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Etude des crédits du ministère des
Communications
(Vingt heures vingt minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Nous commençons la commission parlementaire chargée
d'étudier les crédits du ministère des Communications.
Les membres de la commission, pour cette séance, seront: M. Fallu
(Terrebonne), en remplacement de M. Alfred (Papineau); M. Desbiens (Dubuc), en
remplacement de M. Bertrand (Vanier); M. Beauséjour (Iberville), en
remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), en remplacement de M. Charron (Saint-Jacques); M. Chevrette
(Joliette), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Guay
(Taschereau), M. Laplante (Bourassa), M. Laurin (Bourget), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Morin
(Sauvé), M. O'Neill (Chauveau), M. Paquette (Rosemont) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Laplante: A quelle heure la commission était-elle
convoquée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
commission était convoquée à 20 heures.
M. Laplante: Pourquoi y a-t-il un retard de 18 minutes?
Mme Lavoie-Roux: II ne changera jamais, oubliez-le.
M. Ciaccia: Ce n'est pas par manque de respect à la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Nous pouvons faire remarquer qu'il y a eu
d'autres moments où c'est nous qui avons attendu, n'est-ce pas, M. le
Président, et nous vous avons bien reçus. Nous étions
contents que vous ayez dormi plus longtemps que prévu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
vrai.
M. Laplante: Ne me dites pas que le député de
L'Acadie commence à avoir de la ponctualité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le parti ministériel a déjà été en
retard, l'Opposition également, et le président également.
Toutes choses étant égales, nous en étions rendus au
programme 8, qui s'intitule: Cinéma et audiovisuel.
Mme le député de L'Acadie.
Cinéma et audio-visuel
Mme Lavoie-Roux: II y a une question préliminaire que je
voudrais poser au ministre. Je sais qu'il a été question, dans le
passé, que tout le dossier du cinéma passe au ministère
des Affaires culturelles. Est-ce encore dans les plans présentement? Je
comprends que le ministre a les deux chapeaux, mais il semble quand même
que le cinéma ait une dimension culturelle extrêmement importante.
Je me demandais si c'est une question qui a été
considérée, depuis l'arrivée du nouveau ministre aux
Communications.
M. O'Neill: Non. C'est un problème qui a pu être
soulevé, à un moment donné. Il a fait l'objet de certaines
conversations, mais ce qui nous a paru vraiment plus important, c'était
d'essayer de résoudre un certain nombre de problèmes, de
surmonter un certain nombre de difficultés qui se posaient dans le
fonctionnement même du service, comme tel, en se disant qu'on pourrait
plus tard peut-être se poser une question comme celle-là. Mais
même si le passage qui s'était fait des Affaires culturelles aux
Communications semblait avoir été le résultat d'une sorte
d'accident historique, ou d'accident de parcours, dans le moment, ce n'est pas
une chose qui nous a vraiment préoccupés. Il nous paraît
que cela va bien comme cela, peut-être parce que c'est le même
ministre qui s'occupe des deux ministères. Pour nous, cela ne nous
paraît pas une question prioritaire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'ai remarqué que, dans les
budgets qui sont prévus d'ailleurs, c'est ce qu'on voit à
la page 41 l'Institut québécois du cinéma
disposera, pour remplir son mandat, d'une somme de $2 millions. "Ces argents
serviront" je voudrais faire remarquer, en passant que je ne suis pas
certaine qu'on dise: "ces argents". Est-ce qu'on ne dit pas: Cet argent?
M. O'Neill: "Cet argent"; "ces argents", ce n'est pas
français. C'est souvent utilisé, mais ce n'est pas
français.
Mme Lavoie-Roux: D'un ministère tel le vôtre, c'est
sûrement une erreur de frappe.
M. O'Neill: C'est gentil, mais là, ce sont les
Communications.
Mme Lavoie-Roux: Cet argent servira à l'aide, à la
production, à la distribution, à l'exploitation de la fonction
culturelle ainsi qu'à la recherche et aux frais d'administration de
l'Institut.
Je dois vous dire que j'ai été extrêmement surprise
de voir que le montant était aussi restreint. Je me demande si on est
vraiment sérieux, quand on pense au marasme qui sévit
présentement dans l'industrie cinématographique et si on veut
vraiment l'aider, cela me semble minime. Peut-être que le ministre
pourrait justifier le montant et ensuite, dans un deuxième temps, nous
expliquer à quoi servira dans les faits, un montant aussi minime?
M. O'Neill: Le montant est minime, c'est vrai. Il y a
actuellement des pourparlers qui vont bientôt aboutir à une
rencontre avec le Conseil du trésor pour en arriver, si c'est possible,
à un montant de $4 225 000 qui apparaît de la part des directeurs
de l'Institut du cinéma comme étant le montant souhaitable pour
une première année. Ce qui ne veut pas dire qu'avec $2 millions
il n'y aura pas moyen de démarrer quelque chose de sérieux dans
certains secteurs de production. Mais ce que nous espérons, c'est
sûrement d'accroître ce montant. Si le Conseil du trésor
estimait que, dans l'état actuel des finances, il ne peut pas aller
jusqu'à $4 225 000, au moins d'arriver quelque part entre les deux. On
nous a signalé, justement, qu'il serait fortement souhaitable que ce
montant soit augmenté. Les $2 millions étaient la première
tranche, en somme, qui nous était garantie.
Pour ajouter à cela, il serait peut-être bon de savoir
comment les $2 millions ont été fixés. C'est qu'au moment
où nous avons procédé, avec le Conseil du trésor,
à l'étude des budgets, l'Institut québécois du
cinéma, qui venait à peine d'être formé,
n'était pas à ce moment-là en mesure de fournir ce qu'on
appelle un mémoire de programme. Le Conseil du trésor a dit: Pour
tout de suite, on va mettre de côté une somme de $2 millions, et
quand l'Institut québécois du cinéma aura mis au point son
mémoire de programme, vous reviendrez nous voir et on négociera
au besoin pour des montants supplémentaires. Mais c'est que le Conseil
du trésor ne semblait pas vouloir, dès ce moment, consacrer $4
millions sans savoir ce que l'institut ferait, sans au moins avoir une
idée de ce que l'institut ferait avec ces montants.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les vues du ministre
là-dessus? Comment voit-il le cinéma se développer avec ce
montant? Est-ce à partir de longs métrages, de courts
métrages, de films pour la télévision? Parce que, je
pense, cela a une importance. Si vous avez l'intention que le long
métrage soit développé ou encouragé, cela me semble
que le nombre qu'on pourra faire sera extrêmement restreint. Alors que si
on...
M. O'Neill: Oui, le nombre serait restreint, mais il faut voir
que, dans le cas du financement de films, dans cette aide à la
production, il ne s'agit pas de tout payer. C'est une contribution qui a comme
but d'aider les producteurs à produire. Il faut se dire que cette aide
peut, à ce moment-là, être assurée pour la
production de films, d'un certain nombre de films. Cela serait vraiment
très restreint s'il s'agissait d'assurer le financement complet d'un
film.
Mme Lavoie-Roux: Mettez-vous l'accent sur le long métrage,
sur le court métrage...?
M. O'Neill: On a pensé actuellement à consacrer
à peu près $1 million aux longs métrages de fiction
destinés aux salles de cinéma et dans ces longs métrages,
à en avoir quelques-uns qui soient particulièrement
destinés aux enfants. C'est un premier projet.
Mme Lavoie-Roux: Comment évaluez-vous le coût de
participation à un long métrage? Parce que si déjà
vous dites qu'il y a deux longs métrages qui iront aux enfants, ce
à quoi je n'ai pas d'objection, que restera-t-il pour...?
M. O'Neill: En fait, on peut passer d'une participation qui peut
être à la fois valable, qui aide vraiment, sans dépasser,
qui demeurerait en principe toujours minoritaire. Il ne s'agit pas de remplacer
l'entreprise privée. Je pense que cela va réjouir M. Ciaccia. Il
s'agit d'aider à la production de films québécois.
Cela demeure, encore une fois, minime, mais le fait que c'est toujours
une participation minoritaire permet quand même d'aider à la
réalisation d'un plus grand nombre de films.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous dites une participation minoritaire,
avez-vous un ordre de grandeur, est-ce que vous parlez de 10%, de 40% ou de
45%?
M. O'Neill: Entre 20% et 45%, cela pourrait jouer
là-dedans, en termes de participation.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que votre objectif est d'encourager
plusieurs productions et qu'à ce moment vous favorisiez 20% plutôt
que 45% parce qu'à 45% je vous assure que les fonds vont
disparaître assez rapidement.
M. O'Neill: Je crois que ce qu'il faut faire, c'est de favoriser
la production, mais sans dispenser les producteurs de fournir leurs propres
efforts. On est dans un domaine où on accepte l'idée de
producteurs privés qui doivent eux-mêmes trouver des fonds. Il
s'agit de les aider, mais il ne s'agit pas de faire le travail à leur
place.
J'imagine que c'est vrai, comme vous le dites, que si on pouvait s'en
tenir à 20% ou 25%, cela nous permettrait à ce moment de mieux
répartir l'argent.
M. Le Moignan: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: J'y reviendrai, continuez...
M. Le Moignan: Suite à la question que Mme le
député de l'Acadie, quand on parle de distribution, est-ce que le
problème des distributeurs étrangers peut entrer ici en ligne de
compte? Est-ce qu'il s'agit seulement de cinéma québécois
ou bien en même temps est-ce qu'il est question d'aide à des
distributeurs étrangers qui nous apporteraient des films?
M. O'Neill: II serait peut-être bon de donner la
ventilation du budget tel qu'il a été préparé par
les gens de l'institut. Rapidement, l'aide à la production dont il a
été question tout à l'heure on prévoit environ un
montant de $2 millions.
Il y a l'aide à la distribution et à la diffusion, donc,
sommes utilisées pour le lancement de films québécois au
Québec, sur le marché international, la diffusion au
Québec du film étranger de qualité,
l'aide au sous-titrage et au doublage qui, pour nous, est un
élément assez important, parce que nous pensons qu'il y a une
belle occasion à la fois de créer de l'emploi et de favoriser les
gens de chez nous qui se sont spécialisés dans ce genre de
travail, la promotion générale du cinéma à travers
le Québec, l'accès dans tous les points du territoire tant du
produit cinématographique québécois que du produit
cinématographique étranger de qualité.
Il y a une somme de $250 000 inscrite sous le titre "aide à
l'exploitation". Ensuite, vous avez ce qu'on appelle ici, ce qui est
intitulé "fonds culturel", qui sera utilisé pour financer tout
projet dans quelque secteur d'activité que ce soit, production,
documents spéciaux, aide à la scénarisation, banques de
scénarios, aide à l'exploitation telle que définie dans
l'article c de la Loi sur le cinéma, implantation régionale,
surtout, au niveau de la production, etc., des projets qui n'auraient pas
répondu aux critères minima de rentabilité que l'institut
aurait établis pour l'acceptation du projet, mais dont le projet en
question s'avérerait essentiel par rapport au but que poursuit notre
collectivité.
Il y a ensuite un montant de $300 000 qui est inscrit sous le titre
"recherche et autres activités". Dans le domaine de la recherche, on
note qu'il y a trois types de données qui semblent plus urgentes que
d'autres et qui s'avèrent des plus urgentes à recueillir et
à analyser pour nous permettre de prendre les meilleures
décisions possibles quant aux orientations à court et à
long terme que nous devons donner à l'institut.
Ces trois types de données sont les suivantes: la consultation de
données de statistiques éparses ainsi que la recherche de
nouvelles données sur le secteur d'exploitation-distribution, la
production, les services techniques et la création.
Le moyen à prendre pour rejoindre de nouvelles strates du public.
Ensuite, recherche concernant le domaine de la télévision
à péage, ce qu'on appelle aussi télévision payante.
C'est un problème qui a déjà été
soulevé, d'ailleurs, et qui nous apparaît un problème qui
va se poser à l'avenir.
Ensuite il y a un montant de $400 000 inscrit sous le titre
administration. Tout cela, évidemment, devra être
réajusté, si jamais on n'avait pas ce montant de $4 225 000.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. O'Neill: Le projet tel qu'il se présente ici a
été préparé par l'Institut du cinéma.
M. Le Moignan: Quand je parlais en termes de distributeurs, le
ministre a-t-il eu des rencontres avec des distributeurs comme, par exemple,
Fa-mous Players, Odéon, ceux qui ont déjà un peu le
contrôle de la répartition du cinéma dans la province?
M. O'Neill: Je pourrais répondre là-dessus. Il n'y
a pas eu de rencontres comme telles avec ce qu'il est convenu d'appeler les
grands distributeurs ou ce qu'on appelait, jusqu'ici en tout cas, les
"majors".
