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(Seize heures six minutes)
La Présidente (Mme Hovington): La commission va
débuter ses travaux Je déclare la séance de la commission
de l'éducation ouverte et je rappelle aux membres que le mandat de la
commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 17, Loi modifiant la Loi sur la
denturologie. Est-ce que nous avons des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Hamel
(Sherbrooke) sera remplacé par M. Lemire (Saint-Maurice).
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, à ce
stade-ci, je vais permettre les remarques préliminaires au projet de
loi, s'il y a lieu. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Oui, merci, Mme la Présidente. Tout d'abord,
avant de commencer, je voudrais présenter les gens qui nous accompagnent
cet après-midi. Je voudrais commencer tout d'abord en vous
présentant le président de l'Office des professions, M. Thomas
Mulcair, de même que Mme Maryse Beaumont, qui est directrice du
contentieux à l'Office des professions et Me Reinhardt, qui est
l'avocate chargée du dossier des denturologistes au niveau de l'Office
des professions. Je suis également accompagné par mon directeur
de cabinet, M. Jean-Guy Lemieux, qui s'occupe toujours, depuis quelques mois,
du dossier de l'Office des professions.
Mme la Présidente, on est à notre troisième
tentative d'une commission parlementaire. Vous vous rappellerez que, d'une
part, nous avons été malades au mois de février, ce qui a
dû interrompre la tenue d'une commission parlementaire suite à un
empoisonnement aigu - qui a été d'ailleurs très
douloureux, qui m'a mis au lit pendant trois jours - et la deuxième
fois, c'était suite aux ententes intervenues entre les leaders qui a
fait en sorte qu'on se retrouve aujourd'hui avec un projet de loi modifiant la
Loi sur la denturologie qui, je crois, va d'une part régler un vieux
litige en ce qui concerne le certificat de santé buccale et,
deuxièmement, régler le différend qui a été
si venimeux entre, évidemment, les denturologistes et les dentistes.
Nous croyons que le projet de loi va permettre, au niveau du certificat
de santé buccale - qui n'a jamais été appliqué ou
qui a été appliqué avec beaucoup de difficultés
depuis 1973 - effectivement, de clarifier la situation, permettre un mode de
fonctionnement qui va être acceptable, je pense, par l'ensemble du public
et également par les denturologistes. On pense qu'il y a là une
volonté très nette de protéger le public et que cette
volonté-là est amplement protégée dans le texte du
projet de loi.
Il y a également au niveau de l'article 8. Suite à la
rencontre que nous avons eue au mois de septembre, l'automne passé,
où nous avons tenu des délibérations, nous avons
reçu des mémoires, nous avons échangé avec divers
spécialistes sur toute la question qui concerne, évidemment, les
implants et l'intervention du denturologiste dans ce procédé, au
niveau de la pose des prothèses sur implants. Nous pensons, bien
sûr, que les denturologistes vont toujours chercher à
développer leur champ d'activité et nous sommes conscients des
revendications des denturologistes, mais je pense que, dans l'état
où on se trouve actuellement, la solution présentée est
acceptable. C'est certainement une première étape où on
cherche à définir l'apparition d'une nouvelle technique au sein
du monde des soins dentaires. On pense que cette première étape
va certainement établir le tonus sur la situation actuelle et va
permettre une évolution à l'avenir, d'une façon comme
d'une autre, pour les professions qui oeuvrent dans ce domaine.
Donc, une première étape qui va probablement
évoluer avec le temps; ce sera à déterminer au fur et
à mesure que les circonstances se présentent. Mais, d'une
façon globale, c'est une solution qui semble acceptable pour l'ensemble
du monde des soins dentaires de même que pour les objectifs que nous
préconisons, c'est-à-dire d'abord la protection du public et,
deuxièmement, le respect du contexte nord-américain.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Chicoutimi et porte-parole de l'Opposition.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
mesdames, messieurs, bonjour. Effectivement, à plusieurs reprises, on a
dû remettre l'examen de ce projet de loi article par article. Nous avons
quand même eu un débat assez large, important et en même
temps laborieux sur cette question. Je rappelle les principaux
éléments de réflexion qui avaient été
portés à notre attention, mais que je tiens à souligner
à nouveau.
D'abord, le certificat de santé buccale. La formule qui
apparaît dans le projet de loi apparaît acceptable aux parties
à présent, tel que
modifié, si je ne m'abuse. Le premier texte - il faudra le revoir
- laissait place à un jugement de valeur qui tendait à
discréditer les denturolo-gistes.
La deuxième remarque, c'était que tout le débat
à tourné - on se rappellera, à l'occasion des audiences -
autour de la compétence des parties pour poser un certain nombre
d'actes. Une première remarque, et je n'ai pas eu vraiment de
réponse à cette question: Est-il au courant que dans une loi
professionnelle on indique les actes interdits? Poser des radiographies. Je
pensais que, par voie de conséquence, était interdit tout ce qui
n'était pas permis et que toutes les lois professionnelles
étaient rédigées en ce sens. Alors, pourquoi y a-t-il une
exception dans ce cas? Ça, ça m'étonne toujours parce que,
au sens même de la loi, lorsque vous contrevenez à une loi, vous
êtes passible de. Il n'est pas utile d'indiquer que ces actes-là
sont interdits. Alors, ça, j'ai toujours trouvé qu'il y avait
là-dedans une attitude parternaliste, une attitude qui tendait à
discriminer, à porter un discrédit sur cette profession. J'ai
toujours été contre et je serais contre pour les dentistes, je
serais contre pour les médecins, je serais contre cette attitude qui
fait que: Vous ne savez pas lire les autres lois, on va vous les dire à
nouveau dans votre loi. Je trouve que c'est une attitude méprisante. Je
n'ai jamais accepté et, je vous ie dis, je ne l'accepterais pas
davantage pour les notaires, M. le ministre qui êtes notaire, parce que
ça accorde à cette profession une espèce de jugement,
ça porte sur cette profession une espèce de jugement, qui fait
qu'ils ne seraient pas capables eux-mêmes de comprendre qu'il y a des
actes qui leur sont interdits parce que ça n'est pas écrit dans
leur loi. Ils ne comprennent pas, eux autres. On n'a pas la même attitude
à l'endroit des autres professions. Ça, je demeure... Même
si ça n'a pas été très largement soulevé par
les denturologistes, j'estime qu'il y a dans cet article une distinction par
rapport aux denturologistes qui ressemble à de la discrimination et
ça ne me plaît pas que ça apparaisse dans le projet de
loi.
La troisième et dernière remarque. Autant je pense qu'il
faut insister - c'est la responsabilité du ministre et du
législateur - sur la nécessité d'assurer une bonne
formation adéquate des personnes qui ont la responsabilité ou le
droit de poser des actes spécialisés, autant il faut s'assurer
que les dentistes l'aient aussi. Parce que j'ai fait mon petit sondage; on a eu
le temps, vous savez, depuis. J'ai demandé à des journalistes;
j'ai demandé à des patients, j'ai demandé à des
amis autour, j'ai demandé aux personnes que je rencontrais: Saviez-vous
qu'un dentiste, chirurgien-dentiste, peut poser n'importe quel acte
spécialisé, même s'il n'est pas allé chercher la
spécialité? La très grande majorité l'ignorait.
J'ai aussi rencontré, je vous le disais, des dentistes qui s'offusquent
de cette situation. Des spécialistes qui ont pris jusqu'à quatre
années de spécialité pour poser des actes
spécialisés et qui disent: Ce n'est pas normal que nous, on ait
sacrifié quatre ans de notre vie - ça nous a coûté
des sous pour qu'on pose des actes, on estime que c'est indispensable de poser
certains actes spécialisés - et que des collègues le
fassent avec quelques mois de préparation, quand ce n'est pas quelques
semaines. Et eux, ils sont mal placés pour aller dénoncer ces
situations.
Moi, j'avais cru comprendre - et peut-être que c'est dans les
amendements qui vont suivre, parce qu'on ne les a pas eus avant - que le
ministre amènerait ou obligerait les dentistes, l'Ordre des dentistes,
à adopter un code de déontologie qui les oblige, qui oblige les
membres qui veulent poser des actes spécialisés à avoir
une formation en conséquence. Je relisais - parce que c'est toujours
intéressant de voir un peu dans quelle perspective il faut placer cette
question - les déclarations du Dr Landry, de l'Association des
spécialistes en chirurgie buccale et maxillo-faciale, qui disait que,
selon lui, une spécialité telle que la sienne, c'est quatre ans
d'université. Je voudrais retrouver... Quatre ans de
spécialité. Ce qui est donc important, en ce qui concerne le
chirurgien, c'est le travail d'équipe, à la fois dans
l'évaluation initiale et dans le traitement prochirurgical. Il dit: "II
nous surprend énormément qu'il puisse être envisagé
de déléguer à une classe de professionnels autres que les
dentistes la surveillance du travail conjoint."
Alors, c'est donc, même à l'intérieur des dentistes,
sinon réservé, du moins ça s'adresse seulement à
ceux qui peuvent aller chercher, en plus des notions qu'ils ont eues à
l'université, la formation technique pour assurer le suivi, le
traitement et la pose de certains actes spécialisés. Il rappelait
que, pour lui, la spécialité demandait: "Donc, après
l'admission au programme, le dentiste, généralement - comme je le
disais - effectuera quatre années supplémentaires de
spécialisation se déroulant de façon rattachée au
département, à l'hôpital, et partageant le curriculum
médico-chirurgical de la Faculté de médecine, sous les
protocoles qui existent avec l'École de médecine dentaire."
Moi, je le répète, peut-être que le ministre a
prévu des modifications qui vont dans ce sens-là; je m'en
réjouirais, parce que, à cet égard, contrairement à
ce que je pensais, je n'étais pas la seule à être
complètement ignorante qu'un dentiste puisse poser des actes
spécialisés sans avoir la formation requise et que, s'il y a
danger pour la santé buccale des personnes, ce sont ces personnes qui
posent des actes spécialisés alors qu'elles n'ont pas fa
compétence. C'est ce qu'est venu me dire dans mon bureau un
spécialiste qui dit. Moi, je trouve ça inacceptable. Alors, ma
question, c'était: Est-ce qu'il y en a beaucoup? Est-ce que vous en
connaissez? Oui, j'en connais.
On ne peut pas dire que ce soient tous les dentistes, mais de plus en
plus de dentistes, par exemple, font des traitements de canal alors qu'ils
n'ont pas la formation requise et ils peuvent complètement gâcher
une dent.
Moi, c'étaient les trois remarques que j'avais. Je souhaite
simplement qu'à la lumière des audiences et des recommandations
qui ont été faites par les parties une partie de ces remarques
soient prises en considération. Je le rappelle parce que le ministre a
la responsabilité d'assurer la protection du public. Il y aura toujours
une espèce de dilemme, de contradiction, de quadrature du cercle dans
les mandats qui sont confiés aux ordres professionnels, à la fois
de protéger leurs membres et le public. Ça, vous savez, c'est
latin que ça n'a pas de bon sens. On ne peut pas protéger ses
membres et le public en même temps. C'est humain, on protège ses
membres d'abord et le public par défaut, quand on est trop mal pris,
quand ça ne peut pas faire autrement. Ça n'a pas de bon sens.
C'est le seul endroit au monde, probablement, où on pense que ce genre
de mariage est possible. Mais cela dit, il faut... Ce pourquoi le ministre doit
être plus vigilant et j'espère que... Si les amendements que le
ministre veut nous apporter tiennent compte des remarques que nous avons eu
l'occasion de faire, sans doute qu'on pourrait conclure l'examen de ce projet
de loi dans le courant de l'après-midi. (16 h 15)
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui aimeraient intervenir dans les remarques préliminaires?
Mme la députée de Terrebonno.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Quelques remarques, Mme la Présidente, parce
que je devrai vous quitter bientôt pour une autre activité
parlementaire.
Il est bien évident que j'appuie les remarques de ma
collègue responsable du dossier, la députée de Chicoutimi.
J'ai assisté avec beaucoup d'intérêt aux audiences sur le
projet de loi 17 et je pense que nous avons eu l'occasion à ce
moment-là d'entendre les différents intervenants et de comprendre
tous les enjeux que nous avions devant nous.
Vous savez, au niveau du consommateur - parce que c'est
évidemment l'angle de la protection du consommateur qui
m'intéresse le plus - il y a toujours dilemme entre la partie protection
et la partie libre choix des consommateurs. Et on le voit dans tous les projets
de loi, d'ailleurs, par la prise de position de différentes associations
de consommateurs. Vous avez différentes associations de consommateurs
qui vont tabler toujours sur l'angle protection, alors que d'autres vont
toujours revenir avec l'importance du libre choix du consommateur.
C'est évident que lorsqu'on met certaines restrictions, comme la
surveillance directe et immédiate d'un dentiste dûment
formé, pour les denturologistes, on limite le libre choix du
consommateur. Je pense que la véritable protection du consommateur,
c'est vraiment au niveau des recours et ça, tant et aussi longtemps, au
niveau de tout ce qui touche le secteur professionnel, qu'on n'arrivera pas
à une véritable loi de protection des consommateurs,
c'est-à-dire à de véritables recours des consommateurs par
rapport à tous les actes des professionnels.
Et ça, ça revient régulièrement. C'est une
demande que les consommateurs nous font et dans tous les projets de loi qui
touchent la santé, ça revient régulièrement. Les
consommateurs se sentent tout à fait démunis et non
protégés.
C'est important que les consommateurs puissent avoir un choix, le choix
d'un professionnel qui a des compétences, et je pense qu'au niveau des
denturologistes on nous a quand même démontré des
compétences au niveau des études.
Je m'inquiète aussi de certains actes qui sont posés par
des dentistes spécialistes. J'ai eu la chance - si on peut appeler
ça une chance, c'est plutôt une malchance - de subir des
traitements chez un périodontiste, et tous les actes étaient
posés par l'hygiéniste dentaire et non par le spécialiste
lui-même. Et lorsque je me suis retrouvée avec une
hémorragie, bien il n'y avait pas de recours, vraiment. Pourtant, ce
sont des spécialistes! Ils sont supposés effectuer, je pense, des
traitements de ce coût-là, à 137 $ l'heure,
eux-mêmes. Et pourtant, c'est fait par les hygiénistes
dentaires.
Pourquoi deux poids, deux mesures? Je m'interroge vraiment
là-dessus. Je pense qu'il faut vraiment et rapidement travailler au
niveau des recours des consommateurs, vraiment. Le débat, c'est
évident, au niveau des spécialistes va toujours exister. Il faut
s'assurer de la protection des consommateurs tout en maintenant aussi un libre
choix pour le consommateur.
Alors, moi aussi, j'ai évidemment... J'espère avoir la
chance de voir rapidement les amendements qui vont être présentes
dans ce projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors...
Mme Blackburn: Peut-être une dernière remarque. Si
je comprends bien, on nous a remis aussi des remarques sur le texte original du
projet de loi. On ne nous a pas remis les amendements.
La Présidente (Mme Hovington): Non, c'est le projet de
loi.
M. Savoie: Non, on va vous les remettre là, l'un
après l'autre.
Mme Blackburn: C'est le choix du ministre, évidemment.
M. Savoie: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons passer
à l'étude...
Mme Blackburn: Je respecte ce choix, mais je dois dire tout de
suite, que ça ne prédispose pas à un examen plus efficace
de ce projet de loi...
M. Savoie: Bien oui...
Mme Blackburn: ...parce que, quand on l'a en main, le ministre le
sait, si on avait en main les amendements, déjà, on pourrait
rapidement le faire. Et en même temps aussi, je trouve ça
déplorable, ça crée une espèce de climat de
suspicion. Je ne vois pas pourquoi on ne nous aurait pas remis ces amendements,
on n'aurait pas pu les examiner alors qu'on attendait que la présidence
soit assurée. Et ça aurait été autant de temps
gagné. J'imagine que le ministre aime ça en commission. Tant
mieux!
La Présidente (Mme Hovington): La présidence
attendait que le leader en Chambre appelle les travaux des commissions, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Non, Mme la Présidente, ce n'est pas sur
vous que repose le blâme. Je dis simplement que le ministre aurait pu,
à la faveur de ce délai, nous passer les amendements de
manière à ce qu'on puisse travailler avec un peu plus de
collaboration et de sérénité. Je trouve ça
déplorable. C'est son choix.
M. Savoie: Non. Non. Mais c'est parce que je viens tout juste,
moi aussi, de les recevoir, c'est-à-dire à l'étape finale.
Alors, on va les distribuer au fur et à mesure qu'on avance dans le
projet de loi.
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Savoie: Tout simplement avant de commencer, Mme la
Présidente, je veux souligner à la députée
qu'évidemment il faudrait qu'elle porte plainte et que son intervention,
comme remarque générale, on peut l'entendre, là, mais on
ne peut pas y donner suite à moins qu'elle ne dépose une plainte;
il faudrait qu'elle dépose une plainte. Si, effectivement, il y a des
gestes professionnels qui ont été posés par un technicien
dentaire, il faudrait absolument, pour que ce soit crédible...
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Savoie: ...qu'elle nous transfère le nom et qu'on
puisse agir à partir des informations fournies. Vous pouvez être
sûre qu'on va faire enquête et qu'on va donner suite à sa
demande. Alors, je ne sais pas si...
Mme Caron: II y a très peu de périodontis-tesau
Québec...
M. Savoie: Oui..
Mme Caron: ...et dans tous ces bureaux l'examen est fait par le
spécialiste et les traitements sont faits par les hygiénistes
dentaires.
M. Savoie: Oui, justement. Alors, s'il y a des traitements qui
sont faits par les techniciens qui ne sont pas formés ou qui n'ont pas
l'expertise professionnelle d'exécuter, il faudrait avoir le nom, on va
faire enquête et on va y donner suite.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, vous ferez passer
l'information au ministre, Mme la députée de Terrebonne, pour que
justice soit faite sur votre cas. Est-ce qu'il y a des motions
préliminaires que les membres voudraient présenter à la
commission? Ça va. Alors, nous allons procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 17.
