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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Gautrin): J'aimerais déclarer la
séance ouverte, si vous le permettez, et on va rappeler le mandat de la
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi modifiant la Loi sur
l'Instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé. Est-ce que,
M. le secrétaire, il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a M.
Lafrance (Iberville) qui remplace Mme Ho-vington (Matane). Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, si je comprends
bien, on était, vous étiez rendus au début de l'article 1.
Alors, c'est l'endroit où... Il n'y a plus de remarques
préliminaires, vous avez passé ce stade-là. L'article 1.
Est-ce que vous avez des commentaires, M. le ministre?
Division territoriale
M. Pagé: Oui, M. le Président Les articles 1 et
suivants, pour plusieurs, se réfèrent à l'avis
donné par la Cour d'appel, comme suite du renvoi devant la Cour d'appel
des dispositions de la loi 107, et portant sur cette mutation des commissions
scolaires de confessionnelles à linguistiques. On se rappellera que
l'avis de la Cour d'appel conclut à, en arrive, somme toute, à un
endossement presque entier des validations, somme toute, des dispositions de la
loi 107, sauf quelques réserves formulées par les honorables
juges de la Cour d'appel en ce qui concerne, entre autres, certains
éléments portant, premièrement, sur l'exercice du droit
à la dissidence pendant la période de transition, portant sur les
garanties à donner aux emprunts contractés par notre
réseau scolaire, concernant aussi les emprunts, l'exercice du droit
à la dissidence, la répartition du produit de la taxe.
Alors, partant de là, de façon à se conformer
à l'avis donné par la Cour d'appel, et je crois que cette
démarche - d'ailleurs, j'ai eu l'occasion d'échanger avec les
commissions scolaires sur le sujet - cette démarche est susceptible, je
crois, de sécuriser les commissions scolaires qui s'interrogeaient, qui
s'inquiétaient sur tous les éléments de la transition
entre les deux régimes. Donc, par les amendements apportés
à la loi 107 via le projet de loi 102 que nous étudions
actuellement, on donne suite, somme toute, à l'avis de la Cour d'appel.
Alors, l'article 1 vient modifier les dispositions de l'article 111, où
on disait: "Le gouvernement, par décret, procède à deux
découpages du territoire du
Québec, l'un en territoires de commissions scolaires
francophones, l'autre en territoires de commissions scolaires anglophones. Sont
toutefois exclus de ce découpage le territoire de la commission scolaire
crie, celui de la commission scolaire Kativik et celui de la commission
scolaire du Littoral. "Une commission scolaire est instituée sur chaque
territoire. "Le décret détermine le nom de la commission
scolaire. "Il entre en vigueur à la date de sa publication à la
Gazette officielle du Québec".
Alors, le projet de loi a pour objet de fixer une échéance
à la publication du décret de division territoriale. On assure un
minimum de 18 mois. On garantit à l'organisation, finalement, un minimum
de 18 mois pour permettre aux futures commissions scolaires de s'organiser. Ces
commissions scolaires devraient commencer à fonctionner le 1er juillet
de l'année qui suit celle de la publication. Cette approche est
nécessaire pour l'exercice immédiat et effectif du droit à
la dissidence de façon concomitante à l'implantation des
nouvelles commissions scolaires linguistiques.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Bien, on est satisfait des explications qui nous sont
données par le ministre. Effectivement, c'est les dispositions qui
s'inscrivent suite au jugement de la Cour d'appel du Québec. Il
était opportun, je pense, de prévoir un délai pour que les
nouvelles commissions scolaires puissent se constituer formellement sur chacun
des territoires. Que le décret détermine le nom de la commission
scolaire, c'était déjà prévu. L'amendement, dans le
fond, ne vient que préciser le délai qui apparaît opportun
au législateur pour qu'elles se constituent en bonne et due forme, et il
est important de le préciser au niveau de la publication dans la
Gazette officielle La seule question que j'aurais avant de poursuivre,
M. le ministre, c'est: Est-ce que vous êtes en mesure d'informer les
membres de cette commission à l'effet qu'il y a eu quand même une
évaluation qui a été faite par vos services, assez
serrée, à l'effet que sur une période de 18 mois,
normalement, compte tenu des changements qu'il y aurait lieu d'opérer,
et je pense que ces changements-là sont définis... Est-ce que
vous croyez qu'il n'y a pas d'inconvénients, qu'il n'y a pas de
problème à ce qu'elles disposent du temps requis pour être
fonctionnelles sur la base, enfin, en tout cas en ce qui nous concerne, de la
nouvelle nomination, à savoir être davantage linguistiques que
confessionnelles?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Pagé: M. te Président, pour le
bénéfice des membres de la commission que je salue, je m'excuse,
je suis arrivé en retard de quelques minutes et j'ai dû me
soumettre à votre requête immédiatement, M. le
Président, passer à l'article 1. Je vais saluer les
collègues et je vais leur indiquer que je compte sur un échange
utile et des plus intéressants avec vous tous aujourd'hui. Comme
d'habitude, je vais être très ouvert, très transparent.
Pour le bénéfice des collègues, si ça peut vous
intéresser, j'ai un calendrier de mise en oeuvre à partir du 1er
janvier suivant le jugement de la Cour suprême, mise en oeuvre
éventuelle hypothétique sur la base du jugement. Mais si nous
sommes confortés dans nos prétentions, dans notre libellé,
c'est un échéancier qui se réfère à tout ce
qui est... les étapes d'opération concomitantes à
l'implantation des commissions scolaires linguistiques et concomitantes aussi
à la réduction du territoire d'une commission scolaire avec tous
les éléments concernant les actifs, etc., en application des
articles 111, 510, 513, 515, 123, 126, 127, 528 à 530, etc. de la loi.
Et ce sera certainement très utile...
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous voulez le
déposer...
M. Pagé: Oui, je vais le déposer, M. le
Président, et le distribuer, s'il vous plaît.
Le Président (M. Gautrin): Je reçois le document.
Est-ce que vous pouvez en faire des photocopies et les distribuer, s'il vous
plaît?
M. Pagé: On ne peut pas le déposer. Le
Président (M. Gautrin): Pardon?
M. Pagé: On ne peut pas le déposer. Je vais le
distribuer. Il n'y a pas de dépôt de documents en commission
parlementaire.
Le Président (M. Gautrin): Merci de cette remarque.
M. Pagé: C'est très important, parce que
l'Opposition pourrait exiger le dépôt de documents que nous
citons.
Le Président (M. Gautrin): Ah bon! Alors, vous distribuez
sans déposer En tout cas, vous distribuez sans rien...
M. Pagé: Tout ce qu'on peut déposer, en ce qui me
concerne, c'est l'Opposition.
Le Président (M. Gautrin): Bon Alors, vous distribuez
gentiment sans déposer.
M. Pagé: Dans le sens parlementaire de
dépôt.
Le Président (M. Gautrin): On s'entend; ça revient
au même.
M. Gendron: M. le Président, il n'y aura pas de
problème et étant en présence du leader adjoint,
connaissant les dispositions du règlement, je ne pense pas faire abus de
la disposition restrictive. Comme le leader du gouvernement l'a indiqué,
en commission, il n'y a effectivement pas de dépôt de documents
comme tel. Mais on va prendre connaissance de cette information additionnelle
qui constitue un éclairage pertinent à la bonne conduite de nos
travaux.
M. Pagé: Mais qui témoigne de la bonne foi du
ministre.
M. Gendron: On verra! Dernière question, parce que c'est
trop petit pour... On verra globalement la bonne foi du ministre sur l'ensemble
du projet de loi.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. M. Gendron:
Question additionnelle. Le Président (M. Gautrin): Oui.
M. Gendron: Est-ce que, sincèrement., la
Fédération des commissions scolaires a, bien sûr, pris
connaissance de ce projet de loi-là et... quant à elle, il lui
apparaît convenant et convenable qu'un tel délai puisse lui
permettre que ses entités membres puissent procéder, comme c'est
prévu à l'article?
M. Pagé: Oui, les commissions scolaires ont
été informées. J'ai eu d'ailleurs l'occasion
d'échanger, dans le cadre de la conférence sur le financement du
réseau scolaire, avec la Fédération des commissions
scolaires catholiques, avec l'Association des commissions scolaires
protestantes. Je leur ai fait part des modifications au projet de loi 102 et,
ensemble, elles se sont déclarées satisfaites. Cependant, je ne
crois pas que pour mes amis, les commissions scolaires protestantes soient
satisfaites au point de ne pas aller en Cour suprême. Mais, ça,
c'est leur droit le plus strict et je le respecte.
M. Gendron: En ce qui nous concerne, l'article 1 serait
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. L'article 2.
M. Pagé: À l'article 2, M. le Président, on
fixe une échéance. En fixant une échéance à
la publication du décret, on assure un minimum de
12 mois à la réorganisation des services de territoires.
Pour nous, ça nous apparaît nécessaire pour l'exercice
immédiat et effectif du droit à la dissidence, de façon
concomitante à la réduction du territoire. Alors, la publication
du décret, 12 mois... ces gens-là auront le temps de faire valoir
leur opinion, d'échanger et de négocier avec le
ministère.
Le Président (M. Gautrin): Ah bon! Merci! Un document ne
peut être déposé en commission qu'avec la permission du
président. Je ne savais pas ça, merci. Donc, ça peut
être déposé.
M. Pagé: Oui. Mais encore, pour le déposer, faut-il
que quelqu'un le demande.
Le Président (M. Gautrin): Que quelqu'un veuille le
déposer. Bon. C'est un point mineur L'article 2.
M. Pagé: Évidemment, ça se
réfère au caractère... ça s'adresse aux commissions
scolaires confessionnelles. Et pendant cette période, elles auront 12
mois, c'est bien établi, c'est bien clair. La Cour d'appel
s'inquiétait des délais qui étaient absents dans la loi
107, où les commissions scolaires auraient le temps de réagir,
d'échanger et de discuter, etc.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Gendron: En ce qui nous concerne, M. le Président, on
pense avoir une bonne compréhension de l'article 2.
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes prêt
à l'adopter?
M. Gendron: II ne nous apparaît pas qu'il s'agisse d'un
amendement grave, mais il nous apparaît qu'il s'agit d'un amendement
requis suite au jugement. Encore là, il était approprié,
je pense, de prévoir un délai pour la modification des limites
territoriales et c'est ce que l'article 2 fait. En ce sens-là, on est
d'accord.
Le Président (M. Gautrin): Merci. L'article 3. L'article 2
est adopté, si je comprends bien.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): L'article 3
M. Pagé: L'article 3 ajoute l'article 123.1 au projet de
loi 107. Je pense que c'est opportun de le lire ensemble: "Lorsque le
décret réduit les limites du territoire d'une commission scolaire
confessionnelle, toute commission scolaire francophone ou anglophone dont tout
ou partie du territoire recoupe la portion retranchée dresse, avant le
30 septembre de l'année de la publication du décret, une liste
des personnes inscrites sur sa dernière liste électorale et des
personnes inscrites sur la dernière liste électorale de la
commission scolaire confessionnelle qui sont domiciliées sur la portion
retranchée et qui, si le décret était en vigueur, auraient
le droit de voter au bénéfice de la commission scolaire. "Cette
liste se substitue à la dernière liste électorale
visée dans les articles 126 et 127 pour l'exercice du droit à la
dissidence sur le territoire de la commission scolaire avant le 31
décembre."
Or, le 1er janvier, décret et, au plus tard le 30 septembre, les
listes devront être établies avec les retranchements
appropriés. Ça, ça vise un seul objectif, c'est d'assurer
l'exercice du droit à la dissidence.
Le Président (M. Gautrin): M le député
d'Abitlbi-Ouest, quelques commentaires?
M. Gendron: Oui, mais très simples. Le Président
(M. Gautrin): Merci.
M. Gendron: Encore là, nous croyons avoir une bonne
compréhension de l'amendement proposé qui nous apparaît
requis, utile, parce qu'il est important d'être en mesure de faire un
suivi au niveau des listes électorales. À partir du moment
où des territoires auront été réduits, dans
certains cas, c'est évident que ia configuration des électeurs
potentiellement aptes à s'exprimer à l'intérieur de ces
territoires n'est pas nécessairement la même qu'avant la
réduction des territoires. Dans ce sens-là, il y a lieu de faire
des ajustements. C'est ce qui nous apparaît être le sens premier de
l'article 3 et nous en convenons. (10 h 30)
Le Président (M. Gautrin): Donc, est-ce qu'on peut
considérer l'article 3 comme adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. Merci. L'article
4. M. le ministre.
Avis de dissidence
M. Pagé: On fixe au 31 décembre la date limite pour
la signification de l'avis de dissidence. On s'assure que la commission
scolaire dissidente pourra commencer à fonctionner dès le 1er
juillet suivant. Donc, ça prend une limite dans l'exercice du droit.
Le Président (M. Gautrin): C'est par pure concordance.
Quelques remarques, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Ici, il n'y a pas juste de la concordance, parce que
ça, c'était connu avant.
Alors, qu'est-ce qui fait que le législateur a changé la
date du 1er mars pour le 31 décembre?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, voulez-vous
répondre?
M. Pagé: C'est pour que le délai d'implantation
d'une commission scolaire dissidente soit réduit d'une année.
Allez-y donc, maître.
Le Président (M. Gautrin): Me Blanchet.
M. Blanchet (Marcel): En fait, souvent, la loi, telle qu'elle
avait été adoptée, on retrouvait le 1er mars, ce qui
voulait dire qu'on n'avait pas le temps entre le 1er mars et le 1er juillet
d'organiser une nouvelle commission scolaire. Donc, ça prenait
nécessairement un an de plus. En ramenant ça au 31
décembre, on se trouve à compresser les délais pour
permettre que ça puisse s'exercer à l'intérieur de
l'année en question. C'est pour réduire d'une année,
finalement. Si on laissait ça au mois de mars, il fallait attendre
à l'année suivante. C'était impossible d'arriver pour le
1er juillet.
M. Gendron: Non, mais il s'agit, à ma connaissance,
beaucoup plus non pas d'une modification de délai, mais d'une
concordance avec l'article 1.
M. Blanchet: Oui, c'est pour s'assurer que ça va pouvoir
s'exercer encore une fois de façon...
M. Gendron: C'est ce que je croyais que le ministre nous aurait
dit.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous
considérez l'article 4 comme adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. L'article 5.
M. Pagé: L'article 5 se réfère à
l'article 132 de la loi où la Loi sur l'instruction publique
prévoit qu'un conseil provisoire exerce les fonctions et pouvoirs de la
commission scolaire jusqu'à la date de l'entrée en fonction des
commissaires élus ou nommés en application de la Loi sur les
élections scolaires. Le conseil provisoire institué par l'avis de
dissidence exerce toutes les fonctions de la nouvelle commission scolaire
dissidente jusqu'au 1er juillet de l'année qui suit celle de la
signification de l'avis. C'est technique, mais ça va exactement dans le
sens de ce qui était prévu à l'article 4.
Le Président (M. Gautrin): C'est de concordance purement
et simplement.
M. Gendron: C'est une technicalité que nous acceptons.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. L'article
6,l'article 133 de la loi.
M. Pagé: L'article 133 de la loi. Le droit à la
dissidence ne s'exerce pas auprès d'une commission scolaire
régionale. Cependant, toute commission scolaire dissidente a
compétence sur tous les ordres d'enseignement. La loi ne prévoit
pas de commissions scolaires dissidentes régionales. Elle ne
prévoit pas qu'une dissidente puisse être membre d'une
régionale, aux articles 355 et 497 de la loi. Le droit à la
dissidence peut s'exercer de façon concomitante à la
réduction du territoire d'une commission scolaire confessionnelle. Dans
les modifications, le ministre va statuer sur les différends opposant
les commissions scolaires, etc. Et ça réfère aussi au
transfert de propriété des immeubles.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Un instant. C'est bon.
Le Président (M. Gautrin): Ça va? Je peux
considérer l'article 6 comme adopté?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. L'article 7,
134.
M. Pagé: L'article 7 apporte une modification à
l'article 134 de façon à donner suite à la
réduction du délai de mise en place d'une commission scolaire
dissidente de 12 mois. On doit donc accorder au conseil provisoire les pouvoirs
d'exercer les fonctions, les pouvoirs du conseil des commissaires jusqu'au 1er
juillet du début de fonctionnement de la nouvelle commission scolaire
dissidente.
M. Gendron: Pas de problème.
Le Président (M. Gautrin): Adopté, l'article 7?
Adopté. L'article 8.
Communication de renseignements
M. Pagé: L'article 8, M. le Président, vient
modifier l'article 219 qui disait que la commission scolaire prépare et
transmet au ministre les documents et les renseignements qu'il demande pour
l'exercice de ses fonctions et pouvoirs, à l'époque et dans la
forme qu'il détermine. Évidemment, ça sous-tend "sauf
restrictions imposées", on y reviendra.
Le Président (M. Gautrin): Commentaires de la part de...
Excusez-moi.
M. Gendron: II n'a sûrement pas fini. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Gendron: À moins qu'il ne lise pas les journaux, il n'a
sûrement pas fini, le ministre, dans la présentation et ses
explications. En tout cas, nous, on n'a pas fini.
Le Président (M. Gautrin): Ah bon. Je pensais que
c'était d'une petite simplicité.
M. Pagé: L'article 64 de la Loi sur l'accès...
M. Gendron: Vous avez le droit... Excusez-moi, M. le
Président, vous avez l'obligation d'être neutre, mais nous n'avez
pas l'obligation d'être ailleurs.
Le Président (M. Gautrin): Je suis d'autant... Je ne suis
pas du tout ailleurs, je suis présent.
M. Pagé: Vous voyez, le député
d'Abitibi-Ouest disait tout à l'heure qu'il n'abusa pas.
M. Gendron: Bien non.
M. Pagé: II commence à abuser.
Le Président (M. Gautrin): Calmons-nous, continuons.
M. Pagé: Alors, M. le Président, on ajoute un
article qui dit: "La communication de tout renseignement nominatif par la
commission scolaire au ministre en vue de l'application des règles
budgétaires et de l'évaluation des programmes ainsi que la
cueillette par le ministre de tels renseignements sont réputées
nécessaires pour l'application du chapitre III de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. "Malgré les articles 67. 3 et 124 de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels, le ministre détermine seul les
règles et les conditions applicables à un fichier de
renseignements personnels contenant les renseignements visés au
deuxième alinéa. " M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Non, c'est parce qu'il est
tellement d'accord avec l'article.
M. Pagé: Alors, M. le Président, on a eu
l'opportunité d'échanger longuement, ma collègue, Mme la
députée de Terrebonne, et moi, et c'est avec plaisir que j'aborde
à nouveau... Je suis disposé, au bénéfice de mes
collègues qui se préoccupent de ces questions, à aborder
à nouveau le sujet dans le cadre de l'étude de l'article 9 de mon
projet de loi. Je prends cependant pour acquis, connaissant le haut niveau de
professionnalisme du député d'Abitibi-
Ouest, qui pourra s'en servir d'aiileurs dans son envoi sans adresse. Le
ministre de l'Éducation se réfère au haut niveau de
professionnalisme du député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Donc, je n'ai pas besoin de l'envoyer faire le
mien.
M. Pagé: Je suis convaincu que...
M. Gendron: Je n'ai pas besoin d'en faire.
M. Pagé: Je vais le dire dans le mien.
M. Gendron: C'est pour ça, je n'ai pas besoin d'en faire,
dans mon envoi sans adresse.
Vous me mallerez 2000 copies du vôtre, je vais mettre ça
dans mon comté.
M. Pagé: Ça marche.
Le Président (M. Gautrin): C'est une bonne forme de
collaboration.
M. Pagé: Je suis convaincu qu'il a passé un bon
moment, en fin de semaine, à lire la reproduction des débats
à l'Assemblée nationale et qu'il a pris connaissance des
nombreuses réponses, des réponses complètes, des
réponses qui étaient susceptibles de répondre, de donner
toutes les informations aux interrogations pertinentes de Mme la
députée. Mais je suis quand même...
Si ie député d'Abitibi-Ouest a des questions
additionnelles, je vais me faire un plaisir d'y répondre. Je voudrais
cependant vous faire part, très sommairement, de la position. Je veux
réaffirmer, ce matin, que l'objectif du ministre de l'Éducation
et du ministère de l'Éducation n'est pas de créer ou de
faire en sorte que la loi d'accès à l'information soit l'objet
d'une entaille ou d'une faille dans son intégrité
législative. Ce n'était pas ça l'objectif, ce n'est pas
ça encore aujourd'hui. Je me suis vu placé dans l'obligation de
recommander au Conseil des ministres le libellé prévu à
l'article 8 du projet de loi, qui modifie l'article 219 de la même loi.
Je me suis vu obligé de présenter un tel amendement au Conseil
des ministres en raison du caractère définitif, ferme et je
dirais même intransigeant de la Commission d'accès à
l'information, et ce, dans l'avis formulé le 16 mai dernier.
Donc, je réitère. J'aurais préféré
que suite à cet avis, la Commission d'accès à
l'information donne suite finalement à ce qu'elle nous a soumis,
c'est-à-dire l'hypothèse dans la lettre qui a été
acheminée à un avocat du service juridique du ministère de
l'Éducation, sous la signature du secrétaire
général de la Commission d'accès. Celui-ci évoquait
la signature éventuelle d'un protocole d'entente entre le
ministère de l'Éducation et la Commission d'accès pour que
nous puissions utiliser ces renseignements que nous
possédons déjà - nous les possédons ces
renseignements - pour fins de contrôle, nous assurer que - je parlais la
semaine dernière de 860 000 000 $, nous en sommes maintenant à
941 000 000 $ - les 941 000 000 $ affectés cette année, dans le
cadre de la présente année scolaire et du présent exercice
financier, aux élèves handicapés du Québec, aux
élèves en difficulté d'apprentissage du Québec,
nous assurer, dis-je, que ces sommes servent bien aux fins pour lesquelles
elles ont été votées, premièrement.
La commission scolaire... Et c'est ça l'objectif qu'on recherche.
Je ne voudrais pas qu'aucun député autour de cette table laisse
supposer, laisse croire que le libellé de cet article vise à
réduire les budgets, ce n'est pas ça. Ce serait malhonnête
de laisser croire, de vouloir supposer, de lancer comme hypothèse, comme
affirmation gratuite que c'est parce que le gouvernement veut réduire
les budgets, ce n'est pas ça. Ce qu'on veut cependant, et ça,
c'est la responsabilité du ministre de l'Éducation, ce que nous
voulons cependant, c'est être certains que ces sommes sont bel et bien
affectées au bénéfice des clientèles à qui
elles s'adressent, premièrement. Et deuxièmement, nous assurer
que nous puissions avoir des réponses à certaines interrogations.
Exemple concret: Pourquoi une commission scolaire qui déclarait, le 30
septembre de l'année précédente, avoir, par exemple, 12 %
d'élèves en difficulté d'apprentissage et que
l'année suivante, Hs sont à 7 %? Pourquoi? Qu'est-ce qui est
arrivé? Nous avons donc besoin... on doit avoir le droit de se servir de
renseignements que nous possédons. Ces renseignements, nous les
possédons dans les codes permanents du ministère et ça va
aussi loin qu'un enquêteur, que j'enverrais, comme ministre de
l'Éducation, dans une commission scolaire, n'aurait même pas le
droit, lui non plus, de s'en servir. Cependant, les enseignants ont le droit de
s'en servir. (10 h 45)
C'est le cas et c'est ce qui fait dire à la CEQ, entre autres,
qu'il n'y a pas de problème. Le ministre n'a pas besoin de cet
article-là. Mais, là, on va appeler les choses par ce qu'elles
sont, ce matin. Le ministre de l'Éducation du Québec,
chargé de la responsabilité de l'application de ces programmes,
de demander des crédits à l'Assemblée nationale, de les
faire voter et de les affecter, n'a pas le droit de se servir d'un
renseignement qu'il possède sauf que les syndicats ont le droit, eux
autres. Et je me réfère, M. le Président, à une
décision arbitrale portant sur le sujet, c'est-à-dire le droit du
syndicat relativement à des listes nominatives d'élèves
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage -
dans une décision arbitrale, donc, portant sur ce droit-là - une
décision qui a été rendue en mai 1988.
L'arbitre Femand Morin reconnaissait au syndicat le droit d'obtenir les
données requises pour lui permettre de s'assurer du respect
intégral de la convention collective, conformément à la
mission qui lui incombe à titre de syndicat accrédité
L'arbitre appuie cette décision sur le droit de s'assurer que la
convention collective est intégralement respectée et qu'en ce
sens, il doit disposer des données utiles, voire pertinentes au
contrôle d'application de la convention collective et, en un
deuxième temps, sur la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics qui prévoit, à l'article 67.1, qu'un organisme
public "peut, sans le consentement de la personne concernée, communiquer
un renseignement nominatif à toute personne ou organisme si cette
communication est nécessaire à l'application d'une convention
collective, d'un décret, d'un arrêté, d'une directive ou
d'un règlement qui établissent les conditions de travail." De ce
qui précède, nous pouvons conclure que, malgré le fait que
la convention collective ne contient pas de dispositions précises
à cet effet, le syndicat, en cas de situation litigieuse, peut obtenir,
par le biais d'un recours, les informations dont il a besoin pour s'assurer du
respect de la convention collective. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Désirez-vous communiquer
ce document à l'Assemblée?
M. Pagé: II a été lu.
Le Président (M. Gautrin): Parfait!
M. Pagé: M le Président, ça veut dire ceci.
Je comprends que beaucoup de gens, d'organismes ont fait valoir leur point de
vue. La Commission des droits et des libertés qui a pris une position,
qui s'est inscrite en réserve, en critique à l'égard du
ministère et du ministre, en 1990. Toutefois, en 1984, ils n'ont pas dit
un mot, ces gens-là. Où étaient-ils? Je leur poserai la
question quand ils viendront nous voir, éventuellement, ou quand je les
rencontrerai. J'espère avoir l'opportunité de leur demander
où ils étaient à ce moment-là, quand le
gouvernement, dans la loi 3, s'est soustrait en totalité de la loi
d'accès à l'information. Il faut quand même avoir une
certaine constance dans les positions lorsqu'on est à la tête ou
quand c'est un organisme aussi important dans une société que la
Commission des droits et des libertés, premièrement.
