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(Quinze heures dix-neuf minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Le mandat de la commission
de l'éducation est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 17, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique. Est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, aucun
remplacement.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
secrétaire. Alors, je permettrai aux membres, M. le ministre, de faire
les remarques préliminaires qui s'imposent, ou si vous le voulez bien.
Ça ne s'impose pas, c'est à votre choix.
Remarques préliminaires M. Michel
Pagé
M. Pagé: Mme la Présidente, d'abord j'indiquerais
à mes collègues toute la satisfaction que j'ai qu'on se retrouve
ensemble aujourd'hui pour étudier le projet de loi 17, article par
article. Projet de loi important, projet de loi qui contient des dispositions
intéressantes s'inscrivant dans une volonté de
décentralisation et de faire davantage confiance à celles et ceux
qui vivent l'école québécoise quotidiennement, que ce soit
au niveau de la commission scolaire, au niveau de l'école, des
professionnels, des enseignants et des enseignantes. Alors, j'ai toujours
indiqué, j'ai toujours comme principe que plus le niveau de
décision est prêt du niveau de l'intervention, davantage nous
avons des chances, c'est davantage garant de pertinence dans les actions qui
sont posées. Alors, j'ai cru comprendre que l'Opposition avait un
certain nombre de questions. D'ailleurs, mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest m'a indiqué hier soir qu'il allait
prendre connaissance des documents portant sur les dérogations, le
projet d'encadrement ou de réglementation. Alors, je suis disposé
à amorcer immédiatement l'étude de l'article 1 du projet
de loi et de répondre à l'ensemble des questions des
collègues des deux côtés de la Chambre
évidemment.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente. Comme c'est de
pratique courante, j'aurai quelques remarques préliminaires avant de
faire l'étude du projet de loi 17, article par article. Comme le
ministre de l'Éducation vient de l'indiquer, effectivement, et je pense
qu'il s'agit d'un projet de loi qui ne chamboulera pas l'ensemble des
éléments de la loi-cadre en éducation qu'on appelle
communément la loi de l'instruction publique, qui est une loi majeure,
importante, mais il n'en demeure pas moins que les dispositions venant modifier
la Loi sur l'instruction publique s'inscrivent, je pense, dans un contexte qui
va recevoir notre appui pour la plupart des éléments que le
ministre a eu l'intention de présenter.
Ce n'est pas un projet de loi majeur qui va chambouler, mais il y a des
éléments majeurs, il y a des éléments significatifs
dans le projet de loi déposé par le ministre de
l'Éducation et pour lequel on a adopté le principe hier soir en
Chambre.
Au chapitre des éléments que j'appellerais, qui viennent
alléger, ou qui viennent s'inscrire dans la logique d'une plus gande
responsabilisation du pouvoir local, ce qu'on appelle communément dans
le jargon de la gestion des affaires publiques, de la décentralisation.
On ne peut pas parler de mesures véritablement
décentralisatrices, mais à tout le moins on peut parier de
modifications qui s'en vont dans le sens de responsabiliser davantage les
pouvoirs locaux, et qui viennent donner suite au discours que nous avons tenu
comme Opposition officielle.
Je le faisais remarquer en Chambre hier, mais comme ce n'est pas
nécessairement les mêmes intervenants, c'est important de revenir.
Je disais même que je trouvais un peu drôle que le
député de Sauvé, le député de Sherbrooke,
qui étaient présents, le député de Rimouski avait
été présent lors de l'adoption des nombreux articles
concernant le projet de loi de monsieur, l'ex-ti-tulaire de l'Éducation,
de M. Ryan, venant modifier la vieille loi, parce qu'on l'appelait de
même quand on a apporté des modifications majeures, la vieille
«Loi de l'instruction publique»...
Une voix: Ça fait plusieurs années de
ça.
M. Gendron: Exact. Alors, on disait c'est important de la
moderniser, de la rafraîchir, de l'améliorer. Je vois M. Dupont,
ici, qu'on salue bien dignement, de même que la sous-ministre qui avait
travaillé énormément pour essayer d'améliorer cette
vétusté loi. Mais, en même temps, j'étais
obligé de rappeler hier, Mme la Présidente, que c'était
probablement la loi qui était qualifiée, par ceux qui auraient
à vivre avec, comme étant une des lois les plus centralisatrices
rarement vue. Évidemment, on avait préparé le discours
correctement à cette époque-là. Bien non, c'est nous
autres qui lisaient mal, c'est
nous qui ne comprenions rien. Ça, ce n'est pas nouveau, c'est un
peu normal de se faire accuser de ces choses là quand on est dans
l'Opposition.
Mais, je trouvais curieux qu'hier, que combien c'était
rafraîchissant d'entendre le ministre lorsqu'il a indiqué que,
lui, depuis qu'il a été nommé ministre, sans flagornerie,
je pense qu'il avait raison, il a voulu regarder les choses aller, il a voulu
s'impliquer directement. Il est allé dans les institutions
d'enseignement. Il est allé rencontrer des élèves. Il est
allé rencontrer toutes sortes d'intervenants éducatifs. Puis, il
a voulu changer des affaires parce que je pense qu'il y avait lieu de changer
beaucoup d'affaires, et il y a toujours lieu, je pense, de s'occuper davantage
de l'Éducation au Québec.
Et, dans ce sens-là, je lui sais gré de s'être
impliqué personnellement, comme ministre, d'avoir voulu faire beaucoup
de choses. Ça ne va pas au rythme que je souhaiterais, c'est plus lent
que prévu à bien des égards. Son plan de réussite
scolaire, mosus que j'ai hâte de le voir. Je suis anxieux d'en prendre
connaissance. Ça fait des mois et des mois que...
M. Pagé: Mosus de mosus, câline de bine que
ça va être le «fun» lundi!
Une voix: Comment ça va s'écrire dans les...
M. Gendron: Ah, il y a des spécialistes là, ils
s'arrangeront.
M. Pagé: Mme la Présidente, vous savez quand vous
avez à référer à l'écriture, vous devez
référer au ministre de l'Éducation.
Une voix: Comment écrivez-vous mosus?
M. Gendron: Demandez-lui une instruction là-dessus, ou une
directive de la gestion des affaires publiques, de la
décentralisation.
M. Pagé: La facture, vous la référez au
ministre de l'Éducation. La fonction confère certains...
M. Gendron: Demandez-lui une instruction ou une directive. Il en
a émis 800, il est capable d'en faire une là-dessus.
M. Pagé: Ha, ha, ha! Je n'en émettrai plus 800,
là hein. «Mauseuse», ça s'écrit -m -a -u -s -e
-u -s...
M. Gendron: -e -u -s. M. Pagé: ...e.
M. Gendron: C'est assez. Il n'y a pas de e, à la fin.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Non, non.
M. Pagé: «Mauseuse». Maintenant, câline
de bine, savez-vous comment ça s'écrit? Ha, ha, ha!
M. Gendron: Pour le e à la fin, vous repasserez. Ha, ha,
ha! Non, trêve de plaisanteries, je pense que...
M. Pagé: Lundi.
M. Gendron: ...le plan de réussiste scolaire, Mme la
Présidente, j'ai hâte de ie voir parce que je suis convaincu qu'il
y aura des mesures là qui viendront aider à contrer ce
phénomène, grandissant, malheureusement, et pour lequel il y a
des coûts astronomiques. Juste avant de descendre ici en commission -
parce que, par hasard, il y a toutes sortes de documents qui nous arrivent - on
disait que le Conference Board du Canada a établi les coûts de
l'abandon scolaire à 4 000 000 000 $ par année; 4 000 000 000 $
par année! C'est des coûts astronomiques, comme
société et on ne peut pas être indifférents à
un tel grave problème. Je pense que le ministre en est conscient et il
veut le corriger un tantinet.
Donc, il disait que dans ses échanges, il a rencontré
toutes sortes d'intervenants, mais essentiellement, les remarques qui lui
revenaient souvent: Y a-t-il moyen qu'on soit moins inondés de toutes
sortes de paperasse? Y a-t-il moyen qu'on puisse avoir les coudées plus
franches, qu'on ait une plus grande marge de manoeuvre? Y a-t-il moyen que la
bureaucratie monstrueuse et ainsi de suite soit moins grande, moins
significative, moins importante? Et ce n'est pas pour rien que la
Fédération des commissions scolaires a adapté sa
dernière réflexion à son assemblée
générale annuelle cette année sur cette difficile
problématique d'essayer d'être en mesure de poser plus de gestes,
sans nécessairement en répondre au quotidien ou hebdomadairement
ou mensuellement dans les rapports aux directions régionales ou au
ministère de l'Éducation.
Donc, dans le projet de loi 17, Mme la Présidente, quand le
ministre nous dit que dorénavant il y aura un peu moins d'exigences
concernant l'obtention de permis pour des plans et devis - et là je ne
veux pas tout refaire ce que j'ai dit hier - écoutez, je ne peux pas
être en désaccord avec ça. Ça m'apparait être
dans le sens d'une logique certaine, d'une logique éprouvée et
dans un discours que nous avons toujours tenu de ce côté-ci de
cette Assemblée. Et je suis convaincu que les agents éducatifs,
s'ils se sentent davantage responsabilisés, bien, par définition,
ils vont s'occuper davantage des vrais problèmes. Et ce n'est pas pour
rien qu'au congrès c'est revenu constamment: Laissez-nous faire des
affaires et laissez-nous bâtir des programmes et laissez-nous, nous
occuper des élèves. Un moment donné, il y avait une phrase
qui me frappait: Nous brassons beaucoup trop de
papiers et on n'a pas le temps de s'occuper de
l'élève. On n'a pas le temps de s'occuper de l'enfant, avait
lancé La Présidente de la Fédra-tion des commissions
scolaires du Québec.
Donc, au chapitre des diverses mesures liées
à ces questions-là, le débat ne sera pas tellement long.
Les explications ne seront pas terriblement longues non plus parce qu'hier on a
indiqué en Chambre que nous allons souscrire à ces
dispositions-là et le ministre les résumait, que ça soit
au chapitre des fonctions et pouvoirs relies aux ressources matérielles,
que ça soit au chapitre des fonctions et pouvoirs reliés aux
ressources financières, que ça soit au chapitre de la taxation
scolaire, des règles budgétaires, des immobilisations, tous les
éléments qui concernent un allégement et une plus grande
clarification du paysage, nous allons être d'accord. En gros, je
résume dans mes remarques préliminaires, les premières
dispositions qui portaient là-dessus. (15 h 30)
Deuxième volet. Concernant les modifications
apportées au projet de loi qui, elles, m'apparaissent également
significatives et majeures comme modifications, c'est toute la question de la
dérogation à l'âge d'admission scolaire. Et on ne peut pas
ne pas revenir un peu là-dessus. Et quand le ministre, d'entrée
de jeu, même s'il a fait des remarques liminaires, comme dirait
l'ex-titulaire, elles portaient quand même là-dessus et c'est
à ce sujet-là qu'on aura plusieurs questions à poser. On
ne peut pas traiter l'ensemble du dossier des dérogations comme si on
n'avait pas eu l'occasion d'alerter l'opinion publique à ce
sujet-là, il s'agit d'une question importante, majeure, significative
parce que ça a des conséquences de permettre à des jeunes
d'entrer trop rapidement dans le système scolaire s'ils ne sont pas en
mesure de faire face aux exigences du système scolaire. Parce qu'il y en
a. Et lorsque le ministre de l'Éducation disait dans son projet de loi,
lorsqu'il l'a présenté: J'estime - et je pense le citer
correctement - qu'il est plus normal que, dorénavant, pour les cas
d'exception ce système de gestion des dérogations scolaires soit
davantage au niveau des commissions scolaires qu'au niveau du 15e étage
ou du 600 rue Fullum. Je pense qu'il traduisait une demande constamment
répétée par des intervenants locaux: Laissez-nous un
minimum de marge de manoeuvre dans les choses que nous sommes en mesure de
gérer adéquatement. Et le ministre avait une bonne
réflexion, à un moment donné, lorsqu'il a dit: Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Moi, ces élèves-là, je
ne les connais pas. Ce n'est pas aussi simple que ça, mais ça
traduisait quand même la réalité que plus les
décideurs seront proches de ces jeunes-là, plus il me semble que
les décisions seront de meilleure qualité et mieux
gérées.
Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas
d'écueils. Et on va en parler dans les questions tantôt. Je fais
juste en citer quelques-unes parce qu'on va y revenir. Il ne faut pas,
cependant, que le régime de gestion des dérogations scolaires
devienne la règle et que, année après année, on
gonfle d'une façon indue le nombre de jeunes qui seraient admis à
l'école avant l'âge universel ou avant l'âge requis. Parce
que je me rappelle qu'à un moment donné on disait: Oui, mais il y
a du danger, avec un régime comme celui-là, quand c'était
au niveau du ministre, que le ministre subisse des pressions indues pour
accorder des dérogations. Et je pense que c'était vrai que le
ministre aurait pu, effectivement, subir certaines pressions indues parce qu'on
sait que tu n'es pas ministre si tu n'es pas d'abord en politique et si tu n'es
pas à l'intérieur d'un parti politique et, là, tout ce qui
s'ensuit.
