Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation va débuter ses travaux. J'aimerais rappeler le mandat
de la commission de l'éducation qui est d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
289, Loi modifiant la Loi concernant la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, et 283, Loi modifiant la
charte de l'Université Laval. M. le secrétaire, est-ce que nous
avons des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. J'aimerais vous
rappeler les règles de l'étude des projets de loi
d'intérêt privé à ce stade-ci. Le
député proposeur - aujourd'hui le député de
Saint-Louis - le ministre, le porte-parole de l'Opposition officielle et les
membres qui le désirent seront invités à faire des
remarques préliminaires, s'il y a lieu; le requérant, ensuite,
exposera les grandes lignes du projet de loi en vue d'en faire ressortir le
bien-fondé; les membres pourront ensuite échanger avec nos
invités et, enfin, nous procéderons à l'étude,
article par article, du projet de loi.
Projet de loi 289
J'appelle l'étude du projet de loi 289, Loi modifiant la Loi
concernant la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je crois que les requérants ont déjà pris
place. Alors, bienvenue à la commission de l'éducation. Je vais
céder maintenant la parole au député de Saint-Louis pour
la présentation des requérants de cette loi et pour des remarques
préliminaires, s'il y a lieu. M. le député de
Saint-Louis.
Remarques préliminaires
M. Chagnon: Merci, Mme la Présidente. Il me fait
grandement plaisir de parrainer le projet de loi de la Fédération
des commissions scolaires du Québec, un peu en avance sur l'appellation
que nous allons lui donner un peu plus tard. Le projet de loi cherche, Mme la
Présidente, à modifier la loi constituant la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
de 1961. Il cherche à se coller, je pense, davantage aux conclusions,
entre autres, de la loi 107 qui créera un réseau de commissions
scolaires linguistiques à travers le Québec qui permettrait
à la Fédération des commissions scolaires de faire le
regroupement de toutes les commissions scolaires quel que soit l'aspect
linguistique ou confessionnel de ces dernières.
Sans plus tarder, j'aimerais vous présenter, d'une part, les gens
de la Fédération des commissions scolaires qui sont ici et je
sais que le ministre de l'Éducation voudrait aussi dire un mot, je
pense. Alors, parmi nous, nous avons, au centre, M. Guy d'Anjou, maire de
Mont-Joli, et aussi, pour encore presque un mois, président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec; à notre droite et à sa gauche, Mme Drouin,
première vice-présidente de la Fédération des
commissions scolaires; à la droite de Mme Drouin, Mme Lise Lemieux,
deuxième vice-présidente de la Fédération des
commissions scolaires; à la gauche de M. d'Anjou, M. Fernand Paradis,
directeur général de la Fédération des commissions
scolaires, et, à sa gauche aussi, M. François Houde,
secrétaire général et directeur du contentieux de la
Fédération des commissions scolaires.
La Présidente (Mme Hovington): Votre gauche est notre
droite, M. le député de Saint-Louis, je crois bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: II me semble que votre droite devrait être
comme ça, Mme la Présidente, et, donc, à leur gauche.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chagnon: Sans plus tarder, Mme la Présidente, je sais
que le ministre de l'Éducation voulait aussi dire quelques mots.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va.
Merci, M. le député de Saint-Louis. Je cède
maintenant la parole au ministre responsable de ce projet de loi et aussi le
ministre de l'Éducation.
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Mes chers
collègues, ma collègue Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, les députés de la
majorité, les représentants de la loyale Opposition de Sa
Majesté qui sont avec nous ce matin en nombre très
important...
M. Gendron: ...encore imbu du discours du trône,
là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Par le choix des termes, vous
êtes imbu du...
M. Pagé: Mais c'est votre Identification. Vous êtes
l'Opposition de Sa Majesté. C'est toujours avec le sourire aux
lèvres que j'y réfère, évidemment!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Ha, ha, ha! Mme la Présidente, comme je ne
veux pas éveiller la grogne du député d'Abitibi-Ouest, je
vais revenir à l'essentiel et adresser mes salutations et mes mots de
bienvenue aux représentantes et aux représentants de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je voudrais souhaiter la bienvenue à M. Guy d'Anjou, M.
le président de la Fédération, et lui indiquer tout le
plaisir que j'ai à échanger avec lui comme ministre responsable
de cette mission qui s'inscrit parmi la première noblesse d'un peuple,
c'est-à-dire notre éducation, notre culture, la protection de
notre langue, etc. Et je dois reconnaître le caractère fructueux
de nos échanges jusqu'à maintenant, même si ces
échanges ne se font pas toujours sous l'égide de
l'unanimité. C'est presque dire que c'est sain qu'il en soit ainsi.
Je voudrais profiter de l'opportunité pour lui souhaiter un bon
mandat comme maire de la belle et grande ville de Mont-Joli. Bon succès
et je reconnais là la confiance des gens du milieu à
l'égard d'un Québécois qui est bien enraciné dans
cette belle région que constitue l'Est du Québec. Aussi saluer
Mme Drouin, Mme la première vice-présidente, saluer Mme Lemieux,
la deuxième vice-présidente avec qui j'ai eu l'occasion de
travailler aussi, ex-présidente de la commission scolaire des
Découvreurs, M. Houde et M. Paradis, le directeur général.
Bienvenue chez nous.
C'est avec beaucoup d'intérêt que je prends connaissance du
projet de loi qui est piloté par mon collègue, M. Chagnon, le
député de Saint-Louis. Comme l'a indiqué mon
collègue, le projet de loi privé que nous étudions
aujourd'hui vise essentiellement à... D'où viennent ces bruits?
Ceci étant dit, Mme la Présidente, après que ces bruits
étrangers sont parvenus à nos oreilles, on va revenir à
l'essentiel.
La Présidente (Mme Hovington): Ce n'était pas une
voix de l'au-delà, M. le ministre.
M. Pagé: J'espère.
La Présidente (Mme Hovington): C'était une voix qui
était en arrière.
M. Pagé: J'espère.
La Présidente (Mme Hovington): Je l'ai bien
identifiée. Ça ne se reproduira plus.
M. Pagé: Alors, ceci étant dit, le projet de loi
que nous étudions, ce matin, vise essentiellement à changer la
dénomination de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec pour qu'elle puisse être identifiée,
à compter de son adoption, comme étant la
Fédération des commissions scolaires du Québec.
Mme la Présidente, comme en a fait part mon collègue et
comme nous en fera part d'ici quelques minutes la Fédération, je
crois qu'un mouvement véritablement irréversible s'est
amorcé il y a quelques années et qui doit nous conduire à
la mise en place d'une structure de commissions scolaires qui, plutôt que
d'être confessionnelles, deviendront linguistiques.
La loi, les dispositions relatives de la loi 107 ont fait l'objet d'une
demande de renvoi devant la Cour d'appel pour en valider l'aspect
constitutionnel. La décision, l'opinion et l'avis de la Cour d'appel
nous ont été donnés dans un document, c'est-à-dire
une décision qui a été écrite, un avis qui a
été donné à la fin septembre, quelques jours avant
mon arrivée au ministère. Je dois vous faire part, sans prendre
pour acquis quoi que ce soit, de la confiance qu'on a, au ministère de
l'Éducation, de voir la Cour suprême décider ou juger en
fonction de la validité et de la pertinence des dispositions
prévues à la loi 107, d'autant plus que, sur le fond, la Cour
d'appel nous a donné raison.
La Cour d'appel a formulé, cependant, quelques réserves ou
a donné des avis comme quoi des modifications devraient être
apportées, entre autres en ce qui concerne le droit à la
dissidence, en ce qui concerne aussi les transferts de responsabilités
des commissions scolaires qui, à un moment donné dans le temps,
auront été des commissions scolaires confessionnelles vers des
commissions scolaires linguistiques. Nous avons présenté une
législation, ici, à l'Assemblée nationale, pour apporter
des modifications à la loi 107 au cours de la session d'automne, tant et
si bien que ces modifications, la position du gouvernement du Québec
appuyée par une argumentation juridique qui apparaît à
l'ensemble des observateurs comme étant de très grande
qualité en termes de fondement et de référence, tout
ça pour vous dire que j'ai tous les motifs de croire qu'au cours de
l'année 1992 nous devrions recevoir l'aval de la Cour suprême pour
la mise en place de cette nouvelle structure de commissions scolaires.
La volonté de la Fédération s'inscrit dans ce
sens-là. Les consultations qui ont été conduites me
permettent de vous indiquer qu'il n'y a pas d'opposition à cette
démarche et que le législateur dont nous sommes se trouve tout
à fait légitimé d'accepter la proposition de la
Fédération. Alors, mesdames et messieurs, bienvenue chez nous,
bonne journée, et je crois que votre présentation sera en mesure
de convaincre tous les collègues.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
J'inviterai maintenant le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député d'Abitibi-Ouest, à prendre la parole.
M. Gendron: Oui, moi aussi très rapidement je voudrais
saluer nos Invités de ce matin, M. d'Anjou, ainsi que Mme Lemieux et Mme
Drouin, en lui souhaitant bonne chance au poste qu'elle convoite puisque M.
d'Anjou a pris la décision de passer à autre chose. J'en profite
pour le remercier, donc. Je ne veux pas me mêler...
M. Pagé: Ah! Donc, il ne vous appuie pas, madame.
M. Gendron: Ce n'est pas que je ne vous appuie pas, madame, c'est
faux, je dis tout simplement que je vais laisser dérouler normalement le
processus démocratique, puisqu'il y a une candidate et un candidat que
j'ai la chance de connaître, tous les deux. Je vais souhaiter bonne
chance aux deux intervenants dans la course. Non, ce qui est important, je
pense, c'est de souligner que M. d'Anjou a fait un bon travail comme
président de la Fédération et je pense que les deux
personnes qui aspirent à la fonction seront en mesure de donner de la
continuité à l'instance et c'est ça qui est important.
J'en profite pour dire que même si le projet de loi n'est pas majeur, ce
matin, c'est intéressant de recevoir des intervenants éducatifs.
Ça va peut-être permettre au gouvernement de prendre conscience
qu'il y aurait lieu de faire ça plus souvent pour "reprioriser"
l'éducation au Québec. C'est un débat d'actualité.
Certains prétendants pensent que l'éducation n'a plus sa place au
Québec actuellement et, plus on aura l'occasion d'entendre les
intervenants, plus il sera peut-être important de convenir
qu'effectivement l'éducation devrait être une priorité
davantage, parce que c'est une donnée fondamentale, en tout cas, pour
les sociétés qui veulent progresser et se développer et
c'est d'autant plus d'actualité que ce matin, comme par hasard, il y en
a un autre gouvernement qui semble vouloir occuper tout le champ. Même si
ça fait peut-être discours de bon aloi de prétendre qu'eux
autres aussi savent que c'est une juridiction du Québec, je trouve
curieux qu'après l'avoir rappelé, pour la première fois,
on y va d'une intrusion aussi grave, aussi sans précédent, en
fixant des paramètres comme on ne l'a jamais fait avec autant de
précision, autant de clarté. Est-ce à dire qu'on pense que
le Québec n'en a pas d'objectif? J'espère que rapidement le
gouvernement du Québec indiquera que ce n'est pas le cas et qu'il est
urgent de dénoncer cette intrusion sans précédent. J'ai
hâte de vous lire.
M. Pagé: C'est déjà fait.
M. Gendron: Si c'est déjà fait, on verra quel
argument vous avez employé.
M. Pagé: Le ministre de l'Éducation se lève
tôt.
M. Gendron: Ah ouil je sais. Alors, je voulais juste profiter de
votre présence pour indiquer d'entrée de jeu ces deux
éléments. Bien sûr, je salue aussi M. Paradis et M. Houde
qui accompagnent M. d'Anjou, Mme Lemieux et Mme Drouin.
Quant au projet de loi, comme remarques préliminaires, deux
remarques, très rapidement. Le député de Saint-Louis, qui
présente le projet de loi, a indiqué que ça s'inscrit
d'entrée de jeu dans la problématique de la loi 107 et de la
création des commissions scolaires linguistiques sur tout le territoire
québécois plutôt que des commissions scolaires
confessionnelles. C'est exact. Donc, c'est un peu une espèce de
disposition préventive par rapport à ce qui devrait rapidement
s'instaurer. Mais, moi, j'en profite, comme remarque, pour dire que c'est quand
même malheureux qu'en 1991 on soit encore dans le contexte que le
ministre a décrit correctement, à savoir que, même si,
depuis des années, la société québécoise
convient que le régime qu'il y a lieu d'instaurer, c'est un
régime de commissions scolaires linguistiques plutôt que
confessionnelles, il n'en demeure pas moins qu'à cause des vieilles
dispositions d'un article qui est complètement désuet et
inadapté et de la Constitution canadienne qui, malheureusement, nous
régit encore on est pris pour en parler.
