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(Dix heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Gautrin): La commission est réunie
ici pour procéder à une consultation générale et
tenir des auditions publiques sur le projet de loi 25, Loi sur l'aide
financière aux étudiants.
M. le secrétaire, avez-vous des remplacements à
annoncer?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a M.
Williams (Nelligan) qui remplace M. Fradet (Vimont). Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Aujourd'hui, nous allons
entendre, dans l'ordre, l'Union des producteurs agricoles, Mme Sylvie Girard,
le Réseau d'action et d'information pour les femmes, le Cercle des
fermières, le Comité de parents de la commission scolaire de
ValleyNeld, l'École nationale de théâtre, M. André
Bernier, MM. André Juneau et Reginald Grégoire et, après,
on terminera par les remarques finales d'usage.
Je crois qu'on commence par l'Union des producteurs agricoles qui ont un
mémoire. Je pense que la convention a été de vous donner
à peu près 45 minutes, c'est-à-dire 15 minutes pour la
présentation de votre mémoire et 15 minutes à l'Opposition
et au parti ministériel pour vous poser les questions qui s'imposent.
Vous avez la parole.
M. Couillard (Jean-Yves): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Peut-être que vous
pourriez vous identifier pour les fins d'enregistrement du
procès-verbal.
Union des producteurs agricoles
M. Couillard: Jean-Yves Couillard, agriculteur et
vice-président de l'UPA. J'ai également avec moi Mme
Andrée Lagacé, agro-économiste, et M. Gervais Paquet,
ingénieur agronome. Ce sont des permanents qui travaillent à
l'UPA.
On vous remercie, M. le Président, MM. les ministres et
députés membres, de nous recevoir aujourd'hui. Bien sûr, ce
dont on veut vous parler plus spécifiquement pour nous autres, c'est de
la position de l'UPA sur l'attribution des prêts et bourses aux enfants
d'agriculteurs. Nous avons un mémoire qui vous a été
remis. On lirait le mémoire et c'est bien certain qu'après
ça nous allons prendre la période normale pour répondre
aux questions et également expliquer notre position en ce qui concerne
les enfants des agriculteurs.
Alors, il s'agit de la position de l'UPA sur l'attribution des
prêts et bourses aux enfants d'agriculteurs dans le cadre de
l'étude du projet de loi 25, Loi sur l'aide financière aux
étudiants. Le programme des prâts et bourses du ministère
de l'Éducation permet à des jeunes de poursuivre leurs
études au-delà du secondaire, par le biais d'une aide
financière consentie sous forme de prêts ou de bourses par
l'État québécois. Les règles d'attribution du
programme prennent en considération le revenu des parents, de même
que leur richesse, pour distribuer l'aide financière aux jeunes qui sont
véritablement dans le besoin. Nous considérons que ces principes
de base sont défendables et nous ne les remettons pas en cause
directement. Par contre, l'application de certaines règles
pénalise les enfants des agriculteurs, puisque ces règles ne sont
pas adaptées au secteur agricole. En effet, celui-ci diffère des
autres secteurs, compte tenu de sa faible rentabilité et de son exigence
énorme en capital.
Aperçu du contexte agricole. Voici quelques chiffres
révélateurs de la très grande capitalisation en
agriculture par rapport à d'autres secteurs d'activité
économique. Alors, vous avez, en page 2, (es actifs nécessaires
pour chaque dollar de ventes en 1988. Vous voyez en bas le chiffre qui est, je
dirais, phénoménal: l'industrie alimentaire comparativement
à l'agriculture, vous avez un barème de 1 -20, ce qui est
énorme.
Alors, c'est à partir de ces données-là qu'on
essaie de replacer le contexte. Notre source, c'est Statistique Canada, qui
nous prouve ces choses-là. De plus, le rendement de cet actif est
très faible dans le secteur agricole. Et vous voyez plus bas le
rendement sur le capital investi. Alors, c'est pour vous dire que si on
continue d'être en agriculture, M. le ministre, MM. les membres, c'est
qu'on aime beaucoup ça. Tel que vous voyez, vous voyez qu'on pourrait
investir notre argent ailleurs et qu'il y aurait beaucoup plus d'apports, que
ça rapporterait beaucoup plus. Comme on aime l'agriculture, on continue,
mais, par contre, on ne voudrait pas être défavorisés.
C'est ça qu'on essaie de vous expliquer.
À la page 3, le régime fiscal québécois
prend d'ailleurs ces éléments en compte lorsqu'il limite le
calcul de la taxe sur le capital des compagnies agricoles à la portion
excédant 300 000 $. Et c'est un exemple sur lequel on s'appuie
également et qu'on a défendu devant le ministère du
Revenu. A la lumière des chiffres précédents, il
découle que, pour survivre dans ce secteur, les agriculteurs n'ont pas
d'autre choix que d'avoir une équité élevée.
Voici encore des chiffres pour appuyer ces
dires. Vous retrouvez qu'en agriculture, si vous n'avez pas une
équité élevée, vous ne pouvez pas cultiver. C'est
aussi clair que ça. Si vous en devez 80 % et que vous avez 20 %
d'équité, c'est bien certain que vous ne resterez pas en
agriculture, parce que le rendement en agriculture est de 4 %. Alors, vraiment,
vous ne resterez pas. Vous êtes dans l'obligation d'avoir une
équité qui est élevée et cette
équité-là, lorsque vous partez en agriculture, on vous...
Les chiffres sont aussi là pour le prouver. Il y en a 98 % qui partent
en agriculture qui sont des enfants d'agriculteurs. Et, tout de suite,
là, au départ, iI faut leur donner beaucoup
d'équité, sans ça, ils ne peuvent pas arriver.
De plus, la valeur marchande des actifs d'une entreprise agricole,
calculée séparément par bâtiments, animaux, quotas
et le reste, ne correspond pas à sa valeur réelle de vente,
puisque celle-ci est limitée par la capacité de rembourser les
dettes et la rentabilité du secteur. Par exemple, une vente en bloc
d'une exploitation laitière ne récolte que 60 % de la valeur des
actifs évalués séparément.
Les ventes de fermes se font le plus fréquemment de parents
à enfant et, dans ce cas, il y a très peu de gain de capital,
étant donné que les parents doivent consentir un don important
pour permettre aux jeunes de prendre la relève. Sinon, l'entreprise
n'est pas vendable pour les raisons invoquées plus haut: une très
forte capitalisation, une faible rentabilité du capital investi, en plus
d'un endettement élevé pour un jeune débutant dans la
profession.
Dans un tel contexte, l'évaluation traditionnelle d'une
entreprise telle qu'utilisée dans le régime des prêts et
bourses ne peut que défavoriser les enfants d'agriculteurs qui
désirent poursuivre leurs études. En effet, les
éléments d'amortissement et d'avoir net qui sont rajoutés
au revenu des parents pénalisent ceux-ci qui, en réalité,
ne disposent pas de liquidités suffisantes pour aider leurs enfants
à s'éloigner de la maison pour étudier. Très
souvent, ils sont même obligés de débourser un salaire
supplémentaire pour remplacer cette main-d'oeuvre que sont leurs
enfants, ce qui diminue d'autant le revenu familial.
Ici, c'est un ajout qu'on fait actuellement au niveau du dossier, quand
on parle de formation en agriculture. On le passe tout de suite, on sait que
c'est là un contexte un peu différent, mais qui s'ajoute quand
même à ça, c'est la formation en agriculture. Les jeunes
qui désirent s'établir en agriculture sont majoritairement des
enfants d'agriculteurs. Il est désolant de constater que ces jeunes qui
exploitent des entreprises d'une valeur moyenne de près d'un
demi-million de dollars ne fréquentent pas d'établissements
scolaires spécialisés, alors qu'il a été
démontré à plusieurs reprises que c'est l'investissement
le plus rentable que ces entreprises peuvent effectuer.
En effet, le taux d'échec des fermes dont les exploitants avaient
acquis une formation est de 3, 7 % comparé à 28, 8 % pour celles
dont les exploitants n'avaient pas étudié dans le domaine.
Ça, ce sont des études de l'Université Laval. Nous
constatons tout de même que seulement 15 % des jeunes qui prennent la
relève des fermes québécoises ont complété
une formation en agriculture, secondaire, collégiale ou universitaire.
Il semble donc très important de donner les moyens, à ceux qui
désirent poursuivre leur formation, de le faire et
l'accessibilité financière aux études est un de ces
moyens.
Alors, vous finissez avec les demandes de l'Union des producteurs
agricoles. L'Union des producteurs agricoles recommande, pour améliorer
l'accessibilité des enfants d'agriculteurs au programme des prêts
et bourses du ministère de l'Éducation du Québec, que les
amortissements ne soient pas additionnés au revenu disponible des
enfants; qu'une exemption de 300 000 $ soit consentie sur l'avoir propre de
l'entreprise pour tenir en compte la plus forte capitalisation en agriculture
ainsi que la faible rentabilité du capital investi et que
l'évaluation de la valeur de l'entreprise agricole tienne compte de la
différence entre la valeur marchande des actifs calculés
séparément et ta valeur productive de la ferme.
Alors, M. le Président, M. le ministre, MM. les membres, ce sont
les demandes qu'on veut vous proposer aujourd'hui et on aimerait que vous en
teniez compte.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. Couillard.
Je vais passer la parole, maintenant, au ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Oui, M. le Président, il me fait grandement
plaisir de rencontrer la délégation de l'UPA qui est venue
soumettre ses vues à la commission parlementaire autour du projet de loi
traitant de la réforme de l'aide financière aux étudiants.
Depuis déjà très longtemps, l'Union des producteurs
agricoles s'intéresse à l'éducation, non seulement
à l'éducation dans son aspect formel représenté par
le système d'enseignement, mais à l'éducation populaire
dans son sens le plus large. Son journal, La Terre de chez nous, offre
à son public, depuis déjà plus d'une cinquantaine
d'années, une matière hebdomadaire très substantielle et
très responsable aussi. Il y a plusieurs années de ça, le
journal avait eu l'heureuse idée de présenter une série
d'articles que j'avais écrits...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha!... sur la tenue des réunions. Vous
vous souvenez peut-être de ça, M. Couillard. Ç'a
été réuni en un volume ensuite qui a été
très largement diffusé à travers le
Québec, mais c'avait été une expérience
très intéressante pour moi parce qu'on m'avait ouvert les
colonnes du journal avec un libéralisme complet. J'avais provoqué
beaucoup de réactions. En plus, il m'est arrivé à
plusieurs reprises, lorsque je m'occupais d'éducation des adultes, de
bénéficier de la collaboration de l'Union des producteurs
agricoles qui a toujours été essentiellement constructive. Je
pense que c'est votre président qui est actuellement président de
l'Institut canadien d'éducation des adultes, que le gouvernement
considère comme un interlocuteur privilégié en ce qui
touche l'éducation des adultes, tout en respectant complètement
son indépendance d'orientation. Dans la mise au point des programmes que
nous offrons au niveau secondaire et collégial pour la formation
professionnelle des agriculteurs, nous avons une collaboration très
active de l'UPA et nous espérons que cette collaboration s'amplifiera de
manière que le rayonnement des services présentement offerts
puisse augmenter au cours des prochaines années. Or, je n'étais
pas étonné, étant donné ces
antécédents, que vous ayez décidé de venir faire
une visite à la commission parlementaire pour lui communiquer vos
opinions au sujet du projet de réforme de l'aide financière aux
étudiants.
Votre présentation gravite surtout autour d'un thème;
c'est l'exemption qui est accordée sur la valeur des actifs nets. Je
voudrais en venir tout de suite à ce sujet. Comme vous le savez, nous
avons essayé de tenir compte de la situation particulière dans
laquelle se trouvent les agriculteurs et c'est en ce sens que l'exemption de
base qui est à 50 000 $ présentement serait portée, en
vertu de notre projet, à 90 000 $, ce qui représente quand
même une exemption de contribution parentale non négligeable -
ça diminue la contribution parentale d'autant - et vous nous dites dans
votre mémoire que ce n'est pas suffisant. Je voudrais vous demander
peut-être quelques explications à ce sujet-là.
J'ai remarqué une chose intéressante dans votre
mémoire - je ne m'y attarde pas, là, étant donné le
temps quand même limité dont nous disposons - vous dites que le
taux d'échec des fermes dont les exploitants avaient acquis une
formation est de 3,7 % comparé à 28,8 % pour celles dont les
exploitants n'avaient pas étudié dans le domaine. Ça,
ça m'a vivement intéressé. Est-ce que pour cette
étude-là, selon vos renseignements, quant on parlait
d'exploitants qui avaient reçu une formation dans le domaine, ça
comprenait une formation collégiale, secondaire et universitaire ou
seulement une formation d'un certain niveau?
M. Couillard: Premièrement, M. le ministre, vous
n'êtes pas sans savoir que nous autres, ce qu'on préconise au
niveau de l'UPA, c'est une formation collégiale, mais par contre c'est
bien sûr que l'étude que vous voyez là, ce n'est pas
simplement une formation collégiale, c'est aussi une formation
secondaire et collégiale. Mais moi ce à quoi je voudrais revenir
lorsque vous avez mentionné, M. le ministre, que le niveau de 50 000 $
serait porté à 90 000 $, ce que je voudrais bien laisser entendre
à la commission, ce qu'on voudrait, nous autres, les agriculteurs, c'est
l'équité. Bien sûr, lorsque vous pariez de 50 000 $
à 90 000 $, c'est pour tout le monde. Mais ce qu'on voudrait signaler,
c'est que les investissements en agriculture sont tellement
élevés qu'on voudrait avoir une exemption de 300 000 $ et, en
haut de 300 000 $, ils sont considérés comme tout le monde. C'est
ce que ça prend, 300 000 $ de base, pour tâcher d'être en
agriculture, c'est ça qu'on voudrait vous dire. Également, ce
qu'on voudrait vous dire, c'est que les amortissements sont vraiment des
amortissements, mais ne sont pas des revenus, et on a des exemples à
vous donner sur ça, M. le ministre, lorsqu'on parle des amortissements.
Pour nous autres, bien sûr, on peut prendre des exemples de ce
côté-là pour vous dire qu'au bout de 20 ans, des
porcheries, c'est fini, on n'en parle plus. Alors, les amortissements sont
vraiment des amortissements, parce que ce n'est pas chauffé au gaz, ce
n'est pas un système à air chaud ou électrique, c'est
chauffé avec la chaleur humaine; c'est beaucoup d'humidité, les
bâtiments sont vraiment finis. Alors, des amortissements, pour nous
autres, ce sont des dépenses. C'est ça qu'on essaie de faire
comprendre, c'est l'équité qu'on veut avoir, comme tous les
autres, mais un peu plus parce qu'on a des choses supplémentaires qu'on
essaie de faire valoir. La formation, c'est un volet qui est très
important pour nous autres, M. le ministre. C'est pour ça qu'on l'a mis
là, mais ce n'est pas le seul volet, parce qu'on obtient beaucoup de
prêts, mais une quantité très minime de bourses. Il y a
beaucoup de prêts, mais, par contre, lorsqu'on arrive pour se situer
comme les autres, on n'a pas accès aux bourses, parce que vous nous
mettez toujours des revenus que nous n'avons pas et que vous nous calculez dans
le système, mais que nous n'avons pas. C'est ça qu'on essaie de
vous signaler aujourd'hui.
M. Ryan: Je veux juste faire une remarque à propos
d'enseignement de niveau collégial et de niveau secondaire. Nous sommes
bien au courant de la position de l'UPA évidemment, mais nous
considérons qu'il y a place également pour un enseignement de
niveau secondaire. Pour celui qui va être appelé à prendre
la relève de la ferme familiale, par exemple, une formation de niveau
collégial est impérieuse aujourd'hui: pas de discussion
là-dessus, mais il y a beaucoup de jeunes qui ne seront jamais
destinés à prendre la direction d'une entreprise et qui peuvent
jouer un rôle très utile dans l'entreprise agricole qui doit
compter de plus en plus sur des employés en
plus des responsables et des propriétaires. Là, nous
trouvons qu'il y a une formation à dispenser de ce
coté-là. Au niveau secondaire, nous offrons quelques options
actuellement à travers le Québec qui me semblent être bien
défendables, en tout cas. C'est notre position et, dans toute la mesure
où les conditions sont réunies pour qu'une personne puisse
préférablement recevoir une formation de niveau collégial,
nous en sommes, puis ça n'enlève pas, à mon point de vue,
le besoin de l'autre.
Je voudrais signaler, avant d'aller plus loin, la présence dans
notre groupe de M. André Chenail, le député de
Beauharnois-Huntingdon, qui est lui-même responsable d'une entreprise
agricole. Si M. Chenail, le député de Beauharnois-Huntingdon,
veut ajouter des remarques de son cru ou des questions tantôt, nous
l'apprécierons beaucoup, tout le monde. Je veux qu'il se sente
entièrement libre d'intervenir, mais, s'il a des opinions à nous
donner là-dessus, il peut les communiquer en toute liberté,
évidemment.
Juste une question. Vous dites: Que l'évaluation de la valeur de
l'entreprise agricole tienne compte de fa différence entre la valeur
marchande des actifs calculés séparément et la valeur
productive de la ferme. J'aimerais que vous m'expliquiez ça un petit
peu, peut-être à l'aide d'un ou deux exemples, M. Couillard, pour
qu'on comprenne très bien ce que vous voulez signifier par ceci.
M. Couillard: Comme j'ai des personnes qui sont très
compétentes, je vais demander à Andrée. Est-ce que tu veux
en faire un bout?
Mme Lagacé (Andrée): Oui. Il y a une étude
du GREPA, qui est la firme qui fait l'évaluation des coûts de
production pour déterminer le prix que les producteurs reçoivent
pour le lait, et ils ont décelé que lorsqu'on vend une entreprise
en bloc, pour qu'il y ait une suite de la production, elle ne se vend
qu'à 60 % de la valeur marchande quand on évalue les actifs
séparément. C'est pour l'entreprise laitière. C'est
sûr qu'il y a un quota qui entre en ligne de compte qui fait que,
lorsqu'on transfère une entreprise en globalité, c'est toujours
le quota qui est comprimé. La valeur du quota n'est pas à sa
valeur réelle. Donc, ils disent que la méthode
d'évaluation des actifs, il va falloir la repenser si on ne veut pas que
des entreprises soient démantelées. Alors, c'est un petit peu
ça notre argument. Est-ce que des entreprises, si on les évalue
à leur valeur marchande, sont vouées au
démantèlement ou est-ce que ce sont plutôt des entreprises
qui devraient progresser et survivre?
M. Ryan: Puis, la valeur productive, qu'est-ce que c'est,
ça? C'est ce concept-là qui me crée des
problèmes.
Mme Lagacé: En fait, c'est ce que j'expli- quais.
C'est-à-dire que c'est la valeur qui permet que l'entreprise soit
rentable, donc, puisse rencontrer les obligations financières en termes
de remboursement de dettes et de paiement, tout ce qui est intrant. Quand on
transfère...
M. Ryan: La valeur marchande, quand vous dites qu'on va vendre
seulement à la valeur de 60 % des quotas, ça, c'est quand c'est
vendu à l'intérieur de la famille. Quand c'est vendu à
l'extérieur?
M. Couillard: M. le ministre, ce que j'essaie de vous dire, c'est
que 60 %, c'est la valeur de la ferme; à 60 % de sa valeur. Alors, si
vous faites l'évaluation de votre ferme et ça arrive à 100
%, c'est que, là, vous n'y retrouvez pas une rentabilité. Il faut
la vendre a 60 %. C'est pour ça, à un moment donné, que
vous trouvez presque uniquement des enfants d'agriculteurs à
l'intérieur de ça. C'est un don, les 40 %, qu'il faut donner.
