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(Dix heures quarante minutes)
La Présidente (Mme Harel): Bonjour. J'inviterais les
membres de la commission à prendre place. Alors, je constate que nous
avons quorum et je déclare la séance ouverte.
Je vous rappelle le mandat de la commission ce matin, soit: dans le
cadre de son pouvoir de surveillance des organismes publics, entendre le
Conseil supérieur de l'éducation. Je les salue
immédiatement et j'inviterais M. Bisaillon à présenter les
personnes qui l'accompagnent.
Juste avant de ce faire, j'aimerais rappeler aux membres de la
commission qu'en nous inspirant des expériences passées nous
pourrions allouer un maximum de 30 minutes au Conseil pour qu'il puisse nous
présenter un exposé succinct des nombreux avis sur lesquels nous
aimerions échanger ce matin, après quoi nous pourrions
répartir également le solde du temps entre les deux formations
politiques en tenant compte, si tant est qu'ils y viennent, de la participation
des députés indépendants.
Alors, je vais m'acquitter immédiatement de la question des
remplacements. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. Mme Boucher Bacon (Bourget) est
remplacée par M. LeSage (Hull) et Mme Hovington (Matane) par M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet). Merci, madame.
La Présidente (Mme Harel): Alors, ceci étant fait,
je vais donc inviter le président du Conseil à nous
présenter les personnes qui l'accompagnent et à faire son
exposé.
Exposé du président du Conseil
supérieur de l'éducation
M. Robert Bisaillon
M. Bisaillon (Robert): Merci, Mme la Présidente. Je suis
accompagné, à ma droite immédiate, de la
vice-présidente du Conseil, Mme Judith Newman; à ma gauche
immédiate, du secrétaire du Conseil, M. Alain Durand,
secrétaire à l'administration. Je vous prie d'excuser l'absence
de M. Jean Proulx, secrétaire du Conseil, qui est occupé à
des travaux de préparation d'un avis qui nous a été
demandé pour très bientôt par la ministre de
l'Éducation. À mon extrême droite, M. Jean Deronzier, le
directeur des communications du Conseil. Est aussi présente Mme Susanne
Fontaine, qui coordonne notre service des études et des recherches, au
besoin.
Mme la Présidente, Mmes et MM. les députés membres
de la commission parlementaire de l'éducation, je vous remercie de nous
avoir invités aujourd'hui pour examiner les orientations, les
activités et la gestion du Conseil supérieur de
l'éducation; cela montre bien l'intérêt que vous avez pour
cet organisme et l'attention que vous accordez à son évolution.
C'est peut-être d'ailleurs sur ce dernier point que la session
d'aujourd'hui est la plus pertinente. En effet, le Conseil vit une année
charnière qui s'inscrit à la fois sous le signe de la
continuité et sous le signe du changement.
Je pense qu'il est pertinent de parler d'abord de la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation qui a subi des modifications
récentes. La question est d'actualité, en effet, puisque
l'Assemblée nationale a procédé, en vertu de la loi 83 qui
créait la Commission d'évaluation de l'enseignement
collégial, à l'abrogation des lois constitutives du Conseil des
universités et du Conseil des collèges, attribuant ainsi au
Conseil supérieur de l'éducation certaines fonctions de ces deux
conseils.
Pour l'essentiel, je crois qu'il faut dire qu'il ne s'agit pas là
de grands bouleversements dans le mandat du Conseil supérieur de
l'éducation qui, je vous le rappelle, a toujours été le
seul organisme mandaté pour considérer les questions
éducatives sous un angle systé-mique, en relation avec l'ensemble
du système.
En fait, deux ajouts sont prévus en matière
réglementaire. Premièrement, le Conseil sera tenu de donner au
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science son avis sur les
règlements ou projets de règlement que celui-ci est tenu de lui
soumettre; ce qui signifie, en clair, le Règlement sur le régime
des études collégiales. De la même façon que le
ministre de l'Éducation est tenu de demander avis au Conseil
supérieur sur les projets de modifications aux règlements sur les
régimes pédagogiques du primaire et du secondaire. Donc, c'est un
ajout réglementaire, je dirais, de concordance.
Deuxièmement, la même obligation liera le Conseil et le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science en ce qui concerne
la création de tout nouvel établissement d'enseignement
universitaire ou de la création de tout nouveau collège
d'enseignement général et professionnel. Voilà donc pour
les modifications du mandat de notre organisme.
En ce qui concerne cependant le fonctionnement du Conseil, la nouvelle
donne, assez majeure pour nous, a trait au remplacement de la Commission de
l'enseignement supérieur du Conseil, où étaient
réunis ensemble des représentants du milieu universitaire et du
milieu collégial, par deux commissions distinctes: l'une, la Commission
de l'enseignement collégial et, l'autre, la Commission de l'enseignement
et de la recherche universitaire. La loi prévoit aussi que le
sous-ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science siégera d'office
au Conseil comme membre adjoint sans droit de vote.
Ces modifications à la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation se sont accompagnées, bien sûr, d'ajustements
au budget du Conseil et du transfert d'un certain nombre de ressources du
Conseil des universités et du Conseil des collèges. Globalement,
je crois que ce réaménagement de la fonction consultative de
l'État en éducation, puisque c'est de cela qu'il s'agit, aura
deux effets principaux: d'une part, le Conseil devra accorder une attention
particulière à la réalité respective de
l'enseignement collégial et de l'enseignement et de la recherche
universitaires en prenant soin que les enjeux de l'évolution de ces deux
ordres d'enseignement soient inventoriés, communiqués à
l'autorité ministérielle responsable, intégrés dans
le rapport annuel du Conseil sur l'état et les besoins de
l'éducation et objet du débat public; d'autre part, il faut
s'attendre, et c'est déjà commencé, à ce que le
Conseil soit davantage objet de l'attention du milieu universitaire et du
milieu collégial sur les mêmes questions, puisqu'il exerce
dorénavant, de façon plus évidente et de façon
exclusive, la fonction consultative en éducation.
De plus, il est à prévoir, selon une interprétation
plus large que je fais du mandat du Conseil, mais que la loi me permet de
faire, je crois, que des évolutions plus spectaculaires ou plus
importantes sur des aspects particuliers de la vie collégiale et
universitaire devront être examinées par le Conseil sur un plan
autre que purement réglementaire. Je pense, par exemple, à
l'éventualité d'une augmentation substantielle des frais de
scolarité ou à des développements de besoins en
matière de formation qui devraient, à ce moment-là,
être mis en évidence.
Par ailleurs, nous consultons présentement des organismes,
à la fois du milieu universitaire et du milieu collégial, pour
connaître leur propre sensibilité à certains thèmes
ou enjeux qu'ils estiment devoir être pris en considération par le
Conseil. Les résultats de cette consultation feront l'objet de la toute
première attention des nouvelles commissions du Conseil que nous sommes
présentement à former.
Enfin, sur cette question des changements dans l'évolution de la
fonction consultative en éducation, je ne peux m'empêcher de
souligner qu'elle se produit en phase avec celle de l'organisation de
l'enseignement supérieur et de l'éducation en un seul
ministère. Dorénavant, un seul ministère, un seul Conseil,
de telle sorte qu'à moins d'un redéploiement de l'État en
éducation, imprévisible dans un avenir immédiat, il faut
considérer les effets de ce changement sur une longue période ou
pour une longue durée.
Les changements dont je viens de vous faire part ne brisent aucunement
la ligne de vie du Conseil; au contraire, ils la confirment et, d'une certaine
manière, replacent le Conseil à sa position originelle dans le
système d'éducation, comme l'avait d'ailleurs souhaité le
rapport Parent, c'est-à-dire... et je cite pour montrer, des fois, que
l'histoire nous remet des conjonctures devant les yeux. Le rapport Parent
disait: «Loin d'être rendu inutile par l'existence d'un
ministère et aujourd'hui, nous pourrions ajouter "d'un seul
ministère" le Conseil sera plus nécessaire que jamais,
mais il sera appelé à exercer des fonctions nouvelles, dans un
domaine plus vaste, pour lui redonner je cite toujours le
prestige qu'on lui avait conféré lors de sa création. Et
à cause de l'ampleur de ses responsabilités, nous avons
recommandé d'en changer le nom en celui, plus approprié, de
Conseil supérieur de l'éducation.» C'était à
une certaine époque. Tel est le sens qui se cachait derrière le
nom, dans l'esprit des commissaires.
Quant à la fonction, il était déjà
prévu que c'était au Conseil supérieur de
l'éducation que reviendraient surtout la responsabilité de
maintenir le système d'enseignement en contact avec l'évolution
de la société et celle d'indiquer les changements à
opérer, et d'inspirer des plans à long terme. C'est pourquoi la
Loi sur le Conseil, qui a suivi et qui a servi, d'une certaine façon,
à fonder le système d'éducation, garantit
l'indépendance du Conseil. Cette même loi détermine la
façon d'établir la liaison entre le public et le gouvernement, de
faire jouer dans les deux sens ce contact du Conseil avec le public, de faire
circuler les idées, d'être représentatif de la population
par sa composition et de contribuer à la coordination des pièces
dont se compose le système d'éducation afin que ce ne soient pas
là des pièces détachées.
En même temps, le Conseil joue un rôle consultatif
auprès du ministère, obligatoire, en ce qui concerne certaines
matières réglementaires, mais néanmoins pres-criptif en ce
qui a trait à ses demandes d'éclairage. J'en parlerai
tantôt.
Par ailleurs, le Conseil peut, de sa propre initiative, soumettre au
ministre des recommandations sur toute question de sa compétence
je parle de celle du ministre concernant l'éducation. Il peut,
à cette fin, faire effectuer des recherches et études qu'il juge
utiles ou nécessaires, solliciter des opinions, recevoir et entendre les
requêtes et suggestions du public en matière
d'éducation.
Enfin, le Conseil décide, en vertu de son règlement de
régie interne, si ces documents sont diffusés. Il doit se
réunir au moins une fois par mois. Voilà les
caractéristiques propres au Conseil supérieur de
l'éducation. (10 h 50)
Cet ensemble interrelié de devoirs et de pouvoirs est
aménagé, de plus, selon une représentation confessionnelle
des membres du Conseil et accompagné de deux comités
confessionnels et de cinq commissions cinq commissions depuis les
derniers amendements à la loi chargés de faire à ce
Conseil des suggestions relativement à divers secteurs de
l'enseignement. De cette façon ou plutôt de ces multiples
façons toutes décrites dans le préambule et dans le cadre
de la Loi sur le Conseil supérieur, le Conseil traduit encore
aujourd'hui le pacte historique à l'origine du système
d'éducation qui voulait tout autant préserver les
traditions religieuses que garantir à la population un droit de regard
et d'influence sur la mission éducative et assurer un lieu critique de
réflexion et d'inspiration à l'intérieur des institutions
démocratiques. C'est vraisemblablement pour préserver cet espace
de la manière la plus intégrale possible qu'on n'a jamais
confié au Conseil des mandats de type administratif.
L'actualité récente du Conseil. Pour donner un cas
d'exemple de la façon, maintenant, d'exercer ce mandat-là, de
donner un peu de chair à cette description des pouvoirs et devoirs du
Conseil en lien avec son mandat, permettez-moi, pendant quelques minutes,
d'expliquer sur quels thèmes le Conseil a concentré ses
activités durant les trois dernières années. D'abord, en
ce qui concerne les rapports annuels, ensuite, en ce qui concerne les demandes
d'avis des ministres, ensuite en ce qui concerne les initiatives mêmes du
Conseil.
En ce qui concerne les rapports annuels d'abord, vous le savez,
au-delà du rapport d'activité déposé chaque
année à l'Assemblée nationale, il y a, chaque année
aussi, un rapport sur l'état et les besoins de l'éducation. Cette
dernière obligation singularise d'ailleurs le Conseil supérieur
de l'éducation parmi tous les autres conseils.
Le Conseil a cru utile, à cause de l'importance grandissante
accordée au savoir et à l'éducation en
général, tant pour le développement futur des individus
que pour l'avenir des sociétés, de faire d'abord le tour de deux
questions qui sont au coeur de tout système d'éducation: la
profession enseignante, dans un premier temps c'était il y a
trois ans puis la gestion de l'éducation, cette face
cachée du système, l'année dernière. Ce sont
là les deux clés les plus essentielles d'une adaptation d'un
système d'éducation à l'évolution de la
société.
Enfin, cette année, à cause d'appels
répétés de certains secteurs de l'opinion publique
à réviser, sinon à réformer le système
d'éducation dans son ensemble, le Conseil a construit son rapport
annuel, déposé le mois dernier à l'Assemblée
nationale, sur la nécessité de relever le défi d'une
réussite de qualité pour les étudiantes et
étudiants jeunes et adultes en examinant cette fois un certain nombre de
dimensions plus déterminantes du système d'éducation.
C'est pourquoi le rapport annuel 1992-1993 traite successivement: de la
mission éducative, dans le but de rétablir l'axe central de la
formation dans une école qu'on dit trop encombrée; des curriculum
ou plans de formation, afin d'y instaurer une meilleure cohérence, une
plus grande diversification et une hausse des exigences; de la
pédagogie, en proposant de sortir de l'uniformité des pratiques;
de l'organisation du travail éducatif, en vue d'en changer
carrément le modèle; de l'évaluation des
établissements et du système; et enfin, d'un certain nombre
d'éléments à aménager dans les structures pour
consolider un véritable système public d'enseignement. Nous
croyons que ces trois thématiques: profession enseignante, gestion et
dispositifs du système en vue d'une réussite de qualité,
sont les plus pertinentes pour affronter les défis d'une
société postindustrielle.
En ce qui concerne les demandes d'avis ministériels, les
ministres de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science ont demandé au Conseil respectivement, chacun, un avis à
portée réglementaire et des avis d'éclairage
général depuis trois ans. Ainsi, le ministre de
l'Éducation a voulu modifier certains articles du régime
pédagogique du secondaire régissant la formation professionnelle
et ayant trait essentiellement à l'abolition du certificat
d'études professionnelles, le CE.P., et à une reformulation des
préalables exigés à l'entrée en formation
professionnelle. Le Conseil a produit, en réponse à cette
demande, un avis sous le titre «La formation professionnelle au
secondaire: faciliter les parcours sans sacrifier la qualité».
C'était il y a deux ans.
De plus, le ministre de l'Éducation nous a demandé deux
avis d'éclairage sur des questions faisant l'objet de
préoccupations gouvernementales. Nous les appelons «avis
d'éclairage» parce qu'ils ne conduisent pas à des
modifications réglementaires, du moins pas dans l'immédiat. La
première demande, qui concernait également d'autres
ministères, avait trait au travail rémunéré chez
les jeunes du secondaire. Nous avons publié «Le travail
rémunéré des jeunes: vigilance et accompagnement
éducatif».
L'autre demande, prévue celle-là dans le plan d'action
gouvernemental en matière d'immigration et d'intégration, s'est
traduite en requête d'examen par le Conseil de la problématique de
l'intégration des enfants issus des communautés culturelles dans
l'école, et particulièrement dans les milieux où leur
présence est nombreuse. Un avis du Conseil en réponse à
cette demande sera transmis sous peu à la ministre de l'Éducation
et rendu public en décembre sous le titre: «Pour un accueil et une
intégration réussis des élèves des
communautés culturelles».
De son côté, la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science avait demandé au Conseil, dans la période
préparatoire à la publication des mesures de renouveau de
l'enseignement collégial, de produire un avis sur une
réactualisation des objectifs de scolarisation à l'enseignement
supérieur et sur la structure même de l'enseignement
supérieur. Cet avis a été produit et rendu public à
l'occasion de la commission parlementaire qui s'est tenue sur la question et
avait pour titre: «L'Enseignement supérieur: pour une
entrée réussie dans le XXIe siècle».
Évidemment, dans la mesure où le document gouvernemental
«Faire avancer l'école» contient des propositions qui
mènent à des amendements au Règlement sur le régime
pédagogique du primaire et au Règlement sur le régime
pédagogique du secondaire, la ministre de l'Éducation a
demandé un avis au Conseil sur ces propositions d'amendement, mais aussi
sur les questions ou hypothèses formulées dans le document et qui
pourraient éventuellement se traduire par d'autres propositions
d'amendements. L'avis du Conseil est demandé pour d'ici le 20
décembre prochain.
Hier, enfin, nous avons reçu une demande d'avis de la ministre de
l'Éducation sur le projet de règlement sur le régime
pédagogique applicable au service éducatif pour les adultes en
formation générale, et sur le projet de règlement sur le
régime pédagogique applicable, et je cite: «au service
éducatif pour les adultes en formation professionnelle». Cet avis
nous est demandé pour la fin du mois de janvier 1994.
Dans son mandat de faire au ministre de l'Éducation et au,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science des
recommandations de sa propre initiative, qui concernent les questions
d'éducation, le Conseil trace par ailleurs annuellement un plan
d'activité qui confie en première main, je dirais, des mandats de
travail à ses commissions, lesquelles explorent une question
particulière à un ordre d'enseignement et formulent des projets
d'avis adoptés par le Conseil.
C'est ainsi que durant les trois dernières années,
très rapidement, la Commission de l'enseignement primaire s'est
intéressée à l'initiation des élèves; aux
sciences de; la nature, aux caractéristiques d'une pédagogie
d'avenir pour l'école primaire, à l'évaluation des
apprentissages des élèves qui se sont tous traduits par des avis
adoptés par le Conseil et dans un avis, adopté mais non
publié, sur la parentalité, sur ce que signifiait être
parent d'un enfant à l'école primaire aujourd'hui, avis qui sera
publié à l'occasion de l'Année internationale de la
famille, fin de l'hiver, au début du printemps.
Pour sa part, la Commission de l'enseignement secondaire s'est
préoccupée de l'intégration des savoirs chez les
élèves, du développement de l'autonomie et de la
responsabilité des adolescents et adolescentes et, dans un avis non
encore publié mais adopté par le Conseil, de la culture propre
des adolescents et. adolescentes.
La Commission de l'éducation des adultes du Conseil a fait le
bilan de l'évolution de ce secteur depuis 10 ans sous l'angle de
l'accessibilité et de l'adaptation des services et s'est penchée
sur le financement de l'éducation des adultes, dans un avis non encore
publié, mais qui a été adopté récemment par
le Conseil.
Enfin, la Commission de l'enseignement supérieur termine
maintenant ses travaux et sa vie en soumettant au Conseil un projet d'avis sur
les rapports qui existent entre le monde de l'économie et le milieu de
l'enseignement supérieur, après avoir été
maître d'oeuvre de la préparation de l'avis à la ministre
sur les objectifs de scolarisation pour le XXIe siècle, et après
avoir examiné l'univers des nouvelles populations étudiantes au
collège et à l'université.
Cette énumération, peut-être fastidieuse pour les
membres de cette commission, a le mérite d'illustrer la part des
activités du Conseil qui a trait à ses obligations
réglementaires et statutaires, et la part de ses activités
liées à son mandat d'examen général des questions
d'éducation. Puis-je vous souligner qu'une interprétation de la
Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, qui réduirait
le mandat du Conseil à ses seules obligations réglementaires,
constituerait de fait un rétrécissement du champ d'observation de
chacun des ordres d'enseigne- ment et du système dans son ensemble,
lequel ne se traduit pas seulement en projets de règlement.
En ce qui concerne les travaux des comités confessionnels, je
vous dirai que ceux-ci poursuivent depuis quelques années des
opérations en lien avec la reconnaissance des établissements
d'enseignement comme catholiques ou protestants, et pour ce qui est du
Comité catholique, un examen des rapports d'évaluation du
vécu confessionnel des écoles reconnues comme catholiques.
Procédant à la manière des commissions du Conseil, et dans
le cadre du règlement qui régit leurs activités, ils
accomplissent leur mandat de réglementation, d'approbation et
d'autorisation. Ils transmettent également, de leur propre initiative,
des avis au ministre de FÉducation en matière de
confessionnalité. (11 heures)
Quant à la représentativité du Conseil, bien
sûr, elle n'est pas politique au sens où les membres du Conseil et
de ses organes seraient élus, elle n'est pas absolue non plus au sens
où. tous les citoyens ou groupes de citoyens y auraient des
représentants. C'est par le cumul d'un ensemble de critères qui
président à la nomination de ses membres et des membres de ses
instances que le Conseil peut prétendre à une
représentativité légitime de l'a population. Parmi ces
critères, la proportion d'hommes et de femmes, l'origine
régionale, la fonction exercée à un ordre d'enseignement,
l'équilibre entre les ordres d'enseignement, l'expertise ou la
compétence reconnue, la présence de membres qui oeuvrent dans des
milieux autres que l'éducation. Au total, c'est une centaine de
personnes qui, bénévolement, à part le président du
Conseil qui exerce ses fonctions à temps plein et la
vice-présidente à temps partiel, à part le
président du Comité catholique et la présidente du
Comité protestant, qui exercent leurs fonctions dans les mêmes
proportions que le président et la vice-présidente du Conseil,
c'est donc une centaine de personnes qui, bénévolement, se
réunissent régulièrement pour des activités de
réflexion, de consultation, d'audition, de prise de décision avec
l'éclairage de leur milieu respectif et en mettant en commun leurs
compétences. Vous permettrez que je profite de l'occasion pour saluer
leur engagement qui contribue au pouvoir exclusivement moral du Conseil.
Nos liens avec les milieux d'éducation. Je dirai d'emblée
que tous les avis ne sont pas connus de tous les milieux, si on excepte les
milieux spécialisés. D'une part, les avis sont transmis au
ministre et sont adressés à lui, ou à elle. D'autre part,
ils rejoignent, selon le thème traité, un public cible qui est
davantage en mesure de témoigner de leur utilité. À cet
égard, je vous informe que nous pouvons maintenant suivre le rythme de
pénétration des documents du Conseil, avis par avis,
région par région, ordre d'enseignement par ordre d'enseignement
et catégorie de citoyens par catégorie de citoyens. Nous pouvons
désormais, en parlant de tel avis, dire, au-delà de sa diffusion
statutaire, normale, première: Voici le nombre de documents
demandés dans telle région par telle catégorie
d'individus. Ça, c'est l'histoire courante des productions du
Conseil.
Depuis quelques années, cependant et il y a un virage, je
crois, dans cette évolution le Conseil est constamment
sollicité pour présenter ses rapports ou avis à des
publics, je dirais, professionnellement intéressés. C'est ainsi
qu'une trentaine d'occasions de communication, conférences d'ouverture
à des colloques, lancements de journées pédagogiques et
autres, sont structurées annuellement autour des demandes des milieux et
permettent un aller et retour entre le Conseil et des fractions de la
population. Sans exercer un mandat d'animation, le Conseil essaie, de cette
manière, d'inspirer tous les acteurs du système, au-delà
de l'action ministérielle, mais exclusivement à partir du contenu
de ses productions. Il s'agit d'une autre démarche par laquelle nous
espérons demeurer branchés sur les préoccupations du monde
de l'éducation et de la population en général.
En terminant, comment évaluer le rôle du Conseil? Le
Conseil est un organisme consultatif d'État. Il n'est pas un pouvoir
parallèle, bien sûr. À vrai dire, il n'a d'autre influence
que celle de la pertinence de ses propos. Il agit un peu comme une commission
d'enquête permanente, je dirais, à des coûts moindres,
cependant, je crois. Il ne procède jamais par des photographies d'un
problème ou d'un phénomène, par des instantanés. Il
croit plutôt à la vertu de la maturation des idées, de la
mise en présence de citoyennes et de citoyens et au partage de leurs
expériences. C'est beaucoup en cela qu'il croit avoir son utilité
de Conseil, qui est équilibre et pondération, mais aussi,
à l'occasion, audace quant aux actions à entreprendre.
En espérant que ce tableau tracé à grands traits
soit enrichi des approfondissements que vous souhaiterez, je vous redis la
satisfaction du Conseil d'être convoqué à l'exercice
d'imputabilité qui est entrepris aujourd'hui.
La Présidente (Mme Harel): Je remercie, M. Bisaillon, au
nom des membres de cette commission, notamment pour cette enumeration
captivante des avis et des productions de qualité qui expliquent
certainement en grande partie l'excellente réputation dont jouit le
Conseil, le pouvoir moral dont vous parliez tantôt. Je vais inviter
immédiatement mes collègues à débuter
l'échange avec vous. Une première demande, le
député de Lac-Saint-Jean.
Discussion générale
Conséquences de l'abolition du Conseil des
collèges et du Conseil des universités
M. Brassard: Mme la Présidente, moi aussi, je voudrais me
joindre à vous pour remercier le Conseil et les membres du Conseil
d'avoir répondu à notre invitation. Je voudrais noter que
ça n'a pas été difficile, parce que vous savez que, pour
choisir un organisme qu'on a à examiner comme commission, il faut ce
qu'on appelle la double majorité, donc il faut un consensus, finalement,
des partis. Je dois vous dire que ça n'a pas été difficile
de faire consensus sur le Conseil supérieur de l'éducation. C'est
donc dire que, pour cette commission, je pense que en tout cas, pour moi
sûrement, et mes collègues de ma formation politique le
Conseil supérieur de l'éducation est une institution majeure,
essentielle à notre système d'éducation. C'est toujours
avec beaucoup d'intérêt que je prends connaissance de vos avis ou
de vos rapports sur l'état de l'éducation. Je les lis avec
intérêt, je les relis aussi, et on y trouve là-dedans une
vision articulée de ce que doit être la mission éducative
dans notre système, dans les divers ordres d'enseignement, des
éclairages que je pourrais qualifier de lumineux et qui nous permettent
de voir, d'identifier les problèmes, mais aussi d'envisager des
solutions, des voies de solution à ces problèmes. Les deux
derniers rapports, entre autres, celui sur le mode de gestion comme celui sur
le défi d'une réussite de qualité, sont des contributions
indispensables pour tous ceux et toutes celles qui, au Québec,
réfléchissent sur l'avenir de notre système
d'éducation et se préoccupent des problèmes qu'on y
vit.
C'est évident, Mme la Présidente, quant à moi en
tout cas, quant à nous, qu'on va, pendant les quelques heures qui nous
sont allouées... Je voudrais, en tout cas, aborder un certain nombre
d'éléments ou de dimensions qu'on retrouve dans les deux derniers
rapports annuels; celui sur la gestion m'apparaît capital, comme le
dernier sur la réussite de qualité. Mais, avant, je me
permettrais quelques questions sur les nouvelles fonctions du Conseil. Vous en
avez touché un mot tout à l'heure.
À la suite de l'abolition du Conseil des collèges comme du
Conseil des universités, vous avez hérité d'un certain
nombre de responsabilités que ces deux Conseils assumaient auparavant.
Toutefois, je l'ai signalé, il y a certains sujets qui n'ont pas
été transférés. Je l'ai signalé quand on a
étudié et débattu des projets de loi concernant l'ordre
d'enseignement collégial. Je pense en particulier... vous n'aurez pas
à... La loi ne vous obligera pas à donner votre avis concernant,
par exemple, les projets de création de nouveaux collèges et
universités, de nouveaux programmes d'études établis par
le ministre. La loi ne vous obligera pas, non plus, à donner votre avis
sur le plan de répartition par collège des programmes, sur les
politiques d'allocation entre les collèges de même qu'entre les
universités du montant global des crédits annuels accordés
pour l'enseignement collégial et l'enseignement universitaire. Les deux
Conseils qui sont disparus devaient donner leur avis sur ces sujets-là
qui m'apparaissent importants. C'est le cas également des budgets
d'investissement. Vous n'aurez pas à donner votre avis. Donc, en
d'autres termes, en supprimant les deux Conseils, celui des collèges et
celui des universités, le gouvernement a choisi de réduire les
sujets sur lesquels ces Conseils devaient obligatoirement donner des avis.
Évidemment, j'aimerais connaître votre opinion sur cette
question. Est-ce que vous partagez un peu nos craintes, nos
préoccupations? Est-ce que vous considérez que ces
éléments, ces divers éléments il
était quand
même important qu'un organisme comme le vôtre puisse les
examiner et puisse donner un avis, comme c'était le cas pour les deux
Conseils disparus est-ce que ça pose chez vous un problème
que cette restriction des mandats qui vous sont transférés? (11 h
10)
M. Bisaillon (Robert): Je dirais, en premier lieu, que, dans
l'énumération que vous avez faite des responsabilités qui
ne nous sont pas transférées, la première que vous avez
mentionnée nous est effectivement transférée. Je pense
même que c'est un amendement qui est intervenu en Chambre en ce qui
concerne la création de...
M. Brassard: Oui, sur la création... la création
des nouveaux collèges, oui.
M. Bisaillon (Robert): Oui, ou d'établissements
universitaires. Quant au reste, vous avez raison. Je dirais: Qu'est-ce que
ça pose comme problème? Ça pose non pas le
problème, mais ça crée une division très claire
entre des mandats de type administratif et de type consultatif larges. On peut,
je pense, identifier à des questions d'ordre administratif l'approbation
des programmes, en tout cas, quant au processus, la répartition des
crédits quant au processus. Bon. Ce que ça crée
actuellement comme conjoncture, c'est qu'il y a des gens qui se demandent
où c'est rendu. Mais c'est clair que ce n'est pas rendu chez nous. Et je
pense avoir déjà dit: premièrement, que le Conseil
n'était pas en demande par rapport à l'accueil des fonctions qui
étaient dans les deux autres Conseils; deuxièmement, que le
Conseil va devoir, de toute façon... en tout cas, c'est mon
interprétation; je la fais de façon un peu libre; je vous le dis
tout de suite, ce n'est pas suite à une discussion au Conseil, mais il
me semble que les pressions vont être tellement fortes de la part du
milieu collégial et du milieu universitaire par rapport aux dimensions
politiques, entre guillemets, d'un certain nombre de problèmes qu'on ne
pourra pas les évacuer. je vais prendre un exemple. les règles de
financement des universités sont actuellement... sont discutées
depuis un certain nombre d'années de façon très
serrée, à ce que j'ai compris, entre la crepuq qui
représente les principaux... qui représente les
universités du québec, et le ministère. et ça va
rester comme ça. ça n'a pas été
transféré chez nous, cette part qu'avait le conseil des
universités dans la discussion. cependant, et c'est le sens de ce que je
disais dans mon intervention d'entrée, dans la mesure où
surviendraient des événements importants dans le financement des
universités ou des conjonctures particulières comme, par exemple,
l'éventualité d'une hausse substantielle des frais de
scolarité.... quand on regarde le courant d'ouest en est au canada, on
peut présumer que ça va arriver au québec aussi. il est
question d'augmentation de 100 % en ontario, donc c'est dans...
