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(Douze heures quatre minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Je déclare donc la
séance de la commission de l'éducation ouverte. Je rappelle le
mandat de la commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 72, Loi modifiant le Code des
professions et la Loi sur les infirmières et les infirmiers. Est-ce que
nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, madame: M. Fradet (Vimont) par M.
Lafrenière (Gatineau); M. Gobé (LaFontaine) par M. Bergeron
(Deux-Montagnes) et M. Hamel (Sherbrooke) par Mme Cardinal
(Châteauguay).
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
secrétaire. Alors, je permettrai ici aux membres de la commission de
faire les déclarations d'ouverture, les remarques préliminaires.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez de
saluer mes collègues de l'Assemblée nationale, de même que
la députée critique du dossier de l'Office des professions, et
d'indiquer à la commission que je suis accompagné de M. Louis
Roy, vice-président de l'Office des professions, de Me Maryse Beaumont,
qui est responsable des affaires juridiques de l'Office, de même que de
Me France Lesage, qui est affectée à ce dossier de ce projet de
loi, et, à ma gauche, de mon attachée politique pour les dossiers
de l'Office, Me Edith Lorquet.
Alors, Mme la Présidente, je ne crois pas que notre projet de loi
ait besoin de beaucoup de commentaires pour débuter. Il s'agit d'un
petit projet de loi de 9 articles. Vous savez qu'auparavant et jusqu'à
ce projet de loi il était de coutume de procéder par un projet de
loi par item. Alors, dans ce cas-ci, ça aurait nécessité
plusieurs projets de loi, certainement 5, 6. Suite à des échanges
que nous avons eus avec les membres de la commission en 1991, au printemps
1991, il a été convenu de regrouper ces petits projets de loi
sous un projet de loi et qu'on puisse le travailler ensemble. Ça
présentait des avantages au point de vue économie pour le
gouvernement; de même, ça permettait un meilleur traitement de
l'ensemble du dossier par la commission. En conséquence, nous avons ici
devant nous, donc, un projet de loi qui contient 9 articles, qui regroupe
plusieurs de ces éléments-là et qui donne suite,
finalement, à l'orientation que nous nous sommes proposée en
1991.
Mme la Présidente, vous allez constater qu'il s'agit d'un projet
de loi relativement léger. Il s'agit de corrections, d'additions. On
parle, par exemple, évidemment, des abréviations qui peuvent
être utilisées pour les noms. Ça a été
demandé depuis longtemps, dans un contexte de protection du public. Il y
a des modifications à différents éléments. On note,
par exemple, l'introduction de la Corporation professionnelle des traducteurs
et interprètes agréés du Québec. C'est une nouvelle
corporation que nous avons reconnue l'an passé et qui, finalement,
nécessite des interventions législatives de cet ordre-là
pour donner suite aux orientations et à l'émission des lettres
patentes. Et il y a des modifications au niveau de la Loi sur les
infirmières et les infirmiers du Québec. Bonjour! On vous
attendait.
Alors, ça fait le suivi, finalement, de ces dossiers qui
étaient en traitement au niveau de l'Office et qui, évidemment,
je pense, ne doivent pas faire l'objet d'une vive contestation. Il n'y a pas
vraiment de sujets d'irritation, sauf peut-être, sur un point de vue
philosophique, le dossier des infirmières et des infirmiers, quoique je
pense qu'une fois que les explications seront fournies aux membres de la
commission les gens vont bien comprendre, bien en saisir la nature et la
portée. Donc, je m'attends à ce que, évidemment, le tout
reçoive l'approbation et un appui, après étude, bien
sûr, de l'ensemble des membres de la commission et que ce soit
adopté à l'unanimité avant 13 heures.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Je salue les membres
de la commission. Je suis accompagnée de Me France Thériault.
Évidemment, le ministre comprendra qu'on ne pourra pas réaliser
son voeu, c'est-à-dire adopter le projet de loi d'ici 1 heure, hein,
d'ici 13 heures. C'est effectivement un petit projet de loi si on tient compte
du nombre d'articles, 9 articles. Nous avons, durant cette session-ci,
plusieurs petits projets de loi. Je viens de quitter la Chambre, c'était
le projet de loi 87 qui ne contenait que 3 articles, et nous avons eu quand
même des délibérations qui ont duré un certain
moment. Parce que, même si le projet de loi est petit, il fait quand
même appel à des changements. Lorsqu'on regroupe différents
projets en un seul, effectivement, on gagne du temps. Ce n'est pas mauvais en
soi. Par contre, les sujets sont tellement variés, et c'est dans cette
position-là qu'on se retrouve: il y a plusieurs articles qui ne nous
posent aucun problème. Par contre, il y a d'autres articles qui nous
posent problème parce qu'ils font appel à d'autres points.
Dans ce projet de loi là, Mme la Présidente, on touche,
effectivement, aux abréviations, aux attributions d'initiales, aux
titres réservés; sans aller vraiment toucher au véritable
problème des titres réservés, on ne fait que des petits
changements, mineurs. On fait des changements aussi du côté des
technologues. La Corporation professionnelle des technologues des sciences
appliquées du Québec souhaitait un changement de nom pour celui
de Corporation professionnelle des technologues professionnels du
Québec. Le ministre nous disait, dans ses remarques préliminaires
la semaine dernière, qu'il devait faire d'autres modifications,
probablement, que celles qui étaient inscrites aux notes explicatives.
J'espère que ça ne changera pas le principe du projet de loi. (12
h 10)
Du côté de la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés du Québec, on fait l'ouverture des
services de conseil. C'est un principe en soi qui est extrêmement
différent du reste du projet de loi. Donc, il faudra aussi questionner
un petit peu là-dessus. On a aussi l'intégration au Code des
professions de la Corporation professionnelle des traducteurs et
interprètes agréés du Québec. Ça, ça
ne pose absolument pas de problème, évidemment.
Il y a des modifications à la Loi sur les infirmières et
les infirmiers du Québec et, je pense l'avoir très clairement
mentionné lors des remarques que j'ai faites lors de l'adoption de
principe, nous avons voté contre le projet de loi 72 uniquement pour cet
aspect-là. Évidemment, on fait référence à
l'article 6 du projet de loi 72 qui est devant nous, l'article 6 qui vient
modifier l'article 11 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers du
Québec, et qui vient donner un pouvoir d'enquête au sujet de la
qualité des soins infirmiers qui sont fournis dans les centres
exploités par les établissements. Un comité
d'enquête y est formé, et on sait que le ministre n'a pas
annoncé, en tout cas jusqu'à maintenant, son intention qu'il y
ait des représentants des infirmiers et des infirmières
auxiliaires du Québec sur ce comité d'enquête qui va les
concerner directement, au premier chef.
C'est le principe. Le ministre nous disait que c'était
philosophique. Je pense que ce n'est pas uniquement philosophique; c'est un
changement majeur que d'accorder ce pouvoir d'enquête là. On sait
qu'il y a quand même un système disciplinaire du côté
des corporations professionnelles. On sait qu'il va y avoir des changements
à ce système lorsque le ministre va finalement déposer sa
réforme et qu'il y a aussi la loi 120, qui, elle aussi, a amené
des changements au niveau du traitement des plaintes. Il y a aussi
possibilité pour les citoyens et les citoyennes de porter plainte de ce
côté-là. Donc, à ce moment-ci, au moment où
on adopte d'autres mesures pour améliorer les services et le
système de plaintes, pourquoi trouve-t-on nécessaire d'ajouter ce
pouvoir d'enquête là? C'est évident, Mme la
Présidente, que c'est cet article-là qui va occuper une bonne
partie de notre argumentation au niveau de l'étude article par
article.
J'ai rappelé l'interrogation concernant les technologues; le
deuxième paragraphe de l'article 9 qui vient faire une mesure
d'exception, pour les technologues professionnels, de l'entrée en
vigueur de leur nouveau titre de corporation. On ne comprenait pas
nécessairement pourquoi, puisque c'était une demande de la
corporation des technologues de changer son titre, on a ajouté ce
paragraphe-là pour, finalement, en changer l'entrée en vigueur.
C'était une demande, et la Corporation professionnelle des technologues
professionnels du Québec a déjà en main toute la
publicité, tout ça, pour commencer à utiliser ce titre;
donc, ça pose de sérieux problèmes. Plus on retarde, plus
c'est difficile au niveau de cette Corporation-là.
Il y a évidemment des petits changements, mineurs, que nous
demanderons au ministre sur certains articles. Je pense, par exemple, à
l'article 2, troisième alinéa; un petit changement aussi dans le
9e. Mais ce sont vraiment des petits changements, très,
très mineurs. Au niveau du paragraphe 16° aussi, du 18°, mais de
petits changements qui ne devraient pas poser vraiment problème, je
pense, au ministre. Aussi, des petits changements au niveau de l'article 5.
Je profiterai, évidemment, de l'occasion, Mme la
Présidente, pour rappeler que nous attendons toujours la réforme
du Code des professions. Vous vous souviendrez que la commission de
l'éducation a eu des travaux durant le mois de mars pour entendre les
différents groupes qui voulaient se prononcer sur la réforme du
Code des professions, et les différents intervenants sont venus
présenter certaines recommandations, certaines modifications. Le
ministre s'était engagé, à ce moment-là, à
nous déposer une réforme dans les meilleurs délais
possible. Lors de l'étude des crédits, le ministre nous a dit que
sa réforme devait être déposée au printemps et que
le printemps se terminait le 22 juin. Donc, jusqu'au 22 juin, il demandait
notre patience pour attendre cette réforme.
Le ministre, dans ses remarques autant au moment de l'adoption de
principe que lors de l'ouverture de ces travaux, n'a évidemment pas fait
référence à cette réforme du Code des professions.
Nous souhaiterions que le ministre nous donne à nouveau son
échéancier, qu'il nous dise où en sont rendus les travaux,
puisque, effectivement, le 22 juin, c'est la semaine prochaine. Puisque nos
travaux de la Chambre devraient se terminer le 23 juin, nous n'aurons pas, par
la suite, la chance de questionner le ministre sur ses intentions. Donc, nous
souhaitons qu'il puisse nous donner son échéancier, qu'il nous
dise où en sont rendus les travaux. Est-ce que le projet de
réforme est complètement écrit? Est-ce qu'il y a encore
des modifications? Est-ce que le projet a passé au Conseil des
ministres? Est-ce qu'il est au Conseil du trésor? Quand entend-il le
déposer? Et est-ce qu'il y a des changements majeurs qui vont être
apportés concernant ce projet de réforme?
Vous savez, la réforme, elle est attendue. Vous vous rappellerez,
Mme la Présidente, que les groupes de consommateurs étaient venus
faire des revendications
précises pour améliorer le système, principalement
le système disciplinaire. On se souviendra également que le
Protecteur du citoyen avait fait des demandes précises. Il avait
même proposé une structure. Du côté des corporations
professionnelles, on avait aussi, je pense, clairement démontré
que toutes les corporations professionnelles ne vivent pas les mêmes
problèmes, absolument pas. Et la différence la plus grande, la
plus marquée était, évidemment, entre les corporations
professionnelles à titre réservé et les corporations
professionnelles d'exercice exclusif. La différence, elle est
majeure.
Lorsque j'avais questionné le Protecteur du citoyen, je
m'inquiétais que sa structure, finalement, ne tienne pas compte de cet
élément-là qui est pourtant capital. Parce que, même
si on met sur place un système disciplinaire, une structure excellente,
parfaite, qui nous donne toutes les garanties de transparence, on ne vient pas
régler les problèmes des corporations à titre
réservé qui, elles, doivent assumer les mêmes devoirs, les
mêmes obligations que les corporations d'exercice exclusif, qui n'ont pas
les mêmes moyens, par contre, et qui se retrouvent avec la clause
facultative, finalement. C'est que les professionnels ne sont pas
obligés de faire partie de la corporation professionnelle, s'ils sont
à titre réservé. Ils peuvent utiliser un autre titre et,
à ce moment-là, ils ne sont pas soumis au système
disciplinaire.
Au niveau de la réputation des professionnels qui sont dans des
corporations à titre réservé, c'est extrêmement
difficile parce que, lorsque la personne dépose une plainte, si c'est
à une corporation professionnelle à titre réservé
et que sa plainte touche un professionnel qui n'est pas membre de la
corporation, tout ce que la corporation peut dire, c'est: On ne peut rien
faire, il n'est pas membre de notre corporation. Et, à ce
moment-là, au niveau de l'opinion publique, c'est évident que
ça ne facilite pas... Le public se dit: Ils n'ont pas voulu prendre ma
plainte, ils ont refusé ma plainte. Mais, pour le public, ce n'est pas
évident qu'il y a 2 types de corporations professionnelles et que les
professionnels ne sont pas automatiquement soumis à un système
unique disciplinaire. (12 h 20)
Ça pose aussi des problèmes, et on l'avait rappelé
au moment du dépôt du projet de loi 67 qui venait proposer un
financement différent du côté des corporations
professionnelles; c'était clairement démontré, je pense,
que les corporations professionnelles à titre réservé
avaient de sérieuses craintes qu'en modifiant le mode de financement le
nombre de membres diminue encore à nouveau du côté des
corporations professionnelles à titre réservé. Il faut
rappeler que ce ne sont pas des exceptions, Mme la Présidente. Il n'y a
pas que quelques corporations professionnelles à titre
réservé; on parle de plus de la moitié de nos corporations
professionnelles. Donc, c'est un élément extrêmement
important. Si la réforme du ministre n'est pas tout à fait
complétée... Si elle est complétée, j'espère
qu'il a tenu compte de toutes les demandes qui ont été faites
concernant les corporations à titre réservé, parce que,
s'il ne touche pas à ce problème-là qui m'apparaît
extrêmement important, on ne réglera pas vraiment le
problème de la protection du public concernant les corporations
professionnelles.
On sait qu'au cours des derniers mois il y a eu certains
événements qui ont fait que la réputation a
été encore atteinte au niveau des corporations professionnelles,
et il faut que le nouveau système disciplinaire sorte assez rapidement.
Mais j'invite le ministre à ne pas nous présenter un
système qui ne va nous donner que l'apparence d'une amélioration.
C'est ce qu'on retrouvait dans l'avant-projet de loi qui avait
été déposé. L'avant-projet de loi donnait une
certaine apparence d'amélioration du système, mais, dans les
faits, tout le monde était convaincu, autant les corporations
professionnelles que les regroupements de consommateurs et le Protecteur du
citoyen, que la structure proposée dans l'avant-projet de loi ne donnait
que l'illusion d'une amélioration et ne venait pas traiter les
véritables problèmes, ne venait pas régler le
problème fondamental du système disciplinaire.
Il y avait eu aussi des remarques importantes pour avertir le ministre
que le mur-à-mur, ce n'était pas nécessairement la
solution la plus adéquate au niveau de la réforme du Code des
professions, puisque les corporations professionnelles vivaient des
problèmes différents. Si on regarde le nombre de plaintes aussi
dans les différentes corporations professionnelles, on ne touche pas du
tout au même type de problèmes et on ne touche pas du tout au
même nombre de problèmes. Il y a des corporations professionnelles
qui n'ont pratiquement pas de plaintes.
L'autre élément qui était important au niveau du
public, c'était, évidemment, de pouvoir donner au système
disciplinaire et au syndic des pouvoirs réels d'intervenir. Par exemple,
il fallait absolument modifier certains codes de déontologie pour
pouvoir permettre de recevoir des plaintes. Souvent, le citoyen ou la citoyenne
qui dépose une plainte est insatisfait parce que, quand il dépose
sa plainte, la réponse qu'il reçoit de la corporation
professionnelle, c'est que c'est une plainte qui n'est pas recevable dans le
code de déontologie de la corporation professionnelle. Donc, à ce
moment-là, ce n'est pas parce qu'on considère que le citoyen ou
la citoyenne n'a pas raison, qu'il n'a pas été victime d'un
préjudice, mais c'est que, finalement, le syndic n'a pas le pouvoir de
juridiction sur ce type de plainte là, puisque ça ne fait pas
référence au code de déontologie. Donc, on avait
demandé, à ce moment-là, un petit peu comme dans le projet
de loi qu'on a là, une clause omnibus qui permettrait d'aller
répondre aux différents types de plaintes.
On pensait, par exemple, à des corporations professionnelles qui
offrent des services qui conduisent parfois à l'achat de biens. Lorsque
le client, j'allais dire, le consommateur, parce que, finalement, lorsqu'il
achète un bien, il devient non plus juste une personne qui
bénéficie de services professionnels, mais un consommateur en
raison de l'achat d'un bien je
pense, par exemple, aux optométristes lorsque la personne
achète d'un professionnel un produit, souvent, l'insatisfaction, ce
n'est pas une faute professionnelle; l'insatisfaction est au niveau du produit.
Si c'est, par exemple, des prothèses dentaires, si on pense aux
dentistes ou aux denturologistes, bien, à ce moment-là, la
personne est insatisfaite du produit et non du service professionnel. Et,
même si on a une structure disciplinaire extraordinaire du
côté professionnel, ça ne viendra pas répondre aux
besoins de ce type de plainte là des clients. Donc, il faut que la
structure permette aussi de répondre aux différents types de
plaintes, et ce qu'on avait dans l'avant-projet de loi ne répondait
vraiment pas à l'ensemble de ces plaintes.
Alors, Mme la Présidente, nous souhaitons qu'au cours de nos
travaux le ministre puisse nous répondre concernant ses intentions par
rapport à la réforme du Code des professions, peut-être
aussi nous compléter ses intentions par rapport au projet de loi 67. On
sait que le projet de loi 67 a été déposé. Nous
avons eu l'adoption de principe. L'Opposition a clairement marqué son
opposition au projet de loi 67, puisque nous avions 6 orateurs de notre
côté qui ont dénoncé le projet de loi 67. Le projet
de loi 67 n'a pas été rappelé, et nous n'avons pas
l'impression, et le ministre va nous le confirmer, qu'il devrait rappeler le
projet de loi 67 au cours de la présente session. Peut-être que le
ministre pourrait nous donner ses intentions sur ces 2 projets de loi.
Concernant le projet de loi 72, donc, Mme la Présidente, nous
n'avons pas l'intention de faire de l'obstruction systématique, vous
l'avez bien compris, mais vraiment de nous opposer sur un article précis
et, évidemment, de questionner sur les différents articles,
puisqu'il y a certaines petites modifications, mineures que nous
souhaitons.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Nous allons donc débuter
l'étude détaillée du projet de loi 72, Loi modifiant le
Code des professions et la Loi sur les infirmières et les
infirmiers.
Étude détaillée
Alors, nous débutons par le Code des professions. J'appelle donc
l'article 1. Est-ce qu'il y a des explications sur l'article 1, M. le
ministre?
Code des professions Professions d'exercice
exclusif
M. Savoie: Oui, Mme la Présidente. Alors, il s'agit de
modifier l'article 32 du Code des professions pour ajouter, après la
restriction disant que «nul ne peut de quelque façon
prétendre être»... Et là, on nomme l'ensemble des
professions: «nul ne peut de quelque façon prétendre
être avocat, notaire, médecin...» C'est un drôle
d'ordre. C'est parce que ça a été écrit par des
avocats.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Ce n'est pas par ordre
alphabétique, en tout cas.
M. Savoie: Non, ce n'est pas par ordre alphabétique et ce
n'est certainement pas par ordre d'importance, non plus. «Nul ne peut de
quelque façon prétendre être avocat, notaire,
médecin, dentiste, pharmacien, etc., etc., etc., ni utiliser un titre
pouvant laisser croire...» Alors, entre «un titre» et
«pouvant laisser croire», on ajouterait «ou une
abréviation pouvant laisser croire qu'il l'est, ou s'attribuer des
initiales». Et l'exemple que j'ai utilisé dans mon discours
d'ouverture, c'est quelqu'un qui, après son nom, va marquer
«ing.». Par exemple, je ne sais pas, moi, «René
Dufour, ing.». Ça laisse croire que la personne en question est
ingénieur, et, techniquement, ce n'était pas couvert. Alors, on a
eu des cas où, effectivement, il y a eu des bozos qui se sont
promenés avec des initiales après leur nom pouvant laisser croire
qu'ils étaient architectes, par exemple, ingénieurs. Et
ça, je l'ai vécu d'une façon très serrée
dans mon comté. Le type se promenait, puis il marquait
«ing.» après son nom. On a fait une plainte, mais,
évidemment, l'arme n'était pas aussi précise. J'ai
été très content de voir cette restriction s'introduire,
et ça fait l'unanimité, il n'y a pas de problème. Je pense
que, quand on pense en termes de protection du public, c'est normal, ça
ne présente pas de difficultés. Quelqu'un qui arrive, puis qui
signe son nom, puis qui marque, par exemple, «M.D.» après,
ça laisse croire qu'il est médecin, hein?
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. M. Savoie:
On ne veut pas ça.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. J'espère que le
ministre, vu qu'il utilisait l'exemple, qu'il nous disait qu'il y avait des
bozos qui utilisaient ça dans son comté...
M. Savoie: Ah! Il y a des «bozouines» aussi.
Mme Caron: J'espère que vous n'êtes pas en train de
nous dire...
M. Savoie: II n'y a pas rien que des bozos.
Mme Caron: Non, vous n'avez pas juste des bozos dans votre
comté? J'espère.
M. Savoie: Non, non. Dans le sens que... Non,
non, ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit qu'il y a des bozos
qui utilisaient ça, mais il y a aussi des «bozouines».
Mme Caron: II y a des bozos, puis des «bozouines»
dans votre comté.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Ah! Ce n'est pas drôle, ça, monsieur.
M. Savoie: Non, pas dans mon comté.
Mme Caron: Vraiment, pauvre ministre! Ha, ha, ha!
M. Savoie: À travers le Québec et à travers
le monde, c'est bien reconnu qu'il y a des imposteurs. Je ne voudrais pas... Je
pense que ce n'est pas gentil de dire que c'est dans mon comté. J'ai dit
que j'ai eu un type...
Mme Caron: Mais c'est ça que vous avez dit, oui.
M. Savoie: D'ailleurs, c'est un type de Montréal, ce
n'était pas un type de mon comté.
La Présidente (Mme Hovington): C'est un importé.
Ah!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça vient d'ailleurs. (12 h 30)
M. Savoie: On a fait une plainte auprès de la
Sûreté du Québec et, évidemment, auprès de
l'Ordre des ingénieurs. Je vous parle de 1988. Ils m'ont dit
qu'effectivement ils avaient posé des gestes, mais que loi
n'était pas assez forte. Alors, j'ai été très
heureux de voir l'Office intervenir quelques années plus tard avec ces
modifications pour, justement, chercher à éliminer ces dangers
pour le public.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Concernant les
abréviations, ça m'amène à peut-être
questionner un petit peu le ministre. Concernant le titre de docteur, on sait
que ça fait déjà plusieurs années qu'il y a des
demandes qui sont à cet effet-là; même certains de vos
collègues, au moment des audiences en commission parlementaire, nous
disaient qu'effectivement, dans différents domaines, on devrait pouvoir
utiliser le titre de docteur lorsqu'une personne a effectivement son doctorat.
Le ministre s'était engagé, si je me souviens, lors d'un discours
devant les optométristes, en disant qu'il était pour examiner ce
dossier et qu'il y aurait probablement des modifications qui seraient
apportées. J'aimerais peut-être profiter de cet article 1 pour
demander au ministre s'il a l'intention d'apporter des changements concernant
le titre de docteur ou s'il doit faire certaines consultations à tout le
moins là-dessus, et s'il a l'intention d'apporter des modifications.
M. Savoie: Vous comprendrez qu'avec la réforme, avec F
auto-financement, on a donné priorité à ces 2
éléments-là. Pour faire suite, d'ailleurs, à vos
commentaires au tout début de votre allocution, toute l'allocution
d'ouverture sur le projet de loi 87 et également sur...
Mme Caron: Non, 87, c'est l'aide juridique.
M. Savoie: ...excusez-moi, 67, et la réforme, j'aurai
l'occasion de commenter ça à la fin des travaux de la commission.
On pourrait faire le point là-dessus à ce moment-là, parce
que ça ne concerne pas vraiment la réforme. Mais on aura
l'occasion de faire le point là-dessus.
Mme Caron: Mais, pour le titre de docteur, puisque, finalement,
ça touche directement l'article 1, ça...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: ...est-ce que vous avez l'intention...
M. Savoie: Pour continuer...
Mme Caron: ...de faire des changements?
M. Savoie: Si on veut bien me laisser parler, donc, on va
intervenir à la fin pour faire le point sur les 2 projets de loi,
l'autofinancement et la réforme.
Pour ce qui est du titre de docteur, évidemment, ça s'est
ramassé dans le «crunch» de l'ensemble de la réforme,
on a décidé de le remettre à un petit peu plus tard.
L'Office a étudié cette question-là, il doit me faire part
de ses recommandations, et j'imagine que j'aurai, au cours de l'année
1993-1994, ou probablement dans mon prochain mandat, 1994-1995, l'occasion de
revenir là-dessus.