Alors, c'est pour ça qu'on dit 60 %. Et c'est bien sûr, lorsqu'on
parle de 60 % et qu'on essaie de séparer la ferme, les bâtiments,
la terre et ces choses-là, on s'aperçoit que le quota, ce qui est
transféré dans ces conditions-là, n'est plus qu'à
33 % de sa valeur. C'est toujours à l'intérieur de la famille.
C'est ça, la façon. On a quand même des expertises de 265
entreprises qui ont été inventoriées pour tâcher de
trouver cette expertise-là. Et c'est là qu'on vous arrive et
qu'on vous dit qu'il faut vraiment avoir une très forte capitalisation
en agriculture, mais avoir une très forte équité, parce
que, sans ça, vous n'êtes pas capable de demeurer. Et cette
équité-là, vous la commencez tout de suite au
départ. Il faut que les parents donnent au départ pour trouver
suite à cette équité-là. Et c'est là qu'est
le phénomène.
M. Ryan: Actuellement, selon votre expérience, nous
autres, la valeur que nous attribuons... Je vais peut-être demander
à notre sous-ministre adjoint qui est ici: Est-ce que c'est la valeur de
l'évaluation municipale ou quelle valeur prenons-nous comme base pour
nos calculs? C'est la valeur d'évaluation municipale? Celle-là
doit être quand même en deçà de la valeur marchande
par une certaine marge. Y a-t-il une grosse différence entre valeur
municipale que nous prenons comme base, nous autres, puis valeur marchande dont
vous parlez?
M. Couillard: Au niveau de l'évaluation municipale, c'est
bien certain qu'il y a peut-être un peu... En tout cas, elle est en bas,
la valeur marchande. Ça, c'est officiel. Mais elle est en haut de la
valeur qu'on est obligé de vendre, de la valeur de vente, je veux dire,
nos prix, la façon qu'on le vend.
M. Ryan: En tout cas...
Mme Lagacé: Si je peux compléter, c'est qu'il y a
une valeur contributive qu'on attribue aux bâtiments en agriculture,
c'est-à-dire que, si c'est une porcherie, c'est sûr qu'on ne peut
pas la vendre à une valeur beaucoup plus élevée que si
c'est retransféré à quelqu'un qui va faire une production
porcine. Ça veut dire qu'il y a vraiment une dévaluation à
cause de ça. Même chose pour l'entreprise laitière. Alors,
dans les régions, on arrive à 60 % de la valeur marchande d'un
bâtiment, parce que c'est voué à une certaine
production.
M. Ryan: En tout cas, on va faire une chose. Je vais l'examiner
de plus près, cet aspect. On va en reparler avec vous autres. On va voir
si certains ajustements pourraient être mis au point. Je prends note des
représentations que vous nous faites et...
M. Couillard: Ce que vous nous suggérez là, M. le
ministre, c'est acceptable aussi pour nous autres, parce qu'on avait aussi
l'intention de vous proposer de former un petit comité pour vraiment
regarder de quelle façon on peut ajuster ces choses-là. Je pense
que ce serait bon pour nous autres, mais aussi pour vous autres, qu'on puisse
vraiment en arriver à une équité dans le secteur agricole
vis-à-vis des autres. On ne veut pas avoir mieux que les autres dans la
société, mais on voudrait vraiment essayer de regarder de quelle
façon on peut se situer dans ce contexte. (10 h 45)
M. Ryan: Alors, j'acquiesce volontiers à la suggestion que
vous faites, et c'est dans la même ligne que ce que je viens de
mentionner. On verra, très prochainement, à ce que nos services
communiquent avec l'UPA pour essayer de former ce petit groupe de travail qui
aura pour mandat de mettre un petit peu plus de clarté dans les concepts
qui servent à la gestion du programme, en ce qui vous touche. Est-ce que
ça va?
M. Couillard: Exact.
M. Ryan: Alors, je vous remercie beaucoup. Je pense que c'est une
présentation très utile.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Beauharnois-Huntingdon.
M. Chenail: Oui, j'aurais juste quelques mots pour
féliciter les gens de l'UPA. Je pense que vos recommandations
reflètent pas mal la situation du monde agricole. Étant
moi-même du monde agricole, je peux vous assurer de ma collaboration et
de la collaboration aussi de notre ministre, comme il le disait si bien. Je
pense qu'il y a moyen de s'asseoir et de regarder pour faire certains
ajustements, surtout quand on parle de valeur de taxation parce que, ayant
été maire d'une municipalité, on dit que ça
dépend toujours de la taxation dans chaque municipalité. Mais il
reste que les fermes sont quand même mieux évaluées
qu'elles ne l'étaient déjà, et elles ont quand même
la valeur marchande à 10 % près environ. Alors, je pense que vous
avez raison sur certaines choses. Notre ministre va prendre ces
choses-là en considération, ainsi que moi-même. Je tiens,
encore une fois, à vous féliciter de vos recommandations.
Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Moi, je voudrais remercier et féliciter M.
Couillard, Mme Lagacé et M. Paquet. Je pense qu'il aurait
été inapproprié qu'un organisme comme l'UPA, qui s'est
toujours soucié et préoccupé des questions
éducatives, ne profite pas de l'occasion pour donner son point de
vue.
Il faut quand même reconnaître que, dans votre
mémoire, vous avez touché plus particulièrement les deux
niveaux de préoccupation qui vous concernent, c'est-à-dire de ne
pas remettre en cause les principes de l'affectation des sommes au
régime d'aide financière en disant que vous ne vouliez pas
remettre en cause la contribution parentale, sur le plan du principe, sauf
qu'il y avait des inconvénients, compte tenu du calcul des actifs.
Là où je pense qu'il faut être plus exigeant, en
tout cas, moi, si j'étais vous, je serais un peu plus exigeant qu'un
comité de travail parce que ça fait longtemps que le
problème est identifié. Moi, je ne me contenterais pas de
l'ouverture du ministre, de dire: On va regarder ça. Il avait beau
regarder ça depuis plusieurs années. Le problème, il est
concret, c'est que pour les producteurs agricoles, du fait du calcul de l'actif
dont on tient compte dans le montant d'aide financière, ça a
comme conséquence d'écarter à peu près tous les
fils ou filles de producteurs agricoles qui ont une ferme qui a de l'allure
parce qu'on vous dit d'avance: Vous avez un actif qui vaut 200 000 $, 230 000
$, 300 000 $. J'ai même cité ici, en commission, deux cas
précis de ma circonscription et de la région d'Abitibi parce
qu'il y en a - contrairement à la prétention des libéraux
- il y a encore de l'agriculture en Abitibi-Témiscamingue. Et si on ne
veut pas la faire disparaître, il faut poser de temps à temps des
gestes concrets. Au Témiscamingue, dès que tu es producteur
agricole et que tu vas au collégial, n'essaie pas d'avoir un prêt
ni une bourse parce qu'on te fait accroire que ton bien de ferme ne te permet
pas de te qualifier par rapport aux critères où la contribution
parentale est tellement élevée, compte tenu de la valeur des
actifs, et il ne reste pas grand-chose.
Ça, ce premier point là, moi, je prétends qu'on n'a
pas à le discuter pendant des mois. Moi, je voulais juste vous dire que
vous avez raison. Ce n'est pas tout de vous comprendre,
c'est de prendre une décision. Quand vous dites qu'une exemption
de 300 000 $ soit consentie sur l'avoir propre de l'entreprise, le ministre
vous répond: Oui, mais j'ai monté ça à 90 000 $. Il
n'a rien réglé; il l'a montée pour tout le monde, alors
que vous, votre demande est spécifique, avec raison.
Supposons qu'aujourd'hui il dise: Je vous donne ça, 300 000 $. Il
ne faut pas penser qu'il créerait ce que j'appelle un privilège
à la classe agricole. Ça ne serait même pas un
privilège, ce serait tout simplement vous considérer comme les
autres. Mais, pour vous considérer commas les autres, il faut être
à 300 ooo $. C'est ça la demande parce que autrement que
ça, compte tenu... Je l'ai expliqué ici, avec un quota de lait,
là où on commence à comptabiliser en termes d'actifs la
valeur d'un quota de lait, ça ne donne pas beaucoup de fric, ça,
pour payer la pension. Ça ne donne pas beaucoup d'argent au jeune
étudiant pour s'acheter des volumes. Ça ne donne pas beaucoup
d'argent pour ses frais de subsistance, ça, un quota de lait. Alors,
c'est clair comme ça. Mais là il dit: On va regarder ça,
alors que d'après moi ça aurait dû être
regardé depuis fort longtemps.
Ce ne sera pas long, juste quelques commentaires. Alors, je vous invite
à être plus exigeant là-dessus. Vous avez raison de
l'être et la preuve est faite.
Sur l'autre volet, toute la question de votre recommandation, à
savoir que l'entreprise agricole tienne compte de la différence entre la
valeur marchande des actifs calculés séparément et la
valeur productive de la ferme, ça, je pense que c'est normal
d'être fouillé un peu plus parce que - moi, j'ai bien compris
votre affaire - ça signifie que lorsque vous vendez
éventuellement, si c'est à vos enfants, vous devez faire un
sacrifice d'à peu près 40 % de la véritable valeur
marchande pour conserver ce qu'on appelle le niveau de rentabilité de la
ferme. Elle n'est plus rentable si vous vendez à la valeur marchande
réelle. C'est simple comme ça ce que vous avez dit. C'est de
même qu'il faut comprendre ça. Donc, vous vendez à 60 %
à peu près. Donc, il y a une perte de valeur de 40 % pour un
étranger ou un tiers. Quand c'est à vos enfants, c'est vous
autres qui en faites le sacrifice. C'est pour ça que la plupart des
biens de ferme sont repris par des gens de la famille qui eux acceptent de
sacrifier ces 40 % pour rapidement être aussi productifs.
Deux questions. Vous avez bien fait d'insister sur la formation
agricole. Je pense que c'était le moment de passer votre message pour
dire qu'au niveau de la formation il faudrait s'assurer que l'État
québécois offre de meilleures garanties de formation pour que la
relève soit là. Mais vous qui avez beaucoup d'expérience,
M. Couillard, j'aimerais savoir: Vous identifiez les principales raisons
à quoi? Quelles sont les principales raisons pour conclure qu'il n'y a
à peu près pas de jeunes qui embrassent la formation agricole
requise pour faire la relève? Les principales causes sont de quelle
nature?
M. Couillard: J'aurais deux, trois réponses d'abord
à vous faire. C'est bien sûr que notre mémoire, il ne faut
pas être ambigu sur ça, est basé sur
l'équité. On n'enlève rien à personne. Ce qu'on
veut avoir, on veut se resituer dans notre contexte économique qui est
l'agriculture. C'est juste ça au départ et je pense que ce que le
ministre nous a offert, si on n'arrive pas à trouver cette
équité-là à l'intérieur de ce comité,
on n'a pas demandé la bonne chose. Moi, je pense qu'on a demandé
ça pour trouver l'équité et l'appliquer- C'est ça
la demande qu'on a faite-La deuxième réponse, M. le
député, c'est bien sûr... Je dois dire que la principale
raison, ce sont les communications. Ça veut dire que, rapidement, les
jeunes sont à même de constater la faible rentabilité en
agriculture, 4 %. S'il faut être conséquent avec nous autres, M.
le député, c'est qu'il faudrait dire à nos jeunes:
Investissez très peu en agriculture et, lorsque vous faites de l'argent,
investissez dans d'autres secteurs qui rapportent 10 % ou 12 %. Mais, quand on
aime la terre, on continue à investir en agriculture, on continue
à en faire, mais par contre, ça nous prend une aide de
l'État au niveau aussi de la formation. Il ne faut pas que ce soit
à l'intérieur, je veux dire, de l'établissement.
L'établissement, c'est une chose et la formation, c'en est une autre
pour nous autres. C'est pour ça qu'on passe aujourd'hui notre
mémoire, notre message en disant: La formation pour nous autres, c'est
important. D'ailleurs, M. le ministre l'a reconnu. Nous autres, depuis que
l'UPA est en place qu'on parie de formation, d'éducation et ça va
toujours rester un de nos buts visés. On n'en a pas parlé
beaucoup ce matin, mais, par contre, c'est parce qu'on veut être quand
même pas trop voyant de ce côté-là, mais on veut
vraiment... C'est un de nos buts visés. C'est pour ça qu'on dit:
On veut vraiment qu'il y ait une aide au niveau de la formation. Cette
aide-là, on peut la retrouver de bien des façons. Ça, c'en
est une. C'est pour ça qu'on la passe ce matin. Mais quand on dit 4 %,
n'oubliez pas que ce n'est pas beaucoup et nos jeunes apprennent rapidement ce
qu'est le côté économique. Alors, il faut vraiment aussi
que ces raisons-là qu'on est capable d'apporter soient apportées
et par les agriculteurs et aussi par les gouvernements, donner la chance au
moins à tous et chacun de pouvoir avoir accès à cette
formation-là. C'est ça qu'on demande à nos gouvernements.
Et la journée qu'ils ont accès, c'est bien sûr
qu'après ça ils ont le goût de l'agriculture, ils ont
encore ie goût de la terre et ils vont demeurer malgré que ce
n'est pas rentable. Mais, ces choses-là, il faut le faire ensemble. On
ne peut pas demander juste aux agriculteurs de tenir ce bout-là. Alors,
c'est pour ça qu'on demande à tout le monde de
le tenir.
J'aurais, M. le Président, je ne sais pas si mon temps est
écoulé... Comme on a commencé un petit peu en retard,
peut-être qu'on aura encore quelques minutes.
Le Président (M. Gautrin): M vous reste quelques
minutes.
M. Couillard: Je demanderais à M. Gervais... On a quand
même un exemple qui est assez concret que, si on met en application les
règles qu'on vous demande, ça change tout le portrait. Je pense
que...
M. Gendron: Si vous permettez, M. le Président...
M. Couillard:... M. Paquet pourrait nous faire ça
rapidement.
M. Gendron: Un instant, M. le Président. Je n'ai pas
d'objection. Je préférerais... J'ai une autre question à
vous poser.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y.
M. Gendron: J'aimerais mieux avoir votre opinion sur la question
additionnelle que je vais poser et, après, donner une application
pratique parce que l'application va porter sur ce qu'on vient de discuter.
M. Couillard: Exact.
M. Gendron: Alors, si vous me le permettez, je vais poser l'autre
question. Vous n'êtes pas sans savoir que le régime d'aide
financière aux étudiants collégiaux, universitaires est
intimement lié à une autre question dans le présent
débat qui s'appelle les frais de scolarité. Vous avez fait le
choix de ne pas traiter de cette question-là dans le mémoire. Je
voudrais juste vous demander, comme vice-président de l'UPA, est-ce que
vous avez quand même une opinion sur la question du dégel des
frais de scolarité et, si vous en avez une, est-ce qu'on pourrait
l'entendre?
M. Couillard: Nous autres au niveau de l'UPA, écoutez,
là on ne se prononce pas sur le dégel ou le gel des frais de
scolarité. Je pense qu'ici, nous autres, on respecte quand même
les orientations qui sont données, on veut simplement se situer
équitablement dans tout ce secteur-là. C'est juste ça,
pourquoi on est ici. On comprend quand même les jeunes, les
étudiants, les sacrifices supplémentaires qu'ils ont à
faire, on comprend aussi le manque d'argent des gouvernements, parce qu'on voit
dans quel contexte ils sont situés; ça on comprend ça.
Mais, par contre, on sait aussi qu'à l'intérieur d'une
société chacun aussi doit faire sa part.
Mais est-ce que c'est la juste part actuellement qui leur est
demandée? On ne s'est pas arrêtés à cette
chose-là. Mais on pense que, dans une société, chacun doit
faire sa part.
M. Gendron: Ce que vous me dites, vous n'avez pas fait de
réflexions particulières sur l'autre partie de ce
dossier-là, qui est le dégel, c'est ça que vous me
dites?
M. Couillard: Non, mais moi je vais vous dire quand même
que les jeunes qui sont aux études, en tout cas à venir
jusqu'à date, ils ont eu un très bon support, c'est pour
ça que je n'ai pas fait d'évaluation complète; et, dans la
société aussi, ils ont une place privilégiée, quand
ils sont rendus dans la société. Quand je dis
privilégiée, ça veut dire qu'ils ont une place, en tout
cas, où ils ont des revenus, où ils peuvent vivre. Mais je pense
que chacun aussi a... La vie, c'est un combat. On doit tous et chacun aussi
mettre l'épaule à la roue. Mais moi je n'ai pas fait
d'évaluation si c'est trop ce qu'on leur demande ou pas assez.
M. Gendron: Merci. Oui, j'en ai d'autres, sauf que là je
voudrais entendre la réponse.
M. Couillard: Alors, M. Paquet va nous faire quand même un
petit aperçu pour vous dire, dans la présentation, ce qu'on
pense, nous autres, lorsque le comité sera en place, qu'on peut faire.
Cinq minutes!
M. Paquet (Gervais): On a sorti quelques exemples, on a fait
quelques exemples concrets de producteurs, je ne les nomme pas parce qu'on les
donne comme exemples, mais je vais en citer un, entre autres. Le cas d'un
producteur de porc, 125 truies, 1500 porcs à l'engraissement, production
annuelle, qui a des actifs totaux de 420 000 $ pour un actif net, une fois
qu'on a enlevé les dettes, de 268 000 $. Les revenus après
impôts pour les deux parents...
M. Ryan: Une seconde, quand vous dites actif net par rapport
à actif total, le reste c'est du prêt?
M. Paquet: Oui, ce sont des prêts, soit marges de
crédit ou autres, là, différents types de prêts. O.
K. Un actif net de 268 000 $. Les parents, revenus après impôts,
19 000 $. Situation familiale: un enfant au cégep qui obtient un
prêt mais pas de bourse, un enfant au secondaire... Ce qui fait
là, lorsque l'ont tient compte de l'actif, des revenus, de la situation
familiale selon le régime de prêts et bourses, ce qui fait une
contribution des parents pour chaque enfant aux études postsecondaires
de 6000 $ et un petit peu plus là. Dans la même situation, si
l'actif en bas de 300 000 $ n'était pas considéré, on
aurait une contribution des parents de 3125 $. J'ai
sauté tout le calcul là mais c'est ce que ça donne.
On voit que la moitié de la contribution des parente provient de l'actif
dans cet exemple-là. C'est sûr là, je n'ai pas tous les
exemples du Québec, mais un exemple particulier.
M. Goudron: ...ce sera ma dernière question, M. le
Président.
M. Paquet: Du côté de l'amortissement,
peut-être, si je...
M. CouMard: M. le Président, si vous le permettez, on va
faire un autre petit bout pour ajouter l'amortissement à ça et
vous allez voir, ça va donner encore un autre calcul qui est encore plus
révélateur.
M. Paquet: Dans le cas dont je vous parle, à date on
considérait l'amortissement, l'amortissement était de 6650 $,
amortissement de bâtiments seulement. À ce moment-là, si on
ne considère pas cet amortissement-là de 6650 $, on arrive
à une contribution des parents pour chaque enfant aux études
postsecondaires de 675 $. Donc, on identifie bien que ces deux items-là
augmentent de beaucoup la contribution des parents. (11 heures)
Le Président (M. Gautrin): Avez-vous des questions, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui. C'est dans la perspective où on
regarderait avec sympathie votre demande, légitime, en ce qui me
concerne, d'un plancher minimum de 300 000 $ d'actifs avant d'exiger une
contribution parentale. Alors, la question est: Dans la perspective où
on regarde ça, quels seraient les éléments pris en compte
pour un producteur agricole pour exiger quand même, en termes
d'équité par rapport aux autres, une contribution parentale?
