple?
M. Morin (Sauvé): Non, là je ne veux pas aller dans
une discussion sur la courbe devant un mathématicien et un
économiste, parce que je n'ai pas la compétence pour entrer dans
ce genre de discussion, mais la courbe doit être faite de telle
façon que pour un nombre d'élèves donné et une
évaluation donnée, une dépense supplémentaire de X
amène un effort équivalent pour une commission qui est au haut de
la courbe ou plus bas dans la courbe.
M. Paquette: Oui, d'accord. M. Morin (Sauvé): C'est
l'idée.
M. Paquette: Si je comprends bien également votre formule,
cela veut dire qu'il y a une certaine péréquation qui va se faire
tout naturellement dans ce système-là?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: Mais elle va se faire simplement au prorata des
besoins, du nombre d'étudiants. Je veux dire que, dans un certain sens,
on ne peut pas dire que dans les régions plus pauvres, on va injecter
plus d'argent que cette région aurait eu, de toute façon.
M. Raynauld: ...un rapport entre le nombre d'étudiants et
l'évaluation municipale.
M. Morin (Sauvé): II y a une possibilité aussi, si
c'est là le sens de votre question, d'ajouter des seuils dans la courbe
pour fournir, par hypothèse, proportionnellement plus au milieu,
appelons cela...
M. Paquette: C'est ce que j'ai dit...
M. Morin (Sauvé): ...des régions plus
défavorisées, par la ligne de partage ou la courbe de partage,
qui n'a pas besoin d'être absolument droite. On peut introduire des
seuils. Ils ne sont pas introduits dans le schéma de base dont nous
parlons actuellement.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'avais pas d'autre question.
Le Président (M. Clair): Sur un nouveau sujet?
M. Raynauld: Je n'en ai plus sur...
Le Président (M. Clair): Je n'ai pas d'autres intervenants
en liste sur le bloc 1. Peut-être qu'on pourrait passer au bloc 2.
M. Vaugeois: Le bloc 1, c'est élémentaire et
secondaire?
Le Président (M. Clair): Le bloc 1, c'est
l'élémentaire et secondaire publics.
M. Vaugeois: Oui, deux choses très rapides, M. le
Président. Il y a longtemps que j'attendais ma chance. Je voulais
revenir très rapidement sur la question de l'accréditation. Le
ministre nous a parlé à quelques reprises d'un livre vert. Je
suis parfaitement conscient que cette hypothèse d'accréditation
des institutions entraîne pas mal de réflexion et
d'évaluation, parce qu'il y a toutes sortes de conséquences qu'on
peut imaginer. Pour poser la question de l'accréditation, je partirai
plutôt de ce qui a existé et de ce qu'on constate
actuellement.
Dans le secteur public, au Québec, il y a eu traditionnellement
des institutions secondaires, surtout, et même parfois
élémentaires qui étaient réputées, qui
étaient connues. J'en nommerai, pour évoquer des souvenirs, comme
le Plateau, à Montréal; l'Académie De La-Salle, à
Trois-Rivières; l'Académie Querbes, dans Outremont. Dans chacune
des villes moyennes, on pourrait ainsi rappeler des écoles secondaires
publiques qui étaient réputées et à qui des gens
faisaient des donations de toutes sortes de choses, etc. On s'identifiait
à
cette école. Il y avait l'amicale de l'école. Souvent,
d'ailleurs, ces institutions tenaient tête tout à fait aux
collèges classiques de l'endroit.
La réforme scolaire et tout ce que nous savons a, je pense qu'on
peut le dire, un peu mis la hache dans ces institutions, les ont
intégrées dans d'autres institutions le plus souvent. On peut
nuancer mes termes... Par ailleurs, nous observons actuellement une attraction
assez grande des écoles privées. Je me demande dans quelle mesure
l'école privée n'a pas eu une telle capacité d'attraction,
parce qu'elle maintenait un peu la personnalité de l'école, la
personnalité d'un corps professoral, d'un certain nombre de services, la
capacité d'identification à l'institution, pendant qu'on y est et
quand on en est sorti, pour les parents comme pour les étudiants.
En somme, pour mettre ces deux éléments ensemble,
j'aimerais qu'on engage une réflexion sérieuse sur la
possibilité d'avoir un système d'évaluation des
institutions qui pourrait nous conduire, éventuellement, vers une
accréditation qui appellerait un grand degré d'autonomie au
niveau de la gestion, au niveau du fonctionnement, au niveau même de
l'évaluation. Cela pourrait nous mener, éventuellement, à
une situation je ne veux pas allonger mon propos, donc j'en viens
à une conclusion pour l'illustrer où une école
publique qui aurait été accréditée, pourrait se
voir exemptée des examens communs du ministère, alors qu'une
école privée voisine serait toujours soumise aux mêmes
examens communs. Pour bien montrer que l'excellence n'est pas d'un
côté ou de l'autre, qu'on n'est pas plus facilement
accrédité d'un côté ou de l'autre, vous pourriez
avoir une école secondaire du secteur public qui, ayant réuni un
certain nombre de conditions et de critères, se verrait reconnue comme
étant de telle qualité par le ministère de
l'Éducation, et par conséquent, aurait droit à un
degré d'autonomie qui l'amènerait jusqu'à l'exemption des
examens communs; alors qu'à côté, une école
privée traditionnelle, de bonne qualité, supposons-le, serait
toujours soumise à cet examen.