Mme Caron: Mme la Présidente, le ministre, pour cet avis
qu'il a demandé à l'Office, est-ce qu'il a un
échéancier? Est-ce que vous allez attendre l'arrivée du
nouveau président de l'Office pour recevoir cet avis concernant le titre
de docteur ou si vous devez le recevoir avant le départ du
président actuel?
M. Savoie: Je pense que ça va aller à cet automne
certainement avant qu'on puisse faire le point sur ce dossier. Je ne pense pas
que ça va arriver avant, bien, bien. Comme je vous dis, on est
préoccupés. L'Office a
quand même des ressources assez limitées. Il doit vaquer
à ses occupations. Il a 2 très gros dossiers actuellement en
cours. Le mois de juillet, comme vous le savez fort bien, c'est le temps des
vacances. Le nouveau président va rentrer. D'ailleurs, au cours du mois
d'août, c'est une période de transition. Je ne pense pas que ce
sera le temps de déposer des...
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? Mme Caron:
Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 2.
Professions à titre
réservé
M. Savoie: Alors, Mme la Présidente, pour faire suite
à l'article 1, on a, bon, la continuation.
La Présidente (Mme Hovington): Je vois que nous avons 20
paragraphes dans l'article 2, M. le ministre.
M. Savoie: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, si vous voulez bien,
on irait paragraphe par paragraphe et, à la fin de tout, nous
adopterions l'ensemble.
M. Savoie: Je pense qu'on pourrait peut-être regarder le
principe d'une façon générale...
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Savoie: ...à moins que la députée de
l'Opposition ait des difficultés avec ça. Il s'agit tout le temps
de la même chose. On ne fait que préciser et corriger. Je ne pense
pas que ça soulève des difficultés. Nous n'avons eu, je
dois le dire, aucun commentaire négatif sur quoi que ce soit en ce qui
concerne les 20 paragraphes en question. Je ne voudrais pas faire d'erreur,
mais je ne crois pas qu'il y ait quelque problème que ce soit, sauf,
évidemment, peut-être, le paragraphe 9°, au niveau des C.M.C.,
l'utilisation de «conseiller en management» qui a suscité
des questions et des rencontres de la part des C.A. et des CM.A. qui nous ont
rencontrés à ce sujet-là, disant que, bon, bien, limiter
le titre de «conseiller en management»... Toutefois, nous avons
entendu un peu tout le monde là-dessus. L'Office a examiné le
dossier d'assez près et, pour faire suite, finalement, à la
demande de fusion des C.M.C. avec la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés, on arrive avec un titre de
«conseiller en management», quitte à régler plus
tard, cet automne, par exemple, le dossier des C.A. et des CM.A. Je ne pense
pas que ça présente de difficultés d'accepter le
paragraphe 9°.
Pour les autres... Est-ce qu'on a également les nutritionnistes
là-dedans?
Une voix: Oui.
Mme Caron: Oui, le 3°.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Alors, finalement, les
nutritionnistes, c'est quel...
Mme Caron: Le 3°.
M. Savoie: C'est le 3°? Excusez-moi. Alors, c'est ça,
oui. Il y a aussi la question des nutritionnistes qu'il faudrait
peut-être souligner. On a eu un avis juridique de la part d'un avocat,
à un moment donné, sur le titre de nutritionniste, mais le
président de l'Office lui a répondu et il n'y a eu, par la suite,
aucune intervention de qui que ce soit en ce qui concerne ce titre. Compte tenu
du fait que c'est un domaine qui est en croissance, compte tenu aussi de la
protection du public et que, lorsque quelqu'un s'annonce nutritionniste, on
présume qu'il est diététiste, qu'elle est
diététiste plutôt, en conséquence, on avait
pensé qu'il serait valable d'ajouter le mot «nutritionniste»
pour éviter tout doute, à cause surtout de l'anglais, parce que,
en anglais, on dit «nutritionist». C'est un champ
particulièrement important. On l'a inclus. Je pense que ça ne
présente pas de difficultés.
Donc, Mme la Présidente, le 3° et le 9°, c'est,
finalement, des éléments sur lesquels nous avons eu quelques
questions, particulièrement au niveau du 9° de la part des C.A. et
des CM.A. Mais, après avoir examiné l'ensemble du dossier et
après avoir convenu de régler les questions des C.A. et des CM.A.
cet automne, je pense que, pour la balance, il n'y a pas vraiment de
difficultés. Ajouter «P.T.» après le nom, des choses
comme ça, ou «T.M.» ou «R.T.», dans un contexte
où on fait référence aux professionnels en question, je ne
pense pas que ça présente de difficultés.
Ensuite, on a, au niveau de l'article 2, 4 demandes d'amendements. Des
amendements mineurs. Il s'agit, à l'article 2, du paragraphe 0.1:
Ajouter les mots «de quelque façon»...
Mme Caron: Mme la Présidente, je ne sais pas,
peut-être, pour que ce soit plus facile de fonctionner... Parce que,
là, on se promène d'un paragraphe à l'autre et là
le ministre a 4 amendements. Ce serait, je pense, plus simple si on faisait
l'étude paragraphe par paragraphe. Il y a plusieurs paragraphes qui,
effectivement, ne posent pas de problème. Moi, j'ai déjà
annoncé, dans mes remarques préliminaires, qu'il y avait 4
paragraphes qui me posaient problème.
M. Savoie: Mais allons-y, Mme la Présidente.
Mme Caron: Pas nécessairement des changements, mais il y
avait des questions. Ce serait peut-être plus rapide.
M. Savoie: On n'aura pas fini pour 13 heures.
Mme Caron: Ça, c'est évident qu'on n'aura pas fini
pour 13 heures, M. le ministre. Je vous l'ai dit dès le
départ.
M. Savoie: Pardon?
Une voix: On n'est pas en vacances.
M. Savoie: Non, non, mais on était supposés finir
pour 13 heures.
Mme Caron: On n'a jamais dit ça. Je l'ai même dit
dans mes remarques d'ouverture, et l'ordre de la Chambre est jusqu'à
minuit, ce soir, M. le ministre.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, c'est ce que je vous
avais proposé tout à l'heure, vu qu'il y a 20 paragraphes. Alors,
je pense que ça va être plus facile de l'appeler paragraphe par
paragraphe et d'adopter le tout en dernier. Alors, j'appelle le paragraphe
1° de l'article 2.
Une voix: Avant, il y a un amendement. Il insère un
nouveau paragraphe.
La Présidente (Mme Hovington): II y a un amendement au
paragraphe 1 °?
M. Savoie: 0.1 °.
Une voix: II insère un nouveau paragraphe.
M. Savoie: Est-ce qu'on a déposé les
amendements?
Mme Caron: II y en a un de déposé.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Donc, il y a un
paragraphe qui va s'insérer avant le 1°. C'est ça?
M. Savoie: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le paragraphe
0.1°: Insérer, avant le paragraphe 1° de l'article 2, le
paragraphe suivant et renuméroter les paragraphes 1° à
20° en conséquence. Alors, le paragraphe se lirait comme suit: par
l'addition, à la fin de la partie de l'article qui précède
le paragraphe a, des mots «de quelque façon». (12 h 40)
M. Savoie: C'est ça, Mme la Présidente. L'article
36 de la loi, je pourrais vous en faire lecture, si vous voulez. Alors, c'est
marqué: «Nul ne peut», et on veut ajouter «de quelque
façon». «Nul ne peut de quelque façon». Alors,
c'est pour éviter ceux qui se pensent plus «smart»...
«Nul ne peut de quelque façon: a) utiliser le titre de "comptable
en management accrédité" en français ou» etc.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Est-ce que vous
avez des questions? Non?
Mme Caron: Peut-être, Mme la Présidente. Pourquoi le
ministre a-t-il jugé bon d'ajouter «de quelque
façon»? Quand on dit: «Nul ne peut utiliser le titre»,
alors peu importe le titre qui suit.
M. Savoie: Non, non. Il faut aller voir à l'article
36.
Mme Caron: Oui.
M. Savoie: Tout ce qu'on fait, on ajoute «de quelque
façon».
Mme Caron: Pourquoi vous avez jugé bon d'ajouter «de
quelque façon»? Qu'est-ce que vous visez vraiment?
M. Savoie: Avez-vous une copie du Code avec vous?
Mme Caron: Oui, je l'ai.
M. Savoie: Allez voir à l'article 32.
La Présidente (Mme Hovington): C'est de la concordance, en
fait.
M. Savoie: C'est ça. Alors, on voit à l'article 32:
«Nul ne peut de quelque façon prétendre être avocat,
notaire, médecin, dentiste...». C'est toujours la même
chose.
La Présidente (Mme Hovington): C'est de la
concordance.
Mme Caron: O.K. C'est par concordance, finalement.
M. Savoie: C'est toujours «avocat» au début.
Mme Caron: C'est par concordance. M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: Ce n'est pas, comme vous venez de nous dire, au cas
où il y en aurait qui se trouveraient plus fins que d'autres.
M. Savoie: Bien, c'est pour éviter... Oui, oui,
c'est pour éviter toute confusion là-dessus, parce qu'on
l'avait dans l'autre: «Nul ne peut de quelque façon
prétendre». Alors, ici, c'est: «Nul ne peut de quelque
façon utiliser».
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Caron: C'est par concordance. M. Savoie: C'est pour
éviter tout doute. Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'amendement est
adopté. Nous adopterons tous les paragraphes ensemble à la fin.
J'appelle le paragraphe 1°: par l'insertion, dans la troisième ligne
du paragraphe a et après le mot «titre», des mots «ou
une abréviation» et, dans cette même ligne et après
le mot «attribuer», des mots «des initiales pouvant laisser
croire qu'il l'est ou».
M. Savoie: Alors, les initiales sont C.O.P.G.C. Alors, il s'agit,
tout simplement, de s'assurer qu'on n'est pas dans des minuscules ou une
majuscule et des minuscules, des choses comme ça.
(Consultation)
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
Mme Caron: Le paragraphe 1° ne pose pas de problème,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
paragraphe 2°.
M. Savoie: II ne pose pas de problème, lui non plus, hein?
C'est la même chose que l'autre.
Mme Caron: C'est exactement la même chose, oui.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
paragraphe 3 °.
M. Savoie: Bon. C'est là que j'ai fait les commentaires
sur «nutritionniste». Je pense que, étant donné qu'on
en a déjà parlé...
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. De notre
côté, nous avions reçu certaines demandes, et je suis
sûre que le ministre en a pris connaissance aussi, parce qu'il y avait eu
des demandes qui avaient été présentées au
président de l'Office des professions, M. Mulcair, concernant ce
paragraphe, cette modification-là. Les demandes avaient
été faites par des personnes qui, finalement, travaillent au
niveau des thérapies alternatives et qui s'inquiétaient de ce
changement. Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a pris connaissance de
la correspondance qui s'est échangée entre l'Office des
professions et les auteurs de ces revendications-là qui ont
été présentées? Je pense principalement à
l'avocat qui représentait le Dr Jean-Marc Brunet, Me Gauthier, qui avait
fait des recommandations concernant ce projet de loi là.
Mme la Présidente, je dois dire que mon intention n'est pas de
prendre parti pour cette demande-là, mais bien de demander au ministre
s'il a pris connaissance de la correspondance qui a été
échangée entre les deux et si les recommandations, finalement, de
l'Office lui conviennent et répondent à toutes les
appréhensions qui avaient été soulevées dans cette
lettre-là. Je pense que ça touchait principalement des
naturopathes.
M. Savoie: Oui, on en a pris connaissance. Les lettres,
d'ailleurs, on les a ici avec nous. C'est bien évident. On en a pris
connaissance et nous sommes satisfaits des explications fournies par
l'Office.
Mme Caron: Est-ce qu'il y a d'autres représentations qui
ont été faites?
M. Savoie: Pas à ma connaissance. J'ai eu une rencontre
là-dessus, je pense, sommaire, dans un autre contexte. C'est tout.
Mme Caron: Du côté des demandes qui avaient
été faites par les diététistes parce que je
suppose que cet article-là vient répondre à une demande du
côté des diététistes qu'est-ce qui justifiait
cette demande-là?
M. Savoie: Je vais peut-être demander à M. Roy, le
vice-président de l'Office, de répondre à votre
question.
La Présidente (Mme Hovington): M. Roy, vous avez la
parole.
M. Roy (Louis): Merci, Mme la Présidente. Écoutez,
ce qui justifiait la demande des diététistes et ce qui a
convaincu l'Office de proposer des modifications, c'est à l'effet que le
titre, effectivement, de nutritionniste est de plus en plus employé par
des personnes qui prétendent être des professionnels. Nos analyses
nous ont amenés à la conclusion que de plus en plus, dans les
États des États-Unis, on réserve aussi le terme
«nutritionist». En fait, ça devient un terme tellement
à la mode que le public est confus vis-à-vis l'utilisation de ce
titre-là et s'imagine qu'il a affaire à un professionnel. Alors,
pour nous, c'était vraiment un titre qui pouvait induire le public en
erreur, un titre qui pouvait laisser croire que la personne était membre
d'une corporation professionnelle.
Mme Caron: Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes qui utilisaient
le titre de nutritionniste, à la connaissance de l'Office? Est-ce que
c'est un terme qui est vraiment très utilisé présentement
au Québec?
M. Roy: Vous me permettez, Mme la Présidente?
Écoutez, ce n'est pas un terme, actuellement, qui est beaucoup
utilisé. C'est pour ça que les analyses de l'Office n'ont pas
dû... On n'a pas fait une enquête complète ou un sondage,
mais on se rend compte que c'est un titre qui va devenir à la mode,
surtout que les universités ont modifié l'appellation de leur
diplôme. Lors de l'adoption du Code des professions, on donnait un bac en
diététique et, maintenant, on parle plutôt d'un bac en
nutrition. Alors, ça n'empêchera pas l'université
d'émettre le diplôme de bac en nutrition, mais les gens ne
pourront pas s'appeler nutritionnistes. Alors, c'est pour éviter que la
confusion devienne plus grande.
Mme Caron: Mme la Présidente, ça me ramène,
évidemment, au problème de toutes les thérapies
alternatives, finalement. Il y a souvent des titres utilisés par les
personnes qui travaillent au niveau des thérapies alternatives qui
laissent croire qu'elles sont, finalement, des professionnels reconnus au
niveau des différentes corporations professionnelles. Ça
m'amène peut-être à questionner le ministre d'une
manière un petit peu plus globale.
Du côté des thérapies alternatives, est-ce que le
ministre a consulté ou est-ce que l'Office a été
consulté par son collègue de la Santé et des Services
sociaux qui, lui aussi, a tenu des audiences à peu près à
la même période que nous, en mars dernier, concernant les
thérapies alternatives, pour s'assurer que c'est cohérent au
niveau des 2 réformes et qu'on ne se retrouvera pas avec des titres,
entre les 2, qui ne seront couverts ni par le projet du ministre responsable de
l'application des lois professionnelles, ni par le ministre de la Santé
et des Service sociaux?
Parce que ce n'est pas uniquement du côté, je pense, des
diététistes ou des nutritionnistes qu'il y a un problème.
Dans les différentes thérapies alternatives, souvent, le titre
laisse croire à un autre type de corporation professionnelle. Alors,
est-ce que le ministre ou est-ce que l'Office a pu se rendre compte qu'il y
avait effectivement d'autres termes qui devraient être corrigés?
Et, plus globalement, au niveau de la réforme concernant les
thérapies alternatives, est-ce que le ministre a été
consulté, est-ce que l'Office a été consulté?
À quoi peut-on s'attendre d'ici les prochains mois?
M. Savoie: C'est un dossier encore en évolution au niveau
des médecines alternatives. On ne peut pas tout régler
aujourd'hui. Vous comprendrez qu'il y a eu, comme vous l'avez indiqué,
le rapport de l'Office. Il y a le ministère de la Santé et des
Services sociaux qui est en réflexion. C'est un dossier qui est
«ongoing». C'est ça. (12 h 50)
Mme Caron: Le projet de loi qu'on étudie
présentement, Mme la Présidente, est vraiment un projet de loi
qui concerne les titres ou l'utilisation d'abréviations qui peuvent
laisser croire... Et on sait que, du côté des thérapies
albernatives, il y a effectivement beaucoup de titres et beaucoup
d'abréviations qui peuvent laisser croire qu'on a affaire à une
corporation professionnelle. Il n'y a pas seulement du côté des
nutritionnistes. Alors, je me demande si le ministre a essayé de... Il
règle un problème pour les nutritionnistes, mais est-ce qu'on a
regardé l'ensemble des thérapies alternatives pour essayer de
régler le problème au niveau, au moins, des titres ou des
abréviations?
M. Savoie: Écoutez, c'est un débat qui est en
cours, actuellement, au niveau de tout le secteur des médecines douces
ou des médecines alternatives. Ce qu'on veut faire ici par les 20
paragraphes en question, c'est s'assurer qu'il y ait le moins de confusion
possible auprès du public. «Nutritionniste»,
évidemment, ferme une porte. Certains y voyaient un pseudo-titre
professionnel pris par des gens qui, effectivement, n'avaient pas entrepris des
études au niveau de la diététique, qui n'avaient pas fait,
par exemple, un bac en diététique dans un centre universitaire.
Alors, ce qu'on cherche à faire surtout à ce moment-ci, c'est
protéger l'identité des corporations professionnelles.
Pour ce qui est des médecines alternatives, c'est un dossier qui,
comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure, évolue.
L'Office a fait une réflexion, a déposé son rapport. Le
ministère de la Santé et des Services sociaux a tenu des
audiences cet hiver et est en train d'examiner ça. Alors, j'imagine que
les rencontres vont se multiplier au cours de l'année prochaine et,
probablement au cours de 1994-1995, il pourrait y avoir une politique
d'élaborée. Mais, à ce moment-ci, c'est
prématuré.
Mme Caron: Le ministre, Mme la Présidente, nous dit que
l'Office a déposé ses recommandations. Je me souviens très
bien d'en avoir pris connaissance.
M. Savoie: Bien, son rapport, oui.
Mme Caron: Son rapport, oui. Est-ce que le ministre
lui-même a fait certaines recommandations à son collègue de
la Santé et des Services sociaux?
M. Savoie: Pas encore, non. On attend que le ministère
termine et publie également ses orientations. Ça pourrait avoir
lieu à la fin de l'été ou au début de
l'automne.
Mme Caron: Donc, les remarques du ministre responsable de
l'application des lois professionnelles seront à partir du document
proposé par le ministre de la Santé. Vous n'avez pas jugé
bon de faire des remarques avant que le document soit produit?
M. Savoie: Non, c'est-à-dire qu'on va laisser les gens
travailler. On va laisser les gens travailler et, une fois qu'ils vont le
déposer, bien, on va s'asseoir. On va avoir 2 positions: examiner
ça, probablement rencontrer et consulter de nouveau les corporations
professionnelles
et les intervenants du milieu sur les problèmes qui risquent de
susciter des irritations, et chercher à établir un consensus dans
un contexte de protection du public.
Mme Caron: Est-ce à dire, Mme la Présidente, que le
ministre de la Santé et des Services sociaux n'a pas consulté le
ministre concernant ses propres recommandations?
M. Savoie: C'est-à-dire que l'Office a
présenté un mémoire lors de la commission du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Le
ministère de la Santé travaille dans une optique qui n'est pas
l'optique de l'Office des professions. À l'Office des professions, nous,
ce qui nous préoccupe, c'est la protection du public et le bon
fonctionnement des corporations professionnelles au Québec. C'est
ça. Alors, c'est un corridor, finalement, relativement étroit.
À la Santé, eux regardent la gestion des soins offerts à
la population par un ensemble d'intervenants dans un contexte de diminuer les
maladies et d'augmenter le niveau de la santé. C'est dans cette optique.
Ce n'est pas la même orientation du tout. Et là où il doit
y avoir concordance, bien, on intervient. Je pense, par exemple, aux
sages-femmes; il y a une bonne harmonisation à ce niveau-là entre
l'Office des professions et les orientations des soins de la santé. Il y
a un comité. Le mémoire a été
présenté par les 2 ministres. Le comité, il y en a un qui
nomme... Alors, les 2 surveillent l'évolution de cette table-là,
de ce projet-pilote de 5 ans. Il y a une évolution qui se fait
là-dedans qui est normale.
Mme Caron: Oui. Mme la Présidente, lorsque le ministre dit
que c'est, finalement, 2 voies différentes, je trouve que la ligne est
très mince, dans le sens que, oui, l'Office des professions doit assurer
la protection du public, mais, lorsque le ministre de la Santé et des
Services sociaux prend position aussi, lorsqu'il parle de qualité des
soins offerts aux personnes, c'est évident qu'on parle aussi de
protection du public, parce que donner des soins de qualité à la
population, c'est assurer sa protection, et les 2 sont extrêmement
liés. Pour donner des soins de qualité, on fait appel aux
compétences des professionnels et c'est évident qu'à ce
moment-là, si on fait appel aux compétences des professionnels,
on touche aussi l'Office des professions. C'est pour ça que les 2 sont
vraiment en lien. Il m'apparaît que les 2 devraient travailler
très, très étroitement ensemble, puisque vous aurez aussi
à décider, comme gouvernement, si les personnes qui travaillent
au niveau des thérapies alternatives doivent être reconnues comme
des corporations professionnelles ou non. Je pense, par exemple, aux
ostéopathes qui ont une formation universitaire. Donc, je me dis que
c'est des thérapies alternatives où il y a une formation, au
même titre que d'autres qui sont déjà reconnues comme
corporations professionnelles, et, à ce moment-là, c'est
évident que les 2 devront travailler de concert, il m'apparaît,
pour assurer cette protection du public.
M. Savoie: Bien, c'est votre opinion. Je ne la partage pas.
Mme Caron: Vous ne voulez pas travailler ensemble.
M. Savoie: Ce que je préfère faire, c'est laisser
les forces en place jouer leur rôle et maintenir une position de
surveillance. Ensuite, lorsque la décision sera nécessaire, on
prendra notre décision en connaissance de cause. Je crois qu'il vaut
mieux laisser les organismes exécuter leur mandat.
L'Office n'a pas été, d'aucune façon,
négligent là-dedans. Il a fait la recherche qui était
nécessaire. Il a déposé son mémoire avec ses
orientations, comment il voyait ça, le monde de la médecine douce
ou de la médecine alternative. Il a déposé ses
recommandations. Maintenant, il est certain qu'il doit y avoir mariage entre
les 2, entre la vision de l'Office et les orientations de Santé et
Services sociaux. Là, Santé et Services sociaux sont en train de
faire cette réflexion-là. On va voir ce qu'ils vont nous
présenter comme option et, ensuite, on va comparer les 2, parce qu'il y
a une évolution constante et continue là-dedans.
Alors, ça ne donne rien de chercher à jouer au plus fort
là-dedans ou au plus fin. Ce qu'on vise, c'est protéger le public
et assurer une saine évolution des différents secteurs au
Québec, et la meilleure façon pour ce faire, c'est de laisser les
gens qui sont impliqués dans ce dossier-là présenter
librement leur position et de s'assurer que les paramètres sont
respectés, et c'est tout. On va laisser le débat continuer parce
que c'est un débat qui est en cours; ce n'est pas un débat qui
est terminé, loin de là. C'est un débat qui est en cours
et on va le laisser filer.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Loin de moi de dire que
l'Office n'a pas fait son travail. Quand le ministre dit: On va laisser les
personnes concernées travailler, bien, moi, je pensais que le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles était
concerné parce qu'il s'agit de protection du public. Qu'on se parle de
thérapies alternatives ou non, il s'agit de protection du public et de
groupes qui, souvent, ont demandé à être reconnus comme
corporations professionnelles.
Évidemment, il y a des organismes qui ont présenté
des mémoires au ministre de la Santé. L'Office des professions a
présenté aussi ses recommandations. Le ministre de la
Santé et des Services sociaux se sent, évidemment,
concerné, mais je pensais que le ministre responsable de l'application
des lois professionnelles se sentait aussi concerné, parce qu'ils sont
tous les 2 directement concernés. Que le ministre me dise qu'il les
laisse travailler, que tous les autres vont travailler et que, lui, il va
attendre et, quand tout le monde aura fait des recommandations et quand le
ministre de la Santé et
des Services sociaux... Mais ce que je comprends, c'est que le ministre
de la Santé et des Services sociaux ne l'a pas nécessairement
consulté, lui, et ça, je trouve ça un petit peu
déplorable, parce que je pense qu'il faudrait absolument que les 2
ministres soient en lien pour ce dossier parce qu'ils sont directement
touchés tous les 2.
Alors, Mme la Présidente... Oui? Ma collègue aurait une
question.
La Présidente (Mme Hovington): C'est qu'il est 13
heures.
M. Savoie: Oui, c'est ça, et on a fini. Une voix: On va
continuer à 15 heures.
