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(Neuf heures quarante minutes)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez prendre place. La commission de l'éducation va reprendre ses
travaux.
Alors, bonjour, mesdames, messieurs et chers collègues. Ce matin,
nous allons donc reprendre les travaux de la commission. Je vous rappellerai
brièvement quel est le mandat de nos travaux aujourd'hui. Le mandat de
notre commission dans cette séance est de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques dans le
cadre de l'étude du projet de loi 141, Loi sur l'enseignement
privé.
M. le secrétaire, il n'y a pas de remplacement?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Donc, il n'y a pas de
remplacement aujourd'hui.
Les remarques préliminaires, les déclarations d'ouverture,
pardon, ayant été faites hier, il n'y en aura pas aujourd'hui.
Par contre, je vais faire lecture rapidement de notre ordre du jour de ce jour.
Alors, dès maintenant, aussitôt après, nous entendrons
l'Association des collèges du Québec; par la suite, à 10 h
30, la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes
du Québec; à 11 h 30, l'ACEF-Centre, de Montréal.
Nous suspendrons vers 12 h 30 pour le déjeuner. Vers 14 heures,
à la reprise, nous entendrons la Fédération des
associations de musiciens éducateurs du Québec; à 15
heures, l'Association des graphologues du Québec; à 16 heures, le
Mouvement pour l'enseignement privé. Nous ajournerons, mettrons fin
à nos travaux à 17 heures.
Maintenant, sans plus tarder, j'inviterai les représentants de
l'Association des collèges du Québec à bien vouloir se
présenter en avant et à prendre place. Bonjour, M. le
ministre.
M. Pagé: Bonjour, M. le Président. Ça va
bien?
Le Président (M. Gobé): Ça va bien.
Bonjour messieurs. Brièvement, avant de vous passer la parole, je
vous rappellerai que nous allons disposer, dans votre cas, d'une enveloppe de
temps d'une heure, de 60 minutes. Elle sera répartie de la façon
suivante: 20 minutes pour la présentation de votre mémoire ou
l'exposé de vos idées sur le projet de loi; par la suite, le
côté ministériel, représenté par M. le
ministre de l'Éducation et Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur, aura lui aussi 20 minu- tes et le côté de
l'Opposition, représenté par le député
d'Abitibi-Ouest, porte-parole officiel de l'Opposition en matière
d'éducation, aura lui aussi 20 minutes. Une petite période d'une
ou deux minutes, à la fin, sera réservée à chacun
des deux groupes pour faire des remerciements ou des remarques finales.
Alors, sans plus tarder, je demanderai maintenant au porte-parole de
votre groupe de se présenter et de présenter les gens qui
l'accompagnent, de commencer sans plus tarder la présentation de votre
mémoire.
Association des collèges du
Québec
M. Cliche (Jean-Marc): Merci, M. le Président. Tout
d'abord, je me présente, Jean-Marc Cliche, président de
l'Association des collèges du Québec. Je suis accompagné
ce matin de mes collègues du conseil général. À ma
droite, M. Yves Lewis, directeur général adjoint de l'Institut
Teccart; à ma gauche, M. Guy Forgues, vice-président de notre
association, directeur général du campus Notre-Dame-de-Foy, et M.
Michel Gélinas, directeur général du collège
Laflèche.
L'Association des collèges du Québec représente 23
collèges privés déclarés d'intérêt
public, c'est-à-dire à peu près 90 % de la
clientèle du collégial privé. Les collèges
privés subventionnés reçoivent environ 19 000 des 148 000
étudiants réguliers du niveau collégial. Ils servent donc
13 % des étudiants de ce niveau, mais ils ne disposent tout au plus que
de 7 % du budget de l'État consacré annuellement à
l'enseignement collégial.
Le point de vue que nous exprimons ce matin, c'est celui qui est plus
particulier au niveau de l'enseignement collégial privé.
Malgré les longs états de service de nos collèges et
l'appui manifeste qu'ils ont toujours reçu de la population, l'existence
de nos collèges est précaire. La situation financière
difficile que vivent plusieurs de nos membres est bien connue de vous. Nous
aussi, nous demandons une plus grande autonomie pour favoriser l'innovation et
le développement de nos institutions.
Nous avons donc, depuis longtemps, souhaité non pas une loi
entièrement nouvelle, mais au moins une révision de la loi,
particulièrement au chapitre du financement. Cette révision,
souvent annoncée, a toujours été différée.
Aussi considérons-nous comme un avantage la tenue de la présente
commission. Quels que soient les mérites de la présente loi ou du
présent projet de loi, dois-je dire, elle sera l'occasion pour le
législateur d'étudier la situation réelle de
l'enseignement privé afin d'ajuster le cadre légal aux
aspirations et aux besoins réels de la société
d'aujourd'hui.
Nous remercions les membres de la commission de nous recevoir
aujourd'hui et de nous donner ainsi l'occasion de participer directement
à la réflexion du législateur qui, nous l'espérons,
saura faire les arbitrages nécessaires entre le devoir de contrôle
de l'État et les exigences des libertés fondamentales, source de
tout développement social.
Nous ne reviendrons pas ici en détail sur les recommandations
déjà formulées dans la première partie de notre
mémoire. Nous vous livrerons plutôt quelques orientations
générales qui nous paraissent essentielles, au moment d'engager
un débat sur la révision de la loi. Nous ne nous arrêterons
pas aux aspects techniques de la rédaction de la loi.
En premier lieu, nous voudrions parier de la nature de nos institutions
et des fondements de leur droit à l'existence. Notre position
là-dessus est la suivante: nos collèges sont des institutions
voulues par les citoyens vis-à-vis desquels l'État a d'abord un
devoir de respect et d'assistance. C'est pourquoi nous ne reconnaissons pas
à l'État le droit de décider lui-même combien de
citoyens les fréquenteront.
De là vient notre critique de plusieurs articles de la loi et,
tout particulièrement, ceux qui ont trait aux permis. À ce sujet,
pour l'essentiel, notre position se résume à ceci: Nous demandons
que la notion de permis soit assimilée à cette d'un
enregistrement. En conséquence, toute personne ou organisme qui a
l'intention d'offrir des services éducatifs menant à une
reconnaissance officielle des études a l'obligation de s'enregistrer
préalablement auprès du ministre.
Par ailleurs, le ministre peut refuser l'enregistrement et interdire
toute action publique pouvant laisser croire que les études en cause
peuvent être sanctionnées par lui, s'il croit que la personne ou
l'organisme n'a pas les aptitudes ou les moyens matériels de satisfaire
à ses obligations. Enfin, pour nous, le permis ne porte pas
d'échéance. Cependant, le ministre a toujours le pouvoir de le
révoquer, pour cause.
Parlons maintenant des moyens d'existence. Pour être accessibles,
nos collèges ont besoin de l'assistance de l'État par le biais
des subventions. Le projet de loi reconnaît ce principe puisqu'il
prévoit la possibilité que les écoles et collèges
privés soient subventionnés. À ce propos, notre critique
du projet de loi vient de ce qu'il ne fournit à nos collèges
aucune garantie, laissant tout pouvoir au gouvernement d'en décider par
règlement ou par décret.
Pour l'essentiel, ce que nous demandons, c'est qu'au-delà des
mesures dites transitoires du chapitre 12, la base de financement soit
fixée par la loi et que cette base inclue un redressement manifeste, un
redressement clair par rapport à la base actuelle.
Nous demandons également qu'une règle d'indexation soit
définie par la loi. Quant au devoir de surveillance et de
contrôle, les institutions privées, en retour du support que leur
procurent les lois scolaires, reconnaissent sans hésiter le droit et le
devoir de l'État d'établir certaines normes et d'exercer certains
contrôles. Nous reconnaissons notre responsabilité de rendre des
comptes à l'État. Le droit d'établir des normes et
d'exercer des contrôles, cependant, n'est ni illimité ni
indéterminé.
Il s'applique à deux aspects de l'avis de nos institutions, soft
ceux de la vie pédagogique et ceux liés aux finances. Au point de
vue pédagogique, les règlements et les contrôles ont pour
but d'assurer le respect des normes applicables à la certification
officielle des études. Au point de vue financier, l'État doit
rendre compte de l'usage qu'il fait de l'argent des contribuables. Voilà
les deux aspects sur lesquels on reconnaît le devoir de surveillance et
de contrôle de l'État.
En dehors des questions liées aux subventions et à la
certification des études, nous posons a priori que les institutions
privées sont de bons citoyens, respectueux des lois
générales. À défaut de preuve contraire, les
institutions ont le droit de jouir d'une présomption d'Innocence. La loi
particulière dont nous traitons n'a donc pas à revenir sur les
sujets déjà traités par les lois
générales.
Voilà pour les questions les plus fondamentales. Dans le
mémoire que nous avons transmis antérieurement à votre
commission, nous discutons plus en détail des difficultés que
soulève l'actuel projet de loi. Nous voudrions cependant apporter une
précision et ensuite insister et donner quelques explications sur un
aspect plus technique relié au financement.
Nous avons écrit, pour faire bref, que la loi dont nous parions
ne devrait s'appliquer qu'aux institutions subventionnées. Nous aurions
pu écrire, si vous nous permettez ce barbarisme, les "institutions
subventionnâmes". En effet, si on lit bien le mémoire, on comprend
que c'est d'abord l'autorisation d'offrir les programmes établis par le
ministère et l'engagement du ministre de certifier les études qui
justifient l'encadrement d'un institution par une loi particulière.
Cette Institution peut être subventionnée, mais pour qu'elle le
soit effectivement, notre mémoire reconnaît qu'il y a d'autres
conditions à satisfaire.
À propos du financement, alors que nous avons toutes les raisons
de demander un redressement de la subvention de base per capita, le projet de
loi propose de la réduire. Il la réduit, en effet, en ayant
recours à la technique qu'on appelle, dans les milieux
spécialisés, la double lecture des clientèles. Par ce
moyen, on prétend appliquer à nos collègues les
règles du nouveau mode d'allocation des ressources en voie
d'Implantation dans le réseau des cégeps. Mais si on se fie
à un communiqué publié par le ministère en date du
2 juillet dernier, on apprend que ce
nouveau mode d'allocation des ressources pour le secteur public dans les
cégeps devrait être pleinement fonctionnel en 1993-1994 dans les
cégeps. Notons que la proposition, je répète, est au
conditionnel et que le même communiqué annonce des correctifs,
dans le cas où un établissement serait désavantagé
par la nouvelle formule. Or, le projet de loi que nous avons devant nous
appliquerait cette règle immédiatement à tous les
collèges privés et sans correctif, puisqu'à l'article 156
on prévolt que cette règle s'applique dès l'adoption de la
présente loi.
Mais II y a plus grave. La règle que le projet de loi propose
pour les collèges privés n'est pas celle qui s'appliquera aux
collèges publics. Pour les collèges publics, la double lecture
n'affectera qu'une partie minime de la subvention per capita, tandis que dans
les collèges privés, le projet de loi l'applique au total de la
subvention per capita. En fait, selon les hypothèses retenues
jusqu'à maintenant dans les études sur le nouveau mode
d'allocation des ressources, un étudiant de moins au deuxième
trimestre signifie une diminution de 16 % de la subvention trimestrielle
attachée à cet étudiant pour un cégep, alors que
pour le privé, cette réduction sera de l'ordre de 100 % de la
subvention trimestrielle. Si on établit un coût moyen au
cégep pour un étudiant régulier, cette coupure serait de
l'ordre de 640 $, et si on applique cette coupure trimestrielle au
privé, c'est toute la subvention trimestrielle qui est coupée.
Donc, ce sont 1760 $ qui seraient coupés pour le deuxième
trimestre.
En plus, le projet de loi propose de changer le mode de calcul des
subventions en cours d'année, sans égard aux engagements
antérieurs de l'État et sans égard aux exigences
concrètes d'une planification financière. Nous sommes donc loin
des négociations qui durent depuis bientôt cinq ans avec les
cégeps en vue d'un changement qui sera peut-être fonctionnel dans
deux ans, avec correctifs pour les cégeps désavantagés par
la nouvelle formule. Tout se passe - nous regrettons de le dire - mais tout se
passe comme si le but du projet de loi était tout simplement de nous
rendre la vie encore plus difficile.
Pourtant, on a bien noté les déclarations
ministérielles d'hier matin, où on dit que ce projet de loi n'a
pas l'intention de contingenter les clientèles du privé. Ce
projet de loi, nous dit-on, n'a pas l'intention d'en limiter l'accès,
même subtilement. Ce n'est évidemment pas ce que nous attendions
d'une révision de la Loi sur l'enseignement privé, puisque non
seulement nos ressources ne sont pas améliorées, elles nous
paraissent réduites par ces nouvelles règles
budgétaires.
En résumé, voici ce que nous avons demandé et ce
que nous jugeons comme des exigences vitales pour nos Institutions. Nous
demandons une reconnaissance entière et non équivoque de notre
statut d'intérêt public. Nous demandons que la loi
particulière sur l'enseignement privé s'applique exclusivement
aux institutions offrant des programmes d'études conduisant à une
certification officielle. Nous demandons un financement de base mieux
ajusté au coût réel de l'enseignement collégial et
des règles d'ajustement annuel suffisamment claires pour éviter
les interprétations administratives qui seraient contraire à
l'esprit de la loi. Enfin, nous demandons que le pouvoir réglementaire
soit limité aux objets de la loi, soit la certification des
études et la gestion des fonds publics.
Dans le contexte des consultations menées par cette commission,
nous comprenons qu'il y a une volonté d'apporter des
améliorations significatives au projet de loi 141. C'est en cet esprit
que nous vous avons soumis nos commentaires et nos recommandations. Nous vous
remercions de nous avoir permis d'exprimer notre point de vue et nous vous
assurons notre collaboration et notre disponibilité pour travailler
à une révision substantielle de ce projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, monsieur! J'ai
été absorbé dans des pensées extérieures.
Vous m'excuserez. Je vous remercie beaucoup de votre présentation et je
vais maintenant passer la parole à Madame la ministre de l'Enseignement
supérieur. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Ça me fait
très plaisir de revoir les représentants de l'Association des
collèges et, de façon particulière, M. Cliche, M. Forgues,
M. Lewis et M. Gélinas. Pour moi, c'est une continuité du
dialogue que nous avons entrepris ensemble dès mon arrivée en
poste. Il est certain que quand je vous ai rencontrés la première
fois - donc, on se situe à l'automne de l'an passé - il
n'était pas encore clair que le gouvernement procéderait avec le
dépôt du projet de loi sur l'enseignement privé. Donc, on
n'avait pas eu l'occasion de l'aborder ensemble.
Par ailleurs, le dépôt a été fait à la
session dernière et, par la suite, le dialogue s'est intensifié
avec les collèges privés. Donc, aujourd'hui, en commission
parlementaire, je ne reviendrai peut-être pas sur plusieurs points qu'on
a discutés ensemble, M. Cliche, mais vous avez cru noter, hier, que
plusieurs des établissements privés ou plusieurs des organismes
disaient: Pourquoi une commission parlementaire à ce stade-ci? Pourquoi
pas plus tard à l'automne?
J'aurais le goût de vous dire, ce matin, que j'ai l'impression que
la commission parlementaire est presque en retard sur le dialogue que nous
avons eu depuis le dépôt du projet de loi. Vous le savez
très bien. Vous avez rencontré mon équipe. Je vous ai
rencontré aussi personnellement, et plusieurs de vos
représentations m'ap-paraissent tout à fait adéquates.
C'est dans cet
esprit-là que nous sommes venus à la commission
parlementaire, d'ailleurs, dont le but est justement d'entendre les
représentants et d'ajuster le projet de loi selon des revendications
fort pertinentes.
Quand nous nous sommes rencontrés - et je vous le redis
aujourd'hui parce que ça m'apparaît important; vous reprenez
certains de ces points de discussion - je vous ai dit: Vous savez, quand le
législateur entreprend une révision de loi, II peut avoir
différentes raisons. La première des raisons, quand on
révise une loi, ça voudrait peut-être dire qu'on veut
réviser les fondements de cette loi-là. Ce n'est pas le cas. Ce
n'est pas le cas avec le projet de loi sur l'enseignement privé; nous
l'avons dit hier et je le redis aujourd'hui. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas
de préambule dans la loi qu'on remet en question le droit à
l'enseignement privé au Québec. On le sait tous. (10 heures)
La tradition juridique a changé avec les années, et je
vous dirais même que notre loi actuelle sur l'enseignement privé,
qui date de 1968, n'a pas de préambule. Je veux dire que
déjà, là, la tradition juridique avait changé. La
jurisprudence nous a appris aussi beaucoup de choses, qu'un préambule ne
sert pas à reconnaître des droits, et la pratique juridique
actuelle est vraiment orientée au fait que les préambules sont
orientés strictement dans le domaine constitutionnel. On le volt au
niveau de nos chartes, par exemple. Alors, ça ne met absolument pas en
question les préambules qu'à l'époque, on mettait dans nos
lois, puis nous le savons au niveau du ministère de l'Éducation
et du Conseil supérieur de l'éducation. Ça, on a eu
l'occasion d'en discuter ensemble.
La deuxième raison pour laquelle le législateur pourrait
faire une loi, c'est pour réviser le financement. Encore là, nous
en avons discuté ensemble et, dans le contexte actuel
québécois gouvernemental, la marge de manoeuvre financière
est très mince, je vous l'ai dit. Les deux sources de financement pour
un collège privé, c'est, d'une part, les subventions de
l'État - un collège privé subventionné, je parle,
parce que vous représentez ces établissements - et, d'autre part,
les frais de scolarité des étudiants. Le projet de loi qu'on a
devant nous - et c'était clair que l'État, présentement,
n'a aucune marge de manoeuvre, pas plus pour le public que pour le
privé. Alors, dans ce contexte-là, il n'est pas question de
toucher aux subventions gouvernementales pour le privé et de les
hausser, en tout cas, pas dans le contexte économique actuel.
Par ailleurs, ce qu'on a fait dans le projet de loi, c'est que votre
deuxième source de revenus que sont les frais de scolarité des
étudiants et, je pense, avec laquelle vous avez présentement un
plafond de fixé par la loi actuelle qui est à 50 %, on
lève cette barrière des 50 % par l'article 77. On n'ira pas
jusqu'à une libéralisa- tion des frais de scolarité, tel
que ça nous a été demandé hier par le Conseil du
patronat. Non. Je pense qu'au Québec on a réussi à avoir
et à maintenir un système privé qui n'est pas
réservé strictement aux élites de la
société, a ceux qui ont les moyens.
Hier, les gens nous ont parlé d'une sélection
intellectuelle qui se fait pour les élèves qui vont dans le
privé. Est-ce qu'on doit ajouter une sélection financière?
Je pense que non et, quand je regarde les élèves qui vont dans le
privé au plan collégial, ils ne sont pas tous de classe
supérieure dans notre société. Il y a des gens de classe
moyenne et de revenus modestes. Alors, là aussi, il y a un
équilibre à faire, mais par l'article 77, je pense qu'on
lève la limite actuelle que vous avez.
La troisième raison pour réviser un projet de loi, c'est
d'assurer une meilleure gestion de la chose publique, une meilleure gestion des
fonds publics, et II n'y a pas de mal à ça de vouloir
réviser une loi pour améliorer la gestion. Les ministres sont les
premiers gestionnaires de ces fonds publics et c'est dans ce contexte qu'on
fait la révision de la loi actuelle. Alors, pour assurer une meilleure
gestion de la chose publique, vous abordez certains points de façon
très particulière. Vous avez insisté aujourd'hui sur la
double lecture qui limiterait votre financement, en tout cas, qui vous
pénaliserait.
D'abord, je tiens à vous dire que le modèlo FABES, de
fait, est appliqué à compter de septembre dans le réseau
public. J'ai bien conscience que dans le modèle FABES, II y aura une
double lecture, mais qui va entraîner une pénalité
strictement pour ceux qui sont familiers avec le modèle FABES, sur le A
et sur le E, au niveau des activités et des enseignements, ce qui n'est
pas le cas pour l'enseignement privé, où vous avez à
maintenir quand même des infrastructures en place, même s'il y a
une diminution ou une augmentation d'élèves. Alors, je suis
très sensible à la situation que vous me présentez et je
peux vous dire que je suis en train de regarder avec mon équipe comment
on pourrait ajuster le modèle financier plus adéquatement pour
les collèges privés.
Maintenant, vous avez ramené aussi la question de la
capacité d'accueil ou du nombre d'élèves que l'État
veut contrôler. On se l'est bien dit, par l'article 13, au-delà du
libellé actuel - on pourra peut-être le clarifier - que quand on
parlait de capacité d'accueil, on voulait s'assurer de ne pas retrouver
des situations comme j'ai moi-même trouvées, qu'un collège
privé sous permis offre des cours de microinformatique à 50
étudiants et, quand on va visiter ce collège, II y a un seul PC
disponible pour 50 étudiants. C'est dans ce contexte-là...
Ça, ce n'est pas la Loi sur la santé et la sécurité
du travail qui va venir régler ça. Je pense qu'il faut des
équipements minimaux pour desservir nos étudiants. Mais
au-delà de ça, l'article 64
parle aussi que l'agrément va s'appliquer à un nombre
d'élèves. Je vous l'ai dit, pour moi, l'article 64, dans ce
sens-là, s'applique de façon très particulière, et
nous allons le clarifier aux programmes professionnels et non pas à
l'enseignement général que vous diffusez. À l'heure
où je vous parle, dans le collégial, il y a des
échéances au niveau des programmes professionnels, autant dans le
public que dans le privé. Je pense qu'on doit conserver, à ce
moment-là, cette limite parce qu'on doit former des gens en rapport
aussi avec les besoins du marché du travail.
Alors, je pense que là, on aura l'occasion sûrement de
rediscuter avec vous concernant ces programmes professionnels, mais je vous le
dis tout de suite, on le fait dans le secteur public et ça
m'apparaît évident qu'on doit respecter les besoins du
marché du travail.
M. Cliche, je pourrais revenir sur d'autres éléments, mais
j'aimerais peut-être vous poser une question pour clarifier les choses et
pour que je vous saisisse très bien. À la page 4 de votre
mémoire, quand vous nous demandez de revenir aux déclarations
d'intérêt public et, de façon particulière, à
l'item 5. À ce moment-là, vous me dites... Est-ce que je
comprends bien?
Si l'établissement en question remplit tous les critères,
offre des services adéquats, le ministre devra le déclarer
d'Intérêt public et le subventionner. Est-ce qu'il s'agit
là... Vous me suggérez que si un établissement remplit
toutes les conditions, le ministre a un pouvoir lié de dire. Oui, je
vous agrée, je vous donne une subvention. Est-ce que c'est la
signification qui est derrière ça?
M. Cliche: Oui, vous avez bien compris, mais il faut le
lier...
Mme Robillard: J'ai bien compris?
M. Cliche: ...au paragraphe précédent où on
dit que c'est le collège qui dispense au moins un programme complet
conduisant au diplôme d'études collégiales. Ça,
c'est la réserve qu'on ajoute ici.
Mme Robillard: Mais, à ce moment-là...
M. Cliche: II s'agit vraiment des diplômes d'études
collégiales.
Mme Robillard: ...ce sera un pouvoir lié du ministre. Il
devra...
M. Cliche: S'il remplit...
Mme Robillard: ...l'accepter et le subventionner.
M. Cliche: Oui, c'est notre proposition.
Mme Robillard: M. Cliche, vous savez très bien qu'il n'y a
aucun ministre qui va accepter ça, moi la première, son pouvoir,
dans le fond, de le lier de façon directe de cette
façon-là. Je voulais vous l'entendre dire, mais si c'est aussi
clair que ça, ça va.
Autre question, M. Cliche. Vous avez dit tantôt: On voudrait que
la loi s'adresse seulement aux établissements qui donnent une
attestation officielle. J'aimerais ça que vous me clarifiiez ça
parce que, pour moi, c'est exactement ça qu'on dit dans l'article 1,
à 7° et 8°. À 8°, on dit...
M. Cliche: C'est vrai.
Mme Robillard: ...ce sera strictement ceux qui donnent des
diplômes, des certificats ou des attestations.
M. Cliche: II y a là...
Mme Robillard: Alors, est-ce que vous me faites une autre
suggestion?
M. Cliche: Jusqu'à 8°, ça va. À
9°...
Mme Robillard: Oui, pourriez-vous me clarifier ça?
M. Cliche: ...pourquoi la loi s'appliquerait à la
formation professionnelle d'appoint?
Mme Robillard: Pour le collégial privé.
M. Cliche: Dans la loi, il n'y a rien qui stipule si c'est le
secondaire ou le collégial. On dit: Les formations professionnelles
d'appoint seraient couvertes...
Mme Robillard: Alors...
M. Cliche: ...y compris celles qui ne conduisent pas à des
attestations d'études. Alors, nous, ce qu'on dit: Cette formation
professionnelle d'appoint ne nous semble pas devoir être régie par
cette loi.
Mme Robillard: Alors, M. Cliche, je vous dirai qu'il y a
peut-être une ambiguïté dans le 9°, je vais le regarder,
mais la formation professionnelle d'appoint s'adresse strictement au
secondaire. Regardez à l'article 5 où il est dit très
clairement que le ministre de l'Éducation exerce les fonctions
prévues à la loi à l'enseignement préscolaire,
primaire, secondaire, formation professionnelle d'appoint, et le ministre de
l'Enseignement supérieur, à l'enseignement collégial. Mais
si vous me dites que 9° est... Ce qui est visé - et je tiens
à vous le dire - c'est que la formation professionnelle d'appoint, ce
concept-là n'existe pas au collégial et se retrouve strictement
au secondaire, mais on peut regarder
le 9°. Maintenant...
M. Cliche: C'est le sens de notre intervention.
Mme Robillard: Parfait. Parlez-moi donc un peu de
l'enregistrement. Vous avez abordé ça très
rapidement...
M. Cliche: Oui. C'est expliqué...
Mme Robillard: ...et je ne comprends pas trop le concept qu'il y
a derrière ça. Quels seraient les critères pour donner un
enregistrement?
M. Cliche: Le critère... D'abord, l'enregistrement. Un
établissement qui veut donner des certifications d'études doit
être reconnu par le ministère. Je vous donne là notre point
de vue. Donc, pour ce faire, il doit être enregistré, donc
accrédité par le ministère, comme une institution
d'enseignement pouvant donner des certificats d'études ou des
attestations officielles. Alors, les établissements qui voudraient
donner des cours non reconnus par le ministère n'auraient pas à
s'enregistrer et ne seraient pas reconnus par le ministère, et le
ministre pourrait toujours intervenir, dire: Je t'interdis de faire de la
fausse représentation: Tu n'es pas accrédité, tu n'es pas
reconnu par le ministère. C'est le sens de l'enregistrement.
Mme Robillard: Mais ce serait quoi la différence avec le
permis qui est dans le projet de loi, alors qu'on dit très clairement
que ce doit être pour conduire à des certifications.
M. Forgues (Guy): Je pourrais peut-être tenter une
réponse, M. le Président.
Mme Robillard: M. Forgues, je vous écoute.
M. Forgues: Je vais sûrement vous faire une très
mauvaise comparaison: c'est que l'esprit actuel de ce projet de loi-là
semble vouloir traiter les établissements d'enseignement privé
comme des franchiseurs de l'État en termes d'enseignement. Et ce qu'on
dit, c'est que-Surtout que le projet de loi actuel prévoit des
coûts pour l'obtention d'un permis. On pense que ça tient plus
dans son esprit, à la lecture qu'on pourrait en faire, pour quelqu'un
qui a l'esprit mal tourné comme moi, par exemple...
Mme Robillard: Voulez-vous répéter ça, M.
Forgues?
M. Forgues: Ah oui, madame. J'espère que c'est
enregistré...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Forgues: ...que ça tient plus de la franchise et on
dit: L'enseignement, ce n'est pas un rôle exclusif de l'État.
C'est une responsabilité qui est personnelle. Les gens peuvent se
regrouper, se donner des services d'enseignement. On considère important
que ces gens-là s'enregistrent auprès du ministre qui a la
responsabilité de coordonner l'ensemble des activités
d'enseignement au Québec et, dans ce sens-là, on pense que
ça devrait être la définition qu'on devrait avoir d'un
permis, non pas comme étant une franchise, mais comme étant un
enregistrement venant publlclser l'arrivée, dans la maquette de
l'enseignement au Québec, d'un nouvel établissement.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre,
malheureusement, je vous demanderais de conclure parce qu'il reste peu de
temps.
Mme Robillard: Mon temps est terminé...
Le Président (M. Gobé): Est presque achevé,
épuisé.
Mme Robillard: ...épuisé?
Le Président (M. Gobé): Mais avec consentement du
critique officiel, on en a laissé écouler un peu parce que...
Mme Robillard: Oui, bon. Alors...
Le Président (M. Gobé): ...devant
l'intérêt de vos propos.
Mme Robillard: Alors, II me reste à vous remercier,
messieurs, d'être venus en commission, d'ajouter encore à notre
dialogue, et je peux vous assurer que ce dialogue va aussi se poursuivre
jusqu'à l'adoption article par article. Merci bien d'être
venus.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. Il
me fait maintenant plaisir de céder la parole à M. le
porte-parole officiel de l'Opposition. M. le député, vous avez la
parole.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Je veux
remercier l'Association des collèges du Québec d'être venue
exprimer son point de vue, M. Cliche, M. Forgues et ses collaborateurs. J'ai un
problème cependant ce matin puisque la ministre, d'entrée de jeu,
ouvre en disant qu'elle est rendue bien plus loin, et vous autres aussi, que
les membres de cette commission ou la commission parlementaire. (10 h 15)
Alors, je me demande si on ne devrait pas suspendre et se parler entre
nous ou s'il y a des discussions qui ont eu lieu à plusieurs reprises,
qui auraient permis que des engagements soient pris que je ne connais pas, mais
moi, je veux
faire la mise au point, sauf que je suis obligé de parler du
projet de loi que j'ai devant les yeux et je suis obligé de parler du
projet de loi qui est dénoncé par tout le monde, y compris dans
La Presse ce matin, où on dit: "devoir mal fait". On retire
ça et on se remet au travail.
J'ai l'impression qu'on aura beau finasser sur les bons échanges
que les dirigeants politiques de ce gouvernement-là en éducation
peuvent avoir avec vous autres, il n'en demeure pas moins que le projet de loi
est un projet de loi mal fait, mal foutu, qu'il est très difficile de
sentir l'esprit de ce gouvernement-là et où il s'en va. Quand le
patronat va jusqu'à répéter que c'est la pire loi cadre
qu'il ait jamais vue, c'est pas mal indicateur de beaucoup de choses.
Votre mémoire est très bien fait dans le sens qu'il y a
une recherche précise de donner des précisions, des
clarifications sur plusieurs articles, et vous avez pris la peine de vous
arrêter à plusieurs éléments du projet de loi et les
commenter. Mais la ligne de fond, la trame de fond - et là, vous me
corrigerez, c'est pour ça que vous êtes ici, si mon analyse
n'était pas bonne, et c'est possible - moi, ce que je sens dans votre
mémoire - on a beau le lire à plusieurs reprises - dans le fond,
vous dites: Si on était d'accord avec le projet de loi, ce serait
l'arrêt de mort du secteur privé. On signe l'arrêt de mort
du secteur privé ou de l'enseignement privé collégial.
En plus de ça, on sent qu'il y a une espèce de toile de
fond dans votre mémoire. C'est contrôle, contrôle,
contrôle. D'ailleurs, vous l'avez laissé voir un peu, je veux
revenir là-dessus parce que je trouve que la ministre avait raison, sur
cet aspect-là, de vous questionner. Moi, avec le peu de connaissances
que j'ai de ce milieu-là, je ne suis pas tellement ouvert à dire
qu'un permis, ça devrait être considéré comme une
notion d'enregistrement. J'ai du trouble. J'ai beaucoup de trouble à
vivre avec une notion comme ça et ça a été dit
tantôt très ouvertement. J'enregistre et c'est
réglé. On fonctionne.
On sent que votre mémoire est teinté de cet
esprit-là. Je ne dis pas qu'à plusieurs égards vous n'avez
pas raison. Je l'ai dit tantôt: C'est un projet de loi mal foutu. Le
langage uniquement est abusif dans le projet de loi. On se croirait dans une
"shop" de quelque chose et non pas un projet de loi qui touche à des
questions éducatives. Mais ça, qu'est-ce que tu veux, un
gouvernement "business", des fois aussi, se fait accroire qu'il fait juste de
la "business", et ça peut donner des résultats comme
ça.
Ce que j'aimerais savoir de vous, premièrement, est-ce que vous
croyez que je suis dans les patates, moi, quand j'ai l'impression que votre
mémoire Indique plutôt clairement que si on donnait notre
assentiment au projet de loi dans sa forme actuelle, c'est carrément
l'arrêt de mort du secteur privé? Est-ce que j'ai bien lu votre
mémoire si je conclus ça?
M. Cliche: Vous avez bien lu. L'arrêt de mort, c'est
peut-être un gros mot, mais on a manifesté à Mme la
ministre les difficultés que nous créait le projet de loi. On a
dit à plusieurs reprises que s'il n'y avait pas d'amélioration du
financement, les collèges privés étaient en
difficulté et en plus grande difficulté. C'est sûr que le
projet de loi, dans sa forme actuelle, pour nous, c'est difficile à
accepter. Mais ça prend des amendements pour que ce soit... Autrement,
on va se rabattre sur l'ancienne loi. On n'en sera pas plus mal pris, puisqu'en
termes de financement on ne s'est pas améliorés, mais il y a
même des réductions prévues ici dans le texte actuel.
M. Gendron: Oui, oui. Puis vous allez en avoir. Ne vous cassez
pas la tête. C'est clair qu'il y a des réductions, puis vous allez
en avoir. Il me semble qu'il faut que vous soyez conscient de ça
dès aujourd'hui, même s'il y a de bons échanges. Je suis
pour ça, les bons échanges. En passant sur les bons
échanges, est-ce que vous en avez eu, depuis la fin de la session de
juin, avec la ministre sur le projet de loi?
M. Cliche: On a rencontré la ministre et on lui a
réexpliqué nos positions et ce qu'on vous a exprimé ce
matin.
M. Gendron: Et selon vous, est-ce qu'il y a des engagements assez
précis de pris concernant le projet de loi?
M. Cliche: Pas à ma connaissance.
M. Gendron: Merci. Deuxième question. Vous dites: Toutes
les interventions que fait l'État face à votre secteur
d'enseignement sont perçues comme du contrôle, du contrôle,
et ça, je lis ça dans votre mémoire. Alors, moi, ia
question que je vous poserais, puisqu'il m'apparalt quand même
qu'à partir du moment où il y a du financement public
attaché à l'enseignement privé, il faut quand même
que les dirigeants du gouvernement contrôlent les données, les
sommes qui sont dispensées, quel que soit le secteur.
Alors, vous, ça serait quoi les formes de contrôle que vous
voudriez qui soient attribuées de la part de l'État concernant
l'enseignement privé?
M. Cliche: Deux aspects qu'on a soulignés dans notre
mémoire et que j'ai repris ce matin, c'est l'aspect contrôle de la
qualité des certifications et l'aspect contrôle de l'utilisation
des fonds publics. Ça, pour nous, c'est l'objet de la loi et
là-dessus, c'est des contrôles qu'on accepte, qu'on trouve tout
à fait légitimes. On est prêts à en rendre compte.
C'est aussi notre devoir de rendre compte des fonds qu'on a reçus.
Ça, là-dessus, aucun problème de vivre avec ça.
M. Gendron: O.K. Si on revient sur la notion de permis, moi, pas
d'échéance, sincèrement, je trouve que c'est
légitime parce qu'il y a trop de considérants attachés aux
investissements, aux emprunts. À un moment donné, un
collège privé, il y a des emprunts à l'étranger, il
y a du financement à long terme, il y a des échéances de
conventions collectives. Donc, ça ne fait pas bien, bien sérieux,
une année avant l'échéance du permis, de s'asseoir
à une table et de dire, là: Écoutez, nous autres, on a un
petit problème. L'an prochain, notre permis échoit et c'est le
ministre... et si je me fie à Mme Beau-lieu, je pense, les parents
catholiques... Ce n'est pas Mme Beaulieu, Mme...
Des voix: Mathieu.
M. Gendron: Mathieu. Elle délègue. Elle n'a pas de
problème. Le ministre, je me fie à lui, il a des beaux yeux et II
paraît bien. Il n'y a pas de problème. Mais ça ne fait pas
fort pour garantir un emprunt à l'étranger. Ce n'est pas bien,
bien valable pour aller à Tokyo ou sur le marché de New York pour
emprunter.
Une voix: Même pas à Donnacona. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Gendron: Alors, moi, sur les permis, en termes
d'échéance, je vous donne raison que ça n'a pas de bon
sens de considérer ça comme étant des remises en question
fondamentales. Mais sincèrement, j'aimerais vous entendre davantage
quand vous avez dit: Nous, on considère que ça doit être
uniquement... on s'enregistre et c'est fini. Alors, j'aimerais avoir plus de
précisions sur... Est-ce que dans votre esprit, vous qui connaissez le
secteur de l'éducation, compte tenu qu'à la fin, même
l'enseignement dispensé dans le secteur privé finit par des
diplomations, des certifications, des signatures ministérielles pour
autoriser ou valider la qualité de l'enseignement dispensé.
Est-ce que vous ne croyez pas que justement, parce que c'est comme ça,
qu'il est fondamental que l'état puisse s'assurer de moyens de
surveillance, quand il émet un permis concernant au moins ses objectifs
pédagogiques?
Dans ce sens-là, ça va plus loin que de dire: Bon, on vous
a émis un numéro d'enregistrement. Vous êtes
enregistrés. On se fie sur vous autres comme si c'était des
institutions financières et compagnies. On a votre numéro
d'enregistrement ou votre numéro d'employeur. Ça va.