M. Brassard: ...le discours du budget...
M. Bisaillon (Robert): C'est dans le débat public. Je vois
mal comment le Conseil pourrait refuser, à la demande des milieux
collégial ou universitaire, de regarder cette question-là, mais
non pas sous l'angle réglementaire, sous l'angle d'un éclairage
général. De la même façon, je dirais que le Conseil
ne se prononcera pas sur chacun des nouveaux programmes, ce n'est pas notre
responsabilité, puis je vous dirai qu'on ne la voulait pas non plus, en
particulier quant à sa dimension administrative. Mais, si le Conseil
juge, parce que ces points de vue là auraient été
exprimés fortement dans les milieux universitaires, que
l'évolution des besoins en milieu universitaire justifiait une
intervention quant à l'orientation des programmes, nous allons
intervenir. Mais ce ne sera jamais dans le même cadre qui était
celui des deux autres Conseils.
M. Brassard: Donc, si je vous comprends bien, M. Bisaillon, ce
qui apparaît important dans les sujets qui n'ont pas été
transférés, qui ne vous ont pas été
transférés, c'est ceux qui concernent surtout le financement,
donc tout ce qui concerne l'allocation des ressources dans les deux ordres
d'enseignement supérieur, collégial et universitaire. Et, si je
vous décode bien, vous avez l'intention, même si la loi ne vous
oblige pas à donner votre avis, vous avez quand même l'intention
de regarder ça, d'examiner ça. Vous avez dit une chose qui m'a
frappé, de répondre aux invitations des milieux concernés.
Donc, les demandes en provenance du ministre, évidemment, c'est votre
devoir légal d'y répondre, mais je comprends bien que vous
êtes aussi attentifs aux demandes originant des milieux concernés,
le milieu collégial et le milieu universitaire.
M. Bisaillon (Robert): Oui, il faut mettre ensemble deux aspects
de la loi. L'aspect continuité, je dirais, qui a toujours existé,
où le Conseil peut intervenir de sa propre initiative sur des questions
d'éducation, quel que soit l'ordre d'enseignement. On l'avait
déjà et on le faisait même pour l'université. C'est
sûr que ça avait moins de visibilité dans la mesure
où il y avait deux autres Conseils. Alors, ça, ça va
demeurer notre angle d'interprétation des événements pour
intervenir. Deuxièmement, la nouvelle réalité du Conseil,
c'est de créer deux commissions, une de l'enseignement collégial
et une de l'enseignement universitaire, précisément enfin,
c'est mon interprétation pour qu'il y ait là des relais
entre le milieu et le gouvernement. Donc, on va être extrêmement
sensibles aux demandes d'examen qui vont nous être faites par les
milieux. C'est d'ailleurs pour ça que je le disais dans mon introduction
tantôt, on consulte présentement les deux milieux,
collégial et universitaire respectivement, pour qu'ils nous disent:
Nous, on pense que vous devriez, en priorité, vous pencher sur tel ou
tel aspect. Bon. Et il y a aussi, je dirais, des dimensions de
l'activité universitaire qu'on peut examiner en elles-mêmes. On
peut découper des pans de... la recherche, par exemple. Je donne un
exemple. Depuis un certain nombre d'années, nous avons des
pressions, au Conseil supérieur de l'éducation, pour
examiner la recherche en sciences de l'éducation, en elles-mêmes
et par rapport à d'autres, à la recherche dans d'autres secteurs.
Alors, moi, ce que je dis ce matin, c'est que notre loi nous permet tout
à fait de nous occuper de ces questions-là.
M. Brassard: Est-ce que ces deux commissions que vous comptez
mettre sur pied sont en voie de formation? Et est-ce que vous avez
déjà une bonne idée de la façon dont vous allez les
constituer?
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Quelle sera leur composition?
M. Bisaillon (Robert): Les membres de ces commissions-là
vont être nommés en décembre, à la session de
décembre du Conseil. Nous avons opté pour une formule qui
préserve ce qu'il y avait à la Commission de l'enseignement
supérieur, c'est-à-dire l'avantage de mettre ensemble deux ordres
d'enseignement qui ne sont pas portés à se parler en temps
normal. Bon. Il n'y a pas de surprise là-dedans, là. Donc, nous
allons conserver le noyau d'universitaires qu'il y avait à la Commission
de l'enseignement supérieur pour former la commission de l'enseignement
et de la recherche universitaires, et le noyau de gens du collégial
à la Commission de l'enseignement supérieur pour former la
commission de l'enseignement collégial. Il s'agit de quatre personnes
dans les deux cas.
Nous allons greffer à ces personnes-là un certain nombre
de personnes qui viennent des deux milieux, universitaire et collégial,
en respectant les mêmes critères que pour les autres commissions:
la proportion hommes-femmes, les régions; dans le cas du collège,
le technique, d'une part, et l'enseignement préuniversitaire, d'autre
part, c'est très important; quelqu'un d'un autre ordre d'enseignement,
deux, même, de l'université dans le cas du collège et du
collège dans le cas de l'université; des gens du milieu
socio-économique, donc autre que les milieux de l'éducation, ce
qui va donner au total, comme généralement, là, en
regardant les concentrations de populations... ça donne
généralement autour de six, sept personnes de la grande
région de Montréal, quatre de la grande région de
Québec, le reste de la composition de la commission avec les autres
régions, mais à l'intérieur des critères, des
paramètres dont je vous ai parlé. Alors, c'est à peu
près attaché, ces affaires-là, présentement.
Et, évidemment, pour expliquer la rotation qu'on veut
établir, on va nommer des gens avec un mandat d'un an, d'autres, de deux
ans, et d'autres, de trois ans, puisque, à chaque année, nous
remplaçons trois membres de commission. Alors, comme c'est des
commissions qui commencent, nous allons procéder de cette
façon-là.
M. Brassard: Est-ce que je comprends bien également que,
comme la loi vous oblige, vous fait obligation de rendre public, chaque
année, un rapport sur l'état et les besoins de
l'éducation... un rapport d'activité, c'est une chose, mais un
rapport également sur l'état et les besoins de
l'éducation... Est-ce que cette obligation-là, maintenant qu'on
vous a transféré des responsabilités qui appartenaient au
Conseil des collèges et au Conseil des universités, est-ce que
cette obligation-là va désormais s'étendre
également aux deux ordres d'enseignement que vous aurez maintenant, que
vous aurez désormais à examiner, à suivre?
M. Bisaillon (Robert): Je vous dirai que la constitution,
l'élaboration de nos rapports annuels concernait tous les ordres
d'enseignement.
M. Brassard: J'en conviens. J'en conviens, mais,
évidemment, il y avait quand même un accent très
fort...
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: ...sur le primaire-secondaire.
M. Bisaillon (Robert): Oui. Bien, enfin. Disons que ce qui va
s'exprimer à travers nos commissions et la nouvelle donne, qui est le
réaménagement de la fonction consultative, vont nous obliger,
évidemment, à avoir une sensibilité beaucoup plus grande,
y compris dans le rapport annuel, qui est l'exercice, je dirais, le plus
fondamental du mandat du Conseil à l'égard du milieu
collégial et universitaire. Oui. (11 h 20)
M. Brassard: Moi, j'aurais une dernière question sur cette
dimension-là, des transferts, une dernière question concernant
les ressources qui vous sont allouées. Est-ce que, compte tenu de vos
nouvelles responsabilités, vous estimez que les ressources dont vous
disposez sont suffisantes? Et il y a eu un transfert de ressources de quel
ordre et de quel niveau?
M. Bisaillon (Robert): Pour ce qui est du factuel, je vais
demander au secrétaire à l'administration de vous dire exactement
ce qui s'est passé en termes de ressources, et de budget si ça
vous intéresse aussi, tant qu'à y être, et, après
ça, je vous dirai, je répondrai à votre question,
où vous demandez de faire une appréciation.
M. Durand (Alain): au plan de l'effectif, le conseil a
reçu un effectif supplémentaire de huit emplois, dont sept
permanents et un occasionnel. ça représente une augmentation par
rapport à son effectif d'origine de 25 %. au plan des ressources
financières, le conseil a reçu les traitements qui
accompagnaient, évidemment, les ressources qui lui étaient
versées et, au plan des autres dépenses de fonctionnement et de
capital, il a reçu, cette année, un montant de 90 000 $. ceci
prenait compte du fait que l'année financière était
engagée, puisque le transfert s'est fait à compter du 14 juillet
1993. il a été
convenu qu'une somme de 125 000 $ sera transférée au
Conseil pour l'année 1994-1995. Cette somme de 125 000 $
représente un peu plus de 15 % du budget de fonctionnement et de
capital. Je ne sais pas si ça répond...
M. Bisaillon (Robert): Bon. S'il n'y a pas d'attente indue
à l'égard du nouveau mandat du Conseil, je pense qu'on peut s'en
tirer avec ce niveau de ressources là, nonobstant les
développements qui peuvent survenir par rapport à des mesures
législatives de portée plus récente, comme la loi 198 qui
fait très mal à un organisme comme le nôtre. Mais, en soi,
on pense que l'ajout d'une commission, ça représente à peu
près 20 % des activités du Conseil et que les ressources ont
suivi, bon, correctement, je dirais, sans abondance, même...
Effets de l'application de la loi 198
M. Brassard: Et ça va se traduire comment, l'application
de la loi 198, chez vous en termes de réduction d'effectifs, cadres et
autre personnel?
M. Bisaillon (Robert): de deux façons. il y a le niveau de
personnel, c'est quatre postes chez nous. je dis souvent, si vous permettez
l'expression violente, mais je vais employer une métaphore pour me faire
comprendre: quand on échappe une grenade dans un garde-robe, puis quand
on l'échappe dans un centre d'achats, la différence, c'est qu'il
ne reste plus de garde-robe à la fin, puis il reste un peu du centre
d'achats. alors, chez nous, c'est un peu le garde-robe. on n'est pas nombreux.
alors, un effet de 4 % ou 5 %, ça fait très mal chez nous. je ne
dis pas que ça ne fait pas mal dans un ministère. ce n'est pas
ça que je dis. mais ça fait très mal chez nous. alors,
c'est sûr que ça fait mal, de ce point de vue là.
La conséquence du réalignement, de la politique de
réalignement, maintenant, sur les activités du Conseil, elle,
risque d'être plus difficile à... elle risque d'être plus
compromettante pour le mandat du Conseil dans la mesure où ce qui est
demandé là, c'est que nous-mêmes, nous fassions un
arbitrage de nos productions, c'est que nous-mêmes, nous puissions dire
ce qu'on devrait laisser tomber dans nos productions.
Or, à l'oeil, quand on regarde la loi, si on fait une
hiérarchie des mandats du Conseil, on serait porté à dire:
Le rapport annuel, c'est intouchable; les avis qui nous sont demandés
par les ministres, c'est intouchable, parce qu'ils ont une portée
statutaire ou réglementaire, donc rognons dans les avis qui viennent de
notre propre initiative. Or, ces avis-là qui nous viennent de notre
propre initiative constituent, je dirais, 70 % de l'activité du Conseil
et correspondent précisément au mandat de donner des avis au
gouvernement, même s'ils ne sont pas demandés, donc de servir de
lien entre la population et le gouvernement, et c'est pour ça que la loi
prévoit des commissions. Elle n'en a pas aboli; elle en a nommé
une de plus. Elle nous en donne une de plus avec le
réaménagement. Donc, ça devient très difficile pour
nous, à ce moment-là, de se mettre à arbitrer les
productions qui seraient superflues, si vous voulez.
Alors, je le dis très honnêtement, c'est ces deux
effets-là qui... Bon. Il y a déjà un réalignement,
d'ailleurs, qui est intervenu avec la fusion des Conseils, je pense, et des
ministères. En ce qui nous concerne, donc, c'est, un peu, trois
opérations. Je vous ai dit tantôt: On ne se plaindra pas. On ne
s'est pas plaint. Même si on trouve ça frugal comme niveau, on est
capable de faire le travail avec le niveau de ressources qui nous ont
été données dans le cadre de la fusion des Conseils.
Première opération de réalignement. Deuxième
opération, le nombre de postes. C'est d'ici un certain nombre
d'années. Ce n'est pas facile, mais on va faire le travail.
Troisième niveau, plus délicat, c'est de nous demander à
nous d'interpréter nous-mêmes ce qui est dans la loi, sans
modification à la loi par ailleurs, d'interpréter
nous-mêmes ce qui, dans la loi, serait de trop finalement, alors qu'on ne
change pas les dispositions ni les mandats. Alors, ça, c'est plus
odieux.
M. Brassard: Vous n'avez pas songé à faire comme la
Fédération des commissions scolaires et la
Fédération des cégeps, demander pour vous, compte tenu
justement de vos nouvelles responsabilités, une exemption en vertu de
l'article 7 de la loi 198?
M. Bisaillon (Robert): Non. Je dois vous dire cependant qu'on a
eu des discussions avec le ministère de l'Éducation, très
correctes, quant à notre capacité d'assumer le même niveau
de coupures que dans un ministère. Ce n'est pas facile pour eux non
plus, mais la collaboration, elle est totale de ce point de vue. On a
déjà eu dans le passé, à l'occasion des
opérations de compressions budgétaires, on a déjà
eu, je ne dirais pas des exemptions, mais... oui, je peux dire des exemptions
dans certains cas, ou des choses qui ont été assumées par
le ministère. Ce n'est pas à ce niveau-là qu'est la
difficulté, même si on trouve que la part à faire n'est pas
modulée par rapport à un gros ministère. C'est dans
l'opération qui s'en vient, qui, elle, est moins confortable quand on a
une loi à appliquer. Parce que, moi, ce qu'on me demande, ce n'est pas
de dire: Dans la loi, ça, c'est moins important, ça, c'est plus
important. Mais dans les faits, si on me dit: Arbitre tes productions de
façon à dégager... Bon, là, ça devient
odieux. Je ne peux pas... On me demande de faire ce que le législateur
n'a pas voulu faire, dans le fond. Alors, je vous le dis très
franchement. C'est comme ça que les questions se posent chez nous
présentement.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Rimouski.
Diffusion des rapports et des avis du Conseil
M. Tremblay (Rimouski): Oui, Mme la Présidente. Comme le
soulignait au début le député de Lac-Saint-Jean, critique
de l'Opposition officielle, le mandat
de la commission, nécessairement, le mandat de surveillance des
organismes qu'on s'est donné, on a fait unanimité rapidement sur
le Conseil supérieur de l'éducation. Il faut dire que notre choix
était un peu plus limité, le fait qu'il y a deux Conseils qui ont
été littéralement abolis. Alors, on a ciblé notre
action sur le Conseil supérieur de l'éducation.
Dans votre présentation tout à l'heure, vous nous avez dit
que vous étiez très heureux de constater que la diffusion de vos
rapports et de vos mémoires se faisait d'une façon plutôt
adéquate et très systématique, ça se rendait dans
le milieu. Moi, je suis bien content de ça parce que, finalement, la
qualité de vos rapports... ils sont vraiment exceptionnels. Je les lis
quand j'ai le temps, mais je dois vous dire que je les consulte assez souvent.
Je trouve que c'est très, très bien fait et vous avez des bonnes
suggestions là-dedans, en fait, des orientations dont on peut, en tout
cas, s'inspirer, dont le milieu de l'éducation peut s'inspirer
facilement.
Mais, au-delà de la diffusion, est-ce que vous ne pensez pas
qu'il serait bon d'aller un petit peu plus dans l'animation? Parce que c'est
beau de les écrire, c'est beau de les diffuser, mais est-ce que,
vraiment, les gens en font un usage utile? J'ai assisté à
beaucoup de colloques, et c'est vrai qu'on s'en inspire un peu, mais on ne
pourrait pas aller un petit peu plus loin au niveau de la diffusion, au niveau
des enseignants... au niveau du personnel de direction, peut-être
ça peut aller, mais au niveau des enseignants, peut-être descendre
un petit peu plus bas, et même des étudiants aussi. Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu d'avoir un peu plus d'animation au niveau de ces rapports
que vous produisez? Nécessairement, c'est fait par un groupe de
réflexion qui, nécessairement, a une longue expérience,
d'une part, en même temps qui a le temps de réfléchir, de
penser, d'imaginer et de développer des thèses. Mais,
après, dans le milieu concerné, si on pouvait aller plus loin
dans l'animation. Vous n'avez pas pensé à aller plus loin?
M. Bisaillon (Robert): Ce n'est pas qu'on n'y a pas pensé,
c'est qu'on n'a pas le mandat d'animer et on n'a pas le mandat de promotion. Il
y a des Conseils, par exemple, qui ont des mandats clairement de promotion:
Conseil du statut de la femme, Conseil permanent de la jeunesse, pas le Conseil
supérieur...
M. Tremblay (Rimouski): O.K.
M. Bisaillon (Robert): ...quand on lit bien la loi. Cependant, on
a voulu aller un petit peu plus loin. Dans le contexte, c'est-à-dire
dans le cadre d'une interprétation de la loi du Conseil disant qu'il
faut entendre les points de vue de la population, il faut que ça circule
dans les deux sens entre le gouvernement et la population, ce qu'on fait
présentement, avec chaque avis, on envoie dans les commissions
scolaires, parce qu'on ne peut pas non plus aller directement dans les
écoles, on passe par les commissions scolaires... (11 h 30)
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
M. Bisaillon (Robert): ...on envoie un dépliant
d'animation qu'eux peuvent utiliser pour discuter des parties d'avis. C'est
modulé, dans le sens que c'est sûr qu'il faut tenir compte de la
destination aussi des différentes productions. Un rapport annuel, c'est
destiné à l'Assemblée nationale, un avis très
réglementaire, ça n'intéresse pas tout le monde
nécessairement, bon. Et c'est nouveau, ça fait deux ans, mais on
peut voir aujourd'hui que le nombre de gens qui commandent ces
dépliants-là, qui ne sont pas envoyés automatiquement
à tout le monde, c'est un retour qui nous permet de voir si ça
pénètre un peu plus.
L'autre chose que je vous ai dite, c'est un virage un peu pour le
Conseil. Depuis deux ans en particulier, moi, je dirais qu'on a fait à
peu près un mois, l'équivalent d'un mois en jours ouvrables
sur 10 mois d'école, d'une année scolaire en
conférences et colloques de toutes sortes. Je vous donne un exemple. Le
rapport sur la gestion, présentement, crée des occasions dans
tous les milieux, particulièrement au primaire et secondaire, de
brassage de la cage incroyables. C'est arrivé dans un momentum, je
dirais, où les gens se rendent bien compte que les modèles de
gestion sont inadaptés. Je pourrais vous dire qu'on en refuse, des
occasions de présentation, parce qu'il faut faire le travail aussi du
Conseil. Mais on en fait constamment, c'est l'équivalent de 60 depuis
deux ans. Mais, aller plus loin que ça, c'est commencer à faire
un travail qui n'est pas le nôtre, je dirais.
M. Tremblay (Rimouski): O.K.
M. Bisaillon (Robert): Alors, vous avez raison qu'on essaie de se
préoccuper du fait que en tout cas, moi je viens du milieu de
l'enseignement. Moi aussi je trouvais que ce n'était pas beaucoup lu.
J'avais dû quelquefois fouiller moi-même dans mon école pour
trouver un avis du Conseil quand j'étais membre je n'étais
pas président je trouvais ça un peu odieux de le retrouver
avec un centimètre de poussière. Alors, bon, il y a la
sensibilité des milieux aussi à le mettre à la disposition
des gens. On ne peut pas forcer le monde, comme on ne peut pas forcer un
ministre à adopter des recommandations. C'est du même ordre, hein?
Pouvoir d'influence, pouvoir moral, et c'est correct comme ça. Mais on
essaie de soigner un peu les façons de rejoindre différemment les
milieux.
M. Tremblay (Rimouski): J'ai été sept ans au
ministère de l'Éducation dans un bureau régional, et les
directives que nous recevions du ministère de l'Éducation, de la
minute qu'elles étaient écrites, on pensait que tout le monde les
connaissait et qu'il n'y avait plus de problème. Et, moi, j'ai
constaté que c'est là que commençait tout le
problème, parce que personne, ou la majorité, ne comprenait la
directive. Et, ça, je trouve ça épouvantable parce qu'on
l'avait écrite, la
directive, mais, après la diffusion, eh bien mon Dieu
là...
M. Bisaitton (Robert): Maintenant, je vous... M. Tremblay
(Rimouski): Excusez.
M, Bisaillon (Robert): ...si vous permettez, je vous dirai qu'il
y a un niveau de difficulté aussi dans les avis du Conseil. Je ne le
cacherai pas. Je ne veux pas être méchant, maïs je dirai
qu'aujourd'hui, dans notre société, tout document qui
dépasse cinq pages présente une difficulté. Bon. C'est un
phénomène de société. Je ne blâme pas
personne, mais on ne peut pas toujours résumer tout en cinq pages. Ce
n'est pas ce qu'on nous demande non plus, mais quelquefois, ça
crée une barrière entre l'utilisation et l'utilisateur. Je suis
très conscient de ça. On cherche présentement des
façons d'améliorer cette présentation-là aussi.
Confessionnalité au niveau des structures et
des établissements
M. Tremblay (Rimouski): Juste une autre dernière question.
Qu'est-ce qui arrive avec vos comités catholiques et vos comités
protestants, maintenant qu'on aura des commissions scolaires linguistiques?
Est-ce que vous allez les maintenir ou...
M. Bisaillon (Robert): C'est-à-dire que ce n'est pas nous
qui allons choisir de les maintenir ou pas. Ce sont les
législateurs.
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
M. Bisaillon (Robert): Ce que l'opération qui s'en vient
annonce ou permet de faire, c'est tout simplement d'abolir la
confessionnalité au niveau des structures, mais ça ne touche en
rien la confessionnalité au niveau des établissements. Alors, les
comités qui sont au Conseil, je dirais, l'équivalent de garanties
constitutionnelles en matière de confessionnalité, c'est des
garanties qui vont concerner les écoles seulement à l'avenir,
alors que, là, ça concerne aussi les commissions scolaires.
Alors, c'est ça. L'effet de la loi ne modifie en rien toutes ces
questions-là.
M. Tremblay (Rimouski): L'existence des deux comités.
O.K.
M. Bisaillon (Robert): II y aura peut-être des
prolongements à faire quant à la représentation
confessionnelle au Conseil; il y a peut-être des discussions qui vont se
faire, parce que tous les membres du Conseil sont nommés sur une base
confessionnelle, mais par rapport aux deux comités, je ne pense pas que
ça ait d'effet.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien.
La Présidente (Mme Harel): Vous désirez poursuivre,
M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Non, bien, j'aurais d'autres questions,
mais je vais laisser...
La Présidente (Mme Harel): Mais vous pourrez revenir,
à ce moment-là, par alternance... M. le député de
Sauvé?
M. Tremblay (Rimouski): ...mes collègues.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean, avez-vous demandé la parole?
M. Brassard: Oui, oui.
La Présidente (Mme Harel): Très bien, et par la
suite M. le député de Sauvé.
Priorités dans le secteur de
l'éducation
M. Brassard: Oui. Moi, je voudrais évidemment aborder
l'essentiel de vos deux derniers rapports annuels sur l'état et les
besoins de l'éducation. Particulièrement dans celui de cette
année, je pense que vous posez un diagnostic d'abord qui
m'apparaît fort juste et sur lequel, je pense, à peu près,
maintenant, tout le monde s'entend. C'est évident que, actuellement,
particulièrement dans les ordres d'enseignement primaire et secondaire,
le problème majeur qui confronte tout le monde, c'est le problème
du nombre extraordinairement élevé des jeunes, des
élèves, qui connaissent l'insuccès et qui se trouvent
exclus, à tomber dans l'exclusion. C'est le problème majeur, je
pense. Quand on constate qu'un jeune sur trois ne réussit pas à
compléter son cours secondaire et à obtenir un Diplôme
d'études secondaires, je pense qu'il y a là une dimension qu'on
pourrait qualifier de tragique dans notre système d'éducation.
C'est ce que vous identifiez correctement, c'est ce qui fait que votre rapport
annuel de cette année porte le titre «Le défi d'une
réussite de qualité». Il faut donc absolument augmenter le
taux de réussite, faire, comme vous dites, que le plus grand nombre
réussisse, réduire donc le nombre des exclus, mais, en même
temps, et c'est là un défi de taille, en même temps,
maintenir une formation de qualité. Faire réussir le plus grand
nombre en leur dispensant une formation de qualité: c'est un défi
qui n'est pas banal. Et ce qui est intéressant dans votre rapport, c'est
que, vous je pense, en tout cas, moi vous abordez toutes les
dimensions du problème, de la problématique. Vous ne vous limitez
pas à une ou deux, vous les abordez toutes. On pourrait reprendre chacun
des chapitres: la dimension d'abord de la mission, recentrer l'école sur
l'acte éducatif, donc sur l'essentiel; la dimension des curriculum, des
cheminements, des approches pédagogiques diversifiées; la
dimension pédagogique, qui est capitale; toute la question de
l'organisation du travail, où vous reprenez l'essentiel de ce
que vous nous avez transmis et communiqué l'an dernier quant
à la gestion de l'éducation; toute la dimension de
l'évaluation, qui est également capitale; et enfin la question du
financement aussi qui n'est pas négligeable. Évidemment, on
pourrait vous interroger sur l'un ou l'autre de ces chapitres. Je ne veux pas
vous mettre dans l'embarras non plus, là. Vous savez que Mme la ministre
a rendu public un document où elle compte «Faire avancer
l'école» c'est le titre de son document en proposant
un certain nombre d'actions. C'est mon appréciation... Il me semble que
c'est pas mal plus mince, pas mal moins substantiel et moins complet que votre
rapport de cette année. Il me semble qu'il y a dans votre rapport une
vision plus large, plus cohérente, plus articulée, plus
complète de ce que doit être le système d'éducation.
Vous n'êtes pas obligé de me remercier pour le compliment, mais,
c'est mon jugement, je pense que... alors que le document ministériel
m'apparaît insuffisant, incomplet et comporte bien des lacunes et bien
des carences. (11 h 40) mais je vais vous poser une question
générale pour commencer la discussion là-dessus. si vous
aviez à établir une sorte d'ordre de priorité des
tâches à accomplir toujours, évidemment, dans la
perspective de l'objectif que tout le monde poursuit et recherche,
c'est-à-dire faire réussir le plus grand nombre, avec comme
niveau quantitatif les 80 % qu'on retrouve déjà dans le plan
pagé, faire réussir 80 % de nos jeunes au secondaire
qu'est-ce que, selon vous, il faudrait faire? ou quelles sont les tâches
prioritaires qu'on devrait accomplir? est-ce que ça se situe au chapitre
du curriculum, de la grille matière? est-ce que c'est d'ordre, d'abord,
pédagogique? donc, toute la question de la diversification des approches
pédagogiques et des cheminements. est-ce que c'est ail niveau de la
gestion qu'il faudrait d'abord et avant tout agir, changer le modèle de
gestion? qu'est-ce qui serait, selon vous, le plus urgent de faire, si on veut
espérer atteindre concrètement l'objectif de faire réussir
le plus grand nombre? question générale, j'en conviens,
mais...
M. Bisaillon (Robert): Oui, mais, parce qu'elle est
générale, elle est embarrassante aussi. Dans la mesure où
ce rapport-là, qui est un rapport de conjoncture, donc qui fait l'examen
de l'état et des besoins, n'a pas essayé de dire: Ceci est plus
important que cela. Mais il a essayé de dire: Si notre diagnostic est
bon, à savoir après avoir, pendant 30 ans, bâti un
système d'éducation parce que c'est ça qu'on fait,
et, 30 ans, ce n'est pas long dans l'histoire après avoir
réglé, de façon correcte, je pense, de façon
socialement correcte beaucoup de problèmes d'accessibilité
je ne dis pas qu'il n'en reste pas, mais c'était ça, l'objectif
on se rend compte aujourd'hui que le danger, c'est de penser qu'un
système d'éducation peut fonctionner encore longtemps juste parce
que tout le monde va à l'école, ou à peu près, tout
le monde qui veut y aller. Et on dit: Le danger, c'est même que notre
objectif de démocratisation soit un peu un écran de fumée
ou de la rhétorique si on ne se préoccupe pas, maintenant qu'ils
sont à l'école, de les amener à la réussite, et pas
à n'importe quelle réussite, pas une réussite à
rabais. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire pour franchir ce bond-là, qui
n'est pas une petite affaire, qui est un bond qualitatif important pour une
société? Et, nous, il nous semble, il nous a semblé qu'il
faut agir sur tous les aspects à la fois. Pas nécessairement au
même rythme, pas nécessairement avec la même
intensité, et je peux donner des exemples.
Mais on ne changera pas un modèle d'organisation scolaire en se
revirant sur un dix cents. C'est impossible. Il n'y a aucun système qui
peut réussir ça. Ça va prendre du temps. On ne
transformera pas les pratiques pédagogiques du jour au lendemain pour
tout le monde en même temps. Il y a de l'évolution
nécessaire là-dedans. Mais on ne pourra pas non plus
réformer tous les curriculum demain matin, parce qu'il faut d'abord
s'entendre sur c'est quoi, la mission de l'école, et c'est quoi, par
exemple et c'est une des questions que la ministre pose dans son
document c'est quoi, les profils de sortie qui sont souhaitables? Bon.