La Présidente (Mme Hovington): Nous allons suspendre
jusqu'à 15 heures cet après-midi.
M. Savoie: À 15 heures?
La Présidente (Mme Hovington): À 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 5)
La Présidente (Mme Hovington): La commission reprend ses
travaux. Nous en étions au paragraphe 3° de l'article 2 du projet de
loi 72. Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière m'avait
demandé la parole.
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente. D'abord,
je veux une petite précision. Je ne suis pas très
familière avec ce genre d'initiales. Qu'est-ce que ça veut dire,
«R.D.»? Ça veut dire quoi, «R.D.», les
initiales? Vous ajoutez «R.D.».
La Présidente (Mme Hovington): Recherche et
développement.
Une voix: Ha, ha, ha! (Consultation)
Mme Carrier-Perreault: Comment?
M. Savoie: M. Roy m'avise que ça veut dire
«registered dietitian».
Mme Carrier-Perreault: O.K.
La Présidente (Mme Hovington): C'est qu'on a les initiales
en anglais, si je comprends bien, et aussi en français.
M. Savoie: C'est «dietitian».
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais l'autre en avant, c'est
ça aussi? «Dt.P.», «P.Dt.», c'est
anglais-français aussi, je présume?
Une voix: «Professional dietetist»,
diététiste professionnel.
M. Savoie: Oui, «professional dietetist»? C'est
anglais-français, français-anglais, là.
Mme Carrier-Perreault: Oui. O.K. Mais c'était
«R.D.» que je voulais... C'est une autre façon de le dire en
anglais.
M. Savoie: «Registered dietitian».
Mme Carrier-Perreault: Une façon différente de
l'autre.
M. Savoie: C'est ça, oui.
Mme Carrier-Perreault: Moi, je voulais savoir aussi... Ma
collègue a longuement discuté par rapport aux médecines
alternatives; on est conscients qu'il y a un problème de ce
côté-là. Mais le terme «nutritionniste»,
j'essaie de voir l'impact que ça peut avoir dans l'ensemble. J'imagine
que c'est le terme qui était utilisé aussi par les gens qui
avaient effectué, complété leur bac en nutrition, mais qui
n'étaient pas membres de la Corporation. Est-ce que je comprends
bien?
M. Savoie: À l'article 37c du Code des professions, on
dit: «La Corporation professionnelle des diété-tistes du
Québec: élaborer des régimes alimentaires selon les
principes de la nutrition et surveiller leur application.» Alors,
l'en-tête de l'article 37 dit: «Tout membre d'une des corporations
professionnelles suivantes peut exercer les activités professionnelles
suivantes, en outre de celles qui lui sont autrement permises par la
loi.» À c, on dit: «La Corporation professionnelle des
diététistes du Québec: élaborer des régimes
alimentaires selon les principes de la nutrition.»
Mme Carrier-Perreault: Oui, je comprends que les
diététistes pouvaient utiliser le terme
«nutritionniste», peu importe...
M. Savoie: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...qu'ils soient ou non membres de la
corporation professionnelle. Ce que l'article qu'on est en train
d'étudier vient changer, c'est qu'à l'avenir...
M. Savoie: Pour utiliser...
Mme Carrier-Perreault: ...les 2 noms seront
réservés...
M. Savoie: Pour la Corporation.
Mme Carrier-Perreault: ...pour la Corporation.
M. Savoie: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Ça veut dire que, compte tenu que
c'est une corporation à titre réservé, il y a des gens qui
peuvent exercer la profession à condition de ne pas porter le nom.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Alors, est-ce que c'était le but
aussi de cet article-là, de limiter, si on veut, les appellations
pour...
M. Savoie: Non.
Mme Carrier-Perreault: ...inciter les gens à devenir
membres de la Corporation?
M. Savoie: Oui, c'est sûr que ça incite les gens. Il
s'agit d'une des causes, bien sûr, mais la principale, c'est
véritablement la protection du public. C'est qu'on ne voulait pas que
quelqu'un puisse se présenter comme nutritionniste sans être sous
surveillance, parce que quelqu'un qui s'appelle nutritionniste, dans l'opinion
du public, ça veut dire qu'il a une formation et qu'il y a une
réglementation qui contrôle ses activités. On s'attend
à un certain professionnalisme.
Mme Carrier-Perreault: Oui, je comprends, Mme la
Présidente, mais on peut avoir la formation et ne pas faire partie de la
Corporation.
M. Savoie: Oui, mais, à ce moment-là...
Mme Carrier-Perreault: C'est toujours le problème des
corporations à titre réservé.
M. Savoie: C'est ça. À ce moment-là, pour
s'appeler nutritionniste, dorénavant, on va être obligé de
faire partie de la Corporation.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Quelqu'un qui exerce cette
profession-là s'appelle comment, généralement, quand il ne
veut pas être membre de la Corporation? Parce qu'on sait qu'ils utilisent
d'autres noms. Ce serait quoi? Je ne sais pas, vous devez avoir une idée
à l'Office des professions, j'imagine, des termes utilisés par
les différents intervenants du milieu qui n'utilisent pas le terme
officiel pour ne pas faire partie de la Corporation. Est-ce qu'il y a plusieurs
appellations possibles?
(Consultation)
M. Savoie: Je m'excuse.
Mme Carrier-Perreault: Bien, j'attendais une réponse.
M. Savoie: Oui. Oui, certainement.
M. Roy: Je peux...
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. Roy.
M. Savoie: La question était dirigée à
l'Office, je crois.
M. Roy: C'est bien, Mme la Présidente.
Mme Carrier-Perreault: Oui, je les dirige à la
présidence qui passe par vous. Voilà.
M. Savoie: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Vous avez la parole, M.
Roy.
M. Roy: Merci. Écoutez, c'est sûr que les gens ne
manquent pas d'imagination quand il s'agît de trouver d'autres titres
pour leur permettre une certaine appellation, et aussi des titres, souvent, qui
vont prêter à confusion pour permettre aux gens d'éviter
d'entrer membres de la Corporation, pour ne pas payer de cotisation. Bon. Vous
me demandez d'autres titres qui pourraient être en usage. Il y a
sûrement spécialiste en alimentation, conseiller en alimentation.
Il ne m'en vient pas d'autres à l'esprit, mais il y en a sûrement
d'autres qui existent. (15 h 10)
Dans le cas de nutritionniste, comme je l'ai mentionné
tantôt, les programmes de formation ont beaucoup évolué
à l'université et sont plus axés sur la nutrition
maintenant que sur la diététique comme telle. Alors, on voulait
réserver ce titre-là parce que ça correspond vraiment
à la formation des personnes qui sont membres de la corporation des
diététistes, et, en même temps, l'objectif premier,
c'était vraiment d'éviter la confusion dans le public.
Dorénavant, seulement pour les personnes qui porteront le titre de
nutritionniste, le public serait sûr que ce sont des membres de la
Corporation, donc réglementés, etc., avec toute la protection que
ça peut lui donner.
Mme Carrier-Perreault: Pour porter le titre, ils devront devenir
membres de la Corporation à l'avenir.
M. Roy: C'est ça. Ça ne veut pas dire que la
Corporation va changer son titre, son appellation, mais, pour porter ce
titre-là, les gens devront être membres de la Corporation. C'est
une façon parmi d'autres de régler un problème des
corporations à titre réservé.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que c'est déjà
arrivé dans le passé qu'il y ait eu des ajouts comme
ça? J'imagine que oui. Comme je connais très peu cette
loi-là, quand vous avez ajouté un titre supplémentaire
dans une corporation, est-ce qu'il y a eu augmentation du membership à
ce moment-là, suite à un ajout comme ça?
M. Roy: À ma connaissance, depuis 1973, ce n'est pas
arrivé qu'on ajoute d'autres titres. Il y en a de proposés
aujourd'hui. Mais ça existait déjà en 1973, comme la
Corporation professionnelle des conseillers et conseillères
d'orientation; il y avait aussi «orienteur professionnel» qui
était réservé. Il y avait 2 titres. Il y a aussi les
technologues qui ont 2 titres réservés: techno-logues
professionnels et technologues des sciences appliquées. Ça existe
déjà dans le Code des professions. Ce n'est pas une nouvelle
façon.
Mme Carrier-Perreault: Non, dans le sens que je questionne, ce
n'est pas parce que je trouve ça mauvais; je trouve ça
intéressant même, parce que je trouve qu'on vient limiter,
à certains égards, au niveau des titres, la prolifération,
si on veut, de toutes sortes de... Même s'ils ont le papier, le
diplôme en question, on les oblige, en quelque sorte, à faire
partie de la Corporation, à respecter le code d'éthique. C'est
dans ce sens-là que je posais des questions, Mme la
Présidente.
M. Roy: Si les personnes veulent porter ce titre-là, elles
devront obligatoirement faire partie de la Corporation. Sinon, elles devront
s'inventer un autre titre.
Mme Carrier-Perreault: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Nous passons au
paragraphe 4°: par l'insertion, dans la première ligne du paragraphe
d et après les mots «un titre», des mots «ou une
abréviation» et, dans la deuxième ligne de ce paragraphe et
après le mot «attribuer», des mots «des initiales
pouvant laisser croire qu'il l'est ou». C'est un petit peu la même
chose.
M. Roy: C'est la même chose. C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? J'appelle le
paragraphe 5°.
Mme Caron: Mme la Présidente, je pense que c'est le
même principe. Cette fois-ci, on l'applique du côté des
travailleurs sociaux, finalement.
La Présidente (Mme Hovington): Le paragraphe 5° est
dans le même esprit, dans la même logique. Le paragraphe 6°,
c'est aussi la même chose: «attribuer», des mots «des
initiales pouvant laisser croire qu'il l'est ou». Le paragraphe 7°,
c'est pareil.
Mme Caron: Mais c'est tout pareil, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Le paragraphe 8°.
Mme Caron: C'est parce qu'il faut juste regarder, selon les
différentes corporations professionnelles, si ça pose
problème ou pas.
La Présidente (Mme Hovington): Le paragraphe 9°.
Mme Caron: Bon, je pense qu'au niveau du 9°, il va y avoir
quand même certaines questions, certaines explications à nous
donner, on l'avait déjà annoncé au niveau des remarques
préliminaires. Est-ce que le ministre a un amendement pour le paragraphe
9°?
M. Savoie: Je ne crois pas, non. Je ne crois pas.
Mme Caron: Parce qu'il y avait eu des demandes qui avaient
été faites, il y avait eu des représentations qui avaient
été faites.
(Consultation)
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: II y avait eu des demandes qui avaient
été faites, il y avait eu une représentation qui avait
été faite pour enlever les points à «C.M.C.»
Je ne sais pas si le ministre a eu cette demande-là?
M. Savoie: Bien, c'est sûr qu'il y a eu des
représentations de la part, par exemple, des CM.A. et, également,
de la part des C.A. On les a entendus, et ils exprimaient une crainte à
voir, uniquement réservé à un groupe, le titre de
conseiller en management. Maintenant, on leur a dit: Écoutez, ce n'est
pas un champ, c'est le respect pour les C.M.C. Les C.M.C. ont examiné et
ont discuté, tant avec les C.A. qu'avec les CM.A., la possibilité
de fusion. Finalement, ils se sont rangés avec les administrateurs
agréés.
Mme Caron: Je pense, Mme la Présidente, que je
n'étais pas rendue dans le fond du sujet, mais, au niveau de
l'amendement, ils avaient demandé tout simplement de supprimer les
points entre les lettres.
M. Savoie: On ne peut pas faire ça, non plus.
Mme Caron: Quelle est l'argumentation à ce
sujet-là?
M. Savoie: On en a parlé avec l'Office de la langue
française et on maintient les points.
Mme Caron: Mais c'était quoi, les arguments? M. Savoie:
Quels arguments?
Mme Caron: Pour les maintenir. Pourquoi vous ne les enlevez pas?
Il semble qu'au niveau de leur publicité, c'est vraiment CMC; il n'y a
pas de points, c'est vraiment ce qu'ils utilisent.
M. Savoie: Oui, mais si vous regardez, par exemple...
Normalement, en bon français, on met les points.
Une voix: Si on enlève les points, ce n'est plus des
initiales.
(Consultation)
M. Savoie: C'est le français.
Mme Caron: Est-ce que l'argument, c'est ce qu'on entendait un
petit peu plus loin, que, finalement, si vous enlevez les points, ce n'est plus
des initiales. C'est ça?
Une voix: Ce n'est plus des initiales.
M. Savoie: Les points, c'est français. Pas de points, ce
n'est pas français. C'est comme quand on écrit, pour
«ingénieur», «ing.», on met un point
après. «M.D.», «av.» pour
«avocat».
Mme Caron: Au niveau du fond, finalement, le ministre avait
demandé aux partenaires de s'entendre...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: ...pour éviter de créer une nouvelle
corporation professionnelle.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: II y a eu des représentations de faites du
côté des comptables agréés qui s'inquiétaient
de cette nouvelle possibilité et qui ont demandé certaines
explications. Je pense qu'ils avaient certaines craintes. Et, dans leur
argumentation, ils nous disaient que la plupart des grands et des moyens
cabinets de comptables agréés avaient constitué un cabinet
affilié de conseillers en management pour répondre aux besoins de
la clientèle et ça les inquiétait sérieusement que
le projet de loi 72, finalement, puisse permettre de reconnaître la
profession de conseiller en management.
Du côté des raisons qui ont motivé l'Office des
professions à le conseiller au ministre, probablement, avant qu'on le
retrouve au niveau du projet de loi, est-ce que le but véritable,
c'était d'éviter de créer une nouvelle corporation
professionnelle et de s'assurer aussi que, du côté de la
protection du public, en reconnaissant ce travail de conseiller en management,
on puisse exiger des examens plus rigoureux, qu'on puisse réglementer
davantage au niveau de la profession?
M. Savoie: Pardon?
M. Roy: Est-ce que...
Mme Caron: Ce qui a motivé le ministre à mettre cet
article-là dans son projet...
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: ...suite, sûrement, à un avis de
l'Office, est-ce que c'était dans le but d'éviter, tout
simplement, de créer une nouvelle corporation ou si c'était aussi
pour assurer une meilleure protection du public en reconnaissant le titre de
conseiller en management afin de pouvoir davantage avoir des exigences, disons,
au niveau des examens ou de pouvoir réglementer davantage?
M. Savoie: Ça remonte à plusieurs années
déjà, mais le principe de base n'était certainement pas de
reconnaître une nouvelle corporation professionnelle, puisqu'il y en a
déjà 1 de faite et qu'il y en a 2 qui s'en viennent. Le but,
c'était, effectivement, qu'on sentait qu'ils pouvaient très bien
soit s'organiser avec les CM.A., qui occupaient déjà une partie
du champ, ou bien avec les administrateurs agréés. Ils ont
échangé avec les 2 et ils ont décidé, de leur chef,
de se fusionner avec les administrateurs agréés.
Mme Caron: On sait que, cette demande, elle remonte quand
même à plusieurs années, le ministre l'a dit
lui-même. Ça va peut-être m'amener à poser la
question au ministre: Qu'est-ce qui a justifié le report, finalement,
d'appeler le projet de loi 72? Il faut rappeler qu'il a été
déposé au mois de décembre 1992 et qu'il aurait pu
être appelé à n'importe quelle période de la
session. Les travaux ont repris au mois de mars. Qu'est-ce qui a motivé
le ministre à retarder l'adoption de principe du projet de loi 72, puis,
finalement, son étude article par article?
M. Savoie: Elle n'a pas été retardée
à cause de nous. Ce qui est arrivé, c'est qu'on a eu la
réforme, évidemment, qui a pris beaucoup de notre temps,
particulièrement au mois de mars. Ensuite, on a commencé les
travaux, on a adopté le principe de l'autofinancement et, ensuite,
ça a été le budget qui nous a grandement accaparés
jusqu'à tout dernièrement. Le budget, ça s'est
terminé il y a 3 semaines, je crois; le discours sur le budget, il y a 2
ou 3 semaines, 3 semaines. Alors, il n'y a pas eu de retard indu.
Mme Caron: Puisque cet article concerne, finalement, des
professions qui ont un intérêt direct avec les professions
comptables, je voudrais peut-être en profiter pour demander au ministre
responsable de l'application des lois professionnelles s'il a fini ses
consultations et s'il a l'intention de prendre position concernant le fameux
dossier des C.A. et des C.G.A., qui perdure toujours. (15 h 20)
M. Savoie: Ce n'est pas vraiment pertinent à ce moment-ci.
Comme vous savez, on a reçu le rapport. On a écrit aux
différentes corporations demandant leur opinion sur le rapport de
l'Office et la dernière position de l'Office. Je dois assister,
justement, à des rencontres avec les C.G.A., probablement en fin de
semaine, étant donné qu'ils sont en Abitibi à leur
congrès, je pense que c'est samedi. Alors, le dossier continue à
évoluer. On l'avait bien souligné. Écoutez, c'est des gros
dossiers, ça. Rentrer dans les détails là-dedans...
Mme Caron: Bien, ce n'est pas un détail, Mme la
Présidente. C'est que le ministre nous avait dit aux crédits
qu'il était supposé y avoir des rencontres formelles, pas des
rencontres informelles. Est-ce que ce sont des rencontres formelles?
M. Savoie: Bien non, mais, je vous le dis, c'est des gros
dossiers. C'est attaché à plusieurs éléments, entre
autres, par exemple, le mouvement avec l'Ontario. Là, l'Ontario semble
avoir démontré une certaine ouverture d'esprit; on a fait un pas.
On s'attendait à ce que l'Ontario fasse un pas, «puis on va voir
la situation évoluer au cours de l'été. Je pense qu'il y a
1 ou 2 corporations qui ont demandé à avoir un peu de temps pour
rédiger leur opinion suite au dépôt du rapport.
Une voix: II y a le jugement de
l'île-du-Prince-Édouard.
M. Savoie: Oui, qui est en appel. C'est ça. Il y a 56
patentes là-dedans. C'est un dossier complexe. Ce n'est pas un dossier
qui va se régler sur le coin de la table. C'est un dossier que plusieurs
gouvernements ont cherché à régler et ils ne sont jamais
arrivés à le régler. Là, je pense qu'on a une piste
qui est intéressante. Auparavant, l'orientation qui était
donnée, c'était de créer quelque chose d'unique au
Québec; ça a foiré. Ça, c'était vous autres.
Ensuite, sous nous autres, M. Ryan a proposé que les 2 s'entendent;
ça a foiré, ça aussi. Alors, là, on s'est dit:
Écoutez! Le dossier, on l'a pris d'une façon globale et on s'est
dit: II n'est pas question de créer quelque chose de spécifique
au Québec, qui ne peut pas suivre l'Ontario; il faut que les 2 aillent
de front, il faut que le Québec et l'Ontario se suivent dans leur
évolution là-dedans.
Nous, on a posé un geste en disant qu'on était prêts
à reconsidérer leur position, les champs de pratique respectifs
des 2 corporations. Suite à une rencontre qu'on a eue au mois d'octobre
1991 avec le ministre responsable en Ontario, on a dit: Écoutez, ce qui
serait préférable pour les intérêts du Québec
et des Québécois, ce serait, évidemment, que le
Québec et l'Ontario évoluent ensemble dans ce dossier-là
compte tenu du fait que plusieurs compagnies ont des sièges sociaux au
Québec et ont des opérations en Ontario, et vice versa, compte
tenu du fait aussi que, pour les institutions financières, il n'y en a
pas de frontières entre le Québec et l'Ontario. Alors, à
ce moment-là, on a dit: Bon, bien... Et ils étaient d'accord avec
cette orientation. Tout dernièrement, ils ont fait une
déclaration comme quoi ils allaient évoluer dans ce
sens-là. Ils ont posé certains gestes. Alors, ces
gestes-là vont être évalués.
En même temps et parallèlement à cela, il y a eu la
poursuite à FÎle-du-Prince-Édouard. Ça a
été très intéressant pour plusieurs. La
décision, actuellement, est en appel. Ça va être un
élément déterminant, ça aussi. Est-ce que le juge
qui a statué dans cette cause-là a vraiment vu clair? Est-ce que
l'orientation qu'il a retenue est valable non seulement pour
l'île-du-Prince-Édouard, mais également, par exemple, pour
des populations plus importantes? Je pense à Toronto et Montréal.
C'est ce qui va se décider.
Mme Caron: Donc, le ministre n'entend pas régler ce
dossier-là à brève échéance.
M. Savoie: Bien, c'est un commentaire assez insipide, hein.
Mme Caron: Ça fait 36 ans que le dossier... Ça,
c'est sûr. Ça ne fait pas juste...
M. Savoie: Bien oui. Mais c'est ça. Ça fait que,
moi, je vais régler ça du jour au lendemain, hein? Ça fait
36 ans que ça dure, c'est vieux comme la profession elle-même,
c'est depuis que les C.G.A. existent. Alors, ne dites pas ça, ne dites
pas: Le ministre n'a pas l'intention de régler ça. On a mis
beaucoup de temps là-dedans. On a examiné ça, on l'a
regardé, on a fait des rapports. Il y a un ensemble de briques qui monte
ça de haut.
Mme Caron: Plus haut que le micro.
M. Savoie: Ça de haut. Pour ceux qui ont seulement les
enregistrements, ça veut dire certainement un pied et demi de haut, 18
po de documents qui ont été déposés, qui font
état de la question. Comme je vous l'ai dit, c'est une volonté de
la part des C.G.A. de se mettre au même diapason, au niveau des droits de
pratique, au niveau de l'exercice de la profession et de la production des
rapports vérifiés, que les C.A. Bon.
On est tout à fait prêts à examiner ces
dossiers-là. On est tout à fait prêts à examiner
ça dans la mesure du possible. Plusieurs avenues, à date, ont
été examinées et, mon Dieu! chaque fois, ça a
échoué. Chaque fois, il y a eu un échec assez
retentissant. Je pense que la dernière tentative remonte à 1987
où le ministre responsable d'alors, M. Ryan, a dit: Entendez-vous. Ils
ont signé des ententes, ils se sont entendus, puis, comme c'était
le temps d'arriver à l'entente finale, ils ont claire les
présidents. Ils ont claire le président des C.A. en tout cas,
à ce moment-là. Je pense qu'il y a eu un brouhaha
considérable, vraiment en bout de piste, le dernier quart de mille. Le
dossier est donc retourné au point 0. Les C.G.A. sont revenus à
la charge. On a ramassé le dossier, puis on leur a dit: Écoutez,
pas question de
légiférer d'une façon unique là-dedans. On
ne fera pas un zèbre du Québec malgré une certaine
volonté. Le Québec, il faut qu'il demeure compétitif, il
faut qu'il offre les mêmes services qu'on trouve ailleurs, sur un plan
comparatif, avec l'Ontario et le Nord-Est des États-Unis. Et ça a
toujours été notre politique au niveau des professions au
Québec.
Alors, on a fait un bout. On a dit à l'Ontario: Maintenant, c'est
à votre tour de faire un bout. Ils ont fait un bout. Il y a eu la
poursuite qui est intéressante, la décision pour les C.G.A.
Maintenant, ce n'est pas un dossier clair. On met de la pression. On fait
évoluer ce dossier. C'est ça.
Mme Caron: Dans la poursuite de l'évolution de ce dossier,
si le ministre clarifie un petit peu des étapes, bon, il doit rencontrer
les C.G.A. en fin de semaine...
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: Vous rencontrez les C.G.A. en fin de semaine?
M. Savoie: Oui, c'est ça. Oui, je rencontre les C.G.A. en
fin de semaine.
Mme Caron: Est-ce que vous avez l'intention de rencontrer les
C.A. aussi à brève échéance?
M. Savoie: Non, non. Je rencontre les C.G.A. Je vais jaser avec
les C.G.A. sur leur dossier pour leur dire, avec beaucoup plus de
précision qu'aujourd'hui, où en est rendu leur dossier. Il va y
avoir un petit mot, j'imagine, puis on va essayer de mettre les...
Mme Caron: Vous allez être plus précis avec les
C.G.A. qu'en commission parlementaire.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Oui. Je ne suis pas pour faire
mon discours ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Bon. Donc, nous allons lire attentivement votre
discours au début de la semaine prochaine.
La Présidente (Mme Ho vingt on): Alors, nous sommes rendus
au paragraphe 10°. Ça va? Paragraphe 11°. Ça va?
Paragraphe 12°. Paragraphe 13°. Paragraphe 14°. Paragraphe 15°,
nous avons un amendement, je crois.
M. Savoie: Oui. C'est ça, Mme la Présidente.
Voulez-vous que je le dépose?
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Savoie: Alors, je vais en garder une copie et je vous remets
les copies additionnelles.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Je vais les faire
distribuer aux parlementaires. Alors, l'amendement au paragraphe 15°... Il
va venir après 15°. C'est 15.1°. (15 h 30)
M. Savoie: 15.1°. Il s'agit de corriger une faute de frappe
dans le texte anglais où on dit «therapists», au pluriel, au
lieu de «occupational therapist», au singulier. Alors, finalement,
c'est qu'on laisse tomber un «s».
