Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Vingt heures trente minutes)
Le Président (M. Bradet): Alors, je déclare la
séance ouverte. La commission de l'éducation procédera
à l'étude détaillée du projet de loi 100, Loi
modifiant le Code des professions et diverses lois constituant une corporation
professionnelle concernant la publicité professionnelle et certains
registres. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Projet de loi 100
Le Secrétaire: Non, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Bradet): Alors, M. le ministre, est-ce
qu'il y a des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Oui. Effectivement, il y a des remarques
préliminaires, M. le Président. Alors, M. le Président,
j'ai quitté avec beaucoup de douleur mon comté ce soir, à
18 heures, pour assister à cette commission ce soir, à 20 heures,
dans le but, justement, d'étudier article par article les modifications
que nous voulons apporter à la loi modifiant le code des professions.
Vous comprendrez, M. le Président, qu'il est devenu urgent d'apporter
ces modifications, compte tenu du vide juridique qui existe actuellement au
Québec au niveau de la publicité professionnelle.
Actuellement, suite à la décision Rocket par la Cour
suprême au mois de juin cette année, on se retrouve dans une
situation où l'ensemble des dispositions concernant la publicité
sont actuellement non applicables vu la nature de la décision Rocket. On
pourrait peut-être rappeler à mes chers collègues en quoi
consiste la décision Rocket. Il ne s'agit pas, évidemment, de
Rocket Richard, il s'agit plutôt d'une histoire impliquant The Dental
Surgeons Association. Alors il s'agit de deux dentistes, finalement, qui
faisaient de la publicité et que leur profession a décidé
de poursuivre devant les tribunaux puisque la publicité qu'ils faisaient
allait à rencontre des dispositions.
Les dispositions de la corporation professionnelle étaient de
l'ordre suivant, c'était de dire que toute publicité était
illégale, sauf ce qui était permis, et là, on
énumérait un ensemble de dispositions. Et si ma mémoire
est fidèle, parce que la lecture de Rocket date quand même du mois
d'août, mais si ma mémoire est fidèle, ce qui est
arrivé; c'est que les juges ont dit: Bon, compte tenu de l'article 2 de
la Charte et des critères qui sont normalement appliqués pour
l'analyse d'un statut, d'un règlement ou d'une loi vis-à-vis de
l'article 2, on analyse surtout en tenant compte de deux
éléments: d'abord, il faut que ça soit raisonnable,
c'est-à-dire que les dispositions restrictives à la
liberté d'expression ne doivent pas être démesurées.
On doit finalement ne présenter que ce qui est essentiel. Et
deuxièmement, il faut que ça soit mérité, dans le
sens qu'il faut qu'il y ait une cause, il faut que la présentation d'une
telle disposition soit justifiable. Et en examinant les dispositions de
l'Ontario Dental Surgeons Association et l'article 2 de la Charte, ils ont
décidé qu'effectivement il y avait contravention en ce qui
concerne la Charte canadienne des droits et libertés de la personne en
vertu de l'article 2 et qu'en conséquence, c'était
déclaré nul et non avenu. Ça, ça veut donc dire
qu'ici au Québec, où plusieurs corporations professionnelles ont
des dispositions semblables où on dit qu'effectivement la seule
publicité qui est permise est la publicité qui est
autorisée, par exemple, ou des dispositions qui veulent dire: on n'a pas
le droit de faire de la publicité au Québec sauf ce qu'on va
autoriser, tout cela a pour effet, finalement, aujourd'hui d'être
invalide suite à la décision du jugement Rocket.
Il en ressort donc une urgence d'intervention de notre part. Nous avons
été priés par l'Office des professions d'intervenir le
plus rapidement avec ce projet de loi là. Nous avons aussi fait des
vérifications auprès des diverses corporations professionnelles
qui sont d'accord en ce qui concerne les modifications que nous proposons ce
soir et qui sont d'accord également avec les orientations que nous
donnons à la publicité professionnelle. Évidemment, tout
ce qu'on fait pour le moment, là, c'est qu'on n'apporte pas des
modifications à la publicité professionnelle, dans le sens
qu'indirectement, il va y en avoir des petites répercussions là,
mais en gros, ce qu'on fait, c'est qu'on vient boucher le vide juridique qui a
été créé suite à la décision du
jugement Rocket, quitte à entreprendre plus tard, le printemps prochain,
là, une étude plus approfondie de la publicité
professionnelle. Et je sais, suite aux échanges que j'ai eus avec la
députée de Chicoutimi, qu'elle voudrait peut-être avoir un
petit peu plus de traitement en ce qui concerne la publicité
professionnelle, puisque c'est un problème de fond, mais comme je vous
l'ai expliqué, je ne peux pas m'embarquer dans ça à ce
moment-ci, puisqu'on n'est pas encore prêt pour y aller sur un mouvement
de fond. Je suis tout à fait disposé, par contre, à
entendre les corporations, les associations de consommateurs
l'année prochaine; au printemps, aux mois de février, janvier,
février, mars, là, on pourrait établir un
échéancier quelconque, mais pas à ce moment-ci, compte
tenu de l'urgence et de l'importance qu'on accorde aux corporations
professionnelles, parce qu'il est important qu'on puisse intervenir le plus
rapidement possible.
Il y a également dans le projet de loi des dispositions
concernant le mandat. Les dispositions concernant le mandat, on me dit que
ça a été approuvé par l'ensemble des intervenants;
que ce soit le Curateur public, la Chambre des notaires ou le Barreau du
Québec, ils sont d'accord avec les dispositions; c'est purement
mécanique et on me dit que ça devrait être à la
satisfaction de tout le monde. La raison qui s'est introduite ià-dedans,
M. le Président, vous allez trouver ça particulièrement
intéressant, c'est que les dispositions concernant le mandat ont
été introduites suite à une recommandation de Mme la
députée de Chicoutimi qui nous disait: Bien, tu sais, au lieu
d'avoir un projet de loi par item, on pourrait peut-être commencer
à les regrouper. Alors on a dit: Bon, on va essayer ça, si
ça peut effectivement rendre la tâche plus facile pour tout le
monde, on peut bien essayer de s'accommoder de cette recommandation qui,
effectivement, risque de donner des résultats intéressants
puisqu'il y a beaucoup de petites modifications à apporter. Alors, c'est
suite à cette suggestion qu'on a introduit le mandat là-dedans,
à ce niveau-ci, et c'est pour ça que le titre est si long,
quasiment aussi long que le projet de loi; c'est parce qu'il faut introduire,
là, les deux éléments en question, la publicité
professionnelle et le mandat.
Donc, un projet de loi, bref, dont un secteur est moins substantiel, le
mandat, où il n'y a rien de majeur, c'est une modification qui est
apportée suite à des demandes. Et le secteur de la
publicité professionnelle, où je pense qu'on doit intervenir pour
l'ensemble, pour protéger la publicité professionnelle, parce
qu'on commence déjà à avoir des lettres, il commence
déjà à y avoir des professionnels qui cherchent
évidemment à s'embarquer dans une attitude publicitaire telle
qu'elle existe aux États-Unis, et qui, je pense, n'est voulue par
personne ici. D'ailleurs, je pense que j'ai remis à la
députée de Chicoutimi une lettre des gens de son comté,
des avocats, je pense, qui commencent à faire de la publicité
qui, finalement, porte atteinte à des notions comme la protection du
public, qui pourrait laisser croire à certains consommateurs qu'ils
auraient avantage à faire affaire avec un professionnel plutôt
qu'un autre à cause de différents facteurs qui, normalement, ne
devraient pas se trouver dans la publicité. Alors, c'est ça,
c'est en gros les notes d'ouverture que j'avais a vous faire ce soir.
Le Président (M. Bradet): Merci, M. le ministre.
M. Savoie: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi, avez-vous des remarques préliminaires?
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Oui, d'abord, oui J'aurais des remarques
préliminaires. D'abord, en toute amitié, je dois dire que le
ministre aurait pu rester dans son comté ce soir, si tant est qu'il
avait pris acte de ce jugement-là au mois de juin, et qu'il nous aurait
apporté un projet de loi à la mi-octobre. C'était
envisageable. Vous savez, curieusement, on se retrouve encore une fois, juste
en fin de session, et là on me dit: J'en ai besoin. Et ça, vous
savez, d'abord, je pense que ce n'est pas efficace, ce n'est pas respectueux
des règles et c'est inacceptable. Il n'y en avait pas de
législation, ce n'est toujours bien pas ça qui nous a
empêchés de l'étudier avant. Et ça, vous savez,
c'est irritant pour tout le monde, et ça ne nous permet pas de faire un
bon travail. C'est comme ça qu'il y a tant de lois qui se trouvent
à être réécrites. Et là, s'il avait
procédé comme ça, le ministre aurait pu se payer le
plaisir de rester dans son comté, parce qu'il nous dit: J'ai dû de
peine et avec beaucoup de tristesse laisser mon comté...
M. Savoie: Ah oui! avec déchirement, quitter mon
comté!
Mme Blackburn: ...avec déchirement, laisser mon
comté. Bien, il aurait pu rester s'il avait mieux planifié ses
travaux. C'était la première remarque.
La seconde - et là, j'ai plus de questions que je n'ai de
réponses - vous dites: À la suite du jugement où il a
été démontré qu'on contrevenait à la Charte
des droits et libertés de la personne, lorsqu'on leur interdit de faire
de la publicité... Mais ce qu'il faut se dire ici - et le ministre a
peut-être eu, peut-être pas, peut-être pas suivi ce
dossier-là, peut-être l'a-t-il suivi - c'est que l'idée de
la libéralisation de la publicité des professionnels,
c'était déjà dans le rapport Scowen. Alors là, on
ne l'invente pas. Alors, on a l'impression qu'on prend simplement
prétexte pour dire: On s'engouffre là-dedans. Il faut dire qu'il
y avait autre chose aussi là-dedans, dans le rapport Scowen, qui allait
très loin, et il y avait des dispositions sur lesquelles je
n'étais pas d'accord; le ministre, votre prédécesseur, non
plus.
Et je sais que M. Mulcair le sait. Et pour des raisons que je
partageais. On a réussi à avoir dans ce milieu-là, au
Québec, une publicité relativement civilisée qui n'abusait
pas de la crédibilité des gens ou de leur naïveté -
pas
"crédibilité" mais "crédulité" - ni de leur
manque d'information pour leur faire passer n'importe quoi. Il y a une telle
publicité qui existe aux États-Unis, c'est
particulièrement déplorable, et ce n'est pas souhaitable au
Québec. Et je me dis: Si tant est qu'on soit distinct et qu'on continue
à avoir des attitudes, je dirais, entre guillemets, professionnelles,
voulez-vous me dire pourquoi il faudrait acheter cette disposition-là et
est-ce qu'il n'aurait pas été envisageable, plutôt que
d'adopter une loi dans laquelle le ministre me dit: II n'y a pas de
modification... S'il n'y a pas de modification, on va encore contrevenir
à la loi et il faudrait qu'on utilise la clause "nonobstant". Sinon, on
va être poursuivis. N'importe quel professionnel va dire: Vous ne nous
permettez pas d'aller aussi loin, ils vont recommencer, on va revenir en cour
et aussi longtemps... Et je n'ai pas, à ma connaissance, je n'ai pas vu
d'utilisation de la clause "nonobstant." Est-ce qu'il y en a une
là-dedans? Bon, il n'y en a pas. Alors ça veut donc dire que le
professionnel va dire: Moi, j'ai droit normalement, comme n'importe quelle
boutique, comme n'importe quel commerce et entreprise, à la
publicité. Il pourra trouver que votre règlement ou votre loi est
trop limitative. Alors moi, je dis: Pourquoi est-ce qu'on n'aurait pas d'abord
maintenu le statu quo en disant que les dispositions qui prévoient la
publicité ou l'information autour des professions demeurent les
mêmes. Tout est interdit, sauf ce qui est permis nommément. Parce
que c'est un peu ça qu'on avançait, c'est-à-dire qu'on
détaillait ce qui était permis, tout le reste étant
interdit, en matière de publicité. Est-ce que je me trompe ou si
c'est ça à peu près? En matière de
publicité, oui.
Alors ça aurait pu être ça, la décision du
ministre, quitte à dire à ces professionnels de
différentes corporations: On attend, on consulte et on regarde.
Là, vous êtes en train de me passer un projet de loi. Quelle date
sommes-nous aujourd'hui? Le 17. Ça va être adopté le 20, le
21, quelque chose comme ça, juste avant la levée. Une loi qui est
peut-être bonne, mais moi, j'estime ne pas avoir la compétence
pour le faire. Quand vous me dites: On a consulté les corporations
professionnelles, n'allez pas croire que ça me rassure, ça,
n'allez pas croire que ça me rassure. Ce sont les corporations
professionnelles elles-mêmes qui réclamaient la
libéralisation de la publicité, les corporations. Alors quand
vous me dites: On les a consultées et elles sont contentes... Bien
sûr qu'elles sont contentes, j'espère bien, j'espère bien.
Est-ce que c'est bon, par exemple, pour le consommateur? Est-ce que c'est bon
pour le Québec de façon générale? Est-ce que
ça va nous permettre de maintenir un niveau d'attitude professionnelle
qu'on a toujours, indépendamment de ce qui se passait en Amérique
du Nord, maintenu chez nous?
Est-ce que ça va nous permettre ça? Je ne suis pas en
mesure de l'évaluer, et ceux et celles qui pourraient m'en parler avec
le plus de connaissances par rapport à ses effets sur le public de
façon générale, ils ne sont pas ici. Et on n'a pas le
temps de les consulter. Vous me dites: Adoptez la loi et on les consultera
après les fêtes. Vous avez une façon plutôt
surprenante de légiférer. Alors, vous me dites: II y a urgence
d'intervenir parce que là, il y a un trou qu'il faut absolument combler.
Et là, vous faites état de publicité qui serait plus ou
moins heureuse. Moi je l'ai vue, ...ça concerne un groupe d'avocats de
Jonquière. Ça se peut que ça contrevienne mais je n'ai pas
idée. Est-ce que ce que vous allez adopter va empêcher ça?
Si on ne fait que reconduire la situation actuelle, comme vous nous le disiez
tout à l'heure... (20 h 45)
M. Savoie: ...reconduire la situation actuelle.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
Mme Blackburn: Si on ne fait que reconduire la situation actuelle
et qu'elle était jugée contraire à la Charte des droits et
libertés, dites-moi comment ils n'en appelleront pas de la
décision de la loi?
M. Savoie: Actuellement, la situation, c'est qu'on est en quelque
sorte dans un système où les corporations professionnelles ne
peuvent pas faire appliquer leur règlement concernant leur
publicité. C'est aussi simple que ça. Elles vont arriver et elles
vont dire aux professionnels: Tu n'as pas le droit de faire ça, parce
qu'on a une décision, les tribunaux ont déclaré que ces
dispositions, comme ça, sont illégales parce qu'elles vont
à rencontre de l'article 2.
Mme Blackburn: Ça, j'ai compris. M. Savoie:
Ça, vous l'avez compris.
Mme Blackburn: Oui, oui, j'ai pas mal l'habitude de tout
comprendre.
M. Savoie: Non, mais c'est parce que j'ai de la misère
à vous suivre. Alors, prenez vos avocats dans votre comté qui
disent...
Mme Blackburn: Ce n'est pas mon comté. C'est le
comté de Jonquière.
M. Savoie: À Jonquière d'abord, dans votre
région. Venez nous voir, on est les plus beaux et les plus fins.
Mme Blackburn: Le bâtonnier est de la région. Il est
de mon comté, cependant.
M. Savoie: Alors, on est incapables...
Mme Blackburn: De les empêcher de ce faire.
M. Savoie: C'est ça. Mme Blackburn: Bien.
M. Savoie: À cause de la décision qui a
été rendue au mois de juin.
Mme Blackburn: Voilà. Ça, je l'ai tout compris.
M. Savoie: Suite à ça, l'Office des professions a
examiné le dossier. Hs ont monté un dossier qu'on a
examiné ensemble. Il y a eu des consultations. Il y a eu des
échanges. Il faut bien comprendre que le mois de juillet, c'est un mois
où souvent les gens sont en vacances. On se ramasse au mois
d'août, au mois de septembre. Au mois de novembre, j'ai
déposé le projet de loi. Le projet de loi a été
déposé certainement dans les deux premières semaines de
novembre, le 14.
Mme Blackburn: Oui, monsieur. Ça ne peut pas être
déposé plus tard.
M. Savoie: Alors, certainement déposé à ce
moment-là, le 14 novembre. Alors, il a été
déposé le 14 novembre. On le traite aujourd'hui à cause du
jeu de cache-cache qui se fait avec l'Opposition dans les fins de session
habituelles, de part et d'autre.
Mme Blackburn: Ah bon! c'est notre faute, là!
M. Savoie: Ce sont les enjeux parlementaires qui se font et le
système est comme ça. Là, vous arrivez et vous dites:
Bien, vous arrivez avec ça le 17 décembre. Moi, je peux vous dire
que ça fait 30 jours que le projet de loi est déposé. On
souligne l'urgence du projet de loi. On souligne l'importance de ça pour
maintenir les choses dans un semblant d'ordre. Maintenant, si on avait pris
l'occasion pour, en même temps qu'on dépose ce projet de loi, se
protéger finalement contre la décision, bien, là, je
comprendrais. Là, vous diriez: Vous essayez de nous passer un sapin en
utilisant une... Ce n'est pas ce qu'on fait là. Ce qu'on fait, c'est
qu'on ramène les choses, on rétablit les choses. Et on dit, bon,
le jugement Rocket, finalement, dit: Lorsque vous avez une situation à
l'effet que toute publicité est illégale, sauf ce qui est permis,
ça, ça va à rencontre de la Charte. Lorsque vous dites:
Tout est autorisé, sauf ce qui est exclu, ça, ce n'est pas la
même chose. Et c'est ce qu'on est en train défaire ici.
Ce qu'on arrive à faire, c'est qu'on modifie un peu les
règles pour dire: Bon, bien, les corporations professionnelles vont
être capables de maintenir leur publicité professionnelle
semblable ou quasiment identique à ce qui existait auparavant, de
façon à ce qu'on main- tienne en quelque sorte le statu quo avec,
évidemment, quelques modifications mineures et nécessaires. Dans
l'ensemble, ça va. Et là, vous, vous voulez arriver et nous dire:
Bon, bien, il y a d'autres éléments à regarder aussi. On
s'incline devant ça. On trouve que ça a bien du bon sens, parce
que, effectivement, nous autres aussi, de notre côté, on pense
qu'il y a du mouvement à faire. Ce qu'on est en train de vous dire,
c'est qu'on est bien prêts à faire ce mouvement-là, mais
à un moment propice et dans un contexte propice où on pourrait se
taxer d'autre chose. Parce qu'on ne veut pas être obligés de
travailler sous la notion de l'urgence. On ne veut pas être
obligés de travailler sous la notion de... Par exemple, au mois de
janvier, un groupe de dentistes arrivent et déposent un projet de loi,
pas un projet de loi mais une publicité, et on n'a pas de contrôle
puisque l'Assemblée nationale ne siège pas en janvier,
février, mars. Ce qu'on veut faire, c'est finalement protéger le
public...
