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(Vingt heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez prendre place.
La commission de l'éducation va commencer ses travaux. Est-ce
qu'il y a quorum? Je crois qu'il y a quorum actuellement.
Je vous rappellerai le mandat de cette commission qui est, ce soir, de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 94, Loi modifiant la Loi sur l'Université du Québec. M. le
Secrétaire, y a-t-il des remplacements ce soir?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Hamel
(Sherbrooke) remplace M. Gautrin (Verdun), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) remplace Mme Blackburn (Chicoutimi) et M.
Boisclair (Gouin) remplace Mme Harel (Hochela-ga-Maisonneuve).
Le Président (M. Gobé): Alors, messieurs, bienvenue
à cette commission. Je demanderai maintenant s'il y a des motions
préliminaires.
Une voix: Des remarques.
Le Président (M. Gobé): Oui, des remarques
préliminaires, des motions.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Une voix:...
Le Président (M. Gobé): M. le
député... Peut-être la ministre en premier?
M. Gendron: Oui, normalement, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, avez-vous
des remarques préliminaires sur ce projet de loi 94?
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: M. le Président, j'aimerais peut-être
seulement noter à nouveau, au niveau de la Commission, qu'il s'agit
vraiment d'un projet de loi qui est en continuité avec le projet de loi
63 qui a été adopté l'an dernier, en juin 1989, et qui
vient donc apporter un complément à ce projet de loi 63 et des
clarifications supplémentaires de concordance et techniques.
J'aimerais peut-être attirer l'attention des membres de la
commission à l'effet que la pièce peut-être la plus
importante du projet de loi, c'est de régler la question des conflits
d'intérêts pour les membres du personnel qui siégeaient
à l'assemblée des gouverneurs ou aux conseils d'administration
des universités constituantes. À l'heure actuelle, la pratique a
fait qu'il y a eu une interprétation, je dirais, très très
restrictive du libellé de l'article actuel de sorte que, souvent, nos
membres du personnel étaient exclus de toutes les séances
complètes ou de l'assemblée des gouverneurs, ou des conseils
d'administration. Alors, on a voulu apporter vraiment une clarification
très précise sur ce sujet et apporter une solution à la
problématique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie,
Mme la ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest et critique
officiel de l'Opposition, voulez-vous la parole? Avez-vous quelques remarques
préliminaires?
M. Gendron: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Gobé): Allez-y. M. François Gendron
M. Gendron: J'ai l'intention de faire des remarques
préliminaires parce que la ministre avait l'opportunité de faire
ce qu'elle vient de faire, à savoir indiquer succinctement qu'il s'agit
d'un projet de loi qui s'inscrit dans la ligne de continuité du projet
de loi 63, même si celui-ci s'appelle 94. Et il est exact que le projet
de loi 94 reprend essentiellement les mêmes sujets qui étaient
touchés par le projet de loi 63, à savoir des modifications
à la composition de l'assemblée des gouverneurs; à savoir
des dispositions concernant toute la gestion ou la question des conflits
d'intérêts. Il y a également plusieurs dispositions dans le
projet de loi 94 qui viennent préciser certains pouvoirs de
l'assemblée des gouverneurs dans certains cas; dans d'autres cas, de
celui du conseil d'administration des universités constituantes.
Et il y a également des mesures, pas nécessairement de
concordance, mais de clarification qui font que le projet de loi 94, je pense,
est un projet de loi qui permet de voir d'une façon plus claire comment
on donne suite aux difficultés qui sont apparues suite à
l'adoption du projet de loi 63. Et c'est là, M. le Président, que
je vais être un peu plus volubile. Il nous apparaît que si le
projet de loi 94 donnait suite, comme la ministre vient de l'indiquer, aux
éléments de difficultés quant à l'application de
certaines dispositions au projet de loi, bien, probablement que ceux qui auront
à vivre la suite des choses, quant à l'adoption du projet de
loi 94, ils seraient en mesure de nous éclairer et de convenir
eux aussi qu'ils ne voient pas d'inconvénients avec l'adoption du projet
de loi 94.
Mais selon les informations qu'on m'a transmises aujourd'hui et selon
l'historique de ce dossier-là, il ne semble pas que ça soit la
réalité, du moins selon la perception des premiers
concernés. J'ai dit à cette Assemblée nationale, et c'est
ma responsabilité de le répéter: On ne fait pas une
législation uniquement pour se satisfaire. On fait une
législation pour évaluer si, suite à la nouvelle
législation, les problèmes que nous voulions corriger seront
effectivement corrigés, et surtout, si à la lumière de
ceux qui sont le plus touchés en termes d'incidence du projet de loi,
effectivement, ces gens-là comprennent que les dispositions du nouveau
projet de loi viennent effectivement combler les lacunes, clarifier les
questions qui étaient demeurées obscures et, dans le
présent cas, il va falloir faire un peu d'historique, M. le
Président, dans mes remarques préliminaires.
Il faut se rappeler qu'en décembre 1989, même avant, suite
à l'adoption du projet de loi 63, les concernés ont eu à
vivre, à un certain moment donné, avec les dispositions de
l'adoption du projet de loi 63. Et je voudrais juste, à titre
d'information, vous relater une lettre, ici, que la critique de
l'Éducation, à l'époque, recevait concernant le projet de
loi 63. On disait ceci: "Vous trouvere2 ci-joint la lettre qu'on adressait
alors à M. Ryan qui était ministre de l'Enseignement
supérieur concernant certains amendements déposés à
la dernière minute." Parce que c'est de même que ça s'est
passé, et pour ceux qui ont besoin de dimensions historiques, il faut se
rappeler qu'avec l'ancien ministre, on a presque toujours travaillé
comme ça, sur le coin de la table... dans les dernières
minutes... dans un climat excessivement positif, d'une franche camaraderie et
d'une cordialité sans précédent. Ça, je n'en
disconviens pas. On n'a jamais eu de trouble au niveau de la cordialité,
au niveau des échanges immensément intéressants.
Mais il n'en demeure pas moins que le résultat s'est toujours
passé de la même façon. Pour un projet de loi de 20
articles, on avait 21 amendements et ils nous étaient
déposés à la dernière minute, sur le coin de la
table, et c'est ce qui est arrivé. Et là, je pense que la
ministre devrait être attentive à ce que je vais dire. Ah! je suis
sûr. Je suis sûr, Mme la ministre, que vous m'écoutez.
Alors, "concernant certains amendements déposés à la
dernière minute, lors de la troisième lecture de la loi 63, Loi
modifiant la Loi de l'Université du Québec, les paragraphes 12.2,
13.2 et 54.2 de la loi 63, en introduisant la notion de conflit
d'intérêts collectifs - écoutez bien ça -
empêchent, à toutes fins pratiques, les professeurs - eux autres,
ils parlaient des trois professeurs - de siéger." Inutile de vous
rappeler que cette même loi nous a enlevé déjà deux
postes. Et je ne reviens pas là-dessus. On a fait le débat et
moi, en ce qui me concerne, c'est réglé, la composition des
numériques - si vous me permettez l'expression - des membres du conseil
d'administration. Je pense qu'on a fait le travail qu'on avait à
faire.
Ils concluaient: "C'est la pagaille, actuellement, dans tout le
réseau. C'est cet accroc à la démocratie universitaire..."
Et là-dessus, je suis d'accord avec eux autres. Et l'ex-ministre de
l'Éducation était aussi d'accord puisque - je vais y arriver
tantôt - il m'a proposé un amendement après l'adoption du
projet de loi 63 pour convenir que ce n'est pas de même qu'H voulait
qu'on comprenne les dispositions des articles qui faisaient litige, qui
faisaient problème.
Alors, "cet accroc à la démocratie universitaire et
à nos droits va engendrer une crise majeure si le gouvernement n'amende
pas sa loi dans les plus brefs délais. On ne comprend pas comment
vous-même et vos collègues - dont M. Gendron, puisque la lettre
était adressée à Mme Blackburn - ont pu laisser passer un
tel os. Les 215 professeurs de l'Université du Québec à
Chicoutimi attendent une réponse écrite et publique de votre part
avant le 25 septembre. Veuillez agréer..." C'était M. Leblanc,
président du Syndicat des professeurs de l'Université du
Québec à Chicoutimi. Mais l'Intersyndicale avait fait les
mêmes représentations. M. Campagna, le président de
l'Intersyndicale, avait fait les mêmes représentations, qu'il m'a
refaites à plusieurs reprises. Tout ça pour nous obliger, le 10
novembre 1989, parce que c'était ma responsabilité, puisque
j'avais reçu une lettre, d'envoyer une lettre à M. Leblond et
c'est important pour les membres de cette Commission de connaître ce
contexte-là parce que tout le problème part de là. Tout le
problème part de là.
Je disais à M. Leblond: "J'ai pris connaissance avec un vif
intérêt de la lettre adressée par votre organisme à
la ministre de l'Enseignement supérieur concernant les dispositions sur
les conflits d'intérêts introduites dans la Loi sur
l'Université du Québec par le biais de la loi 63, adoptée
au printemps dernier. Vous soulignez, et d'autres représentations nous
ont été faites dans le même sens, que l'application de ces
clauses rencontre de sérieuses difficultés et qu'elle constitue
un grave obstacle à la pleine participation des professeurs aux organes
décisionnels de l'Université du Québec et de ses
constituantes. Je vous le signale tout de suite en toute franchise - parce que
je n'ai pas de cachette à lui faire - que nous n'avions ni prévu,
ni surtout souhaité une telle situation. Nous avions plutôt
interprété de façon restrictive ces articles, qui ne
figuraient même pas dans la version du projet de loi soumis à la
consultation." Parce qu'on avait fait une consultation sur le projet de loi 63,
mais quand on a fait la consultation, nous ne disposions pas du texte des
amendements qui ont
été présentés en bout de table, à la
dernière minute, dans une fin de session de décembre.
Et là je disais: "...mais qui ont été introduits
à la dernière minute par la ministre." Ainsi donc, dans notre
esprit, il ne s'agissait que de limiter la participation des professeurs -
parce que je veux quand même que la ministre sache à quelle
enseigne je loge. Alors, moi, si elle me dit: Êtes-vous d'accord, M.
Gendron, qu'on doive limiter la participation des professeurs et autres membres
du personnel lors de discussions concernant strictement le renouvellement des
conventions collectives qui les concernent? Moi, ma réponse, je ne
change pas, c'est oui. Je suis d'accord là-dessus, parce que je ne pense
pas que des gens qui, de bonne foi, viennent collaborer à des
décisions d'un conseil d'administration et qu'à un moment
donné, un conseil d'administration d'une constituante veuille discuter
de leurs conditions de travail spécifiques à eux, ils seraient un
peu comme en conflit d'intérêts et dans ce sens-là, je
pense que pour le bon fonctionnement, ils comprennent, en tout cas dans les
discussions que j'ai eues, que pour ces cas spécifiques, très
restreints - parce que je connais quand même certains conseils
d'administration des constituantes et je regrette, j'ai pris connaissance de
leur ordre du jour et ce n'est pas vrai qu'à tous les ordres du jour ou
à toutes les réunions d'un conseil d'administration d'une
constituante on ne discute que d'une chose: les conditions de travail des
professeurs. Ce n'est pas vrai.
Par contre, immédiatement après l'adoption des articles
auxquels je fais référence, dans les faits, ce qui est
arrivé - c'est ce que je vous raconte qui est arrivé - c'est
qu'on aurait pensé que l'entièreté ou la plupart des
éléments des ordres du jour des réunions des conseils
d'administration des constituantes porteraient sur les conventions collectives
puisque, je vous l'ai dit tantôt, M. Leblond dit: "Nous autres, chez
nous, c'est la pagaille, on est toujours sortis du conseil d'administration et
il n'y a pas moyen d'avoir un rôle efficient, efficace." Et c'est de
là que venait l'opinion de ma collègue députée de
Chicoutimi. La ministre disait, cet après-midi: Je ne la comprends pas
de créer deux espèces de membres au conseil d'administration,
ceux qui ont le droit de participer à l'ensemble des
délibérations et ceux qui sont exclus d'un certain nombre de
délibérations. (20 h 30)
Concrètement, au-delà des textes et des mots, c'est
ça qu'elle voulait dire parce que, concrètement, c'est ce qui se
passe jusqu'à aujourd'hui. Il y a beaucoup de conseils d'administration
qui prennent toutes sortes de prétextes, dans une interprétation
très large des articles que j'ai mentionnés tantôt, pour
exclure le corps professoral des discussions au niveau des conseils
d'administration. Et je continuais, et je vais terminer par cette
citation-là: "Ainsi donc, dans notre esprit, il s'agissait de limiter la
participation au renouvellement des conventions collectives. Il appartient donc
au ministre d'expliquer le sens de sa démarche et la portée
véritable des dispositions aujourd'hui contestées - M. Leblond et
M. Campagna étaient d'accord là-dessus - quoi qu'il en soit, dans
la mesure où celles-ci sont perçues comme méprisantes
à l'endroit des professeurs et qu'elles provoquent, selon vos termes, de
l'anarchie dans le fonctionnement des instances de l'Université du
Québec, elles méritent assurément d'être
réexaminées."
