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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Forget): Je déclare la
séance de la commission de l'éducation ouverte. Je rappelle le
mandat de la commission. Le mandat de la commission pour cette séance
est de procéder à l'interpellation du député
d'Abitibi-Ouest adressée au ministre de l'Éducation sur le sujet
suivant: Le décrochage scolaire. Alors, M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bradet
(Charlevoix) est remplacé par M. MacMil-lan (Papineau); M. Gautrin
(Verdun) est remplacé par M. Lemire (Saint-Maurice).
Le Président (M. Forget): Je vais rappeler les
règlements de l'interpellation. Je me permets de vous rappeler
brièvement le déroulement d'une séance d'interpellation.
Dans un premier temps, le député qui a demandé
l'interpellation, le député d'Abitibi-Ouest, aura un temps de
parole de dix minutes, suivi du ministre, également pour dix minutes.
Par la suite, des périodes de cinq minutes seront allouées selon
la séquence suivante: un député de l'Opposition
officielle, le ministre, un député du groupe ministériel.
Vingt minutes avant 12 heures, j'accorderai dix minutes de conclusion au
ministre et un temps équivalent au député
d'Abitibi-Ouest.
Je vous signale également que si un intervenant ne prend pas ou
n'écoule pas totalement la période de cinq ou dix minutes qui lui
est allouée, cela ne réduit pas pour autant la durée de
l'interpellation. Et, finalement, le débat ne peut, à moins d'un
consentement, dépasser 12 heures, quelle que soit l'heure du
début des travaux de la commission. Alors, M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole pour une durée de dix minutes.
Exposé du sujet M. François
Gendron
M. Gendron: Oui. M. le Président de la commission, si
l'Opposition officielle a retenu un sujet comme celui-ci pour faire une
interpellation, c'est que le problème du décrochage scolaire est
un problème grave, majeur et qu'une société qui se dit
moderne, ouverte et qui veut prendre quelque virage que ce soit, que ça
soit la mondialisation ou strictement ce que j'appellerais, moi, un niveau plus
acceptable de scolarisation de nos jeunes, doit viser justement à ce que
le plus grand nombre de ces jeunes-là puisse minimalement détenir
un diplôme de secondaire
V, puisque la plupart des entreprises, tous les intervenants au niveau
de l'économie conviennent qu'il sera pratiquement impensable d'envisager
quelque avenir que ce soit si on ne dispose pas au moins d'un diplôme de
secondaire V.
La raison également pour laquelle j'ai voulu retenir le sujet du
décrochage aujourd'hui, c'est qu'on avait commencé à
réduire le phénomène du décrochage scolaire, en
termes de statistiques, d'une façon un peu plus convenante que la
situation d'aujourd'hui. C'est pour ça que je veux parler quelques
minutes de l'évolution des chiffres et, également, aborder
comment le gouvernement entend corriger cette situation dramatique.
Par contre, avant d'aborder strictement le tableau de
l'évolution, je dois vous indiquer que si, nous, on trouve qu'il
était devenu urgent d'aborder ce sujet-là aujourd'hui, c'est
parce qu'il est d'actualité, mais c'est parce qu'on a encore des
inquiétudes quant à la lecture qu'on fait de ce
phénomène-là de l'autre côté de cette
Chambre. Si je me réfère au Journal des débats du
24 mai 1990, l'ex-ministre de l'Éducation, le collègue du
ministre actuel, le député d'Argen-teuil, disait, lors de
l'étude des crédits du 24 mai 1990, et je le cite: "Nous
porterons cependant une attention particulière et spécifique au
cours de la prochaine année au phénomène des abandons
scolaires." Lorsqu'il disait ça aux crédits de mai 1990,
ça voulait dire qu'au moins en avril, mai 1991, il se passerait quelque
chose.
Or, avril et mai 1991 sont passés et il ne s'est pas passé
grand-chose puisque, aux crédits de l'an dernier, avec le ministre
actuel, il a repris les mêmes phrases en disant: Bien oui, c'est un
phénomène grave et on va regarder ça. Et il a fait une
tournée du Québec pour, encore là, parler du
phénomène grave de l'abandon scolaire, mais en disant: J'attends
vos solutions, j'espère que les colloques seront profitables, me
nourriront de solutions à être retenues. Tout ça pour dire
que des actions précises, concrètes, spécifiques, il y a
peu de chances qu'il s'en fasse beaucoup avant l'année scolaire 1992.
Et, à un phénomène grave, il faut avoir un comportement
plus directif qui permettrait d'apporter des solutions pour minimiser le
phénomène.
Au niveau des chiffres, rapidement, il faut se rappeler qu'en 1985-1986
on en était à un taux de décrochage scolaire de 27 %,
lequel taux est remonté à 36 %, 37 % dans les documents
officiels. Et là, j'insiste, c'est toujours dans les statistiques du
ministère de l'Éducation, dans les indicateurs 1991. Donc, quand
le ministre, des fois, essaie de faire accroire que j'invente des chiffres, je
les prends exactement à la même place qu'il les prend puisque,
qu'est-ce
que vous voulez, les données sont les données.
Et là, nous en sommes, en 1988-1989, parce qu'on n'a pas de
données précises sur les chiffres de l'actualité, à
36 % de décrocheurs. Il faut regarder pourquoi cette hausse. On va avoir
l'occasion de l'évaluer lors de cette interpellation, mais il y a
d'abord le phénomène de minimisation qui a été une
des causes.
Le premier ministre a essayé, à quelques reprises, et ici,
je le cite: "Bourassa cache la vérité sur le décrochage
scolaire, selon la CEQ". C'est exact. M. Bourassa a essayé, l'an
dernier, dans plusieurs déclarations... J'en cite une. Il a
déclaré à Québec que "74 % des jeunes
Québécois obtenaient un diplôme secondaire". C'est faux.
Parce que quand on dit qu'il y en a 74 %, ça veut dire qu'il n'y en
aurait que 26 % qui n'ont pas de diplôme et ce n'est pas exact. Il y en a
36 % qui n'ont pas de diplôme. Ça, c'est des chiffres de l'an
dernier.
Donc, je ne pense pas que c'est en minimisant la situation... Pour
être capable de corriger un malaise grave dans une société,
il faut bien l'identifier et il faut être sûr qu'on part des bonnes
prémisses et qu'on a une bonne perception du phénomène.
Donc, moi, je n'essaierai pas ce matin de minimiser le phénomène,
pas par plaisir, parce que c'est un drame, et j'aimerais mieux qu'il en soit
autrement. Mais il n'en est pas autrement. Donc, notre responsabilité,
si on veut faire quelque chose avec ce phénomène
déplorable, c'est au moins de l'apprécier convenablement.
Au niveau des chiffres, ce qu'il y a de plus dramatique, c'est que,
nous, on a fait une étude un petit peu plus fouillée en
superposant des cohortes d'élèves pour regarder si,
effectivement, la tendance au décrochage était la même dans
tous les secteurs ou dans tout ce que je pourrais appeler certaines cohortes
d'élèves spécifiques, parce que je veux être rapide
dans la façon de camper le problème. Bon, on remarque que les
filles sont plus persévérantes que les garçons. Donc,
ça veut dire qu'il y a plus de décrochage au niveau des
garçons. On remarque qu'il y a plus de décrochage observable chez
les groupes minoritaires. On observe que les élèves qui
fréquentent le réseau public abandonnent quatre fois plus que
ceux qui fréquentent le secteur privé; donc, autre drame. Dans
les régions périphériques, les élèves des
régions dites périphériques accusent une propension plus
grande à abandonner que ceux des régions centrales et
méridionales du Québec. Dans les poches de pauvreté,
puisqu'il y en a, puisqu'il y a une carte de la pauvreté à
Montréal, on se rend compte que le taux de décrochage est encore
plus élevé au niveau des élèves, des jeunes gars et
filles qui se situent dans ces milieux dits de pauvreté.
Et quand je parte de ça, de cette superposition des
paramètres, c'est strictement pour illustrer, M. le ministre, que le
phénomène est encore plus aigu, plus grave dans plusieurs
situations que vous connaissez. Quand on arrive dans certains cas avec, par
exemple, un gars ou une fille du secteur public, poche de pauvreté
francophone de région périphérique - ça existe-on
arrive à des taux aussi alarmants que 70 % et 72 % de décrochage.
On ne peut pas qu'écouter des discours avec des situations comme
celles-là. On ne peut pas juste dire: Bien, écoutez, j'ai fait le
tour du Québec et j'attends des solutions.
C'est pourquoi, dans la rétention du sujet, j'espère que
le ministre sera en mesure, dans les premières dix minutes dont il
dispose, de répondre aux questions suivantes: D'abord, peut-il nous
indiquer si, dès cette année, il entend s'assurer qu'au moins il
y ait un peu plus d'obligation pour les commissions scolaires qui ont
vérifié, qui ont validé des expériences
extraordinaires pour contrer le phénomène de décrochage?
Je ne vois pas en quoi il n'y aurait pas une instruction - appelez ça
comme vous voudrez - ou une directive qui ferait que le ministre pourrait
obliger un plus grand nombre de commissions scolaires, dès 1991-1992 -
parce qu'on y arrive bientôt, en 1992 - à vérifier et
à vivre des expériences qui ont été enrichissantes
dans d'autres commissions scolaires et qui permettraient à certaines
commissions scolaires de contrer le phénomène de
décrochage, mais de le soutenir et d'insister pour que ça se
fasse sur une échelle plus grande.
Deuxièmement, a-t-il identifié ou va-t-il identifier,
comme ministre de l'Éducation, certaines mesures autres que ces
expériences-pilotes, que toute la réflexion et les études
que le ministère a faites sur le phénomène? Parce que le
ministère dispose d'informations beaucoup plus fines, beaucoup plus
peaufinées, si vous me permettez l'expression, sur le sujet, que ce
soient celles de la CEQ, que ce soient celles de chercheurs, et
là-dedans, dans certains cas, il y avait des conclusions
précises, il y avait des moyens précis de suggérés
au-delà des colloques et au-delà de sa tournée. Entend-il
les mettre en vigueur au cours de l'année? On a trop de retard de pris.
Je ne peux pas attendre 1992, moi, puis septembre 1992, et il ne restera que
quatre mois.
Également, j'aimerais que le ministre nous indique à quel
moment il sera en mesure de nous donner l'heure juste pour ce qui est des taux
d'abandon pour l'année 1989-1990. On n'a pas encore ça dans les
données officielles, mais lui comme ministre, il doit avoir ça.
Entend-il commander des analyses sur la cohorte de 1984? Ce serait
intéressant d'avoir des analyses plus fines sur la cohorte de 1984 pour
les raisons que j'ai évoquées tantôt. Le
phénomène de hausse, à nouveau, dans la courbe
d'évaluation des décrocheurs, à la fin de 1985-1986, on
est à 27 % dans l'ensemble et, immédiatement l'année
suivante, on est monté à 35 % puis, après ça,
à
37 %. Alors, il y a des raisons. J'en connais une, mais je ne veux pas
tellement qu'on me rappelle ce que je sais au sens que, oui, l'augmentation de
la note de passage de 50 % à 60 % a fait qu'il y a eu plus de
décrochage, et il y a d'autres causes. Mais j'aimerais avoir une
évaluation du ministre sur ce phénomène-là puisque,
de toute façon, dans l'autre cinq minutes que j'aurai, je reviendrai sur
les causes, les coûts sociaux. On va essayer de faire objectivement et
honnêtement le tour de la question dramatique du décrochage, mais
pour finir avec, autant que possible, le dégagement de solutions
pertinentes.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Alors, M. le ministre, vous avez dix
minutes.
Réponse du ministre M. Michel
Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, c'est avec, évidemment, beaucoup
d'intérêt que je reçois ou que je participe à cette
procédure parlementaire aujourd'hui. La richesse d'un peuple, la
richesse d'un pays, peut s'appuyer sur différents
éléments. Quand on analyse ce qui fait la plus grande force, la
plus grande vitalité, ce qui est porteur non seulement d'espoir, mais de
développement dans une société, je constate qu'il y a une
référence qui est toujours la première, c'est la
qualité du réseau de l'éducation dans ces
sociétés. Si on prenait la grandeur territoriale comme
référence, comme indice de richesse d'un pays, on devrait
conclure que le Japon serait un pays qui ne serait pas très,
très, très riche, l'Allemagne non plus. Si on prend les richesses
naturelles, c'est la même chose. Si on prenait les richesses naturelles
des pays d'Afrique et des pays d'Amérique du Sud, ils seraient des pays
très, très, très riches, alors qu'on constate que ce n'est
pas le cas. Ça, je pense que c'est reconnu partout, dans l'ensemble des
pays de l'Occident, que la première référence de la
capacité d'un peuple de se développer et d'améliorer sa
qualité de vie, de redistribuer une richesse relative, ça
s'appuie et ça s'appuiera toujours sur la qualité des
réseaux et la façon de faire en éducation.
M. le Président, je suis arrivé au ministère, il y
a un an de cela, avec des perceptions, avec aussi des convictions. J'aurai
tenté, au cours de cette année, et je crois que j'aurai
réussi à plusieurs égards, à établir un
contact et à maintenir un contact très étroit avec celles
et ceux qui vivent l'éducation. On a rencontré beaucoup de gens,
échangé sur des questions de fond, le programme
pédagogique, le vécu de l'école. J'en viens à la
conclusion, M. le Président, que le Québec est convié
à un très grand défi en éducation.
Dans un premier temps, le défi d'une société qui
est en mutation économique accélérée. L'an 2000 est
à nos portes et les prochaines années vont être encore plus
exigeantes pour nos... L'avenir va être plus exigeant pour celles et ceux
qui sont dans nos écoles aujourd'hui que ça n'a pu l'être
pour nous. En l'an 2000, c'est 40 % des emplois qui vont requérir 16 ans
de scolarité et 40 %, 45 % des autres emplois vont requérir non
seulement un secondaire V, mais une formation encore plus pointue, plus
spécialisée. Un premier défi donc, et on doit s'appuyer
sur notre force d'avenir que sont nos jeunes. Si le Québec veut amorcer
l'an 2000 avec confiance dans ses moyens, dans sa capacité de faire, on
doit absolument revoir certaines de nos interventions en éducation. Je
ne peux pas accepter, comme citoyen, pas plus comme ministre et encore moins
comme ministre de l'Éducation, ça va de soi, qu'on ait un
pourcentage aussi élevé de nos jeunes qui n'obtiennent pas un
diplôme de secondaire V.
