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(Onze heures vingt-et-une minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Je déclare la
séance de la commission de l'éducation ouverte et je rappelle que
le mandat de la commission est de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 141, Loi sur l'enseignement
privé.
Est-ce que nous avons des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Gautrin
(Verdun) est remplacé par M. Joly (Fabre); M. Gobé (LaFontaine)
par M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine) et Mme Harel
(Hochelaga-Mai-sonneuve) par Mme Blackburn (Chicoutimi).
Projet de loi 141 Article en suspens
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, nous allons
revenir... Hier, nous avions laissé en suspens l'article 139. 1 parce
que M. le député d'Abitibi-Ouest voulait des explications
supplémentaires quant à cet article, à cet amendement 139.
1.
Alors, on me dit, Mme la ministre, que vous avez ces
explications-là ce matin?
Mme Robillard: Oui, ces informations vont nous être
transmises par Me Dupont, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Alors, j'appelle
donc l'article que nous avions laissé en suspens, l'amendement 139.
1.
M. Dupont (Côme): La question était posée
relativement à la lettre adressée par les enseignants
concernés qui demandaient que la participation au RREGOP soit
volontaire. La CARRA poursuit actuellement ses négociations avec la CSN
qui représente ces enseignants afin que, dans l'avenir, les enseignants
à temps partiel puissent ne pas être assujettis au RREGOP, mais
les discussions ne sont pas terminées.
La disposition qui est ici est une disposition qui vise strictement
à régulariser une situation qui dure depuis 1987. Depuis 1987,
tous les enseignants concernés cotisent au RREGOP alors qu'il n'y a
aucune disposition habilitante à cet effet. Et, si on n'adopte pas la
disposition et qu'on ne la rend pas rétroactive, ils perdent les
bénéfices des cotisations qu'ils ont versées. Et, pour
l'avenir, lorsqu'il y aura une entente, c'est la CARRA qui va apporter des
modifications à l'annexe du RREGOP.
M. Gendron: La disposition habilitante n'aura pas comme
conséquence d'empêcher le fruit d'éventuelles discussions
ou négociations. Au contraire, c'est pour mieux les recevoir si jamais
il y en avait, des fruits.
M. Dupont: Pas nécessairement pour mieux les recevoir,
mais c'est pour régulariser la situation qui dure depuis 1987
jusqu'à aujourd'hui, parce que, jusqu'à aujourd'hui, ils ont
toujours cotisés au RREGOP. Et, pour ne pas perdre les avantages de ces
cotisations et les bénéfices qui y sont rattachés, il faut
adopter une disposition pour rendre légales ces cotisations, et cette
disposition doit être rétroactive. Mais on verra tout à
l'heure, à l'article 155. 2, que l'article 139. 1 a effet depuis le 17
décembre 1987.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'amendement 139. 1
est adopté. J'appelle l'article 146.
Dispositions diverses et transitoires (suite)
Nous avons un amendement qui se lit comme suit... Vous voulez que je le
lise ou vous avez les textes devant vous?
M. Gendron: L'article 146, ça m'apparaissait pas
mal...
La Présidente (Mme Hovington): C'était: Remplacer
l'article 146 par le suivant. Alors, il y a trois paragraphes.
M. Gendron: Je sais, mais une seconde. Oui, ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
Avez-vous besoin d'explications supplémentaires? Non?
M. Gendron: Non, ce n'est pas parce que je n'en ai pas besoin,
par exemple, mais je n'en veux pas.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que
l'article 146, tel qu'amendé, est adopté? M. Gendron:
Adopté.
La présidente (Mme Hovington): adopté. j'appelle
l'article 147 où nous avons des amendements, d'ailleurs, des amendements
de 147 à 147. 02.
M. Gendron: Oui, puis 146. 1, qu'est-ce que vous avez fait?
La Présidente (Mme Hovington): Ah! je ne l'ai pas ici,
moi.
Une voix: II n'y en a plus, c'est vrai. Il n'y en a plus.
La Présidente (Mme Hovington): Moi, je n'ai rien ici.
M. Dupont: II faut partir du nouvel ensemble qu'on vous a
donné hier, là, de tout ce qu'il y avait...
M. Gendron: Donc, on est aussi bien de ne plus se
référer...
M. Dupont: Non.
La Présidente (Mme Hovington): Non.
M. Gendron: Mais, quand même, c'est...
La Présidente (Mme Hovington): Fiez-vous à la
présidence.
M. Gendron: Mais, quand même, s'il n'y en a plus, je veux
voir si ce contenu-là est quelque part. Juste une minute. Pas de
problème, O. K.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
Donc, l'article 146 est adopté tel qu'amendé, et nous
allons directement à l'article 147 où nous avons des amendements,
147 à 147. 02.
M. Gendron: Oui. Sauf que, Mme la Présidente, pour
l'article 147, je vous suggérerais, puisque je ne change pas d'avis,
là, c'est le nerf de la guerre, c'est le noeud du problème, c'est
à peu près le seul article pour lequel la loi était
supposément justifiée... Autrement que ça, il n'y a
personne qui veut cette loi-là s'il n'y a pas l'article 147,
indépendamment du bon travail qu'on a fait. Et je ne veux pas plaider
tout de suite. J'aimerais ça qu'avant de commencer à jouer
à la mécanique... Et ce n'est pas contre vous, là.
Ça ne donne rien, on ne s'en sortira pas si on joue le livre. Moi, je
veux qu'on sorte du livre pour l'instant, qu'on nous donne des explications sur
ce que J'ai demandé hier, si on a des tableaux ou un document plus
visuel qui nous permettrait de comprendre exactement de quoi le gouvernement
libéral a décidé de convenir en termes de
relèvement du financement des institutions privées. Je ne veux
pas tout de suite des pourcentages, je ne veux pas des 1, 25 par rapport
à des bases préscolaires, primaires ou secondaires. Je veux un
petit tableau, un petit exposé: Qu'est-ce que la ministre a dans sa
poche?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, si vous
permettez, je vais faire distribuer aux membres de la commission un document
que je vais me permettre de commenter avec les membres de la commission et,
à la suite, on pourra échanger sur le sujet pour clarifier
exactement la décision qui a été prise au niveau du
gouvernement et qu'on soumet ici, dans cette loi.
Dépôt du document «Proposition
d'ajustement financier du réseau privé»
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'accepte le
dépôt du document qui sera distribué à chacun des
membres de la commission, document qui s'intitule «Proposition
d'ajustement financier du réseau privé»;
préscolaire, primaire et secondaire, collégial; comparaison
public, privé. Allez-y, Mme la ministre, nous vous écoutons.
Mme Robillard: Merci, Mme la Présidente. Alors, nous avons
procédé à l'analyse du niveau de financement des
établissements privés de tous les ordres d'enseignement.
L'objectif de cette analyse-là, c'était pour essayer de voir ce
qui expliquait la difficulté de certains établissements
privés à être en équilibre budgétaire, qui
sont aussi en déficit très élevé et, parfois,
menacés de survie. Alors, la proposition que je fais ici, c'est une
proposition qui a été entérinée par le
gouvernement, qui a comme objet, Mme la Présidente, de donner au
réseau privé 13 700 000 $ sur deux ans à partir de
l'année 1993-1994. Alors, j'explique à partir du document que
vous avez en main.
Pour le préscolaire, le primaire et le secondaire, nous avons
tenu compte de trois problématiques particulières: la
première, la présence des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage; la deuxième, le
respect des poids relatifs de financement entre les différents ordres
d'enseignement existant depuis 1968 et, la troisième, la situation
financière difficile des établissements de petite taille et en
régions éloignées. Et je spécifie tout de suite que
le sens de «régions éloignées», c'est la
notion d'éloignement par rapport à Québec et à
Montréal. Alors, on va y revenir, là. Ce n'est pas la notion de
régions éloignées dans le fond des bois, c'est
l'éloignement par rapport à Québec et à
Montréal.
Alors, le premier point, c'est les élèves en trouble
d'apprentissage. L'analyse des effectifs
nous démontre qu'au niveau primaire nous avons 7,53 %
d'élèves en difficulté d'apprentissage et, au niveau
secondaire, 2,72 % d'élèves en retard scolaire. Alors, la
proposition a pour effet de donner au secteur primaire, pour ce
problème-là, 1 400 000 $, ce qui veut dire 108 $ par
élève au primaire, et 3 700 000 $ au secondaire, ce qui veut dire
51 $ par élève au secondaire. (11 h 30)
La deuxième problématique, c'est le poids relatif du
financement. Si on analyse les montants de base de 1980-1981, ces montants de
base là qui découlaient de l'application de la loi de 1968, et
ceux qui sont inscrits dans la loi de 1981-1982, et ceux qui ont
été décrétés en 1992-1993, on constate tout
le temps qu'il y a des poids relatifs des montants de base de la maternelle et
du primaire par rapport au secondaire. C'est-à-dire, donc, que, depuis
l'existence de la Loi sur l'enseignement privé, le pourcentage
reçu, par exemple, pour la maternelle ou pour le primaire - prenons
l'exemple du primaire - a toujours été à 70 % de ce que le
secondaire recevait. Il y a toujours eu une différence.
Alors, là, comme on vient d'Injecter de l'argent au premier
point, qui est sur les élèves au niveau du trouble
d'apprentissage, ce qui fait que c'est le primaire qui reçoit de
l'argent beaucoup parce que le nombre d'élèves est de 7,53 %, le
deuxième point vise à rétablir le poids relatif du
financement. Et ça a comme conséquence que, dans la proposition,
on ajoute donc 0,039 % à la maternelle, ce qui signifie 45 $ par
élève, et 3 200 000 $ au secondaire, ce qui veut dire 46 $ par
élève.
La troisième problématique que nous avons analysée,
c'est le financement des institutions par rapport à leur taille et
à leur éloignement. Et on s'aperçoit, au niveau de la
situation financière - et vous avez un tableau dans le document - que
les déficits d'exercice de nos établissements privés qui
ont en moyenne 500 élèves et moins, les problèmes
financiers sont beaucoup plus aigus et ils sont encore plus aigus si c'est 200
élèves et moins. Et le problème est encore plus important
si ces établissements-là sont en dehors des régions
urbaines de Montréal et Québec. Alors, la proposition fait qu'on
ajoute 1 000 000 $ pour tenir compte de la taille et de l'éloignement;
ça veut dire pour les établissements en deçà de 500
et un critère de pondération supplémentaire pour ceux qui
sont en deçà de 200. Ça, c'est la proposition pour les
trois, donc pour le préscolaire, le primaire et le secondaire.
Au niveau du collégial, quand on a regardé la situation
financière des établissements, le problème le plus
important, c'était le problème de la valeur locative en tant que
telle, donc le maintien des actifs, si on veut se référer
à ce qui se passe au niveau du public. Alors qu'au primaire, secondaire,
la valeur locative est égale à ce qui se passe dans le public,
à 100 %, au niveau collégial, ce n'est qu'à 56 % de ce qui
se passe dans le public, au moment où on se parle. Donc, il y a un
problème important au niveau de l'entretien des établissements,
des équipements de laboratoire, etc., de sorte qu'on ajoute un montant
de 3 200 000 $ pour rehausser la valeur locative à 100 % de ce qui se
passe dans le public.
En plus, au niveau collégial privé, les professeurs du
privé nous ont, à plusieurs reprises - et, moi, Je l'ai
constaté dans mes visites des établissements privés -
parlé du fait qu'ils n'ont aucun budget de perfectionnement des
enseignants. Ils n'ont aucun budget au niveau de la recherche
pédagogique, donc ils ne participent même pas à tous les
projets de recherche qui sont faits dans le secteur collégial, et ils
ont une problématique parce qu'ils n'ont aucun budget pour les cours
d'été, alors qu'il y en a un au niveau du public. Alors, nous
ajoutons 300 000 $ pour le perfectionnement des enseignants au
collégial, 500 000 $ pour la recherche pédagogique et 400 000 $
pour les cours d'été.
Alors, vous voyez les impacts financiers. Ça veut dire qu'au
préscolaire, au primaire et au secondaire l'ajout de ressources est de 9
300 000 $: 5 100 000 $ pour les enfants en difficulté d'apprentissage; 3
200 000 $ pour le respect des poids relatifs de financement et 1 000 000 $ pour
petite taille et éloignement, ce qui fait 9 300 000 $. Au
collégial, on ajoute 3 200 000 $ pour la valeur locative et 1 200 000 $
pour les allocations spéciales, ce qui fait 4 400 000 $. Et, à la
page 4 du document, Mme la Présidente, on retrouve l'impact
public-privé comparativement à ce qui se passe
présentement. Alors, nous avons séparé le tableau en deux
au niveau du budget de fonctionnement et au niveau de l'immobilisation ou de la
valeur locative.
Alors, si on prend la première ligne, à titre d'exemple,
au niveau primaire, présentement, le primaire reçoit 53,8 % de la
subvention du public. La proposition a pour effet de l'augmenter à 54,4
% pour 1993-1994 et à 56,5 % pour 1994-1995. Au niveau de la valeur
locative, aucune différence. On ne touche pas à la valeur
locative au niveau du primaire. Au niveau du secondaire, à l'heure
actuelle, nous donnons, au niveau de la subvention, 61 % de ce qu'on donne au
public. La proposition a pour effet de remonter le pourcentage à 63 %
pour 1994-1995, et nous ne touchons pas à la valeur locative.
Au niveau du collégial, à l'heure actuelle, c'est 61,5 %
de ce qui se passe au niveau du public, et nous ne touchons pas, donc, au
budget de fonctionnement. Et, au niveau des immobilisations, nous passons
à 100 % de ce qui se passe au public. Et vous avez l'impact en
années scolaires qui suit. Donc, pour 1993-1994, 3 000 000 $ pour les
préscolaire, primaire et secondaire et 1 000 000 $ au collégial;
pour 1994-1995, 6 300 000 $ pour les préscolaire,
primaire et secondaire et 3 400 000 $ pour ce qui se passe au
collégial.
Maintenant, si vous voulez, Mme la Présidente, je vais vous faire
le lien avec l'article 147. Vous voyez, globalement, donc, c'est un ajout de 13
700 000 $. Mais ce qui apparaît dans l'article 147, dans le fond, en
termes de montants, si je peux dire, des 13 700 000 $, ce qui découle de
l'article 147, ce n'est pas 13 700 000 $, c'est 8 300 000 $. Pourquoi? Des 13
700 000 $, il y a les 4 400 000 $ du collégial qui se retrouvent dans
les règles budgétaires: valeur locative plus les allocations
spéciales. Donc, ce n'est pas dans l'article 147. Parfait. Moins le 1
000 000 $ qui est ajouté aux secteurs primaire et secondaire pour la
taille et l'éloigne-ment. Donc, les 13 700 000 $ moins 4 400 000 $ moins
1 000 000 $, l'article 147 équivaut à un montant de 8 300 000
$.
Les 8 300 000 $ de l'article 147, comme vous le voyez, s'attaquent
principalement à rehausser les montants de base des réseaux
préscolaire, primaire et secondaire, étant donné qu'on ne
touche pas au collégial. Alors, vous allez voir que, dans l'article 147,
pour l'année 1993-1994, on ajoute 3 000 000 $, tel que vous l'avez vu
dans le tableau, aux réseaux primaire et secondaire, et ça se
traduit par l'article où on voit le pourcentage de 1,25 %. Et, pour
l'année 1994-1995, on ajoute la différence, les 5 300 000 $, et
ça se traduit, dans le projet de loi, par un pourcentage de 5 % aux
préscolaire et primaire et de 3,2 % au secondaire.
Mme la Présidente, au niveau de l'explication, sans parler du
débat, s'il y a des questions supplémentaires, je suis
prête à y répondre.
M. Gendron: j'aimerais mieux l'expression «au niveau de la
présentation», mais ce n'est pas grave. alors, au niveau de la
présentation, ça va. je demanderais une couple de minutes de
suspension.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons
suspendre deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 45)
La Présidente (Mme Hovington): Nous allons reprendre les
travaux. Nous en étions donc à l'article 147, après les
explications ou la présentation de Mme la ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science. Alors,
je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, rapidement, Mme la Présidente. Je dois
remercier la ministre de l'Enseignement supérieur pour sa
présentation, la remercier pour le document qu'elle nous a fourni, qui
est très explicatif et compréhensible. il nous permet d'avoir une
bcr.r.e lecture du portrait que ça donne et de la situation.
Je vous indique que nous aurons un certain nombre de questions à
poser sur le document. Après, je vous indiquerai à quel moment on
sera en mesure d'appeler l'article 147 sur le financement. On interviendra sur
le fond de la proposition, mais pas en termes d'explications, en termes de
principes que nous avons défendus. Je peux vous donner quelques
indications, aux membres de la commission, sur comment on entend
fonctionner.
Première question que je voudrais vous poser, Mme la ministre,
c'est: Est-ce que vous avez reçu un accord du gouvernement, donc du
Conseil des ministres et du Conseil du trésor, pour un montant
donné, et à quel moment vous avez eu ce O.K. pour un montant
définitif, en disant: Mme la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science, voici le montant dont vous disposez pour relever le
financement du secteur privé? Quand avez-vous eu connaissance de ce
montant et de quel ordre était-il, précisément?
La Présidente (Mme Hovington): Avant de vous
reconnaître, pour les fins de ma compréhension, sous quel temps
est-ce qu'on parle, ce matin? Est-ce que vous êtes sur l'amendement
où vous avez 20 minutes de temps de parole? Pour la bonne marche des
travaux, là.
M. Gendron: Pour la bonne marche des travaux, je vous indique que
ça va marcher beaucoup mieux si on prend uniquement les quelque 15, 20
ou 30 minutes dont on a besoin pour l'explication pour comprendre le document,
appeler l'article 147, puis, là, on parlera de l'article 147.
La Présidente (Mme Hovington): C'est parce que nous en
étions à l'amendement.
