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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude du projet de loi 22
Loi sur la langue officielle
Séance du lundi 22 juillet 1974
(Quinze heures cinq minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications reprend aujourd'hui l'étude du projet de loi 22. Avant de
céder la parole sur la motion d'amendement, j'aimerais aviser la
commission des députés qui ont droit de vote durant la
séance d'aujourd'hui, soit MM. Bérard (Saint-Maurice), Charron
(Saint-Jacques), Veilleux (Saint-Jean), Cloutier (L'Acadie), Hardy
(Terrebonne), Lapointe (Laurentides-Labelle), Lachance (Milles-Iles), Morin
(Sauvé), Desjardins (Louis-Hébert), Pha-neuf
(Vaudreuil-Soulanges), Mercier (Bellechasse), Samson (Rouyn-Noranda) et
Cornellier (Saint-Hyacinthe).
La motion principale en discussion...
M. CHARRON: Qui avez-vous nommé pour l'Opposition officielle,
s'il vous plaît?
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin et M, Charron.
M. BURNS: Non, M. le Président; c'est M. Léger et M.
Charron.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est à la demande du chef de
l'Opposition.
M. BURNS: Ah bon!
M. MORIN: C'est parce que M. Léger n'était pas
là.
M. LEGER: Pas de problème, d'accord.
M. CHARRON: C'est parce que l'amendement en discussion vient du
député de Lafontaine.
M. LEGER: Je n'ai pas d'objection, d'accord.
M. BOURASSA: Vous vous êtes entendus.
M. BURNS: Pour qu'il n'y ait pas de problème...
M. CLOUTIER: C'est parce qu'ils doivent avoir une motion
secrète.
M. BURNS: ... c'est le député de Lafontaine qui a
proposé la motion qui est en discussion actuellement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qui était membre samedi.
M. BURNS: Qui était membre. Vous n'avez pas de problème,
M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non.
M. BURNS: Parfait. C'est le chef de l'Opposition et le
député de Saint-Jacques.
Motion d'amendement à l'article 133 de l'AANB
(suite)
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, la motion principale est celle du
ministre de l'Education, que l'article 1 soit adopté. La motion
d'amendement proposée par le député de Lafontaine est que
l'article 1 soit amendé en ajoutant, à la fin, l'alinéa
suivant : L'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
(1867) cesse d'avoir effet en ce qui concerne les matières relevant de
la Législature du Québec.
Est-ce que la commission est prête à se prononcer sur cet
amendement?
M. CHARRON: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Saint-Jacques,
sur la motion d'amendement.
M. CHARRON: M. le Président, mes collègues qui sont
intervenus samedi dernier sur cette motion ont présenté une
argumentation serrée, je pense, et plus que valable pour soutenir cet
amendement que nous proposons à l'article 1. J'essaierai donc, pour nous
remettre dans le tempo des débats, de reprendre, au cours de cette
intervention, les arguments que nous avons voulu soutenir aux fins d'adopter
cet amendement. Resituons-nous, M. le Président, si vous le permettez.
Nous sommes à discuter toujours l'article 1 du projet de loi 22 qui dit
que le français est la langue officielle du Québec.
Il y a quelques jours, l'Opposition officielle a présenté
un amendement, vous vous en souviendrez, M. le Président, qui visait
à intercaler un nouveau mot dans cette phrase qui était plein de
sens et qui, à notre avis, allait vérifier la portée
réelle et la décision politique de principe que l'on doit
retrouver à la base de cet article. Nous avons proposé que le
français soit la seule langue officielle du Québec. Nous avons
soutenu aidé en cela de textes constitutionnels, et ce ne fut
aucunement nié par le parti ministériel que le
français est déjà la langue officielle du Québec;
tout le monde en conviendra. Le simple fait que nous discutions un texte de loi
rédigé en français aujourd'hui en est une preuve. Mais le
problème est qu'il n'est pas la seule langue officielle du Québec
et qu'il se trouve, à
côté du texte français, un texte anglais qui a toute
la même valeur officielle que l'autre.
Nous avons donc voulu tirer les lignes là où elles
devaient être tirées et bien vérifié quelle
était l'intention réelle du gouvernement. Nous lui avons dit: II
ne s'agit pas de dire que le français est la langue officielle du
Québec, c'est fait depuis 200 ans. Ce qu'il faut dire maintenant en
1974, c'est que le français est la seule langue officielle du
Québec. M. le Président, la commission a tranché; par sa
majorité, le gouvernement a battu cet amendement et le
député de Lafontaine a utilisé son droit de
présenter un autre amendement. Quel est donc cet amendement sur lequel
j'interviens, M. le Président? Je ne dirai pas qu'il a une portée
aussi dramatique et aussi percutante que l'amendement du chef de l'Opposition,
qui visait à inclure à l'article 1 le mot "seule". Il
était aussi clair et aussi précis que ça.
Mais je pense que le député de Lafontaine ne niera pas que
son amendement vise le même but. C'est le but que recherche l'Opposition
officielle depuis qu'elle est engagée dans ce marathon qui se poursuivra
au cours des prochaines semaines, celui d'obliger le gouvernement à se
prononcer sur une nouvelle réalité, la nouvelle
réalité québécoise de 1974, qui est que nous sommes
maintenant un peuple en situation d'affirmer qu'il est un peuple normal et que
chez lui sa langue est la seule langue officielle.
Or, quand le député de Lafontaine vous propose cet
amendement, M. le Président, que je relis et sur lequel j'interviens:
"L'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique 1867 cesse
d'avoir effet en ce qui concerne les matières relevant de la
Législature du Québec." C'est un peu être à la
recherche du même objectif que nous étions lorsque nous avons
proposé à cette commission de se prononcer pour que le
français devienne la seule langue officielle du Québec.
Si c'était parfaitement l'équivalent de l'amendement
déjà battu par la commission, vous auriez pu le déclarer
irrecevable en quelque sorte, puisque la commission s'est déjà
prononcée, a déjà tranché la question par un vote.
Non, M. le Président, ce n'est pas tout à fait la même fin,
ce n'est pas tout à fait le même sens. Nous concevons
nous-mêmes que cet amendement a moins de portée que celui qu'avait
le chef de l'Opposition, et c'est justement pourquoi nous le soumettons
à la commission, pour voir si, sur un amendement à moindre
portée, on peut au moins avoir l'acquiescement du parti
ministériel.
Je sais que, pour bien des gens, alors, qu'on dit que l'on discute de
l'article 1 et qu'on intervient constamment avec l'article 133, tout cela peut
paraître un peu confus. Et surtout l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique de 1867, qui est une loi votée par le Parlement de Londres,
il y a matière à s'arracher les cheveux qui nous restent sur la
tête. Pourtant, M. le Président, c'est la réalité
dans laquelle nous vivons et c'est de cette réalité que nous
devons parler; c'est également cette réalité que nous
devons modifier.
Effectivement, la constitution du Canada, pays dont le Québec
constitue une des dix provinces, cela s'appelle l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique. Cela a été voté par un Parlement anglais
il y a 107 ans. Aussi invraisemblable que cela paraisse, quand nous voulons
traiter de nos droits, parler de la réalité
québécoise de 1974, c'est à travers ce chiffonnier du 19e
siècle que nous devons essayer d'aller "débroussailler" la
réalité québécoise d'aujourd'hui.
Que dit l'article 133 de cette fameuse constitution dans laquelle on vit
toujours? L'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de
1867 dit qu'ici, au Québec, l'anglais et le français, au niveau
des tribunaux et au niveau de cette Assemblée nationale des
Québécois, qui s'appelait à l'époque
l'Assemblée législative, les deux langues ont le même
statut et sont sur un pied d'égalité.
C'est exactement pourquoi le député de Lafontaine demande
qu'en ce qui concerne les matières relevant de la Législature du
Québec, l'article 133 cesse d'avoir effet ici, justement pour nous
permettre d'établir que plus loin parce que nul doute que si la
commission devait adopter cet amendement, elle se trouverait à prendre
une position dont elle devrait tenir compte dans les autres articles les
documents, les lois, les textes émanant de ce Parlement ne seraient plus
soumis à l'obligation qu'ils ont, en vertu de l'article 133,
d'être dans les deux langues. Ds pourraient être effectivement
uniquement en français. Ce serait la seule langue officielle du
Québec, comme nous avons tenté d'inciter le gouvernement à
prendre cette décision.
Egalement, cela voudrait dire, M. le Président, que les tribunaux
n'auraient qu'une langue, qui serait celle de la majorité du
Québec, et que cette disposition de l'article 133, en ce qui concerne la
Législature du Québec, n'aurait plus pour fins de s'appliquer,
mais serait proclamée par ce Parlement comme ne s'appliquant plus sur le
territoire du Québec.
Je sais bien que, pour qui aborde ce genre de question pour la
première fois, tout cela parait fendre les cheveux en quatre et
étirer le débat à des proportions invraisemblables. Je
vous l'ai moi-même signalé. Il est vrai que pour traiter des
droits et de la réalité québécoise de 1974, par le
choix de ce gouvernement, nous sommes obligés d'aller déterrer
une vieille loi anglaise de 1867. Que voulez-vous, c'est la
réalité, nous y sommes et nous la touchons. Quelles sont ces
dispositions qui s'appliquent en vertu de l'article 133, que ce Parlement, s'il
décidait par une voix majoritaire qu'elles ne s'appliquent plus, ne
s'appliqueraient plus? Quel est le but visé? Le but visé est de
faire que le français soit la seule langue officielle du Québec
et que les lois,
les documents officiels, les textes émanant de cette
Assemblée soient en français. Le but visé est que les
tribunaux et le système judiciaire du Québec soient en
français.
Autant cette réalité paraît normale et palpable pour
tous les Québécois, rejoint la majorité des
Québécois, autant je suis convaincu que si demain matin on
demandait aux Québécois: Que pensez-vous de cette idée qui
voudrait qu'au Parlement du Québec les lois soient
rédigées en français et uniquement en français, que
les documents, les versions qui doivent accompagner ces textes soient en
français? Que penseriez-vous de cette idée qui voudrait que les
communications et la correspondance de cet Etat québécois
obéissent à la même règle qu'en Ontario ou qu'en
Colombie-Britannique où, là-bas, c'est la majorité qui a
imposé sa langue et qu'ici, on ferait la même chose?
Que pensez-vous de cette idée qui voudrait que les cours, le
système, les tribunaux québécois soient dans la langue de
la majorité, sans esprit de racisme, simplement comme le font les autres
provinces? C'est exactement cela, à travers tout ce fouillis d'articles
133 et d'amendements et de sous-amendements que nous présenterons, c'est
cette réalité que nous demandons simplement au gouvernement d'en
face de réaliser. Bien sûr, on peut dire quand on demande aux
Québécois: Etes-vous pour le français, langue officielle?
On peut se gargariser qu'un sondage à l'arrière ait
signalé la confusion qu'ont les Québécois sur cette
question. Bien sûr, mais si on disait simplement aux
Québécois: Ecoutez, ce qu'on vous demande, ce n'est pas si vous
êtes pour ou contre le français langue officielle, parce que les
Québécois se demandent à ce moment si cela veut dire
l'unilinguisme français, si cela voudrait dire qu'on leur interdirait
maintenant d'apprendre l'anglais, qu'on n'enseignerait plus l'anglais dans les
écoles, ou que même certains de nos concitoyens n'auraient plus le
droit de s'exprimer en anglais, lorsque c'est leur langue, à
l'Assemblée nationale. Dans cette confusion, bien des
Québécois peuvent dire : Tant que je ne saurai pas clairement ce
que c'est que le français langue officielle, ce que cela implique, je ne
peux pas me prononcer. C'est pourquoi les sondages font état de la
confusion.
Je suis convaincu que, si on expliquait la portée réelle
de l'amendement présenté par le député de
Lafontaine, et sur lequel j'interviens actuellement, qui serait de dire : Le
français sera la langue de la loi, ce sera la langue des
procès-verbaux, des documents de l'Assemblée nationale, des
règlements émanant de l'Assemblée nationale, je suis
convaincu que les Québécois comprendraient. Ils ne sont pas plus
caves que les Ontariens, ils ne sont pas plus caves que les gens de la
Nouvelle-Ecosse qui disent: C'est normal; puisque c'est la langue de la
majorité, qu'ils le fassent. C'est cela que l'Opposition officielle vise
en présentant l'amendement qui est là. Les dispositions de
l'article 133 de la constitution du Canada nous obligent, nous ici, comme
unique province, alors que cela n'oblige pas les autres, à être
bilingues. Les autres sont unilingues anglais, â volonté, c'est
absolument permis. Le Parlement du Québec peut décider que cela
ne s'applique plus à un moment donné et que nous nous soumettons
à la même règle. C'est ce que vise la formule tortueuse
qu'est obligé de prendre le député de Lafontaine dans son
amendement, c'est le but que nous visons.
M. le Président, je voudrais conclure avec l'intervention que
j'ai eue l'occasion d'entendre samedi dernier de la part du
député de Saint-Jean, qui intervient toujours comme un enfon-ceur
de porte ouverte et qui a toujours l'impression d'être en train de
découvrir le Pérou, alors que nous sommes tout à fait
disposés à parler de la même réalité dont il
veut parler. Parce que le député de Saint-Jean m'y a
invité par sa proposition à clarifier exactement quelle est la
place réelle que nous sommes prêts à accorder dans notre
programme, dans notre projet à l'anglais qui est la langue d'une
minorité de Québécois, quelque 13 p.c, ce sont les
chiffres mêmes fournis par le ministre de l'Education, et qui est la
langue d'adoption il va sans dire d'une autre partie de la
population québécoise par le fait que nous l'avons laissée
s'angliciser dans ces écoles, dans les écoles de la
minorité anglaise, et que nous lui concédons encore ce
privilège, dans la loi actuelle.
Nous ne pouvons pas nier qu'il existe une minorité d'anglophones.
C'est bien entendu. Et nous ne voulons certainement pas réserver
à cette minorité d'anglophones le même traitement qu'on a
réservé aux francophones dans les autres provinces, traitement
que nous avons jugé, dans toute notre histoire et que des citoyens
beaucoup plus vieux que moi ont déjà évoqué et
même combattu en le traitant d'inacceptable à l'égard d'une
minorité.
Si le député de Saint-Jean m'y invite, M. le
Président, j'ai donc l'honneur de déposer sur la table de cette
commission un sous-amendement à l'amendement présenté par
le député de Lafontaine. Mon Dieu, si le député de
Saint-Jean, qui veut avoir ce débat, prétend être devenu le
Sherlock Holmes qui découvre à peu près tous les
artifices, mettons donc cela sur la table.
M. VEILLEUX: Je vais vous répondre tout à l'heure.
M. CHARRON: Mettons-donc cela sur la table! Le député de
Saint-Jean, grâce à mon sous-amendement...
M. VEILLEUX: Je vais vous répondre tout à l'heure.
M. CHARRON: Le député de Saint-Jean, grâce à
mon sous-amendement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
Motion de sous-amendement
M. CHARRON: ...aura une autre période de vingt minutes
d'intervention, s'il le veut, M. le Président. Il pourra intervenir et
participer à cette discussion que les députés du Parti
québécois veulent avoir pour que tout le monde sache la
portée réelle de cet article 1 que nous devrions adopter avant la
fin de la semaine.
Je propose la motion suivante, M. le Président: Que la motion en
discussion du député de Lafontaine soit amendée, en
ajoutant, à la fin, la phrase suivante: "L'usage de l'anglais continuera
à être permis." Plutôt, je dois prendre la formule
affirmative, je crois, M. le Président: "L'usage de l'anglais
continue à être permis dans les débats à
l'Assemblée nationale et dans les témoignages et plaidoiries
orales devant les tribunaux."
Le député de Saint-Jean dit que nous faisons, dans notre
projet, une place équivalente à l'anglais comme dans le projet de
loi 22; invitons-le à sortir encore une fois son argumentation. Ce que
dit le contre-projet, pour reprendre encore l'expression
véhiculée par les ministériels, c'est cela.
Là-dessus, M. le Président, j'en conviens, il y a des
électeurs anglophones au Québec qui vont élire les
députés anglophones et ces députés, je leur
reconnais le droit, aussi bien à cette table de la commission, comme
nous l'avons fait pour le député de Sainte-Anne ou pour le
député de Mont-Royal qui sont des dissidents de leur parti sur
cette question, d'intervenir dans leur langue. C'est cela.
Cela ne veut pas dire qu'une fois que tu as permis cela tu es
obligé de dire que toutes les lois seront bilingues et que les
règlements seront bilingues et que les documents seront bilingues. Non.
Tu fais simplement preuve de bon sens et de modération et tu dis: C'est
vrai qu'il y a des citoyens de langue anglaise qui ont le droit d'être
représentés par des députés de langue anglaise. Il
y a même des francophones qui votent pour des députés de
langue anglaise. Les députés de langue anglaise auront le droit
d'intervenir dans les débats, et qu'est-ce que cela veut dire au niveau
des tribunaux?
Cela ne veut pas dire que les tribunaux rendront des jugements dans les
deux langues et que tout le système judiciaire sera bilingue, comme
essaie de l'interpréter, en jouant sur les mots, le Sherlock Holmes de
Saint-Jean. C'est de dire que devant les tribunaux, les témoins, ceux
qu'on convoque pour faire la preuve auront le droit de parler anglais. C'est
normal. On peut faire preuve d'ouverture d'esprit sur ce point. Les plaidoiries
orales que des avocats auront l'occasion de faire devant la cour pourront
être faites en anglais. Pourquoi? Pour une seule et unique raison. Si je
suis un citoyen unilingue anglais, et il y en a 699,000 au Québec, j'ai
le droit, quand mon avocat est en train, soi-disant de me défendre, pour
être certain qu'il n'est pas en train de me jouer dans les oreilles avec
le juge, de comprendre ce qu'il est en train de dire, de comprendre comment il
me défend. On demande simplement que les témoignages et les
plaidoiries orales devant les tribunaux puissent être faits en
anglais.
Que le député de Saint-Jean ou n'importe quel de ses
compagnons "back-benchers" intervienne par la suite et vienne nous dire: C'est
la même chose que le projet de loi 22, qui, puis-je vous le dire,
continue le bilinguisme du système judiciaire en entier, mais fera
même payer par le ministre de la Justice le fait que les jugements
prononcés en anglais par les tribunaux devront être traduits. Ce
n'est pas ce que demande le Parti québécois. Le Parti
québécois dit que les jugements seront en français. Ils
seront traduits en anglais par la suite, si le justiciable est unilingue
anglais. C'est un principe de base de justice dont tous les citoyens
québécois qui pourraient participer à nos débats
aujourd'hui conviendront avec nous.
Ceux qui essaient de pourfendre et de sauver la face dans un bill de
bilinguisme comme cela en disant: Le Parti québécois est aussi
bilingue que nous autres, qu'ils en discutent! C'est pour cela que je
dépose le sous-amendement. Ce que dit le Parti québécois,
à ce chapitre, en ce qui concerne la place de l'anglais, c'est cela. Si
le député de Saint-Jean veut engager une discussion, nous en
aurons une. Le Parti québécois dit aussi qu'un document
d'information, à l'occasion, pourra être en anglais.
Si ce Parlement décide demain matin d'augmenter les allocations
familiales, par exemple, ou décide d'augmenter je vois le
ministre des Affaires sociales qui assiste à nos travaux.
S'il se rend à la demande des députés du Parti
québécois, et augmente les traitements en vertu de la Loi de
l'aide sociale, nous n'aurons aucune objection à ce que les citoyens de
langue anglaise ou les Néo-Québécois vivant à
Montréal il y en a dans le comté que je représente
ici reçoivent cette information qui leur dit: Bonne nouvelle,
à partir de demain, vous recevrez tant. Qu'un document d'information
porte l'anglais, c'est normal, lorsqu'il s'agit d'informer les citoyens sur les
droits qu'ils ont. Cela ne veut pas dire que tous les documents, tous les
textes officiels, tous les règlements venant de l'Assemblée
nationale seront bilingues, comme le dit l'article 2 que nous devrions
étudier la semaine prochaine. Ce n'est pas cela du tout. C'est
simplement le bon sens, que tous les Québécois reconnaissent.
Je veux que les concitoyens du Québec aient le droit de recevoir
des documents d'information dans leur langue. Il y a 699,000 unilingues anglais
au Québec. C'est une réalité sociologique à
laquelle nous devons faire face, mais cela ne veut pas dire qu'on inscrit des
droits dans tous les chapitres, qu'on leur donne quatorze droits nouveaux, et
qu'on se refuse à faire du français la seule langue officielle,
parce qu'on sait très bien que l'anglais le demeure en vertu de
l'article 133 que nous invite à modifier le député de
Lafontaine, dans son amendement.
M. le Président, pour que nous ayons ce débat, je propose
le sous-amendement suivant: ajouter à la fin de la motion du
député de Lafontaine, la phrase suivante: L'usage de l'anglais
continue d'être permis dans les débats à l'Assemblée
nationale et dans les témoignages et les plaidoiries orales devant les
tribunaux. Cest là la place de l'anglais concédée
sociologi-quement à une force qui existe, mais aucunement dans les
droits et qui ne conduit aucunement à un bilinguisme officiel, comme le
torchon qu'est le projet de loi 22.
M. VEILLEUX: Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jean, sur
une question de règlement.
M. VEILLEUX: M. le Président, en vertu du règlement, je
voudrais quand même rétablir les faits, à la suite de
l'intervention du "pee-wee" de Saint-Jacques. Je comprends, que le "pee-wee" de
Saint-Jacques n'était pas ici samedi; je ne dirai pas pour quelle
raison. J'aimerais quand même...
M. LEGER: M. le Président, je ne peux pas laisser le
député de Saint-Jean exprimer immédiatement une
fausseté, en disant que le député de Saint-Jacques
n'était pas ici. Le député de Saint-Jacques était
ici pour la majorité du temps samedi, et tout le monde le sait.
M. VEILLEUX: A la suite de la motion du député de
Lafontaine, assis, lui aussi, sur un siège vert très confortable
et pivotant, j'ai fait une intervention samedi. Je disais textuellement
ceci...
M. BURNS: Jaloux!
M. VEILLEUX: ... Dire à la population du Québec: Nous, du
Parti québécois, allons enlever l'article 133, mais, d'un
même souffle, le réinscrire dans un projet de loi d'une politique
linguistique, je dis et je reprends les termes du député
de Saguenay et de celui de Lafontaine que c'est agir en hypocrites. La
différence entre le gouvernement Bourassa et un hypocrite
pseudo-gouvernement du Parti québécois, c'est exactement ceci. Le
premier ministre du Québec l'a dit, le ministre de l'Education l'a
répété hier: Nous, nous avons fait un choix politique.
Nous voulons conserver l'article, 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. On n'a pas dit et je reprends les termes que j'employais
samedi; ce n'est pas de l'argumentation, je rétablis les faits On
va enlever l'article 133 et on va l'intercaler dans le projet de loi.
Nous avons dit: On laisse cet article. Qu'est-ce que cela enlève
de plus ou qu'est-ce que cela donne de plus de l'enlever et de l'intercaler
à nouveau dans une loi, comme veut le faire le Parti
québécois? C'est exactement les termes que je mentionnais, M. le
Président, et tout à l'heure j'aurai l'occasion de
répondre à l'intervention ou au sous-amendement du "pee-wee" de
Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education, sur un point de
règlement.
M. CLOUTIER: Sur un point de règlement, M. le Président,
c'est un éclaircissement que je crois utile. Nous voici en
présence d'un sous-amendement à l'amendement de la motion
principale, qui demandait l'adoption de l'article 1. Est-ce à dire que
nous devons maintenant discuter du sous-amendement avant de pouvoir revenir
à l'amendement, ce qui signifierait que le débat sur l'amendement
est suspendu pour l'instant?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact. M. BURNS: Pour l'instant,
oui.
M. CLOUTIER : Je voulais simplement que la précision soit
très bien comprise par tout le monde.
M. BURNS: Si c'est l'avis du président, je m'y plie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis tout à fait d'accord.
M.MORIN: Bien entendu, dans le débat, nous pouvons parler de la
portée du sous-amendement par rapport à l'amendement.
M. CLOUTIER: II me parait impossible de dire quoi que ce soit,
même d'inintelligent, là-dessus sans faire ce que vous dites, M.
le chef de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Alors, disons que quant à la question
de la recevabilité du sous-amendement, il est bien entendu que nous ne
pouvons présumer, à ce moment-ci, quel sort la commission fera
à l'amendement. Donc, je déclare tout à fait recevable la
motion de sous-amendement du député de Saint-Jacques. Est-ce que
la commission est prête à se prononcer sur ce sous-amendement?
M. BOURASSA: Mais est-ce qu'il peut y avoir un sous-amendement?
M. LEGER: Je vais intervenir là-dessus, oui.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il peut y avoir un autre sous-amendement?
Non?
M. BURNS: Ne vous inquiétez pas, M. le premier ministre, il ne
peut pas y en avoir d'autres.
M. CLOUTIER: Ah bon! Cela signifie que vous avez épuisé
vos armes.
M. BURNS: II peut y en avoir d'autres, cependant, une fois que
celui-là aura été battu. Mais pour le moment il ne peut
pas y en avoir d'autres. Si jamais vous ne trouvez pas qu'il est assez bon,
à ce moment-là...
M. CLOUTIER: Ah! il y a d'autres amendements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense qu'ils en ont.
M. CLOUTIER: Mais sur l'amendement, ceux qui ont déjà
parlé n'ont pas à parler de nouveau.
M. BURNS: Non. Ceux qui...
M. CLOUTIER: Mais là, vous pouvez tous parler sur le
sous-amendement.
M. BURNS: Exactement.
M. CLOUTIER: Alors, allez-y.
M. BURNS: Je tiens, M. le Président, parce que vous ne
présidiez pas vous étiez très bien
représenté d'ailleurs, samedi, par le vice-président de
l'Assemblée nationale à souligner qu'il me restait cinq
minutes concernant l'amendement lui-même. Il y a d'autres
députés aussi, je pense, à qui il reste quelques
minutes.
M. LEGER: II me reste trois minutes. UNE VOIX: II me reste quinze
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On franchira ce...
M. CLOUTIER: Et moi, je ne suis pas intervenu.
M. LEGER: II vous reste 40 minutes.
M. BURNS: Prenez tout le temps que vous voulez, M. le ministre.
M. CLOUTIER: Non. C'est trop. Cinq, cela me suffit pour démolir
vos arguments.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Disons que jusqu'à maintenant, chaque
intervention a été faite en employant les 20 minutes. Je
comprends que le règlement prévoit que lors de l'étude
article par article... Mais je pense qu'on pourrait faire une argumentation
à savoir que cela ne s'applique pas lorsqu'on parle sur une motion
d'amendement. A tout événement, on ne prend pas de
décision...
M. BURNS: M. le Président, j'aimerais dès maintenant et
encore une fois vu que vous ne présidiez pas samedi
mentionner, et on vérifiera peut-être au journal des
Débats, qu'un certain nombre de députés, dont votre humble
serviteur, dont le ministre des Affaires culturelles, d'ailleurs...
M. HARDY: Je n'avais pas parlé du tout, mais, M. le
Président, je me souviens très bien de ce que dit le
député de Maisonneuve et je m'engage à défendre sa
cause auprès de vous.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A ce moment, je suis sûr de vous donner
raison. L'honorable député de Lafontaine, sur la motion de
sous-amendement.
M. LEGER: M. le Président, si je comprends bien, le
sous-amendement présenté par le député de
Saint-Jacques pour clarifier l'amendement que j'avais présenté
est le suivant. L'amendement premier se lisait comme suit... Contrairement
à certaines affirmations que j'ai vues en fin de semaine, ce
n'était pas l'abrogation de l'article 133.
Mon amendement disait ceci: Que l'article 1 soit amendé en
ajoutant, à la fin, l'alinéa suivant: "L'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867, cesse d'avoir effet en ce qui
concerne les matières relevant de la Législature du
Québec". C'était l'amendement, ce n'est pas l'abrogation de
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Pour
clarifier davantage les intentions derrière mon amendement, le
député de Saint-Jacques a amené le sous-amendement
suivant: "Que la motion en discussion soit amendée en ajoutant à
la fin la phrase suivante: "L'usage de l'anglais continuera d'être permis
dans les débats à l'Assemblée nationale et dans les
témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux". Comme on le
sait fort bien, la langue officielle, d'une part, et les droits individuels des
anglophones, d'autre part, sont des choses complètement
différentes. Si nous voulons que le français soit la langue
officielle, la seule langue officielle au Québec, ça ne brime en
aucun point les droits individuels.
Il y a trop de gens qui se mêlent, depuis le début de
l'étude du bill 22, sur le problème du bilinguisme d'Etat et du
bilinguisme individuel, sur l'unilinguisme d'Etat et l'unilinguisme des
individus. Je pense qu'il est temps qu'on éclaire les gens sur ce
problème. Le problème des individus, c'est ce que clarifie
l'amendement du député de Saint-Jacques. Ce qui mêle les
gens actuellement, c'est la crainte de ne pas être capables,
individuellement, de devenir des individus bilingues. Ce qui est absolument
faux. Ce n'est pas le but recherché. Certains ministres et certains
députés du parti ministériel, du parti des anglophones,
essaient de faire croire cela. Le parti des anglophones essaie de faire croire
aux citoyens québécois, particulièrement aux francophones,
que nous voulons empêcher que les individus deviennent bilingues. C'est
absolument faux et je ne sais pas combien de fois il faut que je le
répète aujourd'hui pour que
ce soit bien clair dans l'esprit des citoyens: l'unilinguisme de l'Etat
peut permettre facilement le bilinguisme des individus. C'est clair, ça?
L'unilinguisme de l'Etat peut permettre le bilinguisme des individus.
C'est une chose qui doit être répétée le plus
souvent possible et en plus gros caractères possibles auprès des
citoyens québécois francophones pour qu'eux ne soient pas dupes
du fait que les anglophones ont eu certaines angoisses à certains
moments créés peut-être artificiellement, je me pose des
questions, pour faire croire aux Québécois francophones que si
quelques anglophones se sentent menacés, c'est peut-être parce que
le projet de loi a quelque chose de bon, un petit avancement de quelques pas.
C'était l'astuce du premier ministre, qui sourit actuellement, parce
qu'il a vu que j'ai découvert son jeu. D'ailleurs, beaucoup de
Québécois l'on découvert.
Mais non, M. le Président, on ne veut pas...
M. BOURASSA: Parlez-nous donc du timbre ! Je suis sérieux.
M. LEGER: ... que le Titanic libéral arrive à faire
naufrage sur l'iceberg des six députés du Parti
québécois qui représentent ce qui est en-dessous des neuf
dixièmes, l'âme des Québécois, qui se défend
devant un projet de loi comme ça. On ne veut pas que vous vous imaginiez
que vous n'avez qu'un petit morceau de glace, les six députés
péquistes et les deux députés créditistes, et qu'il
n'y a que ça à traverser, M. le Président.
Le Parti libéral va être un gros Titanic qui va faire
naufrage en arrivant directement sur l'iceberg parce que le reste des
Québécois francophones est contre le fait qu'on leur joue un tour
comme le premier ministre veut le faire actuellement.
Je lui dis que, si on veut essayer de remplacer une guillotine par un
"bulldozer," il y a deux façons d'arrêter le "bulldozer." En se
mettant devant, comme le Parti québécois le fait actuellement, ou
en le retenant par l'intérieur, comme certains ministres auraient pu le
faire.
M. BOURASSA: Est-ce que...
M. LEGER: Par l'intérieur, un bulldozer peut s'arrêter.
M. BOURASSA: Est-ce que vous voulez...
M. LEGER: ...en mettant différentes choses dans l'essence du
"bulldozer" qui veut passer sur les doigts des Québécois. Vous
voulez parler, M. le premier ministre?
M. BOURASSA: Est-ce que, en faisant de l'obstruction comme vous le
faites, vous ne révélez pas votre jeu en voulant la guillotine?
Est-ce que vous ne vous trouvez pas à demander indirectement la
guillotine?
M. MORIN: Est-ce que cet amendement n'est pas sérieux?
M. BOURASSA: Est-ce que vous demandez...
M. MORIN: Voulez-vous que nous discutions sérieusement de cet
amendement?
M. BOURASSA: En prenant une semaine par article, comme vous le faites,
cela prendrait deux ans et demi pour adopter la loi. Vous nous demandez la
guillotine.
M. BURNS: M. le Président, pour un article aussi important...
M. BOURASSA: Vous nous demandez la guillotine par votre attitude.
M. BURNS: Est-ce que vous en acceptez une question? Pour un article
aussi important que l'article 1, c'est-à-dire celui qui décide
une fois pour toutes que le français est la langue officielle, ne
croyez-vous pas que c'est assez important pour y mettre quelques jours pour
discuter du fond de ce problème qui va sous-tendre toute la discussion
du reste du projet de loi? Vous ne croyez-pas cela, M. le premier ministre?
M. BOURASSA: M. le Président, le député de
Saint-Jacques, au nom du Parti québécois, a dit samedi qu'il
ferait un "filibuster" sur tous les articles, qu'il apporterait des amendements
et des sous-amendements...
M. BURNS: Le député de Saint-Jacques n'a pas dit cela, M.
le Président.
M. MORIN: Nous avons dit que nous engagerions une discussion
sérieuse sur chaque article.
M. BOURASSA: Vous êtes le seul à l'avoir dit.
M. BURNS: Non, M. le Président, tout le monde a dit cela.
M. BOURASSA: Le député de Sauvé a été
le seul à le dire.
M. BURNS: Sauf que, quand vous avez provoqué vendredi le
député de Saint-Jacques en lui disant: Vous faites un "show", le
député de Saint-Jacques a dit: Vous en voulez un "show"? on va
vous en donner un pire que celui-là.
M. BOURASSA: Vous l'avez repris samedi. Vous avez dit que vous feriez un
"filibuster" sur tous les articles.
M. BURNS: M. le Président, il n'a jamais été
question de cela. Jusqu'à maintenant il a été question
d'examiner fondamentalement,
d'abord, les questions de procédure et vous nous en
rendrez témoignage, M. le Président, vous avez été
là pendant toute cette période. Nous avons demandé le
dépôt de documents, lesquels documents nous ont été
refusés sous forme de motions et nous ont été
donnés par la suite, comme si le ministre de l'Education nous faisait un
cadeau. Ce n'était pas un cadeau qu'on voulait, on voulait tout
simplement examiner les documents avant d'examiner le projet de loi, article
par article, dans ses détails.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BOURASSA: Donnez vos
amendements.
M. BURNS: Et nous continuons à tenir une discussion que nous
voulons à son plus haut degré de rationalité.
J'espère que le premier ministre va rester avec nous tout le temps.
Quand je dis avec nous, ce n'est pas seulement physiquement, je parle
intellectuellement. C'est ce que je veux dire.
M. BOURASSA: J'ai l'affaire Boutin.
M. BURNS: J'espère que vous allez rester avec nous parce qu'on a
l'intention de garder la discussion à un niveau très
élevé.
M. BOURASSA: J'ai d'autres problèmes. Il y a l'affaire Boutin,
qui intéresse le député de Maisonneuve.
M. BURNS: D'accord? C'est ce que je vous demande.
M. MORIN: Ce n'est tout de même pas l'affaire Boutin qui va vous
amener à passer la guillotine !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: Non, mais cela intéresse le député de
Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Lafontaine, sur le sous-amendement.
M. BURNS: M. le Président, le premier ministre me provoque
inutilement. Je lui dis d'avance qu'il ne réussira pas à me faire
sauter dans d'autres sujets.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors on va laisser la parole au
député de Lafontaine. L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'espère que vous
n'enlèverez pas sur mon droit de parole les interventions du premier
ministre, qui a provoqué des...
M. BURNS: Et du député de Maisonneuve.
M. LEGER: Et du député de Maisonneuve, qui a
été obligé de répondre à des questions du
premier ministre, M. le Président. J'espère que vous allez me
conserver mon droit de parole. D'ailleurs vous l'avez toujours fait depuis le
début, vous êtes le défenseur de l'Opposition et nous le
savons fort bien.
M. BOURASSA: C'est un député libéral.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II ne faudrait pas que vous m'embarquiez
trop.
M. LEGER: Je ne veux pas vous embarquer dans le Titanic, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y.
M. LEGER: M. le Président, j'étais en train de dire qu'il
n'est pas suffisamment compris de la population pour bien des raisons, d'abord
par la propagande libérale, deuxièmement par le maquignonnage du
projet de loi, troisièmement par le fait que les Québécois
sont en majorité en vacances.
Il y a trop de Québécois qui ne sont pas au courant.
J'écoutais, en m'en venant tantôt, un "hot line", une ligne
ouverte où des citoyens se demandaient des explications sur le bill 22.
Ils ne l'avaient pas lu, ils avaient l'impression que... J'ai même
entendu des gens dire: Les deux extrêmes, les anglophones et les
francophones sont choqués, donc, il y a peut-être quelque chose de
bon là-dedans. Imaginez-vous, M. le Président, vaguement, une
population qui se dit: Parce que les anglophones s'opposent un peu au projet de
loi, sans avoir vérifié pourquoi...
On voit les raisons qui ont motivé le gouvernement à agir
de cette façon, à présenter, comme dans le cas de la loi
63 d'ailleurs, elle n'est pas encore enlevée, la loi 63, on la
retrouve dans le bill 22 le départ de cette loi par une
affirmation: "Le français est la langue officielle", alors qu'elle l'est
depuis déjà plusieurs centaines d'années, et l'affirmer
sans enlever l'officialité de l'autre langue, sans abroger l'article
133. Il faudrait qu'il se fasse poursuivre en vertu de la Loi des
consommateurs; c'est une fausseté dans la publicité. C'est une
fausseté de dire cela actuellement. Cela donne l'impression,
publicitairement parlant, que l'anglais n'est plus la langue officielle du
Québec.
Pour clarifier cela, nous avons proposé que ce soit bien clair,
pour permettre que le français soit réellement officiel, que
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique cesse d'avoir
effet, mais qu'on conserve les droits individuels de l'anglais devant
l'Assemblée nationale et dans les plaidoiries orales devant les
tribunaux.
On sait qu'actuellement quant aux langues officielles je cherche
mon autre papier qu'on m'a enlevé l'article 133 rend
obligatoires,
premièrement, l'impression et la publication des lois dans les
deux langues; il y a deux langues officielles pour fins de lois.
Deuxièmement, c'est la même chose pour les jugements devant les
tribunaux. Ce que nous disons, c'est que si au départ les tribunaux et
l'Assemblée nationale acceptent, par la motion et l'amendement que nous
présentons, de ne pas garder l'effet de l'article 133 mais de
protéger les droits individuels des anglophones, cela veut dire qu'il
n'y aurait plus de traduction en langue anglaise ni dans les tribunaux, ni
à l'Assemblée nationale, mais que les anglophones, eux,
individuellement pourraient s'exprimer en anglais dans les deux cas.
Je pense, si c'était accepté, que cela donnerait, au
départ, à l'article 1 une vision beaucoup plus dynamique de
l'objectif que nous, nous voulons continuer à discuter à travers
chacun des autres articles. Si c'est adopté à l'article 1, un
amendement qui permet de donner au français cette possibilité
d'être une langue officielle réelle, et non pas simplement une
langue officielle officieusement présentée, publicitairement bien
tournée ce n'est pas cela qu'on veut, M. le Président
à ce moment, chacun des articles que nous étudierons par
la suite devront être pensés, et là, on pourra facilement
accepter de corriger un par un les articles dans l'esprit que nous aurons eu
à l'article 1. Mais si ce n'est pas accepté, je ne vois pas
comment on peut réellement, sérieusement corriger des articles
qui iraient à l'encontre de ce que nous voulons que soit l'article 1 du
bill 22.
Le premier ministre a des dons pour présenter les chiffres. Il a
fait des élections le 29, le 29 octobre, le 29 avril. Il présente
son bill 22 de façon qu'il paraisse le 22 mai dans les journaux, que la
population l'apprenne le 22. Je ne sais pas s'il fait exprès pour que le
chiffre 22 ressorte bien, comme le chiffre 29, mais je pense que si le bill 22
était adopté tel quel, cela pourrait être son Waterloo, en
ce sens que le bill 22 pourrait coller à l'endroit que je n'ose pas dire
ici...
M. BOURASSA: Cela ne peut pas être votre Waterloo à vous
autres?
M. LEGER: ... pour le reste de son mandat, comme le bill 63 est
resté collé à l'Union Nationale. Le projet de loi 22,
parce qu'on sait que le gouvernement est toujours en fuite, on saura où
est-ce qu'il va lui rester collé, le projet de loi, un 2 sur chacune.
Pendant les trois prochaines années, c'est là qu'on verrait
malheureusement les conséquences d'un parti qui a atteint les sommets
dans les représentations. Comme nous pourrions dire facilement
après que le projet de loi 22 sera adopté, nous pourrions le dire
en anglais après cela: "The higher they go, the harder they fall".
M. BOURASSA: Mais, si c'est notre Water- loo, pourquoi vous opposez-vous
tellement au projet de loi 22, si cela nous fait tellement tort?
UNE VOIX: Hypocrites.
M. LEGER: J'ai entendu la question, M. le Président, je vais vous
les dire.
M. HARDY: Mais en trois ans...
M. LEGER: C'est parce qu'actuellement, au Québec, on a besoin
d'une loi pour protéger le français, parce que c'est le
français qui est en danger au Québec.
M. BOURASSA: Pierre Bourgault.
M. LEGER: Qu'est-ce qu'on voit actuellement? La réponse exacte
à la question du premier ministre est la suivante: Premièrement,
à l'article 1, on maquille la loi comme on l'a fait pour le bill 63 en
disant que le français est la langue officielle, ce qui est
déjà le cas, mais ce qui n'enlève pas le caractère
officiel à la langue anglaise. Laissez-moi répondre, j'ai quatre
réponses à votre question.
La deuxième, cela ne change rien à la
réalité actuelle de dire que le français est la langue
officielle. Comme disait si bien le chef de l'Opposition, dire que le
français est la langue officielle, c'est la même chose que dire
que le Québec est en Amérique. D'ailleurs, on sait que les
Québécois, le Québec est un accident historique
actuellement en Amérique.
M. BOURASSA: Cela ne change rien dans l'affichage.
M. LEGER: Troisièmement, on rend légal, cela est grave, ce
qui était des privilèges accordés aux anglophones depuis
100 ans. C'est grave, cela.
M. BOURASSA: Vous faites la même chose.
M. LEGER: M. le Président, pour la bonne intention du ministre,
je vais lui lire ce qu'il rend légal par le projet de loi 22 pour les
anglophones. C'est pour cela que je voudrais rassurer les anglophones, qu'ils
arrêtent de s'énerver. Même le député de
Sainte-Anne, et même le député de Mont-Royal, que je vois
là-bas et qui m'écoute avec attention. Ils n'ont aucune perte de
droits, on leur en accorde quatorze de plus. Je dois dire peut-être
douze, parce qu'il y a eu deux amendements faits par le ministre. Cela prend du
temps avant que le ministre comprenne, il en a corrigé deux sur
quatorze. Mais il y a quatorze droits que les anglophones n'avaient pas,
législativement parlant, avant et qu'ils ont maintenant.
Premièrement, l'obligation légale de fournir des versions
anglaises des documents officiels. Ils n'avaient ça auparavant dans
aucune loi;
c'était un privilège qu'ils avaient. Là, on le met
dans la loi. Donc, messieurs les anglophones, vous avez cela de plus. Cela a
été voté, présenté par le parti des
anglophones, le Parti libéral. Deuxièmement, l'obligation en loi,
un autre privilège qui n'existait pas pour les anglophones, mais qu'ils
ont aujourd'hui par la loi, obligation aux municipalités qui le
font déjà, avec une petite nuance de correction, mais c'est la
même chose dans le sens dont 10 p.c. des administrés sont
de langue anglaise d'avoir des documents officiels en anglais. La version
anglaise est alors aussi authentique que la française obligatoire. Cela
veut dire que 311 municipalités du Québec, soit près de 3
millions de Québécois, vont vivre dans une situation
d'assimilation anglicisante, parce que tous les documents municipaux peuvent se
faire aussi bien en français qu'en anglais. Le moindrement que la
majorité va être anglaise, cela va être uniquement en
anglais.
M. HARDY: Personne ne lit les documents municipaux. Une lecture
très...
M. LEGER: M. le Président, quand ses taxes sont menacées,
je pense qu'il faut qu'on lise ces documents. Troisièmement, obligation
pour l'administration publique d'accepter de toute personne, même morale,
qu'elle s'adresse à elle en anglais. C'est encore un autre
privilège qui est mis dans la loi à l'article 11. C'est le
troisième. Voici le quatrième que les anglophones ont et qu'ils
n'avaient pas avant. Tâchez de répéter cela dans les
journaux anglophones. J'ai trouvé malheureux que pendant un mois ou un
mois et demi on ait soulevé les passions du côté des
anglophones en leur disant: Avec le projet de loi 22, vous allez perdre vos
droits, les droits acquis, etc. Vos droits linguistiques vont être
dissous, vous allez être dans une période discrétionnaire,
etc. Tout à coup, avec les amendements du ministre Cloutier, alors que
les passions sont éveillées, que les francophones se sont dits:
Si les anglophones sont un petit peu choqués, cela doit être qu'on
a gagné un pouce à quelque part, juste avant que le projet de loi
arrive en Chambre, dans les journaux anglophones, un gros titre: English
language rights are protected.
Maintenant, les anglophones vont se rassurer, vont s'en retourner chez
eux, vont continuer à voter pour le parti des Anglais, le Parti
libéral. Les francophones, qui ne lisent pas les journaux anglophones,
ne sauront pas qu'on a apaisé les anglophones. Mais, pendant ce temps,
ils ont toujours l'impression qu'avec le projet de loi 22 on vient de gagner un
pouce. Ce pauvre peuple québécois qui, depuis 300 ans, a toujours
été obligé de travailler pour gagner pouce par pouce. Le
premier ministre nous arrive et nous dit: Pourquoi nous poignardez-vous dans le
dos? Ce n'est pas cela, on vous retient dans le dos parce que vous êtes
toujours en train de vous sauver devant vos responsabilités de premier
ministre des francophones.
Cinquième privilège, M. le Président, qu'on
reconnaît dans la loi pour les anglophones: possibilité reconnue
juridiquement d'être uni-lingue anglais dans les postes administratifs du
gouvernement à l'article 14.
Un autre privilège que les anglophones vont avoir, maintenant,
dans cette loi du bill 22: le droit de parler anglais en assemblée
délibérante non plus seulement à l'Assemblée
nationale, mais aussi partout dans l'administration publique.
Septième droit: droit de rédiger en anglais
également les contrats conclus au Québec avec l'administration
publique.
Huitième droit qu'on donne dans le bill des anglophones, le bill
22: obligation morale créée aux entreprises d'utilité
publique ou de transport et corporations professionnelles de fournir une
version anglaise des avis, communications, formulaires et imprimés
destinés au public. Article 20.
Neuvième droit qu'on accorde aux anglophones qu'ils n'avaient pas
avant, M. le Président: obligation morale aux employeurs de donner en
anglais leurs avis, communications et directives lorsque leur personnel est en
partie de langue anglaise. Cela va être maintenant dans la loi. Avant,
cela devenait une habitude et, au lieu de redresser cela, on leur donne
d'autres privilèges dans une loi.
Dixièmement, droit conféré à une
majorité simple de salariés syndiqués. Maintenant, cela a
été enlevé. Je dois m'excuser auprès du ministre.
Vous avez raison. Vous avez apporté un amendement. Vous avez eu honte,
rendu à l'article 9. Vous avez dit: II faut bien en enlever un petit
peu.
Au dixième et au onzième, cela a été
enlevé par les amendements du ministre qui a eu honte d'aller trop
loin.
Douzièmement, le droit d'obtenir la rédaction, en anglais
comme en français, des contrats d'adhésion, des contrats
où figurent des clauses de style imprimé, ainsi que les bons de
commandes, les factures et les reçus imprimés.
Treizièmement, droit de tout consommateur d'exiger un contrat
d'achat en anglais. Cela, on l'a enlevé. Je dois admettre qu'on l'a
enlevé.
Il en reste onze.
Quatorzièmement, droit pour les commissions scolaires de donner
l'enseignement en langue anglaise, si elles ont déjà
commencé à le faire. On l'a amendé différemment,
mais l'esprit est encore là. On en parlera à l'article 48, si
jamais on se rend jusque-là. Mais à l'article 48, M. le
Président, l'amendement, qu'est-ce que cela donne comme
conséquence?
M. BOURASSA: II y en a qui disent que c'est la même formule
proposée par votre parti.
M. LEGER: M. le Président, je m'excuse. Le président me
dit que je n'ai que deux minutes.