En termes clairs, il faut reconnaître que ce n'est pas parce que
vous êtes père ou mère de jeunes étudiants
agriculteurs qu'il n'y a pas de logique et que la société
n'exigera pas de vous aussi une contribution parentale si on maintient le
principe d'en avoir une. La question que je vous pose est: Si on rehausse le
niveau d'actifs admis pour le calcul de la contribution parentale, ce serait
quoi les règles pour un producteur agricole pour établir quand
même sa contribution parentale pour sa fille ou son gars qui va à
l'université ou au collégial?
M. Couillard: Écoutez, quand vous avez enlevé 300
000 $, il en reste encore des actifs. C'est toujours l'actif non rentable. Il y
a toujours une partie d'actifs en agriculture à laquelle il ne faut pas
attacher de rentabilité, et le faible rendement que ça apporte.
Alors c'est pour ça qu'on évalue à 300 000 $ cette
partie-là.
Mais là il faut bien comprendre que le 300 000 $ pour
l'entreprise, ça n'enlève pas exactement ce que M. le ministre
venait de nous dire tout à l'heure; 50 000 $ à 90 000 $, ce sont
les maisons. La maison pour nous autres c'est une chose, comme tout le monde.
Le restant de l'entreprise, 300 000 $ c'est à part des 90 000 $. Il faut
bien saisir: la maison c'est une chose, le restant de l'entreprise c'en est une
autre. Le 300 000 $ c'est la partie, obligatoirement, qu'on est obligés
de posséder, mais qui n'a pas de revenu: la non-rentabilité de
ça, c'est-à-dire on ne peut pas attacher rien à ça,
parce que c'est cette partie-là qu'on est obligés d'avoir...
Le Président (M. Gautrin): Le temps étant
écoulé, vous pouvez conclure.
M. Couillard: Merci.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le ministre,
brièvement.
M. Ryan: Brièvement, je pense que les dernières
explications que vous venez d'apporter ajoutent des éléments au
dossier que nous allons examiner avec vous. Je crois que la dernière
distinction est une distinction très pertinente et on communiquera
prochainement pour compléter ce travail-là. Je pense que vous
avez apporté les éléments essentiels en peu de temps et
fait la preuve, quand on prend le problème de manière
précise, que ce n'est pas nécessaire de discuter pendant trois
heures pour identifier le problème. Une fois qu'il est identifié,
il faut trouver la solution.
Je fais juste un dernier rappel en terminant, si vous me le permettez,
pour les programmes qu'offrent le ministère de l'Éducation et le
ministère de l'Enseignement supérieur. Nous avons grandement
besoin de la collaboration de l'UPA pour les faire connaître, puis
j'espère qu'on pourra trouver des modes de collaboration qui vont
permettre de les faire connaître davantage, tant ceux du niveau
secondaire que ceux du niveau collégial, parce que je pense qu'il n'y a
pas d'opposition entre les deux, puis c'est beaucoup mieux qu'un jeune ait au
moins ce qui est offert au secondaire que de ne rien avoir dans bien des cas,
surtout, comme je vous le dis, si sa vocation c'est d'être plutôt
un salarié. Mais l'autre est très important aussi, puis on va
continuer à travailler ça ensemble.
Au collégial, on est en train de réviser nos programmes de
formation professionnelle et on accorde une importance prioritaire à ce
qui se fait dans le secteur de l'agriculture.
Je vous remercie beaucoup, puis, encore une fois, je pense qu'on va
être capables de trouver des dispositions qui pourraient améliorer
les choses.
M. Gendron: Merci à l'équipe de l'UPA.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. Couillard
et Mme Lagacé.
Je demanderai maintenant à Mme Sylvie Girard de bien vouloir
s'avancer, s'il vous plaît!
Bonjour, Mme Girard.
Mme Girard (Sylvie): Bonjour.
Le Président (M. Gautrin): Alors, voici, vous avez 30
minutes qui vous sont imparties. Si vous pouvez faire votre présentation
dans à peu près une dizaine de minutes; il y aura dix minutes au
parti ministériel et dix minutes à l'Opposition pour vous poser
des questions sur votre mémoire. Je vais peut-être attendre que
notre ministre soit revenu, si vous voulez. On peut suspendre un peu. On ne
suspend pas; on attend qu'il revienne.
Mme Girard, vous avez la parole. Mme Sylvie Girard
Mme Girard: Tout d'abord, je voudrais vous dire que j'ai
présenté un mémoire surtout pour illustrer ce que, moi, je
vis depuis un an auprès de l'aide financière. Ce n'est pas
basé sur des études scientifiques ou des statistiques. C'est
basé sur quelque chose de concret pour que je puisse faire comprendre
mon point de vue là-dessus. Permettez-moi de me présenter. Je
suis chef de famille monoparentale formée de quatre enfants en bas
âge: quatre ans, sept ans, neuf ans et dix ans. Mon revenu annuel
provient d'une mirobolante pension alimentaire au montant de 10 000 $ par
année et les tellement payantes allocations familiales qui se chiffrent,
elles, à environ 300 $ par mois et qui sont imposables. J'habite un HLM,
habitation à loyer modique, qui me coûte 260,31 $ par mois, soit
plus que mon revenu hebdomadaire. Il est à noter que mon loyer mensuel
est calculé en fonction de ma pension qui, n'étant pas un revenu
provenant d'un travail, n'est pas assujettie à la réduction de 10
% normalement accordée. Ça, c'est juste une petite
parenthèse pour montrer que la position des femmes divorcées avec
des enfants n'entre jamais dans les barèmes de tous les paliers du
gouvernement.
En janvier 1989, j'ai entrepris un retour aux études en vue
d'obtenir un baccalauréat en traduction à l'Université
Laval. J'ai donc fait une demande auprès du service de prêts et
bourses, car il est bien évident au plus commun des mortels que mon
revenu est insuffisant. Et voilà que débute une longue liste de
déceptions. Tout d'abord, l'on m'accorde un prêt de 770 $ et une
bourse de zéro, étant donné que l'ordinateur - parce qu'un
être humain aurait vu tout de suite l'aberration de ça - a
décidé qu'une pension alimentaire de 10 000 $ était
amplement suffisante pour pourvoir à tous mes besoins. Est-il besoin de
mentionner ici les frais encourus par une famille de quatre enfants:
l'habillement, la rentrée scolaire, etc.? Alors, pourquoi faut-il que je
justifie continuellement à l'aide financière que c'est bien
évident que j'ai une pension de 10 000 $ par année, parce que
j'ai quatre enfants?
Après maints appels, lettres de toutes sortes dont une
expédiée à M. Réjean Bilodeau, attaché de
cabinet de M. Ryan, et dont copie fut également envoyée au
député-ministre de Port-neuf, Michel Pagé, il en a
résulté ce qui suit. M. Bilodeau m'apprend qu'étant
donné que j'ai commencé lors d'une session d'hiver je suis
pénalisée. Il y a les barèmes et tout, en tout cas, qui ne
fonctionnent pas avec ma situation. Il affirme que, dès l'automne, je
serai de beaucoup avantagée.
Le ministre Pagé, quant à lui, me fait l'honneur de me
téléphoner chez moi et m'affirme qu'en quinze ans de vie
politique il n'a jamais vu un cas semblable, qu'il est bien évident que
je suis un cas spécial et qu'il s'empressera de faire lire ma lettre
à Claude - lire Claude Ryan. Après cela, plus rien. Je continue
donc mes études en m'endettant de plus en plus, parce que
l'énergie qui me reste, je la garde pour mes études.
À l'automne 1989, je reçois - quel bonheur - le prêt
tant attendu au montant maximum de 2480 $, argent qui servira à
rembourser les dettes que je contracte depuis janvier 1989, vu le peu d'aide
reçue. Mais le bonheur fut de courte durée, car, lorsque je
reçois mon avis de calcul pour la bourse, j'apprends avec stupeur qu'un
montant de zéro cent m'est accordé pour la session d'automne et
un maigre 587 $ pour la session d'hiver. Pour clore le tout, et, ça, il
faut le faire, à la rentrée de janvier, je reçois la
moitié de ce montant, soit 293 $. Les frais d'inscription coûtent
339,50 $.
Je crois qu'ici les mots sont inutiles pour décrire toute
l'incrédulité qui m'habite et la non-confiance envers ce
système d'attribution que je juge tout à fait irréaliste
et injuste. C'est donc dire qu'en un an d'études j'ai contracté
un prêt total de 3250 $ auprès du gouvernement en retour d'une
bourse de 293 $.
Vous comprendrez, je l'espère, que n'importe qui en pareille
situation en perdrait son latin et sa motivation. Je fais partie de ces femmes
qui veulent se prendre en main pour s'assurer un avenir pour elles et leurs
enfants et surtout qui refusent de recourir à l'aide sociale et y finir
leurs jours. D'ailleurs, je crois fermement que ce n'est pas au gouvernement
à assumer les coûts de la rupture d'un mariage. Mais je crois
aussi qu'un Québec économiquement fort trouvera ses ressources en
des gens de plus en plus instruits et compétents.
En terminant, je voudrais simplement vous dire - parce que je n'avais
pas inclus ça - c'est surtout pour la déclaration de situation
réelle, je trouve, qu'il y a des lacunes assez fortes dans ça. Un
étudiant qui demeure chez ses parents
peut réclamer du kilométrage, mais une personne comme moi,
parce que je suis dans les personnes qui sont un soutien, qui ont des entants,
je ne peux pas réclamer de frais de kilométrage et je demeure
à 120 kilomètres de l'Université Laval, aller retour. Dans
notre déclaration de situation réeHe, Us nous demandent nos
revenus, nos dépenses aussi, mais pas le prix du loyer par mois. Ils
nous demandent nos pensions alimentaires, allocations familiales,
crédits d'impôt pour enfant, quand on sait que tout ça, ce
sont des revenus qui sont imposables. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, madame. Je
vais demander maintenant au ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science s'il veut bien vous poser quelques
questions.
M. Ryan: Pour la dernière année, Mme Girard, si mes
renseignements sont exacts, vous auriez obtenu 2480 $ en prêts et 587 $
en bourses. C'est exact?
Mme Girard: C'est ça.
M. Ryan: Regardez, je suis content que vous soyez venue ce matin
parce que les faits que vous nous apportez aideront peut-être certains de
nos concitoyens à comprendre que le régime de prêts et
bourses, ce n'est pas le pactole. C'est un régime plutôt
sévère, finalement, qui procure aux étudiants qui en ont
besoin un strict minimum. Et il y en a beaucoup. C'est parce que j'entends
souvent dire: Ahl les étudiants, ils sont bien avec les prêts et
bourses, ils peuvent se promener et tout ça, ils s'en vont en Floride,
etc. Je pense que ce n'est pas mauvais qu'un témoignage comme le
vôtre vienne tempérer ces impressions fausses. Moi, je suis d'avis
que la condition financière de nos étudiants en
général est loin d'être une condition
particulièrement confortable et que tout ce que nous pouvons faire pour
les soutenir dans cette expérience exigeante qui est le passage aux
études collégiales et universitaires doit être accompli en
conformité avec les moyens dont la société, par son
gouvernement, estime être capable de disposer à cette fin. C'est
ce que nous essayons de faire dans ceci, mais je constate, j'ai demandé,
dans votre cas, qu'est-ce que modifierait le nouveau régime que nous
proposons et la différence ne sera pas considérable, je dois le
reconnaître en toute franchise. Vous n'avez peut-être pas eu le
temps de tout étudier ça, j'ai fait faire les calculs par nos
gens, on va regarder de nouveau certains éléments.
Le gros point dans votre affaire, c'est le calcul de vos autres revenus.
C'est évident que si on ne tenait pas compte des allocations familiales
et des crédits d'impôt pour enfant, à ce moment-là,
on diminue vos revenus et, par rapport aux dépenses admissibles,
ça donne une marge qui permettrait d'augmenter le montant de la bourse.
Mais on a décidé, je l'ai déjà expliqué
antérieurement à la commission, d'inclure les revenus
d'allocations familiales parce qu'il ne faut pas les compter deux fois, non
plus. Si l'État les donne d'un côté, on ne peut pas en
faire abstraction ici, ce sont des choses qui sont réelles, il faut
qu'on ait le revenu réel d'une personne au bout de la ligne. Si le
niveau qu'on établit n'est pas suffisant, il faut avoir le courage de le
remonter à la condition qu'on soit capables de le faire. Mais,
là, il a été décidé que ces
revenus-là demeureraient à l'intérieur de l'ensemble des
revenus dont il est tenu compte, mais vous nous placez devant un fait qui nous
invite à réfléchir. Je suis content que vous soyez venue
nous le dire. Je n'ai malheureusement pas de solutions miracles à vous
proposer ce matin. Il y aura une légère amélioration, on
va regarder ça de près encore. Je vais en recauser avec mes
collègues du gouvernement aussi. Si on peut faire quelque chose, je
pense qu'à ce moment-là votre contribution aura été
très utile pour nous.
Mme Girard: Je vous remercie.
M. Ryan: Je vous remercie, Mme Girard, et je vous souhaite
surtout la force de continuer quand même. Pouvez-vous me dire quelle
sorte d'études vous faites?
Mme Girard: Je fais un baccalauréat en traduction. J'en ai
encore pour deux ans si je continue, parce que... Je suis d'accord avec la
contribution personnelle d'un candidat, c'est sûr. Ce n'est pas une vache
à lait, l'aide financière aux étudiants. (11 h 15)
M. Ryan: Vous, là, dites-nous donc de quoi vous auriez
besoin, strict minimum - vous savez qu'on est obligés de marcher
là-dedans - de quoi vous auriez besoin pour pouvoir continuer
raisonnablement vos études jusqu'au bout par rapport à ce que
vous recevez. On a indiqué ce à quoi vous avez eu droit pour
cette année. Qu'est-ce que ça vous prendrait comme minimum?
Mme Girard: Je ne me suis jamais vraiment arrêtée
à le calculer. C'est parce que - comment est-ce que je vous dirais? -
juste au mois de janvier, je pensais qu'un montant de moins de 1000 $ on le
recevait en un versement, au moins. J'ai eu 293 $ et les frais d'admission sont
de 339 $, plus les livres qu'il faut acheter et tout. Tu n'en sors plus
à un moment donné. Mais, dans la déclaration de situation
réelle, c'est qu'ils ne nous demandent pas des faits réels dans
la vie. Le loyer, je le paie à tous les mois, moi. C'est bien sûr
que j'ai de la contribution; ils m'en mettent pour 16 000 $ et lors du calcul
du prêt, c'est un peu plus élevé, ça - parce qu'un
prêt, finalement, il faut le remettre - et quand ils ont fait ma
déclaration de bourse, bien là, ils ont
baissé mes dépenses admises de 3000 $ parce qu'ils avaient
mis plus de semaines d'un bord et ils en enlèvent de l'autre bord. Et ce
n'est pas évident de mettre sept semaines de travail parce que, avec
quatre enfants, aller travailler, ce n'est pas toujours payant non plus.
M. Ryan: Pour les services de garde, combien est-ce qu'ils vous
donnaient, actuellement, en dépenses admises?
Mme Girard: Là, j'ai mon papier là-bas... Ils m'en
donnaient 4000 $ et quelques pour le calcul du prêt. Ils ont
baissé ça à 3000 $ et quelques pour le calcul de la
bourse.
M. Ryan: Je pense que vous allez monter un petit peu.
Mme Girard: Les chiffres ne sont pas les mêmes.
M. Ryan: Avec le nouveau programme, je pense que vous allez
augmenter un petit peu parce qu'il n'y aura plus de plafond. Il y avait un
plafond sur les services de garde. Le plafond était-il de 87 $ par
semaine? Là, il n'y aura plus de plafond; c'est 50 $ par enfant.
Là, je pense qu'il va y avoir une amélioration. Est-ce qu'il y
aurait moyen de calculer combien ça ferait, juste pour l'information de
la commission, au chapitre des frais de garde?
Mme Girard: Des dépenses admissibles, ils m'en mettent
plein. C'est parce que ma contribution personnelle sera toujours la
même...
M. Ryan: Je sais bien.
Mme Girard: ...parce que ma pension alimentaire est fixée
jusqu'à ce qu'ils aient 18 ans.
M. Ryan: On va regarder ce côté-là aussi.
Mme Girard: C'est pour ça que ce n'est pas correct, parce
que, d'abord, elle est imposable aux deux paliers de gouvernement et ce n'est
pas suffisant pour vivre seulement, encore moins pour aller à
l'université avec.
M. Ryan: On va regarder ce côté-là aussi, Mme
Girard. Là, ce sont des choses que nous devons examiner en
étroite concertation avec les autres ministères concernés,
y compris le ministère des Finances et le Conseil du trésor. On
va leur faire part de la rencontre que nous avons eue avec vous et on va
examiner ça avec toute la compréhension possible. J'espère
surtout que vous allez persévérer malgré tout. S'il
arrivait un problème aigu, vous nous en informerez.
Mme Girard: Merci beaucoup.
M. Ryan: O.K. Merci.
Le Président (M. Gautrin): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Mme Girard, je voudrais vous remercier au nom de
l'Opposition officielle, de la formation que je représente, d'avoir eu
le courage, la détermination de venir exposer un cas concret. Il est
évident que vous avez bien introduit le sujet en disant: Je ne suis pas
ici armée de statistiques, d'études, de diplômes et
d'orientations. Il est important, je pense, lorsqu'une commission parlementaire
traite d'un sujet concret, pratique comme celui-là, que nous ayons,
nous, en tout cas, comme parlementaires, l'occasion de palper
concrètement une situation \/écue et qu'on voie la personne.
Je suis convaincu que vous connaissez un peu le rôle des
députés dans chacune de leur circonscription et moi, je n'ai pas
tombé en bas de ma chaise quand j'ai pris connaissance de votre dossier.
Je le fais régulièrement à tous les lundis quand je fais
du bureau de comté. Alors, il s'agit de faire du bureau de comté
et des cas concrets... Ça fait 13 ans que je fais ça, donc
ça fait 13 ans que je vois des situations de ce genre.
La preuve n'est pas longue à faire qu'une mère avec quatre
enfants, 10 000 $... Oublions le reste. Je veux dire, c'est déjà
même fantastique juste de vous voir. Je me dis: Comment fait-elle pour
arriver à vivre et fonctionner avec un revenu de 10 000 $, et quatre
enfants, en 1990? Et là, je ne parle même pas du régime
d'aide financière. Donc, c'est évident que, pour vous, ça
ne fait aucun doute que ça doit être immensément difficile
et très contraignant de constater qu'il y a tout un vécu de votre
situation qui n'est pas pris en compte dans le calcul de l'aide
financière. Ça, ça ne fait aucun doute.
Et ce n'est pas parce que le ministre a annoncé une
réforme - et il a eu la franchise de l'indiquer tantôt - que votre
situation va être drôlement changée. Elle ne sera pas
changée, presque pas. C'est un peu ça qui est dramatique, de
dire: Bien, comment se fait-il qu'une société n'est pas en mesure
d'offrir un meilleur support à ceux qui en ont le plus besoin? Et c'est
là ce que j'appellerais, moi, un élément de plus qui nous
sépare de ne pas vouloir regarder, pas nécessairement toujours
juste l'injection systématique de sommes nouvelles, mais d'autres
formules qui ont été suggérées à cette
commission-ci plutôt que strictement celle qui est
préconisée par le ministre: dégeler les frais de
scolarité, donc "clencher" davantage les étudiants, leur faire
assumer seuls le coût de la facture, tout en étant conscient des
impairs, des imperfections, des inconvénients majeurs que crée la
formule. Alors, moi, je ne peux pas faire plus et commencer à poser des
questions.
