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(Quatorze heures neuf minutes)
Le Président (M. Gobé): Bonjour, mesdames et
messieurs, mes chers collègues. Je déclare les travaux de cette
commission ouverts. Je constate qu'il y a le quorum et il me fait plaisir de
vous accueillir à cette table.
Organisation des travaux
Je vous rappellerai qu'aujourd'hui le mandat de notre commission est le
suivant, soit de procéder, à cette séance, à une
consultation particulière sur l'examen de la réglementation que
devront adopter les corporations professionnelles en matière de
publicité.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Leclerc
(Taschereau) remplace M. Tremblay (Rimouski).
Le Président (M. Gobé): Bonjour, M. Leclerc. Il
nous fait plaisir de vous accueillir ici.
Alors, je vais maintenant vous donner lecture de l'ordre du jour. Nous
allons entendre, cet après-midi, le mémoire de l'Association des
consommateurs du Québec. Auparavant, je dois vous avertir que l'Office
de la protection du consommateur a déposé un mémoire. Il
ne peut pas être là pour nous l'exposer, mais je dépose
donc le mémoire devant cette commission. Alors, vous en recevrez copie
si ce n'est déjà fait.
Nous allons passer maintenant au stade des déclarations
d'ouverture. Est-ce qu'il y a des membres de cette commission qui ont des
remarques préliminaires à faire?
M. Savoie: Ah oui!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci beaucoup, M. le Président. Vous me
permettrez tout d'abord de saluer les collègues de l'Assemblée
nationale, tant du côté de l'Opposition que du côté
ministériel...
Des voix: Merci.
M. Savoie:... et, évidemment, M. Cameron, M. Jolivet, M.
le Président, vous êtes bien gentils.
Le Président (M. Gobé): C'est un
pseudoministériel.
M. Savoie: Oui, oui, je le connais bien. Je vous remercie, M. le
Président. De même je vous souligne la présence de mon
attachée politique au niveau des dossiers des corporations
professionnelles en la personne de Mme Claude Char-tré.
Évidemment, vous savez fort bien que l'importance qui est
accordée à la publicité, traditionnellement au
Québec, au niveau des professionnels a été fort
limitée à cause, évidemment, des restrictions
réglementaires, juridiques qui entouraient ce genre d'activité.
Avec la décision de la Cour suprême dans le dossier Rocket, la
position doit être complètement revue.
Finalement, la décision de la Cour suprême est un jugement
qui peut être évalué comme étant une décision
facile pour la Cour suprême, dans le sens qu'elle a pris l'analyse et
qu'elle a dit: En vertu de l'article 2 de la Charte canadienne des droits il y
a violation lorsqu'on impose des restrictions quant à la
publicité des professionnels. Et elle dit: II y a deux critères
seulement qui peuvent être utilisés: il y a le critère,
évidemment, du moyen, comme quoi le moyen utilisé est
raisonnable, et, également, l'autre critère de la notion de
justifier. Est-ce qu'il est justifié, par exemple, pour une corporation
de professionnels d'intervenir? À ces deux questions, la Cour
suprême est arrivée à la conclusion que c'était
non.
La Cour suprême ne nous présente pas des alternatives, ne
nous présente pas une nouvelle orientation. Elle dit tout simplement:
À la lumière de la Charte, nous devons donc faire en sorte que
nous devions revoir l'ensemble de nos dispositions concernant la
publicité, en ce qui concerne les corporations professionnelles dans,
justement, le cadre du respect de l'article 2, et évidemment
qu'elle-même ne pouvait pas intervenir, à cause justement des
règles et de la tradition de la Cour suprême de non-intervention
lorsqu'il y a interdiction absolue pour procéder à des
révisions.
Alors, dans un contexte comme ça, toute la question de la
publicité refait surface. Nous sommes intervenus au mois de
décembre avec un projet de loi pour justement empêcher que,
finalement, une certaine confusion ne s'installe au niveau des corporations
professionnelles en ce qui concerne la publicité, pour permettre aux
corporations professionnelles d'intervenir non pas en empêchant la
publicité pour tout sauf ce qui est autorisé, mais plutôt
en disant que la publi-
cité est autorisée sauf pour ce qui est exclu pour des
raisons, des notions, par exemple, comme l'ordre public, la protection du
public.
C'est dans ce contexte-là que, sur recommandation de Mme la
députée de Chicoutimi, qui nous. disait qu'il serait
peut-être intéressant d'entendre les associations de consommateurs
au Québec, des gens qui sont intéressés à la
consommation, à la protection du consommateur qui pourraient intervenir
et on pourrait les entendre - évidemment, c'était une bonne
idée, quoique personnellement je prévoyais n'entreprendre ces
démarches-là que cet automne - je lui ai dit qu'il était
raisonnable de commencer une première réflexion là-dessus
avant la reprise des travaux de la session parlementaire du mois de mars.
Alors, c'est dans ce sens-là que nous nous retrouvons ici,
aujourd'hui. Donc, suite à la décision Rocket, suite
également à un projet de loi qui a été
déposé et adopté au mois de décembre à
l'Assemblée nationale, suite à une demande et à un
échange que j'ai eus avec Mme la députée de Chicoutimi,
qui est également critique en matière de corporations
professionnelles, et je pense que la réponse, quand même,
malgré le fait qu'il y ait seulement un répondant qui est ici
présent aujourd'hui... Je pense que tout le monde a été
particulièrement intéressé et je peux vous assurer d'une
affaire, mes collègues, ici, de l'Assemblée nationale, c'est que
tout le monde, mais alors tout le monde va s'intéresser à ce
dossier-là à très court terme. La publicité
commence à paraître. La publicité commence
déjà à friser les zones grises de la loi, de la tradition,
ici, que nous avions en ce qui concerne les corporations professionnelles au
Québec. Ça va devenir, je crois, un dossier très important
au cours de l'été et de l'automne de l'année 1991.
Donc, je suis heureux de voir que nous pouvons procéder. J'ai eu
l'occasion, là, de regarder sommairement les mémoires. Je veux
les entendre. On va procéder à une lecture beaucoup plus en
profondeur et, comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure pour
les autres mémoires, nous pourrons certainement être en mesure
d'approfondir considérablement nos démarches au courant de
l'été et du début de l'automne 1991.
Donc, très heureux de ce déroulement jusqu'à date,
très heureux aussi du mémoire de l'Office qui nous a
été présenté, de même que de l'Association
des consommateurs, et j'espère évidemment qu'au cours des
quelques mois qui vont suivre on sera en mesure d'y aller de l'avant
également avec une bonne réflexion de la part du caucus de notre
côté, tout au moins, pour s'assurer qu'on puisse évidemment
prendre les décisions qui sont dans l'intérêt non seulement
du public, qui évidemment prime tout le reste, mais également des
corporations professionnelles qui sont si nécessaires pour le bon
fonctionnement de notre société. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Mme
la députée critique officielle de l'Opposition...
Mme Blackburn: La députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Gobé):... vous avez la parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mes salutations
à tous, président et collègues de l'Assemblée
nationale, et ceux et celles que nous entendrons tout à l'heure.
D'abord, je vais faire assez brièvement parce que je voudrais
laisser un peu de temps à ma collègue de Terrebonne, parce
qu'elle est aussi porte-parole de l'Opposition en matière de protection
du consommateur et, comme ça touche au premier titre cette question, je
pense qu'il est important qu'elle puisse ici exprimer aussi l'avis de
l'Opposition.
Il est bon de rappeler que, si nous tenons cette séance de
travail aujourd'hui, c'est à la suite d'une demande de l'Opposition, et
je remercie le ministre d'y avoir accédé. Ça peut sembler
relativement bénin ou banal, face aux grands débats actuels qui
touchent la Constitution ou la guerre du Golfe, de parler de
déréglementation de la publicité, mais c'est majeur au
Québec, parce que ça s'était toujours passé de
façon différente, particulièrement au Québec, si on
compare surtout aux États-Unis.
La décision qui est prise, c'est à la suite du jugement de
la Cour suprême, comme le rappelait le ministre tout à l'heure,
qui en juin 1990 décidait, en vertu de la Charte des droits et
libertés de la personne, que les professionnels avaient le droit de
faire de la publicité. Donc, il fallait revoir là-dessus nos
procédures et ajuster nos lois à cette décision de la Cour
suprême.
Mais cette idée avait déjà été
avancée dans le rapport Scowen sur la déréglementation et
la déréglementation de la publicité des honoraires.
À cette époque, je me permets de le rappeler, le ministre
responsable des corporations professionnelles - je n'ai pas toujours
été d'accord avec lui mais je l'étais sur cette
question-là - estimait qu'il fallait agir dans ce domaine avec
infiniment de prudence, parce que la déréglementation de la
publicité aux États-Unis avait créé des situations
qui frisaient l'abus, dans certains cas, et, en raison de la concurrence
féroce au sein de certaines corporations, la publicité qui en
ressortait visait souvent... ou avait comme effet davantage d'abuser le
consommateur plutôt que de l'informer, et ça, c'est connu. C'est
un système qui ne sert pas encore actuellement le consommateur. Alors,
je garde toujours cette réserve mais, en même temps, depuis le
rapport
Scowen, on a l'obligation de s'ajuster en vertu d'un jugement de la Cour
suprême.
Au moment où on a examiné le projet de loi, on s'est
étonnés du fait que les exigences qui étaient faites aux
corporations professionnelles étaient moins contraignantes que celles
qui étaient faites, de façon générale, aux
commerçants par la Loi sur la protection du consommateur. Même si
nous estimions, à ce moment-là, compte tenu que les
professionnels sont des entrepreneurs privés - si vous me passez
l'expression, ce sont des professionnels mais entrepreneurs privés -
qu'ils vendent un service comme d'autres vendent des maisons, ou des immeubles
ou d'autres types de services, on ne voyait pas très bien ce qui
justifiait qu'il y ait un traitement différent, selon qu'on soit
commerçant ou professionnel. D'ailleurs, certains représentants
des corporations professionnelles ont signifié leur position et leur
réticence à vouloir vraiment faire de la publicité
concernant leurs tarifs, en particulier. C'est vrai pour les avocats, les
notaires, les médecins, les dentistes.
Dans Le Soleil du lundi 25 février 1991, on rapporte des
propos du Dr Boucher, président de l'Ordre des dentistes du
Québec, qui dit, et je cite au texte, des dentistes: "Nous ne sommes pas
des vendeurs de guenilles. Peu de dentistes vont accepter d'afficher leurs
prix." Évidemment, c'est repris un peu par M. Augustin Roy, d'ailleurs,
qui dit que la santé, ce n'est pas un commerce. En tout cas, si ce n'est
pas un commerce, c'est payant, mais ça, c'est autre chose. C'est
lucratif.
Tout ça pour dire que, dans le fond, on a la position de
certaines corporations professionnelles parmi les plus importantes qui disent:
Oui, on veut bien y aller, mais on ne veut pas aller trop loin et surtout pas
afficher nos tarifs, et de l'autre côté l'Office des professions
du Québec qui dit qu'on devrait avoir un peu plus de transparence
à cet égard.