M. Gendron: Oui, je sais.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on aille dans cette direction-là? C'est sur
l'amendement, donc vous avez 20 minutes de temps de parole sur l'amendement.
Alors, c'était pour ma compréhension de la démarche des
travaux, la bonne marche des travaux.
M. Gendron: Oui, mais, moi aussi, pour être certain de
clarifier...
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Gendron: Passe-moi le document de 147, je ne l'ai pas
tout.
À 147, Mme la Présidente, il y a des
amendements, c'est évident, puis il y a 147 jusqu'à
147.02. Alors, moi, je veux juste vous indiquer que je pourrais disposer - je
l'ai compté hier soir - de quelque 400 minutes. Alors, je veux juste
vous dire qu'on ne s'enfargera pas dans les minutes, si c'est votre
préoccupation, et que c'est évident que je ne prendrai pas 400
minutes sur l'article 147. Alors, je veux que ce soit clair. Mes positions sont
définies, je pourrais parler 20 minutes sur chacun des
alinéas.
La Présidente (Mme Hovington): C'est pour le
procès-verbal...
M. Gendron: O.K. Je vous indique que...
La Présidente (Mme Hovington): ...de la commission.
M. Gendron: ...je n'avais pas l'intention de le faire.
Alors, Mme la ministre, première question: À quel moment
avez-vous disposé du montant, et de quel ordre était-il?
Mme Robillard: Alors, la première question, Mme la
Présidente, c'est: Est-ce que le gouvernement, via le Conseil des
ministres, a pris la décision? C'est oui, il a pris la décision.
Quand? C'est cette semaine. Et le montant? C'est le montant qui est dans la
proposition, donc 13 700 000 $ sur deux ans.
M. Gendron: Au moment où le Conseil des ministres a pris
cette décision-là, est-ce que vous étiez signataire d'un
mémoire? Est-ce que vous avez signé un mémoire au Conseil
des ministres, vous, comme ministre de l'Enseignement supérieur, qui
recommandait un relèvement du financement au niveau des
établissements privés?
Mme Robillard: Mme la Présidente, comme dans toute
décision officielle qui se prend par le gouvernement, oui.
M. Gendron: Alors, vous avez fait un mémoire de
présentation pour réclamer combien de financement pour
l'enseignement privé?
Mme Robillard: Exactement la proposition qu'on a sur la table.
(11 h 50)
M. Gendron: Est-ce que, dans votre demande, les paramètres
de votre proposition, à savoir prétendre - à tort ou
à raison, on en discutera plus tard - que, s'il y avait
relèvement du financement du secteur privé, il fallait le faire
au chapitre des élèves en trouble d'apprentissage, il fallait le
faire au chapitre du poids relatif du financement - vous savez ce que je veux
dire - et il fallait le faire également, selon vous, au niveau des
immobilisations et de la réalité de la petite taille de certains
établissements qui pouvaient être en difficulté, en termes
précis, est-ce que c'est des paramètres qui ont été
fixés pour justifier le montant que vous avez reçu ou si c'est
des paramètres qui ont été établis pour demander le
montant que vous avez reçu?
Mme Robillard: Mme la Présidente, ce sont des
paramètres qui ont été utilisés pour demander le
montant.
M. Gendron: Si on vous posait la question: Vous relevez de 7,53 %
les élèves en difficulté d'apprentissage...
Mme Robillard: Au primaire.
M. Gendron: Oui, au primaire. Si on faisait une comparaison entre
le primaire privé versus le primaire public en termes
d'élèves qui présentent des difficultés de trouble
d'apprentissage, ce serait quoi, les différences?
Mme Robillard: Mme la Présidente, M. Bouchard va
répondre à la question, il a les statistiques avec lui.
La Présidente (Mme Hovington): Quelles sont vos fonctions,
M. Bouchard, pour les fins de transcription des débats?
M. Bouchard (Jean): Je suis directeur de la programmation
budgétaire au ministère de l'Éducation.
La Présidente (Mme Hovington): Merci.
M. Bouchard: Donc, au primaire public, on a 13,5 %
d'élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage.
M. Gendron: Donc, le double.
M. Bouchard: C'est compréhensible parce qu'il y a plus de
clientèle. C'est un pourcentage. Au secondaire, 15,6 %.
Mme Robillard: C'est 15,6 % au secondaire. M. Bouchard: De
déclarés. M. Gendron: C'est 15,6 %. M. Bouchard: Au
secondaire.
M. Gendron: Moi, pour ça, ça va. Pour ce qui est du
poids relatif maternelle-secondaire, je comprends cette correction que vous
avez faite. Concernant le financement de la taille et de l'éloignement,
je suis étonné que ça ne représente qu'une somme de
plus ou moins 1 000 000 $. Est-ce que ces paramètres... J'aimerais que
vous soyez plus explicite, pas tellement
dans le tableau mais pour nous indiquer, parce que ça a une
incidence sur la taille et l'éloigne-ment, combien cela va toucher
d'institutions.
M. Bouchard: Si on prend les données de
référence sur lesquelles on s'est basé, il y aurait, dans
les établissements de moins de 500 élèves, 74
établissements sur à peu près 180 établissements.
Une clientèle d'à peu près 21 000.
M. Gendron: C'est que, par définition, si je veux bien
comprendre, l'effet est presque nul, parce que plus ou moins 1 000 000 $, ce
n'est quand même pas un effet terrible. C'est dû au fait que la
concentration de clientèle, là comme ailleurs, est quand
même dans un grand bassin de population. Et, toutes proportions
gardées, ce 1 000 000 $ va servir presque exclusivement à
l'extérieur de la grande couronne montréalaise. Est-ce que c'est
exact quand je dis ça?
Mme Robillard: Non. Entre les deux facteurs qui sont là,
la taille et l'éloignement, la taille...
M. Gendron: C'est la taille qui va jouer plus.
Mme Robillard: ...va jouer plus dans la répartition parce
qu'il y a un problème, surtout pour les petits, petits
établissements, les 200 et moins. Mais, souvent, on va retrouver aussi
les deux qui vont jouer. Je vais vous donner un exemple: l'Institut
d'enseignement de Sept-îles a 180 élèves et l'école
Claire-L'Heureux-Dubé de Rimouski, 180 élèves aussi.
Ça se trouve que ceux-là sont aussi éloignés, mais
on pourrait avoir des petits établissements comme ça aussi dans
les grands centres urbains. Alors, entre les deux, c'est plus le facteur taille
qui joue.
M. Gendron: J'aimerais que vous me parliez... Juste une question
au niveau du collégial: Combien il y a d'institutions collégiales
qui requéraient la nécessité de relever la valeur
locative?
Mme Robillard: L'ensemble des Institutions collégiales
nécessitaient ça.
M. Gendron: II n'y a aucun collège qui avait une aide
financière pour ses immobilisations?
Mme Robillard: C'est-à-dire qu'ils en recevaient. Tel
qu'au tableau de la page 4 que nous avons, au chapitre... Dans le tableau de la
page 4, sous l'item «Immobilisations», contrairement aux ordres
primaire et secondaire, le collégial ne recevait que 56,1 % de ce qui se
passe au public au niveau de la valeur locative. Alors, il y avait un
problème aigu à ce niveau-là, au niveau de l'entretien des
établissements et des équipements. Et, quand je parle
d'entretien, on a juste à penser au Collège de l'Assomption,
au
Petit Séminaire ou à Jean-de-Brébeuf pour imaginer
ce que ça signifie, entretenir ces établissements-là.
M. Gendron: Pour l'instant, je n'ai pas d'autres questions. Ma
collègue a des questions.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai une demande, avant,
pour respecter l'alternance.
M. Gendron: Aucun problème.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va, M. le
député de Sauvé? Alors, je reconnais donc Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Pour les
élèves en trouble d'apprentissage, probablement que j'avais mal
compris, mais il m'avait semblé que la ministre, à une question
sur ce sujet, nous avait dit que ce n'était pas réparti dans les
écoles, c'était le fait d'écoles
spécialisées. Et là j'ai l'impression que c'est comme
réparti dans chacune des écoles. Est-ce qu'elle pourrait me
répondre là-dessus?
Mme Robillard: nous avons des écoles
spécialisées mais nous avons aussi des élèves dans
tout le réseau privé, comme dans le réseau public...
Mme Blackburn: Qui sont en difficulté.
Mme Robillard: ...qui ont des retards pédagogiques.
Mme Blackburn: Bien. Alors, comment va-t-on ou comment la
ministre entend-elle contrôler le pourcentage et le nombre
d'élèves déclarés comme ayant des
difficultés d'apprentissage? Je vous fais part d'une expérience
que des vieux routiers, ici, connaissent. Lorsque le gouvernement a
décidé de mettre de l'ordre pour mieux contrôler et mieux
identifier les subventions rattachées aux enfants en difficulté
d'apprentissage dans le réseau public - ça, ça s'est fait
en 1982, 1983; il y en a ici qui pourraient me dire la date plus exacte - on
avait constaté que, dans le réseau francophone, on avait moins de
5 % d'enfants en difficulté d'apprentissage alors que, dans le
réseau anglophone, ils étaient rendus à 18 %. Et, donc,
comme la subvention était proportionnelle au nombre d'enfants en
difficulté d'apprentissage, vous voyez la distorsion. Ça s'est
corrigé après, mais la question demeure la même pour les
mêmes raisons. Est-ce qu'on a les moyens de vérifier ça
pour éviter que la distorsion qu'on a retrouvée dans le
réseau anglophone il y a quelque 10 ans ne se retrouve pas dans le
réseau privé?
Mme Robillard: Je pense que ce qu'il faut bien comprendre... Vous
savez, Mme la Prési-
dente, au niveau du secteur public, il y a un montant qui est
donné spécifiquement pour les élèves en
difficulté d'apprentissage.
Mme Blackburn: Ça, je le sais.
Mme Robillard: Si je fais le parallèle avec ce qui se
passe au privé - nous en avons déjà discuté hier -
nous avons des écoles spécialisées dans lesquelles on
retrouve ces élèves. Dans ces cas-là, de reconnaissance
d'écoles spécialisées où il y a...
Mme Blackburn: Ça ne pose pas de problème,
ça. Ce n'est pas celles-là.
Mme Robillard: Bon, il n'y a pas de problème, d'autant
plus que, on vous l'a dit hier, elles reçoivent 100 % du financement.
Maintenant, ce dont il s'agit ici, donc, c'est différent de ce qu'on
fait au public, la proposition qui est sur la table, parce que c'est un montant
qui est non pas spécifique et qui va être reconduit à
chaque année, c'est un montant qui est intégré dans les
bases de façon générale au niveau du financement. Il faut
bien saisir ça, là, la différence.
Mme Blackburn: Et non pas accordé en fonction d'une
évolution des 7,5 %. Bien.
Deuxième question: 7,5 % d'élèves en retard
scolaire d'un an au primaire contre le double au public, évidemment, on
constate qu'il y a une sélection, ce qu'on a toujours dit ici, qui se
faisait effectivement dans ces écoles-là.
Mme Robillard: On peut constater aussi qu'il ne se fait pas de
sélection au niveau du primaire. Voyez-vous, là? C'est
pour...
Mme Blackburn: C'est-à-dire qu'il s'en fait moins...
Mme Robillard: C'est ça, il s'en fait moins... Mme
Blackburn: ...pas qu'il ne s'en fait pas.
Mme Robillard: ...alors qu'il s'en fait plus au niveau du
secondaire.
Mme Blackburn: II s'en fait moins puisqu'on a le double; dans le
réseau public, c'est 13,5 %.
L'autre question, c'est qu'on constate qu'au secondaire, à 2,72 %
comparativement à 15,6 % dans le public, là, effectivement, ce
qu'on avançait à l'effet que, quand l'élève n'a pas
le comportement ou les notes suffisantes, il est simplement rejeté par
le système et retourné au public, ça semble se confirmer
par les données qu'on a ici. Est-ce que c'est... (12 heures)
Mme Robillard: C'est-à-dire, Mme la Présidente,
qu'on a bien vu qu'au niveau des statistiques la mobilité des
élèves n'était pas si élevée que ça.
Ce qu'on peut plus supposer ici, Mme la Présidente, c'est la
sélection à l'entrée, donc avant même que
l'élève n'entre.
Mme Blackburn: II y a la sélection à
l'entrée mais il y a aussi... Et c'est là-dessus que j'aimerais
qu'un jour la ministre nous donne des informations: Combien retrouve-t-on au
secondaire d'élèves inscrits en secondaire I et combien en
reste-t-il en secondaire V? On sait que ce n'est pas toutes les mêmes
raisons qui les amènent à quitter l'établissement, mais
une partie de ceux qui quittent, c'est parce qu'ils n'ont pas le comportement,
parce que... Et c'est ça qui nous permettrait de voir comment ça
se passe, parce que 2,7 %, ça m'apparaît extrêmement bas,
extrêmement bas. Et j'aurai l'occasion d'en parler tantôt.
Troisième question. Sur le réseau collégial, pour
ce qui est de la valeur locative, je comprends le système, je comprends
le souci d'équité ou de parité avec le primaire et le
secondaire. Mais, en même temps, vous savez - je ne sais pas comment
ça s'est déroulé au cours des deux dernières
années, j'ai moins suivi - il y avait un problème de recrutement
au niveau collégial privé. Ça stagnait. Est-ce que c'est
en croissance? Comment ça se...
Mme Robillard: De mémoire, Mme la Présidente, je
pense que la clientèle est stable.
Mme Blackburn: C'est stable. Alors, c'est quoi l'enveloppe pour
le perfectionnement des enseignants? Parce que ça a été
abordé l'autre jour, je sais, j'étais ici, au niveau du
collégial. Au niveau du collégial, c'était public.
Ça a été abordé à l'occasion de la
commission où on parlait plutôt d'indigence et on avait les
mêmes budgets qu'il y a 10 ans, évidemment, comme c'est en
chiffres absolus et non pas actualisés, alors avec le résultat
que c'était un appauvrissement.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je vais demander
à M. Lanoux de répondre.
M. Lanoux (Jacques): Pour ce qui est du perfectionnement des
enseignants dans le réseau public, il y a diverses sources de
financement: d'abord, un montant de base, par enseignant, prévu à
la convention collective; par la suite, divers programmes de perfectionnement
gérés au ministère. Un premier programme touche le
perfectionnement technologique, donc c'est un perfectionnement qui est
relié au changement de programme. Il y a pour ça un budget annuel
de 5 000 000 $ par année. Il y a aussi des programmes de
perfectionnement en entreprise par des stages et divers programmes, si vous
voulez, de perfectionnement collectif, dont celui, entre autres, de PERFORMA.
C'est l'ensemble des programmes que vous avez au public.
Du fait que les ressources de perfectionnement technologique, de montant
de base par enseignant, de stage en entreprise sont des budgets
réservés aux enseignants du public, parce que les ressources
viennent des conventions collectives, ça ne nous permettait pas
d'accueillir des enseignants du privé à ces divers programmes. Ce
qui est prévu ici va permettre à des enseignants de participer
à des programmes existants ou, si les établissements
privés le jugeaient à propos, de préparer des programmes
de perfectionnement qui leur sont propres, pour les enseignants de leur
réseau.
Mme Blackburn: Au terme de la convention collective, c'est
combien par enseignant dans le secteur public? La dernière fois, on
avait avancé un chiffre dont j'essaie de me rappeler. Mais
c'était plutôt...
M. Lanoux: De mémoire, on doit être à environ
170 $.
Mme Blackburn: Oui, c'est à peu près ce que...
M. Lanoux: C'est plus élevé chez nous.
Mme Robillard: M. Bouchard, pour le secteur...
M. Bouchard: Au primaire et secondaire, c'est 160 $ par
enseignant.
Mme Blackburn: Et à quand remonte la dernière
indexation?
M. Lanoux: À la dernière convention collective. Il
y a eu une légère augmentation.
Mme Blackburn: De quel ordre?
M. Lanoux: De mémoire, probablement 2 %.
Mme Blackburn: II y a combien d'enseignants dans le réseau
privé?
M. Lanoux: Subventionné? Oui, évidemment.
Mme Blackburn: Oui, subventionné, évidemment. Parce
que, ça, ça touche le privé subventionné,
évidemment.
M. Lanoux: Le subventionné uniquement, oui. Je vous dirais
que, s'il y a 20 000 élèves, ils ont, pour la plupart, des
conventions de travail, surtout dans les établissements privés
subventionnés...
Mme Blackburn: II n'y a pas 20 000 élèves au
collégial privé.
M. Lanoux: Subventionnés? Oui, quelque 20 200.
Mme Blackburn: H me semblait qu'on en avait comme 12 000.
M. Lanoux: II y a 20 000 élèves
subventionnés au collégial privé, et ils ont, pour la
plupart, des conventions collectives, je vous dirais, alignées
sensiblement sur ce qui se passe dans le secteur public. Donc, si je fais un
calcul rapide, ça pourrait vouloir dire, sous toutes réserves,
probablement 1500.
Mme Blackburn: C'est un ratio encore 1-14, à peu
près.
M. Lanoux: 1-14,2, si vous voulez. Oui. C'est un ratio qui
n'existe plus maintenant.
Mme Blackburn: Non.
M. Lanoux: Mais, pour fins de référence, à
14,2, ça nous donne une bonne idée.
Mme Blackburn: Mais, dans le privé, il est un peu plus
élevé parce qu'il y a moins d'enseignement professionnel.
Ça doit donner 1-17.
M. Lanoux: Oui, peut-être, oui.
Mme Blackburn: Ça donne à peu près, au
maximum 1200 enseignants. Alors, si je fais le calcul, 1200 enseignants,
ça fait une subvention par enseignant assez élevée.