M. Ciaccia: Cela ne se traduit pas en français.
M. O'Neill: Difficilement. Mais cela m'amène
peut-être à vous souligner le problème qu'on affronte dans
la distribution. Quand on regarde les statistiques, on réalise qu'au
Québec, 65% des salles de cinéma sont la propriété
d'exploitants indépendants et que 35% appartiennent à Famous
Players, United Artists et tout cela, sauf que les grandes chaînes, ou
les "majors", si vous me permettez l'expression, sont situées dans les
grands centres, alors que les petits, les exploitants indépendants, sont
situés à l'extérieur. Et c'est un des problèmes les
plus sérieux auxquels fait face l'industrie du cinéma, ce
réseau de distribution par les "majors" qui font du "block booking". Ce
sont des expressions consacrées dans le milieu cinématographique.
C'est-à-dire que, si vous voulez avoir un bon film, par exemple "Vol
au-dessus d'un nid de coucous", vous devez accepter avec celui-là huit
ou dix navets pour pouvoir bénéficier de ce film. Ceci vaut aussi
pour les exploitants de salle indépendants qui doivent, eux aussi,
nécessairement, s'alimenter à ces réseaux de distribution
de Famous Players et United Artists. De telle sorte que le problème qui
se pose pour le cinéma québécois, c'est que la
programmation des salles est prévue pour presque un an à
l'avance, soit avec des bons films, soit avec des navets, et très
souvent le film québécois lui-même a très
difficilement accès, quand il n'a pas accès du tout à ces
salles.
Alors, je pense que le problème numéro un, c'est de
s'attaquer à ces réseaux de distribution. Il y a
déjà eu des rencontres entre le gouvernement
fédéral et les "majors" qui avaient accepté, sur une base
volontaire, de faire place sur leurs écrans au cinéma canadien.
Il est cependant possible qu'il faille aller plus loin que cela.
L'expérience vécue à partir de ce consentement volontaire
nous amène à réaliser que les "majors" vont programmer du
cinéma canadien, ou québécois en ce qui nous concerne, sur
leurs écrans, aux périodes les plus creuses de l'année,
par exemple en juillet, alors qu'on ne pourra pas avoir accès aux
périodes les plus avantageuses comme le temps des Fêtes et des
périodes comme celle-là.
M. Le Moignan: M. le ministre, avez-vous l'intention de prendre
une véritable action positive face à ce que vous venez de nous
affirmer?
M. O'Neill: Actuellement, la direction générale du
cinéma est en train de jouer avec les différentes
possibilités dont une est le contingentement. Mais le contingentement
doit être la dernière possibilité envisagée. Il faut
voir quelles sont les autres possibilités avant d'en arriver
là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. O'Neill: Ce qui nous préoccupe particulièrement
dans ce domaine, c'est ce que j'appellerais le problème des auditoires
captifs, c'est-à-dire les gens qui n'ont pas de choix de salles. C'est
la situation qui prévaut dans beaucoup de petites villes. Ils sont
captifs du cinéma, en ce sens qu'il y a un film, une série de
films qui ont été imposés, finalement, au
propriétaire; à ce moment-là, les gens vont être
obligés de regarder des films de deuxième ou de troisième
qualité sans avoir cette chance qu'on peut avoir dans une ville comme
Québec ou dans une ville comme Montréal. C'est ce qu'on cherche
actuellement. Donner une chance à ceux qui vivent isolés d'avoir
du cinéma québécois et du cinéma de qualité.
Qu'ils ne soient pas, justement, victimes de ce système où on
impose le film ou une série de productions sans valeur, tout comme on
impose à des dépositaires isolés une série de
revues qu'ils n'ont pas envie de vendre, mais qu'ils sont finalement
obligés de vendre, parce qu'il faut qu'ils prennent tout cela ensemble.
Ils doivent acheter l'ensemble ou ne rien avoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi, M. le député. Pour être juste envers tous les
députés qui sont membres de la commission, je reconnais bien
souvent des députés, j'ai inscrit leur nom. Je ne voudrais pas
limiter le droit de poser des questions à quicorfque. Si vous voulez,
surtout lorsque les membres de l'Opposition posent des questions, j'aimerais
qu'on les laisse terminer parce qu'à ce moment-là, ça
dérange peut-être la période des questions.
Si vous voulez, je vais donner la période de questions aux trois
députés que j'ai reconnus et vous pourrez par après
continuer et finir votre... Le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais justement
enchaîner sur cette question du contingentement et aussi, si je peux me
permettre de poser une question double, interroger le ministre à propos
du réinvestissement.
Sur la question du contingentement, je prends bonne note de ce que le
sous-ministre vient de dire, que cette solution est envisagée, mais
qu'elle lui apparaît comme une solution de dernier recours. En toute
humilité, je voudrais exprimer l'avis que le contingentement ne devrait
pas être envisagé comme une solution de dernier recours. Il
devrait plutôt être envisagé comme une solution
inévitable, indispensable, donc de premier recours.
C'est une méthode qui est généralement
pratiquée dans le monde. C'est une méthode que des pays
européens, par l'action de leur gouvernement, ont utilisée au
plus grand avantage de leurs industries cinématographiques nationales.
C'est une méthode que les Etats-Unis d'Amérique eux-mêmes
utilisent à fond, non pas peut-être par intervention
gouvernementale, mais par l'action des grands distributeurs que M. le
sous-ministre vient d'appeler les "majors" et qui sont des maisons
américaines.
Par conséquent, ces maisons américaines ont établi
aux Etats-Unis ce qui n'est rien d'autre qu'un contingentement qui est
même beaucoup plus poussé que n'importe quel contingentement
établi ailleurs par l'intervention gouvernementale.
Je pense, M. le Président, qu'au Québec, puisque nous
constituons une collectivité culturellement menacée, une
collectivité culturellement entourée d'un milieu différent
dont les moyens de production et de diffusion sont incomparablement plus forts
que les nôtres, je suis convaincu, M. le Président, qu'à
moins d'accepter la nécessité de recourir dans de brefs
délais au contingentement, nous allons forcer l'industrie
québécoise du cinéma à continuer beaucoup trop
longtemps le piétinement qui la caractérise à l'heure
actuelle.
Pour en venir au deuxième aspect de ma question, M. le
Président, celui du réinvestissement, beaucoup de pays exigent
que les profits réalisés dans leur territoire par des films
étrangers, qu'il s'agisse des producteurs de ces films ou principalement
des distributeurs de ces films, soient réinvestis dans la production
dans le pays en question.
Ici encore, M. le Président, j'estime qu'à moins de
recourir dans de brefs délais à des exigences de
réinvestissement qui ne peuvent être imposées que par
l'Etat, à moins de recourir à des exigences de
réinvestissement, ici encore, nous allons perpétuer le
piétinement de l'industrie québécoise du
cinéma.
Ce ne sont peut-être pas des interventions faciles, mais, dans
l'affirmation de notre identité culturelle, je crois que nous nous
ferions des illusions si nous croyions que nous pouvons nous contenter des
mesures faciles. Je suis convaincu que les mesures faciles, que les mesures
facilement acceptables ne correspondront pas du tout aux exigences de la
situation.
Je veux demander au ministre s'il consentirait à revoir le
dossier et à privilégier, si la chose lui paraît sage,
à la fois le contingentement et le réinvestissement comme une
méthode d'assurer une relance de l'industrie québécoise du
cinéma. Merci, M. le Président.
M. O'Neill: M. le Président, je prends note de la
proposition du député de Deux-Montagnes. Il est possible que nous
ayons trop tendance à répugner à des mesures coercitives.
Si, à un moment donné, on s'aperçoit que c'est vraiment
par là qu'il faut passer, on passera par là. Mais on souhaiterait
ne pas passer par là. Cela doit probablement venir de notre attachement
au respect maximum de toutes les libertés possibles. Je signale cela
à l'attention de notre collègue, le député de
Mont-Royal. C'est possible qu'à un moment donné on
découvre qu'il faille vraiment recourir à une méthode de
ce genre. Mais j'avoue que, là-dessus, notre décision n'est pas
encore prise, mais je suis bien prêt à tenir compte de cette
observation qui vient d'être frite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, madame le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est en réaction au contingentement dont
parle le député des Deux-Montagnes. On a assez entendu parler de
contingentement dans d'autres domaines que je réagis d'une façon
un peu négative. Je me demande si ce n'est pas un peu un cercle vicieux.
Nous mettons si peu nous-mêmes dans l'industrie cinématographique.
Cela rend le contingentement dont vous parlez plus difficile dans la mesure
où les gens veulent l'avoir et veulenV obtenir un choix plus
considérable. De toute façon, je me demande comment vous feriez
cela, si c'est possible, avant que nous consentions des sommes plus
considérables, même dans le Québec; le contingentement
aussi impose des choix et cela devient pénible. Je me demande, on n'est
pas pour entrer dans les modalités, comment vous feriez cela, mais cela
peut être difficile.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur le même sujet, j'apprécie que le
ministre soit conscient des libertés et s'y réfère
constamment. Mais, pour revenir aux questions de contingentement, parfois,
quand on s'embarque dans cet ordre d'idées, on se demande vraiment si ce
sont les solutions. Cela devrait plutôt être par l'encouragement de
l'excellence et d'une compétence dans certains domaines. Parce que,
même si vous aviez un contingentement, vous ne pourriez jamais obliger
les gens à aller voir un produit qu'ils ne veulent pas voir ou qui ne
répond pas à la culture de ces gens. Je suggérerais
plutôt au ministre de se pencher même sur des subventions, cela n'a
rien à faire avec la question de l'entreprise privée, mais c'est
pour promouvoir et aider une industrie pour qu'elle devienne tellement
excellente que les gens, au lieu d'aller voir des navets américains,
aillent voir des produits excellents, du Québec. C'est dans cette
direction que je verrais la solution au problème, plutôt que dans
le contingentement.
M. O'Neill: J'ai l'impression que ce qui préoccupe le
député de Deux-Montagnes, c'est le fait que, dans beaucoup de
cas, il y a en réalité un contingentement qui existe, mais qui
est imposé par les grandes chaînes de cinéma, et qui fait
qu'en somme la liberté dont on parle est souvent plus apparente que
réelle. C'est-à-dire que si des pouvoirs économiques sont
capables d'imposer leurs productions, à ce moment-là, on se
trouve en fait placé devant un phénomène de
contingentement qui n'en porte que le nom.
J'ai l'impression que c'est cela en fait qui le préoccupe. Au
fond, il y a un conditionnement. La liberté devient tout à fait
théorique à ce moment-là. Vous avez des gens qui
deviennent captifs d'une chaîne de cinéma et d'un type de
productions parce qu'ils n'ont vraiment pas de choix en réalité.
Ils ont à prendre cela ou à ne rien avoir. Nous serions
placés devant un contingentement, qui n'en porte que le nom, mais qui
vaut exactement cela. Sauf que, là, il devient en fonction d'in-
térêts purement économiques et n'est pas inspiré par
une certaine préoccupation de qualité culturelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: J'aimerais ajouter ceci également. On dit
qu'on n'a qu'à investir beaucoup d'argent dans l'industrie
cinématographique pour arriver à l'excellence. C'est
peut-être un objectif qu'on pourrait poursuivre aussi, mais les fonds
sont quand même limités. On sait que l'industrie
cinématographique, dans tous les pays du monde, cela a pris
énormément de temps à se développer. L'industrie
cinématographique québécoise est dans l'enfance,
actuellement.
Il vaut peut-être mieux stimuler l'entreprise
cinématographique en donnant l'occasion aux producteurs
québécois de voir leurs films présentés plus
souvent, quitte à aller du côté d'un contingentement de
façon que l'industrie cinématographique québécoise
prenne son essor par elle-même sans que l'Etat soit obligé
d'investir des sommes directement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense quand
même que ce que le député de Mont-Royal avance, dans quelle
mesure le peuple peut se permettre de le faire, c'est une autre question, mais
il reste qu'aujourd'hui, le public québécois qui allait autrefois
voir le premier long métrage pour des raisons patriotiques ou d'autres
ne semble plus répondre de la même façon aux productions
québécoises à ce moment.
C'est peut-être là que la question de
créativité à atteindre l'excellence jusqu'à un
certain point devient importante parce qu'on peut, même si on le pouvait,
faire un contingentement; ce problème est fondamental à ce moment
dans l'industrie cinématographique québécoise. Je ne
pourrais pas en faire l'analyse profonde, mais...
M. de Bellefeuille: Sur le même sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ... on pourrait observer à propos de
l'histoire récente du cinéma québécois que le
succès commercial, justement, n'a pas nécessairement
accompagné la qualité.
Je veux bien partager avec le député de Mont-Royal et le
député de l'Acadie ce souci de la qualité, mais le
succès commercial n'accompagne pas nécessairement la
qualité.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être pour cela qu'il n'a pas
duré non plus.
M. de Bellefeuille: Pour employer une expression
extrêmement claire, le succès commercial est venu, jusqu'à
un certain point, aux films de fesses, alors que les productions de
qualité, non pas que les films de fesses soient nécessairement
des films qui ne sont pas de qualité, cela c'est une autre question,
mais pendant que ces films remportaient beaucoup de succès, au moins
pendant un certain temps, d'autres films produits à la même
période, qui étaient de qualité nettement
supérieure, connaissaient un succès commercial beaucoup moindre,
et n'étaient distribués que dans une, deux ou trois salles de
Montréal, peut-être de Québec et pas plus.
