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Education Bills 56 et 61
(Dix heures six minutes)
M. PROULX (président du comité): A l'ordre, messieurs!
Etant donné que la séance peut durer quelques heures, si
les personnes qui sont debout veulent s'asseoir de chaque côté,
elles sont les bienvenues. Nous leur demanderons peut-être de passer de
l'autre côté.
M. Laliberté, vous êtes le bienvenu!
Parce que cette séance peut durer trois heures...
Il y a au moins trente organismes qui ont demandé à
être entendus.
A l'ordre, messieurs!
Le comité de l'Education est heureux de vous recevoir ce matin,
vous des 29 organismes... Peut-être y en a-t-il quelques-uns qui ne sont
pas encore inscrits. Nous suivrons un ordre qui a été bien
établi. Nous demanderons à chacun des organismes qui veulent
présenter un mémoire de le faire pendant environ dix minutes,
étant donné le très grand nombre...
M. LESAGE: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Dix à quinze minutes.
M. LESAGE: Je pensais que c'était seulement à l'Opposition
qu'on appliquait le bâillon!
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas un bâillon.
M. LOUBIER: Ne commencez pas la chicane ce matin. Nous étions de
bonne humeur.
M. LE PRESIDENT: L'esprit, ce n'est pas d'expédier...
étant donné qu'il y a trente organismes au moins, d'autres encore
ont demandé d'être entendus. Peut-être y en aura-t-il
quarante. Nous devons limiter le temps à ce comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes de mauvaise humeur ce
matin?
M. LESAGE : Non pas après vous avoir entendu à la
télévision hier soir, je ne peux pas être de mauvaise
humeur!
M. CARDINAL: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je laisse la parole au ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, je voudrais tout d'abord souhaiter
la bienvenue à tous les organismes qui ont voulu dans le passé,
ou qui veulent faire aujourd'hui des représentations au sujet de ces
deux projets de loi, c'est-à-dire le projet de loi 56 : Loi de
l'enseignement privé de formation générale et de
l'enseignement privé pour l'enfance inadaptée, et le projet de
loi 61: Loi de l'enseignement privé professionnel, par correspondance ou
de culture personnelle.
Je désirerais très brièvement rappeler, tout
d'abord, que mon prédécesseur qui est maintenant premier
ministre l'honorable Jean-Jacques Bertrand, a constitué un
comité pour lui faire des recommandations au sujet d'une loi-cadre de
l'enseignement privé. Ce comité a tenu quinze sessions du 25
octobre 1967 au 7 février 1968. C'est-à-dire que
déjà, devant ce comité, plusieurs groupes
représentatifs ont pu faire entendre leur point de vue. Ce comité
a transmis ses recommandations au ministre de d'Education et deux textes de loi
ont été préparés.
Tout de suite, nous pouvons soulever la question: Est-ce qu'il faut
deuxtextesou un seul texte, et jusqu'à quel point doivent-ils ou doit-il
être amendé?
L'une de ces lois, le projet de loi concernant l'enseignement
général, autorise le ministre de l'Education à
déclarer d'intérêt public toute institution d'enseignement
privé qui dispense l'enseignement général ou
l'enseignement à l'enfance inadaptée, afin de verser à ces
institutions des subventions qui permettront à un groupe d'institutions
privés d'exister concurremment avec le réseau d'institutions
publiques.
L'autre projet de loi-cadre prévoit que les institutions qui
donnent certains enseignements par correspondance, ou professionnels ou de
culture personnelle, devront, à l'avenir, obtenir un permis pour le
faire. Il s'agit, dans le premier cas, de tenter d'aider les institutions
privées d'enseignement général et, dans le deuxième
cas, d'ordonner tout ce secteur des écoles privées
professionnelles, par correspondance ou de culture personnelle.
Nous sommes heureux d'accueillir tous ces gens qui sont
intéressés à l'enseignement. Nous écouterons avec
beaucoup d'attention et de sympathie leurs représentations; le
gouvernement verra ensuite à ajuster ces projets de loi selon les
représentations qui auront été faites. Alors, je suis donc
heureux de céder la parole aux représentants des nombreuses
associations, des nombreux groupes qui ont désiré se faire
entendre devant ce comité. Merci, M. le Président.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais souhaiter la bienvenue
aux représentants des très nombreux organismes qui nous visitent
ce matin, et cela, au nom de l'Opposition libérale à
l'Assemblée législative.
Le ministre de l'Education vient de donner, en quelques mots, des
explications sur les objectifs généraux de chacun des deux
projets de loi qui sont à l'étude à ce comité. Je
n'ai pas l'intention, pour ma part, à ce moment-ci, de discuter le
mérite, le principe ou même encore moins, devrais-je dire
les détails des projets de loi.
Quant à nous, nous avons l'esprit ouvert. Nous considérons
qu'il est essentiel de maintenir au Québec un réseau
d'institutions d'enseignement privé qui peuvent vivre convenablement.
Nous serons heureux d'entendre les représentations, les explications,
les prises de position de ceux qui se dont donné la peine de
préparer des mémoires ou encore, de venir ici pour faire valoir
leurs points de vue.
Nous sommes, quant à nous, très bien disposés;
notre seul objectif est de servir le bien commun, le bien de la
communauté, le bien du Québec, le bien de nos enfants et aussi le
bien de tous ceux qui veulent accroître leurs connaissances.
M. LE PRESIDENT: Je vais mentionner, tout de suite, les cinq premiers
qui passeront pour que les gens puissent se préparer.
Le premier organisme sera la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec.
Le deuxième, la Corporation des enseignants du Québec.
Le troisième, l'Association des parents catholiques du
Québec.
Le quatrième, la Confédération des syndicats
nationaux.
Le cinquième, le Congrès juif canadien.
Je demande en premier lieu à la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec de prendre la parole.
Deuxièmement, à chaque organisme, les membres du comité
m'ont demandé que vous identifiez le bill sur lequel vous voulez parler.
Ou le bill 56 ou le bill 61. Cela nous aiderait immédiatement pour
comprendre et nous situer dans l'exposition de votre mémoire.
La FCSCQ, s'il vous plaît. Je demanderais aussi à la
personne qui parlera de s'identifier et de donner son nom immédiatement.
La Fédération des commissions scolaires catholiques.
M. LESAGE: M. le Président...
M. CARDINAL: Ni le ministre, ni le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Les deux ministres et le chef de l'Opposition n'ont pas de
copies des mémoires...
M. CARDINAL: ... alors que les députés en
possèdent.
M. LESAGE: Discrimination!
M. LE PRESIDENT: Ah, jamais! Ce n'est pas le bâillon, ici. C'est
la démocratie.
M. LESAGE: Je n'ai pas parlé de bâillon. J'ai parlé
de discrimination. Le bâillon, c'est une autre affaire.
M. LE PRESIDENT: Les deux membres importants de notre
comité...
M. LESAGE: Les trois...
M. LE PRESIDENT: Les trois. Les plus importants!... Qu'ils prennent des
copies...
M. LESAGE: Pas des bills; des mémoires!
M. CARDINAL: Ça s'en vient!
M. LE PRESIDENT: ... du mémoire.
M. LESAGE: Voyez-vous, on a distribué aux députés
les copies des mémoires.
UNE VOIX: On est en train de les distribuer. M. LESAGE: Je ne critique
pas.
M. LE PRESIDENT: Je demande donc à la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec, à son
représentant, de prendre la parole. Est-elle
représentée?
Deuxièmement, je demande à la Corporation des enseignants
du Québec de prendre la parole, s'il vous plaît, et à son
représentant de s'identifier. Nous sommes rendus au numéro 2.
La CEQ
M. LALIBERTE: Raymond Laliberté, président de la CEQ.
M. le Président, j'aimerais d'abord indiquer que le gros de
l'intervention que la CEQ doit faire ne sera pas fait par moi, mais par M.
Léonce Pelletier, notre directeur général, qui prendra la
parole tout de suite après et qui a eu l'avantage il sera mieux
en mesure de porter des critiques précises de travailler au sein
du comité consultatif ou du comité de planification. Il a
travaillé sur cette loi-là.
J'aimerais, au point de départ, faire la déclaration
générale qui suit. Je parle tout autant...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que votre organisme a un mémoire, M.
Laliberté?
M. LALIBERTE: Non, malheureusement, nous n'avons pas pu présenter
le texte d'un mémoire. Mais à partir de ce que nous dirons ce
matin, nous pourrons constituer cependant un texte que nous pourrons faire
parvenir aux membres du comité, pour leurs délibérations
à venir.
Je ne pense pas que vous terminerez ce matin j'imagine vos
délibérations là-dessus.
M. le Président, au point de départ, il y a un grand
principe que nous aimerions faire connaître aux membres de ce
comité. Tout d'abord, nous reconnaissons aux personnes et aux
institutions le droit de tenir ou de fonder des maisons d'enseignement
privée ou autonome, pour autant que les exigences du bien commun et de
l'ordre public sont sauves.
Nous acceptons également que l'Etat subventionne ces institutions
privées, mais selon des normes qui soient les mêmes que celles qui
existent dans le secteur des institutions publiques.
Nous nous opposerions cependant à ce que l'Etat subventionne
aussi les institutions privées qui ne seraient pas
déclarées d'intérêt public comme par ailleurs le
projet de loi 56 le prévoit aux articles 16 et 17.
Ce que nous voulons dire par ces trois déclarations
préliminaires, c'est que nous reconnaissons qu'il puisse exister, dans
notre société, des institutions privées. Nous
reconnaissons que certaines d'entre elles peuvent être effectivement
utiles à l'ensemble de la société. Que l'ensemble de la
société subventionne ces institutions-là, dans le projet
de loi, cela nous plaît: elles sont appelées institutions
d'intérêt public. Mais nous ne voyons pas, par ailleurs, pourquoi
l'ensemble de la société devrait subventionner les autres types
d'institutions qui, elles, sont strictement à caractère
privé et ne sont pas des institutions déclarées
d'intérêt public. Personne ne peut empêcher qui que ce soit
de fonder des institutions d'enseignement privé dans le Québec.
Mais il n'est pas assuré automatiquement que l'ensemble des
contribuables du Québec doivent aider à la vie, à
l'existence de ces organismes-là.
C'est à partir de ces trois déclarations
préliminaires, qui sont peut-être des principes en fait, en tout
cas des principes chez nous, que portera notre intervention, ce matin, M. le
Président. Avec votre permission, j'inviterais M. Pelletier, maintenant,
à faire des remarques plus précises sur l'ensemble des deux
bills.
M. PELLETIER: M. le Président, le ministre de l'Education, tout
à l'heure, a rappelé que M. Bertrand, lorsqu'il était
ministre de l'Education, à l'automne 1967, avait constitué un
comité consultatif. Ce comité consultatif était
présidé par Mlle Thérèse Baron, qui était
sous-ministre adjoint au ministère de l'Education, et le
secrétaire était M. Robert Blais, de la direction
générale de la planification. Il y avait six fonctionnaires qui
étaient membres consultants et une quinzaine de personnes venant
d'associations d'enseignants du secteur privé et du secteur public,
d'associations de parents, d'étudiants et de représentants de
maisons d'enseignement.
A la première séance du comité, le 25 octobre 1967,
le ministre de l'Education d'alors, M. Bertrand, a prononcé une
allocution. Il a informé les membres de son intention de soumettre un
projet de loi-cadre des institutions privées. Il a précisé
le rôle du comité qui était de l'assister dans
l'élaboration de cette importante législation. Il a
indiqué aux membres dans quelle perspective ils devaient travailler
à l'élaboration de cette loi-cadre.
Dans la précision du mandat, je souligne que l'on devait
préparer le texte d'une loi-cadre pour que dorénavant les
institutions privées prennent place dans un plan de développement
scolaire cohérent et organique.
C'est dans cette optique que le comité a travaillé au
cours des quelque quinze réunions qu'il a tenues. Il a remis son rapport
au ministre de l'Education, M. Cardinal, le 15 février 1968, et rien
dans ce document ne laissait prévoir qu'il conduirait à la
rédaction de deux projets de loi-cadre.
J'ai relevé les principes et les directives que nous avait
donnés le ministre de l'Education. Je signale la nécessité
de définir le rôle des institutions privées, non pas
à la lumière de ce qu'elles ont été, mais à
la lumière de ce qu'est devenu, maintenant, le secteur public.
Repenser tout le problème de l'existence et du rôle des
institutions privées d'enseignement à la lumière des
politiques générales que le gouvernement du Québec a mises
en vigueur depuis quelques années et les intégrer dans un plan
cohérent et organique. Procéder à une définition de
leur statut juridique, de leur système pédagogique, de leur
régime administratif et de leur mode de financement.
Voici maintenant quelques commentaires, quelques remarques que nous
formulons après
avoir pris connaissance des deux projets de loi-cadre. En
présentant deux projets distincts de loi-cadre, le bill 56 sur la
formation générale et le bill 61 pour l'enseignement
professionnel, le gouvernement tout au moins ignore le principe de la
polyvalence dans le secteur de l'enseignement privé. Il compromet la
coordination qui doit exister entre le secteur privé et le secteur
public. La polyvalence étant rendue impossible dans le secteur
privé à moins que les institutions puissent jouer sur les deux
lois, le système scolaire du Québec n'aura pas la
cohérence qui lui assurait le projet unique préparé par le
comité consultatif du ministère de l'Education.
Je ne vois pas là comment on pourrait instituer un collège
d'enseignement général et professionnel dont on trouve
l'équivalent dans le secteur public. Et je pense que beaucoup de grands
collèges de grands collèges privés -pourraient
devenir des collèges d'enseignement général et
professionnel mais à caractère public.
Deuxième remarque: le bill 61, celui qui va régir les
écoles de formation professionnelle constitue une discrimination
à l'égard de l'enseignement professionnel qui ne pourra
être déclaré d'intérêt public ou être
subventionné comme l'est l'enseignement de formation
générale. Nous croyons au contraire qu'il est urgent de
revaloriser aux yeux des élèves et du public l'enseignement
professionnel dispensé dans les deux secteurs. Déprécier
cet enseignement dans le secteur privé, c'est aussi le discriminer dans
le secteur public, au moment où il faut inverser la proportion
d'élèves qui s'orientent vers la formation professionnelle au
détriment de ceux qui s'orientent vers la formation
générale. Je pense qu'une législation ne devrait pas venir
entraver cette opération déjà difficile.
Le rapport du comité consultatif contenait une section qui
traitait de la protection des élèves. Dans le bill 61 pour
l'enseignement professionnel, la section 4 assure cette protection mais nous ne
trouvons pas l'équivalent dans le bill 56. Le bill 56 s'applique trop
exclusivement aux institutions privées des niveaux secondaire et
collégial, même si selon les articles 33 et 34, les institutions
des niveaux préscolaire et élémentaire doivent dispenser
un enseignement approuvé par le ministre; elles sont excluses des
articles où l'on prévoit des subventions. Pourquoi cette
discrimination entre les niveaux d'enseignement élémentaire,
secondaire et collégial? En vertu de quel principe les écoles
normales privées relèvent-elles de la loi de formation
générale et de l'enseignement à l'enfance inadaptée
plutôt que de la loi de l'enseignement professionnel? De deux choses
l'une, ces écoles préparent directement leurs
élèves à une profession d'enseignement et dispensent un
enseignement professionnel, elles donnent un enseignement général
et leurs diplômés ne sont pas spécifiquement aptes à
l'enseignement.
Ce ne seraient alors plus des écoles normales. Ne
répondent-elles pas, plutôt, à la définition
d'enseignement professionnel donnée dans le bill 61? Je lis: «
L'enseignement qui a pour but immédiat de préparer à
l'exercice d'une profession ou d'un métier ». La définition
ou leur définition des écoles normales est dans le bill 61, et la
législation qui va les régir est dans le bill 56. Cela nous
apparaît comme une nouvelle incohérence»
Une loi-cadre a un caractère de permanence. Nous ne croyons pas
qu'elle doive contenir des montants fixes de subventions tel que
spécifié aux articles 16 et 17 du bill 56. La valeur de ces
montants est trop relative, et nous préférons la formule
suggérée par le comité consultatif sous le titre «
Régimes financiers ». En effet $350, cette année, quelle
valeur aura ce montant dans cinq ans? Il faudra amender les lois au moins
annuellement.
L'article suivant, M. le Président, a déjà
donné l'orientation ou la position de corporation: c'est
reconnaître les écoles privées. Mais je veux signaler notre
réticence à l'effet de subventionner des écoles qui ne
seraient pas déclarées d'intérêt public.
Les articles 40 du bill 56 et les articles 36 du bill 61, tels que
rédigés, perpétuent les problèmes de sous-contrats
qu'on a connus dans les écoles publiques. II s'agit de donner, par
sous-contrats, des tâches, des fonctions, une partie de l'enseignement,
à des groupes ou encore à des associations ou à des
entreprises. Souvent on se sert de cette possibilité pour
détourner l'application d'une convention collective. Alors, tels que
rédigés, nous croyons qu'on perpétue cette
possibilité. Des corporations scolaires, privées ou publiques,
pourraient se servir de cet article pour contourner la convention collective
qui s'applique à leur personnel. Nous ne sommes pas contre le principe
des contrats de services, mais leur application doit être
conditionnée.
Compte tenu de ces remarques parce que nous voulons que les
institutions privées d'enseignement professionnel et
général s'intègrent dans un plan de développement
scolaire cohérent et organique et aussi parce que nous prétendons
que le développement rationnel de notre système scolaire
nécessite une plus grande coordination entre le secteur public et le
secteur privé nous recommandons que les deux
projets de loi, les bill 56 et 61, soient retirés, qu'ils soient
refondus en un seul projet, que les responsables de cette opération
s'inspirent davantage des principes contenus dans le discours prononcé
par M. J.-Jacques Bertrand au comité consultatif de la loi-cadre des
institutions privées le 25 octobre 1967 et principes appliqués
dans le rapport présenté par le comité,, Merci.
M. CARDINAL: Je n'ai pas l'intention de faire une intervention, à
chaque mémoire, je veux simplement rappeler ce que j'ai dit ce matin
parce qu'on vient d'en parler que le gouvernement indique
d'avance qu'il serait disposé à n'avoir qu'un seul texte de loi
si ça s'avérait judicieux après toutes les interventions
qui seront faites devant ce comité.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Ministre. Je remercie M. Léonce
Pelletier. Je demanderais aux représentants de l'Association des parents
catholiques du Québec d'adresser la parole, s'il vous plaît!
En attendant, peut-être...
Il faudrait un huissier pour appeler les gens!
M. LESAGE: A haute et intelligible voix!
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des membres de l'Association des
parents catholiques du Québec ici?
UNE VOIX: Oui, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Merci, nous attendons.
En attendant, est-ce qu'il y a des membres de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
qui sont ici?
Votre nom, s'il vous plaît.
M. BOUCHARD; Louis Bouchard.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez un mémoire, M.
Bouchard?
M. BOUCHARD: Nous avons un mémoire écrit.
M. LE PRESIDENT: Ecrit en plusieurs copies?
M. BOUCHARD: En plusieurs copies, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'est bien, c'est beau. M. Bouchard, on vous laisse la
parole, on vous la donne!
L'APCQ
M. BOUCHARD: Si vous permettez, je vais d'abord demander à
quelqu'un qui a des copies du mémoire de voir à les distribuer.
Madame, voulez-vous vous en charger? Demandez à Mme Dermine d'apporter
les copies du mémoire.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous commencer, M. Bouchard, quand même,
s'il vous plaît?
M. BOUCHARD: Oui, M. le Président M. LE PRESIDENT: Merci.
M. BOUCHARD: Je veux d'abord adresser, au nom de l'Association des
parents catholiques du Québec, nos sincères remerciements au
gouvernement qui donne aux différents groupes de la population
l'occasion de s'exprimer sur cette loi importante qui touche le domaine de
l'éducation.
Je veux signaler qu'il s'agit pour nous, dans notre esprit, d'une loi
très importante, l'une des plus importantes encore qui ait passé
devant la Chambre, puisqu'il s'agit de l'une des libertés les plus
fondamentales et les plus intimes de la personne humaine, c'est-à-dire
le choix de l'éducation.
Je signale en passant à ce sujet qu'on ne donne pas un choix aux
parents, aux contribuables, aux différents groupes par le seul fait
qu'on crée des comités scolaires autour des écoles ou des
ateliers pédagogiques, ou encore par le fait qu'on crée des
écoles qui donnent un éventail d'options.
La liberté de l'éducation, c'est beaucoup plus que cela.
C'est un choix sur des types d'éducation, sur une philosophie de
l'éducation qui doit être le reflet des volontés, des
légitimes aspirations de la population. On n'a pas cela par les
comités scolaires ou par les ateliers pédagogiques, ni par les
éventails d'options dans les écoles de type nouveau.
Troisième point que je tiens à signaler: nous n'entendons
pas, par nos positions, réclamer dans toute la province, à
proximité de chaque famille, deux écoles, l'une publique et
l'autre privée, pour offrir aux familles un choix d'écoles. Cela
serait de l'utopie pure sinon de l'ineptie. Ce n'est pas cela notre
engagement.
Il s'agit, au contraire, de savoir si nous sommes assez riches pour
déclarer inutile tout un réseau d'institutions qui existent en
plusieurs régions et de courir le risque d'édifier un type unique
d'écoles, dites publiques, un type unique d'éducation qui serait
le type conçu par le ministère de l'Education avec le risque que
cela
comporte pour la qualité et pour la liberté de
l'éducation.
Je signale, à ce sujet, des faits déplorables dont je
n'accuse nullement, individuellement, les députés ou les
ministres, parce que souvent ils ignorent une grande partie des faits et des
procédés. Mais je signale quand même que plusieurs des
institutions privées ont déjà été
dépossédées par des procédés pour le moins
discutables quant à la loyauté et même à
l'honnêteté. Elles ont été
dépossédées absolument contre les désirs des
parents et de tout le milieu qu'elles servaient déjà. Elles ont
été dépossédées contre les
intérêts des jeunes qui les fréquentaient, parce que les
services dans ces institutions étaient excellents. Elles ont
été dépossédées contre les
intérêts des contribuables. Nous ne pensons pas toujours aux
parents seulement, nous pensons aussi aux contribuables. Elles ont
été dépossédées contre les
intérêts des contribuables parce que les services que l'on veut
édifier après cette dépossession coûtent beaucoup
plus cher et ils ne sont nullement améliorés dans le
système nouveau.
Donc, l'enjeu de cette loi-cadre pourrait peut-être se
présenter un peu comme ceci: à quel taux allons-nous placer pour
la population la seconde taxation, l'injuste taxation, pour les parents, pour
les groupes qui tiennent à la liberté dans le choix d'une
éducation? A ce sujet c'est une information de fait dans
un CEGEP que je connais, où j'ai eu des informations, le coût de
l'enseignement par élève est de $1,300 par élève.
Quant on parle de gratuité de l'enseignement, maintenant tout le monde
sait que nous parlons d'une chose qui est fort discutable quant au mot, quant
au terme. Voilà pourquoi la Fédération des commissions
scolaires catholiques de la province, dans l'un des voeux de son congrès
récent, a adopté ceci: que l'on bannisse les mots «
gratuité de l'éducation ». Il n'en est plus question.
Ceci pour signaler tout simplement qu'il ne s'agit pas de savoir si nous
sommes d'accord avec ce qu'on a appelé la gratuité de
l'enseignement. Mais c'est à tort que nous assimilons le mot
gratuité avec école publique. C'est parce que nous avons voulu
que la gratuité ne soit le fait que des écoles dirigées
par l'Etat ou le ministère de l'Education. C'est une formule tout
simplement. Mais d'autres écoles que nous appelons indépendantes
ou privées qui sont accréditées, qui sont
contrôlées, dont les enseignants sont qualifiés selon les
normes, les mêmes normes que le service dit public, eh bien, elles
donnent aussi un service public.
Je signale qu'à notre point de vue, si un parti politique
sérieux a déjà placé à son program- me, au
chapitre de l'éducation, la subvention rattachée à
l'élève et établie en parité avec le secteur
public, nous sommes convaincus que c'est parce qu'il savait d'abord quelle
était la volonté de la population à ce sujet. Nous sommes
convaincus, de plus, que c'est ça qui est la justice et non autre chose,
que c'est en accord avec tous les principes universellement reconnus, à
commencer par la déclaration des droits de l'homme. C'est pour cela
qu'il l'a placé à son programme. Ce n'est pas parce qu'un parti
l'a placé à son programme que nous tenons à ce principe,
c'est au nom de la justice et de la liberté.
Beaucoup d'autres indices prouvent que telle est bien la volonté
de la population intéressée et impliquée au Québec.
Notre association a fait de nombreuses consultations dans toute la province; le
désir le plus unanimement exprimé a été qu'une
école ou une institution privée ou indépendante
appelons-la comme on le voudra qui donne un service parfaitement
contrôlé, égal à toute école dirigée
par une commission scolaire, obtienne des subventions établies en
parité avec le secteur public. Il y aura peut-être des
accommodements à faire. Mais, il reste que je ne veux pas prolonger trop
longtemps ce bref exposé: je donne la parole à la
vice-présidente de notre association, Mme Adéline Mathieu qui a
siégé au comité consultatif de la loi-cadre, qui s'est
spécialisée dans l'étude pratique et concrète du
projet de loi qui est actuellement à l'étude. Elle va vous dire
en termes clairs, précis et concrets, quels sont les trois points sur
lesquels nous insistons dans les amendements que nous réclamons au sujet
de cette loi-cadre des institutions privées.
Alors, je vous remercie, M. le Président. J'ai peut-être
été un peu plus long que vous l'eussiez désiré, je
m'en excuse. Je cède la parole à Mme Adéline Mathieu.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Bouchard. Je comprends votre
enthousiasme mais il y a des règlements où on demande de ne pas
manifester durant les comités parlementaires. Puis-je vous demander de
contenir votre enthousiasme?
Mme Mathieu, s'il vous plaît.
MME MATHIEU: M. le Président, MM. les députés,
chers parents qui êtes ici si nombreux ce matin, j'espère
être votre porte-parole, j'espère rendre justice à tous les
parents qui ont mis leur confiance en moi.
Le 25 octobre 1967, M. Jean-Jacques Bertrand, alors ministre de
l'Education, invitait officiellement un groupe de personnes à
repré-
senter différents corps intermédiaires pour
préparer une loi-cadre pour les institutions privées. Nous avons
travaillé pendant plusieurs semaines sur ce projet. Nous y avons mis le
meilleur de nous-mêmes. Aujourd'hui, nous concrétisons ce
désir d'une certaine façon.
Nous sommes aussi un peu déçus parce que certaines
recommandations qui nous tenaient bien à coeur ont été
changées relativement au bill tel que présenté
aujourd'hui. Tel que présenté le bill 56,
particulièrement, est une amélioration sur ce que nous avions, je
le crois dans l'ensemble, mais il reste qu'il y a de très graves
défaillances. Certaines interprétations du texte pourraient
provoquer des situations que les parents ne veulent absolument pas.
Je commence par le point qui nous paraît primordial: la
déclaration d'intérêt public. Le vice de fond
à notre avis du bill 56, est la déclaration
d'intérêt public qui ne sera accordée qu'à un
certain nombre d'institutions, à la lumière de critères et
de règlements que nous ne connaissons pas»
Selon nous, toute institution qui dispense l'enseignement
général, toute institution qui est reconnue par le
ministère de l'Education est d'intérêt public Dans le
Québec, l'enseignement est obligatoire, la scolarité est
obligatoire jusqu'à seize ans. Les jeunes doivent fréquenter
l'école.
Tous les contribuables paient des taxes, et nous considérons que
l'enseignement général, c'est un service public. Qu'il soit
donné par le secteur public ou le secteur privé, il reste
toujours un service d'intérêt public. Alors là, à
notre avis, il y a une grave erreur. Si l'on doit éliminer certaines
maisons d'enseignement parce qu'elles n'ont pas les critères requis, on
doit le faire par règlement et non par déclaration
d'intérêt public.
Dans la loi telle que rédigée, ce jugement de valeur
pourrait prêter à toute sorte d'interprétations. « Le
ministre, ou à sa demande la commission, doit vérifier le
bien-fondé de la requête à la lumière des besoins
scolaires du territoire desservi par l'institution ». Que faut-il
entendre par ces besoins scolaires? Supposons qu'une commission scolaire, dans
une région donnée, ait suffisamment de
places-élèves pour répondre au besoin
démographique, les institutions privées de cette région ne
pourraient pas être reconnues d'intérêt public. La
liberté de choix de la famille, première intéressée
quand il s'agit de l'enfant, sera subordonnée au seul jugement de
l'Etat. D'autant plus que très souvent, nos institutions privées
ne sont pas au service uniquement d'une région, mais sont très
souvent des pensionnats qui offrent des services à des régions
avoisinantes.
A ce moment-ci, les parents se posent des questions et sont très
inquiets. Cet article 12 peut aussi être interprété d'une
autre façon. Ainsi on lit: « Le ministre peut, après avoir
obtenu l'avis de la commission, déclarer d'intérêt public
une institution qui, en raison de l'enseignement qu'elle donne, de la
compétence de son personnel et des méthodes pédagogiques
qu'elle utilise, et suivant les autres critères qui sont
déterminés par règlement, assure des services de
qualité ». A ce titre, la déclaration
d'intérêt public pourrait n'être accordée qu'à
une institution ayant une vocation particulière: école pilote,
école pour enfants exceptionnels. Alors, à ce moment-là,
l'école qui donne l'enseignement général ne serait pas
considérée comme d'intérêt public.
C'est la voie ouverte à la discrimination, aux privilèges.
C'est une menace d'injuste pénalité pour les parents qui auraient
choisi tel milieu d'enseignement plutôt que tel autre. Pourquoi souvent
une maison ne sera pas reconnue d'intérêt public? Parce qu'elle
n'a pas les moyens financiers pour se donner les services, bibliothèque,
etc., qui pourraient peut-être la faire déclarer
d'intérêt public, ou encore parce qu'elle est située dans
un milieu qui n'est pas aussi favorisé au point de vue de la fortune.
Alors l'institution ne peut pas demander aux parents des frais de
scolarité aussi élevés et, par le fait même, elle
n'offre pas les mêmes avantages. Elle n'est pas aussi courue, si vous
voulez.
Alors, l'institution privée, dans une situation comme
celle-là, à notre avis, quand nous lisons le texte, court de
grandes chances de n'être pas déclarée
d'intérêt public alors que, malgré tout, elle rend de bons
services et qu'elle pourrait les améliorer si elle recevait des fonds
suffisants.
Alors, pour la reconnaissance d'une institution comme étant
d'intérêt public, je crois avoir dit ce qui nous inquiète
le plus, nous, les parents, face au texte tel que rédigé.
Maintenant, au sujet des subventions. Dans le préambule, on dit
bien que cette liberté des parents, ce choix doit être
accompagné d'un choix effectif. Il faut que les parents soient
réellement en mesure de choisir. Si les conditions matérielles
d'existence sont assurées, l'institution pourra survivre. Sinon, dans le
contexte actuel, comment peut-elle survivre il est bien beau de faire de
grandes déclarations de principe si, dans les faits, on pose des
actes qui rendent les principes inapplicables?
Autrefois, les parents pouvaient payer une scolarité, les taxes
scolaires n'étaient pas tellement élevées. Mais nous
savons très bien, nous savons que ce sera encore plus grave. Les
taxes scolaires sont appelées à augmenter continuellement.
Alors l'institution privée, dans bien des cas, ne sera plus accessible
qu'aux enfants de députés, de ministres et d'industriels, et la
moyenne des gens, les pauvres, les ouvriers, ne pourront pas accéder
à l'institution privée.
Vous savez, parfois, les parents se posent des questions. On dit: Les
institutions privées, certains vont s'en garder quelques-unes parce
qu'eux peuvent. Il en restera suffisamment pour ceux qui pourront payer des
frais de scolarité élevés. Mais, pour les autres, la
moyenne des gens qui actuellement font de gros sacrifices, croient à cet
enseignement, qu'est-ce qui leur est réservé dans l'avenir, avec
le texte tel que rédigé?
Alors nous voulons que ce soit réellement la
démocratisation de l'enseignement dans le vrai sens du mot. Si nous
prenons le texte tel que rédigé, la maison qui ne serait pas
déclarée d'intérêt public, aurait droit à une
subvention de $350 au secondaire et $550 au niveau préuniversitaire.
Je vous avoue que cette façon de procéder pour
éliminer les institutions privées ne me paraît pas digne
d'un gouvernement réellement démocratique. Je suis sûre que
vous allez y repenser parce que nous vous donnons notre confiance.
Si vous décidez réellement de fermer des institutions,
faites-le bravement, faites-le face à la population, faites-le par des
règlements; mais ne le faites pas par asphyxie, par le mort lente. C'est
une grave injustice. Elles continueront, les institutions, de mourir les unes
après les autres. Etudiez les statistiques, vous voyez combien elles
disparaissent les unes après les autres. Alors soyons francs, mettons
les cartes sur la table. Si nous voulons déclarer d'intérêt
public, uniquement quelques maisons d'exception, si nous voulons, goutte
à goutte, les faire disparaître, disons-le franchement. Mais ne
procédons pas de cette façon. Il n'y a pas d'institutions
privées au Québec qui pourront subsister avec une subvention de
$350 au secondaire et de $550 au niveau préuniversitaire.
Regardez les coûts actuels dans le secteur public: au secondaire
$850 par élève, et vous savez que les écoles polyvalentes
ne sont pas construites dans la moitié des régions actuellement.
Alors, soyons réalistes. Au niveau préuniversitaire, le
coût moyen dépasse les $1,000 et atteint souvent $1,200. Comment
voulez-vous qu'une institution privée, qui veut donner des services
raisonnables, puisse réellement survivre dans des conditions
semblables?
Alors, il faut absolument donner aux institutions des subventions qui
leur permettent réellement de tenir le coup et de servir la
population.
Certains nous diront: Le gouvernement n'a pas l'argent pour financer les
institutions privées. Encore là, on peut alléguer des
raisons comme celles-ci, mais elles ne trompent personne dans le contexte
actuel.
Depuis que les collèges classiques sont devenus des corporations
publiques, quelles économies avons-nous réalisées?
Où sont allés les jeunes qui fréquentaient ces
collèges privés, sinon dans les CEGEP? Et quel montant,
actuellement, le gouvernement accorde-t-il à ces étudiants?
Dans la régionale de Chambly, par exemple, au niveau secondaire,
pour l'année 1966-1967 6,625 élèves, répartis dans
quatre institutions privées, sont passés au secteur public. Qui
paie pour leurs frais de scolarité, actuellement sinon l'Etat?
Il nous reste, actuellement, 800 élèves en institutions
privées. Toutes les institutions qui ont tenu le coup attendent le
verdict de la loi-cadre pour prendre une décision dont dépendra
leur survie ou leur disparition.
De plus, l'Etat, par le truchement des contrats d'associations, accepte
de payer la totalité des frais de scolarité. Les parents
s'expliquent mal ce tour de passe-passe. Si l'institution reste privée,
l'Etat n'a pas d'argent pour la subventionner. Si elle accepte de
s'intégrer au secteur public, l'Etat trouve le moyen de la financer sans
difficulté. Dans le langage des parents, cela s'appelle
étatisation de l'enseignement ou même, parfois l'on va
jusqu'à dire monopole d'Etat.
Maintenant, pour ce qui est de l'autonomie de l'institution
privée, nous voulons des subventions qui lui permette de vivre, et nous
voulons aussi que l'institution privée ait une autonomie
véritable.
L'institution privée doit conserver une entière
liberté dans le choix de son personnel selon les normes et les
qualifications prévues par la loi. Elle doit garder son autonomie dans
l'orientation pédagogique, la possibilité de choisir ses
élèves conformément à la vocation de
l'institution.
Les parents mettent tout leur espoir dans cette loi-cadre pour les
institutions privées. Tous sont intéressés, directement ou
indirectement, à sauvegarder ces droits essentiels en éducation:
liberté des parents, liberté du personnel enseignant,
liberté des citoyens.
Toute atteinte à une liberté est une atteinte à la
liberté, et toute atteinte à la liberté est une atteinte
à la liberté de chacun des citoyens.
La loi-cadre devrait mettre fin à la lutte pour la vie des
institutions privées sans l'aggraver. Toutes les énergies qui
sont dépensées actuellement à revendiquer des
libertés essentielles et des droits naturels, pourraient servir
positivement à construire un système d'enseignement vraiment
représentatif de tous les éléments de notre nation.
Maintenant, Je voudrais vous lire les trois résolutions qui ont
été votées il y a quelques semaines en assemblée
générale, où quelque 200 associations paroissiales de la
province, réparties dans douze diocèses, étaient
représentées. « L'article 3 devrait être
amendé comme suit: Une commission consultative de l'enseignement
privé est instituée. Cette commission est composée d'au
moins neuf membres dont deux nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil pour représenter le ministère de l'Education et dont les
sept autres sont nommés par les groupes intéressés
à savoir les institutions privées et les associations
représentant les parents catholiques, protestants et autres. »
Déclaration d'intérêt public. L'article 9 devrait
être changé comme suit: « Toute institution qui donne un
enseignement général et qui est accréditée par la
commission consultative de l'enseignement privé conformément aux
règlements établis est déclarée
d'intérêt public et a droit aux subventions. »
Subventions. L'article 15. « Tout enfant qui fréquente une
institution reconnue pour fin de subvention a droit à une allocation
scolaire correspondant au coût de l'enseignement pour un
élève du secteur public, primaire, secondaire ou
préuniversitaire selon le cas. Ce montant sera revisé chaque
année et calculé selon le coût moyen de l'année
précédente pour chaque enfant. Je vous remercie de votre
attention.
M. LE PRESIDENT: Mme Mathieu, je vous remercie infiniment, vous avez agi
avec chaleur et conviction. Est-ce que l'on peut inviter maintenant la CSN?
Oui, M. Bouchard.
M. BOUCHARD: Je m'excuse, je croyais qu'il y aurait dialogue
après l'exposé; mais je ne sais pas, ce n'est peut-être pas
dans le cadre de votre programme.
M. LE PRESIDENT: C'est que le ministre a dit tout à l'heure qu'il
ne pourrait peut-être pas faire de commentaires après chaque
mémoire, étant donné que nous en avons trente.
Actuellement deux autres sont inscrits, cela fait trente et un. Le dialogue
serait peut-être difficile...
M. BOUCHARD: Je comprends.
M. LE PRESIDENT: ... étant donné le temps limité.
Vous avez pris une demi-heure, M. Bouchard, et s'il faut que chaque organisme
prenne une demi-heure, nous n'en finirions plus. Je pense que ce sont les
limites que nous nous sommes imposées.
M. BOUCHARD: Bien, merci.
M. LE PRESIDENT: La CSN, s'il vous plaît, Monsieur... Est-ce que
les représentants de la CSN sont ici? Cinquièmement, le
Congrès juif canadien, s'il vous plaît.
Oui, monsieur, votre nom?
Le Congrès juif canadien
M. BEUTEL: M. Ben Beutel, président du Comité des
écoles juives privées de Montréal. M. le Président,
M. le ministre de l'Education, MM. les députés, mesdames,
messieurs. J'ai l'honneur de vous soumettre notre mémoire concernant le
bill 56 seulement. Le Congrès juif canadien établi en 1919 est le
véritable porte-parole de la communauté juive pour la
région est du Congrès juif canadien, dont le siège est
situé à Montréal et qui représente la
communauté juive de la province de Québec qui vous
présente ce mémoire sur le bill 56.
De la part de la communauté juive de la province de
Québec, nous soumettons respectueusement à votre
considération la situation spécifique de six externats qui
pourraient être affectés par les dispositions proposées
dans ce bill. L'histoire de la communauté juive du Québec
démontre que les citoyens juifs ont toujours collaboré
étroitement, à tous égards, avec les citoyens d'autres
professions et d'autres origines religieuses dans la poursuite des
réalisations civiques, culturelles, économiques et
philanthropiques.
C'est exactement dans le contexte des profonds changements qui
s'annoncent que la communauté juive, qui sympathise avec le courant des
idées nouvelles et qui est touchée par les clauses de ce bill,
est désireuse d'obtenir certains éclaircissements et certaines
garanties sur un certain nombre de points mentionnés dans le bill
56.
Le Congrès Juif canadien, dans le mémoire soumis à
la Commission royale d'enquête sur l'éducation, la Commission
Parent, au Conseil supérieur de l'Education du Québec, à
la Commission royale sur la taxation, la commission Bélanger, et au
comité parlementaire de la constitution, a émis un nombre de
propositions qui
pourraient, selon l'opinion de la communauté Juive, conduire
à l'abolition de l'anachronisme encore en vigueur dans le système
éducatif au Québec et, en particulier, des incapacités
légales auxquelles la communauté juive fait face.
Nous sommes heureux de la nouvelle direction qui semble pointer vers une
éventuelle unification de la structure scolaire prévoyant la
dualité linguistique et une pluralité religieuse. Dans notre
présente mission, nous allons nous restreindre au domaine couvert par le
bill 56 seulement.
Notre survivance en tant que Juifs nécessite le maintien de notre
identité religieuse et culturelle collective sous une forme active et
vitale. La communauté juive est unanime dans sa conviction que
l'éducation juive est essentielle à sa survivance. Il existe une
très forte conviction que l'éducation juive, afin qu'elle soit
effective, doit être totalement intégrée dans
l'éducation en général. Cette attitude est la raison
d'être des externats juifs qui existent présentement à
Montréal. L'existence des externats juifs remonte jusqu'à 1875,
et leur nombre a augmenté au cours des 50 dernières
années. Actuellement, ces écoles sont fréquentées
par plus de 4,000 enfants du grade préscolaire jusqu'au niveau
secondaire. Toutes ces écoles suivent les programmes des écoles
protestantes de sorte qu'une transition, de celles-là à
celles-ci, est facile et que l'Intégration de leur grade
élémentaire au cours secondaire protestant ou au cours
universitaire est facile.
Les diplômés de ces écoles passent des examents dans
les écoles secondaires, examens prescrits par le ministère de
l'Education et se conforment à toutes les conditions requises. Bien
qu'on puisse les décrire comme des écoles privées, au sens
légal du terme, les externats juifs desservent un groupe important. Les
externats ont été créés pour maintenir et parfaire
les programmes scolaires en général tout en y ajoutant des cours
visant à inculquer à chaque nouvelle génération le
respect des traditions juives par l'enseignement de la religion, de la langue
et de la culture juives.
C'est sous ces auspices que ces externats ont été
fondés; ils sont guidés par la ferme conviction que ces
écoles sont un apport nécessaire contre l'assimilation et
qu'elles sont essentielles au maintien et à la préservation des
valeurs principalement religieuses et culturelles. Et de toutes les autres!
En 1961, les externats juifs du niveau secondaire ont reçu la
reconnaissance officielle en vertu des dispositions de la législation
qui consent des subventions aux institutions secondaires reconnues. Ces
écoles ont maintenu leur statut. Depuis ce temps, elles sont
accréditées auprès du ministère de l'Education du
Québec.
En vertu du bill 37, les externats juifs préscolaires et
élémentaires ont signé des accords avec la commission
scolaire protestante « Greater Montreal », et la commission
scolaire protestante « Greater St. Martin » et ont obtenu un statut
d'associées. Ces accords ont reçu l'approbation du ministre de
l'Education et sont en vigueur pour l'année scolaire en cours.
C'est avec satisfaction que la communauté juive a pris acte de la
reconnaissance officielle de ces externats et de l'assistance financière
qu'elle comporte. Nous avons durant plusieurs années souligné
l'iniquité d'une situation où les parents juifs qui envoyaient
leurs enfants aux externats juifs, étaient obligés de payer des
frais de scolarité. Nous estimons que les Juifs payant leurs
taxes scolaires comme il est prescrit par la loi, et l'enseignement
donné dans l'externat juif étant reconnu complètement
officiel devraient donc recevoir des fonds publics, en reconnaissance de
leur fonction publique.
Nous voudrions être assurés que le bill 56 n'oubliera pas
les dispositions du bill 37 qui subsistera à titre d'option. Il sera
laissé le soin aux parties contractantes de négocier le
renouvellement de leur accord si telle est leur volonté.
Le bill 56 autorise le ministre de l'Education à déclarer
d'intérêt public une institution qui en raison de
l'enseignement qu'elle donne, de la compétence de son personnel
enseignant et des méthodes pédagogiques qu'elle utilise, et
suivant les autres critères qui sont déterminés par le
gouvernement continue à assurer des services de qualité et
à contribuer au développement de l'enseignement au
Québec.