Le deuxième défi, c'est le défi d'une
société qui est en mutation. Nous vivons à l'école.
On voit dans l'école. L'école doit assumer des situations
auxquelles elle n'était pas habituée. Le député
d'Abitibi-Ouest se réfère au phénomène de la
pauvreté. Non seulement il y a le phénomène de la
pauvreté, mais il y a le phénomène de l'impact, ce que
ça implique chez un petit être qui est en croissance. Il y a une
mutation majeure au niveau de la famille, au Québec. On n'a qu'à
se référer, par exemple, à la baisse de la
natalité. On constate, dans l'ensemble des analyses, que nos jeunes
d'aujourd'hui sont des êtres très très seuls en raison,
entre autres, de la taille des familles, en raison aussi des familles
éclatées. C'est une famille sur trois, au Québec, qui est
éclatée, etc.
Notre jeune est interpellé comme consommateur très
très tôt, ce qui crée, évidemment, un besoin
d'autonomie rapidement développé au début du secondaire.
Quand on parle de besoin d'autonomie, on se réfère, entre autres,
au fait que 40 % de ces jeunes sont au travail à temps partiel pendant
leurs études; 40 % des élèves du secondaire ont un travail
à temps partiel pendant leurs études, pendant l'année
scolaire.
Il faut convenir aussi qu'on vit dans une société qui est
influencée par des mutations. Les références morales ou
religieuses ne sont plus du tout ce qu'elles étaient, ne serait-ce qu'il
y a 15 ans ou 20 ans. Ça donne, comme résultat, un questionnement
sur l'éthique d'une société. Tout ça pour vous dire
que ma position, dans le document d'orientation que j'ai rendu public, que M.
le député a eu, "Notre force d'avenir, l'éducation", avec
des orientations bien précises, bien claires, des voies d'action, des
moyens, vise à faire en sorte que la présente décennie
soit celle de la réussite éducative.
Je suis donc prêt, dans le cadre de cet échange, à
discuter avec mes collègues députés
et j'apprécie la démarche du député
d'Abitibi-Ouest. Ça me donne un autre moyen, une autre
possibilité non seulement de préciser ce vers quoi on se dirige
en éducation au Québec comme suite de cette démarche, mais
ça me permet aussi de sensibiliser encore davantage d'intervenants, la
population, en général. Parce que c'est un problème, c'est
une question qui interpelle non seulement l'école, le ministère,
mais ça interpelle tous les parents au Québec. Je crois que la
démarche va nous permettre d'en arriver à un niveau de
sensibilité beaucoup plus grand chez les parents
québécois.
Pendant le temps qu'il nous reste, ces 90 minutes qu'il nous reste, M.
le Président, j'entends répondre à chacune des questions
au mieux et je crois que l'échange pourrait être utile, positif et
même constructs.
Le député nous dit: "On attend des mesures
concrètes". Je dois convenir que le député d'Abitibi-Ouest
est probablement la seule personne au Québec qui m'a demandé de
procéder à autant d'études. Ce matin, vous me dites:
Ça nous prendrait une étude sur la cohorte de 1984, ça
nous prendrait une étude sur tel groupe, etc. Je dois vous dire que les
études peuvent être peaufinées, comme vous dites, sur
plusieurs angles, mais on a une référence en termes de
données qui est quand même assez exhaustive et qui nous permet, je
crois, de dégager déjà des conclusions. (10 h 30)
Seulement quelques rappels. Le député d'Abitibi-Ouest
indique, en citant un article de journal, que le premier ministre du
Québec, M. Bourassa, a voulu minimiser l'abandon scolaire en indiquant
que c'était 74 % des jeunes qui obtenaient un diplôme de
secondaire V. C'est le cas. Il n'a pas induit la Chambre en erreur, c'est vrai.
C'est 64 % qui obtiennent un diplôme dans le cadre du régulier,
mais 9 % des 36 %, donc le quart, 25 % qui l'obtiennent, ce diplôme de
secondaire V. Puis ce n'est pas une façon de se cacher, puis ce n'est
pas une façon pour moi de minimiser le problème, comme le
député d'Abitibi-Ouest me l'a déjà
indiqué.
Pour celles et ceux qui nous écoutent, qui ne sont pas
nécessairement familiers ou qui n'ont pas une connaissance
détaillée de la situation: sur 100 élèves qui
arrivent à l'école, qui s'inscrivent, qui cheminent, qui doivent
donc obtenir un diplôme de secondaire V, effectivement, après les
années prévues au cheminement pédagogique, on constate
qu'il y en a seulement 64 % qui obtiennent ce diplôme de secondaire V.
Cependant, dans le cadre d'un cours régulier, continu, on doit constater
qu'il y en a 9 %... Puis, là, je ne dis pas que c'est correct, puis je
ne dis pas que je cautionne, je ne dis pas que ça nous exempte de
changer des choses et de mettre en place des mécanismes d'intervention,
ce n'est pas ce que je dis et ce n'est pas ce que je veux soutenir. Je dis
cependant qu'on doit appeler les choses par ce qu'elles sont. Dans les 36 % qui
ne se rendent pas au diplôme de secondaire V, il y en a le quart de
ceux-là ou de celles-là qui l'obtiennent, non pas dans le cadre
du cours régulier, mais dans le cadre des cours de la formation aux
adultes. Ils reviennent par la suite. Je comprends qu'ils doivent payer un
coût humain et un coût économique parce qu'ils ont
quitté l'école. 2,9 % viennent au collégial, etc., les
statistiques, vous les avez.
Vous avez dit, M. le député, que ça
décrochait plus dans les communautés culturelles. Je m'excuse, ce
n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas. Ça décroche beaucoup
moins, beaucoup moins. C'était peut-être un lapsus. Je m'excuse,
c'était peut-être un lapsus. C'est ce qu'on a entendu ici. En tout
cas, c'était peut-être un lapsus. Écoutez, je ne voudrais
quand même pas m'excuser des lapsus de mon vis-à-vis. Nous, on a
entendu, chez nous, que vous souteniez qu'il y avait beaucoup plus de
décrochage dans les communautés culturelles. Ce n'est pas le cas,
mais pas du tout. L'abandon scolaire, le décrochage, ça touche
les garçons plus que les filles; ça se réfère aux
élèves qui ont pris du retard, notamment du retard au primaire,
c'est pour ça qu'il y a des mesures concrètes, comme vous les
souhaitez, qui vont s'adresser non seulement au secondaire, mais aussi au
primaire. Celui ou celle qui décroche, ce sont davantage les
élèves dont la langue maternelle est le français, les
élèves dont la situation socio-économique est moins facile
et davantage d'élèves du secteur public que du secteur
privé.
M. le Président, mon temps est écoulé.
Le Président (M. Forget): Oui.
M. Pagé: Aux questions du député,
très rapidement, je vais répondre. Vous dites: Est-ce que le
ministre entend créer une obligation aux commissions scolaires de mettre
en place, dès 1992, à partir d'une diffusion des modèles?
La réponse, c'est oui; on prévoit janvier 1992. L'analyse et les
statistiques pour 1989-1990, nous les aurons en avril, donc, très
certainement que, lors de l'étude des crédits du ministère
quelque part autour du mois de mai, on pourra débattre ces
questions.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le ministre. Alors, je
passe la parole, pour cinq minutes, au député
d'Abitibi-Ouest.
Argumentation M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, trois choses. Lorsque
j'affirme, à nouveau, que M. Bourassa a tenté de cacher la
vérité sur le décrochage, je pense que, dans les quelques
explications que le ministre vient de donner, ça
confirme ma prétention. De toute façon, ce qui est
important, c'est que c'était celle de tous ceux qui l'ont entendu. On
entend encore le ministre dire: Oui, mais il y en a un 9 % ailleurs qu'on
rattrape. C'est ça le drame d'avoir une telle analyse du
phénomène. Moi, je trouve que le phénomène du
décrochage est tellement grave que de dire qu'il y en a qui vont revenir
trois ans plus tard ou quatre ans plus tard aux adultes, nous le savons,
ça n'atténue pas du tout le phénomène dramatique.
Aux États-Unis, il y en a 25 % et le président Bush a dit que
ça doit être la priorité de la nation, comme chef
d'État américain. Il n'a pas essayé de dire, comme le
premier ministre du Québec: Écoutez, un certain nombre de ces
jeunes-là y reviennent adultes. C'est un système qui,
socialement, est inacceptable parce qu'il y a un coût à ça
et nous, on ne peut pas l'accepter. Premier commentaire.
Deuxième commentaire. Quand le ministre dit: Je suis celui qui a
demandé le plus d'études, bien là, il y a un
problème ce matin parce que je lui ai demandé une analyse de la
cohorte 1984 dont le ministère dispose. Moi, je ne demande pas
d'études. Justement, au contraire, je dis: II y en a eu assez
d'études, le ministre dispose d'assez d'études. J'ai dit, dans
mes 10 premières minutes: Celles que vous avez sur les
expériences concluantes, positives, qui ont eu lieu dans certaines
commissions scolaires, pourquoi, comme ministre, vous n'exigez pas que les
commissions scolaires du Québec se servent de ces
expériences-là et posent, dès cette année, des
gestes concrets qui vont permettre de contrer le décrochage? Que ce soit
l'expérience de Saint-Hyacinthe, que ce soit l'expérience de
l'école Marie-Anne a Montréal, il y a plein d'expériences
positives qui ont permis de contrer le phénomène du
décrochage. Il faut les imposer, entre guillemets - c'est pour ça
que je mets des guillemets - pour s'assurer que les commissions scolaires du
Québec sentent que le ministre de l'Éducation, justement, au lieu
de dire à l'Opposition: Arrêtez donc de réclamer des
études, bien, c'est justement, moi, je veux des résultats. Je
veux que le ministre soit agissant dans le phénomène du
décrochage scolaire. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de reporter
d'année en année cette problématique.
Toujours au niveau des questions précises au niveau du
décrochage, lorsque j'ai mentionné qu'il serait important que le
ministre nous indique, à l'intérieur des éléments
qu'il a au ministère - parce que je sais qu'il a des
éléments importants quand on regarde les causes du
décrochage scolaire... L'analyse qu'il a faite d'entrée de jeu,
je n'en disconviens pas. Il nous a rappelé ce qu'il a rappelé
dans sa tournée et ce qu'il rappelle, depuis un an, dans son discours et
qui s'appelle les nombreux défis: défi de la mutation sociale,
familiale, les familles éclatées, la pauvreté. Il va
falloir sortir de ce discours-là et dire: Les causes du
décrochage, il y en a plusieurs: pauvreté, bien sûr,
l'éclatement des familles, bien sûr, l'accroissement des exigences
du régime pédagogique, bien sûr, notamment le
relèvement de la note de passage de 50 % à 60 %, bien sûr.
Mais fa plupart des causes réelles font qu'il y a de moins en moins de
support à l'élève, il y a de moins en moins de relations
d'aide personnalisée et, la dernière étude que la CEQ a
faite nous l'a rappelé, les professeurs, les enseignants et les
enseignantes ont la conviction qu'ils ont une surchage de travail.
De plus en plus l'école est devenue un fourre-tout. On voudrait
que l'école fasse tout, s'occupe de tout. Et c'est tellement vrai avec
la question de l'alimentation. Quand on est rendu, en 1991, à dire,
imagine-toi, qu'il faut que l'école s'occupe du drame du tiers des
élèves dans les poches de pauvreté qui n'ont rien dans le
ventre et on veut leur mettre quelque chose au niveau de l'intelligence, alors
c'est légitime de dire que ça n'a pas de bon sens. Le
réflexe pour un ministre de l'Éducation dans des situations comme
celle-là, c'est qu'il faut qu'il corrige certaines causes qui ont une
portée beaucoup plus précise sur l'absence de relations d'aide
entre le professeur et l'élève. Ça s'appelle un
enseignement plus personnalisé. Ça s'appelle des groupes
au-dessus de 30... Ça n'a pas de sens, en 1991, que des profs aient plus
de 30 élèves dans des classes. Ça existe trop. Et pire
cette année. Parce qu'il y a un phénomène naturel. Quand
on est en pleine crise économique, il y a moins de jeunes, comme
l'ex-ministre disait, qui font du tabac dans la région de Joliette.
Parce qu'il était d'accord là-dessus, lui, pour soustraire
à l'obligation de fréquenter sous prétexte qu'il y a des
jeunes qui doivent aider leurs parents pour les grandes cultures, comme si on
était dans les plaines de l'Ouest. Mais au-delà de cette
caricature que l'ex-ministre cautionnait, quand on est en sous-emploi
chronique, il y a plus de jeunes qui ont le réflexe, et les parents les
convainquent: II faut que tu ailles à l'école, mon fils, parce
que tu ne t'en sortiras pas. Il faut que tu ailles à l'école, ma
fille. Donc, il y a plus de présences. Les groupes
d'élèves sont plus nombreux. Oui, je termine. Qu'est-ce que,
concrètement, le ministre entend faire, dès cette année,
pour améliorer la relation d'aide profs-élèves et rendre
un enseignement plus personnalisé pour que le jeune se sente un petit
peu plus appuyé, suivi dans sa démarche concrète
d'éducation?
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je sais que ces
échanges sont brefs. On a seulement cinq minutes, chaque fois. Le
député, dans un premier temps, affirme des choses qui ne sont pas
toujours soit bien contextées ou qui ne sont pas
toujours pertinentes, premièrement. Et, après ça,
il pose tout une série de questions et, après ça, il vient
s'inquiéter du fait qu'on n'a pas pu répondre aux questions. On
va essayer de faire tout ça rapidement.
Vous dites: Aux États-Unis, ça va très bien,
seulement 25 %. Je m'excuse, mais, aux États-Unis, c'est le même
pourcentage qu'ici parce que quand on se réfère à la
possibilité d'obtenir un diplôme du secondaire, aux
États-Unis, on doit se référer à l'étude de
l'OCDE de 1988 et là-bas, c'est exactement comme ici, exactement la
même lecture ou ici c'est exactement la même lecture que
là-bas, c'est 73 %. Aux États-Unis, quand vous dites: C'est 25 %,
26 %, ça inclut jeunes et adultes. Je n'ai pas l'intention de minimiser;
l'heure juste, je l'ai donnée et je la donne, l'heure juste, M. le
député. Mais je dois reconnaître, et je l'ai indiqué
tantôt et vous devez reconnaître que c'est le cas, qu'il y en a un
certain nombre qui reviennent par l'éducation aux adultes. Ça,
ça ne veut pas dire que je cautionne ça, ça ne veut pas
dire que je le souhaite. Je vous connais suffisamment honnête pour
être capable de le saisir et d'en convenir.