M. Savoie: Alors, avec des amendements, Mme la Présidente,
je vais déposer les amendements.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord.
M. Savoie: À l'article 7, c'est-à-dire l'article 1
du projet de loi..
Étude détaillée Ordonnance ou certificat de
santé buccale
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 17 et je comprends bien qu'il y a des amendements à
l'article 1 du projet de loi 17. Alors, M. le secrétaire, on peut passer
les amendements?
Alors, l'amendement se lirait comme suit: À l'article 1... Alors,
à l'article 7, il est proposé. Premièrement, de remplacer
les deux premiers alinéas par les suivants: "7. Avant de poser un acte
décrit à l'article 6 relativement à une prothèse
dentaire partielle amovible, le den turologiste doit s'enquérir
auprès du patient si ce dernier a subi à cette fin un examen par
un dentiste, consigner cette information au dossier relatif au patient et le
faire parapher par celui-ci. "Si le patient n'a pas subi un tel examen, le
denturologiste doit l'informer de l'importance de le subir. Il doit consigner
et faire parapher cette information conformément au premier
alinéa."
Deuxièmement, remplacer dans les deux
premières lignes du troisième alinéa les mots
"premier alinéa" par les mots "présent article".
M. le ministre, vous avez des explications à donner?
M. Savoie: Oui. Oui. On se rappelle sommairement, Mme la
Présidente, qu'il y avait au niveau de l'article 7 l'obligation du
certificat de santé buccale. On sait effectivement que, dans la lutte
épique entre les dentistes et les denturolo-gistes, pour toutes sortes
de raisons, les den-turologistes ont eu énormément de
difficultés à appliquer la notion de certificat de santé
buccale et que, de fait, l'obligation de certificat de santé buccale
requise en vertu de l'ancien article 7 n'était pas suivie.
Nous avons examiné plusieurs options, nous avons eu des
recommandations de la part de l'Office de présenter évidemment la
notion d'une annexe, c'est-à-dire de présenter une annexe.
L'examen a eu lieu au mois de septembre, je pense. L'échange que nous
avons eu avec les dentistes et les denturologistes nous a convaincus
qu'effectivement une annexe constituait, en bout de piste, un autre certificat
de santé buccale. Ce qu'on a constaté, c'est qu'il était
important pour le denturologiste de souligner au patient l'importance,
effectivement, de la visite chez le dentiste. En l'absence de visite, le
denturologiste devait aviser le client qu'il devait visiter un dentiste, que
c'était un atout particulier pour sa santé personnelle. (16 h
30)
Alors, ce dont on a convenu, c'est que, de plus en plus, les
denturologistes vont évidemment rencontrer un client. Lors de cette
rencontre avec le client, il y a généralement une série de
questions qu'on pose au client, qui dépassent largement, par exemple,
son nom et son numéro de téléphone, donc, ces informations
primaires. On dit, par exemple, son état de santé
général, quelques questions; en même temps, dans ce
questionnaire qui pourra être préparé par l'Ordre des
denturologistes, on pourrait évidemment inclure la notion de: Qui est
ton dentiste? Quand est-ce, la dernière fois que tu as vu ton dentiste?
Si ça faisait plus de 12 mois, il y aurait un texte statutaire à
lire au patient pour souligner l'importance de la visite chez le dentiste.
Je pense qu'au niveau de la sécurité du public il y aura
donc un avis formel, par un denturologiste qui, bien qu'il soit un intervenant
au niveau des soins dentaires, doit souligner l'importance de la visite chez le
dentiste et doit le faire lors de cette première rencontre qu'il a avec
le client. Et je peux vous dire qu'à date, en tout cas, je pense que
ça a été bien reçu de part et d'autre et qu'il
semble exister en effet une espèce de consensus pour dire qu'il y a
là une solution qui est agréable pour les deux parties.
Également, je pense que le plus important, c'est qu'il va
évidemment revenir à la corporation professionnelle des
denturologistes de faire la vérification chez les "denturos" pour
être certains qu'effectivement ces formulaires-là soient remplis
comme il se doit dans l'exercice d'un cabinet privé, par un
professionnel, pour s'assurer que les informations soient valablement
données par le denturologiste.
Je peux vous dire que, d'une façon globale, la grande
majorité des denturologistes rencontrés est d'accord avec cette
position-là et que, même, cette proposition provient
d'échanges avec des membres de la Corporation professionnelle des
denturologistes.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, Mme la Présidente, l'amendement qui
nous est proposé dans l'article 7, premier paragraphe, enlève
complètement les 12 mois. Il n'y a plus de référence
à 12 mois. La référence à 12 mois n'intervient que
dans le dernier paragraphe où il est dit que l'obligation imposée
au denturologiste en vertu du présent article - ce serait ça, la
modification - s'applique aussi dans le cas de la réparation et se
poursuit sans qu'il n'y ait eu ordonnance d'un dentiste ni présentation
d'un certificat de santé buccale délivré par un dentiste
au cours des 12 derniers mois. Pourquoi est-ce qu'on conserve les "12 derniers
mois" dans le cas de la réparation et qu'on les fait disparaître
dans le premier paragraphe?
M. Savoie: C'est parce que, 12 mois, effectivement, c'est un peu
arbitraire. C'est vraiment la dernière rencontre.
Mme Blackburn: Non, c'est-à-dire, ça
disparaît de... Je ne sais pas si le ministre me suit. Dans le projet
original...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...article 7, premier paragraphe, il y avait une
référence: "au cours des 12 derniers mois". Cette
référence a été remplacée par "à
cette fin".
M. Savoie: Je m'excuse, oui, c'est ça, j'ai dit ça
dans mon mot d'ouverture, c'est ça;
Mme Blackburn: "À cette fin", alors que la
référence à 12 mois n'intervient que dans le cas d'une
réparation.
La Présidente (Mme Hovington): Avec le nouvel amendement,
les 12 mois restent seulement dans la réparation.
Mme Blackburn: Dans le deuxième.
M. Savoie: C'est que c'est toujours là. Si on doit lire le
texte du projet de loi au complet,
l'article 7, je ne sais pas si... L'article 7 au complet, on dit: "Avant
de poser un acte décrit à l'article 6", donc le premier
alinéa de la modification est toujours là. Ensuite, on dit:
"L'obligation imposée au denturologiste"', donc en troisième
alinéa, si on veut, "l'obligation imposée au denturologiste en
vertu du premier alinéa s'applique aussi dans le cas de la
réparation d'une prothèse dentaire partielle amovible
posée ou remplacée avant le (la date d'entrée en vigueur
du présent article) sans qu'il n'y ait eu ordonnance d'un dentiste ni
présentation d'un certificat de santé buccale
délivré par un dentiste au cours des 12 derniers mois." Donc, les
12 derniers mois, c'est une période transitoire entre l'application de
la loi actuelle...
Mme Blackburn: Là, je veux qu'on se comprenne bien. Ce que
je dis, c'est que la période de 12 mois ne s'applique que dans le cas
des réparations et elle ne s'applique pas dans le cas que j'appellerais
avant de poser un acte décrit à l'article 6. Je voudrais bien
qu'on m'explique ce que ça veut dire. Je relis: "Avant de poser un acte
décrit à l'article 6 relativement à une prothèse
dentaire partielle amovible, le denturologiste doit s'enquérir - j'aime
mieux ça que de s'assurer, parce que pour s'assurer il faudrait qu'il
fasse une enquête et ça n'a pas de bon sens - auprès du
patient si ce dernier a subi à cette fin - "à cette fin",
ça veut dire aux fins de fabrication d'une prothèse
dentaire...
M. Savoie: En vertu de l'article 6.
Mme Blackburn: Oui. Alors, ça ne fait pas
référence à 6. Ça veut dire, à cette fin,
qu'avant d'aller chez le denturologiste, il aurait fallu qu'il aille chez le
dentiste, à cette fin.
M. Savoie: C'est ça, à cette fin. Un examen par un
dentiste, consigner cette information au dossier relatif au patient et le faire
parapher par celui-ci.
Mme Blackburn: Ça va. Alors, ce que je dis, c'est que la
période de 12 mois ne s'applique que dans le cas des
réparations.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Pourquoi est-ce qu'on confirme dans le cas des
réparations? Ça m'étonne. Pourquoi ne pas avoir...
M. Savoie: On ne parle plus des 12 mois, parce que la
période de 12 mois était transitoire.
Mme Blackburn: Non.
M. Savoie: Oui, le certificat de santé buccale exigeait
une visite dans les 12 derniers mois.
Mme Blackburn: Tandis que là, vous dites: À cette
fin... On n'impose plus.
M. Savoie: C'est ça. Maintenant, on n'impose plus la
limite de 12 mois.
Mme Blackburn: Oui, ça va. Mais pourquoi est-ce qu'on
continue de l'imposer dans le cas des réparations? Pourquoi est-ce qu'on
ne dit pas: À cette fin?
M. Savoie: C'est uniquement dans le cas d'une transition, ce
n'est pas...
Mme Blackburn: Ce n'est pas nécessairement... Ça ne
s'explique pas comme ça. Vous avez une formation de juriste. Ce n'est
pas juste parce que c'est transitoire.
M. Mulcair (Thomas J.): Madame...
M. Savoie: Oui, allez-y parce que j'ai essayé, moi.
Mme Blackburn: Parce qu'il faudrait que ce soit dans les deux
cas; sinon, ça n'a pas de bon sens.
M. Mulcair: Si une prothèse a été
posée sans respecter l'ancienne règle de 12 mois, sans certificat
de santé buccale, sa réparation devient problématique.
Donc, on va exiger l'application de l'ancienne règle seulement dans le
cas de la réparation d'une prothèse qui a été
posée illégalement vis-à-vis de l'exigence qui existait
auparavant. Mais, comme le ministre le mentionnait, c'est transitoire et le
troisième alinéa ne s'appliquera pas pour longtemps.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il n'aurait pas été plus
simple d'appliquer les mêmes règles aux deux?
M. Mulcair: Ce sont des questions auxquelles je dois
répondre. La suggestion faite unanimement par les membres de l'Office,
c'était, dans ces cas-là, vu l'état
d'illégalité, de continuer à exiger les mêmes termes
de la loi que ce qui avait été là auparavant. À
notre sens, ça assurait une protection adéquate du public.
Mme Blackburn: "À cette fin", est-ce à dire que
c'est avant d'aller chez... La question de tout à l'heure.
M. Savoie: Aux fins de l'article 6. Mme Blackburn: Non
M. Savoie: Avant de poser un acte décrit à
l'article 6, relativement à une prothèse dentaire partielle, le
denturologiste doit s'enquérir auprès
du patient si ce dernier a subi à cette fin - aux fins de...
Mme Blackburn: Aux fins de faire poser une prothèse
dentaire.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Et "à cette fin", ça veut dire que
chaque examen chez le denturologiste doit être
précédé d'un examen chez le dentiste.
M. Savoie: C'est-à-dire que le denturologiste doit
s'enquérir, à savoir qui est son dentiste. Il doit suivre,
finalement, le dossier du client et les relations qu'il a avec un dentiste. Si
le patient n'a pas subi un tel examen, le denturologiste doit l'informer de
l'importance de le subir; il doit consigner et faire parapher cette
information, conformément au premier alinéa. Alors, il a
l'obligation d'avertir. C'est un caveat qu'on donne au client.
C'est qu'à la minute où on reconnaît la pratique
d'un denturologiste, comme nous l'avons fait en 1973... À la minute
où c'est reconnu, il exerce dans un champ conjointement avec le
dentiste, contrairement à certaines juridictions, par exemple, où
le denturologiste n'a même pas le droit de mettre la main dans la bouche.
Ici, on permet au denturologiste de faire la fabrication de la prothèse
et les ajustements qui en résultent. Alors, il y a là une plus
grande intimité. On ne veut pas, d'aucune façon, exclure le
dentiste. On veut même encourager le denturologiste à recommander
à son client de consulter son dentiste d'une façon
régulière. C'est ce qu'on fait avec l'article 7 et ça nous
permet d'exercer un contrôle parce que le client, à ce
moment-là, a été avisé et il doit signer la
formule. Alors, au dossier de chaque client, il va y avoir cette formule qui
sera développée par les denturologistes et qui sera suivie,
évidemment, par leur syndic. Et le tout sera évidemment suivi de
très près par l'Office des professions pendant les premiers mois,
pour être sûr que tout tombe en place.
Mme Blackburn: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va. Est-ce que
l'amendement à l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 2.
Actes interdits
M. Savoie: Alors, nous allons déposer, séance
tenante, Mme la Présidente, les modifications à l'article 2.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, il y a un amendement
à l'article 2.
M. Savoie: II y en a plusieurs, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Plusieurs amendements, oui,
que je juge recevables.
Si vous voulez, nous allons procéder par paragraphe,
peut-être? Est-ce que ce serait plus simple, à l'article 2? Il y a
le préambule de l'article 2, c'est-à-dire l'article 8 à
l'intérieur de l'article 2 qui demeure. Il n'est pas changé. Le
premier alinéa de l'article 2 demeure.
M. Savoie: Oui. Le premier alinéa de l'article 2
demeure.
Mme Blackburn: Alors, on examine par alinéa, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): On va procéder par
alinéa.
Mme Blackburn: S'il vous plaît.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Alors, j'appelle
le premier alinéa de l'article 2.
M. Savoie: Alors, "Dans l'exercice de sa profession, il est
interdit à un denturologiste de procéder au surfaçage
radiculaire, au détartrage ou au polissage des dents ou de poser un acte
qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter une déficience des
dents, de la bouche ou des maxillaires, notamment: "1° la prescription et
la prise de radiographies; "2° l'anesthésie locale par voie
d'infiltration."
Et là, à l'alinéa 3°, "la pose d'implants" est
remplacée par: "l'essai, la pose, l'adaptation, le remplacement de ponts
papillon, couronnes et ponts". L'alinéa 4: "l'essai, la pose,
l'adaptation ou le remplacement de prothèses hybrides et
prothèses qui s'ajustent directement aux implants
ostéointégrés et des prothèses qui s'ajustent
indirectement aux implants ostéointégrés".
Mme Boucher Bacon: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Oui, Mme la
députée de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Est-ce que je pourrais poser une question de
précision?
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, oui.
Mme Boucher Bacon: C'est parce que moi, je comprenais bien la
pose d'implants, mais là, comme on entre dans des termes de technique
dentaire auxquels on n'est pas habitués, j'aimerais avoir plus
d'explications, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Savoie: O. K. En gros, ça a fait l'objet de deux jours
de présentation et d'échanges avec différents
spécialistes que nous avons rencontrés au mois de septembre. Je
pense que vous étiez présente, d'ailleurs.
Mme Boucher Bacon: Oui.
M. Savoie: Alors, "l'essai, la pose, l'adaptation" -
évidemment, ça va de soi - "de prothèses hybrides et de
prothèses qui s'ajustent directement aux implants
ostéointégrés". "Directement", ça veut dire
qu'elles sont vissées directement sur l'implant. Alors, je n'ai
malheureusement pas de modèle avec moi aujourd'hui. Je les avais au mois
de septembre. Il y a un implant et l'implant est vissé directement
dessus, là.
Et l'autre, c'est "indirectement". C'est que vous avez le fameux "dolder
bar" dont on avait parlé où... C'est-à-dire qu'il y a
trois, quatre, cinq, six, sept ou même toute une série de dents
qui se posent sur deux, trois ou quatre implants, qui se "clippent" ou qui
s'ajustent, en tout cas, qui sont de toute façon amovibles, qu'on peut
poser et qu'on peut enlever le soir, par exemple. (16 h 45)
Mme Boucher Bacon: Et si je me souviens bien, M. le ministre, les
denturologistes disaient: On ne veut pas faire ce qu'un chirurgien buccal fait
mais on veut avoir l'autorisation de la poser.
M. Savoie: C'est-à-dire que non. Finalement, il faudrait
continuer la lecture et se rendre au sous-alinéa 3 où on dit,
dans le sous-paragraphe c, "qui s'ajustent indirectement", donc qui sont
"movibles". Le sous-paragraphe c du paragraphe 4 n'a pas pour effet
d'empêcher un denturologiste de poser les actes qui y sont
décrits, sous la direction d'un dentiste. Alors, ça veut dire
que, finalement, un denturologiste va pouvoir faire les dents qui se posent,
par exemple, sur un "dolder bar" ou qui sont, de toute façon, amovibles,
qu'on peut enlever de la bouche, et qu'il va être capable de travailler,
mais toujours conjointement, par exemple, avec le chirurgien, comme la pratique
existe actuellement et qu'on nous l'a démontré lors des
audiences.
Mme Boucher Bacon: On nous l'a démontré.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va, Mme la
députée de Bourget?
Mme Boucher Bacon: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Savoie: Alors, est-ce que ça va pour...
Mme Boucher Bacon: Oui. Bien, c'est parce que j'avais reçu
une lettre de l'Ordre des denturologistes du Québec à l'effet
que, bon, évidemment, ils s'opposaient à la modification du
projet de loi 17 visant à modifier la Loi sur la denturologie...
M. Savoie: Oui.
Mme Boucher Bacon:... et eux invoquaient le fait que, sous la
surveillance directe et immédiate d'un dentiste dûment
formé en cette matière, est-ce que ça va être
l'obligation....
M. Savoie: Non. Ça, on l'a fait, on l'a
enlevé...
Mme Boucher Bacon: Enlevé. Mais lorsque... M.
Savoie:... cette restriction-là.
Mme Boucher Bacon:... ils auront à poser cet implant
amovible, est-ce qu'il faut que, directement, ils soient avec le
chirurgien?
M. Savoie: Dentiste. Il faut que ça se fasse sous la
direction d'un dentiste. Maintenant, ce qu'on ne voulait pas, par exemple...