Je ne peux pas, en trois minutes, faire le tour de cette question. Je
pense, M. le ministre, qu'elle peut évoquer dans votre esprit, un
certain nombre de réflexions immédiates, mais ce n'est pas
tellement ce que j'appelle. Je sais qu'au ministère de
l'Éducation, cette question a déjà fait l'objet d'une
réflexion qui a été abandonnée, je crois, au cours
des ans, encore que quelques-uns l'aient conservée.
Je sais fort bien qu'elle entraîne toute une série de
questions qu'il ne convient pas de débattre ce soir. Mais cela me
plaît de penser que, au lieu d'affronter, un type d'institution, alors
que ce type d'institution plaît aux gens, au lieu également
d'oublier un type d'institution publique qui a laissé de la nostalgie
dans l'esprit d'autres gens, on pourrait chercher une façon de valoriser
la responsabilité locale, de valoriser l'identification à une
institution. J'y vois personnellement toute une série de
retombées pour la motivation, l'émulation et l'intervention au
niveau d'une école. D'ailleurs, dans une autre circonstance, j'aimerais
élaborer à partir d'expériences que j'ai vécues et
que d'autres ont vécues.
Pendant que j'ai pris mon air d'aller, M. le ministre, j'aborderai une
autre question qui se rattache un peu à celle-là, celle de
l'évaluation.
J'aimerais savoir c'est assez différent comme
question...
M. Morin (Sauvé): M. le député, me
permettez-vous de réagir quand même...
M. Vaugeois: Ah oui.
M. Morin (Sauvé): ...à votre premier
exposé...
M. Vaugeois: ...je vais prendre mon...
M. Morin (Sauvé): ...pendant que nous y sommes...
M. Vaugeois: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...quitte à vous écouter
par la suite aussi longtemps qu'il sera nécessaire.
Il y a, dans ce que nous proposons dans le livre vert, des
éléments de ce que vous venez de mentionner, en ce sens que nous
avons l'intention, pour peu que le milieu soit d'accord, de procéder
à une évaluation institutionnelle des commissions scolaires, puis
des écoles; il y a les prolégomènes qui pourraient nous
mener, éventuellement, à un système qui ressemblerait
à ce que vous venez d'évoquer.
L'un des dangers que pourrait comporter un système de
certification, quoique je n'aime pas beaucoup l'expression, tout simplement
d'évaluation, serait que si c'est le gouvernement qui procède
à cette évaluation, les institutions défavorisées
par le système ou, du moins, celles qui se retrouveraient avec des
faiblesses trop considérables, auraient peut-être tendance
à dire au gouvernement qu'il faudrait investir davantage dans leur
développement, de sorte que si on devait, un jour, adopter un
système de ce genre, il faudrait peut-être que l'évaluation
ou la certification éventuelle soit effectuée par un organisme
extérieur au gouvernement.
M. Vaugeois: Si vous me permettez, M. le ministre, il existe
je ne sais pas si la remarque est appropriée, mais je prends une
chance déjà un organisme qui est très près
du ministère de l'Éducation et qui, à mes yeux, a une
performance assez exceptionnelle et qui garde la neutralité qui
convient, qui regroupe un nombre d'experts impressionnant, c'est le Conseil
supérieur de l'éducation. D'ailleurs, je tiens à souligner
je n'avais pas prévu ça que le Conseil
supérieur de l'éducation a fait, au cours des dernières
années, à plusieurs reprises, des rapports que j'ai
trouvés fort pertinents. Ils ont la distance qu'il faut pour
apprécier à peu près tout ce qui se passe dans le
système scolaire.
M. Morin (Sauvé): Je note, mais ce serait renouveler
entièrement les fonctions, le rôle du Conseil
supérieur...
M. Vaugeois: Oui.
M. Morin (Sauvé): Ce serait un conseil supérieur
bien différent de celui que nous connaissons, mais qui,
peut-être... Enfin, ça vaut la peine d'y penser
M. Vaugeois: Écoutez, M. le ministre, je pense qu'il ne
faudrait pas aller plus loin que les deux considérations qui sont
à l'origine de mon propos. Premièrement: penser à ce qui a
déjà existé et qui a eu de la valeur et analyser un peu ce
qui constitue un facteur d'attraction de l'école privée. Je pense
que tout le monde admettra qu'on ne prétend pas qu'elle soit
nécessairement meilleure. On sent même, parfois, qu'elle n'est
peut-être pas même aussi bonne. Il y a un certain nombre de
caractéristiques qui font que cette école a gardé une
capacité d'attraction et, à mon avis, il faut évaluer
ça. Quand on parle de faire la promotion du secteur public, il faudrait
peut-être s'inspirer de ce qui conserve, à tort ou à
raison, dans le système privé, une capacité d'attraction
chez les gens. C'est tout simplement ça que je voulais dire.
