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(Quinze heures seize minutes)
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'invite les membres de
la commission a prendre place. Nous allons commencer nos travaux. Je
déclare la séance ouverte et je rappelle le mandat de la
commission, soit celui de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé.
J'invite immédiatement les membres de la commission qui
voudraient le faire à nous faire leurs remarques
préliminaires.
M. Gendron: Premièrement, je voudrais indiquer, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Harel): Ah oui! M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous me permettrez de demander d'abord au
secrétaire d'annoncer les remplacements, s'il y a lieu.
Le Secrétaire: Merci, Mme la Présidente. M. Dufour
(Jonquière) remplace M. Jolivet (Laviolet-te). Merci.
M. Gendron: Donc, pour l'information du ministre, c'est qu'il y a
des responsabilités qui exigent que M. Jolivet soit ailleurs
aujourd'hui, plutôt que membre de la commission.
La Présidente (Mme Harel): Alors donc, je vais inviter les
membres de la commission à nous faire immédiatement les remarques
préliminaires, s'il y a lieu. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je n'ai pas de remarques
préliminaires à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Harel): Très bien. Y a-t-il des
membres de la commission qui ont des remarques préliminaires?
M. Gendron: Ah oui, Mme la Présidente!
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est que je croyais qu'il y avait des gens de
l'autre côté qui avaient des remarques.
La Présidente (Mme Harel): Ils en auront peut-être
On verra par alternance..
M. Gendron: On verra, bien sûr.
La Présidente (Mme Harel):... après votre
Intervention.
M. Gendron: Vous avez raison, Mme la Présidente. C'est moi
qui étais dans l'erreur. Je vous remercie...
Une voix:... intentions, Mme la Présidente, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: Merci de votre délicatesse. Bien sûr que
j'ai des remarques particulières et préliminaires à faire.
Bien sûr qu'on nous convoque en cette commission parlementaire pour
étudier le projet de loi 69, article par article, comme s'il s'agissait
d'une procédure normale, comme s'il s'agissait d'un projet de loi
normal.
J'ai indiqué, lors de mon discours en deuxième lecture
qu'on appelle communément l'adoption du principe du projet de loi, qu'il
s'agit d'un projet de loi qui met fin à une situation spécifique
au Québec, un débat social qui a eu lieu a savoir qu'on ne
pouvait pas être deux, trois ou quatre intervenants dans le champ de
l'impôt foncier scolaire, puisque cette discussion-là avait eu
lieu. Elle a été longue. On a tenu compte de plusieurs
éléments et on a appelé ça le pacte de la
fiscalité. Donc, je ne peux pas, dans mes remarques
préliminaires, ne pas revenir sur ce que j'appellerais la volonté
arrêtée de ce gouvernement-là de ne pas assumer ses
responsabilités. Chaque fois qu'il est devant une difficulté,
quelle qu'en soit la taille, au lieu de la régler, c'est de la pelleter
ailleurs que dans son champ de responsabilités.
Il est évident, Mme la Présidente - je l'ai dit, je vais
le répéter et on va le répéter probablement
longuement - qu'en ce qui nous concerne l'éducation doit être,
aurait dû toujours être et devra toujours être une question
nationale, une priorité nationale. Dans ce sens-là, si la
santé au Québec est assumée à 100 % par
l'État québécois, nous, on pense toujours qu'il faut que
la plus grande part du financement des coûts liés au
système éducatif du Québec soit de la
responsabilité de l'État québécois.
La loi 69, ce qu'elle a d'odieux, c'est de mettre fin à ce pacte
de la fiscalité sous prétexte qu'il serait légitime et
correct de se départager de certaines responsabilités et,
surtout, en prétendant qu'il n'y aurait pas danger là de
créer des inégalités, qu'il n'y aurait pas là
danger de revenir à un système d'éducation à deux
niveaux ou à deux vitesses. Vous êtes dans un milieu qui a la
chance d'appartenir à une
collectivité riche, ça diminue, ça atténue
vos inquiétudes. Vous avez l'inconvénient d'appartenir à
une collectivité plus démunie, ça augmente vos
inquiétudes quant à la qualité des édifices, quant
à la qualité de l'entretien des bâtiments scolaires, quant
à un niveau de taxation que les commissaires sauront très bien,
parce que eux sont proches de leur monde... Probablement qu'ils ne feront pas
comme ce gouvernement-là vient de faire dans un autre dossier, ils les
consulteront. Ils vérifieront s'ils sont en mesure d'absorber une hausse
du double de taxation scolaire. Dans certains cas ça sera le triple.
Dans ces conditions-là, il est évident que nous, on ne peut pas
cautionner un gouvernement qui veut revenir aux années trente, qui veut
revenir à des dispositions qui auraient comme conséquence d'avoir
des régimes d'éducation différents, suivant que tu es
pauvre ou que tu es riche.
C'est pour ça que, dans les remarques préliminaires, il
faut revenir à la situation réelle et concrète. J'ai eu
l'occasion de l'expliquer, mais ça n'a pas eu l'air d'entrer. Ça
ne me surprend pas. Quand ces gens-là s'arrêtent sur une
décision, quels que soient les arguments qui sont fournis par les
intervenants concernés... Tous ces gens-là sont dans les patates
et on se le fait dire. Que ce soient les commissions scolaires qui soient
contre, que ce soit l'UPA qui soit contre, que ce soit l'UMRCQ qui soit contre,
que ce soit l'UMQ qui soit contre, que ce soit un contribuable du Québec
qui soit contre, ce n'est pas grave, ces gens-là ne savent pas de quoi
ils parlent, ils sont dans l'erreur et, en conséquence, il faut
procéder. Je le sais, j'ai vécu un deuxième mandat
politique.
Et on dirait qu'il y a une volonté de ce gouvernement-là,
dans son deuxième mandat, de faire le moins longtemps possible. J'ai
l'impression qu'il prend les bons moyens. Toutes les conditions objectives sont
là pour que, effectivement, il fasse le moins longtemps possible. Il
s'agit juste de regarder ce qui nous entoure, que ce soient les camions autour
du Parlement, que ce soient les assistés sociaux, que ce soient les
transporteurs pour ce qui est des grands travaux, que ce soient, il n'y a pas
longtemps, des maisons de jeunes, des maisons de femmes, de jeunes promoteurs,
tous les programmes ont été éliminés juste
au-dessus de nos têtes. Quelqu'un est en train de vendre quelque chose de
pas vendable sur les heures d'affaires. Ça ne fait rien. On sait que
ça n'a pas de bon sens. Un lundi, imaginez, ouvrir un magasin
jusqu'à 21 heures! Tout le monde dit: Ça n'a pas de bon sens. Il
n'y a personne. Il n'y a pas un chien qui va se présenter. Il n'y a pas
un chat qui va se présenter. Ça ne fait rien. Ces gens-là
ont la vérité, et le lundi soir jusqu'à 21 heures, le
mardi soir, 22 heures en plus. C'est fou comme de la m... Vous le savez. Mais
ces gens-là ont fait ce choix, Mme la Présidente.
Si je reviens sur la loi 69. une des remar- ques que je dois faire,
c'est que nous avions pris le temps, nous, de faire un pacte sur la
fiscalité avec les municipalités en leur expliquant qu'on ne
pouvait pas, du revers de la main, faire le débat et maintenir les
commissions scolaires, parce que, contrairement à ce qu'on me fait dire,
je ne change pas d'avis, je souhaite que les gestionnaires de
l'éducation demeurent les commissions scolaires au Québec. Je ne
change pas d'avis, le Québec a besoin d'un pouvoir
décentralisé pour être plus proche de la
réalité, pour offrir aux intervenants scolaires de leur milieu
des projets éducatifs, parfois, qui correspondent davantage à ce
qu'ils sont, pour avoir un peu plus de couleur locale.
Ce n'est pas pour rien que dans le pacte de la fiscalité nous
avions maintenu ce 6 % ou 0, 25 $ par 100 $ d'évaluation comme plafond.
On a dit aux commissions scolaires: Vous croyez que ce n'est pas suffisant?
Certaines commissions scolaires vont penser que c'est inadéquat. Bien,
on vous donne l'opportunité d'aller en référendum. Y
a-t-il quelque chose de plus démocratique, Mme la Présidente, que
de permettre aux commissions scolaires qui croient que ce n'est pas suffisant
d'aller en référendum puis d'expliquer en quoi elles ont besoin
d'une consultation publique, populaire, pour s'assurer d'aller chercher plus de
crédits à des fins éducatives? Parce que, en règle
générale, le milieu est capable d'évaluer si,
effectivement, iI y a lieu d'aller chercher plus de ressources.
Donc, il faut se rappeler qu'on avait compris ça, contrairement
à ce qu'on s'est fait dire et contrairement, encore là, aux dires
du ministre, à savoir que, pour la vraie notion de pacte, il faut
être trois, pas deux, théorie du père spirituel, mais, je
veux dire, pas du dictionnaire et du monde normal. Un pacte, ça peut
être entre deux personnes; on n'a pas besoin d'être trois, quatre
ou cinq. Le pacte de la fiscalité, il a été
négocié pendant un an et demi de temps, puis les partenaires
étaient là, puis on a dit aux commissions scolaires: Oui, on vous
laisse un pouvoir local de taxation pour faire des choses.
J'ai jasé avec des commissions scolaires. Est-ce que, en 1980, il
y a eu des problèmes? Réponse: non. En 1981, est-ce qu'il y a eu
des problèmes? Réponse: non. On ne nous le dit pas, on ne nous
les sort pas, les chiffres. Si on nous donnait tous les chiffres pour les
commissions scolaires... Est-ce que les commissions scolaires étaient,
en 1980, au plafond? Réponse: non. Est-ce qu'elles étaient au
plafond en 1981? Réponse: non. Quand le problème s'est-il
aggravé? C'est en 1982. Là, on va être honnête, parce
que j'ai l'habitude de dire les choses telles qu'elles se passent. En 1982,
pour la première fois, on vit une crise sans précédent; on
vit une crise comme le Québec n'en a jamais vécu puis, comme par
hasard, même les grands prophètes, les grands connaisseurs ont
tous convenu qu'il s'agissait là
d'une crise la plus appréhendée qu'on n'avait jamais pu
estimer. Et elle a frappé dur. Et elle a frappé fort. Et
ça a eu comme conséquence que le gouvernement d'alors et celui
qui a suivi, qui a fait ta même chose, mais en pire, on s'est mis de plus
en plus à considérer une série de dépenses
réellement effectuées comme étant des dépenses
dites inadmissibles, alors que ces dépenses-là, au
préalable, étaient admissibles, étaient dans les
règles budgétaires.
C'est évident qu'à partir du moment où l'argent
alloué pour faire des choses au niveau local ne servait plus à
ces fins-là, je comprends les commissions scolaires. Moi, je n'ai rien
contre les commissions scolaires qui ont dit: Écoutez, on s'est fait
"clencher" de 800 000 000 $, on a besoin de fric additionnel, il appartient au
gouvernement d'assumer ses responsabilités et, en conséquence, on
doit recevoir une part plus importante dans l'ensemble de l'assiette ou dans
l'ensemble du fonds consolidé de l'État québécois.
Là dessus, elles ont raison et je leur al donné raison à
tous les niveaux d'échanges que j'ai eu l'occasion d'avoir avec
elles.
C'est pourquoi je disais que la décision qu'il fallait prendre,
c'était deux choses. Un, corriger la formule de la fiscalité
municipale pour s'assurer qu'elle joue le rôle pour lequel elle a
été créée. Et si, en 1990, les dépenses qui,
en 1982, étaient considérées comme admissibles avaient
continué d'être considérées comme admissibles, ce
n'est pas vrai qu'on serait ici cet après-midi, ça, je vous en
passe un papier. On ne serait même pas ici cet après-midi, on
serait sûrement ailleurs, en Chambre, ou ici pour un autre projet de loi,
mais sûrement pas pour le projet de loi 69, Ça, c'est ma
conviction la plus ferme. Même chose pour ce qui est de la
péréquation. On l'a dit: On ne peut pas créer une formule
- puis nous, en tout cas, on n'a jamais prétendu qu'on avait le monopole
de la vérité - et dire: On la crée, elle est
bétonnée - comme la constitution qu'on vient de se faire Imposer
- puis voilà la vérité absolue, c'est ça, le
nouveau régime, peu importe l'évolution de la
société.
On savait que la formule de la péréquation, au fil des
ans, aurait comme conséquence de créer des
inéquités. Est-ce que la formule de péréquation a
créé certaines inéquités? La réponse est:
oui. Il n'y a pas de cachette, je veux dire qu'on n'est pas des hypocrites, de
ce côté-ci. Pas de problème. Oui, la formule de
péréquation a créé des inéquités.
Puis, quand j'ai rencontré le président de la
Fédération, à quelques reprises, quand il est venu
rencontrer M. Parizeau, chef de l'Opposition officielle, oui, il est exact
qu'on a convenu qu'il était fondamental de, un, corriger la
péréquation et, deux, s'assurer que les 6 % ou les 0, 25 $ par
100 $ d'évaluation servent aux fins pour lesquelles ils avaient
été Inclus dans le pacte de la fiscalité municipale. C'est
ça qu'on a dit. Et faire un beau discours en prétendant que la
légitimité de la loi, c'est pour leur donner une
responsabilité accrue, bien, vous repasserez, M. le ministre. Vous
repasserez. C'est un peu comme vous dites: C'est une notion qui est
derrière moi. C'est passé. (15 h 30)
C'est un peu comme la société distincte qui devait
être une notion derrière M. Bourassa. On s'est rendu compte que
c'était faux, mais ça, ce n'est pas la première fois.
Alors, ça devait être derrière lui, mais venez lire les
textes et les annexes - on vient de passer deux heures dessus - vous allez voir
que ce n'était pas derrière lui, c'était devant lui.
C'était devant lui en étoile!
Nous, cette question-là de permettre que les commissions
scolaires aient un pouvoir local de taxation, on était convaincus que
c'était nécessaire de la maintenir et nous l'avons fait.
Aujourd'hui, ce n'est pas ce qu'on fait, sans aucune consultation, sans aucun
débat public, comme ça semble être la façon de ce
gouvernement-là de procéder, ou encore d'en faire
énormément jusqu'à tant que le poisson se noie. On l'a vu
dans quelques législations. Sur les heures d'affaires, ça fait
quoi, quatre ans qu'il parie de ça. À un moment donné, le
lendemain, c'était un dépôt de projet de loi, il y a deux
ans. Imagine-toi, c'est en train de se faire, là. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce est en train de discourir là-dessus, sur
cette loi que personne ne veut.
Alors, nous, on avait consulté en 1979 et on a conclu ce que vous
savez. Aujourd'hui, on dit: Les commissions scolaires sont
sous-finan-cées, mais on veut que ce soit l'État
québécois qui s'occupe de leur sous-financement et non pas qu'il
chamboule de fond en comble la réforme de la fiscalité
municipale; tout en étant conscients qu'en apportant les correctifs aux
deux endroits où il était évident qu'il y avait le plus de
malaises, le plus d'inconvénients, bien, à ce moment-là,
on dit: Là, le gouvernement aurait assumé ses
responsabilités. Et là-dessus je ne change pas de discours. Quand
M. le président de la Fédération des commissions scolaires
a rencontré M. Parizeau, M. Parizeau a été on ne peut plus
clair: Oui, vous avez raison que péréquation et
rééquilibrage de l'usage des 6 % et des 0, 25 $, c'est devenu une
urgence.
Qu'à ça s'ajoute également un correctif de fonds
publics pour tenir compte de l'écart puisque, avec les deux formules, il
est possible que le montant que les commissions scolaires souhaitaient
atteindre n'était pas tout à fait la somme qu'elles
désiraient... Mais ce n'est pas ça que le gouvernement a fait. Il
a dit: Nous, on ouvre les vannes et on vous permet d'aller chercher tant de
millions de dollars. Et il n'y a absolument rien qui nous garantit, avec une
telle disposition, que n'importe quel ministre des Finances, ayant reçu
les ordres de son premier
ministre à tout crin de vouloir faire une deuxième Baie
James, encore là, môme si on n'en veut pas... Ça
crée des inconvénients. On ne s'occupe pas trop des
problèmes environnementaux, on se fait refuser des contrats
signés avec les Américains, mais, comme c'est l'homme d'un seul
projet, peu importe, on va trouver le financement requis pour financer une
deuxième Baie James. Donc, on va s'arranger pour faire des choix
budgétaires pour dégager une marge de manoeuvre qui va nous
permettre de faire ce qu'on veut faire, logique ou pas. C'est ça, la
réalité, parce que vous ne me ferez pas brailler.
Est-ce que la situation du Québec est si difficile que ça
sur le plan financier? Si la réponse est oui, vous êtes des
gestionnaires déficients. Vous êtes des gestionnaires qui, pendant
quatre ou cinq ans, ont trompé la population, parce que nous avons
vécu depuis 1983 six et sept ans de prospérité. Où
est passé cet argent-là? Comment se fait-il que ça n'ait
pas paru dans aucun dossier? Comment se fait-il que ça n'ait pas paru
dans le réseau routier? Comment se fait-il que ça n'ait pas paru
dans les programmes sociaux? Comment se fait-il que ça n'ait pas paru
dans à peu près tous les programmes d'habitation que nous avons
qui ont disparu? Alors, où sont cachés ces bons comptables, ces
véritables bons balançeurs de colonnes de ce
gouvernement-là? Où sont-ils cachés?
Une voix: II n'y en a jamais eu.
M. Gendron: Nous, on veut qu'ils sortent de leur cachette mais on
pense que ça peut prendre trop de temps. On est beaucoup plus convaincus
que c'est des fabriqueurs d'images, de discours plus que de
réalités. Jamais vous ne me ferez accroire que la situation
financière du gouvernement est dramatique à ce point pour changer
des formules qui ont fait leurs preuves, depuis 10 ans qu'elles étaient
adéquates, qu'on en avait longuement discuté et qu'elles
n'avaient pas comme conséquence d'ouvrir tout un pan de mur qui va
créer des remous et qui, immanquablement, va venir vider, à un
moment donné, la capacité de payer des contribuables. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Il n'est pas inépuisable, le champ
foncier. Donc, c'est strictement un report de responsabilités sur le
contribuable et ça a le mérite, comme je l'a! déjà
dit, d'être régressif; ça a l'inconvénient
d'être une mesure régressive. Par conséquent, toujours dans
la même ligne de pensée, tu es petit, tu paies plus; tu es gros,
tu as des chances de t'en sortir.
Et nous, un discours de môme, on ne marche pas là-dedans,
parce que quelqu'un qui gagne 50 000 $, qui va être obligé
de payer ses plaques d'immatriculation dont le prix va augmenter parce
qu'on va pomper tout l'argent qu'on avait accumulé dans le fonds de
réserve de la Régie de l'assurance automobile pour
améliorer la Métropolitaine, bien, ça ne prend pas un gros
quotient pour comprendre que, à ce moment-là, le type qui fait 10
000 $ par année et qui a un Volkswagen ou un petit char, sa plaque va
augmenter du même prix, son permis va augmenter du même prix. Donc,
c'est toujours la même notion de régressivité, quand on
détourne la fiscalité par des mesures comme ce
gouvernement-là est en train de le faire.
Payer plus de taxes, personne ne veut payer plus de taxes, Mme la
Présidente. Ça, c'est clair, personne ne veut payer plus de
taxes. Mais, si jamais on est obligé de payer plus de taxes, tout le
monde souhaite qu'il y ait un peu plus d'équité dans le fait de
payer plus de taxes, et ce n'est pas le cas avec la formule actuelle. J'ai eu
l'occasion de le dire, mes collègues ont eu l'occasion de l'illustrer,
on aura l'occasion de l'illustrer, il y a même des commissions scolaires,
parmi les plus concernées... Écoutez, j'ai toujours
prétendu que la valeur des arguments de quelqu'un a plus de poids quand
le bénéfice qu'on veut offrir aux gens concernés est
refusé. Moi, il me semble que mon argument a plus de poids quand je dis:
Écoutez... Puis j'en reçois encore aujourd'hui, des
télégrammes de commissions scolaires qui sont en désaccord
avec la formule, qui trouvent que c'est inéquitable, que ce n'est pas
juste, que, au fil des ans, elles vont le regretter, les commissions scolaires
vont devoir regretter cette situation, alors que la formule qu'elles avaient
présentée avait, elle, au moins le mérite de leur donner
satisfaction. Regardez les titres: Des correctifs ponctuels ne suffisent plus,
il faut une nouvelle formule. Mais, dans la nouvelle formule, est-ce que les
commissions scolaires demandaient au gouvernement de leur permettre de
retourner d'une façon aussi significative que ce que la loi va leur
permettre dans le champ foncier scolaire? Vous savez bien que la réponse
est non! Vous savez bien que la réponse est non, Mme la
Présidente. Pourtant, d'aucune façon... Ce gouvernement-là
demeure Insensible.
J'avais eu l'occasion - et je vais y revenir - quand un organisme comme
l'Union des producteurs agricoles... Moi, je n'ai pas à défendre
l'UPA, mais je sais une chose, je sais que ces gens-là, par exemple, ont
les deux pieds sur la terre - ça, je sais ça - puis je sais que,
en règle générale, ce sont des gens qui viennent du milieu
rural puis qui représentent le secteur rural; et qu'ils prennent le
temps d'affirmer - les données à notre disposition sont
très éloquentes et l'indiquent, et il n'y a personne qui a
été capable de contredire ça - que la valeur de l'indice
de richesse foncière per capita s'accroît en proportion de la
taille des villes, favorisant manifestement les citoyens des cités plus
vastes au détriment des collectivités plus petites,
révélant ainsi le caractère nettement régressif des
mesures envisagées...
J'avais eu l'occasion de dire, mais il faut le répéter: Le
document "Deux Québec dans un", ce
n'est pas moi qui l'ai écrit, mais je l'ai lu, par exemple, Mme
la Présidente, et ce document condamne toute l'action politique de ce
gouvernement-là, toute l'action politique, tout son supposé
modèle de développement économique. Moi, je sais que ces
gens-là n'en ont pas, de modèle de développement
économique; leur seul modèle, c'est de regarder les affaires
passer en période de forte conjoncture. Ils ont été
chanceux - oui, admettons-le, ils ont été chanceux -1985,
ça va bien; 1986, ça va bien; 1987, ça va bien; 1988,
ça va bien. Whoop! dernier trimestre de 1989: les paramètres
économiques indiquent que ça commence à être
sérieux. Ça va moins bien qu'on ne pense et le milieu de
l'année... Combien me reste-t-il de temps?
La Présidente (Mme Harel): Je vais vous demander de
conclure, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je vais conclure, Mme la Présidente. Je vais
respecter les règlements. Je conclus. En conclusion, ce que je dis, Mme
la Présidente, c'est que c'est clair que nous, nous ne marcherons pas
dans ce projet de loi là. On l'a indiqué. On va le combattre avec
beaucoup de détermination parce qu'on a la conviction qu'il est injuste
et qu'il ne répond pas à la réalité objective des
choses.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Y a-t-il un membre de la commission
parlementaire du côté ministériel qui voudrait intervenir
à ce moment-ci des remarques préliminaires? Alors, j'inviterais
M. le député de Jonquière à le faire.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Vendredi dernier,
lorsqu'on s'est quittés, j'avais commencé une histoire, une
histoire qui était loin d'être belle. J'en ai peut-être
sauté des parties parce que, effectivement, le temps ne nous permettait
pas de continuer ou d'aller jusqu'au bout dans le développement. Il y a
quelque chose qui s'est produit mais qui aurait pu être l'effet du
hasard. Peut-être que je vais remettre les choses dans leur contexte avec
un peu d'humour. J'espère que ça atteindra son but. Je voulais
démontrer hors de tout doute qu'il y avait des choses qui
s'apparentaient et qu'il n'y avait rien qui changeait dans ce monde. Quand on
voulait arriver à des fins, on prenait les moyens pour. Il me semble que
c'est ça et la fin justifie les moyens. Je pense qu'on a vu tout
ça.
J'ai parlé, à un moment donné, d'un justicier.
Pourquoi je disais justicier? C'est parce que ce qui m'a frappé un peu
dans toute la mise en scène de ce projet de loi, dans toutes ces
remarques qui ont été faites, c'est qu'il y a des gens qui ont
dit, qui ont avoué simplement et ouvertement que le pacte qui avait
été conclu en 1979 avec les municipalités et le
gouvernement n'avait pas fait l'affaire de certaines personnes et qu'il n'avait
jamais été accepté. Ces gens-là étaient,
à ce moment-là, des gens qui ne pouvaient pas prendre des
décisions, ils voyaient ce qui se passait et ils passaient des remarques
par rapport à ce qui se passait. Ils auraient voulu qu'on tienne compte
de leur point de vue, comme nous, on voudrait qu'actuellement ou aujourd'hui on
tienne compte de notre point de vue par rapport aux décisions qui se
prennent concernant l'avenir d'un grand pan de notre société.
C'est clair que, comme on n'est pas partie prenante d'un dossier, on a tendance
à le contester ou à vouloir le changer. Mais l'avoir fait d'une
façon aussi cachée qu'on l'a amené, ça, on a le
droit de se questionner et de bien se rendre compte que, lorsqu'on n'est pas
partie prenante d'un dossier, mais lorsqu'on a à exercer des
responsabilités gouvernementales, on est aussi victimes de la
continuité de ceux qui nous ont précédés. Ça
fait que je ne vois pas de quelle façon on peut remettre en question
certains dossiers en disant: Moi, je ne l'ai pas accepté. On dit qu'on
veut changer les règles des choses. On l'a fait en passant sur le dos du
bon garçon dont j'avais à parler qui s'appelait le ministre des
Affaires municipales.
Moi, je veux rappeler des choses. Je regarde la réplique du
ministre de l'Éducation à 17 h 48, vendredi dernier, qui disait
qu'on l'a annoncé le 28 mars dernier - l'annonce a été
brutale - concernant les municipalités mais, dans le fond, ce n'est pas
tout à fait... C'était la vérité lorsqu'on l'a
annoncé, à l'exception que la décision était
arrêtée avant le 28 mars. Rappelons-nous qu'on a un décret,
on a une copie d'un décret. Ce n'est pas n'importe quoi, un
décret gouvernemental du Conseil des ministres, en date du 6 novembre,
qui charge le ministre des Affaires municipales avec le président du
Conseil du trésor de trouver de l'argent pour pouvoir arranger le
budget. Ce n'est pas le 28 mars. Ça, c'est le 6 novembre que la
décision est prise. Et, entre-temps, qu'est-ce qui se passe? Il se passe
que le ministre des Affaires municipales, pour la première fois.
On a parlé du bris du pacte fiscal, mais c'est un deuxième
bris parce que le premier bris, quand il a été fait, c'est
lorsque le ministre des Affaires municipales a décidé
unilatéralement qu'il révisait la formule de
péréquation vis-à-vis des municipalités. Et c'est
ça qui a été fait. Les municipalités ont
reçu une lettre du ministre des Affaires municipales pour leur dire que,
dorénavant, le montant qui avait été prévu pour
l'année 1989-1990 serait gelé, pour l'année 1990-1991, au
même montant. Pour ce faire, le ministre des Affaires municipales a
changé la formule, qui est partie de 66 2/3 % pour tomber à 63 %.
Ça, ça a eu pour effet de geler, mais, effectivement, ça a
enlevé à une partie des municipalités le droit
à
la péréquation. (15 h 45)
Non seulement il a fait ça, mais il est allé plus loin, et
ça, ça s'est fait sans consultation, unilatéralement. Dans
un même souffle, à la table Québec-municipalités, le
ministre des Affaires municipales, encore une fois, a dit aux
municipalités: Écoutez un peu, on ne peut pas, nous autres,
continuer à vous donner de la péréquation comme ça,
il y a eu des changements en cours de route; la richesse foncière de la
région de Montréal est tellement élevée que
ça a pour effet de causer de l'iniquité à travers les
municipalités. Donc, à partir du moment où cette annonce a
été faite, on a dit aux municipalités: L'année
prochaine, si vous ne vous entendez pas sur une formule qui fait votre affaire,
j'aurai à décider unilatéralement.
Voilà le premier bris du pacte fiscal de 1979. Je pense bien que
le ministre des Affaires municipales, lorsqu'il a fait ça, il avait
pensé, lui, satisfaire son gouvernement, parce que lui-même ne
savait pas le montant qui était en jeu. Ça, c'est clair, Mme la
Présidente, que le ministre des Affaires municipales ne savait pas de
quoi il parlait à ce moment-là. S'il le savait, je le
qualifierais autrement. Je tiens pour acquis qu'il ne le savait pas. Il a dit:
Si je sauve un certain montant d'argent au gouvernement du Québec, il va
probablement être satisfait et il va nous lâcher la paix. Mais ce
n'était pas ça, il y avait des penseurs, quelques-uns, parce que,
même si on est au Conseil des ministres, les ministres ne sont pas tous
égaux vis-à-vis du Conseil. Ils sont égaux au moment
où on prend une décision, mais, pour les tractations internes et
les parties de bras de fer à l'interne, ils ne sont pas tous
égaux. Ne nous faisons pas d'illusion, il y en a quelques-uns qui
décident, et les autres subissent, comme on fait dans n'importe quel
caucus. C'est comme ça que ça se passe, il ne faut pas se faire
d'illusion.
Donc, le ministre des Affaires municipales apprend... Entre les
tractations, du mois de décembre au mois d'avril, peut-être qu'il
y a eu des petites vacances à travers ça, il y a quelques
personnes qui ont décidé entre elles que ce n'était pas
suffisant. Là, on va commencer à y aller allègrement, on
va commencer à fouiller. On pourrait prendre n'importe quelle
hypothèse; elles peuvent toutes être plausibles, les
hypothèses qu'on pourrait sortir, mais c'est évident, c'est clair
dans mon esprit que, lorsqu'on a décidé d'y aller, la
décision n'a pas été prise le 28 mars, elle a
été prise le 6 novembre. Il y a quelques personnes qui savent
qu'il faut aller plus loin, mais on ne le dit pas. Le ministre des Affaires
municipales, on s'en sert, c'est un bon garçon, on s'en sert comme d'une
valise ou d'un "punching bag", dans le fond. On lui dit: Tu vas aller chercher
de l'argent. Lui, il fait son possible pour aller chercher quelques millions.
Je pense que c'est une vingtaine de millions qu'il a été chercher
sur la péréquation. C'est quelque chose, c'est du fric,
ça. Mais la face cachée n'était pas là.
Le ministre a fait son job, il a pensé qu'avec 20 000 000 $ il
contenterait le Conseil des ministres, mais il s'est fait prendre dans son jeu.
Non seulement on ne s'est pas rendu là, mais, après le 28 mars,
et surtout après le 22 février, on a commencé à
dire: Écoutez un peu, le ministre des Finances, à Ottawa, a
besoin d'argent. Mais on ne l'a pas appris le 22 février, qu'il avait
besoin d'argent, ce n'est pas cette année que le gouvernement
fédéral a commencé à couper dans la
péréquation au Québec, ça s'additionne d'une
année à l'autre. Ce n'est pas le 22 février qu'on apprend
que le gouvernement d'Ottawa a besoin d'argent et qu'il fait des pressions sur
le gouvernement du Québec qui, lui, veut son entente du lac Meech et, en
voulant son entente du lac Meech, il se tient coi, il ne parle plus. Il se
tient pantois vis-à-vis du fédéral. II ne se bat plus. Le
gouvernement du Québec n'a même plus le courage de se battre parce
qu'il voulait le "Meech-oui". L'entente du lac Meech, c'était plus
important que n'importe quoi. Regardons ce qui se passe depuis deux ans. On a
caché un paquet de problèmes parce que l'entente du lac Meech, il
faut bien que ça passe, et à tout prix. On est prêt
à se mettre à genoux devant le fédéral. Regardons
les coupures qui sont annoncées depuis deux ou trois ans
vis-à-vis du Québec. Est-ce qu'on entend bien des
défenseurs? Les frégates, tout ça, tout part et personne
ne parle. On dirait que ce gouvernement-là ne parle pas, iI travaille en
arrière des portes. C'est ça que j'ai compris.
Quand, le 22 février, on s'est servi du budget
fédéral pour dire: On a besoin d'argent... C'était 221 000
000 $, ce n'était pas 320 000 000 $, plus les autres. Il y a beaucoup
d'argent qui s'en vient un peu comme ça. Le gouvernement dit: On se sert
de ça et on dit: Asteur, ça va nous en prendre un peu plus.
Ça nous prendrait bien 75 000 000 $. L'Union des municipalités du
Québec a fait l'erreur de dire oui, oui, parce qu'elle a pensé:
On va arrêter l'appétit du gouvernement puis on va lui montrer
qu'on est bon prince. Même si, depuis que le pacte a été
signé, on a accepté de prendre de nouvelles
responsabilités, on est peut-être prêtes à vous
concéder 75 000 000 $, mais pour cette année. Ce n'était
pas 75 000 000 $ concédés ad vitam aeternam, ce n'était
pas pour à perpette, ça, c'était pour cette
année.
Ça fait qu'il ne fallait pas connaître l'astuce de ce
gouvernement-là, parce que, là, les municipalités se sont
fait prendre à leur propre jeu. D'ailleurs, je les ai rencontrées
immédiatement dans la même journée, dans la demi-heure qui
a suivi la rencontre entre le premier ministre, le ministre des Affaires
municipales et l'Union des municipalités du Québec. J'ai
été les rencontrer, puis elles m'ont dit. Bien, on a
accepté les 75 000 000 $. J'ai dit: Aie! qu'est-ce que vous avez
fait là? Vous pensez que vous allez avoir la paix, avec ça? Bien,
nous autres - elles ont dit - on pensait qu'on était correctes.
Écoutez un peu, elles étaient mal à l'aise, elles ne
savaient pas trop comment faire. Parce que, moi, je suis un ancien
président de l'Union des municipalités, puis, même si je
négociais avec mon gouvernement, j'ai toujours pensé que j'avais
une job à faire: c'était de défendre d'abord les
municipalités, et je pense que, de ce côté-là, je
l'ai fait, et je pense que, dans la question des 75 000 000 $, il y a des gens
qui se sont fait berner, puis Ils ont fait des hypothèses qui sont
impensables. Surtout quand on discute avec un gouvernement, il faut s'assurer
qu'on est à forces égales. Quand on est un contre dix, bien, on
se ramasse un contre dix. on perd. Les municipalités qui s'assoient avec
le gouvernement du Québec, bien, il aurait fallu qu'elles aient la
même force. Mais, comme elles n'ont pas de pouvoir de décision,
bien, elles se sont fait organiser correctement.
Première journée, ça a été 75 000 000
$, ça a été non. Ça a été 110 000 000
$, 140 000 000 $, 200 000 000 $, pour enfin arriver à 320 000 000 $.
C'est plus que ça! Je pense que j'en ai fait la démonstration
vendredi passé, c'est plus que 320 000 000 $. Ça, c'est la pointe
de l'iceberg qu'on voit; c'est clair que c'est plus que ça. Il s'agit
juste de regarder les déclarations des ministres. Regardez tout
l'agencement qui a été fait. Le ministre de la voirie, le
ministre de la "garnotte", comme je disais, est allé à la
télévision puis à la radio pour annoncer: Vous savez, en
Ontario... Parce qu'on est fort pour se comparer à l'Ontario juste quand
ça fait notre affaire; pas pour tout, par exemple, juste pour les
affaires qui font notre affaire. Quand c'est pour nous abaisser: Bravo! Quand
c'est pour nous remonter puis nous relever: Non, non, ça ne marche
pas.
Quand le ministre Vallières est allé à la
télévision - puis je vous mets au défi - qu'est-il
allé dire à la télévision? En Ontario, ils ont
juste 20 000 kilomètres de route. Au Québec, on en a 60 000,
kilomètres, puis c'est bien mieux entretenu en Ontario. Han! ne pensez
pas, là, qu'il aime ça, parler pour ne rien dire, là! Le
ministre de la "garnotte", II n'a pas dit ça pour le fun, hein! Il
savait bien qu'il avait une raison dans la tête: c'était qu'il y
avait 40 000 kilomètres de trop, 40 000 kilomètres, puis il va
falloir qu'il trouve un moyen de vivre avec eux. Ça, c'est clair comme
de l'eau de roche: il ne pourra pas passer à côté de
ça. Si on passe à côté de ça, c'est parce
qu'on aura fait une bataille tellement dure qu'on aura fait peur,
peut-être, au gouvernement. Mais ça, avoir peur, il aura peur
quand il sera proche du vote, parce que, moi, je regarde tout ce qui s'est fait
dans la voirie l'an passé: c'est extraordinaire! Puis, cette
année, il n'y a plus d'argent, d'un coup sec! 80 000 000 $ de plans avec
lesquels on ne sait pas quoi faire, au Québec. Là, ça a
été fait) ça, on l'a étudié, nous autres,
cas par cas. 80 000 000 $! De bons gestionnaires? Le gouvernement municipal qui
ferait ça, il se ferait planter, il se ferait débarquer. Il n'y a
pas un maire qui résisterait à dépenser 80 000 000 $ de
plans, puis on n'investira pas une cent sur les 80 000 000 $ de plans. Le
meilleur exemple: à la sortie, ici, de Québec, par le Parc des
Laurentides, à Stoneham, 8 000 000 $ de plans: pas un sou à
investir. Aie! si c'est de la bonne administration, bien, chapeau! Mais, faire
croire au monde qu'on est de bons administrateurs malgré... Ah! bien,
là, c'est un deuxième chapeau. Je vais manquer de chapeau pour
faire des génuflexions, parce que je vous trouve bons, extraordinaires
par rapport à ça, de faire accroire au monde qu'il se passe des
choses quand ce n'est pas comme ça que ça se passe.
Donc, ça, c'est un montant d'argent qui, "définitivement",
pour le réseau routier, va se transférer quelque part dans le
temps aux municipalités, et très rapidement. Et, lorsque le
gouvernement nous dit, du même souffle: Bien, vous savez, le transport en
commun, c'est une responsabilité locale, ça, ça
n'appartient pas au Québec, ça... Ça a été
dit aussi, ça. Puis, si on regarde le discours du ministre des Finances,
il nous dit exactement la même chose: Vous savez, là, le transport
en commun, ce n'est plus notre responsabilité, c'est une
responsabilité locale. Bien, 275 000 000 $, c'est un beau
délestage, ça. On fait des passes assez rapides et que les
municipalités pourraient faire. Parce qu'on dit: Les
municipalités sont riches. Mais qui connaît vraiment c'est quoi,
"les municipalités sont riches"? Qui dit ça? Des gens qui n'ont
jamais été dans les municipalités. Elles sont riches,
savez-vous pourquoi? C'est parce qu'elles ne font pas tout ce qu'elles
devraient faire.
Si on veut se promener dans les municipalités, quand on tient le
raisonnement que les municipalités sont riches, je vais aller faire des
tours avec les gens qui disent ça. Vous pensez que tout le réseau
routier est parfait dans les municipalités? Est-ce que quelqu'un peut
prétendre ça, alentour de la table? Est-ce que vous pensez que
les réseaux d'égout et d'aqueduc sont parfaits dans les
municipalités? Personne ne peut prétendre ça. Est-ce que
vous pensez que toutes les bâtisses sont parfaites? Les réseaux
d'électricité ou d'éclairage de rues, le système de
pompiers, etc. ? Si vous pensez que tous les dossiers que les
municipalités ont... Pourquoi sont-elles riches ou donnent-elles
l'apparence d'être riches? C'est parce qu'elles administrent en bon
père de famille et qu'elles se contentent... Elles se chicanent tous les
jours avec leurs contribuables pour dire: Le réseau routier, la route du
rang Croche, on ne peut pas la redresser, parce qu'on n'a pas d'argent. Vous
avez bien compris. Attendez, on va regarder ça
dans deux ans, dans trois ans... On est toujours à... Ça
négocie tout le temps, les municipalités avec leurs
contribuables.
Donc, elles ne font pas tout ce que le monde demande. Elles ont
décidé qu'elles vivaient selon leurs moyens. Elles n'ont pas le
droit de faire de déficit. C'est tellement vrai que, chaque fois
qu'elles font une dépense en dehors du budget, il faut que le
trésorier donne un avis comme quoi il y a de l'argent disponible pour
chaque décision qui se prend. Si ce n'est pas ça,
l'administration, moi, je pense qu'on avait été loin. On l'a
voulu. Les municipalités, forcément, quand arrive la fin de
l'année, iI faut qu'elles arrivent avec des surplus. Elles ne peuvent
pas arriver avec des montants... Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que
souventefois ces surplus-là sont en contestation.
Moi, je peux vous donner un cas où il y avait 14 000 000 $ de
surplus dans une municipalité, et elle présentait une cause
d'évaluation foncière qui était de plus de 100 000 000 $.
La municipalité avait 14 000 000 $ de côté. C'était
une municipalité riche au moment où elle l'a fait. Parce qu'avec
les péréquations et tout ce que vous voudrez, on pouvait
décider qu'on donnait des montants d'argent en fonction de la richesse
de la municipalité. Elle paraissait beaucoup plus riche qu'elle ne
l'était en réalité. Donc, la municipalité devait
100 000 000 $. Elle a été contester et il y avait 14 000 000 $.
Est-ce que c'était une municipalité riche ou pas? Je vous le
donne en mille. Quand on regarde le taux d'endettement des
municipalités, c'est 23 %. C'est un peu plus élevé qu'au
gouvernement du Québec. Il faut l'admettre. C'est bien plus
élevé et pas mal plus élevé. Si c'est un indice de
richesse, ça fait des richesses pas mal pauvres, ça. Ce ne sont
pas des riches. Ce sont des riches à crédit, ça.
Donc, c'est un argument faux. Si quelqu'un prétend qu'elles sont
riches, je pense qu'on ne connaît pas le fonctionnement des
municipalités. En tout cas, pour avoir été pendant
quelques années là-dedans... Elles ne sont pas dans la
dèche. Je ne prétends pas que les municipalités sont sur
le bien-être social, pour la plupart. Il y en a quelques-unes qui,
malheureusement, ne reçoivent pas suffisamment d'argent pour les besoins
qu'elles ont. Mais disons qu'en gros le gouvernement qui prétend que les
municipalités sont riches, c'est parce que vraiment il y a quelque
chose. Il leur en veut, il en veut à leur porte-monnaie. Il veut vider
leurs poches. C'est un peu ça.