Mais, imaginez dans les petites commissions scolaires
où le monde se connaît davantage, où les liens sont plus
étroits les uns envers les autres, que ce type de même pression va
demeurer. Et ça peut être assez facile, à un moment
donné, de subir beaucoup plus la version du parent d'un jeune qui est
bien «chum» avec Le Président de la commission scolaire.
C'est peut-être ça qui va jouer davantage que le rapport des
psychologues et le rapport de ceux qui auront évalué
conformément aux règlements dont j'ai pu prendre connaissance
après que j'aie commencé mon discours en deuxième lecture.
Et j'y reviendrai tantôt. Oui, j'ai pris connaissance du règlement
que le ministre entend publier, lequel règlement gérera le
dossier des dérogations.
Mais, essentiellement, nous, ce qu'on avait
mentionné à plusieurs reprises, c'est qu'en décidant
d'élargir les possibilités de dérogation à
l'âge d'admission à l'école, il faut convenir que, quand le
ministre, l'ex-titulaire, a embarqué dans ce système ou dans
cette routine qui est devenue de plus en plus importante, c'est parce qu'il ne
pouvait pas donner suite à l'engagement que ce parti politique avait
pris, que ce gouvernement avait pris de devancer l'âge d'admission
à l'école. Et devant leur incapacité de donner suite
à un engagement, ils ont dû gérer une situation qui s'est
présentée, comme par hasard, beaucoup plus... J'ai fait un
relevé et, si ma mémoire est bonne, un des ex-titulaires du
ministre de l'Éducation, qui était le docteur Camille Laurin, je
pense qu'une année il a accordé 18 dérogations, 18. Quand
on accorde 18 dérogations au cours d'une année, ça
correspond à l'esprit de l'ancienne loi que l'âge d'admission
à l'école doit être six ans révolus avant le 1er
octobre. Et quand il y a quelques cas d'exception, là on dit que c'est
normal parce que je ne connais aucune règle absolue. Et après
qu'une règle soit définie il n'y a plus aucune capacité de
gérer parce qu'à ce compte-là pourquoi nous faudrait-il un
gouvernement et des membres d'un gouvernement dans des créneaux
sectoriels s'il n'y avait aucune marge de manoeuvre pour apprécier des
situations ad hoc. Mais 106, et là on est rendus à
une moyenne de 2 000, 2 002 ou 2 004 par année, ce n'est plus
pareil, 18 et 2 004, ce n'est plus pareil. Et, là, il y a un danger de
faire d'une situation dite universelle une règle d'exception et c'est la
règle d'exception qui devient un peu la situation universelle. Je veux
bien que le ministre dise: Non, non. Moi, j'ai un règlement et on va le
suivre à la lettre. Mais le règlement va être
appliqué au niveau des commissions scolaires.
C'est uniquement pour vous indiquer, Mme la Présidente, à
ce moment-ci de mes remarques préliminaires que le
phénomène des dérogations scolaires n'est pas un
phénomène qu'on doit traiter cavalièrement, à la
légère, compte tenu des conséquences qu'il a.
Conséquences numériques, conséquences également sur
les études dont le ministre dispose. On ne peut pas, d'un
côté, prétendre que les études que nous avons en
main laissent voir que des jeunes qui sont admis, on les place d'avance dans
des conditions moindres de réussite scolaire que d'autres puis dire:
Bien, ce n'est pas grave, parce que, là, ce n'est plus ma
responsabilité. C'est le problème des commissions scolaires. Non,
il restera toujours, j'espère, un ministère de l'Éducation
au Québec, puis il restera toujours, j'espère, un ministre de
l'Éducation au Québec. Et, en conséquence, on ne peut pas
se laver de ses responsabilités. Et on ne peut pas non plus être
de bonne conscience si on a la conviction que si ça devenait: Allez les
ventes sont ouvertes! Et qu'il y a de plus en plus de jeunes au Québec
qui sont placés par notre propre turpitude dans des conditions de
moindres chances de réussite scolaire, parce qu'ils sont admis trop
hâtivement, on ne peut pas laisser ça en plan, puis on ne peut pas
traiter ça à la légère. Alors, on va en parler
longuement.
Il y a également toute la question de l'élitisme.
Rappelez-vous le débat de la CUQ. Règle générale -
à date, et, dans les questions, ça va revenir - je serais en
mesure, je pense, de faire la preuve que, quantitativement parlant, le grand
nombre, le grand nombre des demandes de dérogation ont été
accordées pour des jeunes qui auraient un niveau de
précocité à tous égards, pour tout de suite, plus
grande que d'autres et, en conséquence, pourquoi les retarder
indûment?
Mais comme on sait que les schemes sociaux se répètent,
règle générale, ce n'est pas dans des poches de
pauvreté que la douance se manifeste d'une façon
exagérée. Ce n'est pas là que j'ai vu les plus grands cas
de douance, la douance étant ceux qui peuvent progresser plus rapidement
pour toutes sortes de raison. Ils sont plus doués intellectuellement,
puis nos jeunes, entre eux, ils appellent ça les plus
«bollés». Alors, les plus «bollés», il
faut s'en rendre compte après qu'ils sont admis dans le régime.
Mais avant qu'ils soient dans le régime scolaire, effectivement, c'est
une belle façon, la dérogation, de développer, d'une
façon peut-être trop systémique, un régime
très élitiste qui, par définition, devient discriminatoire
par rapport à d'autres.
Et on ne peut pas avoir des discours d'accès universel. On ne
peut pas avoir des discours de permettre une égaie chance à tout
le monde quand on sait que, dans certains cas, de milieux sociaux très
pauvres, on aura beau faire les règlements qu'on veut, vous savez bien
que ça ne correspondra pas à une réalité de
préparer de beaux dossiers pour justifier une dérogation, quel
que soit le niveau de décision. Que ce soit du niveau du bureau du
ministre, que ce soit au niveau de la commission scolaire, le dossier ne
permettra pas de justifier d'accorder cette dérogation.
Je m'arrête là, parce que je ne veux pas indûment
faire des remarques que je vais reprendre tantôt, mais je tenais, dans
les remarques préliminaires, à dire deux choses fondamentalement.
Ce n'est pas mince, ce n'est pas mineur; il y a de quoi là. Dans un
premier volet, je n'ai pas trop de problème. Bien oui, on va avoir des
questions sur certains articles, mais je n'ai pas de problème avec ce
que j'appelle l'objectif du ministre de sortir un peu plus de cette paperasse
administrative qui n'est pas toujours justifiée, de permettre aux
décideurs locaux d'être plus légitimés d'assumer
pleinement ce qu'on appelle le pouvoir délégué, parce que
les commissions scolaires, c'est un pouvoir de mandataire de gérer la
question scolaire au Québec. Il faut les placer dans des dispositions
où elles ont un minimum de marge de manoeuvre pour être
opérationnelles, être efficaces et être motivées de
se dépenser pour faire ce travail stimulant, quand on y croit. Mais
encore faut-il être en mesure de ne pas constamment faire reprendre ses
mêmes décisions, faire autoriser, faire ratifier, faire
bénir toutes les décisions que des corps intermédiaires
prennent par l'autorité centrale. Ça, c'est le premier volet.
L'autre volet, parce que, moi, s'il y avait d'autre chose
là-dedans que je n'aurais pas vu, vous me le ferez savoir, M. le
ministre. Mais, à ma connaissance, c'est les deux angles majeurs du
projet de loi. L'autre volet important, c'est l'article concernant le
devancement, qu'on appelle les dérogations et les deux articles qui en
tiennent compte pour ajuster à l'article 1. Et c'est là-dessus
que je tenais à faire porter mes premières remarques avant que ma
collègue voulait sans doute en faire aussi... et que, là, nous
abordions l'article 1 avec un questionnement très précis,
très serré, parce qu'on a de nombreuses questions à poser
sur le régime de dérogation. (15 h 40)
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Sauvé.
M. Marcel Parent M. Parent: Mme la Présidente, je suis
assez
heureux d'entendre le porte-parole de l'Opposition dire qu'en
fonction... qu'il n'a pas de difficulté à vivre avec
l'orientation de ce projet de loi. Par contre, je ne peux pas laisser passer
sous silence ses remarques du début qui ressemblaient à du
«j'aurais donc dû», «vous auriez donc dû»,
on vous l'avait dit.
Il y a quand même des choses, je pense qu'il faut être plus
réaliste. Lorsqu'on a étudié le projet de loi qui
refaisait enfin la vieille Loi sur l'instruction publique, il était
certain que l'ex-ministre de l'Éducation était conscient que pour
donner du corps et rapatrier enfin certains éléments de la
vieille Loi sur l'instruction publique, il taillait se donner des outils
et prendre en main les outils nécessaires et assurer l'autorité
du ministre sur le projet de loi.
Nous aussi on était conscient, à ce moment-là, que
le ministre se gardait une mainmise sur différents dossiers là
sur lesquels on serait peut-être obligé à un certain moment
de donner un peu de lousse, de relâcher. Mais, je pense qu'il
était important, à ce moment-là, pour l'ex-ministre de
l'Éducation de tracer la voie, de montrer aux commissions scolaires, de
laisser voir aux commissions scolaires quelle était l'orientation que
l'on voulait donner à ce projet de loi.
Dans le cas, par exemple, de dérogation à l'âge
d'admission à l'école, je pense que le ministre, en effet, a
donné l'exemple avec des examens de psychologues et puis tout ça.
Dans le cas des dépenses des commissions scolaires, dans le cas des
budgets des commissions scolaires, je pense que le ministre se devait de se
montrer sévère, de se montrer, de ne pas faire preuve de trop de
laxisme enfin dans ces différents dossiers.
Et, c'est dans cet esprit-là que nous avons étudié
et adopté la Loi sur l'instruction publique. Mais, il ne faudrait quand
même pas pensé là que l'Opposition a été
illuminée là par les lumières du Saint-Esprit à
certains moments, et qu'ils étaient les seuls à connaître
la vérité a ce moment-là. À ce moment-là,
nous, on était conscient que c'était un premier pas dans
l'amendement de la Loi sur l'instruction publique et dans la refonte de la Loi
sur l'instruction publique, et que cette loi-là, comme toute loi vivante
est appelée à évoluer, est appelée à changer
avec le temps. Et, on n'a pas l'impression non plus que la loi 17 est
terminale, que la loi 17 c'est le seul amendement qu'on va amener à la
Loi sur l'instruction publique. On en amènera d'autres à la lueur
du vécu, à la lueur des expériences que vivront les
commissions scolaires.
Mais il était important, et il a toujours été, dans
l'esprit du ministre de l'Éducation, à ce moment-là, de
donner de l'autonomie aux commissions scolaires, de leur reconnaître un
plein pouvoir aux commissions scolaires, toujours sous la tutelle du
ministère de l'Éducation. Mais, il y avait des étapes
à franchir, il y avait un chemi- nement à faire et c'est dans cet
esprit-là qu'aujourd'hui on se rencontre pour étudier article par
article la loi 17, qui va donner aux commissions scolaires une autonomie
à laquelle elles ont droit d'aspirer.
Alors, c'était mes premières remarques, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Parent. Mme la députée de
Terre-bonne.
M. Parent: Sauvé, madame.
La Présidente (Mme Hovington): Pas de
Parent, de Sauvé. Merci, M. Parent.
M. Parent: Dans quelques années.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Je ne m'étonne
pas tellement des remarques du député de Sauvé. Je pense
que c'est normal qu'il ait voulu faire ces remarques-là. Vous savez,
l'Opposition ne croit pas qu'elle a eu les lumières du
Saint-Esprit. D'autant plus que ce qu'on nous disait dans le passé
c'était plutôt de l'ex-ministre de l'Éducation, là,
que le Saint-Esprit agissait beaucoup.
M. Pagé: Le Saint-Esprit est toujours du côté
droit de la Chambre.
Mme Caron: Mais, je crois sincèrement, je crois
sincèrement que chaque ministre, peu importe, marque toujours son
ministère de sa personnalité. Et, ça, c'est une
réalité. On n'y échappe pas personne. Et, c'est evident
que chacun va toujours au bout de ses convictions. Et, ce n'est pas mauvais en
soi, parce que vous savez, on peut défendre les deux théories. Un
pouvoir centralisateur, quelqu'un qui croit qu'il a de bonnes idées, va
vous convaincre que c'est la seule façon d'agir, de centraliser pour
s'assurer que partout tout se passe bien, que la qualité est la
même partout. C'est évident que ce discours-là ne
correspond plus à ce qui se vit dans notre société
actuellement.
Et, c'est évident que dès l'adoption de la loi 107, les
commissions scolaires, les intervenants du milieu, l'Opposition disaient
déjà au ministre que nous sommes maintenant dans une ère
de décentralisation. Et, vous savez, la décentralisation c'est
loin d'être facile. Et, si on écoute les discours de ceux qui
prônent le plus la décentralisation, on s'aperçoit qu'au
moment où on leur demande de passer à l'action, c'est
extrêmement difficile et que là, dès qu'ils se rendent
compte que certains pouvoirs leur
échappent, bien on commence à être un petit peu
moins centralisateurs dans la pratique. Ça, j'avoue que je
déplore ça au niveau politique dans à peu près
tout, là, mais, dans la décentralisation c'est la même
chose.