Il ne fait aucun doute que parmi les institutions, qui sont
d'intérêt public, sont comprises les écoles du type de
l'externat juif qui englobe l'excellence des programmes réguliers
officiels avec un programme excellent d'études ethniques, culturelles et
religieuses faisant partie intégrale de la mosaïque canadienne.
Nous suggérons respectueusement que le paragraphe 9 du bill 56
concernant une déclaration d'intérêt public soit
amplifié afin de mentionner clairement que les écoles qui
dispensent un programme régulier officiel et offrent au surplus un
enseignement sur des valeurs religieuses et culturelles soient reconnues
d'intérêt public si elles le désirent.
Nous recommandons également que d'autres critères
déterminés par les règlements soient annoncés
clairement dans la législation elle-même. Dans bon nombre d'autres
juridictions
une aide financière publique est aussi donnée aux
écoles privées. En France, une législation similaire au
bill 56 à l'étude ainsi qu'à celle écrite dans le
bill 37 a été récemment renouvelée après dix
ans d'expérience. Plus d'un tiers des écoles administrées
par les autorités locales en Angleterre et au pays de Galles sont des
institutions privées d'intérêt public. Une aide
financière publique aux écoles privées est aussi
dispensée dans d'autres pays d'Europe.
Au nom de la communauté juive, nous exprimons l'espoir que, dans
le respect du système éducatif québécois, les
problèmes spéciaux relatifs à la communauté juive
détaillés dans notre mémoire, recevront la
considération équitable. La bonne volonté et
l'intérêt démocratique aidant, on saura assurer une place
appropriée aux externats juifs dans le contexte de l'éducation au
Québec. Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie. Est-ce que le représentant de
la Fédération des Commissions scolaires catholiques du
Québec est ici?
Est-ce que les représentants de la CSN sont ici? Je demande au
représentant du Barreau du Québec de passer, s'il vous
plaît, au microphone et de parler.
Le Barreau
M. GAGNON: M. le Président, mon nom est Claude Gagnon. Je suis
membre de l'exécutif du barreau. Les remarques concernent le bill 61
exclusivement, et je veux simplement vous informer, M. le Président, de
la situation que pose ce bill relativement à l'école
d'entraînement professionnel du barreau. Historiquement, la situation est
assez simple. Jusqu'au mois de juin 1967, l'entraînement de
quatrième année de droit qu'on appelle l'enseignement pratique
était dispensé par les facultés de droit. Le 29 juin 1967,
une nouvelle loi du barreau a été sanctionnée, et, en
vertu de l'article 13 de cette nouvelle loi du barreau, le conseil
général a reçu les pouvoirs d'assurer l'entraînement
professionnel, d'en définir les modalités, de dispenser
l'enseignement approprié, et, à ces fins, de fonder et
d'administrer une école de droit. Et, immédiatement après
la mise en vigueur de cette loi, la barreau a fondé cette école
d'entraînement professionnel qui fonctionne depuis cette année et
qui dispense l'enseignement professionnel à Montréal et à
Québec.
Référant, M. le Président, à l'article 2 du
bill 61, je voudrais vous suggérer que l'esprit de cet article exclurait
l'école dont je vous parle. En effet, on voit qu'au paragraphe c) de
l'article 2, on exclut d'abord les universités et le paragraphe Il
exclut les facultés ou écoles de l'une des universités
visées au paragraphe C et qui sont gérées par une
corporation distincte de celle de l'université.
Alors, pour les raisons que je viens de vous exposer,
littéralement, ce paragraphe d) ne couvrira pas la situation que je vous
expose parce que l'école de droit, depuis un an, n'est plus une
école d'université, mais l'école dubarreau.
Je ne voudrais pas, M. le Président, être trop long et vous
exposer dans tout le détail, les problèmes que poserait
l'inclusion de cette école sous l'égide du bill que nous
étudions, mais je pourrais vous donner simplement deux exemples pour
illustrer notre point de vue.
L'article 2h) de la loi du bill proposé fixe l'année
scolaire. Or, l'école du barreau dispense, dans ses deux centres
d'entraînement, des cours pendant quatre mois par année. La
première partie des cours est donnée au mois de juin et la
deuxième partie dure trois mois et est donnée à partir de
février. Dans l'intervalle, les stagiaires sont dans des bureaux
d'avocats. Or, je soumets qu'il serait impossible, à cause de la
situation bien particulière dans laquelle nous devons fonctionner, de
pouvoir nous plier aux exigences d'une année académique fixe,
d'autant plus qu'à cause de l'augmentation très
considérable du nombre des étudiants en droit ce nombre a
exactement doublé depuis cinq ans eh bien, nous devrons sous peu
penser à dédoubler les cours de façon à donner un
enseignement plus approprié et plus satisfaisant pour les
étudiants.
Deuxième remarque, que je voudrais faire, c'est que nous sommes
au stade de l'enseignement universitaire proprement dit, j'oserais même
dire postuniversitaire, puisque tous les stagiaires qui sont appelés
à recevoir ces cours sont déjà détenteurs d'un
diplôme de licencié en droit des universités de la
province.
Et, finalement simplement à titre d'exemple encore, pour montrer
où l'application du bill à notre école pourrait nous
mener, on voit, par exemple, à l'article 14 de la loi, qui est un
article dont je comprends très bien le bien-fondé, qu'une
personne qui s'inscrirait à l'école de droit professionnel
pourrait dans les dix jours, signifier à l'école son désir
de ne plus suivre les cours. Or, si l'on regarde les dispositions des articles
54 et 61 de la loi du Barreau, qui font de cet entraînement professionnel
une condition nécessaire de l'exercice, eh bien, on voit, tout de suite,
qu'on en arriverait à une situation assez cocasse.
Je suis à votre disposition si le comité a des
questions.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me le permettez, je
pourrais tout de suite, je pense, amoindrir ou faire disparaître les
craintes du barreau. Deux raisons très précises. La
première, c'est que nous considérons que le barreau est
régi par une loi spéciale et que, par conséquent, son
école n'est pas une institution privée au sens des bills 56 ou
61.
Deuxièmement, je tiens à assurer le barreau comme d'autres
groupes du même genre, que le but du gouvernement par ces projets, n'est
pas de régir les enseignements, ni les examens des champs professionnels
constitués en vertu de lois spéciales qui sont déjà
dans nos statuts.
M. LE SAGE: M. Gagnon, ne trouvez-vous pas que ces lois étant
d'ordre public...
M. GAGNON: Oui, M. Lesage, je crois que oui. Je n'ai pas voulu, non
plus, pousser l'argument trop loin à cause de l'ambiguïté de
l'article 2.
M. LESAGE: II n'est pas ambigu. Il est clair que les dispositions de la
loi du barreau sont d'ordre public et que l'institution qui s'appelle
l'école de droit et qui est créée par une loi de la
Législature, est une institution d'ordre public et non d'ordre
privé.
M. GAGNON: Je partage votre opinion, M. Lesage. Je crois que nous
pourrions argumenter que l'école d'entraînement professionnel
n'est pas une école professionnelle privée.
M. LESAGE: Mais non!
M. GAGNON: Ce qui nous concernait, c'étaient les termes de
l'article 2 qui, peut-être, n'étaient pas assez clairs pour
les...
M. CARDINAL: Nous sommes disposés à préparer un
amendement suivant le sens que vous avez dit. Ce qui s'appliquerait d'ailleurs
à d'autres écoles du même genre et qui sont régies
par des lois spéciales.
M. GAGNON: C'est ça.
M. LESAGE: II ne faudrait quand même pas en essayant de
clarifier...
M. CARDINAL: En faisant un texte général qui ne sera pas
pour le barreau mais les écoles qui...
M. LESAGE: ... se tromper de direction.
M. LE PRESIDENT: Espérons, Maître, que vos angoisses sont
dissipées.
M. LESAGE: Cela me semble clair.
M. LE PRESIDENT: Anxiété, angoisse.
Je demanderais au représentant du Centre de dirigeants
d'entreprises de se présenter.
Je demanderais au représentant de l'Association des parents pour
le maintien des institutions privées d'enseignement de se
présenter. M. Jar-ry, s'il vous plaît.
UNE VOIX: Présent.
M. ARCAND: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Oui. Voulez-vous, s'il vous plaît, donner votre
nom et celui de votre association.
M. ARCAND: Mon nom est Georges-Albert Arcand et je suis ici pour
remplacer M. J.-Eu-gène Vallée, actuellement en dehors de la
province et qui a été incapable de se rendre ce matin. Il m'a
prié de lire son mémoire.
M. LE PRESIDENT: Quelle association? M. Arcand
M. ARCAND: Je suis membre de l'Association des parents des
collèges des Eudistes et de l'Association pour le maintien des
institutions privées d'enseignement.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. ARCAND: M. le Président, M. le Ministre de l'Education,
messieurs les députés, mesdames et messieurs. Nous voici, pour la
troisième fois, devant un comité parlementaire pour exprimer le
point de vue des parents que notre association représente.
Nous tenons à remercier l'honorable premier ministre et son
gouvernement de nous accorder ce privilège.
Pour être aussi bref que possible, nous désirons l'informer
que les principes contenus dans notre mémoire du 1er décembre
1965, présenté à l'honorable Jean Lesage, dont voici
copie, sont toujours valables et continuent d'être appuyés par les
membres de l'Association des parents pour le maintien des institutions
privées d'enseignement. De plus, nous désirons rappeler à
l'honorable premier ministre notre requête
du 30 mars 1967 qui lui a été présentée
alors qu'il était ministre de l'Education.
Cette requête était accompagnée de plus de 100,000
signatures de parents désirant faire valoir leur droit, en vertu de la
Loi du ministère de l'Education, Statuts refondus de la province, 1964,
chapitre 233, extrait du préambule.
Maintenant, conformément à l'article 180 du tome 1 du
rapport Parent, reconnaissant aux parents le droit d'exprimer leurs
préférences au sujet de l'éducation de leurs enfants, nous
désirons vous souligner les faiblesses du bill no 56,
présentement à l'étude, qui né reconnaît pas
aux parents un droit effectif dans le choix des institutions qu'ils souhaitent
pour leurs enfants.
Nos principales objections portent sur les points suivants:
Premièrement, section II Commission consultative de
l'enseignement privé.
Article 3: Cette commission ne nous paraît pas
représentative, dans sa formulation actuelle, des institutions
privées, ni des associations de parents, si on ne tient pas compte
surtout des institutions d'enseignement général existantes, ni du
prorata des membres des associations de parents.
La composition de sept membres nous paraît insuffisante.
Deuxièmement, section III: Déclaration
d'intérêt public.
Articles 9, 10, 11 et 12: Toute institution d'enseignement
général présentement engagée dans l'enseignement ne
devrait pas être assujettie à cette section. C'est un déni
de justice aux parents et une mesure vexatoire imposée à des
institutions éminemment respectables qui nous ont rendu des services
inappréciables dans le passé et qui sont toutes disposées
à continuer.
Troisièmement, section IV: Subventions. Article 15: Pourquoi
limiter les subventions au seul traitement du personnel? Ne peut-on pas tout
simplement les limiter au coût équivalent dans le secteur public.
Une certaine parité avec le secteur public nous paraît plus
juste.
Articles 16 et 17: Pourquoi cette distinction dans le cas d'institutions
d'enseignement général, tant au niveau secondaire qu'au niveau
collégial? Surtout celles déjà existantes?
Troisièmement, section IV, Subventions: article 19: Pourquoi
cette distinction? Est-ce pour prévenir des immobilisations? Les
empêcher d'en réaliser?
Article 20: Sont-ce des règlements propres au bill 56? Sinon quel
serait le but du paragraphe b?
Je me dispense de vous lire les textes de loi parce que je crois que
vous les avez devant vous.
Quatrièmement, section V: Article 22: Nous nous objectons
fermement à cet article en ce qui concerne les institutions
d'enseignement général, à tous les niveaux,
présentement dans l'enseignement, associées ou non.
Article 25: A reviser dans la mesure où cet article peut porter
atteinte à l'autonomie de gestion d'une institution privée,
pourvu, bien entendu, que celle-ci se conforme aux normes
générales du ministère de l'Education.
Article 27: Même question que pour l'article 20. Nous voyons
là un danger d'ingérence indue dans l'administration
pédagogique propre à une institution privée.
Cinquièmement, section VIII: Article 37: A la place d'enfance
inadaptée, nous proposons « enfance exceptionnelle ».
Article 38: Ceci est encore une ingérence dans l'autonomie
administrative interne des institutions privées.
Article 40: Est-ce nécessaire? N'est-ce pas déjà
prévu dans une loi dite d'association? Ici on indique le bill 39 mais
c'est du bill 37 qu'il serait question.
Sixièmement, section XI, Règlements: Article 44: Cet
article est inacceptable tel quel.
Au paragraphe a): ceci est superflu et vexatoire pour toutes les
institutions d'enseignement général, à tous les niveaux,
présentement engagées dans l'enseignement.
Paragraphe b): idem.
Paragraphe g): idem. De plus cet article intervient dans une certaine
autonomie administrative de caractère privé. Cela pourrait
même être poussé au point d'enlever ce qui fait le
caractère d'une institution privée. Nous ne comprenons pas
l'esprit qui l'a inspiré, dans le cas des institutions d'enseignement
général.
En résumé, messieurs, il nous paraît que le bill 56,
relativement à la loi de l'enseignement privé de formation
générale et de l'enseignement privé pour l'enfance
inadaptée, ne respecte pas l'esprit du rapport Parent, ni du bill 60,
quant au droit inaliénable des parents dans le choix de leur institution
et de la possibilité pour eux d'y satisfaire.
Nous osons croire que nos observations vous permettront de tenir compte
de l'opinion quasi générale des parents, à voir subsister,
parallèlement au secteur public, un système d'institutions
privées adaptées à leurs besoins et conforme à
leurs droits.
Toute tentative de la part du ministère de l'Education de les
priver de ce choix, en omettant les amendements souhaités, pour assurer
aux institutions d'enseignement général une li-
berté d'action nécessaire pour conserver leur
caractère particulier, pourrait être interprétée par
les parents que nous représentons comme une fin de non-recevoir. Nous
nous demanderions alors, à quoi servent nos comparutions devant des
comités parlementaires. Merci.
M. LE PRESIDENT: Elles servent à beaucoup de choses.
M. LESAGE: Pourrais-je vous poser une question, M. Arcand?
M. LE PRESIDENT: M. Arcand. M. ARCAND: Oui, M. le Président.
M. LESAGE: Dans votre mémoire, ce que vous qualifiez nos
principales objections porte sur les points suivants. Première objection
à l'article 3. Vous dites que la composition de sept membres du
comité ou conseil consultatif vous paraît insuffisante.
Pourriez-vous nous dire ce que vous suggérez?
M. ARCAND: II n'est pas fait mention dans cet article de la composition.
Il est dit: Composé de sept membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre, au moins
quatre de ces membres sont nommés après consultation des groupes
les plus représentatifs de l'enseignement privé. Remarquez bien,
nous aimerions surtout prévoir ou assurer une représentation
vraiment représentative sur ce comité qui tiendrait compte des
institutions existantes et des associations de parents, au prorata de leurs
membres. Vous pouvez avoir des associations bona fide qui ont un nombre
limité de membres et qui pourraient se trouver avec un
représentant sur cette commission et avoir d'autres associations qui ont
une représentation beaucoup plus grande et qui n'y auraient pas
accès. Ce que nous aimerions, c'est que l'on tienne compte, si vous
voulez, de la représentativité de ceux qui sont appelés
à siéger sur cette commission. C'est un esprit que nous voulons
faire passer. Maintenant, il nous semble qu'à sept, vous en avez
déjà trois qui sont nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, et il n'en reste plus que quatre pour les organismes et les
institutions.
M. CARDINAL: Ils sont tous nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. On en compte au moins quatre, tandis que ça pourrait être
cinq, six, sept.
M. ARCAND: J'imagine qu'il y enatrois qui sont à ce moment-ci
nommés pour représenter le ministère de l'Education et les
organismes plus au courant de l'enseignement.
M. CARDINAL: On vous remercie de votre explication. Une mise au point,
les trois ne sont pas nommés pour représenter le ministère
de l'Education.
M. LESAGE: Je voudrais vous dire un mot, non, ce n'est pas à M.
Arcand, c'est au ministre de l'Education. D'avance je veux le dire au ministre
de l'Education, que je n'insiste pas, et si, dans son jugement, et il n'est pas
à propos de le faire, à ce moment, il le dira.
Mais ne croit-il pas, après avoir entendu trois des
mémoires, qu'il serait peut-être plus rassurant pour les
intéressés de savoir de la bouche du ministre parlant au nom du
gouvernement, quels sont les critères qui guideront le gouvernement ou
le ministre dans la reconnaissance d'institutions d'enseignement
général privé comme d'intérêt public.
M. CARDINAL: Voici, M. le chef de l'Opposition, ces critères ne
sont pas établis actuellement en ce sens qu'ils seront dans les
règlements adoptés en vertu de la loi, si cette loi est
adoptée, et l'établissement de ces règlements et des
critères qu'ils contiendront seront établis après une
consultation, à laquelle participeront tous les intéressés
dans le secteur des institutions privées, c'est-à-dire, à
ce moment-là, évidemment, les groupes qui sont devant nous, les
représentants des enseignants comme, éventuellement, des
étudiants ou des administrateurs de ces institutions.
Présentement, nous avons deux projets de loi devant nous. J'ai
mentionné, ce matin au tout début de l'assemblée du
comité, que les deux projets étaient présentés
comme documents de travail, ce n'est pas l'expression que j'ai
employée, mais c'était le sens de mon intervention, pour
que justement nous ayons une base de départ pour entendre des
mémoires.
A la suite de ces représentations, le gouvernement est d'avance
disposé soit à refondre les deux textes en un seul, soit à
les modifier plus ou moins profondément, en ce sens qu'il s'agit d'un
projet qui assurait comme on l'a mentionné à plusieurs
reprises et comme vous l'avez mentionné vous-même un
secteur ou un réseau d'institutions privées, parallèlement
à un réseau d'institutions publiques. Le ministre ayant
déjà fait, au nom du gouvernement, des déclarations
à cet effet. Mais, je ne puis pas donner, ce matin, la mention ou
l'énumération des critères qui ne sont pas encore
établis. Ce ne sont que des prin-
cipes qui sont dans la loi, ces critères devant être
établis de la même façon que la loi, si l'on veut,
c'est-à-dire après consultation.
M. LESAGE: M. le Président, le ministre comprendra sans doute
l'inquiétude des institutions d'enseignement privé et des parents
des élèves qui les fréquentent.
Ce qu'il vient de nous dire ne comporte aucune garantie, et entre les
institutions qui seront déclarées d'intérêt public
et celles qui ne le seront pas, il y aura une différence
considérable quant aux moyens de survie. Dans le premier cas, on paiera
les salaires de tous les instituteurs, dans le second cas, il s'agira d'une
subvention fixe, par élève. Les premières seront plus
avantagées que les deuxièmes.
Le ministre nous dit que ce n'est que lorsque les règlements
seront édictés, que les critères seront établis, en
vertu de l'article 44, n'est-ce pas? Pourrais-je rappeler au ministre que
lorsqu'il s'agit de législation très importante et surtout
lorsque la réglementation peut avoir un effet considérable sur
l'application de la loi, il est bon que les règlements que le
gouvernement se propose d'adopter soient annexés au projet de loi. C'est
ce qui a été fait. Ce n'est pas de la gloriole mais je voudrais
rappeler que, dans un cas de législation très importante, c'est
ce qui a été fait, et c'est ce qui a permis, par exemple,
à tous les hôpitaux, à tous les médecins de savoir
exactement où nous allions. C'est le cas de la Loi de
l'assurance-hospitalisation. Je ne demande pas au ministre de me donner une
réponse tout de suite, ça ne presse pas pour ce matin, mais ne
croit-il pas que, pour la bonne compréhension des intentions
gouvernementales, pour que les législateurs, eux-mêmes, puissent
voter sur le projet de loi en toute connaissance de cause, il serait bon que
ces règlements déterminant les critères soient
annexés au projet de loi avant son adoption.
M. CARDINAL: M. le Président, je retiens la suggestion de
l'honorable chef de l'Opposition. J'ajoute cependant à titre de
renseignement ce que je viens de dire, que le ministre ne déclare
d'intérêt public ou ne déclare une institution
qu'après avoir pris l'avis de la commission qui a été
créée. Déjà, si vous voulez, vous avez une
première garantie.
M. LESAGE: D'accord.
M. CARDINAL: Cependant cette deuxième garantie qui est
demandée pourrait être accordée. Evidemment, les
règlements le chef de l'Opposition le reconnaît ne
peuvent être préparés cet après-midi, surtout que
ces règlements doivent être préparés après
consultation. Ceci j'y tiens, et je le souligne à nouveau.
Ces deux projets de loi ont été préparés
à la fin de la première période de la session qui s'est
terminée vers le 5 juillet, je pense. Cette session a repris il y a
quelques semaines et les textes de lois ont déjà
été modifiés, depuis des suggestions qui ont
été reçues entre ces deux périodes. Donc, toutes
suggestions, qu'elles viennent des groupes qui sont ici, même de
l'Opposition!...
M. LESAGE: Même!
M. CARDINAL: Même de l'Opposition...
UNE VOIX: De la charité.
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit surtout, j'ai dit même de
l'Opposition, elles sont bienvenues et en toute bonne foi.
M. LESAGE: Même à l'Opposition on s'exprime et c'est mieux
qu'hier.
M. CARDINAL: Ce n'est pas ce que j'ai dit!
M. LESAGE: Quand même, j'attache une grande importance à la
suggestion que j'ai faite et je n'ai pas pressé le ministre
indûment pour obtenir une réponse aujourd'hui, ou même
demain, mais, je crois que pour que tous les intéressés sachent
beaucoup mieux où ils vont, qu'on devrait faire un effort, en
consultation si l'on veut, pour déterminer les critères avant
l'adoption de la loi en deuxième lecture.
M. CARDINAL: Puis-je ajouter, M. le Président, ceci? C'est que
nous avions déjà, au ministère, envisagé cette
possibilité. Nous ne l'avons pas fait parce que, je l'avoue, je
préférais entendre, au préalable, l'exposé des
divers groupes, de façon à nous guider.
M. LESAGE : Je suis bien d'accord. Et d'ailleurs je n'ai pas
pressé le ministre, je l'ai dit, pour avoir une réponse
maintenant. Mais simplement, l'idée m'est venue de faire mon
intervention dès maintenant, après avoir entendu la
présentation des trois premiers mémoires.
M. LE PRESIDENT: Tout le monde est pour la démocratie? Le
numéro 7. Je vais nommer les cinq suivants pour qu'ils puissent se
préparer.
Ce sont les comptables agréés, l'Association des
collèges du Québec, l'Association des insti-
tutions d'enseignement secondaire, le Collège Bourget, The
Montreal Board of Trade, le Conseil supérieur de l'éducation.
Je demande donc à l'Institut des comptables agréés
du Québec de se présenter, s'il vous plaît.
Institut des comptables agréés
M. BLANCHARD: M. le Président, je suis Claude Blanchard et je
représente les comptables agréés. Nos observations sont
sensiblement les mêmes que celles du barreau, à savoir...
M. LE PRESIDENT: Avez-vous un mémoire, M. Blanchard?
M. BLANCHARD: Nous n'avons pas de mémoire, nos observations sont
strictement techniques, de technique juridique, tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous de la mémoire?
M. BLANCHARD: Oui, un peu. Je disais donc que la corporation que je
représente est une corporation professionnelle créée en
vertu d'une loi publique et dont le but premier est de grouper les comptables
agréés.
Accessoirement, une forme d'enseignement professionnelle est fournie aux
membres et aussi aux aspirants membres, à savoir des formes de
stagiaires. Nous donnons aussi des cours par correspondance.
Les observations de l'Institut des comptables agréés sont
à l'effet, qu'ils désireraient ne pas être soumis à
l'article 2, à savoir: Obtenir au préalable un permis, parce
qu'il ne se considère pas comme une institution d'enseignement
privé. Je crois que nous tombons sous le même coup que la loi du
barreau.
A tout événement, ce sont les représentations que
nous faisons. C'est un amendement à l'article numéro 2, s'il vous
plaît, c'est tout.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez, je ne
répéterai pas, mais disons que je pense la même chose que
ce que J'ai dit au représentant du barreau. Nous tombons sous le coup
d'une autre loi spéciale.
M. BLANCHARD: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Blanchard. Je demande à l'Association
des collèges du Québec de se présenter.
M. BEAUREGARD: Claude Beauregard.
M. LE PRESIDENT: Vous avez un mémoire?
Association des collèges
M. BEAUREGARD: Oui, un mémoire. Et je vais m'exprimer
principalement au nom de deux associations: L'Association des collèges
du Québec et l'Association des institutions d'enseignement secondaire,
les deux présentant un mémoire conjoint, ce qui pourra
peut-être allonger un tant soit peu le temps permis.
Je vais parler principalement sur le bill 56. Je dis principalement
parce qu'il y aura quelques références au bill 61.
J'espère que vous avez en main le mémoire, ce qui vous
permettra de suivre les amendements proposés de façon
spécifique au texte, à l'occasion.
Les membres actuels de l'Association des collèges du
Québec et de l'Association des institutions d'enseignement secondaire
autrefois regroupés par la Fédération des collèges
classiques, ont élaboré au cours des récentes
années une conception commune du système d'éducation
québécois, axée sur une donnée fondamentale: la
nécessaire participation des institutions privées au
système d'éducation en collaboration avec les
établissements publics, dans le cadre des grandes politiques
définies par le ministre de l'Education. Cette conception,
évoquée par le rapport Parent, a été en quelque
sorte institutionnalisée par la Loi du ministère de l'Education
qui fait du ministre le premier responsable de l'ensemble du système
scolaire.
Aussi, les membres de ces deux associations ont-ils voulu s'unir pour
présenter un mémoire commun au comité parlementaire de
l'éducation à l'occasion des débats entourant l'adoption
des bills 56 et 61 par l'Assemblée législative.
L'Association des collèges du Québec et l'Association des
Institutions d'enseignement secondaire estiment que ces deux projets de loi
auront une portée capitale pour l'enseignement privé et elles
demandent que le législateur statue dans une optique audacieuse qui,
au-delà des perceptions traditionnelles et dichotomiques de
l'enseignement privé et public, envisage que l'Etat moderne doit pouvoir
compter sur toutes ses ressources et que le Québec ne peut
négliger l'apport des établissements privés.
Dans la mesure même ou ces établissements y jouent un
rôle utile, ils ont des titres à faire partie du système
d'enseignement. Tiré du Rapport Parent, Tome 4, No 72.
L'enseignement privé dans le système d'éducation
québécois. Les pouvoirs publics et la population en
général ont longtemps considéré certaines
institutions d'enseignement privées com-
me parties intégrantes du système d'éducation
québécois; c'est même principalement, sinon exclusivement,
à ces institutions privées qu'étaient confiées
trois des fonctions essentielles d'un système d'éducation;
l'enseignement supérieur, la formation des maîtres, la
relève des élites. De fait, universités, écoles
normales et collèges classiques étaient d'intérêt
public; d'autres institutions privées jouissaient également d'une
« reconnaissance » spécifique (reconnaissance pour fins de
subventions» et nul doute que, là encore, la population les
considérait comme parties du système d'éducation.
Seules les écoles professionnelles privées paraissaient en
quelque sorte en marge du système; les meilleures d'entre elles ont
pourtant fait oeuvre de pionniers et ouvert des avenues dont on reconnaît
maintenant l'intérêt. A titre d'exemple, l'enseignement commercial
de niveau collégial.
Les interventions de l'Etat.
L'Etat québécois, on le sait, a mis du temps à
assumer pleinement ses responsabilités à l'endroit de
l'enseignement, tant public que privé, et ce n'est que récemment
que la scolarisation généralisée s'est imposée
comme un objectif prioritaire. Le double mouvement de développement du
secteur public et d'aide accrue aux institutions privées tient
vraisemblablement de cette perception nouvelle. Ainsi, les lois en vigueur en
1960, prévoyant des subventions aux institutions privées de $200
et de $75 per capita, de même qu'une subvention de $2,000 par niveau pour
les élèves des institutions privées reconnues de
niveau secondaire étaient reliées, dans divers
énoncés de politique gouvernementale, à une intention de
gratuité scolaire dans ces institutions; les subventions des bills 50 et
58, au niveau collégial, avec leur rendement moyen de quelque $350 per
capita à leur mise en vigueur en 1960 visaient également à
réduire sensiblement le coût des études collégiales,
dites universitaires il y a quelque temps.
Avec les années cependant, et très rapidement, ces
subventions fixes devenaient nettement insuffisantes. Les parents, les
étudiants et les institutions privées demandaient une aide accrue
et proposaient diverses formules: prêts-bourses, gel des frais de
scolarité, subventions rattachées à l'enfant, subventions
représentant un pourcentage des frais admissibles dans les
établissements publics, etc. Le gouvernement ré» pondit par
le bill 39 subventions de $350 au secondaire et de $550 au
collégial et du coup, une fois de plus, par des subventions
fixes, à peine plus élevées que celles qui étalent
octroyées antérieurement, compte tenu de l'augmentation des
coûts de l'enseignement. On remettait donc à plus tard la
véritable solution des problèmes de financement de l'enseignement
privé.
La publication du rapport Parent n'est pas étrangère au
cours de ces événements. Le Québec effectuait une
réforme scolaire de grande envergure et il fallait sérier les
problèmes, désigner des priorités. On a pu chicaner sur
les modalités, critiquer certaines réalisations, déplorer
des partis pris; il reste que la population a souscrit et continue de souscrire
aux grands objectifs de la réforme entreprise» Le renouveau
pédagogique, le souci de coordination et d'utilisation optimale des
ressources humaines et matérielles ont été des facteurs
positifs sous-ja-cents à l'opération 55 et à
l'opération CEGEP; il en fut de même, dans une certaine mesure,
dans l'opération « Régime d'association ». A tout
cela, les institutions privées ont souscrit et collaboré. Elles
avaient toutefois, depuis mai 1967, la promesse d'une loi-cadre de
l'enseignement privé et l'assurance de la mise en place prochaine de
mécanismes aptes à assurer la participation efficace des
institutions privées au système d'éducation du
Québec.
Maintenant les positions des deux associations au nom desquelles je
parle.
Depuis quelques années, la Fédération des
collèges classiques et les deux associations qui lui ont
succédé ont élaboré une conception fonctionnelle du
système d'éducation qui s'inscrit harmonieusement dans la logique
de la Loi du Ministère de l'Education et de la Loi duConseil
supérieur de l'éducation. Cette conception est également
compatible avec les principales orientations du présent projet de
loi-cadre de l'enseignement privé. Quelles sont ces positions de
base?
Le ministre de l'Education est responsable du développement de
l'ensemble du système d'éducation.
Les établissements publics doivent desservir tous les niveaux
d'enseignement;
Les institutions privées doivent pouvoir exister à tous
les niveaux d'enseignement et participer à part entière à
l'entreprise collective d'éducation;
Les institutions privées doivent rencontrer certaines exigences
pédagogiques et autres pour obtenir un permis d'enseigner;
Les institutions privées doivent pouvoir jouir d'une aide
financière de l'Etat, selon les normes qui respectent le bien
commun;
Le statut public ou privé d'un établissement scolaire
n'est pas le critère déterminant lui donnant droit aux subsides
de l'Etat; c'est plutôt la qualité de son apport au système
d'éducation;
Pour des fins administratives, les institu-
tions privées peuvent être classées selon diverses
catégories qui conditionnent tant l'aide financière de l'Etat que
la nature des contrôles auxquels elles sont soumises.
Considérations générales, maintenant, sur la
loi-cadre.
Dans l'optique de ce qui précède, nous souscrivons sans
réticence à la plupart des clauses du bill 56. Nous nous
demandons cependant ce qu'il est advenu d'un authentique projet de loi-cadre de
l'enseignement privé; en effet, la division de ce programme global en
deux projets de loi nous semble aller à l'encontre du principe
même d'une loi-cadre et nous laisse, avec les bills 56 et 61, en face de
lois particulières.
A nos yeux, l'enseignement professionnel privé, devrait recevoir
en principe, le même traitement que l'enseignement privé de
formation générale. Il n'aurait échappé à
personne que le bill 61 n'est pas aussi souple que le bill 56, tout
particulièrement en matière de financement. Quelle que soit la
formule retenue, fusion les deux bills en un seul projet de loi, ou
modification du bill 61 pour le rendre compatible avec un bill 56
modifié, selon nos recommandations, il faut traiter toutes les
institutions privées sur le même pied et les laisser se situer
individuellement face aux critères et exigences de la loi-cadre.
Nous n'avons pas de compétences particulières pour
émettre des recommandations relatives à l'enseignement
privé des niveaux élémentaires. Nous constatons que la
déclaration d'intérêt public peut-être obtenue par
une institution privée quel que soit le niveau d'enseignement qu'elle
dispense, de telle sorte que les écoles élémentaires
pourraient loger nos requêtes à cet effet.
Il en est autrement pour la reconnaissance que prône le ministre,
dont il est question aux articles 16 et 17 du bill 56. Or, nous croyons qu'en
principe, les écoles élémentaires devraient être
sujettes à la reconnaissance pour fins de subvention, selon les
critères d'acceptation et les modalités d'aide financière
appropriées. Une clause de portée générale
ajoutée au texte actuel du bill 56 devrait prévoir cette
possibilité, sans pour autant être formulée de telle sorte
que les subventions soient nécessairement versées à des
écoles élémentaires privées dès
1969-1970.
Compte tenu des modifications que nous proposons à la section 5
du présent mémoire, nous tenons à signifier notre accord
général avec la mise sur pied d'une commission consultative de
l'enseignement privé dont le mandat nous paraît sérieux et
suffisamment large pour faciliter la participation des institutions
privées valables au système de l'éducation dans des
conditions équitables.
Le régime pédagogique et les divers contrôles dont
fait état le projet de loi sont également réalistes et de
nature à favoriser la diversité des services, tout en respectant
les exigences de la coordination et de la planification.
Enfin, « l'étagement » de quatre régimes
financiers offre souplesse et adaptabilité aux situations
particulières: permis, sans subventions; reconnaissance, subventions
partielles; intérêt public, subventions présumément
plus élevées; régime d'association (implicitement
reconduit puisque non abrogé...), subventions à parité
avec les établissements publics.
Nous en arrivons aux recommandations précises.
M. LE PRESIDENT: Je suggérerais, M. Beauregard, que vos
recommandations précises soient déposées aux hauts
fonctionnaires, au ministre...
M. CARDINAL: Déposées devant le comité...
M. LE PRESIDENT: ... ou devant le comité, étant
donné que votre texte est très long. Qu'en pensez-vous?
M. BEAUREGARD: Je pensais pouvoir m'en tirer dans une demi-heure, au
total. Je crois que les gens qui ne disposent pas du mémoire, seraient
peut-être intéressés à les entendre, si on pouvait
me concéder cette possibilité.
M. LE PRESIDENT: Nous acceptons.
M. BEAUREGARD: Merci. La première modification que nous proposons
est à l'article 8. Je ferai grâce, cependant, de bien des parties
du rapport, ce qui semble possible, en ne relisant pas les articles, par
exemple, en vous signalant seulement les modifications.
A l'article 8, nous proposons, en fait, trois modifications quant au
mandat de la commission. Nous souhaiterions, ce qui semble logique, que la
commission puisse également se prononcer sur les demandes de
reconnaissance pour fins de subventions et non pas, seulement, sur l'obtention
du permis et sur la reconnaissance d'intérêt public. Nous
demandons, également, que le rapport de la commission puisse faire
état de la situation de l'enseignement privé, au cours de
l'exercice terminé, tel que cette situation est perçue par la
commission. Et, enfin, indépendamment de son rapport annuel, la
commission peut soumettre au ministre des recommandations sur toutes questions
concernant l'enseignement privé, sans restreindre la portée de ce
qui précède, sur tous règlements édictés, en
vertu de la présente loi.
Les raisons. Le bill 56 prévoit deux catégories
d'institutions privées qui pourront se prévaloir de subventions
directes de l'Etat Celles qui ont été déclarées
d'intérêt public et celles qui ont été reconnues
pour fins de subventions, il serait sage à notre avis que la commission
puisse se prononcer dans les deux cas.
La commission consultative de l'enseignement privé nous
apparaît être l'organisme tout désigné pour
évaluer systématiquement la situation de l'enseignement
privé, sans pour autant porter atteinte aux autres juridictions, ni
restreindre l'initiative des groupes intéressés à
l'enseignement privé. Le sens commun et l'expérience indiquent
que la portée pratique d'une loi est singulièrement
affectée par la réglementation qui en précise
l'application. Le phénomène risque d'être encore plus
accentué lorsqu'il s'agit d'une loi-cadre qui, en quelque sorte, par
définition, fournit les cadres généraux et laisse à
une réglementation prévue par la loi, le soin de traduire dans
des modalités appropriées ses intentions profondes. Il semble
donc indispensable que, dans ces conditions, la commission soit
habilitée à soumettre des recommandations au ministre sur les
règlements qui, en définitive, rendront la loi opérante et
lui permettront d'atteindre ses fins. Enfin, le régime d'association qui
existe en vertu d'autres clauses du code scolaire, reconnaît le statut
privé des institutions privées associées. La situation de
ces institutions privées intéresse la commission qui devrait
être habilitée à suivre de près l'évolution
du régime d'association.
A l'article 12, nous proposons une modification. Nous voudrions que le
terme « besoin scolaire », soit amplifié pour devenir
à la lumière des besoins scolaires, familiaux et sociaux auxquels
répond l'institution au plan local, régional ou provincial.
Il ne s'agit pas ici de mettre en doute l'opportunité de prendre
en considération, les besoins scolaires du territoire local,
régional et provincial, effectivement desservis par l'institution.
Il va de soi que l'intérêt public exige que l'on ne
dédouble pas les services déjà existants qui
répondent effectivement à tous les besoins. Il s'agit
d'écarter plutôt une source d'ambiguïté
Inhérente à l'emploi de l'expression « besoins scolaires
» que le bill rend en anglais pas l'expression « scholastic needs
». Pour nous, il convient de vérifier le bien-fondé de la
requête à la lumière de besoins de tous ordres, des
clientèles scolaires diversifiées. Donc, besoins scolaires
familiaux et sociaux auxquels répondent telles institutions
privées à l'un ou l'autre ou à l'ensemble des trois plans,
local, régional ou provincial.
La vocation extra-territoriale de certaines institutions privées,
de même que le principe du choix par les parents d'une institution
d'enseignement, ont été reconnus dans le contexte du
régime d'association comme en témoignent les alinéas 51,
52 et 55 du document d'éducation no 1, que tout le monde peut bien
sûr consulter quand il le voudra.
Le texte de l'article 15. Nous y proposons une modification
substantielle. Il s'agit du régime de financement pour les institutions
déclarées d'intérêt public. Nous voudrions que
l'article 15 se lise comme suit: « Une institution déclarée
d'intérêt public reçoit, pour chaque année scolaire,
des subventions pour acquitter le traitement de son personnel calculées
selon les normes en vigueur dans les établissements publics de
même catégorie, telles qu'elles sont établies par les
règlements du lieutenant-gouverneur en conseil. »
Les subventions devront être affectées au service de la
dette, aux immobilisations et aux investissements pour fin
d'équipement.
C - Des subventions per capita devant couvrir partie des frais à
encourir pour l'ensemble des postes budgétaires non couverts par A et B.
Le per capita doit être calculé en tenant compte des règles
en vigueur dans les établissements publics de même
catégorie et de même niveau.
Les subventions en vertu du sous-paragraphe b), c'est-à-dire des
subventions d'immobilisation, investissements, etc., tiennent compte de la
situation de l'institution telle qu'elle apparaît dans ses états
financiers et ses prévisions budgétaires. Enfin, un mode de
versement de subventions déterminé par le règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil.
Nous avons ici un article fondamental, très important, pour la
survie des Institutions privées. L'article original prévoit une
subvention dont le but est d'acquitter les traitements du personnel de
l'institution dont le rendement serait vraisemblablement variable et fonction
d'au moins trois facteurs. Les effectifs autorisés, les échelles
de traitement des catégories du personnel arrêtées par des
conventions collectives et les niveaux de traitement constatés au
secteur public et jugés admissibles pour certaines fonctions non encore
régies par des conventions collectives.
Il est pratiquement impossible de déterminer rigoureusement dans
une règle générale le pourcentage des frais
d'opération courante ou de fonctionnement, imputable aux traitements du
personnel enseignant et du personnel de cadre. Dans les milieux
renseignés, on parle de pourcentage de l'ordre de 60% à 70%. Les
sondages effectués parmi les membres de l'ATES
et de l'ACQ indiquent des écarts assez prononcés entre les
institutions qui tiennent à de nombreux facteurs reliés à
des situations particulières. Service de la dette, effectifs scolaires,
qualifications du personnel, etc. Pour les fins de l'argumentation, et tenant
compte du fait qu'il s'agit ici des traitements de l'ensemble du personnel
professionnel et non professionnel pour tenir l'institution, posons un
rendement optimiste de 75%, lequel rendement serait verifiable, dans chaque cas
particulier par le biais des prévisions budgétaires et des
états financiers.
Un tel rendement est insuffisant dans le cas d'institutions reconnues
d'intérêt public. Les coûts de l'enseignement
constatés officiellement étaient, en 1967/1968, d'au moins $800
et $1,200 pour l'enseignement secondaire et collégial respectivement;
dans ces conditions, subventions à 75%, les frais de scolarité
imposables dans les institutions privées reconnues
d'intérêt public auraient donc été au moins de
l'ordre de $200 et $300 respectivement, au secondaire et au
collégial.
En réalité, la convention collective régissant
plusieurs institutions privées durant la période 1968-1971, de
même que d'autres facteurs augmenteront sensiblement le coût de
l'enseignement, de telle sorte que les frais de scolarité
dépasseraient ce niveau de $200 et de $300. Dans un contexte de
gratuité scolaire, c'est pénaliser à outrance le libre
choix d'institutions pourtant reconnues d'intérêt public; c'est en
limiter indirectement l'accessibilité aux économiquement forts
et, peut-être, réduire leur clientèle en deça du
seuil d'une rentabilité convenable.
Les deux modes de subventions additionnelles que nous proposons,
octroyées après étude des prévisions
budgétaires et des états financiers, permettraient de tenir
compte de la situation réelle de chaque institution reconnue
d'intérêt public, dans un processus semblable à celui qui
prévaut au secteur public. On notera que l'effort financier à
fournir par le gouvernement au chapitre de ces deux subventions additionnelles
serait fixé par lui seul, en tenant compte des disponibilités de
la province et que présumément, dans aucun cas, cet effort ne
dépasserait les sommes consenties pour les établissements
publics. Les parents ou les étudiants seraient encore tenus de
contribuer financièrement, mais alors, dans une proportion
réduite, qui permettrait à l'ensemble de la population de se
prévaloir des services de l'institution privée reconnue
d'intérêt public. Dans la conjoncture actuelle (nombre
limité d'institutions privées en présence d'un nombre
imposant d'é- tablissements publics de qualité), il n'y a pas
lieu de craindre un déplacement de population scolaire du secteur public
vers le secteur privé; en règle générale, recourra
à ce dernier, la relativement faible proportion de la population
scolaire aux besoins de laquelle l'école publique ne répond pas
suffisamment (et souvent pour diverses raisons qui n'ont rien à voir
avec la qualité des établissements publics).
Aux articles 16 et 17, le 16 d'abord, nous proposons une modification
parce que nous jugeons inopérante à toutes fins pratiques, une
subvention fixe per capita.
Nous proposons qu'il y ait pour chaque élève inscrit dans
une institution et dont l'occupation principale est d'y suivre en personne les
cours réguliers du jour, que le taux de ces subventions fixé
annuellement par le lieutenant-gouverneur en conseil, sera d'au moins 75% des
dépenses admissibles au budget de l'institution établie selon les
règles en vigueur dans les établissements publics de même
catégorie.
