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(Seize heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je déclare la
séance de la commission de l'éducation ouverte. Je rappelle ici
le mandat de la commission, aujourd'hui, qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 83, Loi sur la
Commission d'évaluation de l'enseignement collégial et modifiant
certaines dispositions législatives.
Est-ce que nous avons des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, nous en
sommes rendus aux déclarations d'ouverture. Je vais permettre ici aux
membres de chaque côté de la Chambre de faire des remarques
préliminaires. Je reconnaîtrai Mme la ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: Mme la Présidente, MM. les membres de la
commission, c'est avec grand plaisir qu'aujourd'hui on aborde le projet de loi
83, dans l'esprit que c'est une pièce majeure du renouveau
collégial. C'est très clair que, dans l'ensemble du dossier du
renouveau collégial, toute la question des responsabilités
académiques des collèges, en rapport avec les mécanismes
d'évaluation, a suscité un intérêt certain lors de
nos audiences de l'automne dernier, et même lors des dernières
audiences. On se rappellera que c'est un des sujets qui fut abordé, je
dirais, le plus fréquemment par tous les groupes concernés.
Alors, dans le renouveau collégial, comme vous le savez, Mme la
Présidente, nous avons décidé d'accorder, de
déléguer davantage de responsabilités académiques
aux collèges du Québec, mais, en contrepartie, d'avoir des
mécanismes d'évaluation plus rigoureux, d'abord et avant tout que
les collèges soient eux-mêmes responsables de leur politique
d'évaluation, mais aussi de la mise en oeuvre des programmes je
pense qu'il est important de le noter.
Même si, aujourd'hui, on étudie un projet de loi qui
crée une commission externe aux collèges, il est important de
rappeler que les responsables premiers de l'évaluation sont les
collèges eux-mêmes.
Les professionnels qui travaillent dans le collège sont
responsables de cette évaluation-là, à tous égards,
que ce soit pour la politique institutionnelle d'évaluation des
apprentissages ou pour la politique des programmes. Mais, en contrepartie, je
pense qu'il était souhaité par tous et par les collèges
eux-mêmes que nous ayons aussi un mécanisme externe
d'évaluation, un mécanisme qu'on voulait indépendant,
objectif, qui poserait un jugement sur la qualité des programmes
c'est l'objet du projet de loi qu'on commence à étudier devant
nous donc une commission d'évaluation de l'enseignement
collégial dont le mandat principal est d'évaluer la
qualité des programmes d'études donnés dans les
collèges du Québec.
Alors, j'ose espérer que les travaux de cette commission seront
fructueux, Mme la Présidente. Au fur et à mesure de
l'étude des articles, suite à notre dernière commission
parlementaire sur invitation particulière, j'apporterai des amendements
à quelques articles du projet de loi que nous avons devant nous.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Lac-Saint-Jean et porte-parole de
l'Opposition officielle pour l'éducation.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Très brièvement, Mme la
Présidente. À l'occasion du débat sur le principe, qui a
eu lieu en Chambre la semaine dernière, nous avons indiqué que
nous étions d'accord avec le principe de ce projet de loi. Nous avons
voté, d'ailleurs, en faveur du projet de loi. C'est un des consensus
très fort qui s'est dégagé à la suite de la
commission parlementaire de l'automne, mais aussi encore à l'occasion
des audiences particulières. Tous les acteurs et tous les intervenants
sont tombés d'accord pour la mise en place d'un organisme externe en
matière d'évaluation des apprentissages et des programmes des
établissements collégiaux.
Le temps est venu de mettre en oeuvre, de mettre en place un tel
organisme. Il y a peut-être eu des réticences dans le
passé, mais je pense que les réticences sont maintenant
tombées. Tout le monde est pleinement d'accord pour aller dans cette
direction-là, y compris l'Opposition officielle. Toutefois, c'est clair
qu'à l'occasion de l'étude détaillée nous allons
exprimer certaines réserves et aussi poser un certain nombre de
questions sur certaines dispositions du projet de loi, puisque l'accord de
principe ne doit pas signifier un accord total et absolu avec toutes les
dispositions d'un projet de loi. Ces réserves-là, on les
exprimera au fur et à mesure qu'on étudie. (16 h 20)
Je pense donc qu'on peut être assuré de procéder
avec assez de diligence, tout en prenant le temps qu'il faut, cependant,
pour bien légiférer, mais nous sommes d'accord pour aller de
l'avant et ainsi répondre au consensus qui est apparu à cet
effet.
Également, je pense que l'objectif poursuivi, c'est d'en arriver
à améliorer très nettement la qualité de la
formation qui est dispensée dans les établissements
collégiaux, parce que cette qualité de la formation, de
même que la valeur des diplômes qui sont décernés,
ont été, à certaines occasions, par quand même pas
mal de monde, mises en doute. Je pense qu'un réseau d'éducation
ne peut pas se permettre bien longtemps que la qualité de la formation
qui est dispensée soit mise en doute, pas plus que la valeur des
diplômes qui y sont décernés. L'une des façons de
dissiper les doutes, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté quant à l'évaluation qui se fait des
programmes et des apprentissages. C'est, évidemment, le rôle et la
fonction qui seront octroyés à cette Commission
d'évaluation de ; l'enseignement collégial,
créée en vertu du projet de loi 83. Alors, on est prêt,
quant à nous, à procéder à l'étude
détaillée.
La Présidente (Mme Hovington): Merci beaucoup, monsieur le
porte-parole officiel de l'Opposition.
Est-ce qu'il y a des motions préléminaires, à ce
stade-ci? Il n'y a pas de motions préléminaires.
Alors, nous allons débuter l'étude détaillée
du projet de loi 83, Loi sur la Commission d'évaluation de
l'enseignement collégial et modifiant certaines dispositions
législatives.
Étude détaillée Institution et
organisation
Alors, le chapitre I, Institution et organisation. J'appelle donc
l'article 1 du chapitre I, qui dit: «Est instituée la "Commission
d'évaluation de l'enseignement collégial".»
L'article est adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 2:
«La Commission est composée de trois membres, dont un
président, nommés par le gouvernement».
M. Brassard: Là-dessus, moi, j'ai quelques remarques et
questions à poser, parce qu'il y a quand même un certain nombre
d'intervenants je pense à la Fédération autonome du
collégial de même qu'à la Fédération
étudiante collégiale du Québec qui ont
exprimé des réserves sur le nombre de membres, qui ont d'abord
constaté que le nombre de membres n'était pas suffisant, que
trois membres, ça ne leur apparaissait pas suffisant. Ils souhaitaient
que l'on augmente le nombre de membres; ils suggéraient même de
passer de trois à cinq. Une des raisons invoquées, entre autres,
par la Fédération autonome du collégial, c'était
qu'un nombre de cinq membres pourrait favoriser davantage une pluralité
des opinions et une meilleure qualité des débats au sein de la
Commission également, donc avec, également, comme
conséquence d'assurer une meilleure évaluation.
Je ne sais pas, j'aimerais savoir pourquoi le gouvernement, pourquoi la
ministre s'est finalement arrêtée à trois, ce qui est quand
même, pour une commission, un nombre pas tellement élevé.
En tout cas, à ma connaissance, il en existe pas mal de commissions
gouvernementales, ce n'est pas nouveau, et, généralement, le
nombre de membres est plus élevé que trois. Pourquoi, seulement
trois? J'aimerais savoir pourquoi. Pourquoi on s'est arrêté
à trois? Pourquoi pas cinq, pourquoi pas sept? Je pense que c'est une
question qui a été soulevée par plusieurs acteurs, qui,
même, recommandaient qu'on augmente le nombre de membres, avec comme
motif... À cinq, autour d'une table, par exemple, c'e.st sûr que
le débat est de meilleure qualité. Puis, il y a aussi une
confrontation d'opinions qui est mieux assurée.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: D'abord, Mme la Présidente, je voudrais
vous dire que le chiffre comme tel que ce soit trois, quatre ou cinq
il n'y a pas de recette magique pour fixer le chiffre, en étant
sûr, justement, d'atteindre les objectifs que nous poursuivons.
Pourquoi trois? Parce que ça me semble un nombre suffisant pour
le mandat qui est devant nous, en prenant pour acquis, d'abord, que ce sont des
commissaires à plein temps. Ce n'est vraiment pas le genre de conseil
consultatif qu'on peut nommer, où il y a plusieurs membres, mais que...
Les gens sont là, d'abord, très souvent, à titre
bénévole, et ils sont là, même, à temps
partiel. Donc, il s'agit de trois commissaires qui sont là à
plein temps, qui, par ailleurs, ne sont pas seuls pour agir, parce qu'ils ont
toute une équipe avec eux qui va faire les travaux nécessaires,
mais qui, en même temps, dans l'évaluation qu'ils seront
amenés à faire, peuvent compter sur des comités
consultatifs ou des experts externes dans des matières très
pointues. Là, je vous reporterais à l'article 15 du projet de loi
qu'on a devant nous, où on dit très clairement que les
commissaires vont pouvoir former des comités consultatifs et s'adjoindre
des experts.
Il n'y a pas de recette magique, en tant que telle, mais il
m'apparaît que, compte tenu du mandat qui est devant nous, trois
commissaires, qui seront des spécialistes en évaluation il
faut vraiment que ce soient des gens qui sont habitués de faire de
l'évaluation, parce qu'ils vont porter un jugement de qualité sur
les programmes d'études donnés dans les collèges
c'est suffisant pour échanger, pour confronter des idées et
être capable d'avoir un jugement éclairé. C'est dans ce
contexte-là qu'on a fait le choix de trois.
Quand on regarde des organismes semblables qui existent... D'abord,
c'est difficile de trouver des organismes tout à fait semblables, en
tout cas, à tout le moins, au Québec. On peut penser à la
Commission de la fonction publique, où je pense qu'ils ne sont pas plus
que trois commissaires, non plus, là, à ma connaissance. Mais
c'est difficile de comparer exactement, parce que c'est un mandat original
qu'on donne à ce commissaire-là. Ça n'existe pas, le
pendant n'existe pas.
