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Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, madame, messieurs!
Pour la séance de ce matin, les membres sont: M. Alfred (Papineau), M.
Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond), M.
Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette (Joliette), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay (Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M.
Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marchand (Laurier), M. Morin (Sauvé), M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
A la séance d'hier...
M. Johnson: Je remplace M. Laplante.
Le Président (M. Boucher): Ah bon! M. Johnson remplace M.
Laplante. M. de Bellefeuille remplace M. Chevrette, M. le député
de Sherbrooke vous remplacez...
M. Bisaillon: Le député de Sherbrooke remplace M.
Morin (Sauvé).
Conservation et diffusion des arts plastiques
(suite)
Le Président (M. Boucher): A la séance d'hier on en
était au programme 4. élément 2, et le
député de Gaspé avait demandé la parole.
M. O'Neill: M. le Président, le député de
Gaspé avait antérieurement une fois, le 12 mai, demandé la
parole aussi pour poser une question relative aux listes des membres des jurys
1976/77 pour les programmes d'aide aux artistes et aux expositions. Je voudrais
signaler au député de Gaspé et aux autres membres de cette
commission que cette liste est prête et sera déposée en
nombre de copies suffisantes ce matin. Cela s'en vient, ils sont en train de
faire les autres copies.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai fait une entente avec
Mme le député de L'Acadie, je pense qu'elle a quelques petites
questions pour terminer, ensuite je pourrai poursuivre.
Le Président (M. Boucher): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
revenir sur la question de la collection de sciences naturelles que la
Commission des écoles catholiques de Montréal possède.
Depuis la semaine dernière, vous avez sans doute vu l'article du Devoir
intitulé: L'Arche de Noé partira pour d'autres cieux ou l'Ontario
ou je ne sais trop.
Ce que je voudrais simplement préciser pour essayer qu'il y ait
une coordination possible entre le ministère de l'Education et le
ministère des Affaires culturelles sur ce sujet, c'est que depuis
déjà quelques années, d'une part, la Commission des
écoles catholiques de Montréal et, depuis les deux
dernières années, en particulier, le Conseil scolaire de
Montréal ont assumé les dépenses pour l'entretien de ces
pièces de collection et étant donné que les ressources en
éducation semblent s'amenuiser d'année en année il ne leur
est plus possible de les supporter.
Nous avons discuté ici a savoir à quel moment il y avait
eu une démarche de faite auprès du ministère des Affaires
culturelles. Les informations qu'on m'a données c'est que d'abord au
mois d'octobre, un dossier de travail a été transmis au
ministère des Affaires culturelles et qu'au mois de décembre des
démarches ont été faites pour rencontrer le ministre de la
part du président du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Il y a eu une lettre d'écrite, plusieurs appels
téléphoniques ont été faits et on lui a dit que
c'était impossible pour lui de rencontrer le ministre des Affaires
culturelles.
En tout cas, cela est de la petite histoire et n'a pas d'importance dans
le dossier d'aujourd'hui, quelles que soient les erreurs qui ont pu survenir ou
la surcharge de travail que certains fonctionnaires ont pu avoir. Ce que je
pense important, c'est que pour au moins pouvoir maintenir l'entretien de ces
pièces et le prix des locaux où elles sont entreposées,
cela implique un budget de $60 000 à $75 000 par année.
Je pense que le montant est minime si on tient compte de la valeur des
collections. Il y a quand même jusqu'au 30 juin pour pouvoir dire au
Conseil scolaire de l'île que d'ici à ce que vous ayez
complété vos études... Remarquez bien qu'il y a
déjà beaucoup d'études qui sont déjà rendues
au ministère des Affaires culturelles, je suis sûr qu'il a un
dossier relativement volumineux sur le sujet. Je pense que ce serait
déplorable que ces collections soient morcelées parce que
personne ne possède des locaux suffisamment grands pour les abriter; non
seulement les abriter, mais également les mettre à la disposition
du public.
Par contre, je pense que c'est aussi de l'argent perdu quand
d'année en année on paie des frais d'entreposage et d'entretien
sans pouvoir mettre les pièces à la disposition du public.
C'est dans ce sens que je voudrais sensibiliser tant le ministre des
Affaires culturelles que le ministre de l'Education à qui, d'ailleurs,
j'en ai parlé, pour que la coordination se fasse entre les deux. Je
pense que ce n'est pas exagéré de la part du conseil scolaire de
Montréal de demander de l'aide du gouvernement. Ce n'est quand
même pas leur fonction première d'ouvrir un musée, de
l'entretenir et d'en assurer la disposition au public. Alors, je me demande
quelles sont les intentions à ce moment-ci du ministre des Affaires
culturelles,
compte tenu du fait que le problème peut encore trouver une
solution. Ce n'est pas une situation irréversible et je pense que tous
les efforts devraient être faits pour que le projet puisse aboutir.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. O'Neill: Brièvement, M. le Président, quelques
remarques générales et, ensuite, nous fournirons quelques
données précises sur les sommes impliquées dans ce projet.
La première remarque, c'est qu'il n'y a jamais eu de porte fermée
à ce sujet. Seulement, je pense que le conseil de l'île de
Montréal doit être un type d'organisme qui doit comprendre que,
lorsqu'il y a plusieurs centaines de milliers de dollars en jeu, on ne
règle pas cela en quelques jours. C'est simplement un délai qui
est demandé. On n'arrive pas comme cela en quelques jours en disant:
Vous allez nous trouver des milliers et des milliers de dollars, sinon nous
fermerons les portes. Donc, pour ce qui est du premier point, la porte n'est
pas fermée, mais il y a des choses qui demandent des études,
surtout quand des fonds publics sont engagés.
La deuxième chose qui me paraît inacceptable, c'est
qu'à la Commission des écoles catholiques de Montréal on
ait formulé la suggestion de se débarrasser de ces pièces
et même de les envoyer à l'extérieur. Je vais dire qu'au
moment même où on prépare une Semaine du patrimoine,
où on va inviter les gens à sauver le patrimoine, à
protéger tout ce qu'ils ont, des dirigeants, qu'on estime responsables,
d'un organisme aussi important donnent le conseil de liquider, comme cela, des
morceaux de patrimoine, des choses dont certaines ont sûrement une grande
valeur, d'envoyer cela à Toronto, à Ottawa, etc. Je pense que,
comme comportement, c'est inacceptable.
La troisième remarque est la suivante: C'est vrai que les
commissions scolaires, comme on nous dit, n'ont pas comme mission
première d'organiser des musées. Elles peuvent avoir cependant
comme mission d'aider les autres à protéger le patrimoine. Entre
une solution globale satisfaisante et des solutions partielles, il y a quand
même une nuance. Il doit y avoir des locaux. La preuve, c'est qu'ils en
ont déjà des locaux pour certaines choses. On peut, pendant
quelques mois, me semble-t-il, trouver des solutions qui ne sont pas ruineuses
pour protéger ce qu'on estime de bonne valeur. Le preuve qu'on l'estime
de bonne valeur, c'est qu'on est venu nous dire: II y a dans cela, vous le
savez, le résultat d'années de recherche, de cueillette, de
travaux de la part de groupes intéressés aux choses de la nature.
Des communautés religieuses ont fait du grand travail.
Donc, il faudrait sauver cela. A ce moment, je pense qu'il y a une
responsabilité qui n'est ni celle du ministère de l'Education
qui, en passant, est directement concerné par cette question, ni celle
du ministère des Affaires culturelles de trouver une solution. Je pense
que c'est une responsabilité de tous ceux qui se définissent dans
le milieu comme des agents culturels, et nous pensons que des commissions
scolaires devraient aussi se définir comme des agents culturels,
devraient faire preuve d'imagination dans ce domaine. Je reviens à la
remarque, si peut-être, dans le passé, on avait moins
gaspillé dans certaines mobilisations luxueuses, on aurait
peut-être, aujourd'hui, un peu plus d'argent pour des choses de ce
genre.
Je voudrais maintenant ajouter à cela quelques détails
plus précis concernant les sommes engagées dans les propositions
qui nous ont été formulées.
Pour répondre à la question que vous avez posée
tout à l'heure, en ce qui nous concerne, le premier contact que nous
avons eu avec le Conseil scolaire de l'île de Montréal, au sujet
de ce projet, remonte à mars 1976, donc à quatorze mois.
Mme Lavoie-Roux: Quand on parle de quelques semaines, je me
demande de quoi on parle.
M. O'Neill: Pour la dernière demande, c'est quelques
semaines. Entendons-nous bien! Quand on vient nous dire: II nous faudrait $500
000. Aurez-vous la réponse dans quelques semaines? Je dis: Une
minute!
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, M. le ministre, je ne viens pas de
parler de $500 000, je viens de parler de $60 000, ou peut-être de $75
000, compte tenu de l'indexation.
M. O'Neill: Attendez pour les montants et vous allez voir que les
types de comportement de l'administration scolaire ne sont pas...
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien qu'on soit sévère,
qu'on charrie, mais au moins qu'on soit juste dans les jugements qu'on
porte!
M. O'Neill: On ne charrie pas, ici. On a charrié
là-bas, et je maintiens ce jugement. On considère finalement le
ministère des Affaires culturelles comme une espèce de vache
à lait, et des gens qui sont supposés être responsables de
l'éducation des enfants, tout à coup, disent: Etant donné
qu'on n'a pas l'argent qu'il faut, on liquide cela et on envoie cela en
Ontario! Je n'accepte pas cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est un jugement absolument gratuit, M. le
ministre, que vous portez là! Je regrette, cela fait des années
qu'on fait des efforts auprès du ministère de l'Education, et
plus récemment depuis quatorze mois auprès du ministère
des Affaires culturelles...
M. O'Neill: C'est exactement ce qui s'est passé et cela a
été publié dans les journaux.
Mme Lavoie-Roux: ... et on était toujours à
zéro. Il y a quelques jours, vous parliez de quelques jours, la vous
parlez d'une couple de semaines. Je pense que c'est tout à fait injuste
comme jugement.
M. O'Neill: La proposition de liquider les choses et de les
envoyer en Ontario n'est pas gratuite, cela a été publié
dans les journaux. C'était la proposition qui a été faite.
C'est vrai?
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que rien n'aboutit. C'est aussi
simple que cela.
M. O'Neill: Cela dépend si les choses peuvent aboutir,
cela dépend de ia nature des choses, cela dépend de quand elles
doivent aboutir et cela dépend si, sous prétexte qu'il y a des
choses qui prennent du temps à aboutir, si on doit se conduire de cette
façon, et je crois que non, tout simplement.
Le dossier concernant ce projet, nous a été remis dans sa
forme officielle, le 11 novembre 1976, par le président du Conseil
scolaire de l'île de Montréal, M. Jacques Mongeau. A la suite de
la remise de ce projet, nous avons eu plusieurs contacts avec des
représentants du Conseil scolaire au cours desquels nous avons
indiqué nos vues à l'égard du projet. Nos vues se
résument à peu près à ceci: Nous avons
indiqué au Conseil scolaire de l'île de Montréal que nous
comprenions son désir de se départir de collections qui
n'entraient pas carrément dans l'exercice de ses fonctions
d'éducation, mais que toutefois nous estimions, au ministère des
Affaires culturelles, que la création d'un musée d'histoire
naturelle était trop importante pour pouvoir se régler en
seulement quelques semaines, ou quelques mois. Nous avons proposé au
Conseil scolaire de l'île de Montréal de s'associer à nous
pour la réalisation d'une étude qui mènerait, au cours des
prochaines années, à la création d'un musée
d'histoire naturelle. Le Conseil scolaire de l'île de Montréal
nous a laissé entendre que sa première préoccupation
était de se départir de sa collection et que, par
conséquent, il devrait prendre une décision visant
essentiellement la liquidation, en quelque sorte, de sa collection
d'objets.
Le projet auquel j'ai fait allusion tout à l'heure et qui nous a
été remis en novembre 1976 présentait une demande
ventilée sur une période de trois ans. Pour les immobilisations,
on nous demandait une subvention de $3 millions et, pour les dépenses de
fonctionnement, on nous demandait, pour 1977/78, $62 000, pour 1978/79, $73 000
et 1979/80, c'est-à-dire pour l'année qui serait l'année
d'ouverture du musée de sciences naturelles, on nous demandait une somme
de $397 424.
Donc, on peut très honnêtement assurer le
député de L'Acadie et la population que nous n'avons jamais
fermé la porte à l'idée d'instituer à
Montréal ou ailleurs au Québec un musée de sciences
naturelles ou un musée d'histoire naturelle, sauf que, dans la mesure
où nous n'avons pas les ressources pour créer tous les
musées qui nous sont proposés et que nous nous proposons de
créer au ministère, depuis quelques années.