Autre élément. Vous me dites: Qu'est-ce que,
concrètement, vous allez faire? Vous avez fait référence
à 1984, à 1985, vous avez fait référence à
la note de passage parce qu'il y a des gens qui peuvent tenter de faire un
rapprochement avec le fait qu'en 1985-1986 la probabilité de quitter le
secteur était de 27 %; or, en 1989-1990, elle était de quoi? De
35,3 %, de 36 %. Ils disaient: Bon, bien coudon, c'est suite au changement de
gouvernement, c'est suite à la situation budgétaire, etc. Ce
n'est pas aussi clair que ça. Ça, c'est prendre les coins assez
ronds, merci.
Pourquoi y a-t-il plus d'élèves qui abandonnent
l'école aujourd'hui qu'il y a 6 ans? Et pourquoi y a-t-il eu une
augmentation substantielle en 1985-1986 par rapport à 1986-1987?
Pourquoi? Premièrement, c'est cette année-là que s'est
appliquée la révision de la note de passage qui était de
50 % antérieurement et qui est maintenant, depuis 1986-1987, à 60
%. Et vous me direz: Oui, mais ce n'est pas seulement ça. C'est vrai que
ce n'est pas seulement ça, mais quand on regarde la statistique des
décrocheurs, on constate que le pourcentage de celles et ceux qui
abandonnent à 17 ans sans avoir obtenu un diplôme de secondaire V
en 1988-1989, on constate que 26,6 % du groupe de décrocheurs a
quitté à 17 ans sans avoir obtenu un diplôme de secondaire
V. Alors, ça veut dire quoi? Concrètement, ça veut dire...
Et le principal motif de l'abandon, c'est l'échec scolaire.
L'élève se décourage et l'échec scolaire, entre
autres, puise sa source de façon encore plus importante, beaucoup plus
élevée comme suite de l'augmentation de la note de passage.
Autre élément aussi, c'est qu'à partir de 1987 les
cours de professionnel long et profes- sionnel court n'étaient plus
dispensés. Ça, vous devez en convenir et c'a eu quoi, comme
résultat? C'a eu comme résultat, ça va de sol, une
augmentation substantielle d'échecs, découragement,
dépréciation de soi-même et des gens qui quittent
l'école.
Concrètement, les mesures vont s'appliquer tant au niveau du
secondaire qu'au niveau du primaire. J'entends exiger - et ça, je leur
en ai déjà fait part - de la part des commissions scolaires,
premièrement, qu'à compter de maintenant, avant d'autoriser
quelque dépense nouvelle que ce soit et de même revoir leur propre
façon de faire pour certaines dépenses, de répondre
à la question suivante: En quoi la décision que je
m'apprête à prendre va-t-efle bénéficier aux
élèves? Il faut que ce soit recentré sur les
élèves tout le temps, toujours, à tous les moments,
premièrement.
Deuxièmement, comme mesure immédiate... Et je vous le dis
tout de suite, il n'y a pas de solution miracle à partir uniquement de
gestes ou de décisions immédiates mises en place de façon
plus accélérée. Il faut aller à la source
même du problème et ça, ça s'amorce au primaire,
notamment. Deuxièmement, nous serons en mesure de diffuser toutes les
interventions qui se font, tout ce qui s'est fait de beau dans notre
réseau au Québec. Vous vous êtes
référé à l'école Marie-Anne, vous avez fait
référence à Saint-Hyacinthe. Il y a des expériences
heureuses, concluantes et pas toujours très coûteuses, M. le
député; pas toujours très coûteuses d'ailleurs, qui
peuvent être diffusées. Dès janvier 1992, chacune des
commissions scolaires va avoir le tableau exact de sa propre performance comme
commission scolaire. On a les tableaux régionaux. Exemple concret: on
sait que la région la plus performante en ce qui concerne la
réussite éducative, la réussite scolaire pour le
diplôme de secondaire V, c'est la région de Québec avec 73
%. (10 h 45)
Je termine en disant: On va diffuser les modèles, on va donner le
portrait médical et scolaire de chacune des commissions scolaires et je
vais exiger qu'elles me fassent part de la façon dont elfes entendent
procéder à partir des modèles que j'aurai mis à
leur disposition et ce que les commissions scolaires retiennent en termes de
mise en oeuvre dès 1992, dès fe prochain semestre, si je peux
utiliser le terme. C'est ça qu'on va faire.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, je passe la parole à Mme la députée de Bourget pour
une période de cinq minutes.
Mme Huguette Boucher Bacon
Mme Boucher Bacon: Je vous remercie, M. le Président, de
me permettre de parler dans le
cadre de l'interpellation. J'interviendrai sur le
phénomème de la pauvreté. Mais pour reprendre un peu ce
que M. le ministre a dit: Oui, il faut regarder aussi le côté
qu'il y a un obstacle important à la réussite, à
poursuivre ses études, c'est la pauvreté, une pauvreté qui
est en croissance. Dans le comté de Bourget, ça sévit
aussi au quotidien. Si je me réfère, dans mon comté,
à Louis-Riel où la discipline est en accord avec les professeurs,
même nombre d'élèves, II n'y a pas de taux d'échec.
Si on se réfère à l'école Edward Murphy où
c'est sports-école, où il y a de la discipline, il y a une
réussite scolaire. Alors, il ne faudrait pas toujours mettre sur le
nombre d'élèves supérieur... Il faut parler de la
beauté des réussites aussi.
Je ne minimiserai pas le problème de dire que, dans la
région de Montréal, près de 20 % de la population vit
actuellement sous le seuil de la pauvreté. Malheureusement, un enfant
sur quatre est affecté par cette pauvreté. Dans l'ensemble du
Québec, notons que 12 % des enfants appartiennent à des familles
qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Alors, on connaît les effets de la pauvreté sur les enfants
à l'école: maladies fréquentes, absentéisme,
rendement scolaire faible, fragilité du lien entre les écoles et
la famille. Selon Statistique Canada, les risques d'échec scolaire des
enfants issus de famille à faibles revenus sont deux fois
supérieurs à ceux des autres enfants.
Depuis bientôt 20 ans, pour contrer la pauvreté, les
organismes scolaires de Montréal, d'ailleurs, ont multiplié leurs
expériences et leurs initiatives. Des mesures nouvelles de renforcement
paraissent indispensables pour donner aux jeunes et aux adultes des milieux
économiquement faibles une chance égale - ça, vous en avez
parlé, M. le député - à celle qu'ont les jeunes et
les adultes des autres milieux.
Il y a une urgence d'agir, c'est sûr. La concertation à
tous les échelons est indispensable. Le système
d'éducation ne saurait mener seul la lutte contre la pauvreté
s'il n'y avait pas un partenariat. Il doit donc joindre ses efforts à
ceux des autres organismes appelés à intervenir
régionalement et localement, sans oublier que sa première
contribution constitue à fournir les premiers outils du savoir,
indispensable à la promotion personnelle et collective.
Pour obtenir des résultats positifs et atteindre le but que le
ministre s'est fixé, soit la réussite éducative du plus
grand nombre, des gestes concrets ont été posés et portent
des fruits dans la région de Montréal et dans la région de
Québec. Pas plus tard qu'hier on entendait dans les médias que
l'application du plan pour lutter contre la pauvreté en milieu scolaire
vivait ses premières heures dans la région de Québec.
L'accueil a été d'ailleurs positif. Oui, vous pouvez rire, mais
il a été positif.
C'est avec l'appui des groupes communautaires, des directions
d'école et des professeurs que notre gouvernement a pu intervenir
directement pour apaiser ce problème criant qui est une des causes
névralgiques de l'abandon scolaire. Il a pu favoriser l'accès,
dans les écoles de milieux défavorisés, à des
services d'assistance scolaire et sociale et apporter un soutien à
l'encadrement des leçons et des devoirs.
La réussite éducative dans les milieux
défavorisés passe par un programme pour lequel le ministre de
l'Éducation a dégagé une somme de 10 000 000 $ et qui
s'applique à Montréal et à Québec. Ce programme se
divise en plusieurs temps: un support auprès des parents afin que
ceux-ci soient en mesure de mieux aider les enfants dans leurs leçons et
leurs devoirs; l'implication de maternelle à temps plein pour les
enfants de cinq ans et à temps partiel pour les enfants de quatre ans;
fournir un soutien alimentaire à ceux qui en ont besoin et ça,
vous tentez de le minimiser, mais c'est important.
La réussite éducative passe par l'échec à la
faim en milieu défavorisé et un soutien à la
démarche éducative. Vaincre le décrochage et s'assurer de
la réussite éducative doit commencer tôt, et c'est ce que
le ministre a d'ores et déjà entrepris. Le gouvernement
libéral entend faire face à ses responsabilités avec
maturité et réalisme, et c'est ce qu'il a entrepris sous
l'impulsion de son ministre de l'Education.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la
députée de Bourget. Je passe la parole à M. le
député de d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, amicalement envers la députée
parce que, sur certains aspects, je trouve qu'elle a touché des choses
qui sont intéressantes. Ce que j'aime moins en interpellation, c'est des
finales comme celle qu'on vient de faire. Je ne vois pas en quoi ça peut
changer, dans une interpellation, de finir: Nous sommes beaux, nous sommes fins
et nous avons un bon ministre de l'Éducation, pour ne pas être
obligés de traiter du problème le plus grave. On a 40 % de
décrochage au secondaire. Alors, c'est pour ça que je dis que ces
bouts-là, à une interpellation, ça ne change pas
grand-chose, si on veut corriger quelque chose. Si c'était ça, le
ministre le sait, puis si ça va bien, on n'a pas d'affaire à
tenir une interpellation. Alors, ce n'est pas pour rien que je fais une
interpellation sur le sujet, c'est que, même si on a tout ça, un
beau ministre qui le sait puis qui s'en occupe, le drame, au moment où
on se parle, c'est qu'il y a 40 % de jeunes qui décrochent au
secondaire.
Je voudrais revenir aux causes. Je pense que le ministre les
connaît, mais ce qui m'intéresse un peu, c'est les moyens d'action
préconisés pour contrer les causes du décrochage
scolaire. Je voudrais quand même revenir un peu sur
l'évaluation. Au-delà de la pauvreté, de
l'éclatement des familles et de l'accroissement des exigences, quand on
interroge des jeunes décrocheurs et des jeunes décrocheuses, et
ça m'apparaît une réalité dont un ministre de
l'Éducation devrait s'impreigner, c'est celle qui me satisferait le plus
pour éventuellement identifier les bons correctifs, parce que tout le
reste demeure de la statistique et, des statistiques, ça donne des
indications, ça donne des créneaux, mais ça ne permet pas
de dégager véritablement, d'après moi, ce qu'il faut
faire.
Entre autres, je reprends le ministre sur une phrase. Il dit:
Fondamentalement, le décrochage, ce n'est pas compliqué, c'est
parce que la plupart de ceux qui décrochent sont en situation
d'échec. Il n'a pas tort. Pourquoi sont-ils en situation d'échec?
Ah là! Si on regarde un peu pourquoi ils sont en situation
d'échec, on se rend compte que c'est parce qu'on ne les a pas
accompagnés dans leur cheminement, qu'on ne leur a pas donné
l'encadrement qu'ils auraient requis, qu'on leur a enseigné dans une
classe de 35, comme si c'était un groupe collectif, genre universitaire,
maîtrise, alors que les jeunes veulent de l'enseignement
individualisé, personnalisé parce que le ministre l'a dit. Chez
eux, ils sont quoi, les jeunes? Ils sont tout seuls. Il n'y a plus d'enfants et
les parents ne sont pas là, alors ils sont dans un contexte d'une
relation...
Une voix:...
M. Gendron: Non, il ne peut pas. C'est l'alternance. Ils sont
dans un contexte de relation très, très, très
personnalisée.
Je reviens à cette étude qui a été faite
dans une commission scolaire d'une façon assez élaborée;
on demandait aux jeunes: Pourquoi vous avez décroché?
J'étais écoeuré du système. J'ai perdu le
goût d'étudier. J'envisageais de reprendre mes cours plus tard.
J'en avais assez d'étudier. J'ai trouvé un emploi. Je n'aimais
pas l'atmosphère de l'école. Je ne trouvais pas les cours
intéressants. Ça, ce n'est pas des réponses individuelles.
C'est les réponses colligées qui reviennent le plus souvent chez
les jeunes décrocheurs et décrocheuses. C'est eux autres qui
parlent: Je n'aimais pas les méthodes d'enseignement. J'avais
l'impression de perdre mon temps. Je trouvais que les professeurs
n'étaient pas équitables envers moi - c'est les jeunes qui
parlent - cela ne correspondait pas à mes goûts. J'avais de la
difficulté à m'entendre avec les profs. Je ne recevais jamais les
encouragements de la part des profs auxquels je m'attendais. J'arrête
là.
Qu'est-ce que je veux illustrer? Je veux illustrer que, si le ministre
ne s'impreigne pas davantage qu'il faut faire des choses qui, de temps en
temps, ont une relation directe entre l'élève et le professeur
dans la classe pour maximiser la relations d'aide personnalisée, on va
faire fausse route. Je ne veux pas ne faire qu'un discours, moi, à
l'interpellation; je veux que le ministre retienne des solutions. Et, quand le
ministre m'envoie, comme piste de solution, la question de l'âge
d'admission à l'école, il est dans les patates. Il ne faut pas
lui permettre, comme société, de prendre ce virage-là.
C'est un virage à contre-courant, qui va à contre-courant de
l'expertise de son propre parti, qui va à contre-courant de ce qui se
fait ailleurs, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et en Colombie-Britannique qui
admettent en première année les enfants devant atteindre
l'âge de 6 ans au 31 décembre. Ils le font actuellement.