Je connais bien l'affaire puisqu'il s'agit d'une application
individuelle. C'est un cas individuel. Vous avez bien fait de nous le donner.
Vous avez bien fait de venir nous dire combien ça crée des
distorsions, des injustices à certains chapitres concrets du calcul de
la formule. Mais je ne suis pas en mesure de dire: Moi, je vais regarder la
formule et je vais prendre des engagements pour m'assurer qu'à l'avenir
les situations que vous avez vécues ne se présenteront plus. Mais
je pense qu'il faut surtout convenir - et les membres de la commission ainsi
que le ministre en ont convenu - que c'est toujours important d'avoir un
témoignage concret non seulement pour éclairer nos lanternes
concernant les difficultés pratiques, mais également pour montrer
qu'il y a quand même une dimension humaine, de temps en temps, qu'il faut
essayer d'intégrer davantage dans le système, pour tenir compte
de certaines situations. La vôtre en est une. Je ne peux pas faire plus
que de vous dire: Bravo, madame, pour votre courage et votre
détermination. Parce qu'avec quatre enfants envisager de faire un
baccalauréat en traduction... D'abord, ce n'est pas facile en partant,
c'est évident, et ça prend beaucoup de détermination et de
volonté. Je suis un peu peiné moi aussi de voir que nous sommes
dans une société qui offre certains supports mais pas
nécessairement ceux qui seraient complètement requis pour parler
de chances égales et pour qu'on donne, effectivement, à ces
personnes qui, malheureusement, ont à vivre ces situations-là les
instruments requis pour mieux faire face aux défis de l'avenir. Merci de
votre témoignage et j'espère que, comme le ministre s'y est
engagé, il y aura certains éléments de bonification qui
tiendront compte de votre difficile situation.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député.
Mme Girard: Merci.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense qu'on a dit l'essentiel, et on va suivre les
choses de près.
Le Président (M. Gautrin): M. le député, en
conclusion.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, au nom de la
commission, je tiens à vous remercier, madame.
Mme Girard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): Je vais demander maintenant au
Réseau d'action et d'information pour les femmes s'y veut bien se
présenter devant la commission.
J'ai compris, mesdames, que, malgré que l'ordre du jour vous
accordait 30 minutes par accord entre le parti ministériel et le parti
de l'Opposition, vous auriez maintenant 45 minutes pour présenter votre
mémoire. C'est ce dont j'ai été informé.
Mme Dolment (Marcelle): J'en suis très heureuse. Merci
beaucoup.
Le Président (M- Gautrin): Alors, on va attendre que vous
vous installiez. Bon, alors, Mme Dolment peut-être pourriez-vous
présenter, pour les fins d'enregistrement, les personnes qui vous
accompagnent? Vous disposez à peu près de 15 à 20 minutes
pour pouvoir présenter votre point de vue. Le reste du temps sera
partagé équitablement entre l'Opposition et le parti
gouvernemental pour vous poser des questions.
Réseau d'action et d'information pour les
femmes
Mme Dolment: Merci, M. le Président. Je présente
Marlaine Grondin, Nicole Laveau, Marcelle Dolment, Chantai Ouellet et Micheline
Lavoie.
Maintenant, j'aimerais dire que le comité s'est réuni
depuis plusieurs mois et a étudié avec beaucoup de sérieux
le document et le projet de loi. Nous recoupons un peu toutes les situations,
si on peut dire, qui concernent les prêts et bourses. Nous avons une
étudiante en doctorat qui, évidemment, vit certains
problèmes. Nous avons une mère de famille qui a une
étudiante qui est aux études. Il y en a une autre qui voudrait
bien être aux études, qui a de jeunes enfants, qui voudrait bien
aller aux études, mais il y a la question de la contribution du conjoint
qui cause un problème. Il y en a une autre qui est avec quelqu'un qui a
fait des études et qui doit rembourser, alors qu'Us ont une famille, un
jeune enfant et beaucoup de dépenses. Et une autre qui aurait voulu
étudier, mais qui n'a pas pu, parce que, les familles monoparentales
étant ce qu'elles étaient, il faut contribuer plutôt
à faire vivre la famille.
Le but du programme des prêts et bourses, la politique du
régime des prêts et bourses est qu'aucune personne ne se voie
interdire l'accès aux études supérieures en raison d'une
insuffisance de ses ressources financières, politique que la
réforme maintient, mais qui doit répondre aux changements
importants auxquels la société québécoise est
confrontée depuis quelques années, tout en tenant compte des
capacités financières de l'État, lit-on dans le document
d'orientation du ministre.
La réforme. Or la réforme proposée ne s'accorde ni
avec ces objectifs, puisqu'elle maintient la discrimination flagrante
déjà inscrite
dans des modalités qui restreignent l'accès à
plusieurs catégories de personnes, c'est-à-dire à tous ces
candidats et candidates dont les parents ou les conjoints ne veulent pas
contribuer, ni avec les changements sociaux récents, puisque la
réforme ne corrige pas les iniquités déjà
mentionnées, non plus qu'elle ne se préoccupe des plus
évidentes mutations de la société, d'abord au niveau des
principes, charte des droits et reconnaissance de l'autonomie de chaque
individu adulte dans le couple et dans la famille, et, ensuite, des
réalités: précocité des jeunes qui se
libèrent de plus en plus tôt de l'emprise des parents, retour des
femmes sur le marché du travail, augmentation en flèche des
divorces et des familles monoparentales ainsi que des unions de fait,
réduction de la famille à sa forme nucléaire qui doit se
débrouiller seule pour prendre soin des enfants, pauvreté des
femmes, nécessité d'une formation avancée beaucoup plus
généralisée de même que la hausse constante du
coût de la vie, des taux d'intérêt et de la
précarité des emplois, qui constitueront un frein de plus en plus
marqué à l'expansion du programme des prêts et bourses
à cause de l'endettement redouté. Chantai Ouellet.
Mme Ouellet (Chantai): Les vices de contribution majeurs du
programme: la contribution de conjoint et la contribution parentale. La
réforme, pas P'us que le programme initial, ne respecte les principes
d'autonomie et d'égalité des individus inscrits dans la charte,
quand on lit dans la formulation de la politique que les parents ou le conjoint
doivent demeurer les premiers responsables du financement des études de
leurs enfants adultes ou de leur conjoint. Sans crier gare, on change
subitement de "réfèrent" afin de réduire les coûts.
Ainsi, ce ne sont plus les capacités financières du candidat
lui-même ou dé la candidate elle-même qui sont
évaluées, mais celles d'un autre adulte, étranger à
ses aspirations, parent ou conjoint, que, pour des besoins de réduction
de coûts, on rend artificiellement et dangereusement responsable de
l'avenir de l'étudiant, ou de l'étudiante, potentiel. Il y a
là un non-sens et un abus évidents et, dans le cas des
mères qui désirent se former pour retourner sur le marché
du travail, une grande ingratitude.
On refuse l'accès des études à ces personnes sans
aucun motif légal ni social, puisque le Code civil n'oblige en rien un
conjoint marié ou de fait, avec ou sans enfant, à payer les
études de l'autre conjoint. Le régime appuie donc ses
modalités de contribution sur de la pure fiction. Résultat:
plusieurs seront tentés par des divorces fictifs ou réels,
simplement pour avoir accès à leur autonomie, donc aux
prêts et bourses. La fiction gouvernementale oblige les étudiants
et les étudiantes à inventer leur propre fiction. En outre, dans
le cas où le mariage se maintient et où le conjoint voudrait bien
contribuer, beaucoup ne pourront avoir accès aux prêts et bourses,
le seuil d'accès étant trop élevé. S'ils sont
parents, le coût de la garderie, important si le droit à l'aide
aux services de garde est nul ou mince, empêchera le retour de la
mère aux études, à moins d'être soit riche, soit
pauvre.
Dans le cas de la contribution parentale, problème majeur aussi,
les représentants des cégeps ont, comme le RAIF dans son
mémoire, bien fait valoir l'humiliation que des adultes de 20 ou 30 ans
peuvent ressentir à quémander à leurs parents l'aide
requise. Ils préféreront souvent s'abstenir et abandonner leurs
projets d'étude, à moins de poursuivre en justice leurs parents
si une lettre était officiellement envoyée à ceux-ci pour
indiquer leur taux de contribution parentale, comme des représentantes
d'étudiants l'ont évoqué fa semaine dernière. Des
conflits familiaux s'ensuivront inévitablement, à moins encore de
faire un mariage bidon pour être considéré autonome.
Divorces bidon, mariages bidon, pour atteindre une autonomie qui est pourtant
un droit fondamental d'un individu. (11 h 30)
La réforme va encore plus loin dans l'aberration. On a adjoint
des agents vérificateurs pour s'arrimer au régime de
sécurité du revenu où l'on pourchasse les conjoints. Au
lieu d'assainir l'aide sociale, on a préféré rendre le
régime de prêts et bourses aussi malade et injuste que celui de
l'aide sociale, qui prive les conjointes et les conjoints, non seulement
d'autonomie, mais d'accès à la formation et au recyclage, parce
qu'ils vivent hétérosexuellement avec un partenaire qui a des
revenus, les homosexuels et les lesbiennes étant épargnés.
Soulignons que cette discrimination évidente en raison du choix sexuel,
contraire à fa Charte, est aussi présente dans le régime
de prêts et bourses.
Il est clair que le régime a des vices de construction majeurs
qui interdisent l'accès aux prêts et bourses à des milliers
et des milliers d'étudiants et d'étudiantes pour la seule raison
qu'ils n'ont pas de ressources financières personnelles et qu'on ne leur
reconnaît pas leur autonomie. Ces vices fondamentaux ont
été dénoncés vivement par à peu près
tous les intervenants. La réponse du ministre a été
qu'assainir le régime coûterait trop cher au Conseil du
trésor et qu'il fallait être réaliste. C'est comme si on
décidait d'exclure tous les candidats et candidates qui ont les cheveux
noirs pour diminuer les coûts du programme.
L'accès au programme doit être équitable et
égalitaire, quitte à en diminuer les bénéfices si
nécessaire. La solution n'est certainement pas de créer des
dépendances ponctuelles et arbitraires qui empêchent des personnes
talentueuses et motivées de pouvoir poursuivre leurs études. En
plus, il est malhonnête pour le gouvernement de jouer sur deux tableaux
à la fois, sur celui de l'État redistributeur équitable
des revenus en lieu et place de l'individu, ce par quoi il a toujours
justifié ses impôts élevés, et sur celui de
cette responsabilité de la redistribution de la richesse qu'il redonne
subitement à l'Individu via la contribution parentale et conjugale,
alors même que des lois et la jurisprudence ont évolué dans
le sens inverse. Il y aura de multiples fraudes, des frustrations et des
conflits familiaux graves. À la longue, à long ternie et
même à brève échéance, les coûts
sociaux et économiques de pareille politique ne peuvent que s'alourdir,
rendant Inefficaces les économies immédiates et faisant rater les
objectifs visés.
En outre, le fondement du régime - les prêts - est
destiné à devenir de moins en moins populaire à mesure que
les taux d'intérêt montent, que la précarité des
emplois s'installe et que les candidats et les candidates potentiels voient
leurs amis étudiants s'endetter jusqu'au cou et être
obligés de choisir entre fonder une famine ou rembourser leur
prêt. La dénatalité chez cette catégorie de la
société sera inéluctable.
C'est donc pour répondre à une telle conjoncture et pour
corriger les lacunes et l'Injustice du système que le Réseau
d'action et d'information pour les femmes propose d'établir des bases
plus saines, économiquement plus justes, conformes à la Charte
des droits et libertés, et plus simples, car la complexité du
régime ne peut que coûter une fortune à administrer,
à appliquer et à corriger par des recours au comité
d'appel.
Mme Dolment: Micheline Lavoie.
Mme Lavoie (Micheline): Le revenu garanti. Nous avons
élaboré, dans notre mémoire, une formule de revenu minimum
garanti qui est réclamée depuis longtemps par plusieurs et qui
l'a été aussi par les étudiants à
différentes époques. Elle est de plus en plus nécessaire,
si on veut mettre un peu d'ordre dans le fouillis des divers programmes.
L'instauration d'un revenu minimum garanti limité aux prêts et
bourses pourrait servir d'incubateur pour un élargissement de la formule
à tous les autres programmes sociaux, d'autant plus que cette couverture
des besoins essentiels existe déjà sous diverses formes,
crédits d'impôt personnel, aide sociale, etc.
La clef de notre proposition est de ne pas pénaliser la personne
qui décide de s'instruire en l'excluant de cette reconnaissance
financière de base accordée à tous et à toutes,
sauf à ceux et celles qui vivent hétérosexuellement avec
un conjoint qui a des revenus, un accroc au bon sens et à la Charte qui
se perpétue d'une loi à l'autre et d'un programme à
l'autre, et ce, dès l'âge de 18 ans, âge de la
majorité légale d'un individu, majorité qui devrait lui
ouvrir l'accès à tous les programmes gouvernementaux, si on
n'avait pas faussé le jeu pour que cela coûte moins cher.
Rappelons les grandes lignes de notre proposition. On établirait
les besoins de base minimum de l'étudiant ou de l'étudiante,
nourriture, transport, loyer coopératif ou partagé. Ces montants
seraient accessibles à tous et à toutes. Pour les moins de 18
ans, le système actuel s'appliquerait avec contribution parentale. Une
partie prêt pourrait demeurer pour les étudiants pour qui ce
revenu minimum ne suffirait pour diverses raisons valables ou pour payer les
frais de scolarité. Ces frais deviendraient alors ce qu'ils sont
véritablement, un investissement rentable pour l'individu qu'il ou
qu'elle doit assumer. Et l'aide des parents serait alors véritablement
supplétive, mais non essentielle, le minimum étant assuré.
Ainsi, au lieu de commencer par établir le prêt, on inverserait le
processus; on commencerait par établir le montant de revenu garanti non
remboursable, facilitant la jonction avec les autres programmes de soutien du
revenu, selon la situation familiale, avec ou sans entent, et on
compléterait par un prêt, si demandé.
Un des avantages importants de la formule de revenu minimum garanti pour
l'étudiant ou l'étudiante serait son versement mensuel permettant
un meilleur contrôle de son budget. Le remboursement se fera
proportionnellement au revenu, une modalité importante
suggérée aussi par d'autres organismes. De nombreux avantages
résulteraient d'une telle structure du programme: équité
du système, respect des droits fondamentaux, endettement réduit,
accès élargi aux études, motivation et rendement
améliorés en raison de la diminution du stress, conflits
perturbateurs évités et coûts raisonnables.
Financement. Il serait assez facile de financer ce changement en
profondeur du système car ses structures actuelles sont
extrêmement coûteuses, comme l'a évalué un
comité spécial australien qui étudiait le coût des
prêts aux étudiants dans divers systèmes dont celui du
Canada: Coûts des intérêts récupérés:
le ministère de l'Éducation du Québec a payé plus
de 66 000 000 $ aux banques en 1987-1988 pour le paiement des
intérêts sur les prêts aux étudiants et aux
étudiantes. Diminution importante des frais d'administration de ces
prêts et des fonctionnaires actuellement nécessaires pour
comprendre et appliquer un système de plus en plus complexe, surtout
avec le calcul des contributions parentales et de conjoint.
Récupération des dépenses fiscales réclamées
par les parents ou les conjoints, crédits d'impôt, exemption et
autres formes. Contribution obligatoire des entreprises: le rapport de
Grandpré a recommandé que les entreprises paient pour la
formation, mais le fédéral a refusé d'imposer cette
contribution normale qui, dans les autres provinces, est compensée par
une contribution volontaire d'environ 15 %, comparé à 3 % au
Québec; une contribution des entreprises à la formation est
beaucoup plus équitable et logique qu'une con-
tribution parentale ou de conjoint. Un resserrement des contrôles
sur les dépenses dans les universités, sur lequel le
Comité des jeunes libéraux a insisté, pourrait faire
économiser plusieurs millions si un vérificateur était
nommé, de même qu'un amaigrissement de l'administration qui, dans
certains cas, peut coûter très cher en équipement et
salaires. Coupure dans certains avantages comme la gratuité des frais de
scolarité pour les enfants des professeurs et du personnel des
universités, ou dans certaines dépenses pour les années
sabbatiques.
M. Dolment: Maintenant, Nicole Laveau.
Mme Laveau (Nicole): Le temps partiel. Nous avons
été heureuses que le projet de loi intègre enfin les
études à temps partiel dans le programme d'aide aux études
sous forme de bourses puisqu'on sait que les femmes, surtout celles qui ont des
enfants, sont fort intéressées par cette modalité.
Cependant, la formule proposée ne rencontre pas leurs besoins, puisqu'on
ne permet que les études universitaires et non pas les études
collégiales. De plus, on limite incompréhensiblement et de
façon irréaliste l'admissibilité à seulement cinq
sessions. Beaucoup de femmes n'ont pas fait leur collégial ou l'ont
abandonné pour travailler, puis pour avoir des enfants. Celles qui sont
mariées avec un conjoint qui fart 30 000 $, revenu fort modeste pour une
famille, n'auront aucune aide.
Nous recommandons donc, dans le cas des études à temps
partiel, que le programme exten-sionne l'aide au collégial et que le
même nombre de sessions soit admissible que pour les études
à temps plein; que, pour un plus grand accès aux bourses, le
seuil d'accessibilité soit abaissé par tranches de 10 000 $ par
enfant, pour la mère, en guise de compensation pour la maternité
qui pénalise toujours les femmes.
Quelques autres recommandations. Comme il n'est pas certain que la
formule de revenu garanti soit retenue, le RAIF recommande, en plus de
l'abandon de la contribution parentale et de conjoint, dans l'évaluation
de l'aide à donner: la remise à la mère de 25 % des
intérêts sur le prêt, par enfant, toujours en guise de
compensation en raison de maternité dans le cas des études
à temps plein, indépendamment du cycle d'études; une forme
de gratuité des services de garde ou, à tout le moins, un
abaissement du seuil d'accès aux services de garde ou aux
prêts-bourses; le remboursement des frais de garde avec simple
attestation assermentée plutôt que des reçus; la
déductibilité des frais de garde pour les étudiantes ou
étudiants qui vivent d'une pension alimentaire ou revenus similaires non
admis actuellement par l'impôt pour les études postsecondaires;
l'autonomie de l'étudiante acquise à la douzième semaine
de grossesse et non à la vingtième semaine; le remboursement du
prêt plafonné à un taux d'intérêt fixe
raisonnable pour que l'étudiant ou l'étudiante puisse planifier
son avenir; la pleine indexation annuelle des divers montants du programme de
prêts-bourses, basée sur celui du Régime de rentes du
Québec; et, enfin, le maintien de l'ancien système de calcul des
frais de transport au kilomètre, quand il n'y a pas de transport
adéquat. Pour le dernier, que les étudiants à temps
partiel puissent avoir les mêmes avantages fiscaux au niveau des
exemptions fiscales que les étudiants à temps plein.
Mme Dolment: Le temps ne nous permet pas d'aborder les autres
recommandations que contient notre mémoire, mais la commission a pu en
prendre connaissance.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, madame. Je
vais maintenant demander au ministre s'il a quelques questions à vous
poser sur votre mémoire ou sur votre présentation.