Au niveau du discours on veut décentraliser, mais lorqu'on arrive
pour le faire, on est confronté à certaines difficultés.
Lorsque le pouvoir est concentré au ministère de
l'Éducation, puisque nous parlons de la loi 17, on s'inquiète
souvent moins des influences qui peuvent venir jouer sur une décision du
ministre, c'est-à-dire au niveau des organismes, au niveau des
commissions scolaires, on se dit que la justice sera peut-être mieux
appliquée. L'autre théorie qui veut décentraliser dit:
C'est beaucoup mieux dans le milieu parce que les gens du milieu connaissent
mieux les besoins. Et c'est vrai qu'en général les gens du milieu
connaissent mieux les besoins, mais c'est aussi vrai qu'ils connaissent
davantage les gens, et que le risque d'influence il est parfois plus fort.
C'est pourquoi c'est important par rapport aux dérogations,
puisqu'au niveau de la décentralisation du projet de loi 17, finalement,
c'est seulement au niveau des dérogations qu'on les retrouve, de
s'assurer qu'il y a un règlement qui va s'appliquer partout pour essayer
de diminuer ce risque d'influence qui peut être plus fort lorsqu'il y a
décentralisation. Je pense qu'on ne peut pas ne pas courir ce
risque-là. C'est vrai que les gens du milieu connaissent mieux leurs
besoins et c'est vrai qu'il faut prendre le risque que comporte la
décentralisation.
Au niveau des dérogations, c'est un sujet qui m'intéresse
beaucoup et qui m'inquiète toujours beaucoup. J'avoue que les partis
politiques ont souvent pris des engagements pour réduire,
c'est-à-dire pour amener la date d'entrée scolaire au 31
décembre pour tout le monde. Et moi, personnellement, j'ai beaucoup de
difficultés à vivre avec cette position-là parce que comme
ex-enseignante - et j'ai enseigné en première année durant
quelques années - je m'inquiéterais beaucoup de voir
l'application de cette mesure-là mur à mur au 31
décembre.
L'expérience que j'ai eue dans l'enseignement me confirme qu'il y
a beaucoup d'enfants qui ne sont pas prêts. On peut difficilement
instaurer le régime mur à mur parce que le risque que nos jeunes
éprouvent des difficultés, il ne faut pas se le cacher, tout se
joue autour de la première année. Un jeune qui rate sa
première année, c'est évident que tout le long de son
cours il va avoir des difficultés. Donc, il faut que les critères
soient vraiment sélectifs. Il faut que ce soit très
contrôlé, surveillé. Quels moyens on peut se donner pour
s'assurer qu'il va vraiment y avoir un contrôle et, qu'il n'y ait une
commission scolaire, qui peut-être par besoin financier, entre
guillemets, risque d'ouvrir et d'interpréter les réglementations
qui sont là d'une manière un petit peu plus légère.
Mon inquiétude, elle est là.
Que certaines commissions scolaires regardent le règlement, et on
peut toujours interpréter, c'est très facile
d'interpréter. Donc, regarder le règlement et le voir d'une
manière très, très ouverte et permettre des ouvertures en
grand nombre. Et ça c'est un risque très grand. Une
dérogation, il faut vraiment qu'elle s'applique à un nombre
restreint parce que je suis parfaitement convaincu qu'il y a, effectivement,
peu d'enfants qui doivent répondre à ces
critères-là et commencer leur cours beaucoup plus tôt.
Il y aurait peut-être lieu aussi de s'assurer que les commissions
scolaires vont donner l'information aux parents. Ça peut être bien
tentant pour des parents de faire commencer les jeunes plus tôt.
Ça peut être intéressant au niveau... le jeune se retrouve
à l'école, bon, ça évite des coûts au niveau
de la garderie, et puis c'est toujours peut-être flatteur pour un parent
de se dire que son jeune a pu, par une dérogation, commencer son
école plus tôt et ça joue beaucoup. Par contre, il faut les
inviter à la prudence. Il ne faut pas que ces deux
éléments-là jouent et viennent finalement contrer le
talent de leur enfant. (15 h 50)
J'ai vu beaucoup de jeunes au moment où les dérogations
commençaient qui avaient beaucoup de talent, qui étaient
effectivement doués, qui avaient effectivement la maturité pour
commencer leur cours, qui obtenaient cette dérogation. Et
c'étaient des jeunes qui normalement, s'ils avaient attendu un an, se
seraient retrouvés parmi les plus doués de la classe, se seraient
retrouvés parmi les plus performants de la classe, et parce qu'ils
avaient obtenu cette dérogation, ils réussissaient, oui, mais se
situaient plutôt à l'échelle moyenne au niveau des
résultats. Ça, c'est un risque aussi qu'on fait courir à
nos enfants lorsqu'on choisit la dérogation, et moi j'aimerais que ce
soit clair et que les commissions scolaires informent les parents de ce risque.
Oui, vous pouvez avoir le goût de faire commencer votre enfant plus
tôt, mais il y a le risque que ses résultats restent moyens tout
le temps de ses études et, s'il attend un an, il y a aussi le risque
que, là, ses performances soient extrêmement fortes tout le long
de son cours, et ça, c'est un élément dont on ne parle pas
très souvent. C'est plutôt l'expérience comme enseignante
qui m'a amenée à réfléchir là-dessus.
J'ai remarqué également que dans le règlement qu'on
nous a présenté, c'est, en gros, le règlement qui existait
au ministère de l'Éducation pour le ministre, sauf un
élément, la justification de la demande, dans la partie c,
l'élément 2, et je me permets de le lire: L'enfant souffrant de
déficience intellectuelle ou physique sévère, de
perturbation socio-affective marquée et dont la scolarisation au
préscolaire est recommandée après étude du cas par
les professionnels corn-
pétents de la commission scolaire ou par les professionnels
traitants d'un centre spécialisé. Cette mesure vise uniquement
les milieux où il n'y a pas de maternelle quatre ans autorisée,
l'année suivante, l'enfant devra être inscrit en maternelle cinq
ans. C'était un élément qui m'apparaissait important, qui
correspondait à la philosophie, évidemment, de mon parti
politique puisque nous souhaitions offrir des services dans les milieux
défavorisés aux jeunes de quatre ans, et ça
m'apparaît répondre à une des recommandations du rapport
Bouchard, le groupe de travail qui a présenté le rapport
«Un Québec fou de ses enfants» et qui préconisait
cette mesure-là. Donc, je m'interroge sur la disparition de cet
élément qui était parmi les critères que
l'ex-ministre de l'Éducation avait.
Il y a un autre élément qui devrait aussi se retrouver
dans les différentes commissions scolaires. Dans le passé,
lorsqu'on a demandé des dérogations, souvent, il y avait un
élément qui était dénoncé par certains
parents et je me souviens, à ce moment-là j'étais
attachée politique, de parents qui venaient nous voir et qui nous
disaient...
M. Pagé: Je m'excuse de faire un aparté, mais vous
étiez attachée politique pour qui?
Mme Caron: L'ex-député de Terrebonne qui est
maintenant député de Masson.
M. Pagé: Pendant combien de temps?
Mme Caron: Huit ans et demi. Huit ans et demi, M. le
ministre.
Une voix: Elle le dit tellement avec découragement.
M. Pagé: Avec un certain fatalisme. Mme Caron:
Non.
M. Gendron: Pas du tout. Elle dit ça avec beaucoup
d'expérience...
Mme Caron: Huit ans et demi.
M. Gendron: L'expérience qu'elle a...
Une voix: «Ç'a-tu» été si
pénible que ça?
M. Pagé: Huit ans et demi. Bien, encouragez-vous, moi,
j'ai été neuf ans dans l'Opposition, dans la loyale Opposition de
Sa Majesté.
Mme Caron: J'ai des cycles de neuf ans: neuf ans dans
l'enseignement, huit ans et demi comme attachée politique, alors, c'est
habituellement des cycles de neuf ans.
M. Pagé: Puis là, vous allez rentrer dans le
régime de retraite après neuf ans, je présume. Vous avez
le droit de rentrer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Non. Ça, je vous avoue, M. le ministre, que, si
vous me connaissiez, un, j'ai démissionné comme enseignante, donc
je ne retournerai pas. Je ne retourne jamais en arrière et je ne
retournerai pas à l'enseignement. Je ne retournerai pas comme
attachée politique et je reste en dehors du fonds de pension. Je ne
réintégrerai pas le fonds de pension et ça, ça
m'apparaît très clair.
Côté financier, les parents se plaignaient souvent d'avoir
à débourser au niveau d'une demande de dérogation pour les
frais d'un professionnel, et ça, c'est un petit peu difficile à
accepter. Par contre, certaines commissions scolaires n'exigeaient aucuns
frais. Donc, il y avait une certaine iniquité au niveau des commissions
scolaires, et ça m'apparaît important qu'avec le projet de loi 17
on s'assure que cette inégalité-là ne viendra pas
empêcher certaines demandes de parents qui n'ont pas
nécessairement les moyens de se payer les services d'un
professionnel.
Enfin, le dernier élément, il faudrait peut-être
ajouter un certain contrôle, peut-être une date limite où le
ministre pourrait être informé du nombre de dérogations par
commission scolaire, pour s'assurer qu'il n'y aura pas une utilisation massive
de cette dérogation dans certaines commissions scolaires, certaines
commissions scolaires qui pourraient peut-être avoir un but ou financier
ou un but autre - que je ne vois pas à ce moment-ci - mais qui
pourraient peut-être décider d'utiliser cette dérogation
à d'autres fins que celles pour lesquelles le projet de loi le
prévoit.
Alors, à ce moment-ci, Mme la Présidente, c'est l'ensemble
des remarques préliminaires que je souhaitais faire.
La Présidente (Mme Hovington): Je vous remercie. Est-ce
qu'il y a des motions préliminaires? Non. Alors, j'appelle l'article 1
du projet de loi 17, l'article 1.
Discussion d'ordre général L'âge
d'admissibilité
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, à
l'article 1, je veux remercier mes collègues de leurs commentaires. On
a, effectivement, depuis quelques minutes, fait part aux membres de cette
commission, de part et d'autre, de l'habitude de la loi annuelle venant
modifier la Loi sur l'instruction publique. Je dois vous dire, Mme la
Présidente, qu'avant d'être ministre de l'Éducation j'avais
assumé aussi la responsabilité de leader parlementaire du
gouvernement et c'est
toujours avec un peu de questionnement, un peu même de scepticisme
que j'échangeais avec mon prédécesseur, M. Ryan, lui
demandant, purement et simplement: M. le ministre, mon cher collègue,
comment pouvez-vous, chaque année, à la session de printemps,
à la session d'automne, avoir des modifications à la Loi sur
l'instruction publique? Vous ne pourriez pas faire comme d'autres
collègues et procéder à une loi, à l'occasion, une
loi avec plus d'articles, plus de chair ou une évaluation sur une base
périodique? Il me disait: Vous savez, M. le leader, vous n'êtes
pas ministre de l'Éducation. Si vous étiez ministre de
l'Éducation vous seriez à même de constater que
l'éducation au Québec est dans une démarche toujours
évolutive, une démarche qui entraîne, comme
résultat, qui a comme résultat, c'est-à-dire, des
modifications ponctuelles à la Loi sur l'instruction publique.
Or, en deux ans maintenant, je crois que c'est la quatrième
modification à la Loi sur l'instruction publique et je suis en mesure,
maintenant, de bien comprendre les motifs que m'invoquait à
l'époque, mon prédécesseur, le député
d'Argenteuil pour réouvrir régulièrement cette loi.
Pourquoi? Parce que l'éducation est un monde, effectivement,
évolutif, un monde en mutation. On réfère à une
action qui se veut véritablement intégrée entre, d'une
part, le ministre de l'Éducation, le ministère, le gouvernement
du Québec, des partenaires dans un réseau d'enseignement,
à la fois catholique et protestant, en tenant compte, évidemment,
d'un volet d'enseignement francophone, français et anglais, un nombre
important de femmes et d'hommes qui occupent quotidiennement - c'est quoi?
c'est près de 100 000 personnes qui travaillent en éducation
quotidiennement - des organismes qui ont leur autonomie, leurs droits, leurs
reponsabilités, leur mandat. On n'a qu'à référer
à de nombreuses associations.
Exemple concret, lundi prochain quand j'annoncerai mon plan d'action,
j'aurai quoi? J'aurai les représentants et les représentantes de
près de 17 organismes. Je n'ai qu'à référer
à la Fédération des commissions scolaires du
Québec, l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec, aux associations des directeurs d'école, les cadres
scolaires, les gestionnaires, les directeurs généraux, la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec, le réseau d'enseignement public, le réseau
d'enseignement privé, bon, etc. Or, tout ça pour vous dire que
c'est une émulation qu'on peut qualifier de constante et c'est une ligne
de communication aussi qui est étroite et soutenue, entre le ministre,
le ministère, par des comités nombreux qui siègent, que ce
soit pour tout le volet pédagogique, que ce soit pour les
éléments de la structure, que ce soit pour tout l'ensemble de la
question - combien intéressante, en ce qui me concerne - des pouvoirs
véritablement autonomes de nos partenaires.