S'il y avait eu un contingentement, ces films auraient eu plus de chance
de trouver un public plus vaste. Ce ne sont pas nécessairement des films
qui ont échoué commercialement parce que le public ne voulait pas
les voir. Ce sont des films qui ont échoué parce que le public
n'y allait pas, attiré purement par la publicité. Il aurait fallu
que ces films aient la chance de faire leur chemin dans les circuits de
distribution, ce qu'un contingentement leur aurait permis de faire.
A ce moment, je pense, et là cela remonte loin dans l'histoire,
au film de Claude Jutra, intitulé "Wow" qui n'est sorti, dans tout le
Québec, sauf dans les cinéclubs, que dans deux ou trois salles;
c'est un excellent film, et soit dit en passant, un film qui a aussi un
intérêt érotique, mais cela, c'est autre chose.
C'est un film qui est passé inaperçu et s'il y avait eu
à ce moment un contingentement, s'il avait été
montré un peu partout au Québec, il aurait réussi. Quand
on parle de contingentement, M. le Président, je pense qu'il faut se
rendre compte qu'il y a toute la différence du monde entre un
contingentement minimal conçu pour aider le cinéma national et un
contingentement chauvi-niste destiné à exclure les productions
étrangères.
Ce que je préconise, évidemment, c'est un contingentement
tout à fait minimal, un contingentement qui suffirait à faire en
sorte que les films québécois aient une chance presque
égale de se faire valoir. Même pas une chance égale vu le
poids énorme des "majors". Cela ne serait même pas une chance
égale, ce serait au moins une chance minimale d'être vus ici et
là et d'être appréciés du public.
Un contingentement massif, chauvin évidemment, je pense que tout
le monde est d'accord pour être contre. Ce n'est pas de cela dont il est
question.
Mme Lavoie-Roux: Parfois la tentation est grande de
dépasser le minimum.
M. Ciaccia: Quand vous commencez, vous ne pouvez plus vous
arrêter.
Mme Lavoie-Roux: En fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Bourassa.
M. Laplante: L'Institut québécois du cinéma,
disposant de son budget de $2 millions, peut-elle subventionner des productions
de cinéma ou d'audio-visuel pour Radio-Québec?
M. O'Neill: Non, cela ne fait pas partie de son mandat.
M. Laplante: Cela ne fait pas partie de son mandat. Concernant
les relations qui peuvent exister dans la production avec l'Office national du
film, est-ce qu'il y a relation entre les deux, échanges de documents?
Est-ce qu'il y a un rôle de production même qui peut être
joué?
M. O'Neill: Allez-y donc, monsieur.
Il y a des contacts entre le directeur général du
cinéma au Québec et le directeur de l'Office national du film,
comme il y a aussi des contacts, je veux dire de façon très
régulière, entre l'Institut québécois du
cinéma et la Société de développement de
l'industrie cinématographique canadienne communément
appelée la SDICC.
Par exemple, le directeur général du cinéma n'est
justement pas présent ici, ce soir, parce qu'il est avec les gens de
l'Office national du film à Ottawa. Il s'établit
véritablement des contacts, au moins pour s'assurer que l'aide
financière apportée par la SDICC ou que les gestes posés
par l'Office national du film ou ceux que nous posons ne feront pas de
dédoublement, dans un secteur où les ressources sont
déjà très restreintes, mais viendront plutôt se
compléter. On essaie de ne pas faire la même chose. C'est dans ce
sens que le dialogue s'établit entre les deux organismes.
M. Laplante: Mais les productions qui peuvent se faire ne sont
pas, non pas censurées, mais analysées des deux
côtés, s'il y a une subvention qui est demandée par
l'Office national du film et une par l'Institut québécois du
cinéma...
M. O'Neill: L'Institut québécois du cinéma
ne fait que démarrer. On n'est certainement pas en mesure de vous dire,
à ce moment-ci, s'il y a surenchère, si c'est ce à quoi
vous pensez.
M. Laplante: C'est cela.
M. O'Neill: A ce moment-ci, je ne veux pas dire qu'il y a
surenchère, parce que l'institut ne fait que démarrer. On pourra
peut-être vous le dire dans un an s'il s'est établi une
compétition de ce genre, mais j'en douterais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: Est-ce qu'il n'a pas existé quelque temps, un
organisme qui s'appelait l'office du film du Québec?
M. O'Neill: ... qui s'appelle désormais la Direction
générale du cinéma et de l'audio-visuel...
M. Paquette: Ah! bon, je me demandais où il était
passé.
M. O'Neill: C'est l'Office du film qui a vu son mandat
élargi.
M. Paquette: Concernant cette direction, est-ce qu'elle a le
mandat de recevoir les commandes des ministères parce que j'ai entendu
dire, à un moment donné, par exemple, au sujet de films
éducatifs que le ministère de l'Education avait tendance à
réorienter la production de certains films éducatifs vers des
compagnies privées plutôt que vers les offices
gouvernementaux?
M. O'Neill: La Loi no 1, du 19 juin 1975, sur le cinéma,
donne à la Direction générale du cinéma, le mandat
de coordonner toute la commandite gouvernementale en matière de
production audio-visuelle.
Théoriquement, cela comprend aussi l'Education. Il reste que nous
sommes, actuellement, en pourparlers avec l'Education et,
particulièrement, le Service général des moyens
d'enseignement pour essayer d'articuler la façon dont la Direction
générale du cinéma pourra s'acquitter de son mandat en
laissant quand même au ministère de l'Education qui a, sur ce
plan, un volume de production supérieur au reste du gouvernement, ou du
moins tout aussi égal, en lui laissant une certaine marge de manoeuvre
et c'est, de toute façon, une bouchée qu'on ne peut pas prendre
d'un coup sec, au départ.
Il y a d'ailleurs une rencontre, demain, avec le sous-ministre des
Communications, moi-même et le directeur général du
cinéma pour étudier un protocole d'entente à peu
près final.
S'il était accepté par l'Education, cela impliquerait, par
exemple, le transfert de trois ou quatre producteurs
délégués qui sont actuellement à l'Education et qui
s'en viendraient à la Direction générale du cinéma
et qui, de là, exerceraient le mandat confié à la
Direction générale du cinéma, mais plus
particulièrement pour le ministère de l'Education, mais à
partir de la direction générale.
Ce sont donc des mécanismes qui sont en train de s'articuler et
qui devraient être au point d'ici quelques mois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet.
M. Laplante: Est-ce que cela voudrait dire que, du
ministère de l'Education en allant vers votre service de production,
vous pourriez aller avec ces films, à l'intérieur des commissions
scolaires ou des écoles, sans demander la permission au ministère
de l'Education ou aux commissions scolaires? Je m'explique là-dessus,
c'est la même chose que pour un film qui a été fait aux
Affaires sociales, qui a été montré dans certaines
commissions scolaires, sans la permission du ministère de
l'Education.
M. O'Neill: Le ministère de l'Education, depuis
déjà plusieurs années, même sous l'Office du film du
Québec, avait confié déjà à l'Office du film
du Québec, qui est maintenant la direction générale du
cinéma, le prêt gratuit des films dans les commissions scolaires
et les écoles. C'est un mandat que nous assumons pour l'Education
déjà depuis quelque temps. Ce sont les commissions scolaires qui
nous font des demandes de films et c'est déjà la direction
générale du cinéma qui assure le prêt ou la
distribution de ces films dans le réseau scolaire. Ce n'est pas
nouveau.
M. Laplante: II s'était fait un montage spécifique,
surtout dans l'éducation sexuelle. Il s'était fait un montage aux
Affaires sociales, et cela a entraîné une protestation, une
contestation assez grande dans le milieu scolaire parce qu'on forçait
les portes, on allait directement à l'école pour montrer ces
films, sans même passer par la commission scolaire.
M. O'Neill: Remarquez bien que cela n'avait pas passé par
la direction générale du cinéma non plus.
M. Paquette: Question additionnelle là-dessus, M. le
Président. Quand la direction générale du cinéma
accepte de prendre charge d'une production, procède-t-elle par
soumissions publiques?
M. O'Neill: Oui.
M. Paquette: Toujours?
M. O'Neill: Oui. Toujours.
M. Paquette: At large?
M. O'Neill: At large, à moins...
M. Paquette: Elles sont ouvertes à tous...
M. O'Neill: A moins qu'il s'agisse de ce que nous appelons un
projet d'auteur. C'est-à-dire qu'une maison de production peut penser ou
mettre au point un projet par lequel elle croit pouvoir intéresser un
ministère. Elle le soumet au ministère. Si le ministère
l'accepte, comme c'est un projet d'auteur, il devient assez difficile, sinon
impossible d'aller en appel d'offres à partir... Il y a presque une
question de droits d'auteur qui entre là-dedans. Ce que nous faisons
dans le cas d'un projet d'auteur, c'est que nous vérifions auprès
de deux ou trois autres productions si ce que nous demande la maison de
production qui a pensé le projet, c'est un coût réaliste.
On fait au moins ce genre de vérification. A ce moment-là, le
contrat lui est donné sans appel d'offres parce qu'il s'agit d'un projet
d'auteur. Mais, exception faite des projets d'auteurs, si par exemple le
ministère du Tourisme décide de faire un film sur le caribou et
tout cela, à ce moment-là, on va aller en appel d'offres pour le
ministère du Tourisme, et c'est un appel d'offres auprès de
toutes les maisons de production.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Madame
le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avant de reprendre un autre sujet, je veux bien
me faire préciser que toutes les commandes qui viennent des
ministères pour des réalisations cinématographiques
quelconques sont imputées au budget qui relève de la direction
générale du cinéma et qu'aucun argent prévu pour
l'Institut québécois du cinéma ne serait utilisé
pour des commandes du ministère. C'est important, étant
donné les sommes restreintes. Y a-t-il une démarcation entre les
deux? Ce n'est pas très clair.
M. O'Neill: II n'y a aucune somme d'argent votée à
l'Institut québécois du cinéma qui peut être
utilisée pour de la production gouvernementale. C'est très
clair.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord.
M. O'Neill: On le voit dans la ventilation même du budget.
Il s'agit de quelque chose de tout à fait différent d'un institut
qui a son autonomie. On ne peut pas confondre cela avec le travail qui est
accompli par la direction générale.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'ailleurs, en passant,
féliciter le ministère pour la distance qu'il semble tenir au
plan politique à l'égard de l'Institut québécois du
cinéma. Il ne faudrait pas que cette distance s'amenuise et je tiens
à le signaler, compte tenu d'autres échanges qu'on a
déjà eus dans le domaine des affaires culturelles. Je voulais
demander à M. le ministre s'il aurait objection à déposer
cette ventilation qui a été préparée par l'Institut
québécois du cinéma.
L'autre question est celle-ci: Est-ce que cela couvre $2 millions ou
$4,5 millions? A la fin, vous avez dit $4,5 millions.
M. Paquette: Le budget est de $4,9 millions.
M. O'Neill: En fait, le montant est $4 225 000. En tout,
c'était $4 425 000.
Sur le document qui est déposé, le montant que vous verrez
est de $2 425 000, c'est parce qu'il y a déjà $2 millions
accordés par le Conseil du trésor, alors, ce qui est
préparé...
Mme Lavoie-Roux: ... a été préparé
pour $4 millions.
M. O'Neill: Cela a été préparé pour
les $2 425 000 qui nous manquent pour se rendre à $4 millions.
Mme Lavoie-Roux: Et que vous avez bon espoir d'obtenir, si je
comprends bien.
M. O'Neill: Oui.
M. Paquette: Dans les crédits, ici, vous avez un montant
total de $4,9 millions.
M. O'Neill: Oui. Vous avez la direction générale du
cinéma, et l'Institut québécois du cinéma.
M. Paquette: Non. Il y a $4 millions seulement pour
l'institut.
Mme Lavoie-Roux: Si on obtient les $2 millions.
M. O'Neill: A l'heure actuelle, il y a $2 millions pour
l'institut. Si on obtient les $2,4 millions additionnels, les $4,9 millions que
vous avez seront augmentés d'autant. Le montant sera d'environ $6
millions, à ce moment.
M. Paquette: Ah! Bon.
M. O'Neill: Pour arriver à $4 967 300, c'est la somme que
nous espérons obtenir pour compléter le budget de l'Institut du
cinéma.
Mme Lavoie-Roux: II y a deux questions que je voudrais faire
préciser au ministre. Qu'entend-il par du cinéma
québécois, ou des films québécois? Qu'est-ce qui va
garantir le caractère québécois du cinéma et des
films?
M. O'Neill: Ce seront des films qui seront produits au
Québec, par des Québécois. Nous n'allons pas jusqu'au
contenu dans cela, parce qu'on verserait dans le dirigisme culturel.
M. Ciaccia: Cela semble vous préoccuper. Je suis bien
heureux de voir cela.