De sorte que, nous, ce qu'on a voulu dire, c'est: Si on veut aller très
loin sur le chemin d'une réforme ou ceux qui prétendent que
ça prend une réforme, ce qu'on leur dit, c'est: II faut que vous
regardiez tout ça. La ministre ne dit pas: Je fais une réforme de
l'éducation. Ce que j'ai compris, elle a dit: Je vais faire avancer
l'école. Mais je pense qu'elle a fait un choix, de son corridor, de son
angle. Je ne pense pas qu'elle fasse croire que c'est une réforme. Donc,
nous, on va évaluer, comme Conseil, parce qu'elle nous le demande, les
propositions qu'elle fait, à la lumière de ce que ça
prendrait cependant pour que l'école aille très loin dans le sens
d'une révision en profondeur.
Je vous dirai que, sur certaines questions même, on est en panne
au Conseil... pas en panne, mais en lent cheminement. Ça fait des
années qu'on a des programmes 15 ans on les appelle
toujours les nouveaux programmes, mais ça fait 15 ans. Et,
nous-mêmes, le Conseil, on dit depuis six ou sept ans: II faudrait tracer
des profils de sortie. Il faudrait arriver, à travers tout ce magma
d'objectifs, à essayer de se faire une idée claire des
compétences qu'un jeune devrait avoir en secondaire II, en secondaire V,
en troisième année du primaire, de sorte qu'au-delà des
programmes les profs, les parents, la communauté en
général sachent un peu à quoi ça sert
l'école, en relation avec ça. Mais, nous-mêmes, c'est une
tâche qu'on trouve très difficile à fabriquer, et on
travaille là-dessus très fort, mais on n'est pas capables de
produire plus vite que ce que la maturation exige. Donc, je vous dis que c'est
à rythme variable, je pense.
Il y a des choses qu'on peut faire cependant plus rapidement, je pense.
Je ne suis pas sûr qu'on doive toutes les faire au national. Il y en a
qu'on peut faire au local. Ça, on l'a dit dans la gestion, en
particulier, mais il y a des éléments structurels qu'on ne
changera pas demain matin, je le répète encore, même si on
le voulait, là. Donc, c'est ça. Je dirais qu'il y a une
perspective
dans le rapport du Conseil; c'est une perspective, et il y a des plans
d'action. Bon. La ministre, d'ailleurs, dans son propre document «Faire
avancer l'école», je pense qu'elle délimite l'ordre des
choses qu'elle veut faire tout de suite pour faire avancer l'école et
l'ordre des choses qui serait nécessaire pour la faire avancer
davantage, mais sur lequel elle n'est pas prête à prendre
position. C'est comme ça que j'ai lu, moi, ce document-là, et
elle nous demande un avis sur les deux niveaux. Bon. Moi, tout ce que je peux
vous dire pour le moment, c'est que l'avis va tenir compte de notre rapport
annuel, bien sûr, mais les positions sur les recommandations
précises ne sont pas prises encore.
M. Brassard: Est-ce que je vous comprends bien, finalement, si je
dis que, à partir de la vision qu'on retrouve dans votre rapport sur le
défi d'une réussite de qualité, à partir de cette
vision-là, il est difficile et il pourrait même être
risqué, dangereux même quant à l'atteinte de l'objectif, de
mettre de côté ou de décider de ne pas toucher à
l'une ou l'autre des dimensions qu'on retrouve dans votre rapport et que, si
l'on peut cependant affirmer qu'on doit poser certains gestes avant d'autres,
il reste qu'on doit envisager d'en poser dans tous les volets de votre vision
des choses, de votre rapport? Donc, poser des gestes les uns avant les autres.
Je pense, par exemple... Vous faisiez allusion à la mission de
l'école. Je pense que c'est un... Il y a pas mal de confusion sur la
mission éducative. C'est quoi, la mission de l'école dans une
société comme la nôtre? Je pense que ça demande
peut-être un débat d'un peu plus de six semaines, là. Ce
n'est pas en six semaines qu'on va réussir à permettre aux
différents acteurs de débattre de cette question de fond et
d'essayer de dégager un consensus, mais je pense que, dans le temps, il
faut s'entendre là-dessus avant de passer aux profils de sortie des
différents cycles et il faut peut-être, je pense, dans le temps,
s'entendre sur les profils de sortie avant de s'entendre sur la grille
matière, et il faut probablement s'entendre sur la grille matière
avant, ensuite, finalement, en bout de processus, de s'entendre sur la sanction
des études. En d'autres termes, si on veut poser des gestes, il y a des
choses qui doivent se poser, dans une certaine logique, avant d'autres.
Remarquez que ce n'est pas l'impression que me donne le document de la
ministre, parce que Mme la ministre, elle, décide, par exemple, d'un
régime de sanctions alors qu'on n'a pas décidé d'aucune
façon des profils de sortie, alors qu'on a à peine discuté
de ce que devrait être la mission éducative. Il me semble que,
là, c'est ce que j'ai appelé mettre la charrue devant les boeufs.
(11 h 50)
Mais, l'autre élément, c'est que... Ce que vous nous dites
aussi, c'est qu'on ne peut pas toucher uniquement au curriculum si on ne touche
pas à la gestion, si on ne touche pas aux pratiques pédagogiques
c'est un peu ça, au fond, que vous nous dites et qu'une
vision ou une volonté gouvernementale ou politique de poser un certain
nombre de gestes qui seraient trop parcellaires et qui ne porteraient que sur
une ou deux dimensions et qui en laisseraient d'autres intouchées,
ça pourrait éventuellement compromettre les objectifs de
réussite que tout le monde souhaite atteindre. Vous ai-je bien
interprété?
M. Bisaillon (Robert): Vous êtes allé plus loin que
ce que j'ai dit, ça c'est sûr.
M. Brassard: Oui, mais, ça, c'est évident que, moi,
je peux me permettre certains jugements plus politiques.
M. Bisaillon (Robert): Si vous permettez, ce que j'ai dit: Si on
prétend ou on a comme objectif de rénover le système de
fond en comble, bien, nous, on dit qu'il faut regarder tous ces
éléments-là. Si on n'a pas cette
prétention-là ou si ce n'est pas l'objectif... Un objectif, c'est
de poser des gestes qui nous apparaissent plus immédiatement importants,
urgents. Nous, ce qu'on dit au Conseil, et on va intervenir dans ce
sens-là, on va mesurer, on va apprécier ces gestes-là en
fonction de la perspective générale. Et c'est dans ce
sens-là qu'on va dire, par exemple, que si on ne change pas les
pratiques pédagogiques du tout, si on reste avec l'uniformité des
pratiques, si on enseigne encore comme si c'étaient des
élèves moyens qu'il y avait dans nos classes, même si on
changeait la grille matière, le curriculum, ça ne changerait
strictement rien. Par ailleurs, on va dire qu'il y a des choses qui sont
mûres, et ce n'est pas une révolution. Exemple: modifier les deux
cycles au primaire. Pour le Conseil, c'est une vieille histoire, ça fait
10 ans qu'on demande ça. Alors, vous comprenez bien qu'il n'y a pas gros
de révolution là.
M. Brassard: Au secondaire.
M. Bisaillon (Robert): Excusez-moi, au secondaire. Alors, il n'y
a pas de révolution là. Bon, bien, ce n'est pas substantiel, mais
on pense que, oui, ça fait avancer l'école même si on ne
réforme pas l'école dans son ensemble, surtout si, en même
temps, on veut se servir du deuxième cycle, non pas pour caser les
élèves prématurément dans des filières
d'orientation, mais pour leur permettre d'avoir accès à des
vraies options plus vastes. Il y a des choses qu'on peut déjà
évaluer, mais, moi, ce que je comprends et je ne veux pas faire
d'interprétation politique, vous comprendrez, ce n'est pas mon
rôle, de la proposition de la ministre c'est qu'elle-même a
choisi de ne pas rénover l'ensemble du système. Elle a choisi de
poser des gestes. Et, nous, on va évaluer ces gestes-là à
la lumière de quoi? Bien, de la perspective qui inspire le dernier
rapport annuel, c'est sûr. Mais je ne voudrais pas, vous comprendrez
bien, qu'on me fasse dire ici qu'il n'y a rien là-dedans parce que ce
n'est pas une rénovation totale du système, là, je vous
dis juste que ce n'est pas du même ordre.
M. Brassard: Oui, je comprends bien, sauf que
ça doit être évalué en fonction de l'objectif
que tout le monde se fixe...
M. Bisaillon (Robert): Oui, ça, c'est vrai. On va
l'évaluer comme ça.
M. Brassard: ...faire réussir le plus grand nombre.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Atteindre un niveau très élevé,
quand même de 80 %, ce qui est très élevé par
rapport à la réalité actuelle.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Donc, il faut que vous portiez un jugement sur ce
qu'elle compte faire, tout en notant qu'il ne s'agit pas d'une
rénovation globale et totale. Il faut que vous portiez un jugement dans
cette perspective-là, en vous posant la question: Est-ce que, en ne
faisant que cela, on a des chances sérieuses d'atteindre l'objectif de
la réussite du plus grand nombre tout en maintenant la qualité de
la formation? Au fond, ce que vous me dites, c'est que, dans les avis que vous
allez lui remettre et qu'elle vous a demandés en vertu de la loi, vous
allez évidemment évaluer de façon très
précise et spécifique les éléments de changement au
cadre pédagogique, c'est-à-dire. ..
M. Bisaillon (Robert): Au régime.
M. Brassard: ...au régime pédagogique, mais, en
même temps, vous allez également ajouter une évaluation en
fonction de l'objectif de réussite du plus grand nombre.
M. Bisaillon (Robert): C'est sûr. Le Conseil intervient
toujours, dans ces avis à portée réglementaire, à
partir de ses positions plus générales. Alors, c'est sûr,
ça. On ne va s'inspirer que de ce qu'on a déjà
écrit et on va essayer d'aller plus loin sur des choses sur lesquelles
nous-mêmes on est un peu en défaut, je dirais, dans le sens
où on les demande depuis des années, mais on n'est pas assez
avancé pour dire: Voici, vous devriez faire ça.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. Bisaillon. La parole
est maintenant au député de Sauvé.
Enseignement de la langue seconde
M. Parent: Merci, Mme la Présidente. M. Bisaillon,
bonjour. M. Bisaillon, je n'étais malheureusement pas présent
ici, parce que mon collègue, le député de Lac-Saint-Jean,
s'est questionné sur l'efficacité du Conseil face à la
fusion que vous venez d'accepter, soit le Conseil des collèges, le
Conseil supérieur de l'édu- cation et le Conseil des
universités. Je pourrai me référer au Journal des
débats pour connaître votre réponse, mais j'ose
exprimer un voeu, c'est que cette fusion de ces trois éléments
très importants qui ont fait leurs preuves ne vienne pas diminuer
l'importance de l'enseignement collégial, de l'enseignement
universitaire comme l'enseignement... les autres dossiers.
Moi, je voudrais connaître votre opinion sur l'enseignement de la
langue seconde. Depuis plusieurs années, le Conseil s'est
prononcé sur l'importance, je pense, d'enseigner une langue seconde au
Québec. Les comités de parents se sont dits favorables;
l'ensemble de la population aussi semblait favoriser l'enseignement de la
langue seconde. Je pense que, dans le contexte nord-américain à
l'intérieur duquel nous vivons, là, c'était tout à
fait normal. Par contre, il y a quelques semaines, dans un document de
politique un document ministériel, j'entends, pas un document
émanant du Conseil des ministres la ministre de
l'Éducation parlait de la réforme de l'enseignement secondaire et
de l'enseignement élémentaire, et, dans ce document, elle
laissait supposer que l'enseignement de la langue seconde pourrait être
renforcé, et elle parlait de classes d'immersion. Alors, j'aimerais
connaître l'opinion du Conseil face à ces classes d'immersion
versus, je ne dirai pas le danger, en tout cas, les inconvénients et les
avantages que le Conseil voit dans ces classes d'immersion. Et, dans un
deuxième volet, je constate qu'en Europe il se fait actuellement des
expériences de plus en plus fréquentes sur l'enseignement d'une
troisième langue. Par exemple, dans le sud-ouest de la France, aux
limites de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, ce coin-là, on enseigne
l'espagnol comme troisième langue, étant donné la
proximité de la frontière de l'Espagne. En Alsace, on enseigne
l'allemand comme troisième langue. Alors, j'aimerais connaître
l'opinion du Conseil face aux classes d'immersion et face à la
possibilité de l'enseignement d'une troisième langue.
M. Bisaillon (Robert): Mme la Présidente, est-ce que j'ai
le droit de dire au député de Sauvé que, là, il me
met vraiment dans l'embarras...
M. Parent: On ne l'a jamais voulu, M. Bisaillon, mais vous
connaissant, M. Bisaillon...
M. Bisaillon (Robert): ...dans la mesure où les positions
du Conseil sur la question de l'immersion de la langue seconde datent de 1986,
1984 et 1986 respectivement, et que la proposition très concrète
que la ministre fait dans «Faire avancer l'école» est d'un
autre ordre que ce qu'on avait discuté à ce moment-là.
Donc, je ne peux pas vous dire ce que le Conseil va adopter comme position au
mois de décembre. Ça, c'est très clair, là.
Même si je voulais, ça serait présumer de décisions
qui ne sont pas prises par le Conseil. Bon.
Ce que je peux vous dire...
La Présidente (Mme Harel): M. le président, si
le député de Sauvé me permet, je ne veux pas
ajouter à votre embarras, maïs est-ce que vous faites une
distinction entre l'immersion langue seconde pour des enfants dont la langue
maternelle est le français, donc, une distinction avec ceux pour qui le
français est déjà une langue seconde et pour qui les
classes d'immersion en langue anglaise seraient une troisième langue?
(12 heures)
M. Bisaillon (Robert): Ce que je peux vous dire, c'est comment on
examine le problème, c'est quoi, les données. Il y a trois choses
dans la proposition ministérielle, eu égard à
l'enseignement de la langue seconde, de l'anglais langue seconde. La
première chose, c'est de garantir le respect des heures prévues
au régime pédagogique, quand on constate que dans deux
commissions scolaires sur trois, le temps prévu n'est pas
respecté. Première chose. Ce n'est pas rien, là.
Première question qu'il faut se poser: Si on passe du temps non
respecté, du temps observé, je dirais, au temps respecté,
qu'est-ce que ça suppose sur le plan organisationnel,
pédagogique? Bon, il y a déjà ça. C'est un
étage, je dirais, de la demande de la ministre.
Le deuxième étage, c'est l'anglais intensif. L'anglais
intensif qui consiste en toutes les activités en anglais ou presque
à partir du moment où les objectifs des matières, des
autres matières sont, par ailleurs, respectés. Et il y a des
modèles qui existent dans 25 commissions scolaires au Québec.
Certains et là, il y a une question qu'il faut se poser
modèles ne s'adressent qu'aux élèves brillants sur le plan
scolaire. Comprenons-nous bien, là, je ne veux pas faire de
discrimination, mais certains modèles supposent que, comme il faut avoir
réussi tous les objectifs des autres matières avant d'avoir droit
à l'intensif, donc, c'est juste les plus forts qui vont pouvoir faire
ça.
D'autres commissions scolaires ont choisi d'avoir des groupes
hétérogènes, de prendre dés élèves
qui ne sont pas juste forts dans toutes les autres matières, à la
condition que les parents soient conscients, par ailleurs, et aussi les
enfants, qu'il va falloir reprendre des objectifs, revoir des objectifs qui ne
sont pas atteints. Bon.
La troisième formule, qui est l'immersion, celle-là
suppose qu'on fait toutes les matières en anglais pendant un certain
temps.
Or, on examine les trois avec leurs avantages et leurs
désavantages à trois niveaux: sur le plan de la
disponibilité présente des enseignants et des enseignantes, sur
le plan organisationnel, parce que le projet ne dit pas: c'est un ou l'autre.
Il dit: un plus l'autre, possiblement. Donc, sur le plan organisationnel. Et,
effectivement, on examine ça aussi, les deux méthodes, intensif,
puis immersion, sur le plan de l'effet en milieu pluriculturel comme à
Montréal. Est-ce que l'effet est le même qu'en Gaspésie ou,
pour prendre un exemple, qu'au SaguenayLac-Saint-Jean? C'est tous ces
éléments-là qu'on examine.
La position du Conseil, la position antérieure du Conseil, la
position encore vraie du Conseil, c'est plutôt l'intensif que
l'immersion. Je ne vous le cache pas.
Ce qu'on examine aussi, c'est à partir de combien d'heures on
peut appeler ça de l'immersion. Est-ce que le projet de la ministre,
c'est vraiment de l'immersion, au nombre d'heures qui est proposé
là?
C'est ça, je dirais, les paramètres qu'on regarde
présentement avec les études qui ont été faites
là-dessus. Je vous dirai qu'à l'oeil, et le comité qui
discute de ça va devoir regarder ça de plus près, la
difficulté ne vient pas du fait que la ministre propose un minimum
garanti en anglais. Ça vient du fait que, dorénavant, dans le
régime pédagogique du primaire, il n'y aurait un temps garanti
qu'en anglais, langue seconde et qu'en religion, cette fois-là en vertu
du règlement. Et on se dit, dans un régime pédagogique,
c'est une question qu'il faut se poser: Est-ce que garantir un temps minimum
juste pour deux matières... Et ces matières-là, en
particulier, ça donne un exemple de ce qu'on pense être la
formation qu'un jeune devrait avoir. Bon! Voyez-vous l'ensemble de
considérations qu'on examine?
Quant à votre autre question sur les langues vivantes, parce
qu'on en traite souvent comme ça, vous avez raison que, dans certaines
parties de la France et dans le contexte de l'Europe, je dirais, on a toujours
dit «l'Europe 92», mais l'Europe du XXIe siècle, il y a des
mises à niveau entre les systèmes d'éducation qui rendent
impérative, je dirais, l'obligation d'apprendre une troisième
langue. C'est malheureux qu'on ne sente pas autant cette obligation-là
ici. C'est très malheureux qu'on ne la sente pas autant ici.
M. Brassard: Est-ce que...
M. Bisaillon (Robert): Pour ça, il va falloir faire un
ménage dans le curriculum. Il va falloir faire un ménage dans le
curriculum, parce qu'une des difficultés, la difficulté
première, je dirais, qu'on n'aurait peut-être pas autrement, vous
savez, c'est que le régime pédagogique du primaire, vous savez
ça, vous qui étiez en éducation, le régime
pédagogique du primaire dure moins longtemps que le nombre de
matières prévues. Et nos régimes pédagogiques ont
été bâtis un peu, je dirais, par sédimentation. On a
ajouté des matières: nouveau besoin, nouvelle matière,
nouveau besoin, nouvelle matière. Et, là, quand on arrive
à dire: II faudrait ajouter une troisième langue, une langue
vivante, la première question, ce n'est pas: Est-ce que c'est utile ou
pas? C'est: Qu'est-ce qu'on coupe? Il y a comme un petit débat à
faire là, hein?
M. Parent: Avec votre permission, Mme la Présidente, juste
une sous-question. Dans votre réponse au premier volet de ma question,
vous m'avez parlé aussi des enseignants, des enseignants qui auront, qui
auraient ou qui ont actuellement la responsabilité ou l'obligation
d'enseigner une langue seconde. Vous avez mentionné que j'ai vécu
près du monde de l'enseignement. Moi, je l'ai délaissé,
mais mes proches ne l'ont pas délaissé et je vis dans ce
milieu-là continuellement. Et une des difficultés que l'on
rencontre au niveau primaire, au niveau secondaire, c'est la connaissance
de
l'anglais, qui est notre langue seconde pour nous les francophones, de
la part des enseignants. Il est arrivé... La majorité des
enseignants et des enseignantes qui ont été élevés,
qui ont grandi ou qui ont cheminé dans la région
métropolitaine de Montréal se débrouillent assez bien et
sont capables de faire les efforts nécessaires, en
général, pour l'enseignement de l'anglais. Il est arrivé
à un certain moment qu'à cause d'un manque d'enseignants à
Montréal, dans les années cinquante à peu près,
1950 ou 1955, on a importé, pas d'une façon péjorative,
des gens de l'extérieur qui n'avaient pas eu, jamais, l'occasion de se
servir de l'anglais dans leur vécu quotidien et qui sont arrivés
dans un milieu plus cosmopolite que celui dans lequel ils étaient
habitués de vivre. Et je remarque aujourd'hui parmi des amis, des
enseignantes et des enseignants, qu'ils ont une peur bleue d'enseigner
l'anglais, parce qu'ils ne connaissent pas l'anglais!
Alors, est-ce que le Conseil de l'éducation se reconnaît
une responsabilité pour conseiller la ministre et le ministère
pour tâcher de remédier à cette lacune-là, laquelle,
je crois, existe? Je ne dis pas que les enseignants ne veulent pas l'enseigner,
mais quand on ne connaît pas une matière, quand on ne la
maîtrise pas pleinement, bien, c'est assez pénible et difficile
pour eux. Et c'est peut-être pour ça que l'horaire n'est pas
toujours respecté. Ça peut être une cause indirecte.
M. Bisaillon (Robert): Je pense que vous avez parfaitement
raison; c'est un facteur, en tout cas, c'est sûrement un facteur
d'explication que le temps minimum n'ait jamais été
respecté, écoutez, comme il ne l'est pas dans d'autres
disciplines aussi, pour des raisons analogues, pas identiques mais analogues.
Par exemple, quand on regarde l'application du régime
pédagogique, on se rend compte de ce qui n'est pas respecté.
C'est les matières à spécialité, bien sûr,
mais d'autres aussi. Alors, les matières à
spécialité, c'est l'anglais, langue seconde, ce sont les arts,
c'est la musique, c'est l'éducation physique, et dans beaucoup de cas,
c'est les sciences humaines et sciences de la nature. Autrement dit, des
disciplines avec lesquelles on n'est pas spontanément à l'aise si
on n'a pas été formé pour enseigner ça. Alors,
ça s'aggrave dans le cas d'une langue, je dirais. C'est ça que
vous voulez dire? Oui, il faut examiner ça. Déjà pour
garantir les 216 minutes, il y a un problème, à mon avis, de
nombre de profs, de masse critique formée déjà. Oui, on
est sensibles à ça et on va en parler.
M. Parent: Mme la Présidente, je n'ai pas mis M. Bisaillon
trop trop dans l'embarras. Je pense qu'il s'en est bien... Je ne vous ai pas
mis dans l'embarras tant que ça.
La Présidente (Mme Harel): En tout cas, s'il
l'était, il s'en est bien sorti.
La parole est au député de Verdun.
M. Gautrin: En termes d'alternance, vous n'avez pas de
questions?
La Présidente (Mme Harel): Je crois que oui, il y a une
alternance.
M. Gautrin: Attendez un instant! Moi, je suis prêt à
intervenir, mais je rentre sur un autre sujet.
M. Brassard: Sur ce sujet-là...
M. Gautrin: Je rentre sur un autre sujet, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Ah! Sur le même sujet.
Bon. Sur le même sujet, je vais donner la parole à Mme la
députée de Chicoutimi. Je veux juste vous dire cependant qu'il y
a un solde du temps et que, à cet égard, je considérerai,
en tout cas pour nos travaux cet après-midi, que l'équipe
ministérielle a un solde au crédit. Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Juste dans le
prolongement de la question qui a été mise sur la table par le
député de Sauvé, j'aimerais que vous nous rappeliez la
teneur des avis que vous avez émis sur l'enseignement de l'anglais,
langue seconde. Et je me rappelle qu'il y avait aussi une question: À
quel moment, à quelle intensité, à quelle période?
Pourriez-vous brièvement nous rappeler quelle était votre
position alors?
M. Bisaillon (Robert): L'avis de 1984 faisait un choix, je
dirais, peut-être pas aussi clair que je vais le traduire, mais quand on
décode pour employer l'expression du député de
Lac-Saint-Jean je pense qu'on peut dire que le Conseil faisait un choix
en faveur de la méthode de l'anglais intensif par rapport à
l'immersion. Ça, c'était très clair.
La deuxième position que le Conseil a prise, en 1986 cette
fois-là, à l'occasion d'une demande d'avis sur un certain nombre
d'amendements au régime pédagogique, mais plus large que la seule
question de l'anglais, le Conseil s'était montré favorable
à l'idée d'ouvrir même au premier cycle du primaire
l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Cette question-là n'est pas
présentement en débat dans le projet de la ministre. (12 h
10)
Mme Blackburn: Pourriez-vous nous dire pourquoi vous aviez alors
privilégié l'intensif plutôt que l'immersion? Et, si je me
rappelle votre avis, vous étiez également contre l'idée de
commencer à enseigner dès la première année du
primaire.
M. Bisaillon (Robert): L'avis de 1986. Mme Blackburn:
L'avis de 1986 ou de 1984.
M. Bisaillon (Robert): L'avis de 1984 porte sur l'anglais, langue
seconde, très clairement...
Mme Blackburn: Oui.
M. Bisaillon (Robert): ...et uniquement sur cette question.
Alors, la raison pour laquelle on choisissait l'intensif plutôt que
l'immersion, c'était relativement... Ça s'appuyait sur quelques
études qui existaient à cette époque-là, et
c'était surtout dans le contexte très clairement sociopolitique
de la protection du français, ou du message qu'on devait envoyer aux
immigrants, aux gens des communautés culturelles. Le Conseil pensait,
à ce moment-là, que l'immersion envoyait un message plus
troublé, plus brouillé quant à la nécessaire
francisation, nécessaire scolarisation en français.
Mme Blackburn: Est-ce que cette impression demeure quant à
l'immersion?
M. BisaiHon (Robert): Vous allez voir ça au mois de
décembre, si vous permettez.
Mme Blackburn: Mais vous aviez également, si je me
rappelle, donné un avis sur le moment de commencer l'enseignement.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
Mme Blackburn: II me semble que vous vous étiez
exprimé contre l'idée qui circulait à l'époque de
commercer dès la première année du primaire.
M. Bisaillon (Robert): À moins que je ne me trompe
moi-même beaucoup, ayant relu cet avis-là la semaine
dernière...
Mme Blackburn: Ah bon, alors, vous ne devriez pas vous
tromper.
M. Bisaillon (Robert): Mais, me gardant quand même la
possibilité d'errer, il me semble que le Conseil ne voyait pas
d'inconvénient à ouvrir au premier cycle du primaire la
possibilité de l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Je ne dis
pas en première année, je dis au premier cycle du primaire.
La Présidente (Mme Harel): Avec consentement...
Mme Blackburn: J'aurais une courte question, mais comme c'est sur
d'autres sujets...
M. Brassard: Une courte question...
La Présidente (Mme Harel): Sur le même sujet?
M. Brassard: ...là-dessus, très courte. Vous venez
tout juste de dire que votre avis de 1984 reposait sur quelques études.
Je me souviens, j'en avais pris connaissance, il n'y a pas tellement longtemps.
Pour ce qui est de votre avis qui s'en vient là, donc, depuis 1984,
est-ce que depuis 1984 il s'est fait d'autres études sur cette
question-là? Est-ce que vous allez pouvoir vous appuyer sur d'autres
études? Parce que j'imagine que, comme Conseil, votre avis va surtout
s'appuyer sur des motifs d'ordre pédagogique.
M. Bisaillon (Robert): II ne s'est pas fait beaucoup
d'études supplémentaires. Ce qu'il faut comprendre, c'est que la
question de l'immersion, elle est très documentée dans le
contexte nord-américain, dans le cas du français, langue seconde.
C'est ça qui est documenté. Alors, il y a beaucoup
d'études, d'excellentes études, du Canada anglais, en
particulier, mais on ne peut pas considérer que l'immersion se pratique
pour les mêmes raisons, selon les mêmes paramètres et avec
les mêmes conséquences dans ce contexte-là qu'au
Québec, ça c'est clair.
Donc, on va aussi regarder, je dirais, le chemin qui s'est produit
depuis parce que c'est ça, les études les plus fiables
que des commissions scolaires ont procédé à des
modèles, à la mise sur pied de modèles d'enseignement
d'anglais intensif pour voir les effets que c'a donnés. Il existe une
étude là-dessus.
M. Brassard: Mais pas sur l'immersion. Au Québec, il n'y
en a pas.
M. Bisaillon (Robert): Bien non, puisqu'il n'y avait pas
d'immersion possible.
M. Brassard: C'est ça.
M. Bisaillon (Robert): Mais il y en a du côté
anglophone. On est questionné aussi sur le français, langue
seconde.
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci. M. le
député de Verdun, nous allons donc entamer une nouvelle question
avec vous.
Imputabilité dans le système
d'éducation
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut... Moi, je veux entrer sur le sujet
du financement et de l'imputabilité. Donc, je vais poser les questions
sur à la fois vos deux rapports, 1991-1992, 1992-1993. Je ne reviendrai
pas sur les questions qui avaient été soulevées par le
député de Lac-Saint-Jean sur les effets des réductions de
personnel pour le Conseil même. Je suis parfaitement conscient des
difficultés que ça peut avoir, quoiqu'il y a des
difficultés dans d'autres éléments.
Je reviens sur l'imputabilité. En 1991-1992, vous parliez de
l'obligation d'imputabilité dans le système. C'est aux pages 37
et 38 de votre document. En 1992-1993, c'est-à-dire l'année
suivante, vous reconstatez le manque d'imputabilité et le frein que
ça fait par rapport à l'évaluation des
établissements. Je reviendrai aussi sur le 6.3.2 sur
l'insécurité du personnel tout à l'heure. Donc,
laissons-les de côté.
Comment vous voyez l'imputabilité dans le système
d'éducation? Alors, vous allez me demander: Ça prend que
chacun... Vous dites implicitement que chacun des secteurs soit plus
responsable. Alors, je comprends qu'il y a des degrés divers de
responsabilité entre le primaire et secondaire, c'est-à-dire le
niveau des commissions scolaires et le niveau des collèges et le niveau
des universités. Autrement dit, j'aimerais vous entendre sur comment
vous voyez Fimputabilité à l'heure actuelle dans le secteur?
Qu'est-ce que vous souhaitiez voir en 1991-1992? Qu'est-ce que vous n'avez pas
vu en 1992-1993? Que faudrait-il faire pour atteindre ce que vous disiez en
1991-1992 et que vous n'avez pas vu en 1992-1993?
M. Bisaillon (Robert): Entre les deux années, si vous
permettez, je ne peux pas dire qu'on a examiné la différence,
là. Je pense que ce qu'on a dit...