C'est qu'on ne voulait pas empêcher la pratique qui s'exerce actuellement
au niveau de certains chirurgiens-dentistes avec certains denturologistes, par
exemple, où il y a une grande collaboration qui existe entre les deux et
qui permet, finalement... Mais ce qu'on veut, par exemple, c'est que le
dentiste ait le dernier mot tant que... Par exemple, une fois que la
prothèse est terminée, le dentiste, évidemment, va
certainement regarder le travail qui a été fait et, si elle
requiert des ajustements, il faut qu'il donne suite aux ajustements. Dans la
préparation du plan, la préparation au niveau de la
prothèse, bien là, évidemment, le dentiste doit être
mis au courant et approuver le plan proposé comme il se fait
actuellement au niveau de certaines pratiques qu'on trouve louables.
Mme Boucher Bacon: D'accord. Merci.
M. Savoie: II faut bien s'entendre que la protection du public
est assurée en disant: Ça ne peut pas se faire seul. On ne peut
pas se ramasser dans une situation où un denturologiste entreprend
à lui seul tout l'ensemble de l'opération, ou qui ramasse, par
exemple, une opération
qui a été débutée aux États-Unis et
qui vient se terminer chez nous. Ça, ça va être parce que
le mot "dentiste" comprend bien un dentiste qui est inscrit au tableau de
l'Ordre.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Merci, Mme la Présidente. L'article 8
de cette loi est remplacé par le suivant: "Dans l'exercice de sa
profession, il est interdit à un denturologiste de procéder au
surfaçage radiculaire, au détartrage ou au polissage des dents ou
de poser un acte qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter une
déficience des dents, de la bouche ou des maxillaires. "
M. Savoie: Je m'excuse.
La Présidente (Mme Hovington): On lisait tout
simplement...
M. Savoie: C'est parce que...
La Présidente (Mme Hovington):... l'article 8 de l'article
2.
Mme Blackburn: Premier paragraphe.
M. Savoie: Oui, l'article 8...
Mme Blackburn: Alors, ma question...
M. Savoie:... dans l'exercice de sa profession, il est interdit
à un denturologiste de procéder à un surfaçage
radiculaire, au détartrage ou au polissage des dents.
Mme Blackburn: Et là on dit: Notamment...
M. Savoie: Notamment.
Mme Blackburn: II aurait fallu dire: En plus. Parce qu'il me
semble que la prescription et la prise de radiographies, on n'y a pas
référence dans le premier. Oui, diagnostiquer.
M. Savoie: Oui. C'est quoi la question, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: La question, c'est la suivante. Est-il normal,
courant, régulier, acceptable, admissible, souhaitable qu'on indique
dans un projet de loi touchant un ordre professionnel les actes qui lui sont
interdits en vertu d'autres lois? Est-ce que c'est courant?
M. Savoie: Non.
Mme Blackburn: Est-ce que ça s'est fait ailleurs?
M. Savoie: C'est exceptionnel.
Mme Blackburn: Voulez-vous me dire en vertu de quel principe ou
de quel préjugé on peut se permettre de le faire pour cette
profession? C'est un précédent qui pourrait m'amener à
exiger qu'on fasse la même chose pour n'importe quelle profession,
indiquer dans sa loi, dans la loi constitutive de la corporation, tout ce qui
lui est interdit. Comprenez-nous? Et là, ça n'arrête
plus.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est normal? Croyez-vous encore que
ça soit acceptable? Ça, moi, je trouve... Vous savez, vous allez
devoir nous dire carrément, haut et fort, que c'est une race de monde
à qui vous ne faites pas confiance. C'est ça parce que c'est
exactement ça que ça dit. Ce serait la seule loi, comprenez
bien... Je vois le député de Rimouski qui hoche la tête.
Qu'il aille dire ça à ses denturologistes. Selon ce gouvernement,
c'est la seule corporation professionnelle qui mérite une situation ou
un traitement d'exception, pour laquelle on est obligé de dire: II y a
des affaires que vous ne pouvez pas faire même si ça, c'est
indiqué dans d'autres lois. Et c'est méprisant. C'est
profondément méprisant et ça n'a pas lieu d'être
là. Et, dans ce sens-là, je demande simplement au ministre: En
toute équité, par rapport aux autres et en tout respect pour des
professionnels, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu simplement de retirer cet
article-là? Et j'en fais... Je propose un amendement.
M. Savoie: Dans le projet de loi sur les denturologistes tel
qu'il existait en 1973, il y a déjà: "Dans l'exercice de sa
profession, il est interdit à un denturologiste de poser un acte qui a
pour objet de diagnostiquer ou de traiter une déficience des dents, de
la bouche ou des maxillaires chez l'être humain. " Effectivement, cette
restriction était déjà là. Maintenant, c'est
ça. C'est exactement une reprise de l'article 26 de la loi pour la
corporation professionnelle des dentistes où on dit: "Constitue
l'exercice de l'art dentaire tout acte qui a pour objet de diagnostiquer ou de
traiter toute déficience des dents, de la bouche, des maxillaires ou des
tissus avoisi-nants chez l'être humain".
Mme Blackburn: C'est déjà dedans?
M. Savoie: Oui. Alors, au niveau des radiographies,
évidemment, la prescription et la prise des radiographies, je ne dis pas
que, par exemple, un jour, on n'en sera pas rendu là avec les
denturologistes. Je l'ignore. Ce que je vous dis, c'est qu'actuellement la
prescription et la prise de radiographies, on ne veut pas voir cette
pratique-là et ça n'entre pas nécessairement en
contradiction avec l'article 8. Deuxièmement, l'anesthésie
locale par voie d'infiltration n'entre pas non plus dans la définition
de l'interdiction au niveau de procéder au surfaçage.
Finalement, l'ancien article 8 était beaucoup trop global, alors
un denturologiste pourrait dire, par exemple: Oui, mais moi, Je veux avoir le
droit de faire des radiographies. Je ne dis pas que c'est fermé pour
l'éternité, bien au contraire. Ce que je dis, c'est que, lorsque
ça va venir, ça va venir à un moment où la
corporation professionnelle sera capable de diriger cette
opération-là, si jamais ils veulent cette
opération-là. Mais on ne veut pas que, par exemple, un
radiologiste... Voyons! Un denturologiste commence à faire de la
radiographie dans son bureau à l'insu de tous et sans contrôle.
Avec la stipulation expresse, ça va permettre évidemment au
syndic des denturologistes d'intervenir.
Ce que nous avons dit, c'est que nous avons modifié l'article 8
pour prendre nos distances vis-à-vis de l'article 23 de l'Ordre des
dentistes et, en prenant nos distances, nous voulons le préciser
davantage. On parle, par exemple, de détartrage, de surfaçage
radiculaire, de polissage des dents. On ne veut pas... Évidemment, il
n'y a pas là en tant que tel... Si vous regardez l'article 8 tel qu'il
existait auparavant, dans l'exercice de la profession, il était interdit
à un denturologiste de poser un geste pour diagnostiquer ou traiter une
déficience des dents. Alors, c'est pour ça qu'on change un petit
peu, dans le sens où on dit: Oui, de diagnostiquer ou de traiter une
déficience des dents, mais spécifiquement, ça veut dire
également du surfaçage, du détartrage. On ne veut pas que
le denturologiste, avant de commencer à traiter un client, commence en
haut, sur des dents, les maxillaires, je pense, à traiter, à
détartrer, à gratter avec des outils de dentiste. Je pense que la
majorité des dentistes sont d'accord. Sauf qu'évidemment, dans
ces restrictions, on fait face un peu à des anomalies. C'est un peu la
même chose avec la prise de radiographies ou l'utilisation
d'anesthésie locale par voie d'infiltration. Ça, si ma
mémoire est fidèle, c'est des "sprays", des choses comme
ça, c'est l'utilisation.
On ne dit pas que c'est pour l'éternité. Il faudrait bien
comprendre qu'il y aura une évolution qui doit se faire avec la
corporation professionnelle. Au fur et à mesure que la corporation
professionnelle va se développer, on verra au fur et à mesure que
les choses évoluent. La pose d'implants, j'étais d'accord avec
vous. Je pense que tout le monde a constaté que le morceau était
un peu gros. Ça voudrait dire, finalement, percer la gencive et
installer l'implant, c'était un peu gros. Il a été
enlevé. Par contre, on parte de laisser la pose d'adaptation, de
remplacement de ponts papillon et de couronnes et ponts. Vous comprendrez qu'il
n'est pas agréable de voir ce genre d'alinéa se placer dans un
projet de loi.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Bourget, si vous permettez, a une question par rapport
à l'explication.
Mme Boucher Bacon: Si je me souviens bien, parce que c'est un
petit peu loin, les denturologistes disaient: On ne veut pas diagnostiquer. On
ne veut pas faire les surfaçages, on ne veut pas faire le
détartrage ni l'anesthésie. Ça, je pense que
c'était clair, sauf qu'on nous a dit bien candidement qu'il y avait des
cours qui se donnaient, qu'il y avait déjà des heures
accumulées pour les prises de radiographies. Vous allez en faire des
hors-la-loi, finalement. Quand on fait un projet de loi et que la loi est
appliquée, si jamais il y a poursuite, le juge - je comprends que ce
n'est pas éternel - va dire: Que dit la loi? Il va l'appliquer et ces
gens-là vont être hors-la-loi tout en ayant le droit de suivre ces
cours-là.
M. Savoie: II y a une différence entre la lecture d'une
radiographie... Par exemple, il est fort possible qu'ils reçoivent
déjà des cours de perfectionnement sur la lecture d'une
radiographie et, là-dessus, nous n'avons pas d'objection.
Mme Boucher Bacon: Mais vous vous souvenez, le collège
était venu expliquer...
M. Savoie: Oui.
Mme Boucher Bacon:... ces cours-là qui étaient
donnés depuis une couple d'années.
M. Savoie: Oui, je sais, mais c'était
exagéré en grande partie. Il faut bien comprendre qu'au niveau
des radiographies même la corporation professionnelle ne demande pas la
prescription et la prise de radiographies. Ce qu'ils veulent avoir, par
exemple, c'est la capacité de lire les radiographies. Et ça,
c'est une autre paire de manches. Là-dessus, je pense que c'est un peu
normal. Ce n'est pas ça que dit l'article; il parle de la prescription,
donc, de prescrire: Toi, va te faire faire des radiographies ou viens dans ma
petite salle en arrière, on va te faire une radiographie. C'est comme je
vous dis, ce n'est pas pour l'éternité; on parle au moment
actuel. Plus tard, qui sait? Dans l'évolution de la pratique des
denturologistes, on va y arriver. À un moment donné, ça
pourrait être nécessaire suite à des... Mais pas pour le
moment.
Mme Boucher Bacon: C'était simplement à titre de
questionnement parce que c'est un petit peu loin, la commission; alors,
c'était pour au moins essayer de comprendre ce que...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je pense qu'il est
important de refaire un peu l'histoire là-dessus. Effectivement,
l'article qu'on voit, l'article 8 de la Loi sur la denturologie, de la loi
précédente, c'est: "Dans l'exercice de sa profession, il est
interdit à un denturologiste de poser un acte qui a pour objet de
diagnostiquer ou de traiter une déficience des dents, de la bouche ou
des maxillaires chez l'être humain". Il faut faire un peu d'histoire.
Quand on a fait adopter ce projet de loi là, il y avait une guerre
ouverte entre les dentistes et les denturologistes. Et c'était en
quelque sorte parce qu'on concédait le droit aux denturologistes de
poser un certain nombre d'actes qui étaient contestés par les
dentistes. Et ç'a été une espèce de concession
qu'on a faite aux dentistes, un peu pour les rassurer et leur dire:
Écoutez, on les attache un peu mieux; on met deux choses. On met cet
article-là plus le certificat de santé buccale. Et là,
ça rassurait un peu les dentistes, puis ils ne perdaient pas
complètement la face.
Moi, je me dis - je ne sais plus en quelle année ç'a
été adopté, c'est en 1973 - à près de 20 ans
plus tard, la situation a évolué, non pas pour, en plus, rassurer
encore aujourd'hui les dentistes plus que ce ne l'était il y a 18 ans.
C'est ça qu'on fait; on concède aux dentistes que pour les
rassurer on va leur dire: Vous ne faites pas ci, vous ne faites pas ça.
Ça n'a pas de bon sens! Et une loi, quand on l'ouvre... (17 heures)
M. Savoie: Oui. Oui.
Mme Blackburn: ... quand on l'ouvre, c'est
généralement pour la bonifier. Si c'est pour l'empirer, on est
mieux de la laisser telle qu'elle est.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Vous êtes d'accord avec moi?
M. Savoie: Oui. Oui.
Mme Blackburn: Ça, c'était une petite
concession...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn:... à l'époque, faite en dépit
des principes...
M. Savoie: C'est ça...
Mme Blackburn:... qui présidaient à la
reconnaissance des corporations professionnelles...
M. Savoie: C'est ça...
Mme Blackburn:... et leur champ d'exercice, une concession qu'on
avait faite aux dentistes, une petite fleur aux dentistes, O. K. Et là,
on se dit, 18 ans après, qu'il faut aller juste un peu plus loin, parce
que, tu sais, c'est une catégorie de gens à qui il ne faut pas
faire confiance. J'y reviens, parce que ça n'a pas de bon sens. Tu sais,
c'est vrai que les implants dentaires, c'était vraiment le plus gros des
plus gros. Mais l'anes-thésie locale par voie d'infiltration,
poursuivez-les, s'il y a des denturologistes qui font ça. Ça n'a
pas de bon sens! Alors, allez me dire que vous le faites pour un...
M. Savoie: En vertu de quoi, là? En vertu de quoi? On est
avec vous, on comprend bien l'argumentation...
Mme Blackburn: Oui...
M. Savoie:... mais en vertu de quoi?
Mme Blackburn: Alors...
M. Savoie: En vertu de quoi va-t-on poursuivre, par exemple,
l'Ordre des denturologistes...
Mme Blackburn: Pas l'Ordre...
M. Savoie: Non. Non. Écoutez bien, là, le syndic
des denturologistes reçoit une plainte comme quoi il y a un client qui
est allé chez un denturologiste et le denturologiste lui a gelé
la bouche pour faire les empreintes...
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: Bon. Le syndic se présente chez le
denturologiste pour dire: Écoute là, tu n'as pas le droit de te
servir... Il va dire: Où est-ce marqué, ça? Où?
Où existe la restriction au niveau de l'anesthésie locale par
voie d'infiltration? Vous savez qu'est-ce que c'est, ça?
Mme Blackburn: Oui, mais monsieur...
M. Savoie: C'est quoi, l'anesthésie locale, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Je le sais, je viens d'en subir une...
M. Savoie: C'est quoi, là? Est-ce que vous pensez à
l'aiguille?
Mme Blackburn: C'est une injection; ça peut être
aussi un liquide, un liquide qu'ils vous injectent, mais un liquide qu'on
badigeonne avant de faire les injections. Il y a deux types
d'anes-thésie locale: II y a badigeonner avec un liquide et il y a aussi
injecter.
M. Savoie: Bon. Parlons de badigeonner, là, c'est par voie
d'infiltration, ça?
Mme Blackburn: Non. L'infiltration, c'est I'infiltration.
L'infiltration, ça le dit.
M. Savoie: Bon...
Mme Blackburn: Badigeonner, c'est badigeonner; et infiltrer,
c'est infiltrer; c'est à l'aide d'une aiguille
généralement...
M. Savoie: Bon. Pour parler d'infiltration, là, comment
allez-vous faire? En vertu de quoi allez-vous arrêter le
denturologiste?
Mme Blackburn: Alors... Moi, ça ne me fait rien. Je vais
laisser le ministre aller là-dessus. Mais votre raisonnement, là,
il va tourner court. Il faudrait que toutes les lois professionnelles
contiennent toutes les interdictions...
M. Savoie: Oui...
Mme Blackburn: Sinon, vous ne pourriez jamais poursuivre
personne...
M. Savoie: Oui. Oui.
Mme Blackburn: O. K. ? Alors, ce n'est pas sur la foi des
interdictions qui apparaissent dans une loi que vous poursuivez un
spécialiste, c'est sur la base de ce qui lui est autorisé par la
lot...
M. Savoie: C'est ça...
Mme Blackburn:... et non pas interdit. Autorisé par la
loi, et ce qui n'y est pas autorisé est interdit. Je pense que M.
Mulcair le sait, il sait que toutes les lois sont interprétées de
cette façon-là; sinon, ce serait terrible, vous ne finiriez plus.
Il faudrait que, pour chaque spécialité, vous descendiez tout ce
qui est interdit, y compris ce qu'il n'y a pas dans son champ de
compétence, au cas où il fasse du droit, alors qu'il n'est pas
compétent pour le faire... Alors...
M. Savoie: Non, mais si le denturologiste, par exemple,
développe l'argumentation que c'est nécessaire, pour l'exercice
de l'article 6, qu'il y ait, par exemple, anesthésie locale par voie
d'infiltration pour procéder aux implants, qu'est-ce qu'on fait?
Mme Blackburn: Les implants, c'est le dentiste. Même, ce ne
devrait pas être le dentiste, ce devrait...
M. Savoie: Non. Non. Je ne parle pas des implants, là; je
parle, par exemple... Dans l'article 6, on dit: "Constitue l'exercice de la
denturologie tout acte qui a pour objet de prendre des empreintes et des
articulés et d'essayer, de poser, d'adapter, de remplacer ou de vendre
des prothèses dentaires amovibles qui remplacent la dentition naturelle.
" Et s'il dit que pour faire ces poses, ces empreintes, qu'il doit appliquer un
petit peu de pression et qu'il veut geler avant, qu'est-ce que vous allez
faire?
Mme Blackburn: II y a, dans la Loi médicale, et c'est
très clair: tout ce qui saigne un peu, qui pique, ça
relève du médecin, c'est même des actes
délégués pour les infirmières...
M. Savoie: Oui...
Mme Blackburn: On reconnaît toutes les lois
professionnelles, vous le savez. Je sais que ceux qui sont à l'Office le
savent également...