Alors, cette année, encore une fois, nous sommes placés
devant l'obligation, je crois, pour respecter certaines orientations qui sont
données chez nous, l'obligation de procéder à des
modifications à la loi. Je n'ai pas l'intention d'aborder à ce
moment-ci tout le volet, transfert de responsabilités. Je vais, dans un
premier temps, toucher le point très important de l'âge
d'admission à l'école. (16 heures)
L'âge d'admission à l'école, nos analyses nous
indiquent et nous démontrent que pour un nombre important d'enfants,
l'âge ^'idm'-sion a une incidence directe sur leurs capacités de
suivre nos programmes, de les maîtriser, de les comprendre au rythme
où c'est prévu en vertu ds notre régime
pédagogique. C'est ie cas, et c'est effectivement vrai, que nos analyses
et nos études démontrent ou, tout au moins, tendent à
démontrer que plus un enfant arrive tôt à l'école,
plus les probabilités sont grandes qu'il ait des difficultés dans
certaines matières. Globalement, on peut dire que ce n'est pas le
même niveau. Globalement, j'entends, mais pas totalement, globalement, en
général, on peut soutenir et démontrer par nos analyses
qu'un élève qui arrive à l'école en septembre
à l'âge de six ans, qui est né en janvier, ou
février, ou mars, arrive avec une confiance en soi un peu plus grande
qu'un élève qui est né en août, septembre ou
juillet. Généralement, il s'exprime plus, il est davantage en
mesure de s'affirmer, de s'accomplir, somme toute. Et, globalement aussi,
ça se traduit dans les résultats scolaires.
Quand j'indiquais, lorsque j'ai en quelque sorte lancé ce
débat l'an dernier, en référant à l'âge
d'admission et aux différentes hypothèses que j'étudiais,
puis là vous êtes certainement à même de constater,
quand je vous dis comme ministre de l'Éducation que j'étudie
différentes hypothèses, concrètement ce que ça
signifie, c'est qu'on étudie, on analyse et on valide finalement nos
choix. La même chose peut s'appliquer dans le dossier un peu
délicat, j'en conviens, mais qui ne me heurte pas, c'est celui qu'on a
abordé cette semaine à l'Assemblée nationale et que j'ai
abordé devant Alliance Québec la semaine dernière. Je
pense que c'est une très belle démonstration comme quoi, quand la
réflexion sur un sujet est lancée, ce n'est pas parce que la
décision est prise, parce que la réflexion, l'analyse,
l'étude, tout ça doit nous conduire à la décision.
C'est ce qu'on a fait dans le cas de l'âge d'admission.
Au départ, ma première réaction comme ministre
ça a été de dire devant des chiffres qui semblaient assez
éloquents: L'idéal, ce serait probablement de ramener fa date du
30 septembre - vous vous rappelez que je l'ai évoqué - au 30
avril. Évidemment en ce faisant, on venait changer les règles du
jeu et on venait créer un état de droit qui aurait pu être
préjudiciable à certains élèves au Québec.
Puis je ne
peux pas accepter comme ministre de l'Éducation qu'une
disposition soit à sa face même certainement préjudiciable
à un nombre d'élèves. Il n'y a pas de règle absolue
et d'ailleurs, pour moi, une date, que ce soit le 1er octobre ou le 1er
juillet, une date ça demeure quand même arbitraire. Si on
réfère à une date, pourquoi pas référer
à la grandeur? Ce n'est pas beaucoup mieux l'un que l'autre, au fond.
Alors, ça m'apparaît arbitraire, ça m'apparaît
absolu.
Alors, on a cheminé. Il m'est apparu que, d'une part, dans un
premier temps, on se devait de sensibiliser les parents au fait qu'inscrire
à l'école hâtivement leurs enfants n'est pas
nécessairement le meilleur des services à leur rendre au
départ. Mme la députée de Terrebonne indiquait tout
à l'heure que la tendance ou la réaction chez plusieurs parents,
c'est de les inscrire à l'école le plus hâtivement
possible. Ça s'explique dans un contexte où, par exemple, dans
d'autres pays, les enfants sont inscrits dans leur réseau scolaire
dès l'âge de deux ans et demi, trois ans, notamment en France.
Ça s'explique, aussi, par une tendance de société
où c'est, entre guillemets, sécurisant pour le couple que
l'enfant soit partiellement pris en charge par le réseau
éducatif, le plus hâtivement possible, surtout dans un contexte
où, actuellement, 50 % des conjoints qui vivent encore ensemble, les
deux sont au travail. Et ça, ce n'est pas un blâme, ce n'est pas
une critique, c'est un constat.
Alors, d'un côté, il semble y avoir un lien quand
même relativement direct entre le moment où l'enfant est admis,
l'âge. D'ailleurs, moi, tous les enfant que je connais, je n'en connais
pas des milliers personellement, mais les enfants que je connais, celles et
ceux qui sont entrés à six ans, nés en janvier ou en
février, ont des résultats scolaires qui sont beaucoup plus
éloquents, en termes de succès, que celles et ceux qui sont
nés - exemple - en août, pour ceux que je connais tout au moins et
là, je me réfère à mon expérience, mais
aussi, ce constat-là, les analyses faites au ministère le
démontrent aussi.
D'un autre côté... Et, vous savez qu'en politique, on est
toujours interprétés en fonction de stratégie,
généralement lorsqu'on analyse une déclaration politique,
que ça soit un adversaire qui l'analyse ou encore que ça soit la
presse qui doit remplir son mandat de critique. Je me rappelle le premier
commentaire, quand j'avais référé à la
possibilité de ramener la date du 30 septembre au 30 avril, ça a
été dit: Ah! Il veut sauver 90 000 000 $, parce qu'on sait que
c'est 30 000 000 $ par mois; c'est 36 000 000 $ par mois en fait.
D'un autre côté, c'est vrai, c'est le cas qu'il y avait un
engagement clair dans notre programme politique, d'allonger la période
pour la faire passer du 30 septembre à un peu plus tard dans
l'année de façon à permettre un accès encore plus
facile à l'école. Après discussion, après analyse
chez nous, à l'intérieur de notre groupe, de notre caucus, de nos
membres, on a retenu qu'il n'était peut-être pas opportun,
à la lumière des analyses que j'avais en main, d'y donner suite.
Il y a une règle de référence en ce qui me concerne. La
règle de référence, c'est que nous référons
environ quoi? 100 000 élèves par année; entre 90 000 et
105 000 élèves par année qui arrivent dans nos
écoles. Il n'y a pas de règle absolue. Pour moi, le fait qu'il
n'y ait pas de règle absolue, ça commandait le maintien de la
règle actuelle accompagnée, cependant, d'un mécanisme plus
souple, d'un mécanisme aussi plus garant de pertinence, dans la
décision d'admettre ou de refuser un élève. À cet
égard-là, il me fait plaisir de vous donner les statistiques des
dernières années, à titre d'exemple. Pardon?
M. Gendron: J'aimerais ça - c'est l'une des questions -
une ventilation plus détaillée.
M. Pagé: Je vais vous donner ça. D'ailleurs,
peut-être qu'on pourrait les remettre ces tableaux-là; oui, il n'y
a rien de confidentiel. Alors, je prends acte, Mme la Présidente, que
vous acceptez qu'on suspende pendant quelques minutes et j'apprécie
votre signe de tête-
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: ...pour qu'on puisse procéder à la
distribution de ces documents.
(Suspension de la séance à 16 h 9)
(Reprise à 16 h 16)
Une voix: On n'a pas reçu les documents?
La Présidente (Mme Hovington): Excusez-moi, je croyais que
les documents étalent arrivés. Ah! les voilà!
Une voix: Les documents arrivent.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, les documents
arrivent, je vais les faire distribuer. Voilà, M. le ministre.
Alors, nous avons quatre tableaux en notre possession, devant nous. M.
le ministre.
Demande de dérogation
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, si on se
réfère au tableau 4, on constate que, pour l'année
1988-1989, 3045 dossiers ont été traités, 2366 ont
été acceptés, soit 77 %, et 679 ont été
refusés. On se réfère cependant pas uniquement à
l'âge d'admission, on se réfère aussi à une
huitième année au primaire, dans ces cas-là. En vertu de
l'article 40, on a eu 298 demandes pour autoriser un enfant à terminer
son primaire en 8
ans plutôt que 6 ans, ?92 ont été acceptées
et 6 ont été refusées.
Tableau 3, 1989-1990. On constate que ça passe de 2366 à
2668, 81 % des demandes sont acceptées, 18 % sont refusées. On se
réfère cependant à l'inscription au préscolaire
pour 2288 demandes, à cinq ans. L'inscription au primaire, en
première année, 539; reprise de la maternelle, 70; 388 demandes
pour une huitième année au primaire; ce qui veut dire 458
demandes ne se référant pas à l'âge d'admission,
soit au préscolaire, soit au primaire. Ce qui veut dire, dans le
résultat net, que c'est 2218 demandes effectives de dérogation
à l'âge d'admission. 1990-1991, 2815 dossiers. Nous nous
référons à 3174 demandes, dossiers traités; 2815
acceptés et 359 refusés. On constate que nous sommes
passés de 3045 en 1988-1989 à 3285 en 1989-1990 et 3174 en
1990-1991. Ça veut dire que, depuis 1990-1991, les demandes, comme
telles, de dérogation sont en baisse. Cependant, le pourcentage de
demandes, de requêtes acceptées est en croissance. Alors, en
1990-1991, c'était 3174 dossiers, 1,3 % refusés, 88,7 %
acceptés. En 1991-1992, l'année qui se termine, en
référence à notre statistique du 30 septembre dernier, et
celle-là, on pourra s'y référer d'une façon un peu
plus longue, la situation actuelle, c'est 2861 dossiers qui ont
été traités, 2564 ont été acceptés et
297, c'est-à-dire 10 % ont été refusés et 90 % ont
été acceptés. Nous nous référons, dans le
cas qui nous occupe, à 1819 demandes d'inscription au
préscolaire, cinq ans; 8 demandes d'inscription, en vertu de l'article
33, au préscolaire, quatre ans; 418 demandes d'inscription en
première année avant l'âge de six ans, 129 demandes pour
reprise de la maternelle et 487 demandes référant à une
huitième année, la possibilité pour l'enfant d'avoir une
huitième année au primaire. Voilà pour les statistiques.
(16 h 20)
Pourquoi ces dispositions de la loi? À partir du moment
où, comme ministre de l'Éducation, j'ai établi qu'il n'y a
pas de règle absolue, qu'on doit donner toutes les chances possibles
à l'élève, aussi aux parents, parce qu'il faut convenir
que ce sont quand même des parents qui font un choix pour
l'élève à ce moment-là et c'est normal qu'il en
soit ainsi, on doit leur donner toutes les chances, à ces parents, dans
un premier temps, d'être sensibilisés au fait que l'âge
d'admission a un impact sur le succès, sur la capacité, bon, tout
ça, comme je l'indiquais tout à l'heure, et, je vais vous
répéter ce que j'ai déjà dit, comme ministre de
l'Éducation, je ne me sens pas confortable, moi, d'autoriser de telles
dérogations. Je comprends que ces dossiers sont préparés
comme suite d'une démarche auprès de l'école, sont
appuyés par un rapport d'évaluation d'un professionnel,
généralement d'un psychologue. J'ai pris connaissance de certains
dossiers. Je dois vous dire cependant, j'en conviens, que le travail des
professionnels me semble, à sa face même, bien fait. Ce n'est pas
fait sur le coin de la table, c'est fait de façon très
analytique, la capacité de l'enfant d'être inscrit ou non. Il
m'est apparu qu'il serait préférable, souhaitable de ramener le
plus près possible ce niveau de décision du niveau de
l'école.
Je propose donc le droit à la dérogation en vertu de
l'article 1 qui vient modifier l'article 241.1. Je propose donc que la
commission scolaire se voit confier cette responsabilité en indiquant
toutefois, et pourquoi la commission scolaire, parce que c'est l'organisme
habilitait de l'action éducative sur son territoire. J'ai, cependant,
dans... Parce que j'ai eu des échanges avec la Fédération
des commissions scolaires, avec l'ensemble des intervenants sur ie sujet. Je
compte cependant que le véritable carrefour de la prise de
décision soit au niveau de l'école. La commission scolaire y sera
par le professionnel, parce que je demanderai aux commissions scolaires quand
la loi sera adoptée... Je vais demander aux commissions scolaires - et
ça, je pourrai y revenir un peu plus tard - de placer à la
disposition des parents, dans l'analyse de ses dossiers, les professionnels de
la commission scolaire. Je n'entends pas en faire une règle cependant,
et je vais vous dire pourquoi tout à l'heure, mais je vais demander,
comme je leur ai demandé il y a quelques semaines, entre
parenthèses, à la suite du comité qui a
siégé sur la gratuité scolaire, je leur ai demandé
de revoir certaines choses, et déjà des commissions scolaires,
immédiatement après l'envoi du document sous ma signature, ont
même remboursé des parents cette année pour des frais qui
avaient été chargés, toujours en fonction du concept de
gratuité, et je crois, moi, que les commissions scolaires sont capables,
pour la très grande majorité d'entrés elles, sinon toutes
les commissions scolaires sont capables de demander à leurs
professionnels de remplir cette responsabilité, diminuant d'autant ou
ainsi, les coûts quand même assez importants. Je pense que pour une
famille moyenne, un coût de 300 $ a 400 $ pour la confection d'un dossier
d'inscription, c'est un coût qui est assez... qui est dispendieux.