M. Cliche: Bon, je pense que ça paraît un peu trop
simplifié, là, que de dire: II suffit de s'enregistrer,
voilà votre numéro et puis procédez. Notre proposition,
c'est qu'il y a une demande d'enregistrement et le ministre peut accepter ou
refuser cet enregistrement parce que la candidature de l'établissement
ne répond pas aux critères de qualité, aux critères
de compétence, d'aptitude, de ressources humaines, matérielles,
pour répondre aux exigences d'une certification de qualité. Une
fois que l'enregistrement a été accordé, le ministre peut
aussi révoquer cet enregistrement parce que vous ne remplissez plus les
conditions. Donc, ce n'est pas un enregistrement comme une carte de
conduite.
M. Gendron: Ça va. Dans le fond, vous dites que la plus
grande vigilance s'opère au moment de la validation de la demande de
permis...
M. Cliche: Voilà.
M. Gendron: ...et qu'à ce moment-là le
ministère fait toutes les vérifications d'usage, s'assure qu'il y
a des garanties dune bonne prestation pédagogique. En fait, tous les
éléments que, normalement, la Commission consultative de
l'enseignement privé doit surveiller, avant de donner son avis de
recommandation, vous dites: II y a ce qu'il faut, là, pour être en
mesure de donner l'autorisation. C'est plus dans ce sens-là que vous
parlez.
M. Cliche: C'est dans ce sens-là, absolu ment.
M. Gendron: Une autre question justement sur la Commission
consultative de l'enseignement privé. Vous ne semblez pas être
trop trop favorable à ce que la Commission consultative de
l'enseignement privé demeure dans sa forme actuelle, puisque vous portez
le jugement qu'elle est davantage actuellement axée ou mieux
équipée pour s'occuper des institutions d'enseignement
secondaire. Pour ce qui est des institutions d'enseignement collégial,
vous laissez voir qu'il y aurait des carences - et je n'ai pas vu
précisément - et c'est possible que j'aie mal lu votre
mémoire à cet égard-là, mais je n'en ai pas senti.
Il y a une critique, mais il n'y a pas beaucoup d'éléments.
Comment voyez-vous ça au niveau de la Commission consultative de
l'enseignement privé pour le secteur collégial?
M. Cliche: Une première question, c'est lié aux
juridictions. Compte tenu que la Commission consultative rend compte à
deux ministères, on posait la question: Est-ce qu'on ne pourrait pas
considérer le fait que, les juridictions étant
séparées entre deux ministères, la Commission consultative
tienne compte de cette séparation des juridictions pour le
collégial, le secondaire et le primaire? Ça, c'est la
question.
La proposition qu'on fait, c'est de proposer que la Commission
consultative soit constituée de membres représentant le niveau
collégial ou qu'à l'occasion la Commission consultative
s'adjoigne un comité ad hoc pour les questions du niveau
collégial, mais je ne voudrais pas laisser croire qu'on porte un
jugement de valeur sur ce qui a été fait par la Commission
consultative. C'est plutôt à l'occasion de réflexions sur
les champs de juridiction qu'on propose une organisation différente, une
structure différente de la Commission consultative.
M. Gendron: Ça me va, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. Il nous reste encore quelques minutes. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de cette commission qui désirent intervenir? M. le
député de Jacques-Cartier? Non. Alors, peut-être le mot de
la fin, Mme la ministre. Peut-être les remerciements.
Mme Robillard: Oui, sûrement. Encore une fois, je vous
remercie d'être venus. J'apprécie la clarification que vous avez
apportée aussi au niveau de la Commission consultative. Je pense que mon
collègue et mol sommes d'accord avec le fait qu'il faut que le
collégial privé soit présent au niveau de la Commission
consultative. Alors, on va sûrement regarder aussi cette suggestion que
vous nous faites aujourd'hui. Merci, messieurs, d'être venus nous
rencontrer en commission parlementaire, et sachez que votre réflexion va
sûrement aider à alimenter la nôtre. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
Merci, messieurs. Au nom de tous les membres de cette commission, je tiens
à vous remercier. Ceci met fin à votre intervention, et je vous
demanderais donc de vous retirer. Je vais suspendre les travaux quelques
minutes afin d'accueillir la Fédération nationale des enseignants
et des enseignantes du Québec. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 10 h 27)
(Reprise à 10 h 32)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez bien prendre place, la séance va recommencer.
J'inviterai, sans plus tarder, la Fédération nationale des
enseignants et des enseignantes du Québec à bien vouloir prendre
place; je vols que c'est déjà chose faite.
Je vous rappellerai rapidement les règles qui vont régir
votre Intervention. Nous avons, ensemble comme commission, une période
allouée de 60 minutes pour vous écouter et discuter avec vous; 20
minutes vous sont imparties pour expliquer votre mémoire, vos arguments
qui concernent le projet de loi ou vos remarques. Par la suite, M. le ministre
de l'Éducation et le côté ministériel pourront
disposer d'un temps de 20 minutes pour poser des questions et dialoguer avec
vous, et la même chose pour le côté de l'Opposition,
où le député d'Abitibi-Ouest et ses collègues
auront, eux aussi, s'ils le désirent, 20 minutes pour faire la
même chose.
Sans plus tarder, je demanderai que le porte-parole de votre groupe se
présente et présente les gens qui l'accompagnent. Et vous pourrez
commencer aussitôt votre présentation.
Fédération nationale des enseignants et
des enseignantes du Québec
M. Choinière (Denis): Merci, M. le Président. Je
suis Denis Choinière, président de la Fédération
nationale des enseignants et des enseignantes du Québec-CSN qu'on va
raccourcir par le sigle FNEEQ-CSN pour le reste des discussions. À ma
gauche, je vous présente Mme Madone Caron, qui est membre de notre
comité École et société, comité qui a la
charge d'étudier, comme son nom l'indique, le rôle de
l'école en lien avec la société. À ma droite, je
vous présente Mme Lyne Boyer, qui est membre de l'exécutif et a
le titre de vice-présidente de la Fédération.
Le Président (M. Gobé): Mesdames, messieurs,
bonjour. Vous avez maintenant la parole pour 20 minutes.
M. Choinière: Bonjour, Mme la ministre, bonjour, M. le
ministre - s'il est présent - bonjour, chers membres de la commission.
Nous tenons d'abord à souligner, encore une fois, comme notre
mémoire le fait, le très mauvais choix de calendrier de
consultations que le gouvernement s'est donné pour cette question
importante qui est la révision de la Loi sur l'enseignement
privé.
Je ne parlerai pas longtemps de cette question-là. Je dirai qu'on
a su, après information, que, normalement, la commission parlementaire
devrait se tenir à l'automne. Nous avons su le 25 juin dernier qu'il
devait se tenir une commission parlementaire le 21 et le 22 août et qu'on
devait remettre notre mémoire le 2 août. Tout le monde sait que
les organismes entourant le monde de l'éducation sont en congé
entre le 25 juin et le 2 août.
La FNEEQ-CSN est l'une des neuf fédérations de la CSN, qui
regroupe 225 000 membres et, donc, les positions de la
Fédération, généralement, essaient de faire le
mariage entre les besoins et ce que revendiquent les enseignantes et les
enseignants et les besoins des travailleuses et travailleurs.
La FNEEQ-CSN, ça comprend 19 000 membres, dont 1200
répartis dans l'enseignement privé dans 21 syndicats
d'enseignement privé de tous les niveaux, de tous les ordres: enfance
inadaptée, primaire, secondaire, collégial, pensionnat, pas
pensionnat, technique, pas technique.
Dès la première lecture du projet de loi, il
apparaît évident que c'est une révision en
profondeur. On ne s'y retrouve presque pas par rapport aux termes de l'ancienne
loi.
Donc, dès la première lecture, on s'est posé comme
questions: Quels sont les objectifs de cette révision, quels
problèmes on veut résoudre et pour qui on veut les
résoudre? D'entrée de jeu, si on prend le point de vue des
enseignantes et des enseignants du privé, ce n'est sûrement pas
pour eux autres que le projet de loi est sur la table. Premièrement,
personne ne les a consultés depuis 1989. Contrairement à d'autres
organisations, M. Ryan, ministre du temps, n'a jugé bon de consulter que
les propriétaires d'institutions. Jamais les professeurs ou les
enseignantes n'ont eu leur mot à dire sur la présente
consultation, la présente démarche de révision de la loi.
C'est la première fois qu'on est invités à le faire, dans
les contextes que j'ai décrits tantôt, entre le 25 juin et le 2
août, contrairement à d'autres organisations.
Ce n'est sûrement pas pour eux autres aussi que le projet est
révisé. Que vivent ces enseignantes et enseignants depuis 15 ans?
Ils vivent une augmentation constante de la charge d'enseignement, une
diminution des services, pour plusieurs, d'une façon
systématique. Ils sont sous-payés par rapport au secteur public;
pour la très grande majorité, ce sont des coupures de salaire
étalées dans le temps pour rétablir l'équilibre
financier de leur institution. En bref, 10 % de moins que le public pendant six
mois, 15 % de moins que le public pendant un an, et ainsi de suite, pour
rétablir le budget. Pertes d'emploi; aucune sécurité
d'emploi; à l'assurance-chômage après 25 ans, 30 ans de
service. C'est ce que vivent, en gros, les enseignantes et les enseignants du
privé depuis 15 ans, et rien dans le projet de loi ne répond
à ces problèmes.
Au contraire, le projet de loi introduit d'autres incertitudes, de
nombreuses incertitudes, par exemple: baisse possible des subventions pour le
réseau collégial, ce qui a été reconnu
tantôt; possibilité de quotas; peut-être un meilleur
financement pour des programmes spéciaux ou pour certaines écoles
en difficulté, mais toujours à la discrétion des
ministres. On volt môme dans la loi que ce n'est même plus le
ministre de l'Éducation qui discute de ces affaires-là, c'est
maintenant le Conseil du trésor qui approuve. Pour avoir
travaillé souvent dans les négociations du secteur public pour le
réseau collégial public, je peux dire que le Conseil du
trésor a des fois de drôles de façons de travailler les
questions politiques. Il a plutôt tendance à les regarder d'une
façon comptable.
Ce qui est aussi à souligner, c'est que tous ces pouvoirs de
financement sont maintenant à la discrétion des individus ou des
ministres. Comme la question de l'existence d'un réseau privé est
importante et que le financement est important, on laisse à des jeux de
lobbying l'existence d'un réseau - ce qu'on trouve inacceptable - et
ça a des conséquences directes sur le travail des gens.
Donc, si le ministère ou les ministres décident d'adopter
la loi, on aimerait avoir certaines modifications, bien qu'on réclame
plutôt un moratoire. J'y reviendrai tantôt. Notre position
première est plutôt le moratoire, mais si vous décidez de
poursuivre jusqu'à l'adoption, on aimerait qu'il y ait au moins les
ajouts suivants: Qu'il y ait obligation aux employeurs ou aux écoles de
rendre publics leurs états financiers. On trouve inacceptable, en 1991,
que des gens soient obligés de se battre, de subir des chantages
à livres fermés par des Institutions qui sont financées en
grande partie par des fonds publics. En clair, se faire dire d'augmenter ou de
diminuer notre salaire de 10 % pour rétablir le budget de l'institution,
avec un déficit de tant, sans avoir le droit de voir les livres, on
trouve ça inacceptable en 1991.
Ensuite, on voudrait que la loi prévoie la mise sur pied d'un
fonds de protection de l'emploi et du revenu pour les personnes qui perdent
leur emploi dans le réseau. On trouve ça incorrect que des
personnes consacrant plusieurs années de leur vie à
l'enseignement soient mises à pied comme ça, après 25 ans.
On pourrait très bien trouver des modalités pour protéger
l'emploi de ces personnes. Ça existe pour autre chose, on ne voit pas
pourquoi ça n'existerait pas pour des personnes. Par exemple, dans les
condominiums, la loi oblige un certain pourcentage pour la garantie de
l'immeuble. On ne volt pas pourquoi, dans l'enseignement privé, on ne
pourrait pas réserver une partie des subventions pour protéger
les personnes qui y travaillent.
Ensuite, on aimerait que le projet de loi prévoie des mesures
afin d'assurer le financement pour les élèves et l'enseignement,
des mesures adéquates de financement.
Mais on a poursuivi notre lecture, on s'est dit: Donc, ce n'est pas pour
les enseignantes et les enseignants qu'il y a révision - d'une
façon évidente - c'est pour qui et pour quel objectif? On s'est
dit: Peut-être pour les administrateurs des maisons privées. Eux,
c'est vrai qu'ils ont été consultés depuis 1989, de toutes
sortes de façons: individuelle, personnelle, collective, des
mémoires, des commissions consultatives de l'enseignement privé.
Eux ont eu beaucoup de place pour dire ce qu'ils pensent, mais on
s'aperçoit très rapidement en lisant les journaux, en
écoutant ce que j'ai entendu tantôt que, même eux, le projet
de révision de la loi ne fait pas leur affaire. Sur certains motifs, par
exemple sur le financement ou sur toute l'ambiguïté entourant le
financement, on pourrait partager avec eux.
Donc, ce n'est sûrement pas pour eux qu'il y a eu révision.
En tout cas, à les écouter, on en arrive à la conclusion
que ce n'est pas pour eux. Donc, c'est pour qui et pour quel objectif? Les
ministres, et en particulier les anciens ministres comme M. Ryan... Dans les
journaux et
ainsi de suite, on a eu des scandales dans certaines écoles
privées que je ne nommerai pas, surtout dans la région de
Montréal. Ces scandales ont mis sur la place publique les
problèmes de l'émission des permis et du contrôle de la
qualité et comment le ministre pouvait intervenir. Â plusieurs
reprises, M. Ryan est intervenu dans ce sens et même la commission
consultative, au début des travaux, est venue dans ce sens.
Donc, II y avait un problème, pour les ministres, pour
vérifier les affaires, pour contrôler les affaires. De ce
côté-là, on s'aperçoit que la loi est beaucoup plus
claire, par la question des permis, la question des agréments, la
question des droits et des pouvoirs d'enquête du ministre ou des
ministres. De ce côté-là, on partage les objectifs de la
loi, du projet qui est sur la table, et on voudrait même le renforcir. On
revendique si, toujours, comme je le disais tantôt, vous maintenez
l'adoption au lieu de la déposer, au lieu d'émettre ou
d'établir un moratoire... On réclamait aussi un pouvoir de
substitution de la part du ministre. Ça veut dire pas seulement un
pouvoir d'enquête, mais si une personne ne fait pas l'affaire, que le
ministre puisse la remplacer et nommer quelqu'un comme tuteur, comme tutrice de
l'école en question pour un certain temps. (10 h 45)
Ces motifs-là ou ces raisons-là qui existent,
d'après nous, c'est loin d'être suffisant. Pour corriger ces
problèmes-là qui étaient dénoncés dans le
temps, II est évident qu'on n'a pas besoin de réécrire la
loi d'un bout à l'autre. Si le but était de régler ces
problèmes-là, on aurait pu très bien faire des amendements
à la loi 56 qui existe actuellement.
Or, ce qu'on a devant nous, c'est un projet réécrit d'un
bout à l'autre. Pourquoi? Pourquoi, pour régler ces
problèmes-là, faut-il changer "directeur d'école" par
"exploitant"? Pourquoi faut-il changer le mot "élève" par
"client"? Pourquoi faut-il changer et dire... plutôt remplacer
"déclaré d'intérêt public" par "entreprise de
services d'éducation"? Pourquoi écrire tout ça pour
régler les problèmes que je viens d'énumé-rer? On
s'est posé la question. D'après nous, il y a comme deux grandes
réponses à cette question-là: c'est toute la question de
la formation professionnelle et toute la question du financement.
Sur la question de la formation professionnelle, on a annexé
à notre mémoire deux lettres: une lettre de M. Ryan à M.
Bourbeau, ministre d'un ministère dont le nom est très difficile
à prononcer et très long, toujours, le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, disons ministère du revenu-sécurité. M.
Ryan, ex-ministre de l'Éducation, était à la fois à
l'Éducation et au ministère de l'Enseignement supérieur.
Des lettres confidentielles qu'on a eues, malheureusement... qui nous sont
tombées sur la table. Il faut, d'après nous, relire très
attentivement, à plusieurs repri- ses, la lettre de M. Bourbeau. Ce
n'est pas une lettre de deux pages, c'est une lettre de onze pages, douze
pages; donc, il a eu le temps d'exprimer son opinion dans ces onze ou douze
pages.
Je vous réfère aux pages 5 et 6. Je vous lis très
rapidement quelques extraits. Il appartient au MMSRFP de favoriser l'ouverture,
j'allais dire l'éclatement, les modes d'apprentissage, la saine
compétition entre les formateurs et l'instauration d'une dynamique qui
rend possible l'accessibilité à ces formes variées de
formation professionnelle." Page 6, deuxième paragraphe: "Nous devons -
en tant que ministère - favoriser une certaine émulation entre
les milieux de la formation. Nous avons tout avantage à mettre les
institutions en compétition les unes avec les autres, à
accueillir des formateurs privés, bref, à créer un
véritable marché de la formation professionnelle de la
main-d'oeuvre en emploi." Dans le paragraphe suivant, M. Bourbeau est
très conscient que ça peut mettre en cause la priorité qui
doit être accordée aux institutions publiques d'enseignement,
priorité qui est accordée actuellement.
Or, à l'article 1, on voit très bien, quand on le compare
avec l'ancienne loi, des modifications importantes. Dans l'article 1, on
scinde, en gros, la formation qui conduit à un diplôme et la
formation qui ne conduit pas à un diplôme, qu'on appelle formation
professionnelle d'appoint. C'est exactement le sens de la lettre de M. Bourbeau
à M. Ryan, quand on la lit correctement. M. Bourbeau dit: Oui, toi, en
tant que ministre, pour tout ce qui conduit à un diplôme, c'est
toi qui as la juridiction. Mais ce qui ne conduit pas à un
diplôme, ce n'est plus le ministère de l'Éducation, c'est
le ministère, le MMSRFP qui en a le contrôle.
Ça, ça nous inquiète énormément.
C'est ça que le projet de loi sur l'enseignement privé fait: il
rend privés des lieux encore plus privés pour la formation des
travailleuses et des travailleurs. Qu'advient-il de toute la formation
qualifiante, transférable, dont on discute par ailleurs? Donc, pour
nous, le projet de loi, sur cette question-là, établit des
principes qui sont fondamentaux et qui devraient être soumis à un
large débat. D'ailleurs, même le gouvernement libéral
voulait faire un sommet sur la question de la formation professionnelle, avait
promis quelques livres blancs sur la question, a même formé
dernièrement une commission permanente sur la question de la formation
professionnelle.
On trouve qu'on vient d'en disposer d'un grand bout. On s'est
posé souvent la question suivante: Pourquoi la formation professionnelle
d'appoint est-elle exclue de la loi quand elle provient... quand l'individu
provient... est référé par l'employeur, mais n'est pas
exclue de l'application de la loi lorsque c'est l'individu seul, sur une base
personnelle, qui s'inscrit dans une école?
Pourquoi le gouvernement veut-il se donner le pouvoir de surveiller
quand des individus, d'une façon personnelle, s'inscrivent dans une
école - ça, le gouvernement veut se garder le droit de le
vérifier - mais quand c'est l'employeur qui réfère,
là, c'est exclu de la loi? La lettre de M. Bourbeau répond
à cette question. Le gouvernement enlève, par le biais de la Loi
sur l'enseignement privé, ses responsabilités d'aller
vérifier la formation professionnelle d'appoint donnée aux
travailleuses et aux travailleurs. C'est ça que fait le projet de loi
qui est sur la table actuellement. On ne peut le traiter autrement qu'en
s'appuyant sur les lettres.
Et je disais aussi que l'autre grand but, d'après nous, c'est le
financement. C'est clair qu'on transmet au Conseil du trésor le pouvoir
plein et entier de décider. Ce n'est plus les ministres qui vont
décider de ça, les ministres ne font que des recommandations.
Comme on connaît la façon dont le Conseil du trésor
travaille depuis quelques années, on sait qui décide. Et, on
trouve ça très impertinent de laisser à quelques individus
le choix de financer plus ou de financer moins le réseau privé.
D'après nous, ça mérite un débat public.
Donc, pour toutes ces raisons-là, on réclame, on
revendique en premier un moratoire, ce qui nous permettrait, pour les "profs"
qu'on représente, les enseignantes et les enseignants qu'on
représente... Il n'y a pas d'urgence à adopter cette nouvelle loi
parce qu'elle est pire pour eux, donc un moratoire, c'est moins pire. Et ce
moratoire-là permettrait de faire une débat public sur trois
grands points.
Premièrement, une enquête sur les conditions d'exercice de
la profession d'enseignant et d'enseignante dans tes écoles
privées. Par expérience, on sait que plusieurs écoles sont
capables de présenter des états financiers
équilibrés, mais on sait ce que ça veut dire dans la vraie
vie; on sait les conséquences que ça a sur les conditions
d'exercice de la profession. Pour vous donner un exemple, pas plus tard qu'hier
soir, j'étais en contact avec trois personnes d'une école
privée - que je ne nommerai pas - de la région de Montréal
qui voulaient se syndiquer. Ces personnes-là... La personne la plus ou
la mieux payée de l'école, après neuf ans de services,
recevait 17 500 $ brut. Et vous vous demandez pourquoi il n'y a pas de syndicat
dans cette place-là? Les trois quarts du personnel, en trois ans, ont
été congédiés une fois que ces personnes eurent
acquis des droits en vertu de la Loi sur les normes minimales de travail. Nous
autres, on aimerait bien faire le portrait de l'ensemble des quelque 200
écoles privées. Ce serait très intéressant
Deuxièmement, un moratoire pour laisser le temps de faire toutes
les discussions nécessaires sur toute la question entourant la formation
professionnelle. Pourquoi mettre en place, par ailleurs, toute une série
de commissions, d'études et ainsi de suite si, dans le projet de loi, on
tranche déjà la question? Et enfin, ça nous permettrait
aussi de faire un débat sur l'existence même du réseau
privé. Il me semble qu'après 25 ans d'existence et de concurrence
de l'un et de l'autre, il est temps d'en faire un bilan.
Je vais vous donner deux raisons; il me semble que la question se pose.
On voit dans ce projet de loi actuel, à l'article 30, très
explicite, que quand une école privée congédie, expulse un
étudiant ou un élève, elle doit en informer la commission
scolaire de qui relève cet élève. Donc, la commission
scolaire a l'obligation de le recevoir et on a un projet de loi qui donne
à certaines écoles la possibilité de congédier des
élèves. Il me semble qu'en 1991, on peut se poser la question:
Pourquoi l'État finance-t-il encore des écoles qui ont, par la
loi, le pouvoir de se débarrasser des élèves en tout
temps? Il me semble que c'est une question qui se pose. Pourquoi donne-t-on
encore, en 1991, ce pouvoir-là?
Et tantôt, si j'ai bien compris, on disait qu'un des buts du
projet de loi est de ne pas rajouter une sélection financière
parce que, paraît-il, il en existe une intellectuelle. Donc, un des
objectifs de l'avant-projet ou du projet qui est sur la table, c'est de ne pas
rajouter une autre sélection qui est la sélection
financière. Ça, je vous dis tout de suite que la sélection
financière, ça existe déjà. Il suffit de regarder
les frais de scolarité par région. Disons que dans la
région de Montréal, c'est beaucoup plus élevé que
dans la région de Sept-îles. Et si le projet de loi vise à
ne pas introduire de discrimination financière, parce qu'il y en a
déjà une intellectuelle, confirmée par l'article 30, je
pense que ça se questionne, en 1991.
Et je termine...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît.
M. Cholnlère: On a d'autres éléments dans le
mémoire qui justifient notre position sur ce que pourrait contenir un
débat public sur l'existence du réseau. On pourrait parier de
l'intégration, pendant ce temps-là, du réseau privé
au réseau public. Je remercie...
Le Président (M. Gobé): Je voulais juste vous
mentionner que vous avez encore un... Vous pouvez continuer. Il y a
consentement pour vous laisser continuer à parler, mais je vous
rappelais quand même que le temps s'écoule.
M. Choinière: Je vous remercie...
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez continuer. M.
le ministre et M. le porte-parole de l'Opposition m'ont fait savoir qu'ils vous
accordaient le consentement pour continuer votre
exposé.
M. Choinière: Je vous remercie de nous avoir
écoutés et ce, pour la première fois.
Le Président (M. Gobé): Je crois comprendre que
vous avez maintenant terminé votre exposé. Je vais donc passer la
parole à M. le ministre de l'Éducation, et vous allez pouvoir
continuer l'échange avec lui sous une autre forme. M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Pagé: Merci, M. Choinière, Mme Boyer, Mme Caron.
Bienvenue au Parlement, bienvenue chez vous. J'ai un certain nombre de
questions. Il nous reste 35 minutes, ce qui veut dire 15, 15, 5. C'est
ça, si je comprends bien. Je vais peut-être prendre 7 ou 8
minutes, M. le Président, quitte a ce que je revienne par la suite.
Tout d'abord, vous Indiquez que la consultation ne vient pas à un
moment propice. Je dois vous répondre que la loi a été
déposée le 15 mai. Le projet de loi a été largement
diffusé à partir de cette date-là. Le débat en
deuxième lecture a eu cours. C'est vrai que le Secrétariat des
commissions vous a convoqués le 25 ou le 26 juin dernier. Pour nous,
nous sommes quand même à la fin du mois d'août, ou presque,
et les commissions parlementaires sont commencées. La santé
siège, la commission sur les projets de loi privés siège
actuellement, l'éducation siège, et c'est normal qu'il en soit
ainsi, M. Choinière. Je comprends que pour certains c'était
peut-être un peu contraignant de devoir siéger en août, mais
je me limiterai à vous dire que j'ai bien apprécié, entre
autres, que votre mémoire nous parvienne le 16 août dernier. Je
pense qu'on fait des choses. D'ailleurs, on est ensemble. Donc, ce
n'était pas nécessairement agir dans la bousculade que d'agir
ainsi.
Vous dites que vous venez pour la première fois. Encore une fois,
bienvenue. Je suis bien content. J'apprends ça, moi, comme ministre de
l'Éducation, que vous êtes consultés pour la
première fols et je peux vous donner l'assurance qu'il va y en avoir
d'autres, ça va de soi. J'escompte bien avoir l'opportunité
d'échanger avec vous à l'égard d'autres actions que
j'entends proposer, comme ministre de l'Éducation, au moment de la
rentrée scolaire.
M. Choinière, II y a un bout que je ne saisis pas, et l'aimerais
que vous me le précisiez, il semble y avoir deux avenues très
différentes, pour ne pas dire opposées, dans le mémoire
que vous nous déposez. Dans un premier temps, vous questionnez - comme
d'autres le font, de façon légitime ou non, je n'ai pas à
en juger - vous questionnez le fait que, après 25 ans de
démocratisation, de volonté comme société de rendre
plus accessible l'éducation au Québec, où on a un
réseau d'enseignement public qui est bien implanté, qui commence
à prendre des racines fortes, qui est performant... Parce qu'il se fait
des belles choses dans le secteur public aussi, ça va de soi et il faut
le dire, il faut le souligner. Vous questionnez, dans votre mémoire dont
j'ai pris connaissance, l'opportunité du maintien de l'enseignement
privé au Québec, somme toute. (11 heures)
Donc, dans un premier temps, vous vous inscrivez dans une
démarche où vous dites aux législateurs que nous sommes:
Peut-être serait-il temps que vous vous interrogiez, là, sur le
fait: Est-ce qu'une société est toujours légitimée,
via son gouvernement, de verser des sommes importantes, en l'occurrence dans le
secteur privé? Si ma mémoire est fidèle, c'est environ 200
000 000 $ par année. Parallèlement à ça, vous nous
dites: Les enseignants du privé n'ont pas des conditions, entre
guillemets, toujours faciles. C'est ce que j'Interprète; vous pourrez
corriger si je ne suis pas correct.
Vous dites: Pour plusieurs d'entre eux, d'entre elles, Ils doivent
s'imposer... C'est-à-dire que le maintien du lien d'emploi passe par des
sacrifices à s'imposer comme accepter des conditions de travail
où la tâche est plus grande ou encore accepter des conditions de
travail où le traitement est inférieur à ce qui est
normalement prévu. Et là, vous nous demandez d'ajouter des fonds.
Comment concilier ça sur la base des principes?
Je suis d'accord, et ça je ie sais, qu'il y a des enseignants qui
s'imposent des sacrifices et pour maintenir leur tien d'emploi et aussi pour
maintenir en vie des institutions privées au Québec. Ça,
je le sais, comme je sais aussi qu'un nombre important doit se convier à
une tâche élargie. Je peux vous dire que ma perception, comme
ministre de l'Éducation - je suis là depuis peut-être
seulement un an mais, quand même, je suis ici depuis un certain nombre
d'années - je suis persuadé que ces gens qui en font plus ne le
font pas du reculons, ne le font pas, comme on dit chez nous, du reculons,
à contrecoeur. Ces gens-là le font parce qu'ils sont pleinement
engagés dans la mission éducative. Ils sont engagés,
souventefois, à l'égard de leur institution. Et ça, )e
tenais à le dire. Mais pourriez-vous, là, préciser
ça? Ça semble contradictoire, à sa face même. Et
j'aurai d'autres questions ensuite.
Le Président (M. Gobé): M. Choinière, vous
avez la parole.
M. Choinière: Sur le temps de consultation, tout a
été dit. Je ne reviendrai pas sur ça. Je suis bien content
que sur d'autres... on aura l'occasion de parler d'autres grandes questions,
par la FNEEQ comme telle ou par la CSN siégeant sur la commission de
formation permanente ou en d'autres occasions, mais j'ai pris bonne note de
l'offre qui nous est faite.
Sur la question principale, je pense qu'il est évident de dire
que les gens qui travaillent dans
ces écoles-là aiment leur métier et que, comme dans
le public...
M. Pagé: Leur profession.
M. Choinière: Leur profession. Ils aiment faire ce
travail, ça, c'est clair, c'est évident. Mais ça ne veut
pas dire que leurs conditions d'exercice ou les conditions d'exercice de leur
profession, ça ne les inquiète pas. Parce qu'on parle souvent...
Peut-être que notre intervention, compte tenu du temps, je tiens à
la raffiner. Oui, il y a des mauvaises conditions de travail, de charges de
travail, de salaires et ainsi de suite. Mais c'a aussi des conséquences
importantes sur l'enseignement qu'on donne. Et ça, on n'en parle pas
souvent.
On ne vient pas juste intervenir pour défendre les
intérêts strictement professionnels et salariaux des gens. Les
gens qu'on représente nous disent que, parfois, H y a une fausse image
du privé, parce que si on savait ce qui se passe vraiment, on aurait
peut-être autre chose. Et de là notre première... en lien
avec notre recommandation, notre revendication qui est de faire un moratoire
pour prendre la peine d'étudier ces situations. Ça paraît
peut-être contradictoire avec le fait qu'on privilégie
plutôt... ou il est temps de questionner un réseau... l'existence
de deux réseaux. Ça paraît peut-être contradictoire,
mais je vais vous le dire: Ça l'est, mais on vit avec. Ce n'est pas
parce qu'on a une contradiction qu'on doit la faire supporter par des
individus. C'est ça qu'on dit.
Je vais vous donner un autre exemple. À la CSN, à la
FNEEQ, on est pour un réseau public de garderies. Ça n'existe
pas. Il existe des garderies privées qui ont des très mauvaises
conditions de travail. Dit-on à ces gens-là qui n'ont pas de
syndicat: On est pour un réseau public de garderies mais, vous autres,
vous n'avez pas le droit de vous syndiquer, vous n'avez pas le droit
d'améliorer vos salaires de 6 $ l'heure à 8 $ l'heure? Non. On
dit que ce n'est pas à ces individus-là, ce n'est pas aux
conditions de travail et à la vie de ces gens-là de payer des
choix de société.
Donc, nous autres, on défend toujours les gens qu'on
représente et on vit dans cette contradiction. Et cette
contradiction-là, ce qui est odieux, justement, c'est qu'on la fait
payer par les gens, des gens qui aiment leur métier et qui en prennent
sur le bras, justement parce qu'ils aiment leur métier. Et on aime bien
ça que le Conseil... En clair, le Conseil du trésor va aimer
ça, mais moins les subventionner ces gens-là. C'est leur
métier, ils aiment ça. Pourquoi on les financerait plus? Ils
aiment ça faire ça. Ça va être ça, les
règles du jeu.
Je suis certain actuellement que si on faisait une consultation
auprès de tous les membres, et c'est ce qu'on a fait pour venir ici,
entre les incertitudes ou la possibilité... Quand je parle
d'incertitude, c'est l'incapacité de planifier plus qu'un an dans une
école. Ça existe à plusieurs endroits. Et c'est
inadmissible pour nous, pour le monde de l'éducation, qu'on ne puisse
pas planifier plus qu'un an. Des ordinateurs à 50 utilisateurs, comme II
a été dit, ça existe souvent, ça. C'a existé
souvent. Et Hs sont incapables de planifier plus qu'un an, dans le monde de
l'éducation où c'est un travail de longue haleine, surtout au
secondaire et au collégial, dans tous les ordres, il faut planifier plus
qu'un an.
Donc, ces gens-là sont incapables de le faire et si on leur
posait la question: On vous donne un programme d'intégration au
réseau public, qu'est-ce que vous faites? Je pense que la grande
majorité des gens nous répondraient oui. La meilleure
réponse à votre question, c'est les gens que j'ai
rencontrés hier, dont la personne la mieux payée gagnait 17 500
$. Oui, elle aimait ça travailler dans son école, mais elle ne
peut pas faire autrement, des fois.
M. Pagé: Dans votre mémoire, vous vous
référez à des pouvoirs qui vous apparaissent exorbitants,
que le législateur veut donner au ministre. Entre autres, la
possibilité pour le ministre... Je dis bien, si la loi est
adoptée telle que proposée; ça, je pourrai y revenir. On
peut d'ores et déjà accepter le principe qu'il y aura des
modifications à cette loi. C'est pour ça qu'on est ici,
d'ailleurs, ma collègue et moi, pour vous écouter.
Vous prenez le même vocabulaire, le même ternie que
certaines personnes qui occupent des responsabilités au niveau de
l'enseignement privé et qui partent de quotas. Bien, H faut situer les
choses dans leur perspective. Ce qui est prévu au projet, c'est que
l'octroi du permis ou encore de l'agrément, éventuellement,
puisse s'appuyer sur une validation du nombre d'élèves.
L'intention - et s'il faut modifier le texte, on va le modifier - ce n'est pas
d'imposer des limites. L'intention, c'est de nous assurer... C'est pourquoi
j'ai été surpris de voir que vous vous inscriviez en
désaccord avec cette disposition parce qu'elle va dans le sens de vos
intérêts, de ce que vous défendez. Notre intention, c'est
de nous assurer que l'institution d'enseignement privé qui accueille un
nombre donné d'élèves, d'étudiants, a toutes les
facilités physiques pour bien dispenser, bien remplir sa
responsabilité, sa mission éducative pour ces enfants-là.
J'évoquais hier les laboratoires de chimie, les équipements.
C'est purement et simplement...
Et je vous le dis, on se réfère parfois, dans les mesures
Interprétatives, à l'intention du législateur. Là,
on vous la donne, l'intention du législateur. Ce n'est pas d'Imposer des
limites en fonction des budgets ou des choses comme ça, non. C'est
plutôt de nous assurer que l'institution est capable, non seulement par
son projet éducatif, non seulement par le capital humain des
femmes et des hommes qui y sont engagés quotidiennement mais
aussi par ses facilités physiques, de recevoir le nombre
d'élèves qu'elle propose. C'est purement et simplement
ça.
M. Choinière: Sur ça, assez rapidement, j'ai
oublié de le dire tantôt... Premièrement, la
définition, à 1,9°, de la formation professionnelle
d'appoint, d'après nous, d'une façon très claire, dans le
texte - on ne dit pas que c'est l'intention mais on regarde le texte - inclut
l'enseignement collégial, par le dernier bout de phrase, d'une
façon très claire. La formation professionnelle d'appoint... Je
sais, tantôt... C'est ça que je veux dire. Mais l'article 5... Si
on le lit avec l'article 5, à ce moment-là, tel que le texte le
dit, le ministre ou le ministère de l'Enseignement supérieur ne
serait plus apte à discuter de la formation professionnelle d'appoint au
collégial. Ça relèverait du ministre de
l'Éducation, tel qu'écrit, premièrement.
Deuxièmement, si les permis, c'est pour... Si l'intention c'est
de donner les ressources matérielles nécessaires aux
élèves et si ce n'est que pour ça, c'est
déjà une amélioration par rapport au texte. Mais, mol, je
dis que le texte ne dit pas ça. Et quand je vols que le Conseil du
trésor, dans ses règles budgétaires, établit des
quotas... Moi, je connais le Conseil du trésor, par ailleurs, dans les
négociations du secteur public. C'est le gouvernement qu'on lie,
là. Ce n'est pas nécessairement le ministre qui est responsable.
Nous autres, on s'adresse au gouvernement.
M. Pagé: Quoique la règle budgétaire soit
signée par le ministre, elle est proposée par le ministre.
M. Choinière: Oui, mais le texte, l'article 70 dit
quoi?
M. Pagé: Vous semblez beaucoup minimiser le rôle du
ministre, sans prétention!
M. Choinière: Oui, l'article 70 dit quoi? "Le ministre
établit annuellement et soumet à l'approbation du Conseil du
trésor des règles budgétaires".
M. Pagé: Bien oui.
M. Choinière: Oui, O.K.? Donc, c'est le Conseil du
trésor qui décide. Ça, on sait ça. Ça, c'est
la vraie vie. On a vu ça dans les dernières négociations
du secteur public; il y a des ministres qui étalent prêts à
donner plus et le Conseil du trésor s'est retiré. Est-ce qu'on va
parler de la loi d'Hydro-Québec, par exemple? Qui décide à
ce moment-là?
On sait, dans la vraie vie, qui décide quand c'est écrit
comme ça, à l'interne, les décisions. Publiquement,
ça peut être: Ah oui, mais dans la vraie vie, quand ça se
discute dans les corridors, on sait qui décide. Donc, ça nous
inquiète beaucoup, les quotas. Donc, si c'est vraiment ça,
l'intention, la loi pourrait être améliorée.