La faiblesse inhérente de toute formule de subventions fixes est
bien connue. Les coûts d'opérations ne sont pas fixes et ils
augmentent continuellement. Ainsi, les subventions prévues par le bill
39 (identiques à celles qui étaient prévues dans les
articles 16 et 17 du bill 56) représentaient, lors de leur entrée
en vigueur, environ 60% du coût de l'enseignement secondaire (subvention
de $350 pour un coût moyen constaté d'environ $600) et de
l'enseignement collégial (subvention de $550 pour un coût
d'environ $950). Or, en 1968-1969, les mêmes subventions
représenteraient seulement 45% du coût de l'enseignement
prévu à ces deux niveaux.
Déjà, les institutions qui se prévaudraient de ces
subventions seraient dans l'obligation d'imposer des frais de scolarité
de l'ordre de $400 au secondaire et de quelque $600 au collégial.
Situation intenable. Certaines institutions, au prix de sacrifices qui
dépassent l'entendement, tiendront peut-être un an à ce
régime (du bill 39) espérant que la loi-cadre remédiera
à cette situation dès 1969-1970. Dans l'éventualité
où le bill 56 ne serait pas modifié sur ce point, les articles 16
et 17 demeureront inopérants car leur rendement aura encore
diminué et il ne se trouvera plus d'institutions pour s'en
prévaloir.
On objecte parfois qu'il est impossible de déterminer
rigoureusement le coût moyen de l'enseignement; on affirme
également que les pouvoirs publics doivent être en mesure de
prévoir avec plus de précision leurs engagements financiers,
opération que les subventions fixes facilitent (encore que là, il
n'est pas facile de prévoir les effectifs scolaires en fonction d'une
pleine occupation des « places-élèves » dans les
institutions privées où les frais de scolarité trop
élevés éloigneraient une partie indéterminée
mais appréciable de la clientèle autrement prévisible).
Chose certaine, par ailleurs, on tend à privilégier un
régime d'association où les institutions privées sont
financées théoriquement à 100%, en fonction de leurs
prévisions budgétaires, sans que l'opération (assez
considérable, puisque quelque 70 institutions et plus sont
impliquées) cause un problème. C'est un processus semblable que
nous proposons pour les institutions reconnues.
A l'article 17, nous soumettons une modification identique en proposant
que les normes parallèles, si vous voulez, seraient celles des
collèges publics. Je tiendrais à préciser que, bien
sûr, les explications données au sujet de l'article 16 valent mais
il y a un problème particulier pour l'enseignement collégial.
La mise en place des Collèges d'enseignement
général et professionnel à laquelle les institutions
privées ont collaboré à un point tel que certains les ont
accusées de s'approprier cet élément de la réforme
scolaire, a effectivement réduit le nombre des institutions
privées qui demeurent à ce niveau. D'ici un an ou deux, les
prévisions de la FCC se seront réalisées, et si l'on ne
tient pas compte des écoles normales et des quelques institutions
privées de niveau collégial (secteur professionnel) il ne
demeurera plus qu'une demi-douzaine de collèges privé s.
Autant nous avons voulu un enseignement collégial public de type
CEGEP, autant nous croyons bénéfique pour le système
d'éducation québécois, la présence de quelques
institutions privées utilisant des modèles «
organisationnels » et pédagogiques différents. Les
Américains, inventeurs des formules « Junior College » et
« Community College» (il y a maintenant de cela 50 ans), n'ont pas
pour autant abandonné le modèle « Liberal Arts College
», ni les modèles administratifs privés qui, au sein de 1'
« American Association of Junior Colleges », collaborent avec les
établissements publics.
Il importe de regarder la situation sans détour.
Indépendamment des voeux pieux formulés à l'intention des
collèges privés, et des professions de foi quant à leur
rôle complémentaire dans le système collégial, ces
institutions ne pourront se maintenir comme unité padagogique et sociale
valable à moins de pouvoir tabler sur un niveau de subventions qui les
rendrait généralement accessibles à l'ensemble de la
population. Même avec le régime des prêts-bourses, des frais
de scolarité dépassant $300 signifient à coup sûr la
disparition des quelques collèges privés qui demeurent.
A l'article 20, nous proposons tout simplement pour déterminer
les conditions d'admission aux subventions prévues aux articles 16 et
17, que le ministre ait préalablement consulté la commission.
Comme explication, la reconnaissance pour fins de subventions pourra
conditionner, dans bien des cas, la survie même de l'institution
privée. La commission, bien au fait de la situation des institutions
privées, nous semble toute désignée pour émettre un
avis valable à l'intention du ministre, en matière de
reconnaissance pour fins de subventions et de détermination du niveau
d'enseignement effectivement offert dans une institution privée.
A l'article 24, une question de détail. Nous soumettons qu'il
serait sans doute plus opportun de prévoir un permis qui puisse
être valable, valide pour une année ou plusieurs années,
selon qu'on le jugera utile et efficace.
A l'article 26, nous croyons qu'il s'agit d'un principe assez valable en
droit, je présume. Il s'agit de retirer, de refuser de renouveler un
permis. Nous croyons que dans un tel cas, le détenteur du permis devrait
pouvoir être entendu par la commission.
A l'article 44, qui est un article qui prévoit un pouvoir de
réglementation ou qui résume les pouvoirs de
réglementation, nous voudrions, là aussi, que ce soit sur la
recommandation du ministre, après consultation de la commission.
Nous croyons essentiel que la commission soit habilitée à
faire des recommandations au ministre sur toute question touchant
l'enseignement privé. Nous avons déjà indiqué que
l'ensemble de la réglementation affectant l'enseignement privé
serait déterminante dans la mise en oeuvre des intentions de la
loi-cadre. Aussi serait-il opportum de prévoir des consultations
préalables, statutaires, au risque de délais additionnels,
plutôt que de voir la commission se pencher, à coup sûr et
après coup, sur des réglementations dont la portée
affectera nécessairement ses propres travaux.
A première vue l'idée de prévoir des consultations
statutaires pour le conseil des ministres semble assez peu orthodoxe,
même si cela ne répugne pas en soi, et elle est d'ailleurs
prévue dans un cas spécifique, à l'article 31 du
présent bill. En pratique, les mesures prises par le cabinet dans ce
genre d'affaires doivent sans doute l'être sur la recommandation du
ministre de l'Education qui, lui-même, agit à partir de dossiers
élaborés par ses collaborateurs. Dans cette optique, la
consultation préalable de la commission que nous proposons n'a rien de
particulièrement contraignant, alors qu'elle offre une meilleure chance
de tenir compte de tous les aspects pratiques des mesures proposées
avant
leur adoption par le cabinet. Les délais possibles sont largement
compensés par une mise en application plus efficace parce qu'elle est
normalement prévue par les intéressés et probablement
moins contestée si les recommandations valables ont été
retenues.
Enfin, l'article 47, une précision de grande importance,
croyons-nous: Nous voudrions que seul l'article 22 entre en vigueur à la
date qui sera fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
L'article 9 statue sur la reconnaissance d'intérêt public
et nous ne voyons pas de raison particulière pour que ceci n'entre pas
en fonction au moment de la sanction de la loi.
Il serait par exemple inacceptable que l'article 9
d'intérêt public n'entre en vigueur par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil hypothétiquement qu'en 1975, par
exemple. Nous voudrions en fait que, dès 1969-1970, des institutions
privées qui répondent aux prescriptions de la loi puissent
être reconnues d'intérêt public.
En terminant, la réforme scolaire en cours a mis l'accent sur le
développement d'un secteur public jusqu'à maintenant
dévalorisé. Les artisans de la revalorisation ont eu parfois
tendance à la promouvoir sur le dos de l'enseignement privé. Il
est temps de revenir de part et d'autre à une vision plus sereine des
choses. Des institutions privées valables rendent service au public. Ce
serait sacrifier à une idéologie douteuse que de les contraindre
à disparaître. Dans le secteur de l'activité
économique, par exemple, une telle attitude apparaîtrait
immédiatement aberrante. Penserait-on à mettre un terme à
l'exploitation d'une entreprise manifestement productive et rentable pour
investir dans une entreprise nouvelle de rendement inconnu? Et pour pousser
l'analogie plus loin: le geste en question ne paraîtrait-il pas
doublement contre-indiqué si les capitaux libérés d'une
part devaient être réinvestis dans une entreprise où leur
entrée n'amènerait aucune amélioration? Or, dans la
meilleure hypothèse, c'est bien ce qui se produit lorsqu'on cesse de
subventionner une institution d'enseignement privé: ses effectifs
diminuent ou disparaissent complètement, pour passer dans des
établissements publics ou, règle générale, ils
coûtent sensiblement plus cher au trésor public. Un certain apport
financier de la part des parents ou des étudiants contribue soit
à réduire le coût de l'enseignement assumé par les
fonds publics, soit à assurer des services jugés
nécessaires par une clientèle scolaire donnée; pour les
pouvoirs publics, la règle devrait être que les institutions
privées ne doivent pas coûter plus cher à l'Etat que les
établissements publics de même catégorie et de même
niveau.
Mais, il y a plus que les aspects économiques. L'alinéa 72
du tome 4 du rapport Parent, reproduit en annexe au présent
mémoire, relie la participation des institutions privées au
système d'enseignement aux «libertés du citoyen», car
cette liberté du choix de l'institution d'enseignement est un corollaire
important de la liberté de conscience et de la liberté
d'opinion» Au fond, c'est la philosophie même du système
d'éducation qui est en jeu. L'heure est venue de regarder la situation
sans détour et de poser les gestes qui prouveront que le
préambule du bill 60, à la suite de nombreuses
déclarations internationales, est autre chose pour la
collectivité québécoise qu'un instrument pour se donner
bonne conscience. Il est inutile de se le cacher-, à moins que les
institutions privées ne jouissent d'une aide financière
appréciable de l'Etat, qui réduira à un niveau accessible
à l'ensemble de la population les frais de scolarité
exigés dans ces institutions, elles seront demain sans étudiants.
Sur quoi se fondera-t-on pour affirmer que la démocratie y aura
gagné... à moins qu'on assimile cette dernière à la
seule loi de la majorité? Mais, nous prévoyons que le
législateur soucieux de construire ainsi une société
juste, tolérante et respectueuse de l'homme, saura traduire dans les
faits les intentions droites et généreuses à l'endroit de
l'enseignement privé qui ne demande qu'à participer à
l'édification d'un système scolaire à la hauteur des
aspirations de notre collectivité. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Beauregard, je vous remercie beaucoup. Est-ce qu'il
y a d'autres rapports? Nous passons à un autre.
Le ou les représentants du collège Bourget, s'il vous
plaît. Est-ce que vous êtes présents?
UNE VOIX: Oui. M. LE PRESIDENT: Votre nom? M. Leblanc
M. LEBLANC: Représentant de l'Association parents-maîtres
de l'école secondaire Bourget sur le projet de loi-cadre de
l'enseignement privé.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, répétez votre nom
plus fort.
M. LEBLANC: Claude Leblanc.
Les parents et les maîtres d'écoles des
élèves de l'école secondaire Bourget (niveau secondaire du
collège Bourget de Rigaud ) veulent remercier ici le gouvernement du
Québec de
s'être penché sur le problème de l'enseignement
privé dans notre province, en proposant une loi-cadre de portée
très générale et soucieuse de maintenir dans notre
système d'éducation, des institutions qui ont contribué
pour une large part à la formation de son élite et de ses
dirigeants.
Cette loi, du reste, répond à l'attente de notre
association.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, monsieur, nous avons ici, comme groupe, le
collège Bourget et un peu plus loin l'Association des parents de
l'école secondaire Bourget, est-ce que vous représentez vraiment
l'Association dès parents de l'école secondaire Bourget?
M. LEBLANC: Oui, pas le collège.
M. LE PRESIDENT: Pas le collège, 24 sur notre liste? Voulez-vous
parler un peu plus fort s'il vous plaît! Est-ce que vous avez un
mémoire?
M. LEBLANC: Oui.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous parler un peu plus fort, s'il vous
plaît? Merci!
M. LEBLANC: C'est bien l'Association pa-rents-maîtres de
l'école secondaire Bourget, n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEBLANC: Toutefois, la poursuite d'objectifs nouveaux n'est pas
étrangère à nos préoccupations. Il nous semble, au
contraire, que la souplesse d'une institution comme la nôtre,
l'efficacité reconnue de son organisation et son contact
séculaire avec des générations d'élèves, la
désignent comme un promoteur valable et qualifié
d'expériences pédagogiques nouvelles, s'inscrivant justement dans
la ligne de la revalorisation scolaire prônée par le rapport
Parent. Le secteur public trouverait là une collaboration
précieuse, sinon un motif d'émulation dont il serait le premier
bénéficiaire, comme on peut le constater dans d'autres pays.
C'est sans doute à cette collaboration que le document no 1 de
l'éducation (Institutions associées et institutions
privées) fait allusion en maints endroits, quand il énonce
sapolitique de participation; par exemple, au paragraphe 26
(Nécessité d'une politique d'ensemble), on lit ceci: « Ces
politiques visent avant tout à favoriser la participation des
institutions privées au développement de l'éducation et
à la réforme scolaire. Elles visent également à
leur assurer la sécurité financière nécessaire pour
entreprendre cette nouvelle étape ».
L'on pourrait citer, dans le même sens encore, les paragraphes 28
(justice sociale et efficacité) et 55 (portée de la nouvelle
politique), où le législateur se montre soucieux d'utiliser au
maximum les ressources humaines et matérielles dont dispose notre
société; de permettre aux parents le choix d'une institution
d'enseignement (dans la logique du Bill 60) et aux institutions l'exercice
essentiel de leur autonomie, tout en s'associant à la réforme
scolaire. Cette politique nous apparaît être l'aboutissement en
Chambre ces dernières années (bills 50 et 58, bills 36, 37, 39 et
40) et qui manifestaient d'une manière non équivoque de la part
du gouvernement, une intention de gratuité scolaire complète dans
ce secteur de l'enseignement.
C'est dans cette optique que nous souscrivons pleinement à la
philosophie générale de l'Association des institutions
d'enseignement secondaire (autrefois de la Fédération des
collèges classiques ) et de la Fédération des associations
de parents de l'enseignement privé; cette philosophie, exposée
dans de nombreux documents publiés par la Fédération des
collèges classiques, a présidé à
l'élaboration d'une conception fonctionnelle de notre système
d'éducation, tout en respectant l'esprit des lois du ministère de
l'Education et du Conseil supérieur de l'éducation. En voici les
grandes lignes: Le ministre de l'Education est responsable du
développement de l'ensemble du système d'éducation; des
établissements publics doivent desservir tous les niveaux
d'enseignement; des institutions privées doivent pouvoir exister
à tous les niveaux d'enseignement et participer à part
entière à l'entreprise collective d'éducation, selon les
exigences reconnues du bien commun; les institutions privées doivent
pouvoir jouir d'une aide financière de l'Etat, selon les normes qui
respectent le bien commun et en égard à la qualité de leur
apport au système d'éducation.
Observations sur le projet de loi. C'est pourquoi nous tenons à
signifier dans ce mémoire et conformément à ce qui
précède, notre accord général avec la plupart des
clauses du bill 56 qui est venu en première lecture lors de la 13e
session de la 26e Législature.
Nous sommes d'avis que cette loi, si elle est adoptée,
représentera pour les maisons d'enseignement privé de formation
générale une amélioration sensible de l'état des
choses actuel, en ce qu'elle aura pour effet de: 1. Reconnaître
officiellement le statut des maisons d'enseignement privé, rendant ainsi
moins aigu pour lesdites maisons un état d'incertitude qui a pu
prévaloir jusqu'à ce jour.
2. Revaloriser dans l'opinion publique les maisons d'enseignement
privé qui, en raison de l'enseignement qu'elles donnent, de la
compétence de leur personnel enseignant et des méthodes
pédagogiques qu'elles utilisent, contribuent efficacement au
progrès de l'éducation dans notre milieu. 3. Tendre à
diminuer progressivement ce préjudice causé aux institutions
d'enseignement privé par la disparité des subventions entre les
maisons d'enseignement du secteur privé et les maisons d'enseignement du
secteur public.
Pour ces raisons, nous tenons à féliciter les auteurs de
ce bill et tous ceux qui ont participé à son élaboration.
Nous nous déclarons particulièrement heureux de la mise sur pied
d'une commission consultative de l'enseignement privé, prévue par
la section II de la loi, dont le mandat nous paraît sérieux et
suffisamment large pour faciliter la participation des institutions
privées valables à notre système d'éducation.
Les auteurs de ce bill ont dû se rendre compte comme nous, sans
doute, que les bienfaits pouvant découler de cette loi
dépendront, en bonne partie, de la façon dont elle sera
appliquée, et plus particulièrement des règlements qui
régiront son application.
Aussi, et pour respecter davantage, nous semble-t-il, l'intention du
législateur, nous aurions à proposer des amendements aux articles
suivants: 8, 12, 15, 16, 17, 20, 24, 26, 44 et 47.
L'article 8 du projet de loi se lit comme suit: La commission doit au
plus tard le 30 juin de chaque année, faire au ministre un rapport de
ses activités pour l'année financière
précédente.
Ce rapport doit contenir: a) La liste des demandes de permis ou de
renouvellement et, dans chaque cas, l'avis de la commission, de même que
les motifs qui le justifient. b) La liste des requêtes en
déclaration d'intérêt public et, dans chaque cas, l'avis de
la commission et les motifs qui le justifient.
Ce rapport doit aussi contenir tous les renseignements que le ministre
peut prescrire.
Ce rapport est déposé devant l'Assemblée
législative si elle est en session ou, si elle ne l'est pas, dans les
trente jours de l'ouverture de la session suivante.
Nous, de l'Association parents-maîtres, sommes d'avis que: 1. La
commission, telle que créée par la loi, constituera un corps
éclairé et valable, bien au fait de la situation de
l'enseignement dans le secteur privé, et de ce fait, en mesure de donner
pour le bénifice de la population en général, et de tout
le corps enseignant en particulier, une opinion judicieuse qui pourra varier
d'année en année. 2. Les limites du rapport, devant être
fourni, et telles qu'établies par l'article 8, constituent un
cloisonnement qui pourrait possiblement restreindre la commission dans son
expression au sujet de la situation de l'enseignement dans le secteur
privé.
Aussi serait-il souhaitable que ces limites soient moins
rigoureuses.
Dans ce but, nous suggérons donc que l'article 8 se lise comme
suit: La commission doit, au plus tard le 30 juin de chaque année, faire
au ministre un rapport de ses activités pour l'année
précédente.
Ce rapport doit contenir: a) La liste des demandes de permis ou de
renouvellement et, dans chaque cas, l'avis de la commission, de même que
les motifs qui le justifient. b) La liste des requêtes en
déclaration d'intérêt public et, dans chaque cas, l'avis de
la commission et les motifs qui le justifient.
Ce rapport doit aussi contenir tous les renseignements que le ministre
peut prescrire, et pourra également faire état de la situation de
l'enseignement privé au cours de l'exercice terminé.
La commission pourra, dans ce rapport, soumettre au ministre toutes les
recommandations qu'elle croira opportunes sur toutes les questions concernant
l'enseignement privé.
Ce rapport est déposé devant l'Assemblée
législative, si elle est en session, ou, si elle ne l'est pas, dans les
trente jours de l'ouverture de la session suivante.
L'article 12 de la loi se lit comme suit: « Le ministre, ou
à sa demande, la commission, doit vérifier le bien-fondé
de la requête à la lumière des besoins du territoire
desservi par l'institution et entendre l'Institution requérante à
sa demande. »
Il est de notoriété publique qu'un certain nombre
d'Institutions du secteur privé recrutent, la majorité, du moins
une bonne partie, de leur clientèle scolaire bien en dehors des
territoires particuliers où les maisons d'enseignement du secteur public
situées dans une même région donnée recrutent la
leur.
Il ne s'agit pas là d'une fantaisie de parents qui, par snobisme
ou sentimentalisme, préféreraient telle institution à
telle autre.
Il s'agirait encore moins du résultat d'une réclame qui
serait faite par ces institutions qui n'en font à peu près
pas.
Comment l'expliquer quand on constate que ces mêmes parents
appartiennent, dans la majeure partie des cas, à une classe qui est loin
d'être la plus fortunée de la société? Cette
année, à l'école secondaire Bourget, les statistiques
démontrent que 65% environ des élèves pro-
viennent du milieu ouvrier, industriel ou agricole, ou de familles dont
le père est vendeur ou commis de bureau.
Comment l'expliquer sinon par le fait qu'au-delà des
considérations d'ordre purement scolaire ces mêmes parents font
entrer en ligne de compte, dans le choix de la maison d'éducation que
fréquentera leur fils ou leur fille, des considérations d'ordre
éducatif et social?
Ces considérations ou ces motifs sont avant tout le désir
et le besoin qu'éprouvent les parents d'assurer à leurs enfants
la meilleure formation possible, c'est-à-dire une formation
complète sur tous les plans, dans des institutions qui, par leur
personnel, leurs méthodes et leurs services ont su, depuis des
décennies, répondre de façon satisfaisante à ce
besoin, et dont le succès est la résultante d'une tradition de
compétence et de dévouement qui se continue.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces considérations, qui
font opter un certain nombre de parents en faveur de telle maison
d'enseignement plutôt que de telle autre, n'ont rien ou à peu
près rien à voir avec le fait que la maison d'enseignement qui
fait l'objet de leur choix soit de tel ou de tel autre territoire.
Inversement, les besoins auxquels est en mesure de satisfaire une
institution dans le domaine de la formation, n'ont rien ou à peu
près rien à voir avec le fait que cette institution soit dans tel
ou tel autre territoire.
Ces considérations dont il a été fait mention,
transcendent toute notion de territoire pour aller se rattacher, d'une part, au
droit strict et inviolable des parents d'assurer à leurs enfants une
éducation de leur choix, et d'autre part, à une qualité de
formation dont la disponibilité n'est pas, ne peut pas, et ne doit pas
être limitée par un territoire spécifique.
Restreindre cette disponibilité de formation et la régir
en fonction des besoins d'un territoire donné équivaudrait
à brimer le droit des parents d'assurer à leurs enfants une
éducation de leur choix.
Aussi, nous recommandons que l'article 12 du projet de loi se lise comme
suit: « Le ministre, ou à sa demande, la commission, doit
vérifier le bien-fondé de la requête à la
lumière des besoins auxquels répond l'institution, et entendre
l'institution requérante à sa demande. »
L'article 15 du projet de loi se lit comme suit: « Une institution
déclarée d'intérêt public reçoit, pour chaque
année scolaire, des subventions pour acquitter le traitement de son
personnel, calculées selon les normes en vigueur dans les
établissements publics de même catégorie, telles qu'elles
sont établies par les règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil, lesquels déterminent également le mode de versement de
ces subventions. »
Le bill 56 a indirectement pour but de permettre que des parents
puissent envoyer leurs enfants dans des maisons d'enseignement privé
sans pour cela être indûment pénalisés au point de
vue pécuniaire.
N'y a-t-il pas lieu que l'ampleur du geste ne soit pas entravée
avant que l'on ait accompli ce que ce bill se propose d'accomplir?
Le citoyen dont le fils ou la fille fréquente une institution
d'enseignement privé, est un contribuable au même titre que le
citoyen dont le fils ou la fille fréquente une institution
d'enseignement public.
Aux mêmes obligations les mêmes droits!
Et si l'Etat, en défrayant pour les institutions du secteur
public certaines dépenses, permet comme résultat au citoyen dont
les enfants fréquentent des institutions d'enseignement public, de
pouvoir le faire sans payer de montants additionnels, pourquoi l'Etat
n'adopterait-il pas la même attitude envers le citoyen dont les enfants
fréquentent des institutions d'enseignement privé?
Pourquoi bannirait-il la discrimination sur tous les plans sauf dans le
secteur de l'enseignement et des subventions?
Pourquoi, en deux mots, entre deux catégories d'institutions,
dont on peut dire qu'elles sont pour le moins également valables, y
aurait-il différence de traitements?
Ce qui vaut, au point de vue des traitements et des subventions pour les
institutions d'enseignement public, devrait valoir pour les institutions
d'enseignement privé déclarées d'intérêt
public D'ailleurs, si les institutions privées fermaient leurs portes,
on peut raisonnablement penser que leurs élèves
fréquenteraient les institutions du secteur public, entraînant
ainsi une surcharge additionnelle pour l'Etat, laquelle, de toute façon,
serait proportionnellement plus lourde que celle représentée par
les subventions de l'Etat aux institutions privées.
En conséquence, nous recommandons que l'article 15 du bill, se
lise comme suit: Une institution déclarée d'intérêt
public reçoit, pour chaque année scolaire, des subventions
calculées selon les normes en vigueur dans les établissements
publics, de même catégorie, telles qu'elles sont établies
par les règlements du lieutenant-gouverneur en conseil, lesquels
déterminent également le mode de versement de ces subventions.
Ces subventions couvriront la totalité des traitements de son
personnel.
B, à la discrétion du ministre et sur recommandation de la
commission.
I, un montant affecté au service de la dette
et aux dépenses d'immobilisation et d'équipement. Un
montant couvrant, en totalité ou en partie, les autres postes du
budget.
L'article 16, du projet de loi se lit comme suit: Toute institution qui
n'a pas été déclarée d'intérêt public,
qui est reconnue par le ministre, et qui donne l'enseignement du niveau
secondaire et conformément à la présente loi et aux
règlements, reçoit à chaque année scolaire, une
subvention de $350 par élève inscrit dans cette institution et
dont l'occupation principale est d'y suivre, en personne, les cours
réguliers du jour.
La faiblesse d'un mode de subvention fixe telle que proposée dans
le présent article ainsi qu'à l'article suivant et qui reproduit
exactement les dispositions du bill 39 nous apparaît être la
suivante: Un per capita, toujours le même, $350 pour les
élèves du secondaire et $550 pour ceux du collégial doit
couvrir les frais d'opération dont le coût augmente d'année
en année, par suite de l'accroissement du coût de la vie, les
salaires du personnel professionnel et non professionnel, de la
dévalorisation réelle de la monnaie, si, au moment de la sanction
du bill 39, les per capita susdits représentant environ 70% du
coût réel de la scolarité, de façon à limiter
à $150 pour le secondaire et à $300 pour le collégial les
frais exigibles des parents, nous disait-on, à ce moment-là.
Mais, ils n'en représentent plus aujourd'hui, que 45% à
peine, et dans quelques années, un pourcentage beaucoup moindre. Elle
fera donc adopter à notre vie, un mode de subvention proportionnel au
coût réel de la scolarité, et pour ne pas grever
indûment le budget familial, et fixer à 75% des frais de
scolarité reconnus dans les établissement publics de même
catégorie. Pour ces raisons, nous recommandons que ledit article 16 soit
amendé pour se lire comme suit : Toute institution qui n'a pas
été déclarée d'intérêt public et qui
est reconnue par le ministre et qui donne l'enseignement au niveau secondaire,
conformément à la présente loi et aux règlements,
reçoit une subvention équivalant à 75% des frais de
scolarité, calculés selon les normes en vigueur dans les
établissement publics de même catégorie, telles qu'elles
sont établies par les règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil, lesquels déterminent également le mode de versement de
ces subventions.
L'article 17 du projet de loi se lit comme suit: « Toute
institution qui n'a pas été déclarée
d'intérêt public, et qui est reconnue par le ministre, et qui
donne l'enseignement au niveau collégial, conformément à
la présente loi et aux règlements, reçoit pour chaque
année scolaire, une subvention de $550 par élève,
visée à l'article 16. »
Même remarque qu'à l'article 16. Nous recommandons que
ledit article 17 soit amendé pour se lire comme suit: Toute institution
qui n'a pas été déclarée d'intérêt
public, qui est reconnue par le ministre et qui donne l'enseignement au niveau
collégial, conformément à la présente loi et aux
règlements, reçoit une subvention équivalant à 75%
des frais de scolarité calculés selon les normes en vigueur dans
les établissements publics de même catégorie, telles
qu'elles sont établies par les règlements du
lieutenant-gouverneur en conseil, lesquels déterminent,
également, le mode de versement de ces subventions. Le début de
l'article 20 du projet de loi se lit comme suit: « Sur la recommandation
du ministre, le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des
règlements. » Le début de l'article 44 du projet de loi se
lit comme suit : « En outre des pouvoirs de réglementation qui lui
sont conférés par la présente loi, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement. »
Le législateur a, de façon non équivoque,
souligné l'importance de la commission en mentionnant dans le corps des
articles de ce projet de loi onze sur 44 articles 6, 8, 9, 12,
14, 22, 26, 31, 33, 35 et 37 que l'avis de la commission devait être
obtenue.
En principe, tel qu'on peut le voir à la lecture des articles
cités, l'avis de la commission doit être obtenu sur toute question
importante. S'il est une question importante, tel que mentionné au
début de ce mémoire, c'est bien la question des règlements
qui fait l'objet des articles 20 et 44. C'est de cette question que peut
dépendre en bonne partie l'efficacité ou l'inefficacité de
la loi. Le législateur, par oubli peut-être, a omis de mentionner
dans chacun de ces articles que l'avis de la commission devait être
obtenu. Il me semble que les articles 20 et 44 entrent, par leur importance,
dans le contexte de ceux qui sont déjà cités. Pour cette
raison, nous recommandons que le début de l'article 20 se lise comme
suit; « Sur recommandation du ministre, après avis de la
commission, le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire les
règlements ». Que le début de l'article 44 se lise comme
suit; « Outre les pouvoirs de réglementation qui lui sont
conférés par la présente loi, le lieutenant-gouverneur en
conseil peut, après avoir obtenu l'avis de la commission par
règlement.
L'article 24 du projet de loi se lit comme suit; « Un permis est
valable pour un an et doit indiquer la date à laquelle il expire.
» II semble bien que, vu l'autorité du ministre de révoquer
un permis, il n'y ait d'autre inconvénient que le fait que certains
permis
puissent être accordés pour plus d'une année. Nous
recommandons donc que l'article 24 se lise comme suit: « Un permis qui
est valable pour une ou plusieurs années, doit indiquer la date à
laquelle il expire ».
L'article 26 de la loi se lit comme suit: « Le ministre peut,
après avoir obtenu l'avis de la commission, annuler ou suspendre le
permis détenu par toute personne qui ne se conforme pas aux conditions
du permis et aux dispositions de la présente loi ou des
règlements qui lui sont applicables. Une révocation de permis est
une question très sérieuse qui équivaut, jusqu'à un
certain point, pour l'institution concernée, à une condamnation
de sa façon de fonctionner.
Point n'est besoin de prouver que dans toute mention de notre droit,
personne ne peut être condamné sans avoir eu au moins le
privilège de se faire entendre. Nous recommandons donc que l'article 26
soit modifié pour se lire comme suit: « Le ministre peut,
après avoir obtenu l'avis de la commission qui aura entendu le
détenteur d'un permis, si ce dernier en fait la demande, annuler ou
suspendre le permis détenu par toute personne qui ne se conforme pas aux
conditions du permis ou aux dispositions de la présente loi ou des
règlements qui lui sont applicables ».
En conclusion, qu'il nous soit permis de souligner que le bill 56, en
assurant à une institution comme la nôtre les moyens juridiques et
financiers de donner son plein rendement, traduit ainsi, dans la pratique et
dans les faits, l'intention ferme que le législateur exprima
déjà clairement, dans le préambule du bill 60: permettre
réellement aux parents le libre choix de l'institution où ils
veulent que leurs enfants soient instruits. N'y a-t-il pas là, du reste,
l'affirmation d'un droit inaliénable proclamé solennellement
à l'article 26 de la déclaration des droits de l'homme. Ne
serait-ce pas là encore la réalisation de cette politique
éminemment respectueuse de la famille et de la personne, qui a
été proposée à notre population du Québec,
il y a quelques années, de rattacher la subvention à l'enfant
précisément pour éliminer dans un secteur aussi important
que celui de l'enseignement, les contraintes toujours odieuses d'une
planification qui peut facilement devenir automatique et impersonnelle.
L'Ecole secondaire Bourget, pour sa part, après avoir rendu
service au public pendant plus de cent ans, à une population
étudiante toujours croissante, souhaite continuer en collaboration avec
les institutions similaires, qu'elles soient publiques ou privées,
l'oeuvre irremplaçable de formation et de culture qu'elle s'est
assignée pour l'épanouissement et la promotion de notre
jeunesse.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Leblanc.
Voici l'horaire; nous allons ajourner à une heure moins le quart
et nous allons revenir à 4 heures, après que la Chambre aura
siégé; d'un commun accord avec les membres du comité...
Donc, il nous reste quelques minutes pour entendre les représentants de
la Fédération des frères éducateurs, Cap-Rouge,
Québec.
Ce sera le dernier avant...
M. GINGRAS: Messieurs, les membres...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous donner votre nom, s'il vous
plaît.
M. Gingras
M. GINGRAS: Henri Gingras, de la Fédération des
frères éducateurs de Cap-Rouge, secrétaire
général.
Messieurs les membres du comité parlementaire, la
Fédération des frères éducateurs sait gré au
gouvernement du Québec de s'être penché sur le
problème des institutions privées et d'en avoir ainsi, dans la
logique du bill 60, reconnu implicitement les services et les droits.
La Fédération des frères éducateurs se
plaît également à souligner l'opportunité de cette
législation. Toutefois, après l'avoir étudiée
soigneusement en diverses réunions, la fédération se
permet de faire les suggestions qui suivent.
Remarque préliminaire: Pourquoi deux bills: 56 et 61?
Nous avons été surpris de constater qu'il y a deux bills
différents pour les institutions privées: il semble que ce soit
nettement opposé à la politique générale de la
polyvalence qu'on suit au ministère de l'Education.
C'est pourquoi, en principe, nous souhaiterions volontiers un seul
projet de loi, d'autant plus que les deux pourraient assez facilement se fondre
en un seul.
Etude du projet: A l'article 6 du bill 56, on mentionne que « le
ministre est tenu d'obtenir l'avis de la commission dans tous les cas requis
par la loi ». Or, il n'est fait mention du rôle de cette commission
consultative qu'aux numéros 9, 14, 25, 26, 35 et 37. Par ailleurs, il
est fréquemment fait mention du règlement à venir,
notamment aux articles 15, 20, 27, 31 et 44. Sauf en ce qui a trait à
l'article 31, ces règlements sont décidés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, sans aucune mention d'un rôle possible
ou nécessaire de la commission consultative.
De plus, à l'article 9, on mentionne d'autres critères
déterminés par règlements, sans préciser aucunement
quels sont les responsables desdits règlements. En conséquence,
la Fédération des frères éducateurs émet le
voeu suivant:
Premièrement, que soit précisé à l'article
9, qui détermine ces « autres critères », et que la
commission consultative ait un rôle à jouer dans la
détermination desdits critères.
Deuxièmement, que, au moins en ce qui a trait aux numéros
20, 22 et plus particulièrement 44, la loi prévoie une
consultation obligatoire de la commission consultative.
Troisièmement, que pendant la période de mise en
application de la présente loi, le ministre consulte le comité de
la loi-cadre.
Article 9: Qu'on veuille bien ajouter la précision suivante:
« tant de niveau élémentaire que secondaire et
collégial » à l'institution qu'on se propose de
déclarer d'intérêt public.
Article 12. Attendu qu'une institution privée d'enseignement peut
offrir des avantages et des spécialisations qui débordent un
territoire donné, la Fédération des frères
éducateurs propose de substituer dans la formulation actuelle qui parle
des « besoins scolaires du territoire desservi », celle-ci qui nous
paraît plus appropriée: « A la lumière des besoins
scolaires auxquels répond l'institution ».
Article 15: II semble bien qu'on ait oublié
l'élémentaire ici et qu'il serait bon, nécessaire
même, de réparer une telle omission.
Quant aux subventions, nous proposons la législation suivante:
Une institution déclarée d'intérêt public
reçoit pour chaque année scolaire des subventions qui acquittent
les traitements du personnel professionnel et non professionnel des divers
postes budgétaires; subventions calculées selon les normes en
vigueur dans les établissements publics de même catégorie,
telles qu'elles sont établies par les règlements du
lieutenant-gouverneur en conseil, lesquels déterminent également
le mode de versement de ces subventions. Une telle institution reçoit
également un montant qui doit être affecté au service de la
dette, aux immobilisations et aux investissements pour fins
d'équipement.
Article 16 et 17. Qu'on nous permette ici les deux remarques suivantes;
Premièrement, aucune subvention n'est prévue aux articles 16 et
17 pour les institutions privées reconnues, de niveau
élémentaire.
Deuxièmement, une subvention fixe, per ca- pita, telle qu'elle
apparaît aux articles 16 et 17 ne devrait pas entrer dans un texte de loi
parce que les facteurs qui ont déterminé un tel montant varient
trop d'année en année.
C'est pourquoi la Fédération des frères
éducateurs insiste pour qu'on s'en tienne aux normes suivantes en ce qui
concerne les subventions aux institutions privées reconnues pour fins de
subventions seulement.
Toute institution qui n'a pas été déclarée
d'intérêt public, qui est reconnue par le ministre et qui donne
l'enseignement de niveaux élémentaire, secondaire ou
collégial, conformément à la présente loi et aux
règlements, reçoit pour chaque année scolaire une
subvention pour acquitter les traitements du personnel professionnel et non
professionnel des divers postes budgétaires; subvention calculée
selon les normes en vigueur dans les établissements publics de
même catégorie.
Articles 22 et 29. N'existe-t-il pas une certaine confusion possible
entre ces deux articles? A l'article 22, on mentionne deux sortes
d'institutions: Premièrement déclarées
d'intérêt public, deuxièmement reconnues par le ministre. A
l'article 29, il semble qu'on puisse en relever trois d'intérêt
public, reconnues par le ministre et permises.
Cherchant à faire disparaître la confusion, la
Fédération des frères éducateurs prie
respectueusement le ministre de bien vouloir préciser s'il doit vraiment
exister trois catégories d'Institutions.
Article 44g): Cet article 44g) me paraît dangereux puisqu'il
risque d'étouffer l'institution privée de deux façons:
Premièrement, d'une part, subventions insuffisantes;
deuxièmement, d'autre part, contrôle rigide des frais de
scolarité. Bref, une arme qui pourrait devenir efficace aux mains de
législateurs malintentionnés.
Tel sont les divers points sur lesquels nous voulions attirer votre
attention, messieurs les membres du comité parlementaire de
l'éducation.
M. LE PRESIDENT: M. Gingras, je vous remercie de votre mémoire.
Nous suspendons jusqu'à environ quatre heures.
M. LESAGE: Jusqu'à quatre heures.
M. LE PRESIDENT: Quatre heures, la ponctualité est la politesse
des rois.
Reprise de la séance à 16 h 7
M. PROULX (président du comité): A l'ordre, messieurs!
Voici notre masse salariale.
Etant donné qu'il reste plusieurs rapports à soumettre,
plusieurs mémoires à présenter, je demanderais aux gens
qui ont des rapports de dix, douze ou quinze pages de bien vouloir,
peut-être, les résumer. S'il s'agit des mêmes
recommandations qui ont été faites, est-il possible de passer
outre? De faire une présentation, de passer outre et d'en arriver
à la conclusion?
Nous voulons siéger jusqu'à 6 heures et siéger ce
soir de 8 heures à 10 heures. Alors, si nous pouvions, aujourd'hui,
passer le plus grand nombre de mémoires, ça ferait l'affaire de
tous, je pense. Parce que, s'il faut répéter, vous-mêmes
vous savez que les mémoires se répètent avec les
mêmes recommandations, alors, autant que vous le pourrez, selon votre
préparation...
UNE VOIX: Sur des points identiques.
M. LE PRESIDENT: Sur des points identiques comme le fait
remarquer mon collègue vous pourrez, peut-être, souligner
l'identité...
M_ MORIN: L'identité!
M. LE PRESIDENT: L'identité des remarques.
M. CARDINAL: Jusqu'à 10 heures moins le quart ce soir.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à 10 heures moins le quart ce soir pour
ceux qui ont à partir. Alors, nous siégeons ce soir
jusqu'à 10 heures moins le quart.
Je demande, en tout premier lieu, à Mlle Madeleine Bergeron de
nous dire un mot. Mlle Bergeron!
Mlle Madeleine Bergeron
MLLE BERGERON: Je représente l'école Cardinal-Villeneuve
qui est une institution pour enfants handicapés physiquement.
Malheureusement, je n'ai pas de mémoire à vous présenter.
Je n'ai su qu'au dernier moment que nous pouvions venir, aujourd'hui, vous
faire des représentations,, Elles seront brèves. Je peux vous
dire que l'organisme que je représente est d'accord, est en faveur du
principe du bill 56, relativement à l'enseignement pour l'enfance
inadaptée. A condition, toutefois, que ces institutions soient des
corporations formées sous la Loi des compagnies, sans but lucratif. Je
pen- se que je n'ai pas besoin de vous donner les raisons de cette condition.
Que des normes soient déterminées pour l'enseignement
donné dans ces institutions, et que l'on prenne des dispositions pour
que ces normes soient suivies et observées de façon rigoureuse
par les institutions qui recevront cette catégorie d'enfants. Je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, mademoiselle!
Je demanderais à l'Institut de perfectionnement des cadres
administratifs de se présenter s'il vous plaît! Le numéro
21. J'ai le mémoire. Mademoiselle, vous m'avez remis ce mémoire,
en avez-vous seulement un?
MLLE VAUGIEN: Oui, M. le Président, je n'en ai qu'un. J'ai deux
exemplaires, un en anglais et un en français.
M. LE PRESIDENT: Merci! Voulez-vous vous identifier, mademoiselle?
Mlle Martine Vaugien
MLLE VAUGIEN: Mon nom est Martine Vaugien de l'Institut de
perfectionnement des cadres administratifs ou Executive Development
Institute.
M. le Président, messieurs les députés, mesdames et
messieurs. En tant que porte-parole de l'Institut de perfectionnement des
cadres administratifs, et au nom de M.W.H. Innis, directeur administratif de
l'institut, j'aimerais vous présenter la soumission suivante concernant
le bill 61.
L'Institut de perfectionnement des cadres administratifs apprécie
grandement que le gouvernement du Québec, grâce au bill 61,
s'efforce d'assumer un standard de qualité minimale en ce qui concerne
les programmes éduca-tionnels, et d'instituer certaines garanties pour
les participants de cesdits programmes.
L'Institut de perfectionnement des cadres administratifs, ci-dessous
nommé IPCA ou EDI s'oppose fermement à l'adoption de cette
présente loi en fonction de ses activités
particulières.
L'histoire de l'institut, qui fut fondé en 1950 par un groupe de
diplômés de l'université Harvard et membres du Young Men
Section du Montreal Board of Trade, dont l'objectif était de propager
auprès des hommes d'affaires la possibilité de faire participer
chacun aux décisions d'affaires grâce au système des
méthodes de cas, sans pour cela devoir participer à un programme
formaliste de plusieurs années, afin d'obtenir un diplôme en
maîtrise de sciences administratives.
Au cours des années, l'IPCA a étendu ses activités
afin de couvrir une gamme plus étendue des problèmes
administratifs, dirigeant non seulement un programme de base mais introduisant
également des hommes doués dans des sphères
académiques ou du monde des affaires, dans le milieu
montréalais.
Depuis sa création, environ 6,000 participants, hommes ou femmes,
venant de plus de 600 compagnies, petites ou grandes, ainsi que des
gouvernement fédéral et provincial, ont
bénéficié du grand nombre de programmes que leur offrait
l'IPCA.
L'Institut de perfectionnement des cadres administratifs, dans toutes
ses activités, obtient une aide académique des facultés
des sciences, du commerce et de l'administration des universités Harvard
et Western Ontario.
L'Institut de perfectionnement des cadres administratifs fut
incorporé sous le régime de la loi des compagnies du
Québec et les lettres patentes furent émises le 5 octobre 1955,
comme étant une organisation éducationnelle sans but
lucratif.
Les exemptions dont je voudrais vous soumettre le texte. Dans le dessein
du bill 61, il appert que l'IPCA tomberait sous l'article « Loi de
l'enseignement professionnel » et serait ainsi exempté, en raison
des déclarations contenues dans l'article 2, en se
référant particulièrement au paragraphe g) de cet article,
ou bien des provisions de cette loi par règlement.
Virtuellement, toute personne qui participe à un cours ou
à un colloque offert par l'IPCA est sous la férule de son
employeur, celui-ci finançant les frais du cours afin de permettre
à ses employés de se perfectionner, grâce à un
programme d'éducation d'administration.