M. O'Neill: Je tiens à le signaler.
M. Ciaccia: Cela a dû faire un impact. Continuez, c'est
bien.
M. O'Neill: Je suis content, M. Ciaccia, de le signaler, pour que
vous ne soyez pas inquiet.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question est celle-ci: Quand vous dites
que vous avez l'intention de financer les longs métrages, et que, si je
ne m'abuse, de part et d'autre, on a admis que, quand même,
c'était limité, le nombre de longs métrages qui pourrait
être financé, qui va décider des subventions qui seront
accordées à ces longs métrages, et selon quel
critère, si vous y avez pensé?
M. O'Neill: Ce sont les responsables de l'institut qui vont
prendre les décisions. De notre part, il y a quand même une sorte
de surveillance, ou de contrôle qui s'exerce, par le fait même que
cet institut doit remettre des rapports à tous les deux mois, quand il
sera en fonction. Il y a un droit de regard général sur les
dépenses, mais les décisions factuelles qui devront être
prises relèvent précisément de ceux qui sont directeurs de
cet institut.
Mme Lavoie-Roux: Lorsque vous avez décidé qu'il y
en aurait pour les enfants, est-ce l'institut ou le ministère qui a
décidé?
M. O'Neill: Le projet a été fait en détail
par
l'institut même. Ce n'est pas le ministère qui entre dans
ces détails, pas plus que nous entrons dans les détails de la
programmation de Radio-Québec.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez que le Conseil des arts a une
certaine orientation, dans le sens de favoriser la création, de faire le
repérage de certains talents et prévoit qu'une partie de l'argent
est utilisée pour des fins comme cela. Compte tenu de la limite des
budgets, avez-vous l'intention de suivre un peu cette orientation, qui
nécessite peut-être moins d'argent, mais qui, en fin de compte,
est peut-être plus positive comme résultat? Avoir un peu cette
même philosophie que le Conseil des arts.
M. O'Neill: Nous avons eu cette philosophie, au moment où
nous avons prévu la formation de l'institut. Il est prévu que
ceux qui siègent à l'institut sont des représentants des
divers secteurs: l'association des distributeurs, des producteurs, des
réalisateurs, des artisans et des industries de laboratoires. Ce sont
elles qui forment le conseil d'administration et l'exécutif de
l'institut.
Une des raisons pour lesquelles nous avons voulu que cet institut soit
dans les mains des gens du milieu, c'est justement pour faciliter cette
recherche ou cette prospection du talent qui va être aidée parce
qu'on s'est dit: Ce sont peut-être les gens qui sont les mieux
placés pour savoir où se trouvent ces talents en région,
dans toute la province. Ils sont beaucoup plus dans le milieu, par exemple, que
le seraient les fonctionnaires. C'est une des raisons qui a voulu que cet
institut ait non seulement un caractère un peu plus privé, mais
soit composé de gens du milieu, d'une part.
D'autre part, quand on parle des $725 000 que l'institut prévoit
consacrer a un fonds culturel, on donne simplement comme exemple quand
vous aurez le document, c'est marqué production de documents
spéciaux, aide à la scénarisation, banque de
scénarios que c'est toujours en fonction de l'exploitation ou de
l'éclosion de talents québécois. On peut dire que l'aide
à la créativité pourrait représenter, dans le
budget de l'institut, a peu près $725 000.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous prévoyez une
collaboration avec le Conseil des arts et avec la SDICC.
M. O'Neill: Nous en avons une informelle, actuellement, qui
pourra, à un moment donné, revêtir un caractère plus
formel. A ce moment-ci, je sais que les gens de l'institut, en tout cas, par la
force des choses, sont très près de la SDICC, je pense aux
réalisateurs et aux producteurs, entre autres. Comme ils sont aussi
très près de l'Office national du film. De toute façon,
dans ce milieu, la plupart des gens qui évoluent dans les milieux
cinématographiques sont issus de l'Office national du film.
Mme Lavoie-Roux: II pourrait peut-être y avoir une
meilleure utilisation des fonds...
M. O'Neill: Plus rationnelle.
Mme Lavoie-Roux: ... et une plus grande source
d'approvisionnement dont on a besoin, à ce moment-ci, si on veut
repartir un peu.
M. O'Neill: Oui. La seule chose, M. le Président, qu'il
faudrait éviter dans cela, c'est toute forme de collaboration qui nous
mettrait dans une sorte de situation de sous-gestion et qui favoriserait encore
un empiétement culturel du fédéral dans ce domaine du
cinéma, qui est un domaine culturel par excellence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pas tout à fait
terminé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, Mme le député n'avait pas tout à fait
terminé. Excusez-moi.
M. Le Moignan: Ce n'est pas...
Mme Lavoie-Roux: Je voulais demander au ministre à
moins qu'il ne survienne des questions additionnelles s'il a
songé à la coproduction comme moyen d'encourager l'industrie
cinématographique.
M. O'Neill: En fait, il y a, dans ce domaine, une chose qui
pourrait être intéressante, c'est une méthode ou un moyen
qui pourrait se rapprocher de ce qu'on fait dans la coédition, mais il
n'y a pas de réalisation encore dans ce domaine. C'est à
l'état de projet, ce n'est pas une chose à exclure.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous y verriez un danger du point de
vue de la pureté culturelle?
M. O'Neill: Vous pensez à une coproduction avec qui?
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être la France, cela peut
être l'Italie, cela peut être une triple coproduction, mais qui
reste quand même... Vous amenez des ressources mais en contrepartie vous
devez peut-être nier l'importance accordée à la
spécificité du cinéma québécois.
M. O'Neill: Je pense, M. le Président, qu'il ne faudrait
pas confondre soit créativité culturelle, souveraineté
culturelle avec ce qu'on semble ici désigner sous le vocable de
pureté culturelle, parce qu'il n'y a pas de culture qui vit seule. Il ne
faut pas oublier cela. Vivre seul, dans le domaine culturel, c'est se
sous-développer. Je pense que l'expérience le montre bien. Les
gens ici, prenez en matière de cinéma, ont été
créateurs parce qu'ils se sont nourris à d'autres sources. C'est
très différent vivre un phénomène de colonialisme
culturel et, d'autre part, s'enrichir des apports extérieurs.
C'est la même chose en matière de littérature, en
matière de musique. Je ne connais pas de pays où les gens
prétendraient tout inventer en matière culturelle.
J'ai l'impression qu'on met beaucoup plus qu'il n'y a sous ce vocable de
culture québécoise, c'est simplement la volonté de
créer et de devenir soi-même. Il n'y a dans ça aucune
prétention à faire tout seul ou à imaginer qu'on puisse
tout créer seul. Cela irait, je dirais, contre les exigences les plus
élémentaires du progrès culturel. Pas plus que nous ne
croyons au racisme, pas plus nous ne croyons à une forme de
pureté culturelle qui serait un appauvrissement culturel. Ce n'est pas
du tout dans cet esprit que nous parlons de culture
québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne verriez pas d'incompatibilité
entre la coproduction et l'authenticité de la production
cinématographique québécoise?
M. O'Neill: II s'est fait de grandes oeuvres en matière de
cinéma dans des coproductions entre pays différents, pourquoi
est-ce que ça ne serait pas... je veux dire que c'est même une
preuve de dynamisme d'ailleurs d'en arriver à travailler sur un plan de
coproduction. Je ne vois pas de... On pourrait même...
Mme Lavoie-Roux: Au point de l'encourager?
M. O'Neill: Ecoutez, je pense que je laisserais cela aux
préoccupations de ceux qui sont à l'institut. Pour ma part, j'y
suis très favorable, mais comme mon métier n'est pas de faire du
cinéma, je ne me mêlerais pas de leur donner des conseils.
Mme Lavoie-Roux: Si cela vous était soumis, vous y seriez
favorable?
M. O'Neill: Vous savez, la prise de conscience de soi, on a dit
que c'était une condition d'ouverture à l'universel. Pour nous,
les deux choses vont ensemble. Un Québec créateur, un
Québec fort, un Québec culturellement vivant, c'est en même
temps un Québec qui sera ouvert aux autres courants culturels.
Mme Lavoie-Roux: Des projets comme ça, vous les
encourageriez?
M. O'Neill: Oui, je ne vois pas plus de muraille de Chine dans ce
domaine que dans le domaine économique.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus difficile dans le domaine
économique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Sur un sujet d'ordre plus général,
je remarque, aux premières lignes de la page 41, l'intention du ministre
de modifier la Loi sur le cinéma. Quand on nous dit que certains
amendements seront apportés, ce serait peut-être
intéressant de connaître la façon de procéder du
ministre. Dans quel esprit va-t-il procéder? Et comme on parle de
refonte en profondeur, ce serait peut-être intéressant de savoir
de quelle façon le ministre entend modifier les objectifs de la loi
actuelle ou la future loi.
M. O'Neill: Voici, M. le Président, des exemples
d'amendements auxquels nous pensons. Je verrais le rétablissement du
statut du Bureau de surveillance, qui avait accompli du bon travail depuis sa
création et qui avait été, je dirais, remplacé sur
le papier, en théorie, dans la loi de 1975, par une sorte de service
d'information et de classification qui n'a pas fonctionné, en pratique,
parce que cette partie de la loi n'a jamais été
promulguée.
Cela était dans la loi, mais ça n'a pas été
promulgué. Nous estimons aussi important de clarifier la fonction de la
DGCA et le rôle de l'Institut de cinéma dans la promotion du
cinéma spécialement. Par exemple, vous avez la promotion du
cinéma à l'étranger, la promotion aussi du cinéma
au Québec. Récemment, la DGCA a conclu une entente avec une
entreprise, je pense que c'est de Los Angeles, pour assurer la promotion du
film québécois là-bas. Nous estimons que ça
conviendrait mieux que ce soit confié à la direction
générale, la tâche de la promotion du cinéma au
Québec étant confiée à l'institut.
Il y a un autre problème qui se posait aussi, celui de la
création d'une cinémathèque dite nationale. Cela aussi
était inclus dans la loi de juin 1975, alors qu'existe dans les faits
une cinémathèque québécoise qui a une excellente
réputation, qui fonctionne bien, qui a un statut privé, je pense
que ça peut plaire aussi, et qui est très bien cotée, qui
fait partie de la Fédération internationale des archives du
film.
D'ailleurs, on me dit que pour faire partie de cette
fédération internationale, une des conditions, c'est d'avoir un
statut privé.
Nous pensons que la meilleure façon de résoudre ce
problème, serait, à la fois, de respecter ce statut privé,
et, en même temps, l'élever dans les faits au statut d'une
cinémathèque nationale, sans qu'elle le soit juridiquement.
C'est à peu près ce genre d'amendement auquel nous pensons
dans le moment.
M. Le Moignan: Quand je regarde la Presse du 16 avril: "Louis
O'Neill entend rétablir le bureau de surveillance du cinéma",
quel serait le mandat de ce bureau de surveillance?
M. O'Neill: C'est le même mandat qu'il a toujours accompli
depuis 1963.
M. Paquette: M. le Président, ma question était
justement là-dessus. Est-ce que je peux la poser maintenant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont. On reviendra au député de
Gaspé par la suite.
M. Paquette: Si vous n'avez pas d'objection? M. Le Moignan:
Non, non. Allez-y.
M. Paquette: C'est sur le bureau de surveillance du
cinéma. Le ministre, dans sa remarque initiale, a mentionné son
intention de donner plus d'autorité au bureau de surveillance du
cinéma. Tel quel, cet énoncé me donne un peu
d'inquiétude. Je me demande si on ne voudrait pas revenir au
régime de censure qu'on avait un bout de temps. Quels sont les objectifs
exacts de ce renforcement de l'autorité du bureau de surveillance?
M. O'Neill: C'est de lui permettre, en gros, de poursuivre le
travail qu'il a toujours accompli jusqu'à maintenant, de lui redonner
son statut qui était finalement mis en question par la loi de 1975. Il
ne s'agit pas de le transformer en bureau de censure, au contraire. Le bon
service qu'a rendu le bureau de surveillance, cela a été de nous
libérer d'un type de censure qui existait autrefois et qui provoquait un
tas d'ennuis, non seulement chez les cinéastes, mais au sein de la
population en général.
Il ne s'agit pas de le transformer en un bureau de censure comme cela
existait autrefois. Ce n'est pas du tout le sens de cela.
Je pourrais peut-être ajouter là-dessus. Plutôt que
d'avoir un service d'information et de classification qui, par le fait qu'il
relèverait d'une direction générale à
l'intérieur d'un ministère, permettrait des ingérances,
qu'elles soient policières, qu'elles soient politiques ou autres, que ne
permettrait pas un bureau de surveillance dont le caractère autonome est
véritablement consacré.