Je voudrais, sur un deuxième point, faire ressortir que, lorsque
le ministre de l'Éducation dit: Ça ne changera pas, on
n'enlève pas de ressources aux municipalités, bien, ça, il
faudrait qu'il dise ça à des gens autres ou des gens qui n'ont
jamais administré dans le municipal. Lorsqu'on est deux dans le
môme champ de taxation, ça n'a pas le môme effet que quand
on est seul. Moi, je vous mets au défi. Quand le gouvernement
fédéral va chercher une hausse de taxe dans l'essence, il faut
avoir du front ou des besoins très grands pour que Québec y aille
la même année. C'est vrai autant pour les cigarettes et autant
pour n'importe quel domaine. Donc, quand on dit: On ne diminue pas la richesse,
bien, moi, je vous dis: Oui, on la diminue. Quand les municipalités
étaient sur double champ de taxation, à ce moment-là,
elles étaient obligées encore, en plus, de couper et
diminuer.
Bien sûr, vous me direz que mon temps s'écoule. Il me reste
encore deux minutes et je veux me garder aussi des arguments. Il y aura
certainement d'autres endroits où on pourra continuer à faire la
démonstration que, dans ce dossier de la fiscalité municipale, ce
n'est pas juste une question, comme le ministre de l'Éducation voulait
me dire vendredi passé, que j'avais encore des velléités
de la mairie; je pense que, de ce côté-là, non. Je pense
que je vais agir comme une personne responsable. Moi, j'ai toujours agi...
Ça fait 27 ans ou 28 ans que j'ai... C'est la 28e année que je
rends des comptes à ma population. Jusqu'à maintenant, je ne l'ai
jamais laissé tomber. Dans quelque dossier que ce soit, que ce soit dans
le domaine syndical, municipal ou du Québec, je pense avoir toujours
accepté de porter le chapeau que le monde m'avait donné. De ce
côté-là, je pense que, lorsqu'on défend les
municipalités... Ce n'est pas les municipalités comme telles que
je veux défendre, surtout. C'est surtout le contribuable qui, lui, aura
à débourser en moyenne 140 $ de taxe supplémentaire. Cela
additionné avec les autres, ça fait beaucoup d'argent et pas
beaucoup de revenus pour les combler. Merci. (16 heures)
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député de Jonquière. Dois-je comprendre qu'il n'y a pas de
remarques préliminaires du côté ministériel?
J'inviterais immédiatement Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Mme la Présidente, on aurait, à
l'occasion, l'impression que tout a été dit sur ce sujet, sauf
que, comme c'est un gouvernement qui ne veut rien comprendre, on a
intérêt aussi à le répéter très
souvent. Vous allez me permettre de commencer par commenter les
déclarations que faisait le ministre de l'Éducation en Chambre
à 17 h 48, le 7 juin dernier, c'est-à-dire vendredi. Il disait:
Une fois passé l'effet du choc initial, iI faut bien se rendre compte
que les mesures annoncées par le gouvernement n'ont pas
été révoquées et ne sauraient l'être pour
l'exercice budgétaire 1990-1991. II y a également lieu de
présumer, à moins d'avis contraire, que le gouvernement, qui a
voulu instituer des modifications aussi importantes dans le champ de la
fiscalité scolaire, qui a
assuré les risques politiques inhérents à cet
exercice, devrait avoir à l'esprit des changements dont la nature et les
effets ne seraient pas seulement transitoires mais durables.
Première question: Si les effets ne sont pas seulement
transitoires mais durables, est-ce qu'il ne pense pas qu'un des effets
durables, ça va être d'avoir retourné dos à dos les
gouvernements scolaires et municipaux? Il le dit dans une autre perspective et
vous allez voir. Il dit: Dans ce contexte, il faut adopter une attitude de
réalisme plutôt que de rancoeur. Et le voilà revenu
à son habitude charmante. Il fait un acte de contrition, il a un peu de
repentir mais il se fait surtout moralisateur. Il dit: De réalisme
plutôt que de rancoeur. De l'expérience des dernières
semaines, je retiens pour ma part les éléments suivants: Tout
d'abord, l'accès élargi - et retenez bien ça - des
commissions scolaires à l'impôt foncier ne diminuera en rien le
niveau des ressources fiscales que percevaient les municipalités avant
les récentes mesures gouvernementales. Dans l'immédiat, aucune
municipalité ne souffrira de perte de revenus. Dans l'immédiat,
ça veut dire pour la présente année, ça. C'est
ça que ça veut dire. Dans l'immédiat, aucune des
municipalités ne souffrira de perte de revenus par suite des
décisions du gouvernement.
Ensuite, continuant sur le ton moralisateur, il dit: En ce qui touche
les changements qui pourraient être apportés à l'avenir de
la fiscalité scolaire et municipale, nous serons tous plus conscients
que jamais, à la suite de l'exercice des dernières semaines, de
l'étroite interaction entre ces deux types de fiscalité et de la
nécessité d'une concertation plus grande que par le passé
entre le gouvernement, les municipalités et les commissions scolaires.
Bien, je la trouve belle, celle-là, et les commissions scolaires ont
dû la trouver bien drôle, les municipalités
également. Parce qu'il parle tout à coup de la
nécessité d'établir de la concertation alors qu'il n'a
absolument pas consulté, mais d'aucune façon Je trouve ça
tout à fait à l'image du ministre de l'Éducation, qui est
en train de dire après coup: Bien, écoutez, vous avez
peut-être raison, il faudrait davantage se concerter. On vient juste de
s'apercevoir de ça, nous, qu'il y avait une interrelation scolaire et
municipale et qu'il aurait fallu plus de consultation. Vous savez, faut le
faire. C'est un manque. Il faut prendre les gens pour des imbéciles pour
présenter de telles choses et dire de telles choses après
coup.
Mme la Présidente, vous savez, ce projet de loi s'est fait au
mépris des autorités municipales. Je le rappelle, les
autorités municipales sont élues au même titre que nous le
sommes. C'est un niveau de gouvernement qui en méprise un autre, et
ça, dans une démocratie, ça ne devrait pas se faire. Il y
avait un pacte fiscal, qui s'appelait le pacte fiscal des municipalités,
et il nous semblait - de l'avis de tous, y compris des municipalités,
mais généralement du gouvernement qui a
précédé - qu'il ne pouvait être modifié sans
consultation. On méprise les autorités municipales élues.
On dit: Mais oui, les autorités scolaires, on s'est aperçus qu'il
y avait là un gouvernement au cours des dernières semaines, que
les commissions scolaires étaient un élément essentiel de
notre tradition de politique locale.
Je rappellerais que le taux de participation aux élections
scolaires n'est pas tout à fait le même. Je rappellerais pour fins
de mémoire que le ministre, dans les projets de loi 107 et 106, 107 en
particulier, a pour ainsi dire vidé les commissions scolaires de leurs
pouvoirs touchant la gestion de l'acte pédagogique. Tout est
centralisé. Il leur laisse bien la gestion au niveau des
équipements mais, au niveau de la pédagogie, il a vidé les
commissions scolaires de leurs pouvoirs. On pourrait citer toute une
série d'exemples. On le sait, on a passé des mois sur cette
loi-là.
Je retiens donc: mépris des élus municipaux, mépris
de la population parce que jamais, en aucun moment, on n'a prévenu la
population que, tantôt, parce qu'ils étaient propriétaires
ou locataires, ils devraient payer le réseau scolaire. Jamais! On a
aussi, dans ce dossier, méprisé la population. Le gouvernement a
modifié unilatéralement le pacte fiscal des municipalités,
sans consultation des Québécois, sans préavis, parce qu'il
n'y avait rien de tel qui apparaissait dans le programme du Parti
libéral qui, pourtant... On vient juste de passer en élections;
moins d'une année après, il modifie le pacte. Ça donnait
quatre ou cinq mois après, parce que ç'a commencé à
courir au mois de décembre et les élections ont eu lieu au mois
de septembre. Trois mois plus tard. Pas par ignorance, pas parce que ces
gens-là ne connaissaient pas l'état budgétaire du
Québec, ils l'ont fait délibérément. Ils ont bien
pris soin de n'en informer personne et de le faire à la cachette,
derrière des portes closes.
Mais, vous savez, l'attitude du gouvernement est toujours la même.
Vous avez un problème qui s'appelle le sous-financement des commissions
scolaires. Vous avez un problème qui s'appelle le sous-financement des
universités. Vous avez un problème de coûts reliés
au bien-être social. Dans chacun des cas - je ne prends que ces trois
cas-là... Vous avez un problème d'entretien du réseau
routier. On va prendre ces quatre cas-là. Regardez bien comment le
gouvernement agit et vous allez voir qu'il est là-dessus
extrêmement constant. Il ne s'interroge pas sur l'ordre de ses
priorités. Il n'établit pas un programme social. Il ne se donne
pas de politique. Il se demande juste comment on pourrait faire payer un peu
plus le monde, sans vision aucune d'ensemble. Et c'est probablement ce qui est
le plus inquiétant.
Sous-financement des universités: il ne s'est pas demandé
s'il n'était pas préférable de requestionner nos
priorités en matière d'éducation pour voir comment on
pourrait réintroduire
un autre mode de taxation ou d'impôt pour assurer une meilleure
formation, assurer plus de recherches dans les universités. On a pris la
méthode la plus facile mais aussi la plus régressive qui soit: on
a décidé qu'on dégelait les frais de scolarité.
Dégeler les frais de scolarité pour vos enfants, les miens, il
n'y a pas trop de problèmes, parce qu'on fait un petit peu plus de
sacrifices et on paie les frais de scolarité. Le problème, c'est
ceux qui sont juste à la marge, qui n'ont pas droit à l'aide
financière aux étudiants, les parents qui gagnent 25 000 $, 30
000 $, 35 000 $ et dont l'enfant est à l'extérieur pour
poursuivre ses études; ils se saignent à blanc. Et là, ce
ministre, avec son gouvernement, vient de déclarer que l'accès
aux études supérieures, c'était un privilège,
ça n'était plus un droit. C'est un privilège qu'on peut
s'offrir lorsqu'on a l'argent pour se le payer. C'est comme ça qu'on a
agi. C'est la lecture qu'il faut faire de ça. Plutôt que de dire:
II faut atteindre progressivement le niveau zéro au niveau des frais de
scolarité, il a décidé qu'il endettait les
étudiants. Il a décidé qu'il faisait porter les
coûts de cette réforme-là sur les parents. C'est
ça.
Deuxième décision. Les commissions scolaires, le
sous-financement des commissions scolaires, et là, là-dessus,
j'ouvre une porte qui m'a toujours choquée depuis quatre ans. Le
ministre, chaque fois qu'il en a la possibilité, de même que le
gouvernement, dit: On sait bien. Vous autres, vous étiez bien bons. On
voit ce que vous avez fait en 1983 quand vous avez coupé de 20 % les
salaires des professeurs. C'est le discours préféré du
député de Rimouski. Bien, moi, je voudrais lui dire et je
voudrais demander au ministre actuel de l'Éducation: Si on ne
s'était pas donné une marge de manoeuvre qui a fait mal, qui a
fait mal à beaucoup de monde au Québec, qui a fait mal au Parti,
en particulier, si on ne s'était pas donné cette marge de
manoeuvre, qu'est-ce que vous feriez aujourd'hui? En pleine période de
croissance, vous n'avez pas trouvé moyen de refaire les priorités
et de les établir en fonction d'une plus grande équité
sociale. Si vous n'aviez pas eu ça, que feriez-vous? Je voudrais bien
qu'on me réponde à ça.
Et, si c'était si grave, pourquoi ne lavez-vous pas
rétabli, le 20 %? Pleine période de croissance pendant sept ans,
cinq ans que vous êtes au pouvoir, qu'est-ce que vous avez fait pour le
rétablir? Apparemment qu'il y a eu là-dedans une injustice.
Qu'est-ce que vous avez fait pour réajuster le salaire des professeurs
en fonction des pertes qu'on leur avait causées en 1983? Rien. Qui plus
est, non seulement vous ne l'avez pas fait, mais vous êtes en train de
rendre les, services éducatifs de moins en moins accessibles pour les
adultes, dans les universités et, là, tantôt, dans les
écoles, parce qu'ils n'auront plus droit aux services de même
qualité selon la commission scolaire dans laquelle ils résident.
On ne parlera de péréquation, mais vous écouterez les
commissions scolaires lorsqu'elles en parlent. Que le député de
Rimouski et d'autres députés qui sont dans les régions,
qui ont de petites municipalités, de petites commissions scolaires,
soient un peu plus à l'écoute de leur milieu et ils verront que
le discours de l'Opposition là-dessus n'est pas un discours
décroché; contrairement à ce qu'ils veulent nous dire,
c'est un discours très proche de la réalité.
Le sous-financement des commissions scolaires. Le problème vient
du fait que le pouvoir de taxation des commissions scolaires, les commissions
scolaires ne pouvaient plus et ne peuvent plus l'utiliser pour promouvoir leurs
propres priorités, parce que le gouvernement leur transfère des
responsabilités qu'ils sont obligés d'assumer en vertu de la loi
et en vertu de dispositions prises par le gouvernement; ils sont obligés
de les assumer à même l'argent qu'ils vont chercher par le biais
de la fiscalité scolaire. Le problème, c'est ça, c'est
qu'ils sont obligés de financer, avec cette marge de manoeuvre, les
priorités du ministre et de son gouvernement. Qu'est-ce qu'on trouve
comme moyen, comme solution? On ne se demande pas s'il faut faire des efforts
pour rendre l'éducation accessible et les services égaux quelle
que soit la partie du Québec, on dit: Taxons. Indépendamment des
revenus, on décide qu'il faut lever une nouvelle taxe.
On a eu exactement la même attitude lorsqu'il s'est agi des
assistés sociaux. On a commencé à dire: Ça
coûte cher, on a un préjugé terrible à l'endroit des
assistés sociaux. Alors, la décision, ça n'a pas
été de se demander pourquoi ils étaient assistés
sociaux, ça n'a pas été de se donner une politique
d'emploi au Québec, ça n'a pas été de se donner une
politique de formation des assistés sociaux. La première
décision qui a été prise en Chambre - je le rappelle, elle
m'est restée sur le coeur - a été de dire: On n'indexera
pas trimestriellement les allocations d'aide sociale. Résultat: le
gouvernement mettait dans ses poches 31 000 000 $.
Je me dis: L'indexation, l'indice du coût de la vie, cette
année-là, était de 4, 5 %, 5 %. Ça pouvait
être tolérable, s'il n'avait pas, en même temps, pris une
mesure pour modifier la table des impôts qui a fait que, dans la
première année, on retournait, dans les poches de ceux qui font
les plus hauts revenus au Québec - 75 000 $ et plus - plus de 80 000 000
$. On venait d'enlever 31 000 000 $ à des assistés sociaux, pour
qui chaque dollar, c'est le pain et le beurre qu'ils paient le même prix
que ceux qui gagnent 75 000 $, et on décidait, par une modifiation de la
table des impôts, de retourner 80 000 000 $ dans les poches de ceux qui
ont les plus hauts revenus au Québec. Ça, ce sont les deux
premières décisions qui ont été prises à la
session de décembre 1985.
M. le Président, dans chacun des secteurs,
ils prennent exactement la même décision. Ils ne se
demandent pas s'il ne faudrait pas examiner la question de façon un peu
plus globale, de manière à se donner de véritables
programmes et une véritable politique; ce qu'ils font, c'est mils se
demandent: Qui est le plus proche, qui pourrait payer, indépendamment de
ses revenus, indépendamment de ses besoins? Ils l'ont fait pour I'aide
sociale, ils l'ont fait également pour 'entretien des routes. Est-ce que
la loi Instituant la Régie de l'assurance automobile du Québec a
déjà été annoncée ou prévue comme
étant une loi qui devait financer la restauration ou la construction des
routes? Ça n'a jamais été envisagé. D'ailleurs,
c'est une loi, faut-il se le rappeler, qui avait été combattue
avec la dernière vigueur par l'Opposition d'alors. Qu'est-ce qu'ils
font? Ils vont chercher de l'argent pour restaurer les routes. Ça,
ça veut dire que c'est un impôt déguisé. Ce n'est
pas compliqué, c'est un impôt déguisé qu'ils vont
chercher dans la poche du monde, indépendamment des revenus, encore une
fois. Que vous vous promeniez avec un salaire qui frise les 100 000 000 $ ou
que celui qui a besoin d'une voiture gagne seulement 20 000 $ par année,
vous allez payer pour l'entretien des routes au Québec. (16 h 15)
Ça, ça s'appelle des taxes régressives. J'en vois
ici, autour de la table, qui sont soi-disant des socio-démocrates. Il me
semble que cette attitude-là va tout à fait à l'encontre
de tout ce qui est une philosophie qui vise une meilleure répartition
des revenus et des biens dans un pays ou dans un État. On retient, de ce
projet de loi, comme du dégel des frais de scolarité, que non
seulement l'éducation n'est pas une priorité pour ce gouvernement
ni pour son ministre, mais que, de plus en plus, l'éducation et
l'accès à l'éducation, c'est un privilège. Un
privilège que vous pouvez vous payer, si vous êtes capable
d'assumer les frais de scolarité qui vont avoir augmenté de 130
%. Un privilège que vous pourrez vous payer si vous êtes dans une
commission scolaire où la valeur foncière est assez
élevée pour aller vous chercher les revenus dont vous avez
besoin, parce que la péréquation ne corrige pas toutes les
inégalités, et les commissions scolaires le disent. Ça,
c'est un problème.
Deuxièmement, l'éducation est devenue un privilège
parce que, selon la commission scolaire que vous fréquenterez, vous
aurez droit à des services intéressants, moyens ou
médiocres. C'est ça que ça veut dire. Instaurer la
fiscalité dans le secteur des municipalités, relever le niveau de
taxation, c'est introduire des inéquités, des
inégalités dans les services à travers les
différentes commissions scolaires et, encore une fois, dans les petites
localités, ça va lourdement pénaliser les jeunes. Un
privilège, évidemment, parce qu'on est allé aussi loin que
d'ouvrir, de lever le moratoire sur les écoles privées. On a, en
levant le moratoire sur les écoles privées, ouvert de nouvelles
places, ouvert de nouvelles écoles, parce que, supposément, on a
besoin de ça au Québec. Curieusement, là, entre
parenthèses, l'Ontario n'a pas de système privé comme nous
en avons un, et tout le monde prétend que c'est le réseau
scolaire, au Canada, qui est le plus performant. Alors, voulez-vous me dire,
voulez-vous me dire, voulez-vous me dire...
Un privilège, l'éducation, parce que c'est un
privilège. Quand les écoles publiques seront suffisamment
détériorées, parce qu'on n'y retrouvera que les enfants
qui n'ont pas les moyens d'aller ailleurs ou les enfants qui sont en
difficulté, soit parce qu'ils ont des problèmes d'apprentissage
ou un handicap physique ou intellectuel - ces enfants se retrouvent tous dans
le public - il nous restera les écoles privées. Mais encore
faut-il qu'on ait le moyen de se les payer. Un privilège,
l'éducation, un privilège, Mme la Présidente, parce que,
avec la dérogation à l'âge d'admission, c'est devenu un
privilège que ne peuvent s'offrir que ceux qui connaissent les
filières, que ceux qui ont le moyen de payer l'expertise et, encore
mieux, ceux qui ont eu le moyen d'envoyer leurs enfants dans des maternelles,
avant, pour pouvoir les développer un peu davantage, les socialiser, les
développer un peu plus, de manière à ce qu'ils soient un
peu plus performants au moment des examens. C'est devenu un privilège,
entrer à l'école au Québec, avec ce gouvernement. Ce
gouvernement passera à l'histoire, je le rappelle, parce que champion
des taxes régressives. Une taxe régressive se définit de
la façon suivante, c'est-à-dire toute taxe ou mesure qui
s'applique aux individus, indépendamment de leur revenu ou de leur
situation financière. Si c'est vrai pour l'université, c'est vrai
pour l'âge d'admission à l'école, c'est vrai pour les taxes
scolaires, c'est vrai dans toute une gamme de services. C'est vrai pour la
Régie de l'assurance automobile du Québec, c'est vrai pour la
Régie du logement, parce quo, là, on veut avoir 25 $ pour faire
ouvrir un dossier à la Régie du logement: si vous êtes un
assisté social, 25 $, c'est de l'argent, et, si vous êtes
propriétaire d'une centaine de logements, ce n'est pas trop fatigant
d'ouvrir un dossier à la Régie du logement; c'est vrai pour la
CARRA, parce que, là aussi, vous devrez payer pour avoir accès
à votre dossier sur votre régime de retraite. Mais partout,
partout et sans cesse, le gouvernement, depuis son élection de 1985, a,
dans une multiple mesure, par la taxation, par les mesures répressives
touchant les assistés sociaux, le soutien aux organismes communautaires,
affecté les plus démunis au Québec, et c'est une
négation du droit des individus, en ce qui concerne cette loi-là,
à des services égaux et comparables en matière
d'éducation. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Dois-je com-
prendre que le député de Rimouski... M. Tremblay
(Rimouski): Oui.
La Présidente (Mme Harel): veut intervenir à ce
moment-ci?
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Oui. Mme la Présidente, seulement
quelques mots pour ajouter ou encore répliquer au député
de Jonquière qui semblait dire qu'on n'avait pas consulté l'Union
des municipalités quant à une hausse possible ou à
l'addition d'une taxe scolaire. Je dois vous dire que, quand II admet que le
président ou l'Union des municipalités avait accepté une
ouverture de 75 000 000 $ une fois, ça veut dire qu'à ce
moment-là il a dû y avoir des tractations ou des pourparlers. Ils
se sont parlé certainement. Ils se sont parlé
ultérieurement aussi et, nécessairement, il y a eu des
discussions entre les deux paliers de gouvernement, de façon à
leur faire comprendre que le gouvernement avait une marge de manoeuvre
limitée et qu'il voulait, à ce moment-là, occuper un champ
de taxation, qui était le champ de taxation des commissions scolaires,
qui n'était pas totalement occupé.
Alors, je pense qu'à ce moment-là c'est faux de
prétendre qu'on ne tient pas compte des paliers de gouvernement
inférieurs au niveau des discussions, bien au contraire. Nous, on a un
très grand respect des gouvernements municipaux et des gouvernements
scolaires également, parce qu'il a fallu tenir des discussions avec les
gouvernements scolaires. Nous avons nécessairement voulu leur donner un
petit peu plus de marge de manoeuvre et de responsabilités. C'est ce que
nous faisons avec le projet de loi 69, en leur donnant une marge de manoeuvre
supplémentaire et un champ de taxation plus grandement occupé
pour pouvoir justement leur donner un peu plus de représentation.
Souventefois on dit que, pour qu'il y ait une vraie représentation, il
faut que le gouvernement ait le pouvoir de taxation.
Je pense que dans le cas qui nous occupe présentement, dans le
pro|et de loi 69, c'est de donner à ce gouvernement local, comme vous
voulez tellement en avoir, comme vous voulez tellement les protéger, ces
gouvernements locaux - et j'en suis tout à fait convenant - à ce
moment-là, il faut leur donner la chance d'aller occuper un champ de
taxation plus grand et, en môme temps, leur donner un petit peu plus de
responsabilités, ce que nous faisons.
J'écoutais tout à l'heure... Et ça fait deux ou
trois reprises que la députée de Chicoutimi semble nous reprocher
de ne pas avoir une préoccupation pédagogique. Je dois dire
à la députée de Chicoutimi que nous avons une très
grande préoccupation pédagogique Vous faisiez allusion à
mon propos à l'effet que nous, on a tendance à vouloir vous
reprocher d'avoir coupé de 20 % les salaires des employés de
l'État, y compris les professeurs. Vous l'avez fait, ça vous n'en
disconvenez pas. Cependant, pourquoi lavez-vous fait? Parce que vous avez
été Irresponsable, comme gouvernement antérieurement.
À ce moment-là, vous vous êtes aperçus de votre
erreur, et il a fallu couper de 20 % les salaires de l'ensemble des
employés de l'État. C'est ça, votre responsabilité.
Et c'est ça, la marge de manoeuvre que vous avez voulu aller chercher.
Après avoir donné d'une main, vous avez retiré de l'autre
main. Et c'est peut-être pour des considérations autres que je ne
voudrais pas discuter ici.
Nous avons une préoccupation pédagogique lorsque nous
augmentons les salaires de nos professeurs. Ça veut dire qu'à ce
moment-là l'ensemble de notre corps professoral et les autres services
qui sont dans nos écoles sont relativement satisfaits, compte tenu que
nous les payons d'une façon convenable et que nous les respectons. C'est
toute la différence du monde par rapport à vous autres qui n'avez
pas respecté votre engagement et votre parole en ne respectant pas votre
convention dûment signée. Vous les avez amputés de 20 %.
Ça, ça fait mal et ça a donné tout un climat
négatif dans les écoles et dans les institutions. Nous, au
contraire, depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons augmenté
raisonnablement les salaires des employés et des professeurs, leur
donnant un goût au travail et, en même temps, un idéal
à atteindre.
Quant aux budgets de fonctionnement des commissions scolaires, des
cégeps, des universités, depuis qu'on est au pouvoir, à ce
que je sache, les budgets de fonctionnement ont été
Indexés, ce que vous ne faisiez pas. Oui, mais c'est toute la
différence du monde. Pendant que vous étiez là, durant la
période, l'indexation a coûté 84 % à la population
québécoise pendant que vous autres, vous aviez indexé
à peu près pour 44 %, laissant un écart de 40 %. C'est
ça qui a fait mal à tout l'ensemble de la communauté
québécoise. Nous avons rattrapé le temps perdu. Nous avons
donné des budgets Indexés aux commissions scolaire», aux
cégeps et aux universités. Et Mme la députée de
Chicoutimi qui nous reproche ça, votre enveloppe pour les trois
universités en région dont je vous parlais l'autre jour,
c'était 2 000 000 $. Aujourd'hui, il est rendu à 2 800 000 $
parce qu'il a été indexé, d'une part. Et nous avons
rajouté 2 200 000 $ pour trois universités dans les
régions. Mais quand vous me dites ça, Mme la
députée de Chicoutimi, ou vous ne savez pas ce que les chiffres
veulent dire, ou vous ne voulez pas prendre conscience que nous avons fait un
effort considérable pour nos universités en région. C'est
une approche qui est totalement responsable que nous avons prise, à mon
sens, vis-à-vis l'intérêt que nous avons pour
développer nos universités
dans les régions. Vous devriez au contraire applaudir à ce
que le gouvernement actuel a fait pour aider les universités et
développer nos universités qui sont, Dieu sait, fort utiles pour
nos régions.
Alors, Mme la Présidente, nous avons une préoccupation
pédagogique. Nous avons autant une préoccupation pour le contenu
que pour le contenant, contrairement à ce que vous dites. Au contraire,
nous avons donné l'argent nécessaire pour pouvoir donner des
enseignements de qualité au Québec.
Tout à l'heure, la députée de Chicoutimi nous
disait, nous reprochait comme gouvernement de ne pas avoir donné de
l'argent pour la voirie. M. le député de Jonquière...
M. Dufour: Mme la Présidente, je pourrais
peut-être... Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme Harel): Oui, M. le
député.
M. Dufour:... est-ce que vous pourriez demander au
député de Rimouski de s'adresser à la présidente?
Parce que moi, on n'a pas un dialogue entre les deux.
La Présidente (Mme Harel): Certainement. Je pense que le
député de Rimouski va certainement être d'accord...
M. Dufour: II peut bien s'adresser au député de
Jonquière, mais par la présidente.
La Présidente (Mme Harel):... avec vous et,
dorénavant, s'adresser à la présidente.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, je m'excuse
profondément d'avoir...
M. Dufour: Ça, c'est de la pédagogie.
M. Tremblay (Rimouski):... interpellé le
député de Chicoutimi. Je suis profondément...
La Présidente (Mme Harel): C'en était certain.
M. Tremblay (Rimouski):... vexé de cette...
M. Gendron: En voulant parler du député de
Jonquière en plus.
M. Tremblay (Rimouski): En plus, oui. Mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Rimouski):... ça va bien, mon affaire.
M. Gendron: Oui. Replace-toi.
M. Tremblay (Rimouski): Mais je dois vous dire, Mme la
Présidente, que, tout à l'heure, j'ai été
interpellé par la députée de Chicoutimi et on m'a
appelé par mon nom et vous n'avez pas rappelé à l'ordre.
Alors, je ne voudrais pas avoir deux poids deux mesures. S'il vous plaît,
Mme la Présidente, un peu de condescendance à mon égard.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
Mme Blackburn: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): Je n'ai aucune condescendance.
Je vais tenter, et vous avez raison de me rappeler à l'ordre, de faire
régner l'ordre dans cette commission de la même
façon...
Mme Blackburn: Oui.
La Présidente (Mme Harel):... quel que soit le
côté que l'on y siège.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je voudrais relever tout
de suite une erreur.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, je n'ai pas
terminé mon propos.
Mme Blackburn: Lorsque le député de...
La Présidente (Mme Harel): Oui, vous avez raison.
M. Tremblay (Rimouski): J'allais dire...
Mme Blackburn: Non, c'est un point d'ordre, Mme la
Présidente. Je pense que le député de Rimouski, tout
à l'heure, me dit que je l'ai interpellé par son nom, ce qui est
faux. J'ai toujours parlé du député de Rimouski, mais je
n'ai pas Interpellé le député de Rimouski. Je voudrais que
ce soit clair. Vous n'avez qu'à relever les gâtées
là-dessus. Bon.
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'invite donc le
député de Rimouski à poursuivre son intervention.
Une voix: Ne te laisse pas déstabiliser. Laisse-toi pas
faire.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, oui. Mme la Présidente, je
voudrais répliquer au député de Jonquière à
l'effet qu'il semblait soutenir que nous n'avions rien fait pour la voirie.
L'an passé, dans le budget de 1989-1990, II y avait eu, pour les
constructions de routes, un budget augmenté de 72 700 000 $. 72 700 000
$, vous avez dit tout à l'heure que 60 000 000 $, ce n'était pas
négligeable. Bien, 72 700 000 $, ça commence à faire de
l'argent. Cette enveloppe-là de 72 700 000 $, elle a été
reconduite cette année. Ça veut dire qu'on a augmenté du
même montant, à peu près, la construction de routes.
Ça veut
dire qu'on est loin d'avoir coupé. On a mis plus d'argent dans la
construction de routes encore. Alors, pour deux années
consécutives, les budgets sont maintenus au niveau des constructions de
routes s) on tient compte nécessairement qu'il y a eu une augmentation
de 72 000 000 $ l'an passé. Ces 72 000 000 $, cette année, sont
encore reconduits. Alors, ça veut dire que, sur deux années,
ça fait 144 000 000 $ de plus dans les enveloppes du ministère
des Transports pour les constructions de routes. Alors, je pense qu'à ce
moment-là la population du Québec peut s'attendre à avoir
des améliorations au réseau routier, et nous allons continuer
à le faire de façon à prendre nos responsabilités
et nous allons en même temps tenir compte de l'ensemble des services
auxquels la communauté est en mesure de s'attendre.
Alors, Mme la Présidente, je vais terminer ici mon propos et j'y
reviendrai, s'il y a lieu, pour corriger les erreurs que l'Opposition semble
vouloir traduire. Merci.
La Présidente (Mme Harel): Oui, alors.. M. Gendron:
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M le député
d'Abitibl-Ouest.
M. Gendron: Oui, parce qu'à la fin... La
Présidente (Mme Harel): C'est un... M. Gendron: À la
fin d'une intervention...
La Présidente (Mme Harel): Vous Invoquez le
règlement?
M. Gendron: Comme il est de coutume en Chambre, à la fin
d'une intervention, un député peut poser une question à
celui qui vient de terminer son intervention. Je voulais savoir si je peux
poser une question au député de Rimouski.
M. Dufour: S'il accepte d'y répondre.
La Présidente (Mme Harel): Alors, comme H est prévu
dans notre règlement, ça dépend évidemment du
consentement...
M. Gendron: C'est pour ça que je le demande.
La Présidente (Mme Harel): ...du député de
Rimouski. Est-ce que vous consentez, M. le député de
Rimouski?
M. Dufour: La cassette est-elle prête?
M. Tremblay (Rimouski): Non, je vais attendre, madame. Je ne
consens pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: La cassette n'est pas prête.
M. Gendron: C'est son droit mais je ne sais plus quoi...
Une voix: La cassette n'est pas prête. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Dufour: La cassette n'est pas tout à fait
tournée.
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'inviterai Mme la
députée de Terrebonne à procéder aux remarques
préliminaires Immédiatement. Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Je ferai
brièvement quelques commentaires sur la dernière intervention
mais ce sera très bref puisque je ne veux pas me laisser
détourner de l'importance de la loi que nous étudions
aujourd'hui. Le député de Rimouski a tenté de justifier
tes politiques de son gouvernement en comparant l'administration du Parti
québécois en pleine période de récession alors que
son gouvernement a dirigé en pleine croissance économique, ce qui
est deux périodes extrêmement différentes. Lorsqu'il
semblait nous attribuer certains desseins bien noirs par rapport à la
coupure de 20 %, ce n'étalent sûrement pas des visées
etectorallstes que nous avions à ce moment-là, loin de là.
(16 h 30)
Donc, si nous revenions à la loi 69, qui est vraiment
extrêmement importante et qui mérite toute notre attention. Nous
ne devons pas nous laisser détourner de cette loi importante par les
remarques du député de Rimouski. Cette loi nous est
présentée comme un pas majeur vers la responsabilisation des
commissions scolaires. Elle m apparaît davantage comme un pas majeur vers
le transfert des responsabilités de l'État vers le palier
scolaire et le palier municipal. Lorsqu'on étudie un projet de loi, H
faut s'interroger pour savoir qui va profiter du projet de loi, qui est
touché par ce projet de loi. Bien entendu, les municipalités sont
particulièrement touchées, elles l'ont décrié
vivement, elles l'ont dénoncé. Lorsqu'on tente de nous faire
croire, de l'autre côté, que les municipalités sont
heureuses, qu'elles sont convaincues qu'il y a eu une négociation, je
pense que c'est oublier les écrits que nous avons en main. Si les
municipalités étaient si heureuses de cette négociation,
elles n'auraient pas demandé, le 14 mai dernier, au premier ministre. M.
le premier ministre, ce que nous attendons, c'est que le chef du gouvernement
annonce officiellement la convocation des parties pour bâtir et parapher
une nouvelle
entente fiscale qui corresponde mieux aux exigences de la
société moderne. Si cette négociation avait ou lieu, les
municipalités ne la demanderaient pas encore.
Bien sûr, les municipalités se trouvent, aujourd'hui, par
cette loi, à jouer le rôle le plus odieux parce que ce sont elles
qui devront porter le responsable du gouvernement et porter l'odieux de la
taxation. C'est bien évident que le contribuable, quand il va recevoir
son compte de taxas, ne sera pas porté à accuser le gouvernement,
mais, bien sûr, à porter sa colère contre la
municipalité qui le taxe. C'est donc un transfert de
responsabilités, mais d'une responsabilité financière et
d'une responsabilité morale que les municipalités se trouvent
à porter à la place du gouvernement.
Il y a, bien sûr, les contribuables qui sont touchés par
cette loi. Ce qui m'étonne, depuis la dernière élection,
nous avons vu passer plusieurs projets de loi dans cette Chambre et, à
90 %, ils apportaient une augmentation ou une hausse pour les contribuables.
Qu'on parle de l'augmentation pour Hydro-Québec, qu'on pense au
transport en commun, aux nouvelles augmentations qui nous ont été
annoncées pour les permis de conduire, les plaques d'immatriculation,
les hausses de loyer dans les HLM, la TPS qui va s'ajouter à tout
ça à partir de janvier, on entend parler dans ce Parlement depuis
neuf mois que d'augmentations et que de taxes, tout en n'offrant pas plus de
services aux citoyens. C'est Important de le dire parce que, si on paie
davantage et qu'on obtient davantage de services, il y a quand même une
certaine compensation, mais, d'un côté, on nous parle de coupures
de services et on ne nous parle que d'augmentations de taxes.
C'est évident que ces augmentations touchent toujours la
même personne, toujours le contribuable. Qu'on l'appelle citoyen,
contribuable, consommateur, c'est la même personne qui paie. Je
m'étonne que les députés ministériels ne se
révoltent pas un peu de ces augmentations, parce qu'ils doivent bien
vivre comme nous dans les bureaux de comté et recevoir des citoyens,
chaque semaine, qui viennent nous demander ce qu'ils vont faire l'an prochain,
parce qu'ils ne savent plus ce qu'ils vont faire. Les augmentations, ils ne
sont plus capables de les subir, et ça m'étonne beaucoup que les
députés ministériels soient muets de ce
côté-là.
Vous savez, les parents sont également très touchés
du côté scolaire, depuis plusieurs années, pas seulement
par les taxes, pas seulement par toute l'avalanche de toute l'augmentation que
je vous ai donnée, mais uniquement par le monde scolaire. Ce qu'il en
coûte présentement aux parents pour maintenir leurs enfants
à l'école est assez substantiel, je l'ai dit en Chambre vendredi
dernier, je le répète, c'est trop important: il y a les cahiers
d'exercices, le transport du midi, les sorties éducatives - et Dieu sait
si elles sont nombreuses - le matériel d'art plastique, le
matériel d'enseignement périssable, le service de garde le midi,
les grammaires, les dictionnaires. Les parents sont sollicités à
coeur de semaine pour payer davantage pour des services éducatifs dans
les écoles, et on nous parle de gratuité scolaire, bien
sûr. Si les étudiants sont au niveau collégial ou
universitaire, les coûts sont également élevés, la
contribution parentale, elle existe toujours, les frais de scolarité
sont augmentés. C'est une autre augmentation qui s'est ajoutée
cette année. Donc, pour le contribuable, c'est évident que cette
taxe est tout à fait inacceptable, puisqu'elle s'ajoute à un
ensemble déjà absolument impossible à supporter pour le
contribuable moyen. C'est évident que le contribuable qui a un revenu
plus élevé va réussir à s'en sortir, mais qu'on
pense aux plus démunis, qu'on pense aux défavorisés et
qu'on pense aux petits travailleurs et même aux salariés moyens,
parce que, au nombre d'augmentation qu'on va vivre cette année,
même le salarié moyen ne pourra pas y résister.
La question principale, c'est de se demander: les commissions
scolaires... C'est vrai, le ministre nous disait: On n'en a pas parlé
beaucoup, la semaine dernière. J'en avais quand même parlé
passablement. Est-ce que les commissions scolaires sont satisfaites? Parce
qu'il faudrait peut-être qu'il y ait un groupe qui soit satisfait par
cette loi-là. Eh bien, non, elles ne sont pas satisfaites, les
commissions scolaires. Est-ce qu'on trouve qu'on les a consultées
suffisamment? Non plus. Lors du sommet sur le financement, en février,
M. Poirier raconte que les commissions scolaires avaient demandé au
ministre de l'Éducation de leur permettre d'étendre le champ de
taxation de quelques sous seulement, pour financer de nouveaux programmes afin
d'améliorer les services offerts aux élèves. Donc, le but
premier des commissions scolaires était d'offrir de meilleurs services
aux élèves et, là, c'est quelque chose
d'Intéressant, bien sûr, puisque les commissions scolaires
manquent réellement de ressources financières pour offrir des
services de qualité dans les écoles, pour améliorer,
disons, peut-être les bibliothèques, au niveau scolaire, pour
essayer d'avoir des mesures préventives au niveau des drogues dans nos
écoles, un nouveau phénomène qu'elles doivent vivre. Mais
non, ce n'est pas ce qu'on leur offre, aujourd'hui. Ce qu'on leur apporte:
plutôt que de donner de meilleurs services aux élèves, on
augmente le champ foncier, mais en leur donnant la gestion et l'entretien des
écoles. On leur donne aussi la gestion des programmes de formation
professionnelle. Alors, on leur donne de nouvelles responsabilités qui
étaient sous la responsabilité du ministère et, là,
on leur demande de répondre, avec ce nouveau champ de taxation, à
ces besoins-là, alors que les commissions scolaires, ce qu'elles
dénonçaient, ce sont des services pédagogiques essentiels
qu'elles voulaient offrir à leur clientèle. Donc, de ce
côté-là, la loi ne répond absolument pas aux
besoins, elle ne règle absolument pas les besoins des commissions
scolaires, et encore samedi le 9 juin, elles le dénonçaient.
D'après un document préparé par la
Fédération des commissions scolaires, 27 des 170 commissions
scolaires du Québec sont perdantes dans cet échange Elles ne sont
pas gagnantes, elles sont perdantes, et elles s'inquiètent
drôlement des sommes qu'elles auront à verser dans les
années subséquentes. Les commissions scolaires ne sont pas
satisfaites et, en plus, elles ont développé des
inquiétudes devant leur nouvelles responsabilités, parce qu'elles
sont convaincues qu'elles n'auront pas les moyens, dans les années
subséquentes, de répondre à cette nouvelle commande du
ministère.
Si on tente de résumer: il y a une insatisfaction aux trois
paliers, autant le monde municipal que le monde scolaire, que les con
tribuabies, bien sûr. Les municipalités demandaient qu'on convoque
une rencontre pour renégocier le pacte. Le président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, M. Guy D'Anjou, en avril dernier, demandait lui aussi un
véritable sommet regroupant le gouvernement, le monde municipal et le
monde scolaire. Dès avril 1990, M. D'Anjou disait que ce sommet
s'imposait pour qu'on puisse ensemble enfin renégocier une entente pour
les nouveaux besoins, autant des commissions scolaires que des
municipalités. La nouvelle orientation de la loi 69 ne peut se faire
sans une véritable négociation. Elle ne peut être
acceptée sans cette négociation.
C'est pourquoi nous nous opposons fermement à la nouvelle loi 69
qui est une loi qui ne règle aucunement les problèmes du monde
scolaire et c'était le but visé Donc, puisqu'elle ne
répond aucunement à ce besoin, il y aurait vraiment lieu de
convoquer un véritable sommet de toutes les parties. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, Mme la
députée de Terrebonne. Je comprends que M. le ministre de
l'Éducation a demandé la parole à ce moment-ci. C'est bien
le cas?
M. Ryan: Oui, madame, avec plaisir.
La Présidente (Mme Harel): Je comprends que M. le
député de Jacques-Cartier aimerait également intervenir au
moment de ces remarques préliminaires Souhaitez-vous qu'il le fasse
avant votre intervention, M. le ministre?
M. Ryan: Je pense que je vais intervenir avant. Ensuite, on
écoutera le député de Jacques-Cartier. On va nettoyer ce
dossier-ci. Je ne voudrais pas mêler les lumières que nous
apportera peut-être le député de Jacques-Cartier avec les
choses que nous venons d'entendre.
Une voix: J'espère que c'est intéressant. M.
Ryan: Ha, ha, ha! Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): Oui, alors, M. le ministre.
M. Ryan: ..je vais attendre un petit peu Je n'avais pas
remarqué que j'avais un collègue qui voulait parier, le
député de Verdun.
M. Gautrin: Non, non, allez-y. M. Ryan: Oui? Très
bien
La Présidente (Mme Harel): Je veux juste vous rappeler.