L'IPCA offre des cours qui, s'ils étaient donnés par une
entreprise commerciale ou industrielle tel que mentionné dans l'article
2, section g), seraient exemptés des provisions de cette loi. Si
l'entreprise envoie ce même employé à un cours dont le
programme est le même que celui offert par l'IPCA, ce cours sera donc
sujet à cette loi, à moins d'en être exempté. Nous
nous référons à l'article 4 intitulé «
Protection des élèves ». Nous apprécions le fait que
le gouvernement se veut de sauvegarder les intérêts des
élèves de certaines tactiques agressives ou plus ou moins
honnêtes. Cependant, nous ne voyons pas comment le gouvernement se
devrait de protéger les intérêts des hommes d'affaires,
pour de tels cours offerts par l'IPCA, quand ces mêmes hommes d'affaires
font face quotidiennement à des dangers commerciaux de beaucoup plus
grande importance.
La moyenne d'âge des participants de l'IPCA est de 38 ans. Leur
situation étant bien établie dans la communauté, il ne
semblerait pas qu'ils aient besoin de la protection réservée dans
cette section du bill 61.
En conclusion, nous déclarons que nous apprécions
grandement l'attention et l'intérêt du gouvernement dans
l'application de ce bill. Par contre, nous sommes fermement opposés
à ce qu'il s'applique à des institutions telles que l'IPCA pour
les raisons déjà mentionnées. Nous pensons que l'IPCA a
rendu de grands services au monde des affaires durant ses 19 ans d'existence.
En retour ce dernier nous a toujours prodigué ses encouragements et sa
reconnaissance. Nous espérons que vous saurez agréer à
cette demande. Merci.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, Mlle Vaugien. Je demanderais au
représentant de la Fédération des écoles
professionnelles privées du Québec de présenter son
mémoire, s'il vous plaît.
UNE VOIX: Quel numéro?
M. LE PRESIDENT: Le numéro 21. Monsieur.
M. Jean Meunier
M. MEUNIER: M. le Président... Jean Meunier. Le mémoire a
peut-être l'air un peu volumineux, mais je ne m'en tiendrai qu'aux faits
nouveaux, aux remarques qui n'ont pas été faites depuis le matin.
D'abord, d'une façon générale, M. le Président, je
dirai que les prises de position de la Fédération des
écoles privées visent surtout à rendre plus
sévère le contrôle des écoles privées, de
façon à prévenir la répétition de certaines
expériences malheureuses d'écoles qui ont fait perdre des sommes
considérables à des élèves. Et là même
où le gouvernement a dû intervenir pour continuer les cours. Alors
nous visons, premièrement à prévenir ces choses-là.
Comme dirigeants d'écoles professionnelles privées du
Québec, nous reconnaissons avoir une responsabilité sociale et
réalisons pleinement la nécessité de la surveillance de
l'Etat, des institutions d'enseignement des secteurs privés.
Aussi, c'est avec une grande satisfaction que nous assistons à la
création d'une nouvelle législation visant à assurer,
premièrement, un contrôle efficace de l'enseignement privé
et une protection adéquate à l'élève.
Si quelqu'un veut suivre le document, on verra que je vais passer
beaucoup de paragraphes.
L'opinion générale était à l'effet que la
loi-cadre allait régir le secteur entier de l'enseignement privé.
Le rapport Parent en faisait une recommandation non équivoque lorsqu'il
disait dans son article 354: « C'est donc une loi générale
et non restrictive que nous recommandons au gouvernement du Québec
d'adopter. »
Alors, M. le Président, avec les remarques du ministre de
l'Education faites ce matin, nous avons pratiquement l'assurance que les deux
bills seront fondus en un seul et nous faisons confiance au ministre et
à son équipe.
Nos recommandations avaient été préparées de
telle façon que nous aurions apporté nos amendements un par un
sur des papillons. C'est parce que nous étions prêts pour
l'étude de la loi. Mais, comme nous avons appris à la
dernière minute qu'il fallait tout simplement présenter un
mémoire, nous avons introduit nos papillons un par un et je ferai
allusion à ces différents papillons, seulement lorsque cela ne
constituera pas une répétition.
La première remarque concerne l'article 1 g) du bill 61. Je cite
mon texte: « Puisque par définition une école privée
dispense un programme différent des cours correspondants du secteur
public, il nous semble inutile de référer dans la loi à
l'expression « programme officiel » et de lui donner une
définition légale aux fins de la loi. De fait, la consultation
des différentes législations tant européennes que
canadiennes, révèle qu'aucun Etat n'impose de programme officiel
aux écoles privées ou non subventionnées. «
D'ailleurs, l'article 348 du rapport Parent dit: « Il faudra cependant
savoir accorder l'initiative et la liberté nécessaires à
chaque école, pour qu'elle puisse, selon son désir, innover dans
un domaine, mener une expérience utile, ouvrir des voies nouvelles, etc.
». « Nous croyons toutefois qu'un contrôle efficace des
programmes s'impose et que l'expression « programme autorisé
» correspondrait plus à la réalité. Nous
suggérons donc de remplacer « programme officiel » par
« programme autorisé » et la définition serait un
programme d'enseignement dont la validité est reconnue par la Commission
consultative de l'enseignement privé. « Nous ne voulons pas nous
soumettre au contrôle. Loin de là. Nous désirons ce
contrôle, cependant nous voulons que nos initiatives nous permettent de
répondre aux exigences de l'industrie. Nous devons être au pas
avec l'industrie, si nous voulons réellement produire du personnel qui
saura répondre aux besoins du marché du travail. »
Le papillon 2 et le papillon 3 ne nous sem- blent pas d'une importance
majeure. Je référerai au papillon 4 qui se rapporte à
l'article 15.
Il faut prévoir, je pense, le paiement des frais de
scolarité des cours d'une durée déterminée et nous
suggérons d'ajouter à l'article 15, le paragraphe suivant. Nous
pensons là, M. le Président, à des écoles qui
dispensent des cours comme des cours de pilote et des cours de
sténotypie où la durée du cours est imprévisible.
Tout dépend de l'aptitude et du travail de l'élève. Alors,
s'il s'agit d'un cours d'une durée indéterminée dont les
frais de scolarité sont payables sur une base horaire, hebdomadaire ou
mensuelle, l'étudiant n'est tenu de payer que les frais de
scolarité des heures, des semaines ou des mois effectivement
complétés ou débutés.
Nous nous sommes inspirés pour cela, de législations
étrangères et nous crbyons que cela devient
nécessaire.
Le papillon suivant se rapporte à l'article 15 encore une fois,
et nous disons ceci: Il est vrai que l'administration d'un établissement
privé a besoin d'une certaine protection contre la fantaisie ou le
manque de persévérance de certains élèves, mais
nous croyons qu'il est exagéré d'accorder à une
institution une indemnité de 20% du prix convenu pour le cours entier,
lorsque l'élève quitte l'institution avant la fin du cours. A ce
taux d'indemnité, certaines écoles auraient avantage à
voir partir les élèves dès le début du cours, car
elles s'assurent un profit net de 20%. Et ces remarques-là, M. le
Président, ont été faites par des directeurs
d'écoles professionnelles privées. Nous attirons l'attention sur
quelque chose que nous croyons exagéré car cela permet justement
i certaines écoles de réaliser des profits sur des travaux qui
n'ont pas été exécutés.
Alors, il suffirait donc, dans la huitième ligne du premier
paragraphe, à l'article 15, de changer 1/5 par 1/10.
Quant aux articles 23, 24 et 25 qui apparaissent au papillon
numéro 6, je dirai tout simplement que la consultation des
différentes législations canadiennes, américaines et
européennes en matière de programmes approuvés ou
autorisés dans les écoles privées ou libres, nous
révèle que, dans le domaine de l'enseignement professionnel, la
province de Québec serait le seul Etat à imposer son programme
aux écoles professionnelles privées. En considérant que
l'école privée diffère de l'école correspondante
dans le secteur public, surtout par son programme, ce serait la fin de toutes
les écoles professionnelles privées, si la loi imposait le
programme officiel du ministère de l'Education. L'étudiant qui
choisit une école privée le fait ordinairement à cause du
programme et
de l'enseignement intensif qu'il peut y recevoir. Ces avantages
enlevés, le candidat n'aurait plus raison de fréquenter
l'école privée, puisqu'il pourrait obtenir le même service
éducatif dans une école de l'Etat, et cela sans faire de
déboursés.
Nous suggérons donc que le nouvel article 23 se lise comme suit
et qu'il remplace les articles 23, 24 et 25. Et là, vous verrez que nous
acceptons, que nous demandons même le contrôle sur les programmes,
les professeurs et les examens. Et je lis l'article proposé: « Le
permis oblige l'institution qui le détient, à donner dans son
entier, le ou les programmes autorisés conduisant à la profession
ou au métier visé par le permis, à employer des
professeurs qui, dans l'opinion de la commission consultative, possèdent
les qualifications requises pour l'enseignement de la profession ou du
métier concerné. L'institution est aussi tenue de faire approuver
par la commission consultative, les examens qu'elle entend présenter
à ses élèves pour le sanctionnement de telles
études. »
L'article 26, M. le Président, est un article de concordance avec
les articles 23, 24 et 25. Alors, je ne crois pas nécessaire de le
lire.
L'article 40 porte sur les bourses. A la lecture du bill 61, on est
surpris de constater que la loi ne prévoit aucune aide financière
aux étudiants dont la situation financière des parents
répond à la Loi des prêts et bourses aux étudiants.
Cet oubli constitue une injustice envers ceux qui ont le droit de recevoir une
formation technique mais qui n'ont pas les moyens de se rendre dans les
écoles de l'Etat, à cause des distances, ou de leur état
civil, ou de la durée des cours.
Nous ne croyons pas qu'il soit opportun de suggérer aux
autorités gouvernementales d'accorder des subventions aux écoles
professionnelles privées mais l'aide financière doit suivre celui
qui en a besoin et qui doit recourir aux services des écoles
professionnelles privées pour recevoir une formation professionnelle qui
réponde aux besoins du marché du travail.
En conséquence, nous suggérons qu'il soit ajouté
à l'article 40 du bill 61, un paragraphe identifié par la lettre
« i », qui se lirait comme suit: « Déterminer les
normes suivant lesquelles l'article 11 de la Loi des prêts et bourses
peut s'appliquer aux écoles professionnelles privées. »
Nous désirons aussi, M. le Président, au papillon
numéro 9, suggérer un nouvel article pour la protection de
l'élève. Il nous semble nécessaire d'interdire aux
personnes et sociétés étrangères non
résidantes au Québec, de poursuivre en justice pour frais de
cours par correspondance. Sans cette restriction, les insti- tutions
étrangères sont soustraites au contrôle de la loi. Cet
article pourrait être inséré dans la section IV qui assure
la protection de l'élève.
Maintenant, c'est une recommandation, M. le Président, qui
apparaît déjà dans le mémoire que nous avons soumis
au ministre le 15 février dernier.
Voici, M. le Président, une recommandation qui nous semble
très importante. Lors de son étude, le comité consultatif
de la loi-cadre de l'enseignement privé avait, premièrement,
suggéré que le paiement des frais de scolarité ainsi que
des frais afférents ne puisse être exigé en moins de quatre
versements approximativement égaux. Le rapport final de ce
comité, remis au ministre le 15 février 1968, stipulait que le
paiement ne pouvait être exigé en moins de trois versements.
Voilà que le bill 61 permettrait à l'institution de percevoir les
frais de cours en deux versements seulement. Voici ce que ça donne en
pratique.
Les écoles qui vendent des cours de $1,000, par exemple
c'est là qu'il y a surtout des abus et de l'exploitation
pourraient donc percevoir à l'inscription, au moment de la signature du
contrat, $500 si l'article 13 demeure tel quel. C'est justement cette
possibilité de percevoir un montant important à la signature du
contrat qui a permis et qui permet encore à certaines écoles
d'exploiter les élèves.
Nous nous objectons à ce que le montant soit aussi
élevé. A notre avis, pour tous les cours de $300 et plus, il
faudrait plafonner le paie ment initial à 10% du prix total convenu pour
le cours et même le limiter à$50, même si le cours vendu
dépasse $500.
Ces conditions pourraient être fixées par règlement.
Il ne suffit pas de les insérer dans la loi.
Quant à l'article 13, nous suggérons la rédaction
suivante: « Nul ne peut exiger le paiement de frais de scolarité
ou de frais afférents, dans une institution, en moins de quatre
versements au lieu de deux. » C'est le changement que nous
désirons apporter.
Quant à l'article 18, M. le Président, qui a fait le sujet
de discussions très longues, tant au conseil des écoles
professionnelles privées qu'à la Fédération,
l'article 18, pour l'information de tout le monde, interdit la sollicitation de
personne à personne pour la vente de cours. M. le Président, j'ai
apporté moi-même cette idée nouvelle au comité
consultatif de la loi-cadre et moi-même, je l'ai obtenue d'un journal de
Paris qui s'appelle le Monde où l'on a, à un moment donné,
expliqué le scandale des cours par correspondance et où l'on a
informé
la population à Paris, pour toute la France, que certaines
écoles de France imposaient d'elle-mêmes l'interdiction de la
sollicitation. Et eux, ils appellent ça interdiction du
démarchage à domicile.
M. le Président, voici les remarques qui se rapportent à
l'interdiction de sollicitation. Nous avons la ferme conviction qu'il n'en
n'est pas de l'éducation comme d'une quelconque entreprise commerciale.
L'école privée doit d'abord et avant tout prouver qu'elle est une
maison d'éducation, et c'est la valeur de son enseignement, et non la
puissance de son « sale's force », qui lui vaudra le titre
d'institution d'enseignement. Il faut absolument dans cette loi,
décommercialiser certaines écoles professionnelles du
Québec, et ça, nous l'avons demandé à maintes
reprises. Je suis heureux de voir que là on a enfin une loi qui va nous
permettre de corriger ce qui a fait pendant trop longtemps, ce qui a fait
passer les écoles, toutes les écoles professionnelles
privées pour des « rackets », alors que ce n'étaient
que des exceptions. Mais il y en a encore qui réussissent. Nous sommes
donc d'accord, M. le Président, pour que l'article 18 demeure dans la
loi, mais nous suggérons une modification au paragraphe a), de
façon à permettre à certaines écoles de fournir
publiquement des renseignements à des groupes de personnes
invitées à prendre place dans une salle.
Ce que nous ne voulons pas, M. le Président, c'est qu'il soit
permis à une école d'envoyer un représentant, qui seul
dans une maison privée, sans témoins, fasse signer un contrat et
que dans bien des cas, ce contrat soit signé à la suite de
promesses verbales, sachant très bien que l'école ne tiendra
jamais ces promesses-là. Or, si notre ami, M. Jean-Guy Leboeuf, par
exemple, décide d'expliquer ses cours dans une salle d'école,
dans une salle publique et le fait devant 50 personnes, il ne peut pas faire de
la fausse représentation, c'est fait publiquement. Alors, M. le
Président, nous recommandons que a) soit changé, et qu'on dise
tout simplement les renseignements fournis à des groupes de personnes
réunies dans un même local.
La dernière recommandation. M. le Président, l'article 35
autorise le lieutenant-gouverneur en conseil à réglementer
l'enseignement par correspondance. Etant donné qu'aux paragraphes b, c,
d, de l'article 35, on semble vouloir apporter une nouvelle
réglementation pour la protection de l'élève, nous sommes
portés à croire que l'article 35 soustrait l'enseignement par
correspondance de la section 4 du bill 61, sinon pourquoi une
réglementation différente? Nous pensons, par exemple, à
l'article 18 qui interdit la sollicitation de personne à personne, et
nous croyons que les maisons dispensant un enseignement par correspondance, ne
devraient pas être soustraites à cette indispensable
législation.
Nous proposons donc que toute la section 4, qui se rapporte à la
protection de l'élève, s'applique aussi à l'enseignement
par correspondance.
Alors, M. le Président, après ces remarques, le tout vous
est respectueusement remis à l'attention du comité parlementaire
de l'éducation, avec l'espoir que notre humble collaboration aura permis
la création d'une loi efficace et démocratique.
M. LE PRESIDENT: M. Meunier, je vous remercie beaucoup.
Je demanderais au représentant de la Chambre de commerce du
district de Montréal, d'adresser la parole.
M. Fernand Alie
M. ALIE: M. le Président, M. le Ministre de l'Education, M. le
chef de l'Opposition...
M. LE PRESIDENT: Votre nom s'il vous plaît?
M. ALIE: M. Fernand Alie, membre de la Chambre de commerce de
Montréal.
M. Le président du comité de l'enseignement privé
à la Chambre de commerce de Montréal, M. Paul Dumas, devait
être ici cet après-midi, mais n'ayant pu se présenter, il
nous a demandé, à moi et à M. Leboeuf, de présenter
le mémoire en son nom. C'est pourquoi, s'il y a quelques explications
supplémentaires à donner, M. Leboeuf s'en chargera parce que je
n'étais pas préparé à le présenter à
sa place et je me contenterai de le lire, si vous le voulez bien!
Je dois dire, en passant, que nous sommes très heureux de compter
le ministre de l'Education comme membre de la Chambre de commerce de
Montréal.
En premier lieu la Chambre de commerce de Montréal...
M. LE PRESIDENT: Nous aurons bientôt une Assemblée
nationale. Continuez.
M. LEVESQUE (Laurier): Cessez de nous faire du tort!
M. ALIE: La Chambre de commerce de Montréal est d'accord pour
appuyer les re-
commandations qui ont été faites, ce matin, par PAIES et
l'ACQ, recommandations qui vous ont été présentées
par M. Claude Beauregard, C'est donc dire qu'elle ne s'attaquera que
très peu au bill 56, puisqu'elle appuie ces recommandations. Les
recommandations de la Chambre de commerce de Montréal portent donc,
surtout, sur le bill 61. Je me permets donc de lire le texte qui a
été préparé par la Chambre de commerce de
Montréal, appuyée par le bureau des directeurs, hier midi.
En février 1967, la Chambre de commerce du district de
Montréal remettait au gouvernement de la province de Québec un
mémoire au sujet des écoles professionnelles privées.
La Chambre recommandait notamment que le gouvernement de la province
forme un comité consultatif composé de représentants du
monde du travail et des secteurs privé et public de l'enseignement. La
chambre demandait aussi que le gouvernement prévoie
l'établissement de normes d'accréditation, que des recherches
soient entreprises pour motiver les adultes à se perfectionner en
fonction des besoins de l'heure et du marché du travail, que le
gouvernement de la province accorde une aide financière suffisante aux
institutions valables du secteur de l'enseignement privé, enfin, que la
Chambre soit représentée au comité consultatif en vertu du
caractère particulier de la région métropolitaine sur le
plan de l'utilisation des ressources humaines, et de l'influence que
Montréal exerce sur l'économie de toute la province.
Quelques mois plus tard, la Chambre soumettait ses observations au
ministre de l'Education au sujet du mémoire de la
Fédération des écoles privées de la province de
Québec.
La Chambre accueille très favorablement le projet de
législation sur les écoles privées que le gouvernement du
Québec a préparé dans les bills 56 et 61. Elle constate
avec plaisir que ces deux projets de loi satisfont la presque totalité
des recommandations contenues dans son mémoire de février et de
décembre 1967...
La Chambre veut néanmoins profiter de l'occasion que lui offre le
gouvernement de la province et soumet respectueusement les recommandations qui
suivent au sujet des bills 56 et 61.
Conformément aux règlements de la Chambre, le
présent mémoire a été ratifié par le conseil
d'administration présidé par M. Samuel Gagné,
président actuel de la Chambre, le mercredi le 20 novembre 1968, et
constitue, par conséquent, l'opinion officielle de la Chambre de
commerce du district de Montréal.
Recommandations sur le bill 61. Article 15.
Nous croyons que l'article 15 devrait aussi prévoir le cas des
institutions qui dispensent des cours d'une durée
indéterminée. A cet effet, nous suggérons qu'on ajoute le
paragraphe suivant à cet article: « S'il s'agit d'un cours d'une
durée indéterminée, dont les frais de scolarité
sont payables sur une base d'honoraires horaires, hebdomadaires ou mensuels,
l'élève n'est tenu de payer que les frais de scolarité des
heures, des semaines ou des mois effectivement complétés. Dans le
cas où l'élève ne termine pas une période de cours,
l'institution ne peut exiger qu'une indemnité n'excédant par 1/10
du prix total convenu pour la période non terminée.
Recommandation numéro 2, qui porte sur l'article 18; elle a trait
aux solliciteurs. Il me semble qu'elle est un peu différente de celle
que nous venons d'entendre de la part de M. Meunier. Ce n'est pas à nous
d'en juger. Mon devoir est de vous la communiquer.
Etant donné que la protection du public nous semble fort bien
assurée par les articles précédents, la Chambre est d'avis
que les dispositions prévues à l'article 18 sont excessives et
doivent être éliminées.
La Chambre recommande plutôt que les vendeurs des institutions
privées d'enseignement soient contraints d'obtenir un permis pour
exercer leur activité. Ce permis pourrait être émis par le
ministre selon l'avis de la Commission consultative de l'enseignement
privé, en conformité avec les règlements prévus
à l'article 40 du bill 61.
C'est donc assez différent de ce qu'on vient d'entendre. A vous,
messieurs, d'en juger.
Article 20. La chambre recommande que le dernier paragraphe de l'article
20 soit supprimé. C'est un paragraphe qui a trait aux
débouchés sur lesquels l'article demande de faire certaines
investigations ou en somme d'inventorier les débouchés, avant
d'organiser une école ou d'organiser des cours.
En effet, cette disposition peut entraîner une application abusive
et, par ailleurs, pourrait forcer une institution à entreprendre des
études de marché systématiques qui dépassent les
buts et les moyens de ladite institution.
Recommandation numéro 4. Elles porte sur l'article 26.
La chambre croit que la loi doit permettre à des institutions
privées de se spécialiser dans certaines matières dont
l'ensemble ne correspond pas nécessairement à l'éventail
complet des matières prévues au programme officiel des
différentes catégories de cours.
C'est pourquoi la Chambre recommande que l'article 26 se lise comme
suit: à partir des
mots « organiser un enseignement », on aurait « un
enseignement intensif ne comportant que des cours au lieu de « les
cours » de formation professionnelle prévus au programme
officiel. »
Recommandation numéro 5. Elle porte sur l'article 32 du bill
61.
La Chambre considère que l'enseignement par correspondance doit
être assujetti à des dispositions légales aussi
précises que celles qui régissent les autres formes
d'enseignement.
C'est pourquoi la Chambre recommande qu'on ajoute aux conditions
d'existence des institutions d'enseignement par correspondance prévues
à l'article 32, les dispositions prévues à la section IV
du présent bill qui ont trait à la protection du public
conformément aux amendements suggérés plus haut.
Ces dispositions devront évidemment être adaptées pour
tenir compte du fait que les élèves suivent les cours par
correspondance et ne se rendent pas à l'école.
Recommandation no 6. Elle porte sur l'article 35. La cinquième
recommandation de la Chambre rend inutiles les dispositions, les alinéas
a, b, c, d et e de l'article 35.
Quelques remarques simplement sur le bill 56, pour prouver ce que j'ai
dit au début, que la suggestion faite par l'organisme que
représentait, ce matin, M. Beaurégard. La recommandation
numéro 7 sur les articles 16 et 17. Nous approuvons l'esprit, mais nous
proposons quand même une modalité un peu différente mais
fondamentalement, nous sommes d'accord sur l'esprit. On dit que la chambre
reconnaît la nécessité d'établir des normes qui
serviront à l'octroi de subventions. Néanmoins, elle croit que le
montant de $350 ou $550, prévu aux articles 16 et 17, devrait être
fixé par les règlements plutôt que par la loi, pour
éviter que cela soit figé trop longtemps dans la loi et que cela
devienne un octroi qui diminue au fur et à mesure des années,
proportionnellement au coût réel de l'enseignement.
Recommandation 8. La Chambre recommande que la législation
proposée soit assortie des règlements prévus dans les plus
brefs délais. C'est une recommandation qui a été faite, je
crois, ce matin. La Chambre est d'avis que la philosophie qui a
présidé à l'élaboration des CEGEP où
l'enseignement général et l'enseignement professionnel
côtoient, doit être maintenue de la même façon. La
Chambre considère que les institutions privées d'enseignement
devraient être régies par une loi unique. Ce qui a
été dit aussi ce matin. Qu'elle dispense de l'enseignement de
formation générale, professionnelle ou de culture personnelle. La
Cham- bre recommande que les bills 56 et 61 soient fondus pour ne constituer
qu'une loi de l'enseignement privé.
Il est dans le programme traditionnel de la Chambre d'organiser des
cours pour ses membres. Selon le bill 61, elle sera assujettie à la loi
de l'enseignement privé. La Chambre se soumet volontiers à cette
éventualité.
M. LE PRESIDENT: M. Alie, je vous remercie beaucoup. Est-ce qu'il y a
des représentants de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec qui sont ici?
Est-ce qu'il y a des représentants de la CSN?
Est-ce qu'il y a des représentants du Conseil supérieur de
l'éducation qui sont ici?
Je demande à la Fédération des écoles
privées de la province de Québec, s'il vous plaît, de
parler. Numéro 28.
M. Jean-Guy Leboeuf
M. LEBOEUF: M. le Président, le prochain mémoire est
présenté à titre individuel, et c'est par erreur que
c'était mentionné au nom de la fédération, puisque,
tantôt M. Meunier a lu le rapport de la fédération. Si vous
me le permettez quand même, j'aimerais expliquer pourquoi, à titre
individuel, je présente ce projet. Est-ce que vous me le permettez, M.
le Prêsident? Mon nom est Jean-Guy Leboeuf. Je serai très
bref.
Merci beaucoup.
M. CARDINAL: II serait bon pour le journal des Débats que le nom
de l'institution que vous représentez soit enregistré.
Deuxièmement, nous aimerions savoir si nous aurons copie de ce
mémoire.
M. LEBOEUF: Vous l'avez, M. le ministre. M. CARDINAL: Merci.
M. LEBOEUF: M. le Président, 50 copies de ce mémoire ont
été déposées.
M. CARDINAL: Cela va.
M. LEBOEUF: Mon nom est Jean-Guy Leboeuf. Je réprésente
l'Institut de personnalité, membre de la Chambre de commerce de
Montréal et aussi membre de la Fédération des
écoles privées de la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: La chambre de commerce, c'est bon.
M. LEBOEUF: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Une réflexion personnelle. Continuez.
M. LEBOEUF: Merci. Si le couvercle est bleu, c'est par pure
coincidence.
M. LE PRESIDENT: Il y a eu une couleur rouge, tout à l'heure.
C'était une coincidence de M. Meunier.
M. LEBOEUF: C'est accidentel.
M. LE PRESIDENT: C'est le hasard. Le hasard fait bien les choses.
M. LEBOEUF: Quand on l'aide un peu. L'ai-né de mes quatre
enfants, récemment, me posait une devinette: Il m'a dit: Papa, sais-tu
pourquoi on a fait installer récemment, une horloge dans la tour de
Pise? J'ai cherché la réponse, je ne l'ai pas trouvée. Il
m'a dit que la raison pour laquelle on a fait poser une horloge dans la tour de
Pise, c'est que c'est cruel d'avoir un penchant quand nous n'avons pas le
temps.
Nous avons tous entendu, ce matin, plusieurs associations manifester
l'idée qu'elles avaient toutes le penchant de pouvoir refondre les deux
bills 56 et 61 en un seul. Et, mardi après-midi, alors que j'assistais
à une assemblée où étaient groupées les
associations de parents des associations d'écoles privées et de
collèges classiques, un défi m'a été lancé
de pouvoir refondre en quelques heures les deux bills en question.
Enfin, j'avais l'idée que c'était une possibilité,
et que je ne serais pas banni de cette assemblée. J'ai forcé un
peu les choses, et j'ai condensé, dans ce court mémoire, les deux
bills en un seul.
En le lisant, vous remarquerez que tous les articles des deux bills y
sont compris et qu'il ne semble pas à première vue y avoir de
contradiction. Naturellement, il y a une foule d'oublis et d'erreurs sur le
plan de la terminologie et de la numérotation. Mais, quand même,
cela démontre un souci de collaboration de ma part auprès de
toutes les associations qui ont passé aujourd'hui, et également
auprès du ministre de l'Education. Je n'ai tenu compte d'aucune
considération, modification ou recommandation qui ont été
prononcées et proposées par des personnes physiques ou
morales.
M. le Président, ma communication est terminée. Est-ce
qu'il y aurait des questions?
M. CARDINAL: Non. Je remercie M. Le-boeuf d'avoir vaincu sa
timidité pour nous présenter ce mémoire.
M. LEBOEUF: J'oserais dire, M. le Président, que la
timidité, pour moi, c'est un handicap, ce n'est pas une vertu
cardinale!
M. LE PRESIDENT: L'esprit fuse, l'esprit fusel Vous avez un front de
boeuf! Je demanderais aux représentants du collège O'Sullivan de
présenter leur mémoire. Un instant, ici. Le numéro 26,
oui.
Est-ce que les représentants de l'Association des
collègues commerciaux sont ici?
Alors, le collège O'Sullivan, s'il vous plait.
M. Rousseau
M. ROUSSEAU: M. le Président, messieurs les membres du
comité. Nous vous avons remis un mémoire, ce matin, et il semble
que des copies ont été perdues ou égarées. Puis-je
vous demander si tous les membres ont reçu copie d'un mémoire tel
que celui-ci?
M. LE PRESIDENT: Nous avons ici deux mémoires. Un petit et un
plus gros.
M. ROUSSEAU: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Lequel est le plus important?
M. ROUSSEAU: Les deux.
UNE VOIX: Plus important que quoi?
M. ROUSSEAU: Nous avons présenté un mémoire
attirant votre attention sur la portée des bills 56 et 61 tels que
rédigés sur les institutions privées.
Le but de ce mémoire est de vous demander de modifier les
articles du bill 61 afin de permettre à l'enseignement privé de
participer d'une façon pleine à l'éducation dans la
province de Québec, vu les objectifs du bill 60 et le besoin pressant
d'utiliser toutes les ressources existantes dans le domaine de
l'éducation dans la province.
Les recommandations qui suivent sont expliquées dans le
mémoire. Donc, je n'entrerai pas dans le détail de l'application
des recommandations, ni dans les détails qui soutiennent les
recommandations.
Plus précisément, nous recommandons qu'un système
d'accréditation tel que proposé dans notre mémoire et qui
s'est avéré une formule pratique d'évaluation aux
Etats-Unis, soit incorporé au bill 61.
Que le bill 61 assure aux institutions privées
accréditées, l'autonomie en matière de programmes et
d'examens.
Qu'en ce qui concerne les remboursements des frais de scolarité,
il y ait une distinction de faite entre les maisons qui vendent des cours
individuels, et les maisons qui reçoivent des étudiants, pour un
programme établi sur une base de trimestre, de semestre ou
d'année.
Que dans le cas des écoles privées à but non
lucratif, les bills 56 et 61 soient amendés de sorte que les subventions
soient versées pour ne servir qu'à des fins précises
telles que la constitution de bibliothèques, l'achat ou la location
d'équipement, la poursuite de recherches, l'acquisition d'immeubles.
Que dans le cas des écoles privées à but lucratif,
les bills 56 et 61 prévoient la possibilité de subventions pour
servir à des fins précises telles que la poursuite de recherches
et la constitution de bibliothèques.
Que les étudiants qui fréquentent les institutions
privées, à but lucratif et à but non lucratif, puissent
recevoir des bourses au même titre que tous les autres étudiants
qui fréquentent les institutions d'Etat.
Qu'une subvention calculée sur une base per capita soit
versée aux institutions privées accréditées afin
que celles-ci ne soient obligées de réserver leurs services
qu'à une population économiquement forte.
Que les étudiants des institutions privées ne soient pas
obligés de se présenter aux examens du ministère, mais que
ces institutions puissent conserver une autonomie en matière de
programmes et d'examens. De plus, les maisons accréditées
privées devraient cependant faire approuver des examens par le
ministère de l'Education.
Que le ministère de l'Education établisse un dossier
permanent pour chaque étudiant où seraient enregistrés les
crédits obtenus dans les écoles privées
accréditées et ailleurs, afin de créer un registre central
et permanent des études, en vue de l'éducation permanente, ce qui
permettrait aussi le transfert des crédits de cours.
Qu'il soit prévu que les crédits et diplômes obtenus
dans les institutions privées accréditées et dans les
autres institutions soient reconnus par les universités du Québec
et transférables à celles-ci si les étudiants
désirent poursuivre des études au niveau universitaire.
Que les institutions privées puissent décerner un
diplôme d'associés après un cours de deux ans.
Que le système d'accréditation permette aux institutions
d'offrir un programme terminal d'un an au premier degré post-secondaire,
et que ces institutions et les étudiants aient droit aux avantages de
l'accréditation au même titre que dans les cas des programmes de
deux ans.
Que le gouvernement ne vote pas le bill 61 si aucune modification n'est
faite et sans qu'un système d'accréditation n'y soit
incorporé.
Nous soumettons que les bills 56 et 61 ne devraient pas être
votés à moins d'être modifiés, en tenant compte des
recommandations énumérées ci-haut qui sont
explicitées dans notre mémoire ci-joint. Afin de permettre aux
institutions privées valables qui existent et qui oeuvrent depuis
longtemps dans le domaine de l'éducation de participer pleinement au
travail construct if actuellement en voie de réalisation, nous vous
prions de croire, M. le Président et messieurs les membres du
comité, à notre entière coopération.
M. LE PRESIDENT: Je remercie beaucoup M. Rousseau. Je demanderais au
représentant de l'Association des collèges commerciaux de la
province de Québec de présenter son mé moire. Le
numéro n'est pas inscrit, c'est le dernier. C'est un autre, un
non-inscrit. Voulez-vous dire votre nom, s'il vous plaît?
Mr. J. Phillip Page
M. J. P. PAGE: Mr. J. Phillip Page, l'Association des collèges
commerciaux de la province de Québec.
M. le Président et membres du comité, Mr. Chairman, before
readingthe mémoire intrench, I would like to have the opportunity to say
a few words in english because assisting throughout the morning and this
afternoon, it appears that our memoires are being presented in french and I
think it should go on record that the english-speaking «
Québécois » is a family concern about education in general
and about the private schools.
We also believe that quality should not be measured by quantity.
Therefore, my remarks though are brief I think that they are useful. Similarly,
as a great number of our schools, as private business colleges are small, we
also believe that this old true that they should not be measured by size but
rather by quality.
As indicated in our brief, the principal concern of the members' schools
of our association is the uncertain feature due to the anormal regulation
pertaining to bill 56 and 61. We are proud of our past contributions in the
education of our youth and to the public in general and trust that there will
be a future. As mentionned this morning by Mrs. Mathieu, we also believe that
if it is the intention of the Government of the Province of Quebec to have the
private school disappeared, we prefer to be told directly rather than be
eliminated by legislation. We, of private business colleges, may be different
from the majority
that presented their brief today, because we do not ask for money.
M. le Président, membres du comité, en présentant
ce mémoire, l'Association des collèges commerciaux de la province
de Québec désire soumettre à l'intention et l'attention du
comité les recommandations suivantes ainsi que ses observations à
la suite d'une étude des bills 56 et 61.
En premier lieu, nous attirons l'attention sur l'importance du
rôle qu'ont joué, dans le passé, les collèges
privés dans le secteur de la formation professionnelle et qu'on veut
poursuivre dans l'avenir.
Nous vous remercions de bien vouloir prendre en considération les
remarques. Aussi, à titre de président de l'association et en
tant que membre du comité gouvernemental, chargé de
préparer et de formuler ces recommandations, je suis reconnaissant de
l'attention portée à notre égard et je veux vous exprimer
notre accord entier sur la nécessité d'une législation
concernant l'émission des permis, tel que les bills 56 et 61 le
souhaitent.
Notre réticence porte plutôt sur les lois et les
règlements qui en découleront. Depuis 1960 les collèges
privés ont fonctionné sur une base annuelle et dans l'impatience
d'une législation gouvernementale à ce sujet.
Pour assurer un service approprié aux étudiants et pour
permettre une saine administration, nous croyons que l'institution
privée doit maintenir une planification pour l'avenir. Ainsi, nous
recommandons au comité d'être attentif à ce qu'on
n'applique pas des lois et des règlements restrictifs ou même
prohibitifs qui rendraient impossible l'existence des collèges de
formation professionnelle des employés de bureau.
Plusieurs institutions, membres de notre association, existent depuis
10, 20, 30 et 40 ans. N'est-il pas permis de penser que seuls des services
appropriés si je prononce mal vous allez m'excuser et une
qualité d'enseignement supérieur ont rendu possible le maintien
des institutions pendant si longtemps. La plupart de ces collèges n'ont
jamais reçu l'aide financière du gouvernement. Ils se soutiennent
grâce aux paiements des parents des étudiants. C'est leur profonde
conviction de vouloir demeurer pleinement indépendants afin de
poursuivre l'oeuvre accomplie au service de la société.
Pour la protection du public, nous signalons que les bills 56 et 61
assurent une protection du public quant à ses obligations
financières. Cependant, il me semble que ces bills ne font pas
suffisamment état de la sauvegarde de nor- mes pédagogiques et
professionnelles. De fait, aucune mention de la valeur éducative des
cours n'est faite si elle n'est pas en rapport avec les examens de fin
d'année du ministère.
A cet effet, nous proposons que le comité considère et
étudie l'établissement d'un système indépendant
d'accréditation.
Pour la protection des droits des institutions privées, nous
recommandons que soit maintenu l'esprit dans lequel furent conçus les
bills 56 et 61 dans la préparation d'un règlement que suivront
les sanctions de ces bills. De plus, nous recommandons que ces
règlements ne soient pas restrictifs au point d'empêcher une saine
administration des institutions déjà en place mais qu'ils soient
flexibles afin de permettre l'acceptation des pratiques valables des maisons en
cause.
Aussi, nous recommandons qu'une période de temps raisonnable soit
allouée aux institutions après la publication des
règlements afin de leur permettre d'effectuer une mise à
jour.
Administration des collèges commerciaux. Quoique nous
réalisions le bien-fondé des articles 3 et 4, ainsi que la
nécessité d'exiger des pratiques administratives sérieuses
quant à l'administration des étudiants, l'administration des
dossiers, et la préparation des rapports exigés par le
ministère de l'Education, nous ne voyons pas la nécessité
de produire un rapport financier provenant des institutions ne recevant aucun
subside gouvernemental.
A notre connaissance, aucune autre entreprise privée n'est tenue
à cette exigence en vue de l'obtention d'un permis.
Les qualifications des professeurs dans les matières
professionnelles et d'habileté ne devraient dépendre seulement de
normes pédagogiques. De plus, nous constatons l'importance de
considérer la plus haute qualité des professeurs et nous
signalons que, dans ces domaines les qualifications des professeurs
dépendent souvent beaucoup plus de leur expérience dans ces
techniques. Nous acceptons toutefois que les professeurs doivent
posséder des certificats attestant leur compétence. Toutefois, il
faudrait assurer les barèmes raisonnables dans l'évaluation de
cette compétence selon leur dextérité dans la pratique de
ces techniques et leur facilité à communiquer ces techniques.
Examens. Les cours offerts dans les institutions commerciales ou
professionnelles sont l'objet d'une incessante remise à jour à
cause de l'évolution, de chaque changement exigé par le monde des
affaires. Voilà pourquoi nous recommandons fermement
l'interprétation et un usage des plus larges des articles 24, 25, 26. A
cause de nouveaux apports technologiques, de
nouvelles orientations dans l'industrie et le commerce, ainsi que des
connaissances appropriées en dépendance de ces orientations sont
devenues urgentes et nécessaires. Donc, nous recommandons que la
reconnaissance du nouveau cours ne soit trop retardée.
Comme la tendance actuelle s'oriente vers l'élimination des
examens de fin d'année et que ce système est remplacé
avantageusement par la mise en oeuvre de l'évaluation progressive
grâce aux travaux d'étudiants, de « tests » objectifs
périodiques, d'examens trimestriels en profondeur, de séminaires
de la participation plus grande et plus active exigée des
étudiants aux cours. Le rapport entre professeurs et
élèves étant plus ressenti, nous recommandons fortement
que les élèves des institutions privées ne soient pas
obligés et astreints aux examens finals du ministère.
Comme l'enseignement privé devrait être à la
portée des élèves de différents secteurs de la
société et non être réservé à une
clientèle privilégiée, nous insistons pour que les
prêts et les bourses gouvernementaux soient à la disposition des
étudiants fréquentant les collèges privés et
commerciaux, sans tenir compte du statut coopératif de l'institution
privée en cause, mais uniquement des besoins financiers des
élèves. Sans causer pour autant aucun préjudice à
l'indépendance de l'institution, il est souhaitable que des subsides
soient à la disposition des collèges privés pour leur
permettre de satisfaire aux exigences du ministère de l'Education et
d'offrir un enseignement à des taux scolaires moins
élevés.
Nous recommandons que le remboursement des frais de scolarité
soit calculé sur la nature des cours suivis. De fait, les frais de
scolarité des cours d'habilité où il existe un facteur de
compétence individuelle devraient être exigés sur une base
mensuelle et le remboursement tiendrait compte que tout mois commencé
soit ainsi dû et redevable. Nous croyons qu'il existe une obligation de
la part des élèves, qu'il en existe une de la part de
l'école d'entretenir un enseignement convenable et de donner un service
satisfaisant tenant compte des principes valables. Les élèves
inscrits à un cours, limités à un nombre maximal ou
minimal devraient payer un plein montant après avoir assisté aux
deux premiers cours expérimentaux. Ceci permettrait d'assurer un
enseignement valable et tiendrait compte des obligations des deux parties en
toute justice sociale.
Emission et droit d'appel. Concernant l'émission de permis nous
suggérons au comité de considérer le principe de droit
acquis et d'accorder à toutes les institutions commerciales,
établies depuis cinq ans, un permis initial. De plus, afin de permettre
la planification à long terme, nous recommandons que le permis soit
accordé pour une période indéfinie ou d'une façon
permanente vu que le ministère se réserve le droit d'annuler un
permis en tout temps, selon l'article. Le ministère peut, après
avoir obtenu l'avis de la commission, annuler ou suspendre le permis
détenu par toute personne qui ne se conforme pas aux conditions du
permis et aux dispositions de la présente loi ou de règlements
qui lui sont applicables.
Enfin, dans le cas de la révocation, nous recommandons que
l'école concernée ait un droit d'appel.
M. le Président, nous vous remercions et vous assurons notre
collaboration.
M. LE PRESIDENT: M. Page, je vous remercie!
Je demande au représentant du Montreal Board of Trade de prendre
la parole.
M. LESAGE: Un noble effort!
M. LE PRESIDENT: The Montreal Board of Trade!
M. HARPER (Alex): The Montreal Board of Trade!
M. Alex Harper
M. HARPER (Alex): M. le Président, je m'appelle Alex Harper. Nous
avons envoyé une lettre à M. l'honorable Jean-Guy Cardinal,
ministre de l'Education, le 25 octobre 1968. Si vous me permettez, je vais lire
les trois paragraphes qui concernent l'article no 2 du bill no 61.
Quoique ces projets de loi aient essentiellement pour but, semble-t-il,
d'imposer certaines exigences minimales au programme d'enseignement offert au
public, on pourrait également l'interpréter comme s'appliquant
aux organismes sans but lucratif, comme notre organisation qui met à la
disposition de leurs membres, des cours et des colloques dans le cadre de leur
programmes d'activités d'ensemble.
Comme bien d'autres associations commerciales de même nature, le
« Board » organise, lorsqu'il a intérêt à le
faire pour ses membres des programmes d'enseignement axés sur les
affaires visant à renseigner et à perfectionner son personnel.
Ces cours, dont seuls les membres du « Board » sont avisés,
comportent les frais d'inscription destinés à couvrir les
dépenses assumées par le « Board » et, dans la
plupart des cas, ils sont suivis par les employés de nos entreprises
affiliées, ces dernières les défrayant en tout ou en
partie. Dans un sens, par conséquent, l'exemption prévue par le
bill relativement aux entreprises commerciales ou industrielles qui mettent
à la disposition de leurs employés des cours de perfectionnement
pourrait s'appliquer à notre école. Or, afin d'éliminer
l'ambiguïté à laquelle donne lieu cet aspect du projet de
loi, nous vous proposons, respectueusement, d'étendre l'exemption
à toutes les associations commerciales, sans but lucratif, dûment
constituées, dont le programme d'activités comporte des cours de
culture personnelle à l'intention de ses membres. Qu'il s'agissent de
particuliers ou d'entreprises dont les employés suivent ces cours.