M. Morin (Sauvé): Bien.
M. Vaugeois: Je peux en venir à mon deuxième point,
qui est l'évaluation. C'est une question toute simple. Est-ce que...
Oui?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Trois-Rivières, le député d'Outremont voulait intervenir
immédiatement, je pense...
M. Raynauld: Pas sur cette question.
Le Président (M. Clair): ...pas sur cette question?
Allez-y!
M. Vaugeois: Sur l'évaluation, je voudrais demander
d'abord s'il existe, au ministère de l'Éducation, comme examens
communs, comme tests ou examens préparés pour les commissions
scolaires, autre chose que des examens objectifs?
M. Morin (Sauvé): Ces dernières années, il a
surtout existé, la plupart du temps des examens objectifs et,
actuellement, on est en train d'élaborer une nouvelle politique
d'évaluation pour trouver des standards minimaux et demander localement
aux institutions de préparer leurs propres examens en respectant un
certain nombre de critères; mais, pour le moment, la majorité des
examens sont, de nature, assez objectifs.
M. Vaugeois: Je pense que je n'ai pas besoin de préciser
quoi que ce soit là-dessus. C'est la réponse que je craignais. En
1965, je plaide coupable, j'ai contribué avec succès à
faire des examens objectifs sans erreur! L'année
précédente, il y avait eu des erreurs et, lorsque je suis
arrivé, il a cessé d'y avoir des erreurs comme par hasard. Il
faut dire qu'on était une assez bonne équipe. Par la suite, on a
généralisé cette série de tests objectifs et,
malheureusement, finalement, cela s'est ré- pandu, et à
l'exclusion de toute autre formule d'examen.
M. Raynauld: C'est vrai.
M. Vaugeois: Et quand on s'inquiète de l'incapacité
ou de la faiblesse de la langue écrite ou même de la langue
parlée, mais surtout de la langue écrite, c'est qu'il ne reste
plus dans notre système scolaire d'étape où on
évalue vraiment la capacité de s'exprimer.
Il en reste, bien sûr, au niveau des interventions des
professeurs, à certains moments, mais, finalement, dans les
étapes clés de notre système, nous n'avons pas
d'intervention de cette nature. Les étudiants qui font l'apprentissage
d'une discipline, par exemple, au niveau de la formation et de l'information,
en viennent à s'habituer aux examens objectifs. D'ailleurs, il y a
même une plaie qui s'est répandue et qui s'appelle les cahiers
d'exercices, qui préfigurent un peu les tests objectifs qui viendront
à la fin de l'année. Même la didactique de l'enseignement
s'est corrigée en fonction des tests objectifs. Au niveau même de
l'enseignement, on a dévié d'une formule d'enseignement qui
privilégiait l'expression pour en venir à une formule
d'enseignement qui se contente d'une réponse mise à la bonne
place alors que la formulation a été trouvée par d'autres.
Je pense bien que pas mal de gens seront d'accord, à ce moment-ci pour
essayer d'arrêter ce processus et de ne pas chercher des coupables
uniquement dans certaines méthodes qui ont été introduites
à l'élémentaire, mais peut-être dans cette
didactique au secondaire qui a été influencée par le
nouveau type d'examens.
M. Morin (Sauvé): Je puis dire que nous sommes d'accord
avec la préoccupation du député. Le ministère l'est
depuis déjà quelque temps.
M. Raynauld: Alors, quelque chose a été fait?
M. Morin (Sauvé): On l'a indiqué il y a un
instant.
M. Paquette: Par exemple, M. le Président...
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet? Le
député de Rosemont.
M. Paquette: J'avais posé une question hier, mais j'ai
dû être brusqué un peu sur l'évaluation. Le
sous-ministre a mentionné que le service d'évaluation, si j'ai
bien compris, allait s'orienter vers l'établissement de critères
de façon que les commissions scolaires élaborent leurs propres
outils d'évaluation. C'est bien cela?
Cela veut-il dire qu'à la fin de l'année prochaine, on va
voir disparaître les examens uniformes dans tout le Québec, parce
qu'une bonne partie du problème des tests objectifs vient de là
et il y a bien d'autres problèmes à part cela qui viennent de
là, car on n'est évidemment pas capable de corriger centralement
une telle masse de données. On s'est lancé dans des choses qui se
corri-
geaient facilement et qui s'informatisaient facilement.
M. Morin (Sauvé): Le député me permettra de
lui faire remarquer que le processus qui existe actuellement a
été très long à établir. Il y a, à
l'heure actuelle, au ministère, quelque 450 examens
préparés annuellement. Se départir de tout cela à
court terme, c'est proprement impossible, mais on peut modifier le
système graduellement, se départir d'une partie de ces
responsabilités, sans doute...
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Avant de terminer complètement sur ce sujet,
je voudrais poser une autre question sur le processus de
décentralisation.