Moi, je déplore que la séance d'aujourd'hui se
déroule alors qu'on n'a qu'un seul organisme qui se présente et
alors que la Fédération des associations de consommateurs a fait
une demande officielle - tardive, je dois le dire, mais officielle - de
reporter la présente séance pour lui permettre de mieux
préparer sa position. Comme c'est quand même, aussi, une
association importante, j'aurais aimé qu'on soit un peu attentifs
à sa demande. Le leader chez nous n'en a pas entendu parler. Je me suis
permis de revérifier ce que j'avais fait. J'avais vérifié
vendredi, j'ai revérifié aujourd'hui parce que, hier, les bureaux
étaient fermés.
Alors, je suis heureuse de voir qu'il y ait une association qui se
présente, mais je déplore qu'il n'y en ait qu'une alors que nous
aurions dû en avoir au moins quatre. Je déplore aussi que l'Office
des professions, si je comprends bien les propos du président, ne puisse
être ici; moi, on me disait: Ne souhaitait pas être ici. Je
préfère qu'on me dise qu'il ne pouvait pas être ici
plutôt que de dire qu'il ne souhaitait pas être ici parce que, s'il
y a un organisme qui a la responsabilité et le devoir d'informer les
parlementaires, de venir échanger avec les parlementaires sur les
meilleures conditions touchant cette question de la
déréglementation de la publicité dans les corporations
professionnelles, il me semble que c'est l'Office. On paie l'Office des deniers
publics précisément pour qu'il exerce cette fonction. Alors, que
l'Office décide de ne pas se présenter ici, en commission, je
préfère penser que c'est parce que les personnes n'étaient
pas disponibles plutôt que de penser que c'est parce qu'elles ont
refusé de se présenter.
Le Président (M. Gobé): II n'y a eu de notification
ni de l'un ni de l'autre.
Mme Blackburn: Non?
Le Président (M. Gobé): On m'a transmis le rapport
et je me suis borné à le déposer, à constater
qu'ils ne pouvaient pas être ici. Je ne peux leur prêter aucune
raison.
Mme Blackburn: Alors, il faudrait voir comment on pourrait, comme
le souhaite le ministre, d'ailleurs, examiner de façon plus attentive
cette question sous tous ses aspects, d'abord sur la réception que cette
disposition ou cette nouvelle loi reçoit... la réception qui est
faite par les différentes associations professionnelles. Il faudra
savoir jusqu'où elles veulent aller, parce que ce n'est pas vrai que les
parlementaires vont vouloir choisir une direction et qu'une fois rendue dans
les corporations ou dans les ordres professionnels ils pourront faire ce qu'ils
voudront. Je me dis qu'à un moment donné il y a une ligne de
conduite générale qui concerne tout le monde ou il n'y en a
pas.
La deuxième chose, j'aurais souhaité que la
Fédération puisse être là et que l'Office des
professions puisse également venir échanger avec nous sur les
meilleures dispositions à inclure dans cette loi sur la
déréglementation de la publicité dans les corporations
professionnelles. C'est pourquoi, M. le ministre - ma collègue va
prendre la parole dans quelques minutes - nous allons entendre l'Association
des consommateurs du Québec, mais je souhaiterais qu'à la
clôture de cette séance nous puissions examiner la
possibilité de tenir une nouvelle séance de travail et, cette
fois, une séance de travail à laquelle devraient participer la
Fédération des associations de consommateurs telle qu'elle le
souhaite, l'Office des professions, que nous devrions convoquer, et essayer
autant que possible d'avoir des représentants de quelques associations
professionnelles ou ordres professionnels, parce qu'il me semble que, sans un
éclairage qui vienne de ces différentes sources,
on ne pourra pas se donner ou donner au Québec une loi
susceptible de bien protéger le consommateur.
Le Président (M. Gobé): Pardon, Mme la
députée, parliez-vous de l'Office de la protection du
consommateur?
Mme Blackburn: L'Office de la protection du consommateur.
Le Président (M. Gobé): Parce que vous avez
employé à quelques reprises "l'Office des professions".
Mme Blackburn: L'Office des professions. Je m'excuse. Alors, je
rectifie. C'est vraiment l'Office de la protection du consommateur, et l'Office
de la protection du consommateur est là pour informer le
législateur.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on s'entend bien
que le mémoire que j'ai déposé est celui de l'Office de la
protection du consommateur...
Mme Blackburn: C'était l'Office de la protection du
consommateur.
Le Président (M. Gobé):... et non celui de l'Office
des professions? C'est parce que je ne voudrais pas qu'il y ait de quiproquo,
et je demanderai aux gens de l'enregistrement de bien vouloir rectifier les
propos de Mme la députée et, s'il y a un doute, de la consulter
pour qu'elle puisse voir à rectifier ça, parce que c'est
important.
Mme Blackburn: Oui, effectivement, il s'agit bien de l'Office de
la protection du consommateur...
Le Président (M. Gobé): C'est exact.
Voilà.
Mme Blackburn:... et non pas de l'Office des professions. C'est
certain que le président, M. Mulcair, va penser que je le vois dans ma
soupe, mais, comme je le rappelle, comme l'Office de la protection du
consommateur a la responsabilité de s'assurer de l'application des lois
sur la protection du consommateur, il a également la
responsabilité de venir échanger avec les parlementaires sur les
meilleures façons d'assurer cette protection du consommateur. Alors, je
souhaiterais, M. le ministre, qu'au terme de cette commission nous puissions
aborder cette question. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Ceci met fin à vos remarques
préliminaires. Mme la députée de
Terrebonne, rapidement. Il vous reste quelques minutes sur son temps.
D'accord? Par la suite, nous passerons...
Mme Blackburn: M. le ministre va consentir à...
Le Président (M. Gobé): Oui, oui. Je pense qu'il
n'y a pas de problème.
M. Savoie: Non, non, non. On va commencer. Les gens sont venus de
loin, il est déjà 14 h 30. On va commencer.
Le Président (M. Gobé): Mais il reste quelques
minutes sur le temps de Mme la députée. Cinq minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que, lors de
l'étude du projet de loi 100 en commission parlementaire, en
décembre dernier, nous avions prévenu le ministre des
inquiétudes que nous avions dans ce projet de loi et nous lui avions
bien démontré que le projet de loi 100 n'assurait pas la
même protection que nous avions pour tous les autres biens et services
des consommateurs. Le dépôt du mémoire de l'Office de la
protection du consommateur démontre exactement la même chose, M.
le Président. Il est clair que dans ce mémoire-là on nous
dit que la nouvelle législation est insuffisante.
Nous avions rappelé au ministre, à ce moment-là,
qu'en 1979, lors de l'étude de la Loi sur la protection du consommateur,
on avait étudié la question pour savoir si on devait mettre
exactement la même protection pour les professionnels et pour les
commerçants tout en distinguant, bien sûr, ces deux types de
services qui sont rendus au consommateur. À ce moment-là, on
avait jugé que, dès qu'il y aurait ouverture du côté
de la publicité, il y avait déjà consensus pour amener
l'uniformité dans les deux projets de loi.
Donc, le projet de loi 100 qui a été voté au mois
de décembre est venu briser ce consensus-là. Il a fait fi de
toutes les négociations qui avaient été faites à ce
moment-là et ça s'est fait au moment où les associations
de consommateurs étaient aux prises avec un projet de loi, le projet de
loi 89, où elles ont mis énormément d'énergie pour
étudier ce projet de loi là et se prononcer pour ou contre, mais
pour étudier le projet de loi 89 qui touchait tous les consommateurs.
Elles n'ont donc pas eu le temps de se prononcer sur le projet de loi 100. (14
h 30)
Ce qu'ils ont signifié aussi... par exemple, la FNACQ a
demandé qu'on puisse retarder pour qu'on puisse l'entendre et les
commentaires qu'on a eus, M. le Président, suite à nos
interventions on commission lors de l'étude du projet de loi 100, c'est
que nous avions raison. Les
associations de consommateurs nous ont contactés, elles nous ont
dit qu'effectivement il y avait un danger. Le ministre lui-même l'a
confirmé iantôt, puisqu'il nous dit que déjà, avec
les publicités qui sont commencées, on se trouve dans la zone
grise. Donc, la protection n'est pas là. Donc, nos craintes
n'étaient pas vaines, M. le Président, et on sait que, si le
ministre avait commencé à étudier une certaine
réglementation pour la mettre en conformité avec la loi de la
protection du consommateur, ça aurait pu se faire avant le jugement
qu'on a reçu.
Bien sûr, maintenant il faut agir précipitamment. Mais, si
le ministre avait pris sa responsabilité et avait commencé
à travailler sur ce dossier-là il y a très longtemps, on
aurait pu rencontrer tous les organismes concernés, on aurait pu
rencontrer l'Office de la protection du consommateur et on aurait pu arriver
avec un projet de loi qui répondait aux besoins des consommateurs. Ce
n'est pas ce que nous avons eu, M. le Président, et j'ai hâte,
bien sûr, d'entendre l'Association des consommateurs du Québec qui
s'est déplacée pour venir nous donner ses commentaires, et je
l'en remercie à l'avance.
Je suis heureuse, par contre, d'avoir le mémoire de l'Office de
la protection du consommateur qui va dans le même sens que ce que notre
formation politique avait défendu, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup, Mme
la députée de Terrebonne. Je vais maintenant passer la parole,
pour une autre période de remarques préliminaires, à M. le
député de Jacques-Cartier. Vous avez la parole.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. En
général, je suis en faveur de la déréglementation
maximale. Je suppose que pour les matières discutées ici il faut
que j'emploie un peu d'anglais.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, faites,
monsieur.
M. Cameron: I would say, first of all, on the deregulation of
professional advertising in the United States, that the Member for Chicou-timi
is quite correct that this has frequently led to a type of advertising that is
more aimed at entertainment or competition in vulgarity than in providing the
maximum amount of information to the consumer. But I am less bothered by that
than she is. I rather think that the competition between different types of
advertising and the greater willingness of our American friends, at least to
accept caveat emptor, still works out in the long run as pretty well for the
consumer.
I suspect that one of the reasons that it is difficult to establish a
general code or a general standard for professional corporations as compared to
ordinary commerce, for instance, is that I am already surprised at how wide the
term "professional corporation" is now in Québec, just in terms of what
I have seen before this committee. That is to say, if we consider the
difference between long-established professions with very small numbers of
clients and elaborate training schedules - let us say architects - they are not
going to be under a very great amount of pressure in terms of what kind of
advertising they present to the public.
If we consider, in other cases, the almost instantly manufactured
professional corporations that, for example, rose with the cégeps, many
of them are not engaged in commercial advertising at all. On the other hand, if
we consider, let us say, someone like dentists or for that matter, as we heard
at great lenght last year, dental technologists and dental hygienists and so
on, I suppose that many of them would be delighted to advertise in the fashion
of the United States, with gigantic teeth on display in the street and so
forth.
So I am very skeptical that an ideal law can be designed. For instance,
I suspect that one of the kinds of professional corporations that will become
important in the next century, whatever it is called, will be some kind of
corporation of software designers or other computer professionals and that the
technicalities of what are called the protocols in terms of computer design and
computer software are sufficiently complex that only other experts in computer
software would be able to say whether the computer software professional was in
some respect misleading the public or not.
