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(Onze heures trente-huit minutes)
La Présidente (Mme Hovington): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous avons quorum. Je déclare donc la séance ouverte et je
rappelle le mandat de la commission pour cette séance, qui est de
procéder à des auditions publiques sur l'enseignement
collégial québécois.
Est-ce que nous avons des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, madame. M. Parent (Sauvé) est
remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
La Présidente (Mme Hovington): Merci beaucoup. Alors,
l'ordre du jour de ce que la commission fera aujourd'hui: d'abord, il y aura
dépôt par la présidente des mémoires reçus,
les remarques finales du porte-parole de l'Opposition officielle et les
remarques finales de la ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science, pour ensuite ajourner nos travaux.
Dépôt des mémoires
reçus
Alors, pour le dépôt des mémoires, au cours de cette
consultation, le secrétariat a reçu 222 mémoires, dont 173
dans le délai requis. La commission a consacré 15 séances
à des auditions publiques totalisant plus de 100 heures. Selon la
pratique établie, tous les mémoires deviennent des documents
publics au moment de leur présentation. Pour les autres, soit ceux que
la commission n'a pu inscrire à son horaire ou qui ne désiraient
pas être entendus, je les dépose officiellement aujourd'hui afin
qu'ils deviennent accessibles au public. Je dépose également deux
lettres d'opinion reçues par la commission. Tous ces documents ont
déjà été transmis à tous les membres de la
commission et à leurs conseillers.
Enfin, je veux remercier toutes les personnes qui ont pris la peine
d'adresser un mémoire à la commission de l'éducation. Le
nombre de mémoires est indicatif de l'importance du sujet. Il est tout
aussi indicatif que la démocratie se porte bien chez nous et que les
citoyens et citoyennes n'hésitent pas à s'adresser à leur
élus. Je tiens à assurer tous ceux et celles qui nous ont
adressé un mémoire et qui n'ont pas été
convoqués en audition que tous les mémoires, du plus modeste au
plus volumineux, ont été examinés et analysés avec
la même attention. Toutes les opinions ont été prises en
compte. Ce n'est pas en vain que vous avez participé à cette
consultation de très grande importance.
Avant de céder la parole au porte-parole de l'Opposition
officielle en matière d'enseignement supérieur pour ses remarques
finales, vous avez remarqué que j'ai deux roses ici, à ma gauche.
Permettez-moi de vous lire quand même la petite carte qui accompagnait
ces deux roses. Alors, c'est inscrit: «Merci pour votre confiance, votre
attention et votre doigté. À vous, Mme la Présidente,
Joyeux Noël et Bonne année de toute l'équipe du
Secrétariat de la commission.» Alors, merci beaucoup, M. le
secrétaire. Merci beaucoup. C'est très
apprécié.
M. Tremblay (Rimouski): Vous allez avoir une promotion, madame!
(11 h 40)
La Présidente (Mme Hovington): Ha, ha, ha! Alors, je
reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Remarques finales M. François Gendron
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente. Assez rapidement, je
tenais, comme porte-parole de l'Opposition officielle, compte tenu de
l'importance et des enjeux de cette commission, à ce que nous ayons
l'occasion de conclure sur un certain nombre de consensus qui, selon notre
vision des choses, nous permettent de convenir qu'il y aurait lieu d'être
très exigeants en termes de suites à être
données.
Deuxième remarque. Je pourrais citer un bulletin de la CEQ qui
disait ceci: Un des premiers faits, disaient-ils, concernant la
présentation des mémoires, qui méritait d'être
relevé, selon eux, c'est la faiblesse incompréhensible de la
représentation des femmes des délégations. Allez
comprendre pourquoi! Le deuxième fait qu'ils voulaient souligner, c'est
la civilité des rapports entre les parlementaires ministériels et
ceux de l'Opposition. Ces gens-là disaient: En fait, depuis le
début des travaux de cette commission, on ne relève que peu
d'interventions plus ou moins démagogiques. On ne relève pas non
plus de ces invectives et interruptions grotesques qui viennent trop souvent
pervertir les débats parlementaires. Et ils concluaient comme ceci: Cela
dit, l'importance des enjeux de cette commission explique peut-être une
qualité de discours et d'attitudes que l'on souhaiterait plus constante
et qui sert, bien sûr, nos intérêts collectifs en
générant un climat propice aux débats. Et on faisait bien
sûr référence, dans ce bulletin de la CEQ, aux travaux de
cette commission.
Mme la Présidente, puisque le temps nous
presse, je veux dégager quelques consensus. Un des premiers,
c'est qu'à peu près tous les intervenants sont venus nous dire
qu'ils voulaient rechoisir l'ordre collégial et maintenir cette
difficile cohabitation de l'enseignement préuni-versltaire et de la
formation technique. Mais tous ces gens-là nous ont dit: Si on rechoisit
le cégep, ce n'est pas pour qu'il reste comme il est. Donc, ils nous ont
indiqué qu'ils seraient très exigeants quant aux décisions
qui se doivent d'être prises.