M. Savoie: Bon...
Mme Blackburn: C'est une exception qu'on fait dans ce
cas-là. Sinon, je vous le dis, il faudrait le marquer dans la loi de
l'Ordre des infirmières: Tout ce qu'il leur est interdit, absolument. Il
faudrait le marquer dans la loi des médecins, tout ce qu'il leur est
interdit. Et on pourrait même leur dire qu'il leur est interdit de faire
du droit. Bien oui. Bien oui. Parce que c'est ça, le problème que
pose cet article-là. Et c'était un cadeau, une espèce de
petite fleur, de faveur qui était faite aux dentistes, non sans raison.
C'était nouveau, ça rentrait dans le champ, ils n'étaient
pas reconnus, ça se bataillait. On a dit: Une bonne formation, mais en
même temps un droit de pratique. Et après ça, la
population, les clients seront juges.
Mais là, on va plus loin. Comme si cette profession, à sa
très grande majorité... Parce que l'on n'agit que lorsqu'il y a
vraiment beaucoup de contrevenants. On dit: Là, il faut les mettre
à l'ordre. On les ramasse. Si vous me dites qu'il y a 25 % des
denturologistes qui font des infiltrations, du détartrage, des
radiographies, puis qui posent des implants dentaires, là, je dirais:
Écoutez, c'est vrai qu'on a un problème. Parce que pour
poursuivre, comme vous le disiez tout à l'heure, on ne poursuit pas.
Moi, un denturologiste qui ferait une infiltration - parce qu'une infiltration,
c'est une injection - pour prendre, un moulage, écoutez, il serait
passible de poursuites. Et, à mon avis, il devrait l'être, et les
pénalités devraient être extrêmement
sévères. Il y a toute une série de mesures
d'hygiène à prendre lorsque vous êtes en contact, et c'est
encore plus vrai avec l'histoire du SIDA, vous le savez.
Alors, on ne peut pas dire n'importe quoi quand on est ministre et qu'on
est en train d'examiner...
M. Savoie: Si je comprends bien, là, c'est que vous
êtes d'accord...
Mme Blackburn:... ça n'a pas à avoir, ça n'a
pas à être là. L'article 8, là...
M. Savoie: Si je comprends bien, là, vous êtes
d'accord avec le premier alinéa, la prescription et la prise de
radiographies?
Mme Blackburn: Non. Je ne suis pas d'accord avecl'article 8. Je
ne sais pas si vous comprenez bien; c'est parce que dans cet article on est
entrain d'indiquer des actes qui leur sont interdits.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: II aurait été plus sage de modifier
la loi des dentistes pour reconnaître ce qui leur était exclusif
que de commencer à taper sur une autre spécialité, un
autre ordre professionnel. Il me semble.
M. Savoie: Hum!
Mme Blackburn: II me semble. Il me semble que vous êtes en
train de faire fausse route là-dessus, parce que c'est la loi des
dentistes qui aurait dû être renforcée, et non pas celle des
denturologistes modifiée en disant: On vous interdit telle et telle
chose.
Il y a les deux en fait, parce qu'on sait qu'il y a, par exemple, la
pose, l'essai, l'adaptation et le remplacement de ponts papillon, couronnes,
prothèses, et prothèses s'ajustant aux implants; c'est une
modification qu'on aurait pu introduire dans la Loi sur la denturologie. Mais
pour le reste, on n'a qu'à en faire des actes exclusifs du dentiste. Pas
l'inversé! Ça ne se voit dans aucune profession. Je ne sais pas
si vous me comprenez bien, et ça fait méprisant.
Et moi, si vous me dites, je vous le dis, là... Est-ce qu'on a
des données statistiques qui nous permettent de dire qu'il y a bien des
denturologistes qui posent des actes de dentistes? Si vous dites que c'est
ça, c'est inquiétant pour toute la profession. Faites une
campagne de publicité là-dessus et dites aux gens qu'ils se
plaignent.
M. Savoie: Bien, on pourrait peut-être entendre l'Office
là-dessus.
Mme Blackburn: Oui, oui. Je n'ai pas d'objection.
M. Mulcair: Mme la Présidente, Mme la
députée de Chicoutimi a tout à fait raison lorsqu'elle
affirme que c'est inusité de voir ce genre d'exclusions dans un projet
de loi du domaine professionnel.
Et elle faisait également référence tout à
l'heure au fait que ça fait 18 ans que cette loi-là existe.
Ça fait malheureusement aussi 18 ans que cette loi-là n'est pas
respectée par les denturologistes, que l'Ordre des denturologistes ne
fait aucun effort pour la faire appliquer et que face à une
situation...
Mme Blackburn: Elle n'est pas respectée dans quel
élément?
M. Mulcair:... quant au certificat de santé buccale...
Mme Blackburn: Je voudrais voir... Dans le certificat de
santé buccale? Oui, le certificat de santé buccale...
M. Mulcair:... quant à la définition du champ du
dentiste, qui est effectivement reprise à l'article 8 de la Loi sur la
denturologie, c'était déjà inusité,
c'est-à-dire qu'on prenait la peine de redire dans la loi sur les
denturologistes qu'ils...
Mme Blackburn: Bien oui, c'est ça.
M. Mulcair:... n'avaient pas le droit de pratiquer la
dentisterie. 18 ans plus tard, on arrive avec une proposition qui ferait
plusieurs choses. D'un côté, ça donnerait aux
denturologistes ce qu'ils ont toujours réclamé,
c'est-à-dire le droit de pratiquer en pleine autonomie leur champ
d'exercice, c'est-à-dire la denturologie, la pose, l'essai, etc., la
vente de prothèses dentaires amovibles complètes ou
partielles.
Sur les franges de cette définition de dentisterie, surtout
lorsqu'il y a concurrence vive sur le plan économique, il y a plusieurs
actes qui peuvent tantôt être exclus, tantôt admis, selon la
définition. Ça risque de ne pas être la dernière
fois qu'on y ait recours, mais c'est effectivement la première,
où on prend la peine de non seulement reprendre le champ de l'autre,
c'est-à-dire ce qui leur est interdit, mais, à l'intérieur
de ça, de citer quelques exemples très clairs où nous
savons qu'il y a eu des problèmes.
Mme Blackburn: Combien? M. Mulcair: Bon.
Mme Blackburn: Moi, je vais vous dire, sur des
déclarations comme ça, si vous êtes capable...
M. Mulcair: Votre question pose tout le problème d'un
système professionnel qui est basé sur l'autogestion. Nous avons
des cas qui nous sont cités...
Mme Blackburn: Combien? Parce que c'est ça que je voudrais
savoir!
M. Mulcair:... de ponts, de couronnes, effectivement, de
prothèses sur implants, etc.
Mme Blackburn: Mais combien? C'est ça que je veux... parce
que dans le fond, on s'en va...
M. Mulcair: Madame, la question pose tout le problème de
l'autogestion, c'est-à-dire que
l'Office des professions du Québec n'a aucun pouvoir d'inspection
ni des cabinets, ni de la corporation en tant que telle. On peut
requérir de la part de la corporation professionnelle des documents,
mais c'est à la corporation professionnelle de faire l'inspection de ses
membres. En 18 ans d'expérience...
Mme Blackburn: Est-ce que ce n'est pas vrai pour toutes les
corporations professionnelles?
M. Mulcair: Oui, et il risque d'y avoir d'autres...
Mme Blackburn: Bon, voilà. Pourquoi un traitement de
faveur pour ceux-là?
M. Mulcair: II risque d'y avoir... Sur les 40 corporations
professionnelles, il existe 2 ou 3 cas - dont le cas des denturologistes -
où notre expérience, dans le but d'assurer une protection du
public, nous indique qu'on a intérêt à mettre les choses
plus claires qu'elles ne le sont en référence
générale à une loi.
En terminant, je vais vous donner un exemple d'une autre loi où
on risque de le faire. C'est vis-à-vis des chiropraticiens;
peut-être que c'est une illustration qui va nous aider à
comprendre la démarche qu'on suit ici. La Loi sur la chiropratique
n'interdit pas spécifiquement certains actes; il y a déjà
la Loi médicale qui est très claire: le traitement et le
diagnostic sont réservés aux médecins. Mais à
l'heure actuelle, on a beaucoup de chiropraticiens à travers la province
du Québec qui procèdent à des analyses et des examens de
sang et d'urine, soi-disant pour faire ce qu'ils appellent, eux, un diagnostic
chiropratique. C'est une distinction qu'ils veulent faire par rapport à
un diagnostic médical. C'est très clair que ces analyses d'urine
et de sang sont complètement illégales, complètement
contre la Loi médicale et complètement en dehors du champ de
pratique des chiropraticiens. Ils continuent de les faire, ils viennent nous
voir et nous expliquent qu'ils le font. Alors, ça se peut que, face
à un deuxième cas réel, on impose une restriction claire
parce qu'il y a plusieurs de ces groupes qui, forts des avis juridiques fournis
par leurs avocats, disent: Ah! Tant que ce n'est pas clair, on peut jouer
autour.
Mme la députée de Chicoutimi, je termine en disant que
notre système professionnel repose sur ce qu'on pourrait appeler, en
empruntant un terme du droit civil, une présomption de bonne foi. Il
faut présumer que les corporations professionnelles sont en train de
faire appliquer leurs lois. La réalité de 18 ans de pratique et
d'expérience avec la corporation professionnelle des denturologistes du
Québec nous montre qu'il y a dos exceptions et que, parfois, dans le
but, le seul but d'assurer une protection adéquate du public, il faut
être plus clair, plus tranchant si l'on veut, et dire: Ça, c'est
interdit. Qu'on dise que c'est paternaliste, c'est un jugement sur lequel je ne
me prononcerais pas Nous, du côté de l'Office des professions,
à l'unanimité, sommes d'avis que c'est nécessaire dans ce
seul cas.
Mme Blackburn: Combien y a-t-il de denturologistes à
l'Office des professions?
M. Mulcair: L'Office des professions du Québec est
composé de cinq personnes à l'heure actuelle: il y une
hygiéniste dentaire qui est en même temps avocate; un avocat,
moi-même; le vice-président, Louis Roy qui est conseiller en
orientation; M. Jean-Pierre Roy, qui est comptable agréé, et M.
Gilles Perron qui est ingénieur. Il n'y a pas de denturologiste. Il n'y
en a jamais eu, mais il n'y a jamais eu de dentiste non plus.
Mme Blackburn: Ce que je veux... Là, je vais revenir sur
deux remarques qui m'apparais-sent, à leur face même,
inacceptables.
Moi, je veux bien qu'on modifie une loi pour la renforcer dans le sens
qu'il faut protéger le public. Moi, je me dis qu'à ce
moment-là il faudrait être cohérent et informer le public
que les dentistes qui posent des actes spécialisés ne sont pas
spécialisés pour le faire. Ça, je n'ai pas eu de
réponse là-dessus. Jamais. On fait comme si ça n'existait
pas. Pourtant, il y a des accidents et il y a de la contestation de la part des
spécialistes. On a deux attitudes... deux situations assez comparables,
si j'en crois le président de l'Office, à l'effet qu'il n'y
aurait pas des attitudes totalement professionnelles à la fois chez les
dentistes et chez les denturologistes. Là, ce sont les
denturologistes.
Là, on vient de parler des chiropraticiens. Les chiropraticiens
poseraient des actes illégaux. Et ils ne les posent pas eux-mêmes,
ils ne font que demander aux gens: Faites-vous donc faire une formule sanguine
et faites-vous donc faire un examen d'urine pour voir un peu ce qu'il y a
là-dedans. Ils ne le posent pas eux-mêmes: ils ne piquent pas, ils
ne font pas...
M. Mulcair: De plus en plus, oui.
Mme Blackburn: De toute façon. Ce que je veux dire, c'est
que moi, je voudrais vous suivre à la condition qu'on ait sur la table
des cas précis et concrets qui me prouveraient qu'on n'est pas en train
de s'attaquer gratuitement à une profession, alors qu'on n'ose pas trop
s'attaquer à celles qui sont plus fortes. C'est
désagréable et détestable. Moi, je n'aime pas beaucoup les
catégories. Vous feriez ça pour les dentistes que je trouverais
ça inacceptable. Vous feriez ça - je le rappelle - pour n'importe
quelle autre profession... (17 h 15)
Vous me dites: Non seulement on l'a fait il y a 18 ans, mais là,
on dit: Ils sont... On sait que... Il n'y a que... Donnez-nous les chiffres
là-dessus. Si vous êtes capable de me dire que - je ne sais pas
combien il y a de denturologistes au Québec, 800... Si vous me dites
qu'il y en a 80, 160, 240 qui travaillent dans l'illégalité et
qui posent ce type d'actes, je vais dire qu'il y a un problème. Il y a
un problème sûrement, bu de méconnaissance du droit de la
population ou encore la population n'est pas consciente des dangers qu'elle
court.
Moi, j'ai tendance à faire confiance aux gens, surtout quand ils
paient. C'est pour ça que les acupuncteurs, moi, je me dis qu'une bonne
information et une bonne formation, si le monde veut payer pour y aller...
M. Savoie: Ce n'est pas vraiment un critère, le fait que
le monde est prêt à payer. Quand les gens, des fois, sont rendus
en bout de piste, ils vont payer pour n'importe quoi. Je pense qu'il y a un
rôle...
Mme Blackburn: Non, pas en...
M. Savoie: ...il y a un rôle à protéger.
Là, si je comprends bien, on va reprendre l'article: "8. Dans l'exercice
de sa profession, il est interdit à un denturologiste de procéder
au surfaçage radiculaire, au détartrage et au polissage des dents
ou de poser un acte qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter une
déficience des dents, de la bouche ou des maxillaires, notamment: -
est-ce que vous êtes avec nous, là? - 1° la prescription et la
prise de radiographies;" ça, ça vous va?
Mme Blackburn: Non. Ce que je vous dis, c'est que j'aurais
abrogé l'article 8 pour n'y retenir que ce qui est nouvellement permis
et autorisé. Et je pense à l'alinéa 4: 4° l'essai, la
pose, l'adaptation ou le remplacement..."
Vous avez peut-être des modifications là-dessus?
M. Savoie: Oui. C'est parce que, évidemment, au niveau de
la prescription et de la prise de radiographies, à ce moment-ci, on
pense que c'est souhaitable pour garder les choses bien claires...
Mme Blackburn: II y en a combien?
M. Savoie: ...pour la corporation professionnelle.
Mme Blackburn: II y en a combien? M. Savoie: La
prescription...
Mme Blackburn: C'est quoi, le pourcentage de denturologistes qui
sont équipés de...
M. Savoie: Je ne sais pas, là. Il peut y en avoir...
Mme Blackburn: ...qui ont les équipements.
M. Savoie: ...seulement quelques-uns, mais c'est parce qu'on
parle de prescription...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on fait des lois pour quelques
exceptions? Il y a quelques fous qui violent leurs enfants; est-ce qu'on va
interdire aux pères...
M. Savoie: C'est parce qu'on veut s'assurer qu'il n'y ait
pas...
Mme Blackburn: ...de voir leurs enfants? Ça n'a pas de bon
sens.
M. Savoie: On veut s'assurer qu'il n'y ait pas de
développement de ce côté-là puisqu'on est
préoccupé par la sécurité du public.
Mme Blackburn: Moi, il faudrait que vous me convainquiez.
M. Savoie: Maintenant...
Mme Blackburn: Parce que, je vous dis...
M. Savoie: L'anesthésie locale par voie
d'infiltration...
Mme Blackburn: C'est ça, tout ce que je me dis,
c'est...
M. Savoie: C'est intéressant comme commentaire. J'ai
tendance à partager votre point de vue là-dessus. C'est sûr
que l'article 8, ce n'est pas très beau.
Mme Blackburn: Non.
M. Savoie: C'est une question d'évaluation quant à
la nécessité ou non de l'article 8.
Mme Blackburn: Oui, c'est vraiment une question parce que je
pense qu'on a toujours intérêt, à moins d'être
capable de faire la démonstration... Et il me semble que ce n'est pas
évident. Je vous dis, depuis que j'entends... Je pensais toujours qu'on
avait vraiment des données beaucoup plus précises sur les cas de
manquement professionnel. Parce que c'est de ça qu'il s'agit.
M. Savoie: C'est ça, oui.
Mme Blackburn: Moi, un denturologiste qui ferait ces
actes-là et qui, en plus, prescrirait des radiographies... ça
coûte des sous, ça.
M. Savoie: Oui, oui.
Mme Blackburn: Ce n'est pas couvert par l'assurance-maladie,
ça.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Donc, la personne y va à ses frais. Ce
n'est pas évident. Moi, vous savez, je me dis que si, pour quelques
personnes qui manquent, qui n'ont pas le sens professionnel qu'ils devraient
avoir, on en fait une règle générale... Vous savez que
ça ne fonctionne pas comme ça; sinon, on passerait notre temps
à légiférer.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça.
Mme Blackburn: On légiférerait sur la nature des
rapports...
M. Savoie: II faut bien comprendre, c'est un cas d'espèce.
Il faut bien comprendre qu'au niveau des denturologistes, par exemple, ils
avaient l'obligation du certificat de santé buccale. Ils ont jugé
que ce n'était pas acceptable, ils ne l'ont jamais appliqué,
finalement, le certificat de santé buccale.
Mme Blackburn: C'est-à-dire que...
M. Savoie: C'est leur choix. Ils ont le droit de le faire dans le
sens où, légalement, ils ont l'obligation de l'exécuter
et, normalement, ils auraient dû l'exécuter mais ils ont tout
simplement choisi de ne pas respecter; et le choix qu'ils ont posé
emporte des conséquences. Ça a eu des répercussions sur
l'ensemble de la pratique pendant plusieurs années. Aujourd'hui, on sent
un redressement au niveau de l'Ordre et ce qu'on veut faire, finalement... C'a
été préparé, ça, 11 y a déjà
un an et les modifications qui y sont apportées cherchent finalement
à leur dire: Écoutez, il y a un redressement à faire au
niveau de... Et on porte l'emphase sur l'article 8. Maintenant, arriver et
dire... La pose d'implants, on a dit que ça n'a pas de bon sens, on l'a
modifié. Évidemment, on a des plaintes où on parle de la
pose, l'adaptation, le remplacement de ponts papillon, de couronnes. On veut
que ce soit clair, on veut que, finalement, la profession s'oriente comme il se
doit. La majorité, d'ailleurs, des denturologistes est d'accord.