Alors, voilà un peu la réflexion qui a amené le
gouvernement à dire: Ayons trois commissaires à la Commission
d'évaluation de l'enseignement collégial.
M. Brassard: Mme la Présidente, je reprends l'argument de
la Fédération étudiante collégiale, qui, à
mon avis, n'est pas à écarter du revers de la main. Ils
écrivent, dans leur mémoire: Le président peut se
retrouver seul à juger d'éléments cruciaux pour un
cégep. Le quorum de la commission est de deux membres présents et
le président a un vote prépondérant. S'ils sont deux
membres et si, à un moment donné, il manque un commissaire
ils sont deux commissaires et qu'il y a désaccord, c'est le
président qui tranche. Il va y avoir une seule personne qui va trancher,
peut-être, sur des éléments cruciaux d'évaluation
d'un cégep. Ce n'est quand même pas beaucoup. Il y a un risque,
à mon avis, d'introduction, d'intrusion d'un certain arbitraire, tandis
que, s'ils sont cinq et que le quorum est de trois, bien là, les
chances, les risques d'arbitraire ou de voir une situation où le
président se retrouve tout seul à trancher sont
écartés.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. À cela je
peux répondre... Prenons l'hypothèse où nous avons cinq
membres. Si jamais il y a désaccord, le vote du président sera
toujours prépondérant, d'une façon ou d'une autre.
À trois ou à cinq, le président aura le vote
prépondérant si jamais il y a un désaccord parmi les cinq
membres qui seraient là. Maintenant, quant à parler...
M. Brassard: Oui, mais, au moins, il ne serait pas tout seul.
Mme Robillard: Bien, ce serait le président qui
trancherait, même s'il y avait...
M. Brassard: Oui, d'accord. Mme Robillard: ...un
désaccord.
M. Brassard: Mais à deux, il se retrouve tout seul. (16 h
30)
Mme Robillard: Mais, au niveau du fait, est-ce que c'est... Je
trouve ça un peu fort de penser que le jugement peut être
arbitraire, tel que vient de le spécifier le député de
Lac-Saint-Jean, d'autant plus que c'est très clair, dans le projet de
loi, que les rapports ont un caractère public. Alors, je serais
très surprise qu'on ait des jugements arbitraires, sachant que les
rapports seront publics. Donc, ça nous permettra de connaître les
points de vue, et nécessairement, les points de vue des commissaires
pourront aussi être confrontés publiquement. Alors, il me semble
que, là, il y a déjà une garantie que les jugements ne
seront pas arbitraires.
M. Brassard: Toujours sur l'article 2. L'article 2 précise
que les trois membres sont nommés par le gouvernement. Des intervenants,
dont, entre autres, encore une fois, la Fédération autonome du
collégial, qui a regardé ça attentivement, ont
suggéré, souhaité que la nomination par le gouvernement
soit précédée d'une consultation des principaux
intervenants en milieu collégial, ce qui n'est pas une pratique
inédite. C'est très fréquent qu'avant de nommer le
gouvernement consulte. Il n'est pas tenu, évidemment, de se plier ou de
se soumettre à la consultation, aux recommandations qui émanent
de la consultation, mais il y a consultation des principaux acteurs. Dans le
cas qui nous intéresse, la nomination se fait sans aucune
consultation.
La question que je pose: Pourquoi avoir écarté la
possibilité d'une consultation des principaux acteurs, des principaux
intervenants de l'enseignement collégial avant de nommer? Ça ne
réduit pas, ça ne limite pas le pouvoir de nomination du
gouvernement, mais ça fait en sorte qu'il y a un éclairage ou
qu'il y a des opinions qui peuvent lui être extrêmement utiles,
venant du milieu collégial, avant de procéder à la
nomination. Pourquoi ne pas avoir prévu une telle consultation ou retenu
une telle consultation?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Parce que, Mme la Présidente, quand on
regarde, justement, les pratiques gouvernementales en la matière, on
s'aperçoit que, oui, le gouvernement consulte, pour la nomination des
membres, tous les organismes qu'on dit représentatifs, comme des
conseils, comme tous les conseils consultatifs. Que ce soit le Conseil des
collèges, le Conseil des universités, le Conseil supérieur
de l'éducation, le Conseil de la science et de la technologie, on va,
obligatoirement, consulter dans les milieux, étant donné que ce
sont des organismes consultatifs en tant que tels.
Ici, ce n'est pas le cas. C'est la même chose quand on nomme le
président du Conseil des universités, le président du
Conseil des collèges ou la présidente du Fonds FCAR, il n'y a pas
de consultation à ce moment-là. On consulte les organismes quand
il s'agit d'un conseil, quand il s'agit d'un organisme représentatif,
d'un conseil consultatif.
Les trois commissaires, ici, c'est comme trois
présidents de conseil, si vous me permettez l'image. Ce sont des
spécialistes en évaluation que le gouvernement va rechercher. Ce
qui ne veut absolument pas dire que le gouvernement n'ira pas, dans le milieu,
tester comment ces candidatures-là pourront être reçues.
Mais, de là, Mme la Présidente, de façon obligatoire,
à consulter les organismes, ça m'apparaît nettement
contre-indiqué, dans le cas qui nous concerne.
M. Brassard: C'est justement, parce que c'est un organisme
nouveau, il y aurait peut-être lieu d'initier de nouvelles pratiques et
de s'assurer que les commissaires qui seront nommés vont avoir la
confiance des principaux acteurs du milieu collégial. Si c'est
précédé d'une consultation, cette assurance-là est
plus certaine. Je me demande comment vous allez les nommer, de quelle
façon vous allez les nommer. Est-ce que vous avez imaginé ou
conçu une procédure pour les dénicher, ces
commissaires-là, puisque vous dites que ce sont des spécialistes
en évaluation? Bon. C'est le gouvernement qui les nomme. Mais avez-vous
réfléchi à la façon dont vous allez les
dénicher, d'abord, les trouver? Comment vous allez les nommer? Vous avez
une idée là-dessus?
Mme Robillard: Mme la Présidente, le Québec est
grand et petit à la fois. Je pense que nos spécialistes en
évaluation, dans les différentes maisons d'enseignement du
Québec, qu'ils soient déjà présents dans les
maisons d'enseignement ou qui y ont déjà oeuvré dans le
passé, je pense qu'ils sont assez connus des intervenants du milieu.
Dans ce sens-là, il s'agira de voir l'intérêt de ces
gens-là aussi, à venir, je dirais, créer, un nouvel
organisme. Le défi est là pour les trois premiers nouveaux
commissaires, le défi est grand. Ils vont sûrement laisser leur
marque. Donc, on peut identifier les personnes qui pourraient correspondre
justement à ce qu'on recherche en tant que spécialistes en
évaluation, basé, d'abord et avant tout, sur leur
compétence, c'est très clair, mais sur leur intérêt
à venir occuper un emploi à temps plein comme commissaires, parce
que c'est ce dont il s'agit. Souvent, nos personnes qui font des
évaluations dans les maisons d'enseignement ne le font pas à
plein temps. Là, il s'agit d'un plein temps. Donc, la compétence
d'abord, l'intérêt des personnes, bien sûr, et leur
disponibilité à venir oeuvrer à temps plein au sein de la
Commission. Je pense qu'il est très clair qu'on se doit de nommer des
personnes qui sont crédibles dans le milieu, parce qu'il s'agit de la
crédibilité de l'organisme en même temps. Alors, ça,
c'est, je pense, assez facilement verifiable.
M. Brassard: Ce que la ministre me dit, j'en prends acte. Elle
nous dit qu'il n'y en a pas beaucoup, finalement, des spécialistes en
évaluation, que la liste est assez facile à dresser, dans le
monde de l'enseignement collégial en particulier. C'est justement, une
consultation serait d'autant plus facile à faire, puisque la liste est
courte et que ce serait d'autant plus facile d'en arriver à nommer des
commissaires qui recueillent, qui répondent à des voeux de
l'ensemble des intervenants, qu'il y ait, dès le départ, un
climat de confiance qui s'établit entre les commissaires et les
principaux acteurs du milieu collégial. Ça serait d'autant plus
facile que la liste des spécialistes en évaluation est
relativement courte, comme vient de le signaler la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, j'ai peur de me
répéter un peu, mais il est très clair que, dans le
domaine de l'enseignement, il y a des gens qui sont crédibles, qui ont
fait de l'évaluation, qui en font toujours de l'évaluation,
présentement, qui suivent aussi toutes les pratiques en
évaluation, non seulement au Québec, mais au Canada, en
Amérique du Nord et même en Europe. Alors, il faut avoir des gens
aussi qui sont connaissants des pratiques en évaluation dans
l'enseignement supérieur. J'ai dit que le Québec était
grand et petit à la fois, dans le sens qu'on peut identifier assez
facilement, je pense, une liste de personnes et regarder quelle serait la
réaction du milieu. De là à voir une obligation de
consultation à partir d'une série d'organismes, ça
m'apparaît quelque peu contre-indiqué.
Encore une fois, quand on nomme le président des conseils
consultatifs, on ne va pas en consultation. Quand on nomme le président
de l'Université du Québec, non plus. C'est un rôle
très particulier que celui d'être commissaire. Dans ce
sens-là, il me semble que ça n'appelle pas la même forme de
consultation obligatoire à partir d'une liste très longue
d'organismes à consulter sur le sujet. (16 h 40)
La Présidente (Mme Hovington): Merci.
Alors, est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Brassard: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Sur division. J'appelle
l'article 3. Mme la ministre, sur l'article 3, est-ce qu'il y a quelque chose
de spécial à indiquer?
Mme Robillard: Non, Mme la Présidente. Je pense que c'est
assez régulier dans les lois qu'on indique qu'il faut que la charge des
membres de la Commission ne soit pas incompatible par rapport à d'autres
fonctions qu'ils peuvent occuper dans leur vie professionnelle. C'est l'objet
de l'article 3.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Brassard: Un instant. C'est les membres des conseils
d'administration qui sont écartés.