On ne vit pas encore sous l'ère d'un régime qui
conviendrait à ce que nous pensons, comme société, qui
serait plus le nôtre, c'est-à-dire des commissions scolaires
linguistiques sur tout le territoire. Je pense qu'on est encore loin de la
coupe aux lèvres, même si le ministre faisait un rappel que
ça a l'air que ça avance. Alors, je me rappelle, l'ex-titulaire
de l'Éducation nous a parlé de ça pendant plusieurs
années. On est en 1991 et, moi, je suis loin d'être convaincu que
nous allons vivre rapidement sous l'ère de commissions scolaires
linguistiques au Québec. Ce n'est pas pour 1992, ce n'est pas pour 1993,
en ce qui me concerne et je trouve ça malheureux. C'est
déplorable, c'est même à être dénoncé
parce que ça crée des situations sans précédent; on
l'a encore vu à la période de questions jeudi, avec toutes les
difficultés de toutes natures. Ne pensez pas qu'à l'école
Saint-Luc ça va aussi bien que le ministre l'a décrit jeudi
dernier. Il n'y a pas juste le fait qu'il y a ce dossier-là, mais c'est
évident que, quand on est dans un tel carcan, dans une telle situation
qui ne correspond pas à la réalité objective, il ne me
semble pas qu'on a le cadre opérationnel dans lequel l'éducation
devrait évoluer au Québec. (10 h 30)
Dernier commentaire, ce matin. Pour ce qui est du projet de loi qu'on a
à étudier, je pense
que la Fédération des commissions scolaires réalise
qu'il y a une logique implacable à ce qu'une fédération
puisse regrouper des commissions scolaires sans référence au
statut confessionnel. C'est d'actualité. Ça correspond à
l'évolution de la société. C'est légitime aussi que
le regroupement d'une instance dite nationale ne fasse pas de
référence à l'appartenance religieuse, même si, moi,
je sais qu'il y a des commissions scolaires qui vont continuer à le
faire à l'intérieur de leur projet éducatif au niveau de
l'école ou comme ligne directrice. Je n'ai aucune espèce
d'objection, au contraire; je trouve qu'il est tout à fait sain et
légitime que ces orientations-là soient maintenues, mais pas dans
l'instance qui doit faire le regroupement pour prendre la défense et le
leadership des questions liées à la promotion de
l'éducation au Québec et de la défense des
intérêts de l'éducation.
Donc, je n'ai aucun problème à vivre avec le projet de loi
privé aujourd'hui. Je n'ai pas reçu, comme critique de
l'Opposition, quelque commentaire négatif que ce soit sur les
dispositions du projet de loi qu'on aura à regarder tantôt. Comme
on a nos invités ici, je sais que M. d'Anjou, en présence de son
équipe, sera en mesure de nous présenter les principaux principes
qui l'ont guidé dans la nécessité d'arriver aujourd'hui
avec un projet de loi qui correspond plus à l'actualité
présente des choses. Je serais d'accord pour en prendre connaissance
immédiatement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désireraient prendre la parole, à ce
stade-ci, intervenir? Non, ça va.
Alors, j'inviterai maintenant les requérants à nous
présenter l'objet du projet de loi et je voudrais, à mon tour
aussi, souhaiter la bienvenue aux requérants de ce projet de loi,
surtout à M. d'Anjou qui est le président, avec qui j'ai eu
l'honneur, le privilège dans ce même salon rouge de siéger
comme commissaire à la commission Bélanger-Campeau et avec Mme
Drouin qui était le substitut de M. d'Anjou à la commission
Bélanger-Campeau. Je vois que le salon rouge est la rencontre des grands
événements et des grands esprits.
M. d'Anjou, je vous souhaite aussi bonne chance dans votre nouveau
mandat comme maire de Mont-Joli. Je sais qu'en tant que voisin nous aurons
l'occasion de travailler ensemble. Je suis sûr que ce sera, comme
à la commission Bélanger-Campeau, pour le meilleur avenir du
Québec et des régions. Sur ce, je vous invite à nous
présenter l'objet de ce projet de loi.
M. d'Anjou (Guy): Mme la Présidente, je vous remercie
d'abord pour vos bonnes paroles et pour nous avoir accueillis assez rapidement
pour que cette modification à la loi de la Fédération
puisse être adoptée avant notre assemblée
générale qui a lieu au début de juin.
Je veux remercier aussi le député de Saint-Louis, qui est
un ancien président de la Fédération, d'avoir
accepté de parrainer ce projet de loi. Il était président
au moment où l'assemblée générale a adopté
une résolution s'ouvrant en faveur des commissions scolaires
linguistiques et également demandant au conseil d'administration
d'envisager une modification à la loi de la Fédération
pour changer le nom de la Fédération en celui qui est
proposé dans le projet de loi.
Je veux remercier M. le ministre de l'Éducation d'être
présent et de nous appuyer dans cette démarche. Je remercie
également le critique parlementaire de l'Opposition pour son excellente
collaboration et son appui aussi dans cette démarche. S'il y a eu
certains retards dans l'évolution des mentalités c'est qu'il faut
bien reconnaître que les catholiques et les protestants, aussi bien que
les anglophones, étaient un un peu inquiets quant à l'avenir des
commissions scolaires et désiraient une protection constitutionnelle
pour l'existence de commissions scolaires de sorte que non seulement les
protestants, mais également les anglophones puissent avoir la gestion de
leurs institutions. Et la position de la Fédération, c'est de
s'ouvrir vers cette évolution mais également nous maintenons
quand même ce que nous avons déclaré à la commission
Bélanger-Campeau, à savoir que l'existence des commissions
scolaires devait être protégée par la Constitution, pas
simplement par une loi de l'Assemblée nationale, et que les droits
historiques des anglophones et des minorités soient
protégés et les droits historiques des catholiques et des
protestants soient reconnus par la Constitution, qu'il s'agisse d'une
constitution canadienne modifiée ou d'une constitution
québécoise.
Alors, les attendus du projet de loi. Évidemment la
Fédération des commissions scolaires catholiques est
constituée en corporation depuis 1960-1961. Attendu qu'il est
souhaitable de permettre à la Fédération d'accepter comme
membre toute commission scolaire du Québec sans référence
au statut confessionnel ou linguistique et attendu qu'il est souhaitable que le
nom de la Fédération soit modifié pour être celui de
Fédération des commissions scolaires du Québec.
Je pense que derrière ça se cache vraiment une
orientation, une ouverture dans l'intérêt de la
société québécoise en faveur de commissions
scolaires linguistiques, toujours sous réserve de protection
constitutionnelle qu'on désire obtenir dans l'avenir quand ça
sera possible.
Je constate quand même par vos remarques, Mmes, MM. les
députés, que vous avez très bien compris de quoi il s'agit
et je sens bien que vous appuyez notre démarche et que ce projet de loi
sera adopté rapidement. Alors pour vous sauver du temps, je n'irai pas
beaucoup plus loin. Je répondrai à vos questions, si vous avez
besoin d'éclaircissements supplémentaires. Je vous remercie
beaucoup de votre accueil.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
président. J'appelle donc le préambule du projet de loi 289, les
attendus dont vous venez de faire mention. M. le ministre, est-ce que vous avez
des commentaires?
M. Pagé: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui. C'est plus une question. Moi, elle ne me fait
pas problème, mais juste pour vérifier quelque chose. Que la
Fédération souhaite qu'il n'y ait pas de référence
au statut confessionnel, ça m'apparaît tellement être fa
situation présente, c'est correct, c'est légitime, ça ne
fait pas d'objection chez personne. Je ne dis pas que ça en fait quand
vous continuez la phrase "ou linguistique". La question que je pose c'est:
Est-ce qu'à ce niveau-la vous avez eu des représentations de la
part de la fédération protestante, le regroupement
protestant?
M. d'Anjou: On n'a eu aucune représentation ni aucun
contact avec eux là-dessus. Il n'y a vraiment pas eu de...
M. Gendron: Donc, il n'y a personne qui a laissé voir que
ça pourrait poser des problèmes quant à
l'éventuelle possibilité - on met ça au pire - de faire
disparaître votre pendant au niveau de...
M. d'Anjou: Ce n'est pas l'objectif que nous visons.
M. Gendron: Moi, j'en suis conscient que ce n'est pas l'objectif
que vous visez, mais...
M. d'Anjou: Non, pas du tout.
M. Gendron:... à partir du moment où il n'y a plus
de référence ni linguistique du tout... confessionnelle, j'en
suis; linguistique, j'en suis aussi. Je pense que ça sera à eux
autres à faire le choix. C'était plus vérifier si,
d'aucune façon, il y a eu quelques représentations qui soient
faites manifestant des inquiétudes de la part de certains regroupements
ou de personnes au niveau linguistique.
M. d'Anjou: Non. Il n'y a eu aucune représentation qui
nous a été faite et, nous, de notre côté, nous
n'avons fait aucun maraudage.
M. Gendron: Ça me va.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le
préambule du projet de loi 289 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 1 du
projet de loi 289. M. le ministre.
M. Pagé: Pas de commentaires. M. Gendron: Pas de
commentaires.
La Présidente (Mme Hovington): Pas de commentaires?
M. Gendron: Non, mais c'est ça, je répondais...
M. Pagé: L'article parle par lui-même.
M. Gendron: Pas de commentaires, moi non plus. Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Pagé: Adopté. M. Gendron:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 2.
M. Pagé: La même chose, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Sans commentaires? Est-ce
que l'article 2 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 3.
M. Pagé: Adopté. M. Gendron:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Pagé: Adopté. M. Gendron:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi...
M. Pagé: L'article 6.
La Présidente (Mme Hovington): Ah! L'ar-
tide 6, pardon. Est-ce que l'article 6...
M. Pagé: Adopté, Mme fa Présidente. La
Présidente (Mme Hovlngton): Adopté. M. Qendron:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le titre du
projet de loi 289, c'est-à-dire Loi modifiant la Loi concernant la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, est adopté?
M. Gendron: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le projet de
loi, dans son ensemble, est adopté?
M. Gendron: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): C'est rapide. Alors, il me
reste à vous remercier, M. le président, M. d'Anjou, Mme la
première vice-présidente, Mme Drouin; Mme Lemieux,
deuxième vice-présidente, M. Houde, avocat, et M. Fernand
Paradis, directeur général. Je vous remercie au nom de tous les
membres de la commission d'être venus nous présenter votre projet
de loi ce matin.
M. d'Anjou: Mme la Présidente, Mmes, MM. les
députés, encore une fois merci pour votre accueil. Merci
bien.
La Présidente (Mme Hovington): Nous allons suspendre
quelques minutes pour laisser le temps aux prochains requérants de
prendre place à la table.
(Suspension de la séance à 10 h 40) (Reprise à 10 h
43)
Projet de loi 283
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation reprend ses travaux. Si vous voulez, je ne
réitérerai pas les règles pour l'adoption d'un projet de
loi privé, je pense que vous étiez ici quand je les ai
rappelées tout à l'heure. Alors, nous allons procéder
maintenant d'abord à l'étude du projet de loi 283, Loi modifiant
la charte de l'Université Laval. Je vous invite à prendre place
et je vais céder la parole maintenant au député de
Louis-Hébert qui est le proposeur de ce projet de loi pour la
présentation des requérants et pour des remarques
préliminaires s'il y a lieu.
Remarques préliminaires
M. Doyon: Merci, Mme la Présidente. Quelques mots pour
saluer M. le recteur et M. te vice-recteur ainsi que - je ne me souviens pas de
votre nom, je regrette - leur souhaiter la bienvenue.
C'est un jour important pour l'Université Laval et aussi pour le
député de Louis-Hébert qui a l'honneur de compter cette
importante institution universitaire dans son comté.
L'Université Laval, par la voix de son recteur et de ses
représentants, a été en contact avec moi depuis maintenant
plusieurs mois. Nous avons eu des rencontres où nous avons eu l'occasion
de faire le tour du dossier et des échanges de correspondance ont eu
lieu. J'ai un épais dossier, Mme la Présidente, dont je vais vous
faire grâce. Je sais que M. le recteur a des représentations et
qu'il est bien armé pour répondre aux questions des membres de
cette commission.
Pour ma part, en tant que parrain de ce projet de loi là, ce que
j'ai voulu faire c'est m'assurer que la consultation préalable avait eu
lieu. De ce côté-là j'ai eu toutes les assurances
nécessaires et je me suis déclaré, et je le fais
maintenant en commission, totalement satisfait de la façon dont
l'Université Laval a procédé.