Deuxièmement, on a été critiqué par beaucoup
de monde. Cependant, je veux que les collègues prennent en compte les
éléments suivants: premièrement, le Vérificateur
général et combien, parmi ceux qui critiquent le ministre et le
ministère de l'Éducation actuellement, sont les premiers à
s'inscrire en disant: II faut que les deniers publics soient bien
gérés, il faut que les fonds publics soient bien
contrôlés, il faut que tous les moyens soient mis en place
pour
véritablement valider les dépenses. J'en ai entendu
beaucoup de fois, moi. Chaque fois que le Vérificateur
général dépose son rapport, on a toujours,
évidemment, un coefficient important d'ergotage. Alors, le
Vérificateur général dit très clairement, dans son
rapport de 1989: Vous devez prendre les moyens pour contrôler
l'affectation de telle sorte. Je suis prêt en tout temps, puis je
respecte et j'accepte l'avis du Vérificateur général.
D'un autre côté, ce sont des renseignements,
deuxièmement, que nous possédons. La Commission nous dit: On ne
veut pas, on ne vous autorise pas à vous en servir pour des fins
financières. Nous souhaitons une entente administrative. Nous
multiplions les contacts ot les rencontres comme ministère avec la
Commission d'accès à l'information pour en arriver à un
protocole d'entente qui m'aurait permis d'obtenir... de pouvoir me servir de
renseignements que nous possédons, pour être certain que cet
argent-là est bel et bien adressé aux clientèles
visées. Pas du tout! En fin d'exercice, le vendredi 30 novembre dernier,
on nous dit: Non. Nos partenaires, que sont les enseignants, eux, ont le droit
de s'en servir pour l'application des conventions collectives, et moi, comme
ministre de l'Éducation, je n'aurais pas le droit de m'en servir pour
valider la pertinence des interventions - mais je pense que faire le
commentaire, c'est répondre à la question - et c'est pourquoi
l'article va demeurer la, s'il n'y a pas d'entente administrative. Je veux
être très clair avec eux.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest, quelques petites remarques.
M. Gendron: Oui, ça risque d'être quelques longues
remarques.
Le Président (M. Gautrin): Bon.
M. Gendron: Je suis un peu renversé et
étonné, mais je connais le titulaire actuel du ministère
de l'Éducation. D'abord, qu'il n'ait pas d'amendement à nous
proposer, compte tenu du tollé de protestation, j'aurais commencé
par ça. Mais il faut faire un peu d'historique sur cette
question-là, et j'aimerais avoir son attention. C'est évident que
lorsque le ministre de l'Éducation - puis je vais le dire comme je le
pense -s'écartèle, s'énerve, s'épivarde et y va
d'une déclaration à l'emporte-pièce sur un sujet aussi
contentieux, bien, ça peut donner des situations comme celle à
laquelle on assiste présentement. Il faut placer le tout dans son
contexte.
Quand le ministre s'est exprimé publiquement là-dessus, la
première chose qu'il a dite, c'est: J'ai la vérité
révélée et je ne plierai pas sur ce point, quoi que vous
fassiez, parce que j'estime qu'il n'y a pas d'autre moyen d'obtenir cesdits
renseignements, ce qui, en ce qui me concerne, est complètement faux. Il
me semble que si le ministre était sérieux, il ferait... Le
fardeau de la preuve lui incombe. Il incombe au ministre de faire la preuve
qu'il ne peut procéder autrement, et ça, on ne l'a pas entendu
là-dessus, pas un mot.
Il nous a dit que la Centrale de l'enseignement l'avait, suite à
un jugement - il faut faire attention; moi aussi, j'ai tout ça,
confirmé par des gens que j'ai contactés - parce qu'il m'a
demandé si, en fin de semaine, j'avais eu l'occasion de lire. J'ai eu
l'occasion de lire, mais j'ai surtout eu l'occasion de faire mon travail et de
vérifier auprès de directions régionales, entro autres -
parce qu'il y a un service de validation dos clientèles ot la plupart
m'ont confirmé que le ministre exagérait, que le ministre avait
perdu les pédales, de demander un "nonobstant" général
sans nuances - sans nuances, parce que, quand il dit: Mon objectif n'est pas du
tout de mettre au pas la Commission d'accès, il peut bien
répéter ça à satiété, mais le
résultat est le même. Le résultat est le même: c'est
que c'est l'accroc le plus grave, le plus sans précédent qu'on
n'aura jamais vu à l'accès à l'information, parce qu'il
s'agit d'un "nonobstant" général - éducation, transport,
on ne s'occupe pas des lois, on ne s'occupe pas de la Loi sur l'accès,
nous, on se met au-dessus de ça - et j'arriverai tantôt avec des
précisions graves. Pour un ministre de l'Éducation, c'est quand
même un comportement très, très grave.
Revenons aux faits précis parce que je pense qu'il faut camper
l'article 8, il va en convenir - c'est l'article, pas le seul - mais c'est
l'article majeur de ce projet de loi-là, et de loin le plus litigieux.
Quand il est parti d'une diatribe à ne plus finir, là, je cite le
ministre. Il dit: La Commission dira ce qu'elle voudra - je le cite, là
- La Commission peut soutenir ce qu'elle = veut, nous allons aller de l'avant
dès la semaine prochaine, avec le volet 102 qui nous permettra
d'accéder à ces informations. Bien, ce n'est pas vrai, il vient
de nous dire qu'il les a; donc, ce ne sera pas pour accéder. Il les a,
de toute façon. Puis il s'en vante. Puis il dit: On les a, de toute
façon. Alors, ce n'est pas pour accéder. Je suis prêt
à défendre mon projet vigoureusement, ça, il fait bien.
J'espère qu'il va le défendre vigoureusement, pas
nécessairement son projet de loi, là, mais vigoureusement les
choses auxquelles on croit, pour autant que ses devoirs soient faits. Moi, je
veux prouver que ses devoirs ne sont pas faits là-dessus.
Actuellement, il n'existe aucun dénominateur commun; on ne sait
pas si ces écoliers sont handicapés légèrement,
s'ils sont sourds, s'ils sont aveugles, s'ils éprouvent des
difficultés à marcher ou à étudier. Alors, quand on
veut charrier en gros camion, on procède comme ça. C'est vraiment
charrier sur une vaste échelle. Le gouvernement paie, alors je crois
qu'il est de son
devoir de s'assurer que les chiffres ne sont pas gonflés pour
améliorer un budget.
M. le ministre, soyons clair sur un aspect. Vous avez un allié de
ce côté-ci, sincère, comme j'ai toujours travaillé.
Il est normal qu'un ministre de l'Éducation ait la responsabilité
totale de pouvoir répondre de l'enveloppe dont il dispose et surtout de
son affectation et de s'assurer que les sommes qu'il distribue - et selon ce
qu'on entend aujourd'hui, et je reviendrai là-dessus, il en distribue le
moins possible. Puis il veut retourner ça dans le champ fiscal, mais
c'est un autre débat. Mais, au moins pour le petit peu qu'il distribue,
même s'il y a un déficit majeur important, il est normal qu'il
s'assure que cet argent-là sert aux fins pour lesquelles on l'attribue.
Que le ministre veuille resserrer, avoir un objectif de contrôle de la
dépense, ça va, mais qu'il parte en peur et qu'il prétende
qu'il doit se soustraire à des dispositions d'ordre
général par un "nonobstant" qui vient complète ment
chambouler et détruire l'esprit même..
M. Pagé: La définition de chambouler.
M. Gendron: Oui, vous le trouvez dans le dictionnaire. C'est
très français... C'est sur l'appellation. Le ministre n'avait pas
l'air de connaître ce terme-là.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question.
Le Président (M. Gautrin): Restons sur le fond de la
question.
M. Gendron: Je suis sur le fond de la question.
M. Pagé: Je ne chamboule pas.
M. Gendron: Non, mais là, c'est mon temps de parole et
vous prendrez le vôtre quand ce sera votre tour. Alors, moi, je dis
à M. le ministre qu'effectivement il s'agit d'un accroc sans
précédent à la loi de l'accès à
l'information. Comme vous nous avez référés à
l'article 84... Vous lui posez des questions, vous lui demandez: Où
étaient-ils ces gens-là? Ils étaient à leur place.
Mais la loi 84, à moins que je ne me trompe, vous savez lire... J'ai le
projet de loi et je te dis qu'il faut vraiment, encore là, vouloir
comparer un cheval et un lapin. Moi, ce n'est pas mon genre.
Alors, dans la loi 3, comme vous le dites, où il y avait eu une
dérogation... Malgré la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics - on fait référence à la loi
d'accès à l'information - et sur la protection des renseignements
personnels - c'est la même chose, une commission scolaire peut fournir au
ministre des renseignements nominatifs lorsqu'elle porte sur telle affaire,
telle affaire, telle affaire, j'arrête là. Comparez ça
à un libellé aussi "big brother", parce qu'il n'y a pas d'autre
terme que ça, que celui qu'on a à la page 8, parce que c'est un
libellé complètement abusif: Je suis la voix, la
vérité révélée. On était
habitué à ça, mais je pensais que ça changerait:
"Le ministre détermine seul - seul, je n'en veux pas d'autres dans ma
cour - les règles et les conditions applicables à un fichier -
imaginez, les gens qui sont fichiers - de renseignements personnels contenant
les renseignements visés au deuxième alinéa." Bon.
Revenons maintenant sur le déroulement des affaires. Le ministre
dit: La Commission d'accès ne veut rien savoir. C'est drôle, moi
j'ai parlé à M. Comeau ce matin. C'était mon devoir de
vérifier des choses. Jusqu'à quel point le ministre
lui-même a fait du travail sérieux, concret en disant: J'ai un
problème, puis j'ai un objectif, puis j'aimerais que vous partagiez mon
objectif, à savoir: comme ministre de l'Éducation, je veux
contrôler les crédits que je libère aux commis sions
scolaires. Là-dessus, II a raison, il n'y a pas do problème avec
moi. Mol, je ne peux pas m'écarteler comme il le fait par exemple, parce
que j'ai les chiffres... C'est sûr, on n'est pas au ministère,
mais je connais un peu cette boîte-là, j'ai passé un peu
là, j'ai quelques contacts encore en Éducation heureusement, des
contacts agréables, gentils, des gens qui me donnent de l'information et
j'ai pris la peine de faire mon travail. J'ai appelé des gens qui
oeuvrent au niveau des directions régionales de son ministère et
qui ont spécifiquement la responsabilité de faire la validation
des clientèles.
C'est drôle, l'"écartillage" - excusez-moi, mais c'est le
vrai terme - entre les chiffres qu'il a donnés et ce que ces gens me
disent; comme par hasard, il n'y a pas de commune mesure. Si le ministre avait
dit: Écoutez, M. le Président, chers membres de la commission, il
y a des commissions scolaires qui abusent. J'achète ça, c'est
réglé. Oui, il y a des commissions scolaires qui abusent, en ce
sens qu'elles essaient de gonfler les clientèles en difficulté
d'apprentissage pour une meilleure enveloppe budgétaire, parce qu'on
connaît la mécanique et il y a une référence
importante. Ça, c'est une réalité. Est-ce que le
ministère n'est pas en mesure de savoir les commissions scolaires qui,
sur une base historique, ont semé le doute, M. le Président, et
chers membres de cette commission? J'aimerais que les membres de la commission,
qu'on s'empresse toujours de féliciter au début et à la
fin mais qu'on n'entend jamais, soient attentifs là-dessus, parce que
ça, c'est une dure et froide réalité. (11 heures)
J'aimerais ça tantôt vous entendre, M. le
député de Rimouski, sur les vérifications que vous avez
faites. Vous allez voir que dans les commissions scolaires, on va vous donner
l'information que: Oh! Comme par hasard, c'est souvent les mêmes; comme
par hasard, elles ne sont pas
aussi nombreuses qu'on le laisse croire. Et là, le coup de masse,
on ne s'occupe pas de ce qu'on connaît, on ne veut pas essayer d'avoir la
vérité des 10, 12, 15, 20 commissions scolaires qui effectivement
créent des abus. On veut se donner un pouvoir abusif, une espèce
de pouvoir comme ça a été dit, puis adéquatement,
de "big brother" qui, lui, se fout éperdument...
Et peu importe le moyen que je prendrai, je suis ministre, il faut que
ça paraisse, que je suis le nouveau ministre de l'Education, et vous
allez voir que les contrôles, je vais les exercer! Ce n'est pas parce
qu'on est serrés qu'il faut perdre les pédales. Et moi, il me
semble que là, le ministre aurait dû dire: Je vais vous faire la
preuve, chers membres de la commission, que ce n'est pas vrai que je sais la
tendance; ce n'est pas vrai que je connais un certain nombre de commissions
scolaires; ce n'est pas vrai que, par la validation des clientèles par
ses propres fonctionnairos au niveau des directions régionales, je suis
en mesure de corriger les exagéra tions. Aie! Ça fait trois
éléments sur lesquels il ne nous a rien dit. Il n'a fait aucune
preuve. Je continue les éléments sur lesquels il doit faire ses
devoirs et la preuve. Je reviens à M. Comeau ce matin, je lui disais:
Ça s'est passé comment, les demandes et le déroulement de
cette affaire-là9 On va le lire, M. le Président.
D'abord, la commission dit: C'est une intrusion sans
précédent, ça n'a pas de bon sens. On achète
ça, nous autres. Il dit: En vertu des changements proposés, les
commissions scolaires et les institutions d'enseignement privé devraient
communiquer aux ministères de l'Éducation et des Transports tout
renseignement nominatif jugé nécessaire pour ces derniers.
Regardez bien jusqu'où ça peut aller, et je vous jure que ce
n'est pas une exagération. Libellé comme tel -moi, je suis
ministre de l'Éducation, moi je ne le ferais pas, mais j'aurais le
pouvoir, en vertu de la loi - il décide, lui, pour l'information, compte
tenu que ça a des incidences sur les études collégiales et
sur le taux d'abandon, il veut avoir des informations sur l'orientation
sexuelle des cégépiennes et des étudiants du cégep.
On a beau rire, mais il n'y a absolument rien qui empêche le ministre de
procéder, n'importe quel renseignement dont il a besoin - au diable
l'accès - il décide de faire une enquête, une étude
sur l'orientation sexuelle des élèves de niveau collégial.
Puis là...
M. Pagé: Vous exagérez, M. le
député!
M. Gendron: ...vous me donnerez la disposition qui vous
empêche de le faire. Là, je suis dans mon droit de parole, mais je
suis convaincu que je n'exagère pas.
M. Pagé: Vous ne pouvez pas dire n'importe quoi, quand
même que vous êtes dans votre droit de parole.
M. Gendron: Non? Je suis convaincu que vous avez le droit de
faire ça, avec le libellé que vous avez là. Alors, je
continue. Tout renseignement jugé nécessaire pour ces derniers.
Ces dérogations accorderaient aussi au même ministère le
droit absolu - écoutez bien - de régir l'usage des renseignements
nominatifs. Non seulement s'il avait dit: Bien, écoutez, ii me les faut.
Moi, je suis prêt à regarder ça. Sérieux! Mais je
vais reconnaître que dans l'usage ou dans la gestion de ces
renseignements-là, je garde la Commission d'accès comme
protection. Pantoute! Il n'a même pas vérifié ça.
Moi, je pensais qu'il demanderait ça, au niveau de la Commission, je
pensais qu'il demanderait au moins ça, au niveau de la Commission. Pas
du tout! Par ces dispositions, les ministères de l'Éducation et
des Transports se placent au-dessus de la Loi sur l'accès et de la
Commission d'accès à l'information. Ils s'attribuent le pouvoir
absolu de déterminer quels renseignements nominatifs Ils peuvent obtenir
des commissions scolaires qui auraient accès à ces renseignements
au sein des ministères, et l'usage auquel ils seront
destinés.
Et là, on poursuit comment ça s'est passé, dans
l'historique En avril 1988, le ministère de l'Éducation a
demandé à la Commission l'autorisation de recevoir des
commissions scolaires à des fins de recherche, des renseignements
nominatifs relatifs aux élèves handicapés et en
difficulté d'apprentissage ou d'adaptation, ce qu'on appelle les EHDDA.
Bon. Ça veut dire les élèves handicapés et en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Cependant, après que
la Commission lui eût formulé un certain nombre d'interrogations,
le ministère a avisé la Commission: Je retire ma demande, je sors
du portrait.
J'aimerais ça que le ministre me réponde comment il se
fait qu'il est sorti du portrait en 1988 Ce n'est pas parce que la Commission
avait posé quelques questions qui n'étaient pas disponibles. Moi,
j'ai vérifié à deux reprises et la Commission était
disponible; et je vais vous dire où elle était
concrètement disponible. En 1989, suite à une plainte, la
Commission est informée par une commission scolaire, pas le
ministère, elle est informée par une commission scolaire que le
ministère de l'Éducation recueillait directement auprès
des commissions scolaires des renseignements nominatifs relatifs aux
élèves. La même démarche sollicitait des
renseignements nominatifs relatifs au choix des élèves quant
à l'enseignement moral ou religieux. Ça va faire! Ce n'est pas
vrai que pour du contrôle budgétaire, vous avez besoin
d'information concernant l'enseignement moral et religieux. Pourtant, vous
l'avez fait. Et pourtant, vous avez envie de le faire. Et pourtant, dans le
libellé qu'il y a là, il n'y a aucune disposition qui va vous
empêcher de le faire, et ce n'est pas de vos maudites affaires,
sincèrement, et ce n'est pas contre vous. Si vous croyez qu'il y a une
Charte des droits puis que
la liberté de conscience existe, on ne peut pas parler des deux
côtés de la bouche tout le temps là.
La Commission a alors ouvert une enquête pour décider si la
collecte de ces renseignements se justifiait sous l'angle de l'article 64 de la
Loi sur l'accès. Qu'est-ce qu'elle vous a dit? Vous avez raison. Elle
vous a dit: Vous avez raison. La Commission a établi que la cueillette
des renseignements nominatifs par le ministère, écoutez bien,
c'était d'aller loin et je trouve qu'elle s'est forcée, selon
moi, mais là je ne me déguiserai pas partout, je ne peux pas
être spécialiste de tout. Soit, la Commission vous bénit
puis elle dit: Le ministère a raison d'avoir ces informations-là,
mais voici pour quelles fins, elles s'avéraient conformes à
l'article 64 de la Loi sur l'accès uniquement pour l'évaluation
des programmes offerts aux élèves handicapés ou en
difficulté d'apprentissage ou d'adaptation. Ça c'est logique. Si
le ministère veut faire l'évaluation des programmes, bien, il
faut qu'il ait l'information.
En conséquence, la Commission a statué que seules les
personnes du ministère chargées de l'évaluation des
programmes offerts peuvent avoir accès à ces renseignements sous
forme nominative. Quand le ministre, tantôt, disait, parce qu'il aime
ça gonfler des ballounes, mettre ça bien plus gros, il disait: On
les a, de toute façon; qu'est-ce que vous avez à chiâler?
Vous les avez pour quelles fins, M. le ministre, si vous êtes
honnête? Vous les avez pour les fins que je viens de mentionner, et
ça, c'est important de le dire. J'aurais aimé ça que ce
soit vous qui le disiez comme ministre de l'Éducation. C'est pour ces
fins-là que vous avez ces informations. Bien, je regrette, c'est l'avis
de la Commission. J'ai vérifié ces informations-là et il
est...
M. Pagé: On ne peut s'en prévaloir que pour des
fins de validation de programmes ou d'élaboration de programmes.
M. Gendron: C'est ce que je viens de dire, c'est ce que je viens
de dire. Et puis j'ai dit que j'aurais aimé ça savoir ça
de vous. C'est pour ces fins-là que vous disposez de ces Informa
tions.
M. Pagé: Mais ça fait longtemps que je le dis, M.
le député.
M. Gendron: Non, non. Je mets en parallèle en disant:
Parce que nous les avons, parce que nous les avons. Je ne vois pas pourquoi il
y a un drame et qu'on ne ferait pas l'usage qu'on veut avec. C'est ça
que vous avez dit au tout début de votre présentation en disant,
à trois reprises... Vous avez dit: On les a de toute façon,
énervez-vous pas, on va s'en servir comme on veut.
M. Pagé: On ne peut pas s'en servir pour des fins
budgétaires.
Le Président (M. Gautrin): Attendez. Prenez chacun votre
temps de parole. Vous aurez le temps de répondre après, M. le
ministre.
M. Gendron: Oui, oui. De toute façon, il n'y aura pas de
problème, on va prendre le temps d'échanger, puis je pense qu'il
a bien fait ça, dans l'échange. Ce que je dis, c'est ceci: C'est
qu'effectivement la Commission confirme que vous ne pouvez vous en servir que
pour des fins d'évaluation de programmes. Je dis: On est d'accord
là-dessus. On ne peut pas concilier ça avec votre
prétention, à l'ouverture de cette commission, en disant à
quatre ou cinq reprises, pour marteler un point en montrant aux gens qui liront
ça. Qu'est-ce que vous avez à vous énerver? On les a ces
choses-là, donc on a bien le droit de faire ce qu'on veut avec. C'est
juste ça que je dis que ça laisse à entendre vos propos.
Et, ce bout-là, je n'accepte pas ça. Ce n'est pas parce que vous
les avez que vous pouvez en disposer comme bon vous semble. La Commission vous
a dit: Disposez-en pour faire de l'évaluation, ça c'est
logique.
Je continue. La Commission a jugé que ces mêmes
renseignements n'étaient pas nécessaires aux opérations de
vérification du ministère quant au financement de ses programmes
d'adap tation scolaire. Et là, elle continue: À cet égard,
la Commission estime que si le ministère de l'Éducation
soupçonne... Et moi, là, j'arrive à la même
perception. Moi, j'arrive avec des preuves, je vous l'ai dit tantôt, que
vous n'avez pas réfutées... que les commissions scolaires, si
elles ne vous transmettent pas...
M. Pagé: Une question de règlement. Un instant
là. Je veux bien vous écouter, puis je veux bien vous entendre
là. Mais vous disiez: J'ai affirmé, j'arrive avec des preuves,
vous ne les avez pas réfutées. Je vais avoir le droit de
répliquer tantôt, M. le Président?
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Bien
sûr.
M. Pagé: Bon. Bien, tantôt, on va les réfuter
tes preuves.
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Vous avez vos
cinq minutes de réplique. On a le temps, on n'est pas... Il vous reste
combien de temps, M. le député?
M. Gendron: Ah! Moi, ça ne me fait rien si vous voulez
commencer à jouer sur le temps.
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Je n'en sais rien
moi. J'ai une fonction ici, c'est de respecter le temps. Il reste combien de
temps?
Une voix: 17 minutes.
Le Président (M. Gautrin): 17 minutes. Bon
M. Gendron: Alors, à cet égard, la Commission
estime que si le ministère de l'Éducation soupçonne que
les commissions scolaires ne lui transmettent pas des données fiables,
il peut toujours dépêcher un enquêteur afin d'en
vérifier l'exactitude. D'ailleurs, faut-il ajouter qu'une
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage chez un enfant... puis
là, c'est là qu'il est grave que, comme ministre, vous ne sachiez
pas ça. Ça peut se vérifier d'une seule façon. Ce
n'est pas parce que vous allez avoir les informations nominatives que vous
êtes plus avancé. Vous allez être obligé pareil
d'aller dans le champ. Vous allez être obligé d'aller pareil
à la commission scolaire si vous trouvez que la commission scolaire X,
Y, Z fait du gonflement de clientèle. Ce n'est pas parce que vous saurez
qu'un jeune est catholique, protestant, qu'il a telle orientation sexuelle ou
telle autre, puis qu'on a écrit qu'il marchait plus difficilement qu'un
autre que vous allez avoir un meilleur contrôle. C'est archifaux de
prétendre ça et vérifiez-le auprès de vos gens qui
sont aux directions régionales et qui ont cette responsabilité de
la validation des clientèles.
Alors, quant aux renseignements relatifs à l'enseignement moral
et religieux, la Commission est d'avis que rien dans la Loi sur l'instruction
publique ne justifie la nécessité pour le ministère de
recueillir ces renseignements sous forme nominative. Ce n'est pas parce que le
ministère a la charge d'une enveloppe budgétaire que cela lui
permet de recueillir des renseignements nominatifs aussi sensibles que ceux
concernant le handicap et la pratique religieuse. Enfin, la Commission ne
s'explique pas la présence, encore moins le bien-fondé des
dispositions qui visent - là, c'est le comble - à soustraire le
ministère des Transports du droit de regard confié à la
Commission d'accès. En aucun moment la Commission - écoutez
ça - n'a été saisie des problèmes
éprouvés par le ministère des Transports au titre de cette
même loi. Il me semble, moi, si j'étais ministre et que
j'enfourchais le cheval d'une disposition qui met carrément la loi
d'accès sur le boisseau et qui la discrédite au plus haut point,
je m'informerais, je dirais: Quand est-ce que tu t'es plaint à la
Commission d'accès que tu états empêché de faire tes
vérifications? Jamais, confirmé ce matin auprès de M.
Comeau.
C'est des responsabilités qui vous appartiennent, M. le ministre,
de faire ces vérifications. L'ensemble de ces dérogations
constitue un précédent grave, dangereux, qui risque
d'émas-culer l'un des volets les plus importants de la Loi sur
l'accès, précisément celui qui a trait au respect de la
vie privée. Et là, je jase un peu avec lui, je dis: Oui, mais
écoutez, vous comprenez son objectif - là, je parle à M.
Comeau - vous êtes d'accord que, pour ce qui est du contrôle, il a
besoin de ces informations-là. Il n'en disconvient pas. Et il me dit, il
y a des voies de sortie, il y a des voies d'échappatoire qui n'ont pas
été exploitées, et là, je le cite: Jamais le
ministère de l'Éducation ou le ministre de l'Éducation ne
m'ont fait quelque - là, évidemment, au nom de la commission
parce que ce n'était pas nécessaire de les faire auprès du
président et là, je continue - m'ont fait une demande formelle
à l'égard du projet suivant: Est-ce que vous seriez d'accord - et
là, c'est le ministre qui s'adresse à la Commission
d'accès - pour que nous recueillions des informations sur les
élèves handicapés? Nous, on pense que... pour l'instant,
nos doutes sont très clairement établis dans 11 commissions
scolaires, 9, 15, ça n'a pas d'importance. Nous permettriez-vous que
nous puissions nominativement - il allait jusque-là - avoir ces
informations-là - et là, je vous le dis, il n'y aurait pas eu de
cachettes - pour fins de s'assurer d'un meilleur contrôle
budgétaire? La Commission d'accès a dit: On n'a jamais eu une
telle information.