Merci, messieurs!
M. LE PRESIDENT: M. Harper, je vous remercie!
Il serait peut-être à propos que nous demandions une dame.
A ce titre nous demandons à l'Association des religieuses enseignantes
du Québec de présenter son mémoire. Le numéro
27.
Est-ce qu'on dit mère ou ma soeur?
UNE VOIX: On dit madame! M. LE PRESIDENT: Vous avez la parole. Soeur
Jeanne- Alexandre
SOEUR JEANNE-ALEXANDRE: M. le Président, M. le ministre de
l'Education! Comme de nombreux groupements, l'Association des religieuses
enseignantes du Québec a étudié sérieusement les
bills 56 et 61.
Cependant, notre attention s'est surtout fixée sur le bill 56. Je
ne ferai pas l'historique de notre association, nous avons trop peu de temps
à notre disposition mais je crois que vous avez le mémoire en
main. Nous en avons déposé ce matin 52 exemplaires de ce
mémoire, j'imagine que chacun l'a en main.
Les membres de notre association reconnaissent parmi les
éléments positifs du bill 56, la création d'une commission
consultative, la reconnaissance d'intérêt public d'institutions
privées, la garantie de subventions.
Nous nous permettons cependant de proposer certaines modifications au
projet, souhaitant de plus que les règlements qui viendront
compléter les dispositions de la loi soient tels qu'ils rendent justice
aux institutions auxquelles cette loi-cadre veut donner droit de
cité.
Nous vous remercions, M. le Président, de permettre à
notre organisme de vous exposer son point de vue et nous espérons que
nos considérations et recommandations seront appuyées par votre
comité.
Avec votre permission, M. le Président, j'inviterais sans plus
tarder Soeur Augustine Prévost, des Soeurs de Sainte-Anne, membre de
notre association et membre du comité de rédaction de notre
mémoire, à exposer le point de vue de notre groupement»
Merci.
SOEUR AUGUSTINE PREVOST: M. le Président, à la veille
d'une loi-cadre sur l'enseignement privé, l'Association des religieuses
ensei-gantes du Québec demeure partie vivante et intégrante des
citoyens québécois qui pensent que notre système national
d'éducation exige, pour son équilibre propre, et pour le service
complet qu'il prétend offrir aux citoyens du Québec, un double
secteur d'enseignement: Le secteur public et le secteur privé.
Nous sommes heureuses de constater que le bill 56 tend à
concrétiser ce dernier principe dans une loi. L'AREQ reconnaît que
le présent projet de loi comporte de nombreux et importants paragraphes
positifs. Cependant, elle avoue sa surprise et son regret de constater que
l'enseignement privé fut scindé en deux projets distincts.
Tout comme d'autres l'ont dit ce matin, elle eût souhaité
que les deux enseignements général et professionnel, tout comme
dans le secteur public, eussent trouvé devant la Législature une
égale considération et un traitement identique. Il semblerait
possible et relativement facile quelqu'un a d'ailleurs tenté,
tantôt, de le faire de fondre en un seul ces deux textes, pour la
juste satisfaction de tous les intéressés à l'enseignement
privé.
L'AREQ ne s'est attardée qu'à l'étude du bill 56 et
plus spécialement aux sections 2, la commission consultative, 3, la
déclaration d'intérêt public, 4, les subventions, 11, les
règlements et 12, les dispositions finales.
Pour plus de brièveté, nous ferons simplement une courte
introduction aux quelques douze recommandations formulées dans notre
mémoire.
Les copies qu'on vous a remises notent les nouveaux textes que nous
suggérons pour certains articles du bill 56.
Au chapitre de la commission consultative, les religieuses enseignantes
ont été frappées, surtout à l'article 3, du fait
que le statut de la femme n'ait pas pris plus de relief dans un texte
québécois officiel»
Aussi, après trois ou quatre considérants
sérieusement motivés, elles formulent ainsi leur
première recommandation: « Nous recommandons, en songeant à
tous les efforts qui ont été faits, tant par les autorités
provinciales que par le gouvernement fédéral, pour établir
un statut d'égalité entre l'homme et la femme, que des personnes
choisies parmi les édu-catrices de l'enseignement privé, soient
nommées à la Commission consultative de l'enseignement
privé. »
Il est cité, à l'article 6, que le ministre est tenu de
prendre avis de la commission consultative dans tous les cas où il en
est requis par la présente loi. Les cas cités dans le
présent texte se chiffrent à sept: déclaration
d'intérêt public, obtention et suspension d'un permis, normes
relatives à la publicité, programmes d'études, division
des cours et enfance inadaptée.
Or, ces cas se réfèrent, tous et toujours, à une
loi-cadre qui est en cours d'application. Pour éviter que l'un ou
l'autre membre de la commission consultative ne doive un jour regretter et
dire: Que voulez-vous, nous n'étions pas là au moment de la
rédaction de ces règlements; pour éviter, donc, ces
malaises paralysants, nous recommandons que l'institution de la commission
consultative soit le premier acte du lieutenant-gouverneur en conseil,
aussitôt après la sanction du bill 56.
Nous recommandons aussi que la nommina-tion des membres soit faite dans
les 90 jours qui suivront l'entrée en vigueur de la présente
loi.
Avec votre permission, M. le Président, j'ajouterais en
correction à ces deux recommandations, dont le texte date
déjà de quelques semaines, une conclusion à la suite de
conversations subséquentes à la rédaction de ce texte, des
conversations où il a été décidé par
l'ensemble des membres qui étaient présents à la
réunion, de souhaiter plutôt que les règlements soient
l'objet de discussion en Chambre et soit voté en même temps que le
texte de la loi.
Parmi les activités qui font la matière du rapport annuel
de la commission consultative au ministre, il nous a semblé tout
indiqué que des recommandations qui auraient été faites
par la commission consultative tout au cours de l'année, soient
colligées officiellement par le rapport annuel, comme constituant le
meilleur instrument d'information, d'inspiration et même de suggestion au
ministre de l'Education.
Nous recommandons à cet effet que la commission consultative
soumette, au besoin, des recommandations au ministre, pour l'aider à
percevoir le bien-fondé des requêtes des institutions
privées, et que la liste de ces recommandations soit ajoutée
à son rapport et aux renseignements qu'elle est tenue de
présenter au ministre chaque année.
A l'article 9 de la section 3, sur la déclaration
d'intérêt public, nous suggérons mais ici c'est un
détail de substituer à l'expression « le ministre
peut déclarer d'intérêt public » cette autre
expression « le ministre déclarera ». Le mode direct invite
à l'action immédiate. Au même article, à
1'énumération des critères requis pour l'obtention d'une
déclaration d'intérêt public, s'ajoutent d'autres
critères. Nous souhaitons que ces autres critères soient
déterminés à la suggestion de la commission consultative,
ou au moins, à la suite de sa consultation.
Nous recommandons ainsi que, suivant les principes d'une saine
démocratie, les membres de la commission consultative soient
consultés, dans la détermination des autres critères qui,
suivant l'article 9, devront être définis par le ministre.
Mais cette recommandation suivra les mêmes modifications que
celles que nous avions faites tantôt oralement.
A l'article 12, le texte dit: « Le territoire desservi par
l'institution ». On le devine aisément, ce texte n'a pas
manqué de susciter d'unanimes protestations. On a dit que les besoins
scolaires sont dépassés par les besoins physiques, intellectuels,
psychologiques, sociaux, qui exigent d'élargir les espaces
géographiques à la clientèle étudiante.
Nous recommandons donc que les institutions reconnues
d'intérêt public puissent satisfaire à des besoins
extra-territoriaux à la localité où se trouve ladite
institution.
Le chapitre des subventions a été aussi l'objet de
réflexions mathématiques qui ont pris, pour nous, une importance
vitale. A l'heure de la socialisation de l'école, le secteur
privé a besoin de toute nécessité d'être soutenu par
l'Etat pour atteindre ses objectifs.
Les articles 15, 16 et 17 ont retenu nos réflexions. L'article 15
nous a suggéré la recommandation suivante:
Nous recommandons que s'ajoutent au traitement du personnel de chaque
institution, des subventions qui, après étude des états
financiers et des prévisions budgétaires, soient
affectées: au service de la dette, s'il y a lieu, aux immobilisations
nécessaires au progrès de l'institution, aux investissements
réguliers pour fins d'équipement.
Nous recommandons aussi que soient accordées, pour les postes
budgétaires non couverts par la recommandation précédente,
des subventions per capita calculées selon les normes en vigueur dans
les établissements publics.
Les articles 16 et 17 nous ont obligé à in-
sérer l'enseignement de niveau élémentaire, parce
que nous considérons que le renouveau pédagogique à
l'élémentaire est de majeure importance pour l'avenir de
l'école du Québec, qu'il mérite, alors que le secteur
privé s'y intéresse et collabore aux recherches et aux
expériences dans ce domaine. De plus, les subventions à taux fixe
ne sauraient suffire au fonctionnement d'une école soumise au coût
sans cesse croissant de la vie moderne. Nous suggérons plutôt des
subventions calculées en pourcentage des dépenses admissibles au
budget d'une institution.
Nous recommandons donc que les subventions accordées aux
institutions de niveaux élémentaire, secondaire et
collégial non déclarées d'intérêt public mais
reconnues, soient de l'ordre d'un pourcentage d'au moins 75% des
dépenses admissibles au budget de l'institution.
Nous reconnaissons encore le souci démocratique du gouvernement
dans la création d'un comité consultatif pour la
préparation d'un texte de base, d'un comité parlementaire pour
l'audition des points de vue des citoyens intéressés. Mais nous
savons tous, par ailleurs, que la valeur effective d'une loi, en particulier
d'une loi-cadre, se trouve presque totalement dans les règlements qui
l'interprètent, en déterminent et précisent les
applications.
Nous formulons alors la recommandation au sujet de l'article 44, que les
rédacteurs de tout règlement concernant l'application de la
loi-cadre sur l'enseignement privé soient tenus, par souci
démocratique, de consulter la commission.
Evidemment, si les règlements ont fait l'objet d'un vote à
l'assemblée, le problème ne se posera plus. Peut-être bien
qu'il y a souvent, par exemple, des règlements à ajouter. Alors,
à ce moment-là, la recommandation vaudrait de consulter la
commission qui, à cause de sa composition, est la plus habilitée
à conjuguer les intérêts de l'Etat et ceux des institutions
privées.
Dans ce même article 44, le texte du paragraphe g), qui traite des
règles et normes relatives à la gestion des affaires des
institutions privées déclarées d'intérêt
public, nous apparaît d'une exigence telle que les institutions soumises
à de telles obligations ne seront plus ni privées ni même
en état de survivre.
Enfin, l'article 47 des dispositions finales nous paraît
prêter aussi à ambiguïté.
L'article 22 pourrait faire seul l'objet de l'article 47.
Quant à ce qui concerne l'article 9, afin d'en hâter la
mise en application, nous suggérons que la proclamation par le
lieutenant- gouverneur ait lieu immédiatement après la sanction
de la loi ou que la sanction marque son entrée en vigueur. A cette fin,
nous exprimons une dernière recommandation, que l'article 47 ne concerne
que l'article 22. Par conséquent, que les mots « article 9 »
soient supprimés et que l'article 9 soit mis en application
immédiatement après la sanction de la loi.
L'association se permet d'ajouter ici un voeu qui dépasse
peut-être le cadre du mémoire mais qui, pour nous, est d'une
grande importance, étant donné l'occasion bonne, nous nous
permettons de le formuler ici, brièvement.
L'association émet donc le voeu que soient
considérés dans la loi de l'enseignement supérieur les
centres privés de formation des maîtres, afin de clarifier leur
statut et de ne pas les maintenir en attendant, ce qui constituerait, en somme,
une injustice à l'endroit des institutions elles-mêmes et des
élèves qui les fréquentent.
Donc, dans son ensemble, le bill 56 respecte le couple
liberté-égalité. Le pluralisme croissant de notre
société a pour effet de fractionner notre collectivité
alors que, par définition, le pluralisme, authentique celui-là,
devrait tendre à concilier les pôles
liberté-égalité. Et l'AREQ croit bien sincèrement
que le bill 56, dans sa teneur définitive, reconnaîtra
explicitement et concrètement la liberté d'enseignement au
Québec et l'égalité qualitative des deux systèmes,
privé et public.
Je vous remercie, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Mere, vous étiez la bienvenue.
Nous demandons au Conseil de la fédération provinciale des
associations de parents de présenter son rapport.
Le numéro 15 sur notre feuille.
Y a-t-il quelqu'un qui représente cette
fédération.
M. Claude Boutin-DuParc
M. LESAGE: Le nom de M. Claude Boutln-DuParc apparaît comme
secrétaire du Conseil de la fédération provinciale des
associations de parents. Il est ici.
M. DUPARC: Je pense qu'il y a eu confusion.
M. LESAGE: II y a confusion, n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: A quel titre êtes-vous ici, M. DuParc?
M. DUPARC: La Fédération des associations de parents et
des étudiants des collèges classiques.
M. LE PRESIDENT: Ah bon!
M. LESAGE: C'est le numéro 16.
M. LE PRESIDENT: Vous avez la parole.
M. DUPARC: Les parents veulent tellement être présents
qu'ils sont partout I Claude Bou-tin-DuParc, président de la
Fédération des associations de parents et d'étudiants des
collèges classiques du Québec
Qu'il soit dit, en passant, qu'on trouvera une appellation plus moderne
à son prochain congrès pour coller à la
réalité.
Je pense que nous pouvons être assez sommaires dans nos remarques.
Tout de même, je pense qu'il faut dire que nous sommes un organisme qui
se présente devant le comité parlementaire s'adressant, pour un
grand nombre, à des membres d'un comité qui se retrouvent
à l'intérieur des groupes qui font partie de notre
fédération. Alors, nous sommes convaincus d'avoir une oreille
extrêmement attentive et nous réussirons, je pense, à
trouver le lieu commun afin d'essayer de cerner le problème que nous
voulons résoudre.
Disons que les préoccupations majeures qui nous ont amenés
à présenter un mémoire relèvent d'un principe assez
reconnu, à savoir que les parents, de plus en plus et je pense
que c'est souhaitable et intéressant commencent à prendre
conscience de leurs responsabilités naturelles et veulent, de plus en
plus, être présents dans notre système d'éducation,
que ce soit public ou privé. A cette fin, une grande inquiétude a
été dénotée par les groupes de parents qui se sont
présentés devant vous depuis le matin.
Il faut dire que nous avons puisé cette source
d'inquiétude, quant à l'élaboration dés lois devant
régir l'enseignement privé, dans des analyses comparatives qui
ont été faites ailleurs dans d'autres pays du monde.
L'illustration de cette inquiétude et de cette complication
d'amener une législation dans l'enseignement privé, qui
satisfasse les parties et qui tienne compte du bien commun, est assez nettement
détaillée dans l'analyse qui a été faite des lois
qui ont été votées par l'Assemblée nationale
française, en 1959. La Loi Debré avait cette particularité
de prévoir, au bout de neuf ans, spécifiquement nommé dans
le texte, un inventaire des complications, des difficultés et du
bien-fondé de ces législations.
Or, cette analyse arrivait à l'expiration en 1968. On en trouve
un examen extrêmement intéressant dans une revue qui est à
la disposition d'à peu près tout le monde c'est une revue
de Périodica « Etudes », de mai 1968, où on se
rend bien compte des difficultés qu'il faut voir dans l'acheminement
côte à côte de l'enseignement privé et de
l'enseignement public. Je pense que c'est à partir de cette analyse que
nous avons pu en arriver à certaines conclusions qui nous permettent de
croire que toute législation visant à amener un rapprochement
souhaitable et nécessaire entre l'enseignement privé et
l'enseignement public doit être à base de tolérance et de
compréhension, afin, justement, de respecter ce que la
révérende soeur a appelé, il y a quelques instants, le
pluralisme de la société.
Tout de même, il y a des choses intéressantes, je pense,
qu'il ne faudrait pas discuter très longtemps. Il y a les textes de base
qui nous permettent, quand même, de conclure que l'enseignement
privé au Québec est une chose acceptée. Ce sont les
modalités qui en font le problème. Nous n'avons pas besoin de
citer, par exemple, le préambule des lois d'éducation, qui est
carrément explicite, et que nous citons en préambule de notre
mémoire. Il y a aussi un autre travail qui a déjà
été soumis par le secteur public.
Nous aurions aimé, en tout cas, moi, personnellement, que les
commissions scolaires catholiques du Québec soient présentes
j'espère qu'elles le seront d'ici la fin afin de
réitérer la position que la fédération a prise,
particulièrement en avril 1966 et en février 1968. Je pense que
les membres du comité apprécieront cette position qui semble
donner le ton à cette coexistence qui devrait exister. Alors, je me
permettrai donc de citer uniquement quelques extraits de notre mémoire,
puisqu'il y a des répétitions et que nous voulons les
éviter autant que possible.
Il faut dire que, si nous en arrivons à une simplification d'un
tas de choses, c'est que le ministre de l'Education, M. Bertrand à
l'époque ce qui a été continué et qui
continuera, nous l'espérons avait une méthode consultative
appropriée afin de centrer un certain nombre de problèmes. Cela
nous a permis, à nous, également:, de procéder par la
même étape. S'il y a une certaine unanimité dans les prises
de position devant vous, je pense que c'est un secret de polichinelle de dire
qu'il y a eu énormément de consultations à
l'extérieur. Nous avions déjà dit, pour éviter
justement qu'il y ait des batailles internes, afin que chacun comprenne sa
responsabilité dans l'enseignement privé, que chacun trouve un
champ d'action et également un coin d'intérêt, que nous
essaierions de
faire une série de consultations auprès de tous les
organismes intéressés d'enseigne ment privé, afin d'avoir
une même compréhension. Je pense que c'est à ce
phénomène que nous assistons présentement et ce n'est pas
par miracle qu'il y a une certaine unanimité, mais c'est bien par un
véritable travail en profondeur qui s'était fait depuis
particulièrement deux ans.
Je reviens donc à la position de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec qui disait exactement dans
le mémoire qu'elle a présenté en avril 1966 au ministre de
l'Education et, en février 1968, à la mission des institutions
associées.
La Fédération des commissions scolaires ne cache pas
l'intérêt qu'elle a toujours porté au maintien et à
la survie des institutions privées d'enseignement. Ce n'est certes pas
par un simple sentiment de traditionalisme désuet que les commissions
scolaires souhaitent que les collèges et la plupart des autres maisons
d'enseignement qui composent le secteur privé du système
d'éducation au Québec puissent poursuivre leur tâche.
Les parents du Québec ont le droit de décider qu'ils
envoient leurs enfants ou à l'école publique, ou dans une maison
du secteur privé, (cf : préambule de la Loi du ministère
de l'Educa-tion)u
Dans l'un ou l'autre cas, les parents devraient pouvoir
bénéficier des mêmes avantages et privilèges. Nous
payons des taxes et des impôts pour les fins de l'éducation. Que
le produit de ces impôts serve à alimenter les écoles
publiques ou à maintenir un système privé, il ne devrait
pas y avoir de différence. Il faut maintenir chez nous les deux
réseaux d'écoles partout où c'est possible. Les
institutions indépendantes serviront de stimulant et de saine
concurrence aux écoles publiques qui, de leur côté,
pourront apporter de bons services à celles du milieu privé.
Nous avons un nombre « X » d'étudiants. Le fait de
maintenir deux réseaux d'écoles ne multiplie pas par deux le
chiffre de la clientèle scolaire. Que les enfants fréquentent
l'école de la commission scolaire ou un collège
indépendant ne change rien aux statistiques démographiques de la
population écolière.
Il est évident que si l'on préconise deux réseaux
d'écoles privées et publiques - il faut également
préciser certaines conditions. Le maintien de deux secteurs ne pourrait
être valable que lorsque la population et la géographie, de
même qu'un nombre d'autres facteurs le requièrent.
D'autre part, il sera nécessaire de définir clairement les
rôles, responsabilités, droits et devoirs de chaque secteur.
De plus, il faudra exiger que toutes les écoles d'un même
territoire, qu'elles soient du secteur public ou du secteur privé,
entretiennent des relations très étroites et des échanges
mutuels qui ne seront que bénéfiques à tous.
Enfin, nous recommandons que le ministère de l'Education
définisse clairement sa politique par rapport aux deux réseaux
d'écoles et établisse, par la même occasion, une formule de
financement équitable pour tous.
Je pense que c'est à cette étape que nous sommes rendus
présentement. Nous passons donc les préambules et nous allons
à la page 10 de notre mémoire, qui est en fait la page 4 de la
troisième section.
Nous n'élaborerons pas sur les deux bills. Je pense que ceci
semble suffisamment indicatif qu'il y aura du travail intéressant de ce
côté-là.
L'enseignement privé dans le système scolaire.
Définir la présence de l'enseignement privé dans le
système scolaire est une tâche qui fait appel surtout aux nuances
et à l'aspect démocratique d'une société.
Toutefois, nous allons essayer de déceler le caractère pratique
de l'enseignement privé dans un système national
d'éducation et, partant, d'en déterminer certaines
particularités, certains avantages et motivations.
On nous a souvent reproché l'utopie de nos désirs en
réclamant la présence d'institutions privées dans notre
système d'enseignement. Il est bien sûr que par le biais d'une
sentence arbitraire, on peut établir péremptoirement que tous les
avantages de l'enseignement privé peuvent se retrouver à
l'intérieur du secteur public.
Il ne semble toutefois pas nécessaire de pousser une
définition du bien-fondé de l'un ou l'autre secteur pour essayer
de justifier la présence de l'un et de l'autre. Il faut
reconnaître la difficulté pour les institutions privées
existantes de se situer, de se définir et de revêtir un
caractère de permanence face à la structuration du secteur
public.
Les objectifs principaux que doit viser le secteur privé dans
notre système d'éducation peuvent se résumer à
ceci:
Premièrement, maintenir des équipes humaines souscrivant
à des objectifs communs et définis, ce qui permet une
exploitation efficace de valeurs qu'on retrouve au sein d'équipes
homogènes.
Deuxièmement, présenter une possibilité de choix
qui, dans une société diversifiée, favorise le respect des
droits démocratiques, tant des parents que des enfants.
Troisièmement, établir des services particuliers pour
répondre aux besoins de clientèles spécifiques.
Quatrièmement, permettre une certaine émulation entre deux
secteurs différents d'enseignement.
Cinquièmement, offrir la possibilité
d'expérimentations pédagogiques et d'organisation
d'expériences pilotes.
Ces objectifs sont valables pour maintenir un secteur privé
d'enseignement.
Nous croyons que l'organisation de ces services, faite de façon
cohérente à l'intérieur des grandes planifications, ne
peut en aucun cas être nuisible au fonctionnement du secteur public. La
collaboration étant la base des deux secteurs, il ne devrait y avoir
aucun obstacle majeur au bon fonctionnement du secteur privé et du
secteur public. La vraie philosophie correspondant à un secteur
privé est l'approfondissement de services particuliers qui font appel
surtout à l'homogénéité des équipes, des
institutions et des clientèles, et à bâtir dans un cadre de
permanence et d'accessibilité contribuant ainsi à
compléter de la façon la plus efficace possible notre
système national d'éducation.
Pour donner ce caractère de permanence et de stabilité au
secteur privé de l'enseignement, une législation indiquant la
nature de sa présence dans notre système d'éducation est
nécessaire afin que dès maintenant cet ensemble de notre
système de l'enseignement s'attache à une recherche et à
une définition en profondeur pour que, dans quelques années, la
population du Québec puisse efficacement et clairement exercer ses
droits fondamentaux de citoyens libres en pouvant exercer un choix valable et
éclairé en regard des exigences de l'enfant et des désirs
des parents.
Une petite note qui n'a pas été mentionnée mais sur
laquelle nous aimerions insister, c'est l'appellation de la
législation.
L'établissement d'une législation recouvrant le champ de
l'enseignement privé doit se traduire par une opération claire et
permanente. Nous désirons attirer l'attention sur une certaine
ambiguïté existant au sein des lois concernant l'enseignement que
nous voulons réglementer. Sans vouloir insister davantage il nous semble
que si tous étaient d'accord, nous pourrions, dans un esprit de
simplification, tenter de trouver une appellation non équivoque.
On a identifié dans le préambule des lois de
l'éducation les institutions qui nous préoccupent, comme
étant des institutions d'enseignement autonome.
Par contre, dans les textes législatifs, qui ont
été incorporés à ce recueil des lois de
l'éducation et dans les nouveaux textes, nous retrouvons l'appellation
« Institution d'enseignement privé ».
Cette partie de l'enseignement qui doit avoir la propriété
d'être imaginative, créatrice, dynamique, innovatrice et
également posséder une responsabilité et une discipline
personnelle, doit posséder une illustration précise par son
appellation.
Quant à la législation proposée, évidemment
nous passons tout le sujet des deux lois, je pense que c'est clair encore et
nous allons arrêter surtout à la commission consultative.
Nous attirons l'attention du législateur sur les modalités
de la composition de cette commission consultative. Nous insistons sur la
nécessité d'indiquer dans les textes la présence formelle
de représentants de la clientèle, car nous sommes convaincus de
la nécessité d'orienter l'enseignement privé au
Québec, tel que nous l'avons défini antérieurement. Nous
avons pris, comme organisme de parents, la responsabilité de militer
à l'intérieur des groupes de parents et de faire naître le
grand principe gouvernemental et le principe naturel, il va sans dire, que les
parents sont les premiers responsables de l'éducation de leurs
enfants.
Or nous ne voyons pas comment le secteur privé pourra
répondre à la conception, aux désirs et aux besoins des
parents du Québec, s'il n'est pas représenté
spécifiquement au sein de l'organisme qui le surveillera, le
réglementera.
Nous n'avons pu trouver d'obstacles majeurs à l'identification
positive des groupes de population qui pourront être
représentés au sein de cette commission consultative. Encore une
fois, nous faisons appel à la confiance du gouvernement et des
parlementaires et nous les invitons à entretenir cette même
confiance envers les groupes qui se donnent des structures pour participer
davantage à l'analyse et à la solution des problèmes qui
se posent et se poseront dans le monde de l'enseignement.
Dans des consultations nombreuses, il a été clairement
établi qu'aucun des organismes exerçant une activité dans
le monde de l'enseignement privé n'avait d'objection à ce que les
parents, par leurs structures, soient représentés au sein de
cette commission consultative.
Nous demandons donc au gouvernement de modifier ou de clarifier le texte
de l'article 3, afin que les parents soient représentés dans
cette commission et surtout que cette commission consultative représente
véritablement les orientations de l'enseignement privé.
A l'article 12, section 3, nous suggérons de modifier le texte de
cet article comme à peu près tout le monde l'a fait: Le ministre,
ou à sa demande, la commission doit vérifier le bien-fondé
de la requête dans le cas de déclarations d'intérêt
public à la lumière des besoins scolaires auxquels répond
l'institution.
Cela nous semble une condition fondamentale. Toute autre condition
imposée n'aurait pour but que de limiter carrément le
fonctionnement d'une institution, puisque l'Institution privée n'existe
pas en équipement mais existe véritablement en service et en
définition de vocation précise. Quant à
l'équipement, c'est toujours facile d'en trouver, je pense que l'Etat
s'en charge très bien. Mais quant aux services à rendre, il est
nécessaire que des individus puissent se retrouver et surtout que les
parents ne fassent pas appel à une bâtisse qui donne un
enseignement semblable à un autre bâtisse mais carrément
puissent faire appel à des équipes qui sont définies et
à des besoins déterminés. Dans l'article 14, section 3,
d'après cet article, il est prévu que le ministre peut
révoquer une déclaration d'intérêt public
après avoir obtenu l'avis de la commission lorsque l'institution
visée ne répond plus aux critères qui sont
énoncés dans la déclaration.
Il nous semble manquer un mécanisme à la fin de cette
section prévoyant un appel de la vie de la commission, puisqu'en fait
les circonstances atténuantes peuvent impliquer dans la modification des
critères qui ont motivé une première déclaration
d'intérêt public. C'est pourquoi, nous insistons sur la
nécessité d'avoir des modalités d'appels de la
décision de la commission consultative. C'est qu'en fait il n'y a pas
que l'institution qui est visée dans cette déclaration
d'intérêt public mais et nous le pensons
peut-être de façon plus directe, la clientèle qui y est
impliquée.
Or, si une décision impliquant uniquement la direction de F
institution peut léser les intérêts de la clientèle
même, il faudrait que celle-ci ait certains moyens de prévenir une
modification rapide. Des modalités pourraient être mises en place,
permettant à une organisation ayant des intérêts
immédiats de pouvoir faire appel ou se présenter devant la
commission consultative, dans une période de temps, afin que le
changement d'avenue dans le statut d'une institution soit bien compris et connu
de tout le public. Evidemment, au domaine des subventions on n'apporte rien de
nouveau. Disons que c'est difficile, à cette heure-ci, d'apporter des
primeurs, mais ça ne fait rien, on veut justement démontrer qu'on
vivrait encore avec tout le monde.
Il existe un fait; l'enseignement privé, pour qu'il soit valable,
doit être accessible. Je pense que, ce matin, on a carrément
établi que tout le monde a suivi à peu près le même
exemple. L'enseignement privé doit être enfin une
possibilité de toutes les classes de la société. Or je
pense bien que, pour le gouvernement, il y a une chose extrêmement
importante qui est celle de répondre au désir de la population
lorsque les désirs sont carrément exprimés. Il est bien
sûr qu'on puisse arriver à amener des raisons et je pense que la
raison la plus fondamentale, dans l'octroi des subventions pour l'institution
privée, a consisté dans les difficultés
financières, à savoir la difficulté de percevoir plus
d'argent de la part du peuple.
Or, si le peuple demande de contribuer plus largement pour des services
auxquels il tient, il ne devrait y avoir aucune objection. Peut-être que
ce serait intéressant à l'avenir, de charger justement les
organismes extérieurs à rechercher, même à
l'intérieur de notre système d'éducation, comment on
pourra réaliser l'économie sur des choses qui ne sont
peut-être pas parfois entièrement utiles mais qui doivent amener
des services plus complets et plus valables. Peut-être que la population
elle-même devrait s'intéresser à rechercher la vraie
utilisation de son argent, et ne pas demander des choses mirobolantes sous
prétexte que c'est l'Etat qui paie.
Nous serions d'avis que, peut-être, à l'intérieur
d'une commission consultative comme celle-là et surtout par
l'intermédiaire des parents qui sont ceux qui demandent le plus et qui
sont, peut-être, les moins conscients de ce que représentent les
difficultés. Il devrait y avoir une tentative pour amener les parents du
Québec à réaliser pleinement ce que comporte l'obligation
de donner un système d'éducation qui réponde à tous
les besoins de la population. Nous serions heureux que le gouvernement prenne
l'initiative d'indiquer aux parents que les services qu'ils désirent
avoir, c'est à eux de les illustrer, de les démontrer, et
même d'indiquer s'ils sont volontairement prêts à faire les
sacrifices financiers nécessaires.
Dans le régime de subventions, nous avons hésité
longuement à accepter les formules proposées, parce que nous
serions plutôt d'accord qu'une institution privée, qui est
reconnue comme étant responsable et donnant un service efficace, devrait
bénéficier de subventions, un point c'est tout, avec une seule
condition. Si nous acceptons les propositions du bill 56, c'est que nous
croyons qu'il y a des étapes à franchir. Nous acceptons
volontairement de les franchir avec le gouvernement, nous les franchissons
difficilement mais nous voudrions quand même les franchir à
égalité. C'est-à-dire que ce qui est proposé nous
semble bien en deça de ce que nous nous attendons. Nous croyons,
particulièrement, nous du secteur privé, qu'à moins
d'obtenir un dégrèvement d'impôt dans nos rapports
d'impôt à la fin de l'année, que nous sommes quand
même des citoyens à part entière et que les produits que
nous envoyons dans l'industrie
privée, dans les écoles privées, ne sont pas
exemptés, lorsqu'ils entrent dans le domaine du travail, parce qu'ils
ont été formés dans le secteur privé.
Or, il y a des choses aussi simplistes que celles-là, c'est que
l'argent que le gouvernement affecte à l'élaboration, à la
formation d'un jeune, est forcément une valeur accrue dans la
société, peu importe le secteur qui le forme.
A partir de cela, nous croyons, et nous avons même fait des
études assez intéressantes afin de démontrer et de
rechercher si vraiment il était un peu utopiques de demander des
subventions dans le secteur privé soit dit sans aucune malice,
parce que toute comparaison est déjà odieuse au départ,
parce que c'est difficile de comparer deux choses différentes que
nous avons essayé de tenter de démontrer la rentabilité du
secteur de l'enseignement privé. Et nous en sommes arrivés
à des coûts de rentabilité extrêmement
intéressants» Nous suggérons d'ailleurs aux
représentants du ministère de l'Education et du gouvernement de
rechercher jusqu'à quel point la rentabilité du secteur
privé est véritable, afin de se rendre compte si
véritablement les sommes provenant du public, et investies dans le
secteur privé, sont des sommes mal dépensées. Et vous
serez surpris, peut-être nous avons eu la même surprise de
constater que l'indice de persévérance était tellement
fort dans le secteur privé et cela, sans aucune allusion au
secteur public, encore là, il n'y a pas de comparaison, parce que les
deux ne rendent pas le même service que nous arrivons à la
conclusion que c'est peut-être là que l'argent est vraiment bien
rentable.
Nous proposons donc que, dans le cas d'institutions
d'intérêt public, les subventions soient carrément celles
équivalant aux normes administratives du secteur public,
c'est-à-dire que les sommes d'argent correspondent aux montants d'argent
affectés à la scolarité dans le secteur public.
Dans le cas d'institutions reconnues par le ministre, nous en sommes
venues à la conclusion de demander de 75% à 85% du coût de
la scolarité. On vous a défini ce matin que c'était
facilement calculable, on n'a pas besoin d'intervenir.
Une chose qui nous a aussi amenés à une certaine
réticence, c'est à la section VII, l'article 32, quant au niveau
d'enseignement. Juste une petite illustration de ce que peut faire une
réglementation.
Bien sûr, on n'a pas à sonder les raisons pour lesquelles
le ministère de l'Education a déterminé des paliers
d'entrée aux différents cours dans le système
d'enseignement public, mais nous sommes en face... Aussi on exige la même
chose du secteur privé.
Il peut se faire que des parents qui ont des enfants aptes à
fréquenter, par exemple, le niveau élémentaire avant
l'âge de six ans, tel que défini, trouveront cela absolument
impossible, puisqu'ils devront, eux aussi, conserver les mêmes paliers
d'entrée déterminés par la loi du conseil
supérieur.
Peut-être qu'une souplesse de ce côté-là
pourrait rendre service à une minorité, bien sûr, mais ce
serait peut-être cette minorité qui serait aussi satisfaite.
Nous demandons aussi, bien sûr, des subventions pour les
écoles élémentaires et
préélémentaires. Je pense que s'il y a un endroit
où il y aurait des subventions qui seraient également bien
appropriées, c'est au niveau préélémentai-re, parce
que le secteur privé pourrait peut-être installer rapidement des
maternelles, des préélémentaires pour les enfants du
Québec, peut-être plus rapidement que le secteur public, parce
qu'il pourrait peut-être canaliser les énergies plus
rapidement.
Enfin, nous arrivons encore à répéter ce que les
autres ont dit. La possibilité de l'application des bourses dans le
secteur professionnel parce que, là aussi, il y a des parents qui
doivent faire appel à ce secteur de l'enseignement parce que, pour eux,
c'est le plus approprié.
Et enfin, nous remarquons que les pouvoirs de réglementation
définis à l'article 44 de la section XI sont véritablement
sévères, et empêcheront, probablement, cette souplesse dans
le secteur privé.
Nous aimerions que les règlements apportés pour
réglementer le secteur privé le soient à la suite de
l'avis de la commission consultative. C'est là que nous plaçons
tous nos espoirs. Une commission consultative bien formée, vraiment
représentative ne pourrait que réfléter les désirs
des parents et de ceux qui font partie du secteur privé. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. DuParc.
M. PAUL: M. le Président, étant donné qu'il est six
heures moins dix, il serait peut-être assez difficile de permettre
à l'autre groupe de compléter la présentation de son
mémoire. Dans les circonstances, nous pourrions peut-être ajourner
à 8 heures.
M. LE PRESIDENT: Voilà une suggestion que j'accepte joyeusement.
Si nous pouvions revenir à 8 heures...
UNE VOIX: Jusqu'à dix heures moins le quart?
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à dix heures moins le quart. Il reste
quelques mémoires, notre capacité d'absorption sera
rafraîchie.
Reprise de la séance à 20 h 3
M. PROULX (président du comité): Oui, c'est M.
Bédard, le no 17. Messieurs, je déclare la séance de ce
comité ouverte. Un jeune étudiant m'a demandé de prendre
la parole. M. Pain-chaud, je vous accorde trois minutes. Si vous voulez bien
vous identifier, s'il vous plaît.
M. LESAGE: M. le Président, trois minutes?
M. LE PRESIDENT: Il m'a demandé trois minutes.
M. LESAGE: C'est un élève du séminaire de
Québec.
M. LE PRESIDENT: Ah, je m'excuse...
M. PAUL: On ne lui donnera pas plus que trois heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour le chef de l'Opposition, cela va
être plus intéressant, bien sûr, avec le monsieur qui
demande la parole.
M. LESAGE: Eh bien, c'en est un qui n'a pas digéré.
M. Louis Painchaud
M. PAINCHAUD: Alors, je suis Louis Pain-chaud, président de
l'Association des étudiants au séminaire de Québec. J'ai
assisté à la séance du comité, depuis ce matin. Je
ne suis pas mandaté ici pour représenter qui que ce soit. Je suis
venu parce que cela m'intéressait, parce que cela devrait
intéresser tous les étudiants. Je déplore qu'il n'y en ait
pas plus ici aujourd'hui. J'ai remarqué aussi qu'il n'y a aucune
déclaration, il n'y a aucun mémoire, il n'y a rien qui ait
été présenté concernant les étudiants. C'est
malheureux, parce qu'en fin de compte, je pense que les professeurs, les
autorités, les parents, évidemment, cela les concerne, mais cela
concerne aussi les étudiants. En fin de compte, ce sont les
étudiants surtout qui sont concernés par les choses qui se disent
ici.
J'ai cru discerner aujourd'hui certaines lignes de fond autour
desquelles se faisait l'unanimité qui, je le pense aussi, peuvent
être l'avis de bon nombre d'étudiants, quoique beaucoup, je pense,
puissent différer d'opinion. Maintenant, il y a une chose que j'ai
remarquée. C'est que, on a parlé à plusieurs reprises du
comité consultatif qui sera formé à l'intérieur de
la loi-cadre. Je pense que ce serait normal qu'il y ait quand même des
étudiants qui siègent à ce co-
mité-là, qu'il y ait une représentation
étudiante à ce niveau-là, de même que les parents
seront représentés, les instituteurs et les syndicats.
Alors, je fais cette demande, non pas que je représente un
organisme particulier, mais parce que je pense que c'est l'intérêt
des étudiants. Je tiendrais à ajouter aussi que si les
étudiants n'ont rien présenté, il y a quand même un
travail qui s'est fait au niveau régional par les exécutifs des
collèges privés qui se sont réunis mais qui n'ont pas eu
le temps de préparer les recommandations qu'ils voulaient
présenter ici. Je ne sais pas si ces recommandations-là
pourraient être présentées un peu plus tard au
comité, par un texte qui pourrait être envoyé ici. En tout
cas, nous allons continuer à faire le travail; si cela peut servir
à quelque chose, ce sera tant mieux.
M. LE PRESIDENT: M. Painchaud, je vous remercie beaucoup.
M. PAINCHAUD: Merci.
M. LE PRESIDENT: Vous reviendrez nous voir. M. Bédard, directeur
général de l'International Correspondence Schools.
M. Bédard
M. BEDARD: Merci Monsieur. M. le Président, M. le ministre de
l'Education, messieurs les membres du comité, en premier lieu, je dois
m'excuser que nous n'ayons pas les copies de mémoire à
présenter aux membres du comité, mais nous allons procéder
immédiatement à corriger cette situation et, tôt la semaine
prochaine, chacun devrait avoir sa copie.
Nous avons présenté un mémoire au ministère
de l'Education en décembre 1967 lequel mémoire a
été utilisé, je crois, par le comité
d'étude. Je vous fais grâce de la lecture de ce mémoire
mais j'aimerais ici porter l'attention sur une portion du mémoire
où nous avons recommandé la formation d'un comité
d'accréditation pour les examens des écoles et du contenu des
cours et de la façon d'opérer. Je dois dire que notre maison a
été la maison fondatrice du National Home Study Council aux
Etats-Unis qui fonctionne depuis nombre d'années, pour dire que nous
croyons un peu à cette formule. Mais considérant que le
ministère propose un comité d'accréditation dans son
projet de loi, nous souscrivons naturellement à ce projet.
Je veux aussi, hors du texte, relever quelques remarques qui ont
été faites tout à l'heure et appuyer les dires de la
chambre de commerce sur la question de sollicitation sur laquelle je
reviendrai. Je pense qu'on vit dans un contexte nord-américain. Je crois
beaucoup en la culture des pays d'Europe mais lorsque arrive la question de
gestion et d'administration, même le défi américain de
Servan-Schreiber nous dit qu'en Europe on a plusieurs années de retard
et je pense que si on veut innover, on doit tenir compte plus du contexte
nord-américain que du contexte européen.
A la suite de notre mémoire, nous avons fait parvenir à M.
le ministre de l'Education nos observations et c'est cette lettre que
j'aimerais lire ici au comité. En décembre 1967, nous avons
présenté un mémoire à votre ministère, copie
ci-jointe, et nous souhaitons maintenant vous soumettre quelques observations
sur le projet de loi en question.
Le projet de loi 61 vise sans aucun doute à mettre le public
à l'abri des agissements re-préhensibles de certaines maisons
d'enseignement privé. Cette intention est naturellement louable et nous
y souscrivons sans réserve puisqu'elle est conforme non seulement
à l'intérêt public mais aussi à celui de toutes les
écoles privées. Néanmoins, comme l'adoption de ce texte
nous concerne directement, nous désirons attirer votre attention sur
certaines de ses dispositions qui nous semblent mériter réflexion
avant que le projet de loi no 61 ne soit adopté.
Les dispositions qui nous préoccupent sont celles de l'article
18, qui concernent la sollicitation, celles des articles 23 et 24, qui
concernent les programmes d'étude et celles de l'ensemble de la section
7, qui concernent l'enseignement par correspondance.
Article 18. A toutes fins pratiques, cet article interdit la
solliciation de personne à personne pour la vente de cours. Nous avons
tout lieu de croire que le but visé par cette disposition est de
protéger le public contre les abus de certains vendeurs peu scrupuleux
et trop persistants.
Ce but est évidemment irréprochable, mais
l'expérience que nous avons acquise depuis 80 ans nous incite à
croire que cet article est trop restrictif pour servir parfaitement
l'intérêt du public.
En effet, les représentants des maisons d'enseignement
visées par le projet de loi ne sont pas, normalement, de simples
vendeurs, mais plutôt des experts dont les conseils judicieux
empêchent les candidats éventuels de s'inscrire à un cours
qui ne leur convient pas ou pour lequel ils ne possèdent pas les
connaissances préalables nécessaires.
Les représentants de l'ICS jouent aussi un rôle
précieux auprès des entreprises industriel-
les désireuses d'offrir à leur personnel des cours de
formation professionnelle. Grâce à leurs connaissances des besoins
immédiats et futurs du marché du travail, ils sont
particulièrement bien placés pour aider ces entreprises à
fixer leurs programmes d'études. Ils sont également à
même de juger si les employés choisis possèdent la
formation de base essentielle pour suivre les cours de l'ICS.
D'autre part, il est absolument essentiel que nos représentants
puissent s'entretenir personnellement avec les personnes que nos annonces
publicitaires intéressent et qui nous demandent des renseignements sur
nos programmes d'étude à domicile.
Ce sont également nos représentants qui aident les
élèves déjà inscrits à choisir les options
les mieux adaptées à leurs aptitudes et à leurs objectifs.