C'est un projet de loi qui vient en temps opportun pour
l'Université Laval mais qui a été annoncé depuis
longtemps par les gens qui, maintenant, dirigent l'Université Laval. Il
s'agit pour l'Université Laval de mettre à jour et de moderniser
ses structures et de voir à une transformation radicale de son conseil
actuel en un conseil d'administration et un conseil universitaire. Il s'agit
aussi d'accroître significative-ment la participation des membres
externes au sein de son conseil d'administration. M. le recteur vous expliquera
sûrement toutes les procédures qui ont été suivies,
comment le projet a vu le jour, quelles sont les étapes qu'il a
franchies au sein de l'université, quelles sont les consultations qui
ont été faites aussi bien avec les corps syndicaux. Je sais qu'il
y a eu des réserves de ce côté-là mais je pense que
ces réserves-là sont moins radicales qu'elles ne l'étaient
à un certain moment. Je sais aussi que l'Université Laval est
capable de répondre aux questions que les membres de cette commission
peuvent avoir. Donc, je ne voudrais pas prendre plus de temps qu'il n'en
faut.
Simplement pour terminer, de dire que je félicite les
responsables de ce projet de loi là. Je sais qu'ils ont
été aidés et appuyés par Mme la ministre, par les
membres de son cabinet, par les gens de son ministère qui se sont
assurés que tout était fait en conformité avec les grands
objectifs de l'enseignement supérieur et de l'enseignement universitaire
qui sont poursuivis par le gouvernement du Québec. Donc, je veux
féliciter les gens de l'Université. Je veux les
assurer et continuer de les assurer de mon appui en ce qui concerne tout
ce qui touche l'Université Laval.
Vous me permettrez de profiter de l'occasion, Mme la Présidente,
pour souligner que depuis que je suis député je pense que nous
pourrons dire que pour ce qui est de l'Université Laval, en tout cas, la
mission aura été accomplie. Il y a aura, si je ne me trompe pas,
cinq pavillons très importants qui auront vu le jour à
l'Université Laval, si on compte les deux derniers qui ont
été annoncés, depuis que je suis député. Ce
n'est pas rien dans les temps difficiles que nous vivons. Je m'en
félicite et je remercie les gens de l'Université de ne jamais
avoir lâché quand il s'est agi de poursuivre la réussite de
ces dossiers-là. C'est grâce à leur
persévérance et le petit rôle que j'ai pu jouer, c'est un
rôle d'appui, c'est un rôle de soutien, c'est un rôle de
courroie de transmission, mais qui est parfois nécessaire, pour ne pas
dire essentiel. Je l'ai fait avec beaucoup de plaisir et, sans plus de
délai, Mme la Présidente, sans leur céder la parole parce
que ça vous appartient, je vous dirai que c'est la présentation
que je voulais faire du projet de loi 283 qui est devant nous actuellement.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Je vais présenter... Je
vais dire les noms dont vous ne vous souveniez plus, je crois bien, de
certains... Il y a M. Michel Gervais ici, recteur de l'Université Laval;
bienvenue! M. Yves Giroux, adjoint au recteur, et M. Jean Beauvais, conseiller
juridique de l'Université Laval. Voilà! Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur, vous avez la parole.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. Il me fait
énormément plaisir aujourd'hui de me joindre aux membres de cette
commission qui va étudier le projet de loi modifiant la charte de
l'Université Laval. J'en profite pour saluer bien chaleureusement M. le
recteur Gervais et son équipe, et pour dire combien il me fait plaisir
aussi de profiter de l'occasion pour souligner l'excellent travail qui est fait
à l'Université Laval. Il faut le réaliser,
l'Université Laval est une de nos universités
québécoises qui joue un très grand rôle dans notre
milieu.
L'an dernier, Mme la Présidente, il y avait au-delà de 35
000 étudiants à temps complet à l'Université Laval
et j'étais heureuse de constater que, parmi cette clientèle, il y
avait au moins 54 % de clientèle féminine au sein de
l'Université Laval. Je vois que les femmes sont très
présentes au 1er cycle et au 2e cycle. Il faudrait peut-être faire
un effort supplémentaire pour le 3e cycle. Mais, en même temps, je
constatais aussi que, l'an dernier, l'Université a fait un sondage
auprès de ses diplômés et elle a réalisé
combien les diplômés étaient satisfaits de
l'éducation qu'ils avaient reçue à l'Université
Laval. Au-delà de 90 % des diplômés ont
manifesté leur satisfaction de l'éducation qu'ils avaient
reçue à l'Université Laval et je pense qu'il est bon de le
noter. C'est très clair que nous avons une qualité au niveau de
l'enseignement supérieur qui se donne à l'Université.
C'est la même chose au niveau de la recherche. En 1989,
l'Université Laval avait au-delà de 66 000 000 $ en contrats et
subventions au niveau de la recherche; alors, là aussi, elle joue un
rôle très important dans notre milieu québécois et
je pense que c'est important de le souligner. L'Université Laval, il
faut le dire, est une université qui est très près de son
milieu, déjà, près de tous les gens qui entourent cette
université-là, mais le projet de loi d'aujourd'hui, je pense que
c'est pour faire un pas de plus pour l'Université Laval. C'est vraiment
son ouverture vers le milieu et je pense qu'on peut le dire très
clairement, c'est l'objectif central de ce projet de loi en créant
maintenant deux conseils: le conseil d'administration, où nous allons
voir des gens de l'extérieur, à ce moment-là des
représentants du milieu qui vont participer aux prises de
décisions concernant l'administration de l'Université Laval, mais
aussi un conseil universitaire où, là, nous allons conserver aux
universitaires, je dirais, la haute main concernant toutes les questions
académiques en matière d'enseignement et de recherche. Alors, je
pense vraiment qu'il y a un équilibre qui est fait par ce projet de loi
là. On dit maintenant: L'université arrive à l'ère
du modernisme. Quand on dit ça, Mme la Présidente,
l'Université Laval est déjà à l'ère du
modernisme, il restait peut-être, au niveau de ses structures
décisionnelles, à s'allier à toutes les universités
québécoises, canadiennes et nord-américaines qui ont deux
conseils, tel qu'elle nous le présente aujourd'hui. Dans ce
sens-là, je pense que M. le recteur pourra très bien nous
expliquer les objectifs qu'il poursuit avec son projet de loi.
J'en profite, Mme la Présidente, pour vous dire aussi combien
j'ai apprécié, comme ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science, le processus qui a été suivi par les
autorités de l'Université Laval. C'est vraiment une preuve, je
pense, de tout un exercice démocratique qui a été fait par
l'Université Laval: maintes et maintes et maintes consultations au
niveau de ce projet de loi. Vraiment, tout le milieu a été
associé à maintes reprises, et, dans ce sens-là, je tiens
vraiment à féliciter les autorités de l'Université
Laval pour ce processus qu'ils ont suivi. De même, en plus du fait que le
projet de loi a fait l'objet d'une large consultation, qui est allée
chercher aussi des consensus dans le milieu, il y a eu aussi un travail de
collaboration qui a été fait avec mon ministère, avec la
direction générale de l'enseignement et de la recherche
universitaire, avec le service juridique du ministère et, dans ce
sens-là, Mme la Présidente,
je tiens à vous dire que je suis très heureuse d'appuyer
ce projet de loi privé présenté par l'Université
Laval. Je pense que c'est un pas important pour cette université dans sa
démarche de collaboration et de partenariat avec toute la
société québécoise.
La Présidente (Mme Hovlngton): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Moi également, rapidement, Je voudrais
saluer M. le recteur, M. Gervais, recteur de l'Université Laval, M.
Giroux ainsi que M. Beauvais qui l'accompagnent. Je pense que c'est clair qu'on
est heureux aujourd'hui de donner suite à une longue réflexion et
une importante réflexion de modernité, d'adaptation encore
là à une réalité du Québec, que les milieux
universitaires soient de plus en plus ouverts aux collectivités. Nous
reconnaissons tous que vous avez joué et j'espère que vous allez
continuer à jouer - ça, je n'en doute pas une seconde - un
rôle majeur au niveau de la formation universitaire au Québec.
C'est le cas également au niveau de la recherche universitaire.
Même dans les régions éloignées, il nous arrive
d'entendre parler des recherches qui sont faites à l'Université
Laval dans certains secteurs de développement. Je pense entre autres au
secteur forestier où on tenait en Abitibi, il n'y a pas longtemps, un
colloque sur la recherche universitaire forestière, et
l'université la plus abondamment citée par les collaborateurs qui
étaient présents... Les types de recherche que vous effectuez sur
des points spécifiques, que ce soit la génétique de
l'arbre ou ainsi de suite, vous connaissez ça bien mieux que moi,
proviennent heureusement d'une université de chez nous qui a une
très grande emprise ici dans la grande région de Québec,
dans la capitale, et c'est important qu'il en soit ainsi.
Le député qui présentait le projet de loi, le
député de Louis-Hébert, disait d'entrée de jeu
qu'il s'agit probablement d'une heureuse journée ou d'un jour
extraordinaire. Moi, je ne le sais pas et je ne peux pas en conclure à
ce niveau-là. Mais, une chose qui est certaine, il s'agit d'un heureux
aboutissement d'un long processus de discussion, d'échanges, de
consultations de toutes sortes et de moult réécritures, parce que
vous avez eu l'occasion de réécrire, j'ai eu l'occasion de me
taper vos procès-verbaux de révolution de ce dossier-là.
Vous avez eu également l'amabilité de nous mettre dans le coup en
nous informant de nombreux cheminements et nous indiquer quels étaient
vos objectifs. Une chose qui est certaine, il m'apparaît que la
manière de faire - et on a cette responsabilité, Mme la
Présidente, lors d'un projet de loi, d'un bill privé - est de
regarder si des intervenants plus spécifiquement concernés par un
projet de loi ont eu l'occasion d'être entendus, de se faire valoir, de
communiquer leur prétention ou leur Inquiétude, parce que des
fois il y a des inquiétudes. Dans ce projet de loi là, ça
ne fait - en tout cas en ce qui me concerne, je vais parler pour moi et non pas
pour les autres - pas l'ombre d'un doute que les intervenants, qui à
juste titre, à certains moments donnés de l'évolution de
ce projet de loi là, selon moi, ont eu à communiquer au recteur
et à son équipe de travail... C'est depuis août 1989 que
vous êtes au chantier là-dessus. Ils ont eu l'occasion, que ce
soient des groupes d'étudiants, des groupes de professeurs, qui avaient
des inquiétudes, légitimes, à certains moments, normales
à d'autres, de vous communiquer leurs craintes, leurs
appréhensions, parce que moi je suis très heureux que cette
ouverture de l'Université Laval se fasse sur ce que j'appellerais la
composante moderne de permettre à des gens de l'extérieur de
venir donner cette complémentarité au milieu universitaire,
à ce grand conseil de bande qui, de temps en temps, reste
peut-être un peu trop dans sa chasse gardée. Et ce n'est pas pour
rien - je tiens à le rappeler rapidement -que M. Laplante disait: Avec
un retard qui s'explique au moins en partie par son histoire cléricale -
disait-il - l'Université Laval semble sur le point de laisser enfin
l'air extérieur s'insérer jusque dans ses instances
suprêmes.
Tous les choix de termes, je pense, étaient appropriés
à l'Université Laval. Se laisser pénétrer
d'éléments extérieurs, ça n'a pas toujours
été bienvenu pour toutes sortes de raisons. Et, encore là,
c'est volontaire, Mme la députée qui me regardez de travers, le
choix de termes n'est pas mauvais. Je veux juste dire que c'était
heureux qu'à l'Université Laval ils arrivent enfin à
permettre cette ouverture sur le monde extérieur. C'est une
complémentarité utile, lorsque nous voulons maximiser le type de
formation à être offert, cette bonne dualité au niveau
d'une bonne lecture de la demande précise comme formation qui doit
être donnée, liée à des créneaux de
développement, liée à des besoins d'adaptabilité au
niveau de virages technologiques ou d'économie tout court. Et je pense
que c'est ce qu'on va saluer aujourd'hui en prenant connaissance des
différents articles.