Le Président (M. Gautrin): Qu'on s'entende pour poursuivre
le tout...
M. Gendron: Ça va être assez court.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais simplement,
parce que moi, ma seule job, c'est de "checker" le temps, alors...
M. Gendron: Vous le faites bien...
Le Président (M. Gautrin): Alors, si on s'entend, on
continue.
M. Gendron: Alors moi, bien, ce ne sera pas tellement long, comme
première présentation, ma conclusion va être la
suivante.
Le Président (M. Gautrin): D'accord.
M. Gendron: Premièrement, M. le ministre, dites-nous
très clairement comment il se fait que vos gens dans les régions,
qui ont la responsabilité de valider les clientèles, nous disent
qu'ils pourraient, en resserrant un peu plus leur mandat, s'acquitter mieux de
cette responsabilité et vous donner la garantie qu'il n'y aurait presque
pas d'écart sur une base historique entre le nombre
déclaré par les commissions scolaires et le moment où ces
gens-là vont faire la validation. Moi, je vous dis que dans certains
cas, il y a des gens qui m'ont dit: Quand je vais faire la validation entre le
nombre déclaré et ma prétention, il y a un écart de
quatre, il y a un écart de sept. Et rapidement, en discutant avec le
préposé, parce que vous savez comment ça marche, j'y ai
été un peu dans le milieu de l'éducation, un peu, pas mal,
pendant 10 ans, le
directeur des services aux étudiants, qui a la
responsabilité à la commission scolaire de faire la
déclaration des élèves en difficulté
d'apprentissage, il est ouvert, il dit: À chaque fois, tous les gens que
j'ai vus... Il dit: À chaque fois qu'on est allés, on n'a pas
regardé ce que j'appellerais des fiches, on a regardé des "body",
on a regardé des personnes. Et là, il a dit: Quand tu me
déclares que ces six là ont un handicap grave, et mol, j'ai
regardé leur dossier, mais je "pourrais-tu" avoir accès à
leur dossiei? Les gens avec qui j'ai vérifié, dans vos services,
pas des profs ça, et ce n'est pas des gens attachés aux
commissions scolaires, c'est des gens attachés aux directions
régionales, ils ont dit: C'est très rare qu'on ait eu des
difficultés à avoir cette collaboration pour vérifier plus
avant la déclaration de clientèle qui a été
expédiée au ministère.
Première question: Où? On ne vous a jamais entendu parler
là-dessus. Deuxièmement, qu'entre la Fédération des
commissions scolaires - parce que là, écoutez, c'est votre
"gang", c'est vos joueurs, c'est la fédération, c'est la Ligue
des droits, c'est la Commission d'accès, c'est la CEQ, c'est la
Fédération des commissions scolaires -écoutez, ça
ne peut pas être tout du monde dans les patates, ça, et la
fédération des commissions scolaires vous dit: Écoutez,
vous avez ces pouvoirs-là, en vertu des articles 478 et 479, j'aimerais
bien ça vous entendre, j'aimerais bien ça vous entendre. Elle
ajoute: Écoutez, nous, on va vous suggérer d'autres moyens. Qui
fait ça? Le grand patron chapeau des commissions scolaires qui sont
visées comme étant des gens qui abusent Dites moi pourquoi vous
n'avez pas regardé ça. J'aimerais ça quo vous rno disio/
pourquoi vous n'avez pas regardé ça. Ça, ce serait le
troisième point. (11 h 15)
Le quatrième point où, à un moment donné,
vos collègues ministériels, dont quelques-uns ont quelque
sensibilité, alors vos collègues ministériels vous
pressent, M. le ministre, d'accepter un compromis sur le droit à la vie
privée des élèves. Je ne vous ai pas trouvé trop
volubile sur votre recherche de compromis. Écoutez, si je vous recite
encore: Ils diront ce qu'ils voudront à la Commission d'accès,
moi je ne veux rien savoir parce que je ne plierai pas sur ce point, ça
me prend ça. D'autres vont dire: Oui, mais vous avez d'autres moyens. Je
m'en fous. Les autres moyens, je ne veux rien savoir. Ce que je veux, c'est mon
moyen, c'est mes moyens.
Bien, vous me direz ça dans votre droit de réplique si
c'est faux, mais j'aimerais ça avec des pièces, parce que moi,
j'en ai des pièces où vos collègues vous disent: Oui, il y
a des alternatives. La Fédération des commissions scolaires en a
suggéré. La Commission d'accès en a suggéré.
Certains éditos en ont suggéré, M. Lesage, dans un
édito très important - nous sommes d'accord - je vous le cite et
je termine là-dessus Cette attitude arrogante et méprisante n'est
nullement justifiable. Nul ne conteste que des centaines de millions de dollars
sont en cause - donc, on vous comprenait bien - mais pas au mépris du
respect de la vie privée et de l'intrusion dans les dossiers
confidentiels. Le ministre s'apprête à faire d'intolérables
abus de pouvoir. Il ne faut pas laisser faire cette émule de "big
brother". C'est un édito, on peut bien s'en foutre. Mais M. Lesage, je
pense que ça fait longtemps qu'il suit ça et quand il
décide de faire un editorial aussi serré, aussi pointu sur une
affaire de même, c'est parce que, comme dirait l'un de vos
ex-collègues, il y a comme un malaise dans le problème.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre, votre droit de
réplique.
M. Pagé: M. le Président, je retiens un certain
nombre de choses. Dans un premier temps, je reconnais que le
député d'Abitibi-Ouest a été enseignant, je le
reconnais. Je reconnais qu'il a été dans les réseaux
pendant un certain nombre d'années. Je reconnais son droit qu'il a de se
faire valoir et de prétendre, de vouloir laisser croire, de soutenir
que, parce qu'il a été dans les réseaux pendant un certain
temps évidemment, il a une connaissance, une possession d'une
vérité plus absolue que quiconque. Ça, c'est son droit le
plus strict, mais je ne m'embarquerai pas dans ce genre d'échange qui
s'inspire d'un caractère prétentieux, arrogant, d'affirmation et
je n'ai pas l'intention de m'em-barquer dans ça ce matin.
M. Gendron: Sur ce plan-là, je ne peux pas vous
égaler, alors changez de 'track".
M. Pagé: Je vous ai laissé parler. M. Gendron:
Bien oui, pas toujours...
Le Président (M. Gautrin): S'il vous plaît!
Calmement.
M. Pagé: Si vous voulez que ce soit sur ce ton-là,
ça peut se... Je vous lance un signal comme quoi si vous croyez que
c'est la voie à choisir pour la conduite de nos échanges, M. le
député..
M. Gendron: Ce n'est pas la mienne. M. Pagé: Bien,
ne courez pas après. Le Président (M. Gautrin): Avec
souplesse.
M. Pagé: Non, M. le Président, j'ai le droit de
parole ici, moi.
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui.
M. Pagé: Je peux vous suivre et je peux vous en dire pas
mal dans cette voie-là, M. le député. Je crois que
l'obligation que nous avons de faire oeuvre utile autour de cette table
commande un peu plus de sérieux de la part du député
d'Abitibi-Ouest dans ses affirmations gratuites, ses affirmations qui sont
fausses, ses affirmations qui sont non pertinentes et qui sont fallacieuses. Je
ne me fiche pas de la loi sur l'accès à l'information, ce sont
des interprétations basses, partisanes du député
d'Abitibi-Ouest. J'ai dit clairement et je vous le répète... Vous
vous demandiez... vous disiez tantôt, d'une façon un peu
arrogante: Je présume qu'il sait lire. Bien, je présume que vous
savez entendre, vous savez écouter, entendre, assimiler et conclure. Je
vous dis et je vous répète pour la xième fois que je suis
disposé, comme ministre responsable de cette loi qui a été
déposée ici, à retirer les amendements. C'est clair? Je
vous le répète une autre fois: Je suis disposé, je suis
prêt à retirer ces amendements si une entente administrative ou un
protocole d'entente, peu importe, intervient entre la Commission d'accès
à l'information et le ministère de l'Éducation, nous
permettant d'utiliser des renseignements que nous possédons mais que
nous ne pouvons pas utiliser, suite à l'avis de la Commission
d'accès à l'information. Nous sommes disposés dans ce
protocole et on veut, dans ce protocole, garantir, formuler, rédiger,
préciser, donner un cadre à l'utilisation et à l'usage de
ces renseignements nominatifs, s'inspirant d'un élément
fondamental, celui de garantir la confidentialité des renseignements qui
sont contenus dans ces dossiers.
C'est exagéré que de prétendre que l'intention du
ministère de l'Éducation est de faire des vérifications,
de colliger des renseignements sur l'orientation sexuelle des
élèves, des étudiants du collège ou autres.
Écoutez, on n'écarte pas l'article 10 de la Charte des droits qui
interdit ia discrimination, notamment sur l'orientation sexuelle. Je suis
d'accord au moins sur ce sujet avec le député qu'on n'a pas
d'affaire là-dedans. C'est vrai. Ce n'est pas notre intention. On n'a
jamais dit ça. On n'invalide pas la disposition de l'article 10 de la
charte. C'était exagéré, je crois, de sa part.
Donc, le ministre de l'Éducation, et je l'ai dit et je vous le
répète encore une fois, ce n'est pas de gaieté de coeur,
ce n'est pas de façon téméraire, cavalière et je
crois que c'est insultant de vouloir laisser croire, comme il le dit de
façon pas très très gentille ni polie évidemment,
que bon, le nouveau ministre arrive, il veut se faire un nom. Non, non. La
première déclaration, M. le député d'Abitibi-Ouest,
que j'ai faite et je l'ai reformulée encore, hier, dans une entrevue
éditoriale avec La Presse, c'est avec beaucoup d'humilité
que je suis à la tête de ce ministère-là, compte
tenu de la noblesse de la mission, de l'ampleur de la mission, compte tenu
aussi de la contribution très grande dans ia société de
mes prédécesseurs en général. Je ne pourrais pas
évidemment y référer pour tous
Ce n'est pas ça, si je veux régler le problème. Je
suis surpris ce matin, parce que c'est ce que vous avez fait, M. le
député, que le député d'Abitibi-Ouest nous affirme,
de son fauteuil, au micro, à l'Assemblée nationale, sur le
parquet de la Chambre, vous avez affirmé rien de moins que ceci: On
sait, et je cite le député d'Abitibi-Ouest, pour le
bénéfice du Journal des débats et ceux qui nous
liront. Le député dit dans son intervention: On sait qu'il y en a
qui exagèrent. On sait qu'il y en a qui abusent. On sait qu'il y en a
qui augmentent le nombre d'élèves en difficulté
d'apprentissage ou handicapés pour pouvoir se servir, avoir une
meilleure marge de manoeuvre financière.
Premièrement, M. le Président, moi, je ne le sais pas.
Comme ministre de l'Éducation, je dois vous dire aujourd'hui que je ne
le sais pas. À partir du moment où une interrogation ou une
information nous est transmise, je dois, comme administrateur public,
intervenir en fonction de nos lois et de l'application de ces lois. Et
l'application de ces lois est très simple. La Commission nous dit: Vous
ne pouvez vous servir, utiliser des renseignements nominatifs que vous
possédez, vous ne pouvez pas vous en servir pour des questions
financières. C'est ça, le coeur du problème. Et même
si j'envoyais ou je demandais au directeur régional, à un
fonctionnaire du ministère de l'Éducation, d'une direction
régionale: Pourriez-vous aller dans une école, parler au
directeur, au responsable des services, etc., de l'administration, de la
gestion? Faites une rencontre puis réglez ça entre vous autres.
Je ne peux pas appuyer mon imputabilité devant la Chambre sur la foi
d'une déclaration verbale ou encore même écrite d'un
fonctionnaire me disant qu'il se déclare satisfait, à la
lumière d'une discussion qu'il a eue avec les gens. Voyons! Ce n'est pas
ça, l'imputabilité, les amis. Je m'excuse, on ne se comprend pas,
mais pas du tout ce matin. L'imputabilité, c'est que tu as un tel budget
et c'est comme ça et tu le dépenses de telle façon, tu as
tant d'élèves.
Je trouve que l'affirmation du député est grave, elle est
sérieuse ce matin. Et votre responsabilité de parlementaire,
d'administrateur public vous oblige, si vous connaissez les commissions
scolaires, parce que vous avez dit: On le sait, on les connaît, mais
nommez-les. Ayez au moins la décence et la responsabilité envers
vous-même de les nommer! Parce que là, vous êtes susceptible
de porter atteinte à l'intégrité de plusieurs commissions
scolaires du Québec. Quand les journalistes m'ont questionné pour
me dire: M. le ministre, oui, mais vous devez bien le savoir, vous devez avoir
des doutes. Je n'ai... C'est évident que quand les rapports me
parviennent et qu'on m'indique que dans certaines commissions scolaires du
Québec, il y a 39,2 % ou 27 % ou 28 % des élèves de tout
ce territoire-là
qui sont identifiés comme étant soit en difficulté
d'apprentissage, en termes de référence budgétaire, ou
handicapés, bien, je trouve que c'est beaucoup parce que dans d'autres
commissions scolaires ça peut être 7 %, ça peut être
8 %, ça peut être 9 %, mais je n'ai pas le levier pour aller
vérifier et je n'appuierai pas.
Je ne peux pas, comme gestionnaire, appuyer mon jugement, ma
vérification, sur... Bien, là, le gars nous a appelé et il
a rencontré son "chum" à l'école, ou le responsable
à l'école et ils se sont entendus! Je ne peux pas. Je m'excuse,
M. le Président, je ne peux pas fonctionner comme ça. On peut
peut-être s'entendre quand on a une vision très, très
immédiate, très locale du rôle de député ou
je ne sais pas trop. Et même moi, quand j'étais
député, simple député, même dans mon
comté, je n'ai jamais agi comme ça. Je m'excuse.
Deuxièmement, le député nous arrive aujourd'hui ot
il dit. Vos directeurs régionaux nous disent que ça va bien.
Bien, je m'excuse. J'ai rencontré mes directeurs régionaux, il y
a quoi, deux semaines de ça ou les gens des directions régionales
et en aucun moment... J'ai rencontré mes directeurs régionaux et
en aucun moment l'élément auquel se réfère le
député d'Abitibi-Ouest n'a été porté
à mon attention. En aucun moment. Aucun fonctionnaire n'a
communiqué avec moi sur ce sujet et encore une fois, de façon
voilée, non affirmative, partiellement complète et je trouve
ça très habile, évidemment. Le député
d'Abitibi-Ouest nous dit: Ah! Même chez vous! Bien, je m'excuse,
même chez nous, moi... J'ai rencontré ces gens-là et je
n'ai pas eu de telles informations, comme quoi tout semblait aller pour le
mieux dans le meilleur des mondes dans quelques régions du Québec
ou encore dans celle de l'Abitibi-Témiscamingue
Par contre, ces gens, jo crois... Est-ce que vous avez demandé
à ces gens? Est-ce que vous avez transmis vos prétentions, vos
positions au sous-ministre? C'est là que ça aurait dû
être fait. Ça, je ne le sais pas. Et tout ça pour vous dire
que... Et là, ce matin, il nous arrive: J'ai parlé à M.
Comeau ce matin, il semblait lire un document de la Commission ou une
interprétation de son bureau de recherche, je ne sais trop, il lisait un
document ce matin. Moi, j'ai parié à M. Comeau le 30 novembre. M.
Comeau m'a dit: M. Pagé, je communique avec vous mercredi ou jeudi de la
semaine prochaine. Ça référait donc au 5 ou 6
décembre. Nous sommes aujourd'hui le décembre. Je n'ai
reçu aucune nouvelle de M Comeau, je ne lui ai pas parlé.
Évidemment, on ne s'est pas rencontrés, parce que si on
s'était rencontrés, on se serait certainement salués, donc
on se serait probablement parlé. Je ne l'ai ni rencontré ni ne
lui ai parlé. Et j'espérais, j'espérais que le
président de la Commission d'accès à l'information puisse
me revenir.
Ça, c'est le 30 novembre. J'espérais, le 30 novembre,
qu'il serait en mesure de me revenir la semaine dernière, le 5 ou le 6
décembre tel que convenu, même s'il était à
l'extérieur du pays. Je lui avais d'ailleurs indiqué qu'il
pouvait me rejoindre via le bureau du premier ministre, qui a nos agendas,
comme on le sait, en tout temps, peu importe le décalage horaire. Je
n'ai eu aucune communication. Je n'exclus pas... et je vous le dis
honnêtement et ouvertement comme je le pense et vous pourrez me
l'imputer, mais vous ne m'enlèverez pas cette approche que j'ai,
d'être très ouvert dans les dossiers que je traite. Je n'exclus
pas que cet article soit retiré au moment soit de la troisième
lecture ou, encore, au moment de la prise en considération du rapport,
si on a une entente administrative. Par contre, je ne retirerai pas
l'amendement - je vous le dis tout de suite, je vais être aussi clair que
ça - sur la foi d'un énoncé vague et général
comme quoi ces bonnes gens de la Commission d'accès, que je respecte..
Je les respecte ces gens-là! Vous semblez vouloir laisser croire que je
ne les respecte pas. Je les respecte ces gens-là, mais, à un
moment donné, quand tu as une responsabilité et que tu te fais
dire non... (11 h 30)
Et je suis allé aussi loin, vendredi, M. le député,
que de dire à Mme la députée de Terre-bonne que je ne
serais pas surpris que si une demande d'avis était déposée
à la Commission concernant les résultats scolaires, que l'avis de
la Commission pourrait être que c'est un renseignement nominatif qui doit
demeurer confidentiel. Alors, je ne m'inscris pas au-dessus de la loi
d'accès à l'information. J'y apporte une modification pour
remplir ma responsabilité.
Une voix: Merci.
M. Pagé: Et je voudrais bien voir le député
d'Abitibi-Ouest occuper mon fauteuil et recevoir, d'un côté, un
avis du Vérificateur général, un tel avis de la Commission
d'accès à l'information, dans une situation de fait et de droit
où, pour des fins de convention collective, les enseignants ont le droit
de prendre connaissance de tels renseignements nominatifs et que le
ministère, pour des fins financières, n'en a pas le droit. C'est
tout.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Avant de
passer la parole, est-ce qu'il y a des députés
ministériels qui voudraient intervenir? Mme la députée de
Bourget.
Mme Boucher Bacon: Moi, je voudrais juste dire au
député d'Abitibi-Ouest que, dans les commentaires, mais je crois
que le ministre, M. Pagé, a assez élargi, vous disiez qu'il y a
15 commissions scolaires que vous supposiez être à
caractère dissident. Mais si la loi ne le permet pas pour une, je ne
comprends pas qu'elle pourrait le permettre pour les 15 qui sont dissidentes.
Quand l'accès à l'information dit
non, c'est non pour une et c'est non pour tout l'ensemble du
réseau. Alors, je ne comprends pas que vous disiez au ministre que,
finalement, il pourrait, avec les 15 que vous venez d'énoncer, avoir
l'accès à l'information par un protocole quelconque.
En plus, vous disiez aussi que l'accès à l'information, si
le ministre désire l'avoir, c'est sur les orientations soit sexuelles,
soit religieuses ou tout autre. Mais ce n'est pas le but que recherche le
ministre.
Une voix:...
Mme Boucher Bacon: Oui, mais ce n'est pas le but que recherche le
ministre. C'est au point de vue des renseignements nominatifs et ça n'a
rien à voir avec le sexe et la religion, quant à moi.
La Loi sur les impôts dit qu'un inspecteur peut entrer chez vous
et aller vérifier le moindre papier qui est susceptible de causer
préjudice au gouvernement. Le ministre, présentement, ne
possède même pas ce pouvoir d'aller dans les commissions
scolaires. Si on regarde l'article 219, la commission scolaire prépare,
sous bonne foi, là, mais on peut mettre n'importe quoi dans la
préparation d'un dossier. Vous savez très bien, comme moi, qu'il
y a beaucoup d'entreprises qui, à un moment donné,
préparent un bilan financier et ce n'est pas exactement le fond. Alors,
elles préparent et transmettent au ministre les documents et les
renseignements qu'il demande. C'est sûr que le ministre peut demander,
mais on peut faire dire ce qu'on veut à des chiffres et c'est sous cette
bonne foi-là que le ministre dit: On a besoin de ces renseignements
nominatifs pour pouvoir vérifier la profondeur des dires de cette
commission scolaire. Et comme le ministre le disait, si vous en connaissez 15,
vous avez le devoir de les dénoncer, sinon qu'on se taise.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la
députée de Bourget. Avant de poursuivre, compte tenu de ce qui
semble être l'importance du débat, je vais essayer de
déroger un peu aux règles, s'il y a consensus de part et d'autre,
et de permettre de...
M. Pagé: M. le Président, j'apprécierais
parce que le député d'Abitibi-Ouest s'est
référé aux échanges, et ça, je pense que
c'est important que les membres de la commission soient informés, quoi
qu'il y a au moins notre vision des choses, notre déclaration sur le
nombre d'échanges, comment se sont inscrits ces échanges, sur
quoi ils ont traité, etc. depuis 1988. Vous me confesserez, M. le
député, je n'y étais pas en 1988 et je
préfère que mon sous-ministre adjoint, M. Michel Paquet, qui est
sous-ministre adjoint à l'administration... parce que c'est lui qui a la
responsabilité de ce dossier dans l'équipe
sous-ministérielle et c'est lui qui a participé aux rencontres
avec la Commission. Il va vous donner l'autre version parce que vous prenez
fait et cause pour la Commission ce matin de façon très claire et
très évidente. Je crois que la commission a le droit d'être
informée, en contrepartie de ce qui s'est passé exactement et,
pour ce faire, je demanderai l'autorisation pour que M. Paquet parle en mon
nom.
Le Président (M. Gautrin): O. K. Est-ce qu'il y a
consensus, d'une part, pour qu'il puisse parler? D'autre part, si vous me le
permettez, dans la gestion du temps, je ne veux pas être trop rigide dans
la gestion du temps. Tâchons d'équilibrer quand même les
temps de parole entre les deux partis parce que, normalement... On a
déjà commencé à épuiser le temps de parole
de certains intervenants, donc on va essayer d'être souple. Est-ce qu'il
y a consensus pour cette approche? Alors, on va donner la parole à M. le
sous-ministre et, après, l'Opposition officielle aurait la parole. Je ne
sais pas si c'est vous qui vouliez parler, M. le député
d'Abitibi-Ouest ou Mme la députée de Terrebon-ne.
M. Gendron: Mme la députée de Terrebonne va parler,
mais je vais parler après, parce qu'il s'est dit des choses que je dois
rectifier.
Le Président (M. Gautrin): Très bien. Alors, M. le
sous-ministre d'abord, s'il vous plaît.
M. Paquet (Michel): Évidemment, dans la réponse que
je vais formuler, je suis tout à fait conscient qu'il va y avoir une
interprétation ou une lecture de situation différente que ce que
la Commission d'accès a livré dans son mémoire et je ne
voudrais pas porter préjudice en témoignant d'une façon de
lire qui pourrait être sur des relations personnelles avec la Commission
d'accès. Je pense que ce n'est pas la question mais, évidemment,
je vais lire les faits avec une autre interprétation, puis je vais
raconter comment les choses se sont passées. Si ça peut
être utile aux travaux de la commission, ce sera tant mieux.
Le premier élément est celui de l'historique du dossier
dans son origine, qui date de 1987. En 1987, le dossier a été
effectivement lancé sous un objectif de recherche, identifié
comme objectif de recherche par le ministère de l'Éducation. Ce
qui est important à accrocher à cette lecture-là, c'est
que le dossier s'est fait avec une réaction du réseau qui a
été assez importante: Fédération des comités
de parents, commissions scolaires. Je pense - parce que c'est une
évaluation hors contexte que je fais, je suis arrivé, moi, en
1988 - que ce moment-là a été peut-être celui
causé par le fait que le ministère, dans la clarté des
choses avec le réseau, n'avait pas eu le temps d'attacher tout ça
avant que la présentation se fasse à la Commission
d'accès.
Donc, au moment où j'arrive, en août 1988, on a
carrément retiré le dossier pour deux motifs: on a dit à
la Commission d'accès qu'on voulait traiter la chose avec le
réseau pour que ce soit cohérent, que ce soit attaché
comme il faut avec eux et que ce soit aussi de manière positive et,
surtout, deuxièmement, parce que la loi 107, que M. Ryan
préparait pour son adoption, comprendrait une disposition qui, selon les
analystes de la Commission d'accès et nos services juridiques, pourrait
trouver une réponse correcte a ce que vous cherchez comme travail,
c'est-à-dire trouver un compromis administratif. Ça a
été la raison pour laquelle on a retiré le dossier.
Donc, la seule réaction que j'ai à dire sur l'avis de la
Commission d'accès, c'est quand, dans leur texte, ils disent:
Après que la Commission lui eût formulé un certain nombre
d'interrogations, le ministère a avisé la Commission qu'il
retirait sa demande initiale. La Commission oublie une certaine partie de notre
contribution, c'est-à-dire qu'on a volontairement, en accord avec eux
pour deux motifs, mieux attaché le réseau, en termes
d'appartenance au projet, et aussi mieux s'attacher au dossier du ministre
Ryan, à l'époque, sur la loi 107.
Alors, ce premier fait là est important parce que ça a
engendré, par la suite, une série de relations, de contacts avec
les partenaires du réseau, et pour justifier notre projet bien leur
expliquer puis correspondre avec eux à leur recherche de
confidentialité.
Le deuxième moment a été, donc, par la suite, avec
la loi 107, une rencontre que j'ai amorcée moi-même avec la
Fédération des commissions scolaires, associations protestantes,
la Fédération des comités de parents. On leur a
présenté l'intention du ministère non pas de faire une
recherche, parce que l'argument était limité, mais
carrément d'obtenir les renseignements nominatifs pour les deux motifs
que M. Pagé a toujours expliqués: évaluation des
programmes et suivi financier.