La Présidente (Mme Hovington): Mais ça vient
après 15°. Donc, c'est 15.1°.
M. Savoie: 15.1°.
La Présidente (Mme Hovington): On va regarder le
paragraphe 15°. Est-ce que vous avez des questions sur le paragraphe
15°? Ça va?
Mme Caron: Le paragraphe 15°, c'est concernant les
ergothérapeutes, Mme la Présidente.
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: Non, ça ne pose pas de problème.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Est-ce que
l'amendement 15.1° est adopté?
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle le
paragraphe 16°.
Mme Caron: Concernant le paragraphe 16°, est-ce que le
ministre a l'intention de déposer un amendement?
Des voix: Oui.
M. Savoie: Oui. Une chance que je suis entouré, hein,
parce qu'on n'arriverait pas.
Mme Caron: Ah! Ça, j'en suis convaincue, M. le ministre,
parfaitement convaincue.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je vais faire passer
les amendements au paragraphe 16°.
M. Savoie: Un petit peu plus et je pourrais développer un
choeur de théâtre tragique, là.
Mme Caron: Je suis même rendue à vous aider, M. le
ministre. Je vous demande si vous les avez, vos amendements, pour être
sûre que vous puissiez les sortir. Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): L'amendement au paragraphe
16° se lit comme suit: Insérer, dans la
cinquième ligne du paragraphe 16° de l'article 2 et
après «I.A.D.», ce qui suit: «I.A.L.».
M. le ministre, est-ce qu'il y a une explication?
M. Savoie: Non.
La Présidente (Mme Hovington): Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Ha, ha, ha! Mme la Présidente, moi, je vous
avoue que cet amendement-là me plaît beaucoup, parce que je
voulais demander au ministre, hein, s'il n'avait pas l'intention de le
déposer.
La Présidente (Mme Hovington): Pouvez-vous expliquer ce
qu'il signifie?
Mme Caron: Oui. Il signifie «infirmière auxiliaire
licenciée» et c'est un titre, effectivement, qui est
utilisé aussi. Donc, c'est important qu'on le retrouve, je pense, au
niveau des initiales.
M. Savoie: Oui, c'était évident. Il n'était
pas nécessaire de faire le commentaire.
Mme Carrier-Perreault: Bien, moi, en tout cas, j'apprécie.
Je ne le savais pas.
La Présidente (Mme Hovington): Pour les
non-initiés.
M. Savoie: Oui. Bien, c'est ça, dont le président
est ici présent, d'ailleurs. Alors, c'est pour ça que je pense
que la majorité de ceux qui sont au courant des dossiers
professionnels...
La Présidente (Mme Hovington): ...savent ce que ça
signifie.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Caron: Adopté, Mme la Présidente, avec beaucoup
de plaisir.
La Présidente (Mme Hovington): Le paragraphe 17°. Le
paragraphe 18°.
Mme Caron: Oui. Le paragraphe 18°, Mme la Présidente,
concerne les technologues des sciences appliquées, qui utilisent aussi
le titre de technologue professionnel ou technicien professionnel. Le ministre
nous a fait part de son intention dans son discours, et j'ai relevé les
galées. Le ministre nous disait qu'il voulait tenir compte des remarques
qui avaient été faites par l'Association des usagers de la langue
française concernant l'ordre professionnel... M. Savoie: Oui.
Mme Caron: J'ai relu son texte, parce que ce n'était pas
très clair à savoir s'il voulait faire les modifications
immédiatement, à partir du projet de loi 72. Je pense, par ses
remarques préliminaires de ce matin, que son intention est plutôt
de faire le changement pour l'ensemble des corporations professionnelles au
moment de la réforme du Code des professions.
M. Savoie: Les 2. Vous comprenez que les mots «corporation
professionnelle», c'est jugé un anglicisme par plusieurs
institutions. On a fait état, par exemple, des modifications
apportées au Code civil pour franciser les expressions impliquant le mot
«corporation». Alors, on utilise maintenant les mots
«société commerciale» au lieu de «corporation
commerciale», des choses comme ça. Au niveau des corporations
professionnelles, évidemment, c'est un anglicisme qui remonte aux
années cinquante, après la Deuxième Guerre mondiale, et il
vaut mieux, en français, utiliser le mot «ordre». L'Office
m'avise qu'effectivement le mot «ordre» est utilisé à
plusieurs sauces: l'ordre des Templiers, l'ordre de ci, l'ordre des
Franciscains. Ça pourrait créer, là encore, une petite
confusion. Alors, il vaut mieux utiliser les mots «ordre
professionnel». Par contre, plusieurs corporations utilisent
déjà le mot «ordre» seulement: l'Ordre des
médecins, l'Ordre des ingénieurs. Alors, on va permettre, et
c'est une représentation qui m'a été faite il n'y a pas
tellement longtemps... Le titre officiel serait «ordre
professionnel», avec le droit d'utiliser seulement le mot
«ordre», pour éviter la difficulté. C'est ça.
Alors, c'est le changement qui est proposé suite à... Et
ça, ça va dans la réforme.
Mme Caron: Dans la réforme. M. Savoie: Dans la
réforme.
Mme Caron: Concernant les technologues, vous ne faites pas de
modifications immédiatement dans le projet de loi 72.
M. Savoie: On n'est pas rendus là encore.
Mme Caron: Mais, vu qu'on parle des technologues à cet
article-là, c'est pour ça que je vous questionne
immédiatement, pour savoir si vous avez l'intention de le modifier.
Parce que vous m'avez répondu les 2: le modifier et dans le projet de
loi 72 et au niveau de la réforme.
M. Savoie: Ce qu'on veut faire, c'est que la corporation des
technologues nous demande d'utiliser le titre, et ça été
voté par eux et adopté par eux. Alors, ils cherchent à
s'appeler la Corporation professionnelle des technologues professionnels. Il y
a là une redondance et
ça présente des difficultés apparentes. Compte tenu
du fait, par contre, que c'est le titre, que ce n'est pas en litige, que la
sécurité du public n'est pas menacée, que ça n'a
pas d'impact au niveau des opérations du Québec vis-à-vis
de l'étranger, des autres corporations, des choses comme ça, et
compte tenu aussi du fait qu'ils ont déjà effectué
beaucoup de dépenses, même si le projet de loi n'a pas
été adopté, pour l'en-tête et leurs chèques,
alors, on s'est dit que peut-être il valait mieux laisser passer le titre
tout de suite, quitte à le corriger avec... Alors, ça leur
permettrait d'écouler une partie de leurs en-têtes de lettre, et
des dépenses qu'ils ont effectuées.
Mme Caron: Ça répond à ma question. Je vous
remercie.
M. Savoie: Ça me fait plaisir.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, paragraphe 19°.
Paragraphe 20°, il y a un amendement?
M. Savoie: Oui, un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, voulez-vous faire
passer l'amendement, nous déposer l'amendement? Merci. Alors,
l'amendement se lirait comme suit, au paragraphe 20° de l'article 2:
Remplacer, dans les troisième, quatrième et cinquième
lignes du paragraphe t, ajouté par le paragraphe 20° de l'article 2,
les mots «, d'"interprète agréée", de "Certified
Translator", c'est bien ça? de "Certified Termino-logist"
ou de "Certified Interpreter"»...
M. Savoie: C'est bien.
La Présidente (Mme Hovington): C'est bien, hein?
M. Savoie: C'est bien.
La Présidente (Mme Hovington): ...par les mots «ou
d'"interprète agréée"» et insérer, dans la
sixième ligne de ce paragraphe et après les mots «qu'il
l'est,», ce qui suit: «ni les abréviations "trad.a.",
"term.a.", "int.a.", "C.Tr.", "C.Term." ou "C.Int.",». Pour les
non-initiés...
M. Savoie: Pardon?
La Présidente (Mme Hovington): ...c'est un petit peu
incompréhensible, tous vos termes.
M. Savoie: Qu'est-ce qui est difficile, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Les abréviations,
«trad.a.».
M. Savoie: Ah! «trad.a.», «traducteur
agréé», Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord.
M. Savoie: «Terminologiste agréé».
La Présidente (Mme Hovington): Les autres?
M. Savoie: «Interprète agréée»,
«Certified Translator», «Certified Terminologist» and
«Certified Interpreter».
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. Savoie:
Bienvenue, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): C'est pour les fins de la
transcription des débats.
M. Savoie: Ah oui, madame.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous avez des
questions?
Mme Caron: Non, Mme la Présidente. Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? Alors, est-ce
que l'amendement au paragraphe 20° est adopté?
Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 2, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Au complet. Alors,
j'appelle l'article 3.
(Consultation)
M. Savoie: Bien, enfin, c'est une modification à l'article
37, justement pour tenir compte de... Bon. Il y a très peu de
modifications. On ajoute, à 37, 1° «et fournir des services de
conseil en ces matières», pour la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés du Québec. À r, on ajoute la
Corporation professionnelle des technologues professionnels; on donne suite au
changement de nom. Et on ajoute, à t, les traducteurs et
interprètes agréés du Québec, qu'on a reconnus le
printemps passé.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Mme Caron: alors, mme la présidente, dans cet article 3,
la première modification, c'est, évidemment, pour permettre
d'ajouter ce qu'on a reconnu à l'article 2,
«conseiller en management», finalement. Alors, si on
reconnaît ce titre, «conseiller en management», il faut
aussi, évidemment, ajouter à la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés du Québec la possibilité de
fournir des services de conseil en ces matières. (15 h 40)
Du côté des technologues, je pense qu'on a clairement
déterminé la demande qui a été faite.
Pour la Corporation professionnelle des traducteurs et
interprètes agréés du Québec, c'est afin de leur
permettre de se retrouver au Code des professions, c'est afin de permettre leur
intégration au Code des professions. Ils ont eu leurs lettres patentes
en avril 1992. À ce moment-là, je pense que ça leur permet
de pouvoir être enfin intégrés. C'est le 1er avril 1992
qu'ils ont reçu leurs lettres patentes. Donc, depuis ce temps-là,
ils n'étaient pas intégrés au Code des professions, bien
qu'ils aient reçu leurs lettres patentes. Donc, le projet de loi 72 va
leur permettre d'être officiellement partie intégrante au Code des
professions. Comme il y a eu très peu de nouvelles corporations
professionnelles, je pense que ça vaut la peine de souligner cette
arrivée officielle dans le Code des professions.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que l'article
3 est adopté?
Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 4. Est-ce qu'il y a quelque chose de spécial à
l'article 4?
Infractions
M. Savoie: C'est uniquement de la concordance, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Mme Caron: Un instant, Mme la Présidente. Au niveau des
infractions, il y a, évidemment, une amende prévue lorsqu'il y a
infraction. Est-ce que le ministre ou le vice-président de l'Office peut
nous donner un petit peu une idée concernant les coûts de ces
amendes-là lorsqu'il y a utilisation des titres?
M. Roy: De telles amendes sont prévues au Code, c'est de
500$ à...
Une voix: De 500 $ à 6000 $, je pense. M. Roy: 5000
$.
Mme Caron: C'est parce que l'article 4 vient modifier l'article
188.1 qui dit: «Commet une infraction et est passible, pour chaque
infraction, de l'amende prévue à l'article 188...»
M. Savoie: Ce n'est pas modifié, hein? Il faut bien
s'entendre.
Mme Caron: Alors, vous ne modifiez pas les coûts.
M. Savoie: Non. (Consultation)
Mme Caron: Au niveau de l'avant-projet de loi... M. Savoie:
Oui.
Mme Caron: ...il y avait une modification concernant les
amendes.
M. Savoie: Oui, oui.
Mme Caron: Donc, ça, vous ne le changez pas
immédiatement.
M. Savoie: Ça, ce n'est pas changé ici. Ça
va dans la réforme.
Mme Caron: Vous attendez au moment de la réforme.
M. Savoie: L'article 4, c'est uniquement... L'article 5...
La Présidente (Mme Hovington): L'article 4.
M. Savoie: L'article 4 est uniquement de concordance. C'est pour
ajouter les initiales, les abréviations. C'est pour ajouter traducteur,
interprète. Pour ce qui est des amendes, votre question portait sur le
montant des amendes. «Commet une infraction et est passible, pour chaque
infraction, de l'amende prévue à l'article 188», amende qui
est de 500 $ à 5000 $.
Mme Caron: Oui, 500 $ à 5000 $. Qu'est-ce qui
détermine le montant? Parce que c'est quand même assez variable
entre 500 $ et 5000 $. Qu'est-ce qui détermine le montant précis
de l'amende pour quelqu'un qui utilise un titre ou une abréviation?
M. Savoie: Le juge. Une voix: La cour.
Mme Caron: C'est uniquement à la cour. Il n'y a pas un
barème précis dépendamment des corporations.
M. Savoie: Ce n'est pas le ministre.
Mme Caron: Non, je pensais que c'était l'Office.
M. Savoie: Non. Ça prend une autorité
juridique.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Savoie: On ajoute uniquement «La Corporation
professionnelle des traducteurs» et on change le titre, on change la
disposition pour les technoïogues professionnels.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? L'article 5
est adopté. Alors, j'appelle l'article 6, Loi sur les infirmières
et les infirmiers. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 6?
Loi sur les infirmières et les
infirmiers
Fonctions du Bureau de l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec
Mme Caron: C'est évident, Mme la Présidente. Nous
avons dit dès le début que c'était un article qui posait
problème. Alors, ma première question va être,
évidemment, de demander au ministre s'il a l'intention de déposer
des amendements concernant l'article 6.
M. Savoie: On se rappellera qu'en vertu de la Loi
médicale, à l'article 15, on permet, en vertu de l'article 86 du
Code des professions du Québec, que le Bureau de l'Ordre des
médecins: «a) donne avis au ministre de la Santé et des
Services sociaux sur la qualité des soins médicaux fournis dans
les établissements et sur les normes à suivre...; b) collabore,
conformément aux modalités fixées en vertu du paragraphe b
de l'article 184 [...] à l'élaboration des programmes
d'études conduisant à un diplôme donnant ouverture à
un examen ou à un certificat de spécialiste...; c) organise la
tenue d'un registre des étudiants en médecine...; d)
détermine les formalités relatives à
l'inscription...».
À l'article 16 de la même loi, on dit: «Dans
l'exercice des fonctions qui lui sont attribuées au paragraphe a de
l'article 15 on parle toujours de la loi sur les médecins, la loi
médicale le Bureau peut faire effectuer des enquêtes au
sujet de la qualité des soins médicaux fournis dans les
établissements et former un comité d'enquête à cette
fin.»
Alors, les infirmiers et infirmières ont fait, évidemment,
la même demande, puisque cette demande existe également pour les
optométristes et les dentistes. Le pouvoir existe pour eux. Les
infirmières cherchaient à avoir ce droit-là, et,
évidemment, après examen du dossier, il n'y a pas de raison
valable qui nous empêcherait de donner cette autorisation-là aux
infirmières et infirmiers du Québec, compte tenu du fait que les
médecins la possèdent, les dentistes la possèdent, les
optométristes la possèdent. Maintenant, les infirmières
vont l'avoir.
(Consultation)
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Alors,
évidemment, vous comprendrez que nous nous opposons à ce nouvel
article, c'est évident. Nous avons ressorti, nous aussi, la Loi
médicale, la première en juin 1973, où vous aviez
déjà ce même texte qui permettait de donner avis au
ministre des Affaires sociales sur la qualité des soins médicaux,
on s'entend bien, sur les soins médicaux fournis dans les
établissements et sur les normes à suivre. On attribuait aussi,
déjà, à l'article 16, le pouvoir de faire des
enquêtes au sujet de la qualité des soins médicaux. C'est
ce qu'on retrouve toujours dans le texte que le ministre nous a lu, et il ne
s'agissait pas, évidemment, à ce moment-là, des soins
infirmiers, mais bien des soins médicaux.
Il y avait eu des discussions. Nous avons ressorti les discussions lors
de l'adoption du projet de loi en juin 1973, la loi 273, la Loi sur les
infirmières et les infirmiers, et nous avons lu les différentes
remarques concernant l'article 11. Dans les délibérations, on
remarque on avait insisté beaucoup à ce moment-là
que l'article 11 touchait la qualité des soins infirmiers qui
étaient fournis dans les établissements et que c'était
bien différent de la qualité des soins médicaux.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: On ne parlait pas du tout de la même chose.
M. Savoie: À l'article 15, on parle des soins
médicaux fournis dans un établissement, puis, à l'article
11, on dit: «donne son avis au ministre de la Santé et des
Services sociaux sur la qualité des soins infirmiers fournis dans les
établissements». C'est beau.
Mme Caron: Et, je continue, ce n'était pas un pouvoir
d'enquête sur les soins infirmiers; c'était un avis...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: ...qu'on pouvait donner sur les soins infirmiers.
M. Savoie: Un avis sans droit d'enquête.
Mme Caron: C'est ça.
M. Savoie: Qu'on corrige maintenant.
Mme Caron: Ça s'est voté en 1973 et il n'y a pas
eu, à ma connaissance, d'événement majeur qui demande
aujourd'hui ce changement d'importance. Vous vous rappellerez, M. le ministre,
que tout le monde a insisté beaucoup, principalement au moment de la
réforme de la santé, sur l'importance et je pense que, du
côté des lois professionnelles, on l'a reconnu
aussi de la complémentarité interprofessionnelle.
Et ce n'est pas évident que, lorsqu'on donne des pouvoirs
d'enquête à une corporation professionnelle sur une autre, on
vient aider à la complémentarité interprofessionnelle.
Vous en conviendrez, ce n'est pas évident que le fait de pouvoir
enquêter sur une autre corporation, ça donne des liens, disons,
qui permettent d'accomplir un travail dans les meilleures relations possible.
(15 h 50)
On sait aussi que le ministre, au niveau de la formation du
comité, parce qu'il va y avoir un comité d'enquête...
Alors, ça va être ma deuxième question, Mme la
Présidente: Qui va former le comité d'enquête qui est
prévu par l'article 6?
M. Savoie: Qui va former le comité d'enquête? C'est
l'Ordre. Il va déterminer les gens qui pourront faire partie du
comité d'enquête.
Mme Caron: Donc, le ministre n'entend pas permettre ou imposer
que, sur ce comité d'enquête, il y ait un représentant des
infirmiers ou des infirmières auxiliaires?
M. Savoie: Je ne pense pas que ça puisse être
raisonnable à ce moment-ci de présumer qu'il y a un avantage pour
les infirmiers et infirmières auxiliaires à faire partie d'un
comité d'enquête des infirmiers. Je pense qu'on serait mieux, afin
de répondre à leur demande, de trouver un autre mécanisme
qui risque de satisfaire les infirmiers et infirmières auxiliaires
plutôt que d'en nommer 1 sur un groupe de 5, 6, 7 infirmières.
Mme Caron: À quelle sorte de mécanisme le ministre
fait-il allusion?
M. Savoie: On verra cet automne. Ce sera quelque chose à
examiner cet automne, à voir. Les infirmiers et infirmières
auxiliaires craignent, évidemment, des injustices. Ils craignent,
évidemment, que les infirmières et infirmiers étendent le
pouvoir qu'ils ont sur certains gestes qui sont posés, par exemple, en
établissement et, en conséquence, puissent voir
rétrécir davantage le nombre de leurs professionnels au sein de
ces établissements.
Mme Caron: Vous savez, Mme la Présidente...
M. Savoie: ...
Mme Caron: Est-ce que le ministre a terminé?
M. Savoie: Pardon?
Mme Caron: Avez-vous terminé?
M. Savoie: Non. Alors, le truc, c'est évidemment... Je ne
crois pas que les infirmiers et infirmières cherchent à exclure
complètement les infirmières auxiliaires des
établissements de santé. On comprend que, dernièrement, il
y a eu, on me dit, à travers le Québec, quelque 1000 infirmiers
et infirmières auxiliaires qui ont perdu leur emploi suite à une
occupation par les infirmières et infirmiers. Maintenant, je ne crois
pas que ce mécanisme-là va accélérer ça.
Toutefois, à l'ordre en question, des infirmiers auxiliaires, ils sont
craintifs. On les a entendus. On leur a dit: Écoutez, on va de l'avant
avec la modification telle quelle, on va introduire un mécanisme vous
permettant de prendre connaissance de l'avis qui sera fourni et vous auriez 30
jours, à ce moment-là, pour répondre. Et, si on voit que
ça chauffe davantage, bien, à ce moment-là, on sera en
mesure d'assurer un mécanisme de suivi un petit peu plus serré
cet automne.
Mme Caron: Mme la Présidente, vous comprendrez...
M. Savoie: D'ailleurs, je voudrais, à ce moment-ci,
présenter l'amendement à l'article 6 qui stipule que «le
Bureau doit, au moins 30 jours avant de donner l'avis visé au paragraphe
a du premier alinéa, transmettre au Bureau de la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec les conclusions et les recommandations du comité
d'enquête». Alors, il n'y aura pas d'effet de surprise. Je pense
que c'est pour assurer... Maintenant, il faut bien comprendre qu'à la
lumière de l'article 36 de la Loi sur les infirmières et les
infirmiers, de même que les craintes qui ont été
exprimées par les infirmières et infirmiers auxiliaires, il y a
lieu de trouver un aménagement. Ce que j'ai expliqué tout
à l'heure, c'est que, bien qu'ils aient fait valoir leurs droits, qu'ils
aient démontré d'une façon très concrète
leur inquiétude vis-à-vis ces modifications, nous avons
donné la garantie verbale que, écoutez, on va regarder ça,
qu'on va suivre la situation de très près et, cet automne, de
toute façon, on devrait être en mesure, peut-être, de vous
donner un petit peu plus de confort vis-à-vis ces
modifications-là.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous avez des
questions, Mme la députée de Terrebon-ne?
Mme Caron: Des questions et commentaires, Mme la
Présidente. Alors, évidemment, Mme la Présidente, j'ai
demandé au ministre, dès le début de l'étude de
l'article 6, s'il avait des amendements. Le ministre nous a dit qu'il n'avait
pas d'amendements. Là, il vient de découvrir qu'il y a un
amendement.
M. Savoie: Est-ce que j'ai fait ça, moi? Une voix:
Oui.
La Présidente (Mme Hovington): II voulait vous faire une
surprise.
Mme Caron: II vient de le découvrir, oui.
M. Savoie: Je pense que je n'ai pas dit ça, moi.
Mme Caron: Oui, à la première question que je vous
ai posée...
La Présidente (Mme Hovington): Oui, oui, elle a
posé la question, et...
Mme Caron: ...j'ai demandé si vous aviez un amendement
pour l'article 6.
M. Savoie: Si on avait des amendements à l'article 6?
Mme Caron: Oui.
M. Savoie: Je m'excuse. Il y avait un amendement.
Mme Caron: Ce n'est pas grave, M. le ministre. M. Savoie:
C'est un lapsus.
Mme Caron: Les inquiétudes de la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec, elles sont fondées. Elles sont fondées, parce que,
bon, vous savez que le Comité d'inspection professionnelle de l'Ordre
des infirmières et infirmiers du Québec a eu toutes sortes
d'influences depuis quelques années, et les conseils qu'on a
donnés ont fait que, finalement, on a éliminé de plus en
plus des infirmières et des infirmiers auxiliaires dans les
spécialités.
Si on regarde les chiffres je l'ai dit dans mes remarques
d'ouverture, dans mes remarques au moment de l'adoption de principe le
décret 1423-80, en 1991, a permis, finalement, de changer les
règles du jeu, et les infirmiers et infirmières auxiliaires du
Québec, qui pouvaient, avant, poser 102 actes au niveau des soins
infirmiers, se retrouvent, après le décret, à poser 16
actes, et ils peuvent même être restreints encore plus, ce qui a
permis, finalement, d'éliminer, ce qui n'est pas souhaitable, 3000
postes dans les diverses spécialités. C'est quand même un
nombre extrêmement considérable.
Il y a un autre élément qui amène des
inquiétudes du côté des infirmières et infirmiers
auxiliaires du Québec, c'est le nombre grandissant de
préposés. Il faut rappeler que les infirmières et
infirmiers auxiliaires du Québec, leur formation, c'est une formation au
secondaire de 1800 heures et que, de plus en plus, on forme évidemment,
au niveau secondaire, des préposés, mais c'est une formation de
650 heures, et on leur donne de plus en plus de tâches,
évidemment. Il y a aussi les auxiliaires familiales qui, elles, ont une
formation de 900 heures, ce qui fait qu'on se parle d'une formation quand
même qui est très différente.