Le premier consensus fort, celui qui se dégage, d'après
moi, de la façon la plus forte, c'est qu'on doit donner un corpus
culturel commun à tous les étudiants, qu'ils soient en formation
technique ou en préuniversitaire. Tous conviennent de l'urgente
nécessité d'améliorer et de renforcir la formation
générale commune. Seule la façon de faire varie. Deux
variables se dégagent: l'une indique une retouche mineure par le biais
du tronc commun des cours obligatoires existants, l'autre par le biais d'une
offre de cours complémentaires écrémés et plus
adaptés à la réalité de 1992.
Un consensus tout aussi fort s'est également dégagé
sur l'urgente nécessité de tout mettre en oeuvre pour une
meilleure maîtrise du français et de prendre tous les moyens qui
s'imposent afin que les habiletés langagières soient
concrètement une réalité acquise dans les prochaines
années. Pour ce qui est des cours d'éducation physique, dans leur
facture actuelle, la plupart ont convenu qu'ils devaient être revus,
peut-être réduits, mais tous, d'après moi, maintiennent la
nécessité de faire obligation d'en conserver dans le tronc commun
et d'orienter davantage sur la santé et l'hygiène de vie et
beaucoup moins sur la pratique sportive.
On reconnaît également majoritairement la valeur des cours
de philosophie, mais à peu près tout le monde a convenu qu'il y
avait lieu de resserrer et surtout de redéfinir une nécessaire
révision des objectifs pédagogiques poursuivis. Quant à la
formation technique, le message est clair: il faut la revaloriser; c'est
important; ça urge. Et il faut favoriser par toutes sortes de moyens -
du recrutement, des campagnes, peu importe - qu'il y ait plus de jeunes qui la
choisissent.
Consensus large également sur le fait de donner plus d'importance
et de place à l'apprentissage pratique en intégrant des stages
dans la plupart des programmes techniques et en implantant, là où
c'est possible, l'alternance études-travail ou l'enseignement
coopératif. Urgente nécessité de revoir les
procédures d'élaboration et de révision des programmes
afin de procéder dans le futur beaucoup plus rapidement lorsqu'il y aura
nécessité de corriger et de réviser. Probable
nécessité de rationaliser cet éventail de programmes trop
large, en particulier en milieu urbain, et s'assurer toutefois qu'on conserve
un minimum de cours en professionnel ou en ensei- gnement technique dans les
régions du Québec.
Pour ce qui est de la formation préuniversitaire,
nécessité d'une plus grande uniformisation au niveau des contenus
de programmes d'un cégep à l'autre et d'une équivalence
entre les différents programmes préuniversitaires. Les objectifs
de formation des programmes devront être précisés afin
d'atteindre les standards de qualité requis et plus uniformes.
Rapidement, l'approche programme. La très grande majorité
des organismes s'est prononcée en faveur de l'approche dite programme,
mais si on veut s'assurer qu'elle puisse réussir - et je pense qu'on
doit avoir cet objectif en tête - il faut être sûr et certain
que les équipes professorales soient dans le coup des modifications
à y être apportées.
Au sujet de l'harmonisation des ordres d'enseignement, la presque
totalité des organismes nous ont signalé l'urgence d'harmoniser
l'ordre d'enseignement secondaire à celui du collégial et ce
dernier à l'ordre universitaire. Et là on a fait état d'un
certain nombre de lacunes. Rapidement, je pense qu'il ne faut pas verser dans
les détails, mais à peu près tous ont convenu que, si on
veut maximiser la réussite scolaire, il va falloir s'assurer que
l'entrée aux études collégiales, pour les jeunes qui la
choisissent, soit plus exigeante en termes d'unités réussies. Je
ne veux pas tomber dans la mécanique - on l'a fait lors des
débats - mais tout le monde a convenu qu'il va falloir indiquer aux
jeunes qui choisissent de poursuivre - et nous le souhaitons pour le plus grand
nombre possible - ou d'entreprendre des études collégiales, que
la société québécoise souhaite que ce soit
sérieux.
Au niveau de la réussite scolaire, les élèves qui
arrivent au collégial sont mal préparés; certains sont
beaucoup trop jeunes pour faire des choix de programme définitifs ou ont
de la difficulté à s'adapter au contexte moins encadrant des
études collégiales. Donc, il faut mettre beaucoup l'accent sur
des services personnels à l'élève, qui seraient moins
déficients et qui seraient plus personnalisés. Entre autres, il
faut améliorer les cours d'éducation de choix de carrière
au secondaire et multiplier les services d'information et d'orientation. Il
faut également un soutien personnalisé à
l'élève en première année collégiale par la
mise en place, surtout, de responsabilités et de mesures d'encadrement
dont la plupart des cégeps ont convenu qu'il s'agissait d'une des
responsabilités qui leur étaient propres.
Un volet qu'il faut toucher absolument: l'éducation des adultes.