M. Pagé: C'est ça, bon. On s'entend.
M. Choinière: Oui, sauf que, tantôt, il était
dit très clairement aussi que l'intention du gouvernement, ce
n'était pas pour les écoles qui existent actuellement, les
écoles de type d'enseignement général. C'a
été dit par Mme la ministre en réponse à l'ACQ, que
les quotas visaient beaucoup plus la formation professionnelle. C'a
été dit presque mot pour mot comme ça tantôt.
Ah là, par exemple, si on lit la lettre de M. Bourbeau à
M. Ryan, là, on comprend pourquoi il y a des quotas. M. Ryan voulait que
n'importe quel individu - dans sa lettre - puisse choisir ses cours. M.
Bourbeau lui répond non, c'est moi qui décide si je les finance
ou pas. Si, lui, décide de faire un cours pour son plaisir, il le fera,
mais il paiera. Mais moi, si je décide de faire un cours dans les
directions ou dans les champs économiques ou les champs de travail que,
moi, j'ai décidé en tant que ministère, je vais le
financer; là, je vais le faire. Là, on comprend très bien
pourquoi il y a des quotas dans la loi. En tout cas, on lit très bien la
lettre. Si ce n'est pas ça, on sera très heureux que, par la
suite, ça change.
M. Pagé: M. le Président, pour le
bénéfice de M. Choinière et de son groupe, je comprends
que vous vous référez à des documents que vous avez en
main, effectivement, dont vous avez pris connaissance, mais qui se
réfèrent à des échanges d'il y a, quoi,
peut-être 14 mois, 15 mois ou 18 mois environ. (11 h 15)
Je veux profiter de l'opportunité - parce que vous semblez
très inquiet à cet égard-la - pour vous indiquer ce qui
est arrivé, vous faire part de ce qui est arrivé depuis un
certain temps déjà, depuis le début de l'année
1991. D'abord, on doit dire qu'il y a eu un certain nombre d'échanges,
de communications entre mes deux collègues, le ministre de
l'Éducation de l'époque et le ministre de la Main-d'oeuvre.
C'était très épistolaire. C'étaient des positions
qui apparaissaient relativement campées, et je ne suis pas convaincu que
cette relative dualité d'opinions était positive pour celles et
ceux qui, ultimement, sont visés, c'est-à-dire les personnes qui
ont besoin de se perfectionner, d'amorcer, de continuer ou de revenir en
formation professionnelle. Vous semblez très inquiet. Je vais tenter de
vous sécuriser.
Quand vous lisez les lettres, quand vous lisez tout ça, le coeur
du problème tournait - je dis bien tournait - autour des faits suivants.
Les dispositions d'inscription ou d'accueil en forma-
tion professionnelle depuis, entre autres, la réforme de 1988,
étaient considérées comme très limitatives par les
gens que doit, lui aussi, légitimement, représenter et
défendre, somme toute, le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Premier élément, je peux vous
indiquer qu'on a cheminé beaucoup depuis et pas sur le coup de la
précipitation, non. On a travaillé, je crois, les membres du
comité ministériel, ma collègue, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, le ministre de la Main-d'oeuvre, le ministre du
Travail et moi-même, dans une perspective d'intervention qui
répond davantage aux préoccupations d'une société,
et je m'explique.
Le ministre de la Main-d'oeuvre, ses préoccupations, où se
situaient-elles? Quelques exemples. Vos exigences sont telles qu'elles freinent
et elles limitent l'accès à la formation, surtout dans un
contexte de mutation industrielle et de changements technologiques très
accélérés. L'entreprise qui ferme ses portes et la
personne, homme ou femme qui, après 17 ans ou 18 ans d'expérience
se voit licenciée, qui a une formation acquise dans un domaine
donné - 17 ans ou 18 ans d'expérience... Prenons le profil,
là; 40 ans, 41 ans, les enfants au cégep - ces
personnes-là, qui veulent se recycler en raison des règles
applicables, lorsqu'elles venaient à l'éducation, bien, on leur
disait: Monsieur, madame, vous avez un secondaire IV et on exige un secondaire
V, donc, vous devez revenir à l'école. On va vous offrir un cours
qui, lui, aura, quoi, 1350 heures, 1800 heures.
Là, le ministre de la Main-d'oeuvre me disait, disait à
l'Éducation: Écoutez, il faut que vous fassiez quelque chose.
Même chose, finalement, concernant la validation des connaissances
acquises pour des gens qui voulaient venir à l'Éducation chercher
une formation ponctuelle, plus pointue dans un domaine donné, et pour
lesquels les exigences étaient à ce point que c'était une
limite.
Alors, ce que je veux vous dire ce matin, là... Je comprends que
vous n'ayez pas eu l'opportunité de prendre connaissance des
échanges entre le nouveau ministre de l'Éducation et le ministre
de la Main-d'oeuvre, mais je peux vous dire que ce dossier-là chemine
très bien. J'ai rencontré, d'ailleurs, votre président, le
président de la CSN, au mois de juin dernier autour de la table de la
Main-d'oeuvre, et je crois que le positionnement du gouvernement via
l'énoncé formulé par le ministre de l'Éducation -
en ce qui concerne la formation professionnelle - et le ministre de la
Formation professionnelle est de nature... en tout cas, a été
reçu comme étant très positif de la part des intervenants
de cette table.
La formation d'appoint à laquelle nous nous
référons ici - et je me réfère à mon secteur
- ce que ça veut dire, c'est très simple. Vous semblez aussi
inquiets que le Conseil du patronat, ce qui est rare, puis vous
l'interprétez de façon différente, ce qui n'est pas rare.
Ce qu'on veut dire là-dedans, c'est très simple. On veut
créer une véritable dynamique où nos institutions
scolaires peuvent profiter d'une réforme de la formation
professionnelle. Actuel lement, ça se fait et ça chemine bien.
Nos entreprises, avec le ministère de la Main-d'oeuvre, avec les centres
de formation professionnelle... Il y a beaucoup de monde qui Intervient
là-dedans et, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas rapatrié
le tout du fédéral, ça va être encore plus difficile
de mettre en place des choses structurées et structurantes.
Est-ce que nous sommes légitimés, au ministère de
l'Éducation, d'exiger que si une compagnie - je vais vous donner
l'exemple de IBM - veut former du personnel dans des entreprises, elle doive
recevoir un permis du ministère de l'Éducation? Mol, je dis: pas
nécessairement tout le temps. Alors qu'hier le Conseil du patronat
l'interprétait complètement à l'opposé de la
volonté du gouvernement, dans ce sens-là, je vous dis, moi: au
sujet de la formation professionnelle, je ne pousserai pas la
délicatesse jusqu'à vous dire que je vais vous envoyer toute ma
correspondance Interne et confidentielle, mais attendez le résultat, ne
soyez pas inquiets.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Une dernière chose, très
rapidement. Vous vous inquiétez, à la page 10, de la publication
des résultats, puis vous nous dites: Ça s'inspire d'un
gouvernement de "business", de performance, etc. C'est à peu près
ça que ça veut dire à la page 10, hein? Vous voulez que
les gens se comparent. Ce n'est pas dans ce sens-là. C'est dans un sens
de transparence, puis je peux vous dire: Ce n'est pas fini, la publication des
résultats, ce n'est pas terminé et, en ce qui me concerne comme
ministre de l'Éducation, tant et aussi longtemps qu'on rend les chiffres
publics, puis le maximum de chiffres publics, on a le portrait d'une
réalité qui nous permet de nous ajuster, de nous motiver, de nous
réorienter s'il le faut. Puis Je me propose de rendre les chiffres
publics sur l'abandon scolaire, à l'automne, par commission scolaire.
J'espère qu'on va y mettre de la mesure et de la modulation pour que les
gens soient bien conscients des réalités qui les concernent. Puis
ça, ce n'est pas fait dans une perspective de concurrence entre les
autres, soyez-en sûr.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Avant de vous passer la parole, madame, j'aurais peut-être une petite
explication pour l'ensemble des parlementaires autour de cette table et pour
les gens. Vous avez pu voir qu'on n'a pas tout à fait respecté
les temps Impartis.
alloués, mais...
M. Pagé: C'est de votre faute?
Le Président (M. Gobé): Non, M. le ministre, c'est
parce que M. le porte-parole officiel de l'Opposition, comme chaque fois qu'on
fait une commission parlementaire, s'arrange toujours pour éviter que la
partisanerie ou le règlement trop tatillon vienne gêner les
travaux, car nous sommes là, dit-il, pour débattre un sujet de
scolarité. Il me l'a déjà mentionné à mes
débuts de président et, selon son habitude, il laisse toujours
une grande latitude lorsqu'il y a des dossiers importants. Alors, cette fois-ci
encore, nous utilisons le temps de M. le porte-parole officiel, je tenais
à le mentionner. Madame, vous pouvez parler. Je lui passerai la parole
après.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Seulement un petit
mot pour dire à M. Choinière que j'apprécie de l'avoir
entendu ce matin, d'autant plus qu'on sait tous que M. Choinière est un
enseignant du collégial privé et donc, II a une expertise
très particulière dans ce domaine-là. Je veux lui dire
aussi que la formation professionnelle d'appoint ne touche strictement que le
secondaire. Je l'ai dit ce matin, si l'article 5 est clair, l'article 1,9°
semble apporter des confusions et donc, nous le clarifierons. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le porte-parole de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Gendron: Oui. Je veux dire à M. Choinière et
à son équipe que, peu importent les conditions, je sais, mol
aussi, que les conditions estivales ne sont pas les mêmes pour tous et
que c'est toujours difficile de produire une réflexion de fond; c'est ce
que vous avez fait en cette période estivale. Le ministre dit:
Écoutez, nous, on est au travail et les commissions parlementaires ont
repris le boulot. C'est exact, mais pas pour des consultations
particulières. Ce ne sont pas des commissions parlementaires pour des
consultations particulières où on demanderait aux gens de
produire leurs réflexions après une période
d'été.
Dans ce sens-là, je veux dire qu'on aurait pu attendre un peu
plus compte tenu que les activités, tout comme pour nous, reprennent
habituellement au début d'août dans les organisations syndicales.
Ça aurait été plus facile, mais on est ici, on a eu la
chance d'avoir votre mémoire à temps et c'est sûr que c'est
une réflexion. En tout cas, moi, si j'étais ministre, je
trouverais que c'est une réflexion intéressante comme
éclairage global sur des questions de fond. C'est le propre, souvent,
des grandes organisations syndicales ou autres de déborder un peu le
cadre strictement du projet de loi comme tel. Par rapport à
l'élément que je souligne, c'est sûr que votre
mémoire se différencie et se distancie un peu des autres
mémoires qu'on a reçus, qui étaient beaucoup plus
spécifiques comme critique sur le projet de loi 141 comme tel. Je ne dis
pas que vous n'en parlez pas, je dis que vous y allez avec de grandes questions
d'orientations.
Je voudrais rappeler aux membres de cette commission et à ceux
qui nous écoutent, si c'est le cas, qu'il faut situer votre
mémoire dans le contexte de votre conclusion. À la page 32, vous
dites: On ne partage pas les orientations mises de l'avant par le gouvernement,
c'est-à-dire le maintien d'un secteur privé d'enseignement. Je
pense que vous vous deviez d'avoir une précision comme celle-là;
c'est à travers cette lunette qu'il faut lire votre mémoire.
Deuxièmement, vous dites: Nous autres, c'est clair, c'est un seul
réseau. Ce n'est pas trois ou quatre bébelles, notre objectif,
c'est le développement d'un seul réseau public d'enseignement qui
va miser sur des règles de fonctionnement et de financement public
intégrales, en assurant même l'intégration du personnel des
maisons d'enseignement privé au réseau public. On peut être
en désaccord, mais c'est clair. C'est à travers cette
lunette-là qu'il faut lire l'ensemble de votre mémoire.
Là, vous dites: Ce n'est pas parce qu'on a dit ça qu'on ne peut
pas conseiller le ministre sur autre chose. C'est de même qu'il faut
comprendre ça. Vous dites: Là, on s'est positionnés, on a
le droit de dire que c'est ça qui est sur la table, le 141. Dans le 141,
vous dites: On estime avoir la responsabilité d'indiquer nos
revendications à l'intérieur des orientations qui pourraient
être prises par ce gouvernement-là.
Moi, je tenais à rappeler ça. Je n'ai pas beaucoup de
difficultés avec votre mémoire, si ce n'est quelques aspects, et
on va en parler quelques minutes dans les quelques minutes qu'il me reste.
Pourquoi j'ai convenu que le ministre poursuive? C'est qu'effectivement
j'aurais été sur les mêmes sujets. Je trouve que vos
craintes concernant le litige qui a perduré entre l'ex-ministre de
l'Éducation et l'actuel ministre de la Maln-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, elles sont légitimes, elles sont
fondées. Il n'y a pas de cachette. C'est clair qu'il y avait deux
orientations et que M. le ministre de la Main-d'oeuvre, M. Bourbeau, voulait se
mettre les pieds davantage dans ce qui s'appelle la formation éducative,
même s'il l'appelait formation professionnelle.
Je trouve qu'un gouvernement fait toujours une erreur en ayant deux ou
trois guichets de formation. Sous prétexte que ça fait mode, tout
le monde dit qu'il faut absolument améliorer notre formation
professionnelle, qu'il faut faire plus en formation professionnelle, que c'est
le drame de l'heure. Les entreprises nous en parlent, le fédéral
est là-dedans, la CFP - c'est le bordel le plus total - pour faire
accroire que
le gouvernement a pris des gestes concrets pour dire qu'il y aura un
maître d'oeuvre en formation professionnelle. Et le maître
d'oeuvre, en ce qui me concerne, devrait être le MEQ. Pour ceux qui ne le
savent pas, le MEQ, c'est le ministère de l'Éducation du
Québec. Je ne sens pas cette volonté de ce
gouvernement-là, qu'il y ait un maître d'oeuvre en formation
professionnelle.
Il faut redire ça haut et fort, au-delà de la
correspondance qui... En passant, j'espère qu'ils se partent plus
souvent qu'ils ne s'écrivent parce que, depuis le 6 avril 1990,
ç'a pris cinq mois à avoir une réponse, alors ça ne
doit pas faire un gouvernement bien coordonné sur les grandes questions,
cinq mois avant de répondre à une lettre. Et j'ai un peu de
doutes. Je ne suis pas sûr qu'elle n'est pas, inversement, signée
par le mauvais personnage parce que, habituellement, les lettres de dix ou
douze pages, quinze pages et plus, c'était le ministre de
l'Éducation qui les envoyait et non le ministre de la Main-d'oeuvre et
de la Sécurité du revenu. Il y a peut-être inversion, mais
ça, c'est juste une "joke".
Une voix: À la discrétion.
M. Gendron: Oui. Sur le fond, M. Choinière et vos membres,
vous avez raison de rappeler qu'en formation professionnelle, s'il n'y a pas un
encadrement éducatif... Parce que les contenus de formation, ils doivent
être livrés par des gens qui ont une expertise en
éducation. Ce n'est pas parce qu'on veut tous faire de la formation
professionnelle adaptée que, rapidement, il faut dire à telle
entreprise: Bien, dorénavant, c'est toi qui dispenses la formation.
C'est normal, elle est professionnelle, c'est de la formation professionnelle.
Moi, je ne suis pas de cet avis-là. (11 h 30)
Là, je ne veux pas "m'écarteler" pendant longtemps, mais
vous avez dit: II faudrait faire un moratoire justement pour discuter de ces
questions-là. Je comprends ça, je suis votre logique. Oui, c'est
une question majeure. Il n'y en a pas eu, de grand débat public
là-dessus, ouvert à des instances qui ont de l'expertise, comme
la ministre l'a saluée. La ministre de l'Enseignement supérieur a
salué votre expertise mais, à un moment donné, il faut
concrétiser votre expertise aussi pour vous permettre de l'exprimer plus
concrètement.
Là-dessus, je prétends que le moment est venu. Je ne fais
pas une annonce officielle, mais j'espère que le ministre de
l'Éducation va regarder ça sérieusement pour tenir - il y
en a qui n'aimeront pas le terme - des états généraux dans
le monde de l'éducation. Ça fait 25 ou 30 ans qu'on n'a pas
requestionné les grandes priorités nationales en
éducation. Dans le questionnement requis des grandes priorités
nationales en éducation, il y a tellement de problèmes avec le
décrochage, avec les abandons, avec l'insuffisance de ressources de
fond, le renouvel- lement de la cohorte enseignante qui. dramatiquement, va
arriver à terme, des gros groupes complets vont arriver à la
retraite. C'est quoi la relève, là? C'est quoi la relève?
Il y a un paquet d'universités qui n'ont pas... Il n'y a pas de
direction au ministère, d'une façon urgente, de dire:
Écoute, II faut prévoir ça, il faut pallier à
ça rapidement et mettre les Intervenants dans le coup pour faire un
large débat national en éducation. Écoutez, quand on fait
des états généraux sur la gravité de la
ruralité - et j'en suis, parce que je suis un type de région et
je trouve que le débat sur le problème de la rurallté au
Québec était de circonstance. On a eu des états
généraux organisés un peu partout au Québec
là-dessus, y compris par l'UPA - et qu'on n'a pas requestionné
les grands paramètres, les grandes orientations éducatives parce
que Gérin-Lajoie et sa réforme et la réforme tranquille,
c'est passé, on est en 1991. J'arrête là parce que vous
dites: Même chose dans les conditions de travail dans le secteur
privé. Mol, je ne disconviens pas, M. Choinière, qu'il y a des
conditions de travail qui sont très difficiles dans le secteur
privé. J'en connais ailleurs aussi, par exemple, des conditions de
travail très difficiles et de plus en plus précaires, parce que
c'est un phénomène un peu de société là
où on a dû restreindre des choses et pas beaucoup de monde nous
parle de la réduction massive des clientèles. C'est ça qui
est grave. Je veux dire, il y a de moins en moins de clientèles, mais il
y a également des coûts fixes qui sont majeurs. Tout le
débat... Est-ce qu'on garde en éducation un secteur privé
ou on a uniquement un secteur public? Il y aurait lieu de le refaire puisque
tout le monde se lamente que le secteur privé, s'il n'est pas
refinancé, ça ne donne pas grand-chose de faire une
réforme. Les Intervenants sont unanimes à nous dire ça. Le
gouvernement, entre guillemets, à date, dit. Je peux bien vous entendre,
mais je ne ferai rien dans ce secteur-là, pas de fric! C'est ce qu'il
dit. Alors... Oui. oui, c'est ce qu'il dit. Il n'est pas question de toucher
vraiment à une réforme majeure du financement au secteur
privé, on n'a pas d'argent. De toute façon, même s'il ne le
disait pas, ça continuerait sa lancée de ne jamais dire les
choses telles qu'elles sont, mais écoutez, on n'a jamais
été autant en difficulté budgétaire. Ça fait
six ans qu'il nous parle de redressement budgétaire. On est dans la...
Excusez, jusqu'au cou. Alors, il y a un problème là. Et le
secteur public n'a pas les fonds qu'il doit avoir. Alors, c'est toutes ces
questions-là que vous avez abordées.
Moi, comme tel, je veux dire, j'aurais des questions, si on avait le
temps de débattre de ces grandes orientations. Sur le financement, vous
avez des questions pertinentes que vous avez posées; vous
suggérez des choses intéressantes. J'espère que le
ministre va en tenir compte. Dans vos recommandations, mol, je n'ai
pas de trouble quand vous dites: Écoutez, nous, on voudrait que
la Loi sur l'enseignement privé Inclue l'obligation pour les
établissements privés de rendre publics leurs états
financiers vérifiés. Je suis d'accord là-dessus, moi,
sincèrement. Je suis d'accord là-dessus, c'est logique. Je ne
vols pas pourquoi le ministre ne gardera pas ça dans sa loi. C'est
logique à partir du moment où il y a du financement public et du
contrôle sur les régimes pédagogiques, ce que vous
réclamez, et il y a de l'encadrement pour s'assurer d'une bonne
qualité. Pour avoir une meilleure vue globale des problèmes qui
ont des incidences sur vos personnels et sur les objectifs que vous
défendez, il n'y a pas d'autre façon que de faire tout
l'éclairage.
Réaffirme l'importance de la formation de base dans
l'organisation de l'enseignement et revendique que les balises du régime
pédagogique en tiennent compte tant dans le privé que dans le
public... On ne peut pas être contre ça. Tout le monde en
éducation revendique une formation de base plus forte, plus valable, qui
permette de chapeauter une formation un peu plus pointue, mais d'abord sur une
formation de base. On ne donne pas de la spécialisation avant une
formation de base et on réclame de plus en plus, on devrait avoir comme
objectif que tous nos jeunes aient au moins un diplôme d'études
secondaires. C'est quoi, un diplôme d'études secondaires? C'est de
la formation de base. Quand on dit: On vise un objectif de 100 % au moins,
c'est parce qu'on veut raffermir la formation de base. Non, moi, je veux
m'arrêter là parce que ça ne me donne rien de vous laisser
voir que j'aurais 10, 12 questions de fond. C'est vrai que j'en aurais, mais
dans une perspective où on débattrait de ce qui vous
préoccupe le plus. Ce qui vous préoccupe le plus, vous l'avez
très bien exposé dans votre mémoire articulé, bien
étoffé. Et moi, je conclus en vous disant merci pour votre
réflexion, je vais m'en servir dans d'autres débats, d'autres
discussions, toujours liés à l'éducation, mais on est
d'accord avec votre position.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député d'Abitlbi-Ouest. Nous avons largement
dépassé le temps, mais... Mme la députée de
Bourget, très, très rapidement, s'il vous plaît.
Mme Boucher Bacon: Vous parlez du sous-financement pour les
professeurs. J'aimerais savoir... vous avez des études pour... On va
prendre au secondaire. Un professeur au secondaire dans une école
publique gagne combien? Première année de secondaire.
M. Cholnière: Très rapidement, ça
dépend de son niveau de scolarité et de son niveau
d'expérience.
Mme Boucher Bacon: Bon, donnez une base, 18 ans de
scolarité.
M. Choinière: À 18 ans? 18, première
année, ça doit être autour, si je me souviens bien, de 32
000 $.
Mme Boucher Bacon: 32 000 $. Ça, dans le secteur
public.
M. Cholnière: Oui.
Mme Boucher Bacon: Dans le secteur privé, avez-vous une
idée?
M. Choinière: Généralement, la règle
qui se passe, pour plusieurs établissements, c'est 10 % de moins. C'est
par pourcentage.
Mme Boucher Bacon: Alors, ça fait... En pourcentage,
ça fait combien?
M. Choinière: 3200 $ de moins. Disons, 28 000 $.
Mme Boucher Bacon: 28 000 $. Et s'il y avait une cotisation
syndicale avec votre syndicat, ce serait combien si on le mettait au secteur
public?
M. Choinière: Ce serait la même parce que la
cotisation est au pourcentage.
Mme Boucher Bacon: Elle est au pourcentage, mais...
M. Choinière: Oui.
Mme Boucher Bacon: ...ce serait combien?
M. Choinière: Notre cotisation syndicale...
Mme Boucher Bacon: Oui.
M. Choinière: ...est au pourcentage.
Mme Boucher Bacon: Mettons que je le prends à 28 000
$.
M. Choinière: Actuellement, notre cotisation, c'est 0,005
% du salaire de l'individu. Donc, s'il gagne moins, il paie moins.
Mme Boucher Bacon: Mais à 28 000 $? M.
Choinière: II paie moins qu'à 32 000 $.
Mme Boucher Bacon: Mais ce serait combien?
M. Choinière: 0,005 % de la différence entre 28 000
$et32 000 $.
Le Président (M. Gobé): 150 $.
Mme Boucher Bacon: 150 $ par année?
M. Choinière: Oui.
Mme Boucher Bacon: Seulement.
M. Choinière: Oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que cela vous
satisfait, Mme la députée de...
Mme Boucher Bacon: Non, non. Je voulais savoir. C'était un
questionnement.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, Mme la
députée de Bourget.
Mme Boucher Bacon: Je m'imaginais que c'était beaucoup
plus que ça. C'était un questionnement.
M. Choinière: Mais pour la madame, j'aimerais qu'elle
vienne avec moi au pensionnat de Compton où ils gagnent 65 % du secteur
public, à 6 $ l'heure.
Mme Boucher Bacon: Mais c'était un questionnement que je
me faisais...
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez lui adresser
l'invitation à son bureau de circonscription électorale.
Mme Boucher Bacon:... pour avoir un barème.
M. Choinière: On les a syndiqués quand
même.
Le Président (M. Gobé): Elle va se faire un plaisir
d'y aller avec vous.
M. Choinière: Ils sont 12 personnes. Mme Boucher Bacon:
Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): M. Choinière, je
vous remercie beaucoup.
M. Choinière: Est-ce que je pourrais conclure,
monsieur...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, le mot de
la fin?
M. Choinière: Monsieur, j'aimerais prendre deux minutes
pour conclure aussi. C'est un peu en dehors des règles...
Le Président (M. Gobé): Quant à y aller,
allons-y.
M. Choinière: Oui. Quant à y aller, hein?
Rapidement, je salue la transparence de M. le ministre sur les chiffres qu'il
peut nous publier et ainsi de suite. Donc, j'espère que notre
recommandation de rendre publics les états financiers, ça va
faire partie aussi de sa transparence. Je pense que, sur ça, c'est
très clair. Et ça se produit dans le concret. Il y a, cette
année, des entreprises privées, des écoles privées
qui refusent de publier et c'est transmis par la loi au ministre.
Deuxièmement, sur la formation d'appoint, très rapidement.
Oui, c'est peut-être des lettres d'un an, mais Mme la ministre Robillard
a dit ce matin, ce matin, que les quotas dans la loi, c'est pour la formation
professionnelle. Ça a été dit ce matin.
Deuxièmement, ce dont on s'Inquiète, ce n'est pas que IBM
donne des cours à ses employés. Ce n'est pas de ça qu'on
s'inquiète. C'est dévier le débat. Où on
s'inquiète, c'est quand la compagnie IBM ou une autre s'adresse à
une école pour donner ses cours, la loi ne les couvre plus. C'est
très clair que, pour la formation professionnelle d'appoint, la loi ne
s'applique pas aux entreprises d'éducation. Alors, on pose la question
claire: Pourquoi la loi, maintenant, contrairement à avant, permet
à des entreprises privées d'éducation de ne plus
être soumises à la loi? C'est ça, la question. Ce n'est pas
du tout si on veut savoir si la CSN donne des cours ou pas à ses
salariés. Mais pourquoi la CSN, comme employeur qui s'adresse à
une école, là l'école n'est plus couverte par la loi?
C'est ça qu'on questionne. Et ça, on n'a pas eu de
réponse. SI ce n'est pas l'intention, pourquoi on n'écrit pas
ça comme avant? Que l'école qui donne des cours d'appoint de
formation professionnelle, mais l'école, elle, doit être soumise
à un permis.
Je terminerai aussi en disant que sur toute la question avec le
fédéral, on dit très, très bien que la formation
professionnelle, ça fait partie de l'éducation, que le
fédéral ne doit pas s'ingérer dans la formation
professionnelle et que l'éducation, ça relève de la
province. Une fois rendu au Québec, on aimerait très bien, on
partage que ça devrait être la même chose: le seul
maître d'oeuvre, c'est le ministère de l'Éducation.
Je termine en remerciant les gens et en espérant qu'on pourra se
parler dans d'autres circonstances.
Le Président (M. Gobé): Merci. M. Choinière.
Ce n'est pas fini encore. M. le ministre, un petit mot de conclusion.
M. Pagé: Je voudrais vous remercier de votre
présentation. Je voudrais vous indiquer ma disponibilité à
avoir des échanges autrement que dans le cadre formel des commissions
parlementaires ici. D'ailleurs, j'aurai l'occasion, je me propose de vous
rencontrer au cours de l'automne pour voir avec vous les différents
sujets. Je crois qu'on sera en mesure de vous sécuriser en ce qui
concerne la formation professionnelle. En
fait, ma position, comme ministre de l'Éducation, elle est
à la fols simple et claire. À partir du moment où la
démarche se réfère à un contenu pédagogique,
le ministère de l'Éducation doit avoir l'autorité.
Cependant, le ministère de l'Éducation n'a pas, lui,
à déterminer le nombre de professionnels dans un secteur
donné, au niveau des bassins de maln-d'oeuvre, ce qui sera requis, etc.
D'ailleurs, on a vu le problème avec certains métiers, si ma
mémoire est fidèle, les électriciens, depuis environ six
mois. Ça, la main-d'oeuvre a une responsabilité. Le
ministère de l'Éducation n'a pas à aller dire aux
entreprises: Vous devriez faire abc pour la formation permanente de vos
employés. Cependant, le ministère de l'Éducation a
l'obligation, selon moi, d'être prêt à répondre en
tout temps aux besoins des entreprises, aux besoins identifiés, que ce
soit en collaboration avec la Main-d'oeuvre et Sécurité du
revenu, avec les commissions de formation professionnelle ou autres; nous on a
l'obligation de donner le contenu. C'est comme ça que ça va se
passer et ça chemine très bien.
Merci beaucoup d'être venus. Une dernière chose, les
documents - vous nous parlez des états financiers - compte tenu que
c'est un organisme subventionné, vous avez le droit de les avoir via la
loi d'accès à l'information.
M. Choinière: On est actuellement en appel parce que
ça a été refusé.
M. Pagé: Ah oui? Je ne porterai pas de jugement sur la loi
d'accès à l'information. Depuis six mois que je n'ai plus de
problèmes avec eux autres.
M. Choinière: On a gagné devant la Commission
d'accès à l'information et l'employeur est allé en appel.
On est actuellement en appel.
M. Pagé: O.K. Je regarderai ça.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Choinière. M. le ministre. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Pagé: Si vous permettez. Pouvez-vous m'envoyer - vous
devez certainement avoir la statistique, très rapidement je vous pose la
question. De plus en plus, les institutions d'enseignement privé qui ont
été bâties par les communautés religieuses au
Québec, il faut penser d'abord que c'est un phénomène
irréversible, l'aspect laïque éventuel de ces grandes
Institutions - pourrlez-vous me faire parvenir des données sur le nombre
d'Institutions où les enseignants sont associés en termes de
relais des communautés religieuses et où ils sont associés
comme gestionnaires des écoles?
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, M. Choinière. Ceci met fin à votre intervention. Vous
voyez, le fait que nous soyons en saison estivale permet d'allonger un peu le
temps. Si nous étions en session pleine, nous devrions suivre le
règlement d'une manière beaucoup plus stricte à cause des
autres activités. Toute chose a un bon côté. Cela dit, je
vous remercie beaucoup et je suspens les travaux une minute pour permettre au
groupe suivant, qui est ACEF-Centre de Montréal, de prendre votre place.
Merci beaucoup et bonne journée!
(Suspension de la séance à 11 h 43)
(Reprise à 11 h 48)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez bien prendre place autour de la table, car nous allons reprendre le
déroulement de cette commission. Il me fait plaisir d'accueillir les
représentants de l'ACEF-Centre. Je vous rappelle très rapidement
que vous avez en général 60 minutes: 20 minutes pour expliquer
votre mémoire ou un point de vue et, par la suite, nous dialoguerons. Si
on finit un petit peu avant, eh bien, à ce moment-là, nous
ajournerons les travaux jusqu'à cet après-midi. Sans plus
attendre, j'aimerais que la représentante du groupe se présente
et présente la personne qui l'accompagne.
ACEF-Centre
Mme Rozon (Louise): Merci, M. le Président. À ma
droite, je vous présente Me Chantai Francoeur, qui travaille à
l'ACEF-Centre, et moi-même, Louise Rozon, qui suis la directrice de
l'ACEF-Centre.
Le Président (M. Gobé): Bonjour, mesdames. Je vous
prierais de commencer votre exposé.
Mme Rozon: Merci. Nous représentons une association de
consommateurs qui travaille depuis le début des années
quatre-vingt à défendre et à promouvoir les droits et les
intérêts des consommateurs et consommatrices. Plus de 6000
personnes font appel à nos services annuellement. Alors, nous offrons
des consultations budgétaires, un service d'aide aux consommateurs, des
cours sur le budget, des sessions d'information également sur la Loi sur
la protection du consommateur. Nous publions également un magazine, qui
est le magazine Consommation, qui a remplacé la revue S'en
Sortir, qui est publiée par l'ACEF-Centre depuis 1983. C'est un
magazine qui vise essentiellement à informer les consommateurs de leurs
droits et également des problèmes de consommation qui existent.
Nous développons également des dossiers d'action. Pour en citer
quelques-uns, également depuis le début des années
quatre-vingt, nous avons fait état publi-
quement des problèmes reliés aux divers cours de
croissance personnelle. Ce dossier a donné lieu à la
création d'un organisme qui s'appelle Info-Croissance et qui vise
à informer les gens intéressés par ce type de formation.
Nous avons également développé un dossier concernant les
agences de mannequins et d'artistes parce qu'on a reçu de très
nombreuses plaintes concernant ce type d'entreprises et nous avons
publié, l'année dernière, un guide d'informations
intitulé Le Rêve démaquillé, où il est
également question des écoles de mannequins.
C'est dans le cadre de notre service d'aide aux consommateurs
qu'à l'ACEF-Centre nous avons reçu des plaintes relativement aux
écoles privées. Alors, c'est pourquoi nous avons jugé bon
d'intervenir, suite au dépôt du projet de loi 141, afin de nous
assurer que les droits des consommateurs soient bien représentés.
Sans plus tarder, je laisse la parole à Me Chantai Fran-coeur, qui va
vous faire part du contenu de nos recommandations.
Le Président (M. Gobé): Mme Francoeur, vous avez la
parole.
Mme Francoeur (Chantai): Merci. Pour les quelques minutes
à notre disposition, nous aimerions vous montrer, à l'aide de cas
précis, le cheminement parcouru par l'ACEF-Centre pour en arriver
à formuler les recommandations que vous avez pu lire dans notre
mémoire. Ainsi, vous pourrez juger de façon plus
éclairée de la protection qu'offre le projet de loi aux
consommateurs et vous en arriverez à la même conclusion que nous:
Le projet de loi n'assure pas une protection adéquate aux consommateurs
et consommatrices.
L'ACEF-Centre a recueilli une centaine de plaintes sur les écoles
privées au cours des trois dernières années. Ces plaintes
concernent principalement des écoles donnant de la formation
professionnelle, c'est-à-dire de la formation reliée à un
travail ou à l'amélioration de l'em-ployabilité. Les
étudiants qui versent jusqu'à 15 000 $ à une école
pour une formation d'un an sont en droit de s'attendre à des cours de
qualité, à des enseignants bien qualifiés et disponibles
et à du matériel didactique en quantité suffisante. Ils
sont en droit de s'attendre à ce que l'école remplisse ses
promesses, car c'est sur la foi de ces promesses qu'ils se sont inscrits et ont
décidé de consacrer une année de leur vie à une
formation qui doit leur permettre d'avoir un emploi. Or, à la
lumière des plaintes reçues à l'ACEF-Centre, ce n'est
malheureusement pas toujours le cas. Dans certaines écoles de formation
professionnelle, la qualité et la disponibilité des enseignants
et du matériel sont déplorables. Permettez-nous de douter, par
conséquent, de la qualité de la formation offerte. Chez Institut
Carrière et Développement, les formateurs sont recrutés
parmi les anciens étudiants. Ils n'ont aucune formation en andrago-gie,
ne connaissent que des réponses toutes faites aux problèmes,
donnent très peu de renseignements, et il faut faire la file pour les
rencontrer. Aucun plan de travail n'est remis, aucun échéancier.
Les livres sont désuets, les brochures remises sont mal imprimées
et mal traduites de l'anglais. Les ordinateurs sont en nombre insuffisant et II
faut arriver à 7 heuros le matin pour en trouver un de disponible. On
avait pourtant promis plus à ces étudiants, entre autres: 2
tuteurs pour 15 élèves plutôt qu'un seul, des ordinateurs
toujours disponibles, une formation solide en 7 mois alors que ce n'est pas le
cas.
À cette même école, on a promis à un
étudiant qu'il se trouverait un emploi rémunéré
à au moins 20 000 $ par année, et ce, dès la fin de sa
formation. Six mois après son cours, il était toujours sans
emploi et le service de placement de l'école lui disait d'attendre son
téléphone. On a aussi promis à un étudiant qu'il
ferait son stage chez IBM, ce qui s'est avéré faux. À
l'Académie de commerce, on promettait des emplois de caissières
dans les banques. Quelques appels aux banques ont montré que ces
dernières n'avaient jamais engagé de finissantes de cette
école et n'avaient même jamais entendu parler de cette
école.
Au Collège d'informatique Marsan, un professeur donne son cours
le lundi, mais n'est disponible pour répondre aux questions de ses
étudiants que le jeudi. Les semaines doivent être de 32 heures,
mais les étudiants ne reçoivent que 20 heures de cours. Au
Collège technique de Montréal, la documentation remise est
uniquement en anglais. De nombreux documents ne sont que des photocopies de
catalogues de machinerie lourde. La formation est censée être de
50 heures, alors qu'elle ne dure que 34 heures. Au Collège Inter DEC, la
formation donnée est tellement mauvaise que même les professeurs
disent à leurs étudiants qu'à leur place, ils quitteraient
l'école. Leur publicité mentionne aussi l'existence d'un service
de placement. Quand les étudiants s'informent de ce service, ils se font
répondre: On ne s'occupe pas de ça. De nombreux étudiants
se sont plaints à l'ACEF-Centre de perte de temps, de cours qui ne sont
pas à jour par rapport au marché du travail et, surtout, de
non-respect de la publicité ou des promesses faites lors de rencontres
individuelles ou de réunions d'information. L'ACEF-Centre a
elle-même procédé au recensement d'une vingtaine
d'écoles, a choisi des noms parmi les noms les plus populaires
auprès des étudiants.
Les sommes investies varient de 2000 $ à 15 000 $ pour un an.
C'est beaucoup d'argent Les étudiants qui fréquentent ces
écoles ont tous entre 20 et 30 ans. Donc, c'est une clientèle qui
cherche du travail rapidement. Les exigences de ces écoles: un
secondaire IV dans 50 % des cas.