Vous savez, on nous rappelait que, dans les années cinquante, au
tout début, on utilisait à 98 %, dans les institutions, des
infirmiers et infirmières auxiliaires parce que c'était une
main-d'oeuvre qui était peu coûteuse. La formation était
moins longue que celle des infirmières et ça permettait,
finalement, d'avoir une main-d'oeuvre compétente à bon
marché. Mais, de plus en plus, on tente de les éliminer. Ce que
je ne comprends pas, c'est pourquoi on décide de présenter ce
pouvoir d'enquête à ce moment-ci. Il n'est rien arrivé au
cours des derniers mois, de la dernière année, rien qui justifie
tout à coup de donner ce pouvoir d'enquête. Au contraire, tout ce
qui s'est passé au cours des derniers mois, ce sont des mesures qui
donnent davantage de garanties au niveau de la protection et au niveau des
soins.
J'ai fait allusion, dans mes remarques préliminaires
tantôt, à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Eh bien, dans cette Loi sur les services de santé et les
services sociaux, à l'article 489, le ministre peut autoriser une
personne à procéder aux inspections nécessaires pour
assurer les services adéquats aux usagers, donc aussi pour les soins
infirmiers. On a cette mesure de protection de plus.
La même loi, la loi 120, a aussi ajouté, à l'article
65, un commissaire aux plaintes, lorsqu'il y avait des plaintes à faire
autant sur les soins infirmiers que sur les soins médicaux, sur
l'ensemble des soins. On sait que les corporations professionnelles ont aussi
ce mandat de protection du public. Ce qui est curieux, c'est pourquoi on
décide d'ajouter un pouvoir d'enquête à un ordre
professionnel, alors qu'il n'y a pas d'événements majeurs qui se
sont produits, sauf, au contraire, des ajouts de protection dans le
système de santé et de services sociaux par la réforme de
la santé et des services sociaux. (16 heures)
Si on nous était arrivé avec un pouvoir d'enquête
avant la réforme, on aurait pu dire: Bon, on a l'impression qu'au niveau
des soins il y a des problèmes; bien, là, on ajoute un pouvoir
d'enquête. Mais, au contraire, les pouvoirs d'enquête sont
déjà là. On en a par la loi 120; dans la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, on en a ajouté, puis,
là, on décide aujourd'hui qu'on va rajouter ce pouvoir
d'enquête là. Je vous avoue que je ne comprends pas. Je vois,
finalement, une seule raison, mais vraiment une seule. Je me suis
aperçue, depuis que j'ai ce dossier des corporations professionnelles,
qu'on semble utiliser très souvent certaines mesures avantageuses en
échange, contre certaines pénalités qu'on donne à
des corporations professionnelles, et là je m'explique.
Vous vous souviendrez, l'an dernier, Mme la Présidente, que le
ministre de la Santé a annoncé une mesure qui coupait les soins,
chez les optométristes, pour les gens entre 18 et 40 ans, et, au
même moment, en même temps, il donnait une assurance à la
corporation des optométristes qu'en récompense, en
échange, vu qu'on leur coupait une certaine portion de clientèle,
il y aurait un comité qui serait mis sur pied et qu'on
était pour étudier les médicaments
thérapeutiques. Cette année, on coupe à nouveau du
côté des services des optométristes, mais on leur annonce,
à peu près 1 heure avant le budget: Bien, on va vous rencontrer
à nouveau pour vous dire, peut-être, ce qu'on pourrait vous donner
en échange.
On sait qu'il y a eu des négociations du côté des
infirmières et des infirmiers, la loi 102, et les infirmières et
les infirmiers se sont très, très, très rapidement
prononcés en faveur, pour le maintien du gel des salaires. À ce
moment-là, bien, je me pose la question: Est-ce qu'ils ont
demandé en échange d'obtenir certains pouvoirs
supplémentaires, dont ce pouvoir d'enquête là? Je vous
avoue que c'est la question que je me pose, parce que je ne vois rien, mais
rien qui motive aujourd'hui ce changement, ce pouvoir d'enquête
là. Je ne vois rien qui le justifie, rien dans les demandes de groupes
de pression, rien non plus, puisque tous les outils pour assurer ces
enquêtes-là sont là, dans la réforme de la
santé et des services sociaux. Donc, ma question est bien claire: Est-ce
que c'est carrément un pouvoir supplémentaire qu'on donne aux
infirmiers et aux infirmières en compensation du gel des salaires? Je ne
vois vraiment pas d'autre raison pour donner ce pouvoir d'enquête
là.
M. Savoie: Bien, on voit ce qu'on veut voir, puis, finalement, on
peut imaginer tout ce qu'on veut dans ce genre de dossier. Toutefois, le
dossier date certainement d'avant 1988 et il y a eu un suivi de très
près là-dedans. C'est attaché également à la
loi 120. On m'avise, par exemple, que c'est un dossier qui avait
été présenté à Mme Thérèse
Lavoie-Roux lorsqu'elle était ministre responsable du MSSS. J'ai ici de
la correspondance qui date du 2 décembre 1988, par exemple, de la part
du bureau du président de l'Office des professions, qui écrit
à Mme Jeannine Pelland, présidente de l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec. Ça me fera plaisir de
la déposer également pour que vous puissiez en prendre
connaissance.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord.
M. Savoie: Elle dit: «J'accuse réception de votre
lettre du 10 novembre 1988 et je comprends, de nos discussions de vendredi
dernier, que le projet de loi 62 modifiant la Loi sur les infirmières et
les infirmiers contient la plupart des modifications que vous aviez
suggérées. Cependant, 2 demandes, dont l'une concerne le droit
d'enquête dans les établissements sur la dispensation des soins
infirmiers et l'autre relative au droit de vote sur la cotisation
professionnelle que vous vouliez voir consacré aux
délégués des sections, n'ont pu être retenues aux
termes de ce projet.» Alors, vous voyez, c'était
déjà en discussion en 1988, c'était déjà en
traitement. Alors, on dit: «En ce qui concerne le pouvoir
d'enquête, nos consultations se poursuivent, notamment auprès du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Il nous fera
plaisir d'en discuter de nouveau avec vous dès qu'elles seront
terminées.»
Ça, c'est du 2 décembre 1988, donc il y a 5 ans.
C'était une demande qu'ils avaient. Le dossier a suivi son cours,
ça s'est attaché à la loi 120 qui a été
adoptée en 1991, lorsqu'on a fait la réforme dans le monde
médical. Comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure,
c'est un pouvoir que possédaient déjà les médecins,
les optométristes et les dentistes. Les infirmières cherchaient,
depuis fort longtemps, à l'obtenir. Il y a eu des échanges. J'ai
un mémoire ici, du 16 mars 1989, mémoire de rencontre avec
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, où on
fait état, justement, de cette question-là. Alors, il y a eu une
correspondance assez suivie dans le dossier au cours des 3 ou 4
dernières années. Le dossier s'est attaché l'année
passée, en 1992, et il a été décidé de
prendre ce dossier, de l'inclure dans le projet de loi que nous étudions
actuellement, et il a suivi son cours.
Alors, je comprends que la députée est
intéressée par des rapports machiavéliques où on
voit des échanges et des manutentions à des fins de complaisance
ministérielle et de l'Office pour régler certains dossiers. Vous
avez soulevé un détail, d'ailleurs très erroné,
mais alors très erroné, en ce qui concerne les
optométristes. Je veux dire que c'était complètement
farfelu. Oui, oui, c'était de la foutaise. Vous cherchez à
établir ces liens-là. Je comprends qu'en apparence, et je
sympathise dans le sens que, quand on est à l'extérieur des
dossiers, il y a des fois où on voit apparaître des choses, il y a
une apparence que ça pourrait être ça.
Évidemment, quand on est dans l'Opposition, c'est un peu notre
rôle de voir s'il n'y a pas de malversation ou d'influence, malversation
au sens léger, pas au sens lourd, de voir s'il n'y a pas effectivement
des échanges qui se font et ça pourrait être le cas;
je ne dis pas que ce n'est jamais le cas ou des choses comme ça.
Mais je peux vous assurer que, dans le dossier que nous avons devant nous,
à ma connaissance, ce n'est pas le cas. C'est un dossier qui est en
traitement depuis longtemps, et le ministre de la Santé a tout
simplement décidé d'accorder aux infirmières ce droit
d'examiner chez elles... Et je pense que c'est normal, on n'est pas pour
enlever ça aux infirmières. C'est un élément
important du fonctionnement de nos établissements de santé. Ils
ont le devoir de donner un avis, lorsqu'ils sentent nécessaire de le
faire, et on n'avait pas pour eux le droit d'enquête. Alors, là,
on l'attache.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Concernant la
corporation des optométristes, je voudrais rappeler au ministre que
c'était loin d'être farfelu. Ils l'ont confirmé en
commission parlementaire, ils ont même déposé des documents
à l'effet qu'ils avaient eu une entente, non seulement avec le ministre
de la Santé, mais bien avec le premier ministre, concernant un
comité qui devait être mis sur pied, concernant les
médicaments thérapeutiques, et que c'était en lien
direct.
M. Savoie: Ah, mais je voudrais que ce soit clair. Le
gouvernement a décidé, l'année passée, d'enlever la
gratuité pour les 18-45 ans.
Mme Caron: 40.
M. Savoie: Alors, les optométristes ont
contesté...
Mme Caron: 18-40.
M. Savoie: ...immédiatement l'annonce de cette
décision. Ils se sont rendus et ils ont dit: Ça n'a pas de bon
sens. Et ils ont cherché à faire une démonstration comme
quoi il y aurait pour le gouvernement des épargnes considérables
si, également, on pouvait leur donner une implication au niveau de soins
additionnels qu'on pouvait présenter à la population. Et ils ont
parlé de médicaments thérapeutiques et ça s'est
discuté comme ça. Tout ce qui a été dit à ce
moment-là en tout cas, je n'étais pas présent
à ces échanges-là, parce que c'est une matière
fiscale ils ont demandé d'avoir le droit, par exemple, de
procéder avec des médicaments thérapeutiques. Et on a dit:
Écoutez, on est bien prêts à regarder ça; si vous
voulez former un comité, on est bien prêts à voir ce que ce
comité-là pourrait recommander. Et c'est tout. Alors, il n'y a
pas eu d'échanges mirobolants et il n'y a pas eu... (16 h 10)
J'ai eu l'occasion d'expliquer à plusieurs reprises aux
optométristes que de prétendre avoir le droit aux
médicaments thérapeutiques, à ce moment-ci, c'était
loufoque. On est uniquement au niveau des médicaments nécessaires
ou utiles pour l'examen de la vue. Eux autres, ils parlent de
médicaments thérapeutiques, diagnostiques plutôt, excusez.
Ils parlent de médicaments diagnostiques, ce qui est une étape
encore additionnelle, et on n'est pas encore rendus là. Ensuite,
lorsqu'on parle de médicaments thérapeutiques, c'est encore un
troisième pas en avant. On a des étapes à franchir. Alors,
je leur ai dit: Écoutez, vous pouvez bien, dans vos échanges avec
le ministre de la Santé et des Services sociaux, prendre l'engagement
d'examiner ça dans la mesure du possible ou du raisonnable. On va s'y
prêter. Mais, actuellement, on a un dossier qu'on traite avec eux au
niveau des médicaments nécessaires et utiles, entre autres, pour
dresser la liste des médicaments qui pourront être utilisés
par les optométristes.
Il ne faudrait pas voir des structures machiavéliques complexes.
Ça n'existe pas. Il y a un besoin financier à court terme qui est
très urgent. On lui a donné suite. Les optométristes ont
réagi en disant: Écoutez, non seulement vous nous coupez à
cet endroit-là, mais vous nous coupez au mauvais endroit parce que, si
vous nous accordez telle chose, on va vous faire épargner davantage. On
a dit: Bon, bien, si vous voulez regarder ça, présentez-nous un
rapport et on va l'examiner. C'est tout ce qui s'est dit. Enfin, parce que je
n'étais pas là, autant que j'ai pu obtenir les informations de
part et d'autre, c'est ce qu'on me dit. Mais pas plus que ça dans ces
rapports-là. Il ne faudrait pas y voir de la mauvaise foi, ni, non plus,
comme je vous dis, des structures de machinations complexes. Ça se fait
très peu au gouvernement.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Non, ce n'est pas des
machinations très complexes, et je pense que le ministre a clairement
démontré lui-même aussi que ce n'était pas de la
foutaise et qu'on pouvait même être à l'intérieur du
gouvernement, puis ne pas toujours voir l'ensemble du dossier, puisqu'il n'a
pas participé aux négociations.
Au niveau de la loi 120, et j'y reviens, il y a quand même
et ça, c'est après Mme Lavoie-Roux, après la ministre
Lavoie-Roux; la loi 120, c'est la loi du ministre de la Santé et des
Services sociaux, M. Marc-Yvan Côté l'article 489 où
le ministre peut autoriser une personne à procéder aux
inspections nécessaires pour assurer les services adéquats aux
usagers. Alors, ça inclut les soins infirmiers. Et le commissaire aux
plaintes, à l'article 65, est là aussi pour s'assurer que les
usagers reçoivent des bons services, des services adéquats. Donc,
c'est ça qui est étonnant. Au moment où on ajoute des
mesures de protection, on accorde un pouvoir d'enquête.
Vous remarquerez aussi, Mme la Présidente, que la notion de soins
infirmiers, c'est, en soi, très large. Lorsqu'on parle de soins
infirmiers, ce n'est pas défini. C'est un pouvoir d'enquête
qui-est très large et qui peut être utilisé pour
différents soins qui sont accordés aux personnes. Donc, c'est
vraiment donner un pouvoir énorme aux infirmières et aux
infirmiers alors qu'il y avait déjà des protections, des
garanties au niveau de la loi 120. Le ministre...
M. Savoie: Les soins infirmiers, il faudrait bien
souligner...
Mme Caron: Si je peux terminer, madame.
M. Savoie: Oui. Tout simplement pour spécifier, et
ça va vous aider dans votre raisonnement, j'en suis sûr, qu'au
niveau de la Loi sur les infirmières et les infirmiers, à
l'article 36, on dit: «Constitue l'exercice de la profession
d'infirmière ou d'infirmier tout acte qui a pour objet d'identifier les
besoins de santé des personnes, de contribuer aux méthodes de
diagnostic, de prodiguer et contrôler les soins infirmiers que
requièrent la promotion de la santé, la prévention de la
maladie, le traitement et la réadaptation, ainsi que le fait...».
Finalement, les soins infirmiers sont très attachés au mandat des
infirmières et infirmiers. C'est quasiment de leur ressort exclusif.
Mme Caron: Mme la Présidente, c'est évident que,
quand on parle de promotion de la santé, de prévention de la
maladie, de traitement, de réadaptation, je veux dire, ça couvre
tous les actes qui sont posés par les infirmiers et les
infirmières auxiliaires. Écoutez, ça ne peut pas
être plus large que ça. Vous parlez autant de prévention,
de promotion de la santé, de traitement, de réadaptation. Donc,
c'est très, très, très large. Et le ministre nous dit: On
a donné une garantie verbale à la corporation des infirmiers et
des infirmières du Québec. Alors, avec une garantie verbale, vous
comprendrez qu'on ne va pas très, très loin. Je reconnais que
l'amendement comme tel, je veux dire, il est même essentiel. On ne
pouvait même pas maintenir l'article tel que libellé sans avoir au
moins cet amendement-là. Il faut donner un avis pour qu'au moins la
corporation professionnelle soit informée qu'il y a une enquête.
Mais ça ne lui donne pas vraiment de moyens pour agir et pour
réagir.
Je vous avoue, Mme la Présidente, que je ne comprends toujours
pas pourquoi on arrive, à ce moment-ci, avec cette
modification-là, ce pouvoir d'enquête là, alors qu'on a
donné d'autres garanties avec la loi 120. Alors, vous, comprendrez que
nous serons opposés à cet article, et je suis convaincue que ma
collègue des Chutes-de-la-Chaudière a sûrement quelques
questions aussi à poser.
M. Savoie: Oui, oui, mais, je veux dire, vous n'êtes pas la
seule à dispenser le droit de parole. Ha, ha, ha! Est-ce que vous
êtes d'accord avec moi pour dire que les infirmières auxiliaires,
c'est une corporation à titre réservé?
Mme Caron: Évidemment.
M. Savoie: Bon! Est-ce que vous êtes d'accord aussi que
l'ensemble des pouvoirs qui sont dévolus aux infirmières
auxiliaires, ce sont des actes délégués des
infirmières et infirmiers du Québec?
Mme Caron: Bien, M. le ministre, je vous l'ai dit moi-même
tantôt...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: ...que, depuis le décret de 1991...
M. Savoie: Alors, si on parle de faire enquête...
Mme Caron: ...par cette délégation d'actes
là, ils sont passés de 102 actes à 16.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: Alors, c'est évident qu'on va
reconnaître...
M. Savoie: Je comprends ça. Alors, vous comprenez donc
que, s'il doit y avoir enquête au sein d'un établissement,
ça doit nécessairement se faire par les infirmières et
infirmiers du Québec.
Mme Caron: Non.
M. Savoie: Écoutez! Je ne dis pas exclusivement.
Mme Caron: II n'y a pas de lien direct là.
M. Savoie: Je ne dis pas exclusivement, mais
nécessairement avec eux...
Mme Caron: Pas nécessairement.
M. Savoie: ...avec les infirmières et infirmiers du
Québec. Vous m'avez dit: Mais pourquoi ne pas avoir un
représentant? Je ne sais pas ce que ça va faire, un
représentant des infirmiers et infirmières auxiliaires, si on met
15 personnes autour de la table et qu'il y a 1 ou 2 infirmières ou
infirmiers auxiliaires. Ça change quoi?
Moi, ce que je vous dis, c'est que le mécanisme qui a
été retenu est beaucoup plus valable, c'est-à-dire,
d'abord, un avis. Deuxièmement, ce que j'ai dit, c'est qu'on allait
surveiller la situation et, cet automne, voir ce qu'on peut faire pour aider
les infirmiers et infirmières auxiliaires. C'est un peu, si vous
voulez... On est dans une situation, pas identique, mais certainement où
on peut tirer des parallèles entre les dentistes et les
hygiénistes dentaires, où il y a, finalement, un acte
délégué qui est exécuté. À ce
moment-là, les dentistes, eux, ont justement un pouvoir d'enquête
identique à ce qu'on accorde actuellement aux infirmiers et
infirmières.
Mme Caron: Mais, Mme la Présidente, le ministre nous dit:
Nous donnons ce pouvoir d'enquête, la corporation professionnelle des
infirmiers et des infirmières aura un avis, elle va être
informée, puis nous allons aider la corporation après, cet
automne.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: Vous allez l'aider comment, M. le ministre? Au moment
où vous aurez donné le pouvoir d'enquête de plein droit, je
vois difficilement comment vous allez pouvoir contrebalancer ça, surtout
lorsqu'on sait que, lorsqu'il y a eu délégation d'actes, il y a
vraiment eu pénalité, mais grande pénalité pour la
Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec. Passer de 102 actes à 16, une perte de 3000 postes, je
pense que c'est assez sérieux là, puis aller ajouter à ces
pertes-là un pouvoir d'enquête. Moi, j'avoue que je ne vois pas
comment le ministre peut nous dire qu'après il va les aider, à
l'automne, une fois que ces moyens-là seront en vigueur.
M. Savoie: Je pense que M. Paradis, lors de nos rencontres, de
nos échanges, nous a clairement indiqué
sa grande inquiétude, surtout vis-à-vis le passé.
La perte des postes est substantielle. Il nous a indiqué qu'il y a des
questions qui peuvent se poser d'une façon certaine et il se dit que le
fait de pouvoir donner un avis après enquête, finalement,
constitue un renforcement des pouvoirs des infirmières et infirmiers.
Nous avons pris ça très au sérieux. Nous avons
préparé une modification pour dire que, d'une part, l'avis qui
n'était sujet, avant, à aucune formalité vis-à-vis
les auxiliaires, aujourd'hui est soumis à une transmission de 30 jours.
Il va y avoir un temps de réaction. Deuxièmement, cet automne,
comme je vous dis, on sera en mesure d'intervenir. Il faut bien comprendre
qu'ils vont être les seuls à titre réservé qui vont
recevoir un avis semblable. Il n'y a personne d'autre dans le milieu qui
reçoit un avis semblable, qui reçoit un avis de 30 jours, ni les
hygiénistes dentaires, ni les autres secteurs. Alors, il y a
déjà une considération qui est accordée aux
auxiliaires. Deuxièmement, nous allons nous pencher là-dessus cet
automne, avec eux, pour l'examiner. (16 h 20)
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Écoutez, Mme la Présidente,
moi, j'essaie de comprendre. Le ministre nous dit qu'on se fait des romans, des
machinations, puis qu'on imagine toutes sortes de scénarios
machiavéliques, mais probablement que, si les réponses du
ministre étaient claires, on ne s'imaginerait rien, puis on comprendrait
tout.
M. Savoie: O.K. Posez-moi une question claire; je vais vous
donner une réponse claire.
Mme Carrier-Perreault: Alors, moi, j'en ai des questions.
Pourquoi vous décidez d'arriver avec cet article-là, cette
possibilité d'enquête là, au moment où on se parle,
aujourd'hui? Tout à l'heure, vous avez dit que c'est arrivé
à plusieurs reprises. Vous dites: On le leur donne parce que ça
nous est demandé. Par ailleurs, vous nous dites aussi que ça a
été demandé à plusieurs reprises, ça fait
longtemps. L'ordre des infirmières, c'est un ordre exclusif depuis
longtemps. Le ministre nous dit: Écoutez, on ne peut pas donner ce genre
de pouvoir là à des ordres réservés, à des
corporations à titre réservé. On peut comprendre certains
bouts, mais il manque des bouts là-dedans, ça n'a pas de bon
sens. L'Ordre des médecins a toujours eu ce pouvoir-là,
d'après ce que je peux comprendre. Les optométristes, les
dentistes, deux exemples qu'on a eus tantôt, ça fait longtemps
qu'ils l'ont, eux autres aussi, ce pouvoir-là, par ailleurs, avant la
loi 120, c'est très clair. Ce qui arrive, c'est que les
infirmières l'ont demandé aussi avant la loi 120; on a toujours
refusé. Moi, j'aimerais savoir: Qu'est-ce que c'était
l'argumentation pour le refuser, au moment où ça a
été refusé? Le ministre nous a cité une lettre tout
à l'heure, où il y avait une demande dans ce sens-là.
Alors, pourquoi on l'a refusé à ce moment-là?
M. Savoie: Ça n'a pas été refusé.
Pourquoi est-ce que vous dites: Ça a été
refusé?
Mme Carrier-Perreault: Bien, pourquoi ils ne l'ont pas eu?
M. Savoie: Mais pourquoi... Je n'ai jamais dit ça, et vous
présumez encore. On vous parle, puis vous n'écoutez pas.
Mme Carrier-Perreault: Bien, ça a été
demandé en 1988, vous nous avez lu une lettre tout à l'heure.
M. Savoie: Oui, c'est ça, et je vous ai lu la lettre. Je
veux dire, on ne peut pas être plus de bonne foi que ça,
sacrifice!
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais, là, on est en 1993.
M. Savoie: Oui, oui, mais je vous l'ai lue.
Mme Carrier-Perreault: Vous décidez de le donner en
1993.
M. Savoie: Je vous l'ai lue, puis...
Mme Carrier-Perreault: Qu'est-ce qui s'est passé en
1988?
M. Savoie: Je vous l'ai lue textuellement, puis je vais vous la
relire.
Mme Carrier-Perreault: Ce n'est pas la demande que je veux.
M. Savoie: «En ce qui concerne le pouvoir d'enquête,
nos consultations se poursuivent nos consultations, au pluriel, se
poursuivent notamment auprès du ministère de la
Santé et des Services sociaux, et il nous fera plaisir d'en discuter de
nouveau avec vous dès qu'elles seront terminées.»
Alors, je vous ai lu ça. Bon. On va continuer. Et ça,
ça date du 2 décembre 1988. Je vous ai dit qu'en même temps
Thérèse Lavoie-Roux a enclenché la réforme qui a
été terminée sous le ministre actuel, en 1991. et il
était prévu à ce moment-là qu'effectivement, comme
les médecins, les optométristes et les dentistes, ils puissent
avoir non seulement le droit de donner avis, mais également de faire
enquête, qu'on allait accorder la même chose aux infirmiers et
infirmières.
Je vous ai dit que cette modification-là est prête depuis
le printemps 1992, qu'elle a été produite,
présentée pour ce projet de loi, ce regroupement-là, qu'on
a déposé à l'Assemblée nationale au mois de
décembre 1992. pour présenter un projet de loi à
l'assemblée nationale en décembre 1992, contenant toutes sortes
de modifications qu'on a dû enlever à cause des difficultés
on parlait d'un dossier de féminisation des titres
et d'autres qui soulevaient des difficultés au niveau du Bureau
des lois je peux vous dire que le dossier, tel qu'on le voit là,
a été présenté chez nous au printemps 1992. Donc,
ce n'est pas quelque chose qui tombe du ciel, ce n'est pas un soulier qui
tombe; quelque chose arrive, puis, là, on le laisse tomber. C'est
quelque chose qui est en cours.