À ce moment-ci de nos travaux et compte tenu de la remarque du
député de Rimouski, je voudrais juste vous rappeler qu'à
ce moment-ci de nos travaux, puisque nous sommes dans les remarques
préliminaires, les temps de parole ne peuvent pas être
scindés. Compte tenu de l'article 209 de nos règlements, un
député doit s'exprimer une seule fois sur la question au moment
des remarques préliminaires. Je l'Indique simplement pour que si vous le
faites, M. le ministre, vous utilisiez le temps qui vous est Imparti Est-ce que
vous souhaitez le faire immédiatement?
M. Ryan: Je vais être obligé d'attendre.
La Présidente (Mme Harel): Attendre, j'ai pensé.
Alors, M le député de Verdun.
Une voix: 20 minutes.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Non, je vais prendre moins que ça. J'ai
écouté très sérieusement ce que nos amis de
l'Opposition ont dit et je n'ai pas complètement tout compris. Moi, j'ai
lu la loi 69 et, essentiellement, que fait-elle? Bien sûr, elle transmet
des responsabilités aux commissions scolaires et elle leur donne un
champ de taxation pour assumer ces responsabilités. Donc, pratiquement,
les responsabilités, on est tous d'accord, il faut qu'elles soient
assumées. On est tous d'accord qu'il va falloir réparer les
bâtisses et faire le gardiennage. La base de la loi 69, c'est de dire:
Ces responsabilités vont non plus être assumées par
l'impôt direct, mais par la taxation foncière. Essentiellement, ce
qu'on est en train de faire, dans la loi 69, c'est de dire aux gens: Ce n'est
plus à même la taxation directe mais à môme la
taxation foncière qu'une partie des responsabilités des
commissions scolaires va être assumée. Et là, si on avait
été dans un autre cadre et dans un autre débat, moi
j'aurais été prêt à assumer avec la
députée de Chicoutlmi, Mme la Présidente, tout un
débat sur le caractère social des différents champs de
taxation.
Parce qu'il n'est pas évident que la taxation directe soit la
plus sociale et qu'une taxation indirecte soit totalement non sociale -
ça dépend sur quels biens elle porte, et je pourrai reprendre
avec vous les exemples que la députée de Chicoutimi a pris - que
la taxation foncière soit non sociale. La taxation foncière
touche, évidemment, les individus, les propriétaires de biens
foncier, mais elle touche aussi I'ensembl8 des corporations qui
possèdant aussi des biens fonciers. Donc, ce n'est pas
nécessairement faire porter sur l'impôt des individus, c'est aussi
sur l'ensemble des gens qui possèdent des biens qu'on fait porter un
certain poids des commissions scolaires. (16 h 45)
Alors, c'est un long débat qu'on pourrait avoir entre nous. Je
n'entrerai pas sur le pacte avec les municipalités parce que je le
connais mal, mais, sur la question actuelle de transfert de
responsabilités de la taxation directe vers la taxation foncière,
ce n'est pas nécessairement un geste antisocial, ça peut
même être un geste qui est social dans la mesure suivante. S'il y a
transfert par le biais, évidemment, des propriétaires qui vont
donner ça aux locataires, comme vous avez un mécanisme fiscal,
à l'heure actuelle, pour compenser la taxation foncière par le
biais de l'impôt, vous réussissez, à ce moment-là,
à compenser cet effet pervers que vous pouvez voir. Donc, à
l'heure actuelle, je ne suis pas du tout d'accord avec vous pour dire que ce
geste de transfert de la taxation directe vers la taxation foncière est
un geste antisocial.
Remarquez, c'est vrai qu'il y a une tendance, à l'heure actuelle,
d'aller vers les transferts du champ d'imposition direct vers, par exemple, le
champ d'imposition indirect, on pourrait dire de faire payer les gens qui
consomment un service. C'est vrai que ça a été la
tendance, à l'heure actuelle, du décret sur l'augmentation des
frais de scolarité, vous avez raison. C'est ce qui a été
pour la réparation des routes. De reprendre une partie de la
réfection des routes dans le budget de la RAAQ, ça a pour effet,
évidemment, d'être une forme de taxation indirecte, et je n'en
démors pas, bien sûr, mais ce genre de taxation va faire payer
à ceux qui sont les utilisateurs du service principalement, faites
attention, à ceux qui sont les utilisateurs du service une part de la
production du service.
Une voix: Quel que soit le revenu.
M. Gautrin: Quel que soit le revenu, oui, mais seulement à
ceux qui sont les utilisateurs du service. Si on le faisait sur la base de
l'impôt direct, même les gens qui n'utiliseraient pas le service
seraient obligés de contribuer. Et là, Mme la Présidente,
je suis bien conscient que j'ouvre un débat qui est un large
débat, à l'heure actuelle, mais je voudrais simplement vous
soulever que ce n'est pas aussi évident que ça qu'il y a une
dichotomie entre ce qui est dit social et non social et, d'ailleurs, que toute
taxation directe serait sociale et que toute taxation indirecte serait non
sociale.
On pourrait refaire le débat si on avait plus de temps et si on
était dans le cadre non pas de l'étude du projet de loi 69, mais
dans le cadre, par exemple, de l'étude, si on avait pu en discuter, sur
les frais de scolarité. Ce n'est pas totalement évident qu'en
demandant une participation plus accrue des étudiants, alors que,
parallèlement, par la loi 25, on augmente l'aide aux étudiants,
on fait, à ce moment-là, un geste antisocial parce que, comme
vous l'avez fait remarquer tout à l'heure, on aurait pu faire peser les
contributions au budget des universités à même
l'impôt direct, ce qui aurait été, peut-être, de
faire payer ça à l'ensemble de la société.
Je me permets, Mme la Présidente, de rappeler que ce débat
sur la fiscalité n'est pas si évident et si simple que Mme la
députée de Chicoutimi a voulu le faire valoir. C'était le
but de mon point de vue. Je pourrais reprendre, après, des débats
un peu plus partisans, mais je voudrais quitter ici cette commission
étant ici pour étudier dans la sérénité et
le calme le projet de loi 69. Je limiterai mes arguments strictement sur ce
point, que toute taxation directe n'est pas forcément la taxation la
plus sociale, une taxation foncière ou une taxation indirecte peut, dans
certains cas, être plus sociale qu'une taxation directe. Je limite mes
arguments à ce point-là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): J'inviterais...
Mme Blackburn: Mme la Présidente, est-ce que je peux
apporter l'article 212 du règlement?
La Présidente (Mme Harel): L'article 212...
Mme Blackburn: J'estime que mes propos ont été mal
interprétés ou j'ai été mal comprise.
M. Ryan: Qu'elle demande le consentement.
La Présidente (Mme Harel): Bon. Permettez-moi d'abord d'en
prendre connaissance.
M. Gendron: Consentement unanime.
Mme Blackburn: Non, ça ne demande pas le consentement.
La Présidente (Mme Harel): Alors, l'article 212 de notre
règlement dit ceci: Tout député estimant que ses propos
ont été mal compris ou déformés peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
Il doit donner ces explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite et elles ne doivent apporter aucun
élément nouveau à la discussion ni susciter
de débat. "
Alors, je vous invite donc à nous donner ces explications, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Uniquement pour dire que je n'ai jamais confondu
l'Importance relative des mesures, soit qu'elles soient de taxation directe ou
indirecte, évidemment, lorsqu'on parle de taxation pour des services
qu'un usager utilise. S'il utilise le terrain de golf qui appartient à
une municipalité, je pense qu'il s'agit d'un autre type de tarification
que s'il utilise les services de l'Université du Québec à
Chicoutimi. Ce sont deux modes de tarification, mais on verra que ce n'est pas
tout à fait du môme ordre et que, effectivement, dans un cas,
ça va de soi que c'est l'utilisateur qui doit payer les frais de son
service lorsqu'il va au golf. Mais lorsqu'on parle de service - et
là-dessus, n'Importe quand l'ouvrirais un débat avec vous -
lorsqu'il s'agit de services essentiels dont on reconnaît qu'ils sont
d'intérêts généraux comme l'éducation, c'est
un autre ordre.
Je ne voudrais pas être interprétée comme disant:
C'est tout d'un côté ou tout de l'autre. Effectivement, mais
lorsqu'il s'agit par exemple Un autre exemple qui est frappant, c'est
l'accès à l'aide juridique. Actuellement, les tarifs sont...
La Présidente (Mme Harel): Je vous demanderais de
conclure, Mme la députée de Chicoutimi.
M. Ryan: Ce n'est pas plus clair que c'était.
Mme Blackburn: Oui. Les tarifs sont tellement bas que le
député devra rapidement comprendre que ce n'est pas tout à
fait du même ordre. Je pense qu'il m'avait mal interprétée
en prétendant que je ne voyais pas de différence et que le bon
était tout dans un et le mauvais dans l'autre, ce n'est pas vrai.
La Présidente (Mme Harel): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi J'Inviterais M. le député de
Jacques-Cartier à prendre la parole, à moins que le ministre ne
veuille le faire immédiatement. Alors, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, Mme la Présidente. Nous sommes d'accord
que les municipalités ont démontré peu d'enthousiasme face
aux fins de la loi 69 mais je ne suis pas persuadé que les
Québécois en général s'inquiètent comme les
maires qu'on soit mal servis par les changements proposés.
Je remarque ici une phrase, plusieurs fois répétée,
qui est bien aimée par les députés du gouvernement et ceux
de l'Opposition, les deux Le gouvernement prend ses responsabilités ou
le gouvernement devrait prendre ses responsabilités ou le gouvernement
doit prendre ses responsabilités. Mais les citoyens, individus, les
parents, les membres des commissions, les autorités scolaires devraient
aussi prendre leurs responsabilités Québec est devenu aujourd'hui
une société libre et responsable, et les gens d'une telle
société demandent la possibilité de choix réels au
niveau local. Pour ça, ils ont besoin de pouvoir financier au niveau
local aussi La méthode d'introduction de la nouvelle loi par le
gouvernement justifie les critiques, mais le principe reste bon. Cette fois,
j'appuie le gouvernement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Y a-t-il d'autres interventions
à ce moment-ci de nos remarques préliminaires? Alors, j'invite M.
le ministre de l'Éducation.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, comme les interventions de
l'Opposition ont beaucoup porté sur des aspects fiscaux et financiers,
il ne sera peut-être pas mauvais, au début de travaux, qu'on situe
un petit peu le cadre dans lequel ces choses sont discutées. Je pense
bien que nous conviendrons tous que le projet de loi 69 est un projet de loi
à connotation principalement financière. Par conséquent,
il est normal qu'on essaie de s'interroger sur le cadre dans lequel se situe
pareille intervention législative. Je voudrais le faire en
répondant à des questions qui résument le plus simplement
possible les préoccupations des députés.
La première question qui a été soulevée:
Où est passé l'argent? J'ai entendu la députée de
Chicoutimi, je crois, soutenir que le gouvernement aurait créé
une marge de manoeuvre en puisant dans les salaires des enseignants et des
autres salariés du secteur public en 1982. On pourrait soutenir
également qu'à la faveur des années de
prospérité relative que nous avons connues depuis 1985 le
gouvernement, s'il avait bien géré, aurait dû
réussir à créer une marge de manoeuvre accrue.
Je voudrais vous situer un petit peu le contexte dans lequel nous
discutons ces choses, le plus objectivement possible. Tout d'abord, il y a une
première chose qui s'impose que nous reconnaîtrons tous le
gouvernement a considéra-blement réduit le déficit
budgétaire du Québec au cours des dernières années
Le déficit budgétaire de 1985-1986 fut de 3 343 000 000 $.
L'année précédente II avait été de 3 795 000
000 $. En 1988-1989 il aurait été de 1 613 000 000 $ et en
1989-1990, de 1 600 000 000 $. Et, pour la prochaine année, le ministre
des Finances l'a situé, si mes souvenirs sont exacts, à 1 700 000
000 $. Alors vous voyez tout de suite la marge énorme qui est... Je vous
expliquerai la signification de ceci pour l'avenir Ça ce sont
des chiffres que j'extrais de tous des documents contenus dans le
dernier discours sur le budget du ministre des Finances, par conséquent,
les données les plus récentes et les plus fiables.
Deuxièmement, nous avons réduit le fardeau fiscal des
Québécois, au cours des cinq dernières années de
plus de 1 000 000 000 $, il ne faut pas I'oublier. L'impôt sur le revenu
et d'autres formes d'imposition ont donné lieu à des
réductions considérables. Seulement il y a deux ans, le budget
apportait aux contribuables des réductions de charges fiscales de
l'ordre de 1 300 000 000 $. C'est évident que l'argent que nous avons
donné en réduction d'impôt, nous ne l'avons pas pour les
dépenses courantes. On peut nous en faire la critique. Et, comme on
demande où est passé cet argent-là, je vais vous en donner
des explications.
Troisième explication. Le fardeau de la dette publique. En
1975-1976, les dépenses d'intérêt sur la dette
représentaient 4, 8 % de l'ensemble des dépenses du gouvernement,
de l'ensemble de ses revenus budgétaires, 4, 8 %. Savez-vous combien
c'était en 1985-1986 quand nous avons pris le pouvoir? C'était
rendu à 14 %, 14 %. Et c'est bien facile à calculer. Les revenus
budgétaires estimés pour cette année c'est 31... Regardez
on va les prendre, c'est 31 000 000 000 $... Pour la présente
année c'est 33 000 000 000 $. On était à environ 31 000
000 000 $ l'an dernier. Cette année ça va être à 33
000 000 000 $. Or, multipliez 33 par 14...
Une voix:...
M. Ryan:... 4 600 000 000 $, charge de dette qu'il faut payer.
Ça, on ne peut pas la réduire rapidement cette charge-là,
pour des raisons que vous comprendrez facilement. C'est que, même si nous
faisons un petit déficit, ça augmente encore la charge fiscale.
Ça va prendre des années avant que nous puissions corriger ce
déséquilibre extrêmement coûteux qui s'est introduit
dans les finances publiques au Québec. J'en donne juste une
illustration, si vous me permettez, pour montrer quand même que nous
avons fait du chemin.
L'intérêt sur...
M. Gendron:... est bonne. M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: C'est ce que je disais, que la situation
financière est bonne.
M. Ryan: Nous l'avons améliorée, je vous en donne
un autre exemple...
M. Gendron: C'est ce que j'ai dit, j'ai commencé mes
remarques comme ça.
Une voix: Une économie vulnérable.
M. Ryan: Je continue ma démonstration. Je ferai la
synthèse moi-même à la fin, si vous me permettez. Mais j'ai
apprécié être interrompu par le député
d'Abitibi-Ouest. Je n'invoquerai point votre autorité, Mme la
Présidente, pour des choses aussi peu malignes.
Les dépenses publiques, dans l'ensemble de l'économie -
ça c'est très important - en 1985-1986, elles
représentaient 26, 3 %. En 1989-1990, 22, 9 %. C'est évident. On
trouvait que le gouvernement dépensait trop, que les dépenses
augmentaient trop vite. On a dit: II va falloir qu'on coupe quelque part. Vous
avez entendu parler beaucoup de compressions et de coupures ces
dernières années. Au moins, ç'a produit des
résultats qu'on peut mesurer ici. Ça veut dire, comme je l'ai dit
souvent, que sur chaque dollar en biens et services que produit un citoyen, en
1985-1986, il y avait 0, 263 $ qui allaient directement dans la caisse du
gouvernement et aujourd'hui on a ramené ça à 0, 229 $.
C'est comme ça qu'on peut expliquer que la charge sur le déficit
est diminuée, que le niveau de la dette est diminué
également. (17 heures)
Je vais vous donner un autre chiffre qui peut être encore plus
éloquent que tous ceux-là. Vous savez, le ministre des Finances a
dit à plusieurs reprises dans ses discours sur le budget: Moi, ce qui
m'intéresse, je veux mettre de l'équilibre dans les
dépenses courantes, ce qu'il appelle les dépenses
d'épicerie. Il a dit: Je ne veux pas financer les dépenses
d'épicerie sur le dos des générations futures. Quel a
été le produit de ça? C'est bon de savoir d'où nous
partions et de savoir également où nous en sommes maintenant. En
1985-1986, le solde négatif des opérations courantes était
de plus de 2 000 000 000 $, c'est-à-dire que, sur l'ensemble des
dépenses courantes, il y en avait 2 000 000 000 $, 2 075 000 000 $,
qu'on finançait avec de l'endettement. Savez-vous combien ça a
été en 1989-1990? 270 000 000 $.
J'ajoute un dernier point. Il y a une partie de l'argent, de la marge de
manoeuvre - c'est sûr qu'il y en avait une quelque part... Nous autres,
les ministres sectoriels, avons de la misère à la voir, dans le
régime qui nous est fait, mais il y en a une quelque part. Une bonne
partie est allée sur les conventions collectives. Les conventions
collectives que nous avons signées avec les infirmières, les
travailleurs des hôpitaux, les enseignants, travailleurs de
l'éducation, professeurs de cégeps... Là, les
universités signent les unes après les autres parce que nous leur
avons procuré une marge financière un petit peu plus
intéressante. Tout ça, ça demande de l'argent. Et
l'argent, nous l'avons pris dans cet ensemble d'opérations que nous
avons faites au cours des dernières années. Je pense que ce sont
des chiffres..
Une voix:...
M. Ryan: Pardon? Nous vous en avons donné. Moi, j'ai eu de
la misère à le voir, mais il paraît qu'on nous en a
donné.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais c'est parce que je compte mal ces choses-là,
je n'ai pas le temps. Ce n'est pas parce que je mets en doute la sagesse de mon
collègue, le ministre des Finances. Parce que je suis un contribuable
moyen, je fais faire ces opérations-là par un comptable.
Autre point. Quand on voit tout ça, un autre point que je veux
mentionner, nous avons réussi tout ceci en même temps que les
paiements de transferts fédéraux augmentaient d'une
manière insignifiante. De 1976-1977 à 1985-1986, combien de fois
j'ai entendu l'ancien ministre des Finances se plaindre à
l'Assemblée nationale... La plupart d'entre vous n'étiez pas
là, mais le député d'Abitibi-Ouest y était, lui,
et, dans le temps, c'est lui qui était le répondeur automatique,
il applaudissait à tout ça sans dire un mot. Il nous disait:
Ah!...
M. Gendron:...
M. Ryan:... c'est effrayant, nos paiements vont diminuer...
M. Gendron: Bien, justement, il parlait.
M. Ryan:... l'an prochain, on s'en va vers une catastrophe. Moi,
je regardais ça l'année suivante. Ça avait augmenté
de 10 %. Prophète de malheur II disait toujours: Ça s'en vient.
À force de prédire qu'il va y avoir de la pluie, des fois,
ça arrive deux mois après qu'il en arrive. Mais je vais vous
dire...
Une voix:... à cause de la prédiction.
M. Ryan: Bien, entre 1977 et 1986, les paiements
fédéraux sont passés de 2 500 000 000 $ à 6 200 000
000 $; ils ont plus que doublé; ils ont augmenté de deux fois et
demie. Savez-vous ce qui est arrivé de 1986 à 1990?
M. Gendron: Ça a été mal
dépensé...
M. Ryan: De 1986 à 1990, Ils ont augmenté seulement
de 5 800 000 000 $ à 6 700 000 000 $, beaucoup moins vite que ça
augmentait autrefois et, malgré cela, nous avons réalisé
la performance dont j'ai parlé tantôt. Ça, c'est ma
réponse à la question: Où est passé l'argent? On se
demande souvent ça. Quand les enfants s'interrogent sur les finances de
leurs parents, ils disent: Comment ça se fait? Moi, iI me met toujours
de la discipline et il a changé son char; il est allé faire un
voyage avec la mère; tu sais, ça a l'air que ça ne va pas
si mal, mais les enfants, on n'en entend pas trop parler; ils nous disent qu'il
faut serrer. Un moment donné, ils s'aperçoivent que les parents
géraient bien, évidemment, et qu'ils ont créé un
mieux-être un peu plus grand pour tous les membres de la famille. C'est
ça que le gouvernement fait. Il a pris toutes sortes de mesures qui ne
sont pas toujours visibles ou vérifiables à l'oeil nu, pour celui
qui ne regarde que son chèque de paie. Mais, quand on regarde
l'ensemble, on a tout un ensemble de conditions qui nous laissent entrevoir
que, d'ores et déjà, nous sommes entrés dans une situation
d'équilibres financiers plus intéressante. Et ça,
ça demande de la discipline et du sacrifice continuels. Ça c'est
ma réponse à la première question. Tous les chiffres que
j'ai mentionnés sont extraits des données qui sont contenues dans
l'annexe E du dernier discours sur le budget.
Deuxièmement, pourquoi avoir choisi l'impôt foncier?
Là, le gouvernement s'était dit cette fois-ci.. Genèse de
la mesure qui est confirmée dans le projet de loi 69. II n'y a pas de
mystère. Ça fait bien des fois que j'entends le
député de Jonquière dire: Tout ça a commencé
le 6 novembre. Auriez-vous ce document à la portée de la main
ici? L'avez-vous ici? J'aimerais voir si c'est le même que celui que
j'ai. Je vais vous le redonner, il n'y a pas de soin. D'abord, ça ce
n'est pas... Je vais vous dire une chose. Disons que c'est vrai ça. Il
n'y a pas de problème avec ça, ça marche. Mais là
où le député de Jonquière se méprend,
à mon humble avis... Moi, j'ai quand même vécu des
événements de l'intérieur, je pense que je peux en parler
avec une certaine connaissance de cause. Le Conseil avait confié au
ministre des Affaires municipales en concertation avec le ministre des Finances
et le président du Conseil du trésor le soin de présenter,
d'ici le 1er avril 1990, un projet de réforme du financement, d'ici le
1er avril 1990. Par conséquent, ça n'avait pas de rapport avec le
budget de l'année 1990-1991. C'était un mandat à plus
longue portée qui était donné au ministre des Affaires
municipales et à ses deux collègues mentionnés dans la
décision. Ce mandat-là est probablement toujours là.
L'exécution a été quelque peu contrariée ou
différée par des décisions qui ont été
prises par la suite et dont je vais parier tout de suite.
Ensuite, ce qui est arrivé d'important, le gouvernement a
formé un autre comité, un comité de la révision des
programmes. Ce comité-là a été formé vers la
fin de novembre ou début de décembre, je ne me souviens pas
exactement, mais il a siégé sérieusement à compter
de la mi-décembre. Et là je vous parle en toute
simplicité. Je vais vous donner la véritable genèse de ce
qui nous arrive aujourd'hui. II y a deux sources. Il y a d'abord l'Inventaire
que le gouvernement fait de ses perspec-
tives de revenus et de dépenses pour l'année 1990-1991.
C'est évident, et je peux en parler, j'étais membre du
comité. On s'est aperçu d'une chose " en fait. On avait un
écart budgétaire considérable, un écart
budgétaire dont je ne vous dévoilerai pas l'étendue parce
que ça a été comblé par bien des mesures qu'on a
arrêtées par a suite, mais on a dit au comité: II faut que
vous révisiez tous les programmes du gouvernement pour voir ce qui peut
être récupéré de ce côté-là.
Alors, le comité s'est mis à l'oeuvre. Il a fait son rapport. Il
a demandé des propositions à tous les ministères.
Ça a été un exercice très sérieux. En cours
de route, il a été porté à notre attention une
chose que nous connaissions déjà, mais qui s'est imposée
à notre étude avec plus d'immédiateté, qui est
résumée dans le discours sur le budget, encore dans la même
annexe dont j'ai parlé. On a constaté qu'alors que ie fardeau
fiscal au Québec demeurait encore légèrement
supérieur à celui de l'Ontario, quoique beaucoup moins... On
était rendu qu'on l'avait baissé, en tout, à 3, 9 % et il
a déjà été à 10 %, 12 % ou 13 %. On l'avait
baissé à 3, 9 % en tout. Et on s'est aperçu que les taxes
provinciales demeuraient encore plus élevées qu'en Ontario par
une bonne marge; tandis que les taxes locales étaient inférieures
de 17, 4 %, les taxes provinciales demeuraient supérieures, à
celles de l'Ontario, de 12, 2 %. Ça c'est à la page 8 de l'annexe
E.
M. Gendron: Le taux de chômage?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Le taux de chômage?
M. Ryan: Tandis que les taxes locales étaient
inférieures de 17, 4 %. Ça représentait, les 17, 4 %, pour
l'information des membres de la commission, une somme de près de 1 300
000 000 $. Ça fait que le gouvernement s'est dit: Si on est au-dessus
par une marge de 2 300 000 000 $ dans les taxes provinciales et en dessous de 1
300 000 000 $ dans les taxes locales, si on a besoin d'un peu plus d'argent
l'année prochaine, il faudrait qu'on regarde de ce
côté-là. Là, il est venu s'ajouter la mesure qui est
arrivée d'Ottawa qui privait le gouvernement, au titre des programmes
établis, de revenus que nous avons estimés pour la
première année à quelque 220 000 000 $. Ça c'est le
contexte concret. On peut discuter mais je crois que les données qui
encadrent cette mesure qui a été prise sont assez
sérieuses. Je ne veux pas qu'on pense que c'est une mesure qui a
été prise en l'air. Là, le gouvernement s'est
interrogé pendant quelques semaines. Il a dit: Oui, on va aller de ce
côté, mais de quelle manière, sous quelle forme, avec
quelle ampleur? Il y a des questions qui se sont posées et diverses
hypothèses ont été établies, comme on peut bien le
soupçonner.
Finalement, il a été décidé que, s'il devait
être ajouté... Il y avait, d'autre part, comme on le sait, les
commissions scolaires qui réclamaient. Un nouveau partage des
responsabilités, qui tenaient leur sommet au tout début du mois
de mars et qui exigeaient une présence du gouvernement. Il fallait que
le gouvernement se présente à ce sommet-là en donnant des
orientations, en indiquant que le problème dont il était saisi
avait mobilisé son attention et lui avait inspiré des solutions,
et c'est dans ce contexte-là que ces choses-là ont
été brassées.
Quand l'Idée du gouvernement a été un peu
clarifiée, le gouvernement a communiqué avec les
municipalités. Il y a eu quatre rencontres avec les porte-parole des
municipalités. Ils ont échangé des opinions. Ils ont
essayé de leur faire comprendre que ça prenait un effort un petit
peu plus grand que celui qui avait été envisagé. À
un moment donné, ça ne marchait pas beaucoup. Il y avait les
échéances qui s'en venaient aussi. Ce n'était pas pour
dans deux ans ou dans dix ans. Il fallait faire des choses cette année.
C'est comme ça que cette mesure a été prise. On a dit:
Quant à modifier l'équilibre un petit peu, on va le modifier
sérieusement. On va transférer aux commissions scolaires la
responsabilité de la gestion de leurs équipements locaux, pas la
bâtisse dont elles se servent pour l'administration de la commission
scolaire, mais les écoles, les établissements qui sont
plantés dans la communauté. On a dit: Vous allez chercher les
revenus nécessaires pour ça sous forme de taxe locale. Financer
par la taxe locale les dépenses relatives au maintien d'une école
ou les dépenses relatives au maintien de l'hôtel de ville, il n'y
a pas grand-différence; c'est deux bâtisses locales, solidement
plantées, au service de la communauté. Ça n'a rien
à voir avec la qualité des services éducatifs, encore une
fois.
Là, il s'est agi d'établir une formule qui permettrait
à chaque commission scolaire d'aller chercher la principale portion des
revenus dont elle aura besoin à cette fin sous forme d'un accès
accru à l'impôt foncier et d'ajuster la formule de
péréquation de manière à assurer qu'un revenu
minimum de base sera assuré à toute commission scolaire pour la
gestion de ses équipements. C'est ça qui est le mécanisme
de la loi qui est devant nous actuellement. Je pense que ça
résume tout. On peut discuter, mais, au moins, je suis content, il y a
un certain nombre de questions très valides qui ont été
soulevées au cours des interventions.
J'ai essayé bien honnêtement de vous dire le cheminement
qu'a suivi la démarche du gouvernement pour en arriver aux conclusions
qui seront incorporées dans le projet de loi 69. Il y a d'autres
questions qui ont été soulevées en cours de route. Combien
me reste-t-il de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Harel): Deux minutes,
M. le ministre
Une voix:...
M. Ryan: Pardon?
Une voix: Vingt minutes, je peux vous donner vingt minutes.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Il n'a pas l'air pressé.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): À moins qu'il y ait
consentement. Consentement?
M. Dufour: On prend même des notes. Une voix: 0 K.
Je peux tout vous...
M. Ryan: Ici, à la commission, en général,
nous avons toujours des échanges sérieux. Des fois, il sont
peut-être un petit peu longs, il y a des contextes particuliers, mais on
essaie de les garder à un niveau sérieux. Il n'y a pas souvent
d'automatismes purs et simples ici; j'en suis très heureux et j'en rends
hommage au député d'Abitibi-Ouest Même quand il donne
l'impression de vouloir commencer à faire de l'obstruction, il reste
vraisemblable.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Comme on m'autorise à poursuivre, Mme la
Présidente, j'ai juste une couple do mots additionnels. Je pense que,
sur l'aspect financier, j'ai donné l'essentiel. Je complète par
ceci.
La valeur des dépenses encourues par le gouvernement,
jusqu'à ce jour, pour le fonctionnement des équipements, en
l'indexant pour s'ajuster à cette année, nous l'avons
estimée à à peu près 310 000 000 $. Là, nous
avons raisonné comme ceci. À même cet argent, il faut que
la plus grande partie, à l'avenir, reste au gouvernement pour qu'il
puisse l'injecter dans les autres secteurs qui réclament son
intervention, que cette partie-là soit financée par la taxation
locale, avec la réserve suivante: qu'il y ait une partie qui va
consister, pour le gouvernement, à augmenter les sommes versées
pour la péréquation. (17 h 15)
La péréquation, l'an dernier, je pense, a
été de 47 000 000 $. Avec la nouvelle masure, on va ajouter, je
pense, 27 000 000 $. Ça veut dire que ça va aller chercher, 47
000 000 $ plus 27 000 000 $. En plus, il y a un montant qui a été
prévu pour des compensations à quelque 27 commissions scolaires
dont a parlé la députée de Terrebonne qui encourraient une
perte, si la formule devait être appliquée sans aucune
espèce de considération pour les commissions scolaires qui ont un
problème; 27 sur à peu près 190 qui sont
concernées. Ce n'est pas énorme, quand même, quand on pense
à tout ça, mais pour ces commissions scolaires nous avons
prévu un régime de subventions de transition qui pourront
s'échelonner sur une période allant de deux à quatre ans,
de manière que, par l'appréciation de la valeur de la
propriété foncière, chaque commission scolaire ait le
temps de rattraper ce qu'elle aurait perdu théoriquement si la formule
se fût appliquée sans aucune considération d'ajustement
particulier.
Ça fait qu'avec le régime que nous prévoyons il n'y
aura pas, de fait, de commission scolaire perdante. Certaines gagneront moins
parce qu'il y en a... Des opérations comme celle qui est
envisagée entraînent toujours un certain nombre d'ajustements et
les commissions scolaires qui touchaient une péréquation
élevée.. Quand on se sert des choses... On l'a dit, que la
formule de péréquation actuelle n'est pas
génératrice d'équité. Elle engendre des
inéquités.
On a vu que les revenus autonomes des commissions scolaires
présentent des écarts qui vont jusqu'à 10 %, actuellement,
par le jeu de la formule actuelle. II fallait la corriger mais, en même
temps qu'on la corrige, ça veut dire qu'on diminue les subventions de
péréquation de certaines commissions scolaires là. Elles
n'y avaient pas droit, littéralement. Ce n'est pas des véritables
pertes que font ces commissions scolaires. C'est peut-être des revenus en
trop qu'elles encaissaient depuis déjà quelques années en
raison d'une formule qui ne produisait pas toujours des fruits
équitables. Ça permet de redresser..
La formule qu'on propose n'est pas la perfection. La perfection, je vais
vous dire ce que ce serait: Ce serait une formule qui serait
décidée entièrement de Québec; on ferait une
espèce de normalisation complète, les commissions scolaires
n'auraient plus un mot à dire dans la fixation de leur taux de taxation.
On est capables de faire ça. On a les ordinateurs pour le faire. On ne
veut pas le faire et on trouve que la taxation foncière se
présente en des données très différentes suivant
qu'on est dans des centres urbains ou dans des centres éloignés
des grandes régions urbaines, pour toutes sortes de raisons. Mais on
pourra discuter à son mérite la formule qu'on a proposée.
Elle est incorporée dans le projet de loi en toutes lettres.
Tout ça a été l'objet de calculs de toutes sortes,
a été conçu finalement de manière à faire en
sorte, encore une fois, qu'aucune commission scolaire ne perde de revenus et de
manière que la marge de manoeuvre de l'ensemble des commissions
scolaires soit accrue d'au moins 40 000 000 $ à compter de 1990-1991 Le
gouvernement, de son côté, en considérant ce qu'il donnera
en plus pour la péréquation, en considérant les sommes qui
seront injectées dans les
subventions de transition, verrait ses subventions aux commissions
scolaires diminuées pour l'année 1990-1991 de 191 000 000 $ et,
pour l'année suivante - ça, ce sont les chiffres que j'avais
donnés dès le début, dès qu'on est allés en
comité plénier au salon bleu pour le premier débat sur les
crédits; j'avais donné ces chiffres-ià - en année
de croisière, après la première année, de 272 000
000 $.
Ça, ça permet, encore une fois, de dégager des
ressources pour d'autres secteurs comme la santé, la culture, les autres
services gouvernementaux, de maintenir le déficit du gouvernement
à un niveau relativement modeste. Si on pense qu'il va augmenter cette
année de 100 000 000 $ - avec l'économie, il va quand même
connaître une certaine augmentation - ça veut dire que, à
toutes fins utiles, on continue à garder sous contrôle
serré la ponction que les dépenses publiques exercent sur
l'économie. Ça, c'est un point de fond. Tous les gouvernements
des pays développés, aujourd'hui - il ne faut pas s'imaginer que
le Québec est différent des autres - tous les gouvernements des
pays développés, par le jeu de la concurrence qui
s'accroît, par le jeu du développement
accéléré des pays qui avaient du retard a rattraper, sont
obligés de se serrer la ceinture, de couper leurs dépenses, de
contraindre leur déploiement en matière de programmes de
manière beaucoup plus serrée, parce que les déficits
qu'ils encouraient ces dernières années devenaient de plus en
plus ruineux pour leur population.
L'exemple principal le plus connu, c'est évidemment celui des
États-Unis, mais peut-être qu'un des exemples les plus aigus est
celui du Canada. Le Canada a un problème très aigu de ce
côté-là et, dans l'ensemble des provinces, le Québec
n'est pas celui qui fart meilleure figure. Vous savez comme moi, en
matière d'endettement, que nous venons tout de suite au deuxième
ou troisième rang de l'ensemble des provinces du Canada. Nous avons une
économie qui a ses points forts, qui a ses faiblesses également
Mais le gouvernement se dit que, en ramenant l'effort gouvernemental a une
taille plus contrôlée, plus mince, sans enlever les choses
essentielles, en demandant aux citoyens de porter une responsabilité un
peu plus grande, il va faire une meilleure job pour la population.
Je termine, Mme la Présidente. L'effort que ceci va demander au
contribuable, il pourra l'apprécier diversement, mais nos services
établissent que, pour une propriété unifamiliale moyenne,
l'effort fiscal additionnel qui sera requis sera de 100 $. Ça peut
être 125 $ à un endroit, 150 $ à l'autre À
Westmount, c'est là que ça va probablement être le plus
élevé, dans le West Island. Je n'ai pas reçu de
protestation de Westmount et du West Island. Je le dis pour l'honneur du
député de Jacques-Cartier, qui est ici. Je pense que
peut-être que. Pardon?
Mme Blackburn: Entre ça et La Neigette...
M. Ryan: Je le sais bien. Mais, quand même, pour eux autres
l'augmentation va être de l'ordre de 300 $, 400 $, 500 $. Ça va
être pas mal plus élevé. Je n'ai pas fait les calculs pour
chaque maison. J'ai fait faire des calculs pour une maison unifamiliale de
valeur moyenne. Dans Test de Montréal, par exemple, l'augmentation va
être d'à peu près 100 $. Prenez le comté de
LaFontaine, le comté de Bourassa, le comté...
Mme Blackburn: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
poser...
Une voix: Non, non, non.
M. Ryan: Non. Regardez, je vais finir.
Mme Blackburn: ...au ministre une question
complémentaire?
M. Ryan: Je vais finir mon exposé.
Mme Blackburn: Parce qu'il a donné des bonnes
explications. Je vous donnerais le consentement pour...
M. Ryan: Regardez, après ça.
La Présidente (Mme Harel): Là, il y a un
consentement, présentement, pour que le ministre poursuive.
Mme Blackburn: Oui. Mais c'est seulement dans le
prolongement.
La Présidente (Mme Harel): Le ministre veut-il conclure
à ce moment-ci ou s'il y a toujours consentement pour qu'il
poursuive?
Des voix: Oui, oui.
M. Dufour: C'est intéressant.
M. Ryan: Je veux ajouter juste un dernier point En plus de ce qui
a été dit jusqu'à maintenant, il ne faut pas oublier les
mesures qu'a annoncées le ministre des Finances dans son exposé
budgétaire concernant les remboursements d'Impôt foncier.
L'impôt foncier comportait déjà un remboursement pour des
contribuables à revenus modestes. Je n'ai pas les chiffres Ici, mais il
y en a plusieurs milliers qui avaient accès à ce remboursement.
En procédant à l'ajustement dont nous parions, le gouvernement a
prévu une amélioration sensible du niveau d'accessibilité
à ces remboursements d'impôt foncier qui valent non seulement pour
le propriétaire d'une maison unifamiliale, mais également pour le
locataire.
Mol, je suis locataire et mon propriétaire me remet à
chaque année une formule de remboursement d'impôt que je ne
remplis pas,
évidemment. Je la mets au panier parce que ça ne
s'applique pas dans mon cas. Mais, quand c'est un contribuable à revenus
très modestes, il a le droit môme comme locataire à ce
remboursement-là. Ça, ça va jouer ici pour avoir des
projections un petit plus tard du ministère des Finances quant à
l'ampleur de l'impact qu'auront ces mesures. Mais je souligne ceci pour
indiquer que le gouvernement a également pensé, en concevant
cette mesure, à l'impact qu'elle pourrait avoir sur les petits
retraités, sur les foyers à revenus très, très
modestes, qui ont besoin de leur argent pour financer leur maison. On ne
voudrait pas qu'ils fussent contraints de s'en défaire à cause de
ces charges nouvelles qui pourraient peser sur eux. Ce ne sera pas le cas. Avec
les mesures annoncées, le petit contribuable aura droit à un
remboursement qui annulera l'augmentation de taxes dont sa maison aurait pu
être l'objet.
Voilà, Mme la Présidente, ce qui explique, je pense,
l'économie du projet de loi au plan financier, qui est vraiment central
dans ce cas-ci. J'ajoute l'autre dimension pour les commissions scolaires.
Elles étaient rendues à un point où elles tiraient 92 %
à 93 % de leurs revenus de subventions gouvernementales. Je les
félicite de s'être rendu compte qu'à ce régime elles
étaient condamnées à devenir de plus en plus
dépendantes du gouvernement. Et, je ne sais pas si le mot est
français, les girations, les variations de la politique et même de
l'attitude gouvernementale, elles les ont soulignées à plusieurs
reprises; nous avons été sensibles à cette critique qui
nous était adressée et notre analyse nous a conduits très
rapidement à conclure que, si le degré de dépendance des
commissions scolaires était devenu aussi élevé,
c'était attribuable au régime institué en 1979 par la loi
57. C'est à cette loi que remonte l'évolution qui a accru
continuellement la dépendance des commissions scolaires à
l'endroit du gouvernement.
Il y en a qui ont dit: Oui, mais.. Je me rappelle, il y avait M. Chagnon
qui était président de la Fédération des
commissions scolaires, lorsque nous étions dans l'Opposition, puis il
venait faire ses démonstrations devant le gouvernement; il disait:
Ça nous prend plus de revenus, les commissions scolaires, on ne peut pas
rester comme ça. Je me rappelle, je lui disais: Est-ce que vous avez une
autre source fiscale à proposer que l'impôt foncier? Il n'a jamais
été capable de répondre. La Fédération des
commissions scolaires n'était pas capable, c'est la seule source qui
pouvait être envisagée. Ce n'est pas pour rien... Ceux qui nous
ont précédés étaient bien plus intelligents et
réalistes qu'on ne l'a laissé entendre souvent, à travers
toutes les transformations radicales qui ont été faites depuis 20
ans. On les a fait passer pour une bande de fous. Ils étaient
très intelligents, ceux qui nous ont précédés. Moi,
je l'ai toujours dit, quand on pariait de la Loi sur l'instruction publique,
j'ai toujours traité cela avec vénération. Si on a fait
des changements, je pense que ça a été sans en
altérer l'esprit et l'économie fondamentale.
Puis, contrairement à ce que disait la députée de
Chicoutimi, c'est faux qu'on ait dépouillé les commissions
scolaires de toute possibilité d'initiative pédagogique, au
contraire. Au contraire, nous avons donné aux commissions scolaires une
marge beaucoup plus grande que celle dont elles disposaient auparavant en
matière d'Initiative pédagogique. Quand on voudra faire le
débat là-dessus, on pourra le faire n'importe quand.
Je termine. Les commissions scolaires nous disaient ça. On voyait
monter, 1990, 1991, 1992, ça aurait été jusqu'en 1994,
1995. Les seules possibilités, c'était du côté que
je viens d'indiquer. Puis, s'il y en a qui ont d'autres solutions, qu'ils nous
le disent. On a fait le tour, on a tout regardé. Alors, il fallait
redistribuer l'impôt foncier de manière quelque peu plus
équitable. La ponction qui sera faite avec la loi 69 lorsqu'elle sera en
application permettra de porter la part des commissions scolaires dans
l'impôt foncier... Je pense que ça va être entre 10 % et 15
%, alors qu'actuellement ça doit être autour de 5 %. Ce n'est pas
énorme, la grosse prépondérance reste du côté
municipal et c'est la conviction du gouvernement que ça doit rester
ainsi.
Et moi, je peux vous le dire, moi-même, tout le monde le sait,
j'ai un frère qui est maire, puis j'apprécie
énormément le travail que font les édiles municipaux. Je
lui sais gré de ne m'avoir jamais ennuyé avec ce projet de loi
ci, parce qu'on est trop bons frères pour mêler les liens de
famille avec les rôles politiques de chacun. Mais je peux vous assurer
que moi j'ai tout intérêt, comme homme politique, à ce que
les finances des municipalités soient saines et solides Mais là
il y avait une marge.