M. BOURASSA: Sauvé par la cloche.
M. LEGER: Non, M. le Président. Il reste la quatrième
réponse à votre question à savoir: Qu'est-ce qu'il y a de
pas bon dans le bill 22 pour les francophones? Le quatrième droit, c'est
ceci: de permettre aux immigrants de langue anglaise d'aller à
l'école anglophone, alors que nous ne contrôlons pas... Nous avons
une fuite dans notre système qui amène cette hémorragie
continuelle. C'est que l'immigration est contrôlée par le
fédéral qui laisse pénétrer au Québec la
quantité d'anglophones qu'il désire. Les chiffres sont là
pour démontrer que c'est une majorité et une minorité de
gens de langue française et de langues latines. Nous ne contrôlons
pas notre immigration. Actuellement, on permettra aux immigrants d'aller
à l'école anglaise s'ils sont d'origine anglophone et s'ils
peuvent s'exprimer en anglais, si c'est leur langue maternelle. On sait qu'on
est entouré de quelques 200 millions d'anglophones. Il y a les
anglophones venant des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Australie, d'Afrique, de la
Jamaïque, de toutes les autres parties du monde où l'anglais est la
langue maternelle. Ils vont aller du côté des anglophones, M. le
Président.
Actuellement, le projet de loi ne corrige pas cette situation, et comme
nous ne contrôlons pas notre immigration, c'est encore une autre occasion
d'avoir une hémorragie, et c'est là qu'on voit le danger pour les
francophones avec le bill 22. Si le gouvernement des anglophones le
gouvernement libéral ne corrige pas, à l'article 1, le
principe directeur même de tout l'ensemble de tous les articles qui vont
suivre, M. le Président, nous ne pouvons que lui dire que cela va lui
coller à l'endroit que je ne peux pas mentionner parce que c'est
peut-être antiparlementaire, de toute façon, c'est un chiffre 2
sur chacun, pour le reste de son mandat. Et les Québécois, quand
ils reviendront de vacances, vont continuellement le pourchasser, comme
pourchassaient nos anciens "cowboys", au fer rouge, pour le marquer de ce geste
historique qu'il est en train de nous passer, aux Québécois. Il
ne passera pas une deuxième élection, même s'il a 102
députés actuellement.
Rappelez-vous, M. le Président, l'Union nationale est disparue,
et le Parti libéral n'a eu qu'un sursis de quelques années.
M. BOURASSA: Cest vous autres qui allez disparaître.
M. CLOUTIER: ... quatre fois.
M. LEGER: Vous êtes chanceux qu'on soit là encore comme
paratonnerre de ce qui se passe au Québec.
M. CLOUTIER: Votre rôle historique se termine,
malheureusement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à se prononcer sur la motion de sous-amendement?
M. CLOUTIER: Vote.
M. BURNS: Non. On veut entendre les réactions gouvernementales
là-dessus.
M. CLOUTIER: Ah! Ecoutez...
M. BURNS: Ecoutez, M. le Président...
M. CLOUTIER: M. le Président, défendez votre motion. On
parlera quand on sera prêt à parler.
M. TETLEY: Votre temps est expiré.
M. BURNS: Ah non! Il nous en reste beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. CLOUTIER: Vous voudriez qu'on vous donne des arguments?
M. BURNS: Ce n'est pas cela.
M. CLOUTIER: Mais c'est à vous de fournir des arguments et on les
démolira après. C'est votre sous-amendement.
M. TETLEY: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. BURNS: M. le Président, sur une question de règlement,
ici. Je parle sur une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
une question de règlement.
M. BURNS: Je veux tout simplement vous dire ceci. C'est beaucoup plus
une question de raison qu'une question de règlement. Si vous voulez
jouer à cache-cache avec nous, je n'ai pas d'objection. Jouez à
cache-cache avec nous. Mais là, vous avez un nouvel amendement. On
aimerais bien savoir ce que le gouvernement en pense. Est-ce que cette affaire
est stupide ou se tient-elle, dans votre esprit, eu égard
à...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: M. le Président,
je pense...
LE PRESIDENT (M. Gratton): En fait, ce n'est pas une question de
règlement, vous en conviendrez.
M. BURNS: C'est une question que je pose au gouvernement en
général.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vais le faire pour vous. Je vais demander
s'il y a des députés ministériels qui veulent prendre la
parole.
M. BURNS: C'est ce qu'on fait depuis le début.
M. CLOUTIER: Oui, sur le point de règlement.
M. BURNS: On demande... J'entends le ministre des Affaires
culturelles...
M. CLOUTIER: Je veux parler là-dessus. J'ai demandé la
parole.
M. BURNS: J'entends le ministre de l'Education qui a le courage d'y
répondre. Tant mieux. Cela va me faire plaisir. J'aimerais savoir...
M. CLOUTIER: Vous l'avez posé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... si cette affaire est acceptable ou si elle ne l'est
pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le ministre de l'Education sur le
sous-amendement.
M. CLOUTIER: II est bien évident que c'est recevable. Sinon, le
président aurait tout de suite déclaré que ce ne
l'était pas.
M. BURNS: Excusez. Recevable dans votre esprit. Je sais bien que c'est
recevable au...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... point de vue de la procédure, le président
l'a déjà déclaré recevable. Mais je veux dire:
Est-ce que vous pensez que vous pouvez accepter un sous-amendement comme
celui-là, eu égard à l'amendement que nous faisons
à l'article 1? C'est seulement cela.
M. CLOUTIER: Je pense qu'il faut quand même être
sérieux. Il est évident qu'on est en présence de
manoeuvres dilatoires. Le gouvernement est tout à fait disposé
à répondre, mais il trouve qu'il appartient à
l'Opposition, qui a présenté un amendement et un sous-amendement,
de le défendre.
L'Opposition n'a jamais caché qu'elle désirait faire
parler tous ses membres et il est bien évident que c'est là une
manoeuvre d'obstruction. Il n'y a pas d'autre solution pour nous que de prendre
notre mal en patience, quel que soit le jugement qu'on puisse porter sur cette
manoeuvre.
M. BURNS: Me permettez-vous, M. le ministre...
M. CLOUTIER: Je suis toujours sur mon point de règlement.
M. BURNS: Très bien.
M. CLOUTIER: II n'y a strictement aucune raison pour laquelle nous nous
prêterions à cette manoeuvre. En effet, si nous répondons
chaque fois que l'un de vous s'exprime, nous nous trouvons, à ce moment,
à prolonger encore cette obstruction, ce qui n'est pas du tout le but
que nous poursuivons. C'est la raison pour laquelle nous avons toujours
été extrêmement sobres dans nos interventions. Je
considère que l'un de vous s'est exprimé. Si vous décidez
que personne d'autre ne parle, je suis tout prêt à parler au nom
du gouvernement sur le sous-amendement et l'amendement.
En revanche, si vous attendez qu'un de nous parle pour alimenter encore
vos manoeuvres d'obstruction, il n'en est pas question. Nous allons attendre
que vous nous ayez présenté toutes les facettes de vos
thèses.
M. BURNS: En vertu de l'article 96, je veux rétablir un fait. Je
n'ai pas demande à tous les députés présents
à la commission de répondre aux arguments de l'Opposition. J'ai
tout simplement demandé s'il y avait quelqu'un qui aurait la
possibilité ou qui serait en état de répondre aux
arguments pour dire s'il est d'accord ou non sur cette motion.
M. CLOUTIER: Nous n'avons pas encore... M. BURNS: Laissez-moi
terminer!
M. CLOUTIER: Je croyais que vous aviez terminé.
M. BURNS: Non. Faites comme j'ai fait à votre égard.
M. CLOUTIER: C'est qu'il y a eu un petit silence...
M. BURNS: Oui.
M. CLOUTIER: ... entre vos deux phrases. Alors, j'ai pensé que
vous aviez terminé.
M. BURNS: Je dis que nous ne croyons pas que tous les
députés ministériels répondront à cette
motion, à moins que cela ne soit le désir de tous les
députés ministériels et à moins que le caucus n'ait
permis une certaine liberté chez les députés
ministériels, mais on sait que cela n'est pas permis jusqu'à
maintenant. On l'accepte. Qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas tellement
nous que cela brime; c'est vous autres.
M. HARDY: Occupez-vous donc de vos affaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: C'est vrai que vous faites partie du caucus, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que
vous pourriez m'éclairer? On est sur une question de
règlement.
M. BURNS: ... cela vous vise, je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non. Soyez sans crainte. Je ne suis pas
chatouilleux. J'ai l'impression que nous ne sommes ni sur une question de
règlement, ni sur la motion d'amendement.
M. BURNS: On est sur une question de règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'aimerais bien qu'on revienne...
M. BURNS: ... et je vais vous dire laquelle. En vertu de l'article 96,
on m'a dit que je venais de dire...
M. TETLEY: Vous vous exprimez mal.
M. BURNS: ... qu'il fallait que tous les députés
ministériels...
M. TETLEY: Vous prenez six minutes...
M. BURNS: Voyons donc! M. le ministre, restez tranquille !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: C'est votre journée aujourd'hui?
M. TETLEY: Vous vous exprimez si mal que vous prenez six minutes...
M. BURNS: Suivez l'exemple de votre premier ministre. Pour une fois, il
est calme aujourd'hui. Il est tranquille.
M. TETLEY: Suivez son exemple vous-même.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Est-ce qu'il va falloir vous donner le même traitement
qu'on a donné au premier ministre la semaine dernière?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TETLEY: Je n'ai pas peur de vos menaces.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: Regardez s'il est
tranquille. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TETLEY: Je n'ai pas peur de vos menaces.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous voyez ce qui arrive. Est-ce que
quelqu'un veut intervenir sur la motion de sous-amendement?
M. TETLEY: Déposez vos amendements. Vous avez peur de les
déposer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous voyez ce qui arrive? Est-ce qu'il y a
quelqu'un qui veut intervenir sur la motion de sous-amendement? Il n'y a pas de
question de règlement.
M. TETLEY: C'est comme votre budget de l'An l.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas terminé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, mais il n'y a pas de question de
règlement.
M. BURNS: M. le Président, il y a l'article 96. Je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse auprès du
député de Maisonneuve. Il se réfère à
l'article 96, en vertu d'une altercation qui a eu lieu au début...
M. BURNS: Non, M. le Président, pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...sur une question de règlement qui
n'existe pas.
M. BURNS: Non, sur une remarque très gentille, mais un petit peu
brûlante du ministre de l'Education. Ce n'était pas
méchant, ce qu'il a dit.
M. CLOUTIER: Ce n'est jamais méchant, ce que je dis, mais c'est
souvent efficace.
M. BURNS: Sa remarque est un petit peu au fer rouge. J'ai tout
simplement mentionné tout à l'heure, un point. Vous m'avez
permis, M. le Président, de dire: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas
de députés libéraux qui interviennent là-dessus? Et
le ministre m'a répondu là-dessus. Je vous cite l'article 96: "Le
député qui prend la parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé à moins que
celui qui le prononce ne consente à être interrompu".
J'ai posé une question au ministre et il m'a dit: Attendez.
D'accord, M. le Président, vous l'avez entendu comme moi. Après
cela, on dit: "Les explications doivent être brèves et ne doivent
apporter aucun élément nouveau dans la discussion et elles ne
peuvent engendrer un débat".
M. le Président, ce n'est pas moi qui ai engendré un
débat; c'est le député de NDG, le ministre des
Institutions financières, qui m'a dit
que je tentais de mêler les problèmes. "Apportez vos
amendements", comme il m'a dit.
M. TETLEY: J'ai dit que vous vous êtes mal exprimé.
M. BURNS: Pardon?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je dis tout simplement ceci: II ne serait que normal que
l'Opposition, qui se force, M. le Président, pour vous apporter des
arguments les plus raisonnables possible à l'appui de ses amendements,
entende, après au moins deux interventions, ce que le gouvernement pense
à ce sujet. Tout ce que j'ai entendu dire jusqu'à maintenant, de
la part du ministre de l'Education, c'est: "On ne participe pas à ce
"filibuster"." On ne vous demande pas de participer à quelque
"filibuster" que ce soit. D'ailleurs, on ne vous a pas parlé de
"filibuster" jusqu'à maintenant.
M. BOURASSA: C'est faux.
M. TETLEY: C'est dans le Jour de ce matin.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: Le député de Saint-Jacques en a
parlé.
M. TETLEY: Lisez le Jour. Achetez-en une copie.
M. BURNS: On ne vous a pas parlé de "filibuster" jusqu'à
maintenant. A la provocation du premier ministre, vendredi, à l'endroit
du député de Saint-Jacques, quand il lui disait: Vous êtes
en train de faire un grand "show". Le député de Saint-Jacques lui
a dit: Si vous voulez avoir un "show", vous allez en voir un plus grand que
cela.
Jusqu'à maintenant, et je défie, de façon
très gentilhomme, le ministre de l'Education et tout autre ministre
autour de la table... Je défie non pas au sens de l'article 99, parce
que je vois que le ministre s'apprête à me dire que je n'ai pas le
droit de défier.
M. HARDY: Ce n'est pas cela.
M. BURNS: C'est pour cela que j'ai dit: De façon bien
gentilhomme.
M. HARDY: Je comprenais votre figure de style.
M. BURNS: Je défie qui que ce soit, autour de la table
c'est une figure de style de trouver dans nos propos, jusqu'à
maintenant, une volonté de bloquer de façon inintelligente, comme
le disait le ministre...
M. CLOUTIER: Je peux le prouver tout de suite.
M. BURNS: ... le projet de loi. M. TETLEY: Cest vrai.
M. BOURASSA: On l'a accepté, votre "filibuster".
M. BURNS: Nos décisions, vous verrez qu'elles viennent au fur et
à mesure, mais, jusqu'à maintenant, en tout cas, je pense que le
débat s'est tenu j'insiste encore là-dessus
à un niveau que très peu de débats ont connu
jusqu'à maintenant, c'est-à-dire à un niveau intellectuel
où on échange des idées, où on tente de vous
convaincre. Mais, semble-t-il, vous êtes complètement
enfermés sous une cloche de verre; c'est votre problème, ce n'est
pas le nôtre. Mais, pour ce qui nous concerne, on aimerait bien, en
attendant, savoir pourquoi le gouvernement voterait pour ou contre l'amendement
qui vient d'être déposé par le député de
Saint-Jacques. C'est seulement cela, ce n'est pas plus.
M. HARDY: M. le Président...
M. LEGER: Sur un point de règlement, M. le Président,
d'après l'article 96. Je me suis fait dire par le ministre des
Institutions financières...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: Je veux rétablir
les faits.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous êtes censé le faire
immédiatement après votre intervention.
M. LEGER: Oui, mais je ne pouvais pas l'interrompre pendant qu'il
était sur une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On est rendu à trois ou quatre sujets
plus loin.
M. LEGER: Simplement un point, c'est qu'on m'a accusé en
réalité c'est à moi qu'on voulait dire cela d'avoir
dit qu'on voulait faire un "filibuster" actuellement.
M. BOURASSA: Tout le monde sait cela.
M. LEGER: Je n'ai même pas pris ces mots. J'ai dit qu'on ferait
tout ce qu'il faut pour empêcher que le projet de loi ne soit
adopté, mais je l'ai mis au conditionnel. Si l'on adopte l'article 1
sans un changement radical, là on va être obligé de se
battre pour l'empêcher d'être adopté. Mais pas avant.
Actuellement, nous avons des amendements...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ...qui permettent encore l'étude logique...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: Est-ce qu'il parle au nom du parti?
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord avec le
député de Lafontaine; c'est exactement ce que je viens de
dire.
M. BOURASSA: Cela veut dire que c'est un "filibuster" si on n'accepte
pas vos amendements.
M. LEGER: Un amendement majeur à l'article 1. Le reste, M. le
Président, cela ne sert à rien de laisser passer cela. C'est
l'article 1 qui est la base même, le principe du projet de loi. D'ici ce
temps, on espère vous empêcher de faire naufrage, comme je le
disais tantôt, avec votre Titanic sur l'iceberg du Parti
québécois. C'est à ce stade-ci que nous avons les
amendements les plus sérieux, les plus profonds qui peuvent vous ramener
sur votre chemin. Nous espérons que c'est un chemin de Damas, pour que
vous puissiez voir clair.
M. BOURASSA: Vous nous demandez la guillotine.
M. LEGER: Après cela, on verra, mais je ne l'ai jamais dit. Comme
le ministre, c'était conditionnel.
M. BOURASSA: En annonçant le "filibuster", vous nous demandez la
guillotine.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Non. Mais vous on voit que vous cherchez un prétexte
pour amener la guillotine. On voit le commencement, la préparation du
terrain pour amener une guillotine. Cela, c'est votre problème. Moi, je
vous dis qu'actuellement c'est sérieux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. MORIN: Vous voulez partir en
vacances.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le ministre des Affaires
culturelles sur le sous-amendement.
M. HARDY: M. le Président, il est bien clair que je parle sur le
sous-amendement. C'est en réponse à ce que vient de dire le
député de Maisonneuve tantôt. Je vous préviens
immédiatement que je n'utiliserai pas mes 20 minutes. Je ne veux
qu'aborder une facette, celle soulevée par le député de
Maisonneuve. Il l'a fait sous une forme de question de règlement qui
n'en était pas une du tout.
Le député de Maisonneuve se dit: Pourquoi le parti
ministériel ne parle-t-il pas sur nos sous-amendements? Je dis d'abord,
M. le Président, qu'au Parlement comme ailleurs il y a une règle
de bon sens qui veut que l'on parle lorsqu'on a quelque chose à dire,
premièrement. Deuxièmement, je pense qu'il appartient aux
députés ministériels de décider à quel
moment ils considèrent qu'ils ont quelque chose à dire.
L'évolution du débat peut déterminer le moment où
l'on a quelque chose à dire. Il se peut fort bien qu'à un stade
donné d'un débat on juge que l'on n'a rien à apporter,
mais qu'à cause d'une certaine direction que le débat peut
prendre à un moment donné on puisse avoir quelque chose à
dire. Donc, il n'y a pas de loi absolue qui dit qu'une fois qu'un
député de l'Opposition a parlé nécessairement un
député ministériel doive lui répondre. Ce n'est pas
aussi simple et aussi simpliste que cela.
Alors, M. le Président, je ne pense pas que l'on doive soulever
un débat là-dessus, d'autant plus qu'il me semble que, dans
l'ordre normal des choses, celui qui propose, celui qui avance une proposition
se doit de l'exposer sous tous ses angles avant qu'on y réponde. Il se
pourrait fort bien, à un moment donné, qu'après avoir
entendu le discours du député de Maisonneuve sur un
sous-amendement je décide d'intervenir et un autre collègue du
député de Lafontaine, qui défend une autre facette de la
proposition, pourrait peut-être me convaincre que certains des propos que
j'ai tenus ne sont pas valables.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas plausible. M. HARDY: Théoriquement, en
tout cas.
M. BURNS: Vraiment, on vient d'entendre toute l'affaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: Je n'ai pas pu résister, je m'excuse.
M. BURNS: Le ministre de l'Education interrompt; il est en train de
contredire son collègue, La solidarité ministérielle, cela
existe pour certains et cela n'existe pas pour d'autres? Qu'est-ce que
c'est?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. HARDY: M. le Président,
je propose...
M. BURNS: II y en a qui votent pour ce projet de loi, mais qui sont
fondamentalement contre, que ce soit des anglophones ou des francophones.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, le député de Maisonneuve
me parle de la solidarité...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Là; vous avez le parrain du bill qui
contredit le ministre qui parle. Cela me fait de la peine pour le ministre qui
parle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, justement le député de
Maisonneuve parle de solidarité. Je me propose, dès que les
débats actuels seront terminés, quand on aura un peu plus de
calme, de réfléchir longuement sur le problème de la
solidarité et de faire part au député de Maisonneuve du
résultat de mes réflexions.
M. BURNS: II va être trop tard, M. le ministre.
M. HARDY: M. le Président, la loi 22, c'est une loi
importante...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Avez-vous terminé?
M. HARDY: Non. je m'excuse. Il y aura d'autres lois importantes.
Donc, M. le Président, je dis qu'il n'appartient pas au
député de Maisonneuve de décider quand d'autres de ses
collègues devront intervenir.
M. BURNS: C'est vrai, cela.
M. HARDY: Et vous me permettrez de terminer là-dessus, M. le
Président. Le député de Maisonneuve semblait nous inviter
à participer au débat immédiatement, dans le but de rendre
plus facile, plus sérieux, plus objectif, plus efficace le
débat.
M. BOURASSA: Pour maquiller leur "filibuster".
M. HARDY: Puis-je rappeler au député de Maisonneuve que
s'il y a un parti autour de cette table qui a tout fait pour rendre plus
efficace le débat, c'est bien ceux qui siègent à votre
droite, M. le Président. Nous avons déposé tous les
documents, les amendements, même si le règlement ne nous y oblige
pas, les principes directeurs, les amendements, même si le
règlement ne nous y oblige pas, les principes directeurs, alors que
l'Opposition... Et cela pourrait aider aussi.
M. MORIN: Après trois jours de débat.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de Sauvé de se taire, de respecter le droit de
parole des autres?
M. MORIN: Vous ne me ferez pas taire lorsque vous dites des
faussetés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, le député de
Sauvé dit qu'il ne vous fera pas taire. Ce n'est pas à moi qu'il
porte préjudice, mais il viole le règlement et surtout, il
manque...
M. MORIN: Vous le violez constamment vous-même!
M. HARDY: ... sérieusement de déférence à
votre endroit, M. le Président.
M. BOURASSA: Mépris des institutions parlementaires.
M. HARDY: M. le Président, je dis...
M. TETLEY: II est indigne.
M. BURNS: Je vais mourir tout de suite.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. CHARRON: Avez-vous entendu celle-là, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: Le premier ministre a dit: "Mépris des
institutions."
M. HARDY: M. le Président, vous voyez comment c'est.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: L'Opposition nous reproche de ne pas intervenir et
aussitôt qu'on commence à parler, ils font tout pour nous
empêcher de parler.
M. CHARRON: Mépris des institutions. Celle-là est
bonne.
M. HARDY: M. le Président, je dis donc que si l'Opposition, les
députés qui siègent à votre gauche, dans le sens
parlementaire du mot, voulaient vraiment rendre plus efficaces nos travaux,
s'ils étaient sérieux quand ils disent qu'ils veulent rendre plus
efficaces nos travaux, ils feraient la même chose que nous avons fait,
ils déposeraient leurs amendements afin qu'on les étudie et qu'on
puisse voir ce qu'il y a dans leurs amendements qui pourrait peut-être
bonifier la loi. Mais parce que ça ne fait pas partie de leur petit jeu,
ça ne fait pas partie de leur stratégie, ça ne fait pas
partie de leur scénario, les députés du Parti
québécois refusent systématiquement de déposer les
amendements qu'ils prétendent avoir à ce projet de loi.
M. CHARRON: Vous en avez deux sur la table et vous ne parlez même
pas dessus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Y a-t-il d'autres députés qui
voudraient profiter de leur droit de parole pour nous dire pourquoi ils ne
l'exerceront pas?
M. TETLEY: Brièvement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous avez l'intention d'intervenir sur le
sous-amendement?
M. TETLEY: Non, non. J'aimerais parler tout simplement deux minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur le sous-amendement?
M. TETLEY: Oui, oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Institutions
financières.
M. CHARRON: M. le Président, il y a quelqu'un au bout de la table
qui vous a fait signe.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui. M. TETLEY: Vous permettez?
M. MERCIER: Certainement, mon cher collègue, allez.
M. TETLEY: Merci. Le député de Maisonneuve nous a
posé la question? Pourquoi ne parlez-vous pas? Une raison claire, c'est
parce qu'il y a un "filibuster"; c'est très difficile de parler. Lorsque
des gens parlent vingt minutes chacun... laissez-moi terminer. Une autre
raison, ce sont les interruptions.
M. BURNS: Je n'ai pas dit un mot. M. TETLEY: J'insiste, M. le
Président.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas dit un mot. J'ai
bougé ma chaise et il dit: Laissez-moi terminer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, à l'ordre!
M. TETLEY: Vous n'avez pas dit un mot? Vous venez de parler. Vous parlez
encore.
M. BURNS: Je n'ai pas dit un mot.
M. TETLEY: II parle. C'est un "talking machine", M. le
Président.
M. BURNS: J'ai le droit de m'approcher de la table.
M. TETLEY: Approchez-vous mais fermez la bouche. Si c'est possible. M.
le Président, une raison, c'est qu'il y a un "filibuster". Une autre
raison, ce sont les interruptions constantes du député de
Maisonneuve. C'est une deuxième raison. Mais la plus grande raison...
oui, vous! Pas, vous, M. le Président, je parle au député
de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Parlez-lui à travers le
président.
M. TETLEY: Ah, pardon! Troisième raison et la plus importante,
c'est que nous attendons, j'attends, si vous êtes sérieux, le
dépôt de vos amendements. J'ai écouté avec tous mes
amis, trois ou quatre jours d'insistance de votre part pour que le gouvernement
dépose tous ses amendements. Pas deux ou trois, vous avez insisté
pour que le gouvernement... Ah! un drapeau blanc. Vous quittez votre
"filibuster". Attention, journalistes. C'est drôle parce que nous avons
des nouvelles que vous avez vos billets pour le 4 août. Comment se
fait-il que vous quittiez tout de suite? Vous avez vos billets pour
l'Europe.
M. BURNS: Moi, vous me parlez à moi? Je n'ai pas de billets.
M. TETLEY: Pas vous, le député de Saint-Jacques.
M. BURNS: Moi, j'ai seulement des billets d'Inter-Loto dans le moment.
Cela ne m'amène nulle part, ça.
M. CLOUTIER: Cela ne marche pas.
M. TETLEY: Lorsque j'ai parlé des interventions, M. le
Président, du député de Maisonneuve, j'avais raison je
crois, en voilà un autre exemple. En tout cas, M. le Président,
pendant trois jours, ils ont insisté pour que le gouvernement
dépose tous ses amendements. Je crois qu'ils n'ont pas d'amendement.
Cela va être comme leur bill 22 qu'ils ont publié dans le journal
Le Jour et dont même le journal Le Jour avait honte. Le journal La Presse
avait écrit un article: Grand absent du débat sur le bill 22 : le
Parti québécois. Si vous êtes sérieux,
déposez vos amendements, si vous en avez. J'aimerais les voir. Et vous
me privez, c'est une question de privilège personnel ainsi que pour tout
le monde ici présent, de vous croire et d'étudier ces documents.
Parce que j'aimerais les étudier cet été et même
aujourd'hui. J'ai peur que vos amendements aient le même effet que votre
budget de l'an 1 qui a été un grand désastre pour
vous.
Le premier ministre a insisté, lors des élections, sur
votre budget de l'an 1 et cela a été un désastre complet.
Il attend vos amendements et moi aussi.
Donc, voici les trois raisons, M. le Président:
Premièrement, le "filibuster". Deuxièmement les interventions du
député de Maisonneuve, et
troisièmement, nous attendons vos amendements et je doute qu'ils
existent.
M. LEGER: Est-ce que le ministre des Institutions financières me
permettrait une question?
M. TETLEY: Oui.
M. LEGER: Comme d'habitude, il me permet. Je lui permets toujours
d'ailleurs, quand c'est mon tour.
M. TETLEY: Une question, pas un discours.
M. LEGER: Est-ce que le ministre connaît la différence
entre un projet de loi présenté et je pense qu'il va me
répondre oui par le gouvernement où il faut déposer
tous les amendements, parce que c'est là-dessus qu'on étudie un
projet de loi article par article, et l'Opposition qui elle, peut proposer des
amendements aux articles, au moment où il veut le faire,
c'est-à-dire suivant ce qui est adopté, comme à l'article
1 on peut avoir des amendements différents de ceux des autres articles.
N'est-ce pas le cas? A moins que vous vouliez qu'on fasse l'inverse. Qu'on
prenne un projet de loi linguistique du Parti québécois et que le
gouvernement essaie d'apporter des amendements à cela...
M. TETLEY: M. le Président, c'est un discours.
M. MORIN: Est-ce que vous me permettez une question?
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: Ce n'est pas normal?
M. TETLEY: Non. Etes-vous capable de...
M. MORIN: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TETLEY: Non, je vais répondre à sa question, à
son discours. Je crois que vous avez le droit, l'obligation et la
responsabilité de déposer vos amendements tout de suite, surtout
parce que vous, le député de Lafontaine, avez dit que vous
n'étiez pas capable de discuter l'article no 1 parce qu'il y avait
d'autres articles plus importants et que le tout dépendait de l'article
1.
M. LEGER: Question de règlement, je n'ai pas dit cela.
M. HARDY: Article 96.
M. LEGER: Oui, mais le ministre comprend fort bien. Je lui ai
posé une question.
M. TETLEY: C'était vendredi après-midi.
M. LEGER: J'ai dit que l'article 1... M. HARDY: ... avez dit article
96.
M. LEGER: J'ai dit que l'article 1 était la fenêtre...
M. HARDY: Tout le monde a voté 96.
M. LEGER: ... qui permet de voir la suite. Alors, selon ce qu'on va
adopter à l'article 1, on peut apporter par la suite. C'est conditionnel
à l'article 1.
M. MORIN: Maintenant, est-ce que je peux poser une question au
ministre?
M. TETLEY: Non.
M. MORIN: Est-ce que ce ne serait pas la première fois que
l'Opposition, dans l'histoire de ce Parlement, dépose ses amendements,
comme cela, à l'avance...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. TETLEY: Pas du tout. Bill
45.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. TETLEY: Je peux citer quatre ou cinq exemples.
M. MORIN: Jamais nous n'avons été obligés de
procéder de la sorte.
M. BOURASSA: Vous avez déposé votre contreprojet, vous
avez montré...
M. TETLEY: Un instant, je vais répondre à cette
question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. BOURASSA: Correct.
M. TETLEY: Je peux vous donner quatre ou cinq exemples de mes bills, y
compris le bill 45 et la Loi de la Commission des valeurs mobilières, la
Loi des compagnies, etc.
M. LEGER: Je n'ai jamais proposé d'amendement au bill Tetley.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre des Institutions financières
me permet de lui apporter un éclaircissement sur cette question
importante des amendements. Prenons comme exemple le sous-amendement que je
viens d'apporter. Vous l'aviez. C'était déjà
annoncé dans le contreprojet, votre collègue de Saint-Jean y
puise toutes ses interventions depuis le début des séances de la
commission. Vous le savez. C'est le texte de nos amendements que vous
voulez avoir; mais l'esprit, vous l'avez déjà.
Celui-là, il était déjà annoncé, demandez au
député de Saint-Jean, il l'a lui-même annoncé.
M. TETLEY: Déposez votre esprit...
M. CHARRON: II l'était déjà... Et on vous...
M. HARDY: Votre esprit, vous l'avez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: Vous avez prêté votre esprit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! S'il vous plait.
UNE VOIX: Vous faites un "filibuster".
LE PRESIDENT (M. Gratton): On va quand même revenir un jour ou
l'autre au sous-amendement, pourquoi ne serait-ce pas tout de suite?
M. CHARRON: Vous avez bien raison. M. BURNS: 96, M. le Président.
M. MERCIER: A qui la parole? M. BURNS: Question de règlement.
M. MERCIER: Je comprends mal que vous puissiez invoquer l'article 96
alors que vous n'avez pas encore parlé sur le sous-amendement.
M. BURNS: M. le Président, au contraire, je n'ai pas
parlé...
M. MERCIER: Pour répondre au député de Maisonneuve
qui invitait les députés "backbenchers" à prendre la
parole...
M. BURNS: Le député peut-il attendre, je parle sur une
question de règlement.
M. MERCIER: M. le Président a décidé, ce n'est pas
à moi...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
une question de règlement.
M. BURNS: M. le Président, prenez tout l'après-midi, on va
consentir à ce que vous dépassiez votre vingt minutes. Il 'n'y a
pas de problème.
M. MERCIER: Vous êtes gentil, je vous remercie à
l'avance.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve sur
une question de règlement.
M. BURNS: M. le Président, vous me posez la question pourquoi je
soulève l'article 96. J'ai posé une question au ministre, le
ministre me l'a permise. Dans sa réponse, il a mal
interprété des choses qui paraissaient dans ma question. Je veux
tout simplement rétablir ceci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y rapidement.
M. BURNS: II nous dit, depuis le début, qu'est-ce que vous
attendez pour déposer vos amendements? Pourquoi n'êtes-vous pas
sérieux? On est sérieux depuis le début, M. le
Président. Dites au ministre qu'on est sérieux. Je n'ai pas le
droit de parler au ministre alors, je vous parle. M. le Président,
voulez-vous dire au ministre qu'on est sérieux.
M. HARDY: Un sérieux très spécial.
M. BURNS: M. le Président, voulez-vous dire au ministre qu'on est
sérieux depuis le déput. On a demandé d'abord les
règlements qui sous-tendaient le projet de loi 22. On nous les a
refusés et on a dit: Quand on arrivera à l'article 1...
M. HARDY: Question de règlement. M. BURNS: M. le
Président...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BURNS: On a dit également qu'on demandait...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur une question de règlement.
M. BURNS: Je suis sur une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que...
M. HARDY: Non, vous êtes sur l'article 96. L'article 96 n'est pas
une question de règlement.
M. BURNS: Oui, c'est cela une question de règlement.
M. HARDY: Ce n'est pas une question de règlement, vous...
M. BURNS: L'article 96 est un article du règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Vous ne soulevez pas une question de règlement, vous
vous prévalez d'un article du règlement, ce n'est pas la
même chose. A chaque fois qu'on parle en Chambre ou en commission, on se
prévaut du règlement, mais, moi, j'invoque le règlement,
parce que...
M. BURNS: Quel article?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ... à l'article 96, il est bien dit qu'on doit
rétablir les faits sans apporter de faits nouveaux et surtout sans
soulever de débat.
M. BURNS: Je n'apporte pas de faits nouveaux, M. le
Président.
M. HARDY: Vous commencez un vieux débat.
M. BURNS: M. le Président, ce sont des faits vieux d'une semaine
que je rapporte. Je n'apporte pas de faits nouveaux. Je ne soulève pas
de débat.
M. HARDY: Ils sont nouveaux pour l'objet du débat actuel.
M. BURNS: M. le Président, je vous dis tout simplement que le
ministre nous accuse actuellement.
M. HARDY: Faites-le!
M. BURNS: Non, je ne veux pas faire de discours, au contraire...
LE PRESIDENT (M Gratton): A l'ordre, messieurs ! A l'ordre!
M. BURNS: ... mon discours va être après.
M. HARDY: Une pièce de plus à votre dossier, c'est
tout.
M. BURNS: Bien non, mon discours va venir après. Attendez.
Qu'est-ce que vous voulez? Vous êtes bien pressé de
l'entendre?
M. HARDY: Oui, quand vous parlez intelligemment, c'est
intéressant, mais là vous ne le faites pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. BURNS: Bien oui! Je parle toujours intelligemment ici, depuis le
début en tout cas. Il est arrivé des fois où je passais
à côté du règlement, je m'en excuse, M. le
Président, mais pas à cette commission-ci, cela ne m'est jamais
arrivé.
M. CLOUTIER: De temps en temps.
M. BURNS: M. le Président, je dis tout simplement ceci: Le
ministre nous demande: Pourquoi ne déposez-vous pas vos amendements?
Pourquoi n'êtes-vous pas sérieux? On a déposé des
demandes avant l'article 1. Ces demandes visaient à obtenir les
amendements, ensuite la réglementation. On est même allé
jusqu'à nous dire, du côté ministériel et on
a accepté cette argumentation que les règlements
n'étaient pas tout à fait prêts, qu'on pouvait nous donner
peut-être les principes directeurs. On a dit : D'accord, donnez-nous les
principes directeurs. On a fait des motions dans ce sens. Est-ce que c'est
sérieux ou si ce n'est pas sérieux? C'est tellement
sérieux que dès qu'on est arrivé à l'article 1, par
entêtement ou par une espèce de je ne sais pas trop quoi du
côté gouvernemental, on a dit : Là, on est rendu à
l'article 1, là, on les accepte, vos motions, alors qu'on avait
voté contre. Qui est sérieux et qui n'est pas sérieux, M.
le Président? Je le demande au ministre des Institutions
financières. Le résultat est là.
Cela fait cinq jours qu'on discute et on aurait pu être rendu
à l'article 1, il y a deux jours, si on avait écouté
certaines de nos suggestions au début.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le sous-amendement.
M. BEDARD (Chicoutimi) : M. le Président, j'aurais seulement une
question à poser...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, il n'y a plus de question. Est-ce que
quelqu'un veut intervenir sur le sous-amendement?
Le député de Bellechasse.
M. MERCIER: Justement pour vous dire, à l'instar de mon
collègue de Terrebonne et du ministre des Institutions
financières, que je n'utiliserai pas complètement mon droit de
parole. La raison pour laquelle j'ai demandé quelques minutes, c'est
justement pour répondre au député de Maisonneuve qui a
fait appel aux commentaires des "back-benchers", ainsi que le
député de Saint-Jacques. Je voudrais dire à ces marquis
d'un parti bourgeois que, justement, la raison pour laquelle nous nous
abstenons de prendre la parole sur ces amendements ou sous-amendements, c'est
que je ne voudrais pas être complice de cette mascarade et bouffonnerie
intellectuelle, de ce spectacle que nous offrent les membres de l'Oppostion
depuis plusieurs jours. Je voudrais vous dire, au nom d'un peuple qui est
également canadien-français, car on semble vouloir s'arroger les
seuls droits de pouvoir parler au nom des Canadiens français, que dans
la population de Bellechasse, qui est à 99.9 p.c. francophone, nous en
avons assez de cette perte de temps que nous subissons depuis plusieurs
jours...
M. CHARRON: II doit avoir du monde dans la salle!
M. BURNS: Vous avez étudié cela en fin de semaine?
M. MERCIER: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Depuis quand êtes-vous en vacances?
M. MERCIER: M. le Président, j'ai la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : A l'ordre! A l'ordre!
M. SYLVAIN: Voulez-vous le laisser parler? M. BURNS: Justement, je veux
savoir...
M. MERCIER: Je pense qu'on a permis aux membres de l'Opposition de
s'exprimer depuis un bon bout de temps...
M. BURNS: Où étiez-vous, M. le député de
Bellechasse?
M. MERCIER: ... en toute démocratie, mais on semble exploiter
éhontément, effrontément, les règles
parlementaires...
M. CHARRON: C'est parce qu'il y a des gens de Bellechasse dans la salle
qu'on vous entend pour la première fois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MERCIER: Vous me posez la question, je l'ignore. Ne vous tracassez
pas, on ne fait pas comme vous autres, on ne "paquette" pas nos salles!
M. CHARRON: C'est la première fois que vous parlez depuis que
vous êtes élu.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. HARDY: Raison de plus pour
l'écouter!
M. MERCIER: Oui, c'est la première fois que je parle parce que
c'est la première fois que je siège officiellement à cette
commission.
M. CHARRON: C'est parce que c'est la première fois qu'il y a des
gens de Bellechasse.
M. MERCIER: Ne vous tracassez pas. On a le droit de faire le même
jeu que vous autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MERCIER: C'est la première fois que j'ai l'occasion...
M LEGER: M. le Président...
M. CHARRON: Là, vous vous fermez comme tous les autres.
M. MERCIER: ... d'être membre officiel de cette commission.
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président...
M. MERCIER: C'est la première fois, M. le Président...
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président...
M. MERCIER: II n'est pas question de règlement
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Lafontaine, sur
une question de règlement.
M. MERCIER: M. le Président, j'ai la parole.
M. LEGER: M. le Président, je serai très heureux de
remettre la parole immédiatement au député de Bellechasse,
après, mais je ne peux laisser cela, parce que c'est absolument faux de
dire qu'on est en train d'amener des gens dans la salle, alors qu'on sait fort
bien que le député de Bourget en a amené
régulièrement dans la salle, et qu'il les a lui-même
amenés en autobus.
M. HARDY: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans.
M. LEGER : Qu'il n'essaie pas de dire que le Parti...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! J'aimerais avertir les
gens dans les galeries que pour toute manifestation semblable, je me verrai
forcé de les inviter à quitter les lieux.
M. MERCIER: Alors, est-ce que je peux poursuivre?
M. DESJARDINS: Je vais intervenir sur une question de règlement,
M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de
Louis-Hébert, sur une question de règlement.
M. DESJARDINS: Je suis loin de vous et je vais tenter de m'en rapprocher
un peu par mes propos. Je soulève une question de règlement sur
le décorum à la commission parlementaire et sur le droit de
parole des députés. J'ai assisté assez
régulièrement, depuis le début, aux travaux de cette
commission parlementaire, même si je n'en étais pas membre
élu. J'ai constaté qu'il y avait interruption de part et d'autre,
que des députés libéraux interrompaient des
députés de l'Opposition officielle, mais j'ai surtout
remarqué que, chaque fois que les députés
libéraux tentaient de prendre la parole, ils étaient
continuellement interrompus surtout par le député de
Saint-Jacques qui plaide pour la galerie, qui est là pour donner un
spectacle, et surtout aussi par le député de Maisonneuve. Je vais
vous dire de quelle façon le député de Maisonneuve nous
interrompt avec succès en se servant du règlement. Lorsque l'on
soulève une question de règlement, le député de
Maisonneuve intervient, dit-il, sur une question de règlement lui aussi.
A ce moment, selon nos règlements, le député de
Maisonneuve devrait soulever une question de règlement sur la question
de règlement déjà soulevée par le premier
député. Mais ce n'est pas ce qu'il fait. Il prétend
soulever une question de règlement sur la question de règlement
déjà soulevée et il en profite pour argumenter sur ce qui
a été déjà soulevé. Ceci, le
député de Maisonneuve le pratique à profusion, en Chambre
également. J'ai l'intention de faire valoir des représentations
là-dessus auprès du président de la Chambre.
Je pense, M. le Président, que vous devrez, à compter de
tout de suite, être très sévère sur les
interruptions des députés les uns envers les autres. Les
députés de l'Opposition nous incitent à prendre la parole
et, dès que nous tentons de le faire, pour toutes sortes de raisons
démagogiques et autres enfin, je retire le mot
"démagogique", parce qu'il pourrait ne pas être parlementaire et
inviter le député de Maisonneuve à soulever une question
de règlement sur ma question de règlement on vient nous
interrompre et je constate qu'on tente par tous les moyens de plaider pour une
galerie. Moi, en tout cas, je ne suis pas ici pour donner un spectacle. J'ai
l'intention d'intervenir sur le sous-amendement tout à l'heure et je
veux le faire avec pondération, en employant des arguments bien
fondés. Je voudrais que vous appliquiez le règlement de
façon très sévère pour qu'on cesse de nous
interrompre continuellement. Où je serais peut-être un peu plus
large, c'est pour le premier ministre et le chef de l'Opposition. Après
tout, vous avez deux hommes, de chaque côté de vous, qui
représentent un peu plus la population du Québec tout
entière que nous; vous avez le chef de l'Opposition officielle et vous
avez le premier ministre qui s'échangent évidemment des propos
à un moment donné. Je trouve cela beaucoup plus normal que ce
soit eux qui le fassent que le député de Saint-Jacques et un
autre député libéral quelconque.
Je termine donc en vous incitant à une très grande
sévérité dans l'application du règlement pour toute
discussion qui se continuera en commission parlementaire.
M. BURNS: M. le Président, une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
une question de règlement.
M. BURNS: Une question de règlement qui est soulevée par
les remarques du député de Louis-Hébert. Je pense que
c'est important, c'est sérieux; cela se base sur notre règlement.
Je vous réfère à l'article 68. Je vous le lis: "Une motion
de fond annoncée est nécessaire pour mettre en question la
conduite du lieutenant-gouverneur ce n'est pas moi, M. le
Président du président ou d'un vice-président de
l'Assemblée ce n'est pas moi, non plus des
présidents des commissions ce n'est pas moi, non plus ou
d'un membre de l'Assemblée. Cette motion est
privilégiée".
M. le Président, le député de Louis-Hébert,
qui est avocat, devrait savoir que, s'il veut soulever une question
relativement à ma conduite en Chambre ou ici, il y a l'article 68 qui
existe. Qu'il fasse une motion, cela va me faire plaisir. Vous avez beau rire,
mais qu'il le fasse, M. le Président. J'ai entendu le
député de Louis-Hébert dire c'est ce que je trouve
le plus grave dans ce qu'il a dit qu'il va en parler au président
de la Chambre. Or, cela s'adonne que ce n'est pas au président de la
Chambre qu'il va en parler. C'est par une motion en vertu de l'article 68.
M. HARDY: II a dit qu'il ferait des représentations au
président de la Chambre...
M. BURNS: S'il veut en parler, il faut qu'il en parle en vertu de
l'article 68. C'est le président de la Chambre lui-même qui a dit
cela; il l'a dit, d'ailleurs, à deux ou trois reprises. Si vous voulez
mettre en doute la conduite d'un député, allez-y, il y a une
motion à cet effet. La motion se fait en vertu de l'article 68.
M. DESJARDINS: J'invoque l'article 96.
M. HARDY: Sur la question de règlement, très
brièvement...
M. MORIN: Je pense que c'était de l'intimidation pure et
simple.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de règlement,
en vertu de l'article 68.
M. DESJARDINS: J'invoque l'article 96 pour rétablir les faits, et
je dois le faire immédiatement. Je m'excuse de participer à ce
"filibuster" et à cette procédurite que je déteste, parce
que je n'aime pas la procédurite, mais, M. le Président, je n'ai
pas voulu faire allusion à une conduite indigne de la part du
député de Maisonneuve. Absolument pas!
M. BURNS: II n'y a pas d'indignité dans l'article 68.
M. DESJARDINS: Je n'ai pas voulu faire allusion même à
cela...
M. BURNS: II ne connaît même pas son règlement.
M. DESJARDINS: J'ai fait allusion au maniement habile de la
procédure. Il agit avec une très grande habilité. C'est
son droit et c'est son devoir de le faire, comme c'est mon droit et mon devoir
de le dénoncer si je m'en rends compte. Je prétends...
M. BURNS: Si vous voulez me dénoncer, utilisez l'article 68.
L'indignité, c'est un autre article.
M. DESJARDINS: M. le Président...
M. BURNS: Si vous voulez le savoir, je vais vous dire le
numéro.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DESJARDINS: Est-ce que le député de Maisonneuve avait
la parole, M. le Président?
M. LACROIX: Vous n'avez pas vos femmes attachées. Vous êtes
donc bien nerveux !
M. DESJARDINS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Prenez donc connaissance de l'affaire Boutin et vous allez
savoir quel article.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DESJARDINS: M. le Président, je ne suis pas une machine
à retenir les numéros du règlement par coeur. Je laisse
cela au député de Maisonneuve. Mais je dis que si je veux le
faire en Chambre, au président de la Chambre, je le ferai publiquement
et en Chambre, purement et simplement. Je voudrais éliminer
l'idée que les gens pensent ici que je faisais allusion â une
conduite indigne du député de Maisonneuve. Au contraire, comme
procédurier...
M. BURNS: Indigne... Ce n'est pas le même article.
M. DESJARDINS: Comme procédurier... M. BOURASSA: Du calme! M.
DESJARDINS: Comme procédurier... LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. BURNS: II dit des stupidités, M. le Président. Je ne
peux pas le laisser faire.
M. HARDY:... si on vous empêchait à chaque fois que vous
dites des stupidités.
M. BOURASSA: Du calme!
M. DESJARDINS: Vous voyez, M. le Président...
M. HARDY: On serait toujours debout.
M. DESJARDINS:... que le député de Maisonneuve illustre
bien ce que je viens de dire. Il nous interrompt continuellement...
M. MORIN: Vous tentez de l'intimider.
M. DESJARDINS: Vous voyez, M. le Président, comme l'honorable
chef de l'Opposition officielle...
M. MORIN: Je proteste!
M. DESJARDINS: ...l'honorable chef de l'Opposition officielle...
M. HARDY: Oh! Oh! Il proteste!
M. MORIN: On tente d'intimider le député de
Maisonneuve.
M. DESJARDINS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
UNE VOIX: Un peu de sérieux!
M. MORIN: Cest un procédé inqualifiable...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Pour l'amour du bon
Dieu, à l'ordre! Un instant !
M. DESJARDINS: Est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant! Un instant! A l'ordre!. Bon! A
l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, je vais invoquer le
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Ecoutez! La question de
règlement, cela fait déjà 45 minutes qu'on est dessus.
J'aimerais vous suggérer que le député de Bellechasse
finisse son intervention sur la motion de sous-amendement, pour qu'on y
revienne.
M. MERCIER: Avec plaisir.
M. MORIN: Non, M. le Président, j'ai une question de
règlement.
M. MERCIER: Avec grand plaisir, M. le Président.
M. MORIN: J'ai une question de règlement. M. MERCIER: Je voudrais
poursuivre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACROIX: Quelle sorte de professeur est-ce?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Si vous voulez rester sur la
question de règlement, le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: Très brièvement, M. le Président. Je
trouve cela plus ou moins valable, ce que le député de
Maisonneuve a fait, en reprochant au député de
Louis-Hébert de ne pas invoquer l'article 68, parce que...
M. BURNS: C'est la seule façon qu'il peut se plaindre de moi.
M. HARDY: Laissez-moi terminer!
M. BURNS: C'est tout!
M. LACROIX: Pouvez-vous vous taire un instant?
M. BURNS: Non, je ne peux pas me taire là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: S'il veut se plaindre de moi, qu'il utilise les bonnes
procédures.
M. LACROIX: Sacrez donc votre camp, si vous n'êtes pas capable de
vous taire.
M. BURNS: Bien, sacrez donc votre camp, vous aussi, si vous ne comprenez
pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: ... ce qui se passe
ici.