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Mais aussi tous ceux qui sont à l'emploi. Le
troisième alinéa: «Est également incompatible tout
mandat, fonction ou emploi auquel correspond une rémunération ou
un avantage tenant lieu de
rémunération, pour le compte d'un organisme visé
par le premier alinéa.»
Alors, tout membre du personnel également est exclu.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va? M.
Brassard: Oui, ça va. Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 3 est
adopté.
J'appelle l'article 4, qui touche la durée du mandat d'un membre,
qui est d'au plus cinq ans.
Mme Robillard: Oui, qui est d'au plus cinq ans, mais qui peut
être renouvelé, Mme la Présidente, pour un autre cinq ans.
Donc, jusqu'à un maximum de dix ans.
M. Brassard: C'est la règle? Des mandats de cinq ans,
ça se retrouve pas mal dans l'appareil gouvernemental?
Mme Robillard: Oui. Si on renouvelle, ça veut dire dix
ans. Je pense qu'après dix ans un organisme tel que la Commission aurait
peut-être besoin de sang neuf ou de renouveau à l'intérieur
de la Commission. C'est dans ce contexte-là qu'on fixe un
échéancier.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 4 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 5, qui
est: «En cas d'absence ou d'empêchement d'un membre de la
Commission, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
peut nommer une personne pour assurer l'intérim.»
M. Brassard: C'est un intérim temporaire: «En cas
d'absence ou d'empêchement d'un membre de la Commission»? Donc, on
est assuré qu'il va revenir, qu'il va reprendre ses fonctions.
Mme Robillard: C'est comme une maladie. Je vais demander à
Me Dupont de vous répondre, mais, dans ma tête, c'est comme
quelqu'un qui aurait une opération et qui serait en congé de
maladie pour tant de mois. Me Dupont.
M. Dupont (Côme): Ça ne couvre pas les cas de
vacance, quelqu'un qui démissionne.
M. Brassard: Quelqu'un qui démissionne, c'est l'article 2
qui s'applique. C'est la nomination par le gouvernement.
Mme Robillard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 5 est-il
adopté?
M. Brassard: Oui.
M. Hamel: Non, ça va. C'est tout juste un commentaire.
M. Brassard: Oui.
M. Hamel: Ça vient peut-être atténuer un
petit peu vos appréhensions de tantôt pour l'article 2. Si,
parfois, il n'y avait que deux commissaires pour une longue période, on
pourrait, à ce moment-là, par l'article 5, nommer quelqu'un pour
pallier son absence peut-être prolongée. Ça va, moi,
c'était juste un petit commentaire.
La Présidente (Mme Hovington): En soi, le terme
«intérim», je crois bien, signifie non pas...
M. Brassard: Temporaire.
La Présidente (Mme Hovington): C'est ça,
temporaire.
L'article 5 est adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 6. Mme
la ministre.
Mme Robillard: Alors, ça spécifie la
responsabilité du président, Mme la Présidente. En plus,
ça spécifie que pour... En cas d'absence et d'empêchement
du président, cette fois-là, et non pas d'un commissaire, c'est
le gouvernement qui désigne un membre de la Commission pour assurer la
présidence, à ce moment-là.
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 6 est
adopté. j'appelle l'article 7, qui dit: «le gouvernement
détermine la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail des membres de la commission.»
M. Brassard: Ce qui est une règle habituelle
également.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'article 7 est
adopté.
J'appelle l'article 8, qui dit: «Le quorum aux séances de
la Commission est de deux membres. «En cas de partage, le
président a voix prépondérante.»
M. Brassard: Comme il n'y en a que trois, je ne
vois pas comment on pourrait aller...
La Présidente (Mme Hovington): En être autrement.
Ha, ha, ha! Une vérité de La Palice. L'article 8 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 9. Mme la ministre, à propos de l'article 9.
Mme Robillard: Alors, il s'agit de dire très clairement
que les membres de la Commission ne peuvent se trouver dans une situation
d'incompatibilité par rapport à leur charge, ou avoir un
intérêt direct ou indirect, dit-on, dans une entreprise sous peine
de déchéance de leur charge.
M. Brassard: Bon, l'article 3, ça, je comprends
très bien ça, mais «ni avoir un intérêt direct
ou indirect dans une entreprise qui met en conflit cet intérêt et
celui de la Commission»... Est-ce qu'on pourrait illustrer quel genre
d'entreprise pourrait générer un conflit d'intérêt
avec la Commission?
Mme Robillard: Me Dupont? (Consultation)
M. Dupont: On parle d'entreprise avec l'intérêt de
la Commission. Par exemple, quelqu'un pourrait avoir une firme ou une
entreprise d'évaluation et, s'il est commissaire, il peut être en
conflit d'intérêt avec l'entreprise. Il s'agit bien d'un conflit
d'intérêt entre le commissaire...
M. Brassard: Oui, et la Commission.
M. Dupont: ...dans une entreprise, et la Commission.
M. Brassard: Oui, c'est ça.
M. Dupont: Si, par exemple, un commissaire fait partie d'une
corporation ou d'une compagnie d'évaluation et que la Commission signe
un contrat avec un expert qui est puisé dans cette compagnie-là,
vous avez un conflit d'intérêt.
M. Brassard: Est-ce qu'il est exact que beaucoup de ces et
il n'y en a pas beaucoup, on vient de nous le dire tantôt
spécialistes en évaluation sont généralement
consultants ou ont leur propre entreprise de consultants, ce qui fait qu'un
conflit de cette nature-là... C'est pour ça qu'on le
prévoit, là, que... Pour l'éviter? Non? Ce n'est
pas...
Mme Robillard: Non, pas nécessairement, parce qu'il y en a
aussi dans le réseau, dans les réseaux d'enseignement, des gens
qui font de l'évaluation.
M. Brassard: Ça exclut ça, là? Quelqu'un qui
serait nommé commissaire et qui, en même temps, aurait une firme
d'évaluation, c'est évident qu'à ce moment-là sa
firme ne peut pas être... la Commission ne peut pas retenir les services
de sa firme, parce que, là, il y aurait conflit
d'intérêt.
M. Dupont: Elle pourrait le faire, mais le commissaire devrait
démissionner.
M. Brassard: Voilà!
La Présidente (Mme Hovington): L'article 9 est
adopté?
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 10, qui
dit: «Le secrétaire et les autres membres du personnel de la
Commission sont nommés et rémunérés suivant la Loi
sur la fonction publique.»
M. Brassard: Ça aussi, c'est une règle
coutumière.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'article 10 est
adopté.
J'appelle l'article 11, qui dit: «La Commission peut, par
règlement, pourvoir à sa régie interne.»
M. Brassard: Ça aussi, je pense qu'on retrouve ça
dans toutes les lois de cette nature.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté.
J'appelle l'article 12, qui dit: «Le secrétariat de la
Commission est établi sur le territoire de la Communauté urbaine
de Québec, à l'endroit déterminé par le
gouvernement. Un avis de la situation ou de tout déplacement du
secrétariat est publié à la Gazette officielle du
Québec.»
Il est aussi mentionné: «La Commission peut tenir
ses séances à tout endroit au Québec.»
Ça va? L'article 12...
M. Brassard: C'est une disposition qu'on retrouve dans bien des
lois aussi, ça.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 12 est
adopté?
M. Brassard: C'est pour rassurer les gens de la capitale,
n'est-ce pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski): En autant que ce ne
soient pas des gens de Montréal qui soient nommés et
qu'ils viennent travailler à Québec.
La Présidente (Mme Hovington): Et qui retournent soir et
matin.
M. Tremblay (Rimouski): Qu'il y ait des frais de voyages, soir et
matin.
M. Brassard: Des frais de déplacement
élevés.
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté.
Mission et pouvoirs
Alors, le chapitre II traitant de la mission et des pouvoirs. J'appelle
l'article 13, qui porte sur la mission de la Commission.
M. Brassard: Je n'ai rien contre.
Mme Robillard: Alors, peut-être, Mme la Présidente,
pour clarifier auprès des membres de la commission, parce qu'il en a
été question en commission parlementaire, justement, du mandat de
la Commission et de la possibilité que la Commission aussi... Vous voyez
que le mandat, tel qu'il est décrit à l'article 13, est vraiment
centré sur les programmes d'études académiques. Alors, on
a fait valoir des points de vue en commission parlementaire, en disant que,
quand on regarde les programmes d'études académiques dans un
établissement collégial, que, nécessairement, ces
programmes-là sont dans un établissement. Il se pourrait que le
fonctionnement de l'établissement ou la gestion académique de
l'établissement, qui se situe autour de ces programmes d'études
qui sont donnés, ait une influence. Donc, est-ce que la Commission ne
pourrait pas aussi apporter des recommandations à cet
égard-là? De la même façon que des politiques
ministérielles ou des directives ministérielles peuvent tout
à fait avoir un impact sur la mise en oeuvre, par exemple, des
programmes d'études dans un collège. Donc, est-ce que la
Commission ne peut pas aussi faire des recommandations à cet
égard-là? (16 h 50)
Alors, Mme la Présidente, peut-être pour informer les
membres de la commission, j'ai retenu ces deux suggestions
d'élargissement du pouvoir de recommandation de la Commission et je vais
apporter les modifications en conséquence à l'article 17. Je ne
sais pas si ça éclairerait le débat si je déposais
immédiatement les articles?
La Présidente (Mme Hovington): Peut-être, oui,
qu'ils puissent en prendre connaissance.
Mme Robillard: Par le fait même, on peut peut-être
déposer l'ensemble des amendements? Est-ce que vous accepteriez
ça, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Oui, absolument. Je ne vois
pas d'inconvénient au dépôt de tous les papillons...
Mme Robillard: Oui, qui vont suivre.
La Présidente (Mme Hovington): ...du projet de loi, qui
vont suivre...
Mme Robillard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): ...du projet de loi 83.