Peut-être pas pour tout le monde, peut-être pas pour toutes les
familles, mais pour la majorité des familles, dépenser 300 $ pour
étoffer ou étayer un dossier professionnel à l'appui d'une
requête, c'est important.
Donc, comment je vois ça, moi. C'est comme ça que je l'ai
expliqué aux commissions scolaires, et c'est comme ça que le
ministre de l'Éducation souhaiterait ou souhaite que ça puisse se
vivre. Dans un premier temps, j'entends sensibiliser, dans le cadre du plan
d'action, les parents, parce que dans le plan d'action il y a un volet
particulier s'adressant aux parents. Je vais inviter les parents à
réfléchir au fait que l'âge d'admission c'est
délicat. Ce n'est pas parce que nous croyons que notre enfant est apte
à
accéder immédiatement en maternelle qu'il est
nécessairement apte à entrer, et que c'est nécessairement
un service à lui rendre que d'entrer en maternelle avant l'âge de
cinq ans. Le contact va se faire évidemment avec la commission scolaire
et l'école. Je vois un mécanisme où l'enfant pourra
être vu par un professionnel, que l'enfant pourra être en contact,
pourrait être en contact, l'analyse du dossier de l'enfant se fera aussi
avec nos éducateurs du préscolaire et du primaire. C'est au
niveau de l'école, que la direction de l'école soit
associée à cette démarche, que l'évaluation soit
faite et que la décision soit rendue d'admettre ou non l'enfant.
Globalement c'est comme ça que je le vois,
présumant, souhaitant, que chacun, chacune soit guidée uniquement
par une seule référence, l'intérêt de l'enfant. Et
ça c'est important, que la première référence ce
soit l'intérêt de l'enfant, et non pas le nombre d'inscriptions et
comment ça pourrait affecter, toucher ou concerner la formation des
groupes dans l'école. Pour moi l'intérêt de l'enfant comme
personne humaine doit passer avant ces préoccupations. Je prévois
qu'un mécanisme puisse permettre un appel au ministre, mais
j'espère ne pas en avoir. Si je n'ai pas d'appel ça voudra dire
que le système fonctionne bien. Je sais que je peux présumer,
sans imputer aucun motif, que la très grande majorité des
commissions scolaires sont très certainement en mesure de se voir
confier cette responsabilité comme ce sera le cas à compter de
septembre 1993. Peut-être que pour certaines commissions scolaires ce
sera peut-être un peu plus délicat, non habituées qu'elles
le sont ou peut-être réfractaires à une démarche
décentralisée, je ne sais pas. Ce pourquoi on entend, ça
je vous l'indique très clairement, on entend demander aux commissions
scolaires parce qu'on sait que l'établissement final d'un budget
consacré à une commission scolaire se fait à partir des
inscriptions au 30 septembre, je compte que dans le rapport qui sera produit au
ministère en date du 30 septembre de chaque année, pour
l'établissement des clientèles, qu'il y ait une mention
particulière du nombre d'élèves admis au
préscolaire ou au primaire comme suite d'une dérogation, pour
être en mesure de voir les tendances. Pour aussi être en mesure
d'évaluer, de comparer, pour que le ministre de l'Éducation soit
capable, par exemple en octobre ou novembre 1993, d'évaluer le nombre de
dérogations dans la commission scolaire A, par rapport au nombre de
dérogations moyennes des années précédentes, quel
aurait été le comportement, en termes d'application des
dispositions législatives qui s'appliqueront à ce
moment-là. Autre élément, donc, ça il y aura une
disposition comme quoi, là, nous pourrons formellement connaître,
savoir quelle peut être la performance - voyez, c'est un terme que
j'essaie de ne jamais utiliser lorsqu'on parle d'éducation, le moins
possible mais - la performance ou les résultats d'acceptation des
commissions scolaires, pour chacune d'elles, à l'égard de cet
article. Et non seulement les acceptations mais aussi les refus. (16 h 30)
Autre élément. Il m'apparaît que pour
un certain nombre d'enfants, peut-être pas beaucoup, pour un certain
nombre, il y a des enfants qui pourraient facilement arriver à la
maternelle à l'âge de quatre ans et demi, certains, certaines. Ces
enfants-là, généralement, ont reçu un
accompagnement assez important pour les stimuler, éveiller leur
intérêt à la connaissance, à l'apprentissage de
certaines choses. D'ailleurs, il y a des enfants qui arrivent en
première année et qui savent lire. Il y a des enfants qui savent
écrire aussi. Ça, ça dépend,
généralement, de l'appui de la famille ou encore du genre de
service, en plus de l'appui de la famille, qu'ils ont reçu dans des
services de garde ou dans des garderies.
Ces modifications permettent - et c'est ça
l'objectif que je recherche - que le mécanisme soit souple. Quand je dis
ça, ça veut dire quoi concrètement? Ça veut dire
qu'il peut être dans l'intérêt de l'enfant, dès la
maternelle, quelques semaines après le début de la maternelle,
qu'il soit admis plus tôt en première année, en
première année. D'ailleurs, dans le texte de loi, tel que
déposé, on se réfère au 1er janvier. J'ai un
amendement. Il faut enlever la date du 1er janvier pour qu'encore là ce
soit très flexible. Si l'éducatrice de la maternelle - et je peux
parler des éducatrices parce que je pense qu'il y a seulement 8 ou 12,
en tout cas, moins de 20 éducateurs de sexe masculin en maternelle,
alors, on va parler des éducatrices - constate... Parce que tout le
monde doit être centré sur l'élève, ça je le
dis encore une fois, et à chaque geste qu'on doit poser en vertu du plan
d'action que je propose, on doit toujours se poser la question suivante: En
quoi la décision que je m'apprête à prendre doit
bénéficier à l'élève? Ça, j'y
reviendrai. Alors, si cette dame-là constate que cet enfant-là
est avancé, a une maîtrise des connaissances prévues dans
le programme à un point tel qu'il risque de perdre son temps, je
n'attends rien de moins qu'une recommandation, soit que l'éducatrice, ou
la directrice, ou le directeur de l'école rencontre les parents pour
leur dire: Écoutez, votre enfant, il a un niveau de connaissances,
d'apprentissage développé. Ce serait dans son
intérêt qu'il passe en première année. Ça
pourra se faire.
Même chose, et, ça, de nombreuses
éducatrices m'en ont fait part. Plusieurs personnes m'ont dit: M.
Pagé, en première année, il y a plusieurs enfants qui,
après quelques mois en première année, pourraient passer
facilement en deuxième année. C'est possible, actuellement, mais
ça ne se fait pas beaucoup. Il ne faudrait pas... En fait, le maximum de
chances possible
pour l'élève, à partir de sa capacité. C'est
seulement ça que l'article dit.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Si le ministre n'a pas d'objection, j'irais dans une
série de questions, mais séparées; tantôt sur le
règlement, là, j'en aurais sur les chiffres. Sur les chiffres que
vous nous avez donnés, M. le ministre, d'abord, je vous remercie. Je
tenais depuis longtemps à apprécier année après
année le nombre, la progression des dérogations. Comme
première question: Est-ce que le ministre est en mesure de nous
expliquer pourquoi le nombre de refus des dérogations demandées
est pas mal plus élevé pour les inscriptions au
préscolaire que la première année du primaire toutes
proportions gardées, tout le temps? Vous avez beau faire les
statistiques colonne par colonne, vous avez des rapports 1-3, 1-4, 1-2. Quelles
que soient les années que vous regardez, que ce soit 1991-1992,
1990-1991, 1989-1990, il y a toujours un plus grande nombre de refus aux
demandes de dérogation au préscolaire qu'aux demandes de
dérogation au primaire, je le répète, toutes proportions
gardées, parce que c'est évident qu'il y a plus de demandes de
dérogation au préscolaire.
M. Pagé: Au préscolaire quatre ans ou cinq ans?
M. Gendron: Cing ans. M. Pagé: Cing ans.
M. Gendron: Vous expliquez ça comment? Est-ce que le
ministre est en mesure de nous fournir une explication? Moi, j'aimerais
connaître l'explication, à savoir pourquoi il y en a toujours plus
et, dans certains cas, pas mal plus.
M. Pagé: Que dans les autres cas?
M. Gendron: Bien, oui. Si vous prenez un exemple, prenez
l'année 1989-1990. C'est un exemple.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Vous avez rapidement, à l'oeil, une proportion
d'inscriptions au primaire par rapport au préscolaire quatre fois plus
grande au préscolaire. On s'accorde.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Et vous avez un nombre de refus - 7 fois 8: 56 -
presque 7 fois par rapport à 4 fois.
M. Pagé: Au primaire?
M. Gendron: Oui, entre le nombre de refus du primaire versus le
nombre de refus au préscolaire, pour la même année, le
nombre de refus est sept fois plus grand, alors qu'il y a juste quatre fois
plus de demandes. Comment se fait-il que la tendance fait que tu as toujours
plus de refus au préscolaire? Les dossiers sont moins bien
montés? Non, il y a plus de refus au préscolaire qu'au
primaire.
Mme Ouellet (Thérèse): Bon. D'une part, les enfants
qui s'inscrivent au primaire sont souvent des enfants venant de pays
ét^r-^-s qui ont déjà fait des maternelles et qui sont au
Québec souvent de façon temporaire et ça correspond
à un article du règlement. Alors, comme c'est des enfants qui ont
fait des maternelles dans d'autres pays, francophones, on se comprend bien...
Si ce sont des Français, par exemple, ils sont en maternelle en France,
depuis deux ans, trois ans, quatre ans, ils sont donc acceptés en
première année, bien que n'ayant pas six ans au 1er octobre, donc
ce n'est pas... C'est quasiment automatique parce que c'est un des points du
règlement. Ça, je pense que c'est...
M. Pagé: ...pour un certain nombre.
Mme Ouellet: ...pour un nombre quand même assez...
M. Pagé: Oui.
Mme Ouellet: ...important, mais il faut dire aussi que le nombre
de demandes que nous avons au primaire par rapport au nombre que nous avons en
maternelle est beaucoup plus restreint.
M. Gendron: Ah oui! Ça, c'est évident.
Mme Ouellet: Et les enfants pour lesquels nous avions des
demandes au primaire sont des enfants qui démontrent une capacité
d'apprentissage, je n'ose pas dire «intellectuel» mais une
préparation à aller en première année, trait qui se
démarque très clairement, parce que ce n'est pas une question.
Les dossiers sont montés généralement par les mêmes
personnes...
M. Gendron: Oui.
mme ouellet: alors, ce n'est pas la qualité du dossier ou
la qualité des intervenants ou intervenantes qui ont vu les enfants,
c'est vraiment au niveau, je vous dirais, de la qualité...
M. Gendron: ...des sujets.
Mme Ouellet: ...du niveau d'apprentissage des enfants.
La Présidente (Mme Hovington): Voulez-vous
vous identifier s'il vous plaît...
Mme Ouellet: Excusez-moi.
La Présidente (Mme Hovington): ...pour fins de la
transcription des débats.
Mme Ouellet: Thérèse Ouellet, sous-ministre
adjointe aux réseaux au ministère de l'Éducation.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Mme Ouellet:
Merci, madame.
M. Pagé: Mme la Présidente, je voudrais m'excuser
auprès de cette commission de ne pas avoir présenté Mme la
sous-ministre. Mme Ouellet est effectivement sous-ministre adjointe aux
réseaux. Elle était, jusqu'à sa venue au ministère,
directrice générale de la Commission des écoles
catholiques de Québec.
Une voix: Deux.
M. Pagé: Mme Ouellet est arrivée, ça a
été la première femme de mon équipe, comme
sous-ministre, à laquelle s'est jointe Mme Pauline Champoux-Lesage et
à laquelle s'est jointe récemment Mme Janyne Hodder.
La Présidente (Mme Hovington): Bienvenue à la
commission de l'éducation.
Mme Ouellet: Merci, madame.
M. Gendron: Alors, mettons qu'il était temps qu'il arrive
une femme au niveau sous-ml-nistériei.
La Présidente (Mme Hovington): Quand il s'agit de femmes,
vous remarquerez que c'est toujours des premières hein? C'est une
première qu'il y ait une femme sous-ministre, c'est une première
qu'il y ait une femme ministre, c'est une première qu'il y ait une femme
à tel...
M. Pagé: Mais là, ce n'est pas une femme, c'est
trois femmes.
La Présidente (Mme Hovington): Ahl C'est encore mieux! Je
vous félicite, M. le ministre.
M. Pagé: Le ministre de l'Éducation poursuit dans
la môme lignée qui l'a toujours identifié, lorsqu'il
était dans d'autres ministères, une contribution, une
sensibilité à la contribution, parce qu'il y a beaucoup plus de
femmes en éducation qu'il y a d'hommes, soit dit en passant, hein.
La Présidente (Mme Hovington): Absolument.
M. Pagé: Alors, continuons. On finit cet
aparté-là.