M. Lanoux: mais là, vous ne parlez que du montant
prévu à la convention collective, le montant per capita. si vous
ajoutez ensuite le perfectionnement technologique qui équivaut à
100 libérations par année au salaire moyen de 55 000 $, vous
êtes à 5 500 000 $.
Mme Blackburn: Mais, ça, c'est pour la recherche, M.
Lanoux.
M. Lanoux: Non, le perfectionnement technologique. Ça,
c'est le perfectionnement relié au changement de programme. Si vous
ajoutez ensuite PERFORMA et si vous ajoutez les stages, on n'est pas encore
rendu, pour les enseignants du privé, à des choses comparables.
C'est un début, cependant.
Mme Blackburn: Ça donne une moyenne de 150 $ à peu
près par enseignant. C'est arrondi, là, évidemment.
Ça va. Je voulais avoir ces informations.
La Présidente (Mme Hovington): Merci.
Mme Blackburn: Pour ce qui est des autres questions, moi,
ça va. Peut-être une dernière question qui est plus
technique. Une partie, là,
quelque 8 000 000 $ se retrouvent dans la règle à 147 et
l'autre dans les budgets...
Mme Robillard: Dans les règles budgétaires.
Mme Blackburn: ...dans les règles budgétaires. Et
les règles budgétaires, elles, sont modifiables tous les ans et
non pas arrêtées dans la loi.
Mme Robillard: Ce qu'on a voté, je ne me souviens plus
à quel article, à l'article 70, ce sont des règles
budgétaires annuelles.
Mme Blackburn: Alors, là, on peut dire que, sur le tiers
de l'enveloppe qui est accordée actuellement, quelque 4 000 000 $,
ça peut être modifié à la hausse ou à la
baisse; ou à la hausse tous les ans ou à la baisse tous les ans,
au moment où on fait la revue des programmes.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente, mais c'est
déjà comme ça, au moment où on se parle.
Mme Blackburn: Oui. Je sais, mais je veux savoir... Rappelez-moi
ce qui pourrait être modifié en fonction des règles
budgétaires.
Mme Robillard: Alors, la totalité du montant qui est
donné au collégial.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Robillard: donc, une partie de valeur locative et une partie
pour les allocations spéciales, mais dans la proposition du 13 700 000
$.
Mme Blackburn: Non. Ça, ça va, c'est dans la
proposition, mais ce qui...
Mme Robillard: N'est-ce pas? C'est ça?
Mme Blackburn: Je veux juste savoir ce qui est
arrêté en fonction de règles fixées dans la loi,
donc qui ne peut pas être modifié à moins de modifier la
loi, et ce qui peut l'être en vertu des règles
budgétaires.
Mme Robillard: Tous les montants de base sont dans la loi.
Mme Blackburn: Alors, c'est le tiers, à peu près,
c'est le cégep...
Mme Robillard: Non, non.
Mme Blackburn: ...qu'on retrouve dans les règles
budgétaires.
Mme Robillard: Non, non.
Mme Blackburn: ii me semble que j'ai pu comprendre ça,
tantôt. je voulais voir... dans les règles budgétaires, il
y en a le tiers qui se retrouve dans les règles budgétaires, 8
000 000 $...
Mme Robillard: Non, non, ce n'est pas...
Mme Blackburn: Allez-y! Parce que c'est ce que vous nous avez dit
tantôt.
Mme Robillard: mme la présidente, la députée
de chicoutimi ne m'a pas bien saisie. ce que j'ai expliqué tantôt,
c'est l'ajout du 13 700 000 $. ce n'est pas la totalité qui est
donnée à l'ordre collégial. est-ce que la question qui
m'est posée est strictement sur le 13 700 000 $?
Mme Blackburn: La question est la suivante: Votre 13 700 000 $,
il y en a 8 000 000 $ qui seront dépensés en fonction de
l'article 147 - c'est bien ce que j'ai compris? - et quelque 4 000 000 $ qui
vont l'être, 5 200 000 $, en fonction des règles
budgétaires...
Mme Robillard: Oui.
(12 h 10)
Mme Blackburn: ...et ces règles budgétaires sont
modifiables annuellement.
Mme Robillard: Oui.
Mme Blackburn: Bien. C'est ce que je disais.
Mme Robillard: Parfait.
Mme Blackburn: Donc, mobiles, adaptables, augmentâmes,
enrlchlssables, c'est ce que je comprends.
Mme Robillard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Alors...
M. Gendron: Une dernière question avant d'appeler
l'article comme tel, parce que je l'ai oubliée tantôt, moi, dans
le document de la présentation. À partir du moment où le
financement et la taille... Le calcul que vous avez établi pour
financement, taille et éloignement, ça ne fera pas partie des
règles budgétaires. Ça ne fera pas partie des bases,
pardon.
Mme Robillard: Ça ne fait pas partie des bases.
M. Gendron: Ce n'est pas dans les bases. Alors, ça va
être versé comment?
Mme Robillard: C'est selon les règles
budgétaires.
M. Gendron: O.K. Mais sur quels critères?
Sur des critères liés à la grille que vous avez
établie pour être capable de refléter un besoin de plus ou
moins 1 000 000 $? C'est probablement ça.
La Présidente (Mme Hovlngton): M. Bouchard. C'est vous qui
vouliez répondre, il me semble... Oui.
Mme Robillard: Oui, allez-y, M. Bouchard.
M. Bouchard: Bon, au niveau du 1 000 000 $, comme on l'a dit, il
faut aller en règles budgétaires. Donc, c'est lors du
dépôt des règles budgétaires 1994-1995 que le mode
définitif va être refait. Par ailleurs, pour faire des
simulations, on avait mis deux principes de base, que ce sont les
établissements de moins de 500 élèves à ce
moment-ci qui auront droit à une subvention et que, parmi ces
établissements-là, ceux qui sont en dehors de Québec et de
Montréal auront droit à une subvention additionnelle pour tenir
compte de l'éloignement.
La façon dont ça va être alloué, c'est
probablement en pondérant les élèves. Ça veut dire
qu'un élève d'une petite école qui se trouve à
Rimouski, au lieu de valoir 1, va valoir 3, puis un petit élève
qui est...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: ...un élève d'une petite école
de Montréal, lui, il va valoir juste 2, etc. Un élève dans
une institution d'entre 400 et 500 élèves à
Montréal va valoir 1,25, puis en région 2,25. Donc, ça
nous donne une pondération. Ça veut dire qu'on a donné un
poids relatif plus grand à un élève d'une petite
institution en région et puis moins grand à quelqu'un qui est
à Montréal ou à Québec, selon la taille aussi. Mais
le principal principe, c'est la taille; le deuxième, une
pondération additionnelle pour l'éloignement. Et ça,
ça va faire en sorte qu'on va se retrouver... Si on regarde notre bassin
de clientèle actuellement, de 21 000, dans ces
établissements-là, ça nous donnerait une clientèle
d'à peu près 94 000 une fois pondérée. Donc, ces 94
000 élèves divisé par 1 000 000 $, ça donne un per
capita, puis c'est...
M. Gendron: Oui, mais, à partir du moment où ce
n'est pas dans les bases, à partir du moment où c'est dans les
règles budgétaires, à partir du moment où ça
peut s'appeler ce que vous voudriez bien que ça s'appelle, suite aux
décisions du gouvernement, ça veut dire que, l'an prochain,
ça pourrait être 2, ça pourrait être 3, ça
pourrait être 4, ça pourrait couvrir plus de cours
d'été, moins de cours d'été, donc la porte est
ouverte. C'est ça que je veux savoir de la ministre. J'aimerais
ça que la ministre me réponde. Est-ce que c'est justement un
mécanisme qu'elle veut se garder pour, effectivement, quand elle voudra
trouver de la souplesse, véhiculer ou transiter des montants
additionnels via les règles budgétaires?
Mme Robillard: Comme à l'heure actuelle, tout ce qui est
dans les règles budgétaires, c'est présenté
annuellement au Conseil du trésor.
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: Donc, ça doit entrer dans l'enveloppe
budgétaire et ça ne doit pas faire défoncer l'enveloppe
budgétaire. Alors, c'est très clair qu'à l'heure actuelle,
même au niveau des valeurs locatives, c'est comme ça qu'on
procède, et ça se fait à chaque année.
M. Gendron: Oui, mais est-ce que la ministre peut nous indiquer
tout de suite que...
Mme Robillard: Alors, ça, c'est de façon annuelle.
On fait ça là, Mme la Présidente. C'est clair que, si on
va au-delà de l'enveloppe budgétaire, et, donc, ça devient
un budget de développement, alors, là, nécessairement
ça doit remonter au Conseil des ministres.
M. Gendron: Mais est-ce que votre réflexion est assez
avancée pour nous indiquer, dès ce moment-ci, sous quelle
rubrique vous allez l'inclure ou le titrer au niveau des règles
budgétaires? Péréquation? Soutien aux perdus dans ce grand
pays? C'est quoi?
Mme Robillard: à date, en tout cas, mme la
présidente, c'est clair que c'est taille et éloi- gnement, la
notion de la taille et la notion de l'éloignement.
M. Gendron: Je n'ai pas d'autres questions à poser.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous en
étions à l'amendement de 147. Est-ce que l'amendement
apporté à 147 est adopté?
M. Gendron: Non. Écoutez, il n'y a rien d'adopté.
Je n'ai pas d'autres questions sur la présentation du document.
Là, j'aimerais que vous appeliez l'article 147...
La Présidente (Mme Hovington): Où on a un
amendement.
M. Gendron: ...où on a un amendement et... Un instant!
C'est ça. Alors, sur l'article 147, Mme la Présidente, avant de
faire les discussions du papier, je profiterais d'une intervention que me
permet n'importe quel alinéa, de 20 minutes, à ce moment-ci, sur
le fond de la question. Après ça, on sera en mesure de
procéder. Après les interventions de mes collègues, on
sera en
mesure de procéder article par article sur les amendements,
rapidement.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, vous allez au premier
paragraphe de l'amendement?
M. Gendron: Choisissez celui que vous voulez, ça ne me
dérange pas. Mais je vais au premier, oui, parce que c'est la
première occasion que j'ai.
La Présidente (Mme Hovington): Mais vous procédez
par alinéa. Donc, il y a 3...
M. Gendron: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): ...c'est-à-dire 3
paragraphes, vous avez...
M. Gendron: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): ...3 fois 20 minutes.
M. Gendron: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): C'est comme ça que
vous voulez aller.
M. Gendron: Alors, Mme la Présidente, membres de cette
commission, je veux indiquer à ce moment-ci que ce n'est pas parce qu'on
vient d'assister à une présentation fine qui, selon le
gouvernement, permet de trouver des paramètres qui laisseraient voir
qu'il y avait lieu, d'une façon urgente, de corriger le financement du
secteur privé, qu'il ne nous apparaît pas, de ce
côté-ci de la Chambre, de rappeler, puisque c'est le premier
article sur le financement après avoir reçu enfin cette
proposition de financement, qui s'est promenée dans le paysage depuis
des mois, en ce qui me concerne, comme porte-parole de l'Opposition
officielle... Je suis obligé, rapidement, de rappeler les faits.
Le Mouvement pour l'enseignement privé au complet a toujours
souhaité un rafraîchissement de la Loi sur l'enseignement
privé. C'est ce que nous avons fait. Est-ce que ça correspond
à l'ensemble de leurs attentes? Ce serait prétentieux de dire
oui, mais, globalement, je pense que, oui, il y a une loi administrative qui
répond à un certain nombre d'exigences, suite aux consultations
qu'on a tenues, qui a une meilleure facture, une meilleure allure, une
meilleure présentation et qui est plus conforme et respectueuse de ce
qui se passe dans le secteur privé. Mais ces gens-là nous avaient
dit: On ne la veut pas, la loi moderne, rafraîchie,
améliorée, s'il n'y a pas un financement approprié, s'il
n'y a pas un réceptacle pour recevoir une structure de financement qui
nous permettrait, toujours selon le Mouvement pour l'enseignement privé,
d'apporter une hausse aux bases des montants alloués, afin qu'on
s'approche davantage d'un financement à l'entour de 64 %, 65 %, 66 %.
Nous, on pense - et je reviendrai à la mécanique pendant quelques
mots dans ma présentation - que le moment était inopportun,
inapproprié, et surtout quand je prends connaissance du résultat
de cette proposition.
Il faut savoir qu'il a été question dans l'air, pendant un
bout de temps, d'une somme de 37 000 000 $ et, à un moment donné,
après discussion au bureau du premier ministre et ailleurs, on a
laissé voir que c'était réglé pour une somme de 25
000 000 $. J'ai des informations très officielles qui me confirment que
- ça a même été confirmé par le bureau du
premier ministre - oui, on va donner suite à votre demande, parce que le
Parti libéral voulait donner suite à son programme politique, le
Parti libéral prétendait que le secteur public pouvait faire des
sacrifices, mais, au même moment, il convenait que le temps était
venu d'accroître le financement du secteur privé. C'est son choix,
c'est sa responsabilité, c'est lui qui dirige.
Mais ces gens-là nous disaient: Si la loi n'a pas une formule de
financement qui va nous permettre de sécuriser notre devenir, on n'y
tient pas plus qu'il ne faut. Ils ont fait des démarches au premier
ministre, ils étaient certains de convenir d'une somme de 25 000 000 $.
Aujourd'hui, on apprend que, dans le fond, la somme qu'ils auront a se mettre
sous la dent est une somme de 13 700 000 $ sur deux ans - bien sûr, avec
certaines échappatoires, on y reviendra - donc qui ne correspond pas du
tout à leurs attentes, et le genre de proposition «mi-chair,
mi-poisson», à l'image de ce premier ministre, à l'image de
ce gouvernement incapable de se brancher, de prendre une décision
définitive. (12 h 20)
Bien, moi, Mme la Présidente, je veux vous dire que nous, pour ce
qui est d'un rehaussement ou d'un relèvement du financement du secteur
privé en 1992, après qu'on ait demandé aux gens de
l'éducation populaire de couper leurs subventions, après qu'on
ait demandé aux commissions scolaires du Québec, dans les 10
dernières années, de faire des sacrifices de 100 000 000 $ - et
je ne dis pas que le secteur privé n'en a pas fait, je le sais qu'il en
a fait - je vous le dis, on ne peut pas avoir deux discours, on ne peut pas
privilégier le secteur privé au détriment du secteur
public. Par définition, c'est de même que ça se passe en
bout de ligne, quand on a à faire un choix définitif, quand on a
à statuer définitivement sur les sommes que nous retenons. Le
gouvernement a décidé de faire imposer des sacrifices à
l'éducation des adultes; juste le secteur de l'éducation des
adultes, 25 000 000 $ de moins. De partout au Québec, les commissions
scolaires nous indiquent qu'actuellement elles ne trouvent pas qu'elles sont en
mesure de répondre à la demande de besoins de perfectionnement,
de
formation continue, de formation professionnelle.
Quand la Fédération des commissions scolaires a mis en
parallèle... On ne pouvait pas, je pense, depuis jusqu'à
dorénavant, donner le signal qu'au Québec, en éducation,
s'il y avait de l'argent neuf, il était pour une priorité. La
priorité en éducation, au Québec, en termes d'argent neuf,
c'était le décrochage scolaire. Quand la CEQ a sorti, en laissant
voir, même, que ça menaçait la sécurité du
plan de réussite scolaire, elle n'avait pas tort parce que, pour les
intervenants sur le terrain - et c'est ça que la ministre et ce
gouvernement ont l'air d'oublier -quel signal ça donne? Ça donne
un signal que ce n'est pas vrai que la priorité urgente, à
l'Éducation, est au décrochage scolaire, dans le secteur public,
dans le secteur de l'État. Et ce n'est pas pour rien que...
On disait: 25 000 000 $ à l'école privée.
Là, je sais que ce n'est pas ça, mais le montant n'a pas
d'importance. Quand les gens ont suivi ça, ils disaient: 25 000 000 $
à l'école privée, une gifle au réseau public! Je le
sais que c'est un titre, je le sais que c'est un titre de journal. Mais il y a
une symbolique là-dedans, et c'est de même que ça a
été lu par le secteur public. Ça a été lu de
même par la Fédération des comités de parents. Je le
répète, c'est la première fois - ça fait un bout de
temps que je m'occupe de ces questions - que je vois la
Fédération des comités de parents dire la même chose
que ce que j'appelle la ligne de tout le monde. Non pas parce qu'ils ne sont
pas dans le ton, comme bien du monde, c'est que, là, ils ont dit: Cette
fois-ci, c'est inopportun, inapproprié, inadéquat et ça ne
correspond pas au geste d'un gouvernement responsable, à ce moment-ci,
parce que ça donne un mauvais signal, et c'est ce qu'ils ont fait
savoir.
L'Association des cadres scolaires a dit la même chose. C'est la
première fois que je vois l'Association des cadres scolaires dire: Au
nom du gouvernement, il faut là-dessus, M. le premier ministre du
Québec, que vous reculiez, il faut que vous preniez une décision
qui ferait que, si vous avez 1 000 000 $, si vous en avez 2 000 000 $ ou 3 000
000 $, il faut l'affecter au secteur public qui, actuellement, souffre de
partout, de toutes parts.
D'autres ont regardé, parce que, souvent, on dit qu'à se
regarder on se désole, mais qu'à se comparer on se console:
Est-ce que le Québec, jusqu'à date, a été mesquin?
Est-ce que le Québec, comme État, a été mesquin
envers les institutions d'enseignement privé au Québec? Il y a
plusieurs provinces qui ne financent pas du tout le secteur privé, dans
le reste du Canada. Donc, le Québec n'a pas été mesquin.
Le Québec est conscient des difficultés que vous avez, est
conscient que le secteur privé doit faire des sacrifices, comme le
secteur public, il est conscient. Mais, lorsqu'on est rendu à des taux
de financement de 52 %, ce n'est pas de l'insouciance, ce n'est pas de
l'inconscience chronique, c'est tout simpleniert une lecture de
réalité. Il y a un secteur au niveau du privé, il y a un
secteur au niveau du public.