M. Ryan: Je vous remercie de l'excellente contribution que vous
apportez au travail de la commission. Je pense que le Réseau d'action et
d'information pour les femmes, après avoir suivi de très
près, surtout par l'intermédiaire de Mme Dolment, les travaux de
la commission, apporte à ce moment-ci une réflexion qui tient
compte de choses déjà dites, mais en même temps
soulève plusieurs aspects qui sont tout à fait pertinents dans la
démarche que nous poursuivons.
Je voudrais dire tout d'abord, en ce qui touche la contribution
parentale et la contribution du conjoint, les choses que, malheureusement, j'ai
déjà dites à ce sujet. En principe, comme je l'ai
énoncé à maintes reprises devant la commission, il serait
hautement souhaitable qu'on ne tienne aucun compte de la contribution parentale
et de la contribution du conjoint, et que l'on reconnaisse pleinement
l'autonomie de toute personne âgée, disons, de 18 ans ou plus qui
se présente aux études postsecondaires. S'ils ne l'ont point
jusque-là, en pratique, c'est parce que les ressources limitées
dont dispose la société québécoise ne lui
permettent pas de le faire. J'ai constaté que, dans la plupart des
régimes d'aide aux étudiants qui existent dans d'autres pays, on
a institué également une contribution parentale.
Le principe de la responsabilité parentale peut sembler un vieux
principe dépassé, mais c'est un principe fondamental pour la
bonne marche d'une société, et qui sera toujours vrai. Il
connaîtra des modalités, des applications différentes d'une
époque à l'autre; je pense que personne de sérieux ne
viendrait soutenir que ce principe-là cesse automatiquement à
l'âge de 18 ans. Je pense que la responsabilité parentale - on l'a
souligné devant la commission ces derniers temps - est appelée
à durer plus longtemps qu'autrefois, même, étant
donné que les études, même si on les commence plus
jeunes,
se prolongent plus tard. C'est courant qu'une personne, après
avoir fait des études de baccalauréat dans un domaine,
décide de poursuivre un baccalauréat dans un autre domaine ou
d'aller à la maîtrise. On voit très souvent un
étudiant qui commence au cégep avec tél du tel
programmé et qui, au bout d'un semestre ou deux, décide de
changer; ce n'était pas tout à fait ce qu'il désirait. Il
est soumis à des influences d'Information beaucoup plus nombreuses
qu'autrefois. Une certaine instabilité de ce côté-là
qui, à court terme, entraîne des coûts évidents pour
la société mais qui, à long terme, est probablement une
source de maturation qui finit par être bonne pour la
société.
Quoi qu'il en soit, vous l'avez estimé vous autres mêmes
dans une note inscrite en bas de page dans votre mémoire retouché
de ce matin. Si nous allions éliminer la contribution du conjoint, il
faut tout de suite injecter 40 000 000 $ de plus dans le régime. Si nous
allions éliminer complètement la contribution parentale, c'est au
moins, en tout, entre 500 000 000 $ et 600 000 000 $ qu'il faudrait envisager.
Seulement pour les non-résidants, on l'établit à
au-delà de 300 000 000 $.
Le message que je reçois du gouvernement, c'est qu'il n'a,
à l'heure actuelle, pas la possibilité financière de faire
des changements aussi importants. Il faut donc chercher des
améliorations ponctuelles. C'est ce que nous faisons, de notre mieux.
Encore une fois, je ne ferme pas ces questions pour l'avenir; je pense qu'elles
doivent demeurer ouvertes.
L'idée d'un revenu minimum garanti se situe dans la même
perspective. Les gouvernements se sont essayés à mettre au point
une formule de revenu minimum garanti depuis au-delà d'une quinzaine
d'années et ils n'ont pas encore réussi, parce qu'il y a toutes
sortes d'éléments qu'il faut intégrer dans un plan comme
celui-ci. Il faut que le coût global net soit un coût que la
société puisse porter. On n'a pas encore trouvé de
solution; on continue de travailler. Il y a des recherches qui se font
là-dessus et, au stade actuel, on n'est pas en mesure d'apporter une
réponse. (11 h 45)
Vous parlez des étudiants à temps partiel. L'idée
de tenir compte des étudiants de niveau collégial me paraît
très judicieuse. Nous ne l'avions pas incluse, encore une fois, pour des
raisons financières. Mais, étant donné le délai que
nous nous accordons pour mettre au point une formule d'aide financière
aux étudiants à temps partiel qui réponde davantage aux
situations réelles, je pense que nous étudierons avec beaucoup
d'intérêt cette proposition que vous avez faite.
Je voudrais vous poser une question. Je voudrais vous demander:
Là remise à la mère de 25 % des intérêts sur
le prêt, par enfant, pourriez-vous m'expliquer exactement ce que vous
voulez dire et comment fonctionnerait une telle mesure, eh pratique?
Mme Ouellet: Disons que c'est une mesure qui est
déjà appliquée ou, en tout cas, que vous proposez
d'appliquer aux étudiants qui sont au deuxième cycle,
actuellement, qui est de calculer les intérêts annuels en fonction
du taux d'intérêt auquel l'étudiant est soumis quand il
doit rembourser son prêt, et puis que 25 % de cette partie-là soit
remboursée à la banque. J'imagine que c'est comme ça que
ça se fait. Nous, on voudrait que de soit étendu aux femmes qui
ont eu des enfants, même si elles sont au premier cycle.
M. Ryan: Est-ce que ça vaudrait, ça, pour la femme
qui aurait un enfant en cours d'études?
Mme Ouellet: Si elle a des enfants au moment où elle
termine son cours, elle serait éligible à cette
mesure-là.
M. Ryan: Là, vous voudriez qu'on lui accorde la remise de
25 % sur la dette à celle qui a des enfants?
Mme Ouellet: Oui.
M. Ryan: II faudrait qu'on fasse un estimé des
coûts. On va regarder ça. On va regarder...
Mme Ouellet: Disons que ça va dans une ligne d'esprit qui
veut que les femmes qui ont des enfants pendant leurs études, c'est
difficile; quand elles essaient de retourner sur le marché du travail et
qu'elles ont un gros prêt à rembourser, ça complique encore
beaucoup les choses. Ça serait juste une simple mesure de reconnaissance
envers les femmes qui ont eu des enfants, quand on sait que ça devient
un problème aujourd'hui, un problème de dénalité
important.
Mme Dolment: Je vais peut-être souligner que Chantai,
justement, est aux études, et elle a trois jeunes enfants. Alors, elle
connaît un peu le problème. Il y aurait aussi la contribution de
conjoint, M. Ryan, dont vous n'avez pas parlé.
M. Ryan: Oui.
Mme Dolment: Vous avez parlé de ia contribution parentale.
Évidemment, je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre
réponse, vous vous en doutez, mais la contribution de conjoint, vous ne
l'avez pas du tout abordée.
M. Ryan: Comme vous le savez, la contribution du conjoint est
diminuée sensiblement. Elle est diminuée sensiblement.
Mme Dolment: Oui, je sais que c'est
amélioré et, d'ailleurs, on l'a dit dans notre
mémoire.
M. Ryan: C'est un pas dans la direction...
Mme Dolmerrt: Mais seulement que... Alors que, pour la
contribution parentale, on peut toujours... Parce qu'on sait que dans le Code
civil il y a toujours une espèce de responsabilité qui demeure
toute la vie envers les enfants. Bien que, comme on l'a dit, ça commence
quand même à changer, la mentalité... Et ça, il
faudrait que ça arrête à 18 ans. Parce que, de toute
façon, les parents vont contribuer d'une façon ou d'une autre.
Mais il y a la contribution de base qui devrait être... style "revenu
garanti", parce qu'ils ont des déductions. Alors, nous, on voudrait
mettre tout ça ensemble, mais que ce soit l'étudiant, dans un
esprit de lui donner une certaine autonomie et un sens de la
responsabilité, qui puisse l'administrer lui-même, en regroupant
toutes ces choses éparses.
Maintenant, la contribution de conjoint, c'est très
différent, parce que vous savez que le Code civil a été
changé en 1980: avant, c'était le mari qui devait payer pour les
dépenses de la femme. Maintenant, c'est chacun qui doit payer pour ses
propres dépenses, selon ses revenus. Mais seulement, jamais, même
avant 1980, les études de la femme n'étaient
considérées comme une dépense domestique normale.
Alors, ce n'est pas du tout la même situation pour la contribution
de conjoint que pour la contribution parentale; il n'y a aucune espèce
de justification légale à la conserver. D'autant plus que,
très souvent, quand une femme veut pouvoir étudier, c'est qu'elle
sent que son ménage est peut-être en danger. On sait qu'il y a
tellement de divorces maintenant. Il faut qu'elle prenne des prévisions
en vue de son autonomie financière; autrement, ça va coûter
plus cher à l'État qui va devoir payer de l'aide sociale à
cette femme-là, si elle ne peut pas faire ses études.
M. Ryan: Mme Dolment, je voulais faire une vérification
auprès d'un conseiller juridique du ministère. Je voulais
vérifier si, dans le Code civil, il n'y a pas une disposition qui
prévoit, pour les conjoints, un devoir d'entraide.
Mme Dolment: Un devoir d'aide, oui. M. Ryan: Oui.
Mme Dolment: Mais c'est juste de l'entraide au cas où il
n'y aurait pas... Les vêtements ne sont pas payés, elle ne
travaille pas, elle prend soin des enfants; c'est pour des besoins de base, et
pas du tout pour des études, qui sont considérées
comme...
M. Ryan: Je pense bien que le concept peut connaître une
extension...
Mme Dolment: Frivoles.
M. Ryan: Par conséquent, ce n'est pas exclu. Au contraire,
c'est postulé.
Mme Dolment: La jurisprudence n'accorderait jamais... M. Ryan,
jamais la jurisprudence n'accorderait des dépenses d'études,
parce que même dans la jurisprudence... Il y a des étudiants, il y
a des mères monoparentales qui ont demandé que le mari contribue,
que le père contribue pour les études de son enfant qui avait 20
ans, et if y a des juges qui ont refusé, même pour l'enfant.
Alors, imaginez que, pour la femme, jamais elle ne l'obtiendrait.
M. Ryan: Non, mais, quand même, c'est une disposition qui
est dans nos lois; que nous autres nous la traduisions dans notre régime
de prêts et bourses, je pense que ce n'est pas inconsistant. Si
c'était possible financièrement, comme je vous le dis, je pense
que le gouvernement serait très disposé à aller beaucoup
plus loin. Ça ne l'est pas. En attendant, pour les cas comme ceux dont
vous pariez, il va falloir se reporter au comité d'examen dont il est
question dans ie projet de loi, qui aura le mandat de se pencher sur ces
situations-là. Moi, je comprends très bien que vous continuiez
votre travail, à votre niveau. J'aimerais pouvoir vous dire, en
pratique, qu'on peut aller exactement aussi loin que vous le demandez. Je suis
obligé de vous répondre non en toute loyauté, à mon
titre de membre du gouvernement, mais j'enregistre votre proposition. Je la
trouve tout à fait digne d'être défendue. En tout cas, on
va veiller de près, avec le comité d'examen, pour permettre
à des gens sérieux de se pencher sur toutes ces situations qui
découlent des contraintes lourdes que nous devons maintenir. Je pense
que ça va permettre de faire encore progresser le dossier. Soyez
assurée...
Mme Dolment: Est-ce que je peux vous demander une question, M.
Ryan? Si un père, disons, ne veut pas que ses filles étudient,
peu importe, ou une conjointe, si c'est refusé, à ce
moment-là, si elle peut faire la preuve que son père refuse ou sa
mère - mais, enfin, c'est souvent le père - ou son conjoint
refuse, est-ce que le comité d'examen accorderait, à ce
moment-là, une bourse ou un prêt?
M. Ryan: Le comité d'examen sera libre de faire une
recommandation au ministre. C'est le ministre qui va prendre la
responsabilité au bout de la ligne. Ça, je l'ai dit à
maintes reprises depuis le début des travaux de la commission. On ne
peut pas laisser cette affaire-là s'en aller comme ça, parce
qu'il pourrait arriver qu'un comité d'examen se transforme en tribunal,
ce qui mènerait ces choses-là très loin, ce qui aboutirait
à faire, de manière indirecte, ce que
nous autres devons avouer en toute humilité que nous ne pouvons
pas faire directement. Et mettez-vous à la place du gouvernement:
plutôt que de donner ce mérite à un comité, le
gouvernement le ferait lui-même dans ses lois.
Alors, il faudra que ce soit examiné très soigneusement.
Le comité aura toute latitude. Justement parce qu'il ne sera pas
décisionnel, il pourra aller plus loin dans ses recommandations; et le
ministre, au bout de la ligne, devra en porter la responsabilité.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Je vais
demander maintenant au député d'Abitibi-Ouest et porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation de poser des questions.
M. Gendron: Je voudrais remercier Mme Dolment, ainsi que toute
son équipe qu'on appelle communément - et qu'on connaît -
le Réseau d'information et d'action pour les femmes, qui fait un travail
important de sensibilisation, d'information et également
d'éducation, parce qu'il y a toute une dimension éducative de
s'adapter et de convenir des nouvelles réalités.
Je pense que, quand bien même ça aurait été
juste ça votre contribution - moi, je ne dis pas que c'est juste
ça - mais si ça n'avait été que juste ça,
ça aurait été important de décrire la cellule
familiale à laquelle on fait constamment référence, dont
nous discutons; elle n'a plus du tout le même portrait dans les
années quatre-vingt-dix qu'elle a eu. Et au-delà des valeurs de
chacun, de répéter à satiété qu'il faut
maintenir la responsabilité parentale, qui n'est pas mauvaise en soi, il
faut avoir une juste lecture de ce que ça signifie en 1990 de maintenir
une contribution parentale. Ce n'est plus la même situation que dans le
passé. Ce que je retiens, moi, c'est que le mémoire comme tel
n'en tient pas véritablement compte. Il n'a pas changé les
paramètres, à cet égard-là, pour montrer cette
sensibilité adaptée à la réalité 1990.
Que vous commenciez votre mémoire en disant: C'est un peu curieux
que le ministre de l'Éducation réaffirme haut et fort qu'aucune
personne ne se verra interdire l'accès aux études et que, d'un
autre côté, on ne regarde même pas les
bénéfices de la personne qui veut aller aux études, mais
on regarde son lien, c'est-à-dire soit le conjoint ou le parent... On
étudie la situation financière du parent et du conjoint, mais on
dit bien: Aucune personne ne sera pénalisée pour des raisons
financières. Vous avez raison, au moins, de ne pas jouer hypocrite, de
dire que c'est un principe qu'il faut vraiment couvrir assez fort. Parce que,
dans les faits, ce n'est pas parce que le ministre réaffirme ça
que ce sera la réalité. J'aimais l'expression que vous avez
utilisée en disant: Afin de réduire les coûts,
dorénavant, on va évaluer le "réfèrent". On
évalue la situation budgétaire ou financière du
"réfèrent", pas celui qui va aux études, parce que je
connais un cas de parents qui ne vont pas aux études et on regarde quand
même très très concrètement leur situation
financière et budgétaire. Et ça, de rappeler ça,
c'était nécessaire, c'était requis. Est-ce que, moi, je
vais aussi fort parce que j'aime bien parier juste d'un côté de la
bouche et non des deux côtés de la bouche en même temps? Il
est évident que nous sommes dans une société, à ma
connaissance, même si elle est largement modifiée, qui doit dans
ses principes - en tout cas, moi, en ce qui me concerne - maintenir le principe
d'une responsabilité parentale. Qu'elle soit ajustée, je suis un
tenant de cette thèse-là, mais, qu'elle soit maintenue, je pense
que oui. Il faut qu'elle soit maintenue, même si je connais moi aussi un
peu les chartes, je connais l'évolution, et tout ça. C'est moins
exact au niveau du conjoint parce que... Sans être avocat, on est
toujours obligés de frayer un peu avec ce monde-là, entre
guillemets, donc, on devient tous un peu avec quelques habiletés,
quelques habiletés - non, ce n'est pas péjoratif, chers amis - au
niveau de la consultation juridique ou autres.
Je pense que votre thèse était pas mal bonne, que
ça ne ferait pas long feu dans une cause de jurisprudence, de dire:
Écoutez, parce que mon conjoint ne veut pas contribuer, on va lui faire
obligation de contribuer. Moi, je ne suis pas avocat et je suis pas mal
sûr que je gagnerais beaucoup de ces causes-là. Donc, ça
veut dire que le lien n'est pas fort, par rapport à la tradition du Code
civil. C'est vrai pour le menu fretin, les vêtements de base ou des
affaires de même, des choses fondamentales, logé, nourri et
habillé. Mais est-ce que ça s'élargit autant que les
apprentissages de niveau universitaire? J'en douterais
énormément. Donc, vous avez bien fait de rappeler ça. Je
trouve que vous avez un excellent mémoire. Sincèrement, vous avez
un excellent mémoire. De rappeler les vices de forme dans le contenu
même du régime, c'était requis de le faire.
L'autre point que je veux souligner... Et, là-dessus, je pense
que le ministre devrait être attentif. Je ne sais pas pourquoi, souvent,
il ne manifeste pas plus de compréhension en termes de retenir, pas
juste en termes de dire: Oui, j'ai écouté ça. Mais on ne
verra plus jamais ça dans ses décisions. Cette discrimination
quant à l'orientation sexuelle, qu'on reporte de projet en projet... Je
veux dire, on a été assez débiles, d'après moi - je
ne change pas de terme, il n'y en a pas d'autre - d'instaurer un régime
de fou comme celui qu'on a à l'aide sociale que, mon Dieu, là, il
faudrait qu'il y ait un engagement ferme. Pas question d'instaurer ce
régime de fou d'enquêteurs spécialisés qui vont
aller encore voir ce qui se passe au niveau de l'orientation sexuelle. Parce
qu'en bout de ligne ça finit de même. C'est ça que
ça veut dire, en bout de ligne, concrètement. Ce n'est pas parce
que je
veux faire un discours là-dessus, mais c'est comme ça que
ça finit. Tu as une sexualité hétérosexuelle: pas
de problème. Tu la vis autrement: hop là, on met un couvercle
là-dessus. Alors, ça n'a pas de bon sens. Vous avez bien fait de
rappeler ça. Mais ça, ça prendrait un engagement, pas du
placotage, dire: Oui, on va mettre fin à ça. Ça n'a pas
d'allure. Ça n'a pas d'allure de recopier quelque chose qui n'a pas de
bon sens... Uniquement parce que ça vient d'une de leurs lois, penser
qu'il faut répéter l'aberration, l'énormité... On
n'a pas besoin de répéter ça.
Je vous félicite pour votre suggestion du revenu garanti. Je vous
indique d'avance que les chances que ça soit regardé sont
à peu près nulles, parce que le ministre a
répété à satiété qu'il avait la
vérité. Il était convaincu que la seule voie possible
concernant leurs décisions, c'était le dégel, point,
"période", à la ligne, parce qu'il était rendu là,
lui. Mais, moi, je suis heureux de voir qu'il y a quelques groupes qui ont eu
la sagesse de dire: Non seulement on veut faire participer aux deux questions
de fond qui sont le dégel et une bonification du régime, mais en
même temps, compte tenu qu'on est des gens responsables et que, à
ce que je sache, l'argent ne pousse pas dans les arbres, dans ce
sens-là, il faut avoir des alternatives à proposer. Vous en avez
mis une sur la table, et je trouve que c'est une alternative
intéressante. J'aurai une question là-dessus, tantôt. Je
veux juste finir mon laïus et on questionnera ça davantage un peu;
mais vous avez une alternative intéressante.