Donc, on peut penser que de nombreux décro-cheurs se retrouvent
dans les écoles de formation professionnelle. C'est une clientèle
défavorisée qui s'endette et qui n'a pas les moyens d'être
arrêtée longtemps.
On a pu constater, lors de notre recensement, plusieurs méthodes
agressives de vente. Par exemple, un téléphone pour demander
qu'on nous envoie un pamphlet. On téléphone pour avoir de
l'information et on nous demande de nous envoyer un pamphlet et, le lendemain,
on reçoit un téléphone pour nous dire qu'on est inscrit
à une session d'information alors qu'on ne l'a pas demandé.
De nombreuses infractions à la loi qui existe présentement
en ce qui concerne les pénalités s'il y a abandon des cours ont
aussi été constatées. Entre autres, dans plusieurs
écoles, on exige 20 % des cours non suivis, le paiement de 20 % des
cours non suivis plutôt que 10 %. Toutes ces données nous font
Insister sur la protection qui doit être accordée aux
étudiants, non seulement au niveau de la formation et du contenu des
contrats, mais aussi au niveau de la résiliation de ces contrats et de
la publicité faite par ces écoles. Nous voulons aussi attirer
l'attention sur la latitude accordée au ministère quant à
l'approbation des programmes d'enseignement et quant aux qualifications
requises des enseignants. Un contrôle serré, d'après nous,
est essentiel et les dérogations aux normes doivent être des
exceptions.
Les étudiants fréquentant les écoles privées
de formation professionnelle désirent se retrouver sur le marché
du travail rapidement. Les écoles le savent et axent leur
publicité là-dessus. Elles frôlent l'Infraction à la
Loi sur l'enseignement privé actuellement en vigueur en garantissant en
quelque sorte un emploi aux étudiants; on peut parier de fausse
publicité.
Enfin, l'ACEF-Centre veut Insister sur le fait que le ministère
de l'Éducation doit avoir des inspecteurs en nombre suffisant pour
contrôler certaines écoles sans scrupules. À tout le moins,
il doit donner suite sans délai aux plaintes logées par les
étudiants. Tous les étudiants qui se sont adressés
à l'ACEF-Centre ont dit qu'ils craignaient de perdre leur diplôme,
avaient peur d'être renvoyés, étaient effrayés par
la direction. Ils nous ont dit: Tout le monde est insatisfait, mais personne ne
se plaint. La plupart des étudiants ont peur de se plaindre. Les
étudiants ont peur que l'école ferme s'ils se plaignent. Aussi,
nous considérons qu'il faut prendre avec beaucoup de sérieux le
dépôt d'une plainte et y donner suite Immédiatement;
autrement, les étudiants subissent de trop graves préjudices.
À l'Institut informatique appliquée, les étudiants
attendaient de 45 minutes à une heure avant de pouvoir rencontrer un
professeur. Les salles d'ordinateurs étaient bondées. Un ancien
étudiant était là pour essayer de répondre aux
questions, mais n'était que très rarement en mesure de le faire
adéquatement. Des plaintes ont été déposées
rapidement, mais l'Institut a fonctionné pendant trois ans avant qu'on
ne lui retire son permis. Les étudiants ont perdu temps et argent. Ils
se sont retrouvés endettés, sans diplôme, à cause
d'une lenteur de réaction inadmissible. Nous demandons donc au ministre
de corriger l'incongruité présente qui fait qu'avec le projet de
loi, un étudiant qui investit 10 000 $ pour une formation
professionnelle qui va le mener à un emploi est moins
protégé que quelqu'un qui investit 30 $ dans un cours de
macramé. (12 heures)
J'aimerais maintenant simplement reprendre rapidement les
recommandations de l'ACEF. Le champ d'application de la Loi sur l'enseignement
privé doit Inclure toutes les activités éducatives
touchant la formation reliée à un travail ou
l'amélioration de l'employabilité; les dispositions du projet de
loi concernant la protection des consommateurs doivent faire l'objet
d'améliorations importantes et d'une amélioration avec le droit
généralement applicable dans le domaine de la protection des
consommateurs au Québec; un contrat de services éducatifs doit
être signé par les parties avant le début des services et
une copie doit être dès lors remise au consommateur; ce contrat
doit faire explicitement état de tous les coûts qu'encourra
l'étudiant relativement à ce contrat ou à tout contrat
accessoire, et l'établissement doit fournir tout bien ou service
nécessaire à l'activité éducative; le prix des
services ne doit pas pouvoir varier en fonction du nombre de versements
effectués; les modalités de résiliation des contrats
doivent être modifiées de façon à ce que le
consommateur puisse résilier le contrat sans frais avant le début
des cours et jusqu'à la fin de la plus courte des périodes
suivantes, soit trois journées où ont lieu des activités
éducatives ou l'écoulement de 10 % de la durée totale des
activités de formation; les pratiques publicitaires des
établissements doivent être encadrées de telle sorte que
les consommateurs soient adéquatement informés de la nature et de
l'identité des institutions avec qui ils prennent contact; que les
établissements ne puissent annoncer ou laisser croire, directement ou
indirectement, que la formation permet d'obtenir un emploi ou y contribue; que
les établissements ne puissent faussement annoncer ou laisser croire
qu'ils préparent leurs élèves à l'exercice d'une
profession ou d'un métier; que les établissements ne puissent
affirmer dans leur réclame que les étudiants pourront obtenir
diverses formes de soutien financier, à moins que ce ne soit assorti de
toutes les réserves requises pour permettre au consommateur de
déterminer s'il aura effectivement droit à l'un ou l'autre de ces
avantages.
Un régime de cautionnement ou de compte en fiducie doit
être institué et doit assurer
l'indemnisation intégrale de tout étudiant subissant un
préjudice financier du fait de la perte de frais de scolarité
versés d'avance. La Loi sur l'enseignement privé doit autoriser
un consommateur à contredire un écrit valablement fait afin de
démontrer que l'opération réellement effectuée est
différente de ce que constate l'écrit. Les dispositions de la Loi
sur l'enseignement privé relatives à la protection du
consommateur doivent être explicitement décrétées
d'ordre public et il doit être explicitement Interdit d'y déroger.
La loi doit enfin exiger que tout établissement annonçant ses
services au Québec y détienne une place d'affaires, à
moins qu'il ne soit clairement Indiqué dans ces contrats qu'il
établit que sa place d'affaires est située hors du Québec.
Ce sont, en gros, les recommandations de l'ACEF-Centre.
Le Président (M. Gobé): Votre mémoire est
très clair et très édifiant. Je vais maintenant passer la
parole à Mme la ministre de l'Enseignement supérieur et de fa
Science qui va dialoguer avec vous pour une quinzaine de minutes à peu
près. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Mmes Rozon et
Francoeur, je dois vous dire que je suis très heureuse de vous entendre
aujourd'hui. Quand je regarde l'ensemble des intervenants qui viennent en
commission parlementaire, à mon point de vue, je pense que vous
êtes les seules à représenter l'opinion des
étudiants et des étudiantes. Alors, c'est très
précieux aux membres de la commission que vous ayez accepté de
venir en commission parlementaire. On a besoin d'entendre ce point de vue
là, celui qui reçoit les services, non pas celui qui les donne ou
celui qui les gère, mais celui qui les reçoit. Vous avez
apporté beaucoup d'exemples dans votre présentation, des exemples
très concrets. Si je ne m'abuse, je pense que plusieurs de ces
exemples-là sont des établissements collégiaux,
privés, sous permis, non subventionnés. Aux noms que vous disiez,
je pense qu'il y en a plusieurs qui sont sous permis, non subventionnés.
Le projet de loi qu'on étudie présentement, justement depuis le
début de la commission, on entend que le gouvernement fait
peut-être de la "contrôlite" aiguë avec le projet de loi. Si
je comprends bien le message que vous nous dites, on ne va même pas assez
loin pour protéger les étudiants et les étudiantes dans
certains des items que vous nous avez mentionnés. Est-ce le sens de
toutes vos recommandations que vous nous faites?
Mme Francoeur: En fait, c'est difficile de se prononcer
maintenant parce qu'il y a de nombreux règlements qui vont venir
clarifier le projet de loi. C'est effectivement le cas pour ce qui est de la
surveillance et de la qualité des cours qui sont donnés. C'est
aussi le cas au moment où sont logées des plaintes, qu'il y ait
immédiatement une Intervention et un contrôle serré des
écoles où il y a des plaintes. Comme je le disais, c'est
difficile de se prononcer pour le moment. Il y a de nombreux règlements
qui sont à intervenir: par exemple, quand le ministre va décider
si un programme peut déroger du programme normal; si les qualifications
des enseignants peuvent être différentes de ce qui est
prévu normalement. De ce point de vue là, c'est difficile de se
prononcer parce qu'il n'y a aucun critère qui nous permet de dire
comment cette discrétion-là va être assurée. Quant
à nous, la discrétion qui est accordée au ministère
est assez large et peut-être trop large à ce point de vue
là.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Pagé: Merci, Me Francoeur, Mme Rozon. Bienvenue ici
chez nous, c'est chez vous. Vous mettez l'accent sur un problème
très particulier, qui est aussi aigu, à l'égard du droit
pour un citoyen de recevoir une qualité, une quantité de services
donnés en fonction d'un contrat. C'est tout à fait
légitime. Vous donnez certains exemples qui constituent, en quelque
sorte, un genre, entre guillemets, de dossiers noirs ou de dossiers très
questionnables sur la conduite, en termes d'activité et de contenu,
d'entreprises qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation au
Québec.
Ma position comme ministre de l'Éducation à cet
égard-là se reflète dans le projet de loi. Quand j'ai
indiqué que notre volonté de faire en sorte que tout ce qui
s'appelle formation personnelle et sociale soit distrait de la juridiction du
ministre de l'Éducation pour être placé sous
l'autorité de la protection du consommateur, l'objectif, c'est quoi?
C'est très simple. Au départ, je constate - ça,
j'apprécie parce que vous l'avez dit dans votre mémoire - que
vous ne donnez pas un tableau de l'enseignement privé au Québec.
Vous ne référez pas, exemple... Il ne faudrait pas que les gens
qui nous écoutent ou qui nous liront en viennent à la conclusion
que les écoles privées du Québec ont chacune dans leur
placard, chacune de ces écoles a une espèce de cadavre comme ceux
auxquels vous venez de référer. L'enseignement privé au
Québec en général, qu'il soit primaire, secondaire ou
collégial, va bien. Il y a des problèmes, cependant, dans un
secteur que vous identifiez, que vous cernez, qui est celui dit de la formation
professionnelle.
Madame, je vous dirai, moi, que j'ai vu... Depuis que je suis
arrivé au ministère, j'ai été sensibilisé
à des cas comparables à ceux auxquels vous référez
aujourd'hui, des gens qui s'Inscrivent, dans les faits, à un cours de
formation personnelle, qui croient cependant, à la lumière
des représentations qui ont été faites, s'inscrire
à un cours de véritable formation professionnelle parce qu'ils
ont dans la perspective d'aller chercher un emploi, de gagner leur vie et de
contribuer à la société. À la fin du cours, ils
constatent qu'il n'y a pas de diplôme. Il n'y a rien pour venir valider
cette démarche éducative là, parce que le permis
émis par le ministre de l'Éducation de l'époque
référait uniquement à de la formation personnelle et
sociale.
Donc, si le projet de loi est adopté, il va être
adopté avec des modifications, j'en conviens, je l'ai
évoqué hier. À cet égard-là, c'est
très clair que tout ce qui s'appelle formation personnelle et sociale ne
devra plus faire l'objet d'un permis émis par le ministre de
l'Éducation pour un certain nombre de motifs. Le premier, il ne faut pas
se faire de cachette, le ministre de l'Éducation, dans certains
éléments de ces cours, n'a aucune capacité de juger ou
d'apprécier, il n'a pas les effectifs pour ce faire, etc. Je pourrais
donner un certain nombre d'exemples: cours de danse moderne, entre vous et mol,
je ne pense pas avoir la juridiction d'aller définir le profil du
contenu d'un cours de danse moderne; je m'excuse, là. Sauf que je crois,
je n'ai pas validé ça, mais je suis quand même un
consommateur et un citoyen moi aussi, que le simple fait, pour certaines de ces
institutions, de pouvoir mettre ou placer dans leur publicité "permis du
ministère de l'Éducation", ça accrédite, madame,
tout ce qui se passe dedans, peu Importe le contenu, peu Importent les
équipements, etc.
Donc, premier élément du projet de loi, on divise
très clairement ce qui est formation personnelle et sociale et on
retient ce qui est professionnel ou encore ce qui est identifié comme
étant professionnel ou encore ce qui doit conduire à une
validation de connaissances par un diplôme, une attestation, une
reconnaissance quelconque. Ça, c'est ma position comme ministre de
l'Éducation. À ce moment-là, tout ce qui sera formation
personnelle sera transféré sous la juridiction de la Loi sur la
protection du consommateur. D'ailleurs, vous dites que la loi a davantage de
dents à cet égard-là pour protéger le consommateur
que nos lois à nous. Pour le reste, là où II y a un
contenu pédagogique, le ministère pourra investir tout son temps,
toute sa démarche, tous ses efforts sur l'application des régimes
pédagogiques. Le respect des profils de cours annoncés,
formulés, proposés aux gens, la vérification des
équipements didactiques ou du matériel didactique en support
à cette démarche, tout ce que je peux souhaiter, c'est de vous
dire, aujourd'hui, merci de ce que vous nous donnez comme tableau. Et je vous
dirai pourquoi plus tard. Je veux vous assurer que ma collègue et moi,
nous sommes très, très sensibilisés à ces
questions-là. Un autre élément que je trouve
intéressant et que je n'exclus pas, je ne dis pas que je l'accepte,
là, je vais l'étudier sérieuse- ment, c'est le fait que,
dans certaines écoles - et je parle bien dans une démarche devant
conduire à une attestation, à un diplôme ou à une
attestation - je trouve ça intéressant, votre proposition qu'on
ait un genre de fonds en fiducie, garantissant que si, comme c'est
déjà arrivé à Québec il y a quelques
années, les élèves se présentent à
l'école le matin et elle est fermée, il n'y en a plus, ils sont
partis, après qu'ils eurent déboursé des sommes
importantes. Ça, ça ne me répugne pas pour des secteurs
très particuliers. Là, je dis aux gens du privé, je n'irai
pas... Le simple fait d'évoquer ça, ça ne veut pas dire
une règle d'application générale, mais compte tenu de
ça, compte tenu que, souventefois à part ça, ces
entreprises n'ont pas de racines, ont une expérience limitée,
souventefois, les actionnaires ont changé régulièrement,
malgré une vie qui est courte, on est bien conscients de ça.
Pourquoi je vous remercie aussi? Je vais vous le dire. Il y a une
école de pensée - pas dans le gouvernement - au ministère
de la Main-d'oeuvre qui soutient ceci: Une entreprise privée -
là, je parle de la formation professionnelle - devrait avoir le droit de
bâtir des contenus de cours, de donner des cours sans que le
ministère de l'Éducation ait juridiction. D'ailleurs, quand la...
on va référer à des lettres qu'ils se sont
échangées, je pense que c'est clair, c'est public, il y a une
école de pensée au ministère de la Main-d'oeuvre qui
soutient ça. Et moi, ma réponse comme ministre de
l'Éducation, c'est la suivante: Je ne crois pas qu'il y ait des
entreprises privées au Québec demain matin qui soient
disposées, intéressées à investir 15 000 000 $, 20
000 000 $, 25 000 000 $, 30 000 000 $ pour une école de formation
professionnelle dans des secteurs aussi spécialisés que
l'aérospatiale, dans des secteurs aussi spécialisés que la
construction, les plastiques. Si jamais II y en avait qui étaient
intéressés, de toute façon, Ils viendraient nous voir, ils
viendraient cogner à notre porte, soit à l'Industrie et Commerce
ou ailleurs parce qu'ils ne voudraient pas faire affaire avec
l'Éducation et ils nous diraient: Messieurs, dames du gouvernement,
pourriez-vous nous faire des prêts garantis, etc.? Il y en a des
écoles privées dans certains secteurs, il y en a qui font un bon
travail dans le secteur de la manipulation des aliments, dans le secteur de la
coiffure; il se fait de belles choses, mais vous donnez des exemples... Les
exemples que vous donnez aujourd'hui et qui, j'en conviens, pour ceux que vous
avez cités ou évoqués, réfèrent au
collégial. Je pense qu'on doit tirer des conclusions des exemples que
vous avez donnés, madame. Je vais me permettre d'acheminer ce
mémoire au-delà de mon ministère. Si vous avez des cas qui
relèvent du secondaire, n'hésitez pas à nous les
communiquer. On est accessibles, vous savez. Et on ouvre notre courrier. Mais
je peux vous assurer... Oui,
oui. C'est parce que souventefois les gens, peut-être parce que tu
as déjà été ministre, mon ami François, je
ne dis pas que c'est à cause de toi, souventefois tes gens se disent:
Bien, les ministres n'ont pas le temps de lire le courrier et ils n'ont pas le
temps de s'en occuper. Its s'en occupent. Ne soyez pas inquiets. Comme tu
faisais probablement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Alors, merci d'être venues. Puis si vous
avez d'autres cas...
Le Préskient (M. Gobé): M. le ministre, soyez
assuré que l'ensemble des députés autour de cette table
ont pris bonne note de vos dernières paroles.
M. Pagé: Oui, oui. D'ailleurs, s'il y en a un qui devrait
le savoir, c'est bien vous, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Moi-même, M. le
ministre, je peux absolument confirmer ce que vous venez de dire. Comme
président du caucus de l'est de Montréal, on n'est jamais en mal
de réponse à nos lettres. Donc, vous les lisez.
M. Pagé: Vous avez un commentaire.
Mme Rozon: J'aimerais...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame.
Mme Rozon: ...ajouter quelque chose. Une de nos recommandations,
c'est qu'on demande que les écoles qui offrent des cours de formation
d'appoint en vue d'obtenir un emploi soient couvertes par la loi. Quand vous
parlez de formation qui est rattachée au secondaire, est-ce que les
écoles qu'on a énumérées, et c'est concernant ce
type d'école là qu'on reçoit le plus de plaintes, est-ce
que c'est des écoles qui vont être couvertes par la Loi sur
l'enseignement privé? (12 h 15)
M. Pagé: Elles pourraient l'être. Elles devraient
l'être, selon moi, madame, en autant que ça conduit à une
sanction, une diplomatfon et une attestation.
Mme Rozon: O.K.
M. Pagé: Je vais vous donner un exemple. Vous avez
évoqué tout à l'heure un cas où la
démarcation est difficile à faire. On m'a donné l'exemple:
cours d'initiation à l'informatique.
Mme Rozon: Oui, oui.
M. Pagé: Ça peut être considéré
et inter- prété comme étant un cours de formation
personnelle et sociale. Mol, comme citoyen, je décide d'aller suivre un
cours d'initiation à l'Informatique. Le ministre de l'Éducation
ou l'autorité gouvernementale a très certainement, dans les cas
qu'on a vus, émis un permis pour dispenser ce cours, mais en fonction
d'un cours de formation personnelle et sociale.
Mme Rozon: Oui. O.K. En fait, le critère...
M. Pagé: Et, une fois qu'ils sont Invités à
venir suivre ce cours, il n'est pas exclu que ces écoles-là leur
vendent le cours sur la fol d'une diplomation, d'un emploi, etc. Ça, je
veux que la démarcation soit faite.
Mme Rozon: Oui.
M. Pagé: Puis, si je peux être plus clair, que
Michel Pagé décide d'aller suivre un cours de fine cuisine - il y
en a, des cours qui se donnent comme ça - pour sa culture personnelle,
selon moi, le ministère de l'Éducation n'a pas d'affaire
là. Cependant, si c'est dans la perspective de travailler dans un
emploi, là, le ministère de l'Éducation a affaire
là. Ça, c'est ma position.
Mme Rozon: Et à l'égard...
M. Pagé: Je comprends que la démarcation n'est pas
facile à faire, d'où l'intérêt pour nous d'exclure
les permis dans ce qui est formation personnelle et sociale, mais que ce soit
clair, public, que ce ne soit pas cautionné par la mention
"autorisé et validé par le ministère de
l'Éducation" en dessous. Puis, pas de permis, pas de diplôme.
Mme Rozon: Oui. Ça, à ce niveau-là, on est
tout à fait d'accord. On a reçu aussi beaucoup de plaintes
d'écoles qui détenaient un permis de culture personnelle et qui
utilisaient le permis comme caution, et ça posait de sérieux
problèmes.
M. Pagé: C'est ce que le projet de loi vise. On vise
à mettre de l'ordre dans ça.
Mme Rozon: C'est ça. Et l'autre recommandation qui vise
à ce que les utilisateurs de services éducatifs soient aussi bien
protégés que les gens qui suivent, justement, des cours de
culture personnelle, d'autant plus que les sommes Investies sont importantes,
on aimerait avoir votre point de vue là-dessus.
M. Pagé: En fonction d'une diplomation, vous parlez?
Mme Rozon: Oui. Pour ce qui est du projet de loi et des
dispositions qui concernent la protection du consommateur, on adresse une
série de recommandations pour qu'elles soient en harmonie avec
les dispositions déjà présentes dans la Loi sur la
protection du consommateur, avec certaines adaptations nécessaires,
compte tenu du contexte. Mais est-ce qu'on peut s'attendre à ce que le
projet de loi soit amélioré à l'égard de la
protection qui est offerte au consommateur?
M. Pagé: Je pense que j'ai évoqué... C'est
ce à quoi j'ai référé tout à l'heure. Votre
mémoire, il est étudié. On va regarder ça. Le
projet de loi, je pense que c'est reconnu maintenant, va faire l'objet de
modifications. Mais je vous répète que pour ce qui est de la
formation personnelle et sociale, je vous ai dit ce qui en était. Pour
le reste, on devra s'assurer de la capacité de l'Institution de bel et
bien donner le cours à partir du canevas pédagogique qui le
prescrit, qu'ils aient le matériel nécessaire. Soyez
persuadée qu'on est de bonne foi et qu'on est très sensible
à ça.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, madame. Je vais maintenant passer la parole, au nom de l'Opposition
officielle, à Mme la députée de Terrebonne. Madame, vous
avez la parole.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
important de souligner à quel point l'ACEF a toujours participé
et démontré une présence plus qu'active dans tous les
grands débats publics. Vous le faites d'une manière
particulièrement intéressante pour la loi 141. Parce que vous
êtes les seuls, comme a dit le ministre, à nous donner le point de
vue des consommateurs, mais aussi, je pense que vous êtes le groupe qui
est allé le plus loin dans votre texte sur le côté
juridique du projet de loi. Vous êtes vraiment ceux qui sont allés
le plus loin.
Dans votre présentation, vous nous avez donné des exemples
très précis, très concrets, ce qui était facile
pour la compréhension. Dans le texte, vous êtes le groupe qui
retouche le plus d'articles. Tout le contenu de votre mémoire est
pratiquement une bible pour les juristes qui auront à se pencher sur la
loi 141 parce que vous avez touché à peu près tous les
articles, même si on se serait attendu uniquement au point de vue des
consommateurs. Vous avez vraiment retouché et toujours en assurant
l'angle de la protection, ce qu'on n'a pas senti dans les autres
mémoires.
Ce qu'on croyait au moment du dépôt de la loi 141 parce que
les groupes de consommateurs et consommatrices avaient souvent demandé
une meilleure protection du côté de la croissance personnelle, des
cours de culture personnelle. En transférant les juridictions sous la
Loi sur la protection du consommateur, on pouvait croire, au premier abord, que
tous les problèmes étaient réglés. Votre
mémoire vient démontrer qu'au contraire, vous nous dites que la
protection accordée aux consommateurs des services qui seraient
régis par le projet de loi 141 est, dans certains cas, inférieure
à celle qui est présentement accordée aux
étudiants.
Vous avez clairement démontré au niveau des contrats la
détermination des prix, au niveau des recours, des modes de
contrôle, les ambiguïtés qui pouvaient rester dans la loi.
Vous arrivez à nous démontrer clairement, par des exemples, qu'en
réalité, concrètement, une personne qui suit un cours de
formation professionnelle d'appoint et qui a des coûts d'à peu
près 10 000 $ sera moins protégée qu'une personne qui suit
un cours de culture personnelle à 30 $. Et ça, je vous avoue que
je trouve ça drôlement inquiétant.
C'est pourquoi, je pense, à la page 7 de votre mémoire,
vous souhaitez que tous les services éducatifs qui sont reliés
à une possibilité d'emploi soient vraiment couverts, qu'on ne se
retrouve pas dans un vide pour les consommateurs. J'aimerais vous entendre sur
certaines précisions. Toujours à la page 7 de votre
mémoire, vous nous parlez concernant les articles 64 et 65, et vous
êtes les seuls aussi à nous faire cette référence
concernant l'agrément. Alors, vous nous dites: "On s'étonne
incidemment que l'agrément puisse être accordé à une
personne physique présumée constituer un établissement
(articles 64, 65) alors que le Programme de soutien à l'éducation
populaire autonome du ministère de l'Éducation, par exemple,
n'autorise l'allocation de subventions qu'à des personnes morales. La
divergence paraît difficilement explicable. " J'aimerais vous entendre un
petit peu là-dessus.
Mme Francoeur: En fait, du point de vue de la protection des
consommateurs, si une personne physique peut ouvrir une école et
dispenser des cours, recevoir des sommes importantes, de l'ordre de 10 000 $,
et que tout à coup, du jour au lendemain, cette personne
disparaît, les élèves, les étudiants auront beaucoup
moins de pouvoir si jamais ils veulent, par exemple, exécuter un
jugement, ravoir les sommes qu'ils ont investies. Ils auront beaucoup moins de
pouvoir contre une personne physique que contre une corporation. Donc, c'est un
des éléments qui justifient le fait qu'on est plus ou moins
d'accord avec cette disposition du projet de loi. Donc, au niveau du
patrimoine, si on a des jugements à exécuter... Aussi, on exige
que ce soient des corporations sans but lucratif qui soient formées pour
recevoir des subventions alors qu'une personne seule pourrait, elle aussi,
recevoir des subventions. Pour nous, c'est un peu bizarre.
Mme Caron: Justement, j'ai lu dans votre mémoire une
partie sur les associations à but
non lucratif qui offrent des cours. Précisez-nous donc un petit
peu la teneur qu'il y avait dans le mémoire là-dessus.
Mme Francoeur: Pour les corporations sans but lucratif qui
offrent des cours, il faudrait que je retrouve l'endroit où on a
parlé de ça parce que, pour nous, ça, c'étaient des
questions qui étaient peut-être secondaires par rapport à
la protection des consommateurs.
Mme Caron: Vous sembliez nous dire tantôt que... Si je me
souviens bien, dans votre mémoire, vous nous disiez que concernant la
protection du consommateur, si, par exemple, une association à but non
lucratif avait présentement dans sa charte une possibilité de
donner des cours, si elle n'a plus le droit, il faudrait que les consommateurs
soient avertis que cette association ne peut plus le faire. C'est ce que
j'avais vu.
Mme Rozon: C'est plus une question de technicalité, parce
que maintenant, comme le projet de loi, la façon dont il est
rédigé, ça change des choses par rapport à ce type
d'administration. C'est plus relié à l'administration à
l'égard des cours offerts par les organismes sans but lucratif.
Mme Francoeur: C'est surtout pour éviter qu'il y ait des
vides juridiques, de vérifier comment la loi... la façon dont la
loi est rédigée, que personne ne tombe dans un vide juridique;
que les cours dispensés, par exemple, par une corporation sans but
lucratif soient régis soit par la Loi sur l'enseignement privé,
soit par la Loi sur la protection du consommateur, mais qu'on sache au moins
à quoi s'en tenir par rapport aux définitions.
Mme Caron: C'est exactement ce que je souhaitais entendre, parce
que suite à la lecture de votre mémoire, je me disais que la plus
grande inquiétude que j'avais, c'est ce vide juridique qui peut exister
pour les consommateurs suite à l'adoption de la loi, parce qu'il y a
certains angles qui semblent ne pas apporter de protection, tant dans une loi
que dans l'autre.
Toujours à la page 7 de votre mémoire, dernier paragraphe,
vous nous parlez de l'article 188 de la Loi sur la protection du consommateur
et vous nous parlez de l'article 137 du projet de loi 141. Est-ce que vous
pouvez nous donner un petit peu l'information très précise sur
cet argument-là?
Mme Francoeur: C'est que sous la présente Loi sur
l'enseignement privé, toutes les écoles de culture personnelle
qui détiennent un permis sont régies par la Loi sur la protection
du consommateur. C'est une loi qui protège quand même bien les
consommateurs, peut-être pas au niveau du contenu des cours, mais au
niveau de la formation des contrats. Au niveau de la publicité, c'est
une excellente loi. Dans les cours de culture personnelle, II y a beaucoup de
cours qui mènent à un emploi, beaucoup de formation qui est
donnée qui va mener à un emploi. Donc, toutes les écoles
qui dispensent ce type de formation vont peut-être être
régies par la nouvelle loi et là, donc, elles perdent la
protection de la Loi sur la protection du consommateur et tombent sous le
régime de la nouvelle loi, ce qui constitue un net recul pour ces
écoles-là, pour tes étudiants qui fréquentent ces
écoles-là au point de vue de leur protection, parce que,
autrefois, elles étaient protégées par la Loi sur la
protection du consommateur. Maintenant, elles tombent sous la nouvelle loi et
perdent 90 % de la protection qui leur était accordée. Donc,
c'est un recul et c'est aussi un recul par rapport à ce qui se passe
présentement en termes de protection des consommateurs. La plupart des
lois protègent explicitement les consommateurs et disent dans leur loi,
textuellement, que les dispositions protégeant les consommateurs sont
publiques donc, on ne peut y déroger. C'est ça le courant,
présentement, et ce n'est pas ce qu'on retrouve dans le projet de
loi.
Mme Caron: Je peux vous assurer qu'au moment de l'étude
article par article, je conserverai, bien sûr, votre mémoire et
nous regarderons ensemble les modifications que vous proposez, mais je
souhaiterais - et je suis certaine que vous allez le faire - suite à
l'adoption de la loi, s'il y a adoption de la loi 141 modifiée, que vous
puissiez vérifier pour qu'on s'assure vraiment qu'il n'y a pas de vide
juridique et pour qu'on puisse faire également les
représentations peut-être du côté de la Loi sur la
protection du consommateur si jamais on se retrouve devant un vide sur un sujet
précis. Alors, je vous remercie d'être venues nous faire part de
vos commentaires. Je pense que c'était un point de vue tout à
fait différent qui nous a permis de compléter le tableau de ce
que nous avons entendu depuis le début des audiences. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup,
mesdames. Merci, Mme la députée de Terrebonne. M. le ministre,
les remerciements de la fin.
M. Pagé: Merci. N'hésitez pas à communiquer
avec nous.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. Alors, au
nom des membres de la commission, je tiens à vous remercier, et soyez
assurées qu'à peu près tous les membres de la commission
ont grandement apprécié votre témoignage et vos exemples,
comme je l'ai dit prédécemment, très édifiants.
Ça nous a donné un éclairage nouveau de certaines choses
qu'on connaît dans nos
bureaux de comté, mais qu'on ne voit pas tout le temps lorsqu'on
est rendus ici. Je vais maintenant suspendre les travaux jusqu'à 14
heures et je souhaite bon appétit à tout le monde. Les travaux
sont suspendus.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 16)
Le Président (M. Gobé): Alors, mesdames et
messieurs, si vous voulez bien prendre place. La commission de
l'éducation va maintenant reprendre ses travaux et continuer son mandat
que je vous rappellerai brièvement.
Notre mandat, aujourd'hui pour cette séance, est de
procéder à des consultations particulières et de tenir des
auditions publiques dans le cadre de l'étude du projet de loi 141, Loi
sur l'enseignement privé.
Nous en étions ce matin... Nous avions terminé les
auditions à 12 h 30 avec l'ACEF-Centre de Montréal, et je vais
maintenant vous faire la lecture de l'ordre du jour de cet après-midi.
Dès la suite de cette présentation, nous entendrons la
Fédération des associations de musiciens éducateurs du
Québec; à 15 heures, l'Association des graphologues du
Québec et, à 16 heures, le Mouvement pour l'enseignement
privé. À 17 heures, nous ajournerons nos travaux. La commission
aura, à ce moment-là, rempli son mandat.
Sans plus attendre, j'appelle la Fédération des
associations de musiciens éducateurs du Québec à bien
vouloir se présenter en avant.
Est-ce que, dans votre cas, on dit "musicienne éducatrlce" du
Québec, madame?
Fédération des associations de musiciens
éducateurs du Québec
Mme Sylvain-Dufresne (Bert he): On dit quand même les
musiciens éducateurs. Alors, c'est Berthe Sylvain-Dufresne,
présidente de la Fédération.
Le Président (M. Gobé): Et madame à
côté de vous?
Mme Sylvain-Dufresne: Mme Pauline Mor-rier-Gauthier, qui est
à la fols membre de la Fédération et aussi
présidente du Regroupement des écoles de musique
privées.
Le Président (M. Gobé): Bienvenue parmi nous,
mesdames. Je vous rappelle brièvement qu'on a 60 minutes pour votre
audition, dont 20 minutes qui sont allouées pour expliquer votre
mémoire, le présenter ou faire des remarques sur le projet de loi
141. Par la suite, le ministre de l'Éducation, côté
gouvernemental, aura une période de temps pour poser des questions et
dialoguer avec vous. Le représentant de l'Opposition officielle aura le
même temps.
Je vois que le député de Jacques-Cartier est
présent parmi nous. S'il le désire, nous verrons à y
aménager suffisamment de temps pour qu'il puisse faire valoir ses
questions, s'il en a, à ce moment-là.
Sans plus attendre, je vous demanderai de bien vouloir procéder
et nous présenter votre mémoire.
Mme Sylvain-Dufresne: C'est très bien. Si on va à
la page d'introduction du mémoire, la Fédération des
associations de musiciens éducateurs du Québec ainsi que le
Regroupement des écoles de musique privées du Québec ont
examiné le projet de loi 141 concernant l'enseignement privé en
regard de la formation musicale au Québec.
Ce mémoire vous expose la position de la FAMEQ et du REMPQ quant
à la disparition de l'émission de permis d'enseignement de
culture personnelle dans le projet de loi 141.
J'aimerais expliquer le contexte de participation de ta FAMEQ.
Étant une fédération provinciale qui travaille à la
promotion de la démocratisation de la formation musicale au
Québec, nous nous présentons aujourd'hui pour vous soumettre
notre point de vue sur un projet de loi qui a une incidence à la fois
sur cette formation musicale, sur la reconnaissance de cette formation et sur
les ouvertures soumises lors du Sommet sur l'avenir de la formation musicale au
Québec, en 1988, ainsi qu'à la biennale du même sommet qui
a suivi, à l'automne 1990, concernant les protocoles d'entente qui
peuvent se faire entre les commissions scolaires et les écoles de
musique privées afin d'accroître l'utilisation des ressources
humaines dans le domaine de la formation.
Visant à ce que toutes les ressources oeuvrant dans le domaine de
la formation musicale soient intégrées sous l'égide du
ministère de l'Éducation et, au niveau des études
supérieures, sous celle du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, nous souhaitons que les écoles de
musique privées continuent de relever de ces ministères, car nous
désirons maintenir notre collaboration avec les écoles de musique
affiliées à des écoles reconnues aptes à
décerner des équivalences à l'intérieur des
diplômes du ministère de l'Éducation.
Cette caractéristique d'affiliation les distingue des autres
écoles possédant un permis de culture personnelle et
démontre leur souci de qualité et de perfectionnement. Leur
rôle est donc à considérer dans la formation
préprofessionnelle, et leur présence dans des milieux
diversifiés améliore l'accessibilité à des jeunes
musiciens et musiciennes qui veulent poursuivre des études musicales.
L'école publique suscite des champs d'intérêt.
L'école de musique privée est une autre entité pour
répondre aux besoins que
nous avons suscités.
L'école publique s'ouvre à peine à cette formation
que l'on pourrait appeler "la voie enrichie". Nous y voyons une ouverture
à la rationalisation dans la gestion des ressources humaines,
techniques, pédagogiques, disciplinaires et financières pour le
ministère de l'Éducation. Cela assurerait la mise sur pied de
modèles de gestion et de coopération pour le développement
de la musique dans les commissions scolaires du Québec.
Même si nos aspirations nous amènent à souhaiter que
nos jeunes Québécois reçoivent un niveau de formation
musicale équivalent à celui qu'ils reçoivent dans les
autres domaines du savoir, ceci à l'intérieur du régime
pédagogique, cela ne nous empêche pas de reconnaître la
compétence des écoles de musique privées comme partenaires
privilégiés pour l'avancement du niveau musical au Québec.
Ces écoles suppléent à une lacune et font évoluer
la qualité de la formation musicale à leur façon, celle du
financement privé étant une partie non négligeable de la
situation.
Nous ne croyons pas que le permis de culture personnelle accordé
aux écoles de musique privées puisse être affilié
à un problème de consommation. La formation qui est donnée
dans ces écoles est suffisamment structurée pour que ces
institutions ne soient pas considérées comme des lieux où
l'on vend des objets et services de consommation, mais bien des
établissements de formation.
Pour ce qui est du contexte de participation du REMPQ, le Regroupement
des écoles de musique privées du Québec Inc., fondé
II y a deux ans, regroupe présentement une trentaine d'écoles
dispensant l'enseignement de la musique à plus de 7000
élèves à travers la province.
Directement concerné par le projet de loi 141, le REMPQ, soucieux
de l'avenir de la formation musicale au Québec et inquiet de l'avenir de
ses membres, élabore dans le présent mémoire des motifs,
appuyés de statistiques, justifiant l'émission par le
ministère de l'Éducation d'un permis d'enseignement
spécifique aux écoles de musique privées affiliées
aux grandes écoles reconnues provincialement. Il est primordial que ces
écoles de musique privées soient reconnues officiellement par le
ministère de l'Éducation, lequel validerait leur existence
justifiant leur intervention professionnelle.