Mme Blackburn: D'abord, le jeu de cache-cache..
M. Savoie: ...en permettant aux commissions parlementaires
de...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Si on avait
commencé à examiner ce projet de loi dès le 15 novembre,
on aurait eu le temps de faire... Ça ne demande peut-être pas des
consultations qui dureraient un mois en commission parlementaire, ce dont on
parle. Là, à moins qu'on ne me dise que les associations de
consommateurs ont été consultées là-dessus, il n'y
a que les personnes premièrement impliquées qui le sont, et
ça, je vous dis que ça ne me rassure pas. Qui a été
consulté là? Il faudrait peut-être commencer par ça.
Qui a été consulté?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Dans ce projet de loi, évidemment, les
corporations professionnelles ont été consultées...
Mme Blackburn: Bien oui, ça je...
M. Savoie: ...les associations de consommateurs ont
été consultées.
Mme Blackburn: Quelles associations de consommateurs?
M. Savoie: L'Association des consommateurs du Québec.
Mme Blackburn: Bien là, il faudrait que.. Ce n'est pas
tout à fait les informations qu'on a.
Je ne sais pas où...
M. Savoie: Bien non, c'est parce que vous, vos informations, vous
les recevez de quelqu'un, puis on sait qui.
Mme Blackburn: Ah non! Non, ça, je dois vous dire que
quand j'appelle, moi, je n'appelle jamais, là... D'abord, clairons
ça tout de suite. Moi, je ne commence pas à essayer de me trouver
le petit contact qui va faire glisser le document. De façon tout
à fait franche, ouverte et honnête, j'appelle
généralement le président de l'organisme, le
secrétaire général, ce qu'il y a de plus officiel, puis je
leur dis: Moi, là, moi comme députée...
M. Savoie: Je fais quoi là-dedans?
Mme Blackburn: C'est-à-dire, je ne connais pas assez cela
pour me prononcer. Vous connaissez quelque chose là-dedans; avez-vous
été consulté? Avez-vous rendu un rapport là-dessus
ou est-ce qu'on vous a fait valoir qu'il y avait tellement d'urgence qu'on
n'avait pas le temps de vous consulter comme il faut, puis qu'on reviendrait?
Qu'est-ce que vous avez reçu? C'est à peu près ça,
les questions, ce n'est jamais plus que ça. Comme, j'espère, vous
faites ou vous faisiez quand vous étiez dans l'Opposition ou si jamais
vous y êtes.
M. Savoie: Oui. Moi, je n'ai jamais été dans
l'Opposition.
Mme Blackburn: Alors... J'allais dire: ne vous inquiétez
pas, ça va venir.
M. Savoie: C'était quoi, c'est quoi la réponse que
vous avez eue du président, là?
Mme Blackburn: Et là, ce n'est pas moi qui l'ai fait parce
que...
M. Savoie: Alors, qui l'a fait?
Mme Blackburn: ...moi, j'étais sur la commission
constitutionnelle, je suis toujours sur la commission constitutionnelle.
D'ailleurs, vous me privez du plaisir d'être à la commission
constitutionnelle alors qu'ils siègent encore.
M. Savoie: Attendez une seconde. Moi, je suis parti de mon
comté à votre demande.
Mme Blackburn: À ma demande?
M. Savoie: À votre demande. Parce qu'on m'a dit que vous
vouliez assister demain à la commission constitutionnelle que
c'était bien important pour vous. Normalement, on était
organisés pour demain. Moi, on m'a dit que c'était pour vous
rendre service que j'étais...
Alors, j'ai quitté mon comté sur un vol, je n'ai pas eu de
souper, moi. J'ai pris l'avion pour vous faire plaisir, pour que vous puissiez
assister à votre commission.
Mme Blackburn: Bien là, il faudrait vérifier.
M. Savoie: Alors là, je pense qu'il faudrait que ce soit
bien clair.
Mme Blackburn: Oui, sauf que vous admettez...
M. Savoie: C'est clair là, hein!
Mme Blackburn: Oui, là, on me dit que c'a
été... Sauf que vous admettez avec moi que vous auriez pu
l'amener le 15 novembre et...
M. Savoie: Je l'ai déposé le 15 novembre.
Mme Blackburn: Bien oui, c'est le 14, c'est la date limite qu'on
dépose.
M. Savoie: Bien là, je ne sais pas. Demandez à vos
garçons, là...
Mme Blackburn: Parce que, là, on est en train de dire que
c'est la faute de l'Opposition si c'est amené quelque part comme le 17
décembre, juste avant la fin...
M. Savoie: Oui, oui, c'est votre faute. C'est votre faute. Vous
êtes des méchants garçons, des méchantes petites
filles, puis vous auriez dû vous en occuper avant. On ne serait pas ici
le 17 au soir en train de faire le projet de loi.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Alors, vous me dites que toutes les corporations
professionnelles ont été consultées et les associations de
consommateurs.
M. Savoie: L'Association des consommateurs du Québec a
été consultée. Mais vous pouvez peut-être lui
répondre, M. Mulcair, président de l'Office.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bradet): M. Mulcair.
M. Mulcair (Thomas J.): Ce que je peux dire à Mme la
députée, c'est que les études, les colloques, les
symposiums de l'Office tenus depuis 10 ans convergent tous vers la même
conclusion qu'il faut ouvrir la publicité professionnelle. C'est une
demande constante, continue de la part de toutes les associations de
consommateurs là-dedans. Ça va exactement dans le sens de ce qui
est demandé depuis 10 ans par
ces associations-là auprès de l'Office des professions du
Québec.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre
M. Savoie: Mais, spécifiquement là-dessus, l'Office
des consommateurs a été consulté.
M. Mulcair: Le Conseil interprofessionnel du Québec a
été consulté...
Mme Blackburn: Oui, le Conseil interprofessionnel, ça
va.
M. Mulcair: ...puis, à ma connaissance, tous les autres,
c'a été publié depuis un mois, puis on n'a reçu
aucun commentaire négatif. Puis on ne s'attendait pas à en
recevoir de la part des associations de consommateurs, c'est ce qu'elles ont
toujours réclamé.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le Conseil interprofessionnel, c'est un
rassemblement d'organismes réunissant les différentes
corporations. Alors, on ne peut pas s'attendre à ce que l'un aille
contredire les autres. C'est un peu comme consulter la main droite, la main
gauche, j'imagine que ça doit dire à peu près la
même chose. Alors que moi, j'aurais souhaité qu'on ait une
consultation auprès des associations de consommateurs.
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: J'aurais souhaité qu'on puisse... Parce que
là on me dit, on prend pour acquis que les associations de consommateurs
sont en faveur parce que ça fait 10 ans, nous dit M. Mulcair...
M. Savoie: Non, non. C'est sûr que le...
Mme Blackburn: ...qu'elles se disent en faveur, elles ne seraient
pas contre aujourd'hui. Il faudrait voir le contenu.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Le projet de loi a été transmis à
l'Association de protection des consommateurs et il n'y a eu aucun avis
négatif en ce qui le concerne. Ils connaissent l'orientation qu'on veut
prendre et ça ne présente pas de difficultés. Ce que je
suis en train de vous dire, c'est que je ne suis pas contre, Mme la
députée, la proposition que vous nous avez faite tout à
l'heure. Il faut bien se comprendre, je ne suis pas contre cette
démarche-là. Si vous me dites que vous êtes ouverte
à ça et que, selon vous, ce serait important que ça se
fasse, nous aussi on pense, moi, je serais intéressé à
entendre plusieurs intervenants en ce qui concerne la publicité des
professionnels au Québec. Je suis tout à fait disposé
à faire cette démarche-là. Ce que je vous dis, c'est qu'on
va la faire. Maintenant, moi, j'avais pensé la faire un peu plus tard,
et vous dites: Vous nous donnerez ça le plus vite possible. Le plus vite
possible, ce serait certainement quelque part en février, j'imagine. Au
mois de janvier, tout le monde arrive de vacances vers le 14. Alors, on
pourrait facilement le faire à ce moment-là, mais pas à ce
moment-ci. Ici, ce qu'on veut faire, c'est empêcher, finalement, des
intervenants, des professionnels qui veulent profiter actuellement du fait que
le règlement est invalide pour faire ce qu'ils veulent sur la place
publique.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous parlez de modifications - c'est quasi
identique - mineures et à la marge. Est-ce que vous pourriez nous dire
quelles modifications ça va entraîner par rapport à la
situation actuelle?
Le Président (M. Bradet): M le ministre
M. Savoie: Je m'excuse. Pendant que vous me posiez votre
question, que je n'ai pas comprise, le président de l'Office, M.
Mulcair, m'avisait qu'actuellement les présidents des comités de
discipline refusent d'entendre des plaintes en ce qui concerne la
publicité, compte tenu du fait qu'ils savent que ça va être
invalidé, compte tenu du jugement Rocket. Alors, c'est très
difficile pour eux autres.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ah! ça, je m'en doute bien! Ça
m'inquiète moins qu'ils refusent de traiter ce genre de plaintes,
comparativement à d'autres plaintes, compte tenu de la situation des
comités de discipline, que vous connaissez et que nous connaissons, qui
crée une certaine injustice qui nuit au plaignant. Alors, moi, je vous
dirais que ce n'est pas ça qui m'empêche de dormir.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Oui, mais, actuellement, ça voudrait dire qu'un
dentiste pourrait aller sur la place publique demain matin et annoncer
publiquement qu'il a le droit de faire deux traitements de canal pour 125 $ et
qu'on ne peut rien faire. Ils sont partis pour la gloire.
Mme Blackburn: Oui. Ils nous ont même dit qu'ils n'avaient
même pas besoin de formation pour le faire. Ils l'ont dit en commission
parlementaire à part ça. Ils n'ont besoin que d'une
formation de base. Vous vous rappelez ça? M. Savoie: Non,
je parle des dentistes.
Mme Blackburn: C'étaient les dentistes qui ont juste
besoin d'une formation de base.
M. Savoie: En tout cas.
Mme Blackburn: Ils nous l'ont dit, de toute façon, mais
c'est autre chose. S'ils étaient capables de nous dire...
M. Savoie: Oui, mais c'est ça. Mais vous voyez un peu le
problème, et vous êtes d'accord que le public doit être
protégé.
Mme Blackburn: Tout à l'heure vous disiez que ça
serait reconduit de façon quasi identique, à l'exception de
quelques modifications mineures. Est-ce qu'on pourrait nous dire la nature des
modifications que ça va entraîner par rapport à la
situation actuelle? La situation actuelle est assez limitative dans la
publicité. Est-ce qu'ils vont avoir le droit...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Ce qu'on pourrait peut-être faire, c'est aborder
article par article et, au fur et à mesure qu'on avance, fournir les
explications et, à ce moment-là, on les traitera.
Mme Blackburn: Est-ce qu'ils auront le droit, par exemple,
d'annoncer les tarifs?
M. Savoie: Non.
Mme Blackburn: Est-ce qu'ils auront le droit de faire état
du nombre de clients qu'ils ont vus l'an passé, en disant: On a vu un
volume de clientèle x, ça va nous permettre d'être
meilleurs, par exemple?
M. Savoie: Je ne pense pas. Oui?
Le Président (M. Bradet): M. Mulcair. Est-ce que vous
voulez qu'on vous réponde tout de suite, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Oui.
M. Mulcair: Pour résumer brièvement ce que le
ministre disait tout à l'heure, effectivement Rocket a invalidé
le système qui existait avant, c'est-à-dire qu'on ne pouvait plus
rester avec une situation où on interdisait tout et où il y avait
certaines exceptions de permises. Dorénavant, on a les articles que l'on
retrouve ajoutés au code, notamment par l'article 2 du projet de loi 100
qui vient cerner la manière dont la publicité dorénavant
permise peut être faite. Ça constitue donc un strict minimum.
Toute publicité faite par un professionnel doit respecter ces nouvelles
normes.
Par ailleurs, et ça rejoint la notion un peu intangible, mais
importante de professionnalisme qui a été évoquée
tout à l'heure, ces aspects-là peuvent être inclus, on peut
aller les couvrir par le biais d'une nouvelle disposition qui va se retrouver
dans le code de déontologie de chaque corporation professionnelle
pouvant aller jusqu'à l'interdiction. Mais, évidemment, à
ce moment-là, on a un droit de regard sur ce qui va être
ajouté pour s'assurer que ces nouveaux règlements demeurent
à l'intérieur des limites définies par la Cour
suprême.
Et juste pour terminer là-dessus, la Cour suprême a bien
dit que cette notion de professionnalisme rentrait dans la catégorie de
ce qui pouvait être contrôlé. On peut contrôler la
publicité pour s'assurer qu'elle demeure professionnelle dans ce sens
très intangible et, justement, ça a fait l'objet d'un long
débat lorsqu'on a rencontré le Conseil interprofessionnel du
Québec là-dessus. (21 heures)
Mme Blackburn: Mais comme vous le dites...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn:... ça va être difficile à
gérer parce que la notion de professionnalisme, c'est élastique,
comme la conscience.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Très élastique, si
je constate la conscience chez plusieurs.
Mme Blackburn: Vous visez qui, là? Professionnels ou
députés?
M. Savoie: Sûrement pas les députés.
Le Président (M. Bradet): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir? Mme la députée de
Terrebonne?
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que, dans un
premier temps, il faut peut-être rappeler certaines règles de
procédure au ministre qui semble ne pas les connaître. Ce n'est
pas l'Opposition qui appelle les projets de loi, mais c'est bien le
gouvernement qui les appelle et qui juge le moment où il doit les
appeler. Et lorsqu'on dépose un projet de loi le 15 novembre,
c'est-à-dire à la veille de la date limite du 15 novembre, on
peut s'attendre à ce qu'on se retrouve à travailler à la
dernière minute sur un projet de loi qu'on juge important. On aurait pu
le déposer avant, si c'était si urgent et important. C'est
évident que l'Opposition ne s'oppose pas à la
libéralisation, à la publicité. Ce qu'on a comme
information, parce
qu'on a fait certaines recherches cet après-midi la-dessus, on a
vérifié non seulement auprès de l'Association des
consommateurs du Québec qui semble être la seule association que
le ministre connaisse, qui regroupe 3000 membres, je le rappelle, mais aussi
auprès de la Fédération nationale des associations de
consommateurs, la FNACQ, et auprès de la Fédération des
ACEF, des associations coopératives d'économie familiale, et dans
les deux cas, elles n'ont pas eu le temps de se prononcer sur ce projet de loi
là, parce qu'elles l'ont reçu en même temps que le projet
de loi 89, et c'est évident qu'elles ont mis beaucoup d'énergie
sur le projet de loi 89. Comme elles ont très peu de budget pour faire
des recherches, elles n'ont pas pu étudier en profondeur ce projet de
loi là, le projet de loi 100.
Ce qu'on a trouvé aussi dans les documents, c'est qu'au moment
où on a passé la Loi sur la protection du consommateur en 1971 et
en 1979, donc sous deux gouvernements différents, à chaque fois,
il y a eu entente entre les deux partis sur le contenu des amendements. Tout le
monde s'est entendu sur ce qui a été déposé. Et, au
moment où on a voté ces deux lois-là, les
législateurs se sont posé la question à savoir s'ils
devaient y inclure les professionnels et, puisqu'ils n'avaient pas la
possibilité de faire de publicité à l'époque, on
n'avait pas jugé bon de le faire. Sauf qu'on s'était
engagés en 1979 à ce que, lorsqu'il y aurait
libéralisation et qu'on accorderait la possibilité de faire de la
publicité, la loi concorde avec ce qu'on a du côté de la
protection du consommateur. Et si, dans la loi actuelle sur la protection du
consommateur, on regarde les articles qui couvrent toutes les pratiques de
commerce, les articles 215 à 253 si on les examine et on les compare
avec le texte de loi qu'on a en main, la loi 100, pour nous, il y a une
faiblesse. Ce n'est pas aussi fort et il reste plusieurs petits qui ne
protègent pas le consommateur, et c'est dans ce sens-là qu'on
aurait souhaité entendre des groupes de consommateurs. On aurait
aimé avoir des consultations pour ça, et non après le
projet de loi, mais bien avant.
Ça devient une pratique de plus en plus courante qu'on nous
propose des audiences et des consultations après, plutôt qu'avant.
Ça, c'est très dangereux, de créer ce
précédent-là, parce qu'on sait très bien que la loi
risque d'être amendée des années plus tard. Si vous
comparez... Je ne sais pas si vous avez pris le temps, M. le ministre, de
comparer les deux textes de loi, mais dans la Loi sur la protection du
consommateur, sur les pratiques qui ont trait au commerce, vous avez les
articles 215 à 253. Ce ne sont pas trois petits articles, ça
couvre vraiment toutes les facettes et, au moment de l'étude article par
article, on va sûrement revenir sur des points très très
précis. Je pense à certains articles qu'on ne retrouve pas dans
votre document et qui laissent une porte ouverte aux professionnels. J'en ai
noté quelques-uns tantôt: il y a l'article 222b, l'article 224c et
vous avez aussi l'article 228 qui m'apparaissent tout à fait essentiels
à ajouter au moins au texte qu'on a devant nous. Et la question que je
me pose: Pourquoi on n'a tout simplement pas choisi d'appliquer tel quel ce qui
est contenu dans la Loi sur la protection du consommateur? Pourquoi on n'a pas
décidé de les assujettir à ce projet de loi là ou
de tout simplement reprendre le con tenu de ces articles et les adapter pour
les professionnels...
M. Savoie: Aucun bon sens. Mme Caron: ...en maintenant
le...
M. Savoie: Ça n'a simplement aucun bon sens...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Ce que tu dis, ça n'a ni queue ni
tête.
Mme Caron: Je comprends, vous n'avez rien écouté.
Ça ne m'étonne pas que vous...
M. Savoie: Bien non, mais depuis tantôt que...
Mme Caron: ...portiez ce jugement-là parce que...
M. Savoie: ...vous êtes partie...
Mme Caron: ...tout le temps que j'ai parlé, vous parliez
avec la personne qui est à côté de vous.
M. Savoie: Écoutez, non, non, je vous écoutais.
Mme Caron: Alors, ça ne m'étonne absolument pas
que...
M. Savoie: Je vous suivais, mais ça n'a aucun bon
sens.
Mme Caron: ...vous me fassiez ce raisonnement-là.