M. Gautrin: Donc, en reste sur 1991...
M. Bisaillon (Robert): Je pense que c'est le même discours,
en 1991-1992.
M. Gautrin: C'est ça. Bien, ça veut dire qu'il n'y
a pas grand-chose... Ça veut dire qu'en 1992-1993... Il n'y a pas
grand-chose qui s'est fait depuis 1991-1992.
M. Bisaillon (Robert): Ça veut dire qu'il n'y a pas
grand-chose qui s'est fait à l'échelle du système, mais de
façon tellement claire, publique et répandue qu'on pourrait dire:
On ne se préoccupe plus de cette question-là.
M. Gautrin: Mais nous nous en préoccupons. Autrement dit,
peut-être que vous...
M. Bisaillon (Robert): Oui, c'est pour ça que je dis: II
faut encore s'en préoccuper. C'est pour ça qu'on en a fait un
chapitre cette fois-là...
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): ...du rapport annuel. Donc, on dit: C'est
encore une question extrêmement importante, parce que c'est la seule
façon, l'évaluation générale je parlerai de
l'imputabilité, là, parce qu'il faut situer ça par rapport
à l'évaluation qu'on puisse revenir de façon un peu
essentielle et pas juste accessoire sur nos pratiques, sur ce qu'on fait, de
pouvoir corriger des trajectoires et de pouvoir rendre des comptes
publiquement. C'est la seule façon, si on évalue, de faire
ça. Il n'y en a pas d'autres. Et on serait porté à dire
que moins il y a ce type d'évaluation là de l'intérieur du
système, plus on se livre pieds et poings liés à des
évaluations externes qui parfois ont, à leur face même, des
faiblesses scientifiques, mais qui passent la rampe parce qu'elles sont les
seules qui existent.
Alors, là, l'imputabilité, comment situer cette
exigence-là dans un système d'éducation à plusieurs
étages dont vous avez parlé? Bon, bien, c'est nettement en regard
du niveau de responsabilité qu'on a. Ce que le Conseil dit, à
toutes fins pratiques, c'est que si tu es juste un exécutant, bien, ton
imputabilité, elle va être très faible. Et c'est celle de
celui qui te donne des ordres qui va être plus forte. Il faut donc qu'on
procède dans le système d'éducation à la question,
au débat sur la centralisation et la décentralisation, pour
savoir quel type de responsabilités on confie aux enseignants, parce
qu'ils parlent beaucoup d'autonomie eux aussi, et donc, en vertu de ça,
à quoi on doit s'attendre.
Ce que le Conseil dit, c'est qu'il faut des intervenants plus
responsables à plus de niveaux du système. D'une certaine
façon, depuis un certain nombre d'années, les enseignants ont
été déresponsabilisés.
M. Gautrin: Tout à fait d'accord.
M. Bisaillon (Robert): II faut cependant être francs avec
eux autres. Si on les responsabilise davantage, ils vont devoir être
davantage imputables. C'est un peu ça le cycle, si vous voulez, ou la
logique. On peut donc penser qu'une commission scolaire qui, ayant
revendiqué pendant un certain nombre d'années je prends un
exemple tout à fait théorique une plus grande part de
taxation locale, devrait être plus imputable par rapport aux
résultats éducatifs dans sa commission scolaire. C'est ça
qu'on veut dire. Et l'imputabilité ne porte pas juste sur le processus,
mais aussi sur les résultats.
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon (Robert): II y a beaucoup de confusion à
l'heure actuelle là-dessus, quand on parle d'évaluation. C'est la
même chose pour un système d'éducation, d'ailleurs. Le
système dans son ensemble doit être imputable. Pour l'être,
il doit être capable de faire une évaluation équitable d'un
certain nombre de résultats. Par exemple, ce ne sera pas des
résultats d'apprentissage nécessairement, ça, c'est des
indicateurs. Autrement dit, un système n'est pas imputable correctement
s'il dit à la population: 45 % des élèves seulement ont
réussi l'examen de français; ça, c'est un indicateur parmi
d'autres. Mais il va être imputable s'il dit: À tel ou tel ordre
d'enseignement, depuis un certain nombre d'années, le niveau de
diplômés progresse. On est capables d'évaluer les
changements de programmes chez les élèves. On est capable de
mesurer l'abandon qui est en diminution. Là, il est imputable, il est
transparent, il est capable de parler autant des résultats que des
actions qu'il a posées. Et c'est ça qui permet des corrections de
trajectoire. C'est le même principe qui vaut pour un
établissement, pour une commission scolaire, pour un collège,
pour une université. Et je serais porté à dire: Plus tu es
financé par le public, plus tu es imputable devant ce public-là.
Et je présume que, pour les universités,
plus la partie de leur financement va venir des frais de
scolarité, plus elles vont être imputables devant les
étudiants du type de formation qu'elles leur donnent. C'est un petit peu
ça, le genre de raisonnement. (12 h 20)
M. Gautrin: Je reviendrai sur les frais de scolarité tout
à l'heure. Vous parlez donc d'une grille d'analyse de
l'imputabilité. Moi, ça m'intéresse un peu ce que vous
dites sur comment vous voyez qu'on soit en mesure d'évaluer chacune des
institutions. Vous savez que cette commission va devoir entendre chacune des
universités, qui est probablement dans le secteur des trois niveaux
d'enseignement, celui qui est, disons, le degré maximum d'autonomie.
Qu'est-ce que vous nous suggérez d'évaluer
particulièrement, en termes de l'imputabilité ou de
dépense des fonds publics? Vous avez commencé à aller dans
cette direction-là, à titre d'exemple. Si vous voulez...
M. Bisaillon (Robert): Si on parle d'un établissement en
particulier?
M. Gautrin: C'est-à-dire, nous avons la
responsabilité de regarder l'imputabilité de chaque
établissement universitaire... C'est-à-dire, chaque
établissement universitaire va, dans le cadre de sa gestion du
personnel, de la manière dont elle dépense les fonds publics,
venir témoigner devant cette commission. Qu'est-ce que vous nous
suggérez de... Quels sont les grands points sur lesquels on devrait
intervenir? Autrement dit, je vous demande quelles sont les questions qu'on
doit poser. Ha, ha, ha!
M. Bisaillon (Robert): Ce n'est pas un livre de recettes;
cependant, je veux bien répondre...
M. Gautrin: Non, non, je suis bien conscient. Écoutez, je
ne niaise pas avec vous.
M. Bisaillon (Robert): La première évaluation qu'un
établissement doit garantir, c'est l'évaluation institutionnelle.
Je vais prendre une image, si vous permettez. Elle doit être capable de
dire: Si les élèves réussissent chez nous, ou les adultes
réussissent, ça doit être un petit peu à cause de ce
qu'on fait, sinon, s'ils échouent, ce n'est pas notre
responsabilité. Ça marche dans les deux sens. Donc, qu'est-ce qui
fait que, dans un établissement, on peut faire un lien entre la
réussite ou l'échec des élèves on va parler
de réussite, plutôt et les actions qu'on pose? D'abord,
est-ce qu'on a des politiques relatives à l'évaluation des
apprentissages des élèves sur lesquelles on s'entend? Est-ce
qu'on a des politiques relatives à l'évaluation des programmes
dans le cas d'une université? Est-ce qu'on a des politiques relatives
à l'évaluation des enseignements? Parce que, il y a au moins
ça qui se passe dans une université ou dans une école: il
y a des élèves, il y a de l'enseignement, il y a des programmes,
il y a des savoirs. Mais plus que ça. Il faut regarder aussi: Est-ce
qu'on est capables de comprendre les cheminements de nos étudiants dans
nos écoles? Qu'est-ce qui fait qu'il y a des déplacements de
masse critique? Je vais prendre l'exemple d'un collège. Qu'est-ce qui
fait que, après une session, il y a 40 % des jeunes qui changent de
programme? Ça se passe chez nous. On va dire: Ça se passe dans
l'ensemble du réseau. C'est vrai. Mais chez nous, comment se fait-il que
ça se passe comme ça? Qu'est-ce que je fais pour comprendre mieux
ces choses-là? Est-ce que je dispose d'indicateurs? Les indicateurs, ce
n'est pas la même chose que le jugement. Est-ce que j'ai les moyens de
comprendre ce qui se passe d'abord chez nous? Qu'est-ce que j'ai mis en place
pour ça? Et, finalement, est-ce qu'il y a des moments, des occasions
structurées où, ayant réuni un certain nombre
d'indicateurs, ayant examiné mes politiques, je porte un jugement sur
l'action que je fais? Bon. C'est ce qu'on appelle «l'évaluation
institutionnelle». J'essaie de couvrir...
Et l'évaluation institutionnelle, elle prend en compte aussi les
ressources qu'on a, et elle prend en considération les politiques qui
sont déterminées ailleurs, si les politiques sont
déterminées ailleurs. Ça, c'est aussi important. C'est ce
qu'on appelle généralement «l'efficience». Il faut
qu'on ait une évaluation différenciée du système.
Moi, je suis un de ceux qui prétendent qu'un collège qui
n'accepte que des étudiants de troisième tour, ne peut pas
être jugé de la même façon qu'un collège qui
n'accepte que des étudiants de premier tour. Or, malheureusement, dans
l'opinion publique, on les met sur le même pied. Et peut-être que,
si on différenciait de cette façon-là, et peut-être
que si on différenciait dans une institution même les
élèves qui ont un handicap, pas physique, intellectuel, mais qui
ont des caractéristiques socioculturelles qui les amènent
à accuser des retards, on investirait davantage ou différemment
par rapport à ces élèves-là que par rapport
à un élève moyen qui n'existe pas, de toute façon.
Et ça, c'est vrai dès le préscolaire et le primaire.
Alors, c'est ce genre d'évaluation seul qui peut permettre de dire: Je
suis réellement responsable de ce qui se passe chez nous. Et qui
pourrait même permettre à une institution de dire: Cependant, de
cela, je ne suis pas responsable, parce que ça dépend juste de
l'extérieur. Mais, actuellement, on ne le sait pas. C'est une
espèce de jugement indifférencié, très laxiste
aussi, sur nos capacités.
Dernier objectif qu'on poursuit ce n'est pas un objectif
d'imputabilité, je ne vous le cacherai pas comme Conseil
supérieur de l'éducation, c'est plus un objectif d'appropriation
professionnelle par les gens des gestes qu'ils posent. Et ce n'est pas rien, ce
n'est pas rien. En particulier, on découvre que quand tu es capable de
comprendre ce qui s'est passé, tu es bien plus responsable de ton
métier, tu as bien plus de pouvoir sur ce que tu fais et donc, tu as
plus de pouvoir de le changer aussi quand il ne fait pas ton affaire ou de
changer ce qui ne fait pas ton affaire. Sinon, bien, c'est ce qu'on disait dans
le modèle de gestion, c'est des consignes, c'est des normes, c'est des
règlements, et tu as l'immunité si tu appliques ça. Donc,
on s'en va vers
une professionnalisation, je dirais, et de l'enseignement et de la
gestion, avec ce genre d'exercice là. Donc, évaluer pour
s'améliorer et évaluer pour rendre compte.
Insécurité des personnels face à
l'évaluation du travail
M. Gautrin: Si vous permettez que je continue, il reste cinq
minutes. Je veux rentrer sur un point que vous dites, parce qu'il y a un lien
direct avec ce que vous venez dire. Page 57, rapport 1992-1993,
l'insécurité des personnels. Autrement dit, vous nous dites...
Est-ce que c'est une position qui est théorique que vous nous dites?
C'est-à-dire que, si on fait de l'évaluation, le monde est
toujours un peu insecure parce qu'on fait de l'évaluation. Ou est-ce que
vous avez perçu réellement, actuellement, une
insécurité dans le réseau, que ce soit au niveau primaire,
secondaire, collégial ou universitaire, face à une
évaluation? Et surtout, compte tenu du fait que, malgré tout,
dans la majeure partie des établissements, il y a une forme de
sécurité d'emploi et de protection, protection de l'emploi.
Je m'excuse, Mme la Présidente, est-ce que... Là, on est
repartis dans un débat qui est important, mais on suspend à
quelle heure?
La Présidente (Mme Harel): À 12 h 30.
M. Gautrin: Alors, j'imagine que vous allez peut-être...
Parce que vous allez commencer une réponse et, après, vous allez
être coupé à 12 h 30. Peut-être qu'on pourrait
reporter à...
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. Bisaillon, vous vouliez
dire quelque chose?
M. Gautrin: À moins que ce soit court votre
réponse, mais j'imagine qu'elle ne le sera pas.
La Présidente (Mme Harel): Ce n'est pas un reproche
là qui vous est fait.
M. Bisaillon (Robert): II y a une pression pour la faire courte
là.
M. Gautrin: Mais non, pas du tout! Au contraire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Au contraire! Au contraire! Au contraire!
M. Bisaillon (Robert): ii y a tout à fait une
insécurité qui n'a rien à voir avec la
sécurité d'emploi. si j'étais président de
syndicat, je vous dirais: dans le cas où 30 % des gens sont à
statut précaire, oui, il y a un rapport. mais, comme président du
conseil, je vous dirai plutôt que l'insécurité est due
à l'utilisation qu'on fait de l'évaluation, non pas pour
congédier quelqu'un, mais par rapport à sa perception, à
lui, professionnelle de ce qu'il fait. Oui, il y a une
insécurité. D'abord parce qu'on ne maîtrise pas les outils
d'évaluation; c'est la première chose. On n'est pas
instrumentés pour faire de l'évaluation institutionnelle. Alors,
n'importe quel apprenti sorcier peut se servir de ça. C'est ça
que le monde a dans la tête, là. Je ne vous dis pas qu'ils ont
raison.
M. Gautrin: Donc, ils sont insécures face au type
d'évaluation qu'on peut faire, c'est ça, mais pas au principe de
l'évaluation.
M. Bisaillon (Robert): Moi, je pense qu'il y a de
l'insécurité par rapport à tout ce qui est nouveau.
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon (Robert): Bon. Mais, en soi, ce n'est pas pire,
l'évaluation, que d'autres choses. Mais oui, il y a une
insécurité quant à l'utilisation de l'évaluation,
quant à la capacité de la mener correctement et quant au jugement
qui va être porté sur ce que je suis comme professionnel. C'est
ça qui, à mon avis, explique beaucoup, beaucoup la
résistance au changement.
Le jour où quelqu'un a découvert que, dans un processus
d'évaluation où il était partie prenante, ça l'a
aidé à mieux comprendre le cheminement de ses étudiants et
à corriger des trajectoires, ça change beaucoup de choses.
Comprenez-vous? Mais ce genre d'évaluation là...
M. Gautrin: Évaluation formative.
M. Bisaillon (Robert): Elle n'est pas courante dans le
système. Elle n'est pas courante. On évalue via les
résultats d'examens. C'est un indicateur, mais ce n'est pas
suffisant.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vous remercie. Nous
allons suspendre et nous reprendrons à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 38)
Le Président (M. Gobé): La commission de
l'éducation reprend maintenant ses travaux. Je vous rappelle rapidement
le mandat, qui est de tenir une audition du Conseil supérieur de
l'éducation. Alors, la parole était à M. le
député de Verdun. Alors, M. le député de Verdun,
vous avez donc la parole.
Responsabilisation des intervenants
M. Gautrin: Merci, M. le Président. J'ai deux sujets que
je voudrais toucher. Là, j'ai un petit point,
donc je vais intervenir, toujours sur le contenu de votre rapport, aux
pages 58 et 59. À 6.3.4, vous déplorez ce que vous appelez,
disons, un certain corporatisme à l'intérieur des tenants de...
dans le monde de l'éducation, vous appelez ça «la culture
de la démission et de la tolérance». Par cela, vous voulez
décrire le fait où on tâche toujours d'abrier dans le
système les individus qui sont parfois moins performants que d'autres
ou, sinon, déviants. En même temps, à 6.4.2, vous demandez
que les intervenants et intervenantes à tous les paliers soient plus
responsables. Alors, je me demande s'il n'y a pas une contradiction entre les
deux. Vous constatez un fait et, ensuite, vous demandez qu'on ait plus de
responsabilités transmises, disons, aux paliers inférieurs et aux
établissements, dans ces cas-là. Est-ce que vous n'avez pas peur
que tout ce que vous appelez et je vais prendre vos propres termes
«la mentalité ou la culture de la démission et de la
tolérance» soit telle qu'on ne puisse pas réellement
«dévaloir» des responsabilités aux intervenants aux
différents paliers du système?
M. Bisaillon (Robert): Bon. Il faut faire un certain nombre de
nuances, mais on a été assez brutaux, comme vous pouvez le
constater.
M. Gautrin: Oui, j'ai remarqué.
M. Bisaillon (Robert): Bon. Je pense qu'il faut dire les choses
comme elles sont. On a vécu dans un système qui, malgré
ses grands avantages et ses acquis, a entraîné une certaine, je
dirais, individualisation, pour ne pas dire privatisation des gestes qu'on pose
et, pourvu qu'on se conforme aux normes, à l'apparence extérieure
des choses, on a une certaine immunité. Ça, on a
dénoncé ça dans le rapport annuel sur la gestion.
Ça produit des gens qui sont un peu déresponsabilisés et,
donc, qui ne se sentent pas de responsabilités par rapport à ce
que vous appelez «des cas déviants», dont on dit cependant
qu'ils sont exception. (15 h 40)
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon (Robert): Ils existent, mais ils sont exception.
Alors, est-ce que, passer à un système où on donne plus de
responsabilités aux individus, aux établissements, ça va
rendre les gens plus responsables, finalement? Oui, parce que, si c'est fait de
façon claire et si c'est évident pour tout le monde dans le
système, par exemple, qu'une école a maintenant des
décisions à prendre, et non pas juste des décisions
à exécuter, qu'elle doit rendre compte des résultats, les
gens vont devoir trouver les moyens entre eux pour, je ne dirais pas
«performer» davantage, mais comprendre davantage les gestes qu'ils
posent et leurs résultats. Et c'est dans ce sens-là qu'on pense
qu'une imputabilité est toujours plus grande...
M. Gautrin: Donc, c'est bien un concept
d'im-putabilité.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Gautrin: Donc, ça touche les questions qu'on avait
abordées dans la matinée.
M. Bisaillon (Robert): Oui, oui, et à la
responsabilité. Il est à peu près normal, dans un
système où les individus comptent très peu mais ce qu'ils
font compte davantage, que ces individus-là se sentent responsables et
libres et, donc, qu'ils rendent des comptes. Ils disent: Je fais ce que tu me
demandes de faire, ce que le système me demande de faire, je ne suis
donc pas responsable.
Dans un système où l'école a plus d'importance, les
gestes qu'une communauté éducative pose deviennent plus
signifiants dans la communauté même, et les gens sont plus, je
dirais, sont plus obligés moralement d'en rendre compte. C'est dans ce
sens-là qu'on... Et, entre eux aussi, entre eux. Tandis qu'actuellement
il y a une espèce de corporatisme qui existe, qui est normal. On a dit
aux gens: Spécialisez-vous, devenez des experts dans un domaine. Alors,
moi, je suis l'expert dans mon domaine; toi, tu es l'expert dans ton domaine;
on n'a pas à se critiquer ou à se confronter.
M. Gautrin: Je vous remercie. M. le Président,
peut-être que le député de Lac-Saint-Jean veut intervenir.
Moi, je reviendrai après. Je me mets quand même sur la liste pour
intervenir après sur les questions qui toucheront spécifiquement
la partie de votre rapport qui touche le financement du réseau.
Le Président (M. Gobé): Pas de problème. M.
le député de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
Financement de l'éducation
M. Brassard: Je voudrais, un peu dans la même
foulée, aborder toute la question du financement de l'éducation.
Dans vos deux derniers rapports, vous abordez cette question. Dans le dernier
en particulier, vous énoncez un certain nombre de principes qui, je
pense, devraient faire consensus. D'abord, le rôle stratégique de
l'État en matière de financement, donc un leadership de
l'État qui ne doit pas être remis en cause, et deux autres
principes qui réapparaissent capitaux. C'est la notion de service
public, l'éducation comme service public, et qui, donc, de ce fait, doit
demeurer ou redevenir, si ce n'est pas le cas, une priorité de
société. Et l'autre principe qui m'apparaît tout aussi
important, c'est l'éducation vue comme un investissement beaucoup plus
que comme une dépense. Vous dites que l'éducation est mieux
qu'une dépense, c'est un investissement à moyen et long termes.
Bon. Je pense que c'est important qu'on s'entende sur des principes en
matière de financement de l'éducation.
M. Gautrin: II y en a deux autres de plus, aussi, que vous n'avez
pas cités.
M. Brassard: Oui, il y en a deux autres: la mise en
évidence de la vérité des coûts et un financement
qui permet des réponses éducatives
différenciées.
On sait que, depuis quelques années, pour toutes sortes de
raisons, on a vu se multiplier les restrictions budgétaires, les
compressions budgétaires, une réduction des ressources dans le
système de l'éducation, ce qui fait, d'ailleurs, que les
principaux acteurs, que ce soit du côté des enseignants ou des
fédérations des commissions scolaires, depuis surtout deux ou
trois ans, proclament que c'est trop, qu'ils ne sont plus en mesure d'encaisser
de nouvelles restrictions, que ça risque même de compromettre la
qualité de l'éducation et d'empêcher d'atteindre les
objectifs qu'on se fixe en matière de réussite éducative.
Il y a enfin la loi 198, dont on a parlé cet avant-midi, qui arrive dans
le décor également en termes de réduction de
personnel.
Alors, à partir des principes en matière de financement,
qu'on retrouve dans votre dernier rapport, est-ce que vous êtes en mesure
de dire actuellement que le système d'éducation, que le niveau
des ressources financières dans le système d'éducation ne
peut plus diminuer? Est-ce que, actuellement, comme Conseil supérieur de
l'éducation, vous évaluez que le système
d'éducation ne peut plus encaisser de nouvelles compressions et qu'en
vertu des principes dont je viens de parler il faut à tout le moins
stopper le processus de compression et de réduction des ressources,
sinon ça compromettrait les objectifs mêmes du système et
la mission même de l'école?
M. Bisaillon (Robert): C'est une question difficile dans la
mesure où on rencontre deux mouvements contradictoires dans les
systèmes publics d'éducation en Occident à l'heure
actuelle. Le Québec n'échappe pas à ça. D'une part,
on a fait le plein des clientèles. Depuis 10 ans, on a fait constamment
le plein des clientèles, en particulier, les adultes. Une personne sur
deux qui fréquente le système d'éducation aujourd'hui,
c'est un adulte, un ou une adulte. Et au moment où on fait le plein des
clientèles, au moment où il y a des nouvelles demandes qui
viennent, sur le plan de la scolarisation, de toutes les couches de la
société, au même moment on assiste à une crise de
financement. Alors, il faut noter que c'est ça le contexte dans lequel
on se trouve. Puis au même moment on dit: C'est le savoir qui est le
facteur clé pour l'avenir des individus et des sociétés,
c'est l'accès au savoir. Je veux bien croire que ça peut se faire
en dehors de l'école, l'accès au savoir, mais il reste que les
choix historiques au Québec, ça a été que
l'accès au savoir passe par un système public d'enseignement,
même en formation professionnelle. Et je rappelle que tous les principes
auxquels vous avez fait référence depuis tantôt, ils sont
sous un chapeau, si vous voulez, ou un chapitre, une partie de chapitre qui
s'appelle «La sauvegarde des acquis de financement». Ça
laisse entendre que, aller plus loin, on est en danger.
Maintenant, on est tout à fait conscients, au Conseil
c'est une remarque qu'on n'a pas faite dans ce rapport-là, mais je pense
qu'on l'a faite ailleurs on est tout à fait conscients que le
problème, à l'heure actuelle, il est doublé du fait
qu'à l'intérieur d'une assiette fiscale qui est réduite
les besoins en sécurité du revenu et en santé augmentent
et que le nombre de jeunes qui vont à l'école diminue. Il y
aurait donc c'est comme des plaques tectoniques, ça, là
il y aurait donc des possibilités qu'un arbitrage qui se ferait
sans débat déplace de l'argent purement et simplement de
l'Éducation à la Santé ou à la
Sécurité pour des raisons tout à fait légitimes,
mais qu'on ne voie pas les conséquences à moyen ou à long
terme de gestes comme ça. Bon. C'est ça qu'on a voulu dire
essentiellement là-dessus.
Il y a des acquis de financement qu'il ne faut pas mettre de
côté. Pour savoir ce qui est en danger et ce qui ne l'est pas, on
a quand même coloré un petit peu nos principes par des
propositions qu'on a déjà faites, c'est-à-dire: Nous, tant
qu'on maintient la gratuité à l'enseignement obligatoire, tant
qu'on maintient la gratuité pour les personnes inscrites à temps
plein au collégial et tant que l'État reste le principal bailleur
de fonds de l'université, autrement dit, tant que les gens ne se font
pas refuser l'accès à des formations, surtout s'ils visent un
diplôme, on pense que, compte tenu du pourcentage du PIB qui est
accordé à l'éducation au Québec par rapport
à d'autres sociétés, on peut s'en tirer. C'est là
où on commence à jouer là-dedans que ça devient
dangereux. Vous avez là des clés pour voir si...
Une voix: Si c'est un quorum, une fois; si c'est un vote, deux
fois...
M. Bisaillon (Robert): C'est correct. J'avais terminé.
Une voix:... c'est arrêté.
M. Bisaillon (Robert): C'était fait. J'avais
terminé là-dessus.
M. Brassard: Ce que vous dites, finalement, c'est qu'il ne faut
plus aller plus loin. Si on poursuivait sur cette lancée, là, il
y a danger; à ce moment-là, il y a danger de compromettre la
mission même de l'école et les objectifs qu'on poursuit.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Mais est-ce que vous voyez d'autres façons
d'assurer un meilleur financement de l'éducation au Québec?
Est-ce que vous avez examiné ces possibilités-là? (15 h
50)
M. Bisaillon (Robert): On l'a examinée en éducation
des adultes. Je suis un peu déstabilisé pour répondre
à la question dans la mesure où la ministre n'a pas reçu
l'avis. Mais je peux vous dire l'exercice qu'on a fait, cependant.
Vous savez, quand on parle d'éducation des adultes, on est tout
près de la formation professionnelle aussi, hein. Alors, on a
examiné notre modèle de financement au Québec et on a
découvert qu'il y avait énormément d'argent c'est
en milliards ce qui circule autour de la formation des adultes et on
n'est pas convaincus que le modèle de financement, tel qu'il existe,
optimise, fait profiter le vrai monde de l'argent qui circule. Alors, on va
proposer assez clairement un autre modèle de financement en
éducation des adultes et formation professionnelle. Et c'est facile de
comprendre pourquoi. Quand on examine d'autres systèmes
d'éducation, et on a examiné ceux de la France, de l'Allemagne,
de la Suède et des États-Unis et le système
canadien-anglais qui est différent du système
québécois, on n'a pas le sentiment que c'est un problème
de niveau de financement. On a le sentiment que c'est un problème de
perte d'énergies, de fonds, d'allocations à l'administration du
système par rapport au service direct. Il y a déjà
là... Bon. On pense aussi qu'il y a chevauchement, enfarge entre
différents paliers de gouvernement, entre différents
ministères, entre le haut et le bas, entre des commissions scolaires
entre elles, entre des endroits, une université puis un collège.
Bon, il y a du ménage à faire dans le modèle de
financement, de sorte que... Vous me demandez si on est
préoccupés par ça, je vous dis: Oui, même si...
M. Brassard: Vous faites des propositions dans un avis à
venir, pour bientôt?
M. Bisaillon (Robert): Dans un avis qui va être
publié ce printemps, là. Il a été adopté par
le Conseil. On propose carrément un autre modèle de financement
qui va...
M. Gautrin: Pour les adultes, pour l'éducation des
adultes?
M. Bisaillon (Robert): Oui, mais on touche à la formation
professionnelle, ce faisant, n'est-ce pas? Parce que, actuellement, quand les
adultes reviennent aux études, faut-il se le dire, c'est principalement
en regard de l'emploi, soit celui qu'on veut conserver, soit celui qu'on veut
retrouver, soit celui qu'on veut acquérir. Bon, donc, pour
l'essentiel.
M. Brassard: C'est évident qu'en plus... Vous avez
parlé des chevauchements, des dédoublements; il y a du gaspillage
en plus. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité
du revenu et de la Formation professionnelle évalue annuellement, en
termes de gaspillage, à cause de la présence de deux
gouvernements qui se chevauchent et qui sont dans les mêmes
plates-bandes, à 250 000 000$. M. Bourbeau, là, est très
clair, c'est 250 000 000 $ d'argent gaspillé, imaginez-vous, à
chaque année, c'est considérable!
M. Bisaillon (Robert): Mais on a été entendus ici,
d'ailleurs, sur cette question-là de la formation professionnelle, en
particulier, des chevauchements. Mais, quand on regarde les adultes, ce n'est
pas un moindre problème. On voit encore le même type de
problème. Alors, on pense qu'il y a dans le modèle même de
financement, je ne dirais pas un défaut génétique, mais il
y a des effets pervers qui se sont accumulés, puis il faut regarder
ça.
M. Brassard: Toujours en matière de financement, dans
l'ordre d'enseignement universitaire, une des sources de financement, ce sont
les frais de scolarité, qui ont connu une progression étonnante
et inquiétante depuis quelques années. Si on se fie au dernier
discours sur le budget, l'objectif du gouvernement, qu'il s'est fixé,
c'est d'atteindre le même niveau que dans les autres provinces du Canada,
ce qui nécessiterait une augmentation considérable, encore une
fois. Parce que c'est à 1500 $ en moyenne, à peu près; il
faudrait monter à 2200 $, 2300 $. Une hausse considérable.
Évidemment, les organisations étudiantes affirment que ça
va avoir des effets très nuisibles, dommageables sur
l'accessibilité et sur les conditions financières de
l'étudiant. Alors, pour ce qui est de l'ordre d'enseignement
universitaire, quel est votre point de vue quant aux frais de
scolarité?