Alors, de l'article 17 jusqu'à...
M. Dupont: Ils sont tous ensemble.
La Présidente (Mme Hovington): Ils sont tous ensemble,
d'accord. Jusqu'à l'article 39.1.
Mme Robillard: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, on va les faire
distribuer à chacun des membres de la commission, pour qu'ils puissent
en prendre connaissance.
M. Brassard: Mme la Présidente, il est vrai que plusieurs
intervenants ont signalé une lacune, en quelque sorte, à l'effet
que ce qu'on appelle les grands encadrements n'étaient pas l'objet d'une
évaluation, ne faisaient pas partie du mandat de la Commission
les politiques, les règlements, les directives. Dans le rapport du
Conseil des collèges, que je n'ai pas sous la main, ça faisait
partie du mandat de la Commission. Si je comprends bien, plutôt que
d'amender l'article 13, vous procédez par un amendement à
l'article 17. Pourquoi?
Mme Robillard: Pour ne pas dévier du mandat central de
cette Commission d'évaluation, qui est d'évaluer la
qualité des programmes académiques. C'est son mandat principal.
Le mandat de la Commission, ce n'est pas d'aller dans un collège et
d'évaluer strictement, par exemple, la gestion administrative du
collège, ce n'est pas une cible d'évaluation. Alors, ce qui est
très clair, c'est que, par l'article 13, je confirme que le maridat
principal de la Commission, c'est d'évaluer les programmes
académiques. Cependant, tel que le dit le rapport du Conseil des
collèges, quand on se penche sur les politiques institutionnelles
d'évaluation des apprentissages, quand on se penche sur les politiques
institutionnelles d'évaluation des programmes, nécessairement, on
doit les voir dans l'environnement dans lequel ça se passe. Là,
tout en évaluant les politiques et la mise en oeuvre des programmes, on
peut noter des problèmes à d'autres niveaux. Même le
Conseil des collèges, dans
son mandat actuel d'évaluation, dit: On est rcduit, dans nos
recommandations, à se limiter strictement à l'évaluation
des politiques et à ne pas faire de recommandations peut-être sur
le cadre plus global de la gestion académique.
Donc, c'est dans ce cadre-là qu'à l'article 13 c'est la
mission principale centrée sur les programmes d'études. À
l'article 17, ce qu'on dit, c'est que la Commission dresse un rapport
d'évaluation qui fait état des constatations et des conclusions.
Elle peut, dans le rapport, recommander à l'établissement
d'enseignement des mesures propres à rehausser la qualité des
politiques d'évaluation de ses programmes ou des moyens de mise en
oeuvre. Ces mesures les mesures pour rehausser la qualité, dans
le fond, des politiques peuvent aussi concerner l'organisation, le
fonctionnement et la gestion académique de l'établissement. C'est
ce qu'on dirait à l'article 17, si on accepte l'amendement, Mme la
Présidente. Au troisième alinéa de l'article 17, on
dirait: «La Commission peut également faire des recommandations au
ministre sur toute question relative aux programmes d'études et aux
politiques d'évaluation, y compris sur toute politique gouvernementale
ou ministérielle ayant un impact sur la gestion par
l'établissement des programmes d'études et de
l'évaluation. Elle peut notamment recommander au ministre d'habiliter un
établissement d'enseignement à décerner le
diplôme...»
Donc, on concentre sur la mission de base, qui est l'évaluation
des programmes d'études, mais, en même temps, on permet à
la Commission de faire des recommandations sur l'environnement dans
l'établissement même, environnement autour de ces programmes
d'études, qui touche le fonctionnement et la gestion académique,
et l'environnement plus externe qui, à ce moment-là, est toute
politique ministérielle ou gouvernementale qui a un impact sur la
gestion des programmes d'études.
Voilà pourquoi il me semble que c'est l'article 17 qui est la
voie appropriée pour élargir le pouvoir de recommandation.
M. Brassard: Dans son mémoire, la Fédération
des cégepsje l'ai sous les yeux, ici, en page 16 disait: Le
mandat de cet organisme devrait toutefois être élargi et porter
aussi sur l'effet qu'ont les politiques, les règlements, les directives
et les autres mesures administratives du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science sur la gestion des programmes dans les
collèges. La Fédération des cégeps recommandera que
ce pouvoir soit ajouté au projet de loi 83, article 13, 1°.
L'article 13, 1° est impératif, c'est que la Commission
«doit». On ne dit pas «peut», là. On dit:
«Elle consiste à évaluer». C'est ça, sa
mission. À l'article 17, c'est quand même... c'est facultatif.
C'est «peut également faire». C'est un mandat facultatif.
Alors, c'est évident que c'est moins fort à l'article 17
qu'à l'article 13. À l'article 13, c'est vraiment un mandat
impératif, alors qu'à l'article 17 c'est un mandat
facultatif.
Moi, à ma souvenance, en tout cas, les organis- mes
recommandaient que l'évaluation des grands encadrements, politiques et
directives, les règlements soient partie du mandat impératif. On
le voit par la recommandation de la Fédération des cégeps.
Ils ne parlent pas de l'article 17, ils parlent de l'article 13. C'est
évident que c'est moins fort. C'est un amendement qui, d'une certaine
façon, prend en compte les interventions de ceux qui ont
témoigné en commission. Je n'en disconviens pas. Mais ça
va moins loin, parce que c'est un mandat qui est facultatif plutôt
qu'impératif. Il me semble que cette partie du mandat devrait être
aussi imperative que la partie concernant les établissements. Le mandat
consiste à évaluer, pour chaque établissement
d'enseignement: premièrement, deuxièmement, troisièmement,
quatrièmement. Donc, c'est une obligation de par la loi. Pourquoi ce
traitement différent?
L'établissement, lui, il va se faire évaluer, c'est
évident. C'est un mandat impératif. Par contre, les politiques du
ministère, les lois, les règlements, les directives, ce n'est pas
obligatoire. La Commission pourra le faire, mais ce n'est pas obligatoire. Il y
a un traitement qui est différent et qui ne devrait, quant à moi,
en tout cas, pas l'être. Il ne devrait pas être différent.
Il devrait faire partie aussi du mandat impératif, comme ça a
été souhaité par pas mal de monde. (17 heures)
Mme Robillard: D'abord, Mme la Présidente, il faudrait
être prudent avec le mot «impératif». À
l'article 13, il n'y a pas Me Dupont me corrigera de
«doit». On spécifie très clairement. Voici, la
mission de la Commission consiste à évaluer telle chose. Je vous
rappellerai l'article 16, où on va dire très clairement:
«La Commission peut faire une évaluation à chaque fois
qu'elle le juge opportun.» C'est elle qui va décider de son
calendrier, au niveau de l'évaluation. Donc, ce n'est pas un mandat
impératif, c'est-à-dire que ce n'est pas un «doit»
versus un «peut». C'était la distinction que je voulais
faire.
Par ailleurs, il est très clair que le choix qui est fait ici,
avec la création de cette Commission, c'est de centrer le mandat
principal de la Commission sur les programmes d'études. Là, il y
a un choix de base qui est clair. Ce n'est pas de le centrer directement sur la
gestion administrative d'un établissement ou sur les politiques
ministérielles. Le mandat de base, c'est d'évaluer les programmes
d'études. Maintenant, quels sont les facteurs qui influencent les
programmes d'études? C'est dans ce contexte-là qu'on
élargit son pouvoir de recommandation. Ils pourront faire toute
recommandation, tant sur l'organisation de l'établissement que sur les
politiques gouvernementales.
Je ferai noter au député de Lac-Saint-Jean que, quand on
dit avec l'amendement que nous apporterons à l'article 17, Mme la
Présidente que la Commission pourra même faire des
recommandations, non seulement sur une politique ministérielle, mais sur
une politique gouvernementale qui aura un impact sur les programmes
d'études, c'est assez vaste comme champ d'action. C'est ce qu'on appelle
les grands
encadrements, dans le fond, qui peuvent avoir un impact. C'est dans ce
cadre-là qu'on ne limite pas le pouvoir de recommandation de la
Commission. Mais il y a un choix de base qui est fait, c'est de cibler le
mandat principal de la Commission sur les programmes d'études et non pas
sur d'autres objets.
M. Brassard: C'est ce qui fait, si je vous comprends bien, que,
par exemple, vous avez délibérément écarté,
comme objet d'évaluation, les politiques institutionnelles
d'évaluation du personnel.
Mme Robillard: C'est très clair. M. Brassard: C'est
voulu? Mme Robillard: Voulu.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que ça va?
Oui.
M. Brassard: Oui, ça va, sauf que, moi, j'aurais
préféré que ça apparaisse à l'article 13, ce
qui fait que j'adopte sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'article 13 est
adopté.
J'appelle l'article 14. Est-ce que vous avez un commentaire sur
l'article 14?
M. Brassard: Oui. Bien, l'article 14, ça vient, si je
comprends bien, en sus des mandats ou de la mission qui apparaissent à
l'article 13, parce que, sans cela, je ne comprends pas vraiment sa
présence. «La Commission peut, en outre, évaluer la mise en
oeuvre, par tous les établissements d'enseignement ou certains d'entre
eux, de tout programme d'études collégiales qu'elle
désigne.»
Mme Robillard: Mais, dans le fond, si vous permettez, Mme la
Présidente, c'est qu'à l'article 13 on spécifie la mission
d'évaluation dans chaque établissement, pour chaque
établissement et, à l'article 14, on veut donner une souplesse
à la Commission, une flexibilité. Si la Commission... La
Commission pourrait décider, par exemple, d'évaluer un programme
je ne sais pas, moi, techniques policières dans tous les
cégeps où le programme se donne, par tous les
établissements ou certains d'entre eux à la fois, faire une
évaluation, non pas dans un établissement en particulier, mais
dans plusieurs où le programme se donne, ce que l'article 14 pourrait
permettre de faire à la Commission.