Bien sûr, une des grandes difficultés tient aux sources de
financement. Je ne pense pas que la méthode qui est proposée
aujourd'hui puisse résoudre ce problème, le problème de
fond. Est-ce que je pourrais demander s'il y a des travaux en cours pour
essayer d'examiner et de trouver des méthodes pour qu'on puisse donner
effet, d'ici un, deux ou trois ans, à une décentralisation
effective du système d'éducation? Par là, j'entends un
système par lequel, au-delà d'une péréquation du
fardeau fiscal, il appartiendra aux commissions scolaires ou à un
régime qui peut être associé au financement des
municipalités... J'entends un système qui va permettre,
justement, de percevoir une beaucoup plus grande proportion des recettes
nécessaires au système d'enseignement que cela n'est le cas
maintenant.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si le
député avait été présent lorsque nous avons
discuté longuement de la décentralisation cet après-midi,
il aurait eu au moins une réponse partielle à sa question. Je ne
pense pas qu'on puisse, dans l'avenir prévisible, prévoir une
décentralisation fiscale complète...
M. Raynauld: Je demande simplement s'il y a une étude en
cours.
M. Morin (Sauvé): ...mais au moins un
réaménagement partiel, oui. Je crois que ce sera l'une des
conséquences de la décentralisation que nous envisageons. Mais,
d'autre part, plusieurs de mes collègues ont fait allusion à
d'autres hypothèses et, d'ici quelques années, je ne peux
vraiment pas prévoir quel sera le système auquel nous aboutirons.
Pour l'heure, nous songeons à une véritable
décentralisation dans la gestion et cela aura, naturellement, des
conséquences fiscales.
M. Raynauld: Alors, si je comprends bien, il n'y a pas
d'étude spéciale entreprise à l'heure actuelle sur le
financement proprement dit des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Oui, sur une nouvelle formule de
financement des commissions scolaires.
M. Raynauld: Oui, mais cette formule ne résout pas le
problème de la décentralisation, parce qu'elle ne donne pas plus
d'autonomie aux commissions scolaires. Les commissions scolaires pourront
même être financées encore à 95% par le gouvernement
du Québec. À ce moment-là, on ne peut pas parler
d'autonomie fiscale dans un cas comme celui-là.
M. Morin (Sauvé): Non, on ne peut peut-être pas
parler d'autonomie fiscale si, effectivement, le financement vient à 95%
de Québec, mais, d'abord, ce ne sera pas nécessairement 95%.
Deuxièmement, nous parlons non seulement d'autonomie fiscale, mais
d'autonomie de gestion et, cet après-midi, j'ai développé
longuement la façon dont nous comptons simplifier les transactions qui
interviennent à l'heure actuelle entre les commissions scolaires et le
ministère, lesquelles vont être considérablement
simplifiées. J'ajouterai, parce que je ne veux pas m'étendre et
reprendre tout le débat de cet après-midi que j'ai eu avec votre
collègue de L'Acadie, qui s'est intéressée fortement
à cet aspect de nos projets, j'ajouterai simplement que toute la
réforme consiste, de façon générale, à
exercer des contrôles a posteriori et non pas, comme à l'heure
actuelle, à forcer les commissions scolaires à se soumettre
à un régime d'approbation à priori.
M. Raynauld: M. le ministre, je ne voulais pas entrer... Je
savais que vous aviez discuté de décentralisation sur le plan de
la gestion, cet après-midi. Je m'en tenais seulement à l'aspect
fiscal, parce qu'on pourra avoir toute la décentralisation qu'on voudra
sur le plan de la gestion, aussi longtemps que les commissions scolaires
n'auront pas une autonomie de financement plus grande que celle qu'elles ont
maintenant, ce sera toujours partiel.
M. Morin (Sauvé): Effectivement.
M. Raynauld: Alors, à l'heure actuelle, avec la formule
qui est proposée, on a bien répondu tout à l'heure qu'il
n'y avait pas de nouvelle recette fiscale introduite dans le système, ce
qui veut dire qu'il n'y a pas lieu de penser que la proportion des fonds qui va
venir du gouvernement provincial, par opposition à l'impôt
foncier, puisse changer beaucoup. Au contraire, si on maintient le
système actuel, la part de l'autonomie fiscale va baisser. À
l'heure actuelle, elle est à 27%, comme on a dit tout à l'heure.
Les commissions scolaires perçoivent 27% de leurs recettes chez elles et
la différence provient du ministère de l'Éducation. Alors,
avec la nouvelle formule, ceci n'a pas lieu d'être modifié, au
moins en théorie.
M. Morin (Sauvé): Pas fondamentalement, du moins pas dans
le partage. C'est toujours le même dollar.
Je veux quand même répondre à votre souci
d'autonomie fiscale, parce que nous en avons débattu cet
après-midi également, en disant que nous comptons, à tout
le moins pour l'avenir pré-
visible, faire valoir l'importance de sources autonomes de financement
pour les commissions scolaires. D'aucuns voudraient que la taxe foncière
soit abolie pour les fins scolaires, qu'elle soit entièrement
transférée, par exemple, aux municipalités, de sorte que
tout le financement des commissions scolaires viendrait de l'impôt sur le
revenu des particuliers ou de l'impôt sur les profits des
sociétés.