I think legislators would have great difficulty in knowing whether or
not they were reading an ethical computer software program advertisement or
something of that kind. In general, the ingenuity of the human race in its
capacity for producing new types of technologies seems to me to always outrun
attempts to control it by specific legislation. Therefore, I would go back to
my original point: déréglementation maximale. Merci, le
Président.
Auditions
Le Président (M. Gobé): Thank you, Mr. Cameron.
Nous allons maintenant passer à l'audition du mémoire et je
demanderais à l'Association des consommateurs du Québec de bien
vouloir prendre place en avant, s'il vous plaît.
Bonjour, mesdames, nous vous souhaitons la bienvenue à cette
commission. Je crois comprendre que Mme Nicole Laliberté,
présidente, et Mme Nicole Lemire - deux Nicole - directrice
générale, sont présentes. C'est bien cela?
Association des consommateurs du Québec
MmeLaliberté (Nicole): Oui, c'est bien ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, encore une fofs
bonjour et bienvenue.
Mme Laliberté: Bonjour.
Le Président (M. Gobé): Je vous rappellerai que
l'audience va durer une heure. Vous avez 20 minutés pour
présenter votre mémoire, ce n'est pas un minimum; vous pouvez
parier 20 minutes, ou 10 minutes ou 15 minutes. Le reste du temps, à ce
moment-là, est réparti entre les deux formations politiques pour
discussion. Lorsque vous aurez terminé, nous commencerons par le
côté ministériet et, par là suite, nous irons du
Côté de l'Opposition officielle. À la fin, je
réserverai deux ou trois minutes à chacune des formations pour
des remarques finales et, le M. le député de Jacques-Cartier,
vous aurez aussi un temps d'intervention qui correspond à...
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce qu'on pourra
disposer de la question que j'ai soulevée?
M. Savoie: Oui, à la fin je vais disposer de vôtre
question, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: À la fin? Très bien. Merci.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Jacques-Cartier, quand vous le voudrez, vous aurez une dizaine de minutes
pour vous lorsque vous jugerez utile d'intervenir, soit après Mme la...
Pardon?
Une voix: Mme la députée.
Le Président (M. Gobé): C'est vraiment, ce matin,
quelque chose.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Chicoutimi. D'accord? Vous aurez aussi droit à
des remarques terminales.
M. Cameron: C'est généreux.
Le Président (M. Gobé): Alors, mesdames. M. le
ministre, s'il vous plaît, c'est la présidence qui dirige les
débats.
Mme Laliberté: M. le Président, MM. les membres du
parti au pouvoir et les membres du parti de l'Opposition, nous sommes heureux,
ici, de venir représenter les consommateurs, malgré qu'on soit un
peu gênées, après toute cette entrée, cette mise en
situation où on avait l'air de prétendre que les consommateurs ne
seraient pas représentés ici cet après-midi parce qu'on
était les seules. Alors, c'est un peu intimidant, je m'excuse
pratiquement d'être ici. Ha, ha, ha!
La publicité des services professionnels à la
l'Association des consommateurs du Québec, ça a été
un sujet qui a été fort défendu et discuté depuis
les années 1975; donc, il y a environ 15 ans que l'on parle de
publicité des professionnels à l'Association des consommateurs du
Québec. Nos interventions ont été en 1977, lors de la
publication du rapport de l'Office des professions qui parlait de la
réglementation des honoraires professionnels dans la pratique
privée. L'ACQ faisait connaître sa position et disait qu'on devait
permettre toute publicité à condition, d'une part, qu'elle ne
soit ni fausse ni trompeuse et, d'autre part, qu'elle soit exacte,
précise et significative.
En 1979, en collaboration avec le groupe de recherche en consommation,
l'ACQ se prononçait à nouveau sur le rapport pour appuyer le
principe de concurrence et formuler, à ce moment-là, des
recommandations qui revenaient à peu près aux mêmes
critères qui étaient: une information adéquate qui
l'aidera à faire un choix en répondant le mieux à ses
besoins; ensuite, que l'information véhiculée soit
précise, exacte et significative et soit l'objet d'une surveillance
minimale; que soient utilisés tous les moyens de diffusion possibles; et
on disait aussi: que le professionnel fournisse a priori au consommateur le
coût d'une première consultation et la base de facturation pour
les services subséquents éventuels.
Au début des années quatre-vingt, l'ACQ intervenait
concrètement à plusieurs reprises dans les domaines de l'optique
et du droit. Des représentants de l'ACQ développaient la position
de l'Association au sein des comités de révision des
règlements de publicité que le Barreau et l'Ordre des opticiens
d'ordonnances avaient mis sur pied. Dans son intervention sur la question de la
tarification des notaires, qui était étroitement liée
à la libéralisation de la publicité, l'ACQ proposait que
ceux-ci puissent diffuser de l'information sur le prix de leurs services, leur
domaine de spécialisation et tout autre renseignement, à
condition que cette information soit précise, exacte et, toujours la
même chose, significative.
En 1982, l'ACQ était invitée à venir exposer sa
position au colloque de l'Office des professions du Québec. En 1984, on
demandait au gouvernement du Québec, à l'Office des professions
du Québec et à chacun des ordres professionnels d'autoriser les
professionnels à publiciser leur champ de compétence ou de
spécialisation et leur mode de tarification; d'obliger les
professionnels à afficher dans leur bureau leur mode de tarification et
d'obliger les professionnels à fournir à leurs clients une
facturation détaillée des services rendus.
En 1986, on ramenait les mêmes revendications dans le débat
sur la réglementation des
honoraires professionnels dans la pratique privée, question
encore très liée à la libéralisation de l'affichage
et de la publicité.
En 1988, lors de la journée internationale des consommateurs,
l'Association revenait à la charge sur la base, cette fois, du droit
à l'information. Elle divulguait alors les résultats d'un sondage
effectué auprès de ses membres sur les prix et les services des
professionnels. L'enquête démontrait clairement le manque
d'information à ce niveau pour que le consommateur puisse effectuer un
choix judicieux. L'ACQ rappelait alors au gouvernement du Québec ses
recommandations de 1984.
Encore aujourd'hui, l'ACQ croit fermement qu'une véritable
publicité informative faciliterait \q choix des services professionnels
et que la concurrence aurait un impact positif sur la qualité des
services.
Certains prétendent que les consommateurs ont toute l'information
dont ils ont besoin et que la publicité corporative est suffisante.
C'est vrai que la publicité des corporations peut être très
utile, mais elle ne donne pas au consommateur une information complète
quant au choix qu'il pourrait faire d'un professionnel. Elle n'est pas non plus
de nature à stimuler la concurrence entre les professionnels.
L'information a aussi le désavantage de provenir d'une seule source et
son contrôle repose totalement entre les membres de la profession, ce qui
présente une lacune importante quant à sa
crédibilité.
Ce n'est pas parce qu'une corporation peut faire connaître le
genre de services ou le genre de personnes en mesure d'offrir un type de
services dans une profession donnée que cela permet au consommateur de
savoir lequel parmi ces professionnels peut répondre mieux à ses
besoins.
Certaines résistances viennent des professionnels, aussi, qui les
justifient sur la base qu'ils ne sont pas des commerçants. Cela est leur
droit, mais ils ne doivent pas l'exercer en privant le consommateur des
informations qui lui sont nécessaires pour faire un choix
éclairé.
Quant à la croyance de ceux qui soutiennent que la concurrence
sur les prix entraînerait une diminution de la qualité des
services, ça irait à l'encontre de l'exercice d'une profession
que d'offrir des services moindres, justifiés sur la base de prix. Par
exemple, on voit très mal un professionnel dire: Bon, bien, ta
thérapie est terminée parce que tu en as pour ton argent.
Donc, je pense que nos professionnels sont formés, ont un code de
déontologie; ils sont, en fait, plus professionnels que ça,
à notre avis. En plus, on a démontré que les avantages de
la concurrence sont supérieurs, certainement, aux inconvénients,
en autant que la publicité que l'on permet soit dans les cadres de ce
qu'on a dit plus haut.
Le droit à l'information et à la protection. Sur la base
du droit à l'information inscrit dans la Charte canadienne des droits et
libertés, il apparaît légitime que soient publicises des
renseignements tels la tarification des professionnels, le secteur
d'activité dans lequel ils concentrent leur pratique, le prix des
services qu'ils rendent déjà sur une base standardisée
tels un examen sommaire ou une visite de contrôle, une consultation
initiale, un nettoyage de dents, la réparation d'une prothèse, le
prix de certains biens comme des médicaments, des lunettes, des
prothèses, des orthèses. (14 h 45)
Le consommateur recherche ce type d'information pour fins de comparaison
avant de prendre une décision. Après tout, n'achète-t-il
pas un service? Pourquoi pourrait-il avoir toutes les informations
nécessaires pour magasiner un bien ou un service comme une voiture ou un
garagiste et non pour un bien ou service comme des lunettes, des
médicaments, un médecin ou un dentiste? Ne s'agit-il pas
là d'échanger un bien ou un service contre de l'argent? Pourquoi
pourrait-on l'encourager à faire des comparaisons sur le rapport
qualité-prix dans un secteur d'activité et non dans un autre?
La loi de l'OPC, reconnue pour protéger les consommateurs contre
les pratiques commerciales abusives, ne régit pas les professionnels.
Or, depuis décembre dernier, la loi 100 permet la promotion des services
professionnels. En modifiant le Code des professions par l'insertion des
articles 60.1, 60.2 et 60.3 traitant de publicité trompeuse, elle
devrait protéger les intérêts des utilisateurs de services
professionnels, quoique nous soyons aussi d'accord avec l'OPC qui recommande,
par exemple, que sort mieux défini ce qu'est la publicité
trompeuse, que les cadres soient plus restrictifs.
Aussi, la modification de l'article 87 par l'ajout d'un paragraphe
traitant "des dispositions énonçant des conditions, des
obligations et, le cas échéant, des prohibitions quant à
la publicité faite par ses membres" permet de définir des balises
pour que chacun y trouve son compte. À titre d'exemple, la section V,
restrictions et obligations relatives à la publicité,
ajoutée au code de déontologie des avocats en est une application
concrète. Les précisions quant au tarif forfaitaire
témoignent d'un désir d'informer adéquatement le
consommateur, bien que l'absence de règles semblables quant à
toute autre forme de tarif donne lieu à certaines inquiétudes.
Aussi, les articles 5.01.06 et 5.01.07 interdisant certaines publicités
dans des situations susceptibles d'influencer des personnes physiquement ou
émotionnellement vulnérables permettent de croire à la
volonté des avocats de recourir à une véritable
publicité informative.
Il est à souhaiter que les autres corporations professionnelles
emboîtent le pas dans le même sens, au niveau de leur
réglementation respective.
Par ailleurs, il faudrait définir des mesures
protégeant le public contre différentes formes de
publicité incitative mais plus discrète comme la publicité
directe, la sollicitation téléphonique ou le
télémarketing. On n'a pas vu de dispositions qui
régissaient, à moins que la loi ne le dise pas
spécifiquement mais encadre toute forme de publicité.
Comment garantir le respect des règlements? Ben, là,
ça semble un peu difficile, mais le secteur des services professionnels,
on pense qu'il est probablement Ie meilleur qui puisse garantir une saine
publicité. En effet, il s'agit d'un des secteurs les plus
réglementés de la province. Il existe des contrôles
à l'entrée dans la profession, des comités d'arbitrage de
comptes, des comités de discipline, des comités d'inspection
professionnelle et de formation continue. Il n'y a pas d'équivalent dans
les autres secteurs où pourtant il se fait de la publicité, et
c'est peut-être pourquoi on la veut beaucoup plus sévère
dans les autres secteurs.