Je pense que cette commission nous aura permis de constater que c'est un
secteur qui est en déficience grave, qui est en carence majeure. Et,
compte tenu des tendances, compte tenu du genre de société dans
laquelle on évolue, qui va exiger énormément de
modifications puis de changements, d'adaptations pour toutes sortes de raisons
économiques et
autres, il faut que, dans les décisions qui seront retenues par
la ministre, l'éducation des adultes puisse occuper une place plus
significative. À peu près tous les intervenants se sont
penchés sur cet important secteur de l'éducation. Ils proposent
concrètement d'améliorer les conditions d'accès. Il faut
que ça devienne des conditions d'accès réelles: assouplir
et adapter l'organisation scolaire; améliorer le financement de ce
secteur, qui est largement déficient; clarifier les rôles entre le
ministère de l'Éducation, le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science et le MMSR. Trop de conflits inutiles
bouffent et gaspillent littéralement les sommes d'argent publiques qui
sont déjà minimalement comptées et qui ne correspondent
pas du tout à la demande. (11 h 50)
Évaluation. Il n'y a pas beaucoup de gens qui n'ont pas convenu
de la nécessité, de l'urgence que soient évalués
les institutions, les programmes, les enseignements et les apprentissages. Les
moyens à mettre en oeuvre pour faire cette nécessaire
évaluation diffèrent. Il a été question pour
plusieurs groupes de la création d'un organisme externe
d'accréditation et d'évaluation. Mais il faut relier cette
question-là avec toute cette demande normale, nécessaire d'une
plus grande autonomie des collèges. Moi, je dis, Mme la ministre, par
l'intermédiaire de la présidente, oui à une plus grande
autonomie des collèges. C'est nécessaire, c'est requis. Il faut
plus de contrôle a posteriori et moins a priori. Il faut arrêter
d'être tatillon et d'être dans tout. Mais une plus grande autonomie
exige, par définition, parce que ça s'appelle la contrepartie ou
le contrepoids... Ça implique nécessairement une
évaluation externe. On n'y échappe pas. Plus les cégeps
seront autonomes, plus ils réclameront d'autonomie, avec raison, pour
s'acquitter de la mission éducative, plus il sera normal, si on vise des
standards élevés, que nous puissions avoir des mécanismes
serrés d'évaluation externe pour savoir ce qui se passe dans les
collèges au Québec. On ne peut pas, comme société,
y inclure comme dépense publique 1 300 000 000 $ et continuer à
dire: On ne sait pas trop la qualité et la valeur des diplômes, on
ne vérifie pas les apprentissages, on leur fait confiance, ils sont
autonomes. Les cégeps veulent être autonomes, mais ils veulent que
les standards soient mesurés.
Pour ce qui est de la gratuité et du financement, c'est un point
majeur mais, ça ne fait aucun doute, il n'y a personne qui a remis en
question la question de la gratuité des études
collégiales. Tous conviennent qu'on a encore trop de retard, on a encore
trop de gars et de filles qui ne choisissent pas les études
collégiales pour des problèmes d'éclatement de
société, de pauvreté qui grandit, peu importent les
motifs. Il faut laisser les jeunes du collège bénéficier
de la gratuité aux études collégiales. Je ne parle pas du
système d'aide financière, puis ainsi de suite. Et il n'y en a
pas beaucoup non plus qui sont tombés dans l'ouverture
suggérée par le Conseil des collèges, que certains
retardataires mériteraient d'être pénalisés. Je
pense qu'il faut dire clairement à la ministre que ce n'est pas la voie
logique, parce que tous les gens ont indiqué que, les retardataires, ils
ont des raisons: ils sont mal orientés, ils manquent de suivi, ils n'ont
pas assez de mesures d'encadrement, ils sont jeunes, ils veulent vivre un
certain nombre d'expériences, et c'est normal. On ne peut pas demander
à des jeunes de 16, 17 ans d'en avoir 18 ou 19 et de prendre des choix
définitifs. Et, dans ce sens-là, il faut corriger, je pense, les
impairs que nous avons tous commis avant d'exiger des jeunes un plus grand
effort.
Un dernier point, avant de conclure. Dans trois phrases, le rôle
du personnel professoral. C'est bien sûr que toute la question de
l'implication de l'élève, mais également celle de
l'équipe professorale est au coeur de ces débats, et il va
falloir trouver des formules pour s'assurer que, dans les choix qui seront
retenus par la ministre, les personnels au complet, mais en particulier le
personnel enseignant, donc l'équipe professorale, soient dans le coup.
Ils veulent être dans le coup, ils veulent être partenaires de la
réforme, et il faut prendre les moyens pour s'assurer qu'ils le
soient.
En conclusion, il faut relever le défi de former des têtes
bien faites plutôt que des têtes bien pleines, et c'est exigeant.
Comme le disait Jean-Christophe Clément, «Le système
d'éducation collégiale du Québec doit d'abord former de
bons citoyens, les plus complets, les plus aptes à déterminer
eux-mêmes les forces et les faiblesses de leur formation et à
prendre les dispositions requises pour les réduire, faute de pouvoir les
éliminer complètement.»
Les attentes sont grandes, Mme la ministre. À peu près
tous ont rechoisi les nouveaux cégeps. Pour ce faire, il faudra agir
bien, vite et rapidement et avoir le courage de bouger, de décider. Le
momentum créé par cette commission vous permet et vous oblige
à la fois à être exigeante, courageuse et à
procéder dans le sens des consensus, rapidement. Il faudra avoir un peu
plus de courage qu'au début de cette commission et, comme gouvernement,
il va falloir choisir, il va falloir retenir des choses. J'espère que
vous le ferez. J'en ai la conviction, car les attentes, avec raison, sont
grandes, et il nous faut donner suite à ces attentes. Merci. la
présidente (mme hovington): merci, m. le député
d'abitibi-ouest. est-ce qu'il y a un représentant d'un autre groupe
parlementaire qui voudrait se faire entendre? m. le député de
jacques-cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, Mme ia Présidente. There is a great
deal just said by the Deputy for
Abitibi-Ouest that I agree with. So, I will not try to repeat it all
and, instead, concentrate on things where we are perhaps a little
different.