On a expliqué les motifs à ces partenaires-réseau
pendant que M. Jean-Yves Roberge, qui est au secteur Adaptation scolaire,
rencontrait les différentes associations que vous connaissez, l'AQETA,
l'OPHQ, etc., pour expliquer à ceux qui sont les clients, parce je
dissocie ceux qui sont plutôt des représentants globaux et ceux
qui sont des clients. On rencontrait les clients pour leur dire: On va faire
des demandes qui risquent de toucher votre clientèle, dont vos enfants,
et qui pourraient vous mettre en réaction.
Donc, l'hiver 1989 a été la suite d'une série de
contacts très nombreux pour faire en sorte, dans le fond, que le
réseau soit compréhensif et en accord. Et on avait toujours notre
projet de loi 107, qui était en arrière, qu'on pensait attacher
avec les analystes de la Commission d'accès.
Il y a eu, donc, à la suite de ça, une demande, je dirais,
quasiment globale de tous les partenaires et de tous les clients: Faites-nous
une démonstration technique que vous allez gérer ça de
façon confidentielle. Ils ont donc assisté - je pense que la date
est le mois de mai 1989 - à une rencontre tenue par le personnel chez
nous au cours de laquelle on a travaillé avec eux à toute
l'explicitation des méthodes très techniques, très
légales, très informatisés d'assurer aussi la
confidentialité.
Par la suite, on a eu une réponse de ces gens-là nous
disant: Suite à votre projet, compte tenu du contexte de la loi, on
serait d'accord, vu que vous vous enclenchez sur une question de
confidentialité.
La deuxième différence avec la Commission d'accès
apparaît là. La Commission d'accès dit: Suite à une
enquête qu'on a dû mener parce qu'on a découvert, d'une
manière un peu surprenante, la démarche du ministère de
réclamer les renseignements nominatifs... Là, il y a une
différence là-dessus, c'est qu'il n'y avait pas une
démarche cachottière. La Fédération des commissions
scolaires, qui était précautionneuse et avait une crainte de voir
des commissions scolaires réagir ou des clients de commissions scolaires
réagir, nous a dit: Au lieu de mettre la pression sur les commissions,
acceptez que cette année 1989-1990, vous ayez une demande qui soit
volontaire. Faites-la, votre demande, faites-la de façon volontaire
puis, pendant ce temps-là, nous, on va prendre avec une commission
scolaire une réclamation à la Commission d'accès pour que
celle-ci, dans le fond, couvre, par son parapluie et son avis, nos
opérations.
Quand on a accepté la démarche, on était absolument
convaincus, parce que nos avocats avaient travaillé avec les analystes,
que la Commission d'accès attacherait ça d'un bout à
l'autre puisque nos analyses vis-à-vis de la loi 107 étaient
correctes. Alors, on a dit O.K. L'année 1989-1990, toutes les
commissions ont été requises de donner les renseignements
nominatifs. Il y en a trois ou quatre, à l'époque, qui ont
refusé à l'automne et finalement, à la fin de
l'année, une. On a attendu la décision de la Commission
d'accès qui n'est venue qu'en mai 1990 et qui, là, a
séparé la décision en deux temps: Oui, c'est
nécessaire pour la partie pédagogique, mais non pas pour la
partie financière.
Sur cette interprétation, je dirais que la Commission
d'accès nous prête une intention qui était autre que la
réalité parce que la réclamation d'une commission pour
l'enquête était avec notre accord en démarche avec la
Fédération pour protéger l'ensemble des commissions
scolaires.
Où j'aboutis? C'est la fin sur la question des compromis. Dans la
recherche des compromis, dans le fond, je le situerais en six grandes
étapes qui sont les suivantes. Depuis 1988, au moment ou je suis
arrivé, il n'y a pas une
démarche qui s'est faite sans que nos avocats et leurs analystes
et avocats aient tout attaché d'un bout à l'autre pour que
toujours on opère notre formule en accord avec leurs décisions
qu'on jugeait potentielles, parce que les analystes sont les employés,
et les commissaires ont leur liberté. Où la marge a
été? C'est que les commissaires, malgré les avis des
analystes qui paraissaient tout à fait positifs, eux, ont eu une opinion
différente et la déchirure s'est faite là. Ensuite, on a
eu la demande des motifs qui s'est faite en juin, suite à leur
décision, et là ont commencé à
répétition des rencontres plus intenses parce que lorsqu'on a
reçu l'avis de la Commission d'accès, évidemment on
était soucieux de faire deux choses, soit d'amener au ministre
l'état de dossier pour lui dire: Vous n'êtes pas plus en situation
avantageuse qu'avant, en tout cas, pour une partie. Vous avez le choix de
tolérer ça comme ça ou de faire un pas de plus ou on
travaille avec la Commission d'accès à trouver de nouveaux
arrangements ou on fait un amendement à la loi. Là, la rencontre
s'est faite en octobre, avec M. Ouimet, qui est le secrétaire
général de la Commission d'accès. On a passé
quasiment deux heures avec, nos officiers étant là et lui pour
articuler le tout. On a eu une deuxième lettre nous annonçant: On
vous répète qu'on va être en désaccord et on vous
répète que si vous apportez des amendements, on va accentuer
notre règlement sur votre gestion de manière à ce que vous
ne puissiez jamais utiliser les informations que vous prendriez. Donc, cette
étape-là n'a pas été un succès.
On a eu par la suite une nouvelle rencontre qui a été
souhaitée par le chef de cabinet de M. Cannon qui, évidemment,
tentait de trouver une sortie positive à ce dossier. La rencontre s'est
faite, chef de cabinet de M. Pagé et chef do cabinet de M Cannon,
sous-ministre de l'Éducation, M. Pigeon, et sous-ministre de
l'Éducation, M. Boudreau, moi-même et Marcel Blanchet, des
services juridiques. Cette journée-là n'a pas été
plus avantageuse. Par la suite, quand M. Comeau a été
nommé, j'ai eu une rencontre avec lui, M. Pigeon et M. Blanchet pour
trouver une réponse. On est arrivés au même cul-de-sac et,
finalement, la réponse que j'ai suggérée à M.
Pagé: Vous seriez avantagé de parler vous-même au
président. Je pense que là, ça devient une relation qui
est beaucoup plus et politique et président. Vous avez entendu les
propos de M. Pagé.
Donc, je veux juste conclure en disant: Les interprétations des
faits sont un petit peu sévères de la part de la Commission
d'accès. Des fois, je les considérais même en dehors de ce
qui s'est vraiment passé et qu'ils savent. Quant aux recherches de
compromis, je pense que la multiplication des rencontres a été
telle qu'à la fin, il restait le téléphone qu'on
espérait la semaine passée. Là, vous avez les informations
parce que j'ai fait le tour de ia question.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
sous-ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Pagé: Je voudrais remercier M. Paquet, c'est
très clair. On vous a ouvert nos livres tel que ça s'est
passé. On n'est pas de mauvaise foi, M. le député.
M. Gendron: C'est toujours très clair de relater des
choses qui sont du domaine un peu public et pour lesquelles j'avais eu
essentiellement l'information. Mais je vous remercie parce que, effectivement,
ça nous permet de mieux nous situer.
Rapidement trois choses. Je pense que le ministre de l'Éducation,
même s'il veut faire semblant qu'il est sérieux quand il commence
son intervention en disant que je fais des affirmations gratuites, fausses,
fallacleusos, malhonnêtes - la liste ne s'épuisait pas - il est
dans les patates et c'est vraiment son style de tenter l'intimidation. Mais
moi, ça ne me dérangera pas. Écoutez, je l'ai vu
fonctionner depuis un bout de temps. Alors, je ne marcherai pas
là-dedans. Toutes mes informations, contrairement à ce qu'il a
dit... je n'ai pas eu de preuve.
M. Pagé: C'est quoi les noms des commissions
scolaires?
M. Gendron: Je n'ai jamais parlé de ça. On peut
faire venir les galées, je n'ai jamais parlé de commissions
scolaires. J'ai dit ceci... Un instant, j'ai dit ceci et on ne s'excitera
pas.
M. Pagé: On ne s'excite pas, mais je veux que vous
arriviez au coeur.
Le Président (M. Gautrin): Calmement, calmement.
M. Gendron: On s'excite parce que je n'ai pas parlé des
noms des commissions scolaires. J'ai dit... Un instant, M. le Président.
J'ai dit: II est clair qu'il est facile de soupçonner certaines
commissions scolaires qui gonflent les statistiques, et je le
répète. Je le sais et le ministre le sait, ça m'a
été dit par des gens. Écoutez, quand, une année, tu
regardes le nombre d'élèves se déclarant en
difficulté d'apprentissage et handicapés et que l'année
suivante ça a monté de 30 %... Ça ne prend pas un gros
quotient, c'est clair là! Ça ne prend pas un gros quotient pour
dire: J'ai un doute. C'est exactement ce que j'ai dit. Vous relèverez
les débats. Là, quand la députée de Bourget
s'ajoute à ça... Elle n'a pas eu l'air de ne rien comprendre de
ce que j'ai dit. Je n'ai jamais parlé que, moi, je savais la liste et
les noms, je ne suis pas au ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Bourget, laissez terminer le ...
Mme Boucher Bacon: Vous avez dit que vous étiez
entré en contact...
M. Gendron: Puis en quoi ça a affaire avec les noms
ça? En quoi ça a affaire avec les noms des commissions scolaires
des bons amis?
Mme Boucher Bacon: ...et que vous aviez même
discuté.
M. Gendron: Oui, c'est vrai.
Mme Boucher Bacon: ...de ces commissions scolaires. Alors, nommez
les noms! (11 h 45)
M. Gendron: Dire que j'ai discuté avec des commissions
scolaires, je peux nommer les noms J'ai discuté avec la commission
scolaire d'Abitibi. J'ai discuté avec d'autres commissions scolaires.
Mais le propos n'est pas là. Revenons au propos du ministre. Trois
choses. Je dis: Le ministre a des données de clientèle qui lui
permettent d'avoir des doutes - et ça, je répète
ça, Mme la députée de Bourget - sur lesquels il y aurait
lieu de faire des vérifications plus serrées. Je n'ai pas eu de
réponse... ce que j'appelle serrées pour me prouver que je suis
dans les patates, con trairement à ce qu'il dit.
Deuxièmement, il m'a renvoyé aller vérifier
auprès du directeur d'école. Je n'ai jamais parlé de
ça, moi. Je n'ai pas parlé de directeurs généraux.
J'ai dit: Dans les directions régionales, vous avez des effectifs qui
vous appartiennent, qui font la validation des clientèles. Ces
gens-là m'ont dit: C'est drôle, quand on va faire la validation
des - j'espère que vous connaissez l'expression - clientèles au
niveau des élèves en difficulté d'apprentissage et les
élèves handicapés, il est facile de s'ajuster entre le
nombre déclaré et notre prétention - les fonctionnaires du
ministère, je ne suis pas rendu à l'école de Sainte-Rose,
parce que ce n'est pas de même que ça marche - la commission
scolaire fait une déclaration d'effectifs en difficulté
d'apprentisage. On connaît un peu le système.
Troisièmement, quand le ministre dit: Écoutez, moi j'ai le
respect de tout le monde. Je respecte la Commission. Écoutez, je ne suis
pas un enfant d'école. Quand on respecte la Commission, on ne dit pas
publiquement dans les journaux ceci: "La Commission soutiendra ce qu'elle
voudra" - vous êtes cité entre guillemets - elle dira ce qu'elle
veut, nous allons aller de l'avant dès la semaine prochaine avec le
projet de loi 102 qui nous permettra d'accéder à cette
information." Écoutez, si vous appelez ça un respect en disant:
Vous direz ce que vous voudrez, vous m'apporterez les suggestions que vous
voudrez, c'est mon problème, c'est moi qui réponds de
l'imputabilité...
M. Pagé: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. À
preuve...
M. Gendron: Non, mais c'est ce qui a été dit.
M. Pagé: ...j'ai indiqué ce matin que
j'étais prêt à retirer l'article.
M. Gendron: Ça va, mais c'est ce qui a été
dit, quand vous faites un laïus sur le respect. Dernier commentaire qui
m'apparatt important. Moi, j'estime que la Commission d'accès, parce que
M. Paquet a très bien résumé l'affaire et il faut
être conscient qu'il est arrivé M. Comeau dernièrement. M.
Comeau n'est pas là depuis six mois. Moi, je ne vois pas qu'est-ce
que... à moins que ce soit ce que j'appelle le prestige de la
fonction.... C'est vrai que je n'ai pas vécu avec ça trop
longtemps. Ça ne me gênait pas d'être ministre et d'appeler
des gens qui, dans la hiérarchie, sont plus bas que moi. Ça ne me
gênait pas. Et ça ne me gêne pas encore, parce que je ne
trouve pas qu'on gagne à jouer cette corde-là.
M. Pagé: C'est quoi le problème?
M. Gendron: Je ne sais pas le problème, mais le drame que
vous avez à ne pas appeler M. Comeau, si vous prétendez que c'est
à lui à faire son appel, je trouve que ça fait enfant
d'école.
M. Pagé: Non, non, écoutez...
M. Gendron: Qu'est-ce qui vous empêche de l'appeler?
M. Pagé: Un instant, M. le Président. Je ne
voudrais pas qu'une réaction émane de la... Je vais vous dire
pourquoi je ne l'ai pas appelé, purement et simplement. Je ne voulais
pas qu'une réaction émane de la Commission d'accès
à l'information que le ministre se permettait... Parce qu'on peut
interpréter de différentes façons, monsieur, un appel
téléphonique. Je ne voudrais pas, mais pas du tout que quiconque
à la Commission interprète, fasse valoir que le ministre
lui-même s'est permis d'appeler pour faire pression. Non, non. C'est un
organisme indépendant.
M. Gendron: C'est bien, je vous félicite.
M. Pagé: Point. C'est pour ça que je n'ai pas
appelé. Il m'a dit: Je vais vous appeler, alors j'attends son appel.
M. Gendron: Un instant, M. le ministre. Lorsqu'on n'est pas
assis...
M. Pagé: Je n'appelle pas les juges, je n'appelle pas les
présidents d'organisme. Je veux être très clair
là-dessus.
M. Gendron: Moi non plus je n'appelle pas
les juges. Ce n'est pas pareil. Mais quand on n'est pas assis sur sa
vérité et possiblement qu'il ne l'aurait pas pris comme ça
puisque lui-même souhaitait vous offrir une solution de compromis, il l'a
dit publiquement dans les journaux.
M. Pagé: Je l'attends.
M. Gendron: II vous attend pour vous en parler. Pour l'instant,
je termine parce que ma collègue veut...
Le Président (M. Gautrin): Merci. Attendez un instant.
Est-ce que, M. le ministre, vous avez quelques commentaires à faire? Pas
de commentaires. Je vais essayer de respecter un ordre. Est-ce qu'un autre
député ministériel veut intervenir? Merci. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Si on se retrouve
aujourd'hui devant un article comme l'article 8, il m'apparaît
évident que c'est parce que le ministère s'interroge sur
certaines commissions scolaires, peu importe le nombre. S'il n'y avait pas des
interrogations, on n'aurait même pas pensé à formuler un
tel article.
M. Pagé: On s'interroge, mais on n'affirme pas. On ne peut
pas vérifier, madame.
Mme Caron: C'est ça. J'ai bien dit: On s'interroge...
Le Président (M. Gautrin): C'est exact.
Mme Caron: C'est bien le terme que j'ai utilisé. Et
lorsqu'on s'interroge... Je ne mets pas en doute l'objectif du ministre...
Le Président (M. Gautrin): On cherche des
réponses.
Mme Caron:... sauf que l'objectif qu'on nous présente
depuis quelques jours et le libellé de l'article devant nous, ça
ne correspond pas. Ce que le ministre nous donne comme objectif depuis le
début ne ressemble en rien à ce qu'on a comme libellé dans
l'article. C'est bien sûr que le ministre ne veut peut-être pas,
comme le disait la députée de Bourget, des renseignements sur
quoi que ce soit concernant la religion ou l'orientation sexuelle, sauf que
l'article, tel que libellé, lui donne la permission de le faire. Et si
ce ministre-là ne veut pas le faire, rien ne me prouve que le ministre
qui va succéder au ministre actuel ne voudra pas le faire.
Le Président (M. Gautrin): Surtout si vous êtes au
pouvoir.
Mme Caron: En tout cas, il va avoir l'autorisation pour le faire.
Lorsqu'on rédige un projet de loi, on ne peut aucunement le
rédiger uniquement en fonction des objectifs qui sont dans la tête
du ministre. Un projet de loi... ce sont les écrits qui restent et non
les objectifs que le ministre avait en tête au moment où il l'a
écrit.
Et l'article va beaucoup plus loin que tout renseignement nominatif. Il
dit qu'il détermine seul les règles et les conditions applicables
à un fichier de renseignements personnels. Ça va beaucoup plus
loin que l'objectif qu'il défend depuis quelques jours, il va beaucoup
plus loin que ça. Il nous dit clairement qu'il va déterminer
toutes les conditions pour bâtir le fichier de renseignements
personnels.
Depuis le début, l'Opposition dit que le ministre a d'autres
moyens d'obtenir l'information. Et ce matin, mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest, nous a mentionné que le
président de la Commission d'accès à l'information a
affirmé que le ministre pouvait demander de l'information, des
renseignements nominatifs pour certaines commissions scolaires. Il pouvait la
faire écrite, cette demande-là, et il ne l'avait pas faite.
Lorsqu'on recherche des compromis, je pense qu'on propose des solutions
écrites. Et ça aurait été une façon de
présenter un compromis que de la faire la demande écrite au
président de la Commission d'accès à l'information.
Lorsqu'on a un objectif aussi noble que celui que le ministre défend,
c'est-à-dire de bien respecter et de bien veiller aux dépenses du
budget, on doit, par tous les moyens, trouver des solutions.
Pour moi, arrêter les communications le 30 novembre, ce n'est pas
utiliser tous les moyens qui sont à notre disposition. Lorsqu'on veut
vraiment réaliser un compromis, bien, on propose des rencontres, on
suscite des rencontres, on ne fait uniquement attendre un
téléphone au moment où nous sommes en train
d'étudier ce projet de loi là. On nous dit toujours qu'on est
prêt à retirer les articles, qu'on veut des compromis, mais,
concrètement, il ne s'est rien passé. Le ministre a même
refusé, en commission parlementaire, qu'on reçoive ici la
Commission d'accès à l'information, ce qui nous aurait permis de
cheminer un petit peu sur cette nouvelle piste-là. Le ministre attend
depuis le 30 novembre; par contre, on étudie le projet de loi et ces
articles-là n'ont pas été suspendus même si des
ministres de son gouvernement le pressent de demander un compromis, eux aussi.
Je suis convaincue que le ministre des Communications est extrêmement mal
à l'aise avec ces articles-là et il aurait peut-être
été bon de l'entendre, lui aussi. C'est sûr que, par
respect pour la solidarité ministérielle, on ne les entend pas
beaucoup. Mais je suis loin de considérer qu'on a tenté de grands
compromis puisqu'il n'y a eu aucune demande écrite de faite à
cette intention-là.
C'est la même chose du côté de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Le dernier avis de la Fédération... c'est
récent, cet avis-là, M. le Président, c'est le 7
décembre. Il va dans le même sens que les affirmations de mon
collègue d'Abitibi-Ouest, ce matin. Je ne vais citer qu'un paragraphe
là-dessus, M. le Président. M. Guy d'Anjou, le président,
nous dit: "Comme vous le savez, des mécanismes sont déjà
prévus à la Loi sur l'instruction publique et à la Loi sur
l'accès à l'information qui permettent au ministre de
l'Éducation d'obtenir des renseignements nominatifs de la part des
commissions scolaires. D'ailleurs, au moment de l'étude du projet de loi
107, la Fédération s'était rangée à l'avis
de votre ministère à l'effet qu'il pouvait utiliser son pouvoir
d'enquête pour faire des vérifications dans les commissions
scolaires soupçonnées de ne pas observer la loi ou les
règlements, en vertu des articles 478 et 479. " Donc, la
Fédération ne s'oppose pas, en principe, à ce que le
ministère demande certaines vérifications. Et on nous dit, ce
matin, que le président de la Commission d'accès à
l'information est prêt à recevoir une demande écrite dans
ce sens-là, pour certaines commissions scolaires. Pourquoi n'a-t-on pas
fait cette demande-là?
Mon autre interrogation. On nous parle beaucoup de recherche de
compromis, mais quels sont les compromis qu'on a déposés par
écrit à la Commission d'accès à l'information?
Est-ce qu'on a proposé d'autres rencontres? Je ne comprends pas le
libellé même de l'article. Le ministre a été
complètement silencieux sur le libellé de l'article qui, à
mon avis, et je le répète, ne correspond pas du tout à
l'objectif. Il va beaucoup plus loin que cet objectif-là. Pourquoi
n'a-t-on pas eu un libellé d'article qui correspondait à
l'objectif qui a été amplement argumenté par le ministre
de l'Éducation?
Même, en date du 30 octobre, dans la réponse de la
Commission d'accès à l'information du Québec à Me
Marcel Blanchet, on disait que l'Inquiétude relevait aussi du fait que
la banque de données, le fichier de renseignements que le ministre veut
constituer, que cette banque de données là va être
accessible à un très grand nombre d'employés aussi. Et
c'est là que c'est dangereux au niveau de l'information et au niveau de
la protection des renseignements de la vie privée parce que cette banque
de données là, il y a beaucoup de personnes qui vont pouvoir la
consulter. On nous disait, dans cet avis du mois d'octobre - là aussi,
je ne cite qu'un paragraphe - "Après avoir entendu mes explications, M.
Paquet a exploré la possibilité que les responsables des
opérations du ministère, quant au financement des programmes
d'adaptation scolaire, n'obtiennent aucun renseignement sous forme nominative,
mais qu'ils les obtiennent sous forme statistique des responsables de
l'évaluation de programmes. Il appert que cette solution, qui respecte
tant la Loi sur l'accès que la décision rie la Commission, ne
satisfait pas les responsables du financement du ministère qui
souhaitent obtenir les renseignements sous forme nominative. "
Et on s'est interrogé beaucoup sur l'acharnement. Parce que les
informations statistiques, pour répondre aux inquiétudes
budgétaires du ministre, ça nous apparaissait suffisant pour la
majorité des commissions scolaires. Et là, ce qu'on vous dit: Si
ce n'est pas suffisant pour certaines commissions scolaires, faites une demande
pour ces commissions scolaires à la Commission d'accès à
l'information puisque vous pouvez le faire. Pourquoi ne le faites-vous pas
plutôt que d'inscrire dans la loi une dérogation aussi draconienne
qui va ouvrir la porte à toutes sortes d'abus, même si le ministre
ne les a pas en tête présentement, pour tous les ministres qui
vont suivre et pour lui aussi si, à un moment donné, il
décide qu'il a d'autres objectifs? Et lorsqu'on nous parle de la loi de
1984, elle était très douce, cette dérogation-là.
On disait que la commission scolaire peut fournir au ministre... et
l'inquiétude du ministre de l'Éducation actuel concernant les
résultats scolaires, ils étaient couverts par cette loi 3 de
1984. On parlait effectivement des renseignements nominatifs pour les
résultats scolaires des élèves; on en avait
parlé.
M. le Président, depuis nos dernières conversations,
vendredi, il n'y a eu aucune nouvelle démarche du côté du
ministère; c'est ce qu'on nous a confirmé ce matin. Par contre,
nous avons eu des informations différentes, des informations qui
pourraient ouvrir la porte à une solution qui m'apparaît
intéressante. J'aimerais beaucoup entendre le ministre sur cette
proposition-là. À tout le moins, je pense que nous devrions, et
ça, c'est le minimum, si on n'arrive pas à s'entendre
là-dessus, suspendre l'étude de ces articles-là,
c'est-à-dire les articles 8, 10, 55 et 56, tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas des compromis par écrit, tant qu'on n'aura pas vraiment
vidé la question.
Le sujet est trop important. Il a été
dénoncé par trop d'organismes; pas seulement par l'Opposition,
par énormément d'organismes. On le sait, il y a eu la
Fédération des commissions scolaires, la Fédération
des comités de parents, il y a eu la CEQ, il y a eu la Ligue des droits
et libertés, l'Association de paralysie cérébrale. Il y a
aussi des ministres de son propre gouvernement qui demandent un compromis.
Alors, ce n'est pas seulement l'Opposition. Lorsque le sujet est aussi
important, le minimum qu'on puisse faire, c'est de poursuivre la recherche de
compromis et, à tout le moins, si on n'a aucun compromis sur la table,
au moment où on se parle et qu'on fait l'étude des 10 articles,
à tout le moins, suspendre l'étude de ces articles-là.
J'invite le ministre de l'Éducation à répondre aux
principales interrogations que je lui ai posées. Je reviens avec
insistance sur le fait de nous démontrer le besoin qu'il a d'un article
aussi draconien parce quo ça, il ne nous l'a aucunement
démontré. M.
le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le ministre. Peut-être que je
pourrais suspendre la séance deux petites minutes pour permettre aux
personnes de se parler dans le coin. Alors, nous suspendons deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 2)
(Reprise à 12 h 3)
Le Président (M. Gautrin): La commission reprend ses
travaux. Suite à l'intervention de la députée de
Terrebonne, est-ce que le ministre a des commentaires?
M. Pagé: M. le Président, j'ai bien noté les
propos et l'inquiétude de Mme la députée, et je crois que
l'ensemble de ses interrogations ont reçu réponse par moi dans ma
réponse donnée au député d'Abitibi Ouest, et par le
sous ministre à l'administration, M. Paquet.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a un député ministériel qui voudrait intervenir?
Est-ce que vous avez encore quelques petites remarques?
Mme Caron: M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron:... puisqu'il me reste du temps de parole...
Le Président (M. Gautrin): Oui, il vous reste du temps, en
effet.
Mme Caron:... je reviens parce que, effectivement, il y a deux
réponses que je n'ai pas eues, mais pas du tout. Pourquoi le ministre
n'a-t-il pas déposé, puisqu'il recherchait des compromis, une
demande à la Commission d'accès à l'information pour
pouvoir obtenir des renseignements nominatifs sur certaines commissions
scolaires qui lui posaient problème? La deuxième question:
Pourquoi le libellé de l'article 8 que nous avons devant nous va
beaucoup plus loin que l'objectif qu'il défend depuis le début de
l'étude de ce projet de loi là? Et ça, je m'excuse, M. le
Président, mais on n'a eu aucunement les réponses
là-dessus. La troisième question que j'avais posée...