M. Savoie: Ça n'a aucun bon sens. Ce ne sont pas des
vendeurs de tapis avec lesquels on fait affaire. Ce sont les corporations
professionnelles.
Mme Caron: Mais il faut s'assurer qu'on ait les mêmes
protections. Quand on parle d'une protection comme celle que je vous ai
dit...
M. Savoie: Écoutez bien. Laissez-moi répondre au
moins à votre interrogation.
Mme Caron: Mon temps de parole, de toute façon,
n'était pas terminé, M. le Président, je crois?
Le Président (M. Bradet): Non, madame.
M. Savoie: Vous avez le droit de reprendre la parole.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Lorsqu'on dit, dans
l'article 224c qu'aucun commerçant - et là, si on disait "aucun
professionnel" - ne peut exiger pour un bien ou un service un prix
supérieur à celui qui est annoncé, ça, ça
arrive souvent auprès d'un professionnel. On donne un prix et, quand
vous terminez le travail, ce n'est jamais le même prix. Ça, on le
sait très bien, et ça arrive constamment. Et combien de
consommateurs ont des plaintes là-dessus? Quand on fait une plainte, le
temps qu'on réussisse à obtenir justice, ça, c'est
très long. Ça, le ministre, c'est bien sûr qu'il n'en n'est
pas conscient, mais il y a des points aussi précis que ça. Et je
pense qu'à certain niveau il y aurait peut-être des amendements
à apporter tantôt. Ce qu'on vous dit aujourd'hui, ce n'est pas que
le projet de loi n'est pas bon. Ce qu'on vous dit, c'est qu'il y aurait
peut-être des amendements à apporter. C'est de ça qu'on
s'inquiète.
Le Président (M. Bradet): Avez-vous fini, Mme la
députée de Terrebonne?
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre, voulez-vous
répondre tout de suite?
M. Savoie: Je vais répondre un petit peu à
ça très rapidement. Regardez une corporation professionnelle
comme, par exemple, le Barreau du Québec. Le Barreau du Québec a
sa loi et, à l'intérieur de sa loi, a également un code de
déontologie qui fixe, par exemple, tout un ensemble de règles, de
pratiques comme, par exemple, la publicité pour un avocat.
Là-dedans, on va déterminer ce qu'un avocat peut faire et ce
qu'il ne peut pas faire comme publicité. On va déterminer
ça va être quoi, sa relation... Là, aujourd'hui, on ne
touche pas à ça du tout. Ce n'est pas à ça qu'on
touche. Là, on touche au cadre, en haut, qui dit: Qu'est-ce qu'a le
droit de faire une corporation professionnelle pour contrôler la
publicité à l'intérieur d'une corporation professionnelle?
Il y a 42 corporations professionnelles. La loi en haut, c'est ça qu'on
est en train de toucher parce qu'on est en train de faire des modifications qui
vont permettre aux corporations professionnelles, en bas, de faire les
modifications. Quand tu nous parles de ta Loi sur la protection du
consommateur, là, tu parles pour des gens qui ne sont pas régis
par une corporation professionnelle. Là, tu parles, par exemple, des
gens qui ne font partie d'aucune corporation professionnelle. Tu parles des
gens, par exemple... Un exemple classique, ça pourrait être ton
vendeur itinérant qui va vendre des balayeuses. C'est un exemple qui
peut être utilisé et qui est sujet à la Loi sur la
protection du consommateur. Et cette personne-là va arriver et elle va
se présenter et, à ce moment-là, ce qu'on veut faire,
c'est donner l'unique protection qu'on peut accorder au...
Le Président (M. Bradet): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir?
Une voix: Non.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être avant de
commencer l'étude article par article, je veux juste qu'on confirme
ensemble la proposition que me faisait le ministre tout à l'heure,
à notre demande, c'est-à-dire que, le plus tôt possible, le
plus tôt possible, il y ait vraiment des audiences qui nous permettraient
d'entendre les consommateurs, les corporations professionnelles et le
Protecteur du citoyen, quoique le Protecteur du citoyen, il faudrait voir, mais
toute personne ou organisme qui pourrait nous apporter un éclairage
quant à cette question extrêmement importante qui fait l'objet de
débats depuis de nombreuses années. Moi, je ne suis pas capable
de prendre pour acquis que les consommateurs sont comme ça, qu'ils sont
d'accord sur n'importe quoi. Je ne penserais pas. Dans ce sens-là, si
vous nous apportez la garantie qu'il y aura quelque chose qui se fera quelque
part, d'ici à la reprise de la session de mars...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Là, c'est parce que, si vous demandez une
obligation ferme...
Mme Blackburn: Un engagement.
M. Savoie: En Chambre? Avant le mois de juin. Faire quoi avant
Noël? Je pourrais arriver avec...
Mme Blackburn: II faudrait le décider... M.
Savoie:... un projet d'ici... Mme Blackburn:... pour annoncer...
M. Savoie:... au 20, comme quoi on pourrait regarder quelque
chose, voir exactement ce qu'on peut faire là. Sacrifice! O. K. Le
problème que je vois, c'est que...
Mme Blackburn: C'est ça, il faut qu'il l'annonce.
M. Savoie: Ce qu'on peut faire, par
exemple, c'est qu'on peut constater c'est quoi, le problème. Sans
prétendre arriver avec des solutions, on peut chercher à
découvrir c'est quoi, le problème. Moi, je serais d'accord pour
faire ce que nous avons fait avec les denturolo-gues, par exemple.
Mme Blackburn: Hum, hum!
M. Savoie: On pourrait parler du problème,
c'est-à-dire faire trois, quatre heures, cinq, six heures de travail,
où on pourrait inviter certaines associations...
Mme Blackburn: Ça demanderait peut-être un peu plus,
mais d'accord.
M. Savoie: ...à venir nous dire c'est quoi, le
problème.
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: Parce que, avant d'inviter les gens à nous
parler, ça va leur demander des préparations de mémoires,
ça va demander un petit peu plus de temps et on voudrait les orienter
sur ce à quoi... Ça fait que, si vous arrivez, puis vous...
Supposons qu'on dise qu'on commence notre réflexion à ce
niveau-là, puis là, à ce moment-là, ce qu'on
pourrait faire, c'est inviter des gens à venir nous dire c'est quoi, le
problème, au niveau de la publicité professionnelle, comment ils
perçoivent la difficulté. Ça pourrait peut-être nous
aider à cerner le problème et les interventions à venir
et, là on pourrait faire quelque chose de beaucoup plus grand que des
mémoires sur les interventions à venir.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. J'aimerais que le
ministre porte attention parce qu'il m'a dit tantôt que ça n'avait
aucun rapport. J'aimerais lui rappeler que ce qu'on a en main, le projet de loi
100, dans l'article 2, le point 60.3 qu'il nous propose est directement
tiré de ce que je lui mentionnais tantôt, de certains articles
extrêmement précis que j'ai tous retrouvés ici,
c'est-à-dire les 220a et 220b, le 221 c et le 221g. Donc, les
amendements que je vous proposais, les points dont je vous disais qu'ils
étaient absents, on se réfère exactement au même
document dont vous vous êtes servis pour faire l'article 60.3. Alors, ce
n'était pas du tout en dehors...
M. Savoie: De quoi tu parles, là?
Mme Caron: ...de ce qu'on proposait.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre
Mme Blackburn: Alors, ce que m'explique le spécialiste en
cette question, c'est qu'il faudrait qu'on puisse le faire entre janvier et
mars, qu'on ait un ordre de la Chambre. Ça pourrait être
relativement simple si on voulait le faire, c'est-à-dire que la
commission de l'éducation tienne une consultation particulière
sur les problèmes liés à la libéralisation de la
publicité dans différentes professions et corporations
professionnelles.
M. Savoie: Peut-on le cerner davantage pour établir la
problématique?
Mme Blackburn: Si vous avez le temps de le faire, il n'y a
vraiment pas de problème Ce qu'on disait tout simplement, nous, c'est
qu'il est important d'avoir un ordre de la Chambre, quitte à
développer un peu ce qu'on veut aller chercher, ce qui nous manque et
qui il faudrait inviter quelque part en janvier.
M. Savoie: On pourrait...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Dans le but de cerner la problématique...
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: ...pas dans le but d'avoir des solutions
proposées, parce qu'à ce moment-là il faudrait inviter
toutes sortes de gens. Je pense que ce qu'on voudrait entendre, c'est les
associations québécoises reliées à la consommation
qui viennent nous dire la façon dont elles conçoivent leurs
problèmes. Ça, ça va nous aider à trouver des
solutions aux problèmes qu'elles perçoivent. C'est important, la
perception des problèmes.
Mme Blackburn: Autrement dit, mais ce serait fait selon le mode
informel?
M. Savoie: Non. On pourrait faire ça comme on a fait avec
les denturologues.
Mme Blackburn: O.K. M. Savoie: Même chose.
Mme Blackburn: Sauf que cinq heures, ça ne
m'apparaît pas énorme.
M. Savoie: Non, non.
Mme Blackburn: II faudrait regarder.
M. Savoie: J'ai dit cinq heures comme ça, mais on pourrait
prendre une bonne journée.
Mme Blackburn: Mais ça demande quand même un ordre
de la Chambre...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...pour convoquer la commission entre deux.
M. Savoie: On ira chercher un ordre de la Chambre, si ça
vous fait plaisir. On n'a pas besoin d'un ordre de la Chambre, mais si vous
voulez...
Mme Blackburn: II faudrait voir.
M. Savoie: ...un ordre de la Chambre, on va aller en
chercher.
Mme Blackburn: Non, je ne le sais pas. Ça prend un ordre
de la Chambre, hein? pour convoquer une commission, je croirais, pour des
consultations particulières? (21 h 15)
M. Savoie: Ah oui! Je n'ai pas de misère avec ça.
On peut aller le chercher là. Ça ne me dérange pas.
Mme Blackburn: D'accord. Puis ensuite on pourra définir un
peu...
M. Savoie: Ah oui! Je n'ai pas de misère avec
ça.
Mme Blackburn: ...définir un peu le contenu, se
donner...
M. Savoie: Non, non. Mais, il faut... Moi, là, le faire,
je n'ai aucun problème avec ça, sauf qu'il faut bien s'entendre,
hein? Il faudrait mettre... Il faudrait marcher avant de courir, là.
Là, ce qu'on voudrait faire, c'est cerner le problème.
C'est-à-dire...
Mme Blackburn: Dans un premier temps. Dans un deuxième
temps...
M. Savoie: ...dans un premier temps, pour ensuite arriver plus
tard avec un morceau de législation, un avant-projet de loi, puis
entendre tout le monde: et les corporations professionnelles et les experts
d'autres provinces. Tu sais, on pourrait vraiment tomber...
Mme Blackburn: Tout ce qu'il y a autour de la
libéralisation de la publicité.
M. Savoie: C'est ça. C'est ça.
Mme Blackburn: Oui, c'est sûr. Oui, oui.
Moi, je vous dis, là, à ce moment-là, on pourra
examiner le projet de loi, quitte à revenir un peu là-dessus
et...
M. Savoie: Oui, plus tard. Oui, c'est ça. Ça fait
qu'on commencera avec une journée d'étude sur le problème.
Comment est-ce que le problème est perçu au Québec par les
associations de consommateurs au niveau de la réglementation
professionnelle, au niveau de la publicité? C'est quoi, exactement?
Puis, les ententes. Parce que c'est souvent intéressant de les
écouter nous parler de... Bon, il y en a qui vont faire du travail, ils
vont être en... Mais d'autres vont nous parler seulement de leurs
impressions...
Mme Blackburn: D'impressions, oui.
M. Savoie: ...puis, ça, c'est aussi important que...
Mme Blackburn: Oui, oui. M. Savoie: Oui, oui.
Mme Blackburn: Je suis d'accord. Bien. Oui, oui, une bonne
journée. Une journée, ça, je vais te dire, c'est comme
huit heures quand on est en...
M. Savoie: C'est ça. Comme on a fait pour les
denturologues. On commence le matin puis on finit le soir.
Mme Blackburn: Juste une petite question en ce qui a trait
à toute la question touchant les comités de discipline...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Quand est-ce que ça va être
amené? C'est parce que, ça aussi, c'est majeur, hein? Vous aviez
promis, là-dessus...
M. Savoie: Oui, oui.
Mme Blackburn: ...une réforme...
M. Savoie: Bien, on a fait notre conférence de presse
où on a annoncé les recommandations du rapport qui a
été déposé. Vous l'avez vue, notre
conférence de presse. Elle est sortie, là...
Mme Blackburn: Là, je vais vous dire... M. Savoie:
C'est sorti dans les journaux.
Mme Blackburn: ...qu'une fois que j'ai vu la commission,
là, je...
M. Savoie: C'est sorti dans les nouvelles, aussi...
Mme Blackburn: Oui, oui. M. Savoie:
...télévisées.
Mme Blackburn: On est en commission quand les nouvelles sont
télévisées, nous autres.
M. Savoie: Ah bon! Bien, on va vous sortir ça.
Mme Blackburn: C'est ça, le problème. M. Savoie:
On va vous donner ça.
Mme Blackburn: Quand est-ce que c'est sorti, ça?
M. Savoie: Là, on a fait déposer le rapport. Le
Président (M. Bradet): II y a 15 jours.
M. Savoie: Puis ça a été rendu public, tout
ça. On va vous transmettre ça, si vous voulez.
Le Président (M. Bradet): Alors, s'il n'y a pas d'autres
interventions...
Mme Blackburn: Bien, alors, on peut commencer l'étude
article par article, M. le Président.
Étude détaillée Code des
professions
Le Président (M. Bradet): On peut commencer l'étude
article par article. J'appelle donc l'article 1, qui se lit comme suit:
"L'article 12 du Code des professions (L.R.Q., chapitre C-26) est
modifié par la suppression, dans le troisième
alinéa...
M. Savoie: Comment ça se fait que c'est vous qui faites la
lecture, là?
Le Président (M. Bradet): Ah! c'est vous qui voulez la
faire, M. le ministre? M. le ministre, voulez-vous nous faire, s'il vous
plaît, lecture de l'article 1? J'appelle l'article 1.
M. Savoie: Je vais vous permettre de le lire, M. le
Président.
Le Président (M. Bradet): Je vous le laisse, M. le
ministre.
M. Savoie: Ah! c'est beau! Vous avez une bien meilleure voix que
moi. Non, c'est parce que l'autre fois, on leur avait tiré la pipe. Ils
nous faisaient un "filibuster" ça fait que j'insistais pour lire tous
les articles. Mais étant donné qu'il n'y a pas de "filibuster"
ici pour le moment...
Le Président (M. Bradet): Vous me laissez lire?
M. Savoie: Oui, M. le Président, allez-y.
Le Président (M. Bradet): L'article 1: "L'article 12 du
Code des professions (L.R.Q., chapitre C-26) est modifié par la
suppression, dans le troisième alinéa, des paragraphes k et
I."
M. le ministre, avez-vous des remarques sur l'article 1?
M. Savoie: Oui, bien, ce qui est abrogé,
évidemment, c'est les sous-alinéas k et I de l'article 12 de la
loi actuelle. Alors, l'article k dit: "veiller à ce que chacune des
corporations détermine, conformément à l'article 92, les
éléments que ses membres peuvent mentionner au public dans leur
publicité, et les conditions suivant lesquelles ils peuvent faire cette
publicité." Là, on l'élimine pour le réintroduire
ailleurs d'une autre façon. Là, on ne fait que des modifications
d'usage; vous allez le voir un petit peu plus tard, on revient, là. Ce
qu'on fait, c'est qu'on le libère parce qu'il faut commencer quelque
part. Et ensuite, à l'article I, il était écrit:
"déterminer, par règlement conforme à l'article 92, les
éléments que les membres d'un corporation peuvent mentionner au
public dans leur publicité et les conditions suivant lesquelles ils
peuvent faire cette publicité, à défaut par la corporation
de déterminer ces éléments et ces conditions dans les
délais fixés par l'Office." Est-ce que vous avez ces
documents-là?
Mme Blackburn: Oui, mais si on passait tout de suite aux
articles...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...qui remplacent ceux-là? Et on pourra
revenir finalement a l'article...
M. Savoie: O.K. Bien, à ce moment-là, on pourra
aller à l'article 2.
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: Alors, l'article 1...
Le Président (M. Bradet): O.K. alors, on suspend l'article
1?
Mme Blackburn: Oui. M. Savoie: Ça marche.
Le Président (M. Bradet): On passe tout de suite à
l'article 2?
M. Savoie: O.K. Vous pouvez le lire, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): À l'article 2: "Ce Code
est modifié par l'insertion, après l'article 60, des suivants:
"60.1 Un service ou un bien fourni par un professionnel doit être
conforme à une déclaration ou à un message publicitaire
fait par lui à
son sujet; cette déclaration ou ce message publicitaire lie ce
professionnel. "60.2: Un professionnel ne peut, par quelque moyen que ce soit,
faire une représentation fausse, trompeuse ou incomplète à
une personne qui recourt à ses services, notamment quant à son
niveau de compétence ou quant à l'étendue ou à
l'efficacité de ses services et de ceux généralement
assurés par les membres sa profession. "60.3: Un professionnel ne peut
faussement, par quelque moyen que ce soit: "a) attribuer à un service ou
à un bien un avantage particulier; "b) prétendre qu'un avantage
pécuniaire résultera de l'utilisation ou de l'acquisition d'un
service ou d'un bien; "c) prétendre qu'un service ou un bien
répond à une norme déterminée; "d) attribuer
à un service ou à un bien certaines caractéristiques de
rendement."
M. Savoie: Bon, c'est beau, ça!
Le Président (M. Bradet): Alors, M. le ministre?
M. Savoie: Bien, évidemment, l'article 60 doit se lire en
relation avec l'article 3 où on apporte des modifications à
l'article 87. Alors, il faut bien comprendre, c'est que, là, on dit: Ces
dispositions, comme on l'a mentionné tout à l'heure, s'inspirent
de certaines dispositions contenues dans la Loi sur la protection du
consommateur où on dit que, finalement, les professionnels qui sont
régis par un code de profession ne sont pas assujettis à la Loi
sur la protection du consommateur. D'où la nécessité de
leur imposer certaines de ces obligations-là, commencer à en
délimiter l'étendue, et ensuite, elles représentent le
minimum nécessaire afin que les professionnels ne soient pas soumis
à des conditions moins exigeantes que celles qui s'appliquent aux
commerçants. On les situe à peu près dans le même
barème. Et ensuite, on arrive avec l'article 3 où on dit que "le
bureau doit adopter" - on parle de bureau d'une corporation professionnelle. On
dit que "le bureau doit adopter, par règlement, un code de
déontologie imposant au professionnel des devoirs d'ordre
général et particulier envers le public, ses clients et sa
profession, notamment celui de s'acquitter de ses obligations professionnelles
avec intégrité". Là, on arrive avec les modifications qui
concernent...