M. Bisaillon (Robert): II n'y a pas de point de vue du Conseil,
donc je marche un peu sur des oeufs pour répondre à votre
question, mais je vais quand même tenter de dire par où on devrait
regarder ça. Mais ça n'engage que moi, ce qui ne veut pas dire
que je ne suis pas disposé à en parler au Conseil. C'est
ça que je veux dire.
D'abord, l'objectif du gouvernement de rejoindre la moyenne nationale,
c'est dans un contexte où la moyenne nationale était ce que vous
dites. Mais si la moyenne nationale augmente dans les autres provinces... Moi,
j'ai vu passer un projet, une intention annoncée en Ontario d'augmenter
de 100 % les frais de scolarité. Bien, là, c'est évident
que l'écart entre le Québec vient de grandir au lieu de
s'être rétréci comme ça a été le cas
avec les... Bon. Donc, il va y avoir un débat nouveau à
faire.
La remarque que je ferais, c'est la suivante. Dans la mesure où
les frais de scolarité comme facteur de financement des
universités, ça joue à la marge dans le financement des
universités, ça bonifie une situation ou ça
l'empêche de se dégrader...
M- Brassard: Ça équivaut à quoi comme
pourcentage, à peu près?
M. Bisaillon (Robert): Ce n'est pas considérable. M.
Brassard: Ce n'est pas énorme.
M. Bisaillon (Robert): Actuellement, ce n'est pas
substantiel.
M. Brassard: même pas 10 %1
M. Bisaillon (Robert): Non, non. Ah non!
M. Brassard: Même pas.
M. Bisaillon (Robert): Pour chacun des étudiants,
ça peut être substantiel. Quand on a des enfants à
l'université, on est porté à dire ça, mais,
globalement, ce n'est pas substantiel. Si ça allait le devenir,
autrement dit, si les frais de scolarité passaient d'un facteur
corollaire à un facteur structurel du financement des
universités, moi, je pense que c'est le financement des
universités qu'il faut regarder autrement, au complet. Mais ça,
c'est mon idée personnelle. Et là on se trouve à, je pense
je le dis avec toutes les nuances qu'il faut, je ne suis pas
porte-parole d'une position du Conseil là-dessus je pense
qu'à ce moment-là on encourage la mentalité ou l'attitude
de client chez les étudiants, et il ne faudrait pas se surprendre qu'ils
exigent davantage tel type de formation, tel type d'encadrement.
M. Brassard: À partir du moment où ils osent...
M. Bisaillon (Robert): Ça a du bon et du moins bon.
Ça a du bon dans le sens que oui, nous, au Conseil, on pense que les
étudiants ont besoin d'être plus encadrés, mieux suivis
à l'université. Ça peut être dangereux si les
étudiants, ils veulent un rendement rapide, une formation uniquement
utilitaire qui les amène le plus rapidement sur le marché du
travail en faisant l'impasse ou en faisant l'économie d'une formation
générale qui reste toujours nécessaire, même
à l'université. Alors, vous voyez le débat que ça
ouvre, ça, là, et qu'on n'avait peut-être pas prévu
le jour où on a dit: On va tenter de se rapprocher d'une moyenne, d'une
moyenne nationale. Ça n'aurait pas les mêmes conséquences,
je crois. Donc, je pense qu'il faudrait regarder ça de très,
très, très près.
M. Brassard: Est-ce qu'il ne faudrait pas également
examiner c'est ce que les organisations étudiantes demandent
examiner d'autres formes de financement des études? Il est
question, par exemple, d'impôt postuniversitaire. Est-ce que vous ne
pensez pas que ces avenues-là devraient être mieux
explorées?
M. Bisaillon (Robert): C'est sûr qu'on ne peut pas... Il
faut arrêter de rêver au caractère magique d'une formule
unique. Il faut regarder plusieurs types de modèles. On ne s'en sortira
pas. Sinon, la description bien humble que je faisais tantôt, bien
amateur, en amateur, des problèmes de financement de l'État
versus les besoins sociaux, nous montre bien qu'on est comme en train d'arriver
au bout d'un rouleau, là. Il faut regarder différemment le
financement. Ça me paraît évident. Il faut regarder les
autres modèles, oui. Maintenant, lesquels? Je ne suis pas capable de
vous dire, aujourd'hui, qu'il faut regarder dans telle direction plutôt
que telle autre. Mais il y a des...
M. Brassard: Ça vous intéresserait que la ministre
vous demande un avis là-dessus?
Des voix: Ha, ha, ha! M. Bisaillon (Robert): Je vous
dirai... M. Gautrin: ...ministre de l'Éducation... M.
Brassard: Ha, ha, ha!
M. Bisaillon (Robert): Je vous dirai qu'on ne refuse jamais les
demandes d'avis. Mais il faut bien comprendre ce qu'il y a en dessous de cette
demande-là, ce qu'il y aurait en dessous d'une demande comme ça.
Ça ne questionne pas juste le financement de ce qui serait nouveau, mais
le financement de ce qui est déjà là.
M. Brassard: Mais, compte tenu de l'intérêt de la
question, et de l'importance aussi de la question, comme le Conseil peut, de sa
propre initiative, initier des analyses et des études...
M. Bisaillon (Robert): Comme je vous l'ai souligné...
M. Brassard: ...ça pourrait être le cas.
M. Bisaillon (Robert): Comme je vous l'ai souligné, M. le
député, je vous ai dit que c'était présentement une
lecture personnelle que je faisais, mais j'étais tout à fait
disposé à sensibiliser le Conseil.
M. Brassard: Ha, ha, ha!
M. Bisaillon (Robert): D'ailleurs, j'ai hâte de voir, dans
le retour de la consultation du milieu universitaire que nous faisons
présentement, si, dans les priorités examinées, il y a des
questions afférentes à ce domaine d'activité
là.
M. Brassard: Moi, sur le financement, ça va. Le
Président (M. Gobé): Bon.
M. Brassard: Peut-être une dernière. C'est sur
l'impôt local, là.
M. Bisaillon (Robert): La taxation locale?
M. Brassard: La taxation locale. Est-ce que vous croyez que cette
forme de financement devrait prendre plus d'importance? (16 heures)
M. Bisaillon (Robert): Si on se comprend bien sur le nouveau
partage des pouvoirs qui devrait accompagner
une opération comme celle-là... ce que je comprends, c'est
que, si on augmente la part locale de taxation, ce n'est pas dans le but
d'augmenter en, même temps la part nationale de taxation. autrement dit,
c'est une répartition différente des responsabilités,
auquel cas il faudrait être clair sur le genre de responsabilités
qu'on partage. quand le conseil dit «l'état n'a pas à
s'effacer», l'état a un rôle stratégique à
jouer d'orientation du système de fixation des standards nationaux.
autrement dit, te parant d'une logique d'équité dans la
société, c'est l'etat, ii y a donc un financement qui doit rester
relatif à cette logique. maintenant, on dit: passé un certain
niveau de responsabilité que j'exprime, comme celui-là, on doit
entrer dans une autre logique qui est celle de la différenciation. il;
n'y a rien, il n'y a pas d'instance meilleure qu'un milieu pour régler
des problèmes qui se posent différemment que dans les autres
milieux. mais on ne peut pas prendre ça par le bout du financement, il
faut prendre ça par le bout des responsabilités, avant de savoir:
c'est 10 %, 15 % ou 20% de la taxation? c'est ça le raisonnement qu'on a
fait. on pense que sur la gestion du personnel, sur les programmes
d'enseignement, sur le curriculum, sur les conditions de travail, sur le mode
de financement, ces questions-là constituent des objets de partage
intéressants, mais je ne suis pas sûr que le débat se fasse
comme ça présentement.
Il faudra s'assurer si vous, permettez, je te dis très
franchement qu'on ne recrée pas dans les milieux des
ministères qui reproduiraient, au niveau local, ce qu'on reproche au
ministère de faire par rapport aux commissions scolaires. II ne faudrait
pas qu'on recrée ça par rapport aux écoles. Alors, il y a
un débat à faire là aussi, mais je pense qu'on est
mûrs pour faire ce genre de débat.
M. Brassard: En fait, c'est vers l'école qu'il faut que
les responsabilités se retrouvent, ce qui...
M. Bisaillon (Robert): Sur le plan pédagogique, en tout
cas.
M. Brassard: Eh bien, certainement. Sinon, on va se retrouver
avec des mini-ministères dans chaque commission scolaire, ce qui,
finalement, ne sera pas tellement différent comme vécu, comme
quotidien dans les écoles elles-mêmes. Je me rappelle le document
du Dr Laurin, à l'époque, «L'école
communautaire». Peut-être qu'il était d'une certaine
façon visionnaire. Ça n'avait pas fonctionné, mais
peut-être qu'il était visionnaire dans le sens où
c'était vers l'école, c'était au coeur de l'école
qu'on fixait les responsabilités. C'est là vraiment que... C'est
l'école qui était revalorisée, d'une certaine
façon.
M. Bisaillon (Robert): Un des enjeux là-dedans, c'est un
enjeu de démocratie. C'est de dire; Les moyens qui accompagnent une
nouvelle responsabilité sont surveillés comment
démocratiquement? Le pouvoir local va-t-il rester au niveau de la
commission scolaire, le pouvoir politique? Si on dit que les
responsabilités doivent aller à l'école, il y a quelque
chose à regarder là qui est un petit peu unique dans notre
système par rapport à beaucoup d'autres systèmes.
Ce niveau-là de commission scolaire, qu'on appelle
«l'académie» en France, ici, n'est pas, je dirais,
accompagné de pouvoirs à ce point définis qu'on pourrait
dire: Ils sont prêts à assumer ou à prendre la
relève de ce que le ministère délesterait. II faut, avant,
savoir ce qui va aller dans l'école et ce qui n'ira pas. Et ça
c'est un débat qui n'a jamais été fait, à ma
connaissance. Et là il y a du tiraillage. Nous, on le sait parce qu'on a
les remontées de notre rapport sur la gestion. Et juste par les gens qui
nous invitent, par le type de forum qu'ils nous offrent, on voit très
bien dans les milieux où les commissaires d'école, cadres
scolaires, directeurs d'école travaillent ensemble et où ils
s'arrangent pour ne pas discuter de ça ensemble. Alors, c'est un enjeu
majeur.
M. Brassard: C'est au coeur de votre nouveau modèle de
gestion que vous proposez.
M. Bisaillon (Robert): C'est ça.
M. Brassard: Et on ne peut pas imaginer ce que vous appelez- un
projet d'établissement ou un projet éducatif dans une
école si on n'a pas transféré,
délégué des responsabilités à
l'école, à l'équipe école pour qu'elle puisse,
justement, concevoir et mettre en oeuvre ce projet d'établissement.
M. Bisaillon (Robert): Maintenant, est-ce qu'il est possible
qu'on se dise...
M. Brassard: Le débat n'est pas fait, il n'a pas eu
lieu.
M. Bisaillon (Robert): Non. Et est-ce qu'il est possible qu'on se
dise ici, en toute franchise: Ce n'est pas par manichéisme, c'est
l'ordre politique des choses qu'une structure centralisée ne prend
jamais l'initiative de se décentraliser, sinon en situation où
elle ne peut plus assumer les frais de la centralisation. C'est l'ordre des
institutions qui ont tendance à se reproduire dans toutes les
sociétés. Donc, il faut que ça découle d'une
intention, il faut qu'il y ait une volonté politique, d'une certaine
façon, et c'est pour ça que je disais: Pas juste du
ministère vers les régions, mais d'une commission scolaire vers
les écoles, et pourquoi pas, dans certains cas, sans atomiser, d'une
école vers la classe? Bon. Alors, c'est ça que je veux dire.
Ça ne se passera pas spontanément parce qu'on va découvrir
un jour les vertus de la décentralisation.
M. Brassard: On y reviendra, sur le modèle de gestion. Je
sais que mon collègue voudrait vous parler de financement,
là.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, vous avez la parole.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je vais commencer,
comme le député de Lac-Saint-Jean l'a fait, par rappeler les
principes que vous avez énoncés. Je pense qu'il y a un consensus
autour des principes. Je remarque, d'abord, que vous parlez, par contre, dans
les responsabilités de l'État, de financer l'éducation et
non pas les établissements. C'est un premier point, je vais revenir
là-dessus.
Deuxièmement, vous parlez... et deux derniers principes sur
lesquels mon collègue n'avait pas insisté assez étaient la
mise en évidence de la vérité des coûts et le
financement qui permet des réponses éducatives
différenciées. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a une
réflexion qui se fait, particulièrement chez nos voisins du Sud,
sur ce qu'on appelle le «voucher system», dans lequel, au lieu de
financer les institutions, on financerait les individus, permettant aux
individus de choisir leurs institutions et, à ce moment-là, aux
institutions de fixer le véritable coût, mais ayant, si vous
voulez, un financement individuel, et laisser les jeux du marché pouvoir
à ce moment-là obliger l'imputabilité. Qu'est-ce qu'il y a
de meilleure imputabilité encore que le phénomène de
devoir rendre compte à une forme de clientèle,
c'est-à-dire de voir son financement réellement lié
à une clientèle?
Je comprends bien qu'on ne peut pas aller tout de suite dans une
position comme ça, parce que ça serait une césure beaucoup
trop grande à l'intérieur de notre système. Mais comment
vous vous positionnez sur cette tendance-là, autrement dit, de prendre
cet objectif et de tâcher d'adapter notre système vers cet
objectif, ce qui pourrait remettre en cause toute là question de
financement de l'éducation et j'insiste, vous avez bien dit
«de l'éducation», et non pas «des
établissements» et, éventuellement, d'avoir une
meilleure imputabilité ou responsabilité des institutions?
M. Bisaillon (Robert): Je vais être très franc avec
vous: on n'a pas fait ce débat-là. Je vous le dis.
M. Gautrin: Alors, je vais reprendre la même question que
le député de Lac-Saint-Jean: Je comprends que la ministre ne vous
l'a pas demandé, mais vous pouvez, de votre propre initiative, prendre
des fois certaines études... Et, personnellement, je souhaiterais que
vous étudiiez, justement, cette dimension du financement.
M. Bisaillon (Robert): Je dirais cependant là-dessus que
l'État va toujours devoir décider, je pense,
indépendamment de la réaction des individus, du niveau
d'éducation qui est nécessaire.
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): Ça, c'est fondamental. M.
Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): On ne peut pas laisser ça à
la liberté...
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): ...individuelle, hein?
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): Parce que si on finance les gens seulement
sur leur adhésion à l'idée que l'éducation est
importante...
M. Gautrin: Non, non. On peut débattre longtemps dans
cette direction-là, on peut même admettre que la
responsabilisation de la certification ou de la diplomation peut être
restée à l'État, les organismes formateurs,
c'est-à-dire les différentes... peuvent être en libre
concurrence dans ce cadre-là. On peut penser à des modèles
de ce type-là. Je comprends que vous n'ayez pas réfléchi
sur la question; je vous incite à y penser et à
réfléchir sur la question.
Je voudrais revenir sur les frais de scolarité. L'information que
j'ai, c'est que, malgré les augmentations de frais de scolarité
qu'il y a eu dans les universités, l'accessibilité n'a pas
été remise en question, et, au contraire, bien que nous ayons eu
une augmentation des frais de scolarité ces temps derniers, ça a
eu un effet nul sur l'accessibilité. Est-ce que vous avez les
mêmes informations que j'ai?
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Gautrin: Merci. Dans ces conditions-là, je vous poserai
une question: Est-ce que vous avez réfléchi excusez-moi
d'utiliser un terme économique sur l'élasticité de
la demande, si je puis dire, ou de la réaction des étudiants par
rapport aux frais de scolarité?
Autrement dit, pour l'instant, j'ai l'impression que les frais de
scolarité n'ont quasiment...
M. Brassard: Jusqu'où peut-on étirer
l'élastique?
M. Gautrin: C'est à peu près ça. C'est le
langage simple que répond mon collègue du Lac-Saint-Jean.
Autrement dit, y a-t-il marge encore, d'après vous, en fonction des
études que vous avez dû faire, pour augmenter les frais de
scolarité sans remettre en question le principe de
l'accessibilité, puisqu'on vient de vérifier qu'une augmentation
de frais de scolarité n'a eu aucun effet sur l'accessibilité
à l'éducation?
M. Bisaillon (Robert): Ça n'a eu aucun effet sur
l'accessibilité aux établissements, aux programmes.
M. Gautrin: Oui. (16 h 10)
M. Bisaillon (Robert): Je ne suis pas capable de dire
aujourd'hui, ni en positif ni en négatif, que ça n'a pas eu
d'effet sur la réussite. Ce que je veux dire par là: il est
possible que des étudiants... Je connais des cas, mais je ne veux pas
généraliser.
M. Gautrin: Je comprends. Moi aussi, je connais...
M, Bisaillon (Robert); Bon. Il est possible...
M. Gautrin: Je comprends ce que vous voulez dire: qui doivent
travailler sur le côté. Donc, ils sont obligés de retarder
leur processus éducatif.
M. Bisaillon (Robert): Prendre moins de cours, étirer,
rendre plus élastique la période prévue de
fréquentation scolaire. Ça, à ma connaissance, ça
n'a pas été investigué. Ce serait utile que ce le soit,
d'ailleurs.
M. Gautrin: Est-ce que je peux vous suggérer encore une
deuxième suggestion?
M. Bisaillon (Robert): Ah!
M. Gautrin; D'étudier le lien... Je pense qu'au centre du
débat qu'on a actuellement sur les frais de scolarité il reste
cette question. Tout le monde ici est pour l'accessibilité et, vous
l'avez dit, on partage essentiellement que l'éducation est un
investissement et, dans le développement du Québec de demain, la
qualité de nos ressources humaines, c'est quelque chose d'important.
Mais on est en situation de difficultés financières, comme vous
le savez; donc, jusqu'à quel point il y a possibilité d'augmenter
les frais de scolarité sans remettre en question le principe
d'accessibilité? Je vous suggère de l'étudier. Ce serait,
à mon sens, un élément qui m'intéresserait, moi,
personnellement, et, je pense, qui intéresserait la
société.
Alors, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député. M. Gautrin: Si vous voulez préciser, oui.
M. Brassard: Juste une remarque là-dessus. Les
organisations étudiantes, justement, ce qu'elles réclament
actuellement, c'est ce qu'elles appellent «un moratoire»
là-dessus, d'arrêter, de stopper la hausse et d'étudier la
question, et de l'étudier, entre autres, sous les dimensions
évoquées par le député de Verdun, avant d'aller
plus loin. Parce que si on décide d'augmenter encore assez
substantiellement les frais de scolarité sans qu'on ait fait ces
analyses et ces études, là, on risque de se retrouver avec une
situation difficile et on risque, justement, de voir que l'accessibilité
a été affectée. Puis, on ne l'aura pas prévu parce
qu'on n'aura pas examiné attentivement toute la question avec les
dimensions évoquées, indiquées par le collègue de
Verdun. C'est ce que les organisations étudiantes réclament
actuellement...
M. Bisaillon (Robert): Nous-mêmes, on l'avait...
M. Brassard: ...un moratoire pour un temps, justement pour
regarder attentivement la question.
M. Gautrin: Mais l'étude ne doit pas prendre
nécessairement six mois. Ça peut se faire...
M. Bisaillon (Robert); Non, non, à mon avis, c'est... Oui.
Le Président (M. Gobé): Avant les
élections.
M. Gautrin: Ça peut se faire assez rapidement, une telle
étude.
M. Bisaillon (Robert): Le Conseil, l'an dernier, avait
proposé d'ailleurs à la ministre d'évaluer l'impact
réel de la hausse des droits de scolarité sur l'accès, la
fréquentation et la persévérance des clientèles
étudiantes à l'université on peut dire au
collège aussi compte tenu des objectifs de scolarisation retenus;
parce que ça, c'est une autre question.
Si on dit qu'on veut augmenter de cinq points, par exemple, la
diplomation à l'université ou la fréquentation à
tel âge pour être à niveau avec les sociétés
qui sont nos voisines, par exemple, l'Ontario, il faut moduler aussi les
opérations qu'on fait en matière de droits de scolarité en
fonction de cet objectif-là. Alors, nous-mêmes, on l'avait
proposé, et on pense qu'un ministère dispose de ces
informations-là.
M. Gautrin; Excusez-moi. Vous l'avez proposé et vous l'avez
commencé?
M. Bisaillon (Robert): On l'a proposé au ministère,
à la ministre. Parce que l'impact réel...
M. Gautrin: Vous avez proposé au ministère de faire
l'étude?
M. Bisaillon (Robert): Oui. M. Gautrin: Je comprends.
M. Bisaillon (Robert): Parce qu'il y a un département de
services aux étudiants. Pas de services aux étudiants, mais pour
les frais de scolarité. Les universités aussi ont des outils
institutionnels pour suivre des cohortes d'étudiants.
M. Brassard: Des données statistiques.
M. Bisaillon (Robert): Oui. On pense qu'il y a
moyen. Sur le qualitatif, c'est plus, je dirais, délicat, dans le
sens qu'il faut aller questionner du monde pour savoir, au-delà du fait
qu'ils n'ont pas quitté l'université même si on a
augmenté les frais de scolarité: Est-ce que ça a
changé leur façon de suivre les études?
M. Gautrin: Absolument. M. Bisaillon (Robert):
Voilà!
M. Gautrin: Je pense que le député de Rimouski
voudrait ajouter quelque chose, M. le Président.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, sur le même...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Terrebonne avait fait savoir qu'elle désirait
intervenir. C'est le même sujet probablement?
M. Tremblay (Rimouski): C'est sur le même sujet, moi.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on est sur le
même sujet, tout le monde?
Mme Caron: Non.
Le Président (M. Gobé): Non? Bon!
M. Tremblay (Rimouski): On est toujours sur les frais de
scolarité, oui?
Le Président (M. Gobé): Alors, si tout le monde est
d'accord, on peut vous laisser finir sur ce sujet-là.
M. Tremblay (Rimouski): C'est juste quelques...
Le Président (M. Gobé): Puis, on reviendra
après à Mme la députée de Terrebonne.
M. Tremblay (Rimouski): Si jamais vous entreprenez, je ne sais
pas, une étude au niveau de la hausse des frais de scolarité, il
faudrait parallèlement tenir compte du régime de prêts et
bourses que nous avons, forcément.
M. Bisaillon (Robert): Forcément.
M. Tremblay (Rimouski): Et c'est là où, vraiment,
on peut avoir une compensation sur la hausse des frais de scolarité au
niveau de l'impact de l'accessibilité. Moi, j'avais pris des notes
lorsqu'on a tenu une commission parlementaire. En 1990, ça donnait 82
000 000 $ de plus aux universités au niveau du financement. En 1990. Et
il y a eu indexation de cette somme. Alors, ça donne un peu de marge de
manoeuvre aux universités.
Et lorsque vous faites un parallèle avec l'Ontario, les frais de
scolarité en Ontario ont donné à l'État 300 000 000
$. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas donné à l'État,
mais ils ramassent 300 000 000 $, et nous, ici, au Québec, c'est
seulement 75 000 000 $. Si vous me dites que l'Ontario a l'intention de
doubler...
M. Bisaillon (Robert): J'ai vu passer ça...
M. Tremblay (Rimouski): ...imaginez-vous l'écart qu'il va
y avoir encore, là!
M. Bisaillon (Robert): J'ai vu passer ça comme projet
pendant l'été, mais je ne sais pas où c'est rendu. Mais
c'est sûr qu'il faut regarder ça.
M. Tremblay (Rimouski): II faut le regarder dans toute sa
dimension.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Gautrin: J'ai encore une question à poser sur le
financement, si vous me le permettez.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui, allez-y. Vidons
le sujet.
M. Gautrin: Je voudrais rentrer sur une dernière
idée que vous soulevez, qui, d'ailleurs, est assez populaire dans le
milieu étudiant, qui est... Je passe à la page 64, le financement
des universités, dernier paragraphe: Les entreprises pourraient
également être encouragées à contribuer,
étant donné les avantages qu'elles retirent d'avoir des personnes
formées, etc.
Autrement dit, vous pensez à un impôt, j'imagine, ce qui se
passe en France ou dans d'autres pays d'Europe, un impôt sur la masse
salariale qui soit directement dédié au financement des
universités. C'est à ça que vous pensez? C'est quoi,
exactement, que vous envisagez là-dedans? Parce que les entreprises
contribuent déjà, parce qu'elles contribuent au financement
général de l'État par le biais de leurs taxes et de leurs
impôts, au financement des universités.
M. Bisaillon (Robert): Oui. On pourrait dire aussi les
individus.
M. Gautrin: Les individus, absolument.
M. Bisaillon (Robert): Tous les individus contribuent aussi.
Bon.
M. Gautrin: Tous les individus y contribuent, etc. Oui.
M. Bisaillon (Robert): Ce qu'on a constaté...
M. Gautrin: Donc, je voudrais savoir à quoi vous pensez
exactement, là-dedans?
M. Bisaillon (Robot): Nous, ce qu'on pense dans le rapport
sur la formation professionnelle, on était plus clairs pour ce
qui est de la formation professionnelle, il nous semble que les mesures
incitatives ne produisent pas une conversion qualitative de la part des
entreprises pour faire de la formation. Le choix historique qu'on a fait au
QuéTîec de confier au système d'éducation la
formation professionnelle, ça s'est traduit malheureusement, dans les
faits, par: On a fait ce choix-là, on ne veut pas payer une cent de
plus. On paie déjà par nos impôts. Faites-le. Faites-le,
vous! Alors qu'on sait très bien qu'il y a des petites et moyennes
entreprises qui ne sont pas capables, qui sont dans le trou, qui ne sont pas en
mesure de le faire.
M. Gautrin: O.K.
M. Bisaillon (Robert): II faut donc arriver c'est une
forme de redistribution sociale, je veux bien croire d'une certaine
façon à les inciter à faire de la formation. Quand on a
étudié le système de financement en France, on a
constaté qu'une industrie petite, moyenne ou grande qui
déciderait, une année, de ne pas se prévaloir de sa part
de la masse salariale prévue pour faire de la formation, se voit quand
même enlever ce montant-là qui est déposé dans un
pot commun pour de la formation ailleurs.
Est-ce que je peux vous dire que c'est plus qu'un incitatif, ça?
Il n'y a pas grand monde qui n'en fait pas, de formation, dans ce
temps-là. Bon. Il y a des choses à regarder du côté
du financement, je pense. Si on veut sortir de la rhétorique voulant
qu'on forme mal notre monde, mais qu'il faut continuer à les former dans
les écoles, si on veut sortir de ce genre de discours qu'on entend trop
souvent, qui est un discours, à mon avis, totalement creux, il faut
arriver à ce que tout le monde soit responsable, d'une certaine
façon, de la formation, y compris dans le financement. Je pense que
c'est vers ça qu'on doit aller.
M. Gautrin: Si vous me permettez, M. le Président. Ce que
vous touchez, c'est essentiellement la formation professionnelle, dans votre
esprit. Les incitatifs fiscaux qui ont été inclus dans les
derniers budgets pour favoriser la formation professionnelle, non pas en termes
de surtaxe, mais, disons, en termes de dégrèvement de taxes,
est-ce que, d'après vous, ça a eu les effets
escomptés?
M. Bisaillon (Robert): Ça n'a pas eu les effets... Bien,
ça a eu des effets, mais ça n'a pas eu les effets de changer la
mentalité de l'entreprise par rapport à la formation, de
façon générale. Il n'y a pas de problème avec la
grande entreprise: elle n'aurait pas d'incitatif qu'elle en ferait quand
même. Elle peut se permettre d'en faire. Mais c'est la petite et moyenne
entreprise qui, au-delà des incitatifs, qui, au-delà des
incitatifs financiers, a peur de se faire voler son monde une fois
formé. Elle dit qu'elle ne peut pas se permettre d'interrompre la
chaîne de production pour aller former du monde. Il y a un paquet de
facteurs, là, très structurants, de l'organisation du
travail.
On pense, nous, que le rapprochement, juste le rapprochement entre les
institutions d'enseignement et les industries, qui permettrait de faire des
stages, réciproquement pendant qu'un technicien est en formation
dans une école, un enseignant pourrait être en formation dans une
industrie ce genre de démarche-là, conjointe, ça
serait une façon d'atténuer les coûts de la formation.
Mais, si on laisse aller ça, il ne s'en fera pas dans 10 ans, encore une
fois, et on constatera les dégâts. Mais ça, je m'excuse, je
suis un peu brutal quand j'en parle, mais, pour nous, au Conseil, ça
fait 10 ans qu'on dit ces choses-là et on n'a pas vu une grosse
évolution. (16 h 20)
M. Gautrin: C'est intéressant ce que vous dites.
Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. C'est tout sur les frais de scolarité?
M. Gautrin: Pour moi, ça termine. Et, d'ailleurs, j'ai
commencé à dévier, parce qu'on aurait pu rentrer sur la
formation professionnelle qu'on pourra aborder après.
Le Président (M. Gobé): Bon.
M. Gautrin: Mais, pour moi, sur le financement, ça
termine.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Terrebonne, c'est à vous maintenant.
Durée du processus de consultation
Mme Garon: Merci, M. le Président. Je n'avais pas
l'intention d'intervenir sur le financement, mais je vais quand même
enchaîner un petit peu au début parce que...
M. Gautrin: Ah!
Le Président (M. Gobé): Bien oui.
Mme Caron: ...les derniers commentaires me permettent de le
faire.
Le Président (M. Gobé): Très bien.
Mme Caron: Lorsque nous avons eu des audiences au niveau du
renouveau collégial et lorsque des entreprises sont venues nous
rencontrer et nous parlaient de la hausse des frais de scolarité,
c'était, pour les entreprises, la seule façon de rendre les
étudiants responsables. C'était en payant qu'ils pouvaient
devenir responsables. Lorsqu'on essayait de transposer par rapport à
leur implication et à leur responsabilisation, eh bien, là,
ça ne pouvait pas se faire par l'argent, il fallait trouver
d'autres façons de le faire. Alors, je pense que je trouve ça
intéressant, ce que vous nous avez donné comme commentaires sur
ce sujet-là.