Etant donné que nous offrons plus de 200 cours différents, ce
choix est difficile à faire. Par la suite, nos représentants sont
encore là pour fournir aux élèves les renseignement qu'ils
pourraient demander.
Comme nous l'avons déjà dit, nous nous rendons
parfaitement compte que le bill no 61 vise à entraver les
activités de certains individus qui ne se soucient guère de
l'intérêt des acheteurs, qui ne possèdent aucune formation
particulière pour guider les décisions de ces derniers et dont le
seul but est de vendre à tout prix pour encaisser leurs commissions.
Mais nous nous permettons de vous répéter que les
représentants de l'ICS se comportent bien différemment envers nos
élèves. Avant d'engager un représentant, l'ICS fait une
enquête très approfondie sur ses qualités morales et sur sa
situation financière.
D'ailleurs, tous nos représentants doivent recevoir un certificat
de cautionnement. Dans l'ensemble, ils se montrent extrêmement stables
dans leur emploi. Au Canada, nos représentants comptent, en moyenne,
10.9% années de service.
Nous observons que le bill no 61 prévoit, entre autres choses,
une réglementation de la publicité.
Article 12: Une période de réflexion de dix jours. Article
14: L'obtention d'un permis. Article 27: La révocation éventuelle
des permis. Article 29, etc., etc..
Dans notre mémoire, nous avions suggéré l'adoption
des dispositions analogues, que nous considérions propres à
protéger le public contre les agissements de vendeurs peu scrupuleux,
sans cependant entraver les services précieux que certains
établissements, dont le nôtre, offrent au public. Nous nous
permettons donc d'affirmer que les précautions supplémentai- res
prévues à l'article 18 ne sont pas nécessaires, tout au
moins dans leur forme actuelle.
L'alinéa 18b) a trait aux cours offerts gratuitement par
certaines entreprises à leurs employés. Permettez-nous de vous
mentionner que, d'après notre expérience, une telle
manière de procéder ne stimule pas suffisamment l'ambition des
élèves, et qu'il semble préférable de laisser le
candidat payer lui-même les frais de scolarité, quitte à
lui en garantir le remboursement partiel ou total s'il termine le cours avec
succès.
Par conséquent, nous vous prions instamment de voir à ce
que l'article 18 soit revisé, pour permettre aux représentants de
poursuivre leur oeuvre conformément à l'intérêt
public. Les garanties visées par l'article 18 pourraient être
assurées en exigeant que les établissements qui désirent
que leurs représentants entretiennent des rapports personnels avec les
élèves et candidats, soient tenus de fournir à votre
ministère, pour chaque représentant, premièrement, un
certificat de cautionnement personnel, deuxièmement, une attestation
impartiale d'honnêteté, d'éthique professionnelle et
d'intégrité.
Ou si cette solution semble préférable, les
établissements et représentants qui se conformeraient aux
exigeances fixées par le lieutenant-gouverneur en conseil, sur la
recommandation du ministre, pourraient être exemptés des
dispositions de l'article 18. Ces dispositions garantiraient alors la
protection nécessaire, sans cependant gêner les avantages qui
découlent d'un contact personnel avec le public
Articles 23 et 24: Programmes d'étude. Nous nous
inquiétons des dispositions de l'article 23, qui pourraient restreindre
la liberté de choix du public Les personnes qui s'inscrivent à un
cours ne le font pas toujours dans le but d'apprendre un métier ou
d'atteindre une norme particulière d'instruction. Malgré
l'adoucissement que l'article 24 semble apporter aux restrictions de l'article
23, le bill ne tient pas compte de cette situation.
Section 7, enseignement par correspondance. Nous avons également
relevé plusieurs articles de la section 7 qui nous inquiètent
sérieusement. Surtout parce que, sous leur forme actuelle, ils
entraîneront une augmentation considérable des frais de
scolarité pour nos élèves.
L'article 34 précise que nous devons être en mesure de
procurer à nos élèves le matériel requis pour la
poursuite de telles études. Prise au pied de la lettre, cette
disposition n'est pas pratique. La plupart de nos élèves
choisissent des cours en rapport avec leurs occupations, si bien qu'ils n'ont
besoin d'aucun matériel, sauf d'une plume et de papier. Nous envoyons
des fournitu-
res aux élèves qui nous le demandent, mais nous n'exigeons
pas que le matériel soit acheté chez nous. Il nous semble que si
l'élève est obligé d'acheter du matériel avec les
leçons, il devra, dans bien des cas, payer un supplément
initial.
A ce sujet, nous vous prions de consulter l'alinéa 3, page 6, de
notre mémoire, et nous demandons que cet article soit modifié,
conformément à notre recommandation.
Etant donné l'importance que revêt l'article 35, nous
serions reconnaissants de pouvoir présenter des commentaires avant que
les règlements ne soient appliqués. Nous pourrions ainsi, nous
l'espérons, pouvoir faciliter à vous-même et à votre
ministère, cette tâche concurrente de protection du public et de
réglementation convenable des écoles par correspondance.
Nous observons que: a) les règlements prévus, à
l'alinéa 35b, peuvent modifier les dispositions de Particle 13: Les
règlements prévus à l'alinéa 35d peuvent être
différents de Particle 15; les règlements prévus à
l'alinéa 35c auraient trait aux modalités de paiement à
propos desquelles nous attirons votre attention sur nos commentaires à
l'article 34.
Nous remarquons, d'autre part, que le projet de loi ne prévoit
aucune disposition spéciale sur le délai maximal concernant les
annulations et les remboursements. Nous recommandons que la loi fixe un
délai approprié, protégeant aussi bien les
élèves que les écoles. Comme vous le savez, elle
s'intéresse sérieusement et depuis longtemps à
l'enseignement dans la province. Comme en font foi les services, elle a rendu
aux particuliers ou aux entreprises. Nous tenons à faire tout ce qui
sera en notre pouvoir pour maintenir et, même accroître encore
l'excellence de nos résultats, en améliorant progressivement nos
méthodes et nos techniques d'enseignement. C'est ce désir qui
nous pousse à présenter les recommandations formulées dans
cette lettre, avec l'espoir que vous voudrez bien considérer ces
recommandations avec bienveillance et avec nos remerciements pour nous avoir
permis de faire connaître nos vues à Pégard du bill 61.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie.
Est-ce que l'Association des parents des élèves du
séminaire Marie-Reine du clergé est représentée?
Est-ce qu'on m'a compris?
UNE VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: L'Association des parents des élèves du
séminaire Marie-Reine du clergé, est-elle
représentée? Non, on ne répond pas à Pappel.
Je demanderai à l'Association des écoles
indépendantes de présenter son mémoire. Numéro 29.
M. Alie!
M. Alie
M. ALIE: M. le Président, M. le Ministre, M. le chef de
l'Opposition (iln'yest plus), messieurs les ministres, les
députés, en l'absence de notre président, M. Daoust, je me
permettrai de revenir et d'exposer le point de vue de l'association qui ne
devait pas, d'abord, présenter de mémoire pour la simple raison
que nous avons travaillé aux travaux et de l'ACQ et PAIES.
C'est-à-dire que nous trouvions que notre pensée se trouvait
là. Nous avons quand même, à la dernière minute,
constaté qu'il y avait des points de vue qui avaient été
oubliés et qui avaient une certaine importance pour l'Association des
écoles indépendantes qui groupe des écoles
secondaires.
Juste un mot d'histoire. Cette association d'écoles
indépendantes date d'à peu près dix ans alors qu'il n'y
avait aucun contrôle dans les écoles indépendantes et c'est
un désir de quelques-uns de créer un contrôle volontaire
auprès des écoles indépendantes qui a amené la
création de cette école-là et nous avons amené des
écoles, progressivement, à suivre des programmes officiels du
ministère et à accepter volontairement cette forme de
contrôle.
On sait qu'autrefois les écoles pouvaient, par simple
déclaration d'ouverture, dire au ministre, au surintendant de
l'Instruction publique qu'elles existaient, qu'elles avaient l'intention
d'exister et elles fonctionnaient comme ça.
Alors, c'est donc un travail assez concret que cette association a fait
depuis dix ans. Je n'insisterai que sur trois recommandations qui me paraissent
ne pas avoir été touchées par les autres puisque les
recommandations sur les subventions, vraiment là, ça
été bien défendu et je ne crois qu'on puisse y ajouter
grand chose.
Nous avons, en premier lieu, parlé des contrôles
gouvernementaux. Nous croyons, évidemment, que le contrôle du
gouvernement est bien nécessaire parce que si on reçoit des
subventions, il faut bien que l'argent du public soit contrôlé
d'une certaine façon.
Nous insistons simplement sur le fait que ces contrôles ne
devraient pas prendre une forme tracassière. En particulier, nous
constatons qu'il semble de plus en plus s'institutionnaliser de la paperasse et
qu'on est obligé constamment, au fur et à mesure que l'on devient
un petit peu plus contrôlé, suivi de près par le
ministère, qu'on est obligé d'avoir de plus en plus de personnel,
uniquement pour répondre aux besoins du ministère.
Je me dis que si on arrive à une possibilité de subvention
de l'ordre de 90%, eh bien, il y aura peut-être deux, trois ou quatre
personnes qui, dans nos institutions, travailleront uniquement pour
répondre aux désirs du ministère. Si le ministère
paie, je n'ai pas d'objection. D'autre part, il y aura quand même des
institutions qui n'auront que le permis et donc, pas de subventions du tout. Il
n'y a pas d'endroit où l'on dit que ces maisons-là seront
soumises à des contrôles moins rigoureux. S'il fallait qu'elles
soient soumises au même type de contrôle, vous voyez tout de suite
dans quel pétrin financier on les place. Nous vous demanderions
très humblement de trouver une formule pour penser un peu à cet
aspect.
Il y a un autre point que je voudrais souligner. C'est qu'on n'a pas du
tout, dans ces deux bills, parlé de l'éducation des adultes de
façon officielle. Ce n'est que très indirectement,
peut-être au bill no 61, qu'on retrouve, par exemple, des dispositions
sur l'enseignement par correspondance qui, je pense bien, ne rejoint que les
adultes. Mais on ne traite pas officiellement de l'enseignement aux
adultes.
Et notre association comporte des institutions qui ne font que cela, de
l'enseignement aux adultes! Je ne veux pas lire les textes ici, mais même
si c'est écrit très hâtivement, je pense qu'ils
résument ma pensée. Je crois que, d'une part, il faut
reconnaître que c'est un droit qu'il y ait de l'enseignement aux adultes
même dans les maisons privées et que, d'autre part, il faut aussi
qu'on reconnaisse qu'on puisse les subventionner.
Ce sont les points sur lesquels je voulais attirer l'attention de votre
comité, M. le Président.
Un autre point, en dernier lieu. Il y a des maisons qui, depuis quatre
ou cinq ans, ont cessé de dispenser l'enseignement aux adultes parce
qu'il n'est plus possible de soutenir la concurrence avec le secteur public qui
n'existait pas il y a trois, quatre ou cinq ans, qui s'est organisé et
qui, actuellement, à Montréal, reçoit 35,000
élèves, gratuitement. D'autre part, il y a quatre ou cinq ans,
certaines écoles privées, comme celle que je dirige, pouvaient
aller jusqu'à 700, et même 1,000 élèves, le
soir.
Actuellement, que voulez-vous, quand on demande $250 ou $300 et qu'on
peut avoir à peu près la même chose gratuitement, il est
assez facile de choisir.
S'il n'y a pas une certaine forme de subvention, il est évident
que cela ne peut pas tenir. Je crois que c'est un droit des gens, puisque ces
maisons semblent répondre, malgré qu'il faille payer, aux
désirs d'une certaine partie de la population... Ces gens sont aussi des
contribuables, et je crois qu'il faut qu'on s'en occupe.
Actuellement, il existe une forme de subvention versée aux
commissions scolaires qui organisent l'enseignement aux adultes, qui est une
subvention de $10 l'heure. Si on n'a pas trouvé, si on ne trouve pas
rapidement un mécanisme de subvention pour les adultes parce que
ce n'est pas tout à fait la même chose qu'une organisation de
cours de jour on pourrait peut-être, temporairement, utiliser cette
formule, et le plus tôt possible, avant que tout le monde meurre... Parce
qu'il ne sera plus temps de sauver les institutions privées quand elles
seront mortes! Et il y en a qui sont sur le point de mourir, je vous le dis
très sincèrement.
Il y a une autre réforme la dernière recommandation
l'enseignement par correspondance qui est destiné à des
adultes qui ne peuvent pas se déplacer pour aller dans les écoles
de jour ou de soir.
Je crois que c'est une formule fort valable. J'ai quant à
moi très souvent fait l'expérience que des gens ont
réussi à réaliser certains idéaux avec cette
formule. Ce n'est évidemment pas la première formule à
proposer aux gens, mais c'est une formule qui en vaut la peine. C'est une
formule assez valable pour que le ministère tente lui-même de la
mettre au point, actuellement.
Nous avons proposé une certaine forme d'aide ici. Ce n'est
peut-être pas encore la meilleure. C'est peut-être plutôt
pour établir le principe, d'une part, de la reconnaissance des cours par
correspondance comme formule valable et, deuxièmement, si c'est valable,
qu'il faut un peu aider cette formule.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Cela ajoute,
simplement, au mémoire et de FAPECCQ et de la Fédération
des collèges classiques autrefois, la nouvelle formule.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Alie. Il reste l'Ecole de radio,
d'électronique et de télévision.
M. Désaulniers
M. DESAULNIERS: M. le Président, M. le ministre de l'Education,
je crois que vous avez oublié que je devais parler au nom du Conseil des
écoles professionnelles privées.
M. LE PRESIDENT: C'est à ce titre-là que vous parlez?
M. DESAULNIERS: Oui. Je suis prêt à parler aussi au nom de
l'Ecole de radio d'électronique et de télévision dont je
suis le président, mais je suis mandaté principalement au nom du
Conseil des écoles professionnelles privées.
M. LE PRESIDENT: Vous avez deux mandats?
M. DESAULNIERS: C'est cela. Mais, j'ai à peu près la
même chose à dire. Donc, je vais épargner du temps. Cela
prendra à peu près cinq minutes, si vous me le permettez, M. le
Président. Le Conseil des écoles professionnelles privées
a été incorporé en 1964 et groupe des écoles
professionnelles privées de l'enseignement des techniques industrielles
uniquement.
Un des fondateurs a été M. Jean Meunier que vous avez
entendu, cet après-midi, représentant la Fédération
des écoles privées, dont il est aussi membre. Notre
mémoire concorde avec celui de la fédération dans la
majorité des points essentiels. Je vais donc m'en tenir à
souligner cette concordance, ainsi que les quelques points où il
diffère.
Nous considérons que, pour conserver leur caractère
particulier, les écoles professionnelles privées devraient
pouvoir suivre un programme sujet à l'approbation du ministre qui ne
soit pas obligatoirement le programme officiel de l'Etat. Puisque les examens
doivent tenir compte de l'enseignement reçu par les
élèves, nous croyons qu'ils devraient être
préparés par l'institution d'enseignement, approuvés par
la commission et, peut-être, même passés enpré-sence
des représentants du ministère de l'Education. Nous sommes
d'accord avec ICS et la chambre de commerce pour dire que la sollicitation de
personne à personne devrait être interdite. Nous désirons
que la liberté individuelle soit respectée en autorisant la
visite d'un représentant d'une école, sur invitation expresse de
la personne intéressée.
Pour protéger les élèves en ce qui concernera le
paiement des frais de scolarité, nous sommes d'accord avec les articles
13, 14 et 15, mais nous désirons attirer l'attention du
législateur sur la nécessité d'inclure un article pour
prévoir la modalité des paiements des cours d'une durée
indéterminée. Il nous semblerait injuste que les étudiants
qui ont des parents dont la situation financière répond à
la loi des prêts et bourses aux étudiants se voient refuser l'aide
financière indispensable à leurs études, lorsque, pour des
raisons justifiables, ils fréquentent une école privée
dispensant un enseignement de formation professionnelle.
Ces quelques points nous semblent d'une importance majeure pour
l'efficacité de la loi. Nous appuyons les vues de la
fédération relativement aux articles 1, 5, 15, 23, 24, 26 et
40.
Quant à l'article 18, nous croyons qu'il doit demeurer, puisqu'il
protège le droit de celui qui, ne voulant pas recevoir la visite d'un
vendeur, hésite à donner son nom pour recevoir un pros- pectus.
Toutefois, nous croyons que la liberté personnelle d'un candidat devrait
être respectée, et que la loi devrait permettre à certaines
écoles qui le désirent de pouvoir désigner des
représentants pour la visite à domicile des candidats qui en font
la demande. Je vous assure, Monsieur, que beaucoup de candidats en font la
demande à certaines écoles.
Le paragraphe a) de l'article 18 devrait être modifié pour
permettre à certains dirigeants d'école de fournir des
renseignements à des groupes de personnes invitées à
prendre place dans une salle d'école ou dans tout autre local
convenable. Il me semble que le paragraphe a) est trop restrictif, dans sa
forme actuelle.
Le nouvel article se lirait comme suit: « A moins d'une demande
expresse de la part de la personne concernée, nul ne peut,
personnellement ou par l'entremise d'autrui, faire de la sollicitation de
personne à personne pour la vente de cours pour le compte d'une
institution dans le but d'obtenir la signature d'un engage ment pour suivre de
tels cours. Aux fins du présent article, la sollicitation ne
comprendpas: a) les renseignements fournis à des groupes de personnes
réunies dans un même local; b) la sollicitation auprès
d'une entreprise pour l'organisation de cours offerts gratuitement pour cette
entreprise à ses employés. »
Pour résumer, nous croyons essentiel que le candidat soit bien
renseigné sur le cours avant l'inscription. Nous considérons donc
que le candidat doit conserver son droit qu'il réclame
fréquemment de voir un représentant de l'école se rendre
à sa résidence pour lui expliquer, en présence des membres
de la famille, le type précis de cours dont il s'agit, le prix requis et
ses équivalences, le mode d'études, les débouchés
auxquels le cours peut conduire, etc.
Donc, vous allez remarquer que, concernant l'article 18, et même
sur presque tout ce que nous avons dit, nous sommes en accord avec la chambre
de commerce, M. Alie, et aussi avec ICS. Merci bien, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie monsieur. Y a-t-il d'autres organismes
qui, par impossible, n'auraient pas été inscrits sur ma liste, et
qui voudraient se faire entendre? Est-ce que tous les organismes ont
été entendus? Merci. Tous ont été entendus,
écoutés religieusement, tout est inscrit sur la bande
magnétique.
Je pense que M. le ministre a quelque chose a dire.
M. CARDINAL: Je pourrais ajouter ceci, M. le Président. Je
voudrais remercier toutes
les nombreuses associations, ou individus, ou groupes, qui nous ont
présenté, aujourd'hui, des suggestions dont une grande
majorité sont constructives, sont positives. Plusieurs de ces
suggestions sont excellentes. Certaines d'entre elles, comme par exemple, cette
suggestion de ne faire qu'une seule loi, qui soit une loi-cadre. Dès le
début, j'ai indiqué l'intention du gouvernement de la
retenir.
Plusieurs autres de ces suggestions, y compris celles qui sont les plus
intéressantes, sont évidemment à étudier, je dirais
même à digérer. Il y aurait peut-être lieu
c'est une suggestion que je puis faire de convoquer à nouveau le
comité, lorsqu'un nouveau texte aura été fait, avec de
nouveaux amendements. Il y aurait lieu, à ce moment-là, je pense,
de consulter les intéressés, les députés, de
procéder un peu, M. le chef de l'Opposition s'en rappelle probablement,
comme on l'a fait lors de l'adoption du bill 21 qui a créé des
collèges d'enseignement général et professionnel.
Je remarque cependant je suis obligé de le souligner
je pense que certains de ces mémoires apportent des suggestions
qui sont carrément contradictoires. On l'a vu à quelques
reprises. Par conséquent, il faudra que le gouvernement prenne position
entre deux extrêmes. Ces contradictions, le nombre important de
suggestions, l'importance quant au fond de certaines de ces suggestions,
empêchent évidemment le ministre, ce soir, de prendre une position
immédiate. Je préfère la réflexion avant la
décision. Je préfère travailler avec l'équipe qui
m'entoure, sur un nouveau texte, plutôt que d'éplucher ces deux
textes qui vous ont été présentés et qui, dans le
fond, l'ont été par environ 35 mémoires.
Certains d'entre eux n'ont pas été lus cet
après-midi, mais m'ont été remis, soit par lettre ou soit
directement au bureau. Vous avez été reçus aujourd'hui,
tout d'abord pour que nous puissions vous entendre. Il y avait
déjà eu au tout début, à l'automne 1967, ce
comité consultatif qui avait été créé par
mon prédécesseur, nous bouclons un peu la boucle aujourd'hui, en
vous entendant à nouveau, puisque plusieurs des groupes qui
étaient membres du comité consultatif ou qui avaient
été approchés par le comité consultatif, sont
revenus et ont fait de nouvelles suggestions.
C'est en toute sincérité que je remercie tous ces gens
parce qu'une loi-cadre des institutions privées, que ce soit
l'enseignement général, à compter de la maternelle
jusqu'au collégial ou que ce soient des institutions ou écoles
qui donnent des cours que nous appelons professionnels ou de culture populaire
ou des cours par correspondance. Tout ceci concerne l'éducation, ou des
jeunes, ou des adultes, comme nous l'avons mentionné ce soir, et il est
très important pour le Québec, il faut que tout ce domaine soit
régi par une loi-cadre. Je pense que tous aujourd'hui, nous n'avons pas
contesté ce point, nous avons été d'accord avec cette
proposition. Ce projet d'ailleurs n'est pas nouveau. On le retrouve
déjà dans le rapport Parent et des textes de loi qui nous ont
été proposés, je l'ai mentionné au début de
cette réunion, étaient d'abord des instruments de travail qui
venaient d'un comité consultatif.
Certains membres du comité consultatif ont cru ne pas
reconnaître leurs suggestions parce que comme aujourd'hui, ce matin, cet
après-midi ou ce soir, certaines de ces suggestions ne concordaient pas.
Il est impossible dans un texte de loi qui est une loi-cadre d'apporter des
choses aussi contradictoires, par exemple, que le contrôle ou le
non-contrôle de la sollicitation à domicile, dans le cas de cours
par correspondance ou de cours professionnels. Nous pourrions relever d'autres
exemples d'ailleurs.
Il y a cependant unanimité, semble-t-il, sur un certain nombre de
points, les modifications à l'article 9, par exemple, qui reviennent
à plusieurs reprises; le mode de financement des institutions
privées ou de caractère général; des modifications
à l'article 15; la mise en application de la loi, si vous voulez, de
l'article 9 dès le début, même si certains autres articles
ne s'appliquent que plus tard, c'est-à-dire la création d'une
commission; la bonne foi qu'on demande au gouvernement ou au conseil des
ministres dans le choix des représentants à cette commission
importante dont le nombre est de 7 dans le projet de loi. C'est peut-être
un nombre sacramentel et un nombre chanceux, mais ce n'est certainement pas un
nombre auquel on tienne pour des critères absolus.
M. LESAGE: Ce n'est pas le nombre des péchés capitaux?
M. CARDINAL: C'est peut-être le nombre des péchés
capitaux aussi.
M. LESAGE: Cela dépend lequel.
M. CARDINAL: Par conséquent, je pense que toutes ces suggestions
méritent d'être étudiées. Certains de ces
mémoires n'ont été donnés qu'en
résumé. Certains donnaient des propositions très
concrètes, d'autres s'en tenaient surtout aux principes.
Certains de ces mémoires et la majorité d'entre eux
m'impressionnent. Et, dans l'ensemble, Je l'ajoute, la préparation qui a
été faite de ces mémoires m'impressionne aussi; sans avoir
à me prononcer sur le fond de chacun d'eux, puisqu'ils ne sont pas tous,
dans tous les détails, dans le même sens.
Je suis très heureux d'exprimer ma satisfaction devant le travail
qui a été fait et qui manifeste l'intérêt des
parents, des administrateurs d'écoles privées ou d'institutions
privées, des associations qui représentent les
intéressés dans ce domaine, même d'un étudiant (je
regrette, justement, que des groupes d'étudiants ne se soient pas
présentés). Ceci manifeste un intérêt qui est tout
à fait dans le sens des voeux qu'a déjà exprimés le
ministre de l'Education.
Les gens prennent ainsi leurs responsabilités, placent le
gouvernement, non pas devant des critiques stériles, mais devant des
suggestions qui sont positives et qui peuvent l'aider.
Le gouvernement, après avoir établi, en partie, un
réseau d'institutions publiques, a toujours manifesté son
intention de conserver des institutions privées, je l'ai
déjà mentionné. Il est donc très important de
respecter ce secteur privé, d'en conserver l'existence, non pas de
conserver l'existence d'institutions qui ont peine à vivre, mais de
conserver l'existence de ce secteur privé dans une société
qu'une religieuse aujourd'hui a appelée pluraliste, ce qui est
exact.
Par conséquent, je prends très sérieusement, au nom
du ministère, au nom du gouvernement, connaissance de toutes ces
suggestions. Je pense qu'il vaut la peine de les étudier pour vraiment
profondément amender les deux projets de loi qui sont devant vous et
qui, très probablement, n'en seront qu'un bientôt. Merci M. le
Président.
M. LESAGE: M. le Président, un mot pour féliciter tous
ceux qui ont préparé, avec beaucoup de peine, j'en suis
sûr, des mémoires bien faits, pour le comité de
l'éducation. Ils ont jeté sur le projet de loi et sur l'ensemble
du sujet une lumière qui va aider non seulement les membres du
gouvernement mais également les législateurs. Il y a des
mémoires qui sont particulièrement bien faits, il y en a qui
proposent des modifications précises à des articles du projet de
loi. Malgré que j'aurais aimé entendre le ministre de l'Education
faire ses commentaires sur ces propositions de modifications, je comprends
parfaitement qu'il veuille réfléchir et discuter avec ses hauts
fonctionnaires et ses collègues avant de se prononcer sur des
suggestions qui, comme on l'a dit, sont quelquefois contradictoires.
Si je comprends bien ce qu'il a laissé entendre ou ce qu'il a
dit, nous aurons un nouveau texte ou un nouveau bill. II est peu probable,
d'après de ce que je viens d'entendre, que ce soit à la
présente session. J'ai fait un commentaire, je dis qu'il me semblait peu
probable, d'après les paroles du ministre, que ça puisse
être à la présente session.
UNE VOIX: Cela nous intéresse de le savoir, de la part du
ministre.
M. LESAGE: C'est le ministre qui peut y répondre.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. LESAGE: J'essayais de tirer des conclusions de ce qu'il venait de
dire, ce n'est pas à moi à décider, vous le comprendrez.
De ce côté-ci de la table, on ne décide pas
grand-chose.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable chef de l'Opposition a
terminé ses remarques?
M. LESAGE: Je me suis fait interrompre, on semble désirer, de
l'autre côté de la barre, comme on dit, que le ministre de
l'Education précise ses intentions, à la suite du commentaire que
je viens de faire.
M. CARDINAL: M. le chef de l'Oppositon et les témoins ou
spectateurs de ce comité, les invités, vous comprendrez,
honorable chef de l'Opposition, qu'il est difficile à quelqu'un qui
n'est pas député de se prononcer sur la fin de cette session et
de commenter le commentaire que vous avez apporté vous-même.
M. LESAGE: Là-dessus, il est clair que l'Opposition a son mot
à dire et f ajoute que j'ai eu certaines conversations qui me permettent
de croire que la session finira à peu près en même temps
que l'élection de M. Boisvert comme cadidat, comme
député...
M. CARDINAL: M. le Président, ceci est un autre
commentaire...
M. LESAGE: II faut tout de même que vous entendiez à
rire.
M. CARDINAL: Ceci est un autre commentaire qui a la même valeur
pour l'avenir que le commentaire précédent. Restons
sérieux, si vous le permettez.
M. LESAGE: Oui, je pense que les gens s'attendent que nous le
soyons.
M. CARDINAL; Je ne peux pas faire de promesses dans un sens ou dans
l'autre pour la raison précise que je viens d'indiquer que je ne suis
pas dans les secrets des dieux quant à la fin de la session.
M. LESAGE: Je puis dire que ce sera à peu près cela.
M. CARDINAL: Je peux dire qu'au nom du ministère, il est possible
de préparer, dans un délai assez bref quand même, un
nouveau texte pour considération.
M. Fernand Daoust
M. DAOUST: Mon nom est Fernand Daoust. J'ai eu l'honneur d'être
appelé au comité consultatif sur la loi-cadre. Je peux vous dire
que, actuellement, les institutions, et on vous l'a déjà dit
aujourd'hui, considèrent la situation comme tragique, à moins que
l'on ait tout au moins une indication de ce qui se fera.
Les institutions auront à embaucher les enseignants
immédiatement après la période des Fêtes et s'il ne
se fait pas quelque chose d'ici ce temps-là, ce n'est pas
compliqué, il y a des institutions qui vont fermer leurs portes»
C'est aussi simple que ça!
Alors je tiens à ce que vous soyez plus que conscients de ce
fait. Ce n'est pas une question de plaire auxparents,c'estunfait,c'estune
réalité que ces maisons ne pourront absolument pas subsister,
à moins qu'un mouvement se fasse presque immédiatement.
Alors même si M. le ministre n'est pas encore élu, je suis
conscient du travail que lui cause actuellement ses activités politiques
dans le comté où il se porte candidat. D'un autre
côté il faut sauver ces maisons. Le ministre ne doit pas
être seul dans son ministère et nous attendons une réponse,
M. Cardinal. Elle s'impose cette réponse.
M. CARDINAL: Je pense que si vous me connaissez, M. Daoust, je
répondrai vraiment pour ce qui est de ces situations. Il y a deux
choses: vous dire d'une part qu'au ministère je vous assure qu'un texte
sera préparé aussi rapidement que possible. Vous avez ici une
lutte entre l'urgence d'une part et l'importance d'autre part. Cependant, quand
je me place sur le plan d'une promesse qu'une loi sera ou ne sera pas
adoptée, il m'est absolument impossible, personnellement, de faire une
semblable promesse. Ce se- rait tout à fait en dehors de ma
responsabilité, si je le faisais. Je ne peux même pas vous donner
une garantie dans un sens ou dans l'autre.
Je n'ai pas vu, depuis cet après-midi, mes collègues du
conseil des ministres ni le premier ministre à ce sujet. Je ne sais pas
où en sont rendus les travaux parlementaires, quant à d'autres
lois. J'ai siégé toute la journée devant ce comité.
L'on peut évidemment poser la question et je puis dire que je comprends
l'urgence de la situation et que ma recommandation pourra être dans le
sens qu'on fera un texte le plus rapidement possible et qu'on le
présentera aux légistes afin qu'il vienne devant
l'Assemblée législative. Mais, je n'ai aucun moyen de
vérifier ou de calculer le moment où se terminera cette session.
Ce bill est très important, il doit être passé aussi
rapidement que possible mais il ne peut pas, vous le comprendrez , être
passé à la vapeur selon l'expression consacrée. Ce n'est
pas que je ne veuille donner une réponse mais on ne peut certainement
pas s'attendre à ce que ce soir, je puisse vous promettre une chose que,
personnellement, je ne pourrai certainement pas tenir. Je ne fais aucun
électoralisme en vous mentionnant que d'ici, non pas le 4
décembre mais les 5,6 ou le 7 décembre, je ne suis pas
membre de l'Assemblée législative et que, par
conséquent, je n'ai aucun moyen de faire de promesse dans ce sens. Si je
le faisais, ce serait purement une promesse qui serait vraiment sans
portée.
La seule promesse que je puis faire c'est celle de travailler au
ministère et de faire des recommandations dans le sens qui est
indiqué.
M. LESAGE: M. le Président, pourrais-je tendre une main
secourable au ministre?
M. LE PRESIDENT: Quelle nuance!
M. LESAGE: J'ai reçu un télégramme de l'Association
des parents des étudiants du collège Saint-Alexandre, qui a
été également adressé au ministre, au premier
ministre et au président du comité.
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas reçu.
M. LESAGE: De toute façon, il est peut-être à votre
bureau. Mais je vous l'ai fait lire.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. LESAGE: Les parents en question regrettent de ne pouvoir avoir de
représentants à Québec aujourd'hui parce que, disent-ils,
ils ont été avisés trop tard.
Voici la branche que je tends. Est-ce que nous ne pourrions pas
siéger mardi matin à 10 heures?
M. CARDINAL: Je n'ai aucune objection!
M. LESAGE: Aviser les parents de Limbour qu'ils pourraient être
entendus et à ce moment-là, le ministre de l'Education aura eu
l'occasion de consulter ses collègues et de discuter la question qu'il
se pose...
M. CARDINAL: J'accepte...
M. LESAGE: ... avec ses hauts fonctionnaires et, mardi matin, nous
pourrions peut-être avoir une réponse plus précise du
ministre. Je comprends, je l'ai dit que je comprenais qu'il ne pouvait pas,
à ce moment-ci, donner une réponse définitive mais, mardi
matin, je pense qu'il pourrait le faire.
M. CARDINAL: M. le Président.
M. LESAGE: Nous avions causé d'une séance possible
mardi.
M. CARDINAL: Je suis d'accord qu'il y ait séance mardi matin.
M. LESAGE: Nous en avions causé.
M. CARDINAL: D'autre part, à ce que vient de dire le chef de
l'Opposition, je puis y ajouter que j'ai reçu une lettre dans le
même sens que ce télégramme, mais venant d'un autre
organisme, et je suis convaincu qu'à la suite de la réunion
d'aujourd'hui, d'autres groupes voudront se faire entendre.
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard a demandé la parole.
M. Bouchard
M. BOUCHARD: M. le Président, d'abord, je remercie le ministre de
ses informations, de même que, le chef de l'Opposition de ses questions.
Je veux simplement signaler que nous apprécions beaucoup la diligence
que mettra le gouvernement à donner aux institutions qui attendent
déjà depuis très longtemps une loi-cadre qui puisse
satisfaire aux exigences de leur vie et de leur survie et que cette loi-cadre
vienne à point.
Je veux signaler aussi qu'il serait peut-être difficile de
considérer qu'on a satisfait aux exigences d'une certaine forme de
démocratie par ce comité parlementaire, étant donné
que, d'une part, le projet de loi ne correspondait même pas à ce
qui avait été convenu dans le comité consultatif de la
loi-cadre formé par le gouvernement pour cela. Il y avait de grands
écarts entre les deux.
Deuxièmement, même après que cela aurait
été corrigé, les règlements qui appliquent une loi
comme le disait très bien ici une représentante de l'AREQ sont,
en pratique, souvent aussi importants que la loi elle-même.
Et, si vous le voulez, M. le Président et messieurs les membres
du gouvernement, que les groupes intéressés aient vraiment
l'occasion de participer et non pas simplement de recevoir les décisions
prises par le gouvernement, il faudrait leur donner, par un mode quelconque, un
moyen de prévoir peut-être une autre occasion de dire comment
pourrait être amélioré le projet de loi et surtout les
règlements qui l'appliqueront, tout cela comme vous le disiez
comme le disait tout à l'heure, évidemment, M. le ministre
sans faire de loi à toute vapeur, mais tout de même en tenant
compte des urgences. Merci beaucoup, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. DuParc voudrait adresser la parole.
M. DUPARC: Je ne voudrais pas déroger peut-être aux
règles parlementaires, mais peut-être par le biais d'une
explication, je voudrais dire pourquoi il y avait une mention du conseil des
fédérations provinciales d'associations de parents, pourquoi il y
a eu un imbroglio. C'est que le conseil des fédérations a
demandé à être entendu par le comité parlementaire
pour une raison bien simple: j'explique simplement pourquoi il y a
peut-être eu malentendu, afin d'être dans les règles,
peut-être c'est que nous avons rencontré les parties
négociant dans le conflit actuel, dans le conflit scolaire, et nous
avons été assez surpris et désappointé de la
situation en tant qu'organisme de parents qui représente, dans la
province, cent mille parents, de toute race, de toute religion et de toute
langue. Et nous aimerions en profiter, à ce moment-ci, pour
réitérer notre demande, parce que nous croyons que la situation
est dans une impasse très difficile et que, peut-être, il y a des
acheminements qui ne correspondent pas à ce que nous sommes en train de
faire. Alors, je voulais simplement expliquer que, si vous avez appelé
le conseil des fédérations, c'était en vertu d'une autre
demande que celle de ce comité, enfin que du bill 56.
M. CARDINAL: M. le Président, je voudrais
seulement faire une mise au point, car je pense qu'elle a besoin
d'être faite, refaite. Elle a été faite souvent. Les
négociations je l'ai déjà dit devant ce
comité en juin, il y a quelques semaines, je l'ai écrit encore
tout récemment les négociations se font à une table
provinciale où les fédérations des commissions scolaires
représentent les administrateurs scolaires, où les
syndiqués sont représentés par la CEQ, et où, non
pas le ministère, ni le ministre, mais le gouvernement est
représenté par un délégué qui est
l'honorable ministre Marcel Masse, d'ailleurs présent ce soir.
Je refais cette mise au point, non pas pour manifester un
désintéressement aux négociations, puisque l'un des
sous-ministres du ministère de l'Education est à cette table,
mais pour bien indiquer qu'il y a justement une différence entre les
deux domaines et que c'est le gouvernement qui négocie à cette
table par le ministre délégué et non pas un ministre
à la tête d'un ministère. Je ne sais pas si le ministre
Masse aura des commentaires à ajouter £ ce sujet.
M. LE PRESIDENT: M. l'abbé, vous avez quelques mots à
dire? Veuillez donner votre nom, s'il vous plaît.
PERE GAGNE: Le père Gagné. Je croirais qu'il faut
réfléchir avant de dire qu'il serait mieux d'avoir tout de suite
les règlements, en même temps que le nouveau texte de loi. Parce
que, si le texte de loi est changé ou est adopté, l'essentiel est
fait. Si on s'embarque dans les règlements, ils doivent passer par le
conseil supérieur et c'est une affaire de trois mois. J'ai l'impression
que ce n'est pas sage. Ces règlements que l'on fera, on les aura
peut-être faits pour rien, parce que la loi peut encore être
modifiée, tant qu'elle n'est pas adoptée en troisième
lecture. Ceux qui pressent et qui demandent en même temps, les
règlements, je me demande si c'est sage. J'émets un doute. Je dis
un doute, je fais un euphémisme en disant un doute. Ce n'est pas
normal.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes du Conseil supérieur de
l'éducation?
PERE GAGNE: N'exagérons rien» Je suis membre de la
commission de l'enseignement secondaire du Conseil supérieur de
l'éducation. Cela passera chez nous, évidemment, Mais, de fait,
je suis président des directeurs d'études, à la
fédération des collèges classiques, au niveau
collégial.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité de l'éducation
est ajournée à mardi prochain, dix heures.
(20 h 53)
Séance du 26 novembre 1968 Dix heures vingt minutes
M. PROULX (Président du Comité): Messieurs, à
l'ordre s'il vous plaît! M. le Ministre.
M. CARDINAL: M. le Président, vu qu'il y a d'autres associations
qui ont demandé à être entendues et que nous avons une
nouvelle liste devant nous, je pense que si le député de Chambly
était d'accord, nous pourrions continuer à entendre ceux qui ont
des mémoires à nous présenter.
M. LAPORTE: M. le Président, juste un mot: je voudrais excuser
l'absence du chef de l'Opposition qui a assisté avec beaucoup
d'intérêt à toutes les séances de ce comité.
Il est actuellement aux funérailles du père de l'honorable M.
Bernard Pinard. Alors, il sera ici à la fin de la matinée. Il m'a
prié de le remplacer et de l'excuser. La suggestion du ministre convient
tout à fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chambly fera bien cela!
Je demande à la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec de présenter son mémoire
s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Votre nom? M. Raymond Beauchemin
M. BEAUCHEMIN: Raymond Beauchemin, directeur général de la
gestion scolaire, Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
M. le Président, nous n'avons pas la prétention de
présenter un mémoire; ce sont tout simplement quelques
recommandations sur lesquelles nous aimerions attirer votre attention. Nous
nous rendons malheureusement compte que les recommandations qui ont
été faites ont eu comme texte de base le projet de loi. Nous nous
excusons si les articles ne coincident pas avec le texte de loi que vous avez
en main.
Nous aimerions attirer l'attention du comité sur la commission
consultative de l'enseignement privé ou ce que nous appelions le bureau
des permis.
M. LAPORTE: Duquel des deux bills parlez-vous?
M. BEAUCHEMIN: Du bill 56.
Le bill 56, page 3. On dit: « Une commission consultative de
l'enseignement privé est instituée. Cette commission est
composée de sept membres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur la recommandation du ministre. Au moins quatre de ces membres sont
nommés après consultation des groupes les plus
représentatifs de l'enseignement privé. »
Vu le rôle important que jouent les commissions scolaires dans le
secteur public de l'éducation, nous aimerions que le texte se lise comme
suit: « Sept membres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil sur la recommandation du ministre; trois de ces membres sont des
fonctionnaires du ministère de l'Education et l'un est un
représentant des fédérations des commissions scolaires.
Les trois autres membres sont choisis après consultation du Conseil
supérieur de l'éducation et des groupes les plus
représentatifs de l'enseignementprivé, notamment les parents, les
institutions et les enseignants.
Nous aimerions que, de droit, les fédérations des
commissions scolaires aient un membre sur ce comité.
Un deuxième point concernant le programme pédagogique et
culturel des institutions privées. Nous aimerions que le programme
institutionnel des institutions privées puisse s'intégrer
facilement à l'intérieur des programmes des institutions
publiques.
M. le Président, le troisième point porte sur la
déclaration d'intérêt public. Nous aimerions attirer
l'attention sur le fait que la fédération des commissions
scolaires ne voit pas d'inconvénient à ce qu'un montant devant
être affecté au service de la dette, aux immobilisations et aux
investissements pour fins d'équipement, soit consenti. Cependant, elle
juge important que les montants devant être affectés au service de
la dette, aux immobilisations et aux investissements pour fins
d'équipement, soient établis après une planification
sérieuse du budget de l'institution et suivant les normes en vigueur
dans le secteur public.
Alors, je vous demanderais de ne pas considérer l'autre point
mentionné dans notre rapport. Je pense qu'il n'est plus
d'actualité en fonction du nouveau texte de la loi qui a
été déposée.
M. CARDINAL: Terminé? M. le Président, le
représentant de la commission a terminé.
M. LE PRESIDENT: M. Beauchemin, c'est fini. Je remercie M. Beauchemin;
je demande au représentant de la CSN de présenter son
mémoire, s'il vous plaît. Est-ce que vous avez une copie?
M. PEPIN: Non, mais j'ai cru comprendre que c'était
enregistré.
M. LE PRESIDENT: Vos paroles ne s'envoleront pas!
M. Marcel Pepin
M. PEPIN: Alors M. le Président, messieurs les membres du
comité, J'ai tout de suite compris pourquoi il y avait quelques
délais à commencer la réunion puisque
l'événement de ce matin nous permettait à 10 heures
d'aller nous approvisionne r...
M. LE PRESIDENT: Nous excusons votre retardl Qu'en termes «
spiritueux » ces choses-là sont dites!
M. PEPIN: La réunion commence bien. Nous avons passé des
moments, la semaine dernière et les semaines qui ont
précédé, un peu plus mouvementés dans cette
même salle. Il est possible, M. le Président, que nous ayons
à revenir à certains des aspects qui ont été
touchés d'ailleurs précédemment. Mais je voudrais dire au
point de départ, M. le Président, que même si nous n'avons
pas de mémoire écrit, si le président ou les membres du
comité le demandent, il nous fera énormément plaisir de
coucher sur papier ce que nous dirons. Mais, comme c'est enregistré,
nous avons dit: Ce n'est peut- être pas nécessaire de
procéder par voie de mémoire pour l'instant.
J'aimerais vous dire aussi que j'ai avec moi des représentants du
Syndicat professionnel des enseignants qui appuient en tout cas je le
pense bien ce que je vais avancer. Et, aussi, les représentants
du SPEO qui ont été retenus ailleurs, sont substantiellement
d'accord avec les positions que nous prenons ce matin.
Je voudrais, avant de commencer à critiquer ou à faire une
critique de certains aspects du bill vous dire que quant à la fusion des
bills 56 et 61, pour ce qui nous concerne, nous croyons que ce serait une bonne
chose si c'était fusionné. Pour nous, ce n'est pas une question
vitale, une question de vie ou de mort. Nous n'en faisons pas un « must
», mais je pense qu'il y aurait lieu d'examiner la fusion des deux.