Lui, il veut faire l'inverse; il veut faire l'inverse pour sauver de
l'argent. Il dit: Non, non, ce n'est pas vrai. Éloignez de moi ce
calice. Je n'ai jamais eu cette préoccupation d'éloigner la date
d'admissibilité de l'âge pour fréquenter l'école sur
la base de considérations financières, mais ce n'est pas exact.
Et il renie l'engagement, la promesse électorale de M. Ryan en 1985. Et
il renie le phénomène de M. Ryan qui, dans les
dérogations, lui en a accordé, vous le savez, au-delà de
10 000 dérogations pour permettre à des jeunes qui n'avaient pas
l'âge d'entrer à l'école plus vite, et on reviendra
tantôt sur les études. Donc, la logique du ministre n'est pas
bonne. Elle n'est pas bonne! Et la conclusion, c'est qu'objectivement il faut
garantir plus de conditions de succès aux élèves en les
supportant dans leur apprentissage dès le départ. J'aimerais que
le ministre me parle de ça un peu. J'ai fini.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député.
M. Gendron: J'aimerais ça que le ministre me parle de
quelles sont les choses qu'il mettra sur la table pour garantir les conditions
de succès aux jeunes qui sont en difficulté.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Alors, M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Très
concrètement, j'entends, comme ministre de l'Éducation, mettre en
oeuvre, dès 1992, toute une série de mesures nous permettant,
comme société, de faire face à ce défi de la
réussite éducative et le gouvernement du Québec entend
intervenir de façon très très dynamique pour diminuer
substantiellement, c'est-à-dire 3 % par année, le taux
d'échec. Dans cinq ans d'ici, le taux de réussite
éducative et l'obtention d'un diplôme de secondaire V doivent
être de 80 % et seront de 80 %, à partir de mesures.
Premièrement, nous questionnons l'âge d'admission. Pas pour
sauver des sous, M. le député, c'est complètement faux.
Nous question-
nons l'âge d'admission et, moi, je suis persuadé que, comme
suite au colloque, je vais être capable de mettre en place, à
compter de 1992, une démarche qui va nous permettre de faire entrer
l'élève à l'école au moment où il est
prêt à y entrer. Ça pourra être à cinq ans,
tout comme un enfant de maternelle pourra passer en première
année ou, selon moi, devrait pouvoir passer en première
année en janvier s'il est prêt. Tout comme un enfant de
première année, lorsqu'on constate dès le mois de
décembre ou novembre, qu'il maîtrise tous les apprentissages de la
première année, pourrait aussi passer en deuxième
année. Actuellement, le ministre n'a pas le droit de ratifier une telle
démarche. Donc, le questionnement sur l'âge d'admission n'est pas
une volonté de limiter, de contraindre, d'encadrer. Non. C'est de nous
assurer que l'élève arrive au moment où c'est
opportun.
Deuxièmement, j'entends mettre en place un mécanisme
d'évaluation systématique de tous les élèves au
Québec - environ quoi? 100 000 qui sont en troisième année
à chaque année - pour qu'on puisse avoir, non pas dans une
perspective de sanction ou de contrôle, mais qu'on puisse avoir la
véritable lecture pour chaque enfant, sur une base
individualisée, la lecture de son cheminement, de façon à
mieux l'accompagner. Et ça, ça veut dire quoi concrètement
quand le ministre de l'Éducation dit "mieux l'accompagner"? Ça
s'inspire d'un principe qui est fondamental dans ça. Et le principe,
c'est que la démarche éducative doit être appuyée
sur la personne humaine que constitue un enfant et non pas sur des
systèmes, sur des évaluations de cohortes, sur des comparaisons
de groupes, etc. Et quand le ministre de l'Éducation dit "mieux
accompagner l'élève à partir du tout début, mais
une évaluation en troisième pour cheminer avec lui jusqu'à
la fin de son élémentaire", ça veut dire quoi
concrètement ça, M. le député? Ça veut dire
que le ministre de l'Éducation est conscient qu'on n'a pas assez de
professionnels non enseignants, entre autres, au niveau du primaire, qu'on doit
faire plus au niveau des conseillers pédagogiques, qu'on doit faire plus
au niveau des psychoéducateurs, des éducateurs
spécialisés, etc.
J'entends, troisièmement, faire en sorte que le passage du
primaire au secondaire soit plus facile. Les grandes polyvalentes, au
Québec, qu'on a aujourd'hui, les écoles de 2800 et de 3000
élèves, ça n'a jamais été prévu,
ça. Ce n'est pas ça qui était prévu dans la
réforme initiée en 1964 par le premier ministre de
l'Éducation, M. Gérin-Lajoie. Le modèle d'école qui
était prévu, c'était 700, 800 élèves. On
sait que pour plusieurs enfants, au Québec, c'est traumatisant, c'est
difficile de passer du primaire au secondaire. C'est ce pourquoi je propose
concrètement, M. le député - c'est concret, ça -
tout d'abord, que les trois premières années du secondaire soient
des années de formation beaucoup plus fondamentales, moins pointues,
dans un concept d'intégration de matières. C'est possible dans
notre société. (11 heures)
Vous l'avez indiqué tantôt, parmi les motifs
allégués par les jeunes qui décrochent: l'école
n'est plus axée sur la personne de l'élève, l'école
n'est plus personnalisée comme elle devrait être. L'enfant qui a
des difficultés est plus souvent qu'autrement laissé à
lui-même. Le décrocheur potentiel est laissé à
lui-même plus souvent qu'autrement. Et, à cet égard, je
propose, entre autres, au secondaire I et II, au premier cycle du secondaire,
qu'il y ait moins d'élèves par groupe, beaucoup moins
d'élèves par groupe, que les profs aient moins de groupes et que
les élèves aient moins de profs dans une démarche
d'intégration des matières.
Je propose, de plus, un sérieux coup de barre pour certains
éléments du régime pédagogique. Exemple concret:
qu'on fasse beaucoup mieux pour l'orientation de ces
élèves-là. Les mesures sont déjà
amorcées. À Montréal, on a déjà,
actuellement, une douzaine de ce que j'appelle des travailleurs d'école
dans les écoles secondaires de la région de Montréal,
particulièrement en milieux défavorisés, dans les 10 000
000 $ que j'ai annoncés. Ça, c'est l'ami de
l'élève. C'est nouveau. C'est commencé depuis quelques
semaines. L'ami de l'élève va faire quoi, concrètement?
C'est un peu comme un travailleur de rue pour celles et ceux qui sont dans les
milieux défavorisés ou sans-abri. Ce travailleur d'école
ou cette travailleuse d'école est là pour - je termine -
rencontrer celui ou celle qui est sur le point de décrocher,
l'accompagner, le mettre en contact avec le psychologue, tantôt, le
mettre en contact avec un éducateur spécialisé.
Je regrette que cet échange marathon où on lutte contre
les secondes, là, ne me permette pas de continuer, mais, après
l'autre intervention, je poursuivrai, parce que l'ai l'intention de
compléter dans mes prochaines cinq minutes et d'indiquer
concrètement ce qu'on va faire pour réussir et on va
réussir, M. le député. Je suis persuadé qu'on va
réussir et j'apprécie la solidarité que vous me
témoignez en soulevant cette question-là ce matin et en signalant
certains faits. Alors, deuxième phase des moyens concrets, dans cinq
minutes, chers auditeurs.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le ministre. Alors, je
passe la parole au député de Papineau.
M. Norman MacMillan
M. MacMillan: Merci, M. le Président. C'est vrai que le
décrochage est un grave problème auquel notre gouvernement, sous
l'impulsion du ministre de l'Education, a vraiment décidé de
s'attaquer de manière concrète. Un des moyens pour ce faire est
de dispenser une formation
professionnelle efficace et adaptée aux besoins du
marché.
L'époque du professionnel long et professionnel court, ce qu'on
appelait les PC et les PL, est bel et bien terminée. On sait que la
mondialisation des marchés et l'évolution technologique
transforment radicalement le monde du travail. Pour le réseau scolaire,
le défi est d'offrir aux jeunes et aux adultes une formation
professionnelle qui soit à la fine pointe de la pratique des
métiers et du développement de la technologie. Ce doit être
également une formation durable, c'est-à-dire une formation qui
rende l'individu capable de s'adapter à un contexte économique et
technologique rapidement changeant.
Mettre au point une formation qui tienne compte à la fois des
besoins des personnes et des exigences du marché du travail requiert des
relations étroites et continues entre le monde du travail et celui de
l'éducation, une réelle complicité entre les deux. Il ne
suffit pas de bien former les jeunes garçons et filles qui seront,
demain, sur le marché du travail. Pour assurer notre
compétitivité sur le plan mondial, la formation professionnelle
doit encore assurer aux travailleurs et travailleuses qui sont dans les usines
et les bureaux des possibilités de perfectionnement et de recyclage.
Le défi le plus profond consiste en la revalorisation sociale de
la formation professionnelle. Celle-ci prépare à des
métiers de base aussi essentiels que le pain et le beurre,
métiers traditionnels qui assurent les services de boucherie, de
plomberie, de mécanique automobile, d'électricité,
d'horticulture, de cuisine, de construction et de coiffure, aux métiers
davantage tributaires de la nouvelle technologie comme ceux liés
à l'électronique, à l'entretien et au réglage
d'appareils très perfectionnés. Tous ces métiers
indispensables continueront de fournir un nombre substantiel d'emplois au cours
des prochaines années.
Depuis 1987, le ministère de l'Éducation a donné un
coup de barre important à la formation professionnelle au secondaire.
Pour l'adapter aux besoins de l'heure, de nombreux investissements ont
été faits en réflexions, en équipements et en
argent. On récolte présentement tes premiers fruits de cette
réforme: hausse des inscriptions, intérêt du monde du
travail, émergence des centres spécialisés de formation.
Il importe de la poursuivre et d'en assurer le succès, de multiplier les
efforts de revalorisation dans la formation professionnelle auprès de
tous les publics cibles, les élèves, garçons et filles,
les parents, les travailleurs et travailleuses, les employeurs.
Pour revaloriser la formation professionnelle, le ministère de
l'Éducation a, avec ses partenaires privilégiés, mis sur
pied une campagne publicitaire qui reviendra encore cette année, en
février: "La formation professionnelle, c'est emballant et payant".
Entretenir et main- tenir une collaboration soutenue entre le monde de
l'éducation et ses partenaires socio-économiques, de telle
façon qu'une offre de services en formation professionnelle puisse
répondre aux attentes des entreprises. Pour ce faire, le
ministère a revu et corrigé ses programmes de formation
professionnelle depuis 1987 et pas moins de 1500 intervenants de
différents secteurs concernés de l'industrie ont
été consultés.
Multiplier les actions et les services pouvant répondre aux
besoins croissants de recyclage et de formation continue pour les personnes qui
veulent se préparer à exercer un métier ou se qualifier
pour des nouvelles fonctions. En vertu des divers programmes de main-d'oeuvre
gérés par le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, le
ministère de l'Éducation a répondu, en 1989-1990, au
besoin de formation professionnelle de 63 000 personnes, dont 6000 se sont
inscrites à temps complet dans des programmes d'études conduisant
très majoritairement à des diplômes officiels et 57 000
à temps partiel dont la formation ne conduisait
généralement pas à de tels diplômes.
Harmoniser les politiques et les actions du ministère de
l'Éducation avec celles des autres ministères et organismes qui
se préoccupent de formation professionnelle. La formation
professionnelle, en 1991, bénéficie d'un taux de
persévérance variant de 85 % à 95 %, pour une moyenne de
89, 3 % à l'échelle du Québec. La formation
professionnelle au Québec, c'est un moyen efficace de lutter contre le
décrochage, et cet effort initié par le gouvernement
libéral depuis 1987 a donné des investissements de plus de 160
000 000 $ en équipement et en aménagement des écoles. La
formation professionnelle au Québec passe aussi par la création
d'écoles sectorielles où l'expertise et la fierté se
conjuguent au quotidien. Qu'il suffise de mentionner l'école
d'aérospatiale, les écoles de métiers de la construction
de Longueuil, de Montréal et de Québec. La formation
professionnelle m'apparaît comme un levier indispensable pour contrer
l'abandon scolaire, mais aussi pour permettre à notre jeunesse d'avoir
confiance en ses moyens pour faire face à l'avenir avec force et
détermination comme le gouvernement libéral l'a toujours
prôné. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Papineau. Mme la députée de Ter-rebonne,
pour un période de cinq minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Oui, M. le Président. Suite à
l'intervention précédente, j'aurais le goût de terminer en
disant: Ce message a été payé et autorisé par le
Parti libéral du Québec, parce que c'est à peu près
ça, M. le Président.
Concrètement, avec 36 % de décrocheurs, je
pense qu'il est plus que temps que le gouvernement examine les
coûts économiques et sociaux, los coûts en santé, les
cofits «n justice à long terme, et qu'on se décide enfin
à investir immédiatement dans le secteur de l'éducation.
Le ministère de l'Éducation a tellement peu pris, au cours des
dernières années, ses responsabilités à ce chapitre
qu'un peu partout au Québec, on a vu naître des associations
à but non lucratif. Je vais donner comme exemple, dans la région
Laurentides-Lanaudière, des jeunes avocats et avocates qui se sont
réunis pour, concrètement, ramasser des fonds, pour créer
un guichet unique pour répondre aux décrocheurs de cette
région et engager un travailleur de rue. Les travailleurs de rue, ce
n'est pas uniquement pour les sans-abri, c'est aussi pour aller chercher les
décrocheurs qui sont dans la rue présentement et qu'on n'a pas
réussi à ramener dans le système.
Parmi les effets du décrochage, il y a aussi le
phénomène qui est désastreux et de plus en plus en
croissance automatiquement: plus on a de décrocheurs, plus on se
retrouve avec une augmentation d'analphabètes, au Québec. Nous
sommes rendus maintenant avec un taux de 28 %, plus du quart de notre
population, et ce taux-là est en croissance lui aussi. Si on regarde la
clientèle des analphabètes, on serait peut-être
porté à penser que ce sont surtout des personnes plus
âgées. Eh bien, non, M. le Président, 54 % des
analphabètes ont entre 16 et 35 ans alors qu'il y a à peine
quelques années, c'étaient seulement des adultes de plus de 45
ans qui étaient considérés comme analphabètes. Le
problème, il est là.