Au moment du renouveau collégial, il y a eu de longues audiences
en commission parlementaire où, finalement, tous ceux et celles qui
s'intéressaient à l'enseignement collégial ont pu
s'exprimer, ont pu participer, apporter des éléments de
propositions pour ce renouveau collégial. Nous avions, à ce
moment-là, du côté de l'Opposition officielle, clairement
exprimé que nous souhaitions, évidemment, qu'il y ait des mesures
de renouveau au niveau de l'enseignement primaire et secondaire. Ça nous
apparaissait capital de commencer, d'ailleurs, par ces paliers. «Faire
avancer l'école» a été déposé. Quand
je regarde votre rapport sur le défi d'une réussite de
qualité, je pense que vous exprimez clairement qu'il doit y avoir
participation de tous les intervenants. Quand je regarde la logique de la
communauté éducative, la participation des élèves
aussi, la participation au niveau des parents, des enseignants, des cadres de
la commission scolaire, et au moment où «Faire avancer
l'école» est déposé, on s'aperçoit que les
consultations sont quand même extrêmement courtes. Il y a peu de
délais.
Déjà, les commissions scolaires ont commencé
à demander une certaine prolongation qu'elles n'ont pas obtenue parce
que, pour respecter la Loi sur l'instruction publique qui les oblige à
consulter les comités de parents, ils n'ont même pas le temps de
la respecter, ils se voient dans l'obligation de ne pas respecter cette
partie-là. Et pourtant on touche à des éléments qui
m'apparais-sent capitaux. Peut-être parce que j'ai été
enseignante au niveau primaire et que, pour moi, à partir de là,
même au niveau du décrochage scolaire, pour moi, ça
commence déjà au primaire. Donc, les mesures qui vont être
choisies, c'est important. Je me dis: Si on ne fait pas participer tous les
intervenants, si on ne peut pas leur donner le temps d'être
consultés, le temps de réagir, eh bien, j'ai l'impression qu'on
passe à côté, parce qu'il n'y a pas une réforme qui
peut s'appliquer si les gens qui ont à la mettre en place n'y
participent pas vraiment. Je pense que, pour moi, c'est un principe
important.
Alors, moi, j'aimerais vous entendre concernant cette
consultation-là, le temps qui aurait été
nécessaire, de quelle façon on peut effectivement faire une
véritable consultation pour qu'au moins tous les intervenants puissent
effectivement «faire avancer l'école».
M. Bisaillon (Robert): Est-ce que je dois répondre?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bisaillon (Robert): Vous me mettez mal à l'aise, Mme la
députée, dans la mesure où il est, d'une façon,
acquis qu'on ne donne surtout pas d'avis à la ministre sur la
façon de consulter. Le corset auquel vous faites
référencej'emploie un terme que vous n'avez pas
employé, mais je pense que ça résume ce que vous avez
voulu dire c'est un corset qui est aussi appliqué au Conseil.
Nous, on est moins en difficulté, probablement, que beaucoup d'autres
milieux par rapport à cette période de consultation puisque c'est
des choses sur lesquelles on réfléchit, je dirais, à temps
plein depuis un certain nombre d'années.
Mais, je vous en prie, ne me demandez pas de me prononcer sur
l'échéancier de la ministre. C'est comme si vous me demandiez de
commenter l'actualité.
Mme Caron: Mais comment on peut, effectivement, faire une
véritable réforme si on ne peut pas associer tous les
partenaires?
M. Bisaillon (Robert): Eh bien, ça, j'ai répondu un
petit peu là-dessus ce matin. D'abord, la ministre ne prétend pas
faire une réforme. Je n'ai jamais entendu ce mot-là dans sa
bouche.
Mme Caron: Bien, au moins des changements, quelques changements
importants, disons.
M. Bisaillon (Robert): Bon. Je ne contrôle pas et je ne
suis pas en mesure de réagir sur des agendas, sur des calendriers, vous
comprendrez bien. Je constate que la période, c'est d'ici les
fêtes, et nous, on va s'y conformer. Quant au reste...
Professionnalisation de l'enseignement
Mme Caron: Quand vous parlez du professionnalisme des
enseignants, vous axez beaucoup là-dessus, sur la professionnalisation
des tâches; dans le document, on le voit en pages 49-50. C'est
effectivement, je pense, une des rares professions qui ne se retrouve pas parmi
les ordres professionnels, parmi les corporations professionnelles. C'est un
choix qui s'est fait dans les années soixante-dix, où les
enseignants ont décidé d'être uniquement un syndicat.
Est-ce que vous avez un peu réfléchi à cette question
avec, évidemment, bien sûr, au niveau des ordres
professionnels, les avantages et les inconvénients que ça
implique, parce qu'il y a quand même certaines obligations est-ce
qu'il y a eu des réflexions qui ont été faites
là-dessus?
M. Bisaillon (Robert): Dans le rapport sur la profession
enseignante, on a un passage qui explique pourquoi on pense que ce n'est pas
nécessaire de se transformer en ordre professionnel pour mieux faire ce
travail d'enseignant. On décrit en quoi consiste le métier, on
explique quelle sorte d'éthique il est nécessaire de
véhiculer dans un métier comme celui-là. On dit que
l'État est responsable de ce service public qu'est l'éducation
et, bon, il est donc responsable de la qualité des services, je dirais,
d'une certaine façon, conjointement avec les professionnels que sont les
enseignants. On a osé dire, je pense, aussi que ce n'est pas parce qu'il
y a un ordre professionnel que la garantie des services est
acquise aux yeux de la population. Bon. C'est pour ça, cependant,
que dans les deux derniers rapports, si vous remarquez, on insiste beaucoup sur
l'évaluation; on pense qu'il y a une contrepartie, là, à
l'autonomie qui pourrait assurer, sur le plan éducatif, une certaine
transparence, mais, en même temps, qu'on rende un certain nombre de
comptes sur ce qu'on fait. Bon.
Le métier d'enseignant, ce n'est pas un métier d'actes
professionnels décomposables comme le seraient les gestes
médicaux, par exemple, pour une raison très simple. Je vais
prendre des métaphores, si vous permettez, des exemples pour me faire
comprendre. Je présume qu'entre le moment où un patient ou une
patiente entre dans un cabinet de médecin et le moment où il en
sort la séquence de ce qui se produit est plutôt linéaire,
c'est-à-dire qu'il y a un diagnostic, examens... Quand j'entre dans une
classe où il y a 25 jeunes, je peux avoir préparé le plus
beau scénario, la plus belle stratégie, il est tout à fait
possible qu'au bout de cinq minutes tout ça soit
déstructuré. On travaille dans l'indéterminé,
l'imprévu, c'est pour ça que ça prend une formation
à ça aussi, qui a beaucoup manqué dans le passé, de
sorte que la qualité de l'acte que je pose ne peut pas se juger, ne peut
pas se décomposer en plusieurs petits actes. Je ne sais pas si vous
comprenez ce que je veux dire.
Alors, c'est quoi, la qualité du service rendu? Ça se
mesure comment? Ça se mesure par un certain nombre d'indicateurs ou de
paramètres qu'il faut élaborer. C'est pour ça qu'on parle
de culture institutionnelle. Entre autres, les résultats scolaires, la
progression des élèves, leur cheminement. Mais d'autres choses
aussi: leur capacité de travailler en équipe, puisque, dans la
société de demain, ça va devenir essentiel; leur
capacité de raisonner seuls, de se débrouiller dans des
situations d'apprentissage, toutes choses qui ne peuvent jamais être
évaluées, être saisies comme dans une photographie, en un
instant. Et c'est pour ça qu'on ne pense pas que le modèle de
corporation professionnelle soit une garantie additionnelle de qualité
de service, pour ce qui est de la profession enseignante.
Mme Caron: Un peu, par contre, comme certaines corporations
professionnelles ne peuvent pas, non plus, saisir en une photo... Je pense, par
exemple, aux travailleurs sociaux; je pense aux psychologues, où c'est
quand même un cheminement, là, qui peut être long, qui peut
se faire...
M. Bisaillon (Robert): Oui.
Mme Caron: ...aussi en groupe. Ce n'est quand même pas,
là, toujours, essentiellement, une photo prise...
M. Bisaillon (Robert): C'est vrai.
Mme Caron: J'ai l'impression peut-être moins
aujourd'hui, parce que, au niveau des professionnels, la reconnaissance est
quand même mitigée, disons, comme beaucoup de nos services
que durant une certaine période, au moment où les professionnels
étaient effectivement très reconnus au Québec, ça a
pu nuire au monde de l'enseignement de ne pas, effectivement, être
reconnu, à ce moment-là, comme des professionnels. C'est
sûr qu'aujourd'hui, avec le recul, bon, il y a des améliorations
à apporter du côté des professionnels, mais je pense qu'ils
ont été un petit peu pénalisés durant un certain
moment, là-dessus. (16 h 30)
M. Bisaillon (Robert): Moi, je prétends que la meilleure
façon d'avoir une reconnaissance comme professionnel dans
l'enseignement, c'est d'en faire un acte de création, et non pas un acte
d'exécution. C'est là que la transformation, la première,
doit intervenir. Or, je prétends, le Conseil prétend que, petit
à petit, au fil des années, les enseignants, enseignantes,
surtout au primaire-secondaire, se sont aliénés de leur
métier au profit de normes, de consignes ils se sont
repliés dans leur classe et que, finalement, ils ne font pas un
acte professionnel, ils font un travail en miettes. Et c'est là d'abord
que ça doit s'exprimer.
Ça doit aussi s'exprimer dans le perfectionnement par les pairs,
entre eux. Il n'y a pas eu de développement professionnel chez les
enseignants. C'est de valeur à dire, il n'y en a pas eu. Il y a eu de
l'entraînement à implanter des réformes ou des nouveaux
programmes, mais ce n'est pas du développement professionnel, de sorte
que le sentiment d'être un professionnel, là, ce n'est pas parce
que tu paies une cotisation à un ordre ou à... Bon. C'est parce
que le travail que tu fais est reconnu comme t'appartenant dans toutes ses
dimensions. Je m'excuse, je suis aussi un enseignement, là, je parle
aussi personnellement. Ha, ha, ha! On est collègues, puisque je suis un
enseignant du primaire. Mais il semble que la principale reconnaissance va
venir de la transformation de l'organisation du travail et de la
pédagogie. Bon.
Si on évalue que ce n'est pas suffisant pour protéger le
public, puisque les ordres professionnels, c'est surtout pour ça, bien,
là, on peut bien reposer la question, mais ça ne changerait pas
grand-chose, autrement dit, à la substance du travail s'il y avait un
ordre par rapport au fait qu'il n'y en a pas présentement. Il faut dire
aussi, malheureusement, que la reconnaissance accordée aux professions
dans une société est souvent proportionnelle à
l'incapacité ou à la difficulté de recruter ses membres.
Ce n'est pas toujours par la noblesse d'une profession qu'elle est reconnue,
c'est parce que, quand elle est en manque, on la trouve précieuse.
Alors, il y a beaucoup de facteurs qui rentrent dans la reconnaissance
professionnelle.
Mme Caron: Un dernière question. Est-ce que vous pensez
qu'avec les propositions là je ne veux pas vous mettre dans
l'embarras une autre fois avec les propositions qui sont...
M. Brassard: Ça va être ça pareil. Ha, ha,
ha!
Mme Caron: ...de faire avancer l'école, effectivement les
enseignants vont pouvoir exercer cette capacité de création
plutôt que d'exécution?
M. Bisaillon (Robert): C'est très clair. Là-dessus,
je peux vous répondre. Ha, ha, ha! C'est très clair que, dans la
proposition de la ministre, les questions d'organisation du travail sont au
chapitre des hypothèses ou des questions et non pas au chapitre des
propositions d'amendement. Donc, c'est sûrement moins à court
terme. C'est plus à moyen terme ou à long terme.
Là-dessus, je suis capable de vous répondre. Si vous me demandez:
Sans ça, est-ce qu'il y a une évolution possible? Je dis:
L'évolution, elle va être moins consentie si on ne travaille pas
aussi sur cet aspect des choses.
Maintenant, il y a beaucoup de résistance à travailler sur
cet aspect des choses, tant du côté des employeurs que des
enseignants, enseignantes ou professionnels de l'enseignement, parce qu'il y a
un certain confort dans le système actuel. Je ne dis pas qu'il y a un
certain bonheur. Je dis qu'il y a un certain confort dans le système
actuel. Il faut donc tranquillement modifier le modèle. On en a beaucoup
parlé au Conseil. Ça ne pourra pas se faire universellement. On
ne peut pas le décréter, ce modèle-là. Il va
falloir créer des précédents dans les écoles, dans
les commissions scolaires, où des gens vont pouvoir expérimenter
avec soutien, avec soutien, plus que ceux qui n'expérimentent pas, je
dirais, des nouvelles façons de faire qui vont faire imploser le
système, qui vont le faire craquer par en dedans à la longue,
parce qu'ils vont faire la démonstration que le service qu'ils rendent
est de meilleure qualité et qu'eux-mêmes sont plus à l'aise
là-dedans. Bon.
Il ne faut pas que l'innovation ou l'expérimentation soient
considérées par les organisations comme un embarras qu'on va
tolérer, mais comme une exigence de développement, et ça,
là-dessus, c'est deux mots qui sont un peu disparus de notre
système depuis une dizaine d'années, le développement,
l'expérimentation. Et le Conseil, dans son dernier rapport, fait
beaucoup de place à ça; on pense qu'il y a une voie d'avenir
là-dedans. Mais on ne pourra pas, demain matin ça serait
même contraire au modèle qu'on propose
décréter que tout le monde change de modèle. Ça
serait catastrophique. Bon.
Oui, donc, les changements dans l'organisation du travail, dans le
rapport au travail, sont essentiels pour toute réforme. Non, ils ne
peuvent pas se faire de façon universelle et immédiate, mais il
faut y voir en même temps.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
Mise en place d'un nouveau modèle de
gestion
M. Brassard: Oui. M. le président, je voudrais d'abord
partir de votre rapport sur le nouveau modèle de gestion à mettre
en place. Vous décrivez le modèle actuel comme un modèle
bureaucratique, hiérarchisé, centralisé, qui fait en sorte
que les acteurs sont d'abord et avant tout des exécutants
encadrés par des directives, des règlements de toutes sortes et
de toute nature, et vous dites qu'il faut le remplacer par un modèle
plus convivial reposant sur le partenariat et sur la responsabilisation des
intervenants, sur la revalorisation de l'acte éducatif et de
l'école, sur la mise en place d'une équipe-école, avec un
directeur d'école qui exerce un véritable leadership
pédagogique. Bon. Et j'en passe, là. C'est tout le rapport qu'il
faudrait lire. Enfin, bref, moi, je considère ça comme une
véritable révolution en matière de gestion. C'est une
révolution que vous souhaitez et que vous proposez. Et ça,
ça a, à mon avis, une incidence, un lien direct avec la
pédagogie, parce qu'il me semble, si je vous comprends bien, qu'on ne
peut pas vraiment diversifier les approches pédagogiques si ça ne
se situe pas au coeur d'un nouveau modèle de gestion. Les deux sont
arrimés l'un à l'autre, je pense.
Vous indiquez, par exemple, qu'il y a tout près de 800
communications annuelles entre le ministère et les commissions
scolaires, 800 communications, peut-être plus. Ça dépend
des années, là, peut-être plus dans certaines
années. Mais 800 communications, ça veut dire que ça se
répercute immédiatement dans les écoles, ça, de
sorte que les directeurs d'école voient leur tâche administrative
grossir sans cesse. Il y a tellement de paperasse à remplir, de
questionnaires, de rapports, de suivis que leur rôle d'animateur
pédagogique, il est à peu près impossible de l'assumer
pleinement, sauf que, quand on regarde ça, dans le passé, les
velléités de réduire la paperasse, les
velléités de décentraliser davantage les
responsabilités, les projets de réduire l'appareil central, ce
n'est pas nouveau, ça, là, vous en conviendrez. Ça fait
des années puis des années qu'on en parle. Quand ces messieurs,
dames ont pris le pouvoir, en 1985, je me souviens d'un fameux rapport, le
rapport Scowen, ou le rapport Gobeil, qui voulait réduire la paperasse.
Puis ça ne se fait pas, parce que, vous l'avez mentionné un peu
tout à l'heure, il faudrait que ce soit l'appareil centralisé
lui-même qui se fasse en quelque sorte hara-kiri.
Moi, je suis d'accord avec ce que vous me dites, là, dans votre
rapport sur le modèle de gestion. Je trouve ça
intéressant. C'est une vraie révolution, puis c'est probablement
la seule voie à suivre si on veut vraiment rénover notre
système d'éducation puis faire en sorte que nos jeunes puissent
s'y retrouver puis recevoir une formation de qualité puis
réussir, puis réussir, surtout, sauf que je me demande, ça
fait tellement longtemps, depuis tellement d'années qu'on en parle, puis
ça ne s'est jamais fait. On se retrouve toujours devant un modèle
hiérarchisé, bureaucratique, centralisé, qui produit
massivement des règlements, des directives, de la paperasse, qui exige
des rapports, des suivis, qui inonde les exécutants à la base de
questionnaires, bon... Enfin, vous connaissez le système. (16 h 40)
Comment peut-on vraiment enclencher cette
révolution en matière de gestion? C'est ça, la
question que je me pose. Comment on va y arriver? Comment on va faire pour
qu'un nouveau modèle se substitue à l'autre? Concrètement,
là c'est sur le plan très pragmatique j'ai peine
à imaginer que ça puisse se produire. Est-ce que vous pensez que
ça peut se faire? Puis qu'est-ce que ce serait, l'élément
déclencheur, là, qui ferait en softe que la dynamique
s'enclencherait et qu'on arriverait en bout de course, en bout de piste,
à une nouvelle façon de gérer l'éducation qui
serait pas mal plus centrée sur Facte éducatif et sur la mission
éducative elle-même?
M. Bisaillon (Robert): idéalement, puis on l'a dit dans ce
rapport-là, et c'est vrai à l'échelle d'un
ministère, d'un gouvernement comme d'une commission scolaire, partout
où il y a un pouvoir politique, on dit: idéalement,
l'adhésion des gestionnaires au sommet à une idée comme
celle-là, ça peut dégager des énergies
insoupçonnées. bon. et je vous dirai qu'à l'heure
actuelleen tout cas, moi, c'est ça qui me rend, je ne dirais pas
optimiste, je n'aime pas qualifier l'atmosphère comme ça
mais je pense que le rapport est arrivé dans un momentum qui
commençait à exister et a servi à l'enrichir. c'est plein
d'administrateurs, au primaire-secondaire, un petit peu au collégial,
qui nous font venir puis qui disent: vous avez raison, ça ne peut plus
durer, il faut changer des choses. par où on commence? bon. on leur dit:
vous ne pouvez pas, seuls dans votre cour, changer le système, mais vous
pouvez changer le système qu'il y a dans votre cour. alors, une partie
du système qu'il y a dans votre cour, c'est que vous tombez dans la
potion qui consiste à faire de l'administration des choses, et, des
fois, même, vous vous cachez derrière ça pour ne pas avoir
à gouverner les personnes avec qui vous travaillez. donc, pour
commencer, faites donc un bilan, un diagnostic de vos pratiques de gestion.
ça, là, c'est possible, quoi que le ministère fasse. tu
peux faire ça chez vous. ça, c'est une opération qui est
à votre portée; même chose dans les commissions
scolaires.
Deuxièmement, ayez donc un petit peu de vision derrière
tout ce que vous êtes obligés de faire et que des fois vous vous
contentez de faire parce que c'est tout ce qu'on vous demande: s'assurer que
l'école soit propre, faire fonctionner des comités, envoyer des
rapports. C'est quoi, l'idée que vous vous faites, vous, de la mission
éducative? C'est quoi, les besoins dans votre école? Avez-vous
fait une réflexion avec vos gens là-dessus, une réflexion
qui vous appartienne? Et, en fonction de ça, avez-vous fait des
priorités dans l'allocation des ressources?
Ça a l'air des questions insignifiantes, là, innocentes,
mais ça ne va pas de soi; ça ne va pas de soi. Et là c'est
encore bien plus dramatique quand on demande aux gens: Innovez-vous dans votre
école? Bon.
Je serais porté à dire, et là-dessus je rejoins une
partie de votre diagnostic, qu'à moins de se faire hara-kiri, donc
d'avoir la pleine conscience qu'il faut se transformer, ça ne se passera
pas. On constate que les secteurs d'activités humaines où
ça s'est produit, ces changements-là de gestion, c'est les
secteurs qui n'ont pas eu le choix, n'est-ce pas? L'industrie en particulier.
Elle ne l'a pas fait parce qu'elle trouvait que c'était meilleur!
M. Brassard: Elle était obligée de le faire.
M. Bisaillon (Robert): Elle l'a fait parce qu'elle n'avait pas le
choix. Or, aujourd'hui, dans l'industrie, ceux qui ont de l'avenir, c'est ceux
qui innovent sans arrêt. Ça fait des dégâts, par
exemple. On laisse des morts sur le -carreau. Il y a des cadavres
là-dedans. Mais il faut admettre que c'est l'innovation qui permet la
survie.
Dans renseignement, c'est le contraire, on dirait: c'est la permanence,
c'est la routine qui permet la survie. Alors, vous voyez les transformations de
mentalité que ça suppose. Bon. Ça peut se faire par des
nouveaux contrats, je dirais, convenus entre le central et le local. Ils ont
commencé à faire ça, parce que c'est vrai qu'on parle du
volume accessible de transactions, mais on parle aussi, dans ce
rapport-là, de l'opération qui a été faite entre le
ministère et les commissions scolaires pour diminuer le volume de
transactions. Bon. Mais il ne faut pas que ce soit juste cosmétique,
cette opération-là, il faut que ça change aussi les
mentalités.
Donc, il y a plusieurs façons d'aborder le problème.
Ça dépend où les convictions sont les plus fortes. Mais,
moi, je pense qu'il faut qu'il y ait un message en quelque part, il faut que
les écoles assument plus de responsabilités. Moi, je crois
à l'implosion. Je ne crois pas au changement de système par une
espèce de pouvoir subit qui arriverait, et c'est pour ça que
ça va être difficile.
Et je dirais, pas méchamment, mais je serais porté
à dire que, quand on part du préscolaire, plus on remonte dans le
système même si le mot «remonter» n'est qu'une
allégorie, il n'y a pas de hiérarchie là-dedans
plus on monte dans le système, moins la conscience est vive qu'il faut
changer de modèle. Peut-être parce qu'on est plus proche des
besoins des jeunes dans le système que plus haut, je ne le sais pas.
Mais on constate ça.
Il y a une affaire qui est sûre. Ce à quoi on veut former
les jeunes pour vivre dans la société où ils vont
être, ce n'est pas à la conformité, ce n'est pas vrai. Ce
n'est pas à la répétition, ce n'est pas à
l'individualisme. Les jeunes, dans la société de demain, vont
devoir apprendre à travailler par eux autres mêmes, à se
débrouiller dans des nouvelles situations d'apprentissage qu'ils n'ont
jamais connues avant. Ils devront travailler en équipe et en
coopération avec des gens d'autres cultures, d'autres échelles de
valeurs, d'autres origines, et ce n'est pas tout à fait ça qu'on
leur apprend à l'école. Alors, il faut transformer le
modèle qui mène à ça, mais il faut être
conscient de ça. Bon. Il faut donc jouer en formation initiale, comme il
faut jouer dans les milieux scolaires aussi.
Je sais que ce n'est pas facile. On a voulu, nous,
provoquer un débat. Mais vous savez qu'un rapport annuel, c'est
utile pour ça. En tout cas, il n'y a même pas de recommandations
dans un rapport annuel, mais je serais porté à dire que,
passé ça, ça va dépendre de la réaction des
milieux.
Ce qui m'a le plus impressionné, c'est les endroits où ils
ont réuni des commissaires d'école, le directeur
général, l'équipe de cadres de la commission puis
l'équipe de cadres de l'école, puis ils ont répondu
à la question: C'est quoi, nos objectifs chez nous? Ça enclenche
quelque chose. Mais le reste, on sème, hein? J'ai répondu
longuement, mais je serais porté à vous dire: On sème.
Le Président (M. Gobé): Oui, très bien.
M. Bisaillon (Robert): S-è-m-e.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lac-Saint-Jean, oui. Après ça, M. le député de
Verdun.
M. Brassard: Mais il y a une chose qui m'apparaît
évidente, cependant. C'est que c'est au niveau de l'école, de
l'établissement que les changements les plus substantiels doivent se
faire. Encore faut-il qu'il y ait une impulsion venant d'en haut qui le
permette et qui le favorise et qui crée des conditions rendant possibles
les changements à l'école.
Vous avez à maintes reprises réclamé la mise en
place d'une véritable équipe-école, avec un directeur qui
est beaucoup plus un animateur pédagogique qu'un administrateur ou que
quelqu'un qui remplit des rapports, qui répond à des
questionnaires. Parce que c'est toute la question, aussi, de l'organisation du
travail à l'école. Et je lisais dans votre rapport, là,
que vous évoquez un certain nombre d'approches dites prometteuses en
matière pédagogique: pédagogie différenciée,
enseignement stratégique, enseignement individualisé,
apprentissage en coopération, toute la question du contrat
éducatif qui m'apparaît une piste drôlement
intéressante.
Mais, pour que ces approches dites prometteuses se propagent,
s'implantent partout dans le système et dans nos écoles, je pense
qu'il faut revoir toute l'organisation du travail à l'école. Et,
là-dessus, pas uniquement essayer de mettre en place le titulariat, qui
est une voie possible, parce que je disais à la ministre, l'autre jour,
que le titulariat, l'école québécoise l'avait inscrit dans
ses objectifs en 1979, puis ça ne s'est pas tellement propagé.
Dans le plan Pagé, c'était là-dedans aussi, puis ça
ne s'est pas tellement propagé. Pourquoi? Parce qu'il y a sûrement
des rigidités dans le système qui empêchent qu'on mette en
place une organisation du travail qui repose davantage sur le partenariat, sur
Féquipe-école, et qui permette, évidemment, le recours
à ces approches pédagogiques diversifiées et prometteuses.
(16 h 50)
Et la question que je pose, je pense qu'il ne faut pas l'escamoter.
C'est que ça m'apparaît évident qu'il doit y avoir, dans le
système scolaire, une négociation véritable avec les
organisations d'enseignants pour faire des changements assez substantiels aux
conventions collectives. Parce que ces rigidités dont on parle, il y en
a qui viennent des grands encadrements, il y en a qui viennent des
régimes pédagogiques, mais il y a aussi des rigidités et
des contraintes majeures qui se retrouvent dans les conventions collectives. La
preuve, c'est que le titulariat, par exemple, on le souhaitait en 1979, il y a
13 ans, 14 ans, on le souhaitait il y a deux ans dans le plan Pagé, on
le souhaite encore de nouveau, puis ça ne s'est pas répandu.
Alors, il y a des raisons à ça.
Donc, est-ce que vous ne pensez pas que, je dirais, un des volets
majeurs de la mise en place d'une nouvelle façon de gérer dans
l'éducation, c'est carrément de souhaiteret je pense,
d'ailleurs, que les organisations syndicales le réclament maintenant,
elles ont cheminé aussi, puis elles le réclament c'est de
souhaiter une véritable négociation en profondeur sur toute la
question de l'organisation du travail pour qu'on fasse sauter, en quelque
sorte, ces bouchons, là, ces rigidités qui empêchent de
s'engager sur la voie que vous souhaitez?
M. Bisaillon (Robert): C'est une excellente question. Je pense
que vous faites un bon diagnostic. D'ailleurs, ce n'est pas par hasard si le
rapport sur la profession enseignante précède
immédiatement celui sur la gestion, ou le contraire, là. C'est
que les deux fonctions, dans le fond, se sont développées en
référence aux mêmes modèles, même dans les
situations les plus conflictuelles je peux vous en parler en
connaissance de cause de sorte que, quand on se demande où on
doit agir, moi, je dirais: On doit agir dans deux, trois directions dont les
principales sont probablement les suivantes. Moi, je pense que, comme la
résistance au changement va toujours être grande individuellement,
il faut au moins permettre la négociation d'«opting out»
dans une école, dans deux écoles, dans trois écoles.
Ça se fait d'ailleurs déjà, soit dit en passant. On a
l'impression que c'est très rigide, le système, mais à
l'intérieur de la rigidité actuelle il y a des écoles qui
sont déviantes...
M. Brassard: Délinquantes.
M. Bisaillon (Robert): ...délinquantes, oui, par le
consentement du syndicat puis de la commission. Mais, parce qu'elles sont
délinquantes, ce n'est pas valorisé comme expérience.
Alors, moi, je pense que, oui, il faut qu'il y ait ce genre d'«opting
out» permis dans des conventions collectives si on n'est pas capable de
tout décrisper l'organisation du travail.
Une autre façon de donner plus de pouvoirs aux milieux locaux en
relation avec l'imputabilité, c'est peut-être l'évaluation
a posteriori plutôt qu'a priori. Peut-être regarder ces
choses-là. Je lance des idées, là, comme ça, mais
ça peut être des modes pluriannuels de financement plutôt
qu'annuels. Donc, donnez un peu d'espace mais, a posteriori, demandez des
comptes au lieu de dire:
Voici le mode d'emploi, et, au cas où vous ne seriez pas capable
de le lire, voici l'interprétation du mode d'emploi, la formule que vous
avez à remplir en cinq copies. Je caricature, là, mais c'est un
petit peu comme ça que le système s'est pris en otage
lui-même.
Donc, il faut agir de plusieurs façons. La façon dont vous
pensez, je pense que oui. C'est un modèle qui a étë
bâti conjointement, ça, par des syndicats puis l'État,
conjointement, en toute complicité, même dans les temps de
grève; quand on regarde ça au total, là. Et ça
correspondait à une époque du Québec où il
était nécessaire d'avoir une centralisation des efforts pour
assurer l'équité.