Mme Blackburn: O.K.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Article 60.1 "Un service ou un bien fourni par un
professionnel doit être conforme à une déclaration ou
à un message publicitaire fart par lui à son sujet". Est-ce qu'on
estime que c'est fait par lui lorsque c'est fait par une association ou par un
bureau ou... Comment est-ce que vous définissez "par lui", en
l'occurrence?
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: Comment définissez-vous ça, "fait
par lui", là? Est-ce que, je ne sais pas moi... Si c'est fait par son
association professionnelle, est-ce que c'est fait par lui?
M. Savoie: "Un service ou un bien fourni par un professionnel
doit être conforme à une déclaration ou à un message
publicitaire fait par lui, à son sujet".
Mme Blackburn: Oui. C'est ça.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre?
M. Savoie: Bien, c'est ça, c'est ce que je dirais. Il faut
que ce soit fait par lui, par le professionnel en question.
Mme Blackburn: Oui, mais qu'est-ce que vous faites dans le cas
où on considérera que c'est fait par lui, par le professionnel en
question, si c'est fait par son bureau ou si c'est fait par une association
professionnelle quelconque? Autrement dit, il pourrait dire: Ce n'est pas moi
qui l'ai fait.
M. Savoie: Oui, mais là on dit: "un service ou un bien
fourni par un professionnel".
Mme Blackburn: Ou un message publicitaire.
M. Savoie: Par un professionnel. Un service ou un bien fourni par
un professionnel...
Mme Blackburn: Conforme à une déclaration ou
à un message publicitaire. Alors, "fait par lui". C'est-à-dire,
est-ce qu'on estime...
M. Savoie: Là, on parle de l'annonce par le professionnel,
pas par son association.
Mme Blackburn: Oui, oui. C'est ça. Oui. Mais, à ce
moment-là, il pourrait faire des annonces, il pourrait utiliser son
association professionnelle pour faire des annonces qui ne sont pas conformes
en disant, en postulant ou en prétendant que ce n'est pas lui. Est-ce
que je me trompe?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre?
M. Savoie: II faut que ce soit le professionnel lui-même
qui intervienne. Ça ne peut pas être l'association, à son
insu.
Mme Blackburn: Son bureau.
M. Savoie: Si c'est son bureau, c'est le professionnel...
Mme Blackburn: C'est lui.
M. Savoie:... c'est lui-même, c'est un professionnel...
Mme Blackburn: O. K.
M. Savoie:... ça ne peut pas être l'association,
à ce moment-ci.
Mme Blackburn: L'autre remarque à 60. 2: "Un professionnel
ne peut, par quelque moyen que ce soit, faire une représentation fausse,
trompeuse ou incomplète. "
Le Président (M. Bradet): M. le ministre? M. Savoie:
C'est quoi le problème, là?
Mme Blackburn: Incomplète. Vous allez me dire que...
M. Savoie: Qui, mais c'est une introduction que nous avons faite,
on me dit, là.
Mme Blackburn: Oui, qu'est-ce qui serait... Je veux dire, comment
aller vous définir "incomplet"? Incomplet, c'est tout le c. v.
M. Savoie: Incomplet, par exemple: Je vais faire des divorces
pour 175 $. Sauf que ça ne comprend pas, par exemple, un acte de
partage, qui, lui, est de 3000 $.
Mme Blackburn: O. K. Ça, ça arrive. M. Savoie:
Alors, ça, c'est imcomplet.
Mme Blackburn: C'est un peu ce à quoi elle faisait
allusion tout à l'heure...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn:... lorsqu'elle parlait de...
M. Savoie: Avec l'Office des...
Mme Blackburn:... "trompeuse ou incomplète à une
personne qui a recours à ses services". Alors, incomplète, c'est
compris dans ce que ça pourrait coûter de plus, mais pourrait
être compris aussi dans ce que ça ne dit pas par rapport aux
compétences, par exemple.
M. Savoie: Dans le sens que c'est trompeur ou incomplet. Dans le
sens qu'il en manque des bouts pour que ça dise vraiment la
vérité. Alors, incomplet, il en manque une tranche.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que ça va, Mme fa
députée?
Mme Blackburn: Mme la députée de Ter-rebonne?
Mme Caron: Oui...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron:... par rapport à l'article 60. 1, si, dans le
même bureau, il y a quatre professionnels qui exercent, habituellement
ils vont être tentés de faire une publicité commune. Est-ce
qu'il n'y aurait pas une échappatoire pour ces gens-là?
M. Savoie: Une échappatoire, dans quel sens? Une
échappatoire dans le sens où l'article 60 ne s'appliquerait
pas?
Mme Caron: Non. Dans le sens qu'il dirait que ça n'a pas
été fait par lui.
M. Savoie: Alors, il faut que ça soit fait par lui- Puis,
s'ils sont quatre dans le même bureau, on va prendre... Ça ne fait
rien, ce sont des professionnels...
Mme Caron:... des bureaux de comptables. M. Savoie:... ils
ne peuvent pas s'incorporer.
Mme Caron: Bien, on a quelques bureaux de comptables où
ils se retrouvent plusieurs ensemble. Ce n'est pas un seul.
M. Savoie: Oui, oui. Mais ils sont en société, ce
n'est pas incorporé.
Mme Caron: Alors, ils ne seront pas... Est-ce qu'ils vont faire
une publicité commune, ensemble, ou si c'est chacun...
M. Savoie: Ils peuvent faire une publicité commune...
Mme Caron:... qui va devoir le faire?
M. Savoie:... mais, à ce moment-là, ça
s'applique toujours aux professionnels.
Mme Caron: Ça s'applique quand même.
M. Savoie: Oui. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Mme Blackburn: C'est peut-être le temps de poser la
question.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: En quoi cette publicité-là ne
correspondrait-elle pas aux normes?
M. Savoie: II faudrait que je l'aie devant moi parce que je ne
l'ai pas devant moi, cette annonce publicitaire.
Mme Blackburn: Tenez. Ça exclut "la trêve est
maintenant révolue". Mais, c'est la publicité qui apparaît
au bas de la...
M. Savoie: Mon Dieu! "En droit d'exiger les meilleurs". On laisse
sous-entendre là que nos quatre, Maltais, Gaudreault, Lalancette et
Thomas, sont les meilleurs. Ils affichent qu'ils sont les meilleurs alors qu'il
n'y a pas de preuve. Le meilleur, en réalité, se trouve un petit
peu plus haut, c'est Yvon Picotte.
Mme Blackburn: II faudrait aller demander ça aux
municipalités.
M. Savoie: Je vous dis que la trêve est maintenant
révolue. Mais nos quatre pseudoprofessionnels, finalement, Maltais,
Gaudreault, Lalancette et Thomas, qui se disent les meilleurs, n'ont pas un
comportement de professionnels. Au Québec, ce n'est pas la tradition de
dire que c'est les vraies professions. On ne fait pas des annonces comme
ça. Et eux autres, ils profitent, finalement, de cette ouverture qui est
donnée. Lorsqu'on dit: "En droit d'exiger les meilleurs", ils ne se
disent pas les meilleurs.
Mme Blackburn: Non, ils ne se disent pas les meilleurs.
M. Savoie: Ils ne le disent pas. Mais ça laisse
sous-entendre.
Mme Blackburn: Ils ne se disent pas les meilleurs.
M. Savoie: Ça joue sur votre crédulité,
comme vous avez dit.
Mme Blackburn: C'est ça. M. Savoie: Oui, alors
c'est ça.
Mme Blackburn: À ce moment-là, dites-moi comment
vous pourriez condamner une telle publicité?
M. Savoie: Actuellement, vous savez qu'il est illégal de
faire une publicité de cette nature-là, où on montre sa
photo. On a le droit de montrer sa photo à l'ouverture d'un bureau,
à l'arrivée d'un nouveau. Il y a des conditions qui sont vraiment
limitées pour permettre la présentation de la photo.
Deuxièmement, le fait de donner des spécialisations, en soi, ce
n'est pas mauvais. On peut, par exemple, se spécialiser mais, ensuite,
arriver et dire: En droit d'exiger les meilleurs, ça, c'est
problématique.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mais est-ce qu'une telle publicité serait
possible?
M. Savoie: Comment, possible?
Mme Blackburn: En vertu de la présente loi?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: En vertu de cette loi-ci? Seulement si le bureau le
permettait.
Le Président (M. Bradet): M. Mulcair.
M. Mulcair: L'article 60.2 couvrirait presque certainement cette
situation en ce sens que l'article en question interdit une publicité
trompeuse quant à son niveau de compétence ou quant à
l'étendue ou l'efficacité de ses services. Donc, je fais
référence notamment au terme "les meilleurs". Même si ce
n'était pas là quelque chose qui pouvait tomber sous la
rédaction actuelle de l'article 60.2, il ne faut pas oublier qu'on est
en train de prévoir un pouvoir réglementaire, corporation par
corporation, pour aller chercher exactement ce genre de cas et qu'avec le
pouvoir supplétif de l'Office on est capables d'aller exiger que
ça soit mis dans le code de déontologie. Mais normalement,
déjà, l'article 60.2 interdit ce genre de chose là.
M. Savoie: Et on promet...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Là-dessus, je plaiderais. Mais ça,
c'est autre chose. On n'est pas là pour plaider mais je plaiderais. Ce
n'est pas sûr que vous gagneriez. Parce que je vois déjà un
peu les failles qu'il y a dans un raisonnement comme ça. Vous auriez la
preuve sur le fardeau de la preuve, l'efficacité des services. Il n'y a
rien qui dise qu'ils ne seraient pas efficaces. J'essaie de voir comment je
plaiderais ça. Je pense que j'aurais de bonnes chances de vendre mon
affaire.
M. Savoie: Oui, mais ils ne disent pas qu'ils sont efficaces. Ils
disent qu'ils sont les meilleurs.
Mme Blackburn: Non, c'est parce que c'est en vertu de... Ils
disent: En vertu de...
Une voix: Du niveau de compétence. (21 h 30)
Mme Blackburn: Du niveau de compétence.
M. Savoie: C'est parce qu'ils se disent les meilleurs.
Mme Blackburn: Peu importe, je ne voudrais pas faire un
débat ici. Tout simplement, ce que je veux dire, et ça, ça
l'illustre un peu...
M. Savoie:...
Mme Blackburn: Comment pensez-vous être en mesure... Est-ce
que vous êtes... Vous avez raison de dire qu'il y a une protection
additionnelle qui s'appelle le code de déontologie.
M. Savoie: Oui. C'est la protection de base.
Mme Blackburn: Oui. Qui, finalement, réussit un peu
à assurer une certaine qualité dans la prestation des services
professionnels et leur façon de vous le présenter. Ça, je
vous l'accorde. Mais, compte tenu du jugement qui a été rendu,
vous donnez le pouvoir aux corporations de professionnels, en vertu de cette
loi, de régir un peu la pratique de la publicité. Et vous
inversez, évidemment, le processus qui était: tout est
exclu...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: ...à l'exception de ce qui dit,
là...
M. Savoie: Permis, oui.
Mme Blackburn: ...permis. Là, vous dites: Tout est permis
à l'exception de ce qui est exclu.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Mais voulez-vous me dire en vertu de quel
principe? Parce que, là, on fait juste apporter des modifications
mineures, me dites-vous. Les professionnels n'iront pas en appel, ne
contesteront pas la validité de cette loi en vertu de la Charte des
droits et libertés de la personne, compte tenu du fait que vous n'avez
pas utilisé la clause "nonobstant". Ne pensez-vous pas, comme ça,
entre nous, qu'il aurait été plus prudent de l'utiliser de
manière à éviter...
M. Savoie: La clause "nonobstant". On ne veut pas se soumettre
à la clause "nonobstant" là-dedans. On ne veut pas commencer
à faire des clauses "nonobstant" partout où on procède. La
Charte canadienne des droits et libertés est là pour nous
protéger, justement. Alors, si on commence à introduire des
clauses "nonobstant" partout, on n'en sort pas.
Mme Blackburn: Vous saurez, M. le mi- nistre, que si on n'avait
pas eu la clause "nonobstant", on n'aurait pas pu se donner la loi sur les
petites créances. On n'aurait pas pu se donner l'aide juridique. On
n'aurait pas pu se donner la loi sur les personnes handicapées II y
aurait beaucoup de lois qu'on n'aurait pas pu se donner parce qu'elles sont
discriminatoires à l'endroit d'une partie de la population. Et à
cet égard...
M. Savoie: C'est parce qu'on vise des secteurs très
spécifiques. On ne vise pas tout le monde, là.
Mme Blackburn: Bien, non.
M. Savoie: Ici, on vise tout le monde.
Mme Blackburn: Non, mais leurs services visent tout le monde.
M. Savoie: Bien, oui, c'est ça. Mme Blackburn: Et
dans...
M. Savoie: C'est justement. Alors, on pense qu'il y a moyen de se
conformer à la Charte sans les clauses "nonobstant".
Mme Blackburn: Bien. Vous avez d'autres questions?
Mme Caron: Oui.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Dans l'article
60.3...
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: ...vous avez jugé bon de préciser
certains points. Vous en avez précisé quatre. Et dans ces
points-là, il m'apparaît qu'il y a au moins trois points
importants qui ne sont pas là et qui auraient dû se retrouver
là au même titre que ceux qui sont là, c'est-à-dire
déprécier un service ou un bien offert par un autre. C'est un
petit peu comme quand on dit qu'on est les meilleurs; on déprécie
les autres.
M. Savoie: Déprécier un bien offert par un
autre.
Mme Caron: Un bien ou un service offert par un autre.
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: II manque aussi: Exiger pour un bien ou un service un
prix supérieur à celui qui est annoncé.
M. Savoie: Exiger un prix supérieur?
Mme Caron: Oui, pour un bien ou un service, un prix
supérieur à celui qui est annoncé...
M. Savoie: Oui, ça, on l'a.
Mme Caron: ...et invoquer une réduction de prix.
M. Savoie: Invoquer...
Mme Caron: Une réduction de prix. Je pense que ce sont
trois éléments qu'on retrouve dans la Loi sur la protection du
consommateur qui auraient dû se retrouver à cet article-là,
précisément.
M. Savoie: C'est-à-dire pour le prix supérieur,
ça donne: Par quelque moyen que ce soit, faire une représentation
fausse notamment quant à l'étendue d'efficacité des
services...
Mme Caron: Ça aurait été beaucoup plus
précis comme on a jugé bon de le mettre dans la Loi sur la
protection du consommateur.
M. Savoie: Un service ou un bien fourni par un professionnel doit
être conforme à une déclaration ou à un message
publicitaire fait par lui à son sujet. Si tu arrives et si tu dis: Moi,
je fais ça pour 125 $, il faut que ce soit vrai, il faut que ce soit
conforme à la déclaration ou au message publicitaire fait par
le...
Mme Caron: Oui, mais il peut oublier, dans son message, de
mettre...
M. Savoie: À ce moment-là, c'est...
Mme Caron: ...une autre partie dont tu as besoin.
M. Savoie: À ce moment-là, ce n'est pas conforme.
Quand tu fais ta publicité, ce n'est pas conforme. S'il en manque un
bout, ce n'est pas complet. Si on dit: Tu as invoqué une
réduction. Maintenant, déprécier un autre, ça,
ça entre dans le code de déontologie en tant que tel. On dit:
Laisse tes collègues tranquilles. Et même, là, tu pourrais
faire l'objet de poursuites en dommages, si tu vises vraiment quelqu'un de
spécifique. Ça se fait.
Mme Caron: On le voit dans certaines publicités. Ils ne
sont pas supposés avoir le droit et on va le faire quand même pour
certains produits. Mais le temps que les poursuites soient
engagées...
M. Savoie: Comment dites-vous ça?
Mme Caron: Je pense que ça aurait été
préférable de le préciser au niveau du texte de loi comme
tel. C'est évident qu'il y a le code de déontologie mais...
M. Savoie: Bon, O.K. On s'entend pour dire que
déprécier un autre, ça entre dans le code de
déontologie. Déprécier un autre, correct, on peut
difficilement entrer ça dans l'article 60. Là vous arrivez, il
reste "prix supérieur" et "invoquer une réduction de prix". Par
"prix supérieur", vous voulez dire que la personne ne peut pas annoncer
une affaire à un coût et le vendre ensuite à un coût
supérieur à celui annoncé.
Mme Caron: Ce qui arrive fréquemment. On va passer
à une expérience récente, au niveau de frais auprès
d'un notaire. On va nous parler de frais pour une quittance mais on ne nous
dira pas tout de suite qu'on va avoir un autre petit coût parce qu'il est
obligé d'aller porter les documents au bureau d'enregistrement et
là, qu'il y a des frais supplémentaires qui s'ajoutent. Il va
dire: Bien, ma partie à moi, c'était complet. J'ai annoncé
mes couleurs, c'était ce montant-là. Et c'est très
fréquent.
M. Savoie: Très fréquent?
Mme Caron: Oui.
M. Savoie: Moi, je n'ai jamais vu ça.
Mme Caron: Moi, j'ai eu affaire souvent à des notaires et
ça m'est arrivé très souvent.
M. Savoie: Très souvent? Mme Caron: Oui,
monsieur.
Mme Blackburn: II ne vous dit pas, par exemple, qu'il faut que
vous ayez 56 petites affaires, le coût de l'enregistrement, et qu'il faut
qu'il aille faire sortir le dossier et...
M. Savoie: Normalement, quand on dit: Une quittance pour 175 $,
c'est copie livrée.
Mme Caron: On est six dans un bloc et les six se sont fait dire
la même chose par des notaires différents. On nous a donné
un coût et il y en a un sur les six qui s'est fait ajouter les frais
d'enregistrement. Les autres n'en ont pas parlé; on a eu la facture
quand on est allés payer.
M. Savoie: Ah! Ça me surprend énormément.
Parce que moi-même, je suis notaire...
Mme Caron: Et ça, c'est tout récent, la semaine
dernière.
Mme Blackburn: À moins que tu n'insistes
pour dire que c'est tout.
M. Savoie: Je veux dire, il arrive souvent, surtout au sujet des
quittances, c'est quelque chose qui est assez... Mais ça me surprend
énormément.
Mme Caron: O.K.? Et l'autre, le troisième point: Invoquer
une réduction de prix.
M. Savoie: Bien c'est ça, invoquer une réduction de
prix.
Mme Caron: Je ne la vois nulle part, celle-là.
M. Savoie: Ça veut dire... Ou, c'est ça. Donnez-moi
un exemple.
Mme Blackburn: Que ça coûte moins cher de venir chez
nous.