M. Brassard: L'article 13, c'est pour l'établissement?
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: L'article 14 peut permettre une étude globale
de réseau, une étude de réseau? Mme Robillard: Oui. M.
Brassard: Une évaluation de réseau? Mme Robillard:
Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 14 est
adopté? L'article 14 est adopté?
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 15.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 15, Mme la ministre?
Mme Robillard: Non, Mme la Présidente.
M. Brassard: Bien, moi, j'ai des questions, évidemment,
parce que ça porte sur les comités consultatifs, les experts, les
règles de fonctionnement. Les questions portent, évidemment, pour
savoir si vous avez déjà une bonne idée de ce à
quoi ça va ressembler. Par exemple, sur le plan du budget, ça va
signifier quoi, sur le plan du budget, le budget de cette Commission? L'autre
question, sur le personnel: Quel personnel? Ça va comporter quoi, comme
personnel? Et les...
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, comme vous le
savez, l'effet de cette législation qu'on a devant nous est d'abroger
deux conseils consultatifs: le Conseil des universités et le Conseil des
collèges. Il y a une partie des responsabilités, comme on le
sait, la fonction consultative, qui est transférée au Conseil
supérieur de l'éducation. L'autre partie, donc le mandat
d'évaluation, est transférée à la Commission
d'évaluation. Alors, nos perspectives actuelles, sous réserve de
valider les chiffres, ce serait que le budget de la Commission serait d'environ
2 700 000 $, avec un personnel d'environ une trentaine de personnes.
M. Brassard: Elles viendraient d'où, ces
personnes-là? Elles viendraient du ministère, elles viendraient
des conseils ou elles viendraient de...
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Des conseils?
Mme Robillard: Oui, des conseils existants.
M. Brassard: Du Conseil des collèges, surtout, et de la
commission consultative d'évaluation.
Mme Robillard: Du Conseil des universités aussi.
M. Brassard: Oui. «S'adjoindre des experts», c'est
des contractuels, quoi? Ça serait des experts engagés,
embauchés par contrat?
Mme Robillard: Oui. Ça serait des experts externes,
à ce moment-là. On peut penser, par exemple, pour une technique
très pointue, un programme de techniques très pointues qui serait
évalué, que la Commission pourrait s'adjoindre des experts en la
matière ou dans des domaines très, très particuliers et
qu'il faudrait avoir une expertise. On veut donner la possibilité que la
Commission puisse s'adjoindre des experts. C'est souvent le cas quand on fait
de l'évaluation, on est appelé à faire appel à des
experts externes.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 15 est
adopté?
M. Brassard: Non, pas vraiment. J'ai encore quelques questions,
Mme la Présidente. Pour ce qui est de ces experts, ça veut dire
quoi, en termes budgétaires? Est-ce qu'on a déjà une
prévision? Sur 2 700 000 $, il y en aurait combien qui seraient
affectés à l'embauche d'experts? C'est difficile à... (17
h 10)
Mme Robillard: On est à titre d'hypothèse,
là, Mme la Présidente. C'est ce pourquoi, à partir des
deux budgets des conseils consultatifs, le gouvernement a décidé
d'injecter une somme supplémentaire de 500 000$.
M. Brassard: 500 000 $?
Mme Robillard: Donc, on pense que...
M. Brassard: Qui fait partie des 2 700 000 $, là.
Mme Robillard: Oui. On pense que ce serait aux environs de 500
000 $.
M. Brassard: Bien. Maintenant, les comités consultatifs,
avez-vous également complété votre réflexion
là-dessus ou si c'est en cours? Combien vous en voyez? Ça
prendrait quelle forme, puis ça se composerait comment?
Mme Robillard: Alors, la réflexion est en cours, Mme la
Présidente, et je demanderais au sous-ministre, M. Lucier, d'apporter
des éclairages à la commission.
M. Lucier (Pierre): Je pense que la meilleure
référence qu'on puisse avoir, c'est le fonctionnement des
organismes actuels d'accréditation ou encore d'un organisme comme le
FCAR. Il y a toujours, dans ces organismes-là... Bon, il y a les gens
qui signent l'évaluation, au terme. Ça, c'est les commissaires.
Il y a toujours un appareil stable, si je peux dire, quels que soient les
programmes, parce qu'il y a des compilations statistiques, des questionnaires
envoyés dans les établis- sements, des compilations à
faire. Mais il n'y a personne dans ces organismes-là qui peut être
expert en tout. Alors, c'est pour ça que, du côté, je
dirais, disciplinaire ou sectoriel, des techniques, des disciplines ou des
types de programmes, ces organismes-là s'adjoignent, en
général, deux types de ressources: parfois, une table
consultative pour quelques réunions, pour tester des travaux qu'ils font
dans un secteur qu'ils maîtrisent moins; l'autre adjonction, c'est des
experts au sens strict du terme pour aller dans l'établissement. C'est
une manière d'assurer à la fois, je dirais, la permanence et
l'universalité de l'expertise en évaluation et en jugement et, en
même temps aussi, l'expertise disciplinaire ou sectorielle. C'est le mode
habituel de fonctionnement. Alors, il n'y a rien de statutaire
là-dedans.
M. Brassard: C'est généralement ad hoc? M.
Lucier: Oui, c'est ad hoc. M. Brassard: Ce n'est pas permanent?
M. Lucier: Non, c'est ad hoc.
M. Brassard: C'est constitué surtout d'enseignants?
M. Lucier: Pas nécessairement, mais en bonne partie. Les
premiers experts des secteurs, des disciplines sont en général du
côté des enseignants. Mais on peut penser, par exemple dans une
technique, qu'il va y avoir des gens qui sont dans l'entreprise et aussi des
employeurs. Mais c'est sûr que, plus on se rapproche de la discipline
comme telle, ils sont, d'une manière ou de l'autre, pas très loin
des fonctions d'enseignement.
M. Brassard: Mais c'est des tables consultatives qui sont mises
sur pied pour une fonction précise. Une fois qu'elle est remplie,
qu'elle est assumée, il y a dissolution.
M. Lucier: Elles sont dissoutes. C'est ça. C'est comme
ça que fonctionne le... Le Fonds FCAR fait ça.
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 15 est
adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Brassard: Si je comprends bien, quand un établissement
est choisi pour être évalué, il en est avisé. Le
cégep de Chicoutimi prenons l'exemple...
Mme Robillard: Ou d'Alma.
M. Brassard: ...ou d'Alma, vous allez être
évalué. Ils sont mis au courant de l'évaluation et
l'évaluation se fait. L'occasion de présenter ses
observations,
c'est en cours d'évaluation. Il y a un échange. Il y a un
échange entre la Commission et l'établissement en cours
d'évaluation, de sorte que le cégep, l'établissement peut
faire des observations, transmettre des remarques en cours, en processus
d'évaluation. C'est comme ça, en pratique, que ça va
fonctionner?
La Présidente (Mme Hovington): M. Lucier, voulez-vous
répondre à ça?
M. Lucier: Vous permettez? Oui, écoutez, ce sont aussi des
pratiques courantes et connues, en particulier dans les organismes
nord-américains d'accréditation, puisque c'est ce qu'on fait
plutôt en Amérique du Nord. Alors, il y a une espèce de
processus, je dirais, quasi standard. Il y a, en général, une
opération d'auto-évaluation par l'établissement, dans une
première étape. Donc...
M. Brassard: Ses propres politiques qui s'appliquent?
M. Lucier: Oui, il remplit des questionnaires, parce qu'il y a
une compilation statistique. Il y a, en général, une
première étude de ça par les gens qui évaluent. Il
y a des visites dans l'établissement et il y a, en
général, un chassé-croisé de projets et de
rapports. Une commission comme ça ne signe jamais un rapport sans en
avoir discuté avec l'établissement. Sinon, c'est suicidaire.
J'allais dire, c'est...
M. Brassard: Un peu comme le Vérificateur
général, quand il vérifie les comptes ou les
dépenses d'un ministère. Généralement, ce dernier,
dans le rapport même du Vérificateur, a l'occasion d'indiquer les
correctifs qu'il a apportés, les changements qu'il a apportés, de
réagir. Est-ce que ça veut dire précisément que,
dans le rapport d'évaluation, le rapport définitif
d'évaluation d'un établissement, on pourrait prévoir des
réponses de l'établissement, un peu comme dans le rapport du
Vérificateur général?
M. Lucier: Là, l'analogie qui est faite est avec le
Vérificateur général. À notre connaissance, cette
prati-que-là n'est pas présente dans les organismes
accréditeurs ou d'évaluation, mais on a un exemple récent.
Par exemple, la commission d'évaluation suprainstitution-nelle dans les
universités vient de sortir un rapport sur un établissement et,
dans le coeur du rapport, fait état aussi de certaines discussions.
Comme les rapports sont publics, tout établissement est en mesure de
réagir publiquement aussi au rapport. Mais, d'insérer comme tel,
dans le rapport, à notre connaissance, dans ce champ-là, ce n'est
pas une pratique qui est observée.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a une disposition dans la loi
je ne sais pas; je ne me souviens pas de l'avoir vue, en tout cas qui
prévoit que tous les établissements du réseau vont
être évalués?
Mme Robillard: C'est-à-dire que...
M. Brassard: Est-ce que la Commission va, en quelque sorte,
établir un plan sur cinq ans, je ne sais pas trop, sur un certain nombre
d'années, où tous les établissements vont passer au crible
de l'évaluation? Souvent, les dispositions, c'est: «La commission
peut». L'article 14: «La commission peut». L'article 16:
«La commission peut faire une évaluation à chaque fois
qu'elle le juge opportun.» Est-ce que le mandat de l'article 13 doit
être interprété comme le fait que tous les
établissements du réseau vont être évalués?
Il n'y aura pas d'exceptions ou il n'y aura pas d'établissements qui
vont y échapper?
Mme Robillard: De fait, à l'article 13, on spécifie
que le mandat de la Commission ou la mission de la Commission, ça
«consiste à évaluer, pour chaque
établissement...» Donc, on veut viser chacun des
établissements d'enseignement. Par ailleurs, on ne fixe pas de
calendrier.