J'ai longuement élaboré cet après-midi sur
l'idée qu'il ne fallait pas reprendre d'une main, recentraliser d'une
main après avoir tenté de décentraliser de l'autre. De
sorte que, dans mon esprit, l'impôt foncier, pour l'instant, avec tout ce
qu'il suppose comme responsabilité devant les contribuables fonciers,
est une composante essentielle de l'autonomie et de la décentralisation
que nous avons en tête.
Maintenant, j'aimerais demander au député, s'il pouvait
élaborer un peu sa pensée, quelle sorte d'autonomie fiscale il
voudrait que nous reconnaissions aux commissions scolaires, au-delà de
ce qu'elles possèdent à l'heure actuelle? Je veux dire par quels
moyens fiscaux pourrait-on procéder? À l'heure actuelle, je pense
bien que, pour ce qui est de la taxe foncière, il est difficile d'aller
au-delà de ça; c'est très difficile, parce que c'est un
champ qui est partagé avec les municipalités, et c'est un champ
déjà contesté aux commissions scolaires. Est-ce qu'on doit
réserver une partie de la taxe de vente? Il a couru toutes sortes de
théories sur cette question. J'aimerais savoir comment s'oriente la
pensée du député d'Outremont là-dessus.
M. Raynauld: De façon très générale,
j'ai demandé tout à l'heure s'il y avait une étude en
cours sur le sujet, parce que je ne prétends pas avoir les
réponses. D'une façon générale, je pense qu'il faut
admettre qu'il faudra trouver de nouvelles sources de revenus; même
l'impôt foncier, à mon avis, ne convient pas au financement de
l'éducation, parce qu'il n'y a pas de liaison entre les services rendus
et le type d'impôt perçu. Cela va bien pour les services
municipaux parce que les services municipaux sont encore en grande partie
liés à des aqueducs, des égouts, a des services
liés justement à l'aménagement physique des terrains, des
immeubles, etc.
Donc, il y a encore une certaine liaison. Mais, en ce qui concerne
l'éducation, il n'y en a aucune. On ne voit pas pourquoi ce financement
serait d'aucune façon approprié à ce type de
dépenses, sauf l'histoire.
M. Morin (Sauvé): C'est traditionnel, et c'est un
fait.
M. Raynauld: C'est ça. Je dis donc qu'on ne peut pas
penser que l'impôt foncier devienne la source de financement et la source
d'autonomie fiscale que nous recherchons. Donc, il faut trouver autre chose. Je
n'ai pas les réponses sur les autres sources de financement possibles.
Bien sûr, vous faites allusion à la taxe de vente, c'est une
possibilité, il y a d'autres possibilités; aux États-Unis,
il y a des municipalités et des groupes de ce niveau de gouvernement qui
ont la possibilité de prélever un impôt sur le revenu, qui
est souvent déductible de l'impôt sur le revenu payé au
niveau supérieur. Donc, il y a différentes formules, c'est bien
évident.
Mais je voudrais simplement insister sur la nécessité
d'entreprendre quelque chose dans cette direction. Et si ce n'est pas le
ministère de l'Éducation qui pousse sur le gouvernement pour
examiner des mesures alternatives, à mon avis, on va aller très
peu loin dans cette décentralisation du système
d'éducation, parce que l'essentiel de la décentralisation, c'est
de faire réaliser aux gens que s'ils veulent une dépense
supplémentaire, il faut qu'ils la paient. Il faut faire cesser des
manifestations dans les rues, par exemple pour maintenir une école
ouverte, lorsque c'est toujours le gouvernement supérieur qui va en
faire les frais. Ce n'est pas sain sur le plan démocratique, il faudrait
que les gens fassent des manifestations pour essayer de convaincre leurs
voisins que s'ils veulent une école ouverte, il faudrait bien qu'ils en
paient les dépenses, qu'ils en fassent les frais eux-mêmes,
toujours moyennant cette péréquation du fardeau fiscal qui
m'apparaît une condition d'équité absolument
fondamentale.
Mais au-delà de ça...
M. Morin (Sauvé): Vous pourrez faire part de ces propos
fort intéressants à votre collègue le député
de L'Acadie, notamment au sujet des fermetures d'écoles.
M. Raynauld: Je ne sais pas ce qu'elle a dit, je ne veux pas
faire de commentaires. Je pense que nous en avons déjà
parlé. Je crois que sur le principe de cette décentralisation, de
cette autonomie fiscale, nous sommes d'accord sur cet objectif.
En ce qui concerne les modalités, encore une fois, j'ai
noté que vous demandez s'il n'y aurait pas lieu soit que vous mettiez un
comité d'étude sur pied, soit que vous parliez de cela au
ministre des Finances pour que quelque chose soit entrepris dans la
lignée du rapport qui avait été fait déjà,
vers le milieu des années soixante, sur le régime fiscal, pour
essayer d'examiner quelles seraient ces modalités. Ce n'est
sûrement par un individu qui va être capable de trouver les
réponses. Mais je réitère le besoin de faire entreprendre
les études, relativement rapidement, parce que cela va être long
à faire. Si on veut aboutir un jour dans cette direction, il me semble
qu'il faudrait entreprendre au moins quelque chose. L'autonomie de gestion dont
vous avez parlé tout à l'heure, je la trouve intéressante,
mais elle ne sera jamais un substitut, parce que, étant donné que
ce sont des fonds publics du gouvernement du Québec, il faudra toujours
que le gouvernement du Québec conserve la responsabilité ultime
d'une utilisation de ces fonds publics. C'est normal, parce que si ces fonds
viennent d'ici, il faudra bien que ce soient encore les députés
d'ici qui en décident l'affectation majeure.