Il nous semble que c'était impensable d'improviser en quelques
mois, sous prétexte qu'il fallait qu'une décision soit prise
avant le 30 avril 1977 au sujet de la collection. Il nous paraissait
invraisemblable qu'on puisse précipiter les choses et qu'on ne regroupe
pas toutes les personnes qui sont intéressées à s'associer
à la création d'un musée des sciences naturelles. Au plan
strictement administratif, la position que nous avons défendue
auprès du Conseil scolaire de l'île de Mon- tréal, au cours
des derniers mois, est toujours la même aujourd'hui. Nous souhaitons que,
d'ici quelques années, il y ait un musée d'histoire naturelle au
Québec, comme nous souhaitons qu'il y ait un musée de l'homme,
comme nous souhaitons qu'il y ait un musée de science et de technologie
inévitablement, quand nous entreprendrons de réaliser des
études pour la création de tels musées, nous voulons nous
associer toutes les expertises qui existent où qu'elles soient. Dans le
cas du musée de sciences naturelles, nous savons qu'il existe à
la Commission des écoles catholiques de Montréal et au Conseil
scolaire de l'île de Montréal des gens qui sont vivement
intéressés et qui ont effectivement l'expertise pour s'associer
à un tel projet.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie de vos explications. Je pense
que ce que j'ai dit au départ, c'est qu'il ne s'agissait pas pour le
moment de dépenser $3 millions. Je comprends très bien que demain
matin, le ministère des Affaires culturelles ne peut pas dire: Je peux
mettre en disponibilité $3 millions pour bâtir un musée ou
acquérir les immeubles qui pourraient loger un musée de sciences
naturelles. Le montant dont j'ai parlé, c'est un montant que vous avez
vous-même mentionné. J'ai dit $60 000, peut-être cette
année $75 000, compte tenu de l'indexation et des frais que ça
peut occasionner et vous avez mentionné $73 000. Ce sont des chiffres
qui se rencontrent. Mais, à ce moment-ci, justement, il faut que
quelqu'un indique son intention de mettre ces sommes à la
disponibilité du Conseil scolaire de l'île de Montréal. Ce
que je veux rappeler, c'est que cela fait au moins six ans que, comme je le
disais tout à l'heure et le rappelle que la CECM assure elle-même
le maintien et l'entretien et fait des démarches d'année en
année auprès du ministère de l'Education. Je pense qu'il y
a déjà deux ans mais là ce n'était pas une
demande formelle, je suis tout à fait d'accord il y avait eu des
pourparlers ou des échanges avec le ministère des Affaires
culturelles pour comprendre un peu le fonctionnement et la façon dont il
pourrait intervenir. Mais là, il n'y avait pas eu de demande formelle,
je suis tout à fait d'accord.
Ce que je demande, c'est s'il y a une possibilité que ce soit du
côté du ministère de l'Education ou que ce soit du
côté des Affaires culturelles; que cette somme, qui n'est quand
même pas tellement importante, qui se situe autour de $70 000 ou $75 000,
soit mise à la disposition du conseil de l'île pour que,
entre-temps, le projet que vous avez formulé et l'association des
différentes personnes concernées puissent permettre qu'on arrive
à une décision concernant ce fameux musée.
Je pense, et je le répète, qu'il est tout à fait
injuste de dire que les autorités scolaires n'ont pas été
responsables. Si vous multipliez pendant six ans cette somme qu'une commission
scolaire et, en dernier ressort, le Conseil scolaire de l'île a dû
assumer pour essayer de les protéger et de les conserver au
Québec et qu'on les accuse d'irresponsabilité, je me demande qui
est irresponsable en disant de telles choses!
Je souhaite que le projet que vous entrevoyez puisse se
concrétiser. Entre-temps, il demeure un problème concret, celui
du maintien, pour un montant de l'ordre de $70 000, de l'entretien et du
logement des pièces qui sont déjà disponibles pour former
le fonds d'un musée de sciences naturelles.
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. O'Neill: ...je ne voudrais pas prolonger indéfiniment
cette discussion. J'aimerais tout simplement dire que la porte demeure ouverte.
Nous allons essayer de trouver des solutions. Il ne s'agit pas de s'engager,
ici, aujourd'hui, mais nous maintenons tout simplement deux choses. Il sera
très important que la commission scolaire de Montréal et le
conseil de l'île aussi se comportent comme s'ils étaient vraiment
des gardiens du patrimoine culturel; une autre chose serait souhaitable, c'est
qu'on n'exerce à notre égard aucune forme de chantage en disant:
Si vous ne nous accordez pas tel montant, on va le vendre en Ontario. Je trouve
cela inacceptable.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais est-ce qu'on peut parler d'une
forme de chantage dans ce cas? Cela fait six ans qu'un organisme scolaire, dont
la première fonction n'est certainement pas celle-là, s'est
intéressé à ces choses parce qu'on ne voulait pas, au
départ, que les pièces se perdent et on l'accuse de chantage
quand, au bout de six ans, il dit: Je ne puis plus fonctionner. On vient de
savoir que même les budgets de fonctionnement que le Conseil scolaire de
l'île de Montréal a demandés, non pas pour prendre de
l'expansion, mais pour maintenir le minimum de services, lui ont
été refusés. Je pense que ce n'est pas du chantage, c'est
faire preuve de réalisme. Quand on ne peut plus, on ne peut plus! Je
pense que c'est la situation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je maintiens effectivement les propos du ministre et
je les appuie intégralement.
Je me dis que si depuis six ans on a été capable, bien
sûr, d'attendre, de faire des rapports et de faire des concessions et
qu'après six mois et tout de suite c'est rendu urgent, c'est rendu
précipité, on est sur le point même de tout envoyer en
Ontario, pour moi c'est un charriage éhonté. Comme
Québécois du comté de Papineau, je n'accepte pas que des
gens responsables se comportent de cette façon. Cela, c'est du
charriage, un charriage qui continue dans une ligne que je n'accepte pas comme
représentant ministériel.
Donc, si on a pu pendant six ans faire des travaux, accepter de
collaborer, de participer, puis depuis six mois, on n'est plus capable et on
est même prêt à envoyer en Ontario, moi j'appelle cela du
charriage.
M. Le Moignan: Une question additionnelle...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Est-ce qu'effectivement certaines collections ont
quitté...
Mme Lavoie-Roux: Non, absolument pas. Absolument pas.
M. Le Moignan: II n'y a rien qui a bougé, il n'y a rien de
rendu en Ontario.
Mme Lavoie-Roux: Absolument pas.
M. O'Neill: Non, mais la suggestion a été faite. Il
faut s'en départir, et cela je pense que cela ne convient pas du tout
comme méthode, comme attitude à l'égard du patrimoine
québécois.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, après je reviendrai.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Fallu: M. le Président, étant, en partie, part
à ce dossier, puisqu'une partie de la collection est constituée
de la collection Mignault qui a bercé mon enfance au séminaire de
Sainte-Thérèse, au collège Lionel-Groulx, je comprends,
pour ma part, les problèmes de la Commission scolaire de
Montréal, celui de l'entreposage, du chauffage, de l'éclairage et
autres. Je pense qu'il y a peut-être, à court terme, des moyens de
s'en sortir. Entre autres, puisque le contrat notamment passé entre le
collège Lionel-Groulx et la CECM prévoit que, dans le cas d'une
exploitation, la collection peut être éventuellement
rapatriée, donc peut-être par ce biais c'est ce que
j'explore précisément de mon côté que cela
pourrait, d'une part, soulager la CECM et assurer, par le retour dans son
milieu original, puisque essentiellement cette faune vient des basses
Laurentides, assurer peut-être une autre forme d'exploitation
culturelle.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me le permettez, M. le Président,
pour faire suite à l'intervention du député de Terrebonne,
actuellement ce qu'ils font, ils ont écrit à chacune des
institutions qui leur a légué une collection, il y en a trois, je
pense, leur demandant si elles étaient intéressés à
reprendre les collections, parce qu'ils ne pouvaient pas remplir les
obligations auxquelles ils s'étaient engagés à
l'égard des institutions qui leur ont légué les
collections, et aussi pour éviter d'abord qu'elles soient
morcelées. Sinon, si elles disent qu'elles ne peuvent pas, alors il
faudra essayer d'en disposer autrement. Je remercie le député de
Terrebonne qui semble avoir une compréhension peut-être un peu
plus réaliste de la situation dans laquelle se trouvent ces institutions
scolaires de Montréal.
Et, M. le Président, si vous me le permettez, à moins que
vous ne jugiez que je suis hors du sujet, j'aimerais également signaler
au ministre des Affaires culturelles un autre problème, avant que
celui-là n'éclate et qu'on parle de deux semaines d'avis.
Probablement qu'il n'en a jamais été touché,
peut-être que oui, peut-être que non.
Il y a également, à la Commission des écoles
catholiques de Montréal, une bibliothèque qui pourrait constituer
un noyau extrêmement intéressant pour le départ d'une
bibliothèque nationale d'éducation. Il y a une partie de la
bibliothèque qui est, je dirais, bibliothèque populaire, dans le
sens que ce sont des livres qui intéressent la population en
général.
Il y a une partie de cette bibliothèque qui a des archives
extrêmement intéressantes qui constituent sans exagération
un bon noyau pour e départ d'une bibliothèque nationale de
l'éducation. Je sais que là également ils éprouvent
énormément de difficultés pour maintenir le financement de
cette bibliothèque. Avant que toutes les collections se retrouvent dans
des boîtes de carton qui s'égareront ou qui se
détérioreront je veux apporter, si cela ne l'a pas
déjà été, mais je crois que si, au ministre des
Affaires culturelles cette autre réalité et mon
intérêt et mon inquiétude profonde de penser que cette
autre partie du patrimoine pourrait être en danger.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais indiquer au
député de l'Acadie que nous sommes effectivement saisis de cette
question. Nous l'avons été il y a environ deux mois par le
ministère de l'Education qui souhaitait nous associer à l'examen
de ce dossier de telle sorte que nous ne versions pas dans la structurite et
que nous ne procédions pas à la création d'un organisme
qu'aurait bien pu remplacer la Bibliothèque nationale du Québec.
Je crois qu'au moment où nous nous parlons ici à Québec il
y a déjà une table de travail à Montréal qui
examine cette question. Je suis convaincu qu'au cours du présent
exercice une décision finale aura été prise par le
ministère de l'Education, auquel se sera associé le
ministère des Affaires culturelles en vue de la création de ce
qu'on appelle une bibliothèque pédagogique nationale. Ce
patrimoine, je crois, est bien protégé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je vais revenir où nous en étions
à la dernière séance et j'aurais quelques questions
concernant les musées du Québec et les musées
privés. A en croire un article paru dans le journal Le Jour, les
planchers risquaient de s'effondrer au Musée du Québec. Je pense
que le ministre a déjà pris des précautions pour
éviter la catastrophe. En même temps, il y a tout ce qui est
entreposé chez Mailloux. Il y a des choses très riches
là-dedans. J'imagine que les mesures ont été prises dans
l'un et l'autre cas pour sauver cette partie importante du patrimoine soit en
déménageant soit en utilisant, comme on l'a mentionné, je
crois, d'autres édifices ici à Québec. C'est bien le
cas?
M. O'Neill: Pour ce qui est du premier cas, M. le
Président, le cas du musée, la menace que re- présentait
un entreposage trop lourd de certains objects conservés au musée,
des mesures ont été prises à ce sujet: Evidemment il y a
eu comme effet négatif d'occuper une salle normalement consacrée
aux expositions, il s'agit évidemment de mesures d'urgence.
Deuxièmement, pour ce qui est du problème de tous les
objets d'art entreposés à l'édifice Mailloux, je dois dire
qu'il y a des contacts, que l'on pourrait qualifier de quotidiens, entre le
ministère des Travaux publics et celui des Affaires culturelles. La
solution idéale n'est pas trouvée en ce sens que le
ministère des Travaux publics ne construit pas du jour au lendemain ce
genre d'édifice qui correspondrait à toutes les exigences en
matière, par exemple, de degré de chauffage, humidité,
etc. La solution finale sera trouvée au moment où seront
réalisés les travaux d'agrandissement du musée.
Le problème actuel, c'est de trouver une solution
intermédiaire, un édifice qui pourrait parer au moins au plus
urgent pour ce qui est surtout des objets d'art qui sont en danger,
c'est-à-dire qui risquent de se désintégrer, par exemple,
parce qu'on ne trouve pas dans cet édifice Mailloux les conditions
d'humidité, de climatisation requises pour ce genre de conservation.
Je peux dire que le ministre des Travaux publics dans le moment, fait
preuve d'une remarquable bonne volonté. Je pense que nous avons
l'occasion de nous parler de l'édifice Mailloux peut-être deux ou
trois fois par semaine, lui et moi, dans le moment. Les fonctionnaires sont
également en contact et c'est vraiment à court terme que nous
voulons trouver cette solution, trouver l'édifice convenable, enfin
temporairement convenable en attendant encore une fois que l'agrandissement du
musée de Québec nous fournisse la solution définitive.
M. Le Moignan: Toujours dans le domaine du patrimoine, vous
connaissez l'existence de la Fédération des
sociétés d'histoire répandues à la grandeur du
Québec. Cet organisme peut jouer un très grand rôle et, je
crois, le joue effectivement. Dans quelle mesure la fédération
est-elle subventionnée par votre ministère? Est-ce qu'elle
reçoit, comme telle, la fédération?
M. O'Neill: Je n'ai pas les chiffres avec moi parce que cela
correspond à un autre programme du ministère, mais la
fédération a actuellement d'étroits contacts avec nous,
compte tenu du fait, comme nous l'avons indiqué antérieurement,
que les sociétés d'histoire du Québec seront, au cours de
1977-1978, admissibles à deux programmes spécifiques d'aide
financière du ministère.