M. LACROIX: Je me suis retenu. Je vous écoutais d'en haut.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: Vos fanatiques illuminés d'en arrière ne me
feront pas taire et ils ne me feront pas peur. Ils viennent directement de
votre bureau.
M. BURNS: Ce n'est pas ma faute si vous ne comprenez pas ce qui se
passe. Vous venez juste d'arriver.
M. LACROIX: Non. J'étais à mon bureau. Je vous
écoutais.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Oui, bien, en tout cas... Qu'est-ce que vous voulez?
M. LACROIX: J'écoutais vos niaiseries. LE PRESIDENT (M. Gratton):
A l'ordre!
M. BURNS: On suit cela depuis une semaine, nous autres.
M. LACROIX: Je suis, moi aussi. M. BURNS: A l'ordre!
M. BURNS: On en a deux qui suivent cela depuis deux mois.
M. LACROIX: Je suis cela de mon bureau aussi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Si vous ne comprenez pas ce qui se passe, ayez au moins la
décense de vous taire.
M. LACROIX: Vous, allez donc voir votre... ...vous faire expliquer comme
il faut.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre !
Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, je voulais tout simplement faire
remarquer que le député de Maisonneuve usait de procédures
plus ou moins valables, lorsqu'il reprochait au député de
Louis-Hébert de ne pas avoir invoqué l'article 68.
Le député de Maisonneuve sait très bien la
différence qu'il y a entre diverses interventions que l'on peut faire en
Chambre, et il sait très bien qu'il y a une grande différence
entre le fait de souligner au président qu'un député prend
certaines libéralités avec le règlement et porter une
accusation en vertu de l'article 68. Oh! je sais qu'à certains moments,
pour servir un autre "filibuster", votre parti a porté une accusation en
vertu de l'article 68 à l'endroit d'un vice-président, alors que
le contenu de l'accusation que vous aviez apportée ne répondait
pas du tout aux prescriptions de l'article 68. Vous aviez utilisé, d'une
façon abusive, l'article 68 tout simplement pour retarder un autre
débat. Mais, M. le Président, le député de
Louis-Hébert, comme la plupart des membres de cette Chambre,
connaît la gravité des différents articles du
règlement. Le député de Louis-Hébert sait
très bien qu'il y a une grande différence. Remarquer que le
député de Maisonneuve utilise assez souvent le règlement
pour priver de leur droit de parole d'autres collègues de la Chambre, il
y a une différence entre faire cette remarque et se servir de l'article
68.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle sur une
question de règlement.
M. MORIN: Je regrette que chaque fois que l'Opposition, s'appuyant sur
le règlement comme c'est son droit le plus strict pour
faire respecter ses droits, chaque fois qu'elle l'invoque, le gouvernement
interprète cela, automatiquement, comme de l'obstruction.
Tout ce que nous faisons depuis deux semaines est de tenter de faire
proprement notre besogne d'Opposition. Le député de Maisonneuve a
le droit le député de Louis-Hébert a reconnu qu'il
a même le devoir
d'invoquer le règlement lorsque nous estimons que c'est
nécessaire.
Il est bien mal venu par la suite d'agir comme il l'a fait il y a
quelques instants et de tenter d'intimider le député de
Maisonneuve.
M. LACROIX: Chanteur!
M. MORIN: Je sais que le député de Maisonneuve ne se
laissera pas intimider...
M. LACROIX: Chanteur!
M. MORIN: ... mais je soutiens que de la part d'un gouvernement...
M. HARDY: ... doit être intimidé. M. MORIN: ... fort comme
celui-là... M. LACROIX: Caméléon!
M. MORIN: ... d'avoir recours à des tactiques comme
celles-là pour tenter d'enfoncer davantage la petite Opposition qui lui
tient tête, je trouve cela pitoyable.
M. HARDY: Cela ne vaut même pas la peine de répondre.
M. LACROIX: Caméléon!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Bellechasse sur le
sous-amendement.
M. MERCIER: Ce à quoi je faisais allusion tout à l'heure
est justement ce qu'on vient d'entendre et de voir. C'est ce spectacle offert
par les membres de cette Opposition depuis plusieurs jours, contre lequel je
veux m'inscrire en faux pour ne pas être complice devant la population de
cette perte de temps qu'occasionnent à l'Assemblée nationale les
membres du Parti québécois sur le projet de loi 22.
Je voulais souligner également que nous avons d'autres domaines
d'activité au Québec qui requièrent notre attention, que
cela soit le domaine de la construction ou le domaine économique...
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. MERCIER: ... et je dois dire...
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Lafontaine sur une question de règlement.
M. LEGER: Je suis d'accord pour que le député de
Bellechasse intervienne sur le sous-amendement et l'amendement, mais non pas
sur toutes sortes d'autres articles ou d'autres projets...
M. MERCIER: J'ai appris cela du député de Lafontaine.
M. LEGER: ... de construction... Parlez donc de notre motion
d'amendement et de sous-amendement. Si vous n'êtes pas d'accord, dites
pourquoi, mais parlez là-dessus. Incidemment...
M. MERCIER: Justement...
M. LEGER: ... le règlement dit qu'un député prend
la parole et qu'il doit s'en tenir à la pertinence du débat. Le
débat est le sous-amendement du député de Saint-Jacques
à la motion d'amendement du député de Lafontaine. Parlez
là-dessus et nous ne vous interromprons pas du tout.
M. MERCIER: ... je passe par le comté de Lafontaine pour arriver
au comté de Bellechasse, un peu à l'instar du
député de Lafontaine.
La raison pour laquelle, moi, en tant que "back-bencher", membre de
l'Assemblée nationale et membre du parti ministériel, et
probablement plusieurs de mes collègues nous voulons nous abstenir de
prendre la parole sur des amendements ou des sous-amendements, c'est justement
pour ne pas être complices de cette perte de temps et de cette
bouffonnerie, de ce spectacle auquel nous assistons depuis plusieurs jours.
Pour répondre au député de Maisonneuve, si c'est la
première fois que je prends la parole à cette commission
parlementaire, c'est que j'ai été invité à
remplacer officiellement le député de Jacques-Cartier qui
siège comme membre élu de cette commission.
Si je me suis abstenu de prendre la parole antérieurement, je
n'en ai pas moins pour autant participé en tant qu'auditeur aux
délibérations la semaine dernière, il y a quinze jours, il
y a trois semaines. J'ai suivi avec attention les propos des
députés de l'Opposition. Je m'abstiens de dire avec
intérêt parce qu'ils sont loin d'être
intéressants.
Je voudrais dire que je souhaite ardemment que le gouvernement
dépose le plus tôt possible la motion de clôture sur cette
discussion...
M. LEGER : Vous voulez partir en vacances?
M. MERCIER: ... afin que l'on puisse le plus tôt possible
consacrer nos actions et nos efforts à d'autres travaux aussi urgents,
sinon davantage, qui touchent l'économie du Québec. Je ne
voudrais pas que cette procédurite parlementaire se poursuive davantage
afin d'éviter de faire perdre le cachet et l'esprit que nous devons
avoir, non seulement à l'Assemblée nationale, mais dans les
commissions parlementaires. J'ai été élu par la population
de Bellechasse pour faire du travail sérieux et concret. C'est la raison
pour laquelle je clos mes commentaires à
ce moment-ci. Je voudrais dire, en terminant, que loin de moi
l'idée de vouloir remplir les galeries parce que cela serait chose
facile, inutile de vous le dire. Je ne voudrais pas être complice de ce
petit jeu auquel nous assistons depuis plusieurs jours, occasionné et
organisé par les membres du Parti québécois.
Je clos là mes commentaires pour dire que je souhaite le plus
tôt possible la fin de ces discussions futiles, faites par les membres de
l'Opposition qui font une opposition systématique. Ils ont
été contre, ils sont contre et ils seront contre.
Nous avons été élus avec un mandat clair, net et
précis. La population jugera dans quatre ans de nos actions...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MERCIER: ... et je suis persuadé qu'à ce moment, nous
ne retrouverons pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M.MERCIER: ...les six membres du Parti québécois dans
cette salle.
M. BURNS: Est-ce que le député de Bellechasse me permet
une question?
M. MERCIER: Certainement.
M. BURNS: Est-ce que, à la place de l'utilisation de la
clôture, si c'est l'idée du député de Bellechasse de
voir la fin des travaux le plus rapidement possible, il n'y aurait pas lieu
tout simplement de suspendre les travaux et de recommencer dès le
début de septembre? Si c'est un besoin de vacances chez les
députés libéraux...
M. MERCIER: Absolument pas, M. le Président.
M. HARDY: Ne faites pas de projection.
M.MERCIER: Pour répondre au député de Maisonneuve,
M. le Président...
M. BURNS: C'est notre suggestion depuis le début.
M. HARDY: N'attribuez pas vos désirs aux autres.
M. BURNS: Pas du tout.
M. HARDY: Si vous avez le goût d'aller en vacances, cela ne veut
pas dire...
M. BURNS: Pas du tout. Nous, nous sommes ici jusqu'au mois de novembre.
Il n'y a pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Vous êtes les seuls à parler de vacances.
M. BURNS: M. le Président, on est ici jusqu'au mois de novembre.
Ce sont les députés libéraux qui nous disent: Cela n'a pas
de sens, vous êtes en train de discuter de cela cet
été.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Depuis le début, vous êtes les seuls à
parler de vacances. On n'a pas de vacances, nous.
M. BURNS: Pas du tout, on n'a pas parlé de cela.
M. MERCIER: M. le Président, pour répondre au
député de Maisonneuve, loin de là mon intention...
M. BOURASSA: Le député se fait photographier au lac Simon.
On voit des photos dans les journaux.
M. BURNS: Bien oui!
M. BOURASSA: II a hâte de retourner au lac Simon.
M. BURNS: Je me reposerai à un autre moment, c'est tout. Plus
tard ou je ne me reposerai pas. C'est tout.
UNE VOIX: Alors!
M. BURNS: Moi, je n'ai pas d'hélicoptère pour me promener
d'une place à l'autre, qu'est-ce que vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Oui, c'est tout. J'y vais avec ma petite voiture.
M. BOURASSA: On va se promener à bicyclette...
M. BURNS: C'est moi qui la conduit.
M. BOURASSA: ... pour faire plaisir au député.
M.MERCIER: Je Arais répondre d'abord au député de
Maisonneuve. Vous me permettez?
M. LACROIX: C'est effrayant!
M. MERCIER: II n'est pas question du tout, pour répondre au
député de Maisonneuve, que le député de Bellechasse
prenne des vacances. Loin de là! Nous avons du travail à faire.
C'est dans cet esprit que j'ai exprimé ces commentaires. Au lieu de
perdre notre temps inutilement et futilement, comme on nous le fait perdre
depuis un certain temps, je voudrais que ce temps, non seulement pour
moi, mais aussi pour les membres de l'Assemblée nationale, soit
consacré à d'autres activités importantes et urgentes au
niveau de la province et particulièrement dans les comtés qu'on
représente. C'est la raison pour laquelle j'ai exprimé ces
commentaires. Je souhaite la fin de ces discussions le plus tôt possible,
afin qu'on puisse adopter le plus tôt possible ce projet de loi qui
répond, je pense, en majeure partie, aux aspirations des
Québécois.
M. LEGER: M. le Président, je vous demande un
éclaircissement. Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine, sur
une question de règlement.
M. LEGER: Etant donné que le député de Bellechasse
devait parler à travers le président, je vais vous demander si
vous avez vu, parce que, à travers vous il a dû vous expliquer
qu'il parlait de l'amendement... Je n'ai pas compris s'il a amené
quelques arguments disant qu'il était pour ou contre cet amendement
puisqu'il n'en a pas parlé du tout. Est-ce que vous pensez qu'à
travers vous nous pouvons savoir s'il a parlé de la motion, s'il est
pour, s'il est contre? J'ai l'impression qu'il n'en a pas parlé du tout.
Est-ce que le président peut nous dire si, à travers lui, il a vu
une déclaration quelconque concernant notre sous-amendement?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Ce sont des questions que le député de
Bellechasse ne comprend pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense bien que ce n'est pas une directive
que vous me demandez. Le député de Saint-Jean sur le
sous-amendement.
M. LEGER: Le président n'a rien vu là-dedans...
M. MERCIER: ... expliqué cela...
M. VEILLEUX: La motion d'amendement du député, du
"pee-wee" de Saint-Jacques, cet après-midi, confirme exactement les
propos que je tenais samedi passé sur la proposition d'amendement du
député de Lafontaine. On me reproche, M. le Président, de
connaître le projet de loi de la politique linguistique du Parti
québécois. Je tiens à vous dire, dès le
départ, pour que vous annonciez aux députés de
l'Opposition, que tant et aussi longtemps que durera le débat sur le
projet de loi no 22, je me ferai un plaisir de leur rappeler
l'incohérence de leurs propos en commission parlementaire face à
ce projet de politique linguistique du Parti québécois. .Je vais
m'efforcer de leur faire avaler ou ravaler ce projet de loi, eux qui ont voulu
agir comme un pseudo-gouvernement péquiste.
Tout à l'heure, le député de Lafontaine disait que,
dans le projet de loi, on reconnaissait des droits aux anglophones. Je trouve
aberrant que des propos comme ceux-là sortent de la bouche des
députés de l'Opposition parce que, normalement, lorsqu'on met en
face de la population un projet de loi de politique linguistique, j'ai la
très nette impression qu'à l'instar du Parti libéral, on a
dû en discuter à l'intérieur du caucus. Ou il
n'était pas à l'intérieur du caucus ou encore ce projet de
loi de politique linguistique a été sorti par le chef du Parti
québécois sans demander à son aile parlementaire ses
pensées sur ce projet de loi linguistique. C'est peut-être cela,
M. le Président, qui fait que le chef du Parti québécois
est absent des débats du projet de loi no 22, parce qu'il s'est rendu
compte...
M. BURNS: Voulez-vous lui céder votre siège?
M. VEILLEUX: ... qu'avec ce projet de loi de portée linguistique
il a commis la même erreur que Parizeau avait commise lors de la campagne
électorale en sortant son fameux budget de l'an I. Je veux rappeler, M.
le Président, ce que contient ce projet de loi no 22 et ce qu'en
même temps ces mêmes personnes reprochent au projet de loi 22.
Dans le projet de loi du Parti québécois, M. le
Président, il est bien dit que tous documents d'information
émanant du gouvernement seront rédigés en français,
mais pourront également être rédigés dans une autre
langue. Je m'imagine que ce sera la langue anglaise et non le japonais, le
chinois ou n'importe quelle autre langue. On le dit textuellement dans ce
projet de loi et on reproche au projet de loi 22 d'avoir des articles
concernant ces mêmes choses. On dit dans le projet de loi du Parti
québécois: S'il s'agit de particuliers, les communications se
font, dans toute la mesure du possible, dans la langue utilisée par le
citoyen. Un peu plus bas, on dit: Pourra être utilisée la langue
anglaise.
Le député de Lafontaine reprochait tout à l'heure
que le projet de loi no 22 donne la permission aux personnes qui oeuvrent dans
le milieu des municipalités, des commissions scolaires, de s'exprimer en
langue anglaise et eux-mêmes, M. le Président, dans leur projet de
loi cela ils ne le disent pas à leur clientèle
péquiste dans leurs assemblées donneront cette permission.
Une preuve que ce projet de loi du Parti québécois n'a pas
été expliqué à la population, c'est que, vendredi
soir, il y avait une femme, ici dans la salle je pense qu'elle y est
encore qui s'est opposée à ce qu'un député
du Parti libéral s'exprime en langue anglaise. Je me suis fait un
plaisir de lui rappeler à cette dame du Parti québécois,
du parti séparatiste, qu'eux-mêmes ici, pendant qu'on
discutait et qu'on recevait les gens, ont présenté
exactement la même affaire dans leur projet de loi, en laissant aux
anglophones le droit de s'exprimer en anglais et, d'un même souffle, des
partisans du Parti québécois sont venus ici s'opposer à
cette règle élémentaire de droit individuel qu'on peut
laisser à des anglophones au Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une question de règlement, M. le
Président, pour rétablir les faits.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. HARDY: Article 96.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant l'allusion â laquelle se
référait tout à l'heure le député...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, mais il faudrait...
M.HARDY: A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A moins que le député de
Saint-Jean ne vous le permette; il faudrait que vous le lui demandiez.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une question de règlement. Il faut
être juste aussi. Ce n'est pas lui qui a fait le rappel aux personnes en
question dans la salle; c'est le chef de l'Opposition et le
député de Saint-Jacques, Claude Charron.
M. HARDY: Article 96.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce que je voudrais vous dire, c'est que
l'article 96 prévoit que, si vous avez quelque chose à rectifier
dans ce que dit le député de Saint-Jean, vous avez le choix de
lui demander la permission de le faire immédiatement ou de le faire
immédiatement après son intervention.
M. VEILLEUX: M. le Président, cela fait tellement mal au Parti
québécois, les propos que je tiens depuis vendredi soir
passé, qu'ils se sont sentis obligés, cet après-midi,
d'apporter un amendement à leur amendement parce que j'ai
démontré hors de tout doute l'incohérence des propos
qu'ils tiennent à cette commission parlementaire depuis qu'on discute du
projet de loi 22, après la deuxième lecture. J'ai dit : Les
députés péquistes n'ont pas voulu expliquer à leurs
membres leur projet de loi et moi, en me servant des règlements, j'ai
dit à cette personne qui est assise là, qui se cache
présentement:
Voilà ce que donne votre programme du Parti
québécois. Le Parti québécois ne l'a pas
expliqué à ses membres. On reproche au Parti libéral, au
gouvernement Bourassa de ne pas s'être rendu dans la population discuter
du problème de la langue. M. le Président, cela fait deux ans et
demi à trois ans que je suis le premier ministre dans les congrès
régionaux et au niveau de chacune des associations, avec le ministre de
l'Education et mes collègues du Parti libéral. Cela montre le
souci que nous avions de rencontrer la population pour discuter des
problèmes, notamment celui de la langue. On vient dire, le
député de Lafontaine l'a dit tout à l'heure: Nous, les
avis vont être publiés en français. C'est faux, M. le
Président, parce qu'eux, à la page 3 de leur projet linguistique,
ils disent: Les avis dans les journaux devront continuer d'être
publiés en anglais et en français. "Devront", M. le
Président.
On reproche au projet de loi no 22 le député de
Lafontaine l'a rappelé tout à l'heure d'avoir beaucoup de
"néanmoins", de "pourquoi", de "cependant", de "dans la mesure du
possible". On nous reproche d'en avoir quatorze dans le projet de loi no
22.
J'en ai trouvé dix-huit dans celui du Parti
québécois. Dix-huit. Dix-huit.
M. BOURASSA: Dix-huit.
M. VEILLEUX: Dix-huit.
M. CLOUTIER: C'est plus que...
M. BOURASSA: Ouais, comment vous défendez-vous...
M. VEILLEUX: On dit: Nous, du Parti québécois, tout va se
faire en français, ce sera l'unicité du français. C'est la
proposition qu'ils ont faite, M. le Président, en l'amendement à
la proposition du ministre de l'Education, seule langue officielle au
Québec. Comme on ne l'a pas accepté, comme des enfants de
maternelle, ils nous demandent d'abroger l'article 133 parce qu'on n'a pas
accepté leur amendement, qui était "la seule". J'ai
démontré vendredi soir passé qu'on ne pouvait pas,
personnellement, accepter...
M. BURNS: J'invoque le règlement. Il n'est pas question... C'est
la commission qui, à mon avis, est mise sur une fausse piste. Si le
député de Saint-Jean prenait la peine de lire l'amendement que le
député de Lafontaine a proposé, demandant que l'article
133 cesse d'avoir des effets, il verrait que cela fait une grosse
différence au point de vue juridique avec abroger l'article 133.
D'ailleurs le chef de l'Opposition l'a mentionné, je l'ai
mentionné également. Nos deux autres collègues qui se sont
exprimés là-dessus ont dit: On ne parle pas d'abrogation de
l'article 133, pour une raison bien simple, c'est qu'on ne pense pas que le
Parlement du
Québec ait la possibilité de le faire. Ne laissez pas,
s'il vous plaît, M. le Président, le député de
Saint-Jean se tromper comme ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas à moi de juger de la
valeur des arguments.
M. BURNS: ... et tromper la commission. LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre! M. BURNS: Non, ce sont ses collègues.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous pourrez rétablir les faits au
moment où...
M. BURNS: II ne rapporte le discours de personne, M. le
Président, je ne peux pas rétablir des faits.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, mais au moment où vous exercerez
votre droit de parole...
M. BURNS: II induit en erreur la commission. Je ne peux pas, au nom de
la vérité...
M. HARDY: M. le Président, j'ai une directive à vous
demander.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... le laisser faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, j'ai une directive à vous
demander.
M. BURNS: Dix-huit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: J'ai une directive à demander. La latitude et les
propos des députés du Parti québécois depuis un
certain temps et surtout depuis cet après-midi m'incitent à vous
demander cette directive. Est-ce qu'il faudrait, pour que les travaux de notre
commission soient conformes aux règlements, pour qu'ils soient
efficaces, que nous parlions quand le député de Maisonneuve
décide que les députés ministériels parlent?
Faudrait-il que les députés ministériels soumettent leur
propos, leurs textes au député de Maisonneuve avant de les
dire?
M. BURNS: Ce serait pas mal mieux s'ils faisaient ça avant.
M. HARDY: En d'autres termes, M. le Président, est-ce que, pour
satisfaire les désirs, les volontés et je dirais même les
caprices du député de Maisonneuve, il faudrait tout simplement
l'avoir comme conseiller politique?
M. BURNS: Cela vous aiderait.
M. LACROIX: On n'aurait pas 102 députés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Saint-Jean.
M. BURNS: M. le Président, moi aussi, j'ai une directive à
vous demander.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous ferai remarquer que je n'en ai pas
donné de ce côté. Je n'ai pas l'impression que votre
demande en suscitera une de votre côté non plus.
M. BURNS: Non, moi, ça ne sera pas aussi en dessous du tapis que
ça. Cela va être pas mal plus direct. Vous nous avez dit qu'il n'y
avait pas de question de privilège à la commission. Vous nous
avez également dit que l'article 96 là-dessus, je suis
entièrement d'accord avec vous et je suis d'accord avec le ministre des
Affaires culturelles, même si lui ne le respecte pas permettait
à un député d'intervenir après qu'il avait
prononcé son discours. Mais là, je vous demande ceci: Comment un
député peut-il empêcher que des faussetés se disent
à l'Assemblée comme lorsque le député de Saint-Jean
nous dit que l'amendement proposé par le député de
Lafontaine mentionne qu'on abroge, j'ai bien entendu qu'on abroge, l'article
133? Je suis obligé de vous le rappeler à vous, pour que vous lui
rappeliez les termes de l'amendement, parce qu'il ne discute plus de
l'amendement. Je vous demande comment je peux faire ça autrement, sinon
que d'intervenir quand le texte dit: L'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867, cesse d'avoir effet en ce qui
concerne les matières relevant de la Législature du
Québec? Ce n'est pas abroger, ça! Ce n'est pas du tout...
M. HARDY: II est abrogé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous avez rétabli les faits.
M. BURNS: M. le Président, il y a une petite distinction et, sur
le...
M. LACROIX: Patinage de fantaisie.
M. BURNS: ... plan juridique, elle est énorme cette distinction.
Le chef de l'Opposition a vraiment...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre ! Vous êtes en
train d'argumenter.
M. BURNS: ... expliqué ce que voulait dire l'abrogation. Non, je
n'argumente pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous êtes en train d'argumenter sur le
texte de la motion.
M. BURNS: J'essaie de...
M. LACROIX: Avocasseries!
M. BURNS: Je vous dis qu'il y a une différence.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous me demandez une directive, je vous
dis...
M. BURNS: Mais il ne cite pas les paroles, M. le Président, et il
dit des faussetés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, il peut quand même
intervenir.
M. BURNS: II peut dire des faussetés?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ecoutez. La directive que vous me demandez
c'est de savoir quand vous pouvez rétablir les faits. Vous pouvez
sûrement le faire au moment où vous aurez droit de parole sur le
sous-amendement.
M. HARDY: C'est cela.
M. BURNS: Non, je ne peux pas rétablir les faits, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous l'avez fait en tout cas.
M. BURNS: Non. Je vous demande à vous, M. le
Président...
M. HARDY: Quand vous ferez votre discours...
M. BURNS: Non, ce n'est pas cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je demande, M. le Président, si vous, vous ne deviez
pas, lorsqu'un député, sur la motion sur
l'interprétation de notre attitude, il a le droit de dire...
M. LACROIX: Faites-vous beau, on vous filme.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, c'est sérieux, la directive que
je vous demande est la suivante: Si on cite mal mes paroles, c'est
assuré que j'ai le droit de revenir. Si on cite mal les paroles de
n'importe quel député de l'Opposition, c'est sûr qu'on a le
droit de revenir. Mais, M. le Président, si on ne comprend pas, c'est ce
que je vous demande, si on ne comprend pas le sens de la motion, est-ce que ce
n'est pas vous qui devez ramener le député à l'ordre?
Par exemple, si on parle du commerce des pommes et que le
député parle du commerce des oranges, est-ce qu'il ne faudrait
pas dire au député : Vous parlez des oranges, alors que c'est des
pommes qu'on parle?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense bien que, sans vous donner la
directive que vous, demandez, vous ne me demandez pas non plus de trancher
chacune des questions où un député s'éloigne de la
pertinence du débat, où il interprète mal une motion
d'amendement et où même j'ai eu l'occasion de constater que, du
côté de l'Opposition, on a fait allusion à des motions qui
avaient été défaites et qui, au dire de ceux-ci, n'avaient
pas donné justice. Je veux bien tâcher de faire appliquer le
règlement dans la mesure où c'est possible, mais dans le cadre du
débat tel qu'il se situe, j'ai l'impression que vous me demandez de
faire beaucoup plus que mes pauvres petites capacités me le permettent,
c'est-à-dire de veiller à ce que l'interprétation de
chacun des membres de la commission sur chacune des motions soit bien exacte.
Alors, je préfère m'en remettre à la sagesse et à
la perspicacité des membres...
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de la commission pour rétablir les
faits en temps et lieu.
M. BURNS: Permettez-moi, M. le Président, de dire que c'est, au
contraire, grâce à votre souplesse depuis le début
et je le dis en toute honnêteté, j'en profite pour vous rendre
hommage
LE PRESIDENT (M. Gratton): Là, arrêtez!
M. BURNS: Cela vous fait plaisir. Mais justement grâce à
cette souplesse, qui a effet autant sur les députés
ministériels que sur les députés de l'Opposition, je vous
le dis, je l'ai constaté en tout cas, je vous demande s'il n'y aurait
pas lieu je ne vous demande pas de me répondre tout de suite non
plus à un moment donné, quand au moins la motion en
discussion est mal citée, que vous rappeliez le député
à l'ordre. C'est juste cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je tâcherai de le faire.
M. BURNS: Ce n'est pas une question d'interprétation. C'est une
question de mal citer la motion en discussion.
M. HARDY: M. le Président, juste un mot sur la question de
règlement, très brièvement. Le député de
Maisonneuve au fond cela revient un peu au sens de la demande de
directive, qui était sous le tapis, que je faisais tantôt
demande au président d'intervenir quand il jugera que les propos d'un
député seront bons ou non.
M. BURNS: Ce n'est pas cela. M. HARDY: Prenons ce cas-là.
M. BURNS: Ce n'est pas cela que je dis. Je dis sur la motion
elle-même.
M. HARDY: Bien oui !
M. BURNS: Pour le reste il a le droit à toutes ses
interprétations.
M. HARDY: Je vais m'en servir de cette motion-là. Le
député de Saint-Jean...
M. BURNS: II a droit de dire que je ne suis pas intelligent, que je ne
suis pas fin, que je suis un idiot...
M. HARDY: Pouvez-vous nous laisser deux secondes?
M. BURNS: II a le droit de dire tout cela. M. HARDY: Qu'est-ce que ce
serait si... M. BURNS: Ce n'est pas dans la motion.
M. HARDY: M. le Président, ce ne serait pas seulement des motions
de clôture s'il fallait que ce parti prenne le pouvoir, mais il n'y
aurait même plus de Parlement, ils ne nous laissent pas parler. Il n'y a
pas moyen de dire un mot.
M. BOURASSA: On veut écouter le député de
Saint-Jean...
M. HARDY: Le député de Saint-Jean dit... M. BURNS:
Continuez sur le sujet.
M. HARDY: Le député de Saint-Jean prétend que la
motion aura pour but d'abroger l'article 133. Le député de
Maisonneuve part en grand et dit: Non, non, c'est faux de dire cela! Cela
n'abroge pas. Je regrette, mais c'est tout simplement une
interprétation. C'est une interprétation, et je partage cette
interprétation du député de Saint-Jean. Je prétends
que la motion en cause aurait pour conséquence d'abroger l'article 133
en ce qui concerne un certain champ. Pas l'abroger totalement. Elle
continuerait d'exister pour la Chambre des communes, mais...
M. BURNS: Si vous me donnez le sujet de mon discours, je vais vous
donner un cours si vous voulez.
M. HARDY: Mais elle sera abrogée. Dans le langage ordinaire des
choses l'expression du député de Saint-Jean n'est
peut-être pas d'une splendeur juridique totale abroger veut dire
que cela cesse d'avoir effet, et la motion du chef de l'Opposition...
M. MORIN: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Cest justement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Le député de Saint-Jean, qui n'est pas avocat,
et c'est un bien pour lui, ne s'embarrasse pas de la technique, il parle du bon
sens.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce qu'on peut revenir au
député de Saint-Jean?
M. VEILLEUX: M. le Président, la question de règlement
soulevée par le député de Maisonneuve...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur le sous-amendement, s'il vous
plaît.
M. VEILLEUX: ... prouve exactement ce que j'avance depuis le
début. Vous savez, lorsqu'on est du peuple, comme M. le
député de Saint-Jean, toutes les subtilités juridiques, on
n'en est pas au courant.
Je ne crois pas qu'il y a beaucoup de gens dans la salle, ici, qui
puissent faire ressortir des différents discours toutes les
subtilités juridiques, notamment du chef de l'Opposition. Ce que je
voulais tout simplement dire, c'est qu'on a dit à un certain moment par
un amendement: Enlevons l'application de l'article 133 pour ce qui est des
actes de la Législature du Québec et des tribunaux du
Québec, enlevons cela. Cela fait au moins depuis le début de la
commission parlementaire que les péquistes, les séparatistes
membres de cette commission nous rebattent les oreilles continuellement.
Aujourd'hui, ils font un pas en arrière. Ils reprennent deux ou trois
points qui sont contenus dans l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique et nous disent: Vous avez, l'amendement qu'on a fait tout
à l'heure ou qu'avait fait avant-hier le député de
Lafontaine, ce n'est pas tout à fait cela qu'on voulait dire. On
voudrait seulement enlever une ou deux petites choses.
Je tiens à vous dire qu'ils ont oublié, dans leur
sous-amendement, d'inscrire que cela est contenu dans leur projet type et
qu'ils devraient l'inscrire immédiatement pour éviter, lorsqu'on
aura voté sur ce sous-amendement, d'en faire un autre. Je serais
quasiment porté à demander au "pee-wee" de Saint-Jacques s'il
accepterait d'intercaler dans son article ceci: Les documents d'information que
sont les lois, les règlements et les documents officiels sont
rédigés en français, mais peuvent également
être rédigés dans une autre langue, la langue anglaise.
Si le député de Saint-Jacques voulait être
conséquent avec lui-même, inscrire dans son sous-amendement ce qui
est contenu dans le projet de loi de son parti, on reviendrait en
sous-amendement avec tout ce que contient l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. C'est avec des propos comme
ceux-là qu'on nous rebat les oreilles. Je comprends fort bien le
député de Bellechasse lorsqu'il me dit que la population de son
comté, en très grande majorité francophone, comme celle
d'ailleurs du comté de Saint-Jean, est fatiguée des
facéties et "facéças" des membres de l'Opposition qui font
perdre un temps énorme à treize, sinon plus, membres de
l'Assemblée nationale. On demande à l'Opposition officielle de
rentrer dans le coeur du sujet, de discuter des articles qui sont contenus dans
le projet de loi. Personnellement, je voudrais retourner auprès des
électeurs du comté de Saint-Jean, qui commencent à
s'ennuyer de leur député. Cela fait au moins six semaines qu'il
entend ces stupidités de l'Opposition et ils demandent au
député de Saint-Jean d'aller travailler pour son comté.
Ils demandent au député de Saint-Jean de dire aux membres de la
commission qu'il est grandement temps qu'on règle les problèmes
et, comme le soulignait le premier ministre la semaine passée, des
problèmes de l'ordre du conflit de la construction et tous les autres
qui tombent sur le bureau du premier ministre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pertinence!
M. VEILLEUX: Je pense que le premier ministre, non seulement se doit de
discuter du projet de loi 22, mais il se doit, en même temps, de se
pencher sur tous ces problèmes. Tous les députés...
M. LEGER: Est-ce que le député de Saint-Jean me permet une
question?
M. VEILLEUX: Que le député de Lafontaine se la ferme, une
fois pour toutes!
M. LEGER: Non, est-ce qu'il me permet une question?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. VEILLEUX: Qu'il se la ferme!
M. LEGER: II peut me dire oui ou non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: C'est parce que je sais que tous les électeurs de
Saint-Jean ne sont pas tous des veilleux, c'est pour cela qu'ils sont
fatigués. Ce ne sont pas tous des veilleux, les gens du comté de
Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Le député des enlèvements, on
connaît cela!
M. LACROIX: Les espaces verts. Vous êtes pas mal vert !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Saint-Jean, une minute.
M. LEGER: Vous prenez pas mal d'espace!
M. LACROIX: Je vais en prendre plus aux prochaines élections.
Vous ne serez plus là!
M. VEILLEUX: Si vous pouviez demander au député de
Lafontaine d'être poli, comme disait le ministre des Affaires
culturelles, souvent, au chef de l'Opposition, et de se fermer quand un autre
député parle. Pourriez-vous faire le même message au
député de Lafontaine? En terminant, un sous-amendement de la
nature de celui que nous a apporté le "pee-wee" de Saint-Jacques,
appuyé par l'amendement du député de Lafontaine, que j'ai
qualifié l'autre jour et que je ne requalifierai pas aujourd'hui, je
suis â dire que ces amendement et sous-amendement sont apportés
uniquement pour faire perdre le temps des membres de la commission
parlementaire. Il est grandement temps qu'on se penche sérieusement
et excusez le pléonasme sur le sérieux ou le peu de
sérieux que peuvent apporter les membres de l'Opposition aux discussions
que le gouvernement libéral et que le gouvernement Bourassa ont voulu
apporter avec le projet de loi 22.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Est-ce que la commission est prête
à se prononcer sur le sous-amendement?
DES VOIX: Vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, d'abord pour faire suite
à l'intervention du député de Saint-Jean, on
s'aperçoit d'une chose, c'est que, lorsqu'on donne un petit
mérite aux membres du gouvernement au pouvoir, ils en abusent
facilement. Je dois dire, le député de Saint-Jacques me le
confirmera, j'en suis sûr, que c'était pour être gentil
envers le député de Saint-Jean que le député de
Saint-Jacques a indiqué, avant de présenter son amendement, qu'il
le faisait suite à une intervention du député de
Saint-Jean, samedi ou vendredi, je crois.
M. CLOUTIER : Je rends hommage au député de
Saint-Jacques.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je dois lui dire, je pense qu'il est mieux de
rétablir les faits...
M. VEILLEUX: II n'était pas ici...
M. BEDARD (Chicoutimi): ...c'est que cet amendement était
prêt depuis mercredi. Le député de Saint-Jean n'a, d'aucune
façon, contribué au "filibuster", en nous donnant
l'idée
d'un amendement ou quoi que ce soit. D'ailleurs, il était
prévisible. Le député de Saint-Jean semble se rassasier et
se complaire dans l'étude du programme du Parti québécois,
nous en sommes fort aise. Mais il aurait dû, à la lecture de ce
même programme, en conclure que l'amendement que nous proposions
aujourd'hui était tout à fait logique avec la position ou le
projet de loi qui avait été présenté à la
presse par le Parti québécois. C'est tout simplement une suite
logique, cet amendement, non seulement à la motion principale faite par
le chef de l'Opposition, mais également logique face au programme
même du Parti québécois. Le député de
Bellechasse nous a parlé de son désir de passer le plus vite
possible à un travail sérieux, concret, pour employer ses
paroles. Nous aussi, tous que nous en sommes au niveau de l'Opposition, je
voudrais lui dire que nous avons la nette conviction de travailler depuis
longtemps, depuis que cette commission siège, de travailler d'une
façon très sérieuse et très concrète.
Qu'à sa première et qu'à sa deuxième petite visite
au niveau de la commission il puisse se permettre de qualifier de bouffonnerie
l'attitude de l'Opposition face au projet de loi 22.
M. MERCIER: Question de règlement, M. le Président, je
n'accepte pas les commentaires du député de Chicoutimi...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MERCIER: ... parce que j'ai bien spécifié tout à
l'heure que j'ai assisté en auditeur...
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je devrai vous faire remarquer de
la même façon que je l'ai faite envers les députés
de l'Opposition qu'il y a un moment...
M. MERCIER : Je veux tout simplement rétablir les faits, M. le
Président...
M. LEGER: Article 96. Quand le député aura terminé
son discours, vous pourrez rétablir les faits. Article 96 du
règlement, d'accord?
M. MERCIER: Parfait.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense bien que le député de
Bellechasse...
M. MERCIER: On va vous servir un...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... aurait mauvaise grâce à ne pas
admettre qu'effectivement, dans sa courte intervention de tout à
l'heure, il a exprimé son opinion de ne pas participer au spectacle de
bouffonnerie tel que présenté par l'Opposition. J'ai noté
ses paroles, c'est exactement ce qu'il a dit. Je comprends difficilement qu'il
puisse qualifier ainsi ce spectacle depuis le début, parce qu'encore une
fois c'est une de ses courtes visites à la commission.
Deuxièmement, je crois que...
M. BERTHIAUME: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): ...quelles que soient les discussions devant un
projet aussi sérieux que celui d'élaborer une politique
linguistique pour l'ensemble des Québécois, il est important...
Et je vais y venir à la question de règlement...
M. VEILLEUX: Question de règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi) : C'est suite aux interventions qui sont
faites.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jean, sur
une question de règlement.
M. VEILLEUX: M. le Président, quand je suis intervenu tout
à l'heure, le député de Maisonneuve a soulevé une
question de règlement, parlant de la pertinence du débat. Je
tiens à vous demander de rappeler au député de Chicoutimi
la pertinence du débat, c'est-à-dire l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, et pas autre chose.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement, je dois
rappeler au député de Saint-Jean qu'il est tout à fait
pertinent, à l'occasion de la discussion d'une motion sur la table, de
répondre à une argumentation faite par un député
soit du gouvernement ou de l'Opposition, selon le cas.
Le député de Chicoutimi est parfaitement dans l'ordre de
répondre à l'argumentation que vous avez servie pendant votre
discussion, et je pense que votre question de règlement était
à l'encontre du règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, d'ailleurs, cela ne
répond qu'au contenu des différentes interruptions qu 'on a eues
de la part des députés ministérielles. Entre autres, par
exemple, le premier ministre s'est inquiété à plusieurs
reprises, au niveau de ses interruptions tout à l'heure, du temps que
l'on met à la discussion de l'article 1.
Je considère, M. le Président, que c'est important quand
on sait jusqu'à quel point le premier ministre et le gouvernement
décident ou vont décider d'attacher une image politique et de la
traîner dans le paysage durant tout le temps qu'ils le voudront bien,
après l'adoption de l'article 1. Ce qui leur importe, c'est l'adoption
de l'article 1, parce que le français langue officielle, quel que soit
le contenu des quelque 100 articles qui suivent, on voit très bien,
de
par les interventions du premier ministre, que c'est là que se
situe l'image politique qu'il veut, une fois pour toutes, tramer dans le
paysage du Québec, sans nécessairement dire...
M. BOURASSA: Vous n'êtes pas d'accord?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, d'accord, à condition que ce ne soit
pas une officialité massacrée, à condition que vous ne
vous arrogiez pas des droits et un courage que, dans le fond, vous
n'avez...
M. BOURASSA: Le député de Saint-Jacques parlait
d'étudier...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'avez rien inventé en parlant du
français langue officielle. Elle est officielle et tous les experts sont
d'accord là-dessus.
M. BOURASSA: Le député de Saint-Jacques parlait de 18 dans
votre contre-projet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Elle est officielle depuis 1774, M. le
Président.
M. BOURASSA: Dans votre contre-projet, c'est 18.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas compliqué. Bon, même
avant cela...
M. BOURASSA: Le député de Lafontaine disait que c'est 14,
mais dans votre contre-projet, c'est 1 8.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ceux qui nous l'ont confié, que ce soit
d'une manière ou d'une autre, nous l'ont laissé et on va vous le
montrer tout à l'heure, au niveau de l'argumentation. Il est
nécessaire d'intervenir là-dessus, parce que le premier
ministre...
M. VEILLEUX: Trois dans trois lignes.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... essaie continuellement de laisser, à
tous ceux qui viennent ici, l'image d'une Opposition qui essaie tout simplement
de faire un "filibuster", qui essaie de s'opposer d'une façon
négative au projet de loi 22, alors qu'il n'en est pas du tout question,
M. le Président.
M. BERTHIAUME: Hypocrite!
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'il se promène avec l'image politique
du français langue officielle, d'accord! Mais ce qui nous importe
à nous, comme législateurs, c'est de savoir ce que cache cette
image, du point de vue de la réalité, M. le Président.
Nous sommes ici en tant que législateurs. Il ne faudrait pas
l'oublier, avant de retomber continuellement dans nos dispositions simple- ment
électorales et nos dispositions de petits politiciens. En tant que
législateurs, je suis convaincu que, si le gouvernement avait
accepté qu'on discute beaucoup plus du préambule avant même
de discuter de l'ensemble de la loi, à ce moment, peut-être que
cela aurait été plus vite pour larticle 1. Lorsque nous avons
demandé de discuter sur le préambule, quels étaient les
motifs pour lesquels nous le faisions, sinon d'essayer de connaître, une
fois pour toutes, l'esprit du législateur d'une façon globale? Il
ne s'agit pas d'être un législateur qui adopte ce préambule
selon ce qu'on vote, mais un législateur qui, au départ, dit
carrément son intention ou l'esprit de sa législation, pour
ensuite, ceci étant fait, permettre une législation qui soit
conforme à l'esprit que le législateur veut bien y mettre,
à la détermination qu'il semble vouloir mettre dans sa
législation. On avait parlé, à ce moment cela nous
a été refusé, et après de longs débats
de cette discussion nécessaire au niveau du préambule pour
suivre, durant toute l'étude de chacun des articles, le prolongement de
l'esprit du législateur et y déceler sa
détermination...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La pertinence...
M. BERTHIAUME: Ce débat-là a été fait, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de vouloir légiférer une fois
pour toutes. L'amendement, M. le Président, c'est suite à des
interventions et des interruptions du premier ministre, qu'il a faites à
deux ou trois reprises même aujourd'hui. Je pense qu'on ne peut quand
même pas, en toute justice, permettre aux gens du gouvernement de faire
des accusations et, du même trait, ne pas permettre aux gens de
l'Opposition d'y répondre. C'est le gouvernement qui a retardé le
fait qu'on arrive à l'article 1.
M. BOURASSA: ... aime pas cela...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour employer son expression même, le
premier ministre a dit que tout notre travail avait été fait en
fonction de maquiller ce sont ses propres mots un "filibuster",
M. le Président, ce n'est pas le cas du tout! Cela aurait pu être
très vite fait si le gouvernement n'avait pas été
entêté. On se rappelle l'attitude du gouvernement, quand on lui a
demandé c'était une demande normale, légitime,
à ce moment, pour un législateur sérieux de...
M. BOURASSA: Est-ce que le député me permet une
question?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... déposer la réglementation.
M. BOURASSA: Est-ce que le député me
permet une question, seulement une petite question?
M. BEDARD (Chicoutimi): Allez-y.
M. BOURASSA: Pourquoi le leader parlementaire a-t-il refusé de
changer de salle après l'incident de la semaine dernière? On
aurait pu continuer sérieusement la discussion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon, M. le Président. Je sais que ce
n'est pas le cas.
M. BURNS: Pourquoi posez-vous la question du député de
Chicoutimi plutôt qu'au leader parlementaire?
M. BOURASSA: Parce que le député de Maisonneuve a dit,
à de multiples reprises, qu'il faisait un "filibuster". Alors...
M. BURNS: Je n'ai jamais dit cela. A quelle place avez-vous vu cela?
M. BOURASSA: Le député de Saint-Jacques l'a dit.
M. BURNS: A quelle place avez-vous vu cela?
M. BOURASSA: II n'y a pas seulement le chef de l'Opposition...
M. BURNS: Là, cela ne marche plus avec le député de
Maisonneuve. Vous cherchez le député de Saint-Jacques.
M. BOURASSA: C'est évident pour tout le monde.
M. BURNS: Bien voyons donc!
M. BOURASSA: Même le Jour, votre journal, a dit que c'était
un "filibuster".
M. MORIN: Je pense que le premier ministre ne sait pas ce qu'est un
véritable "filibuster".
M. BURNS: On vous le dira quand on fera un "filibuster" On va vous le
dire clairement à part cela. Ce sera une grande déclaration.
M. BOURASSA: Oh!
M. BURNS: M. le premier ministre, veuillez prendre note...
M. BOURASSA: Cela a été fait vendredi.
M. BURNS: ... qu'à compter de maintenant, nous faisons un
"filibuster". On ne vous l'a pas dit.
M. BOURASSA: Oui, cela...
M. BURNS: Toutes les fois qu'on l'a fait on vous l'a dit.
M. BOURASSA: Oui, le député de Saint-Jacques a
parlé au nom du parti, vendredi soir à 5 h 45.
M. BURNS: Le député de Saint-Jacques, en réponse au
premier ministre, a dit ceci parce que le premier ministre lui disait: Vous
faites votre "show". Vous continuez votre "show". Il a dit: Oui, attachez vos
ceintures et vous allez avoir un bien plus gros "show".
M. BOURASSA: Non. Avant cela. Je lirai la déclaration
tantôt où le député de Saint-Jacques avertissait le
gouvernement...
M. BURNS: Là, cela n'allait pas bien avec le député
de Chicoutimi. Vous posez la question pour le député de
Maisonneuve. Je vous réponds. Maintenant, c'est le député
de Saint-Jacques. Vous poserez la question au député de
Saint-Jacques.
M. MERCIER: On ne peut rien vous cacher.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi, sur le
sous-amendement.
M. BERTHIAUME: Le député de Chicoutimi est hors du
sujet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas du tout. D'ailleurs, seulement pour donner
un exemple au premier ministre, si on avait vraiment voulu faire un
"filibuster", quand nous avons présenté notre motion à
l'effet que le français soit la seule langue officielle au
Québec, on aurait pu présenter la même motion deux
fois...
M. BOURASSA: C'est un peu de maquillage.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... parce que si vous vous
référez...
M. BOURASSA: C'est un peu de maquillage.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au rapport de la commission d'enquête
sur la situation de la langue française au Québec, on voit
qu'à ce moment, seulement sur ce point, il y avait deux options sur le
français, seule langue officielle, à savoir la première
option: Le français, seule langue officielle, mais avec un champ
d'application se limitant à ce qui est prévu dans l'article 133
de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, soit le corps
législatif provincial et les tribunaux provinciaux. Il y avait une autre
option, la deuxième: Le français, seule langue officielle mais
avec un champ d'application illimité, C'est-à-dire embrassant
toutes les activités du gouvernement provincial, y compris celles des
collectivités subordonnées, municipa-
les et autres, ainsi que les activités bénéficiant
du soutien provincial, établissements d'enseignement et autres
établissements financés par la province. On aurait pu faire deux
motions...
M. CLOUTIER: Non. Vous n'auriez pas pu parce que...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... seule langue officielle avec application
limitée, le français, seule langue officielle avec application
illimitée. On n'a pas voulu le faire.
M. CLOUTIER: Non. C'est parce que...
M. BEDARD (Chicoutimi): On a présenté notre motion. Quel
était l'esprit du gouvernement...
M. CLOUTIER: ... je vous ai pris de vitesse.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... quelle était l'image qu'il voulait
tramer dans tout le Québec ou si c'était vraiment le
français, seule langue officielle... dans le Québec...
M. CLOUTIER: C'est parce que je vous ai pris...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... quitte à avoir des difficultés
du point de vue juridique, quitte à affronter, une fois pour toutes, le
gouvernement fédéral et à cesser d'avoir peur et à
cesser de se soumettre au chantage du premier ministre du Canada, ce même
premier ministre qui n'est même pas capable de reconnaître le
principe de deux nations. Et on se fie là-dessus pour essayer...
M. CLOUTIER: C'était pour vous forcer à discuter...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de sauvegarder la majorité
française du Québec...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de l'article 1. Je vous ai pris de vitesse
en présentant une motion principale, et les amendements que nous
discutons actuellement sont des amendements à la motion principale. Si
je vous avais laissé faire, vous en seriez encore aux motions
préliminaires dilatoires. Là, vous avez été
obligés de raccourcir...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vais vous donner un...