I will begin by saying that, when we talk about consensus on the
cégeps, it is easy to forget that we can see almost the same groups or
the same individuals coming back again and again and again to present their
particular point of view. That does not necessarily mean that there is that
large an agreement in Québec society as a whole, for instance, as to
just what the cégeps should do. We heard from the
Fédération, we heard from the unions, we heard from the
departments, we heard from particular colleges, then we heard from particular
groups of teachers, then we heard from particular groups of administrators.
That is to say we heard from a very large number of people inside the
cégep system, all of whom have genuine and, in many cases, valuable
insights on the cégep system, but all of whom are also, to some extent,
attempting to defend their jobs and they are a bit nervous, in many cases, as
just what is going to happen to their jobs if, let us say, the main changes
that take place are the ones that go from, let us say, the Superior Council on
Education recommendations.
I would suggest that there are two or three points the Minister might
keep in mind on cégep education. The first, which did not seem to me to
be brought forward by any of the briefs, is that cégep education was
shaped to no small extent, not just by imperatives in the province of
Québec, but by certain general ideas about education that were having
broad force in the later 1960's throughout the North American continent, that
some of these ideas worked and some did not. If we say which ones worked, we
could say there was a belief in increasing democracy, increasing accessibility
throughout the society to provide opportunities for people who never before had
a chance to go to college to do so. That, on the whole, has been a success in
Québec.
On the other hand, there was an attempt to provide a variety of
perspectives in fields like philosophy and humanities, on the anglophone side
for instance, that has only been partially successful, as I think even
representatives of those disciplines would agree: there is a certain chaos, not
especially in Québec cégep education but in all North American
secondary education today that comes out of the ideas of the 1960's and there
is a possibility that if nothing is done about this chaos that this entire
place will wind up being owned by Japan.
We have to remember about educational institutions since they have a
requirement certainly to build good citizens, certainly to provide
opportunities for people who did not have those opportunities before, but also
to produce citizens who, in the economy of the future, can do just as well as
citizens in other places in the world. We are not so sure about that in terms
of things like language teaching, mathematics teaching, and so on. If something
has to be done about that, I think the briefs that deserve special attention
are ones like those from McGill University where there is not an internal
concern or an internai interest from the cégep. I think that when we
talk about evaluation we should be talking about academical evaluation and
mainly of the students. And, if the academic evaluation of the students is
good, then that is enough to show that the teachers are doing a good job.
If we talk about external evaluation in some broad or general sense, the
trouble is that you can have an evaluation of evaluation systems. You could
wind up with an infinite regress. You could not say how is a cégep doing
a good job. Some of the largest ones could claim: Because we do not do well in
traditional educational things, we cannot be judged for this because we are
doing something else well. That may very well be true, but there is no way of
measuring the performance of one college against another that way, or against
other educational systems. What are needed essentially are evaluations of
academic performance. That is much more important than attacking the common
group of courses that make up the cégep program. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Je reconnaîtrai maintenant Mme
la ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science. (12 heures)
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Mme la Présidente, nous terminons
aujourd'hui six semaines de travaux intensifs de cette commission sur l'avenir
de l'enseignement collégial québécois. Mes premiers mots
de conclusion seront pour remercier les membres de la commission: Mme la
Présidente et députée de Matane, mon adjoint parlementaire
et député de Sherbrooke et mes collègues de la formation
gouvernementale, d'abord, pour leur préparation studieuse et leur
participation active et assidue à l'ensemble de l'opération; le
porte-parole officiel et les membres de l'Opposition aussi pour leur
volonté manifeste de dépasser les intérêts partisans
et pour leur contribution à la discussion des questions de fond
débattues ici depuis le 4 novembre. Merci également à M.
Christian Comeau et à l'équipe du Secrétariat de la
commission; à la Direction du Journal des débats et
à la Direction de la radiotélévision des débats
pour leur disponibilité et leur soutien compétent. Merci à
mon équipe sous-ministérielle et à mon équipe
politique pour leur support constant de tous les jours.
Un très grand merci surtout à toutes celles et à
tous ceux - et ils sont très nombreux - qui ont déposé des
mémoires et qui ont accepté l'invitation de la commission
à venir présenter ici leur point de vue et à en discuter
avec nous franchement, simplement et intelligemment. Un merci spécial
aux groupes de jeunes étudiantes et étudiants et
diplômés des collèges qui nous ont opportunément et
constamment rappelé la raison d'être même de nos travaux et
de tout ce qui se fait en enseignement collégial. Merci aux directions
et aux personnels des collèges, enfin, qui ont conduit des
démarches majeures de réflexion, de remise en question, de
prospective et d'engagement.