Depuis les 10 dernières années, c'est des centaines de
millions que le secteur public a dû sacrifier pour faire partie, lui
aussi, de ce contexte difficile, de cette récession qui perdure, de
cette incapacité des gouvernements à gérer d'une
façon plus efficace leurs finances publiques, ce qui fait qu'on a un
service de la dette qui est parti en peur, particulièrement dans l'autre
gouvernement, où c'est absolument effarant, même si ces
gens-là le défendent encore et sont accrochés à ce
ballon, en disant: II faut sauver ce beau et grand Canada qui est en faillite
technique depuis des années. Mais ils veulent sauver pareil cette
faillite technique. Mais, ça, c'est un autre dossier.
Là, le signai, c'était ça: Gifle au réseau
du secteur public. Non, ce n'est pas la province la plus mesquine. Et,
commissions scolaires, cadres scolaires, directeurs d'école et
directrices d'école, syndicats enseignants, CEQ, FTQ, beaucoup de gens
ont dit au premier ministre: Reculez. Et, là, on reçoit la
proposition puis on la regarde. Là, à un moment donné, on
voit que la ministre doit se trouver ce qu'on appelle des prétextes pour
justifier cette intervention. Sa présentation, je l'ai dit tantôt,
elle est habile, mais elle est grossière en même temps, non pas au
sens d'injure, au sens qu'on n'est pas fous, qu'on voit clair. Essayez de faire
accroire... La plus grosse somme du montant, dans la présentation par la
ministre, de ses 13 700 000 $, comme par hasard, elle est aux
élèves en difficulté d'apprentissage. Écoutez,
quelque 5 000 000 $, 5 100 000 $ dans les bases, à l'endroit où
il y a le moins de problèmes quand on a une once d'objectivité et
d'analyse et qu'on sait qu'on doit juger la rareté, qu'on doit bien
appliquer parce qu'on a à gérer la rareté des fonds
publics.
Quand je vois un taux de 2,72 % d'élèves en retard
scolaire au secondaire, par rapport à un taux de 15,6 %, et qu'on va
dire, comme on aurait pu le faire aux crédits, cet après-midi...
Partout au Québec, l'éducation des populaires est après
nous autres, l'éducation des adultes est après nous autres. Il
n'y a pas de journée, comme porte-parole de l'Opposition, où je
ne reçois pas des télégrammes, des lettres de
présentation de toutes sortes d'intervenants en disant: II y a urgence
de soutenir mieux, par des crédits du gouvernement du Québec, les
priorités éducatives qu'un gouvernement responsable devrait
prendre en éducation. Tous les jours, je reçois ça. Et,
là, on a une mécanique pour justifier 5 100 000 $ parce qu'il y
aurait 2,72 % d'élèves en retard au niveau des écoles
privées, parce qu'ils ont, ces chers enfants que j'aime beaucoup,
sincèrement, des difficultés d'adaptation et d'apprentissage, et
on est à des taux de
16 %, 17 %, 18 %, même si on me donne le chiffre de 15,6 %...
Parce qu'on fait beaucoup d'intégration. N'oubliez pas que, dans les
chiffres, on ne tient pas compte de l'obligation qu'on fait au niveau de
l'école publique.
Je vous dis qu'il faut être en contact régulier avec des
enseignants d'aujourd'hui pour savoir ce qu'on leur demande comme efforts pour
qu'ils n'arrivent pas au niveau du directeur d'école, dire:
Écoutez, M. le directeur d'école, je voudrais faire sortir trois
ou quatre élèves de ma classe parce que, d'après moi, ils
présentent des troubles graves d'apprentissage. Vous devriez voir les
débats auxquels ça donne lieu: Bien non, c'est normal. Non, dans
un groupe de 30, ce n'est pas parfaitement homogène. En
conséquence, faites des efforts. Faites de l'enseignement
personnalisé. Et puis soyez plus attentifs à leurs besoins.
Parlez-leur correctement le matin, le midi et le soir. On demande plus
d'enseignement personnalisé. Et, là, on essaie de nous justifier
ça, alors que les taux sont toujours du double au triple, au quadruple,
au niveau de l'enseignement public, et c'est essentiellement le plus gros
paramètre pour arriver à 8 300 000 $ de relèvement dans
les bases pour les deux prochaines années. C'est 11 700 000 $, mais ils
ne sont pas tous dans les bases. C'est vraiment un justificatif que j'appelais
tantôt un peu gros. Ce n'est pas parce qu'on ne disconvient pas qu'il ne
peut pas y avoir d'élèves qui ont des difficultés
d'apprentissage, ça, on n'en disconvient pas. Mais, au secteur public,
il y en a énormément plus et ils ne pourront pas disposer d'une
telle somme.
Deuxième problème que ça me pose, de conscience,
pensez-vous qu'en réalité le 5 100 000 $ qui va être
véhiculé dans le couloir et sous le prétexte
d'élèves en difficulté d'apprentissage va être
affecté pour ces fins-là au secteur privé? Je ne porte
même pas de jugement contre les institutions. Bien non, parce qu'il est
dans les bases et, pour les élèves réellement en trouble
grave d'apprentissage ou autrement, il y a des dispositions prévues
à la loi de l'enseignement privé pour les financer correctement
pour ce qu'ils sont, pour les financer correctement pour ce qu'ils sont avec
des paramètres différents, avec des sommes différentes et
des ratios différents, ce qui est normal. Le ratio
maître-élèves, pour ceux qui sont familiers avec ça,
ne donne pas nécessairement le même argent quand tu as affaire
à de la clientèle qu'on dit régulière versus de la
clientèle en difficulté d'apprentissage ou en trouble plus
sérieux. Donc, ils auront pareil l'argent. C'est comme s'il y avait
déjà la caisse, mais il faut trouver un véhicule pour
passer ces montants-là.
Mais je veux revenir sur le fond, Mme la Présidente, de cette
commission. Je pense que nous, quand on a eu à interpréter en
cinq ou six points, il y a deux, trois jours, on disait: En temps de
récession, on demande à tout le monde de se serrer la ceinture,
on coupe partout. Que le secteur privé se voie épargné,
c'est Inconvenant. Je ne dis pas qu'il n'y avait pas de besoins, ça je
l'ai dit 20 fois. Mais il me semble que c'est donner un signal au secteur
public qui est inacceptable à ce moment-ci. (12 h 30)
Deuxième point majeur: Étions-nous à ce point
délinquants, comme État, au Québec, avec 52 % de
financement? Ma réponse, c'est non. Nous n'étions pas des
délinquants chroniques. Nous n'étions pas, au Québec, des
gens qui n'avaient aucune considération pour une réalité
qui est nôtre. Le secteur privé existe, et on veut qu'il continue
à exister pour dispenser des services éducatifs.
Quand on a eu un signal également du secteur collégial, on
ne peut pas faire une commission parlementaire et, avant même d'en tirer
ses conclusions, donner un signal qu'on ne s'en occupera pas bien, bien, pour
un des cris d'alarme qui est revenu le plus. Un des cris d'alarme qui est
revenu le plus: Nous n'avons pas une société qui, actuellement,
offre le type de perfectionnement requis aux adultes du Québec, en
particulier ceux qui sont au niveau collégial dans des formations
techniques ou dans de la formation générale. C'est revenu, Je
pense, dans 47 mémoires, selon les relevés que j'ai faits; 47
mémoires l'ont mis avec insistance, compte tenu de votre discours, cher
gouvernement, sur la nécessité d'avoir une plus grande
employabilité, sur la nécessité d'avoir des intervenants
qui vont être plus en mesure de faire face à la
compétitivité des marchés, le libre-échange, le
beau discours quoi! La qualité totale du ministre de l'Industrie et du
Commerce, mais pas beaucoup de gestes pour la supporter, la qualité
totale.
Troisièmement, on avait également indiqué que les
42 000 000 $ d'argent neuf pour soutenir le plan de décrochage,
phénomène de société grave qu'il faut contrer le
plus rapidement possible pour la grande majorité de la clientèle
étudiante au Québec, toutes les institutions concernées,
après des colloques dans tout le Québec, après une mise
à contribution sans précédent des parents, là, on
leur donne le signal que, si ça ne donne pas les résultats
souhaités, faute de moyens et faute de soutien, c'est parce que les 10
000 000 $, 12 000 000 $, 15 000 000 $ de plus que vous avez demandés, on
ne les avait pas. Il a fallu les verser au rehaussement des institutions
privées et, en particulier, au chapitre des élèves qui
représenteraient un certain nombre de difficultés
d'apprentissage, à 2,72 %, alors qu'on est à 15,6 %.
C'est évident que ça ne peut pas être un facteur
d'énorme motivation pour le personnel enseignant du secteur public et
parapublic. Ça, c'est évident. Moi, je serais prof ce matin dans
une école du secondaire, puis j'aurais une quinzaine
d'élèves ou une vingtaine d'élèves qui, selon moi,
présentent - parce qu'il y a encore des classes à 36, croyez-le
ou non - des diffi-
cultes d'apprentissage, puis je viendrais d'apprendre qu'effectivement
on a relevé le financement du secteur privé et qu'on s'est servi,
pour le justifier, de paramètres comme ceux que je viens d'indiquer, je
ne suis pas sûr que j'aurais toute ma motivation, au moins pour une
couple de minutes!
J'ose espérer que, compte tenu de leur professionnalisme, compte
tenu de toutes sortes de facteurs, ça ne les affectera pas. Mais on est
toujours obliges de revenir à la case départ. La case
départ, c'est une gifle au réseau du secteur public, et ce n'est
pas acceptable qu'une ministre de l'Enseignement supérieur...
Elle-même, quand je lui ai posé la question: Est-ce que vous avez
présenté un mémoire pour piloter cette demande de
crédit? je n'ai pas eu de réponse officielle, sauf qu'ici,
à la commission, elle a dit: Oui, bien sûr, on a
présenté un mémoire. On a défendu cette position de
rehausser le niveau de financement du secteur public.
Si, au moins, en termes de résultats pour le secteur
privé, ces gens pouvaient être - je répète, nous,
c'est non - au moins satisfaits de la demande. Parce qu'eux autres mêmes
ils croyaient qu'à un moment donné c'étaient 37 000 000 $
qui étaient requis, puis tout le monde a parlé de 25 000 000 $,
puis là, si on coupait la poire encore en deux, donc ce qui va faire que
ces gens-là seront également insatisfaits, ces gens-là
prétendront, probablement avec raison, que l'effort n'est pas suffisant.
Puis, on sera dans un contexte où, entre-temps, on aura donné un
signal qui est dénonçable, que je ne peux pas accepter, le signal
qu'on sait que ce n'était pas le temps mais que, nous, on le fait
pareil, indépendamment des conséquences, indépendamment
des besoins du secteur public, que ce soit au niveau de l'éducation des
adultes, que ce soit en éducation populaire, que ce soit au
relèvement de l'employabilité ou peu importent les secteurs.
Alors, c'est pour ça que, moi, je tenais à refaire une
dernière fois cette présentation, cet exposé, compte tenu
que je sais qu'il est largement appuyé par une très large partie
des intervenants en éducation actuellement, et qui oeuvent en ayant
été obligés, depuis plusieurs années, de faire pas
mal de sacrifices. Quand Mme Diane Drouin, que je connais personnellement, que
j'estime beaucoup en termes d'intérêt et de motivation qu'elle met
dans la défense du rôle que jouent les commissions scolaires du
Québec pour s'occuper et s'assurer que le secteur public ait un
enseignement de qualité, lorsqu'elle a fait sa réaction et
qu'elle est intervenue au bureau du premier ministre, en disant:
J'espère que le premier ministre va convenir que, s'il y a de l'argent
neuf en éducation qu'il peut mettre sur la table, il faut qu'il le mette
d'abord dans le réseau public, il faut croire qu'avec la décision
qui a été rendue le message a probablement été
entendu, mais non écouté. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Vos 20 minutes sont
écoulées pour le prem'er alinéa. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. D'entrée
de jeu, je vais essayer de faire une certaine mise au point par rapport
à ma position sur les écoles privées. Je dois dire tout de
suite que les écoles privées, de façon
générale, je n'ai rien contre. Je vais vous expliquer pourquoi je
pense que le Québec se tire dans le pied lorsqu'il lève le
moratoire sur les écoles privées et lorsqu'il hausse son
financement.
D'abord, je vais essayer de revoir un peu certains mythes,
démystifier certaines croyances. La première,
généralement ce qu'on invoque, c'est que le réseau
privé est un stimulant pour le réseau public, un étalon,
c'est-à-dire que ça nous permet de mesurer la valeur du public.
Une petite nouvelle pour vous: Ça n'existe pas en Amérique du
Nord, un réseau public subventionné, et leurs écoles - je
pense particulièrement à l'Ontario - sont aussi performantes et
généralement plus que les écoles
québécoises.
Je vais essayer de vous démontrer pourquoi on est en train de se
tirer dans le pied. Mais, avant ça, je vais passer à une seconde
croyance qui veut qu'au Québec c'est un droit, l'école publique
subventionnée. Dans tout État démocratique, les
États ont une responsabilité dans tous les secteurs de ce qui est
considéré du domaine de la responsabilité d'État.
Ça s'étend généralement au réseau de
transport. Ça s'étend à la santé, aux services
sociaux et à l'éducation. La responsabilité de
l'État, c'est d'offrir le service public. À tel point que, par
exemple, en matière de transport, si vous utilisez votre voiture, vous
n'êtes pas subventionné; à l'exception des fonctionnaires
qui ont été subventionnés un temps pour les
stationnements, ça n'existe plus. Et qui plus est, avec les assurances
que je paie sur mes voitures, la plaque d'immatriculation, je finance
l'État en plus, comme automobiliste. C'est dans l'ordre des choses, je
ne dirais pas qu'on finance l'État avec les assurances, que c'est
normal, mais que, quand on décide de ne pas utiliser le public, on paie
pour. C'est la règle générale dans tout État
démocratique.
Voyons un peu l'effet qu'a eu la levée du moratoire qui est venue
grossir le nombre des écoles, particulièrement au niveau
secondaire. C'est le même effet dans tous les secteurs privés. On
va avoir le même problème en santé, tantôt. C'est
que, quand vous augmentez le nombre d'élèves dans le secteur
secondaire, comme ce que ça a provoqué avec la levée du
moratoire, vous venez grossir le nombre d'élèves dans le secteur
privé, appauvrissant d'autant - vous me permettez le terme - le
réseau public. Les chiffres qui sont ici parient d'eux-mêmes. Pour
quelle raison, pensez-vous, retrouvons-nous au secondaire 2,7 %
d'élèves en
difficulté d'apprentissage, alors qu'on en a près de 17 %
dans le public? Parce qu'on a écrémé. Et pas juste les
bons élèves, je voudrais qu'on se le dise collectivement. Les
parents, souvent, qui ont un peu plus de sous, qui ont des
préoccupations pour l'avenir de leurs enfants, ils sont plus proches des
écoles, un certain nombre de facteurs qui fait qu'on
écréme non seulement les élèves, mais les parents
qui auraient les connaissances, les habilités, le pouvoir moral
d'exercer des pressions sur le secteur public. (12 h 40)
C'est ça, le problème des écoles privées, au
Québec. Et ça, il va falloir qu'on se mette ça entre les
deux oreilles. Si on continue, on va avoir le même problème au
niveau de la santé, pour exactement les mêmes raisons. Alors, je
pense que, ça, il faut que ce soit clair. Moi, je n'ai jamais parti de
campagne contre les écoles privées parce que je pense
qu'effectivement elles font un bon travail, mais elles le font dans des
conditions qu'aucune école publique ne peut avoir actuellement, parce
qu'il n'y a aucune école publique qui est capable de mettre dehors les
enfants quand ça ne fait pas son affaire, à moins de troubles
graves de comportement, et il doit y en avoir quelques centaines sur 400 000,
au secondaire, dans tout le Québec. Alors, ce n'est pas vraiment
ça qui va améliorer la qualité du comportement des enfants
dans les écoles secondaires. Alors, je pensais qu'il fallait mettre
ça sur la table.
Mais voyons un peu ce qui se passe dans le secteur public. Et c'est
ça, le drame. Nous, comme législateurs, comme administrateurs de
ce réseau, on doit penser en fonction de la masse. Qu'est-ce qui nous
fait mal, au Québec, actuellement? 40 % de décrochage, un taux de
sous-scolarisation qui vient juste après les Territoires du Nord-Ouest;
vous savez, il faut le faire, ça. Et qu'est-ce que ça nous
coûte, comme société? Moi, je pense que c'est ça
qu'il faut se rappeler. La responsabilité d'un État et d'un
gouvernement, c'est de s'occuper d'abord et avant tout, et d'urgence, de la
masse.
Qu'est-ce qui se passe dans notre réseau public? 40 % de
décrochage. Qu'est-ce qui se passe au niveau de l'encadrement
pédagogique, du soutien pédagogique, des orienteurs, de tout ce
qu'ils se tapent, les professionnels, tant dans les commissions scolaires que
dans le réseau des collèges? Les premières compressions
ont affecté ce qu'on appelle les PNE, les professionnels non
enseignants, dans les collèges, et les orienteurs, dans les
écoles primaires et secondaires, les aides pédagogiques
individuelles, les orthopédagogues. C'est là-dedans qu'on a
frappé, de façon très dure. Il y a une année, en
1986 - 1986, première année du budget du gouvernement
libéral - où on avait coupé 10 %. La première
coupure, elle s'est faite, 10 %, dans les professionnels, 10 % dans les
professionnels, dans les cégeps. Sans aucune analyse, on a
décidé que c'était là-dedans qu'on faisait la
ponction. On connaît les résultats: on a un taux de
décrochage extrêmement élevé, au niveau
collégial. Et qu'est-ce qu'on fait? On est en train de se dire: La
priorité... Et encore, comme le dit correctement mon collègue, on
va insatisfaire tout le monde; on a le don, ce gouvernement-là, on l'a
fait sur la loi sur l'affichage, on va le faire sur l'enseignement privé
et public. Mais le problème, c'est que c'est comme un cataplasme et, en
même temps, c'est une Insulte. C'est un cataplasme pour le privé
et c'est une insulte pour le public. C'est une insulte pour le public.