Ce préliminaire étant fait, je voudrais
référer, premièrement, à l'article 9 et aux
suivants du bill 56. Pour votre information, l'intervention que je fais ne
portera que sur le bill 56; je ne toucherai pas au bill 61.
A l'article 9 et aux suivants on a, là, ce que sera une
institution qui sera déclarée d'intérêt public. Il
est possible que je me trompe dans l'interprétation que je vais donner,
M. le Président, MM. les membres du comité, mais j'ai
l'impression que ce texte de l'article 9 et le texte suivant à l'article
12 nous incitent à croire qu'une institution qui sera
déclarée d'intérêt public viendra un peu
suppléer au réseau public qui ne pourrait pas donner telle forme
d'enseignement ou tel genre d'enseignement ou encore tel niveau d'enseignement
dans une région donnée.
Je pense que ceci s'infère du texte de l'article 9 et, par la
suite, de l'article 12 puisqu'il est indiqué, à ce
moment-là, à l'article 12 que « le ministre peut,
après avoir obtenu l'avis de la commission, déclarer
d'intérêt public une institution en raison de l'enseignement
qu'elle donne ». C'est à mon avis le point nerveux, crucial de cet
article. C'est donc que l'intention de ceux qui présentent le projet de
loi si je l'interprète bien c'est de vouloir dire que le
réseau privé viendra à ce moment-là suppléer
à une absence du réseau public. Aussi, le premier amendement que
je suggère au comité je n'ai pas de texte, vous
comprendrez, mais c'est simplement une idée que je vous lance
c'est de renforcer le texte de l'article 9, si l'interprétation que j'ai
donnée et je trouve qu'elle s'infère des textes actuels
est correcte, valable, je vous suggère de renforcer Particle 9
pour qu'il soit clairement établi que sera déclarée
d'intérêt public une institution qui, à ce
moment-là, pourra donner un enseignement qui n'est pas dispensé
dans une autre institution qui, elle, est à caractère public,
soit suivant les autres lois de la province.
Pourquoi vous fais-je cette suggestion? C'est que, nous ne voudrions pas
qu'au cours des ans il y ait des changements possibles d'interprétation
et que nous soyons aux prises éventuellement avec plusieurs
réseaux d'enseignement ou des réseaux parallèles. Je
reviendrai à ce point éventuellement mais c'est la remarque de
base que je voulais faire sur l'article 9 et les suivants.
En deuxième lieu, M. le Président, MM. les membres du
comité, je crois que ce que nous sommes en train de faire, au
Québec, c'est de permettre à tous les citoyens, à tous les
jeunes qui veulent s'instruire, de se rendre dans les institutions et de
recevoir cet enseignement dont ils ont besoin et dont tout le monde
reconnaît la grande valeur.
Aussi, je vous suggère que vous procédiez comme vous
l'avez fait dans le cas du bill 21, la Loi créant les collèges
d'enseignement général et professionnel, je vous suggère
que la gratuité scolaire soit inscrite dans le bill 56.
L'hypothèse que fai donnée, pour l'article 9
et les suivants peut être fausse. Cette hypothèse est
à l'effet que, quand dans un territoire donné, pour une
discipline donnée on ne trouve pas d'institution qui relève
directement de l'Etat, alors on peut déclarer d'intérêt
public une autre institution privée et, à ce moment, je crois que
la gratuité scolaire doit exister à cette institution
également.
Je pense que si nous ne faisons pas ainsi, nous pouvons en arriver
à traiter les gens différemment suivant les régions
où ils demeurent. Si vous avez telle sorte d'enseignement qui peut
être dispensé, disons, dans une ville comme Montréal mais
qui ne pourrait pas l'être dans une ville comme Acton Vale parce que
c'est un peu plus petit je l'ai choisie au hasard, tout simplement
à ce moment-là, je pense que si on subventionne une
institution à caractère privé, si elle devient couverte
par le bill 56, il me semble qu'en toute équité la
gratuité scolaire doit exister dans cette institution.
J'arrive à un troisième point et je touche ici un point
qui a probablement fait l'objet de longues délibérations de votre
comité; j'arrive aux articles 16 et 17 du bill 56.
En premier lieu, j'ai donc tenté de donner
l'interprétation que je vois à l'article 9. Je vous ai dit ce que
je pense maintenant au niveau de la gratuité qui doit exister dans ces
institutions.
En troisième lieu, je pense que les articles 16 et 17 devraient
être modifiés afin d'enlever les subventions qui sont
données à ces institutions qui ne sont pas
déclarées d'intérêt public. Pourquoi nous
permettrions-nous d'avoir deux réseaux? Deux réseaux dont l'un
serait payé directement avec les deniers publics et l'autre
réseau qui serait subventionné par les deniers publics.
Ce que j'estime, M. le Président, messieurs les membres du
comité, c'est que nous serions en train de bâtir
jusqu'à quel point, ce sera à voir par l'application si la loi
était adoptée telle qu'elle est présentée
des systèmes parallèles: un système public et un
système privé. Le système public est payé à
même les impôts, directement; le système privé serait
en partie payé par les impôts.
Ce que je vous suggère, c'est donc de rayer les subventions: non
pas d'empêcher qu'il y ait un contrôle de la part du
ministère j'espère que nous nous comprenons bien
parce que les institutions privées, à mon avis, peuvent exister.
S'il y a un système public, on paie pour un système public; ceux
qui veulent avoir un système privé peuvent l'avoir, mais à
ce moment-là, ils auront à le payer. Non pas l'ensemble de la
communauté! Je parle de la communauté de la province de
Québec, des citoyens, des contribuables.
Avons-nous le moyen, au Québec, de payer pour deux réseaux
d'enseignement? Si nous avons ce moyen, il n'y a pas de problème; nous
pouvons faire ce que nous voulons. Mais pouvons-nous vraiment disposer des
ressources de l'ensemble des contribuables de la communauté de cette
façon? A mon avis, nous n'avons pas les ressources qu'il faut pour nous
permettre de payer ainsi des subventions.
Tout le monde sait que la province a besoin d'argent. Tout le monde sait
qu'elle doit recourir à des emprunts sur le marché financier.
Très probablement ces jours-ci, je ne sais pas, dans quelques semaines
ou quelques mois, elle aura de nouveau à y recourir.
Au moment où nous avons besoin de ressources, est-ce que nous
pouvons vraiment accepter de créer nous-mêmes deux systèmes
et de subventionner le deuxième à un coût qui peut
être moindre, je le reconnais, mais à un coût qui peut quand
même être assez élevé par rapport au trésor
public?
On nous a dit, ces semaines passées, M. le Président
et certains d'entre vous s'en souviennent comme moi qu'il fallait
rationaliser les dépenses publiques. Dieu sait si nous sommes d'accord
sur la rationalisation des dépenses publiques. On nous a même fait
peur, vous savez! On nous a dit que, si nous allions trop loin dans la
politique dite salariale ou budgétaire parce qu'après
ça on était d'accord pour dire que c'était une politique
budgétaire qu'on aurait moins d'écoles, moins
d'universités, moins de routes, moins de si, moins de ça et qu'on
aurait des augmentations d'impôt. La taxe de vente augmenterait de 8%
à 10%. L'impôt sur le revenu pourrait augmenter de 20%. On nous a
donc dit: Attention, si vous dépensez l'argent de cette
façon-là, on s'en va vers une catastrophe.
Je vous soumets, M. le Président, que si la Législature du
Québec décide d'octroyer ou de construire deux systèmes,
bien, je pense que j'ai le droit de vous retourner la balle, maintenant, et de
vous dire: Attention, vous allez augmenter les impôts à cause de
ça. Attention, il y aura moins de ponts. Attention, il y aura moins de
si. Il y aura peut-être 10% ou 20% de plus d'impôt sur le revenu.
Ce n'est pas raisonnable à mon avis, dans la situation actuelle d'en
arriver à subventionner... Non pas que je sois contre les institutions
privées. Je voudrais bien me faire comprendre. C'est une question de
ressources. Tout le monde le sait, les contribuables sont limités comme
est limité le gouvernement. Mais, ne faisons pas exprès pour en
arriver à une telle situation.
Il me semble, M. le Président, messieurs les membres du
comité, que sur ce point je suis
loin d'être sûr que ceux qui sont ici soient d'accord. Je ne
parle pas de ceux qui sont assis à cette table. Mais, cependant, je
pense que les citoyens du Québec doivent s'éveiller à ce
problème parce que, si on arrive au nom d'une saine et loyale
concurrence, il serait peut-être mieux d'avoir deux réseaux et
cela produira peut-être de meilleurs citoyens éventuellement.
C'est une hypothèse. Est-ce que ceci coûte trop cher? Est-ce qu'on
a le moyen de le faire? C'est la réponse que la Législature,
vous, messieurs les députés, aurez à donner.
En conséquence, ce que je voudrais vous dire, sur ce point, c'est
qu'il me semble que le bill 56 est jusqu'à un certain point «
l'antibill » 21 créant les collèges. Dans ce bill que nous
avons discuté ensemble il y a eu la gratuité scolaire. Dans ce
bill on a créé un réseau de collèges qui, cette
fois, étaient publics, sous forme de corporation, avec un
mécanisme assez bien bâti, je pense. Mais maintenant, avec le bill
56, on peut faire d'autres choses.
Je voudrais me permettre de vous donner un exemple. Si l'exemple ne
colle pas, bien, vous me le direz plus tard. Il y a un collège, de
l'autre côté de la rivière, pas loin de Québec,
à Lévis. Il semble que ce collège ait
décidé, comme c'est son droit, de ne pas être
intégré au réseau public. Je pense que c'est son droit, le
bill lui permet de faire ça. Si je comprends bien la portée du
bill 56 si je ne le comprends pas vous me le direz aussi, je sais que
vous n'êtes pas très gênés de ce
côté-là le collège de Lévis va
recevoir des subventions s'il répond à certaines normes,
même s'il n'est pas d'intérêt public.
Les articles 16 et 17 donnent au ministre un droit
discrétionnaire. Même, dans le cas où ce n'est pas
d'Intérêt public, dès qu'il y a l'avis de la commission, il
peut.
Si, à côté du collège de Lévis -
j'émets une hypothèse on crée un CEGEP je ne
sais même pas, s'il y en a un, mais c'est purement hypothétique
pour essayer de me faire comprendre vous comprendrez qu'à ce
moment-là les citoyens auront à payer pour le secondaire et le
collégial, pour le CEGEP qui sera là.
A côté de cela, vous aurez une institution privée
qui recevra aussi des subventions du gouvernement. Peut-être me
direz-vous que c'est idéal? C'est ce qu'il nous faut à
Québec pour avoir de la concurrence. C'est vrai si nous avons le moyen.
Mais, avons-nous ce moyen-là? En outre, à d'autres articles, dont
l'article 40 du bill, vous vous rendrez compte que dans l'hypothèse que
je viens de faire, si le collège a de l'espace, il pourra aller voir
l'institution publique et lui dire: Bien, nous sommes prêts à
louer nos locaux. Nous sommes prêts à donner des cours à
votre place, à signer des sous-contrats de ce
côté-là. Vous voyez jusqu'à quel point
à mon avis en tout cas nous arrivons à une situation...
Encore une fois, si nous en avons le moyen, nous pouvons faire. Mais je pense
que nous n'avons pas le moyen de le faire et de procéder ainsi.
Je voudrais aussi toucher quelques points particuliers et
peut-être qu'alors vous pourrez mieux nous éclairer. Entre autres,
l'article 30 du projet de loi numéro 56. Cela me paraît dur, cet
article-là. Je m'inscris à un cours ou, j'inscris un de mes
enfants à un cours. Il commence son année. C'est une
hypothèse. Si j'interprète cet article à ma façon
erronnée je l'espère en tout cas là, le
père de famille sera obligé de payer pendant toute l'année
les frais parce que l'article 30 dit que toute personne qui s'engage à
suivre des cours dans une institution peut se libérer de son engagement
en donnant avis par lettre recommandée mise à la poste dans les
dix jours francs de la date de son engagement, pourvu qu'elle n'ait pas
effectivement commencé à suivre ces cours, durant ce délai
de dix jours.
J'aimerais beaucoup avoir une interprétation qui pourrait
être donnée. A première vue, cela semble vouloir dire que
dès que j'ai commencé, je peux être obligé de payer
pour toute la période.
Je voudrais aussi toucher le problème de l'article 35. C'est
quelque chose se particulier, mais selon moi, de très important. A
l'article 35, M. le Président, nous trouvons que « toute
institution d'enseignement général de niveau secondaire doit
offrir les cours du programme officiel dont la combinaison permet
l'accès aux études de niveau collégial, eu égard
aux règlements adoptés en vertu de la Loi du Conseil
supérieur de l'éducation pour régir l'organisation de
l'enseignement secondaire et l'accès aux études de niveau
collégial ». Ici, cela commence: «Toutefois, le ministre
peut, après avoir obtenu l'avis de la commission, autoriser une
institution d'enseignement général de niveau secondaire à
ne donner qu'une partie de ces cours ».
Je comprends l'objectif pratique du « toutefois ».
Même si je le comprends, j'ai de la misère à l'admettre
parce que nous aurons une institution d'enseignement général de
niveau secondaire qui n'offrira pas exactement les mêmes
possibilités, la même chose que les autres; quand
l'élève débouchera ailleurs.
Pendant la période de son cours, il arrive que l'enfant ou que
l'élève ne soit pas en mesure d'al-
1er jusqu'au bout d'une option qu'il a prise dans les systèmes de
polyvalence. A ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait avec lui, cet enfant
ou cet élève? On lui dit: Bien, écoute, ça n'a pas
l'air de très bien fonctionner. On va te changer, on t'offre telle autre
chose. Or, si on peut permettre une restriction de ce côté, j'ai
l'impression que le système lui-même est, en bonne partie, remis
en cause.
Aussi, je vous demande, à vous, messieurs les
députés, d'examiner de nouveau cette question qui
m'apparaît très importante. Je vous suggère aussi de
regarder l'article 45. L'article 45 est pour les écoles normales
privées. Je pense que là-dessus, M. le Président et
messieurs les membres du comité, au niveau des écoles normales,
il faut s'attendre que tout le système devrait être public et que
l'Etat, ni pour cela, ni pour le reste, ne devrait payer des subventions pour
former des maîtres, en dehors du réseau public. Ah! me dira-t-on,
on ne peut pas en former assez à l'heure actuelle! Peut-être.
Il y a peut-être une transition qui peut être
envisagée, mais cela ne devrait pas, à mon avis, prendre l'allure
de l'article 45 qui est là, parce que tout le monde, privément, a
le droit de former des maîtres. Que ce soient des scolasticats ou des
noviciats, je ne sais trop, ils ont le droit d'en former. Mais est-ce que c'est
aux citoyens du Québec à payer intégralement ou à
donner ou à payer une partie des frais qu'entraîne cette
formation?
Je vous soulève ce point qui, encore une fois, pour moi,
revêt une certaine importance. Enfin, je toucherais à l'article
15, M. le Président. Je l'ai gardé pour la fin, juste pour en
dire quelques mots. L'article 15 regarde les relations de travail. L'article 15
ne spécifie pas qu'on a le droit de négocier. C'est bien
sûr. Mais l'article 15 tel qu'il est rédigé fait en sorte
qu'il sera bien difficile de négocier les salaires. Cela voudrait dire
que, dans les institutions déclarées d'intérêt
public, vous pourrez négocier sur d'autre chose que sur les traitements,
si on regarde l'article 15 tel qu'il est là. Ce n'est pas dit
directement. C'est indirect.
Je vous suggère de retourner à l'article 23 de la loi
sanctionnée le 29 juin 1967, la Loi des Collèges d'enseignement
général et professionnel, et de vous inspirer de cet article que
la Législature a adopté à l'unanimité je pense pour
l'inscrire dans le bill 56 et remplacer l'article 15 à l'heure actuelle.
Je pense bien que si, dans les institutions déclarées
d'intérêt public - ici je fais une dernière remarque
vous prenez des normes existantes dans les enseignements publics, vous noterez
cependant que les institutions qui ne sont pas d'intérêt public et
qui peu- vent être subventionnées n'ont évidemment pas la
même règle à suivre. Je pense que cela s'explique.
Voilà, M. le Président et messieurs les membres du
comité, les très brèves remarques que j'avais à
faire.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Pepin, M. le président de
l'Association des parents du Collège de Montréal aimerait se
faire entendre ici. Est-ce que nous pourrions l'ajouter à la liste des
six autres? Alors, on vous entendra à votre tour.
On m'excusera si j'ai pris la relève en retard. Est-ce que
quelqu'un d'autre a demandé la parole ici à la table?
M. CARDINAL: Non. Vous avez convenu que chacune des associations
passerait à tour de rôle.
M. LE PRESIDENT: Nous en sommes à l'article 3.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: L'Association des parents des étudiants du
collège Alexandre-Limbour est représentée par M. Egide
Dandenault qui en est le président.
M. Egide Dandenault
M. DANDENAULT: M. le Président, messieurs les
députés, ministres, chers parents. A Québec, vous
êtes loin de Hull. Je voudrais commencer mon intervention tout simplement
par un exemple. Si l'un de mes enfants brise une vitre chez un de mes voisins,
je ne crois pas que le voisin demandera à mon garçon quelle
insti-tion il fréquente ou dans quelle province il réside ou
quelle est l'adresse du ministère de l'Education pour savoir à
qui envoyer la note.
Il va dire: Tu es le petit gars de qui? Cela, c'est son père et
c'est son père qui va payer.
Je veux tout simplement rappeler que les parents sont les premiers
responsables de l'éducation et de la formation des enfants et que ceci
leur confère un droit strict de regard et de décision dans ces
deux domaines.
On a parlé de ces droits, on les a acclamés, on les a
chantés partout. Vous les avez déjà entendus. Vous avez
vu, dans le rapport Parent, l'article 110, tome 1 où l'on parle du droit
des parents.
Dans le préambule de la loi créant le ministère de
V Education et le Conseil supérieur de l'éducation, on revient
encore sur le droit des
parents. Je n'ai pas l'intention de vous citer tout cela.
Vatican II reparle du droit des parents. C'est un droit sacré,
prioritaire, antérieur aux droits de tous les autres organismes en
matière d'éducation de l'enfant, y compris l'Etat.
Dans son dernier programme électoral, le gouvernement
présentement au pouvoir a consacré des belles phrases à ce
sujet-là. Dès lors, je pense que ce droit à un choix de
l'institution que nous voulons doit être reconnu et doit se
réfléter, si l'on parle de choix, au moins dans deux
systèmes ou dans deux réseaux.
Mon intervention ne sera pas très longue. Le raisonnement n'est
pas compliqué. Si l'on ferme, demain matin, toutes les institutions
autonomes d'enseignement à travers la province, tous les enfants qui s'y
trouvent, vont se retrouver, après-demain matin, dans le secteur public
et vont coûter ce que coûte l'enseignement dans le secteur
public.
Nous disons que ces montants-là, nous les voulons nous aussi dans
le secteur privé. Nous sommes venus aujourd'hui pour demander
particulièrement que les bills 56 et 61 soient refondus en une seule loi
et que cette dernière doit:
Premièrement, établir la parité de financement
entre le secteur privé et le secteur public;
Deuxièmement, assurer que les parents soient
représentés à la commission consultative de l'enseignement
privé par au moins deux des leurs et que ces derniers soient
nommés d'office par les groupes les plus représentatifs des
parents de l'enseignement privé, sans que ces nominations puissent
être acceptées ou rejetées selon le bon vouloir du ministre
de l'Education;
Troisièmement, que les parents, membres de la commission
consultative de l'enseignement privé, soient
rémunérés selon des normes précises et
également que leurs frais de déplacement et de pension soient
payés, ce qui se fait généralement.
Nous ne sommes pas satisfaits et nous sommes inquiets également
de la définition d'une institution d'intérêt public qui
apparaît à l'article 9 du bill 56, fortement menacée,
croyons-nous, par le contenu de l'article 12 du même projet de loi.
Pour revenir à la question de parité entre le secteur
privé et le secteur public, je me permettrai de développer les
arguments suivants:
Premièrement, nous réaffirmons ici que le financement des
institutions privées devrait être fait selon les mêmes
normes que celles du secteur public, y compris le coût des locaux selon
la valeur locative, que les services additionnels offerts par ces institutions
soient à la charge des parents mais qu'ils demeurent facultatifs afin
que le droit des parents et des enfants à l'institution de leur choix ne
soit pas contrecarré par des obligations d'ordre financier.
En d'autres termes, il ne s'agit pas d'avoir un système
privé qui soit utilisable uniquement par ceux qui ont la capacité
de payer. A mon point de vue, nous n'avons pas le droit de procéder
ainsi, de prendre une partie de l'argent en provenance des contribuables pour
maintenir un réseau d'institutions auxquelles ne peuvent avoir
accès que ceux qui ont la capacité de payer. Ou bien, on les
maintient et on maintient la parité, ou bien on les supprime
complètement. A ce moment-là, ceux qui veulent se promener en
Cadillac, qu'ils ne viennent pas demander à la province de payer le
moteur et les roues.
Deuxièmement, nous estimons qu'obliger les parents à de
nouvelles contributions financières donc à une double
taxation ne respecte pas le principe du libre choix et assure le
maintien, en large partie, par l'Etat et par l'argent de tous, d'un
réseau d'institutions au bénéfice exclusif d'un groupe de
privilégiés.
Troisièmement, nous avons amèrement critiqué dans
le passé le régime des écoles séparées
d'Ontario. Par les bills 56 et 61, tels que présentés, on aboutit
à peu près à un système en principe à
l'établissement donc d'un régime de séparation, sauf que
la séparation, au lieu d'exister entre Canadiens français et
Canadiens anglais, existe à ce moment-là entre celui qui peut
payer et celui qui ne peut pas payer. Et ce n'est pas là mettre les
citoyens et les enfants sur un pied d'égalité.
Quatrièmement, nous demandons enfin au gouvernement au pouvoir
et je m'excuse, c'est peut-être un petit peu brutal d'avoir
un peu de respect pour lui-même et un peu de dignité en donnant
suite à ses engagements de 1966. Il y avait une section précise
dans le programme électoral de l'Union Nationale en 1966 concernant
l'éducation. C'est formidable, ce document-là. Moi, je l'aurais
signé à chaque page en haut et en bas. On semble l'oublier, le
mettre de côté. C'était beau, le temps des
fiançailles.
Un de ces engagements-là ou de ces principes-là est
écrit de la façon suivante: Maintien des institutions
privées dont la province a besoin. On reconnaissait le besoin pour ses
propres fins en matière d'éducation et l'aide à ces
institutions. Et pour donner son plein effet aux droits des parents et des
enfants à
l'école de leur choix, les subventions seront reliées
à l'enfant et calculées d'après le coût « per
capita » de l'enseignement public dans chaque région. Dans le
domaine de la santé, nous, nous résidons à Hull, nous
savons que le patient peut choisir l'hôpital qu'il veut
fréquenter. Les gens de Hull, qui sont malades et qui veulent se faire
hospitaliser à Ottawa, peuvent y aller. Ils vont recevoir le même
montant qu'ils recevraient dans le Québec pour le même traitement.
Pourquoi ne peut-on pas accorder la même chose dans le cas de
l'éducation des enfants?
En ce qui a trait à la représentation des parents par deux
des leurs et à la nomination à la discrétion des
organismes de parents, et non pas à la discrétion du ministre de
l'Education, l'argumentation ici est très simple. Si le ministre est
obligé de consulter les organismes les plus représentatifs de
l'enseignement privé, d'une part, mais qu'il peut par la suite faire les
nominations qu'il désire, d'autre part, il n'y a plus à notre
point de vue représentation véritable et cette obligation de
consulter devient un jeux de mots, une chimère.
Il y a d'ailleurs à notre point de vue contradiction formelle
dans les termes: obligation d'une part mais liberté entière
d'autre part, ceci sur une même question.
Concernant la rémunération que nous demandons pour les
parents, pour ceux qui siégeront sur le comité consultatif, comme
cela devrait se faire d'ailleurs pour tous les parents qui sont invités
à siéger sur divers comités de l'Education, nous recevons
des formules d'invitation. On nous demande de proposer quelqu'un, d'envoyer le
« curriculum vitae ».
Il y a très peu de précisions sur les engagements qui sont
inclus dans l'acceptation de tel ou tel poste. On ne sait si ce ne serait pas
à un moment donné de venir passer trois jours à
Québec ou six jours ou un mois il n'y a aucune
rémunération de prévue. Cela fait qu'à part
d'être bien riches, les autres qui sont moins riches et qui seraient
intéressés, n'envoient pas leur « curriculum vitae ».
Les ministres, croyons-nous, parlant de rémunération pour les
parents, sont payés. Nous n'avons rien contre cela, d'ailleurs. Les
députés le sont également de même que les
fonctionnaires.
Les professeurs aussi le sont et ils discutent longtemps pour
l'être.
Si on accorde un peu de sérieux au rôle des parents
pourquoi, eux, contribuables qui paient pour tout le monde, qui paient pour
tous les autres, devraient-ils travailler bénévolement? En
refusant de payer les parents, on continue la discrimination entre pauvres et
riches; seuls les gens fortunés peuvent se permettre de perdre des jours
de travail.
En ce qui a trait à la définition d'une institution
d'intérêt public, nous trouvons le contenu du bill 56, vague,
ambigu, prêtant à de multiples interprétations. A notre
point de vue, une institution qui dispense un enseignement conforme aux normes
du secteur public nous convenons qu'il doit y avoir des normes
établies par le ministère, des objectifs et que ces normes et
objectifs doivent être respectés qui a les locaux voulus et
les équipements nécessaires à cette fin, sans
nécessité de luxe effréné ou d'excentricité,
dont le personnel enseignant est compétent et qui utilise des
méthodes pédagogiques reconnues, qui, en somme, a ce qu'il faut
pour former un homme, nous estimons qu'une telle institution répond
à un droit strict de l'enfant d'abord, répond aux exigences du
bien commun et doit être reconnue d'intérêt public.
L'article 12, du bill 56, introduit, croyons-nous, la notion
matérielle des places-élèves. Cette notion, en regard du
droit des parents et des enfants, n'est pas acceptable.
Les seuls motifs pouvant permettre de ne pas reconnaître
d'intérêt public une institution qui répond aux
critères et qualifications indiqués il y a quelques instants, ne
devraient pas être les besoins scolaires du territoire desservi par cette
institution, tel qu'indiqué à l'article 12, mais la
rentabilité basée sur le libre choix de la clientèle. Il
semble qu'au ministère on ait une grande frayeur de la concurrence du
secteur privé. On tend, semble-t-il, à vouloir établir des
normes en se servant toujours du plus petit commun dénominateur.
En vertu de l'article 12 du bill 56, le ministère n'a qu'à
construire des écoles polyvalentes trop grandes dans telle ou telle
région, assurer ainsi le nombre voulu de places-élèves et
même excéder ce nombre pour ensuite justifier facilement la
disparition d'une institution, le refus de la reconnaître
d'intérêt public ayant assuré la couverture complète
des besoins scolaires par le secteur public.
M. CARDINAL: M. le Président, je regrette M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Président, si M. Dandenault
continue ses accusations de la façon dont il le fait depuis le
début, comme il a été convenu tant pour la partie
ministérielle que pour l'Opposition dans le document que j'ai devant
moi, je me retirerai de ce comité!
M,, LE PRESIDENT: Alors, M. Dandenault, il serait peut être bon de
faire vos griefs selon les articles, un à un, et de ne pas ressasser la
politique gouvernementale sur le projet de loi que nous étudions
présentement.
M. DANDENAULT: M. le Président, j'ai terminé. Je regrette
infiniment si j'ai déplu à M. le ministre de l'Education. Je
pense que nous, les parents, nous avons tout de même le droit de parler
une fois de temps à autre. Nous avons travaillé fort pour
étudier la question; nous avons fait un long voyage et, n'en
déplaise à M. le ministre, j'estime que le gouvernement doit
reconsidérer ces deux bills et, sans porter d'accusation ce n'est
pas une accusation par exemple, que de rappeler les promesses
électorales de 1966 demander que l'on y donne suite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. le ministre Tremblay!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai écouté... Pardon, est-ce
que vous avez terminé, M. Dandenault?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez terminé, M. Dandenault?
M. DANDENAULT: Oui, j'ai terminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai écouté, M. le
Président, avec beaucoup d'intérêt, ce que vient de dire M.
Dandenault et le mémoire qu'il nous a présenté. Je ne
m'oppose aucunement à ce qu'un représentant attitré d'un
collège et de parents nous fasse connaître ses idées et
présente ses revendications.
Toutefois, je voudrais, M. le Président, posant la question de
privilège, m'inscrire en faux contre une assertion qui se trouve
à la page trois du mémoire que nous avons devant nous et qui se
lit comme suit: « Il semble que jeudi soir dernier, vers 21 heures, alors
qu'on avait entendu les représentations de toutes les personnes et
organismes qui s'étaient présentés, le ministre de
l'Education ait alors entrepris de faire une certaine synthèse des
rapports et communications entendues au cours de la journée,
synthèse qui aurait surtout consisté à cumuler des
prétextes pour retarder de nouveau l'adoption d'une véritable
loi-cadre ».
M. le Président, tous ceux qui étaient présents
ici, au comité de l'Education, alors que nous avons ajourné jeudi
soir dernier, savent très bien que M. le ministre Cardinal a tout
simplement fait observer à ceux qui le pressaient de passer la loi des
institutions privées que le nombre de représentations qui nous
avaient été soumises était tel que cela nous obligerait
évidemment à faire un véritable travail de droit
comparé, à réaménager les deux projets de loi que
nous avons devant nous. Ni le ministre ni aucun membre du comité ne se
sont conduits de façon à laisser croire que nous entendions
remettre aux calendes grecques l'adoption de ce projet de loi.
Du reste, tous les collègues qui étaient ici, tant d'un
côté que de l'autre, ont insisté sur l'urgence de
l'adoption de cette loi en tenant toutefois compte des représentations
qui nous avaient été faites, représentations très
nombreuses, ce dont témoignent les multiples mémoires et rapports
qui nous ont été présentés,
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Tremblay. M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aimerais poser une question
à M. Dandenault. Je ne reviendrai pas sur l'un des documents qu'il a
cités et qui était le programme électoral du gouvernement
actuellement au pouvoir. Je pense toutefois que les citoyens ont parfaitement
le droit, M. le Président, au comité parlementaire, d'exprimer
leurs vues sur ce sujet. Je ne vois, quant à moi, aucune raison de
scandale devant les interprétations qu'ils sont tout à fait
libres de donner.
Ma question, M. le Président, est la suivante: M. Dandenault a
rappelé le fait que le rapport Parent et que beaucoup d'autres documents
officiels je ne sais pas s'il a mentionné la déclaration
universelle des droits de l'homme, mais d'autres avant lui l'ont
mentionnée pour affirmer que beaucoup de documents publics d'une
grande valeur reconnaissent le droit des parents au libre choix d'une
institution d'enseignement que peuvent fréquenter leurs enfants.
Ma question s'adresse à M. Dandenault. Je pense que nous
pourrions la poser à plusieurs autres qui sont venus témoigner
devant ce comité et qui, encore une fois, ont parfaitement droit
à leurs opinions. Ma question ne vise aucunement à contester ou
à brimer ce droit mais à m'éclairer et à
éclairer les membres de ce comité sur ce que pensent les citoyens
ou certains citoyens du Québec.
Donc, la question est simple: Est-ce que vous croyez que ce que l'on
appelle, avec raison, le droit absolu des parents au libre choix de
l'institution d'enseignement que peuvent fréquenter leurs enfants,
est-ce que ce droit se réfère au
mode de propriété ou à la forme de
propriété des institutions d'enseignement ou est-ce qu'au
contraire ce droit ne se réfèrerait-il pas plutôt au type
d'enseignement, c'est-à-dire au contenu de l'enseignement, au programme
de l'enseignement?
J'aimerais avoir l'opinion de M. Dandenault sur ce point.
M. DANDENAULT: Je suis porté à penser, M. Lefebvre, si
j'ai bien compris votre question, que tout d'abord il est prévu, je
pense, dans le projet de loi, que les institutions reconnues
d'intérêt public seront constituées en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies, c'est-à-dire en
corporations privées sans but lucratif et que ces institutions,
étant financées par l'Etat, donc par les contribuables, je pense
qu'il y a lieu d'exercer un contrôle sur elles.
Maintenant, vous posez des questions concernant, je crois que vous avez
dit le contenu de l'enseignement, les méthodes pédagogiques.
M. LEFEBVRE: Non, voyez-vous, c'est que vous venez au comité, et,
encore une fois, vous en avez parfaitement le droit. Mais vous dites: Ma
thèse, ma position et celle des gens que je représente s'appuie
sur le droit des parents au libre choix de l'institution d'enseignement que
peuvent fréquenter nos enfants. Or, je vous pose la question parce qu'au
fond c'est là une question de philosophie politique extrêmement
importante, je crois, qu'elle est à la base de tous les documents que
vous avez cités, y compris le programme électoral auquel on a
fait allusion: Est-ce que le droit des parents réfère au type de
propriété de l'école? Autrement dit, est-ce que votre
droit consiste à pouvoir envoyer votre enfant à une école
qui appartient aux Oblats, aux Jésuites, aux Soeurs de
l'Immaculée Conception, à la province de Québec, à
un groupe de citoyens, etc.? Ou bien, est-ce que votre droit se
réfère à la possibilité d'envoyer votre enfant
à une institution qui donne le type d'enseignement qui est conforme aux
besoins de votre enfant, à ses capacités, à ses aptitudes,
à ce qu'il a l'intention de faire dans la vie? Je vous demande où
se situe ce droit des parents que tout le monde reconnaît mais que,
semble-t-il, on interprète de diverses façons.
M. DANDENAULT: Mais pourquoi ce droit ne se réfère-t-il
pas dans les deux domaines et dans les deux aspects? Je pense que les deux
aspects que vous avez soulevés vont se rejoindre à un moment
donné. Dans d'autres cas, ils ne seront pas les mêmes. Pourquoi
les parents n'auraient-ils pas droit à avoir un droit de regard dans les
deux domaines?
M. LEFEBVRE: C'est la question que je vous pose.
M. DANDENAULT: Egalement dans le contenu? Personnellement, comme parent,
je ne suis pas prêt du tout à confier sans droit de regard, sans
contrôle, tout le système de l'éducation et le contenu des
méthodes pédagogiques et le dé-cloisonnement, etc.,
à un groupe de fonctionnaires qui prennent des décisions avec le
ministre et le cabinet, etc., à coups d'arrêtés
ministériels et qui règlent tout ça pour nous. Je pense
qu'il faut assurer de plus en plus une participation des parents et inviter ces
derniers à donner leur opinion là-dessus. Nous avons un droit de
regard.
Pour vous donner un exemple précis, l'institution et les parents
que je représente est une institution associée. La tendance du
côté de la commission scolaire régionale est de
considérer, au moment où il y a association, cette
institution-là comme une autre de ses écoles.
Il a par exemple été question, l'année
dernière, de prendre Saint-Alexandre et d'y envoyer tous les enfants
arriérés ou handicapés de la région. Cette
année, au moment de l'entrée des classes, si Saint-Alexandre
prenait au-delà de 60 élèves en huitième
générale, à ce moment-là, on voulait les obliger
à un décloisonnement. Bien, nous, les parents, nous avons dit
non. Je comprends que nous avons le droit de dire non parce que nous estimons
que le système de décloisonnement est un système
extrêmement dispendieux centré sur l'enfant, que les preuves de
l'efficacité du système n'ont pas encore été faites
et qu'avant de les généraliser on aurait dû procéder
d'abord à des expériences pilotes à travers la province.
Je pense que nous avons le droit de nous exprimer là-dessus.
Autre phénomène assez curieux c'est pour ça
que je parlais tout à l'heure du plus petit commun dénominateur
le collège Saint-Alexandre n'a pas le même horaire que le
secteur public, qui est l'horaire suggéré dans le rapport Parent,
et offre aux élèves, en plus des cours réguliers, une
quinzaine de cours parascolaires extrêmement intéressants. Il y en
a environ cinq qui sont absolument gratuits. Il y en a environ cinq où
l'élève ne fait que payer l'équipement dont il a besoin.
Il y en a cinq autres qui couvrent différents montants, le
ciné-club, par exemple, $3.00 par année pour quatre films et de
la documentation pour $25. Cela coûte $3.
Ce qui s'est produit, c'est qu'au comité conjoint, le
président, un représentant de la commission scolaire, a
soulevé des objections à ce sujet-là. Il dit: C'est
gratuit ou ça ne l'est pas. Si c'est gratuit, on paie. Si on ne paie
pas, bien, cela disparaît. Alors nous, les parents, nous avons
été obligés d'intervenir et de dire: Ecoutez, si le
collège donne des cours de piano, moi, je veux que mon garçon
apprenne le piano, bien, il va là où ailleurs. Bien, j'aime
autant qu'il aille là parce qu'il est rendu là, etc.
Mais, je dis que le fait de ne pas avoir le même horaire, le fait
d'offrir davantage, cela a l'air de fatiguer les gens. On voudrait donc nous
ramener à l'horaire public; je dis qu'à ce moment-là, on
diminue le contenu en le comparant ou en se servant du plus petit commun
dénominateur. Je trouve cela grave.
M. LEFEBVRE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous passons à l'Association des parents
catholiques du Québec, section du diocèse de Mont-Laurier,
représentée par le docteur Adolphe Tessier, président
diocésain et directeur provincial de l'APCQ.
Le docteur Adolphe Tessier. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre ou si le
docteur s'est fait représenter.
Ah bon, si vous voulez prendre le micro?
M. Bouchard
M. BOUCHARD: M. le Président, le docteur Tessier a
été empêché de venir présenter lui-même
son rapport. Il m'a téléphoné et m'a demandé de
soumettre des recommandations, en somme, qui répètent
substantiellement ce que l'Association des parents catholiques du Québec
a donné. Dans son message, il a rappelé le programme de l'Union
Nationale en 1966. Il a noté tout simplement que la population
désire ardemment que ce programme soit appliqué par le
gouvernement actuel et que rien n'empêche présentement d'appliquer
le programme en ce qui concerne la subvention rattachée à
l'élève et qu'il est absolument faux qu'une telle application
puisse coûter plus cher aux contribuables.
Alors, je lui ai promis de venir porter son message, ici, en son nom.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, merci, M. Bouchard. Maintenant l'Association
étudiante des collèges privés de la région de
Québec qui est représentée par M. Benoît Taillon,
président des jeunes élèves du collège des
Jésuites. Est-ce qu'il est ici? M. Taillon, veuillez prendre le micro,
s'il vous plaît.
M. Louis Painchaud
M. PAINCHAUD: M. le Président, j'excuse M. Benoit Taillon qui n'a
pas pu se rendre ici, ce matin. Je me présente: Louis Painchaud,
président l'Association des élèves du séminaire de
Québec.
D'abord, une note! Nous avions commencé un travail d'étude
sur le bill 56 et sur les différents mémoires qui devaient
être présentés ici, avant la séance de jeudi
dernier. Nous n'avons pas pu présenter ce travail à ce
moment-là; il n'était pas terminé. Alors, nous avons
demandé laper-mission de le présenter aujourd'hui. Je vous en
remercie.
Une chose, d'abord, sur le principe d'approbation des bills. Nous en
sommes venus à la conclusion que si le secteur privé coûte
actuellement moins cher d'entretien par étudiant, il serait pour le
moins illogique de l'intégrer au secteur public puisque les mêmes
institutions ne donneraient probablement pas de services supérieurs en
étant intégrées au service public, et cela coûterait
plus cher.
D'un autre côté, quant aux subventions à ces
institutions privées, nous considérons que c'est très
important parce que si ces institutions-là ne sont pas
subventionnées, il arrivera qu'elles vont être ouvertes uniquement
à une classe de la population, ce qui serait nous le pensons
très mauvais pour la formation sociale des élèves
qui les fréquenteraient.
Nous soumettons donc des remarques générales visant
à modifier le bill 56. Le texte se lit comme suit: Remarques
générales et propositions pour modifier le bill 56 loi de
l'enseignement privé et de formation générale et de
l'enseignement privé pour l'enfance inadaptée
présentées au comité parlementaire de l'éducation
par les associations étudiantes des collèges suivants:
collège des Jésuites de Québec, Séminaire de
Québec, collège Jésus-Marie de Sillery, collège
Bellevue de Québec, séminaire Saint-Georges-de-Beauce,
séminaire Saint-Augustin de Cap-Rouge, couvent des Ursulines et
collège de Lévis.
Je tiens à vous faire remarquer immédiatement que si on
passe à la page 4, où nous avons la signature des
présidents de ces associations, nous n'avons pas la signature du
président de l'Association des étudiants du séminaire
Saint-Georges ni celle du Collège de Lévis. Nous avons leur
approbation. Maintenant, à cause de circonstances imprévues,
étant donné que tout cela s'est fait assez rapidement, nous
n'avons pas pu avoir leur signature.
M. CARDINAL: Un instant. M. LE PRESIDENT: Oui.
M. CARDINAL: Pour vous informer, M. Painchaud, je viens de recevoir un
télégramme qui se lit comme suit il sera enregistré
: « Nous apprenons la requête présentée par les
étudiants des collèges privés de la région de
Québec et nous faisons entièrement nôtre leur
recommandation. L'Association générale des étudiants du
collège de Lévis, par M. Denis Goulet, président
».
M. PAINCHAUD: Merci, M. Cardinal.
Alors, après avoir étudié la plupart des
mémoires qui ont été présentés ici, nous en
sommes venus à cette position. Les associations étudiantes des
collèges qui ont signé ce rapport appuient globalement le
mémoire de l'Association des collèges du Québec
présenté par M. Beauregard, membre de ladite association. A ces
recommandations déjà présentées, nous ajoutons un
amendement à l'article 3 de la section 11 du bill 56 ainsi que des notes
explicatives.
Je pense que c'est inutile de lire le texte de l'article 3. Je vais
simplement lire l'amendement. « Une commission consultative de
l'enseignement privé est instituée. Cette commission est
composée de neuf membres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil sur la recommandation du ministre. Au moins cinq de ses membres sont
nommés après consultation des groupes les plus
représentatifs de l'enseignement privé dont les associations de
parents, les associations de cadres administratifs, les syndicats de
professeurs et les associations étudiantes. »
Les notes explicatives, j'en retiens une quant au choix de la
représentation étudiante. « La consultation pour le choix
du représentant des associations étudiantes se fera au niveau
d'un organisme central qui reste à créer, regroupant les
associations étudiantes intéressées. »
Je ferai remarquer, en terminant, simplement que le collège
Saint-Georges-de-Beauce enverra probablement une approbation de la même
façon que l'a fait le Collège de Lévis.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Palnchaud.
Le sixième est l'Institut de formation sociale du Québec
représenté par M. Rosario Tremblay notez le prénom
président de l'institut et également de l'Association de
parents d'élèves du Collège de Lévis.
Est-il ici pour représenter...
Vous êtes M. Tremblay?
M. Rosario Tremblay
M. TREMBLAY: M. le Président, messieurs les Ministres, messieurs
les membres du comité. L'Institut de formation sociale du Québec
est constitué en corporation en vertu de la troisième partie de
la loi des compagnies.
Le but de l'Institut de formation sociale est de dispenser des cours de
formation sociale, politique et économique aux adultes soucieux de se
cultiver ou de compléter leur culture en vue d'une action plus efficace
dans leur milieu respectif. Cet objectif est poursuivi parles moyens suivants:
cours expédiés par la poste, étudiés à
domicile, repassés et discutés en cercle d'étude, etc.
L'Institut de formation sociale est affilié à l'Université
de Sherbrooke qui doit approuver le contenu de tout nouveau cours et qui
contrôle les examens des élèves soucieux d'obtenir le
diplôme émis par l'université.
Dans les circonstances et tenant pour acquis que les bills 56 et 61
seront fusionnés, je prie respectueusement le comité des bills
publics d'amender l'article 2 en ajoutant une clause après
l'alinéa d) pour indiquer clairement que la présente
législation ne s'applique pas à une école affiliée
à une des universités visées au paragraphe c).
M. LE PRESIDENT: C'est tout?
M. TREMBLAY: Alors c'est tout. Oui.
Maintenant, je voudrais dire un mot, M. le Président, avec votre
permission, à titre de président de l'Association des parents
d'élèves du Collège de Lévis.