Le ministre nous dit qu'il entend intervenir en 1992, qu'il entend poser
des gestes concrets. Moi, ce que je dois examiner, M. le Président,
c'est le geste bien précis qu'il a posé, qui est effectif depuis
juillet 1991, c'est-à-dire une coupure de 19 000 000 $ dans la formation
générale. Coupure qui, dans la formation générale,
dans le temps partiel, 15 heures et moins par semaine, touche directement les
cours en alphabétisation. Donc, en alphabétisation, on a subi des
coupures qui varient entre 30 % et 50 %. Et je vais vous donner encore un
exemple précis: à la commission scolaire de Saint-Eusta-che, l'an
dernier, on pouvait donner 15 000 heures; cette année, grâce aux
coupures du ministère de l'Éducation, 7000 heures seront
données. Je veux bien qu'on dise qu'on pose des gestes concrets, mais il
faudrait peut-être que le discours soit cohérent avec les actions
qu'on a vécues. Et on ne se parle pas des actions qui remontent à
il y a plusieurs années, juillet 1991. Cela signifie, bien
concrètement, qu'au niveau du Québec, pour les 4 %
d'analphabètes, donc plus de 22 000 personnes inscrites à des
activités d'alphabétisation, il y a une diminution importante de
l'accès aux services de formation. Donc, d'un côté, on nous
dit "oui, on veut agir" et, de l'autre, on démontre par des gestes bien
précis que c'est le contraire qu'on fait. On nous annonce de petites
mesures, un changement de calendrier, un changement au niveau de l'admission
à l'école, alors que ce n'est absolument pas ça qui
règle le problème.
Vous savez que, parmi les personnes analphabètes qui seront
privées de cours, il y a aussi des travailleurs, des travailleurs qui
avaient besoin de cette formation-là pour éviter une mise
à pied ou qui avaient besoin de cette formation-là pour essayer
de se trouver un emploi plus intéressant. Vous savez dans ce
dossier-là, M. le Président, j'ai beaucoup de difficultés
à suivre la logique du ministre. Il nous a répété -
il continue de le faire ce matin aussi - que l'éducation est une
priorité pour son gouvernement. Il ' admet l'existence de
l'analphabétisme dans la société québécoise;
il l'a reconnu encore hier lors d'une motion. Il affirme qu'il est important de
faire des efforts pour aider ces personnes à s'en sortir, pour retrouver
une fierté, pour participer comme citoyens mais, en même temps, il
a fait le choix de diminuer les budgets aux endroits qui permettaient une
formation adéquate pour ces personnes.
Donc, deux questions bien simples: Quels moyens le ministre entend-il
prendre pour s'assurer que tous les analphabètes qui décident de
suivre des cours ou de participer à des activités de formation
soient acceptés dans une commission scolaire? Deuxièmement, quand
le ministre donnera-t-il suite à l'avis de mars 1990 du Conseil
supérieur de l'éducation, intitulé
"L'alphabétisation et l'éducation de base au Québec, une
mission à assumer solidairement", qui, je le rappelle, recommandait au
gouvernement d'adopter rapidement un énoncé d'orientation et un
plan d'action en matière d'alphabétisation et d'éducation
de base pour affirmer une volonté politique de solutionner le
problème? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, deuxième
intervention en référence aux gestes concrets qui seront mis en
place pour en arriver à l'objectif d'une augmentation de 3 % par
année, pendant cinq ans, du pourcentage de ceux et celles qui obtiennent
un diplôme.
L'abandon scolaire: la lutte à cette situation dramatique et
alarmante, j'en conviens, et c'est ce pourquoi je suis intervenu de
façon aussi présente, aussi proactive, si je peux utiliser le
terme, depuis quelques mois notamment, après un certain temps d'analyse
et de réflexion au ministère à la suite de mon
arrivée. Tout ça, ça passe, vous savez, non seulement par
des mesures qui s'appliquent, qui sont horizontales, qui sont
générales, comme celles auxquelles je me suis
référé tout à l'heure, mais ça passe
aussi par une large mobilisation de chacun des Intervenants.
Dans le document, j'indique qu'on se doit de revaloriser la profession
d'enseignant et d'enseignante au Québec. On entend procéder
à des modifications aux standards de formation. J'entends faire en sorte
que l'enseignant et l'enseignante, parce que c'est cette personne-lis sont 60
000, au Québec, des gens bien formés, des gens dont la
très très grande majorité sont très bien
engagés dans la démarche, dans la mission qu'ils ou qu'elles ont
à poursuivre. J'entends faire en sorte, dis-je, que ces professeurs
puissent participer aux décisions de l'école, qu'on tienne
davantage compte de leur appréciation, de leur jugement et de leur
évaluation, finalement, du cheminement de l'enfant.
J'entends, de plus, faire en sorte que l'enseignant participe, soit plus
présent dans le modèle pédagogique, bâti et
élaboré par l'école, le projet éducatif, tout ce
qui se passe au conseil d'orientation, etc. Le professeur doit être
revalorisé. On se réfère à de beaux modèles,
là. C'est vrai qu'il y a des écoles au Québec où
ça va très bien, le taux d'abandon est presque nul. On constate
que, dans ces écoles, il y a une véritable dynamique positive,
constructive entre la direction de l'école et le corps enseignant dans
cette école. (11 h 15)
Deuxième élément, ça interpelle les
commissions scolaires. Je crois que dans cette société qui fait
l'objet de normes comme ce n'est pas possible, de règles, etc., il y a
une tendance naturelle, finalement, à laisser courir purement et
simplement. Je crois que le débat initié depuis le mois de
septembre commence déjà à donner des résultats dans
le sens qu'un niveau de sensibilisation beaucoup plus élevé des
commissions scolaires et de l'ensemble du capital humain y est en fonction de
la réussite éducative, mais ils devront faire plus. Je n'entends
pas imposer, comme le député d'Abitibi-Ouest me l'indiquait tout
à l'heure, des modèles. J'entends, par contre, m'assurer qu'ils
vont mettre en place des mécanismes et on va les soutenir, ces projets
locaux, dans un premier temps par de l'aide concrète pour le
dépistage de celles et ceux qui sont susceptibles de nous quitter. On
l'a, le profil, on sait, on est en mesure de bien identifier celui ou celle qui
est sur le point d'abandonner et de décrocher, le décrocheur
potentiel. On entend subventionner, on entend aider concrètement,
financièrement, au besoin, les démarches de prévention,
les écoles de rac-crocheurs ou de raccrochage parce que, dans certaines
régions, ça pourrait être des écoles
spécialisées.
J'entends, à l'égard de la tâche, d'ici à la
fin de novembre, au plus tard à la mi-décembre, mais avant le
début de l'année 1992, tirer une ligne sur toute la
démarche de l'adaptation et de l'intégration dans les classes
régulières ou dans les écoles pour les
élèves handicapés. On sait que ça constitue la
situation... Le manque de clarté dans l'interprétation des
règles de l'adaptation scolaire au Québec crée des
situations très, très difficiles dans les classes, dans certains
cas.
J'entends, de plus, intervenir dans le cadre de la formation
professionnelle, ça va de soi, quand j'ai indiqué, tout à
l'heure, des modifications au régime pédagogique. La formation
professionnelle - rapidement, avant de conclure, avant de devoir
compléter dans les prochaines cinq minutes en raison des règles
très strictes qui nous régissent - on doit faire en sorte qu'il y
ait plus d'élèves qui viennent en formation professionnelle
compte tenu des manques évidents. On manque de main-d'oeuvre
spécialisée dans plusieurs corps de métier au
Québec. Je ne peux pas accepter, moi, que, d'un côté, on
ait 36 % qui décrochent et qu'on ait des besoins criants qu'on ne peut
pas combler. Mais la réforme va bien, on va l'accentuer et une
façon de l'accentuer et de faire en sorte qu'il y ait plus de jeunes qui
choisissent la formation professionnelle, c'est de revoir certaines
exigences.
Donc, dans mes cinq prochaines minutes, je parlerai des conditions
préalables, de la reconnaissance des acquis, de la validation des
acquis, de la révision des matières obligatoires. Je parlerai,
dans les prochaines cinq minutes, aussi des stages en milieu de travail, d'une
meilleure collaboration plus étroite entre le ministère de la
Main-d'oeuvre, le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
ministère de l'Éducation pour, en conclusion de ces prochaines
cinq minutes, revenir sur des questions comme celle du calendrier scolaire,
entre autres, et revenir aussi sur la solidarité, la sensibilisation
qu'on doit faire auprès des parents.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Maurice, une période de cinq minutes.
M. Yvon Lemire
M. Lemire: Effectivement, le décrochage scolaire est un
phénomène grave que le gouvernement libéral a
décidé d'affronter afin de le régler de la manière
la plus efficace possible. Je dis aux gens d'en face: Avant de partir de
façon non sérieuse, pour essayer de régler des
problèmes, nous devons d'abord identifier les besoins pour être en
mesure de répondre au plus grand nombre d'élèves et
d'assurer la réussite éducative. Le gouvernement libéral
s'est engagé dans cette vole et c'est par les actions que le ministre de
l'Éducation a déjà posées et posera dans un avenir
rapproché que notre gouvernement réussira à
répondre aux besoins complexes et diversifiés des
étudiants québécois.
La société québécoise est passée en
quelques décennies d'une société homogène à
une société pluraliste et l'école n'a pas
échappé à cette réalité. Elle a dû, au
cours des dernières années, adapter des services non seulement
aux élèves provenant des communautés culturelles ou
allophones, mais aussi aux élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. En 1990-1991, 14 % des élèves
reçoivent des services particuliers dits d'adaptation scolaire
représentant près de 1 000 000 000 $ de dépenses. Et je
dis aux gens de l'Opposition, aux gens d'en face, que |e peux parler en
connaissance de cause parce qu'on a présentement à l'école
de Sainte-Marie de Saint-Boniface, dans le comté de Saint-Maurice, un
projet-pilote qui a été accepté par le ministre de
l'Éducation et qui va permettre, par la démarche du comité
de parents, par la démarche de la commission scolaire, justement aux
parents d'aider des enfants qui sont en difficulté. Jusqu'à
aujourd'hui, on a identifié ce projet-pilote comme un projet très
efficace.
Notre système scolaire prévoit un large éventail de
mesures particulières adaptées à ces élèves,
dont le but est de permettre à chaque élève de se
développer au meilleur de ses possibilités. Le respect de la
personne, de son potentiel d'apprentissage exige que l'on scolarise tous les
jeunes d'âge scolaire. C'est là un défi que notre
système doit relever en garantissant à tous nos
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage
l'accès à une éducation de qualité et avec une
autonomie leur permettant de faire face à toutes les exigences de notre
société. Le système scolaire, tout comme la
société québécoise, doit accepter de gérer
la différence afin d'adapter les services aux besoins de tous et chacun,
aussi à contribuer à la réussite éducative du plus
nombre. Le ministère de l'Éducation ne peut pas garantir à
lui seul le respect des personnes et l'efficacité des services. C'est
avec l'engagement de l'ensemble des agents d'éducation, avec la
collaboration dès parents, comme je le disais tantôt avec
l'exemple de l'école Sainte-Marie de Saint-Boniface, que cela sera
possible.
C'est pourquoi le ministère de l'Éducation lançait
en mars dernier une vaste consultation, comme le disait M. le ministre,
auprès des intervenants du milieu. C'est donc en concertation avec le
milieu, comme le disait M. le ministre, qu'on connaîtra sa politique en
matière d'adaptation d'ici au début de l'année 1992. Moi,
je dis à ce moment-ci que cette politique permettra, d'une part, de
clarifier le sens de la loi actuelle et d'intensifier la coordination des
services donnés par les structures scolaires ainsi que par les
organismes et le ministère qui interviennent auprès des personnes
handicapées et des élèves en difficulté
d'adaptation.
Vu qu'il ne me reste qu'une minute de mon temps, je veux souligner ici,
et devant les gens d'en face, que je dois remercier, au nom des citoyens de
l'école Sainte-Marie de Saint-Boniface, M. le ministre de
l'Éducation pour nous avoir permis de faire un projet-pilote. Vous
n'avez pas besoin de paniquer et de vous énerver. Je pense qu'on a la
situation bien en main avec un ministre de l'Éducation qui sait de
quelle façon doit se diriger la société
québécoise dans les problèmes de décrochage
scolaire. Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. Je passe la parole au
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui. Ce qui me renverse, M. le Président, pour
une deuxième reprise - je pensais au moins que ces gens-là
avaient un petit peu plus d'intelligence de situation et convenaient que les
messages "cannés", habituellement, on a droit à ça lors de
la campagne électorale. Je n'en reviens pas que des gens qui se
prétendent sérieux, qui viennent discuter sérieusement de
la question du décrochage scolaire, arrivent ici avec un texte, viennent
livrer leur texte et s'en aillent. Et le texte parle plus souvent du Parti
libéral que des problèmes. Moi, vous ne m'entendrez jamais, lors
d'une interpellation, parler du Parti québécois. Ça
fait-il enfant d'école à votre goût de venir dire: Nous, du
Parti libéral, le Parti libéral... La situation de
décrochage, Parti libéral ou Parti québécois, est
à 36 %; il faut faire quelque chose. Et je croyais qu'on aurait une
interpellation là-dessus plutôt que sur les messages
"cannés".
Cela étant dit aussi, compte tenu de la formule - parce que le
ministre n'avait pas l'air de le savoir - après les cinq minutes de
l'Opposition, il y a dix minutes aux ministériels: cinq minutes qui
devraient se rapporter au sujet qu'on discute et cinq minutes qui sont les
messages qui arrivent d'ailleurs, dactylographiés, imprimés
d'avance, et quelqu'un vient lire ça, comme si ça avançait
le débat. On a eu droit à ça et j'en reparlerai en
conclusion.
Je ne peux pas, compte tenu de la formule, ne pas parler de la formation
professionnelle. Le ministre de l'Éducation a indiqué avec raison
à quelques reprises qu'une des causes du décrochage scolaire,
c'est le problème majeur de la formation professionnelle, pas le message
"canné" du député de Papineau qui est venu, encore
là, nous lire comme de quoi... Non, je parle d'un autre. On a eu droit
à un autre message "canné", il est parti celui-là. Non, je
le connais, le député de Saint-Maurice, je parle du
député de Papineau qui est venu faire sa publicité
commandée lui aussi.