C'est un peu le Québec profond, si vous me permettez
l'expression, qui s'est exprimé au cours de nos séances: les
collèges et leurs gestionnaires, les étudiantes et les
étudiants, les enseignantes et les enseignants, le monde de
l'éducation et ses multiples composantes, bien sûr, mais aussi le
monde de l'entreprise, les regroupements syndicaux et professionnels, le monde
municipal, les groupes communautaires et socio-économiques; des
diplômés, des parents, des citoyennes et des citoyens, des
experts. Ce vaste rassemblement est à lui seul déjà
très impressionnant et témoigne de ce que l'enseignement
collégial québécois fait vraiment partie du tissu social,
culturel et économique du Québec. Il témoigne
également de l'intérêt suscité par l'objet de cette
commission, d'une conscience partagée de l'importance des
collèges pour l'avenir de notre société et d'attentes
considérables aussi, à la mesure de l'estime qu'on porte à
l'institution.
Mme la Présidente, mes remarques finales consisteront
essentiellement à vous faire part des grands messages qu'il m'a
été donné d'entendre ici et qui alimenteront la mise au
point des orientations et des décisions que je compte proposer sous peu
au gouvernement puis à la population québécoise. Je parle
de messages, car c'est bien de cela qu'il s'agit; des messages clairs, du
reste, car, en dépit d'inévitables nuances et de quelques
divergences dans les accents et dans les angles d'analyse, cette commission a
été tout le contraire d'une tour de Babel. Des lignes de force,
des tendances lourdes remarquablement convergentes s'en dégagent, telles
des vagues de fond nettement orientées. C'est honorer la
vérité et faire preuve d'écoute que d'en prendre
formellement acte au terme de nos travaux.
J'ai regroupé, Mme la Présidente, autour de 12
thèmes l'ensemble des messages et des attentes dont il me semble devoir
accuser réception aujourd'hui. Permettez-moi de vous en faire part de
manière très succincte.
Je prends d'abord acte qu'on nous a dit très massivement et
fermement de refaire le choix de l'enseignement collégial
québécois, à la fois comme ordre spécifique
d'enseignement et comme lieu où cohabitent formation
préuniversitaire et formation technique. On nous a rappelé de
tous côtés ce que nous lui devons en matière d'accès
aux études supérieures, de démocratisation de
l'éducation, de hausse générale de la scolarisation et du
niveau de qualification, de développement des communautés locales
et régionales, de mobilité entre les différents secteurs
de formation. On nous a redit le caractère toujours pertinent et
impératif, voire urgent des grands objectifs qui, dans la foulée
de la Révolution tranquille, ont présidé à sa
création. À maintes reprises, on nous a aussi mis en garde contre
tout projet qui ne ferait que détourner nos ressources et nos
énergies de l'essentiel pour les engouffrer dans de ruineuses
réformes de structure et de contenant. Nous avons mieux et plus
important à faire.
En même temps que ce message d'appui et d'attachement, et comme en
un tout indissociable, c'est un appel à un profond renouveau que nous
avons entendu ici: oui aux collèges québécois, mais
nécessité de corriger certaines lacunes Importantes dans
l'orientation des élèves, dans le niveau des exigences
pratiqué, dans les taux de persévérance et de diplomation;
nécessité aussi d'engager une véritable réforme
axée sur la qualité et la pertinence de la formation, sur la
réussite scolaire et sur la fiabilité des diplômes
décernés.
Les autres thèmes que je vais maintenant énumérer
définissent les principales pièces de ce renouveau attendu.
Caractéristique essentielle de l'enseignement collégial
québécois, la formation générale commune à
tous les programmes préuniversitaires et techniques doit être
aussi choisie à nouveau. Fonds culturel commun, plus nécessaire
que jamais, quelles que soient les études, l'activité
professionnelle ou l'insertion sociale ultérieure, la formation
générale doit être offerte à tous, et il y aurait
même lieu d'en intégrer des éléments dans certains
programmes de formation où il n'y en a pas. Tel est le deuxième
message entendu au cours de ces semaines d'audition. Cette formation
générale, on doit l'élargir et l'ouvrir à de
nouvelles dimensions, mieux l'intégrer dans les programmes, l'y adapter
et y assurer un meilleur équilibre culturel. Concrètement, on
nous a généralement suggéré de joindre les cours
obligatoires et ies cours complémentaires dans un seul bloc
intégré, axé sur des objectifs de formation clairs
plutôt que sur le seul découpage des disciplines. La langue
maternelle y est nettement identifiée comme la priorité des
priorités. On réclame aussi très souvent une formation en
langue seconde et en d'autres langues. On parle également de
mathématiques, d'histoire, de connaissance du monde contemporain, de
langage informatique, de culture artistique, de culture technologique et, selon
les programmes, de formation en sciences de la nature ou en sciences
humaines.
Les objectifs poursuivis par l'enseignement de la philosophie paraissent
toujours pertinents, notamment quant à leur potentiel de formation de la
pensée logique et éthique. Mais on s'interroge fortement à
la fois sur l'enseignement effectivement dispensé et sur
l'opportunité de maintenir le nombre actuel de cours obligatoires dans
cette discipline. Même type d'interrogation à propos de
l'éducation physique. Si les dimensions santé et éducation
à l'hygiène de vie paraissent toujours valables et pertinentes,
on est loin d'être aussi unanimement convaincu de l'opportunité de
conserver le nombre actuel de cours obligatoires et leur statut d'enseignement
crédité. Les arguments des uns et des autres ayant
été entendus, j'aurai à conclure en temps opportun.