M. BURNS: J'invoque le règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... autre exemple.
M. BURNS: J'invoque le règlement.
M. BOURASSA: Comme l'a dit le député de Maisonneuve.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si on avait voulu faire durer ce débat
par de la procédurite, on aurait pu présenter une motion pour le
rapporteur. Cela aurait pu durer deux jours. On ne l'a pas fait...
M. CLOUTIER: ... de la futilité.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... parce qu'on considérait que
c'était une futilité.
M. CLOUTIER: Vous avez...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était une futilité, mais
demander les principes directeurs...
M. BOURASSA: C'est un peu de maquillage.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ce n'est pas une futilité. Demander
le dépôt de tous les règlements, ce n'est pas une
futilité, et vous nous l'avez refusé. C'est juste votre
entêtement qui a fait durer le débat.
M. BOURASSA: Cela fait une semaine.
M. BEDARD (Chicoutimi): Et demander que des experts soient entendus, ce
n'est pas de la futilité et vous l'avez refusé...
M. BOURASSA: Douze.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... malgré qu'on ait essayé par
tous les moyens de vous convaincre. C'est vous autres qui avez refusé le
débat. C'est vous autres qui l'avez retardé, parce que vous avez
simplement retardé l'échéance où vous seriez
démasqués. A l'article 1, vous avez été
démasqués en refusant une fois pour toutes d'accepter le
français, seule langue officielle et où, à l'avance
on peut le présumer, d'après votre attitude négative
vous allez refuser, encore une fois, la motion présentée
par le chef de l'Opposition et l'amendement que nous présentons
présentement. Nous savons pourquoi cette motion et cet amendement.
Nous savons que le français seule langue officielle aurait
amené, en définitive, des conséquences du point de vue
constitutionnel. Nous sommes convaincus, à ce moment le
gouvernement nous en a d'ailleurs convaincus par son attitude que le
gouvernement n'aurait pas le courage d'affronter le gouvernement libéral
d'Ottawa.
Il n'aurait pas le courage de clarifier, une fois pour toutes, la
situation juridique et les possibilités du Québec de
légiférer en matière linguistique, de
légiférer non pas comme une minorité canadienne, mais de
légiférer comme une vraie majorité
québécoise, on l'a dit à plusieurs occasions. Le chef de
l'Opposition devant cette attitude négative, ce manque de courage
d'affronter le fédéral, est arrivé avec une motion
demandant non pas l'abrogation de l'article 133 d'une façon pure et
simple, et là-dessus, je diffère d'opinion avec le ministre des
Affaires
culturelles mais demandant tout simplement que l'article... Il
s'agit de lire la motion, M. le Président... Prenons la peine de la
lire.
M. BOURASSA: Un peu de cosmétique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, on ne se mêle pas, c'est vous autres
qui êtes mêlés, dans vos manques de courage. C'est aussi
simple que cela.
Dans la motion, qu'est-ce qu'on demande, M. le Président? "Que
l'article 1 soit amendé en ajoutant, à la fin de l'alinéa
suivant: Que l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
de 1867 cesse d'avoir effet en ce qui concerne c'est ce qui est
important, pas "cesse d'avoir effet", point les matières relevant
de la Législature du Québec".
Nous, nous savons que, du point de vue des experts en droit
constitutionnel, du moins, il semble qu'il se fait une certaine
unanimité là-dessus, il n'y aurait pas de difficultés
juridiques à l'horizon si le gouvernement acceptait cela. S'il devait y
en avoir, à la suite même de la motion mitigée que nous
faisons, face aux droits, d'une façon globale, qui peuvent être
inclus à l'intérieur de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, même notre motion, à ce moment-là, ne
permettrait pas, à notre avis, de grands débats juridiques, de
grands conflits de juridiction qui s'éterniseraient et qui ne
permettraient pas l'application de la loi. C'est pour cela qu'on a
diminué notre première motion à l'effet d'abroger purement
et simplement l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. On essaie tout
simplement de sécuriser le gouvernement du point de vue constitutionnel.
Là-dessus, il n'y a pas de danger. La plupart des experts se sont
prononcés dans le sens qu'il n'y avait pas de danger de contestation.
Vous ne direz pas que l'Opposition est irréaliste.
Ensuite, on apporte un amendement qui est tout simplement normal,
conforme à notre programme du Parti québécois, un
amendement auquel il fallait s'attendre, qui est tout à fait normal.
Quand les députés de l'Opposition ont l'air de s'inquiéter
devant cet amendement, ont l'air de penser que c'est un changement au programme
du Parti québécois ou du projet de loi qui a été
présenté lors d'une conférence de presse avant que ne
débute ce débat linguistique, ils ne semblent pas lire le
programme du Parti québécois et les implications qu'il
recèle, M. le Président.
M. VEILLEUX: Une question de règlement. UNE VOIX: Budget de l'AN
I.
M. BEDARD (Chicoutimi): On pourrait vous en parler, mais on va
être en dehors du débat.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jean sur une
question de règlement.
M. VEILLEUX: A l'instar du député de
Maisonneuve, vis-à-vis de moi, tout à l'heure, je tiens
à dire au député de Chicoutimi qu'il vient de dire une
fausseté. Ce n'est pas avant le début, que le projet de loi du
Parti québécois a été déposé, c'est
pendant la commission parlementaire qui entendait les mémoires.
C'était donc bien après que le projet de loi eut
été déposé et commencé à être
discuté en commission parlementaire. C'est une autre fausseté que
le député de Chicoutimi vient de dire.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'abord, M. le Président, il y , une
fausseté que j'ai dite et que je vais corriger tout de suite. Tout
à l'heure, en parlant des députés de l'Opposition qui
avaient l'air de s'inquiéter et qui avaient l'air de ne pas être
capables d'interpréter correctement le projet de loi du Parti
québécois, comme je sais que c'est consigné aux
Débats, je voudrais bien qu'on indique que ce sont les
députés ministériels, M. le Président. D'ailleurs,
c'est simplement pour les fins du journal des Débats parce que, pour
ceux qui écoutent les discussions, c'est facile de voir que ce sont les
députés ministériels qui ne comprennent rien ou qui
interprètent mal le projet de loi du Parti québécois.
M. HARDY:Vous êtes comme ces gars: Nous avons la
vérité, la vie...
M. BEDARD (Chicoutimi): On n'a pas la vérité, on essaie
d'être sérieux.
M. BERTHIAUME: C'est vrai.
M. BEDARD (Chicoutimi): A un moment donné vous avez
formulé...
M. BERTHIAUME: Ce doit être fatigant d'avoir toujours raison.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... des réticences du point de vue de
l'interprétation ou une différence d'interprétation
concernant...
M. HARDY: Me permettez-vous une question?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... la motion présentée par mon
confrère.
M. HARDY: Cela ne vous donne-t-il pas des maux de tête d'avoir
toujours raison comme cela?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, on n'a pas toujours raison. Ne vous
inquiétez pas, on n'a pas toujours raison.
M. MORIN: Nous n'avons pas cette prétention!
M. BOURASSA: Le timbre: Moi j'annule, vous n'avez pas eu raison avec
cela? Le timbre pour l'élection fédérale?
M. MORIN: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): A la longue, à force d'en parler, on va
commencer à penser que cela vous fait mal.
M. MORIN: Le premier ministre fait du "filibuster".
M. HARDY: C'est accessoire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, M. le Président, tant au niveau de
la motion qu'au niveau de l'amendement, on propose toute la démarche du
parti jusqu'à maintenant, ou de l'Opposition. Cela a été
dans le sens d'apporter des amendements qui permettent au Québec de se
tenir debout devant le gouvernement fédéral, pour qu'il
résiste à l'omniprésence du gouvernement
fédéral, surtout dans un secteur aussi vital que celui de
l'élaboration d'une politique linguistique. Nos interventions ont
été dans le sens et on lui en a fourni la
possibilité de clarifier cette situation juridique. On ne peut
quand même pas continuer indéfiniment à fonctionner avec
une situation juridique qui soit confuse, qui permette indéfiniment le
chantage ou qui permette les pressions du gouvernement fédéral ou
de qui que ce soit ou de quelque citoyen que ce soit qui, face à
l'illégalité de la loi que pourrait adopter le gouvernement,
pourrait soulever la constitu-tionnalité de cette politique linguistique
du gouvernement. On a offert et c'est le sens des interventions que nous
avons faites de fournir au gouvernement l'occasion une fois pour toutes
de légiférer comme une vraie majorité
québécoise, après avoir décidé ce qui est
nécessaire pour l'ensemble de la majorité
québécoise, la majorité française, tout en
respectant les droits des minorités. Ayant posé ce premier jalon,
ensuite, au nom de cette majorité, au nom de cette minorité, il
n'hésiterait pas, une fois pour toutes à affronter le
gouvernement fédéral. Je vous remercie.
M. MERCIER: Article 96...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Bellechasse.
M. CLOUTIER: Je ne voudrais pas que vous perdiez de temps.
M. MERCIER: Simplement pour rappeler au député de
Chicoutimi que je remplace aujourd'hui le député de
Jacques-Cartier comme membre élu de cette commission. Pour son
information personnelle, j'ai assisté en tant qu'auditeur, comme lui
d'ailleurs il y a quelques jours, aux délibérations et aux
auditions qui ont eu lieu dans cette salle à la commission parlementaire
de l'Education. L'exemple qu'il voulait illustrer tout à l'heure, je
pense qu'il en est lui-même le témoin...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... l'idée.
M. MERCIER: ... de l'idée qu'il voulait mentionner tout à
l'heure, de ce "filibuster" soi-disant fait par les députés
ministériels, se retourne contre lui puisque lui-même
n'était pas membre de la commission élue et que depuis quelques
jours...
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela ne m'a pas empêché d'y venir
toutes les fois que cela était nécessaire...
M. MERCIER: Comme j'ai fait d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... même si nous n'étions que
six.
M. MERCIER: Comme j'ai fait d'ailleurs. Aujourd'hui c'était la
première fois que j'avais l'occasion, en tant que remplaçant du
député de Jacques-Cartier, membre élu de cette commission,
de pouvoir prendre la parole. Alors, je pourrais prolonger davantage le
commentaire...
M. MORIN: C'est si rare que nous sommes heureux de vous entendre.
M. MERCIER: Je suis très heureux d'entendre ce commentaire du
chef de l'Opposition. Enfin, il a compris. Je voudrais lui dire
également que les commentaires que j'ai exprimés tout à
l'heure, je les répète, si vous voulez, de façon à
pouvoir confirmer l'idée de plusieurs citoyens du Québec qui
jugent que cela a suffisamment duré, cette discussion qui ne mène
à rien et qui est animée par les autres députés du
Parti québécois qui n'étaient pas membres élus de
cette commission. Nous, dans un geste de superdémocratie, nous leur
avons permis de prendre la parole à tour de rôle comme membres de
la commission. Je pourrais prolonger davantage, M. le Président, mais
pour permettre de revenir, si c'est possible...
M. MORIN: Merci.
M. MERCIER: ... à des discussions plus constructives relativement
à ce projet de loi, je clos là mes commentaires avec cette
réserve que, si c'est nécessaire, j'y reviendrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à voter sur le sous-amendement?
UNE VOIX: II n'y a rien à ajouter... M. CLOUTIER: Un vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on demande le vote sur le
sous-amendement? Je pense que le député de Maisonneuve a une
quinte de toux qui l'empêche de me demander la parole.
M. CLOUTIER: C'est une quinte de toux qui cherche à faire parler
quelqu'un du côté ministériel, ou bien...?
M. BOURASSA: Non, M. le Président, c'est un signal.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
le sous-amendement.
M. BOURASSA: Nous sommes prêts à attendre.
M. BURNS: J'avais l'intention, M. le Président, d'intervenir.
M. BERTHIAUME: Si c'est un signal pour les applaudissements, il n'y en a
pas aujourd'hui.
M. BURNS: J'avais l'intention d'intervenir, M. le Président,
et...
M. CLOUTIER: Savamment.
M. BURNS: Savamment, comme toujours. Je serais tenté, au
départ, de vous dire ce qu'un de mes vieux professeurs a
déjà dit au groupe... Non. Cela aurait été mon
jeune professeur. Il était tellement jeune, le député de
Sauvé, qu'il n'a pas eu le temps d'être mon professeur.
Ce qu'un de mes vieux professeurs m'avait dit et avait dit à mes
confrères de classe, c'est que, lorsqu'on écrivait un examen, il
fallait toujours faire en sorte de laisser croire au professeur qu'il
était un parfait ignorant. Parce que, disait-il, vous êtes
censés expliquer ça à quelqu'un qui est en mesure de
comprendre. A la suite de l'intervention du député de Saint-Jean,
je suis tenté d'appliquer à la commission cette suggestion de mon
vieux professeur et de remonter à l'origine de cette motion, de repartir
simplement où on en était lorsque le député de
Lafontaine a fait, à l'origine, la proposition d'amender l'article 1
pour qu'il se Use avec l'ajouté suivant: "L'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867, cesse d'avoir effet en ce qui
concerne les matières relevant de la Législature du
Québec." Comme le disait le ministre de l'Education au tout début
de l'après-midi, c'est sûr qu'il est impossible de discuter du
sous-amendement proposé par le député de Saint-Jacques
sans se référer constamment à l'amendement qui a
été soumis par le député de Lafontaine. J'ajoute un
autre élément: II est impossible de discuter intelligemment du
sous-amendement ou de l'amendement sans se référer au texte
même de l'article 133.
Cela m'étonne que, depuis le début, tous les
députés ministériels qui se sont exprimés sur la
question ne se soient pas posé la question: Qu'est-ce que c'est que
l'article 133? Vous allez me dire qu'il y en a quelques-uns qui l'ont
examiné dans leur bureau, qu'il y en a quelques- uns qui se sont
penchés là-dessus. Soit, c'est fort possible. Mais, pour les fins
de l'intelligence du débat, M. le Président, j'aimerais, au
moins, contribuer à la lecture de l'article 133 pour qu'on sache
exactement dans quel cadre on se situe à cette commission-ci, avec
l'amendement et avec le sous-amendement à l'article 1.
Je cite l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique: "Dans les Chambres du Parlement du Canada et de la
Législature du Québec, chacun pourra, dans les débats,
faire usage de la langue anglaise ou de la langue française; mais les
registres et les procès-verbaux des Chambres susdites devront être
tenus dans ces deux langues. Dans tout procès porté devant un
tribunal du Canada établi en vertu de la présente loi ou devant
un tribunal du Québec, chacun pourra faire usage de l'une ou de l'autre
de ces langues dans les procédures et les plaidoyers qui y seront faits
ou dans les actes de procédures qui en émaneront."
Deuxième alinéa: "Les lois du Parlement du Canada et de la
Législature du Québec devront être imprimées et
publiées dans l'une et l'autre de ces langues."
C'est ça qui est le coeur de l'amendement qui a été
soumis par le député de Lafontaine. J'insiste sur le fait que le
député de Lafontaine, contrairement à ce que disait le
député de Saint-Jean, ne propose pas d'abroger cet article 133
que je viens de lire. Il propose, tout simplement, que cet article 133 cesse
d'avoir effet en ce qui concerne les matières qui relèvent de la
Législature du Québec. C'est ça, le cadre de la
discussion. C'est ça, le cadre du sous-amendement que nous discutons
actuellement. Ce n'est pas plus, mais ce n'est pas moins, non plus. On a un
corridor qui a été imposé. Alors, qu'est-ce que ça
veut dire l'article 133, actuellement? Sans être un grand
constitution-naliste, je suis en mesure de vous dire que ça s'attaque
n'importe qui qui a pris la peine de le lire peut le dire aussi, comme
moi à trois domaines : le domaine des Chambres, comme on le dit
à l'article 133, du Parlement du Canada et de la Législature. A
cette époque, il y avait deux Chambres au Québec; donc, on
pouvait parler des deux Chambres du Québec. Cela s'applique
également à tout procès porté devant un tribunal,
soit du Canada, soit du Québec. Finalement, ça s'attaque aux lois
du Parlement du Canada ou de la Législature du Québec.
Ce qu'on vient faire actuellement avec le sous-amendement qui a
été proposé par le député de Saint-Jacques,
c'est calmer les inquiétudes du député de Saint-Jean,
d'une part, et lui répondre, à toutes fins pratiques, lui qui
citait le projet du Parti québécois, qui n'est pas, soit dit en
passant, un projet de loi, mais plutôt une espèce de
résumé d'un éventuel projet de loi.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas cela que me disait le député de
Saguenay, vendredi passé.
M. BURNS: Pas du tout. J'étais là et le
député de Saguenay vous a dit que c'est une
espèce de condensé, parce que, si le projet de loi du
Parti québécois avait été libellé, on
l'aurait libellé de façon beaucoup plus explicite, beaucoup plus
large. On aurait introduit, en forme de texte complet, les principes qui
paraissent au projet que vous citez si allègrement depuis deux ou trois
jours. Cela semble vous faire plaisir. Nous aussi, cela nous fait plaisir, sauf
qu'on se demande sérieusement si vous comprenez de quoi on parle â
cette commission; c'est notre seul problème.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Maisonneuve me
permettrait de lui dire ce que le député de Saguenay m'a dit?
M. BURNS: Vous pourrez toujours rétablir les faits
après.
M. VEILLEUX: II a peur.
M. BURNS: Si vous voulez me poser une question â moi...
M. VEILLEUX: Vous avez peur.
M. BURNS: ... comment voulez-vous que je réponde au nom du
député de Saguenay?
M. VEILLEUX: Non, c'est à vous que j'ai posé la
question.
M. BURNS: Posez-la au député de Saguenay.
M. VEILLEUX: Vous avez peur que je vous dise ce que le
député de Saguenay m'a dit.
M. BURNS: Non, je vous dis tout simplement que moi, j'ai bien entendu le
député de Saguenay et je n'ai pas compris que ce dernier
commettait des hérésies en vous répondant.
M. VEILLEUX: II m'a parlé en aparté et il m'a dit quelque
chose
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS; A ce moment-là, ayez au moins la décence
d'attendre que le député de Saguenay soit ici, s'il vous a
parlé en aparté, en privé ou derrière le
trône, ou dans les corridors...
M. VEILLEUX: Vous auriez honte d'entendre ce qu'il m'a dit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: ... ou où que ce
soit. M. VEILLEUX: Vous auriez honte.
M. BURNS: Vous direz cela en présence du député de
Saguenay. Tout ce que je sais, pour l'avoir entendu, c'est ce que le
député de Saguenay vous a dit ici. J'espère que le
député de Saguenay sera en mesure de vous répondre, parce
que je pense que vous avez ouvert une porte au député de
Saguenay, par ce que vous venez de dire. En tout cas, je ne me lance pas plus
loin que cela.
J'étais donc à dire, M. le Président, qu'à
la lecture même de l'article 133 il y a trois domaines particuliers
où s'exerce cette espèce de bilinguisme consacré par
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. J'ai entendu également
le député de Louis-Hébert, samedi, nous élaborer
une thèse des plus farfelues. En effet, dans toute son argumentation, je
j'avais pas l'impression d'avoir affaire à quelqu'un qui avait
l'habitude d'examiner des textes juridiques. Dans toute son argumentation, on
retrouve cette ambiguité constante qui est relative aux droits
collectifs et aux droits individuels.
Si je remets dans un même paquet les arguments lancés sur
la table et par le député de Saint-Jean et par le
député de Louis-Hébert, je me retrouve dans cette
espèce de confusion totale entre les droits collectifs et les droits
individuels. D'une part, le député de Saint-Jean, mieux connu
sous le nom de l'apocalypse de saint Jean depuis quelque temps, nous dit...
M. VEILLEUX: Question de règlement.
M. BURNS: Oui, parce que c'est noir, c'est noir ce que vous nous
annoncez. C'est fini; après, il n'y a plus rien.
M. VEILLEUX: Je me réjouis de voir que le député de
Maisonneuve lit encore la Bible.
M. BURNS: Oui, c'est d'ailleurs un livre que nous ne devrions jamais
cesser de lire jusqu'à notre mort. M. le Président, je ne pourrai
pas vous en citer de longs passages, cependant. C'est ma mémoire qui est
défaillante.
Je disais donc, que, d'après le député de
Saint-Jean, c'est véritablement brimer toute une collectivité.
J'insiste sur le mot parce que c'est cela qui ressort de l'argumenation du
député de Saint-Jean et de celle du député de
Louis-Hébert. C'est la collectivité anglophone qu'on brime par
notre amendement.
Je veux véritablement vous prouver que vous êtes dans
l'erreur la plus totale et simplement vous prouver que l'argumentation du
député de Saint-Jean elle aussi est totalement dans l'erreur. Il
nous dit: Comment se fait-il que dans le projet du Parti
québécois ce qu'il qualifie le projet de loi du Parti
québécois on accorde la possibilité à des
gens de parler en anglais devant les tribunaux? Bien oui, c'est ça et
tout est situé au niveau de la différence entre les droits
individuels et les droits collectifs. Les individus ont la possibilité,
par l'entremise des personnes qui sont anglophones, d'utiliser je dis
bien utiliser, l'amendement parle d'usage de l'anglais devant les
tribunaux et en Chambre de
la langue anglaise, ce qui est bien différent que ce que l'on
constate de façon consacrée dans l'article 133. Si nous disons,
d'une part, à notre amendement, que l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867, cesse d'avoir effet en ce qui
concerne les matières qui sont de la juridiction du Québec et que
du même souffle, par sous-amendement, nous disons que l'usage de
l'anglais continue d'être permis dans les débats de
l'Assemblée nationale et dans les témoignages et les plaidoiries
orales devant les tribunaux, c'est justement en conformité de cette
espèce de conception de droits individuels qui, eux, doivent continuer
à être soutenus même par un projet de loi du style du projet
de loi 22, même par un projet de loi qui ferait de la langue
française la seule et unique langue officielle au Québec.
Ce débat, je dirais, remonte à peu près d'un an,
à compter du moment où la commission Gendron a fait
connaître ou a laissé faire connaître son rapport par
l'entremise de certains journalistes. Par la suite, le gouvernement l'a
déposé en Chambre, de gré ou de force, parce que certains
journalistes avaient eu vent de certaines conclusions de la commission Gendron.
Depuis que tout ce débat est commencé, il y a une chose qui est
bien claire de la part du Parti québécois, c'est que jamais,
à aucun moment, nous n'avons refusé de reconnaître certains
droits individuels des anglophones, jamais. C'est cela qu'on vient, de
façon concrète, reconnaître par notre sous-amendement.
Je dis tout de suite, à l'intention du député de
Saint-Jean j'imagine quelle sera sa réponse, il va me dire: Hein!
hein! je vous ai taquiné et vous êtes venu avec votre
sous-amendement. Ah! je suis fin, moi, le député de Saint-Jean,
d'avoir provoqué ce sous-amendement du député de
Saint-Jacques que cela aurait pu paraître ailleurs à
l'intérieur du projet de loi. Ce n'aurait pas été pour
nous difficile de reconnaître des droits ailleurs. Si on en fait une
question de principe à l'article 1, nous croyons qu'il est
nécessaire de préciser notre pensée par le sous-amendement
du député de Saint-Jacques, à ce stade-ci, afin qu'il n'y
ait pas d'ambiguïté. Tout au long de ce débat-ci nous avons
fonctionné au nom de l'absence d'ambi-guité.
Quand j'entends le premier ministre ou tout autre ministre ou tout autre
député, autour de la table, nous dire que nous faisons un
"filibuster", que nous avons déclaré... On cherche, on gratte, on
"gratouille", comme dirait Sol, dans nos déclarations, on "gratouille"
pour ne pas nous "énervouiller"...
M. VEILLEUX: II écoute la télévision aussi.
M. BURNS: ... pour trouver certaines indications d'un "filibuster".
M. VEILLEUX: La télévision.
M. BURNS: On cherche dans tout ce qu'on a dit depuis le début. On
remonte, on relit le journal des Débats, comme je voyais le premier
ministre le faire tout à l'heure; on relit la transcription de la
session de vendredi pour essayer de trouver le moindre indice qu'on ferait
actuellement un "filibuster". On tente de nous dire: Vous êtes des gros,
gros méchants. Vous êtes des méchants parce que vous voulez
faire un "filibuster", parce que le député de Saint-Jacques a
dit: Vous voulez en voir, un "show", vous n'avez rien vu encore. Vous n'avez
rien vu si jamais on se rend compte que ce gouvernement est en train de trahir
le peuple du Québec.
Jusqu'à l'article 1, parce que la bonne foi se présume, on
est en mesure de dire: C'est fort possible que ce gouvernement veuille encore
améliorer son projet de loi. Si tel est le cas, nous vous
suggérons deux façons claires de l'améliorer. La
première, c'est de dire qu'en matière "d'officialité", je
ne sais pas si le mot existe, je ne sais pas si c'est un néologisme que
je fais, en matière de langue officielle c'est pour cela que je
parle d'"officialité" d'une langue il n'y ait qu'une seule
langue, qui est la langue française tel qu'on l'édicté
à l'article 1. Ceci nonobstant les dispositions de l'article 133, mais
tout en reconnaissant les droits individuels des anglophones au Québec.
Nous sommes prêts à apporter un amendement qui consacre l'usage de
l'anglais tant devant les tribunaux qu'à l'Assemblée nationale.
Ceci, évidemment, veut dire que les procès-verbaux, que les
projets de loi seraient, si notre amendement était accepté,
unilingues français. On ne se le cache pas. On ne tente pas de maquiller
quoi que ce soit. On ne tente pas de cacher notre intention. On n'essaie pas de
vous dire qu'on aimerait que la langue française soit la langue
officielle, mais que peut-être, de temps à autre, et tout le
temps, et peut-être aussi souvent qu'ils voudront, les Anglais auront des
textes anglais, etc. Cela, on l'étudiera dans les autres articles, si
vous nous permettez éventuellement d'y arriver. Ce qu'il est important
de savoir dès l'article 1, pas à l'article 130 quand on parlera
de la sanction de ce projet de loi, mais dès l'énonciation du
principe à l'article 1, c'est où ce gouvernement veut aller, avec
le moins d'ambiguïté possible.
Si c'est cela que le gouvernement veut faire, on vous dit, nous, qu'on
va vous aider à y arriver. On veut tellement vous aider qu'on propose
l'amendement du député de Lafontaine, doublé, à ce
stade-ci et comme je vous dis, peut-être de façon
prématurée en ce qui concerne le projet qu'on aurait pu
faire, qu'on aurait pu insérer, éventuellement, dans d'autres
articles, mais pour enlever des inquiétudes, on vous dit: On propose ce
sous-amendement dès maintenant pour que les gens sachent bien qu'on
n'est pas ici pour brimer les droits des Anglais. Mais quand on parle des
droits des Anglais, attention, encore une fois! On parle de droits individuels,
et on ne parle pas de droits collectifs.
Si vous parlez de langue officielle du Québec, je ne vois pas
comment, d'une part sans revenir à cette motion, M. le
Président on aurait été gêné qu'au
niveau des droits collectifs on ne puisse pas dire: "la seule" langue
officielle au Québec, c'est le français. Moi, j'avais
l'impression, autour de la table, d'assister à une gêne,
collective celle-là, de la part des ministériels.
C'étaient des gens gênés de dire ce qu'ils pensent
vraiment, ou bien des gens qui veulent maquiller, comme le disait le
député de Saint-Jacques le mot n'est pas trop fort
un projet de loi qui, éventuellement, fera de deux langues au
Québec, l'anglais et le français, et dans cet ordre parce
que cela va continuer à "bilin-guiser" les francophones faire de
l'anglais et le français, deux langues officielles.
Le problème actuel, M. le Président, on ne semble pas s'en
rendre compte. J'aurai l'occasion d'y revenir au cours du débat. Je
résume et je termine là-dessus. Par les attitudes
ministérielles jusqu'à maintenant, on semble rejeter, du revers
de la main, nos arguments en disant: II n'y en a pas de problème. A
partir du moment où l'article 1 est édicté, à
partir du moment où on a dit que le français est officiel, il n'y
en a plus, de problème. M. le Président, je dis à ces
messieurs du côté ministériel, qu'ils rêvent
dangereusement. Ils le font, comme le disait le chef de l'Opposition, que
constater un fait qui existe, ils ne font que maintenir une
ambiguïté historique que personne n'est capable d'élucider,
sinon par des textes précis, des textes serrés, qu'une
volonté du Parlement de véritablement légiférer en
matière de langue.
C'est cela, M. le Président, la raison pour laquelle j'appuierai
et le sous-amendement du député de Saint-Jacques, et l'amendement
du député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'il y a d'autres
députés? Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, bien qu'il ne me reste que sept ou
huit minutes avant l'heure de la suspension de la séance, je voudrais
commencer mon exposé, me réservant de le continuer à la
reprise de la séance ce soir.
Le sous-amendement du député de Saint-Jacques a le
très grand mérite de nous permettre d'établir une
distinction entre droits collectifs et droits individuels. C'est une
distinction qui est importante. Depuis que ce débat linguistique existe
au Canada et au Québec, on a toujours joué sur la confusion entre
droits collectifs et droits individuels, soit pour éteindre les droits
collectifs des francophones dans les provinces anglophones, soit pour favoriser
l'épanouissement des droits collectifs des anglophones au
Québec.
C'était une époque où les francophones du
Québec négligeaient le droit constitutionnel ; ils étaient
mal armés pour lutter contre les juristes anglo-canadiens et
anglo-québécois dans un domaine où le poids des mots est
si important.
Mais, aujourd'hui, nous sommes en mesure de peser le sens des droits
individuels et la portée des droits collectifs. Dans plusieurs
écrits, des auteurs québécois se sont penchés sur
ces problèmes et ils ont élucidé chacune de ces
notions.
On sait que les droits individuels n'ont pas la même origine que
les droits collectifs. Les droits inviduels ont pris leur essor il faut
le reconnaître en Grande-Bretagne, il y a de cela
déjà plus de sept siècles. Vers 1215, de fait, on voit,
pour la première fois, les rois, le pouvoir, être obligés
de reconnaître les droits des individus notamment devant les tribunaux.
Le roi d'Angleterre s'incline devant les droits de ses sujets qu'il avait,
jusque-là, brimés.
Il y a toute une tradition qui nous vient de la Grande Charte
britannique, toute une tradition qui a connu des développements aux
Etats-Unis et dans tous les pays d'Occident à l'effet qu'on doit
respecter les droits individuels. Nous de l'Opposition, nous du Parti
québécois, n'avons absolument pas l'intention de brimer les
droits individuels de qui que ce soit au Québec. Ce n'est pas parce que
nous voulons que la langue française devienne la langue de la vie au
Québec, qu'elle devienne la langue de l'Etat et de tous ses organismes,
que nous voulons, pour autant, que les anglophones soient obligés, du
jour au lendemain, de se mettre à parler français. Cela serait
inhumain, cela serait impossible.
Nous voulons non seulement reconnaître les droits individuels des
minorités au Québec et, en particulier, de la minorité qui
vit avec nous depuis déjà deux siècles; nous voulons nous
incliner devant la situation réelle, devant le bon sens. C'est le but du
sous-amendement du député de Saint-Jacques.
Les droits collectifs eux, ont connu un développement beaucoup
plus récent. Ils étaient, à vrai dire, la
conséquence des droits individuels parce que, lorsqu'on met ensemble les
droits individuels d'une grande multitude de personnes, on aboutit
nécessairement à reconnaître les droits de la
collectivité.
Mais cela a pris des siècles avant qu'on se rende compte que les
collectivités aussi avaient des droits. Il a fallu attendre le XVIIIe
siècle, cinq siècles plus tard, avant que ces droits ne prennent
leur essor à leur tour. Il a fallu attendre le "Bill of Rights" de
l'Angleterre, mais surtout la révolution américaine et la
révolution française, pour que soient affirmés les droits
de la nation. Ce qui est en cause, quand nous parlons de la langue officielle
au Québec, ce sont les droits de la nation, de la majorité
nationale qui habite ce pays depuis toujours.
Le gouvernement voudrait nous faire croire qu'avec l'article 1, tel
qu'il est rédigé actuellement, il innove, il reconnaît aux
francophones du Québec quelque droit nouveau. Ce n'est pas le cas. C'est
un article qui dit l'évidence même. J'ai déjà dit
à ce propos que c'est un peu comme si le premier ministre disait que le
Québec est situé en Amérique du Nord; nous
nous en doutons. Nous savons que le français est la langue du
Québec; personne n'en doute. Cela n'a jamais cessé d'être
le cas, non seulement depuis l'Acte de Québec, qui d'ailleurs ne le
confirme qu'implicitement, mais depuis qu'il y a des francophones, depuis que
nous sommes arrivés dans ce pays et que nous avons commencé
à le construire.
En refusant l'autre jour notre amendement, je crois que le gouvernement
a montré le fond de ses intentions. Il aurait été simple
de dire : Le français sera la "seule" langue officielle du
Québec. Il s'agissait d'ajouter un mot, mais combien lourd de
conséquences! Combien significatif! Cela aurait été une
innovation, parce que c'est la lutte que nous menons depuis deux siècles
pour donner à la langue française le statut qu'elle n'aurait
jamais dû perdre dans ce pays. Le gouvernement l'a refusé,
montrant par là que toutes ses grandes déclarations
antérieures, selon lesquelles le français allait être la
"seule" langue officielle du Québec, ce n'était que du vent, que
de la publicité commerciale, de la camelote! J'ai hâte d'entendre
les prochains discours du premier ministre, sur le projet de loi 22, pour voir
s'il va encore nous parler du français "seule" langue officielle. Du
moins, nous aurons empêché ce subterfuge d'être
utilisé à nouveau. Mais revenons aux droits de l'homme.
J'entends l'horloge du parlement qui sonne les six heures, M. le
Président. Puis-je proposer la suspension de la séance?
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 2
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Au moment de la suspension, le chef de l'Opposition officielle avait la
parole sur la motion de sous-amendement du député de
Saint-Jacques. Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, j'étais en train de rappeler
l'évolution des droits collectifs par rapport aux droits individuels et
je tentais d'expliquer qu'à notre époque les droits collectifs
ont pris une place qu'ils ne possédaient pas avant le XVIIIe
siècle, alors que l'accent avait été mis
systématiquement sur les droits de l'individu. Depuis que les droits
collectifs le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, par
exemple ont pris de l'ampleur et se sont affirmés chez les divers
peuples, tout le problème, c'est de trouver un juste équilibre
entre droits collectifs et droits individuels.
Le Parti québécois, l'Opposition officielle a
proposé, l'autre jour, que nous adoptions le français comme
"seule" langue officielle, ce contre quoi le gouvernement a voté. Mais,
nous n'avons jamais, pour autant, prétendu abroger ou restreindre de
quelque façon que ce soit les droits individuels. C'est pourquoi le
député de Saint-Jacques a présenté ce
sous-amendement qui a pour but de rappeler que, selon nos traditions
parlementaires et selon les droits que nous reconnaissons aux personnes,
même si le français était désormais la langue de
l'Etat et de tous ses organismes. En vertu de l'accent que nous mettons sur les
droits collectifs, il n'en reste pas moins que les individus pourraient
très bien parler l'anglais, par exemple, à l'Assemblée
nationale ou devant les tribunaux en plaidoirie orale, s'ils ne connaissent pas
le français. Mais il faut distinguer cela, comme je le dirai dans un
instant, des jugements, qui sont des actes de l'Etat et devraient donc
être rédigés dans la langue officielle, dans la seule
langue officielle. De même, les lois, qui sont l'expression la plus
accomplie de la volonté de l'Etat, doivent être également
rédigées uniquement dans la langue officielle, le
français.
Donc, le sous-amendement du député de Saint-Jacques a pour
but de restaurer l'équilibre entre ces droits collectifs que
l'Opposition voudrait voir reconnaître pleinement en faveur de la
majorité francophone du Québec et les droits individuels que nous
n'entendons pas négliger pour autant.
Le député de Saint-Jacques avait certainement à
l'esprit, lorsqu'il a présenté cette motion, les grands documents
internationaux contemporains qui reconnaissent les droits de l'individu,
notamment devant les tribunaux. Je me permets de vous rappeler que certains
articles de la Déclaration universelle des droits
de l'homme peuvent nous servir d'indication quant à la protection
de ces droits individuels, notamment dans le domaine dont nous parlons ce soir.
L'article 7 de la déclaration universelle nous rappelle que tous sont
égaux devant la loi et ont droit, sans distinction, à une
égale protection de la loi. Cela signifie sûrement que devant les
tribunaux une personne a le droit de se faire entendre dans sa langue, qu'elle
a le droit d'être entendue, même si sa langue n'est ni l'anglais,
ni le français.
Il se peut qu'il y ait des gens, arrivés au Québec de
fraîche date, qui ne comprennent pas encore le français, qui ne
connaissent pas l'anglais et qui, de la sorte, pourraient se trouver tout
à fait sans défense devant les tribunaux. A l'article 10 de la
Déclaration universelle, on nous dit que "toute cause doit être
entendue équitablement". C'est bien sûr que cela signifie,
à tout le moins, qu'une personne doit pouvoir se faire entendre et
comprendre ce que dit le tribunal. A l'article 11, on nous dit que "toute
personne doit avoir à sa disposition toutes les garanties
nécessaires à sa défense". Tout cela converge, M. le
Président, pour appuyer le sous-amendement proposé par le
député de Saint-Jacques.
D'ailleurs, je vous avoue que je ne vois pas très bien pourquoi
le gouvernement serait contre un sous-amendement comme celui-là. Je ne
serais même pas étonné tout à l'heure de voir le
ministre et ses collègues ministériels voter en faveur de
l'amendement.
M. BOURASSA: Qui reprend l'article 133.
M. MORIN: En effet, qui reprend une partie de l'article 133, mais pas
tout l'article 133 du British North America Act...
M. BOURASSA: Presque totalement.
M. MORIN: .. puisque nous sommes limités aux tribunaux et
à l'Assemblée nationale. Justement, puisque vous...
M. BOURASSA: Il n'y a pas beaucoup de différence.
M. MORIN: ... m'amenez, M. le premier ministre, sur le sujet de
l'article 133, il s'agit de s'assurer que cet article 133 vise notamment
l'obligation de publier les lois dans les deux langues, ne s'applique pas au
Québec. C'est l'objet de l'amendement. Et le sous-amendement vient
réchapper, en quelque sorte ce qui, dans l'article 133, est valable,
c'est-à-dire ce qui touche les droits individuels. Nous ne voulons
écarter de l'article 133 que ce qui va à l'encontre des droits
collectifs.
C'est pourquoi le député de Saint-Jacques, en vue de
respecter les droits individuels des anglophones à l'Assemblée
nationale et devant les tribunaux, a fait ce sous-amendement.
Nous disons dans l'amendement je parle de l'amendement du
député de Lafontaine que l'article 133 cesse de
s'appliquer au Québec. Il est donc utile et pertinent de préciser
dans la loi québécoise c'est là la
différence avec l'intervention du premier ministre il y a un instant
certains droits individuels garantis aux députés
anglophones et aux citoyens anglophones devant les tribunaux du
Québec.
Puisque l'article 133 cesserait de s'appliquer au Québec, il
faudrait trouver dans la loi proclamant le français comme seule langue
officielle, certaines dispositions importantes de l'article 133. Mais, cette
fois, elle ne nous serait pas imposée par une loi impériale
menacée de désuétude, ni par une loi dont la seule version
et c'est bien caractéristique est rédigée en
langue anglaise, le British North America Act. Les garanties accordées
à la minorité québécoise seraient
insérées dans la loi québécoise elle-même,
alors qu'à l'heure actuelle elles ne s'y trouvent pas.
M. BOURASSA: Est-ce que le chef de l'Opposition n'a aucun doute sur le
pouvoir du gouvernement du Québec d'amender l'article 133 ou de
l'abolir?
M. MORIN: Nous avons, à plusieurs reprises, défini notre
position là-dessus. Je suis heureux de permettre cette question au
premier ministre. Cela va m'aider à préciser notre pensée
une fois de plus. Cependant, comme cela fait cinq fois que je le dis, je
m'étonne que vous n'ayez pas encore tout à fait compris.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que cela va permettre de remplir votre
temps.
M. CLOUTIER: J'ai l'impression que cela change d'un jour à
l'autre.
M. BOURASSA: Cela change...
M. MORIN: M. le Président, je veux bien répondre au
premier ministre à la condition de ne pas perdre une minute du temps qui
m'est alloué; il me reste seulement quelques minutes.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que je voulais vous donner un coup de main
pour remplir vos douze minutes, étant donné que vous faites un
"filibuster".
M. MORIN: J'ai encore beaucoup de choses à dire, fort
importantes, sur la question et je n'ai pas besoin de votre aide, si c'est cela
que vous voulez faire...
M. BOURASSA: Je fais toujours exception pour le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Est-ce que je peux vous dire que vous vous trompez royalement?
Vous essayez en ce moment, c'est clair, de créer l'impression que nous
faisons perdre le temps de la commis-
sion, alors que, cet après-midi, c'est vous qui nous l'avez fait
perdre.
M. BOURASSA: Non, j'ai toujours fait exception pour le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: N'essayez pas de faire des exceptions, nous sommes solidaires
les uns des autres, dans l'Opposition. N'essayez pas de semer la zizanie, vous
perdez votre temps.
M. BOURASSA: Non, non.
M. MORIN: Nous savons qu'il y en a au sein de votre parti, mais vous
n'en sèmerez pas ici.
M. BOURASSA: Non. Sur la consigne d'annulation, vous en avez un peu dans
votre parti.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais dire que j'ai
été étonné, pour ne pas dire scandalisé, des
propos du premier ministre depuis quelques jours au sujet de la guillotine, au
sujet de la clôture.
M. BOURASSA: Vous la voulez!
M. MORIN: Non, justement, nous voulons faire notre travail
sérieusement. Nous voulons prendre tout le temps qu'il convient de
prendre pour un bill de cette importance. M. le premier ministre, tous les
journaux vous le disent.
M. BOURASSA: Ils disent que vous faites un "filibuster". Tous les
journaux disent que vous faites un débat marathon. C'est cela qu'ils
disent, y compris le journal péquiste.
M. MORIN: Parce que vous passez votre temps à dire des choses
comme cela, mais vous savez très bien que nous avons été
sérieux sans désemparer depuis le début.
M. BOURASSA: Vous êtes le seul.
M. MORIN: Vous êtes vraiment sidérant. Tous mes
collègues ont fait des interventions sérieuses et
circonstanciées vous ne pouvez pas dire le contraire sur
chaque point qui a été soulevé et tous les amendements ou
sous-amendements que nous avons présentés étaient
empreints de sérieux.
M. BOURASSA: On a parlé des films de Fernandel et de toutes
sortes de choses...
M. MORIN: C'est vous qui avez déclenché cela.
M. LEGER: Qui est-ce qui n'était pas sérieux?
M. MORIN: Qui est-ce qui a donné le signal de ces pertes de
temps? Systématiquement, les gens comme le député de
Pointe-Claire sont intervenus pour parler du théâtre que faisait
je ne sais plus trop lequel de nos députés. Allons donc!
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez parlé d'un nommé
Simard.
M. MORIN: M. le Président, je ne voudrais pas me laisser
interrompre, si cela devait empiéter sur mon temps.
M. SEGUIN: Je ne voudrais pas l'interrompre, mais, d'un autre
côté, je voudrais bien que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. SEGUIN: M. le Président, est-ce moi que vous rappelez à
l'ordre?
M. MORIN: Je reprends. Désirez-vous m'interrompre? Moi, je le
veux bien mais dites-le.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je n'ai rien dit.
M. SEGUIN: Non, n'empêche que ce n'est pas le député
de Sauvé qui va m'attribuer toutes sortes de choses, d'avoir fait perdre
du temps à cette commission-ci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre !
Le chef de l'Opposition officielle.
M. SEGUIN: Je n'ai pas interrompu le député de
Maisonneuve.
M. MORIN: M, le Président, pour en revenir à ce que disait
le premier ministre, que j'estime personnellement très grave, je dois
dire que cela fait à peine une semaine que nous débattons, depuis
la seconde lecture, ce projet qui compte 130 articles. A peine une semaine et
déjà on nous parle de clôture. Ma foi, si vous voulez
partir en vacances, établissez un roulement entre vos
députés.
M. BOURASSA: Non, c'est vous.
M. MORIN: C'est facile: Changez-les tous les jours ou toutes les
semaines. Nous, nous sommes prêts à rester.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas sûr. M. BOURASSA: Nous aussi. M.
DESJARDINS: Moi aussi.
M. MORIN: Je le sais très bien. Le député de
Louis-Hébert habite Québec et il peut, lui, se délasser
tous les soirs sur sa véranda, mais si les autres veulent rentrer...
M. DESJARDINS: Ah oui! A minuit!
M.MORIN: ... dans leur patelin qu'ils le fassent et qu'on cesse de nous
parler de clôture. Vous n'avez aucun...
M. DESJARDINS: Je suis disponible.
M. MORIN: ... motif valable à l'heure actuelle d'imposer la
clôture alors que nous sommes au milieu d'un débat
sérieux.
M. DESJARDINS: M. le Président, je me fais bronzer au clair de
lune.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: II y a actuellement un sous-amendement à la motion
d'amendement qui est présentement débattue. Je ne vois
strictement pas ce que cela a à voir avec la motion de clôture ou
une éventuelle motion de clôture. J'aimerais bien...
M. MORIN: Le premier ministre m'a interrompu. Vous n'aimez pas que je
vous dise vos quatre vérités, mais je vais vous les dire tout de
même. Ne m'interrompez pas!
M. CLOUTIER: Alors, la pertinence.
M. HARDY: M. le Président, parlant toujours sur ma question de
règlement et interrompu d'une façon irrégulière et
impolie comme d'habitude par le député de Sauvé, je vous
demanderais de lui rappeler qu'il a le droit de dire tout ce qu'il veut dire,
que sa liberté de parole est illimitée dans la mesure où
il s'en tient aux règlements et en l'occurrence à la pertinence
du débat. Il n'y a pas de motion de clôture actuellement, ni
devant cette commission, ni ailleurs. Donc, il n'a pas à en parler.
M. MORIN: Cet après-midi même, vous avez mentionné
la clôture.
M. BURNS: Cela fait à peu près trois fois qu'on se le fait
dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: ... sur le sous-amendement M. le Président, si
j'ai bien le droit de parole pendant dix minutes, le
député de Bellechasse n'a fait qu'une chose, nous dire qu'il
souhaitait la clôture. J'ai l'intention de commenter cela quelque
peu.
M. HARDY: M. le Président...
M. MORIN: Vous-même, vous l'avez dit à plusieurs reprises
cet après-midi.
M. BOURASSA: Mais je vous rappelle simplement, si vous me le permettez,
les paroles du député de Saint-Jacques, vendredi soir, vers 5 h
45, où il a dit que tous les moyens seraient pris pour bloquer
l'adoption du projet de loi. On le voit aujourd'hui avec les amendements et les
sous-amendements. Cela fait une semaine et on n'a même pas un article
d'adopté. Il ne sera pas adopté pour les Jeux olympiques, si on
continuait comme cela.
M. LEGER: C'est pour cela que vous appelez cela le marathon.
M. MORIN: Avec le bill que vous proposez vous pourriez vous
présenter au concours d'é-quilibrisme aux Jeux olympiques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: M. le Président, un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, j'aimerais faire le rappel...
M. MORIN: Le ministre m'a interrompu,...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... journalier en demandant aux gens dans les
galeries de ne pas, s'il vous plaît, applaudir. Je vous invite à
rire, mais à ne pas applaudir.
M. CLOUTIER: M. le Président, je voudrais simplement
préciser que cette discipline n'existe pas aux Jeux olympiques,
étant donné que le Haut-Commissariat relève de mon
ministère.
M. LEGER: M. le Président, sur le point de règlement.
M. MORIN: C'est dommage!
M. LEGER: Sur le point de règlement, M. le Président,
soulevé par le député de Terrebonne. Le
député de Terrebonne a dit justement que le député
de Sauvé ne respectait pas la pertinence du débat parce qu'il
parlait de clôture. Je dois actuellement rappeler que c'est le
député de Mercier, le premier ministre, qui a, à deux
occasions, provoqué le député de Sauvé, en lui
disant: Vous voulez avoir la guillotine! C'est normal pour le
député de Sauvé de répondre et c'est pertinent au
débat, puisque la question lui a été posée, pour
une des rares fois, dans l'ordre, puisque le premier ministre a demandé
la permission au député de Sauvé de poser sa question.
Alors, pour une des rares fois, le premier ministre se conformait au
règlement. Il a posé sa question et il a eu sa réponse. Le
député de Terrebonne était à l'encontre du
règlement en invoquant sa question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je fais remarquer au chef de l'Opposition
officielle que,
Quel est, d'après vous, le temps requis pour un bill de cette
importance? Vous avez semblé nous dire une semaine. Est-ce une semaine,
deux semaines, trois semaines, un mois? Pourquoi ne le dites-vous pas à
la population: Un bill de cette importance, cela prend tel ou tel délai?