Mme Caron: Bien oui.
M. Savoie: O.K. D'annoncer que si vous venez chez nous, ça
va coûter moins cher que quoi, là?
Mme Caron: Tantôt, vous disiez: Deux pour le prix d'un,
deux traitements de canal pour le prix d'un.
M. Savoie: Bon, O.K. Faire une annonce publicitaire dans ce
sens-là? Invoquer une réduction de prix dans le sens de dire:
Deux plombages pour le prix d'un?
Mme Caron: Oui.
M. Savoie: Un professionnel ne peut, par quelque moyen que ce
soit, faire une représentation fausse, trompeuse ou incomplète
à une personne qui a recours à ses services.
Mme Caron: Ce n'est pas faux, ça. Il veut en faire deux
pour le prix d'un.
M. Savoie: S'il le fait, il a le droit de le faire.
Mme Blackburn: Alors ça, ça n'interdira pas...
Exactement ce qu'on craignait. Toute la lutte... C'est-à-dire cette
espèce de campagne tapageuse qu'on connaît.
M. Savoie: Non, non, calmez-vous. Ce n'est pas ça du
tout.
Mme Blackburn: Non, non. Aux États-Unis, où il n'y
a pas de tarif...
M. Savoie: Écoutez bien. Ce qu'on dit... Rappelez-vous ce
qu'on disait. Là, c'est parce que vous n'avez pas tout le projet de loi,
vous n'avez que la première étape. On dit: Tout est permis sauf
ce qui est prohibé. Alors là, vous avez l'article 60. On va
retourner à l'article 3.
Mme Blackburn: Alors, si j'en crois M.
Mulcair, ce qu'il nous dit, c'est que, bien sûr, s'il les fait, il
n'y a pas de problème. Il n'a trompé personne.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Alors que s'il y a une campagne de...
M. Savoie: Non, ce n'est que le principe; on se met d'accord.
Avant, on disait: Toute publicité est bannie sauf ce qui est
autorisé. Là, la Cour suprême du Canada a dit: Non, non,
ça, ça ne marche pas, les petits gars, il faut recommencer
ça. Ça fait que là, ils nous disent: O.K. Tout est permis
sauf ce qui est banni. Ici, on vient dire tout ce qui est permis. Alors, tu as
le droit de faire tout, sauf ce qui est malhonnête. Et ensuite, à
l'article 3, on y va, on commence à rentrer dans la viande un petit peu
plus. Là, on dit: Voici les grandes lignes. Maintenant, les bureaux des
corporations professionnelles, de chaque corporation professionnelle,
légiférez autour de ça; réglementez autour de
ça.
Mme Blackburn: Oui, à présent, est-ce que les
bureaux pourraient permettre... Là, on a quelque 40 professions?
M. Savoie: 42
Mme Blackburn: 42.
M. Savoie: Oui, mais ça, ça comprend à titre
réservé et à acte réservé aussi.
Mme Blackburn: Oui, oui. Alors, ça veut dire qu'il
pourrait se mener des campagnes de compétition au meilleur prix entre
les bureaux d'avocats ou entre les bureaux de dentistes. On va prendre vos
denturologistes. Je sais que vous les aimez bien. Ils pourraient s'adonner
à cette pratique-là. Je suis certaine que vous leur faites
confiance pour ça.
M. Savoie: Non mais, comprenez-vous quand je dis...
Mme Blackburn: Ils disaient: Venez chez nous, c'est à
meilleur prix.
M. Savoie: ...comprenez-vous ce qu'on fait?
Il faut que vous regardiez... Arrêtez de trébucher sur
l'article 2. Ça n'est qu'un article parmi d'autres.
Mme Blackburn: Non, non, c'est l'article 5
que je regarde. Le paragraphe 3 qui vient introduire la
disposition...
M. Savoie: Mais ça n'est que... Il faut que vous regardiez
l'ensemble. Vous ne pouvez pas regarder seulement cet article-là. On
dit: Tout est permis sauf ce qui est prohibé.
Mme Blackburn: Sauf...
M. Savoie: Ce qui est prohibé. On dit au niveau de
l'article 2: Ce qui est prohibé, c'est une représentation fausse,
trompeuse...
Mme Blackburn: Ce qui est inclus, ça va. M. Savoie:
...ou incomplète... Mme Blackburn: Ça va.
M. Savoie: ...de fausses déclarations sur le service qu'il
va rendre.
Mme Blackburn: Bien, alors ça va. Mais à l'article
5, ce sont les bureaux qui l'établissent... C'est-à-dire à
l'article 53, paragraphe 5°, ce sont les bureaux qui l'établissent.
Quelle assurance...
M. Savoie: L'article 53?
Mme Blackburn: Vous m'avez dit: Allez au paragraphe 3, c'est
là que tout est dit.
M. Savoie: O.K.
Mme Blackburn: C'est ce que j'ai fait. Je suis allée
à l'alinéa 3.
M. Savoie: L'article 87, alinéa 3. Mme Blackburn:
Oui, c'est ça.
M. Savoie: Bon. Des dispositions énonçant des
conditions, des obligations et, le cas échéant, des prohibitions
quant à la publicité faite par ses membres.
Mme Blackburn: Voilà. Alors là, on en vient
vraiment au vrai morceau.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Ce sont les bureaux qui vont établir
ça. On est d'accord avec ça?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: C'est ça. C'est-à-dire qu'à ce
moment-là...
Mme Blackburn: Le bureau doit adopter par règlement un
code de déontologie...
M. Savoie: C'est ça. Doit. Ils ont l'obligation.
Mme Blackburn: ...à imposer aux professionnels.
M. Savoie: C'est-à-dire que s'ils ne le font pas, on va le
faire, nous autres.
Mme Blackburn: Oui, ça va, ça va. Là,
je...
M. Savoie: L'Office des professions va le faire. Et le
bureau...
Mme Blackburn: Et notamment celui qui...
M. Savoie: ...c'est le bureau. Ce n'est pas le bureau de l'Office
des professions. C'est le bureau, par exemple, des ingénieurs. C'est le
bureau des dentistes. C'est le bureau des médecins. C'est le bureau
d'une corporation professionnelle.
Mme Blackburn: Alors, on voit ce que doit contenir le code de
déontologie.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: Et dans ce code de déontologie, on ajoute
le paragraphe 5° qui dit: Le bureau doit adopter par règlement un
code de déontologie qui contient des dispositions énonçant
les conditions, des obligations et, le cas échéant, des
prohibitions quant à la publicité faite par ses membres.
Là, c'est vraiment... Le morceau est là. Le bureau qui adopte les
codes de déontologie, est-ce qu'il est prévu, est-ce qu'il est
assuré qu'il ne permettra pas cette espèce de compétition
entre les différents professionnels d'une même profession par
rapport aux coûts des services offerts? Par exemple, mon dentiste, que
j'adore, qui s'appelle Fradette dit: Moi, je vais...
Une voix:...
Mme Blackburn: Pardon?
Une voix:...
Mme Blackburn: 11 y a deux "t". Qui dit que... Toi, tu en as
seulement un?
M. Fradet: Oui.
Mme Blackburn: Mon dentiste dit: Écoute, deux traitements
de canal pour le prix d'un parce que je veux compétionner Guy Tremblay
à côté...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn: ...qui lui, je le connais,
charge cher, il prend son temps. Il est bon parce qu'il prend bien du
temps à le faire sauf qu'il faut que tu paies pour. Moi, je suis capable
d'en faire deux en même temps et tu vas payer juste pour le prix d'un.
Est-ce que ça va être interdit?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre. M. Savoie:
Ça peut être interdit par les... Mme Blackburn: Par le
bureau.
M. Savoie: ...règlements de l'Ordre des dentistes.
Mme Blackburn: C'est ça, mais il n'y a rien qui nous
permette de dire qu'on n'assistera pas, comme aux États-Unis, à
ces campagnes tapageuses de publicité sur les coûts moins
élevés de tarification et avec les résultats que ça
donne aux États-Unis.
M. Savoie: Si les dentistes ne le font pas comme profession,
l'Office des professions va le faire.
Mme Blackburn: C'est-à-dire?
M. Savoie: C'est-à-dire que l'Office des professions,
nous, on peut réglementer. Moi, je peux dire à l'Office des
professions: Vous allez me sortir un règlement pour empêcher
ça et ils vont préparer le règlement. On va le
déposer et on va les empêcher de le faire.
Mme Blackburn: Ce n'est pas tout à fait, je pense... Il me
semble que les bureaux ont un peu plus d'autonomie que ça
là-dessus, sur l'établissement des codes de déontologie.
(21 h 45)
M. Mulcair: Je vous réfère, Mme la
députée, à l'article 12, paragraphes a et b du Code des
professions. À l'heure actuelle, on est en train de parler d'une
modification à l'article 87 et l'Office doit notamment - donc, c'est un
des pouvoirs et des devoirs nommément prévus pour l'Office des
professions dans le code - "a) s'assurer que chacune des corporations adopte un
code de déontologie conformément à l'article 87" et "b)
adopter, par règlement conforme à l'article 87, le code de
déontologie devant régir les membres d'une corporation en
défaut d'en adopter un dans le délai fixé par
l'Office."
Mme Blackburn: Ça, ça va.
M. Mulcair: Finalement, je vous réfère au
paragraphe q du même article 12 qui dit que l'Office doit
"suggérer, le cas échéant, à une corporation les
modifications qu'il juge nécessaire d'apporter aux règlements
visés" et "r) adopter... les modifications qu'il - l'Office - juge
nécessaire d'apporter aux règlements visés aux para-
graphes a à p - dont le code de déontologie - à
défaut par une corporation d'adopter de telles modifications dans le
délai fixé par l'Office".
Donc, l'Office peut impartir un délai pour adopter les
modifications et peut les adopter lui-même. Donc, il y a un premier
contrôle par l'Office et n'oublions pas, évidemment, qu'au stade
de l'approbation il y a un deuxième contrôle par le
gouvernement.
Mme Blackburn: Un instant. Il faut lire p:
"déterminer...
M. Mulcair: Plusieurs, Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui. Ils se lisent aussi à p, et je ne
pense pas me tromper, que suivant certaines conditions prescrites, des actes
peuvent être posés par des classes de personnes autres que les
membres de cette corporation, à défaut par celle-ci de
déterminer ces actes dans le délai fixé par l'Office.
"Suggérer, le cas échant", c'est en rapport avec p, ce qu'on dit
là.
Une voix: C'est des délégations...
Mme Blackburn: Oui. Je sais, mais c'est... Est-ce que p, q et r
ne touchent pas les délégations d'actes également?
M. Mulcair: Non, madame. Les paragraphes q et r touchent à
l'ensemble des règlements prévus aux articles a à p, y
compris évidemment les délégations d'actes. Mais p, q, et
r n'ont pas de rapport avec la publicité. Le p, c'est, par exemple, les
délégations d'actes des dentistes aux hygiénistes
dentaires.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Bradet): On peut conclure que l'article 2
est adopté?
Mme Blackburn: On va le relire un peu parce que, contrairement
à ce que le ministre disait tout à l'heure, si on veut
étudier de façon intelligente le projet de loi, on ne peut pas
commencer à étudier 1, 2, 3 et 4. Il faut absolument avoir des
explications plus générales et ensuite...
M. Savoie: Oui, c'est ça. Il faudrait regarder au moins
les articles. On pourrait peut-être se rendre à 4 et, là,
on n'adopte rien...
Mme Blackburn: Non. non
M. Savoie: Rien que le regarder ensemble. On se promène
là, dans la législation. Une petite marche, main dans la main. On
est rendus à l'article 4.
Mme Blackburn: Ça, ça va. Il est abrogé;
il
n'y a pas de problème.
M. Savoie: Texte 92. Abrogé.
Mme Blackburn: Alors ça, ça concerne
vraiment...
M. Savoie: II faudrait peut-être... L'article 92 a.
"Imposer aux corporations professionnelles l'obligation d'adopter un
règlement sur la publicité et d'y déterminer les
éléments qu'un professionnel peut mentionner au public dans sa
publicité". Alors, on disait là ce qu'un professionnel pouvait
faire. Ah! C'est justement ça. Je vois qu'il y en a un qui est
réveillé. C'est anticonstitutionnel... Ce n'est pas
anticonstitutionnel. Ça va à rencontre de la Charte et, en
conséquence, le jugement Rocket - pas Rocket Richard toujours - Rocket
et Price dit: Bingo! c'est bien eux! Alors, nous sommes revenus, donc, à
notre point de départ.
Mme Blackburn: Ça! C'est drôle comme on avait conclu
ça vite, hein, que ça n'était pas l'article 92!
M. Savoie: Ça va bien dans ce temps-là, quand on
reprend vite! Alors, vous avez là l'ensemble des dispositions concernant
les modifications que nous apportons...
Mme Blackburn: Et sur lesquelles on devrait consulter
après les fêtes.
M. Savoie: C'est-à-dire, non. Oui. Bien, au niveau de la
publicité... Oui.
Mme Blackburn: Bien!
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Oui. J'ai une question. Ce qu'on a vu jusqu'à
maintenant, c'est ce qui va régir la publicité d'un
professionnel. Qu'est-ce qui régit la publicité d'une corporation
professionnelle?
M. Savoie: Là, vous parlez d'une association. Ça,
c'est votre loi sur les consommateurs.
Mme Caron: Est-ce que c'est automatique qu'ils soient couverts
par la loi de protection du consommateur?
M. Savoie: Oui, c'est automatique. À moins que je ne me
trompe, c'est automatique.
M. Mulcair: Une association...
M. Savoie: C'est une personne. À ce moment-là, elle
est régie par la loi de protection du consommateur.
Mme Caron: Même si c'est une corporation
professionnelle?
M. Savoie: C'est une personne, ça.
Mme Blackburn: Alors, s'il n'y en a pas d'autres, est-ce que
ça va?
Le Président (M. Bradet): S'il n'y a pas d'autres...
Mme Caron: Non, on n'a pas terminé là-dessus.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: II semble que, par ce qu'on a eu comme
vérification cet après-midi, on nous dise que la jurisprudence a
déterminé que les professionnels n'entraient pas dans cette
catégorie-là.
M. Savoie: Vous parlez des associations, il faut bien
s'entendre.
Mme Caron: Pas une association là, les corporations
professionnelles.
M. Savoie: Une corporation professionnelle, c'est l'Office des
professions. On a le pouvoir d'intervenir.
Mme Blackburn: Ils sont supposés défendre les
intérêts du public?
Mme Caron: Vous régissez la publicité.
M. Savoie: Moi, je pensais que vous parliez d'une association.
Par exemple, l'association des membres du Barreau du Québec. Vous avez
tous les avocats du Québec qui sont membres de l'association, en tout
cas presque. C'est comme le syndicat. Et eux aussi ont le droit de faire de la
publicité. Je pense, par exemple, à la Fédération
des notaires. C'est une association de notaires qui font... Étant
donné que le principe de base... Étant donné que la
corporation professionnelle, le Barreau, la Chambre des notaires, sont
là pour protéger le public, donc, ils interviennent auprès
des professionnels en disant: Vous n'avez pas protégé le public,
vous n'avez pas exécuté les situations au niveau du code de
déontologie. Eux, ils se disent: II faut se protéger non
seulement contre l'intervention des législateurs, mais il faut
également se protéger contre notre propre corporation
professionnelle qui n'est pas là uniquement pour défendre nos
intérêts; elle est là pour défendre les
intérêts du public. Donc, eux autres, ils vont se former une
association. Et eux autres peuvent faire une publicité pour se
promouvoir.
Mme Blackburn: II y a quand même le...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Il y a quand
même le cas de corporations ou de professions concurrentes, vous le
savez, le droit, le notariat, la dentisterie et la denturologie qui pourraient
avoir de la publicité...
M. Savoie: Je n'aime pas la comparaison, mais en tout cas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je m'en doute aussi.
M. Savoie: Je suis certain que les avocats n'aiment pas ça
se faire comparer à des "den-turos".
Mme Blackburn: Mais psychiatres, psychologues.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: O. K. Les avocats n'aimeraient pas ça parce
que...
M. Savoie: Être comparés à des
denturolo-gistes.
Mme Blackburn: On n'a jamais intérêt à
être méprisant. Il n'y a pas de sot métier.
M. Savoie: II n'y a pas de sot métier.
Mme Blackburn: Voilà. Alors, comme les corporations
protègent leurs membres, c'est-à dire en même temps le
public et leurs membres, qu'est-ce qui empêcherait le Barreau d'avoir une
bonne publicité en disant: Écoutez, on est capables de tout
faire. Les notaires prétendent avoir l'exclusivité dans tous les
autres pays, dans les autres provinces canadiennes; on fait tout ça,
nous autres. Et ce n'est pas vrai.
M. Savoie: Non, ce n'est pas vrai.
Mme Blackburn: En partie seulement. Mais je sais qu'il y a un
problème, là. La même chose en psychiatrie et en
psychologie...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn:... on sait que c'est mince.
M. Savoie: La prescription.
Mme Blackburn: II y en a un qui a une formation en santé
alors que...
M. Savoie: La prescription de médicaments.
Mme Blackburn: Alors il pourrait très bien arriver que
l'Association des psychologues décide que... Écoutez, le seul
avantage à aller voir un psychiatre, c'est qu'il est payé par
l'assurance-maladie; sauf que tu attends bien longtemps. Résultat:
Consulte? donc la corporation la plus efficace, la plus accessible, la plus
disponible. Elle n'est pas trompeuse, elle est disponible. Ils vont dire: Oui,
disponible, certainement. Demandez à voir un psychiatre, à moins
d'être plus efficace dans le temps, où vous avez accès plus
rapidement
M. Savoie: Alors, c'est quoi, votre affaire, au juste?
Mme Blackburn: Vous avez deux professions qui pourraient
être sur la place publique et commencer une publicité. Est-ce
qu'il y a quelque chose qui empêche ça?
M. Savoie: À ce moment-là, on va enlever le museau
sur...
Mme Blackburn: Parce que du moment où on libéralise
la publicité, vous savez qu'on peut... Vous n'avez pas encore
imaginé... Là je vois... On va être ici quelque part dans
deux ans, trois ans. Moi, je vais être de l'autre côté et je
vais être en train d'essayer de modifier cette loi parce qu'il y a des
abus partout.
M. Savoie: Vous autres, vous allez être ici dans deux,
trois ans?
Mme Blackburn: Ah oui!
M. Savoie: Ça, c'est de la fausse publicité.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est probablement une bonne intuition.
M. Savoie: Ça, c'est de la fausse publicité. Une
voix: C'est du rêve.
Mme Blackburn: Une bonne intuition. Moi, ça va.