Sur l'enseignement professionnel, M. le Président, c'est le
drame. Pourquoi y a-t-il autant de décrochage? C'est évident que
c'est parce qu'on ne permet plus à un certain nombre
de gars et de filles du Québec de choisir une formation
professionnelle qui correspond à leurs attentes, qui correspond aux
besoins du marché, comme le ministre l'a indiqué, et,
contrairement à ce qui se passe, on aura beau, encore là, faire
les analyses les plus fines que nous voudrons, on ne peut pas regarder le
phénomène de l'abandon scolaire sans le regarder d'une
façon liée à celui - et écoutez le terme - du
déclin, pas la progression, les gens d'en face, là, du
déclin de l'enseignement professionnel au secondaire.
De me dire, comme on s'est fait dire la semaine passée: Oui, mais
il y en a 60 000 qui nous proviennent des assistés sociaux dans des
mesures de rattrapage. Ça fait-il assez insignifiant comme
reconnaissance du phénomème! J'ai rarement vu plus insignifiant.
Le drame, il est grave. Il y a un demi-million de jeunes au Québec, un
demi-million, et il y en a 15 000 en enseignement professionnel au secondaire.
Ne me parlez pas des adultes, je le sais. Et pensez-vous qu'on a le droit,
comme société, qu'il y ait seulement 15 000 jeunes qui soient en
enseignement secondaire, au professionnel? C'est un drame grave. Quand les gens
d'en face se vantent: Oui, mais on a changé les conditions, puis
là, ça fait que, dorénavant, on exige qu'ils aient une
véritable formation professionnelle; une formation professionnelle
qualifiante, de qualité, qui corresponde aux valeurs modernes
d'aujourd'hui, l'aéronautique, et ainsi de suite. Changez donc un peu
votre discours.
En Abitibi-Témiscamingue, fondamentalement, il y aura toujours de
l'équipement lourd, il y aura toujours besoin de jeunes qui auront une
meilleure formation en équipement lourd. Pourquoi? Parce que
forêts, mines, on ne pourra pas changer ça. Là, ce serait
le temps de parler du Parti libéral. Oui, vous les avez jetées
à terre, ces deux vocations, depuis que vous êtes là. Mais
ça va reprendre. À un moment donné, l'activité
minière va reprendre parce que le sous-sol, vous ne pouvez pas partir
avec. Vous ne pouvez pas partir avec le sous-sol qui existe en
Abitibi-Témiscamingue et oui, il y a un potentiel minier; là, il
est miné pour l'instant. Mais il y a un potentiel minier et, un jour, il
y aura un gouvernement responsable qui aura des mesures de relance de
l'activité minière. Donc, on a besoin de jeunes qui ont une
formation adéquate en formation professionnelle.
Puis, sincèrement, je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de
changements heureux. Je le dis, il y a eu des changements heureux en formation
professionnelle. Ce que je dis: Est-ce qu'il ne pourrait pas, dans son plan
d'action, nous suggérer concrètement ce qu'il va faire pour que
des jeunes prennent ce qu'ils doivent prendre? Ce qu'ils doivent prendre, c'est
une formation professionnelle qui corresponde aux besoins de l'industrie d'un
certain nombre de régions, et là, ils ne peuvent pas la prendre.
Ils ne peuvent pas la prendre parce qu'on exige d'eux une formation de base et
on exige, dans certains cas... On l'a tellement dévalorisée, on
l'a tellement dépréciée, la formation professionnelle. Les
profs de l'enseignement professionnel, c'est les moins bons profs. C'est les
profs de seconde zone. Les élèves qui choisissent la formation
professionnelle, c'est les élèves qui ne sont pas capables
d'avoir un cheminement académique régulier. Mais les
problèmes, c'est la dévalorisation, c'est la hausse des
exigences, c'est la centralisation des options professionnelles, puis c'est
encore la même chose, insuffisance de l'aide aux étudiants pour
qu'il y ait plus de support pour leur donner le portrait. Oui, vous devriez
choisir davantage l'enseignement professionnel. Ce n'est pas vrai que ça
conduit au chômage, ce n'est pas vrai que ça vous conduit à
l'assistance sociale.
La formation professionnelle adéquate, l'enseignement
professionnel au secondaire dans des ateliers qui permettent d'être
adaptés, mais tout ça, il y a un coût social, il y a un
coût économique tout court et il y a un coût de piastres
tout court. 100 000 000 $ de coupures. Donc, j'espère que le ministre va
avoir une phrase au moins sur les coupures qu'il va cesser de faire. J'aimerais
ça qu'au moins ça finisse, cette interpellation-là... On
me dit toujours qu'il aime ça, cette expression-là: Je me sens
interpellé. Je comprends, c'est une interpellation. Mais il faudrait
qu'il réponde à certaines questions plutôt que de jouer sur
les cassettes. À un moment donné, est-ce que, comme ministre de
l'Éducation, il va arrêter les coupures parce que ça n'a
pas de bon sens...
Le Président (M. Forget): M. le député,
votre temps est écoulé.
M. Gendron: ...et est-ce qu'en enseignement professionnel il aura
des mesures précises pour que les jeunes choisissent l'enseignement
professionnel au secondaire? Plus que 15 000 élèves...
Le Président (M. Forget): M. le
député...
M. Gendron: ...ça nous mène où, ça,
15 000 élèves au secondaire en formation professionnelle?
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député d'Abltibl-Ouest. Alors, M. le ministre. (11 h 30)
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, sur la formation
professionnelle, j'en étais à vous dire, à la fin de mon
propos antérieur, que la volonté du gouvernement et du ministre
de l'Éducation, c'est de diriger, d'inviter, tout au moins de faire en
sorte qu'il y ait beaucoup plus d'élèves en cours de secondaire
dans le cadre d'un cours pour les jeunes et aussi pour les adultes, parce qu'on
a
harmonisé. L'objectif, c'est de faire en sorte qu'il y ait
beaucoup plus de jeunes qui s'inscrivent à des cours de formation
professionnelle. Vous savez, on a des emplois qui sont disponibles, des jeunes
qui pourraient les occuper, ces emplois-là, tout simplement, qui ne les
occupent pas parce que les exigences au régime pédagogique sont
telles qu'ils doivent passer avec satisfaction les matières de base, les
matières prévues comme étant obligatoires au
régime. On a un nombre important de ceux-là qui ont des
difficultés dans certaines matières obligatoires, ce qui
constitue, somme toute, un frein, une limite à leurs possibilités
d'aller apprendre un métier. Vous savez qu'en formation professionnelle,
aujourd'hui, et dans l'entreprise québécoise comme ailleurs, dans
plusieurs métiers, les niveaux de rémunération sont
avantageusement comparables à beaucoup d'autres corps d'emploi au
Québec. On n'a qu'à se référer... Dans l'aluminium,
c'est quoi? C'est 40 000 $ environ de revenu par année, en moyenne. On
n'a qu'à se référer à l'aérospatiale,
où c'est sensiblement au même niveau.
Ce qu'on entend faire concrètement, c'est ceci. Quand je vous
indiquais une formation plus fondamentale, moins d'options au niveau des trois
premières années du secondaire, c'est pour permettre d'ouvrir
plus facilement la porte vers un pourcentage plus élevé de ces
élèves et les diriger vers la formation professionnelle. On va
faire ça comment? Premièrement, je peux vous annoncer ce matin
que, dans le plan d'action définitif qui va être
déposé dès janvier 1992, le premier élément
de modification en formation professionnelle est l'assouplissement des
règles d'admissibilité en formation professionnelle. D'accord?
C'est clair, ça. Prenez-le pour acquis. Jusqu'où va-t-on aller?
Nous sommes en train de l'établir. On va le proposer et on va aller le
valider dans les colloques régionaux. Les colloques régionaux,
c'est une démarche. Ce n'est pas seulement d'échanger sur le
sujet, parler pour parler. Non. C'est une démarche où les
participants sont invités à répondre à des
questions particulières et précises. On a déjà,
pour la région de la Mauricie, me disait-on hier soir, 1000 inscriptions
pour le premier colloque qui se tiendra vendredi prochain, le 1 er
novembre.
On veut aussi s'assurer... Essentiellement, au lieu de dire à
l'élève: Écoute, mon ami, pour aller en formation
professionnelle, il faut que tu répondes à a, b, c, d, x, y et
z... Je vous indiquais tantôt: Démarche personnalisée. On
doit . retourner complètement nos interventions et les personnaliser
à l'élève. Ça veut dire quoi, concrètement,
ça? Ça veut dire que l'école, le réseau
d'éducation au Québec, à partir de certaines
références exigibles, revues, corrigées et assouplies, on
doit être capable et on doit permettre à chaque jeune de voir
valider des seuils fonctionnels minimums pour occuper tel type d'emploi, tel
type de travail, tel type de cours. C'est ça qu'on va faire. Mais c'est
une réforme majeure, ça. C'est une attitude qui sort
complètement des sentiers battus jusqu'à maintenant.
Nous entendons, pour inciter davantage de jeunes à y venir,
valoriser la formation professionnelle comme telle, démarche que
j'anticipe comme étant assez importante, sinon massive, de promotion, de
publicité, de publicité dans les écoles, de
publicité aussi auprès des parents qui ont tendance souventefois
à sous-estimer la qualité de la formation professionnelle au
Québec, en leur disant: Tu devrais peut-être plutôt aller au
collégial, pour aller ensuite à l'université, dans
certains cas. Ce n'est qu'un métier. Eh bien, je m'excuse! On entend
accompagner l'élève par l'évaluation, en fin de secondaire
III; on entend dire à l'élève: Garçon, jeune fille,
ton potentiel, à la lumière de tes résultats, est dans
tel, tel ou tel cheminement. Et ça, je crois que ce sera probablement le
moyen le plus utile, le plus pertinent pour en arriver à une
augmentation très substantielle du nombre de jeunes en formation
professionnelle au Québec, qui ne sont pas, comme vous le dites, M. le
député, 15 000. C'est 37 279 élèves qui sont
à temps plein en 1990-1991. Ça inclut les adultes, j'en conviens.
Bien oui! Ça inclut les adultes, mais est-ce que vous voudriez qu'on
revienne, que l'école québécoise ne dispense des cours de
formation professionnelle uniquement qu'aux jeunes? Non?
M. Gendron:... secondaire, plus vos 15 000 ou 20 000 aux adultes.
C'est ça que je voudrais.
M. Pagé: Écoutez...
Le Président (M. Forget): M. le ministre, votre temps est
écoulé.
M. Pagé: Ça va être ça.
Le Président (M. Forget): M. le ministre.
M. Pagé: Ça va être ça, mais ça
va être ça avec une plus grande qualité. Écoutez,
ça ne se compare pas, mais pas du tout...
Le Président (M. Forget): M. le ministre.
M. Pagé:... au professionnel long et au professionnel
court. On envoyait, dans ces cours-là, celles et ceux avec lesquels on
ne savait pas quoi faire. Aucun équipement et, plus souvent
qu'autrement, des équipements inadéquats.
Le Président (M. Forget): M. le ministre, votre temps est
écoulé.
M. Pagé: On a mis 160 000 000 $. Pourquoi est-ce que vous
vous attaquez à dévaloriser ce qui commence et ce qui va bien?
Aidez-nous
plutôt à sensibiliser davantage de jeunes à y venir.
C'est ça, l'objectif. Les centres spécialisés. Vous ne
pouvez pas dire que les centres spécialisés, on n'est pas
conviés à une démarche de succès.
Le Président (M. Forget): M. le ministre, votre temps est
écoulé.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de Vimont, pour une période de cinq minutes.
M. Benoît Fradet
M. Fradet: Merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir d'intervenir sur un débat aussi crucial et important pour
l'avenir des jeunes au Québec et je pense, comme le ministre l'a dit,
que c'est important aussi qu'on ait l'intervention massive de tous les
intervenants dans le domaine. Afin de s'assurer de cette réussite
éducative du plus grand nombre de jeunes, le ministre de
l'Éducation a récemment mis en branle un vaste mouvement de
consultations qu'il a initié par une tournée régionale
à laquelle j'ai assisté lorsqu'il est passé chez nous,
dans ma région, à Laval, et je me dois de souligner la
réception chaleureuse que les gens lui ont faite chez nous. Après
cette réunion, bien entendu, les intervenants, les professeurs et les
membres des comités de parents étalants très satisfaits et
très positifs face aux colloques qui se tiendront par la suite et
d'où rassortiront des recommandations qui deviendront l'essence des
orientations que le ministre de l'Éducation donnera à son
ministère. À travers sa tournée, le ministre a souvent
fait cette demande: Lorsque vous posez des gestes ou que vous prenez une
décision, demandez-vous en quoi elle sera bénéfique pour
l'élève. Et c'est là l'essentiel de l'intervention. Parce
que toutes les interventions doivent être centrées sur
l'élève pour s'assurer que son environnement soit le plus propice
à son développement et à son apprentissage.
Même si le monde se rétrécit, la concurrence et la
collaboration grandissent entre les nations et l'avenir appartient aux
individus et aux peuples qui misent sur la formation initiale et continue et
c'est ce qu'il faut protéger. Notre défi collectif, c'est de
développer chez les jeunes et aussi chez les adultes le goût
d'apprendre et la volonté de pousser les études le plus loin
possible. Pour mobiliser nos forces et mesurer nos avancés dans le
domaine de l'éducation, il est utile de nous donner des objectifs
mesurables, d'où l'objectif global suivant: augmenter, bien entendu, de
3 % par année, au cours des cinq prochaines années, la
diplomation des élèves du secondaire de même que celle des
jeunes de moins de 20 ans inscrits au secteur des adultes.
Ces objectifs sont exigeants mais, par contre, réalisables et
surtout avec l'approche dynamique du ministre de l'Éducation
présentement.
La tâche première de l'école est d'assurer à
chaque élève ce qui est nécessaire pour être citoyen
ou citoyenne à part entière dans une société de
plus en plus ouverte sur le monde. La formation fondamentale comprend les
apprentissages de base, lire, écrire et compter, et elle inclut une
connaissance pratique de la langue seconde, l'anglais ou le français
selon le cas, atout individuel et collectif indispensable aujourd'hui. Elle
suppose aussi les compétences de base indispensables au
développement personnel, continu et à l'intégration
dynamique dans la société. Ainsi, l'élève doit-il
acquérir une méthode de travail personnelle à la
capacité d'analyser et de résoudre des problèmes.