Troisième message entendu: il faut rénover en profondeur
la formation préuniversitaire dont on a souvent dit qu'elle comporte le
meilleur et le pire et, de ce fait, exige un net redressement.
Universités en tête, on nous a dit qu'on doit y établir de
vrais programmes avec des objectifs clairs, des moyens cohérents, des
standards bien définis et exigeants, qu'on doit y poursuivre la
maîtrise des grands langages de base et, à cette fin, l'axer
résolument sur une formation culturelle large, polyvalente,
équilibrée, sans prétention prématurée
à la spécialisation et plus nettement conçue comme la
première étape d'un itinéraire de cinq ans qui conduit aux
premiers grades universitaires. On doit y accroître les exigences, nous
a-t-on redit, et rendre comparables le poids et la valeur accordés aux
divers programmes d'études préuniversitaires. Les recommandations
concrètes n'ont pas été très abondantes en ces
matières, mais les attentes pour plus de cohérence, plus de
rigueur et plus d'exigences se sont exprimées avec clarté. (12 h
10)
Quatrième message: il faut valoriser, développer et
adapter la formation technique offerte dans les collèges. On se dit
généralement satisfait des compétences dont font preuve
les diplômés des programmes techniques, mais on déplore que
ces diplômés ne soient pas plus nombreux. Il faut donc
accroître l'accueil en formation technique, en particulier dans les
domaines porteurs d'avenir et, pour cela, promouvoir et valoriser un type de
formation que certaines aspirations individuelles, familiales et sociales ont
encore tendance à reléguer en deuxième choix.
La formation technique et ses débouchés, prometteurs pour
les individus et essentiels pour l'avenir collectif, doivent être mieux
connus. On nous a dit de mieux y intégrer et adapter les objectifs et
les moyens de formation générale, de moduler plus
fonctionnellement l'accès aux diplômes, d'accroître les
possibilités de stages en entreprise et de formation en alternance,
l'intérêt et la volonté de collaboration des entreprises
s'étant aussi exprimés à cet égard.
Accélérer les processus de révision des programmes,
renforcer le partenariat avec les entreprises, rationaliser la
répartition des programmes, renforcer l'action des centres
spécialisés, voire en accroître le nombre, voilà
autant de facettes d'une même action de consolidation et de
développement attendue et souhaitée avec une très nette
convergence.
On nous a aussi beaucoup parlé de la nécessité de
revoir le partage des responsabilités académiques entre le
ministère et les collèges. J'en retiens un cinquième
message, d'autant plus important qu'il est venu de plusieurs sources, notamment
et avec beaucoup de vigueur de la part des universités, qui se disent
prêtes à travailler de concert avec des collèges
académi-quement plus autonomes. L'État est invité à
préciser son rôle en matière de programmes d'études
et à le situer plus nettement du côté des grandes
orientations, des objectifs et des standards et à accroître,
dès lors, le champ de décision et d'autonomie des collèges
dans la gestion des programmes, particulièrement en tout ce qui touche
le choix des moyens et l'aménagement institutionnel de l'approche
programme.
Pour asseoir et soutenir ce nouveau partage des responsabilités,
on a souvent suggéré d'instituer une instance de concertation sur
les programmes d'études à laquelle participeraient tous les
partenaires concernés. Certains sont allés jusqu'à
recommander que les collèges décernent eux-mêmes les
diplômes. Les positions sont partagées à cet égard,
mais que l'idée paraisse maintenant crédible indique
déjà une orientation porteuse d'avenir et illustre le poids de
cette requête pour une plus grande responsabilité institutionnelle
que l'on juge souhaitable et compatible avec la nécessaire
cohérence des objectifs de formation poursuivis dans tous et chacun des
collèges du Québec.
Allant de pair avec ces responsabilités institutionnelles
accrues, l'évaluation est au centre d'un sixième message majeur
issu de nos travaux: l'évaluation des apprentissages d'abord, car elle
est à la base même de la fiabilité des diplômes. On a
réclamé des politiques institutionnelles claires et clairement
appliquées, bien sûr, mais on a aussi souvent parlé de
l'opportunité d'instituer une évaluation synthèse au terme
de chacun des programmes, certains évoquant même l'instauration
d'examens communs, susceptibles d'attester la réussite d'apprentissages
comparables. Les politiques et les pratiques d'évaluation des
collèges dans les différents domaines d'action institutionnelle
également: évaluation institutionnelle des programmes
d'études, des enseignements, du rendement des personnels, de la gestion
de l'établissement. On a surtout recommandé la création
d'un organisme externe d'évaluation fort, indépendant,
crédible, chargé d'évaluer les pratiques institutionnelles
et le rendement de l'ensemble du système, principalement en
matière proprement académique. Les
perspectives de l'accréditation ont même été
évoquées pour décrire les tâches de ce nouvel
organisme. Dans le triangle ministère - collèges - Conseil des
collèges, qui caractérise le dispositif actuel
d'évaluation, le renforcement des responsabilités des
collèges s'accompagnerait donc d'un renforcement correspondant du
rôle d'évaluation actuellement joué par le Conseil des
collèges. Le thème de l'évaluation figure sans doute parmi
les messages les plus fortement exprimés auprès de la commission
parlementaire.