M. Gendron: Deuxième question.
M. Pagé: Ça répond à votre question,
M. le député?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente. Deuxième
question qui m'apparaît importante, que les statistiques ne permettent
pas d'observer. J'aurais toujours voulu voir s'il y a des concentrations au
niveau de certaines commissions scolaires en termes de demandes de
dérogations. En termes très clairs, j'estime, M. le ministre,
qu'il y a plus de dérogations qui proviennent des milieux urbains, mais
je voudrais, moi, en avoir une confirmation, parce qu'on ne peut pas, dans la
vie, se baser uniquement sur des présomptions ou des prétentions;
première question, mais je veux juste continuer dans ce
domaine-là.
Deuxièmement, j'aimerais bien ça, moi, que le ministre me
donne des indications, quant à la provenance des demandes de
dérogations. Là, je viens d'indiquer: est-ce que c'est davantage
concentré dans les secteurs urbains versus les secteurs ruraux.
Deuxième niveau que j'aimerais qu'on m'informe, c'est: Est-ce que les
demandes sont davantage du secteur anglophone que francophone? J'aimerais bien
ça avoir beaucoup plus de précisions quant aux demandes qui
proviennent, entre autres, du PSBGM, j'aimerais ça avoir, bien
précisément comment il y a de commissions scolaires anglophones
qui ont fait des demandes de dérogations versus les commissions
scolaires francophones parce que c'est très important pour d'autre
chose, et j'ai besoin de ces informations-là avant de poursuive. (16 h
40)
Une troisième donnée, toujours par rapport aux
statistiques, parce que là, en ayant les chiffres, ça ne nous
indique pas le nombre de commissions scolaires qui, au cours des cinq
dernières années, n'ont présenté aucune demande de
dérogation, je sais qu'il y en a un certain nombre, j'aimerais savoir le
nombre de commissions scolaires qui ont compris que ça ne peut pas
devenir la pratique de plus en plus usuelle de déroger et qui s'en
tiennent à la règle que, moi, je préfère, que je
préférerai toujours, c'est-à-dire la règle usuelle,
que la dérogation est une mesure d'exception et non la coutume. Et si on
me disait: II y a 50 % des commissions scolaires - je ne dis pas ça, je
veux le savoir...
M. Pagé: Une hypothèse.
M. Gendron: Oui. ...qui n'ont jamais présenté de
dérogation, moi, ça me permettrait, pour d'autres questions que
je veux poser, soit de ne pas les poser parce que je vais avoir les
réponses... Parce que, tantôt, je vais vous demander autre chose:
Est-ce que vous avez l'Intention d'avoir une politique quand même assez
de suivi?
Est-ce que vous p"sz avoir des directives? Un peu, dans le discours,
vous mentionniez tantôt que vous allez inviter les commissions scolaires
à y aller prudemment parce que, de déroger et d'admettre plus
vite, ça présente des inconvénients...
M. Pagé: et des risques.
M. Gendron: ...et des risques graves, comme
société. À ce moment-là, il ne faut pas permettre
à ces commissions scolaires là de jouer le risque. Mais des fois,
elles vont nous dire, une bonne fois: On ne les a pas, les données du
portrait québécois. Alors, moi, je veux avoir l'ensemble des
données du portrait québécois par rapport aux trois,
quatre questions que je viens de poser, et j'en aurai d'autres.
M. Pagé: Là-dessus, nous notons le tout et on va
faire tout ce qui est humainement possible pour que, d'ici la prochaine
séance, très probablement la semaine prochaine, je puisse
répondre à toutes vos questions, à savoir la provenance
des dérogations, milieu rural, milieu urbain. Je présume, moi
aussi, et on pourra se conforter dans la réponse que je vous donnerai la
semaine prochaine, qu'il y a beaucoup plus de demandes en milieu urbain qu'en
milieu rural. La distinction entre le secteur anglophone et francophone peut
être assez délicate a faire, puisque nos commissions scolaires ne
sont pas encore linguistiques, elles sont confessionnelles. Il y a quand
même 40 %, maintenant, cette année, des élèves qui
sont au CEPGM, qui sont des francophones, qui sont inscrits comme
«autres» ou encore comme protestants. Je pourrai cependant vous
donner la lecture de la CECM. Je pourrai vous donner la lecture de South Shore.
Cependant, il faudra prendre en compte le fait qu'un certain nombre de
commissions scolaires, effectivement, s'inscrivent de façon très
limitée dans les demandes de dérogation; on va vous donner les
réponses: Combien de commissions scolaires n'ont pas formulé -
exemple - de demandes de dérogation l'année passée? On va
essayer de reculer au moins à deux ans, si possible. Ensuite, il faudra
cependant prendre en compte que certaines commissions scolaires ont
été intégrées; donc, c'est peut-être possible
que les chiffres changent.
Exemple concret. Prenons mon comté. Dans Portneuf, il y avait
trois commissions scolaires locales. L'âge d'admission se
réfère au local. Le chiffre que vous recevrez va probablement
être global, à ce moment-ci, parce qu'elles seront
intégrées.
M. Gendron: Oui, mais, M. le ministre...
M. Pagé: En tout cas, on va tenter de vous donner
ça avec la plus grande transparence possible.
M. Gendron: Oui, mais je vous arrête tout de suite, un peu.
Pour ce qui est des commissions scolaires anglophones et francophones, je sais
ça, que malheureusement, on n'est pas encore à ce que je souhaite
depuis longtemps, c'est-à-dire des commissions scolaires sur base
linguistique plutôt que confessionnelle, et ça, c'est une peu
votre faute, et vous le savez. Tant qu'on sera dans ie régime d'une
constitution que vous défendez, on aura toujours ce problème. Si
on avait pleine juridiction...
M. Pagé: Bon!
M. Gendron: ...comme c'est supposé l'être - non,
non, ça va être très court...
M. Pagé: M. le député...
M. Gendron: ...on serait probablement avec...
M. Pagé: ...vous n'êtes quand même pas en
train d'essayer de plaider qu'une démarche de connaissance exacte des
dérogations consenties pour l'admission à l'école passe
par la souveraineté!
M. Gendron: Non, ce n'est pas ça que je suis en train de
vous dire. Vous m'avez coupé, vous n'avez pas attendu la fin de ma
phrase. Je suis en train de vous dire qu'on n'aurait plus à faire avec
l'article 93 du BNA Act vétusté, archaïque,
inapproprié, qui ne correspond pas, pantoute, à ce que nous
sommes. On aurait pu le faire là-dedans si on avait une constitution
québécoise. Non, ma question est sérieuse, on ne peut pas
accepter de dire: Écoutez, ils ne sont pas encore anglophones ou
francophones, donc on ne peut pas comptabiliser sur la base de la...
M. Pagé: non, mais ce que j'ai voulu vous dire...
M. Gendron: ...langue, une seconde. Si vous procédez par
rapport à la langue d'enseignement. Ces jeunes-là, qui font une
demande de dérogation, à un moment donné, quand les
commissions scolaires l'autorisent, elles l'autorisent pour recevoir une
éducation...
M. Pagé: Dans une langue donnée, dans une
école donnée.
M. Gendron: ...dans une école donnée, mais
où il y a effectivement une langue d'enseignement. Et si vous
procédez par la langue d'enseignement, vous êtes capable de me
dire combien il y a de jeunes qui ont été admis en
dérogation à la commission scolaire Sainte-Croix et à la
commission scolaire de tel endroit et au PSBGM. Vous êtes capable de me
dire: Oui, c'est drôle, mais des dérogations, on en reçoit
davantage du milieu anglophone que du secteur
francophone. Moi, je veux savoir ça parce que ça a de
l'importance.
M. Pagé: On va tenter, mais je ne peux pas me porter fort
- et j'utilise un terme juridique, là, je ne peux pas me porter fort -
d'une réponse pleine, complète et entière sur ce
sujet-là, sachant concrètement que certaines commissions
scolaires, au Québec, avec un nombre appréciable
d'élèves, n'ont aucun système d'informatique pour colliger
de telles informations. Ça, je le sais, je l'ai vu dans des
écoles, aussi surprenant que ça puisse paraître, en 1992,
parce que ce n'était pas leur priorité. Alors, on va tenter de
faire pour le mieux, de vous donner le meilleur des tableaux.
M. Gendron: Oui, présentement, c'est normal, elles sont
trop pauvres.
M. Pagé: Ce n'est pas la question, non, non.
M. Gendron: Elles sont «clenchées», elles sont
sur le BS. Alors, n'ayant pas d'argent...
M. Pagé: Bon! Bien, quel mea culpa de la part du
député d'Abitibi-Ouest au nom de M. Laurin...
M. Gendron: Ah non! écoutez...
M. Pagé: ...au nom de tous ces collègues qui ont
coupé l'éducation...
M. Gendron: ...on est en 1992, là. M. Pagé:
...de 600 000 000 $. M. Gendron: Oui. M. Pagé: 600 000
000 $. M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Avez-vous pensé? Moi, depuis que je suis
arrivé, j'ai coupé 90 000 000 $ et, la première
année, je me suis dépêché de remettre 171 000 000 $
et, cette année, ça va être encore quoi? C'est quelque 200
000 000 $ de plus?
M. Gendron: C'est pour ça que le président de la
Fédération...
M. Pagé: Le plus haut pourcentage d'augmentation au
Québec, au Canada c'est-à-dire.
M. Gendron: C'est pour ça que la présidente parle
de 1 000 000 000 $ au cours des dernières dizaines d'années, et
dans les dernières dizaines d'années, bien, vous avez...
gouvernements libéraux.
M. Pagé: Plus de plan d'action que je vais annoncer,
plus...
M. Gendron: II y a... gouvernement libérai, donc ça
pose un problème. M. le ministre, soyez sérieux, trop de
quêtions...
M. Pagé: Mais c'est vous qui m'entraînez sur ces
pistes.
M. Gendron: Non, non. C'était une petite parenthèse
exacte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Combien, M. le ministre, de commissions scolaires ont
défrayé le coût du dossier professionnel pour demander une
dérogation versus le nombre de commissions scolaires...
M. Pagé: Ah!
M. Gendron: Un instant! ...qui assument le coût? Parce que
vous admettez... Vous savez vous-même qu'il y a des pratiques qui sont
très variées par rapport à constituer...
M. Pagé: ...d'une commission scolaire à
l'autre.
M. Gendron: Voilà! ...pour constituer le dossier de
plaidoirie, dans le temps, au 15e étage, au niveau de «l'ayatollah
suprême», et depuis que c'est vous - bien, à votre niveau -
pour justifier la décision on déroge ou on ne déroge pas.
Alors, ma question. Je sais qu'il y a plusieurs commissions scolaires qui
défrayaient le coût pour monter ce dossier-là. Il y a un
certain nombre de commissions scolaires qui disaient: Non, nous on ne peut pas
payer ça, et c'est les parents qui devaient assumer le coût pour
constituer le dossier de dérogation. Moi, j'aimerais savoir ça
parce que je trouve, encore là, que ça a énormément
d'incidence, et j'aurais d'autres questions sur votre règlement.
Étude du dossier de dérogation
M. Pagé: O.K. Alors, là-dessus, Mme la
Présidente, je vais tenter, encore une fois, de donner ces informations.
Cependant, il est possible que ça commande une recherche un peu plus
exhaustive. Il est possible. On a un certain nombre... D'ailleurs, c'est le cas
qu'il y a un certain nombre de commissions scolaires qui offrent le service aux
parents des élèves qui en font la demande, à partir de
leur personnel professionnel. Il y a d'autres commissions scolaires qui
refusent que ce soit leur personnel professionnel qui procède à
l'étude d'un tel dossier, l'analyse d'une telle requête, et qu'ils
s'en remettent purement et simplement à l'obligation que les parents ont
de cogner à la porte d'un professionnel privé et de payer pour.
Mais,
encore là, ça varie. Moi, j'ai vu des commissions
scolaires, même taille, sensiblement le même profil en termes
d'élèves inscrits, en termes de répartition ou
d'étalement de leur personnel sur leur territoire. J'ai vu des
commissions scolaires, exemple, qui, pour l'une, un psychologue par
école, et pas une demi-journée par mois, un psychologue par
école, et de l'autre à côté, voisine, pas de
psychologue par école hein, quatre ou cinq pour l'ensemble du
territoire, et ça c'est des choix. C'est des choix. Par contre, on
constate qu'à l'une il y a des choses qui sont peut-être un peu
moins que la voisine.
M. Gendron: Mais dans votre future politique, M. le ministre,
puisque je trouve que c'est relié, la question que j'ai posée,
est-ce que vous avez l'intention d'indiquer que, règle
générale, vous souhaitez...
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Une minute! ...que les commissions scolaires qui vont
vouloir...
M. Pagé: Assument.
M. Gendron: ...envisager d'accorder des dérogations
assument la responsabilité de monter le dossier qu'on appelle
d'évaluation par les professionnels attachés à une
école ou à une commission scolaire pour avoir, au moins, un petit
peu d'équité dans la capacité pour un prétendant
parent...