Il est également fondamental, M. le Président, que
l'élève se découvre lui-même et s'ouvre à la
société et à l'univers. La réussite
éducative concerne la personne entière, d'où les
apprentissages relatifs aux arts, à l'histoire, à la
géographie, à l'écologie, à l'activité
physique et aux technologies nouvelles. De tout temps, la formation
fondamentale a aussi inclus l'éducation civique et celle-ci n'est pas
moins nécessaire aujourd'hui en raison des transformations sociales qui
bouleversent les familles et la société et en raison aussi de
l'ampleur des dilemmes éthiques qui se posent à l'heure actuelle:
la pollution, la violence, la drogue, le sida et les MTS. Parce que le
décrochage, bien entendu, c'est un problème auquel nous avons
à faire face présentement, mais aussi relié à
ça est le domaine du comportement des élèves. Le
système d'éducation doit revoir comment il aide jeunes et adultes
à développer leur conscience éthique, à devenir des
citoyens et des citoyennes éclairés, solidaires et responsables.
Il faut donc, M. le Président, privilégier la réussite
éducative du plus grand nombre, en s'assurant d'un environnement
propice.
Ceci étant dit, j'aimerais ajouter que le ministre de
l'Éducation bénéficie de l'appui de ses collègues
par le biais de différents programmes et, parmi ceux-ci, j'aimerais
souligner la continuation d'un programme qui a été lancé
l'an dernier, au mois de novembre, et qui se continue encore cette
année, et c'est la lutte à la drogue. Je pense que c'est
important, quand on parle de comportement à l'école, qu'on puisse
regarder ça. Le programme de lutte a la drogue a été
initié conjointement par plusieurs ministères qui ont
assumé la responsabilité par des gestes concrets et des appuis
financiers tangibles. Au ministère de la Santé, on l'a vu, et au
ministère de l'Éducation aussi, on s'en occupe avec beaucoup,
beaucoup, beaucoup de... On y met beaucoup de ressources parce qu'on trouve que
c'est un domaine très important.
Le ministère, par ces gestes précis, a mis de l'avant une
sévère lutte à ce fléau. Il a choisi
de le faire en commençant par la région
montréalaise sur 111e de Montréal, en mettant à la
disposition des intervenants des séances de perfectionnement, en
révisant certains programmes et en distribuant du matériel
d'appoint et des documents vidéo, en mettant en place une compagnie de
publicité. Pour l'année 1991-1992, c'est une somme globale, pour
le ministère de l'Éducation seulement, de 3 510 000 $.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Vimont, votre temps est écoulé.
M. Fradet: Je pense que c'est très important. Bien
entendu, mon comté n'est pas sur l'île de Montréal, mais
plutôt sur ITle de Laval.
Le Président (M. Forget): Votre temps est
écoulé, M. le député de Vimont.
M. Fradet: Oui, juste une petite dernière chose. Dans mon
comté, on a une école qui s'appelle Horizon-Jeunesse - je voulais
en parler -qui a un programme, quelqu'un qui s'en occupe principalement, un
intervenant à l'école. On le soutient de peine et de
misère, de ce temps-ci, mais avec la politique que le ministre de
l'Éducation, le député de Portneuf, a mise de l'avant
l'année dernière, qui s'applique strictement sur : ITle de
Montréal, cette année, et qui sera appli-! quée à
l'ensemble du Québec le plus tôt possible l'an prochain, nous
serons à même, M. le Président, d'améliorer
grandement le fléau de la toxicomanie à l'école et, par
conséquent, bien entendu, j'en suis convaincu, le décrochage.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Vimont. Alors, M. le ministre, vous avez dix minutes
pour conclure.
Conclusions M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, je trouve que ça passe vite, malheureusement, ces
échanges. Je voudrais remercier, évidemment, mes collègues
de notre groupe parlementaire. Je crois que Mme la députée de
l'Opposition officielle, Mme la députée de Terrebonne, a
été un peu injuste envers mes collègues. Vous savez, je ne
sais pas comment ça va chez vous, comment ça fonctionne, comment
ça opère dans votre parti et, d'ailleurs, ça ne nous
intéresse pas. Une chose est certaine, c'est que, chez nous, ça
fonctionne de façon très ouverte, de façon très
participative. Mes collègues sont venus, ce matin. Ce sont des
députés qui sont venus dire, qui sont venus faire part à
la commission et à celles et ceux qui nous écoutent de leur
perception, de leur solidarité, de leur appui, de leur questionnement
à l'égard de cette démarche qui est fondamentale dans la
société, soit l'éducation.
Le député d'Abitibi-Ouest, avec sa bonhomie habituelle et
parfois un peu méchant garçon, peut-être pas méchant
garçon, mais, des fois, peut-être un peu gamin, est venu dire: Ah!
C'est des cassettes, c'est des discours écrits, etc. Bien, je m'excuse!
Ces gens-là sont venus dire, ont pris des notes pour faire part à
cette Assemblée de ce qu'ils pensent des différentes questions,
et je les en remercie. C'est votre droit, c'est aussi votre
responsabilité à plusieurs égards.
J'en étais donc à vous parler de la volonté claire,
donc, d'améliorer substantiellement nos façons de faire en
formation professionnelle. J'ai été encore, cette semaine, avec
mes collègues, le ministre de la Main-d'oeuvre, le ministre du Travail,
le ministre de l'Industrie et du Commerce et Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. On a travaillé ensemble de nombreuses
heures pour arriver à une démarche qui permettra la mise en place
d'une politique de valorisation de la formation professionnelle, une
démarche qui se poursuivra et s'accentuera dans la mise en place et
l'implantation de centres spécialisés en région,
notamment, la mise en place d'éléments venant substantiellement
modifier les exigences pour suivre des cours en formation professionnelle, mise
en place aussi de mesures d'aide financière modifiées,
corrigées, parce que, là aussi, je crois qu'on doit faire plus,
on doit faire mieux. On n'a pas nécessairement harmonisé l'aide
pour les adultes par rapport à l'aide pour les jeunes. Essentiellement,
c'est un maillon important de la lutte contre l'abandon scolaire,
c'est-à-dire l'augmentation de la persévérance et le
maintien d'un nombre encore plus élevé de nos jeunes dans nos
écoles, dans une perspective, dans une démarche d'acquisition de
connaissances, mais aussi ça devra déboucher sur un emploi pour
contribuer à bâtir cette société.
Un autre élément, M. le Président, j'entends la
lutte contre le phénomène du décrochage, donc, des mesures
initiées par le ministère de l'Éducation, révision
de nos propres interventions, support, appui, soutien financier revu,
corrigé, modifié ou amélioré au
bénéfice des commissions scolaires, non seulement pour des
démarches permettant de lutter contre le décrochage et l'abandon,
concrètes et ad hoc au moment du secondaire, mais aussi des mesures
préventives, parce que c'est clair, c'est démontré qu'il y
a un lien étroit entre l'abandon scolaire et le fait que ces jeunes ont
pris du retard à l'école. (11 h 45)
Autre élément. Donc, ce sont des mesures qui s'adresseront
aux enseignants, aux commissions scolaires. Le ministère va faire ses
propres devoirs et on entend aussi sensibiliser par une démarche de
communication qui, elle aussi, on la veut la plus massive, la plus efficace
possible
pour que les parents au Québec qui, j'en conviens, ont des
agendas très serrés - souven-tefois, c'est les deux conjoints qui
sont au travail - puissent consacrer plus de temps au suivi pédagogique
et éducatif de leurs enfants. Ça, ça m'apparaît une
des conditions, parce que, vous savez, le premier carrefour, la première
place où un enfant est éveillé à la connaissance,
peut développer le goût d'apprendre des choses, de maîtriser
des choses, c'est à la maison. Autant les parents semblent être
très présents dans la démarche éducative de leurs
enfants au niveau du primaire, autant il y a comme une espèce de clivage
et la présence se fait moins sentir au niveau du secondaire. J'invite
donc les parents du Québec à revoir et à
réévaluer, finalement, leur responsabilité, leur
engagement, à l'égard du suivi pédagogique de leurs
enfants.
Enfin, M. le Président, je suis conscient que cette
réforme, d'abord on l'a initiée par le dépôt de
documents; j'ai fait une tournée régionale; j'ai rencontré
au-delà de 11 500 personnes dans le cadre de ces échanges; j'ai
répondu à des questions et j'ai reçu des commentaires. Les
colloques s'amorcent le 1er novembre et se poursuivront jusqu'au 23 novembre
prochain dans chacune des régions du Québec. Les gens pourront y
participer dans une perspective non seulement d'échanges, mais de
réponses à des questions concrètes sur des
éléments comme tous ceux auxquels on s'est
référé aujourd'hui. Le tout va nous revenir en
décembre et en janvier, je vais rendre public un plan d'action.
Le député d'Abitibi-Ouest me dit: Ça va très
certainement impliquer des déboursés financiers. Une chose est
certaine, ce n'est pas exclu et j'entends remplir mes responsabilités
à cet égard-là. Quand je vous indiquais
précédemment qu'il y a un manque flagrant de professionnels non
enseignants, ça veut dire quoi, concrètement? Ça veut dire
qu'on devra poser des gestes dans ce sens-là. Ce ne sera pas uniquement
du verbe. Vous vous êtes référé au ratio
maître-élèves. Dans le cadre de ma tournée des
régions, j'ai indiqué très clairement que j'étais
non seulement sensible, préoccupé, mais que j'entendais donner
une réponse à la problématique des ratios
maître-élèves dans certaines classes. Cependant, quand je
rencontre les enseignants, comme je l'a» fait avec votre collègue,
le député de La Prairie, la semaine dernière dans son
comté à la commission scolaire du Goéland et à
l'école Femand-Séguin, j'échangeais avec des enseignants
et des enseignantes - puis je termine là-dessus, M. le Président
- qui me disaient: Vous savez, M. Pagé, on trouve ça difficile,
des classes de 30 élèves, 32 élèves, puis il n'y a
plus cette homogénéité dans les classes. On peut avoir des
élèves qui sont très doués, qui attendent donc une
prestation permettant une relative accélération, tout au moins
une certaine accélération du processus pour leur cheminement; on
en a d'autres qui sont en difficulté d'adaptation et d'apprentissage,
qui sont en trouble de comportement, qui sont dans les mêmes classes. Je
leur demandais ceci: Vous êtes profs, vous la vivez, l'éducation.
Si vous étiez à ma place comme ministre, qu'est-ce que vous
privilégeriez? Diminution des ratios maître-élèves
ou augmentation du support professionnel à vous, comme enseignants? Les
enseignants et les enseignantes me disaient: M. le ministre, ce n'est pas aussi
clair et aussi absolu que ça. Dans certains cas, ça peut
être des modifications aux ratios; dans d'autres cas, la solution
à ça peut passer par des règles d'interprétation
plus claires. Exemple concret: en ce qui concerne l'adaptation scolaire. Dans
d'autres cas, dans certaines écoles, dans certains milieux, ça
peut être de passer par davantage de professionnels non enseignants.
Une chose qui est certaine, le succès d'une démarche comme
celle-là passe par l'école. Ça ne passe pas uniquement par
des interventions au niveau du Québec. Je comprends que le
ministère de l'Éducation est là pour les supporter. Vous
m'avez adressé de sévères critiques concernant le fait que
le budget du ministère de l'Éducation a été
augmenté d'un certain nombre de millions, quelques centaines de
millions, sauf qu'il n'a pas suivi le rythme de croissance des dépenses
gouvernementales et ça a impliqué une ponction de 100 000 000 $.
D'abord, ce n'était pas 100 000 000 $ pour le réseau,
c'était 10 000 000 $ pour le ministère de coupures chez nous, 90
000 000 $ de resserrrement budgétaire pour les commissions scolaires.
Vous me dites: Ça n'a pas de bon sens, tout ça, et c'est
question-nable et vous dénoncez, c'est votre rôle, vous êtes
dans l'Opposition, sauf que force est de reconnaître que quand vous
étiez là, ça a été 500 000 000 $. Puis
ça, ce n'est pas une façon de m'en disculper et ce n'est pas une
façon d'alléger, finalement, la ponction que j'ai dû
appliquer en 1990.
Chose certaine, cependant, je peux, vous donner l'assurance de ma
volonté et de ma détermination pour faire en sorte que, lorsque
les besoins financiers seront identifiés, j'y apporte une réponse
et qu'on y apporte une réponse, comme gouvernement. Cependant,
élément encourageant, si on regarde ce qui est fait cette
année dans le cadre de la lutte à la pauvreté, non
seulement pour l'alimentation en milieu scolaire dans la région de
Montréal, mais aussi l'augmentation du nombre d'enseignants et
d'enseignantes pour les maternelles, pour les prématernelles, etc., si
on se réfère au nombre assez intéressant dans la
région de Montréal pour les écoles secondaires de l'ami de
la jeunesse qui est le travailleur d'école, somme toute; si on se
réfère à ce qu'on a fait dans les drogues, pour lutter
contre les drogues cette année, avec ce qui sera fait l'année
prochaine, globalement, sur deux ans, ce sera 30 000 000 $ de crédits
additionnels uniquement pour ces deux
fonctions.
Autre élément. M. le Président, je termine en
disant ceci: Les défis sont grands, les défis sont audacieux,
mais j'ai la conviction que ces défis sont réalisables si la
démarche peut s'appuyer sur une large mobilisation qui doit inclure, au
premier chef, les enseignants et les enseignantes, les directions
d'école, les commissions scolaires, les parents, et je compte beaucoup
sur la Fédération des comités de parents. Je compte aussi
sur l'Opposition officielle. Ça pourra peut-être paraître un
peu de lecture nouvelle qu'un ministre dise "je compte aussi sur l'Opposition
officielle". Pour moi, je crois qu'en politique il y a cet aspect
dualité; questionnement, affrontement d'opinions, débat,
échange, etc., ça, c'est normal, ça fait partie du
processus parlementaire et c'est ce qui garantit, finalement, l'exercice de la
démocratie.
Cependant, je crois qu'à certains égards il y a des
éléments de l'action qui doivent être initiés par un
gouvernement qui se réfèrent à ce qu'il y a de plus
fondamental dans une société. Là,
généralement, les partis politiques ont l'habitude de se
démarquer du politique avec le P un peu plus partisan. Je compte bien
que l'Opposition officielle pourra suivre ce débat, pourra y participer,
pourra y contribuer de façon positive et constructive dans une
perspective d'amélioration de nos interventions dans l'ensemble de la
société québécoise.