M. Pagé: Vous m'avez dit que vous en aviez deux.
Mme Caron: Parce que j'ai aussi fait une proposition, que si le
ministre n'avait pas de compromis, qu'à tout le moins on se devait de
suspendre l'étude de ces articles-là.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, est-ce que vous
voulez faire des commentaires, ou est-ce que vous maintenez les commentaires
que vous avez faits suite à l'intervention de Mme la
députée de Terrebonne?
M. Pagé: Première question, ça portait sur
les documents déposés ou auxquels se référer, c'est
ça, dans nos échanges avec la Commission?
Mme Caron: Pourquoi le ministre n'a-t-il pas déposé
une demande à la Commission d'accès à l'information pour
obtenir des renseignements nominatifs tel qu'il le souhaite pour les
commissions scolaires qui lui posent problème?
M. Pagé: À cette question, c'est très
simple, le processus est le suivant: une commission scolaire... M. Paquet vous
a indiqué qu'on a eu de nombreux échanges depuis 1988 On a
convenu ensemble, la Commission d'accès et le ministère, de
retirer la demande formulée en 1987 pour pouvoir aller établir
avec les commissions scolaires quel serait le modus operandi de ces
échanges de renseignements, tout en garantissant le caractère
confidentiel. Donc, somme toute, les parties, et la Commission et le
ministère, ont convenu à ce moment-là qu'il était
plus opportun, compte tenu de l'état de situation de l'échange ou
du contenu de la communication, du degré d'avancement de ce dossier, il
était plus opportun qu'on attache tous nos fils à
l'intérieur des réseaux pour garantir la confidentialité,
puis quel serait l'usage, bon, etc. Nous avons effectivement reçu des
renseignements d'un certain nombre - mais quand même très
limité - de commissions scolaires à partir d'un modus operandi
donné, et une commission scolaire s'est adressée à la
Commission d'accès à l'information pour obtenir un avis.
Ça, c'était la démarche formelle officielle. La Commission
a donné son avis, nous avons réagi, on s'est rencontrés,
etc. J'ai déposé les documents de ces échanges en
commission parlementaire vendredi après-midi. Je suis même
disposé, pour aller plus loin, suite à la demande du
député d'Abitibi-Ouest et à votre demande, Mme la
députée... parce qu'on va suspendre nos travaux à 12 h 30
et on va reprendre... Mon intention, c'est de convoquer la commission entre 17
heures et 18 h 30, compte tenu que je dois absolument être au Conseil des
ministres cet après-midi. Je suis disposé, à 17 heures,
lorsque je reviendrai, à vous donner les éléments concrets
auxquels nous sommes prêts... que nous demandons et auxquels nous
référons en termes de demande... à faire porter un
libellé pour garantir un usage très rigoureux, très
strict, très limité de tels renseignements nominatifs.
En fait, je suis prêt à évoquer ici... je ne
déposerai pas de documents et je vais vous dire pourquoi... le
contenu, en fait, de ce à quoi on serait prêts à se convier
et ce qu'on attendrait d'un protocole d'entente à être
signé entre la Commission d'accès à l'information et le
ministère. Et pourquoi je ne déposerai pas de documents? C'est
très simple. C'est que je comprends que nous sommes à
étudier un article d'un projet de loi dont la Chambre est saisie et je
n'ai pas l'intention, moi, aujourd'hui, demain, après-demain, d'entamer
une négociation avec la Commission d'accès à l'information
via la commission parlementaire et via un débat entre l'Opposition et le
gouvernement. Ce n'est pas comme ça que ça se fait. Mais de bonne
foi, animé par un esprit d'ouverture, je suis prêt à vous
informer de ce qu'on est disposés à voir comme devant être
rédigé, suite à une entente... pas de façon
unilatérale... dans un protocole d'entente.
La deuxième question, c'était quoi, Mme la
députée?
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Pourquoi le libellé de l'article 8, que nous
avons devant nous, va-t-il bien au-delà de l'objectif que vous
défendez depuis le début des discussions sur le projet de loi
102?
M. Pagé: Je vous invite à vous
référer à la page 3 de la lettre qui nous était
adressée par M. Ouimet, le secrétaire et directeur du service
juridique de la Commission, où il dit: "Par ailleurs, vous n'êtes
pas sans ignorer que la Commission peut, en vertu de l'article 124 de la loi
sur l'accès, prescrire les conditions applica blés à un
fichier de renseignements personnels auxquelles l'organisme public doit se
conformer et, notamment, les catégories de personnes qui ont
accès aux renseignements nominatifs dans l'exercice de leurs fonctions.
C'est dire que même si la modification à la Loi sur l'instruction
publique était adoptée, la Commission pourrait toujours, selon
les termes de cet article 124, déterminer les catégories de
personnes qui, à l'intérieur même du ministère,
auront accès aux renseignements sous forme nominative. Nous
souhaiterions souligner que cette décision est le fruit de longues
discussions et que la Commission est convaincue que la loi sur l'accès,
dans son volet "Protection des renseignements personnels", doit être
appliquée sans égard, le cas échéant, aux
tracasseries administratives qu'elle peut causer." Ça, une tracasserie
administrative, pour M. Ouimet, ce sont les 941 000 000 $.
Le Président (M. Gautrin): Une bagatelle.
M. Pagé: Alors, je pense que la réponse que je
viens de vous donner devrait vous expliquer pourquoi le texte est
libellé tel qu'il l'est dans le projet de loi.
Le Président (M. Gautrin): Troisième question, Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Deuxième question. Je voudrais revenir. Le
ministre détermine seul. Il y aurait quand même eu peut-être
à faire une petite référence sur l'importance de l'avis de
la Commission sur la loi d'accès à l'information.
Troisième question que j'avais posée, M. le
Président, c'est qu'à tout le moins, cet article fait
controverse, pose problème non seulement pour l'Opposition, mais pour de
nombreux groupes et je ne les répéterai pas tous. Et même
pour certains ministres de votre gouvernement...
M. Pagé: Lesquels?
Mme Caron: Le ministre des Communications, qui semble un petit
peu mal à l'aise...
M. Pagé: II est mal à l'aise comme moi, le ministre
des Communications.
Mme Caron: ...devant ce projet de loi là.
M. Pagé: II est mal à l'aise comme moi, Mme la
députée.
Mme Caron: Et qu'on nous annonce dans un article du Devoir,
de Michel Venne, du 11 décembre, c'est-à-dire hier, que
certains ministres font des pressions. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, si on
n'est toujours pas arrivé, au moment où on se parle, au moment de
l'étude du projet de loi, à des compromis, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de suspendre l'étudo de ces articles-là?
M. Pagé: Bien non. Je vous ai dit que le projet de loi, il
est actuellement étudié, il chemine. De bonne foi, ouvertement,
publiquement, officiellement je vous l'ai dit et je vous le
répète, nous allons compléter aujourd'hui ou demain, je ne
sais trop, mais peu importe, on va compléter à un moment
donné l'étude du projet de loi. Le rapport va être
déposé. S'il y a une entente administrative qui est
confirmée entre le ministère et la Commission d'accès
à l'information, je vais retirer les amendements. Je ne voudrais pas
cependant, parce que je suis honnête et je le dis ouvertement, je ne
voudrais pas que quiconque nous écoute, ou encore que des membres autour
de cette table, des gens de la presse disent: Tiens, le ministre de
l'Éducation a fait des pressions additionnelles et fait du chantage. Ce
n'est pas du chantage. J'ai annoncé mes couleurs très clairement
dès le début en disant que c'est malheureux, mais compte tenu
qu'on ne peut pas en arriver à une entente, le libellé est tel
qu'il est.
De bonne foi, ouvertement, je dis que s'il y
a une entente, je vais retirer mon article, ce n'est pas plus
compliqué que ça - parce que ce n'est pas de gaité de
coeur que je l'ai présenté - soit au stade de la prise en
considération du rapport, soit au stade de l'adoption du projet de loi,
en troisième lecture.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Et puis je suis prêt évidemment
à ce que toutes les étapes soient franchies. Nous sommes
aujourd'hui, quoi, le 11 décembre, on va ajourner nos travaux parce que
le règlement prévoit d'ici une semaine, 10 jours de calendrier,
maximum. Je suis prêt à appeler la troisième lecture un peu
plus tard la semaine prochaine. Par contre, je suis assez prudent que
j'amènerai la troisième lecture à un moment où je
serai certain que la Chambre pourra se prononcer et qu'on ne finisse pas en
suspens là quelque part. Je vais me protéger moi aussi. Je suis
de bonne foi, ouvert, mais je ne suis pas naïï. D'accord?
Le Président (M. Gautrin): Personne ne va ajouter. Est-ce
que vous êtes prêts... M. le député d'Abitibi-Ouest,
encore brièvement.
M. Gendron: Brièvement ou longuement. On a le droit
d'utiliser 20 minutes par alinéa. On ne l'a pas fait. On a fait des
commentaires généraux. Alors, sur le deuxième
alinéa, je voudrais utiliser mon droit de parole.
Le Président (M. Gautrin): Bon.
M. Gendron: Quand on dit: La Commission - parce qu'on veut
modifier là - disposerait de tout renseignement nominatif par la
commission scolaire au ministre en vue de l'application des règles
budgétaires et de l'évaluation des programmes ainsi que la
cueillette par le ministre de tels renseignements sont réputés
nécessaires pour l'application du chapitre, on fait une
référence à la loi d'accès, mais également
ayant comme objectif tout l'aspect financier. Ce que je voudrais faire valoir
au ministre, c'est qu'un peu comme ma collègue l'a fait, moi, il me
semble que ça va au-delà de l'objectif visé par le
ministre. Je pose deux nouvelles interrogations pour lesquelles on n'a pas eu
d'échanges, mais il m'apparaît important d'en avoir.
Lorsque d'autres intervenants qui sont intimement liés au milieu,
parce que tantôt le ministre disait: Écoutez, j'essaie de donner
un caractère de compétence abusive là-dedans. Je n'ai
jamais prétendu ça. Là je suis bien outillé pour
m'appuyer. Écoutez, la Fédération dit la même chose
que moi. Les collègues avec lui disent la même chose que moi. La
Ligue des droits dit la même chose que moi. La CEQ dit la même
chose que moi. Et ce sont tous des gens qui sont dans le domaine de
l'éducation depuis des années (12 h 15)
Ma question est la suivante. Le ministre a sûrement pris
connaissance de l'avis de la CEQ en disant: Les indiscrétions du
ministre de l'Éducation soulèvent l'ire de la CEQ avec raison
parce que ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas conforme. Ce n'est pas
correct. Il est capable de l'avoir autrement. Jamais il n'a fait la preuve
qu'il ne pouvait pas l'avoir autrement. Je reviens moi à ma validation
des clientèles. Les directions régionales sont en mesure de
corriger les clientèles. Mais j'aimerais ça que le ministre nous
entende sur ceci précisément. Cette intrusion dans les dossiers
confidentiels est non seulement un abus de pouvoir, ça ne fait aucun
doute, mais c'est une démarche - et écoutez bien ça - qui
s'avérera complètement inutile pour les fins de saine gestion
voulues par le ministre, a déclaré Mme Pagé,
présidente de la CEQ. Et voici ce qu'elle dit, et moi, je partage ce
point de vue.
M. Pagé: Est-ce qu'elle les réclame, Mme
Pagé, parfois, ces renseignements?
M. Gendron: Oui. M. Pagé: Bon. Ha, ha, ha! M.
Gendron: Oui, un instant! Le Président (M. Gautrin):...
M. Pagé: Elle a le droit de les réclamer, puis...
voyons donc!
M. Gendron: Oui. mais pas pour les mêmes motifs.
M. Pagé: Voyons donc!
M. Gendron: Pas pour les mêmes motifs.
M. Pagé: Donc, ce n'est pas pour des motifs financiers,
elle?
M. Gendron: C'est l'application de la convention collective.
M. Pagé: Donc, ça n'a aucun impact financier.
M. Gendron: Bien sûr que ç'a un impact financier sur
le ministère.
M. Pagé: Donc, vous me confirmez là... M.
Gendron: Non, un instant!
M. Pagé:... qu'elle a le droit, elle, mais que le ministre
n'a pas le droit. Voyons donc! Vous êtes plus sérieux que
ça d'habitude, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je ne vous dis pas que le ministre n'a pas le droit.
Je vous dis ceci.
M. Pagé: Mais je n'en ai pas le droit!
M. Gendron: Écoutez un peu. Quiconque connaît un
tant soit peu la situation dans les écoles sait fort bien qu'il existe
déjà des mécanismes dans le système scolaire. Elle
ne dit pas qu'elle ne veut pas que vous ne les ayez pas; elle dit qu'il existe
des mécanismes dans le système scolaire pour déterminer
les clientèles ayant des troubles de comportement et d'apprentissage,
les causes, la nature des handicaps, et c'est pour ça qu'elle veut les
avoir et elle les a conformément aux dispositions applicables dans la
convention collective parce que c'est ça qu'il faut vérifier, la
nature des handicaps, les causes, le nombre. Et elle continue: Ou des
difficultés rencontrées par plusieurs élèves ne
sont pas nécessairement consignées dans leur dossier personnel.
Ah! Ça, c'est la réalité, M. le ministre, là. On
peut bien s'écarteler, encore une fois, et tous les autres membres de la
commission, elles ne sont pas consignées.
Donc, dans les renseignements nominatifs, il ne les aura pas plus, pour
son bel objectif pur et noble en prétendant qu'il est imputable en
Chambre de dire: C'est 832 000,27 $ qui sont affectés aux
élèves en difficulté d'apprentissage. Il est dans l'erreur
quand il prétend qu'il va pouvoir dire ça avec plus d'exactitude
à l'Assemblée nationale parce qu'il ne les aura pas plus, ces
données. Il va être obligé de faire ce qui se fait
actuellement. À part ça, ce n'est tellement pas sérieux de
penser que, dans un mois et demi, avec les fonctionnaires qu'il a au
ministère, que ces fonctlonnalres-là vont redescendre dans la
structure des quelque 100 commissions scolaires, presque 200, et là, il
va aller vérifier ce que les gens des directions régionales
préposés aux élèves en difficulté
d'apprentissage et aux handicapés, ceux qui font ce qu'on appelle la
validation des clientèles, ça va être quoi l'idée de
dédoubler le travail de ces gens-là? De deux choses l'une. Ou
bien il dit que les gens qui font la validation dans les directions
régionales, moi, je n'ai pas confiance et je ne veux plus les voir
là et c'est moi, dorénavant, au ministère qui fait cette
responsabilité, et elle ajoutait ceci: Vous n'aurez pas
nécessairement les renseignements consignés dans le dossier
personnel puisqu'elles sont parfois passagères ou difficiles. Et c'est
justement la réalité dont je trouve que le ministre ne tient pas
compte.
Concrètement, je fais une application. J'ai déjà
enseigné. J'ai eu un certain nombre d'élèves qui avaient
des difficultés d'apprentissage; visite chez le psychologue parce que,
à un moment donné, pour certaines raisons, c'était
dû à un blocage affectif, oup! deux mois après,
l'élève fonctionne correctement parce que le psychologue, peu
Importe, a réglé ses problèmes, ses difficultés et
il n'était plus versé dans les clientèles dites
d'élèves en difficulté d'apprentissage. Ça, c'est
des réalités concrètes, là. Le ministre, en ayant
les renseignements nominatifs, qu'est-ce qu'il va faire avec des centaines et
des centaines d'élèves dans la situation que je viens de
traduire? Ça va rendre plus fidèle le chiffre qu'il va dire en
Chambre. Oui, c'est bien 832 000,47 $ qui ont été affectés
en 1990 pour les élèves en difficulté d'apprentissage.
Bien non, chers membres de la commission. Donc, on voit bien que la balloune
est bien plus grosse que la réalité.
Quand le ministre dit: Moi, je veux avoir un meilleur contrôle, je
le félicite sincèrement là-dessus parce que, je
répète ce que j'ai dit, je n'accuse pas de commission scolaire,
je soupçonne que certaines commissions scolaires sont facilement
identifiables uniquement par la variation du nombre. Si, une année, en
Abitibi, pour prendre un exemple, les élèves
déclarés à la commission scolaire Abitibi en situation de
difficulté d'adaptation et d'apprentissage ou handicapés sont de
437 - c'est un exemple théorique - et que, l'année suivante, ils
sont 822; même contexte, même monde, même petite
communauté, même problématique sociopolitique ou
sociomorphologique - employez l'expression que vous voulez - si le ministre est
sérieux, qu'est-ce qu'il va faire? Il va dire: Bien là, j'ai
comme un indice qu'il se passe quelque chose. Alors, il va envoyer les gens de
la direction régionale qui sont mandatés de toute façon
pour faire ça, faire ce qu'on appelle une validation des
clientèles.
Là, il va arriver ce qui est toujours arrivé, et
là, je voudrais citer le type qui a pris la peine de faire un travail
sérieux. Il m'a envoyé une longue lettre sur la situation avec le
mi nistre. Le ministre de l'Éducation a ses règles, ainsi de
suite, puis regardez ce qu'il dit: L'expérience et les connaissances que
j'ai acquises à titre de responsable régional dans le dossier des
effectifs scolaires me permettent d'affirmer que les questions soulevées
par le ministre de l'Éducation, M. Pagé, sont nettement
pertinentes. Donc, je ne charrie pas. La pertinence des questions, je
l'achète. Je l'achète, la pertinence des questions. Mais il
n'arrête pas là, mon gars. Il n'arrête pas là. Il
dit: Dans l'exercice de mes fonctions, j'ai été à
même de constater des variations de clientèles pour lesquelles
j'ai dû questionner les commissions scolaires. Et regardez bien la suite,
chers collègues, membres de cette commission: Dans la plupart des cas,
les commissions scolaires répondent très bien. Non pas ne
répondent pas, non pas se cachent, non pas essaient de nous tricher;
elles répondent très bien aux demandes d'information
additionnelle que nous formulons afin d'avoir un nombre qui correspond
davantage à la réalité. Puis il ajoutait ceci: Au fil des
ans... et M. le ministre va être d'accord avec moi
là-dessus, je suis sûr, s'il a vraiment pris bonne
connaissance. Êtes-vous d'accord que la notion d'élève en
difficulté d'apprentissage et d'élève handicapé ou
d'élève ayant des troubles d'adaptation s'est resserrée au
fil des ans? Et heureusement. Il n'y a pas de jugement négatif dans ce
que je dis. Heureusement.
Je l'ai déjà vécu, moi, d'un laxisme
débonnaire, débordant, ce qui nous permettait, si on voulait
être abusif et si une commission scolaire voulait être abusive, de
mettre à peu près n'importe quelle clientèle sous le
chapeau d'élèves en difficulté d'apprentissage et d'avoir
éventuellement un flux budgétaire plus important, compte tenu du
gonflement. Mais il dit: Au fil des ans, les règles budgétaires
ont permis un resserrement, la notion est beaucoup plus claire et,
d'année en année, on est en mesure d'avoir une notion qui nous
permet de contrôler mieux et de s'assurer que les effectifs
déclarés dans cette catégorie-là correspondent
davantage à la réalité.
Est-ce important de contrôler? Comment devrions-nous le faire?
Nous croyons qu'il serait important d'avoir des assurances concernant
l'évolution de ces clientèles. Et il continuait en disant que,
d'après lui, et II y en a d'autres qui pensent la même chose. Je
n'ai jamais entendu le ministre là-dessus. Il ne m'a pas dit ce qu'il va
faire avec ce monde-là. Est-ce qu'il a l'intention d'abolir tous les
postes aux directions régionales de ceux qui font la vérification
des clientèles dites en difficulté d'apprentissage?
La validation ne donne pas tout. Je vous vois, et je sais ce que c'est.
Mais il me semble qu'on n'a pas besoin de prendre le gros bâton, se
soustraire à une disposition qui est inscrite dans nos lois, dans nos
règlements, pour faire un bout. Et si, dans un an ou deux, le ministre
m'arrivait avec la conclusion que toutes les voies alternatives ont
amené, encore une fois, un gonflement, bien là, je dirais:
Écoutez, il va falloir inventer quelque chose de plus serré, de
plus significatif qui nous permette d'atteindre l'objectif, mais je n'ai pas
ces preuves-là. Je n'ai pas ces preuves-là à ce
moment-ci.
C'est pour ça que moi, je trouve que le deuxième
paragraphe, parce que je veux revenir là-dessus, quand on dit: La
communication de tout renseignement nominatif, c'est abusif, c'est
exagéré, ça ne fait pas éducationnel, ça ne
fait pas ministre sérieux en éducation qui respecte un peu les
structures qu'il s'est données et qui permettraient que nous arrivions
aux mêmes fins, mais avec des moyens beaucoup plus légitimes,
moins assommants, moins "précédentiels", même si ça
n'existe pas parce que ça, ça crée un
précédent d'envergure où on dit: Dorénavant, on
fait des lois, mais dès qu'elles nous fatiguent, on va utiliser la
clause "nonobstant" générale...
Je reviens ce matin à M. Comeau. Il disait: Bien, au moins, s'il
n'y avait pas le nonobstant général, mais qu'il laissait la
Commission dans le coup, qu'est-ce qui empêcherait que te ministre
accepte que la Commission d'accès reste dans le dossier pour surveiller
l'usage qu'il va en faire, non plus pour l'évaluation des programmes,
mais pour un meilleur contrôle financier? Ce n'est pas ça.
Tasse-toi de là, je ne veux plus te voir. Tu n'as pas d'affaire
là. C'est ça qu'il nous dit par la clause "nonobstant". Il faut
savoir lire ce que ça veut dire.
Et, au deuxième paragraphe, et j'y reviendrai, parce que
là, je suis sur le premier, mais au deuxième paragraphe, juste
une phrase: Le ministre détermine seul. Je suis le possesseur de la
vérité. Qu'est-ce que c'est ça, cette affaire-là?
Le ministre détermine seul les règles, les conditions
applicables. Il pourrait y avoir d'autres gens qui soient associés
à la détermination des règles. Mais, sur le
deuxième paragraphe, il m'apparaît que le ministre a un
libellé, M. le Président, et je suis convaincu, je connais ses
conseillers juridiques qui ont une très bonne capacité inventive
habituellement de trouver les formules qu'il faut pour atteindre l'objectif
louable souhaité, mais sans que ça soit cassant, que ce soit
agressant et que ça laisse l'impression que, en dehors de ce
libellé-là, point de salut pour personne.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Avant qu'on aille plus loin, on a
accepté de suspendre un peu les règles sur les limites de temps.
Mais moi, ce que je voudrais bien comprendre de la part des deux
côtés ici, c'est comment on peut fonctionner et je vous
suggérerai un moyen de fonctionner. Comme il y avait trois paragraphes
dans cet article-là, on pourrait concevoir que chaque personne avait
l'équivalent de 3 fois 20 minutes, c'est-à-dire 1 heure pour
intervenir et leur permettre de pouvoir passer facilement de l'un à
l'autre. Est-ce que ça pourrait être interprété
comme étant l'esprit dans lequel on pourrait fonctionner de part et
d'autre pour l'application du règlement?
M. Gendron: C'est le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais pour
éviter les questions de règlement inutiles...
M. Gendron: II n'y en aura pas.
M. Pagé:... et les arrêts de la part du
président aussi.
Le Président (M. Gautrin):... et les arrêts de la
part du président, est-ce qu'on peut s'entendre...
M. Gendron: D'accord.
M. Pagé: Pas de problème. D'accord.
Le Président (M. Gautrin):.. sur ça,
c'est-à-dire que chacun avait à peu près une heure pour
pouvoir s'exprimer là-dessus parce qu'il avait 3 fois 20 minutes? C'est
à peu près l'esprit...
M. Gendron: Complètement d'accord
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le ministre, si vous
voulez répondre.
M. Pagé: En réponse très rapidement. Le
député nous dit que vos directeurs régionaux et ceux qui
sont mandatés pour faire l'évaluation du nombre
d'élèves, etc. n'ont qu'à se rendre dans les commissions
scolaires et le travail peut se faire... Bon, etc. Je veux vous indiquer ceci:
Effectivement, les officiers du ministère dans nos directions
régionales sont en contact avec les commissions scolaires lorsqu'on
reçoit la liste des élèves, le nombre
d'élèves au 30 septembre. Cette relation est fréquente,
elle est soutenue, plus particulièrement entre la période du 30
septembre et du 31 octobre où le ministre signe les règles
budgétaires applicables pour l'année. Cependant, il faut bien
comprendre sur quelle base cet échange a cours. Cet échange se
tient sur la base d'une bonne foi de discussion entre ces personnes. Cet
échange no porte pas sur des renseignements nominatifs, cet
échange porte sur des évaluations générales, s'il y
a des changements majeurs, pourquoi? Bon. Le représentant attitré
à l'école peut dire: Écoute, j'en ai cinq qui sont en
difficulté d'adaptation, huit en difficulté d'apprentissage, etc.
On n'a aucun moyen, on n'a aucun... On n'a pas le droit, suivant l'avis de la
Commission, de se référer aux dossiers nominatifs pour des fins
financières. C'est ça qu'il faut comprendre, un.
Deuxièmement, si une commission scolaire refuse, comme ça a
été le cas, le directeur régional, quel pouvoir a-t-il?
Aucun, premièrement. Deuxièmement, vous dites: Vous devriez
utiliser le pouvoir d'enquête. La Fédération des
commissions scolaires du Québec dit: Vous devriez utiliser le pouvoir
d'enquête, deux éléments, deux choses Si vous voulez, je
vous invite à prendre la page 109 du texte de la Loi sur l'instruction
publique.
Le Président (M. Gautrin): J'imagine qu'il y a consensus
de part et d'autre pour prolonger pendant...
M. Pagé:... deux minutes, trois minutes.
Le Président (M. Gautrin):... deux minutes, trois
minutes.
M. Pagé: Section III. Tutelle, article 478: "Le ministre
peut charger une personne qu'il désigne de vérifier si les
dispositions de la présente loi et des règlements sont
observées par une commission scolaire ou le Conseil scolaire de
l'île de Montréal ou d'enquêter sur quelque matière
se rapportant à la qualité des services éducatifs ainsi
qu'à l'administration, à l'organisation et au fonctionnement
d'une commission scolaire ou du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. "La personne ainsi désignée est investie, pour
les fins d'une vérification ou d'une enquête, de l'immunité
et des pouvoirs d'un commissaire nommé en vertu de la Loi sur les
commissions d'enquête (... ), sauf du pouvoir d'imposer l'emprisonnement.