Cet enseignement, loin d'être un duplicata de l'enseignement
donné dans le secteur public, est un complément essentiel et
propre à chaque élève qui a le goût et manifeste le
désir de se spécialiser avec l'instrument de son choix et ce,
à l'âge où se manifeste ce désir. Ces écoles
sont nées pour et par le milieu. Celui-ci a créé cette
spécialisation pour combler un besoin Indispensable et pour
compléter les services déjà offerts par le
ministère de l'Éducation. Ces écoles existent depuis une
vingtaine d'années, sont légalement structurées,
clairement définies, ont des objectifs précis et offrent des
programmes officiels. Elles collaborent étroitement avec les autres
institutions offrant la formation musicale afin de garantir
l'accessibilité et la continuité de cette formation à tous
les niveaux.
Alors, pourquoi un permis d'enseignement aux écoles de musique
privées? Cette question nous pose une autre question: Pourquoi
l'enseignement de la musique?
Nous avons retenu deux témoignages entendus lors de la
première série d'émissions "A l'école de la
musique", sur les ondes de Radio-Canada FM. "Mon argument le plus solide, c'est
que, pour moi, la musique est un entraînement vital aussi important que
le conditionnement physique. La musique, ce n'est pas: J'en fais un petit peu,
j'arrête; c'est vraiment un entraîne ment du cerveau. Je pense
même qu'on règle plusieurs problèmes en dehors de la
musique par l'éducation musicale. On remarque dans les classes les
élèves qui font de la musique en privé. Il y a une
certaine aura qui se dégage de ces enfants-là. Ils ont beaucoup
plus de facilité dans beaucoup de choses, et même dans
l'éducation physique; ça paraît, ça transpire." Mme
Lorraine Desmarais, spécialiste en musique à la
Montérégie. "Les arts, c'est très important parce
qu'aujourd'hui, si vous regardez le milieu dans lequel l'enfant évolue,
c'est un milieu de mouvements, de couleurs, de sons et de rythmes. L'enfant en
est même sursaturé. Mais il est laissé seul devant la
télévision, devant le vidéo et là, il doit porter
un jugement, avoir l'esprit critique. Ça, ça s'apprend: c'est une
éducation à lui donner. "Ensuite, je trouve ça important
parce que ça développe chez lui ses points forts; ça lui
permet de se découvrir, de se connaître, de se valoriser. "Aussi,
ce que je trouve important dans les arts, c'est que les enfants aujourd'hui
vivent des situations d'adultes, sont souvent ballottés entre la
gardienne, le père, la mère et ne peuvent jamais faire sortir
leur agressivité ou leur frustration. Il faut qu'ils puissent s'exprimer
librement dans la peinture, dans l'expression corporelle, dans la musique;
ça leur donne la chance de sortir leurs sentiments d'agressivité
et de frustration et ils arrivent plus disposés à étudier
et à se concentrer au niveau académique." Mme Gisèle
Ricard, professeure de musique.
La musique a été reconnue comme une discipline
privilégiée dans la formation des individus. Il faut que chaque
enfant ait réellement accès à une formation musicale de
qualité quel que soit l'endroit où il est né, habite,
étudie. "La musique développe les éléments communs
aux matières artistiques tels que la sensibilité, l'esprit
créateur, l'imagination, autant que les éléments communs
aux autres domaines
du savoir, concentration, attention, logique, analyse, synthèse
par l'acquisition de données et habiletés qui doivent être
pensées simultanément. La musique n'est pas un luxe. Nous en
avons besoin, car elle contribue à bâtir une meilleure
société, un meilleur environnement, un meilleur sens de
l'appartenance." Considérant ceci, la formation musicale devrait se
retrouver au sein du curriculum de la formation fondamentale de tout
individu.
Lorsqu'on fait de la musique, c'est l'hémisphère droit du
cerveau qui régit pour une grande part les fonctions musicales (lecture,
analyse, synthèse), mais c'est à l'hémisphère
gauche qu'est dévolu le rôle de superviser le sens rythmique et
l'exécution musicale. "L'enseignement de la musique est donc le plus
apte à développer simultanément le verbal et le
non-verbal. C'est pourquoi on devrait considérer la musique comme une
matière essentielle au développement de l'enfant, affirme M.
Jean-Paul Despins, de l'Université Laval, à condition, bien
sûr, que l'on tienne compte des différences dans le mode de
pensée d'un enfant à l'autre, que l'émotion musicale soit
autant respectée que la linguistique musicale. Il est donc essentiel de
permettre aux élèves des expériences qui feront
fonctionner alternativement et simultanément les mécanismes des
hémisphères droit et gauche."
Les deux hémisphères atteignent généralement
leur niveau de maturation à la puberté. Les années du
primaire constituent donc une période critique pendant laquelle II faut
amener l'enfant à utiliser toutes les possibilités de son
cerveau.
L'enfant qui commence son processus éducatif par la formation
musicale et l'expérience esthétique pourra facilement assimiler
les connaissances technologiques. L'enfant doit recevoir une formation qui
dépasse l'éveil et qui lui permette de vivre une
expérience esthétique véritable, si humble solt-elle,
selon son niveau. "La musique nécessite l'apprentissage d'un langage
mélodico-rythmique et neuro-musculaire qui exige une pratique
très soutenue. Il s'agit d'une psycho-motricité qui demande une
très grande coordination physique et intellectuelle."
Dans son avis au ministre de l'Éducation sur l'éducation
artistique à l'école, le Conseil supérieur de
l'éducation rappelle le bien-fondé des objectifs de
développement intégral définis pour l'éducation et
réaffirme l'importance irremplaçable de l'éducation
artistique, à la fois comme composante d'une formation de base
équilibrée et comme moyen de développer des facettes, de
plus en plus reconnues comme déterminantes, du processus d'apprentissage
lui-môme.
Comme, actuellement, tout le travail de formation n'est pas fait
à l'école à cause des contraintes d'horaire, le milieu a
développé les écoles de musique privées où
l'on apprend la musique et où l'on vit la musique.
Et quand nous pourrons en faire davantage à l'école
publique, le niveau de ces écoles augmentera. Leur rôle est et
sera toujours complémentaire.
Alors, définition des écoles de musique privées.
Elles sont un milieu où non seulement l'on apprend la musique, mais
où l'on fait la musique et où l'on vit la musique; un organisme
sans but lucratif, incorporé en vertu de la troisième partie de
la Loi sur les compagnies, qui possède charte et règlements
généraux, qui rend accessible la formation musicale; un milieu
où l'enfant et l'adulte se côtoient dans la recherche, la
découverte, la création, l'expression et la communication; un
lieu où chacun retrouve la satisfaction de ses besoins
identifiés, l'atteinte de ses objectifs; un lieu où chacun
façonne son idéal culturel; un lieu qui permet à chaque
élève qui en manifeste l'intérêt et les aptitudes
d'atteindre, dans des conditions essentielles, la formation musicale
désirée à son rythme, à l'âge
désiré, dans la discipline de son choix, en cours individuels ou
de groupe, avec un professeur spécialiste de la discipline de son choix,
suivant un programme spécifique et reconnu, c'est-à-dire menant
à la certification, suivant un programme garantissant la
continuité, dans un environnement approprié et enrichissant, dans
un milieu de vie musical où il y a des locaux aménagés, du
matériel spécialisé et adéquat, dans une ambiance
vitale pour cet art: regroupement de professeurs et d'élèves,
possibilité aux parents d'assister aux cours, dans un milieu qui offre
des activités spécialisées complémentaires:
concerts, cliniques, classes de maître, musique d'ensemble (orchestre,
harmonie, guitare, flûte, etc.), cours de formation de base, cours
d'histoire de la musique et autres, avec un encadrement personnalisé
compétent et indispensable. Ces écoles ont un calendrier
pédagogique de 30 semaines. (14 h 30)
II existe au Québec près de 150 écoles de musique,
avec ou sans but lucratif, qui possèdent présentement un permis
de culture personnelle du ministère de l'Éducation. Ces
écoles regroupent plusieurs milliers d'élèves. Elles sont
nées pour et par le milieu. Celui-ci a créé cette forme
d'enseignement pour combler un besoin indispensable du milieu et pour
compléter les services déjà offerts par le
ministère de l'Éducation.
Nous nous en tiendrons, dans nos propos, aux écoles de musique
privées qui sont déjà affiliées à l'une ou
l'autre des grandes écoles reconnues dans la province pour leurs
programmes et leurs examens de contrôle.
Les objectifs des écoles de musique privées. Favoriser la
promotion de la musique, rendre l'éducation musicale graduelle et
spécialisée à la portée de tous, offrir des
méthodes nouvelles d'apprentissage, offrir une programmation souple,
adaptée aux besoins et au rythme des étudiants, permettre une vie
musicale aux étudiants en leur offrant la possibilité de mettre
en application, dans l'immédiat, les connaissances acquises aux
cours par une participation aux activités de l'école,
préparer, en vue d'études supérieures, les
étudiants qui en manifestent le goût et les aptitudes par une
reconnaissance de droit, permettre périodiquement aux étudiants,
solistes ou à des groupes d'étudiants (ateliers) de se produire
en public.
Les professeurs des écoles de musique privées
possèdent en général un baccalauréat en musique et
un permis d'enseignement. Plusieurs possèdent une maîtrise et
quelques-uns un DEC émis avec supervision par la direction ou un autre
professeur. Les professeurs doivent être autorisés par les
écoles reconnues afin de préparer et présenter leurs
élèves aux examens de contrôle. En grande majorité,
les professeurs se perfectionnent de façon continue et assidue.
Les collaborations. D'une part, les écoles de musique sont un
apport vital au Conservatoire de musique du Québec dans le sens que ces
écoles préparent adéquatement les élèves qui
ont déjà choisi de devenir des musiciens professionnels. Il en
est de même pour les niveaux collégial et universitaire, les camps
musicaux, les orchestres, les harmonies.
D'autre part, des collaborations très étroites
s'établissent en ce qui concerne des classes de maître, les
cliniques, les concerts conjoints, les concerts d'élèves, les
examens, l'orchestre symphonique, le perfectionnement des maîtres et la
publicité. De plus, elles sont un soutien important pour les
créateurs et leurs oeuvres, le marché d'instruments de musique,
de la musique en feuilles et du disque.
Et, point fort en ce qui regarde le ministère de
l'Éducation, les écoles de musique privées peuvent
répondre adéquatement et professionnellement à diverses
ententes avec les commissions scolaires: établir des échanges,
des partages concernant les genres de projets à élaborer,
objectifs des régimes pédagogiques, exigences de la formation
musicale, clientèle cible, critères de sélection,
accessibilité financière, lieux de formation et de pratique,
transport des élèves, encadrement, organisation matérielle
et financière, ressources humaines, plan d'action,
échéancier, mise en place du projet.
Affiliations et contrôle. Les écoles de musique sont
affiliées à de grandes écoles reconnues provincialement
pour leurs programmes et leurs examens. Ces grandes écoles reconnues
sont au nombre de neuf: l'Académie de musique de Québec, le
Conservatoire de musique du Québec, l'École de musique de
l'Université McGill, l'École de musique Vincent-dïndy,
l'école préparatoire de musique de l'Université du
Québec à Montréal, l'extension de l'École de
musique de l'Université Laval, le Mouvement de guitare classique La
Soribande, le Mouvement musical Vivaldi et les Petits violons.
Ainsi, la qualité de l'enselgnoment est assurée,
supervisée, contrôlée professionnellement:
régulièrement, les professeurs suivent des stages de
pédagogie ou participent à des ateliers de formation ou
d'Information concernant les programmes de ces grandes écoles; les
musiciens nommés par ces institutions reconnues viennent, annuellement,
juger les examens, ou les élèves se rendent dans ces Institutions
pour passer les examens; les élèves défraient actuellement
les coûts des examens; les grandes écoles reconnues remettent les
résultats d'examens, les diplômes et les commentaires des
juges.
Administration. Toutes ces écoles sont administrées par
une assemblée générale et un conseil d'administration.
Elles sont incorporées en vertu de la troisième partie de la Loi
sur les compagnies.
Financement. Les écoles de musique sont, d'une part,
partiellement aidées par le gouvernement municipal ou par des programmes
du gouvernement provincial (ministère des Affaires culturelles et
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu)
et par des programmes du ministère de l'Emploi et de l'Immigration du
Canada ou, d'autre part, et pour la grande partie de leur budget, par
l'autofinancement, c'est à dire: frais de cours, frais d'Inscription,
activités bénéfices, commandites, bénévolat.
Il faut offrir les cours à un coût accessible, un coût qui
soit apporté à un plus grand nombre possible
d'élèves, de quelque milieu qu'ils soient, un coût qui
pourrait éviter toute discrimination socioculturelle, puisque chaque
jeune a droit à une formation intégrale.
Rayonnement. Toutes les écoles de musique privées tiennent
un rôle primordial de préparation lointaine et immédiate
dans la formation générale, spécialisée et
professionnelle des musiciens et musiciennes; elles ont une vocation
spécifique dans l'organigramme de la structure de la formation musicale,
secteurs privé et public, cette vocation spécifique étant
spécifiée dans les actes du Sommet sur l'avenir de la formation
musicale au Québec: "L'école de musique privée est
actuellement un pôle essentiel du développement culturel de
nombreux milieux." La référence serait à la page 46 et on
a oublié de la noter. On en retrouve dans toutes les régions.
Elles contribuent au développement de la collectivité,
transmettent des valeurs de base à la société et sont des
employeurs importants.
En référence, pour appuyer ces dires et pour fins de
consultation, vous retrouvez en annexe des statistiques recueillies lors d'une
consultation auprès du monde du REMPQ. J'aimerais simplement mentionner
qu'avec le court délai que nous avons eu, le sondage a été
fait. Il y a uniquement 18 écoles qui ont reconnu... C'est pourquoi
ça n'a pas été compilé là. Vous avez les
détails sur les feuilles.
Les écoles de musique privées: un outil
complémentaire et spécifique. Il existe déjà une
amorce dans le développement d'ententes antre In privé et le
public, entre ces écoles et des commissions scolaires qui utilisent
leurs ressour-
ces musicales et pédagogiques lorsqu'elles les associent à
leurs écoles à vocation musicale. Val-d'Or, Jonquière,
Chicoutimi sont des exemples.
La qualité des services qui y sont donnés viendrait
s'ajouter à l'impact du secteur public et animer la vie artistique et
culturelle en général. Par un phénomène de mise en
valeur des ressources, elles serviront de moteur à l'évolution
musicale, si difficile à maintenir actuellement.
Des organismes musicaux ont été mis sur pied à
force de travail et de bénévolat et il se sont soucié de
la qualité des services de formation et doivent, à ce titre,
maintenir un statut d'établissement de formation.
D'autre part, en révisant la liste des règles de
qualification, des modes de supervision ou de la possibilité d'appliquer
diverses dispositions ou contrats tels que prévus dans le projet de loi,
il n'y a là que des éléments déjà bien
connus et vécus par ces écoles de musique. On n'y trouve pas
d'éléments qui viennent changer en profondeur leur fonctionnement
actuel dans le cadre du permis de culture personnelle et dans le cadre des
demandes de subvention au ministère des Affaires culturelles ainsi que
dans la passation d'examens par des juges d'écoles reconnues.
Considérant que le permis émis par le ministère de
l'Éducation, de par sa définition, est une autorisation
officielle, de par son application, définit une appartenance, de par son
implication, assure une crédibilité, de par son utilité,
est une garantie financière et pédagogique légale, de par
son importance, est une obligation indispensable, est un statut
d'établissement de formation; considérant que le permis de
culture personnelle émis par le ministère de l'Éducation a
une valeur atténuée dans sa forme actuelle parce que trop
d'organismes qui n'ont rien à voir avec l'enseignement en
possèdent; considérant qu'il est important d'avoir une forme de
permis qui tienne compte de la qualité du corps professoral et de la
pédagogie; considérant que les écoles de musique
privées sont déjà affiliées à une ou
plusieurs institutions reconnues ou par le ministère de
l'Éducation, ou par le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, ou par le ministère des Affaires
culturelles, il nous apparaît opportun de donner un statut
spécifique aux écoles de musique privées qui sont
affiliées ou supervisées par une des neuf écoles
reconnues.
Il s'agirait d'un permis d'exploitation d'un établissement
d'enseignement privé qui aurait une catégorie
supplémentaire pouvant se définir comme suit: dans un champ
disciplinaire faisant partie du régime pédagogique du
ministère de l'Éducation et dont les cours sont supervisés
par une institution reconnue par le ministère de l'Éducation
comme étant apte à décerner des équivalences.
En conséquence, pour coiffer cette oeuvre éducative
irremplaçable, nous demandons au ministère de l'Éducation
d'accorder aux écoles de musique privées affiliées
à l'une ou l'autre des grandes écoles reconnues un permis
d'enseignement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme Dufresne. Alors,
je vais maintenant passer la parole à M. le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Pagé: Alors, merci, M. le Président. Mme
Sylvain-Dufresne, Mme Morrier-Gauthier, je vous souhaite la bienvenue. C'est la
première opportunité que j'ai de rencontrer la
Fédération des associations. Compte tenu que c'est la
première opportunité, vous me permettrez très certainement
de vous témoigner de mon respect et de mon appréciation pour
votre contribution importante, ainsi que celles et ceux que vous
représentez, dans la formation de nos enfants.
La musique, pour moi - et vous l'évoquiez tout à
l'heure... Vous disiez - j'ai bien noté - que le curriculum de chaque
personne devrait contenir un temps donné, consacré, investi
à la connaissance de la musique, à l'apprentissage, etc., et j'y
souscris entièrement. Avant que nos amis de l'Opposition me disent: Vous
aviez la possibilité d'en faire des cours obligatoires, etc., je peux
vous dire que le problème, c'est qu'on manque d'heures.
Mais en ce qui me concerne personnellement, comme ministre de
l'Éducation et aussi comme citoyen, la musique constitue un apport
très important à l'éveil de l'apprentissage de l'enfant,
sa capacité de se concentrer, discipline, rigueur, etc., en plus,
évidemment, de tout le caractère humain de cette
matière.
Merci donc de venir nous sensibiliser, et je pense que vous avez bien
fait de venir parce que... Vous avez retenu, dans le projet de loi, que la
volonté qui nous anime, ma collègue et moi, comme vous l'avez dit
à la fin de façon très pertinente, c'est que la validation
par le ministère de l'Éducation des cours de formation
personnelle et sociale se devait d'être revue, tout au moins parce qu'il
y a des choses qui sont données avec, entre guillemets, un permis du
ministre de l'Éducation, qui ne vont pas nécessairement dans le
sens d'une démarche pédagogique, d'un apprentissage, d'une
connaissance, d'une diplomation, d'une sanction, etc.
Vous venez nous rencontrer aujourd'hui. Vous représentez 30 des
établissements sur un nombre environ peut-être d'une centaine.
Vous êtes affiliée aux grandes écoles de musique
québécoises. Vous nous demandez d'avoir une reconnaissance
particulière.
Première question: Est-ce que vous êtes d'accord avec le
principe voulant que le ministre de l'Éducation n'émette plus de
permis pour les cours de formation personnelle et sociale? Est-ce que vous
êtes d'accord avec cette proposition-là, qui est contenue dans le
projet de loi?
Mme Sylvain-Dufresne: Que vous n'émettiez plus de permis
de culture personnelle?
M. Pagé: Oui.
Mme Sylvain-Dufresne: Dans le sens qu'on l'a mentionné,
parce qu'on trouvait qu'il y avait plusieurs écoles qui, finalement,
oeuvraient...
M. Pagé: Je ne parle pas pour les écoles de
musique. Je parle en général.
Mme Sylvain-Dufresne: Même parmi les écoles de
musique, il y en a plusieurs qui oeuvrent en disant qu'elles ont un permis de
culture personnelle, qui font miroiter qu'elles peuvent donner un diplôme
à la fin, et les gens sont très déçus parce qu'ils
n'en ont pas, de diplôme, à la fin.
M. Pagé: Comme je le disais ce matin... Un des motifs pour
lesquels on s'est interrogé sur l'opportunité de maintenir
ça, c'est que le simple fait que le ministère de
l'Éducation, sous la signature du ministre, émette un permis,
ça accrédite, ça valide et ça sécurise les
gens sur les contenus, alors qu'il faut reconnaître que le
ministère de l'Éducation n'a jamais été en mesure
de valider la qualité, la quantité des contenus dispensés
dans ces cours.
Mme Sylvain-Dufresne: Sauf que nous, on s'était
organisés pour les faire valider dans ces 30 écoles.
M. Pagé: Ça, je l'apprécie au plus haut
point. C'est pour ça que je suis intéressé à une
forme d'avenue qui pourrait non seulement vous reconnaître, vous
accréditer formellement en référence à un contenu,
parce que l'intérêt, entre autres, d'être associé aux
grandes écoles, c'est que les programmes et les examens sont bâtis
et validés par les neuf écoles auxquelles vous vous
référez.
Mme Sylvain-Dufresne: C'est déjà fait.
M. Pagé: Exactement, là, si je prends la
proposition ici, vous réclamez donc que le champ d'application de la loi
soit modifié. C'est ça?
Mme Sylvain-Dufresne: Excusez, je n'ai pas compris. J'ai de la
difficulté un petit peu.
M. Pagé: Oui?
Mme Sylvain-Dufresne: Oui, ce n'est pas fort.
M. Pagé: Pourtant le son est très bon.
Mme Sylvain-Dufresne: C'est juste la fin de la phrase.
M. Pagé: En fait, ce que je retiens de vos demandes,
là: On propose que le ministère accorde aux écoles de
musique privées. Toutes les écoles ou seulement les écoles
affiliées?
Mme Sylvain-Dufresne: Les écoles affiliées.. J'ai
bien mentionné dans mon rapport, à un moment donné...
M. Pagé: Seulement les écoles affiliées.
Mme Sylvain-Dufresne: ...qu'on s'en tenait aux 30 écoles
qui étaient affiliées au Regroupement des écoles de
musique privées qui, elles...
M. Pagé: O.K. Donc, qu'on accorde aux écoles de
musique privées affilées un permis d'exploitation d'un
établissement d'enseignement privé qui aurait une
catégorie supplémentaire. Donc, c'est une nouvelle
catégorie si vous souhaitez qu'on...
Mme Sylvain-Dufresne: Elle n'y est pas actuellement, dans le
projet de loi. On n'en parte pas, des écoles. Alors, c'est pour
ça qu'on l'a formulé comme ça.
M. Pagé: En autant que c'est dans un champ disciplinaire
qui s'inscrit dans le cadre d'un régime pédagogique.
Mme Sylvain-Dufresne: D'un régime pédagogique.
M. Pagé: Ça m'intéresse. On va regarder
ça.
Mme Sylvain-Dufresne: On est bien contentes.
M. Pagé: On va regarder ça très
sérieusement, madame. Et pour les autres qui ne sont pas
affiliées, mais qui, je suis persuadé,...
Mme Sylvain-Dufresne: II y en a certainement qui font du bon
travail, mais on n'est pas en mesure d'en parler.
M. Pagé: Oui, mais vous comprenez qu'eux vont m'en
parler.
Mme Sylvain-Dufresne: Oui, oui, je sais. (14 h 45)
M. Pagé: Pour les autres, je conviens que n'étant
pas affiliées, on ne peut pas dire que ce qui s'enseigne là-bas
n'est pas de qualité. Ça, je ne pense pas qu'on puisse le dire.
Cependant, je présume, je crois qu'il se fait quand même de bonnes
et de belles choses, et bien faites. Je présume aussi que, pour
plusieurs d'entre elles, ça s'Inscrit pleinement dans le cadre du
contenu ou de ce qui est prévu aux régimes pédagogiques
applicables. Comment devrais-je... Comment on devrait, nous, comme
parlementaires, mol et ma
collègue, comme ministres, gérer cette question-là,
selon vous?
Mme Sylvain-Dufresne: Moi, je pense que ces
écoles-là auraient intérêt à s'affilier,
elles aussi, à de grandes écoles reconnues, si elles veulent
avoir la reconnaissance du ministre de l'Éducation là-dessus. Si
elles font déjà les programmes, je veux dire, ce n'est pas
compliqué de s'affilier à une école reconnue et de se
faire valider, faire passer les examens aux étudiants.
M. Pagé: II y a certainement des conditions. Je ne veux
pas m'embarquer dans ça, mais il y a certainement des conditions. SI on
émettait des permis restreints, tel que c'est prévu à
l'article 1?
Mme Sylvain-Dufresne: On ne s'est pas penché
jusque-là.
M. Pagé: Très clairement, très simplement,
je vous invite, au lendemain des travaux de cette commission, puisqu'on a
indiqué, ma collègue et moi, qu'on ne reprendrait probablement
pas avant octobre, parce qu'on veut se donner le temps de revoir les
mémoires, de revoir les propositions, ce qu'on a noté... Je ne
sais pas si vous étiez ici hier...
Mme Sylvain-Dufresne: Non.
M. Pagé: ...mais les représentants de la
Fédération des associations d'institutions d'enseignement
privé se sont inscrits en demande pour plusieurs points. On a eu de bons
mémoires présentés. Je crois que ça a bien
été, en termes d'échanges, avec celles et ceux qui se sont
inscrits pour venir comparaître ici. C'est certain qu'il y aura des
modifications. On aura le temps de les faire, non pas sur un coin de table, de
façon précipitée, mais de façon
réfléchie.
Je vous inviterais peut-être à communiquer avec la
Direction générale de l'enseignement privé, à mon
ministère, pour voir s'il est possible d'atteindre l'objectif que vous
recherchez via les dispositions de l'article 1, qui permettent au ministre
d'émettre des permis restreints. Sinon, on va faire rapport. Là,
on avisera en conséquence s'il est possible et à quelles
conditions on pourrait vous satisfaire. Ça vous va?
Mme Sylvain-Dufresne: Ça va, pour l'instant. On avait
d'autres questions aussi. On se demandait, à partir du moment... Si
jamais on allait à l'Office de la protection du consommateur... On sait
que le ministère des Affaires culturelles subventionne très
légèrement ces écoles-là. Dans l'optique où
ils travaillent actuellement, avec leurs réductions de budgets, eux
autres aussi, il était question même qu'ils abandonnent les
premiers cycles au conservatoire. Alors, on se demandait - et on n'a pas de
certitude là-dessus - qu'est-ce qui arrive de la subvention qu'ils
accordent actuellement aux écoles de musique privées. Est-ce que
vous êtes au courant de ce qui...
M. Pagé: Je ne peux pas parler au nom de ma
collègue, Mme la ministre des Affaires culturelles, mais je
présume que vous êtes en contact avec elle. Maintenez le contact.
Je ne suis pas habilité, comme ministre de l'Éducation, et je ne
pense pas que ma collègue le soit, non plus, comme ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, à me
référer aux affectations budgétaires de notre
collègue, la ministre des Affaires culturelles.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Mais on peut lui faire part de votre
inquiétude.
Mme Sylvain-Dufresne: Oui. C'est parce qu'il y a deux ans, au
Sommet sur l'avenir de la formation musicale au Québec, on avait
demandé qu'il y ait des rencontres entre les deux ministères
là-dessus aussi et Mme Bacon, à l'époque, avec M. Ryan,
nous avaient dit qu'ils étaient bien d'accord pour avoir ces
rencontres-là. Mais à notre connaissance, nous ne pensons pas
qu'elles aient eu lieu. Alors, c'est pour ça, un petit peu, que je
voulais savoir s'il y avait quelque chose qui s'était fait dans ce
domaine-là.
M. Pagé: II y a une chose qui est certaine: nous sommes en
contact avec le ministère des Affaires culturelles parce qu'il y a
plusieurs des éléments ou des volets de nos interventions
où on se situe aussi près de leur champ de juridiction,
premièrement; deuxièmement, on a la commission de la culture qui
va s'ouvrir, début octobre. Et puis, à cet
égard-là, je peux vous donner l'assurance que le document qui a
été déposé par ma collègue, qui a
été rendu public, suite au rapport, et la volonté d'y
donner suite s'expriment par la tenue d'une commission parlementaire, d'une
commission très large. Mais, entre parenthèses, pour le
problème particulier que vous évoquez, je vais me charger de
faire part de vos interrogations à Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, madame. Je dois maintenant passer la parole à M. le
représentant de l'Opposition officielle. M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
M. Gendron: Oui. Ça me fait plaisir de saluer Mme Berthe
Sylvain-Dufresne, que j'avais eu l'occasion de saluer plus personnellement lors
de la biennale du sommet, à l'automne 1990, ici même à
Québec, de même que sa collègue, Mme
Pauline Morrier-Gauthier. Bienvenue, parce que c'est intéressant
d'entendre cette note musicale à l'intérieur de nos travaux.
Jusqu'à date, c'a été plutôt un son de tambour ou
tam-tam qui nous a répété les nombreuses lacunes du projet
de loi 141. C'est reposant de vous entendre parce qu'essentiellement votre
mémoire a confirmé ou confirme qu'il se fait d'extraordinaires
belles choses en formation et en éducation musicale au
Québec.
Votre mémoire aussi nous rappelle avec combien d'exactitude - et
ma collègue de Ter-rebonne me le rappelait, elle qui a eu l'occasion de
vivre pendant plusieurs années dans l'enseignement musical... Elle
confirmait qu'effectivement la vertu, je veux dire, les vertus sont nombreuses
pour ceux qui ont eu l'opportunité de toucher à un minimum de
formation musicale. C'est exact, sincèrement.
Je pense que tous les mérites au niveau de la
personnalité, au niveau de la découverte de soi, de la
valorisation, de même qu'une certaine rigueur, une certaine discipline
intellectuelle plus forte, ce sont des caractéristiques qu'on
prête à une bonne éducation musicale. J'avais eu
l'occasion, également, d'entendre cette belle émission qui avait
porté, effectivement, sur les grands mérites ou les grandes
vertus d'un minimum d'apprentissage musical.
La commission, aujourd'hui, a plus l'objectif, madame, d'évaluer
le point de vue des intervenants concernant la Loi sur l'enseignement
privé, qui est substantiellement modifiée à plusieurs
égards. Vous, vous avez parlé de ce que vous êtes, de ce
que vous faites. Vous avez traduit une certaine inquiétude que si jamais
les écoles de musique privées, affiliées ou pas - pour le
moment, moi, je vais les traiter comme ça - étaient sous la coupe
de la protection du consommateur, vous avez, sans le dire directement,
certaines inquiétudes que ça peut atténuer, affaiblir et
réduire, du moins le phénomène attractif et même la
qualité de la formation qui est dispensée. On sent très
bien à travers votre mémoire, la preuve est faite, que vous
souhaitez que ça reste rattaché au ministère de
l'Éducation.
Moi, je ne peux pas questionner longtemps. Si le ministre avait
été plus volubile... Il a dit que ça l'intéresse,
mais il y a bien des choses qui l'intéressent depuis le début des
travaux. J'étais là à la biennale. Ça aussi,
ça l'intéressait, une meilleure collaboration, une relation plus
étroite avec tout l'aspect culturel qui vous touche et l'aspect
éducatif... Moi, j'ai essayé de palper les suites
concrètes, puis je n'en ai pas vu bien bien.
Concrètement, on est encore entre deux chaises, vous l'avez dit
vous autres mêmes, et constamment. Vous connaissez sûrement
Marlelle Cyr, qui est une âme musicale presque nationale. Elle me
rencontre souvent et elle traduit ses inquiétudes concernant la
sauvegarde, la garantie que les écoles de musique au Québec,
qu'elles soient privées ou publiques, seront en développement, en
croissance. Ce n'est pas toujours le cas pour toutes sortes de raisons.
Si le ministre avait dit: Bien, écoutez, la suggestion que vous
me faites, non seulement ça m'intéresse, mais je pense que c'est
faisable d'envisager une réouverture du champ d'application, pas
complètement parce qu'il a failli essayer de nous faire tomber dans le
panneau. Vous avez été prudente et vous avez convenu que
c'était probablement à cause d'un son un peu difficile. Quand il
vous a posé la question. "Est-ce que vous êtes d'accord avec le
fait que la formation personnelle, dorénavant, soit davantage sous la
juridiction de la protection du consommateur que du ministère de
l'Éducation?", c'était pour généraliser une
situation, mais II voulait probablement vous faire dire "oui" et dire
après ça, lui: Vous voyez le problème que j'ai. Vous
êtes d'accord là-dessus, alors là-Tantôt, on va voir
des spécialistes d'une autre discipline importante, selon eux. Je n'en
disconviens pas... Les graphologues ont expliqué que c'était
important et que ça a des vertus en soi, la graphologie.
Cependant, moi, sur le fond, pour se comprendre, II me semble que votre
demande est pertinente, légitime, surtout que, dans le domaine musical,
la plupart des écoles qui dispensent un enseignement Intéressant
sont, effectivement, affiliées à des grandes écoles
où la formation est importante. Vous ne dispensez pas uniquement des
connaissances de nature musicale. Les écoles de musique ne font pas que
ça. Il y a une dimension éducative, il me semble, assez claire,
assez précise, assez nette qui doit sûrement se baliser quand on
connaît tous les spécialistes ou du moins ceux qui... Non, non,
tous les spécialistes du ministère qui sont en mesure,
effectivement, d'arriver avec un texte très clair qui permettrait une
disposition dans le projet de loi 141 qui conférerait l'obtention d'un
permis, toujours sous la juridiction du ministère de l'Éducation.
C'est ce que j'ai compris, c'est ce que vous souhaitez. Nous, de
l'Opposition... Sincèrement, pas par flatterie, aujourd'hui, il
m'apparaît que c'est une demande pertinente, légitime, bien
étoffée, pour laquelle on n'a pas de réticences.
Je ne peux pas questionner trois jours là-dessus. Si le
ministre... C'est lui qui est le ministre pour l'instant... Alors, avec ses
conseillers, c'est lui qui va devoir aviser, évaluer et s'il convient,
Mme Dufresne, qu'il y a lieu d'ouvrir une section ou une catégorie
spéciale dans le champ d'application, nous, on ne fera pas d'objection,
on va être d'accord, puisque c'était fondamentalement votre
demande.
J'ai lu attentivement votre mémoire avant que vous le
présentiez, et c'est la demande la plus Incisive de votre part. Je
comprends qu'il ne vous appartenait peut-être pas ou que vous
n'étiez pas équipée pour faire une longue analyse
et critique globale du projet de loi 141 - ça fait deux jours qu'on en
entend; d'autres s'en sont chargés et bien, puisqu'il y avait beaucoup
de choses à critiquer dans le projet de loi 141, quant à mol.
Moi, ça me va. J'aurais juste une seule question. J'aimerais
ça vous entendre d'une façon un peu plus détaillée,
pour la culture conjointe des collègues membres de la commission, sur
les affiliations des écoles de musique privées aux grandes
écoles reconnues provinclalement. C'est quoi l'encadrement
précis, administratif, qui fait qu'on a cette garantie aujourd'hui -
donc, on l'a pour plusieurs années - que la plupart des écoles de
musique privées vont maintenir des affiliations avec les grandes
écoles de musique reconnues qui, elles, dispensent de la formation
primaire, secondaire, collégiale et même, dans certains cas,
universitaire? Comment ça fonctionne? Quelle garantie a-t-on que si
jamais le ministre avait cette souplesse d'ouvrir le champ d'application
à votre recommandation, on ait la sécurité concernant
l'affiliation?
Mme Sylvaln-Dufresne: Je vais passer la parole à ma
collègue, Mme Morrler-Gauthler.
Mme Morrler-Gauthler (Pauline): Les programmes de ces grandes
écoles sont des programmes pratiquement institutionnalisés, qui
existent depuis des décennies, je dirais, dans certains cas. Alors,
étant donné que ces grandes écoles viennent chez nous,
viennent dans chacune des écoles superviser les élèves,
viennent également, tout en supervisant les élèves,
chercher les correctifs à faire dans la poursuite des programmes pour
les adapter aux besoins du temps, aux besoins des milieux et le reste... Je
devrais dire que ce sont des affiliations qui sont tellement naturelles et
tellement importantes... Elles ne peuvent pas arrêter de vivre dans les
écoles. On ne peut pas les remplacer par d'autres programmes, sinon
placer de l'argent, investir et essayer de retrouver d'autres formules. Alors,
on prend les programmes et on apporte tout simplement les correctifs
nécessaires pour les apprivoiser, en fait, si on veut, autant pour les
élèves, selon les situations, les régions et le reste.
M. Gendron: Si vous permettez, c'est plus concrètement que
je voudrais savoir: Est-ce qu'il y a une supervision très, très
concrète, précise de ces écoles-là dans vos
écoles privées par leurs spécialistes, d'une part? D'autre
part, sur la plan financier, est-ce qu'il y a un coût financier important
pour les écoles privées de payer le service de cette
affiliation-là? Est-ce que ça vous coûte très cher?
Avez-vous de l'aide? Je voudrais avoir quelques précisions.
Mme Morrler-Gauthler: D'une part, les grandes écoles de
musique reconnues exigent d'avoir le curriculum vitae de chaque professeur qui
fera passer des examens ou qui dispensera le programme reconnu par
l'école. D'autre part, c'est chaque élève qui paie les
frais inhérents à l'examen qu'il doit passer. C'est assez... Je
devrais dire que c'est un montant que chaque école ne pourrait se
permettre. Il en coûte environ ou en moyenne, si on veut, 40 $ à
l'étudiant pour être jugé pendant à peu près
20, 25 ou 30 minutes et avoir un programme suivi pour l'année. C'est
l'élève qui défraie le coût de l'examen.
Mme Sylvain-Dufresne: Je vais juste ajouter un petit quelque
chose parce que Pauline m'expliquait aussi que souvent, dans les premiers
degrés, les élèves ne passent pas les examens. Ils vont
passer un examen maison parce que, justement, c'est dispendieux pour eux
d'ajouter ce coût-là en plus. Alors, ils vont attendre
d'être rendus dans des niveaux supérieurs pour payer et aller
passer l'examen. C'est un petit peu un obstacle, ça.
M. Gendron: Alors moi, je veux remercier les deux dames de leur
bonne collaboration. J'espère que le ministre, comme il l'a
indiqué, sera très, très ouvert pour regarder toute la
possibilité concrète d'inclure au projet de loi 141, si jamais on
va plus loin que ce projet de loi, ce que vous prévoyez ou
prétendez comme étant utile et requis pour vous.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Merci
beaucoup, M. le député d'Abitibi-Ouest. Maintenant, M. le
ministre, le mot de la fin... Pas de la fin, mais le mot de remerciement.