Ce qui est important de savoir vis-à-vis du bureau de
surveillance, c'est que depuis sa création c'est la loi de 1967,
en fait, qui créait le bureau de surveillance le bureau de
surveillance ne fait pas de censure. Il fait de la classification de films;
pour tous, quatorze ans, dix-huit ans; et son seul critère, quand le
visa est refusé, c'est le critère du Code criminel,
c'est-à-dire que les membres du bureau de surveillance disent: Cela
vient, à notre avis, à l'encontre du Code criminel. Si vous
voulez quand même le projeter sur votre écran, on vous dit: Le
jour où vous allez le projeter sur votre écran, il va être
saisi, parce qu'il vient à l'encontre du Code criminel. Mais c'est le
seul et unique critère qui préside au refus d'un film. Il n'y a
pas de films qui sont coupés, il n'y a pas de films qui...
M. Paquette: C'est ce que je voulais savoir.
M. O'Neill: Aucun film n'est coupé. Pour vous donner une
idée, le bureau de surveillance visionne à peu près 1000
films par année, auxquels il donne un visa. L'an dernier, sur 1000
films, il y a seulement dix films dont le visa a été
refusé.
Si je me le rappelle, ce bureau avait été
créé à la suite de la publication du rapport Régis.
C'était pour mettre fin...
Mme Lavoie-Roux: ... dans le temps.
M. O'Neill: Oui. Vous vous le rappelez. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. O'Neill: C'était pour mettre fin à tous ces
malaises qui existaient, parce que, à un moment donné, les gens
voyaient un film au Québec et tout à coup, s'ils l'avaient vu aux
Etats-Unis, ils en voyaient des bouts de plus ou des choses comme cela. On
jouait du ciseau.
C'est à la suite du rapport Régis qu'on a mis fin à
cela.
M. Paquette: II n'est pas question de rétablir cela?
M. O'Neill: Non, n'ayez crainte.
M. Laplante: Mais dans les dix films refusés...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant s'il vous plaît. Le député de Gaspé, sur le
même sujet. Le député de Bourassa par la suite.
M. Laplante: C'est une question supplémentaire sur le
même sujet.
Dans les dix films refusés, est-ce qu'il y en a qui ont
été présentés sur les écrans quand
même?
M. O'Neill: Non.
M. Laplante: Aucun?
M. O'Neill: II est peut-être bon d'indiquer ici que,
souvent, les distributeurs le savent avant de présenter leurs films,
mais ils le font pour tester le bureau de surveillance, pour savoir
jusqu'où il est prêt à aller, parce qu'il y a quand
même une évolution dans ces choses.
M. Laplante: ...
M. O'Neill: De temps en temps, ils en essaient un pour savoir si
le bureau de surveillance est plus large qu'il ne l'était l'année
précédente. D'ailleurs, sur les dix films refusés, il n'y
a personne, il n'y a aucun distributeur ou qui que ce soit qui ait logé
une plainte ou quoi que ce soit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Pour revenir à la
cinémathèque nationale, il me semble, dans les faits, le ministre
ne nous a pas trop dit ce qu'il entendait exactement... J'ai peut-être
mal compris. Selon le même article que j'ai cité de la Presse, le
ministre avait mentionné, dans une conférence, que cette
cinémathèque voulait s'occuper de tâches qui lui
étaient jusqu'ici dévolues et en assumer aussi de nouvelles.
C'est cela que je ne saisis pas très bien dans tout l'ensemble de votre
projet.
M. O'Neill: C'est le dépôt légal. C'est qu'en
mettant sur pied une cinémathèque nationale,
comme la loi le prévoyait, nous venions doubler ce que faisait
déjà la cinémathèque québécoise, ce
qu'elle faisait d'ailleurs très bien depuis douze ans, étant
même le point de mire, à un moment donné, de beaucoup de
cinémathèques ailleurs dans le monde.
On s'est dit: On n'est pas pour doubler ce que fait déjà
cette cinémathèque privée; nous allons plutôt la
subventionner davantage et, comme le mentionnait M. le ministre,
l'élever dans les faits au rang de cinémathèque nationale.
Il reste qu'un organisme privé ne peut pas assurer le dépôt
légal. Le dépôt légal doit nécessairement
être assumé par un organisme d'Etat.
Quand on parle de tâches nouvelles qui pourraient être
confiées à ce qui était prévu pour la
cinémathèque nationale, plutôt que des tâches
nouvelles, je dirais d'autres tâches dont celle du dépôt
légal.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, maintenant, les archives
ont été confiées à la
cinémathèque...
M. O'Neill: Québécoise.
Mme Lavoie-Roux: ... québécoise, ce qui est une
façon indirecte de la subventionner sans en prendre...
M. O'Neill: La charge.
Mme Lavoie-Roux: ... la charge, ce qui, je pense, est une
excellente formule.
M. O'Neill: D'autant plus que, si nous en prenons la charge, nous
nous coupons du réservoir le plus riche...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. O'Neill: ... en matière d'archives qui est la
Fédération internationale des archives de films.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'elle a été très
heureuse de cette initiative.
M. O'Neill: En fait, c'est une formule mixte, c'est-à-dire
qu'en somme, on joint à la fois le privé et le public à
l'avantage de tout le monde.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. O'Neill: On est représenté au conseil
d'administration.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ma liste
est vide. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 8, Cinéma
et audio-visuel?
Mme Lavoie-Roux: On va seulement souhaiter au ministre qu'il
puisse aller chercher ses $2,5 millions et davantage, sous peu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 8, adopté.
M. O'Neill: Au programme 8, une dernière remarque. Pour
nous, une préoccupation qui est majeure à travers tout cela,
c'est que, sans sous-estimer la dimension art en matière de
cinéma, nous avons l'intention de mettre l'accent sur la dimension
industrie, c'est-à-dire que ce soit vraiment une industrie culturelle,
que ce ne soit pas considéré comme quelque chose de marginal,
laissant la dimension industrie à des entreprises extérieures ou
étrangères, mais que ce soit vraiment une industrie où les
Québécois seront présents.
Les premiers indices que nous avons, c'est qu'il y a là un
potentiel extrêmement intéressant au point de vue
économique, surtout à partir du moment où nous
réussirons à mieux percer le marché mondial.
Mme Lavoie-Roux: C'est un défi considérable, quand
même, compte tenu de la population du Québec, de sa situation
géographique et de la concurrence, d'un côté, avec la
France et, de l'autre côté, avec les Etats-Unis. C'est un vrai
défi.
M. O'Neill: On fait partie d'un peuple qui n'a pas le choix; il
est toujours devant des défis.
M. de Bellefeuille: C'est un défi à la hauteur de
la grandeur de notre peuple.
M. Ciaccia: C'est bien dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 8, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 9, le dernier programme du ministère des Communications,
Bureau central de l'informatique. Le député de Mont-Royal.
Bureau central de l'informatique
M. Ciaccia: M. le Président, on parle, dans ce programme,
d'un organisme central des services informatiques. Est-ce que...
M. Le Moignan: Pardon, M. le député de Mont-Royal.
Est-ce que le ministre pourrait nous présenter ce gentil monsieur
à sa droite?
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas attaché.
M. O'Neill: M. Beauséjour.
M. Le Moignan: II a l'air ordinaire.
M. O'Neill: Direction générale du service de
l'informatique.
M. Ciaccia: Est-ce que tous les ministères font affaires
avec ce bureau central d'informatique?
M. O'Neill: Non, il y a des ministères qui ont leur propre
bureau d'informatique, mais ici, le rôle
qui est décrit, c'est un rôle de coordination
interministérielle. Comment on exécute ce rôle? J'aimerais
que M. Beauséjour vous le décrive.
M. Ciaccia: Très bien.
M. O'Neill: Alors, si vous le voulez, le bureau central de
l'informatique, qui est un nouvel organisme, relevant du ministère des
Communications, a un double mandat. L'un est de fournir des services directs
à certains ministères qui ne sont pas équipés en
machines ou en hommes pour répondre à leurs besoins de
traitements de données. L'autre rôle est celui de coordonner
l'informatique dans tout le gouvernement, y compris les gestes et les
activités qui sont exécutés par les ministères
suffisamment gros pour être équipés en matériel et
en hommes. Il s'agit donc...
M. Ciaccia: Est-ce que vous pouvez nous donner la liste des
ministères qui font affaires avec le bureau?
M. O'Neill: Ces autres ministères sont autonomes du point
de vue administratif. Je n'ai aucune juridiction administrative sur ces
ministères qui sont l'Education, les Transports, Affaires sociales, le
Revenu...
M. Le Moignan: Quand vous mentionnez que cet... C'est une
autorité, si l'on veut, de coordination, que le bureau central exerce
auprès de ces ministères qui sont autonomes?
M. Ciaccia: Ministères autonomes, c'est le service de
coordination.
M. O'Neill: C'est cela.
M. Ciaccia: Quant aux autres ministères, quels genres de
services que le bureau...
M. O'Neill: Ce n'est pas non plus une autorité
administrative. Pour les autres ministères, nous sommes fournisseurs de
services. Nous avons des machines et des hommes. Il est avantageux de partager
ces équipements coûteux avec plusieurs ministères. C'est
donc une économie d'échelle que nous permettons au gouvernement
de réaliser en fournissant ces services aux autres ministères.
Donc, pour les autres ministères, nous sommes un organisme de services,
et aussi de conseils à savoir comment s'orienter, comment utiliser ces
nouvelles techniques.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on peut dire, qu'à part ces quatre
ministères, l'Education, Transports, Affaires sociales et Revenu, que si
on voulait demander la liste de tous les ministères qui font...
M. O'Neill: ... tous les ministères, à un moment ou
à un autre.
M. Ciaccia: ... que tous les autres ministères utilisent
ces services.
M. O'Neill: Oui, d'une façon ou d'une autre, utilisent les
services du BCI.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a des organismes paragouvernementaux,
aussi, qui utilisent ce bureau, ces services?
M. O'Neill: Non, pas pour l'instant, et peut-être jamais,
non plus. Le Bureau central a une autorité, un mandat de coordination
envers tous les ministères et organismes gouvernementaux qui sont
assujettis à la Loi de l'administration financière,
c'est-à-dire ceux dont le budget est voté à
l'Assemblée nationale. Quant aux autres, ils sont autonomes, dans la
même mesure qu'ils le sont relativement aux directives du Conseil du
trésor. Nous n'avons que l'autorité en matière
d'informatique qui nous est dévolue par le Conseil du trésor.
Nous ne touchons que les organismes qui sont eux-mêmes touchés par
le Conseil du trésor.
M. Ciaccia: Quand vous parlez des services que vous fournissez en
termes d'équipement, est-ce que cela inclut l'information même
centralisée pour tous ces...
M. O'Neill: ... d'un ministère qui peuvent être
stockés sur l'ordinateur du BCI, mais c'est leur ministère qui en
gère totalement l'opération. Nous ne savons pas ce qui passe.
M. Ciaccia: Je vais vous dire ma préoccupation, la
préoccupation de certaines personnes. Alors, je vais y aller
directement. Peut-être que vous pourriez nous donner des renseignements.
La crainte de beaucoup de gens c'est qu'on centralise toutes les données
sur des individus ou sur des compagnies. Alors, quand chaque ministère a
ses renseignements, l'individu se sent moins contrôlé ou moins
sujet à toute cette centralisation, tandis qu'en ayant toute
l'information pensez à un ministère il se sent
moins à l'aise. Alors, est-ce ce qui arrive ou si cela n'a rien à
faire avec ce genre de situations?
M. O'Neill: Non, l'information est quand même encore
dispersée dans plusieurs équipements. Comme je le mentionnais,
plusieurs gros ministères, dont les plus importants, ont leur propre
équipement. Mais même si toutes ces informations n'étaient
que sur un même ensemble d'équipements, parce que, de fait, sur
les ordinateurs du BCI...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
moment, s'il vous plaît!
M. O'Neill: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
suspendre les travaux de la commission pour cinq minutes.
Des Voix: Pour aller voter?
M. Fallu: Le député de Jonquière est
officiellement inscrit.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Allez-y! Vous avez
fini? Continuez.
M. O'Neill: Même lorsque des informations de
différents ministères sont présentement stockées
sur les ordinateurs du BCI, ce n'est qu'une illusion que de penser que ces
informations sont facilement accessibles d'un ministère à
l'autre. Elles sont vraiment très cloisonnées physiquement sur
des disques magnétiques à l'intérieur du centre du BCI et
aussi, de façon logique, parce qu'il faut évidemment des
programmes pour avoir accès à ces informations. Je ne dis pas que
c'est impossible, mais il n'est pas plus facile de grouper ensemble les
informations de deux ministères, parce qu'elles sont sur une même
machine, que si elles étaient sur deux équipements
différents.
Ce qui compte, c'est de faire porter l'accent c'est ce que nous
veillons à faire et qui sera une préoccupation très grande
dans les prochains mois et années sur l'amélioration du
cloisonnement et la non-accessibilité des informations, quelle que soit
la distance de l'information d'un autre ministère, c'est-à-dire
que tout ce qu'on cherche à améliorer en informatique
c'est déjà très sécuritaire c'est
d'empêcher qui que ce soit de non autorisé d'avoir accès
à l'information, même si, juste à côté, dans
la même machine, il y a une information différente. Il s'agit de
mettre dans les programmes qui sont exécutés sur l'ordinateur des
mesures de protection qui font que, l'information soit névralgique ou
pas, que personne de non autorisé puisse y avoir accès, parce
qu'on ne le sait pas, en fait, si c'est important ou non, cette information.