Sur le temps partiel, je voudrais juste vous rappeler que c'est bien
beau de faire partir l'ostensoir, l'ode aux bravos au ministre... Le temps
partiel, mais c'est disparu, hein? Il faut que vous soyez conscients qu'il
n'est pas question de ça dans la réforme pour la prochaine
année, il l'a dit et répété. Ça a l'air de
vous surprendre, Mme Dolment. (12 heures)
Mme Dolment: Je sais que le ministre a dit qu'il y avait des
ajustements à faire, parce que, bon, le temps partiel, c'était
compliqué à instaurer. Bon, je ne sais pas qu'est-ce que c'est
les problèmes, mais je pensais que c'était seulement
reporté de quelques mois. Mais là, si vous dites même
pas... Un an, c'est assez long, quand même. Parce qu'on sait que 90 % des
étudiants à temps partiel de l'Université de
Montréal sont des femmes. Alors, ça nous touche directement, le
temps partiel, parce qu'on a des enfants. Comment aller à temps plein?
C'est très difficile. Alors, d'une part, on demande de faire des enfants
et, de l'autre part, on brime... C'est la pauvreté à brève
ou à longue échéance, pour les femmes. Et la
non-instruction est simplement le retour en arrière.
M. Gendron: Vous avez raison. Sauf que, moi, je suis convaincu -
de toute façon, ce sera le ministre, dans sa conclusion... Ce sera une
belle occasion de changer le libellé de sa conclusion - si
j'étais dans les patates... Je suis convaincu que j'ai raison, et ce que
je vous dis c'est ceci: c'est que le temps partiel, il n'a pas dit adieu, aux
calendes grecques. Il a dit: Pas question que ça soit en application en
septembre prochain. C'est ça qu'il faut que vous compreniez. Donc, quand
ce n'est pas en application en septembre prochain, il faut que vous compreniez
qu'on vient de passer un tour, on vient de passer une année. Alors moi,
je dis, diminuez un peu cette allégresse-là des vantardises sur
bravo aux temps partiels; ça ne sera pas dans le portrait pour la
prochaine année. C'est ça que... J'aime bien parler concret et je
veux que vous en soyez conscients, parce que c'est à peu près la
seule mesure de bonification importante, nouvelle-Mais l'affaire majeure dans
la réforme de l'aide financière, c'était que,
dorénavant, on permettait aux temps partiels... Vous vouliez en
rajouter, vous; vous vouliez dire: Écoutez, non seulement aux temps
partiels universitaires, mais on voudrait que ça soit également
pour le temps partiel de niveau collégial. Alors, moi, je serais heureux
de ça, là. On va commencer d'abord par le mettre où
ça serait le plus requis, d'après moi. Plus requis, ça
serait... Il n'y en a pas de raison. Moi, je ne suis pas d'accord avec ses
évaluations. Il avait beau les faire avant, d'abord, et il le savait. Il
le sait que des étudiants à temps partiel, depuis plusieurs
années... Ça fait longtemps qu'on connaît ça. Alors,
ça été connu en avril, il a fait connaître ses
orientations comme ministre en avril. C'est quoi, cette période
d'attente pour faire ses devoirs? Je parle d'avril 1989, pour ceux qui ont de
la misère à suivre. Alors, en avril 1989, sachant qu'il y avait
des étudiants à temps partiel, il avait juste à faire ses
devoirs, puis il aurait pu nous dire en septembre, octobre - et a fortiori
quand on est rendus en mars 1990 - C'est bien clair que ça va
s'appliquer à partir de septembre parce qu'on a fait nos devoirs, puis
on sait ce que ça représente, puis on sait que c'est une bonne
mesure, puis on l'applique. Il y a à peu près juste ça de
bon dans la nouvelle réforme.
Dernier commentaire, avant de poser la question - bien, je pourrais en
faire d'autres, mais ce sont toujours les questions de temps; moi aussi, je
suis limité par le temps - je pense que vous faites bien de rappeler la
nécessité du maintien de l'ancien système pour les frais
de transport. J'espère que le ministre va revenir à de meilleurs
sentiments là-dessus, parce que ça a vraiment des effets
désastreux pour les étudiants des régions dites
périphériques ou éloignées, ça a des effets
à peu près pour tout le monde, d'enlever le calcul, les frais de
transport. Je pense qu'il faut le maintenir et non pas l'enlever. Ça,
c'est une mesure qui est requise, puis il faut la conserver.
Ma question - toujours pour, encore là, des
raisons de temps, j'en aurais plusieurs - mais j'aimerais ça, Mme
Dolment, ou quelqu'un de votre équipe, que vous me précisiez un
peu le financement. Comment vous financeriez, vous, la suggestion que vous
faites du revenu garanti? Parce que j'ai lu attentivement. Vous dites: On le
financerait, parce qu'il y a beaucoup de coûts dans la formule du
prêt. Je vous avoue que ce n'est pas la meilleure façon pour un
gouvernement de savoir comment faire, en disant: bien nous, la façon de
financer le revenu garanti, ça serait en économisant sur les
coûts du régime qui existe, qui est coûteux. Je ne trouve
pas que c'est suffisant. Moi, j'aimerais avoir un éclairage additionnel,
puisque, si vous y avez réfléchi pour préciser comment
s'appliquerait le revenu garanti, et en particulier dans ses mérites
vertueux, en disant: ce serait équitable, ça respecte les droits
fondamentaux, ça réduit l'endettement, ça élargit
l'accès aux études, ça donne une meilleure motivation,
ça diminue le stress... Sincèrement, tous les effets
bénéfiques d'un régime comme ça sont bien
expliqués. Ce qui l'est moins, c'est comment on finance ça. Parce
que je ne pense pas que le coût de ça pourrait se payer
strictement avec les économies de la disparition d'un régime de
prêts qui représente à peu près, selon vos chiffres,
une centaines de millions en dollars d'aujourd'hui. Ça va prendre pour
l'État une centaine... La gestion du système de prêts si on
éliminait ça, puis on instaure un nouveau... Pensez vos chiffres,
là...
Mme Dolment: Oui.
M. Gendron: ...pas mal sûr qu'une centaine de millions, M.
Boisvert, ça ne doit pas être bien bien inexact. En tout
cas...
Une voix: 70 000 000 $.
M. Gendron: 70 000 000 $, parfait. C'est parce que moi
j'indexais. 66 000 000 $, c'était 1987-1988, puis je sais qu'il y avait
quelques omissions. Non, O.K. 70 000 000 $. On me dit 70 000 000 $ plutôt
que 100 000 000 $. Rapidement, en conclusion, pour la question c'est
prévoir le financement, parce que, si on éliminait ça, on
viendrait de sauver 70 000 000 $.
Mme Dolment: Non, c'est plus que 70 000 000 $. C'est comme
n'importe quoi. C'est comme quelqu'un qui a un commerce; s'il pense juste aux
coûts, aux dépenses qu'il fait en améliorant, admettons, en
faisant des rénovations de son restaurant ou de son commerce, c'est bien
évident qu'il va dire: Je perds, donc je ne le fais pas. Mais, s'il
pense à long terme, il va dire: Oui. mais ça va m'apporter de la
clientèle, ça va faire ci, ça va faire ça, et s'il
ne veut pas faire ça, s'il a une courte vue, après
l'échéance, ça va être la faillite. C'est la
même affaire pour le revenu garanti. Écoutez, il faut penser aussi
qu'il y a - ça, je ne l'ai pas, les dépenses fiscales - les
dépenses fiscales postsecondaires. Vous savez qu'il y a des
déductions; c'est 3050 $ au point de vue fiscal, au point de vue
provincial pour les études postsecondaires. Alors, il y a les
dépenses fiscales - ici, je ne l'ai pas en millions, mais sûrement
que vous pouvez l'avoir - qu'il faut récupérer, parce que ce ne
sera plus payé, avec le revenu garanti; les parents ne
réclameront plus cette dépense fiscale pour le gouvernement, de
toute façon. Il y a aussi le fait qu'il y a bien des étudiants
qui, voyant qu'avec des prêts et bourses ils vont s'endetter et de plus
en plus, surtout avec les taux d'intérêt... Et ça, ce sont
des gens, surtout dans le milieu universitaire, qui entendent de près ou
de loin, indirectement parler les étudiants, et il y a un gros
changement de mentalité, parce que les étudiants - et on l'a dit
dans notre mémoire - qui voient les autres s'endetter, disent: Minute,
j'aime autant être sur l'aide sociale, moi, mener la belle vie, d'une
certaine façon, comparativement aux étudiants qui travaillent
très dur, puis qui étudient et tout ça.
Alors, il y a un paquet de monde qui va rester sur l'aide sociale, qui
va coûter très cher, plutôt que d'avoir un système de
revenu garanti qu'on limiterait. Si vous remarquez, le revenu garanti qu'on a
mis, nous, on le limitait au strict minimum: c'est logement partagé ou
faire construire, admettons, des logements coopératifs comme des
étudiants l'ont déjà suggéré - et on ne
comprend pas qu'il n'y en ait pas plus - une chambre, admettons, la nourriture,
qui n'est pas tellement dispendieuse, parce qu'on peut se nourrir pour pas
tellement cher, puis il y a toujours les parents qui vont quand même
contribuer pour le surplus. Je pense que, si on prend le minimum, ça
pourrait être un revenu garanti vraiment minimum qui serait
accordé aux étudiants, qui ne coûterait pas si cher et qui,
à moyen terme, rapporterait de l'argent parce que ces gens-là qui
vont étudier, finalement ils vont payer de l'impôt. Ce ne sera pas
long que ça va revenir dans le coffre de l'État, autrement, ils
vont peut-être rester sur l'aide sociale une bonne partie de leur vie. On
le sait, c'est au Québec qu'il y a le plus d'assistés sociaux.
Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de motivation, non plus. Comme je vous dis,
l'endettement est là, et souvent l'endettement... S'il y a des gens qui
les font, leurs études, qui s'endettent et qui ne paient pas,
finalement, parce qu'ils n'ont pas l'argent pour payer, parce qu'il y a trop
d'endettement, ça va être perdu, ça aussi. Si on prend tout
ça...
M. Gendron: Non, vous avez raison...
Mme Dolment: ...je pense qu'on va arriver quand même
à être gagnants.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Briève-
ment, M. le député d'Abrtlbi-Ouest.
M. Gendron: Brièvement, même si je reconnais comme
étant vrai tous les éléments que vous venez d'invoquer,
qui sont pertinents, dans votre réflexion, la question était
très simple, puisque vous suggérez un nouveau modèle,
c'est: Est-ce que vous l'avez évalué? En terme de coûts,
vous, est-ce que vous connaissez le chiffre?
Mme Dolment: Non. M. Gendron: Parfait.
Mme Dolment: Mais je dois dire que, dans La Presse, hier,
on a rapporté les propos du comité Wang, d'Australie, qui a dit
qu'ils ont même rejeté le système de prêts et
bourses, de prêts, parce qu'ils ont trouvé que le financement de
ça, la complexité, le nombre de fonctionnaires... Est-ce que vous
avez calculé le nombre de fonctionnaires - je m'excuse vis-à-vis
des fonctionnaires - ce que ça coûte pour administrer un
régime aussi complexe? Si on enlève tous ces montants-là,
bien moi, je vous garantis - évidemment, on n'a pas d'économiste
pour le faire, mais j'aimerais beaucoup qu'on nous en passe un - je suis
convaincue, si on pense à long terme, comme un commerce, à court
terme et à moyen terme, qu'on va être gagnants.
M. Gendron: II n'y avait pas de jugement - mais vous avez
répondu à ma question - dans ce que j'ai dit.
Mme Dolment: Non, non, je le sais.
M. Gendron: J'ai vu l'article, moi également, hier, dans
La Presse, excellent article, d'ailleurs, qui a été repris
par d'autres, mais, qu'est-ce que vous voulez, quand on a la
vérité, on...
Mme Dolment: Mais peut-être que M. Ryan pourrait demander
à ses économistes de faire un peu le calcul, puis il serait
surpris.
Le Président (M. Gautrin): Mme Dolment, le temps qui nous
était imparti est en train de s'écouler rapidement.
M. Gendron: J'ai terminé.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez terminé.
Peut-être une brève conclusion du ministre et une brève
conclusion de votre part.
M. Ryan: Je voudrais remercier de nouveau le Réseau de sa
participation à notre travail. J'ai remarqué que Mme Dolment, en
particulier, a suivi les travaux de la commission depuis le début, avec
une assiduité exemplaire. Je pense que ça donne d'autant plus de
pertinence aux propos que votre groupe est venu nous soumettre ce matin. Je
regrette que nous ne soyons pas capables d'accepter vos propositions
principales, pour des raisons qui tiennent aux finances de l'État. Mais
toutes les propositions particulières qui complètent votre
mémoire seront l'objet d'un examen très attentif. Quant aux
travaux de fond que vous souhaitez, ils s'accomplissent continuellement au
ministère des Finances, en particulier - c'est là qu'est la
responsabilité - au ministère de la Main-d'?uvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et
également au Conseil du trésor. Nous autres, nous sommes
associés à ces travaux-là dans la mesure où les
étudiants sont concernés, mais je peux vous assurer qu'il y a des
travaux qui se poursuivent continuellement sur ces grandes questions. Si jamais
on peut mettre au point la pierre philosophale, on sera très heureux
d'en faire part à la population sous la forme de projets qui pourront
rejoindre vos préoccupations.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest, en conclusion.
M. Gendron: Encore là, merci, Mme Dolment. Moi aussi, j'ai
été témoin de votre présence assidue, mais j'ai
été aussi surtout témoin, constamment, de votre
préoccupation d'être éveillée et,
sincèrement, je vous en sais gré, ainsi qu'à votre groupe,
d'être éveillée, conscien-tisée à des
éléments requis, d'être en constante
réévaluation dans la société et, pour ça, il
me semble que vous étiez tenue de venir nous donner votre point de vue.
Et j'espère que votre mémoire sera également
acheminé dans cet appareil gouvernemental à d'autres instances
qui ont, comme le ministre l'a indiqué, l'obligation de
réfléchir d'une façon plus large que strictement ce dont
nous discutons aujourd'hui. J'espère qu'ils verront là, dans vos
suggestions, quelques éléments de bonification de leurs propres
réflexions.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, Mme Dolment
et le Réseau d'action et d'information pour les femmes. Je vais demander
maintenant aux Cercles de fermières de bien vouloir se présenter
devant la commission, Mme Huot, Mme Fortin et Mme Labrecque, s'il vous
plaît. (12 h 15)
Alors, écoutez, je vais commencer; le ministre va arriver dans
deux minutes. Mme Huot, est-ce que vous pourriez, aux fins de l'enregistrement,
présenter les personnes qui vous accompagnent, s'il vous
plaît?
Cercles de fermières du Québec
Mme Huot (Noëila): Oui, bonjour. À ma droite, Mme
Cécile Labrecque, qui vient de Charlesbourg, et, à ma gauche, Mme
Louise Déziei Fortin, qui vient d'Aima, vice-présidente
de l'association.
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous avez une
demi-heure, pour votre présentation. Vous pouvez prendre dix minutes
pour faire l'exposé de votre mémoire; dix autres minutes seront
réservées au parti ministériel pour les questions et dix
autres à l'Opposition.
Mme Huot: M. le Président, M. le ministre Ryan, mesdames
et messieurs.
Les Cercles de fermières du Québec sont une association
vouée aux intérêts de la femme et de la famille, tant
urbaine que rurale. Les Cercles, dont les 60 000 membres sont regroupées
en 25 fédérations régionales et 870 cercles locaux,
célèbrent cette année leur 75e anniversaire d'existence et
de participation active à l'essor de la société
québécoise. Notre association s'est toujours
intéressée à ce qui concerne la chose scolaire au
Québec. Ainsi, dans notre "Mémoire d'une politique familiale", en
1983, nous recommandions l'accessibilité universelle aux prêts
étudiants, l'adaptation des programmes d'études aux
réalités du marché du travail et le maintien et le soutien
des écoles privées. En 1988, nous avons déposé un
avis sur le projet de loi 106, sur les élections scolaires, de
même que le projet de loi 107, sur l'instruction publique, dans lequel
nous insistions particulièrement pour que l'éducation aux adultes
ait une part pleine et entière dans le système
d'éducation. Nous sommes aussi intervenues sur de nombreux dossiers
ponctuels concernant divers aspects de l'éducation au Québec. En
résumé, nos orientations actuelles en matière
d'éducation visent une amélioration constante de la
qualité des services et de leur accessibilité.
Nous sommes particulièrement préoccupées par les
règles d'application du régime actuel de prêts et bourses,
lesquelles, à notre avis, sont inéquitables pour plusieurs
groupes d'étudiants, notamment pour le conjoint marié qui est au
foyer et pour ceux qui veulent effectuer un retour aux études
collégiales ou universitaires.
L'épanouissement de la famille passe par l'autonomie de chacun de
ses membres ayant atteint la majorité. L'égalité, on le
sait, entre les hommes et les femmes passe nécessairement par
l'autonomie financière de chacun. C'est une question capitale, et les
Cercles de fermières du Québec n'ont cessé de le
répéter depuis des années et de dénoncer du
même coup toute politique sapant ce droit fondamental. Il est superflu
d'insister sur les conséquences de la dépendance
financière: soumission, pauvreté, perte de confiance en soi,
etc., et parfois même violence. Le non-accès aux prêts
étudiants, pour le conjoint marié, n'est-il pas une injustice
flagrante et un obstacle important à la plus modeste recherche
d'autonomie et d'identité financière? Présentement, if y a
discrimination quant à l'état civil - et ça, ça va
à rencontre de la Charte des droits et libertés de la personne -
et, s'il y a discrimination, peut-on vraiment se permettre de maintenir une
telle situation? Il y a aussi la situation des jeunes de 18 ans et plus qui ne
veulent plus dépendre de leurs parents. On sait qu'on veut plus
d'enfants au Québec, mais on ajoute aux parents des
responsabilités qui n'en finissent plus!
Le dégel des frais de scolarité. Les Cercles de
fermières du Québec, par la voix de leurs représentantes,
ont affirmé à maintes reprises qu'ils considéraient
l'époque de l'État-providence révolue. Ce faisant, nous
affirmons la nécessité d'un réaménagement important
de l'utilisation de l'argent de l'Etat obtenu par les sources actuelles, en
insistant sur les revenus générés par l'impôt des
contribuables. Nous favorisons rétablissement d'autres sources de
revenus, notamment celles en provenance des citoyens corporatifs et des
entreprises, lesquels bénéficient positivement des
retombées de la formation scolaire. Dans cette perspective, les Cercles
de fermières du Québec n'ont pas d'opposition ferme avec le
principe du dégel des frais de scolarité. Néanmoins, nous
nous posons certaines questions. Le projet de loi se préoccupera-t-il de
l'amélioration de la qualité de la formation universitaire? Le
dégel des frais de scolarité va-t-il entraîner une escalade
de prix à d'autres niveaux, soit collégial, etc.? Les beaux
rêves mis de l'avant à la suite du rapport de la commission
Parent, seront-ils anéantis? Il s'agit pour nous d'une façon
d'assurer une juste distribution de l'argent de l'État à travers
l'ensemble des services d'éducation fournis à la population.
C'est pourquoi, dans l'éventualité d'un dégel des frais de
scolarité, nous insistons, avec nos recommandations, sur les
modalités d'application et sur les effets parallèles que cela
dort avoir sur les régimes d'aide financière aux
étudiants.