Qu'est-ce que nous avons fait, M. le Président, suite à
ça? On a décidé de réexaminer. Et là,
j'arrive aux discussions qu'on a eues avec M. le ministre. Je me rappelle
très bien, et ces gens-là l'ont signalé à Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, tout de suite
après l'adoption du projet de loi 63, qui avait introduit des articles
touchant les conflits d'intérêts collectifs, il s'avérait
nécessaire de le modifier dès l'automne 1989; le 8
décembre 1989, ça va faire bientôt un an, donc, ça
ne nous arrive pas comme ça. Si le législateur avait voulu agir,
il aurait eu l'occasion de le faire. "Le 8 décembre 1989, des
discussions avec M. Gaétan Lévesque, alors adjoint de M. Ryan,
avaient conduit - je cite une lettre - à l'acceptation d'un nouveau
texte devant remplacer les alinéas 12.2, 37.2 et 54.2 qui posaient
problème. Ce texte, agréé par tous les syndicats de
professeurs de l'Université du Québec était le suivant. -
Et là, je pense que c'est capital. La ministre disait tantôt, dans
ses courtes remarques préliminaires ou liminaires, comme dirait son
ex-collègue, elle disait, tout simplement: Écoutez, ça va
dans la continuité du projet de loi et, qu'est-ce que tu veux, je ne
vois pas pourquoi on aurait plus de temps à prendre pour faire des
remarques préliminaires. Moi, j'en serais à la condition qu'on
ait, dans le projet de loi, un texte qui corresponde au consensus qui serait
dégagé. Alors, je lis le texte du consensus: "Lé membre du
conseil d'administration d'une université constituante qui est
également membre du personnel de celle-ci doit quitter toute
séance pendant la durée des délibérations et du
vote sur toute question concernant les négociations relatives à
la convention collective qui le régit ou qui régit d'autres
membres du personnel de l'université constituante. Il ne peut prendre
part aux délibérations, ni voter sur toute question à
laquelle il a un intérêt personnel."
C'était clair. C'était précis. C'avait le
mérite d'avoir été compris par tous et ça n'aurait
pas créé de confusion parce que, qu'est-ce que tu veux? Il y
avait un consensus. Là, on me dit: C'est le texte du projet de loi. Je
regrette, ce n'est pas le texte du projet de loi. Non. Il faut lire... On a
ajouté une dimension "ou au contrat de travail". Ça n'y
était pas... Et "ou au contrat de travail" pour ceux qui savent lire, il
y
a là un ajout qui n'a jamais fait partie des discussions et qui
n'a jamais fait partie du consensus qui s'était dégagé. Le
projet de loi 94, donc celui qui est sur la table et sur lequel je fais des
remarques préliminaires, à l'article 3, M. le Président,
à l'article 9 et à l'article 16, reprend en gros le texte que je
viens de citer. Ça, je sais lire. Il reprend en gros à peu
près le texte qu'on vient de citer. Mais il y a l'ajout, après le
mot "collective" de l'expression "ou au contrat de travail" dont la
signification et la pertinence nous inquiètent grandement. Voici le
nouveau texte du projet de loi. Je ne le relirai pas. Je ne le relirai pas,
mais il est dans le projet de loi. C'est le même texte avec la mention
"au contrat de travail". Ils demandaient à la ministre... On vous
demande que l'expression "ou au contrat de travail" soit retirée du
texte du projet de loi 94. Les textes des articles 3, 9 et 16 ainsi
corrigés correspondraient à l'entente déjà convenue
avec votre ministère et nous seraient acceptables. D'autre part, la
lecture du projet de loi 94 ainsi de suite... j'y reviendrai dans quelques
minutes.
Donc, sur le premier point, je trouve qu'il y a là un aspect
majeur qui brise le consensus auquel les intervenants concernés en
étaient arrivés et, en conséquence, il est de ma
responsabilité de dire que, contrairement à ce qu'a
affirmé la ministre tantôt, le projet de loi n'est pas tout
simplement la suite des choses par rapport au projet de loi 63 et, dans les
faits ou dans son libellé même à certains articles, ne
correspond pas essentiellement à ce sur quoi il y avait eu des
discussions. Premier point.
Est-ce que, M. le Président, il ne s'agit que de ce que je viens
d'illustrer? Réponse: Non. Puisque j'ai illustré ce premier
point-là, il y en a d'autres à illustrer. Et, dans les remarques
préliminaires j'ai eu l'occasion, lors de l'adoption du principe du
projet de loi, d'en faire valoir quelques-uns. J'aurais souhaité que la
ministre, dans ses remarques préliminaires... parce que je l'ai dit lors
de l'adoption du principe qui est une chose, j'ai soulevé un certain
nombre de questions sur lesquelles j'ai indiqué que je voudrais avoir
des éclaircissements, des explications de la ministre. Et la ministre
pourrait bien me dire tantôt - et c'est son privilège -:
Écoutez, M. Gendron, lorsqu'on fera l'étude article par article,
on va avoir l'occasion de vous expliquer le sens et la portée de chacun
des articles. J'en conviens, je n'en disconviens pas. Sauf que j'ajoute ceci:
II est fondamental, quand même, que pour avoir une vue plus globale de
l'ensemble du projet de loi dans les remarques préliminaires, on puisse
avoir toute l'économie du projet de loi en termes de vision et pas
uniquement article par article. Dans l'économie du projet de loi, il y a
des dispositions qui sont venues s'ajouter, pour lesquelles on n'a fait aucune
discussion dans le projet de loi 63, pas plus lors de la consultation
préalable à l'adoption du projet de loi 63, pas plus lors de
chacune des phases conduisant à l'adoption du projet de loi 63.
Là, je voudrais attirer l'attention des membres de cette commission sur
les autres aspects.
Le deuxième aspect que je veux traiter dans les remarques
préliminaires, c'est toute la notion de nouveaux pouvoirs au
siège social. Moi, je vous l'ai dit souvent et la ministre va
probablement en être témoin dans les travaux que nous allons
conduire mutuellement, je l'espère. C'est très rare que j'accepte
en même temps de parler des deux côtés de la bouche, et on
ne pourra pas, nous, de notre côté, préconiser une plus
grande autonomie du Québec, parce qu'on le souhaite, et en même
temps, restreindre l'autonomie des constituantes. Nous, on pense que, à
partir du moment où les constituantes ont des lettres patentes, elles
sont assez grandes filles, si vous me passez l'expression, pour fonctionner
convenablement et, dans ce sens-là, il ne me semble pas opportun de
profiter de la loi 94 pour restreindre les pouvoirs des assemblées
constituantes, des conseils d'administration des constituantes, et de donner
ça aux mains de l'assemblée des gouverneurs. J'ai beaucoup de
respect et, pour avoir siégé moi-même à une
assemblée des gouverneurs pendant presque trois ans comme commissaire
étudiant de la CEUAT dans le temps. Oui, nous, en ce qui nous concerne,
l'assemblée des gouverneurs a une responsabilité parce que ce
n'est pas nous autres qui avons demandé que ça disparaisse. C'est
le rapport Gobeil, et le rapport Gobeil, ça n'a rien à voir avec
nous autres, ça. Nous autres, on n'a jamais voulu faire sauter le
siège social de l'Université du Québec. On est contre
ça. On est d'accord que le siège social demeure pour des lignes
de pensée plus uniformes, plus unifiées, à l'ensemble du
réseau, lorsqu'on est membre d'un réseau, un réseau auquel
je tiens, un réseau qui fait de l'excellent travail dans le domaine de
l'enseignement universitaire, en particulier en ouvrant des voies que les
universités traditionnelles n'ont pas ouvertes, et ça, j'ai eu
l'occasion d'en témoigner. Moi, je veux que ça demeure. Mais
là, il y a des dispositions, entre autres, aux articles 7 et 14 du
projet de loi, qui modifient les pouvoirs des conseils d'administration des
constituantes et des centres de recherche et des écoles parce que dans
le siège social de l'université il y a les écoles
supérieures en faveur du siège social. Bien, moi, j'aurais
aimé que la ministre puisse nous dire un peu plus ses motivations;
pourquoi il y a ces changements-là? Puisque, lors de son discours sur le
principe c'est sa prérogative, elle ne nous en a pas parlé. Elle
a le droit. Elle a le droit de faire le discours qu'elle veut comme j'ai eu le
droit de faire le mien. Mais dans les remarques préliminaires, c'est la
place pour nous dire un peu plus pourquoi cette redistribution des pouvoirs
diffère.
Au niveau de l'autre point dans les remarques préliminaires sur
lequel il est important de
revenir, c'est toute la question du nombre de mandats pour les membres
élus au conseil d'administration. L'article 8 du projet de loi 94
permettrait aux personnes occupant des fonctions de direction, celles
nommées sur proposition du recteur, de demeurer plus de deux mandats sur
les conseils d'administration. Cet article 8 est complètement
inacceptable et doit être retiré. Ce n'est pas ma perception pour
le moment. Pour le moment, ma perception c'est d'entendre les motivations qui
ont animé la nouvelle ministre d'être une porteuse de cet
élément nouveau dans le projet de loi 94 qui, contrairement
encore à ce qu'elle affirmait tantôt, n'a rien à voir, n'a
rien à voir avec cette belle continuité tranquille de la loi 63.
Cet article créerait, selon moi, un précédent dangereux et
contraire à l'esprit et aux coutumes dans le monde universitaire,
principalement à l'Université du Québec où
traditionnellement pour ce type de personnel le nombre de mandats
consécutifs est de deux au maximum et c'est assez hermétique.
C'est deux mandats et j'ai un collègue qui peut en témoigner,
comme député, ancien recteur, deux mandats. Après
ça tu n'es plus "rectable", c'est fini, pour des raisons de
continuité et de changement. Alors, M. le Président, puisque vous
m'indiquez que mon temps est termine-Le Président (M. Gobé):
Vous pouvez conclure. Allez-y concluez, oui, oui.
M. Gendron: ...ou presque dans les remarques
préliminaires. Oui, oui, je conclus.
Le Président (M. Gobé): Allez-y!
M. Gendron: II me semble, M. le Président, qu'il y a des
aspects neufs dans le projet de loi 94 sur lesquels, à tout le moins
à ce moment-ci, il y aurait lieu de recevoir un éclairage plus
substantiel, plus précis des raisons qui ont motivé la nouvelle
ministre de l'Enseignement supérieur à vouloir les incorporer
à l'économie du projet de loi parce que je sais très bien
qu'on aura l'occasion de revenir article par article à un moment
donné. Mais à ce moment-ci, moi je voulais en tout cas faire ces
remarques d'ordre général sur le projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député. Vous avez maintenant terminé votre temps. Mme la
ministre, il vous reste 18 minutes environ. Est-ce que vous désirez
faire quelques autres remarques ou est-ce qu'on passe à l'article 1 tout
de suite? Mme la ministre s'il vous plaît.
Mme Lucienne Robillard (réplique)
Mme Robillard: Si vous me le permettez, M. le Président,
je vais peut-être simplement ajouter quelques remarques et
peut-être élaborer davantage concernant les points qui ont
été soulevés par mon collègue et de façon
particulière les remarques qui vont toucher l'article 3 et l'article 7,
c'est-à-dire toute la question des conflits d'intérêts et
la question qu'on identifie comme la répartition des nouveaux pouvoirs,
ou une nouvelle répartition des pouvoirs au niveau de
l'Université du Québec. Alors, qu'il me soit permis de dire, M.
le Président, qu'au niveau de l'article 3, c'est vraiment dans l'esprit
qui avait été discuté, je pense, à l'époque,
avec toutes les parties en cause, de vraiment exclure les membres du personnel
des conseils d'administration de l'assemblée des gouverneurs strictement
quand il est question de négociations collectives et de pas d'autres
choses. Qu'on ne se leurre pas, qu'on n'extensionne pas le sens ou la
portée de l'article en tant que tel. C'est pourquoi dans le
libellé du nouvel article, on a vraiment spécifié de
façon très précise que ce n'est que quand il est question
de négociations collectives que le membre du personnel peut être
exclu de la séance.