Alors, nous devons faire comme si elle était toujours très
vulnérable.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je comprends bien,
chaque ministère est responsable de l'établissement de ses
politiques d'informatisation.
M. O'Neill: Du contenu, c'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, je ne sais pas si c'est à
vous qu'il faut demander ça, mais est-ce qu'il existe au gouvernement un
code d'éthique qui établit certaines règles
générales au moins, quant aux données qui peuvent
être informatisées et quant à l'utilisation qui peut en
être faite? Est-ce que ça existe dans le gouvernement, une telle
chose?
M. O'Neill: Je vais vérifier avec mon collègue, M.
Saint-Laurent, en arrière, qui a une plus longue histoire que moi au
gouvernement, mais je ne crois pas qu'il y ait de code officiel
d'éthique.
Il n'y a pas de code d'éthique, mais il y a des
règlements, dans certains ministères, qui défendent la
circulation d'information. Il y a le centre du ministère du Revenu et
des Affaires sociales, mais il n'y a pas de code d'éthique...
C'est d'ordre gouvernemental, et c'est l'un des rôles du BCI de
proposer pour adoption, par le Conseil du trésor, de normes et de
politiques administratives en matière d'informatique.
C'est ce qui est mentionné à la page 42, d'ailleurs, ici,
au paragraphe 3, où on parle de la responsabilité de garantie la
sécurité d'accès aux informations.
Oui. L'une des raisons d'avoir créé le bureau central,
c'est justement de donner le mandat à quelqu'un, au centre, de se
préoccuper de choses comme celles que vous avez mentionnées, de
façon à y travailler et proposer des normes, des politiques pour
adoption, qui seraient... par les autres ministères.
Mme Lavoie-Roux: Mais, dans le moment, ça n'a pas
été fait.
M. O'Neill: Dans le moment, ce n'est pas formalisé, dans
le sens exact que vous le mentionnez.
Mme Lavoie-Roux: Parce que...
M. O'Neill: Chaque ministère a un code non écrit
d'éthique, à savoir ce qu'il fait et ce qu'il ne fait pas,
mais...
Mme Lavoie-Roux: Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, au
niveau du gouvernement...
M. O'Neill: ... il y a lieu, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ici, on semble être
préoccupé de l'accès, possible ou non, à ces
données, mais je pense qu'il y a aussi une préoccupation qu'on
devrait avoir quant au type d'informations qu'on informatiserait. Je pense
qu'il y a les deux dimensions. La deuxième me semble plus importante. Si
la première vient par la suite, dans le fond, c'est vraiment quel type
d'informations allons-nous permettre d'informatiser et, ensuite, celles qu'on
aura décidé d'informatiser, qui y aura accès ou de quelle
façon seront-elles utilisées?
M. O'Neill: C'est exact. Nous ne pouvons pas nous
préoccuper de l'une avant l'autre. Nous devons faire des efforts sur les
deux à la fois mais personnellement, c'est un domaine qui me
préoccupe beaucoup.
Je viens de Statistique Canada et là-bas aussi, c'est une de mes
préoccupations à savoir s'il y a moyen de demander le moins
possible, seulement ce qui est nécessaire, c'est sûr que c'est une
préoccupation.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'à un certain moment, c'est
un peu comme le contingentement, un autre type de contingentement. On peut en
demander seulement un peu, finalement, on en demande beaucoup et on n'en a
jamais assez. Je pense que là-dessus, il faut être
extrêmement prudent.
M. O'Neill: Nous ne pouvons pas défendre de recueillir tel
ou tel type d'information et comme vous le proposiez, il y a lieu de proposer
des normes d'éthique, à savoir ce qui...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet?
M. de Bellefeuille: Oui, sur le même sujet. Je voudrais, en
souhaitant que cela n'étonne personne, poursuivre la ligne de
pensée du député de Mont-Royal et du député
de L'Acadie et demander au ministre si on ne pourrait pas imaginer que le
bureau central de l'informatique pourrait mettre sur pied un programme qui
serait une de ses fonctions permanentes à savoir l'établissement
de normes d'éthique, une observation régulière, constante
de ce qui se passe dans ce domaine, l'observation des atteintes qui pourraient
être portées au droit de la personne, au droit à la vie
privée de sorte qu'on soit protégé contre des atteintes
possibles, étant donné qu'il faut considérer ces questions
dans leur mouvance et qu'il peut fort bien arriver que le monde de
l'informatique, gouvernemental et autre, empiète sur la vie
privée.
Il me semble que c'est une chose à laquelle il faut être
constamment attentif et il serait utile que ce bureau central de l'informatique
ait comme fonction permanente, non seulement ses fonctions actuelles, mais
aussi cette fonction de surveillance, de chien de garde qui ferait que ce
bureau, annuellement, ferait rapport de son travail à cet
égard.
M. O'Neill: II me semble qu'il faut quand même faire une
distinction ici au sujet des garanties à apporter. Certaines garanties
doivent être apportées par ceux-là mêmes qui sont
responsables du bureau de l'informatique, c'est-à-dire qui s'imposent
comme éthique de surveiller l'accès à l'information,
empêche la mauvaise utilisation des documents. Il y a une autre garantie
qui doit être fournie à un palier supérieur,
c'est-à-dire toute l'attitude générale gouvernementale qui
est en jeu ici. L'informaticien, lui, ramasse et recueille les données
et les regroupe, mais il y a des gens, quelque part, qui peuvent, tout à
coup, avoir une politique que j'appellerais...
Mme Lavoie-Roux: Avoir l'aide d'un code d'éthique...
M. O'Neill: ... indiscrète, qui constitue un
empiètement indu sur la vie privée des citoyens. Je crois que
c'est au niveau gouvernemental général...
Mme Lavoie-Roux: ... du gouvernement.
M. O'Neill: Je pense que c'est cela. Cette deuxième
garantie relève d'un palier supérieur. Est-ce que cela
relève d'un code d'éthique ou d'un état d'esprit? On
pourrait dire que cela relève d'un état d'esprit. Regardons quand
même ce que le gouvernement vient de faire concernant le CAD qui pouvait
présenter des dangers, des dangers qui avaient peut-être
été exagérés. Comme c'était très
mystérieux, on a imaginé beaucoup de choses et quand on s'est
aperçu... semble-t-il, quand on est allé voir à
l'intérieur je ne suis pas allé, mais j'ai lu cela comme
d'autres il semble que, dans les faits, c'était moins dangereux
qu'on ne le croyait. Toutefois parce que cela aurait pu conduire à
quelque chose de dangereux, que cela aurait pu nuire à des citoyens et
permettre à l'Etat d'avoir des renseignements que normalement il ne
devait pas avoir, à ce moment, on a préféré
transformer de façon assez radicale l'organisme en question.
Alors, les gens pourront dire qu'il faut un code d'éthique. Je
dis qu'avant tout, au plan gouvernemental, c'est une sorte de mentalité
qui est importante, c'est-à-dire que si on est inquiet, si on croit que
c'est extrêmement important de prévenir cela, à ce moment,
on doit prendre les moyens de le prévenir.
Il demeure que le simple fait d'accroître, actuellement,
considérablement les données de toutes sortes sur les citoyens,
en soi, comporte une sorte de danger. Cependant, il s'agit de concilier cela
avec les droits des individus, les droits des citoyens, et d'autre part, avec
les besoins aussi qu'a l'Etat de recueillir un certain nombre de
données.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé sur le même sujet.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, concernant le Bureau
central de l'informatique, M. Beau-séjour a dit que c'était un
organisme d'existence assez récente. Est-ce que je dois comprendre que
depuis le 15 novembre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé, sur le même sujet, vous comprendrez
que j'ai quitté quelques minutes, mais le député de
Mont-Royal, pour employer une expression anglaise, m'a "briefé" un peu
sur le sujet. Alors, sur le même sujet dont il était question,
parce qu'après, on reviendra à la question principale...
M. Le Moignan: C'est une question sur les mesures de
sécurité, mais je pense qu'on vient d'en parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
j'avais reconnu le député de Bourget.
M. Laurin: Oui, les remarques que je viens d'entendre
correspondent, évidemment, aux inquiétudes souventefois
exprimées depuis plusieurs années par les défenseurs des
droits de la personne et les défenseurs d'une certaine conception de
l'homme. Je pense qu'elles sont parfaitement légitimes, parfaitement
justifiées, mais sans trahir de secret, je pense bien que je peux dire,
avec le ministre des Communications, que le gouvernement est très
conscient de ces inquiétudes, de ces besoins et qu'une politique est
actuelle-
ment à l'étude, une politique générale de
téléinformatique à l'intérieur de laquelle toute la
place désirable sera faite à ces préoccupations, à
ces inquiétudes. Je pense bien que lorsqu'elle sera connue, on verra que
la réponse du gouvernement à ces inquiétudes, correspond
aux idéaux qui animent ceux qui ont posé des questions, et que
les droits de l'homme, de la personne sont parfaitement défendus et
préservés.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais demander au ministre des
Communications s'il est en faveur d'un code d'éthique pour justement
répondre aux inquiétudes des citoyens? Deuxièmement,
est-ce qu'il a l'intention de poursuivre la formulation d'un tel code pour
effectuer ces protections?
M. O'Neill: Je pense que tout ce qui s'appelle code
d'éthique est quelque chose de tout à fait souhaitable. Je dirais
qu'au-delà de cela, il faut aussi s'assurer que dans les faits, il y ait
des mécanismes appropriés, qui font en sorte que le simple fait
pour un citoyen d'être fiché d'une façon ou de l'autre, ne
constitue pas un danger pour sa vie personnelle, pour ses droits personnels. Je
veux dire, le code d'éthique, c'est une affirmation d'intentions. Cela
propose un ordre général. Il faut que ce soit
complété quand même par une réglementation.
M. Ciaccia: II n'y a aucun doute, si on a un code
d'éthique et que si on ne le suit pas, naturellement, cela ne nous
aidera pas, mais je crois que ce n'est pas assez de dire que cela dépend
de la mentalité ou de la manière dont le gouvernement applique
cette information. Je ne crois pas qu'on peut se fier seulement sur les bonnes
intentions. Je crois que c'est essentiel de commencer avec un code
d'éthique pour justement s'assurer que les intentions du
ministère, du gouvernement sont bonnes.
M. O'Neill: En revanche, il ne faudrait pas non plus attribuer
à un code d'éthique une sorte de vertu d'efficacité
indiscutable. Si vous me permettez ici une comparaison: J'ai fait partie d'un
comité d'étude qui a fait l'évaluation des codes
d'éthique des professions au Québec, et en même temps, une
enquête a été menée sur le terrain pour savoir ce
que cela représentait de concret dans la vie des gens. On s'est
aperçu qu'entre le code et la réalité, il y avait des
écarts considérables et que le code ne pouvait pas être
suffisant lui-même, même lorsqu'on s'efforçait de le faire
connaître par les intéressés. Donc, il ne s'agit pas d'en
nier la valeur mais il ne faudrait pas non plus y attribuer, encore une fois,
une vertu, une puissance trop absolue, en somme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Comme c'est moi qui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet?
Mme Lavoie-Roux: Oui, sur le même sujet. Comme c'est moi
qui ai mentionné le code d'éthique en premier, d'abord, je suis
heureuse de la réponse du député de Bourget que, de toute
façon, on est à examiner le problème. J'étais un
peu inquiète de l'attitude du ministre des Communications, qui disait:
Cela dépend de l'attitude du gouvernement. Je pense que, même avec
les meilleurs ministres au monde, ce qui se passe dans un ministère
à l'intérieur duquel souvent il y a des fonctionnaires qui
deviennent très intéressés professionnellement à
une question qui fait que, pour eux, ça justifie parfois de ramasser
plus d'information, de collectionner plus d'information, alors, ma proposition
du code d'éthique est dans le sens de normes générales qui
vont plus loin que l'attitude du gouvernement, mais sensibilisent et rendent
les gens plus responsables à l'égard d'un problème qui
peut être périlleux à certains égards.
C'était le sens de mon intervention.
M. de Bellefeuille: II pourrait arriver dans 20 ans que nous
perdions le pouvoir.
M. O'Neill: Ce que je veux dire, M. le Président, quand je
dis: L'attitude du gouvernement, je ne veux pas dire: Fiez-vous à ce
gouvernement, parce qu'il est très bon. Ce n'est pas une façon de
vanter le gouvernement actuel. Je veux dire que ça dépend de la
mentalité qui prédomine. On est au sein d'une
société.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas suffisant pour...