Un premier programme est administré par la Direction
générale du patrimoine et a effectivement pour but d'associer des
groupes locaux ou des groupes régionaux à tout ce qui concerne de
près ou de loin la conservation et la mise en valeur du patrimoine. Nous
avons indiqué la semaine dernière que la Direction
générale du patrimoine, pour l'administration de ce programme,
dispose cette année d'une somme d'environ $100 000, ce
qui représente à peu près quatre fois plus que ce
que nous avons versé à l'ensemble des sociétés
d'histoire au cours de l'exercice 1976-1977.
Par ailleurs, les sociétés d'histoire sont aussi
admissibles à un programme d'un montant identique de $100 000 qui est
administré par les Archives nationales du Québec et qui vise
à subventionner des groupes qui ont des projets de recherche en
archivistique au sens le plus large du terme. Pour la réalisation de ces
deux programmes et pour la réalisation de nos programmes
ministériels d'animation des biens culturels, nous avons
créé au ministère, à l'intérieur de la
Direction générale du patrimoine, un service d'animation dont les
principaux points de chute sur le terrain sont les sociétés
d'histoire et la Fédération des sociétés
d'histoire. Je n'ai pas les chiffres devant moi pour répondre
précisément à votre question, mais je suis convaincu que
la fédération reçoit une aide financière du
ministère pour l'exercice de son mandat.
M. Le Moignan: Continuant dans le même ordre, nous avons
parlé la semaine dernière de musées privés.
M. de Bellefeuille: Sur la même question, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: A propos de la Fédération des
sociétés d'histoire, je voudrais seulement ajouter à ce
qu'on a déjà dit que les rapports entre la
fédération et le ministère sont très
étroits, ce qui est illustré non seulement par les renseignements
déjà donnés, mais aussi par le fait que lors du
congrès de la fédération, il y a quelques semaines
à Arthabaska, on avait invité le ministre à adresser la
parole et on avait également invité M. Jean-Pierre Guay à
présenter une communication au sujet de la Semaine du patrimoine. On
avait en outre invité M. Jean-Paul Gagnon à présenter une
communication relative à la conservation du patrimoine. Merci, M. le
Président.
M. Le Moignan: Pour revenir aux musées, je voudrais
apporter certaines précisions et ensuite poser une question au
sous-ministre. Vous savez que dans l'entente Canada-Québec qu'on a
déjà mentionnée, il y a eu un réseau de quatre
musées: le musée d'archéologie de Rivière-du-Loup
et je sais que le député de Rivière-du-Loup a
posé une question au ministre en décembre, je crois, parce qu'il
était en sérieuses difficultés financières.
Ensuite, il y a le Musée des arts de Rimouski qui a connu des
problèmes. Je me souviens très bien que l'ancien
député-maire avait presque conseillé à la
population de ne pas souscrire au musée, puisque c'était une
entreprise gouvernementale. Aux Iles-de-la-Madeleine, ils ont un
député, pardon un musée qui a été construit
ils ont un député aussi toujours dans le cadre de
l'entente Canada-Québec.
M. de Bellefeuille: Pas le député, le
musée.
M. Le Moignan: Le député a été
construit, lui aussi. Tandis que le musée de Gaspé échappe
à l'entente parce que, les fonds étant épuisés,
c'est le gouvernement du Québec qui a défrayé à
100% le coût de ce magnifique musée. Maintenant, je sais
très bien, comme pour les autres musées, qu'il y aurait une
participation populaire. Je crois que les chiffres avancés l'an dernier
étaient de l'ordre de 65%, payés par le ministère et 35%
recueillis au sein de la population. C'est à peu près le
barème qui avait été fixé?
M. O'Neill: Pour les dépenses de fonctionnement?
M. Le Moignan: Pour l'administration courante de
l'année.
M. O'Neill: Oui, c'est à peu près de cet ordre.
M. Le Moignan: Maintenant que le musée de Gaspé est
autonome et administré par une corporation sans but lucratif, est-ce que
le gouvernement conserve toujours ces mêmes normes ou va-t-il tenir
compte de l'expérience du milieu? Je sais qu'un comité des amis
du musée a été formé; je ne sais pas où ils
en sont rendus dans leurs tractations, mais Gaspé avait bon espoir
d'être capable de faire face à ses propres obligations.
Maintenant, le musée sera inauguré bientôt. Pour cette
année, peut-être que cela va demander des sommes
additionnelles.
M. O'Neill: Le 24 juin.
M. Le Moignan: Vous avez choisi une date symbolique, ce qui est
très bien.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais rappeler au
député de Gaspé ce que nous avons annoncé la
semaine dernière, à savoir que nous avions, pour l'exercice
1977/78, redressé considérablement les montants d'aide
financière versés au réseau des musées sans but
lucratif et que le musée de Gaspé, qui en sera à sa
première année de fonctionnement en 1977/78, est classé
comme musée catégorie 1 et est admissible à une subvention
totale de $83 000, alors que, selon les anciennes normes, il n'aurait pu jouir
que d'une subvention de $45 000.
M. Le Moignan:C est bien cela, $45 000. C'est bon, c'est
très bien, c'est plus que ce que je pensais. Pour les musées
privés, je sais qu'il s'est déjà posé un
problème de séparation, peut-être parce qu'ils ne
répondent pas aux normes ou qu'ils ont une difficulté à
être subventionnés, ou bien parce que ce sont des musées de
broche à foin, comme on dit. Non, un musée ne peut pas être
de broche à foin.
M. O'Neill: Non. Il peut arriver aussi que ce soit parce que le
musée dépasse peut-être un petit
peu la taille qu'il aurait dû avoir. A ce moment, il exige un
budget plus élevé pour son fonctionnement. C'est le cas de celui
de Rivière-du-Loup qui n'est pas de broche à foin, au
contraire.
M. Le Moignan: Non.
M. O'Neill: Cela peut poser d'autres problèmes quand on
veut appliquer des normes générales. Tout à coup, on est
devant une installation qui a été faite de façon telle
qu'au fond il faut d'autres sources que les normes habituelles qui sont
appliquées dans cette catégorie.
M. Le Moignan: Mais je pensais à de tout petits
musées. Il y a beaucoup de petits musées, aussi, dans la
province. Maintenant, je sais qu'il y a des sociétés d'histoire
anglophones. Elles reçoivent aussi, comme les autres, j'imagine, les
mêmes subventions?
M. O'Neill: Pas de discrimination. M. Le Moignan: Pas de
discrimination. M. O'Neill: Pas du tout, ni là, ni ailleurs.
M. de Bellefeuille: Oh! le vilain.
M. Le Moignan: Maintenant, je pense que je vais terminer avec les
musées. Je vais revenir sur les oeuvres d'art, pour faire plaisir au
député de Papineau qui est notre ambassadeur là-bas, tout
près de la capitale fédérale. Je me souviens d'avoir
visité le Musée de l'homme il y a nombre d'années; il y a
tellement de trésors québécois et, ce qui m'a
frappé, des trésors gaspésiens aussi ou indiens, des
choses qui ont été recueillies au Québec et en
Gaspésie. Evidemment, cela leur appartient. Etant donné que notre
ministre va souvent à Ottawa et qu'il aime les contacts très
fréquents là-bas il y aurait peut-être une amorce à
faire.
On m'a déjà laissé entendre, à Ottawa, qu'il
y aurait des possibilités, par exemple, qu'au musée de
Gaspé je prends toujours l'exemple de Gaspé mais il y a
d'autres musées dans la province aussi on pourrait nous redonner
les choses qui pourraient décorer et qui pourraient illustrer l'histoire
un peu locale. Ces témoins du passé sont perdus pour nous, ils
sont dans votre pays, là-bas chez vous...
M. Alfred: Non. Ils sont dans un pays étranger.
M. Le Moignan: On n'est pas encore en pays étranger, nous
sommes toujours dans le Canada. C'est pour cela que les tractations devraient
être beaucoup plus faciles. Est-ce que cela peut se produire, M. le
ministre?
M. O'Neill: Le rapatriement complet, dans ce secteur comme dans
d'autres, pourra se faire après le référendum. Cela
n'empêche pas du tout des rapatriements partiels avant cela.
M. Le Moignan: Ce serait peut-être plus facile avant, M. le
ministre. Le climat serait meilleur.
Une Voix: Si on dit non au référendum, cela va
devenir plus compliqué.
M. Boucher: Sur le même sujet, sur la question des
musées. Le député de Gaspé a fait allusion au
musée d'archéologie, de Rivière-du-Loup. Je constate que
le musée de Gaspé est classé dans la catégorie 1,
avec un octroi de $83 000. Est-ce que le musée d'archéologie, de
Rivière-du-Loup, qui est quand même un musée unique dans la
province, ne pourrait pas être classé dans cette catégorie?
Actuellement, il est classé dans la catégorie A et il
reçoit une subvention de $45 000, ce qui est nettement insuffisant pour
son fonctionnement. Le musée est fermé actuellement et le conseil
d'administration est très embarrassé pour l'ouvrir.
Evidemment, le musée d'archéologie de
Rivière-du-Loup, c'est une belle Cadillac qu'on nous a donnée et
pour laquelle on ne nous a pas fourni les moyens pour l'administrer, en ce sens
qu'uniquement sur le plan opération il en coûte au minimum $125
000 pour tenir le musée ouvert, et pour cela, on reçoit
simplement une subvention de $45 000 pour ce musée. Je demanderais s'il
serait possible que le musée d'archéologie, comme musée
unique du genre dans la province, soit catégorisé comme le
musée de Gaspé l'a été.
M. O'Neill: M. le Président, on pourrait passer une heure
sur le cas du musée de Rivière-du-Loup, puisque c'est devenu,
malheureusement, un cas. Mais je voudrais simplifier ma réponse au
maximum en disant ceci: Les musées du Québec, les musées
sans but lucratif du Québec, il y en a 46, reçoivent une cote qui
tient compte d'un nombre de variables considérées objectivement
par le ministère. Ces variables sont la superficie des espaces
destinés à la présentation des collections, l'importance
et la qualité des collections, le nombre du personnel permanent, la
formation professionnelle du personnel permanent. Il y a d'autres
critères que je n'ai pas sous les yeux, mais qui sont tout à fait
objectifs et qui nous permettent presque mécaniquement de classer les
musées par catégories. Cette opération étant faite,
le musée de Rivière-du-Loup se classe dans la catégorie 3,
je crois, de nos musées. Il y a donc, en vertu de l'application des
critères, une bonne marge qui le sépare du Musée
d'histoire et de traditions populaires de la Gaspésie, et en vertu de
cette classification, il a droit à une subvention du ministère
des Affaires culturelles de l'ordre de $45 000.
Le problème de Rivière-du-Loup étant ce qu'il est
présentement, il faut presque dire, en toute honnêteté,
qu'il est devenu pour nous un ministère, hors catégorie, parce
que nous nous sommes engagés auprès de ce ministère...
Mme Lavoie-Roux: Un musée. M. O'Neill: Qu'est-ce
que j'ai dit?
Une Voix: Ministère. Nous, on dit député et
vous, vous dites ministère. Il y a des lapsus significatifs.
M. O'Neill: Un à un.
Donc, en ce qui concerne le musée de Rivière-du-Loup, il
est devenu pour nous, à toutes fins pratiques, un musée hors
catégorie, parce qu'au moment où nous parlons ce musée
accuse un déficit d'exploitation de $90 000 que nous nous sommes
engagés à éponger jusqu'à concurrence de 80%, au
cours des deux prochaines années. Ce qui veut donc dire, à toutes
fins pratiques, que nous verserons au musée de Rivière-du-Loup,
dès lors qu'il ouvrira, une subvention bien supérieure au montant
auquel sa catégorie lui donne droit, c'est-à-dire $45 000. Le
problème du musée de Rivière-du-Loup je tiens
à le préciser, parce que beaucoup d'ambiguïté a
été entretenue autour de ce musée n'est pas celui
de la parcimonie du ministère ou des faiblesses ou des lacunes de notre
système normatif d'aide financière. Il est essentiellement
dû au fait que, contrairement à la plupart des musées du
Québec, pour un musée de sa taille, la collectivité locale
dans laquelle évolue ce musée n'est pas en mesure et je
comprends qu'il puisse en être ainsi de contribuer
financièrement au musée.
Le drame finalement, au fond de tout cela, c'est que tous ensemble, dans
le passé, on a peut-être commis l'erreur de créer un
musée thématique, un musée d'archéologie, le seul
que nous voyons au Québec, dans une petite localité de 12 000
habitants, loin des grands centres, et qu'on ait par-dessus le marché
subventionné la construction d'un bâtiment de $1 million là
où la communauté, pour toutes sortes de considérations,
n'a pas les reins suffisamment solides au plan financier pour supporter une
institution de cette taille.