D'abord, nous approuvons la plupart des recommandations qui ont
été faites visant à fusionner dans une seule loi les deux
textes qui sont devant le comité des bills publics.
A cet égard, nous avons retenu trois points principaux. Je serai
très bref. Nous approuvons la clarification des pouvoirs de la
commission consultative et la modification de sa composition pour en assurer
l'efficacité, tel que proposé par certains représentants
d'institutions ou d'associations qui ont comparu devant le comité.
Nous favorisons également l'établissement de subventions
égales au coût de l'instruction aux niveaux secondaire et
collégial du secteur public et enfin l'accréditation
prévue dans la loi même, soit en nommant, en spécifiant des
institutions dans une annexe, comme ça se fait dans certaines lois, ou
du moins, en clarifiant le texte actuel qui semble vague et qui pourrait donner
lieu à des interprétations difficiles à contrôler
avec toute la bonne foi du monde.
Enfin, je dois signaler que les professeurs laïcs du Collège
de Lévis se sont prononcés à l'unanimité, dans un
communiqué de presse qui a paru dans les journaux de vendredi dernier,
en faveur du maintien des institutions privées.
Je tiens à ce que cette déclaration soit consignée
dans les documents parce que d'autres représentants syndicaux ont
soutenu le contraire. Alors, il n'y a pas d'unanimité chez eux.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Tremblay. Septième et dernier
mémoire que nous avons. L'Association des parents du Collège de
Montréal, représentée par M. Fernand D'Aoust.
UNE VOIX: Mme Mathieu sera notre porte-parole.
M. LE PRESIDENT: Alors, on nous informe que Mme Mathieu sera le
porte-parole de l'Association des parents du Collège de
Montréal.
Maintenant, il serait peut-être bon d'annoncer
immédiatement, afin qu'on le sache, qu'il reste deux mémoires: un
présenté par l'Association des parents d'étudiants du
séminaire de Saint-Georges et l'autre présenté au nom
Famous Artists Schools Inc. et de Alexander Hamilton Institute Limited, relatif
au bill 61.
Mme Mathieu
MME MATHIEU: M. le Président, MM. les Députés, MM.
les Ministres, chers parents présents. Je dois aujourd'hui être le
porte-parole du Collège de Montréal qui a réfléchi
sur ce problème qui intéresse toutes les institutions
privées et tous les parents du Québec, non seulement les parents
des institutions privées mais les parents que l'on retrouve actuellement
aussi dans le secteur public.
Le point que nous considérons comme devant être
clarifié est celui-ci: En tout premier lieu, quand il s'agit d'une loi
qui doit être étudiée en comité parlementaire, quels
sont les corps intermédiaires compétents et représentatifs
pour discuter de cette loi? Lorsqu'il s'agit, par exemple, d'une loi sur
l'éducation et l'école, est-ce que les corps réellement
représentatifs et compétents ne sont pas d'abord les professeurs,
les parents et les étudiants?
Les organismes syndicaux ou autres sont-ils réellement les corps
compétents en de pareilles circonstances? Est-ce que ces organismes ont
étudié avec leurs membres, en assemblée
générale, en comité particulier ou autre, le projet de
loi?
Je crois qu'il s'agit là de quelque chose d'extrêmement
important quand il s'agit d'une loi qui est appelée à influencer
énormément l'enseignement dans la province et des droits
primordiaux des parents.
Alors, il faudrait bien voir à ce moment-là si le corps
intermédiaire se spécialise dans la sphère qui est dans le
domaine de la loi présentée pour être réellement
représentatif des parents.
Les parents, par exemple, que nous retrouvons dans un corps comme un
syndicat, nous, nous les retrouvons dans les associations de parents et nous
croyons que là, ils étudient les projets de loi et que nous
pouvons, à ce moment-là, devenir les porte-parole des
parents.
Maintenant, je voudrais ajouter quelque chose au sujet du financement.
On peut tabler vous savez, sur un argument comme celui-ci: si on maintient des
institutions du secteur privé de l'enseignement, la province en sera
appauvrie; les contribuables ne pourront pas financer des institutions
privées. Je crois que cet argument doit être réellement
établi d'une façon très sérieuse et ne pas
être lancé à la légère, parce qu'il peut
influencer certaines personnes et nous amener à des conclusions qui
seraient réellement à mon avis fausses. Alors le
financement des institutions privées, la preuve en est faite depuis
trois ans, ne coûte pas plus cher à l'ensemble du peuple et au
gouvernement. Loin de là! Le financement des institutions privées
dans le contexte actuel j'avais apporté la semaine
dernière des chiffres est loin de coûter plus cher. En
fait, la moyenne par élève est plus basse en
général. Mais nous constatons de plus que dans les institutions
privées qui sont passées au secteur public la scolarité
des enfants augmente de beaucoup. Alors je ne crois pas que l'on puisse tabler
sur un argument comme celui-là pour dire que le financement, c'est
quelque chose qui pourrait réellement défavoriser la province
actuellement.
Maintenant, le droit des parents: je voudrais une dernière fois
l'expliciter au nom d'un collège qui veut justement que son institution
soit à la portée de tous. Que l'institution privée ne soit
pas demain uniquement à la portée d'un groupe favorisé.
Parce que ce droit des parents, ce n'est pas uniquement un droit de choisir
certains programmes ou, par ailleurs, certaines façons de
procéder, certains modes pédagogiques. Ce droit des parents va
beaucoup plus loin; il peut se concentrer aussi dans le choix de moyens
adaptés, de moyens concrétisés et dans le choix d'un
groupe de personnes qui veulent réaliser un idéal, ou qui croient
à certaines valeurs pédagogiques ou à certaines valeurs
religieuses.
Ce droit-là, ce n'est pas seulement un droit
en regard des programmes droit qui existe aussi c'est un
droit beaucoup plus profond, un droit de choix et de moyens et de personnes et
d'institutions. C'est aussi un droit pour les professeurs et pour les
étudiants. Le gouvernement, l'Etat, doit favoriser dans la
société la mise en place d'organismes qui seront
réellement favorables à tous et permettront la réalisation
de tous ces droits.
M. LAPORTE: Madame, seulement une question que je voudrais vous poser.
Je voudrais réclamer ici en votre présence, le droit absolu de
toute personne, de toute institution, de tout organisme syndical ou non
de parents, de professeurs, de venir devant ce comité. Disons que
parmi toutes nos institutions parlementaires, c'est certainement l'endroit le
plus démocratique que nous ayons. Je veux bien que vous exprimiez votre
point de vue, mais je pense que les syndicats sont également
formés de parents. S'ils veulent, eux, étudier les
problèmes au milieu de leur cadre, c'est leur droit.
Deuxièmement, ils ont le droit de venir ici non pas
nécessairement pour nous convaincre mais ils ont le droit de
venir ici, même individuellement. Disons que chaque membre des syndicats
pourrait venir ici individuellement, chaque membre de votre association de
parents a le droit de venir ici Pun après l'autre pour exprimer son
point de vue. C'est un droit qui me paraît strictement fondamental, je ne
voudrais pas qu'en même temps, M. Dandenault nous dise: Nous n'avons pas
tellement l'occasion de dire ce que nous pensons et qu'on veuille limiter ce
droit-là, par-dessus le marché.
MME MATHIEU: M. Laporte, j'aimerais faire une distinction: j'ai
très bien compris et je crois que l'ensemble des parents comprend
très bien que toute personne, tout organisme a continuellement le droit
dans les journaux et aux comités parlementaires aussi, d'exprimer des
opinions. Ce droit-là est, je le crois, primordial aussi; c'est un droit
profond, humain, inaliénable. Mais, si j'ai voulu faire une
intervention, c'est que je crois qu'il y a des corps qui sont trop
représentatifs par le nombre, dans la province de Québec,
actuellement. Et qu'ils se prononcent c'est bien sûr leur droit
dans le domaine de l'éducation) Mais nous savons, par ailleurs,
que ces organismes, parce que nous connaissons justement les membres qui en
font partie, quand il s'agit, par exemple, du travail, ou d'autres
problèmes et que ces organismes n'ont fait aucune assemblée
publique, n'ont jamais consulté leurs membres sur des problèmes
d'éducation, à ce moment-là, si j'ai voulu faire une
intervention, c'est pour bien faire comprendre au ministre et aux
députés, et à la population que les corps
intermédiaires compétents, dans la circonstance, sont ceux qui
étudient les problèmes, qui les vivent et qui y sont
sensibilisés.
C'est pour ça que j'ai bien voulu mentionner ici les corps
intermédiaires compétents. Cela n'empêche pas ceux qui ne
le sont pas de parler.
M. CARDINAL: Pardon, Mme Mathieu, ce que vous venez d'affirmer, depuis
le début de votre intervention, l'avez-vous fait au nom des parents du
Collège de Montréal ou en votre nom, s'il vous plaît?
MME MATHIEU: M. le Ministre, je n'avais pas l'intention de vous attaquer
personnellement.
UNE VOIX: Il est sensible ce matin!
M. CARDINAL: Pardon, je ne vous attaque pas, madame. Je vous pose une
question parce que vous avez énoncé une opinion et que le
député de Chambly vous a répondu quant aux principes. Je
me permets de vous demander si cette opinion est l'opinion des parents du
Collège de Montréal?
MME MATHIEU: Je fais partie d'un conseil d'administration; je suis
mandatée pour parler au nom de ce conseil. Je crois qu'il est
très difficile de faire abstraction de sa personnalité quand on
étudie un sujet comme celui-ci. Je crois que je suis fidèle
à la pensée de mon conseil d'administration à ce moment,
parce que ces problèmes-là, nous les avons étudiés
et nous en sommes venus à des conclusions que j'ai cru honnêtement
énoncer. Je crois que nous pouvons être le porte-parole d'un
conseil d'administration de parents, si nos pensées personnelles
coïncident avec les mémoires et les études qui ont
été faites par ce conseil d'administration. Si j'avançais
aujourd'hui, M. le Ministre, des paroles ou des pensées qui
étaient contraires ou, par ailleurs, si je n'allais pas à peu
près selon les mêmes lignes de pensée du Collège de
Montréal, je ne serais pas ici.
M. LAPORTE: C'est justement sur ce point-là; si vous permettez,
une seule précision pour le dossier! Est-ce que vous parlez au nom du
Collège de Montréal?
MME MATHIEU: C'est-à-dire du conseil d'administration.
M. LAPORTE: Du collège?
MME MATHIEU: Imaginez, nous avons fait des mémoires à ce
moment-là!
M. LAPORTE: Ce que je veux vous demander, c'est qu'il y a une
association des parents au Collège de Montréal, et qu'il y a une
institution qui s'appelle le Collège de Montréal. C'est
simplement pour le dossier, je veux que ce soit clair: est-ce que vous parlez
au nom de l'institution qui s'appelle Collège de Montréal ou de
l'association des parents du Collège de Montréal?
MME MATHIEU: Le Collège de Montréal, en assemblée
publique, a décidé d'étudier le sujet. Au conseil
d'administration il y a des personnes ça ne veut pas dire que le
mémoire a été présenté tel quel à
tous les...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous répondre à la question?
MME MATHIEU: Je fais l'historique.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il existe au Collège de Montréal une
association de parents?
MME MATHIEU: Certainement qu'il en existe une!
M. LAPORTE: C'est elle qui vous a mandatée?
MME MATHIEU: Bien certainement!
M. LAPORTE: C'est ce que je veux savoir parce que les administrateurs du
Collège de l'Assomption que j'ai fréquentés
et l'association des parents de l'Assomption, ce sont deux entités
légales et différentes!
MME MATHIEU: Oui, mais il s'agit de l'association de parents du
collège!
M. LAPORTE: Oui, c'est ça que je voulais savoir!
M. LE PRESIDENT: Merci, Madame.
M. CARDINAL : C'est ça que nous voulions savoir.
MME MATHIEU: C'est que je l'avais bien exprimé au commencement
qu'il s'agissait de l'association des parents du Collège de
Montréal.
M. LAPORTE: A l'endroit de votre interven- tion, évidemment quand
on improvise... Vous avez dit: le Collège de Montréal croit
que...
MME MATHIEU: Je devrais dire l'association des parents du Collège
de Montréal.
M. LE PRESIDENT: M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, juste un mot. Evidemment, je ne suis
pas très compétent pour vous parler mais je ne vous dirai aussi
qu'un mot très très bref. Il arrive que pour nous, ce n'est pas
uniquement le conseil d'administration de la CSN qui ait pris position en ces
matières, c'est le congrès général de la CSN qui a
étudié le problème de l'éducation. Je pense que
tout le monde comprendra - et vous, les membres du comité, sans doute -
que, dans le domaine de l'éducation, les travailleurs ne peuvent pas
laisser ça de côté. C'est tellement important parce que la
plupart des gens chez nous...
M. LE PRESIDENT: Excusez-nous, M. Pepin, une seconde. Je pense que nous
avions décidé de prendre tous les mémoires et, comme vous
avez fait votre représentation, est-ce qu'il y aurait lieu...
M. PEPIN: C'est simplement pour vous faire remarquer que nous ne sommes
pas très compétents. Moi, je suis père de famille, j'ai
six enfants et j'ai des problèmes reliés à ça
aussi. Au niveau de la CSN, les gens examinent ces problèmes. Je
reconnais que madame peut avoir une compétence de beaucoup
supérieure à la mienne, mais ce problème-là nous
intéresse grandement.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, nous avons un mémoire qui est
présenté. Je demande s'il y a des représentants de «
Famous Artists Schools » et de « Alexander Hamilton Institute
» Est-ce qu'il y a quelque chose?
M. CARDINAL: Un instant, ce ne sera pas long. Il y a celui-ci
auparavant.
M. LE PRESIDENT: Maintenant celui de la Beauce. Celui de Saint-Georges
a-t-il des représentants?
C'est l'association des parents d'étudiants du Séminaire
de Saint-Georges, M. Marc-André Rodrigue en est le président.
Alors, aimeriez-vous que nous lisions les mémoires ou les
rangeons-nous plutôt au dossier?
M. LAPORTE: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Alors, chacun des membres a une copie du
mémoire.
Est-ce qu'il y a des membres du comité qui aimeraient être
davantage informés ou levons-nous plutôt la séance?
Il n'y a pas de représentant de « Famous Artists Schools
»? Alors, nous rangeons le mémoire au dossier. Vous en avez une
copie, messieurs les membres du comité?
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais souligner, M. le Président,
que j'ai fait distribuer aux membres du comité une copie du rapport du
comité consultatif de la loi-cadre de l'enseignement privé,
rapport du 15 février 1968 qui avait été remis au ministre
de l'Education pour la préparation des deux projets de loi?
M. LE PRESIDENT: Merci. Oui, M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Je vois que M. Bouchard est toujours avec nous.
L'autre jour, si je me rappelle bien, à la suite de
l'intervention de l'association que représente M. Bouchard en compagnie
de Mme Mathieu, si ma mémoire est bonne, on avait mentionné,
enfin on s'était montré un peu déçu du fait qu'il
n'y avait pas possibilité de dialoguer avec les membres du
comité.
Pour ma part, j'aimerais poser à M. Bouchard une question qui est
d'ailleurs la même que celle que j'ai posée tout à l'heure
à M. Dandenault et, si on me le permet, j'aimerais faire
précéder cette question d'une remarque très brève
à l'effet que des auditions du genre de celles que nous tenons ce matin,
M. le Président, je crois, ne peuvent pas faire autrement que
d'être un peu frustrantes pour tous ceux qui s'y expriment en ce sens
que, si elles permettent aux membres du comité parlementaire d'entendre
les points de vue, qui sont exprimés par les différents groupes,
elles ne permettent malheureusement pas un dialogue, enfin ne permettent
à peu près pas de dialogue compte tenu des limites de temps.
Je tiens, pour ma part, à exprimer le souhait que très
bientôt nous en venions à restructurer et à formaliser
davantage des auditions du genre de celles que nous tenons ce matin, de
façon que ce soit un véritable dialogue avec les gens qui
viennent ici donner leur opinion, et qui, encore une fois, en ont parfaitement
le droit, que ces opinions plaisent au gouvernement ou à l'Opposition ou
qu'elles ne plaisent pas.
J'aimerais, si M. Bouchard accepte d'y répondre...
M. BOUCHARD: Oui.
M. LEFEBVRE: Merci. Je sais que M. Bouchard, sauf erreur, est directeur
d'une école publique à la Commission des écoles
catholiques de Montréal, à moins qu'il ait changé d'emploi
récemment.
M. BOUCHARD: Je n'ai pas changé d'emploi, sauf que je suis en
congé pour le reste de l'année.
M. LEFEBVRE: Ah, bon! De toute façon, M. Bouchard est un
éducateur de profession. Je sais qu'il est président de
l'Association des parents catholiques. Je sais que, par ailleurs, en tant
qu'éducateur de longue date dans le secteur public, il a fait
l'expérience de l'école confessionnelle publique.
Donc, dans son esprit, j'imagine... Toute sa vie d'ailleurs
témoigne du fait que l'école publique ne veut pas dire
nécessairement, dans le Québec, école non confessionnelle,
puisqu'il est une preuve vivante du contraire.
Ma question à M. Bouchard serait la suivante: Dans la philosophie
que vous avez exposée et qui, j'imagine, est inspirée de la
pensée des membres de votre groupe, est-ce-que, M. Bouchard, vous
estimez que ce droit des parents à l'école de leur choix se
réfère, encore une fois, au contenu de l'enseignement ou est-ce
qu'il se réfère au type de propriété des
institutions?
M. BOUCHARD: M. le Président, je veux d'abord remercier le
député de me donner l'occasion d'un dialogue, de regretter en
somme, avec moi, qu'il n'y ait pas eu, au départ, un peu plus de
dialogue, quand nous avons présenté notre mémoire.
J'ai trouvé tout à l'heure qu'il y avait des
éléments de réponse très valables à votre
question dans, tout d'abord, les réponses données par celui qui a
présenté le mémoire.
Vous ma demandez, en somme, si ce choix des parents ne peut pas porter
simplement sur un contenu d'enseignement de programmes plutôt que sur un
type de gérance ou de propriété d'institutions? Est-ce que
c'est la même question que tout à l'heure? Voulez-vous
préciser?
M.LEFEBVRE: Sauf, M. Bouchard, que dans la façon dont vous l'avez
répétée, vous avez, en quelque sorte,
préjugé de mon opinion.
M. BOUCHARD: Non, je veux que vous me la répétiez.
M. LEFEBVRE: En fait, la question est bien simple: Est-ce que ce droit
des parents porte
sur le contenu de l'enseignement ou sur le type de
propriété des écoles?
M. BOUCHARD: Je crois que, lorsque vous limitez cela à un contenu
d'enseignement, premièrement, vous limitez beaucoup trop tout ce qui
serait le contenu d'une éducation qui est donnée par une maison
d'éducation.
L'éducation, ce ne sont pas seulement des types ou des contenus
d'enseignement.
Cela ressort de toute l'atmosphère d'une école, du mode de
relation des éducateurs, de tout le personnel avec les
élèves, de la structure pédagogique mais interne de
l'école, de l'absence ou de la présence de relations humaines
dans l'école et du témoignage que donnent les éducateurs
à un type de valeurs, à un ordre de valeurs auquel il croit et
que les adolescents, par définition, à cause de leur âge,
recherchent. Par conséquent, votre question est trop limitée pour
que j'y puisse répondre dans vos termes à vous, M. le
Député. Vous demandez un type d'enseignement, un contenu
d'enseignement. C'est plus que cela une maison d'éducation, c'est plus
qu'un type d'enseignement. C'est une qualité d'éducateurs. C'est
une organisation de programmes qui est faite en fonction d'un service
d'éducation et non pas seulement d'enseignements divers par options.
Voilà pourquoi, en présentant le mémoire de notre
association qui est celui qu'a présenté Mme Mathieu, j'ai bel et
bien dit qu'on ne pouvait pas s'attendre à satisfaire le droit des
parents au choix de l'éducation en multipliant à la même
école des options, des types d'enseignement. Cela va beaucoup plus loin
que ça. Est-ce que ça répond à votre question?
M. LEFEBVRE: Oui, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs les leaders, est-ce que... M. Pearson,
avez-vous demandé la parole?
M. PEARSON: Non.
M. LAPORTE: II reste d'autres personnes...
UNE VOIX: On peut amener d'autres sujets.
M. BOUCHARD: S'il y a d'autres questions, ça me ferait
plaisir.
M. LE PRESIDENT: M. Dandenault.
M. DANDENAULT: J'ai peut-être mal compris. J'aimerais poser ici
une question et, si je le juge à propos, j'aimerais apporter des
préci- sions. J'aimerais demander à l'honorable Cardinal quels
sont les motifs de l'attitude qu'il a prise tout à l'heure au moment
où il a menacé de se retirer. Je pense à mon intervention
et je regarde ce que j'ai pu dire et ce que j'ai pu lire, je ne comprends
pas.
M. CARDINAL: Je puis répondre, M. le Président» Je
veux référer au document qui a une couverture bleue qui
était devant moi et dont M. Tremblay a lu un seul paragraphe. Si on lit
plusieurs de ces paragraphes, j'ai mentionné, si je me rappelle bien que
c'étaient des insinuations qui se rapportaient tant au parti
ministériel qu'à l'Opposition. Au moment où j'ai
interrompu M. Dandenault, je l'ai fait parce que, d'avance, alors que les
projets de loi ne sont même pas refondus, on en faisait une
interprétation de ce que le ministère en ferait. Et,
j'étais très heureux, je l'ai dit à la première
réunion du comité, de recevoir les mémoires de plus de 35
associations. C'est peut-être rendu à 40 ce matin. Ces
associations ont présenté leur mémoire d'une façon
très positive en général.
Les suggestions, du collège Saint-Alexandre, des parents du
collège Saint-Alexandre sont aussi positives. C'est simplement la
façon dont la chose était présentée qui m'a fait
réagir, si vous voulez, d'une façon non violente, mais quand
même impromptue. C'est purement une question de présentation du
texte et non pas quant au fond de la question. Quant au fond de la question,
j'ai écouté attentivement tout ce qui a été dit
jusqu'à présent. Je puis même donner certains
renseignements. Depuis la fin de la réunion de jeudi dernier, les
fonctionnaires du ministère ont travaillé toute la fin de
semaine. Il y a déjà un nouveau projet qui était
préparé et qui devait être soumis ce soir ou demain soir au
comité de législation du ministère, comité de
législation qui avait été créé au sein du
ministère il y a un peu plus d'un an. Cependant, la réunion
d'aujourd'hui, évidemment, nous oblige à revoir les sept ou huit
mémoires qui ont été présentés. Par
conséquent, cette interruption de ma part ne se rapporte pas du tout au
fond de la question mais simplement à la façon dont la question a
été présentée.
M. LEFEBVRE: M. le Président, il reste dix minutes avant midi.
J'aurais pour ma part, une question à poser au ministre de l'Education
qui réfère à des revendications ou à des points de
vue qui ont été exprimés préalablement au cours de
la présente séance. Est-ce que le ministre, porte-parole du
gouvernement sur la philosophie actuelle du gouvernement en matière
d'éducation, j'imagine, comme il faut s'y attendre, se-
rait en mesure d'exposer au comité son opinion et l'opinion du
gouvernement quant à la priorité du secteur public de
l'enseignement et au caractère complémentaire du secteur
privé, par rapport à ce secteur public, c'est la question qui a
été soulevée dès le début de l'intervention
de M. Pepin.
Est-ce que le ministre aimerait éclairer le comité sur la
philosophie du gouvernement à ce moment-ci?
M. CARDINAL: Je puis, M. le Président, répéter
peut-être ce que j'avais dit lors du début de la première
réunion de ce comité portant sur les projets de loi 56 et 61.
Nous avions, à ce moment-là, référé à
un discours de l'honorable Jean-Jacques Bertrand, qui était alors
ministre de l'Education, au moment où il a créé le
comité consultatif pour préparer le projet de loi-cadre de
l'enseignement privé. J'ai ajouté à ce qu'avait dit M.
Bertrand que le gouvernement actuel, dans son programme comme dans sa politique
depuis, avait reconnu l'utilité d'un secteur privé à
côté du réseau d'enseignement public. J'avais même
mentionné que cela établissait une concurrence entre deux
secteurs et que cette concurrence existait dans tous les pays, sinon dans la
majorité des pays où il y a un système d'éducation
publique.
Je ne sais pas s'il est nécessaire d'apporter plus de
précisions. Je pense que je soulèverais un débat en posant
vraiment la question qui me vient à l'esprit, après avoir
écouté toutes les associations. C'est une question qui ressemble
à celle que le député d'Ahuntsic a posée à
MM. Bouchard et Dandenault. Ce serait la question suivante: A la suite de tous
ces mémoires dans lesquels il y a vraiment non pas uniquement sur
les questions détails, mais sur les questions de fond plus que
des nuances, parfois des contradictions, nous l'avons vu, encore ce matin, la
question véritable qu'il faut se poser et que chacun d'entre nous doit
se poser honnêtement et doit se poser en fonction de la
réalité concrète, en fonction de principes philosophiques,
en fonction d'une politique de l'éducation, c'est: Qu'est-ce qu'une
institution privée? Vous l'avez posée, M. le député
d'Ahuntsic, d'une autre façon. Je pourrais la poser de cette
façon, parce que si nous restons dans les
généralités et que tout le monde dit: II faut ou il ne
faut pas avoir un réseau parallèle d'institutions privées
à côté d'un réseau d'institutions publiques, il
faudrait quand même s'entendre sur les termes. Ces deux projets de loi
définissent en quelque sorte un certain nombre d'espèces
d'institutions. Il y aurait, d'après les projets tels qu'ils
étaient d'abord présentés, projets qui seront
nécessai- rement et profondément amendés après
toutes ces réflexions que nous avons entendues, trois espèces
d'institutions: les institutions publiques, les institutions privées
étant reconnues d'intérêt public et les autres institutions
privées qui bénéficiaient de subventions qui, je veux le
souligner à ce moment-ei, ne sont pas nouvelles. Les articles 16 et 17
et je cite par coeur, sont des articles tirés de textes de loi, le bill
37 ou 39, qui existent déjà. Ce n'est donc pas un nouveau
système qui est créé. C'est la reconnaissance d'une
réalité qui existe déjà.
Par conséquent, la réponse aussi précise que
possible, c'est: Oui, le gouvernement désire maintenir les institutions
privées en même temps qu'il a créé et qu'il continue
de créer un réseau public à tous les niveaux de la
maternelle jusqu'au niveau de l'université. Le projet de loi de
l'Université du Québec l'indique. Cependant, la question que le
ministre se pose aujourd'hui et qu'il se posera avec son équipe pour
refaire un nouveau projet de loi nouveau projet de loi, d'ailleurs, je
l'ai indiqué la semaine dernière, qui devra être
présenté aussi devant un comité pour entendre à
nouveau les remarques, les critiques, les réflexions, parce que nous
admettons tout ceci et pour établir si possible, un dialogue, il
faudrait quand même que l'on puisse définir ce qu'est une
institution privée.
Je prends un exemple poussé à l'extrême.
D'aprls certaines remarques qui ont été faites, les
institutions privées devraient être financées à
100%. Certains l'ont proposé. Je pourrais poser la question: Quelle
serait la différence entre une institution privée et une
institution publique, si les deux sont financés à 100%? Ce serait
votre question. Est-ce que ce ne serait uniquement, à ce
moment-là, que le genre de propriété? Mais si c'est
uniquement le genre de propriété et que les programmes sont ceux
du ministère et que les contrôles sont ceux du ministère,
je me pose encore plus la question.
Toute institution qui est de nature privée doit se
caractériser justement par le fait qu'elle a quelque chose d'original,
que le groupe qui offre cette instituion privée, doit y participer d'une
façon plus directe que dans les institutions publiques, même si
les parents participent aux institutions publiques; on le cite dans le bill 21,
M. Pepin l'a souligné, le conseil d'administration représente les
parents, les enseignants, les étudiants de la section
pédagogique, etc. Mais je pense que la réponse véritable
à la question posée se retrouvera dans le nouveau projet de loi.
Je le dis « le », parce que je pense que d'une façon
générale, l'on préfère un seul projet de loi-cadre
plutôt que deux projets. J'ai
déjà indiqué que j'étais favorable à
ce regroupement des deux lois. Je pense que c'est là qu'on trouvera la
réponse et par la suite, évidemment, il y aura
interprétation de ce texte de loi.
Nous l'avons vu ce matin, par l'intervention du représentant d'un
groupe. Il a fait une interprétation du texte actuel. Le
législateur ne se permet pas d'interpréter ses propres textes. Il
donne des indications dans le préambule. L'interprétation qu'on
peut donner peut servir de base à une thèse, à une
philosophie, ou elle peut servir de base ensuite au ministère dans
l'application d'une politique qui émanerait de ces textes. C'est
pourquoi je me réserve de faire ma réponse définitive
seulement après que j'aurai pris connaissance de tous ces
mémoires. Je pense que certains d'entre eux sont tellement bien faits,
qu'ils présentent des suggestions tellement positives, qu'il faut
vraiment refondre les projets qui ont été présentés
et qui, au début, avaient été présentés
je l'ai indiqué beaucoup plus comme instrument de travail
qu'autrement.
Si vous me le permettez, M. le Président et le
député d'Ahuntsic, j'ajoute que quant au dialogue dont nous avons
parlé, il faut aussi quand même se rendre compte des choses comme
elles sont. Il y a peut-être 40 groupes qui ont présenté
des mémoires. Voici deux réunions entières du
comité que nous passons à les entendre avec quelques
brèves interventions. Un dialogue entre tous ces groupes et les gens qui
sont 1 cette table est certainement souhaitable. D'autre part, nous sommas pris
entre l'urgence de la préparation d'un nouveau projet, projet qui est
certainement nécessaire je n'hésite pas une seconde
à le répéter et d'autre part, la
possibilité, justement, de dialoguer avec un si grand nombre, dans les
conditions où nous nous trouvons à ce comité. Je pense que
le dialogue pourra se faire beaucoup plus sur le nouveau projet de loi que sur
ce qui a été présenté jusqu'à
présent. Ceci n'est que le point de départ du nouveau texte qui
sera de nouveau soumis à la considération des
intéressés. Ils seront d'ailleurs informés en temps et
lieu.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que je peux ajouter
simplement une remarque à ce que vient de dire le ministre? Je le
remercie de sa réponse. Quant à moi je suis sûr que
c'est l'opinion de mes collègues, je ne veux pas parler au nom des
autres, ce n'est pas mon rôle je pense que nous étudierons
avec beaucoup d'intérêt le nouveau projet. J'ai l'impression
toutefois je me permets de le signaler au ministre que le
gouvernement a fait son lit d'une certaine façon dans le choix de
l'expression « concurrence » plutôt que «
complémentarité ». Je ne veux pas jouer au prophète,
mais je pense que le débat va peut-être se corser autour de ces
deux termes-là. Le ministre a lui-même choisi de parler de
concurrence plutôt que de complémentarité. Pour ma part, je
le regrette et je souhaite que le prochain projet revise l'opinion du ministre
et parle de complémentarité plutôt que de concurrence.
M. CARDINAL: M. le Président,... M. LE PRESIDENT: M.
Cardinal.
M. CARDINAL: ... si vous permettez, je relève ce que le
député d'Ahuntsic vient de dire. D'ailleurs, ce matin, si je' ne
me trompe pas, dans l'interprétation d'une interprétation, M.
Pepin parlait de complémentarité. Si je ne me trompe pas, dans sa
propre interprétation, c'est ce qu'il a dit.
M. LEFEBVRE: Oui, mais vous, vous avez parlé de concurrence.
M. CARDINAL: La réponse que je viens de donner, je l'ai
donnée en fonction des termes mêmes que J'avais employés au
début de ce comité, où j'ai employé les mots
« instruments de travail » et « concurrence ». Par
conséquent, je voudrais cependant ne pas laisser le comité sous
une fausse impression. Vous dites vous-même que vous
préféreriez que je change d'opinion. Je n'en sais rien. Mais j'ai
mentionné tantôt que le nouveau texte serait vraiment la
réponse puisque c'est dans ce texte que nous verrons comment se
situeront les institutions privées. Y seront-elles dans une seule
catégorie, dans plusieurs catégories? Il serait
prématuré que je donne cette réponse avant d'avoir
vraiment étudié tout ce qui s'est présenté devant
nous.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Dandenault a une question.
M. DANDENAULT: Je voudrais tout simplement dire d'abord que je ne mets
aucunement en doute l'honnêteté du ministre et que le texte de
l'avant-propos était, à mon point de vue, un compte rendu, le
plus fidèle possible, qui m'a été donné par des
personnes qui étaient ici présentes.
Maintenant, c'est pour ça qu'il y a tant de conditionnels et de
nuances et, par ailleurs, je reconnais que le paragraphe invoqué par M.
Tremblay peut prêter à interprétation.
Si l'on trouve ou si l'on a pu trouver qu'il y avait parfois,
peut-être, dans ce document, je ne sais pas, un certain style agressif,
je veux dire que s'il y avait agressivité dans le ton ou autrement, si
vous voulez me donner une couple d'heures, je vais vous l'expliquer et vous
allez comprendre parce que ça fait longtemps qu'on lutte et qu'on ne
sait pas à quoi s'en tenir.
Quand M. le ministre trouve qu'on interprète certaines mesures
qui sont dans la loi et qui ne sont pas claires, bien, c'est parce que nous
avons entendu tellement de sons de cloche, de part et d'autre, qu'à un
moment donné nous ne savons plus à quoi nous en tenir.
Exemple, et je ne donnerai pas de nom, mais un haut fonctionnaire du
ministère m'a dit il y a deux ans: Saint-Alexandre, dans deux ans,
ça n'existera plus! Alors, nous avons dit: Bien, où
allons-nous?
D'autre part, j'ai des déclarations de l'ancien ministre de
l'Education l'honorable Gérin-Lajoie il y a trois ou quatre ans; il n'y
a plus de place pour les institutions privées!
Bien là, nous allons et nous voulons le savoir. Nous
interprétons, nous essayons de comprendre et nous voudrions que ce soit
clair.
M. GABIAS: Vous faites un bon mémoire!
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard a demandé la parole une
dernière fois.
M. DANDENAULT: Je fais çabénévolement, à
coups de nuits blanches.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres veulent adresser la parole?
M. BOUCHARD: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Un instant y en a-t-il d'autres qui veulent prendre la
parole après M. Bouchard? Très bien.
M. BOUCHARD: M. le Président, M. le Ministre...
M. LE PRESIDENT: Une seconde, un instant.
Après M. Bouchard, on aura M. Boutin-Du-Parc qui prendra la
parole.
M. BOUCHARD: Je ma réjouis particulièrement de cette fin
de dialogue à ce comité parce que je crois que nous sommes
arrivés à ce qui pourrait s'appeler la minute de
vérité, c'est-à- dire à une philosophie du
système. Mon propos n'a pas du tout l'intention de pousser le
gouvernement et le ministre de l'Education à s'engager publiquement. A
ce moment-ci, c'est une philosophie du système. Mais je désire
noter tout simplement qu'il y a une opération qui s'est faite
après l'adoption du bill 21 et c'est en vertu d'une philosophie qu'on
voulait accréditer dans le système. Mais cette philosophie
n'avait pas été approuvée par la population
concernée, celle de vouloir édifier à tout prix un service
public à un certain niveau où il n'existait pas mais avec le
principe d'une priorité presque absolue du secteur public sur un secteur
privé qui existait.
La conséquence et là je n'accuse et n'implique
aucune personne en particulier ç'a été de
déposséder un secteur privé qui existait pour créer
un secteur public qui n'existait pas, et tout cela en vertu d'une philosophie
et je le répète qui n'avait jamais
été acceptée par la population concernée ni par
notre élite d'éducateurs.
Je veux signaler qu'il faut la repenser. Pour notre part, nous croyons
que la seule priorité à établir comme philosophie, c'est
celle du service à donner à la population. Et non pas une
priorité d'un secteur, d'un type de gestion sur un autre.
Alors, voilà pourquoi nous avons été
déçus de voir l'opération qui s'est faite depuis deux ans
après l'adoption du bill 21. Je crois que, pour favoriser à la
fois l'économie, la liberté et l'excellence du service, il ne
faut pas créer dans le système d'autres priorités que
celle du service à donner aux parents, aux institutions, aux
enfants.
M. GABIAS: Aux enfants.
M. BOUCHARD: Mais quand nous disons les parents je profite du
fait que vous me le signalez c'est parce que nous croyons que c'est
l'enfant qui est le but, et qu'il a un protecteur attitré en droit
naturel, qui n'est pas l'Etat mais ses parents. Ce sont les parents qui sont
les gardiens et les protecteurs attitrés des droits des enfants qui sont
des mineurs.
Et dans ce domaine-là nous croyons que les parents sont le plus
en mesure de penser une philosophie du système de l'éducation. Je
regrette que, dans cette grande évolution vers le progrès, l'on
n'ait pas d'abord établi ce principe d'une philosophie du
système. On en a pris une toute faite, qui n'avait pas été
pensée, décidée ou demandée par la population.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Bouchard. A la suite de M. Boutin-DuParc, il
y a M. Pearson
qui a demandé la parole. Nous terminerons avec M. Pearson»
M. DuParc est président de l'association des parents catholiques du
Québec.
M. DUPARC: Avec une petite nuance: c'est la Fédération des
associations de parents des collèges classiques du Québec. Cela
n'exclut pas l'autre, mais c'est un peu différent.
Bien, je voulais simplement ajouter des remarques très
brèves, la première...
M. CARDINAL: Est-ce que c'est complémentaire ou concurrent, M.
Boutin DuParc?
M. DUPARC: C'est-à-dire que nous avons essayé, pendant
quatre ans, à trouver le terme juste et nous n'y sommes pas
arrivés. Pourtant, nous n'avions que ça à regarder. Alors,
nous nous demandons vraiment comment vous allez trouver cette notion de
complémentarité ou de concurrence. Disons, que nous avons une
autre notion que celle-là. Je pense à « collaborateur
» si l'on veut mais ce n'est pas ça non plus.
M. GABIAS: Collaborateur.
M. DUPARC: Ce n'est pas ça non plus. Je pense qu'il y a une chose
fondamentale. La première priorité, et l'Etat l'a reconnue, c'est
que la jeunesse du Québec s'instruise, fréquente l'école.
A mon sens, c'est ça la priorité. Nous avons une
société à bâtir; il faut la bâtir! Cette
société-là va être pluraliste. Alors acceptons la
pluralité au départi Que cette pluralité soit
complémentaire, qu'elle soit concurrentielle, je n'ai absolument aucune
objection pourvu qu'elle vise à un but, celui de faire des citoyens
heureux au Québec. Cela est la seule chose que nous espérons,
nous, à notre fédération.
Quant à savoir la méthode à employer, nous avons
dit une chose dans notre mémoire. Nous avons essayé de
définir des objectifs aux institutions privées parce que nous
voudrions bien que les parlementaires arrivent à la même
conclusion que nous. C'est que le système privé a donné
naissance au secteur public. Dieu soit loué, c'est fait! N'en faisons
pas le procès!
Il existe maintenant un secteur public qui est presque
complété.
Le secteur privé, maintenant, doit se trouver une place à
côté du secteur public. Bien! Nous avons été
tolérants et je pense que nous sommes encore tolérants pour le
secteur public; nous devons contribuer à avoir un bon secteur
public.
Mais en même temps, soyons aussi tolérants et aussi
compréhensifs envers le secteur privé pour que, rapidement, il
s'établisse une place permanente dans notre système
d'enseignement.
C'est ce que nous voulons, nous, comme objectif, qu'on établisse
des cadres d'existence physique! Pour le reste, donnons-nous quatre ou cinq ans
pour déterminer un véritable cadre fonctionnel, précis,
identifié. Par la suite, nous ne poserons plus la question: est-ce qu'il
y a priorité pour le secteur public ou le secteur privé? C'est
qu'il y aura des élèves, des enfants qui fréquenteront
l'un ou l'autre, et qui bénéficieront des taxes, parce que les
taxes ne sont reliées ni à un secteur ni à l'autre. La
taxe c'est une méthode de fonctionnement d'un Etat pour assurer les
services voulus par la population en général.
Or, dans ces services, il y a forcément des
particularités. Quand l'Etat perçoit des taxes pour
l'éducation, l'Etat ne dît pas que c'est pour le secteur public.
L'Etat, lui, perçoit des taxes, pour les services d'enseignement. Le
reste n'est que formule d'évaluation par le gouvernement.
Nous sommes confiants que le gouvernement représente la
population; il a un mandat de la population. Disons que les parlementaires, de
temps à autre, suggèrent à la population ce qu'elle
désire lorsqu'elle n'est pas suffisamment indicative. Eh bien, nous,
nous croyons avoir été suffisamment indicatifs depuis plusieurs
années pour qu'on sache ce que nous voulons. Ce n'est pas un
privilège, ce n'est pas une concurrence déloyale; c'est un
service que les gens veulent parce qu'ils y ont mis leur confiance. Nous
souhaitons pouvoir régler ce problème de confiance mutuelle, de
part et d'autre.
Nous croyons que le mécanisme d'une commission consultative bien
en place nous permettra d'exercer cette liberté. Et nous avons
hâte! Après avoir consacré beaucoup d'énergie au
secteur privé ce qui nous a amenés à comprendre
véritablement et fondamentalement les problèmes
d'éducation au Québec... Ce n'est pas, si vous voulez, par
excès d'égoïsme mais par prudence que nous avons tenu
à régler ce problème à partir de la conception et
des volontés des gens que nous représentons. Ceux-ci ont fait de
grands efforts pour arriver à des concessions sur le plan émotif,
sur le plan sentimental... parce qu'il y a des endroits où les gens ont
dû faire des concessions sur le plan émotif et sentimental,
lorsqu'ils ont vu disparaître des institutions qui étaient
nécessaires pour bâtir le secteur public.
Or, ne marchons pas davantage sur l'émotion et les sentiments au
Québec. C'est parfois dangereux d'écraser trop fort. Mais il y a
cette liberté et cette sérénité qui doivent
exister. Je pense aussi qu'à partir de cela, une fois le problème
de l'enseignement réglé, il y a des problèmes fondamentaux
que nous avons compris dans le
système d'éducation. Nous avons hâte que ce
problème soit réglé pour véritablement, nous aussi,
plonger dans les véritables problèmes de l'enseignement et aussi
pour faire en sorte que le secteur public soit plus participant, que les gens
s'y engagent plus allègrement.
Les questions de formules pédagogiques, etc, vous savez que c'est
aléatoire.
Cela durera le temps que durent les formules, puisqu'elles ont
continuellement changé depuis que le monde de l'éducation existe.
Vouloir combattre une méthode à l'heure actuelle, c'est vouloir
tout simplement ne plus bouger. Nous devons participer, les exploiter à
fond dans les cadres, avec sérénité. C'est ce que nous
demandons tout simplement aux parlementaires d'un côté comme de
l'autre. L'éducation n'est pas une chose politique. On apprend en
éducation la vie politique mais on ne devrait pas faire de politique
avec l'éducation. Alors, nous voulons tout simplement qu'on
réponde à ces besoins d'une partie de la population. Je pense que
les besoins ont été exprimés vigoureusement, fermement, et
surtout avec énormément de représentativité. Cela
est une très forte indication. A la suite de ça nous serons
heureux je pense à tous ceux qui sont ici et qui ont
présenté des mémoires - de travailler dans une
consultation réelle avec les autorités gouvernementales, ou avec
le ministère de l'Education, à résoudre tous les
problèmes qui se présentent à l'heure actuelle. Nous
croyons que si les parents étaient peut-être plus participants,
plus écoutés surtout, il y aurait peut-être un tas de
problèmes que nous réglerions, même au niveau des
étudiants.
Alors, nous vous faisons confiance comme nous croyons que vous nous
faites confiance. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. M. Pearson, s'il vous plaît.
M. PEARSON: Ce n'est pas au sujet des bills 56 et 61, mais quand le
comité décidera de passer à des sujets autres que la
question des CEGEP... Sur le bill 56 et le bill 61, je n'ai pas...
M. LE PRESIDENT: Alors, nous allons ajourner le comité au 5
décembre prochain àdix heures de la matinée et nous
verrons à ce moment-là si notre ministre est aussi
député.
(12 h 14)