Vous vous gardez bien de le faire, parce que vous savez qu'un bill comme
celui-là, comportant 130 articles et engageant l'avenir, pourrait
normalement requérir plusieurs semaines, voire des mois de
débat.
M. HARDY: Une semaine à l'article.
M. MORIN: Je vous donne un exemple. Le code des professions est
resté 18 mois devant l'Assemblée. Je répète, M. le
Président, parce qu'on m'interrompt sans cesse...
M. BOURASSA: Une vingtaine de lois.
M. MORIN: ... le code des professions est resté pendant plus d'un
an devant cette commission après le moment où il a
été déposé devant la Chambre.
M HARDY; c'est faux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. MORIN: Ah bon?
M. HARDY: Pas article par article.
M. BURNS: Voyons donc! Les deux ensemble.
M. BOURASSA: Dites-le donc que vous voulez la clôture !
M. MORIN: Je termine en demandant au gouvernement d'avoir un bon
mouvement et de voter pour ce sous-amendement, qui va même dans le sens
de ses préoccupations, à moins qu'il ne soit vraiment contre les
droits individuels.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Education, sur le
sous-amendement.
M. CLOUTIER: L'amendement, comme d'ailleurs le sous-amendement,
proposés l'un, si je ne me trompe, par le député de
Lafontaine et l'autre, par le député de Saint-Jacques, me
paraissent assez habiles.
Evidemment, il s'agit d'un enfant malingre. C'est sans doute à
cause des deux parents. Ils me paraissent assez habiles parce qu'on n'exige pas
l'abolition de l'article 133. On se contente d'essayer d'en annuler les effets
sur le territoire du Québec. D'autre part, on essaie de protéger
les droits individuels en reprenant, sur ce plan, la possibilité de
continuer à parler anglais dans les débats et devant les cours de
justice. compte tenu des interruptions qu'il a subies, il lui reste deux
minutes pour terminer son intervention.
M. MORIN: Vous êtes bien aimable, M. le Président. Je vais
tenter d'utiliser ces deux minutes sans être interrompu.
On a répété à plusieurs reprises
aujourd'hui, pour mieux préparer psychologiquement le peuple du
Québec à la clôture, que nous faisions de l'obstruction. M.
le Président, nous ne sommes que six. S'il y avait à
l'Assemblée nationale, comme il devrait y avoir, 30 ou 31
députés du Parti québécois, qu'est-ce que ce
serait? Il pourrait en être ainsi si la Loi électorale
était juste!
M. DESJARDINS: Pertinence.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Je veux tout simplement rappeler que, lorsque vous dites que
nous faisons de l'obstruction, vous ne tenez pas compte du fait qu'à six
nous représentons 45 p.c. de la population.
M. CLOUTIER: II y a les créditistes, il y a l'Union
Nationale.
M. MORIN: Justement! Il y a même, à ce que nous croyons
savoir, beaucoup de libéraux qui sont contre le bill 22, dont un certain
nombre d'anglophones et de députés. Je ne serais pas surpris que
nous parlions pour 75 p.c. de la population sur ce point.
M. DESJARDINS: 90 p.c, quant à y être.
M MORIN: Peut-être, M. le député de
Louis-Hébert.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre.
M. MORIN: Et, si tel est le cas, vous voudrez bien accorder quelque
crédit à ce que nous disons, à ce que nous avons à
faire savoir à cette commission.
M. DESJARDINS: Je vous écoute. Je vous écoute.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Une minute.
M. MORIN: Et vous voudrez bien nous accorder tout le temps dont nous
avons besoin pour donner notre point de vue sur ces articles, qui engagent
tellement l'avenir du Québec.
Si vous estimez que, pour un tel projet, deux semaines suffisent ou,
comme vous avez semblé l'indiquer aujourd'hui, qu'une semaine à
peine suffit, vous allez à l'encontre des traditions parlementaires les
mieux établies, M. le premier ministre.
II est évident que ceci témoigne d'une démarche qui
est tout à fait différente de celle du gouvernement. En fait
je crois que le député de Maisonneuve sera peut-être
de mon avis si le Parti québécois avait vraiment voulu
jouer le jeu à fond et discuter article par article, d'une façon
normale, il me semble que cet amendement, comme ce sous-amendement, auraient
dû venir à un autre moment. Au lieu d'être rattachés
artificiellement à l'article 1, il me semble qu'ils auraient pu
être rattachés d'une façon beaucoup plus naturelle à
l'article 5, qui porte sur le statut de la langue officielle et qui se lit de
la façon suivante: "Le présent titre règle les effets
juridiques de l'article 1".
En fait, l'article 133 touche à la langue de l'administration
publique et c'est tout le titre III qui est impliqué par l'article 133.
Si le Parti québécois j'entends le député de
Saint-Jacques me donner raison n'a pas procédé de cette
façon, qui aurait été, à mon sens, beaucoup plus
dans l'esprit de nos règlements, c'est sans doute parce qu'il a
décidé de ne pas aller au-delà de l'article 1,
après avoir été pratiquement obligé de l'aborder
parce qu'il ne faut quand même pas oublier que c'est une motion du
gouvernement c'est ma motion, en fait qui a permis l'ouverture de
l'article 1 et que jusque-là, pendant des jours et des jours, les
motions ont été multipliées pour tout simplement faire
perdre je crois qu'il faut le dire d'une façon assez brutale
le temps de cette commission.
On a réclamé tout un ensemble de documents dont,
curieusement, on ne parle absolument plus maintenant, comme si on n'en avait
vraiment pas l'usage que j'étais prêt à
déposer aussitôt que l'article aurait été
appelé, comme lors de toutes les discussions en commission
élue.
En fait, je n'ai pas voulu faire une querelle de recevabilité.
C'est la raison pour laquelle je n'ai pas fait état de ces arguments
auparavant. Je ne voulais pas me prêter à une obstruction qui ne
pouvait que prolonger encore le débat. C'est la raison pour laquelle
j'ai attendu pour faire ces remarques au moment de prendre la parole, soit sur
l'amendement, soit sur le sous-amendement.
En fait, on est en plein débat byzantin, on est en plein
débat de juristes. Il n'y a vraiment... Non, je ne permets aucune
question. J'ai l'intention d'aller au bout de mon raisonnement.
M. LEGER: Même si elle est simple et courte?
M. CLOUTIER : Surtout si elle est simple et courte, parce que je connais
les questions du député de Lafontaine et je ne vois certainement
pas l'intérêt d'y répondre en ce moment.
M. LEGER: Bon.
M. CLOUTIER: Je disais donc que nous sommes en plein débat
byzantin, nous sommes en plein débat de juristes. Je ne doute pas de la
bonne foi du chef de l'Opposition, je doute davantage de son jugement car je me
demande s'il n'est pas en train d'être plus ou moins manipulé par
ses troupes parce que je crois que le député de
Lafontaine, par ses interventions, et même le député de
Maisonneuve à l'occasion, en tout cas certainement le
député de Saguenay, manifestent de façon
évidente, par leur humour ou leur rire, qu'il s'agit d'obstruction et
ils ne s'en cachent guère. Il n'y a, au fond, que le
député...
M. LESSARD: Question de privilège, M. le Président.
Question de règlement.
M. LEGER : On est normal.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: ... de Sauvé qui prenne la discussion
sérieusement et le député de Maisonneuve, qui manie avec
art...
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Saguenay sur une question de règlement.
M. LESSARD: M. le Président, on m'accuse d'avoir ri. Je viens
juste d'arriver ici à cette commission parlementaire. J'aimerais bien
savoir, M. le Président, quand le ministre de l'Education m'a vu rire.
J'ai ri, par exemple, de ses interventions inopportunes et de ses
arguments...
M. CLOUTIER: J'aime mieux vous entendre rire que de vous entendre
parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable ministre de
l'Education.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. LEGER: Est-ce que vous avez entendu le rire intelligent du
député de Mille-Iles?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LACHANCE: C'est un rire
intelligent.
M. CLOUTIER: Revenons à notre argumentation.
M. LACHANCE: C'est justement quand vous parlez qu'on...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. CLOUTIER: Nous sommes tellement
en
plein débat de juristes que je voudrais citer ici le professeur
Chevrette qu'a déjà cité, à quelques reprises, le
chef de l'Opposition et qui, d'une façon extrêmement claire,
illustre l'espèce d'illogisme à vouloir, d'un souffle, annuler
les effets de l'article 133, sinon les abroger et, d'un autre souffle, vouloir
critiquer la loi 22. Dans cette émission dont j'ai déjà eu
l'occasion de faire état et le texte en a été
déposé devant cette commission, Présent
québécois, du 18 juillet, le professeur Chevrette dit ceci: "Je
comprends mal la position des gens qui invitent Québec à abolir
expressément l'article 133, parce que le bill 22 ne serait pas conforme
à l'article 133. La raison est très simple. C'est une position
qui me paraît illogique parce que, dans la mesure où Québec
peut abolir l'article 133 et qu'on estime, n'est-ce pas, qu'il peut le faire,
à ce moment-là, il va le faire implicitement en adoptant le bill
22, si tant est que l'on estime que le bill 22 va contre l'article 133. Je ne
sais pas si vous comprenez mon point de vue"? Et l'interviewer dit:
"D'après vous, c'est un faux problème"? Et M. Chevrette reprend:
"Ecoutez, tel qu'on en discute, ici, entre nous deux, je pense que c'est un
faux problème". "Je pense que, si l'on estime ce qui n'est pas
mon cas que le Québec peut abroger l'article 133 et si l'on
estime aussi que le bill 22 va contre l'article 133, il n'y a pas de
problème. A ce moment-là, dans cette logique, le bill 22 se
trouvera à modifier l'article 133. Forcément, le Québec ne
peut pas changer l'article 133, d'une part, et, d'autre part, le bill 22, dans
son ensemble, je dis bien sous réserve de quelques détails, ne va
pas contre l'article 133. J'ai simplement voulu citer ce témoignage pour
montrer qu'au fond cela n'a qu'une importance relative. Pourquoi? Pour ma part,
je suis tout prêt à admettre qu'en vertu de l'article 92 le
Québec pourrait abroger l'article 133. Ou, encore, le Québec
pourrait très bien accepter un amendement, même tortueux,
même malvenu, même rattaché au mauvais article, analogue
à celui que propose le député de Lafontaine,
modifié par le sous-amendement du député de Saint-Jacques.
Le problème me semble être ailleurs. Le problème me semble
être dans le type de démarche qu'a choisi le gouvernement,
à savoir apporter une solution pratique à une question
linguistique qui existe dans un milieu donné. C'est
précisément ce que le gouvernement a tenté de faire,
affirmer le fait français, mais ne pas brimer les droits
individuels.
Le gouvernement prétend qu'il est parfaitement possible
d'affirmer le fait français. Il est parfaitement possible d'aller
très loin dans ce domaine, mais il n'est pas nécessaire pour le
faire de restreindre les droits des citoyens. C'est la démarche qu'il a
voulu tenter. Par conséquent, pourquoi aurait-il envisagé de
modifier l'article 133? Mes collègues ont clairement dit que l'article
133 protège des droits individuels devant le Parlement et devant les
tribunaux. L'article 133 prévoit également que certains textes
devront être publiés en français et en anglais. Qu'est-ce
qu'il y a de profondément choquant là-dedans? Nous sommes dans
une société où il y a 20 p.c. d'anglophones. C'est un fait
historique, qu'on le veuille ou non. N'est-il pas normal que ces anglophones
puissent connaître, puissent comprendre le texte des lois qui les
régissent? Soit dit en passant, les deux régimes particuliers qui
sont créés de par le projet de loi 22, chez les corporations
municipales et les corporations scolaires, sont des régimes exactement
du même ordre. Ces régimes n'instituent en rien le bilinguisme,
à moins d'être de mauvaise foi, mais ils permettent simplement
à l'individu, au citoyen québécois, de comprendre dans sa
langue les textes qui déterminent sa situation dans la
société, c'est-à-dire les textes juridiques qui le
régissent, soit au niveau du gouvernement, soit au niveau des
municipalités, c'est-à-dire des gouvernements locaux. L'article
133 ne va pas plus loin et les régimes particuliers que nous instituons
par le projet de loi 22 ne vont pas plus loin. Quel intérêt alors
y aurait-il eu à supprimer l'article 133 ou même à en
annuler les effets, suivant l'amendement et le sous-amendement? Strictement
aucun, sinon qu'on aurait fait disparaître des garanties qui auraient
amené une confusion considérable dans l'ensemble de la
population. Nous aurions été obligés immédiatement
de réintroduire les mêmes droits que nous aurions supprimés
par l'article 133, de les réintroduire dans le projet de loi pour les
francophones, puisqu'il s'agit de droits auxquels ils tiennent, et
également pour les anglophones. La meilleure preuve c'est que c'est la
démarche que suit au fond l'amendement et le sous-amendement. Cette
démarche consiste à supprimer les effets de l'article 133 et, je
le répète, comme je l'ai dit, d'une façon astucieuse,
même si elle est malvenue et si ce n'est pas tout à fait la faute
du PQ. C'est qu'il a vraiment choisi d'accrocher ses amendements à
l'article 1 et non de discuter suivant l'ordre logique le projet de loi. Mais
c'est à peu près le même raisonnement qui est fait, parce
qu'on est obligé de réintroduire presque aussitôt la plus
grande partie de ces droits.
Je pense donc que c'est sur le plan le plus pratique qu'il faut se
situer et, à cause de tout ce raisonnement, le gouvernenement
n'acceptera pas le sous-amendement et ensuite l'amendement qui est
proposé par le PQ.
Je voudrais, M. le Président, profiter de l'occasion pour dire
qu'à mon avis les comparaisons constantes dont use et abuse le Parti
québécois, comparaisons avec d'autres provinces, comparaisons
avec d'autres pays ne me paraissent qu'avoir une validité très
limitée. En effet, les expériences et les situations ne sont pas
comparables. La vie internationale depuis vingt ans est pleine d'exemples
d'échecs; je pense, en particulier, à la compagne
d'alphabétisation de l'UNESCO, prodigue d'échecs parce qu'on a
tenté d'importer ou d'exporter des
institutions ou des systèmes tels quels. Il y a une situation au
Québec qui doit recevoir une solution et, même si l'on peut tirer
un certain nombre de leçons de l'exemple des autres provinces
canadiennes ou encore de l'exemple belge ou de l'exemple suisse, il reste que
c'est uniquement à partir de la société telle qu'elle est,
que l'on peut trouver des solutions qui collent à notre
réalité à nous. C'est la raison pour laquelle il faut
être extrêmement prudent lorsqu'on utilise ce genre de
comparaison.
M. le Président, ce n'est pas avec des discours incendiaires, des
discours qui font appel beaucoup plus à la passion qu'au raisonnement,
ce n'est pas avec des discours de cet ordre qu'on va régler le
problème linguistique. Un gouvernement responsable doit trouver des
solutions valables et je crois que c'est ce que propose le projet de loi 22.
J'aurais bien voulu, à un certain moment lorsque le
député de Maisonneuve nous invitait, nous du parti
ministériel, à prendre la parole, pour démolir, disait-il
les arguments de l'Opposition qu'il soit possible de le faire. Mais les
arguments de l'Opposition sont drôlement rares, permettez-moi de vous le
dire. Ce que l'on entend le plus souvent de la part de l'Opposition, si
j'excepte le député de Sauvé qui apporte des arguments,
mais des arguments qui, étant basés sur l'histoire et j'ai
beaucoup de respect pour l'histoire ne tiennent pas toujours compte de
la réalité, ne se prêtent pas facilement à des
réfutations parce qu'il ne semble pas toujours être exactement sur
la même longueur d'onde que nous ce ne sont pas des arguments
depuis trois ou quatre jours, ce sont des ramassis je crois qu'il faut
dire les choses comme elles sont de vieux thèmes où l'on
parle oh! je ne ferai pas état de petites incursions dans les
rivières à saumon, il ne s'agit pas de ça actuellement
comme...
M. LESSARD: Est-ce que cela vous a fatigué?
M. CLOUTIER: Non, cela ne m'a pas fatigué du tout, mais je trouve
cela très significatif.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas mieux que...
M. CLOUTIER: C'est pour ça que je ne rate pas une occasion de
remettre ça à la surface, si j'ose dire. Ce sont exactement les
mêmes thèmes.
M. LESSARD: Vous êtes mieux à la surface qu'entre deux
eaux.
M. CLOUTIER: Au fond, nous n'avons pas entendu cinquante discours depuis
que nous avons commencé à onze heures, mardi. Nous avons entendu
le même discours prononcé par les six députés
péquistes avec des variantes qui se déploient avec une marge
extrêmement faible. Ce sont toujours les mêmes thèmes, le
thème de l'indépendance. Je ne peux pas blâmer le PQ, c'est
sa raison d'être. Il est bien évident que le PQ se place dans une
optique tout à fait différente...
M. MORIN: Quelle lucidité, M. le ministre!
M. CLOUTIER: J'ai hâte de voir ce qui va se passer au
congrès d'automne. Je crains bien que le chef de l'Opposition, qui
cherche à avoir de l'humour en ce moment, se trouve drôlement mis
en minorité, ne serait-ce qu'à cause de la stratégie
à courte vue qu'il a adoptée ici même.
M. LEGER: Vous "paragouinez" actuellement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: Certainement, certainement. Je fais de la politique.
M. LEGER: Je n'ai pas dit baragouiner, j'ai dif'paragouiner".
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: C'est exact. J'ai fait mon argumentation et maintenant, je
ne vois pas pourquoi je ne mettrais pas en évidence que tout ce que nous
avons entendu depuis quelques jours, ce sont des discours n'apportant rien de
positif à ce projet de loi et qui portent uniquement sur les vieux
thèmes politiques du PQ, c'est-à-dire l'indépendance et
ensuite on reprend tous les préjugés pour essayer de
mélanger ça. On parle de cette loi qui institue le bilinguisme,
alors que n'importe quel esprit raisonnable se rend parfaitement compte que
cette loi n'institutionnalise pas le bilinguisme, mais institutionnalise la
primauté du français en déterminant des règles
d'usage, règles d'usage d'ailleurs le député de
Saint-Jean l'a admirablement démontré qui se retrouvent,
mot pour mot, à certains moments, dans le contre-projet ou, devrais-je
dire, la contrepèterie du
PQ-
M. LEGER: Vous pouvez dire cela sans rire.
M. BOURASSA: C'est clair, les textes parlent par eux-mêmes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission est maintenant prête
à se prononcer sur... Le député de Louis-Hébert,
sur le sous-amendement.
M. DESJARDINS: En effet, il s'agit d'un débat plutôt aride
parce qu'il s'agit d'un débat strictement juridique. Je voudrais me
pencher un peu sur cet amendement et sur ce sous-amendement parce qu'on se
souvient que, samedi dernier, le Parti québécois a
présenté un amendement auquel il rattache aujourd'hui un
sous-amendement. Cet amendement se lisait comme suit, parce qu'on doit
discuter de l'un en compagnie de l'autre: "L'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique cesse d'avoir effet en ce qui concerne
les matières relevant de la Législature du Québec"
Aujourd'hui on ajoute: "Et que l'usage de l'anglais continue
d'être permis dans les débats de l'Assemblée nationale et
dans les témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux." Samedi
dernier, j'ai indiqué et j'ai eu un échange de vue
là-dessus avec le député de Maisonneuve que
l'amendement était inacceptable et j'ai révélé
quelques inquiétudes, en particulier des inquiétudes au chapitre
de la liberté de l'individu par rapport à sa liberté de
s'exprimer devant les tribunaux.
J'avais une deuxième inquiétude que je n'ai pas eu le
temps de développer à ce moment et qui était une
inquiétude constitutionnelle. Mais avant de répéter ou de
présenter certains arguments là-dessus, je pense qu'il vaut la
peine, pour le journal des Débats et pour ceux qui nous écoutent
en ce moment, de comparer la bonne foi et le désir de protéger
l'intérêt des québécois avec cet amendement et ce
sous-amendement présenté aujourd'hui.
Il était évident, samedi dernier, que l'amendement
était inacceptable tant sur le plan juridique que sur le plan
constitutionnel. Mais il a été présenté quand
même et, dès ce moment, le Parti québécois savait
déjà qu'il présenterait un sous-amendement aujourd'hui.
D'ailleurs, samedi dernier, le député de Maisonneuve a
tenté de m'inciter à présenter moi-même ce
sous-amendement. Si je l'avais fait, je m'aperçois que j'aurais
volé le spectacle ou la motion du député de
Saint-Jacques.
Mais quoi qu'il en soit, samedi dernier, déjà le Parti
québécois présentait un amendement, le sachant
inacceptable, et aujourd'hui, lundi, il vient nous présenter un
sous-amendement. Il savait déjà samedi qu'il le
présenterait aujourd'hui, et j'en prends à témoin le
député de Chicoutimi qui, dans son intervention cet
après-midi, en réponse au député de Saint-Jean, a
mentionné que le sous-amendement était déjà
prêt depuis mercredi dernier. Parce qu'il a voulu éviter que l'on
dise que le sous-amendement était amené à cause du
discours du député de Saint-Jean samedi dernier et afin
d'éviter que le public conclue que le Parti libéral, que le parti
ministériel a forcé le Parti québécois à
amener un amendement, on vient nous dire qu'il était déjà
prêt depuis mercredi dernier.
Franchement je m'inquiète sur la bonne foi je ne veux pas
prêter d'intentions, d'abord c'est contraire aux règlements
et j'essaie, très objectivement de chercher le sérieux du Parti
québécois en procédant de cette façon. Face aux
inquiétudes du député de Saint-Jean, face à mes
inquiétudes, samedi dernier, pourquoi le Parti québécois
n'a-t-il pas sur-le-champs présenté le sous-amendement qu'il
avait déjà dans sa poche, dans la poche de derrière
à ce moment- là? J'ai mentionné et je prends le
député de Maisonneuve à témoin que les
inquiétudes que je soulevais au point de vue de la liberté des
individus sur l'amendement de samedi dernier disparaîtraient presque
complètement si, par sous-amendement, on nous offrait de
réécrire ou d'ajouter ce qui parait à l'article 133 de la
constitution canadienne.
Donc, là, le Parti québécois avait une excellente
occasion d'ajouter à son amendement ce qu'il vient ajouter aujourd'hui.
Et je pense que maintenant alors que j'hésitais auparavant
j'ai le droit, comme parlementaire et comme Québécois, de me
poser des questions et de semer de sérieux doutes dans la population sur
la bonne foi du Parti québécois lorsqu'il discute du projet de
loi et lorsqu'il prétend qu'il prend l'intérêt des
Québécois.
M. MORIN: Nous nous en posons depuis deux mois, des questions!
M. DESJARDINS: M. le Président, je pense que j'ai le droit de
parole. Je comprends que, quand le chef de l'Opposition est professeur à
l'université, il peut interrompre n'importe qui, mais ici le
règlement s'applique, et ce n'est pas le titulaire de la chaire... Par
conséquent, je continue et je ne veux pas être interrompu, M. le
Président. Je ne permettrai aucune question cette fois-ci, parce que je
n'aurai pas assez de mes 20 minutes pour dire au Parti québécois
ce que je pense de lui là-dessus, sur l'attitude de samedi dernier. Moi,
le "filibuster", je l'accepte. J'ai dit que je l'acceptais, mais je ne
l'accepte pas sur la forme, sur la procédurite. Je l'accepte sur le
fond. Qu'on vienne m'apporter des amendements sérieux, je veux en
discuter.
On a discuté d'amendements sérieux, il y a deux semaines,
quand on a parlé du bill 21, la loi des alcools. Le député
de Chicoutimi a présenté un amendement sérieux et on l'a
accepté, après l'avoir discuté.
Au mois de décembre 1973, quand on a parlé des amendements
au code civil et à la loi des loyers, l'Opposition a apporté des
amendements sérieux, particulièrement sur le stationnement des
véhicules automobiles. C'est encore le député de
Chicoutimi qui était à l'origine de ces amendements. On les a
acceptés.
Si cela avait été un "filibuster" sur le fond, je
l'accepterais; je serait prêt à discuter des idées de
façon illimitée. Cependant, quand on m'arri-ve, aujourd'hui, avec
un sous-amendement qu'on aurait pu discuter samedi dernier, alors qu'on l'avait
dans sa poche de derrière, je vous dis bien franchement que vous me
décevez. M. le Président, l'Opposition officielle me
déçoit, comme stratège d'abord et parce qu'elle manque de
bonne foi, parce qu'ici je prétends que nous devons chercher le meilleur
intérêt des Québécois. Ce n'est sûrement pas
dans le meilleur intérêt des Québécois de diviser
à volonté des motions d'amendement et de sous-amendement pour le
seul plaisir d'en discuter et
de faire tramer le débat en longueur. Mais cela étant dit,
nonobstant ce "filibuster" sur la "procédurite", nonobstant ce que, je
pense, je devrais appeler la mauvaise volonté de l'Opposition officielle
face à un problème qui est fondamental et dont on a
commencé, nous, à discuter en 1966, alors que le Parti
québécois n'existait même pas... On n'a tout de même
pas attendu qu'il arrive en Chambre pour se pencher sur les problèmes
linguistiques, puisque des résolutions ont été
adoptées en ce sens en 1966, 1968, 1970, 1972 et cela a donné le
bill 22 d'aujourd'hui.
Il y en a qui sont élus députés aujourd'hui qui
étaient encore à l'école alors qu'on discutait des
problèmes linguistiques au Québec. Cela étant dit,
malgré que c'est un "filibuster", je vais quand même discuter sur
le fond de ce sous-amendement.
M. MORIN: Bon.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DESJARDINS: Enervez-vous pas! Enervez-vous pas, parce que je peux
vous démontrer...
M. MORIN: Je me demandais si cela viendrait.
M. DESJARDINS: ... que vous avez tort sur la forme, mais je peux vous
démontrer que vous avez tort sur le fond aussi. Gardez votre fond bien
tranquille; ne bougez pas trop, j'arrive.
M. HARDY: Pas de forme, pas de fond. LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. DESJARDINS: M. le Président, on arrive aujourd'hui avec un
sous-amendement qui ressemble à l'article 133. En fait, ce qu'on veut
nous dire, de façon générale, c'est ceci: L'article 133 de
la constitution, on va l'enlever de là et on va le replacer dans le bill
22. En d'autres mots, changeons donc quatre "trente-sous" pour une piastre.
Mais quel est le but de cela? Je pense que le but qui est recherché...
Encore là, je ne veux pas prêter d'intentions et je reprends ma
phrase: Je pense que cela pourrait donner lieu à des chicanes
constitutionnelles. Cela pourrait donner ouverture à la contestation du
bill 22, en partie. Je pense que certaines gens et je ne fais pas
allusion aux députés plus qu'à d'autres dans le
fond, aimeraient bien qu'on inclue l'article 133 dans le bill 22, justement
pour susciter des débats constitutionnels et des débats
historiques devant la cour Suprême du Canada, puisque l'Opposition
pé-quiste a un expert dans ce domaine.
Ne serait-ce que le moindre risque d'aller susciter des débats
constitutionnels devant la cour Suprême, je me dis que nous n'avons pas
le droit de gaspiller le temps et l'argent des
Québécois pour aller en cour Suprême
là-dessus et que notre devoir, comme gouvernement, c'est de maintenir
l'article 133 où il est. D'ailleurs, je pense que l'article 133 est plus
fondamental qu'un texte juridique recherché par le Parti
québécois. Dans une constitution, c'est la base de la
liberté, c'est la liberté fondamentale qui est exprimée.
En plus d'un droit juridique qui est conféré à l'individu,
vous avez un droit moral également dans une constitution et vous avez un
droit traditionnel qui peut être invoqué, tandis que, dans un
texte strictement juridique, comme le bill 22 qui devient du droit statutaire
interprété à la lettre, vous avez devant vous un droit
strictement juridique qui oublie l'aspec moral, qui oublie l'aspect
traditionnel.
Je connais bien des gens qui préfèrent invoquer une
constitution plutôt que d'invoquer la lettre du bill 22 qui deviendrait
strictement un statut, à ce moment. Mais je vais plus loin. Je pense que
le Parti québécois veut nous jouer un tour. Je retire ce que je
viens de dire. J'ai toujours peur de prêter des intentions au Parti
québécois, même s'il en a, et je veux éviter
l'intervention du député de Maisonneuve sur une question de
règlement. Il trouvera bien le moyen quand même vous savez.
M. le Président, dans le sous-amendement, on dit ceci, et
remarquez comme c'est habile; c'est tellement habile et je vais vous mettre en
contradiction. J'ai mis le Parti québécois en contradiction sur
la forme, j'arrive sur le fond. On dit ceci et je cite, M. le Président.
Je viens d'entendre le député de Saguenay; s'il ne veut pas que
je lui répète ce que je lui ai dit en Chambre, je pense qu'il
serait mieux de se taire.
M. LESSARD: Allez-y!
M. DESJARDINS: Je cite: "Et que l'usage de l'anglais...
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. DESJARDINS: Ça y est, je le savais.
M. LESSARD; Question de règlement, en vertu de l'article 98; le
député de Louis-Hébert vient de dire: S'il ne veut pas que
je lui cite ce que je lui ai dit à l'Assemblée nationale. Est-ce
que ce ne sont pas des menaces, M. le Président? S'il m'a dit des choses
aussi importantes que cela qui mettraient peut-être en doute ma
réputation, je mets au défi le député de
Louis-Hébert de répéter ce qu'il m'a dit à
l'Assemblée nationale.
M. DESJARDINS: Certainement, M. le Président. Je n'ai pas voulu
blesser mon ami, le député de Saguenay, qui vient de se choquer
un peu. Je sais qu'il...
M. LESSARD; Je voudrais bien savoir, à un moment
donné...
M. DESJARDINS: Un instant, laissez-moi donc finir! Voyons donc, vous
êtes bien pressé! Je suis ici pour tout l'été, si
vous voulez. Oui!
M. MORIN: Vous êtes aussi sérieux que le premier ministre.
Bravo!
M. DESJARDINS: M. le Président, lors de mon discours sur le
projet de loi 22 en deuxième lecture, le 13 juillet 1974, j'ai dit au
député de Saguenay qu'il n'avait pas entendu les mémoires
déposés devant la commission parlementaire...
M. LESSARD:Je les ai lus.
M. DESJARDINS: ... parce qu'un des sens du verbe "entendre" veut dire
saisir avec intelligence.
M. BEDARD (Chicoutimi): Arrêtez donc cela.
M. DESJARDINS: Mais j'avais ajouté...
M. BEDARD (Chicoutimi): Lâche ton petit Robert!
M. DESJARDINS:... parce que le député de Saguenay, je le
respecte. J'avais ajouté que je disais cela strictement pour taquiner le
député de Saguenay. C'est textuel au journal des
Débats.
M. BURNS: Le député de Louis-Hébert n'est pas
sérieux.
M. DESJARDINS: Je peux vous en donner lecture.
M. BURNS: Gros taquin, va! C'est-y grave!
M. DESJARDINS: M. le Président, nous pourrions invoquer...
M. BURNS: II est taquin ce moses-là!
M. DESJARDINS: ... le sérieux du député de
Saguenay, qui, à ce moment, est venu s'asseoir à
côté de...
M. BURNS: Gros taquin!
M. DESJARDINS: Le député de Maisonneuve est venu le
chercher. Je termine maintenant...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Deux minutes,
M. BURNS: II est tannant.
M. DESJARDINS: Lorsqu'on mentionne...
M. BURNS: C'est effrayant!
M. DESJARDINS: M. le Président, je vous prie de rappeler le
député de Maisonneuve à l'ordre, je ne veux pas être
interrompu. S'il veut continuer à se trouver sur mon chemin, comme il le
disait samedi... Maintenant, le sous-amendement dit, et ceci est très
habile...
M. BURNS: C'est parce que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DESJARDINS; "Et que l'usage de l'anglais...
M, BURNS: II n'est pas assez large, le chemin. On va être
obligé de débattre à deux.
M. DESJARDINS: M. le Président, je vous rappelle mon intervention
d'avant souper. J'ai dit que, dès qu'on tente d'intervenir sur le fond
d'une question, on est continuellement interrompu par le Parti
québécois. Vous en avez encore un exemple frappant dans le
moment. Ils savent que je m'en viens et que je les attaque dans le fond, dans
l'âme. Ils le savent. Ils ont peur. Ils tentent de m'interrompre et de
m'éloigner les idées du débat.
M. MORIN: Nous sommes transis.
M. BURNS: On a peur de la gendarmerie royale. On a peur que la
gendarmerie royale s'en vienne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: II me reste encore "un gros" dix minutes. J'ai
été interrompu tout le temps.
M. LEGER: Consentement unanime, M. le Président.
M. DESJARDINS: "Et que l'usage de l'anglais continue d'être permis
dans les débats à l'Assemblée nationale et dans les
témoignages et plaidoiries orales devant les tribunaux." On a donc
éliminé de l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique les points suivants: La rédaction des archives, des
procès-verbaux et des journaux de la Chambre, les actes du Parlement de
la Législature du Québec et les pièces de procédure
devant les tribunaux. Je considère ces omissions, et je pense que j'ai
le droit de considérer qu'elles sont volontaires. Je tente de les
concilier avec les prétentions du chef de l'Opposition, qui dit ceci, je
cite: "Nous n'avons pas l'intention de brimer les droits individuels de qui que
ce soit au Québec." Je cite un autre passage: "Nous n'avons jamais
prétendu abroger, ni modifier, ni restreindre les droits
individuels."
M. le Président, j'ai plaidé samedi, en fait,
c'était vraiment une plaidoirie juridique, j'ai employé les
termes de la défense pleine et
entière devant les tribunaux. C'est un principe sacré en
droit criminel, et mes confrères de Maisonneuve et de Chicoutimi le
savent bien, puisqu'ils sont avocats, que devant les tribunaux, ce principe de
défense pleine et entière va très loin. Il est
invoqué en tout temps et nous n'avons pas le droit de risquer qu'un
mauvais jugement soit rendu parce qu'une personne n'a pas pu réaliser sa
défense pleine et entière.
Par conséquent, quand on arrive, dans une procédure
écrite, devant une cour de justice, soit un appel devant la cour
d'Appel, soit une plaidoirie écrite parce que souvent des juges nous
demandent des plaidoiries écrites, nous ne pourrons pas présenter
ces pièces de procédure en langue anglaise, alors que l'article
133 de la constitution le permet, tel que rédigé.
M. MORIN: Est-il vrai que vous soyez l'avocat de la "Police
montée"?
M. DESJARDINS: Quand on vient nous dire... M. le Président,
est-ce que j'ai le droit de parole?
M. MORIN: Nous comprenons. C'est l'avocat de la "Police montée"
qui parle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. DESJARDINS: Lorsqu'on
arrive...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Trente secondes.
M. DESJARDINS: Monsieur, vous apprendrez que j'ai toujours agi en
conscience. M. le Président, je n'ai pas besoin des remarques du
député de Sauvé pour agir en toute honnêteté,
avec les clients que j'ai, quels que soient ces clients.
Je continue. Vous avez ici...
M. BURNS: Vous me permettez une question, le député de
Louis-Hébert?
M. DESJARDINS: ... le chef de l'Opposition officielle, M. le
Président...
M. BURNS: Le député de Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: ... cela vous fait mal. Cela vous fait donc mal que j'aie
retrouvé des oublis de l'article 133...
M. BURNS: Non, mais le député de
Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: ... que vous voulez insérer à l'article...
Vous ne voulez pas insérer ces droits-là...
M. BURNS: Non, ce n'est pas cela.
M. DESJARDINS: ... au bill 22. Vous ne voulez pas les
insérer...
M. BURNS: Le député de Louis-Hébert... M.
DESJARDINS: ... ils s'imaginent... M. BURNS: Le député de
Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: ... à moins que cela fasse l'objet d'une prochaine
motion d'amendement. Dans les circonstances...
M. BURNS: Le député de Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: M. le Président...
M. BURNS: Le député de Louis-Hébert...
M. DESJARDINS: ...j'entends des voix, mais je sais que je ne suis pas au
ciel. D'ailleurs, ceux qui me parlent à ma droite...
M. BURNS: Je veux lui demander s'il veut accepter une question.
M. DESJARDINS: ... ceux qui me parlent à ma droite...
M. LESSARD: Jeanne d'Arc au bûcher.
M. DESJARDINS: M. le Président, je n'ai pas terminé.
UNE VOIX: Le temps est écoulé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II faudrait faire vite. Est-ce que...
M. MORIN: C'était passionnant!
M. DESJARDINS: Je termine. Je termine.
M. BURNS: Est-ce que le député de Louis-Hébert me
permet une question?
UNE VOIX: Vingt minutes encore.
M. DESJARDINS: M. le Président, est-ce que quelqu'un veut poser
des questions?
M. CLOUTIER: Vous cherchez à allonger les débats.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve vous
demande la permission de poser une question.
M. CLOUTIER: Vous venez de dire 20 minutes encore. Vous ne ratez jamais
une occasion.
M. DESJARDINS: M. le Président, je permets au
député de Maisonneuve de me poser une question, mais je le
préviens que je n'y répondrai que si je la juge intelligente.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: On est bien parti! On est bien parti !
M. DESJARDINS: Posez-la!
M. CLOUTIER: II n'ose plus maintenant.
M, BURNS: Je veux simplement demander au député de
Louis-Hébert ceci: Est-ce qu'il ne croit pas que toute cette plaidoirie
qu'il fait, depuis samedi, aujourd'hui, en faveur des droits individuels,
trouve satisfaction dans le sous-amendement qui est proposé par le
député de Saint-Jacques aujourd'hui? Est-ce qu'il ne trouve pas
cela? Sinon, est-ce qu'il peut nous dire en quoi ces droits individuels ne sont
pas satisfaits par le sous-amendement du député de
Saint-Jacques?
M.MORIN: Va-t-il voter contre l'amendement?
M. DESJARDINS: Alors, je continue mon intervention, M. le
Président.
M. BURNS: Ah bon!
M. DESJARDINS: Parce que j'avais mis la réserve que vous
connaissez.
M. BURNS: La réponse, c'est quoi?
M. DESJARDINS: Je continue mon intervention.
M. BURNS: La réponse à ma question, c'est quoi?
M. DESJARDINS : Je vous ai dit que je n'y répondrais
peut-être pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! UNE VOIX: Vous avez peur...
M. BURNS: C'est parce que la question n'est pas intelligente?
M. DESJARDINS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce que je dois comprendre que
la commission... A l'ordre!
M. DESJARDINS: Je termine, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous terminez brièvement.
UNE VOIX: Nous consentons.
M. DESJARDINS: Je termine brièvement. Ma deuxième
inquiétude, c'était la constitution-nalité, et même
si je respecte bien l'opinion du chef de l'Opposition qui dit que le
Québec peut amender l'article 133, opinion qui est d'ailleurs
partagée par d'autres éminents juristes, il faut admettre quand
même qu'il y a d'autres aussi éminents juristes qui
prétendent que ce n'est peut-être pas si vrai que cela que
l'article 133 puisse être amendé.
M. MORIN: Attention! C'est du terrain glissant !
M. DESJARDINS: De toute façon, cela semble contesté
jusqu'à un certain point...
M. CLOUTIER: ... Chevrette, pour commencer...
M. MORIN: Oui, mais vous ne pouvez pas adopter l'article 1, dans ce
cas.
M. DESJARDINS: Oui, mais je ne peux jamais parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CLOUTIER: Si, si on vous a expliqué tout cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Le député
de Louis-Hébert.
M. BURNS: Laissez-le parler!
M. DESJARDINS: De toute façon...
M. BURNS: Tout le monde l'interrompt, y compris le ministre de
l'Education. Cela n'a pas de sens. Il faut écouter cette
pièce.
M. CLOUTIER: Je remercie le député de Maisonneuve de me
rappeler à l'ordre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Véritablement, cela mérite le nom de
pièce, ce qu'on entend actuellement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: II faut écouter
cette pièce.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de
Louis-Hébert, brièvement.
M. DESJARDINS: L'habileté du député de Maisonneuve
est quelque chose à voir. Mais quand même. Je termine, M. le
Président.
M. BURNS: Je veux protéger vos droits individuels. Oui, parce
qu'il est tout seul à penser cela.
M. DESJARDINS: Est-ce que je peux continuer, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous en prie.
M. DESJARDINS: Je termine en disant que, ne serait-ce que le moindre
risque de contestation de la constitutionnalité du bill 22, si on tente
d'y inclure l'article 133, je pense qu'il faut l'éviter à tout
prix.
L'article 133 existe depuis 1867 et la constitution, dans son ensemble,
il y a une jurisprudence qui s'y rattache. Les gens y ont rattaché des
droits moraux, une valeur morale, une valeur traditionnelle et je ne veux
pas... Je pense que cela serait inutile de risquer toute contestation à
ce chapitre.
Je comprends qu'il y a certaines personnes qui aimeraient bien qu'on
l'inclue pour ensuite contester parce qu'il y a des personnes qui aiment jouer
avec les mots et se perdre justement dans les mots, les virgules, les points,
les points-virgules.
Je vous remercie et je termine en disant que je voterai contre le
sous-amendement qui représente en même temps une position
parfaitement contradictoire du Parti québécois entre la motion
présentée samedi dernier, le sous-amendement d'aujourd'hui, son
contre-projet et tous les discours prononcés devant cette commission
parlementaire.
Merci bien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que les membres de la commission sont
prêts à se prononcer sur la motion d'amendement?
M. CLOUTIER: Oui. Vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le sous-amendement...
M. LESSARD: M. le Président...
M. CLOUTIER: II me semblait aussi qu'on ne l'avait pas entendu,
celui-là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: II est vrai que je n'ai pas la prétention pompeuse du
ministre de l'Education pour m'exprimer dans un langage châtié,
mais...
M. CLOUTIER: Cela le fatigne terriblement. Je ne sais pas pourquoi.
M. LESSARD: ... je vais m'exprimer en bon Québécois, en
bon citoyen québécois, de telle façon que tout le monde
puisse me comprendre alors que, malheureusement, le ministre de l'Education
n'est pas souvent compris.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
Entendre parler le député de Saguenay.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'aimerais bien, à toutes les fois que le ministre des Affaires
culturelles, comme dirait le député de Saint-Jacques, le
"foreman" des Affaires culturelles intervient...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... qu'il nous dise en vertu de quoi il intervient, qu'il nous
le dise au départ et qu'il n'intervienne pas tout simplement à
gauche, à hue et à dia... comme cela.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BURNS: En vertu de quoi? M. HARDY: Laissez-moi finir!
M. BURNS: Dites au président en vertu de quoi vous
intervenez.
M. HARDY: Si vous vous taisez, je vais le dire.
M. BURNS: Je veux entendre cela.
M. HARDY: M. le Président, le député de Saguenay
insulte la collectivité québécoise en croyant...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'aimerais bien que le ministre nous dise...
M. LESSARD: C'est Jean-Noël Tremblay qui commence à faire
ses interventions.
M. BURNS:... en vertu de quoi il intervient.
M. HARDY: J'ai fini. J'ai dit ce que j'avais à dire.
M. BURNS: C'est sa façon, tout simplement, d'intervenir dans un
discours.
M. HARDY: Je finis par apprendre, à vous regarder. Je suis en
train d'apprendre, à vous regarder.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai remarqué qu'il y a deux ou trois
membres de la commission qui ont cette tactique.
M. LESSARD: M. le Président, ce n'est pas le
député...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay sur la
motion de sous-amendement.
M. LESSARD: ... de Saguenay qui insulte la
collectivité québécoise, mais c'est bien le
ministre de l'Education et le ministre des Affaires sociales lorsqu'ils tentent
de ridiculiser le langage des membres de l'Assemblée nationale,
prétentieusement d'ailleurs...
M. HARDY: Pas du tout.
M. LESSARD: L'on sait que le ministre des Affaires culturelles est
devenu le petit Jean-Noël Tremblay...
M. HARDY: Pas du tout.
M. LESSARD: ... de ce gouvernement. C'est vrai qu'être ministre
des Affaires culturelles, cela monte à la tête.
M. BURNS: Ils s'en cherchaient un, ils l'ont trouvé, et, en plus
de cela, ils l'ont nommé dans son ministère.
M. LESSARD: Malgré que je n'aie pas la prétention pompeuse
du ministre de l'Education.
M. HARDY: Vous avez de la misère à partir.
M. LESSARD: ... de m'exprimer dans un français international,
vous me permettrez de le faire comme...
M. HARDY: II a de la misère à se réchauffer.
M. LESSARD: ... Québécois moyen, de telle façon que
j'espère pouvoir être compris, ce qui n'est pas souvent le cas du
ministre...
M. CLOUTIER: Vous ne pourriez-pas l'envoyer se coucher?
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez, en
commençant cette intervention...
M. HARDY: II a pris un coup de soleil aujourd'hui.
M. LESSARD: ... de citer justement M. Chevrette qui a été
interviewé par M. Barnabé: "M. Chevrette, il y a des analystes
qui, en scrutant le bill 22, ont constaté que finalement c'était
une sorte de mélange entre des formes de bilinguisme et des formes
d'unilinguisme ou en tout cas de priorité au français. Est-ce
qu'on ne peut pas croire que la tactique de M. Bourassa était, au fond,
de laisser l'article 133 pour que chacun..." le ministre de l'Education ne l'a
pas lu"... puise dans la constitution ce qu'il veut bien pour que, d'une part,
on puisse voir un peu de bilinguisme et, d'autre part, un peu d'unilinguisme?
Est-ce que ce n'est pas une confusion constitutionnelle qui, au fond, fait
l'affaire de M. Bourassa? " Réponse de M. Chevrette. "C'est possible.
C'est une question de politique. J'estime, là-dedans, que la politique
est très importante, tout le monde en fait, mais..."
M. BOURASSA: Y compris le Parti québécois.
M. LESSARD: "... dans le contexte, il y a peu de gens qui utilisent le
droit constitutionnel pour faire de la politique. J'estime que l'article 133
est de caractère fondamental et ce qu'il prescrit est assez
limité. C'est un article qui parle de bilinguisme dans les tribunaux du
Québec et fédéraux et aux Parlements du Québec et
d'Ottawa. Un point, c'est tout. En somme, le bill 22 ne va pas contre cela",
c'est-à-dire le bilinguisme.
M. BOURASSA: Continuez.
M. LESSARD: "Je pense qu'Ottawa, dans ce cadre de l'article 133...
M. BOURASSA: Continuez.
M. LESSARD: ... qui vaut aussi pour le fédéral, le
gouvernement fédéral a choisi une politique de bilinguisme, le
gouvernement du Québec s'oriente vers une politique qui est plus
unilingue", ce sur quoi je ne suis pas d'accord avec M. Chevrette. "Pour moi,
l'article 133 n'empêche ni l'une ni l'autre de ces deux positions".
M. BOURASSA: Pourquoi le citez-vous si vous n'êtes pas
d'accord?
M. LESSARD: Voici, M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour vous montrer le mélange.
M. LESSARD: ... l'expert constitutionnel qu'a tenté, tout
à l'heure, de citer le ministre de l'Education affirme lui-même
que l'article 133 concrétise le bilinguisme au Québec.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas compris M. Chevrette. Il dit que c'est
l'unilinguisme.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, "c'est un article qui parle de
bilinguisme dans les tribunaux du Québec et fédéraux et
aux Parlements du Québec et d'Ottawa".
M. BOURASSA: M. Chevrette dit que le bill 22 mène à
l'unilinguisme.
M. LESSARD: Les 129 autres articles, à part l'article 1,
consacrent le bilinguisme.
M. BOURASSA: Personne ne vous croit.
M. LESSARD: M. le Président, je pense que les
députés libéraux ne veulent absolument pas comprendre ce
que nous tentons de leur démontrer depuis au moins vendredi dernier. Il
y a une différence entre un article qui consacre officiellement le
bilinguisme et des droits individuels qui sont reconnus en vertu de la
motion
qui est présentée par le député de
Saint-Jacques. C'est ce que nous tentons de leur démontrer depuis
vendredi dernier. En effet, qu'est-ce que fait l'article 133? L'article 133
reconnaît le bilinguisme au niveau du gouvernement fédéral,
d'accord, au niveau du Parlement fédéral, d'accord, mais il
reconnaît par un texte officiel le bilinguisme au niveau du Parlement
québécois, comme au niveau des tribunaux québécois.
M. le Président, c'est là où nous nous
différencions, où nous nous séparons du Parti
libéral.
Nous n'avons rien contre les droits individuels. Au contraire, ici, en
commission parlementaire, comme à l'Assemblée nationale, nous
avons affirmé à maintes reprises que les droits individuels
devaient être reconnus à la minorité anglophone. Je pense
que c'est tout à fait normal. Je pense qu'en ce sens on va beaucoup plus
loin que n'importe quelle province canadienne. On va beaucoup plus loin, M. le
Président, que le Nouveau-Brunswick qui a étudié la
possibilité de faire reconnaître l'enseignement de la langue
française dans sa province, mais qui n'a jamais sanctionné ce
projet de loi, alors que 40 p.c. de la population du Nouveau-Brunswick est
francophone.
M. le Président, je pense que nous allons beaucoup plus loin que
la province de l'Ontario. Nous allons beaucoup plus loin que la province du
Manitoba qui a fait disparaître d'un revers de la main les droits
individuels des francophones, en 1890, et qui ne les a jamais reconnus par la
suite.