En termes de conclusion, je ne veux pas être long. Il n'y a rien
de mieux que les présentateurs et ceux qui l'ont vécu de
l'intérieur d'une façon très intense. Je sais que c'est
votre cas, M. Gervais. Vous l'avez vécu d'une façon très
intense, pour nous en parier. Mais je conclurai en disant ceci, pour parodier
un peu le député de Saguenay, qui disait qu'il en avait
parié à sa fille et il était convaincu que le budget
était un excellent budget. Alors, moi j'ai eu l'occasion d'en parier
à mon fils et à ma fille qui ont la chance de fréquenter
l'Université Laval et ils m'ont dit que c'était un excellent
projet de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Donc, je ne verrais pas pourquoi on ne
procéderait pas rapidement à l'étude. Tout le monde aura
compris que c'est sur le ton de l'humour parce que, bien sûr, c'est
beaucoup plus parce qu'on a eu l'occasion de l'apprécier, le projet de
loi, d'en prendre connaissance, de faire quelques vérifications avec les
concernés parce qu'il y a plusieurs concernés, et il
m'apparaît que c'est un projet de loi qui a suivi le cheminement requis,
qui a suivi les consultations qu'il devait avoir et, aujourd'hui, globalement,
il y a quelques éléments que je vais questionner. Mais, dans sa
globalité, il m'apparaît que c'est une modification utile à
la charte de l'Université Laval qui était devenue
nécessaire pour des raisons qu'on aura l'occasion d'expliquer article
par article. Je mets fin à mes remarques préliminaires, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Je suis bien
contente d'entendre le député d'Abitibi-Ouest dire qu'il fait
consensus pour dire que le budget du Québec est un bon budget...
M. Gendron: Je n'ai jamais dit de folie de même... Je n'ai
jamais dit de folie de même, Mme la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): ...surtout pour les
régions, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je n'ai rien dit pour les régions, non, non.
Vous relirez le discours du député de Saguenay. Ça devait
être un bon budget parce que sa fille était d'accord. Alors, moi
je dis...
La Présidente (Mme Hovington): C'est une bonne raison.
M. Gendron: ...évidemment, j'ai d'autres motifs,
même si ma fille et mon fils fréquentent l'Université
Laval, de dire que c'est un bon projet de loi.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui voudraient prendre la parole? M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Mme la Présidente, je viens de lire le projet
de loi. Je dois dire que c'est un pas dans la bonne direction, mais ce n'est
qu'un pas. C'est vrai, vous vous ouvrez à la nomination de gens de
l'extérieur, mais vous les cooptez. C'est-à-dire, vous les
choisissez. C'est-à-dire, vous choisissez... Les sept personnes sont
nommées par le conseil de l'Université, les sept personnes
d'ouverture sur l'extérieur sont nommées par un mécanisme
de cooptation. C'est un pas dans la bonne direction, mais il y a d'autres pas
à faire pour l'ouverture de l'Université Laval et je pense qu'on
pourra le signaler au moment de l'étude article par article. Merci, Mme
la Présidente. (11 heures)
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui voudraient intervenir ou faire des remarques
préliminaires? Alors, j'inviterais M. le recteur de l'Université
Laval, M. Gervais, à nous présenter l'objet du projet de loi que
nous avons devant nous. M. Gervais.
M. Gervais (Michel): Mme la Présidente, Mme la ministre,
Mmes et MM. les membres de la commission, permettez d'abord que je remercie Mme
la ministre de son appui et de ses bonnes paroles qui constituent pour la
direction de l'Université Laval un encouragement auquel, je vous le dis
sincèrement, je suis très sensible. Je remercie également
le député de Louis-Hébert pour ses bons mots et je ne peux
manquer de souligner son appui constant dans les différents dossiers
d'intérêt pour l'Université Laval et notamment dans les
importants projets d'investissement qu'elle a réalisés ou qu'elle
s'apprête à réaliser sur le campus de Salnte-Foy. Je
remercie également le porte-parole de l'Opposition officielle de son
accueil bienveillant lorsque nous l'avons rencontré pour lui
présenter notre projet. On vous a déjà
présenté les personnes qui m'accompagnent: M. Yves Giroux et Me
Jean Beauvais.
Je veux vous remercier d'abord de me donner l'occasion de vous
présenter ce projet qui, on l'a dit, est d'une grande importance pour
l'avenir de l'Université Laval. Tout en étant aussi bref que
possible, j'aimerais vous tracer un court historique de l'évolution de
la structure décisionnelle de notre université, vous rappeler les
buts poursuivis par notre projet de réforme, dire un mot de la
consultation menée sur le présent projet, en tracer les
éléments essentiels et, enfin, le situer par rapport à ce
que nous connaissons de la situation des autres universités
nord-américaines.
L'Université Laval retrace ses origines en 1663, alors que Mgr
François de Montmorency Laval fondait, ici même à
Québec, le Séminaire, qui devait formellement, deux
siècles plus tard, donner naissance à l'Université Laval.
Notre université était ainsi la première université
francophone et l'une des plus anciennes en Amérique, après Lima,
Mexico et Harvard. La création formelle eut lieu en 1852 alors que la
reine Victoria accédait à la demande du Séminaire de
Québec et octroyait une charte royale. L'année suivante, le pape
Pie IX accordait la reconnaissance pontificale aux diplômes émis
dans le domaine de la théologie catholique. Il confirmait cette
reconnaissance en 1876 en accordant une charte pontificale. La charte de 1852
prévoyait que les affaires de l'Université seraient
sous la responsabilité d'un conseil de l'Université
constitué des directeurs du Séminaire de Québec et des
trois plus anciens professeurs des facultés de théologie, de
droit, de médecine et des arts. Cette situation a prévalu
jusqu'en 1971, mais n'a pas été sans causer des problèmes
majeurs à partir du milieu des années quarante alors que
l'université commençait à connaître une expansion
considérable, que plusieurs nouvelles facultés étaient
mises sur pied et qu'il fallait en assurer la représentation.
En 1971, une nouvelle charte fut octroyée par la
Législature du Québec. Elle avait été
rédigée dans la foulée des grandes revendications qui ont
bouleversé les universités à l'échelle mondiale
à partir de 1968. La charte accordait donc une très large place
à la communauté universitaire et en particulier aux professeurs
et aux étudiants. Cette charte, toujours en vigueur aujourd'hui,
prévoit que les droits et pouvoirs de l'Université sont
exercés par un conseil unique comportant une majorité
d'élus et constitué essentiellement de professeurs et
d'étudiants. Il ne compte que 4 membres externes sur un total de 52
membres votants. C'est aussi en 1971 qu'était créé un
collège électoral pour le choix du recteur.
Je ne veux pas affirmer ici que l'Université Laval n'a pas
été capable de bien se diriger dans le cadre de la charte de
1971, mais je dois dire qu'elle a vite rencontré des difficultés
opérationnelles pour fonctionner avec le conseil de l'Université
tel que créé par la charte. Le problème est qu'un trop
grand nombre de questions de nature variée aboutissent sur la même
table décisionnelle. Le conseil se trouve continuellement
déchiré entre une recherche d'efficacité pour le
règlement des affaires administratives et un désir d'analyser en
profondeur et avec tout le temps requis les questions académiques plus
fondamentales. Le conseil a toujours réussi à trouver un assez
juste équilibre, mais en sacrifiant parfois un peu trop à l'un ou
à l'autre de ces impératifs irréconciliables. De plus,
dans le contexte des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, une
représentation numériquement aussi faible de membres de
l'extérieur - je vous rappelle qu'il n'y en a que 4 sur 52 - n'est tout
simplement plus acceptable, l'Université se trouvant coupée d'une
expertise précieuse et d'une possibilité d'éclairage
très pertinent pour l'aider à se diriger.
Il est clair aussi qu'il y a des incidences directes et indirectes sur
les possibilités de faire appel au public pour assurer une partie du
financement de l'Université. C'est ainsi que les buts visés par
la réforme sont, d'une part, d'améliorer l'efficacité de
la gestion académique et de la gestion administrative et, d'autre part,
d'inviter notre milieu socio-économique à partager, avec la
communauté universitaire, la responsabilité de guider et de
diriger l'Université Laval.
Les cinq objectifs spécifiques que j'ai proposés à
la communauté universitaire et que j'ai répétés
publiquement à plusieurs occasions sont les suivants: d'abord, assurer
la sauvegarde de l'Université et protéger son autonomie, rendre
plus féconde l'interaction entre l'Université et la
société, accroître l'efficacité et la
crédibilité de la gestion universitaire, créer un forum
propice aux débats sur les questions académiques et, enfin,
renforcer le soutien politique et financier de l'Université.
La décision de solliciter une nouvelle charte auprès de
l'Assemblée nationale du Québec relève formellement du
conseil de l'Université. Mais une transformation aussi fondamentale pour
la vie de l'Université ne peut réussir que si, d'une part, chaque
membre de la communauté universitaire a la possibilité de prendre
connaissance du projet et d'exprimer son avis et si, d'autre part, une
majorité de la communauté est d'accord avec la transformation
proposée. élément de mon programme d'action comme candidat
au rectorat, le projet de restructuration a donc fait l'objet d'un document de
principe que j'ai soumis à la consultation générale au
cours de l'automne 1969. J'ai alors personnellement rencontré une
trentaine de groupes et des centaines de membres de la communauté
universitaire dans diverses facultés du regroupement. J'ai aussi
reçu 45 avis écrits sous forme de lettres ou de documents. Un
projet détaillé de nouvelles chartes et de nouveaux statuts
publié en janvier 1990 a été étudié lors
d'audiences publiques tenues en septembre 1990. Sur une période de deux
semaines, un groupe de travail a alors consacré 35 heures à
rencontrer 113 personnes et entendre 76 mémoires. Le conseil a tenu 2
séances spéciales en octobre portant sur le rapport des audiences
et à nouveau en février dernier, pour procéder à
l'examen, article par article, du projet de nouvelles chartes et du projet de
nouveaux statuts. C'est finalement par un vote de 40 à 10 que le conseil
s'est prononcé sur l'essentiel du projet et m'a donné mandat de
le présenter à l'Assemblée nationale. Je mentionne que le
fait qu'il n'y ait pas ce matin d'opposants au projet, je pense, s'explique par
ce processus très élaboré de consultations auquelles Mme
la ministre, M. le député de Louis-Hébert et M. le
porte-parole de l'Opposition ont fait référence
précédemment.
À la suite de l'ensemble de ce processus, je crois pouvoir
affirmer sans la moindre hésitation que tous les
intéressés ont eu la possibilité d'être
complètement informés du projet, que tous les
intéressés ont eu la possibilité de formuler leur avis,
qu'une très large majorité de la communauté universitaire
est parfaitement en accord avec le projet proposé et qu'il en va de
même des représentants de la société qui se sont
exprimés en grand nombre sur la réforme.
Le projet que vous avez entre les mains comporte, à mon avis,
quatre éléments majeurs.
Tout d'abord, bien sûr, te remplacement du conseil de
l'Université par un conseil d'administration et un conseil universitaire
qui se partageront ces pouvoirs, l'un se consacrant aux affaires
administratives et l'autre aux affaires académiques. Outre
l'efficacité pour les affaires administratives, nous y gagnerons, et
c'est un élément extrêmement important, en qualité
des débats pour les questions proprement universitaires au sein du
conseil universitaire.
La deuxième caractéristique est la présence au sein
du conseil d'administration d'un nombre important de représentants du
milieu socio-économique. De 4 sur 52 qu'ils sont présentement,
ils passeront à 12 sur 25 si je m'en tiens aux membres ayant voix
deliberative. Ils constitueront donc, à toutes fins pratiques, la
moitié du conseil d'administration. C'est là, à notre
avis, un progrès considérable qui nous donne un juste
équilibre dans le profil de cette instance décisionnelle.
Le troisième élément est l'attribution de pouvoirs
décisionnels au conseil universitaire sur les questions
académiques. Le bicaméralisme que nous proposons est donc, pour
l'essentiel, constitué de deux chambres décisionnelles, chacune
de son côté.
Dernière caractéristique à mentionner et qui est
conséquente à la précédente: l'instauration dans la
charte d'un mécanisme de résolution des conflits pour les
situations où les deux conseils pourraient ne pas s'entendre sur leurs
champs de juridiction respectifs et prétendre tous deux avoir pouvoir de
décision finale sur la même question. Un comité paritaire
serait créé pour étudier le litige. Le conseil
d'administration trancherait en dernière instance. Nous assurons, par
là, que le système bicameral ne puisse pas aboutir dans une
impasse.
J'ajoute qu'il a paru utile, voire nécessaire, à la faveur
de ce changement législatif, d'inclure dans la charte de
l'Université Laval une clause touchant les donations, clause qui est la
transcription exacte d'une disposition que le législateur a cru bon
introduire dans la loi de l'École des hautes études commerciales
et dans celle de l'École polytechnique.
Il nous semble utile, en terminant, de vous situer un peu notre projet
dans l'environnement des structures administratives courantes en
Amérique du Nord. La première caractéristique de
l'environnement est l'universalité du système bicameral au Canada
et aux États-Unis. En effet, abstraction faite de quelques petites
universités, seules, en Amérique du Nord, l'Université
Laval et l'Université de Toronto sont dirigées par un conseil
unique, soit donc un système unicaméral. Toutes les autres ont
depuis longtemps, depuis toujours, d'ailleurs, dans la plupart des cas, un
conseil d'administration et un conseil universitaire qu'on appelle souvent un
sénat académique chez les anglophones.