La lacune doit être particulièrement signalée du
côté de la municipalité de Rivière-du-Loup,
malheureusement, qui ne peut donner à ce musée une subvention au
moins égale au coût des services vendus au musée. Il
suffirait, à ce moment-ci, que la municipalité de
Rivière-du-Loup, qui donne une très petite subvention de $5000
à un musée qui coûte environ $100 000 par année,
donc 5% du budget total, augmente sa subvention à environ $18 000,
c'est-à -dire à un coût identique à celui des
services d'électricité et ainsi de suite vendus au musée,
pour que le problème du musée soit réglé.
M. Boucher: Une question additionnelle, M. le Président,
si vous me permettez.
Ce qui arrive, c'est que le musée d'archéologie de
Rivière-du-Loup s'appelle le Musée d'archéologie de l'Est
du Québec. Evidemment, au départ, l'objectif était
d'implanter à Rivière-du-Loup ce musée, mais qui
couvrirait tout l'Est du Québec. On ne peut pas imputer aujourd'hui
à une localité la vocation régionale du musée.
Quand on dit que la localité de Rivière-du-Loup devrait
contribuer pour $18 000, moi je dis que c'est pra- tiquement impensable
étant donné que ce musée est censé couvrir tout
l'Est du Québec.
Deuxièmement, la vocation originale du musée était
une vocation de recherche archéologique et de diffusion de cette
recherche dans la population. Je pense que là on sortait un peu des
vocations traditionnelles des musées en général qui sont
en fait des centres d'exposition. Je pense que le personnel au niveau du
musée de Rivière-du-Loup faisait de la recherche
archéologique et c'est cette recherche qui servait de matériel de
diffusion dans tout le territoire de l'Est du Québec.
C'est pour cela que le musée d'archéologie de
Rivière-du-Loup sort un peu de l'ordinaire. Quand vous dites qu'il est
hors catégorie, est-ce qu'on va lui trouver une catégorie,
à un moment donné, pour un musée semblable?
M. O'Neill: Brièvement. M. le Président, le dossier
du musée de Rivière-du-Loup n'est pas fermé. Le
musée est fermé mais on veut qu'il soit ouvert bientôt. On
va essayer de faire cela, mais en même temps en tenant compte de
certaines normes d'équité. Qu'est-ce que vous voulez, on s'est
bâti un petit éléphant dans la région, c'est fait
maintenant, il s'agit de savoir ce qu'on va en faire. Mais il faudrait savoir
qu'en même temps il faut tenir compte des autres.
Je pense à tous ces musées qui respectent toutes les
normes, qui administrent bien, qui ne font pas de déficit, etc. Il ne
faudrait quand même pas non plus qu'on se mette à les
pénaliser pour un musée. Vous avez, tout à l'heure,
mentionné une vocation régionale. Je pense que c'est un facteur
dont on pourra tenir compte particulièrement et qui nous fournira une
raison objective pour apporter une aide supplémentaire afin de le sortir
de ses difficultés mais, encore une fois, à l'intérieur
d'une politique et de normes générales auxquelles il faut
tenir.
Si on se met, tout à coup, à passer comme cela à
côté des normes à la moindre difficulté, finalement,
il n'y aura plus de normes et là, on va retomber dans l'arbitraire.
Une brève question concernant un propos antérieur du
député de Gaspé. Il a soulevé tout à coup ce
problème de la collaboration et de la coopération avec le
fédéral, choses auxquelles il tient beaucoup. Je voudrais
simplement lui demander si, pour lui, le fait que dans le domaine culturel on
retrouve le fédéral partout, dans le domaine des subventions, des
achats d'édifices, de l'appropriation du patrimoine, etc., c'est quelque
chose de normal ou s'il estime que le gouvernement devrait vraiment faire en
sorte de devenir de plus en plus le maître-d'oeuvre dans ce domaine.
Est-ce qu'il trouve que la situation normale serait que ce soit vraiment le
gouvernement du Québec qui ait le premier mot à dire en
matière culturelle, sauvegarde du patrimoine, etc.?
M. Le Moignan: Je crois que dans ma brève introduction
j'ai parlé dans ce sens la semaine dernière en disant que je
voyais le Québec maître d'oeuvre dans tout le domaine de la
culture; je
pense avoir greffé à cela le Conseil de la culture. J'ai
parlé du Québec maître d'oeuvre dans le domaine culturel,
je crois avoir mentionné cela dans mon introduction.
M. O'Neill: Dans votre esprit, maître d'oeuvre dans le
domaine culturel voulait donc dire maître d'oeuvre avant Ottawa,
j'imagine?
M. Le Moignan: Avec le temps, oui, le Québec devrait avoir
l'entière juridiction de la culture aussi bien que de l'éducation
et des autres domaines. C'est pour cela que je parlais de pourparlers. Cela
peut peut-être se faire à l'intérieur des musées
mêmes qui pourraient le faire sur place, là-bas.
M. O'Neill: Et si vous découvriez tout à coup que
le gouvernement d'Ottawa non seulement ne reconnaît pas cette fonction du
Québec, mais tend à empiéter de plus en plus dans le
domaine culturel, si vous faisiez cette découverte, quelle serait votre
réaction?
M. Le Moignan: Je prends avis de votre question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'article...
M. Le Moignan: II me resterait deux ou trois questions, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Le Moignan: ...avant d'en terminer avec le musée. On a
parlé, l'autre jour, du budget d'acquisition. Je pense qu'on n'est pas
entré dans les détails. Y a-t-il des normes pour procéder
à ces acquisitions ou si c'est laissé à la
discrétion des responsables? Quel est, par exemple, le budget annuel
approximatif?
M. O'Neill: Pour ce qui est des normes, il y en a. C'est
évidemment laissé à la discrétion de chacun des
responsables, mais il y a quand même un contrôle de la part du
ministère. Nous approuvons les budgets d'acquisition. Habituellement, un
rapport nous est fourni, présenté par le comité
d'acquisition, et, à ce moment-là, il y a approbation du
ministère à l'intérieur d'un budget prévu à
cette fin.
Pour ce qui est du budget en détail, je n'ai pas ici les
chiffres. Evidemment, c'est un budget beaucoup plus considérable quand
vous arrivez au Musée d'art contemporain...
M. Le Moignan: Vous avez un comité d'acquisition?
M. O'Neill: ...au Musée du Québec. Oui, c'est
cela.
M. Le Moignan: Est-ce que plusieurs membres en font partie?
M. O'Neill: Pour chacun des deux musées. Il y en a un pour
le Musée du Québec et il y en a également un pour le
Musée d'art contemporain.
M. Le Moignan: Ce sont des fonctionnaires de votre
ministère? Non?
M. O'Neill: Non. Il y a des fonctionnaires et il y a
spécialement des membres de l'extérieur qui sont nommés
par le ministère. On pourrait vous fournir la liste. Si vous voulez, on
pourra vous envoyer le nom des membres tout comme on l'a fait pour l'autre
liste, celle que vous venez de recevoir. Nous pourrions vous fournir une liste
équivalente, d'accord?
M. Le Moignan: Très bien, cela ne presse pas. Vous avez,
dans vos musées, beaucoup d'oeuvres, par exemple, de Marcelle Ferron, de
Jacques Hur-tubise, de Guido Molinari et de Claude Tousi-gnant. Je crois que
ces quatre-là, entre autres, ont déjà reçu de
l'encouragement, de l'aide du fédéral; vous possédez
combien de tableaux de ces artistes dans vos musées, ici, au
Québec?
M. O'Neill: Si vous voulez, on pourra vous fournir une liste.
Vous devez comprendre que je n'ai pas cette liste.
M. Le Moignan: Non, non. Je la pose, peut-être pour avoir
une réponse ultérieure. Quand ont-elles été
acquises et est-ce qu'il y a eu des intermédiaires par exemple,
certaines passant par des galeries d'art, et combien a-t-on payé au
total pour toutes ces choses?
M. O'Neill: On vous fournira tout cela, M. le
député.
M. Le Moignan: Une dernière question, M. le
Président. Je sais que le ministre s'intéresse beaucoup à
la promotion des arts plastiques non seulement au Québec, mais
même peut-être à l'étranger aussi, étant
donné que notre culture doit rayonner à l'extérieur. Ici,
j'entends des expositions itinérantes. Je sais qu'à travers les
musées de la province, dans certains musées du moins cela
s'est fait à Rivière-du-Loup, à Rimouski; je sais que cela
va se faire pour Gaspé il y a eu des expositions individuelles,
des expositions de groupe. C'est préparé d'avance, même
avec certaines compagnies, je pense aussi. Qui organise tout cela, c'est votre
ministère?
M. O'Neill: Le service des musées privés et centres
d'exposition, chaque année, prépare, en liaison avec les deux
musées d'Etat existants et avec les plus grands des musées sans
but lucratif qui sont en mesure de faire circuler leurs collections, une liste
des expositions itinérantes qu'il adresse à tous les
musées et ceux-ci sont invités à choisir les expositions
qui les intéressent et à indiquer leur disponibilité quant
aux dates auxquelles ces expositions peuvent être
présentées.
M. Le Moignan: Est-ce que c'est rentable pour le Québec?
Est-ce que le Québec profite de tout cela?
M. O'Neill: Très certainement, les populations locales ou
régionales qui vivent autour des musées qui
bénéficient de ces expositions, en profitent largement. Comme je
l'indiquais l'autre jour, si à Gaspé, par exemple, ou aux
Iles-de-la-Madeleine, ou dans toute autre localité du Québec, la
population locale ou la population régionale était
condamnée à ne voir que les collections permanentes du
musée local ou du musée régional, le constat qu'on
pourrait faire, c'est qu'un citoyen va aller au musée trois, quatre ou
cinq fois dans sa vie, alors que, si on organise mensuellement des expositions
itinérantes, on risque d'attirer dans le musée des gens qui
n'iraient pas fréquemment, parce que là on leur présente
des collections qui tournent chaque mois ou chaque deux mois.
M. Le Moignan: Allez-vous à l'étranger faire des
expositions?
M. O'Neill: Oui, bien sûr. Dans le cadre des programmes de
la Commission de coopération franco-québécoise et dans le
cadre des programmes de la sous-commission culturelle
belgo-québécoise, nous avons des programmes d'expositions dans
ces deux pays. Avec le concours du ministère des Affaires
intergouvernementales, nous avons des projets d'expositions aussi pour d'autres
pays que les deux que je viens de mentionner, a travers l'Europe et même
au profit de certaines provinces du Canada.
M. Le Moignan: Sont-ils toujours financés par le
Québec ou s'ils recevaient de l'aide des pays où ils vont?
M. O'Neill: Dans le cadre des programmes de coopération,
nous finançons une partie de l'exposition que nous envoyons, comme nous
finançons une partie des expositions que nous recevons. Il y a des
coûts qui sont partagés. Un pays paye les frais de transport,
l'autre paye le personnel et les frais d'installation, d'organisation
matérielle de l'exposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pense, M. le ministre, que vous désirez répondre à une
question.
M. O'Neill: Simplement, c'est qu'on vient de me remettre quelques
renseignements qui pourraient constituer une réponse à une
question qu'a posée tout à l'heure le député de
Gaspé. Rapidement, je mentionne le nom des membres du comité
d'acquisition pour le Musée de Québec pour l'année
1976/77: M. Pierre Lachapelle, directeur général des arts
plastiques; M. Laurent Bouchard, directeur du Musée de Québec; M.
Jean Simard, professeur à l'Université Laval; M. Antoine Dumas,
peintre et professeur à l'Ecole des arts visuels à
l'Université Laval; M. Luc Neppen, Mme
Thérèse Brassard, M. Lewis Pagé. Pour ce qui est du
Musée d'art contemporain... Vous avez également, en passant, la
liste de toutes les acquisitions, si jamais vous désirez l'avoir pour
retrouver le nom de peintres auxquels vous vous intéressez
particulièrement. Alors, pour ce qui est du Musée d'art
contemporain, donc: Mme Fernande Saint-Martin, directrice; Mlle Carole Doyon,
professeur d'arts, Saint-Augustin, dans le comté de Deux-Montagnes; M.
Jacques de Tonnancour, peintre, Mme Nicole Dubreuil-Blondin, professeur
à l'Université de Montréal, et Mme Cécile
Baillargeon, chemin Côte-des-Neiges, Montréal.
M. Le Moignan: Peut-être qu'un jour le ministre pourra nous
fournir les projets d'exposition à l'étranger, pas ce matin.
Où, quand et quels sont les artistes qui sont engagés
là-dedans?
M. O'Neill: Je peux peut-être répondre tout de suite
que le projet le plus sérieux que nous avons mis de l'avant pour
l'étranger est une exposition que, au cours de 1978-1979, parce qu'une
exposition se prépare 20, 24 ou 30 mois à l'avance, nous voulons
faire circuler en Europe de l'Ouest et peut-être même dans certains
pays de l'Europe de l'Est. C'est celle qui a été montrée
ici, au musée du Québec, sur le jouet et l'univers de l'enfant au
cours du XIXe siècle. C'est une exposition qui a connu un succès
considérable ici et que nous voulons montrer à
l'étranger.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est la dernière rubrique de
l'élément 2. Je vais être très brève parce
que je voudrais quand même qu'on ait le temps de toucher au
théâtre et à la musique au programme 5. Il s'agit de l'aide
financière à l'artisanat. Est-ce que, M. le ministre, vous
pourriez nous ventiler les sommes qui sont prévues à cette
rubrique, ce qui va, par exemple, comme subvention à la Centrale
d'artisanat, au Salon des métiers d'art, à l'enseignement? Ce
serait une première question.