Je vous donne juste un petit exemple, si vous le permettez. C'est bien
beau de faire du pathos, mais, à un moment donné, il va falloir
qu'on se mette à table, qu'on parle à partir de chiffres
sérieux. Il y a un article qui a paru dans le journal Les Affaires,
il y a à peu près un mois ou deux, comparant les niveaux de
rémunérations dans les conventions collectives des
municipalités puis dans celles du gouvernement et du secteur public
provincial. Qu'est-ce que vous pensez qu'on a établi, Mme la
Présidente? Vous le savez. Il y a un écart d'à peu
près 20 % à 25 %. Puis là, je suis modeste. À un
moment donné, il faut bien qu'on partage les charges également,
quand même, il faut bien qu'on vise à un peu plus
d'équité. Je veux bien que M X ou M Y vienne me faire une
homélie. Je réclame seulement le droit de lui répondre,
avec des chiffres et des faits. Des chiffres, on en a en masse, mais tout ceci
pour illustrer...
Je suis content que le député de Jonquière
soit ici parce que moi, je considère que c'est un homme
sérieux Je l'ai vu agir comme président de l'Union des
municipalités, je l'ai vu agir comme maire de Jonquière, je l'ai
vu agir comme député; je pense qu'on est capables de se respecter
sans nécessairement partager les mêmes opinions sur tous les
sujets. C'est pour ça que j'apporte \e plus d'éléments
factuels et statistiques possible pour essayer d'infléchir son bon
jugement, sachant que son souci d'équilibre doit le rendre très
préoccupé, autant par la santé des commissions scolaires
que par celle des municipalités.
Voilà quelques éléments qui, à mon point de
vue, permettent de situer le débat dans son juste contexte et qui nous
permettent, à nous du gouvernement, de soutenir avec vigueur que le pas
que nos proposons doit être franchi et qu'il contribuera à mettre
plus de santé dans nos institutions locales, sans rien enlever, dans
l'immédiat - je le répète, parce qu'on m'avait
interpellé là-dessus tantôt - aux municipalités. La
marge qui sera donnée aux commissions scolaires n'est pas
utilisée actuellement. Il restera encore une bonne marge par rapport
à l'Ontario et aux provinces comparables. Nous ne voulons pas qu'elle
soit utilisée au complet, ce serait un très mauvais principe.
Mais je pense qu'il reste de la marge pour l'équilibre. Le
gouvernement vient de créer un comité de ministres pour regarder
cette question-là. Je suis très heureux qu'on ait invité
le ministre de l'Éducation à siéger à la même
table avec le ministre des Affaires municipales, le ministre des Finances et le
ministre qui préside le Conseil du trésor; je pense qu'ensemble
et en concertation avec nos partenaires respectifs du monde municipal et du
monde scolaire nous allons réussir à établir les
éléments d'un cadre de travail qui nous permettra de fonctionner
dans un esprit de collaboration et de saine complémentarité
pendant longtemps. Voilà ce qui est derrière ça. Merci.
(17 h 30)
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, si vous permettez, je pense qu'il y aurait
consentement, si le ministre acceptait de répondre à la question
suivante. À la suite des coupures dans le salaire des fonctionnaires,
est-ce que le ministre peut nous dire s'il serait en mesure actuellement de
corriger les injustices commises apparemment à l'endroit des
professeurs? Et combien ça coûterait dans le trésor public
si on n'avait pas effectué ce resserrement? S'il y a eu une injustice,
est-ce qu'on serait en mesure de la corriger? Combien ça nous
coûterait?
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Chicoutimi, si je comprends bien, vous invoquez l'article 213.
Mme Blackburn: Non, c'est vraiment... La Présidente
(Mme Harel): C'est ça?
Mme Blackburn: Oui, mais c'est vraiment dans le prolongement des
informations que nous a données le ministre puis que j'ai
écoutées avec beaucoup d'attention, parce qu'on parlait tout
à l'heure de marge de manoeuvre qui avait été ainsi
créée. D'abord, quelle marge de manoeuvre on a
créée? Et aujourd'hui est-ce que ce gouvernement pourrait revenir
sur cette décision?
La Présidente (Mme Harel): Alors, en vertu de l'article
213, il s'agit de demander la permission d'abord...
Mme Blackburn: Oui.
La Présidente (Mme Harel): ...et de formuler la question
ensuite. Si j'ai bien compris, vous aviez formulé à la fois la
question...
Mme Blackburn: La question et demandé l'autorisation.
La Présidente (Mme Harel): ...dans une demande de
permission. Est-ce que vous considérez vouloir répondre à
cette question, M. le ministre?
M. Ryan: Oui, volontiers, pour indiquer en partie que je serais
incapable de répondre, mais pour donner des éléments de
réponse en même temps aussi. Là, je n'ai pas le montant
exact que représentait la ponction effectuée en 1982. Pour
l'ensemble du secteur public, je crois que c'était au-delà de 1
000 000 000 $, si mes souvenirs sont bons. Pour le secteur de
l'éducation, je ne pourrais pas dire au juste. Maintenant, la politique
du gouvernement, ça a été de ne pas revenir
là-dessus. C'est une décision qui a été prise
à l'époque, qui a continué. Il y en a qui ont perdu
l'équivalent d'une année d'augmentation avec ça. Il y en a
qui n'ont pas monté de degré pendant une année, comme on
le sait. Des demandes ont été présentées pour qu'on
rétablisse ce degré qui avait été perdu dans
l'échelle. Mais les syndicats n'ont pas insisté
spécialement là-dessus lors des dernières
négociations; encore lors de la dernière ronde, ils n'ont pas
insisté particulièrement là-dessus. Ils ont insisté
bien davantage pour obtenir des améliorations dans les conditions de
travail qui permettraient d'assurer un meilleur climat pour la bonne marche des
écoles. C'est dans cet esprit que nous avons consenti les nombreuses
améliorations que j'ai eu l'occasion de résumer lors de la
présentation des crédits du ministère. On se souvient des
chiffres que j'ai donnés à ce moment-là. L'ajout de
ressources dans le secteur de l'enseignement
pour l'amélioration des services proprement éducatifs est
considérable... Le montant exact, vous en souvenez-vous, M. Paquet?
L'ajout de ressources découlant des conventions collectives des
enseignants? 77 000 000 $, ça c'est pour une année
évidemment, mais c'est récurrent.
Mme Blackburn: Moi, j'essaie de voir ce que ça aurait
donné, le tableau.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Chicoutimi, je crois que nous devons, à ce moment-ci de nos travaux,
terminer la période qui est impartie aux remarques préliminaires,
à moins qu'il n'y ait consentement de part et d'autre pour poursuivre
cette période. Oui, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'attendais, si ce consentement...
Mme Blackburn: C'est souvent un reproche qu'on nous fait, puis,
dans le fond, ce que je voudrais comprendre...
La Présidente (Mme Harel): Attendez, Mme la
députée de Chicoutimi. Alors, y a-t-il consentement?
Une voix: On va consentir.
Mme Blackburn: Alors, moi, je voudrais savoir comment on pourrait
gérer, actuellement, aujourd'hui, au moment où on se parle, en
1990-1991, si on n'avait pas pris ce genre de décision qui
n'était certainement pas, à l'époque,
élec-toraliste, puisqu'on a perdu une partie de nos clientèles;
alors, je voudrais savoir qu'est-ce que ça pourrait représenter
pour les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur si on n'avait pas effectué ce mouvement qui a fait mal
à beaucoup de gens au Québec. Parce qu'on nous fait souvent le
reproche suivant: Vous n'êtes pas pareils, vous avez coupé 20 %
C'est vrai que ça été grave. Je voudrais juste savoir quel
serait le portrait du budget du Québec et de son économie si on
n'avait pas fait ça.
La Présidente (Mme Harel): La question étant
posée... De deux choses l'une, ou bien on a été trop
généreux, ou bien on ne l'a pas été assez. Mais
dans un cas comme dans l'autre on ne peut pas avoir deux discours. Il faut que
vous choisissiez.
M. Ryan: Là, je ne peux pas répondre à cette
question. Je n'ai pas un montant... Tout ce que je vous dirais serait de la
pure spéculation de ma part. Je pense que ça ne conduirait pas
à de la précision. Je peux demander qu'on l'établisse et,
si on peut l'établir, on le fournira volontiers.
Mme Blackburn: Et vous en informez le député de
Rimouski
M. Ryan: C'est entendu. Mme Blackburn: Merci.
M. Ryan: C'est entendu, toujours en premier, c'est mon adjoint
parlementaire. N'oubliez jamais ça.
La Présidente (Mme Harel): Son lieutenant le plus
fidèle, faut-il comprendre?
M. Ryan: Pardon?
La Présidente (Mme Harel): C'est votre lieutenant le plus
fidèle?
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, vos remarques
sont un peu désobligeantes à mon égard; tenez-vous en
à la...
La Présidente (Mme Harel): Ha, ha, ha! Je croyais que
c'était un compliment.
M. Ryan: Nous vivons dans un univers de
fidélité
De« voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Abitibi-Ouest, dois-je comprendre que nous avons terminé
l'étape des remarques préliminaires?
M. Gendron: En ce qui concerne l'Opposition officielle, oui.
La Présidente (Mme Harel): Et du côté
ministériel également. Avant d'entreprendre l'étude
article par article, je vous invite à prendre la parole
M. Gendron: Oui, à ce moment-ci, Mme la Présidente,
avant d'entreprendre l'étude article par article, je voudrais faire la
motion suivante que je vous présente. Je la lis et, après, je la
déposerai aux membres de cette commission. Je propose qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission permanente
de l'éducation tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende une des parties les plus
concernées, à savoir l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec, que nous appelons communément l'UMRCQ. J'ai des copies
pour les membres...
La Présidente
(Mme Harel): Je vais demander au
secrétaire de faire la distribution de cette proposition de motion
préliminaire.
D'abord, y a-t-il des remarques quant à la recevabilité de
cette motion?
M. Gendron: Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme Harel): M. le
député, vous en êtes le proposeur; s'il n'y a pas de
remarque...
M. Gendron: C'est ça. À sa face môme, il me
paraît...
La Présidente (Mme Harel): sur la recevabilité, je
vais statuer.
M. Gendron: C'est ça, si vous êtes prête
à statuer, je n'ai pas de plaidoirie additionnelle à vous faire
sur la recevabilité.
La Présidente (Mme Harel): À sa lecture, elle
m'apparaît évidemment recevable. Avant de vous donner la parole,
je vous rappelle qu'une motion préliminaire étant une motion de
forme le proposeur qui la présente, en l'occurrence vous-même,
dispose de 30 minutes, de même que le ministre, et les autres membres qui
peuvent s'exprimer sur la motion ont chacun 10 minutes à leur
disposition.
Je vous invite donc à présenter votre motion, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Motion proposant la tenue de consultations
particulières avec l'UMRCQ
M. François Gendron
M. Gendron: Effectivement, Mme la Présidente, je viens de
distribuer la motion dont tous les membres de cette commission ont eu
l'occasion de prendre connaissance. La raison principale pour laquelle je l'ai
faite, d'abord, c'est parce que je voudrais vous lire un
télégramme que M. le ministre a reçu. Et, comme l'UMRCQ
sait faire les choses, elle a envoyé également copie de ce
télégramme, au critique de l'Opposition officielle. Le
télégramme disait tout simplement. "M. le ministre de
l'Éducation, dans le cadre de l'étude article par article du
projet de loi 69 - c'est ce à quoi nous sommes conviés par un
ordre de la Chambre - modifiant la Loi sur l'instruction publique, l'UMRCQ
souhaiterait être entendue et faire valoir le point de vue de ses membres
devant la commission parlementaire de l'éducation. "Espérant que
vous répondrez positivement à cette requête, je vous prie
d'agréer, M. le ministre, l'expression de mes sentiments les plus
distingués".
C'est signé: "Le président de l'UMRCQ, M. Roger Nicolet,
Sainte-Foy, 8 juin 1990".
Alors, j'estime qu'il serait légitime d'entendre un des deux
organismes les plus touchés par cette nouvelle disposition, puisqu'il
faut se rappeler que l'UMRCQ était également cosignataire d'une
longue lettre, après s'être rendu compte que le ministre des
Affaires municipales avait le mandat de les avoir, si vous me permettez
l'expression, entre guillemets, depuis le début de novembre, dans un
décret ministériel. Depuis le 6 novembre, le ministre avait le
mandat de les rouler et de les rouler haut et fort. Ces gens-là, ce
n'est que le 14 mai 1990 qu'ils ont décidé d'envoyer une lettre
au premier ministre disant: Écoutez, puisque le ministre des Affaires
municipales ne semble plus être le défenseur de notre cause, on va
s'adresser au premier ministre. Je voudrais vous lire la lettre de l'UMRCQ,
signée conjointement par l'UMQ, qui expliquait les raisons pour
lesquelles ces gens étaient déçus et touchés par
cette situation-là. "Les organismes représentant le monde
municipal ont tenu récemment des rassemblements de leurs membres afin de
les informer et de les consulter sur le contentieux qui les sépare du
gouvernement du Québec au sujet de la fiscalité locale. " Je vais
continuer, mais je voudrais juste ouvrir une parenthèse, une modeste
parenthèse. Le ministre, il est correct, mais il dit les choses avec ses
lunettes, comme je le fais avec les miennes, ça veut dire sous l'angle
qu'il veut bien. Dans le décret du Conseil des ministres, quand il
disait tantôt, au paragraphe 8 - puis il demandait le document à
ma collègue, la députée de Chicoutimi - de confier au
ministre des Affaires municipales, en concertation avec le ministère des
Finances et le président du Conseil du trésor, le soin de
présenter, d'ici le 1er avril 1990, un projet de réforme du
financement municipal, je regrette, il a le droit, lui, comme membre du Conseil
des ministres, de dire que ça, ça voulait dire que c'était
pour les années postérieures, que ce n'était pas pour
l'année en cours. Il a le droit de dire ça, mais moi, j'ai le
droit de vous dire que c'est la première année qu'on fait
l'inverse de ce qu'on a toujours fait depuis que je suis en Chambre: on
déposait les crédits budgétaires, on les étudiait,
puis, après avoir étudié les crédits
budgétaires, suite aux lamentations de l'Opposition - lamentations
correctes parce qu'on est collés sur la réalité-Une
voix: Non, non...
M. Gendron: Oui, oui. Oui, oui. Je l'emploie volontairement,
aussi, puis je suis capable d'employer les termes que je veux
volontairement.
Suite aux lamentations des députés de l'Opposition, parce
qu'on est collés sur la réalité du monde, puis on
rencontre notre monde, qu'est-ce qui arrivait comme situation? Il arrivait
souvent comme situation que, là, le discours sur
le budget était prononcé par la suite, comme ça a
toujours été, pour essayer de faire accroire que ce
gouvernement-là avait un peu de sensibilité, un peu de
réflexe de sensibilité II disait: Écoutez, on a vu les
crédits, puis, lors des crédits, le budget du Fonds de
développement régional n'est que de 10 000 000 $. Et là,
je me rappelle, j'ai vécu ça, moi; j'ai vécu ça au
moins trois ans de file. Le ministre des Finances, le soir, avec des souliers
propres, des souliers bien reluisants, neufs, avait un ton haut et fort,
disant: Étant à l'écoute des députés
ministériels, étant à l'écoute de notre population,
iI me fait plaisir d'annoncer qu'à partir de minuit ce soir ce n'est pas
10 000 000 $, comme vous avez vu aux crédits. II y a un mois et demi,
qu'il faut lire au développement régional, mais c'est 30 000 000
$. Combien de fois les membres de ce côté-ci, puis, si on n'avait
pas affaire à des tout jeunots de l'autre côté, on saurait
qu'ils ont entendu la même chose... Je parle en termes
d'expérience parlementaire. Mais le député de LaFontaine,
ça fait quand môme quelques années qu'il est ici, il a
sûrement entendu ça. On a vécu ça année
après année. Le "show must go on". Excusez l'expression, mais, au
discours sur le budget, pour montrer que les crédits, ça ne
voulait rien dire... C'est tellement vrai qu'on est obligé... Objection,
M. le Président.
M. Dufour: C'est la loi de Dieu.
M. Gendron: Ah! excusez, je pensais que vous aviez une question
de règlement.
Alors, c'est tellement vrai, ce que je raconte, que, à combien de
reprises on a été obligés de faire des scènes, Mme
la Présidente, lors des commissions parlementaires étudiant les
crédits, parce qu'on se rendait compte qu'on ne savait pas ce qu'on
étudiait. On ne le savait pas, ce qu'on étudiait. On disait.
Est-ce que c'est les crédits vrais ou c'est ceux qu'on verra au discours
sur le budget? Puis, on se faisait répondre. Ah! Attendez, vous verrez
au discours sur le budget. Ce "show"-là, on se l'est fait faire à
chaque année, puis il n'y a pas d'autre expression. C'est de même
que ce gouvernement-là dirige. (17 h 45)
Cette année, ils ont dit: On fait l'inverse. Cette année,
on fait l'inverse, pour la première fois en 14 ans. Alors, quand le
ministre me dit: Écoutez, le 8, ça, ça voulait dire a
posteriori - je répète, il a le droit de dire ça, iI
siège au Conseil des ministres - moi, J'ai le droit de dire, quand je
lis ça... Parce que le ministre le savait, écoutez bien, le
ministre le savait depuis le 6 novembre, et c'est ça qui n'est pas
correct dans les faits. Quand je connais un fait depuis le 6 novembre puis que
je reçois le mandat de préparer quelque chose le 6 novembre,
est-ce que c'est normal que, quatre mois plus tard, je sois en mesure d'avoir
une proposition? Moi, ma réponse, c'est oui - sur une question comme
ça - moi, ma réponse, c'est oui. Quelqu'un d'autre, l'autre bord,
peut dire: Non, ce n'est pas assez, ça prenait plus de temps que
ça. Mais je répète que j'ai le droit de penser que, le
ministre des Affaires municipales étant informé, dans un
décret du gouvernement le 6 novembre, qu'il y avait lieu de
préparer un dossier pour réformer, un projet de réforme de
financement municipal - moi, je poursuis - il aurait très bien pu, le
1er avril, arriver avec une nouvelle proposition et la nouvelle proposition
aurait pu être prise en compte dans le discours sur le budget du ministre
des Finances, s'il l'avait voulu. Mais ce n'est pas ça qu'il voulait. Le
6 novembre, est-ce que le ministre des Finances voulait une nouvelle
proposition? Réponse: non. Le 6 novembre, la décision
était prise, c'est écrit, c'est un décret. Alors, le 6
novembre, le ministre des Finances et le ministre de l'Éducation
savaient très bien qu'ils "clencheraient" les municipalités et
l'UMRCQ de la façon qu'ils le voulaient, avec les montants qu'ils
voulaient, puis avec la Justification qu'ils voulaient, Indépendamment
de la volonté du monde municipal.
Alors, je poursuis: "Au terme d'une réflexion importante et de
débats animés, nos membres nous ont demandé de poser tous
les gestes nécessaires en vue de dénouer la crise actuelle au
bénéfice des clientèles que nous servons. La situation
actuelle, qui prend ses origines dans le projet de la fiscalité
scolaire, a progressivement débordé sur deux dimensions plus
larges de la problématique des relations
gouvernement-municipalités. Dans un premier temps, les projets de
décentralisation entretenus par différents ministères
remettent implicitement en cause le partage fiscal entre nos deux paliers de
l'administration publique. "
Et là, je dois m'arrêter quelques minutes. Quand le
ministre de l'Éducation a dit: Oui, nous avons... Puis ça a
été repris par le député de Rimouski. Combien il
était fier de dire: Nous, on a indexé les enveloppes. Nous, on a
mis de l'argent à telle place. Nous, on a mis de l'argent à telle
autre. Bien, j'aimerais bien vous rappeler un document de la
Fédération des commissions scolaires qui s'appelle, en tout cas
dans notre affaire à nous autres, la note 1. Juste une minute... On a le
temps, on n'est pas pressé si, oui, elle est ici dans mes affaires. Dans
la note 1 où le député de Rimouski disait: Écoutez,
nous autres, on a indexé ci puis on a indexé ça, je tiens
à vous rappeler que les gens concernés devraient le savoir, les
commissions scolaires, que vous avez indexé des affaires. Et comment se
fait-il qu'elles aient été obligées, à un moment
donné, de lister une série d'éléments sur lesquels
elles ont des responsabilités accrues mais que, comme par hasard, elles
trouvent qu'elles n'ont pas le fric? Puis, ça, tout le monde comprend,
là, ce n'est pas une revue, là, c'est l'argent. Elles n'ont pas
l'argent qui accompagne
les responsabilités additionnelles. Et elle en a fait pendant
quatre pages, la Fédération des commissions scolaires, quatre
pages: les services complémentaires à l'élève; les
moyens d'enseignement. Je donne un exemple: l'estimation des coûts requis
pour donner le coup de barre qui s'impose afin de relancer les
bibliothèques. Puis ça, on appelle ça des moyens
d'enseignement, des outils pédagogiques nécessaires à une
meilleure qualité de l'éducation.
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais soulever une
question de règlement.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Parce que je crois comprendre que le
député d'Abitibi-Ouest plaide à l'appui de la motion qu'il
a présentée pour que nous acceptions de recevoir les
représentants des deux Unions.
M. Gendron: Oui
M. Ryan: Je serais disposé à proposer que nous
recevions des représentants de ces deux organismes dès ce soir,
l'UMQ à 20 heures jusqu'à 21 heures, l'UMRCQ de 21 heures
à 22 heures, et qu'à compter de 22 heures nous entreprenions
l'étude de l'article 1 du projet de loi 69. Je pense que ça nous
dispenserait de longues dissertations que nous aurons tout le temps voulu pour
faire en temps utile. C'est parce que j'ai vu qu'il y avait des
représentants de ces groupes-là qui étaient dans les
alentours. Il ne faudrait pas que leur visite à Québec soit
perdue non plus, il faudrait qu'on en profite, tu sais. On ne demande pas
mieux.
M. Gendron: Je...
La Présidente (Mme Harel): Juste une seconde, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui.
La Présidente (Mme Harel): Donc, je dois comprendre, M. le
ministre, que vous proposez que nous entendions l'UMQ de 20 heures à 21
heures, l'UMRCQ de 21 heures à 22 heures, mais que cette offre est
conditionnelle au fait que nous reprenions à 22 heures l'étude
article par article du projet de loi 69. C'est bien le cas? M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est ce que j'ai entendu, alors qu'il me semble
qu'il m'appartient... Vous avez bien fait de faire la clarification, Mme la
Présidente. Alors, oui, j'ai reconnu M. Marcoux qui représente
l'UMQ et non l'UMRCQ, je le connais bien. Oui, je suis en train, M. le ministre
de l'Éducation, de plaider sur la motion qui est déposée,
comme c'est mon privilège pendant 30 minutes. Et, comme vous m'avez
envoyé, effectivement, la petite note, en disant: Je serais
disposé à les entendre, et que là vous posez
carrément la question non pas de règlement, parce que ça
n'en est pas une, mais à savoir si j'accepterais votre proposition, la
réponse, c'est que c'est bien clair que j'accepterais de les entendre,
c'est clair, mais je ne peux pas me lier à l'idée que je n'aurai
pas d'autres groupes à entendre. Alors, par franchise, je vous le dis
tout de suite...
Des voix: Ha!
M. Gendron: Oui, mais écoutez, il y a une question
posée, c'est à moi de répondre. Il est clair que moi, si
je veux entendre l'UMRCQ, c'est parce qu'elle est concernée, si je veux
entendre l'UMQ, c'est parce qu'elle est concernée; si vous êtes
disposés à les entendre, je vais cesser de plaider, mais je ne
peux pas me lier à votre motion à l'effet qu'après qu'on
aura entendu ces deux groupes-là je n'aurai pas d'autres gens que je
voudrais entendre, que je n'aurai pas d'autres motions à
présenter.
La Présidente (Mme Harel): Permettez-vous une suspension
pour quelques minutes?
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez m'en-tendre juste une minute
avant?
La Présidente (Mme Harel): Oui, certainement, M. le
ministre.
M. Gobé: II va être 18 heures, Mme la
Présidente.
M. Ryan: Pardon?
La Présidente (Mme Harel): II va être 18 heures.
Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Très brièvement, je voudrais simplement
ajouter que nous consentons à entendre ces deux organismes, étant
donné la place extrêmement importante qu'ils occupent sur
l'échiquier des institutions politiques locales, mais que nous ne sommes
pas disposés à élargir la liste à d'autres
organismes, d'autres ne s'étant point manifestés jusqu'à
maintenant et les principaux ayant eu amplement l'occasion d'être
entendus, sauf ceux-là, pour ce projet-ci. J'ai même reçu,
aujourd'hui, une communication de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec qui ne demandait pas d'être
entendue en audition particulière.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest, je dois vous dire que vous seriez en
droit, selon notre règlement, de demander à la présidence
de revenir à l'interven-
tion que vous nous faites sur votre motion qui est, à ce
moment-ci, d'entendre l'UMRCQ.
M. Gendron: Oui. C'est parce que c'est juste, Mme la
Présidente, que nous autres, en tout cas, on a développé
une façon de travailler, habituellement, qui essaie de clarifier puis de
gagner du temps, et ce n'est pas pour les quelques minutes qui restent que
ça va nuire, ce que je vais dire. Quand le ministre affirme, et c'est
son droit, qu'il ne veut entendre que l'UMRCQ et l'UMQ parce que sont les deux
les plus concernés, il a raison. Lorsqu'il ajoute qu'il n'y a pas
d'autres intervenants qui ont demandé à se faire entendre, il a
tort. Moi, j'ai communiqué avec l'UPA, et l'Union des producteurs
agricoles était d'accord, pas nécessairement pour se faire
entendre, mais pour venir, effectivement, appuyer la position de l'UMRCQ, et
j'ai effectivement des commissions scolaires que mol, comme membre de cette
Opposition et comme critique de l'Opposition officielle, j'ai le droit de
vouloir faire entendre. C'est juste par honnêteté avec la question
du ministre de l'Education qu'il est clair que, moi, je ne peux accepter la
proposition limitative de n'entendre que l'UMRCQ et l'UMQ, parce que je
considère qu'il y a d'autres organismes qui sont aussi concernés
que ces deux-là.
La Présidente (Mme Harel): Vous savez, M. le
député d'Abitibi-Ouest, à ce moment-ci, ce n'est pas une
proposition, ce n'est qu'une suggestion parce que nous sommes au stade de votre
intervention sur la motion qui consiste à proposer d'entendre l'UMRCQ.
Alors, j'ai pris soin de faire calculer le temps qui a été
utilisé sur cette suggestion qui a été introduite par le
ministre. Alors, je vous demanderais donc de poursuivre sur votre motion.
M. Gendron: C'est ce que je fais, Mme la Présidente.
Alors, je poursuis sur ma motion en disant que moi, je souhaite entendre
l'UMRCQ et c'est pour ça que je l'ai déposée Je suis
convaincu que j'avais raison de le faire puisque le ministre - et là,
c'est de l'argumentation - vient de m'indiquer que, si j'étais d'accord
pour n'entendre que l'UMQ et que l'UMRCQ, il serait d'accord. Donc, on est
très "légitimés" de vouloir les entendre et on est
très "légitimés" de le convaincre, de prendre le temps de
le convaincre. Indépendamment de ses exigences. Parce que lui, il a le
droit d'en avoir mais nous, on a un travail à faire de ce
côté-ci de cette Chambre. Et pourquoi je disais qu'il fallait les
entendre? C'est parce qu'ils se sont fait rouler, ils se sont fait avoir, pour
employer des termes propres.
J'en reviens à la lettre qu'ils envoyaient à M. Bourassa
où ils disaient, après les deux premiers paragraphes que j'ai eu
le temps de lire: "Par ailleurs, le sort réservé au pacte fiscal
soulève la question de la pérennité des engage- ments du
gouvernement envers les municipalités" Ça, c'est une question
fondamentale, tous les autres engagements envers les municipalités, ce
qui, Indirectement, implique la nature même du statut des
municipalités dans la structure de l'État. "Pour nos membres,
toute négociation avec le gouvernement doit permettre de répondre
à leurs interrogations les concernant. Nous jugeons donc primordial de
formuler certains prérequis à la reprise du dialogue formel entre
nos deux paliers. À cette fin, nous formulons cinq conditions, à
savoir: la tenue de véritables assises
Québec-municipalités, la publication le plus tôt possible
par le gouvernement de l'ensemble de son projet de décentralisation et
de transfert de responsabilités au niveau local, l'identification par le
gouvernement de sources de financement liées à chacune des
responsabilités, l'inscription à l'agenda de la question du
financement scolaire pour discussion et révision - vous voyez comment.
Ils ne se fiaient pas plus que nous a votre premier ministre l'implication
directe du ministre des Finances et du ministre des Affaires municipales pour
diriger conjointement l'élaboration d'un nouveau pacte fiscal, de
même que la présence, lorsque nécessaire, des autres
ministères concernés tel l'Environnement, l'Éducation, les
Transports, l'Agriculture, etc. "
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Question de règlement, Mme la Présidente,
j'ai fait une suggestion, tantôt, qui demandait une réponse avant
18 heures et je n'ai pas eu la réponse.
M. Gendron: Oui, bien sûr! Je n'avais pas compris
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais inviter le
député d'Abitibi-Ouest à...
M. Ryan: II faudrait que ces organismes-là soient
convoqués. Si nous voulons les..
M. Gendron: O. K. Oui, mais je répète
très..
M. Ryan:.. entendre ce soir, il faut qu'ils soient
convoqués
M. Gendron: Non, non. Vous avez raison, M. le ministre. Mais je
répète. Je l'ai dit clairement haut et fort, et moi je parle
à la Présidente et même la Présidente l'a repris, je
pense. Votre question était liée à l'idée que ce
soient les deux seuls organismes. J'ai répondu: Je suis prêt
à entendre les deux organismes mais je ne peux lier, M. le ministre, pas
juste mes collègues... L'Opposition officielle ne peut se lier à
n'entendre que les deux seuls organismes que vous voulez. Alors, j'ai
répondu: Non. C'est pourquoi
Mme la Présidente m'a redonné la parole en disant:
Continuez votre motion.
M. Ryan: Je vous ai suggéré qu'on entende ces deux
organismes-là. Je vous ai averti de ce que nous ferons, après.
Mais mon ouverture n'était pas liés à une acceptation
littérale de votre part.
Une voix: C'est ça.
M. Ryan: Je veux que ça soit bien clair.
La Présidente (Mme Harel): Alors, doit-on comprendre,
juste avant que nous suspendions pour 18 heures, qu'il y a consentement pour
entendre, de 20 heures à 21 heures, les représentants de l'UMQ
et, de 21 heures à 22 heures, les représentants de l'UMRCQ,
à ce moment-ci?
M. Dufour: Ça ne lie pas.
La Présidente (Mme Harel): Y a-t-il consentement?
M. Gendron: Sans aucun lien.
La Présidente (Mme Harel): C'est-à-dire que...
M. Gendron: C'est ça qu'il faut qu'il soit clair. Si le
ministre dit: Après avoir entendu ces gens-là on commence
l'article 1, la réponse, c'est non, en ce qui me concerne.
M. Ryan: Moyennant seulement une chose. Il faudrait
peut-être qu'on s'entende dès maintenant sur le partage du temps
pour qu'on ne perde pas de temps à débattre ça, ce
soir.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: On pourrait convenir moitié-moitié,
l'Opposition et le gouvernement, peut-être quatre ou cinq minutes pour le
représentant du Parti Égalité.
M. Gendron: Pas de problème.
M. Ryan: Est-ce que ça irait, ça, M. Cameron?
M. Cameron: C'est assez.
La Présidente (Mme Harel): Quand vous dites
moitié-moitié, dois-je comprendre...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): Moi qui aurai à
gérer ce temps sur lequel vous allez vous entendre, dois-je comprendre
que nos invités n'auraient pas un temps pour présenter leur
position mais qu'on procéderait immédiatement avec une
période de questions?
M. Ryan: Regardez, non. Le temps serait réparti comme
ceci: jusqu'à 20 minutes de présentation par l'organisme.
La Présidente (Mme Harel): Très bien.
M. Ryan: Ensuite, 40 minutes ou plus d'échanges avec la
commission, réparties ainsi: kif-kif.
M. Gendron: Moitié-moitié.
M. Ryan: Si c'est 40: 18, 18, 4; si c'est 50: ça sera
proportionnel.
M. Gendron: Oui, oui. Pas de problème.
M. Dufour: Mais c'est une heure par organisme.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Gendron: Aucun problème.
M. Ryan: S'ils font leur présentation en 10 minutes,
ça fait 50 minutes d'échanges.
M. Gendron: C'est ça. À la condition qu'il n'y ait
pas de condition liante pour le reste des travaux.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je suspends...
M. Dufour: II y a peut-être, avant de terminer...
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y a peut-être une question que je veux poser
à M. le ministre. Normalement, ces organismes-là sont
représentés par leur président respectif. Est-ce que c'est
sage et raisonnable de penser que, à moins que je n'aie un avis
contraire, le président de l'Union des municipalités puisse
partir de Mont-Joli et être ici à 20 heures et est-ce qu'on peut
penser que M. Nicolet puisse partir de chez lui et être ici à
temps?
La Présidente (Mme Harel): Ah! ils ne sont pas ici.
Doit-on comprendre qu'ils ne sont pas sur place?
M. Dufour: Bien, moi, je...
M. Gendron: Moi, ce que je comprends du ministre, c'est que
l'invitation leur sera faite et on verra quelle sorte d'indication ces
gens-là
nous donneront à 20 heures.
M. Dufour: O. K. On pourra le mettre de côté et on
reparlera de ça. O. K.
M. Gendron: Après ça, à 20 heures, on
décidera. S'ils ne peuvent pas se présenter tout de suite, on
pourra leur donner un autre moment puisqu'il y a eu acceptation et on
continuera les travaux. Voilà!
M. Ryan: On verra à ce moment-là On ne prend pas
d'engagement sur le restant.
M. Gendron: Mot non plus. M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: C'est ça. On franchira la rivière
rendus au pont.
La Présidente (Mme Harel): Alors nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 19)
La Présidente (Mme Harel): J'invite tous les membres de la
commission à prendre place. Je vais déclarer la séance
ouverte. Avant que nous suspendions nos travaux, à 18 heures, un
consentement avait été donné par les membres de la
commission à l'effet d'entendre les représentants de l'UMQ de 20
heures à 21 heures et de l'UMRCQ de 21 heures à 22 heures. Alors,
je vous demanderai, M. le secrétaire, de nous faire rapport sur cette
question.
Le Secrétaire: C'est qu'en communiquant avec les
organismes concernés on m'a indiqué que ni l'un ni l'autre n'est
disponible ce soir. L'UMQ ou son président, M. Desrosiers, sera
disponible à partir de 15 heures demain, tandis que M. Nicolet,
président de l'UMRCQ, sera disponible à partir de 10 heures
demain matin.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, M. le
secrétaire. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, ça me dérange
passablement, ce que vient de nous communiquer le secrétaire de la
commission; pas moi personnellement, parce qu'un délai de plus ou de
moins me serait agréable, de toute manière Mais, étant
donné l'échéancier des travaux que nous devons accomplir
d'ici la fin de la session, Mme la Présidente, je ne pense pas que, du
côté gouvernemental, nous puissions accepter ce délai. Dans
ces circonstances, je dois m'en tenir à ce qui a été
proposé avant le souper et demander que les organismes qui aimeraient
être entendus par la commission transmettent un mémoire à
la commission dans les meilleurs délais, pour que chaque membre puisse
en prendre connaissance et rencontrer ces gens-là au besoin. Mais je ne
crois pas que l'échéancier très serré auquel nous
devons faire face d'ici la fin de la présente session, qui approche
à grands pas, nous permette d'étaler sur une période aussi
prolongée le temps qui aurait pu être consacré à
l'audition de ces groupes. Je réitère encore une fois
l'invitation que je leur adresse de nous transmettre des mémoires sur
les points de vue dont ils veulent nous saisir. Ils pourront rencontrer, du
côté gouvernemental, mes collaborateurs à la fois
politiques et administratifs, leur transmettre toutes les précisions
qu'ils voudront. Ils sont absolument libres de faire leurs contacts avec
l'Opposition, mais je ne pense pas que, comme commission, nous puissions
employer à ces rencontres le temps que ça prendrait pendant la
journée de demain.
La Présidente (Mme Harel): Sur le même sujet, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ah! bien, sur le même sujet, je déplore
le fait que le ministre de l'Éducation prétende que... Imaginez,
il est 20 h 25, puis ces gens-là étaient disponibles, une partie
en tout cas, pour être ici demain matin à 10 heures et une autre
partie demain après-midi Alors, je ne partage pas, évidemment, le
point de vue du ministre a l'effet que ça aurait retardé
indûment nos travaux, mais, conformément à ce que nous nous
étions dit, si le ministre fait ce choix-là, c'est son
privilège, mais le mien, c'est de continuer mon intervention pour
solliciter que cette commission puisse recevoir l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec parce
qu'elles sont touchées et parce que le gouvernement a choisi de les
toucher d'une façon que je veux dénoncer
La Présidente (Mme Harel): Alors, je dois donc comprendre
que nous reprenons nos travaux là où nous les avons
laissés avant la suspension de 18 heures, c'est-à-dire au moment
où le député d'Abitibi-Ouest intervenait sur sa motion
préliminaire à l'effet d'entendre l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec Je vais vous demander, M. le
secrétaire, de nous indiquer quel est le temps qui est encore à
la disposition du député d'Abitibi-Ouest pour terminer son
intervention.
Le Secrétaire: II lui reste 17 minutes et 30 secondes.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais donc demander au
député de compléter la présentation de sa
motion.
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente.
Alors, c'est avec beaucoup de plaisir que je continue l'intervention que
j'avais commencée parce que j'ai la ferme conviction que, si le
gouvernement avait eu plus de souplesse, une attitude plus ouverte,
contrairement à ce qu'on entend parfois, on aurait
bénéficié d'un éclairage intéressant et en
aurait peut-être appris des choses. C'est peut-être ça.
Souvent, pour travailler convenablement comme parlementaires, II est important
de savoir dans quelles conditions se sont prises certaines décisions ou
se sont faites certaines opérations. En ce qui nous concerne, on trouve
que c'est peut-être l'opération la plus mal conduite, la plus
irrévérencieuse que le gouvernement ait menée depuis
longtemps avec le monde municipal, et je vous l'indiquais en me
référant à son décret.
Quand on sait qu'un gouvernement, le 6 novembre, mandatait un ministre
des Affaires municipales pour procéder à une réforme d'une
fiscalité et que les concernés sont obligés de communiquer
avec le premier ministre six mois plus tard, c'est qu'il y a eu de la cachette,
c'est qu'il y a eu de la tromperie, c'est qu'il y a eu une volonté
manifeste de procéder coûte que coûte et que les
décisions étaient déjà prises.
Je tiens à vous indiquer, d'ailleurs, que c'est probablement ce
que l'Union des municipalités du Québec m'aurait confirmé,
parce que je connais le processus gouvernemental, pour avoir eu la chance de
représenter fidèlement et le mieux possible les électeurs
du beau comté d'Abitibi-Ouest depuis bientôt 14 ans; et je sais
que ce qu'on appelle communément la revue de programmes, qui permet de
fermer les crédits budgétaires, c'est une opération qui se
termine très tôt en janvier, compte tenu du délai
d'impression: six mois de délai d'impression. On peut donner, dans
certains cas, de l'extension jusqu'à la fin de janvier, début de
février, mais, même si c'était exact ce que je viens de
vous dire, comme extension, dans le présent cas, ce n'eût
été d'aucune utilité puisque le décret du 6
novembre disait clairement: Vous avez, M. le ministre, le mandat de
présenter une nouvelle proposition avec le monde municipal pour aller
chercher des millions dont nous estimons que nous ne disposons pas.
Là-dessus, je voudrais revenir, parce que j'ai été
très, très attentif, sur les chiffres que le ministre a voulu
nous donner, en nous disant: Écoutez, il est peut-être bon de
rappeler certains chiffres. Je les avais notés, justement, à
l'endos de la lettre de la Fédération des commissions scolaires.
Parce qu'il disait tantôt que la Fédération des commissions
scolaires n'a pas demandé d'être entendue, je le sais. La
Fédération, peut-être, est heureuse, mais certains de ses
membres le sont moins. De toute façon, M. d'Anjou avait la gentillesse
de me faire parvenir, le 11 juin, copie d'une lettre qu'il a envoyée
à M. Ryan, le 11 juin. Une lettre du 11 juin, ce n'est pas iI y a six
mois. Dans la lettre du 11 juin, ne pensez pas que M. d'Anjou, qui est un
allié naturel - et c'est son droit le plus strict - du ministre del'Éducation, n'y allait que de louanges. Il disait dans cette
lettre, quand même très claire, très explicite, de huit
pages, qu'il y aurait lieu d'apporter des amendements. On n'est pas rendus
là. II disait que la marge de manoeuvre était Insuffisante. Il
disait que ça créerait certaines iniquités et,
précisément, il mentionnait qu'à certains endroits. II y
aurait lieu d'apporter des amendements précis a certains articles. De
même, il informait que le Conseil de l'île, selon eux, devrait
continuer à percevoir la taxe scolaire qu'il impose pour être
capable de la répartir comme ils l'ont toujours fait.
Mais dans sa lettre au premier ministre, l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec,
pourquoi elle était si agressive et M. Nicolet, entre autres, dans un...
Un instant.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Abitibi-Ouest, ça va me permettre, à ce moment-ci, d'inviter
les membres de la commission à être plus attentifs à nos
travaux et peut-être à continuer à l'extérieur de la
commission les conversations privées qui s'y font.
M. Dufour: Vous ne pariez pas assez fort, Mme la
Présidente, il y en a qui n'ont pas compris.
La Présidente (Mme Harel): Je veux inviter les membres de
la commission à continuer à l'extérieur les conversations
privées qui s'y déroulent.
M. Gendron: Justement, Mme la Présidente, je disais: Les
négociations en vue du partage de l'assiette fiscale, les derniers
obstacles levés entre la MRC et le Québec. Un journaliste, M.
Benoît Routhier, qui n'est peut-être pas au fait de l'ensemble des
discussions, ne savait pas que M. Bourassa a répondu le 14 mai. Et M.