Mme Caron: II y a un exemple. Je pense qu'on peut peut-être
amener l'exemple.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: On en a un exemple. Je pense qu'il faudrait
peut-être amener l'exemple.. Si on se rappelle, au moment de
l'étude de l'avant projet de loi 17, les denturologistes avaient
lait
une publicité qui avait été dénoncée
par la Corporation des dentistes et qui disait qu'ils étaient les
spécialistes de la prothèse amovible. Ils en avaient fait une,
eux, une publicité à ce moment-là.
M. Savoie: Oui, mais à ce moment-là on peut
intervenir. On peut intervenir auprès de... L'Office des professions
peut toujours intervenir et exiger que ça cesse.
Mme Caron: En vertu de...
M. Mulcair: L'article 12 t.
Mme Caron: L'article 12.
M. Mulcair: 12 t.
Mme Caron: 12 t.
M. Savoie: On peut intervenir...
Mme Caron: Et est-ce que l'Office est intervenu à ce
moment-là?
M. Savoie: Bien, l'Office, je suis certain qu'il est intervenu
dans son histoire à quelques reprises.
M. Mulcair: Je peux vous donner un exemple concret.
M. Savoie: Oui, oui certainement.
M. Mulcair: Ça ne concerne pas pour une fois, les
dentistes ni les denturologistes mais c'était bel et bien dans un cas
concernant...
Mme Blackburn: J'ai toujours pensé que ça
concernait toujours les denturologistes, voyez-vous.
M. Mulcair: . des comptables généraux
licenciés qui avaient fait une publicité concernant leur titre.
Et on a été mis en cause dans cette affaire-là par un des
groupes qui essayait de les empêcher de faire une publicité qui,
à notre point de vue, menaçait...
Mme Blackburn: Des C.A.
M. Mulcair: Non ce n'était pas des C.A., madame,
c'était des C.M.A, un autre groupe à titre
réservé...
Mme Blackburn: Oui, je sais.
M. Mulcair: ...qui avait tenté des les empêcher de
faire une publicité que tout le monde trouvait troublante et, pour
l'instant, cette publicité a cessé et on est très contents
de le constater.
Mme Blackburn: Bien, alors on poursuit l'article 1.
Le Président (M. Bradet): Alors, on revient à
l'article 1 si je comprends bien, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui, parce que là je pense que vous avez
les cinq premiers articles qui...
M. Savoie: Oui, oui d'accord, oui. Là, on les a
passés, oui.
Mme Blackburn: ...concernent un sujet, donc...
M. Savoie: C'est beau.
Mme Blackburn: On devrait commencer par...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Alors l'article 1, on abroge les alinéas k et I
pour se rendre conformes à la décision du jugement, compte tenu
qu'ils font référence à l'article 92.
Une voix: Adopté.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): L'article 1 est donc
adopté sur division. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Mme Blackburn: II y avait peut-être une petite remarque par
rapport à la référence que vous faisiez sur...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Oui, là-dessus, vous nous avez donné
comme référence, pour que vous puissiez réglementer au
niveau de certaines corporations, vous nous avez dit: L'article 12 t. Ce qu'on
a en main, ça ne fait aucune référence à la
publicité. Ça nous parle des corporations qui présentent
une situation financière déficitaire.
Le Président (M. Bradet): Avez-vous terminé? M.
Mulcair.
M. Mulcair: L'article 12, paragraphe t du code prévoit
l'obligation pour l'Office de faire rapport au gouvernement sur les
corporations qui ne remplissent pas les obligations qui leur sont
imposées par le présent code ou la loi les constituant. Le code
prévoit que l'obligation première pour les corporations
professionnelles, c'est d'assurer la protection du public. Si je suis en face
d'une situation où une corporation professionnelle prend les budgets qui
sont donnés
par les cotisations des membres, exonérées d'impôt,
puis les dépense pour une publicité, en général, et
à plus forte raison sur une publicité fausse et trompeuse sur la
corporation elle-même, on va immédiatement faire rapport au
gouvernement que ces gens-là ne sont pas en train de rencontrer leurs
obligations aux termes du code. Aux termes de l'article 121 du Code.
Mme Caron: Merci.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que l'article 2
est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 3. L'article 87 de ce code est modifié
par l'addition, après le paragraphe 4, du suivant: 5° "des
dispositions énonçant des conditions, des obligations et, le cas
échéant, des prohibitions quant à la publicité
faite par ses membres." Est-ce que l'article 3 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 4. "L'article 92 de ce code est abrogé."
Est-ce que l'article 4 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division. Loi sur le Barreau
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 5. L'article 15 de la Loi sur le Barreau
(L.R.Q., chapitre B-1) est modifié par l'addition à la fin du
paragraphe 3 du sous-paragraphe suivant: "Etablir un registre des mandats
donnés dans l'éventualité de l'inaptitude du mandant en
application de l'article 1731.1 du Code civil et déposés chez les
avocats, en déterminer les formalités et les modalités
ainsi que les honoraires exigibles pour inscriptions et recherches." Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Savoie: Adopté.
Mme Blackburn: Oui. Ça, nous avons déjà fait
connaître notre avis là-dessus et nous sommes d'accord avec cette
disposition.
Le Président (M. Bradet): Adopté? Mme Blackburn:
Adopté.
Loi sur le notariat
Le Président (M. Bradet): Alors l'article 5 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 6.
L'article 83 de la Loi sur le notariat (L.R.Q., chapitre N2) est
modifié par la suppression, dans la deuxième ligne du paragraphe
1, des mots "des testaments".
Mme Blackburn: Explications.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: II s'agit ici d'une modification de concordance qui
permet aux registraires des testaments de la Chambre des notaires d'agir
également comme registraires des mandats en cas d'inaptitude. Alors,
c'est la même personne qui fait les testaments qui va faire les mandats
d'inaptitude.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 7. L'article 93 de cette loi, modifié par l'article
8 du chapitre 33 des lois de 1989, est de nouveau modifié par
l'addition, après le paragraphe 9° du premier alinéa, du
paragraphe suivant: "10" maintenir au moyen d'un registre central un service de
renseignements relatif aux mandats donnés dans
l'éventualité de l'inaptitude du mandant en application de
l'article 1731.1 du Code civil ou à leurs révocations
reçus en minute par les notaires ou déposés chez eux par
les mandants ou les mandataires et déterminer les formalités et
les modalités de ce service."
Est-ce que l'article 7 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Registre des mandats donnés dans
l'éventualité de l'inaptitude du mandant
Le Président (M. Bradet): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 8. "Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 135, de la section suivante: Section XI.I "Registre des
mandats donnés dans l'éventualité de l'inaptitude du
mandant "135.1 Les articles 129 à 132 de la présente loi
s'appliquent au registre créé en vertu du paragraphe 10° de
l'article 93, compte tenu des adaptations nécessaires."
Est-ce que l'article 135.1 est adopté? Adopté.
Mme Blackburn: C'est adopté.
Le Président (M. Bradet): L'article 135.2. "135.2 Pour
chaque mandat ou révocation reçu en minute ou pour
dépôt, le notaire doit expédier au registraire dans les
trois jours ouvrables suivant sa réception un avis sous pli
cacheté du mandat ou de la révocation reçu en
minute ou pour dépôt avec le montant des frais fixés par
règlement pour chaque inscription. "Cet avis, préparé sur
un formulaire spécial fourni exclusivement par le bureau, doit contenir
les renseignements déterminés par les règlements et
être signé par le notaire, son procureur ou le gardien
provisoire."
Mme Blackburn: J'imagine que ces formulaires-là sont
déjà préparés. Ils existent déjà pour
préparer des mandats? On pourrait en avoir une copie?
M. Savoie: On va vous les transmettre dès qu'on va les
recevoir.
Mme Blackburn: Très bien.
Le Président (M. Bradet): Est ce que l'article 135.2 est
adopté9
Mme Blackburn: C'est-à-dire l'article 8.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Loi sur la pharmacie
Le Président (M. Bradet): L'article 9. "L'article 10 de la
Loi sur la pharmacie, (L.R.Q., chapitre P-10) est modifié par la
suppression, au premier alinéa, du paragraphe f."
Mme Blackburn: Explications.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Oui, c'est la concordance, uniquement.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Mme Blackburn: C'est ça qui m'étonne. Est-ce qu'il
y a juste la Loi sur la pharmacie qui avait une disposition de cette
nature-là?
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 10. "Le règlement sur la publicité
adopté par une corporation professionnelle en vertu de l'article 92 du
Code des professions, de même que tout règlement adopté en
vertu du paragraphe f de l'article 10 de la Loi sur la pharmacie, demeure en
vigueur jusqu'à l'entrée en vigueur du règle- ment
adopté en vertu du paragraphe 5° de l'article 87 de ce code,
édicté par l'article 3 de la présente loi."
Mme Blackburn: Explications.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: Oui. Je suis encore en train de jouer dans l'article
5, je m'excuse.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
Mme Blackburn: Je demandais des explications.
Le Président (M. Bradet): À l'article 10.
M. Savoie: Sur l'article 10. Ah bon! Oui, bien c'est ça.
C'est qu'on maintient... On permet le maintien, finalement, dans la mesure du
possible, du règlement adopté de même que tous les
règlements adoptés en vertu du paragraphe f de l'article 10 de la
Loi sur la pharmacie. On dit que ça demeure en vigueur jusqu'à
l'entrée en vigueur du règlement adopté en vertu du
paragraphe 5 de l'article 87. Alors, là, on dit qu'il y a une
continuation sans interruption.
Mme Caron: Ça va.
Le Président (M. Bradet): Alors, est-ce que...
M. Savoie: Éviter un vide juridique qu'on appelle.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
L'article 11: "La présente loi entre en vigueur le...
M. Savoie: Le 18 décembre.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Mme Blackburn: Comme d'habitude. M. Savoie: Le 18
décembre, c'est demain.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas possible demain parce qu'il
faudrait que vous sautiez des étapes. Pas adopté. D'abord le
rapport, demain, et ça ne peut pas être adopté certainement
avant la troisième lecture, avant après-demain, en vertu des
règles des délais prévus pour l'adoption des
première, deuxième et troisième lectures.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Mme Blackburn: Alors, vous ne l'aurez pas demain.
M. Savoie: Le 19 décembre. Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Bradet): Adopté. Est ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Nous allons
suspendre nos travaux deux minutes, avant de passer à la loi 99?
(Suspension de la séance à 22 h 7) (Reprise à 22 h
14)
Projet de loi 99
Le Président (M. Bradet): La commission de
l'éducation reprend ses travaux. Je vous rappelle son mandat:
Procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 99, Loi modifiant la Loi sur la pharmacie. Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires?
Mme Blackburn: Bien, le ministre m'a dit, aux questions que j'ai
posées en Chambre là-dessus, sur la pertinence, de laisser
ça à l'Office des professions, plutôt qu'à un
organisme en santé, conseil de la santé, des organismes...
M. Savoie: Oui, j'ai dit qu'on pouvait peut-être aborder
cette question-là ici...
Mme Blackburn: Oui, c'est ça. Alors, moi,
j'écouterais le ministre, alors qu'il pourrait...
M. Savoie: Non, moi, j'écouterais le président de
l'Office.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Je voudrais que le président de l'Office
m'explique...
Mme Blackburn: Bien, moi, ça va m'in-quiéter,
ça, M. le Président...
M. Savoie: Ça vous inquiète, ça?
Mme Blackburn: Oui, oui. Parce que j'ai déjà eu
l'occasion de dire au ministre, lorsque le ministre lisait le rapport qui
était préparé par l'Office des professions, du mouvement
et de l'étude des crédits... Et ça m'inquiète
toujours un peu, parce qu'il y a l'exécutif et le législatif, et
il y a le politique qui, lui, a la responsabilité d'avoir un certain
nombre d'idées sur un certain nombre de questions. Alors, quand il fait
juste lire le rapport du président de l'Office, moi...
M. Savoie: Ça vous inquiète..
Mme Blackburn: ...je dis qu'il me semble qu'il y a quelque chose,
quelque part, qui n'est pas fait...
M. Savoie: Vous avez raison parce que c'est inquiétant,
effectivement.
Le Président (M. Bradet): M. le ministre?
M. Savoie: Mais il semble que, pour des raisons tout simplement
d'applicabilité, de faisabilité et d'une certaine
flexibilité, l'Office des professions prenne ça en main. D'abord,
ça permet des interventions beaucoup plus directes et c'est sûr
que ça va se faire avec un conseil qui sera composé... Un
comité qui va être composé d'experts du milieu, qui vont
évidemment intervenir. Toute autre organisation, on m'a dit être
prêt à collaborer. Et on me dit, en plus de cela, qu'effectivement
dans les autres provinces on s'organise de cette façon-là
Mme Blackburn: Avec les offices professionnels?
M. Savoie: Oui, on s'organise beaucoup, on travaille davantage.
On risque de prendre davantage la pôle, surtout au niveau de la question
de la flexibilité, la capacité d'intervention de façon
rapide. C'est ce qu'on nous prétend. Maintenant, comme vous, quand on me
dit ça, je brasse également la tète. C'est parce que,
finalement, ce qu'on fait, c'est qu'on dit qu'à défaut de mieux
voici la solution proposée.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre de la Santé et des
Services sociaux...
M. Savoie: Oui?
Mme Blackburn: ...a été consulté?
M. Savoie: Oui, il a été consulté sur ce
dossier-là. Non seulement le ministre de la Santé et des Services
sociaux, mais également les ministres de l'Agriculture, de l'Industrie
et du Commerce sont reliés là-dedans, et il me semble qu'il y a
quelqu'un d'autre...
Mme Blackburn: Parce que ça fait... Comme ils sont
là, je veux dire que c'a a l'air d'être
tellement pas à sa place. Moi, c'est la réaction que j'ai
et puis...
M. Savoie: Oui, c'est ça, mais je...
Mme Blackburn: Tu sais, je me dis: Ça va être quoi,
la prochaine chose qu'on va leur faire gérer...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre? Mme
Blackburn:... au Québec? M.Savoie: Bien,
probablement...
Mme Blackburn: Moi, je trouve ça bien étonnant.
Écoutez...
M. Savoie: Oui, bien des pouponnières, je suppose. On
pourrait s'installer là, puis...
Mme Blackburn: Oui, oui. C'est ça. C'est-à-dire,
c'est quoi, les normes des pouponnières, des garderies, tu sais. Je veux
dire c'est dépassé, c'est aussi loin...
M. Savoie: L'Office des professions est un petit peu
privilégié dans ce sens-là, et je comprends que
ça...
Mme Blackburn: Pourquoi est-ce que ça ne le serait
pas...
M. Savoie: Moi aussi, ça sonne faux, finalement, de
transmettre ces pouvoirs-là à l'Office des professions.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il n'y a pas un office quelconque de
protection de quelque chose, plus proche de ça?
M. Savoie: Mais dans les faits, c'est valable.
Mme Blackburn: L'Office de la protection du consommateur? Il y a
des offices...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn:... l'Office de la protection du consommateur, M.
le Président...
M. Savoie: Oui, oui...
Mme Blackburn: Est-ce que ça n'aurait pas
été plus pertinent?
M. Savoie:. niais, là, c'est très précis.
C'est très scientifique et ça demande une... Je ne voudrais pas
remettre ça uniquement à, par exemple, une association de
consommateurs. L'Office des...
Mme Blackburn: Non, non, je parle là, l'Office...
M. Savoie: Oui, oui. Je ne voudrais pas, là...
Mme Blackburn: Ce n'est pas une association de consommateurs,
l'Office de la protection du consommateur, M. le Président.
M. Savoie: Mais, vous parlez de l'Office... Mme Blackburn:
L'Office, l'Office, là... M. Savoie: Alors...
Mme Blackburn: L'Office de la protection du consommateur,
là, c'est... Je vous dis...
M. Savoie: Non, non..
Mme Blackburn:... ils doivent être aussi compétents
et...
M. Savoie: C'est vraiment de déterminer... Mme
Blackburn:... aussi professionnels que...
M. Savoie: C'est vraiment de déterminer ce qu'un
pharmacien a le droit de vendre. C'est un acte professionnel. On n'est pas pour
commencer à...
Mme Blackburn: Ah non!
M. Savoie:... éparpiller tout ça, là.
Mme Blackburn: Non, non. C'est des catégories de vente de
médicaments. Il faut savoir, les médicaments, ce n'est pas un
acte professionnel, ça, là...
M. Savoie: Oui, oui.
Mme Blackburn: C'est un acte de... Ça touche toute la
médication, la qualité des médicaments, leur
reconnaissance, le fait qu'ils ont été agréés par
Drogues et Aliments du Canada. Puis il y a tout un chapitre là-dessus,
par rapport à... qui vient... qui, par le ministère de la
Santé et des Services sociaux, établit la liste des
médicaments qui sont couverts par l'assurance-maladie. Bon,
écoutez. Moi, je trouve très étonnant - puis, je vous dis,
là - et je me demande même de qui vient une telle proposition,
pour que ce soit rendu à l'Office?
M. Savoie: Ça vient de l'Office.
Mme Blackburn: Bien, c'est ce que je pensais.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Bien ça ne viendra certainement pas...
Mme Blackburn: Ils se cherchent de la job.
M. Savoie: Écoutez... C'est parce qu'il faut bien
comprendre, hein? Il s'agit... On parle d'actes professionnels. Actuellement,
l'Office des professions est déjà impliqué au niveau des
médicaments vétérinaires. Bon, actuellement aussi, chaque
fois qu'une corporation professionnelle cherche à intervenir au niveau
de, par exemple, la médecine, on cherche toujours à agrandir son
champ d'application au niveau, par exemple, de la prescription de certains
médicaments. Je pense, par exemple, aux optométristes; je pense,
par exemple, à la gang du dos, là, les chiropraticiens...
À qui d'autres, donc? Il y a plusieurs de ces corporations
professionnelles qui cherchent à utiliser des médicaments. Le
juge, là-dedans, celui qui va conseiller le législateur à
ce niveau-là, c'est l'Office des professions. C'est son rôle.
Ici, ce qu'on a, c'est qu'on a une situation où, finalement, les
pharmaciens, les vétérinaires, les médecins, les
intervenants dans ce dossier-là sont d'accord pour dire qu'on va former
un comité et le comité sera sous la direction de l'Office des
professions. L'Office peut effectivement intervenir avec une plus grande
célérité. Lorsque je vous ai dit que j'avais des doutes,
moi aussi, je les ai toujours. Sauf que, lorsqu'on fait le tour des organismes
qui sont susceptibles d'intervenir d'une façon efficace, qui sont au
courant des dossiers, qui ont déjà une implication dans les
dossiers, personne d'autre que l'Office. Et, il faut bien dire, hein, que c'a a
reçu une approbation unanime. Je n'ai eu aucune contestation dans ce
dossier-là, que ce soit de la part des vétérinaires, que
ce soit de la part des dentistes, des pharmaciens, des médecins, du
ministère de l'Agriculture, du ministère de la Santé et
des Services sociaux. Donc, finalement, tout le monde est un petit peu de
l'opinion suivante: Que c'est le mal le moins pire.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Personne ne voulait le faire. Donc, on dit que
c'est moins pire d'envoyer ça à l'Office. C'est à peu
près ça?