Donc, je crains que cette décentralisation
avorte en cours de route, parce que... On pourra peut-être trouver
des méthodes ici ou là, pour déconcentrer un peu
l'activité. Par exemple, M. le ministre, vous avez fait une allusion,
à un moment donné, dans un discours, une déclaration
à l'Assemblée nationale, je ne sais plus, à l'effet que
vous pourriez envoyer un fonctionnaire du ministère sur place,
auprès des commissions scolaires, pour que les décisions se
prennent plus vite.
Si je vous ai bien compris, est-ce que c'est exact? C'est
peut-être faux.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne me souviens pas avoir dit
quoi que ce soit du genre.
M. Raynauld: J'ai cru comprendre que c'était dans un
contexte où vous vouliez que les décisions se prennent davantage
sur place, dans les régions, et que pour accélérer ce
processus, vous pourriez envoyer un fonctionnaire du ministère de
l'Éducation...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas tout à fait cela, M.
le député. Je pense qu'il y a eu un léger malentendu. Je
parlais, à ce moment-là, de la déconcentration du
ministère de l'Éducation vers les bureaux régionaux, de
façon à compléter le mouvement de décentralisation
par un mouvement de déconcentration administrative, de façon que
chaque région ait un interlocuteur ministériel très
rapproché d'elle-même.
M. Raynauld: Oui. Alors, c'est bien l'impression que cela avait
laissé. Je pense que c'est exact. Par conséquent, la
réaction que j'ai de l'extérieur, à une suggestion comme
celle-là, c'est que vous pouvez atteindre exactement l'objectif inverse
où dans une commission scolaire, il va y avoir une personne très
proche qui va venir vous dire: Écoute, c'est comme cela que tu fais cela
et finalement, la commission scolaire pourrait avoir encore moins d'autonomie
qu'elle n'en a aujourd'hui, ce qui n'est pas votre intention, je le reconnais,
mais cela peut conduire à cela, parce que ce sont des palliatifs, au
fond, à ce que nous cherchons. Ce sont les palliatifs et tout palliatif
peut conduire à des effets inattendus qui peuvent être exactement
le contraire de ce qu'on voulait au départ.
M. Morin (Sauvé): Cela est bien sûr. Mais cela
dépendra, dans une large mesure, des compétences qu'on
reconnaîtra à l'instance déconcentrée.
Dans notre esprit, cette instance va surtout fournir des services et
elle va aussi exercer certains contrôles, mais, comme je l'ai dit tout
à l'heure, a posteriori et non pas a priori, comme c'est le cas à
l'heure actuelle. J'admets qu'il faut se poser toutes ces questions et je vais
même aller plus loin. Je vais m'entretenir avec le ministre des Finances
de la possibilité d'étudier ces nouvelles sources fiscales
autonomes dont pourraient bénéficier les commissions scolaires,
mais j'ai remarqué que le député est fort hésitant
lorsque je lui demande ce qu'il faudrait mettre à la place de
l'impôt foncier. Il a raison d'être hésitant, parce que
c'est une question difficile, il comprendra facilement, devant ses propres
hésitations, que je ne sois pas trop pressé de bousculer ce qui
existe avant de savoir ce que je vais mettre à la place.
M. Raynauld: Je ne vous ai pas demandé de bousculer quoi
que ce soit, je vous ai demandé s'il n'y avait pas une étude qui
pourrait être mise en marche. Je ne vous demande pas de bousculer, de
grâce, on est assez bousculé comme cela.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont, sur le même sujet.
M. Paquette: Oui, M. le Président, c'est dans le
même sens que certaines des remarques du député
d'Outremont, mais j'aimerais insister sur le rôle de l'impôt
foncier dans ce problème de justice sociale.
M. Morin (Sauvé): J'ai l'impression que le
député de Rosemont, sur ce point, pourrait très bien
être du côté de l'Opposition.
M. Paquette: Je ne le sais pas, je pense qu'on n'attache pas
assez d'importance au fait que l'impôt foncier est une taxe
régressive. J'ai vu des chiffres qui datent un peu, dans le bout de
1970, mais où on montrait que, suivant le revenu du citoyen,
évidemment, proportionnellement, l'impôt foncier coûte plus
cher aux citoyens à faible revenu. C'est une taxe régressive.
Inversement, les bénéfices du système
d'éducation vont exactement en sens inverse, à cause du
phénomène bien connu de sélections sociales que fait
l'école, c'est-à-dire que les jeunes provenant de familles
à faible revenu ont tendance à rester moins longtemps dans le
système scolaire et, donc, tout le long de leur vie, retirent moins du
système. Cela veut dire que, si on regarde cela d'un certain angle,
l'éducation, sur le plan de la justice sociale, sert à faire un
transfert des pauvres vers les riches. C'est une caricature, ce n'est pas
exactement cela, mais, essentiellement, c'est vers cette direction.