Bourassa aurait laissé clairement savoir à l'Union des
municipalités du Québec, de même qu'à l'UMRCQ que
c'est bien beau, leur belle lettre, c'est bien beau le comité, c'est
bien beau, les cinq points, mais le premier ministre du Québec disait
d'une façon plus claire: "J'ai pris connaissance avec
intérêt - comme c'est son habitude - de votre lettre du 14 mai
concernant la fiscalité et le partage des responsabilités
dévolues au gouvernement et aux municipalités. Dans un premier
temps, il convient de signaler que, compte tenu des politiques du gouvernement
fédéral - et ainsi de suite - et de sa ferme volonté de
continuer à poursuivre l'assainissement de sa situation
financière, de même que de la tendance à la
décentralisation qui est déjà amorcée... ", comme
s'il s'agissait là d'une décentralisation. Il faut quand
même être un peu plus honnête que ça avec du monde
averti; je veux dire que ce n'est pas une décentralisation de dire. On
va doréna-
vant vous laisser les équipements scolaires, en sachant
très bien que ça va créer des iniquités. (20 h 30)
"Le ministre des Affaires municipales, M. Picotte, a largement fait
état, lors du récent congrès de l'Union des
municipalités du Québec, de l'importance que le gouvernement
reconnaît à l'institution municipale. " Nous, on en est
convaincus, mais on n'a plus beaucoup la conviction, de la manière dont
vous avez procédé, parce que, quand on accorde autant
d'importance à une institution, comme vous le dites, on ne la traite pas
comme vous l'avez traitée, en disant que celle-ci "peut apporter une
contribution extrêmement précieuse aux défis nombreux et
déterminants que la société sera appelée à
relever au cours des prochaines années". C'est le genre de lettre type
qu'on envoie à tout le monde en disant que tout le monde a des
défis à relever, c'est bien sûr. "Dans un second temps,
j'ai le plaisir de vous informer que le gouvernement vient de créer un
comité ministériel sur le partage des responsabilités
Québec-municipalités, présidé par le ministre des
Affaires municipales. " Il s'est fait vraiment retirer le dossier pour une
bonne période. "Ce comité a comme mandat, d'une part,
d'étudier les impacts d'une révision du partage des
responsabilités entre le gouvernement et les municipalités dans
le but d'élaborer une nouvelle entente fiscale durable et, d'autre part,
d'en discuter et d'en arrêter les termes avec vous lors de la tenue
d'assises Québec-municipalités. "
Mais regardez le paragraphe le plus fondamental: "À cet
égard, il convient également de mentionner que la question du
financement scolaire - on pourra en parler - pourra être abordée
à l'occasion de ces assises, disait-il, mais sans, cependant, remettre
en cause l'approche que le gouvernement a privilégiée dans son
dernier budget. " En voulant dire: II n'en est pas question, on peut bien le
mettre à l'ordre du jour, on peut bien placoter là-dessus, mais
il n'en est pas question, nous avons la vérité.
Pire que ça, le ministre de l'Éducation lui-même,
dans son discours sur l'adoption du principe, parlait comme il parle
d'habitude; c'est assez clair, parfois, et, là, c'était
très clair, très, très clair. Je le cite au Journal des
débats, 17 h 48, R-3658 page 1: "II faut bien se rendre compte que
les mesures annoncées par le gouvernement n'ont pas été
révoquées et ne sauraient l'être pour l'exercice
budgétaire 1990-1991. " Là, il y a un point parce que lui a
arrêté sa phrase, mais il continue: "II y a également lieu
de présumer - on connaît leurs présomptions - à
moins d'avis contraire, que le gouvernement, qui a voulu instituer des
modifications aussi majeures, aussi importantes dans le champ de la
fiscalité scolaire, qui a assumé les risques politiques
inhérents à cet exercice... " Donc, iI en était conscient,
il était conscient des risques politiques. C'est ce que j'appelle parler
franche- ment.
Par contre, dans la lettre de M. Bourassa, je vous avoue que c'est
difficile de dire: Vous êtes beaux, vous êtes fins, vous êtes
extraordinaires, vous connaissez toute la contribution inestimable que vous
apportez, ainsi de suite, et de dire ceci, qui est la conclusion des propos du
ministre: "Vous devriez avoir à l'esprit des changements dont la nature
et les effets ne seraient pas seulement transitoires, mais seraient durables
"
Donc, j'aurais aimé avoir la chance d'en discuter avec les
représentants du monde réuni sous la tête de l'UMRCQ qui
représente l'ensemble des MRC du Québec, donc, encore une fols,
la communauté rurale. Comme je ne change pas d'avis que c'est le monde
rural qui, encore une fois, va se faire "clencher" dans cette
opération-là, encore une fois les plus démunis, les plus
petits... Par définition, les MRC, il y en a partout, mais il faut
regarder ce qui se passe dans les MRC Les gens qui sont les plus sensibles
à des problématiques, qui ont de la difficulté à
s'assurer que leur équipement scolaire soit de bonne qualité,
c'est les petites communautés, c'est les petites commissions scolaires
qui n'ont pas, effectivement, de fiscalité suffisante pour s'assurer
qu'elles puissent taxer moins les contribuables québécois.
C'est ce genre de questions que j'aurais aimé poser au monde de
l'UMRCQ, parce que c'est ces genres de propos là que M. Nicolet tenait.
Même si M. Bourassa leur a répondu: Moi, je ne veux rien savoir,
il n'est pas question que vous puissiez parler de ça parce que c'est
arrêté dans le temps et c'est définitif, M. Nicolet
continuait à dire: Nous, on n'entend pas modifier notre attitude sur la
fiscalité parce qu'on est convaincus que c'est une situation qui va
créer des injustices.
Là, je cite M. Roger Nicolet: "C'est ce qu'ont fait voir, hier,
les présidents de l'Union des municipalités du Québec et
de l'Union des municipalités régionales de comté, MM.
Jean-Louis Desrosiers et Roger Nicolet" C'est que M. Nicolet a reçu du
premier ministre des explications satisfaisantes. M. Robert Bourassa a dit
à M. Nicolet au téléphone, jeudi, que la ponction de 320
000 000 $ pour l'année budgétaire courante n'était pas
négociable, mais qu'à moyen terme l'ensemble de la
fiscalité pouvait être révalué lors de la
négociation d'un nouveau pacte. Mais, quand on a discuté avec M.
Nicolet à propos de sa présence ou de son absence à la
conférence de presse avec M. Picotte, parce que, selon les informations
qui avaient été dites par le ministre des Affaires municipales,
tous les obstacles étaient levés, à la lettre que j'ai
citée tantôt en disant Voici les six points sur lesquels, nous, on
accepterait de se rasseoir avec vous autres, signée conjointement par M.
Desrosiers et M. Nicolet.. J'aurais aimé ça parler directement au
président, M. Nicolet, pour lui demander si,
effectivement, c'est exact que tous les obstacles sont enlevés.
Moi, la version que j'ai, c'est que c'est non, que les obstacles ne sont pas
enlevés, et les informations que j'ai, c'est que ces gens-là sont
toujours en désaccord, c'est que ces gens-là ont la même
conviction qu'on va créer les mêmes injustices, en particulier
pour ce qui est du monde rural.
Et, quand M. Jacques Proulx - juste une phrase - appuyait le
communiqué de l'UMRCQ qui supposait toujours à cette
décision, il disait: "Je suis convaincu que ça causera de
l'iniquité, du sous-développement, puis du
mal-développement - ce ne sont pas mes mots; je cite au texte M. Jacques
Proulx de l'UPA - qui pénaliseront le milieu rural. On s'oppose donc au
projet gouvernemental actuel de transférer aux commissions scolaires la
responsabilité de certains segments du secteur éducatif, se
finançant à même l'assiette foncière, et nous vous
appuyons fermement - pas mollement - dans vos demandes auprès du
gouvernement qui remet aujourd'hui en cause un équilibre qui avait
été créé, un pacte - toujours M. Proulx - qui a
prouvé son efficacité puisqu'il est fondé sur des
principes essentiellement sains et gage d'un mieux-être collectif. " Ce
n'est quand même pas des mots inventés uniquement par celui qui
vous parle: "fondé sur des principes essentiellement sains et gage d'un
mieux-être collectif. "
Vous ne pensez pas, Mme la Présidente, que ça n'aurait pas
été intéressant de demander à M. Nicolet: Est-ce
que vous, vous croyez que l'éducation doit demeurer une
responsabilité de l'État québécois dans son
financement, en grande partie? Première question. Parce qu'on va lui
poser pareil même s'il n'est pas là. Puis, puisque vous l'invitez
à rencontrer vos commettants, puis à vous envoyer des
mémoires par écrit, peut-être vous enverra-t-il des
indications sur les sujets qui me préoccupent et les questions que je
lui aurais posées. Deuxième question: Si nous avions
corrigé la formule de péréquation qui, bien sûr, au
fil des ans, avait créé des iniquités, est-ce que vous
pensez que ça aurait permis de restaurer et de permettre aux commissions
scolaires d'avoir le financement requis qu'elles souhaitent avoir? Parce que je
ne disconviens pas qu'elles ont été vraiment
sous-financées pour une valeur de 800 000 000 $, selon leur estimation -
je dis toujours selon leur estimation, vous l'avez dit vous-même - dans
des documents qu'elles nous ont fait parvenir. On peut être en accord ou
en désaccord, je dis. La Fédération des commissions
scolaires prétend qu'elle a subi, au cours des 10 dernières
années, un sous-financement de...
M. Ryan: Des compressions. M.Gendron: Des
compressions.
M. Ryan: Je ne crois pas qu'elles étaient toutes
injustifiées.
M. Gendron: Moi non plus. Je ne porte pas de jugement qu'elles
étaient toutes justifiées ou injustifiées; je dis qu'elles
ont subi pour une valeur de 800 000 000 $ de compressions budgétaires,
certaines peut-être justifiées, mais ça aurait
été intéressant, de toute façon, de le leur
demander, puis ça aurait été intéressant que
ça soit elles qui nous le disent. Mais, à tout
événement, ce genre de questions, si on avait les
représentants du monde municipal devant nous, on pourrait les leur poser
et on pourrait leur dire, également: Est-ce que vous ne croyez pas que,
fondamentalement... Parce qu'il ne me reste que deux minutes. La conclusion
aurait été la suivante: Est-ce que vous ne croyez pas que,
fondamentalement, c'est un peu comme les actions accréditives?
Je viens de faire un téléphone avant de venir en
commission; juste une anecdote très courte. Un groupe de mineurs qui se
font mettre à pied, encore à cause de ce brillant gouvernement
qui, au lieu de corriger - disons-le tel quel - les imperfections du
régime des accréditives, a décidé de défaire
au complet le régime des actions accréditives, ce qui a comme
conséquence qu'il ne se fait à peu près plus aucune
prospection. Allez voir dans la cour des cinq ou six propriétaires de
foreuses, toutes leurs foreuses sont dans leur cour. Il y a deux ans, toutes
leurs foreuses étaient en train de faire du forage sur des sites
d'exploitation. Et il me disait: Es-tu capable de nous expliquer comment
ça se fait qu'ils n'ont pas corrigé les problèmes,
plutôt que de jeter le bébé avec l'eau du bain? Bien, j'ai
dit: Écoute, tu l'as, la réponse, ce n'est pas un gouvernement de
régions; c'est un gouvernement de "majors". Dans le domaine des mines,
la raison, vous la savez: ça faisait mal, les juniors, ce sont des
petits fatigants pour des gens de Calgary, puis de Vancouver, puis ainsi de
suite On voulait sortir les Rouyn-Ressources, puis ainsi de suite.
Alors, conclusion, Mme la Présidente, c'est sûr que, si on
avait eu la chance d'avoir les porte-parole de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, ils nous auraient dit que,
quant à eux, l'éducation est une question nationale, qu'il
appartient à l'État de financer l'ensemble des coûts de
l'éducation, puis de corriger les imperfections de la formule. On n'en
serait pas là. Voilà ma conclusion pour ce que j'avais à
dire.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. J'aimerais inviter maintenant un membre
de la formation ministérielle à prendre la parole. Je voudrais
simplement vous rappeler les règles qui président au débat
sur une motion préliminaire. À l'exception du proposeur de la
motion, les députés membres de la commission peuvent disposer une
seule fois d'un temps de parole de 10 minutes pour la motion. Mais je crois
comprendre que le
représentant de la formation politique ministérielle
dispose également de 30 minutes Par la suite, les députés
qui interviendront, en une seule fois, pourront utiliser leur temps de parole
de 10 minutes. M. le ministre, si vous prenez la parole immédiatement,
il faut le faire, à moins de consentement, en une seule fois.
M. Ryan: Ça va.
La Présidente (Mme Harel): Ça va? M. Claude
Ryan
M. Ryan: Ça va. Très bien Est-ce que le
député d'Abitibi-Ouest pourrait rappeler de quel organisme il a
voulu parler tantôt? Dans sa motion d'avant le souper, il était
question de l'Union des municipalités régionales de comté
et des municipalités locales du Québec.
M. Gendron: C'est ça, c'est ça, l'UMRCQ.
D'ailleurs, je l'avais écrit comme il faut dans ma motion
déposée à tous les membres. Ça veut dire l'Union
des municipalités régionales de comté; et les MRC du
Québec.
M. Ryan: C'est parce que là il y a "et des
municipalités locales du Québec"; ce n'est pas dans le nom de
l'UMRCQ, ça, à ma connaissance.
Je pense que c'est un autre organisme, ça, là.
Peut-être que le député est tellement loin de ces
milieux-là qu'il ne connaît même pas...
M. Gendron: Non...
M. Ryan:... cet organisme là.
M. Gendron:... je connais très bien celui-là, avec
50 municipalités. Vous pouvez bien commencer sur cette ligne-là,
mais, avec 50 municipalités, je le connais très bien Vous avez
raison, sur la feuille, la motion qu'on a déposée, il y a une
erreur, c'est l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec.
M. Ryan: Bon, bon, bon.
M. Gendron: C'est cette motion-là qui a été
déposée, et il n'y aurait pas fallu lire "et des
municipalités locales".
M. Dufour: Non, non. C'est ça. C'est ça. Je
m'excuse.
Mme Blackburn: II y a quelques municipalités; locales
aussi, dans l'UMRCQ.
M. Dufour: J'ai ici "l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec".
M. Gendron: C'est vrai, ils ont changé...
Mme Blackburn: Bien oui, ils ont des municipalités locales
aussi.
M. Gendron: Oui, oui, ils ont changé leur nom.
M. Ryan: Qui est président de celle-là? M.
Dufour: M. Roger Nicolet.
M. Ryan: M. André Asselin, lui, de quel organisme est-il
président?
M. Gendron: II est parti.
La Présidente (Mme Harel): II n'est plus
là-dedans.
M. Dufour: André Asselin? Ça fait longtemps... Il
n'est même plus maire.
M. Ryan: II n'est même plus là?
M. Dufour: II n'est plus maire non plus, depuis qu'il s'est
présenté...
M. Ryan: II y a quelqu'un qui m'a induit en erreur. J'ai
été surpris de voir son nom là cet après-midi, mais
c'est parce qu'on m'a donné deux noms. J'étais surpris, je me
disais: II est peut-être arrivé des développements dont je
ne serais pas au courant. Alors, c'est l'UMRCQ qu'on connaît?
M. Dufour: C'est ça.
M. Gendron: C'est l'UMRCQ qu'on connaît, M. Roger Nicolet,
et je n'ai parlé que de M. Roger Nicolet. (20 h 45)
M. Ryan: Pas de problème. Ça va pour ça.
En réponse aux propos du député d'Abitibi-Ouest, je
voudrais signaler que, si l'horaire des travaux sessionnels nous en avait
laissé la latitude, il eût pu être utile, éclairant
pour la commission d'entendre le point de vue de certains organismes; pas
seulement les deux qui ont été mentionnés, mais d'autres
également Le député d'Abitibi-Ouest a clairement
laissé entendre, cet après-midi, qu'il en avait une liste dans
son carnet, qu'il nous dévoilerait au fur et à mesure de son bon
plaisir. Il n'est pas pressé, on a vu ça qu'il avait un rythme
plutôt rural, aujourd'hui. C'est son droit, mais, à une semaine ou
10 jours de l'ajournement des travaux sessionnels, la Chambre a ses obligations
également et autant nous eûmes tous été très
intéressés à entendre le point de vue de l'UMRCQ, autant
nous devrons nous contenter, pour les fins de cet exercice-ci, d'en prendre
connaissance par d'autres voies que par celle qui était
proposée
dans la motion du député d'Abitibi-Ouest.
Je veux dire autant à l'UMRCQ qu'à l'UMQ que, même
si mes responsabilités de ministre de l'Éducation ne me mettent
pas en rapport directement avec ces deux organismes, je suis très
conscient de leur force représentative et de l'importance du travail
qu'elles accomplissent, de même que de la mission tout à fait
irremplaçable des municipalités tant rurales qu'urbaines. Il y
aura une tribune pour que ces organismes présentent leur point de vue.
Le comité ministériel institué par le gouvernement pour
l'étude de tout le problème de la fiscalité locale aura le
temps de déployer ses travaux au cours des mois à venir. Les
contacts sont déjà repris avec les deux unions en question. Je
pense qu'en ce qui touche l'avenir la vraie tribune pour échanger sera
amplement disponible.
En ce qui touche ce projet-ci, je crois que les deux unions ont eu
l'occasion, à maintes reprises, d'exprimer leur opposition au projet.
C'est leur droit le plus strict. Nous respectons, évidemment, ce
droit-là, nous ne le mettons aucunement en cause. Mais, à ce
stade de nos travaux, encore une fois, je pense que nous ne pouvons pas
commencer à ouvrir les digues et à permettre que s'étalent
sur une période interminable les travaux de la commission. C'est aussi
simple que ça. Encore une fois, je dis aux porte-parole des deux unions
concernées qui peuvent être ici, de même qu'à
d'autres groupes, qu'il pourra peut-être arriver en cours de route que,
s'il est question d'un organisme particulier et qu'il y a lieu de l'entendre
sur un point précis moyennant l'accord de la commission, on
décide de l'entendre, ce n'est pas exclu; un organisme qui sera
directement concerné par le projet.
Je vais donner un exemple, il y a le Conseil scolaire de l'île de
Montréal qui sera affecté par certaines dispositions. Si,
à un moment donné, la commission juge utile d'entendre ses
représentants, comme on l'a déjà fait dans des cas
semblables, on pourra le faire, mais on ne peut pas ouvrir, là, des
auditions formelles pour une série d'organismes comme ceux que le
député d'Abitibi-Ouest voudrait proposer. Quant à
commencer et à se faire dire en cours de route...
Ce soir, nous aurions été prêts encore une fois,
ça nous aurait fait grand plaisir, mais j'admets que le contexte
était difficile. La commission devait entreprendre ses travaux ce matin.
Elle en a été empêchée à cause de la longueur
de la réflexion que s'était imposée le président de
l'Assemblée nationale sur une motion dont il avait été
saisi par l'Opposition. Si tout ça s'était produit ce matin,
peut-être que les arrangements auraient pu être faits à
temps pour que les deux unions soient présentes avec nous ce soir. Mais,
là, le contexte est différent. Je pense que j'ai exposé
clairement les circonstances et c'est avec regret, encore une fois, sans aucune
arrière-pensée d'irrespect envers les organismes
concernés, que je suis tenu de prendre cette position afin que les
travaux de la commission progressent.
La Présidente (Mme Harel): Doit-on comprendre que vous
avez...
M. Ryan: Mme la Présidente... La Présidente (Mme
Harel): Oui.
M. Ryan: Pardon! Mme la Présidente, je conclus
là-dessus. Je pense que vous devez continuer les travaux. C'est à
vous qu'il appartient de les conduire. Moi, j'ai apporté la
réponse que je croyais opportune dans les circonstances.
La Présidente (Mme Harel): Y a-t-il d'autres interventions
sur la motion? M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Mme la Présidente, je voudrais,
d'entrée de jeu, répondre au ministre que la conduite des travaux
parlementaires n'appartient pas à l'Opposition. Ce n'est pas nous
autres, comme on dit dans notre langage, qui "calions les shots". Nous autres,
on les subit, on vit avec ce qui nous est demandé. Il a
été appelé vendredi passé et, déjà,
on est en étude parlementaire. Ce que je comprends plus difficilement,
par contre, c'est la position du ministre qui dit: On ne pourra pas recevoir
les unions. Si je considère, par exemple, que, lorsque l'Opposition fait
sa demande de rencontrer un organisme, ça prend une heure, les deux
plaidoiries qu'on fait ce soir ou qu'on va faire... Je vous avertis d'avance,
on va en faire une autre pour rencontrer une autre union, ça prend une
heure. Au lieu de ça, on aurait pu ne pas faire la plaidoirie pour ces
unions-là et ç'aurait été reporté à
demain, et on n'aurait pas perdu de temps. À moins que vous ne nous
avertissiez d'avance que demain, à 15 heures, l'étude du projet
de loi article par article vient de tomber. Moi, c'est clair dans mon esprit
que, pendant les deux heures qu'on va plaider, on va donner notre point de vue,
on va essayer de vous convaincre et probablement qu'on ne réussira pas.
Mais on vous dit: Vous auriez pu atteindre les mêmes fins sans que
ça prenne le temps de la commission et sans que ça retarde de
quelque façon que ce soit l'étude du projet de loi.
Ceci étant dit, je comprends bien que le ministre va demeurer
inflexible vis-à-vis de notre demande. Il dit: Mes fonctionnaires les
rencontreront, Ils viendront conter leur affaire. Bon. C'est peut être
bon que nous, on exprime notre point de vue. On dit: Québec
néglige-t-il ses territoires de pauvreté? Au Québec, on
vient de sortir deux études, dont "Le Québec cassé en
deux", qui a été présenté par le Conseil
des
affaires sociales au Québec. Le territoire de pauvreté, la
cassure se fait beaucoup dans les petites municipalités, dans les
régions. Ça se fait aussi dans les grandes villes, mais elle est
plus visible et on peut la situer plus facilement dans les régions Que
je sache, l'Union des municipalités régionales de comté
représente, en très grande partie, les municipalités
à caractère rural et les municipalités régionales
de comté qui sont en difficulté.
Je comprends difficilement la position ministérielle à
l'effet que seuls les membres de l'Opposition défendent les petites
municipalités ou les gens qui ont des difficultés, il me semble
que les uns comme les autres on a, chacun dans notre milieu, des poches de
pauvreté, des difficultés qu'on rencontre et des
municipalités, surtout. Si on le fait du côté du
gouvernement, on le fait d'une façon très tiède. En tout
cas, on n'a pas connaissance et on ne sent pas, par les politiques
gouvernementales ou par les orientations des politiques gouvernementales, une
volonté quelconque du parti au pouvoir de protéger les
municipalités qui sont en difficulté.
Pourquoi mon collègue d'Abitibi-Ouest a-t-il
présenté son amendement à l'effet qu'on devrait rencontrer
l'Union des municipalités régionales de comté? C'est
à l'effet, bien sûr, d'avoir le point de vue des petites
municipalités Petites municipalités, ce n'est pas restrictif, ce
n'est pas péjoratif, ce n'est pas dans le sens de petite et pas
correcte. Les petites municipalités ont aussi des fonctions très
précises à rendre à leurs citoyens et des services
à donner Donc, les petites municipalités, selon ce qu'on entend
et selon ce qui nous a été démontré, ce sont en
très grande partie des municipalités qui ne jouissent pas d'une
source de taxation très, très grande ou très, très
large, ce qui fait que, lorsqu'on va transférer le fardeau chez les
contribuables, les commissions scolaires situées dans des petites
municipalités ne recevront pas de gros montants d'argent, ce qui fait
que l'iniquité va avoir tendance à s'agrandir, môme si on
fait des mesures compensatoires ou un système de
péréquation.
J'ai bien écouté, cet après-midi, le ministre de
l'Éducation, faisant sa démonstration, dire: Pour "collecter" 320
000 000 $, il y a 40 000 000 $ qui vont être remis au service des
commissions scolaires. Bon. Il faut bien penser qu'il y a 27 000 000 $ qui vont
être remis à des commissions scolaires en difficulté, qu'il
y a 13 000 000 $ qui vont être distribués ailleurs dans les 143
commissions scolaires. Il y en a 170; il y en a 27 qui vont jouir de la
péréquation; il y en a 143 qui, elles, n'auront pas la
péréquation pour s'ajuster, ce qui veut dire que, pour la plus
grande partie des montants d'argent qui vont être pris un peu partout,
les municipalités, pour avoir un avantage quelconque de ces amendements
ou des changements qu'on fait dans la loi, vont donner une commission aux
commis- sions scolaires qui vont agir comme percepteurs du gouvernement
Ça, les municipalités sont conscientes de ça. Les
municipalités rurales en sont conscientes parce qu'elles savent que les
coins qui vont être les plus frappés par rapport à
ça, ça va être les commissions scolaires situées
dans leur milieu. Ça aurait été intéressant de
savoir d'abord les difficultés que les petites municipalités ou
les municipalités à caractère rural subissent comme
contraintes, c'est quoi leur point de vue pour empêcher l'intrusion du
monde scolaire dans le champ de l'impôt foncier.
Il ne faut pas se cacher que les municipalités rurales ont
demandé... Actuellement, les municipalités régionales de
comté veulent faire du développement économique. Il y a
des raisons profondes. Pour vouloir faire du développement
économique, il faut qu'elles soient capables d'investir. Il faut
qu'elles soient capables de trouver des sources de taxation ou de revenus leur
permettant d'investir dans le développement économique. Au moment
où le gouvernement est le plus directrf par rapport aux
municipalités, en leur parlant d'environnement... Et l'environnement,
c'est large. Ce n'est pas juste avec un mot. C'est les neiges usées,
c'est l'enfouissement sanitaire ou la disposition des ordures
ménagères, c'est de la récupération, c'est
l'assainissement de l'eau et j'en passe. Ça veut dire aussi d'autres
responsabilités qu'elles ont accepté d'assumer depuis 10 ans.
Moi, c'est ça qui me frappe le plus. Après avoir dit aux
gens: Vous avez un champ de taxation assez large, vous allez prendre vos
responsabilités... C'est ce qu'on avait dit au départ. Les
municipalités, en partant sur ce partenariat, ont décidé.
Oui, on va jouer le jeu, on va travailler pour améliorer le
système de vie de l'ensemble de nos communautés. Après 10
ans, après avoir pris des responsabilités, on dit: Non, non,
arrêtez. Il faut bien penser que le taux de taxation n'est pas
égal d'une municipalité à l'autre. Il y a des montants
d'argent importants qui sont donnés par les contribuables pour des
services identifiés. Mais là, si on envoie quelqu'un dans leur
champ de taxation, c'est bien possible, et non seulement c'est possible, mais
c'est évident, qu'on n'aura pas les mêmes revenus à
consacrer au développement de leur collectivité.
Parce que, quand les municipalités régionales de
comté décident - et ce n'est pas demandé
nécessairement par le gouvernement - de faire de la promotion
économique et de faire du développement économique, les
municipalités locales sont conscientes que, d'abord, les populations
diminuent, les revenus diminuent, le taux de natalité est en
régression, on leur demande de s'occuper de la famille, etc. Les
municipalités, c'est avec crainte qu'elles voient des gens qui viennent
en Intrusion et pour quelque motif que ce soit Je pense qu'on a
accepté.. Et ça, je
pense que ça dépend des principes. On dit:
L'éducation, est-ce que c'est une responsabilité gouvernementale
ou locale? Nous, on prétend le contraire et on dit que la
pauvreté qui est constatée, qui est visible et qui est un fait
régulier de nos collectivités locales, on la subit. C'est pour
ça que ça aurait été intéressant d'entendre
le point de vue de l'Union des munit pdlités légionales de
comté qui est très sensible à ce qui se passe dans les
régions, qui vit avec ces gens-là, qui constate les
difficultés qu'elles ont, qui sont engendrées partout par le
gouvernement qu'on a en face de nous. Je pense que ça aurait
été excessivement intéressant et qu'on aurait eu tout
à gagner à échanger avec ces gens-là. C'est
ça, le principe de rencontrer des gens. C'est de leur poser les
questions, mais c'est aussi de voir jusqu'à quel point ils sont
sensibilisés. On n'a jamais remis en cause, ni cette Union, la
nécessité d'avoir une éducation importante et bien faite.
Dans le fond, celles qui vont payer en bout de course, ce sont les
municipalités, les régions qui, encore, auront le moins
accès à une éducation de qualité.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a une intervention du
côté ministériel? J'inviterais donc immédiatement
Mme la députée de Chlcoutiml à prendre la parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Le ministre, tout
à l'heure, pour justifier son refus d'attendre les quelques heures qui
nous manquent pour pouvoir recevoir les deux unions, expliquait que
c'était faute de temps. À quelque deux semaines de la fin des
travaux parlementaires, nous dit-il, nous n'avons plus le temps de consulter ou
d'attendre 12 heures pour recevoir ces deux organismes. Mais nous avons en
main, et le ministre en a eu copie tout à l'heure, un mémoire
daté du 6 novembre 1989 soumis par le ministre des Finances et portant
sur la révision des équilibres budgétaires et sur la
politique budgétaire des dépenses et les perspectives 1990-1991.
Ce document a été déposé le 6 novembre 1989. La
première rencontre officielle, me dit-on, avec les municipalités
se serait produite après le dépôt du budget Wilson, le 23
février - ça veut dire plus de deux mois plus tard - alors que ce
gouvernement avait déjà décidé, et c'est clair dans
le texte, qu'il procéderait à des modifications.
Alors, à la demande 8 - parce qu'il y en a quelque 11 demandes et
directives - "de confier au ministre des Affaires municipales, en concertation
avec le ministre des Finances et le président du Conseil du
trésor, le soin de présenter d'ici le 1er avril 1990 un projet de
réforme du financement municipal." Il est clair, Mme la
Présidente, que le gouvernement ne voulait pas consulter. Et ce que nous
dit ce soir le ministre, c'est: II est trop tard. Mais, s'il est trop tard, ce
n'est pas la faute de l'Opposition, non plus que de l'Union des
municipalités et de l'UMRCQ C'est que ce gouvernement s'est
arrangé pour ne pas se laisser de temps pour la consultation, s'estimant
lui-même suffisamment informé pour prendre ce genre de
décision.
Le problème, c'est que le ministre nous dit: Ils vont avoir tout
le temps voulu, ils auront la tribune nécessaire qu'on leur a
créée par le biais de la constitution du comité
ministériel sur la révision de la fiscalité municipale.
Mais le problème, Mme la Présidente, c'est que ce comité
est constitué une fois les décisions prises, une fois que le mal
est fait et sans que jamais ce gouvernement se soit vraiment interrogé
s'il n'y avait pas lieu de mettre les municipalités dans le coup pour
définir le Québec de demain. Parce que c'est un peu ça, et
un peu beaucoup ça, qu'on est en train de faire. On est en train de
modifier les règles de financement dans les petites
municipalités, dans les commissions scolaires, et ça a un impact
direct sur la qualité de vie et l'accès à certains
services dans les petites municipalités du Québec.
Les municipalités consultées à temps auraient
peut-être pu, avec le gouvernement et en collaboration avec le
gouvernement, avec le ministre des Affaires municipales et le ministre de
l'Éducation, envisager des modes ou des hypothèses de solutions
plus adaptées aux besoins de nos régions. En l'absence de toute
consultation, on adopte une modification à la fiscalité scolaire
sans que les principaux concernés aient été mis dans le
coup. Tout se passe comme si ces gens-là n'avaient rien à dire ou
si ce qu'ils ont à dire était sans intérêt. Vous
savez, c'est un peu beaucoup rire du monde, encore une fois, quand le ministre
nous dit: Écoutez, c'est parce que je n'ai pas le temps. S'il n'a pas le
temps, c'est parce qu'ils ne se sont pas donné le temps, qu'ils
n'avaient pas la volonté de se donner le temps pour faire une
consultation.
Mme la Présidente, ce gouvernement, dans ce domaine-là
comme dans tous les domaines - je m'interrogeais un peu sur l'absence totale de
vision d'ensemble, de vision un peu intégrée du
développement du Québec - n'a de politique dans aucun secteur, ni
l'emploi, ni l'économie, ni le développement des régions,
ni la langue, ni l'éducation; il fonctionne au cas par cas, toujours en
pompier. Il fonctionne comme s'H avait lui-même toutes les solutions dans
ses poches et qu'il était le seul à connaître les vraies
solutions à tous les problèmes. Je demeure convaincue que, si on
pouvait entendre l'UMRCQ, elle nous aurait peut-être apporté des
hypothèses de solutions ou encore elle aurait probablement réussi
à apporter des exemples, à illustrer le fait que ce qui se passe
actuellement avec le projet de loi 69 risque de lourdement pénaliser les
petites municipalités en particulier, les petites commissions
scolaires,
sans vraiment apporter de solution aux problèmes qui ont
été soulevés.
Tout à l'heure, le ministre voulait illustrer qu'il y en a qui
chialaient pour rien. Il nous disait: Vous savez, dans Westmount et l'ouest rie
Montréal, on a fait une évaluation et ça pourrait relever
le compte de taxes de 300 $ et ils ne chlalent pas, eux autres. C'en est un bel
exemple, ça. Si tout le Québec avait le niveau de revenu que les
gens ont à Westmount, il n'y aurait pas de chialage, c'est
évident. Mais ça, ça illustre exactement
l'insensibilité chronique de ce gouvernement à l'endroit des plus
démunis Venir nous comparer ça! Je trouve que c'est arrogant
comme ça n'a pas de bon sens de dire: Ils ne se plaignent pas,
Westmount. Ils ne se plaignent pas, Westmount. Comme si le Québec,
c'était Westmount. Il y en a un, Westmount, sur 125 comtés. Il
n'y en a pas.. Tout le reste, y compris chez nous, ce sont des régions
qui se dépeuplent, des régions où le taux de chômage
est extrêmement élevé.
Quand on veut parler de ces régions là, il faut entendre
ceux qui vivent dans ces régions-là. Ce n'est pas vrai que moi
seule et même mes collègues soyons qualifiés pour bien
représenter tout ce monde-là. Ceux qui pourraient le faire
viennent des régions du côté gouvernemental, mais ils sont
complètement muets, alors que je sais pertinemment... Comme le disait ma
collègue de Terrebonne avant le souper. Ils sont tout à fait
conscients des problèmes des régions parce que j'ai la conviction
que les gens font, dans leurs bureaux, ce qu'ils font chez nous: ils viennent
nous présenter les problèmes.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Chicoutimi, nous allons suspendre quelques minutes seulement pour les fins d'un
vote qui doit se dérouler à l'Assemblée nationale et, au
retour, nous poursuivrons avec votre intervention.
(Suspension de la séance à 21 h 7)
(Reprise à 21 h 28)
La Présidente (Mme Harel): Veuillez, s'il vous
plaît, reprendre vos places. J'Inviterais Mme la députée de
Chicoutimi à compléter son intervention sur la motion.
Mme Blackburn: Merci Mme la Présidente, au moment
où on...
La Présidente (Mme Harel): J'apprécierais que les
conversations privées se déroulent à l'extérieur de
cette commission. M. le député de LaFontaine, M. le
député de Verdun, s'il vous plaît.
M. Gobé: Oui, Mme la Présidente, que pouvons-nous
faire pour vous?
La Présidente (Mme Harel): Je souhaiterais que les
conversations privées puissent se dérouler à
l'extérieur, do façon à permettre...
M. Gobé: Vous avez parfaitement raison.
La Présidente (Mme Harel): aux membres de la commission de
ne pas élever le ton de la voix pour pouvoir se faire comprendre.
M. Gobé: II me fera plaisir de respecter votre consigne,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Lorsque nous
avons été interrompus pour aller voter en Chambre, je
m'étonnais, pour le déplorer, que le ministre ait eu l'audace de
dire à ceux qui se plaignaient de l'augmentation des taxes: Westmount
connaîtra une augmentation de sa facture de quelque 300 $ et ses
citoyens, semble-t-il, ne se plaignent pas. Alors, ce que je dis au ministre,
c'est: Westmount, c'est une municipalité sur 1500 municipalités
au Québec; c'est la municipalité, avec certainement ville
Saint-Laurent, la plus fortunée au Québec, et Saint Lambert, peut
être, alors ça on fait trois, vous avez Brossard également.
Mais vous n'en avez pas tant que ça, au Québec. Quand vous en
avez une dizaine, c'est vraiment les municipalités les plus
fortunées. Il y a peu de chances que les contestations viennent de ces
municipalités.
Par ailleurs, je m'étonne que les députés ici
n'aient pas fait état des difficultés qui vont se poser
tantôt dans leurs propres commissions scolaires. Ici, à
Québec, probablement que le secteur le plus favorisé, c'est la
commission scolaire des Découvreurs. L'augmentation est de 0, 08 $ les
100 $ alors que, à l'Ancienne-Lorette, La Neigette, dont je parlais tout
à l'heure, l'augmentation est de 0, 18 $ les 100 $. C'est du simple au
double et vous pourrez constater, à la lumière des chiffres qui
ont été fournis pour la région de l'Est du Québec,
dans quelle proportion ce sont les municipalités les plus
défavorisées qui vont voir leur facture de taxes doubler et
même un peu plus.
Alors, moi, je pense qu'il aurait été important, et il
serait toujours important, faute de l'avoir fait plus tôt, d'entendre les
municipalités. J'aimerais, mol, quo I'UMRCQ vienne nous dire comment on
pourrait corriger l'injustice dont elle est l'objet, parce qu'on a
refusé, comme "en lieu" de taxes, de passer de 50 % à 100 %, tel
que le gouvernement s'y était engagé. En 1983, le gouvernement du
Parti québécois avait porté de 40 % à 50 % le
pourcentage des taxes payées sur les écoles primaires et
secondaires. Depuis bientôt cinq ans, ce gouvernement-là n'a
pas
bougé, et, lorsqu'il bouge, c'est dans la direction de faire
partager avec les commissions scolaires une partie du champ de taxation dans
les municipalités Je pense qu'il aurait été important et
qu'il serait toujours important que nous entendions l'UMRCQ sur un certain
nombre de questions, mais plus particulièrement sur cette question, Mm:
.a Présidente. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutiml. J'ai une demande d'intervention de Mme la
députée de Terrebonne, à moins qu'un député
ministériel ne veuille, à ce moment-ci, prendre la parole sur
cette motion préliminaire. Alors, je cède la parole à Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente Je dois dire, en
premier lieu, que je m'étonne beaucoup de la décision du ministre
de ne point entendre l'Union des municipalités ni l'Union des
municipalités régionales de comté, d'autant plus que,
lorsqu'on fait une réforme de cette envergure, je pense qu'il faut
prendre le temps. On ne peut utiliser l'argument du temps qui nous presse pour
une réforme de cette ampleur. Le ministre, dans son intervention le 7
juin dernier, donnait quand même certains arguments, et je cite: "En ce
qui touche les changements qui pourraient être apportés à
l'avenir à la fiscalité scolaire et municipale, nous serons tous
plus conscients que jamais, à la suite de l'exercice des
dernières semaines, de l'étroite interaction entre ces deux types
de fiscalité et de la nécessité d'une concertation plus
grande que par le passé entre le gouvernement, les municipalités
et les commissions scolaires " Lorsqu'on reconnaît le besoin d'une plus
grande concertation, je pense qu'on doit également reconnaître le
besoin d'entendre les municipalités, d'entendre les commissions
scolaires en audience. Ce sujet a amené tellement d'articles, tellement
de révoltes dans le monde municipal qu'il aurait été
important de les entendre. C'est bien sûr qu'on peut à tour de
rôle, du côté de l'Opposition, répéter les
arguments du monde municipal, mais je pense qu'il aurait été
préférable de les entendre elles-mêmes nous dire leur point
de vue.
Dans un article d'avril 1990, Claude Masson nous disait: "II ne faut pas
se le cacher, le gouvernement du Québec a très mal agi dans le
dossier du transfert d'une partie du champ foncier municipal vers les
commissions scolaires. Le gouvernement a traité les municipalités
et leurs unions non pas comme des partenaires, mais comme des pions, des
adversaires, des concurrentes, des rivales. Le gouvernement a gaffé, il
a raté son coup." Recevoir les municipalités et l'Union des
municipalités régionales de comté aurait été
sûrement un moyen de réparer cette erreur. M. Masson ajoutait:
"Parce qu'il connaît une année difficile, le gouvernement ne doit
pas tout chambarder en quelques semaines. Ce serait agir à courte vue.
Gouverner, c'est prévoir. Il faut à tout prix éviter de
tailler en pièces, à la sauvette, une réforme fiscale
majeure et intelligente en grugeant sans discernement dans le champ de
l'impôt foncier réservé aux municipalités. Une
réflexion plus abondante et une véritable consultation du monde
municipal sont de loin préférables à des actions de
panique qui peuvent avoir des conséquences fort négatives." On
nous invitait donc à prendre le temps, Mme la Présidente, et
c'est ce qu'on refuse de faire aujourd'hui.
Les municipalités - mon collègue de Jonquière l'a
abordé un petit peu tantôt - ont de nouvelles
responsabilités. Les municipalités ont des responsabilités
au niveau de l'environnement; elles ont aussi des responsabilités au
niveau du transport en commun; on leur ajoute de nouvelles
responsabilités également du côté des routes, ce qui
faisait dire à l'Union des municipalités, le 7 avril dernier,
qu'elle prévoyait une hausse de 700 $ de la facture moyenne de
l'Impôt foncier, parce que, pour les municipalités, il est bien
clair qu'il n'y aura pas que la hausse de taxes scolaires. Devant faire face
à de nouvelles responsabilités, elles devront également
augmenter les taxes foncières pour répondre à ces
nouvelles responsabilités. On nous parlait môme d'une augmentation
de 700 $, ce qui veut dire environ une petite augmentation de 33 % de la
facture du contribuable.
Les municipalités auraient eu sûrement beaucoup de choses
à nous dire là-dessus, Mme la Présidente. Le
député de Verdun, dans son intervention cet après-midi,
nous faisait remarquer que non seulement les contribuables seront
touchés par cette réforme, mais également, bien sûr,
certaines industries, certaines compagnies. J'aimerais rappeler ici que les
tribunaux ont défini la portée de l'article 65.1 de la loi 57
dans un sens qui est beaucoup plus étroit que celui qui avait
été utilisé par plusieurs villes et qu'on se retrouve
présentement avec des contestations de plus en plus pressantes quant aux
valeurs industrielles. Les municipalités n'ont pas de moyen de
défense, la situation se détériore de jour en jour et
c'est les municipalités qui en sortent perdantes. Donc, il n'y a pas
seulement les contribuables qui sont lésés dans cette politique.
Sûrement que les municipalités auraient pu nous parler très
longuement sur ce sujet.
Lorsqu'on parle de concertation, lorsqu'on nous dit qu'il est important
de rétablir le dialogue, le meilleur moyen que nous aurions eu, je
pense, c'est celui d'entendre autant l'Union des municipalités que
l'Union des municipalités régionales de comté sur le
sujet. C'est évident que l'Opposition vous rapporte les arguments
principaux des municipalités, mais c'est toujours
préférable d'entendre les principaux concernés. Donc, nous
devons le déplorer et je suis con-
vaincue que cette décision, loin de nous faire gagner du temps,
Mme la Présidente, nous en fait perdre d'une autre façon.