Prenons quelques éléments. Le perfectionnement au niveau
collégial. M. Lanoux, tantôt, nous a décomposé
ça de façon Intéressante. Je connais assez le
réseau, je suis capable de savoir ce que ça veut dire, combien
ça touche de profs par année, au niveau collégial. Mais ce
que vous faites là, c'est 250 $ par enseignant, ce qui n'est pas une
fortune, comparativement, cependant, à 170 $ dans le public. Cependant -
et, là, j'aimerais que la ministre m'écoute parce que je suis
certaine qu'elle va être sensible à ces arguments-là - dans
le public, il y a 40 % des enseignements qui sont dans le professionnel, donc
qui demandent ou qui appellent, de la part des professeurs, un perfectionnement
quasi continu, alors que, dans le privé, c'est 10 % - j'avance un
chiffre; ça m'étonnerait beaucoup que ce soit beaucoup plus de 10
%. Vous avez le vêtement, vous avez les garderies, vous en avez
quelques-uns comme ça, mais la majorité des collèges
d'enseignement général du privé, c'est de l'enseignement
général, donc, un perfectionnement qui coûte moins cher, un
perfectionnement qui est moins exigeant que si vous êtes dans le secteur
professionnel. Et, évidemment, on va mettre 250 $ là, moyenne par
enseignant, alors qu'on en a 170 $ dans le public. Il y a comme une erreur
d'évaluation. Il y a comme une erreur d'évaluation.
Deuxième commentaire. J'écoutais la ministre, en Chambre,
l'autre jour, qui nous disait: Écoutez, des étudiants adultes,
des listes, II n'y en a pas d'étudiants adultes qui sont restés
sur le carreau. Notre grille, là, tous ceux qui entraient dans notre
grille, on les a pris. Elle ne nous a pas parlé de ceux qui n'entraient
pas dans la grille. À Chicoutimi, c'est 952. Et, là, j'aimerais
qu'elle écoute, parce que c'est 952 étudiants adultes qui n'ont
pas pu entrer à l'école en septembre. 952! Dans la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est 2300. On a un taux de chômage qui est
en train de dépasser les 17 %. Vous avez 2300 adultes qui n'ont pas de
place dans les écoles et vous êtes en train de me dire que votre
priorité, c'est dans le privé? C'est à pleurer!
La ministre nous a répondu - et je me permets d'ouvrir la
parenthèse là-dessus parce que c'était trop choquant -
elle a dit: Les budgets ne sont même pas dépensés. De quoi
est-
ce qu'ils se plaignent? Évidemment, les élèves sont
inscrits, ils sont inscrits jusqu'au 1er avril. Il est bien évident que,
rendu au 1er décembre, les budgets ne sont pas tous
dépensés. C'est bien évident. S'il fallait qu'ils le
soient, vous auriez comme un trou. Vous auriez comme un trou. C'est bien
évident qu'ils ne sont pas dépensés. Il ne faut pas dire
qu'il reste de la marge de manoeuvre parce que les enveloppes ne sont pas
dépensées, mais elles sont déjà engagées.
Elles sont déjà engagées.
Pour ce qui est du secteur secondaire, je veux m'y arrêter un peu.
Il va falloir que, comme État et comme responsable ultime de ses
décisions, on réalise ce que ça coûte à la
société l'état de délabrement grave,
sérieux, dramatique du secondaire. Ici, dans cette salle, si on vous
disait qu'il y a 40 % des arbres qui sont menacés, on serait tous dans
la rue. Et, là, c'est 40 % des enfants et ça ne nous
dérange pas. C'est ça, mon problème. C'est cette
difficulté qu'on a d'apprécier les vrais problèmes et d'y
apporter des solutions. Quand on s'éparpille partout, on ne fait rien
correctement et on réussit à créer de l'insatisfaction
partout. On a un problème grave.
Les premières compressions que ce gouvernement a faites - et ce
n'était pas madame qui occupait le siège, c'était son
collègue, député d'Argenteuil - premières
compressions qu'il a faites dans le réseau public, il a gelé les
enveloppes dans les prématernelles 4 ans dans les milieux
défavorisés. Il a gelé les enveloppes des
prématernelles 4 ans dans les milieux défavorisés, sa
première décision. La deuxième, il a levé le
moratoire dans les écoles privées et, là, vous augmentez
le financement, alors qu'il y a un cri d'alarme qui est lancé à
l'unanimité des intervenants socio-économiques au Québec,
y compris le Conseil du patronat qui dit: On a des problèmes de
qualification de la main-d'oeuvre; on a des problèmes de
sous-scolarisation; on a un réseau public qui n'a plus les outils qu'il
faut pour être performant. Et on les prive des meilleurs
éléments. On augmente dans les écoles secondaires - je le
rappelle - la proportion d'élèves en difficulté. Et,
comprenons-nous bien, quand vous avez 17 % d'élèves en
difficulté dans un groupe et dans une classe moyenne, ça vous
pose des problèmes sérieux. Ça vous pose des
problèmes sérieux d'enseignement. Comment pouvez-vous, dans ces
conditions, faire traverser la matière, l'information, la
connaissance?
Je trouve la situation triste un peu, je dois vous dire - je sais que la
ministre trouve le temps long, je la comprends - mais je trouve ça
triste et pénible, ce qu'on est en train de faire là,
pénible parce que... Vous allez me dire: Ce n'est pas tant l'ampleur de
l'enveloppe, 13 000 000 $. Mettez 13 000 000 $ de plus en éducation des
adultes pour voir ce que ça donnerait. Ça pourrait être
intéressant. On ne réussit même pas, en formation
professionnelle, en qualification de la main-d'oeuvre, à dépenser
les enveloppes qu'on a, vous allez me dire, on n'a même pas ce
talent-!à. Mais, quand même, dans nos commissions scolaires, si on
mettait 13 000 000 $ de plus, probablement que je n'aurais pas 2300 personnes
qui se sont fait fermer la porte de l'école au nez cette année
dans ma région, dans ma région seulement.
Je trouve ça triste parce qu'on n'a pas cette espèce de
vision un peu intégrée des conséquences et des actes qu'on
pose. Quand on n'aide pas les Québécois et les
Québécoises à aller chercher une solide formation, on les
entraîne, on les tire vers le bas, vers l'appauvrissement. Il y a un
rapport étroit entre sous-scolarisation, entre chômage, entre ce
qu'on appelle - et je n'aime pas utiliser le terme - les comportements
asociaux. Nous le savons tous. Les enfants en difficulté, les enfants
qui subissent de mauvais traitements, le taux d'alcoolisme, de
dépression, de maladie, de consommation des services de santé,
c'est proportionnellement plus élevé, et largement plus
élevé, ça va du double au triple, chez les
sous-scolarisés. Saviez-vous, Mme la ministre, que, dans nos
pénitenciers fédéraux, il y a quatre fois plus
d'analphabètes que dans la population? Une raison extrêmement
simple, selon ceux qui ont examiné la question: parce que les
analphabètes ont de la difficulté à contrôler les
informations, alors ils sont obligés de prendre ce qu'on leur donne et,
évidemment, à certaines occasions, non pas chez tous, mais chez
trop, ils tombent dans la criminalité, 4 % plus d'analphabètes
dans les pénitenciers fédéraux, c'est-à-dire que
c'est sur le long terme, que dans la population normale, courante,
régulière. (12 h 50)
Alors, vous voyez les effets. Je vous cite juste un chiffre. Ça
coûte des sommes astronomiques, ça coûte des sommes
astronomiques. Je dis, moi, à mes jeunes, quand je vais dans les
écoles privées, que j'aime bien, je les aime, j'ai des gars, j'ai
des filles là-dedans et j'y vais régulièrement, et j'aime
ces enfants-là, bien je leur dis: Ce qu'on est en train de vous faire,
c'est criminel, non pas parce qu'il sont à l'école privée,
mais parce qu'à cause du système privé ils vont avoir une
bonne formation, je m'en réjouis, mais ils vont être à 1
à en porter 3 qu'on aura sous-scolarisés. Eux, ils vont se
qualifier et ils vont performer, je n'ai pas de doute, mais ils vont être
obligés d'en supporter 3 dans le public qui n'ont pas eu les mêmes
chances et qui ne pourront pas gagner correctement leur vie. On est en train de
compromettre l'avenir de ces enfants-là. Alors, c'est ce que je dis,
à moins qu'ils ne finissent par faire comme on fait aux
États-Unis, les plus performants s'enrichissent, s'enrichissent et on
laisse les autres en bas. Mais ça, ça mène assez
rapidement à des révolutions. Ça prend une décennie
ou deux, une décennie ou deux. Alors, je dis que
c'est ce genre d'analyse qu'il faudrait que, comme
société, on fasse une fois pour toutes.
Je trouve triste et particulièrement inquiétant qu'on soit
en train de faire le même glissement du côté de la
santé, avec sensiblement, tantôt, les mêmes effets. Moi, je
me dis qu'il est encore temps, quoique j'en doute, pour qu'on renverse la
vapeur et que la ministre dise: On peut affecter ces sommes à des
priorités qui ont été identifiées par ses
collègues qui sont dans des secteurs économiques: formation de la
main-d'oeuvre, perfectionnement, formation de la main-d'oeuvre,
perfectionnement, qualification, qualification et encadrement ou
perfectionnement des professeurs et des enseignants.
Alors, moi, là-dessus, j'aurais terminé, mais je tenais
à faire ces points-là, le premier que je n'ai rien contre les
écoles privées. Cependant, il faut savoir que, quand on invoque
le fait que c'est un droit et que c'est un étalon et un stimulant pour
ie public, c'est faux, on biaise les règles du jeu au départ.
Moi, j'y croirai quand on les mettra dans les mêmes conditions que le
public, j'y croirai, pas avant ça. Deuxième chose, quand on a des
priorités et quand on connaît la situation économique
actuelle, on n'a pas le droit de faire ça, et la dernière,
j'imagine que vous aurez l'occasion d'y revenir, on sait qu'actuellement les
écoles privées qui peuvent utiliser jusqu'à 50 % en droit
de scolarité de la subvention qui est accordée ne vont même
pas chercher cette part-là. La ministre nous l'a dit, je ne sais pas
dans quelle proportion, et je n'ai même pas compris pourquoi elle l'a
montée à 75 %, ils ne vont même pas la chercher à 50
%, ça m'a bien étonnée, là, mais, cela dit, ils ont
une marge de manoeuvre qu'ils n'utilisent même pas, qu'ils n'utilisent
même pas. Alors, moi, je pense que ça devrait amener la ministre a
réfléchir. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre, en
réaction.
Mme Robillard: Mme la Présidente, étant
donné l'heure tardive, je suggérerais la suspension de nos
travaux.
La Présidente (Mme Hovington): ii est 12 h 55. oui,
l'ordre de la chambre était jusqu'à 13 heures, mais nous allons
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): La commission
reprend ses travaux. Nous sommes à l'étude de l'article 147. Il
est question d'amendement. Mme la ministre, vous avez demandé la parole.
Alors, Mme la ministre.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. J'ai pris note, je
dirais avec attention, des diverses remarques formulées par mes
collègues de l'Opposition qui ont, si je comprends bien l'analyse qu'ils
ont faite... Ils ont fait une analyse de la proposition budgétaire. Ils
l'ont reconnue habile mais, semble-t-il, inadéquate pour le secteur
privé, insultante pour le secteur public et, en plus, dangereuse pour le
succès du plan d'action.
Par ailleurs, le critique de l'Opposition dit toujours que ce plan
d'action, il est pertinent et il est important pour le réseau et,
surtout, pour les élèves. J'ai évidemment bien saisi que
le critique de l'Opposition trouvait un peu grosse - je pense qu'il a dit un
peu grossière - notre justification d'investissement quant aux services
à offrir aux élèves en difficulté. Si j'ai bien
saisi aussi, il redoute que les institutions privées utilisent ces
crédits pour d'autres fins que pour les élèves qui sont en
difficulté.
Il va de soi aussi, M. le Président, que j'ai été
sensible aux drames - et je pèse bien mon mot - qui ont
été signalés par la députée de Chicoutimi:
le manque de ressources aux adultes, les 40 % de décrochage, l'absence
de ressources d'encadrement, en somme la détérioration de la
qualité des services publics dans les écoles publiques.
Mais j'ai saisi aussi toute l'inquiétude de la
députée de Chicoutimi quant à la
détérioration de notre jeunesse et quant au fait que les
élèves de l'école privée devront porter les moins
bien nantis de la société, dit-elle. Et elle nous a même
dit qu'elle-même parlait aux étudiants, faisait des visites dans
les écoles privées et qu'elle leur disait que c'était
criminel.
En conclusion, M. le Président, j'ai bien entendu sa conviction,
à Mme la députée de Chicoutimi, que notre
éparpillement, a-t-elle dit, était dommageable pour
l'efficacité des mesures qui devraient prioritairement se concentrer sur
le décrochage.
Vous comprendrez bien, M. le Président, que je ne peux pas
demeurer indifférente à de tels propos et qu'il est de mon devoir
de profiter de nos discussions actuelles pour rechercher la solution la plus
juste possible aux problématiques que nous avons identifiées et
de tirer aussi les conclusions les plus efficaces et les plus équitables
dans les circonstances. C'est pourquoi je m'appliquerai, M. le
Président, à ce moment-ci, à bien revoir la proposition
financière présentée ce matin, en tenant compte des
remarques, et à placer le tout dans un contexte un peu plus exact des
travaux conduits en éducation par le présent gouvernement.
Quant à la proposition financière qui est sur la table, je
pense, M. le Président, que je ne la réexpliquerai pas, je crois
qu'elle est claire, et j'ai cru noter l'appréciation des
collègues sur la clarté de la proposition et des explications que
j'ai pu donner. Mais j'avoue toutefois que je
me dois de réaffirmer les règles ou les principes qui nous
ont guidés dans notre travail, tant quant aux modalités de
partage que quant au quantum.
Premièrement, il va de soi que nous n'avions pas l'intention
d'ajouter des sommes telles qu'il aurait été surprenant de le
faire alors que nous devons viser une gestion très serrée des
fonds publics. Deuxièmement, cela ne doit cependant pas nous
empêcher de corriger ce qui doit l'être, lorsque la situation
apparaît évidente et problématique. Or, vous remarquerez,
M. le Président, que nos ajustements au secteur privé sont
à la marge et qu'ils touchent des objectifs fort précis qui
méritent un soutien, compte tenu de leur caractère particulier:
les clientèles en difficulté, les établissements de petite
taille et des régions éloignées, le maintien des actifs
immobiliers, le perfectionnement des maîtres et la recherche. Tous ces
ajustements, M. le Président, totalisent 13 700 000 $ sur deux ans. Si
je comparais ce montant aux milliards que nous Investissons dans le secteur
public, au-delà de 9 000 000 000 $, ça représenterait
0,015 % de ce qu'on donne au secteur public.
Alors, nous sommes, vous l'avouerez, loin des insultes au secteur
public. Nous sommes plutôt près d'ajustements fort mineurs, mais
très précis et exigeants, car nous appelons le réseau
privé à accueillir ainsi la clientèle en
difficulté, l'invitant à s'ouvrir davantage à toutes les
clientèles. J'ose croire que le critique n'était pas vraiment
sérieux en laissant planer l'idée que le réseau
privé pourrait utiliser ces fonds-là à d'autres fins. Je
suis certaine qu'il croit, tout comme nous, en l'intégrité
éducative et administrative des responsables du réseau
privé d'enseignement.
Je serais, par ailleurs, M. le Président, de mauvaise foi de ne
pas reconnaître l'attention qu'il faut apporter à nos
réseaux d'enseignement et aux élèves qui les
fréquentent. Je suis, comme la députée de Chicoutimi,
très soucieuse de favoriser la progression dans la qualité des
services à offrir. Je dois cependant faire de larges nuances à
ses propos. (15 h 20)
Premièrement, le gouvernement actuel a placé
l'éducation au niveau de ses priorités. La preuve en est qu'il y
a des grandes actions en marche présentement, si ce n'est que l'adoption
du plan d'action - chacun ses devoirs - les travaux sur l'enseignement
collégial ou le développement de la formation professionnelle. Et
j'oublie tous les travaux de qualité qui sont conduits
présentement avec nos représentants des réseaux.
Nous avons investi, à titre d'exemple, 42 000 000 $ dans le plan
d'action sur la réussite éducative, 65 000 000 $ pour l'accueil
de la clientèle dans le réseau collégial public, 130 000
000 $ en formation professionnelle dans le réseau public, 10 000 000 S
pour le plan pauvreté de Montréal. Alors, je pense que c'est
assez clair, à partir de cet exemple, comment nous investissons aussi
dans le public.
Troisièmement, je tiens à souligner, M. le
Président, que nous travaillons étroitement avec les partenaires
de tous les niveaux afin de réussir collectivement l'effort entrepris
pour que l'éducation offerte soit de haute qualité maintenant et
dans l'avenir. C'est très clair que c'est un exercice difficile, mais je
crois en la capacité de tous et de toutes de respecter les besoins de
toutes les clientèles. Nous obtenons actuellement, des partenaires, de
la population et même de l'Opposition, une adhésion, je pense,
sans précédent aux efforts et aux objectifs visés.