M. le Président, je remercie mes collègues, je remercie le
député d'Abitibi-Ouest, je remercie Mme la députée.
On aura très certainement d'autres opportunités d'échanger
sur le sujet dans le cadre d'autres procédures parlementaires. Je peux
vous assurer de ma très grande détermination à ce qu'on
puisse faire plus, faire mieux et prendre nos responsabilités.
Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le ministre. Alors, M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous avez dix minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je suis un peu
déçu de la façon dont l'interpellation s'est faite. Deux
commentaires d'introduction et j'expliquerai pourquoi ma déception.
Le premier commentaire. Le ministre de l'Éducation se demandait
comment ça se passait chez nous. Quand un collègue vient
participer à une interpellation, il y a deux exigences, ce n'est pas
compliqué, c'est de parler du sujet et de s'inscrire dans le
débat qui est initié ici même, en Chambre, parce que
l'interpellation a lieu ici, plutôt que d'arriver avec sa cassette
préparée d'avance, et, deuxièmement, il n'est pas question
de vanter le critique. Il n'est pas question de vanter le travail du critique,
ce n'est pas ça, le sujet de l'interpellation. Ce n'est pas comment le
critique s'acquitte de sa responsabilité en éducation,
contrairement à ce qu'on a fait de l'autre bord, ce que je trouve
bébé, enfantin, inutile et qui ne nous conduit nulle part,
même si on a un bel appel, à la fin de l'intervention du ministre,
de la collaboration de l'Opposition pour contribuer à l'avancement de la
cause. Ça, vous l'avez, mais en autant qu'effectivement ce soit sur le
sujet traité et non pas sur les bienfaits du Parti libéral.
Déception, pour deux raisons parce que... D'abord, un premier
commentaire. Je n'ai jamais dit et je ne dirai jamais, comme critique de
l'éducation, que, lorsqu'on discute sérieusement du
décrochage scolaire, de la formation professionnelle, il faut toujours
avoir dans l'esprit le signe de piastre. Je n'ai jamais dit ça et je ne
dirai jamais ça. J'estime qu'un ministre de l'Éducation, en 1991,
peut apporter des mesures concrètes pour contrer le
phénomène du décrochage avec les ressources qu'il a.
J'estime qu'il peut faire tout autant s'il cesse de minimiser la gravité
des 15 000 jeunes seulement au niveau secondaire qui sont en enseignement
professionnel; ça n'a pas d'allure, s'il arrête d'ajouter qu'il y
en a d'autres aux adultes que je sais, pour que la société soit
consciente qu'avec 15 000, on fait fausse route. Donc, ça exige beaucoup
de publicité, ça exige beaucoup de revalorisation, contrairement
à ce qu'il a essayé de faire, jouer à de la petite
politique, pensant que je dévaloriserais la formation professionnelle
d'aujourd'hui, au contraire, mais je ne dévalorise pas celle qu'ils
prenaient dans le temps, c'était de ça qu'ils avaient besoin,
c'était ça qui correspondait aux besoins.
Le ministre, la façon de s'en sortir, dit: Oui, mais ça ne
valait pas cinq cents, ce qui se faisait dans le passé. C'est exactement
ce qu'il a dit à plusieurs reprises; il l'a dit en période de
questions, il l'a dit aujourd'hui. Ce qui se faisait avant ça, ce
n'était pas adapté. Imaginez! Il y avait là-dedans des
élèves qui étaient en cheminement particulier et qui
allaient au secteur professionnel. Pensez-vous que je ne le sais pas? J'ai
enseigné 12 ans, je le sais, je l'ai dit. Mais j'aimais mieux ça,
voir des jeunes qui étaient incapables - pour des raisons
pédagogiques ou par manque de mesures d'encadrement - de faire le
système régulier, j'aimais bien mieux les voir en enseignement
professionnel dit moins de qualité, dit moins probant, dit moins
performant compte tenu des carences au niveau des équipements - parce
que le ministre en a parlé et il a raison, les ateliers professionnels
n'étaient pas toujours adéquats - mais j'aimais mieux ça
que de les voir dans la rue. J'aimais mieux ça que de les voir au
décrochage. J'aimais mieux ça que de les voir assistés
sociaux ou dans des mesures de rattrapage infantiles - et je le dis comme je le
pense - débiles à certains égards.
On dit à une dame à 40 milles de chez nous, qui n'a pas
d'auto, qui est assistée sociale, qui a de la misère à
arriver: On va te couper
100 $ de plus parce que tu ne participes pas aux mesures de
redressement. Elle dit: Ça m'en coûterait 300 $ par mois. Ce n'est
pas grave. C'est le système à Bourbeau. Le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu a inventé, lui, un
bon système. Il s'en vantait encore en Chambre, combien eux autres ils
avaient remis au travail ceux qui sont capables. Parce qu'il dit: Nous, on fait
une distinction entre aptes et inaptes. Et ça donne quels
résulats? Ça donne ce que je suis en train de vous raconter. Mais
ce n'est pas ça, mon propos.
Sur le fond des choses, qu'est-ce qu'on aurait dû entendre
aujourd'hui? On aurait dû entendre le ministre de l'Éducation
dire: II y a des voies sur lesquelles je ne m'engagerai pas parce qu'à
leur face même, ce n'est pas des bonnes pistes pour corriger le
phénomène. Bon, regardons-le un peu. Je reviens sur l'âge
d'admission à l'école que le ministre veut devancer de quatre
mois, c'est-à-dire reculer dans le temps pour qu'il y ait moins de
jeunes admissibles à l'école. Ça, j'aurais aimé
ça qu'à l'interpellation d'aujourd'hui le ministre dise: Oui.j'ai
vérifié ça un peu. J'ai regardé ça. Ce n'est
pas une piste de solution pour régler le phénomène de
décrochage. Il faut avoir un peu d'honnêteté. Je pense que
le ministre en a.
Et les études dont il dispose, j'aimerais ça qu'il les
rende publiques. L'étude de Claude Beauchesne, il la connaît
autant que moi. L'étude prouve très clairement que les enfants
entrant au primaire à cinq ans accusent moins de retard que leurs
aînés. Et, règle générale, ce n'est pas vrai
que c'est lié à une question d'admission. J'ai entendu le
ministre tantôt et là, je le cite au texte - je le cite au texte.
Il a dit ceci à l'interpellation de ce matin: Moi, là, les
jeunes, je veux qu'ils entrent à l'école au moment opportun.
L'âge d'entrée à l'école, ça va arriver au
moment jugé opportun. C'est gros de dire une affaire de même. Il
sait bien que ce n'est pas possible dans les faits. Il sait bien que c'est du
rêve. Il n'est pas ici pour vendre du rêve. Les jeunes ne pourront
pas entrer à l'école au moment jugé opportun. Qu'est-ce
que c'est ça, cette affaire-là? Parce que ça prendrait des
examens psychologiques. Ils ont coupé de 100 000 000 $, ils ont
coupé de 19 000 000 $ à la formation aux adultes et il me dit:
Oui, mais vous avez été aussi pires. Ça règle le
problème, ça, du décrochage en 1991, de dire que nous
aussi on a fait des coupures. Je le sais. J'ai toujours dit que ça fait
10 ans qu'ils se font "clencher" en éducation. Ça fait 10 ans,
donc, je sais de quoi je parle. J'étais là, moi, il y a 10 ans.
Je dis: 1 000 000 $, ça n'a pas de bon sens, il faut arrêter les
coupures. Mais là, ne perdons pas... Un, j'ai dit que j'aurais
aimé entendre le ministre dire, sur l'âge d'admission: Ce n'est
pas une voie de solution. À chaque fois qu'il va parier de ça et
qu'il va présenter ça comme une solution pour contrer le
décrochage, je regrette, mais je suis obligé de lui dire qu'il
n'aura pas l'appui de l'Opposition. Ce n'est pas une voie de solution. On est
à contre-courant, il y a tellement d'études qui prouvent le
contraire, donnons les mesures adéquates aux jeunes pour qu'ils soient
accompagnés dans leur cheminement éducatif, mais ne revirons pas
la société à l'envers.
Qu'il me parle des motifs pédagogiques qui l'animent pour
devancer l'âge, là, je vais l'écouter. Mais tous ceux qui
ont regardé ça, modifier l'âge d'admission à
l'école, ce n'est pas pour une raison pédagogique. Il n'y a pas
de raison pédagogique. Moi, la pédagogie ça
m'intéresse, l'éducation ça m'intéresse mais
donnez-moi... Oui, je les ai vues, les preuves. Je les ai vues et je les vois
régulièrement à partir de mon milieu très
immédiat. Rappelez-vous que j'ai du monde très proche et quand je
parle de même, justement, regardez plus large que votre... Ce n'est pas
le critique qui parle quand il dit que vous n'en avez pas de raisons
pédagogiques. C'est la Fédération qui dit que ça
n'a pas d'allure. C'est la CEQ qui dit que ça n'a pas d'allure. Oui,
oui. Il n'y a pas de... Et c'est les études que vous avez qui disent:
Regardez donc plus loin que ça. Mais je ne peux pas faire quinze minutes
là-dessus, j'en ai dix pour d'autres sujets. J'aurais aimé
ça être plus clair là-dessus.
Deuxième mesure. J'aurais aimé que le ministre, d'une
façon très claire, au niveau de la tâche des enseignants,
au niveau... Ce qui va être ma marotte, M. le ministre, et qui devrait
être la vôtre - et, là, je le dis - une des façons
les plus adéquates de contrer le phénomène de l'abandon
scolaire, c'est un meilleur dépistage. Et là, j'arrive, des
mesures de support et d'encadrement spécifique. Quand, l'école de
Saint-Hyacinthe, on la vante tant que ça comme étant efficace,
pourquoi, monsieur? Ce n'est pas compliqué. Voici ce qu'on dit: Ici, les
enseignants s'impliquent dans une relation d'aide et d'accompagnement. Et il y
en a bien plus que vous ne pensez, des profs qui veulent s'impliquer dans une
relation d'aide et d'accompagnement. Mais "mosus" qu'ils veulent avoir les
moyens! "Mosus" qu'ils veulent avoir des outils! Ils veulent avoir du support.
Ils ne veulent pas avoir 35 élèves par classe. Et ce n'est pas
pour rien qu'ils disent: Oui, la charge est trop lourde. Elle est trop lourde
parce que, constamment, quand il y a une réflexion quelque part,
l'éducation sexuelle, les MTS, publicité dans les écoles,
bien, c'est devenu la gare centrale. Et il ne faut pas que les écoles du
Québec soient la gare centrale. Famille éclatée, famille
reconstituée, monoparen-talisme, pauvreté, on va les nourrir, on
va les loger, on va leur brosser les dents, on va tout faire. L'école va
prendre la responsabilité de tout, y compris même la lutte
à la pauvreté. Comme si on était devenu en
éducation, première mission, mission du ventre! Moi, je pense que
la mission éducative doit demeurer la mission de
l'intelligence, du façonnement de la personnalité et du
développement des apprentissages permanents qui feront qu'on aura des
gars et des filles qui seront en mesure de prendre leurs responsabilités
dans la société de demain. Ce n'est pas ça qu'on fait, on
fait toutes sortes d"'épivardements", si vous me passez
l'expression.
J'aimerais que le ministre soit plus précis sur des choses qu'il
ne faut pas choisir comme voie: l'âge d'admission, je l'ai dit; au niveau
des mesures concrètes pour s'assurer que les professeurs puissent
bénéficier de plus d'encadrement. Le ministre dit:
Écoutez, vous présentez toujours ça sous un aspect
financier. Non, mais il faudrait l'entendre, il faudrait que le ministre dise:
Les coupures, ça n'a plus de bon sens, on ne peut ! plus en faire en
éducation, pour aucune con-i sidération. Ils l'ont fait, ils ont
eu leur part, 1 000 000 000 $, première chose précise.
Deuxièmement, il faudrait qu'il nous dise haut et fort que non
seulement il ne peut plus y avoir de coupures, mais il faut absolument que
spécifiquement aux trois, quatre éléments où vous
voulez faire quelque chose, avec raison... Oui, vous allez avoir notre appui
là-dessus sincèrement. Vous allez avoir l'appui de l'Opposition
si vous arrivez avec des mesures précises, concrètes, aux bonnes
places; pas le devancement de l'âge, pas le calendrier, "bizouner" dans
le calendrier scolaire. Ça ne fait pas sérieux de faire le tour
de Québec et dire: On va remettre cinq jours d'école et,
là, il n'y aura plus de décrochage et les jeunes vont choisir la
formation professionnelle. Voyons donc! C'est moi qui le dis. Je dis qu'il ne
faut pas faire accroire que les pistes de solution sont dans le calendrier;
ça c'est vous qui avez dit ça. Vous avez présenté
au Québec que si on modifiait le calendrier et qu'on devançait
l'âge de l'admission à l'école, on aurait fait des
changements majeurs dans le système de l'éducation pour contrer
le phénomène de décrochage. Ce sont des fausses pistes. Ne
les prenez pas et on va vous suivre, vous allez avoir notre appui.
Prenez la piste - et c'est ma conclusion parce que c'est la seule, M. le
ministre, qui vous conduise quelque part - dans le développement d'une
relation d'aide plus personnalisée pour s'assurer qu'il se fasse plus
d'enseignement personnalisé avec des moyens, des supports et des outils
pour que les enseignants se sentent revalorisés. Ne fouillez pas trop la
question du...
Le Président (M. Forget): M. le député
d'Abitibi-Ouest, votre temps est écoulé.
M. Gendron: Oui, je conclus... comité pédagogique
et du comité d'orientation. Vous m'avez dit tantôt: Je vais faire
participer les profs à toutes sortes de choses. Ils voudraient juste
faire une affaire, les profs: enseigner. Ils voudraient enseigner, mais dans
des conditions d'enseignement adéquates. Vous les connaissez, ces
conditions-là. C'est là, il me semble, que vous devriez faire
jouer vos efforts les plus soutenus et, à cet égard-là,
vous allez avoir l'appui du critique de l'Opposition officielle et de
l'Opposition officielle au complet parce que le sujet est trop important pour
le traiter avec partisanerie politique. Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Fin de la séance. La commission ayant accompli son mandat,
j'ajourne les débats sine die.
(Fin de la séance à 12 h 3)