La Présidente (Mme Harel): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Dois-je comprendre que votre intervention
met fin au débat sur la motion préliminaire déposée
par le député d'Abitibi-Ouest? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Mme la Présidente, j'aurais une motion
préliminaire à déposer.
La Présidente (Mme Harel): Si vous le permettez, on va
d'abord disposer de celle du député d'Abitibi-Ouest.
M. Dufour: Elle était bonne!
La Présidente (Mme Harel): Vous permettez9
Alors, dois je comprendre que la motion, telle que proposée. Je
vais mettre aux voix la motion du député d'Abitibi-Ouest,
demander un vote nominal.
Mme Blackburn: On va attendre quelques instants, Mme la
Présidente. Je crois que le proposeur a dû s'absenter.
M. Dufour: Non, non, il vaque à des occupations.
La Présidente (Mme Harel): Oui? Alors, votre formation
dispose de trois votes.
Une voix: C'est ça, oui.
La Présidente (Mme Harel): Vous pourrez donc, M. le
député de Jonquière et Mmes les députées de
Chicoutimi et de Terrebonne, utiliser ces trois votes. Je vais, donc, faire
l'appel.
M. Ryan: Je ne comprends pas ce nouveau
règlement-là. Mme la Présidente. Les votes sont-ils
transférables? Depuis quand?
La Présidente (Mme Harel): Oui Les membres de la formation
de l'Opposition détiennent cinq sièges et trois votes. Du
côté ministériel, tous les membres qui siègent ont
droit de vote.
M. Ryan: II me semble que les votes du côté de
l'Opposition - c'est curieux, ça ne m'avait pas frappé
jusqu'à maintenant - sont attribués à des personnes; ce
n'est pas transférable, ce n'est pas compté de manière
abstraite. Il doit y avoir des gens qui ont droit de vote, ici, et d'autres qui
ne l'ont pas; c'est ça qu'il m'intéresserait de
vérifier.
M. Dufour: Ah bien non!
M. Ryan: Remarquez bien que ça ne me fait rien, mais c'est
parce que je veux que ce soit clair pour l'avenir.
La Présidente (Mme Harel): Oui, vous avez tout à
fait raison. Voyez-vous, M. le ministre, les membres qui siègent
à la commission parlementaire de l'éducation n'ont pas tous droit
de vote. Il y a trois votes qui... C'est une décision du Bureau de
l'Assemblée nationale.
M. Ryan: De quand date-t-elle, cette
décision-là?
La Présidente (Mme Harel): Du 29 novembre 1989. C'est une
décision qui a été prise afin de statuer sur l'application
des articles 127 et 139 du règlement de l'Assemblée nationale et
qui prévoit ceci... C'est une disposition qui porte sur la
détermination de la composition des commissions et qui prévoit
que, en ce qui concerne la commission de l'éducation, le groupe
parlementaire formant le gouvernement détient neuf sièges et neuf
droits de vote, le groupe parlementaire formant l'Opposition officielle
détient trois droits de vote et cinq sièges et les
indépendants détiennent un droit de vote, pour un total de 15,
c'est-à-dire neuf droits de vote du groupe ministériel, trois du
groupe de l'Opposition et un parmi les indépendants.
M. Ryan: Ce qu'il m'intéressait de vérifier, c'est:
les voix de l'Opposition, est-ce qu'elles sont attribuées
nommément à des personnes ou si c'est le whip qui va
décider des trois personnes qui vont l'exercer?
La Présidente (Mme Harel): A l'une des cinq personnes qui
siègent à la commission pour le groupe de l'Opposition. Les cinq
personnes qui siègent à l'Opposition sont cinq membres
permanents, elles ne sont pas interchangeables. Il faut que le droit de vote
soit utilisé par une des personnes qui est un membre permanent de la
commission, une des cinq personnes.
M. Ryan: Très bien Est-ce que les trois personnes qui sont
ici sont des membres permanents de la commission?
La Présidente (Mme Harel): Vous aviez raison de poser la
question En ce qui concerne le député de Jonquière, oui,
pour les fins de notre séance, parce qu'il remplace le
député de Laviolette
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection, on voulait le savoir.
La Présidente (Mme Harel): Moi aussi, je l'ai appris.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): Vous avez très bien fait
de poser la question, ça nous aura tous permis d'obtenir la
réponse.
M. Ryan: On est menés par une bureaucratie, ce sont des
choses qu'on ignorait. Il n'y a jamais eu de rapport là-dessus à
l'Assemblée nationale, à ma connaissance.
La Présidente (Mme Harel): Voilà. Alors, j'invite
M. le député d'Abitibi-Ouest à regagner son
siège...
M. Ryan: Non, ce n'est pas déraisonnabie.
La Présidente (Mme Harel): ...et nous allons
procéder immédiatement au vote nominal sur la motion
préliminaire que le député d'Abitibi-Ouest a
déposée devant cette commission. Je vais appeler le vote.
M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Terrebonne?
Mme Caron: Pour.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher Bacon: Contre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Matane?
Mme Hovington: Contre.
La Présidente (Mme Harel): M le député de
Vimont?
M. Fradet: Contre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
LaFontaine?
M. Gobé: Contre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Verdun?
M. Gautrin: Je pense que je suis contre.
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Ça fait deux fois que je vote.
La Présidente (Mme Harel): Excusez-moi, M. le
député de Charlevoix. M. le député
d'Argen-teuil.
M. Ryan: Contre. (21 h 45)
La Présidente (Mme Harel): Le vote est donc: trois pour,
sept contre.
M. Gobé: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
de LaFontaine.
M. Gobé: Question d'information. À titre de
présidente, est-ce que vous aviez le droit de vote, en tenant compte de
l'entente que vous mentionniez?
La Présidente (Mme Harel): J'aurais pu avoir le droit de
vote si les membres de ma formation politique n'avaient pas utilisé les
trois votes qui étaient à leur disposition.
M. Gobé: C'est-à-dire que là vous n'aviez
pas droit de vote.
La Présidente (Mme Harel): À ce moment-ci, non,
étant donné qu'il y a déjà eu trois votes qui ont
complété le total des votes disponibles pour ma formation
politique.
M. Gobé: Est-ce que c'est normal que la présidente
d'une commission ne puisse pas avoir le droit de vote?
La Présidente (Mme Harel): J'aurais pu avoir un droit de
vote si tant est qu'il y avait eu égalité et que j'avais pu
utiliser mon vote prépondérant.
M. Gobé: Vous avez donc un vote
prépondérant.
La Présidente (Mme Harel): Oui, la présidence d'une
commission peut détenir deux votes, à la fois un vote pour sa
formation politique et un vote prépondérant.
M. Gobé: Parce que là, c'est quelque chose que..
Vous avez trois votes. Non, c'est intéressant comme chose, c'est
nouveau. Je ne savais pas.
La Présidente (Mme Harel): On me dit que les votes
prépondérants, c'était au moment où je
présidais lors du mandat précédent et que, maintenant, il
y a eu une décision de la commis-
sion de l'Assemblée nationale à l'effet de modifier le
règlement pour qu'il n'y ait plus de vote
prépondérant.
M. Gobé: Je vous remercie beaucoup de vos
explications.
La Présidente (Mme Harel): On apprend beaucoup.
M. Gobé: Oui, oui. C'est intéressant. J'ignorais
que les votes étaient attitrés en bloc à l'Opposition et
non pas nommément.
La Présidente (Mme Harel): Les fins de session nous
permettent toujours d'apprendre beaucoup sur nos règlements. Alors,
j'inviterais M. le député de Jonquière à nous faire
connaître la motion qu'il entend faire.
Motion proposant la tenue de consultations
particulières avec l'UMQ
M. Dufour: Mme la Présidente, je voudrais déposer
une motion préliminaire dans le sens de celle-ci: II est proposé
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la
commission permanente de l'éducation tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 69, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende l'Union des
municipalités du Québec.
La Présidente (Mme Harel): M le député de
Jonquière, je souhaiterais que vous nous trans mettiez copie de votre
proposition
M. Dufour: C'est fait, madame
La Présidente (Mme Harel): Est-ce qu'il y a des
interventions sur la recevabilité de cette motion? Avant que vous
interveniez, M. le député de Jonquière, à titre de
proposeur, je souhaiterais qu'il y ait des interventions autres À
défaut, je vais statuer sur la recevabilité. Je la
considère donc recevable et je vous invite à nous la
présenter.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Vous comprendrez que,
même si je n'avais pas le droit de vote, tout à l'heure,
j'étais en faveur très largement de la proposition. Celle que je
présente est dans le sens d'accepter qu'on reçoive l'Union des
municipalités du Québec en auditions particulières
concernant ce projet de loi, projet de loi qui, effectivement, a pour effet de
changer les règles du jeu. Quand on change les règles du jeu,
d'habitude, dans quelque sport que ce soit, et le plus fortement quand
ça touche la vie comme le porte-monnaie des gens, je pense qu'il est
Important à ce moment-là d'entendre le plus d'intervenants
possible.
L'Union des municipalités du Québec représente 80 %
à 85 % de l'ensemble des citoyens du Québec, ce qui fait
qu'à l'intérieur de cette Union on retrouve la plupart des
grandes municipalités dont Montréal, Québec, Laval,
Longueuil et un ensemble de municipalités. Il y a quelques petites
municipalités qui, aussi, font partie de cette Union qui a une grande
expertise, bien sûr, dans le domaine municipal, qui regroupe des gens qui
ont participé activement à la mise sur pied de la réforme
fiscale de 1979.
On a tendance, souventes fois, à oublier tout le travail qui a
été fait par nos prédécesseurs. Cet
après-midi, le ministre de l'Éducation nous rappelait que,
lorsqu'il voyait la Loi sur l'instruction publique, c'était toujours
avec beaucoup de respect qu'il la considérait. Moi, quand je regarde
ceux qui nous ont précédés, comme les gens qui ont
oeuvré dans le domaine municipal, eux aussi on doit les regarder avec
beaucoup de respect, parce qu'il y a des gens qui ont travaillé fort
pour arriver où on est rendu aujourd'hui.
Je veux juste rappeler qu'il y a eu des commissions importantes qui ont
été mises sur pied; il y a la commission Bélanger, si je
me souviens bien, qui a été mise sur pied pour étudier la
réforme de la fiscalité municipale, de longue mémoire. Il
faut se rappeler qu'à ce moment-là même le premier ministre
actuel faisait partie, comme secrétaire, de cette commission, une
commission royale d'enquête, qui étudiait exactement toute la
fiscalité municipale. Mais, dans le temps, le gouvernement ou les
gouvernements qui se sont succédé n'étaient pas
prêts à procéder à de grandes réformes Ce
n'était pas dans les moeurs, premièrement; deuxièmement,
il y a peut-être des gens qui trouvaient que c'était
intéressant que les maires viennent faire leur pèlerinage annuel
ici, à Québec. Je me souviens d'avoir fait partie de certaines
délégations en 1960, en 1964, en 1970.
Ça, c'est juste celui qui vous parle, mais il y en avait d'autres
qui venaient régulièrement quémander ou demander si
Québec ne participerait pas à une grande réforme des
réseaux d'aqueduc, des réseaux dégoût, des chemins,
de l'éclairage; c'est à peu près la panoplie des demandes
dans tous les dossiers. Il y a peut-être des gens qui aimaient ça,
parce que ça permettait d'abord, politiquement, de rencontrer des gens
et, quand on est les offrants plutôt que les demandants, ça peut
donner une certaine force vis-à-vis des municipalités. Et je
pense qu'on en abusait, on en usait largement. Ça s'est fait comme
ça Et, dépendant de quel endroit on était, si on
était du bon côté comme du mauvais côté, bien,
les subventions n'étalent pas égales,
nécessairement.
Donc, la commission royale d'enquête qui a étudié
ces cas-là a fait certaines propositions, mais ça n'allait pas
aussi loin Donc, on se rendait compte que, dans les années 1976, 1977,
il y avait des développements assez grands dans les
municipalités. Les municipalités étaient appelées
à dxercer de plus grandes responsabilités. Ça f&it
qu'il y avait des choix qui devaient se fairo par le gouvernement: est-ce qu'on
garde les règles du jeu telles que connues et que les
municipalités continuent à quémander ou à faire
leur pèlerinage annuel ou semi-annuel? Bien, ça a fait l'objet
d'une grande discussion. Il y a eu un livre blanc de déposé, des
municipalités ont été largement informées de ce qui
se passait et des responsabilités qu'elles pourraient assumer Ça
s'est fait dans un grand forum et une grande discussion. Je pense que ça
s'est fait publiquement.
Mais, effectivement, lorsque les municipalités - parce que je
peux en parler en connaissance de cause - ont commencé à
dialoguer ou à discuter avec le gouvernement, elles s'attendaient
à tout recevoir sans donner rien en retour. Ça a
été probablement le plus grand choc, là, que le monde
municipal a reçu par rapport à cette réforme. Parce que
rappelons-nous que le gouvernement nous donne un exemple de ce que faisaient
les municipalités, c'était de jouir de revenus qu'elles n'avaient
pas à "collecter". C'était ça, le vrai fondement de ce qui
arrivait dans le passé. Il y avait certaines municipalités qui
retiraient des revenus astronomiques de la taxe de vente. Elles obtenaient le 2
%. Et il y avait des municipalités, à part ça, qui
distribuaient au nom de toutes les autres, dans certaines régions, ces
revenus-là. Donc, elles se finançaient en partie par une partie
de ces montants-là qu'elles recevaient. C'est évident que des
municipalités qui recevaient 500 000 $, 1 000 000 $, 1 500 000 $ de
taxes...
J'aimerais bien saluer notre chef qui se joint à nous, c'est
intéressant. Bienvenue, M. Parizeau, M. le chef de l'Opposition
officielle. Je voulais dire qu'il y a des municipalités qui
étaient très heureuses d'obtenir des montants d'argent auxquels
elles n'avaient pas participé de quelque façon que ce soit.
D'abord, les commerçants ou les commerces s'installaient dans des
endroits précis et, si ça arrivait que c'étaient des
vendeurs d'automobiles, rappelons-nous que les ventes d'automobiles
étaient à peu près centralisées dans des endroits
très précis, donc il y avait des ventes astronomiques, 2 % des
montants des résultats de vente des automobiles ou de camions. L'exemple
est bien, on s'aperçoit qu'il y a des camions encore qui circulent ou il
y en a qui sont arrêtés. Le 2 %, ça faisait une ristourne
intéressante pour les municipalités qui, elles, n'avaient
qu'à dépenser. Et les maires pouvaient se promener, puis dire:
Bien, voyez comme nous on est des bons administrateurs, parce qu'on ne remonte
pas trop, trop.
Mais il y avait un problème, puis il y avait une
difficulté, c'est que le retour de la taxe de vente était en
fonction des ventes qui se faisaient, qui se passaient dans les
municipalités concernées, ce qui fait qu'il y avait une certaine
injustice par rapport à ça. Parce que le citoyen, par exemple, de
la municipalité X, qui allait acheter dans la municipalité Y,
n'avait pas de retour, à moins que, par un truc assez important, on ne
finisse par découvrir que le monsieur de X avait été
acheter dans la municipalité Y. On a vécu ça, dans ce
temps-là, dans l'ancienne ville d'Arvida, où on a constaté
qu'il y avait des fuites assez intéressantes d'argent dans les
municipalités voisines, puis on a réussi, avec des contorsions
extrêmes, à en discuter avec le ministre du Revenu du temps, parce
que ça c'est avant la venue du Parti québécois, et on a
fini par avoir des petits montants qui ont été remis.
Donc, il y a eu une discussion importante, on pourrait dire une
discussion musclée. Je pense qu'il faut l'admettre, là, ce n'est
pas toutes les municipalités qui, volontairement, acceptaient de se
départir de leurs revenus et de changer les règles du jeu. Mais,
tout de même, je pense que les gens des unions municipales qui
manifestaient une crainte énorme vis-à-vis de ces
changements-là, le temps leur a donné tort. Parce que
l'impôt foncier qui avait été gelé dans le
passé à peu près à des niveaux raisonnables, mais
qui n'avançaient pas, n'augmentaient pas, bien, ils ont commencé
à changer avec le temps, ce qui a permis à des
municipalités de bien suivre l'augmentation du coût de la vie. Je
pense que, de ce côté-là, on peut dire que l'impôt
foncier a joué son rôle, puis il y a eu une meilleure
répartition de la richesse Ce qui fait que, ce temps-là, qui a
amené tout le monde sur un pied d'égalité, a permis
à des municipalités de se sentir beaucoup plus à l'aise
pour accepter de nouvelles responsabilités.
C'était ça le but! Le but de la réforme,
c'était de responsabiliser les gens, les administrateurs municipaux,
d'abord vis-à-vis de leurs contribuables pour bien leur faire comprendre
qu'on paie ce que ça coûte, puis que les gens soient bien
sûrs que la facture qu'on leur envoie, c'est pour des services bien
identifiés. Je pense que de ce côté-là, mission
accomplie, les gens le savent, quand les municipalités envoient leurs
comptes de taxes, à quoi ça sert. Et ça, c'est important.
Je pense que ça a donné un effet extraordinaire. Les gens des
municipalités ont accepté de jouer leur rôle social, de
jouer leur rôle, avec les responsabilités qu'elles avaient
acceptées. Donc, elles ont vécu ça et, plus que ça,
elles ont même accepté, les municipalités, volontairement,
de travailler en partenariat avec le gouvernement du Québec. Elles ont
accepté de prendre des responsabilités nouvelles. Et Dieu sait
s'il y en a quelques-unes. Rappelons-nous
l'assainissement de l'eau. C'est un grand projet qui a été
mis sur pied. Ça avait l'air d'un rêve quand on a parlé de
ça. C'était phénoménal, un programme d'environ 6
000 000 000 $, on a fait des gorges chaudes. J'en connais quelques-uns qui
étaient un peu ébahis de voir qu'il y avait un programme de si
grande envergure qui se mettait sur pied au Québec. Mais les
municipalités ont accepté d'embarquer avec le gouvernement.
D'abord, il y avait des raisons bien profondes. La responsabilité que le
gouvernement du Québec assumait, c'était de donner une relance
économique au milieu, mais c'était aussi d'épurer. On
était à peu près, pas à peu près, on
était la province ou le coin de pays, qui était le plus
reculé par rapport à ce qui se passait ailleurs. Je pense que
voilà un programme stimulant et, quand on a vu le fonctionnement de nos
municipalités par rapport à l'assainissement de l'eau, je pense
que c'est intéressant de voir ce qui s'est passé. Je me souviens,
ils disaient: - il y avait eu des dépassements de coûts à
des endroits -on ne sait pas où on va avec tout ça, qu'est-ce qui
va se passer? Je me rappelle, l'Opposition du temps amenait sa panoplie de
suggestions, pas de suggestions, parce que je pense qu'on n'avait pas
nécessairement beaucoup de suggestions de la part de l'Opposition,
c'était plutôt des contraintes, puis des restrictions mentales
comme physiques, parce qu'on faisait beaucoup de travail sur le terrain pour
dire que c'était un programme qui n'avait pas d'allure, qui n'avait pas
de bon sens. (22 heures)
Quand on regarde, après 10 ans, le cheminement qu'on a fait, on
peut dire: Bravo! il y a des gens qui ont vu loin, puis il y a des gens qui ont
accepté, puis permis que le Québec rattrape une partie du retard.
Il y a encore des choses à faire, c'est évident, mais, moi, je
vous dis qu'il y a eu des belles choses, des choses intéressantes, parce
que, quand on parlait de l'assainissement de l'eau, la plupart des gens
pensaient qu'on allait régler juste avec une usine puis qu'on allait
faire de la filtration ou qu'on aurait des bassins de rétention, mais
ça allait beaucoup plus loin que ça. Les municipalités ont
été beaucoup plus loin que l'assainissement de l'eau purement et
simplement. Ça aura permis pour beaucoup de municipalités de
faire la réfection de leur réseau d'égout en grande partie
et ça, c'était excessivement intéressant. Mais, en 1990,
où ça a été bâti ces
réseaux-là, il demeure une chose, c'est qu'il faut les faire
fonctionner, il faut les entretenir. Donc, c'est une responsabilité
nouvelle que les municipalités ont prise depuis 10 ans. La construction,
je ne pense pas que ça ait mis en danger la santé
financière des municipalités, mais, dans l'opération,
c'est des coûts importants et c'est pour ça que c'est important de
garder une source de taxation qui va avec la responsabilité qu'elles ont
acceptée.
Depuis ce temps-là, regardons le cheminement que la... Parce que
je pense que l'assainis- sement de l'eau n'est pas indifférent à
tout ce qui s'est passé par rapport au développement de toute
autre action concernant l'environnement, parce que juste (assainissement de
l'eau, ça a sensibilisé des gens, ça a été
à peu près le plus grand dossier, pas à peu près,
c'est le plus grand dossier qu on a eu en environnement, parce que ça a
amené les gens à se questionner à savoir: Est-ce que
ça va rester là? Là, ça a été
l'épuration pour les industries. On a commencé à parier de
l'air, on a commencé à parier des sols contaminés. On vit
avec ça tous les jours et ça a réveillé à
peu près tout le monde par rapport à ça. Les neiges
usées; on a commencé à parier de la réglementation
concernant les neiges usées, ça ne se fera pas seul.
L'enfouissement sanitaire, ce n'est pas réglé; c'est
réglé en partie, mais il va falloir aller un petit peu plus loin.
La récupération, le recyclage. Voilà des domaines, en tout
cas dans l'environnement, qui ne peuvent laisser personne
indifférent.
En même temps qu'on parle de ça, on parle, à part de
ça, de la police verte. Le ministre de l'Environnement dit: II faudrait
bien avoir l'expertise des gens des municipalités, on pourrait
peut-être s'en servir. Puis, la façon dont on va les
rémunérer, ça serait: vous allez me rendre coupable puis,
après ça, vous allez "collecter" les amendes. Voilà une
bonne façon pour un gouvernement de se tirer d'affaire. Les
municipalités vont devenir, au même titre que le scolaire, des
percepteurs d'impôt. Point, à la ligne. C'est ça qu'on leur
dit: "Collectez", frappez sur vos contribuables. Vous allez voir, ça va
faire une belle société juste et raisonnable. Et les gens se
demanderont tout le temps, dans les municipalités: Est-ce que les
administrateurs municipaux ne nous aiment pas? Est-ce qu'on devrait aller dans
l'autre municipalité, parce que, eux, ils vont nous laisser faire un
petit peu plus? Moi, je pense que ce n'est pas une grande perspective. Ce n'est
pas valorisant pour des municipalités d'avoir à jouer ce
rôle de percepteur ou de policier, parce qu'on va demander à
l'avenir aux municipalités de jouer à la police partout. Moi, je
pensais que la municipalité était une dispensatrice de services,
de biens, puis qu'elle était au service de la communauté, mais,
là, c'est la communauté qui va être au service de la
municipalité, parce qu'on va la forcer à payer, puis on va la
surveiller tout le temps.
Donc, moi, je ne pense pas que c'est une bonne façon de valoriser
les municipalités. C'est une erreur fondamentale. C'est pour ça
qu'on dit, Mme la Présidente, qu'on a intérêt à
rencontrer ces gens-là pour qu'ils viennent nous rendre compte de leur
perspective.
C'est bien sûr que j'aurais des choses à dire, puis on aura
l'occasion, bien sûr, d'en reparier, mais, moi, je voudrais vous parier,
par exemple, de l'affirmation du ministre de l'Éducation. Je ne nie pas
qu'il a une grande compétence, puis une grande connaissance dans le
domaine de l'éducation. Je ne dis pas qu'il s'en sert toujours
Dien, mais ce que je peux prétendre, c'est que, au point de vue
municipal, il est un peu moins ferré, parce qu'il a dit que les
employés municipaux étaient beaucoup plus payés que le
secteur privé, mais encore il faudrait aller creuser un petit peu plus.
Parce que le journal Les Affaires s'est prononcé, ce n'est pas
néces-sairen ;,,t ex cathedra. Parce que, la vérité, il y
en a juste un qui peut prétendre l'avoir autour d'ici, au Québec.
Il y en a un, peut-être, qui peut prétendre l'avoir, mais pas le
journal Les Affaires.
Il ne faut pas oublier, fondamentalement, c'est quoi qui se passe dans
nos municipalités. Pourquoi? Et ça, c'est la question. D'abord,
on a comparé indifféremment, de quelque part que ça soit,
les municipalités d'une place puis de l'autre. N'oublions pas que, dans
le secteur municipal, ce sont, la plupart du temps, des gens syndiqués.
Donc, quand on dit "syndiqués", ça veut dire un peu plus
payés. Tant mieux. On ne peut pas avoir juste des salaires minimums
à 5 $ ou a 5,25 $. Quand on parle de l'entreprise privée, c'est
beaucoup moins syndiqué. Donc, on peut faire une comparaison qui va
boiter parce qu'on ne compare pas les mêmes choses. Si on comparait des
employés syndiqués avec des employés syndiqués des
municipalités, ça changerait un peu les règles du jeu.
Ça, je pense que c'est fondamental. Quand on a pris la manière de
se comparer, on a parié des 43 plus grandes municipalités. Quand
on prend toutes les petites entreprises, les PME, et qu'on parle des 43 plus
grandes municipalités, c'est quelque peu différent.
Le secteur de la construction, c'est privé, il n'était pas
à la rencontre. N'oublions pas que les municipalités ont des
employés dans leur section, qui font partie de la construction. Le
salaire d'un ouvrier ou d'un menuisier dans une municipalité se compare
avec le salaire dans l'industrie de la construction. Et, pourtant, on n'en
tient pas compte. Le plombier - dans les municipalités, il y en a - ou
l'électricien... Les métiers de la construction sont à peu
près tous dans les municipalités et on ne les compare pas Donc,
c'est important de le faire.
Il y a un autre élément qu'il ne faut pas oublier,
surtout, et qu'il faut amplifier, c'est que, dans les municipalités,
depuis plusieurs années, ils ont des corps de policiers et de pompiers.
Ces corps-là sont réglementés par l'arbitrage obligatoire.
Les municipalités n'ont pas le choix de payer ou de ne pas payer. Les
corps, lorsque viennent ies conventions collectives, sont obligés
d'aller au tribunal d'arbitrage et la sentence est obligatoire. Dieu sait qu'en
1982-1983, quand il y a eu un arrêt des augmentations de salaire, qu'il y
a eu les restrictions sur ce qui était parti pour défoncer,
c'était le coût de la vie, les policiers ont défoncé
ça, et de beaucoup. Ils ont continué, eux autres, à
augmenter leur salaire.
Ça fait quoi, ça? Dans une structure salariale, il faut
tenir compte du plus haut jusqu'au plus bas Ça a eu pour effet de faire
relever les plus bas salariés. Quand on fait une comparaison aussi je ne
dirais pas dramatique, mais je dirais une comparaison aussi facile, aussi
simpliste que de dire: Voyez-vous, c'est comme ça, un par rapport
à l'autre, c'est marqué dans le journal Les Affaires... Le
journal Les Affaires, que je sache, n'a pas la vérité,
comme le Conseil du patronat non plus, d'ailleurs; je leur refuse ça.
Quand je vois ce qui s'est fait comme comparaison, je dis: Ça ne tient
pas. Il faudrait peut-être regarder un petit peu plus loin, pourquoi les
municipalités sont obligées de payer d'une façon et
pourquoi il y a ce qui arrive.
Donc, les différences ne sont sûrement pas aussi grandes
qu'elles en avaient l'air à première vue. M. le ministre de
l'Éducation, je vous invite à regarder un peu ce qui se passe.
Quand on parie du secteur privé, Hydro-Québec paie des salaires,
elle aussi. Est-ce que c'est le secteur privé, public? On pense que
c'est public, mais ils sont dans le marché privé; donc, il y a
des chances que les gens d'Hydro-Québec se tiennent aussi avec ie
secteur de la construction. Ça a pour effet de changer les règles
du jeu.
Je vous invite, là dessus, à bien faire les comparaisons,
à bien faire attention parce que c'est trop facile d'avoir juste un
papier et de dire: C'est comme ça qu'on va juger ça, et ce qu'on
voit là, c'est la vérité. Moi, je vous dis: Non, ce n'est
pas tout à fait comme ça. J'ai essayé de vous le
démontrer quelque peu, mais, si l'Union des municipalités venait
se présenter ici en commission parlementaire, elle viendrait vous dire
ce que je vous dis là, sûrement beaucoup mieux, parce que eux ont
fait la recherche avec leurs gens et ils n'arrivent pas aux mêmes
conclusions.
Quand on regarde l'autre facette des règles du jeu, j'aurais
aimé que les municipalités soient venues nous dire c'est quoi, le
changement. Est-ce que c'est vrai, la prétention du gouvernement qui
essaie de démontrer que ça ne change rien, qu'en ouvrant le champ
de l'impôt foncier au scolaire, ça ne change rien? J'ai compris
que les unions ont fait quelques représentations, mais, quand je regarde
les titres de journaux, les analyses et les échanges qu'il y a eu avec
le gouvernement, je suis obligé de prendre la parole de l'un ou de
l'autre. Il y en a un qui a dit: II n'y a pas eu de véritables
consultations et il y en a d'autres qui nous disent On a eu des consultations.
Moi, je suis porté à croire que, s'il y a eu des consultations,
elles ont été tellement rapides et tellement directives que,
effectivement, ça revient à dire qu'il n'y a pas eu de
véritables consultations. Et les municipalités ont
été obligées d'accepter ce qui était
proposé, de force. Même si elles n'ont pas accepté, elles
ont dit - et ça, les municipalités l'ont dit - on est respectueux
du gouvernement.
Donc, ce que le gouvernement nous impose, on est bien obligées de
l'accepter, mais on n'aime pas ça, on est contre ça. On ne peut
pas accepter allègrement que vous veniez changer tout ce qu'on a
accepté il y a 10 ans.
Ça a trop pris de temps à faire ça. C'est ça
que j'ai de la difficulté à comprendre. La vie d'un élu,
au point de vue électoral, c'est six ans et demi. Ce qui veut dire que -
je peux le dire sans me tromper - la plupart des gens qui sont autour de la
table n'ont pas vécu ça, la réforme fiscale municipale.
Ils l'ont vue de l'extérieur. À l'interne, il n'y en a pas
beaucoup. Parce que la moyenne d'un élu au Québec, soit au point
de vue de l'Assemblée nationale, soit au point de vue municipal, c'est
six ans. Il n'y a pas de changement ni pour l'un, ni pour l'autre. Je vais plus
loin que ça. À l'Union des municipalités, comme à
l'Union des municipalités régionales de comté,
peut-être je pourrais dire facilement que 75 % du monde n'a pas
vécu ça à l'interne.
Si les gens avaient connu ce que c'est que de faire un pèlerinage
pour venir chercher de l'argent, ce que c'est que d'être à la
recherche des montants pour pouvoir administrer, je pense qu'on aurait
été beaucoup plus parcimonieux vis-à-vis de cette
décision qui remet en cause tout le vécu. Parce que ce qu'on fait
là, c'est juste une ouverture. Je le disais avant-hier, vendredi
dernier: Une porte ne peut pas rester à moitié fermée
comme à moitié ouverte. Ou elle est ouverte ou elle est
fermée. Dans ce cas-ci, elle est ouverte. Donc, on aura tendance
à aller chercher, surtout qu'on cherche à se comparer avec la
province voisine ou; pendant au moins les 40 dernières années, il
n'y a pas eu vraiment de réforme de l'évaluation.
Ce que je comprends ou que j'essaie de comprendre, c'est que les gens de
l'extérieur, des provinces ou des pays voisins viennent voir au
Québec ce qu'on a fait avec nos municipalités pour les
responsabiliser autant et les mettre, en fait, assez dynamiques. C'est
dynamique, ce n'est pas statique, les municipalités. Si on regarde le
cheminement des municipalités régionales de comté, les
petites municipalités se sont impliquées dans le
développement du Québec. Une chance du bon Dieu parce que,
aujourd'hui, on se dit: II ne se passe plus rien au Québec Le
développement de nos régions, ne comptons plus là-dessus.
Si on regarde les budgets de voirie, c'est nenni. Il n'y a plus grand-chose. Je
regardais encore ce soir, entre les deux heures de repos. Aie, les budgets de
la voirie sont tombés comme ça. Ils sont en chute libre. II ne se
passe rien. Et on dit: II y a des trous dans les rues. Mais il n'y a pas rien
que des trous dans les rues, il y a des trous...
Une voix: On est dans l'éducation.
M. Dufour: Bien, Mme la Présidente, je m'excuse. Je vous
demande de rappeler à l'ordre la députée de je ne sais pas
où, de l'Acadie. Parce que je vais lui dire quelque chose: Quand on
parle des municipalités, on parle de voirie - si elle ne le sait pas, je
vais lui montrer c'est quoi, une municipalité - on parle
d'éclairage, on parle de système policier, on parle
d'éducation et on parle dégoût C'est ça, la
municipalité. Je veux vous rappeler, madame, que quand je parle de la
voirie, je parle des municipalités.
La Présidente (Mme Harel): M. le député.
M. Dufour: Et je voudrais que ces municipalités continuent
à recevoir des montants d'argent pour pouvoir les arranger, les rues. Si
vous n'êtes pas capables de le faire, que d'autres le fassent.
Mme Hovington: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Dufour: C'est ça que vous avez fait depuis cinq
ans.
La Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
Matane, juste avant de permettre votre question de règlement..
Mme Hovington: Je pense qu'il est interdit... M. Dufour:
Elle n'a pas à m'interrompre.
La Présidente (Mme Harel):... je demande au
député de Jonquière de s'adresser à la
présidence pour compléter son intervention sur sa motion.
Mme Hovington: C'est la question de règlement que je
voulais soulever justement, que le député de Jonquière n'a
pas à s'adresser directement à ma collègue ici, mais bien
à s'adresser à la présidence.
La Présidente (Mme Harel): Je suis convaincue qu'il va
dorénavant s'adresser à la présidence.
M. Dufour: Mme la Présidente, je veux juste vous rappeler
que, lorsqu'on parie, on n'a pas à être interrompu. À ce
moment-ci, elle m'a Interrompu..
La Présidente (Mme Harel): Votre point d'ordre est
reçu.
M. Dufour: c'est pour ça que j'ai pris ce moyen Je pense
qu'il y a des gens qu'il faut qu'ils apprennent qu'il y a un certain respect,
d'un bord comme de l'autre. Je pense que je suis assez respectueux de ce
côté-là. Je voudrais vous dire et vous
répéter qu'il y a des gens ici autour de la table qui ne savent
pas ce qui se passe dans une municipalité et j'essaie de leur
montrer
ce que c'est li y a peut-être des gens qui auraient
intérêt à s'être fait élire d'abord dans des
conseils municipaux ou dans un conseil scolaire pour venir voir ce qui se passe
dans nos milieux. (22 h 15)
C'est pr».:r ça que ce serait intéressant que
l'Union des municipalités vienne nous rappeler le sens de la raison que
les municipalités ont. Vous savez, les municipalités, c'est
l'institution la plus vieille qui existe à peu près au
Québec. C'est la plus vieille. Ces institutions qui ont
été mises sur pied... En fait, on dit que les
municipalités sont les créatures du gouvernement, mais n'oublions
pas qu'avant le gouvernement il y a eu des municipalités. Regardez ce
qui s'est passé dans le monde, ce sont les municipalités qui ont
donné naissance à des pays. C'est de même que ça
s'est passé. Donc, c'est fondamental et ce sont les municipalités
qui sont le plus près des citoyens.
Mme la Présidente, il y a encore des gens qui interrompent. Je
demanderais au député de LaFontaine d'être à
l'ordre, parce qu'il a beau mettre en doute ce que je dis, mais il regardera et
on va lui faire un cours d'histoire.
La Présidente (Mme Harel): M le député de
Jonquière, oui, je vais vous...
M. Gobé: Mme la Présidente...
M. Dufour: Je n'accepterai plus de me faire interrompre, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Je vais permettre au
député de Jonquière de faire un point d'ordre et je vais
simplement inviter le député de LaFontaine à
réserver ses remarques pour l'intervention qu'il pourrait faire suite
à celles que le député de Jonquière va
compléter. Alors, vous avez un point d'ordre, M. le député
de LaFontaine.
M. Gobé: Oui, Mme la Présidente Juste parce que
j'écoutais, avec un grand intérêt d'ailleurs, le
député de Jonquière nous faire un cours sur la voirie
municipale, même si ce n'est peut-être pas forcément la
commission de l'éducation qui a ça comme juridiction.
La Présidente (Mme Harel): Quel est votre point
d'ordre?
M. Gobé: En effet, il est possible qu'il ait raison et que
quelques pays aient été formés par les
municipalités: Rome, Athènes à l'époque. Ça,
je vous l'ai mentionné...
La Présidente (Mme Harel): Quel est votre point d'ordre,
M. le député de LaFontaine?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobé: Non, c'est juste pour faire une mise au point. Il
semblait avoir mal perçu mes paroles. Alors, je tenais à lui
rappeler qu'en effet il y avait peut-être là quelque chose
à voir, mais ça remonte très loin.
La Présidente (Mme Harel): Bon. Je vous inviterais
à compléter votre intervention.
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente. Je voudrais...
La Présidente (Mme Harel): Combien de temps vous
reste-t-il? Il vous reste trois minutes.
M. Dufour: Je trouve ça malheureux qu'il y ait des
interruptions et je trouve qu'on avait juste à s'asseoir et à
écouter, ce serait déjà beaucoup. On peut même leur
permettre de dormir entre-temps.
Cela étant dit, ce que je veux dire à la fin de mon
intervention, c'est que cette décision gouvernementale de laisser les
commissions scolaires s'introduire dans le champ de l'impôt foncier ne
règle pas les problèmes. Rappelons-nous qu'avant 1980 les
commissions scolaires n'étaient que les percepteurs des taxes que le
gouvernement voulait bien leur laisser. Dans ce projet de loi, il y a encore
des mesures pour contrôler les commissions scolaires. Elles ne pourront
pas taxer comme elles vont le vouloir, parce qu'on parle de 0,35 $; on ne parle
pas de 0,40 $ et 0,50 $. Elles vont être limitées. Ça fait
que leur autonomie va être encore contrôlée. Ça n'a
pas ouvert tellement le jeu. Ça ouvre le jeu pour augmenter les taxes,
mais surtout pour permettre à l'État de se désengager.
C'est ça que je voudrais que nos municipalités viennent
nous dire: Arrêtez de vous désengager sur notre dos. Assumez vos
responsabilités. On va faire les nôtres, mais que le gouvernement
fasse les siennes. Ce n'est pas vrai que du jour au lendemain on peut changer
n'importe quelle règle du jeu en disant. Un jour l'État
reconnaît que l'éducation c'est sa responsabilité, puis, le
lendemain, ce n'est plus la nôtre, parce qu'on veut responsabiliser. Ne
nous faisons pas d'illusions, c'est un trompe l'oeil de dire à nos gens
du scolaire: On veut vous responsabiliser. Oui, parce que ça fait notre
affaire, parce que, en vous responsabilisant, on va vous permettre de
"collecter" des taxes puis, en retour, on va vous donner une commission sur le
collectage de taxes. C'est ça l'autonomie qu'on veut leur accorder
Voilà, Mme la Présidente, une partie de l'intervention et
des choses que j'aimais à dire.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député de Jonquière Avant de donner la parole à M.
le député d'Abitibi-Ouest, qui me la demande, sur la motion, y
a-t-il un député ministériel qui
souhaiterait intervenir à ce moment-ci?
Alors, j'invite le député d'Abitibi-Ouest à faire
son intervention sur la motion.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente C'est avec plaisir que
j'interviens sur la motion, parce que je persiste à croire qu'il aurait
été intéressant de pouvoir entendre le point de vue de
l'Union des municipalités du Québec. Le ministre de
l'Éducation lui-même, avant d'aller souper, disait: Je serais
d'accord pour les entendre parce que ce sont des gens qui sont
spécifiquement concernés. Ils sont spécifiquement
touchés et ce serait intéressant d'avoir leur point de vue Quand
on est revenus à 20 heures, il nous a indiqué: Eh bien,
là, on verra, parce qu'il est possible qu'au cours du débat de
notre commission parlementaire nous ayons l'occasion de regarder plus
particulièrement des groupes intéressés, plus
spécifiquement intéressés. Alors, contradiction
évidente, il n'y a pas de plus intéressées que l'Union des
municipalités et l'UMRCQ.
L'Union des municipalités, c'est pour trois ou quatre raisons que
je voudrais développer qui devraient attirer l'attention du ministre de
l'Éducation et de ses collègues. Une chose est certaine, c'est
qu'on est d'accord que le champ foncier n'est pas complètement
utilisé. Partons de ce principe là. Reste-t'il, oui ou non, une
marge de manoeuvre dans les municipalités du Québec pour ce qui
est de l'utilisation du champ foncier? Ma réponse, c'est oui Est-ce que,
cependant, il n'est pas plus logique et légitime de leur laisser cette
marge de manoeuvre pour prendre les responsabilités qu'on leur a
confiées lors du pacte de la fiscalité?
J'ai eu l'occasion de le dire, je l'ai vécu moi-même, comme
conseiller municipal, dans une petite localité qui s'appelle le canton
La Sarre et je me rappelle qu'il y avait une seule façon d'avoir quelque
chose à l'époque: venir ici avec une calotte rouge ou bleue,
faire un peu de lobby avec les personnes concernées Et, si on
était chanceux, de temps en temps, on pouvait avoir quelque chose, soit
sur le réseau d'aqueduc, soit sur le réseau dégoût,
soit pour de l'aide au niveau du réseau incendie, l'éclairage de
rues et tout ça. Mais on a été plus souvent malchanceux
qu'autrement, parce que ça fonctionnait comme ça. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise? Ça ne donne rien de se conter des
peurs.
Et, à un moment donné, quand on a fait le pacte fiscal
avec les municipalités, on a dit Ce serait beaucoup plus logique de
responsabiliser ce monde-là et de lui dire: Bien, écoutez, quand
vous serez en mesure de vous voter une aréna, il va falloir expliquer
aux citoyens que ça coûte tant, une aréna, et, si vous
voulez développer un nouveau domaine domiciliaire avec bordures,
chaînes de trottoir, éclairage, il y a des coûts à
ça, et c'est de même que ça marche maintenant. C'est tant
du pied linéaire et, même, les travaux sont souvent faits
d'avance. Et on dit: Le terrain, c'est 4000 $. C'est un exemple, ce n'est pas
vrai; ça coûte plus cher que ça. Mais c'est un exemple Mais
tu as également 5000 $ à débourser pour les services qui
sont là, les services sur table, ce qui permet aux municipalités
de prendre une décision.