Les corporations professionnelles ont l'obli-gation de protéger
le public et doivent permettre à ce dernier d'obtenir l'information dont
il a besoin pour choisir le professionnel en mesure de lui offrir les services
et les biens qu'il recherche-, et ça, au prix qui lui convient. En ce
sens, les corporations doivent se pencher sur les précisions à
inscrire dans les règlements pour s'assurer que les termes
"précis", "exact" et "significatif" ainsi que les termes "faux" et
"trompeur" soient bien compris et que les professionnels puissent savoir
clairement à l'intérieur de quelles limites la publicité
qu'ils feront devrait s'inscrire. Il est évident que les
précisions à apporter à chacun des règlements
peuvent varier selon les corporations pour s'adapter aux particularités
de chacune: elles devraient normalement varier selon que les professionnels
vendent des biens ou qu'ils offrent des services.
Les professionnels eux-mêmes devraient être la meilleure
garantie du respect des règlements de publicité qui seraient
adoptés. En effet, ceux qui pourraient détecter chez leurs
concurrents une publicité qui contreviendrait au règlement
seraient les premiers à avoir intérêt à se plaindre
à leur syndic pour mettre fin à ces pratiques. Aussi, des
sanctions allant de la réprimande à la révocation du
permis, en passant par les amendes ou les suspensions de permis, seraient un
frein très efficace aux abus qui pourraient se produire dans le
domaine.
En conclusion, c'est par le biais d'une réglementation permettant
une plus grande information du public que les professionnels mériteront
davantage sa confiance. En effet, la réglementation devrait permettre au
consommateur d'un bien ou d'un service professionnel d'accorder plus de
crédibilité à l'information qu'on lui fournira. De plus,
la réglementation devrait favoriser une saine concurrence chez les
professionnels et ainsi profiter aux uns comme aux autres.
L'Association des consommateurs du Québec voudrait que la
réglementation des professionnels favorise une véritable
publicité informative. À cet effet, elle réitère
ses recommandations: que le consommateur dispose d'une information
adéquate qui l'aidera à faire un choix répondant le mieux
à ses besoins; que l'information véhiculée soit
précise, exacte et significative et soit l'objet d'une surveillance
minimale; que les professionnels soient autorisés à publiciser
leur champ de compétence ou de spécialisation et leur mode de
tarification; que les professionnels soient obligés d'afficher dans leur
bureau leur mode de tarification; que les professionnels puissent fournir au
consommateur le coût d'une première consultation et la base de
facturation pour les services subséquents éventuels. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme
Laliberté. Alors, maintenant, M. le ministre, nous allons passer
à vous. Vous avez une période de 15 minutes.
M. Savoie: Oui, merci beaucoup. M. le Président, tout
d'abord vous me permettrez de saluer Mme Laliberté et Mme Lemire, les
remercier de leur présence ici cet après-midi. Évidemment,
il est toujours agréable de rencontrer des gens de l'Association des
consommateurs du Québec, tout d'abord à cause de la grande
crédibilité des mémoires qu'ils déposent d'une
façon constante sur l'ensemble des dossiers, et c'est tout à leur
honneur. Il n'y a pas, dans leur présentation, une partisanerie, il n'y
a non plus un dogme, une idéologie qui fait en sorte que ça
fausse l'ensemble des conclusions qu'ils peuvent présenter. Ils ont
tendance à être neutres, à regarder vraiment
l'intérêt de la protection du consommateur au sein de l'ensemble
des orientations que se donne la société
québécoise. Donc, particulièrement agréable pour
nous autres, cet après-midi, de les rencontrer.
Je voudrais également souligner - on ne l'a pas abordé
à date - que l'ensemble des corporations professionnelles du
Québec s'est regroupé dans un conseil interprofessionnel et que
le directeur général de ce conseil est ici présent en la
personne de M. Fréchette qui assiste et qui, je suis certain, va faire
un rapport fidèle aux membres de son conseil qui regroupe, comme vous le
savez, toutes les corporations professionnelles au Québec.
Ce qu'on constate, finalement, c'est qu'au niveau de l'Association des
consommateurs du Québec il y a très peu de mouvement, donc, au
niveau des corporations professionnelles depuis 1986. Lorsque finalement vous
avez abordé la question des honoraires vis-à-vis de la question
de l'affichage et de la publicité, en 1988, vous mentionniez
effectivement que, lors de la journée internationale des consommateurs,
vous êtes
revenus à la charge, donc, sur le droit à I information,
sur le droit au niveau des tarifs honoraires. Ma première question, Mme
Laliberté, c'est: Est-ce qu'effectivement, depuis la décision
dans l'affaire Rocket, il y a eu modification de votre position à
date?
Mme Laliberté: Non, c'est une constance dans notre
position. C'est que les réticences qu'on a rencontrées, les plus
fortes, sont sur la tarification. On s'entendait assez bien sur la
publicité informative, sur les informations que nous, les consommateurs,
on voulait. Lorsqu'on arrive à la tarification, c'est là qu'il
semble y avoir une plus grande réticence. Je pense qu'on a essayé
de démontrer aux professionnels que pour prendre une décision
ça nous prend certains critères, ça nous prend certaines
informations, quand on est un consommateur, pour prendre des décisions;
donc, celle de la tarification est vraiment importante parce qu'on ne voit pas
pourquoi on ne peut pas...
Quand on ne peut pas le faire sur un produit ou, par exemple, sur des
thérapies ou des choses comme ça, on peut le faire au moins sur
le tarif horaire. On peut informer les gens au moins sur le tarif horaire.
Donc, à notre avis, il n'y a pas de situation où on ne pourrait
pas informer les consommateurs sur le tarif.
M. Savoie: Alors, le jugement Rocket, finalement, n'a
modifié d'aucune façon la position que vous avez prise en
1986.
Mme Laliberté: Bien, parce qu'il allait dans le sens de ce
que...
M. Savoie: Que vous souhaitez, oui. Mme Laliberté:
...on souhaitait. Ha, ha, ha!
M. Savoie: Non, j'aurais pensé, peut-être, qu'il y
aurait eu des ajustements ou bien... Finalement, l'Association sent que
ça renforce sa position.
Mme Laliberté: Oui, ça vient appuyer notre
position. Ça vient nous donner un peu plus, disons, de confiance en ce
qu'on dit depuis le début, mais ça ne modifie pas vraiment le
fond, puisqu'on a toujours dit ce que le jugement Rocket a dit. Nous, on l'a
toujours dit peut-être d'une façon un peu plus simple, puisque les
consommateurs n'ont pas l'habitude de vouloir se compliquer la vie, mais on a
toujours dit qu'on voulait que les gens aient de l'information pour les
services professionnels, que le temps était venu où les
consommateurs pouvaient prendre des décisions et avaient besoin
d'information pour prendre des décisions.
M. Savoie: D'accord. Alors là, finalement on pourrait dire
que la décision de l'affaire Rocket vient confirmer les recommandations
de l'Association, ce que prônait l'Association depuis 1986. Là,
Rocket est en vigueur, en quelque sorte, la décision, on la voit
fonctionner sur une base quotidienne. Là, on sent que les corporations
professionnelles doivent évidemment revoir l'ensemble de leurs
orientations au niveau de la publicité. Est-ce qu'il y a eu des contacts
de la part de ces corporations professionnelles, sur une base individuelle,
avec l'Association?
Mme Laliberté: Oui, on a toujours des contacts avec les
corporations et l'Office des professions, surtout. On connaissait notre
position et, comme je vous disais tout à l'heure - j'en reviens encore
à ça - les réticences étaient surtout sur la
tarification, pratiquement toujours sur la tarification. Le principe ne
semblait pas trop... Eux voyaient ça beaucoup plus sur une
publicité corporative plutôt qu'une publicité individuelle,
de professionnels.
On est d'accord que la publicité corporative, par exemple, si je
prends celle qui est faite par le Barreau présentement, Informe les gens
sur les genres de services, comme on dit dans notre mémoire, mais
ça ne nous donne pas lequel de ces professionnels-là à
l'intérieur de cette corporation-là répond le plus
à nos besoins. Donc, pour nous, c'est très bien, la
publicité corporative, c'est éducatif, ça renseigne les
gens sur ce qu'une corporation peut faire, mais ça ne donne pas aux
consommateurs les informations nécessaires, lequel de ces
professionnels-là à l'intérieur de cette
corporation-là répond le plus à mes besoins.
M. Savoie: O.K. La question était: Est-ce que vous avez eu
des contacts de la part de certaines corporations professionnelles,
particulièrement en ce qui concerne le coût de certains services,
une publicité sur le coût de certains services, depuis la
décision Rocket?
Mme Laliberté: Depuis la décision Rocket, je ne
sais pas. Nicole, es-tu au courant si on a eu des...? Mais je sais qu'on en a
eu, par exemple, beaucoup avec les opticiens...
M. Savoie: Oui, j'imagine, oui.
Mme Laliberté: ...sur les prix des lunettes, parce qu'on
avait fait aussi, à ce moment-là, une représentation pour
la publicité des prix sur les montures de lunettes.
M. Savoie: D'accord.
Mme Laliberté: C'a été une des
premières corporations, en fait, je peux vous dire, qui a fait de la
publicité sur... Mais pour nous, les consommateurs, on trouve ça
insuffisant de voir annoncer une paire de lunettes et on ne sait pas quel prix
elle va coûter. Donc, ça revient à ce
que je vous disais, ce n'est pas... On a eu avec eux, oui, un genre de
discussion... Ils étaient bien contents parce que, oui, on les appuyait
sur tes prix. Mais récemment, non, parce que, voyez-vous, ça fait
tellement longtemps qu'on parle de publicité des professionnels. On a vu
arriver la toi 100, bon, on a dit: Enfin, voilà un pas; te jugement
d'abord et la loi 100, enfin voilà un pas. Et on avait l'impression que
ça s'en allait dans la bonne direction. Là, vous nous
«demandez de venir un peu répéter ce qu'on a dit. En fait,
ce qu'on dit, nous, ce sont des balises que l'on veut et on prétend
qu'on a besoin de ce genre d'Information là. Bon, alors on n'a pas
jugé refaire les consultations puisque, d'après nous, nos
positions étaient claires, précises, et elles sont encore claires
et précises. (15 heures)
M. Savoie: Oui. C'est ce que je constate. Ce que nous constatons,
finalement, c'est que la «position de l'Association des consommateurs
était bien connue. Je pense qu'il est très clair que depuis 1386
leur position a été plus ou moins fidèle. Depuis Rocket,
en tout cas, il n'y a pas eu de modification à leur position. Ils ont
donné leur position, je pense, à plusieurs reprises lors
d'études, lors de... Et ici, cet après-midi, finalement, ils
viennent répéter, pour les fins de la commission et à la
demande de la commission, présenter un peu leur réflexion au
niveau de la publicité. Il faut bien souligner qu'ils sont les seuls ici
présents aujourd'hui. Donc, une affirmation, je pense, une
réaffirmation de la part de l'Association au principe, finalement,
là, d'une certaine ouverture dans les limites des balises que vous
imposez au sein de votre étude, une certaine ouverture vis-à-vis
d'une réglementation professionnelle qui favorise une publicité,
une publicité tant au niveau des spécialisations qu'au niveau des
tarifs et qu'au niveau des coûts, une publicité basée sur
deux principes: d'abord qu'elle soit justement précise, et qu'elle ne
soit ni fausse ni trompeuse.