M. le Président, l'Opposition ne s'est jamais opposée
à la reconnaissance des droits individuels, mais ce que nous discutons,
c'est le fait de reconnaître à une minorité ce qui
étaient des privilèges et d'en faire actuellement des droits.
Cela, M. le Président, ce n'est pas le député de Saguenay
ou le député de Saint-Jacques ou les députés du
Parti québécois qui l'ont affirmé. C'est le ministre des
Affaires municipales lui-même, M. Goldbloom, qui a affirmé
à l'Assemblée nationale que, pour la première fois, les
droits collectifs des citoyens anglophones seront reconnus en vertu du projet
de loi 22.
Est-ce que cela vous dérange, M. le ministre?
M. CLOUTIER: Cela m'ennuie.
M. LESSARD: Cela vous ennuie? Je comprends parce que cela commence
à vous fatiguer, le bill 22.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, ce ne sont pas les
députés du Parti québécois qui l'ont reconnu; c'est
le ministre anglophone des Affaires municipales qui a reconnu que le projet de
loi 22 consacrait enfin des droits aux anglophones du Québec. C'est
là justement toute la différence que nous avons entre les
ministériels et l'Opposition. Il y a une différence et cela a
été reconnu en commission parlementaire. Il y a une
différence entre des droits collectifs, les droits d'une
collectivité, que l'on reconnaît, et les droits d'une
minorité, qui sont des privilèges que nous voulons simplement lui
reconnaître. Comment lui donner ces privilèges sans brimer le
droit de l'ensemble de la collectivité québécoise?
D'abord, il faut reconnaître que la langue française sera
la seule langue officielle. Il y a une démarche logique entre les
différents amendements qu'a proposés le Parti
québécois, assez qu'on peut se demander encore ce soir si ce
n'est pas le Parti libéral qui fait de l'obstruction
systématique. Quand nous avons présenté notre premier
amendement concernant le fait que la langue française soit la seule
langue officielle, le premier ministre a commencé à nous dire
ceci: C'est de la redondance, cela n'ajoute rien à l'article 1. Mais
tout à coup, le premier ministre s'est laissé aller, il s'est
échappé, il s'est démasqué, M. le Président.
Parce que le premier ministre a dit: Allez donc dire cela aux anglophones que
le français est la seule langue officielle au Québec!
M. BOURASSA: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LESSARD: Vous l'invoquerez à partir de l'article 96,
après mon intervention.
M. BOURASSA: Cela fait plusieurs fois qu'on mentionne cette
fausseté...
M. BURNS: Après, M. le Président. Vous ferez cela
après.
M. BOURASSA: M. le Président, si l'on me permet seulement de
rectifier.
M. BURNS: Vous en avez le droit, mais après. M. le
Président, je vous demande de faire respecter...
M. LESSARD: Vous n'avez rien à rectifier, parce que c'est cela
que vous avez déclaré officiellement à cette commission
parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: ... M. le Président, que pour les anglophones...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
premier ministre pourra faire toutes les rectifications qu'il voudra
après...
M. BOURASSA: C'est de la démagogie.
M. LESSARD: Vous lirez le journal des Débats.
M. BOURASSA: C'est malhonnête.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: J'ai dit que pour les anglophones, le français
était la seule langue officielle dans le projet de loi 22, et le
député de Sainte-Anne l'a prouvé en faisant un amendement.
C'est de la démagogie.
M. LESSARD: Vous lirez le journal des Débats, c'est exactement ce
que vous avez déclaré. Vous, vous savez...
M. BURNS: Après. Lisez donc l'article 96. J'invoque le
règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Pouvez-vous, M. le Président, faire respecter le
règlement quant au premier ministre, s'il vous plaît?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est ce que j'essaie de faire.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Je ne permets rien, M. le Président, parce que...
M. BOURASSA: Vous avez peur.
M. LESSARD: Non. Il pourra le faire en vertu de l'article 96.
M. HARDY: Vous avez peur. M. BOURASSA: Vous avez peur.
M. LESSARD: M. le Président, je l'ai affirmé ici samedi
à deux reprises et j'ai mis au défi les députés
libéraux de me contredire sur ce point... Après.
M. HARDY: Vous avez peur.
M. BOURASSA: Vous avez peur de le permettre tout de suite.
M. LESSARD: Et il n'y a aucun député libéral qui me
contredit. Le député de Saint-Jacques, d'ailleurs, M. le
Président...
M. BURNS: Après.
M. BOURASSA : On va l'enlever sur son temps.
M. LESSARD: D'ailleurs, M. le Président, le premier ministre
lui-même, lors de son discours de deuxième lecture, juste avant
l'ajournement de six heures, a parlé de déclarer le
français comme la seule langue officielle du Québec.
M. BOURASSA: C'est le texte.
M. LESSARD; II aime cela, à un moment donné, essayer de
tromper les Québécois. Il aime cela jouer à l'hypocrisie
avec les Québécois.
UNE VOIX: Menteur!
M. LEGER: Nous dire cela en pleine face, comme cela. Ce sont de purs
mensonges.
M. HARDY: ... impoli, ce n'est pas de notre faute.
M. LEGER: On a un amendement pour demander que le mot "seule" soit
inclus et vous n'avez pas le courage de le mettre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Vous essayez de faire croire aux Québécois que
c'est cela...
M. HARDY: ... aux lois qu'au...
M. LEGER: Ce sont des mensonges en pleine face. Ce n'est pas
acceptable...
LE PRESIDENT (M. Gratton) : A l'ordre! A l'ordre !
UNE VOIX: Qui a donné la parole au premier ministre?
M. LEGER: ... ni du premier ministre, ni du ministre des Affaires
culturelles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: Dites-le donc
fortement.
M. HARDY: ... mal rédiger nos lois parce que les péquistes
ne savent pas lire.
M. LESSARD: M. le Président...
M. LACROIX: ... caméléons que vous êtes. Vous
êtes un groupe de caméléons, hypocrites, menteurs,
peureux!
M. LESSARD: Est-ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: Pensez à Patton,
Patton, Patton. M. LACROIX: Continuez.
M. LESSARD: Enlevez donc le bill 22, on va régler le
problème.
M. LACROIX: Continuez, vous allez bien. LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre! M. LESSARD: M. le Président...
M. LACROIX: Continuez, crachez votre bave!
M. LESSARD: M. le Président, lorsque nous avons
présenté la motion concernant le fait que la langue
française soit la seule langue officielle, le premier ministre a
commencé à dire que c'était de la redondance et...
M. DESJARDINS: Pertinence. M. BOURASSA: Pertinence.
M. LESSARD: ... vous allez voir quelle relation il y a entre cet
amendement et la motion qui est présentée actuellement. Le
premier ministre s'est repris par la suite et il a dit au chef parlementaire de
l'Opposition: Allez donc dire ça aux anglophones !
M. BOURASSA: Expliquer... M. LESSARD: Non, vous expliquerez
après. M. BOURASSA: Vous avez donc peur. M. BURNS: Après.
M. LESSARD: Allez donc dire ça aux anglophones !
M. BURNS: Vous ferez ça après.
M. BOURASSA: Vous avez donc peur!
M. BURNS: Vous prendrez tout le temps que vous voudrez après.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LESSARD: Ce qui
démontrait...
M. BOURASSA: Vous avez donc peur, hypocrites que vous êtes!
M. LESSARD: Non, après, vous aurez tout le temps pour le faire
mais pas maintenant; après, d'accord?
M. LEGER: Prenez vos vingt minutes après.
M. LESSARD: On veut vous empêcher de faire une nouvelle menterie,
c'est tout.
M. BOURASSA: Vous avez peur de la vérité...
M. LESSARD: M. le Président, ce qui démontrait tout
simplement que ce gouvernement n'a jamais pris parti pour les francophones, que
ce gouvernement n'a jamais pris parti pour la majorité francophone au
Québec, que ce gouvernement est tout simplement sous le joug de la
minorité anglophone au Québec, et c'est en ce sens que nous
présentons la motion.
M. HARDY: Bla, bla, bla, bla!
M. LESSARD: En effet, suite au refus du gouvernement d'accepter la
motion qui avait été présentée concernant le fait
de faire de la langue française la seule langue officielle, nous avons
présenté un amendement. Nous avons présenté un
amendement pour faire en sorte que l'article 133 ne s'applique pas aux
tribunaux sous la juridiction du Québec et ne s'applique pas à
l'Assemblée nationale. En effet, il serait douteux de modifier l'article
133 lorsqu'il s'agit de la juridiction fédérale. En ce qui
concerne la motion qui a été présentée par le
député de Lafontaine, c'était de notre juridiction et en
vertu de l'article 92, premier paragraphe, il est possible de modifier notre
constitution, excepté en ce qui concerne le lieutenant-gouverneur.
Lorsque cette motion a été présentée, le
député de Saint-Jean a tenté de faire une
démonstration qui était complètement en contradiction,
à la fois avec les propos tenus par le premier ministre, lorsqu'il
disait que c'était de la redondance de faire de la langue
française la seule langue officielle, et avec ceux du ministre de
l'Education. Le député de Saint-Jean a en effet affirmé
ceci: S'il s'agit de déclarer la langue française comme seule
langue officielle, le contre-projet du Parti québécois devrait
faire disparaître ce qu'il propose concernant les débats
parlementaires. En effet, le député de Saint-Jean a dit qu'il
était vrai que, si la langue française était la seule
langue officielle, il fallait faire disparaître la possibilité
pour les anglophones de s'exprimer en langue anglaise à
l'Assemblée nationale. Il fallait faire disparaître la
possibilité pour les anglophones de s'exprimer en langue anglaise devant
les tribunaux. Il fallait faire disparaître, si le français
devenait la seule langue officielle, la possibilité pour les anglophones
de pouvoir s'exprimer en français au niveau des municipalités et
des commissions scolaires. Le député de Saint-Jean a lu
complètement le contre-projet du Parti québécois.
Le député de Saint-Jean tentait tout simplement de mettre
en contradiction le projet du Parti québécois avec la motion qui
avait été présentée par le député de
Lafontaine en disant que, si on abolissait l'article 133, c'était
absolument contradictioire de reconnaître dans un contre-projet qui avait
été présenté par le Parti québécois,
la possibilité, pour les anglophones, de pouvoir s'exprimer dans leur
langue au niveau de l'Assemblée nationale et au niveau des tribunaux. Ce
que nous avons tenté, à ce
moment-là, d'expliquer au député de Saint-Jean,
c'est qu'il y a une différence importante entre des droits collectifs
qui sont consacrés en vertu d'un article de la constitution canadienne
et des privilèges que nous leur reconnaissons mais comme étant
des droits individuels en vertu d'un projet de loi qui était celui du
Parti québécois.
En effet, la motion que nous présentons ce soir ne fait que
respecter ce que nous avons affirmé depuis le début de cette
commission parlementaire, ce que nous avons affirmé lors de la
discussion de la deuxième lecture à l'Assemblée nationale,
ce que le député de Saint-Jacques et le chef parlementaire de
l'Opposition ont affirmé à maintes et maintes reprises lorsque
nous avons eu la commission parlementaire au cours de laquelle des organismes
ont pu se faire entendre.
En effet, M. le Président, nous n'avons pas l'intention,
malgré le fait que nous voulons que la langue française soit la
seule langue officielle, d'enlever à une minorité importante au
Québec ce en quoi on se distingue des autres provinces
certains privilèges. Il s'agit de privilèges individuels. Or, le
droit de s'exprimer en anglais à l'Assemblée nationale, c'est un
privilège individuel et je ne peux pas comprendre le
député de Louis-Hébert, qui a argumenté samedi
matin, pendant 20 minutes, en tentant de nous démontrer le danger
d'adopter la motion du député de Lafontaine.
En effet, nous disait-il, vous nous affirmez qu'on fait
disparaître l'article 133. Cela veut donc dire que les anglophones ne
pourront s'exprimer dans leur langue devant les tribunaux. Or, justement, le
député de Louis-Hébert, tout en nous convainquant que,
pour faire une véritable politique linguistique, il fallait faire
l'indépendance du Québec, est en train de nous dire: Qu'est-ce
qui arriverait devant les tribunaux fédéraux, étant
donné qu'en vertu de l'article 133 les anglophones ont le droit de
s'exprimer devant les tribunaux fédéraux? Or, la motion
présentée par le député de Saint-Jacques vient
répondre à l'argumentation...
M. DESJARDINS: Ce n'est pas vrai.
M. LESSARD: ... que nous a présentée le
député de Louis-Hébert, samedi dernier.
M. DESJARDINS: Non.
M. LESSARD: Elle vient, tout simplement, lui dire que les citoyens
anglophones auront le droit de pouvoir plaider devant les tribunaux, auront le
droit de pouvoir s'exprimer en anglais devant les tribunaux. Nous venons, tout
simplement, répondre à l'argumentation qui a été
présentée par le député de Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: Vous l'aviez dans vos poches samedi.
M. LESSARD: Et le député de Louis-Hébert nous dit:
Mais pourquoi ne pas l'avoir présentée samedi?
M. BOURASSA: Cela fait vingt minutes. LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre! M. BOURASSA: Cela fait 20 minutes. M. LESSARD: Je termine, M. le
Président. M. CLOUTIER: Cela suffit.
M. BURNS: II a commencé il passait neuf heures, j'ai
vérifié.
M. BOURASSA: Non, non.
M. BURNS: Je m'excuse, question de règlement. Le
député de Saguenay a commencé à parler après
neuf heures, M. le Président. Il a été interrompu avec des
questions de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse, il n'y en a pas eu de questions
de règlement à part votre intervention.
M. LESSARD: Le premier ministre Bourassa, le premier ministre du
Québec.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre.
M. BURNS: Oui, lui-même.
M. LESSARD: Le pion de M. Trudeau.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'applique les mêmes règles,
vous le savez fort bien...
M. BURNS: M. le Président, il y a eu des interruptions de
façon fantastique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... à tous les membres de la
commission.
M. LESSARD: Le premier ministre des anglophones m'a interrompu
continuellement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Terminez très
brièvement, parce que le temps est écoulé.
M. LESSARD: Alors, je dis, M. le Président, que, s'il
était logique avec lui-même, le député de
Louis-Hébert devrait, tout simplement, accepter la motion qui est
présentée par le député de Saint-Jacques, parce que
cela répond exactement à l'argumentation qu'il a tenté de
nous faire samedi dernier. Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission...
M. BOURASSA: Non, juste pour...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable premier ministre, sur une
question de règlement.
M. LESSARD: Allez-y, vous pouvez.
M. BOURASSA: Le député de Saguenay n'a pas voulu me
permettre tantôt de faire une mise au point. Si j'avais été
à sa place, je l'aurais permis, mais il n'a pas voulu me le permettre.
C'est facile de sortir une phrase du contexte et de l'interpréter de
plusieurs façons.
M. LESSARD: C'est ce que vous avez affirmé.
M. BOURASSA: Je pourrais en sortir quelques-unes que le
député de Maisonneuve a prononcées et qui pourraient
l'embêter drôlement.
M. BURNS: Faites-le donc!
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LESSARD: De la menace, M. le Président?
M. BURNS: Faites-le donc; je vais vous en sortir quelques-unes, à
vous aussi.
M. BOURASSA: Ce que je dis au député de Saguenay,
c'était évident pour tout le monde. La preuve, c'est que le
député de Sainte-Anne, dans la soirée, a proposé un
amendement pour qu'il y ait deux langues officielles au Québec. Ce que
j'ai voulu dire au chef de l'Opposition et ceux qui ne sont pas
partisans l'ont compris comme cela c'est que, pour les
Québécois, pour les anglophones en particulier qui protestent
contre le projet de loi, il est évident que le français est la
seule langue officielle, qu'on n'a pas besoin d'ajouter le mot "seule". On n'a
qu'à voir leurs protestations dans certains milieux.
M. LESSARD: Pourquoi, à ce moment-là, ne pas
l'accepter?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BOURASSA: Parce que c'est un texte juridique; ce n'est quand
même pas une déclaration complète...
M. LESSARD: Le Manitoba.
M. BOURASSA: C'est un texte juridique et nous avons quand même...
Je peux vous citer une déclaration de votre chef...
M. LESSARD: Au Manitoba, c'est un texte juridique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BOURASSA: ... M. René Lévesque, au lendemain de
l'élection, qui parlait du français comme langue officielle, qui
ne parlait pas de seule langue officielle.
M. LESSARD: C'était compris.
M. BOURASSA: C'est évident, quand on parle de la langue
officielle, cela veut dire la seule langue officielle.
M. LESSARD: Les 129 autres articles consacrent justement la langue
anglaise comme langue officielle au Québec.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: Pour terminer, je vais citer de nouveau celui que le
député de Saguenay a cité, celui que le chef de
l'Opposition a cité, M. Chevrette, qui l'a dit. Je pense que le chef de
l'Opposition va être d'accord pour dire que M. Chevrette est un
observateur objectif.
M. MORIN: Oui, mais il contredit d'excellents juristes sur plus d'un
point. Il contredit M. McWhinney.
M. BOURASSA: Est-ce que c'est un observateur objectif?
M. MORIN: Oui, je crois.
M. BOURASSA: II dit que la loi 22...
M. MORIN: C'est également un bon juriste, cela ne veut pas dire
qu'il ait raison sur tous les points.
M. BOURASSA: D'accord, mais, d'après lui, la loi 22 s'oriente
vers l'unilinguisme bien plus que le bilinguisme, comme vous le
prétendez.
M. MORIN: Voyons donc!
M. BOURASSA: C'est vous-même qui l'avez cité
tantôt.
M. MORIN: Là-dessus, M. le Président, je pense qu'il faut
le prendre "cum grano salis".
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: D'ailleurs, le député de Maisonneuve a dit
lui-même que la loi est un effort sérieux pour améliorer le
rôle des francophones. Il l'a admis lui-même.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce que la commission est
prête à se prononcer sur le sous-amendement?
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Si le
premier ministre veut faire des farces ce soir, il peut toujours les faire.
M. BOURASSA: Vous l'avez dit vous-même vendredi dernier, que le
ministre de l'Education et le premier ministre étaient sérieux
quand ils voulaient améliorer le rôle des francophones.
M. BURNS: C'est l'habituelle façon du premier ministre de faire
des distorsions de ce que nous disons.
M. BOURASSA: Je vais vous citer le texte.
M. BURNS: Citez-le-moi! Justement, j'aimerais que vous me le citiez.
Voulez-vous sortir le texte?
M. LEGER: Argumentez, il en restera toujours quelque chose.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre !
M. LACROIX: Soyez donc poli, pour un professeur vous êtes donc
bien... Vous n'êtes pas un exemple à donner.
M. BURNS: Si le premier ministre ment, on va lui dire qu'il ment.
M. LACROIX: Quand j'enlèverai quelqu'un, je n'enlèverai
pas un innocent comme vous.
M. BOURASSA: J'invoque le règlement.
M. BURNS: Vous mentez, vous mentez! Sortez donc le texte où j'ai
dit cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BOURASSA: Cela vous fait donc mal le bill 22.
M. BURNS: Sortez donc le texte où j'ai dit cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, sur l'article 96, je crois que je peux
dire ceci. Ce que j'ai mentionné vendredi, c'est que je
présumais, je constatais que, de par leur attitude, le premier ministre
et le ministre de l'Education croyaient, n'est-ce pas c'est cela que
j'ai dit que le projet de loi qu'ils soumettaient était
sérieux. J'ai même dit... Sortez le texte, M. le premier ministre.
Vous allez arrêter de dire des men-teries publiquement comme cela.
M. BOURASSA: Oh! je vous en prie. M. BURNS: Cest d'accord.
Sortez-le!
M. BOURASSA: On va le trouver et on va voir. Vous l'avez dit à
plusieurs reprises.
M. BURNS: J'ai dit que je n'étais pas d'accord avec cette
opinion, mais il restait quand même que je croyais que vous pensiez que
c'était sérieux ce que vous faisiez. C'était dans ce sens
qu'on disait: A ce moment, si vous pensez que c'est sérieux, faites donc
ce que nous faisons, c'est-à-dire prendre toutes les précautions
pour ne pas qu'il y ait ambiguïté dans votre projet de loi.
M. BOURASSA: Pas de...
M. BURNS: Maintenant, sortez-moi le texte. C'est d'accord.
M. BOURASSA: On va le...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Oui, c'est cela, on va...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vote!
M. CHARRON: Je peux continuer sur la motion et le sous-amendement avant
que vous ne la mettiez aux voix.
M. LESSARD: II ne rougit pas plus que cela, il continue d'affirmer
toutes sortes de choses.
M. BOURASSA: M. Chevrette, que vous avez cité...
M. BURNS: Droit de réplique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'a pas utilisé...
M. LESSARD: M. Chevrette parle d'un élan de bilinguisme.
M. BOURASSA: Non, non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, je ne veux pas créer de
précédent. Il n'a pas le droit de réplique.
M. BURNS: Bien, depuis le début qu'il a un droit de
réplique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'y a pas de droit de réplique pour
un amendement, encore moins pour un sous-amendement.
M. BURNS: Bien voyons donc! Bien, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'accorde volontiers la parole au
député de Saint-Jacques à cause du fait qu'il n'a
pas...
M. BURNS: Cest ça!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...utilisé tout le temps à sa
disposition sur la motion, mais sûrement pas en vertu d'un droit de
réplique. L'honorable député de Saint-Jacques. Il lui
reste six minutes.
M. CHARRON: M. le Président, la motion, que j'ai
présentée au début de l'après-midi et que vous
soumettrez au vote dans quelques minutes, a été parfaitement bien
décrite par chacun de mes collègues de l'Opposition qui est
intervenu. Nous visons à remplir l'engagement que nous nous sommes
donné lorsque nous abordions cette question et ce que nous avons
demandé au gouvernement de prendre également comme façon
d'aborder la question et le problème linguistique au Québec.
D'abord, un parti pris net, clair, en faveur de la majorité francophone.
Il n'y a pas ailleurs espoir d'avoir un gouvernement qui puisse gouverner dans
l'intérêt des francophones, que celui-ci. Par la suite, une fois
que les droits collectifs sont clairement affirmés, comme dans toutes
les autres sociétés du monde, en faveur de la majorité qui
constitue cette société, nous appliquer, dans des dispositions
précises, à identifier les droits individuels et ceux qui ne
partagent pas cette culture.
Le ministre de l'Education, en intervenant tout à l'heure sur ma
motion de sous-amendement, M. le Président, a mentionné
qu'effectivement et je lui ai partiellement donné raison
le sous-amendement que j'ai présenté et l'amendement du
député de Lafontaine sur lequel nous nous prononcerons
également tout à l'heure, auraient pu arriver dans le
débat, ailleurs.
Nous l'avions nous-mêmes, je dois dire, calculé un peu de
cette façon. Mais nous l'avons fait parce que ce gouvernement et cette
commission se sont prononcés de façon défavorable à
l'amendement qui visait à faire du français la seule langue
officielle du Québec. Nous intervenons donc immédiatement avec
cette motion pour vérifier à nouveau, maintenant que vous avez
refusé de faire du français la seule langue officielle du
Québec, quelle est la portée réelle de ce texte que vous
voulez faire ratifier par la commission et qui dit que le français est
la langue officielle du Québec.
A cette occasion, M. le Président, nous avons soumis un
amendement qui vise à ce que cette Assemblée, non pas
déclare l'abrogation de l'article 133 de la constitution, contrairement
à l'interprétation fantaisiste de députés qui n'y
ont rien compris, mais rende non applicables sur le territoire du
Québec, par une volonté du gouvernement du Québec, les
dispositions qui "bilinguisent" l'Assemblée nationale et tous les textes
qui en émanent, à commencer par les lois, les règlements,
les documents officiels, et qui "bilinguisent" le système de la
justice...
M. BOURASSA: Pas les règlements.
M. CHARRON: ... en permettant à tous les tribunaux de fonctionner
à leur choix dans une langue ou dans l'autre. Pour écarter ces
dispositions de bilinguisme dans lesquelles nous vivons et qui sont à
nouveau consacrées dans le projet de loi, nous voulons faire du
français la seule langue officielle et nous précisons bien que
l'emploi de l'anglais par le sous-amendement que j'ai présenté
n'est comme l'a dit le député de Saguenay qu'un
privilège individuel reconnu à un député élu
par une population qui, à l'occasion, peut être majoritairement
anglophone, à s'exprimer dans sa langue, aussi bien à
l'Assemblée nationale qu'à cette commission et à un
citoyen, qui est de langue anglaise et qui est convoqué devant les
tribunaux, à plaider sa propre cause dans sa langue, s'il est
anglophone, ou à voir son avocat plaider sa défense dans sa
langue, pour qu'il soit bien sûr de comprendre comment son avocat le
défend, pour qu'il ne trafique pas et qu'il lui joue dans les oreilles
avec le juge pendant que lui ne comprendra rien.
M. BOURASSA: Les écrits.
M. CHARRON: II y a une réalité sociologique au
Québec qui veut qu'il y ait de plus en plus d'unilingues anglais au
Québec et qui ne se trouve aucunement contrecarrée par le projet
de loi 22. Sur les 790,000 anglophones qu'il y a au Québec, il y en a
649,000 qui se déclarent unilingues anglais. Il y en a plus en 1971
qu'il n'y en avait en 1961. Il est de plus en plus possible de vivre au
Québec sans parler français.
M. BOURASSA: J'ai vu des chiffres un peu différents.
M. CHARRON: C'est cette réalité sociologique
indéniable, mais qui n'est certainement pas encouragée, à
laquelle nous devons faire face.
M. BOURASSA: Quelle est la source des chiffres?
M. CHARRON: En prenant parti très clairement et très
nettement pour que le français soit la seule langue officielle du
Québec, la seule langue officielle de l'Assemblée nationale, de
ses lois, de ses textes, de ses documents, de ses règlements, en prenant
parti très nettement pour que le français soit la seule langue
des tribunaux, des juges, de ses jugements, avec, bien sûr, l'exception
que nous prenons, nous pouvons ensuite dans un sous-amendement que nous
voulons à ce moment-ci greffer à l'officialité de la
langue française bien préciser que l'anglais n'a pas
d'autre statut. C'est pour cela que nous le faisons à ce moment. C'est
pour bien préciser que, dans le domaine de l'Assemblée nationale
ou des tribunaux, l'anglais n'a d'autre statut que celui de privilège
individuel, comme l'a signalé le député de Saguenay, soit
dans le cas des citoyens qui plaident ou soit dans le cas de citoyens qui
sont
élus, qui ont le droit d'intervenir dans cette langue. Sinon, si
le sous-amendement est à nouveau battu, et si l'amendement,
éventuellement, du député de Lafontaine l'est
également, de la même façon, par la commission, qu'ils ont
battu la seule langue officielle soit le français, nous revenons
à la situation de bilinguisme au niveau de l'Assemblée nationale,
de ses textes, de ses lois, et de ses documents, et de bilinguisme des
tribunaux, c'est-à-dire que c'est à la discrétion des
juges et des tribunaux et qu'ils peuvent fonctionner légalement dans une
langue ou dans l'autre.
Nous soumettons cette Assemblée et cette commission au même
vote et au même but puis-je vous le rappeler en toute
dernière conclusion avec le même ultimatum au gouvernement.
Si cet ultimatum n'est pas respecté et si on refuse à nouveau de
faire du français qu'on proclame langue officielle après
qu'il l'eut été depuis 200 ans l'unique langue de
l'Assemblée nationale et l'unique langue des tribunaux sans disconvenir
aux droits individuels qu'ont les citoyens dans ce réseau.
Alors nous saurons vraiment la portée réelle de ce
gouvernement quand il dit qu'il fait du français la langue officielle du
Québec, après que cela nous a été
concédé il y a maintenant déjà deux cents ans.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le sous-amendement... A l'ordre! A
l'ordre!
M. LACROIX: II y a beaucoup de petits mignons ici.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le sous-amendement proposé par le
député de Saint-Jacques se lit comme suit: "Que la motion en
discussion soit amendée en ajoutant à la fin la phrase suivante:
L'usage de l'anglais continue d'être permis dans les débats
à l'Assemblée nationale et dans les témoignages et
plaidoiries orales devant les tribunaux."
Le vote sur ce sous-amendement. M. Bé-rard? M. Charron?
M. CHARRON: En faveur, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Veilleux?
M. VEILLEUX: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : M. Cloutier?
M. CLOUTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapoin-te?
M. Lachance?
M. LACHANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin? M.MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Contre, M. le Président. LE PRESIDENT (M.
Gratton): M. Phaneuf? M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : M. Mercier? M.MERCIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Samson? M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour, 2; contre 9. Le sous-amendement est
rejeté.
M. DESJARDINS: Est-ce qu'on passe automatiquement à l'amendement
maintenant, M. le Président?
M.MORIN: Non, il reste des droits de parole.
M. CLOUTIER : Non, vous n'avez pas encore parlé.
M. LEGER: ... des droits...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, il y a encore le
député...
M. CLOUTIER: Ah bon! Il ne faut pas surtout pas les perdre, pour
être logique avec votre "filibuster".
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: J'invoque le règlement. Le ministre nous parle de la
logique de notre "filibuster". Il n'est pas question de cela. C'est
simplement... J'ai encore droit à pas grand temps... Trois minutes
seulement, et le député de Maisonneuve à cinq minutes.
Nous, nous les avons réservés dans le but de répondre
à des affirmations peut-être gratuites de certains
députés ministériels, et c'est pour cela qu'on n'a pas
épuisé tout notre temps de parole, au cas où des anomalies
auraient pu survenir pendant les discours...
M. CLOUTIER: J'eus eu la même prudence...
M. LEGER: ... très peu nombreux des députés
ministériels.
M. CLOUTIER: J'ai eu la même prudence. Il me reste quelques
minutes également.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LA CHANCE: J'invoque le
règlement. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACHANCE: Le député de Lafontaine n'a pas le droit de
parole. Il l'a perdu samedi. On lui a même donné quatre minutes de
plus.
M. LEGER: M. le Président, je demanderais au député
des Mille-Iles de se fier au chronométreur qui est le président.
Lui-même devrait, plutôt que de calculer les minutes...
M. LACHANCE: J'ai le journal des Débats, ici. Tu as perdu ton
droit de parole...
M. LEGER: ... parce qu'il se trompe, écoutez ce qui s'est dit...
Pardon?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACHANCE: J'ai le journal des Débats ici, tu as eu quatre
minutes de plus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACHANCE: On t'a donné quatre minutes de plus.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que c'est normal pour un
député...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... de tutoyer un autre député comme cela?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Qu'est-ce que ces façons, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Quel manque de décorum de la part du
député des Mille-Iles!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BOURASSA: On est entre
camarades. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LACHANCE: Quand on parle
à des...
M. BURNS: Sûrement pas avec le député des
Mille-Iles. On n'est pas entre camarades. On n'a pas gardé les cochons
ensemble.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
UNE VOIX: Absolument pas! UNE VOIX: ... parti communiste...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ayant moi-même manqué les
travaux de samedi dernier, vous me trouvez un peu au dépourvu pour juger
qui a...
M. HARDY: M. le Président, je serais bien d'accord pour consentir
quatre minutes au député de Lafontaine.
M.BOURASSA: II va nous parler des icebergs.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait s'entendre tout de
suite? Si je comprends bien, il y a le député de Maisonneuve qui
disposerait encore de cinq minutes.
M. BURNS: C'est exact.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Lafontaine, de
trois ou quatre minutes?
UNE VOIX: Quatre minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Quatre minutes? Bon! Alors, allons-y! Lequel
des deux voudrait...
M. CLOUTIER: Non, ils ne peuvent pas faire d'autres
sous-amendements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine.
M. VEILLEUX: Un autre sous-amendement.
M. CLOUTIER: Ils ne peuvent pas faire de sous-amendements.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Maisonneuve?
Le député de Lafontaine?
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Lafontaine, pour
quatre minutes.
UNE VOIX: Pardon?
M. BURNS : C'est vous qui choisissez?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, non. Loin de moi ce...
UNE VOIX: Alors, le député de Lafontaine. M. LEGER: M. le
Président...
M. HARDY: C'est bien exact qu'on consent, mais vous aviez
terminé.
M. LACHANCE: Vous aviez terminé. Vous avez eu quatre minutes de
plus.
M. HARDY: On consent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Le consentement que vous...
M. BURNS: C'est parce qu'on n'était pas sur la même chose,
M. le Président.
LE PRESIDENT (M.Gratton): A l'ordre! M. LACHANCE: Oui, c'est la
même chose...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine a la
parole.
UNE VOIX: On écoute.
M. LEGER: M. le Président, quand j'ai proposé cette
motion...
M. HARDY: Allez-y...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
UNE VOIX: La galerie...
M. LEGER: ... d'amendement, c'était clairement dans le but,
justement, d'enlever au Québec la possibilité d'être soumis
â sa part de responsabilité juridique de l'article 133.
Ce qui me frappe davantage dans les quelques arguments que j'ai pu
avoir, venant des députés ministériels, c'est une des
affirmations du député de Louis-Hébert qui, de sa voix
suave, nous exprimait qu'il nous avait pratiquement proposé ce
sous-amendement à l'amendement que j'avais proposé pour le rendre
le plus acceptable possible et respecter des droits individuels. Ce qui me
surprend c'est pour cela que je vais prendre les trois ou quatre
dernières minutes qu'il me reste pour demander où est la logique
du député de Louis-Hébert c'est qu'il envoie de
l'encens, mais il l'envoie par en-dedans.
Il disait tantôt que c'était lui qui avait eu la brillante
idée de nous dire samedi comment nous aurions dû présenter
notre motion d'amendement et qu'il avait trouvé que c'était bon
et normal. Et c'est ce que nous avons fait par un sous-amendement,
présenté par le député de Saint-Jacques.
Comment se fait-il que le député de Louis-Hébert
n'ait pas poussé la logique jusqu'à voter pour, puisqu'il disait
que c'était son idée qu'on avait volée? Alors s'il a
parrainé cette idée et qu'il vote contre, on se demande où
est la bonne foi du député de Louis-Hébert, qui nous
affirme...
M. HARDY: ... complexe.
M. LEGER: ... que c'était lui-même, en premier, qui nous
l'a proposé et par la suite, parce que c'est nous qui le proposons, il
vote contre. Je ne vois pas la logique là-dedans. Un autre point.
Tantôt le ministre de l'Education a dit qu'il s'agissait pour lui, dans
ce projet de loi, de trouver une solution linguistique pratique adaptée
à un milieu donné. Je pense que ce sont les mots textuels. Je
pense que vous les repensez depuis tantôt tellement c'était bien
dit.
M. CLOUTIER: Pour une fois, ce n'est pas trop déformé.
M. LEGER: C'est pas mal bien. Dans votre projet de loi, tel que
présenté, nous trouvons à l'article 1 un principe de base.
Nous comprenons que, pour le Parti libéral, trouver une solution
linguistique pratique et je dis bien le mot pratique
adaptée à un milieu donné. Pour lui, c'était
essayer de faire croire aux Québécois, d'une façon
pratique, qu'il trouvait une solution par un projet de loi pour la langue
française comme langue officielle et, d'un autre côté,
d'une façon détournée, dans ce milieu donné, pour
ne pas trop déplaire...
M. CLOUTIER: C'est là que la déformation...
M. LEGER: ... aux appréhensions de la grande partie de son
électorat, qui est le côté anglophone.
M. CLOUTIER: ... se situe. M. LEGER: Non.
M. CLOUTIER: Je vous l'avais dit que cela viendrait.
M. LEGER: C'est de trouver une solution linguistique pratique
c'est-à-dire faire semblant de légiférer et
adaptée à un milieu donné et le milieu donné est le
milieu anglophone, qui contribue à l'élection du parti
ministériel.
M. BOURASSA: A l'ordre, M. le Président! Votre temps est
écoulé.
M. LEGER: Comme mon temps est presque terminé, je pourrai
continuer tantôt à l'occasion...
M. BOURASSA: ... d'un autre amendement?
M. LEGER: Non. Mais de l'article 1. La motion du ministre. Est-ce que
quelqu'un a parlé d'une motion?
M. BOURASSA: Je n'ai pas d'objection aux propos du député
de Lafontaine. C'est le plus comique des six.
M. LEGER: Ah! Au moins on va s'amuser.
Vous savez que les gens sévères ne sont pas
nécessairement sérieux, mais les gens peuvent rire en disant des
choses sérieuses.
M. BOURASSA: Cela fait partie du spectacle.
M. LEGER: Je me réserve, à l'occasion de la suite de ce
débat, soit sur la motion principale du ministre de l'Education ou en
d'autres circonstances, de continuer sur cette préoccupation de trouver
une solution linguistique pratique adaptée à un milieu
donné, essayer de voir le contexte et les solutions pratiques de quelque
côté de la table qu'on se place.
Je termine. Je ne veux pas priver les députés
ministériels de la brillante intervention du député de
Maisonneuve qui donnera une suite définitive à cet
amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. HARDY: Est-ce qu'on peut lui demander de donner suite à vos
propos?
M. DESJARDINS: Article 96. Je veux rétablir des faits
soulevés par le député de Lafontaine, qui a mal
rapporté les propos que j'ai tenus samedi dernier...
M. LEGER: Aujourd'hui.
M. DESJARDINS: Samedi dernier. Mais je pardonne facilement au
député de Lafontaine, je lui dis à l'avance que ce n'est
pas sa faute. Je ne voudrais pas que vous croyiez que ce sous-amendement est
mon idée, selon les propos tenus par le député de
Lafontaine. Au contraire! J'ai dit que, samedi dernier, c'est le
député de Maisonneuve qui est venu se placer en face de moi,
juste ici, et qui m'a incité à présenter un
sous-amendement et j'ai refusé à ce moment. J'ai ajouté
aujourd'hui qu'à ce moment le Parti québécois, dans sa
poche de derrière, dissimulait déjà le sous-amendement
qu'il nous présente aujourd'hui. C'est ce que j'ai dit, pas autre chose.
Une chance que nous avons cet article 96.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve, sur
la motion d'amendement du député de Lafontaine.
M. BURNS: M. le Président, je suis très heureux qu'il me
reste cinq minutes.
M. CLOUTIER: Non, il avait deux minutes tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cinq minutes.
M. CLOUTIER: C'est de la génération spontanée.
M. BURNS: Cinq minutes, n'est-ce pas, M. le Président...
M. LESSARD: C'est le ministre de l'Education qu'est "time-keeper".
M. BURNS: ... pour simplement mentionner au gouvernement quelle
était l'intention de l'Opposition derrière l'amendement à
l'article 1. Encore une fois, il s'agit, de notre part, d'une suite logique qui
a commencé, à mon avis, lors de la discussion du préambule
ou, si vous voulez, de la motion pour différer l'étude du
préambule après l'étude de l'article 1.
Je vois, M. le Président, que je vais avoir un gros succès
avec mon intervention. Ni le premier ministre, ni le ministre de l'Education ne
m'écoutent.
DES VOIX: Ni le chef de l'Opposition.
M. BURNS: Le chef de l'Opposition, il n'y a pas de problème; il
est déjà convaincu.
M. DESJARDINS: Nous vous écoutons, ce bout-ci.
M. BOURASSA: Je me demandais si vous aviez un autre amendement
après celui-là et on m'a dit que oui. Alors, c'est le
"filibuster" qui continue. Vous voulez la guillotine, on le sait.
M. BURNS: Non, ce n'est pas cela. M. BEDARD (Chicoutimi): Non.
M. BURNS: II n'y a pas de problème, mais, si je dois parler ici
pour tenter de convaincre deux ou trois ministres, je pense que ce sont le
premier ministre, le ministre de l'Education et...
M. CHARRON: Le "foreman".
M. BURNS: ... comme le dirait le député de Saint-Jacques,
le "foreman" des Affaires culturelles.
M. HARDY: Le dépit ne mène à rien.
M. BURNS: M. le Président, il n'y a pas de dépit. Le
ministre le sait, je l'ai dit avec un sourire.
M. HARDY: Je ne parle pas de vous; je parle de votre jeune
collègue.
M. BURNS: Même mon jeune collègue n'a aucun dépit
lorsqu'il dit cela.
M. BOURASSA: Vous donnez un bon "show" pour les touristes.
M. BURNS: II y croit, cependant, lorsqu'il dit cela.
M. LESSARD: Cela vous monte à la tête d'être ministre
des Affaires culturelles.
M. BURNS: M. le Président, je disais que nous avons
tenté...
M. HARDY: Vous n'avez jamais ce problème, vous.
M. BURNS: ... à plusieurs reprises...
M. LESSARD: Non, j'aime autant, si c'est pour faire comme Jean-Noël
Tremblay.
M. DESJARDINS: M. le Président, le député de
Saguenay interrompt le député de Maisonneuve.
M. LESSARD: Ce n'est pas le député de Saguenay qui a
commencé à intervenir, M. le Président ; c'est le ministre
des Affaires culturelles qui intervient à la Jean-Noël Tremblay
continuellement.
M. DESJARDINS: Question de règlement, M. le Président. Le
député de Saguenay interrompait le député de
Maisonneuve. Je vous demanderais de dire au député de Saguenay de
continuer à lire son journal et de laisser le député de
Maisonneuve parler.
M. LESSARD: Que le ministre des Affaires culturelles, qui ne s'occupe
pas de ses problèmes, laisse le député de Maisonneuve
parler.
M. MORIN: C'est très brillant comme intervention !
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. LESSARD: Occupez-vous donc du Hilton! Allez donc vous occuper du
Hilton! Encore là, vous avez trompé les
Québécois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: Donnez nos ressources naturelles aux Américains.
Donnez toutes nos affaires aux Américains. C'est ce que vous faites;
continuez comme cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: C'est ce que vous allez avoir réussi plus que
Jean-Noël Tremblay, par exemple. C'est ce que vous aviez dit au programme
"appelez-moi Lise"?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Maisonneuve, sur la motion d'amendement du député de
Lafontaine.
M. LESSARD: II a la danse de Saint-Guy.
UNE VOIX: Votre collègue lit le journal à
côté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pourrais-je faire remarquer au
député de Maisonneuve qu'il a demandé cinq minutes de
temps? Cela fait six minutes de cela. Je n'ai pas l'impression qu'il a
commencé.
M. BURNS: M. le Président, j'ai parlé à peu
près 30 secondes jusqu'à maintenant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y.
M. BURNS: Je pense que c'est une règle parlementaire bien
reconnue que, lorsque les interruptions ne sont pas provoquées par
l'opinant, cela ne doit pas lui être enlevé de son temps.
M. HARDY: Même si c'est provoqué par son
collègue.
M. BURNS: Je pourrais provoquer. Je pourrais dire au ministre qu'il est
"ci" ou "ça", mais je ne le ferai pas.
M. HARDY: C'est votre collègue qui vous interrompt.
M. BURNS: Non, c'est le premier ministre qui a interrompu, tout
simplement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je disais que nous avons, à
plusieurs reprises, tenté de convaincre le gouvernement d'y aller
vraiment avec beaucoup de précautions quant à l'adoption de
l'article 1. Nous avons tenté, dans un premier temps, de différer
l'étude du premier article après l'étude du
préambule. Ceci nous a été refusé. Je pense que
nous avons quand même donné un grand nombre d'arguments en faveur
d'une telle attitude. Je n'y reviendrai pas, M. le Président.
Nous avons, dans un deuxième temps, mentionné que
l'article 1 devrait être amendé en ajoutant le mot "seule"
après le mot "la" pour que cela donne "la seule langue officielle". On
sait ce qui est arrivé à cet amendement. Encore une fois, il a
été défait.
Finalement, M. le Président, dans un troisième temps,
toujours pour signaler l'importance du geste qu'on s'apprête à
poser en votant pour ou contre l'article 1, nous avons pensé, au moins,
à donner le signal d'alerte, à allumer le feu rouge quant
à l'application, je dirais même quant à
l'applicabilité du projet de loi.
Dieu sait qu'on en a parlé de l'applicabilité dans les
motions préliminaires, sans aucune référence à
quelque intention que le premier ministre veut nous imputer depuis deux ou
trois jours. Chaque fois qu'il nous les impute, il nous
menace de la guillotine, du bâillon et de tout ce que vous
voulez.
M. BOURASSA: Je sais que vous voulez retourner au lac Simon. Je le sais,
c'est évident pour tout le monde.
M. BURNS: Si vous pensez que c'est cela, que est-ce que vous voulez, je
ne peux pas vous l'enlever de la tête. Je vous dis que je suis ici pour
l'été; je suis ici pour l'automne, s'il le faut. Il n'y a pas de
problème. Il n'y a aucun problème. On n'est pas pressé. La
meilleure preuve, c'est que les députés qui ont été
présents samedi, totalement, au point de vue groupe, ce furent les
députés de l'Opposition. Il y avait six députés de
l'Opposition officielle, alors qu'il y avait 91 députés
gouvernementaux qui étaient en vacances. Nous, nous n'étions pas
en vacances samedi.
M. BOURASSA: Vous avez assez hâte qu'on l'impose.
M. BURNS: On était ici, tous les six.
M. BOURASSA: Vous avez assez hâte qu'on l'impose. On a le
goût de la retarder pour vous punir.
M. BURNS: Où étaient-ils vos 91 députés?
Où étaient-ils? Vous avez voté...
M. BOURASSA: Vous avez assez hâte qu'on l'impose qu'on a le
goût de la retarder pour vous punir.
M. BURNS: Continuez. Vous avez peur.
M. LESSARD: Vous avez peur pour la retenir.
M. BURNS: Vous avez peur. Je dis tout simplement, M. le
Président, que devant un certain nombre d'arguments je l'ai
mentionné dans mon autre intervention il est possible qu'on en
soit venu à cet amendement qui fut proposé par le
député de Saint-Jacques un peu plus loin. Mais, seulement pour
vous montrer notre bonne foi dans ce débat, on a proposé
l'amendement du député de Saint-Jacques concernant l'usage de
l'anglais qui pourra continuer selon l'amendement qu'on vient juste de
défaire à avoir cours dans les débats à
l'Assemblée nationale, dans les témoignages et les plaidoiries
devant les tribunaux. Encore une fois, toujours dans ce désir de vous
faire comprendre que nous sommes à l'article central du projet de loi no
22, que nous sommes à l'article où véritablement il y a
une situation de non-retour. Si vous l'adoptez dans cette forme, comme vous
avez refusé nos amendements et avec les arguments que vous avez
utilisés, il est évident que le gouvernement ne veut pas
véritablement adopter une loi...
M. BOURASSA: Le temps est écoulé, à l'ordre!
M. BURNS: Laissez-moi terminer, ce ne sera pas long. Cela vous
fatigue?
M. BOURASSA: Pas du tout!
M. BURNS: Si cela ne vous fatigue pas, laissez-moi continuer.
M. BOURASSA: Quand même, on veut faire la preuve de ce que vous
voulez faire.
M. BURNS: Vous n'écoutez même pas ce que je suis en train
de dire et c'est peut-être parmi les choses les plus sérieuses que
j'aie dites dans le présent débat.
M. BOURASSA: Cela fait 10 fois que vous le dites.
M. BURNS: C'est la première fois que je le dis. Il y a
peut-être de mes collègues qui l'ont dit, mais moi je le dis.
M. BOURASSA: Le perroquet!
M. BURNS: Non, pas le perroquet. Sûrement pas! Vous, vous
êtes en train de devenir "radoteux". C'est une autre affaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît, dans les
galeries!
M. BURNS: Je veux simplement terminer avec ceci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Rapidement, il reste 30 secondes. Le temps
est écoulé.
M. BURNS: M. le Président, écoutez...
M. LESSARD: II reste 30 secondes et cela fait une minute que le premier
ministre tente de l'arrêter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Le député de
Maisonneuve.
M. LESSARD: Comment à l'ordre? Je soulève une question de
règlement, M. le Président. Vous venez de le confirmer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Il n'y a pas de question de
règlement; je l'ai tranchée. Le temps est
écoulé.
M. LESSARD: Je soulève une question de règlement en vertu
de l'article 39 et des suivants.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. LESSARD: Je soulève une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Il n'y en a pas de question de
règlement.
M. LESSARD: Vous ne le savez pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'est-ce que c'est, votre question de
règlement? Qu'il a été interrompu par le premier ministre
et ainsi de suite?
M. LESSARD: Vous ne le savez pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, je le sais. Le député de
Maisonneuve a commencé à parler à 9 h 41.
M. LESSARD: C'est de la présomption. Je soulève une
question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: II n'y a pas de "à l'ordre"; je soulève une
question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laquelle? M. LESSARD: Attendez, je vais la
soulever.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y. Je vous attends.
M. LESSARD: Bon. M. le Président, vous avez
confirmé...
M. BOURASSA: Quel spectacle!
M. LESSARD: ... la question de règlement sur le droit de parole
du député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En vertu de l'article 43, je suis
suffisamment éclairé...
M. LESSARD: C'est faux, l'article 43.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur la question de règlement et je
prononce tout de suite que ma décision est rendue.
M. LESSARD: Non. L'article 43, attendez un peu.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: Prenez votre temps. Je soulève une question de
règlement, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laquelle?
M. LESSARD: ... en vertu de l'article 39 et vous allez me laisser le
droit de m'exprimer sur ma question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'est-ce que c'est, la question de
règlement?
M. LESSARD: Je vais la soulever, ma question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'est-ce que c'est la question de
règlement?