L'Université de Toronto, pour sa part, est arrivée au
même constat que l'Université Laval au sujet des
difficultés de fonctionnement avec un conseil unique. Elle a cependant
utilisé une approche plus complexe pour régler la question,
n'ayant pas jugé opportun, en 1988, de se présenter devant la
Législature ontarienne.
Pour l'Université Laval, il s'agit donc, aujourd'hui, d'adopter
un modèle qui a largement fait ses preuves ailleurs. La participation
externe à 48 % des membres du conseil d'administration est
légèrement en deçà de ce qu'on trouve en
général dans les universités canadiennes où la
proportion est plutôt de 60 % à 70 %. Il faut noter, toutefois,
qu'à l'Université du Québec cette participation externe
n'est que de 33 %. La décision de Laval s'explique par une
volonté de se situer dans une continuité de la tradition de
l'université, en particulier telle que consignée dans la charte
de 1971 qui prévoyait, comme je l'ai dit, une très forte
participation de la communauté universitaire dans la direction des
affaires de l'université.
On doit aussi noter, à l'Université Laval, que le principe
de l'élection d'un recteur par un collège électoral, assez
unique en Amérique du Nord, confère à l'individu ainsi
choisi une autorité particulière qui doit être prise en
compte dans l'analyse de l'équilibre des forces au sein du conseil
d'administration. La taille du conseil universitaire avec, selon notre projet
de statut, 52 membres avec voie deliberative en fait un conseil
étonnamment relativement petit quand on le compare aux 70 à 90
membres que l'on retrouve dans les autres universités de taille
comparable à celle de l'Université Laval.
L'attribution de pouvoirs décisionnels réels au conseil
universitaire est aussi une caractéristique propre. Il est plus courant,
ailleurs, de voir le conseil d'administration entériner les
décisions du conseil universitaire, ce qui se fait
généralement automatiquement. À l'Université Laval,
avec le mécanisme de résolution de conflits instauré par
la charte proposée, il devient possible de conférer le pouvoir
officiel à l'instance qui détient le pouvoir effectif.
En conclusion, je dirai que nous arrivons ainsi à un
système qui, tout en étant compatible avec le contexte
québécois et nord-américain, comporte des traits uniques
qui correspondent à la personnalité propre de l'Université
Laval et respectent les traditions cultivées au cours de sa longue
association avec la société québécoise. Nous sommes
profondément convaincus que les modifications que nous vous demandont
d'apporter à notre loi nous doterons d'un système qui nous
servira bien et longtemps et nous permettra d'atteindre pleinement les
objectifs proposés par ce projet de restructuration.
Je tiens à remercier à nouveau la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science aussi bien que les
représentants de l'Opposition officielle de leur accueil bienveillant
lors des séances de travail au cours desquelles j'ai pu,
avec mes collaborateurs, leur présenter en détail les
motifs et le contenu de notre projet de réforme. J'exprime aussi,
à nouveau, la reconnaissance de l'Université à l'endroit
de M. Réjean Doyon, député de Louis-Hébert, qui a
bien voulu accepter de se faire le parrain du projet de loi, et je vous
remercie tous de votre bienveillante attention.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le recteur.
Alors, j'appellerai le préambule du projet de loi 283, les attendus.
Est-ce que vous avez des remarques à faire? Non? (11 h 15)
Étude détaillée
M. Gendron: Bien, j'ai une seule remarque, Mme la
Présidente, qui ne s'adresse pas nécessairement à M.
Gervais, mais pour ceux qui nous liront. Moi, je trouve que dans le
préambule, s'il a très bien et clairement exprimé vos
intentions, je veux rappeler cependant que, dans la notion de membres provenant
de l'extérieur, je lis trop souvent et, dans la conception de certains,
il arrive trop souvent qu'on entend par là uniquement ce qu'on appelle,
entre guillemets, les socio-économiques. Alors, j'espère que dans
le préambule ce n'est pas de ça que vous convenez. On va avoir
l'occasion d'y revenir, mais je tenais à le dire à ce moment-ci
parce que, quand j'ai salué tantôt l'heureuse initiative et
l'ouverture, l'oxygène extérieur pour venir en
complémentarité aider un conseil d'administration à
s'ouvrir et être plus dans la réalité des besoins de la
modernité, ça ne voulait pas dire dans mon esprit uniquement une
ouverture aux hommes d'affaires et je n'ai rien contre les hommes d'affaires,
je tiens à le souligner tout de suite...
La Présidente (Mme Hovington): Aux gens d'affaires, vous
voulez dire.
Une voix: Aux femmes d'affaires.
M. Gendron: Oui, oui, aux gens d'affaires. Ce que je veux dire
surtout c'est aux gens de l'extérieur et les gens de l'extérieur,
ça comprend toutes sortes de créneaux de développement qui
ne sont pas toujours exclusivement dans le domaine des gens d'affaires, mais le
préambule, je le trouve très signifiant par rapport à ce
que vous voulez faire, très correct.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Je profite de
l'occasion pour souhaiter que dans ce terme "gens d'affaires" il y ait quand
même beaucoup de femmes qui siégeront sur les deux futurs conseils
de l'Université Laval et que ce soit au moins aussi représentatif
que le nombre de diplômés qui est sorti en grand nombre
féminin de l'Université Laval. C'est un souhait.
Une voix: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le
préambule du projet de loi 283 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 1. Pas de remarques?
Mme Robillard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 2. Adopté?
M. Gendron: Adopté. Mme Robillard:
Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 3 du projet de loi et je vois qu'il y a deux alinéas. Alors,
j'appellerai le premier alinéa de l'article 3.
Mme Robillard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle le
deuxième alinéa de l'article 3.
M. Gendron: Oui. Sur le deuxième alinéa, j'aimerais
vous entendre et ça va être probablement le conseiller juridique,
mais, en tout cas, c'est à M. Gervais à décider.
Je vais vous le dire comme je le pense. On est resté un peu
surpris et étonné que vous soyez obligé d'ouvrir aussi
largement les dispositions que j'appellerais, entre guillemets, nonobstantes.
Ça a l'air que, parce que c'est une université, on est
obligé d'avoir des mécanismes qui ouvrent la porte à
toutes les donations qui peuvent venir de n'importe quelle situation.
Ça, je le comprends et je ne suis pas réfractaire à
ça. Là où j'ai des problèmes, c'est "malgré
l'article 776 du Code civil du Bas-Canada, toute donation à
l'université peut être faite sous seing privé", et
peut-être avoir un peu plus d'explication, encore là, pour ceux
qui nous liraient, qu'on n'accepte pas n'importe quoi, parce que, quand
même, le premier paragraphe du deuxième alinéa,
"Malgré toute disposition législative générale ou
spéciale, inconciliable avec la présente loi, tout corps public
est autorisé à consentir et à faire à
l'Université les donations qu'il juge convenables, sans autre
formalité qu'une résolution..." Bon.
Avoir comme objectif de le faciliter, avoir comme objectif de souhaiter
qu'il y ait le moins d'enfarges, si vous me permettez l'expression, ou de
considérations habilitantes d'une façon négative, j'en
suis, mais là c'est probablement parce que je ne suis pas assez familier
avec ça. J'ai trouvé que ça en prenait beaucoup pour
s'assurer que n'importe quoi, en termes d'argent, pourra
rentrer dans les coffres de l'Université Laval et j'aimerais
avoir un peu plus d'explications sur le rationnel, pourquoi il faut qu'il en
soit ainsi, et surtout pourquoi, spécifiquement, on sent le besoin
d'ajouter: Malgré toute disposition du Code civil liée à
ces choses-là qu'on appelle communément des donations.
M. Gervais: Mme la Présidente, avec votre permission,
j'inviterais peut-être Me Jean Beau-vais, le conseiller juridique de
l'Université, à fournir les explications demandées, parce
que c'est lui qui est responsable de l'addition de ce texte.
La Présidente (Mme Hovington): M. Beau-vais, vous avez la
parole.
M. Beauvais (Jean): Mme la Présidente, comme l'a
souligné M. Gervais tout à l'heure, cette disposition est une
copie conforme de l'article du projet de loi 242 et du projet de loi 237
adoptés tous les deux le 10 novembre 1987, permettant à la
Corporation de l'École des hautes études commerciales de
Montréal et à la Corporation de l'École polytechnique de
Montréal de jouir des mêmes dispositions et ces articles-là
existaient déjà dans leur loi. C'est pour mettre de
côté certaines limites imposées par les articles 763 et 776
du Code civil concernant les donations faites par des corporations publiques.
Sans ces dispositions-là, la mécanique prévue pour
autoriser une donation par une corporation publique serait éminemment
compliquée et rendrait même nulles plusieurs donations qui, dans
les faits, sont faites depuis des dizaines d'années par de telles
corporations.
Quant au dernier alinéa concernant l'article 776 du Code civil,
c'est pour éviter l'exigence d'un acte notarié pour faire une
donation par de telles corporations, ce qui est désuet et n'existe plus
depuis des années. Est-ce que ça répond à votre
question, M. Gendron?
M. Gendron: Oui. J'aimerais quand même que vous reveniez
peut-être un peu sur l'article 763, toujours pour les fins - parce que
nos débats sont enregistrés - du procès-verbal. Ce n'est
pas en disant: Ça se fait ailleurs que ça me donne les
réponses qu'if me faut. Je sais que ça se fait à Poly, on
avait vérifié. Par contre, qu'est-ce que c'est, les dispositions
restrictives de l'article 763 du Code civil?
M. Beauvais: Je vais être obligé de vous le lire,
à ce moment-là: "Les corporations publiques, même celles
qui ont un pouvoir d'aliéner, outre les dispositions spéciales et
les formalités qui peuvent les concerner, ne peuvent donner gratuitement
qu'avec l'assentiment de l'autorité dont elles dépendent et du
corps principal des intéressés." L'expression "corps principal
des intéressés" date de la promulgation du Code civil, au
siècle dernier. C'est difficile de définir ce que veut dire
"corps principal des intéressés", d'où le doute que
ça peut jeter. Est-ce que ce sont les administrateurs d'une corporation?
Mettons qu'Hydro-Québec veut donner un montant à
l'Université Laval. Qui doit autoriser? Est-ce que ça prend une
réunion du conseil d'administration ou l'exécutif peut le faire?
Alors, par la disposition insérée dans le projet de loi, à
ce moment-là, on peut, par une simple résolution, dans le cas
d'Hydro, nous accorder une subvention sans que nous ayons à aller voir
plus loin l'autorité pour le faire et sans qu'on puisse la remettre en
question par la suite. C'est l'objet précis, en termes
opérationnels.
M. Gendron: En tout cas, c'est très, très
précis, très clair. Moi, ça me satisfait. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le
deuxième alinéa est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 3 dans
son ensemble est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 4.
Pardon, c'est-à-dire l'article... Oui, c'est ça, l'article 4 - je
dis bien - qui modifie l'article 7. Est-ce que vous aimeriez qu'on
procède article par article, à l'intérieur de l'article
4?
M. Gendron: Pour l'article 4, oui, moi je le souhaiterais.
Ça ne veut pas dire-La Présidente (Mme Hovington): Alors,
j'appelle l'article...
M. Gendron: ...que ça va être bien plus long, mais
ça va avoir le mérite d'être plus clair, si on veut le
discuter alinéa par alinéa parce qu'il y a quand même des
éléments différents.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle l'article
7, tel que proposé dans l'article 4 du projet de loi.
M. Gendron: Je n'ai pas de commentaires sur l'article 7.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va.
Adopté. L'article 7.1?
M. Gendron: À l'article 7.1, j'en aurais, mais
globalement.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Évidemment, à l'article 7.1, vous ne
pariiez pas du a, spécifiquement.
La Présidente (Mme Hovington): Non, dans l'ensemble...
M. Gendron: Vous parlez de l'ensemble.
La Présidente (Mme Hovington): ...article 7.1.