Ce pourquoi nous avons ajouté "ou contrat de travail", il ne faut
pas lire les mots "contrat de travail" seuls, il faut les lire avec
l'expression qui précède: "les négociations relatives au
contrat de travail". Donc, on a des négociations relatives soit à
une convention collective ou soit à un contrat de travail. Pourquoi, M.
le Président? Parce que dans certains instituts ou écoles
supérieures, nos membres du personnel ne sont pas syndiqués et,
donc, n'ont pas de convention collective en tant que telle, au sens
précis du terme. C'est plutôt, à ce moment-là, des
protocoles d'entente qui existent entre la direction et ses professeurs. Donc,
c'est vraiment dans le même sens qui est donné des
négociations qui concernent soit une convention collective, soit un
contrat de travail, qui en tient lieu là où le personnel n'est
pas syndiqué. Même si les mots "contrat de travail" sont nouveaux
dans cet article, ça m'apparaît, M. le Président, respecter
vraiment l'esprit de la lettre et l'objectif qui était poursuivi par
toutes les parties en cause, et vraiment circonscrire de façon
très précise le seul moment où ces gens peuvent être
exclus des séances du conseil d'administration. Ça, c'est pour
l'article 3.
Maintenant, concernant l'article 7 ou ce qu'on pourrait appeler une
nouvelle répartition des pouvoirs à l'Université du
Québec, eh bien, l'article 7 veut vraiment, au contraire de ce qui
existe maintenant, permettre une délégation plus grande par
l'Université du Québec si elle le juge utile. L'article 31 de
notre loi actuelle est vraiment limitatif. Il oblige à l'autorisation de
l'assemblée des gouverneurs ou du président. C'est vraiment
explicite dans l'article 31 actuel. Le nouvel article va nous permettre de dire
à l'Université du Québec à ce moment-là:
Vous pouvez déléguer soit directement à
l'université
constituante, soit au comité exécutif, soit au
président.
(20 h 45)
Alors, c'est une marge de manoeuvre plus grande pour la
délégation. C'est à l'inverse de la compréhension
qui est donnée à l'article. À l'heure actuelle, notre
article 31 est très limitatif. Qu'on le relise, M. le Président,
dans son deuxième paragraphe où il est très clairement dit
qu'une université constituante ne peut exercer certains pouvoirs sans
l'autorisation de l'assemblée des gouverneurs ou du président,
alors que, dans la disposition qui est proposée maintenant, on pourra
déléguer soit au comité exécutif, soit au
président ou soit directement à l'université constituante
et donc, la délégation sera plus souple dans un certain sens. On
pourra donner aux universités constituantes plus de
délégation, ce qu'on ne peut pas faire avec l'article 31 actuel.
Alors, c'est vraiment l'esprit qui sous-tend l'article 31 et, dans ce sens, je
pense que les universités constituantes sont vraiment heureuses de cet
article qui leur permet d'avoir plus de pouvoirs, d'exercer plus de pouvoirs,
M. le Président.
Alors, à cette étape-ci, M. le Président, ce sont
les seules remarques que je voulais faire, mais je serais très heureuse
qu'on en discute d'une façon plus approfondie à chacun des
articles de la loi.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires des membres de cette
Commission?
M. Trudel: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abi-tibi-Est. Ah, excusez-moi! Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
M. Trudel: Je savais que ça ne tarderait pas qu'on ait un
député péquiste en Abitibi-Est. Je savais que ça ne
tarderait pas. Mais malheureusement, ce n'est pas tout à fait rendu
encore. C'est une question de temps. Ça viendra bien. C'est
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Gobé):
Rouyn-Noran-da-Tèmiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: C'est déjà dans l'esprit du
président. Oui, M. le Président, j'aurais également
quelques remarques à faire puisque, dans le temps qui nous est
alloué à l'Assemblée nationale au niveau de la
première étape de l'approbation d'un projet de loi, on est
forcément très limité dans le temps et je n'avais pas le
temps, je dois bien le dire, de compléter l'ensemble des remarques que
j'aurais voulu faire parce que j'avais disserté peut-être un peu
trop sur les grandes qualités de l'Université du Québec.
C'est vrai. Et sur l'excellence de ce réseau de l'Université du
Québec qui est partout à travers le Québec.
Dans ce sens-là, si on est maintenant à la deuxième
étape de l'étude du projet de loi, oui il serait important,
avais-je dit en conclusion de mes remarques préliminaires, de mes
remarques à l'Assemblée nationale sur la première
étape de l'étude du projet de loi, que l'on regarde avec minutie
ces modifications qui sont introduites aujourd'hui par la ministre. Dans le
fond, comme je ne veux pas trop répéter ce que mon
collègue a dit, c'est dans un processus de continuité du premier
projet de loi de 1963 qui modifiait la loi de l'Université du
Québec de 1968.
Les quelques remarques préliminaires que j'aurais à faire
sur le projet de loi regardent précisément cette modification
qui, et la ministre pourra me corriger là-dessus si la correspondance
historique n'est pas exacte, mais par la documentation qui nous est
déposée par l'Intersyndicale des professeurs d'université,
les modifications devaient faire l'objet du mot entente entre guillemets, avec
les professeurs. Le ministre s'était engagé à tenir des
discussions avec les professeurs d'université parce que, semble-t-il,
l'objectif poursuivi par le ministre de l'époque, et l'adhérence
des professeurs de l'Université du Québec quant à
l'objectif, était bien clairement établi. Cependant, on voulait
bien voir le libellé.
Alors, aujourd'hui, on a devant nous un texte qui est
présenté et la même Intersyndicale qui devait discuter avec
la ministre - et semble-t-il qu'il y a eu effectivement des échanges,
des discussions avec la ministre - ces professeurs nous disent qu'ils sont
inquiets du libellé et peut-être de l'extension parce qu'il faut
faire attention: si les mots que l'on inscrit, la définition qu'on leur
donne et le sens qu'on vient leur donner ici nous amènent à
atteindre soit un objectif contraire ou avoir des effets pervers, on ne sera
pas beaucoup plus avancé.
Dans vos remarques préliminaires, par exemple, Mme la ministre,
vous dites: Écoutez. L'objectif fondamental, c'était de dire des
parties... une des parties contractantes, par exemple, dans un contrat
collectif, bien c'est normal qu'elle ne soit pas aussi partie décidante
autour de la table. Et, dans certains cas, quand on dit: Ces gens-là
doivent se retirer lorsque l'on est à discuter ou qu'on prend le vote
sur toute question relative aux conventions collectives ou à un contrat
de travail, Mme la ministre dit: Bon, dans un premier temps... parce qu'il y a,
dans certaines constituantes, un certain nombre de personnes qui ne sont pas
des groupes, qui ne sont pas syndiquées. J'essaie de me creuser la
mémoire pour essayer de trouver le nombre de catégories de
personnel dans les universités constituantes qui ne sont pas
constituées. Mais là, vous me parlez des personnels autres que
cadres et, si ma mémoire est fidèle, il n'y avait qu'à
l'Université du Québec à Hull où
le personnel métiers, techniques, bureau n'était pas,
à l'époque, syndiqué. Il est maintenant syndiqué
depuis un an.
Mme Robillard: Je pourrais vous mentionner tous les gens qui
travaillent à l'ENAP.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, M. le
député a la parole et... S'il vous plaît. M. le
député, si vous voulez continuer.
M. Trudel: Alors, pour certains personnels, donc, qui ne sont pas
syndiqués et, par ailleurs, d'expérience, j'indique à la
ministre qu'à moins... Et ça, je peux l'accepter parce que la
situation a peut-être changé. La façon d'aborder les
relations de travail à l'Université du Québec ne
procède pas par les conseils d'administration. C'est peut-être
bizarre mais on ne procède pas par les conseils d'administration pour
approuver les conventions collectives. Je vous dis que ça
peut-être l'air bizarre, mais c'est effectivement cela. L'organisme qui a
le mandat de gérer les conditions de travail des employés
à l'Université du Québec en matière de convention
collective, se nomme le comité des PRD: les présidents, recteurs
et directeurs généraux. C'est le comité des PRD. Et les
conseils d'administration ne sont pas appelés... Et je vous rappelle -
parce que ça a souvent fait l'objet de discussions, évidemment
autour des conseils d'administration, dans chacune des constituantes - que les
conseils d'administration sont appelés à approuver seulement au
texte final la décision pour la légaliser, pour se conformer en
quelque sorte, évidemment, aux dispositions du Code du travail. Et c'est
l'assemblée des gouverneurs... et le président de
l'Université du Québec qui doivent contresigner les conventions
collectives ou les ententes collectives.
Alors, dans ce sens-là, le texte que l'on a introduit ici pour
exclure ces personnes lorsqu'on discute de questions relatives aux conventions
collectives et aux contrats de travail m'apparaît être pas mal plus
gros que la réalité que nous affrontons dans les constituantes.
Est-ce que cela veut dire aussi que sont exclus, lorsqu'on parle de contrats de
travail... que tous les contrats de travail font l'objet de discussions au
conseil d'administration? Car il faut aussi voir l'inverse de la situation. Si
on exclut un certain nombre de personnels pour discuter de leur convention
collective, de leurs conditions de travail ou de leur contrat de travail,
est-ce que la ministre pourrait nous dire, dans ces répliques au niveau
du préliminaire, si ça, ça va concerner toutes les
catégories de personnel, y compris - et là, je parle par
expérience - les conditions du recteur de l'université? Par
exemple, est-ce que les conditions de travail des cadres, les conditions de
travail même du recteur font l'objet de discussions au conseil
d'administration? Je vais vous le dire. La réponse est non. Je le sais.
À moins qu'on ait changé. Sauf que je ne veux pas qu'on aborde
ça en disant: Quand ça va être le contrat d'une certaine
catégorie de personnel, on va obliger les gens à se retirer et
avec d'autres catégories de personnel, eux autres, ils ne se retireront
pas ou ils n'auront pas l'obligation de se retirer.
Et veuillez croire, Mme la ministre, que par expérience, j'ai
souvent eu cette discussion franchement très embêtante pour un
chef d'établissement ou pour des vice-recteurs ou des secrétaires
généraux, enfin ce qu'on appelle généralement les
cadres supérieurs ou le personnel cadre. Parce que, au moment où
nous discutions de l'introduction de cet article... Et je fais une
parenthèse sur l'esprit de l'article en disant que, pour ma part, je n'y
ai jamais vu de conflits extraordinaires dans des conseils d'administration
d'une université et pour l'avoir fait pendant 10 ans, avec le personnel,
même le personnel syndiqué lorsque nous étions en
période de négociations des conventions collectives. Soit, il est
là et c'est l'intention de la ministre. Je veux bien qu'on
éclaire quand on dit: "contrat de travail va couvrir la
réalité des non-syndiqués", si ça va couvrir tous
les non-syndiqués au grand complet et dans quelles conditions tout cela
va se passer. Ça, c'était une remarque préliminaire que je
voulais faire sur cet article parce qu'il nous faut comprendre non seulement
l'esprit de la catégorie, l'esprit quant à la catégorie de
personnes auxquelles la ministre voudrait que ces articles s'appliquent, mais
pour tout le personnel dans l'université, ça vaut
également.
Quelques éléments de remarque préliminaire aussi
quant à la modification de l'article 7, qui modifie l'article 31, qui
pourrait nous amener à une modification des règlements
généraux de l'Université du Québec pour que
l'autorisation que les règlements généraux donnent la
permission aux constituantes d'agir sans le recours au président ou
à l'assemblée des gouverneurs. Je vous ferai remarquer
là-dessus, Mme la ministre, qu'il y a comme quelque chose, en termes de
droit, qui me semble un peu bizarre. C'est l'assemblée des gouverneurs
qui va décider sa propre modification de ses règlements
généraux. C'est l'assemblée des gouverneurs qui va
s'autoriser elle-même, dans son règlement général,
dans ses règlements généraux, pardon, à donner la
capacité ou non à une constituante. Si la volonté du
législateur c'est de donner effectivement plus de pouvoir, guillemets,
aux universités constituantes, aux instituts et aux écoles
supérieures, pourquoi, au niveau de la rédaction de l'article,
n'y allons-nous pas directement? Et pourquoi on ne permettrait pas aux
universités constituantes d'assister, de jouir de toutes les
capacités juridiques prévues au Code civil en pareille
matière?