Alors, vous m'avez dit: Comment ça se fait qu'on a refusé
la demande? Ce que je vous dis, c'est qu'en 1988 la demande n'a pas
été refusée. Et j'ai pris la peine de vous lire la lettre,
en vous disant que c'était quelque chose qui avait continué. Le
dossier a continué, la réforme est allée de l'avant. La
réforme a été adoptée en 1991, bang, et ça a
tombé dans notre projet de loi, ils l'ont présenté,
préparé et, en 1992, on l'a acheminé. Donc, ce n'est pas
quelque chose qui arrive... Un matin on se lève, puis on dit: Qu'est-ce
qu'on donnerait bien aux infirmières cette semaine? Ce n'est pas comme
ça que ça marche.
Mme Carrier-Perreault: Pourquoi, dans le cas des
infirmières, il fallait attendre que la réforme de la
santé soit faite, alors que, dans les autres cas, ce n'était pas
nécessaire, puis que, d'après le ministre, c'est exactement la
même chose? C'est ça que je veux comprendre.
M. Savoie: Ah! Vous voulez dire pourquoi, en 1973, on ne l'avait
pas accordé.
Mme Carrier-Perreault: Pourquoi vous me ramenez à la loi
120?
M. Savoie: Regardez, en 1973, on avait donné le
droit...
Mme Carrier-Perreault: Oui.
M. Savoie: ...de donner un avis. Bon. Là, ils sont
arrivés, puis ils ont dit: Écoutez, vous avez fait une erreur en
1973; vous avez donné le droit d'avis, mais vous n'avez pas donné
le droit d'enquête. Or, étant donné que les
médecins, les dentistes et les optométris-tes l'ont, nous aussi,
on veut ce pouvoir-là. Et c'est un dossier qui a cheminé. Je ne
sais pas si vous vous rappelez...
Mme Carrier-Perreault: Oui, ils en ont parlé.
M. Savoie: ...en 1988, il a été sérieusement
mis en question, tout le rôle des infirmières et infirmiers dans
les établissements de santé au Québec. Alors, c'est ce qui
est arrivé.
Mme Carrier-Perreault: Ce n'est pas tout à fait comme
ça que je vois ça. Parce qu'on relisait justement... On m'a fait
parvenir le libellé des discussions qui ont eu lieu en 1973. Ce
n'était pas un oubli, ça a été discuté.
C'est parce que ça a été voulu. C'est une volonté,
à ce moment-là, de ne pas l'insérer comme ça.
M. Savoie: Bien, écoutez...
Mme Carrier-Perreault: Bien, je ne sais pas si vous les avez
relus...
M. Savoie: Non, moi, je ne les ai pas relus.
Mme Carrier-Perreault: ...bon, les propos de M. Castonguay, de M.
Cloutier, les discussions, échanges qu'il y a eu à ce
moment-là. Vous n'étiez pas ici, moi non plus...
M. Savoie: Non.
Mme Carrier-Perreault: ...mais on peut les relire. C'est
ça, l'avantage...
M. Savoie: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...des discussions qu'on a en
commission.
M. Savoie: Dieu merci!
Mme Carrier-Perreault: Ce n'était pas un oubli.
M. Savoie: Non.
Mme Carrier-Perreault: On s'entend là-dessus.
M. Savoie: Oui.
Mme Carrier-Perreault: C'est quelque chose qui avait
été discuté. Ça n'a pas été
inséré.
M. Savoie: Ça se peut. Je l'ignore. Je ne suis pas au
courant.
Mme Carrier-Perreault: On peut en faire une copie, je pense, pour
le ministre. C'est intéressant, quand même...
M. Savoie: D'accord.
Mme Carrier-Perreault: ...parce que ce n'est vraiment pas un
oubli à ce moment-là. On se comprend?
M. Savoie: Je ne le sais pas. Je voudrais lire le texte avant de
me prononcer.
Mme Carrier-Perreault: Ce que le ministre ne m'explique pas...
Ça a été discuté en 1973, ce n'était pas un
oubli, c'est clair, ça a été mentionné. Alors, ils
y avaient pensé. Ils l'avaient demandé.
M. Savoie: Là, on le corrige.
Mme Carrier-Perreault: Écoutez, je regrette, mais je veux
comprendre pourquoi on corrige maintenant. C'est ça que j'essaie de
comprendre. Là, le ministre m'amène des raisons. Il me dit: C'est
parce qu'il y a eu la loi 120; on discute la préparation de ce qui a
abouti à la loi 120 depuis 1988; donc, on ne pouvait pas leur
répondre en 1988 autrement que: Attendez les résultats, on va
consulter. C'est ça que vous me dites. Pourquoi, dans le cas de l'ordre
des infirmières, c'était si important d'attendre la loi 120,
alors que ça n'avait aucune espèce d'importance pour les autres
ordres? C'est pour ça que ce n'est pas clair. Pourquoi ça a
été refusé là?
M. Savoie: Voulez-vous me dire que, parce qu'ils l'ont
refusé en 1973, c'est refusé pour toujours, pour
l'éternité?
Mme Carrier-Perreault: Mais non. Ce qu'on ne comprend pas, c'est
pourquoi vous arrivez maintenant avec ça, puisqu'il y avait eu des
demandes antérieurement. Ça avait déjà
été discuté, ça avait été comme
oublié; ça a été redemandé, et on a toujours
refusé jusqu'à aujourd'hui. C'est pour ça qu'on ne
comprend pas.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire aujourd'hui, dans cette
décennie. Il ne faudrait pas voir aujourd'hui hier. Je vous ai bien
expliqué que c'était attaché à la réforme de
Thérèse Lavoie-Roux, qui a été adoptée en
1991. Je vous ai bien expliqué ça, tous les 2...
Mme Carrier-Perreault: Je ne comprends pas pourquoi
c'était attaché à la réforme de Mme Lavoie-Roux.
C'est ça que je ne comprends pas. Il y a de quoi qui m'échappe,
là. J'aimerais ça que ce soit clair.
M. Savoie: Parce que, en même temps qu'on faisait la
révision, on examinait aussi les fonctions de chacun, entre autres, des
infirmières. Les infirmières ont dit: En passant, nous, on est
obligées de vous donner un avis, mais on n'a pas ce droit
d'enquête que les autres ont; on veut ce droit d'enquête là,
nous aussi; on veut être capables de poser ce geste afin de vous donner
avis. Et ça a été examiné, puis on a dit: Bien, ah
oui! C'est raisonnable, ça a bien du bon sens.
Mme Carrier-Perreault: Je regrette, mais je ne suis pas plus
avancée. Est-ce que toi, tu as des...
M. Savoie: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: C'est exactement ce que je vous dis: lors de la
réforme, c'est ça, il a tout simplement été
accordé de leur donner ce droit d'enquête.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
M. Savoie: Et, en conséquence, on modifie la Loi sur les
infirmières et les infirmiers au Québec avec le mécanisme
d'enquête. C'est suite à cette réforme de 1991. C'est aussi
simple que ça.
Mme Carrier-Perreault: Bien...
M. Savoie: Non, mais j'essaie de comprendre. Je vous donne une
réponse aussi franche et directe, puis vous voulez autre chose.
Mme Carrier-Perreault: Moi, ce que je voudrais savoir, c'est
pourquoi, dans le cas des infirmières, il fallait attendre la
réforme alors que, dans le cas des autres ordres, c'était:
Ça n'a rien à voir avec la réforme.
M. Savoie: Ça a été accordé en 1973,
les autres. Mme Carrier-Perreault: Oui.
M. Savoie: Puis ça a été refusé aux
infirmières. J'avais dit: Un oubli. Vous, vous dites: Ça a
été refusé. Je ne l'ai pas vu...
Mme Carrier-Perreault: Bien, ça a été
discuté.
M. Savoie: Oui, mais je ne l'ai pas vu que ça a
été dit en ces termes-là. Mais je vais certainement
l'examiner, j'imagine. Et, à ce moment-là, vous me dites: Oui,
mais, là, pourquoi changer en 1993, 20 ans plus tard? C'est
ça?
Mme Carrier-Perreault: Je ne comprends pas pourquoi
c'était nécessaire d'attendre la réforme de la
santé. C'est ça que je ne comprends pas.
M. Savoie: Ah! Mais c'est parce que les deux ont cheminé
de front, c'est-à-dire leur demande... Les infirmières, lorsque
est venu le temps de faire la refonte du monde médical, elles ont dit:
En plus de cela, nous autres, on veut ça; on veut ce pouvoir
d'enquête. Bon. Le dossier a été traité, ça a
suivi son cours, elles ont fait des demandes auprès de l'Office en
1987-1988. Ils ont dit: Écoutez, attendez la réforme pour voir ce
que ça va faire. Parce que la modification aurait pu être
présentée dans le projet de loi 120. Ça n'a pas
été retenu dans le projet de loi 120. Ils ont dit:
Écoutez, les médecins, les dentistes et les optométristes
ont ça dans leur loi constitutive; donnez-le-leur donc dans leur loi
constitutive. Il n'y avait pas d'objection de chez nous là-dessus. (16 h
30)
Mme Carrier-Perreault: O.K. Je viens de comprendre ce que vous
voulez me dire, en partie. Pourquoi c'est arrivé? Vous me parlez
toujours de la réforme,
quand on parle de quelque chose qui n'avait rien à voir
nécessairement avec la réforme, qui aurait pu être fait
tout à fait autrement. C'est parce que les infirmières et
infirmiers sont venus le demander aux auditions, j'imagine, de la
commission?
M. Savoie: Non, ils le demandaient bien avant. Ils le demandaient
bien avant. Ça a été présenté à
l'Office, puis l'Office leur a dit: Écoutez, attendez de voir le
résultat de la réforme qui s'en vient au niveau des soins de
santé. Alors, c'est sûr que ça faisait partie de leurs
demandes. J'imagine qu'ils ont été entendus et j'imagine, je n'ai
pas vu le dossier, lorsque la réforme a avancé, qu'ils ont
présenté...
Mme Caron: Ils ont présenté ça dans leur
mémoire.
M. Savoie: ...cette demande de novo, et on a décidé
de leur accorder ce pouvoir d'enquête.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Justement, la
réforme a eu lieu, puis, dans la réforme, il y a l'article 489
qui donne le pouvoir au ministre d'autoriser une personne...
M. Savoie: Wo! Wo! J'ai quelque chose de nouveau, là. M.
Roy m'avise que, dans la note, Mme Pel-land, la présidente de l'Ordre
des infirmières et infirmiers, trace un historique de ces pouvoirs
d'enquête dévolus notamment aux médecins, aux pharmaciens
et aux dentistes dans leur loi respective. Lors de l'étude en commission
parlementaire des différentes lois professionnelles en 1973, une guerre
ouverte entre les ophtalmologistes et les optométristes s'est
déclarée sur l'inclusion ou non d'un tel pouvoir à la Loi
sur l'optométrie. Devant ces débats, l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec avait alors jugé
préférable tactiquement de laisser tomber ses demandes pour se
concentrer sur d'autres sujets. C'est pourquoi, dans le projet de loi sur les
infirmières et les infirmiers, ce pouvoir n'avait pas été
prévu, bien que le paragraphe a de l'article 11 ait été
ajouté cependant, c'est-à-dire: donne l'avis.
Alors, ici, j'ai une note qui date de 1989 et qui est signée de
la main de M. Marc Baribeau, avocat à l'Office des professions. Alors,
la présidente de l'Ordre confirme que ce pouvoir semble
nécessaire pour bien exercer son rôle de recommandations au
ministre de la Santé et des Services sociaux et que ce ministère
pourrait aussi être favorable à un tel pouvoir pour assurer le
suivi dans certains établissements de santé où des
problèmes en soins infirmiers se présentent. Alors, ça
date de 1989, il y a 4 ans, le 16 mars 1989. Il n'y a pas de bric-à-brac
là-dedans.
Donc, pour 1973, lorsque vous affirmez que ça a été
refusé, je veux bien vous croire, sauf que, moi, j'ai un document par un
recherchiste au niveau de l'Office des professions qui me dit le contraire, qui
me dit, et je cite, je le lis: «C'est pourquoi, dans le projet de loi sur
les infirmières et les infirmiers, ce pouvoir n'a pas été
prévu.» Et le pourquoi, c'est que, devant ces débats,
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec avait alors
jugé préférable tactiquement de laisser tomber ses
demandes pour se concentrer sur d'autres sujets. Ils l'ont laissé tomber
en 1973. Ils sont donc revenus à la charge plus tard, certainement vers
les années 1987, 1988, et ça a été
examiné.
Maintenant, l'Office se n'est pas garroché là-dedans. Il a
dit: Attendez une seconde; on est en train d'examiner ça; il y a une
réforme; le tout va aller de front. Donc, dans la lettre qui
précède de plusieurs mois la réponse de Me Baribeau, M.
Mulcair indique très clairement, en ce qui concerne le pouvoir
d'enquête, pour la troisième fois: Nos consultations se
poursuivent notamment auprès du ministère de la Santé et
des Services sociaux, et il nous fera plaisir d'en discuter de nouveau avec
vous dès qu'elles seront terminées. Alors, ça a
cheminé. Ils ont dit ensuite: Attendez la réforme; on va voir ce
que ça va faire. Parce qu'on aurait pu prendre ce pouvoir-là et
l'inclure dans le projet de loi 120. M. Marc-Yvan Côté a dit: Non,
non, non; si ça existe pour les médecins, les dentistes et les
optométristes dans la loi qui les constitue en tant que corporations
professionnelles, on va faire la même chose avec les infirmiers et
infirmières. Donc, il y a eu transfert, à ce moment-ci, qu'on
étudie aujourd'hui en 1993.
Mais, comme je vous dis, ça a été
préparé au printemps 1992, si ce n'est pas avant. Si ce n'est pas
avant. Moi, je peux vous dire, par exemple, qu'au printemps 1992 on discutait
de ces éléments-là. Il ne faut pas oublier, comme je vous
l'ai dit, que le projet de loi que nous étudions actuellement contenait
plusieurs autres éléments. Lorsqu'il a été
acheminé, il y avait, par exemple, la féminisation des titres qui
a suscité des difficultés avec le Bureau des lois; ça a
nécessité des tractations assez importantes. Et, ensuite, au
niveau des infirmières et infirmiers, compte tenu de l'opposition des
auxiliaires, on a hésité longtemps. Vous comprendrez que j'ai eu
au moins 3 échanges avec le président de l'Ordre, de la
Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires
on s'en vient avec le mot «Ordre» et je ne parle pas
de correspondance, je ne parle pas d'échanges, mais là-dessus
spécifiquement où elle me faisait part de ses craintes. J'y ai
réfléchi, j'ai hésité. D'ailleurs, le projet de loi
a été retardé, en bonne partie, à cause des
interventions des infirmières auxiliaires jusqu'à temps qu'on ait
vu la possibilité de l'amendement qu'on a déposé. Et,
justement, je me suis dit: Si ça fonctionne mal, si c'est utilisé
à mauvais escient, on va intervenir cet automne avec des modifications
pour s'assurer qu'effectivement les auxiliaires ne fassent pas les frais, que
ce ne soit pas utilisé contre eux. C'est ça.
Alors, au point de vue historique, on n'était pas prêts
à faire un historique du dossier, dans le sens qu'il
n'y avait pas de notes spécifiques préparées pour
ça, mais, à partir des informations qu'on vous a fournies, assez
complètes, je pense, ça vous explique pourquoi on arrive à
ça à ce moment-ci.
Mme Carrier-Perreault: Disons que, quand on fait un historique
d'un dossier, c'est toujours un petit peu plus facile à comprendre, pour
du monde comme moi qui arrive ici.
M. Savoie: Ah, moi, je trouve ça toujours fascinant, les
historiques!
Mme Carrier-Perreault: Oui. C'est important de savoir d'où
ça vient, les choses. Moi, je voudrais savoir autre chose. Vous dites
que vous avez eu au moins 3 rencontres de discussions avec les gens. Est-ce que
vous avez essayé de trouver des compromis avec la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires, d'une
part?
M. Savoie: Oui, oui. Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: Vous avez dit aussi qu'il y avait vraiment
des objections sérieuses à un point tel que vous avez eu au moins
3 rencontres, etc. Qu'est-ce qui a changé pour que vous arriviez avec
cette décision-là aujourd'hui? Qu'est-ce qu'il y a de
différent aujourd'hui?
M. Savoie: Bien, on arrive avec la modification qu'on a
déposée. Lorsqu'on a eu des échanges, d'une part, avec les
infirmiers et infirmières et, ensuite, avec les auxiliaires, les
auxiliaires ont démontré une crainte importante. Ils
allèguent, entre autres, qu'ils ont perdu plusieurs milliers d'emplois,
3000 emplois, suite à des interventions de la part des infirmiers et
infirmières au niveau des établissements. Bon. Il faut s'assurer
quand même d'un maintien d'équilibre et d'une continuité.
Je pense que les infirmiers et infirmières ont leur place, et les
auxiliaires aussi ont leur place dans les établissements de
santé, et il faut s'assurer d'un équilibre. Donc, ce que me
disaient les auxiliaires, je trouvais que ça méritait
réflexion pour voir si, effectivement, c'était fondé. On a
gratté ça un peu et ce qu'on trouve, c'est que la réaction
est forte, mais qu'il y a peut-être quelque chose.
Alors, ce qu'on a dit, d'une part, c'est qu'on va aviser les infirmiers
et infirmières, primo, 30 jours avant le dépôt de l'avis
auprès du ministre. Trente jours, donc, avant le dépôt, ils
vont envoyer une copie aux infirmiers et infirmières auxiliaires qui
auront le temps de réagir vis-à-vis l'avis qui va leur être
donné par les infirmiers et infirmières. Ensuite, je me suis dit:
Cet automne, si on voit que c'est utilisé à des fins de tactique
de développement, de guerre de clocher, à ce moment-là on
posera les gestes appropriés.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que, voyez- vous, ça
peut être assez inquiétant. Je comprends la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires d'être
inquiète à ce moment-ci, juste au rythme où vont les
choses, quand on arrive avec des articles comme ça. Comprenez-vous?
C'est important pour moi de comprendre depuis quand ça dure, cette
histoire-là, depuis quand c'est demandé, depuis quand c'est
refusé, pourquoi c'est refusé, et tout ça. Je vous dirai
bien franchement que j'ai compris vos explications. Je ne suis pas vraiment
beaucoup plus avancée. Je me rends compte que ça a pris,
d'après le dernier... En 1989, dernière demande, quoique
ça avait été discuté antérieurement, avant
ça. Alors voyez-vous, vous dites: À l'automne, on verra comment
ça va se développer, et tout ça. Je comprends que ces
gens-là soient inquiets... (16 h 40)
M. Savoie: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...parce que ça ne va pas vite
avant de prendre des décisions dans le domaine.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Ça m'a l'air lent. D'ailleurs,
ça a été décrié par certaines corporations
comme quoi il y avait des lenteurs au niveau des acceptations de
règlements.
M. Savoie: Avant, on allait trop vite. Là, on va trop
lentement.
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est parce que... M. Savoie:
Bien, décidez-vous!
Mme Carrier-Perreault: Ça dépend des cas, Mme la
Présidente.
M. Savoie: Bien, on parle toujours du même cas. Avant, vous
nous accusiez... Il y a 5 minutes, il y a 10 minutes, vous disiez: Pourquoi
aujourd'hui? C'est quoi l'urgence? Et pourquoi faire ça?
Mme Carrier-Perreault: Non. On n'a pas dit: C'est quoi l'urgence?
Je veux faire une rectification. On voulait savoir ce qu'il y avait de
changé aujourd'hui pour arriver avec une affaire comme ça, compte
tenu que ça a été refusé depuis longtemps.
C'était ça, la différence. Ce n'est pas une question de:
C'est quoi l'urgence? Là, je me dis: Au rythme où vont les
choses, où évoluent les choses dans ce domaine-là, c'est
normal que les gens soient inquiets, parce qu'on parle que 4 ans, c'est
quasiment normal.
M. Savoie: C'est ça, puis...
Mme Carrier-Perreault: La réaction, là-dessus, pour
reprendre 4 ans, c'est quoi les assurances qu'on a que vous allez réagir
à l'automne? C'est ce genre de
détail là qui nous manque au moment où on se
parle.
M. Savoie: Bon. Je pense qu'on vous a démontré
l'historique du dossier, comme vous dites. On a corrigé aussi certaines
perceptions, certaines affirmations. On a démontré aussi qu'on
n'y allait pas à l'aveuglette, dans le sens que ce n'est pas quelque
chose qui s'est fait sans consultation. Il y en a même eu plusieurs. On a
hésité pour voir si, effectivement, la perception des auxiliaires
était valable. On est arrivés à la conclusion qu'elle
était valable pour partie, qu'il y avait une crainte et qu'il fallait
surveiller. On a apporté une modification. On a pris l'engagement de
revoir ça cet automne. Si des correctifs additionnels s'avèrent
intéressants, on va les poser pour s'assurer, effectivement, qu'il n'y a
pas d'abus de la part des infirmiers et infirmières avec on ne peut pas
dire vraiment un nouveau pouvoir, mais un pouvoir additionnel qui leur a
été accordé dans le but de déposer leur avis. C'est
un peu ça.
Mme Carrier-Perreault: Compte tenu qu'on est au courant de ces
choses-là depuis longtemps et que le ministre nous dit: Je
prévoirai à l'automne, on verra s'il y a moyen de... il n'y
aurait pas eu lieu de prévoir et d'insérer certaines balises
peut-être un petit peu plus restrictives, je dirais, dans le projet de
loi qu'on a devant nous autres, tant qu'à faire?
M. Savoie: Oui. Bien, là, ce qu'on fait, c'est que,
justement, on apporte une balise, une balise de 30 jours.
Mme Carrier-Perreault: Oui. On va y revenir. M. Savoie:
O.K. On y reviendra.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous sommes toujours
sur l'amendement et, Mme la députée de Terrebonne, il vous
restait 1 minute sur vos 20 minutes d'intervention.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Alors, peut-être
juste rappeler qu'au moment où la loi a été adoptée
en 1973 et qu'on a donné le pouvoir d'enquête aux médecins,
dentistes et optométristes, le pouvoir de donner des avis des
infirmières... C'est toujours bon de relire le texte et là je
vais citer le député de Montmagny. Il expliquait pourquoi elles
avaient demandé ce pouvoir de donner des avis. Alors, vous allez voir
que ce n'était pas du tout, du tout, sur la qualité des
soins.
Alors, les avis que vont donner les infirmières, l'association
des infirmières et infirmiers, au ministre des Affaires sociales sur la
qualité des soins infirmiers et sur les normes reçoivent une
oreille attentive, et c'est d'autant plus important qu'elles ont
peut-être des difficultés de communication avec le ministre de
l'Éducation. Elles l'ont dit assez souvent que c'est une des pierres
d'achoppement en ce qui les concerne, les difficultés qu'elles ont de
recevoir une oreille attentive quand elles exposent des problèmes de
formation au ministre de l'Éducation. Et ce que le député
disait, c'est que, finalement, l'avis était pour être
utilisé surtout pour exprimer les besoins de formation au niveau des
soins infirmiers et non au niveau de la qualité des soins. À ce
moment-là, c'est ça qui posait problème, c'était au
niveau de la formation.
Alors, Mme la Présidente, ma minute...
La Présidente (Mme Hovington): Quel député,
je m'excuse, avez-vous cité?
Mme Caron: M. Cloutier, député de Montmagny, en
1973.
La Présidente (Mme Hovington): C'était le
porte-parole de l'Opposition à ce moment-là?
Mme Caron: C'est ça.
Une voix: C'était un député du parti...
La Présidente (Mme Hovington): De l'Union Nationale.
M. Savoie: De l'Union Nationale. En plus, vous citez des membres
de l'Union Nationale de 1973, vous autres. Je vous dis que ça vole haut,
hein?
Mme Caron: Bien, en 1973, voyez-vous, nous n'avions pas beaucoup
de membres. Ha, ha, ha! Nous n'en avions vraiment pas beaucoup. Nous en avions
6.
M. Savoie: Je vous dis que ça vole haut, hein? Eh, mon
Dieu!
Mme Caron: Alors, Mme la Présidente, moi, mon temps
était terminé. Alors, c'est évident que nous sommes pour
l'amendement. Je ne sais pas si ma collègue a d'autres questions pour
continuer. Alors, nous voterons après.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, vous votez. Est-ce
que l'amendement est adopté?
Mme Carrier-Perreault: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...combien me reste-t-il de temps?
M. Savoie: Trente secondes.
Mme Carrier-Perreault: Vous n'aurez pas ce plaisir-là.
M. Savoie: On était supposé avoir fini à 13
heures, nous autres.
Mme Carrier-Perreault: Ça, c'était dans votre
tête, M. le ministre.