Ça n'empêchera pas de revenir sur le projet de loi dans 12 mois,
de revoir un peu la situation, de sentir que les choses sont en place et que
tout se déroule comme il se doit et d'y apporter des modifications.
Mme Blackburn: Je reviens là-dessus parce que ça me
semble être la base des divisions. La première chose: Combien de
plaintes? C'est probablement ce qui me dérange le plus; juste sur la foi
de quelques dénonciations qui viennent toutes... Il faudrait me dire
combien de plaintes ont été portées par les dentistes et
combien par les patients... les clients, pas les patients. Combien? Alors,
là, ça nous donnerait une idée parce que, comme les
médecins portent plainte contre les acupuncteurs, contre toutes les
autres catégories qui essaient de faire leur place dans la
médecine, c'est bien évident que les dentistes vont faire la
même chose par rapport aux denturologistes.
M. Savoie: C'est ça
Mme Blackburn: Alors, on est obligés, à ce
moment-là, de faire preuve d'un peu de prudence quant à la valeur
de la plainte portée. Ça nous en donnerait un peu plus long.
Juste sur les propos de: On a eu ci et on a eu ça, je suis mal à
l'aise. Je ne peux pas contribuer à renforcer ce qui était
déjà une anomalie dans la première loi. Là, on
vient la renforcer.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn: Je ne trouve pas ça habile, ni normal, ni
sain. Et il serait préférable - et je serais d'accord avec vous,
là, et on pourrait faire ça rapidement - qu'on vienne renforcer
la Loi sur les dentistes de manière à ce que ça rende
encore plus claire l'interdiction, parce que, eux, ont...
M. Savoie: Oui, mais ce n'est pas les dentistes qu'on veut
renforcer ici. C'est la pratique de la denturologie qu'on veut renforcer.
Mme Blackburn: Oui, mais ce que je veux dire, c'est que ça
ne se fait nulle part. La seule façon de protéger des actes,
c'est de les inscrire dans la loi de l'ordre concerné.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Donc, dans la loi de l'Ordre des dentistes.
M. Savoie: Oui ou...
Mme Blackburn: Et là, ce sont les interdictions, et c'est
la seule place où ça se fait, les interdictions.
M. Savoie: Non, ce n'est pas la seule place. Il faut bien
comprendre. Ici, on m'a avisé que, par exemple, au niveau du
Nouveau-Brunswick, on prenait exactement la même structure.
Mme Blackburn: Ce n'est pas la seule place que je veux dire,
c'est que c'est le seul ordre professionnel...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...qui se voit traité de cette
manière. Et pour cause. Historiquement, quand on les a reconnus,
on a dû prendre en compte un certain nombre de choses: peu
d'expérience professionnelle, une pratique qui pouvait laisser à
désirer en certains cas et, évidemment, la
nécessité de protéger un peu les dentistes parce que,
là, on leur rentrait dedans en reconnaissant les denturologistes. Et
là, on a accepté l'article 8. Mais comme le dit le
président de l'Office, c'est effectivement une anomalie. La règle
au Québec, c'est d'inscrire dans les lois de l'ordre ce qui leur est
réservé...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn:... qui fait que vous poursuivez en fonction d'un
acte qui n'a pas été délégué à cet
ordre professionnel.
M. Savoie: C'est ça. Mme Blackburn: Et si...
M. Savoie: Et justement, ce n'est que parce que, d'abord, ce
n'est pas un acte délégué; deuxièmement, c'est
parce que, effectivement, il y a eu au cours des années une pratique qui
a eu tendance à se développer en parallèle. Et c'est cette
pratique-là qu'on veut que la corporation professionnelle redresse un
peu, aille chercher et dise: C'est très clair que, par exemple, la prise
de radiographies, c'est exclu. C'est pour éviter, justement, du
développement de ce côté-là.
Mme Blackburn: Je vous comprends. M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Je vous comprends mais je vous dis: À ce
moment-là, ça ne se justifie pas davantage à moins de le
justifier sur la base d'une pratique très répandue. Et là,
vraiment, il faudrait les mettre au pas. Si on me dit que ce sont des cas
d'exception, et que c'est 2 %, 3 %, 4 % ou 5 %... On prétend même
qu'il y a une espèce de règle qui établit à 10
%...
M. Savoie: Oui
Mme Blackburn:.. quelle que soit la profession, là...
M. Savoie: Bien oui.
Mme Blackburn:... y compris député...
M. Savoie: Bon.
Mme Blackburn:... où les gens n'ont pas toujours des
attitudes très professionnelles.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Et on n'établit pas de loi pour ça.
Et moi, je dis simplement au ministre, en lui rappelant qu'effectivement il y
avait deux parties lorsqu'on a parlé du certificat de santé
buccale...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: II y avait le client qui refusait d'aller chez le
dentiste et qui disait: Ce n'est pas vrai que je vais payer un examen chez le
dentiste juste pour faire faire une prothèse, je n'en veux pas, je n'ai
pas les moyens de faire les deux.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Alors, il ne le faisait pas, et le denturologiste,
lui, n'avait pas trop tendance à le lui demander non plus.
Là-dessus, on peut dire que vous avez raison. Mais ce n'est pas
là-dessus qu'on jette les assises d'une loi. Juste l'idée d'avoir
retrouvé la pose d'implants et l'anesthésie locale par voie
d'infiltration, ça illustre l'esprit dans lequel ce projet de loi a
été rédigé. Et ça doit nous rendre un peu
vigilant. Qui a inspiré une telle rédaction? Les dentistes? Le
président de l'Ordre, sur la base d'une série inquiétante
de plaintes portées de façon formelle? Et portées par qui?
Par les clients ou par les dentistes? Quand c'est porté...
Vous savez, on connaît cette espèce de saga-là,
actuellement. C'est à caractère économique, on le sait
tous. Parce qu'il y a un marché important qui s'en vient,
là-dedans. Les dentistes ne veulent pas le perdre et les denturologistes
veulent en garder une partie parce qu'ils savent que d'ici à 25 ou 30
ans, ça va être pratiquement... L'essentiel de l'activité
va tourner autour des implants et des partiels parce qu'on aura
arrêté d'édenter les Québécois. Alors, il y a
un marché et c'est essentiellement économique.
Alors, moi, j'y reviens. On a, à l'époque, conservé
cet article inédit et un peu particulier dans un ordre professionnel. Au
moment où on se parle, il aurait été
préférable que cette loi vise à la fois à modifier
la loi sur l'Ordre des dentistes et la loi sur la dentisterie et la Loi sur la
denturologie - les deux, de manière à renforcer celle de la
denturologie; le message aurait été tout aussi clair - et
d'indiquer les nouveaux actes susceptibles d'être posés par les
denturologistes.
Mais je repose la question. Si le ministre est là... Est-ce qu'on
a des données très précises sur le nombre de plaintes
portées touchant les différentes pratiques des denturologistes,
et par qui? Sur quel espace de temps? Et sur la base de ça, moi, je
pense que je pourrais me rallier.
M. Savoie: Alors - comment je pourrais dire, donc - les plaintes
qui se rendent au niveau de l'Office des professions, ce ne sont
pas des plaintes qui se rendent, par exemple, à la corporation
professionnelle ou à la protection du consommateur ou ailleurs, par
exemple. Il ne revient pas aux dentistes de faire appliquer le code de
profession des denturologistes. Il en revient uniquement à la
corporation professionnelle des denturologistes. Et là, je pense que le
message qu'on donne, c'est qu'on veut un ménage. Et on veut que les cas
qui sont en marge de la pratique - je veux bien - ça se nettoie un peu.
C'est un petit peu le message qu'on donne. On pense que les denturologistes
sont avec nous autres, là-dessus. On pense qu'effectivement eux aussi
veulent un redressement.
Je suis d'accord avec vous que l'anesthésie locale par voie
d'infiltration, le morceau est gros. Je suis d'accord avec vous dans ce
sens-là. Et ça, c'est le genre de chose qu'on peut partager.
Mais, par exemple, certainement pas... Si on veut jouer avec les mots,
là, d'autres éléments... Par exemple, la prescription ou
la prise de radiographies - certainement la prescription - où il y a une
tendance à s'étendre un peu... Et on veut dire: Non, tant que
ça ne viendra pas du côté de la corporation
professionnelle. Il revient à la corporation professionnelle de prendre
les initiatives et de nous dire... Bon, si, par exemple, dans le courant de
l'automne, après un redressement et un resserrement des
opérations, la corporation professionnelle s'assoit avec nous autres et
dit: "Là, il y a une nouvelle équipe qui est en place, on est en
train de redresser, on est d'accord pour dire que, franchement, on voudrait que
l'article 8 soit revu", à ce moment-là, on est d'accord pour
s'asseoir avec eux autres et revoir avec eux l'article 8.
Mais là, il faut bien comprendre que je n'aime pas, moi non plus,
l'article 8 Évidemment, ça provient et c'est sur recommandation
de l'Office, avec tout ce que cela comporte parce que l'Office, lui, ça
fait longtemps qu'il est au dossier. Et ça fait longtemps qu'il y a eu
des consultations dans ce dossier-là et qu'il est à
l'écoute de la population, d'une part, et, d'autre part, de ce qui se
fait ailleurs au niveau des règlements de l'article 8. (17 h 30)
Dans un contexte comme ça, arriver, trancher et donner uniquement
à partir de notre petite expérience personnelle, comme
député ou comme ministre, ce que doit contenir l'article 8, on
est sur la glace mince. Mais, finalement, l'Office est une corporation
créée par le gouvernement et dont le but est justement de faire
des recommandations au gouvernement du Québec sur des projets de loi.
Ils nous en ont fait une et on a demandé des modifications. Ils nous ont
présenté des modifications. On a tenu deux jours d'étude
et là, je n'étais pas d'accord avec la proposition de l'Office
sur certains points. Je leur ai demandé de revoir. C'est ce qu'ils ont
fait; ils ont revu et ils nous proposent aujour- d'hui un article 8 qui est,
somme toute, sévère, je le reconnais, un peu à contre
courant aussi dans l'ensemble de la législation au niveau des
corporations professionnelles, je le reconnais également. Mais ils me
disent qu'avec la tournure que prennent les événements au niveau
des denturologistes, au niveau d'une volonté de se redresser, ça
va leur donner un coup de main. C'est sévère. Dura lex sed lex.
Ils vont voir à l'application. Ils vont redresser un peu les choses et
cet automne, on aura l'occasion d'y revenir, sur demande.
Mme Blackburn: Monsieur... Mme la Présidente, moi, je
reconnais au ministre que les expériences, même importantes, d'un
ministre, mineures d'un député, ce n'est pas suffisant pour
porter un jugement là-dessus et on doit porter un jugement sur la base
de données fiables, minimum, fiables. Et la seule donnée fiable
qu'on a, je lui fais confiance, mais c'est la parole du président de
l'Office qui ne nous a fourni aucune donnée quantitative du nombre de
plaintes portant sur chacune de ces choses-là et ça, je ne trouve
pas ça une façon normale de fonctionner.
Moi, je veux bien qu'on modifie des choses, mais à condition
qu'on ait des choses fondées, qu'on ait la présentation claire et
nette du nombre d'actes posés de façon illégale qui
touchent... Parce que, autrement, je vais dire, moi, je lui fais confiance,
mais ce n'est pas normal que, juste sur la gueule comme ça - si vous me
le permettez - on décide que c'est suffisant pour aller "blaster" une
corporation. Je ne trouve pas ça suffisant et quand vous me dites: C'est
vrai que les plaintes s'en vont à l'Office de la protection du
consommateur, qu'elles s'en vont aussi à l'Ordre des denturologistes,
qu'elles s'en vont aussi au comité de discipline, bien ce sont toutes
des données auxquelles a accès, comme moi, le président de
l'Ordre. Les plaintes fondées, nous y avons tous accès, en
nombre, sûrement. On dit tant de plaintes pour telle corporation on a les
rapports là-dessus. Il ne faut pas faire signe que non, je sais. C'est
de l'ordre public, ça. C'est du domaine public, ça. Alors
ça, ces données-là, l'Office peut les avoir. Moi, je me
dis: C'est exceptionnel qu'on fonctionne de cette façon et ce qui me
rend méfiante, pour dire les choses telles qu'elles sont, c'est la
facture du premier article. Aller aussi loin que ça...
M. Savoie: Allons-y. Prenons l'ensemble.
Mme Blackburn: Alors, moi, ce que je propose...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...si le ministre est d'accord, on garderait
l'article 8 tel que rédigé...
M. Savoie: Bon.
Mme Blackburn: ...ce serait ma concession, article 8, et on y
ajouterait l'article 8 tel que rédigé parce que, même dans
l'article 8, premier paragraphe, si vous lisez bien, c'était: "...poser
un acte qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter une déficience
des dents, de la bouche ou des maxillaires chez l'être humain." Et
l'autre, on ajoute dans celui qu'on a là: "II est interdit à un
denturologiste de procéder au surfaçage radicu-laire, au
détartrage ou au polissage des dents, de poser un acte..." Et là,
ça reprend. Alors, on ajoute le surfaçage et le
détartrage.
M. Savoie: Et la prescription et la prise de radiographies?
Mme Blackburn: Et ensuite, ça, c'est juste dans le premier
paragraphe. On ajoute la prescription, la pose... Je ne vous dis pas... Je vous
dis ce qu'on ajoute dans le projet de loi...
M. Savoie: Oui, oui. Je vous écoute, là.
Mme Blackburn: ...alors que je ne suis pas d'accord, moi.
M. Savoie: Non, non, je vous écoute.
Mme Blackburn: On ajoute la prise de radiographies,
l'anesthésie locale par voie d'infiltration - on ajoutait aussi la pose
d'implants; on me dit que c'est retiré, tant mieux - l'essai, la pose,
l'adaptation, le remplacement des ponts. Alors, c'est toute une série
d'actes... En cinq, l'altération des structures bucco-dentaires, telles
la taille des dents et la préparation de cavités d'appui et de
plans guides. L'esprit même - je le rappelle au ministre - de cet article
laisse voir des préjugés certains. Ça, ça
m'apparaît évident, excessif, je dirais, par rapport a la
pratique. À moins qu'on ne me dise, encore une fois, preuve à
l'appui, qu'il y a tant de délinquants. Moi, si on me dit...
Écoutez, je voudrais entendre quelle estimation M. Mulcair fait-il de la
situation? Et quel est le pourcentage de délinquants chez les
denturologistes? S'il y en a 800, il y en a combien?
M. Mulcair: Mme la Présidente, en réponse à
une question posée tout à l'heure par la députée de
Chicoutimi, j'ai eu l'occasion de faire référence à un
système professionnel basé sur l'autogestion. Si nous
étions aux États-Unis... Je vais vous donner un exemple que je
connais relativement bien, l'État de New York, assez typique. C'est un
organisme ou une agence centrale qui fait l'inspection professionnelle,
c'est-à-dire qu'on soit à New York ou en Illinois, Illinois
Department of Professional Regulation, Californie, la même chose,
à Sacramento, c'est contrôlé, c'est un organisme central
qui perçoit les cotisations des corporations professionnelles, qui en
garde une bonne partie pour l'État - la moitié environ - et qui
fait la redistribution pour les "boards", pour leur budget courant. Des
centaines d'inspecteurs bureaucrates, employés de l'État, se
promènent dans tous les bureaux professionnels et regardent comment la
pratique se fait.
Au Québec, depuis 1973, nous avons fait le pari de l'autogestion,
c'est-à-dire que l'Office est doté d'un budget de 3 000 000 $ et
des poussières. Mme la députée est au courant, on a fait
la révision de nos crédits très dernièrement. Et
nous avons au grand total 43 employés dont aucun inspecteur puisque nous
n'avons aucun pouvoir d'inspection. Alors, il faut faire la concession, en
réponse à votre question, que notre information est basée
bien plus sur le "monitoring", pour employer un terme anglais, que nous pouvons
faire de cette activité-là au sein des différentes
corporations professionnelles, des informations que nous recevons du public,
des indications que nous avons des membres du public, de la part d'autres
professions, et de ce que nous avons pu constater sur-le-champ lorsqu'il y a eu
des choses réelles qui nous ont été rapportées de
cette nature-là.
De vous dire que c'est 5 %, 10 % ou 15 %, Mme la députée
de Chicoutimi, je ne suis pas capable. D'ailleurs, au mois d'octobre, lorsque
nous avons déposé notre plan de révision du système
disciplinaire professionnel au Québec, nous avons demandé un
pouvoir d'enquête pour l'Office des professions du Québec afin,
justement, de vous fournir toujours des informations de cette nature-là,
basées sur notre propre inspection. Vous savez, je m'appelle Thomas,
alors j'aime bien aller toucher moi-même quand je peux, mais je ne peux
pas, je n'ai pas de pouvoir d'enquête.
Dans le cas des denturologistes, Mme la députée de
Chicoutimi, c'est 18 ans d'expérience, un refus catégorique
d'appliquer leur loi, un refus catégorique de mettre leurs propres
membres au pas, souvent basé sur leurs interprétations disant que
la loi n'est pas assez claire; la loi ne nous interdit pas clairement de le
faire; nous allons les aider, nous allons mettre ça très
clairement dans leur loi, que c'est interdit de poser un certain nombre
d'actes.
Je reviens là-dessus. Cette interdiction est faite dans le seul
but d'assurer une protection adéquate du public.