Parce que mon collègue l'a fait remarquer d'entrée de jeu,
et encore une fois je peux
témoigner que ça ne virera pas l'Université du
Québec à l'envers complètement au niveau de sa mission
éducative, de sa recherche, que cet article soit passé comme
cela. Mais vous savez, Mme la ministre, que, dans une loi ou dans la
préparation d'une loi, dans le texte même d'une loi, il y a
quelquefois des articles qui prennent valeur de symboles. Je pense que nous
sommes ici en matière de symboles pour ce qui est des universités
constituantes. Je ne voudrais surtout pas - je pense qu'il ne faut pas se
prendre pour d'autres; là-dedans, en tout cas pour ma part - aller
au-dèla de la volonté des constituantes elles-mêmes. Sauf
que pour avoir été de ce monde-là - et je ne suis pas en
train de vous exprimer que le siège social de cette Université du
Québec est un monstre aux doigts tellement allonges et croches que
ça empêche les constituantes de bouger d'un quart de pouce, pas du
tout - il y avait une volonté du législateur d'inscrite en 1968,
au moment de l'adoption de la loi, et quant à moi, je pense que
c'était très juste. Il y avait une volonté de ne pas
laisser aller tout le monde s'épivarder dans le champ, si vous me
permettez l'expression, trop largement, sans qu'il y ait une espèce de
contrôle. Et on comprendra facilement pourquoi l'esprit du
législateur est allé dans ce sens-là.
Comme On disait souvent, enfin, comme des représentants des
universités établies nous le disaient - j'allais dire un peu
méchamment, c'est tout à fait faux, c'était très
méchamment aux membres de l'Université du Québec - ils
disaient: Écoutez, un jour, en 1968, il y avait 4000 professeurs
d'université au Québec et un jour, le lendemain de ce premier
jour, il y avait l'Université du Québec à
Trois-Rivières, l'Université du Québec à
Montréal, les instituts, etc. et on a inventé les professeurs
d'université. C'était juste une illustration que je veux vous
donher. On a vécu ça, je vous le dis, tous vous le diront
à l'Université du Québec - assez douloureusement parce que
nous, on n'était pas, comme disait le recteur de l'Université de
Montréal... (21 heures)
Jusqu'à il y a très peu d'années, il y avait les
vraies universités et l'Université du Québec, et je
comprenais. Je comprends pourquoi te législateur, sur le plan
administratif, puisqu'on a créé une immense machine sur tout fe
territoire du Québec, avec un mode très nouveau de gestion, avec
un fonctionnement très décentralisé, pourquoi on voulait -
si vous me permettez l'expression - garder les cordeaux un peu plus
serrés au niveau de ta corporation centrale, de l'Université avec
un U majuscule, dans le texte de la loi. Parce que c'est comme ça aussi,
la distinction. Mais là, on est 20 ans plus tard et il faudrait prendre
l'entourloupette des règlements généraux de la corporation
centrale pour être capables, peut-être, d'autoriser les
constituantes à gérer tel bien, tel type de bien, les legs, les
dons et exercer d'autres capacités juridiques, au sens du Code
civil:
Si la volonté du législateur qu'a effleurée la
ministre il y quelques minutes, c'est de dire: Non, non, non, nous, confiance
complète aux constituantes du réseau de l'Université du
Québec, moi je dis, comme remarque préliminaire: Que la ministre
y aille directement et qu'elle permette, en vertu des modifications à la
Loi sur l'Université du Québec... Je pense bien qu'on ne
l'ouvrira pas à tous les ans, cette Loi sur l'Université du
Québec, et je ne fais pas de remarques disgracieuses là-dessus;
ça a pris tellement de temps avant qu'on l'ouvre et on ne voulait pas
l'ouvrir pour rien, non plus. Là, on va l'ouvrir deux fois, à peu
près, dans la même année. Bon! Prenons toutes les
précautions nécessaires pour ne pas être obligés de
revenir l'an prochain. Que la ministre fasse son nid directement. Et je pense
que l'expérience administrative de la ministre actuelle, en
matière de gestion des fonds publics, lui permet certainement
d'apprécier la valeur symbolique d'un article et, par ailleurs, la
volonté des régions - et là, je dis ça
nommément - à travers leurs constituantes ou les instituts
spécialisés ou les écoles supérieures, de pouvoir
disposer de l'ensemble complet de l'appareil administratif.
Et de ce fait, Mme la ministre, encore une fois, vous n'allez pas
révolutionner l'appareil juridique ou l'appareil administratif du
réseau de l'Université du Québec, mais vous allez donner
un signe que la corporation centrale de l'Université du Québec,
le siège social - il faudra distinguer ça comme il faut - c'est
une coopérative visant à supporter d'abord le
développement de la recherche, de l'enseignement et de la recherche, du
service en collectivité, comme mon collègue avait fait aussi au
niveau de la modification de la loi 63, mais, essentiellement, l'enseignement
et la recherche. Vous savez, qu'est-ce qui constitue le coeur d'une
université? Je vous disais aussi, dans mes remarques
préliminaires, professeurs et chargés de cours. Je raccourcis un
peu beaucoup, mais essentiellement, une université, ça va de soi,
que ça existe... La conservation, le développement du savoir,
c'est d'abord par l'équipe professorale que tu l'as. Et l'équipe
professorale, elle a deux noms, aujourd'hui, compte tenu du contexte financier
et du développement des universités au Québec. Ça
s'appelle des professeurs à temps complet ou des chargés de
cours. Alors, dans ce contexte-là, 20 ans après te
création de l'Université du Québec, où il fallait
avoir un certain nombre de restrictions sur le plan de l'administration de
grosses boîtes nouvelles, sur le plan universitaire, dans toutes les
régions du Québec, moi, je dis à la ministre: Mme la
ministre, allez plus loin que ça si c'est votre volonté. Vous
êtes la représentante, vous avez cette
responsabilité-là dans la société
québécoise et c'est la volonté du législateur qui
s'exprime à travers vous.
Encore une fois, et je veux bien camper le débat, ce n'est pas
ça qui va faire que, demain matin, les constituantes vont marcher ou ne
marcheront pas et que le siège social de l'Université du
Québec ou l'Université du Québec va devenir un gros ogre
méchant ou va être réduit, va être
enchaîné dans le système administratif, pas du tout. C'est
en termes de symboles et de signes qu'il faut donner que les constituantes du
réseau de l'Université du Québec, 20 ans plus tard, sont
capables d'administrer ce que l'État leur donne via une corporation
centrale qui s'appelle le réseau de l'Université du
Québec. Parce qu'il ne faut pas oublier une chose, M. le
Président, les budgets des constituantes, des instituts et des
écoles supérieures que le gouvernement accorde ça, ne s'en
va pas directement dans les institutions. La ministre, le ministère
envoie - excusez l'expression - le "bundle", le paquet d'argent, à une
corporation centrale et là, il s'établit des règles de
partage à l'intérieur de cette corporation centrale suivant les
caractéristiques, les situations particulières, etc., et
ça, c'est un tout autre débat qui est celui du financement.
Mais, ce faisant, justement - c'est pourquoi, là, je ne prends
pas l'exemple au hasard, je prends l'exemple à dessein - donnant cette
direction quant à l'esprit que devrait prendre, en termes de
développement, l'Université du Québec et ses
constituantes, moi, je pense que vous allez marquer très clairement que,
pour l'État québécois, avec son réseau public
d'universités créé par une loi émanant de
l'Assemblée nationale, eh bien, on franchit un nouveau pas qui nous
amène à dire: Eh bien, voyez-vous, dans chacune des
régions du Québec, ce n'est pas parce qu'on vous
considérait tous comme des enfants d'école qu'on vous avait
apporté des restrictions comme celle-là, sauf que, 20 ans plus
tard, on veut bien vous montrer des signes d'une maturité certaine et
que quand une petite université - je te donnerai cette note-là -
comme l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
réussit, au cours des huit dernières années, à
avoir le meilleur pourcentage de réussite de ses étudiants aux
examens uniformes de l'Ordre des comptables agréés du Canada, des
examens uniformes à travers le Canada, à terminer première
ou deuxième parmi toutes les grandes universités canadiennes, en
termes de pourcentage de réussite... Je me souviens très bien,
Mme la ministre, que nous avions même été victimes, dans
cette université, d'une enquête de la part de l'Ordre des
comptables qui ne pouvait pas croire que cinq étudiants de
l'Université du Québec soient parmi les 20 premiers parmi les
4000 étudiants qui avaient passé cet examen à travers le
Canada. Ça ne se pouvait pas que dans le bled on ait aussi de
l'intelligence et qu'on puisse la développer autant que sur le
Mont-Royal, presque autant, en tout cas que sur le Mont-Royal.
Tout ce que je vous dis, Mme la ministre, c'est, cet
article-là...
Le Président (M. Gobé): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Trudel:... il faudrait, je pense, en conclusion, que vous
saisissiez l'occasion de donner un signe clair aux constituantes de
l'Université du Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député, de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Mme la ministre,
vous avez quelques réactions?
Mme Robillard: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole pour
treize minutes encore.
Mme Robillard:... je serai brève parce que je pense qu'on
va avoir l'occasion d'y revenir quand on va aborder l'article directement. Si
je peux me permettre, M. le Président, d'ajouter un peu aux remarques
que j'ai déjà faites sur l'article 3, d'abord pour dire que,
vraiment, l'esprit qui est derrière cet article qui veut, encore une
fois je le répète, limiter aux négociations qui sont
relatives aux conventions collectives ou à un contrat de travail, vise
vraiment l'aspect négociation, autant pour le personnel syndiqué
que pour le personnel non syndiqué. Et M. le député,
tantôt, me demandait si c'était dans l'esprit du
législateur, à ce moment-là, pour tout le personnel non
syndiqué, y compris pour le recteur lui-même, dans son contrat de
travail ou pour le personnel cadre, eh bien, M. le Président, je
répondrais, à ce moment-là, qu'au-delà du
libellé où il est mentionné "contrat de travail", si
jamais, au conseil d'administration par exemple, on discutait des conditions de
travail du recteur lui-même, il m'apparaît que la dernière
phrase de l'article 12. 2 dit très clairement que si un membre du
personnel siège au conseil d'administration, il ne peut prendre part
lui-même aux délibérations ou au vote si c'est une question
dans laquelle il a un intérêt personnel ou distinct. Alors, je
pense que ça m'apparaîtrait assez évident, à ce
moment-là, pour le recteur, qu'il devrait se retirer lui aussi du
conseil d'administration si, encore une fois, il est question de ses conditions
de travail au niveau du conseil d'administration.
Tantôt, M. le député mentionnait qu'il était
très peu question de négociation de conventions collectives au
niveau des conseils d'administration. Bon, alors s'il en est très peu
question, les membres du personnel ne seront pas exclus des assemblées.
Alors, je pense que ça, c'est quand même très clair au
niveau de l'article 3. Maintenant, au niveau de l'article 7, M. le
Président, encore une fois nous considérons qu'à l'heure
actuelle l'article 31, vraiment, est limitatif pour les universités
constituantes. Je dirais même
qu'elles sont presque sous tutelle. Peut-être que j'exagère
un peu dans le langage utilisé mais je pense qu'ils ne peuvent pas faire
un geste sans avoir l'autorisation de l'assemblée des gouverneurs ou du
président lui-même. Ça, c'est l'article actuel.
Alors, l'étape qu'on fait, avec le nouvel article 7, c'est de
dire: Laissons la possibilité de déléguer davantage. M. le
député me dit: Pourquoi ne pas faire confiance
complètement aux universités constituantes et leur
déléguer tous les pouvoirs en somme? C'est un peu ça le
message que je comprends. Il est très clair que nous avons une
Université du Québec, une université avec des
universités constituantes. On n'a pas plusieurs Universités du
Québec. À partir de ce modèle-là, il est clair que
s'oppose l'équilibre des pouvoirs entre le central et le local.
Ça s'opposera toujours, je pense, à l'Université du
Québec Je pense qu'il est clair que nous avons voulu et nous voulons
toujours une Université du Québec et non pas six
Universités du Québec. Dans ce sens-là, il y aura toujours
certains pouvoirs qui seront conservés au central.