M. O'Neill: Non, mais je veux dire que c'est quand même
extrêmement important, et lorsque cette mentalité, si vous
voulez... Par exemple, lorsque certains sens des droits des personnes, certains
respects ou certains climats démocratiques se dégradent, à
ce moment-là, vous n'aurez pas les garanties suffisantes simplement par
la formulation d'un code. C'est ça que je veux dire. C'est ça qui
est bien important. Le simple fait qu'on dise, par exemple, qu'il y a une
inquiétude... Encore une fois, le fait que ce gouvernement-ci quand
même a posé comme premier geste de transformer radicalement un
organisme qui, lui, pouvait comporter certains risques pour les individus, je
crois que c'est quelque chose quand même qui compte. Quand je dis que
c'est une attitude d'un gouvernement, encore une fois, l'attitude, enfin, des
gens qui font partie d'une société, je ne dis pas du tout que ce
sont simplement les gens de ce gouvernement qui sont préoccupés
par la défense des droits des individus. D'ailleurs, les propos que nous
entendons depuis quelques jours montrent que...
Mme Lavoie-Roux: Je disais ça dans un sens
général. Je ne pensais à un gouvernement plus qu'à
un autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont, sur le même sujet.
M. Paquette: Oui, M. le Président, concernant la question
de la sécurité d'accès aux informations, je pense qu'il
faut distinguer trois choses, et j'aimerais savoir ce qui est prévu au
niveau du gouvernement concernant ces trois questions. D'une part, il y a une
politique générale de cueillette d'informations, et ça,
ça ne dépend pas de l'informatique. On peut les avoir dans les
dossiers. Ma secrétaire a un certain nombre de classeurs, elle est tenue
au secret. Il y en a partout comme ça, dans tous les organismes du
gouvernement. Cela demande une prise de position d'ensemble, une politique
d'ensemble qui ne touche pas spécialement l'informatique. Mais il y a
deux choses qui pourraient toucher le bureau central de l'informatique: il y a,
d'une part, les mécanismes techniques d'accès. Par exemple, quand
on a une fiche sur un individu, on peut faire en sorte que la fiche soit sur un
ruban et les noms ailleurs et, par un moyen technique, il faut vraiment avoir
les codes nécessaires pour pouvoir regrouper les deux informations
ensemble. Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu dans ce sens?
Deuxièmement, il y a un code d'éthique pour les
programmeurs qui, eux, lorsqu'ils veulent regrouper les données, doivent
avoir accès évidemment aux informations de base qui sont les
fiches et qui seraient susceptibles d'avoir les informations de base qui
concernent un citoyen donné. Est-ce qu'il existe un code
d'éthique au niveau des informaticiens qui nous assure une certaine
sécurité de ce côté?
M. O'Neill: Ce n'est pas un code d'éthique, mais c'est
l'engagement de tout fonctionnaire de conserver la confidentialité des
informations avec lesquelles il traite. Il n'y a rien de spécial,
à ma connaissance, pour les informaticiens.
M. Paquette: ...
M. O'Neill: Pour ce qui est de votre... Je ne crois pas que ce
soit nécessaire, parce que les informaticiens n'ont pas accès
à des informations plus privilégiées et en plus grand
nombre que les autres fonctionnaires.
En réalité, habituellement, ils y ont moins d'accès
parce qu'ils traitent de grandes quantités d'informations sans les voir.
Ils sont affectés à des équipements et ils ne voient pas
le contenu.
Pour ce qui est du premier volet de votre question, les moyens
techniques, effectivement, c'est une préoccupation constante des
informaticiens. Il y a même, à l'intérieur de la nouvelle
structure du BCI, une boîte, qui s'appelle en mauvais français
Sécurité, et qui est un sous-organisme qui veille justement
à s'assurer que tous les ministères utilisent les techniques
à point et à partager les connaissances d'un ministère
à l'autre.
M. Paquette: Vous dites que le bureau central de l'informatique
ne s'intéresse qu'aux organismes gouvernementaux. Vous ne touchez pas au
parapublic et vous ne touchez pas à l'industrie privée non plus.
N'y aurait-il pas lieu au gouvernement d'avoir un organisme qui s'occupe de
s'assurer que de telles normes de sécurité, certains standards de
sécurité soient en application partout, parce qu'il y a aussi des
entreprises privées qui vous fichent et veulent savoir si votre
crédit est bon, par exemple? Il n'y a pas seulement des dangers du
côté gouvernemental.
M. O'Neill: Pour l'instant, je ne sais pas si ma réponse
sera suffisante, mais, d'une part, même si nous n'avons pas juridiction
sur les organismes paragouvernementaux, avec tous ceux qui sont fortement
mécanisés, nous avons des relations constantes. Par exemple, il y
a un comité consultatif qui existe au BCI, à qui je soumets des
questions de fond avant de recommander au ministère des solutions et qui
est un peu un comité consultatif des usagers. Il y siège deux
membres qui ne sont pas d'organismes relevant de la Loi de l'administration
financière, mais plutôt d'organismes parapublics, ceci pour
illustrer que nous voulons avoir leur "feeling" et que nous voulons qu'ils
soient très au fait de ce que nous recommandons aux organismes
assujettis à la Loi de l'administration financière.
Plus que cela, le projet de politique de téléinformatique
pour le Québec auquel faisait allusion le député de
Bourget se préoccupe de questions ou entend se préoccuper de
questions qui touchent justement le public et non pas strictement l'appareil
gouvernemental en matière de traitement des données, et lorsque
ces questions seront éclaircies, que des propositions fermes seront
faites au Conseil des ministres et acceptées, il y aura probablement
identification ou proposition quant à un endroit ou à un autre de
veiller à ces questions pour le public en général.
Autrement dit, nous n'avons pas de réponse actuellement, mais
c'est en voie de préparation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais savoir si les programmeurs et tous les
autres sont des fonctionnaires et, si je continue dans le même ordre
peut-être, est-ce le gouvernement qui est propriétaire ou
loue-t-il les services d'une société privée?
M. O'Neill: La plupart des travaux qui sont
exécutés le sont par des fonctionnaires. Toutefois, certains
ministères font faire à l'occasion des travaux à
l'extérieur, c'est-à-dire par des firmes privées.
Il y a deux genres de travaux de cette nature. Une façon est de
louer des hommes qui viennent programmer les ordinateurs et qui viennent de
l'extérieur. Une deuxième façon est de louer du temps sur
des machines pour faire traiter les données par ces
équipements.
Dans tous les cas, c'est le gouvernement qui est propriétaire et
des programmes et des données, c'est-à-dire que même si on
loue des hommes pendant six mois pour dresser des program-
mes, ces programmes demeurent la propriété du
gouvernement. C'est le client qui est propriétaire du résultat du
travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur le même sujet?
Mme Lavoie-Roux: Vous jugerez, M. le Président. Cela doit
être une curiosité de femme. J'ai entendu deux fois le ministre
parler du CAD. Peut-il infirmer ou confirmer la rumeur qu'avant la destruction
des documents, une partie d'entre eux avait été reproduite?
M. O'Neill: Non. Je ne suis vraiment pas au courant de cela.
J'imagine que, si on a dit que tout a été détruit, je
prends la version selon laquelle tout a été détruit. J'ai
raison de croire que c'est ce qui s'est passé. De toute façon, je
n'étais aucunement mêlé à ce type
d'opération. Je dirais que c'est une rumeur.
Mme Lavoie-Roux: Sans fondement.
M. O'Neill: Je le suppose, sans fondement, parce qu'à ma
connaissance, ce qui a été fait là a eu comme objet,
précisément, de mettre fin à la crainte des gens
concernant le CAD. Alors, ce serait sûrement pour mettre fin, supprimer
des craintes ou de l'insécurité si on avait fait cela. Alors, je
ne sais pas d'où partent ces rumeurs. J'ignore quel fondement elles ont.
C'est vraiment pour moi un territoire inconnu.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Laurin: Cette rumeur est absolument non fondée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je crois déceler dans
l'objectif du bureau central d'informatique surtout un rôle de
coordination et de rationalisation des équipements. On sait tout le
problème de l'incompatibilité entre les programmes qu'il peut y
avoir; chaque ministère, chaque service a son ordinateur. Les programmes
sont incompatibles. Il y a énormément d'argent et de temps qui se
perdent. Est-ce que vous avez un objectif précis de ce
côté, de rationaliser les équipements pour qu'ils soient
compatibles, que les programmes soient transférables, utilisables d'un
appareil à l'autre et d'un service à l'autre?
M. O'Neill: Tout à fait. C'est un objectif primordial que
d'assurer la protection des investissements, mais, sans entrer dans le langage
technique, il faut réaliser que, d'une part, il y a beaucoup de
compatibilité actuellement au gouvernement. Presque tous les
systèmes, on peut les considérer comme très compatibles et
tous les équipements qui sont utilisés sont en majorité
des équipements du manufacturier numéro un, au point de vue
quantité. Alors, on peut considérer que c'est très
compatible. Toutefois, ce n'est jamais très facile d'utiliser un
programme pour d'autres fins que ce à quoi il a été
destiné ou de passer d'un équipement à un autre. Cela ne
se fait jamais en quelques secondes. Alors, même avec le meilleur niveau
de compatibilité, il y aura toujours un certain coût à
payer, à transférer d'un équipement à un autre,
à faire une conversion d'une machine, mais...
M. Paquette: Eviter que ce soient les informaticiens qui fassent
des programmes de gestion et des programmes de paye en même temps.
M. O'Neill: ... dans la mesure du possible, nous recommandons que
le gouvernement puisse atteindre le compromis suivant: C'est d'avoir en tout
temps le meilleur coût-performance et en même temps de
protéger l'investissement des programmes déjà
écrits. C'est-à-dire qu'il peut y avoir de l'équipement
qui est trois fois moins cher et qui est aussi efficace, mais il faut y ajouter
le coût qu'on aurait à transférer les programmes de
l'ancienne machine à la nouvelle. Même si elle est moins
chère, elle peut être tellement incompatible qu'il nous en
coûtera beaucoup pour faire ce transfert et, un jour, quand
celle-là deviendra désuète, pour passer à une
troisième sorte, encore non compatible. Alors, ce n'est pas toujours
facile d'atteindre l'objectif de compatibilité complète, mais,
dans la mesure du compromis que j'ai mentionné, oui, c'est un objectif
du gouvernement.
M. Paquette: Une autre question. Il me semble que l'objectif du
bureau central de l'informatique est surtout orienté du
côté de la gestion, d'une meilleure économie des
ressources, comme on vient de le dire. Mais est-ce que vous avez aussi une
préoccupation au niveau du domaine qui devient de plus en plus
important, la téléinformatique, et particulièrement
à ce qui correspond très certainement à un besoin, qui est
le problème des banques de données? Il est extrêmement
difficile d'avoir des données des ministères. J'ai essayé
plusieurs fois, au niveau du ministère de l'Education par exemple, et il
y a un paquet de terminaux répandus un peu partout, que ce soit dans les
maisons d'enseignement ou ailleurs, qui pourraient être reliés
à une banque de données centrale. Est-ce que cela fait partie de
vos priorités? Je dis cela pour les banques de données de
statistiques que chaque ministère élabore, mais on pourrait
également parler de systèmes de documentation automatiques.
L'Université du Québec vient de réaliser un
système de documentation automatique qui n'est pas à la
disposition d'autant d'usagers que les coûts devraient le permettre
normalement.
Est-ce qu'il est dans vos préoccupations d'établir un
vaste réseau de téléinformatique qui permettrait d'avoir
accès à la fois à des banques de données
statistiques de tous les ministères et aux documentations qui se
trouvent dans les librairies, différents centres de documentation?
M. O'Neill: Nous avons certainement comme mandat de veiller
à améliorer la coordination des ministères, au point de
vue de la téléinformatique. Effectivement, c'est l'une des
raisons pour lesquelles le BCI est au ministère des Communications, de
plus en plus l'informatique a à faire usage de
télécommunications. Mais nous devons également conserver
le principe d'autonomie des ministères en matière de gestion du
contenu et dès qu'on s'approche de banques de documentation, nous aurons
à aider les ministères à utiliser les meilleurs outils
pour constituer ces banques d'information. Mais nous ne voudrons pas et nous
n'aurons jamais le nombre suffisant de gens pour aider le ministère
à constituer le contenu de cette banque.
Ce ne sera pas notre rôle non plus d'inciter tel ou tel organisme
à constituer ou non un réseau de téléinformatique,
parce que ce ne sera pas dans notre budget, mais s'il a les sommes
nécessaires, nous allons l'aider à le faire de la façon la
plus économique possible, c'est-à-dire que nous allons essayer de
partager plusieurs réseaux qui existent déjà au
gouvernement, si c'est possible, les réseaux des Affaires sociales, les
terminaux de l'aide sociale, les terminaux de l'Education, si c'est possible.
Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. Paquette: Mais quelle importance accordez-vous à cet
aspect de la question par rapport à la rationalisation des ressources,
en termes de volume d'activité?
M. O'Neill: C'est un élément très important,
la gestion des banques de données au point de vue technique dans
l'informatique aujourd'hui. C'est d'une grande importance.