Je terminerai en disant que la facture de l'article 8 que nous proposons
ici est, à notre sens, un strict minimum en termes de protection du
public, c'est-à-dire qu'en deçà de ce que nous avons ici
aujourd'hui, nous ne nous acquittons pas de notre responsabilité
première qui est de nous assurer que les corporations professionnelles,
elles, soient en train de veiller a la protection du public. On ne peut pas le
faire en deçà
de ça, basé sur la vraie vie, c'est-à-dire 18 ans
d'expérience avec un groupe professionnel qui, au lieu de
contrôler sévèrement et sérieusement ses membres,
basé sur une interprétation raisonnable des limites qui sont
imposées, laisse toujours prendre un peu plus. On comprend le besoin de
révolution dans le système professionnel, on le vit dans le
dossier comptable, on le vit dans le dossier oculo-visuel, on le vit dans tous
les secteurs qu'on réglemente à l'Office des professions. Mais
dans ce cas précis, Mme la députée, on a conclu que, dans
le but de protéger le public, on avait intérêt à
dresser cette liste claire d'interdictions.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le président de l'Office nous
répète toujours la même chose, ce qui nous laisse toujours
la même impression désagréable qu'il a un
préjugé parce que - je sais, professionnellement, à un
moment donné, il y a des groupes que tu finis par moins "blairer" que
d'autres. On est tous comme ça et la seule façon de
rétablir le contact, c'est de changer les deux... On sait ça en
négociation, d'ailleurs. Vous changez deux négociateurs puis,
à un moment donné, tiens, tout à coup, le paysage est plus
clair. Et on a l'impression que, dans ce cas-là, c'est ce qui est
arrivé. Quand le président nous dit: 18 ans de pratique terrible
où on a menacé la santé du public; il n'est pas capable de
nous donner des faits concrets là-dessus, ça m'inquiète.
Il y a quelque chose qui ne va pas. Ensuite, il me remet toujours: La
corporation, c'est de l'autogestion. Mais c'est vrai pour toutes les
corporations professionnelles, pas juste vrai pour celle-là. Quand H
dit: Ça fait 18 ans qu'ils ne respectent pas la loi, c'est vrai, mais
particulièrement sur le certificat de santé buccale,
particulièrement là-dessus, effectivement. Effectivement, parce
qu'il faut le dire aussi, ça avait été fait pour faire
plaisir aux dentistes et ça n'était quasiment pas praticable,
à leur décharge, ce qui fait que le gouvernement du Parti
libéral et le gouvernement du Parti québécois ont
laissé porter, les deux, parce qu'à leur face même tu ne
pouvais pas leur demander de forcer le patient et dire: Va-t-en chez le
dentiste et tu t'en viens chez nous après; le dentiste aurait dit: Ah!
si c'est pour ça, je te garde. Et on sait ce que ça faisait.
Parce que si tu t'en vas passer un examen chez le dentiste, le dentiste ne
retourne pas le patient au denturologiste. Et ça aussi, vous le savez,
vous le savez. Alors moi, je trouve que ce sont des arguments fallacieux et qui
ne viennent pas justifier de façon un peu rigoureuse le renforcement de
cet article-là. Alors, moi, je serais d'accord avec...
M. Savoie: Une question de confiance, finalement...
Mme Blackburn: ...au négociateur...
M. Savoie: Non. C'est une question de confiance, je pense, au
niveau de l'Office des professions...
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: ...et c'est là-dessus que je me suis
arrêté moi aussi, c'est-à-dire que l'Office des
professions, est-ce qu'il mérite la confiance du législateur, oui
ou non? C'est ça, le "bottom line".
Mme Blackburn: ...dans ce dossier.
M. Savoie: Dans ce dossier.
Mme Blackburn: Dans ce dossier.
M. Savoie: Dans ce dossier précisément...
Mme Blackburn: Est-ce qu'il a les preuves suffisamment
fiables...
M. Savoie: Bon, c'est ça...
Mme Blackburn: .des données statistiques.
M. Savoie: Je pense qu'au niveau des données statistiques,
là, on...
Mme Blackburn: C'est ça, parce que c'est
là-dessus...
M. Savoie: ...on ne peut pas s'attacher à ça trop,
trop, parce que...
Mme Blackburn: Sinon...
M. Savoie: C'est parce qu'on ne légifère pas
uniquement par données statistiques...
Mme Blackburn: Sinon, c'est du ouï-dire!
M. Savoie: . Ce n'est pas fort comme argu mentation d'y aller
uniquement par données statistiques; c'est une question
d'appréciation de la grandeur, de la grosseur du problème au
niveau de la pratique et les indications qui ont toujours été
données, c'est qu'effectivement, là, ils ont tendance à
prendre de l'ampleur. Je pense que les échanges, les discussions que
j'ai eues aussi, c'est qu'on constate qu'il y a un malaise et qu'il y a eu des
difficultés. Même des officiers de la corporation reconnaissent
qu'il y a un resserrement à faire à l'intérieur de la
profession. Lorsqu'un syndic arrive et qu'il va dire à un denturologiste
qu'on veut justement ramener à l'ordre: Tu as prescrit une radiographie
ou tu es en voie d'entreprendre la prise de radiographie... Comme il a
été sous-entendu lors des audiences que nous avons eues au mois
de septembre, on
disait: On s'en va là-dessus. Il faut que le message soit clair,
c'est-à-dire que ce ne seront pas les délinquants à
l'intérieur de la corporation professionnelle qui vont diriger la
corporation professionnelle: II faut que ce soit le bureau.
Ce que j'ai dit au bureau à plusieurs reprises, c'est que
j'étais tout à fait disposé à revoir avec eux, au
fur et à mesure qu'ils présentent leurs dossiers, l'orientation
qu'ils veulent donner - mais en autant que ce soit sous contrôle et non
pas à qui crie le plus fort - aux défenses à
l'intérieur de la corporation professionnelle. Je reconnais avec vous
que leur projet de loi est une irrégularité en soi au niveau de
l'article 8. Il soulève des irrégularités qu'on ne
rencontre pas souvent. Je suis certain le juge Pigeon n'aurait pas vu d'une
façon favorable, s'il l'avait vue à distance, la
présentation de l'article 8. Mais je suis également confiant
qu'une fois qu'il aurait vu l'ensemble du problème et qu'il aurait
été capable de le situer dans son contexte réel il aurait
bien compris qu'une exception, c'est une exception.
Il y a, il faut bien le comprendre, une volonté, je pense, au
sein des denturologistes, de se ramener au niveau d'une corporation
professionnelle soignée, sérieuse et disciplinée. Il faut,
je pense, les assister dans cette démarche-là, en arrivant avec
un article 8 qui, justement, leur donne le ton et démontre la
sévérité du problème. Si on devait maintenir le cap
sur des difficultés constantes, une difficulté d'échange,
Dieu sait où ça pourrait finir! (17 h 45)
Par contre, même si je reconnais que, par exemple,
l'anesthésie locale par voie d'infiltration, le morceau est gros, je ne
suis pas d'accord pour le premier alinéa qui parle de la prescription et
de la prise de radiographies. On dit que l'essai, la pose, l'adaptation, le
remplacement de ponts papillon et de couronnes et ponts, là aussi, on
sait qu'il y a des éléments qui disent: Bien tu vois là,
lorsqu'on parle d'un remplacement, ça n'est pas... On arrive avec une
loi sévère au niveau de l'article 8 qui, en même temps, par
contre, il ne faut pas l'oublier, ouvre la porte et règle la question
des implants. Et je suis certain que ça présente aussi certaines
difficultés à d'autres niveaux.
On est capables, je pense, de voir dans le projet de loi une tentative
de notre part de se rallier à eux, de leur dire: Bon, bien, là
où ça doit exister, ça doit exister puis, ensuite, laisser
la corporation évoluer.
Mme Blackburn: Moi, je pense que dans le projet de loi, dans le
fond, les éléments sont corrects. Je trouve juste qu'ils ne sont
pas posés aux bons endroits.
M. Savoie: Aux bons endroits...
Mme Blackburn: C'est-à-dire dans la bonne loi. Moi, je
pense que vous auriez pu, et je serais prête à collaborer parce
que, pour l'essentiel, les éléments y sont.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Sauf que, je le maintiens, ça n'est pas
nécessairement dans la bonne loi. Et il y aurait eu autant d'effets si
on avait renforcé la loi des dentistes, de la dentisterie, en rappelant
que ces actes étaient exclusifs, en matière de soins dentaires,
aux dentistes. L'indiquer dans leur loi, de manière... Du moment que
vous parlez d'actes exclusifs dans ces secteurs-là, ça vous
permettrait peut-être d'ouvrir sur la nécessité de...
M. Savoie: La prescription et la prise de radiographies?
Mme Blackburn: La prescription, la prise de radiographies et
l'anesthésie locale.
M. Savoie: Est-ce qu'on peut parler, par exemple, du
détartrage?
Mme Blackburn: Le détartrage, le den-turologiste n'a pas
à faire ça. Je pense que le technicien dentaire ou
l'hygiéniste dentaire le fait sur... Ce sont des actes
délégués, je pense. Il faudrait que j'aille
vérifier, mais il me semble que ce sont des actes
délégués. Alors on pourrait, je pense, en modifiant la loi
- puis, là, je vous dis que je serais prête à collaborer
assez rapidement parce que vos éléments sont corrects, 1, 2, 3,
4, là, tout ça - indiquer ça dans la Loi sur les
dentistes.
M. Savoie: Oui, vous comprendrez que... Mme Blackburn: Y
compris le détartrage.
M. Savoie: Oui, bien, regardez, là, vous comprendrez qu'il
est interdit à un denturologiste la prescription et la prise de
radiographies. Bon.
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: On ne peut pas, par exemple, transférer
ça au niveau de la Loi sur les dentistes puisque, effectivement, les
médecins ont droit à la prescription et à la
radiographie.
Mme Blackburn: Non, mais il faut parler dans le cadre... Il doit
y avoir une formule, dans le cadre d'un travail régulier de dentiste,
chez lui.
M. Savoie: Les chiropraticiens ont le droit de...
Mme Blackburn: Oui. Mais non par rapport à
l'hygiène buccale. Il faudrait peut-être... Ça
doit être indiqué dans leur loi. Moi, je pense qu'il y a
moyen, il y a certainement moyen d'aménager la loi...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn:... pour qu'on lance un message aussi clair que
vous le dites...
M. Savoie: Bien le message, c'est quoi, le message que vous
voulez lancer?
Mme Blackburn: C'est celui que vous dites...
M. Savoie: On ne veut pas être obligés d'ouvrir la
Loi sur les dentistes pour intervenir auprès des denturologistes. Si on
décide, cet automne, d'intervenir au niveau des prothèses
hybrides...
Mme Blackburn: Hum, hum!
M. Savoie:... on ne veut pas être obligés de rouvrir
la Loi sur les dentistes. On veut intervenir au niveau de la loi sur les
denturologistes, parce que c'est avec eux autres qu'on traite.
Mme Blackburn: Oui, mais à ce moment-là, c'est que
vous faites...
M. Savoie: Supposons que cet automne, Mme la
députée, la prescription et la prise de... Supposons que
l'année prochaine il se développe une technique dans laquelle il
est étudié, et on en arrive a la conclusion que ça serait
intéressant pour les denturologistes, dans leur pratique, de prescrire
et même d'entreprendre des radiographies; si jamais ça arrivait
là, est-ce qu'on va être obligé d'ouvrir la Loi sur les
dentistes pour donner ce droit de pratique aux denturologistes?
Mme Blackburn: Moi, je pense sincèrement, de vous à
moi, la radiographie, prise et prescription...
M. Savoie: Oui
Mme Blackburn:... moi, je le vois encore peut-être bien. Ce
qui serait important, c'est qu'ils puissent avoir quand même la
capacité d'analyser des radiographies lorsqu'ils travaillent avec un
dentiste sur des implants. Mais j'imagine déjà que la
collaboration avec le dentiste va...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn:... être suffisante pour qu'ils puissent
travailler avec ça. Vous n'avez pas besoin de modifications à la
loi là-dessus.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Pas besoin. Pour ce qui est de l'autre, toutes les
lois se modifient comme ça. Quand vous faites un ajout à une loi,
vous modifiez l'article x de la loi y, puis c'est comme ça que ça
fonctionne.
M. Savoie: Moi, je pense que c'est...
Mme Blackburn: Ça ne serait pas plus difficile, et
ça nous éviterait de tomber dans ce piège qui sent la
discrimination et un peu le mépris à l'endroit d'une profession.
Je ne pense pas que ce soit souhaitable pour le ministre non plus. Et moi, je
vous dis que je suis capable de travailler rapidement là-dessus et je ne
ferai pas plus de chinoiseries. Et on aurait terminé.
M. Savoie: Bien oui.
Mme Blackburn: Parce que pour les autres...
M. Savoie: Je ne peux pas transférer ça au niveau
de la Loi sur les dentistes parce que ce serait pire. À ce
moment-là, les denturologistes seraient encore sous le contrôle
d'une loi qui...
Mme Blackburn: Non, non.
M. Savoie:... interpelle au niveau des dentistes seulement.
Mme Blackburn: Non, non.
M. Savoie: Au niveau des denturologistes, leurs pouvoirs et leurs
gestes doivent être dans leur loi. Là, on arrive...
Mme Blackburn: Leurs pouvoirs, oui. M. Savoie: Leurs
pouvoirs et les gestes... Mme Blackburn: Mais pas leurs interdits.
M. Savoie: Ah! Moi, dans ce cas-ci, je pense que oui. Je pense
que si on fait sauter dans leur loi, par exemple, la prescription et la prise
de radiographies...
Mme Blackburn: C'est dans le cas de traitements de santé
buccale...
M. Savoie: C'est ça. Si on dit, par exemple, au niveau du
sous-paragraphe c: "Les sous-paragraphes c et d du paragraphe 4 n'ont pas pour
effet d'empêcher un denturologiste... " Supposons qu'on s'en aille sur
les implants vissés aussi bien que sur les implants mobiles, là.
Je pense qu'à ce moment-là il revient à la corporation
professionnelle de se prendre en main. Et tout ce qu'on fera, finalement, c'est
qu'on jouera avec la loi sur les denturologistes et non pas la Loi sur les
dentistes.
Mme Blackburn: Oui, mais du moment... Oui, mais ça va
être la même chose, vous savez,* on va avoir la même... Du
moment que vous les autorisez à faire ça, automatiquement, vous
rentrez et vous réduisez le champ de compétence des dentistes, du
moment que vous n'en faites plus un interdit. O.K.? Ou encore, qui plus est,
non seulement vous n'en faites plus un interdit, mais vous l'autorisez. Alors,
c'est évident qu'à ce moment-là, ça n'en fait plus
un acte réservé aux dentistes et vous allez avoir la même
réaction.
Moi, je veux juste vous... Peut-être...
La Présidente (Mme Hovington): II y avait le
député de Rimouski qui voulait intervenir.
M. Tremblay (Rimouski): Oui. Mme la Présidente,
j'écoute depuis un certain temps la députée de Chicoutimi
parier sur le projet de loi que nous avons devant nous. Cependant, il faut bien
regarder l'historique de tout ça. On a entendu, en commission
parlementaire, les différents intervenants. Nous les avons
écoutés de part et d'autre. Nous n'avons pas, tel que le laisse
entendre la députée de Chicoutimi, l'intention de renforcer la
Loi des dentistes. Bien au contraire, nous n'enlevons rien, nous n'ajoutons
rien. Nous précisons ou nous donnons des paramètres à
l'exercice d'une profession - à la profession de denturologiste - et,
comme le disait M. le président de l'Office des professions,
après 18 ans d'application d'une loi qui a été, en tout
cas, plus ou moins respectée, nous arrivons à la conclusion et
ce, après un certain consensus avec les deux professions, nous arrivons
avec un projet de loi qui, tout de même, semble vouloir respecter la
pratique professionnelle des uns et des autres.
Et, bien plus que ça, nous avons aussi, comme
législateurs, le devoir de protéger le public. Je pense qu'en
faisant ça, malgré toutes les implications que ça peut
avoir, le public sera protégé, les deux professions pourront
continuer à exercer dans leur champ de juridiction. Nous
précisons davantage le champ de juridiction professionnelle d'une
certaine profession, mais après constat d'un échec du respect de
la loi antérieure. Alors, je pense que tout le monde sera bien servi,
tant les denturologistes, que les dentistes et le public. Et nous devons,
à mon sens, procéder à l'adoption de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous en
étions à l'amendement proposé à l'article 2.
Mme Blackburn: Oui, Mme la Présidente. Le
député de Rimouski a oublié de relever le fait que c'est
exceptionnel et que ça n'apparaît dans aucune autre loi
professionnelle. C'est la seule corporation qui se verra traitée de
cette façon. Et, dans ce sens-là, je vous dis qu'il serait plus
souhaitable qu'on le voie apparaître - que ça apparaisse - dans la
loi des dentistes.
M. Tremblay (Rimouski): C'est le résultat d'une
consultation qu'on a faite, finalement.
Mme Blackburn: Non, non.
M. Tremblay (Rimouski): II faut légiférer. On n'a
pas le choix.
Mme Blackburn: Ça va. Moi, mon offre est là. Je
vous dis, là, et sans préjudice aucun...
M. Savoie: Non. Je ne veux pas que l'Ordre des denturologistes se
ramasse à vouloir apporter des modifications à son champ de
pratique en rouvrant la Loi sur les dentistes. Ce n'est pas vrai. Ça,
c'est une erreur. Je préfère garder les restrictions au niveau de
la loi sur les denturologistes. Quand les denturologistes auront nettoyé
un petit peu leur coin, quand ils auront fini par démontrer, à la
satisfaction du ministre, qu'ils sont sur la bonne voie, à ce
moment-là, tout ce qu'on aura à faire, c'est ouvrir la loi sur
les denturologistes; c'est une autre paire de manches, beaucoup plus
facile.
Mme Blackburn: Et vous allez conserver, dans la loi des
denturologistes, une exception tout à fait inacceptable qui fait qu'on
inclut dans leur loi ce qui est interdit. Ce qu'on ne fait pour aucune autre
profession, qu'il s'agisse des vétérinaires, qu'il
s'agisse...