M. Gendron: O.K. À l'article 7.1, dans l'ensemble, je veux
juste indiquer par là que c'est quand même - tout le monde l'a
reçu, ce ne sera pas une révélation, ce que je vais dire -
un article très, très majeur, charnière parce que,
essentiellement, tout le débat de la réforme est parti de
là, en termes d'ouverture et de décider d'avoir un fonctionnement
bicameral, plutôt que ce que vous avez connu dans le passé, ce qui
était un peu exclusif à Laval parce que la plupart des autres
universités avaient traduit cette nécessaire ouverture aux gens
de l'extérieur, sans déterminer leur sexe. Bon, un recteur,
ça va de soi, je pense. Un vice-recteur désigné à
ce titre par les statuts, un doyen, quatre membres du personnel enseignant, je
pense que c'est requis, légitime, pertinent. Trois étudiants,
ça va de soi aussi; c'est quand même fondamental que les premiers
touchés... Parce que la raison d'être de l'université,
c'est un peu pour dispenser de l'enseignement et c'est un peu pour sa fonction
recherche - et là, c'est sans jeu de mots. Ceux qui ont à grandir
avec vos deux fonctions principales, soit l'enseignement et la recherche, les
plus concernés, ce sont les dispensateurs de la connaissance, donc les
professeurs, et ceux qui la reçoivent, les étudiants. Que les
étudiants et les profs soient relativement bien
représentés à un conseil d'administration d'une
université, je pense que ça fait partie des choses normales de
ces centres de formation et d'éducation.
J'aimerais, pour tout de suite, arriver à deux questions
précises. Moi, un directeur de service, ça me pose des
problèmes. Ça me pose des problèmes dans le sens...
Combien vous avez de services universitaires, parce que... à moins qu'on
le voie plus loin, mais j'aimerais ça vous entendre d'une façon
un peu plus précise. Pour tout de suite, je vais les poser d'une
façon distinctive, les questions.
La première, M. le recteur ou M. Gervais, j'aimerais ça
que vous m'expliquiez un peu plus précisément quand vous dites:
sur le conseil d'administration, il y aurait un directeur de service. De quel
service s'agit-il? Comment va se faire la nomination, puisqu'on parle d'une
composition au sein du C.A. de ce directeur de service? Pour ce qui est des
étudiants, des membres du personnel enseignant, j'en sais plus, mais
pour le directeur de service, je ne le sais pas.
M. Gervais: Bon! Il y a la charte, bien sûr, mais il y a le
projet de nouveaux statuts correspondant à cette charte-là; j'y
reviendrai. Pour ce qui est des services, je ne pourrai pas vous donner, de
mémoire, le nombre exact de services. C'est probablement autour d'une
quinzaine de services, certains étant plus importants que les autres.
Dans les services, vous avez, par exemple, la Bibliothèque, le Service
des ressources pédagogiques, le Centre de traitement de l'information,
c'est-à-dire ce centre qui s'occupe de toute la dimension informatique
à l'Université, le Service des terrains et bâtiments, le
Service des animaux de laboratoire, le Service des finances, etc., donc une
foule de services qui ont, pour la vie concrète de l'Université
et notamment pour les questions administratives, un rôle absolument
essentiel à jouer. Il nous apparaissait que cette dimension-là de
la vie universitaire, qui est très importante en termes de personnes
engagées, en termes de budgets dépensés, devait être
représentée au sein du conseil d'administration.
D'autre part, il faut voir que ces directeurs, ces directrices de
service sont des gens qui n'ont jamais eu, à vrai dire, voix au chapitre
au niveau des instances de l'Université. Il nous est apparu qu'au moment
où nous divisions les pouvoirs de l'Université entre deux
conseils, dont l'un serait chargé des questions administratives, il
était important de leur donner voix au chapitre. Voilà pourquoi,
d'ailleurs, dans les statuts il est précisé que le directeur de
service ou la directrice de service qui sera nommé au sein du conseil
d'administration le sera par le groupe des directeurs et directrices de
service.
M. Gendron: Moi, ça me satisfait. Je voulais quand
même... C'est sûr qu'en référant aux statuts c'est
plus compliqué pour nous...
M. Gervais: D'accord.
M. Gendron: ...surtout, je dis toujours la même chose,
comme on a à étudier ce projet de loi là, il faut que
certaines choses soient dites ici. Je n'ai pas envie de lire les statuts.
Pourquoi je voulais en jaser un peu? C'était pour deux choses: un,
laisser voir que, oui, c'est important compte tenu que vous avez parlé
vous-même, M. Gervais, d'une quinzaine de services; dans certains cas,
c'est l'ampleur des budgets qui sont en cause, dans certains cas, c'est la
fonction support qui est directement liante aux activités d'enseignement
ou de recherche. Par contre, est-ce que - là, je ne le sais pas et je le
dis honnêtement - vous avez prévu, dans la nomination de cette
personne-là, une rotation, que ce soit susceptiblement un service
plutôt qu'un autre ou si, pendant 20 ans, ça pourrait être
le même service qui est l'heureux élu sur le conseil?
M. Gervais: Je dirais, comme arrière-plan, que nous avons
voulu être le moins précis
possible dans la charte, c'est un peu une attitude
générale, pour permettre qu'il y ait une évolution qui se
fait plus facilement au plan des statuts. Même au niveau des statuts,
nous n'avons pas voulu tout préciser, laissant un certain nombre de
choses, je dirais, à la sagesse des gens qui vont avoir à prendre
les décisions.
Je dirais, cependant, pour en avoir causé avec les directeurs et
directrices de service eux-mêmes, qu'il est un peu entendu qu'on
retrouvera, au sein du conseil d'administration, un directeur ou une directrice
de service administratif, alors qu'on retrouvera au conseil universitaire,
où les statuts prévoient aussi la présence d'un directeur
de service, plutôt ce qu'on appelle, nous, un service auxiliaire à
l'enseignement et à la recherche. Pour discuter des questions
académiques, il siérait davantage, par exemple, qu'on retrouve au
sein du conseil universitaire le directeur de la Bibliothèque, par
exemple, et qu'il serait peut-être plus séant qu'on retrouve, au
sein du conseil d'administration, le directeur du Service des terrains et
bâtiments, par exemple. Mais ça n'a pas été
prévu, sauf qu'il y a une durée de mandat qui est limitée
à trois ans. Je présume que les directeurs et directrices de
service vont vouloir qu'il y ait une rotation comme celle que vous souhaitez ou
que vous semblez souhaiter dans la représentation. (11 h 30)
M. Gendron: O.K. Autre question. Un commentaire et une question.
C'est sûr que ce que j'appellerais l'aspect le plus novateur en termes de
modifications, c'est probablement le paragraphe j, "sept personnes
nommées par le conseil d'administration sur présentation par un
comité des candidatures formé de membres du conseil
d'administration et de membres du conseil universitaire". Le commentaire...
Au-delà de l'aspect nouveau de ce que j'appellerais le fonctionnement
à deux chambres ou deux conseils ou de ce qu'on appelle, dans le jargon
universitaire, bicameral, un conseil d'administration et un conseil
universitaire, ce qui m'apparaît être très bien, puisqu'on
verra un peu plus tard à 7.3 que c'est les statuts qui prévoient
l'ensemble des règles qui vont donner suite à la rétention
ou à la nomination de ces personnes-là pour ce qui est des sept
candidatures, j'aimerais ça, M. Gervais, que vous nous indiquiez un peu
plus comment va être constitué le comité des candidatures
et quelques phrases au moins pour nous entretenir... Parce que je sais qu'il y
a des dispositions qui sont nouvelles mais vous n'êtes pas...
l'Université est habituée quand même à fonctionner
avec la recherche de représentants de qualité sur le conseil des
études ou le conseil d'administration. Alors, j'aimerais ça que
vous indiquiez aux membres de cette commission c'est quoi les grandes lignes
qui vont animer le comité des candidatures dans la recherche des
personnes. C'est quoi les critères principaux sur lesquels ils se basent
pour s'assurer d'avoir la meilleure banque de candidatures potentielles versus
ceux et celles qui seront retenus en définitive et éventuellement
sanctionnés par le conseil d'administration pour venir compléter
cette nomination de hautes et hauts personnages au conseil d'administration et
au conseil des études?
M. Gervais: L'indication qui est donnée dans les statuts
pour le choix de ces sept personnes est la suivante. On n'a pas voulu mettre
trop de précisions au niveau de la charte. Cependant, tous et toutes
étaient convaincus, dans le sens de ce que vous avez dit
antérieurement, qu'il fallait éviter que ces sept membres
proviennent d'un seul secteur de la société, par exemple, le
milieu des affaires. Et ça je l'ai toujours dit. Il n'est pas question
de faire venir au conseil d'administration 12 personnes de l'extérieur
qui ne viendraient que d'un seul milieu. La façon dont on l'a traduit
dans les textes se trouve à l'article 67 du projet de nouveaux statuts
où il est dit que, dans l'exercice de son mandat, le comité des
candidatures prévu dans le texte s'assure que les personnes dont il
recommande la nomination au conseil d'administration proviennent, dans la
mesure du possible, de diverses composantes de la société. Alors,
on n'a pas voulu préciser qu'il y aurait quelqu'un du monde de la
santé, quelqu'un du monde de l'éducation, quelqu'un du monde des
affaires, etc., mais on a quand même indiqué que le comité
des candidatures ne pourrait pas proposer les noms de personnes provenant
uniquement d'un secteur de la vie sociale. Et ça, je crois que
c'était unanime dans la communauté universitaire, cette
volonté d'avoir une représentation diversifiée.
Maintenant, il est difficile parfois de classer les personnes dans le monde
artistique ou le monde administratif ou le monde de la fonction publique. On
pourrait donner des exemples de personnes qu'on aurait du mal à classer
comme ça. C'est pour ça qu'on n'a pas voulu être trop
précis au niveau de la formulation mais il y a une indication
générale quand même qui va dans le sens du voeu que vous
avez formulé antérieurement.
J'ajouterais que le comité des candidatures est formé du
recteur et de deux membres du conseil d'administration et de deux membres du
conseil universitaire. On a voulu que la préoccupation académique
soit présente au sein même de ce comité des candidatures,
qu'on n'oublie pas que, même si c'était un conseil
d'administration, ça restait quand même un conseil
d'administration d'un organisme dont la fin essentielle est l'enseignement
supérieur et la recherche.
M. Gendron: L'autre question serait au gouvernement ou à
la ministre de l'Enseignement supérieur. J'aimerais ça, Mme la
ministre, vous entendre un peu, en quelques phrases, sur les
aspects très précis suivants. Puisqu'on prévoit
trois personnes nommées par le gouvernement au sein du conseil
d'administration, j'aimerais ça que vous indiquiez aux membres de cette
commission quels sont, encore là, les critères qui guident le
gouvernement. Vous en êtes le porte-parole en ces matières pour la
nomination des trois personnes qui est faite, qui est réservée
par le gouvernement et je n'ai pas de problème à fonctionner avec
ça dans la composition du conseil d'administration. Il est normal que le
gouvernement soit directement représenté sur le conseil
d'administration d'une université aussi majeure, aussi importante que
ça. C'est normal sur l'ensemble des universités, quand on
connaît d'où proviennent la plupart des directives; les sources de
financement, même si elles sont inadéquates, elles viennent quand
même de là. M. le député de Rimouski, si vous voulez
prendre la parole, vous êtes le bienvenu, pour nous expliquer combien les
universités sont heureuses du financement qu'elles reçoivent.
M. Tremblay (Rimouski): Par rapport à ce que vous avez
fait, c'est différent.
M. Gendron: Oui, mais là on est en 1991, alors, qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Moi, je ne dois pas être vieux comme
vous. J'ai moins de souvenirs que d'ambitions; je vis plus au présent
que dans le passé.
M. Tremblay (Rimouski): Vous vivez dans le passé,
vous?
M. Gendron: Et en... Non, je vis dans le présent. C'est
présentement qu'ils ont des difficultés financières,
budgétaires. Même s'il y a eu une légère
amélioration, je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'universités...
Ça serait normal, qu'est-ce que vous voulez? Vous avez vécu six
ans de prospérité, il faudrait que ça paraisse un petit
peu quelque part. Ce n'est quand même pas le citoyen normal qui s'en est
rendu compte...
Une voix: On va attendre le million...
M. Gendron: ...il a été "clenche" depuis six, sept
ans qu'il subit taxes après taxes. Alors, que ça apparaisse un
peu quelque part, ça serait normal. Votre premier ministre disait que
l'économie allait bien, que c'était performant, que vous vous en
occupiez beaucoup, en ces années de prospérité. Alors tant
mieux si le monde universitaire en a eu un peu.