Un septième message doit être enregistré, qui s'est
exprimé ici avec une insistance croissante au cours de nos travaux. Il
s'agit de la nécessité de renforcer les fonctions d'orientation
et d'encadrement des élèves. Plus ils étaient près
des élèves eux-mêmes, plus les intervenants ont
été nombreux à souligner que les jeunes arrivent au
collège indécis et souvent perplexes quant à leur
orientation scolaire et professionnelle. Cela, on l'a dit et redit, ne
compterait pas pour peu dans la difficile marche vers la maturité, dans
la persévérance aux études, dans les changements de
programmes, voire dans les tâtonnements et les allongements de parcours.
Il est évident que le secondaire a ici des responsabilités
à mieux assumer en la matière par ses enseignements et ses
services, bien sûr, mais aussi par l'action d'orientation exercée
par le curriculum lui-même et par le jeu des cours à options. Mais
le collégial a des tâches incontournables à accomplir,
notamment quant à l'accueil des élèves, quant à
leur intégration au collège, à leur mise à niveau,
à leur suivi et à leur orientation proprement dite. Certains ont
parlé de propédeutique, mais plus nombreux ont été
ceux qui ont suggéré des pratiques institutionnelles et des modes
d'organisation pédagogique davantage conçus en fonction des
besoins et des orientations des élèves.
Huitième message: on a rappelé avec force que les
pratiques pédagogiques et la fonction d'enseignement sont tout à
fait déterminantes dans le processus d'apprentissage et dans le
cheminement vers la réussite scolaire. De tous côtés, on a
ainsi rappelé le rôle irremplaçable des enseignantes et des
enseignants, irremplaçables aussi dans leur action proprement
pédagogique. Des attentes se sont maintes fois exprimées à
cet égard. D'abord, un réexamen des compétences
pédagogiques exigées à l'embauche, des compétences
à vérifier et à approfondir au cours d'une période
d'insertion professionnelle, que plusieurs souhaitent plus systématique
et mieux accompagnée; ensuite, une amélioration du cadre de
perfectionnement et de ressourcement professionnel, notamment pour
accroître les possibilités de stage en entreprise pour les
maîtres de l'enseignement technique; enfin, des pratiques et des
mécanismes d'évaluation des enseignantes et des enseignants
auxquels les étudiantes et les étudiants sont volontiers
disposés à être associés comme premiers partenaires
dans la recherche de la qualité.
Neuvième message exprimé avec force et constance: il faut
assurer des jonctions plus fonctionnelles entre les ordres d'enseignement.
Entre le secondaire et le collégial d'abord, il est urgent de
préciser le seuil d'admissibilité au collège et, par voie
de conséquence, les seuils de formation définis dans l'obtention
du Diplôme d'études secondaires. On a fait beaucoup état de
la faiblesse du contenu de certains diplômes décernés au
secondaire et des mauvaises surprises qui attendent, dès lors, certains
candidats à l'enseignement collégial. Des clarifications
s'imposent donc en cette matière, en même temps que doivent se
poursuivre les actions entreprises pour élaguer les préalables
imposés pour l'admission à certains programmes de même que
pour assurer la continuité des programmes de base.
On demande aussi avec insistance de rationaliser et d'harmoniser la
carte des enseignements professionnel et technique en s'appli-quant
prioritairement à définir les articulations concrètes
entre les programmes professionnels et techniques et les passerelles qui y
correspondent. Entre le collège et l'université ensuite, les
concertations en cours sur le terrain doivent s'accélérer et
s'intensifier pour assurer un véritable continuum de formation
conduisant, en deux étapes, aux premiers grades universitaires. De la
cohérence accrue des programmes préuniversitaires et des
responsabilités accrues des collèges, on attend une jonction
fondée sur une articulation d'objectifs à objectifs bien
davantage que sur une grille de structure d'accueil consistant en cours
spécifiquement identifiés. (12 h 20)
On a aussi souligné la nécessité de préciser
certaines passerelles dans les programmes de formation technique. Sur le
terrain plus proprement interinstitutionnel, on a fait état de plusieurs
entreprises conjointes de collèges et d'universités, voire de
protocoles de collaboration, notamment en région, et on nous a
souligné l'à-propos de poursuivre dans cette direction. Une
première, même: un collège et une université sont
venus présenter ici un mémoire conjoint.
Un dixième message se dégage avec netteté: dans
l'ensemble complexe des mécanismes prévalant en éducation
des adultes et en formation de la main-d'oeuvre, on réclame des
ministères éducatifs un vrai leadership éducatif,
notamment pour s'assurer qu'on ne confine pas les adultes dans des formations
trop pointues et qu'on tienne compte des besoins toujours urgents de
scolarisation et de formation qualifiante de la main-d'oeuvre
québécoise. Employeurs, intervenants socio-économiques,
centrales syndicales, collèges, organismes spécialisés ont
été unanimes à redire l'importance irremplaçable
d'un bon niveau de formation de base et de la maîtrise des
compétences générales reconnues comme nécessaires
dans tous les types d'activité. Ils ont
aussi de nouveau stigmatisé les lourdeurs administratives et
certaines difficultés de concertation sur le terrain entre les
réseaux de l'éducation et ceux de la main-d'oeuvre. Il faut y
mettre de l'ordre, nous a-t-on répété. On a surtout
réclamé un financement adéquat et dénoncé le
niveau insuffisant de l'actuelle enveloppe fermée de l'enseignement
à temps partiel au collégial, rappelant ses conséquences
sur le volume de l'offre de services de formation et sur l'accès
réel des adultes, que l'on encourage par ailleurs de tous
côtés à se former et à se recycler.