C'est un choix que nous avons fait d'avoir ce modèle de gestion
pour l'Université du Québec et non pas d'avoir un modèle
administratif. Je penserais peut-être, par exemple dans l'industrie
privée où on peut retrouver parfois des centres de profits,
qu'une industrie peut avoir avec une décentralisation complète de
tous les pouvoirs. Ce n'est vraiment pas le modèle que nous avons choisi
pour l'Université du Québec. Nous voulons toujours qu'il y ait
une tête dirigeante et, à ce moment-là, il y a
sûrement des pouvoirs centraux et des pouvoirs qui sont donnés
à l'instance locale et il s'agit toujours d'un équilibre entre
les deux et il m'apparaît, M. le Président, que vraiment, avec
l'article 7 de ce projet de loi, on fait encore une étape vers la
délégation des pouvoirs aux universités constituantes.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
Est-ce que je dois comprendre que... Les remarques préliminaires ne sont
pas terminées. Alors, Mme la députée de Terrebonnè,
s'il vous plaît. Vous avez la parole pour une période de 20
minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Évidemment, moi
non plus je ne vois pas ce projet de loi 63 comme une continuité.
Ça m'apparaît davantage comme la reprise d'un devoir qui a
été mal fait et on en profite pour passer quelques ajouts en
douce. Et comme je ne souhaiterais pas qu'on reprenne encore le devoir, l'an
prochain, il faudrait peut-être qu'on y voie tout de suite. Moi) je veux
bien croire que la ministre nous dit que dans l'esprit du législateur
ça ne pose pas de problème, ça répond à
l'entente qui a été négociée. Mais ce n'est pas ce
qu'on voit dans la réalité parce que la réalité
c'est que l'Intersyndicale n'est pas d'accord avec le texte qui est là.
Alors, moi je veux bien croire que dans votre esprit ça ne porte
absolument pas à interprétation, que c'est très clair.
Sauf que dans les faits, on se retrouve avec diverses interprétations,
et moi, à partir du moment où on sent diverses
interprétations, donc, où le texte n'est pas clair, où le
texte ouvre la porte à certains dangers qu'il faudrait peut-être
prévenir tout de suite. Le but premier de cette loi-là
était bien sûr de mettre en application l'entente qui avait
été négociée en décembre. Cette
loi-là n'est pas venue toute seule. Si on se rappelle les
réactions suite au projet de loi 63 - et je pense que je vais prendre le
temps de le lire, M. le Président - elles étaient très
négatives. Et on regardera, tout de suite après, les
réactions maintenant des mêmes personnes.
Alors, le Syndicat des professeurs de l'Université du
Québec à Trois-Rivières nous disait, en juin 1989,
qu'après 20 ans le gouvernement annihilait la participation des
professeurs à la gestion de l'Université du Québec. Alors,
je veux bien pour la ministre que ce ne soit pas dans son esprit, que ce ne
soit pas ça, mais il semble que ce soit ça encore dans l'esprit
des professeurs. Donc, on nous disait à ce moment-là que te
gouvernement du Québec avait adopté une loi odieuse à
l'endroit des bâtisseurs du réseau de l'Université du
Québec et que la nouvelle loi 63 avait pour effet de rendre
dérisoire la participation des professeurs au conseil d'administration
des constituantes de l'Université du Québec. (21 h 15)
On nous parlait même d'effets pervers qui pouvaient
entraîner la réduction du nombre de professeurs et l'augmentation
considérable de représentants socio-économiques à
l'assemblée des gouverneurs et au conseil d'administration des
constituantes. On nous disait même que les amendements substantiels qui
avaient été apportés en troisième lecture, à
la dernière minute, venaient mettre fin au mode de gestion participative
qui avait caractérisé l'Université du Québec depuis
sa fondation. On nous disait même que les ajouts du ministre allaient
à rencontre des recommandations du rapport Després qui
mentionnait que la présence des professeurs relevait d'objectifs visant
la participation la plus large possible de tous les membres de la
communauté universitaire dans les décisions qui étaient
susceptibles d'influencer les orientations et l'organisation de
l'établissement.
On concluait même que le regroupement des syndicats et
l'association des professeurs demandaient au ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science d'amender la loi 63 pour faire des
professeurs d'université et des chargés de cours des membres
à part entière des conseils d'administration de leur institution.
Aujourd'hui, est-ce qu'ils sont satisfaits de ces amendements qu'on a devant
nous? Eh bien, si on regarde la
conclusion de M. Campagna, le président de l'Intersyndicale des
professeurs des universités québécoises, il nous dit
clairement de faire des modifications à 9 articles sur 22; on sait que
le vingt-deuxième, c'est l'entrée en vigueur, donc à
près de la moitié des articles. Mais moi, juste ça,
ça me pose des questions. Si les premières personnes
concernées, qui ont demandé des modifications, devant ce nouveau
projet de loi, sont insatisfaites sur près de la moitié des
articles, il y a peut-être lieu de s'interroger. Même si, au niveau
de l'esprit et de l'interprétation du législateur, ça
semble clair, eh bien, ça ne semble pas clair dans le milieu. Pour moi,
si ce n'est pas clair dans le milieu, je pense qu'il faudrait peut-être
que nous autres, on s'interroge aussi. C'est très clair dans l'esprit de
la ministre, mais ça ne semble pas clair dans l'esprit des gens du
milieu.
On ne nous parle pas uniquement de l'article 3, on nous parle de neuf
articles. Moi, je veux bien aussi que les articles 7 et 14, dans l'esprit de la
ministre, ça nous dit que les constituantes sont très heureuses.
Je veux bien que les constituantes soient heureuses, mais ce n'est pas ce que
ça nous dit sur le terrain. Ce n'est pas ce qu'elles nous disent. On
peut essayer de dire que ce n'est qu'une continuité et qu'elle apporte
des améliorations, mais si les gens du milieu eux-mêmes ne sont
même pas d'accord avec ces améliorations-là, eh bien, moi,
je m'interroge, M. le Président.
La ministre nous parlait tantôt de l'article 7 et c'est un peu
étonnant qu'on ne lui donne pas la même interprétation dans
le milieu. L'article 14 non plus. On n'a pas beaucoup parlé non plus des
autres articles qui sont contestés par l'Intersyndicale. On conteste
également l'article 4 qui parle d'ajout de représentants
patronaux ou de la direction à l'assemblée des gouverneurs. On
s'interroge là-dessus aussi. On nous parle également des articles
6 et 13 sur les lettres patentes. On nous parle de dangers de modifications des
pouvoirs des constituantes, d'une certaine possibilité de contourner ia
loi. Là aussi, il y a eu un silence complet. On nous a parlé
beaucoup, dans ce texte de l'Intersyndicale, de l'article 8 qui permettait aux
personnes occupant des fonctions de direction, donc celles nommées sur
proposition du recteur, de demeurer plus de deux mandats aux conseils
d'administration. On nous met en garde là-dessus; on nous dit que c'est
complètement inacceptable et que ça devrait même être
retiré parce qu'il s'agirait de créer un précédent
dangereux qui est contraire à l'esprit et aux coutumes dans le monde
universitaire, principalement à l'Université du Québec.
Ça m'étonne de voir que la ministre ne nous en a absolument pas
parlé, ni dans son discours cet après-midi, ni au moment des
remarques préliminaires. Ce sont pourtant des recommandations qui ont
été faites, autant à la ministre qu'aux membres de
l'Opposition.
Ce qui m'apparait certain, M. le Président, c'est que, d'un
côté, on a dit que tout est bien, tout est clair, tout est
parfait. Il n'y a aucune erreur possible d'interprétation et que de
l'autre côté, c'est absolument le contraire qu'on nous dit. Devant
une position aussi contradictoire, je pense que le moins que la commission
puisse faire c'est essayer d'aller chercher des informations
supplémentaires pour qu'au moins les gens du milieu puissent s'exprimer
et venir les demander ces clarifications-là.
Et si c'est si clair pour le législateur, à ce
moment-là, il pourra sûrement l'expliquer et le présenter
aux intervenants concernés parce que pour le moment, on n'a absolument
aucune réponse à ces interrogations-là, absolument aucune.
Ni dans les discours de cet après-midi, ni dans les remarques
préliminaires. On n'a absolument pas répondu a ces
inquiétudes-là.
J'aimerais peut-être revenir sur l'article 3 qui, bien sûr,
est en lien direct avec les articles 9 et 16 et qui pose vraiment
problème pour un tout petit bout de phrase, c'est-à-dire au
contrat de travail. Si on nous parle de contrat de travail,
l'interprétation qu'on nous en a donnée tantôt, ça
semble être simplement synonyme de négociations relatives à
la convention pour les gens qui ne sont pas syndiqués. Mais il y a
peut-être le danger d'ouvrir la porte, par exemple, justement sur
d'autres conditions de travail, par exemple, sur d'autres
réglementations, comme l'avait si bien souligné la
députée de Chicoutimi cet après-midi.
Et je pense que les inquiétudes qu'elle avait relevées,
à ce moment-là, étaient vraiment les inquiétudes
qui étaient partagées dans le milieu parce que le texte n'est
absolument pas clair. M. le Président, nous avons l'habitude, je sais,
à cette commission particulièrement, de revenir à
plusieurs reprises sur les mêmes projets. Nous avons eu l'habitude de le
faire et il semble que l'habitude continue, se maintient malgré certains
changements. Et il semble qu'une autre habitude se maintienne,
c'est-à-dire celle de se dire que tout est beau, tout est clair, tout
est parfait, sauf pour les gens du milieu.
Or, je m'aperçois qu'on garde le même lien. Je vois
peut-être certains petits changements, par exemple, au niveau de
l'écoute...
Une voix:...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! Mme
la députée de Terrebonne a la parole...
Mme Caron: Je ne voudrais pas porter d'interprétation au
sujet de l'écoute pour les projets de loi à venir.
M. Tremblay (Rimouski):...
Mme Caron: Si ça peut au moins vous faire ça. Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Terrefaonne, si vous voulez. Avez-vous conclu
votre...
Mme Caron: Je vais conclure bientôt, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plait.
Mme Caron: Alors, donc, je reviens à ce que je disais
tantôt, c'est-à-dire que bon, effectivement, on semble maintenir
certaines habitudes, certaines corrections, mais il ne faudrait vraiment pas...
Je pense qu'on l'a ouvert ce projet de loi-là et que ce serait important
que les correctifs qu'on apporte ce soit les bons, enfin, qu'on ne revienne pas
à nouveau sur cette loi-là. Et pour s'assurer de ne pas revenir
sur cette loi-là, je pense que la meilleure façon ce serait
d'entendre les intervenants. Et ce qui nous permettrait de s'assurer que le
législateur a vraiment fait le tour de la question et qu'on ne reviendra
pas à nouveau en commission, dans six mois ou dans un an pour revenir
corriger les interprétations ou dans la pratique du milieu. Alors, ce
sont mes remarques préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la
députée. Mme la ministre, avez-vous quelques rémarques
à faire?
Mme Robillard: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vais maintenant passer
la parole à M. le député de Gouin...
M. Boisclair: Oui, merci...
Le Président (M. Gobé): ...pour une période
de 20 minutes, dans le cas des remarques préliminaires sur le projet de
loi 94. M. le député de Gouin, vous avez maintenant la
parole.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. D'une part, excusez
ma collègue députée de Hochelaga-Maisonneuve qui est
retenue par les travaux de la Commission Bélanger-Campeau, qui m'a
demandé de la remplacer pour faire part d'un certain nombre de
commentaires sur le projet de loi 94. Je suis d'autant plus à l'aise de
discuter de ce projet de loi puisque j'ai eu l'occasion, à plusieurs
reprises, de discuter de la composition du conseil des gouverneurs et de la
représentation des différents corps d'université. Le chef
de cabinet du ministre, M. Saint-Pierre, se souviendra très bien de mon
implication passée dans le mouvement étudiant, et je suis
d'autant plus à l'aise d'intervenir dans ce dossier-là et dire
aussi le plaisir que j'ai à me retrouver parmi les membres de la
commission de l'éducation. Tra- vaux que je n'ai pas toujours eu
l'occasion de suivre à cause de différentes
responsabilités qui ne m'ont pas amené à siéger sur
cette commission. Cependant, sachez que je manifeste un vif
intérêt pour les travaux de cette commission.