M. Pagé: Le mot de remerciement et d'information. D'abord,
merci de votre présentation. Je vais vous faire parvenir, en
début de semaine prochaine... C'est parce que vous avez eu des
échanges avec la Direction générale de l'enseignement
privé au ministère.
Mme Sylvain-Dufresne: En début?
M. Pagé: Oui, et je vais être en mesure de vous
indiquer dans cette lettre quelle pourrait être la reconnaissance, telle
que je l'évoquais tout à l'heure, via l'article 1 où le
ministre a le pouvoir d'émettre des permis restreints. Je vous
expliquerai ce qu'il en est exactement, quelle est la portée de
ça et, entre autres exemples, en vertu des règles du pouvoir de
règles budgétaires pouvant être adoptées par le
ministre de l'Éducation, vous pourriez faire l'objet de
considérations financières particulières via le
ministère de l'Éducation aussi.
Mme Sylvain-Dufresne: Bon. Ce serait
beaucoup plus simple.
M. Pagé: Je vais tout vous écrire ça. Mme
Sylvain-Dufresne: Je vous remercie.
M. Pagé: II vous restera à souhaiter que le projet
de loi, vu sous cet angle-là, sort adopté le plus vite
possible.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Mme Sylvain-Dufresne: C'est ça. Je vous remercie beaucoup,
M. le ministre...
Le Président (M. Gobé): Merci, madame.
Mme Sylvain-Dufresne: ...et je veux vous assurer aussi de notre
collaboration quand vous en aurez besoin pour des éclaircissements ou
autres. Ils sont disponibles.
M. Pagé: J'apprécie. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame. Au nom des
membres de cette commission, je tiens à vous remercier, vous et votre
compagne. Ceci met fin à votre intervention. Donc, je vais suspendre les
travaux pour quelques minutes, le temps de permettre au groupe suivant,
l'Association des graphologues du Québec, de venir prendre place en
avant. La commission est suspendue pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 2)
(Reprise à 15 h 6)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez prendre place. La commission va maintenant reprendre ses travaux.
Je demanderais aux représentants de l'Association des graphologues du
Québec de vouloir prendre place. Je vois que c'est déjà
fait. Alors, bonjour, mesdames et messieurs. S'il vous plaît!
Merci beaucoup. Alors, je vous rappellerai rapidement les règles
qui vont régir votre intervention. Vous avez une période de 60
minutes pour l'ensemble de la discussion: 20 minutes vous sont allouées
pour faire la présentation de votre mémoire ou des commentaires
sur le projet de loi 141; par la suite, le côté gouvernemental
aura une période de temps pour s'adresser à vous. La même
chose du côté de l'Opposition officielle et si un
député désire intervenir, quel qu'il soit, le
député de Jacques-Cartier ou d'autres députés, nous
verrons à aménager le temps en conséquence. Ceci
étant dit, je vous demanderais, madame, de bien vouloir
présenter, d'abord, votre porte-parole, présenter les gens qui
vous entourent et vous pourrez commencer votre témoignage.
Association des graphologues du Québec
Mme Lavoie (Clorilda): Bon voici. M. le ministre de
l'Éducation, et membres de la commission de l'éducation, membres
du gouvernement, membres de l'Opposition officielle, mesdames et messieurs de
la presse, chers collègues. Mon premier mot est pour vous exprimer notre
reconnaissance pour avoir bien voulu nous donner l'opportunité de vous
faire connaître notre point de vue sur le projet de loi 141 relatif
à nos permis d'école de graphologie.
Je vous présente maintenant les personnes qui m'accompagnent
à cette audience. J'ai Ici à ma droite Mme Jeannine Gaudreault,
de Chlcou-timi, qui représente l'Institut national de
caractérologie, M. Charles Chamberland, qui représente le conseil
d'administration de l'Association des graphologues du Québec; à
ma gauche, Mme Monique Bouchard de Québec, présidente de la
Société des spécialistes en graphologie du Québec,
M. Robert De La Roche, qui fait partie de l'Institut de psychographologie de
Montréal. J'ai, derrière moi, Mme Gisèle Rhéaume,
qui aussi fait partie de l'Institut Grapho-Logique.
Le Président (M. Gobé): Alors, allez-y, madame.
Vous pouvez commencer votre témoignage.
Mme Lavoie: Permettez-moi maintenant de vous inviter à
revoir avec moi certaines parties de notre mémoire. Je dis bien revoir
parce que je suis persuadée que, depuis le 2 août, vous en avez
fait votre lecture de chevet. Mais c'est peut-être bon de revoir
certaines parties de ce dossier. Je vous fais grâce, évidemment,
de la partie de la lettre de présentation avec les noms des membres du
comité pour passer Immédiatement à l'introduction.
L'Association des graphologues du Québec est fondée depuis
juin 1972. Elle compte actuellement une centaine de membres. Cette association
a cinq objectifs principaux: d'abord, veiller à maintenir un
degré élevé de professionnalisme dans l'exercice de la
graphologie; certifier la compétence professionnelle des graphologues du
Québec en décernant le titre de graphologue agréé;
favoriser l'étude, la pratique et la recherche de la graphologie;
promouvoir l'Importance et l'utilisation de la graphologie dans la
société; et promouvoir le développement de l'association
et de ses membres. Toute personne qui détient un diplôme de
graphologie ou qui est inscrite à une école de graphologie peut
devenir membre de l'Association.
Maintenant, en quoi consiste le travail des graphologues? D'abord, en
ressources humaines pour évaluer, sélectionner le personnel ou
pour déceler les aptitudes personnelles et profession-
nelles d'un ou plusieurs candidats; dans le domaine judiciaire, pour
faire de l'expertise dans les documents contestés; dans le domaine
relationnel, II s'agit ici de la compatibilité possible, dans le milieu
de vie ou le milieu de travail; comme aide personnelle, pour rédiger des
analyses individuelles qui permettront une meilleure connaissance de sol et des
autres, en éducation, comme complément de formation afin que les
enseignants connaissent mieux leurs élèves ou encore que les
parents connaissent mieux leurs enfants.
Jusqu'à maintenant, le ministère de l'Éducation,
par le truchement de la Commission consultative de l'enseignement privé,
a délivré des permis de culture personnelle, ce qui permettait
aux écoles de graphologie de délivrer des diplômes reconnus
par le ministre de l'Éducation et aussi de donner des reçus pour
fins d'impôts. Ces permis-là ont donc contribue à assurer
une plus grande reconnaissance aux graphologues et à accorder une plus
grande crédibilité à la graphologie auprès du
public.
À l'occasion de son congrès annuel, en mal 1989,
l'assemblée générale de l'Association des graphologues a
donné un mandat à un comité d'école de graphologie
pour qu'il y ait une représentation faite auprès du ministre afin
que la graphologie soit reconnue comme formation professionnelle d'appoint.
Je passe maintenant à la page 3 du dossier, ce qui est
intitulé "Problématique". Avant de vous exposer cette
problématique, M. le ministre, nous tenons à vous dire notre
accord sur le projet de loi 141 en ce qui concerne certains permis de culture
personnelle. Nous sommes cependant d'avis que le projet de loi 141 sur
l'enseignement privé vient ralentir sérieusement le processus de
développement extrêmement prometteur de la science graphologique
au Québec. Ce projet de loi fait naître une grande tension chez
tous les graphologues professionnels et chez tous ceux qui ont à coeur
l'avancement de la graphologie au Québec.
Il y a un certain nombre de faits que je voudrais relater ici. La
graphologie existe au Québec depuis 1950. Elle est née à
Chicoutimi sous l'Instigation de M. F.X. Boudreault. Depuis ce temps-là,
il y a quand même 7030 étudiants qui se sont inscrits à
l'une ou l'autre des sessions de graphologie. Et de ce nombre-là,
évidemment, tout le monde n'a pas satisfait à toutes les
exigences requises par l'école, mais il y a quand même 997
diplômés d'écoles de graphologie. Et, encore, ces nombres
ne sont pas exhaustifs, puisqu'il n'a pas été possible de
rejoindre tout le monde.
Nous avons des constitutions qui avalent, dans un premier temps,
été approuvées en juin 1972, qui ont été
révisées et acceptées de nouveau en mal 1990. Nous avons
également un code de déontologie. Après quatre ans de
préparation, l'Association a accepté un code de
déontologie qui a été accepté le 20 mai 1989. Vous
avez, à la fin de votre mémoire, une copie des règlements
et du code de déontologie de notre association.
Nous avons aussi la possibilité de faire passer un examen
d'agrément. Toute personne qui le désire et qui a subi avec
succès l'examen d'agrément de l'Association devant un jury
nommé par le conseil peut recevoir cette reconnaissance. C'est une
reconnaissance d'une formation puis d'une certaine compétence. Donc, pas
de possibilité que les incompétents s'y infiltrent.
Nous avions aussi entrepris des démarches auprès de
l'Office des professions du Québec de façon à être
reconnu. Mais comme nous le disait M. Louis Roy, dans sa lettre du 16 mars
1987: "L'expérience nous démontre que la viabilité d'une
corporation est très difficile si son revenu est inférieur
à 100 000 $." Même si les éléments pour
l'incorporation sont en place, il nous faut donc attendre d'avoir le nombre de
personnes requises pour poursuivre notre démarche.
Nous avons aussi des périodiques graphologiques. Par
périodes plus ou moins régulières pendant l'année,
trois, quatre ou cinq fois, l'Association des graphologues publie le Le
Grapho, l'Institut de psychographologie publie L'Échographe,
la Société des spécialistes en graphologie publie le
Trait d'union, l'Institut Grapho-Logique publie Le Grapho-Logique.
Dans ces revues, on peut lire des comptes rendus d'ateliers ou de
conférences, des nouvelles qui proviennent des différentes
écoles, des répertoires bibliographiques et bien d'autres
informations encore.
On a toujours notre congrès annuel aussi, où des notions
particulières et importantes sur la graphologie sont tenues. Nous
recevons habituellement des gens de renom qui viennent traiter de sujets
connexes à la graphologie. Pendant l'année, les écoles ou
l'Association préparent des conférences ou des ateliers où
on a des ouvertures à des concepts nouveaux et aussi des
approfondissements sur des notions généralement admises en
graphologie. (15 h 15)
Chacune des écoles a des objectifs spécifiques, mais aussi
deux objectifs généraux. Premièrement, dispenser une
excellente formation à ses étudiants, grâce à un
programme bien structuré et remis à jour à chaque fois que
la situation l'exige. Vous avez, dans votre présent mémoire,
séparé par une feuille verte, le programme détaillé
de chacune des écoles de graphologie. Deuxième objectif
général des écoles de graphologie: assurer une
reconnaissance de ses étudiants par la société et par le
marché du travail.
L'état actuel de la situation. Le projet de loi 141, qui annule
les permis de culture personnelle pour la graphologie à partir de juin
1992,
vient léser injustement le droit des graphologues qui travaillent
comme professionnels et qui apportent à la société
québécoise une contribution plus que valable, soit en formation,
soit en services professionnels de tout genre.
Ce projet de loi minimise la graphologie en la confiant à la
seule responsabilité de l'Office de la protection du consommateur. Tout
en appréciant que cet organisme protège les sommes versées
par chacun des étudiants, nous reconnaissons que cet organisme n'a pas
la compétence pour estimer des programmes et évaluer la justesse
de la formation qui se donne dans les différentes écoles
privées. En annulant les permis de culture personnelle, le projet de loi
141, parce qu'il ne souligne pas le caractère profondément humain
de cette science, assimile la graphologie à une simple technique ou
à une activité commerciale qui n'a aucun rapport avec une vraie
formation professionnelle, alors que dans les pays d'Europe, la graphologie est
en train d'acquérir ses lettres de noblesse. Cette décision du
projet de loi 141, annulant les permis de culture personnelle, démontre
bien le peu de connaissances de nos dirigeants à l'égard de cette
science de la graphologie.
Vous excuserez bien notre franchise face à cette suggestion, mais
voici, nous savons pertinemment que toutes les personnes, tous nos gouvernants,
comme nous d'ailleurs, nous ne pouvons pas avoir une compétence dans
tous les domaines, et ce ne sont peut-être pas tous les gens qui ont la
chance ou l'insigne honneur de rencontrer une ou un vrai graphologue
professionnel.
Nos solutions maintenant. À court terme: Considérant les
conséquences négatives encourues pour chacune des écoles
de graphologie du Québec par le présent projet de loi;
considérant le nombre croissant de personnes qui s'inscrivent à
des cours de graphologie dans le but d'améliorer leur rendement au
travail; considérant la demande toujours plus grande de services
graphologiques requis par tous les secteurs éduca-tionnels,
professionnels et administratifs; considérant la nécessité
de délivrer des diplômes reconnus par le ministre de
l'Éducation; considérant la crédibilité
nécessaire à la graphologie pour poursuivre sa démarche
vers plus de professionnalisme; considérant la reconnaissance
accordée à la graphologie par un bon nombre d'institutions de
niveau collégial, il est d'une extrême importance, pour nous, dans
un premier temps, de faire reconnaître la graphologie, au moins comme
formation professionnelle d'appoint.
Cette reconnaissance permettrait aux écoles de graphologie de
poursuivre leur travail et, aux étudiants de graphologie, de recevoir
des diplômes d'une école reconnue par le ministre de
l'Éducation tout en leur procurant l'opportunité de
déduire leurs frais de cours auprès du ministre du Revenu. Et ce
qui est le plus intéressant pour vous, M. le ministre et messieurs du
gouvernement, cette formation relève du domaine privé et chacune
des écoles a son autonomie. Bien plus, l'Association des graphologues du
Québec Inc. ne compte nullement solliciter le gouvernement pour quelque
subvention que ce soit. Nous sommes convaincus que, dans ce seul paragraphe, se
trouve l'élément de réponse positive que vous voudrez bien
nous accorder.
À moyen terme: Les directeurs des écoles de graphologie
sont disposés à soumettre leurs programmes et l'évaluation
de leur enseignement à périodes plus ou moins
régulières aux représentants du ministre de
l'Éducation, selon les dispositions que celui-ci voudra bien leur
Imposer. L'Association des graphologues du Québec est disposée
à collaborer avec le ministère dans ce projet
d'évaluation, dans le but dune amélioration constante des
programmes et des enseignements décernés par les écoles de
graphologie.
Comme l'Association des graphologues du Québec a pour objectif de
certifier la corn pétence professionnelle des graphologues du
Québec, ce projet demeure dans ses objectifs et n'Impose pas de
coûts supplémentaires au gouvernement.
Une solution à long terme maintenant, puisque nous ne voulons pas
en rester là. Lorsque la graphologie aura été reconnue
comme formation professionnelle d'appoint, elle pourra continuer à
poursuivre son ascension vers une formation de niveau collégial ou
universitaire. Comme la graphologie est utilisée de façon
systématique dans plusieurs pays d'Europe et des États-Unis,
cette science se doit d'être reconnue officiellement et de recevoir du
ministère de l'Éducation la place qui lui revient.
Résumé de la recommandation: Pour l'Immédiat,
l'Association des graphologues du Québec demande au ministère de
l'Éducation de recon naître la graphologie au moins comme
formation professionnelle d'appoint.
Conclusion. Les membres du comité des représentants des
écoles de graphologie de l'Association des graphologues du Québec
sont confiants de recevoir de la commission de l'éducation une
réponse favorable à leur demande. L'invitation à cette
commission est déjà une garantie pour nous de votre accueil et de
votre ouverture d'esprit à notre cause.
Nous sommes également conscients que, par votre
intermédiaire, la graphologie franchira un pas de plus vers une
reconnaissance officielle. Grâce à ce projet de loi, la
graphologie sera considérée comme une activité
sérieuse et professionnelle et s'acheminera demain vers un statut d'un
niveau collégial ou universitaire.
Maintenant, M. le ministre, mesdames et messieurs, lorsque vous serez
très fatigués de vos tracasseries administratives, pourquoi ne
pas lire ce qui suit dans notre mémoire? Vous avez des documents. Comme
nous l'avons dit tout à l'heure, les règlements et le code sont
annexés. Vous avez ensuite trois définitions de la grapho-
logle par des graphologues renommés; vous avez, en 4, les grands
noms en graphologie, donc nos précurseurs, nos maîtres, nos
modèles, si vous voulez; les champs d'application de la graphologie, les
programmes et les contenus des cours de graphologie. Au point 6, c'est vraiment
ici un contenu général, tandis que vous avez, à la fin, le
programme détaillé de chacune des écoles.
En 7, vous avez les catégories de personnes qui suivent des cours
de graphologie. Je vous invite à lire avec moi le document 7 qui suit.
Les personnes qui suivent des cours: des enseignants à tous les niveaux,
des psychologues, des travailleurs sociaux, des conseillers en orientation, des
fonctionnaires du gouvernement provincial ou fédéral, des
professionnels de la santé; dans les services: transport, vente,
comptabilité, informatique, service militaire,
téléphonique et le reste; des étudiants de niveau
collégial ou universitaire, des gens du domaine de la publicité,
des secrétaires à tous les niveaux, des retraités dans
différents domaines et davantage des retraités dans le domaine de
l'enseignement et de la santé, des artistes, des
bénévoles, des personnes à la recherche d'un emploi, des
mères de famille qui désirent retourner sur le marché du
travail, des personnes qui souhaitent améliorer leur condition
économique en travaillant à mi-temps dans un domaine
différent de celui où elles oeuvrent actuellement. Et je suis
sûre qu'à partir de demain nous aurons une autre catégorie
de personnes à ajouter: des députés et des ministres.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme Lavoie, de votre
présentation. Je veux juste vous rappeler au passage que vous vous
adressez au ministre, c'est très bien, mais je vous rappellerai que
c'est la commission de l'éducation qui tient les consultations. Vous
disiez: "M. le ministre". C'est la commission en général et non
le ministre qui tient une consultation.
Mme Lavoie: D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Vous sembliez avoir un
petit quiproquo dans votre perception. Ça ne veut pas dire qu'il n'est
pas ministre, remarquez bien, II l'est encore et c'est lui qui va vous
répondre, mais le mandat est un mandat de la commission de
l'éducation.
Ceci étant dit, madame, c'est avec plaisir que nous avons pris
connaissance de votre mémoire. C'est une science qui nous paraît
quelquefois un peu spéciale à nous, les profanes. Sans plus
tarder, je vais maintenant passer la parole à M. le ministre, en
souhaitant que vous n'ayez point étudié un spécimen de son
écriture avant de venir le voir.
M. Pagé: Qui sait! Ça, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Parce que ce sont des armes
que nous ignorons.
M. Pagé: ...c'est du domaine privé.
Mme Lavoie: Remarquez bien que M. le ministre répond par
sa secrétaire, avec une machine à écrire. Alors, pas de
possibilité pour nous jusqu'à maintenant de faire cette
analyse.
Le Président (M. Gobé): Mais il signe ses lettres,
vous savez.
Mme Lavoie: Ah, d'accord.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Pagé: Vous avez terminé, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Oui, j'ai
terminé.
M. Pagé: Je ne vous dérange pas trop? Non?
Le Président (M. Gobé): Non, non, ça va
aller.
M. Pagé: Mme Lavoie, bienvenue; les amis de l'Association
des graphologues du Québec, bienvenue chez nous. Est-ce que c'est la
première fois que vous témoignez en commission parlementaire?
Mme Lavoie: Oui, à ma connaissance.
M. Pagé: Alors, raison de plus pour vous souhaiter la
bienvenue à l'Assemblée nationale du Québec.
Mme Lavoie: Je vous remercie.
M. Pagé: Vous êtes chez vous. Je pense pouvoir le
faire au nom de tous mes collègues. On a reçu votre
mémoire, on l'a lu, on l'a analysé. N'eût été
de la présentation du projet de loi 141 à l'Assemblée
nationale, est-ce que vous vous seriez présentés devant le
gouvernement, devant les autorités du ministère pour voir ou
revoir votre statut ou demander un statut particulier? Moi, je retiens
qu'actuellement les quatre écoles dispensent des cours sous
l'égide d'un permis signé par le ministre de l'Éducation
comme étant un contenu de formation de culture personnelle et sociale,
actuellement. Combien y a-t-il d'élèves? Combien y a-t-il
d'étudiants? Combien y a-t-il de personnes, par année, qui
suivent des cours en graphologie? J'ai vu qu'à certains niveaux...
Évidemment, j'ai vu ça dans le mémoire. Mais avant de
pouvoir soutenir ou écrire au bout de son nom, comme vous le faites,
"graphologue", etc., il faut combien d'heures de cours, il faut combien de
temps et quel est le
cheminement?
Mme Lavoie: Selon les écoles, M. le ministre, il peut y
avoir une formation qui est de durée différente. C'est entre
trois et cinq ans, de façon habituelle. Mais il n'y a pas de personnes
qui reçoivent de diplôme avant d'avoir poursuivi un cours qui dure
au moins trois ans.
M. Pagé: Trois ans, selon quel calendrier?
Mme Lavoie: Évidemment, c'est un cours par session, il y a
des options possibles après, puisque ce sont des cours du soir, ce n'est
pas du plein-temps. Est-ce que ça répond à votre
question?
M. Pagé: Oui. Combien d'élèves, depuis cinq
ans, six ans?
Mme Lavoie: Au début du dossier, je signale qu'il y a 7030
étudiants qui se sont inscrits...
M. Pagé: Qui ont suivi des cours.
Mme Lavoie:... ont suivi des cours, mais 997
diplômés.
M. Pagé: Sont devenus des graphologues.
Mme Lavoie: Oui. Maintenant, évidemment, ce n'est pas
complet. Il y a des gens qu'on n'a pas été capables de rejoindre,
pour savoir le nombre.
M. Pagé: On peut dire sans se tromper qu'il y a 1000
graphologues au Québec.
Mme Lavoie: Oui.
M. Pagé: Pourriez-vous indiquer aux membres de la
commission comment est validé, confirmé le contenu du cours?
Parce que si on émet un diplôme, c'est parce que des exigences ont
été rencontrées.
Mme Lavoie: C'est un peu comme dans d'autres domaines. Le
diplôme de psychologie de l'Université Laval n'a pas tout à
fait le même contenu que le cours de l'Université de
Montréal. C'est un peu la même chose. Il y a des écoles
différentes, des écoles de pensée différentes. Il y
a des grands noms. Il y a une école française, il y a une
école américaine, iI y a une école allemande. Alors, selon
qu'on adhère à telle ou telle école, on peut avoir une
méthode différente. Est-ce que, Mme Gaudreault, vous auriez
quelque chose a préciser là-dessus?
Mme Gaudreault (Jeannine): On dit: Peu importent les
écoles, l'important, c'est d'être capable de donner la
personnalité de la personne d'après son écriture. C'est un
peu comme une méthode pour apprendre à lire, à
l'école.
M. Pagé: Oui, mais cette méthodologie s'appuie sur
des notions, s'appuie sur des références...
Mme Gaudreault: Oui, sur des notions.
M. Pagé:... s'appuie sur des règles qui sont
validées partout, autant en Europe qu'ici, je présume.
Mme Gaudreault: Oui, et aux États-Unis. M. Pagé:
Oui?
Mme Gaudreault: C'est comme on vous dit, il y a des
maîtres. On n'a pas tous suivi les mêmes écoles. Moi, c'est
une école américaine, c'est une méthode quantitative. On
va donner un chiffre au bout. La personne, au point de vue expressivité,
au point de vue logique, on va être capable de... Il y a beaucoup,
beaucoup de combines. Quand on fait une analyse approfondie, on dit: II y a
plus de 2500 traits de personnalité qu'on peut dévoiler à
une personne, en général. C'est par les combines.
M. Pagé: Vous nous en apprenez, là. Mme
Gaudreault: Pardon?
M. Pagé: Vous nous en apprenez, aujourd'hui.
Mme Lavoie: J'espère. Mme Gaudreault: II le
faut.
M. Pagé: Évidemment, tout le monde connaît la
graphologie, cependant...
Mme Gaudreault: Peut-être que vous seriez surpris, si vous
nous donniez des spécimens. Quand on dit: analyse approfondie... Il y a
une différence entre analyse de salon...
M. Pagé: Sommaire.
Mme Gaudreault:... et des analyses approfondies.
M. Pagé: O. K. Mais ce que je veux savoir: Sur les 1000,
combien y en a-t-il qui pratiquent dans le domaine pour lequel ils ont
étudié, soit comme des spécialistes en support à
des témoignages devant les tribunaux, des choses comme ça, la
validation de testaments olographes, je ne sais trop?
Mme Lavoie: II y en a peut-être une vingtaine au
Québec, pour être franc, mais peut-être des personnes
connues. C'est que tout le
monde n'a pas rejoint les rangs de l'Association, comme je vous le
disais tout à l'heure. Comme, justement, nous, nous travaillons sur le
plan professionnel et que ça ne court pas les rues, les gens de qui on
exige une formation de cinq ans n'ont pas toujours cette patience de prendre
cette formation-là qu'ils trouvent trop longue, à leur
gré.
M. Pagé: Alors, sur 7000 qui ont étudié, qui
sont passés par les 4 écoles, 1000 sont considérés
comme des graphologues, ont vraiment franchi les étapes qui conduisent
à l'obtention - entre guillemets - du titre et iI y en a 20 qui
travaillent dans ça. Donc, je suis, en quelque sorte,
légitimé de conclure, comme ministre de l'Éducation, que
les 6980 autres l'ont fait par loisir, par connaissance personnelle, par
Intérêt personnel. (15 h 30)
Mme Bouchard (Monique): M. le ministre, il y a plusieurs
graphologues qui ont terminé leur cours et qui s'en servent au point de
vue travail. Par exemple, il y a plusieurs conseillers en orientation qui ont
fait le cours et ils s'en servent au niveau de leur travail. Ils ne sont pas
reconnus comme tel comme graphologues parce qu'ils sont engagés comme
conseillers en orientation, mais la graphologie vient les aider. C'est la
même chose pour les travailleurs sociaux. Il y a plusieurs travailleurs
sociaux qui ont suivi le cours. Les psychologues, c'est la même chose. Il
y a beaucoup de professionnels qui ont suivi le cours. En administration, iI y
a plusieurs personnes qui ont suivi le cours aussi. Eux autres, ils ne
s'affichent pas comme professionnels, comme graphologues professionnels; ils
vont s'afficher comme administrateurs mais, en arrière, ils se servent
de la graphologie.
M. Pagé: Donc, la graphologie peut servir en soutien
à une autre...
Mme Bouchard: Ah, beaucoup! Beaucoup. M. Pagé:
Oui.
Mme Bouchard: Dans le domaine de l'enseignement, iI y a plusieurs
professeurs qui ont suivi le cours et qui s'en servent pour aider leurs
étudiants.
M. Pagé: O. K. Vous nous demandez, compte tenu de la
volonté exprimée dans le projet de loi, de faire en sorte que
tout ce qui s'appelle formation de culture personnelle et sociale soit
dirigé vers la protection du consommateur et qu'on retienne uniquement
ce qui s'Inscrit pleinement et entièrement dans le cadre de nos
régimes pédagogiques en fonction d'une sanction.
Vous nous demandez d'être admissibles, identifiés dans un
secteur de formation professionnelle d'appoint. Pour nous, ce qui s'appelle
formation professionnelle d'appoint, c'est une formation qui est acquise par
une personne, soit comme formation généralement
complémentaire dans la perspective d'un emploi, dans la perspective de
gagner sa vie, et j'hésite à croire que ce soit acceptable par le
ministère, d'autant plus que le gros problème que nous aurions
serait: Comment valider le contenu des cours?
Mme Lavoie: Je pense que, dans notre mémoire, nous
spécifions que nous sommes prêts à passer à
l'évaluation puisque nous, nous nous évaluons entre nous
aussi.
M. Pagé: Oui, oui.
Mme Lavoie: Nous sommes disposés à subir toutes les
formes d'évaluation que le ministre voudra bien nous imposer à ce
sujet.
Mme Bouchard: Moi, je pense que j'ai fait quand même un
très bon test parce que mon cours...
M. Pagé: Oui.
Mme Bouchard:... est basé sur les écritures de gens
du Québec. J'ai fait critiquer chacune de mes analyses par des personnes
qui ont connu ces gens-là. Je pense, par exemple, à Maurice
Duplessis, l'ancien premier ministre. Un de ses collègues a fait la
critique. Il a dit: Je pensais le connaître et je vois qu'il y a bien des
choses qui m'ont échappé. J'ai pris des gens un peu dans
différents domaines. Quand on ne les connaît pas, des fois, comme
ça, on s'imagine que c'est des personnes différentes, mais quand
on donne ça à des parents ou à des gens qui les ont
connues, ce sont eux qui font la critique, pas nous, ce sont les personnes qui
les ont connues. Alors, je pense...
M. Pagé: Oui. Mais vous conviendrez que c'est à
partir d'échantillonnages quand même limités. Je ne peux
pas tirer de conclusions scientifiques, universelles, démontrables,
compte tenu des échantillonnages limités.
Mme Bouchard: Je pense, par exemple, au juge Cliche. Je pense que
si mon analyse n'avait pas été juste, son garçon, qui est
avocat, n'aurait pas accepté qu'il fasse partie du cours de graphologie,
puis ils l'ont lue et relue, toute la famille. L'analyse a passé
à toute la famille. Il a dit: Je suis obligé de m'incliner et de
dire: C'est vrai.
Mme Lavoie: J'aimerais ajouter que, pour prouver que la
graphologie a sa raison d'être, en France, elle est vraiment reconnue
d'intérêt public. D'ailleurs, en Espagne, en France, en Allemagne
et dans certaines parties des États-Unis, il n'y a pas de firmes qui
font une sélec-
tion du personnel sans avoir passé, au préalable, par la
graphologie. De plus en plus...
M. Pagé: Oui, j'ai lu ça dans le
mémoire.
Mme Lavoie: Oui. De plus en plus, c'est reconnu et on en a
besoin. Évidemment, au Québec, ça commence. Beaucoup de
firmes l'utilisent, mais c'est encore au premier pas. Il y a quelques personnes
qui gagnent leur vie en sélection du personnel dans ce
domaine-là. Mais lorsque des firmes l'ont expérimentée,
elles ne font plus marche arrière.
M. Pagé: Vous dites craindre, dans le mémoire, que
si la loi est adoptée tel que prévu, donc plus de reconnaissance
de la part du ministre de l'Éducation, en bas, vous croyez que vous
allez perdre des étudiants, vous allez perdre... Parce que la
graphologie, si elle a su, depuis 40 ans seulement... Parce que la graphologie,
ici, est née en 1950, comme vous l'avez dit au début; au
Québec, elle a commencé à s'Implanter en 1950. Si vous
avez, depuis 1950, 7000 de nos concitoyens qui se sont inscrits à une de
vos écoles, c'est qu'il y a un intérêt. Le nom du ministre
de l'Éducation n'a pas toujours été, pendant ce
temps-là, en-dessous du document de promotion.
Mme Lavoie: Bon! Depuis 1950...
M. Pagé: II y a ça et il y avait les impôts.
Vous disiez...
Mme Gaudreault: Depuis 1950, dans les années cinquante,
les personnes cherchaient quel cours suivre. Il y avait beaucoup beaucoup de
cours qui se prenaient. Mais là, je vous dis: Ceux-là qui
s'Inscrivent aux cours de graphologie, c'est vraiment parce qu'Us y tiennent;
les personnes sont prises par ie temps, sont prises par les cours
d'université.
M. Pagé: Oui.
Mme Gaudreautt: Donc, quand ils s'intéressent au cours de
graphologie, c'est parce qu'Us ont mis la priorité pour la
graphologie.
M. Pagé: Mais c'est ça qui me sécurise.
C'est que s'ils y tiennent, que le nom du ministre soit en dessous ou non,
ça ne changera rien, Ils y tiennent.
Une voix: Moi, M. le ministre...
M. Pagé: Le caractère, comment dirais-je,
peut-être pas mystérieux, mais le caractère particulier de
la découverte de l'être que ça donne à celle ou
à celui qui maîtrise bien les notions de graphologie, que le nom
du ministre de l'Éducation soit en bas ou non, j'ai l'impres- sion que
ce n'est pas ça qui va être déterminant dans son choix.
Mme Lavoie: M. le ministre, je me permets de ne pas être
trop d'accord avec vous parce que...
M. Pagé: Ah! Vous avez le droit même d'être en
désaccord, madame. On est en démocratie.
Mme Lavoie:... lorsque nous écrivons sur une attestation,
un diplôme ou un document qui provient de chacune de nos écoles:
permis de culture personnelle à tel numéro, ça donne de la
crédibilité. Autrement, ça va être mon propre nom
seulement. Je veux bien croire qu'à la longue, les gens viennent
à nous connaître, mais on travaille pour la promotion d'une
science. Lorsque nous avons la reconnaissance du ministre de
l'Éducation, c'est une crédibilité
supplémentaire.
Mme Bouchard: Pour plusieurs, c'est peut-être une
façon de savoir si on peut être cru ou pas.
M. Pagé: Oui.
Mme Bouchard: Pour des gens - et regardez un petit peu votre
attitude, quand vous avez reçu le mémoire - la graphologie, c'est
quoi? Alors, pour des gens, quand ils disent: Ils ont un permis
d'enseignement... Donc tout de suite, Ils vont adhérer et ils vont s'y
pencher de façon beaucoup plus... que si on est rattachés
à la loi du consommateur.
Une voix: On se le fait demander.
M. Pagé: Oui, ça... En fait, vous confirmez ce que
j'Indiquais ce matin, que, dans le cadre de ces cours où le ministre
émet un nombre très appréciable de permis, le fait que la
signature du ministre soit apposée en bas du cours qui se donne ou des
documents promotionnels, ça contribue, entre guillemets, à
accréditer le cours.
Une voix: Oui.
M. Pagé: Mais allez-vous convenir avec mol que lorsque le
ministre signe en bas du permis et que le ministre n'a aucun contrôle sur
la matière enseignée, le ministre n'a pas de spécialiste
chez lui pour valider la matière enseignée, le ministre ne peut
pas confirmer si une façon de faire, de concevoir, d'enseigner, etc.,
respecte des objectifs, entre guillemets, Internationaux? Chez nous, on n'est
pas en mesure d'évaluer vos programmes. Alors est-ce qu'au nom de
l'intérêt public, de loyauté, finalement, entre un citoyen
et l'appareil gouvernemental, c'est pertinent, alors qu'on ne peut pas valider,
de cautionner par la
signature purement et simplement?
Mme Lavole: Nous sommes d'accord, M. le ministre, que de donner
un permis sans évaluer des programmes, c'est un peu
problématique... C'est pourquoi nous sommes...
M. Pagé: C'est ce qu'on a fait.
Mme Lavole: ...totalement en accord et prêts à
collaborer pour permettre une évaluation de nos programmes. D'ailleurs,
nous avions l'impression que c'était un peu fait parce qu'à
périodes plus ou moins régulières, il fallait toujours
produire à la Commission consultative de l'enseignement privé
tous les aménagements nouveaux, les améliorations nouvelles, les
progammes de cours nouveaux. Jusqu'à maintenant, on s'est soumis
à ça à chacune des années. Alors, on croyait que
c'était évalué de façon satisfaisante.
M. Pagé: Écoutez, je ne peux parler au nom de la
Commission. Je sais qu'à la Commission, ce sont des gens de bonne foi
qui sont là, qu'ils font un bon travail. En terminant, je peux vous
donner l'assurance que je vais m'enquérir auprès d'eux des
critères de référence sur lesquels ils s'appuyaient pour
juger ou apprécier les renseignements additionnels que vous leur faisiez
parvenir régulièrement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Merci de votre présence, de votre
sensibilisation.
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abltlbi-Ouest, vous avez...
M. Pagé: Je vais continuer à vous écrire
à ta dactylo.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): ...maintenant la
parole.
M. Gendron: Oui. Je voudrais vous souhaiter la bienvenue, Mme
Lavole, ainsi qu'à tous vos collègues, collaborateurs, qui
représentent l'Association des graphologues du Québec. Pour nous,
membres de cette commission, c'était sûrement une occasion de
pouvoir compléter et, dans certains cas même, apprendre des choses
nouvelles concernant cette science humaine qui, tout compte fait, n'est quand
même pas tellement connue et répandue dans la connaissance exacte
de ce que ça peut signifier. Pour les gens qui ont eu l'occasion,
effectivement, de suivre des cours en graphologie, II semble que ça
donne toutes sortes de capacités de déceler toutes sortes de
choses. Juste quelques minutes avant de vous entendre, j'avais l'occasion de
jaser avec quelqu'un, ici, à l'arrière de cette salle, qui
m'exprimait toute la satisfaction qu'elle a eue à suivre des cours de
graphologie et combien c'était enrichissant pour toutes sortes
d'apprentissages. Ce n'est pas pour rien qu'il y a plusieurs professionnels
qui, dans leur emploi professionnel, se servent des connaissances en
graphologie qu'ils ont pour enrichir leur expérience de travail.
Cependant, d'entrée de jeu, très rapidement, je serais
porté à vous dire: Si on convient qu'il s'agit, en tout cas, avec
les petites connaissances que j'en ai, davantage de ce qu'on peut appeler,
entre guillemets, de "formation personnelle", est-ce que ce n'est pas le lot de
toutes les autres professions, quand on a la chance d'enrichir sa formation
dite professionnelle plus classique ou plus libérale comme profession...
Quand on a la chance de l'enrichir, dis-je, bien, règle
générale, c'est le propre de chaque être humain, à
l'intérieur de son travail quotidien, de se servir de cet enrichissement
additionnel qui lui est donné par quelque connaissance que ce soit.