M. Savoie: C'est inacceptable... Ce que je suis en train de vous
dire, c'est que c'est difficile - ça, je veux bien - mais, dans le
contexte, ça soulève une approche d'exception, on le
reconnaît et il n'y a aucun doute là-dessus. On vous dit ça
depuis le début.
Mme Blackburn: Et de méfiance. Un manque de confiance.
M. Savoie: Attendez une seconde. Ce n'est pas gravé dans
la pierre. On n'est pas en train de faire de l'épigraphie juridique. On
est en train de présenter un article 8 qui est sévère, qui
dit au nouvel exécutif de la corporation professionnelle des
denturologistes: Bon, ça fait longtemps que c'est dans les airs.
Malheureusement, nous en sommes là.
Par contre, nous avons pu leur donner satisfaction en ce qui concerne -
il ne faudrait pas que je dise satisfaction - rendre la situation acceptable
pour eux au niveau des implants. Je pense que ça, ça va.
Et nous leur disons: Bon, écoutez. Faire des ponts, c'est
illégal. Est-ce clair que faire des ponts, c'est illégal? Quand
vous posez un pont, vous commettez un geste illégal.
On veut que ça soit enseigné comme ça parce qu'il y
a - et je ne crois pas que ce soit la majorité des denturologistes, mais
je pense que le pourcentage est élevé... Si on parle de
5 % à 10 % des denturologistes qui le font, le pourcentage est
élevé et ça donne suite à des débats
à l'intérieur de l'Ordre. Je n'en veux pas de débat
là-dessus. Tant que la corporation professionnelle ne ramasse pas
elle-même le dossier pour s'asseoir avec l'Office des professions et
négocier, à ce moment-là et de cette
façon-là, je pense que c'est comme ça que ça doit
se faire.
C'est pour ça qu'on ne peut pas arriver et... Je comprends votre
discours et je sympathise avec parce que je l'ai tenu au début. Je
trouvais qu'effectivement, ça n'avait pas de bon sens. Et,
c'était gênant. C'est pour ça qu'on a tenu deux jours
d'audiences là-dessus. Par contre, à un moment donné, on a
dit: On y va sur une base d'exception. C'est sévère, je le
reconnais. C'est exceptionnel, je le reconnais. Maintenant, je ne m'embarque
pas, pour aucune considération au niveau de la Loi sur les dentistes, ce
n'est pas vrai.
Je vous le dis encore que lorsque, par exemple, l'équipe va
arriver et va nous dire: Bon, là, on veut du "lousse" au niveau de tel
élément... Que ce soit la prescription, la prise de
radiographies, que ce soit au niveau de... Tout ce qu'on aura à faire,
c'est de traiter avec la loi sur les denturologistes et non pas la Loi sur les
dentistes qui est une toute autre paire de manches. Ceci donnerait le droit de
regard total des dentistes sur la loi sur les denturologistes.
Le Président (Mme Hovington): Est-ce que
l'amendement...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on doit comprendre, Mme la
Présidente, que cette loi peut nous en amener une prochaine
équivalente, dans le cas des chiropraticiens?
M. Savoie: Des quoi?
Mme Blackburn: Des chiropraticiens. Parce qu'on parlait tout
à l'heure des problèmes similaires pour l'Ordre des
chiropraticiens qui aurait...
M. Savoie: Si jamais ça arrivait, on l'examinerait avant
et on verra. Je ne veux pas commencer non plus à faire les
chiropraticiens. Je peux vous dire qu'il n'y a pas de loi qui s'en vient dans
ce sens-là, à ma connaissance, à ce moment-ci. Alors, on
ne parle que du dossier des denturologistes. Il faudrait se maintenir
là.
Mme Blackburn: Mais comme il y a été fait
référence tout à l'heure par le président de
l'Office, à la situation...
M. Savoie: J'ai bien signalé que c'était... Le
président de l'Office, ce n'est pas lui qui légifère. Lui,
il fait ses recommandations et je dois en tenir compte.
Si vous comprenez l'affaire, c'est qu'on s'embarque sur un cas
d'exception. On dit que c'est une exception, c'est exceptionnel. Si c'est
ça, c'est ça. La question que je devais me poser par la suite,
c'est: Est-ce que j'avais confiance ou non dans la direction de l'Office pour
nous faire des propositions comme ça et que j'y donne suite? C'a
été dur Je peux vous dire que ça été
très difficile, mais, finalement, j'ai reconnu que l'Office
méritait encore la confiance du ministre.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Terrebonne. (18 heures)
Mme Caron: Le ministre le dit lui-même: c'est un article
sévère, exceptionnel. Je pense que ma collègue de
Chicoutimi a quand même démontré que c'était
discriminatoire. Lorsqu'on accepte de poser un geste exceptionnel, il doit
être basé, quant à moi, sur autre chose que sur ce que le
ministre nous disait tantôt, une appréciation
générale. Pour lui, c'était plus important et plus fort
que des statistiques. Je regrette, quant à moi, lorsqu'on
présente un article exceptionnel, quelque chose de discriminatoire, ce
doit être fondé sur des résultats précis, sur
quelque chose de concret, sur des statistiques et non sur une
appréciation générale qui est née de conflits
existant depuis 18 ans entre certaines personnes. Ça m'apparaît
démesuré d'arriver à une mesure exceptionnelle sur une
appréciation générale et je pense que, là-dessus,
le ministre a cédé carrément aux pressions de l'Office et
c'est un recul qui m'apparaît tout à fait inacceptable.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement
apporté à l'article 2 est adopté?
M. Tremblay (Rimouski): Adopté.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, en opposition à
l'amendement, je propose qu'on conserve l'article 8 tel que
rédigé et on reviendra avec une proposition d'amendement de la
Loi sur les dentistes.
M. Savoie: Pour aucune considération.
Mme Blackburn: Non. Mais, ça nous donne chacun 20 minutes
pour parler.
M. Savoie: Ah! si vous voulez parler, pariez, si vous voulez.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai déjà un
amendement sur la table ici et il faut déjà que je dispose de
l'amendement qui a été présenté par le
ministre.
Une voix: C'est un sous-amendement.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que c'est un
sous-amendement à l'amendement
proposé par le ministre dont il faut que je . dispose? Parce que
j'ai déjà un amendement ici, devant moi.
Mme Blackburn: Est-ce que...
M. Savoie: Je suis à peu près certain, je mettrais
ma main dans le feu à ce moment-ci que les denturologistes n'accepteront
pas que l'ensemble des éléments qui vont régir leur
pratique soit sous le contrôle de la Loi sur les dentistes.
Mme Blackburn: Ce n'est pas sous le contrôle, je veux
bien... Là, ce qu'il faut comprendre, ça n'est sous le
contrôle de personne, ça leur échappe totalement. Je veux
dire, il n'y a rien là-dedans qu'ils puissent faire. Ça
interdit...
M. Savoie: O. K. Supposons qu'on marquerait, par exemple: Nulle
personne autre qu'un dentiste ne peut faire des prothèses hybrides..
Mme Blackburn: Bien...
M. Savoie: Bon. Quant on va vouloir, un jour, élargir la
porte pour permettre aux denturologistes d'intervenir auprès des
prothèses hybrides, on va être obligés d'intervenir...
Mme Blackburn: On n'en pose pas tant...
M. Savoie:... et de modifier la Loi sur les dentistes?
Mme Blackburn: Ici, il n'est pas question de fabrication.
Là, je vais prendre l'amendement qui est proposé par le
ministre.
M. Savoie: On parle de l'essai, la pose, l'adaptation, le
remplacement de prothèses hybrides...
Mme Blackburn: L'essai, la pose, l'adaptation et le remplacement
des ponts papillon et des couronnes et ponts.
M. Savoie: Bon. L'essai, la pose, c'est ça...
Mme Blackburn: L'essai, la pose, l'adaptation ou le remplacement
de prothèses hybrides...
M. Savoie: Bon. O. K. Alors, supposons là, supposons
là...
Mme Blackburn:... là, je veux dire, ils ne sont pas sous
la loi des dentistes...
M. Savoie: Supposons qu'ils veuillent... Oui. Oui. Mais
là, ce que vous voulez faire, c'est que...
Mme Blackburn: C'est interdit, là. C'est carrément
interdit, ils ne peuvent pas le faire.
M. Savoie: C'est ça. C'est ça, ils ne peuvent pas
le faire. Mais supposons qu'un jour ils veuillent le faire. Supposons qu'un
jour le gouvernement soit d'accord pour les laisser jouer...
Mme Blackburn: Oui. Alors, à ce moment-là, c'est un
amendement qu'on a...
M. Savoie:... dans les prothèses hybrides, à ce
moment-là, on va être obligés de modifier la Loi sur les
dentistes? Ah nonl Jamais!
Mme Blackburn: Parce que là, vous ne la modifiez pas en
leur donnant un champ de compétence qui est là-dedans. C'est bien
évident qu'ils vont dire: Vous nous modifiez notre champ de pratique; il
nous était exclusif parce que interdit.
M. Savoie: O. K. Je vais vous donner un autre exemple: Supposons
qu'on veuille leur dire: Bon. Mais les prothèses qui s'ajustent
directement aux implants ostéointégrés,
c'est-à-dire les vis, on est d'accord parce qu'ils ont joué au
niveau de... ils ont pratiqué au niveau des prothèses qui
s'ajustent indirectement, ça va très bien, la pratique, une bonne
collaboration entre les deux corporations professionnelles. Et là, ils
nous disent: Bon. Là, on voudrait l'avoir directement, parce que,
effectivement, dans les faits, c'est nous autres qui le faisons, parce qu'ils
nous demandent de le faire; c'est eux autres qui font l'essai et la pose.
À ce moment-là, pour le modifier, on va être obligés
de modifier la Loi sur les dentistes? Là, c'est vraiment placer les
denturologistes sous la tutelle totale des dentistes.
Mme Blackburn: Non. Ça veut dire que toutes les
corporations professionnelles actuelles dont on n'interdit pas nommément
des actes dans leur loi, se trouvent sous la tutelle d'autres lois. Ça
n'a pas de bon sens.
M. Savoie: Bien, je ne peux pas, là... Si vous arriviez
avec un amendement à l'intérieur de la loi sur les
denturologistes, je trouverais ça plus intéressant, mais
certainement pas chez les dentistes, ce n'est pas recevable.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, si le ministre
était consentant, on pourrait entendre des denturologistes qui sont ici,
qui pourraient...
M. Savoie: Ah oui! Moi, je suis consentant à
ça.
Mme Blackburn:... nous dire si, à leur avis, il serait
souhaitable que ces articles-là paraissent dans la loi des
denturologistes plutôt que...
M. Savoie: Oui, je serais intéressé à
ça.
Mme Blackburn: ...dans la loi des dentistes.
M. Savoie: Est-ce que c'est bien compliqué comme
procédure, ça?
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que ça prend
le consentement? Parce que si ça prend le consentement des
parlementaires... Nous avons déjà procédé à
des audiences publiques, si vous vous souvenez, Mme la
députée...
M. Tremblay (Rimouski): On les a déjà entendus, ils
sont au courant de la loi.
Mme Blackburn: Avec le consentement; généralement,
quand le ministre dit oui, moi, je suis consentante...
La Présidente (Mme Hovington): Parce que nous ne sommes
pas - je veux être bien claire - présentement en audiences
publiques, mais nous sommes à étudier le projet de loi article
par article. Et les audiences publiques ont déjà eu lieu au mois
de septembre.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça.
Mme Blackburn: Oui, mais on peut avoir des avis
spécialisés, comme on a celui de l'Ordre, Mme la
Présidente, qui est là depuis... comme conseiller. Alors, on peut
penser de la même manière que ces personnes-là pourraient
nous apporter un éclairage.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Je suis contre. M. Savoie: C'est
réglé.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, il n'y a pas
consentement.
Mme Blackburn: C'est... Je n'ai jamais vu, à ce jour, une
commission où, lorsque le ministre responsable d'un dossier se dit pour,
un membre de la partie gouvernementale dit non.
M. Tremblay (Rimouski): La démocratie.
Mme Blackburn: Alors, si le député de Rimouski est
fatigué d'être en commission, il pourrait aller voir ailleurs.
La Présidente (Mme Hovington): Je pense, Mme la
députée de Chicoutimi, que si...
M. Tremblay (Rimouski): je suis fatigué de vous entendre,
par exemple.
La Présidente (Mme Hovington): Un instant, là, M.
le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Non, mais elle m'a attaqué.
La Présidente (Mme Hovington): II faut bien s'entendre.
Selon notre règlement, à l'article 244, il aurait fallu
présenter une motion préliminaire consistant à
écouter l'Ordre des denturologistes, avant le début de
l'étude détaillée, article par article, selon l'article
244, deuxième alinéa.
Mme Blackburn: Oui, oui, il y a cette façon. Mais il y a
aussi de consentement, vous pouvez le faire. Et je pense bien que,
là-dessus, on a des spécialistes en arrière qui vont nous
dire...
M. Tremblay (Rimouski): Ça prend le consentement unanime
des membres de la commission, madame.
M. Savoie: Écoutez, je pense qu'au niveau des
denturologistes on a été... on a eu plusieurs échanges
avec eux. Ils sont ici. Si on est pour dire - puis écoutez moi bien, Mme
la députée de Chicoutimi - si vous voulez qu'on entende les
denturologistes sur le fait de rouvrir la Loi sur les dentistes pour
transférer des dispositions au niveau de la Loi sur les dentistes...
Mme Blackburn: Pour moi, c'est le partage plus...
M. Savoie: ...il faudrait entendre les den turologistes, il
faudrait entendre les dentistes.
Mme Blackburn: Non, ce que vous... Je voulais juste qu'on puisse
vérifier...
M. Savoie: On n'en sortira pas...
Mme Blackburn: ...ce que vous avanciez tout à l'heure,
à l'effet que des denturologistes n'accepteraient jamais que ça
apparaisse dans la loi des dentistes. C'était ça que je voulais
vérifier. Puis je ne connais pas leur avis là dessus.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Sauf que ce qu'on est allé demander tout
à l'heure, par mon agent de recherche qui est au dossier, c'est combien
il y avait eu de plaintes à l'Ordre. Quelque 200 plaintes; 2 ou 3 qui
concernent des manquements professionnels. Le reste, ce sont les coûts,
les coûts. C'est trop cher, trop coûteux, pas annoncé
d'avance, je ne sais pas, j'imagine à peu près la série de
plaintes.
Mais, finalement, fort peu de plaintes arrivent à l'Ordre
touchant des manquements professionnels. C'a en dit assez long. Il me semble
que c'est là-dessus que l'on se base, pas juste sur des
ouï-dire.
Alors, madame...
La Présidente (Mme
Hovington): Alors nous revenons
à l'amendement à l'article 2 proposé par le ministre.
Est-ce que l'amendement à l'article 2 est adopté?
Mme Blackburn: Un instant, Mme la Présidente. Il faudrait
bien voir...
M. Tremblay (Rimouski): Adopté.
Mme Blackburn: ...comment se lit le nouvel article...
La Présidente (Mme Hovington): ...dans son ensemble.
Mme Blackburn: se lirait le nouvel article.
La Présidente (Mme Hovington): Alors l'article 8, de
l'article 2 du projet de loi, le premier alinéa demeure tel quel.
Mme Blackburn: La prescription et la prise de radiographies?
La Présidente (Mme Hovington): Oui. Le premier paragraphe
là: "Dans l'exercice de sa profession, il est interdit à un
denturologiste de procéder au surfaçage radiculaire, au
détartrage, au polissage des dents ou de poser un acte qui a pour objet
de diagnostiquer ou de traiter une déficience des dents, de la bouche ou
des maxillaires, notamment." Ça, ça reste tel quel, ça
n'est pas amendé.
Le premier alinéa: "la prescription et la prise de
radiographies." Ça ne change pas.
Le deuxième. "Lanesthésie locale par voie d'infiltration",
cela ne change pas.
Alors, l'amendement apporté changerait le troisième, qui
se lirait ainsi: "L'essai, la pose, l'adaptation ou le remplacement de ponts
papillon et de couronnes et ponts."
Le quatrième alinéa serait changé par: L'essai, la
pose, l'adaptation ou le remplacement de:
Sous-alinéa a: prothèses hybrides;
Sous-alinéa b: prothèses qui s'ajustent directement aux
implants ostéointégrés;
Sous-alinéa c: prothèses qui s'ajustent indirectement aux
implants ostéointégrés.
Le deuxième... Le cinq reste tel quel, mais on ajoute
après l'alinéa 5, l'alinéa suivant: "6° Les actes
reliés à l'orthodontie.
Troisièmement, ajouter à la fin l'alinéa suivant:
"Le sous-alinéa c de l'alinéa 4° n'a pas pour effet
d'empêcher un denturologiste de poser les actes qui y sont décrits
sous la direction d'un dentiste." Voilà comment se lirait le nouvel
article, tel qu'amendé. ; Mme Blackburn: Dans cet amendement !
apparaissent les actes reliés à l'orthodontie. Est- ce
qu'effectivement les denturologistes posent des actes et combien? Là, ne
me faites pas signe que oui sans me dire combien. Combien de plaintes?
M. Mulcair: Des plaintes?
Mme Blackburn: Bien oui, parce qu'il doit bien y en avoir; ou si
c'est sur des oui-dire?
M. Mulcair: Ce n'est pas l'Office des professions qui les
reçoit.
Mme Blackburn: L'orthodontie, là, ça commence
à être dans le spécialisé.
M. Mulcair: Voilà!
Mme Blackburn: II faut qu'il fixe les petits supports. Il met les
broches, il resserre.
M. Mulcair: Effectivement.
Mme Blackburn: Ça prend quatre ans, là. Ma fille
les a eues.
M. Mulcair: Voilà!
Mme Blackburn: Quelques nuits de manque de sommeil.
M. Mulcair: Alors, une plainte est liée à la
pratique d'une profession et, comme Mme la députée le sait,
adressée en premier lieu à la corporation professionnelle.