M. le Président, je serai relativement bref. L'idée est de
revenir sur un certain nombre d'éléments qui ont
déjà été mis en évidence par les
précédents intervenants, mais sur lesquels il me semble pertinent
de revenir pour essayer, à tout le moins, d'obtenir un certain nombre de
clarifications. On sait tous que lorsque le législateur décide de
présenter un texte, ce qui deviendra texte de loi, nous pouvons tous et
chacun porter des interprétations différentes quant au
libellé très précis des articles, et il s'agira de trouver
deux avocats pour obtenir des avis juridiques contradictoires. Et l'idée
est tout simplement, une fois pour toutes, d'essayer de régler le
problème pour qu'on n'ait pas à rouvrir la loi constituante des
Universités du Québec à plusieurs reprises et qu'une fois
pour toutes, on puisse essayer de trouver une espèce de consensus. Il
est clair que le projet de loi 94, que nous étudions ce soir, s'inscrit
dans la foulée du projet de loi 63. Et j'aimerais peut-être
revenir sur un élément bien précis qui a fait l'objet de
discussions, qui est l'élément dont on explique la portée
dans les notes explicatives du projet de loi, où on dit: "II
précise de plus dans quelles situations certains membres de
l'assemblée des gouverneurs ou des conseils d'administration des
universités constituantes, des instituts de recherche ou des
écoles supérieures doivent quitter les séances soit de
cette assemblée, soit de l'un de ces conseils d'administration."
Dans un premier temps, je crois qu'il est important de se rappeler le
contexte dans lequel nous en sommes arrivés à ce projet de
loi-là. Faut-il se rappeler... bon, - et mon collègue,
député d'Abitibi-Ouest, l'a très bien fait au moment du
débat en Chambre - qu'en juillet 1986, il y avait le dépôt
du rapport Gobeil qui proposait, entre autres, l'abolition du siège
social de l'Université du Québec? En 1986, la commission
parlementaire sur les orientations et le financement du réseau
universitaire et en 1987, il y avait ce fameux rapport Després, dont le
mandat comportait des éléments très précis, dont
celui d'étudier le rôle du siège social en fonction des
exigences de l'avenir, étudier tout autre élément
discuté lors de la commission parlementaire.
M. le Président, en novembre 1988, il y avait cette
présentation du projet de loi 63 qui modifiait la Loi sur
l'Université du Québec qui, bien que comportant - et nous
l'avouons d'entrée de jeu - des éléments importants par
leurs conséquences pour l'avenir du réseau, ne constituait pas
pour autant une réforme majeure de la loi constitutive de 1968. Ce
projet de loi visait principalement à modifier des règles de
composition de l'assemblée, accordait à l'Univer-
site du Québec le statut d'université associée et
un certain nombre d'autres éléments.
M. le Président, pour en venir à un certain nombre de
commentaires sur le projet de loi, projet de loi qui, dans le fond, est sans
trop... ne comporte pas tellement d'articles - vous en conviendrez comme moi,
22 articles pour le projet de loi 94 - les objectifs nous apparaissent quand
même assez clairs. Mais ce que nous aimerions mettre en évidence
ce soir, c'est que le projet de loi va au-delà d'une simple correction
des articles relatifs aux conflits d'intérêts. Et je crois que
nous nous devons de souligner, à l'instar de l'Intersyndicale des
professeurs des universités du Québec, qui faisait parvenir
correspondance à la ministre le 12 novembre dernier, qu'un certain
nombre d'articles que nous avons devant nous - les articles 3, 9 et 16 aussi,
je crois - ne correspondent pas en tous points au texte d'amendement qui a fait
l'objet d'une entente en décembre 1989. On y retrouve un ajout qui
pourrait, s'il est interprété d'une telle façon, faire en
sorte que l'on se retrouve dans la même situation actuelle, soit
d'exclure tout professeur aux réunions d'un conseil
d'administration.
C'est sûr que tout le débat porte sur
l'interprétation qu'on donnera à l'article 3 du projet de loi 94,
et je pense qu'il est bon de se le rappeler très rapidement. On dit - et
c'est l'article qui est modifié - à l'article 3: "Le membre de
l'assemblée des gouverneurs visé au paragraphe d de l'article 7
et qui est également membre du personnel de l'Université du
Québec, d'une université constituante, d'un institut de recherche
ou d'une école supérieure, doit quitter toute séance
pendant la durée des délibérations et du vote sur toute
question concernant les négociations relatives à la convention
collective ou au contrat de travail..." (21 h 30)
M. le Président, dans le fond, la question, si on essaie de la
résumer de façon bien simple, c'est: Est-ce que l'article
réfère aussi aux négociations, aux contrats de travail?
Parce que plusieurs éléments qui sont discutés à
l'occasion des délibérations se rapportent souvent aux contrats
de travail. Prenons l'exemple de... lorsqu'on adopte les évaluations de
professeurs, M. le Président. C'est un sujet qui a été
largement débattu. C'est une disposition et cette étude se fait
plutôt en fonction du contrat de travail. Ces discussions sur les
évaluations des professeurs ne se font pas en matière de
négociation des conventions collectives, mais bien en fonction du
contrat de travail. Alors, la question qui se pose, et il serait
intéressant que la ministre qui m'écoute avec tellement
d'attention puisse répondre à cette question: Est-ce que, par
exemple, la ministre pourrait nous donner la garantie que, lorsqu'on discutera
de l'évaluation des professeurs, ces mêmes professeurs pourront
assister aux délibérations puisque ces négocia- tions se
font non pas en fonction des négociations collectives, mais bien
plutôt en fonction du contrat de travail?
Un autre exemple, M. le Président, est qu'il serait
peut-être intéressant de rappeler que lorsque des décisions
se prennent concernant des congés sabbatiques, des congés de
perfectionnement ou des congés sans solde, ces discussions se font en
fonction des contrats de travail et non pas en fonction, si on reprend le
libellé de l'article 3, des négociations relatives à la
convention collective. J'ai donné deux exemples qui me sont venus
rapidement en tête et je suis convaincu qu'il y aurait lieu de trouver
d'autres exemples qui illustreraient mon propos. Mais juste le fait que, nous
de l'Opposition, avec mon collègue député d'Abitibi-Ouest
et aussi d'autres intervenants du réseau de l'Université du
Québec, nous posions la question mérite, je crois, qu'on y porte
une certaine attention. N'importe quel avocat ou professionnel du droit
pourrait vous dire que malgré les intentions et les propos qui sont
tenus aujourd'hui devant cette commission, il n'en demeurera pas moins que la
responsabilité ultime reviendra aux tribunaux de trancher
l'interprétation qu'on donnera à l'article 3.
Ce que nous demandons fondamentalement concernant cet article, c'est que
la ministre puisse à tout le moins répondre aux craintes qui sont
soulevées par différents intervenants du milieu, en
précisant la portée de l'article. J'ai essayé d'illustrer,
par deux exemples, l'évaluation des professeurs et la discussion autour
de congés sabbatiques, de congés sans solde ou de congés
de perfectionnement qui se font en fonction non pas de négociations
relatives à la convention collective, mais se font plutôt en
fonction des contrats de travail. Alors la question se pose: Est-ce que les
professeurs seront exclus des discussions lorsqu'on discutera de leur
évaluation et lorsqu'on discutera des congés sabbatiques, des
congés de perfectionnement?
Si on donne une portée très restrictive, j'en conviens que
ce ne serait peut-être pas une portée... Si on interprète
l'article de façon plus libérale, ce ne seraient pas les
conclusions auxquelles on pourrait arriver, mais...
M. Tremblay (Rimouski): Pas libérale... M. Boisclair:
Oui, dans le sens...
Le Président
(M. Gobé): M. le
député de
Rimouski. Tout le monde sait que vous êtes de profession
libérale vous aussi d'ailleurs, une fois libérale.
M. Boisclair: Mais j'avoue que la remarque est d'autant plus
pertinente. De toute façon, ce sont les tribunaux qui auront à
trancher et à interpréter les articles de la loi. Mais à
tout le moins, si l'article n'était pas interprété de
façon restrictive, un certain nombre de craintes
subsistent dans le milieu. L'Intersyndicale s'est manifestée de
façon très claire. Faut-il rappeler la correspondance du 12
novembre 1990, qu'ils adressaient à la ministre et lorsqu'ils disaient:
"Nous vous demandons que l'expression "ou au contrat de travail" soit
retirée du texte du projet de loi 94. "
Je comprends très bien, cependant, la volonté de la
ministre lorsqu'il s'agit dès nègo-ciation de contrats de travail
pour un personnel non syndiqué. Elle a donné l'exemple de l'ENAP;
on pourrait soulever aussi d'autres catégories d'employés qui
sont non syndiqués. Je comprends très bien la volonté de
la ministre. Cependant, l'interprétation qu'on donne à l'article
pourrait être plus restrictive. L'Intersyndicale des professeurs
continué en disant: "Les textes dès articles 3, 9 et 16 ainsi
corrigés correspondraient à l'entente - puisqu'il y avait
déjà eu une entente - convenue avec votre ministère et
nous seraient acceptables. " Je conçois donc qu'à ce jour,
l'Intersyndicale des professeurs maintient cette même position et ne
s'est pas rendue aux arguments de la ministre qui semble vouloir donner une
portée ou une interprétation différente de celle de
l'Intersyndicale des professeurs. Il y a donc une divergence de point de vue
là-dessus. Le simple fait qu'il y ait un certain nombre de points de vue
divergents qui soient présents nous invite... et je crois qu'on aurait
la responsabilité d'apporter un certain nombre de clarifications pour
s'assurer tout simplement que le consensus auquel nous étions
déjà arrivés sur cette question-là puisse
être maintenu. Donc voilà, M. le Président, je crois, un
point de vue qui mérite d'être discuté. J'espère que
la ministre, dans ses discussions tout à l'heure avec les fonctionnaires
du ministère et avec son personnel politique, va sûrement arriver
à une proposition, à une solution pour, je suis convaincu,
éviter un certain nombre de conflits qui nous apparaîtraient, dans
le fond, bien sûr, quelque peu dommage et qui, je crois, seraient
plutôt faciles à éviter.
Je pourrais revenir aussi sur un certain nombre de discussions dont On a
fait état. Mon collègue qui me précédait tout
à l'heure, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qui parle avec toute l'expérience
qu'il a eue dans le réseau de l'Université du
Québec...
Une voix:... et la sagesse.
M. Boisclair:... et la sagesse - je remercie mon collègue
- qu'il a eue aussi de venir se joindre à nous - c'est faire preuve de
beaucoup de sagesse - des pouvoirs du siège social, dès nombreux
mandats du conseil d'administration... Je voudrais peut-être, à ce
moment-ci de notre discussion, puisque ma collègue, je suis convaincu,
dans la mesure où son agenda le lui permettrait ou elle ne sera pas
retenue par les travaux de la Commission Bélanger-Campeau, se fera un
plaisir de se joindre aux travaux de cette commission sur le projet de loi 94
et revenir sur ces autres éléments... Mais dans un premier temps,
M. le Président, il me semblait tout simplement important de soulever
cette interrogation et de demander à la ministre de faire preuve d'un
peu d'ouverture et de bonne foi, comme elle a toujours su en faire preuve, et
d'apporter un certain nombre de clarifications. Il s'agirait peut-être
d'apporter un nouveau libellé à l'article 3 pour éviter
tout simplement... et pour que, nous aussi, nous puissions commencer à
étudier le projet de loi article par article... C'est le souhait que
tous les membres de cette commission expriment. Mais, cependant, nous le ferons
lorsque nous aurons les garanties qui nous permettent d'en arriver à
cette étape.
Peut-être serait-il sage que les membres de cette commission
puissent, à tout le moins s'enquérir du point de vue d'autres
intervenants. Il serait peut-être intéressant, par exemple, que
là Commission de l'éducation tienne des consultations
particulières. Je ne voudrais pas anticiper les propositions qui seront
faites par les membres de cette commission, mais c'est une suggestion que je me
permets de faire à la ministre et aux membres de cette commission, pour
vraiment éviter qu'il y ait problème et qu'on puisse arriver
rapidement à un consensus qui avait pourtant été atteint
dans le passé et qui, aujourd'hui, semble manquer, si ce n'est qu'on le
voit par l'attitude que les différents intervenants ont prise dans ce
dossier.