M. Brassard: C'est la Commission elle-même qui va le
faire.
Mme Robillard: C'est la Commission elle-même. On va se fier
sur sa dynamique à elle, sur son expérimentation. Vous
comprendrez bien que, même dans le courant de sa première
année, il va avoir à s'ajuster par rapport à cette
nouvelle réalité. Alors, on n'a pas voulu mettre de contraintes
particulières sur le calendrier, et c'est pourquoi vous avez l'article
16 en tant que tel.
Quand on dit «chaque établissement d'enseignement»,
j'aimerais rappeler aux membres de la commission aussi qu'il ne s'agit pas
strictement des cégeps publics, mais partout où on donne le
régime des études collégiales. Donc, dans les
réseaux privés, comme aussi dans d'autres institutions
d'enseignement qui décernent le diplôme d'études
collégiales, comme dans les instituts agro-alimentaires ou dans les
conservatoires, où on donne le diplôme d'études
collégiales. Eux aussi, ces établissements-là, seront
soumis à l'évaluation de la Commission.
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 16, est
adopté.
J'appelle l'article 17. Nous avons un amendement. ..
Mme Robillard: Oui.
(17 h 20)
La Présidente (Mme Hovington): ...que nous avons
discuté tout à l'heure, d'ailleurs. Il y a un amendement à
chaque alinéa, en fait. 1 ° remplacer, dans la deuxième ligne
du deuxième alinéa, les mots «toute mesure propre»
par les mots «des mesures propres»;
2° ajouter, à la fin du deuxième alinéa, la
phrase suivante: «Ces mesures peuvent aussi concerner l'organisation, le
fonctionnement et la gestion académique de
l'établissement.»; 3° ajouter, à la fin de la
première phrase du troisième alinéa, les mots «et
aux politiques d'évaluation, y compris sur toute politique
gouvernementale ou ministérielle ayant un impact sur la gestion par
l'établissement des programmes d'études et de
l'évaluation».
M. Brassard: Le deuxième amendement. Qu'est-ce que
ça signifie: «Ces mesures peuvent aussi concerner l'organisation,
le fonctionnement et la gestion académique de
l'établissement»? Ça signifie quoi? Ça implique
quoi, ça?
Mme Robillard: Alors, ça peut impliquer différentes
choses. Dans le fond, c'est le contexte dans lequel se donnent les programmes
d'études, non pas seulement le contexte, mais l'organisation qui
sous-tend les programmes d'études. Par exemple je vais vous
donner un exemple très concret la Commission pourrait regarder,
à l'occasion de l'étude de l'évaluation d'un programme,
comment fonctionne la Commission des études, qui a une
responsabilité très particulière au niveau des programmes
d'études. Donc, elle pourrait regarder la composition et le
fonctionnement de la Commission des études dans le cégep, qui a
un impact nécessairement sur la dispensation des
programmes d'études. C'est dans ce contexte-là que son pouvoir de
recommandation est élargi.
M. Brassard: Par ce biais-là, est-ce qu'on ne peut pas
arriver, finalement, à faire ce que vous avez dit tantôt qu'on ne
ferait pas, l'évaluation des personnels? Ça fait partie de
l'organisation, puis du fonctionnement.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je ne vois pas comment,
à partir de ce qui est indiqué ici, quand on parle
d'organisation, de fonctionnement et de gestion académique, d'autant
plus que... La question de l'évaluation des personnels, parlons-en deux
petites minutes si vous le permettez, Mme la Présidente. C'est une autre
des questions qui ont été abordées aussi en commission
parlementaire, et nous allons le voir quand on va aborder le projet de loi 82.
À mon point de vue, la responsabilité non seulement
d'évaluation du personnel, mais ce que j'appelle une politique de
gestion des ressources humaines, ce doit être sous la
responsabilité de l'établissement lui-même et non pas d'une
commission externe.
Alors, on va voir apparaître, dans la loi 82, l'obligation, pour
tout collège, d'avoir une politique de gestion des ressources humaines.
Ça, ça doit être fait sous la responsabilité du
collège, mais non pas sous la responsabilité de la Commission
d'évaluation.
Donc, l'objet propre de la Commission, ce n'est pas d'aller
évaluer les personnels. C'est très clair qu'elle pourrait voir...
La Commission, quand elle va aller voir sur le terrain, dans l'organisation,
elle pourrait regarder si, de fait, l'établissement a une politique de
gestion des ressources humaines dans ce sens-là. Mais de là
à aller évaluer le personnel, ce n'est pas sa
responsabilité.
M. Brassard: Quand on parle de gestion puis d'organisation, il me
semble que ça implique, au premier chef, les enseignants qui se
retrouvent dans les classes, surtout quand on spécifie qu'il s'agit de
«gestion académique de l'établissement».
«Académique», ce n'est pas un anglicisme, ça?
La Présidente (Mme Hovington): C'est
«borderline»!
M. Lucier: C'est clair.
M. Brassard: Vous êtes sûr?
M. Lucier: Le sens est clair.
Mme Robillard: Est-ce un anglicisme?
La Présidente (Mme Hovington): M. Lucier.
M. Lucier: Au sens strict, ce n'est pas impossible que ce soit
un...
La Présidente (Mme Hovington): M. Dupont.
M. Dupont: On a vérifié dans le gros
«Robert», puis le «Petit Robert». C'est l'expression la
meilleure qu'on a trouvée pour désigner ce qu'on voulait
désigner. On avait pensé parler de la gestion de
l'établissement au plan académique, mais ce n'est pas vraiment
ça qu'on veut. Ce n'est pas la gestion de l'établissement, c'est
la gestion académique de l'établissement.
Une voix: Le mot est français, il n'y a aucun doute
là-dessus.
M. Dupont: Oui, il n'y a aucun doute. Mme Robillard: Le
mot est français. M. Dupont: C'est un adjectif.
M. Brassard: L'exemple de la Commission des études est un
bon exemple, mais en avez-vous d'autres?
Mme Robillard: M. Lucier.
M. Lucier: L'ensemble des prescriptions du régime des
études collégiales, avec tout ce que ça suppose, comment
c'est géré, ça. Une commission pourrait bien, à
propos d'un programme, dire: Écoutez, tel programme va très bien
ou ne va pas bien du tout. En fait, on ne s'occupe pas des plans de cours, on
ne s'occupe pas des processus d'examen ou d'évaluation, enfin...
L'ensemble des prescriptions du régime des étu-
des, qu'on place sous la terminologie «gestion
académique», par opposition à tout ce qui est...
M. Brassard: Est-ce que le mot «pédagogique»
ne serait pas plus approprié?
La Présidente (Mme Hovington): J'ai le «Petit
Robert», ici, que j'ai passé à M. Dupont. Peut-être
qu'on pourrait parler du terme «académique»?
M. Dupont: Voyez-vous, on parle de l'inspection
académique. Alors, l'inspection académique, c'est une des
fonctions de la gestion. On parle aussi de l'année académique
pour désigner l'année scolaire. C'est vraiment ça qu'on
vise, l'ensemble de l'organisation scolaire. C'est plus que l'organisation
pédagogique; pédagogique, c'est plus restreint.
M. Lucier: La pédagogie concerne essentiellement les
rapports maître-élève, maître-étudiant. On est
très proche de la manière même d'approcher cette
relation-là et de la manière même d'enseigner. Au fond,
même quand on parle couramment, nous, de régime
pédagogique, actuellement, ça ne dit pas bien ce que ça
dit, parce que ça traite à peu près de tout sauf de la
relation maître-élève. Académique, c'est beaucoup
plus large que ça, c'est l'organisation des études, l'ensemble
des règles qui président au mode de fonctionnement et au mode de
gestion des études, par opposition à une gestion de type
administratif, financier ou des ressources matérielles, ainsi de
suite.
M. Brassard: Je ne suis pas opposé, mais je trouve
ça un peu nébuleux. C'est global.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 17,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Non. Avant, j'ai d'autres questions, parce que la
dernière phrase de l'article 17 a suscité une certaine
controverse. La commission «peut notamment recommander au ministre
d'habiliter un établissement d'enseignement à décerner le
diplôme d'études collégiales». C'est clair que,
surtout chez les enseignants... Je pense à la CEQ, à la CSN,
à la Fédération autonome du collégial, qui se sont
opposés avec pas mal de vigueur à cette possibilité de lui
permettre, à la suite de l'évaluation d'un établissement,
de décerner les diplômes d'études collégiales,
plutôt que ce soit, comme c'est le cas présentement, par la
ministre. Ceux qui s'opposaient à cette possibilité
avançaient comme principal argument le suivant: les
établissements collégiaux au Québec constituent un
réseau. Ce n'est pas un nombre d'établissements
éparpillés sur le territoire, sans lien organique entre eux,
c'est un réseau. Le réseau vient du fait que tous les
établissements doivent appliquer le même régime
pédagogique, mais aussi, justement, que tous les diplômes sont
décernés par la ministre, quel que soit l'établissement.
C'est une des caractéristiques d'un réseau. (17 h 30)
Là, si vous permettez qu'un établissement décerne
ses propres diplômes, alors que cette fonction-là va continuer
d'être attribuée ou exercée par la ministre, vous risquez,
disent ceux qui s'opposaient à ça et je suis très
sensible, quant à moi, en tout cas, à leur argument de
vous retrouver avec un double réseau: le réseau des bons
cégeps, qui ont été bien évalués, bien
cotés et à qui on permet de décerner des diplômes;
le réseau des cégeps délinquants, qui n'ont pas eu une
assez bonne note, une assez bonne cote et qui, donc, doivent continuer de voir
leurs diplômes décernés par la ministre, avec un certain
nombre d'effets ou de conséquences qui peuvent exister. Là, il me
semble qu'on introduirait ce que beaucoup d'intervenants redoutent et ne
voudraient pas voir s'instaurer, c'est-à-dire une espèce de
compétition, un régime de compétition entre cégeps:
les cégeps qui ont réussi à décrocher la
capacité de décerner leurs diplômes, puis les autres. Deux
classes de cégeps.