Finalement, on pourrait dire que le jugement Rocket vient confirmer les
orientations de l'Association des consommateurs depuis 1986, comme vous l'avez
mentionné. J'imagine que vous avez fait des recommandations très
concrètes au niveau de la réglementation; j'imagine que vous avez
eu l'occasion de voir, par exemple, à des modifications qui pourraient
être apportées à différents textes
législatifs d'une façon concise, là.
Mme Laliberté: Oui. Bien, écoutez. Comme je vous
disais, tout à l'heure, on a participé, par exemple, surtout dans
le domaine du droit, où on a eu des gens qui siégaient sur des
comités qui étaient destinés à la
réglementation sur la publicité, et dans le domaine de l'optique.
Bien, écoutez, une association de consommateurs, ça n'a pas des
batteries d'experts, mais ça a un grand champ d'action et beaucoup de
dossiers à traiter en même temps, avec très peu de
moyens.
La philosophie de l'Association des consommateurs, c'est de dire: II y a
des professionnels... Dans ce cas-ci, par exemple, on dit toujours: II y a le
point de vue des professionnels, il y a le point de vue des gens du milieu du
travail et il doit y avoir aussi un point de vue de consommateur qui est
vraiment un point de vue de consommateur, ce qu'il veut, lui. Alors, on ne
prétend pas être capables de refaire des grandes
législations. On peut participer vraiment avec des professionnels, comme
on le fait beaucoup, dans ce cas-là, avec des professionnels du droit et
avec d'autres professionnels. Mais ce serait pour nous...
Bon. Puisqu'on en parle depuis 1975, au début on était
vraiment très précis sur les réglementations, etc., sur
l'ensemble. Là, nous avons dit: Bon, on veut que la publicité
soit incitative, qu'elle ne soit pas trompeuse, alors on veut voir, par
exemple, ce que les corporations vont mettre, elles, comme balises dans ce
domaine-là, ce qu'elle vont nous offrir comme garantie que leur
publicité ne sera pas trompeuse, va être incitative et va
être significative. Quand on dit "significative", c'est justement pour
éviter les abus qu'on voit aux États-Unis où parfois
ça n'a pas tellement rapport avec la profession. La publicité a
plutôt tendance à inciter à toutes sortes de choses. Et,
après, on dit: Oups! Cette profession-là, elle pourrait vous
aider.
Mais c'est ce qu'on dit, que la publicité doit être
significative, qu'elle doit avoir une raison d'être là, autre que
d'inciter à se servir d'un service du genre "soyez des bons criminels,
vous aurez des bons avocats pour vous défendre". Bon, on veut une
publicité qui nous apporte des informations pour prendre une
décision.
Donc, ça, on a regardé la publicité, les
règles du Barreau, par exemple. Ils en ont déjà fait, eux,
des règles, ils ont déjà établi un code de
déontologie et ils ont commencé à faire de la
publicité. En regardant leur "nul avocat ou cabinet d'avocats ne peut
faire ou permettre que soit faite par quelque moyen que ce soit de la
publicité fausse, trompeuse ou raisonnablement susceptible d'induire en
erreur", on pense que peut-être qu'on pourrait plus définir ce
qu'on entend par publicité trompeuse. On peut peut-être leur
demander ça, mais ils ont quand même inclus dans leurs
règles ce qu'on voulait voir, ce qu'on ne veut pas avoir de
publicité trompeuse. Alors, on s'est dit que, bon, oui, pour nous c'est
un modèle, on est d'accord avec ce qu'ils ont proposé, et les
autres corporations qui ont l'intention de faire de la publicité
pourraient prendre un peu ce modèle; ça variera
évidemment, parce que les services sont différents, dans chaque
corporation.
Mais on pense aussi beaucoup que les professionnels, s'il y a de la
publicité, entre eux vont se surveiller. Il va comme y avoir une
espèce d'autoréglementation qui va faire que les
professionnels ne voudront pas qu'un de leurs membres déprécie la
profession ou manque tellement de goût que ce soit absolument abominable.
Ce n'est pas facile. La publicité, on peut dire qu'on veut qu'elle
soit... mais le bon goût, je ne sais pas si ça se
légifère. Je ne sais pas. Vous pouvez peut-être me
répondre sur ça. Je ne sais pas si on peut
légiférer sur le bon goût.
Le Président (M. Gobé): On l'a ou on ne l'a
pas.
Mme Laliberté: Bien, je veux dire, c'est très
difficle. Alors, où ça commence? Où ça
s'arrête? Où c'est de mauvais goût? Je ne sais pas.
M. Savoie: Ce n'est certainement pas une tradition
libérale de légiférer sur le bon goût.
Une voix: Ce qui ne nous empêche pas d'en avoir.
Mme Laliberté: Ha, ha, ha! J'allais vous demander: Est-ce
que vous en manquez?
M. Savoie: Évidemment, mais on ne peut pas
légiférer sur une chose pareille.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, Mme
Laliberté. Il vous reste une minute et demie, M. le ministre, à
votre temps.
M. Savoie: Oui, merci, M. le Président. Vous êtes
bien gentil.
Évidemment, dans un contexte où justement le gouvernement
libéral cherche à légiférer de moins en moins, on
n'est pas pour commencer à chercher à légiférer sur
des principes, comme vous l'avez mentionné en farce. Vous avez
échangé, donc, avec l'Office des professions sur la situation qui
existe suite à l'arrêt Rocket. Vous avez fait part de leur
position, alors ça les excuse un peu cet après-midi. Il n'y a pas
de difficulté avec ça.
Mme Laliberté: Ah! vous me demandez l'Office de la
protection des consommateurs!
M. Savoie: Non, non, l'Office des professions.
Mme Laliberté: Des professions? Oui. Je pensais que vous
parliez de l'Office de la protection...
M. Savoie: Non, non. Je m'excuse. Je l'ai peut-être dit,
mais je parlais de l'Office des professions. Il n'y a pas de problème.
Il y a eu des échanges avec eux? Ils sont au courant de votre
position?
Mme Laliberté: Oui.
M. Savoie: Parfait.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant passer la parole à Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme
Laliberté, Mme Lemire, je voudrais vous souhaiter la bienvenue et vous
dire tout de suite que vous n'avez pas à vous excuser d'être
là: heureusement que vous y êtes, sinon nous aurions dû
simplement ajourner; ouvrir et fermer. Alors, on apprécie que vous y
soyez.
J'ai lu avec beaucoup d'attention votre mémoire. Quelques
brèves questions. Vous sem-blez établir un rapport entre
concurrence et publicité. Iriez-vous jusqu'à dire que, parce
qu'il n'y a pas de publicité, il n'y a pas de concurrence entre les
professionnels?
Mme Laliberté: Bien, quand on parle de la publicité
sur les prix, effectivement, il n'y a pas de concurrence entre les
professionnels, présentement. Parce qu'on relie ça à la
publicité sur les prix.
Mme Blackburn: D'accord. Si les corporations professionnelles,
comme l'affirme déjà M. Roy... Il disait, je le cite - une
entrevue qu'il accordait au journal Le Soleil et qui a été
publiée le 25 février dernier il dit: On ne sait pas encore si on
va permettre l'affichage des prix. Comment est-ce que vous réagissez?
Parce que, dans le fond, c'est un des problèmes de la loi. La loi ne
permet pas au législateur d'imposer un minimum d'informations à
contenir ou à éviter dans la publicité. Ce sont les
corporations qui vont en décider. Vous, est-ce que ça vous
suffit?
Mme Laliberté: Nous, on a souvent demandé,
même dans le domaine de la santé, par exemple, que les gens soient
informés du coût des consultations. Donc, c'est dans notre ligne
de pensée de vouloir que les prix soient affichés. Quand on
demande l'affichage des prix, et on y tient, c'est qu'on a noté, par
exemple, que chez les dentistes on vous demande si vous êtes
assuré et le prix varie selon que vous êtes assuré ou pas
assuré. Pour nous, c'est important que les prix soient affichés,
ne serait-ce que pour cette raison, d'avoir, par exemple, le même
traitement égal pour tous les consommateurs. Parce que, à la fin,
les assurances, c'est le consommateur qui les paie. Et plus les primes sont
élevées, plus on les paie. Donc, on constate chez les dentistes
que c'est un des problèmes, que n'ayant pas de prix affiché-Moi,
je l'ai vécu personnellement, parce qu'un jour j'avais changé
d'emploi et je ne savais pas si j'avais une assurance ou si je n'en avais pas.
Alors, on m'a dit: Bien, écoutez, vu que vous ne savez pas si vous avez
une assurance, ça va être tel prix. Alors, j'ai
sursauté
et J'ai dit: Bien, pourquoi? Selon quel principe? Donc, ça
préviendrait, pour nous, avec l'affichage des prix, des abus de ce
genre-là.
Mme Blackburn: Si on vous dit que la loi telle que
rédigée ne permet pas de faire cette obligation aux corporations,
vous en venez à la conclusion qu'il faudrait qu'on puisse modifier la
loi pour qu'elle puisse permettre, au besoin...
Mme Laliberté: Oui
Mme Blackburn: ...d'imposer de telles exigences aux
corporations.
Mme Laliberté: Oui, puis pour nous c'est une chose
importante, l'affichage des prix. C'est de savoir, quand on entre chez un
professionnel, à quoi s'attendre.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous faites confiance
aux corporations professionnelles et vous dites que vous croyez un peu à
l'autodiscipline en disant: Bon, elles ont assez de fierté pour ne pas
laisser un de leurs collègues dire n'importe quoi, parce que ça
ternit la réputation, ça pourrait avoir comme effet de ternir
leur propre réputation. Mais qu'est-ce que vous en dites? Moi, je pense
à un débat, actuellement, qui est sur la place publique: les
cigarettes dans les pharmacies. On sait que la réaction des pharmaciens,
c'est de dire: Vous nous enlevez un revenu. Peu importe qu'on soit là
pour la santé, il n'en demeure pas moins que tabaglstes en même
temps que vendeurs de médicaments, ça affecte nos revenus. Donc,
les principes, si ça ne vous fait rien, portez-nous ça un peu
plus loin.
L'autodiscipline, ça n'a pas toujours les effets que vous vouliez
bien lui voir, il me semble. Non?
Mme Laliberté: Bien, je pense que ce que nous
répondent les pharmaciens - parce que ça, c'est aussi des luttes
qu'on a faites - c'est qu'il y a une section pharmacie et il y a une section
commerce. Non. Je pense, la vente du tabac dans les pharmacies, que vous reliez
ça à un manque, peut-être, de discipline de professionnels,
si je comprends bien. Vous avez peur que par exemple dans une autre
profession...
Mme Blackburn: Non. Ce que je dis, c'est que l'autodiscipline
n'amène pas toujours...