La deuxième, j'aimerais avoir l'opinion du ministre sur
l'état de l'artisanat présentement au Québec. Il semble
qu'en dépit d'une grande production on soit aussi un peu en
surproduction et qu'il y ait peut-être un certain marasme sur le plan de
la créativité et également de la possibilité pour
les artisans de disposer des oeuvres qu'ils font. En fait, ce sont deux ordres
de questions.
M. O'Neill: Je réponds tout de suite à la
deuxième partie et ensuite on fournira les chiffres pour la
première, ceux inscrits ici. Là, évidemment, c'est une
question d'opinion.
Mme Lavoie-Roux: Je l'admets.
M. O'Neill: On vous a peut-être parlé, à
certains endroits, des cas de marasme. Il y a quand même certaines
situations qui semblent indiquer quelque chose qui s'oppose à cela, par
exemple, le fait d'artistes qui viennent des salons d'artisanat
et ne réussissent même pas à répondre
à la demande, d'artistes qui vont à des expositions aux
Etats-Unis et qui reviennent avec des commandes plantureuses et qui sont
incapables de répondre à ces commandes parce qu'ils ne sont pas
organisés, parce qu'ils n'ont pas formé de gens avec eux. Par
exemple, un cas s'est produit où un artiste peut répondre
à un dixième de la commande.
Lorsqu'on visite des industries comme celle que j'ai visitée
à Larouche, par exemple, industrie de jouets, vous avez là le cas
d'une industrie où on a été incapable de répondre
à la demande lors du salon de Québec, en décembre. Les
gens ne demandent rien sinon une aide technique du ministère de
l'Industrie et du Commerce pour savoir comment faire la mise en marché,
comment rejoindre les points de vente, etc.
Ce qui me frappe surtout, dans le moment, c'est le
phénomène d'un potentiel remarquable, avec retombées
économiques importantes, potentiel remarquable, mais vraiment en partie
sous-utilisé. J'ai parlé de cette question avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce lui demandant, si c'était possible, une aide
un peu plus active, un peu plus dynamique de la part des fonctionnaires de son
ministère.
Je suis convaincu que, pour l'avenir, il y a là quelque chose de
très important. Je pense que nous sous-estimons ce que peut
représenter un secteur artistique comme celui-là dans le domaine
économique. Il peut arriver des cas où l'on pourrait parler de
marasme. Je serais porté à me poser des questions en termes de
marché, de présentation...
Mme Lavoie-Roux: La céramique...
M. O'Neill: ...parfois aussi de fonctionnalité des objets,
comme l'exemple donné, dans un cas où vous faites une belle
tasse, mais l'anse ne tient pas ou c'est trop fragile, etc. Ce sont des
problèmes de qualité. Il y a d'autres cas où il y a
vraiment cette qualité, il y a de l'attrait. Mais il y a surtout des
problèmes de mises en marché, de relations entre l'offre et la
demande.
Pour ce qui est de l'aide financière aux regroupements
d'artisans, vous avez mentionné des cas particuliers. C'était, je
crois...
Mme Lavoie-Roux: Les salons de métiers d'art, la Centrale
d'artisanat et l'enseignement. J'aurais peut-être dû commencer par
l'enseignement.
M. O'Neill: Au cours de 1977/78, nous avons mobilisé pour
les fins de l'artisanat une somme totale de $770 000, qui est divisée en
cinq types de dépenses. Il y a d'abord les dépenses
d'administration même de la politique qui sont de l'ordre de $159 000.
Deuxièmement, aide financière aux regroupements d'artisans, $492
000. Aide financière à la survie des métiers additionnels,
$30 000. Aide financière à l'édition de publications
portant sur l'artisanat et les métiers d'art, $20 000 et aide
financière à la formation et au perfectionnement d'artisans, $70
000, pour un total de $770 000.
Pour répondre plus précisément à la question
que vous avez posée en ce qui concerne la Centrale d'artisanat du
Québec, 1976/77 a été la dernière au cours de
laquelle le ministère des Affaires culturelles subventionnait les
déficits d'exploitation de la Centrale d'artisanat. Cette centrale, dont
l'existence remonte à plus de 25 ans, est devenue aujourd'hui
essentiellement une grosse boutique d'artisanat avec des succursales et, du
point de vue du ministère des Affaires culturelles, il est inadmissible
qu'une telle entreprise commerciale ne fasse pas ses frais. En tout cas, il
serait inadmissible que le gouvernement du Québec subventionne une telle
entreprise en raison de ses déficits commerciaux et ne le fasse pas pour
toutes les boutiques d'artisans ou d'artisanat qui connaîtraient des
difficultés financières de ce genre. Donc pour nous, la Centrale
d'artisanat est essentiellement une entreprise commerciale et il est dans
l'ordre des choses que cette centrale, si elle ne fait pas un cent de profit,
en tout cas ne fasse pas un cent de déficit. C'est la raison pour
laquelle nous cessons, à compter de 1977/78, de subventionner les
déficits de fonctionnement, s'il y en avait. Toutefois, connaissant la
place importante qu'occupe la Centrale d'artisanat dans le développement
de l'artisanat au Québec, on doit lui reconnaître de grands
mérites à cet égard, nous l'associons à
l'élaboration de notre politique générale de l'artisanat
et nous avons manifesté notre accord pour l'aider à
réaliser certains projets.
Je vais vous en indiquer un pour vous montrer le type de projets que
nous pourrions maintenant subventionner. La centrale, sous l'initiative de son
directeur, M. Cyrille Simard, a mis de l'avant un projet en vertu duquel 50
artisans ont été appelés à produire un objet
d'artisanat dont le prix varie entre $5 et $15. Les 50 projets primés
seront présentés dans un catalogue qui sera distribué
à toutes les maisons de souvenirs, à toutes les petites boutiques
dans les hôtels, dans les restaurants, dans les tabagies, qui peuvent
vendre des souvenirs aux touristes étrangers de telle sorte que ceux-ci
ne soient pas condamnés à acheter des petites poupées
espagnoles faites à Taiwan ou des sombreros mexicains made in Japan et
qu'ils puissent pouvoir toucher à des prix abordables les produits d'art
des Québécois.
Pour la réalisation de ce projet, nous avons assuré la
centrale d'artisanat que nous financerions le coût de ce catalogue,
étant acquis qu'une fois qu'il est bien distribué
l'opération va devenir éminemment rentable pour la centrale et
surtout pour les artisans eux-mêmes.
En ce qui concerne les salons d'artisans, que ce soit celui qui est
organisé par Métiers d'art du Québec Incorporée,
à Montréal, ou la Corporation des artisans de Québec, ici
à Québec, notre approche est la suivante: nous croyons que les
salons doivent s'autofinancer. Effectivement non seulement ils s'autofinancent
mais ils permettent d'engendrer des profits, des revenus qui servent, eux, au
financement des dépenses de fonctionnement des organismes qui en sont
les promoteurs.
Le Salon des métiers d'art, à Montréal, par
exemple, nous informe-t-on aux dernières nouvelles, a
généré des profits, de $50 000 en décembre 1976.
Ces profits doivent contribuer à financer les dépenses de
fonctionnement de Métiers d'art du Québec qui reçoit les
cotisations de ses membres et qui reçoit aussi une aide
financière du ministère des Affaires culturelles, mais qui doit
profiter de ces grandes opérations pour pouvoir autofinancer son
administration.
Pour les salons, de façon générale, nous ne
contribuons pas à l'opération commerciale. Nous avons toutefois
je le signale parce que ma réponse serait incomplète
contribué à la réalisation de manifestations
culturelles à l'intérieur des salons. L'an dernier, pour parler
du cas de Montréal, nous avons subventionné la réalisation
d'un document audio-visuel sur la courtepointe québécoise, et
nous avons financé aussi la réalisation d'un catalogue dans
lequel étaient reproduites les courtepointes primées à la
suite d'un concours organisé par Métiers d'art. C'était
une contribution de notre part de l'ordre d'environ $25 000. Nous l'avons fait
pour l'impact culturel que cela devait provoquer, et non pour
l'opération commerciale même du salon.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, M. le ministre, sauf pour
des projets très particuliers comme ceux que vous avez signalés
et touchant la préparation d'un catalogue pour des objets d'art dont les
prix se situeraient entre $5 et $15 et je trouve que c'est là une
excellente initiative, il n'y a pas de subvention accordée tant à
la Centrale d'artisanat pour son fonctionnement, à partir de 1977/78,
qu'aux différents salons de métiers d'art.
Une autre question. Quand vous avez fait la ventilation du budget, vous
avez dit que $159 000 allaient aux frais d'administration, sur un total de $770
000. Est-ce que ceci ne vous semble pas un peu élevé, comme frais
d'administration, ou est-ce que c'est la nature des différentes formes
de soutien que vous donnez à l'artisanat qui font que ce montant me
semble assez élevé? Cela représente je n'ai pas
fait le calcul...
M. O'Neill: Presque 20%.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et cela me semble élevé.
M. O'Neill: Je vous avoue moi-même qu'en vous indiquant ce
chiffre je suis surpris de son importance. Evidemment, il faut indiquer que
cela contribue au financement d'un petit service d'artisanat du
ministère des Affaires culturelles qui comprendra cinq personnes. Cela
comprend les dépenses de transport de ces gens. Cela comprend aussi
l'organisation de certaines tables de concertation que nous voulons faire avec
les artisans dans les régions, quand nous y convoquons les artisans,
notamment pour mettre en place, dans chacune d'elles, un regroupement
régional d'artisans. Nous en assumons généralement les
frais parce que les artisans seuls n'ont pas les moyens de partir, par exemple,
des Iles-de-la-Madeleine pour venir à une réunion à Ri-
mouski. Si on ne les aidait pas à se déplacer, ils ne viendraient
tout simplement pas. C'est cela qui peut expliquer le montant
élevé. Je n'ai malheureusement pas les détails devant
moi.
Mme Lavoie-Roux: Une toute dernière question dans le
domaine de l'enseignement. Evidemment, vous avez parlé de $70 000 pour
le perfectionnement d'artisans parce que cela se situe dans le domaine des
adultes, mais est-ce que le ministère des Affaires culturelles exerce un
certain leadership dans le domaine de l'éducation au niveau scolaire?
Cela rejoint une des questions que j'ai posées au tout début de
nos sessions: Quels liens avez-vous avec le ministère de l'Education
dans ce domaine, tant de l'artisanat que des autres arts plastiques et qui me
sembleraient très importants?
M. O'Neill: C'est le genre de problème que nous avons de
plus en plus tendance à discuter avec le ministère de l'Education
pour empêcher cette espèce de phénomène de cloison
étanche. Il m'arrive d'aller voir des expositions d'artisanat dans des
écoles, je l'ai fait récemment.
Je suis devant un phénomène assez intéressant, si
vous voulez, auquel présentement on est peu mêlé.
Là, il y aurait une possibilité, d'ailleurs, d'un apport venant
des Affaires culturelles, ne serait-ce que parce que c'est nous, finalement,
qui sommes en contact avec ceux qui pourraient assurer, par exemple, la
qualité à certaines de ces activités. Remarquez que je ne
les sous-estime pas; j'ai, tout de même, été
agréablement étonné des choses que j'ai vues, mais, je
pense, qu'il y a quand même quelque chose d'un peu anormal du fait que
cela fonctionne un petit peu, dans le moment, comme des cloisons
séparées. On pourrait donner le même exemple pour un cas
que nous allons discuter dans quelques instants, la musique. Il y a un apport,
je pense, que nous devons fournir pour nous assurer que ce qui est
dépensé dans le secteur scolaire soit dépensé de la
façon la plus valable, la plus rentable possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur la ventilation que vous avez donnée des
$170 000, vous avez parlé de $70 000 qui allaient à des artisans
privés, qui n'étaient peut-être pas des groupes, pour les
aider ou les stimuler à se développer. Quelles sortes de
conditions doivent-ils remplir pour avoir certaines subventions ou pour
être aidés?
M. O'Neill: Vous faites bien de poser la question, parce que j'ai
peut-être été obscur. La somme est destinée à
des institutions de formation et non à des bourses à des
individus.
M. Grenier: La personne qui développe des talents un peu
naturels, par elle-même, sans avoir de cours, rien de tout cela, il n'y a
pas, dans le contexte actuel, de possibilité de l'aider.
M. O'Neill: Les réseaux d'enseignement au niveau, en tout
cas, des commissions scolaires régionales, des collèges et des
CEGEP, offrent de multiples cours dans le domaine de l'enseignement des arts,
notamment dans les arts visuels et encore plus particulièrement en ce
qui concerne l'artisanat. Ces cours sont offerts à la population
gratuitement. Les institutions que nous subventionnons, nous, et qui, pour les
nommer, ont été, en 1976/77, l'Atelier de céramique Julien
à Québec, le Centre des arts visuels à Montréal et
il y a un autre cas qui va probablement s'ajouter en 1977/78, sont des
institutions très spécialisées de formation qui visent
à la formation d'artisans professionnels, quel que soit leur niveau
scolaire antécédent, quel que soit leur âge.