Moi, il me semble qu'à partir du moment où on a une
commission d'évaluation externe qui est autonome, indépendante et
crédible, qui fait des évaluations solides, articulées
à la suite d'échanges multiples et nombreux avec les
établissements, qui produit un rapport qui est public, qui indique les
lacunes, les faiblesses, donc qui fait des recommandations à
l'établissement de passer aux actes et de corriger les choses, il me
semble que cette disposition-là n'est plus requise, n'est plus
nécessaire et qu'elle risque d'introduire un élément de
compétition plus ou moins malsain dans le réseau. À partir
du moment où on a une commission d'évaluation, dont la
réputation n'est pas mise en doute, ça ne devient plus utile ni
nécessaire d'avoir une telle disposition dans un tel projet de loi.
quant à moi, je pense que les intervenants qui se sont opposés
à cette mesure, qui ont mis ça en doute avaient raison. ce n'est
pas utile, ce n'est pas nécessaire d'avoir ça. puisque c'est un
réseau, on devrait continuer à faire en sorte que les
diplômes soient décernés de la même façon,
quel que soit l'établissement, c'est-à-dire par le ministre
ou la ministre, dans le cas présent. *
Mme Robillard: Mais, Mme la Présidente, ce n'est pas parce
que nous avons un réseau d'établissements qu'on doit conclure
qu'ils sont semblables en tout point. Chacun, dans ce réseau, a sa
personnalité propre. On l'a vu quand nous avons publié les
indicateurs, l'an dernier. Ce fut une découverte de voir que chacun des
cégeps... On a beau parler d'un réseau, chacun des cégeps
a sa personnalité propre, que ce soit par les étudiants qu'il
accueille, tant par leur formation anté-
rieure que par leur âge ou par leur origine; que ce soit par les
programmes qu'il offre; que ce soit par l'organisation qu'il a; que ce soit par
les ressources humaines qui sont là, qui donnent des cours qui sont
différents, chacun a vraiment sa personnalité propre à
l'intérieur de ce réseau.
Le choix qui a été fait ici, c'est un choix très
clairement voulu, dans le sens de dire: Au niveau collé-gjal, il y aura
toujours un diplôme d'État. Un diplôme d'État. On ne
parle pas de diplôme d'établissement. Ce dont il s'agit ici, c'est
de dire: Laissons à la Commission, après avoir
évalué un établissement, la possibilité de
recommander à la ministre de déléguer sa
responsabilité d'émettre un diplôme, le diplôme
d'État, de déléguer cette responsabilité-là
à l'établissement, ce qui serait un signe très clair de
reconnaissance de l'excellence, je dirais, du programme parce que
ça pourrait être dans un programme d'un
établissement. C'est très clair que c'est un stimulant. C'est un
stimulant pour tous d'avoir cette possibilité-là dans le
réseau collégial, un stimulant pour avoir une meilleure
qualité au niveau des programmes d'études. Je vous rappellerais,
Mme la Présidente, que les cégeps voulaient encore beaucoup plus
que ça. La Fédération des cégeps je pense
que le député de Lac-Saint-Jean ne me cite pas la
Fédération des cégeps, aujourd'hui, sur ce
point-là; tantôt, il me l'a citée sur
l'élargissement du mandat voulait émettre ses propres
diplômes.
Alors, le choix qui a été fait, c'est de dire non. Ce sont
toujours des diplômes d'État, sauf qu'on pourrait
déléguer à l'établissement cette
responsabilité-là, suite à une évaluation qui
aurait été faite par la Commission. C'est très clair que
je ne m'attends pas à de telles recommandations à court terme,
Mme la Présidente, mais vous savez que les projets de loi, on fait
ça avec un horizon non seulement à moyen, mais à long
terme. Parfois, ça prend plusieurs années avant de réviser
un projet de loi. Alors, nous laissons entrevoir cette possibilité, que
la Commission puisse le recommander au ministre ou à la ministre.
C'est dans ce sens-là que c'est un choix très voulu, pour
augmenter encore la qualité et la reconnaître de façon
officielle.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: D'abord, je cite la Fédération des
cégeps quand je suis d'accord avec elle!
Mme Robillard: Ah! Ah bon! Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Au moins, c'est d'une
honnêteté.
M. Brassard: Quand je ne suis pas d'accord avec elle, je ne la
cite pas!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Et, quand je suis d'accord avec la CEQ, je la cite.
C'est évident. Les citations... Quand je cite quelqu'un ou un
intervenant, c'est parce que je suis d'accord avec lui.
Mme Robillard: Ah bon! Je prends note.
M. Brassard: Bien, ça m'apparaît évident.
C'est normal, hein? Si, deux pages plus loin, je ne suis pas d'accord, je ne la
citerai pas, c'est sûr.
Là-dessus, je ne suis pas d'accord avec la
Fédération des cégeps. C'est clair, c'est évident,
je ne suis pas d'accord. Puis, je ne suis pas d'accord avec la ministre. Je
voudrais revenir là-dessus.
Ça n'empêche pas d'aucune façon les
établissements collégiaux de développer leur
personnalité propre, autonome, originale. Ils ne sont pas obligés
de décerner le diplôme pour avoir une personnalité.
Dans le réseau secondaire, les écoles secondaires
essaient, s'efforcent d'avoir leur propre personnalité, leur projet
éducatif original, de se démarquer. Le diplôme
d'études secondaires est toujours un diplôme d'État et
demeure un diplôme d'État, puis il est décerné par
tout le monde. Ça n'empêche pas le développement de
personnalités originales pour chacune des écoles secondaires du
réseau. Ça vaut aussi pour le réseau des cégeps. Ce
n'est pas parce qu'un cégep décernera les diplômes qu'il va
avoir une personnalité originale ou une personnalité propre,
d'aucune façon. C'est un peu subtil que de prétendre que
ça demeure un diplôme d'État à partir du moment
où c'est l'établissement qui le décerne. Pour que
ça demeure un véritable diplôme d'État, il faut que
ce soit décerné par l'État, donc par la ministre
responsable de l'enseignement.
L'évaluation qui sera faite par la Commission, le rapport qui
sera rendu public va permettre justement d'identifier des cégeps qui
font preuve d'excellence en matière d'apprentissage ou de gestion des
programmes. Le rapport est public. Il va l'indiquer. Ça va être
clair, ça va être écrit noir sur blanc dans le rapport que
tel cégep, en matière d'évaluation des apprentissages, en
matière d'évaluation des programmes, a bien performé et a
fait preuve d'excellence. Quelle est l'utilité de lui... C'est pour le
gratifier ou quoi, qu'on va lui permettre de décerner ses
diplômes? Une sorte de médaille? La légion d'honneur des
cégeps? Mais on crée en même temps deux classes de
cégeps: ceux qui vont avoir la rosette et les cégeps
prolétaires, les cégeps du tiers État. Ça,
ça va être malsain dans le réseau. Je suis convaincu de
ça que ça va être malsain, une compétition malsaine.
Moi, je suis convaincu qu'on ne doit pas aller jusque-là et que
ça ne doit pas apparaître dans le projet de loi qu'on
étudie. Ça devrait être enlevé. Oui pour
l'évaluation externe. Oui pour des rapports d'évaluation publics.
Oui pour la recherche de l'excellence par les cégeps, à la suite
de cette évaluation. Oui pour l'amélioration des apprentissages
et l'amélioration de la dispensation des
programmes dans les cégeps. Oui. Tout ça, oui, d'accord,
mais il n'y a aucune raison pour aller jusqu'à créer deux classes
de cégeps en permettant à certains de décerner des
diplômes d'études collégiales. Là-dessus, quel que
soit l'avis de la Fédération des cégeps, ça... (17
h 40)
Mme Robillard: Ou de chacun des cégeps qui est venu nous
voir aussi...
M. Brassard: .. Je diverge.
Mme Robillard: ...en commission...
M. Brassard: Je diverge.
Mme Robillard: .. .parlementaire.
M. Brassard: Oui.
Mme Robillard: Non seulement la Fédération des
cégeps, mais tous ceux qui sont venus en commission parlementaire.
M. Brassard: Je suis en désaccord avec tous ceux qui
pensent que c'est comme ça qu'on doit procéder.
Mme Robillard: Alors...
M. Brassard: Ça ne me dérange pas d'être en
désaccord.
Mme Robillard: ...Mme la Présidente, le
député de Lac-Saint-Jean disait oui à beaucoup de choses,
hein! Oui à l'évaluation. Oui à une commission
externe...
M. Brassard: Bien oui!
Mme Robillard: Oui. Je suis certaine qu'il a oublié de
dire: Oui à de plus grandes responsabilités académiques
pour l'institution. Parce que, ça, c'est...
M. Brassard: II ne faut pas prendre la forme obligatoirement
de...
Mme Robillard: ...une des orientations du renouveau
collégial, de donner plus de responsabilités académiques
à l'institution. Si on va jusqu'au bout de ces raisonnements-là,
si on allait jusqu'au maximum des responsabilités académiques
à donner à une institution, ça va jusqu'au diplôme
qu'il doit décerner. Ça, c'est très clair. C'est ça
la responsabilisation académique, l'autonomie. Je soulignerais que, de
fait, les cégeps voulaient aller plus loin, mais que, par rapport au
renouveau collégial qui est sur la table, non seulement les
cégeps étaient d'accord, mais aussi les universités, parce
que ça va de pair avec les responsabilités académiques.
C'est un pas de plus, une reconnaissance supplémentaire.