M. LESSARD: En vertu de l'article 40, M. le Président.
M. HARDY: Bon, les articles 39, 40, 41, 42, allez-y donc pour 45.
M. LESSARD: En vertu de l'article 40, M. le Président. "Un
député peut, en tout temps, signaler une violation du
règlement. Mais il doit le faire sans retard en se limitant
rigoureusement dans son exposé au point soulevé". L'article 39
aussi: "II est du devoir du président d'attirer immédiatement
l'attention sur toute violation du règlement, sans attendre qu'elle lui
soit signalée, mais sa juridiction ne s'étend pas sur des paroles
prononcées hors de la Chambre". Or, vous avez confirmé que le
député de Maisonneuve avait encore 30 secondes alors que le
premier ministre, qui n'est pas "timekeeper", à ce que je sache, a
enlevé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M.LESSARD: ... le droit de parole au député de
Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, à l'ordre!
M.LESSARD: C'est ça ma question de règlement et vous me
laisserez, à l'avenir, soulever mes questions de règlement tel
que je l'entendrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur votre question de règlement, je
vais vous expliquer ce qui est arrivé.
M. BOURASSA: "Time-keeper".
LE PRESIDENT (M. Gratton) : C'est que le temps du député
de Maisonneuve...
M.LESSARD: Le "time-keeper" n'est pas là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... est terminé depuis
longtemps...
M. BOURASSA: Ce n'est pas français.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... mais je lui accorde 30 secondes dans mon
désir de laisser tout le monde...
M. LESSARD: Ce n'est pas ça que vous avez dit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous aviez écouté,
peut-être auriez-vous compris.
M. LESSARD: J'ai écouté, ce n'est pas ça que vous
avez dit. Vous avez dit: II vous reste 30 secondes.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Maisonneuve, 30
secondes pour terminer. A l'ordre.
M.BOURASSA: "Time-keeper" n'est pas français.
M. HARDY: Lisez donc votre journal!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. HARDY: Le soleil vous a importuné cet après-midi.
M. BURNS: M. le Président, je ne veux pas commencer la chicane
à cette commission, ce qui arrive...
M. BOURASSA: Tartufe, tartufe.
M. BURNS: Je ne veux pas être l'objet d'une chicane, alors je vais
terminer, M. le Président...
M. HARDY: ... consentement.
M. BURNS: ... avec une seule phrase et, véritablement, je termine
avec ceci: Je pense...
M. BOURASSA: Cela va applaudir.
M. BURNS: ... non, ça n'applaudira pas.
M. BOURASSA: Donnez le signal.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS; Non, non, je pense, écoutez, si vous donnez le signal,
ça va peut-être partir parce que ça va partir autrement. Si
vous voulez continuer à chercher les plats pour mettre vos pieds dedans,
c'est votre problème à vous. C'est à vous, le
problème. Et si on veut, nous, de l'Opposition, vous éviter
peut-être la plus grande erreur de votre carrière politique, c'est
notre problème à nous.
M. BOURASSA: Quelle générosité!
M. BURNS: On vous dit que vous êtes en train de faire un "flop"
monumental avec votre projet de loi.
M. BOURASSA: Comme la consigne d'annulation.
M. BURNS: On est en train de vous dire que vous faites la plus grave
erreur politique que le
Québec n'aura jamais vue en tentant de bousculer, de "bulldozer",
de "railroader", si vous le voulez, dans la langue du bill 22, votre bill 22.
C'est ça qu'on est en train de vous dire. Pensez-y avant de l'adopter
comme ça et pensez-y avant de refuser les amendements que l'Opposition
vous propose. Ce n'est pas dans l'intention que l'Opposition ait raison, M. le
premier ministre, parce qu'on ne fonctionne pas comme ça; vous,
peut-être que vous fonctionnez selon les termes: II faut que le
gouvernement ait raison. J'ai été élu, il faut que je
passe mon bill et il faut surtout que je le passe pendant qu'il y a le moins de
monde possible qui regarde. Nous, on vous dit que ce n'est pas ça. On
vous dit que vous êtes en train de juger de l'avenir, avec votre
majorité votre majorité obtenue on sait comment
vous êtes en train de décider de l'avenir des
Québécois.
M. HARDY: ... radier personne.
M. BURNS: Vous jouez avec quelque chose de drôlement important et
le bill 22, si vous adoptez l'article 1 dans cette forme, va vous coller vous
savez où, M. le Président, il va vous coller...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, à l'ordre!
M. BURNS: ... où le bill 63 a collé à d'autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le vote sur la motion d'amendement du
député de Lafontaine. M. Bérard? M. Charron?
M. CHARRON: En faveur, M. le Président. LE PRESIDENT (M.
Gratton): M. Veilleux? M. VEILLEUX: Contre. LE PRESIDENT (M. Gratton): M.
Cloutier? M. CLOUTIER: Contre. LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy? M. HARDY:
Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapointe?
M. LAPOINTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lachance?
M. LACHANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : M. Phaneuf?
M. PHANEUF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Mercier?
M. MERCIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Samson? M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour: 2 Contre 9. La motion est
rejetée.
M. DESJARDINS: On revient à la motion principale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est maintenant
prête à se prononcer sur la motion du ministre de l'Education?
M. MORIN: M. le Président, il me restait un temps de parole
considérable sur la motion elle-même et j'entends en profiter
pleinement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition, sur la motion du
ministre de l'Education.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Nous avons voulu proposer au
parti gouvernemental de clarifier l'article premier dans le sens des
déclarations du premier ministre, qui, à plusieurs reprises
depuis quelques semaines, a dit aux Québécois que ce projet de
loi aura pour effet de faire de la langue française la seule langue
officielle. Nous avons tenté de le prendre au mot parce que nous le
croyons de bonne foi. Et, jusqu'à nouvel ordre, nous tentons de croire
en sa bonne foi. Aussi avons-nous présenté ce premier amendement
qui ajoutait le mot "seule", après l'article "la", dans l'article
premier.
Le premier ministre et, il fallait s'y attendre, tout le groupe des
libéraux qui font partie de cette commission ont refusé notre
amendement alors que c'était la chose la plus logique du monde. Comme si
"la", c'était la même chose que "la seule". Le bon sens nous dit
que ce n'est pas la même chose et le droit constitutionnel nous le
démontre amplement.
C'est d'ailleurs pour cela, parce que le premier ministre trompe les
Québécois quand il leur dit que ce bill va faire de la langue
française la seule langue officielle, c'est pour cela que vous avez
battu cet amendement.
J'ai l'impression, comme je le disais l'autre jour au ministre des
Affaires culturelles, que sa définition de l'article "la" sort tout
droit du petit Robert. Comme vous avez voté contre vos
présumées convictions, nous avons donné une seconde chance
de concilier vos propos avec le droit...
M. HARDY: Une telle générosité.
M. MORIN: ... en proposant que cesse de s'appliquer l'article 133. Je
prie le premier ministre de bien écouter ce que j'ai à dire, car
c'est important.
M. BOURASSA: Vous êtes tellement généreux, vous
voulez toujours nous aider.
M. MORIN: Oui, précisément, aider les
Québécois; vous aider, c'est douteux que nous le puissions.
M. BOURASSA: Oui.
M. MORIN: Je pense que nos objectifs ne sont pas tout à fait les
mêmes pour l'avenir du Québec.
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve, durant dix minutes
tantôt, a dit qu'il voulait nous aider, nous renforcer...
M. MORIN: Oui, vous aider à réaliser les aspirations des
Québécois.
M. BOURASSA: Comme si 102 députés ce n'était pas
assez.
M. MORIN: C'est ce que nous tentons de faire, vous aider à agir
en faveur des Québécois.
M. BOURASSA: Ah oui !
M. MORIN: Mais vous êtes si peu prédisposé à
le faire que nous avons vraiment l'impression de nous cogner à un mur de
béton.
M. BOURASSA: II n'y a jamais un gouvernement qui est allé plus
loin que nous.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Nous avons voulu proposer une seconde chance en faisant une
motion disant que cesse de s'appliquer l'article 133 au Québec, et vous
l'avez repoussée également.
J'entends maintenant proposer un amendement, entièrement conforme
cette fois-là à vos idées. Un amendement que vous ne
pouvez pas logiquement refuser...
M. BOURASSA: Une copie, M. le Président.
M. MORIN: ... enfin, que vous ne pourrez pas refuser si vous êtes
conséquent avec vous-même.
M. BOURASSA: Merci.
Motion d'amendement à l'article 1
M. MORIN: Je propose donc que l'article premier soit amendé en
ajoutant à la fin, la phrase suivante et je pense que le premier
ministre, qui est juriste, qui s'est frotté au droit en tout cas, pourra
peser chacun des mots: "Nonobstant l'article 133 de l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique de 1867, nulle autre langue n'a de statut officiel".
M. BOURASSA: Vous continuez à jouer avec les mots.
M. MORIN: C'est vous qui jouez avec les mots.
M. LEGER: C'est significatif.
M. HARDY: Des exercices de réthorique.
M. MORIN: M. le Président, la différence entre cette
motion et la première n'aura pas échappé aux juristes que
sont le premier ministre et le ministre des Affaires culturelles. La
première motion écartait les effets juridiques de l'article 133
sur le territoire québécois. Elle disait que cessait d'avoir
effet l'article 133. Notre nouvelle tentative de répondre au voeu
apparent du premier ministre est plus subtile et je pense qu'elle sera
sûrement acceptable aux gouvernementaux, plus acceptable en tout cas que
la première. Elle utilise la formule de la loi manitobaine de 1890,
à peu de chose près.
M. DESJARDINS: Question de règlement.
M. MORIN: Est-ce que vous voulez me poser une question?
M. DESJARDINS: Non. Nonobstant votre discours, pourriez-vous
répéter, s'il vous plaît, l'amendement?
M. MORIN:"Nonobstant l'article 133...
M. LEGER: M. le Président, j'espère que cela ne comptera
pas sur le temps du député de Sauvé, qui a besoin de tout
son temps. Il faut le répéter parce qu'un député
n'écoutait pas.
M. DESJARDINS: S'il a besoin de son temps, laissez-le parler.
Voulez-vous le répéter, s'il vous plait?
M. MORIN: Cela ne compte pas sur mon temps de parole, M. le
Président. "Nonobstant l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique de 1867...
M. DESJARDINS: Ah! Ah!
M. MORIN: nulle autre langue...
M. DESJARDINS: Dans votre cas, c'est point de suspension.
M. MORIN: n'a de statut officiel". Fermez les guillemets.
M. DESJARDINS: Vous vous appelez guillemets?
M. MORIN: M. le Président...
M. CHARRON: Le voulez-vous en anglais aussi?
M. DESJARDINS: Oh! Oh!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Je n'ai pas cru bon d'en faire une traduction anglaise, mais
j'imagine que le premier ministre doit être capable de le faire, si le
député le désire.
Cette motion, M. le Président, utilise cette fois le langage, les
termes de la loi intitulée: "An Act to provide the English language
shall be the official of the province of Manitoba, 1890", la loi qui a aboli
l'usage de la langue française au Manitoba.
Vous avez dit que vous ne vouliez pas abroger l'article 133, que vous
vouliez même qu'il continue de s'appliquer au Québec. Cette
formule permet à l'article 133 de continuer de s'appliquer au
Québec mais elle permet d'en restreindre le sens en ajoutant que nulle
autre langue que le français n'aura de statut officiel.
Vous pouvez, de la sorte, réconcilier votre désir de
conserver l'article 133 et celui de faire du français la seule langue
officielle. Je tiens pour acquis que le premier ministre veut toujours faire du
français la "seule" langue officielle, même s'il a refusé
le premier amendement du Parti québécois. La nouvelle solution
est plus précise; elle est plus subtile que la première et elle a
pour avantage d'ajouter que nulle autre langue n'a de statut officiel, ce que
ne disait point la première proposition. Même si l'article
133...
M. BOURASSA: Elle est plus habile, celle-là.
M. MORIN: Elle est plus précise. Elle est plus fine,
sûrement.
M. BOURASSA: Plus sournoise.
M. MORIN: Non, je ne vois pas pourquoi vous le prenez comme cela. Nous
tentons de répondre à vos désirs, M. le premier ministre,
ceux dont vous avez fait part à tout le monde. Même si l'article
133 continue de s'appliquer au Québec, il ne confère point, pour
autant, d'après cette motion, de statut officiel à la langue
anglaise. Si le ministre veut bien se référer à la Loi du
Manitoba, au chapitre XIV des lois de 1890, il verra que c'est la formule
subtile que cette province a utilisée pour
empêcher que la langue française puisse demeurer officielle
au Manitoba.
Le ministre nous a dit que la langue anglaise n'a pas de statut officiel
au Québec. Je l'ai entendu dire cela. Eh bien! voilà l'occasion
de le dire clairement. Merci, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: Cela crève les yeux dans le texte de loi.
M.HARDY: Vote!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, c'est encore une fois un effort que
l'Opposition fait pour tenter de réduire de plus en plus le corridor de
l'attitude gouvernementale. Soyez certain que ce n'est pas inutile que nous le
fassions. Dans mes brèves remarques sur l'amendement qui a
été défait il y a quelques secondes, je vous mentionnais
les étapes que nous avons suivies. Je vous mentionnais jusqu'à
quel point nous avons, d'une part, commencé du général
pour nous rendre au particulier. Dans le fond, c'est cela que je vous disais
tout à l'heure. On se rend compte de plus en plus que nous nous rendons
au particulier.
Permettez-moi, sur le sens de l'article 133, de vous citer justement ce
M. McWhinney que, par voie de proposition, nous aurions voulu inviter si le
gouvernement avait accepté. Vous me pardonnerez de le citer en anglais.
Je n'ai pas de traduction française. Cela ne choque pas le premier
ministre que je le cite en anglais?
M. BOURASSA: Votre accent est très agréable à
entendre.
M. BURNS: Je vois, M. le Président, dans son document qui
s'intitule "Opinion on bill 22", à la page 2, au tout début...
Vous avez le droit de le citer à vos fins, comme moi, j'ai le droit de
le citer à mes fins, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: ... aux mêmes fins, allez-y.
M. BURNS: Oui, et je cite le professeur McWhinney lorsqu'il dit:
"Examined on this basis, as a simple exercice in statutory (constitutional)
interpretation, without any ideological preconceptions one way or other, it is
remarkable how clear and concise section 133 of the BNA Act is. It is not a
definition of "official language" as such; and that would, in any case, have
been alien to the approach of British legislators in 1867, who were not, after
all, engaged in the drafting of abstract dictionary definitions but in
articulating rules or guide-lines for solving concrete problems or shaping and
controlling legislative action for the future."
M. le Président, il me semble que toute notre réaction
depuis le début, relativement à l'article 1, se trouve
résumée dans cette opinion d'un constitutionnaliste de
réputation. Je pense que personne ne conteste même si on
conteste les conclusions auxquelles il peut arriver la valeur de M.
McWhinney comme constitutionnaliste. D'ailleurs, nous étions tellement
d'accord que, dans l'une de nos propositions, M. Edward McWhinney figurait en
tête de liste parmi les experts que nous voulions inviter à la
commission pour nous éclairer en matière constitutionnelle. Ce
qui nous incite à dire qu'il est nécessaire dès l'article
1 c'est peut-être la deuxième reprise, mais dans une
formule différente, encore une fois, dans cet objectif que je vous
mentionnais tout à l'heure, de partir du général pour nous
rendre au particulier le plus possible. C'est la deuxième reprise
où nous vous invitons à clarifier, je dis bien, l'impact de
l'article 133 concernant les dispositions de l'article 1.
Il est évident que tôt ou tard, si vous ne voulez pas tenir
cette discussion à cette commission, cette discussion va avoir lieu. Il
y a des gens qui vont se dire: Est-ce que l'article 133, selon l'expression
anglaise, "supersedes the provisions of bill 22"? C'est une des questions
qu'ils vont se poser. Je pense que le chef de l'Opposition a été
très clair là-dessus. A plusieurs reprises, il vous a mis en
garde. Nous vous remettons en garde d'une façon différente.
J'aime bien à ce moment vous signaler la différence qu'il y a
entre les deux textes. Au début, nous disions: L'article 133 cesse
d'avoir effet en ce qui concerne les pouvoirs de la Législature du
Québec. Comme vous avez refusé cet amendement, on a pensé
aller moins loin, en diminuant la portée de notre amendement, en vous
disant que, malgré les dispositions de l'article 133, aucune autre
langue n'a de statut officiel.
Vous devinez tout de suite, M. le ministre, qu'à moins qu'on nous
y provoque une seconde fois, soit au moment de l'étude des articles
particuliers, on devra, parce qu'on a exprimé notre opinion par le
sous-amendement tout à l'heure, préciser en plus de cela certains
droits individuels, que nous ne nions pas. Que ce soit bien clair dans l'esprit
de tout le monde, nous ne nions pas au député de Sainte-Anne, par
exemple, le droit de parler anglais à l'Assemblée nationale quand
bon lui chante. Nous ne nions pas à John Doe le droit de s'exprimer en
anglais devant quelque tribunal que ce soit, si M. John Doe pense que c'est
dans cette langue qu'il va se faire entendre. Il est important, cependant, de
clarifier ce problème relativement à l'article 133, qui peut
paraître aux yeux de beaucoup de gens comme une pure et simple
technicité. Or, ce n'en est point une. C'est justement une des pierres
d'achoppement comme le cas des fameux comtés protégés qui
étaient prévus dans l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique.
Pendant des années, un débat a eu lieu sur les fameux
comtés protégés; pour n'en citer que quelque-uns:
Missisquoi, Brome et tous les autres, qui à l'origine existaient en
vertu d'une disposition de l'Acte de l'Amérique britannique du Nord,
jusqu'au moment où un gouvernement, et c'est le vôtre, M. le
ministre, a eu le courage de légiférer dans une matière
qui apparaît à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique,
c'est-à-dire par le projet de loi, je pense que c'était 80
à ce moment. De toute façon, c'était le projet de loi qui
a précédé la réforme électorale.
Tout le monde sait que la réforme électorale
n'était pas possible, aucune réforme électorale
sérieuse n'était possible, à moins de l'abolition de ces
fameux comtés protégés qui, à l'origine,
étaient des comtés anglophones et qui, au fur et à mesure
des années, sont devenus des comtés comme les autres où
des francophones se sont adjoints. Je pense au comté de Sherbrooke, par
exemple. Même si ce sont des zones, comme le professeur Castonguay les
qualifie, anglicisantes, je pense au comté de Hull, je pense même
au comté de Gatineau, je pense au comté, M. le Président,
de Shefford, qui sont maintenant des comtés à majorité
anglophone où il y a une grande proportion d'anglophones, je l'avoue.
Mais pourquoi, M. le Président, avons-nous et j'en prends
à témoin le ministre des Affaires culturelles qui a
participé à toutes ces discussions réussi la
réforme? Quand je dis "avons-nous"' c'est parce que nous avons
appuyé le gouvernement clairement en ce domaine. Le gouvernement a pris
une position qui était normale, qui était celle d'un gouvernement
qui prend ses responsabilités.
On vous demande de les prendre au niveau de l'article 133. On vous
demande de déclarer, dès l'article 1 de ce projet de loi, que
vous avez l'intention d'exercer, dans tous les domaines possibles... Quand je
dis possibles, je veux dire dans tous les domaines où vous ne voulez pas
brimer des droits individuels. Je reviens à notre argument de tout
à l'heure. Dans tous ces domaines, il faut que vous affirmiez, comme
gouvernement, que vous êtes le gouvernement des Québécois
et non pas un gouvernement téléguidé par Ottawa non pas un
gouvernement qui se retrouve dans une situation de se faire menacer, à
tout bout de champ, soit d'en référé à la cour
Suprême, soit d'un désaveu, soit encore, M. le Président,
d'une non-applicabilité de sa loi.
C'est cela qu'il est important, dès l'article 1, de poser comme
problème et de le poser clairement. Il ne faut pas s'imaginer, avec tout
ce bagage historique, toutes ces frustrations historiques que nous tramons
derrière nous, que c'est facile de légiférer en
matière de langue. D'accord, l'Opposition admet cela ouvertement que ce
n'est pas facile de légiférer en matière de langue.
Jamais, M. le Président, nous n'avons dit que c'était une
sinécure de le faire. Tout ce que nous avons dit, c'est qu'il fallait
user de virilité, au sens législatif du mot, lors de l'adoption
d'une telle loi. Il s'agit d'être clair. Il s'agit de laisser entendre,
à qui veut l'entendre, où on veut aller.
M. le Président, encore une fois, je me référerai
au professeur Castonguay, simplement pour vous dire qu'il est temps qu'une fois
pour toutes on dise ce qu'on veut faire avec ce projet de loi. Au fur et
à mesure que nos amendements arrivent, ils sont de plus en plus
dilués pour des raisons bien simples, M. le Président, c'est que
nous vous les apportons d'une façon telle que nous partons, comme je le
disais tout à l'heure, du général au particulier. De plus
en plus, on est obligé, pratiquement, de plaider auprès du
gouvernement de ne pas se placer dans une situation où sa propre loi va
devenir inefficace. Au début, on pouvait vous dire: Si vous ne faites
pas cela, vous n'avez pas de loi, et on en est toujours convaincu, M. le
Président.
Mais, plus cela va, au fur et à mesure qu'on réduit la
portée de nos amendements, on est en train de vous dire: Vous n'avez
presque plus de loi. Ce qui est bien différent. Encore, M. le
Président, si on était convaincu, tous ensemble, qu'il ne se
posait pas de problème; encore, M. le Président, si on ne pensait
pas que, tous ensemble, on a un but commun. Du moins, j'espère que c'est
le but du gouvernement. Si ce n'est pas le but du gouvernement, j'aimerais
qu'on nous le dise. Mais, depuis le début qu'on entend le gouvernement
dire: II est temps et passons aux actes. Allons au fond des choses.
On vous dit, nous aussi: Allons au fond des choses. Je vous mentionnais
que, s'il n'y avait pas de problèmes sur le plan linguistique au
Québec, on ferait comme n'importe quel autre pays souverain,
c'est-à-dire qu'on ne se casserait pas la tête pour
légiférer en matière linguistique. Je citais...
M. HARDY: Cela n'a rien à voir avec la souveraineté.
M. BURNS: ... le cas de la France, je citais le cas de l'Angleterre, je
citais le cas des Etats-Unis qui, pourtant, n'ont aucune espèce de
problème, n'ont aucun problème en matière linguistique.
Pourtant...
M. HARDY: Le député me permet-il une question?
M. BURNS: Oui, je vous permets une question.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve reconnaîtra avec
moi que cela n'a rien à voir avec la souveraineté. C'est une
question sociologique de composition d'une collectivité. Il y a des pays
aussi souverains et qui ont besoin de légiférer.
M. BURNS: Qui sont souverains et qui ont des problèmes
linguistiques. Je suis d'accord.
M. HARDY: Ce n'est pas lié à la souveraineté.
M. BURNS: Je dis qu'il n'y a aucun pays souverain qui, actuellement,
sent le besoin de légiférer en cette matière...
M. HARDY: Mais oui.
M. BURNS: ... si, à un certain moment, il n'a pas de
problème.
M. HARDY: Ah!
M. BURNS: J'ai toujours dit cela. Je viens de le dire. Je viens tout
à fait de le dire et si j'ai utilisé le mot "souverain", c'est
que surtout le ministre des Affaires culturelles se fait le chantre de la
souveraineté culturelle. Le premier ministre a trouvé celle
nouvelle formule tellement ambiguë qu'il n'y a plus personne qui comprend
quoi que ce soit. Il n'y a plus personne qui sait ce que vous voulez faire par
votre souveraineté culturelle. Avec votre souveraineté
culturelle, vous êtes en train de décourager votre actuel ministre
des Communications, alors que vous le laissez tomber à toutes les fois
qu'il essaie d'aller négocier la récupération de certains
pouvoir à Ottawa. Jean-Paul L'Allier, nommons-le par son nom. C'est de
lui que je parle. Ce n'est pas un intime à moi. Je ne le connais pas. Je
le connais comme ministre et c'est tout, mais seulement à le voir,
déprimé, votre ministre des Communications, je me rends compte
jusqu'à quel point vous n'y croyez pas à votre
souveraineté culturelle. Vous n'y croyez pas du tout et, malgré
les haussements de sourcils de l'attaché de presse du ministre de
l'Education, qu'est-ce que vous voulez, je suis obligé de continuer
à affirmer ce que je dis là. Je vois votre ministre des
Communications dépérir. Je vous vois le tasser dans le coin, de
jour en jour. Je vous vois le laisser se débrouiller avec des
problèmes vis-à-vis d'Ottawa et quand il a tenté de les
négocier...
M. HARDY: La motion.
M. BURNS: ... je vous vois le laisser tomber.
M. HARDY: La motion.
M. BURNS: Je vous vois, tous les jours...
M. HARDY: La motion.
M. BURNS: ... faire cela. Alors, parlez-moi de souveraineté
culturelle après cela et je vais être impressionné.
Revenons à la motion.
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: Quand je vois dans des textes cela ne fait pas plaisir
à certaines gens, mais je vais le citer à nouveau aussi
récents que celui de juillet 1974, préparés par le
professeur Charles Castonguay ou le docteur Charles Cas-tonguay du
département de mathématiques de l'Université d'Ottawa,
quand je le vois examiner le problème de la "bilinguisation" des
Québécois francophones, quand je vois à quelles
conclusions il arrive et quand je vois qu'en même temps, on se retrouve
avec une loi de la langue officielle, je me dis comme je le mentionnais
il y a deux jours que cette loi doit arriver à un effet
précis, c'est-à-dire celui de rendre le français
indispensable au Québec. A qui veut vivre au Québec, cela doit
apparaître comme la langue indispensable. C'est plus que de dire dans un
texte : Le français est la langue officielle.
Si cela doit être la langue indispensable, il y a une
atmosphère qu'on bâtit autour de cette langue. Il y a quelque
chose qui fait que n'importe qui, arrivant au Québec, se dit: C'est la
langue qu'on parle dans ce pays, même si vous n'aimez pas l'expression
"pays". Je ne peux dire autre chose parce que je sens que le Québec est
mon pays. C'est une autre affaire. On pourrait avoir de longues et de belles
discussions là-dessus, mais laissez-moi dire : Mon pays, le
Québec.
Quand je vois dans le texte du Dr Castonguay la phrase suivante, je ne
peux faire autrement que de m'émouvoir, et je cite M. Castonguay: "Bien
que formant une minorité numérique, plus de 70 p.c. des
anglophones d'origine britannique, de la région de Montréal, sont
unilingues anglais. Un même taux d'unilin-guisme prévaut, en
général, chez les concentrations anglophones d'origine
britannique ailleurs en province". Je saute quelques lignes pour vous rapporter
l'autre citation du Dr Castonguay qui nous dit: "Si bien que 50 p.c. de la
population francophone active de Montréal est bilingue".
Est-ce que vous avez pensé, M. le Président, à
accoler ces deux affirmations qui sont basées sur des études
auxquelles le professeur Castonguay a eu accès grâce à une
subvention de l'Université d'Ottawa? Est-ce qu'on a pensé deux
secondes à mettre simplement côte-à-côte ces deux
affirmations?
M. le Président, il y a plus de 70 p.c. des anglophones d'origine
britannique de la région de Montréal qui demeurent unilingues
anglais et, en même temps, il y a 50 p.c. des francophones de la
population active de Montréal qui sont bilingues. Je vais plus loin que
cela. Il y a des chiffres assez extraordinaires qui sont cités justement
à la page suivante. Tout simplement pour vous dire que ce n'est pas un
problème.
Je termine, M. le Président, j'achève; je vous remercie de
m'indiquer qu'il ne me reste que quelques minutes.
Dans un tableau qui s'intitule "Rayonnement de l'anglais et du
français dans la région de Montréal" on lit ceci:
Population d'origine britannique: 440,000 personnes; personnes capables de
converser en anglais regardez bien le chiffre, M. le
Président 1,670,000. C'est pas mal différent de la
population d'origine britannique. Il y a quelque 1,200,000 personnes
qui sont capables de converser en anglais et qui ne sont pas d'origine
britannique, c'est-à-dire Irlandais, Gallois, Ecossais ou Anglais.
Autres statistiques assez intéressantes et qu'il ne faut jamais oublier:
population d'origine française, 1,765,000 personnes, toujours dans la
région de Montréal; personnes capables de converser en
français, 2,180,000. Ce qui prouve l'affirmation du professeur
Castonguay, c'est que de plus en plus le milieu francophone passez-moi
l'expression se "bilinguise" et que de plus en plus le milieu anglophone
s'unilinguise. Ce qui permet au professeur Castonguay d'arriver à cette
conclusion: Pendant que le nombre de personnes capables de parler
français dépasse de peu la population d'origine française,
il y a près de quatre fois plus de personnes capables de parler anglais
qu'il n'y a de population d'origine britannique. Pourtant, la population
montréalaise d'origine française est numériquement quatre
fois plus importante que celle d'origine britannique.
M. le Président, ce qu'il faut, par un projet de loi comme
celui-ci, c'est quelque chose d'aussi simple que de rendre l'unilinguisme
anglais le plus exceptionnel possible, de rendre le français la chose la
plus indispensable à manier au Québec, de rendre l'unilinguisme
anglais aussi exceptionnel au Québec que l'est l'unilinguisme
français en Ontario. Ce n'est pas plus que cela, M. le Président.
C'est sur cette base que nous vous proposons de clarifier au moins votre
article 1.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Lafontaine sur la motion d'amendement du chef de l'Opposition officielle.
M. LEGER: M. le Président, à 17 h 55 le premier ministre
récidivait et annonçait à la radio que l'article 1, auquel
nous proposons un amendement, signifiait que le français était la
seule langue officielle. Il récidivait, même s'il avait
refusé un amendement bien précis à l'article 1. Le
français est la langue officielle du Québec, pour lui, cela
voulait dire la seule langue officielle. Nous lui avons proposé de
mettre le mot "seule" et il a refusé. Malgré son refus d'accepter
notre amendement à l'article 1, ce soir, à 17 h 55, le premier
ministre Bourassa réaffirmait à la radio, devant un auditoire
assez nombreux, que cela voulait dire quand même que le français
était la seule langue officielle.
M. le Président, on ne peut pas laisser le premier ministre
être pris en flagrant délit de mensonge officiel. Il faut l'aider
à sortir de ce pétrin.
M. HARDY: J'invoque le règlement. Je m'excuse...
M. LEGER: En vertu de quel article, M. le Président?
M. HARDY: En vertu de l'article 63.
M. LEGER: 63 est un chiffre fatidique.
M. HARDY: Je m'excuse auprès du député de
Lafontaine. Il y a déjà un bon moment que je m'interroge et
j'attendais votre retour pour vous le signaler puisque vous avez
présidé les débats pendant toute la journée.
M. le Président, j'invoque l'article 63 et je prétends que
la motion telle que présentée, la motion que nous sommes en train
d'étudier présentement est irrecevable étant identiquement
ou substantiellement la même que cette motion où on proposait
d'ajouter le mot "seule" à l'article 1, quand on dit: "Nonobstant
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, 1867, nulle
autre langue n'a de statut officiel". Dans un cas on disait la seule; là
c'est nulle autre. C'est substantiellement la même chose. On reprend,
sauf en y mettant un peu plus de détails, en faisant une
référence à l'article 133, mais je soutiens que cette
référence à l'article 133 ne constitue pas l'essence de
cette motion d'amendement. L'essence de cette motion d'amendement c'est
toujours de prétendre que l'article 1 n'est pas suffisant en parlant de
la langue officielle. On prétend qu'il faut ajouter qu'il n'y en a pas
d'autre, que c'est la seule, etc. Donc, substantiellement, M. le
Président, cette motion d'amendement est exactement la même qu'une
autre motion sur laquelle la commission s'est déjà
prononcée.
M. LEGER: Est-ce que le président n'avait pas accepté la
recevabilité...
M. HARDY: A tout moment au cours de l'étude d'une motion, le
président lui-même ou tout membre de la commission peut invoquer
la recevabilité d'une motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour l'information du député de
Lafontaine, je dois avouer que, dès l'annonce ou la motion du chef de
l'Opposition officielle, j'ai entretenu des doutes quant à sa
recevabilité, compte tenu de deux motions précédentes
d'amendement qui avaient été faites par le chef de l'Opposition,
soit celle à l'effet de faire du français la seule langue
officielle et également celle dont la commission a disposé il y a
quelques instants. J'ai l'impression que...
M. BURNS: M. le Président, au contraire, si vous me permettez
d'argumenter là-dessus, je reconnais la présence de l'article 63
dans notre règlement; je reconnais également qu'en tout temps au
cours du débat, si un moment donné vous vous trouvez devant une
motion qui est non recevable, vous pouvez la juger non recevable. Je ne vous
cherche pas querelle, M. le Président, là-dessus. D'ailleurs je
ne vous cherche jamais querelle. Il est important, cependant, de se placer dans
le cadre de l'évolution. J'ai bien parlé d'ailleurs dans mon
intervention de l'évolution des motions, et vraiment à
dessein.
La première motion, M. le Président, je vous la rappelle,
c'était d'ajouter le mot "seule", la seule langue officielle. La
seconde, M. le Président, c'était d'ajouter un alinéa
à l'article 1 en disant: Aucune autre langue n'aura le statut officiel.
La troisième, c'était que l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867 j'insiste sur les mots
cesse d'avoir effet en ce qui concerne les matières relevant de
la Législature du Québec. Et finalement cette quatrième
nous dit: Nonobstant l'article 133, nulle autre langue n'a de statut
officiel.
M. le Président, il y a véritablement d'une motion
à l'autre un changement et vous ne pouvez pas vous baser sur l'article
63 de notre règlement pour nous dire qu'au fond chaque motion est
identique. Loin de là, et j'entends vous le prouver. Si la
première motion avait été adoptée, je vous le
soumets respectueusement et j'en appelle aux connaissances juridiques du chef
de l'Opposition pour compléter mon opinion là-dessus, il aurait
été nécessaire de clarifier la position de cette loi
relativement à l'article 133. Il aurait été
nécessaire de le faire soit à l'article 1 ou encore à
l'article X, 9, 10, 18, 48, peu importe. Il aurait été
nécessaire de le faire et je m'attendais, M. le Président,
à ce que vous me disiez, à un moment ou à un autre, que
lorsque nous tripotions, si on peut dire, l'article 133... Non. Je le dis sans
aucune allusion péjorative, parce qu'évidemment nous touchons et
nous retouchons, donc nous tripotons l'article 133.
M. DESJARDINS: Je prends bonne note.
M. BURNS: Je m'attendais que vous disiez, M. le Président, que
nous jouions dans un domaine constitutionnel qui vous empêchait
d'accepter comme recevable notre motion. Je m'étais apprêté
à vous citer cette brillante décision de votre collègue,
vice-président de l'Assemblée nationale, le député
de Saint-Louis, M. Harry Blank, décision qu'il a rendue ça
fait presque un an jour pour jour, il y a quelques jours de différence
le 5 juillet 1973. Vous retrouverez cette décision à la
page 2176. D'ailleurs, le député de Saint-Louis, qui
présidait une commission plénière, comme vous
présidez, M. le Président, avec les mêmes pouvoirs, une
commission élue, nous disait, en citant notre bon vieux règlement
on aurait dû le garder, de plus en plus je suis convaincu de
ça l'opinion que d'autres orateurs comme on les appelait
dans le temps avaient rendu à la page 2176, vous retrouvez
cette citation que le député de Saint-Louis prend sur lui
"II n'appartient pas au président de décider si une proposition
est inconstitutionnelle ou incompatible avec les dispositions
déjà adoptées." Je pense, M. le Président, que
toute la substance est là. Oui, si vous voulez vérifier. Page
2176 du journal des Débats. Si vous voulez argumenter, vous
argumenterez. D'ailleurs, vous allez trouver cette opinion à la page 65,
je crois, sauf erreur, si ma mémoire est bonne. Je vais m'en assurer,
attendez un peu.
Oui, ça nous aiderait si on travaillait avec les anciens
règlements. Ce serait plus clair, on saurait où on s'en va.
M. CLOUTIER: Vous auriez plus de possibilités de motions.
M. BURNS: Oui, il y en aurait plusieurs; oui, il y en aurait plus. M. le
Président, je ne suis pas certain que ce soit à la page 65, parce
que je m'y réfère et je ne le trouve pas d'emblée. De
toute façon, la décision à laquelle je vous ai
référé fait mention de cette décision tirée
de l'ancien règlement. Tout ceci pour vous dire qu'il est important de
voir la progression de chacune de ces quatre motions qui, à
première vue, peuvent vous paraître tout simplement identiques. Il
y en a une qui dit: "La seule langue officielle; il y en a une autre qui dit
"aucune autre langue ne sera officielle". Vous avez accepté cette
deuxième et je pense que vous aviez parfaitement raison de l'accepter.
Dès ce moment-là, vous auriez pu vous poser la même
question que le ministre des Affaires culturelles vous a posée, parce
qu'il y avait quand même une relation. C'est sûr qu'il y a une
interrelation entre toutes ces motions. Mais nous poursuivons le même
objectif, tout en le disant différemment, j'irais même
jusqu'à dire en le diluant au fur et à mesure. Puisque vous nous
avez dit que l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, à
l'article 133 quand je dis vous, c'est la commission ne devait
pas cesser d'avoir des effets quand aux actes de la Législature, nous
avons pensé que nous pourrions diluer un peu plus cette motion en vous
présentant cette dernière qui ne dit pas que l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, article 133, n'a plus d'effet ou cesse
d'avoir des effets. On dit tout simplement que, malgré l'existence de
cet article 133, nulle autre langue n'a de statut officiel. Ceci est
parfaitement en accord avec une loi qui a été adoptée au
Manitoba on vous l'a citée en 1890 et qui
répète, à peu près textuellement ce nonobstant. Je
pense qu'on dit "provisions of article 133 notwithstanding", etc., la seule
langue officielle du Manitoba est l'anglais. C'est dans cet esprit que je vois
mal comment vous pourriez trouver que cette motion n'est pas recevable.
J'admets que les distinctions sont ténues de l'une à l'autre de
ces motions. J'admets également que toutes visent un même but, ce
but étant de préciser la position constitutionnelle du
Québec lors de l'adoption du projet de loi 22.
Mais là où je vous dis qu'il y a des différences
fondamentales de l'une à l'autre de ces motions, c'est que si la
première ou la deuxième motion que nous avons
présentée avait été adoptée et c'est
là-dessus que je fais appel au chef de l'Opposition qui s'y
connaît davantage que moi en matière constitutionnelle nous
aurions été obligés de préciser notre position
relativement à l'article 133.
Or, quant à l'article 133, vous avez deux motions. Une qui dit,
d'une part, que cet article cesse d'avoir effet et une autre qui dit tout
simplement que, malgré l'existence de l'article 133, il n'y a pas
d'autre langue officielle.
Encore une fois, je vous dis qu'il n'est pas certain et je suis
plutôt porté à croire le contraire qu'on ne devra
pas plus tard, soit à cet article-ci ou au cours des articles que nous
étudierons, préciser ce qu'on veut dire par "nulle autre langue
n'a de statut officiel malgré l'article 133" parce qu'on vous
répète à nouveau qu'il n'est pas question de brimer les
droits individuels des anglophones. Il n'est pas question d'empêcher,
dans notre esprit, un député anglophone de parler en anglais
à l'Assemblée nationale. Il n'est pas question d'empêcher
un individu qui se présente devant les tribunaux, qui est un
justiciable, de parler en anglais devant ces tribunaux, de s'exprimer dans la
langue qu'il maîtrise le mieux.
Tout cela pour vous dire, M. le Président, que je ne vois pas
comment on pourrait juger non recevable la motion qui est faite actuellement et
qui est sur la table, eu égard à cette progression qui a
été faite. Et ce ne sont pas j'insiste là-dessus
des motions identiques au fond. Ce sont des motions qui
démontrent une certaine progression, qui touchent au même sujet,
mais, que voulez-vous, on est à l'article 1, M. le Président. On
parle de la langue officielle du Québec.
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. BURNS: On parle de la langue française comme langue
officielle. C'est sûr qu'on va toujours toucher au même sujet, tant
qu'on ne quittera pas cet article 1.
M. CLOUTIER: Ah bon!
M. BURNS: Oui, mais le ministre de l'Education ne devrait pas être
si pressé de quitter, de façon si abrupte, l'article 1, parce
qu'on ne cesse de lui répéter que c'est le coeur de son projet de
loi. Son projet de loi sera jugé sérieux ou jugé tout
simplement comme un panneau-réclame, selon qu'on va préciser les
dispositions de l'article 1. Cela, c'est le gros danger.
M. CLOUTIER: II n'y a pas de contradiction dans ce que vous dites.
M. BURNS: Non.
M. CLOUTIER: Parce que vous avez présenté, si ma
mémoire est bonne, une motion pour différer l'étude de
l'article 1.
M. CHARRON: Ce qui était normal.
M. CLOUTIER: Vous sembliez, à ce moment-là,
considérer que l'article 1 ne présentait pas l'importance...
M. HARDY: ... avec coeur.
M. BURNS: Non, c'est tout le contraire. Au contraire, on a dit que
l'article 1 était...
M. HARDY: Vous étudiez l'accessoire.
M. BURNS: Ecoutez, révisez, M. le Président. J'invite le
ministre de l'Education et le ministre des Affaires culturelles à
réviser toutes et chacune de nos interventions lorsque nous avons fait
motion pour que soit différée l'étude de l'article 1
après l'étude du préambule.
Ce que nous avons dit à ce moment et je pense qu'il n'y a
aucun des députés qui n'a pas été clair
là-dessus, aucun des députés de l'Opposition
l'article 1 est très important, au contraire, c'est la loi, on y
consacre un titre. En termes législatifs, un titre, c'est plus qu'un
article, c'est plus qu'un chapitre. Quand on dit un titre, c'est une partie de
la loi, c'est une partie substantielle de la loi. Dans ce titre-là, le
titre I, on retrouve un article et, dans cet article, on retrouve une phrase.
C'est à ce point-là qu'on le trouve important, sauf que nous
disions lorsque nous demandions que l'étude de cet article soit
différée à plus tard que le préambule
contenait un certain nombre d'énoncés de principes que nous
jugions devoir étudier avant d'étudier ce titre, cet article, ce
chapitre, cette moitié de loi. C'est uniquement à ce niveau que
nous avons fait cette remarque. Et nous pourrions aussi vous dire que
l'article, à notre point de vue, est à ce point important qu'il
faudra savoir exactement ce qui l'entoure. C'est fort possible, à un
moment donné, que la commission décide de préciser ce qui
entoure cet article pour qu'on sache ce qu'on adopte à l'article 1.
Mais, quant à la recevabilité, M. le Président, je
pense que vous êtes obligé de reconnaître que, dans la forme
et dans l'esprit où l'amendement vient d'être déposé
ou qui a été déposé depuis quelque temps
puisqu'il y a déjà deux opinants qui ont parlé au sujet de
cet article les mots "nonobstant l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, 1867, nulle autre langue n'a de statut
officiel", vous êtes obligé de reconnaître que jamais au
cours du débat nous n'avons présenté une semblable motion
qui avait le poids et les conséquences de cette motion.
On en a présenté certaines qui avaient plus de
conséquences que cela, qui, alliées à d'autres
amendements, auraient pu avoir de plus grandes conséquences encore. Mais
comme telle, dans cette forme-ci et avec les conséquences qu'elle a,
cette motion n'a jamais été soumise devant vous et nous ne sommes
aucunement répétitifs, loin de nous l'intention d'être
répétitif dans ce débat-là. Le ministre de
l'Education a beau sourciller lorsque je dis cela, il nous rendra...
M. CLOUTIER: Je pensais au proverbe, "l'enfer...
M. BURNS: ... au moins cette justice, lui qui habituellement est juste,
au moins, dans ces cas, quand il ne perd pas les pédales. Ce soir, il
est très calme, il écoute nos arguments...
M. CLOUTIER: Toujours.
M. BURNS: Non, pas toujours, la semaine dernière ce
n'était pas tout à fait la même atmosphère.
M. CLOUTIER: Vous m'étonnez.
M. BURNS: Ce soit il est très calme et, dans ces moments, il a
tendance...
M. CLOUTIER: Non, je pensais au proverbe "l'enfer est pavé de
bonnes intentions."
M. BURNS: ... à reconnaître les intentions des autres comme
étant justes. Il va au moins reconnaître que, depuis le
début de ce débat-ci, il n'y a eu aucune même si
cela a exaspéré à certaines occasions le ministre
lui-même et d'autres ministres motion qui, en soi, pouvait
être considérée comme futile, non sérieuse,
simplement pour perdre du temps. Toutes les motions qui ont été
soumises jusqu'à maintenant l'ont été pour discuter des
vrais problèmes, pour gratter le fond du problème, pour examiner
ce qui nous était soumis à chaque fois. D'ailleurs, le ministre a
reconnu nos motions par la suite. C'était seulement le moment qu'il
n'aimait pas en ce qui concerne les amendements qu'on voulait voir
déposer ou en ce qui concerne les principes fondamentaux de la
réglementation. C'est seulement le moment où on les a
présentées qui a déplu au ministre...
M. CLOUTIER: Soyons sérieux, vous savez très bien que vous
avez tout fait pour ne pas commencer la discussion de l'article 1...
M. BURNS: ... parce qu'il s'est rendu à nos demandes.
M. CLOUTIER: ... qu'on vous y a forcés par une motion principale
qui est encore sur la table et qu'aussitôt que vous vous êtes
sentis obligés d'ouvrir l'article 1, à ce moment, vous avez
multiplié les amendements et les sous-amendements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques, sur
la recevabilité.
M. CHARRON: Sur la recevabilité, M. le Président, je n'ai
pas l'habitude d'intervenir beaucoup sur des questions de procédure pour
tenter d'éclairer votre jugement à l'aide de
l'interprétation de notre règlement. Mais je vous soumets
simplement ceci d'après mon expérience parlementaire et avec le
souci que j'ai toujours, vous le savez, à chaque fois que je suis
intervenu. Pour que le vote que nous allons prendre éventuellement sur
cette motion soit clair dans l'esprit des députés qui participent
à la discussion, je vous souligne que, si nos amendements successifs
présentés vont dans le même sens, c'est qu'il va sans dire
que nous sommes dans le corridor étroit d'un article quelconque d'une
loi.
Ils ont constitué je vous l'affirme au nom de l'Opposition
à chaque occasion, une dilution de notre objectif premier. Je ne
vous mens pas, et vous aurez sans doute constaté la vigueur que nous
avons mise à le défendre, notre objectif principal était
de faire prendre comme décision par ce gouvernement que le
français était la seule langue officielle. Soit, nous avons
été battus, mais je soutiens que chaque amendement est une
décision différente et a été une décision
différente de la commission. La dernière motion, celle
présentée par le député de Lafontaine, visait
à faire prendre une décision à cette commission, à
savoir si l'article 133 de la constitution canadienne s'applique encore ou ne
s'applique pas. Soit, elle a été tranchée par la
commission et la commission a décidé qu'elle s'applique encore.
Nous l'avions invitée à se prononcer pour qu'elle ne s'applique
pas.
Celle-ci n'est pas du tout du même ressort. Celle-ci dit que,
faisant fi de la question à savoir si elle s'applique ou ne s'applique
pas, ce que nous voulons atteindre, cette fois-ci, comme décision de la
commission, c'est qu'au moins il n'y ait aucune autre langue qui aurait de
statut officiel au Québec. C'est une décision différente
de la précédente. Nous ne demandons plus d'affirmer ou de ne plus
affirmer qu'un article de la constitution canadienne s'applique ou ne
s'applique pas au Québec, cela a été tranché.
M. HARDY: ... forme affirmative.
M. CHARRON: Ce que nous voulons avoir comme affirmation un
député peut préférer la formule négative
à la formule positive c'est simplement cette garantie minimale
qui n'est pas du tout l'affirmation que nous aurions voulu atteindre par un
premier amendement. Je ne veux pas la défendre, ni entrer sur le fond,
mais je veux simplement vous signaler que c'est une décision. Il faut
toujours considérer un amendement comme une décision à
prendre éventuellement. Quand quelqu'un propose un amendement, c'est
qu'il veut que la commission prenne une décision. Lorsque nous prendrons
la jugeriez-vous recevable, M. le Président une
décision sur cet amendement, lorsque la commission se prononcera, ce
n'est pas la même décision que tout à l'heure. Nous avons
décidé que l'article 133 continue à s'appliquer. Ce que
nous voulons maintenant, c'est au moins prendre la garantie que cette
commission affirme qu'il n'y aura pas d'autre langue officielle que le
français, dans l'esprit de l'article 1. Nous sommes encore dans le cadre
de l'article 133 que cette commission a voulu soutenir, mais nous voulons au
moins cet engagement ferme.
Encore une fois, je considère, comme l'a soutenu le
député de Maisonneuve, qu'il s'agit d'une décision
différente d'une précédente décision; elle n'a pas
du tout été éliminée par la décision
précédente ou impliquée dans la décision
précédente. En ce sens, vous devez reconnaître que
l'amendement proposé par le chef de l'Opposition est parfaitement
recevable et donc soumis aux débats de cette commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur le point de
règlement, avec la faible expérience que je peux avoir au niveau
des règles parlementaires, je voudrais quand même souligner ceci.