" Imaginez-vous. Je comprends... La Fédération des commissions
scolaires, mai à l'aise avec ce problème-là, m'a
demandé non pas... Elle ne s'est pas manifestée contre le texte,
elle a dit: On demande de suspendre son étude. Elle a dit: II y a un
autre moyen, c'est évident, il y a un autre moyen, 478. Cependant, je
suis persuadé que si, demain malin, parce que vous savez à quoi
on se réfère là, on se réfère au pouvoir
d'enquête général en vertu... le même pouvoir que la
Loi sur les commissions d'enquête, sauf le pouvoir d'emprisonnement.
Entre parenthèses, ça a été utilisé
une fois, me dit-on - parce que je suis arrivé au ministère il y
a deux mois seulement - en sept ans. Vous imaginez-vous si demain matin, au
lendemain, on s'en réfère à ça. On retire l'article
et on dit: 478 à l'avenir. Je me questionne, on se questionne comme
ministère sur 17 commissions scolaires. Il y en a 8 qui sont en
croissance très élevée, il y en a 9 qui sont en diminution
très substantielle. Celles qui sont en diminution substantielle, je suis
en droit de m'interroger comme ministre: Est-ce que c'est une façon pour
ces commissions scolaires de s'inscrire dans une démarche de
non-adhésion à un concept d'intégration de nos
élèves en difficulté d'apprentissage ou de nos
élèves handicapés, etc. ? Pour les 8 autres, je suis en
droit de m'interroger: Qu'est-ce qui est arrivé dans cette commission
scolaire là pour que ça passe, par exemple, de 24 % à 32 %
de ce qui est déclaré, j'entends?
Là, vous imaginez-vous? Moi, je donne des enquêteurs, je
sors les gros canons - c'est ce que vous utilisiez tantôt - le bazooka.
Le lendemain matin, 17 commissions scolaires enquêtent. Ça s'est
fait dans un cas depuis 7 ans, c'est dans le dossier de Davignon. Vous
imaginez-vous le communiqué de la Fédération des
commissions scolaires? Pour le bénéfice du Journal des
débats, je viens de siffler. Ça serait beau, oui. Ils
seraient contre. Un instant, voyons donc! Vous le savez, vous avez
été ministre de l'Éducation, j'en conviens, pendant un an,
vous savez pertinemment que si, demain matin, le ministre de l'Éducation
disait: II y a 22 commissions scolaires qui sont en enquête, ce serait un
tollé général. Ça m'apparaît, moi, comme
étant un véhicule mais un véhicule in extremis, en dernier
recours lorsqu'on a des motifs raisonnables et probables de croire qu'il y a
des choses... mauvaise utilisation
de fonds, malversation, fraude, etc. C'est gros là!
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Le seul pouvoir qu'il n'a pas, c'est de les
emprisonner. Puis la Fédération des commissions scolaires, je
crois, se sentirait moralement obligée de s'inscrire en
solidarité à l'égard des commissions scolaires
régionales qui feraient l'objet d'une telle déclaration.
M. Gendron: Une phrase, M. le ministre, me permettriez-vous?
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui.
M. Pagé: En terminant, j'espère que vous ne me
proposez pas, M. le député d'Abitibi-Ouest, que la solution -
comment dirais-je - réside ... J'ai beaucoup de respect, les enseignants
je les admire. D'ailleurs, j'ai indiqué très clairement qu'on
devait donner l'appréciation aux enseignants et enseignantes du
Québec qui le méritent, c'est-à-dire une
appréciation s'inscrivant dans une volonté de valorisation de
leur travail, mais vous ne me suggérez quand même pas que le
ministre de l'Éducation ou le ministère de l'Éducation
communique, demande à la Centrale de l'enseignement du Québec et
à Mme Pagé...
M. Gendron: Ne faites pas de diversion.
M. Pagé:... pour obtenir de tels renseignements, voyons
donc! Je pourrai revenir là-dessus.
M. Gendron: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr
Brièvement, M. le député, une phrase.
M. Gendron: Très brièvement, une phrase. Encore
là et bien amicalement...
M. Pagé: O. K. Vous allez m'expliquer quelque chose.
Comment expliquer que la Commission d'accès à l'information me
dise à moi: M. le ministre de l'Éducation, vous n'avez pas le
droit de vous servir de ces renseignements nominatifs pour des fins
financières, et que la Centrale de l'enseignement du Québec ait
le droit de se servir des mêmes renseignements nominatifs pour des fins
financières de convention collective? Essayez de m'expliquer
ça.
Le Président (M. Gautrin): C'est-à-dire que M.
Pagé ne peut pas s'en servir mais Mme Pagé peut s'en servir!
M. Pagé: C'est bien ça. M. Pagé peut s'en
servir mais Mme Pagé ne peut pas s'en servir!
M. Gendron: Cinq heures.
Le Président (M. Gautrin): Non, c'est le contraire, c'est
le contraire.
M. Gendron: Une phrase. M. le Président, avant de
terminer, une phrase.
M. Pagé: M. Pagé n'a pas le droit, Mme Pagé
a le droit.
M. Gendron: Une phrase sur ce que vous venez de dire. Encore
là, je trouve que le ministre a souvent tendance à grossir.
M. Pagé: Je ne grossis pas, c'est vrai. M. Gendron:
Un instant.
Le Président (M. Gautrin): Oui, un instant, on va ajourner
là.
M. Gendron: Juste ma phrase. Regardez à l'article 478,
c'est marqué: Sur quelque matière se rapportant à la
qualité des services éducatifs ainsi qu'à
l'administration. C'est elle, la Fédération, qui suggère
ce moyen-là. Alors là, écoutez, il faut
dédramatiser, ils ne pourraient pas me faire une crise, moi, si
j'étais ministre de l'Éducation parce que je leur dirais: Ce
n'est pas une tutelle, ce n'est pas l'enquête générale.
C'est une enquête en vertu de l'article 478 sur une disposition
spécifique que vous même avez suggérée qui, mise en
parallèle par rapport à l'abandon du principe de la Commission
d'accès aux renseignements personnels privilégié... vous
préférez ce mode-là et ils me le suggèrent. Je vous
dis qu'ils ne feraient pas long avec leur communiqué et je les
renverrais dans leur cour en disant: Re, telle date, c'est vous autres qui avez
suggéré ça et en conséquence, faites votre crisette
là et je suis convaincu qu'ils ne seraient pas emmanchés pour me
la faire parce que c'est eux autres qui suggèrent ça. Ce ne sont
pas des enfants d'école.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez des phrases longues.
Alors, compte tenu qu'il est passé 12 h 30, la commission va ajourner
ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Gautrin): Alors, on déclare la
séance ouverte. Le mandat de la commission est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 102, Loi
modifiant ta Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement
privé. Je vous rappellerai qu'on est rendu à l'étude de
l'article 8. Alors, aux dernières, on avait ter-
miné... Je ne sais plus qui était le dernier intervenant.
Qui veut être le premier? Qui relance la balle? Si vous n'avez plus
d'intervenant, on pourrait peut-être l'adopter.
M. Gendron: Non. Je voudrais juste savoir , si M. le
ministre...
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre avait...
M. Gendron: ...avait quelque chose de neuf à nous
dire...
Le Président (M. Gautrin): ...pensé qu'il
pourrait...
M. Gendron: ...compte tenu qu'il a eu le temps de...
Le Président (M. Gautrin): ...peut-être dire quelque
chose.
M. Gendron: S'il n'a rien à nous dire, on va continuer.
S'il a quelque chose de neuf... Sincèrement, M. le Président,
puisque nos travaux débutent, s'il a des éléments neufs
à nous faire part, c'est le moment.
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
M. Gendron: On pourrait toujours sauver du temps. S'il n'y a pas
d'éléments neufs, on a du travail à faire, nous, et on va
le faire
M. Pagé: Quelle affirmation! On ne perd jamais notre
temps...
M. Gendron: Je n'ai jamais dit ça. M. Pagé:
...au Parlement.
M. Gendron: J'ai dit qu'on avait du travail à faire et
nous allons le faire. Si le ministre...
M. Pagé: On va le faire.
M. Gendron: Ça me fait plaisir, M. le ministre.
M. Pagé: Je m'étais engagé auprès de
Mme la députée, elle s'était faite insistante. Je vais
plaider, je vais bien plaider à indiquer ce que pourrait constituer le
protocole. Dans le protocole, dans un premier temps, la Commission... Et
là, je veux être très clair avant de commencer. Je veux
m'assurer que je vais vous dire ce que nous, on croit qui devrait être
contenu dans le protocole. Et je n'ai pas l'intention de le négocier, le
protocole. La Commission devrait accepter de déclarer comme nulle la
décision du 16 mai, au départ, dans un premier temps, parce que
c'est ce à quoi nous nous référons. La Commis- sion
devrait reconnaître comme nécessaire au ministre, à des
fins de gestion financière et pédagogique - pas seulement pour
des fins pédagogiques, mais aussi pour des fins financières -
ainsi qu'à des fins d'évaluation de ses programmes, les
renseignements nominatifs suivants. Et là, on devrait s'entendre sur la
liste des renseignements requis dans la fiche qui est utilisée
actuellement, au 30 septembre, pour le relevé des clientèles.
Évidemment, seraient inclus les renseignements pour les
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. À cette liste, à la liste de renseignements,
pourrait s'ajouter une catégorie qui serait "autres" pour
prévenir des besoins éventuels, lesquels besoins éventuels
pouvant s'inscrire sous cet item seraient à convenir cas par cas avec la
Commission d'accès à l'information.
Dans la deuxième partie, la Commission et nous, on devrait
s'entendre pour préciser les règles, les conditions de gestion
des fichiers contenant les renseignements nominatifs qui sont identifiés
dans la première partie. C'est ça, c'est le corps du
protocole.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Alors,
M. le député d'Abitibi-Ouest, il vous reste un peu de... pas mal
de temps, d'ailleurs...
M. Gendron: Oui, deux remarques...
Le Président (M. Gautrin): ...pour intervenir.
M. Gendron: ...sur ce que le ministre vient de nous dire. La
première, c'est que je suis heureux qu'il informe les membres de cette
commission de révolution de sa réflexion sur des
éléments éventuels qui pouvaient être compris
à l'intérieur du protocole. Deuxièmement, j'en conviens
avec lui, je n'ai jamais fait de représentation à l'effet que de
telles choses soient discutées ou négociées sur le coin de
la table, en présence des membres de la commission. J'ai toujours
pensé que la responsabilité ministérielle doit demeurer,
quels que soient les points de vue exprimés à l'intérieur
d'un projet de loi. Et dans ce sens-là, je n'ai pas de problème
à vivre avec ça.
Pour le temps qui m'est imparti, je voudrais revenir sur certains
éléments que j'estime avoir moins bien couverts,
indépendamment de l'évolution que le dossier connaîtra dans
les étapes subséquentes. Lorsque le ministre indique, comme il
l'a fait ce matin - parce que c'est à ce moment-là qu'il l'a fait
- qu'il prétend avoir besoin de ce type d'information pour un meilleur
contrôle budgétaire et une garantie d'imputabili-té, comme
c'est ie cas dans nos règles, moi, je persiste à croire que cette
preuve-là demeure toujours à être faite, qu'il ne sera pas
plus équipé pour s'assurer d'informer la Chambre que c'est telle
somme, précisément, qui aura été
dépensée, puisqu'il continuera à exiger des
validations de clientèles, il y aura encore des aspects de variation
quant à ces clientèles-là, parce qu'on n'est pas
handicapé toute sa vie; oui, s'il s'agit d'un handicap à
caractère physique permanent comme la perte d'un membre, la perte de la
vue. Mais pour des élèves en difficulté d'apprentissage,
pour avoir, encore là, oeuvré pendant une dizaine d'années
dans le monde de l'éducation, je me rappelle, combien de fois des
élèves étaient classifies une année comme
présentant des difficultés d'adaptation et d'apprentissage. Si on
devait convenir de ce que le ministre semble croire, qu'il faut les codifier
parce que c'est une base permanente, il faudrait revoir toutes nos
méthodes de support professionnel à l'encadrement de ces
jounes-là.
Écoutez, pourquoi un psychologue scolaire? Pourquoi un conseiller
en orientation? Pourquoi des psychologues tout court? Pourquoi des
spécialistes en psychoéducation, en déficience visuelle ou
autre? C'est pour, de temps en temps, permettre de faire franchir à des
élèves une étape donnée qui leur permettra,
l'année suivante, de mieux fonctionner, surtout le monde un peu
compliqué dans lequel on vit, où il y a tellement
d'éclatement de familles, où il y a tellement de parents qui ont
un statut de monoparental, l'arrivée de la vidéocassette, du
film, de la violence à la télévision, tout ça fait
que tu as des élèves qui sont perturbés temporairement. Le
type de perturbation qu'ils ont, eu égard à une meilleure
capacité de faire face à des apprentissages pédagogiques,
bien, II me semble que ce n'est pas une donnée qui est durable dans le
temps.
Si on revient sur l'article lui-même. Je ne peux pas concevoir que
le ministre convienne qu'il n'y a pas là un accroc... Oui.
M. Pagé: Le député d'Abitibi-Ouest vient de
toucher un sujet, le coeur du sujet finalement. Je suis pleinement d'accord
avec lui que les situations, l'identification, le besoin réel,
finalement, d'une démarche s'adressant aux élèves en
difficulté d'apprentissage peut être très, très
fluide, très mobile. Et je suis d'accord avec lui qu'elle peut
évoluer dans des délais quand même relativement brefs. Vous
avez donné des cas de deux mois tout à l'heure, c'est le cas.
Mais ça accrédite le fait que le ministre et le ministère
doivent pouvoir vérifier en tout temps sur une base flexible que les
budgets sont bel et bien affectés au bénéfice de ces
clientèles-là.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: II reste à savoir comment.
M. Gendron: Voilà.
M. Pagé: Moi, je suis prêt à signer un
protocole et je n'ai pas de nouvelles.
M. Gendron: O.K. En tout cas, là-dessus, je vous le dis,
l'évolution, je l'espère, permettra que vous ayez des nouvelles.
Mais j'estime que quand le ministre pose la question, ça
nécessite la capacité de faire et, moi, j'irais plus loin que
vous. Ponctuellement, certaines vérifications au niveau des
clientèles, compte tenu de la fluidité de ces
clientèles-là. Vous avez raison. Et on ne peut pas garder une
porte ouverte, compte tenu des sommes en cause. Ce n'est pas juste des 0,10 $
qui sont là.
M. Pagé: Ce n'est pas la porte. C'est le garage et le
toit.
M. Gendron: Là, c'est justement. C'est qu'à un
moment donné, il faut s'assurer quo ce qu'on veut corriger, je vous l'ai
dit d'entrée de jeu, l'objectif je le partage. Mais là, je veux
revenir sur le fond. Et là, quand il y a trop d'intervenants qui ont le
même point de vue que la voie que vous choisissez pour atteindre
l'objectif ne vous permettra pas de l'atteindre et, en plus, elle est odieuse,
eh bien...
M. Pagé: Non.
M. Gendron: Elle est odieuse la voie choisie. Écoutez, je
vais juste vous faire quelques citations. Quand la Ligue des droits de la
personne, O.K., ils peuvent être ci, ils peuvent être ça,
ils prennent la peine...
M. Pagé: Parce qu'ils ne s'étaient pas
prononcés.
M. Gendron: Je m'arrange avec les jugements que je porte,
règle générale. Je n'ai pas de trouble trop, trop. Mais
quand ils font un énoncé élaboré, M. le ministre,
et qu'ils disent: Pour en finir avec le cirque - ce n'est pas mes propos -
bisannuels des dérogations à la Loi sur l'accès à
l'information et que là spécifiquement pour ce qui nous concerne,
ils disent: Le projet de loi 102 modifiant la Loi sur l'instruction publique et
la Loi sur l'enseignement privé vise à donner aux
ministères de l'Éducation et des Transports - écoutez
ça - le pouvoir absolu. Des pouvoirs absolus, ça n'a pas de bon
sens, à moins, encore là, d'avoir la vérité
révélée. Et là, ce n'est pas assez d'avoir le
pouvoir absolu. Sans appel. Pas question. Je ne veux pas voir de fatigant
ià-dedans. Il n'est pas question de regarder ça par d'autres. Un
pouvoir absolu et sans appel de déterminer quels renseignements
nominatifs pourront obtenir des commissions scolaires, et l'usage qu'ils
pourront en faire.
Le ministre tantôt, correctement, nous dit: Écoutez, moi,
non, je serais prêt à baliser et à préciser quel
genre d'info et la façon dont je veux les obtenir et tout ça.
Mais, mol, je suis obligé de fonctionner avec ce que j'ai. Moi, je suis
à l'article 8, et l'article 8 ne dit pas
pantoute...
Le Président (M. Gautrin): Moi aussi.
M. Gendron: O.K. C'est pour ça que je continue. Avec ce
que j'ai comme mandat et comme responsabilité, je suis obligé de
travailler avec l'article 8. Le libellé de l'article 8, il n'est pas du
tout dans l'esprit que vous avez mentionné. Et je continue. Ça va
être court. "Le projet de loi 102 constitue le coup le plus formidable,
le plus bas - on avait l'air surpris tantôt quand je disais que
c'était odieux. Ce n'est pas moi qui le dis - jamais porté
à la Loi sur l'accès". O.K. C'est des ci, c'est des ça. Je
le répète, c'est moi qui le dis, je ne le pense pas, mais
supposons qu'on penserait ça. Si on est les seuls à penser
ça? Bien non, on peut tourner à peu près n'importe quelle
page, tous ceux qui se sont exprimés là-dessus. Quand M. Lesage,
juste une phrase, dit ceci: La Commission considère les
dérogations relativement notamment aux handicaps personnels et à
appartenance religieuse - écoutez bien ça - injustifiées,
ce n'est pas un terme fort, mais il dit ce qu'il veut dire.
Injustifiées. Le ministre n'a jamais prouvé que c'était
justifié. "Démesurées". Bien, quand c'est
démesuré, ça commence à faire Faire un édito
là-dessus, c'est important. Et il ajoute: "inacceptables". Bon. Lui, on
dit: II ne connaît pas ça, qu'est-ce que tu veux, il n'a jamais
été en éducation et c'est un point de vue. Bon, bien, on
va regarder d'autres gens qui connaissent ça.
M. Pagé: J'ai beaucoup de respect pour M. Lesage.
M. Gendron: Moi aussi. Ce n'est pas ce que je pense. C'est un
ami, un honorable concitoyen qui vient de l'Abitibi, en plus, fils du
vénéré Emile Lesage. Alors, je connais bien M. Gilles
Lesage et j'ai beaucoup de respect pour les éditos de M. Lesage, ce
n'est pas pour rien que je les cite Je dis. Même si des gens pensaient
ça...
M. Pagé: Mais n'allez pas penser que moi je pourrais
penser ça de M. Lesage.
M. Gendron: On regarde ailleurs. Est-ce qu'il y en a d'autres?
C'est à pleine page. La
Commission d'accès, la CEQ, la Fédération des
commissions scolaires...
M. Pagé: Ils les ont eux autres
M. Gendron: Mais indépendamment qu'ils les aient, je vous
le rappelle. On peut bien citer ce qu'on veut. La CEQ ne remarquait pas...
Remarquez, M. le Président - parce qu'il faut s'adresser à vous -
que je ne l'ai pas citée parce qu'elle les avait, je l'ai citée
parce que dans sa longue lettre, elle nous dit: M. le ministre, même si
vous les aviez les renseignements nominatifs, êtes-vous au courant que
vous ne seriez pas plus avancé?
M. Pagé: Un instant. Puis-je vous poser une question,
toujours sur la CEQ?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Comment la CEQ peut-elle... Si la CEQ a droit
d'accès, de se servir de ces renseignements nominatifs, comment le
ministère n'aurait-il pas, lui, le droit alors qu'on leur a offert un
protocole d'entente et des règles très strictes sur l'usage de
tels renseignements nominatifs? Parce que le problème, il est
très simple là On peut causer évidemment pendant
très longtemps, mais la position ferme, elle n'était pas
souhaitée. Elle a été provoquée par l'attitude
catégorique et définitive de la Commission d'accès
à l'information et par les refus répétés de se
conférer un protocole d'entente. Que voulez-vous que je vous dise?
Alors, j'espère que les voies insistantes qui sont formulées ou
entendues autour de cette table porteront fruit.
M. Gendron: Je le souhaite, mais M lo Président...
M. Pagé: Sinon bien coudon!
M. Gendron: Bien là, c'est parce qu'il y avait une
question et un commentaire. À la question: Oui, je veux que vous les
ayez, ça fait 20 fois que je le dis.
M. Pagé: Parfait.
M. Gendron: Quand vous dites: Écoutez, c'est la
Commission...
M. Pagé: Donc, vous souscrivez au principe comme quoi on
peut en arriver à une entente qui va garantir, avec toute la rigueur
nécessaire, l'utilisation à des fins confidentielles
limitées à certains renseignements dont on a besoin, etc. Vous
nous dites que c'est possible.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Vous appuyez ça?
M. Gendron: J'appuie ça un instant.
M. Pagé: Merci de votre appui pour moi. C'est ce que je
demande là. Et ils ne veulent pas.
M. Gendron: II va vouloir. Un instant.
M. Pagé: Oh! Vous semblez avoir beaucoup
d'autorité..
M. Gendron: Non, je n'ai pas plus d'autorité que...
M. Pagé: ...sur la CAI. Il va vouloir.
M. Gendron: Je ne veux pas en avoir, je n'ai pas
d'autorité sur la Commission d'accès. C'est justement, je ne veux
pas que les autres en aient non plus. Alors, je ne veux pas que vous vous
preniez une autorité parce que je veux que la Commission d'accès
ait un vrai rôle, mais là je vais continuer les deux choses. Le
ministre dit: Écoutez, ce sont eux qui se sont placés.
Mettez-vous à leur place là. Quand on se fait dire... Et qu'on a
été créer dans diverses législations pour
surveiller la protection de renseignements individuels qui sont graves dans une
société comme la nôtre, si véritablement les chartes
ont une signification et qu'on se fait dire par le ministre: Vous direz ce que
vous voudrez, la Commission pourra soutenir ce qu'elle veut. Moi, je vais de
l'avant et je ne veux rien savoir. Là, on est allés chercher le
trouble.
M. Pagé: Vous devez, M. le député. Vous
devez... Je sais que vous êtes un homme généralement
soucieux de l'honnêteté intellectuelle. Vous devez dire que
ça a été formulé il y a un certain temps, alors
qu'on a tout fait signifier pour une xième fois qu'il n'était pas
intéressé.
M. Gendron: Bien, vous aviez juste à ajouter ça
dans votre phrase. Mais, moi, je lis ce qu'il y a là. Alors...
M. Pagé: Quand il est pris dans le coin là...
M. Gendron: Je continue dans mon droit d'intervention. La
même Ligue des droits et des libertés de la personne, elle dit
ceci: Si les projets de loi 87 et 102 sont adoptés, ce sera une nouvelle
invitation - et là, il me semble que M. le ministre devrait être
sensible à ça - à tous les organismes publics de tenter de
se hausser eux aussi au-dessus de la loi sur l'accès, tant en
matière de droit à l'information que de protection des
renseignements personnels. À notre avis - et là, ce n'est pas mon
langage, c'est le leur - la farce a assez duré. Si le gouvernement
désire démanteler la loi, qu'il le dise haut et fort. Nous, on ne
veut rien savoir. Comme un peu la députée de Bourget a
laissé voir. Mon ministre m'a dit ça, c'est bon. Ça doit
être vrai, sans trop savoir exactement de quoi il parle, mais ça,
ce n'est pas grave. (17 h 30)
Nous saurons alors quel doit être pour lui le Québec des
droits et des libertés d'après lac Meech où
l'efficacité économique et technocratique devient le seul
véritable principe fondamental et prépondérant de la
société québécoise. En outre, nous
économiserons ces si précieux fonds publics parce que ce n'est
pas des farces ce que ça peut coûter. Et là, il concluait
que les dispositions dérogatoires du projet de loi 102 soient purement
et simplement retirées et que les renseignements nominatifs actuellement
détenus par le ministère - parce que vous les avez, vous nous
l'avez dit et on le sait - en contravention de la loi sur l'accès
à l'information soient détruits.
Moi, je dis qu'on ne peut pas aller jusqu'à la destruction de ces
renseignements-là, mais on peut se placer dans un contexte où la
Commission de la protection des droits pourra avoir, contrairement à ce
qui est dit au deuxième alinéa de l'article 8: Le ministre
détermine seul. Moi, je prétends que ça ne me ferait rien
que vous soyez accompagné, elle ne serait pas fatigante, la Commission
d'accès, de vous accompagner, d'après moi, pour assurer, selon
son mandat, le respect des règles et des conditions applicables. Parce
que là, on ne parle pas de niaiseries, on parle d'un fichier de
renseignements personnels contenant des renseignements visés au
deuxième alinéa. On parle d'informations sincèrement qui
peuvent avoir des conséquences majeures, dans certains cas
désastreuses, chez certains citoyens.
Et là, ça a été repris par la CEQ, la CSN,
la Fédération des comités de parents. La
Fédération des comités de parents, c'est assez
normalement, excusez l'expression, mais "low profile", bien correct, ils
prennent le temps d'analyser les affaires avant de déduire quelque
chose. Puis ils ont dit: Nous autres - et je les cite -on demande au
gouvernement de trouver d'autres moyens pour atteindre les mêmes
objectifs. Donc, ils ont autant de soucis que vous, M. le ministre. Ils ont
autant de soucis que vous par rapport à l'objectif que vous visez. Mais
est-ce que, en conscience, vous avez répondu aux questions qu'on vous a
soulevées, à savoir que tous les autres moyens ont
été répertoriés, tous les autres moyens ont
été regardés pour s'assurer qu'il y en a d'autres? Quand
la Fédération des commissions scolaires, j'ai eu encore
l'occasion de vérifier avec eux autres, ce n'est pas notre suggestion,
mais eux autres disent: Par conséquent, je vous demande, M. le ministre
- dans une lettre du 7 décembre - de retarder l'étude des
articles 8 et 10 du projet de loi. On l'est, sur l'article 8. Puis ils vous
demandent de le retarder.