Pourquoi voir que, nécessairement, ça va entraî- ner
une dynamique malsaine? Je ne comprends pas ce type de raisonnement, Mme la
Présidente. Pourquoi ce ne serait pas à l'inverse, que ça
stimulerait davantage à l'excellence? Pourquoi ce ne serait pas
ça? Pourquoi ce serait malsain? J'ai de la difficulté. Pourquoi
ne pas le voir dans le sens positif, que c'est un stimulant pour avoir une
meilleure qualité à l'intérieur de chacun des
cégeps? C'est ça l'objectif de responsabilisation
académique qu'on poursuit avec l'ensemble de nos collèges du
Québec.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai une demande
d'intervention du député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, Mme la Présidente. Sur ce
sujet, je diffère totalement d'opinion du député de
Lac-Saint-Jean je l'ai bien nommé parce que je trouve que,
si on veut donner l'autonomie aux cégeps... Ils veulent l'avoir, ils
l'auront, d'une part. D'autre part, la Commission qui sera mise de l'avant par
le projet de loi aura à statuer, à déterminer et à
recommander à Mme la ministre d'autoriser une délégation
de pouvoirs pour que les diplômes d'État soient donnés par
les cégeps reconnus et accrédités. Je pense, contrairement
à l'Opposition, que c'est une saine émulation que de permettre
cette chose. Moi, je serai tout à fait d'accord avec la disposition,
après que la Commission aura statué sur la qualité.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, est-ce que
l'article 17 est adopté tel qu'amendé?
M. Brassard: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 18.
C'est pour le dépôt du rapport d'évaluation.
Mme Robillard: Oui, le dépôt du rapport
d'évaluation auprès de l'établissement, d'abord et avant
tout. Ensuite, auprès du ministre concerné, et que la Commission
ait la latitude de rendre public ce rapport de la façon dont elle le
juge approprié.
M. Brassard: Me permettez-vous de citer la
Fédération des cégeps?
des voix: ha, ha, ha! ,
La Présidente (Mme Hovington): Vous êtes
sûrement d'accord. Le bout avec lequel vous êtes d'accord!
M. Brassard: Non, mais c'est une interrogation que... Il se
trouve que c'est une recommandation que la Fédération faisait
à l'effet que un souhait, en tout cas, un voeu le rapport
d'évaluation soit d'abord soumis aux collèges concernés,
qui pourraient y réagir avant que le rapport ne soit transmis au
ministre et rendu public. Alors, ce qu'on voit dans l'article 18, est-ce que
c'est une séquence temporelle? Le rapport
d'évaluation est remis à tout établissement
d'enseignement concerné ainsi qu'au ministre. Donc, c'est, en premier
lieu, l'établissement; en deuxième lieu, le ministre; ensuite, il
est rendu public, ou ça se fait d'un seul coup?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, peut-être
que la Fédération des cégeps n'a pas bien lu l'arti-c|e
16.
M. Brassard: Vous n'êtes pas d'accord avec la
Fédération des cégeps? «Mon Dou»,
étonnant!
Une voix: Ils peuvent errer, des fois.
Mme Robillard: Ha, ha, ha! Oui, il est très clair qu'on
dit que, la Commission, non seulement elle va donner un préavis à
l'établissement, mais elle va lui fournir l'occasion de présenter
ses observations. Comme l'a très bien expliqué, tantôt, le
sous-ministre, c'est dans le processus même de l'évaluation qu'il
y a nécessairement un chassé-croisé, avons-nous dit, un
va-et-vient, des observations qui sont faites par la Commission, des
réactions du collège. C'est un processus dynamique, de sorte que,
quand le rapport de la Commission est à la veille d'être
publié, je dirais, ou d'être présenté, ce n'est
nullement une surprise pour l'établissement qui a participé tout
au long du processus. C'est dans ce contexte-là que l'article 18 est
rédigé concomitant avec l'article 16.
M. Brassard: II serait normal et légitime que, même
si c'est précédé d'un processus d'échanges,
d'interaction entre l'établissement et la Commission là,
il s'agit du rapport d'évaluation final il serait légitime
et normal que ce rapport puisse être d'abord remis à
l'établissement, pour que l'établissement puisse en prendre
connaissance et être en mesure de réagir de façon
articulée, étoffée, au moment où la Commission
décidera de le rendre public.
Mme Robillard: Mais, Mme la Présidente, je ne vois pas de
difficultés. Regardons la pratique actuelle, par exemple, du Conseil des
universités. Il a à se prononcer sur l'opportunité des
programmes, des nouveaux programmes donnés par les universités.
Alors, le Conseil des universités donne son avis à la ministre en
même temps qu'elle le fait connaître à
l'établissement. De part et d'autre, à ce moment-là, il y
a une étude approfondie de cet avis-là, et l'université a
amplement le temps de réagir parfois, directement à la
ministre sur le contenu de l'avis du Conseil des universités.
Ça s'est produit, je dois vous dire, concrètement, dans deux cas
dernièrement, dont celui du dossier du programme de génie
unifié à Rimouski, où le Conseil des universités,
dans son avis, recommandait qu'on donne ce programme-là de façon
progressive, de façon tellement progressive qu'on le donne strictement
sur deux ans, dans un premier temps, et que, par la suite, on verrait si on
ajouterait les deux autres années. C'était l'avis du Conseil des
universités. L'université en question, l'Université de
Rimouski, a étudié cet avis-là, a développé
tout un argumentaire, qu'ils m'ont présenté, et c'est à la
suite de ça que j'ai pris une décision.
Pourtant, c'est un article semblable qui fait que le rapport
d'évaluation est transmis à l'établissement.
Sûrement que l'établissement va l'étudier dans le
détail et va réagir. Ils vont peut-être décider de
réagir publiquement ou de réagir directement à la
ministre, ce sera leur choix aussi.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 18 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 19.
(Consultation)
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a des
questions? (17 h 50)
M. Brassard: II y a eu quelque inquiétude qui a
été exprimée concernant la confidentialité des
renseignements. Il y a eu des intervenants qui s'inquiétaient, les
jeunes en particulier, les fédérations étudiantes
collégiales, qui, évidemment, voulaient qu'on s'assure que les
renseignements obtenus, que la confidentialité des renseignements
obtenus soit pleinement respectée. Quand on dit «exiger tout
renseignement ou tout document pertinent», ça veut dire aussi,
j'imagine, des renseignements nominatifs? Est-ce que ça peut aller
jusque-là?
M. Dupont: De fait...
M. Brassard: À ce moment-là, c'est la loi
d'accès à l'information qui s'applique...
M. Dupont: C'est ça.
M. Brassard: ...et le chapitre portant sur la
confidentialité des renseignements?
M. Dupont: Oui, mais l'article 67 permet à un organisme
public de transmettre des renseignements nominatifs à un autre organisme
public, quand c'est nécessaire à l'application d'une disposition
de la loi. Vous avez ici une disposition de la loi qui confie une mission
à la Commission, donc lui donne le droit de recevoir les renseignements
nominatifs. Maintenant, possédant ces renseignements nominatifs, la
Commission est assujettie à la confidentialité.
M. Brassard: II n'est pas nécessaire dans un projet de loi
de référer, de faire une référence à la loi
d'accès à l'information?
M. Dupont: II est nécessaire seulement si on veut y
déroger. Là, on est dans le cadre de l'application de la loi.
M. Brassard: La loi s'applique.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 19 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 20.
Est-ce qu'il y a des explications sur l'article 20 qui sont
nécessaires?
M. Brassard: Ce qui signifie que les visiteurs de la Commission
vont avoir des certificats attestant de leur rôle. Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 20 est
adopté.
J'appelle l'article 21.
M. Brassard: Ça aussi, je pense que c'est une disposition
coutumière, usuelle.
La Présidente (Mme Hovington): Oui. Alors,
adopté.
Rapport annuel
Nous sommes donc au chapitre III, sur le rapport annuel. J'appelle
l'article 22 pour lequel nous avons un amendement. L'amendement se lit comme
suit:
Dans la première ligne de l'article 22, remplacer «1er
décembre» par «15 novembre».
Mme Robillard: Alors, si vous permettez...
La Présidente (Mme Hovington): Oui, Mme la ministre.
M. Brassard: Le 15 novembre?
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
Mme Robillard: Si vous permettez, Mme la Présidente, c'est
qu'on demande à la Commission de produire un rapport de ses
activités pour l'année scolaire qui se termine le 30 juin. Ce
qu'on avait spécifié ici, c'est que la Commission doit, au plus
tard, le déposer auprès de la ministre, le 1er décembre.
Ça veut dire que le 1er décembre... Prenons l'hypothèse
où nous sommes en session jusqu'au 18 décembre, par exemple. Le
délai m'apparaît très court pour être capable de le
déposer avant la fin de la session de l'automne. Ce serait mon intention
d'être capable de le déposer avant la fin de la session de
l'automne. Alors, je me dis, comme la Com- mission doit faire un rapport sur
ses activités qui se terminent le 30 juin, il me semble que c'est
suffisamment long, du 30 juin jusqu'au 15 novembre, pour qu'ils puissent me
déposer le rapport, ce qui me permettrait, comme ministre, de le
déposer à l'Assemblée nationale avant la fin de la
session. Dans ce contexte-là, il me semble plus réaliste de
devancer au 15 novembre la date.
M. Brassard: Mme la Présidente, je suis tout à fait
fasciné par la volonté manifestée par la ministre d'en
aviser et de déposer devant l'Assemblée nationale le rapport de
la Commission. Son amendement nous agrée, sans réserve.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'amendement est
adopté.
Est-ce que l'article 22, tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 23, qui
est de concordance, qui fait suite à l'article 22.
M. Brassard: Probablement que les sorties de mon collègue
de Joliette y sont peut-être pour quelque chose.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 23 est
adopté. Nous en sommes au chapitre IV...
M. Brassard: Mme la Présidente, comme il reste cinq
minutes et qu'il y a quand même des dispositions qui impliquent toutes
sortes d'autres projets de loi, qui demanderaient peut-être... Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu d'ajourner à demain?
La Présidente (Mme Hovington): D'ajourner jusqu'à
demain?
Mme Robillard: Oui, oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai l'accord des deux
côtés?
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. ,
La Présidente (Mme Hovington): Alors, la commission de
l'éducation ajourne ses travaux jusqu'à .demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 56)