Alors, M. le Président, je limiterai mon intervention à
ces quelques propos. Et souhaitons que, rapidement, nous puissions,
après avoir obtenu un certain nombre de garanties à
l'égard de l'interprétation qu'on donnera à un certain
nombre d'articles de ce projet de loi, entreprendre avec le plus
d'intérêt possible et dans un esprit, aussi, de coopération
mutuelle et d'ouverture, l'étude détaillée de ce projet de
loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Gouin. Votre présence est toujours très
enrichissante pour cette commission. On vous invite à y venir plus
souvent, d'ailleurs. Soyez assuré que je transmettrai, par le
secrétaire, la transcription de votre intervention à votre
collègue que vous avez remplacée, afin qu'elle puisse juger de
tout l'à-propos de votre intervention, et vous l'avez mentionné
à plusieurs reprises. Alors, je vous remercie. Je passerai maintenant la
parole au député de Laviolette. M. le député de
Laviolette, vous avez la parole pour une période de 20 minutes.
M.
Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: D'autant plus, M. le Président, qu'elle est la
présidente, vous le savez très bien. Alors, elle se fait aussi un
devoir de relire et de
s'informer auprès de ses collègues de ce qui a
été dit à cette commission.
Moi, je suis toujours un peu surpris. Et je ne parlerai pas longtemps,
d'autant plus que je sais que mon collègue, qui est notre porte-parole
sur ce dossier, aura peut-être une motion à présenter. Mais
j'aimerais, M. le Président, dire combien, des fois, je suis
déçu à cette commission. On y vient par
intérêt. Normalement, quand on est membre de cette commission, on
y vient par intérêt, à moins qu'on soit obligé, par
notre parti, de venir simplement s'installer ici. Mais je suis toujours surpris
de voir que les députés d'en face, je parle des
députés qui sont ici: la députée de Bourget, le
député de Charlevoix, le député de Rimouski, le
député de Vimont, le député de
Beauharnois-Hunringdon, vous-même, M. le Président, y avez droit
de parole; les autres qui, malheureusement, n'ont pas pu venir ici: le
député de Sauvé, le député de Verdun, la
vice-présidente, la députée de Matane, ne prennent jamais
la parole autrement que pour laisser le ministre ou la ministre, à
l'époque c'était le ministre maintenant c'est la ministre, faire
valoir un point de vue et on ne connaît jamais...
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, s'il vous
plaît...
M. Jolivet: ...M. le Président, quelle est leur
pensée? On ne connaît non plus...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Laviolette, excusez-moi, j'ai une question de privilège, M. le
député de Beauharnois-Huntingdon...
M. Jolivet: Qu'est-ce qui est privilège? Il n'y a pas de
question de privilège en commission parlementaire.
Une voix: II n'a pas été nommé lui. Des
voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): M. le
député... Question de règlement, de privilège, vous
avez quoi? Vous avez levé la main.
M. Chenail: M. le député trouvait qu'on ne prenait
jamais la parole. Moi, j'ai dit quant à parler pour ne rien dire j'ai
dit: Je ne parle pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Beauharnois-Huntingdon. M. le député
de Laviolette, vous avez la parole encore.
M. Jolivet: Je continue toujours en disant que même ce qui
m'a surpris c'est que lorsqu'on a étudié le principe, la personne
qu'on a vue intervenir du côté ministériel, à part
la ministre, ça été le député de Sherbrooke
qui provient d'un milieu universitaire. Je dis simplement: J'ai de la
misère à comprendre des personnes qui nous ont dit qu'elles
étaient ici pour permettre l'expression des gens qui ne s'expriment
jamais... Je voulais juste faire valoir ce point-là, M. le
Président, ça me surprend toujours. Et comme ça me
surprend, j'essaierai de vous dire que la ministre présentant son
premier projet de loi comme ministre responsable de l'Enseignement
supérieur, devrait aussi peut-être comprendre que notre point de
vue est pour l'aider à faire un projet de loi qui soit le meilleur
possible. Je veux juste lui rappeler, parce qu'elle prend une relève au
moment où on se parle d'un ministre qui était ici il y a quelque
temps et qui discutait des mêmes sujets avec nous, qu'il a
été lui-même un peu pris dans son premier projet de loi
qu'il avait présenté ici à cette Assemblée comme
ministre de l'Éducation, de telle sorte que n'eût
été l'aide de l'Opposition, le projet de loi qu'il aurait
passé à l'époque, qui est sur la commission scolaire du
Nouveau-Québec où on avait même invité la commission
scolaire à venir - c'était en temps de session intensive à
l'époque - on avait demandé qu'il vienne ici s'exprimer sur le
projet de loi qui était de quatre articles. Vous vous imaginez, quatre
articles. Pour ces quatre articles-là, le ministre avait
été obligé de réécrire le projet de loi au
complet. Si je peux le rappeler à la ministre, l'Opposition avait
collaboré avec le ministre parce que, comme on était en session
intensive, ou bien ils passaient le projet de loi et si vous me permettez
l'expression bien québécoise, ils fourraient la commission
scolaire...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Laviolette, vos remarques préliminaires sur l'article...
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): ...sur le projet de loi
94...
M. Jolivet: Effectivement.
Le Président (M. Gobé): ...vous parlez d'un autre
projet de loi, là.
M. Jolivet: Non, non, non, laissez-moi finir. Vous allez
voir.
Le Président (M. Gobé): Peut-être se
maintenir à la pertinence du débat autant que possible.
M. Jolivet: Non, non, c'est un exemple que je donne. Je crois que
c'est très pertinent. Je vais vous expliquer pourquoi, tout à
l'heure, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Alors faites.
M. .Jolivet: ...mais laissez-moi finir. Je suis en train de dire
que le ministre de l'Éducation à l'époque, son projet de
loi, il a fallu qu'il le réimprime. C'a pris notre permission. Il y a
huit articles nouveaux qui sont apparus, aucun des quatre
précédents, mais n'eût été nous, je reprends
le terme bien québécois, la commission scolaire aurait
été fourrée, flouée, si vous voulez l'avoir en bon
français. Pour vous dire au bout delà course-Le
Président (M. Gobé): M. le député, je pense que
le terme "fourré" est un peu antiparlementaire.
M. Jolivet: Non, non...
Le Président (M. Gobé): Je vous demanderais
d'employer un terme qui est plus académique.
M. Jolivet: ...allez chercher ça dans le dictionnaire.
Fourvoyer.
Le Président (M. Gobé): Alors voilà, je vous
remercie beaucoup.
M, Jolivet: J'ai bien dit: En termes bien
québécois. Et chez nous c'est de même qu'on parle.
Le Président (M. Gobé): Mais je crois que, comme
parlementaires, nous devrions montrer l'exemple...
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Gobé): ...et employer des termes
dignes de la langue française qu'est cette langue que tout le monde ici
a intérêt et une volonté de promouvoir et
d'améliorer...
M. Jolivet: En tout cas, je peux vous dire juste une affaire
c'est que le gars dans le bois chez nous, il comprend ce que ça veut
dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Simplement pour vous dire, M. le
Président...
Une voix:...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît,
à Tordre!
M. Jolivet: ...simplement pour vous dire que dans ce
contexte-tà, la ministre, quand on lui dit au niveau du projet de loi
qui est devant nous, qu'il y a des gens qui ont intérêt à
faire valoir un point de vue... Je veux juste vous dire une chose, j'ai
été membre d'un module à l'époque à
l'Université du Québec, j'étais, ce qu'on appelait le
"socio-économique". J'avais été exclu d'une
décision qui était rendue. Quand on parle de conflits
d'intérêts... Parce que le problème dont a fait mention
quand on parle de convention collective, de contrat de travail, on parle
toujours de conflit d'intérêts. Je me souviendrai toujours dans le
temps, M. le Président, que comme représentants
socio-économiques, nous étions dans une décision qui
appartenait au chef du module. On avait été exclus, parce qu'on
avait décidé, comme représentants
socio-économiques, que le chef de module n'irait pas, sur les montants
d'argent payés par les étudiants, en voyage en URSS pour
apprendre ce que c'était le système scolaire en URSS pour venir
l'enseigner ensuite. Qu'est-ce qui est arrivé? Vous parlez de conflit
d'intérêts et vous dites toujours: C'est la faute aux enseignants.
C'est les enseignants qui sont en conflit d'intérêts. Moi, je suis
en train de vous prouver que, peut-être, des gens viendraient vous dire
par expérience vécue: Ce n'est peut-être pas eux autres qui
sont en conflit d'intérêts. On a des exemples actuellement dans
certains secteurs universitaires où ce n'est pas les enseignants qui
sont en conflit d'intérêts. C'est peut-être des
administrateurs qui le sont. La ministre comprend très bien ce que je
veux dire. (21 h 45)
Dans ce contexte-là, pourquoi ne pas comprendre le but que nous
recherchons? Ce n'est pas à ce moment-ci d'empêcher la passation
du projet de loi, c'est de permettre à la ministre de passer le meilleur
projet de loi et d'avoir à ce moment-là les capacités de
prendre des décisions, les meilleures possibles.
Pourquoi, quand on a un texte, met-on toujours en contradiction, en
termes de conflit d'intérêts, ceux qui représentent le
secteur du personnel enseignant ou du personnel non-enseignant ou tout le genre
de personnel qu'il peut y avoir dans une université? Pourquoi serait-ce
eux qui seraient exclus quand on discute de certaines choses et que, dans
certaines autres, des fois, il y a des gens - et là, je vous donne
l'exemple, c'est pour ça que je vous le donne comme exemple - où
c'est la direction du module qui nous avait mis à la porte parce que
nous contestions leurs décisions? Je vous dis que ça, c'a
existé. Il y a peut-être des gens qui pourraient venir vous le
dire de cette façon-là. C'est tout simplement le petit message
que je voulais laisser à la ministre. Si elle écoutait
l'Opposition, à ce point de vue là, peut-être qu'elle ne
commettra pas des erreurs. C'est dans ce sens-là qu'on peut
améliorer un projet de loi; c'est le but que nous recherchons.
Je pourrais parler longuement, davantage, M. le Président, mon
but n'était pas ça. Je voulais simplement donner deux affaires
qui m'importaient beaucoup, c'est le silence du côté
gouvernemental, premièrement et, deuxièmement, des
exemples de vécu. Il y a peut-être d'autres personnes qui
pourraient venir nous le dire. Alors, je laisserai le soin à mon
collègue, le député d'Abitibi-Ouest de peut-être
passer à l'étape suivante puisque, comme de l'autre
côté, il n'y a personne qui semble vouloir parler. Comme de notre
côté, on a décidé d'arrêter, même si on
avait le droit de prendre plus que le temps qu'on a pris pour parler sur les
remarques préliminaires, je laisserai à mon collègue le
soin de faire le reste.
Le Président (M. Gobé): C'est bien. Merci, M. le
député. Mais juste une petite mise au point peut-être. On
m'informe, et vous n'êtes pas sans savoir, que la Commission
Bélanger-Campeau, comme vous le mentionnez, siège à
Montréal demain et que la députée de Matane siège
sur cette commission. C'est pour ça qu'elle n'est pas là ainsi
que...
M. Jolivet: Je n'ai jamais...
Le Président (M.
Gobé): ...le
député de
Verdun qui, lui aussi, est là-bas. Alors c'est juste une petite
mise au point parce qu'on vérifiait les présences.
M. Jolivet: M. le Président, je l'ai dit d'ailleurs...
Le Président (M. Gobé): Vous disiez que personne ne
s'exprime. S'ils avaient été là...
M. Jolivet: Non, non, j'ai dit... Non.
Le Président (M. Gobé): ...les connaissant, soyez
assuré qu'ils auraient certainement fait valoir...
M. Jolivet: M. le Président, là, vous
interprétez.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! Je
vous donnerai la parole après M. le député.
M. Jolivet: J'ai le droit, vous m'interprétez.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui, lorsque j'aurai
terminé.
M. Jolivet: O.K. Correct.
Le Président (M. Gobé): S'ils avaient
été présents, ils se seraient fait un grand plaisir
d'intervenir et de faire valoir certainement leur point de vue sur ce dossier.
Car, lorsqu'on connaît le député de Verdun qui est un
universitaire eminent, la députée de Matane qui est très
près et très portée vers les questions de
l'éducation et de l'enseignement, surtout en région, ils seraient
certainement intervenus tous les deux. Je ne veux pas porter de jugement
là-dessus, juste vous faire valoir que, malheureusement, ils sont
retenus à Montréal pour la Commission Bélanger-Campeau
qui, elle aussi, a une très grande importance pour l'avenir du
Québec et pour l'enseignement au Québec aussi. Merci beaucoup, M.
le député. Je passerai maintenant la parole à Mme la
ministre.
M. Jolivet: Vous m'avez dit que j'avais droit, après
vous... Vous ne me prêtez pas la parole. J'ai droit de répliquer
à loisir. Écoutez.