Moi, je veux juste vous indiquer à ce moment-ci que c'est
intéressant pour nous, mais je comprends la difficulté du
ministère. Vous êtes très ouverts à regarder
ça avec eux quand vous indiquez, dans votre mémoire... À
moyen terme, vous dites: les directeurs des écoles de graphologie sont
disposés à soumettre leur programme et l'évaluation de
leur enseignement à périodes plus ou moins
régulières aux représentants du ministère de
l'Éducation, selon les dispositions que celui-ci voudra bien leur
imposer. C'est là, le problème. C'est là, le
problème, dans le sens que le ministère de l'Éducation, en
tout cas tel que je le connais et je pense que je le connais un peu, ne se sent
pas outillé, équipé pour être en mesure, à ce
moment-ci, d'ouvrir et de dire: Voici les différents créneaux sur
lesquels je voudrais que vous insistiez davantage comme association
professionnelle.
Si votre association est d'accord pour essayer de voir avec le
ministère comment, on va appeler ça, juste pour se comprendre,
"une espèce de grille" pourrait être bâtie pour que,
éventuellement, ça ait une signification qu'il appose sa
signature sur un permis quant à l'émission d'une diplomation
quelconque ou, pour aller directement dans votre demande, reconnaître la
graphologie au moins comme formation professionnelle d'appoint, on n'a pas dit
grand-chose si on n'a pas convenu comment on fait ça puis sur la base de
quels critères. Si vous me dites aujourd'hui que vous seriez d'accord
pour suggérer des outils, des moyens efficaces d'instrumentation,
d'évaluation et de mesure, bien moi, je serais ouvert à ce que
ces discussions-là aient lieu avant de se compromettre, parce qu'on va
avoir des problèmes si, effectivement, on reconnaît qu'il s'agit
d'une formation dite
Intéressante mais, tout compte fait, il y a 20 personnes à
peine au Québec qui peuvent vivre de cette profession-là. C'est
ce qu'on a convenu. Ce n'est pas tellement national comme couverture, vous en
conviendrez.
C'est à ce niveau-là que j'en suis. Je ne peux pas
vraiment questionner comme tel. Votre mémoire est clair, il est
précis. Effectivement, il nous instruit beaucoup de ce qui se fait, des
maîtres, des spécialistes, la définition de ce que c'est
comme science. La seule question que j'aimerais vous poser c'est:
Effectivement, est-ce que vous croyez être en mesure d'en arriver
à des échanges avec le ministère qui nous permettraient de
baliser et de préciser davantage l'évaluation puisque vous avez
ajouté - et ça, ça m'inquiétait: "Ça
dépend à quelle école de pensée on se
réfère"? Il y a des graphologues qui vont avoir tel
critère alors que d'autres vont avoir des critères
complètement différents, dépendam-ment des origines de
l'école de graphologie. Bien, c'est une difficulté additionnelle
pour le ministère de l'Éducation de sanctionner ou de cautionner
l'émission de permis.
Mme Lavoie: Voici. Nous avons quand même des objectifs
communs. Même si une école peut privilégier Bunker et une
école privilégier Mara Roman, une école peut
privilégier, par exemple, la méthode française mais, au
point de départ, on a toujours, dans un programme de première
année, et ça, vous l'avez au document 6, des cours de base,
c'est-à-dire une habitude à l'observation comme graphologie
fondamentale d'initiation des éléments structuraux, des titres
différents, mais qui veulent tous dire habitude à observer
l'écriture. Et en deuxième année, là on commence
à spécifier davantage et on se rapproche beaucoup du
côté psychologie, parce que la psychologie et la graphologie sont
proches parents. On va voir les types de personnalités, les fonctions
psychiques, les tempéraments ou une méthode quantitative plus
précise et spécifique à chacune des écoles. (15 h
45)
Et on poursuit avec, peut-être encore, une différenciation,
mais qui, au bout de la ligne, se ressemble. Si vous saviez, lorsque nous
faisons des ateliers à nos congrès, on peut être de quatre
ou de cinq formations différentes et lorsqu'on fait un même
travail, on arrive tous au même résultat. C'est tout simplement
par le truchement d'une méthode différente. Qu'on dise, par
exemple, qu'une personnalité a confiance en elle à 60 % ou
à 6 sur 10, ou qu'elle a une confiance en elle qui est supérieure
à la moyenne, eh bien, c'est le même résultat, sauf qu'on
n'est pas parti tout à fait des mêmes signes graphiques.
Et pour continuer, lorsqu'on apprend une observation de
l'écriture, ce n'est pas si simple que ça paraît
l'être au point de départ. On ne peut pas dire: Tu fais tes "j" de
telle façon et tes barres de "t" de telle façon, tu veux dire
ça. Il faut aller vérifier et revérifier
l'élément qu'on appelle continuité. Est-ce que ça
se répète un certain nombre de fois ou est-ce que c'est une
erreur ou une distraction en passant? Cet élément-là que
je viens de percevoir, est-ce que c'est un élément qui est
intense dans la personnalité? Est-ce que la personne est en relation
avec des gens ou si c'est face à elle-même qu'elle a telle ou
telle caractéristique de la personnalité?
C'est pour ça que ça demande du temps et ça demande
de la formation auxquels toutes les personnes qui s'inscrivent en graphologie
ne s'attendent pas nécessairement. Elles s'attendent qu'elles vont venir
en graphologie et que ça va venir tout seul. Lorsqu'elles
s'aperçoivent que ce n'est pas si simple qu'elles l'auraient cru en
partant, eh bien, on a des démissions en cours de route. Nous voulons
garder les professionnels. C'est pourquoi nous faisons des pas lents mais
sûrs, pour ne pas faire marche arrière après.
M. Gendron: Considérant, madame - ce sera ma
dernière question - que vous portez le jugement que le nombre de
personnes qui s'inscrivent à des cours de graphologie est vraiment en
croissance, sur une échelle de 10 ans, ça serait quoi, en gros,
les chiffres qu'on pourrait apprécier pour évaluer nous aussi
cette croissance de la demande?
Mme Lavoie: Est-ce que je peux demander à Mme Bouchard
quel est son pourcentage de progression?
Mme Bouchard: Les gens qui s'Inscrivent, si on regarde les
années passées, habituellement on a de 35 à 40
étudiants qui viennent, qui s'Inscrivent pour la première
session. Puis quand on est rendu à la fin, on a cinq ou six
étudiants qui terminent. C'est un peu comme Mme Lavoie dit: Les gens
s'attendent, en regardant l'écriture, à tout savoir. Mais le
travail est tellement long que c'est décourageant. Mol, J'en fais
régulièrement, des analyses, et pour faire une analyse, restez
bien assis, ça me prend 60 heures.
Alors, c'est beaucoup de travail. Il faut aller chercher. Il faut puiser
dans différentes recherches pour s'assurer parce que le client qui va
avoir la réponse, il se connaît peut-être mieux que nous
autres. Alors, c'est lui qui fait la critique de nos analyses. C'est pour
ça que c'est si long et c'est là que ça explique pourquoi
U n'y a pas beaucoup de graphologues qui vont accepter de faire ce
travail-là, parce que c'est vraiment un travail de moine. Il faut
chercher, chercher, chercher. Alors les gens qui ont une Idée globale du
spécimen, ils se disent: J'en ai assez. Je vais voir.
M. Gendron: Ça travaille à quel tarif horaire, un
graphologue?
Mme Bouchard: Pardon?
M. Gendron: Ça travaille à quel tarif horaire, un
graphologue?
Mme Bouchard: Pour une analyse approfondie, moi, je demande 500 $
et ça me prend 60 heures. Ce n'est pas beaucoup, mais pour la personne
qui paie, c'est encore trop. Mais je ne peux pas demander plus et je ne peux
pas demander moins.
Mme Gaudreault: Là encore, ça dépend des
écoles.
Mme Bouchard: Oui.
Mme Gaudreault: Là encore, ça dépend des
écoles. Tantôt vous demandiez si le nombre était
grandissant.
M. Gendron: Oui.
Mme Bouchard: Oui, le nombre est grandissant. Environ - moi, je
mettrais - du tiers ou dépassé un peu le tiers parce que de plus
en plus la meilleure publicité, c'est de bouche à oreille. Et le
nombre d'analyses qui nous arrivent aussi est grandissant et le nombre de
demandes. C'est par là qu'on voit. Parce qu'on est plusieurs
graphologues et on réussit... On a deux écoles à
Chlcoutimi et on arrive à fonctionner, ce qui veut dire que c'est
grandissant.
M. Gendron: Je tiens à vous remercier. Moi, tout ce que )e
souhaite, comme Opposition, c'est que vous essayiez effectivement d'être
très collaborateurs auprès du ministère pour qu'ensemble,
si vous êtes en mesure de trouver une façon un peu plus garantie
professionnelle d'avoir ce que J'ai appelé, mol, avec
énormément d'im-précision, j'en conviens, cette
espèce de grille qui permettrait que l'évaluation signifie
quelque chose. Et, là, iI me semble qu'il y a une piste de solution, et
j'espère que vous arriverez à conclure à quelque chose
pour que vous soyez sanctionnés dans cet esprit-là.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. M. le député de Vimont, vous avez une
question?
M. Fradet: Oui, merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir, mesdames et messieurs, de vous rencontrer. Je peux vous dire qu'avant
d'avoir reçu le mémoire, je n'avais jamais entendu parler de la
profession de graphologue. Le seul endroit où j'avais vu qu'il y avait
des études d'écritures comme celles-là, c'était
dans un film de Colombo. Mais là, je pense que ça s'en vient puis
je suis très content d'avoir entendu l'échange que vous avez fait
avec les membres.
Une voix:...
M. Fradet: Moi, je suis encore jeune. J'ai une question. Je
partage aussi l'opinion du député d'Abitibi-Ouest et du ministre
de l'Éducation. Je pense que c'est sûr et certain que si vous avez
des échanges avec le ministère de l'Éducation pour en
venir à avoir un genre d'homogénéité dans la
formation que vous donnez et aussi qu'on puisse établir des
critères pour établir la diplomation, si vous voulez...
Mais une question que j'aimerais vous poser... Est-ce que vous avez fait
des démarches auprès de l'Office des professions du Québec
pour l'Association des graphologues?
Mme Lavoie: Oui, je le signale même dans le mémoire.
On a déjà fait des démarches. Ça date de 1986 et
1987. Mais c'est le nombre de personnes faisant partie de l'Association qui
nous manquait pour que ce soit valable. M. Louis Roy, avec lequel nous
communiquions à ce moment-là, nous disait que nous avions tous
les éléments en cause. Il voyait le degré
élevé de professionnalisme que nous avons, les services et le
nombre de personnes, le sérieux aussi des gens... Alors, nous attendons
après le nombre.
M. Fradet: C'est le nombre de membres qui vous manquait.
Mme Lavoix: C'est ça.
M. Fradet: Alors, peut-être qu'avec la progression que vous
avez, d'ici à quelques années, vous allez le..
Mme Lavoix: Avec l'accueil qui nous sera fait maintenant, c'est
peut-être un pas de plus vers ce nombre-là que nous demandons.
M. Fradet: Est-ce qu'il y a des études qui ont
déjà été faites, pour donner des diplômes
dans ce domaine-là, peut-être avec d'autres pays comme les
États-Unis? Vous avez mentionné... Il y a déjà des
études, des critères préétablis dans les cours que
vous donnez, même si ce ne sont pas tous les mêmes cours qui se
donnent dans vos quatre écoles, mais par rapport à
d'autres...
Mme Lavoix: Mais c'est évident que ce n'est pas... Chacune
des écoles n'a pas une liberté totale, puisqu'on n'invente pas la
graphologie. Ç'a été fait avant nous. Ça date de
1622 avec un Italien qui s'appelait Camlllo Baldi. Ç'a commencé
dans un collège privé, la graphologie, et puis c'est nos
devanciers qui se trouvent à être nos maîtres. On n'invente
pas. Et on a des critères, puis on a des balises sur lesquelles on se
base. Il y a bien des observations qu'on peut avoir, mais on les fait
vérifier par des pairs a ce moment-là, puis on va vérifier
aussi dans toute notre bibliographie qui devient énorme. Ce n'est
vraiment pas quelque chose à l'aveuglette. Une voix:
Ensuite, la personne évolue...
M. Fradet: Je vous souhaite bonne chance et continuez
peut-être à discuter avec le ministère de
l'Éducation. Peut-être qu'on en viendra à établir
une politique en cette matière.
Mme Lavoix: Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Vimont. M. le ministre.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, au
nom des membres de cette commission, je tiens à vous remercier
d'être venus devant nous aujourd'hui. Ceci met fin à votre
intervention, et je vais donc suspendre les travaux pour quelques minutes, le
temps que vous vous retiriez et que le groupe suivant, soit le Mouvement pour
l'enseignement privé, vienne prendre la place. Les travaux de la
commission sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
(Reprise à 15 h 59)
Le Président (M. Gobé): Nous allons maintenant
tranquillement reprendre nos travaux. Je m'excuse un petit peu pour ce petit
retard, mais j'avais des petits détails encore à régler.
Alors, je vais profiter un peu du temps que nous avons avant que vous
commenciez pour vous rappeler que vous avez 60 minutes d'Intervention globale
réparties de la façon suivante, comme je le disais
précédemment à chacun des intervenants: 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire ou pour faire des remarques que
vous jugerez utiles sur le projet de loi 141; par la suite, le
côté ministériel, M. le ministre, a lui aussi 20 minutes
durant lesquelles vous pourrez dialoguer avec lui; après, nous
passerons, bien entendu, aux interventions du représentant de
l'Opposition officielle en matière d'éducation. Si d'autres
députés désirent participer, tel le député
de Jacques-Cartier qui est présent, le député
indépendant, la présidence verra, d'un commun accord avec les
intervenants, à lui aménager le temps nécessaire. Alors,
ceci étant dit, j'aimerais maintenant que le porte-parole de votre
groupe se présente et qu'il présente en même temps les gens
qui l'accompagnent.
Mouvement pour l'enseignement privé
M. Robert (Y von): Merci, M. le Président. Permettez-moi
de me présenter: Yvon Robert, président du Mouvement pour
l'enseignement privé de la région des Laurentides; à ma
droite, Mme Denise Lapointe, première vice-présidente, parent
d'élèves de la région de Québec; Mme Jocelyne
Royer, trésorlère, parent d'élèves de la
région de Montréal; M. Rosaire Legault, secrétaire du
Mouvement de la région de Montréal; M. André Botvln,
deuxième vice-président, président de la région de
l'Outaouais du Mouvement pour l'enseignement privé, parent
d'élèves; de l'autre côté, M. Charlemagne Girard,
parent d'élèves de Jonquière. M. Girard est aussi
secrétaire du Mouvement pour l'enseignement privé pour la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. Robert ainsi que
vos collaborateurs, bienvenue à cette commission. Vous pouvez
maintenant, sans plus tarder, procéder à votre intervention. Vous
avez la parole.
M. Robert: Merci, M. le Président. Je pense bien que pour
le Mouvement, c'est avec plaisir qu'on se présente à cet exercice
démocratique que constituent les travaux d'une commission parlementaire.
C'est une occasion de faire connaître nos points de vue sur un projet de
loi et aussi sur les problèmes qui nous préoccupent. On est
d'autant plus heureux qu'on a pu constater, depuis l'ouverture des travaux de
cette commission, l'Intérêt qui a été
manifesté par tous les membres de la commission, autant des ministres
concernés que du critique officiel de l'Opposition.
D'abord, le Mouvement que je voudrais présenter brièvement
a été fondé en 1983, dans un contexte de restrictions
budgétaires dues à la loi 11 de 1981 et à la
récession. Actuellement, le Mouvement compte 27 000 membres des 100 000
familles dont les enfants fréquentent l'école privée. Ses
objectifs sont la défense de la liberté de choisir en
éducation ainsi que ta promotion et le développement de
l'enseignement privé.
Jusqu'à ce jour, le Mouvement a tenu quatre congrès
provinciaux et il publie un petit journal que tous les membres de
l'Assemblée nationale reçoivent quatre fois par année. En
plus des membres, le MEP travaille en étroite collaboration avec les
autres associations de l'enseignement privé, dont quatre associations
ont des représentants à notre conseil d'administration. Il s'agit
de l'Association des directeurs d'écoles secondaires, l'ADESQ, de
l'AIPEQ, l'Association des institutions primaires du Québec, de l'AIES,
l'Association des Institutions d'enseignement secondaire du Québec et
l'Association des collèges du Québec, qui sont autant
d'associations représentées à notre conseil
d'administration.
Une autre raison de se présenter devant votre commission, c'est
d'obtenir des réponses à nos Interrogations. Ce qu'on
espère de cet après-midi, c'est de savoir pourquoi la
célérité, pourquoi avoir présenté la loi 141
de façon aussi
rapide, quels étaient les objectifs
recherchés. On espère bien, on a écouté
attentivement. Hier, je pense qu'on a eu l'occasion... le critique de
l'Opposition nous a dit qu'il le savait. J'espère que d'Ici la fin de
l'après-midi, II va nous révéler les raisons qui ont
amené à procéder aussi rapidement.
Maintenant, on voudrait vous entretenir brièvement,
avant d'aller plus loin, sur nos valeurs en éducation, les valeurs qui
sont défendues. Pour nous, une école de qualité suppose le
libre choix des parents, non seulement le refus de la concurrence entre le
secteur privé et le secteur public, mais le refus du choix entre les
écoles publiques elles-mêmes. Pour nous, ça nous pose des
interrogations.
Ce refus de choix se manifeste aussi par la centralisation
de l'organisation scolaire et par des conventions collectives interminables. Ce
n'est pas l'école privée qui draine les enfants du secteur
public, mais ce sont les parents qui choisissent l'école privée.
Il ne faut pas inverser la cause et l'effet. Attaquer l'école
privée comme étant la source des problèmes du public,
c'est non seulement attaquer le droit démocratique des parents de
choisir l'école de leurs enfants, c'est aussi contester la
lucidité de ce choix, en voulant laisser entendre que les parents ne
savent pas ce qu'ils font, qu'ils sont endoctrinés par la propagande du
privé, qu'ils choisissent sur des Images. Pourtant, ce sont ces
mêmes parents qui élisent les députés et les
ministres.
Dans la volonté d'imposer l'uniformité, c'est
finalement contre la liberté de la démocratie qu'on en a. Quant
au projet de loi 141 vu sous cet éclairage, comme tous les groupes du
privé qui se sont présentés devant vous, le vocabulaire
nous pose des problèmes. On trouvait déjà la loi actuelle
contenant suffisamment de contrôle. On nous en propose une autre qui
augmente les contrôles. On n'est pas contre les contrôles, mais on
considère que ce qui existait jusqu'ici était suffisant parce
que, pour nous, le meilleur contrôle qui existe encore pour le
privé, c'est celui des centaines de parents qui paient pour
fréquenter une école privée. Je pense que ce sont eux les
meilleurs juges de la qualité des services qui sont offerts. Dans
beaucoup de cas, c'est eux qui s'en sont chargés en s'adressant à
des associations de services comme celles qui existent ou encore en s'adressant
directement au ministère pour faire corriger les situations.
Les améliorations que nous voudrions voir
apportées à la loi de l'enseignement privé. On voudrait
qu'avec son enracinement historique et social, sa réputation de
qualité, sa popularité dans l'opinion publique, son statut
juridique depuis 1968 avec 10 % des effectifs et les économies de 300
000 000 $ qu'il fait faire à l'État annuellement, l'enseignement
privé mérite autre chose qu'une tolérance
soupçonneuse de la part de l'État. L'enseignement privé
doit être considéré comme un partenaire au plein sens du
mot. Ce que nous voulons, c'est un changement d'attitude. Nous voulons une
direction de l'enseignement privé intéressée à
développer l'enseignement privé et non une direction
chargée de le contenir. Mais le problème le plus Important - on
veut profiter de cette occasion-là pour vous le souligner aujourd'hui -
c'est qu'on recherche, les parents recherchent un meilleur soutien
financier.
Je pense que ce qu'on dénonce depuis 10 ans, ce
n'est pas la loi 56, mais bien celle de 1981 et le sous-financement qui en
découle. Nous désirons même expressément retrouver
un appui financier comparable à celui qu'a établi en 1968 la loi
50. Les 80 % qui existaient à ce moment-là sont devenus environ
52 % et, d'année en année, l'écart grandit. À
plusieurs reprises, le Mouvement pour l'enseignement privé a
sensibilisé le gouvernement à plusieurs mesures propres à
améliorer le financement des écoles privées. Bien
sûr, l'augmentation du montant de base, la valeur locative... On a
parlé aussi du bon d'éducation, des crédits d'impôt
aux parents dont les enfants fréquentent le privé et qui, de
surcroît, paient déjà pour l'école publique... Ces
parents sont triplement taxés.
Même le ministère a fait des études qui
concordent pratiquement avec les nôtres. Qu'on pense au rapport Ristic
qui a été préparé et, en même temps, une
étude qui a été faite par une firme de comptables de
Québec, la firme Laliber-té, Lybrand, Lanctôt, d'autres
études aussi et une autre qui a été faite par deux
professeurs de l'École nationale d'administration publique. Il y a eu
aussi, entre-temps - et on a oublié, on y revient avec des bribes - le
rapport Gobeil, avec M. Bélanger, qui recommandait au gouvernement
d'augmenter le financement du privé parce qu'automatiquement, en
favorisant le développement du privé, pour le groupe Gobeil, on
augmentait la concurrence et, par le fait même, la qualité.
Le rapport Mlgué va plus loin - et je pense que
c'est un débat qu'on ne pourra peut-être pas faire au complet cet
après-midi. Mais vu l'intérêt des membres de la commission
quand on dit que c'est une formule économique, le rapport Migué,
avec preuve à l'appui, dit: On pourrait augmenter de 500 $ les
subventions au privé; il suffirait, à ce moment-là, qu'il
y ait 3,4 % de la clientèle du public qui passe au privé et
ça ne coûterait absolument rien au gouvernement. Ça
pourrait répondre à un plus grand nombre de familles qui veulent
inscrire leurs enfants à l'école privée et, actuellement,
elles ne trouvent pas de place.
On se plaint de la sélection, mais je pense qu'une
des causes principales de la sélection, quand il y en a, c'est le manque
de places. Même l'école publique fait de la sélection.
Prenez les écoles internationales dans certaines régions. Elles
reçoivent environ 700, 800 demandes, en acceptent 150 ou 200. Je pense
qu'il y a aussi de la sélection parce que le nombre de places n'est
pas aussi grand que ce que la population recherche. Le Québec
devrait suivre l'exemple du Manitoba, qui a prévu un plan progressif qui
permettra, en 1997, pour chaque élève du privé de verser
80 % de la subvention versée à l'école publique. Je pense
que ce qu'il est aussi important de souligner, c'est que le Manitoba aussi
financera les dépenses d'immobilisation jusqu'à concurrence de 20
%, pour permettre à de nouvelles écoles d'être
créées.
Un autre problème qu'on veut aussi souligner lors de notre
passage devant votre commission - je pense que la loi est muette
là-dessus - c'est celui du transport scolaire. Actuellement, le
transport scolaire est aussi partie du monopole, jusqu'à un certain
point, des commissions scolaires. Ça crée des frictions.
Ça devient un moyen d'entraver le développement, d'entraver
l'accessibilité à l'école privée. Toute la
population du primaire, même quand une école primaire
détient une déclaration d'intérêt public, ces
élèves ne peuvent pas être transportés ou, s'ils le
sont, dans certains cas, au primaire privé actuellement, les coûts
de transport dans certains cas dépassent les frais de scolarité.
Aussi, dans les communautés urbaines de Québec et de
Montréal, les écoles privées qui reçoivent des
élèves de l'extérieur, ces parents-là ne sont pas
subventionnés pour le transport. Ça crée des
problèmes, ça rend l'école encore difficilement
accessible.
Un autre problème ou une question qui reste sans réponse
avec le projet de loi 141 - je pense que le gouvernement est Interrogé
sur ce problème-là depuis plusieurs années - le
problème des résidences-pensionnats. Pour le primaire, on en
faisait une condition pour les francophones pour obtenir des subventions. Il
n'y avait que les écoles ethniques qui pouvaient obtenir des subventions
au primaire sans avoir de pensionnat au Québec. Mais les pensionnats
n'ont jamais été financés. Avec le retrait progressif des
communautés religieuses, même si le besoin des services continue
à se faire sentir, les pensionnats vont fermer. C'est un service qui
sera rendu difficilement accessible durant les prochaines années si les
écoles ne reçoivent pas d'aide.
Un autre point qu'on voudrait souligner lors de notre passage, c'est
l'excellent travail de la Commission consultative. On a été un
petit peu surpris de ne pas retrouver... Il y avait deux points qui nous
avaient bien frappés dans le rapport de la Commission consultative
lorsqu'elle s'est présentée, lorsqu'elle a présenté
les orientations d'un nouveau projet de loi. Ils insistaient beaucoup sur
l'amélioration du financement du privé, sur le besoin de donner
au privé une plus grande autonomie. On a obtenu, à notre sens...
On nous dit: des promesses. Quand je parle de promesses, c'est des promesses
qui datent de 10 ans parce que le privé, il y a 10 ans, avait eu
l'occasion de rencontrer... (16 h 15)
Le Parti libérai, qui était dans l'Opposition à ce
moment-là, nous disait: Attendez qu'on soit au pouvoir. Lorsqu'ils se
sont retrouvés au pouvoir, ils ont dit: Le Parti québécois
a fait tellement de dettes que, dans un premier mandat, on ne peut rien faire.
Donc, dans un deuxième mandat - ça, ça nous a
été dit dans le bureau du premier ministre en présence du
ministre de l'Éducation... Mais là, le deuxième mandat est
pas mal avancé et ce qu'on nous promet, c'est des règles
budgétaires. Ça fait qu'on commence à se poser des
questions. Je pense qu'on n'est pas les seuls.
La Commission consultative, qui est un organisme excessivement
compétent, composée majoritairement de gens qui connaissent le
privé, avait deux recommandations, à notre sens, très
importantes: celle de voir le financement s'améliorer et aussi
d'augmenter l'autonomie, de donner plus d'autonomie parce que ça
s'avère, l'autonomie, à travers beaucoup d'études qui ont
été faites durant les dernières années aux
États-Unis, qui seront reprises par les chercheurs de l'École
nationale d'administration publique, un facteur de qualité en
éducation.
La question qu'on se pose en conclusion: Pourquoi cet acharnement sur
l'enseignement privé? Parce qu'il s'agit d'une formule
économique, d'une formule populaire, d'une formule gagnante. On me
disait... Hier, j'entendais Mme la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science nous dire: Ah! Ça prend des contrôles parce que
je dois signer les diplômes. Bien, j'ai dit: J'aurais aimé
ça pouvoir lui poser la question. Elle signe les diplômes des
collèges publics et son prédécesseur s'est demandé
s'il devait continuer à le faire parce qu'il trouvait qu'il n'y avait
pas beaucoup de moyens de les contrôler. Ça, c'est une
question.
D'un autre côté, les collèges privés
actuellement ont les mêmes contrôles à peu près que
le public. Quel est le meilleur contrôle? Regardez le classement qui a
été fait par la revue L'actualité, le classement
qui a été fait par l'Université de Montréal, les
résultats aux examens du ministère. Je pense que c'est autant de
preuves que nos maisons ont su assurer une qualité d'éducation et
de services. On se pose la question, on se demande si, au lieu de multiplier
les obstacles au développement, l'État, comme lui recommandait le
rapport Gobell, devrait l'encourager. Pour cela, iI suffirait de revenir
à l'esprit de la loi 56.
Le Mouvement de l'enseignement privé espère que les
personnes élues pour protéger les droits des citoyens ne
laisseront pas passer le projet de loi 141, qui transfère le pouvoir du
législateur aux faiseurs de règlements, de normes et de
directives. Nous espérons sincèrement que la rencontre
d'aujourd'hui ne soit pas le point final, mais le point de départ
à un échange parce que, par exemple, sur te dossier du
financement, le dossier du transport, le dossier des pension-
nats, on voudrait continuer un échange fructueux qu'on n'a pas pu
faire jusqu'Ici. Je pense bien qu'il y a eu un changement de ministre qui s'est
fait tard et on avait commencé... Maintenant, le dépôt du
projet de loi nous a empêchés de continuer, nous a demandé
de réagir rapidement. C'est pour ça qu'on se dit: Donnons-nous du
temps pour mieux se connaître, faire connaître les besoins des
parents dont les enfants fréquentent le privé.
Je vous réfère simplement, pour terminer, à une
enquête qui n'a pas été faite par le Mouvement de
l'enseignement privé, qui a été faite par
l'Université de Sherbrooke, financée par la CEQ, et où on
a trouvé que 95 % des parents interrogés ont
réaffirmé leur profond attachement au droit de choisir entre
l'école publique et l'école privée. Pourquoi avoir peur
d'améliorer le financement? 63 % des parents privilégient
l'accroissement des subventions à l'école privée.
Ça, ça n'a pas été fait par le Mouvement de
l'enseignement privé; ça a été fait par la CEQ,
c'est-à-dire financé par la CEQ et fait par l'Université
de Sherbrooke.
En raison de son rôle historique, de sa place
privilégiée dans le coeur des Québécois,
l'enseignement privé constitue un élément de la
société distincte. Je vous remercie, M. le Président. Avec
les membres du Mouvement qui m'accompagnent, on va essayer de répondre
aux interrogations et aux questions des membres de la commission. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci. Merci, M. Robert. Je
passerai maintenant la parole à M. le ministre de l'Éducation. M.
le ministre, vous avez la parole.
M. Pagé: Oui, M. le Président, seulement un
commentaire. M. Robert, mesdames, messieurs, bienvenue. J'ai lu avec
Intérêt votre mémoire qui représente, qui reprend,
somme toute, un positionnement qui est bien campé, bien établi,
fermement formulé.
Je dois dire que le ton utilisé dans votre mémoire - le
mémoire écrit, j'entends - se veut un peu différent du ton
utilisé pour le présenter aujourd'hui. Le ton utilisé dans
votre mémoire, je crois, m'apparaît comme étant, le moins
que je puisse dire, un peu exorbitant. Lorsqu'on parle de
"contrôlée aiguë", de "concocteurs de projets de loi", je
réfère Ici à des "petits Louis XIV en goguettes". Vous
savez, ce n'est parce qu'on est revendicateurs, ce n'est pas parce qu'on est en
désaccord avec quelqu'un que ça implique pour autant le droit de
succomber à l'arrogance et à l'Insulte. Puis je vous le dis
ouvertement, franchement et directement.
Vous Indiquez dans votre document... D'abord, c'est un plaidoyer vibrant
pour l'enseignement privé. Je le respecte. Vous y vivez, vous y croyez.
Vous n'êtes pas le seul à y croire. Nous autres aussi. C'est ce
pourquoi nous sommes ici. C'est ce pourquoi le projet de loi est
déposé, projet de loi qui, j'en conviens, ne fait pas
l'unanimité, mais vous devriez ou vous auriez dû, pour te moins,
reconnaître au minimum, dans un minimum de déférence devant
cette commission et ce Parlement, vous auriez dû... Et je m'attendais
à ce qu'au moins vous reconnaissiez les énoncés
très clairement formulés par ma collègue et moi en ce qui
a trait à des amendements qui seront apportés
éventuellement entre notre étude aujourd'hui et l'étude
article par article, quelque part à la fin du mois d'octobre
prochain.
Vous indiquez, dans votre présentation, qu'au Manitoba la
subvention donnée, accordée à l'enseignement privé
par le gouvernement provincial là-bas représente 80 %
de ce qui est versé au public. Or, tel qu'évoqué,
ça peut bien paraître pour celles et ceux qui écoutent.
Ça tend à démontrer que I'Alberta donne 80 % alors qu'ici,
nous sommes, quoi, entre 50 % et 55 %. Or, au Manitoba le gouvernement finance
le public à 50 % et non pas dans les seuils de pourcentage comme ici,
qui sont environ de 90 %.
Si on voulait véritablement fouiller des énoncés
comme ceux-là, finalement, on constaterait qu'au Manitoba, le
pourcentage de support à l'enseignement privé est en
deçà de ce qu'il est actuellement au Québec. Quel que soit
le niveau d'inquiétude qui peut vous animer en ce qui concerne le
pourcentage et la volonté du gouvernement de respecter des engagements,
je crois avoir été clair là-dessus quand j'ai eu des
échanges, entre autres avec les représentants de la
Fédération et des différentes associations d'institutions
d'enseignement privé.
La volonté, elle est là et j'escompte bien, avant la fin
de ce mandat, du présent mandat, être en mesure de faire en sorte
qu'on puisse avoir un support ajouté au public puis un support
ajouté au secteur privé allant dans le sens d'engagements publics
et fermes d'un groupe politique qui a été mandaté.
Vous nous dites - et je termine là-dessus; c'est un peu
contradictoire - à l'égard du pourcentage de subventionnement, il
faut faire vite, là, il faut faire vite. Vous en êtes à la
deuxième année de votre deuxième mandat. C'est ce que vous
dites: Dépêchez-vous! Dans une situation précaire, c'est
ça que ça veut dire. Et, en conclusion, de façon
très différente, vous dites: Écoutez, là, retirez
le projet de loi, donnons-nous le temps de nous connaître, de nous
apprécier. Je trouve ça un peu contradictoire. Merci de votre
présentation. Je n'ai pas de questions.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Il
n'y a pas de commentaire de la part de personne?
M. Pagé: Mme la ministre.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. M. Robert, j'aurais
d'abord une question d'information. Vous indiquez au début de votre
mémoire qu'il y a 27 000 familles dans le Mouvement. C'est exact?
M. Robert: Oui.
Mme Robillard: Est-ce que vous avez un ordre de grandeur? Combien
de familles, à ce moment-là, s'intéressent de façon
particulière à l'enseignement collégial dans votre
mouvement?
M. Robert: C'est difficile parce que la majorité des
families sont du niveau secondaire. Il faut s'imaginer que quand l'enfant
progresse et se retrouve au collégial dans une proportion, je ne sais
pas, de 30 % ou 40 % qui viennent du privé, iI y en a qui persistent.
Donc, il faudrait trouver une proportion qui serait... parce que je pense que
Mme Lapointe et Mme Royer sont des exemples. Leurs enfants ont commencé
à étudier au secondaire et ensuite, on continue au
collégial, dans certains cas au privé, dans d'autres cas au
public.
Mme Robillard: Oui, c'est ça. Ça varie. Mais vous
n'avez pas de chiffres exacts.
M. Robert: Non.
Mme Robillard: C'était une question...
M. Robert: On n'a pas des analyses d'aucun ordre de grandeur...
à peu près le même rapport de grandeur que les enfants qui
passent du secondaire privé aux collèges privés
ensuite...
Mme Robillard: Parfait. M. Robert, une autre question. Je pense
que vous Insistez beaucoup, dans votre mémoire, I m'a semblé en
tout cas, sur la qualité et la liberté de l'enseignement
privé. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'entendre nos
représentants de l'ACEF aujourd'hui.
M. Robert: Non.
Mme Robillard: Les représentants des étudiants et
des étudiantes, des consommateurs, qui nous ont cité des exemples
très précis, concrets parce qu'ils ont reçu des plaintes
où c'était du collégial privé sous permis et
où il y a eu plaintes d'étudiants. Dans certains cas, ça
paraissait assez évident qu'il y avait eu des abus. Vous dites quoi
à ça? Est-ce que les gens de l'ACEF nous ont raconté des
histoires ou si c'est possible?
M. Robert: Je pense que ça peut arriver. Maintenant. Il y
a aussi des abus parce que j'ai été cinq ans président
d'un collège public. J'ai été - comment est-ce qu'on
dirait bien ça - témoin aussi d'abus qui pouvaient se passer dans
le secteur public. C'est des choses qui peuvent arriver. Mais je pense que les
étudiants, à l'Intérieur des lois actuelles du
Québec et du fonctionnement, ont les moyens de se défendre.
Ça se trouve autant dans un collège privé que dans un
collège public. Dans un collège privé, iI s'agit d'un
contrat de service entre des gens qui sont au moins couverts par la loi de la
protection du consommateur, et sinon aussi par les services de la Direction
générale de l'enseignement privé qui les concerne.
Ça peut arriver qu'il y ait eu des problèmes et ça
arrive aussi qu'il y a des problèmes qui ont pu se poser, des
élèves qui ont été aux prises avec des Injustices
dans des collèges publics. C'est des choses qui sont arrivées, je
pense, des deux côtés.
Mme Robillard: Heureusement, je pense que ce n'est pas
généralisé...
M. Robert: Bien non.
Mme Robillard:... et la qualité des services de
l'enseignement privé est suffisamment reconnue au Québec. Mais
j'ose espérer que vous ne voulez pas me prouver la qualité des
services du collégial privé par l'enquête de
L'actualité, M. Robert. Vous me permettrez...
M. Robert: Non. J'ai simplement dit...
Mme Robillard: Non, vous m'avez cité ça
tantôt dans votre présentation...
M. Robert: Oui, oui.
Mme Robillard:... et la méthodologie de l'enquête de
L'actualité a tellement été remise en question par
tout le monde. Pour moi, la qualité du privé existe, mais elle
n'est surtout pas basée sur cette enquête-là. Mais ceci
étant dit, j'aurais peut-être deux questions particulières
à vous poser, M. Robert. A la page 16 de votre document, quand vous nous
dites - ça s'appelle "la contrôlite aigüe" - et dans le
deuxième paragraphe, vous pariez des contrôles. J'imagine que
c'est ça, la "contrôlite" aigüe, pour vous. Vous me pariez
même du régime pédagogique.
M. Robert: Oui.
Mme Robillard: Ça veut dire que vous êtes même
contre le fait qu'on exige que le régime pédagogique soit
appliqué dans le privé?
M. Robert: Non. Ce n'est pas ça qui a
été...
Mme Robillard: Expliquez-moi ce deuxième paragraphe.
M. Robert: Non. Par exemple, à propos du
collégial que vous nous soulevez, on s'est rendu compte
qu'à un moment donné les exigences que votre direction
générale avait pour les collèges privés non
subventionnés étaient supérieures à celles qu'on
exigeait des collèges publics. Par exemple, c'est un exemple que je vous
donne. En d'autres termes, ce qu'on sent dans le projet de loi, c'est un moyen
d'augmenter les contrôles pour permettre au monopole public de grandir.
C'est un peu ça qu'on a senti. On a senti, ce n'est pas comme
dans...