M. Pagé: Oui. (16 h 50)
M. Gendron: ...que son jeune, son enfant ou sa fille ou son gars,
puisse, éventuellement, bénéficier, si sa
prétention, que le dossier le justifie, d'une dérogation, mais
que le dossier d'évaluation que je trouve requis, qui est
nécessaire si on ne veut pas les octroyer sur la base des yeux bleus ou
de la longueur des cheveux, soit là, bien, que ça soit une chance
réelle pour tous les parents qui seraient des personnes qui
prétendent que leur enfant est légitimé d'avoir droit
éventuellement à une demande de dérogation? Parce que je
n'ai pas vu rien à date dans ce que vous proposez qui me confère
une garantie qu'il y aura plus d'équité, plus de justice, plus
d'équilibre, et que les commissions scolaires qui décideront
d'envisager de donner suite à des dérogations, qu'au moins les
dossiers d'évaluation qui permettent de le faire sur des bases
très professionnelles soient pleinement acquittés à
même leur enveloppe budgétaire et non pas encore une
responsabilité aux parents.
M. Pagé: O.K.. Je vais répondre à la
question, et aussi, j'avais indiqué précédemment que j'y
reviendrais. La réaction... Et ça, ce n'est pas une critique;
c'est un constat. S'il fallait que j'indique dans le règlement: - dans
la loi, peu importe - L'obligation est faite pour la commission scolaire de...
c'est clair, je vous le dis. Le lendemain matin, ia réaction serait de
dire: Ah! Parfait! Une responsabilité additionnelle, ça
coûte tant, ça coûte tant, ça coûte tant, parce
que la réaction des systèmes, c'est soit la norme ou soit le
paiement de l'acte. Je pense que c'est normal qu'il en soi! ainsi. Ce que
j'entends faire purement et simplement, c'est d'inviter les commissions
scolaires à s'appuyer sur leur personnel professionnel qu'elles ont, ces
commissions, à leur service, aux fins de cette *2-?onsabilité
qi'i n'engage pas leur personnel pendant toute i'année durant.
Deuxième élément... et je crois même qu'une
simple invitation à des commissions scolaires à rendre
accessibles les services professionnels de leur personnel au
bénéfice des parents aura très certainement un effet,
très certainement un effet. Autre élément, le plan
d'action, que je vais rendre public lundi prochain, prévoit, pour
plusieurs commissions scolaires au Québec, un support additionnel, un
support plus marqué au chapitre des personnels professionnels, tout
comme aussi il y a des dispositions dans l'entente de principe que nous avons
signée avec la Centrale d'enseignement du Québec qui sera rendue
publique bientôt, au moment où ce sera signé, qui
prévoit de l'ajout de professionnels dans nos réseaux en plus de
ce qu'il y aura dans le plan d'action. Est-ce que c'est un vote, madame?
Une voix: Quorum.
M. Gendron: Autre question. Vous avez beaucoup insisté...
D'ailleurs, vous l'avez fait hier, vous l'avez refait dans vos remarques
préliminaires, liminaires que, dorénavant, if n'y aura plus de
responsabilités au niveau de l'équipe école.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Et c'est drôle. J'ai lu attentivement, quand je
l'ai eu, le règlement sur...
M. Pagé: C'est un projet, ça, je m'excuse.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: C'est inspiré des règles
antérieures qui nous guidaient, mais ce ne sera pas
nécessairement le texte final. Je peux vous en donner l'assurance
suivante. Et pour le bénéfice du Journal des débats,
on réfère à un document que j'ai distribué hier
qui est intitulé «Projet» et qui concerne les
paramètres ou les règles sur lesquels la commission scolaire
devra s'appuyer pour administrer cette responsabilité nouvelle qui lui
est dévolue.
M. Gendron: Ça va, M. le ministre, par l'entremise
de Mme la Présidente. Mais, en ce qui me concerne, je ne pense pas que
même si je sais ce que c'est un projet versus une version
définitive, les paramètres qui sont là ne devraient pas,
à ce point, changer. Et ce que j'indique, c'est qu'entre ce que vous
suggérez qui seront les règles devant guider les commissions
scolaires pour éventuellement déroger, c'est à peu
près ce qui existe actuellement comme pratique. Et, vous, vous avez
insisté, à plusieurs reprises, que vous alliez être en
mesure d'impliquer davantage l'équipe école.
Par contre, quand je lis ce qu'on appelle les cas, les différents
cas, quand je lis les différents cas... Quand je lis les
différents cas pour lesquels il y aura lieu de regarder une demande
d'admissiblité, il n'y a rien de changé entre ce que vous
préconisez puis ce qui existe, sauf un paramètre qui est
l'élément 2 du règlement. Puis j'essaie de voir. Dans les
autres cas, je donne des exemples en quoi ça peut impliquer
l'école. L'enfant provient d'un milieu dont la faible densité de
population ou le nombre peu élevé d'enfants de son âge
compromet son cheminement scolaire normal à l'intérieur d'un
groupe d'élèves de son âge. C'est toujours la commission
scolaire qui a apprécié ces paramètres. Et seul la
commission scolaire dispose d'éléments pour être en mesure
de constituer le dossier.
Donc, je m'efforce... puis je dis: Comment je peux voir une implication
plus grande de l'équipe école, puisque c'est à peu
près exactement le même fonctionnement qu'auparavant? Et vous avez
mis exactement... On me fait la remarque. Ce n'est pas rien que sensiblement
pareil, c'est identique.
M. Pagé: Non, mais...
M. Gendron: Alors, j'essaie de voir en quoi l'équipe
école va être plus Impliquée entre ce qu'elle était
et votre nouvelle proposition qui dit: Une des raisons, c'est également
pour s'assurer que les dossiers de dérogation impliquent l'ensemble des
intervenants, mais qui ont des contacts directs avec l'élève.
M. Pagé: Dans le projet final, ça y sera. Dans le
projet final, on va référer à l'enseignant, à
l'éducateur. On va aussi référer, dans le projet final,
à la direction de l'école. On va référer aux
rencontres avec tout ce beau monde là, dans le document final, qui, lui,
viendra, évidemment, uniquement après l'adoption du projet de
loi. Je suis heureux que vous l'ayez signalé. C'est vrai, c'est le cas,
mais c'était mon intention. Je l'ai indiqué lors de la rencontre
des sous-ministres lundi après-midi dernier.
M. Gendron: Là, sans s'embarquer très en
détail sur l'article même, parce qu'on va y revenir, le ministre
dit: C'est important d'envisager que, dorénavant, les décisions
se prennent plus proche de l'élève. Est-ce que ce n'est pas le
cas pour d'autres types de dérogation que vous n'avez pas l'intention,
en tout cas, à date, qu'on n'a pas vu dans le règlement? Je vous
donne un exemple concret: encore est-il plus logique de déroger pour une
admission en prématernelle ou au préscolaire, au primaire ou
pour, éventuellement, autoriser une huitième année pour
quelqu'un qui a déjà bénéficié d'une
prolongation d'une année du deuxième cycle de
l'élémentaire. Là, vous dites: La huitième
année, je la garde.
M. Pagé: La huitième année, le droit
à la dérogation sera sous la responsabilité des
commissions scolaires à partir de 1993, non seulement pour l'âge
d'admission, mais pour la huitième année parce que, ça,
c'est prévu au régime pédagogique, pas dans la loi.
M. Gendron: C'est bien ça? Mme Ouellet: Oui, oui,
c'est ça.
M. Gendron: ça va être la même chose pour la
reprise d'une maternelle, quelqu'un qu'il faut qu'il reprenne sa maternelle. je
ne crois pas, moi. je pense qu'il y a confusion.
M. Pagé: Par contre, il y a d'autres dérogations
qui elles... Moi, je réponds à la question et, en
répondant, je vais indiquer à mes fonctionnaires et aux gens de
mon contentieux que c'est l'ensemble des dérogations pour l'âge
d'admission et aussi en référence à l'article 42 de la loi
ou encore au régime pédagogique qui réfère que
c'est un maximum de sept ans. Ça, on attend. Là où les
dérogations ne seront pas transmises, c'est concernant, entre autres,
les dérogations sur les contenus de programmes. Exemple: Une demande au
ministre d'accepter qu'un enfant ne suive pas des cours de français
langue seconde ou d'anglais langue seconde parce qu'il a un problème de
prononciation, un problème d'orthophonie, ça, j'entends maintenir
ces dérogations au niveau du ministère encore au moins pour un
an, jusqu'à temps qu'on puisse évaluer la capacité, pour
les réseaux, de s'acquitter de telles responsabilités. Je
n'entends pas proposer, à ce moment-ci, de modifications dans le contenu
du régime pédagogique. Ça, j'entends maintenir ça
au niveau du ministre de l'Éducation. Exemple concret: On demande au
ministre d'accepter qu'une classe puisse être exemptée de suivre
les cours d'économie familiale au bénéfice d'un programme
enrichi soit en théâtre, soit en sports, soit dans une autre
matière, alors, ça, ça va demeurer au niveau du
ministère.
M. Gendron: Oui, mais regardez, M. le ministre. Vous convenez que
vous avez plaidé, je
pense, avec raison, è partir du moment, on s'accorde, que
ça va être limitatif, que ce ne sera pas la règle, que
ça va être exceptionnel et que les dossiers vont être bien
montés, ça doit se passer à la commission scolaire. Est-ce
que la même logique ne prévaut pas, par exemple, pour le temps
maximum pour la formation générale des adultes? Parce que comme
ministre de l'Éducation, vous êtes autorisé à
accorder des dérogations pour le temps maximum pour la formation
générale des adultes. Même chose pour la reprise...
M. Pagé: Ça, ce n'est quand même pas
beaucoup. Vous me direz: Raison de plus pour décentraliser.
M. Gendron: Bien, voilà!
M. Pagé: Moi, j'ai comme principe... J'ai appris ça
à la petite école: Qui trop embrasse mal étreint. Alors,
là, on y va, et on y va de façon ordonnée. C'est
déjà un bon pas. Je suis persuadé, moi, à moins
qu'il y ait un changement majeur en termes d'orientations encore à la
direction du ministère, ma perception, c'est que c'est une tendance qui,
si elle s'amorce avec un minimum de racines, de résultats, c'est une
tendance qui va être irréversible, selon moi, de rapprocher le
processus de décision le plus près possible de l'école.
(17 heures)
M. Gendron: Moi, Mme la Présidente, si j'ai un
commentaire, je me dis: À partir du moment où le ministre ouvre
là-dessus... En tout cas, il y a une logique. Je ne suis pas encore sur
le fond à savoir si oui ou non il doit y avoir tant de
dérogations que ça. À partir du moment où on
déplace ceux qui l'émettent, il me semble que la réflexion
aurait dû être un peu plus poussée pour ne pas y aller
à la pièce. Année après année, on ouvre la
loi et on dit: C'est vrai. On avait oublié, entre autres, toute la
question des reprises. J'ai pris la reprise de la maternelle. Actuellement,
dans ce qu'on a... Oui, mais il l'a dit tantôt, mais on ne l'a pas dans
le règlement. Vous allez dire: Je vais le mettre. C'est ça que
vous avez dit. l_a huitième année au primaire, vous avez dit: On
va l'inclure. C'est ça que vous nous avez répondu tantôt.
Il y en a moins, je le reconnais, mais a fortiori, s'il y en a moins, il me
semble qu'il y a certains dossiers de ce genre-là où les
mêmes principes devraient prévaloir que plus vous restez proches
de ceux qui ont à appliquer la décision, moins on pense qu'il
devrait y avoir d'impairs, d'erreurs...
M. Pagé: Qu'on prenne en 1991-1992 la demande pour une
huitième année au primaire, sur 487 demandes, 477 ont
été acceptées. C'est donc qu'il est apparu dans
l'intérêt de l'enfant de... pour 10 refus seulement. Pour la
reprise de la maternelle, il y a eu seulement deux refus.
M. Gendron: Deux refus.
M. Pagé: Alors, je présume que les commissions
scolaires vont traiter le dossier avec toute la loyauté requise. Je ne
vois pas comment une commission scolaire pourrait être
intéressée à faire doubler systématiquement un
enfant à la maternelle. Il n'y a pas une école qui va faire
ça. Bon. On va le faire, mais ça c'est déjà quand
même un bloc important. Ce n'est pas un petit pas, c'est un grand
pas.
M. Gendron: Sur l'aspect élitiste de l'attribution d'une
dérogation, est-ce que vous avez réfléchi là-dessus
que, dans le fond, les commissions scolaires devraient être
invitées, que ceux qui ont besoin de stimulation précoce dans les
milieux familiaux, pourraient avoir la chance eux aussi d'accéder
à un moment donné à une meilleure garantie de
réussite scolaire? Est-ce qu'il y a une évaluation ou un
incitatif qui va être fait auprès des commissions scolaires pour
s'assurer que même dans les milieux, que j'appellerais peut-être un
peu plus marginaux, un peu plus démunis, que cette
possibilité-là soit également envisagée? Dans le
fond, c'est ceux qui sont le plus en difficultés qui auraient le plus
besoin éventuellement d'un meilleur support quant à leur
dossier.
M. Pagé: C'est ce pourquoi le plan d'action va venir
briser ce genre d'état de situation, ce genre de clientèles qui
ne partent pas nécessairement avec les mêmes chances que d'autres
dans la même ville, parce qu'ils sont dans un quartier différent,
ou les mêmes que les autres dans le même village. Cependant, je
n'ai pas l'intention de traiter des définitions de ce que sous-tend,
selon la perception de chacun des individus, l'élitisme. Il
m'apparaît, et c'est ce pourquoi, entre autres, je veux rapprocher le
niveau de décision le plus près possible de l'école et ce
pourquoi entre autres je demanderai aux commissions scolaires d'offrir les
services d'analyses professionnelles. C'est ce aussi pourquoi, entre autres,
j'indiquais à Mme la députée de Terrebonne tout à
l'heure que l'initiative pourrait même venir de l'éducatrice
d'appeler les parents et leur dire: Écoutez, votre enfant pourrait
facilement passer en première année ou, encore, dans ces
milieux-là, passer de la prématernelle à la maternelle.