En raison de la portée collective essentielle des objectifs
poursuivis par l'enseignement collégial, celui-ci doit demeurer de la
responsabilité financière première de l'État. Tel
est le onzième message dont nous nous devons de prendre acte, un message
mis de l'avant autant par les milieux de l'entreprise que par les milieux de
l'éducation. Des réserves importantes, très souvent des
oppositions fermes se sont exprimées au sujet de l'instauration
éventuelle de droits de scolarité. À vrai dire, on ne nous
recommande pas de recourir à cette mesure, même les plus
sympathiques à l'idée ne jugeant pas que le moment est
indiqué de donner un message restrictif à une population que l'on
veut attirer aux études collégiales. En revanche, plusieurs sont
à la recherche de moyens efficaces à la fois pour faire savoir
aux usagers ce que coûte la gratuité et pour inciter certains
élèves à accélérer le pas. Conscients aussi
que la capacité collective de payer atteint ses limites, plusieurs ont
parlé d'un engagement plus marqué des entreprises dans l'accueil
des stagiaires, les prêts de services, les prêts et les dons
d'équipements. Les mesures fiscales pourraient ici servir d'incitatif et
de mode efficace de partage des coûts, nous a-t-on souvent
souligné.
Enfin, douzième et dernier message consigné ici: de
nombreux intervenants ont attiré l'attention sur la
nécessité d'adapter le cadre de fonctionnement des
collèges aux impératifs découlant du renouveau attendu de
l'enseignement collégial. Le plus engageant de ces ajustements concerne
manifestement la capacité des collèges d'assurer une prise en
charge institutionnelle accrue en matière de gestion des programmes
d'études et, à cette fin, de pouvoir s'engager dans une approche
programme qui respecte à la fois les besoins d'appartenance
disciplinaire des enseignants et la nécessaire cohérence des
programmes auxquels les élèves, eux, sont inscrits. D'autres
ajustements concernent plutôt certaines dispositions de la loi des
collèges, en particulier en ce qui a trait à l'actualisation de
la mission des collèges et au rééquilibrage de la
composition du conseil d'administration. De tels ajustements sont
évidemment de l'ordre des moyens, mais les intervenants en ont bien
montré l'importance et l'impact sur la vie quotidienne des
établissements et des personnels. Les étudiantes et les
étudiants et les jeunes diplômés des collèges ont
aussi tenu à rappeler l'importance de la participation des
élèves à l'ensemble de la vie des établissements et
de leurs instances.
Tout cela constitue une cueillette considérable, Mme la
Présidente, qui illustre éloquem-ment la richesse et
l'à-propos des points de vue exprimés de même que le sens
de la vision de celles et ceux qui ont bien voulu témoigner
auprès de cette commission. Cela confirme aussi l'efficacité du
mode de consultation choisi et la capacité de cette commission
parlementaire de conduire un débat de fond éclairé et de
haut niveau. Si, au départ, tout était bel et bien sur la table,
si toutes les routes se présentaient à la croisée, on peut
vraiment dire que l'ensemble des messages entendus équivaut à un
important balisage des décisions qui doivent maintenant être
prises.
Je ne tarderai pas, Mme la Présidente, à faire
connaître mes intentions et celles du gouvernement. Je dois cette
diligence à l'importance même de l'enseignement collégial
pour l'avenir de notre société québécoise. Je la
dois aussi à toutes celles et à tous ceux qui se sont
engagés avec moi dans cette démarche sans
précédent, créant ainsi un momentum que je me fais un
devoir et un point d'honneur de porter très bientôt jusqu'à
l'action. Je le dois ultime-ment aux jeunes, notre avenir, qui sont venus nous
dire avec force et clarté qu'ils veulent d'abord et avant tout une
formation de qualité, plus exigeante mais plus crédible, et dans
un environnement plus humain. Avec tous mes remerciements, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci beaucoup, Mme la
ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science. À mon tour, permettez-moi tout simplement de remercier ceux et
celles qui ont comparu devant nous depuis le 4 novembre et de remercier surtout
les députés, que ce soient les députés
ministériels ou les députés de l'Opposition ou même
le député indépendant, d'avoir été assidus
à la commission. Et, même si les travaux ont commencé le 4
novembre, à peine quelques jours après le
référendum, une période quand même assez
épuisante pour certains ou certaines, ça n'a pas
empêché la présence assidue des députés. Je
veux remercier aussi l'équipe du Secrétariat; M. Comeau, Mme
Bolduc, merci de votre support. En fait, vous avez facilité beaucoup le
travail de la présidence. Et j'aurais envie, peut-être, de
partager mes roses avec vous, mais je le ferai en pensée seulement. Je
veux souhaiter un joyeux Noël et une bonne année à vous tous
et à vous toutes, à toutes vos familles.
Alors, la commission de l'éducation ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 28)