Aujourd'hui, il faut admettre que, si on ne sort pas de ce
modèle-là, on s'étouffe. Mais ça serait mieux si on
en sortait conjointement, de façon convenue. Et ça ne pourra pas
être applicable partout, parce qu'un des défauts de l'ancien
système, c'est qu'on appliquait la même chose partout. Ça
va se faire selon des modèles qui vont être différents
selon les endroits. À des places, ça va être des
titulaires, à d'autres places, ça va être d'autres
choses.
En soutien au rapport annuel qu'on a publié, on a d'ailleurs, sur
cette question-là, fait une étude de cas d'autres modèles
d'organisation, et au secondaire et au collégial, qui existent dans des
commissions scolaires qui sont délinquantes par rapport aux
modèles traditionnels et qui fonctionnent très bien. Et on dit:
C'est ce genre de voie là qu'il faut suivre. Bon.
M. Brassard: Est-ce que les membres de la commission pourraient
en avoir une copie, M. le Président?
M. Bisaillon (Robert): Oui, je vais le laisser.
Le Président (M. Gobé): Peut-être que le
Secrétariat. ..
M. Gautrin: Sur la même question...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, vous vouliez aller dans le même sens, je pense.
M. Gautrin: M. le Président, je voulais rentrer un peu sur
les mêmes questions qui ont été abordées par le
député de Lac-Saint-Jean. Vous plaidez avec beaucoup de brio pour
l'importance de la décentralisation, de l'unicité. Alors, deux
questions me viennent immédiatement à l'esprit. Est-ce que vous
voulez mettre les écoles ou les institutions en
compétitivité les unes avec les autres? Est-ce que vous souhaitez
ça, c'est-à-dire faire jouer un peu les lois du marché?
Parce que quelle incitation y a-t-il, si ce n'est l'incitation que les gens
peuvent en général avoir à explorer des choses nouvelles,
quelle incitation y aurait-il, pour une école ou une institution, si on
est dans le réseau collégial, à innover? Quelle incitation
s'il n'y a pas une incitation au niveau du financement, au niveau de la
manière de rétribution?
M. Bisaillon (Robert): L'incitation à innover, à
mon avis, elle réside dans la marge qu'on te donne pour répondre
à ta façon à un certain nombre de besoins chez toi. Elle
est là. Et tant...
M. Gautrin: Est-ce que je pourrais poser la question
immédiatement?
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Gautrin: Pour répondre à la façon,
j'accepte ça. Mais comment on va mesurer ou rétribuer ceux qui
répondent le mieux aux besoins? Parce que le problème tel que je
le vois à l'heure actuelle, c'est qu'on n'incite pas à bien
répondre ou à mieux répondre aux besoins s'il peut y avoir
une gradation quant au mieux, et, à ce moment-là, donc, compte
tenu de la propension, dont vous avez parlé au début, de rester
dans le statu quo, on a une propension à rester dans le statu quo.
M. Bisaillon (Robert): Oui. Vous dites: Comment
récompense-t-on ou rétribue-t-on? Bon, il y a peut-être une
échelle...
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon (Robert): II y a peut-être une échelle
de la responsabilité qu'on peut graduer quant aux initiatives qu'on peut
accorder à un établissement par rapport à d'autres. Je
veux dire, ça ne veut pas dire que tous les établissements sont
prêts à assumer la même marge de manoeuvre. II y a
peut-être une échelle, là, à respecter.
Mais je veux qu'on soit bien clair. La position du Conseil, c'est:
l'équité étant par ailleurs assurée par
l'État, on ne peut pas...
M. Gautrin: Ça veut dire quoi, ça?
M. Bisaillon (Robert): Je vais le dire très clairement. On
ne peut cas lâcher «lousses» les établissements puis
dire: A partir de maintenant, vous êtes en compétition, puis que
les meilleurs gagnent, parce qu'on sait très bien le nombre de cadavres
que ça va laisser chez les populations étudiantes. On le sait
très bien.
Ce n'est pas payant pour le cégep de Limoilou, à ce point
de vue là, ce n'est pas payant pour le cégep de Limoilou de dire:
Chez nous, on accueille des étudiants qui ont des difficultés. Ce
n'est pas payant pour l'image de ce collège-là. Pas du tout! Mais
pourtant ils le font, et ils font des efforts incroyables et ils sauvent
beaucoup d'étudiants qui non seulement n'auraient pas été
acceptés dans d'autres collèges, mais qui, s'ils avaient
été acceptés dans d'autres collèges, ne se seraient
jamais rendus plus loin qu'une session. Alors, on ne peut pas lâcher
«lousses» les établissements, si vous permettez
l'expression, puis dire: Que les meilleurs gagnent. Limoilou n'existerait
déjà plus.
M. Gautrin: À moins qu'ils se soient choisi justement une
filière ou un créneau particulier qui serait le créneau
des étudiants en difficulté.
M. Bisaillon (Robert): Ou qu'on assure que tous les
établissements vont avoir la même lourdeur de clientèle et
que là on peut se dire: Bien, là, faites vos preuves.
Ce que je veux dire...
M. Gautrin: Mais ça, ce n'est pas faisable.
M. Bisaillon (Robert): Bon, alors, voilà! Est-ce qu'ils
peuvent se...
M. Gautrin: Mais attention! Mais c'est parfaitement faisable de
différencier les établissements.
M. Bisaillon (Robert): Alors, ce que vous dites est
déjà un peu vrai. Il y a des collèges qui ont des
clientèles beaucoup plus hypothéquées, entre
guillemets...
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): ...O.K.? plus lourdes, comme il y a des
cégeps en région qui partent de beaucoup plus loin dans la
diplomation que des cégeps de ville. Si vous êtes d'accord pour
dire: On va financer davantage ces établissements-là plutôt
que des établissements où il n'y a que des premiers tours, votre
raisonnement s'applique.
M. Gautrin: On peut les financer d'une manière
différenciée.
M. Bisaillon (Robert): Oui. Mais c'est ça que ça
veut dire, par exemple.
M. Gautrin: Ça peut vouloir dire ça.
M. Bisaillon (Robert): Alors, là, vous rétablissez
un équilibre différent. Vous ne traitez pas de façon
égale les établissements, mais vous les traitez de façon
équitable.
M. Gautrin: Parce que le problème que j'ai, moi, avec
votre approche où vous voulez forcer l'innovation, vous voulez forcer de
créer des précédents, vous demandez utilisons le
terme presque une révolution à l'intérieur du
système je pense que c'est le député du
Lac-Saint-Jean qui l'a utilisé et il n'y a pas d'incitatif
à aller dans cette direction-là, à moins que vous m'en
suggériez quelques-uns. (17 heures)
M. Bisaillon (Robert): Bien, c'est-à-dire, il n'y a pas
d'incitatif objectif extérieur, vous avez raison. Mais, en tout cas,
moi, ce que je veux vous dire là-dessus, c'est que ça fait un an,
à peu près, même pas un an que ce rapport-là est
sorti, là. Je rencontre je donne des exemples, là
demain soir, à Jonquière, 120 directeurs d'école; vendredi
matin, Richelieu-Yamaska, 120 directions d'école. Ils disent: Nous
autres, ça nous intéresse. Je comprends que ça les
intéresse! Pourquoi ça les intéresse? Parce qu'eux ont
l'impression, de la même façon que les enseignants, qu'on leur
demande juste d'être des exécutants. Ils vont proposer des choses
dans leurs commissions scolaires puis ils vont forcer, d'une certaine
façon, la structure à s'ajuster. Ça, c'est de
l'intérieur.
Comment l'imposer de l'extérieur? Quel incitatif voulez-vous
qu'il y ait, de l'extérieur? Ça, j'avoue que je n'ai pas
réfléchi à cette question-là.
M. Gautrin: Un mode de financement, la
compétitivité entre les établissements...
M. Bisaillon (Robert): Pourquoi...
M. Gautrin: ...la différenciation dans les
rémunérations, un mode... Enfin, je pourrais continuer.
M. Bisaillon (Robert): Oui. Moi, je veux juste qu'on s'assure que
lorsqu'on va installer un certain nombre de dispositifs on puisse en
prévoir d'avance un certain nombre d'effets pervers...
M. Gautrin: Absolument.
M. Bisaillon (Robert): ...qui ne rendent pas la situation pire
après que ce qu'elle était au début.
M. Gautrin: Vous avez parfaitement raison. C'est pour ça
qu'on en débat ici.
M. Bisaillon (Robert): Mais j'imagine qu'une commission scolaire
qui, depuis cinq ans, a une situation financière stable, on pourrait,
par hypothèse, lui dire: Pendant trois ans, on va te faire confiance
pour administrer ça selon les règles habituelles. Je ne le sais
pas, là. Et on évaluera a posteriori. Je prends des exemples de
respiration qu'on peut donner à des organisations. Bon. C'est un
débat, d'ailleurs, très important actuellement en France, ce
débat-là, que...
M. Gautrin: Est-ce que vous iriez jusqu'à, si une
école ou une institution a «performé»
particulièrement, envisager qu'il en soit question dans les conventions
collectives pour que la rémunération des enseignants à
l'intérieur de l'école puisse être liée à la
performance de l'institution?
M. Bisaillon (Robert): Bien, moi, écoutez, là, vous
me posez des questions qui sont rendues très personnelles, dans le sens,
bon, le jugement personnel... C'est le moins qu'on...
M. Gautrin: Je m'excuse. C'est parce que...
M. Bisaillon (Robert): Oui, oui. Je peux... Non, non,
M. Gautrin: remarquez que c'est dans la logique... je ne voulais
pas vous mettre à mal, excusez-moi...
M, Bisaillon (Robert): Non, non.
M. Gautrin:... mais c'est dans la logique même de la
discussion que nous avons actuellement.
M. Bisallon (Robert): Oui. Je ne me défilerai pas
là-dessus, mais je vais vous dire: C'est Robert Bisaillon, citoyen et
enseignant, qui parle, et je suis contre ce genre de dispositions qui font que
tu rognes toujours un peu pour la rétribution. C'est ça, la
nature des choses. Et je trouve ça surprenant qu'on n'examine pas
l'expérience faite du système «merit pay», aux
États-Unis,, qu'on abandonne présentement à cause des
effets pervers de délation, d'hypocrisie dans l'organisation de son,
travail uniquement pour avoir droit à ces émoluments et non pas
pour faire une meilleure job. On abandonne ça dans beaucoup
d'États américains. Je veux dire, on ne peut pas, quand
même, adopter ça demain matin en se fermant les yeux. Je pense
qu'il y a un examen à faire d'un certain nombre de mesures.
M. Gautrin: Je pense qu'il n'est pas question de se fermer les
yeux, bien sûr, mais est-ce que c'est quelque chose que vous regardez
ou...
M. Bisaillon (Robert): Non. On n'a pas regardé ça.
Honnêtement, on ne les a pas regardées. On les avait
regardées à l'occasion de la profession enseignante. On en a
d'ailleurs fait un examen dans la profession enseignante, et ça nous est
apparu dangereux, ce genre de formule là,
L'autre formule qui peut être intéressante, c'est
l'enrichissement de la tâche. Je vous donne un exemple. Vous allez me
dire: Ce n'est pas suffisant comme...
M. Gautrin: Non, non, mais allez-y.
M. Bisaillon (Robert):... émulation, mais je vous le dis
quand même. Il y a, au Québec, et là... J'affirme qu'il y a
au Québec un bassin de compétences inouï, au primaire et
secondaire, par exemple je ne prendrai pas les autres sortes
d'enseignement, mais ça serait vrai aussi...
M. Gautrin: Oui, d'accord.
M. Bisaillon (Robert):... qui ne servent strictement
à aucun autre enseignant, dans aucune autre région, parce que
c'est des gens qu'on laisse dans leur école, qui font très bien
leur job depuis 10, 20, 25 ans. Ils font du matériel, ils inventent des
choses. Ce n'est connu de personne, et on paie des fortunes pour faire venir
des experts devant les profs, dans les commissions scolaires, alors qu'on
pourrait utiliser ces gens-là à bien moindre coût, et on
constituerait une identité professionnelle beaucoup plus forte. Alors,
pourquoi on ne proposerait pas à des enseignants qui se distinguent dans
leur travail par une compétence, par une production, que leur
tâche, en partie, serve à perfectionner les pairs ici et là
au Québec? Et, moi, je vous dis, on sauverait de l'argent et on
créerait vraiment une émulation, dans ce sens-là, entre
les individus et entre les organisations. Et je pense qu'il faut aller vers ce
genre d'enrichissement collectif qui existe beaucoup, beaucoup, dans
l'entreprise privée, de plus en plus, mais qui est embryonnaire, sauf au
collégial, un petit peu, dans PERFORMA là, le perfectionnement
par les pairs. Et, moi, je crois à ce genre de choses-là:
diversification, enrichissement de la tâche elle-même. Ce n'est pas
de l'argent que le monde veut. Ils veulent leur salaire, là
j'aurais le goût de vous dire: le plus intact possible ils veulent
leur salaire mais, pour le reste, ils veulent être reconnus, d'abord dans
ce qu'ils font et pour ce qu'ils font. Et, ça, là-dessus, on n'a
pas tellement insisté. On dit: Tous les profs sont égaux entre
eux, ils enseignent tant d'heures par semaine. Ce n'est pas de même que
ça fonctionne, la reconnaissance professionnelle. Alors, je pense qu'il
faut donner des occasions de diversification, de travailler autrement avec des
élèves. Ça peut être en équipe. C'est ce
genre de choses là qu'il faut négocier, je pense.
M. Gautrin: Mais, quand vous dites que vous contestez le fait que
tous les profs ne sont pas égaux entre eux, par contre, vous
dites...
M. Bisaillon (Robert): Je dis que c'est une fausse
égalité.
M.. Gautrin: D'accord, et j'accepte. Mais vous dites qu'ils
devraient avoir la même rémunération, bien qu'ils ne soient
pas égaux entre eux.
M. Bisaillon (Robert): Je dis qu'on doit ouvrir à certains
la possibilité de valoriser davantage ce qu'ils font. Et c'est
ça, l'émulation intéressante.
M. Gautrin: Sans différentiel de
rémunération?
M. Bisaillon (Robert): Bien, je ne vois pas pourquoi...
quoiqu'elle est déjà différenciée, la
rémunération, savez-vous.
M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
de Verdun. Je reconnaîtrai maintenant Mme la députée de
Terrebonne.
Profils de sortie et de curriculum
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je vous
écoutais parler, et ça me rappelle les souvenirs de la
période où j'ai enseigné. J'ai enseigné de 1973
à 1982, commission scolaire en croissance démographique
importante, petite école, 12 profs, et on vivait effectivement à
peu près tous les principes que vous énoncez. De l'innovation, il
y en avait, et il y en avait beaucoup. On a utilisé à peu
près tout ce qui pouvait se faire. Ce qui ne se faisait pas, on l'a
inventé. On a créé notre matériel, on a
rencontré les principes de M. Paquet. On a essayé à peu
près toutes les méthodes de lecture possibles et impossibles, les
cercles magiques. C'était vraiment une équipe-école, et on
planifiait des objectifs, et on créait, et on était vraiment
très, très libres au niveau de cette innovation-là. Moi,
j'avais à faire les premières communions et je les faisais d'une
manière qui secouait un petit peu dans le milieu mais, bon... Et pour se
retrouver...
M. Bisaillon (Robert): Secrétaire du comité
catholique.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron:... vers la fin des dernières années
où j'ai enseigné, où, là, bien, il y avait,
malgré tous ces efforts, les ateliers, tout ce que vous voulez, on se
retrouvait devant, quand même, une réalité qui était
un certain échec au niveau des connaissances.
Moi, ce que j'ai le goût de vous demander... Parce que je crois
encore et toujours qu'effectivement il faut partir de
l'équipe-école, il faut innover, mais qu'est-ce que vous voyez
comme balises ou comme barrières de protection pour que, effectivement,
les acquisitions qui sont essentielles puissent quand même être
là? Et ce n'est pas de remettre en question les principes de
l'importance d'innover. Non, j'y crois, j'y crois toujours, mais pour ne pas,
justement, qu'il y ait, un petit peu, selon votre expression, trop, trop de
cadavres.
M. Bisaillon (Robert): Vous avez parfaitement raison. Moi, quand
j'ai insisté beaucoup, beaucoup, quand le Conseil insiste
énormément sur cette logique-là qu'on appelle la logique
de différenciation, c'est parce qu'il a dit avant, et je ne voudrais pas
qu'on l'oublie: Ce qu'un jeune doit apprendre au Québec, c'est la
responsabilité de l'État. On ne laisse pas ça aux classes.
Et les connaissances nécessaires, c'est de niveau national, parce qu'on
sait trop que, si on laisse ça au seul milieu, à des endroits,
ils vont décider que, à part écrire, compter et lire, il
ne se fera rien. C'est ça, la tentation. Des fois, même, à
la demande des parents. Alors, c'est l'État qui est responsable du
niveau de formation en fonction de la lecture qu'il fait des besoins de
société.
Deuxièmement, l'État est responsable, je pense, de fixer
des standards. Ça ne veut pas dire des objectifs un par un, mais de
fixer des standards et de les traduire en français. C'est-à-dire
qu'on ne laisse pas chacun des individus aux prises avec 2000 objectifs
où, finalement, on ne voit que les arbres et jamais la forêt. Ce
qu'on appelle, nous, des profils de sortie, on travaille à ça.
Une lecture claire, concentrée des objectifs qu'on doit poursuivre,
graduée aussi pour qu'on puisse savoir, si on enseigne en
quatrième année au primaire, ce qui nous précède et
ce qui nous suit. Là-dessus, je veux être très clair, le
Conseil est d'une limpidité là-dessus, c'est le rôle de
l'État, c'est le rôle d'un gouvernement. (17 h 10)
Cependant, ça évolue très vite. Il faut
rénover nos grilles matières, nos curriculums à l'heure
actuelle. Certains disent parce qu'ils sont encombrés, d'autres disent
parce que, même encombrés, ils ne répondent pas à
tous les besoins du monde moderne, dont, en particulier, l'éducation
technologique. Et, ça, à mon avis, on ne peut pas laisser
ça au milieu. Alors, oui, je pense que vous avez raison de dire:
Attention, mais je ne voudrais pas que vous pensiez que, parce que j'ai
insisté, à travers le modèle de gestion, sur l'importance
de l'équipe-école, je voulais qu'on néglige pour autant
l'action de l'État ou du gouvernement. Ça, c'est très
clair.
Mme Caron: Merci.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole, bien sûr.
M. Brassard: Oui. Justement, je voudrais revenir sur ces fameux
profils de sortie. Je pense que vous y attachez, avec raison, beaucoup
d'importance. Qu'est-ce que doit connaître, quelles sont les
habiletés qu'un élève doit acquérir à la fin
de chacun des cycles, vous dites que ça doit être une
responsabilité de l'État de les fixer, de les déterminer.
Comment ça doit se faire, selon vous, la... Parce que, enfin, la
ministre a l'air d'avoir trouvé une recette, là: un comité
de sages. Je ne sais pas trop ce que ça signifie, là, comment les
sages vont être recrutés; je ne sais pas s'il va y avoir des
appels d'offres dans les journaux: Sages demandés. Mais comment
pensez-vous que, concrètement, ces fameux profils de sortie devraient
être déterminés? Et comment voyez-vous, dans ce
processus-là, la présence et la participation des principaux
acteurs de l'éducation?
M. Bisaillon (Robert): Sur le comment, je pense qu'on ne peut pas
séparer la définition de profil de sortie du curriculum, du
programme de formation, parce qu'avant de faire des profils de sortie il faut
que je sache ce que je vais enseigner. Bon. D'ailleurs, la ministre pose une
question très pertinente là-dessus, je pense, quant aux
matières, à certaines matières, quant à certaines
matières qui pourraient, pour employer le langage populaire, sauter,
carrément sauter, disparaître.
M. Brassard: Vous voulez dire: la grille matières doit
être fixée avant de déterminer les profils de sortie?
M. Bisaillon (Robert): Bien, si on s'entend... Bien oui.
M. Brassard: Ce n'est pas plutôt l'inverse, non?
M. Bisaillon (Robert): Bien non! Bien, ça doit se faire en
même temps. Je dis: ce n'est pas avant, après, ça doit se
faire en même temps. C'est deux opérations concomitantes qui n'ont
pas la même nature. L'une regarde les résultats: qu'est-ce qu'un
élève doit savoir à la fin de tél, tel niveau?
L'autre regarde les façons de s'y rendre. Bon.
On peut très bien aussi ne pas se poser de questions sur les
profils de sortie et dire: On prend les matières pour acquises, mais se
demander: Dans ces matières-là, qu'est-ce qu'un
élève doit apprendre'? Voyez-vous? C'est le plus petit dans le
plus grand, ou le contraire. Je ne sais pas si je me fais comprendre. C'est
deux opérations différences. Bon. Nous, on dit: 11 faut qu'elles
se fassent en même temps. Il faut qu'on ait une idée claire des
champs du savoir pour employer une expression qui est maintenant un
petit peu reconnue auxquels on veut que le jeune se réfère
dans son curriculum. Bon.
Maintenant, «c'est-un» un petit peu plus de ceci, un petit
moins de cela? Ça, c'est une autre question; ça, il y a un
arbitrage à faire là. L'arbitrage, il va être plus facile
si on va voir les besoins de la société, qui sont demandés
à un jeune. Bon. Et, là, on peut commencer à faire
beaucoup de distinctions. Je vais vous en donner un exemple. Si je dis: Je suis
d'accord avec les mathématiques de secondaire V; au bout du processus,
ça se transforme en matière, ça, là. Quelles sortes
de mathématiques? Est-ce que c'est des mathématiques
vulgarisées qui ouvrent à des thématiques
générales ou si c'est des mathématiques
spécialisées qui ouvrent à certains profils de
cégep? Là, j'ai un autre choix à faire. Voyez-vous le
genre d'opérations compliquées et complexes qu'il faut faire?
Je ne commenterai pas ce que la ministre veut faire, veut mettre sur
pied. Je vous dirai cependant que nous allons dire à la ministre
ça, je peux vous le dire tout de suite; ça, c'est la partie qui
est réglée nous allons dire à la ministre ce que
nous faisons depuis le mois de septembre... le mois d'août, en fait. On
travaille sur ces questions-là, de profil de sortie et de curriculum. On
n'est pas prêts, au mois de décembre, à dire à la
ministre: Voici les profils de sortie. Mais on est prêts à lui
dire: Voici ce qu'il faut faire quand on fait des profils de sortie. Là,
si d'autres peuvent prendre la relève par la suite... Oh commence
à se faire une idée claire, chez nous, de ça. Il faut que
la société, je ne sais pas comment, s'exprime sur le niveau de
formation. Il ne faut pas que la société, par un
référendum ou une élection, décide quelles
matières vont être enseignées. Je ne sais pas si je me fais
comprendre, là. On ne fait pas Voter une grille matières par la
population.
M. Brassard: J'en conviens, mais...
M. Bisaillon (Robert): Parce que, à des places, il n'y
aura pas d'anglais langue seconde puis, à d'autres places, il n'y aura
pas de musique. Puis ça peut aller plus loin que ça. À un
moment donné* il faut s'entendre minimalement sur ce qu'une
société pense devoir être le niveau.
M. Brassard: C'est là mon interrogation, moi. C'est clair
qu'on ne fera pas un référendum, un scrutin
référendaire dont l'enjeu serait: Êtes-vous d'accord ou pas
avec les profils de sortie suivants? C'est évident mais, eh même
temps, ça, c'est un extrême.
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Et l'autre extrême, ça se fait en vase
clos, en catimini, puis c'est terminé, et on impose ça puis on
introduit ça dans le système.
M. Bisaillon (Robert): L'autre extrême, c'est...
M. Brassard: Comment faire en sorte que ce soit aussi, sans aller
jusqu'au référendum, que ce soit un débat de
société? Comment faire en sorte que ce soit un débat de
société? Parce qu'il m'apparaît que c'est une question
Centrale, ça, que les parents se posent aussi, que les parents
d'enfants, d'élèves se posent. Qu'est-ce que mon jeune, mon
enfant doit apprendre, qu'est-ce qu'il doit savoir, quelles valeurs doit-il
acquérir, quelles habiletés doit-il maîtriser? C'est une
question centrale que les parents se posent. Mais comment, sans en faire un
débat interminable puis qui ne finirait plus, comment, quand même,
faire en sorte que les intervenants, les acteurs, que ce soit un
débat... qu'au bout du compte, finalement, les profils de sortie, qu'on
soit à peu près certains que ça s'appuie sur des consensus
sociaux reconnus?
M. Bisaillon (Robert): Vous avez raison, j'ai pris un exemple
extrême. L'autre exemple extrême, c'est des spécialistes
seulement. Parce qu'eux autres ils vont toujours vous dire: Moi, si je suis en
éducation physique, c'est la santé des Québécois
qui est en danger. Si je suis en histoire, c'est la culture des
Québécois. Si je suis en art, c'est... bon, etc. Et il y a
d'autres systèmes qui n'ont pas évité ce
problème-là, qui ont confié à des
spécialistes le soin de se réformer ou de choisir la part
relative de leur discipline qui était encore nécessaire.
Évidemment, ils ont tout choisi. Bon, on le sait. Donc, ça prend,
je ne dirais pas un mécanisme, je ne le sais pas, mais ça prend
une occasion où il y a la rencontre d'experts et de citoyens. Je pense
que c'est ça que vous voulez dire. Bon. Ça prend une expertise,
ça ne prend pas juste des impressions. Mais ça prend aussi une
perception de ce qui est nécessaire dans la société, qu'on
va demander à des experts d'analyser. Ça prend les deux
niveaux.
M. Brassard: Puis un lieu pour en débattre... M.
Bisaillon (Robert): Oui, oui.
M. Brassard: ...une sorte de forum pour pouvoir en
débattre.
M. Bisaillon (Robert): Oui. Mais, moi, sur le mécanisme,
je ne me prononcerais, pas parce que j'ai toujours pensé que le Conseil
avait ce travail-là en particulier à faire. C'est pour ça,
d'ailleurs, qu'on l'a commencé. Là, je suis obligé de dire
à la ministre: On n'est pas prêts. Non pas à notre courte
honte, mais parce qu'on pense que ça prend un peu de maturation pour
faire ça. Mais, quant au reste...
M. Brassard: Justement, vous pourriez être mandatés
pour faire ça.
M. Bisaillon (Robert): Ah, oui. Mais...
M. Brassard: Parce que vous avez aussi une habitude, quand
même, une tradition de consultation.
M. Bisaillon (Robert): Oui, oui.
M. Brassard: C'est vrai que je dois appeler ça une
consultation discrète. On voit ça à la fin de chacun de
vos avis puis de vos rapports. Vous avez quand même consulté assez
largement, mais c'est une consultation discrète.
M. Bisaillon (Robert): Ah, oui.
M. Brassard: Ce n'est pas une consultation flamboyante ou
éclatante.
M. Bisaillon (Robert): Non, non.
M. Brassard: II y a quand même eu une implication des
acteurs, des intervenants dans chacun de vos avis. Donc, effectivement, moi, je
me pose la question: Pourquoi ne pas avoir tout simplement mandaté le
Conseil supérieur de l'éducation pour préparer ces profils
de sortie qui sont essentiels?
M. Bisaillon (Robert): Mais, là, ce n'est pas à moi
que la question doit s'adresser.
M. Brassard: Oui. Non, je sais que vous...
M. Bisaillon (Robert): Je ne suis pas capable de
répondre.
M. Brassard: Je sais. Je sais.
M. Bisaillon (Robert): Peut-être aussi que, si
c'était juste le Conseil, il nous manquerait l'éclairage de ceux
qui font les programmes. Je ne le sais pas. Mais il y a un bout qu'on va faire
de toute façon. Ça, je peux vous le dire. Et l'objectif c'est
d'aboutir avec un avis au printemps. Ça ne sera pas la fin du fin.
M. Brassard: Puis ce serait...
M. Bisaillon (Robert): Ça ne sera pas la fin du fin.
M. Brassard: ...assez détaillé. C'est un travail
assez approfondi que vous êtes en train de faire.
M. Bisaillon (Robert): Assez approfondi pour qu'on ne puisse pas
dire n'importe quoi en parlant des profils de sortie.
Le Président (M. Gobé): M. le député de
Rimouski, vous avez la parole. (17 h 20)
M. Tremblay (Rimouski): Moi, je voudrais... Dans le même
ordre d'idées, parce que ça m'inquiète. Tout à
l'heure, vous avez dit que c'était la décision de l'État,
finalement, d'établir les profils, et je verrais très mal, moi,
que le Conseil supérieur de l'éducation s'arroge ou, en tout cas,
décide ou annonce les politiques. Je pense que ça revient
à l'État, ça revient aux élus. Il ne faut pas, tout
de même, mêler les choses. Parce que, dans le champ de juridiction,
vous êtes un conseil consultatif, vous devez jouer votre rôle et
bien le jouer. Mais, après ça, le gouvernement devra
décider. Et c'est là qu'on relie, à mon sens, le public
aux décisions gouvernementales.
Au sujet des profils de sortie, les profils de sortie, ils sont
déjà... On les a expérimentés, en tout cas depuis
1964, depuis le rapport Parent, en 1965, et on a vécu avec ça,
avec des carences. Parce que, les carences, on les a vues au niveau de la
passation du secondaire au cégep, du cégep à
l'université. On voit qu'il y a des carences. Là, on a fait une
réforme de l'enseignement collégial, on essaie de corriger un peu
le profil de sortie pour l'université. On essaie en tout cas
d'améliorer; je ne sais pas si on atteindra les buts visés, mais
je pense que c'est un ajustement de parcours. La même chose se pose pour
la réforme si je peux appeler ça la réforme, en
tout cas, l'énoncé de politique de Mme la ministre au sujet du
secondaire. Je pense que c'est des ajustements. Parce que la grande
réforme, moi, je ne pense pas que ce soit un débat de
société au moment où on se parle. Le débat de
société, on l'a tenu avec le rapport Parent, on a fait la grande
réforme. Maintenant, ce qu'il nous faut faire, je pense que c'est des
ajustements de parcours, compte tenu de l'expérience, parce que tout le
réseau de l'enseignement, c'est lent à s'ajuster et c'est bien
normal parce que c'est immense, c'est gros. Moi, je pense que nous devons avoir
des ajustements de parcours et, la réforme telle qu'elle est là,
c'est un ajustement de parcours.