Ça pourrait être ça. Ça, c'est parce que je suis
animé d'un objectif qu'un enfant originant d'un milieu
économiquement faible, défavorisé, puisse, à partir
d'un potentiel donné, avoir la même chance que tout autre enfant
qui a le même potentiel. Je veux que ce soit juste et équitable et
ne me demandez pas de créer des balises ou des paramètres devant
définir les coefficients de l'élitisme dans une
société québécoise, je ne suis pas capable.
M. Gendron: J'ai une couple d'autres questions. M. le ministre,
actuellement, très concrètement, sur le financement des
élèves, est-ce que le ratio de financement pour un
élève du préscolaire est le même que celui du
primaire?
M. Pagé: Et...
M. Gendron: Dans les règles budgétaires.
Mme Ouellet: Dans les règles budgétaires, le
montant est un peu moindre, et moindre pour un enfant de préscolaire. Je
pourrais vous donner le montant exact.
M. Gendron: Non, ça va. C'est que je croyais qu'il y avait
une différence. Donc, à partir du moment où il y a une
différence, c'est qu'un élève du préscolaire, en
cours d'année, obtient une dérogation pour passe à la
première année de l'élémentaire, au premier cycle
de l'élémentaire, est-ce qu'il y a un contrôle
budgétaire qui fait que... ou vous laissez à la commission
scolaire le différentiel?
M. Pagé: Oui, oui, c'est la même chose que les
élèves qui vont quitter après le 30 septembre. Vous vous
rappelez, lorsqu'on a étudié, entre parenthèses, le projet
de loi 141, une demande avait été formulée comme quoi
lorsqu'un élève arrive du public, arrive du privé au
public après le 30 septembre, que la commission scolaire n'avait pas
l'ajustement budgétaire en conséquence. Et, lorsqu'on a
analysé ce dossier-là, on constatait finalement que ça
s'équilibrait à peu près, à quelques dizaines
d'élèves près au niveau du Québec qui vont partir
du privé vers le public, ou du public vers le privé.
Généralement, ça se passe après les premiers
bulletins ça, fin octobre, début novembre, où les parents
disent on va l'envoyer à l'école privée là parce
que, pensionnaire, il va être mieux encadré, puis, etc. Je
m'imagine le genre de réaction. Ou encore, l'école privée
va dire purement et simplement aux parents, je crois que votre enfant devrait
quitter l'école.
M. Gendron: Dans le règlement...
M. Pagé: Alors, ça c'est quand même... Non,
il n'y aura pas d'ajustement. Ce ne sont pas des centaines par commission
scolaire.
M. Gendron: Non, non.
M. Pagé: Auquel cas, s'il fallait qu'il y en ait 25, 30
par commission scolaire, des classes entières montent, là on
pourrait se questionner sur la pertinence.
M. Gendron: Ma collègue a quelques questions. Je vais
revenir.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, deux petits commentaires, avant les questions.
J'avoue que les demandes de dérogation pour la reprise de la maternelle,
puis la huitième année au primaire, je trouve ça
intéressant qu'elles soient acceptées pratiquement en
totalité, parce que c'est évident que lorsqu'on demande de
reprendre une année ce n'est pas par plaisir, c'est parce que le besoin
est là. Et, ça, je trouve ça intéressant.
M. Pagé: Un autre élément, si vous
permettez, peut-être sommes-nous légitimés de soutenir
qu'un pourcentage, que je ne peux pas quantifier, mais il y a certainement dans
celles et ceux qui doivent reprendre leur maternelle, il y a certainement un
pourcentage d'élèves c'est parce qu'ils sont arrivés trop
tôt.
Mme Caron: Effectivement!
M. Pagé: II n'y a pas... C'est un chiffre noir là,
qu'on ne peut pas évaluer ici autour de cette table, mais il y en a
certainement un bon nombre je crois.
Mme Caron: Effectivement.
M. Pagé: D'où la pertinence que l'école, et
ça, ça va être dans nos règles de
référence ici, que l'école sensibilise les parents
à l'ensemble de la question, que l'âge d'admissibilité,
d'admission c'est-à-dire a un impact.
mme caron: c'était effectivement ma première
question, à savoir, m'assurer que dans votre règlement, au niveau
de l'information aux parents, on va retrouver cet
élément-là.
M. Pagé: Oui, madame,
Mme Caron: C'est bien Important.
M. Pagé: C'est noté, et puis j'en ai parlé
avec mes sous-ministres et puis ils notent.
Mme Caron: Deuxième élément que je trouve
intéressant, que vous pensiez à ajouter dans le règlement
aussi, puis ça je trouve ça intéressant, que les
éducateurs du préscolaire et du primaire vont être
concernés dans cette démarche-là, parce que je pense que
c'est les intervenants qui sont directement touchés et qui ont
l'expérience pour le faire.
Une petite question, interrogation par rapport à la
possibilité de faire passer un enfant de maternelle à la
première année. Vous avez souligné tantôt qu'il y
aurait effectivement un amendement pour enlever la date là, à
compter du 1er janvier.
M. Pagé: À compter du 1er janvier, parce que
exemple, si après les premières évaluations qui sont
généralement faites en novembre, l'édu-catrice constate
que l'enfant doit passer au primaire, si je mets la date du 1er janvier, bien
l'enfant va demeurer encore un mois et demi dans la maternelle.
Mme Caron: Ma question, moi, était plutôt en sens
inverse.
M. Pagé: Ah oui!
Mme Caron: C'est que, je mettrais plutôt une date limite
pour faire ce passage-là, parce que c'est évident que c'est
beaucoup plus difficile... Le passage de prématernelle à
maternelle ne pose pas de problème en soi.
M. Pagé: Ça devrait... Non, non.
Mme Caron: Mais, le passage de maternelle à la
première année, si l'enfant fait le passage trop tard, il y a des
risques.
M. Pagé: Oui, mais le tout est basé sur
l'évaluation de l'école. Moi, je préfère qu'il n'y
ait pas de date.
Mme Caron: Mais, la date du 1er janvier c'était tout
à fait inacceptable là, c'est évident.
M. Pagé: À partir du moment où il y a une
date, que ce soit une date minimale, ou une date maximale, l'une a le
même défaut que l'autre selon moi. Qu'on laisse la décision
être assumée par l'appréciation, le jugement de celles et
ceux qui vivent avec l'enfant, et non pas le ministre de l'Éducation au
15e étage du G à Québec.
Mme Caron: C'est évident que je préfère pas
de date au 1er janvier, parce que le 1er janvier c'est même très
contestable là, lorsque la moitié de l'année est
passée.
M. Pagé: Hum, hum.
Mme Caron: ...c'est inconcevable.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement
à l'article 1 est adopté?
M. Gendron: Non. On n'a pas commencé. Je n'ai pas dit un
mot...
La Présidente (Mme Hovington): Ah bon!
M. Gendron: ...sur l'article 1. Je n'ai pas dit un mot sur le
principe.
M. Pagé: Quelques mots sur l'article 1, mais pas dit un
mot sur l'amendement. (17 h 10)
M. Gendron: C'est ça.
M. Pagé: II a été distribué, mais il
n'a pas été déposé encore.
M. Gendron: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, il y a un amendement
à l'article 1.
M. Pagé: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous voulez nous
expliquer cet amendement, M. le ministre?
M. Pagé: C'est comme je viens de l'indiquer...
M. Gendron: Moi ça ne me fait rien, Mme la
Présidente, mais on va être obligés de recommencer parce
que moi je n'ai pas fini. Là ce qu'on met sur la table c'est l'article
1. On avait dit qu'on commencerait, et puis j'ai dit ceci. J'ai dit: Avant de
commencer avec l'étude de l'article 1, j'ai un certain nombre de
questions d'ordre général à poser. Par contre...
M. Pagé: Jusqu'à maintenant, c'était parler
pour parler. On a parlé de façon utile.
M. Gendron: Oui, mais je ne suis pas d'accord avec le ministre du
tout. C'est qu'effectivement, pour être capable d'avoir ce que je dirais,
une appréciation finale de fond sur l'attitude que nous aurons si oui ou
non on est d'accord avec l'article 1 où on instaure le principe que
dorénavant les dérogations seront attribuées par les gens
des commissions scolaires plutôt que le ministre, mais ça signifie
qu'on instaure également la pratique qu'au lieu de rester
systématiquement avec une clause universelle d'admission à
l'âge préscolaire ou du primaire au Québec, c'est
ça, mais les commissions scolaires peuvent accorder des
dérogations en vertu des règles suivantes.
Or, moi je n'ai pas eu l'occasion encore de dire que j'ai plutôt
un tenant le moins de dérogations possibles. L'Opposition officielle,
pas parce que ça s'appelle l'Opposition officielle, mais elle s'est
toujours opposée aux dérogations et on n'a pas changé
d'avis. Le principe de dérogation comme tel, surtout quand on voit les
chiffres dont on vient de prendre connaissance, et je n'ai pas eu le temps de
vous dire ça, c'est évident, je n'ai pas parié sur
l'article 1, Mme la Présidente. Je ne sais pas si vous vous en rappelez,
mais entre 1983 et 1987, Mme la Présidente, savez-vous combien il y a eu
de dérogations en quatre ans? Hein? Non, je n'ai pas parié. J'ai
posé des questions au ministre.
Entre 1983 et 1987, Mme la Présidente, pour quatre ans, il y a eu
environ 200 déroga-
tions qui ont été accordées. Ça là,
j'appelle ça vivre un régime d'exceptions. Moi je souhaite que ce
soit ça le régime qu'on instaure. Déplacer le niveau, je
n'ai aucun problème. C'est clair? Déplacer le niveau, je n'ai
aucun problème. J'ai toujours pourfendu la pratique de l'ex-titulaire du
ministre de l'Éducation, qui se promenait dans les commissions scolaires
pour dire: Deman-dez-moi-z-en, je vais vous en accorder des dérogations,
ce n'est pas grave. Je suis pour ça moi.
Je trouve que c'a du bon sens et j'ai un bon jugement et vous allez
voir. Si vous vous fiez à mon jugement, les chiffres vont passer de 10,
et de 15 et de 100 à 2000 et 2500. C'est en plein ce qui est
arrivé. Je ne suis pas un tenant de cette thèse, Mme la
Présidente. Je ne serai jamais un tenant de cette thèse parce que
ça développe l'élitisme et ça développe
toutes sortes de situations où, à un moment donné, la
pratique n'est plus ce qui est prescrit au règlement, mais ce qui est
prescrit dans un autre règlement qui dit: Voici comment vous pouvez
faire quand vous ne serez pas d'accord avec la règle universelle, la
règle pour tout le monde.
Alors, je voulais au moins dire ça et au niveau,
également, de ce qu'on a eu l'occasion déjà de
dénoncer, c'est qu'il y a eu des pratiques tellement disparates au
niveau des commissions scolaires, tellement coûteuses pour certains
parents qui ont voulu exercer cette demande-là, pour d'autres, les
commissions scolaires convenaient d'assumer pleinement ce que j'appellerais la
défense du bon dossier, et il faut s'assurer que dorénavant il y
ait vraiment des pratiques qui permettent plus d'équité dans le
système, tout en demandant au ministre que ce soit vraiment une pratique
très, très, très exceptionnelle.
Quand on aura, à l'occasion, à apprécier l'article
1 et son amendement, je vous indique tout de suite, Mme la Présidente,
que j'aimerais le faire paragraphe par paragraphe parce qu'il n'y a pas les
mêmes éléments au paragraphe 2... Comme on fait
habituellement en commission. Excusez. Là on regardera, effectivement,
comment l'Opposition adopte chacun des paragraphes. Et j'avais convenu, avec le
ministre, qu'aujourd'hui puisque nous avons un certain nombre de questions
à poser, je voulais clarifier le paysage des questions posées sur
les dérogations et à la prochaine séance on sera en mesure
de travailler directement sur le libellé même de l'article 1 ainsi
que ses paragraphes et là le moment sera venu d'apprécier
l'amendement proposé parce que je sais qu'il y a un amendement
proposé à l'article 1.
M. Pagé: D'accord.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je crois que nous
sommes...
M. Pagé: Mme la Présidente... La
Présidente (Mme Hovington): Oui. M. Pagé:... nous
sommes appelés à un vote-La Présidente (Mme Hovington):
Un vote, c'est ça.
M. Pagé:... à l'Assemblée. Il est 17 h 15.
La motion que j'avais de déférence à la commission
parlementaire aujourd'hui prévoyait qu'on devait ajourner nos travaux
à 17 h 30. Compte tenu qu'il y a un vote et qu'il serait inutile de
revenir pour, ne serait-ce qu'une minute, je propose l'ajournement sine die de
nos travaux.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, la commission de
l'éducation accepte votre proposition et ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 16)