Un autre exemple. Au niveau de l'enseignement professionnel encore, on
parle de priorité à l'école, au collège public,
pour des programmes. Ç'a été transformé parce qu'on
est informés de ça par exclusivité. C'est un exemple qu'on
vous donne. (16 h 30)
Un collège privé sur la rive sud, ici, à
Québec a développé un programme au niveau d'un secteur
donné. Il n'a jamais pu l'offrir. Il a été
transféré dans un collège public. C'est des choses comme
ça qu'on se dit. Il y a une espèce de volonté de
contrôle, de barrière qui est mise pour, d'une part, freiner le
développement du privé et favoriser, d'autre part, le
développement du public.
C'est de ça qu'on fait part. Puis on trouve que dans la loi 141,
il y en a encore plus que dans la loi 56. C'est rien que ça qu'on dit,
pas plus. On dit: Hier, le Conseil du patronat vous l'a dit; on ne l'avait pas
mesuré comme eux autres. Il y a 50 articles sur des règlements,
des règles. Ce qui nous a embêtés beaucoup dans
l'étude qu'on vient de faire aussi, c'est qu'on nous annonce beaucoup de
règlements.
Puis, j'ai téléphoné, au mois de juin, à la
Direction générale de l'enseignement privé. On a dit:
Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de ce projet de règlements pour
mieux comprendre? Quand M. le ministre dit que notre ton était un peu
fort... Mais comme on dit, nous autres, le projet de loi, c'est un peu comme la
pointe de l'iceberg. Quand on dit... Je n'ai pas compté, mais il y a
plusieurs règlements qui sont annoncés qu'on ne connaît
pas. Il y en a plusieurs. Je ne les al pas comptés. Il y en a
plusieurs.
J'en al une loi annotée. J'ai mis un x à côté
des règlements qui sont annoncés, mais qui ne sont pas à
notre disposition pour l'étude qu'on fait. Puis quand on parlait de la
Commission consultative, on aurait aimé ça que la Commission
consultative puisse être consultée sur ces projets de
règlements là.
Mme Robillard: M. Robert, pour répondre de façon
très concrète à ma question, êtes-vous pour ou
contre le fait qu'on applique le régime pédagogique dans le
privé?
M. Robert: Oui.
Mme Robillard: Vous êtes pour? Est-ce que vous êtes
pour?
M. Robert: Oui, mais de la même façon pour les deux,
la même façon. Correct? C'est ça que j'ai voulu dire. De la
même façon. Mais on se dit: Pas plus de restrictions d'un
côté que de l'autre.
Mme Robillard: On pourra se parler longtemps des exemples parce
que je pourrais aussi vous donner des exemples inverses...
M. Robert: Bien oui.
Mme Robillard:... mais je pense que ça n'ajouterait pas au
débat. On est ici aujourd'hui pour essayer de comprendre votre position.
M. Robert, à la page 17, toujours dans le chapitre de la
"contrôlite" aiguë, "au cas où quelque chose aurait
échappé à ces Colombo". Vous voyez, c'est probablement le
ton dont mon collègue parlait tantôt.
M. Robert: Oui.
Mme Robillard: "Le ministre [... ] se réserve un pouvoir
d'enquête sur toute question se rapportant à la qualité des
services éducatifs visés par la présente loi".
M. Robert: Je ne peux pas vous dire quel...
Mme Robillard: Ma question, c'est: Est-ce que vous êtes
contre le fait... C'est peut-être qu'on n'a pas la même opinion.
Mais je veux vous entendre sur ça. Est-ce que vous êtes contre le
fait qu'on se réserve un pouvoir d'enquête pour aller
vérifier la qualité des services éducatifs?
M. Robert: Non, ce qui nous a frappés dans le projet de
loi, c'est qu'on s'est retrouvés devant un article de type omnibus. On a
prévu tous les contrôles. Puis si on en a oublié, on se
réserve le droit d'en créer d'autres. C'est ce qu'on dit
simplement. On a retrouvé un article. Je n'ai pas le numéro
exact. On dit: SI on avait oublié quelque chose, on se réserve le
droit de le couvrir. C'est ça qu'on a trouvé. Il y a un article -
je ne sais pas quel numéro. Il faudrait le trouver. Il y a un article
qui est écrit dans ce sens-là.
Au cas où on aurait oublié, on se réserve le droit
d'en faire un autre, d'en ajouter un.
Mme Robillard: Vous êtes pour ou contre le fait que le
ministre se donne un pouvoir d'enquête pour aller vérifier la
qualité?
M. Robert: Bien, on me dit qu'il se le donne. Nous autres, on a
toujours considéré qu'il l'avait. Puis on regarde dans
l'exemple... On a toujours considéré qu'il l'avait. Je pense que
ce
n'est pas vous qui avez posé la question. On dit: On voudrait
avoir un changement au... On ne voit pas comment la loi 56 empêche le
ministre d'améliorer le financement du privé. C'est ça,
notre interrogation, d'augmenter la valeur locative, d'augmenter les montants
de base ou même au gouvernement, de voter des crédits
d'impôt. Il n'y a rien dans la loi 56 qui empêche ça. Donc,
ce n'est pas une réponse qu'on a obtenue à l'interrogation qu'on
a posée. Il n'y a rien dans la loi 56 qui empêche
d'améliorer le financement.
Mme Robillard: Parfait. Je vous remercie, M. Robert.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
M. Gendron: Je salue les gens du Mouvement pour l'enseignement
privé. J'ai pris connaissance de leur mémoire, même si la
période pour le produire n'était pas des plus convenantes en
termes d'été. Par la lecture du mémoire, il y a une chose
qui est certaine, c'est que vous avez eu le temps d'apprécier à
peu près tous les éléments du projet de loi 141 parce que
c'est quand même un mémoire qui a touché à peu
près tous les aspects du projet de loi 141.
Mol aussi, je le dis comme je pense, puis bien amicalement, par exemple.
Je suis étonné et je ne retrouve pas dans votre
présentation le ton que j'y ai vu, pas juste le ton, la forme
également, et là, je me suis dit - puis c'est toujours difficile
pour un membre de l'Opposition - est-ce que, entre-temps, iI y a eu des... Je
parle du Mouvement pour l'enseignement privé, pas nécessairement
de vous comme personne. Avez-vous des garanties que je n'ai pas?
Connaissez-vous des faits que je ne connais pas?
Mol, je vais parler, pour quelques minutes, du mémoire que j'ai
lu et non pas des discussions ou des tractations, s'il y en a eu, et je ne dis
pas qu'il y en a eu. Je dis juste que je suis resté surpris parce que
ça ne correspondait pas du tout à la tirade en règle de
votre mémoire contre le projet de loi 141. Là, monsieur, à
moins que je ne sache pas lire, mais il y a des phrases on ne peut plus claires
à la page ill, ce qui est le résumé.
Le MEP est en total désaccord avec le projet 141. Moi, iI me
semble que vous avez bien expliqué pourquoi. J'ai lu ça. Vous
avez bien expliqué pourquoi et là, on regarde juste la table des
matières. Vous pariez de votre malaise. On n'en a pas entendu un mot
dans votre présentation; votre surprise, pas un mot; votre indignation,
pas un mot. Les mots ne mentent pas. Que sont ces grands principes devenus: la
"contrôHte" aiguë, un moratoire déguisé, etc. ? C'est
votre droit de le présenter comme bon vous semble. C'est pour ça
qu'on rencontre les gens et ça me fait toujours plaisir de discuter
directement avec les gens.
Sur le mémoire comme tel que vous avez présenté,
mol, ce que j'en retiens, c'est que vous l'avez divisé en trois
chapitres et vous avez fait, bien sûr, des propositions après
avoir constaté que ce projet de loi là était
décevant, selon vous... Expliqué vos valeurs. Vous avez
expliqué sous quel éclairage vous l'aviez vu, les
difficultés que ça représentait pour le Mouvement pour
l'enseignement privé et vous avez quand même fait des suggestions
pour améliorer le développement de l'enseignement privé au
Québec.
Au tout début, d'entrée de jeu, je pense que vous avez
dit: On est ici également pour poser des questions au ministre, et
j'espère qu'on aura l'occasion d'avoir des réponses à des
questions précises qu'on veut lui poser. Là, vous avez
bifurqué un peu en disant: Bien, j'espère également que le
critique de l'Opposition nous dira pourquoi on le fait à ce moment-ci.
Mol, je n'ai pas de gêne à dire pourquoi on le fait à ce
moment-ci, mais je vais vous le dire en conclusion, là. Il me semble
qu'il vous appartiendrait davantage, ayant la chance de rencontrer les deux
ministres concernés, si vous avez des questions précises, c'est
le moment de les poser puisque, dans vos documents d'accompagnement toujours
bien faits, dans la lettre que vous avez fait parvenir à
différents intervenants, je suis convaincu qu'il y en a plus... Moi, je
l'ai eue, mais iI y en a sûrement d'autres qui ont eu ça.
À partir du moment où vous m'écrivez, je suis
obligé de déduire qu'il y en a d'autres qui en ont. C'est normal
dans la fonction que j'ai parce qu'on sait que ce n'est pas à titre
privé. On s'écrit dans les responsabilités que j'ai. Dans
la lettre du 14 août que vous m'avez fait parvenir, toutes vos fiches,
que ce soit la un, l'information générale, la deux, la trois, peu
Importent les cinq ou six fiches que vous avez faites, c'est bien fait. Il y a
du contenu là-dedans. Il y a des données précises, en tout
cas, qui m'intéressent, et c'est accompagné des perles du projet
de loi 141. Il y avait pas mal plus de perles que celles qu'on a entendues
tantôt dans votre présentation.
Alors, moi, je m'arrête là parce que sur la façon
dont le gouvernement a choisi d'écrire le projet de loi 141... Je le
répète: Je ne suis pas un défenseur de l'enseignement
privé et je peux dire pourquoi, je l'ai dit depuis deux jours. On a une
logique qu'on maintient à ce niveau-là, mais je veux juste
revenir sur la façon dont le gouvernement l'a présenté.
Mol, j'ai le même malaise, la même surprise, la même
Indignation parce que le langage est inapproprié, les termes sont
Inappropriés. Il y a des contrôles excessifs, il y a des
imprécisions. Il y a, effectivement, une série de
règlements qui vont nous arriver par la tête qui font qu'on veut
faire glisser la responsabilité du législateur entre les mains
d'autres
sur ces aspects-là. Et là, on n'est pas sur le fond de la
question.
Mol, je vais essayer d'améliorer ça. Je vais essayer de
bonifier. Mol, des exploitants en éducation, je ne comprends pas
ça. Je suis contre ça, puis le système d'Inspectorat. Ah!
Les contrôles, je suis pour ça, sincèrement. À la
minute qu'il y a des fonds publics, pas de contrôle... Bien, je
souhaiterais toujours qu'il y en ait moins et je pense que le ministre devrait
être attentif là-dessus. On devrait prendre le virage des
sociétés modernes, nous aussi, et les sociétés
modernes font plus de contrôles a posteriori plutôt que a
priori.
Moi, je trouve que dans notre machine bureaucratique au Québec...
Mais, là, j'implique tout le fonctionnement de l'État
québécois. Ça m'énerve. Il y a bien trop de
contrôles. On est tatillons, c'est vrai, et on n'a pas pris le virage des
sociétés modernes. Dans les sociétés modernes, il y
a plus de contrôles a priori. Il faut en avoir, mais il n'y a pas de
règle qui dit qu'il faut toujours les avoir avant que les choses se
passent. On fera un certain nombre de vérifications a posteriori,
à un moment donné, par lot, par coopte, par bande - je m'en fous,
il faut qu'il y en ait - mais là, on est à l'envers,
d'après moi.
Mais revenons au projet de loi 141. Écoutez, j'ai lu votre
mémoire. Je le comprends. J'ai deux ou trois questions précises
à poser. On va essayer de l'améliorer, sauf que dans ma
conclusion des études de ce projet de loi, je dis que dans sa forme
actuelle, le projet de loi 141 sur l'enseignement privé doit être
retiré et réécrit. C'est ce que j'ai entendu par tout le
monde. Qu'est-ce que voulez-vous que je vous dise? Normalement, les audiences,
c'est pour tenir compte de ce que le monde nous dit. Le ministre va dire: Je
suis sensible, je vous écoute puis on verra, mais c'est un projet mal
fait qui doit être réécrit et iI y a des aberrations dans
ce projet de loi là. Ça, je ne change pas d'avis, puis je ne
change pas de ton, puis ce n'est pas méchant de dire ça; c'est ma
perception des choses.
Trois questions, M. Robert. Je suis resté pas juste surpris, mais
là, je ne comprends plus rien et quand Je ne comprends plus rien, je
suis obligé de questionner. Vous avez parlé, dans votre
présentation, de l'excellent travail de la Commission consultative de
l'enseignement privé. Dans votre mémoire, c'est loin d'être
ça. Mais je ne lirai pas votre mémoire. Je vais tout simplement
vous poser la question: Vous voudriez, dans vos recommandations, que le
rôle et les pouvoirs de la Commission consultative de l'enseignement
privé soient repensés en vue d'une plus grande reconnaissance et
d'un travail plus efficace comme conseiller du ministre. Pourriez-vous
être plus précis? Qu'est-ce que vous voulez exactement que la
Commission consultative de l'enseignement privé fasse, soit
composée? Et puisque vous avez dit tantôt que vous n'aviez rien
à lui reprocher, qu'elle faisait un excellent travail, j'ai un
problème. Expliquez-moi ça.
M. Robert: Ce qu'on voudrait, c'est que la Commission
consultative ait des moyens. Il faudrait quand même considérer
actuellement que c'est neuf personnes avec un seul permanent. On voudrait que
cette Commission-là soit plus autonome. Actuellement, elle doit compter
sur le travail des directions générales de l'enseignement
privé et sur des ressources très limitées pour faire son
travail. Les neuf personnes qui travaillent, ce sont des
bénévoles. Je pense que le président lui-même est
bénévole. C'est dans ce contexte-là qu'on se dit: La
Commission, depuis quelques années, autant dans sa composition que dans
le travail qu'elle a fait, est très importante, compte tenu des
ressources dont elle disposait.
Puis ce qu'on questionne, c'est qu'à un moment donné, la
Commission aurait voulu, par exemple, se pencher davantage sur toute la
question du financement. On lui a dit que ce n'était pas son domaine. On
lui a dit ça, mais on dit: À l'avenir, on voudrait que la
Commission puisse faire des travaux plus importants. Bien sûr, le travail
qu'elle a fait sur la révision de la loi était
intéressant, était important, compte tenu de moyens, mais c'est
pour l'avenir qu'on a parlé. C'est dans ce sens-là qu'on en parle
ici dans notre mémoire. On voudrait qu'on lui donne des moyens pour
faire son travail et entre autres, sur les règlements qui devraient
venir, qu'elle puisse être consultée.
M. Gendron: O. K. Un autre élément sur lequel vous
avez insisté à une couple de reprises, mais surtout dans vos
fiches, puis vous y êtes revenu sommairement dans votre mémoire,
quand vous parlez que l'enseignement privé, c'est une formule gagnante,
c'est une formule économique. Cette formule économique permet au
Trésor québécois de sauver 300 000 000 $ par année.
Là-dessus, je vous avoue... J'aimerais ça, d'une façon
plus précise... Comment vous arrivez à établir ce
chiffre-là et c'est quoi les paramètres que vous prenez en compte
pour prétendre qu'avec un élargissement important et un meilleur
financement du secteur privé, au net, je dis bien, l'État
sauverait de l'argent? Expliquez-moi ça.
M. Robert: Je pense que ça prendrait, comme on l'a dit
hier, lors des discussions, une commission parlementaire qui ne porterait que
sur le financement. Ça fait que si la commission le permet, quand on va
quitter tout à l'heure, on va laisser des copies des études qui
ont été faites par des économistes, qui établissent
noir sur blanc comment on arrive aux 300 000 000 $. C'est fait, ça. On
peut les remettre. Elles ont été faites aussi par le groupe
Gobeil. Le groupe Gobeil, quand il affirme que c'est une formule
économique, l'enseignement privé, c'est parce
qu'il a fait faire des études. Malheureusement, elles n'ont pas
encore été rendues publiques, ces études-là,
à ma connaissance, mais elles ont été faites. Je pense
bien que M. Gobeil, M. Bélanger et les quelques autres membres du groupe
étaient des gens sérieux, qui ont certainement des études.
(16 h 45)
Nous, actuellement, on peut vous déposer l'étude de MM.
Migué et Marceau qui établit clairement les économies et
les quantifie. Il a pris tous ses chiffres pour le faire à
l'intérieur du ministère de l'Éducation. On a une
étude aussi qui a été faite à partir des chiffres
du ministère de l'Éducation par la firme Laliberté,
Lanctôt, Coopers. On en a une autre. J'en al fait faire une autre dans la
région de Saint-Jérome, Lafontaine, par la firme Mallette, Benoit
dans un milieu restreint. Je pense qu'on arrive à peu près aux
mêmes conclusions. Les ordres de grandeur sont différents selon
les milieux. Donc, on essaie de tenir compte de l'ensemble des facteurs qui
entrent en ligne de compte. Le problème n'est pas un problème
mathématique, n'est pas un problème d'économiste. Le
problème que vous soulevez, c'est un problème philosophique,
celui de savoir: Est-ce qu'on doit développer un monopole public en
éducation ou si on doit permettre la concurrence?
Je pense qu'on est arrivé à un problème de choix de
société, un problème philosophique et non à un
problème comptable. Le problème comptable, je pense que c'est
ça qu'on vous donne. On vous dit: On l'a établi, on va vous
laisser ces études-là et on pourra y revenir. C'est pour
ça qu'on se dit, aujourd'hui: ça, ce n'est pas un problème
de loi. Je pense qu'on voudrait que ce soit fouillé davantage parce
qu'on est un peu fâchés, au privé, de se faire dire, comme
la Commission s'est fait dire, qu'on enlève le pain de la bouche des
pauvres pour le distribuer aux riches.
C'est un peu ça que sont venues dire la CEQ et la
Fédération des commissions scolaires, hier, en disant: Fermez les
écoles privées. L'école publique aura plus d'argent. Ce
n'est pas vrai. Si on fermait les écoles privées demain matin, le
gouvernement devrait trouver quelques centaines de millions ailleurs, sans
compter les Immobilisations que ça pourrait entraîner. Donc, c'est
un problème complexe. Ça nous fera plaisir de revenir et de
discuter, mais on peut vous laisser tes études qui ont été
faites. On m'avait même demandé de rencontrer la commission de
l'éducation pour présenter ces études-là et de
pouvoir en discuter.
M. Gendron: Non, mais quand même, M. Robert, il faut dire
les choses telles qu'elles sont. Ce n'est pas dans mon mémoire que c'est
écrit: Pas de formule de financement nouvelle, pas de Loi sur
l'enseignement privé. Là, vous me dites: Ça n'a rien
à voir avec le financement, ce n'est pas dans la loi, ce n'est pas la
loi. Écoutez, on s'en va où?
M. Robert: Non. Nous autres, on dit: Nous dire que ça
prend la loi 141 pour améliorer l'enseignement privé, on ne volt
pas de relation. Il n'y a pas besoin de loi 141, à notre sens, pour
améliorer l'enseignement. On ne voit pas... Si on peut nous le dire, on
va écouter et on va peut-être devenir convaincus, mais on ne voit
pas comment. On pense qu'actuellement, à l'Intérieur de la loi
56, ça pourrait se faire. Ça pourrait se faire ailleurs.
Décréter des crédits d'impôt, ce n'est
peut-être pas la responsabilité du ministre de l'Éducation,
mais ça pourrait se faire aussi. Enlever les plafonds, ça
pourrait se faire aussi.
M. Gendron: À la page 6 de votre mémoire, vous
affirmez et là, je vous cite: "Une école de qualité
suppose le libre choix des parents. [... ] Impossible, en effet, de dissocier
liberté et qualité. " Et là, vous allez plus loin: "C'est
le refus de la concurrence qui mène à l'école de la
médiocrité. " Pourriez-vous me donner plus d'explications sur ces
énoncés? C'est quoi, le jugement que vous portez, vous,
défenseur de l'école privée? C'est votre droit le plus
strict que Je respecte, dans notre société libre et
démocratique, mais c'est quoi, votre point de vue sur l'école
publique, le système d'éducation public au Québec,
actuellement? Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Robert: Nous autres, quand on parle de ça, quand on
parle du problème de la concurrence, on en parle d'une façon
générale. Ce n'est pas seulement en éducation qu'on
rencontre des problèmes que... Lorsqu'il n'y a pas concurrence, iI y a
un monopole qui s'établit et il peut y avoir - comment dirait-on
ça? - un laisser-aller et un manque d'Initiative. On n'est pas
mandaté pour juger de l'éducation publique au Québec. Ce
n'est pas ce qu'on veut faire. Mais ce qu'on vous dit, par exemple, c'est que
l'école publique, au Québec, souffre d'une très grande
centralisation, d'une bureaucratisation excessive, d'un manque d'autonomie qui
font que le personnel... On ne critique pas le personnel de l'école
publique. On pense qu'ils ont des professeurs aussi qualifiés que ceux
qu'on peut retrouver au privé, mais ils ne se trouvent pas dans un
climat de travail, dans un contexte d'autonomie et de liberté qui leur
permet... Il y en a, des écoles publiques où ça se
retrouve, mais on dit que ce n'est pas d'une façon
générale. C'est seulement de cette façon-là qu'on
le présente, qu'on l'explique.
M. Gendron: O. K. Mais vous ne trouvez pas... Parce que,
sincèrement, encore là, au niveau de ce que j'appellerais une
ligne de pensée un peu continue, moi, J'ai trouvé qu'il y avait
un langage un peu affairiste dans le projet de loi 141. Je m'explique. Juste
une seconde.
Quand on parle de "client", d'"explottant", et on a remplacé les
termes "élève", "directeur d'école"... Vous avez
dénoncé, dans votre mémoire, avec énormément
de virulence, ces termes-là. Bon. Je dis: II y a un langage affairiste.
À moins que je me trompe, la notion de concurrence, c'est pas mal proche
du monde des affaires. Alors, la contradiction entre le langage que vous
dénoncez, qui ressemble un peu trop à ce que j'appellerais...
On est rendus avec des "business", des établissements. Ce sont
des clients, en tout cas. Avec cette nécessité d'avoir un concept
de concurrence entre le privé et le public, comme si une école
publique adéquate, parfaitement subventionnée, avec de bons
régimes pédagogiques, du bon support, ne pouvait pas créer
à l'intérieur même de son système cette
émulation nécessaire, requise, cette stimulation intellectuelle
pour qu'il y ait de la saine concurrence intellectuelle, si vous me permettez
l'expression, mais pas au sens où vous donnez l'expression.
M. Robert: Non. Moi, pour revenir sur la question d'autonomie, Je
vais emprunter une citation de M. d'Anjou, qui était président
jusqu'à il y a quelques mois de la Fédération des
commissions scolaires. Lors de leur congrès - M. le ministre de
l'Éducation, je pense, était présent, si je me rappelle
bien - il a réclamé du ministre de l'Éducation pour les
écoles publiques du Québec, pour les commissions scolaires, la
même autonomie que les écoles privées. C'est parce qu'il
doit y avoir quelque chose d'intéressant là-dedans. Je pense
qu'il faut avoir vécu, M. le Président, dans une région
où s'est créée une école privée pour pouvoir
comprendre, quand on parte de concurrence, ce que ça veut dire.
Mol, j'ai été 15 ans directeur d'une commission scolaire
dans une région. Je pense que je n'ai jamais pu provoquer autant de
stimulants et amener les gens à travailler aussi fort que lorsque j'ai
travaillé à la création d'une école privée
dans le milieu. Il y a même un commissaire qui a dit: On aurait
dépensé 200 000 $ pour faire des projets pédagogiques et
juste le fait qu'on parle - elle n'était pas faite, à ce
moment-là - qu'on va créer une école privée dans le
milieu, ça allait amener les enseignants, les directions et un peu tout
le monde dans cette région-là à devenir beaucoup plus
actifs, à mettre des projets de l'avant. La commission scolaire a
été déclarée, un an et demi après, la
meilleure au Québec en français, la meilleure dans d'autres
domaines. C'a été, je pense...
C'est un exemple parce que c'est toujours difficile de définir
des choses théoriques, mais je vous le dis d'une façon
concrète. Je pense à Baie-Comeau qui est revenue Ici. Ne
pensez-vous pas que ça n'a pas créé des stimulants dans la
région de Baie-Comeau, le fait que des parents travaillent à se
donner une école? Bien, c'a stimulé l'école publique; cela
les a amenés à se remettre en question. Je pense bien...
On a beau dire que L'actualité a fait un travail qui
n'était pas trop, trop bon, mais pensez que suite au rapport de
L'actualité, il y a beaucoup de collèges qui se sont assis
avec leur direction pédagogique et leurs enseignants, et ils se sont
posé des questions. C'est dans ce contexte-là qu'on parle que la
concurrence est stimulante. S'il n'existait qu'un réseau, ça
serait beaucoup moins... On s'est même posé la question. Vous vous
rappelez M. Castonguay, quand il est venu devant la commission parlementaire
des affaires sociales. Il dit: Dans la santé, s'il y avait un
réseau privé, ce serait peut-être stimulant, ce serait
peut-être un remède pour notre problème. Mais en
éducation, il en existe, deux réseaux. Ce qu'on demande, c'est de
nous permettre de vivre et de favoriser une saine concurrence. Je pense que ce
n'est pas plus que ça. C'est seulement ça qu'on demande.
M. Gendron: Une dernière question. Est-ce que vous
connaissez d'autres exemples de provinces où le financement du secteur
privé est aussi important qu'ici au Québec?
M. Robert: Oui, ça s'en vient, M. le Président. On
a parié du Manitoba. J'ai eu l'occasion d'aller dans l'Ouest. En
Alberta, ils sont presque rendus à 50 %... pas en Alberta, je veux dire
en Colombie-Britannique, tout près de 50 %. Ça s'en vient.
M. Gendron: Mais comment expliquer alors... O.K., vous nous
l'expliquez, vous dites: Ça s'en vient, on en parle.
M. Robert: Oui.
M. Gendron: On verra.
M. Robert: Mais pas "on en parle", c'est au moment où je
vous dis... Là, actuellement, ils sont peut-être à 46 %, 47
% ou 48 %. Ils ont deux types d'écoles. Eux autres aussi, Ils se sont
donné une nouvelle loi sur l'enseignement privé qui est un vrai
modèle. Elle a seulement 18 pages. Je l'avais proposée à
l'ancien ministre de l'Education comme étant un modèle
intéressant à regarder en faisant du changement. Ils ont
réussi à faire une loi sur l'enseignement privé, en
Colombie-Britannique, qui a 18 pages. On dit que c'est peut-être
Intéressant.
M. Gendron: II doit y avoir des trous en quelque part, M. Robert,
dans les autres provinces, parce que 65 % de l'ensemble du financement
privé...
M. Robert: Oui.
M. Gendron: ...vient du Québec.
M. Robert: Oui. Parce que...
M. Gendron: II n'en reste pas gros pour les autres provinces.
M. Robert: Parce qu'il y a eu un gros changement qui s'est
opéré en Ontario au moment où le gouvernement ontarien a
décidé de créer des commissions scolaires pour les
francophones et les commissions scolaires pour les autres. C'est là que
ç'a créé un déséquilibre parce qu'en
Ontario, comment dirait-on, ça a enlevé une très grande
partie... Mais il ne faut pas considérer ça comme un
péché, d'être les meilleurs au Québec par rapport
à l'enseignement privé. '
M. Gendron: Je vous l'ai dit, M. Robert, Je n'ai pas de
problème au péché, mais à condition que le
financement du secteur public soit adéquat...
M. Robert: Bien oui, mais...
M. Gendron:... qu'on performe et qu'on ait les crédits
requis. Je regardais... Dans votre propre région, êtes-vous au
courant que c'est la région des Laurentides qui pousse le plus fort
auprès du ministère de l'Éducation pour dire: il est
urgent d'avoir une enveloppe pour rénover, pas rénover, mais
améliorer la situation des bibliothèques comme soutien
pédagogique dans les écoles secondaires?
M. Robert: On les aide.
M. Gendron: La région qui pousse le plus
là-dessus...
M. Robert: Oui.
M. Gendron:... c'est la région de
Laurentides-Lanaudière.
M. Robert: Vous regarderez... M. le Président, quand M. le
député aura l'occasion de regarder l'étude que j'ai fait
faire dans la région. Si on nous permet de continuer à nous
développer, ça va permettre de dégager des crédits
pour répondre positivement aux demandes qui existent en
région.
M. Gendron: Je ne mets pas ça en cause. Je fais juste
illustrer qu'il y a des besoins du secteur public actuellement qui sont
largement insatisfaits, sans porter de jugement de culpabilisation à
gauche et à droite. L'État québécois ne peut pas
financer en parallèle, selon moi, deux systèmes
d'éducation. Comme je dis souvent: Un peuple normal, ça a un
gouvernement. Donc, ça n'a pas deux systèmes d'éducation.
C'est quoi cette affaire-là? Alors qu'il y a un secteur témoin
dans le secteur privé, ça, il existe et on est pour ça; il
n'y a pas de cachette, mais parce que je connais le secteur privé, qu'il
s'y fait des choses extraordinaires et qu'on a besoin de l'expertise du secteur
privé, je ne peux pas être d'accord pour développer le
secteur privé au moment où le secteur public est dans la
situation que nous connaissons. C'est ça le dossier de fond.
Alors là, on peut bien s'amuser sur la loi 141 et amener des
correctifs, des "guldls" et, là. vous avez dit au début: Pourquoi
ne fait-on pas un gros débat? Bien, c'est pour éviter justement
le grand débat. Il n'y a pas de cachette: si on fait ça cet
été rapidement et que le gouvernement souhaite que... Je te dis
qu'on passe à autre chose. Et que là, iI ait la liberté
après ça d'agir, ça va être à peu près
ce que vous connaissez. Pas plus de financement parce qu'il n'y en a pas et
quelques accommodations par rapport à des articles du projet de loi
comme tel et un bon prétexte accepté par le monde: sortir la
formation dite personnelle de la bureaucratie, comme vous l'avez
appelée, du ministère où on n'a pas les moyens de donner
les certificats et tout ça.
C'est ça, en gros, la sérénité que vous me
demandiez tantôt. C'est qu'on veut éviter les grands
débats. On ne veut pas faire de débat de fond sur cette
question-là alors qu'il faudrait en faire. Il faudrait faire des
débats majeurs sur le financement... Qu'est-ce qu'on fait pour corriger
les lacunes du système public parce que c'est urgent? Il y a des lacunes
majeures et c'est ça qu'on veut éviter. Donc, on raccommode, on
modifie et on l'a fait un peu plus fort que prévu. Parce qu'il faut en
convenir, ça devait être un ajustement.
C'est plus qu'un ajustement. Le projet de loi 141 modifie très
substantiellement la Loi sur l'enseignement privé. Mais quand c'est
ça, M. Robert, on le dit. SI le gouvernement a fait le choix de ne pas
le dire, c'est à vous autres à vous poser des questions. Moi, je
me les suis posées et j'ai mes réponses. Vous n'êtes pas
obligé de les accepter, mais je trouvais ça un peu
étonnant tantôt. J'ai dit: On va demander à l'Opposition
pourquoi elle pense qu'ils vont vite? Ça serait pas mal
préférable que le mouvement d'enseignement privé
questionne le gouvernement et le législateur parce que c'est le
législateur qui a fait ce choix-là; ce n'est pas
l'Opposition.
Moi, Je conclus, Je vous remercie sincèrement. Vous aviez un bon
mémoire, selon mol. Oui, à certains égards, le ton
était ce qu'il était. Point. Mais les éléments
qu'il y a dans votre mémoire et les annexes, parce qu'il y en avait
plusieurs, me permettront et nous permettront, comme formation politique, comme
Opposition officielle, de faire un travail sérieux pour essayer
d'améliorer les éléments qui, d'après mol, n'ont
pas leur raison d'être dans un projet de loi, quel que soit le
législateur et les objectifs qui l'animent pour légiférer.
D'autant plus que,
dans sa forme actuelle, moi aussi, j'ai de la misère à
trouver les quémandeurs, les gens qui demandent rapidement le projet de
loi 141. J'ai beau chercher, frapper à toutes les portes, je ne trouve
pas que ça se bat dans les rues pour dire: 141, on la veut, cette belle
loi; ça va être beau et ça va améliorer les
affaires.
Là-dessus, Je trouve que vous aviez raison, vous n'en avez pas
parlé un mot dans votre présentation. Qui demande ça, un
projet de loi 141, comme iI est, dans l'état qu'il est? Ça sera
à nous de faire notre travail pour essayer qu'il y ait une meilleure
forme et qu'éventuellement il soit demandé par quelqu'un.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député...
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Gobé):... d'Abitibi-Ouest. Mme la
députée de Bourget, rapidement, parce que l'heure est
terminée.
Mme Boucher Bacon: Merci, M. le Président. C'est un petit
peu, M. Legault et M. Robert, avec consternation que j'ai lu votre
mémoire. Il y a 10 ans, en 1981, lorsque le Parti
québécois a fait la loi sur le sous-financement des écoles
privées, j'ai été un défenseur de l'enseignement
privé. J'ai pris ma carte du MEP. J'ai été aussi sur le
comité de parents. J'étais dans une école privée
où je faisais la liaison avec l'école privée et le MEP.
J'ai toujours cru, à la page 8 de votre mémoire, que tout enfant
a droit... le 1, le 2, le 3 et aussi, en page 9, au respect de la
liberté des parents. C'est pour ça que j'ai voulu défendre
l'enseignement privé. Malheureusement, comme j'en faisais état
à mon collègue d'Abitlbi-Est hier...
Le Président (M. Gobé): Ouest.
Mme Boucher Bacon: Pardont Ouest. J'étais
hospitalisée au moment où la loi a été
votée. Il y a quelques éléments choquants et irritants de
la loi: "exploitant", comme vous l'avez mentionné et comme plusieurs des
gens qui vous ont précédés l'ont mentionné.
C'est sûr que j'ai fait part au ministre de mes commentaires, mais
je ne peux admettre un tel mémoire où on fait offense à un
ministre, à ses dirigeants, aux choix de société qu'on
s'est donnés. C'est sûr que vous avez eu l'occasion d'entendre,
hier, le ministre qui a parlé d'une bonne volonté d'ouverture.
Mme Robillard aussi a dit que c'était en pleine évolution, et je
crois à leur bonne foi. J'ai entendu Mme Mathieu qui faisait confiance
au ministre, non pas pour ses yeux, M. le député d'Abitibi-Ouest,
mais parce que le gouvernement libéral a une certaine
crédibilité et croit à l'enseignement privé.
J'aimerais, vu qu'on est à l'état de franchi- se - et
j'espère avoir une réponse - savoir qui a écrit ce
mémoire.
M. Robert: C'est le mémoire du Mouvement pour
l'enseignement privé et il a été travaillé par les
membres du comité exécutif. On a dit au point de départ
qu'on n'avait pas pu faire toutes les consultations qu'on aurait voulu faire
parce qu'on n'avait pas beaucoup de temps pour le faire. Maintenant, il
fallait, devant l'urgence, procéder plus rapidement et je pense bien
qu'on a choisi aussi une façon d'être entendus parce que je pense
bien qu'on avait eu l'occasion de rencontrer Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et on lui avait demandé: Madame, est-ce que c'est vous
qui avez demandé ce projet de loi là? Elle nous répond
non. Elle dit: Je ne le sais pas. Moi, ça ne presse pas.
On a rencontré le ministre de l'Éducation, M. Pagé.
Lui nous a dit: Ça presse. Il ne nous a pas fait de cachette; il a dit:
ça presse. Mais nous autres, on lui a dit: Non, on aimerait mieux, M.
Pagé, qu'on ait plus de temps pour se connaître. C'est dans ce
contexte-là que ça s'est fait. Mais non, deux semaines
après, le projet était déposé et on ne
s'était pas revus. Ça s'est fait dans ce contexte-là, et
je pense que vous ne retrouvez rien là-dedans qui n'est pas conforme aux
politiques qu'on a défendues, que vous avez probablement l'occasion de
défendre avec nous autres.
Mme Boucher Bacon: Mais pas sur ce ton-là, M. Robert.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, s'il vous plaît, je pense que le temps est
maintenant presque terminé.
Mme Boucher Bacon: Oui. J'aurais juste une conclusion à
faire. C'est que si, en page 34, vous indiquez, troisième paragraphe:
"Nous avons suivi la carrière politique... " Je pense qu'il y a un vieux
proverbe que ma mère m'a toujours appris. C'est lorsqu'on veut quelque
chose, si l'on veut, c'est avec du miel et non pas du vinaigre. Je pense que si
vous voulez sensibiliser les membres de cette commission, ce n'était
peut-être pas le ton.
Le Président (M. Gobé): M. Robert, vous avez
terminé?
M. Robert: Moi, je... Simplement un dernier commentaire sur
l'ordre de grandeur des problèmes financiers qui ont été
soulevés par M. le Président. Actuellement, M. le ministre de
l'Éducation a déjà reconnu que le manque à gagner
au privé était de 34 000 000 $ et qu'une quarantaine
d'institutions étaient en difficulté sur un budget de 300 000 000
$ à peu près, ce qui est à peu près 10 % du
déficit, alors que pour les commissions scolaires, hier, on a
entendu parler de 100 000 000 $...
Le Président (M. Gobé): Rapidement en terminant, M.
Robert.
M. Robert:... sur un budget de 5 000 000 000 $. Ça fait
que vous voyez un petit peu les proportions, M. le Président. C'est dans
ce contexte-là que je pense qu'on voulait préciser. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Robert, vous et
les gens qui vous accompagnent. Le membres de la commission vous remercient
d'être venus témoigner, d'avoir préparé votre
mémoire. Soyez assurés que nous avons compris votre message.
Ceci met fin aux travaux de cette commission. Notre mandat est
maintenant accompli. Je vais donc ajourner les travaux de cette commission sine
die. La commission ajourne ses travaux sine die. Bonsoir et bonne route
à tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 4)