La motion que nous présentons est assurément différente de
celle que nous avons déjà présentée à
l'effet de faire du français la seule langue officielle. Ce n'est pas
seulement sous l'aspect que, d'une part, lorsque nous avons
présenté la première motion voulant que le français
soit la seule langue officielle, on employait une formule affirmative, alors
que, dans cette résolution, on emploie plutôt une formule
négative. Ce n'est pas seulement là-dessus. Cest que, dans la
première proposition que nous avons faite à l'effet de faire du
français la seule langue officielle, il n'y avait aucune
référence à ce moment à l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. Il n'en a été question
qu'au niveau de certaines remarques qui ont été faites de la part
des ministériels, mais d'aucune façon il n'était fait
référence, dans le texte même de la motion que nous avons
faite, à l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique disant qu'il s'appliquait ou qu'il ne s'appliquait pas. Tandis que
dans cette nouvelle motion que nous présentons, non seulement il y a la
question de la formule négative ce n'est pas le plus important
mais il y a référence. Autrement dit, on exprime une
attitude, nous, envers l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique en employant la formule: Nonobstant cet article, attitude que nous
n'avions exprimée d'aucune façon dans la première motion
que le chef de l'Opposition avait déposée à l'effet de
faire déclarer le français la seule langue officielle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, le député de Maisonneuve
vous a invité tantôt à considérer, je pense,
à bon droit, l'ancien règlement qui explicite merveilleusement
bien l'article 63 de l'actuel règlement. Si on retourne à
l'ancien règlement, on voit l'article 151 qui dit: Nulle motion ne doit
soulever une question qui soit, au fond, identique à une question dont
la Chambre a décidé pendant la session en cours". C'est toujours
le fond. Quand on dit que, dans l'autre motion, il n'y avait pas de
référence à l'article 133, ce n'est pas cela qui est le
fond.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais c'est du fond, l'article 133 de l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique. Arrêtez donc! Vous vous cachez
derrière continuellement.
M. HARDY: Dans la motion telle quelle, ce n'est pas cela qui est le
fond.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est votre opinion.
M. HARDY: Je vous ai écouté sans rien dire tantôt.
Pourquoi ne faites-vous pas la même chose?
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que vous vous adressez à moi; vous
me regardez.
M. HARDY: Alors, je ne peux pas vous regarder?
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous pouvez me regarder. Cela ne me fait ni
chaud, ni froid, je vous en prie. Vous pouvez continuer.
M. HARDY: M. le Président, la référence à
l'article 133, ce n'est pas cela qui est le fond de la motion, l'objet de la
motion, ce que l'on poursuit avec la motion. C'est une conséquence
"nonobstant l'article 133".
Le fond, c'est qu'on veut affirmer une nouvelle fois, comme on l'a fait
dans deux ou trois motions différentes... On veut absolument qu'il y ait
une précision, que ce soit "la seule" ou que "nulle autre"... Le fond,
on en a discuté; on a donné des arguments à ce sujet, mais
quant à la question de la recevabilité, c'est exactement la
même chose sous des formes différentes.
Le député de Maisonneuve l'a dit aussi. Il dit : II y a
une progression. C'est cela, il y a une progression. Oui, mais une variation
sur le même fond. La chose que vous recherchez toujours, contrairement
à ce que dit le député de Saint-Jacques, ce n'est pas
l'article 1, ce n'est pas la substance de l'article 1. C'est bien sûr que
toutes les motions d'amendement que l'on peut faire à la motion
principale concernant l'article 1 se rapporteront toujours à la langue
officielle. C'est évident.
M. CHARRON: Moi, je me souviens d'une décision que vous, vous
avez rendue...
M. HARDY: Bon! Encore!
M. CHARRON: ... comme vice-président de la Chambre. Me
permettez-vous de vous la signaler?
M. HARDY: Comment cela se fait-il, M. le Président?
C'étaient toujours de mauvaises
décisions. J'étais partial et on ne finit plus de rappeler
mes décisions pour se justifier.
M. BURNS: Vous étiez un mauvais président et vous rendiez
des bonnes décisions.
M.HARDY: Entendez-vous! ... Un mauvais président qui rendait des
bonnes décisions. Voilà!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Un autre paradoxe comme seuls peuvent en faire les gens du
Parti québécois.
M. BURNS: C'est vous-même qui avez dit cela, et je suis totalement
d'accord avec vous.
M. HARDY: Un bon président...
M. BURNS: Vous étiez un mauvais président, parce que vous
"antagonisiez" les députés, mais vous rendiez de bonnes
décisions, parfois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. CHARRON: C'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, vous reconnaf-trez que cela me flatte
toujours jusqu'à un certain point de voir mes décisions...
M. CHARRON: Mais, est-ce que le ministre...
M. HARDY: Oui, oui.
M. CHARRON: ... me permet de la lui signaler? Lorsque nous avons
débattu la loi 28, en commission plénière en Chambre, vous
vous rappelez? On fonctionnait à cette époque avec le vieux
règlement. C'était en décembre 1971. Je pense que c'est
mon collègue de Sainte-Marie, à l'époque, qui avait
présenté un amendement qui touchait au pourcentage, qui disait
que dans le cas où il y aurait tel pourcentage, telle disposition
s'appliquerait. Vous nous avez reconnu le droit de modifier presque ad vitam
aeternam, parce que le "filibuster" sur la loi 28, puisque c'en était
un...
M. BOURASSA: C'est vrai... Un autre...
M. CHARRON: ... d'ailleurs, au moment où le député
de Maisonneuve intervenait...
M. CLOUTIER: Vous le regrettez celui-là, aussi, hein?
M. CHARRON: II avait comme objectif... Vous nous aviez permis
d'intervenir à un moment où, après avoir dit 15 p.c, un
député pouvait dire 10 p.c, l'autre député,
après que l'amendement avait été battu, 8 p.c. C'est
là-dessus qu'intervenait, au moment où cela a été
suspendu...
M. BURNS; La théorie du chiffrage...
M. CHARRON: ...la théorie du chiffrage, justement, qui nous avait
fait bien rire, à l'époque, mais c'était une dilution,
pour employer ce que......tout le temps dans le même canal. C'est bien
entendu que la "seule langue officielle", si vous me permettez encore,
c'étaient les 100 p.c. que nous voulions atteindre. Nous en sommes
réduits maintenant à demander d'obtenir au moins la garantie que
nonobstant... Mais c'est vous-même qui avez reconnu qu'une Opposition
peut viser le maximum dans ses amendements et, si elle ne l'atteint pas, se
résoudre à aller au moins chercher un consensus minimal sur un
sujet. Si elle ne l'atteint pas encore, vous nous l'avez permis avec des
chiffres...
M. HARDY: Très bien! Bon! M. le Président...
M. CHARRON: Vous pouvez certainement, aujourd'hui, soutenir que nous
pouvons le faire avec le fond.
M. HARDY: M. le Président, je ne m'en souviens vraiment pas, et
là, je suis très sincère. Je ne me souviens vraiment pas
de cet incident.
M. CHARRON: Moi, je suis très sincère quand je vous dis
que vous l'avez fait.
M. HARDY: Et comme je ne prétends pas à
l'infaillibilité, il est possible que j'aie erré, à ce
moment.
M. CHARRON: Je m'en souviens très bien, très bien.
M. HARDY: M. le Président, je continue à prétendre
que la seule différence entre la motion que nous avons
présentement devant nous et les différentes motions que nous
avons eues à étudier je me réfère toujours
à celle qui voulait ajouter le mot "seule" est la
rédaction. Substantiellement, quant au fond, elles veulent uniquement
dire qu'il... Elles veulent venir préciser la proposition de l'article 1
qui dit: "Le français est la langue officielle". Toutes les
propositions, toutes les motions d'amendement que le Parti
québécois a présentées jusqu'ici veulent venir
ajouter une certaine précision que, quand on discute du fond, nous
prétendons inutile, redondante. Ce serait de la mauvaise
rédaction législative. Mais ce n'est pas cela qui est l'objet de
mon propos actuellement. L'objet de mon propos, c'est qu'en vertu de l'actuel
article 63, en vertu de l'article 151, en vertu de l'article 153 de l'ancien
règlement, et
surtout en vertu de l'article 176, vous ne pouvez pas déclarer
recevable cet amendement, et je vous cite l'article 176: "Un nouvel amendement
ne doit pas remettre en question un principe sur lequel la Chambre s'est
déjà prononcée à l'occasion d'un premier
amendement".
Le principe sur lequel nous nous sommes déjà
prononcés, lorsque nous avons rejeté la motion voulant incorporer
le mot "seule", est que nous avons déclaré le principe que nous
avons admis à ce moment, c'est que toutes ces additions, que cela soit
"seule" comme dans l'autre motion ou "que nulle autre", "seule" ou "nulle
autre", si on parle la même langue, cela veut dire passablement la
même chose.
Si je vous dis: Vous êtes le seul député de
Chicoutimi ou si je vous dis qu'il n'y a nul autre député de
Chicoutimi que vous, cela veut dire la même chose. Vous êtes le
député de Chicoutimi. C'est cela. On a tout dit...
M. BOURASSA: La langue officielle.
M. HARDY: ... quand on a dit cela. Le député de
Maisonneuve.
M. BOURASSA: Pas besoin de dire le seul député de
Maisonneuve.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve a tout rempli
l'espace.
M. BURNS: Vous ne savez pas qu'il y a deux députés de
Maisonneuve dans le système fédéral actuel?
M. BOURASSA: Si c'est tout ce que vous avez...
M. CLOUTIER: Encore l'indépendance.
M. HARDY: Franchement, ceux qui viennent d'applaudir ne sont pas
très exigeants.
M. BOURASSA: ... comme argument...
M. BURNS: Je vais être obligé, à un certain moment,
de vous demander...
M. BOURASSA: Vous démontrez la futilité de vos
amendements.
M. BURNS: ... le député provincial ou le
député fédéral? C'est ça que je vais
être obligé de vous demander.
M. BOURASSA: Vous venez de démontrer la futilité de vos
amendements.
M. BURNS: Pas du tout!
M. HARDY: Je n'avais pas terminé. Je termine. Je conclus.
M. MORIN: En réponse au premier ministre qui affectionne le
système parlementaire français, je voudrais attirer son attention
sur le fait qu'il y a des circonscriptions électorales en France, comme
la Nièvre, la Loire, qui comptent plusieurs députés. Et
quand on dit: Le député de la Nièvre...
M. HARDY: Mon Dieu, M. le Président...
M. MORIN: ... on ne sait pas encore duquel on parle.
M. HARDY: Le député de Sauvé n'a pas besoin d'aller
courir jusqu'en France pour ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: C'est pour montrer que votre exemple est farfelu.
M. BOURASSA: Si vous permettez, le député de Sauvé
vient d'apporter un exemple qui, comme l'a fait le député de
Maisonneuve, démontre la futilité des amendements
péquis-tes. Il est évident que, lorsqu'on dit le
député de Maisonneuve, on pense au député en
question ici. Pas besoin de dire le seul député de
Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'en tant que seul président
de la commission, je pourrais rendre ma décision?
UNE VOIX: Oui.
M. BURNS: M. le Président, si vous me permettez une
dernière remarque.
M. MORIN: Sur la recevabilité, j'ai un mot à dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait fixer une limite de
temps? Je vous avoue que je commence à être passablement
éclairé.
M. HARDY: M. le Président, si vous êtes
éclairé, vous n'avez pas à...
M. BURNS: M. le Président, en vertu de l'article 160, je pense
que vous allez nous donner...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... cette nouvelle motion.
M. HARDY: Si vous vous déclarez éclairé...
M. BURNS: ... je pense que vous allez nous donner suffisamment de
latitude parce qu'elle est assez importante.
M. MORIN: J'ai bien l'intention de vous répondre.
M. HARDY: J'avais encore des choses à dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait demander au
député de Maisonneuve et au chef de l'Opposition officielle de
s'entendre à savoir lequel des deux va parler.
M. BURNS: J'ai invité moi-même le chef de l'Opposition
à préciser certaines choses que je me sens moins compétent
que lui à préciser, mais je voudrais simplement vous souligner
une chose.
M. HARDY: Pendant tout ce temps-là, je n'avais pas
terminé, et mon droit de parole s'est envolé.
M. BURNS: Ah bien! On va vous écouter. Excusez. On pensait que
vous aviez terminé.
M. BOURASSA: Ils sont généreux. Cela fait partie du
"filibuster".
M. HARDY: Je voulais simplement dire que j'avais encore quelques
remarques à faire, mais vous avez manifesté votre intention de
rendre votre décision, tel que le règlement vous le permet.
M. LEGER: Vous l'avez suggéré au président. Ce
n'est pas pareil. C'est vous qui l'avez suggéré.
M. HARDY: Quand le président déclare qu'il est
suffisamment informé, si des députés continuent à
parler, c'est une autre preuve évidente et claire que tout ce que ces
députés veulent est de faire perdre du temps à la
commission. Comme cela n'est pas mon intention, je mets de côté
les arguments que j'avais encore à faire valoir puisque vous
considérez...
M. BURNS: J'invoque le règlement.
M. HARDY: ... que vous êtes prêt à prendre votre
décision.
M. BURNS: Voyons donc! Vous me déprimez ce soir, M. le ministre.
Le ministre me déprime. Vraiment. Quand il lui restera seulement cela
comme argument...
M. BOURASSA: Je ne sais pas si cela vous en prendrait beaucoup ce
soir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Comme je l'ai dit tantôt, je me sens
prêt à rendre ma décision...
M. HARDY: II est prêt.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... mais, par contre, vous avez
mentionné qu'il y avait des faits nouveaux auxquels vous aimeriez faire
allusion...
M. BURNS: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... j'aimerais que vous vous entendiez avec
le chef de l'Opposition pour que cela ne dure pas jusqu'à minuit.
M. BURNS: Cela sera très bref. Cela sera une ou deux phrases au
maximum et le chef de l'Opposition traitera, je pense bien, de l'aspect
plutôt constitutionnel.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'aspect constitutionnel n'entre pas en jeu.
C'est une question d'interprétation du règlement.
M. BURNS: Je pense qu'il est important et c'est ce que je pense
que le chef de l'Opposition va vous donner comme éclairage assez
spécifique d'examiner le premier et le troisième
amendement. J'ai parlé de quatre amendements, je me suis trompé,
j'en mettais un de plus. Le premier amendement parlait tout simplement de
"seule" et le troisième amendement parle de langue officielle, "que
nulle autre langue n'a de statut officiel...", mais eu égard au corridor
restreint de l'article 133. C'est seulement cela que je veux dire et c'est ce
qui est la différence fondamentale.
Le député de Terrebonne et ministre des Affaires
culturelles vous a cité l'article 151. Je pense qu'il est bon de lire la
note 2, sous l'article 151, aussi de l'ancien règlement qui donne
l'éclairage justement, dans quel contexte on doit
interpréter.
Ce sont des hommes aussi impressionnants que Beauchesne, Campion et les
autres qui disent: La question dont la Chambre a été saisie par
motion ne peut être renouvelée par voie d'amendements et vice
versa. Or, je vous dis que ce n'est pas un renouvellement de motion. Il y a un
aspect très différent à la motion no 3, si on peut
l'appeler ainsi, par rapport à la motion no 1. C'est cet
éclairage en vertu de l'article 133. L'article 133, qui était
présenté dans la deuxième motion, était
présenté différemment, en ce sens que l'amendement disait
que l'article 133 cessait d'avoir une application, alors qu'ici on dit:
Malgré l'article 133, nulle autre langue n'a de statut officiel. Je vous
le demande, M. le Président, c'est pour cela que j'arrête tout de
suite mes remarques, le chef de l'Opposition a sans doute des choses à
dire sur l'aspect de l'éclairage constitutionnel.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je cède volontiers la parole au chef
de l'Opposition officielle, sauf que j'aimerais lui demander de ne pas
argumenter sur la constitutionnalité ou l'acceptabilité
constitutionnelle de trois amendements car je n'ai pas à trancher de la
valeur constitutionnelle, mais strictement de l'application du règlement
et de la recevabilité de la motion en vertu de nos
règlements.
M. MORIN: M. le Président, si vous tranchez, dans un sens ou dans
l'autre, que la motion n'est pas recevable, vous vous prononcez implicitement
sur le fond.
M. CLOUTIER: Non.
M. HARDY: Voyons donc!
UNE VOIX: Allez-y.
M. MORIN: Sûrement, parce que nous soutenons que les deux
propositions sont entièrement distinctes et nous pouvons prouver
qu'elles le sont. Si le président se prononce sur la
non-recevabilité, c'est qu'il estime qu'elles sont semblables, qu'elles
ne sont pas seulement différentes par la forme, mais
nécessairement aussi par le fond. Je vais tenter de le
démontrer.
Les deux propositions sont à ce point différentes qu'on
pourrait avoir voté contre la première proposition, comme l'ont
fait les membres du gouvernement, et néanmoins voter en faveur de la
seconde. Je l'ai dit au premier ministre, tout à l'heure, je ne vois pas
comment il peut voter contre ce nouvel amendement alors que je puis concevoir
qu'il ait voté contre le premier.
Pour tout dire, nous avons fait ce nouvel amendement sur mesure pour le
premier ministre et pour le ministre de l'Education. Tout à l'heure,
l'amendement disait clairement que l'article 133 cessait de s'appliquer au
Québec. Je vous avouerai que c'était une solution draconienne;
nous voulions une solution juridique à l'emporte-pièce. Cette
fois, c'est tout à fait différent. Nous ne disons pas que
l'article 133 cesse de s'appliquer au Québec. Nous avons adopté
une solution beaucoup plus subtile qui est celle, en fait, du Manitoba; c'est
celle que le Manitoba a utilisée pour mettre fin à l'usage de la
langue française dans cette province.
Si vous le voulez bien, nous allons nous mettre à la place des
juristes du Manitoba pour bien comprendre la différence entre les deux
propositions. Lorsque le gouvernement manitobain, à la suite des
événements qui ont entouré la rébellion de Louis
Riel, avant 1885, et la privation des fonds publics imposée aux
écoles françaises du Manitoba, les juristes de cette province ont
été consultés pour savoir comment il fallait
présenter les choses pour que l'article 133 cesse de protéger
l'usage de la langue française. Il y avait quatre ou cinq solutions, et
je me permets de vous les énumérer. Je pense que vous allez
saisir la différence. Premièrement, ils auraient pu
prétendre abroger l'article 133. Evidemment, les juristes manitobains
ont vu que cela était impossible puisque l'article 133 fait partie d'une
loi impériale, imposée d'ailleurs au Québec à
l'époque, qui s'appelle le "British North America Act". Les juristes ont
donc dit au ministre qui voulait abolir la langue française: Vous ne
pouvez abroger l'article 133.
Peut-être, comme une seconde solution nous sommes dans la
gradation des idées à laquelle je faisais allusion tout à
l'heure pourrait-on dire que l'article 23 du Manitoba Act, qui reprenait
l'article 133 du British North America Act, pourrait être, lui,
abrogé?
C'était la loi qui constituait la province du Manitoba et elle
avait, sous l'influence de Georges-Etienne Cartier, repris la formulation
exacte de l'article 133 dans l'article 23. Puis, le Parlement impérial
était intervenu par le British North America Act de 1870 pour
entériner le Manitoba Act et donner sa garantie en particulier à
cet article 23.
Les juristes ont dit: Nous ne pouvons pas abroger l'article 133; nous ne
pouvons abroger l'article 23 du Manitoba Act. Qu'est-ce qu'on peut faire pour
se débarrasser du français? C'était cela, le
problème: Comment chasser la langue française? On pouvait dire
que l'article 133 cessait de s'appliquer au Manitoba. Ils y ont pensé.
C'était la proposition qu'on vous a faite tout à l'heure; elle ne
sort pas de n'importe où. Cela vient de l'expérience
constitutionnelle du passé. Mais les juristes ont eu des doutes. Ils se
sont dit : Est-il possible de déclarer que l'article 133 cesse de
s'appliquer au Manitoba? Peut-être que, si nous présentons les
choses comme cela, y aura-t-il difficulté constitutionnelle,
peut-être qu'il y aura un "désaveu" fédéral,
peut-être serons-nous traînés devant les tribunaux, jusqu'au
comité du Conseil privé de Londres et peut-être notre loi
sera-t-elle déclarée inconstitutionnelle? Il valait
peut-être mieux éviter la formule que vous avez repoussée
tout à l'heure. Finalement, ils se sont rabattus sur une
quatrième solution, qui est celle que nous vous proposons maintenant.
Qu'on ne vienne pas prétendre qu'elle n'est pas différente de la
première! Elle est essentiellement différente. Dans leur
perplexité donc, les juristes manitobains ont décidé
d'adopter une formule d'une subtilité exemplaire. Elle n'est pas de
nous, cette solution; elle est d'eux. C'est pour cela que nous vous la
proposons, parce qu'il semble que cela ait bien fonctionné au Manitoba,
que cela n'ait présenté aucune prise à ceux qui auraient
voulu en contester la constitution-nalité. Ce sont des grands mots
difficiles à prononcer.
M. le Président, je voudrais vous rappeler le langage
utilisé par l'article 1 du chapitre 14 des lois du Manitoba de 1890. Je
vais le lire en anglais puisqu'il n'y a pas de version française.
J'espère que vous verrez la similitude avec ce que nous venons de vous
soumettre et que vous comprendrez ce qui distingue cette solution de l'ancienne
proposition. "Any statute or law to the contrary notwithstanding c'est
le "nonobstant" de notre proposition the English language only
c'est le "seule" que nous avions présenté au tout début de
nos débats shall be used in the records and journals of the House
of assembly for the Province of Manitoba, and in any pleadings or process in or
issuing from any court in the Province of Manitoba. The Acts of the Legislature
of the Province of Manitoba need only be printed and published in the English
language".
A dessein, nous avons repris une formule qui
était destinée à causer le moins
d'inconvénients constitutionnels possible. Je vous rappelle qu'à
la suite de l'adoption de cette loi le gouvernement fédéral a
été invité à désavouer pour utiliser
la mauvaise traduction de l'expression anglaise "disallow" cette loi qui
allait à l'encontre des droits fondamentaux des parlant français
du Manitoba. Mais le gouvernement fédéral a refusé
d'intervenir et c'est ce précédent qui est invoqué
aujourd'hui par beaucoup de juristes. Pourtant, comme le professeur Beaudoin de
l'Université d'Ottawa l'a fait observer je me
réfère à la page 224 de son travail même si
l'article 23 n'est plus une disposition impériale, la garantie
était de même nature, puisque le British North America Act de
1871, article 5, donnait la sanction impériale au Manitoba Act.
C'est donc un précédent déterminant. Si le Manitoba
a pu écarter l'usage je n'ai pas dit abroger de la langue
française en utilisant cette formule, nous soutenons que le
Québec peut faire la même chose sans risquer le désaveu
fédéral.
Ce que le premier ministre semblait craindre l'autre jour, à la
suite de l'intervention de M. Trudeau et sans, non plus, très
probablement, encourir les foudres de la cour Suprême, puisque cette cour
se trouvera devant le précédent manitobain et sera obligé
de reconnaître que ce qui était bon pour les francophones du
Manitoba l'abolition de leur langue comme étant d'usage public
est tout aussi bon pour les anglophones du Québec.
C'est donc pour vous faciliter les choses que nous avons
présenté cet amendement qui, je le soutiens vous ne
pourrez en venir à d'autres conclusions, M. le Président
est totalement différent de l'autre. Juridiquement, ils ne se comparent
pas, même si tous deux y mentionnent l'article 133. Sur le fond, le
premier disait que "cesse de s'appliquer l'article 133 au Québec". Le
second ne dit pas cela. En vertu du second, l'article 133 s'applique encore au
Québec; néanmoins, on en restreint la portée pour ce qui
est de l'usage de la langue anglaise. C'est tout à fait
différent.
M. le Président, je vous le répète, ce qui
m'inquiète dans la décision que vous vous apprêtez à
prendre, c'est que vous allez nécessairement vous prononcer sur le fond
si vous écartez la recevabilité de cette motion.
En conclusion, je voudrais vous dire que tous les traités de
procédure parlementaire ou autre, de procédure des
assemblées délibérantes prévoient que les
amendements ont pour but de rendre la proposition acceptable au plus grand
nombre possible de participants. Transposons cela dans nos débats. Le
but de nos amendement est de rejoindre un commun dénominateur entre la
majorité gouvernementale et la minorité de l'Opposition. Nous
pensons qu'avec cette proposition, nous l'avons trouvé, ce commun
dénominateur. En tout cas, je tiens compte de tout ce qui nous a
été dit par le premier ministre et le ministre de l'Education en
réplique à nos amendement antérieurs pour vous dire que
cette nouvelle proposition répond à leur attente.
Le ministre de l'Education nous a rappelé tout à l'heure
que le professeur McWhinney est d'avis que l'article 133 ne fait que consacrer
des droits précis et non une langue officielle. Là-dessus, il
resterait à consulter le rapport de Me Sheppard, écrit pour la
commission Gen-dron, qui dit le contraire. Mais peu importe; c'est ce que nous
a dit le ministre. Comme nous voulons que le ministre vote avec nous cette
fois, nous avons fait cette motion en tenant compte de ses arguments. Pour ma
part, si le ministre ne pouvait être d'accord, tout à l'heure,
avec la dernière proposition, je comprends qu'il ait voté contre,
étant donné le langage qu'il nous a tenu à ce moment. Mais
je ne comprendrais pas, cette fois, qu'il votât contre ce nouvel
amendement. Je ne comprendrais pas, M. le Président je vous le
souligne en toute déférence que vous déclariez que
cette proposition est irrecevable parce que cela signifierait que vous vous
prononcez sur le fond. Vous prendriez sur vous d'affirmer que ces deux
propositions sont semblables sur le fond alors qu'elles sont totalement
différentes. Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, je pense que, suite à ces
nombreux éclairages de part et d'autre, il y a un fait d'acquis: c'est
que personne ne conteste les dispositions de l'ancien règlement et de la
tradition parlementaire, à savoir qu'une motion ne peut soulever une
question de fond identique à une décision qui a
déjà été prise par l'Assemblée ou, en
l'occurrence, par cette commission. Je n'aurai donc pas à citer les
nombreux auteurs et l'ancien règlement, à savoir si une
commission peut prendre une décision de fond identique à une
autre déjà prise. Il s'agit donc, pour moi, simplement de
décider et il ne s'agit sûrement pas, contrairement à ce
que prétend le chef de l'Opposition, de décider de la valeur
constitutionnelle des différents amendements. Je pense qu'il s'agit
plutôt de décider si le fond de cette dernière motion est
identique ou non à des motions précédentes faites par le
chef de l'Opposition officielle...
M. MORIN: Cest parfait.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... au cours de l'étude de l'article
1.
M. MORIN: Cest bien, c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si je relis n'étant pas
juriste, je ne la relis peut-être pas de la même façon
la première motion, soit celle du chef de l'Opposition
officielle, à savoir "que le français soit la seule langue
officielle", je ne vois réellement pas en quoi cela diffère
de
la phrase "nulle autre langue n'a de statut officiel".
Je ne porte pas de jugement de valeur; je voudrais simplement donner ma
décision...
M. MORIN: D faudrait au moins consulter le président de
l'Assemblée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... mon interprétation.
M. BURNS: Lisez tout l'article, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laissez-moi finir.
M. BURNS: Vous ne lisez pas le début de l'article.
Décision du président
LE PRESIDENT (M. Gratton): Justement, j'y arrive. Si je me reporte
à la motion du député de Lafontaine, je crois, voulant que
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, 1867, cesse
d'avoir effet, je ne vois pas en quoi cela diffère, dans le fond, des
mots "nonobstant l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, 1867".
Je pense qu'en vertu du fait que toutes ces motions, les trois motions
sont faites au moment de l'article 1 du projet de loi 22, je me dois de la
déclarer irrecevable, ce qui n'empêche pas...
M. MORIN: Ne pourriez-vous pas consulter le président de
l'Assemblée?
M. BURNS: Avant que vous rendiez votre décision.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Ce qui n'empêche pas
l'Opposition de refaire des motions identiques ou des motions semblables au
cours des articles subséquents, qui peuvent s'appliquer...
M. BURNS: M. le Président, je vous demande, en grâce...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: C'est assez important ce que vous êtes en train de
décider.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je vous demande de consulter le président de
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est déjà fait, c'est ce que
j'ai fait.
M. BURNS: Vous l'avez fait avant même qu'on fasse une motion?
LE PRESIDENT (M. Gratton): La motion était faite. C'est,
d'ailleurs, pourquoi je me suis absenté pendant dix minutes pour aller
consulter le président de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: Et vous l'avez consulté?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact.
M. MORIN: Et qu'a déclaré le président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Ma décision est rendue.
Vous savez fort bien...
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... qu'il n'est pas question d'en appeler. Je
déclare donc la motion du chef de l'Opposition irrecevable.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: II y a une chose qui est claire, c'est que le gouvernement
refuse de se donner les moyens légaux...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... de rendre le français langue officielle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Taisez-vous donc et écoutez donc!
M. LEGER: II a refusé de rendre légal...
M. BURNS: C'est exactement la façon d'éviter les vrais
débats.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Si on veut éviter les vrais débats, M. le
Président, on est parti pour le faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Maisonneuve sait fort bien qu'une...
M. BURNS: M. le Président, on est parti pour éviter les
vrais débats, si c'est cela qu'on veut...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... et avec votre complicité, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je m'excuse...
M. BURNS: Vous êtes complice de cette façon d'éviter
les vrais débats.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: II n'y a pas d'à l'ordre, M. le Président!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je considère que vous êtes en train actuellement
de brimer les droits de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La décision est rendue. A l'ordre!
M. BURNS: C'est cela que vous faites. Vous ne respectez pas un des
droits de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La motion du ministre de l'Education...
M. BURNS: Une des choses, M. le Président, que vous devriez
respecter c'est qu'au moins dans le cas de doute...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que vous voulez que je suspende les
travaux?
M. BURNS: Non, je ne veux pas. Je veux que vous m'écoutiez vous
dire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Respectez ma décision, s'il vous
plaît.
M. BURNS: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je ne peux pas la respecter; elle n'est pas respectable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je vous dis M. le Président, que vous brimez, à
leur base même, les droits de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, la commission suspend ses travaux pour
dix minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 18)
Reprise de la séance à 23 h 36
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la motion du ministre de l'Education.
M. BURNS: M. le Président, sur une question de
règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: ... je vous dis tout de suite que je suis obligé
d'accepter votre décision même si je ne suis pas d'accord sur
elle. Ainsi je vous demande une directive, simplement ceci: Comment
l'Opposition peut-elle formuler une motion à l'article 2 de façon
à enlever toute ambiguïté, qui pourrait fort probablement
faire l'unanimité autour de la table, si je comprends les remarques qui
ont été faites par le premier ministre et le ministre de
l'Education à l'effet que "la seule", cela n'était pas
nécessaire, que la langue officielle, cela veut dire la seule, tout en
sauvegardant les principes et en s'abritant à l'endroit des principes
qui sont mentionnés dans l'article 133?
M. le Président, vous êtes notre guide en commission
parlementaire. Est-ce que vous êtes en mesure de me suggérer une
rédaction, une formulation d'une motion qui pourrait dire en même
temps qu'il n'y a qu'une seule langue officielle au Québec et que,
malgré cela, les dispositions de l'article 133 sont ou bien mises de
côté ou bien protégées?
LE PRESIDENT (M. Gratton): En réponse à votre demande de
directives, non, je ne suis pas en mesure de vous faire une suggestion à
cet égard. Je ne suis même pas en mesure de vous dire si cela est
possible. Ce que je pourrais faire, par exemple, c'est de vous suggérer
que, demain ou après la séance de ce soir, nous rencontrions
ensemble le président de l'Assemblée nationale et que nous
étudiions ensemble la possibilité d'en arriver à une telle
formulation.
M. BURNS: Vous êtes d'accord avec moi, M. le Président, que
non seulement votre devoir est de juger recevables les motions, ou irrecevables
si vous considérez qu'elles le sont, mais votre devoir est aussi, je
pense j'espère que vous partagez mon opinion là-dessus
de considérer que vous êtes une assistance tant pour le
gouvernement que pour l'Opposition dans la rédaction des motions de
façon qu'elle soient recevables.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est dans ce sens que je fais la suggestion
de rencontres.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, me préva-
lant de l'article 157 de notre règlement, qui dit "qu'en
commission élue un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux".
UNE VOIX: Adopté. M. CLOUTIER: Ah non!
M. CHARRON: Est-ce le président de l'Assemblée nationale
qui vient de dire "adopté", M. le Président?
M. CLOUTIER: Vous n'étiez pas membre de la commission, M. le
Président.
M. CHARRON: Peut-être devrais-je attendre immédiatement un
signe approbatif ou négatif de l'autre côté? S'il est
négatif, je vous expliquerai pourquoi je propose l'ajournement, s'il est
affirmatif, alors nous en disposerons immédiatement.
M. CLOUTIER: M. le Président, je crains bien que le signe devra
être négatif.
M. CHARRON: Bien.
M. CLOUTIER: Nous devons travailler jusqu'à une heure
déterminée. Je ne vois aucune raison pour laquelle, chaque soir,
l'Opposition arrive avec une motion de cet ordre, ou plutôt, si, j'en
vois une; c'est toujours la même, celle de faire perdre du temps à
la commission.
M. CHARRON: M. le Président... M. HARDY: Pour éviter le
fond.
M. BURNS: On parle du fond depuis le début et je n'ai pas entendu
un ministériel nous parler véritablement du fond; pas plus le
député de Louis-Hébert que les autres, je n'ai entendu
personne discuter du fond. Tout ce que j'ai entendu, c'est que, quand on a
parlé de la seule langue officielle du Québec, on nous a dit:
C'est une redondance, c'est la même chose, cela veut dire la même
chose. L'article 133, il ne faut pas se mêler de cela, c'est trop
compliqué. Voyons donc. S'il vous plaît, ne nous parlez pas de
gens qui ne parlent pas du fond, vous!
M. HARDY: On ne peut pas parler de fond sur vos motions, elles n'en ont
pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de Saint-Jacques,
sur la motion d'ajournement.
M. LEGER : Vous avez même refusé de vous donner des moyens
légaux de rendre le français la seule langue officielle.
M. HARDY: On verra.
M. LEGER: On essaie de trouver ce moyen et vous vous servez de la
procédure pour nous empêcher de vous donner des moyens
légaux de rendre le français la seule langue officielle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER : Vous le savez, vous réalisez cela par la
procédure, non pas en discutant le fond.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques, sur
la motion d'ajournement des travaux.
M. CHARRON: Je crois que mes collègues viennent d'exprimer un peu
la situation dans laquelle nous nous trouvons. Invités à grand
renfort d'interruptions par chacun des députés, tout au cours de
la semaine dernière, pour que nous engagions un débat de fond,
nous avons proposé systématiquement des amendements depuis le
début, en acceptant les votes négatifs de cette commission comme
un signe que nous devions diminuer nos exigences. Nous avons tenté
systématiquement d'obtenir sur l'article 1 ce débat de fond
auquel ils nous ont convié et on les voit maintenant se rabattre et
retraiter uniquement derrière la formulation qu'ils ont encore
refusé d'expliquer et qui ne constitue aucunement...
M. HARDY: Pourquoi devrait-on ajourner?
M. CHARRON: Je pense qu'on devrait ajourner pour que ces
ministériels aient l'occasion de se refaire une beauté
démocratique et qu'ils aient l'occasion de s'apercevoir...
M. HARDY: On n'est pas fort dans le maquillage.
M. CHARRON: ... qu'ils sont en train de ridiculiser ce qu'ils ont
eux-mêmes avancé au cours de la semaine dernière.
M. le Président, nous avons soumis, et vous le savez, des motions
qui, je le soutiens, étaient recevables et devaient être
même incluses au projet de loi. Nous avons voulu obtenir une
précision. Il semble qu'à cette heure tardive, à la fin de
la journée, on n'est plus capable de nous fournir les indications dont
on avait besoin. Nous avons essayé d'obtenir la portée
réelle de l'article 1. Au cours du débat que nous aurions eu sur
chacun des amendements, si les ministériels avaient osé y
participer, sur le fond sérieux auquel nous les invitions à
participer, peut-être aurions-nous eu une réponse à ce
moment. Mais je crois, M. le Président, qu'il est inutile de continuer
à fonctionner, en tout cas pour aujourd'hui, avec un autre amendement
que j'aurais l'intention de proposer à l'article 1, si c'est pour
aboutir au même résultat.
Peut-être que deamin, ils se rendront compte que, non seulement
ils manquent à leur propre parole et au défi qu'ils nous
lançaient, la semaine dernière, d'avoir un débat de fond
sur l'article 1, alors qu'ils prétendent proclamer le
français langue officielle, alors qu'ils ne font que
reconnaître un état de fait, M. le Président, non seulement
s'apercevront-ils qu'ils se défilent après nous avoir
conviés à avoir ce débat de fond, mais peut-être
aussi découvriront-ils au cours de la nuit de repos que je leur propose,
qu'ils sont en train de manquer absolument du minimum de politesse à
l'égard des Québécois à cette question. On
n'intervient pas avec une loi pour la soumettre aux critiques de l'Opposition
en se rebiffant et en refusant de fournir à l'Opposition, qui
représente la population là-dessus, comme à ceux qui
assistent à nos travaux, les explications et les intentions du
législateur. Tôt ou tard, un tribunal aura à
interpréter cette loi, et un tribunal devra, lui aussi, aller chercher
l'intention du législateur, selon la formule consacrée dans les
tribunaux. Nous n'avons pas réussi, depuis que nous avons entamé
l'étude de l'article 1, à connaître véritablement
quelle est l'intention du législateur, derrière cette formule.
Nous l'avons soumis à vérifier la portée et la
contradiction qu'il peut y avoir entre l'article 133 et cette formulation. Que
voulez-vous dire? Qu'est-ce que vous voulez atteindre par cela? Etes-vous
d'accord avec nous pour exiger que la portée réelle de cet
article soit plus grande, qu'elle dépasse même, à certaines
occasions, la portée de la constitution canadienne? Rien! Nous n'avons
rien obtenu, excepté quelques fanfaronnades de députés qui
profitent de l'occasion pour sortir de l'ombre, M. le Président.
M. DESJARDINS: Question de règlement!
M. CHARRON: Mais c'est absolument inutile, je crois...
M. DESJARDINS: Question de règlement!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de
Louis-Hébert sur une question de règlement.
M. DESJARDINS: Avec le respect que je dois à l'orateur qui parle,
j'aimerais vous souligner, M. le Président, qu'il n'est pas pertinent au
débat dans le moment et j'aimerais que vous l'ayez à l'oeil pour
qu'il y ait une pertinence au débat en tout temps.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de
Louis-Hébert, sur une question de règlement.
M. DESJARDINS: Je m'excuse d'interrompre le député de
Saint-Jacques, mais je voulais seulement le ramener à la pertinence du
débat. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Gratton) : Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je crois que ce genre d'intervention
irrégulière et inutile comme celle que vient de faire le
député de Louis-Hébert prouve que nous devrions ajourner
nos travaux immédiatement. Je pense que le député de
Louis-Hébert, qui voudrait se faire je ne sais dans quelle
intention
M. DESJARDINS: J'ai passé une bonne nuit.
M. CHARRON: ... une place au niveau de la procédure.
M. DESJARDINS: J'ai passé une bonne fin de semaine.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: ... passe absolument à côté de la
question.
M. DESJARDINS: Je me couche à 12 h 30.
M. CHARRON: Je crois, et j'ai l'intention de vous le rappeler, que tout
le débat que nous avons eu depuis le début sur l'article 1 n'a
fourni aucune précision de la part des ministériels. En ce sens,
il est inutile de continuer à travailler ce soir dans des circonstances
aussi déplorables, non seulement pour l'Opposition, mais pour les
Québécois qui aimeraient bien savoir quelles sont les intentions
de leur gouvernement lorsqu'il prétend proclamer le français
langue officielle à l'article 1. Plus, si nous devions, ce soir, entamer
l'étude d'un nouvel amendement, je me demande même si nous
pourrions compter sur une présence spirituelle suffisamment active pour
que la commission se prononce en tout état de cause et en tout
état de santé sur les amendements que nous avons à
proposer.
Je le signale immédiatement. Si l'intention du gouvernement est
de nous forcer à continuer nos travaux pour que nous parvenions à
un vote sur l'article 1 avant minuit, j'aime autant le prévenir
immédiatement que nous ne quitterons pas le terrain de l'article 1 tant
que nous ne saurons pas ce que vous avez dans le ventre.
Est-ce que c'est uniquement l'hypocrisie que des Québécois
sont venus proclamer à cette table? Vous prétendez obtenir pour
les Québécois un gain nouveau dans leurs droits alors que vous ne
faites que réaffirmer ce qu'ils ont déjà gagné?
Où est-t-elle donc la portée réelle et quel est le statut
que vous voulez réserver aux autres langues dans cette question?
Tout cela, j'ai l'impression, mérite d'être
considéré seulement à la lumière du jour,
demain.
M. CLOUTIER : Maintenant que nous venons d'assister au disque quotidien
du député de Saint-Jacques, je demande le vote.
M. BURNS: M. le Président, avant le vote, au nom de l'Opposition,
je pense que j'ai le droit de parole.
M. CLOUTIER: Non.
M.BURNS: Ah oui! Je vous réfère je m'excuse
au deuxième paragraphe de l'article...
M. CLOUTIER: C'est exact. Pardon. M. BURNS: ... 157.
M. CLOUTIER: Allez-y! Je ne suis pas pour vous en priver.
M. BURNS: Merci. Alors, en tant que représentant de l'Opposition,
je vais appuyer la motion du député de Saint-Jacques. Je pense
que vous-même, M. le Président, en plus des raisons que le
député de Saint-Jacques vient de nous donner, vous avez
donné une raison additionnelle d'être favorable à la
proposition du député de Saint-Jacques. Je vous ai
demandé, M. le Président, tout à l'heure, une directive
à savoir comment l'Opposition pourrait formuler une proposition qui
aurait pour double but d'enlever l'ambiguïté relativement au fait
qu'il n'y a qu'une seule langue officielle. Ou, si vous voulez, regardez-le de
l'autre point de vue, qu'il n'y a pas d'autre langue officielle au
Québec et, d'autre part, c'est le deuxième volet de la demande de
directive que je vous faisais, qu'il n'y ait pas d'accroc, si vous voulez, dans
le cadre de notre compétence, en ce qui concerne le cadre de la
compétence législative du Québec, à l'article 133.
Je vous ai demandé quelle pouvait être la formulation d'une telle
motion qui n'empiéterait pas sur les motions qui ont déjà
été proposées. M. le Président, c'est sans aucune
espèce de doute une de nos volontés premières et
indéfectibles, dirais-je, de voir à ce que ce point soit
précisé au moment de la discussion de cet article fondamental qui
est l'article 1.
On a vu toutes sortes d'attitudes; même à
l'intérieur du groupe ministériel, on a entendu au moins deux
sons de cloche. On aurait pu entendre probablement plus de deux sons de cloche
s'il y avait eu plus de députés qui s'étaient
exprimés sur le sujet. Mais jusqu'à maintenant j'ai entendu des
personnages aussi importants au sein du caucus que le premier ministre, le
ministre de l'Education et le ministre des Affaires culturelles affirmer d'une
part que dire que "la seule langue officielle au Québec, c'est le
français", cela veut dire la même chose que "la langue officielle
au Québec, c'est le français". J'ai entendu ce groupe de gens
dire cela.
J'ai également entendu, M. le Président, le ministre des
Affaires municipales nous dire autre chose, exprimer un certain nombre de
réticences à l'égard de cette affirmation. J'ai entendu le
député de Saint-Jean dire cela.
J'ai entendu, c'est peut-être cela le troisième son de
cloche, le député de Sainte-Anne, qui a voté contre le
projet de loi en deuxième lecture il faut se le rappeler
nous parler même de possibilité d'amender l'article 1 pour y
inclure l'anglais comme langue officielle. Et j'ai vu, M. le Président,
durant toutes nos interventions, le député de Sainte-Anne
j'espère que je ne le trahis pas, c'était public à ce
moment-là, il était sur la banquette rouge derrière les
sièges ministériels opiner du bonnet en faveur de ce que
les membres de l'Opposition disaient lorsqu'on demandait de clarifier, de
préciser le plus possible le projet de loi et, en particulier, l'article
1. Ce n'était peut-être pas dans le sens que nous voulons le
clarifier que le député de Sainte-Anne veut le clarifier, mais
peu importe, M. le Président. Il y a une chose qui est sûre autour
de cette table: l'article 1, on ne peut pas, comme tel, l'adopter dans sa forme
actuelle et cela nous prend, à mon avis, M. le Président, votre
opinion pour rédiger une motion qui sera, elle, jugée, recevable.
Comme je vous le mentionnais tout à l'heure, c'est un de vos
rôles, je pense, et vous m'avez approuvé là-dessus, de
diriger les membres de la commission, qu'ils soient les membres de l'Opposition
ou qu'ils soient les membres du côté ministériel, en vue de
faire passer le véritable message que tous les parlementaires veulent
faire passer au sein de cet article 1 qui, encore une fois, je le
répète et on ne le dira jamais trop souvent, est l'article
fondamental de ce projet de loi.
Cet article voudra dire quelque chose si on le précise. Cet
article aura des conséquences énormes. Si on ne précise
pas ces conséquences, on est en droit de dire dès maintenant, M.
le Président, qu'on peut douter dans quel sens elles vont affecter la
vie collective des Québécois. Si on le précise, d'autre
part, tous les Québécois sauront exactement où se situer
par rapport au projet de loi no 22.
On n'a pas, M. le Président, à vous convaincre et je pense
que l'attachement et l'intérêt que le député de
Saint-Jacques et le député de Sauvé, le chef de
l'Opposition, ont mis à l'audition publique des mémoires, d'une
part, et, d'autre part, l'intérêt que les membres de l'Opposition
ont mis à la discussion du projet de loi jusqu'à maintenant, je
pense que vous connaissez dès maintenant notre intérêt
relativement à ce projet de loi. H est important pour nous de savoir
exactement où nous allons.
Il est important que les ministériels nous disent autre chose que
ce qu'ils nous ont dit jusqu'à maintenant. S'il faut le faire par
l'entremise de motions, on va prendre le temps nécessaire poor que les
ministériels, en particulier, le premier ministre, fassent autre chose
que nous présenter ce panneau-réclame que constitue l'article 1.
Jusqu'à maintenant, le panneau-réclame nous dit ce qu'est le
produit, mais personne n'est sûr du produit. Personne n'a testé le
produit. Je le dis dans le sens légal du mot. C'est pour ça que
je voterai en faveur et que l'Opposition sera favorable à la motion du
député de Saint-Jacques en vue d'ajourner nos travaux
jusqu'à demain. J'ajoute...
M. HARDY: Je retire.
M. BURNS: Pardon? Excusez, vous dites?
M. HARDY: Je pensais que vous aviez terminé.
M. BURNS: Non. Je dis, M. le Président, qu'en plus de ça,
même s'il y a eu un ajournement de fin de semaine, même si les
membres de la commission ont pu, brièvement, je dis brièvement,
se reposer, prendre quelques heures de repos, je pense que, quand on est rendu
à des points aussi fondamentaux, aussi centraux, aussi majeurs que celui
qu'on discute actuellement, il n'est que normal qu'aux environ de 11 h 30 ou 11
h 45, on ajourne. C'est pour ça que le député de
Saint-Jacques a fait sa motion vers 11 h 40 ou 23 h 40. Cela nous permettra, de
part et d'autre, de réexaminer la situation eu égard aux
décisions que vous avez prises ce soir, que vous avez rendues. De votre
côté, possiblement, M. le Président, je ne dirais pas que
vous pourrez réviser votre décision, parce que, comme vous le
savez, je ne peux pas vous demander de réviser votre décision, je
ne peux pas en appeler. Je vous ai dit tout à l'heure, dès que je
vous ai demandé une directive, que je n'avais nullement l'intention de
le faire, même si j'en avais eu le droit. Je me soumets à votre
décision, bien que ce ne soit pas tellement de bon gré. Cela vous
permettra, à vous aussi, de réexaminer la situation à la
lueur de l'objectif au moins de l'Opposition, cet objectif étant de
mettre véritablement devant la population le véritable sens, le
fond de l'article 1. Si vous me dites que l'article 1 a plus ou moins
d'importance, si un ministre, du côté du gouvernement, que ce soit
le ministre de l'Education ou le premier ministre ou le ministre des Affaires
culturelles ou même, à la rigueur, le sympathique ministre d'Etat
aux sports et aux loisirs, nous disait que ce n'est pas important, que c'est un
article secondaire, M. le Président, on sera tout près à
ce moment-là d'examiner d'autres articles.
Mais selon nous, et jusqu'à preuve du contraire, on
considère que l'article 1 est suffisamment fondamental, M. le
Président. "Il est minuit, Dr Schweitzer".
M. HARDY: Vous allez aller vous reposer...
M. BURNS: Alors on va aller se reposer, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain après la période des questions.
(Fin de la séance à 23 h 58)