Mme Laliberté: Ah! l'autodiscipline n'amène pas
toujours...
Mme Blackburn: ...à des prises de position qui iraient
dans le sens du bien commun. Exemple: la vente de cigarettes dans les
pharmacies.
Mme Laliberté: Oui, mais, par contre, on voit leur
corporation qui les ramène à l'ordre. Alors, c'est dans ce
sens-là que l'on dit: Bien, quand il y aura probablement un abus
dénoncé par les gens, peut-être que la corporation dira: On
les ramène dans le bon chemin. C'est à peu près ce qui se
passe chez les pharmaciens.
Mme Blackburn: On a un système québécois
particulièrement intéressant en ce qui concerne toute notre
structure d'administration des services professionels: Office des professions,
corporations professionnelles, les ordres et les associations. Cependant, en ce
qui a trait aux ordres professionnels, on a toujours eu un problème
où, à la fois, les ordres doivent protéger
l'intérêt de leurs membres et l'intérêt du
consommateur. Lorsqu'ils sont en conflit d'intérêts,
n'étant pas des anges, pas plus que nous en sommes, il y a souvent
tendance, évidemment, à un peu escamoter l'intérêt
du consommateur. C'est un peu le problème qu'on retrouve par rapport
à la rédaction de cette loi.
Mme Laliberté: Oui. Bon, on retrouve ces
problèmes-là, évidemment, un peu partout dans la
société. Chez les professionnels qui ont des corporations
professionnelles, c'est vrai, et on s'est souvent plaint qu'on était
à la fois juge et partie, surtout sur les fautes professionnelles, les
comités de discipline et les fautes professionnelles. Sauf que,
là, on va avoir une image publique. On va faire de la publicité
et, nous, c'est sur les informations qu'on va donner dans cette
publicité-là. Alors, les informations, on les restreint à
quelque chose d'informatif, à des tarifs, à une publicité
significative qui n'est pas trompeuse.
Alors, à ce moment-là, on met des balises dans la
publicité qui sont connues, qui font partie d'une loi et avec laquelle
on pourra sanctionner si jamais il y a des abus, dans ce cas-là. Donc,
je pense que c'est différent du comité de discipline où
ils sont juge et partie, et souvent il n'y a même pas de
représentant de consommateurs là-dessus qui... Bon, pour moi,
c'est un autre problème. Ce n'est pas le même genre de
problème. Dans ce cas-ci, on aura quand même une loi et on aura
aussi quand même des balises qui définissent ce que l'on veut de
la publicité.
Mme Blackburn: Selon la connaissance que vous avez de la pratique
américaine aux États-Unis dans la publicité des
corporations professionnelles, diriez-vous qu'il y a un rapport direct entre
l'amélioration des services, des meilleurs services à de
meilleurs coûts? Vu de l'extérieur, là, la connaissance que
j'en ai...
Mme Laliberté: Je ne les ai pas utilisés
personnellement, je n'ai pas non plus vu d'étude qui vous
démontrait, aux États-Unis, qu'il y avait eu ce genre
d'étude de fait, à moins qu'il n'y en ait eu et que je ne les ait
pas eues, donc c'est
difficile pour moi de vous dire: Aux États-Unis, c'est comme
ça et puis... Bon. Ce que l'on trouve aux États-Unis, pour
l'avoir vu, c'est que la publicité est de mauvais goût.
Mme Blackburn: Oui, ça c'est évident. Tapageuse,
criarde, peu professionnelle.
Mme Laliberté: On ne veut pas que la même chose se
répète ici, c'est certain, mais je n'ai pas vu d'étude qui
disait que... Mais la relation... (15 h 15)
Mme Blackburn: Mais c'est parce que j'aimerais bien voir s'il y a
ce rapport étroit entre amélioration, comme vous dites, de la
qualité - des meilleurs services à de meilleurs coûts - et
publicité. On a tendance à penser que oui, mais ce n'est pas
toujours comme évident, si je pense aux Américains. C'est de
ça que je ne suis pas certaine. Peut-être que M. Cameron nous dit
que...
Mme Laliberté: Est-ce que vous pouvez dire que les
services américains sont de mauvaise qualité parce qu'il y a de
la publicité? Je ne pense pas qu'on puisse relier... Il y a le
professionnel lui-même qui peut être médiocre ou qui peut
être bon. Je ne pense pas que la publicité soit la cause directe
d'une mauvaise qualité de service. Je veux dire, il n'y a pas de
publicité, présentement. Est-ce que vous diriez que tous les
professionnels québécois sont d'égale qualité? Il
n'y a en a pas, pourtant, de publicité.
Mme Blackburn: II y a, semble-t-il...
Mme Laliberté: Mais ifs ne sont pas d'égale
qualité, laissez-moi vous le dire. Il y en a qui donnent plus ou moins
de bons services.
Mme Blackburn: Ça, madame, c'est comme des politiciens et
politiciennes, les ministres... Ça n'étonne personne,
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Mais, au-delà de ça, c'est que
souvent, pour pallier à un manque de qualité, vous faites de la
publicité. C'est prouvé, ça. On vend un tas de produits
qui ne valent pas grand-chose. Si la publicité est bien faite, ça
se vend pareil. Alors, ce que je veux dire, c'est que ça a des vertus,
mais ça n'a pas que des vertus, la publicité.
Mme Laliberté: Non. Ça a des limites.
Mme Blackburn: Quand on parle de la tarification, moi,
là-dessus, je suis un peu plus d'accord. Pour le reste, là...
Mme Laliberté: Pour la tarification, on donnait l'exemple
d'un avocat qui a son bureau à la Place Ville-Marie, et lui est
obligé de charger des tarifs, bon, pour le même service... Moi,
s'il y a un avocat de quartier qui donne des services dans un bureau meilleur
marché et peut se permettre des tarifs plus bas pour le même
service, je ne vois pas pourquoi j'en serais privée. C'est ce genre
d'informations là, quand on parle des tarifs, qu'on veut. C'est pourquoi
on dit: II y a des tarifs horaires, il y a des tarifs sur des forfaits, il y a
des tarifs sur des services de base; une première visite chez un avocat,
c'est facile à tarifier. On a déjà fait
l'expérience à l'Association, d'ailleurs, sur la première
visite, etc.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, madame.
Maintenant, Mme la députée de Ter-rebonne, il vous reste six
minutes.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, moi aussi, je
tiens, comme je vous l'ai dit tantôt, à vous remercier, Mme
Laliberté et Mme Lemire, d'être présentes ici, parce que,
effectivement, on est heureux d'avoir au moins une association des
consommateurs qui peut nous donner sa position, et vous le faites très
bien. Ce qu'on déplorait, c'était de ne pas pouvoir entendre tout
le monde. C'est normal, je pense; plus on a d'intervenants sur un projet de loi
qui se prononcent, plus c'est intéressant.
Je pense que vous cernez très bien le problème de
l'importance pour le consommateur de faire un choix éclairé. J'ai
particulièrement apprécié la partie de votre
mémoire sur le droit à l'information et à la protection,
lorsque vous faites la comparaison entre un bien que ie consommateur
achète et un service. Il devrait normalement avoir exactement les
mêmes droits pour l'achat d'un bien que pour l'achat d'un service; on
s'entend là-dessus.
Par contre, vous insistez beaucoup sur le fait aussi des balises qui
sont importantes, mais le projet de loi 100 tel qu'il est rédigé
actuellement - et ça, là-dessus, même le mémoire de
l'Office de la protection du consommateur le dit - il est différent.
Donc, on reconnaît que, qu'on achète un bien ou un service, le
consommateur a le même droit à l'information et il devrait avoir
le même droit à la protection. Ce qu'on nous dit à
l'Office, c'est que le projet de loi 100 tel que rédigé est
différent au niveau de la protection, qu'il n'est pas le même que
ce qui est appliqué aux commerçants et que la législation
apparaît donc insuffisante sur certains points et sur un point important
que vous avez relevé: celui des prix.
Vous êtes revenues à plusieurs reprises sur l'importance
des balises. Est-ce que vous ne souhaiteriez pas, justement, qu'on accorde dans
le projet de loi 100 la même protection pour l'achat de services que
celle que nous nous sommes donnée pour les biens?
Mme Laliberté: Bon, évidemment, on ne peut pas
être contre la vertu. Je pense que c'est vrai que la loi de la protection
du consommateur en ce qui concerne les biens - et on y a participé aussi
évidemment... Mais on pense que le contexte est un peu différent
dans le cas des services professionnels, parce qu'il y a ces codes de
déontologie auxquels on doit adhérer, il y a toutes oes
commissions, toutes ces... En fait, on ne peut pas devenir médecin du
jour au lendemain, mais on peut devenir vendeur de souliers du jour au
lendemain. Donc, on pense qu'il y a quand même un certain niveau, au
niveau des professionnels, qui fait qu'on a affaire à des gens qui sont
un peu plus, peut-être... Disons qu'ils ont un peu plus conscience de ce
qu'ils font ou de ce qu'ils donnent comme services ou ce qui...
Bon, on ne peut pas inciter les gens, par exemple, à venir
consulter un avocat de la même façon qu'on va leur demander de
venir acheter une paire de souliers. On ne peut pas faire le même genre
de publicité. Mais on reconnaît que la publicité d'un
professionnel pourrait être aussi trompeuse. C'est pourquoi on dit qu'on
doit mettre une balise qui dit qu'elle ne doit pas être trompeuse, la
publicité des professionnels.
Alors qu'on définisse plus clairement ce qu'on entend par
publicité trompeuse, aucune objection. C'est comme je vous disais tout
à l'heure, dans notre optique à nous, on nous demande ce que les
consommateurs veulent de la publicité, on vous dit ce que les
consommateurs veulent de la publicité, on vous dit: Bon, on n'a pas les
batteries de législateurs et d'avocats pour aller... on prend le point
de vue du consommateur, on pense qu'il y a d'autres points de vue et on est
très contents de voir que l'Office qui, lui, a un contentieux, puisse
venir dire son point de vue juridique sur le sujet. En fait, ça
complète ce que, nous, on est capables de faire, dans le fond.
Donc, oui, on est absolument d'accord avec le projet de l'Office de la
protection. On n'a, nous, pas autant de réticence à voir la loi
s'appliquer telle qu'elle est, avec les balises que l'Office peut avoir. Mais
pour ce qui est, bon, d'un marchand ou d'un professionnel pour la
publicité, c'est justement la différence qu'on a faite, c'est
qu'il y a des corporations qui existent, il y a des codes de
déontologie. Donc, il y a déjà là une amorce de
cadre dans lequel ils doivent travailler, ce qui n'existe pas dans le domaine
de la publicité commerciale.
Mme Caron: Vous avez, et justement, souligné le fait que,
lorsqu'on achète une paire de souliers ou lorsqu'on reçoit les
services d'un professionnel, par exemple d'un médecin, c'est
évident qu'ils n'ont pas la même formation. C'est également
évident qu'il n'y a pas les mêmes conséquences sur la vie
du consommateur qui achète ces services. S'il achète une mauvaise
paire de souliers, il peut en être quitte pour avoir certains cors aux
pieds et aller voir un professionnel après, mais, s'il reçoit de
mauvais services suite à une publicité trompeuse d'un
médecin, les conséquences peuvent être dramatiques sur sa
vie.