Qu'est-il arrivé depuis l'accident du 2 décembre 1985,
accident grave pour les municipalités? C'est un pelletage continuel de
responsabilités accrues au niveau des municipalités. Et,
ça, c'est des choses concrètes. Et mon collègue pourrait
en témoigner. Je me rappelle juste la question du contrôle de
l'eau potable. C'est le ministère de l'Environnement qui avait le
contrôle de l'eau potable. À un moment donné, on a dit aux
municipalités C'est fini. Nous autres, on ne s'occupe plus de ça.
Arrangez-vous avec vos troubles, ça vous appartient. La question de la
gestion des plages pour les municipalités qui avaient quelques plages
publiques.. Moi, j'ai une municipalité qui en a deux. Les deux sont
fermées. Pour quelle raison? Une raison très simple: des normes
de fou à ne plus finir, avec des gardiens de plage permanents, avec des
heures obligatoires et une série d'éléments, mais à
la charge des municipalités. Et je pourrais continuer. La liste ne finit
plus du débordement de responsabilités que ce gouvernement avait
et, a un moment donné, il a dit. On ne les prend plus.
Je vois le député de Verdun qui dit: Bon, bien, c'est un
point de vue intéressant, ça. Oui, il reste de la marge de
manoeuvre, mais il faut la laisser pour ceux qui ont des décisions
à prendre pour leurs commettants par rapport aux demandes qu'ils font.
Je parle des citoyens et des citoyennes de ces villes-là et de ces
villages-là. Et il y a énormément de
responsabilités accrues. Je pense juste encore à chez nous, parce
que, souvent, c'est à partir de nos propres exemples. Chez nous,
à un moment donné, on a dit: C'est fini, votre dépotoir
à ciel ouvert. Il y en a d'autres qui ont dit: Nous autres, on ne prend
pas ça au sérieux, on continue et on aura des extensions.
Malheureusement, c'est le cas. Il y a des villes où ça fait sept
ans que c'est censé être fini et elles sont encore avec des
dépotoirs à ciel ouvert.
Mais il y en a qui ont eu l'honneur ou le malheur de se conformer aux
directives du gouvernement. Êtes vous au courant de ce que ça
coûte, un dépotoir en tranchées? Moi, je suis au courant de
ce que ça coûte: quatre fois et demie les coûts
estimés, tout autant en termes de coûts qu'en termes d'espace,
parce que le volume de déchets domestiques, pour toutes sortes de
raisons que vous connaissez: tout est en contenants, tout est emballé,
même les cochonneries qu'on reçoit dans nos boîtes à
malle. On a été obligé do réglementer ça
parce
qu'il y en avait trop et, là, ils sont obligés de les
mettre dans un paquet, de les mettre dans une enveloppe pour envelopper tout
ça, ce qui fait que le volume de déchets domestiques, au sens
iarge du terme, a tellement progressé que, quand tu fonctionnes, comme
c'est le cas de la ville de La Sarre, avec un site d'enfouissement sanitaire
pa; tranchées.. Eux autres, ils avaient ache' , un terrain et ils ont
dit: On est corrects pour les 20 prochaines années. Ça fait
quatre ans et, déjà, il y a des décisions qu'ils sont
obligés de prendre pour trouver un nouveau site. Il n'y a plus de
place.
Et, moi, j'ai vu les coûts faramineux - quatre minutes! En tout
cas - que ça coûte parce qu'ils se sont conformés à
une législation du ministère de l'Environnement. Donc, est ce que
les municipalités du Québec ont encore besoin de l'espace..?
Parce que je connais les chiffres, j'ai vu les tableaux, je connais les
municipalités et il y a des municipalités qui, effectivement,
n'utili sent pas encore, comparativement à d autres, l'espace disponible
de l'occupation du champ foncier Mais on n'a pas le droit d'aller y piger et de
les empêcher de l'occuper avec le lien de la responsabilisation qu'on a
voulu leur imputer par le pacte de la fiscalité en 1979 et en 1980.
Là, ça veut dire qu'il faut recommencer complètement toute
cette notion légitime de respon sabilisation du premier palier de
pouvoir, le plus près des citoyens. Et le premier palier de pouvoir le
plus près des citoyens, c'est le conseil municipal, au-delà de
vos discours, au-delà de l'histoire, au-delà de l'histoire
européenne ou d'ailleurs. On vit au Québec et au Québec,
c'est de même que ça s'est passé. Ce n'est pas parce que
ça a commencé avec une commission scolaire quelque part au
Québec, ce n'est pas ça l'histoire L'histoire, c'est d'abord la
fondation d'une multitude de petits villages ruraux C'est ça l'histoire
du Québec pour ceux qui la connaissent.
Dans ce sens-là, si on avait eu l'Union des municipalités
du Québec, elle nous aurait expliqué pourquoi elles ont besoin de
pouvoir conserver un espace disponible d'usage du champ foncier compte tenu des
responsabilités accrues qu'elles, comme municipalités,
héritent de plus en plus. Moi, je suis d'accord sur cette
formule-là que les municipalités, dorénavant - parce que
le ministre dit qu'il n'y a plus de corporations publiques, avec raison -
peuvent se comporter en disant: Bien, ce n'est pas grave, c'est des fonds
publics. Ce n'est pas des fonds publics quand tu es dans la poche des
contribuables québécois et, en conséquence, en
responsabilisant les municipalités du Québec, bien, ça a
permis d'avoir beaucoup moins de pèlerinages, d'être moins
à la merci des gouvernements, d'être un peu plus autonomes et
d'être plus respectueux d'un vrai besoin. Ça permet de "prioriser"
davantage ce qui est une priorité versus ce qui est un besoin.
Vous parlez des routes, mais ce n'est pas pour rien... Pourquoi le
district dit-il: II y a des routes qu'on juge urgentes, prioritaires,
nécessaires et peut-être bien, à peu près, tu sais
je veux dire, peut-être bien nécessaires? Ce n'est pas pour rien.
C'est qu'on est dans une période de conjoncture où on ne peut pas
tout se permettre, où on ne peut pas tout se donner, où on ne
peut pas tout avoir. Dans ce sens-là, il faut s'assurer de faire les
meilleures priorités. Quand un gouvernement laisse au pouvoir municipal
la capacité de prendre lui-même les décisions pour faire
les meilleures priorités, bien, il me semble qu'il est plus responsable
envers ses commettants. C'est plus facile, pour lui, de se présenter
devant son monde et de dire: Écoutez, c'est bien de valeur,
l'aréna de tel endroit, bien on va être obligés d'attendre
deux ans et le terrain de balle, on va être obligés d'attendre
deux ou trois ans parce qu'il coûte tant.
Ce n'est pas avec le programme absolument bebelle et tarte qu'on appelle
PADEL où il y a toujours... Et je termine là-dessus, juste pour
montrer encore le ridicule de ce gouvernement. L'an passé, la somme
totale était de 6 000 000 $. Imagine-toi! Moi, dans mon comté,
j'ai 50 municipalités et j'en avais pour 2 800 000 $. On fait
"appliquer" une série de municipalités, on leur dit: "Appliquez",
il y a un programme pour l'aide au développement des loisirs, ça
s'appelle PADEL. Ça coûte une fortune de le gérer, une
fortune de remplir ces formulaires et, moi, j'en ai que ça fait sept ans
que le même projet n'a jamais passé et il ne passera jamais. C'est
normal qu'il ne passe pas; il n'y a pas d'argent. Mais, c'est ridicule! Si on
avait un ministre responsable, il dirait: Écoutez, le gouvernement ne
peut pas garder PADEL parce que c'est un programme tata. Avec 1500
municipalités, comment voulez-vous offrir 5 000 000 $ ou 6 000 000 $
pour des bidules, compte tenu du coût des services? Je conclus
là-dessus, Mme la Présidente, mais ça fait une preuve de
plus qui aurait pu démontrer à ces gens d'en face que, s'il y a
quelque chose qu'il ne faut pas toucher, c'est le champ foncier scolaire,
même s'il reste de l'espace, compte tenu des responsabilités
additionnelles qu'ils doivent assumer.
La Présidente (Mme Harel): Alors, merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. J'invite donc Mme la
députée de Chicoutimi à prendre la parole sur la
motion.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
ajouter aux propos de mes collègues pour amener le ministre à
réfléchir sur la pertinence et la nécessité
d'entendre l'Union des municipalités du Québec. Je rappelle
brièvement - je l'ai dit tout à l'heure - que je pense que ces
personnes constituent les personnes les plus qualifiées pour nous aider
à réfléchir sur ce que
devraient être les solutions apportées au sous-financement
du réseau de l'éducation. (22 h 30)
Mme la Présidente, les municipalités représentent
les gouvernements les plus près de la population, les plus susceptibles
de comprendre ses besoins, de les évaluer, les plus susceptibles
d'enrichir notre réflexion lorsqu'il s'agit de financement des services
en général et plus particulièrement du partage des
responsabilités en matière de financement de l'éducation.
Je pense que ça fait l'unanimité chez les parlementaires qu'il y
a deux secteurs qui doivent relever exclusivement des responsabilités
gouvernementales en matière de financement et d'orientations, c'est
l'éducation et la santé et les services sociaux. Ça n'a
jamais été remis en question depuis de nombreuses années.
L'éducation, c'est un droit, et la qualité des services à
offrir dans toutes les régions du Québec, c'est un acquis. C'est
ce gouvernement-là qui, avec son attitude, est en train de remettre en
question ces acquis sociaux.
Je le rappelle pour mémoire, pour ceux qui n'étaient pas
en Chambre au cours de l'autre session ou encore qui n'ont pas entendu ou eu
l'occasion d'entendre l'actuel ministre de l'Éducation défendre
avec une vigueur et une sincérlté - en tout cas, ce que j'ai
interprété comme étant une sincérité - le
droit à une éducation pour tous au Québec. Vous savez ce
qu'il défendait à l'époque? Il défendait la
gratuité pour l'éducation des adultes jusqu'à la fin du
collégial. Il défendait les analphabètes, le droit
à des cours qui leur permettaient de maîtriser l'écriture.
Il défendait la gratuité de tous les manuels scolaires, y compris
ceux dans lesquels on dessine. Moi, je l'ai cru avec beaucoup de
sincérité; je l'entendais défendre ces causes-là
avec tellement de sincérité ou un semblant de
sincérité. Je suis fort déçue de la nature des
décisions qu'il prend depuis qu'il est ministre de l'Éducation.
Il va empiéter dans le champ de taxation foncière pour pallier le
sous financement des commissions scolaires, mais j'aimerais qu'il nous dise -
si, au moins, il était capable de nous le dire - que ça va
corriger les problèmes criants du réseau actuellement.
En matière d'enseignement professionnel, il est important de
rappeler qu'au cours des quatre dernières années on a perdu 50 %
des élèves inscrits en enseignement professionnel au
Québec, on est passé de 120 000 à 60 000. C'est absolument
catastrophique quand on connaît le discours des employeurs
là-dessus qui disent. On a vraiment besoin d'une main-d'oeuvre
spécialisée. Ça, c'est le premier point. On a perdu 50 %
des élèves qui s'inscrivaient en enseignement professionnel au
Québec. Ce n'est pas rien. Comment la loi qui est sur la table va-t-elle
nous aider à solutionner ces problèmes-là?
En éducation des adultes, on a intégré les jeunes
et les adultes, avec les problèmes que ça a posé et
à l'un et à l'autre. Ce grand sage qui avait toutes les solutions
- je me rappelle la commission Jean - endossait dans son entier le rapport de
la commission Jean qui parlait de la spécificité des
étudiants adultes. Je serais en mesure de relever... Parce que
j'assistais précisément à cette séance-là.
C'est un discours que je partageais, d'ailleurs, et avec lequel je suis
toujours d'accord. II faut reconnaître la spécificité des
adultes. On ne peut pas asseoir dans les mêmes salles de cours les jeunes
et les adultes, les deux sont mal servis et c'est ce qui se passe
actuellement.
En matière d'alphabétisation, il compte au compte-gouttes
les heures que les adultes doivent prendre pour maîtriser
l'écriture et la lecture. Est ce que c'est acceptable dans une
société qui possède encore. Selon les chiffres les moins
alarmistes, on parle de 400 000 analphabètes au Québec et on est
en train de leur compter le droit à l'éducation au
compte-gouttes.
Les abandons scolaires. Nous étions rendus à 75 % ou 76 %
d'élèves qui terminaient leurs études secondaires, nous
avons chuté à 68 %. C'est catastrophique. Je ne sais pas si vous
saisissez l'ampleur du problème qui se présente à nous
Comment ce projet de loi peut-il solutionner ce genre de problème
là? C'est sur ces problèmes là qu'on aurait dû se
pencher.
Mme la Présidente, la responsabilité de
l'éducation, c'est une responsabilité gouvernementale et la
responsabilité du gouvernement, c'est de donner des chances
égales à tous. Les chances égales à tous que ce
gouvernement-là est en train de donner, c'est des dérogations
pour l'âge d'admission, c'est des écoles privées et,
là, tantôt, ça va être des écoles dans des
villages qui n'auront pas les mêmes services. C'est ça, le
problème. C'est ça, le problème et, Mme la
Présidente, c'est un problème important. Ça va continuer
à créer une iniquité et une injustice à l'endroit
d'une population qui... Faut-il le dire, malheureusement, les populations en
milieu rural, dans les petites municipalités, sont moins
scolarisées, décrochent plus facilement et, si vous mettez
d'autres embûches à leur formation parce qu'elles ont des services
moins adéquats, on va augmenter le taux d'analphabétisme,
tantôt, au Québec, alors qu'on est dans une période
où il faudrait augmenter notre capacité de compétitionner
avec les autres pays. On est dans une économie de libre-échange.
Il y a Europe 92 et on néglige ce qui devrait être notre fer de
lance en matière d'économie, c'est-à-dire
l'éducation
Mme la Présidente, je pense que le ministre devrait revenir sur
sa décision de ne pas entendre l'Union des municipalités. Il
devrait revenir sur sa décision parce qu'on transfère de plus en
plus de responsabilités aux municipalités. Le gouvernement s'est
déresponsabilisé dans toutes sortes de secteurs Ils sont
Innombrables les secteurs dans lesquels le gouvernement s'est
déresponsabilisé. II a transféré beaucoup de
responsabilités aux municipalités et il est en train de
réduire leur champ de taxation. Je pense que les municipalités,
on aurait intérêt à les entendre pour qu'elles puissent
réfléchir avec nous sur les solutions à envisager, sur les
hypothèses à mettre sur la table. Je me suis laissé dire
que les municipalités, si elles avaient conservé leur champ de
taxation, auraient peut-être pu envisager la possibilité de
gérer en partie les équipements scolaires. Est-ce qu'on n'aurait
pas pu envisager cette solution qui aurait peut-être permis ou
favorisé une meilleure concertation entre les commissions scolaires et
les municipalités lorsqu'il s'agit de l'utilisation des
équipements scolaires? On sait qu'actuellement c'est encore un
problème et un problème important parce qu'il y a des chasses
gardées encore, malheureusement, dans ces milieux-là. Je pense
à un débat actuellement chez nous qui touche l'utilisation d'une
piscine dans un hôpital, l'hôpital psychiatrique Roland-Saucier de
Chicou-timi-Nord, à laquelle piscine on n'aurait accès,
semble-t-il, à la commission scolaire qu'à la condition de
verser, de payer le gros prix, la même chose pour la municipalité,
parce qu'on n'a pas réussi à établir dans ces
milieux-là une véritable concertation.
Mme la Présidente, je pense très sincèrement que
nous aurions intérêt, comme parlementaires, et le ministre
également, bien qu'il ait la science infuse - de temps en temps, de s'en
faire infuser un peu de la part des autres, ça ne serait peut-être
pas mauvais - ici, à entendre l'Union des municipalités.
J'espère que d'ici minuit on va réussir à le
convaincre.
M. Dufour: On verra.
La Présidente (Mme Harel): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. J'invite maintenant le
député de Verdun à intervenir sur la motion.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Mme la Présidente, moi, je voudrais
réagir aux propos du député d'Abitibi-Ouest. Je pense que,
d'une part, il a très justement fait une peinture de la situation,
c'est-à-dire qu'il a dit: Oui, il existe une marge de manoeuvre dans
l'impôt foncier. Ensuite, son plaidoyer a été pour dire:
Gardons cette marge de manoeuvre pour les municipalités parce que les
municipalités peuvent en avoir besoin. La grande question de fond
à l'heure actuelle qu'on a de part et d'autre, ici, c'est de
débattre jusqu'à quel point on peut, dans cette marge de
manoeuvre, en prendre une partie pour les commissions scolaires. Parce que, si
on revient sur la loi 57 - ça, c'est important de revenir
là-dessus - au moment du pacte dont vous avez parlé avec les
municipalités, le champ foncier était principalement
réservé aux municipalités, je n'en disconviens pas, mais
une partie du champ foncier était réservée aux commissions
scolaires, c'est-à-dire les 0, 25 $ par 100 $ d'évaluation OU les
6 % des dépenses admissibles. L'évolution de la situation a fait
que, à cause des 6 % des dépenses admissibles, si l'on regarde en
1980-1981, en moyenne, les commissions scolaires n'ont perçu que 0, 18 $
des 100 $ d'évaluation, pour arriver en 1989-1990 où leur part
dans le champ foncier, strictement par l'évaluation, est tombée
à 0, 12 $ des 100 $ d'évaluation. Donc, de facto, à
l'heure actuelle, si on ne corrige pas la situation, les commissions scolaires
ont de moins en moins de la part du champ foncier qui leur a été,
peut-être, concédée par la loi 57.
Et le but de la loi 69, à l'heure actuelle, telle que moi je la
comprends, n'est pas de vouloir retirer une part du champ foncier des
municipalités, c'est de rétablir la part des commissions
scolaires dans l'impôt foncier. Alors, qu'est-ce qui se passe?
Évidemment, ça se recalcule; on laisse tomber les 6 % des
dépenses admissibles pour rentrer sous les 0, 35 $ des 100 $. On monte
de 0, 25 $ à 0, 35 $ des 100 $, avec les calculs en fonction de
l'équivalent étudiant. Mais la base même du raisonnement,
c'est-à-dire à partir du moment où on est conscient qu'il
existe une part du champ foncier qui n'est pas complètement
utilisée, c'est de redonner aux commissions scolaires, Mme la
Présidente, la part du champ foncier qui leur avait été
concédée, qui lentement s'est érodée depuis
1980-1981, qui était la première année d'application de la
loi 57, jusqu'en 1990. Et notre but n'est pas du tout de gruger les
municipalités, mais de redonner aux commissions scolaires leur part du
champ foncier. Et je pense qu'il ne faudrait pas dire que tout le champ foncier
avait été concédé aux municipalités. Le
champ foncier était un champ partagé. Bien sûr, je
concède que le champ foncier était donné en grande
majorité aux municipalités, mais il y avait une part du champ
foncier qui était réservée aux commissions scolaires et on
veut rétablir cette part du champ foncier, qui lentement s'est
érodée au cours du temps, et c'est le but, actuellement, de la
loi 69. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député de Verdun Alors, j'invite Mme la députée de
Terrebonne à faire son intervention sur la motion.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Il va sans dire que,
lorsqu'on souhaite rétablir une part aux commissions scolaires dans le
champ foncier, ce rétablissement doit se faire par la concertation et
par la négociation entre les différents paliers,
c'est-à-dire entre le scolaire, le municipal et l'État. Si nous
avions pu entendre les représentants du monde municipal, nous
aurions pu avoir des éclaircissements sur ce champ de
l'impôt foncier et je pense que tout le monde aurait été
satisfait. Si le ministre trouvait normal et légitime de rencontrer
l'Union des municipalités ce soir - c'est du moins la décision
qu'il rendait avant la fin de notre séance de travail cet
après-midi - je m'explique mal le refus de la rencontrer demain
Lorsqu'un sujet est aussi important, je pense que nous ne sommes pas à
quelque douze heures près Le informations de ces organismes qui touchent
l'ensemble du territoire du Québec nous apporteraient des données
précieuses sur le projet de loi 69.
Dans l'intervention du ministre, vendredi dernier, dans son document de
présentation du projet de loi 69, si on le feuillette attentivement, on
saperçoit bien vite qu'on tient très peu compte des
revendications des municipalités. On retrouve quelques allusions au
rôle des municipalités dans les 4 dernières pages du
document qui comporte quelque 22 pages. Même le titre de
présentation du gouvernement néglige complètement le
rôle des municipalités, puisque le projet d'intervention portait
le titre: "Un pas majeur vers la responsabilisation des commissions scolaires.
" Donc, même dans le titre du document, on semble oublier le rôle
des municipalités dans ce projet de loi Et, pourtant, ce sont ces
mêmes municipalités qui devront subir les conséquences
négatives de cette augmentation du champ foncier face aux contribuables.
Donc, non content de les obliger à porter la responsabilité de
cette taxation, on refuse aujourd'hui de les entendre. (22 h 45)
Dans le document de présentation du ministre, les allusions aux
municipalités sont très, très brèves et je vais me
permettre de les citer: "À l'annonce des décisions
gouvernementales, les municipalités, par la voix des deux unions qui les
regroupent, ont réagi avec vigueur, première constatation.
Deuxième constatation: en ce qui touche les municipalités, il est
vrai que le choc produit par les mesures annoncées le 29 mars a
été brutal. Il est également vrai que le contexte dans
lequel le gouvernement a dû agir ne se prêtait pas à des
négociations en bonne et due forme. " Il y aurait peut-être eu
lieu aujourd'hui d'entendre les municipalités pour qu'elles puissent au
moins s'exprimer puisqu'elles n'avaient pu avoir des négociations en
bonne et due forme.
Le ministre ajoutait un peu plus loin "Chaque fois que le gouvernement a
été invité à collaborer à la
réalisation d'un projet issu de ces efforts de collaboration entre les
commissions scolaires et les municipalités, il a adopté une
attitude ouverte et positive. La collaboration du ministre de
l'Éducation demeurera acquise pour l'avenir. " La meilleure
démonstration de cette ouverture, de cette attitude positive, de cette
collaboration aurait sûrement été de rencontrer l'Union des
municipalités.
En conclusion, le ministre nous disait "Ce redressement répond
à un besoin maintes fois exprimé par les commissions scolaires.
Il traduit aussi une conviction profonde du gouvernement. Je souhaite que le
projet de loi 69 reçoive en conséquence l'appui de
l'Assemblée nationale, car il n'a pas d'autre but que
l'amélioration de la démocratie scolaire et la promotion d'un
meilleur équilibre dans la gestion des finances publiques au
Québec. " Je pense que la démocratie commence par
l'écoute. Mme la Présidente.
Je me souviens très bien que le gouvernement du Québec
acceptait très mal, il y a quelques mois. que le gouvernement
fédéral transfère directement ses problèmes
financiers sur le gouvernement du Québec. Pourtant, il applique
maintenant la même médecine aux municipalités en refusant
de les entendre. Pourquoi ne pas prendre le temps d'écouter les milieux
concernés, de les questionner et même, dans l'optique du ministre,
de leur expliquer ces décisions, même si la rencontre ne servait
qu'à expliquer les décisions aux municipalités?
On nous disait cet après-midi que les contribuables
bénéficieront, bien sûr, de retours d'impôt.
J'aimerais dire quelques mots là-dessus. Le transfert de
responsabilités budgétaires aux commissions scolaires va leur
permettre de puiser 191 000 000 $ dans les goussets des propriétaires
fonciers durant l'année 1990 qui est déjà amputée
de près de quatre mois et de 320 000 000 $ si on prend une année
complète. On calculait que l'entretien de l'équipement des
commissions scolaires pouvait se traduire par un coût
évalué à 307 000 000 $. Donc, les institutions ne
pourraient bénéficier que de 13 000 000 $. Québec, quant
à lui, retournera 38 000 000 $ aux contribuables, Mme la
Présidente, par le biais des avantages fiscaux Donc, 38 000 000 $ sur un
total de 320 000 000 $ qu'on vient chercher. Je ne pense pas qu'on puisse dire
à ce moment que personne ne sera pénalisé par cette
mesure.
J'aimerais en terminant - on me signale qu'il me reste une minute. Trois
minutes? C'est beau - donner un petit exemple sur les petits revenus et les
bénéficiaires d'aide sociale. Ce retour d'impôt, on nous
signale que les gens les plus défavorisés vont en
bénéficier, mais ce qu'on ne semble pas comprendre, c'est que,
lorsqu'une personne est bénéficiaire d'aide sociale ou est
propriétaire d'une maison ou lorsque cette personne n'a qu'un petit
revenu, Mme la Présidente, elle ne peut pas attendre le retour
d'Impôt. Elle n'a même pas les moyens d'avancer ces montants. C'est
évident que, pour quelqu'un qui a les moyens, on peut dire: Ils vont
recevoir un retour d'impôt par la suite, je comprends, mais, lorsqu'on
parle de petits travailleurs, de bénéficiaires d'aide sociale,
les personnes les plus démunies, elles n'ont pas les moyens d'avancer
ces montants. Donc, automatiquement, elles
seront lourdement pénalisées.
Donc, j'incite le ministre à revenir sur sa décision,
puisque, cet après-midi, il était prêt à les
recevoir, puisque la décision de cet après-midi, je pense,
répondait davantage à l'ouverture et à l'attitude positive
qu'il nous présentait dans son document de présentation du projet
de loi 69. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le ministre, voulez-vous
intervenir?
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui. D'abord, je pense que l'Opposition est en train de
faire la preuve-- avec courtoisie, j'en conviens - mais d'une manière
non moins claire qu'elle n'est pas intéressée à examiner
le projet de loi et qu'elle est plus intéressée à perdre
le temps de la commission en discussions qui tournent autour du sujet et qui
nous amènent a entendre un nombre de plus en plus élevé de
redites. Je n'ai pas d'objection à les entendre; elles sont
formulées d'une manière très civilisée, mais il
faut enregistrer tout ça. Il faut prendre note de ce qui se passe. Et je
ne pense pas que ce soit la manière la plus constructive d'avancer les
travaux de la commission. Et je pense que ce dont l'Opposition risque de priver
le Québec, si elle continue d'agir comme elle a commencé de le
faire, c'est de la chance de contribuer à l'amélioration du
projet de loi par l'étude article par article à laquelle vous
nous aviez conviés, Mme la Présidente, il y a déjà
plusieurs heures.
Le gouvernement, surtout par la voix de celui qui parle, je pense bien,
a déjà fait la preuve, à maintes reprises, qu'il est
très disposé à tenir compte des avis constructifs
émis en commission. La meilleure preuve qu'on en puisse invoquer, c'est
celle qu'évoque souvent le député d'Abitibi-Ouest quand il
dit que, parfois, on finit un projet de loi avec plus d'articles nouveaux que
d'articles anciens à la fin du processus. Je pense qu'on ne peut pas
avoir une preuve plus claire et plus nette de la disponibilité du
gouvernement à entendre des points de vue susceptibles
d'améliorer un projet de loi. Aussi longtemps qu'on reste dans le
portique, à dessein, je pense qu'on interdit à la population la
chance qui lui est donnée, sous notre régime, de participer
à l'amélioration du projet de loi. Je voudrais simplement faire
valoir cette dimension-là à nos amis de l'Opposition.
En ce qui touche le fond, je pense bien que, cette fois-ci, on discute
de l'Union des municipalités. J'ajoute un point Quand nous avons
discuté cet après-midi, j'avais demandé au
député d'Abitibi-Ouest de consentir à ce que, après
avoir entendu les deux organismes dont il avait parlé, nous
entreprenions l'étude du projet de loi article par article. Il a dit:
Non, je ne peux pas vous donner cette garantie, parce qu'il y a encore
plusieurs autres organismes que je voudrais demander d'inviter.
On voit que, dans cette perspective-là - je pense qu'il nous en a
donné la preuve; il a été très honnête, d'un
autre côté, on ne peut pas lui en faire grief - son
intérêt premier, c'est de retarder le cheminement de la
démarche en se disant que plus on approche de l'échéance,
plus il y a peut-être une chance que le gouvernement passe à
côté de son objectif par toutes sortes de petits détours ou
de petites opérations marginales qui, encore une fois, nous
distrairaient du but principal.
Je ne peux pas souscrire à cette démarche en tant que
représentant du gouvernement. Je pense que le projet de loi est un
projet très important auquel le gouvernement tient fortement. Et il y a
des choses que nous pouvons améliorer dans ce projet de loi, mais il
faudrait que nous prenions le temps de les améliorer et il ne faudrait
pas qu'on procède à la vapeur. Et, si on devait perdre trop de
temps, alors qu'il reste à peu près 10 jours de session, en
discussions péripatéticiennes, je pense bien qu'on aura
provoqué une absence de temps pour l'étude en profondeur qui est
généralement caractéristique des travaux de la commission
parlementaire de l'éducation.
Je mentionne ceci: À propos des municipalités, j'ai
affirmé à maintes reprises, aujourd'hui, la très grande
considération que nous avons non seulement pour les
municipalités, mais encore davantage pour la mission qui leur est
impartie sous notre système de gouvernement, je le répète,
en particulier lorsqu'il est question de l'Union des municipalités du
Québec qui est l'union dans laquelle on retrouve la
représentation du plus grand nombre de citoyens vivant en région
urbaine au Québec. Nous avons beaucoup à faire avec l'Union des
municipalités. En matière d'éducation, pas
énormément. Il faut être franc avec nous, l'Union des
municipalités n'est pas le répondant principal du ministre de
l'Éducation. Il faut bien se mettre les pieds sur la terre aussi. On
peut se nourrir de rhétorique, mais il faut bien se dire que les
répondants principaux du ministre de l'Éducation sont la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec, la Centrale de l'enseignement du Québec, par exemple,
l'Association des cadres scolaires du Québec, les différentes
associations spécialisées d'enseignants. Je pourrais continuer.
Voilà nos répondants naturels, ceux qui peuvent nous apporter des
lumières importantes sur le projet de loi que nous discutons et sur la
législation traitant de l'éducation en général.
Les municipalités, sauf le respect que nous leur devons dans leur
ordre, ont comme répondant logique le ministre des Affaires municipales.
Elles auront amplement le temps, au cours de la prochaine année, de
discuter avec le ministre des
Affaires municipales et même avec le comité
ministériel chargé de ces questions. Quand l'Opposition veut se
faire accroire que nous y gagnerions beaucoup à consacrer des jours et
des jours à des audiences avec des groupes alors que nous sommes
très proches de la fin de la session, je pense que non seulement elle se
trompe, mais elle trompe l'opinion publique. Mais elle ne réussira pas
à induire le gouvernement en erreur.
Alors, une des raisons que nous avons données à maintes
reprises. S'il y avait eu une entente claire - je le répète de
manière à être bien compris - autour d'une formule selon
laquelle les deux unions auraient été entendues et que nous
eussions procédé, avant ou après ces auditions, à
l'examen article par article du projet de loi comme nous y induit le mandat
reçu de l'Assemblée nationale, les choses eussent
été très différentes et il n'y en eût aucune
difficulté à y donner suite.
Mais, là, c'est parce qu'il y avait toute une accumulation de
facteurs qui contribuaient à multiplier le temps qui s'écoulait
avant que la commission aborde son vrai mandat; il ne s'agit pas de multiplier
les auditions dans toutes les directions, mais de donner à la Chambre un
avis sur un projet de loi qui comprend 22 dispositions. Alors, c'est à
cause de tout ce contexte créé par l'attitude de l'Opposition que
les députés du côté ministériel ne peuvent
pas souscrire à la motion qui vient d'être
présentée, pas plus qu'ils n'ont pu le faire à la motion
précédente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais appeler le vote
sur la motion du député de Jonquière. Vous connaissez
déjà la motion, je n'ai pas besoin de la relire. Alors, doit-on
procéder à un vote nominal ou le vote sur la première
motion tient-il lieu de vote?
M. Ryan: C'est aussi bien un vote nominal.
M. Gendron: Un vote nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Un vote nominal? Alors, je vais
demander au secrétaire de procéder au vote nominal.
Le Secrétaire: M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Ter-rebonne?
Mme Caron: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de Vimont?
M. Fradet: Contre.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher Bacon: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
LaFontaine?
M. Gobé: Contre.
La Présidente (Mme Harel): Alors, le résultat est:
six voix contre, trois pour. La motion est donc rejetée. Dois je
comprendre que vous voulez la parole, Mme la députée de
Chicoutimi? (23 heures)
Mme Blackburn: Oui Mme la Présidente, je voudrais
présenter la motion préliminaire suivante: II est proposé
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la
commission permanente de l'éducation tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 69, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende l'Union des producteurs
agricoles
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): Je vais demander au
secrétaire de nous distribuer la proposition de motion. À moins
qu'il n'y ait, à ce moment-ci, des interventions sur la
recevabilité de la motion, je vais statuer sur sa recevabilité et
vous inviter à la proposer, Mme la députée de Chicoutimi,
étant donné que cette motion m'ap-parait recevable.
Motion proposant la tenue de consultations
particulières avec l'UPA
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Avant d'aborder
l'argumentation sur le fond quant à la nécessité
d'entendre l'Union des
producteurs agricoles, je vais me permettre de réagir
brièvement aux propos du ministre.
Le ministre est en train d'essayer de nous donner une leçon en
disant: On est ici pour essayer de bonifier un projet de loi. D'habitude,
l'Opposition, là-dessus, le fait correctement. Il dit: Ça n'a pas
l'air de vouloir être ça, la règle. Moi, je voudrais dire
au ministre un certain nombre de choses. L'Opposition a toujours
travaillé à bonifier les lois quand le principe du projet de loi
était acceptable. Ce projet de loi qui est sur la table, le principe en
est vicié à la base parce que celui qui le présente et
ceux qui l'appuient sont méprisants à l'endroit des principaux
partenaires, parce qu'ils sont ignorants ou veulent être ignorants des
situations qui sont vécues en région et dans les petites
municipalités, parce qu'ils semblent être le; seuls à avoir
le pas.
Si on relit un peu ce qui a été écrit sur le sujet,
non pas par l'Opposition, pas par l'Union des municipalités, pas par les
commissions scolaires, mais par des gens qui semblent s'y connaître un
peu, je vois ici, jeudi 29 mars 1990, dans La Presse, sous la signature
de Claude Masson: "L'impôt foncier: une mauvaise décision de
Québec". On me permettra de ne pas le lire, j'imagine que vous l'avez
lu. Voilà qu'en deux temps, trois mouvements, en raison de compressions
fédérales, de la mauvaise conjoncture économique, de la
forte croissance des dépenses dans le domaine de la santé et de
l'éducation, le gouvernement libéral décide, en
catastrophe, de partager le champ d'impôt foncier des
municipalités et des commissions scolaires.
Sous la signature de Claude Masson, toujours dans La Presse: "La
révolte compréhensible du monde municipal". Il ne doit rien
connaître à son affaire, lui, c'est certain qu'il est de
l'Opposition, on l'a payé pour qu'il écrive ça, c'est
comme rien, ça n'a pas de bon sens. "Les impôts fonciers, une taxe
à utiliser avec parcimonie", lundi 7 mai 1990, sous la signature d'Alain
Dubuc. Alain Dubuc dit: "Les équipements scolaires. " Je voyais
tantôt le député de Verdun, de même que le ministre,
nous dire: Ça n'affectera pas la qualité de l'éducation,
ce n'est pas vrai, on va corriger ça. Mais écoutez ce que dit
Dubuc là-dessus: "Les équipements scolaires sont une partie
intégrante de la qualité de l'éducation. En se
débarrassant de certaines responsabilités, le gouvernement
québécois fera en sorte que l'environnement scolaire ne sera pas
le même partout et que la qualité de l'éducation variera
selon la richesse. " "L'iceberg fait surface". Et là, il n'est pas
reconnu comme étant un péquiste, c'est la signature de Normand
Girard: "L'iceberg fait surface. Surcharge de 1 400 000 000 $ ajoutés
aux 320 000 000 $ de taxes scolaires. " Et là il dit comment toute la
magouille s'est faite autour de ça, où on est passé de 75
000 000 $... Et, là, il y a une union qui a accepté pour
apprendre quelques jours plus tard que ce n'était plus 75 000 000 $, que
c'était 320 000 000 $ et que ça irait jusqu'à 1 400 000
000 $. C'est comme ça que ça s'est fait. Ce n'est pas
l'Opposition qui dit ça. "Putasserie politique", selon l'Union des
municipalités du Québec. Ce n'est pas l'Opposition qui dit
ça. Le transfert des responsabilités aux municipalités est
taxé par l'Union des municipalités de putasserie politique parce
que ça a été fait dans le plus grand mépris des
principaux partenaires, sans consultation. Nous le rappelons, tous les projets
de loi qui sont déposés, lorsque le principe nous apparaît
acceptable, c'est un devoir et une responsabilité de l'Opposition de
travailler à l'améliorer. Mais, lorsque le principe est
vicié à sa base, nous n'avons pas le droit de faire semblant que
ça a du bon sens.
Mme la Présidente, travailler à apporter des modifications
à ce projet de loi sans avoir l'éclairage des principaux
partenaires, des premières personnes concernées par cette
décision, c'est faire preuve d'autant d'irresponsabilité et de
mépris à l'endroit des municipalités que la partie
ministérielle le fait actuellement. Nous avons besoin, si nous voulons
faire un examen sérieux de ce projet de loi, de l'éclairage des
principaux intéressés. Le ministre nous dit: Si ça
continue ainsi, j'ai peur que nous ne soyons contraints à adopter ce
projet de loi à la vapeur sans y apporter l'attention et l'étude
que nécessiterait un tel projet de loi. S'il a une telle peur, pourquoi
n'a-t-il pas déposé, Mme la Présidente, son projet de loi
un peu plus tôt? Il le pouvait, Mme la Présidente. Il pouvait le
faire et ça lui aurait donné le temps à la fois de
procéder à des consultations et de travailler de façon un
peu plus sérieuse à cette question qui est cruciale pour l'avenir
des régions et l'avenir de l'éducation.
Mme la Présidente, ces remarques étant faites, je vais
revenir sur la motion. Je voyais tout à l'heure la réaction... Il
disait: Écoutez la députée de Chicoutimi qui
présente une résolution demandant qu'on entende l'Union des
producteurs agricoles du Québec. D'abord, je voudrais apprendre à
ceux qui ne le savent pas que j'ai quelque 80 agriculteurs dans le comté
et parmi les plus importants. Donc, ça existe à Chicoutimi. Ceux
qui connaissent mieux mon comté que moi, je les inviterais à
venir le voir et vous verrez que... De toute façon, vous avez
probablement... pas probablement, mais très certainement une très
mauvaise connaissance du comté de Chicoutimi.
L'Union des producteurs agricoles dit un certain nombre de choses et
j'inviterais la partie ministérielle à être attentive. Et,
là, ce n'est pas des gens qui parlent n'importe comment. Ils parlent en
connaissance intime et profonde du milieu régional au Québec.
Dans une lettre que le président de l'Union des producteurs
agricoles,
M. Jacques Proulx, adressait à l'Union des municipalités,
le 6 juin 1990, il disait: M. Nicolet, nous sommes grandement
préoccupés par le débat actuel sur le financement
scolaire. Et, là, on parte de l'Union des producteurs agricoles qui dit
à l'Union des municipalités: Vous avez notre appui entier et
complet par rapport à la bataille que vous êtes en train de mener
sur ce projet de loi. Pour un certain nombre de raisons, l'Union des
producteurs agricoles dit à l'Union des municipalités: Nous
comprenons ce que vous avancez et ce que le gouvernement semble ignorer. Dans
la lettre de M. Proulx, il poursuit en disant: Nous considérons - je
voudrais bien qu'on m'écoute - que l'accessibilité à
l'éducation doit être universelle, tout comme la qualité
des services éducatifs doit être égale pour tous les
citoyens où qu'ils vivent sur l'immense territoire du Québec.
En ce sens, l'Union des producteurs agricoles reprend en quelque sorte
les préoccupations et les propos d'Alain Dubuc qui dit: Ce n'est pas
innocent, la qualité des équipements scolaires sur la
qualité de l'éducation. Il va y avoir une disparité
d'équipements scolaires, donc une atteinte à la qualité de
l'éducation. Dans ce sens-là, l'UPA sait de quoi elle parle parce
que, quand l'UPA parle du territoire du Québec, l'UPA est
installée dans toutes les petites municipalités du Québec,
y compris les municipalités qui font de l'exploitation davantage
forestière qu'agricole. Quand l'UPA parle, elle ne parte pas comme
quelqu'un qui a les deux pieds depuis fort longtemps installés dans une
ville, Montréal ou Québec; elle parle de toutes les
régions du Québec et elle sait de quoi elle parle. Deux
Québec dans un, l'UPA connaît. L'UPA connaît parce que l'UPA
a été témoin des dommages causés à notre
Québec plus profond, le Québec des régions, par
l'urbanisation, et l'UPA sait de quoi elle parte. Quand l'UPA parle de ces
questions et qu'elle dit appuyer l'Union des municipalités, je pense
qu'on peut lui faire confiance par rapport à la qualité de ses
propos et à la valeur de son appréciation.
Dans sa lettre, M. Proulx poursuit en disant: Où qu'ils soient
donnés, sur l'immense territoire du Québec, les services
éducatifs, c'est un droit et c'est universel. Et il continue: Or, le
débat actuel remet en cause ces principes d'équité et nous
croyons que le milieu rural subira, plus que tout autre milieu - encore une
fois, je le rappelle, il sait de quoi il parle - les contrecoups
néfastes de cette opération, vu la constante et surtout la valeur
moindre de la richesse foncière.
Ce que disait, tout à l'heure, le député de Verdun,
c'est qu'il n'y avait pas que par le biais de l'impôt sur les
particuliers qu'on pouvait refaire une distribution plus équitable des
richesses, et que l'impôt sur la fiscalité municipale ou
l'impôt foncier pouvait être une façon de le faire.
Cependant, à la lumière des données qui sont ici
présentes, on est en mesure, à la faveur de l'avis que nous donne
l'Union des producteurs agricoles et de données qui existent sur cette
question, de démontrer que la fiscalité municipale crée
des iniquités, parce que les données à notre disposition
sont très éloquentes et indiquent que la valeur de l'indice de la
richesse foncière, per capita, s'accroît en proportion de la
taille des villes. Comme l'étalement des populations rurales est
beaucoup plus grand que dans les municipalités urbaines, il est
évident que la valeur foncière est moins élevée,
mais qu'en même temps les coûts sont beaucoup plus
élevés lorsqu'il s'agit d'entretien des équipements, parce
qu'on a un ratio moins élevé d'élèves par classe
par école. Ça entraîne des coûts beaucoup plus
élevés à la fois pour les équipements comme pour
leur entretien. Donc, on sait tous que la valeur foncière augmente selon
la taille des municipalités. Donc, la capacité de lever des
impôts est limitée en région, ce qui explique, d'ailleurs,
l'écart important dans l'accroissement des taxes que devront payer les
petites municipalités.