La Fédération demande également d'être
entendue sur cette question. Bon. Ça, c'est son point de vue. Elle peut
vous parler directement. Mais quand elle demande que l'article 8 soit
retardé, ce n'est pas parce qu'elle n'est pas consciente qu'il n'y a pas
de quoi là. C'est parce qu'elle ajoute cecf: Nous croyons qu'on serait
en mesure de trouver des solutions alternatives. Notre rôle, comme
membres de la commission, c'est bien plus d'essayer de trouver des solutions
alternatives pour ne pas mettre la hache dans la loi sur l'accès
à l'information. C'est ça qui est le drame et c'est ça qui
est grave. Puis moi, je
ne vais pas plus loin là-dessus parce que mes arguments, je les
ai évoqués, je suis très, très conscient que le
ministre veut procéder trop rapidement dans ce cas-là et manque
d'ouverture pour regarder d'autres alternatives et lui offrir la
sécurité d'arriver au même objectif, mais
différemment et peut-être, M. le Président, revenir un peu
sur ce qu'il disait parce que j'ai relu, je me devais de relire comme il faut,
puis deux fois, puis trois fois, 478 et 479.
Je comprends mal que parce que c'est titré "Pouvoirs de tutelle"
qu'on panique parce que dans le 478, ce n'est pas pour rien qu'il y a des
virgules entre les éléments. Ça veut dire que c'est des
éléments distincts. À un moment donné, il y a deux
grosses virgules où on dit: Le ministre peut charger qui il veut. Il
n'est pas obligé de mettre une commission scolaire en tutelle Qui il
veut, la personne qu'il désigne, sur quelque matière que ce soit
se rapportant à la qualité des services éducatifs ainsi
qu'à l'administration et à l'organisation scolaires. C'en est, de
l'administration quand on a des enveloppes de fonds publics substantielles pour
s'assurer que ces enveloppes-là servent aux fins pour lesquelles elles
sont prescrites. On a la chance... Vous n'avez pas lésiné quand
les commissions scolaires ont couru après vous autres: Donnez-nous le
pouvoir de taxer, ça nous intéresse, nous autres, d'avoir plus
d'assiette. Ça n'a rien donné par rapport à la marge de
manoeuvre, mais ils l'ont obtenu et dans la gestion des écoles vous
n'avez pas lésiné longtemps. Vous avez dit: On vous passe
ça, l'équipement des écoles parce que nous autres, on est
cassés, puis on vous laisse ça. Vous n'avez pas
lésiné.
Là, c'est la même fédération qui le deman de.
Elle dit: Pas cette vote-là, M le ministre, ne choisissez pas cette
voie-là. Choisissez la voie autre qu'on veut regarder avec vous. Puis
comme vous semblez être pressé puis que vous ne voulez pas qu'on
regarde ça avec vous, on vous suggère une voie qui est 478, qui
n'est pas la tutelle de la commission scolaire, qui est de nommer quelqu'un qui
irait voir, faire enquête, puisque de toute façon, de toute
façon, je suis convaincu que vous connaissez - et c'est ma conclusion -
les commissions scolaires où, susceptible-ment, on peut, sur une base
historique, quatre, cinq, six ou sept ans, porter le jugement qu'il nous
apparaît, à sa face même - moi je n'aime pas bien bien
ça, mais à sa face même - qu'il y a probablement eu une
espèce d'exagération au niveau des clientèles.
Voilà, M. le Président, je n'ai pas d'autres commentaires.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député d'Abitibi Ouest. M. le ministre, quelques remarques
très brèves.
M. Pagé: Très brièvement. Ce n'est pas
être au-dessus de la loi, ce n'est pas, comment dirais-je, attaquer de
façon démesurée ou avec une bombe, comme disaient les gens
tantôt autour de cette table, depuis vendredi, la Commission. Les
dispositions de l'article 8 créent une présomption de
nécessité, purement et simplement, qui évite au
ministère de devoir faire la preuve à chaque fois de la
nécessité. Ça n'exclut pas, ça, que toute personne,
tout groupe, toute entité qui croit et qui peut soutenir la
non-nécessité de l'usage du traitement de ces données peut
s'adresser à la Commission pour le traiter, purement et simplement.
Ultimement, avez-vous lu le jugement, en fin de semaine?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Vous avez lu la partie du jugement de 1981?
M. Gendron: 1980
M. Pagé: 1980. Quand on dit: Le ministre de
l'Éducation... Le jugement est très clair: Le ministre de
l'Éducation a charge de l'administration de son ministère et il
est de son devoir de s'assurer que l'argent des subventions soit réparti
de façon équitable entre les diverses commissions scolaires,
selon le nombre réel des élèves ayant droit à
l'inscription dans chacune d'elle. En poussant l'argument à
l'extrême, il est évident que le ministre aurait eu le devoir de
refuser la subvention à des noms fictifs frauduleusement inscrits dans
le seul but d'obtenir illégalement un supplément de subvention,
ce qui n'est pas le cas présentement. Chargé de l'administration
du portefeuille de son ministère, il était du devoir du ministre
de s'assurer que les fonds dont II dispose servent exactement aux fins que
prévoit la loi. Toute autre règle qu'il pourrait adopter pour la
gouverne de son ministère, tel que les règles budgétaires,
demeurerait assujettie à ce principe fondamental. On aurait pu aller
devant les tribunaux, mais ça aurait pris quatre ans. On a une bonne
cause, M. le député. Je termine là-dessus.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Avant de passer la
parole, est-ce qu'il y a des députés ministériels ou des
députés pseudo-ministériels qui veulent intervenir? Merci.
Alors, Mme la députée de Terrebonne, vous avez encore un peu de
temps à vous.
Mme Caron: Je n'ai pas compris, M. le Président, votre
pseudo.
Le Président (M. Gautrin): C'était une remarque
humoristique, madame.
Mme Caron: Oui, mais j'aimerais moi aussi partager votre
sourire
Le Président (M. Gautrin): Bien, écoutez, c'est
simplement que le député de Jacques-
Cartier, qui n'est pas un député ministériel mais
qui siège actuellement du côté des ministériels,
c'est pour ça que j'ai dit...
M. Pagé: But you certainly understand that he feels more
comfortable with us, on our side, than the other side. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): C'est pour ça, Mme la
députée de Terrebonne, que j'ai utilisé le terme
"pseudo".
Mme Caron: J'avais bien compris, mais je voulais partager avec
vous.
Le Président (M. Gautrin): L'humour. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président...
M. Pagé: Vous pensez quoi de ça, vous, Mme la
députée?
Mme Caron: Si on regarde tous les documents qu'on a devant nous,
on regarde et on s'aperçoit qu'au début, lorsque le ministre nous
dit que l'attitude de la Commission d'accès à l'information est
extrêmement rigide et non flexible, on disait, c'est que non. Si on
regarde ce qu'on a en main du côté des conférences de
presse, du côté de l'attitude du ministre à ce
moment-là, l'attitude était assez semblable, c'est-à-dire:
Je vais déposer ce projet-là et je vais obtenir les
renseignements, de toute façon, je les ai déjà, mais je
vais les obtenir pour ce que je désire obtenir. Donc, nous sommes partis
de deux pôles très éloignés. Ce qu'on nous dit
aujourd'hui, c'est qu'il y aurait peut-être une possibilité de
reprise des discussions, de reprise des négociations, et qu'on pourrait
peut-être même se retrouver avec un protocole d'entente. Alors, je
dois dire que je trouve que déjà on a avancé, depuis le
début du dossier.
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes heureuse, vous
avez fait votre travail.
Mme Caron: Je n'appliquais pas ça nécessairement au
travail de l'Opposition, M. le Président. C'était une
constatation des efforts qui avaient été faits de part et
d'autre.
Le ministre, dans son intervention lors du dépôt du projet
de loi - et là, j'aimerais le citer, je pense que c'était assez
clair - nous disait: M. le Président, et je n'ai eu d'autre choix que
d'introduire ces modifications qui viennent établir une
présomption de nécessité de ces renseignements, dans la
loi sur l'accès à l'information, tout comme je suis conscient que
ces dispositions créent une première fissure dans la loi sur
l'accès à l'information. Et ce n'est pas plus de gaieté de
coeur que je m'associe, comme ministre, et que j'initie, pas que je m'associe,
que j'initie, comme ministre de l'Éducation, une disposition
législative qui crée une fissure aussi importante qui, j'en
conviens, pourrait faire l'objet de tentations de la part d'autres ministres du
gouvernement, éventuellement, ou encore, pourrait faire l'objet de
représentations de la part d'autres organismes du secteur public au
Québec, d'autres institutions que les institutions uniquement
gouvernementales, relevant du gouvernement du Québec. Mais je n'ai pas
le choix.
Donc, dès son premier discours, le ministre de l'Éducation
nous disait que c'était une première fissure dans la loi sur
l'accès à l'information et une fissure aussi importante qui, il
l'admettait, pouvait ouvrir la porte aux autres. Plutôt que d'ouvrir
cette porte, que le ministre considérait, bien sûr, qu'il ne le
faisait pas de gaieté de coeur, mais plutôt que d'ouvrir cette
porte-là, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec vous propose d'utiliser les articles 478 et 479.
Vous nous dites que ce sont des articles... Que ce serait d'utiliser les gros
canons, finalement, pour quelque chose qui pourrait être obtenu d'une
manière différente. Par contre, ce que vous faites par rapport
à la loi sur l'accès à l'information, cette fissure
importante, c'est aussi utiliser les gros canons dans la loi sur l'accès
à l'information. Donc, j'ai l'impression qu'on se trouve devant deux
solutions qui utilisent les gros canons et non uniquement les articles 478 et
479.
Je pense que, si le ministre... Je me demande si le ministre croit que
si la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec est prête à proposer l'utilisation de ces
articles-là, elle est donc prête à en informer les
différentes commissions scolaires. Ne croit-il pas que si les
commissions scolaires étaient informées que le ministre pourrait
utiliser ces articles-là pour aller chercher les renseignements dont il
a besoin, ça limiterait sûrement les écarts qu'on peut
retrouver chez certaines commissions scolaires? Que l'utilisation des articles
478 et 479 constituerait une certaine, entre guillemets, menace pour les
commissions scolaires et les obligerait finalement à présenter
des rapports le plus clairs possible et le plus précis de la
vérité, en sachant bien que le ministre peut utiliser ces
articles-là qui, effectivement, sont des articles qui ont du poids pour
les commissions scolaires et qui posent problème? Alors, juste le fait
de savoir que le ministre serait prêt à les utiliser pour
ça, est-ce que ça ne limiterait pas le problème qu'on vit
actuellement?
D'un autre côté, c'est évident qu'il n'est pas
question ici de négocier au niveau du contenu de l'entente que le
ministre est prêt à proposer à la Commission d'accès
à l'information, sauf que j'aurais peut-être quelques petites
questions de précision sur ce qu'il a bien voulu nous communiquer, et je
l'en remercie. Lorsqu'il nous dit qu'il souhaiterait que dans cette
entente-là, on parle de renseignements nominatifs pour
les élèves handicapés, les élèves en
difficulté d'apprentissage, et lorsqu'il parle de se garder la porte
ouverte pour "autre", est-ce que j'ai bien saisi que cet autre-là serait
toujours défini... (17 h 45)
M. Pagé: Cas par cas.
Mme Caron: ...cas par cas avec la Commission d'accès, et
non un "autre" qui laisse la porte vraiment ouverte?
M. Pagé: C'est un "autre" qui doit faire l'objet d'une
définition éventuelle, et ces autres-là, ça va
être cas par cas.
Mme Caron: O.K.
M. Pagé: Ça dit ce que ça dit, madame. Je
pense que le texte parle par lui-même.
Mme Caron: Et s'il n'y a pas d'entente entre les deux parties sur
un renseignement, sur un autre renseignement?
M. Pagé: Si le protocole ne fonctionne pas, je soumettrai
à nouveau au Conseil des ministres l'opportunité d'y aller par un
amendement.
Mme Caron: D'accord.
M. Pagé: Le législateur a le droit de parler,
là. On ne veut pas vous brimer dans ce droit de parler. Alors,
même chose de notre côté.
Mme Caron: Le ministre propose également, et je pense que
ça vient répondre au deuxième paragraphe de l'article 8,
que les règles et conditions applicables à un fichier soient
aussi négociées avec la Commission d'accès.
M. Pagé: Est-ce que c'est un commentaire ou une
question?
Mme Caron: Une question. M. Pagé: De quoi?
Mme Caron: Le ministre vient aussi proposer dans cette entente,
pour répondre, finalement, à nos inquiétudes du
deuxième paragraphe de l'article 8, que les règles et les
conditions applicables à un fichier feraient l'objet d'une entente entre
le ministre et la Commission.
M. Pagé: C'est ça. Oui, oui. C'est clair. C'est ce
que j'ai dit.
Mme Caron; O.K.
M. Pagé: C'est susceptible de vous sécuriser,
ça aussi.
Mme Caron: Oui. C'est pour ça que je vous pose les
questions, M. le ministre.
M. Pagé: Merci, madame. J'apprécie.
Mme Caron: Et le ministre nous avait bien dit que s'il arrivait
à obtenir cette entente de protocole avec la Commission d'accès
à l'information, il était prêt à retirer les
articles 8, 10, 55 et 56.
M. Pagé: Bien oui. Je l'ai dit peut-être 15 fois,
ça.
Le Président (M. Gautrin): C'est ce qu'il a dit, en effet,
madame.
M. Pagé: À plusieurs reprises. Et même, je me
trouve parfois redondant.
Mme Caron: Au moment où on se parle, est-ce que le
ministre a déjà déposé cette proposftion-là
à la Commission d'accès à l'information ou est-ce qu'il
compte le faire?
M. Pagé: C'est ce que j'ai indiqué personnellement
à M. Comeau, le président de la CAI, la Commission d'accès
à l'information, le vendredi 30 novembre.
Mme Caron: Vous lui avez fait cette proposition-là le 30
novembre?
M. Pagé: Oui. Je lui ai dit: Les paramètres d'un
protocole devraient contenir ça, ça, ça, ça. Alors,
il m'a dit: C'est très intéressant. Je lui ai dit: C'est
formidable.
Mme Caron: Et ce sont les mêmes, là...
M. Pagé: Et là, on s'est questionnés tous
les deux: Comment pouvons-nous donner suite à cet enthousiasme qui nous
caractérise malgré cette dualité? Il m'a dit: M. le
ministre, je quitte pour l'Europe. Je vous appelle de l'Europe mercredi ou
jeudi. Je n'ai pas eu de nouvelles, sauf en fin de matinée. On m'a fait
part, par personne interposée, après la séance, qu'il
voulait me parler.
Mme Caron: Et ce sont exactement les mêmes propositions,
quelques points et faits?
M. Pagé: Évidemment. Madame, vous devez
connaître ma constance. Vous me reprochez d'être constant dans mes
affirmations; je suis constant dans mes contenus.
Mme Caron: Je n'ai pas l'impression de vous avoir reproché
d'être constant.
Le Président (M. Gautrin): J'aimerais quand même
éviter.. Je veux bien être souple, mais
évitez des débats entre personnes.
M. Pagé: Mais lorsqu'on me questionne, les minutes que je
parle s'imputent à son temps.
Le Président (M. Gautrin): Je pense que oui.
Mme Caron: Compte tenu que le président de la Commission
d'accès à l'information a tenté de vous rejoindre et qu'il
n'y a pas eu d'échanges depuis ce moment-là, n'y aurait-il pas
lieu de suspendre...
M. Pagé: Non.
Mme Caron: ...l'étude de l'article 8...
M. Pagé: Je l'ai dit, ça, madame, ce matin.
Mme Caron: ...pour permettre de voir le résultat de cette
proposition-là?
M. Pagé: Je ne suis pas naïf, madame Je no suis pas
naïf. Je vous réponds tout de suite. Je l'ai dit ce matin et je
vous le répète une deuxième fois. Le projet de loi, le
libellé du texte présentement à étudier a fait
l'objet d'un dépôt, suite à une ratification par le Conseil
des ministres où tous les ministres sont assis autour de la table. Puis
quand le Conseil des ministres décide, ça devient une position
gouvernementale. Le texte qui est là est une position gouvernementale.
Il est présentement étudié au stade de l'étude
article par article, après l'adoption de principe. À la fin de
nos travaux, où M. le Président va déclarer la
séance et l'ensemble des articles adoptés ou amendés, nous
allons déposer le rapport le lendemain. La journée suivante, ce
rapport pourra être pris en considération, et je vous ai
indiqué que s'il y avait un protocole d'entente à la satisfaction
du ministère de l'Éducation qui serait signé, je
m'engageais à retirer lesdits articles.
Donc, il n'est pas question pour le moment de suspendre. J'ai assez
d'expérience pour ne pas succomber à cette naïveté un
peu puérile...
Le Président (M. Gautrin): Tentation.
M. Pagé: ...qui pourrait me placer dans une situation de
vulnérabilité à l'égard de son application, si on
le suspendait. Alors, la réponse c'est non.
Mme Caron: Bon. Alors, M. le Président, je vais continuer
mon intervention.
Le Président (M. Gautrin): Bon, continuez votre
intervention. Il vous reste combien de temps?
M. Pagé: Deux minutes.
Le Président (M. Gautrin): 15 minutes, madame.
Mme Caron: M. le Président, dans tous les projets de loi
que j'ai étudiés jusqu'à maintenant, et même si
ça ne fait que 15 mois que je suis députée, à
chaque étude de projet de loi il y a eu des articles qui ont
été suspendus pour préparer des amendements ou pour
présenter une autre proposition. Et des articles qui ne posaient pas de
problème aussi grand que celui qu'on a devant nous. Et ça, dans
toutes les commissions parlementaires auxquelles j'ai participé,
particulièrement au niveau du ministère de l'Éducation, on
doit se dire qu'à la commission de l'éducation il y a souvent eu
des amendements à des articles dans les projets de loi et souvent on a
suspendu certains articles pour revenir les étudier. Ça
n'empêche aucunement le ministre, lorsque d'autres articles sont
adoptés, de revenir sur ces articles-là.
Et ça n'enlève mais aucunement la position qu'il a priae
par rapport au Conseil des minis très. Mais pas du tout. Le fait de
mettre certains articles de côté parce qu'ils posent
problème et de continuer l'étude du projet de loi, ça se
fait couramment. Et ça ne serait pas créer un
précédent que de le faire à cette commission-là. Au
contraire, c'est de ne pas le faire qui est pratiquement un
précédent, surtout que cet article-là a été
clairement dénoncé par de nombreux groupes. Je comprends
difficilement l'attitude du ministre là-dessus. Je m'explique mal qu'il
ne croie pas pouvoir revenir à un autre moment.
On a déjà des séances de prévues pour
poursuivre l'étude de ce projet de loi là et il pourrait le
ramener à un autre moment. Pas nécessairement même à
la fin de l'étude du projet. Il pourrait le ramener demain, suite
à sa conversation avec le président de la Commission
d'accès à l'information. Je suis très
étonnée...
M. Pagé: Vous voulez quoi exactement? Vous voulez qu'on
suspende.
Mme Caron: Oui. L'étude... M. Pagé:
Jusqu'à quand?
Mme Caron: Vous êtes supposé être en contact
avec le président de la Commission d'accès à l'information
sur quatre articles qui posent problème, qui sont dénoncés
par de nombreux organismes...
M. Pagé: Oui, ça je sais tout ça.
Mme Caron: ...par des ministres de votre formation...
M. Pagé: Lesquels, madame?
Mme Caron: ...politique.. M. Pagé: Lesquels?
Mme Caron: On nous parle du ministre des Communications, mais on
a eu la discrétion de ne point nommer les autres dans l'article.
M. Pagé: Écoutez, je m'excuse là. Ça,
je comprends et je ne veux pas vous critiquer. C'est normal qu'après
seulement 15 mois, on n'a peut-être pas toute cette sensibilité de
la responsabilité ministérielle. Mais c'est une décision
du Conseil des ministres. Et quand le Conseil des ministres parle, il engage
tout le gouvernement. Tous les ministres. C'est tout.
Mme Caron: On ne vous a jamais dit le contraire, M. le ministre.
On vous dit...
M. Pagé: Quand un ministre dépose un projet de loi,
c'est que tous les ministres se sont ralliés audit projet de loi.
Mme Caron: Sauf que...
M. Pagé: La responsabilité ministérielle,
c'est très simple. On se commet ou on se démet, madame. On est
d'accord ou on s'en va.
Mme Caron: M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Oui, madame.
M. Pagé: Je termine.
Mme Caron: Je n'ai pas posé de question au ministre.
Le Président (M. Gautrin): Vous n'avez pas posé de
question. Alors, vous mangez sur votre temps.
Mme Caron: Alors, je cite puisque le ministre veut des
précisions. Le Devoir, 11 décembre 1990, Michel Venne:
"Des ministres pressent Pagé d'accepter un compromis sur le droit
à la vie privée des élèves."
M. Pagé: Lesquels?
Mme Caron: Des ministres du gouvernement québécois
pressent leur collègue à l'Éducation, M. Michel
Pagé, d'accepter un compromis, de modifier deux articles de son projet
de loi 102 qui menacent le droit à la vie privée des
élèves en difficulté d'apprentissage.
M. Pagé: Lesquels?
Mme Caron: Ces pressions se font discrètement par respect
pour le principe de la solidarité ministérielle. Mais des sources
ont indiqué hier qu'au moins quatre ministres du gouvernement ont
exprimé...
M. Pagé: Quelles sources?
Mme Caron: ...des réserves face à ces articles,
notamment à l'occasion de la réunion du Conseil des ministres de
la semaine dernière à laquelle M. Pagé avait
été invité à s'expliquer.
M. Pagé: Mal informée.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Mme...
Mme Caron: Vous pourrez toujours vous référer au
club des mal cités ou des mal...
M. Pagé: Je ne suis pas mal cité. Je ne suis pas
cité dans ça, ce n'est pas moi qui parle.
Le Président (M. Gautrin): Mais il n'y a personne qui est
cité là -dedans.
Mme Caron: Tantôt..
M. Pagé: C'est vous qui citez.
Mme Caron: ...quand mon collègue d'Abitibi-Ouest vous a
cité, vous ne sembliez pas en accord avec ce qui était
annoncé là. Donc...
M. Pagé: Allez, allez, allez. Allez,
exécutez-vous.
Mme Caron: Je ne pense pas que ce soit revenir sur la position
qui a été décidée au niveau du Conseil des
ministres, puisque ce qu'on vous demande, c'est de faire ce qui se fait
couramment dans toutes les commissions parlementaires, c'est de suspendre un
article Ça arrive constamment, dans toutes les commissions
parlementaires...
M. Pagé: Jusqu'à quand?
Mme Caron: ...et ce n'est pas une exception à la
règle qu'on vous demande, là...
M. Pagé: Jusqu'à quand? Je veux être efficace
moi, là, ici. Jusqu'à quand?
Mme Caron: Moi, je souhaite que vous fassiez cet
arrêt-là jusqu'au moment où vous aurez pu parler au moins
au président de la Commission d'accès à
l'information...
M. Pagé: Ça va de soi, madame, que si on adopte
l'article 8, écoutez-moi bien, si on adopte l'article 8, là,
votre temps est presque épuisé, pas nous, votre temps, et vous
êtes supposée aborder toute la série d'articles autres que
l'article 9 et les autres, on les gardera pour la fin, je n'ai pas d'objection
à ça. Mais on ne
suspendra pas les articles en cours d'étude. Est-ce que vous
adoptez l'article 8?
Mme Caron: Bien non!
M. Pagé: Vous avez fini sur l'article 8. Il vous reste 11
minutes et 36 secondes
Mme Caron: C'est ce qu'on vous demande. On ne veut pas adopter
ces articles-là qui posent problème, on va continuer sur les
autres après.
M. Pagé: Oui, bien, continuez, madame. Moi, je vous dis
ceci, très clairement: Vous avez fini l'article 8, on va voter d'ici 9
minutes, 11 minutes, 12 minutes, dépendamment du rapport qu'on va me
faire, et je présume que vous allez voter contre, et vous pouvez
être certaine qu'on va voter pour. Je pourrais passer, moi, ensuite
à 10, peu importe, tout le bloc qui concerne entre autres mes bons amis
de la communauté anglophone...
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Terrebonne? Pardon?
Mme Caron: Je vais... Il me reste combien de temps?
M. Pagé:... puis on reviendra à l'article 9, et les
autres après.
Le Président (M. Gautrin): II vous reste une trentaine de
minutes.
M. Pagé: Pardon? Il en restait 15 tantôt.
Le Président (M. Gautrin): Pourriez-vous m'indiquer
exactement...
M. Pagé: On va suspendre, et on va s'entendre sur le
temps.
Le Président (M. Gautrin):... compte tenu... On va
s'entendre exactement sur le temps, je m'excuse... On suspend la séance
deux minutes, et je veux avoir une indication claire.
M. Pagé: Ça fait deux fois que je...
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais écoute,
Michel. Moi, ça fait deux fois que je fais...
M. Pagé: Moi, je m'en remets à vous, je demande
votre protection, moi.
Le Président (M. Gautrin): Moi, je sais qu'il reste 12
minutes actuellement au député...
M. Pagé: Avant, c'était 15, maintenant on est
rendus à 30.
Le Président (M. Gautrin): Un instant! là! Il reste
12 minutes au député d'Abitibi-Ouest.
M. Pagé: Mais elle n'a pas le droit de prendre son
temps.
Le Président (M. Gautrin): Ça, je le suis.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 17 h 59)
Le Président (M. Gautrin): II reste 30 minutes à la
députée de Terrebonne pour parler sur l'article 8. On a dit qu'on
prenait tout le débat en même temps. Il vous reste 30 minutes et
il reste 12 minutes au député d'Abitibi-Ouest. Alors, c'est
clair? Alors, on est repartis? À moins que vous ne vouliez couper un peu
plus... Vous n'êtes pas obligée de les prendre toutes entre...
Bon.
Mme Caron: Ce qu'on demande au ministre... Il nous dit qu'il n'a
pas une attitude rigide par rapport à ça, qu'il est prêt
à faire une ouverture, qu'il est prêt à déposer un
compromis, une entente, un protocole d'entente et à le négocier.