La grille horaire, c'est évident qu'à l'heure actuelle
comme vous le disiez tout à l'heure c'est quasiment...
Vous ajoutez toujours des choses. On n'enlève pratiquement rien, mais on
ajoute toujours de la formation supplémentaire qu'il faut dans le
curriculum des élèves, mais avec une certaine limite aussi
parce
qu'il y a des coûts à cela. Moi, je voudrais savoir, dans
ce qui est proposé par Mme la ministre, quelle est votre opinion au
sujet du fait de ne plus rendre obligatoires les cours d'économie
familiale et d'initiation aux technologies, par exemple? Est-ce que vous avez
une idée là-dessus ou si vous ne voulez pas vous prononcer?
M. Bisaillon (Robert): J'ai l'idée de ce qu'on va dire,
une idée personnelle. Est-ce que je peux vous dire quelque chose, M.
Tremblay, M. le député? En 1982, j'étais en
négociations, et un sous-ministre m'avait suggéré, m'avait
proposé un échange de bons procédés, comme il
disait: si la CEQ donnait son accord à la disparition des petites
matières insignifiantes c'était ce qu'il me disait
on pourrait en retirer beaucoup. J'ai dit: Si vous pensez qu'elles sont
insignifiantes au point de les faire disparaître, décidez tout
seul. Mais vous comprenez la difficulté, là. Et je comprends,
pour un gouvernement, comme pour un dirigeant syndical, de dire: Demain matin,
on sacrifie tant de profs pour ce qui est d'un dirigeant syndical. Et,
pour une ministre, de dire: Je viens de décider que cette
matière-là est moins importante que les autres. Bon. C'est pour
ça que la ministre n'a pas choisi de faire disparaître des
matières, elle nous a posé la question. Je présume que la
réponse va ressembler à peu près à ceci
enfin, je présume: On ne peut pas, comme Conseil, conseiller de faire
disparaître telle ou telle matière avant d'avoir regardé
l'ensemble des matières, en relation, précisément, avec
les profils de sortie. Je présume. Je n'ai pas entendu actuellement au
Conseil des gens assez branchés, à ce point, pour dire: Oui,
dorénavant, c'est l'éducation familiale qui est de trop. Ce qui
ne veut pas dire que les gens ne le pensent pas pour l'une ou l'autre
matière. Alors, ça va aller dans ce sens-là un peu.
M. Tremblay (Rimouski): Je suis bien d'accord avec vous. Et, moi,
je suis un peu du même avis que vous, parce qu'on ne peut pas aller trop
vite là-dedans, parce que les matières ne sont pas, à mon
sens, secondaires... bien, secondaires, tout étant relatif. Mais, ce qui
est important, c'est la formation de base et, après, à cela, au
niveau de la formation générale de la personne, il faut bien y
ajouter quelque chose. Un être humain, à mon sens, doit comprendre
ses matières de base très bien mais, après, il faut qu'il
vive en société, il faut bien qu'il soit capable de
s'intégrer à cette société-là. Et,
là, je pense que ces cours-là, jusqu'à un certain point,
ont une valeur.
M. Bisaillon (Robert): On doit cependant reconnaître qu'il
existe parmi plusieurs disciplines à l'école des objectifs qui
sont les mêmes. Et il suffit de questionner nos enfants pour apprendre
qu'ils ont l'impression de faire la même chose dans plusieurs
matières. Bon. Je ne vous dis pas que c'est nécessairement dans
les matières qui sont identifiées comme étant susceptibles
de disparaître; ça peut être même dans d'autres. Donc,
il faut regarder ça globalement.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui? M. le
député de Lac-Saint-Jean, vous avez demandé la parole?
M. Brassard: Oui, c'est ça... Le Président (M.
Gobé): Merci, monsieur.
Confessionnalité du système
scolaire
M. Brassard: ...j'aimerais aborder brièvement, parce qu'il
nous reste peu de temps, d'autres problèmes, entre autres la question de
la confessionnalité du système scolaire. À la suite du
jugement de la Cour suprême, vous le savez, on risque de se retrouver,
particulièrement à Montréal, avec six réseaux
d'écoles: un réseau anglo-protestant, un réseau
franco-protestant, un réseau anglo-catholique, un autre
franco-catholique, un réseau anglais non confessionnel et un
réseau français non confessionnel, ce qui, évidemment, a
été jugé comme étant un véritable fouillis,
une tour de Babel scolaire. Vous avez déjà émis un avis
sur cette question en 1986 ou 1987, et votre conclusion était
très claire: c'est qu'il fallait absolument, je dirais, se
débarrasser de l'article 93, qui était une contrainte paralysante
et qui empêchait de moderniser notre système scolaire.
Êtes-vous toujours du même avis?
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Brassard: Et comme, à l'occasion de négociations
constitutionnelles, votre recommandation n'a pas été suivie, on
ne l'a pas mise sur la table constitutionnelle, comment vous pensez qu'on peut
s'en sortir actuellement? Étant donné qu'il n'y a pas de
négociations constitutionnelles à l'horizon, qu'il n'y a pas de
possibilité, par conséquent, d'appliquer la recommandation que
vous faisiez en 1986, c'est-à-dire faire disparaître l'article 93,
comment peut-on faire maintenant pour empêcher que naisse le fouillis
avec six réseaux, ce qui serait aberrant, là, cette aberration de
six réseaux d'écoles sur l'île de Montréal? Comment
on peut empêcher ça?
M. Bisaillon (Robert): En tout cas, je pense qu'on ne peut pas
empêcher ça, sinon en faisant appel à la bonne
volonté des commissions scolaires concernées pour se transformer
en commissions scolaires linguistiques. Là-dessus, il y a deux points de
vue qui s'expriment. Il y en a qui disent: Ça «serait-u»
beau si ça arrivait comme ça, ça réglerait le
problème. Il y en a d'autres, dont je suis, qui prétendent: Ne
rêvez pas en couleurs. Parce que la commission scolaire, pour prendre un
exemple, la CECM se transformerait demain matin, unanimement, en commission
scolaire linguistique, il y aurait des individus qui pourraient invoquer le
droit à la dissidence pour faire appliquer le jugement.
Donc, je pense que, oui, il y a une situation compliquée à
appréhender sur le territoire. De sorte
qu'on savait très bien, le Conseil, en reconduisant, si vous
voulez, la recommandation de 1986 à l'effet d'en faire une partie du
contentieux constitutionnel, on était tout à fait conscients que
c'était passé dû, comme on dirait, cette année; on a
regardé ce qui était possible à part ça. C'est pour
ça qu'on a dit: II faut ouvrir deux autres voies; il faut, à tout
le moins, compte tenu de l'évolution de la société, et
particulièrement en milieu montréalais, que si le jugement permet
l'existence d'écoles avec statut confessionnel on permette l'existence
d'écoles sans statut confessionnel. Au moins. Parce que, là,
vraiment, ça me paraît que ça devient... Là
où le besoin s'en fait sentir, évidemment. Et on pense aussi
qu'à l'intérieur des écoles il faut commencer à
explorer la piste d'un enseignement de type culturel, à la fois moral et
religieux, qu'on pourrait offrir à un certain nombre
d'élèves qui le désirent, toujours dans les milieux
où on pense que ça répond à des plus grands
besoins. (17 h 30)
Quand au reste, qu'est-ce que vous voulez qu'on vous dise? Nous, on
pense que c'est vrai que reconduire cette proposition-là en 1993,
ça ne change pas grand-chose par rapport au jugement de la Cour
suprême, mais que, si ça avait été pris au
sérieux tout de suite, peut-être qu'on aurait fait du chemin avec
ça. Je ne sais pas. Peut-être que non, parce qu'il y a des
juristes j'ai lu ça en fin de semaine ou il a deux semaines, dans
un journal il y a des juristes qui prétendent que ce n'est pas
vrai qu'ouvrir l'article 93, ça aurait donné des choses. Mais
ça, ça n'a pas été essayé. Alors, on peut
bien ergoter là-dessus.
M. Brassard: Non, pas du tout. Ça n'a pas
été mis sur la table.
M. Bisaillon (Robert): Alors, voilà, oui, c'est ça
un petit peu qu'on suggère.
M. Brassard: En fait, bref, je pense aussi que, quand on regarde
la composition des conseils des commissaires, actuellement, à
Montréal, ceux qui espèrent que ces commissions scolaires vont se
transformer en commissions scolaires linguistiques, vous avez en grande partie
raison, ils rêvent en couleurs. Parce que c'est précisément
ces commissions scolaires qui ont porté la cause devant les tribunaux
pour obtenir le jugement qu'on sait. Alors, comment peuvent-ils, maintenant
qu'ils ont eu gain de cause, comment penser concevoir qu'ils vont maintenant se
retourner et décider que ce... balayer ça du revers de la main
et, bon, dire: Maintenant, on se transforme en commission scolaire
linguistique? Ça m'apparaît illusoire.
M. Bisaillon (Robert): Et même s'il y avait retournement et
que ça se produisait...
M. Brassard: II y aurait toujours des dissidents possibles.
M. Bisaillon (Robert): Ce qui rendrait peut-être moins
large le territoire de la dissidence, sur lequel s'exprimait le territoire de
la dissidence. Mais il y aurait quand même une commission scolaire
à la mesure, je dirais, de cette dissidence-là.
Bon! Alors, moi, je pense qu'il y a quelque chose de compliqué
là-dedans, là. Ça prendrait non seulement un consensus
entre les parties, mais l'unanimité des citoyens. Alors, c'est demander
beaucoup, je pense. C'est plus que la ceinture et les bretelles. C'est pas mal
plus. Ça m'apparaît une impossibilité théorique.
M. Brassard: Moi, je voudrais aborder, M. le Président,
aussi la question de la formation professionnelle.
M. Gautrin: Un instant, moi, je...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député. Juste peut-être écouter la fin de ce que M.
le député veut dire.
M. Brassard: Là-dessus?
M. Gautrin: Non, non, mais, moi, j'ai une autre question... Sur
pas ça sur un autre point.
M. Brassard: Ah, bon! Oui.
M. Gautrin: C'est comme tu veux.
M. Brassard: Comment ça va dans le temps?
Le Président (M. Gobé): Ah! Il nous reste
une...
M. Brassard: Oui, mais en partage.
M. Gautrin: En partage.
M. Brassard: Pas mal à égalité.
Le Président (M. Gobé): Disons que c'est pas mal
équitable.
M. Gautrin: Non, non, ça n'a pas l'air équitable du
tout. J'ai l'impression que vous en avez pris plus que nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Ça me surprendrait. Vous avez parlé
longtemps, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Oui, vous aussi, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Ha, ha, ha!.
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, M. le
député de Verdun, je vous concède donc...
M. Brassard: Allez!
M. Gautrin: Non, mais M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...un avantage sur le
terrain...
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...pour la dernière
période.
M. Gautrin: Non, non, je voudrais, moi, dans... J'ai une
dernière question qui est vraiment tout à fait de nature, non pas
de système d'éducation, mais bien sur le fonctionnement du
Conseil supérieur. Alors, je serais prêt à revenir plus
tard, si M. le député de Lac-Saint-Jean veut rester encore sur
des questions d'ordre général, sur le fonctionnement du
système d'éducation, quitte à revenir sur...
Une voix: II reste 35 minutes, là. M. Gautrin: II
reste 35 minutes. M. Brassard: .. .sur la formation professionnelle.
M. Gautrin: Alors, peut-être que vous pourriez rentrer
ça, parce que, moi, c'est réellement tout à fait
spécifique sur le fonctionnement du Conseil.
M. Brassard: O.K., d'accord.
M. Gautrin: Alors, entrez sur la formation professionnelle,
quitte à ce que vous me laissiez assez de temps, quand même, avant
la fin, pour que je puisse...
Le Président (M. Gobé): Oui, mais j'y veillerai.
M. Gautrin: ...poser mes questions sur ça.
Formation professionnelle et décrochage
scolaire
M. Brassard: Bien, sur la formation professionnelle, bon, vous
savez qu'il y a eu ce qu'on pourrait appeler, là, une chute assez
dramatique des inscriptions, chez les jeunes surtout, qui faisait suite
à la réforme de la formation professionnelle. Et ça
explique peut-être aussi, enfin, certains prétendent que ça
explique peut-être le décrochage d'un certain nombre de jeunes.
Vous le disiez, je ne sais pas, dans un de vos avis, que, peut-être que
des jeunes décrochent après le secondaire III parce qu'ils voient
ça trop loin dans le temps, le moment où ils vont pouvoir
recevoir une formation professionnelle de leur choix. Il y a peut-être un
bon nombre de jeunes, là, qui ont décroché à cause
de ça. D'ailleurs, je pense que la ministre pose une question dans ce
sens-là.
Et, est-ce que vous croyez qu'un des moyens de réduire le
décrochage, c'est, d'une certaine façon, de revenir à ce
qui se faisait, un peu auparavant, c'est-à-dire de faire en sorte que
les jeunes puissent accéder à la formation professionnelle plus
tôt, tout en poursuivant une formation générale. Comment
faire en sorte que le jeune ne décroche pas, parce que, justement, il
voit ça trop éloigné dans le temps, le moment... Il faut,
évidemment, prendre pour acquis qu'il a choisi d'aller en formation
professionnelle; il a choisi d'aller dans cette voie-là. C'est vers
ça qu'il veut s'orienter, mais, finalement, il voit ça tellement
loin après le secondaire V, qu'il abandonne. Comment est-ce que vous
verriez que les choses devraient se dérouler? Quels changements on
devrait introduire, en matière de formation professionnelle pour,
à la fois réduire le nombre de décrocheurs et augmenter
aussi le nombre des inscriptions, qui est dramatiquement bas?
M. Bisaillon (Robert): Chez les jeunes? M. Brassard: Chez
les jeunes.
M. Bisaillon (Robert): Bon. Le diagnostic auquel vous faites
référence, là, qu'on a fait, évidemment, ou qu'on a
posé au Conseil, que la ministre reprend, je crois, qu'elle assume dans
le document «Faire avancer l'école», elle n'est pas
prête à donner la réponse, là, et je vous dirai
qu'on est dans la même situation au Conseil, parce que, quand vous dites:
Êtes-vous prêts à revenir à la situation
antérieure?, ça pose la question suivante: Est-ce qu'on souhaite
revenir à la situation antérieure qui a été
tellement décriée? Il y a deux directions qu'on devra examiner
là-dedans, et la ministre nous pose des questions en relation avec les
deux directions.
La première, c'est s'il est vrai et nous pensons que c'est
vrai que des jeunes seraient allés en formation professionnelle
s'ils n'avaient pas eu à faire leur secondaire V avant. Parce que, entre
nous, si je suis un jeune qui veut aller en formation professionnelle et que je
réussis mon secondaire V, pourquoi ne pas aller, plutôt, en
formation technique au collège? Bon. La question devient donc pertinente
de se poser. La question à se poser devient donc pertinente, à
savoir: Est-ce qu'une fréquentation concomitante de la formation
professionnelle et de la formation générale augmenterait la
persévérance scolaire...
M. Brassard: Oui. C'est ça, la question.
M. Bisaillon (Robert): ...et, partant, le nombre de
diplômés? Moi, je suis porté à penser que oui, mais
le débat, je ne suis pas sûr qu'il va se régler comme
ça, au Conseil. Je vous le dis très franchement. Je vous le dis
très franchement. Bon. Il y a de la résistance dans beaucoup de
milieux, aussi, à ce que des jeunes arrivent en formation
professionnelle à un âge de 15 ou 16 ans, donc, avec des
problèmes de discipline, alors que c'est si facile avec des adultes avec
qui on n'a pas ces problèmes-là à régler. D'autre
part, certains disent: On a
réussi, à grands frais, à revaloriser la formation
professionnelle en augmentant les standards et les conditions d'accès.
Ça commence à peine à porter ses fruits; ne revenez pas en
arrière. Et on est sensibles à tous ces arguments-là.
Donc, il y a cette question-là qui est lancinante, là. Bon.
L'autre question, c'est: Est-ce que, un jour, on va admettre, entre
nous, qu'il y a une fraction de la population qui jamais ne va arriver à
un diplôme, qu'il soit professionnel ou autre, et qui, d'ailleurs, est
reconnue dans l'objectif même du gouvernement, de fixer à 80 %
l'accès au diplôme d'études secondaires? Donc, il y a un 20
%, en quelque part, dont on ne s'occupe pas, entre guillemets, suffisamment,
sous prétexte qu'il ne fait pas partie de l'objectif qu'on poursuit pour
la majorité des gens. Bon. La ministre appelle ça, dans son
programme: Est-ce qu'on peut former des gens à des fonctions de travail
moins complexes ou de complexité inférieure à celle
requise pour un diplôme? Et moi je pense qu'une société qui
ne s'occupe pas de ces jeunes-là, c'est une société
injuste. Il va falloir regarder ça. Ça peut être des
occupations préprofessionnelles; ça peut être des
occupations modulées sur des besoins dans le marché du travail,
des besoins du marché du travail qu'on est capable d'identifier, qui ne
seront pas nécessairement les mêmes dans 10 ans. Je ne le sais
pas, mais il faut regarder cette question-là. (17 h 40)
Si on fait ça, cependant, il faut bien nous comprendre entre
nous, on vient de créer trois je ne dirais pas des
filières mais trois cheminements de formation professionnelle qui
iraient du plus grand au plus petit, en passant par une voix
intermédiaire. Et ça pourrait faire dire à certains qu'on
revient, là, à l'ancienne situation du professionnel court et du
professionnel long. Hein, bon! Il ne faudrait pas que ça soit dans cet
esprit-là; il ne faudrait surtout pas que ça soit dans cet
esprit-là. C'est ça qu'on regarde actuellement, et c'est un
débat qui n'est pas facile. Parce que, «c'est-u» vrai que,
si on attend encore 10 ans et on continue à faire des efforts, on va
augmenter le nombre de jeunes en formation professionnelle au secondaire?
«C'est-u» vrai, ça? Moi, j'ai des doutes là-dessus.
Et je me dis: Est-ce que c'est juste d'attendre encore 10 ans? Ça peut
être bon pour un système, ce n'est pas long une expérience
de système, 25 ans, mais, pour les jeunes en question,
«c'est-u» bon?
Par ailleurs, il ne faut pas faire accroire aux jeunes, aujourd'hui,
alors que tout le monde dit que ça prend au moins un diplôme
d'études secondaires, il ne faut pas inciter des jeunes, qui sont
déjà fragiles à l'âge de 14, 15 ans, et qui ont des
difficultés, il ne faut pas les inciter à quitter le
système régulier sans leur garantir que ce n'est pas
irréversible, qu'ils ne pourront pas y revenir. Donc, il ne faut pas que
ça soit des voies de garage. C'est pour ça qu'il faut
peut-être parler de «préprofessionnalisation»
plutôt que d'initiation à la vie active. Il ne faut pas, non plus,
faire des promesses qu'on ne tiendra pas. Si on engage des jeunes
là-dedans, il ne faut pas que les programmes qu'on va bâtir
ressemblent à ce qu'il y avait de pire autrefois, parce que c'est des
jeunes qui ne sont pas valorisants pour un système. donc, voyez-vous le
nombre de précautions que j'annonce? moi, je pense qu'il faut faire une
certaine ouverture, parce que le discours qu'on tient sur la
démocratisation et l'accès aux études, ça va rester
un écran de fumée si on accepte que ce discours-là laisse
tomber en chemin 20 %, 25 %, 30 % des jeunes. je préfère qu'on en
sauve 15 % de ces 30 % de façon moins noble que le maximum des
objectifs, et qu'ils puissent s'insérer socialement, que de les voir
partir à 15 ans et ne jamais revenir. et même, quand ils
reviennent, des fois, avec très peu de...
Alors, il y a bien sûr aussi les formules comme l'alternance
études-travail, qui... Et il y a des approches pédagogiques
différentes qui sont d'ailleurs à l'essai dans le système
scolaire. Il va falloir faire preuve de plus d'imagination que le canal unique,
parce qu'on le sait, le canal unique, c'est quoi, l'effet? Moi, je pense que
ça a créé du décrochage.
M. Brassard: Diversifier les cheminements, comme vous le
proposiez.
M. Bisaillon (Robert): Oui, oui.
M. Brassard: Les parcours, diversifier les parcours.
M. Bisaillon (Robert): Faciliter, diversifier les parcours. Il
n'y a pas d'autre façon si on veut amener des jeunes.
Et pourquoi c'est une autre question qu'on se pose
pourquoi, au lieu d'exiger l'atteinte des objectifs de formation
générale avant de passer à la formation professionnelle,
on n'exigerait pas l'atteinte des mêmes objectifs, mais en même
temps? C'est-à-dire qu'au lieu d'en mettre une condition d'accès,
qu'on en fasse une condition de réussite. C'est ce genre de questions
qu'on se pose actuellement, mais, je vous dis, ça va être un gros,
gros débat, pas facile à trancher.
M. Brassard: Est-ce que vous avez l'intention de répondre
à ces questions? Aurez-vous le temps, d'abord, premièrement, de
répondre à ces questions dans l'avis...
M. Bisaillon (Robert): Oui, oui.
M. Brassard: ...que vous comptez remettre à la ministre?
Oui?
M. Bisaillon (Robert): Oui. Pas de façon, peut-être,
définitive, selon des modèles.
M. Brassard: Parce que les questions qu'elle pose à la fin
de son document, vous n'êtes pas tenus d'y répondre?
M. Bisaillon (Robert): Non, non, mais on préfère le
faire quand on a des positions qui sont assez proches.
M. Brassard: Mais vous allez le faire?
M. Bisaillon (Robert): Oui, surtout que, là, on
s'était un peu peinturé, si vous permettez, dans le dernier
rapport annuel quant à la formation professionnelle.
M. Brassard: Oui.
M. Bisaillon (Robert): II faut un jour admettre que, même
si une réforme est belle sur papier, quand elle ne produit pas tous les
effets dans le milieu, il y a des individus là-dedans, et ça
coûte cher à une société que de... hein? Bon. Alors,
un jour, il faut avoir le courage de dire: Bien...
M. Brassard: Ouvrir les yeux.
M. Bisaillon (Robert): ...que faisons-nous pour ces jeunes?
M. Brassard: M. le Président, j'aurais une dernière
question...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le...
M. Brassard: ...avant de céder au député de
Verdun. C'est très rapide...
Le Président (M. Gobé): Mais je dois, juste avant,
vous mentionner que, normalement, selon nos règlements, nos usages, 10
minutes avant la fin, je vais devoir vous poser quelques questions quant aux
travaux de cette commission, mais ça peut prendre seulement deux, trois
minutes. Donc, on n'arrêtera pas à 18 heures pile, mais à
17 h 55, 17 h 50.
Éducation populaire autonome
M. Brassard: Ce ne sera pas très long. Ça concerne
l'éducation des adultes. Je pense que vous avez à vous prononcer
sur un régime pédagogique concernant l'éducation des
adultes. Je ne vous demanderai pas de nous révéler le contenu de
l'avis...
M. Bisaillon (Robert): II y a eu demande hier! Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Brassard: C'est vrai, c'est récent, ça vient
d'arriver.
Ma question, cependant, est pertinente: Est-ce que vous comptez, dans
cet avis, tenir compte de ce qu'on appelle l'éducation populaire
autonome? Vous l'avez souventefois exprimé dans plusieurs de vos
rapports et de vos avis: L'école n'est pas le lieu unique de
formation.
Dans un système d'éducation, il faut prévoir une
diversité de lieux de formation et, dans cette perspective, vous avez,
je pense, clairement affiché vos couleurs en disant que
l'éducation populaire autonome, ce qu'on appelle l'éducation
populaire autonome, faite par des groupes dans divers milieux, et surtout,
généralement, ce sont des milieux dits défavorisés,
plus démunis...
Est-ce que vous comptez, dans votre avis, encore une fois exprimer de
nouveau votre position, votre appui quant à la présence, dans le
système d'éducation, d'une éducation populaire autonome
vigoureuse, reconnue et financée adéquatement?
M. Bisaillon (Robert): Au risque de paraître impoli,
pendant que j'écoutais votre question, je consultais rapidement la
demande, parce que je n'ai pas eu le temps de la regarder...
M. Brassard: Ah bon! Ha, ha, ha!
M. Bisaillon (Robert): ...et je me rends compte que, dans un des
projets de régime, là, services éducatifs pour les adultes
en formation générale, il y a la question des services
d'éducation populaire. Je ne sais pas si c'est assimilable à la
question que vous me posez mais, si ça l'est, c'est évident qu'on
va se prononcer là-dessus, puisqu'on est tenus, même, de le faire.
Mais je ne connais pas la teneur de la demande.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup.
Maintenant, je suis désolé, M. le député de
Lac-Saint-Jean...
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...mais, le temps coulant,
je dois passer la parole à notre collègue le député
de Verdun. M. le...
M. Gautrin: Merci, monsieur...
Le Président (M. Gobé): Ça terminera les
interventions...
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): ...de cette commission.
Recherche universitaire
M. Gautrin: Je voudrais revenir brièvement sur le
fonctionnement du Conseil supérieur de l'éducation,
c'est-à-dire avec le nouveau mandat que vous avez eu suite à,
disons, la réorganisation qui s'est faite et la disparition du Conseil
des universités et du Conseil des collèges. Il y avait, dans le
Conseil des universités, une dimension qui était la recherche
universitaire et il y avait une commission de la recherche universitaire qui
était incluse à l'intérieur du Conseil des
universités.
Est-ce que cette dimension-là, que je n'ai pas vue
présente dans votre rapport 1992-1993 mais j'imagine qu'elle est
présente ou pas... Enfin, comment est-elle assumée à
l'intérieur des responsabilités du nouveau Conseil
supérieur de l'éducation?
M. Bisaillon (Robert): Je dirais, de...
M. Gautrin: Ou est-ce que c'est une responsabilité qui a
été transférée au Conseil de la science et de la
technologie?
M. Bisaillon (Robert): Non.
M. Gautrin: Je ne pense pas, mais...
M. Bisaillon (Robert): La façon de répondre
à cette question-là, c'est de vous dire que c'est
prévu dans la loi, d'ailleurs...
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon (Robert): ...qui transfère ces
responsabilités au Conseil la commission va s'appeler Commission
de l'enseignement et de la recherche universitaires. Alors, c'est très
clair, il y a une volonté du législateur, à mon avis,
à ce qu'on s'occupe autant de l'un et de l'autre champ de
l'activité universitaire, et on a l'intention de le faire.
M. Gautrin: Donc, même le titre, alors, vous allez le
changer, parce que vous avez ici la Commission... Ici, c'est la Commission de
l'enseignement supérieur que vous avez à l'intérieur de
votre...
M. Bisaillon (Robert): Parce que ce rapport-là couvre la
période se terminant le 31 mars.
M. Gautrin: Très bien. Très bien. Donc, dans la
nouvelle structure, vous allez...
M. Bisaillon (Robert): Oui.
M. Gautrin: ...avoir une commission différente qui va
être Commission de l'enseignement...
M. Bisaillon (Robert): ...et de la recherche universitaires.
M. Gautrin: ...et de la recherche. Je vous remercie, ça
répond à ma préoccupation. J'avais peur qu'elle
disparaisse à l'intérieur de...
M. Bisaillon (Robert): Vous n'êtes pas le seul à
avoir eu peur, semble-t-il.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
député de Verdun.
Alors, je demanderai maintenant... Je m'adresserai aux membres de cette
commission et je vous demanderai si vous jugez que la consultation est
suffisante en ce qui concerne les auditions du Conseil supérieur de
l'éducation ou si vous désirez que nous le reconvoquions à
une séance ultérieure, et ce devrait être donc
précisé en séance de travail par la suite. Mais j'aimerais
avoir votre volonté quant à savoir si vous désirez
continuer ces auditions.
M. Brassard: Bien, moi, il me semble qu'on pourrait
peut-être...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...laisser les choses en suspens: Peut-être
qu'après les fêtes, en janvier, on jugera utile de reprendre nos
échanges. Il y aura eu des progrès et une évolution des
choses.
Une voix: Ça évolue.
M. Brassard: Ça évolue tellement rapidement,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Que ce soit sine die, comme on dit.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Verdun, M. le député de Rimouski,
avez-vous des commentaires à faire sur cette question?
M. Gautrin: Sur cette question particulière?
Le Président (M. Gobé): Oui. Ça prend un
consensus de la...
M. Gautrin: ...je serais prêt à me rallier à
la position du député de Lac-Saint-Jean, personnellement.
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, ceci tient
lieu, là aussi, donc, de remarques finales en même temps, et je
tiens à remercier les membres du Conseil qui se sont
déplacés aujourd'hui, en vous souhaitant une rencontre prochaine
à la demande des membres de cette commission.
M. le député de Rimouski, avant d'ajourner...
M. Tremblay (Rimouski): Vous ne m'avez pas demandé mon
opinion, mais, moi, je pense qu'on devrait avoir comme...
Le Président (M. Gobé): Bien, elle est très
importante. Nous allons l'écouter. (17 h 50)
M. Tremblay (Rimouski): On devrait avoir comme habitude au moins
de voir ou d'entendre le Conseil supérieur de l'éducation une
couple de fois par année. Ça ne serait vraiment pas mauvais pour
la commission de l'éducation, parce que, finalement, nous, on est
membres de cette commission, on oeuvre à l'intérieur, mais, vous,
vous avez un autre travail de consultation, puis c'est drôlement
intéressant pour nous d'être mis en profit là-dedans.
M. Gautrin: Dans le cadre de la loi 198 sur
l'imputabilité, nous pouvons...
Une voix: Ha, ha, ha! Ayoye!
M. Gautrin: Absolument. Pouvoir, par l'article...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Donc, je vous remercie.
Ceci met fin à nos travaux d'aujourd'hui. Je vais donc ajourner
les travaux sine die, car je n'ajourne pas les travaux, et nous nous reverrons
donc probablement après les fêtes de fin d'année.
Alors, merci beaucoup. La commission est ajournée sine die, et
bon retour à tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 51)