M. Grenier: J'ai remarqué à Dijon, il y a trois
semaines, un mois, un kiosque du Québec qui présentait de
l'artisanat, du travail de métier, du tissage; il y avait trois ou
quatre représentants du Québec. Est-ce que c'était
subventionné? Je n'ai pas posé la question. Il y avait
également une exposition du livre, dans un autre kiosque, en
arrière. Est-ce que c'étaient des choses subventionnées
par votre ministère ou si c'était une initiation personnelle?
M. O'Neill: Pour répondre très
précisément à votre question, non, ce n'était pas
subventionné par notre ministère.
M. Grenier: Pourquoi dites-vous très
précisément? Est-ce qu'il y aurait eu des demandes de faites?
M. O'Neill: Parce que probablement cela a été
subventionné par les AFFINTER, mais nous, nous l'avons appris en lisant
les journaux.
M. Grenier: Si vous le permettez, comme je ne veux pas faire
d'apparition à chaque commission, je reviendrais sur le programme 1.
Madame, vous n'avez pas d'objection, juste pour une question.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais simplement
signaler que je n'ai pas d'objection de principe, sauf qu'il est 11 h 30 et que
nous sommes supposés terminer à midi. Le programme 5 n'est pas vu
et, normalement, il y a une tradition qui veut aussi qu'on se réserve
quelques minutes à la fin pour faire une brève synthèse.
Je vous signale simplement cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
termine à midi et il n'est pas certain que la commission va être
reconvoquée, puisque les dix heures prévues par l'article 128
sont expirées. Il pourrait arriver qu'elle ne soit pas
reconvoquée. Probablement que votre confrère et collègue
pourra vous informer.
M. O'Neill: Le député de Gaspé a reçu
là-dessus d'excellents renseignements qu'il pourra vous transmettre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 2 est adopté?
M. Le Moignan: Une petite question. Est-ce qu'il y a une
collaboration entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, concernant l'artisanat, et les Affaires culturelles? Supposons
qu'à Percé, par exemple, un groupe qui n'est pas
réellement constitué, loue un local pour l'été,
est-ce qu'on le subventionne un peu pour l'aider?
M. O'Neill: Cela commence. On commence à avoir une
entente, notamment pour l'utilisation des postes frontières du
Québec. Il y a des maisons du Québec avec des salles vides et
nous voulons présenter l'artisanat québécois à ceux
qui entrent ou à ceux qui sortent du Québec. Il y a une entente
qui va se réaliser au cours de l'été actuel dans trois
postes frontières du Québec.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2, adopté?
M. Le Moignan: Adopté. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 4 adopté. Programme 5: Arts d'interprétation. M. le
ministre.
Enseignement des arts d'interprétation
M. O'Neill: Dans l'élément 1, enseignement des arts
d'interprétation, il peut y avoir un chiffre qui peut étonner un
peu. Ce qui est inscrit comme montant à l'article 2, enseignement public
de la musique qui passe de $6 millions à $4 882 000, c'est parce qu'il y
avait, dans le budget de 1976/77, une somme forfaitaire qui a été
versée aux professeurs en guise de rétroactivité
salariale, après la signature de la convention collective. C'est pour
cela qu'il y a un montant aussi élevé en 1976/77 qu'on ne
retrouve pas en 1977/78. Ce n'est pas une réduction...
Mme Lavoie-Roux: De $6 millions à $4 millions.
M. O'Neill: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Les chiffres que vous avez, je n'ai pas...
M. O'Neill: Les chiffres que j'ai, pour 1976/77, c'était
$6 096 000; 1977/78, c'est $4 882 000, une réduction de 20%. C'est tout
simplement le montant...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je comprends.
M. O.Neill: ... de la rétroactivité qui
était là. On ne paie pas deux ans de suite pour cela,
heureusement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a vraiment quatre
domaines: il y a la musique, il y a le théâtre, il y a la danse,
il y a la chanson.
D'abord, du côté de l'enseignement, il y a une
difficulté qui, je sais, a été soulevée les
années dernières concernant le nombre de conservatoires qui
existent au Québec. Quelles sont les intentions du ministère
à leur endroit? On s'est souvent demandé d'une part, si la
multiplication des conservatoires, à certains égards, a des
effets bénéfiques, parce que c'est plus près des gens qui
désirent les utiliser, d'autre part, on sacrifie peut-être un peu
la qualité et la vocation réelle des conservatoires. Est-ce que
le sujet a été discuté davantage, est-ce qu'on semble
prendre une certaine orientation? J'ai d'ailleurs moi-même
été surprise, quand j'ai reçu les communications du
ministère des Affaires culturelles, de découvrir qu'il y avait
autant de conservatoires dans la province. Je savais qu'il y avait le
conservatoire de Montréal, de Québec, mais j'ignorais qu'il y en
ait un aussi grand nombre. Je pense que cela peut certainement créer des
problèmes sur le plan de la qualité.
M. O'Neill: Oui. Il n'y a pas de...
Mme Lavoie-Roux: II y en a un dans l'Outaouais.
M. O'Neill: Oui, puis il y en a un dans... Mme Lavoie-Roux:
Vous êtes privilégié.
M. O'Neill: On n'est pas à l'étape de la solution.
C'est bien décrit, le problème. En voulant accroître
l'accessibilité, on peut poser évidemment un problème de
qualité. D'abord il y a un problème de nombre, un problème
de disponibilité de professeurs aussi. Il y a des cas de conservatoires
où il y a vraiment peu d'élèves, et d'autres, par exemple,
sont en bonne position. Vous avez ce problème de qualité. D'autre
part, le problème d'accessibilité qui peut, à un moment
donné, pour ce qui est de ce problème de qualité, aboutir
à des interrogations, se demander si c'est toujours un conservatoire. On
peut se demander si, dans certains cas, il ne doit pas y avoir une
espèce d'arrimage plus soigné aussi avec le ministère de
l'Education dans ce domaine. On n'est pas arrivé à une solution,
mais on se pose le problème un peu de la façon dont vous venez de
le poser.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des orchestres
symphoniques, est-ce que vous pourriez faire le point sur l'assistance
financière du ministère aux orchestres symphoniques de
Montréal et de Québec? Quelles sont vos intentions pour
procéder plus brièvement sur...
M. O'Neill: On peut faire le point sur les deux choses.
Mme Lavoie-Roux: ... les tournées possibles que vous
entrevoyez pour ces orchestres, pour les mettre à la disposition d'un
plus grand nombre de citoyens? Une autre question qui touche égale- ment
les orchestres symphoniques ce sont les mesures concrètes que vous
entrevoyez pour favoriser l'accession des musiciens québécois aux
orchestres symphoniques de Montréal et de Québec?
Et une dernière, ce serait la collaboration que vous entendez
établir avec le ministère de l'Education au sujet de
l'encouragement à la musique dans les écoles.
Il y a des initiatives qui sont déjà prises par le
ministère de l'Education; il y en a d'autres, un peu plus
sérieuses, qui sont également prises par certaines commissions
scolaires. Je pense qu'il y en a une dans la région de Sherbrooke, il y
en a une à Montréal, tant à la CECM qu'au PSBGM,
où, encore une fois, les commissions scolaires assument des
dépenses inadmissibles pour essayer de soutenir des efforts de
développement d'écoles mi-temps pédagogiques, mi-temps
musique qui deviennent de plus en plus onéreuses pour ces commissions
scolaires.
Est-ce que, de ce côté, vous entrevoyez aussi des projets
de collaboration avec le ministère de l'Education? Je vous ai
posé plusieurs questions, mais c'est pour essayer d'aller plus
rapidement.
M. O'Neill: Pour ce qui est des montants versés, on vous
les donnera tout à l'heure. Vous en avez posé une, si je me
rappelle bien, concernant la place des musiciens québécois au
sein de l'orchestre symphonique.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: C'est un problème qui se pose d'une
façon particulière à Montréal. On a eu l'occasion,
lors de premiers contacts, de soulever cette question qui, en fait, n'est pas
facile. Je dirais qu'il y a deux choses qu'on ne peut pas accepter en principe.
D'une part, ce serait de refuser l'apport de talents exceptionnels parce que
là, il y a un problème d'enrichissement. Une culture ne peut pas
se fermer sur elle-même. Il y a donc un enrichissement qui peut venir de
l'extérieur. D'autre part, on ne peut pas non plus accepter qu'à
un moment donné on ait un orchestre symphonique où des talents
québécois reconnus ne trouvent pas leur place. C'est une question
qu'on a commencé à soulever. Elle est aussi liée à
une autre question. Il y a une question un peu syndicale en même temps.
Il y a, derrière cela, tout un problème assez complexe qui se
pose non seulement au niveau des orchestres symphoniques, mais il se pose de
façon générale au Québec et ailleurs au pays, aux
Etats-Unis, le problème du rôle et de la puissance de la guilde
des musiciens. Cela pose des problèmes assez sérieux dans
l'administration même de l'orchestre symphonique.
Cela pose des problèmes pour les musiciens eux-mêmes, les
nôtres, par exemple, lorsqu'ils vont aux Etats-Unis où ils ne
jouissent pas, tout en faisant partie de la même association, de la
même guilde, des mêmes avantages dont jouissent les artistes
américains lorsqu'ils viennent ici. Là, il nous apparaît
qu'il y a une situation anormale. Avec les renseignements dont nous disposons
et
qui demeurent limités, il nous semble qu'il sera
nécessaire de confier ce problème, comme étant un dossier
particulier, à des gens qui pourront essayer, d'abord, de jeter de la
lumière sur cette situation et de voir tout ce qui est relié
à cela comme éléments qui viennent compliquer cette
situation et, de là, en arriver à un certain nombre de
décisions pratiques. On est à l'étape de l'exploration et
de la connaissance des faits dans ce domaine, mais nous soupçonnons
qu'il s'agit d'un problème d'envergure dont il va falloir vraiment
s'occuper.
Mme Lavoie-Roux: II y avait une hypothèse soulevée
par votre ministère sous votre prédécesseur, la
possibilité, si toutes ces négociations ou ces explorations
n'aboutissaient à rien, qu'il fallait quand même prévoir
des ouvertures pour les musiciens du Québec qui ne pouvaient pas
être admis à l'Orchestre symphonique de Montréal. Cette
hypothèse était que l'Orchestre symphonique de Montréal,
je pense, pourrait être financé totalement par le
fédéral qui, de toute façon, à ce moment-ci donne
des fonds, compte tenu de la vocation plus internationale, je dirais, de
l'Orchestre symphonique de Montréal, quitte à ce que vous pensiez
à la création d'un orchestre symphonique qui serait plus
québécois dans le sens des musiciens qu'il regrouperait. Je pense
que l'un ne doit pas exclure l'autre et qu'il ne faudrait pas non plus que ce
soit un moyen d'exclure d'une façon définitive de l'Orchestre
symphonique de Montréal, des musiciens québécois.
De toute façon, le problème est là. Est-ce que vous
avez continué de penser à envisager une solution dans ce
sens?
M. O'Neill: Non. Considérer l'Orchestre symphonique de
Montréal comme étant une institution qui nous échapperait,
pour être remise au fédéral, cela n'est pas une
hypothèse que nous acceptons. D'ailleurs, en principe, l'intervention du
fédéral dans le domaine culturel, quelle qu'elle soit, est une
intervention, dans certains cas, à laquelle nous nous résignons
soit à cause d'une pauvreté de moyens, soit parce que dans
certains cas nous ne pouvons même pas l'empêcher. Je crois qu'il
faudrait considérer au contraire l'Orchestre symphonique de
Montréal comme étant un orchestre national au sens
québécois, auquel aussi nous contribuons et qui
développera ce caractère national, ne serait-ce que par la place
qu'il fait, qu'il accorde aux artistes de chez nous.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression qu'on est toujours un peu dans
un cercle vicieux. Je ne veux pas entrer dans le débat des
prérogatives du fédéral ou du provincial je pense
que là-dessus on peut s'entendre mais il reste que la
réalité étant ce qu'elle est, que les fonds provinciaux
étant limités, il ne faudrait quand même pas... je pense
qu'il faudrait peut-être faire preuve d'un certain réalisme. Dans
quelle mesure peut-on financer les deux? C'est plutôt l'objet de ma
question.
M. O'Neill: Oui. Les fonds provinciaux sont limités, les
fonds fédéraux le sont aussi. Dans certains domaines, du moins,
ils se limitent subitement parce qu'on assiste à des cas d'intervention
puis tout à coup le fédéral tente de se retirer d'un
domaine. Je pense que cela fait partie du réalisme aussi, de savoir si
tout à coup nous décidons d'être présent ou de ne
pas être présent dans un secteur culturel déterminé.