Mais revenons à la nomination des trois personnes nommées
par le gouvernement. J'aimerais ça, Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur, que vous indiquiez quels sont les critères qui vous
guident. Je n'aime pas certaines nominations que je vois trop souvent. Quand je
reviens le mardi matin, à mon bureau, je suis obligé de prendre
connaissance des nominations du bureau du premier ministre, qui, comme par
hasard, nous arrivent toujours le vendredi matin. Elles sont très
nombreuses; justement, le député de Rimouski m'en illustre encore
une copie. Elles sont très nombreuses, règle
générale. Le seul critère qui guide, c'est que ça a
été de loyaux serviteurs ou "serviteuses" ou servantes du parti
politique en présence. Il ne m'apparait pas que ça devrait
être le seul critère qui nous guide pour la nomination de trois
personnes par le gouvernement. Et pour éviter que je conclue que c'est
des nominations à caractère politique, la meilleure façon
de me rassurer, Mme la ministre, c'est de me dire c'est quoi vos
critères, comment vous allez procéder, règle
générale, comment vous procédez pour vous assurer que les
trois personnes nommées par le gouvernement sur un conseil
d'administration universitaire, c'est surtout leur curriculum qui vous
impressionne, c'est leurs compétences, c'est leur passé
lié au monde universitaire ou à leur capacité de venir
améliorer la représentativité au sein d'un conseil
d'administration, parce que c'est surtout ça qui devrait être
notre objectif commun. Alors, je vous entends, sur vos critères.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je pense que le
député d'Abitibi-Ouest devrait être rassuré sur les
nominations que je recommande au gouvernement et j'en suis pour le dernier
exemple qu'on vient de vivre; tous les membres qui ont été
nommés sur le Conseil de la science et de la technologie, 16
personnes... Alors, j'inviterais les membres de la commission, et de
façon particulière le critique de l'Opposition, à regarder
la valeur de ces personnes qui ont été nommées sur le
conseil d'administration du Conseil de la science et de la technologie et
ça va être exactement les mêmes objectifs qui vont me guider
dans le choix des nominations que je suggérerai au gouvernement pour le
conseil d'administration de l'Université Laval, à savoir d'abord
et avant tout des gens qui ont un intérêt démontré
pour le milieu où ils vont siéger comme administrateur, ce qui
veut dire, en l'occurrence dans ce cas-ci, un intérêt
démontré pour l'enseignement universitaire et pour la recherche,
naturellement des gens aussi qui ont la disponibilité de le faire. Ce
n'est pas tout de nommer quelqu'un, il faut qu'il soit présent aux
réunions et actif lors de ces réunions-là; donc, des gens
aussi qui ont une disponibilité très grande pour siéger
comme administrateur et le critère, je dirais, essentiel, c'est que
cette personne-là, de par son expérience, de par sa formation,
ait vraiment des habiletés démontrées en matière
d'administration. Si on le nomme, c'est en qualité d'administrateur. Une
fois qu'il va être assis dans son siège, dans son poste, il doit
être un très bon administrateur et avoir l'intérêt
global de l'université en tête.
Voici, Mme la Présidente, comment nous procédons aux
nominations. Dans l'ensemble des
universités présentement ou des conseils consultatifs ou
des conseils d'administration des cégeps, je pense qu'à l'heure
actuelle on peut vérifier la qualité des administrateurs que nous
nommons.
La Présidente (Mme Hovington): Merci.
M. Gendron: J'espère, quant aux nominations futures, que
je verrai là une corrélation entre les personnes nommées
et les critères énoncés par la ministre; ça me fera
plaisir de venir corroborer si, effectivement, c'est ce qu'on peut constater,
que ce qui prime c'est les bons critères qu'elle vient d'énoncer,
parce qu'au niveau des critères je les partage.
Deuxième question: Est-ce que, après que ces
gens-là sont nommés, la règle qui vous habite,
c'est-à-dire la façon de faire qui va vous habiter, Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, c'est plus de les
considérer comme des membres à part entière du conseil
d'administration, mais non pas comme des éclaireurs du gouvernement
après la nomination et qu'en conséquence, si l'État
québécois a, dans la fonction de la ministre de l'Enseignement
supérieur, à échanger ou à obtenir des informations
avec un conseil d'administration d'un centre universitaire, bien, il le fera
via la structure d'autorité établie et non pas via ces trois
personnes nommées, comme s'ils étaient des éclaireurs du
gouvernement en place? Donc, vous convenez que c'est normal que le gouvernement
ait des représentants au niveau du C.A. Ce sont des personnes au
même titre que les autres, au sens de venir enrichir la
complémentarité du conseil d'administration, mais dès que
ces gens-là sont nommés ils n'ont pas plus de mandat, ils n'ont
pas plus de fonctions que qui que ce soit d'autres et ils ne sont pas un lien
direct entre la représentante ministérielle de l'Enseignement
supérieur et les porte-parole au conseil d'administration, mais que ceux
qui demeurent les porte-parole c'est les autorités en place.
Mme Robillard: Mme la Présidente, les règles qui
prévalent pour les membres nommés par le gouvernement sont
exactement les mêmes qui prévalent pour les autres membres qui
sont nommés. Même s'il y a des collèges électoraux
différents qui peuvent recommander des nominations, la journée
où la personne est nommée elle devient administrateur ou
administratrice du conseil d'administration de l'Université Laval et non
pas un représentant d'un groupe particulier. Alors, dans ce
sens-là, je pense que les gens nommés par le gouvernement
siègent à titre d'administrateur comme n'importe quel autre
membre du conseil d'administration.
M. Gendron: Une dernière question, M. le recteur. Une
personne nommée par la Fondation de l'Université Laval, moi, je
trouve ça impor- tant compte tenu que, de plus en plus, il y a des
restrictions budgétaires répétées. La participation
des milieux privés et du milieu d'affaires à ce que des gens
souscrivent aux fondations universitaires... Qu'elle soit
représentée sur le conseil d'administration, je trouve ça
intéressant. Par contre, je voudrais juste avoir l'information suivante:
II doit y avoir un conseil d'administration de la Fondation. C'est combien de
personnes sur le conseil d'administration de la Fondation?
M. Gervais: Écoutez, je parle de mémoire. Je crois
qu'il y a une douzaine de membres dans le conseil d'administration de la
Fondation de l'Université Laval qui est une corporation
incorporée en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies du Québec.
M. Gendron: Une personne nommée par la Fondation, est-ce
que c'est obligatoirement quelqu'un membre de la Fondation ou si ça peut
être quelqu'un de l'extérieur à la Fondation?
M. Gervais: Ce n'est pas obligatoirement quelqu'un qui est membre
du conseil d'administration de la Fondation.
M. Gendron: Mais dans la pratique ça a été
quoi?
M. Gervais: Jusqu'ici il n'y a jamais eu de membre nommé
par la Fondation. Dans l'ancien conseil il y avait deux membres nommés
par l'Association des diplômés, mais il n'y avait pas de membre
nommé par la Fondation de l'Université Laval. Par analogie, avec
ce qui se passait dans le cas de l'Association des diplômés,
cependant, je dois dire que dans ce cas-là ils ont, à ma
connaissance, toujours nommé quelqu'un faisant partie du conseil
d'administration de l'Association, mais, théoriquement, ils auraient pu
ne pas le faire.
M. Gendron: Oui, ici, j'aurais aimé avoir très
rapidement la raison pourquoi vous avez écarté cela. Moi, je ne
sais pas, ça m'apparaî-trait plus logique que ça soit
obligatoire que ce soit quelqu'un de la Fondation. Mais j'aimerais
connaître les raisons. Là, il y a toujours une façon, quand
ce n'est pas précis, je le sais, vous l'avez dit à plusieurs
reprises, et ça je partage ça de ne pas trop être
précis, mais non pas à tous égards. Là, on peut
recomposer différemment les conseils d'administration et il y a
certaines accusations qui ont été faites qui allaient un peu dans
ce sens-là pour des raisons de créer des conflits
d'intérêts. Moi, ici, il m'apparaîtrait plus ferme de dire:
Écoutez, que ce soit quelqu'un de la Fondation, il n'y a personne
d'après moi qui peut disconvenir qu'il n'y a pas là une bonne
logique. Que ça soit ouvert à quelqu'un d'autre, là, j'ai
des réticences parce que, faites ça à une couple de
places,
compte tenu qu'on est rendus à un conseil d'administration quand
même assez imposant, et là on peut revenir avec deux ou trois
socio-économiques de plus, deux ou trois doyens de plus, deux ou trois
membres de plus qui ont fréquenté jadis l'université.
Là, il me semble que c'est d'essayer d'obtenir indirectement ce qu'on
n'a pas la capacité d'avoir directement et ça je n'aime pas
ça. (11 h 45)
M. Gervais: Évidemment, il est difficile d'éviter
toutes les possibilités mais on pourrait imaginer que le conseil
d'administration de la Fondation soit formé de gens dont la
disponibilité est limitée, disons, à leur participation au
conseil d'administration de la Fondation et qu'il croie souhaitable d'aller
chercher, je ne sais pas, moi, un donateur important qui fait, par contre,
partie de l'assemblée générale de la Fondation de
l'Université Laval et qui pourrait faire, compte tenu de sa
disponibilité et de sa compétence, un excellent membre du conseil
d'administration de l'Université Laval. On n'a pas voulu écarter
cette possibilité-là.
M. Gendron: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 7.1
est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 7.2.
Adopté?
M. Gendron: Non, mais, cette fois-là, une question; "c)
toute autre personne désignée par les statuts", est-ce que c'est
le cas, là? Encore là, j'essaie de comprendre le
bien-fondé. "Sont aussi membres du conseil d'administration, mais sans
droit de vote, les personnes suivantes: les vlce-recteurs autres que celui
désigné au paragraphe b - bien sûr, il va de sol - le
secrétaire général - n'importe quel conseil
d'administration fonctionne comme ça, avec un secrétaire
général parce que ça prend un gars qui travaille
discrètement - toute autre personne désignée par les
statuts." Ah! Là, j'aime moins ça. C'est quoi cette
affaire-là? Quand on a pris le temps de regarder très longuement
la composition d'un conseil d'administration, pourquoi laisser une porte
ouverte où toute autre personne pourrait venir se greffer, en autant
qu'il y a une réunion de ceux qui réfléchissent sur les
statuts puis qu'ils décident d'en ajouter un? J'essaie de voir c'est
quoi qui vous anime en laissant cette porte-là ouverte. Moi, je ne
l'avais pas vu avant. Je me suis mis à réfléchir
là-dessus et...
Une voix:...amender la loi.
M. Gendron: Je le sais, c'est un automatisme de la vie, mais,
à un moment donné, il y a des automatismes de la vie qu'il faut
questionner. Ce n'est pas parce que vous l'avez vu dans 25 projets de loi qu'il
y a un rationnel à finir sa phrase, comme un fion de phrase, que
j'appelle. On dit: On va finir une phrase comme ça, genre un juriste qui
a toujours vu les lois de même; je pense à M. Dupont en
particulier. Qu'est-ce que tu veux, ça fait 20 ans qu'il fait ça
de même, alors il écrit ça de même.
Une voix:...
M. Gendron: Ah! Là, pas du tout! Il n'y a aucune insulte
là-dedans. Je connais très bien M. Dupont. C'est un excellent
collaborateur et je le félicite de son excellente collaboration. Non,
non, ne vous sentez pas du tout... Et je sais qu'il ne se sent pas visé,
d'aucune façon. Sérieusement, c'est quoi ce fion-là?
M. Gervais: Très bien. Écoutez, c'est la seule
façon concrète qu'on a trouvée pour avoir au sein du
conseil d'administration le président de la Commission de
l'administration qui est une commission consultative qui est prévue aux
statuts, mais qui n'est pas prévue a la charte. On ne pouvait pas
mentionner ici le président de la Commission de l'administration puisque
cette commission n'est pas prévue à la charte de
l'Université. On a donc dit: Toute personne désignée par
les statuts", laissant ouverte, bien sûr, la possibilité que
peut-être une autre personne soit nommée, mais, à ce
moment-là, il faudrait changer les statuts, modifier les statuts; or, la
procédure pour modifier les statuts est assez exigeante; elle exige un
vote des deux tiers du conseil d'administration et, même dans le cas
présent, puisqu'il s'agit de la composition du conseil d'administration,
une majorité des deux tiers du conseil universitaire aussi. Donc,
ça prémunit, je pense, pas mal contre une trop grande ouverture
de ce côté-là.
M. Gendron: Les informations sont intéressantes en termes
de connaissances, mais ce sera qui dans les faits, là?
M. Gervais: Le président ou la présidente de la
Commission de l'administration, qui était une commission consultative de
l'ancien conseil universitaire et qui deviendra, avec le changement, une
commission consultative du conseil d'administration.
M. Gendron: O.K. Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 7.2 est
adopté. J'appelle l'article 7.3.
M. Gendron: II n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle
l'article 7.4.
M. Gendron:...
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Article 7.5.
Adopté. L'article 7.6...
M. Gendron: Oh! Un instant, l'article 7.5! Un instant!
La Présidente (Mme Hovington): L'article 7.5?
M. Gendron: Oui. À l'article 7.5, un instant, s'il vous
plaît!
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. M. Gendron:
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'article 7.5.