La Présidente (Mme Hovington): II vous reste assez de
temps pour vous exprimer.
Mme Carrier-Perreault: Ça veut dire quoi?
La Présidente (Mme Hovington): II reste... Vous avez
parlé de 10 minutes.
Une voix: Vous avez 10 minutes encore.
M. Savoie: Je préfère 30 secondes, Mme la
Présidente.
Mme Carrier-Perreault: J'ai tout mon temps pour poser des
questions au ministre.
La Présidente (Mme Hovington): C'est ce que je vous
disais, vous avez tout le temps pour vous exprimer.
Mme Carrier-Perreault: Bon. Moi, je voudrais savoir pourquoi le
ministre a choisi cet amendement-là, cette possibilité-là,
l'avis de 30 jours aux infirmières auxiliaires, alors que la Corporation
proposait une harmonisation de l'article 11 de la Loi sur les
infirmières et les infirmiers avec les dispositions de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux qui reconnaît une place
aux infirmières auxiliaires au niveau de l'appréciation de la
qualité des soins infirmiers dispensés dans les
établissements de santé. C'était une demande qui
était faite dans la lettre que la Corporation vous a fait parvenir.
Alors, je me demande pourquoi... Puisque le ministre m'a longuement
parlé de la loi de la réforme de la santé, que ça a
l'air de quelque chose de très important par rapport à l'article
qu'on est en train de discuter, je me demande pourquoi le ministre n'a pas
retenu cette demande-là de la corporation des infirmiers et
infirmières.
M. Savoie: Ce que nous avons retenu à ce moment-ci, nous
avons rencontré... Ce n'est pas parce que quelqu'un se présente
à nous, présente une plainte qu'il a automatiquement raison.
Hein?
Mme Carrier-Perreault: Non. C'est sûr, ça. M.
Savoie: Sans ça, on n'en sortirait pas.
Mme Carrier-Perreault: Non, non, ce n'est pas de ça qu'on
parle, non plus.
M. Savoie: Tout le monde aurait raison.
Mme Carrier-Perreault: Je ne trouve pas ça bête.
M. Savoie: Bon. C'est que, le 26 avril, nous avons reçu un
avis de la part du cabinet du sous-ministre du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Bon, il fait état de la position
des auxiliaires et nous dit: «Compte tenu du contexte particulier de la
dispensation des soins infirmiers dans les établissements, nous
suggérons que les conclusions du comité d'enquête et ses
recommandations puissent être soumises à la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires.» C'est
ce qu'ils nous ont recommandé, au ministère de la Santé et
des Services sociaux, face à ce dossier, face aux inquiétudes des
auxiliaires. Ils nous disent: Bon, bien, si on examine le tout, peut-être
comme solution acceptable on pourrait retenir que les conclusions du
comité d'enquête puissent être soumises à la
Corporation. Alors, pourquoi 30 jours? Bien, parce que 60 jours, c'est trop
long, puis 10 jours, ce n'est pas assez. On pensait que 30 jours,
c'était suffisant.
Mme Carrier-Perreault: L'amendement qu'on a devant nous autres,
c'est quand même une amélioration par rapport à l'article
qu'on avait. Ça, on s'entend là-dessus. Mais je me demande
pourquoi ne pas avoir retenu aussi ce que la Corporation vous avait
demandé.
M. Savoie: C'est-à-dire de...
Mme Carrier-Perreault: C'est-à-dire d'avoir quelqu'un, un
membre de la Corporation sur...
M. Savoie: Je ne pense pas que c'était nécessaire
et, à ce moment-là, ça aurait été
certainement une source d'irritation. Deuxièmement, les
hygiénistes dentaires...
Mme Carrier-Perreault: Une source d'irritation?
M. Savoie: Oui, d'irritation. Autour d'une table, les infirmiers
et infirmières entre eux, avoir un auxiliaire, finalement, c'est leur
donner... Si vous examinez, par exemple, pour les médecins, est-ce qu'il
y a une infirmière sur l'enquête des médecins? La
réponse, c'est non. Est-ce que, pour les dentistes, il y a une
hygiéniste dentaire qui siège? La réponse, c'est non.
Mme Carrier-Perreault: Non, mais c'est parce qu'on parle toujours
de corporations à titre exclusif, là.
(Consultation)
M. Savoie: Bien, c'est ça, sauf que le but d'avoir un
auxiliaire... M. Roy m'avise que, s'il y a un auxiliaire présent sur le
comité des infirmiers et infirmières, la corporation des
auxiliaires, à ce moment-là, pourrait être liée par
la décision qui est prise. C'est une possibilité. Aussi, la
personne pourrait être vue, par exemple, tout simplement comme pour
surveiller ce que fait le comité et faire rapport à la
Corporation. À ce
moment-là, c'est comme un «stool», ça n'a pas
de bon sens, ça non plus. Ensuite, ça ouvre la porte, justement,
aux autres corporations à titre réservé d'exiger de
siéger. On ne pensait pas que c'était la bonne solution.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il y a d'autres corporations
professionnelles... Les médecins, qui ont le même droit, si on
veut, le pouvoir d'enquête dont vous parliez, bien, ils peuvent faire des
avis ou des recommandations, ils peuvent faire une enquête concernant un
autre groupe de la profession médicale. Est-ce qu'il y en a d'autres
groupes, d'autres corporations à titre réservé qui ont le
même genre d'article dans leur loi? Est-ce que c'est une première,
ce genre d'amendement là qu'on a devant nous? Quand vous dites: Recevoir
un avis au moins 30 jours avant, suite à une enquête...
M. Savoie: Oui, vous parlez des corporations à titre
réservé. (16 h 50)
Mme Carrier-Perreault: Bien oui, parce que, là, on...
M. Savoie: Oui. Les corporations à titre
réservé n'ont pas de loi constitutive.
Mme Carrier-Perreault: Non, je comprends, mais est-ce qu'il y en
a d'autres amendements comme ceux-là qui sont soit dans... Pour l'Ordre
des médecins, par exemple je ne la connais pas, la règle
est-ce qu'il va y en avoir, un avis comme ça de 30 jours...
M. Savoie: Non.
Mme Carrier-Perreault: ...par rapport à une enquête
des dentistes?
M. Savoie: Non. C'est uniquement à cause de la demande des
infirmières auxiliaires qu'on leur accorde ce droit-là.
Mme Carrier-Perreault: Ça veut dire que ça ouvre la
porte aussi pour ces groupes-là, d'avoir le même genre d'avis de
30 jours.
M. Savoie: Le même avis, oui. Si ça les concerne,
oui. Mais c'est parce que...
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, c'est une première,
ce qu'on a là.
M. Savoie: ...vous comprenez que, dans ce secteur, ici, on a une
demande spécifique des infirmières auxiliaires qui
allèguent qu'elles sont en train de vivre une situation très
difficile où les infirmières utilisent leur pouvoir pour leur
couper des postes. Elles nous parlent de 3000 postes. Puis elles disent: Le
pouvoir d'enquête va encore développer leur pouvoir. Alors, pour
leur dire qu'on est sensibles à ça, que ce n'est pas ça
qu'on vise, on dit: Oui, mais, dans votre cas, un avis de 30 jours, avec
l'avis.
Mme Carrier-Perreault: Ce genre d'avis là, c'est une
première par rapport à ce qui existe dans les autres...
M- Savoie: C'est ça. À ma connaissance.
Mme Carrier-Perreault: Qu'est-ce que ça va leur donner
comme pouvoir? C'est le pouvoir de réagir, si on veut?
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est important.
Mme Carrier-Perreault: De préparer un dossier,
réagir et...
M. Savoie: Oui, c'est ça, d'intervenir. (Consultation)
M. Savoie: II faut bien comprendre, c'est important, qu'ils
reçoivent l'avis 30 jours avant le ministre.
Mme Carrier-Perreault: Oui, ça veut dire qu'ils vont
pouvoir aller rencontrer l'Ordre des infirmières et infirmiers et
discuter.
M. Savoie: Oui, ou préparer un avis pour faire valoir leur
point de vue. Il faut bien comprendre: les auxiliaires, ce n'est pas une
corporation professionnelle à acte exclusif.
Mme Carrier-Perreault: Non, non. C'est clair.
M. Savoie: C'est délégué de la part des
infirmières, délégué de la part des
infirmières.
Mme Carrier-Perreault: Comme les hygiénistes... M.
Savoie: Comme les hygiénistes dentaires.
Mme Carrier-Perreault: ...délégués des
dentistes, etc.
M. Savoie: C'est ça. Alors, c'est un peu particulier. Sauf
que, eux, à la différence des hygiénistes dentaires et
à la différence des autres, ils se disent, et je les crois,
menacés par des agissements. Ils disent qu'il y a une volonté non
écrite, non publiée, de la part des infirmières de les
tasser le plus possible. On est sensibles à ça. On ne veut pas,
non plus, que ce mécanisme-là ouvre la porte à des
règlements de comptes ou à des développements d'esprit de
clocher, à des guerres de clocher à l'intérieur des
établissements. C'est pour ça qu'on a dit: On va regarder
ça. On est réceptifs à leur demande. On ne dit pas: Non,
non, non. Ah bien, on va faire attention. On a un caveat qui s'impose.
Mme Carrier-Perreault: Quand le ministre reçoit un avis
comme ça d'une corporation qui a fait enquête, d'un comité
d'enquête, qu'est-ce qui se passe?
M. Savoie: Ça dépend. Ça dépend de
l'avis.
Mme Carrier-Perreault: Je comprends que ça dépend
de l'avis, mais comment ça fonctionne généralement?
M. Savoie: II y a des avis qui sont...
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il y a une procédure?
M. Savoie: Oh oui!
Mme Carrier-Perreault: II reçoit l'avis, rencontre les
membres...
M. Savoie: Oh oui! Il y a une analyse qui se fait, ensuite des
critiques. Ça dépend des ministres. Ça dépend des
avis. Ça dépend de toutes sortes de facteurs.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que le ministre va recevoir la
réaction ou l'avis, si on veut, de la Corporation des infirmières
et infirmiers auxiliaires, au même titre qu'il va recevoir le
résultat, si on veut, de l'enquête de l'Ordre des
infirmières et infirmiers?
M. Savoie: C'est sûr que les infirmiers et
infirmières auxiliaires vont écrire au ministre pour lui dire:
Vous allez recevoir un avis sous peu; nous avons reçu cet avis en vertu
de la loi, nous l'avons examiné et voici nos commentaires. Alors, ce
sera au ministre, à ce moment-là, de faire ce qui s'impose.
Mme Carrier-Perreault: Moi, ça me va. On continuera sur
l'article.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Caron: L'amendement? Adopté, oui.
Mme Carrier-Perreault: L'amendement, il n'y a pas de
problème.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 6, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Caron: On va continuer à discuter un petit peu de
l'article 6, Mme la Présidente.
M. Savoie: Eh! C'était supposé finir à 13
heures.
Mme Caron: On était sur l'amendement.
Mme Carrier-Perreault: Ça n'a pas de bon sens.
Il se conte des histoires.
Mme Caron: On n'a jamais dit qu'on devait finir à 13
heures. L'avis de la Chambre, c'est jusqu'à minuit, ce soir.
Mme Carrier-Perreault: De la bouche même du leader du
gouvernement.
Mme Caron: Alors, sur l'article 6, Mme la Présidente, le
ministre nous a dit que, finalement, c'était la même chose que
pour les médecins, les dentistes et les optométristes. Alors,
là, Mme la Présidente, je vais attendre pour être
sûre que le ministre me comprenne bien.
(Consultation)
M. Savoie: Allons-y.
Mme Caron: Mme la Présidente, le ministre nous a dit que
c'était, finalement, pour donner le même pouvoir d'enquête
que les médecins, les dentistes et les optométristes. On va
sûrement s'entendre, à savoir que les liens ne sont pas les
mêmes. Les médecins, lorsqu'ils ont délégué
des actes aux infirmières, ils n'ont pas fait disparaître des
postes au niveau des infirmières, ils n'ont pas eu le même rapport
de force, finalement, que les infirmières par rapport aux
infirmières et infirmiers auxiliaires au niveau des actes
délégués. On s'entend que ce n'est pas du tout la
même situation. Du côté des dentistes par rapport aux
hygiénistes dentaires, ce pouvoir d'enquête là n'a pas
conduit, non plus, à une diminution du nombre d'hygiénistes
dentaires. Ce ne sont pas des formations qui, finalement, sont
véritablement en compétition; le statut n'est absolument pas le
même, tant au niveau de la formation... Si je pense à la formation
des médecins, des dentistes et des optométristes ou si je pense
à la formation des infirmiers et des infirmières, on ne parle
absolument pas du même type de formation, et c'est probablement pour
ça qu'en 1973 le législateur avait jugé bon d'accorder son
pouvoir d'enquête uniquement au niveau des médecins, dentistes et
optométristes.
M. Savoie: On vient juste de vous l'expliquer. J'ai lu le texte
qui dément cette théorie-là.
Mme Caron: Les infirmières...
M. Savoie: Finalement, vous êtes en train de faire...
Mme Caron: Non.
M. Savoie: ...de la mythologie, là.
Mme Caron: Est-ce que le ministre pourrait écouter et
surtout comprendre? Le législateur, dans son
projet de loi... Indépendamment de ce que les autres ont pu
demander, le législateur n'a pas donné, dans son projet de loi,
le pouvoir d'enquête aux infirmières. On s'entend?
M. Savoie: II n'était pas demandé. On l'a
laissé tomber.
Mme Caron: Les législateurs, hein, ils n'ont pas fait un
projet de loi avec ce qui était demandé. Ils ont commencé
par déposer un projet de loi. Les gens ont pu demander des choses
après. Mais l'intention du législateur, quand il a
déposé son projet de loi, c'était de donner un pouvoir
d'enquête aux médecins, aux dentistes, aux
optométristes...
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: ...et de donner un pouvoir d'avis aux
infirmières. Bon. Les infirmières auraient pu faire une bataille
énorme en 1973; elles ne l'ont pas faite, et ces avis-là ont
passé. Bon.
M. Savoie: C'est-à-dire que la note...
Mme Caron: Mais le législateur, dans son projet de loi, a
donné le pouvoir d'enquête sans qu'il y ait de bataille,
là.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'ils ont laissé tomber
leur demande. C'est ce qui est marqué ici, hein?
Mme Caron: Oui, mais ce que je vous dis, c'est que le
législateur, indépendamment des demandes, a donné tout de
suite son intention, dans le projet de loi, de donner un pouvoir
d'enquête aux médecins, qui aurait pu être contesté
par les infirmières. Bon. Il l'a donné. Il y avait, pour les
dentistes, le pouvoir d'enquête par rapport aux hygiénistes
dentaires, et le pouvoir aux optométristes. C'est ce que vous nous
dites, qu'il faut les traiter de la même façon.
M. Savoie: Ce n'est pas ça.
Mme Caron: Ce n'est pas ça que vous nous dites? Mais c'est
ça que vous nous dites depuis le début.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'au niveau des
infirmières, ce qu'il est important de comprendre, c'est qu'en 1973
elles n'ont pas demandé le pouvoir d'enquête.
Mme Caron: Mais ce n'est pas ça la question, M. le
ministre. Vous nous dites depuis tantôt: On a voulu rétablir
l'équilibre, leur donner les mêmes pouvoirs qu'on avait
donnés aux médecins, aux dentistes et aux
optométristes.
M. Savoie: «That's it»!
Mme Caron: Au moment où le législateur a
donné ces pouvoirs-là, indépendamment des demandes, est-ce
que les hygiénistes dentaires ont contesté ce pouvoir
d'enquête?
M. Savoie: Non.
Mme Caron: Non. Le législateur, c'était sa
volonté de donner ce pouvoir d'enquête là, à ce
moment-là.
M. Savoie: Ah! Je ne sais pas si, à ce moment-là,
ils se sont objectés. Je ne sais pas. De toute façon, ce n'est
vraiment pas pertinent.
Mme Caron: Mais c'est très pertinent... M. Savoie:
Non.
Mme Caron: ...parce que toute votre argumentation est à
l'effet qu'il faut leur donner le même pouvoir que les autres ont.
M. Savoie: Non, non, non. Ce n'est pas ça.
Mme Caron: Alors, ce qu'on vous dit: Pourquoi on doit leur donner
le même pouvoir que les autres ont, d'autant plus...
M. Savoie: Parce qu'ils ont un rôle de donner avis...
Est-ce que les hygiénistes dentaires ont un mandat de donner avis au
ministre? La réponse, c'est non. Est-ce que les infirmières
auxiliaires ont un mandat de donner avis?
Mme Caron: C'est les infirmières qui avaient un mandat de
donner avis.
M. Savoie: C'est elles qui ont un...
Mme Caron: Ce n'étaient pas les infirmières
auxiliaires.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: C'étaient les infirmières.
M. Savoie: Et, en conséquence, elles sont revenues en
disant: Bien, si on a le droit de donner un avis, on veut un pouvoir
d'enquête également.
Mme Caron: Mais est-ce que le ministre convient que le rapport
n'est pas le même entre dentistes et hygiénistes dentaires et
entre infirmières et infirmières auxiliaires, si on regarde ce
qui s'est passé au cours des dernières années, que la
situation, le rapport de force n'est pas le même? À partir du
moment où il y a eu des actes délégués, à
partir du moment du décret, il y a eu un passage de 102 actes à
16 actes...
M. Savoie: Oui, oui, mais... (17 heures)
Mme Caron: ...ce qui est quand même une preuve. Et il y a
aussi l'autre élément dont on n'a pas reparlé, c'est la
montée grandissante des préposés, et ça, on le voit
dans tous les établissements, et des auxiliaires familiales. Alors, on
se retrouve dans les établissements avec des formations
différentes: les auxiliaires familiales qui ont une formation de 900
heures au niveau secondaire, les préposés qui ont une formation
650 heures et les infirmiers et les infirmières auxiliaires qui ont une
formation de 1800 heures. Il n'y a pas plus de malades ou moins de malades dans
les établissements parce qu'on ajoute des soins infirmiers avec des
types de formations qui sont différentes. Donc, le rapport de force
n'est absolument pas le même entre médecins et infirmiers et
infirmières, et entre infirmières et infirmières
auxiliaires. On ne se parle pas du tout de la même chose. Et le ministre
nous dit: II faut les considérer de la même façon, comme on
considère que les dentistes ont un pouvoir par rapport aux
hygiénistes dentaires. C'est là-dessus qu'on se dit que, non, la
concurrence n'est pas tout à fait la même. On ne se parle pas du
tout, du tout de la même chose. C'est pour ça que je ne comprends
pas que le ministre nous mette cette comparaison-là.
M. Savoie: Non, c'est dans le sens que... Je n'ai pas dit que la
situation était identique. Si je me rappelle bien, j'ai même
hésité pour chercher un mot un peu plus précis. J'ai
parlé de ressemblance; je n'ai pas parlé de situation
identique.
Mme la Présidente, moi, je propose qu'on suspende pendant 5
minutes compte tenu du fait que j'ai un téléphone important a
faire, j'ai reçu une note concernant. ..
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons
suspendre les travaux...
Mme Carrier-Perreault: O.K.
La Présidente (Mme Hovington): ...pour quelques minutes.
Nous reviendrons à 17 h 5.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 17)
La Présidente (Mme Hovington): La commission reprend ses
travaux. Nous en étions à l'article 6, la Loi sur les
infirmières et les infirmiers, et c'est Mme la députée de
Terrebonne qui avait la parole, je crois.
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Dans l'article 6, il
y a un comité d'enquête. Je pense qu'il serait prudent de la part
du ministre, compte tenu de ce qu'il a donné comme garantie verbale et
puisqu'il nous dit qu'il veut s'assurer qu'il n'y aura pas de problèmes,
que ce comité d'enquête soit défini, c'est-à-dire
qu'on définisse le nombre de membres, parce qu'à un moment
donné le ministre nous parlait qu'il pouvait y avoir dans ce
comité jusqu'à 15 membres et disait: Qu'est-ce qu'un ou une
infirmière auxiliaire ferait avec autant d'infirmiers et
d'infirmières sur le comité? Je pense qu'on pourrait vraiment
mettre des balises. Je pense qu'un comité d'enquête, d'abord,
ça ne doit pas se retrouver avec un chiffre comme le chiffre 15. Lorsque
vous avez de 3 à 5 personnes, je pense que c'est normal comme
comité d'enquête.
Et, quand le ministre nous dit que ce serait dangereux de laisser un
infirmier ou une infirmière auxiliaire sur le comité, je pense
qu'il y a déjà un précédent. Si on regarde les
comités qui ont été formés par la loi 120, on
retrouve sur ces comités un infirmier, une infirmière auxiliaire,
on retrouve les infirmiers, les infirmières, et ils ne se sentent pas
plus isolés sur ces comités-là. Ce ne sera pas un
précédent, ça existe déjà. Je pense que, si
le ministre décide parce que sa volonté, elle est claire
d'en mettre un, et on s'y oppose toujours d'en mettre un, il faudrait au
moins mettre des balises au niveau du comité d'enquête et
s'assurer que les infirmiers et les infirmières auxiliaires vont
être sur ce comité.
Parce que, je le répète, le rapport de force n'est
absolument pas le même, d'autant plus qu'il ne faut pas oublier que, dans
les établissements, la directrice des services infirmiers, c'est une
infirmière. Donc, la personne qui a à s'assurer de la
qualité des soins infirmiers, c'est déjà une
infirmière. Le pouvoir d'enquête est donné aux infirmiers
et aux infirmières. Sur le comité d'enquête, si vous ne
mettez que des infirmiers et des infirmières, lorsqu'il y aura une
décision qui va être rendue suite à cette enquête,
elle devra être appliquée à nouveau par la directrice des
services infirmiers, donc par une infirmière. Alors, en quelque part, je
pense qu'il y a un déséquilibre au niveau des forces, et le
ministre pourrait, à tout le moins, baliser cette force-là en
déterminant le comité d'enquête. (17 h 20)
Si on regarde le système disciplinaire professionnel qu'on
retrouve actuellement dans toutes les corporations professionnelles, vous avez
sur le comité d'enquête un nombre de membres défini et, au
niveau de la réforme du Code des professions, j'ai bien l'impression que
le ministre, dans son nouveau système disciplinaire, va quand même
définir un nombre de membres au niveau des enquêtes et va
même ajouter qui va faire partie du comité disciplinaire. On a
parlé d'ajouter des usagers. Alors, est-ce que les usagers vont se
sentir malvenus sur le comité au niveau du système disciplinaire?
Je pense que c'est la même chose pour le comité d'enquête et
il m'apparaît essentiel...
Et, si on regarde le système disciplinaire actuel des
corporations professionnelles, elles sont représentées, elles
sont sur le comité disciplinaire et, parfois, elles prennent des
décisions en accord avec leur propre corpo; parfois, elles prennent des
décisions contre les membres de leur propre corpo. C'est la même
chose au
niveau d'un comité d'enquête. L'infirmier ou
l'infirmière auxiliaire qui serait sur ce comité d'enquête
serait parfois en accord avec la décision et parfois opposé. Et
je ne vois pas pourquoi le ministre ne baliserait pas, ne mettrait pas des
normes précises sur le comité d'enquête. Je pense que
ça donnerait une certaine assurance et ça rétablirait un
petit peu le rapport de force qui, présentement, est vraiment tout
à fait déséquilibré.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Savoie: Bien, Mme la Présidente, c'est qu'on nous a
déjà fait part de cette recommandation-là. Je vous l'ai
dit qu'on l'a examinée, et la réponse, c'est non. On ne pense pas
que ce serait dans l'intérêt, à ce moment-ci, de faire ces
modifications-là.
Mme Caron: Est-ce que le ministre peut nous expliquer ses raisons
qui motivent son non-vouloir à baliser le comité d'enquête
et à ajouter un membre des infirmiers et des infirmières
auxiliaires?
M. Savoie: On v.ous l'a expliqué. On ne commencera pas
à faire des règlements sur le nombre de personnes qui peuvent
siéger sur un comité d'enquête. Ils peuvent décider
de nommer 1 personne, 2 personnes, 3 personnes, 5 personnes, 10 personnes.
Parce qu'on n'en sortira plus. La réponse, c'est non. On y a
pensé, on a réfléchi à ça. Pour tenir compte
et je vous ai déjà expliqué ma démarche
des revendications des auxiliaires là-dessus, on soumet,
évidemment, l'ordre des infirmières à la notification de
l'avis de 30 jours avant son dépôt auprès du ministre aux
auxiliaires. C'est déjà beaucoup. Je vous ai déjà
dit que si, effectivement, on sentait que c'était utilisé
à mauvais escient, à ce moment-là, on interviendrait.
Mme Caron: Mme la Présidente, moi, ça ne me
satisfait pas quand le ministre nous dit: Nous y avons pensé, nous y
avons réfléchi, puis on a décidé qu'on ne le
faisait pas.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: Qu'est-ce qui justifie cette
décision-là? Vous avez sûrement eu des arguments qui vous
ont aidés. Si vous y avez pensé et réfléchi, vous
avez sûrement eu des arguments qui justifiaient...