Je pense que ce n'est pas simplement de la théorie; cela aussi c'est du
réalisme. Ecoutez, s'il fallait qu'on définisse comme
réalisme le fait d'accepter tout type d'intervention financière,
à ce moment-là on rend strictement impossible l'application d'une
politique culturelle articulée, parce que nous serions finalement
limités, au fond, à nous occuper de secteurs dont le
fédéral ne s'occuperait pas. Je pense qu'à ce
moment-là ce qu'on appellerait l'autonomie et la responsabilité
culturelle viendrait de s'estomper dans la brume.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas que si, par exemple, vous
envisagez l'établissement d'un orchestre symphonique qui soit totalement
québécois, c'est s'estomper dans la brume. Je pense
qu'entre-temps il ne faut pas compromettre l'avenir des musiciens, leur enlever
des ouvertures en prenant comme point de départ une question qui est
"idéologique". C'est un équilibre à établir entre
les deux, compte tenu de la façon dont nous devons fonctionner
présentement. Je ne vois pas, à ce moment-là, qu'un
orchestre symphonique strictement québécois serait
nécessairement de moindre qualité. Ce serait pour essayer de
donner à nos artistes les ouvertures dont ils ont besoin.
Si jamais l'indépendance arrive je sais que vous le
souhaitez beaucoup à ce moment-là, comme on est
censé récupérer beaucoup d'argent aussi, on pourra
maintenir à la fois cet orchestre de caractère plus international
et également notre orchestre à caractère vraiment
québécois pourra continuer.
M. O'Neill: II ne faudrait pas, parce qu'on a des besoins
immédiats auxquels il faut répondre, se placer en situation de
contradiction. Remarquez que le problème soulevé ressemble
étrangement a celui qui a été soulevé il y a
quelques années quand il a été question de l'aide
fédérale aux universités. Les motifs étaient
louables. On disait: II ne faudrait pas nuire au développement des
universités; donc, on va prendre l'argent là où il est. Il
peut arriver qu'à un moment donné on doive accepter, à
court terme, un certain nombre de contraintes, ne serait-ce que pour ne pas
nous placer nous-mêmes en pleine contradiction. C'est quand même
extrêmement important. Autrement, vous cédez devant le pouvoir de
dépenser et vous venez, tout simplement, d'abandonner une
responsabilité qui vous appartient.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez consulté, par
exemple, des artistes ou des musiciens sur l'approche dont vous venez de
parler?
Quel est leur point de vue, parce que c'est quand même eux qui
vivent le problème?
M. O'Neill: Je pourrais laisser M. de Belle-feuille vous fournir
un certain nombre de détails là-dessus et sur l'ensemble du
dossier dont nous parlons depuis quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais exprimer
l'avis que le type de mesure qu'envisage le député de L'Acadie
peut n'être pas souhaitable intrinsèquement, objectivement, quel
que soit le cadre politique. Montréal est une grande métropole,
mais je crois qu'un orchestre symphonique par ville, même s'il s'agit
d'une grande métropole, c'est suffisant. Si l'on multiplie les
orchestres symphoniques à Montréal, on risque de nuire à
tout le monde et d'abaisser les normes de qualité pour tout le monde. Si
on tient compte, en outre, du contexte politique, du régime politique,
puisque le gouvernement, avec l'appui de l'Union Nationale, considère
que le Québec doit être le maître-d'oeuvre de sa politique
culturelle, point de vue qui était partagé également par
le Parti libéral avant le 15 novembre, la participation du gouvernement
fédéral doit s'inscrire dans des priorités qui sont
établies par le Québec.
On ne peut pas tout simplement laisser la porte ouverte au
fédéral et lui dire: Occupez-vous de tel orchestre et nous,
puisqu'il y a des gens dont il faut qu'on s'occupe, on va en fonder un autre.
Ce n'est pas comme cela que cela doit se faire. Le Québec doit
définir sa politique d'intervention dans les arts
d'interprétation et en particulier dans la musique, et si le
gouvernement fédéral veut appuyer cette politique définie
par le Québec, je vous assure que le gouvernement fera bon accueil, tant
que nous serons dans le cadre fédéral, à cette aide venue
d'Ottawa dans le cadre d'une politique définie par nous.
M. O'Neill: D'ailleurs, Mme le député, si vous me
le permettez, la seule des hypothèses qui n'a pas été
retenue par un comité ad hoc qui a siégé au
ministère et qui rédige actuellement un rapport sur l'ensemble du
problème des orchestres, c'est cette hypothèse d'un orchestre
national du Québec pour le moment. Ce qui a été retenu, ce
n'est pas non plus le statu quo, mais l'hypothèse d'un orchestre
à Montréal tel qu'on le connaît à peu près
actuellement, et d'un autre orchestre à Québec.
Les problèmes financiers des deux étant totalement
différents, on finance plus difficilement un orchestre à
Québec qu'à Montréal, ne serait-ce, par exemple, qu'au
niveau de l'apport extérieur au gouvernement. Ce qu'on a retenu, c'est
la création c'est un projet qui était dans les dossiers du
ministère depuis quelques années aussi rapide que possible
d'un orchestre national des jeunes qui ferait une espèce de pont entre
les conservatoires et le grand orchestre pour tous ceux qui ne pourraient pas
accéder immédiatement au grand orchestre, étant entendu
que, pour créer cet orchestre national des jeunes du Québec,
c'est un dialogue que l'on doit reprendre entre les conservatoires et les
orchestres pour savoir quels sont véritablement, à long terme et
à moyen terme, les besoins des orchestres. Or, ce dialogue n'a pas
toujours existé entre les conservatoires au Québec et l'orchestre
de Montréal d'un côté et l'orchestre de Québec de
l'autre.
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà un embryon d'orchestre
symphonique des jeunes, à Montréal.
M. O'Neill: II y a plusieurs embryons d'orchestres nationaux de
jeunes à Montréal. Il y a ce qu'on appellait anciennement le
Montreal Junior Symphony Orchestra qui a repris. Il y a l'orchestre des jeunes,
fondé par M. Brott, je ne me souviens plus lequel des Brott, à
Montréal, et il y en a un troisième. Devant tout cela, on s'est
dit: On va étudier le problème globalement et on est parti de
l'expérience de l'Orchestre national des jeunes du Canada, qui est une
expérience fort enrichissante, auquel participent nombre de
Québécois, chaque année. Quant à nous, on pense
qu'un orchestre national des jeunes du Québec, s'il devait en exister un
de qualité, il devrait être, passez-moi l'expression,
"nationalisé", c'est-à-dire étatique ou largement
aidé par l'Etat. On a préféré, devant la
prolifération des orchestres nationaux de jeunes à
Montréal, pour le moment, nous retirer du dossier, les regarder agir et
voir ce qu'on pourrait faire de notre côté.
Chose certaine, on a besoin d'un pont entre le grand orchestre et les
conservatoires.
Je voudrais tout simplement préciser que le problème de
difficultés temporaires qui peut affecter des artistes, parce que nous
sommes dans un domaine où il faut absolument revendiquer les
prérogatives du Québec, ce problème est similaire, encore
une fois, à celui qu'ont connu pendant plusieurs années les
universitaires chez nous. Certains auraient voulu que le gouvernement du
Québec cède sur les principes pour avoir, à court terme,
ce que j'appellerais un plat de lentilles, et notre attitude est la même.
Je pense qu'il y a des prérogatives qu'on ne doit pas abandonner, il y a
des principes sur lesquels on ne doit pas céder sous prétexte
qu'on offre des plats de lentilles. Il y a ici une dimension politique du
problème qui est très importante, sûrement autant qu'un
certain nombre de difficultés temporaires que peuvent connaître
des artistes.
Est-ce que je peux ajouter quelque chose qui me paraît important
et que j'ai oublié tantôt? Quand je parle de dialogues nouveaux
entre les conservatoires et les orchestres, cela dépasse les
conservatoires, cela va également au niveau des écoles de musique
privées et des facultés universitaires. Dans cela aussi, on peut
dire que le dialogue a été interrompu pendant un certain nombre
d'années. Cela va être la principale recommandation de ce
comité ad hoc qui a été formé par le ministre
à la mi-février, qui doit rendre son rapport d'ici quelques
semaines.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Au sujet des conservatoires, je pense que le
ministre nous a expliqué un petit peu son rôle assez
brièvement, mais il y a tout un contexte global du monde culturel
québécois avec les conservatoires, les écoles, les
facultés d'art, de musique et d'art dramatique. Comment relier et
rejoindre tout cela? Je voudrais m'assurer de cette
complémentarité.
M. O'Neill: Vous voulez parler de la collaboration des
conservatoires avec...
M. Le Moignan: Les facultés d'art, de musique, d'art
dramatique, et tout cela ensemble.
M. O'Neill: L'enseignement qui se donne dans les écoles
aussi, c'est à peu près cela.
M. Le Moignan: Du problème global, brièvement.
M. O'Neill: Pour ce qui est de l'enseignement qui se donne, il y
a un problème particulier quand vous arrivez, par exemple, aux
facultés de musique et aux conservatoires. Cela en est un. Il y en a un
autre qui se pose au niveau secondaire. Un problème plutôt
général, c'est aussi le problème qui nous est soumis
parfois par les conservatoires, de la qualité de l'enseignement qui se
donne dans le réseau public. Là-dessus, les conservatoires ont
des revendications, c'est-à-dire qu'ils s'en inquiètent et
voudraient quand même avoir quelque chose à dire parce qu'ils
estiment, par exemple, qu'il y a une préparation qui a été
donnée au plan de la qualité artistique qui est nettement
insuffisante, et qu'il manque un lien entre ce qui se fait dans le
réseau public d'enseignement et ce qui se fait au niveau des
conservatoires.
Mme Lavoie-Roux: C'est un problème complexe que vous
soulevez. Il y a une certaine analogie entre cela et le sport cela va
vous sembler étrange le sport d'élite et le sport amateur.
Les écoles publiques ont aussi une fonction d'éducation aux arts
qui se situe, je pense même si on voulait souhaiter,
peut-être que ce soit autrement en dehors de cet enseignement de
l'art qu'on doit trouver dans les conservatoires. Vous ne pouvez quand
même pas exiger la même chose des écoles publiques, dans le
sens qu'elles touchent à une masse d'étudiants, alors que dans
les conservatoires, évidemment, on essaie de faire la sélection
la plus poussée possible des élèves ou des
étudiants qui ont de grands talents ou semblent avoir vraiment des
habiletés qu'on ne retrouve pas dans la masse des étudiants. Les
conservatoires peuvent faire ce genre de reproche, qui est fondé
jusqu'à un certain point, mais trouver l'équilibre entre les deux
me semble très difficile. Je serais intéressée de savoir
de quelle façon on peut pallier ces difficultés qui sont
soulevées par les conservatoires à l'égard des commissions
scolaires ou du monde de l'éducation.
M. O'Neill: II existe une réponse, je vois une
première solution. Il va falloir que les gens se mettent ensemble autour
de la table parce que d'après ce que je peux savoir, il y a encore
là une sorte de cloison étanche. C'est-à-dire que, les
gens des conservatoires nous formulent ce genre de plaintes, et je pense que
dans certains cas ce sont des plaintes fondées. En somme ils ont
l'impression que ce qui se fait parfois dans le réseau public, c'est un
petit peu un gaspillage de temps et d'argent.
La plainte peut être fondée, mais je pense qu'un premier
élément de solution, ce sera qu'on puisse voir comment on pourra
justement avoir des activités qui se complètent, qu'on ne fasse
pas au niveau scolaire un type d'activité d'enseignement qui serait
qualitativement discutable, que ce soit, d'autre part, comme vous le dites, un
enseignement ouvert à tout le monde. Moi, encore une fois, je vous
transmets l'expression des doléances des conservatoires. Evidemment, je
ne me prononce pas sur le contenu comme tel de ces doléances et je ne
veux pas en vérifier toute la validité.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas quel est le nombre des
étudiants dans les conservatoires de musique, mais si on le compare au
nombre d'étudiants dans... il n'y a pas de commune mesure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Il est midi et nous avons des instructions pour
le mercredi, à savoir que nous devons ajourner à midi. Je sais,
par contre, que le ministre doit être à l'extérieur
à midi quinze. S'il était possible de terminer l'étude des
crédits avant midi quinze, nous pourrions, de consentement unanime,
continuer. D'autre part, si cela s'avérait impossible, nous allons
ajourner jusqu'à prochain ordre de la Chambre, si ordre il y a.
M. Alfred: Adopté.
M. Le Moignan: Moi, j'aurai simplement quelques petites
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A la
condition d'être sûrs de terminer pour midi quinze, parce que le
ministre doit partir pour midi quinze.
M. O'Neill: C'est le Conseil des ministres.
M. Le Moignan: Avez-vous d'autres questions?
Remerciements et conclusions
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne les formulerai même pas comme
questions, c'est-à-dire que je ne vous demanderai pas de
répondre. Tout simplement comme préoccupation, d'une part, nous
n'avons pas touché du tout au domaine de la
danse. J'en avais parlé en Chambre et j'attendais des
réponses que je n'ai pas eues.
M. O'Neill: Les Compagnons de la danse.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas très grave, on trouvera
d'autres occasions de les avoir. Le théâtre pour enfants, me
préoccupait beaucoup et j'aurais aimé qu'on ait le temps de
l'aborder. La chanson, évidemment, on pourrait en parler longtemps.