L'Office intervient lorsque la corporation professionnelle fait défaut
de remplir ses obligations aux termes du Code.
Mme Blackburn: Oui, oui. (18 h 15)
M. Mulcair: Quant à des plaintes vis-à-vis de cette
nouvelle tendance que nous avons constatée de la part des
denturologistes d'offrir leurs services pour certains appareils
orthodonti-ques, il n'y a pas encore de plaintes formelles comme quoi ce
travail-là a été mal fait. Nous avons, par contre, des
gens, des demandes du public et, je vous le dis, des gens dignes de foi, qui
sont venus nous voir et ont dit: C'est drôlement inquiétant. J'ai
mon enfant qui reçoit des traitements orthodontiques et, effectivement,
je me suis fait offrir par des denturologistes de poser cette
prothèse-là à un coût moindre, parce que c'est
toujours là-dessus que ça se passe.
Alors, tout en concédant que vous avez, en théorie, raison
lorsque vous dites que la manière de rédiger et de
procéder par l'inverse, ici, est inusitée, en pratique, encore
une fois, nous avons des indications, Mme la députée de
Chicoutimi, à savoir que le jour où l'Office aura le droit
d'aller faire des inspections ponctuelles dans les bureaux des denturologistes
et d'autres professionnels, on sera en mesure de vous dire: Voilà, sur
un échantillonnage de 10 % des membres de
cette profession-là au cours de la dernière année,
on a constaté des infractions à leur champ de pratique dans 30 %
des cas. Je serais capable de venir, ou mon successeur, devant cette commission
et donner des chiffres exacts.
Malheureusement, le monitoring, qui est le seul outil que nous ayons,
nous empêche de vous fournir un chiffre qui vous donnerait exactement ce
que vous recherchez, mais le système est perfectible et, pour l'instant,
on doit, dans l'intérêt du public, tenter... Vous l'avez dit tout
à l'heure, parfois, les gens en place... Je tiens quand même
à tenter de mettre fin à un différend qui a
été vu et revu par autant de comités, de commissions
parlementaires et d'autres et, effectivement, c'est la meilleure solution
à laquelle on est arrivé. C'est celle-ci.
Vous savez, bien avant qu'on arrive à faire les deux jours de
commission parlementaire au mois de septembre 1990, l'Office avait mis en place
un comité tripartite composé de représentants de l'Ordre
des dentistes, de l'Ordre des denturologistes et d'un expert engagé par
l'Office des professions du Québec. Après des mois, des mois et
des mois de travaux, on croyait qu'on cheminait vers une solution, sinon
négociée, du moins représentative d'un certain consensus
dans le milieu. À la toute fin, ça s'est effrité pour des
raisons pures de politique interne à l'Ordre des denturologistes.
Il y a effectivement un nouveau bureau qui vient d'être élu
à l'Ordre des denturologistes et je mets beaucoup, beaucoup d'espoir sur
le fait que nous allons pouvoir retravailler avec l'Ordre des denturologistes
dans un esprit de collaboration et de respect des rôles et obligations
mutuelles d'un organisme de surveillance, comme l'Office, et d'un organisme de
protection du public, comme une corporation professionnelle.
On ne légifère pas sur les seuls cas d'exception, Mme la
députée. Je suis très sensible à ce fait, mais je
termine en vous disant ceci: Très récemment, à l'automne
1990, dans la province du Nouveau-Brunswick, on s'est rendu compte que dans le
cas des denturologistes on était obligé de
légiférer par l'énumération des interdictions. Dans
d'autres provinces, parce que nous parlons autant de ceux qui
réglementent que nous parlions par le passé de ceux qui sont
réglementés, ils se sont rendu compte que c'est un des dossiers
les plus difficiles, où on frappait toujours un noeud et où les
voies habituelles de discussion, de conciliation, de rapprochement lorsqu'il y
a des gens qui se partagent des champs de pratique ou qui ont des champs de
pratique qui se rapprochent, ne fonctionnaient pas.
Alors, dans le cas présent, l'Office des professions du
Québec, fort de ses nombreuses années de consultation et de
tentatives par d'autres voies d'en arriver à une solution qui satisfasse
ce besoin primordial de protection du public, a fait la proposition, comme le
disait très bien le ministre tout à l'heure, et je le
répète, l'Office propose, les législateurs disposent. Mais
c'est la solution que nous avons su proposer, fort de ces nombreuses
années d'expérience dans ce dossier-là. Pour l'avenir,
j'espère que c'est le genre d'exemple qui n'aura pas besoin de se
répéter et nous travaillons avec les autres cas que nous avons
qui posent problème à l'heure actuelle.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce que les denturologistes ont
été consultés sur l'ajout des actes reliés à
l'orthodontie, sur la foi de quelques dénonciations?
M. Savoie: Non. Il n'y a pas eu de consultation. J'ai eu
l'occasion d'échanger tout dernièrement et de savoir si,
effectivement, le bureau était au courant s'il y en avait et ils m'ont
tout simplement dit qu'il n'y en avait pas, de pratique au niveau de
l'orthodontie.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a l'intention, accepte la
proposition d'amendement telle qu'elle est là? Sinon, est-ce qu'on peut
s'entendre sur la liste complète des actes réservés aux
dentistes? Ça serait comme moins méprisant d'indiquer en
totalité tout ce qui est fait par un dentiste et de l'inclure dans la
loi comme étant interdit aux denturologistes. On éviterait toute
récidive possible dans d'autres champs. Tantôt, qui sait si on ne
sera pas obligé de réécrire la loi. Tu sais,
l'orthodontie... Franchement! Sur la base de quelques déclarations!
Ecoutez, ils posaient des implants quand on est entrés en commission
parlementaire l'automne dernier.
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: Ils posaient des implants quand on est
entrés en commission parlementaire l'automne dernier. Je me rappelle
toujours ça. Vous savez, quand on en met trop, à un moment
donné... Est-ce que vous avez pris connaissance du sondage? C'est un
sondage scientifique qui a été réalisé pour
l'association, je pense, l'association des...
M. Savoie: Par Léger & Léger.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est aussi scientifique. D'ailleurs,
les sondages Léger & Léger sont toujours confirmés par
les autres sondages. Là-dessus, qu'on finisse par se...
M. Savoie: Bien oui, c'est ça. Aux dernières
élections, ils vous donnaient gagnants.
Mme Blackburn: Oui. Il y a place à l'erreur
et j'imagine que le ministre en fait quelques-unes aussi.
M. Savoie: Je m'excuse. Je n'accorde pas beaucoup de...
M. Tremblay (Rimouski): De crédibilité.
M. Savoie: Je ne voudrais pas dire "crédibilité",
mais c'est-à-dire qu'au niveau d'un sondage fait par une corporation
professionnelle dans le but de promouvoir sa propre position...
Mme Blackburn: Oui, je suis d'accord. Il peut y avoir une
distorsion.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Mais selon les questions... Il faudrait remettre
en question à chaque fois que La Presse fait faire des sondages
parce qu'on sait pour qui La Presse prend actuellement dans le
débat constitutionnel. Alors, on pourrait douter de la
crédibilité de leurs sondages.
M. Savoie: Écoutez, la question qui se pose...
Mme Blackburn: Mais...
M. Savoie: ...c'est: Est-ce qu'effectivement, au niveau de
l'orthodontie, c'est nécessaire d'intervenir avec une telle stipulation?
J'ai échangé avec les gens du bureau il n'y a pas tellement
longtemps et je leur ai dit: Au niveau de l'orthodontie, ça dit quoi?
Alors, ils m'ont dit qu'à leur connaissance il n'y avait pas de
denturologistes qui intervenaient au niveau de l'orthodontie.
Mme Blackburn: Alors, on pourrait proposer l'amendement, au
moins.
M. Savoie: Attendez une seconde. Je demande encore, au niveau du
président de l'Office: Est-ce que c'est nécessaire? Il me dit que
oui.
Mme Blackburn: Alors, pourquoi ne pas ajouter
périodontie?
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: Pourquoi ne pas ajouter tous les actes dé
périodontie, de... Parce que ça aussi... Mettons-les tous,
là. Mettons-les tous. Parce qu'il y a comme quelque chose qui ne va pas.
Au cas où ils risqueraient de, tantôt, poser des actes: chirurgie
buccale, implant... Parce que c'était ça, leur idée, au
commencement. Implant, chirurgie buccale, périodontie,
orthodontie...
M. Savoie: Vous ne pensez pas qu'au niveau de l'orthodontie,
ça peut être un petit peu plus près dans le sens qu'il n'y
a pas d'opération d'impliquée. Ce n'est que du filage et...
Mme Blackburn: Non. Il y a des radiographies. Il y a de tout
là-dedans. Ils sont obligés de prendre des radiographies en
orthodontie, régulièrement. Ça, vous n'avez pas le
choix.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Je veux dire, il faut absolument que vous sachiez
comment ça se déplace.
M. Savoie: En tout cas, c'est certainement moins difficile que la
périodontie ou...
Mme Blackburn: Parce que, là, vous savez, on est
allé loin; on ajoute des choses. Je vous le dis, je pense qu'on serait
mieux... Si vraiment on veut se mettre une ceinture puis des brettelles, qu'on
mette tous les actes, parce que c'est ça qu'on semble vouloir faire avec
cette corporation-là. Ce serait plus logique. Parce que, là, on a
mis, vous savez: traitement des déficiences des dents, de la bouche, du
maxillaire, le surfaçage radiculaire, le détartrage, le polissage
des dents et l'altération de la structure bucco...
M. Savoie: Alors, supposons qu'on dise qu'on ne le met pas puis,
ensuite, la corporation intervient auprès d'un, deux, trois, quatre ou
cinq denturologistes qui font cette pratique-là, puis leur dit de cesser
de faire cette pratique-là parce que c'est une pratique illégale.
Ils vont dire: En vertu de quoi?
Mme Blackburn: Hé, monsieur!
M. Savoie: Non, non, non, mais en vertu de quoi, là?
Mme Blackburn: Mme la Présidente, ça ne se peut pas
de dire des choses comme ça.
M. Savoie: Non, non, mais en vertu de quoi?
Mme Blackburn: Ne sont autorisés à être
posés que les actes prévus dans la loi.
M. Savoie: Oui, oui. Non, non. Je comprends. Je comprends tout ce
que vous êtes en train de me dire, mais en vertu de quoi?
Mme Blackburn: II faudrait le faire dans toutes les lois, on l'a
expliqué tantôt, et vous le reconnaissez, que c'est exceptionnel
dans cette loi.
M. Savoie: Bien, c'est raide un peu.
Mme Blackburn: On ne peut pas dire ça. Alors moi,
écoutez, j'ai fait un bout là-dessus. Je trouve qu'on ne
travaille pas bien dans ce dossier et j'ai horreur d'être associée
à quelque chose qui est tout croche et, ça, c'est tout croche
puis ça sent le préjugé. C'est désagréable
et je pensais qu'il y avait d'autres façons de mieux faire. Là,
qu'on vienne... Là, on a l'impression qu'il faut toujours gagner quelque
chose. On enlève la pose d'implants parce que ça n'avait
tellement pas de bon sens, c'était tellement gros, vous le reconnaissez
aussi, qu'on a dit: Non, on va s'en aller là. Ah! j'ai eu un
téléphone là-dessus, j'ai rencontré quelqu'un qui
m'a dit: Aïe! ils m'ont proposé un meilleur prix. Je voudrais bien
avoir le nom de cette personne-là puis j'irais voir le denturologiste
parce qu'il y a quelque chose, ou je préviendrais l'ordre, mais je
ferais un peu d'ordre là-dedans. Ça n'a pas de bon sens; on ne
peut pas travailler sur des préjugés comme ça. Et si le
président de l'Office est nommé, un jour, à la place de M.
D'Iberville Fortier, j'espère qu'il ne fonctionnera pas juste sur ce
genre de préjugé.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'amendement
à l'article 2 est adopté?
M. Savoie: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Madame?
Mme Blackburn: Non. Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Sur division. Est-ce que
l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Blackburn: Mme la Présidente, le ministre
suggérait tout à l'heure que les infiltrations, il partageait
assez mon avis sur les anesthésies locales par voie d'infiltration et
qu'il était prêt à accepter un amendement là-dessus.
Je propose qu'on biffe le deuxième paragraphe.
La Présidente (Mme Hovington): C'est-à-dire qu'on
vient d'adopter l'amendement.
M. Savoie: Je ne peux pas, puis je vais vous expliquer pourquoi.
Une exclusion, c'est une affaire drôle, c'est...
Mme Blackburn: Donc, ne pas l'inscrire, ce serait comme les
autoriser.
M. Savoie: Être un denturologiste, je voudrais avoir cette
exclusion-là.
Mme Blackburn: Alors, incluez-les dans la loi des dentistes.
Ça n'a pas de bon sens. Mme la Présidente-
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 2, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Savoie: Adopté.
Mme Blackburn: Contre. Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 3.
Annexes M. Savoie: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 3 est
adopté.
Mme Blackburn: L'article 3?
La Présidente (Mme Hovington): C'est pour les annexes.
Mme Blackburn: Bien, les annexes, est-ce qu'elles
n'étaient pas retirées, les annexes? Je n'ai pas l'amendement...
"Cette loi est modifiée par l'addition"; je dois l'adopter telle qu'elle
est là. Vous ne m'avez pas suggéré de modification. C'est
ce que j'appelle être efficace, lorsqu'on les a.
M. Savoie: On supprime l'article 3.
La Présidente (Mme Hovington): Ah! L'article 3 est
supprimé. Ah! D'accord. Parce que je n'avais pas la... Donc, il y a un
amendement à l'article 3; l'amendement, c'est de supprimer l'article
3.
Mme Blackburn: On les a vraiment à la graine,
là.
M. Savoie: C'est parce que je lavais dans mon volume et, je
m'excuse, je pensais que tout le monde l'avait.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que
l'amendement apporté à l'article 3 est adopté?
M. Savoie: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, l'article 3 est
supprimé.
Mme Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, la suppression de
l'article 3 est adoptée. On s'entend bien. Il n'y a plus
d'annexés au projet de loi. Alors, j'appelle l'article 4: "La
présente loi entre en vigueur le..."
Mme Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi 17, qui est la
Loi modifiant la Loi sur la denturologie, est adopté?
M. Savoie: Adopté. Mme Blackburn:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai besoin d'une
présentation d'une motion de renumérotation, étant
donné qu'on a supprimé l'article 3.
M. Savoie: Je propose.
La Présidente (Mme Hovington): C'est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le projet de loi 17
dans son ensemble est donc adopté. Est-ce qu'il y a quelques remarques
avant d'ajourner les travaux?
Mme Blackburn: Oui. Mme la Présidente, il est
adopté sur division et je maintiens que c'est un projet de loi qui est
méprisant, méfiant, et qui porte préjudice à
l'honnêteté et à l'intégrité des personnes
qui composent cet ordre professionnel. Il sent le préjugé et je
trouve ça infiniment déplorable et je maintiens que nous aurions
pu obtenir le même résultat en incluant ces actes de façon
plus détaillée dans les actes des dentistes.
Je regrette également - le ministre s'y est engagé et je
n'ai rien trouvé dans la loi qui puisse supporter un tel engagement - le
ministre s'était engagé à prendre ou à se donner
les moyens pour s'assurer que les dentistes qui posaient des actes
spécialisés aient la formation requise pour ce faire. Je n'ai
rien vu.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre, en
terminant.
M. Savoie: Tout simplement pour dire que la suggestion d'aller du
côté des dentistes n'est pas du tout acceptable. On ne peut pas
aller du côté des dentistes pour contrôler ou permettre
certains gestes du côté des denturologistes. Je pense qu'on ne
voudrait pas prendre cette tournure; je pense que c'est assez clair. Au niveau
de la pratique en tant que telle, il n'y a pas de doute que le torchon a
brûlé entre l'Office et la corporation pendant plusieurs
années, pas seulement au Québec, mais dans d'autres provinces
également. On considère qu'il y a eu un point tournant il n'y a
pas tellement longtemps et on a l'intention de suivre ce dossier-là de
près. Et, au fur et à mesure que les denturologistes vont avancer
au niveau de l'administration de la discipline chez eux et qu'il va y avoir un
resserrement au niveau des rangs, on va être en mesure de donner des
reconnaissances au fur et à mesure que ça va s'avérer
nécessaire, tel que présenté par la corporation
elle-même.
Finalement, au niveau des implants, c'est un dossier
particulièrement épineux. Je pense que la solution qui a
été proposée est acceptable pour l'Ordre des
denturologistes. Au niveau des implants, je pense que ça ne
présente pas de difficulté. Évidemment, ils vont chercher
à intervenir pour la dent qui est vissée. Je pense que,
là-dessus, le temps nous dira, effectivement, si on peut prendre cette
direction-là ou pas. Pour ce qui est des autres gestes, les autres
restrictions, comme je vous le dis, au fur et à mesure que le dossier va
avancer, on sera en mesure de reconsidérer et si le législateur
est capable d'introduire des mesures, il est capable de les réduire
également. Je pense qu'avec un nouvel exécutif, avec une bonne
prise en main on sera certainement en mesure de revoir la rédaction de
l'article 8 d'ici à quelques années.
Mme Blackburn: Mais le ministre reconnaît qu'il est
exceptionnel et inusité que l'on interdise dans une loi professionnelle
des actes, que ça fonctionne par la négative plutôt que par
la positive et qu'on a, à l'égard de cette profession, un
traitement d'exception. En ce sens, ce traitement illustre une certaine
méfiance et un manque de confiance à l'endroit des membres de
cette profession. Je veux bien croire qu'ils sont seulement 800 au
Québec, ce n'est pas une grosse clientèle. Moi, j'étais
beaucoup plus pour le principe que pour la clientèle. Moi, je me dis:
C'est une question d'équité et de justice.
M. Savoie: II n'y a aucun doute qu'il y là une mesure
exceptionnelle.
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation ayant rempli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 25)