M. Gendron: Alors, l'article 7.5, M. le recteur, c'est parce que
c'est l'endroit où, je pense, il y a plus lieu d'aborder un peu,
très rapidement, la question des conflits d'intérêts. "Un
membre du conseil d'administration qui a un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise ou un contrat mettant en conflit son
intérêt personnel et celui de l'Université doit
dénoncer son intérêt par écrit au conseil
d'administration et s'abstenir de participer au débat et à toute
décision sur le sujet dans lequel il a un intérêt." C'est
normal, c'est requis; j'ai vu ça à plusieurs endroits. Je pense
qu'il faut absolument avoir un article de cette protection-là.
Cependant, il y a eu des prétentions; je voudrais en clairer une couple
et aussi en profiter pour discuter de ça quelques minutes.
À un moment donné, on m'a dit, entre autres, que les
étudiants ont prétendu que les grandes orientations pourraient
être téléguidées par les questions
académiques. On a parlé d'autoritarisme administratif qui
recevrait ses consignes d'ailleurs.
Sur la question des conflits d'intérêts, je trouve que M.
Sirols, à un moment donné, a eu un commentaire quand même
assez lapidaire, dans le sens un peu trop limité en disant tout
simplement, dans un édito de MM. Giroux et Laplante, qu'il n'y avait pas
de danger qu'il y ait des gens qui soient en conflit d'intérêts
parce qu'il y avait une clause, et on vient de la lire à l'article 7.5,
qui dirait entre autres: ...est résolue par une clause spécifique
de la nouvelle charte qui oblige tout membre de l'Université à
s'abstenir de participer aux débats lorsque ses conditions de travail
sont en cause.
Mais le conflit d'intérêts, c'est plus large que la
question de débattre de ses conditions de travail. C'est bien plus large
que ça être en conflit d'intérêts dans des situations
sur un conseil d'administration, surtout quand il y a tout l'aspect des
donations, il y a l'aspect de la
Fondation, il y a l'aspect de certaines révisions
académiques majeures sur des programmes. Et là, de toute
façon, vous êtes bien mieux placés que mol pour voir les
multiples facettes de conflits d'intérêts.
Puis, si je veux en parler, c'est uniquement pour rassurer, parce que je
trouve qu'avec une clause comme ça c'est quand même beaucoup plus
protégé que certains ne le laissent voir, qu'il peut se passer
n'importe quoi et toutes sortes de choses.
Ma question précise, M. le recteur, ça serait la suivante.
Ce n'est pas parce qu'on le revoit là que vous n'avez pas vécu
ça au sein du genre de conseil d'administration qui existait. Alors,
dans la pratique courante, est-ce que toute la question des conflits
d'intérêts, ça pose problème? Est-ce que vous pensez
que c'est bien géré, que vous êtes bien munis et
qu'effectivement, dans la pratique, ça arrive assez fréquemment
que des membres d'un conseil d'administration vous communiquent ou communiquent
aux membres du conseil d'administration qu'ils auraient un intérêt
particulier ou spécifique et qu'effectivement ils pensent qu'ils se
placeraient en conflit d'intérêts de demeurer au sein des
échanges au conseil d'administration?
En termes très précis et très clairs, parce que je
sais que vous avez quand même une bonne expérience - ça ne
fait pas moult années que vous êtes recteur, mais ça fait
plusieurs années que vous êtes lié au domaine de
l'enseignement universitaire - en conséquence, est-ce que vous croyez
que, règle générale, les membres d'un conseil
d'administration, ça se présente concrètement des gens qui
explicitent la potentialité qu'ils soient en conflit
d'intérêts et, en conséquence, demandent que sur certaines
questions, encore peut-être plus précises... Est-ce que c'est
juste un article vertueux ou, dans les cas concrets, vous avez eu à
vivre ça ou... Peut-être que M. Giroux pourrait répondre
à ça. C'est ce que je voulais savoir.
M. Gervais: Très bien. Mme la Présidente, nous
n'avons pas actuellement un tel article et je dirais que si nous l'avions eu il
y aurait eu des difficultés de fonctionnement considérables. Je
vous donne un exemple très concret. Lors de la négociation de la
dernière convention collective avec les professeurs, l'approbation de
cette convention collective s'est faite du côté de
l'Université par le conseil de l'Université. C'est une exigence
des statuts. Or, si les gens dont l'intérêt personnel était
engagé dans cette convention-là, notamment au plan des clauses
salariales, étaient sortis et s'étaient abstenus de participer
à la discussion, il n'y aurait pas eu quorum. Donc, on aurait
été incapables de prendre une telle décision. À mon
avis, c'est là une situation intolérable que vise à
éliminer le présent article.
D'autre part, le souvenir qui me vient de
gens qui ont déclaré leur intérêt
c'était moins au conseil universitaire qu'au conseil exécutif. Le
conseil exécutif, dans le régime qui prévaut actuellement,
a des pouvoirs très étendus en vertu des statuts et agit presque
comme un conseil d'administration en bien des matières. Il est
arrivé à quelques reprises qu'un professeur, par exemple, membre
du conseil exécutif, se retire parce que le projet qui devait être
approuve l'impliquait directement. Il y a récemment eu une entente, par
exemple, avec la Fédération des caisses populaires Desjardins et
le professeur qui était en charge du cour qui était visé
par l'entente était membre du conseil exécutif. Il a
quitté en expliquant qu'il ne pouvait pas être partie au
débat et on a eu quelques exemples comme ça, pas très
fréquents, mais, quand même, qui existent.
M. Gendron: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va.
L'article 7.2 est adopté. Nous en étions à
l'article 7.5. Pardon, l'article 7.5 est adopté.
M. Gendron: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article
7.6.
M. Gendron: J'aurais quelques questions, si la ministre n'a pas
de commentaires. Alors, quelques questions, M. le recteur. De membres du
personnel enseignant et d'étudiants, ça va être quoi la
proportion par rapport à l'ensemble? Est-ce qu'on la retrouve
ailleurs?
M. Gervais: II y a 8 étudiants, 16 professeurs, mais il
faut ajouter à cela que, évidemment, les 12 doyens sont des
professeurs aussi. Même s'ils sont des professeurs administrateurs, ils
ne perdent pas leur qualité de professeur. Il y a donc une proportion,
relativement... Les vice-recteurs, aussi. Mais, si on prend les professeurs non
administrateurs, on retrouve 16 professeurs et 8 étudiants. 24
professeurs et étudiants.
M. Gendron: Sur un total de combien?
M. Gervais: Plus 2 chargés de cours, ça c'est un
point important. Donc, 18, c'est-à-dire, j'ai dit 24, ça fait 26
sur un total de 52.
M. Gendron: Les 2 chargés de cours sont en sus des 16?
M. Gervais: Oui.
M. Gendron: Mais ça n'empêcherait pas des membres du
personnel enseignant de nommer des chargés de cours.
M. Gervais: C'est-à-dire qu'on a pris ici au plan de la
charte un énoncé général, "membres du personnel
enseignant", qui est un libellé qui inclut à la fois les
professeurs et les chargés de cours. Mais, dans la composition
prévue aux statuts, les professeurs qui sont prévus sont des
professeurs et les chargés de cours des chargés de cours. Dans
les deux cas, on les dit membres du personnel enseignant, mais les professeurs
ne pourraient pas nommer, pour les représenter, des chargés de
cours, ni les chargés de cours nommer, pour les représenter, des
professeurs.
M. Gendron: Non, mais juste une seconde; peut-être que
c'est moi qui ai mal compris, mais les 2 chargés de cours sont en sus
des 16, ça c'est clair. Mais, dans lesdits 16 membres, dans
l'appellation, du personnel enseignant, est-ce que j'ai bien compris, à
savoir que les membres du personnel enseignant, ça exclut la nomination
de chargés de cours?
M. Gervais: Non. Je vous répète que le
libellé de la charte, quand on dit "membres du personnel enseignant",
ça inclut les deux: professeurs et chargés de cours. Tandis que
le libellé des statuts, lorsqu'il dit 16 professeurs, ça exclut
les chargés de cours et, lorsqu'il dit 2 chargés de cours,
ça exclut les professeurs. Le libellé "membres du personnel
enseignant" n'apparaît pas dans l'article des statuts, qui prévoit
la composition du conseil universitaire. On y trouve la précision
"professeurs et chargés de cours."
M. Gendron: C'est clair, je veux dire que, règle
générale, le type de responsabilité fort précise du
conseil universitaire, c'est toute la référence dite des
questions académiques. Mais ça c'est très clairement
défini dans les statuts.
M. Gervais: Oui. Mais déjà vous avez
l'énoncé général au plan de la charte.
M. Gendron: Et, règle générale, c'est
sûr que... Combien y a-t-il de personnes du conseil universitaire, qui
vont siéger également sur le conseil d'administration
potentiellement?
M. Gervais: Potentiellement, il y a le recteur... Dans les
personnes qui ont voix deliberative, potentiellement, il y a le recteur, le
vice-recteur exécutif, le doyen, parce que tous les doyens sont membres
du conseil, et les trois professeurs membres du conseil d'administration sont
forcément des délégués du conseil universitaire, et
c'a été voulu pour assurer une certaine continuité entre
les deux conseils. Pour ce qui est des autres...
M. Gendron: C'est forcément, mais toujours à
l'intérieur des limites prescrites à l'article 7.6.
M. Gervais: Oui.
M. Gendron: O. K. Continuez. Excusez.
M. Gervais: Exact. Mais, par contre, le chargé de cours ne
serait pas nécessairement la même personne qui serait au conseil
universitaire et au conseil d'administration. Je crois que c'est la
réponse complète à la question posée.
M. Gendron: Ça me va.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 7. 6 est
adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle l'article 7.
7.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Article 7.
8.
M. Gendron: Adopté.
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Article 7. 9.
M. Gendron: Article 7. 9, rapidement. Est-ce que, dans le jargon,
vous appelez ça votre comité exécutif?
M. Gervais: 7. 9? M. Gendron: Oui. M. Gervais: Non.
M. Gendron: Non?
M. Gervais: Non. C'est que je vous mentionnais dans la
présentation que dans les universités, habituellement, le conseil
d'administration a de jure tous les pouvoirs. Et, donc, il entérine
même les décisions d'ordre académique. C'est souvent de
l'estampillage, si vous voulez. Ça se fait automatiquement, mais
n'empêche que formellement il a tous les pouvoirs. Ici, on a voulu donner
au conseil universitaire pleins pouvoirs en matière académique,
alors, immédiatement surgit l'hypothèse qu'un jour le conseil
universitaire puisse dire: Telle décision que vous avez prise ou que
vous vous apprêtez à prendre, elle relève de mon
autorité.
Il fallait donc prévoir, au niveau de la charte, un
comité, une façon de résoudre un tel litige, un tel
différend, et c'est via ce comité paritaire. Mais ultimement,
c'est le conseil d'administration qui déciderait suite à la
présentation des recommandations du comité.
M. Gendron: Oui. C'est pour apprécier les conflits qu'il
pourrait y avoir entre les deux.
M. Gervais: Exact, et pour aider à les
résoudre.
M. Gendron: Sachant, par exemple, que c'est toujours le conseil
d'administration qui est la dernière instance.
M. Gervais: Juste.
M. Gendron: C'est comme à peu près normal.
La Présidente (Mme Hovington): L'article 7. 9 est
adopté?
Mme Robillard: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'ensemble de
l'article 4 est adopté?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Alors,
j'appelle l'article 5.
M. Gendron: Pas de problème.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
6.
M. Gendron: Concordance.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
7.
M. Gendron: Même chose. Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
8.
M. Gendron: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
9.
M. Gendron: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
10.
M. Gendron: Ça nous va.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
11.
M. Gendron: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
12.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
13.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. L'article
14.
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi 283, qui se lit comme suit: Loi modifiant la charte
de l'Université Laval, est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Est-ce que
le projet de loi dans son ensemble est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Alors, nous
finissons ici le mandat qui était d'adopter le projet de loi 283.
Je tiens à remercier M. Gervais, recteur de l'Université
Laval, M. Giroux, adjoint au recteur, et M. Beauvais, conseiller juridique de
l'Université Laval, d'être venus nous expliquer l'objet de la loi
touchant spécifiquement l'Université Laval. Merci d'avoir
été ici.
M. Gervais: Mme la Présidente et Mmes, MM. les membres de
la commission, je tiens à mon tour, au nom de l'Université Laval,
à vous remercier de votre accueil bienveillant. J'ai beaucoup
apprécié cette discussion qui nous a permis d'exposer les motifs
et le contenu de ce projet de loi qui est très important pour nous.
Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, la commission ayant
rempli son mandat, nous ajournons sine die les travaux.
(Fin de la séance à 12 h 3)