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait pas trop simplifier,
parce qu'on pourrait également faire remarquer, comme nous nous le
faisons dire à l'occasion, que cela sert également à un
transfert de richesses des gens qui n'ont pas d'enfants vers ceux qui en
ont.
M. Paquette: D'accord, on pourrait dire cela également,
mais il me semble que c'est une raison qui devrait inciter le ministre à
chercher un substitut à l'impôt foncier, sans compter la pression
que cela peut exercer sur le problème de la pénurie du logement
aussi. Il y a ce problème-là dans le décor. Je ne sais pas
si j'ai bien compris le député d'Outremont, mais je songeais
aussi à une proposition qui irait du côté de l'impôt
sur le revenu. De la même façon que le gouvernement
fédéral ramasse des fonds pour les autres provinces canadiennes,
sauf le Québec, suivant des taux qu'il détermine, une formule
semblable pourrait être envi-
sagée, non seulement pour les commissions scolaires, mais pour
une municipalité également.
Je sais que le ministre des Finances a l'intention de faire une
réforme assez profonde de la fiscalité, pour l'an prochain. Je
pense qu'il serait à l'avantage du ministère de
l'Éducation de prendre les devants et de proposer la formule qui lui
semble la plus appropriée.
M. Morin (Sauvé): Oui, je ne suis pas en désaccord
avec le député de Rosemont, mais la valeur fondamentale,
l'objectif fondamental pour moi, c'est l'autonomie de l'école et de la
commission scolaire. Je ne voudrais pas qu'il y ait de changement avant de
m'être assuré que le nouveau système appuie, conduit,
effectivement, au maintien de cette autonomie. Je ne voudrais pas abandonner
l'impôt foncier avant d'être sûr que j'ai trouvé un
substitut valable. C'est la seule réserve, autrement, je partage
l'idée du député de Rosemont, qu'il s'agit d'une taxe
régressive.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je partage aussi l'idée d'une taxe
régressive, mais autant au municipal aussi. Où je ne partage pas
l'idée du député d'Outremont, c'est lorsqu'il compare la
municipalité, de lui laisser le champ libre là-dedans, parce que
tout est apparent. Vous avez un bout de trottoir qui se fait, les gens y
marchent. Vous avez un bout de tuyau, l'aqueduc, tout de suite... Tout est
apparent dans une municipalité. Si on se réfère à
l'éducation, tout le monde en a besoin aussi. Le champ de taxation d'une
commission scolaire était avant que les municipalités soient
là. C'est un droit acquis déjà.
Un deuxième droit acquis, que les commissions scolaires avaient
aussi, c'était la taxe de vente qu'on leur a enlevée aussi,
à l'avantage des municipalités encore. Trouver une formule juste
entre les deux, c'est difficile. J'en suis un moi-même depuis 1973, et
j'ai fait ma politique scolaire sur l'abolition de l'impôt foncier
scolaire. Je l'ai faite à l'intérieur du Parti
québécois le 15 novembre sur l'abolition de l'impôt
scolaire encore. J'en ai encore reparlé. Je ne voudrais pas abolir
l'impôt scolaire pour le laisser uniquement au champ des
municipalités, parce qu'elles, elles ont faim. Le dollar qu'on a
actuellement, elles s'empresseraient de le prendre tout de suite pour en faire
plus encore, pour ériger d'autres monuments à l'intérieur
des municipalités. C'est tout cela qu'est le problème
vis-à-vis du scolaire.
M. Raynauld: Je ferais seulement une remarque
supplémentaire à ce sujet. Je dirais que cette réforme de
la fiscalité du système scolaire ne pourra pas être
envisagée sans envisager en même temps une réforme du
financement des municipalités.
M. Laplante: Absolument pas. On ne peut pas dissocier.
M. Raynauld: Je crois que ces deux choses vont ensemble. On ne
peut pas isoler le financement des écoles et du système
d'enseignement des municipalités. Par ailleurs, je ne peux que souscrire
à l'idée additionnelle que l'impôt foncier est un
impôt régressif. Là encore, c'est pour cette raison que,
tout à l'heure, je disais que le seul avantage de cet impôt, c'est
l'histoire, c'est qu'il existe. C'est son seul avantage. Je suis
également d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'il ne veut pas
l'abandonner avant de savoir par quoi il va le remplacer. J'ajouterais
là-dessus, cependant, qu'à mesure que les années passent,
vous n'avez plus rien à remplacer, parce que l'impôt foncier
maintenant ne compte plus que pour 27% du financement du système de
l'éducation. Il pourra venir un moment où on l'aura
remplacé, parce qu'on n'aura pas poussé assez vite, on l'aura, en
fait, remplacé par des subventions du gouvernement du Québec. On
détruit les commissions scolaires.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai, mais ces 27%, M. le
député, c'est ce qui nous permet de rendre responsables les
commissions scolaires devant les contribuables. Ce n'est pas une mince affaire
que de supprimer cet élément de responsabilité.