Alors, ce que nous recommandons au ministre, c'est de faire en sorte que
la hausse des frais de scolarité se fasse de façon progressive,
sur une période - en tout cas, nous avions dit deux ans - de trois
à cinq ans; de tenir compte des coûts des programmes
d'études dans rétablissement des frais de scolarité
plutôt que d'en maintenir l'uniformité; d'établir avec les
ministères concernés une participation financière, taxes
ou impôts, des citoyens corporatifs et entreprises visant le maintien et
le développement des institutions d'enseignement supérieur; de
faire en sorte que l'État budgétise l'injection d'argent neuf
dans le financement des universités; de modifier le régime d'aide
financière aux étudiants, parallèlement au dégel
des frais de scolarité, pour faire en sorte que, d'abord,
l'accessibilité universelle aux prêts étudiants soit
instaurée en tenant compte des gains personnels de l'étudiant; la
contribution des parents soit restreinte lorsque l'étudiant atteint
l'âge de 18 ans, âge considéré comme celui de la
majorité et impliquant une autonomie de l'individu à respec-
ter; le régime des prêts et bourses soit pleinement
accessible au conjoint marié désireux de poursuivre des
études collégiales ou universitaires et n'exerçant pas un
travail rémunéré, sans tenir compte du revenu du conjoint;
le régime des prêts et bourses soit accessible
immédiatement aux femmes mariées qui étudient à
temps partiel; le remboursement des prêts garantis par l'État dans
le cadre de son régime des prêts et bourses se fasse par un
impôt postuniversitaire proportionnel au niveau de revenu.
Présentement, l'étudiant qui vit en union de fait est
avantagé par le système parce qu'on ne tient pas compte du
salaire du conjoint sur le marché du travail. On y revient et on y
revient. Il y a là une discrimination qu'il faut corriger.
En conclusion, si les Cercles de fermières du Québec ne
s'opposent pas au principe du dégel des frais de scolarité, c'est
en considérant que les recommandations ci-haut énoncées
seront acceptées, sinon la formule actuelle est un moindre mal. D'une
part, un nombre important de nos membres sont mères d'enfants ou de
jeunes adultes fréquentant des institutions dont les frais de
scolarité seront ainsi touchés. Il n'est pas question d'alourdir
le fardeau financier de ces familles, mais d'établir un plus juste
équilibre du coût de l'enseignement supérieur,
collégial, universitaire entre tous ceux qui en
bénéficient, particulièrement ceux qui en profitent
à plus long terme.
L'éducation supérieure a souvent été le seul
héritage que les familles laissaient à leurs enfants. Si telle
est encore la situation, il n'en demeure pas moins qu'il est de plus en plus
difficile d'atteindre seul un tel objectif. Les lois et programmes ne devraient
jamais pénaliser ceux et celles qui veulent poursuivre des études
de façon autonome, et ce, dès l'âge de 18 ans. L'ensemble
de la société doit supporter une partie des frais comme ceux qui
en bénéficient personnellement ou en tirent quelque autre
avantage.
D'autre part, plusieurs de nos membres, parmi les femmes au foyer ne
recevant pas de rémunération pour le travail accompli, ont
effectué un retour aux études à temps partiel ou à
temps plein ou sont sur le point de le faire. Or, bon nombre d'entre elles se
sont butées au régime des prêts et bourses auquel elles
n'ont pas accès. Un témoignage éloquent accompagne le
présent avis. L'État québécois doit mettre un terme
à ce que nous considérons comme une discrimination et faire en
sorte que le régime leur soit accessible dans le cadre
recommandé.
Bref, la société québécoise ne doit plus
considérer l'éducation supérieure comme étant
l'acquisition d'un bien personnel, mais comme étant une plus-value
à l'ensemble de la société, laquelle doit s'en partager
les frais équitable-ment.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie,
Mme Huot. Je vais demander à M. le ministre s'il a des questions
à vous poser sur votre présentation. M. le ministre.
M. Ryan: J'apprécie la participation des Cercles de
fermières du Québec au travail de notre commission parlementaire.
Ceux d'entre nous qui représentons des circonscriptions rurales à
l'Assemblée nationale comptent généralement dans leur
comté des cercles de fermières. J'en ai plusieurs dans le
comté d'Argenteuil, comme vous le savez, qui font un travail très
sérieux, un travail éminemment constructif, paisible dans
l'ensemble et je remarque que, depuis deux ou trois ans, ils m'arrivent de
temps à autre avec des résolutions qui traitent de
l'éducation. Je pense que c'est dû à l'intérêt
que la direction provinciale a su attiser autour des problèmes
d'éducation. Je m'en réjouis. Je lis avec attention les
mémoires que vous m'adressez chaque année à la suite de
vos congrès. Je vois que les questions d'éducation occupent une
place grandissante dans vos préoccupations. Je vous en félicite,
parce que je suis sûr que ce souci traduit très bien les
préoccupations quotidiennes de vos membres qui ont charge d'enfants et
doivent résoudre des problèmes comme ceux dont nous parlons ce
matin. Nous sommes très heureux, par conséquent, de vous
rencontrer ce matin, et je voudrais aborder tout de suite quelques points qui
se dégagent de votre mémoire. Les recommandations sont simples.
Elles en viennent directement au point. Je l'apprécie. J'ai envie de
faire une légère plaisanterie, au début, à propos
des frais de scolarité. Dans votre texte, c'était écrit
qu'on les augmente sur une période de deux à trois ans. Comme on
avait choisi deux ans, je me disais qu'on était pratiquement
d'accord.
Mme Huot: Oui, on le sait. M. Ryan: Pardon?
Mme Huot: J'ai dit: On sait que vous avez parlé de deux
ans. Mais...
M. Ryan: Oui. Maintenant, là, vous avez dit de trois
à cinq ans, ce matin.
Mme Huot: Oui.
M. Ryan: Je veux dire, avec les trois ans de tergiversations puis
les deux ans d'augmentation, ça va faire cinq ans. Il ne faut pas
oublier - ce sont des blagues que je fais - qu'on sait bien que ce serait mieux
si, financièrement, on pouvait l'étaler sur une période
plus longue, il n'y aurait pas d'hérésie à ça, bien
au contraire. Mais nous établissons la période d'étalement
en tenant compte des besoins financiers du réseau universitaire. Et il
nous a semblé qu'il était devenu impérieux d'agir dans les
meilleurs délais pour rétrécir encore l'écart qui
peut exister
dans le niveau de financement des universités du Québec
par rapport au niveau de financement de la moyenne canadienne.
Ceci étant dit, je voudrais peut-être en venir directement
à vos recommandations. À la deuxième recommandation, vous
dites qu'il faudrait tenir compte des coûts des programmes
d'études dans l'établissement des frais de scolarité.
Ça, c'est un sujet qui est à l'étude avec les
universités. Nous ne pouvions pas le régler pour cette
année, parce que ça demande des études approfondies. Mais
il se pourrait très bien qu'à la suite de l'étude qui est
en cours on ait des changements dans la structure des frais de scolarité
de manière à tenir compte de différences très
réelles comme celles dont vous parlez.
Il est sûr que, pour former un étudiant en génie ou
un futur médecin, ça coûte beaucoup plus cher que pour
former un avocat ou un enseignant, par exemple, ou une enseignante. Alors,
ça, ce sont des points dont nous sommes conscients. Et j'espère
que les travaux qui sont engagés avec les universités à ce
sujet permettront de mettre au point des ajustements qui tiendraient compte de
votre souhait.
J'ai demandé d'établir, avec les ministères
concernés, une participation financière des entreprises. J'ai
exposé la difficulté inhérente à cette proposition
à maintes reprises depuis le début des travaux de la commission.
Le problème, c'est qu'on pourrait instituer une taxe sur les entreprises
pour les hôpitaux. On pourrait instituer une taxe sur les entreprises
pour les routes, par exemple. On pourrait en instituer une de bien des
manières. Mais, finalement, on ne peut pas avoir beaucoup de ces taxes
qui sont orientées d'avance, dont le produit est orienté
d'avance, parce qu'au bout de la ligne le trésor public est commun.
C'est un petit peu comme le trésor familial; ça va tout dans le
fonds commun puis, là, c'est réparti par le père de
famille. En i'occurence, ce sont le ministre des Finances, le Conseil du
trésor et le premier ministre qui décident de l'allocation des
ressources, mais ça entre dans le pot commun.
Je ne pense pas que ce serait une bonne chose de trop les
déterminer d'avance. On peut très bien soutenir que les
entreprises devraient contribuer plus aux revenus du Québec sous forme
de taxes. Ça, c'est une proposition qui est défendable, mais qui
devrait faire l'objet d'une recommandation au ministre des Finances. Je ne sais
pas si vous allez le voir de temps à autre. Moi, j'essaie de lui trouver
de la clientèle. À l'occasion des travaux de la commission ici,
je dis aux groupes qui sont intéressés par les questions de
fiscalité: Si vous voulez que je vous aménage une rencontre avec
le ministre des Finances, je ne sais pas s'il m'en sera reconnaissant, mais je
le ferai volontiers.
Mais là-dessus, par conséquent, je prends la suggestion en
note. Je n'y vois pas une grosse possibilité de solution à nos
problèmes dans l'immédiat. Mais je vais vous dire que nous
étudions très attentivement, par contre, la possibilité
d'un effort accru auprès des entreprises pour les amener à
contribuer davantage aux programmes de dépenses d'immobilisation des
universités par la création de chaires puis de fonds permanents
qui vont contribuer à promouvoir l'excellence.
Déjà, l'an dernier, j'ai moi-même fait une
contribution à titre de ministre de l'Enseignement supérieur. Il
y avait la... De quelle région êtes-vous, Mme la
présidente?
Mme Huot: Moi, je viens de la rive sud de Montréal.
M. Ryan: La rive sud de Montréal. Vous avez dû
connaître ça à Montréal, autrefois, la maison Orner
DeSerres au coin de Saint-Denis et Sainte-Catherine. C'était une grosse
quincaillerie qui était la plus grosse de Montréal,
peut-être. Ils ont décidé - les héritiers de cette
famille-là - de fournir une contribution importante à
l'École des hautes études commerciales, pour la création
d'une chaire du commerce de détail. L'École des hautes
études commerciales nous a dit: Une condition que met la famille, c'est
que le gouvernement fournisse également une contribution. Nous avons mis
une contribution égale de part et d'autre. Là, il y a une chaire
qui a été créée dont les bienfaits vont se
prolonger pendant des générations, parce qu'à même
les revenus de cette chaire-là on va pouvoir financer des professeurs de
qualité encore plus grande, pouvoir financer des travaux particuliers.
De ce côté-là, on va faire des choses pour que l'entreprise
augmente sa participation. (12 h 30)
Ensuite, vous demandez qu'on budgétise l'injection d'argent neuf
dans le financement des universités. Je ne sais si vous pourriez
m'expli-quer ce que vous voulez dire par là?
Mme Fortin (Louise): En fait, on veut dire que ce n'est
peut-être pas avec les frais de scolarité qu'on peut
réussir, je pense, à financer les universités. Ça,
c'est sûr et certain, c'est logique. Par contre, tantôt vous
disiez: Si on mettait... C'est sûr que l'argent émis, en tout cas,
dans un ensemble global, c'est distribué par la suite. À ce
moment-là, peut-être, je ne sais pas, comme vous le disiez; que,
si l'éducation avait une plus grosse partie - c'est ce que vous
souhaitez et nous autres aussi, c'est ce qu'on souhaiterait - une plus grosse
part de l'argent, ça serait avantageux, à ce moment-là.
C'est un peu ça qu'on veut dire.
M. Ryan: Je vais vous donner juste une explication
là-dessus et je pense que le député d'Abitibi-Ouest sera
d'accord avec moi. Quand on regarde le budget du gouvernement, disons 32 000
000 000 $ ou 33 000 000 000 $, c'est
énorme. On se dit: Bien, il pourrait faire des choses
là-dedans. Mais, quand nous sommes au coeur de l'entreprise, nous
constatons que la marge de manoeuvre dont dispose ie gouvernement, finalement,
c'est à peine 200 000 000 $ ou 300 000 000 $ par année. La marge
de manoeuvre pour faire des transferts, tout le reste, c'est lié
d'avance, c'est accroché par des conventions collectives, par des lois
dont les effets sont récurrents, etc. La marge de jeu est très
limitée. Si on veut l'accroître, il faut aller le chercher sous
forme de taxe ou de contribution des bénéficiaires de tel ou tel
programme. En tout cas, je prends note de votre suggestion. Je vais la
transmettre au ministre des Finances en lui disant que je partage votre
avis.
Ensuite, vous demandez - là, je vais vous demander quelques
explications - que la contribution des parents soit restreinte lorsque l'enfant
atteint l'âge de 18 ans. Que voulez-vous dire par restreinte? Voulez-vous
dire qu'il faudrait l'éliminer complètement ou la ramener...
Mme Huot: Non, non. Nous autres on ne souhaite pas, on n'a jamais
voulu... Ne voyez pas, là-dedans, qu'on veut enlever la
responsabilité parentale. Ça, on n'enlève pas ça,
on ne parle pas de ça. Mais vous savez, M. le ministre, qu'il y a des
parents qui ne peuvent pas, même quand vous comptabilisez ce que le
parent pourrait fournir, pourrait donner comme contribution, les parents ne
peuvent pas ou les entants ne veulent pas dépendre de leurs parents. Je
sais que vous parliez de réduire, disons, de 30 %, si je ne me trompe,
la part contributive des parents. C'est déjà un gros pas. Nous
autres, nous nous réjouissons de ça, mais je pense que
l'essentiel de nos recommandations, c'est de faire en sorte que les jeunes de
18 ans et plus qui veulent poursuivre leurs études, si les parents ne
veulent pas ou ne peuvent pas, ne soient pas empêchés d'aller
étudier, qu'on ne brime pas ce droit d'autonomie que les jeunes peuvent
avoir. C'est dans ce sens-là.
M. Ryan: Le problème, c'est que, si on va proclamer
ça comme politique, il y a un paquet de parents qui vont
démissionner. Ils vont dire: Le ministre l'a dit, si on ne veut pas, il
va financer ça. Il faut qu'on soit extrêmement prudents parce que
ça peut être une véritable invitation au dégagement
et à l'irresponsabilité. J'ai indiqué que, pour les cas
sérieux, qui vont poser des problèmes insolubles, on va avoir un
comité d'examen qui se penchera sur le dossier, qui fera des
recommandations au ministre. Moi, c'est ça qui est mon dilemme dans
cette affaire-ci. Je ne peux pas ouvrir les digues trop grandes parce
qu'à ce moment-là on va être débordés et
ça va être... Pardon?
Mme Huot: Ce qu'on demande, M. le ministre, c'est de faire en
sorte que les jeunes qui veulent poursuivre des études ne soient pas
empêchés de le faire.
M. Ryan: Très bien, on se comprend. Je comprends ça
très bien et je suis d'accord avec vous.
Mme Huot: O. K.
M. Ryan: Juste une dernière question, maintenant. "Que le
régime de prêts et bourses soit pleinement accessible aux femmes
mariées... sans tenir compte du revenu familial. " Là, vous avez
besoin de me donner des bonnes explications parce que c'est toute la question
de la contribution du conjoint qui vient en ligne de compte ici.
Mme Huot: Oui, et ça, pour nous, c'est... Je pense que, si
on est ici aujourd'hui, c'est spécialement pour cette
question-là. C'est ça, c'est une question d'injustice et c'est
discriminatoire pour les femmes parce que ce sont surtout... On sait bien que
c'est pour le conjoint qui est marié, mais, par contre, c'est
spécialement les femmes que ça touche à 99 %. Je vous
dirais, M. le ministre, que vous avez, en annexe, une lettre d'une femme, Mme
Delage, de Sainte-Marie de Beauce - vous l'avez vue - d'ailleurs, c'est
à vous qu'elle l'adressait cette lettre. Pourquoi ses enfants
reçoivent-ils le prêt étudiant et les bourses et n'est-ce
pas accessible pour elle? La semaine dernière, j'ai été
à une émission à Radio-Canada et l'animatrice m'a
demandé quels dossiers pilotaient les Cercles de fermières. J'en
ai énuméré plusieurs, parce que c'est vrai qu'on est
ouvert à tout ce qui se passe dans l'actualité
québécoise. Je lui ai parlé justement du système de
prêts et bourses et je lui disais qu'on venait en commission
parlementaire aujourd'hui et qu'on dénonçait ce qui était
fait au conjoint marié, la contribution du conjoint marié qu'on
gardait dans une situation de dépendance. Le conjoint marié
dépend toujours de l'autre et ça, c'est inadmissible. Si vous
saviez, M. le ministre, les téléphones, on a été
inondé de téléphones après ça à notre
bureau à Longueuil, nous disant: On est avec vous autres. Il faut
dénoncer ça, etc. Les femmes appelaient. On ne fournissait pas de
répondre au téléphone sur cette question-là. Alors,
je me demande pourquoi on continuerait plus loin de maintenir cette
discrimination pour le conjoint marié, spécialement les
femmes.
M. Ryan: Vous savez que si...
Mme Huot: Vous avez quelque chose d'important entre les
mains.
M. Ryan: Très bien. Je vous signale seulement que
l'abolition de la contribution du conjoint entraînerait des coûts
additionnels de
40 000 000 $.
Mme Huot: Ça, là, quand même vous me
donneriez des chiffres...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
Mme Huot: ...n'importe quel chiffre, le principe est là et
quand c'est quelque chose qui est discriminatoire... Vous connaissant, M. le
ministre, vous avez une droiture et je pense que vous êtes droit, vous ne
pouvez pas continuer de piloter une affaire qui est discriminante pour les
femmes. Ça, je compte sur vous et je pense que... Nous autres, on a 60
000 membres en arrière de nous et on ne lâchera pas prise comme
ça.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Gautrin): Merci madame. Je demanderai
maintenant...
Mme Huot: Mais j'ai un point, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
Mme Huot: Pour nous, ce qu'on demande depuis 1983, plus
précisément, c'est l'accessibilité universelle au
prêt étudiant pour ceux qui veulent l'avoir. On ne dit pas qu'il
faut que vous la donniez à tout le monde, mais qu'on ne refuse pas les
jeunes qui veulent avoir le prêt étudiant ou la femme qui veut
avoir le prêt étudiant; que ce soit accessible à tout le
monde s'ils en ont besoin, si le parent ne peut pas fournir, etc.
M. Ryan: La seule objection à ça...
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Ryan: ...mais qui est considérable, c'est que si vous
avez un étudiant dont les parents gagnent 100 000 $ par année,
suivant votre proposition, l'étudiant sera admissible au prêt.
C'est le gouvernement qui va pay©1" 'es intérêts
pendant qu'il étudie et on va être accusé de subventionner
des riches sans justification alors que les pauvres ne reçoivent pas
assez de l'État. Ça, c'est l'objection à
l'universalisation du prêt.
Mme Huot: Je comprends tout ça. On comprend tout
ça, mais, dans les faits, est-ce que vous entendez ce qui se fait
à travers le Québec, et ce qui se vit à la base? Est-ce
que tousles...
M. Ryan: Oui, mais ma tâche à moi, c'est de leur
donner les faits de la vie aussi à l'échelle de tout le
Québec. Là, je vous ai donné une réponse, en tout
cas. Vous allez y penser.
Mme Huot: Oui, mais je ne veux pas dire qu'on est satisfait.
M. Ryan: Vous allez y penser de votre côté et moi,
pour le moment, c'est la réponse que je suis tenu de vous donner
après examen du dossier.
Mme Huot: Bon, disons que... M. Ryan: Ha, ha, ha!
Mme Huot: ...vous allez y porter une attention, mais que le cas
des femmes mariées, ça là...