Le Président (M. Gobé): Faites donc, M. le
député, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Bon, merci. Ce que je voulais dire, c'est que j'ai
parlé des gens qui étaient ici. J'ai dit: II y a d'autres
personnes qui sont ailleurs pour des raisons - et je l'ai bien dit à ce
moment-là - qui leur appartenaient. Je n'ai jamais voulu porter de
jugement. J'ai dit simplement: Je suis toujours surpris, pas juste ici,
à d'autres occasions de voir la même façon d'agir. C'est
simplement ça que je voulais dire.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Laviolette. Maintenant, Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science avez-vous quelques
réflexions à faire?
Mme Robillard: Aucune.
Le Président (M. Gobé): Terminé. Nous allons
passer maintenant à l'étude article par article.
Motion demandant d'entendre
l'Intersyndicale des professeurs
des universités québécoises
(IPUQ)
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, nous allons passer maintenant
à une disposition du règlement qui est l'article 244, qui nous
permet à ce moment-ci de présenter la motion suivante, que je
vous présente à l'instant: "Conformément à la
disposition de l'article 244 de nos règles de procédure, la
Commission permanente de l'éducation, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 94, Loi modifiant la
Loi sur l'Université du Québec, je fais motion que des
consultations particulières aient lieu quant à tous les articles
dudit projet de loi et, qu'à cette fin, nous entendions l'Intersyndicale
des professeurs des universités québécoises
communément appelée l'IPUQ, pour les motifs qui sont les plus
touchés par les modifications prévues au projet de loi 94, et je
fais motion à ce moment-ci de recevoir ces gens-là en
consultation particulière tel que c'est prévu à l'article
244 du règlement".
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député. Alors, je déclare cette motion recevable et...
Une voix:...
Le Président (M- Gobé): ...à moins que
quelqu'un veuille argumenter dessus...
M. Gendron: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Mais je crois que c'est
assez clair. À moins que, M. le député de
Rimouski, vous vouliez intervenir et commenter cette motion.
M. Tremblay (Rimouski): Je me soumets à la décision
du président mais je trouve ça curieux que vous la receviez,
qu'elle soit recevable.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Rimouski, selon l'article 244, avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la Commission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat. Le
député et critique de l'Opposition officielle essaie de se
prévaloir de cet article et fait motion afin que nous nous en
prévalions. Il a le droit de le faire. Je crois qu'il a le droit de s'en
prévaloir. C'est donc recevable. Maintenant, est-ce à dire que
nous allons tenir les audiences? C'est une autre histoire. Je crois que nous
allons pouvoir débattre du bien-fondé de le faire ou de ne pas le
faire. Alors, chaque parti aura 30 minutes de discussion, du côté
de l'Opposition et du côté ministériel. Chaque membre de la
Commission pourra intervenir 10 minutes. Alors, je commence par passer la
parole au proposeur de cette motion qui est le député
d'Abitibi-Ouest et critique officiel de l'Opposition en matière
d'éducation et d'enseignement supérieur. M. le
député, vous avez la parole pour une période de 30
minutes.
M. Gendron: Oui, M. le Président, je vous remercie parce
qu'effectivement, je pense que cette motion-là est en tous points
conforme au règlement qui régit nos travaux. Je déclare
à ce moment-ci les remarques brèves, mais qui laissaient voir
quand même que le président aurait erré en permettant la
recevabilité de cette motion, ce qui n'est pas le cas. Puisque vous
l'avez reçue, le débat est clos en ce qui me concerne et
j'interviens maintenant sur le fond de la motion. Comme le texte lui-même
le mentionne, M. le Président, il est clair que nous aurions avantage
à rencontrer le groupe le plus touché par les dispositions
prévues à l'article 94 dans les quelques remarques
préliminaires que la ministre a faites tantôt. Je vous donne un
exemple. À l'article 7 où, selon son point de vue, et je le
répète, c'est son droit le plus strict, elle nous indiquait
très clairement que, selon elle, l'article 7 prévu au projet de
loi 94 avait l'effet inverse que ceux qui prétendent que ça va
atténuer la responsabilisation et la responsabilité des
constituantes, Mme la ministre invoquait tantôt que, quant à elle,
l'esprit du législateur et son point de vue c'est, a contrario, pour
offrir davantage de responsabilités aux constituantes concernées.
C'est uniquement pour illustrer un problème de perception et, comme
j'avais l'occasion de l'indiquer lors du débat en deuxième
lecture, l'Intersyndicale des professeurs des universités
québécoises, parce que, même si la ministre nous a dit
qu'il y avait une seule université au Québec et c'était le
siège social, vous me permettrez, non pas de diverger d'opinion, mais
moi, je ne travaille pas en fonction de la seule Université du
Québec qui est le siège social, où il n'y a pas
d'étudiants, pas de profs et pas de chargés de cours. Je
comprends qu'ils ont des fonctions administratives majeures importantes et que
ça prend ce que j'appelle une unité de pensée dans une
université réseau avec la formule qu'on connaît. Mais
l'Intersyndicale vous a indiqué aujourd'hui, Mme la ministre, que selon
elle, dans une lettre quand même assez élaborée que vous
avez sans doute lue et appréciée, et je ne voudrais pas reprendre
tous les éléments, mais uniquement leur conclusion... Elle vous
demande, Mme la ministre, ce qui suit. D'enlever l'expression "ou au contrat de
travail" aux articles 3, 9 et 16 du projet de loi; de supprimer les articles
suivants du projet de loi 94: 4, 6, 7, 8, 13 et 14; une rencontre entre
l'Intersyndicale des professeurs d'universités, la ministre et le
représentant de l'Opposition ne serait-elle pas nécessaire avant
de procéder plus avant avec ce projet de loi 94?
Moi, je suis conscient qu'effectivement, une motion pour entendre le
groupe le plus concerné, il n'y pas de drame là; au contraire,
non seulement n'y a-t-il pas de drame, mais je souhaite les entendre pour que
leur opinion soit confrontée à votre opinion et qu'on ait
l'occasion, comme membres de cette commission, d'apprécier leurs
arguments. Parce que, ce n'est pas tout de faire une lecture en privé,
que ce soit vous qui la fassiez, Mme la ministre, ou les membres de
l'Opposition officielle, et de dire: Eh bien, tout a été dit.
Tout a été dit. Vous, vous avez lu ça et vous nous avez
expliqué qu'ils ne comprennent pas et que ce n'est pas ce dont il s'agit
et à nous, vous répétez l'inverse pour certains articles
où on a des positions différentes. Il n'en demeure pas moins que
les plus concernés par le vécu éventuel du projet de loi,
dans son adoption en termes de phase finale, prétendent, et je les lis
encore: "Vu les modifications importantes introduites à ce projet de loi
94, il y aurait lieu de nous convoquer à une Commission parlementaire de
l'éducation." Il n'y a pas de motif, au moment où je vous parle,
pour ne pas les convoquer; il n'y en a aucun que je suis en mesure
d'apprécier.
On n'est pas dans une bousculade de fin de
session. Au contraire, on n'est même pas en session, pour
plusieurs, parce qu'il n'y a absolument rien, et vous le savez très
bien, on l'a vu encore ce soir. C'est à 18 h 30 qu'on devait terminer
les travaux, mais est-ce qu'on a terminé à 18 h 30?
Réponse: Non. Pour quelle raison? C'est qu'il n'y a rien sur le menu; il
n'y a strictement rien. C'était de même la semaine passée,
c'était de même la semaine antérieure et ça va
être de même la semaine prochaine. Regardez bien
l'événement de jeudi, qui est la date limite pour déposer
les projets de loi de cette session-ci, et vous allez voir; il n'y en aura
à peu près pas. Il n'y en a pas de menu législatif.
Ça, on vit ça depuis plusieurs années avec ce
gouvernement-là. Vous en avez le droit, c'est votre prérogative,
mais en même temps, il faut avoir de la suite dans les idées.
Ça ne peut pas être votre prérogative de ne pas accepter
d'entendre le groupe le plus concerné, une heure et demie à deux
heures de temps, quand on sait que les travaux parlementaires ne sont pas
bousculés, ne sont pas pressés par le temps parce qu'on n'est pas
dans le modèle d'une fin de session et qu'il n'y a pas de menu
significatif. À un point tel qu'on nous encourage à faire toutes
sortes de motions sans avis, qu'on appelle, ou sans préavis, pour
brûler un peu de temps de Chambre afin que ça ait l'air qu'au
moins la session est ouverte. Mais qu'est-ce que vous voulez? Nous, ce n'est
pas parce qu'on est au courant de ça qu'on va marcher
là-dedans.
Et là, sur le projet de loi spécifique, M. le
Président, ces gens-là ont souhaité être entendus.
À François Gendron, critique de l'Opposition officielle, je
recevais une lettre et ils m'ont dit ceci... et c'est le moment de le faire
valoir pour justifier pourquoi je souhaite que ces gens-là soient
entendus en commission: "On vient de prendre connaissance du projet de loi 94
déposé par la ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Science, Mme Robillard, en vue d'amender enfin"... Parce que ça, il
n'y a pas de méprise, il ne faut pas qu'il y ait de méprise au
niveau des membres de cette commission. Il y avait accord des deux formations
politiques en présence pour modifier des dispositions de l'article 63.
Il y a encore accord, selon moi, parce que le vécu, dans les
constituantes, suite à l'adoption du projet de loi 63, a
créé des difficultés d'interprétation au niveau de
certains articles. Bon, certains ont parlé de pagaille. Moi, je ne vais
pas jusque-là, mais à tout le moins, ils ont raison d'avoir
vécu... c'est-à-dire de nous dire qu'ils ont vécu
certaines situations conflictuelles inutiles.
Quand il est conscient de telles situations, il appartient au
législateur de poser les correctifs requis quand on a lu la même
chose. Or, dans le présent projet de loi, quand ces gens-là ont
rencontré les officiers du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science - certains officiers - de même que le
ministre... parce que l'ancien ministre m'en a parlé à plusieurs
reprises: Est-ce que vous accepteriez, M. Gendron, tel texte? Il y a même
eu échange de documents, à certains égards, pour modifier
des dispositions de l'article 63. C'est ça, la réalité. Et
là, on voudrait que - parce que nous, on a vu ça, et la ministre,
bien sûr, a vu ça - les premiers concernés n'aient pas
l'occasion de nous dire: Pourquoi font-ils la lecture, comme il la font, des
dispositions du projet de loi 63? Je voudrais les entendre et je voudrais que
les membres de la Commission... Parce qu'on ne demande pas à la ministre
d'étudier, dans son bureau, les dispositions, article par article, du
projet de loi 94. On demande aux membres de cette commission d'étudier
le projet de loi, article par article. Il serait important que les membres de
cette commission puissent avoir une fois la chance d'entendre directement, au
vu et au su de tout le monde, dans des débats enregistrés, ce que
l'Intersyndicale a à dire comme clarification par rapport à
l'interprétation qu'ils font de certaines dispositions. Et je ne vois
pas en quoi ce serait... ça imputerait des retards
inconsidérés à l'évolution du cheminement normal du
projet de loi. Il me dit ceci: "Nous avons déjà discuté du
contenu et même de la forme des amendements souhaités par les
professeurs. Comme vous le savez, il y avait entente entre le ministère
et les professeurs sur un texte d'amendement." Moi, je dis que c'est exact, je
l'ai vu. Hélas, selon eux, le projet de loi 94 ne respecte pas l'entente
aux dispositions des articles 3, 9, 16, et des articles 4, 6, 7, 8, 13 et 14.
Une telle constellation d'erreurs, c'est leur terme - je répète,
je l'ai dit en commission, ce n'est pas mon point de vue; moi, je ne vois pas
une constellation, je vais aller en voir une, j'espère, ce soir, mais il
n'y en a pas à ce point dans le projet de loi - mais ils
considèrent que le ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science devrait permettre que les amendements proposés au
projet de loi 63 puissent être appréciés.
M. le Président, je continuerai, à la prochaine
convocation, mon droit de parole, compte tenu de l'heure.
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est cela, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Malheureusement, nous avons un ordre de
siéger jusqu'à 22 heures ce soir et l'heure étant
écoulée, je vais donc ajourner les travaux sine die car nous
n'avons pas de nouvel horaire à communiquer aux membres de cette
commission. Malheureusement, nous n'avons pas d'ordre de la Chambre. Donc, je
déclare la séance ajournée sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)