M. Raynauld: Seulement pour un quart. Vous voyez tout de suite
toutes les distorsions qui sont apportées chaque fois qu'une commission
scolaire veut dépenser un dollar, elle sait que ça va lui en
coûter seulement $0.24, $0.27 sur le dollar. Vous voyez que ça
diminue.
M. Morin (Sauvé): Je vous prie de croire que les
dernières négociations collectives ont fait la
démonstration de ce point très amplement.
M. le Président, il reste quelques minutes, et, sous
réserve des droits de Mme le député de L'Acadie et,
à moins que le député de Gaspé ait d'autres
questions sur le programme portant sur l'enseignement primaire et secondaire,
je proposerais que nous adoptions ce programme. J'ai bien dit sous
réserve des droits du député de L'Acadie.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, comme j'étais
absent, est-ce qu'on a abordé la question, par exemple, des langues
secondes, français et anglais? Est-ce que cela a été
étudié ici?
M. Morin (Sauvé): Effectivement.
Le Président (M. Clair): Cela a été
abordé, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Ensuite, la politique d'éducation dans les
milieux défavorisés. Je n'entends pas les régions
éloignées, quand on dit les milieux
défavorisés.
M. Morin (Sauvé): On y a touché.
M. Laplante: C'est à ça que Mme Roux voulait
revenir.
M. Morin (Sauvé): On y a touché, mais Mme Roux
voulait y revenir, je pense, oui.
M. Le Moignan: Mais les autres aspects ont été
touchés à peu près...
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense qu'on a touché pas
mal à tout.
M. Le Moignan: Oui.
M. Morin (Sauvé): Si vous vouliez en convenir, sous
réserve des droits du député de L'Acadie, nous dirions que
ce programme est adopté, ce qui nous permettrait déjà de
poser un jalon.
Une voix: Le bloc...
M. Morin (Sauvé): Le bloc I.
M. Raynauld: Effectivement, pour ma part, je ne voudrais pas m'y
opposer. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, si c'est sous une
réserve, qu'est-ce qu'on gagne en disant qu'il est adopté?
Le Président (M. Clair): Monsieur... M. Laplante:
Elle peut revenir...
M. Morin (Sauvé): Elle peut revenir là-dessus, mais
elle serait la seule à pouvoir le faire.
M. Raynauld: Bien oui, c'est ça, elle peut y revenir, mais
la seule à pouvoir le faire.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont, j'aurais surtout l'impression qu'on demanderait aux
députés ministériels de s'imposer eux-mêmes le
bâillon.
Je pense que, sous réserve des droits du député de
L'Acadie, et considérant le fait que nous étudions les
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation
depuis bientôt quinze heures environ, et tenant compte également
du fait que nous avons encore au moins six thèmes majeurs à
étudier, soit l'enseignement collégial, l'enseignement
universitaire, l'enseignement aux adultes, l'enseignement privé et
l'administration générale, je pense que le temps serait
maintenant venu d'adopter les programmes et éléments concernant
l'élémentaire et le secondaire publics.
Y a-t-il des commentaires à ce stade-ci?
M. Le Moignan: Pour ma part, adopté.
Le Président (M. Clair): Alors, pour les fins du journal
des Débats, le programme 4 serait-il adopté en entier?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 1 du programme 2 serait-il adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, sous réserve des droits du
député de L'Acadie.
Le Président (M. Clair): Adopté sous réserve
des droits du député de L'Acadie, effectivement.
Il sera 23 heures dans quelques minutes. Je ne pense pas qu'il y ait
lieu de commencer l'étude d'un autre bloc.
M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement, pour le cas
où le député d'Outremont devrait nous fausser compagnie,
lui donner un peu de lecture de chevet sous forme du programme d'histoire 412,
accompagné de son guide bibliographique, et du programme de
géographie 412, également accompagné de son guide.
M. Raynauld: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont l'appréciera sûrement.
M. Vaugeois: Est-ce un document exclusif? J'aurais aimé
cela moi aussi.
M. Morin (Sauvé): ...privilège.
M. Vaugeois: Je ne l'ai pas vu depuis 1966.
M. Morin (Sauvé): Pour le cas où le
député en voudrait un exemplaire, pour le cas où il
ignorerait son contenu, nous pourrons faire le nécessaire.
Le Président (M. Clair): Avant d'ajourner les travaux de
la commission, pour l'information des membres de la commission, M. le ministre,
vous êtes-vous informé si la commission doit siéger
demain?
M. Morin (Sauvé): Pour autant que je sache, dès
après la période des questions à l'Assemblée
nationale, demain, nous devons nous réunir de nouveau, mais,
naturellement, ce n'est pas moi qui en décide, c'est le leader du
gouvernement.
Le Président (M. Clair): Effectivement. Je vous remercie,
M. le ministre. Le député de Trois-Rivières.
M. Morin (Sauvé): Lorsque le député de
L'Acadie se sera fait entendre, nous pourrons passer au bloc II,
c'est-à-dire, effectivement...
M. Vaugeois: L'enseignement collégial. D'accord.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne donc ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 57)