Alors, M. le Président, est-ce qu'on a besoin d'en ajouter
davantage? Je pense que, fondamentalement, le problème qu'il y a, c'est
que la vision de l'Opposition n'est pas celle du gouvernement en rapport avec
le réseau privé. Je pense qu'il faut vraiment reconnaître
ça, que nous avons une vision opposée à celle de
l'Opposition. Et c'est très clair que la solution qui est avancée
par l'Opposition, d'après moi, nous mènerait
nécessairement à ce que je qualifie, pour le réseau
privé, à utiliser une technique d'asphyxie progressive en
remettant encore un moratoire et en révisant peut-être à la
baisse le financement des établissements privés. Il est
très clair qu'à partir de cette position-là du Parti
québécois, qui, je pense, viserait même à
réduire le financement des établissements privés - et je
rappelle, M. le Président, qu'on a 85 000 élèves au
primaire et au secondaire et 21 000 au niveau collégial - moi, je pense
que la position du Parti québécois affaiblirait dangereusement le
réseau privé et obligerait aussi le réseau privé
à hausser considérablement les droits de scolarité pour
éviter leur fermeture. Alors, c'est très clair que la
conséquence à ça, c'est qu'on limiterait
l'accessibilité des institutions à une certaine élite
financière de l'Opposition.
M. le Président, je pense qu'il reste deux options: celle que je
défends aujourd'hui, avec le projet de loi 141, ou celle d'inclure dans
le réseau public tous les actuels établissements du réseau
privé. La solution que je préconise, M. le Président,
c'est qu'on ajoute 13 700 000 $ et que le réseau privé continue
à vivre et à donner d'excellents services à une partie de
la population. L'autre solution, M. le Président, ce serait que
ça coûterait au trésor public au-delà de 245 000 000
$. Alors, on voit un peu l'écart entre les deux solutions.
Je pense, M. le Président, et j'y crois sincèrement, que
la seule et, je dirais, la solution la plus logique est celle qu'a toujours
défendue notre parti, le Parti libérai, la priorité au
public, avec une place au secteur privé, une place qui lui revient, sur
le plan pédagogique, et une place aussi qui rend accessible le
réseau privé à une partie de notre population. Il me
semble que c'est une position qui est réaliste,
qui est pragmatique et qui, en plus, reçoit le support important
d'une partie de la population qui a voulu, en 1960, quand on a
procédé à la démocratisation de l'enseignement,
conserver ses établissements privés et, en 1992, qui veut aussi
toujours les conserver, ses établissements privés.
Alors, dans ce sens-là, M. le Président, vous comprendrez
bien qu'il est très clair pour nous que le projet de loi, et surtout
l'article 147 tel qu'amendé, avec les propositions financières,
correspond à cet objectif de maintenir en vie le réseau
privé au Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. La proposition de
financement de la ministre, à l'article 147, est effectivement une
proposition claire, précise, mais je pense qu'il est important de quand
même faire certains commentaires. La position du Parti
québécois aussi a été exprimée; elle
était claire, elle était précise. Ce n'était pas la
disparition des établissements d'enseignement privé dans le
programme du Parti québécois, il faut le rappeler, puisqu'on
semble l'avoir oublié, c'est un moratoire. C'est un moratoire, et loin
de nous de ne pas reconnaître la place des institutions privées,
une place qui est enviée, et avec raison, à l'extérieur du
Québec.
Nous avons fait le choix de financer les institutions privées il
y a quelques années; ce choix a été maintenu. Mais la
question qu'on se pose aujourd'hui, c'est à savoir si ces 13 700 000 $,
on se doit de les donner à l'enseignement privé ou si nos
institutions d'enseignement publiques en ont besoin. C'est ça, la vraie
question. C'est sûr que, lorsqu'on regarde demande par demande, toutes
les demandes sont intéressantes, toutes les demandes sont
justifiées et justifiables. Mais, lorsqu'on a une vision globale,
lorsqu'un gouvernement dirige, il faut d'abord établir les valeurs qu'on
veut défendre, les objectifs qu'on veut atteindre et prendre des
décisions. Et ça, on dort le faire individuellement, au niveau de
nos familles, et collectivement. Et, lorsqu'on a à prendre des
décisions individuellement au niveau budgétaire, on peut
concevoir que certaines choses sont importantes, sont valables et qu'on
souhaiterait pouvoir les inclure, mais on n'a pas les budgets pour le faire. Il
faut faire des choix.
Lorsqu'on regarde la demande des institutions privées,
évidemment, on nous parle, au niveau des élèves, des
problèmes, entre autres, d'apprentissage. Évidemment, on nous a
parlé des problèmes au niveau des institutions qui sont
éloignées, des institutions qui sont plus petites, mais il faut
les comparer aux besoins qui sont exprimés au niveau de l'enseignement
public, puisque c'est du même budget dont nous devons disposer, on n'a
pas un autre budget pour le faire.
On nous a parlé de décrochage scolaire. Pour le
décrochage scolaire, on l'a dit, le gouvernement a mis 42 000 000 $. Si
on regarde ces 42 000 000 $, c'est que le gouvernement a décidé
d'investir à peu près 50 $ par élève pour contrer
le décrochage scolaire, problème identifié par tout le
monde, reconnu et amplement discuté. Le décrochage scolaire, on
se parle de 40 % des étudiants. Aujourd'hui, on nous dit qu'on va
ajouter, pour 7,53 % d'élèves qui ont un retard scolaire au
primaire, 108 $ par élève au primaire, alors qu'au niveau du
décrochage on parle de 50 $ par élève. Au niveau du
secondaire, on nous dit: 2,72 % d'élèves en retard. Bien,
là aussi, si on compare au public, 15,6 % et 40 % de
décro-cheurs, on ne se parle pas du tout de la même
réalité, on ne se parle absolument pas des mêmes choses. Il
y a un choix à faire entre ces deux éléments-là.
(15 h 30)
L'éducation aux adultes. On regarde le taux de chômage, les
derniers chiffres de novembre 1992: 14,1 %. Pour contrer ce
chômage-là, il faut que nos gens soient formés. On sait
qu'au niveau de l'éducation des adultes il y a des besoins. La ministre
nous a donné des montants qui ont été accordés,
mais il y a aussi 25 000 000 $ qui ont été coupés. On a eu
une perte de 25 000 000 $, malgré les besoins qui avaient
été définis.
La ministre nous a parlé de son plan pour la pauvreté: 10
000 000 $. 10 000 000 $ pour contrer un taux inégalé de
pauvreté. Le taux le plus élevé, c'est au Québec
qu'on l'a. 10 000 000 $, et on donne 13 700 000 $ pour l'enseignement
privé. Il y a quelque chose en soi là-dedans qui est
difficilement justifiable. Comment peut-on mettre 10 000 000 $ pour contrer la
pauvreté et 13 700 000 $ au niveau de l'enseignement privé?
On nous a parié du perfectionnement des enseignants.
Évidemment, ils ont sûrement besoin de perfectionnement là
aussi, comme dans le réseau public, mais les besoins exprimés au
niveau du public, on n'a pas pu répondre, au niveau de l'argent, aux
demandes qui avaient été exprimées. Et, là, on va
pouvoir accorder des montants de 250 $ par enseignant.
L'encadrement scolaire. Évidemment, on a à utiliser des
moyens pour l'encadrement scolaire des élèves. Si j'additionne le
primaire et le secondaire, on se parie d'à peu près 10 % des
élèves du privé, alors que, si j'additionne les chiffres
du primaire et du secondaire, on se parie de 29 % des jeunes qui ont des
besoins au niveau de l'encadrement.
Et, dernier point que je veux faire, la dernière question qu'il
faut se poser lorsqu'on a à injecter de l'argent, c'est: Est-ce que ceux
qui nous demandent cet argent ont d'autres moyens d'aller chercher
réponse à leurs besoins? Est-ce qu'ils ont d'autres moyens
financiers? Est-ce qu'ils ont d'autres ressources? Parce que, dans la
plupart des programmes, dans différents ministères, c'est
ce qu'on nous demande: Avez-vous épuisé tous les moyens? À
l'article 77, on a eu des chiffres extrêmement révélateurs.
Est-ce que le réseau de l'enseignement privé a utilisé
tous les moyens mis à sa disposition pour répondre aux besoins
qu'il a?
Au niveau collégial, 5 établissements sur 25 ont atteint
le plafond de 50 %; 5 sur 25. Je pense qu'on peut dire clairement qu'au niveau
collégial on n'a pas été chercher tous les moyens qu'on
avait à notre disposition pour répondre aux besoins. Au primaire
et secondaire, 50 établissements sur 139 sont allés chercher
entre 40 % et 50 %. On n'a pas eu le total pour le 50
précisément, mais ils sont allés chercher entre 40 % et 50
%, 50 sur 139. Donc, là aussi, on n'a pas été chercher
tous les moyens.
Si nous étions dans une période de grande
prospérité, la question pourrait être différente,
mais, en période difficile comme nous avons, au moment où tous
les besoins ont été définis au niveau public, le
privé a défini ses besoins, mais est-ce que le privé est
allé chercher tout l'argent dont il pouvait disposer ailleurs? Non. Le
public n'a qu'une seule source de financement et c'est la source du
gouvernement.
Donc, c'est pour ça, M. le Président, que vous comprendrez
qu'on ne peut être en accord avec la proposition qui est sur la table. Je
vous remercie.
Le Président (M. Bradet): Alors, merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Gendron: Pas sur l'article 147, premier alinéa.
Le Président (M. Bradet): O.K. Est-ce que l'article...
M. Gendron: Non, parce qu'on doit le faire au complet.
Le Président (M. Bradet): O.K. Je comprends. Alors...
M. Gendron: Sur le deuxième alinéa, j'aimerais
ça que la ministre nous donne une phrase de présentation.
Mme Robillard: Qui commence par «pour l'année
scolaire 1993-1994...
M. Gendron: Oui. Oui, Mme la ministre.
Mme Robillard: ...majorer de 1,25 %...» Alors, le 147, dans
le fond, s'adresse à l'enseignement primaire et secondaire. Donc, comme
Je l'expliquais, pour atteindre 3 000 000 $ en 1993-1994 pour le réseau
primaire et secondaire, il faut majorer les montants de base de 1,25 %.
M. Gendron: Juste une seconde. À ma connaissance, Mme la
ministre, pour l'article 147, il n'y a pas de secondaire, c'est 147.01 qui a du
secondaire. À l'article 147, il n'y a que primaire et
préscolaire.
Mme Robillard: vous avez raison, m. le président, c'est
que le 1,25 % va être répété pour le secondaire
à l'article 147.01, 1°. alors, c'est strictement pour le
primaire.
M. Gendron: C'est ça. Là, je m'excuse, on s'est
compris. Continuez l'explication que vous étiez en train de donner pour
l'appliquer directement, faire la transition entre la formule de financement
que vous avez bien présentée ce matin et l'article...
Mme Robillard: L'article en tant que tel. Donc, les 3 000 000 $,
pour l'année 1993-1994, autant pour le préscolaire, ie primaire
que le secondaire, pour avoir ces 3 000 000 $, vous les retrouvez à
l'article 147, 1e, donc qui est pour le primaire là, et
l'article 147.01, 1°, pour le réseau secondaire.
M. Gendron: Voilà! Merci. Question, commentaire. Vous avez
affirmé tantôt que j'avais probablement - oublions l'expression -
mais d'une façon incertaine affirmé que les gens du secteur
privé, qui recevront des montants d'argent sous la rubrique, en
particulier... pour les aider au niveau des élèves qui ont des
difficultés d'apprentissage, pourraient les utiliser à des fins
autres, que j'avais affirmé ça et que, sans doute, je l'avais
fait par erreur.
Je vous pose la question suivante, pour éviter de faire des
erreurs. Après que vous aurez remis dans les bases ce qu'on vient de
lire à l'article 147, que ce soit pour 1993-1994 ou 1994-1995, où
on n'applique pas le même facteur, ça, de toute façon,
ça va donner pour les deux années 5 100 000 $. Ce qu'on vient de
regarder, les deux facteurs, va donner 5 100 000 $ pour les deux ans, pour
l'aide aux élèves qui présentent des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage. Mais c'est dans les bases de financement
rehaussées du secteur privé. Alors, comment la ministre peut-elle
prétendre qu'en le mettant dans les bases elle a l'assurance que ce
financement serve spécifiquement, exclusivement et uniquement aux fins
de soutenir les élèves, d'une façon très marginale,
en passant, par rapport au secteur public, qui auraient des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage? Comment vous faites pour soutenir
ça?
Le Président (M. Bradet): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, c'est partant du fait que,
à l'heure actuelle, contrairement à tous les
préjugés qui existent, qu'il n'y en a pas d'enfants en
difficulté d'apprentis-
sage dans le secteur privé... On entend ça de façon
régulière. Je pense même que la députée de
Chicoutimi le mentionne aussi en disant que, dès qu'un enfant a des
difficultés d'apprentissage, on l'envoie au public. C'est
véhiculé de façon courante. Et, quand on regarde les faits
- et ça, ce sont des faits - il y en a présentement. Il y en a,
et j'ai donné les pourcentages: au-delà de 7 % au niveau du
primaire et de 2,5 % au niveau du secondaire. Ça veut dire qu'à
l'heure actuelle I le réseau privé accueille des enfants en
difficulté d'apprentissage.
D'après moi, en leur donnant, dans leurs bases de financement,
donc dans la base même budgétaire, un montant spécifique,
c'est un encouragement encore plus grand au réseau privé à
en accueillir davantage. Et j'ai bien expliqué que le mode financement
était différent au secteur public qui, à ce
moment-là, cible strictement ces enfants-là. Ce n'est pas l'objet
de la proposition qui est là, c'est ce pour quoi c'est inclus dans les
montants de base, pour donner le message très clair aux réseaux
privés qu'ils se doivent de continuer à accueillir cette
clientèle-là et en plus grand nombre. (15 h 40)
M. Gendron: Commentaire. Jamais je n'ai affirmé, comme
porte-parole de l'Opposition, qu'il n'y avait pas d'élèves en
difficulté d'apprentissage au secteur privé. Je n'ai jamais
affirmé ça. Les chiffres confirment cependant que c'est marginal,
que c'est dans des proportions très inférieures. Et la
réponse confirme ce que j'ai affirmé et ce que je
réaffirme: À partir du moment où c'est dans les bases,
l'usage de ces sommes-là pourra servir aux fins que le secteur
privé voudra bien qu'elles servent. Et je n'ai rien contre ça,
moi, personnellement, pour ne pas qu'il y en ait qui pensent... Je n'ai rien
contre ça. Je dis juste que c'est irrévérencieux -
ça, c'est noble, ce n'est pas grossier, c'est noble - de sortir une
méthode de calcul pour faire accroire, ce qui est un prétexte,
que, dans le calcul qui donne tel montant, ça va permettre de
démontrer - ça prouve un peu ce que je voulais faire comme preuve
- que, oui, l'enseignement privé s'occupe lui aussi des quelque 2 %
d'élèves qu'il y aurait en difficulté d'apprentissage et
des 5,73 % au niveau primaire, alors qu'on sait bien que les contrats de
services pour des tenants idéologiques de l'école privée
plutôt que l'école publique, quand ils signent un contrat de
services pour une prestation éducative, ils la signent avec l'enfant
qu'ils présentent à l'école privée. L'enfant qu'ils
présentent à l'école privée n'a jamais écrit
dans le front «je ne souffre d'aucun trouble, de difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage», et c'est évident qu'il y a un
certain pourcentage de jeunes, qui vont au secteur privé, qui
présentent des difficultés d'adaptation et d'apprentissage.
Moi, je pense que le fait de le mettre dans les bases... Et je conviens
- je suis très franc - que j'aime mieux le voir là, j'aime bien
mieux voir les pourcentages dans les bases que d'une façon
discrétionnaire, comme le plus ou moins 1 000 000 $ qui va être
donné dans les règles budgétaires. Je suis assez
honnête pour reconnaître ça. Ce que je n'accepte pas, c'est
ce que j'appelle des réalités présentées sous le
couvert de quelque chose qui a l'air digne, noble, recherché et qui,
là, dans ce cadre-là, se présenterait convenablement, se
justifierait, alors qu'on sait très bien que d'aucune façon il
n'y a quelque règle que ce soit pour dire à des gens
publiquement: Voilà, on n'a pas donné d'argent de plus au secteur
privé, on a mis 5 000 000 $ pour les élèves en
difficulté d'apprentissage. Voyons donc! On les met dans les bases avec
un facteur qui permettra de les utiliser pour les fins qu'ils veulent. Vous le
justifiez dans une méthode de calcul bien présentée.
Quand j'ai parlé de la présentation et que je l'ai
qualifiée de bonne présentation, c'est toujours que ça
nous permettait de voir, et puis pour le vrai, ça nous permettait de
bien voir là où vont les sommes.
Moi, je tenais à faire ces commentaires-là; je n'en ai pas
d'autres. Évidemment, j'en aurais à 147.01 aussi. Ma conclusion.
Je trouvais ça curieux que la ministre à la toute fin conclue: Ce
n'est pas compliqué nos affaires, c'est un problème de vision. La
vision du gouvernement du Parti libéral ne serait pas la même que
celle du Parti québécois. J'espère! En tout cas, moi, en
ce qui me concerne, j'espère, et heureusement.
Mais c'est trop simple, là-dessus, de faire accroire que c'est un
problème de vision, parce que je le répète, je ne connais
pas la vision de la Fédération des commissions scolaires du
Québec; là-dessus, elle a le même point de vue que nous
autres. Je ne connais pas la vision de l'Association des cadres scolaires; elle
a le même point de vue que nous autres. Je ne connais pas la vision des
directeurs et directrices d'école qui disent: Ça n'a pas de bon
sens. À ce moment-ci, on ne peut pas donner le signal qu'il n'y a pas
d'argent pour le secteur de l'État, le public, et qu'on en a pour le
privé. Puis on dit: Serrez-vous la ceinture. Quelque geste que ce soit,
c'est la symbolique qu'il faut lire là-dedans.