N'y aurait-il pas lieu, justement parce que les conséquences sont
d'autant plus graves lorsque ce sont des services de professionnels, et
même des conséquences, je pense, par exemple, au niveau des
avocats - si vous avez une publicité pour un bureau d'avocats et que
vous avez des conséquences sur le reste de vos jours parce que vous
perdez un procès - n'y aurait-il pas lieu justement de protéger
encore davantage le consommateur, compte tenu des conséquences?
Mme Laliberté: Bon, là, vous parlez de s'il y a une
publicité trompeuse d'un avocat. Nous, on dit que la publicité
doit être informative, elle doit comprendre les domaines dans lesquels
cet avocat-là fait son travail, ou ses compétences. On dit qu'il
doit y avoir le prix, par exemple, horaire, ou quelque chose. Mais je ne vois
pas comment dans ce cadre-là il pourrait venir... Ce n'est pas une
publicité incitative, là, c'est une publicité, en fait,
qui ressemble à une carte d'affaires, avec un peu plus de
renseignements. C'est ce qu'on demande, c'est ce qu'on veut. Donc, dans
ça je ne vois pas, là...
Mme Lemire (Nicole): Par rapport aux services rendus,
finalement.
Mme Laliberté: Oui, par rapport aux services rendus. C'est
la même chose sans publicité. Je veux dire, votre professionnel
chez qui vous allez, où vous allez à la première visite,
puis qui vous promet mer et monde et qui perd votre procès, ce n'est pas
la cause de la publicité. Ce n'est pas parce qu'il a fait de la
publicité.
Présentement, moi, je pense que, si j'avais de la
publicité, je pourrais peut-être choisir un professionnel qui
répond mieux à mes besoins que présentement. Parce que,
présentement, bon, il faut que je fasse à peu près 25
téléphones pour savoir: Bon, celui-là remplit-il mes
besoins, répond-il à mes besoins? J'appelle, par exemple, un
avocat et il me dit: Ah non! moi, je ne suis pas spécialisé
là-dedans! Pourtant son nom était dans l'annuaire comme avocat,
mais je n'ai pas eu moyen de savoir ce qu'il faisait.
Donc, je pense que ce que vous apportez pourrait être beaucoup
plus dangereux si on avait une publicité incitative et si ça ne
restait pas dans le cadre de ce qu'on demande, quand même. On ne demande
pas qu'on nous dise: J'ai gagné 125 procès cette année,
venez me voir, je vais gagner le vôtre. D'ailleurs, c'est défendu
dans le code, ce que j'ai lu de la Loi sur le Barreau; ce genre de
publicité là est absolument défendu.
Donc, si on reste dans le cadre d'une publicité comme on l'a
demandée et comme on la
veut... C'est sûr que nul ne peut faire de la publicité
trompeuse. Si le cadre est restreint, la publicité dans ce
cadre-là est certainement moins sujette à être de la
publicité trompeuse que dans le cadre de biens, comme on offre
présentement.
Le Président (M. Gobé): Madame, ceci,
malheureusement, met fin à votre période de temps. Nous l'avons
dépassée, d'ailleurs, de quelques minutes, mais c'était
tellement intéressant que j'ai laissé aller le débat, et
je vous en remercie.
Je vais maintenant passer la parole à M. le député
de Jacques-Cartier.
M. Cameron: Merci, M. le Président. I can see that much of
the difficulty arises over the exact meaning of "fausse", "trompeuse",
something of the same problem that has existed in commerce where sometimes, I
think the attempt to protect the consumer can go too far. I recall on things
like television, advertisements, where the wording has been changed because the
original wording was not quite perfect. I think, say, for Neo-Citran or
something, they used to say "Nighttime relief for your miserable cold" and now,
they have to say "Nighttime relief for your miserable cold symptoms". This is a
degree of protection that I rather suspect people do not actually need.
When it comes to the professions, I think, in terms of the question
raised by the Member for Chicoutimi, on whether a better quality of service is
rendered with publicity of a more open kind, the evidence in the United States
is that yes, it is, but unfortunately the bad taste that you talk about seems
to go with it. It does not seem to be possible to separate the improvement in
service and the bad taste.
It is also very difficult to learn too much from the evidence of one
country compared to another or even to make comparisons within one country,
because in the United States, the attitude toward advertising and toward
publicity is much more casual in the Southwestern United States than it is in
the Northeastern, which is rather more like Canada. I suppose, if we were to
make a comparison, we would probably depend on the Northeastern United
States.
But I wanted to say one last thing as a general principle in considering
legislation on the professions that, I think, needs to be remembered, and that
is that all professions are, to a certain extent, a conspiracy in restraint of
trade which we regard as a legitimate conspiracy because it serves the public
good. By gathering together in setting their own standards, their own rules of
education, their own fees and so on, they are, to some extent, interfering with
competition.
The problem with legislating to control publicity for a profession is
that if you do the maximum to protect the consumer, you may literally wipe out
the profession. For example, consider a stockbroker. In Canada, up until 20
years ago - 15 years ago, I think even less than that - stockbrokers did not
have control over the amount they charged in commissions. There were set fixed
commissions for all stockbrokers. Then, at the beginning of the nineteen
eighties, they introduced what are called "negotiated commission rates",
already in use in the United States and Great Britain. This means that when a
stockbroker now - let us say Lévesque, Beaubien or whatever - is
telephoned by a client, he can make a deal, whether it is with an individual
client or, for that matter, whether it is with the Caisse de
dépôt. I mean, he can increase or decrease the additional charge
for the transaction.
So, what I am asking... Well, I am sorry, I was looking at the minister
because I was wondering exactly how one deals with this in legislation, but
perhaps you could answer the question for me. Is there not a problem that if
you try to protect the consumer to the extent of saying that publicity cannot
take certain forms, eventually, what you mean is that it is impossible for one
person to compete more than another in the profession, that it is impossible,
for example, for a stockbroker to take... I mean, he would be afraid to do
somethink like say: "I can offer you this, I can offer you that", because by
doing so you might be breaking the norms of a...
Mme Laliberté: Non, ce qu'on dit, c'est que la
publicité doit être informative; donc, il peut informer les gens
sur ce qu'il peut lui donner. C'est ce qu'il peut faire, sur le genre de
services qu'il peut lui rendre. Ce qu'on ne veut pas, c'est de la
publicité incitative, c'est-à-dire que ça vous prend
absolument tel genre de personnes parce que vous ne pouvez pas vous passer de
telle affaire. (15 h 30)
Bon, je regarde, par exemple, la publicité des avocats,
présentement, qui disent: Avant de vous mettre les pieds dans les plats,
venez nous consulter. Ça fait penser aux gens que: Oui, peut-être
que j'ai une transaction importante et puis, si je veux m'éviter des
problèmes, je serais peut-être mieux d'aller consulter un avocat.
Mais ils ne disent pas: Venez voir un avocat absolument parce que vous ne
pouvez pas vous en passer. Ils nous incitent à penser que
peut-être ce serait plus réfléchi, mais ils ne nous
incitent pas à y aller. Alors, c'est la différence qu'on fait
entre une publicité informative...
Votre professionnel peut nous informer de tous les services qu'il peut
nous rendre et à quel prix il peut le faire, mais il ne peut pas, par
exemple, se comparer à un autre professionnel en disant: Lui est moins
bon qu'un autre. C'est ce genre de chose là qu'on ne veut pas qui se
fasse. C'est très clair, ce qu'on veut, ce que les
consommateurs veulent, face aux services professionnels et la
publicité, pour ne pas tomber dans l'exagération; ce sont des
informations qui vont les amener à être capables de prendre une
décision dans leur choix d'un professionnel par rapport à un
autre.
Je donnais tantôt l'exemple d'un professionnel qui a un bureau
dans un endroit très dispendieux puis qui offre les mêmes services
qu'un autre. Bon, mon choix à moi, c'est de dire: Moi, je ne suis pas
obligée d'aller à la Place Ville-Marie. Je peux aller dans un
autre bureau, ça va me coûter moins cher, je vais avoir la
même qualité de services. Donc, c'est ce qu'on veut être
capables de faire comme choix, de connaître ce vers quoi on s'en va quand
on fait affaire avec un professionnel. Quand vous me dites: Si on met une
législation, on va trop protéger les consommateurs, on va nuire
aux professionnels, là vous ne nous ferez pas pleurer en tant que
consommatrices.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Laliberté: Nous, on pense que c'est essentiel d'avoir
des protections, mais dans le domaine du faisable, parce que, quand les
protections qu'on se met ne sont pas faisables, ça ne nous rend pas plus
service; alors dans le domaine du faisable, de la réalité,
quoi.
Le Président (M. Gobé): Vous avez... M. le
député...
M. Cameron: Non, c'est tout pour moi.
Le Président (M. Gobé): Vous avez
terminé?
M. Cameron: Oui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Une voix: Non.
Le Président (M. Gobé): II reste une couple de
minutes. Mme la députée de Terrebonne, vous aviez terminé?
Je sais que vous...
M. Jolivet: Bien, moi, j'en aurais peut-être juste une.
Parce que moi, la question que je me pose toujours, c'est que vous dites qu'on
doit avoir de la publicité informative. Ça n'empêchera
jamais quelqu'un de faire un peu d'incitatif d'une certaine façon. Il
faut donc trouver un moyen d'arrêter ça, sauf comment... On ne
peut pas amener quelqu'un qui a un bon marketing, une bonne publicité
à ne pas être celui ou celle qui malheureusement n'est
peut-être pas le meilleur professionnel. Où est la marge, entre
les deux, qu'il faut protéger? Je peux être incité à
aller voir quelqu'un puis, en réalité, je m'aperçois que
ce n'est pas la personne que j'aurais dû aller voir et c'est moi, comme
consommateur, qui en suis pénalisé au bout de la course.
Mme Laliberté: Bon, moi, je répondrais à
ça que, présentement, la situation est pire parce que je ne le
sais pas, qui je vais aller voir. Et puis le fait que le professionnel ne soit
pas bon, ce n'est pas relié à la publicité non plus. S'il
a eu son diplôme, s'il a passé par sa corporation, s'il a
été accepté... En fait, c'est ce qu'on nous dit quand on a
le choix d'un professionnel: Demandez à la corporation si vous avez...
Ça n'empêchera pas, la publicité, les gens de continuer ces
étapes-là, de s'informer, quand ils veulent faire affaire avec un
professionnel, à sa corporation s'il n'y a pas eu des plaintes contre ce
professionnel-là, s'il n'a pas déjà été
condamné. Ça n'empêchera pas la publicité de faire
ça. Il restera toujours au consommateur à s'informer sur le genre
de professionnel qu'il... Bon. Et il y a pour ça des mécanismes
qui sont prévus, qui font qu'on peut s'informer de ça.
M. Jolivet: Parce que dans nos petites régions à
nous autres, comme on est - on va regarder Montréal et Québec,
mais regardons nos régions aussi - on a souvent ces gens-là,
quand ils arrivent dans le milieu, ils s'insèrent dans les clubs
Optimistes, clubs ci, clubs ça, pour faire leur publicité,
actuellement, d'une certaine façon, de bouche à oreille. Mais
après ça les gens disent: Bien, lui, c'est un bon; lui, ce n'est
pas un bon; tu es mieux d'aller voir ci, d'aller voir ça. Il y a une
forme de discrimination, quand même, qui se fait là.