M. Savoie: C'est un mal nécessaire. C'est ça. On
est comme rendus dans le fond du baril, on n'a plus le choix.
Finalement, c'est ça, l'affaire. Ils ont déjà une
compétence, ils ont déjà une réputation, une bonne
réputation aussi...
Mme Blackburn: Ils n'ont pas de compétence
là-dedans.
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: Ils n'ont pas de compétence
là-dedans, proprement dit.
M. Savoie: Oui, oui.
Le Président (M. Bradet): M le ministre.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça, oui. Vous savez, au niveau
de la médecine vétérinaire, qui détermine l'article
9, par exemple, on me dit que ça existe depuis 1973. L'Office des
professions du Québec dresse périodiquement, par
règlement, après consultation du Conseil consultatif de
pharmacologie, de l'Ordre des médecins vétérinaires du
Québec et de l'Ordre des pharmaciens du Québec, une liste des
médicaments qui ne peuvent être vendus que sur l'ordonnance d'un
médecin vétérinaire. C'est déjà dans la loi.
C'est là depuis 1700. Ce n'est pas vraiment, là, une
révolution.
Mme Blackburn: C'est pour les vétérinaires.
M. Savoie: Oui. Mais ça, c'est pour les
vétérinaires. Bon.
Mme Blackburn: Pour les chevaux.
M. Savoie: Bien... Attendez une seconde. C'est pour des chevaux,
mais ce n'est pas juste pour les chevaux.
Mme Blackburn: Bien non. On sait...
M. Savoie: C'est pour les chiens et les chats.
Mme Blackburn: Bien oui. On sait qu'ils les ont
déjà donnés aux athlètes aussi, mais ça ne
veut pas dire que c'est une règle.
M. Savoie: Mais ça, on ne compte pas les athlètes
là-dedans. Pas encore. Ça va venir, mais pour le moment...
Mme Blackburn: Non, mais plus sérieusement. Très
sérieusement, si vous m'expliquiez qu'est-ce que ça donne comme
pouvoirs exacts. Vous allez me dire ce que ça veut dire, quoi,
établir la liste des médicaments, à partir de quels
critères cela se fait-il?
M. Savoie: Ah! Il va y avoir un comité de formé,
Mme la députée. Ils ne font pas ça... Ce n'est pas Maryse
Beaumont qui va faire ça le soir, chez elle, dans la cuisine.
Mme Blackburn: Non. Je pense qu'elle pourrait être bonne.
Elle peut être aussi compétente.
M. Savoie: Mais pas chez elle, le soir, dans sa cuisine. Je l'ai
déjà vue le soir dans sa cuisine. Je peux vous assurer...
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Bien là, mademoiselle, les rumeurs vont
partir. Ha, ha, ha!
M. Savoie: Je peux vous assurer que... Non. Pour être
sérieux, parce qu'on fait des farces... Sérieusement, il y a un
comité de formé. Ça va être sous la direction de
l'Office des professions.
Mme Blackburn: Ce que je veux savoir, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Qu'on me dise à peu près de quoi il
s'agit. Établir la liste des médicaments, c'est à partir
de quelle liste est-ce que c'est fourni? Par rapport à l'espèce
de répertoire sur les médicaments...
M. Savoie: II faudrait peut-être demander à l'Office
des professions de répondre à votre question.
Mme Blackburn: ...une espèce de compendium qui existe sur
les médicaments.
Une voix: Jehane Benoît.
Mme Blackburn: De quoi s'agit-il?
M. Mulcair: À l'heure actuelle, il existe deux
catégories principales reconnues aux termes de la législation
fédérale, à savoir la catégorie CP, comptes
publics, et la catégorie DIN, drogues et identification
numérique. Il n'existe pas une telle catégorisation pour les
médicaments au niveau des animaux. Les catégories dont je viens
de parler s'appliquent seulement pour les médicaments destinés
aux humains. Donc, une des choses qu'on a rencontrées au cours des deux
ou trois dernières années, c'est une certaine urgence de faire
une telle distinction au grand public pour les médicaments qui peuvent
être vendus pour les animaux.
On a besoin, donc, de pouvoir catégoriser ces choses-là,
ce qui n'existe pas à l'heure actuelle comme pouvoir. Aussi, lorsqu'on
constate qu'un produit pour le grand public peut causer certaines
difficultés et qu'on désire le réglementer, je donne en
exemple l'acide acétylsalicylique - j'essaie de le prononcer en
français - ASA, qui est l'aspirine en termes simples, on se rend compte
que ça cause certaines difficultés, notamment le syndrome de
Reye, auprès des jeunes enfants. Si on désire la
réglementer, on ne peut pas, sans rouvrir toute la législation en
question, alors qu'ici ce serait un simple pouvoir réglementaire. On
pourrait aller faire les distinctions qui s'imposent à
l'intérieur des catégories qu'on aurait à établir.
Ce sont donc deux exemples, un dans le domaine vétérinaire,
l'autre dans le domaine des médicaments pour les humains où une
telle catégorisation s'impose.
Par ailleurs, ce que Mme la députée mentionne est juste.
Dans l'ensemble des autres provinces, on a de telles annexes. Ça varie
légèrement d'une province à une autre et, effectivement,
le compendium et tout ça, ça existe. Nous allons donc
procéder aux consultations qui s'imposent ici et établir de
telles annexes au Québec.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'explication ne me surprend pas, ne
m'étonne pas. C'est le lieu d'exercice de cette activité qu'il me
reste à...
M. Savoie: Bien oui. C'est ça. Ça cloche un peu.
Effectivement, ça cloche un peu. Je vous comprends que ça cloche
un peu, mais...
Mme Blackburn: D'autant qu'on vient de faire une réforme.
On est en train de faire une réforme de la loi sur la santé et on
ne trouve pas un seul endroit plus indiqué pour faire un tel exercice.
Moi, je suis renversée.
M. Savoie: Vous avez absolument raison sauf qu'effectivement,
comme je vous l'ai mentionné, on ne peut pas faire mieux. Et ils ont
déjà démontré une certaine compétence. Il
faut dire aussi que ce n'est pas...
Mme Blackburn: Dans les autres pays, comment ça se
fait?
M. Savoie: C'est la même chose.
Mme Blackburn: On envoie ça à l'Office?
M. Savoie: II y a des petits Mulcair...
Mme Blackburn: II y a des petits Mulcair qui font ça un
peu partout?
M. Savoie: Oui. C'est ça.
Mme Blackburn: Heureusement que vous l'avez trouvé. Je me
demande ce qu'on ferait sans lui!
M. Savoie: Oui. On serait bien malheureux sans nos Irlandais.
Mme Blackburn: Certain. Surtout, le ministre serait sans voix
c'est comme rien, sur les
corporations professionnelles. Mais plus sérieusement, est-ce
qu'il y avait aussi un caractère d'urgence pour qu'on aborde ça
comme ça, avant tes fêtes?
M. Savoie: Oui. C'est important parce qu'on a des
difficultés avec...
Mme Blackburn: Depuis combien de temps?
M. Savoie: Ah! ça doit faire...
Mme Blackburn: 25 ans?
M. Savoie: Ah! non, peut-être deux mois.
Une voix: C'est assez récent.
M. Savoie: Quatre semaines.
Mme Blackburn: Quatre semaines. Puis là, c'est un
caractère d'urgence telle, qu'il faille adopter ça comme
ça, à ta vapeur, ce soir?
M. Savoie: On vous tire la pipe. Non, non, c'est parce qu'on l'a
déposé en bonne et due forme. C'est un projet de loi. Je ne me
rappelle plus quand est-ce que nous l'avons déposé.
Mme Blackburn: Le 14.
M. Savoie: Le 14 novembre, ça aussi? Non. Mme
Blackburn: Oui.
M. Savoie: II me semble qu'on l'avait déposé.
Mme Blackburn: Oui, oui, 99, 100. Vous avez...
M. Savoie: Ah! mais ça faisait longtemps qu'il
était préparé mais je traînais sur ce
dossier-là, alors...
Mme Blackburn: Ah bon! C'est ça.
M. Savoie: Parce que, moi aussi, j'avais de la difficulté
avec ce projet de loi, dans le sens: Pourquoi l'Office des professions? Un peu
les questions que vous vous posez. Je pense que c'est un peu normal, comme
législateurs, qu'on se pose ces genres de questions là.
Mme Blackburn: Et très sérieusement, M. le
ministre, parce qu'on est là, je veux dire, il me semble que...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Comment cela se passe-t-il dans les autres pays?
Qui établit... en France, par exemple? On sait qu'il y a... Ils
établissent... parce que les médicaments sont couverts par la
régie de l'assurance santé au Québec...
M. Savoie: Je ne l'ai pas demandé pour la France. Moi, je
l'ai vérifié auprès des autres provinces, ici, au Canada,
parce qu'on fait partie du Canada.
Mme Blackburn: Oui, mais on est supposé être
distinct.
M. Savoie: On est distinct.
Mme Blackburn: Ce n'est pas moi qui le dis, ça.
M. Savoie: C'est-à-dire que notre président, au
lieu de s'appeler Thompson, il s'appelle Mulcair.
Mme Blackburn: On n'est distinct que dans les paroles.
M. Savoie: II y a cette tendance, cette orientation auprès
des autres provinces. Maintenant, au niveau de la France, je ne sais pas
comment ça marche. Ça me surprendrait que ça fonctionne
particulièrement bien, d'ailleurs.
Mme Blackburn: En France, comme les médicaments sont
couverts par l'assurance-maladie, ils établissent une liste de
médicaments et, généralement, ça a un avantage. On
aurait intérêt, et le ministre de la Santé aurait
particulièrement intérêt à s'inspirer de ce qui se
passe en France par rapport aux produits pharmaceutiques parce que, un, il n'y
a qu'une certaine gamme de produits qui sont autorisés pour la vente,
là-bas. Et, ce qui fait l'idée que, plus un produit est cher,
meilleur il est, ça, je dois dire, ç'a été battu en
brèche en France...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Blackburn:... et ça coûte beaucoup moins cher,
les médicaments, même ceux que vous devez payer vous-même,
que ce que ça nous coûte, ici, parce qu'il a empêché
une espèce de surenchère dans la fabrication et la mise en
marché des produits pharmaceutiques. Et il y a là un exemple qui
aurait pu nous inspirer.
Là, on s'en va dans une direction et c'est ce que je trouve
tannant avec ce gouvernement. Puis ce n'est pas la première fois que je
le dis. Je le dis en toute sincérité. Ils voient un petit morceau
et ils le font, mais aucune vision d'ensemble. Ça, ça me fait
mourir. Alors qu'on est en train d'ouvrir la Loi sur la santé et les
services sociaux, il me semble qu'on aurait dû aborder ces
questions-là.
M. Savoie: L'Office des professions, c'est
criblé de péquistes, ça.
Mme Blackburn: Alors, il faudrait dire ça à M.
Mulcair. Il ne m'a pas encore convaincue.
M. Savoie: Non. Écoutez. Sérieusement, là,
l'Office des professions...
Mme Blackburn: D'autant qu'à ma connaissance, il
était à Alliance...
M. Savoie: Le mandat de l'Office des professions...
Mme Blackburn: M. le Président, d'autant qu'il
était, à ma connaissance, à Alliance Québec
avant.
M. Savoie: L'Office des professions, avant...
Mme Blackburn: Alors, je n'ai jamais vu beaucoup de
péquistes à Alliance Québec.
Des voix: Bon! bon! bon!
M. Savoie: L'Office des professions a comme mandat de
protéger le public. Ici, ce qu'on doit faire, c'est viser surtout la
protection du public.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est exactement ce que je vous dis.
Viser la protection du public, ça doit porter autant sur l'abus que font
certaines entreprises pharmaceutiques dans la surenchère sur la
qualité ou la supposée qualité de certains
médicaments et de ses effets bénéfiques, alors qu'on sait,
à présent, qu'il n'y a pas toujours un rapport étroit. Et
la façon de protéger le public, c'était vraiment de
s'assurer qu'on... (22 h 30)
M. Savoie: Oui, mais il faut bien comprendre l'Office des
professions. Ce qui paraît anormal là-dedans, c'est la
première fois qu'on est confronté à cela. Là, ce
qu'on examine actuellement, par exemple au niveau de la médecine
vétérinaire, ils ont les dispositions; au niveau de la podiatrie,
ils ont également la disposition. Ils sont constamment reliés
à des médicaments et à l'utilisation des
médicaments, à cause, par exemple, du fait qu'ils sont
nécessairement responsables des pharmaciens. Parce qu'ils interviennent
constamment, ils sont capables de former un comité et de le
gérer. C'est ça qu'ils doivent faire. Et ils ont cette
flexibilité.
Mme Blackburn: Moi, j'ai bien compris...
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...je dois dire que, généralement,
je ne suis pas complètement bouchée, je comprends un certain
nombre de choses. Et heureusement, là, parce qu'il y a des explications
qui ne sont pas très limpides.
M. Savoie: Pardon?
Mme Blackburn: Mais, ce que je dis, et après ça je
vais vous laisser adopter votre loi, parce que c'est la vôtre, avec
laquelle je suis en profond désaccord.
M. Savoie: Ah oui?
Mme Blackburn: Parce que je ne vois pas, premièrement, ce
que ça va faire, là. La deuxième chose, je ne comprends
pas pourquoi on n'a pas profité de l'ouverture ou de la
possibilité qui se présentait au moment où on est en train
de faire une réforme de la santé et des services sociaux, pour
examiner toute cette question du coût des médicaments et de ce qui
devrait être vendu au Québec, ou mis en circulation au
Québec, en rapport qualité-prix. Et ça, ça se fait
dans d'autres pays. Ça ne se fait peut-être pas dans les autres
provinces canadiennes, parce que les entreprises pharmaceutiques au
Québec, la recherche se faisait au Québec - là, on va
tomber dans un autre dossier - mais on sait que le bill C-31 sur la
pharmacologie a modifié la Loi sur les brevets. Bon, l'effet net c'est
que c'a permis de développer toute une entreprise en Ontario, alors
qu'ici il se faisait beaucoup plus de recherches, et on est en perte de vitesse
là-dessus. Il y a eu une compensation du gouvernement canadien, mais la
compensation, là, elle est engloutie. C'est quelque chose comme 26 000
000 $, tiens ça me reviens, 26 000 000 $. C'a été englouti
dans le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ça
devait être donné au fonds de recherche en santé. Bon.
Tout ça pour dire que, dans le fond, au Québec, ce qui
nous manque en matière de pharmacologie, c'est qu'on puisse continuer
à faire la recherche qui se faisait avant que le fédéral
se mêle de changer la Loi sur les brevets. Mais en même temps,
c'est une loi ou un organisme qui viendrait réglementer, non pas
seulement les produits qui sont autorisés pour fin de consommation parce
qu'ils ne vous font pas mourir, parce que c'est un peu ce que fait Drogues et
aliments Canada. Drogues et aliments Canada ne fait pas autre chose. Il
s'assure que les médicaments qui sont mis en vente ou offerts en vente
ici au Québec ou au Canada ne nuisent pas à votre santé.
Mais ils ne sont pas là pour vous dire qu'il y en a un qui est meilleur
que l'autre, alors que vous avez des pays qui le font de façon
systématique. On ouvre la Loi sur la santé et les services
sociaux avec des choses avec lesquelles je suis d'accord et d'autres avec
lesquelles je suis en désaccord. Mais ça c'est une autre
question. Et je me disais: On aurait là une opportunité
d'examiner cette question capitale, qui aurait probablement permis des
économies
importantes, pas seulement au ministère de la Santé et des
Services sociaux, mais à tous les citoyens contribuables et
consommateurs de médicaments au Québec. Et là, on ne le
fait pas.
Ce qu'on nous présente, et le ministre me dit en plus, je
comprends qu'il soit tanné et qu'on est en fin de session, et il a
déposé ça le 14 novembre et qu'on est en train d'examiner
ça le 17, je comprends tout ça. Je ne suis pas plus d'accord pour
ça. Cependant, ça ne permet pas... Moi, ça ne
m'amène pas à prendre cette question à la
légère, en disant: Bien, là, on a un problème. On
vous le "plogue". Il nous reste trois jours pour le faire adopter, c'est
important. Moi, je dis, c'est ça que je reproche à ce
gouvernement, M. le Président, c'est son manque d'envergure. Il voit un
dossier, il dit: Bien là, probablement qu'il y a quelqu'un, l'Ordre des
pharmaciens du Québec qui a décidé qu'il fallait
peut-être qu'on essaie de réglementer ça pour
établir des catégories, et voir qui et comment on mettait en
vente des médicaments. Qu'est-ce qui pouvait être en vente libre
et d'autres en vente avec prescription? Mais je trouve que la question est
beaucoup plus importante que ça, et qu'on aurait dû profiter de la
réforme pour examiner de façon plus intelligente et plus
articulée cette question.
Alors, voilà! Cela dit, M. le Président, je ne ferai pas
d'objection sur le projet de loi. À la limite, je dirais que les
articles sont tous adoptés sur division, parce que ce n'est pas mon
projet de loi et je trouve qu'on travaille mal dans ce genre de dossier. Et
là, je pense que c'était le temps que je le dise, parce que, au
moins, ça va être enregistré et que je pourrai le
répéter dans six mois, un an. Parce qu'on va retrouver, à
un moment donné... On va se retrouver avec des questions qui n'ont pas
été résolues et qui entourent toute la vente et la
circulation et la mise en marché des médicaments au
Québec. Parce qu'on s'appuie sur une loi canadienne qui va "Coast to
Coast", alors qu'on pourrait dans ce cas-là peut-être,
établir nos propres règles.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bradet): Alors dois-je comprendre que les
articles 1 à 11 sont adoptes sur division?
Mme Blackburn: M. le Président, vous n'avez pas le choix,
vous devez les appeler un à un.
Le Président (M. Bradet): Je vais les appeler un à
un.
Mme Blackburn: Je connais mon règlement, alors...
M. Savoie: Après ce cri du coeur, M. le Président,
je n'interviendrai pas parce que, finalement, l'important, c'est de passer le
projet de loi. Mais je vais intervenir en troisième lecture, je vais
répondre à ça.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article...
Avez-vous fini, M. le ministre?
M. Savoie: Oui, madame.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Fradet: Adopté, et ma collègue aussi.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bradet): Le paragraphe 3, premier
article, "Par la suppression à la fin du sous-paragraphe 2i du
paragraphe...