Je suis un peu étonné et renversé que la ministre
n'ait pas vu que, dans notre plaidoirie, ce n'est pas tellement les mots, le
vocabulaire, c'est la symbolique. Ma collègue de Chicoutimi l'a
très bien illustré sur des réalités observables:
dès que tu mets, à ce moment-ci, de l'argent de plus dans le
secteur privé, par voie de conséquence, tu affaiblis le secteur
public, tu renfor-cis les chances de le discréditer davantage.
Dans le manque d'outils, me dire: On met 9 000 000 000 $, je le sais,
ça coûte une fortune. Mais ça coûte une fortune et
regardez les résultats que ça donne: pas d'encadrement, trop de
décrochage. Donc, il faut contrer ça, mais au système
public d'éducation, surtout, comme ma
collègue l'a très bien relevé, que les marges
potentielles du secteur privé qui sont prévues aux lois n'ont pas
été atteintes.
En bout de ligne, on arrive avec une proposition qui ne les satisfait
pas, qui ne répond pas à ce qu'eux prétendaient comme
étant la demande minimale. Pensez-vous qu'avec 4 000 000 $ l'an prochain
le secteur privé va triper? On vient de faire mal beaucoup au secteur
public et on n'a rien donné au secteur privé. Pour le vrai. Ce
n'est pas avec 4 000 000 $ qu'on va changer les affaires l'an prochain. Je
connais assez le système pour savoir que ce n'est pas vrai que 4 000 000
$ vont corriger le système, qu'il n'y a plus d'inquiétude et que,
là, ça va bien aller.
C'est pourquoi 147, M. le Président, on est prêt à
l'adopter, l'article 147 et non pas l'article 147. 01, pour vous dire que,
nous, on est contre cette disposition.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que l'amendement
à l'article 147 est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
Est-ce que 147 amendé est adopté?
M. Gendron: L'article 147 amendé est adopté sur
division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 147. 01: «Aux fins du calcul prévu
à l'article 72 du montant de base par élève inscrit
à l'enseignement secondaire pour chacune des années scolaires
ci-après mentionnées, il faut substituer au montant de base de
l'année scolaire précédente le montant obtenu en
effectuant les opérations suivantes: «1° pour l'année
scolaire 1993-1994, majorer de 1, 25 % le montant de base de l'année
scolaire 1992-1993 tel que déterminé par le gouvernement pour les
institutions déclarées d'intérêt public en
application de l'article 14. 1 de la Loi sur l'enseignement privé (L. R.
Q., chapitre E-9)».
Ah! il y a un deuxièmement?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bradet): «2° pour
l'année scolaire 1994-1995, majorer de 3, 2 % le montant de base de
l'année scolaire 1992-1993 visé au paragraphe 1° et appliquer
au résultat obtenu les taux de variation des subventions versées
pour l'année scolaire 1993-1994 aux commissions scolaires pour les
mêmes services éducatifs, sans tenir compte toutefois des
dépenses propres à l'enseignement public. »
M. Gendron: Juste une seconde. Est-ce qu'on est certain que le...
Parce que, là, vous dites: Pour arriver au montant, il faut appliquer
les facteurs suivants. Voulez-vous nous rappeler, Mme la ministre, pour le
second paragraphe, en majorant de 3, 2 % le montant de base de l'année
1992-1993, pour obtenir le montant de 1993-1994, par rapport au secteur
collégial, quel montant en argent net ça signifie, pour le
collégial uniquement? Pas pour le secondaire puis le primaire.
Mme Robillard: Pour le collégial?
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: II n'y a pas de collégial.
M. Gendron: Oui, c'est pour le collégial, ça. Ah,
excusez! Excusez! Le secondaire. Non, non, on n'est pas rendu au
collégial.
Mme Robillard: Bon, alors...
M. Gendron: Vous ne l'avez pas séparément? On l'a
globalement. Les 5 100 000 $, c'est le primaire et le secondaire?
Mme Robillard: Oui, oui.
M. Gendron: O. K. Parfait. Donc, dans le facteur, qu'on multiplie
qu'est-ce qu'on voudra, au total, sur deux ans, on va arriver à 5 100
000 $. On va arriver à 5 100 000 $ d'ajustement dans les bases.
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Je n'ai pas d'autres questions. Adopté sur
division.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que l'amendement
à l'article 147. 01 est adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 147. 01 amendé est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Bradet): J'appelle maintenant l'article
147. 02: «Aux fins du calcul prévu à l'article 72 des
montants de base par élève inscrit à temps plein à
l'enseignement collégial pour chaque session de l'année scolaire
1993-1994, les montants de base de l'année scolaire
précédente sont la moitié des montants de base de
l'année scolaire 1992-1993, tels que déterminés par le
gouvernement pour les institutions déclarées
d'intérêt public en application de l'article 14. 1 de la Loi sur
l'enseignement privé (L. R. Q., chapitre E-9). »
M. Gendron: Pour ce qui est du collégial, si je comprends
bien ce qu'il y a là... Deux ques-
tions. Peut-être pas l'an prochain, parce que ce serait trop gros,
mais est-ce à dire que, dans deux ans, trois ans, la ministre pourrait
très bien dire: Là, il ne s'agissait pas d'appliquer un
facteur... Je n'en vois pas, en tout cas.
Mme Robillard: Non. Si vous permettez, M. le Président,
pour le réseau collégial, on ne touche pas à la loi
actuelle, dans le fond, on reconduit ce qu'il y a dans la loi actuelle au
niveau des montants de base. Alors, c'est une reconduction. La seule
nouveauté qu'il y a, comme vous le voyez dans le document
déposé ce matin, à la page 4, on reconduit exactement, au
niveau du budget de fonctionnement, ce qui se passe. Donc, on reconduit la loi
actuelle. Il n'y a pas de hausse des montants de base.
M. Gendron: Oui, c'est au niveau des immobilisations.
Mme Robillard: La seule nouveauté qu'il y a dans cet
article, c'est le fait qu'on introduit la notion de «par session»
pour chaque session. Donc, il y aura une double lecture de la clientèle:
une à la session d'automne et une à la session d'hiver. C'est la
même chose au public. Alors, on l'introduit ici pour le privé, et
ça va éviter des situations telles que le décrivait Mme la
députée de Chicoutimi, des élèves qui s'inscrivent
à l'automne et qui prennent très peu de cours en janvier. C'est
le seul élément nouveau de cet article-là. (15 h 50)
M. Gendron: Oui, mais regardez la question précise... Vous
dites: Deux éléments pour la proposition qui a été
déposée: premièrement, 3 200 000 $ pour ce qui est de la
valeur locative à 100 % de son équivalent du secteur public. fort
compréhensible. je ne peux pas dire que je suis d'accord, mais je
comprends ça. deuxième élément: intégrer
à l'enveloppe globale du privé une somme de 1 200 000 $ à
compter de 1994-1995 pour pourvoir aux fins suivantes...
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Qu'est-ce qui nous dit que, l'an prochain, vous
n'ajouterez pas, vous ne direz pas: Bon, bien, écoutez, ce n'est plus 1
200 000 $ pour pourvoir aux fins suivantes, la recherche pédagogique,
les cours d'été, on décide de mettre, aux cours
d'été, 1 200 000 $, 1 500 000 $?
Mme Robillard: bien, de fait, m. le président, la somme
globale du collégial, qui est donnée dans la proposition, ici,
là, qui est 4 400 000 $...
M. Gendron: Oui, oui, globalement.
Mme Robillard:... les 3 200 000 $ plus 1 200 000 $, c'est des
sommes qui sont distribuées via les règles budgétaires, la
même chose que le 1 000 000 $ au niveau de la taille et de
l'éloignement.
M. Gendron: Ce qui signifie que, dépendam-ment des
règles budgétaires que ce gouvernement adopte par rapport aux
mécanismes prévus, ces montants-là pourraient être
tout autres.
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente...
Le Président (M. Bradet): Ça va?
M. Gendron:... M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Non?
M. Gendron: Merci, M. le Président. Je me suis
trompé. C'est parce que je vous avais féminisé d'un coup
sec.
Mme Robillard: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bradet): Ah oui?
Une voix: C'est une grosse job!
M. Gendron: Je suis d'accord avec vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que l'amendement
de l'article 147. 01 est adopté?
M. Gendron: Sur division. Mme Robillard: L'article 147.
02.
Le Président (M. Bradet): Excusez, l'article 147. 02.
Est-ce que l'article 147. 02 est adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. J'appelle donc
l'article 147. 1, où il y a un amendement qui vient: Insérer,
après l'article 147, le suivant. «147. 1 Pour l'application de
l'article 72. 1 de la présente loi, la déclaration
d'intérêt public ou la reconnaissance aux fins de subventions d'un
établissement d'enseignement pour l'enfance inadaptée faite en
application de l'article 36 de la Loi sur l'enseignement privé (L. R.
Q., chapitre E-9) sont assimilées à une autorisation visée
au paragraphe 2° de l'article 12 de la présente loi. »
M. Gendron: Je n'ai pas de problème avec ça.
Le Président (M. Bradet): Pas de problème?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Alors, l'article 147.1 est
adopté. J'appelle donc l'article 148. L'article 148 a un amendement:
Remplacer l'article 148 par le suivant: «148. Le mandat des membres de la
Commission consultative de l'enseignement privé expire le 30 juin 1993.
«Toutefois, ils demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient
nommés de nouveau ou remplacés en vertu de la présente
loi. «Pour l'application du troisième alinéa de l'article
82, il n'est pas tenu compte des mandats antérieurs à leur
nomination en vertu de la présente loi, le cas
échéant.»
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. Alors, l'article
148 est adopté. J'appelle maintenant l'article 149. L'article 149 a
aussi un amendement. Dans l'article 149: 1° remplacer, dans la
première ligne, les mots «et le ministre» par les mots
«, le ministre et les établissements d'enseignement
privés»; 2° remplacer, dans la deuxième ligne,
«1992» par«1993»; 3° remplacer, dans la
quatrième ligne, le mot «renvoit» par le mot
«renvoie»; 4° remplacer, dans la cinquième ligne,
«1992» par «1993».
M. Gendron: Adopté.
Le Président (m.
bradet): adopté. l'article
149 est donc adopté tel qu'amendé. j'appelle maintenant l'article
150. alors, à l'article 150, il y a un amendement aussi.
M. Gendron: Ça va, M. le Président. J'ai pris
connaissance de l'amendement...
Le Président (M. Bradet): Ça va?
M. Gendron: ...et c'est d'accord.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 150
amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. J'appelle
l'article 151.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 151
amendé est adopté?
Une voix: Adopté M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. J'appelle
l'article 152. Ajouter, après le premier alinéa, les suivants:
«Cette dernière loi cesse, dès le 1er janvier 1993, de
s'appliquer relativement à l'enseignement de culture personnelle au sens
du paragraphe d de l'article 1 de cette loi, sauf les articles 60 à 63
qui continuent de s'appliquer aux contrats de services éducatifs pour
dispenser un tel enseignement conclus avant cette date. «En outre, la Loi
sur l'enseignement privé (L.R.Q., chapitre E-9) ne s'applique pas aux
subventions pour l'année scolaire 1993-1994.»
M. Gendron: Ça va. J'en profite quand même, à
cet article-là, pour rappeler que ça correspond à tout le
moins à une demande répétée par plusieurs groupes
qui prétendent que les cours de formation de culture personnelle
protégeront mieux les publics concernés, ce avec quoi je suis
d'accord. Effectivement, Je pense qu'il est plus logique de sortir la culture
de formation personnelle pour consacrer davantage... Et je pense que ça,
c'est important, la remarque, je tiens à la faire. On est tellement
d'accord avec quand même ce que j'appelle l'apport éducatif que
fait le secteur privé que c'est ce qu'on veut qu'il fasse. On veut qu'il
fasse des interventions à caractère éducatif qui ont pour
objet d'offrir une meilleure formation à celles et ceux qui en font le
choix.
Dans ce sens-là, je pense que de soustraire ça à
l'application de la Loi sur l'enseignement privé, ça ennoblit
davantage la Loi sur l'enseignement privé, sa responsabilité
éducative de dire: Bon! bien, chaque chose à sa place. Les cours
de culture personnelle, je n'ai rien contre ça, c'est louable et c'est
beau, mais ce n'est pas de l'éducation comme telle, ce n'est pas de
l'enseignement comme tel. Je pense que ça doit être couvert sous
un autre chapitre. C'est ce que l'article permet de faire, et je pense que
c'est une disposition heureuse, peut-être celle qui était le plus
voulue, si on se rappelle les consultations, ce qui est revenu constamment dans
les consultations. Également d'enlever le langage affairiste et de vous
considérer comme des institutions - je l'ai dit un peu à la
«joke» - dans le domaine de la criminalité ou presque. C'est
évident que le projet de loi a été corrigé à
ces égards-là, mais, fondamentalement, il n'y a pas eu de
bataille dans les autobus du secteur privé pour bien des dispositions de
la loi 146, surtout pas avec... De la loi 141 plutôt.
Une voix: Avec 146, il y a eu bien des batailles.
M. Gendron: Oui, avec 146, il y a eu bien des batailles. Surtout
pas avec la proposition de financement qu'on vous met sur la table, même
si, pour nous, elle est inadéquate, inopportune, et tout ça.
L'article 152, je pense que ça va
rejoindre un objectif largement partagé par le public, et nous
sommes d'accord.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 152
amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bradet): J'appelle maintenant les
articles 152. 1 et 152. 2. Alors, l'amendement dit ceci: Insérer
après l'article 152 les suivants.
M. Gendron: Ça va, M. le Président.
Concordance.
Le Président (M. Bradet): Pas besoin de le lire?
M. Gendron: Bien, ce n'est pas que je ne veux pas que vous le
lisiez, mais on l'a lu, on a eu la chance de l'avoir hier soir, on avait une
soirée bien tranquille...
Le Président (M. Bradet): Ça va. Alors, est-ce que
les articles 152. 1 et 152. 2 sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Article 153.
M. Tremblay (Rimouski): Adopté.
Mme Robillard: II n'y a pas d'amendement.
M. Gendron: O. K. Ça va.
Le Président (M. Bradet): Alors, il n'y a pas d'amendement
à l'article. Ça va. Adopté. L'article 154.
M. Tremblay (Rimouski): Adopté.
Mme Robillard: II n'y a pas d'amendement.
M. Gendron: Prenez votre temps. Ça va.
Le Président (M. Bradet): M. le député de
Rimouski, s'il vous plaît.
Mme Robillard: II n'y a pas d'amendement.
M. Gendron: S'il n'y a pas d'amendement, ça va.
Le Président (M. Bradet): II n'y a pas d'amendement,
ça va. Alors, l'article 154 est adopté. L'article 155.
Mme Robillard: II n'y a pas d'amendement non plus.
M. Gendron: Ça va, adopté.
Le Président (M. Bradet): L'article 155 est adopté.
J'appelle l'article 155. 1. Alors, l'amendement dit ceci: Insérer,
après l'article 155, le suivant: «155. 1 Les articles 126 à
128 ont effet aux fins de tout exercice financier municipal à compter de
celui de 1994. «L'article 139. 1 a effet depuis le 17 décembre
1987. »
M. Gendron: Adopté.
Le Président
(M. Bradet): adopté. alors,
l'article 155. 1 est adopté. j'appelle maintenant l'article 156. il y a
un amendement à l'article 156?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bradet): Alors, article 156: Remplacer
l'article par le suivant: «Les dispositions de la présente loi
entreront en vigueur le 1er juillet 1993, sauf: «1° celles des
articles 139. 1, 146, 147, 147. 1, 149 et du deuxième alinéa de
l'article 155. 1 qui entrent en vigueur le (indiquer ici la date de sanction de
la présente loi); «2° celles des deuxième et
troisième alinéas de l'article 152 et de l'article 152. 1 qui
entreront en vigueur le 1er janvier 1993. »
(Consultation)
M. Gendron: J'aimerais ça que la ministre présente
l'article 156. (16 heures)
Le Président (M. Bradet): Mme la ministre.
Mme Robillard: Me Dupont va nous répondre.
Le Président (M. Bradet): Me Dupont.
M. Dupont: L'ensemble de la loi entrera en vigueur le 1er juillet
1993, sauf certaines dispositions qui entrent en vigueur le 1er janvier 1993.
Ce sont celles-ci: l'article 139. 1 qui concerne les fonds de pension...
M. Gendron: O. K.
M. Dupont:... des collèges français; l'article 146
qui permet au ministre d'accorder des permis prenant effet le 1er juillet 1993;
les articles 147 à 147. 1 qui permettent d'adopter des règles
budgétaires pour déterminer le montant de subventions à
compter du 1er juillet 1993 et l'article 149 qui permet au gouvernement, au
ministre et aux établissements d'enseignement privés d'adopter
des décisions en vertu de la nouvelle loi pour prendre effet au 1er
juillet 1993: par exemple, les dérogations à l'âge
d'admission, les règles budgétaires, les règlements
d'application. Alors, l'article 152.1, c'est pour permettre de
libérer de la loi la culture personnelle.
M. Gendron: Oui. Merci beaucoup. Adopté.
Le Président (M. Bradet): Ça va. Alors, est-ce que
l'article 156 amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que les
intitulés amendés du projet de loi sont adoptés?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi 141 est adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
Est-ce que quelquiun pourrait faire la présentation d'une motion de
renumérotation?
M. Tremblay (Rimouski): Je la propose.
Le Président (M. Bradet): Proposée par le
député de Rimouski.
Une voix: Adopté?
Le Président (M. Bradet): Adopté? Oui?
Adopté.
M. Gendron: La rémunération? Oui.
Une voix: La renumérotation, pas la
rémunération.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce qu'il y a des
remarques?