Ce qu'on lui demande, c'est de nous démontrer concrètement qu'il
a cette ouverture-là et cette volonté-là. À notre
avis, la seule façon de le faire, ce n'est pas d'adopter cet
article-là, c'est de le suspendre, de poursuivre l'étude des
articles et on reviendra. Et on lui assure qu'on va revenir dès qu'il
aura pu obtenir sa communication avec le président de la Commission
d'accès à l'information. On ne lui demande pas de revenir sur une
décision du Conseil des ministres, on lui demande de faire ce qui se
fait, là... couramment. Je ne veux pas prendre 30 minutes pour prendre
30 minutes. Si le ministre accepte de suspendre l'étude de cet
article-là, on passe tout de suite à l'autre article et on
reviendra.
Le Président (M. Gautrin): II peut prendre aussi 10 fois 5
minutes pour dire non. Il a dit non.
Mme Caron: J'en appelle à son ouverture et à sa
volonté... volonté qu'il a semblé nous exprimer,
là, qu'il voulait un compromis, qu'il voulait une entente. Mais
concrètement, ce n'est pas ce qu'il nous démontre.
M. Pagé: Continuez, madame, je vais vous écouter
pendant 30 minutes.
Mme Caron: Ça fait que vous ne revenez pas
là-dessus, au niveau de la suspension?
Le Président (M. Gautrin): II a dit non.
M. Pagé: Ça fait 15 fois que je vous le dis,
madame, sauf que si les articles sont adoptés, rien n'exclut que je les
retire au moment de la prise en considération du rapport. Alors
là, c'est non.
Mme Caron: Bien là, je répète les paroles du
ministre, tantôt: Ce serait très naïï de notre part
d'accepter d'adopter des articles et de se fier... d'avoir confiance qu'il va y
avoir un retrait après. C'est évidemment le risque que... La
naïveté serait drôlement plus forte de notre
côté puisque suspendre un article en commission parlementaire,
ça se fait régulièrement.
M. Pagé: Je suis prêt à suspendre l'article
9...
Mme Caron: Alors que voter des articles... M. Pagé:
...et les autres.
Mme Caron: ...et les retirer après, c'est plus rare, M. le
Président, c'est beaucoup plus rare Moi, je ne vois pas ça
souvent, qu'on adopte des articles et qu'on les retire à la fin.
Ça, je n'en n'ai pas vus souvent. Mais suspendre certains articles,
ça, j'ai vu ça très couramment.
M. Pagé: On fera peut-être jurisprudence
ensemble.
Mme Caron: Vous me permettrez de ne pas vouloir prendre de
chance, si ça ne vous fait rien, M. le ministre.
M. Pagé: Continuez, madame.
Le Président (M. Gautrin): Continuez, on vous
écoute avec beaucoup d'intérêt.
M. Pagé: Le temps fuit. Une voix: Et ne revient
pas.
Mme Caron: Donc, je devrai revenir, bien sûr, avec
l'argumentation de l'ensemble des groupes qui ont demandé de suspendre,
et c'est ce qu'ils ont demandé, les groupes. Ils nous ont
demandé... Autant la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec que les autres groupes ont demandé ce qu'on
vous demande aujourd'hui, de retarder l'étude des articles 8 et 10. La
façon de les retarder, puisque nous sommes rendus à
l'étude de l'article 8, la seule façon de les retarder, c'est de
les suspendre. Il n'y a pas d'autre façon de les retarder puisqu'on est
déjà rendus à l'étude de l'article 8. C'a
été demandé par la Fédération des
commissions scolaires, ils allaient même plus loin. Ils ne demandaient
pas de retarder uniquement jusqu'à ce que le ministre puisse obtenir un
autre avis de la Commission d'accès à l'information, ils
demandaient de suspendre jusqu'à ce qu'ils puissent être entendus
sur cette question en commission parlementaire, qu'ils puissent faire valoir
leur point de vue et qu'ils puissent participer à toute discussion que
le ministre pourrait avoir avec la Commission d'accès à
l'information. Alors, ils allaient beaucoup plus loin que ce qu'on demande au
ministre aujourd'hui.
Ils disaient: "Nous croyons, M. le ministre, qu'avant d'adopter des
mesures qui ont un impact direct sur la gestion des commissions scolaires et
leur clientèle, la Fédération doit être
associée de près au processus de décision." Ce que
l'Opposition demande aujourd'hui au ministre, c'est uniquement de les retarder
jusqu'à une nouvelle information de la Commission d'accès, alors
que la Fédération allait beaucoup plus loin. Elle demandait de
suspendre jusqu'à ce que la Fédération elle-même
soit entendue à cette commission parlementaire et qu'elle participe,
elle aussi, avec le ministre, aux discussions de la Commission d'accès
à l'information. Alors, ils allaient beaucoup plus loin que ce que vous
demande aujourd'hui l'Opposition.
Il y a eu aussi d'autres demandes dans le même sens. Tout à
fait dans le même sens, on a demandé de retirer les articles. On
ne demandait pas seulement de suspendre au ministre, on demandait
complètement de retirer les articles. C'est autant les groupes, il y en
avait plusieurs, on peut peut-être les rappeler, l'Association de
paralysie cérébrale, la CEQ, la Fédération des
comités de parents aussi, qui ont demandé au ministre d'attendre,
de se donner le temps de pouvoir négocier une entente. Et c'est ce qu'on
demande aujourd'hui. Le ministre nous dit: Oui, j'ai une entente, je suis
prêt à aller en discuter avec la Commission d'accès, je
sais que te président de la Commission d'accès à
l'information m'a téléphoné, je dois lui retourner son
appel, ce n'est pas encore fait, mais je veux adopter l'article tout de suite.
Ça augure mal des négociations, M. le Président, que de
prendre cette attitude-là. Je vois mal sa conversation avec le
président de la Commission d'accès, suite à l'adoption de
l'article 8: Oui, l'article est adopté, et là, je veux
négocier une entente. Je vous propose un protocole d'entente. L'article
est adopté, mais là, je suis prêt à négocier
un protocole d'entente. C'est une façon quelque peu difficile de
négocier et c'est une façon qui risque de tout simplement faire
échouer la négociation, de carrément faire échouer
la négociation parce que c'est reprendre la même attitude de
rigidité que je soulignais au début de mon intervention,
tantôt.
Au tout début, la Commission d'accès disait: Non, on ne
bougera pas, la loi, elfe est là et elle doit être
respectée par tous les ministres, que ce soit le ministre de
l'Éducation ou le ministre des Transports, même si le ministre des
Transports n'a jamais fait de demande dans ce sens et
qu'on l'introduit aujourd'hui dans la loi 102. Le ministre, de son
côté, disait: II n'est pas question que je recule, j'ai besoin
d'aller chercher cette information-là et, que la Commission
d'accès à l'information soit d'accord ou pas, j'irai la
chercher.
Donc, nous sommes partis avec deux attitudes extrêmement rigides.
Le ministre nous dit. Je suis prêt à faire un compromis, une
entente, à signer un protocole d'entente, mais je veux voter l'article
avant. Alors, on retourne à cette rigidité-là. Vous ne
pouvez pas, dans vos négociations avec le président de la
Commission d'accès à l'information, lui dire, ce soir ou demain,
au moment où vous lui parierez, que vous n'aviez pas le choix, qu'il
fallait que vous passiez tout de suite à l'adoption de l'article 8. Dans
nos règles de procédure, on peut suspendre un article, c'est
possible. Ce qu'on demande là, ce n'est aucunement une mesure
exceptionnelle. C'est vous qui nous demandez une mesure exceptionnelle. Vous
nous dites: Votez l'article et je le retirerai après, s'il y a entente.
Et tout ce qu'on regarde, au niveau des autres études de projets de loi,
c'est le contraire: on suspend un article et puis, si ça ne va pas,
bien, vous l'adopterez. On votera contre si vous le présentez, mais vous
allez l'adopter quand même, c'est évident, par la force du
nombre.
Mais démontrez au moins votre volonté d'en arriver
à un protocole d'entente en mettant l'article en suspens et non en
l'adoptant et en essayant d'aller négocier ensuite; ça ne se fait
pas. Je n'ai jamais vu aucune négociation qui puisse partir sur cette
base-là. C'est automatiquement échouer en partant. D'autant plus
que c'est aussi fermer la porte aux autres alternatives. Le ministre devrait
peut-être encore étudier la proposition de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
qui propose l'utilisation des articles 478 et 479 et regarder comment il
pourrait l'utiliser et les effets que ça aurait, concrètement,
sur les commissions scolaires.
Vous avez dit vous-même, M. le ministre, que si le ministre de
l'Éducation utilisait ces articles pour demander des enquêtes dans
peut-être une dizaine de commissions scolaires, une douzaine, peu importe
le nombre, ça soulèverait un tollé. Ça
soulèverait un tollé parce que ce sont des mesures
exceptionnelles, des mesures importantes qui ont du poids. Si les commissions
scolaires sont conscientes que vous pouvez utiliser ces mesures-là qui
ont du poids pour obtenir des renseignements nominatifs au niveau des
élèves handicapés ou des élèves en
difficulté d'apprentissage, je suis convaincue que ce serait un
incitatif extrêmement fort à donner des rapports précis qui
correspondent à la réalité, dans toutes les commissions
scolaires. Vous pourriez commencer par utiliser ces articles 478 et 479 sur la
ou les deux, trois commissions scolaires qui posent le plus problème. Je
pense que les autres commissions scolaires concluraient très vite
qu'elles doivent présenter des rapports conformes à la
réalité.
Vous avez également parlé de l'article 9 que vous
étiez prêt à suspendre à n'importe quel autre
moment. C'est un article aussi qui pose problème, on le sait. Nous
sommes au coeur du projet de loi qui pose problème. La solution qui est
proposée et demandée par l'Opposition, c'est, dans le fond, une
garantie pour vous de pouvoir passer rapidement le reste du projet de loi et
qu'on consacre la dernière période de temps que nous aurons
à discuter sur ce projet de loi, sur ces articles qu'on va pouvoir y
revenir. Tout le reste du projet de loi, je suis convaincue qu'on ne passera
pas des heures à les étudier. On va pouvoir adopter le reste du
projet de loi au même rythme qu'on a travaille en commission ce matin. Il
n'est pas question pour l'Opposition, sur le reste du projet, d'utiliser 20
minutes à chaque article et, encore moins, 20 minutes à chaque
paragraphe, à chaque alinéa d'article. C'est très clair.
On l'a dit dès le début, on l'a dit dès nos premiers
discours, on l'a répété aux remarques
préliminaires, on l'a répété lors de la
présentation des deux motions, on vous l'a redit aujourd'hui, on sait
qu'il y a quelques articles qui posent problème et nous sommes sur ces
articles-là et l'article 9 pose exactement le même type de
problème sur un autre sujet.
Le troisième point où nous n'avions pas entente avec le
ministre, c'était concernant le régime pédagogique des
adultes. Là-dessus, on ne discutera pas des heures puisque tout ce qu'on
peut demander au ministre, c'est peut-être de raccourcir la
période qui lui accorde un délai de trois ans. Tout ce qu'on peut
faire, c'est de lui demander peut-être s'il y a moyen de raccourcir cette
période là. Je comprends que ce n'est pas lui qui avait pris
l'engagement de déposer le régime pédagogique en juillet
1991 et on ne peut pas lui tenir rigueur, encore là, de ce qui n'a pas
été fait, c'est évident. On pourra sûrement lui
demander s'il y a moyen de raccourcir l'échéance.
Donc, on sait très bien que tout ce qui pose problème,
c'est ce dont on discute depuis ce matin, c'est l'article 8 et c'est l'article
9. Et de suspendre les articles 8, 9 et 10, puisque 8 et 10, c'est finalement
exactement la même chose, on touche exactement le même
problème, sauf qu'on parle du ministre des Transports, bien, ça
nous permettrait d'aller très rapidement étudier tous les autres
articles et on pourrait revenir après et ça ne poserait
aucunement problème. Le ministre n'aurait pas pris de décision en
contradiction avec le Conseil des ministres. Il aurait fait ce que font tous
les ministres lorsqu'ils étudient un projet de loi et que certains
articles peuvent être sujets à amendement ou à
discussion.
On sait aussi que les deux autres articles, c'est évident qu'on
ne demandera pas de les
suspendre tout de suite puisqu'ils sont à la toute fin du projet.
Ce sont les articles 55 et 56 qui sont à la toute fin du projet puisque
celui-ci a 57 articles. Donc, de suspendre les articles 8, 9 et 10, les trois
articles importants, c'est tout ce qu'il y a de plus normal et qui permettrait
l'avancement des débats, qui démontrerait la volonté du
ministre de vraiment vouloir une entente avec la Commission d'accès
à l'information, ce qu'H avait semblé vouloir nous
démontrer en nous donnant quelques éclaircissements, quelques
informations sur le contenu possible de cette entente-là. Mais le fait
de refuser de suspendre, c'est tout à fait la contradiction de ce qu'il
nous a proposé.
Le plus grand danger qu'il y a devant cet accroc à la loi sur
l'accès à l'information, et le ministre en était conscient
puisque je l'ai cité tantôt, il l'a dit lui-même, c'est
qu'il crée une fissure importante qui pourrait faire l'objet de
tentations de la part d'autres ministres du gouvernement et il allait plus
loin, pas seulement d'autres ministres, qui ferait aussi l'objet de
représentations de la part des organismes du secteur public au
Québec et d'autres institutions que les institutions uniquement
gouvernementales. Et c'est là qu'il est, le danger, parce que si on
ouvre la porte pour le ministre de l'Éducation et le ministre des
Transports, pourquoi ne l'ou-vririons-nous pas pour les autres? (18 h 15)
II n'y a aucune raison de le faire. Et moi, la question que je me pose
aujourd'hui... Parce que cette porte-là, on ne l'ouvre pas seulement
pour la loi 102, il faut le rappeler. Ce gouvernement l'ouvre, et je l'ai dit
vendredi, dans mes remarques préliminaires, pour trois projets de loi
seulement, durant cette session-ci. Alors, la question qu'on doit se poser:
Est-ce que ce gouvernement croit à la loi d'accès à
l'information et est-ce qu'il pense qu'elle doit encore exister dans sa forme
actuelle? Parce que si trois projets de loi viennent complètement abolir
des articles importants de cette loi d'accès à l'information
là, c'est que le gouvernement n'y croit plus et qu'il ne veut plus que
la loi existe dans sa forme actuelle. S'il fait lui-même des accrocs
Importants - on dit que ce sont les plus gros accrocs qui n'ont jamais
été faits, c'est draconien comme dérogation - c'est qu'il
n'y croit plus, à la loi d'accès à l'information et qu'il
souhaite sa révision. Alors, à ce moment-là, il aurait
été peut-être préférable de tout de suite
déposer un projet de loi pour réviser la loi d'accès
à l'information.
Le ministre est conscient de cette ouverture, du danger qu'elle suscite
et il n'est même pas prêt à suspendre quelques heures un
article pour éviter ce danger-là. Il va même plus loin, il
nous dit qu'il a besoin de toute façon d'obtenir tous ces renseignements
et que, s'il n'y a pas de négociation, de toute façon il va le
faire. C'est, en partant, bloquer le processus de négociation.
Je trouve ça dommage parce que l'entente dont il nous a
parlé, qu'il nous a présentée, les éclaircissements
qu'il nous a fournis me semblaient une très bonne voie. Je trouve que
ça nous permettait... Quand on dit qu'on va avoir une catégorie
"autre", mais qu'elle va être étudiée cas par cas avec la
Commission d'accès à l'information, c'est donc une garantie.
C'est pour ça que je voulais le faire repréciser par le ministre,
pour être bien certaine qu'on avait bien compris l'intention du
législateur. Et lorsqu'il nous dit... Ce qui nous posait le plus
problème parce que, exactement son protocole d'entente répond
à nos inquiétudes. Vous vous rappelez qu'on en avait deux. On
disait qu'on demandait tout renseignement. Là, on nous dit, dans le
protocole: On va demander des renseignements pour les élèves
handicapés, pour les élèves en difficulté
d'apprentissage et la catégorie "autre" va être
étudiée cas par cas avec la Commission d'accès à
l'information. Alors, de notre côté, c'est une ouverture
importante et on trouve ça intéressant.
L'autre cas qui posait problème, c'est que le ministre
détermine seul les règles et les conditions applicables à
un fichier de renseignements. C'est ça qu'on ne pouvait pas accepter. Et
là, il nous dit: On va avoir dans le protocole d'entente que les
règles et les conditions applicables à un fichier vont être
négociées, vont être en entente avec la Commission
d'accès à l'information. Alors, ce qu'on a devant nous, c'est
extrêmement intéressant et ça ne vient pas ouvrir la porte
puisque, automatiquement, si ce protocle est accepté, le ministre retire
ses articles. Donc, puisque ce ne sont pas des articles qu'on va retrouver dans
le projet de loi 102, on ne vient pas ouvrir la porte aux autres, on ne vient
pas ouvrir la porte aux autres ministres ou aux autres organismes.
Donc, le danger, il n'est plus là. Qu'on manifeste une aussi
grande ouverture qui est, à mon avis, la clé, la solution du
dilemme devant lequel on se retrouve depuis quelques semaines, mais que, d'un
autre côté, on refuse de suspendre l'article pour aller
présenter cette proposition-là, ça me fait douter de la
volonté réelle du ministre d'en arriver à une entente.
Parce que tu ne peux pas, d'un côté, dire: Je vais
négocier, j'ai une proposition à faire et, d'un autre
côté, dire: J'ai déjà adopté l'article 8.
C'est une aberration. Et ça m'étonne, j'avoue que ça
m'étonne de la part du ministre de l'Éducation. Il faut dire
qu'on était habitué, à la commission de
l'éducation, à suspendre des articles, à apporter des
amendements régulièrement, à suspendre un article pour
arriver avec un amendement après, et dans la plupart des commissions
où j'ai siégé. Cette rigidité est un peu
inexplicable. Tout comme je trouvais un petit peu étrange que le
ministre attende l'appel du président de la Commission d'accès a
l'information, parce que j'ai toujours cru que, lorsqu'un dossier pose
problème et qu'on veut trouver une solution,
même si une personne doit nous rappeler, puis si on trouve que ce
dossier là est important, on n'attend pas toujours que la personne nous
rappelle. En tout cas, moi, je n'attends pas. Je reloge des appels lorsque je
veux vraiment régler un problème. Je ne m'entête pas
à attendre que ce soit l'autre qui fasse les démarches ou non.
S'il y a un problème, on tente une solution et on prend tous les moyens
pour le faire, d'un côté ou de l'autre.
On nous dit que le président de la Commission d'accès
à l'information a, de son côté, démontré une
volonté d'entrer en contact avec le ministère de
l'Éducation. Donc, puisque volonté il y a d'une part, et
volonté il y a de l'autre part, puisque le ministre nous dit qu'il y a
volonté, j'aimerais que cette volonté-là se manifeste dans
l'action. Le président de la Commission d'accès à
l'information, M. Comeau, a démontré concrètement sa
volonté en téléphonant au ministre de l'Éducation.
Le ministre doit donc, à son tour, démontrer sa volonté
d'en arriver à une entente, et la seule façon, à mon avis,
de démontrer sa volonté d'en arriver à une entente, c'est
de suspendre l'article 8 tant et aussi longtemps que les deux principaux
intervenants ne se seront pas parlé et n'auront pas tenté
d'étudier la proposition du ministre qui, je le répète,
est extrêmement intéressante et vient répondre aux
arguments qu'on a entendus, autant du côté de l'Opposition que du
côté des organismes, que du côté de la commission
scolaire, que du côté de la Fédération des
commissions scolaires que du côté de la CEQ. Parce que ce qu'ils
nous demandaient, concrètement, c'était de ne pas ouvrir une
brèche dans la loi sur l'accès à l'information. Et ce
protocole d'entente, à notre avis, ne vient pas ouvrir une fissure dans
la loi sur l'accès à l'information, puisqu'on ne retrouvera pas
ce protocole-là dans le texte de la loi 102, et que le texte de
l'article 8 de la loi 102 que nous avons sous nos yeux, tel que libellé,
est carrément la plus grande fissure que la loi sur l'accès
à l'information n'ait jamais eue.
Le Président (M. Gautrin): Avez-vous terminé,
madame?
Mme Caron: Non, M. le Président. Je veux revenir sur un
point. Le ministre nous dit que les articles 478 et 479 constituent des mesures
draconiennes et qu'il hésite beaucoup à utiliser ces mesures
draconiennes là. Par contre, avec l'article 8, il utilise des mesures
aussi draconiennes mais qui touchent à un autre secteur, pas au
même secteur, mais qui vont lui donner exactement le même pouvoir
absolu sur la Commission d'accès plutôt que sur les commissions
scolaires.
L'Opposition a tenté, vendredi dernier, lors du début de
l'étude du projet de loi article par article et dans ses remarques
préliminaires, de demander au ministre de rencontrer la Commission
d'accès à l'information, ici, en commission, ce qui nous aurait
permis immédiatement, avant l'éludo article par article, et
probablement quo si le ministre avait accepté nous serions rendus
passablement plus loin que l'article 8 parce qu'on les aurait
rencontrés. On aurait eu tout de suite l'information que l'on attend et
que l'on n'a toujours pas, et on aurait pu poursuivre notre étude du
projet de loi. Le ministre a refusé d'entendre la Commission
d'accès à l'information. Nous avions également
demandé d'entendre la Fédération des comités de
parents qui, elle aussi, s'opposait aux articles 8, 10, 55, et 56, mais qui
s'opposait également à l'article 9, celui qui va suivre
l'étude de l'article 8 et qui a soulevé, lui aussi, un
tollé de protestations du côté des parents qui se sont
sentis trahis par cette interprétation de l'article 292 de la loi
107.
Au moment où on se parle, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Si vous voulez conclure,
madame, il vous reste deux minutes.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Devant le refus du
ministre de rencontrer la Commission d'accès à l'information,
l'Opposition n'a d'autre possibilité que de demander au ministre de
suspendre l'étude de l'article 8 de son projet de loi pour
démontrer clairement autant à l'Opposition qu'à la
Commission d'accès à l'information et surtout à la
Commission d'accès à l'information beaucoup plus qu'à
l'Opposition, parce que, au moment où il va avoir à
négocier avec la Commission d'accès à l'information, je
pense que c'est elle qui a besoin de croire à la volonté du
ministre, beaucoup plus que l'Opposition et autant aux organismes qui lui ont
demandé de retirer ses articles et qui lui ont demandé de prendre
le temps de négocier. Prendre le temps de négocier, ce n'est pas
de négocier une fois que les décisions sont votées, c'est
de suspendre le vote et de négocier. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le député de
Sauvé.
M. Parent: M. le Président, je demande le vote sur
l'article 8 du projet de loi 102.
Le Président (M. Gautrin): Je pense.. Comme il n'y avait
plus d'intervenants, je vais passer au vote. Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté sur division. On
passe maintenant à l'étude de l'article 9. Mais compte tenu du
temps, est-ce qu'on peut...
M. Pagé: M. le Président, je vous propose de
suspendre l'étude de l'article 9.
Le Président (M. Gautrin): J'ai une proposition de
suspension de l'article 9. On pourrait passer maintenant à l'article 10
qui n'est pas...
Mme Caron: Je m'excuse.
Le Président (M. Gautrin): Oui.
M. Pagé: Et on va ajourner à demain.
Mme Caron: J'aurais juste une question: Pourquoi le ministre
désire-t-il suspendre l'article 9...
M. Pagé: Pardon?
Mme Caron:... alors qu'il ne voulait pas suspendre l'article
8?
M. Pagé: Parce que l'étude de l'article
était déjà non seulement amorcée mais presque
conduite à terme, ce qui a été fait, alors que l'article 9
n'est pas amorcé, donc il n'est pas conduit à terme. C'est aussi
simple que ça.
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous acceptez la
suspension. Vous avez plaidé tellement brillamment, madame...
Mme Caron: Bien sûr que j'accepte la suspension de
l'article 9.
Le Président (M. Gautrin): que vous avez réussi
enfin à convaincre le ministre. Soyez heureuse qu'il accepte de
suspendre l'article 9. Bon. Alors là, compte tenu du temps, il nous
reste...
M. Pagé: Quel article faisons-nous, M. le
Président?
Le Président (M. Gautrin): J'appellerais l'article 10 qui
n'est pas numéroté dans mon livre à moi, à moins
qu'on ait une numérologie un peu spéciale. Après 9, il y a
un article 10 en général.
M. Pagé: Ça me surprendrait.
Le Président (M. Gautrin): En général,
après 9, il y a 10.
M. Pagé: Oui.... problème d'impression. Le
Président (M. Gautrin): Bon.
M. Pagé: Alors, on va commencer l'étude demain
matin.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors, on pourrait
ajourner si vous voulez.
M. Pagé: L'article 9, suspendu.
Le Président (M. Gautrin): Et l'article 10. M.
Pagé: L'article 10, suspendu.
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous proposez de
suspendre l'article 10. Très bien.
M. Pagé: Et l'article 11. On commencerait demain à
l'article numéroté dans le projet de loi, l'article 11.
Le Président (M. Gautrin): Parfait.
M. Pagé: C'est-à-dire: "Le gouvernement alloue
à une commission scolaire confessionnelle...
Le Président (M. Gautrin): C'est ça.
M. Pagé:... ou dissidente une subvention égale... "
On va conduire tout ça. Et puis, on reviendra...
Le Président (M. Gautrin): On reviendra.
M. Pagé:... à un moment donné dans le temps,
demain matin.
Le Président (M. Gautrin): C'est parfait. Alors...
M. Pagé: On prévoit siéger, je vous
l'indique tout de suite, demain matin de 10 h 30 à 12 h 30... non, je
m'excuse, de 10 heures à 12 h 30 ferme, parce que demain matin, je vais
être ici à 10 heures, pile.
Le Président (M. Gautrin): Cette commission...
M. Pagé: 10 heures à 12 h 30.
Le Président (M. Gautrin): 10 heures à 12 h 30.
M. Pagé: Demain après-midi, de 15 h 30 heures
à 16 h 30, parce que vendredi matin, je vais être à
Montréal; vendredi après-midi, de 15 h 30 prévu à
18 h 30 et vendredi soir, de 20 heures à 24 heures.
Le Président (M. Gautrin): Ça va. Cette commission
est ajournée à demain, 10 heures, même lieu, même
salle. Ça va?
(Fin de la séance à 18 h 30)