M. Savoie: Oui, mais vous savez ce que ça veut dire non?
Bien, non, ça veut dire non. Je pense que ce n'est pas
déraisonnable de notre part. On tient compte des revendications des
auxiliaires, on a soumis le tout à un avis de 30 jours, on a
regardé les avis de l'Office, on a échangé avec l'Office
là-dessus. Il y a un consensus à l'effet contraire. La seule voix
discordante dans le dossier, c'est les auxiliaires qui aimeraient ça
avoir davantage de pouvoirs, qui craignent une intervention néfaste de
la part des infirmières. On a dit qu'on tiendrait compte de ça.
On a apporté des modifications en conséquence. Et, je vous le
dis: II n'est pas question de modifier le projet de loi pour permettre à
un auxiliaire de siéger sur le comité.
Mme Caron: Mme la Présidente, il ne faudrait quand
même pas mêler les cartes. Ce n'est pas les infirmiers et les
infirmières auxiliaires qui demandent plus de pouvoirs. Ils
s'inquiètent du pouvoir que le ministre donne aux infirmiers et aux
infirmières. Et il faut rappeler, le ministre lui-même l'a dit,
que la corporation des infirmières et des infirmiers considère
qu'un avis, ce n'est pas suffisant. C'est ça qu'elles ont
présentement comme pouvoir, le pouvoir de donner un avis. Et elles
disent: On ne peut pas donner un avis parce qu'on n'a pas le pouvoir
d'enquête pour exprimer notre avis. Et là le ministre nous dit: On
est bien bons, on va donner un pouvoir d'avis aux infirmiers auxiliaires du
Québec qui, eux, vont pouvoir émettre un avis. Mais eux aussi
n'auront pas le pouvoir d'enquête pour émettre leur avis, c'est
bien clair.
Alors, selon le même raisonnement qui sert pour dire que les
infirmières considèrent que, l'avis, ça ne leur donne,
dans les faits, strictement rien, au niveau des infirmières et des
infirmiers auxiliaires du Québec, cet avis-là va être
limitatif aussi. Les infirmières considèrent que c'est
insuffisant, qu'il faut un pouvoir d'enquête pour accompagner l'avis. Or,
c'est la même chose pour les infirmières et infirmiers auxiliaires
du Québec. Cet avis-là sans pouvoir d'enquête, il est
extrêmement limité et, si un des membres se retrouvait sur le
comité d'enquête, eh bien, il pourrait au moins être partie
prenante. L'avis, à ce moment-là, aurait un certain sens. Mais
sans ce pouvoir-là, je vous avoue que c'est extrêmement
limité et ça ne donne pas d'autre garantie, finalement, que ce
que nous disait le ministre, la garantie verbale qu'il a donnée qu'il
était pour regarder la situation à l'automne, comment
c'était pour se passer.
Et on sait qu'on ne se retrouve pas uniquement avec des
établissements, des hôpitaux comme l'Hôpital du
Sacré-Coeur. On se retrouve aussi avec des petits établissements
où il y a des services, des soins infirmiers qui sont donnés, des
établissements où il n'y a pas de grandes
spécialités, et qu'on peut facilement utiliser ce pouvoir
d'enquête là pour enlever, comme on l'a fait depuis 1991, un
certain nombre de postes. Ça, c'est un petit peu inquiétant.
Alors, Mme la Présidente, le ministre nous dit qu'il y a
pensé, qu'il y a réfléchi. Il ne nous a donné
aucunement son argumentation qui justifie le fait de ne pas déterminer
un certain nombre de membres pour le comité d'enquête, de ne pas
accepter qu'il y ait un membre de la Corporation des infirmières et des
infirmiers auxiliaires du Québec sur ce comité-là. Pour
l'avis, je pense que, si la corporation des infirmières considère
que l'avis est insuffisant sans pouvoir d'enquête, c'est la même
chose pour les infirmières et les infirmiers auxiliaires du
Québec.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Savoie: C'est beau.
Mme Carrier-Perreault: Une petite question.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: J'ai, évidemment, les mêmes
réticences que ma collègue. Je pense qu'on en a parlé
longuement tantôt, je n'ai pas l'intention nécessairement de
recommencer tout ça. Mais, à mon sens aussi, c'est très
limitatif, c'est très limité. Je comprends qu'elles demeurent
très inquiètes et, si j'étais à leur place, je le
serais aussi. Le ministre, à l'automne... En tout cas, je ne le vois pas
tellement... Je pense que, s'il y avait une réelle volonté de
baliser ça, on pourrait le faire tout de suite par le biais du projet de
loi qu'on a devant nous autres.
Moi, la question que je me pose, c'est: Par rapport aux médecins,
ou aux dentistes, ou aux optométris-tes, qu'est-ce que c'est le genre
d'enquête qui s'est faite, le genre de demande, le genre d'avis qui est
sorti de là? À venir jusqu'à date, est-ce que c'est
fréquent que vous ayez des enquêtes comme ça dans des
établissements concernant les soins médicaux, par exemple, pour
l'Ordre des médecins? Je comprends que c'est remis au ministre de la
Santé, ma collègue me dit ça, mais j'imagine que le
ministre doit être au courant, lui. Il doit être tenu au courant.
Le ministre de la Santé ne tient pas... Ah, bien, écoutez,
là, j'ai un gros problème encore plus. C'est que je me demande
comment on va faire pour en arriver avec une décision, compte tenu que
c'est le ministre qui s'occupe des corporations professionnelles qui va
décider de corriger la loi pour les infirmières auxiliaires.
M. Savoie: Ça concerne le fonctionnement des
établissements de santé.
Mme Carrier-Perreault: Mais pourquoi le ministre nous dit qu'il
va attendre à l'automne pour voir comment ça se déroule
pour corriger les choses, s'il ne les a pas, les avis?
M. Savoie: Pour avoir un suivi de la situation, puisqu'on a une
plainte, finalement... C'est comme ça que je l'ai pris. Je l'ai pris
comme une plainte de la part des infirmières auxiliaires. Bien, la
Corporation m'informe que, écoutez, dans un passé récent,
ils ont vécu des pertes d'emplois suite, finalement, à la prise
en charge par les infirmières de certaines fonctions. Mais ils disent:
Ils peuvent on peut se servir, pas on va se servir de ce pouvoir
d'enquête pour réduire davantage nos fonctions. Bon. C'est une
possibilité. On a dit, face à ça: Les infirmières,
on va les soumettre à ce que l'avis soit transmis aux auxiliaires 30
jours avant, puis, deuxièmement, je m'engage à suivre la
situation de très près et, cet automne, à examiner la
question et à voir si, effectivement, on doit poser des gestes
additionnels. (17 h 30)
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais si le ministre n'est pas tenu au
courant des résultats de ces enquêtes-là, autant au niveau
des infirmières que des médecins...
M. Savoie: Ah! Je suis certain que...
Mme Carrier-Perreault: ...ça va aller au niveau du
ministre de la Santé...
M. Savoie: ...les auxiliaires...
Mme Carrier-Perreault: Je m'excuse, je voudrais finir,
là.
M. Savoie: ...ils se débrouillent très, très
bien et ils sont capables de se défendre. Si ça ne fonctionne
pas, je suis certain qu'on va en entendre parler. À ce moment-là,
on posera... Mais, ici, on fait face à une situation
hypothétique. Je trouve que, finalement, vous n'assumez pas vos
responsabilités en plaidant autant en faveur d'une situation
hypothétique, suite à des pressions qui ont été
exercées sur vous par les auxiliaires. Je trouve que c'est mal
fondé, puis c'est, finalement, utiliser le forum de cette commission
pour faire de la petite politique.
Mme Carrier-Perreault: Non, je m'excuse, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.*
Mme Carrier-Perreault: Écoutez, je regrette, mais ce n'est
pas de la petite politique.
M. Savoie: Bien, ça ressemble à ça,
là.
Mme Carrier-Perreault: C'est que le passé est souvent
garant de l'avenir et le ministre lui-même reconnaît qu'il va
suivre ça de près. J'imagine que, s'il va suivre ça de si
près, c'est parce que lui aussi peut avoir certaines inquiétudes;
il peut comprendre, en tout cas, à tout le moins, les inquiétudes
des infirmiers et infirmières auxiliaires. Je pense que c'est clair.
Là où je m'interroge, c'est que je me dis: Si le ministre
n'est pas mis au courant des résultats de ces
enquêtes-là... Il dit que ce n'est pas lui qui est mis au courant
de ça; c'est le ministre de la Santé. C'est tout à fait
normal, mais je pensais qu'à quelque part on pouvait informer le
ministre qui s'occupe des corporations professionnelles aussi. Comment il va
faire pour savoir qu'il y a des problèmes, à l'automne? Pourquoi
il serait plus mis au courant de ce qui se passe au niveau des infirmiers et
infirmières qu'il l'est par rapport à ce qui se passe au niveau
des médecins, ou au niveau des
dentistes, ou au niveau des optométristes?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Savoie: Regardez, je pense qu'on a épuisé le
sujet, on tourne en rond.
Mme Carrier-Perreault: Comment vous allez être mis plus au
courant des résultats des enquêtes si vous ne l'êtes pas du
tout?
M. Savoie: Je pense qu'on tourne en rond. Je vous ai
expliqué que les enquêtes visent l'opération des
établissements; donc, ça s'adresse au niveau du ministre de la
Santé et des Services sociaux. Toutefois, compte tenu de la plainte des
auxiliaires, j'ai pris l'engagement de suivre le dossier d'un peu plus
près, parce qu'on ne veut pas que ça devienne une guerre de
clocher. Je vous le dis là, on fait la quadrature du cercle
là-dedans. Je pense que le dossier est assez simple. Vous dites: Vous
devriez aller plus loin. Je ne suis pas sûr que les infirmiers et
infirmières vont partager votre position. Je n'en suis pas sûr du
tout. ,
Alors, ce qu'on a trouvé, je pense que c'est un équilibre
qui devrait rassurer les auxiliaires, qui va certainement satisfaire
également au consensus qui existe en ce qui concerne ces
modifications-là, actuellement, qui tiennent compte de la position des
auxiliaires, et on va donner le suivi. J'ai réfléchi à
d'autres alternatives; on en a discuté, il y a eu des échanges
là-dessus. Ce n'est pas un dossier qui est garroché, c'est un
dossier qui est en préparation de longue date. La réponse, c'est
ça. C'est tel quel, il n'y aura pas d'autres modifications
apportées au projet de loi en ce qui concerne l'article 6 qui a
été présenté. La décision est
arrêtée là-dessus.
Mme Carrier-Perreault: Si le ministre n'est pas mis au courant
des enquêtes qui sont faites, est-ce que l'Office, lui, est mis au
courant au moins du nombre? Est-ce qu'il y en a plusieurs enquêtes qui
sont faites, soit au niveau des optométristes, des médecins ou
des dentistes? Compte tenu que le ministre dit qu'il n'est pas consulté
et qu'il ne voit pas ça, ces rapports-là, et qu'à toutes
fins pratiques ça ne le regarde à peu près pas, je ne sais
pas, est-ce que l'Office est mis au courant, lui?
La Présidente (Mme Hovington): M. Roy, allez-y.
M. Roy: L'Office n'est pas du tout au courant. Ce sont des avis
qui s'adressent au ministre de la Santé et, en pratique on m'a
expliqué ce qui se passe c'est souvent à la demande du
ministre qui va demander à telle ou telle corporation de lui faire
parvenir un avis. Ça concerne l'exercice d'une profession pour les fins,
pour les objectifs d'un établissement de santé. Ça
concerne l'organisation du travail; ça ne concerne pas l'Office des
professions et les lois professionnelles. La disposition dit bien que c'est un
avis envoyé au ministre de la Santé. Par l'amendement qui est
apporté, à ce moment-là, la Corporation professionnelle
des infirmières et infirmiers auxiliaires recevra copie du rapport, ce
qu'elle n'a jamais eu à venir jusqu'à maintenant. Parce
qu'à venir jusqu'à maintenant il pouvait y en avoir des avis
adressés au ministre de la Santé. J'imagine, je ne le sais pas,
on ne les a pas. Mais la corporation des infirmières auxiliaires
n'était pas au courant. Mais, à l'avenir, elle sera au courant.
Et, s'il y a vraiment des problèmes qui se posent, à ce
moment-là, cette Corporation-là pourra nous sensibiliser.
À l'Office ou au ministre, elle pourra envoyer une copie du rapport en
disant: Voici, il y tel, tel, tel problème de soulevé avec lequel
on n'est pas d'accord.
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, si je comprends bien,
l'amendement qu'on a devant nous, c'est pour que le ministre qui s'occupe des
corporations professionnelles et l'Office des professions aient des garanties,
si on veut, d'avoir des commentaires sur le genre d'enquête qui peut
être faite?
M. Roy: Non, pas du tout, parce qu'à ce moment-là
on aurait indiqué que le rapport était transmis à l'Office
des professions. Mais ce qu'on se dit, c'est que les premiers concernés
là-dedans, ce sont les infirmiers auxiliaires et, si eux veulent nous
sensibiliser et nous faire part du rapport qu'ils ont en main, ils pourront le
faire. Et les premiers concernés, ce sont les infirmiers et
infirmières auxiliaires. Alors, c'est pour ça qu'on demande que
le rapport soit envoyé à eux.
Mme Carrier-Perreault: Ça veut dire que l'Ordre des
infirmières et infirmiers sera la seule corporation à avoir un
pouvoir d'enquête dont les résultats pourraient être
transmis à l'Office des professions à cause justement, par le
biais, si on veut, des infirmiers et infirmières auxiliaires. Est-ce que
c'est ça que ça veut dire?
M. Roy: Bien, si c'est ça que ça veut dire... Si la
Corporation veut bien nous les transmettre. C'est parce que ça concerne
l'organisation des soins de santé. Par exemple, si un rapport, à
supposer qu'il y aurait eu un rapport acheminé, à un moment
donné, au ministre de la Santé par une corporation
ça peut être les médecins touchait vraiment à
un problème particulier d'illégalité concernant, par
exemple, le règlement de délégation d'actes, j'imagine que
le ministère de la Santé nous en aurait saisis, parce que ce
règlement concerne l'Office des professions. Mais, tant et aussi
longtemps que ça concerne l'organisation interne du travail d'un
établissement, l'Office n'a pas d'affaire là-dedans.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
Mme Carrier-Perreault: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Ça ne concerne
pas que l'organisation. On se parle de la qualité des soins infirmiers.
La qualité des soins infirmiers, c'est en lien direct avec le code de
déontologie de toutes les corporations professionnelles aussi. Quand on
se parle de qualité des soins, on se parle aussi de
compétence.
Ce projet de loi relève du ministre responsable de l'application
des lois professionnelles. Quand on nous dit que ces pouvoirs d'enquête
là, ils ont été donnés aux médecins, aux
dentistes, aux optométristes et que, là, on les donne aux
infirmières et aux infirmiers, puis que le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles, lui, il n'est aucunement tenu au
courant de ces enquêtes, il n'a aucune idée du nombre
d'enquêtes qu'il a pu y avoir dans le passé, que l'Office des
professions n'est aucunement au courant aussi, et qu'on nous arrive avec un
projet de loi qui vient donner un autre pouvoir d'enquête, puis qu'on
arrive ici en commission parlementaire puis ce n'est pas pour faire de
la petite politique ici; c'est l'étude du projet de loi article par
article, puis c'est une étude sérieuse je pense qu'on a au
moins à vérifier ça, c'est le strict minimum.
Avant de donner un nouveau pouvoir d'enquête à une
corporation professionnelle, je pense que le minimum qu'on doit faire, autant
à l'Office que le ministre responsable, c'est au moins vérifier
les pouvoirs d'enquête qu'on a donnés dans le passé
à d'autres corporations professionnelles. Qu'est-ce qu'on en a fait, de
ces pouvoirs d'enquête là? Qu'est-ce que ça a donné
comme résultats, même si elles n'étaient pas
obligées par la loi d'informer l'Office, puis d'informer le ministre
responsable? Je pense que, comme ministre responsable, il avait au moins
l'obligation, avant d'arriver avec un projet de loi qui venait donner un autre
pouvoir d'enquête, lui, de s'informer de ce que ça avait
donné dans le passé, les autres pouvoirs d'enquête qui
avaient été accordés aux autres corporations
professionnelles, au moins de regarder ce que ça donnait.
Je trouve ça, Mme la Présidente, tout à fait
irresponsable. Ça n'a aucun sens. Je vous avoue qu'on croyait que le
ministre était au moins informé. Il nous a donné ça
comme exemple, les autres pouvoirs d'enquête qui ont été
donnés aux médecins, aux dentistes et aux optométristes.
C'était même la base de son argumentation, puis on n'a jamais
vérifié combien d'enquêtes, ce qui avait été
fait dans ces enquêtes-là, ce que ça avait donné
comme résultats. Puis, là, on dit: On ajoute un autre pouvoir
d'enquête, parce qu'on en a déjà donné 3 dans le
passé, puis ça fait plusieurs années qu'ils le demandent;
puis ça ne nous concerne pas, puis, comme on s'est engagés
à le suivre d'un peu plus près, bien, on suppose que les
corporations professionnelles vont nous informer puisqu'on a
décidé de le suivre de plus près. (17 h 40)
Moi, je vous avoue, Mme la Présidente, que je ne comprends
vraiment pas. Je suis encore plus opposée à cet article,
puisqu'on ne sait même pas ce que ça a donné au moment
où on a donné d'autres pouvoirs d'enquête ailleurs au
niveau des corporations professionnelles, et je trouve ça vraiment
très irresponsable.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 6 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Caron: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 7.
M. Savoie: II s'agit d'une modification de concordance, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 7 est
adopté?
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Je pense que nous avons
parlé assez longuement concernant les technologues professionnels qui
avaient demandé cette modification depuis fort longtemps.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, adopté.
J'appelle l'article 8.
M. Savoie: Ça concerne les traducteurs et
interprètes agréés du Québec. Il s'agit tout
simplement ici d'un ajout nécessaire suite à l'intégration
au Code des professions de la nouvelle corporation.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 8 est
adopté. J'appelle l'article 9.
Entrée en vigueur
M. Savoie: C'est un article d'entrée en vigueur. La loi
entre en vigueur le jour de la sanction de la présente loi. Le
paragraphe 18° de l'article 2, le paragraphe 2° de l'article 3, le
paragraphe 1° de l'article 5 et l'article 7 entreront en vigueur à
la date fixée par le gouvernement, suivant la réglementation.
Mme Caron: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: ...est-ce que le ministre a un amendement à
apporter à cet article?
M. Savoie: Non.
Mme Caron: Alors, Mme la Présidente, autant lors de
l'adoption de principe en Chambre qu'aux remarques préliminaires de ce
projet de loi nous avons fait part de notre opposition au ministre concernant
le deuxième paragraphe de l'article 9. Le ministre nous a
dit que ce projet de loi venait modifier plusieurs articles. Par contre,
au deuxième paragraphe, si on regarde le paragraphe 18° de l'article
2, le paragraphe 2° de l'article 3, le paragraphe 1° de l'article 5 et
l'article 7, alors, tous ces paragraphes, finalement, touchent tous les
changements qui sont proposés concernant la Corporation professionnelle
des technologues professionnels du Québec. On s'entend? Le premier
paragraphe vise tout le reste du projet de loi, mais le deuxième
alinéa ne vise que toutes les mesures, tous les changements qui sont
apportés concernant les technologues professionnels. Alors, est-ce que
le ministre peut nous expliquer pourquoi il ne veut pas la mise en vigueur
à la même date des mesures qui concernent les technologues
professionnels?
La Présidente (Mme Hovington): M. Roy.
M. Roy: Bon. Le seul objectif ici, c'est un objectif de... C'est
une question juridique. C'est parce qu'il y a des lettres patentes qui existent
et, en même temps qu'il y aurait, par décret, l'abolition des
lettres patentes, il y aurait l'entrée en vigueur de la disposition
législative. C'est parce que, si la disposition législative entre
en vigueur, il y a des lettres patentes qui sont encore dans le décor et
qui n'auront pas été modifiées ou, à ce
moment-là, des lettres patentes qui identifient que c'est la Corporation
professionnelle des technologues des sciences appliquées. C'est une
technicalité juridique. Écoutez, à la limite, le
législateur pourrait toujours adopter la loi, mais il faudrait se
dépêcher vite, vite pour abolir les lettres patentes.
Mme Caron: Bien, l'inquiétude, évidemment, des
technologues professionnels, je pense, c'est que, compte tenu des lenteurs
administratives parfois et des retards administratifs... C'est parmi ceux qui
attendaient avec le plus de plaisir ce projet de loi là, et il y a un
risque, justement, que ce soit peut-être un petit peu long au niveau des
lettres patentes. Est-ce qu'on a des garanties là-dessus? Est-ce que le
ministre peut s'engager sur les délais?
M. Roy: Excusez-moi...
La Présidente (Mme Hovington): M. Roy, allez-y.
M. Roy: C'est suite à un avis du Bureau des
règlements où on indique qu'il fallait faire en sorte que la
disposition modificatrice de la loi n'entre en vigueur qu'au moment de la
délivrance des lettres patentes supplémentaires. C'est le Bureau
des règlements qui nous a indiqué dans son avis que c'est ce
qu'il fallait faire.
Mme Caron: Mais, au niveau des engagements pour l'abolition des
lettres patentes de l'ancienne corporation professionnelle, qu'est-ce que vous
prévoyez comme délai?
M. Roy: Écoutez, il faut quand même attendre la
disposition. Il faut que la loi soit en vigueur et, ensuite, le délai,
c'est le même délai que... C'est ça, il faut que ça
passe au Conseil des ministres. Tout est prêt. Tous les papiers sont
prêts. À partir du moment où on a le O.K., où la loi
est adoptée, à ce moment-là, on met ça dans la
machine.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
Mme Caron: Mais, selon ce que vous avez comme connaissance,
habituellement, c'est un délai de combien de temps à peu
près?
M. Savoie: On parle de 6 semaines. Ça dépend.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, on parle de 6
semaines?
M. Roy: II n'y a pas les délais inhérents,
habituellement, au règlement. 11 n'y a pas de première parution
dans la Gazette officielle. C'est simplement une décision du
Conseil des ministres à l'effet que les lettres patentes sont abolies et
que, dorénavant, le nom est modifié.
Mme Caron: Puisque c'est simplement une décision et que
ça ne demande pas un délai, pourquoi on ne le fait pas en
même temps, si c'est simplement une décision au niveau du Conseil
des ministres? Si la loi est adoptée mercredi, vous la passez au Conseil
des ministres la même journée. Il est où, le
problème?
M. Roy: C'est un problème juridique. Écoutez, c'est
un avis du Bureau des règlements. C'est technique, tout simplement.
Mme Caron: Mais est-ce que le ministre peut s'engager, si ce
n'est qu'un avis au Conseil des ministres et que ce n'est pas plus long que
ça, qu'il va le faire passer au prochain Conseil des ministres,
dès que la loi sera adoptée?
M. Savoie: Le plus rapidement possible.
Mme Caron: Donc, il ne prend pas l'engagement qu'il va le faire
passer...
M. Savoie: Le plus rapidement possible. Je ne peux pas prendre
l'engagement...
Mme Caron: ...au premier Conseil des ministres qui va
dépasser...
M. Savoie: Je ne peux pas prendre d'engagement. Ça
dépend. Est-ce que je vais être là? Est-ce que je ne serai
pas là? Est-ce que je vais être malade? Tout ce que je peux vous
dire, c'est...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Non, non, mais tout est possible. Alors, je ne veux
pas prendre un engagement que je ne pourrai pas garder. Tout ce que je peux
prendre comme engagement, c'est que je vais le faire le plus rapidement
possible.
Mme Caron: Alors, nous retenons cet engagement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Mme Caron: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le titre
du projet de loi qui se lit ainsi: «Loi modifiant le Code des professions
et la Loi sur les infirmières et les infirmiers». Est-ce que le
titre est adopté?
Mme Caron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Nous avons besoin d'une
motion de renumérotation parce que nous avons un paragraphe à
ajouter à l'article 2. Est-ce que vous en aviez prévu une? Est-ce
qu'un député veut la proposer?
Mme Cardinal: Je la propose.
La Présidente (Mme Hovington): Proposée par Mme la
députée de Châteauguay. Alors, c'est adopté. Est-ce
que l'ensemble du projet de loi 72, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Caron: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Alors, la
commission de l'éducation remercie les membres qui ont bien voulu
assister, de même que notre public en arrière qui a bien voulu
assister à l'étude détaillée du projet de loi
article par article. Merci aux membres de la commission, M. le ministre, les
membres de l'Opposition. Alors, la commission de l'éducation ayant
rempli son mandat ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 49)