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, de consentement, je voudrais indiquer à
ce moment-ci qu'il y aurait lieu de clore la commission, c'est-à-dire
l'ordre de la Chambre pour siéger article par article sur l'adoption du
projet de loi 141, nous avons terminé, mais de rouvrir
immédiatement la commission pour nous permettre de faire, en commission
parlementaire, avec un président de séance, et vous en
êtes, 10, 15 minutes de crédits, d'étude des
crédits. Au lieu de le faire en plénière à
l'Assemblée nationale, nous allons le faire sur place.
Une voix:...
M. Gendron: Oui, on a vérifié, de consentement, il
n'y a pas de problème à faire... Je vais poser les questions
à la ministre, et on va tenir le rapport comme si c'étaient les
informations au niveau de la Chambre.
Une voix:...
M. Gendron: Oui, oui, j'ai vérifié avec Charles, il
n'y a pas de problème, pas besoin d'ordre de la Chambre. Bien,
suspendons une minute, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): O.K. Alors, les travaux de la
commission sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 4)
(Reprisée 16 h 7)
Le Président (M. Bradet): La commission de
l'éducation ayant rempli son mandat ajourne ses travaux sur le projet de
loi 141 et les reprendra dans quelques minutes sur une autre affaire.
(Suspension de la séance à 16 h 8)
(Reprise à 16 h 11)
Étude des crédits supplémentaires
du ministère de l'Éducation
Le Président (M. Bradet): La commission reprend ses
travaux, après consentement général, sur une discussion
sur les crédits supplémentaires du ministère. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Discussion générale Programme
d'éducation populaire
M. Gendron: Oui, à moins que la ministre veuille
présenter les crédits supplémentaires, je n'ai pas
d'objection. On en a pris connaissance. Alors, le commentaire que je veux faire
à ce moment-ci, M. le Président, c'est que, lors de
l'étude des crédits 1992-1993 en mai dernier, le budget consenti
au Programme de soutien à l'éducation populaire autonome, parce
qu'il y a deux parenthèses, mais là... et au programme
d'alphabétisation, qui finance plus de 800 groupes d'éducation
populaire, a été coupé de 3 400 000 $. Et, là, la
ministre sait très bien à quoi je fais allusion. Je n'ai pas
besoin de lui faire un cours
là-dessus. Ils sont passés de 9 700 000 $ à 6 300
000 $, soit une coupure de 35 %.
Au moment de l'étude des crédits, le ministre de
l'Éducation promettait aux groupes de restaurer leurs budgets. Je n'ai
pas envie de citer des preuves, là, je l'ai intégralement:
«Je vous promets». Une promesse. Après plusieurs mois
d'attente, ce dernier confirmait son intention, mais en omettant pourtant un
montant de 400 000 $, représentant une coupure réelle de 4 % par
rapport au budget de l'an dernier et aux engagements qu'il avait pris. Et c'est
évident que cette coupure... Écoutez, 4 %, ce n'est pas gros; 400
000 $, ce n'est pas gros. Mais, quand tu n'en as pas, c'est gros en
étoile. Alors, quand tu n'as pas beaucoup d'argent, c'est beaucoup
d'argent. Et c'est ce qu'ils nous ont fait dire: Le ministre Pagé
cherchait-il à jeter de la poudre aux yeux? Pourtant, la coupure de 4 %
est bien réelle.
Puis, là, je n'ai pas envie de faire une série
d'explications. Par contre, les effets que ça a, c'est que le Centre
d'éducation et d'action des femmes, par exemple, a reçu 28 000 $
en 1991-1992 et ne recevra que 26 000 $ en 1992-1993, soit une coupure de 2000
$ et quelques, malgré le fait que leur subvention est déjà
gelée depuis 1985. C'est ça, le drame. Vous prenez des groupes
qui ont leur subvention gelée depuis plusieurs années - je parle
des effets que ça crée. Alors, ce groupe-là, entre autres
- subvention gelée depuis 1985; bon, là, on file, on est en 1992
- s'attendait, après l'engagement de M. Pagé, à une
restauration complète de l'enveloppe. Mais le fait qu'il y a 400 000 $
de moins a comme conséquence, pour une série de groupes, d'avoir
des effets négatifs. Alors, si le ministre ne comprend pas la
portée extrêmement négative de son geste, nous l'invitons
à venir visiter des organismes.
On ne commencera pas ça aujourd'hui. Mais la première
question: Est-ce que la ministre peut m'indiquer qu'elle va donner suite
à l'engagement fait ou si c'est: Oubliez ça! Faites-en votre
deuil! Moi, j'ai hérité de ce que j'ai hérité et,
en conséquence, comme ce n'est pas comme l'enseignement privé,
oubliez ça?
Le Président (M. Bradet): Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, M. le Président. De fait, on se
rappelle tous qu'il y avait eu une coupure importante à
l'éducation populaire, une coupure de 3 400 000 $. De fait, à la
défense des crédits, mon prédécesseur
s'était engagé, je pense qu'il disait à l'époque -
on pourra le vérifier - à gratter les fonds de tiroirs pour
remettre le même niveau de ressources. Bien, je dois dire, parce que je
pense qu'il est important, M. le Président, de rendre à
César ce qui appartient à César, qu'il a vraiment
gratté les fonds de tiroirs. Il a gratté les fonds de tiroirs
pour trouver 3 000 000 $. Il les a trouvés, les 3 000 000 $. Il n'a pas
trouvé 3 400 000 $, il a trouvé 3 000 000 $. Bien, il les a
trouvés. Moi, je trouve que, dans le contexte actuel, c'est assez
extraordinaire qu'il ait réussi à trouver cet argent-là,
de sorte qu'on retourne au niveau de 9 300 000 $.
Je comprends, M. le Président, que 400 000 $ de moins, je peux
comprendre ça, je peux comprendre que ça affecte aussi le
réseau d'éducation populaire. Je peux comprendre aussi que, de
par les termes qu'ils utilisent, parce que, parfois... On va réutiliser,
si vous permettez, M. le Président, un terme que M. le
député d'Abiti-bi-Ouest a utilisé pour la loi 141, que,
parfois, ils utilisent des termes assez grossiers. Le courrier que je
reçois est assez incroyable à ce niveau-là. Je peux
comprendre que le désir des mouvements, c'est non pas d'être au
niveau de 9 700 000 $, c'est peut-être de doubler l'enveloppe. Nous ne
sommes pas dans un contexte semblable. Et je trouve que l'effort qui a
été fait par mon prédécesseur, de trouver 3 000 000
$ et de ramener ça, donc, à un niveau de 9 300 000 $, de sorte
qu'il y a une diminution strictement de 400 000 $, ça m'apparait
raisonnable. Donc, il est très clair que nous ne rajouterons pas les 400
000 $. L'effort, le grattage de tiroirs a été fait partout dans
le ministère.
Le Président (M. Bradet): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mais, écoutez, je veux bien croire que vous
êtes à la politique des gratteux. C'est les gratteux aux Affaires
culturelles. Je ne sais pas s'il va falloir en inventer un au niveau de
l'Éducation, mais ça fait...
Mme Robillard: Puis le monde aime ça.
M. Gendron: Oui, je comprends, le monde aime ça. Mais le
monde ne trouvera sûrement pas drôle...
Mme Robillard: Le peuple.
M. Gendron: ...d'entendre ce que je viens d'entendre. Un
ministre... parce que c'est pour ça qu'il s'est en allé, il avait
les ongles usés à force de gratter les fonds de tiroirs. Mais ne
pas trouver 400 000 $ alors que, le même jour/ dans cette séance
complémentaire, on vient d'accepter 13 700 000 $ pour l'enseignement
privé, ne pas trouver 400 000 $ pour des organismes répartis dans
tout le territoire québécois, qui font une action
immensément positive en soutenant des groupes, comment ce serait juste
pour éviter de penser trop à des situations de
découragement... Parce que c'est ça un peu le message que vous
leur donnez, comme gouvernement, avec toute la situation, avec tout ce qu'on
vit: plus d'emplois, plus de jobs, pas de travail, coupures à gauche,
coupures au centre, coupures à droite, à côté, au
milieu. Et, là, ces groupes populaires qui ont
encore de l'énergie à s'arracher pour donner une forme de
soutien à toutes sortes de groupes requis dans la société,
ils se font dire: On n'a pas trouvé 400 000 $ pour vous. Vous dites:
Leur demande est plus élevée. Je comprends. Mais, depuis 1985
qu'ils sont coupés ou gelés, puis, là, ils ont eu une
coupure, alors ils voudraient juste être restaurés.
Dans les crédits budgétaires que vous venez de
déposer - parce qu'on va en parler un peu -vous avez: Éducation
populaire, 2 100 000 $. Ma deuxième question. Pourquoi 2 100 000 $?
Comment êtes-vous allée... vous allez vous procurer les 900 000 $
qui manquent?
Le Président (M. Bradet): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je dois aussi dire que,
quand M. Pagé s'était engagé, justement, à les
trouver, les sommes, à l'intérieur du ministère, pour
rétablir le niveau de ressources, en même temps - en même
temps - il avait invité les gens du Mouvement d'éducation
populaire à venir s'asseoir à une table avec le ministère,
à regarder les objectifs du programme, à regarder l'état
de fait dans le sens des clientèles qui sont desservies, à
recibler l'action, à «prioriser». J'imagine que, si cette
démarche-là avait été faite, mon
prédécesseur aurait aussi eu en main un dossier pour aller
peut-être défendre d'autres demandes au niveau du Conseil du
trésor. Mais, devant le fait qu'il manquait 400 000 $, le Mouvement a
refusé de venir s'asseoir à la table du ministre. Alors, il y a
aussi une responsabilité, je pense, du côté du Mouvement
d'éducation populaire. Et, s'ils veulent qu'on regarde ça avec
eux et qu'on aille plus loin, il faut absolument réexaminer... Et je ne
peux pas croire que le député d'Abitibi-Ouest serait contre le
fait de réexaminer nos programmes de façon
régulière et de voir s'ils servent toujours aux bonnes fins, et
à qui, et comment, et pourquoi. Il faut regarder la démarche avec
eux. Alors, il faut aussi dire ça.
M. Gendron: Oui, mais, Mme la ministre, écoutez, soyons de
bon compte. Le 5 mai 1992, un ministre, membre du gouvernement, dit: Je prends
un engagement clair, il n'y en aura pas de coupure de 35 % dans le budget. Et,
le 20 août 1992, les groupes en éducation populaire ne savent
d'aucune façon s'ils peuvent faire confiance et s'ils vont le toucher.
Et vous dites: Écoutez, la réponse qu'ils ont eue, c'est: Venez
vous asseoir, on va en discuter. (16 h 20)
Mme Robillard: Non, non, ce n'est pas ce que je dis. Ce que je
dis, c'est que, quand mon prédécesseur...
M. Gendron: Non, mais on va discuter d'évaluation, c'est
ça que vous avez dit.
Mme Robillard: Quand mon prédécesseur a dit: Bon,
je m'engage à vous trouver la somme, l'écart, à la
condition qu'on regarde ça ensemble, puis qu'on regarde le programme...
Sauf que, lui, il a rendu la marchandise, mais le Mouvement ne l'a pas rendue
en ne venant pas s'asseoir à la table parce qu'il manquait 400 000 $.
C'est dans ce contexte-là. Il faut aussi regarder ça.
M. Gendron: Oui, mais, en tout cas, moi, je pense...
Mme Robillard: Je pense que c'est un état de fait qu'il
faut reconnaître. Et, moi, si j'avais un message à dire au
Mouvement d'éducation populaire, c'est: Vite, très rapidement,
venez vous asseoir avec nous autres, au ministère, pour qu'on regarde le
programme.
M. Gendron: En tout cas, moi, je ne peux pas porter de jugement
sur ce que vous avez dit, ce que M. Pagé a dit après. Mais je me
rappelle, aux crédits, qu'il n'y avait pas de condition de venir vous
asseoir pour évaluer certains dossiers. Dire: Je m'engage, le 5 mai
1992, à restaurer, puis il n'y aura pas de coupure de 35 %, vous allez
avoir le même niveau de crédits, moi, je l'ai entendu puis je l'ai
vérifié, ce n'était pas attaché à aucune
condition. Là, vous semblez dire: Bien, c'est de votre faute, les
groupes populaires, c'est de votre faute; si vous étiez venus vous
asseoir avec le ministre pour réévaluer, on aurait probablement
essayé de trouver ou de dégager une somme de 400 000 $.
Mme Robillard: Maintenant, M. le Président, pour
répondre à la question, je dirais, d'ordre plus technique,
étant donné qu'on arrive avec des crédits
supplémentaires de 2 100 000 $, je demanderais à M. Bouchard de
nous donner ce pour quoi on arrive à ça. C'est vraiment une
question d'ordre très technique.
Le Président (M. Bradet): M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci. Les 2 100 000 $, ça, c'est en
crédits. Donc, c'est 3 000 000 $ en année scolaire; on a 70 % de
ces crédits-là en année financière 1992-1993, donc
les 900 000 $ vont se ramasser en 1993-1994, dans nos crédits.
Première chose.
Deuxième chose. Lorsqu'on a fait le tour de nos crédits,
lorsqu'on a pu dégager le montant nécessaire pour financer ces 3
000 000 $, on a préparé un C.T. au Conseil du trésor, dans
le processus gouvernemental, parce que l'Assemblée nationale vote les
crédits par programme, donc on ne peut pas faire de transfert de
crédits entre les programmes, on a préparé un C.T.
demandant de geler l'argent chez nous, donc on le finançait, et de
donner un recours au Fonds de suppléance.
Par ailleurs, il s'est avéré que, le program-
me total d'éducation populaire en crédits étant de
8 000 000 $ et le recours au Fonds de suppléance pour autre que les
salaires ne nous permettant pas d'obtenir plus que 10 %, on a été
bloqué, donc on était bloqué depuis le mois d'août.
Et la seule façon... Dans la décision du Conseil du
trésor, c'était clair que l'argent nous serait donné en
budget supplémentaire, par ailleurs autofinancé par le
ministère, avec gel de crédits équivalents. Et il a fallu
attendre au mois de décembre que le ministre des Finances, le
président du Conseil du trésor déposent un budget
supplémentaire pour avoir l'argent. Et, lorsqu'on aura l'argent, on le
programmera et on le versera.
M. Gendron: Est-ce que la ministre - parce que sur la
mécanique, merci - a l'intention... Parce que je sais que pas tard vous
allez être sollicitée, pas tard, puis on ne se reverra
peut-être bien pas, je ne parle pas de l'heure d'aujourd'hui, mais pas
tard, vous allez être sollicitée, fin de décembre,
début de janvier, pour la revue de programmes en 1993-1994. Est-ce que
la ministre peut nous indiquer, dès ce moment-ci, qu'elle a l'intention,
à tout le moins, elle, de faire une demande de crédits
supplémentaires qui restaureraient la base de financement des groupes
d'éducation populaire, tout autant en alphabétisation que pour ce
qu'on appelle le groupe régulier d'éducation populaire? Est-ce
qu'à ce moment-ci elle est en mesure d'indiquer une quelconque piste
d'encouragement à tous ces intervenants-là en termes de demande
de crédits budgétaires?
Parce que je sais comment ça se fait une préparation de
crédits budgétaires; les ministres sectoriels font leurs
demandes, puis ils n'ont peut-être bien pas toujours ce qu'ils demandent.
Mais avez-vous quelque chose à indiquer? Avez-vous un peu d'espoir
à communiquer à ces gens-là? Avez-vous un message, en leur
disant: Bien, écoutez, malheureusement, on a pu trouver de l'argent
ailleurs, on a pu en gaspiller pour des choix, 500 000 $, en manches courtes ou
en manches de chemise, mais on n'a pas trouvé 400 000 $ pour
l'éducation populaire, mais je vous promets que ça n'arrivera
plus, puis, l'an prochain, vous allez avoir vos bases budgétaires?
Mme Robillard: Malheureusement, M. le Président, ce serait
prématuré que de m'engager dans cette voie-là, de
promettre quoi que ce soit, d'autant plus que je sais que le
député d'Abitibi-Ouest, si je promets quoi que ce soit
aujourd'hui, va me revenir avec ma galée l'année prochaine en me
disant que j'ai dit ça. N'est-ce pas, M. le Président?
M. Gendron: Non, je vous féliciterais.
Mme Robillard: Vous me citerez... Ha, ha, ha!
M. Gendron: Je vous féliciterais s'il y avait un message
d'espoir. S'il y avait un message d'espoir, je dirais: Aux galées,
regardez, Mme la ministre...
Mme Robillard: M. le Président...
M. Gendron: ...elle convient effectivement que ces
groupes-là font oeuvre utile.
Une voix:...
M. Gendron: Oui, mais un message d'espoir, règle
générale, c'est réaliste.
Mme Robillard: Sérieusement, M. le Président,
à ce stade-ci, ce serait prématuré pour moi. Je suis en
train de regarder ça dans le cadre de la revue de programmes. J'ose
espérer qu'on va être capables de regarder l'ensemble du programme
aussi et de voir si on atteint vraiment nos objectifs.
M. Gendron: Est-ce que, dernièrement, ils ne vous ont pas
acheminé un certain nombre de cadeaux de fête...
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: ...les groupes populaires? Et c'est ça que
vous trouviez qui était un peu disgracieux? On m'a dit que
c'étaient des très beaux souvenirs, des très beaux
cadeaux.
Mme Robillard: M. le Président, je me ferai un plaisir
d'apporter en Chambre certains exemplaires à mon collègue.
M. Gendron: Pour la semaine prochaine?
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Je remercie Mme la ministre.
Le Président (M. Bradet): Ça va. Je vous
remercie.
Une voix: ...si ça va aider leur cause. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bradet): La commission de
l'éducation, ayant rempli son mandat, ajourne donc ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 16 h 26)