Je voudrais simplement, en terminant, remercier le ministre et remercier
d'une façon particulière les fonctionnaires qui l'ont
accompagné. Je pense qu'on a eu une collaboration complète et
extrêmement positive. Mon souhait, en terminant, c'est vraiment que la
politique culturelle du ministère soit une politique positive et de plus
en plus généreuse. Je ne reviendrai sur le regret que j'ai
exprimé au départ que les prévisions budgétaires
n'aient pas pu être plus larges que celles qu'on a retrouvées.
Sans vouloir revenir sur le long exposé que nous a fait le
député de Bourget sur la politique et le culturel, je voudrais
quand même rappeler que les frontières entre l'administratif et le
politique, dans le domaine culturel, sont fragiles. On devrait certainement
toujours garder comme objectif, que même si le politique et le culturel
ne sont pas indissociables là-dessus, le député de
Bourget a exprimé des idées intéressantes, certaines que
j'aurais voulu relever garder comme objectif, dis-je, que jamais le
culturel soit soumis au politique.
En terminant, je réitère une suggestion que j'ai faite
durant les sessions que nous avons eues, c'est d'avoir au moins, parmi vos
priorités, tenté de récupérer, par certains
mécanismes que nous avons discutés, peut-être pas d'une
façon très précise, le potentiel humain, culturel et
historique que constituent pour nous les artistes qui, dans un domaine ou dans
l'autre, ont beaucoup contribué au Québec. On devrait s'efforcer,
par tous les moyens possibles, de récupérer cette valeur
extrêmement précieuse pour nous et qui peut servir de guide, tant
pour les jeunes que pour les moins jeunes, et également apporter, sur le
plan social, pour toute la population, une valeur incontestable.
Je vous remercie, M. le ministre, de votre collaboration. Sauf quelques
petits moments d'incompréhension, qui ont été très
passagers, je pense que cela a été pour moi un exercice
extrêmement intéressant et positif. Je vous en remercie de
même que M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je vais essayer d'être très bref.
J'aurais aimé toucher quelques aspects comme l'opéra, cette dette
accumulée, certaines rumeurs ou certains articles concernant un futur
opéra de Québec qui coûterait de $5 millions à $6
millions. Laissons cela de côté.
Je veux tout simplement souligner la patience et l'amabilité,
surtout la dextérité avec laquelle le député de
Jonquière dirige cette commission depuis le début.
Franchement cela a été un grand plaisir de travailler, non
seulement avec vous, mais avec M. le ministre, avec ses collaborateurs. Mme le
député de L'Acadie mentionnait cette intervention très
remarquée du ministre des Affaires culturelles. Il nous disait que la
culture se retrouve dans le politique, dans le social, dans l'économique
et que ceux-ci traduisent dans leurs modalités respectives, la culture
d'un peuple, d'une société, un peu ce qu'on a retrouvé
dans le livre blanc.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas influencer M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: II est en train de me "crinquer" mais cela ne
collera pas, madame. Je suis bien d'accord aussi avec le député
de Bourget, sur certains points, mais il reste qu'il y a tout de même
certaines questions à se poser quand on regarde le rôle de l'Etat
vis-à-vis de la culture. Je crois que nous avons des raisons
d'être inquiets. Si le livre blanc parle de cette qualité de vie,
à ce moment-là, pour nous, on voit bien que c'est global. C'est
le théâtre, c'est la télévision, ce sont les
artistes, ce sont les écrivains, c'est le patrimoine. Tout est tellement
lié qu'on ne peut rien séparer.
Nous avons d'immenses progrès à parcourir du
côté de la langue. Il ne s'agit pas de tomber dans le
maniérisme, mais, entre le jouai et le français bien
"perlé", je pense qu'il y a tout de même une marge. C'est un peu
le rôle du ministre, et je sais très bien qu'on a parlé
d'encouragement à nos écrivains. Nous avons de très bons
écrivains, je sais que dans le passé certains écrivains
ont été subventionnés par l'Etat. A l'avenir, le ministre
va peut-être y regarder davantage, parce que c'est tellement important.
La crainte que je voulais manifester, c'est que le comité
interministériel qui va exécuter les politiques des Affaires
culturelles, il y a toujours le danger de la politisation c'est
peut-être une marotte, j'y reviens il y a toute une liberté
là-dedans qui devait être laissée au créateur et il
nous faut à tout prix dépolitiser la culture.
Le ministre, autrement, aura à trancher, deviendra une
espèce de Salomon et il aura à se prononcer dans bien des cas. Je
crois que cette idée de conseil de la culture pourrait le mettre
à l'abri de beaucoup de critiques, parce qu'on sait que les ministres
changent, les sous-ministres changent, les employés changent, les
députés changent, tout le monde change, mais il reste que la
culture québécoise, elle, doit être permanente.
Mme Lavoie-Roux: Les gouvernements aussi.
M. Le Moignan: Oui, le gouvernement aussi. Cela était
sous-entendu. Je pense que si nous avions un conseil de la culture, un agent
autonome, décisionnel, avec une très bonne sélection... M.
le sous-ministre dit que cela ne changera peut-être rien. Je
suggère cela... Non, j'ai mal compris.
M. de Bellefeuille: C'est un aparté.
M. Le Moignan: Je crois que le ministre, qui semble faire un
excellent travail, a intérêt à songer à l'avenir et
à doter le Québec d'un organisme où tout danger de
dirigisme ou de propagande soit éliminé à tout jamais si
on veut réellement inspirer confiance à la population dans ce
domaine. M. le Président, je vous remercie.
M. O'Neill: M. le Président, j'adresse des remerciements
aussi à l'Opposition officielle et à l'Union Nationale pour leur
excellente collaboration. Je vous remercie de la façon dont vous avez
dirigé ces débats. Je tiens aussi à remercier mes
collègues du parti ministériel et aussi mes collaborateurs du
ministère.
Des bruits ont circulé parfois ces derniers temps à savoir
que dans certains ministères il y aurait une collaboration plus ou moins
réussie entre le ministre et les hauts fonctionnaires. Ce n'est
évidemment pas le cas, ni aux Communications ni aux Affaires
culturelles. Je pense que vous avez pu en être témoins ici. C'est
vraiment avec une équipe que vous avez dialogué.
Sur ce que nous avons dit précédemment et sur ce qui a
fait l'objet de nos débats, je voudrais formuler quelques très
brèves remarques, M. le Président.
Premièrement, je tiens à dire que je me réjouis de
cet accroissement de budget de près de 30%, peut-être suivi un
jour, je l'espère, d'un budget supplémentaire. C'est là un
budget accru malgré le gaspillage précédent et
malgré le besoin qu'il y avait d'assainir les finances.
Je signale simplement comme chiffres, d'après les renseignements
qu'on m'a donnés, que le budget des Affaires culturelles atteint
à peine l'intérêt sur la dette olympique. Ce qui veut dire
que si l'on n'avait pas fait certaines folies antérieurement on aurait
beaucoup plus d'argent à consacrer à la culture.
Deuxièmement, je signale qu'à notre avis il est
très important que nous ne soyons pas l'unique moteur de la vie
culturelle. Non seulement nous ne voulons pas faire de dirigisme culturel, mais
nous ne voudrions pas non plus en empêcher d'autres de prendre leurs
responsabilités. Cela incluant le milieu des artistes lui-même,
incluant les gens qui s'occupent du domaine scolaire, incluant tous ceux qui
veulent réaliser des choses, soit dans le domaine de la
démobilisation ou dans le domaine du théâtre, etc. Nous
voulons aider des gens qui s'aident eux-mêmes, incluant aussi, ne
l'oublions pas, les municipalités qui ont également comme
rôle de s'occuper de culture et pas simplement d'égouts et
d'aqueducs.
Troisième remarque. Nous avons à peine effleuré
ensemble un problème qui est quand même très sérieux
dans le domaine culturel, le problème de l'envahissement et de
l'empiétement du gouvernement d'Ottawa. Si nous n'avons qu'une politique
modeste en affaires culturelles, c'est que nous n'avons dans les faits qu'un
pouvoir limité. Là-dessus, j'aimerais demander à tous nos
collègues de l'Opposition, comme du parti ministériel,
d'être très sensibles à ce problème. Nous sommes
placés devant un problème, encore une fois, d'en- vahissement
méthodique. Nous soulignons que, lorsque des gens, par exemple, essaient
de nous forcer la main, en disant: Nous allons chercher de l'argent à
Ottawa; donc, vous allez nous en donner, comme cela arrive, à ce
moment-là, à leur insu, ils posent des gestes politiques et je
dirais qu'ils nuisent un peu à un certain équilibre de forces et
à une présence du pouvoir québécois en
matière culturelle.
Donc, leurs gestes ne sont pas apolitiques; ils sont politiques et
j'aimerais que ces gens en soient conscients. Il y a des façons ici de
jouer avec un pouvoir extérieur qui, à long terme, peuvent
être extrêmement nuisibles à la présence
québécoise en matière culturelle.
Quatrièmement, parmi toutes nos priorités j'en rappelle
trois qui nous tiennent à coeur particulièrement; la
régionalisation, avec l'établissement et la consolidation des
conseils culturels régionaux, la consolidation des grandes institutions
nationales et aussi les industries culturelles. Là-dessus, nous pensons
qu'à court terme nous pourrons réaliser des choses fort
intéressantes, particulièrement avec la collaboration du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Ma dernière remarque: Tout notre effort, je dirais, est
placé dans un contexte d'ensemble qui s'appelle une politique
culturelle. Je tiens à dire en terminant que, là-dessus, je
partage entièrement les propos du ministre d'Etat au
développement culturel. Cette politique culturelle est appuyée,
premièrement, sur une assise linguistique solide, donc sur une
créativité dans un Québec français qui nous
appartient; deuxièmement, elle est appuyée sur le
développement d'une conscience nationale. On a eu peur de ce
mot-là. C'est, au fond, élémentaire et simple. Il y a une
conscience nationale en Italie, en France, en Angleterre et aux Etats-Unis.
Mais on dit que la conscience nationale américaine est d'une vigueur
telle qu'elle envahit le monde entier par des manifestations les plus diverses
d'impérialisme culturel.
Qu'y a-t-il de mauvais à avoir une conscience nationale? Ici, on
veut nous présenter, à mon avis, ce qui est un faux
problème. Conscience nationale, c'est-à-dire conscience de son
identité, développement d'une fierté, développement
de la responsabilité, développement de la
créativité. Rien de plus souhaitable que cela. Le Québec
en a beaucoup besoin et, à ce point de vue, je suis certain qu'une
conscience nationale ici sera un stimulant pour la créativité
culturelle et, finalement, pour le progrès social dans son ensemble.
Dernier appui et je dirais de tout cela autre pilier fondamental, en
même temps idéal et objet, cette culture québécoise
qui est à la fois un héritage les anciens ont fait pour
nous des choses précieuses en termes de langue, de traditions, de
convictions religieuses, de création en matière d'art, un
héritage et en même temps, un devenir.
Cette culture québécoise, nous la faisons donc dans un
ensemble où tout est intimement lié: la politique, la culture,
l'éducation, les loisirs et l'économie. Tout est intimement
lié et c'est ce que globalement nous appelons une politique culturelle,
ce qui n'est pas du tout du dirigisme culturel.
C'est simplement une sorte d'intelligence ou de sagesse politique que
nous voulons mettre au service du développement de la nation et de tout
le dynamisme culturel. C'est ce que nous entendons, rien que cela mais tout
cela, et pour nous c'est fondamental. C'est ce que veut dire cette politique
culturelle.
Dans ce contexte, avec ces grands paramètres que nous avons
l'intention de travailler cette année, je me permets de souhaiter de
façon particulière non pas qu'il n'y ait de divergences ce
n'est pas cela, parce qu'il y a toujours des divergences en matière
politique mais qu'il y ait vraiment, dans le fond, un consensus que,
finalement, j'ai senti ici. Je fais exception, parfois, d'une certaine approche
particulière qui peut avoir marqué notre collègue, le
député de L'Acadie qui a certains problèmes.
Dans l'ensemble, il y a vraiment un consensus. Pourquoi? C'est qu'au
fond, quand nous parlons de culture, nous parlons de l'âme d'une nation.
Je pense que, là-dessus, nous sommes tous ensemble, nous faisons
vraiment équipe. C'est pour cela que je peux vous dire que, pour ma
part, je conçois notre activité en matière culturelle
comme une activité où sont totalement impliqués non
seulement les gens du parti ministériel, mais aussi nos collègues
de l'Opposition que je remercie. Je remercie ici, de façon
particulière, M. le député de Gaspé et M. le
député de L'Acadie qui nous ont offert une...
Mme Lavoie-Roux: Madame...
M. O'Neill: Madame... le problème...
Mme Lavoie-Roux: II vous faut une femme qui soit chef de cabinet.
Vous allez vous habituer.
M. O'Neill: J'ai peut-être, là-dessus, un
problème de conversion culturelle aussi à parachever. Donc, je
remercie Mme le député de L'Acadie de façon
particulière, et aussi M. le député de Gaspé de
leur précieuse collaboration. Je pense vraiment que c'est non pas
à part eux mais avec eux que nous allons, tous ensemble, faire des
efforts multiples que nous voulons efficaces pour l'établissement de la
culture québécoise. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme 5 est adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Les crédits étant maintenant
étudiés, je remercie tous les députés de leur
collaboration, et les travaux de la commission sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 19)