Mme Laliberté: Oui, mais ce n'est pas tout le monde qui
est membre du club Lions, puis ce n'est pas tout le monde qui peut savoir si le
professionnel Untel est membre...
M. Jolivet: Non, mais je parle de bouche à oreille
à d'autres niveaux.
Mme Laliberté: À d'autres niveaux? Bon. Mais, je
veux dire, ça restera toujours, ça, il y a toujours des gens qui
vont aller consulter des professionnels et qui vont préférer le
bouche à oreille à la publicité. Mais pour ceux qui ont
besoin d'un service et qui veulent magasiner leurs services professionnels,
ça leur prend de l'information, ce qu'on n'a pas présentement.
Parce que les problèmes que vous nous apportez, ils existent
présentement, et il n'y en a pas, de publicité. Alors, on voit
des condamnations de professionnels, ça existe présentement, et
il n'y en a pas, de publicité.
La même chose va arriver, certainement, quand il va y avoir de la
publicité. Mais ça ne sera pas dû, à notre avis,
à la publicité. Ça va être dû à toute
autre chose. Comme je vous dis, il reste toujours les mécanismes
d'information pour le consommateur. C'est ce qu'on fait quand
on fait de l'éducation aux consommateurs. On leur dit: Vous vous
renseignez avant sur la personne que vous allez voir.
La publicité va nous donner en plus le tarif qu'on n'a nulle
part. On peut avoir du bouche à oreille, mais on n'a pas ce genre
d'informations pour prendre une décision.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame. Mme la
députée de Terrebonne, rapidement une dernière question;
je vois que vous aviez demandé à la poser.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Moi, je voudrais toucher
au point des sanctions. Puisque le projet de loi tel que rédigé
met la publicité trompeuse dans la réglementation
professionnelle, donc ça implique, au niveau des sanctions, que ce sont
uniquement des sanctions disciplinaires, ce qui n'est pas du tout le cas du
côté des sanctions pour tout ce qui a trait au commerçant.
Il y a des sanctions pénales, on peut agir rapidement, faire cesser une
publicité, etc. Du côté des sanctions, donc, c'est beaucoup
moins important du côté des services, alors que les services sont
d'autant plus importants pour le consommateur. Vous réagissez comment
par rapport à ces sanctions-là?
Mme Laliberté: Les sanctions? Bien, ça, c'est
peut-être une des faiblesses qu'on trouve. C'est qu'on ne voudrait pas
que les mêmes choses que dans les comités de discipline se
répètent. On voudrait bien que la loi ait des dents au point de
vue des sanctions pour éviter les abus, quoiqu'on se dise qu'un
professionnel qui est nommé, présentement, comme c'est le cas
lorsqu'on retire un permis, je pense que c'est une sanction assez forte de
dissuasion, parce que perdre son permis pour un certain temps, perdre sa
crédibilité...
On pense que ce qui pourrait arriver, c'est que les noms des
professionnels qui sont condamnés pour publicité frauduleuse, ou
quel que soit le manque, soient publiés; et leur permis, d'ailleurs, je
pense qu'on en parlait, est retiré. Je pense que c'est une sanction
assez sévère qui peut dissuader de faire de la publicité
trompeuse.
Conclusions
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme
Laliberté. Alors, maintenant, nous allons aborder les remarques finales
et nous allons commencer. Deux minutes, M. le député de
Jacques-Cartier, pour les remarques finales.
M. Cameron: Non, j'ai fini.
Le Président (M. Gobé): Vous avez
terminé?
M. Cameron: Oui.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Mme la
députée de Chicoutimi, il vous reste aussi deux minutes pour les
remarques finales.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Je voudrais vous remercier très sincèrement d'être
venues ici un peu nous éclairer quant à votre perception et
à votre conception de ce que devrait être une meilleure
façon de protéger l'intérêt des consommateurs. Je
retiens deux choses particulièrement importantes qui me semblent se
dégager de votre mémoire et de vos propos. Vous dites: II y a
deux choses qu'on veut avoir absolument. D'abord, c'est de la publicité
informative qui n'incite pas à la consommation lorsqu'on n'en a pas
vraiment besoin, et la publicité informative, vous la définissez
comme étant les expériences, les expertises, la
spécialisation dans certains champs d'activité, qu'elles soient
médicales ou en droit. Vous dites également: Nous avons besoin de
connaître, au minimum, la tarification, le tarif de base. Ça
existe un peu partout et on devrait le savoir pour pouvoir marchander nos
services.
Cependant, on doit vous dire que la loi actuelle, dans sa facture
actuelle, ne permet pas ça parce qu'on n'a pas extensionné aux
professionnels la loi sur les commerçants, quoique l'Office de la
protection du consommateur nous dise que dans la réforme du Code civil
il y a un chapitre qui traite de cette question, mais qu'il pourrait
éventuellement l'intégrer. Alors, il faudrait peut-être
réexaminer cette possibilité de procéder de cette
façon.
La troisième et dernière remarque, c'est concernant les
pénalités, les sanctions. Contrairement à ce qui se fait
dans le commerce de façon générale, les sanctions sont
rapides, efficaces, vous devez arrêter toute publicité, vous avez
des amendes et les sanctions peuvent se prendre dans les quelques jours qui
suivent, alors que, lorsqu'on a affaire à un ordre professionnel, c'est
beaucoup plus long, ça passe par le comité de discipline et les
abus peuvent durer beaucoup plus longtemps. Alors, je pense que c'est une des
carences importantes de ce projet de loi et, vous savez, c'est dans notre
mentalité à nous et ça nous ressemble. Dans le fond, on
retrouve un peu cet esprit-là dans les propos du Dr Boucher et un peu
dans les propos du Dr Roy; c'est: ils sont des professionnels, ce n'est pas
comme les autres, ça.
Évidemment, ce n'est pas vraiment comme un marchand, ce n'est pas
comme celui qui vous vend des obligations ou des immeubles. Et pourtant, Dieu
sait que leurs actes ont des conséquences parfois beaucoup plus
sérieuses et beaucoup plus graves à la fois, des fois, sur notre
qualité de vie, quand ça n'est pas sur notre santé, si on
parle des professionnels de la santé. Alors, moi, je pense qu'il faut
arrêter de
vouloir traiter une catégorie de professionnels comme s'ils
n'étaient pas responsables et n'avaient pas las mêmes obligations
que les autres types d'organismes, ou d'institutions ou de commerces qui
vendent des biens. Je pense qu'on devrait les traiter sur le même
pied.
Là-dessus, je conclus qu'il serait important que nous,
entendions. l'Office de la protection du consommateur. Je vous remercie
infiniment de votre participation aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Maintenant, M. le ministre, la conclusion
finale. Vous avez deux minutes, vous aussi.
M.
Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, merci beaucoup, M. le Président, et je
voudrais également remercier les gens de l'Association d'être
présents ici avec nous; aujourd'hui. Évidemment, une chance
qu'ils sont venus- parce qu'on aurait cru que peu de Québécois
s'intéressaient à la chose de la publicité alors qu'on en
connaît l'importance.
Cette année, comme je l'ai mentionné dans mes remarques
d'ouverture, il va y avoir du mouvement. On va le constater de plus en plus,
particulièrement, comme je vous l'ai mentionné, cet automne. Je
m'attends à ce que nos pratiques nos habitudes au niveau de la
publicité des professionnels vont être sérieusement
modifiées. Je pense que c'est inévitable.
Tout ce qu'on voudrait faire, finalement, c'est de s'assurer que l'avis
de certaines associations comme l'Association des consommateurs du
Québec puisse être évidemment entendu, écouté
et suivi en bonne partie. Parce que, finalement, je pense que l'Association a
clairement démontré qu'elle avait vu clair dans ce
dossier-là à partir de 1986, que ses orientations, en tout cas,
nous semblent particulièrement valables, nous semblent souhaitables.
Plusieurs des éléments et modifications qu'elle propose à
la législation, à la réglementation, au niveau des
corporations professionnelles, nous semblent particulièrement
souhaitables dans certains secteurs, et on espère qu'avec l'introduction
de l'arrêt Rocket, avec cette nouvelle notion qu'on va avoir de
l'interprétation de l'article 2b de la Charte, on va apporter des
modifications qui tiennent compte de cette Charte-là, qui est
évidemment très importante pour le tissu social, et que les
modifications qu'on va apporter à notre vision que nous avons de la
publicité au niveau des corporations professionnelles vont suivre, du
moins en partie certainement, les recommandations, de l'Association des
consommateurs du Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Alors, ceci met fin à nos travaux de la journée. Je rappellerai
juste pour mémoire, en ce qui concerne le dossier de la FNACQ, que nous
avons convenu de prendre ça en délibéré, d'avoir
une séance de travail de la commission ultérieurement, suite
à une proposition de Mme la députée de Chicoutimi. Pour
l'Office de la protection du. consommateur, je vous rappellerai que ni le
secrétaire de la commission ni la présidence n'ont
été informés des motifs qui ont fait qu'ils ne puissent
pas se présenter aujourd'hui. Je pourrais aller chercher des
informations supplémentaires et les communiquer à la commission
lors d'une prochaine séance.
Mme Blackburn: Alors, M. le Président, si je comprends
bien vos propos, pour donner suite à ma requête de tout à
l'heure à l'effet qu'on puisse tenir une prochaine séance de
travail pour entendre la Fédération des associations de
consommateurs et l'Office de la protection du consommateur, on aurait une
séance de travail préalable où on pourrait fixer à
la fois la date et...
Le Président (M. Gobé): Les modalités.
Mme Blackburn:... les modalités.
Le Président (M. Gobé): C'est très bien,
madame.
Mme Blackburn: Parce que, M. le Président, je pense qu'il
faut le dire avec beaucoup d'insistance, le ministre, et je le comprendrais,
n'a peut-être pas eu le temps de prendre connaissance de l'avis - et je
comprends ça - de l'Office de la protection du consommateur. C'est un
des avis les plus fouillés qu'on a sur la question.
M. Savoie: Oui. Et il y a des... Je voudrais vous... En tout cas.
Je vais vous répondre...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît, nous ne sommes pas à la séance de travail.
Justement, nous allons faire la séance de travail dans le but de...
M. Savoie: Oui, c'est ça. On va revenir
là-dessus.
Le Président (M. Gobé):... discuter de cela.
M. Savoie: II y a des problèmes avec... Il y a des
arrêts.
Le Président (M. Gobé): Nous ne pouvons pas le
régler maintenant. Aussi, ceci étant dit, la commission a pris
bonne note de vos remarques, Mme la députée, le président
aussi, et je verrai à en faire le suivi...
M. Savoie: II ne faudrait pas en mettre
autant. Je pense que vous allez concevoir vous-même qu'il y a des
choses...
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. Savoie: En tout cas, je pourrais vous renseigner sur certains
des éléments du rapport qu'ils ont déposé.
Le Président (M. Gobé): Ceci étant dit, la
commission ajourne ses travaux sine die, ayant rempli son mandat de la
journée, bien entendu, et je tiens à remercier tous les
intervenants, y compris les gens de l'Association des consommateurs du
Québec. La commission est levée.
(Fin de la séance à 15 h 46)