M. Savoie: Vous êtes dans quel article?
Mme Blackburn: Article 1.
M. Savoie: Article 1.
Mme Blackburn: ...des mots "ou ce poison".
M. Savoie: Alinéa 3.
Mme Blackburn: Parce que, là, on voit que, bon, "poison",
il est retiré de tous les articles, parce que toutes les modifications
qui touchent...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...toutes les références à
"poison" sont retirées de l'article.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Qui va établir, dorénavant, les
normes relatives à l'étiquetage des médicaments et des
poisons, à la tenue en pharmacie des poisons, tout ce qui a trait aux
produits qui sont poisons, toxiques?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
M. Savoie: On fait tout sauter. Il n'existe aucune liste au
niveau des poisons.
Mme Blackburn: Qui va établir la liste? Qui va
établir les règles sur l'étiquetage? Il n'y a
personne?
M. Savoie: M. Mulcair.
Le Président (M. Bradet): M. Mulcair.
M. Mulcair: Un des objectifs poursuivis avec le projet de loi 99,
c'est de faire disparaître les articles de la Loi sur la pharmacie,
notamment l'article 22, qui traitait des poisons, parce qu'on y
prévoyait l'obligation de dresser la liste des poisons, mais 17 ans plus
tard, une telle liste n'avait jamais été dressée. Donc, on
fait disparaître cette obligation-là, et on parle
dorénavant, donc, de médicaments qui vont englober tout ce qui
peut être vendu. Tout ce qui va être dans les catégories
qu'on va établir, ça va s'appeler médicament.
Mme Blackburn: Oui, mais il va rester des poisons.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Qui s'occupe de ça? Comment ça va
être traité?
M. Savoie: C'est déjà traité dans l'autre
législation.
Mme Blackburn: Tout? Je voudrais savoir, étant
donné que c'était là-dedans puis qu'on le fait
disparaître, la responsabilité en incombe...
M. Savoie: Non, non, ce n'est pas ça qu'il dit. Il dit
qu'on avait demandé à ce qu'on dresse une liste de poisons...
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: Ça n'a jamais été fait.
Comprenez-vous?
Mme Blackburn: Mais...
M. Savoie: Ça n'a rien à faire avec
l'étiquetage; ça n'a rien à faire avec l'emballage;
ça n'a rien à faire avec la vente. C'est que l'Ordre devait
établir une liste. Ils ne l'ont jamais faite, leur liste; ça fait
qu'on la fait sauter, la liste.
Mme Blackburn: En outre, les devoirs prévus à
l'article 9 de la présente loi...
M. Savoie: Où, ça?
Mme Blackburn: Article 3, qui vient...
M. Savoie: L'article 1? On est toujours sur l'article 1?
Mme Blackburn: Non, mais parce que, là, on va parler un
peu des poisons. Moi, si vous avez... Je me dis: C'est votre loi. Je vais
même m'en distinguer...
M. Savoie: C'est notre loi.
Mme Blackburn: Ce ne sera pas la mienne...
M. Savoie: C'est une loi de la 34e Législature...
Mme Blackburn: Oui. Et c'est votre Législature, ce n'est
pas la mienne. Ce que je dis là-dessus, c'est: Est-ce qu'il y avait des
normes relatives à l'étiquetage des médicaments et des
poisons? Celles sur les médicaments vont demeurer.
Une voix: Voilà.
Mme Blackburn: Voilà. J'ai tout compris ça, aussi,
mon cher monsieur. Ce que je dis, c'est que tout ce qui touchait
l'étiquetage des poisons...
M. Savoie: ...des poisons a tout sauté...
Mme Blackburn: La conservation des poisons, la façon de
disposer des poisons... Est-ce qu'on peut les vider dans l'évier, par
exemple, de la cuisine? Qui s'occupe de ça?
Le Président (M. Bradet): M. le ministre.
Mme Blackburn: Ce que vous me dites, c'est qu'étant
donné qu'on n'a jamais fait de liste, puis qu'on n'a jamais
établi de règles sur l'étiquetage des poisons, puis qu'on
n'a jamais déterminé de règles relatives à la
disposition des poisons...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...comment on les jette, comment on s'en
débarasse...
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: ...tout ça, étant donné que
ça n'a jamais été fait, on ne le fait pas. Non? C'est
quoi, là? Alors, expliquez-moi.
M. Savoie: II existe d'autres dispositions concernant les
poisons...
Mme Blackburn: Où?
M. Savoie: Dans les lois fédérales, par exemple,
qui contrôlent l'emballage, qui contrôlent l'étiquetage.
Mme Blackburn: Alors, dorénavant, étant
donné que le Québec n'a pas fait son job, on va faire faire
ça par le fédéral, sur les produits.
M. Savoie: Non, ça n'a jamais été fait.
Mme Blackburn: Bien, c'est ça que je dis.
M. Savoie: Vous ne l'avez pas fait. Vous avez été
au pouvoir 10 ans de temps et vous ne l'avez pas fait.
Mme Blackburn: C'était la loi sur...
M. Savoie: Ce n'est pas un scandale, ça?
Mme Blackburn: C'était la Loi sur la pharmacie et
c'était la responsabilité, je pense, de l'Ordre des pharmaciens
ou de la... Je ne le sais pas, quelque chose de semblable à
ça.
M. Savoie: L'Office des professions. Vous avez été
là de 1976 à 1985...
Mme Blackburn: Laissez... Si ça ne vous fait rien,
là. Il y a un tas d'affaires que vous n'avez pas faites non plus et vous
allez voir qu'il y en a un tas que vous avez fartes croches. Et on ne parlera
pas des taxes et tout le reste, là. On y reviendra.
M. Savoie: Oups! Des taxes.
Mme Blackburn: O.K.? Et la TPS, et la TVQ. Mors, si ça ne
vous fait rien, on commencera à vous en donner 2 000 000 000 $ cette
année, ça fait que...
M. Savoie: Vous recommencez à fumer.
Mme Blackburn: Alors, vous allez aimer mieux qu'on recommence
à parler des poisons. Si on tombe là-dedans... Alors, ce que je
vous dis c'est... Vous dites: L'Ordre des pharmaciens n'a pas fait son job
là-dedans; plutôt que de dire: On retransfère. Et on dit:
Dorénavant, étant donné qu'on leur donne la
responsabilité de faire le reste, pourquoi est-ce qu'on n'a pas pris
tout ce qui touche aussi les poisons?
M. Mulcair: Le nouvel article...
Le Président (M. Bradet): M. Mulcair?
M. Mulcair: Le nouvel article 37.1, prévu par l'article 8
du projet de loi numéro 99, prévoit la possibilité pour
l'Office d'établir des catégories de médicaments. Le terme
"médicament" est défini à l'article h de l'article premier
de la Loi sur la pharmacie comme étant "toute substance ou
mélange de substances pouvant être employée 1° au
diagnostic, traitement relié à l'atténuation, à la
prévention d'une maladie ou d'un désordre, etc., chez l'homme ou
les animaux ou 2° en vue de restaurer, corriger ou modifier." Avec le
pouvoir d'établir des catégories de médicaments, il n'y a
strictement rien qui nous empêche là-dedans de venir
contrôler des choses qui pouvaient, par ailleurs, être
considérées comme des poisons. Le fait que depuis 17 ans il n'y a
jamais eu, en vertu de l'article 9 de la Loi sur la pharmacie, une liste des
poisons alors que toute la structure avait été mise en place...
Il y avait une annexe avec les documents qui devaient être remplis pour
la vente des poisons. On n'avait pas le droit de vendre un poison à
moins que ce ne soit à une personne qu'on connaissait ou que la personne
qu'on connaît présentait celui qui achetait. Et que si tout
ça n'a jamais été mis en vigueur, c'est pour la bonne et
simple raison que l'ensemble de la réglementation mise en place dans les
pharmacies pour la tenue des pharmacies, pour la conservation des produits et
aussi pour la destruction, lors de la cessation de la pratique par un
pharmacien, il y a des règles très complètes qui entrent
en jeu pour conserver les produits qui sont là, médicaments ou
autres. Mais la catégorie poison en tant que telle n'a jamais
été établie aux...
Mme Blackburn: J'ai bien compris ça. M. Mulcair:
...termes de l'article 9...
Mme Blackburn: Si vous me réexpliquez ce que le ministre
vient de me dire, que ça n'a jamais été appliqué,
ça, je l'avais compris.
Le Président (M. Bradet): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Mais est-ce que, parce qu'une loi n'a jamais
été appliquée ou un règlement ou partie d'un
règlement, si elle avait été jugée utile, est-ce
à dire que dorénavant, parce qu'elle n'a pas été
appliquée parce que les pharmaciens ne se sont jamais penchés
là-dessus, ça veut dire qu'on n'en a pas besoin? Est-ce à
dire qu'on n'en a pas besoin? Ne serait-ce...
Allez demander aux environnemental istes si on n'aurait pas besoin
d'indications sur la façon de disposer des poisons lorsqu'on en a
terminé. On nous en parle un petit peu au moins lorsqu'il s'agit des
huiles de térébenthine et de tout ça. Ne videz pas
ça dans les éviers, n'envoyez pas ça dans le réseau
d'égout parce que c'est polluant. Alors, il me semble qu'un minimum...
Il doit y avoir des règles sur la façon d'étiqueter et de
disposer. Ça n'a pas été fait. Il faut le déplorer.
On n'a pas tout fait, malheureusement. Et heureusement pour vous autres, si on
avait tout fait, vous n'auriez pas été élus. Alors...
M. Savoie: Je vais vous lire des extraits d'une lettre que vient
tout juste de me remettre...
Le Président (M. Bradet): M. le ministre?
M. Savoie: ...Me Beaumont. Une lettre qui
est adressée à M. Mulcair par l'Ordre des pharmaciens du
Québec dans laquelle on dit et je vais vous demander de porter une
attention particulière: "L'Ordre des pharmaciens et le conseil
consultatif de pharmacologie n'ont jamais été en mesure de mener
à bien le mandat que leur confiait l'article 9. La notion de poison est
désormais beaucoup trop vaste pour se prêter à la
préparation d'une liste exhaustive, à laquelle il faudrait
logiquement inclure toute substance potentiellement toxique pour les humains ou
les animaux et qui n'est pas employée à des fins
thérapeutiques. Une telle liste comprendrait des centaines de substances
vendues couramment en quincaillerie, ou dans divers commerces, à des
fins de nettoyage, de désinfection. Ces substances ne font l'objet
d'aucun contrôle particulier au niveau de leur distribution. Par
ailleurs, leur étiquetage est réglementé de façon
à prévenir le consommateur, de leur caractère toxique,
mesure qui semble efficace puisque les milieux de la santé n'ont jamais,
à notre connaissance, suggéré de contrôle plus
sévère. "Pour toutes ces raisons, l'intérêt d'une
liste des poisons ne nous semble pas justifier les coûts
considérables pour l'ordre et pour le gouvernement que
générerait sa préparation. "Si, d'autre part, une liste
restreinte de certains poisons auxquels le législateur voudrait assortir
des conditions particulières de distribution s'avérait
nécessaire, le mécanisme d'une annexe prévue à
l'article 37.1 du projet de loi pourra être utilisé et garantir la
sécurité du public. "Pour toutes ces raisons, l'Ordre des
pharmaciens recommande que soient abrogés les articles 9 et 22 de la Loi
sur les pharmacies, désormais désuets, et qui pourraient, au
besoin, être remplacés par un des règlements prévus
au nouvel article 37.1."
En conséquence, ce que dit l'Ordre des pharmaciens du
Québec, dans une lettre, là, qui semble vouloir faire le point
sur le projet de loi en question, c'est donc assez complet là, et assez
étudié semble-t-il, qui porte la signature de son
président d'ailleurs, et dont copie a été transmise au
MSS, à l'Ordre des médecins, à l'AQPP, au président
d'ailleurs. Tout ça fait en sorte que, finalement, ils nous disent,
à toutes fins pratiques, qu'une liste des poisons n'a jamais
été exécutée. Non seulement ça n'a jamais
été exécuté, mais ça ne donne absolument
rien d'en faire une liste puisque, finalement, l'objet d'une telle liste serait
complètement inutile.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça qu'ils disent: Ils disent,
il y aurait peut-être intérêt d'établir une liste
réduite de certains poisons, avec les contraintes ou les indications
liées à son utilisation et à sa disposition.
M. Savoie: Bon, au niveau de l'article, bon, pour certains
produits bien toxiques, là, la loi le permet. Et vous avez reçu
du président des explications qui disaient...
Mme Blackburn: Elle dit "pourrait"...
M. Savoie: ...qu'on pouvait justement intervenir, pour dresser,
par exemple, certains biens qui pourraient être retenus. Mais d'une
liste, là, de produits toxiques tout simplement, ou un produit poison,
ils nous disent que ça serait tellement énorme, que ça
n'aurait plus de bon sens. Finalement, on pourrait inclure toutes sortes de
choses là-dedans.
Mme Blackburn: Mais l'interprétation qu'ils en ont faite,
à mon avis, est beaucoup plus large que ce que la loi pouvait induire
comme dimension de la question. C'était normalement, comme II s'agit de
pharmaciens, de poisons vendus en pharmacie et non pas en quincaillerie.
Ça, il me semble que n'importe qui aurait dit aux pharmaciens, demain
matin, vous savez, à savoir si certains produits de
décapage...
M. Savoie: En quincaillerie là, on vend de la
strychnine.
Mme Blackburn: Oui, oui, mais ce que je veux vous dire, c'est que
ça devait viser les produits qui se vendent en pharmacie. Et on peut
penser que, par extension, des produits qui se vendent en pharmacie et qui,
comme la strychnine ou l'arsenic, se vendent aussi dans des quincailleries,
seraient couverts par la même disposition, là.
Mais on ne pense pas que dans cette loi-là les pharmaciens
auraient été tenus de couvrir toute la gamme de façon
exhaustive de produits qui se trouvent sur tous les marchés. Ça,
là, je ne penserais pas.
M. Savoie: Oui, mais ils disent que ça n'a pas
d'intérêt, une liste des poisons. Ça n'a pas
d'intérêt, ça n'a pas d'utilité, c'est sans fin.
Puis ça va tout simplement générer des coûts, qui ne
sont pas nécessaires.
Mme Blackburn: Alors il faudrait peut-être demander aux
groupes environnementaux, juste sur la question de la façon de disposer
des poisons. Allez voir dans tous nos laboratoires, on a
déjà...
M. Savoie: Ça existe déjà, là. Il me
semble que ça existe déjà. C'est vrai que c'est encore un
monde qui est en développement beaucoup, mais...
Mme Blackburn: Bien, moi, ça va.
Le Président (M. Bradet): Ça va? Alors est-ce que
l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
L'article 2 est adopté?
Mme Blackburn: As-tu des choses... Sur division.
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Savoie: Pas sur division, voyons?
Mme Blackburn: C'est encore sur le poison... Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 4 est adopté?
Mme Blackburn: C'est la même chose, c'est le poison.
Poison, poison. Sur division aussi.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 6 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division.
M. Savoie: L'article 5, il n'y a rien sur les poisons.
Mme Blackburn: Non. Mais c'est que vous dites: Rien n'interdit
non plus la vente de médicaments mentionnés lorsque cette vente
est effectuée conformément à ce règlement.
M. Savoie: En vertu de 37.1; 37.1, c'est la liste qu'on pourrait
faire.
Mme Blackburn: La liste, c'est justement là où j'en
avais. Pourquoi "peut" et non pas "doit"? À l'article 8.
M. Savoie: Pourquoi "peut" et pas "doit"? Mais là, on est
à l'article 7.
Mme Blackburn: Oui.
M. Savoie: À l'article 5 plutôt. L'article 5: Rien
n'interdit non plus la vente d'un médicament mentionné dans un
règlement adopté en vertu de l'article 37.1...
Mme Blackburn: 37.1 et à 37.1...
M. Savoie: ...lorsque cette vente est effectuée
conformément à ce règlement.
Mme Blackburn: Et à l'article 37.1, on dit: L'Office des
professions du Québec, après consultation...
M. Savoie: Oui. "Peut, par règlement, établir des
catégories de médicaments."
Mme Blackburn: Comment se fait-il que c'est "peut" et non pas
"doit"?
M. Savoie: Ah! C'est dans le sens juridique de "peut". Il y a un
exposé qui pourrait se faire là-dessus.
Mme Blackburn: Dans le "peut", il n'y a pas d'obligation?
M. Savoie: Oh oui! Il y en a une obligation. Une obligation, mais
ce n'est pas la même obligation que "doit". "Peut, par règlement,
établir des catégories de médicaments et déterminer
pour chacune, s'il y a lieu, par qui et suivant quelles conditions et
modalités de tels médicaments peuvent être vendus. Ces
règles peuvent différer pour un même médicament
selon qu'il est destiné à la consommation humaine ou animale." Je
n'ai pas de misère avec ça, moi.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): L'article 5 est donc
adopté sur division. Est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Savoie: On abroge tout simplement l'article 22.
Mme Blackburn: Encore les poisons. Le vendeur doit, avant...
Surdivision.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 7 est adopté?
Mme Blackburn: M. le Président, juste arrêter 30
secondes sur l'article 6 qu'on abroge.
M. Savoie: Oui.
Mme Blackburn: Lors de chaque vente d'un poison, le vendeur doit,
avant de le livrer, faire ou faire faire, par un registre, une inspection, une
inscription.
M. Savoie: Attendez une seconde. L'article 6.
Mme Blackburn: Alors, il y avait des dispositions dans cet
article-là.
M. Savoie: Oui. Compte tenu du nouveau pouvoir
réglementaire de l'article 37.1, toutes ces exigences pourraient
être réintroduites par règlement.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 8 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Euh! L'article 7? Sur division,
oui.
Mme Blackburn: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 9 est adopté?
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 10 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que
l'article 11 est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
M. Savoie: Pas sur division. L'article 11, il n'y a rien sur les
poisons là-dessus.
Mme Blackburn: Bien non. C'est sur la date d'adoption. Je ne suis
pas d'accord avec son adoption. Encore moins avec sa date d'adoption.
M. Savoie: Bien oui. La présente loi entrera en vigueur
à la date fixée par le gouvernement. Ça pourrait
être par proclamation. Mais là, on a dit par le gouvernement.
Envoyez donc!
Mme Blackburn: Pardon?
M. Savoie: Vous allez me briser le coeur.
Mme Blackburn: Oui. Certain. On va le briser. Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Mme Blackburn: Oui. Des voix: Ha, ha, hal
Le Président (M. Bradet): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bradet): Sur division.
Mme Blackburn: Non. Puis, là, je le dis, là. On a
fini, M. le Président?
Le Président (M. Bradet): Oui. La commission ajourne donc
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 55)