Je parlais, tout à l'heure, de La Neigette. On a toute une
série de municipalités qui devront payer le double de plus de
taxes que ce que vont payer les grandes municipalités. C'est
évident. Et ça, on le sait, parce que c'est directement
relié à la taille de la municipalité. Ce calcul, cette
situation fait qu'on favorise, toujours selon l'Union des producteurs
agricoles, manifestement les citoyens des cités les plus vastes au
détriment des localités plus petites, révélant
ainsi le caractère nettement régressif des méthodes et des
mesures envisagées.
Mme la Présidente, ce n'est pas la députée de
Chicoutimi qui est en train de faire cette déclaration, c'est l'Union
des producteurs agricoles qui sonne une cloche d'alarme, qui dit: Avec cette
loi, vous êtes en train d'appauvrir les plus pauvres du Québec.
Quand on parle des plus pauvres du Québec, ce n'est pas Westmount, c'est
bien évident. Ce n'est pas Saint-Lambert et ce n'est pas Saint-Laurent.
Ce n'est pas vrai, ce n'est pas là qu'est ce monde-là. Le monde
pauvre, il est dans l'est de Montréal et il est dans nos régions.
Il est dans la ville de Jonquière, qui est encore, malheureusement, plus
pauvre que celle de Chicoutimi, qui n'est déjà pas tellement
riche. II est dans Saint-Ambroise, Saint-David-de-Falardeau, Saint-Fulgence,
Sainte-Rose, Saint-Honoré, qui sont des petits villages qui perdent
annuellement une partie importante de leur population.
Sur 1500 municipalités au Québec, il y en a 700 qui ont
moins de 800 habitants. On ne parle pas de n'importe quoi, là. Il y en a
700, près de 50 % des municipalités du Québec, qui ont
moins de 800 habitants. Et ce sont ces municipalités-là
auxquelles on est en train de dire: On va doubler le compte de taxe scolaire.
Comme s'il y avait trop de place. Elle doivent occuper leur champ de taxation,
ces petites municipalités, parce
qu'elles sont prises comme ça, avec des respon sabilltés
que le gouvernement leur a transférées. C'est ça qu'on est
en train de dire: Vous n'êtes pas assez pauvres, on va continuer de vous
appauvrir.
Là, je vois que le député de Rimouski nous a
quittés. Il a certainement d'autres obligations. Mais il y a eu un grand
rassemblement, chez lui, en un de semaine. Une opération Dignité
qui.. Et là, évidemment, c'est juste l'Opposition qui parle,
sûrement que ça n'a pas existé, cette histoire-là,
et que les propos de ces gens-là, c'est des propos qui sont des propos
en l'air, qui n'ont aucun fondement. Ces gens-là dénoncent aussi
ce projet de loi. Ils dénoncent ce projet de loi parce qu'il introduit
une iniquité et qu'il menace le droit de ces populations à une
éducation égale et comparable parce qu'ils demeurent en
région. (23 h 15)
Donc, M. Proulx dit que cette loi revêt un caractère
nettement régressif. "Vu son importance" - poursuit M. Proulx -
"l'éducation doit demeurer une responsabilité gouvernementale
intégrale..." Il y a deux domaines qui sont et qui ont toujours
été reconnus au Québec comme étant de
responsabilité gouvernementale intégrale, et ce, depuis la
moitié des années soixante: la santé et les services
sociaux et l'éducation. Le gouvernement est en train de
transférer une partie de ses responsabilités sur le dos des
municipalités et sur le dos des commissions scolaires, sur le dos des
propriétaires fonciers et, par voie de conséquence, sur le dos
des locataires également. "Vu son importance" - nous dit M. Proulx -
"l'éducation doit demeurer une responsabilité gouvernementale
intégrale, permettant ainsi la redistribution de la richesse collective
des invidivus ou collectivités les mieux nantis vers les plus
démunis par le biais de l'impôt sur le revenu." C'est
l'impôt sur le revenu qui constitue la source de revenu la plus utile aux
fins d'assurer une meilleure redistribution de la richesse collective. Pour M.
Proulx, cette règle qui a présidé à un meilleur
équilibre entre la qualité des équipements scolaires dans
les municipalités les plus riches...
C'était la situation parce que, si je ne vis plus en
Gaspésie, j'y suis née et j'y suis restée, j'y ai
été élevée jusqu'à l'âge de 14 ans
Alors les régions du Québec, j'en connais un bout et je sais
qu'à l'époque il fallait sortir de ma petite paroisse pour aller
poursuivre des études parce que des équipements, nous n'en avions
pas, parce que ce n'est pas ça qu'on avait installé comme
système de redistribution de la richesse. C'est parce que c'était
les petites municipalités pauvres, puis elles devaient subvenir...
engager leur petite maîtresse d'école, et ça allait
jusqu'en 7e année du primaire. C'était ça, le
problème. On s'est donné un système qui a rendu accessible
l'éducation à toute la population, quel que soit son lieu de
résidence, et c'est ça qu'on est en train de remettre en question
avec ce projet de loi. On va réussir à revenir avec le
modèle qu'on avait, des équipements en dessous de la
qualité moyenne reconnue au Québec parce que vous habitez
à 150 ou 200 kilomètres de la grande ville ou de la capitale
régionale ou à 300 ou 400 kilomètres de Montréal ou
de Québec. Ça va être ça tantôt, Mme la
Présidente, le problème. "Les représentations" - dit M.
Proulx à l'Union des municipalités - que vous faites sont justes
et assureront - évidemment, pour autant qu'elles soient entendues - au
milieu rural que nous représentons respectivement sous différents
angles un développement respectueux des spécificités
propres au Québec des régions, un développement porteur
d'avenir pour les localités rurales, à l'opposé du
modèle gouvernemental, facteur de dégradation du milieu qui vous
est imposé" Ce n'est pas l'Opposition qui tient ce discours. Ce n'est
pas n'importe qui. C'est l'Union des producteurs agricoles, qui
représente un immense marché, qui est le deuxième ou
troisième partenaire en matière économique au
Québec, qui représente quelque 400 000 emplois en
agro-alimentaire au Québec. On ne parle pas de n'importe qui On ne parle
pas de quelqu'un qui nous amènerait une évaluation en fonction
d'une perspective extrêmement étroite qui pourrait être la
nôtre, à chacun d'entre nous, si on se targuait de faire la
même chose. On parle de l'Union des producteurs agricoles qui dit
à l'Union des municipalités, qui est, elle également,
aussi très informée de la situation et des difficultés
qu'éprouvent les municipalités et les ruraux au Québec, de
contrer les difficultés reliées aux pertes d'emploi, aux
fermetures d'entreprises, à la désertion de la population jeune
de ces régions. Et moi, je suis toujours désolée...
Vous savez, on a finalement un certain nombre de nos
députés du Parti québécois qui représentent
les régions. Mais on peut dire qu'on représente, par rapport
à l'ensemble des députés régionaux, peut-être
15 % des régions et on n'entend jamais ce monde-là, mais jamais
ce monde-là parler de la pauvreté, parler de l'indigence dans
laquelle on est en train d'amener ce monde-là, parler des
iniquités qu'on est en train de créer à leur endroit.
Jamais. Ce sont des répondeurs automatiques. Je trouve que c'est
inacceptable. J'imagine que de temps en temps ils doivent retourner devant leur
population qui doit les interroger pour savoir...
Il y en a qui ont 25, 30 municipalités dans leur comté.
Ils doivent certainement entendre la même chose qu'on entend. Ils ne
peuvent pas faire semblant, au même titre que le député de
Verdun... Il n'est pas en campagne, je le comprends II n'est pas en
Gaspésie et il n'est pas en Abltibi, Je comprends qu'il ne puisse pas
avoir la même perception. Mais les autres députés qui
viennent des régions, ils doivent se faire dire la
même chose que je me fais dire: Ça n'a pas de bon sens, ce
projet de loi là, au même titre que l'Union des producteurs
agricoles le dit et l'Union des municipalités.
Ça commence à faire pas mal de monde au Québec,
ça. Je ne sais pas si on le réalise, là. L'Union des
producteurs agricoles, l'Union des municipalités, l'UMRCQ, ça
fait du monde, ça. Ça doit représenter du monde,
ça. Ils sont élus aussi, dans l'Union des municipalités,
l'Union des producteurs agricoles. Ils sont élus pour représenter
leurs membres. Et là on fait comme si ça n'avait rien à
voir et si ça n'avait pas de bon sens, cette affaire-là. C'est
ça qu'on dit Parce que, quand on parle, c'est supposé être
juste les propos de l'Opposition. Moi, je pense très sincèrement
qu'on devrait les recevoir parce qu'ils pourraient nous parler du Québec
profond, de deux Québec dans un, parce qu'ils l'ont vue, la
désertion du monde rural. Ils ont vu les effets dévastateurs de
la perte de la jeunesse dans les régions.
La perte des jeunes dans les régions, ça veut dire que non
seulement le jeune s'en va, mais il s'en va avec toute sa capacité de
production de travail, mais de production de famille également. Il ne
fait plus son enfant dans la petite municipalité de Mont-Joli et dans la
commission scolaire La Neigette, dans La Mitis. II vient le faire à
Québec ou à Montréal. Et c'est ça, le
problème. Et là vous faites... Et non seulement ça, mais
les jeunes qui vont rester et qui, parce qu'ils sont attachés à
leur région, acceptent d'y rester, on va leur dire: Vous n'aurez plus
droit à la même qualité d'équipement. C'est
ça qu'on est en train de leur dire.
Mme la Présidente, le président de l'Union des producteurs
agricoles continue en disant: "Convaincu qu'il causera de l'iniquité, du
sous-développement, du "mal développement" qui
pénaliseront le milieu rural, nous nous opposons donc au projet
gouvernemental actuel de transférer aux commissions scolaires la
responsabilité de certains segments du secteur éducatif, se
finançant à même l'assiette fiscale foncière. Nous
vous appuyons fermement dans vos demandes auprès du gouvernement qui
remet aujourd'hui en cause un équilibre, un pacte qui avait bien
joué, qui a prouvé son efficacité puisqu'il est
fondé sur des principes essentiellement sains et sages d'un
mieux-être collectif" Ce n'est pas l'Opposition qui dit ça, c'est
Jacques Proulx, de l'Union des producteurs agricoles. C'est Jacques Proulx qui
dit au nom de l'Union des producteurs agricoles: Nous, avec l'Union des
municipalités, nous nous opposons à ce projet de loi. II serait
intéressant d'entendre l'Union des producteurs agricoles venir nous dire
et peut-être nous expliquer qu'elle a tort, qu'elle a une mauvaise
perception, qu'elle se trompe, que le Québec n'est pas pauvre, que les
régions sont assez prospères, que ce n'est pas si vrai que
ça, qu'on a resserré les... qu'on a finalement agrandi les
entreprises agricoles. C'est devenu vraiment une entreprise au sens plein du
terme, une véritable PME où vous avez des chiffres d'affaires et
une valeur foncière qui dépassent 1 000 000 $. C'est
peut-être ça qu'on entendrait. Puis peut-être que ça
nous rassurerait.
Mme la Présidente, je pense très sérieusement qu'on
devrait accepter d'entendre l'Union des producteurs agricoles qui viendrait
nous expliquer sa vision du Québec, qui viendrait infirmer ou confirmer
le diagnostic qui a été fait dans deux rapports du Conseil des
affaires sociales, les rapports "Deux Québec dans un" et "Agir
ensemble" Ce n'étaient pas là non plus des gens qui disaient
n'importe quoi. Ce n'étaient pas des gens qui disaient n'importe quoi.
Et la lecture que fait l'Union des producteurs agricoles se rapproche beaucoup
de la lecture qui a été farte par le Conseil des affaires
sociales
Mme la Présidente, je relisais avec attention une lettre
qu'adressait le premier ministre à M. Desrosiers, président de
l'Union des municipalités du Québec, pour expliquer sa
décision. Vous allez voir dans quelle perspective ça se situe,
comment ce gouvernement-là fait preuve d'imagination. Mais ça n'a
pas de bon sens! Faire preuve d'autant d'imagination, sûrement qu'on ne
trouve ça nulle part au monde. Vous savez l'explication que donne le
premier ministre, les raisons qu'il donne pour justifier cette décision?
Il dit, et je le cite au texte: "Dans un premier temps, il convient de signaler
que, compte tenu des politiques du gouvernement fédéral et de sa
ferme volonté de poursuivre l'assainissement de la situation
financière de même que de la tendance à la
décentralisation qui est déjà amorcée, le
gouvernement du Québec doit adopter une approche nouvelle en
matière de gestion des dépenses publiques. " C'est la seule
raison. Le gouvernement fédéral, soit-disant rentable, auquel on
s'accroche comme si c'était une dernière bouée.
Quand je pense à ce qui s'est passé la semaine
dernière à Ottawa, c'est plutôt fatigant parce que je ne
vois pas pourquoi et comment c'est payant. Le gouvernement
fédéral pellette son déficit dans la cour du
Québec. Et c'est quoi, la décision du Québec? Pelleter son
déficit dans la cour des municipalités, des commissions scolaires
C'est ça, toute sa grande imagination. Grande imagination, il dit: Le
gouvernement fédéral a la ferme.. Pour poursuivre
l'assainissement de la situation financière de même que la
tendance à la décentralisation qui est déjà
amorcée, nous, on va faire la même chose. En voilà, de
l'imagination! Ça, ça va nous faire un Québec sain! Il n'y
a aucune politique dans ce gouvernement. La seule décision qu'il a
prise, c'est: Le gouvernement fédéral a diminué ses
transferts en santé et services sociaux, examinons où on va
couper. Le gouvernement fédéral a diminué ses transferts
en enseignement supérieur, on taxe les étudiants. Le gouvernement
fédéral
diminue ses transferts, on taxe les municipalités et on taxe les
commissions scolaires, on taxe les propriétaires fonciers. Ça,
c'est de l'imagination! Ça, ça nous en donne, un projet de
société. Ça, ça corrige les iniquités
à travers le Québec. Ça, ça corrige les situations
particulièrement catastrophiques dans toutes les régions du
Québec. Et ça, surtout, ça risque d'apporter des solutions
intér- r,antes aux problèmes, aux situations
particulièrement catastrophiques, je le rappelle, auxquelles sont
confrontés les réseaux de l'éducation au
Québec.
J'ai parlé, tout à l'heure, des inscriptions en
enseignement professionnelle: catastrophique! Des abandons au niveau
secondaire: catastrophique! De l'alphabétisation: catastrophique! De
l'éducation des adultes: catastrophique! En quoi un tel projet de loi...
On vient simplement imiter le gouvernement fédéral dans sa
décision de transférer aux provinces son déficit. Le
gouvernement du Québec se tourne vers les municipalités et les
commissions scolaires et le pellette dans la cour des commissions scolaires et
des municipalités. En quoi une telle décision va-t-elle apporter
un premier élément de solution aux problèmes cruciaux
auxquels sont confrontés les régions du Québec mais plus
particulièrement les réseaux d'éducation?
Mme la Présidente, compte tenu de l'intérêt que
l'Union des producteurs agricoles porte à toute cette question, compte
tenu de la connaissance qu'elle a des régions, des problèmes
auxquels elles sont confrontées, compte tenu des éléments
qu'ils font valoir à l'appui d'une demande de révision de cette
loi, je pense, Mme la Présidente, que l'Union des producteurs agricoles
devrait être entendue Je vous remercie. (23 h 30)
La Présidente (Mme Harel): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. J'ai une demande d'intervention de la part
du député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, Mme la Présidente. Brièvement,
je voudrais relever certains des propos que Mme la députée de
Chicoutimi vient de tenir parce qu'il y a un certain nombre d'assertions
qu'elle a faites qui n'arrivent pas à la même conclusion...
Vous dites que ce projet de loi remet en danger la qualité de
l'éducation parce qu'il remet en danger la qualité des
équipements. Vous vous basez, pour faire votre argumentation, sur
l'hypothèse suivante: que la qualité dos équipe ments ne
seraient financée que par la taxe foncière.
Or, le projet de loi, si on avait commencé à
l'étudier, plutôt qu'à discuter de toutes sortes de choses,
prévoit un mécanisme de péréquation qui assure une
justice dans le financement des équipements, et vous n'en avez pas
parlé. Le mécanisme de péréquation assure que
chaque commission scolaire va recevoir, en fonction des effectifs
étudiants pondérés...
Mme Blackburn: BS...
M. Gautrin: ...le même montant d'argent,
c'est-à-dire 500 $ multipliés par le nombre pondéré
d'étudiants.
Cette somme, une fois déterminée, pour financer les
équipements, peut être soit perçue directement de la taxe
foncière et si la taxe foncière... Parce que vous avez raison,
si, dans certaines régions, par l'évaluation foncière on
n'est pas capable d'aller jusqu'à ce montant pour le financement des
équipements, il y a un mécanisme de péréquation.
Mais vous allez nous dire: BS scolaires Ce n'est pas des BS scolaires, madame.
Mais on peut s'amuser à jouer comme ça. Vous auriez dû,
dans votre argumentation, faire état de ce mécanisme de
péréquation qui essaie, justement, de tenir compte de la
pauvreté des régions. Et je suis parfaitement d'accord avec vous,
il y a une disparité régionale, actuellement, et c'est vrai.
Mais la loi essaie, actuellement, de contrer ce mécanisme de
disparité régionale. Et, bon Dieu, qu'on commence à
l'étudier, à le débattre, article par article et, à
ce moment-là, on pourra voir si vous avez raison ou non! On ne peut pas
discuter strictement, comme vous le faites, Mme la députée de
Chicoutimi, en argumentant uniquement sur la base de l'évaluation
foncière sans tenir compte du mécanisme de
péréquation qui, lui, est là, justement, pour contrer les
effets de la sous-évaluation foncière entre les
régions.
Je pense, sans entrer dans le débat polémique actuel, que
ce point-là aurait dû être mis de l'avant, parce que je
crois, au contraire, qu'il assure une meilleure répartition des fonds et
une meilleure protection des régions du Québec. Je ne voudrais
pas prendre plus de temps, mais je voulais au moins faire état de ce
point-là, M. le Président, parce qu'il était important de
bien signaler que cette loi-là ne remet pas en question la
qualité des équipements et veut assurer à chaque
commission scolaire, quelle que soit sa situation, les mêmes accès
aux sources de financement pour assurer une forme de justice sociale et
d'équilibre social. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député d'Abitibi-Ouest,
vous avez maintenant la parole.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M, le Président. Je vais appuyer la
motion. Je voudrais juste dire quelques mots sur ce que vient d'indiquer le
député de Verdun. On le sait, qu'il y a une formule de
péréquation là-dedans, je l'ai lu, je connais le projet de
loi. On nous dit: Bien, qu'on commence donc à étudier le
principe. Mais c'est justement
pourquoi je voulais entendre ces gens-là, parce que ces
gens-là disent: On est contre le principe. Ça, je sais ça.
Ce n'est pas parce que des gens ont adopté, par une majorité
ministérielle. À ce que je sache, on vit dans un Parlement
où il y a effectivement une Opposition officielle, puis l'Opposition
officielle a le droit de faire valoir, même après l'adoption du
principe, avant d entreprendre l'étude article par article. C'est
prévu au règlement. Si j'étais complètement sur une
autre planète puis que je fonctionnais à l'encontre des
dispositions prescrites au règlement, je dirais au ministre: Vous avez
raison, j'aurais dû écouter plus attentivement votre petite
leçon de tantôt.
Je me rappelle en avoir vécu, de l'autre côté, parce
que j'ai fait un petit bout au pouvoir Et je me rappelle que je me suis fait
lire, entre autres, certains éditoriaux qui n'avaient rien à voir
avec le sujet qu'on écoutait par un ancien député de
Marguerite-Bourgeoys - je ne le nommerai pas pour le respecter - pendant neuf
semaines d'affilée à la commission concernant la Baie James.
Ça nous mènerait où? Je le sais, ce que vous faisiez
à cette époque-là. Ce n'était pas tellement pour
vous intéresser à étudier le dossier du saccage de la Baie
James, comme pour salir des personnes. Mais c'est ça que vous aviez
fait. Probablement que dans ce temps-là le règlement le
permettait. C'est pourquoi j'ai invité.
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi. On ne peut
imputer à des parlementaires des propos ou des actes qui vont à
l'encontre...
M. Gendron: Non, je n'ai nommé aucun parlementaire...
Le Président (M. Gobé): Je pense que de dire qu'ils
faisaient du salissage envers le gouvernement est leur imputer des
pensées...
M. Gendron: Collectivement. Ce n'est pas un parlementaire.
Le Président (M. Gobé): O. K. C'est juste une mise
en garde, ce n'est pas..
M. Gendron: Je n'ai pas le droit de le faire à un
parlementaire, mais collectivement j'ai le droit.
Le Président (M. Gobé): en vertu de l'article
35.
M. Gendron: L'UPA, si je voulais qu'elle vienne, et ça
c'est sérieux, comme depuis qu'on a commencé nos travaux... Nous,
je pense qu'on est très sérieux. Je ne suis pas toujours d'accord
avec l'UPA Ça ne me gêne pas de le dire. Mais, règle
générale, l'UPA est en contact avec des gens de la base, des yens
qui sont proches de son milieu. Quand je relis sa phrase principale, elle dit:
L'UPA soutient que le débat actuel remet en cause ses principes
d'équité et que le milieu rural subira, plus que tout autre
milieu, les contrecoups néfastes de cette opération. Vu la
constante et surtout la valeur moindre de sa richesse foncière. C'est
vrai. Vous aurez beau dire ce que vous voudrez, c'est vrai. Et l'UPA aurait
confirmé que c'est vrai, que la richesse foncière est moindre La
preuve, il y a une formule de péréquation.
Moi, je ne dirais pas une formule de péréquation sur le
BS. Parce que chacun a le droit d'employer ses arguments. Mais je vais dire, et
tout le monde sait ça: Pourquoi avons-nous une formule de
péréquation dans le régime de fous dans lequel nous sommes
qui s'appelle le fédéral?Pour corriger les
iniquités. Elle nous donne quoi, la formule de
péréquation, dans le régime fédéral, M. le
député de Verdun? Moi, je le sais, ce qu'elle nous donne:
assurance-chômage et aide sociale, vous le savez très bien. Vous
regarderez année après année, la province qui
reçoit le plus, en termes de péréquation, au Canada, du
régime fédéral, c'est la nôtre À quel
endroit? Dans deux secteurs de pauvreté qui font qu'on a toujours le
double de chômeurs au Québec par rapport à l'Ontario, et le
triple par rapport à Toronto, sur une base historique. Et ça,
ça n'a pas l'air de vous déranger Ça, ce sont des faits
palpables. L'UPA nous aurait dit ce que j'étais en train de vous dire.
Vous êtes en train de tuer le tissu rural qui reste.
Je suis allé me faire chercher un exemple du pourquoi je voulais
avoir l'UPA, parce que j'aime bien parler avec des faits. J'ai un exemple. J'en
ai tous les jours. Ça ne me dérange pas M Pagé, ministre
de l'Agriculture J'ai beaucoup de respect pour M. Pagé, le ministre de
l'Agriculture 11 juin 1990, c'est celui qui vous parte qui lui écrit. Je
suis obligé de lui écrire, parce que, imaginez, je lui ai
écrit le 20 février 1990 et que je n'ai toujours pas eu de
réponse. Depuis le 20 février 1990, pas d'accusé de
réception, pas de réponse. II est pressé, M. Pagé,
il est leader, il a toutes sortes de jobs, je ne mets pas ça en cause,
il est ministre de l'Agriculture et tout ça. Ce que je mets en cause,
cependant, c'est que je traite d'une question rurale qui n'a pas d'allure.
Savez-vous ce dont je traite7 Je traite du zonage agricole.
Décisions malheureuses de la CPTA qui ont comme conséquence
qu'elles sont rendues les unes après les autres, sans tenir compte du
tissu rural dans lequel j'évolue. Moi, j'ai une série de petites
municipalités. On leur a financé un centre communautaire. La
plupart sont venues à bout d'avoir une sortie de village
asphaltée. La plupart ont un petit terrain de tennis qu'elles se sont
bâti à bout de bras, avec des corvées et ainsi de suite. Et
elles disent: Nos rang sont en train de se vider, les uns à la suite des
autres, parce qu'on n'autorise même pas une construction
par ce qu'on appelle l'ancienne notion de ferme. Alors j'écrivais
à M. Pagé en disant: Je t'ai donné toute la
problématique, je t'ai sensibilisé là-dessus j'aimerais
que tu regardes ça comme ministre de l'Agriculture et que tu dises
à la CPTA: Arrêtez donc d'appliquer la loi comme si vous n'aviez
rien entre les deux oreilles. Je le sais, qu'il y a une loi, mais dans une loi
il y a la lettre et l'esprit
Je me rappelle, quand on était au pouvoir, qu'on a nommé
des commissaires régionaux. Pourquoi on a nommé des commissaires
régionaux, M. le Président? Pourquoi, pensez-vous? Pour permettre
une couleur locale dans l'appréciation des dossiers. Dès que vous
êtes arrivés au pouvoir, premier geste: tous ces gars-là
ont sauté. Tous les commissaires régionaux ont été
retirés de la CPTA. Ça, c'est un fait.
Et pourquoi je voulais avoir l'UPA sur une question comme
celle-là? C'était pour nous dire des choses comme ça. Ces
gens-là ont un sens pratique, ont un sens qui aurait permis
d'apprécier que la voie dans laquelle vous vous acheminez va
créer des injustices et va faire que votre formule de
péréquation ne permettra pas de corriger l'ensemble des
iniquités, parce que l'effort sera trop grand.
J'en viens à une commission scolaire que je connais. Quand elle
sait que son milieu est à 80 % en chômage, que les gens sont sur
l'aide sociale... pourquoi vous pensez qu'à La Reine, en Abitibi, les
taxes foncières sont à peu près 15 fois inférieures
à Macamic? Pourquoi, pensez-vous? Il n'y a personne qui travaille
à La Reine. Ce n'est pas ma faute! Un instant Alors, dans la
capacité d'aller chercher la partie que vous allez dorénavant
"dévoluer" dans le champ foncier, vous allez dire aux commissions
scolaires: Vous allez taxer le contribuable de La Reine. Pour avoir la
même valeur quand les bâtisses, ce que j'appellerais les
équipements scolaires, seront en désuétude, ou ne seront
pas de bonne qualité, qu'est ce qu'elles vont faire? Elles vont dire: On
va attendre, pour ne pas pénaliser trop nos contribuables. Je ne change
pas d'avis là-dessus, et le ministre le sait. Jamais vous ne me ferez
accroire, on le vit à la CECM... L'école, c'est un milieu de
vie.
Quand j'ai dit qu'on devrait avoir un règlement concernant la
francisation, qu'il faudrait l'avoir à l'école, pour moi,
l'école, ça inclut les bâtiments scolaires, ça
inclut la cour de récréation, ça inclut le parascolaire,
parce que ce n'est pas une bâtisse physique, un milieu de vie. Bon!
D'accord. Mais qu'est ce qu'on s'est fait dire? Quand on a dit: Nous autres, on
pense qu'il faudrait que le règlement, pour avoir un sens, trouve son
application là où, effectivement, les jeunes jasent le plus les
uns avec les autres, on a entendu des holà, on était des gens qui
étaient... Le ministre a dit: Non, encore de la coercition, ça
n'a pas de bon sens, ça va être coercitif. Mais je le sais, son
objectif, il ne veut pas que ça change. Et il sait que la langue que les
jeunes parient, dès qu'ils sont sortis du cours, de la classe, c'est
l'anglais.
En rencontrant l'UPA, on aurait pu poser des questions...
Le Président (M. Gobé): Une minute.
M. Gendron: Je vais la prendre, ma minute. On aurait pu poser des
questions pratiques à ces gens-là, dire: Pourquoi
prétendez-vous, quand vous appuyez, dans les communiqués,
l'UMRCQ, que c'est inéquitable? Pourquoi prétendez-vous que
ça va créer des injustices? Donnez-nous des exemples concrets
d'injustice que ça va créer, d'iniquité que ça va
créer. Parce que ces gens-là ont un sens pratique. Ces
gens-là, règle générale, ce sont des gens qui sont
proches du milieu et qui sont capables d'exprimer des réalités
qui permettent, effectivement, des fois, d'ouvrir un peu de sensibilité
à des gens qui semblent ne pas en avoir, parce qu'ils disent: Non, notre
décision est prise. D'ailleurs, le ministre me l'a
répété trois fois, le principe est adopté. Nous
allons faire ce que nous devons faire, parce qu'on pense que c'est ça
qu'on doit faire. Bien, nous, c'est la même chose, M. le ministre. On va
faire notre job, parce qu'on pense qu'on a une job à faire, et ce n'est
pas parce que le principe a été adopté qu'on ne fera pas
encore un bout de chemin pour essayer de vous convaincre que vous êtes
sur une mauvaise voie.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente. M.
Gobé: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Oui, M. le député
de LaFontaine.
M. Gobé: Vous vouliez parler, M. le ministre?
M. Ryan: Oui
M. Gobé: Allez-y, je vous en prie. Je vous cède
mon...
M. Ryan: Vous êtes bien gentil. Il n'est pas
aliéné pour autant, vous pourrez l'exercer demain.
M. Gobé: C'est parce que, après, le
député de Jonquière a demandé la parole. Alors,
selon les règles de l'alternance, je pense qu'il va avoir droit à
la parole.
M. Ryan: C'est ça. Il y a de la place pour tout le
monde.
M. Dufour: Oui, oui, on va vous laisser parler.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mais je pense que le député
d'Abitibi-Ouest, étant donné qu'il a soulevé la question
de la demande de l'UPA d'être entendue par la commission, je l'invite
à formuler cer taines observations concernant à la fois l'impact
et la mesure définis dans le projet de loi 69 pour un territoire qu'il
affectionne particulièrement, l'Abitibi. On va parler également
de l'impact sur les producteurs agricoles. Je pense que ça va permettre
de situer le débat dans des proportions peut-être plus
raisonnables.
J'ai fait faire certaines compilations. En Abitibi-Ouest, par exemple,
pour une maison qui est située à La Morandière que connaft
bien le député, maison qui a une valeur de 18 496 $. il y a
actuellement un compte de taxes de 46 $, le compte de taxes serait de 65 $, une
augmentation de 19 $ pour l'année. (23 h 45)
M. Gendron: 86 % des gens sont sur le chômage, à la
Morandière, 86 %.
M. Ryan: Je vais finir mon explication. M. Gendron: Oui,
oui.
M. Ryan: À La Sarre, une maison d'une valeur de 40 728 $,
qui est actuellement taxée à 102 $, serait taxée à
143 $: une augmentation de 41 $, même pas 1 $ par semaine. Une maison
à La Sarre d'une valeur de 64 700 $, qui est taxée actuellement
à 162 $, serait taxée à 226 $: une augmentation de 65 $,
un peu plus de 1 $ par semaine. Je pourrais continuer. À Malartic, pour
une maison de 30 000 $ taxée actuellement de 74 $, le compte de taxes
qui découlerait de l'utilisation maximum des obligations
découlant du projet de loi 69 serait de 104 $: une augmentation de 30 S.
En Abitibi-Est. à Senneterre, pour une maison de 35 500 $, un compte de
taxes estimé actuellement à 89 $ passerait à 124 $, sort
une augmentation de 36 $.
En plus, il y a le jeu de la péréquation qui va jouer pour
bien des commissions scolaires. Ça ne joue pas pour le contribuable
individuel, cependant. La péréquation, ça va pour la
commission scolaire. Mais, pour le contribuable individuel, il y a d'autres
mesures qui jouent. II y a toutes les mesures de remboursement de l'impôt
foncier qui, avec les nouvelles annoncées dans le discours sur le
budget, auront une valeur - je ne sais pas si le député a une
idée de la valeur qu'elles auront; sans doute point -une valeur de 38
000 000 $ en tout Ce n'est pas des...
M. Gendron: Mme la Présidente, probablement que le
ministre me permettrait, compte tenu de l'heure, de dire une phrase: Je sais la
valeur, mais voulez-vous que je vous donne un petit cas sur l'impôt
foncier? Un monsieur de 73 ans a fait son rapport d'impôt, parce qu'il
est encore en forme, puis il a des revenus et ainsi de suite. On lui a
coupé au complet son remboursement d'impôt foncier, parce qu'il y
a 14 ans - on le lui fait accroire, il ne s'en souvient même pas - il y a
un remboursement d'aide sociale qu'il n'aurait pas fait. Des cas comme
ça... Alors, votre impôt foncier, vous en reprenez la
moitié.
M. Ryan: Je ne suis pas au courant des cas individuels. Je pense
bien qu'on ne peut pas démontrer grand-chose avec ça. Est-ce
qu'il y a une prescription sur les obligations pour l'aide sociale? Même
après 14 ans, on peut réclamer à une personne?
M. Gendron: Oui, M. le ministre, et c'est ça qui est
criminel, surtout avec des gens de cet âge-là. Vous faites
ça, présentement, comme gouvernement.
La Présidente (Mme Harel): Ce qu'on peut faire, par
exemple, c'est qu'on peut adresser une demande de dérogation au ministre
pour faire annuler la dette.
M. Gendron: Ah! de l'Éducation!
La Présidente (Mme Harel): Non, non. Au ministère
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Gendron: Non, non. Je le sais des dérogations,
ça n'existe qu'au ministère de l'Éducation Mais fais la
lettre à d'autres ministres et essaie d'en avoir une! Je te donne 10
$!
La Présidente (Mme Harel): Non, non. Mais c'est des cas
goutte à goutte.
M. Ryan: Ce pouvoir a été donné au ministre
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu aussi. Il a
toujours existé, d'ailleurs, un pouvoir spécial dans les cas qui
sont hors catégorie.
M. Gendron: Je le sais, M. le ministre.
M. Ryan: Je continue. Je pense que c'est important qu'on dise un
peu les mesures qui sont instituées aussi pour alléger l'impact
de cette législation projetée sur le petit contribuable. Il y a
l'Allocation-logement pour les bénéficiaires de la
sécurité du revenu. En vertu d'une mesure introduite cette
année, il y aura un remboursement pouvant aller jusqu'à 75 % du
coût du logement et nous estimons que le remboursement qui sera
effectué, en relation directe avec la
hausse de l'impôt foncier scolaire, atteindra 3 000 000 $. Le
programme Logirente...
La Présidente (Mme Harel): Me permettez-vous une remarque,
M. le ministre?
M. Ryan: Oui
La Présidente (Mme Harel): C'était d'ailleurs dans
le discours du ministre des Finances, un élément qui était
très très mal rédigé, parce qu'on omettait de
mentionner que le maximum est de 52 $ par mois, que seules les familles avec
enfants de moins de 18 ans sont "éligibles" et que le montant n'est
possible qu'après avoir d'abord déboursé un loyer de plus
de 300 $ par mois.
M. Gendron: Oui. On n'a pas le droit de toucher à
ça si ce n'est pas 300 $ de loyer.
La Présidente (Mme Harel): Si vous me le permettez, demain
je vous donnerai tous les critères qui permettent
l'accessibilité.
M. Ryan: Vous pourrez me donner tout ça si vous voulez et
j'aurai la documentation de mon côté aussi.
Le programme Logirente. Il y aura un remboursement additionnel, au titre
de la hausse de l'impôt foncier scolaire, de 1 000 000 $. Les logements
à loyer modique. Toute hausse de loyer découlant de la hausse de
la taxe scolaire est absorbée au niveau gouvernemental. Il y aura 5 000
000 $ de ce côté-là. Le remboursement d'impôt foncier
proprement dit, le plafond des taxes foncières admissibles au
remboursement d'impôt foncier est porté de 1050 $ à 1150 $
pour l'année... Pardon?
M. Dufour: C'est ça. C'est correct.
M. Ryan: Vous êtes pour ça? Je vous remercie.
M. Dufour: Je comprends. Ce que vous me dites là, je le
sais. Je suis au courant.
M. Ryan: Vous savez, j'ai indiqué tantôt que le
montant moyen de la hausse d'impôt foncier, au titre du projet de loi 69,
sera d'environ 95 $ ou 97 $. Ça fait qu'on augmente...
M. Dufour: C'est une demi-vérité.
M. Ryan:... le plafond de taxes foncières admissibles de
1050 $ à 1150 $. On l'augmente de 100$. C'est pour 1990. En 1991,
ça passera à 1205 $. Savez-vous quel est le remboursement
anticipé au titre de la hausse de l'impôt foncier scolaire, ici?
22 000 000 $.
On m'a donné une note, ici. Grâce au remboursement de
l'impôt foncier, pour un couple avec deux enfants dont le revenu familial
est inférieur à 45 000 $, l'augmentation qu'il aura à
supporter ne sera que de 60 % de la hausse, soit de 54 $ en moyenne. Ça
fait que ce sont toutes des choses qu'il est important de souligner aussi
Tantôt, le député de Verdun soulignait l'importance
de la péréquation pour les commissions scolaires. Mais voici des
formes de péré: quation qui vont s'appliquer pour les
foyers et les individus. Il y en a une autre, et c'était l'objet de mon
intervention. On a parlé de l'UPA. Pour les agriculteurs et les
propriétaires de boisés, déjà ils ont droit
à des remboursements de savez-vous combien sur leurs taxes municipales
et scolaires? De 70 % sur la taxe municipale, 85 % sur la taxe scolaire.
L'augmentation que va encourir le producteur agricole, dans sa taxe scolaire,
va être sujette à ce remboursement.
M. Dufour: Ça existe, ça.
M. Ryan: Oui. Mais supposez que sa taxe augmente, qu'elle
était, disons, de 250 $ et qu'elle passe à 350 $, bien, les 85 %
vont s'appliquer là-dessus.
M. Gendron: Oui, avec la différence qu'il recevait, par
exemple, trois fois le revenu qu'il va recevoir cette année sur ses
boisés privés, parce que vous avez coupé l'aide aux
boisés privés de 300 % C'est pour ça que...
M. Ryan: Mais ça, c'est une autre affaire. On ne veut
pas...
M. Gendron: C'est une autre affaire, mais c'est pour ça
qu'il y avait une manif.
M. Ryan: Ici, on discute le projet de loi 69. On ne peut pas
faire le tour de toute la politique...
M. Gendron: Je comprends, mais vous me dites que le producteur
est avantagé.
M. Ryan: Voici qui prouve mon avancé. Le remboursement
anticipé pour la hausse de l'impôt foncier scolaire aux
agriculteurs et propriétaires de boisés est de 7 000 000 $. Il y
a au moins ça de pris. J'additionne toutes ces mesures-là et
ça fait 38 000 000 $. Je vous assure que le plus tôt l'Opposition
voudra aborder avec nous l'étude sérieuse du projet de loi, le
plus tôt nous serons très heureux de fournir une grande abondance
des renseignements que nous avons colligés consciencieusement, afin de
favoriser l'étude sérieuse et productive du projet de loi. J'ose
espérer que, dès que nous nous mettrons à l'étude
sérieusement, nous réussirons ensemble à établir un
climat de collaboration qui règne généralement au sein de
cette commission et à
apporter au projet de loi des amendements qui le bonifieront
véritablement, tandis que, là, on tourne autour du sujet. On vous
l'a dit, vous pouvez nommer 15 autres organismes, ça va être la
même réponse, à moins qu'il n'arrive une suggestion
miracle, à laquelle on est toujours ouverts.
Pour l'instant, la réponse a été donnée
clairement et j'invite l'UPA, comme je l'ai fait pour l'Union des
municipalités et l'Union des municipalités régionales de
comté, à communiquer toutes les observations qu'elle voudra
communiquer sur le projet de loi, à les communiquer à
l'Opposition, à tous les députés de la commission. C'est
évident que, dès que nous aurons ces représentations dans
nos mains, nous en ferons état à la commission ici et nous serons
heureux d'en discuter. Si le gouvernement n'est pas assez intelligent pour les
mettre sur la table, l'Opposition fera le travail à sa place, comme
notre régime le prévoit.
Mais, là, se chicaner indéfiniment sur une chose qui a
été arrêtée clairement, on peut bien le faire, mais
je maintiens, encore une fois, que cela n'avance pas du tout nos travaux.
Ça ne rehausse pas l'institution parlementaire non plus. Le principe, il
a été adopté à l'Assemblée nationale suivant
toutes les règles qui nous gouvernent. Quand on est rendu en commission,
encore une fois, on peut trouver des artifices pour reprendre ou remettre en
cause les principes sans avoir l'air de le faire, mais ça ne change pas
la décision qui a été prise par.. L'organisme souverain
dans cette chambre, ce n'est pas la commission, c'est l'Assemblée
nationale, c'est l'assemblée plénière. Elle s'est
prononcée fermement. C'est pour ça qu'il existe le débat
sur le principe. Une fois qu'on l'a adopté, je pense que la tâche
de l'Opposition.
Le gouvernement va vivre avec les conséquences de ses principes.
II paiera pour aux élections s'il y a lieu, et tout, et peut-être
qu'il gagnera aussi mais, en tout cas... Je rappelle, encore une fois, l'objet
du travail.. Et nous sommes patients. Si l'Opposition veut user de tous les
droits théoriques et techniques que lui confèrent nos
règlements de travail, moi, j'ai une patience infinie. J'ai une patience
infinie; je peux écouter ad infinitum, mais jusqu'à ce que le
gouvernement me dise que j'ai assez écouté. Ça, il n'y a
pas de problème là-dessus, on peut continuer, mais je vous le dis
encore une fois, si vous voulez discuter de "brass tacks", de choses
concrètes, pratiques, terre à terre...
M. Gendron: Ça, "I do not know".
M. Ryan:... comme semble les affectionner le député
d'Abitibi-Ouest, bien, lâchons ces procédures circonvallatoires et
venons en "to the heart of the matter"
La Présidente (Mme Harel): Alors merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, deux mots, Mme la Présidente. Ça
fait deux mêmes messages. Je ne parle pas du fond, je parle de
l'insistance qu'il met à commencer nos travaux à l'article 1. Il
dit: Je n'ai pas d'objection si vous voulez en apporter une quinzaine d'autres.
Je peux lui donner des indices. On n'en apportera pas une quinzaine d'autres,
organismes, mais on va étudier le projet de loi quand on sera rendus
là et quand on sera prêts. On va l'exercer, votre patience, dans
ce projet de loi là, c'est évident. Alors, s'il n'y a pas de
problème, allons nous coucher et, demain, on pratiquera à nouveau
pour voir si c'est vrai que vous avez une bonne patience.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): Alors on va devoir, oui,
disposer de la motion.
M. Gendron: Non, parce que...
M. Dufour: Je suis prêt à parler, à part
cela.
M. Gendron: II nous restait deux intervenants
La Présidente (Mme Harel): Ah!
M. Gobé: J'avais demandé la parole, moi aussi, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Alors, compte tenu de l'heure,
je vais ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 58)