M. Paquette: Mais dans ce que vous projetez.
M. O'Neill: Nous avons une boîte qui s'appelle "Logiciel"
et à l'intérieur du mandat de ce groupe, l'une des deux choses
dont les membres vont se préoccuper le plus va être de coordonner
l'utilisation des techniques de banques de données. Les "Logiciel" vont
faciliter le fait que les banques de données soient montées de
façon plus efficace et rendre l'information plus accessible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Question de curiosité, j'ai demandé
tout à l'heure.
M. Laplante: Vous êtes sourd-muet.
M. Le Moignan: Ne soyez pas méchant. J'ai demandé
la date de la formation de votre Bureau central de l'informatique et ensuite,
par rapport aux autres provinces canadiennes, j'imagine que vos experts, dans
votre ministère, ont dû examiner les systèmes qui
existaient, soit au fédéral ou soit dans les autres provinces en
informatique, est-ce que nous sommes en avance ou en retard par rapport aux
autres gouvernements dans ce domaine?
M. O'Neill: En réponse à la première
question, l'arrêté en conseil qui a créé le BCI date
du 16 juin 1976 et la première personne qui est entrée au BCI,
c'est moi, le 16 août 1976, alors ça fait moins d'un an.
Toutefois, il faut noter que pour ce qui est du mandat de donner des
services d'informatique à tous les ministères qui n'en ont pas
les ressources, le ministère des Communications a
récupéré, comme il est dit dans le texte, un tas de
ressources humaines et de l'équipement qui ont été
transférés du ministère des Finances au ministère
des Communications pour constituer le bureau de service gouvernemental en
matière d'informatique.
Comme point de comparaison par rapport aux autres provinces, au point de
vue du degré de développement...
M. Le Moignan: Dans le sens de l'informatique, ça doit
exister ailleurs, le même...
M. O'Neill: Je vous donne simplement quelques chiffres ici comme
comparaison, pour ce qui est par exemple de ce qui est investi par le
Québec dans ce secteur, d'après une enquête qui vient
d'être faite, des questionnaires envoyés, soit à des
provinces, soit à des Etats américains, évidemment, il
manque des réponses. Dans le cas de l'Ontario, on a refusé de
donner la réponse, mais il paraît qu'on serait à peu
près sur le même pied que nous.
Mais si on tient compte des répondants incluant l'Etat de
Californie, l'Etat de Virginie, l'Etat de New York, etc., dans le domaine des
dépenses, en chiffres absolus, on se situerait au quatrième rang
actuellement, pour l'ensemble de l'Amérique du Nord.
Maintenant, si on refait cela en fonction d'un budget global, on n'a pas
le quatrième rang, mais en chiffres absolus, c'est cela, au
quatrième rang. Si vous voulez, on vient après la Californie et
l'Etat de New York, après cela, c'est Québec.
Je voudrais dire quand même que c'est un domaine où le
Québec est bien portant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 9, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tous les
crédits du ministère ayant été adoptés,
j'offre la possibilité à M. le ministre et aux
représentants de chaque parti de tirer une conclusion, s'ils le veulent
bien.
M. Ciaccia: Si vous le permettez, M. le Président,
quelques brèves remarques, pour conclure nos travaux. Je voudrais faire
un petit résumé. Je sais qu'il est tard, mais je vais essayer
d'être assez bref dans mes remarques.
Il y a trois sujets qui nous ont principalement
préoccupés. Il y a le sujet des relations
fédérales-provinciales. Deuxièmement, il y a le sujet que
je pourrais appeler la liberté d'expression et, troisièmement,
les sujets que je pourrais regrouper de
cette façon, menaces possibles à la diversité des
sources d'information au Québec.
En ce qui a trait aux relations fédérales-provinciales, je
crois qu'il faudrait débloquer l'impasse qui semble exister entre Ottawa
et Québec, parce que les besoins de la population
québécoise l'exigent. S'il n'y a pas de dialogue entre les deux
gouvernements, nous allons être totalement à la merci du
gouvernement fédéral. Même si le gouvernement
fédéral retirait son projet de loi C-43, cela ne nous avancerait
pas plus. Cela pourrait être encore pire pour nous, parce que n'ayant pas
de dialogue on n'aurait pas d'espoir possible de faire des changements, d'en
arriver à certaines solutions pour répondre à nos
besoins.
Je demanderais au ministre de chercher, avec les autres provinces qui,
elles non plus, ne sont pas d'accord avec la loi fédérale, des
moyens, de l'amender ou d'arriver à des solutions pour répondre
aux besoins de la population québécoise.
Il ne faudrait pas continuer de magnéfier cette confrontation
entre le fédéral et le provincial qui pourrait nous isoler
davantage du reste du pays.
En ce qui a trait à la question de liberté d'expression,
je pourrais dire, M. le Président, qu'on est un peu
préoccupé, que je suis préoccupé par la politique
de centralisation du gouvernement sur les informations et par certains
commentaires et descriptions qu'on a faits sur Radio-Québec. Quand les
représentants de Radio-Québec et le ministre parlent de
promouvoir la culture québécoise, naturellement, nous sommes
entièrement d'accord, et on peut comprendre, tenant compte de la
situation du Québec en Amérique du Nord, que, comme le ministre
l'a dit, la culture québécoise des programmes qui existent
à Radio-Québec n'inclut pas la question de culture d'autres
groupes, parce que ceux-ci ont accès, d'après le ministre,
à d'autres media, mais on comprend moins et je comprends moins et je
suis inquiet quand on dit que Radio-Québec va aussi illustrer la
réalité politique. Quand on voit la structure de
Radio-Québec qui relève directement du ministre, je croirais que
ce genre d'activité pourrait trop facilement être utilisé
par un gouvernement pour des buts politiques et, tenant compte de cette
structure et de la responsabilité directe du ministre, cela ne
semblerait pas être entièrement dans les traditions d'un
gouvernement démocratique. Ce n'est pas une accusation que je veux
porter; c'est plutôt un avertissement et une crainte que j'ai et je crois
que plusieurs autres personnes, dans d'autres milieux, pensent de la même
façon.
En ce qui concerne les menaces possibles à la diversité
des sources d'information au Québec, si j'ai bien compris, le
gouvernement tente de donner l'information, et peut-être, si j'ai mal
compris, je voudrais que le ministre me corrige, a lui-même donné
cette information par ses propres moyens, plutôt que par une utilisation
de divers journaux ou d'autres moyens de communication. Alors, si vous
centralisez et si vous vous occupez vous-même de cette activité,
cela pourrait avoir un effet sur la rentabilité des petits journaux dans
différentes régions de la province qui, je crois, ont besoin
d'annonces, d'encouragement du gouvernement pour continuer à être
rentables et continuer à pouvoir offrir un service dans leur milieu.
Nous avons parlé de la taxe de 2%, ce n'est pas le pourcentage
qui nous inquiète tellement, mais c'est plutôt le
précédent que cela crée. Cela peut donner au gouvernement
un nouvel outil pour essayer d'influencer les ondes, et cela peut causer
certaine discrimination, non seulement entre le réseau public et le
réseau privé, mais dans le réseau privé
lui-même. Cela va affecter, assurément, les petits postes de radio
des régions qui ne sont pas dans les centres urbains, cela peut les
affecter plus. De plus, on peut l'interpréter comme une ingérence
du gouvernement dans ce domaine. J'espère que le ministre prendra cela
en considération, et même, fera des représentations
auprès du ministre des Finances, pour enlever cette taxe, parce que ce
sont plutôt des possibilités d'abus qui existent. Quant au revenu
qu'on peut percevoir, il est assez minime.
En concluant, M. le Président, je tiens à remercier les
fonctionnaires pour leur coopération, pour tous les renseignements
qu'ils nous ont donnés, de même que, malgré la motion, je
dois vous féliciter pour la manière dont vous avez
présidé cette commission. M. le ministre, finalement, en
concluant, je peux vous dire que nous allons suivre de près les
activités de votre ministère.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, si je voulais employer une
vieille farce, je dirais que le député de Mont-Royal a
déjà tout dit ce que j'aurais aimé dire personnellement.
J'endosse une partie de ses remarques, sans aucun doute, mais puisqu'il termine
avec l'idée de la motion, je suis bien content que cette motion ait
été adoptée à l'unanimité de tous les
membres présents. J'imagine que ceci confère au ministre un
pouvoir plus fort, plus extraordinaire pour faire suite à nos
recommandations et que le Québec, dans le domaine des communications, va
certainement continuer la lutte pour ses revendications les plus
légitimes.
Je n'ai pas de conclusion tellement particulière, sinon que, dans
cette première commission où j'ai le bonheur de travailler,
j'apprécie la façon du ministre de nous mettre à l'aise;
j'apprécie cette belle collaboration, celle aussi de ses fonctionnaires,
et l'amitié, la camaraderie des membres de l'Opposition officielle, de
même que de nos amis d'en face. Comme a dit le député de
Mont-Royal, il y a toujours un très grand danger je l'ai
souligné au ministre à l'occasion de l'une de mes questions
dans le domaine culturel, à Radio-Québec, par exemple, il
y a le danger, la tentation d'infiltration politique. Je le lui ai dit à
ce moment-là que pour le Parti péquiste, je n'ai pas du
tout de crainte, il a su lire entre les lignes, son parti est très
exposé, comme l'Union Nationale peut-être le serait, quand nous
prendrons le pouvoir ou un autre parti que nous, une autre formation politique.
Mais je pense que c'est une mise
en garde importante pour les années à venir, afin
qu'à Radio-Québec, ou encore dans tous les domaines des
communications, la politique ne s'infiltre pas trop et que les
véritables intérêts des Québécois soient
respectés.
Encore une fois, c'est mon dernier mot. Je remercie, de mon
côté ceux qui m'ont aidé, ceux qui ont travaillé
avec l'Union Nationale, à préparer le travail de notre
commission. Je remercie M. le ministre également pour l'autre livret ou
instrument de travail qu'il doit nous remettre, j'imagine, avant la fin de la
semaine, et qui va nous aider, dans nos loisirs, à nous préparer
à le rencontrer de nouveau mardi.
Merci, M. le Président.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais remercier tous
les membres de cette commission pour leur collaboration. Je crois qu'ensemble
nous avons fait du bon travail.
Je voudrais faire un bref commentaire au sujet des trois points qui ont
été soulevés par le député de Mont-Royal, ce
sont trois problèmes importants.
J'ai eu le sentiment ce soir que, concernant le troisième
problème; liberté personnelle, liberté des individus et
droits des personnes, il y avait une sorte de consensus sur l'importance de la
question et aussi sur des moyens qui devraient être pris pour l'assurer
surtout dans ce domaine si important de l'informatique.
La liberté d'expression est aussi, évidemment, une
préoccupation commune. Nous avons divergé d'opinons face à
certaines objections formulées. Par exemple, nous estimons que l'aide
à la distribution dans le cas de la presse écrite peut être
quelque chose qui accroît la liberté, parce que cela permet un
choix. Cela empêche les individus d'être captifs d'un certain genre
d'information. Je trouve que là, ce n'est pas une atteinte, que ce n'est
pas du dirigisme. Au contraire, c'est de l'aide. On multiplie les sources
d'information, on multiplie donc les chances de liberté.
Je diffère aussi d'opinion concernant cette taxe de 2% sur la
publicité qui est imposée à des entreprises plutôt
florissantes, en général, et qui devrait nous apparaître
plutôt comme une sorte de réparation pour tout le dommage fait par
la mauvaise publicité, surtout que c'est versé au Service de
protection du consommateur. C'est une sorte, encore une fois, de
réparation, en un sens, pour le mauvais usage qu'en
société capitaliste, on se trouve à faire de la presse
électronique. Alors, comme cela fait partie du régime que cet
usage soit admis, c'est peut-être bon ainsi qu'intervienne une telle taxe
qui permet de consacrer une somme d'argent, qui demeure quand même
modeste, à la protection du consommateur.
Le premier problème soulevé nous préoccupe tous,
évidemment. Nos solutions sont différentes. Nous aurions fort
souhaité que l'unanimité soit vraiment totale dans notre demande
de retrait de la loi C-43. Nous avons explorer les voies d'approche. Nous ne
sommes pas des chercheurs de querelles. Nous avons simplement affaire à
un pouvoir extérieur qui ne cherche qu'à empiéter,
qu'à conquérir du territoire et, parfois, nous pouvons donner
extérieurement l'impression d'être des querelleurs, mais, au fond,
nous sommes simplement des gens essayant de sauver l'essentiel. Nous sommes sur
la défensive et nous essaierons de trouver des solutions à court
terme, mais nous croyons que la solution à long terme, finalement, est
un Québec maître d'oeuvre dans le domaine des communications et au
fond, un Québec maître d'oeuvre dans le domaine des
communications, cela sera vrai quand le Québec sera vraiment un pays
souverain.
Ce sera finalement, je crois, la grande solution à apporter aux
problèmes des communications chez nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
d'ajourner les travaux de la commission sine die, je voudrais remercier le
ministre et tous les membres de la commission pour la collaboration qu'ils
m'ont apportée durant cette commission. Je vous remercie
particulièrement du fait de ne m'av oir adressé qu'une seule et
unique motion.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 28)