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme Huot. Je demanderais
maintenant au député d'Abftibi-Ouest s'il a quelques questions
à vous poser.
M. Gendron: Je voudrais d'abord rapidement remercier les
fermières, les Cercles de fermières que, moi aussi, comme
député rural, je connais bien, autant les Cercles que la
Fédération, parce qu'avec 50 municipalités Dieu sait si
j'en ai des cercles de fermières. Je vis dans un comté de 50
municipalités alors, des cercles de fermières, je connais
ça. Vous faites une bonne action, que vous soyez
préoccupées par des questions éducatives, c'est
fondamental. Je pense que c'est une question tellement prioritaire qui n'est
pas du droit exclusif des dirigeants de l'État québécois,
quels qu'ils soient. Dans ce sens-là, bravo de votre contribution.
Votre mémoire, je l'ai lu attentivement et vous me l'avez relu.
Donc, avec deux lectures assidues, on finit par comprendre et en saisir toutes
les subtilités, les finesses. Je pense qu'il se résume dans le
fond à une seule question fondamentale. Vous remettez en cause le
principe du dégel s'il n'est pas accompagné d'une série de
mesures adéquates qui auraient comme effet de pallier aux
inconvénients créés par le dégel pour éviter
que le ministre dise qu'il a reçu un autre appui parce qu'à ma
connaissance, sauf le mémoire de la CREPUQ, il n'y en a aucun autre qui
est d'accord avec le dégel, aucun. Ça fait trois semaines qu'on
est en commission. Donc, il y a un mémoire qui a dit: Oui, on est
d'accord avec le principe du dégel. Tous les autres ne veulent rien
savoir parce que toutes les conditions attachantes ou liantes, moi, je sais que
ça ne se réalisera pas. Et là, c'est ce que je veux faire
rapidement. Vous dites: On ne s'oppose pas, mais ça prendrait une hausse
progressive. Au cas où vous n'auriez pas suivi ça autant que moi,
le ministre a dit: 11 n'en est pas question. Je veux que vous le sachiez parce
que même si vous l'aimez bien, ce ministre-là, et que vous le
trouvez beau et droit, moi, je le connais pas mal et il y a des
problèmes. Il y a bien des problèmes avec ce ministre-là
parce que des fois, entre
le discours et la réalité, l'écart est terrible, il
y a une disproportion terrible entre le discours qu'il prononce, des fois, et
le factuel, le vécu, les faits. Pensez aux "illégaux", puis
pensez à toutes sortes de... La dérogation, pensez à leurs
engagements en 1985. Imaginez! on est en 1990. En 1985, ils voulaient devancer
l'âge d'admission à la maternelle. Ça n'avait pas de bon
sens, puis c'est ci, puis c'est ça, puis ils les avaient compté
les coûts. Ils savaient très bien ce que ça
représentait. En 1990, il dit: On ne l'a pas fait pour une raison de
coûts. Il y a quelques comptables dans ce gouvernement-là. Avant
qu'ils ne viennent au gouvernement, pensez-vous qu'ils n'avaient pas sorti
leurs crayons, puis leurs machines à calculer, pour savoir qu'est-ce que
ça représentait? Puis même en sachant ce que ça
représentait, ils l'ont pris pareil, l'engagement. Ils l'ont pris quand
même l'engagement et on est en 1990. Puis, il n'en est pas question.
Sur ce que vous dites, la hausse progressive des frais de
scolarité, je veux que vous sachiez que le ministre vous a dit non. Sur
la participation des entreprises, il a dit aussi non, pas juste à vous,
mais à tout le monde. Sa prétention, en ce qui me concerne, est
toujours inexacte parce qu'il dit: On ne peut pas avoir des
comptabilités séparées, ça s'en va dans le fonds
consolidé. Ce n'est pas vrai, parce que regardez pour les entreprises de
recyclage, par exemple, il y a un fonds de recyclage au Québec, parce
qu'on a dit: Pour toute la question de l'aluminium, puis de la cannette, c'est
important d'avoir un fonds spécifique. Ça veut dire que ça
se fait.
Et nous, ce qu'on a demandé, puis je trouve que vous avez raison,
vous réclamez une participation des entreprises à
l'éducation. Lui, il vous renvoie aux routes puis à la
santé. C'est quoi l'avantage pour une entreprise de contribuer plus que
moi à la santé? C'est quoi cette logi-que-là? Ça
n'existe nulle part. J'espère que vous convenez que c'est illogique de
dire ça. Même chose pour les routes. Pourquoi une entreprise
contribuerait-elle plus aux routes que les fonds généraux de la
société? C'est quoi cette affaire-là? Est-ce qu'une
entreprise utilise plus les routes qu'un particulier? Bien non. Par contre, en
éducation, on remarque partout ailleurs que les entreprises
privées contribuent plus dans le reste du Canada, au financement
universitaire et collégial, qu'au Québec. Donc, vous aviez raison
de dire que ça prendrait une participation importante du milieu
privé au financement universitaire. À date, il a dit non.
Injection d'argent neuf, il n'en est pas question d'après eux
autres. Il l'a promis, pas question. Ça ne veut pas dire que je suis
d'accord là-dessus, là. J'explique toutes les conditions qu'ils
ne se réaliseront pas.
Vous, vous dites: On voudrait, pour ce qui est du régime, que la
contribution parentale soit restreinte. Tout le monde en a parlé. Tout
le monde a parlé que si on arrive avec un nouveau régime d'aide
financière pour des raisons d'autonomie, pour des raisons
d'éclatement de famille, pour des raisons de monoparentalisme et ainsi
de suite... On n'a plus une cellule familiale comme on voudrait en avoir une.
J'aimerais ça avoir, en tout cas selon mes valeurs à moi, sans
vouloir les faire partager à tout le monde, une cellule familiale plus
homogène, plus forte, plus contributive et ainsi de suite, mais ce n'est
pas la réalité 1990. Donc, un gouvernement doit s'adapter
à la réalité 1990. Ça ne semble pas être le
cas.
Moi, je vous dis que votre mémoire a touché les questions
que tous les autres ont touchées. Vous avez un bon mémoire parce
qu'il est concret, il est pratique et vous indiquez très clairement que
vous avez des préoccupations importantes. J'ai deux questions, parce que
j'aime toujours avoir la participation de nos invités. À un
moment donné vous dites: "Nous sommes particulièrement
préoccupées par les règles d'application du régime
actuel de prêts et bourses - et là je continue à vous lire
- lesquelles, à notre avis, sont inéquitables pour plusieurs
groupes d'étudiants, notamment les femmes mariées au foyer qui
effectuent un retour aux études." Ma question est la suivante: Est-ce
que vous avez eu l'occasion de prendre connaissance assez en détail de
ce qui est sur la table, des nouvelles propositions de modification du
régime d'aide financière et est-ce que vous avez vu dans ces
nouvelles propositions quelques éléments qui permettraient de
corriger le point majeur que vous venez de dénoncer, à savoir
l'iniquité des règles et en particulier pour les femmes
mariées? Parce que moi je les ai lues, deux fois, trois fois, même
quatre fois, et je n'ai rien vu. Donc, je veux savoir si vous, vous avez vu
quelque chose qui viendrait corriger ce que vous dénoncez.
Mme Huot: Bien, il y a juste la diminution pour la
responsabilité parentale, un peu. À part ça, je n'ai
absolument rien vu, c'est pour ça qu'on vient le dire. (12 h 45)
M. Gendron: O.K.. Donc, on a vu la même chose, c'est
excellent. Deuxième question, c'est sur ce que vous avez appelé
votre recommandation la plus forte du mémoire en disant: Le
régime de prêts et bourses devrait être pleinement
accessible aux femmes mariées désireuses de poursuivre des
études collégiales ou universitaires, sans tenir compte du revenu
familial. Moi, ma question, je comprends ce que vous avez écrit, c'est
facile à comprendre, la question: Est-ce que vous êtes
conscientes, quand vous le recommandez comme ça, que dans le fond
ça voudrait dire d'instaurer un régime particulier pour les
femmes mariées, pour le vrai, avec une discrimination positive dans une
logique de rattrapage? C'est le cas, entre autres, pour les temps complets. Il
y a beaucoup moins de femmes
étudiantes universitaires en temps complet que d'hommes,
globalement. On s'en vient presque avec autant de femmes à
l'université parce qu'on a plus de 50 % de nos clientèles qui
sont à temps partiel. Mais dans les programmes de premier cycle, en
étudiant à temps complet, et surtout deuxième et
troisième cycles universitaires, la présence féminine est
à peu près marginale, au deuxième cycle et au
troisième cycle. Heureusement, elle l'est un peu moins au premier cycle.
Je voulais juste vous donner ça comme statistiques, pour avoir,
là, votre réponse à vous. Est-ce qu'il ne vaudrait pas
mieux, plutôt - puisque que c'est ça dans le fond que vous
proposez - un régime spécifique avec une discrimination positive
vraiment connue, articulée, précise? Parce que si vous dites:
sans tenir compte du revenu familial... Bien là, si on enlève
toutes celles qui ont le statut matrimonial d'équivalent, entre
guillemets, de femme mariée, civilement ou religieusement, il reste que
les gens qui ont un statut de monoparental, selon ce que vous recommandez... Ou
s'il ne serait pas obligatoire de tenir compte du revenu du conjoint?
Mme Huot: Les Cercles de fermières ne souhaitent pas
abolir une discrimination pour en remettre une autre. Ce n'est pas ça.
Quand on dit: l'accessibilité universelle au prêt étudiant,
c'est pour tout le monde, ça.
M. Gendron: À ma connaissance, ce n'était pas dans
votre mémoire.
Mme Huot: Oui. M. Gendron: Oui?
Mme Huot: C'est la recommandation 5a. Il est écrit aussi
en commençant, quand on dit qu'en 1983, dans la politique familiale,
nous recommandions l'accessibilité...
M. Gendron: Ah, excusez! Je viens de le voir, ça va.
Mme Huot: Bon. C'est pour ça que... On ne veut pas
créer une discrimination, mais, ce qu'on fait ressortir le plus, c'est
la discrimination qui est faite spécialement au conjoint marié.
Ça peut être un homme, à un moment donné...
M. Gendron: Oui, oui.
Mme Huot: ...mais on sait qu'à 98 % ou 99 % ce sont des
femmes. Puis ça, ça fait que, au Québec,
présentement, c'est une punition d'être marié. Est-ce qu'on
peut encourager ça? Est-ce qu'on peut maintenir cette
discrimination-là? La question, on vous la pose. C'est un non-sens.
C'est pour ça, nous autres, qu'on demande l'accessibilité
universelle au prêt étudiant. Donc, on abolirait cette
discrimination-là vis-à-vis spécialement les femmes
mariées, mais aussi pour les jeunes.
Mme Fortin: En fait, moi je dirais aussi que l'union de fait est
avantagée par ce système. C'est vraiment... On ne peut pas
accepter ça.
M. Gendron: Donnez deux précisions. Comment l'union de
fait est-elle avantagée par le système?
Mme Fortin: Parce qu'on ne tient pas compte du revenu du conjoint
de fait.
M. Gendron: C'était vrai, mais même chose pour ce
que j'appelle les jeunes étudiants. C'est parce que, là, vous
aviez l'air à mettre l'accent sur les femmes qui ont le statut de
mariées.
Mme Huot: C'est comme j'ai dit tantôt, c'est pour tout le
monde.
M. Gendron: Moi, je prétends que c'est la même
chose. Je suis étudiant, et je décide de vivre avec quelqu'un -
on appelle ça un conjoint de fait - temporairement ou peu importe. Vous
dites: pour eux, on ne tient pas compte d'une contribution que j'aurais
à faire à mon conjoint ou ma conjointe, alors que, dès que
tu es marié, il y a une contribution obligatoire.
Mme Fortin: C'est ça, en fait tu es pénalisé
parce que tu es marié.
Mme Huot: Est-ce que c'est ce qu'on veut au Québec, punir
les gens qui sont mariés légalement? C'est ça. Il y a une
punition quand on regarde pour l'accès aux prêts et bourses, mais
c'est dans bien d'autres législations aussi où le fait
d'être marié est une punition, en fin de compte.
M. Gendron: Je vous remercie, madame.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Brièvement, M. le
ministre, en conclusion.
M. Ryan: Deux points. Il faut voir la conséquence de ce
que vous proposez, aussi. Si on allait jusqu'au bout de votre logique,
ça veut dire que le gouvernement aurait des inspecteurs dans les
chambres à coucher, partout. Parce que ces gens-là ne viennent
pas nous le dire en toutes lettres, qu'ils sont conjoints de fait avec untel.
C'est leur problème. L'État est bien obligé de fonctionner
avec les données dont il dispose. On ne peut pas multiplier
jusqu'à l'infini les mécanismes d'inspection, parce que ça
deviendrait une société invivable. C'est un problème
difficile.
Deuxième point. Je vous signale, parce que vous semblez laisser
entendre qu'il n'y a pas d'amélioration, en ce qui touche la
contribution
du conjoint, qu'au moins on la réduit de la moitié. On la
réduit de la moitié. Par rapport à ce que c'est sous le
régime actuel, c'est une des grandes améliorations que nous
apportons dans le régime. Ce n'est pas parfait, mais on fait au moins 50
% du chemin. Il y a d'autres cas que je fais examiner attentivement, comme
celui de Mme Delage, ça me fatigue, ça. Ça me fatigue,
ça.
Mme Huot: Nous autres aussi.
M. Ryan: On le regarde attentivement pour voir... Il n'y a rien
qu'une donnée qui me manque, c'est le revenu de cette
personne-là, parce qu'il y a une personne qui travaille. J'ai toutes les
autres données, mais celle-là, je ne l'ai pas de manière
précise. Je vais voir ce que ça donne. C'est évident que
si la personne, disons qu'elle a un revenu de, mettons par hypothèse, 30
000 $ par année, ça change les données. Elle ne sera pas
admissible à l'aide financière pour d'autres raisons. Mais il
faudrait voir ça comme il faut. On étudie toutes les
données du cas et s'il y a quelque chose d'aussi incongru que ça
peut nous sembler, quand on regarde le dossier, à première vue,
on va voir s'il n'y a pas des ajustements qui sont possibles. Je vous
félicite de votre fermeté, ne la quittez jamais à
l'endroit du gouvernement.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est surtout sur la dernière recommandation
du ministre de l'Éducation que vous devriez réfléchir,
réfléchir - répété - parce que vous avez
raison. Quand on croit des choses, et je pense que vous venez de l'indiquer,
vous croyez à certaines revendications qui, en tout cas, en ce qui me
concerne, semblent être complètement partagées, surtout
globalement. Vous dites: Écoutez, on ne peut pas envisager une
réforme si on ne l'accompagne pas d'autres types de décisions que
le geste facile, plate, gratuit du dégel, sans regarder les autres
inconvénients et considérations. Alors, bravo pour votre
mémoire et, effectivement, continuez à être tenaces,
vigilantes et bien déterminées à donner suite à ce
que vous croyez être des revendications justes et fondées.
Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, mesdames.
Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 14 h 30. Il n'y aurait pas
assez de temps, actuellement, pour donner une juste audition au Comité
de parents de la commission scolaire de Valleyfield. Donc, nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 14 h 30 pour entendre le mémoire du
Comité de parents de la commission scolaire de Valleyfield. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 14 h 40)
La Présidente (Mme Hovington): Si les membres de la
commission veulent bien prendre place, la commission de l'éducation va
commencer ses travaux qui sont de procéder à une consultation
générale et de tenir des auditions publiques sur le projet de loi
25, Loi sur l'aide financière aux étudiants. J'inviterais le
comité de parents de la commission scolaire de Valleyfield a bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît. Bonjour et bienvenue à la
commission de l'éducation. Si vous voulez bien vous présenter
pour les fins de la transcription des débats.
Comité de parents de la commission scolaire de
Valleyfield
Mme Lavigueur (Murielle): D'accord. Je suis Murielle Lavigueur;
je suis la présidente du Comité de parents de la commission
scolaire de Valleyfield. Ici, c'est M. Roger Gagné. Il est
trésorier du comité de parents de la commission scolaire.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le porte-parole,
c'est M. Gagné?
Mme Lavigueur: Non, c'est moi.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, Mme Lavigueur,
nous vous écoutons.
Mme Lavigueur: Dans les années soixante, il a
soufflé au Québec un vent de libéralisation qui a
entraîné sur son passage des bouleversements profonds et des
réformes. On assiste alors à une participation accrue de
l'État à la vie sociale et économique. L'État
exprime ainsi une volonté d'assumer les responsabilités qui lui
sont dévolues.
On constate alors un taux élevé d'analphabétisme au
sein de la population. Le gouvernement décide d'apporter un correctif
à cette situation en prenant les mesures qui s'imposent: on crée
le ministère de l'Éducation, on laïcise le système
d'éducation, on démocratise le système en le rendant
accessible à tous, en lui associant le principe de la gratuité
scolaire.
Cette gratuité scolaire prit différentes formes en
fonction du niveau d'enseignement. Pour les ordres d'enseignement primaire et
secondaire, elle est presque totale. Au postsecondaire, elle ne s'étend
pas aux volumes. De plus, les institutions postsecondaires peuvent "charger"
des frais de scolarité. Au cégep, ces frais sont minimes et,
à l'université, ils sont un peu plus élevés.
Cependant, en vertu du principe de la gratuité scolaire, ces
frais de scolarité furent gelés.
Afin de rendre accessibles à tous les études
postsecondaires, on a institué au Québec un système de
prêts et bourses. Par cette mesure,
l'État vient en aide financièrement aux étudiants
qui, sans cette aide, ne pourraient poursuivre leurs études.
Depuis 1982, on assiste à un désengagement progressif de
l'État de ses responsabilités sociales. On tente de remplacer ce
désengagement de l'État par une responsabilité parentale
accrue. Cela s'est concrétisé en éducation par
l'apparition des compressions budgétaires, de telle sorte qu'en
éducation on souffre de sous-financement du préscolaire
jusqu'à l'université.
À l'aube de l'année internationale de
l'alphabétisation, le gouvernement du Québec dégèle
les frais de scolarité au niveau universitaire pour régler le
sous-financement des universités, en prétextant qu'ils sont les
plus bas au Canada. Les universités disposeront de deux ans pour faire
ce rattrapage.
Nous doutons que ce dégel règle les problèmes
financiers de nos universités. Certes, le dégel leur permettra
d'aller chercher d'importantes sommes auprès de leur clientèle,
mais, sans une contribution financière accrue du gouvernement, les
sommes ainsi récupérées ne serviront qu'à maintenir
le bateau à flot. Cette décision prise par le gouvernement est
une rupture avec le principe de la gratuité scolaire. En ce sens, cette
décision soulève beaucoup d'inquiétudes. Le gouvernement
compte-t-il régler le sous-financement chronique de nos cégeps et
de nos commissions scolaires de façon similaire? Toutefois, les
commissions scolaires ont une porte de sortie, mais l'État
l'empruntera-t-il pour préserver la gratuité scolaire? En effet,
les commissions scolaires disposent d'un pouvoir de taxation très
limité. Il suffirait d'abolir certaines règles qui limitent leur
pouvoir de taxation.
Nous questionnons aussi sa pertinence au moment même où le
taux d'abandon des études à ce niveau est fort
élevé. Peu d'étudiants ont accès aux bourses.
Certains d'entre eux n'ont droit ni aux prêts ni aux bourses, à
cause de la contribution parentale. Ceux qui y ont droit doivent
préalablement obtenir le prêt maximum, de telle sorte que les
jeunes qui ont complété leurs études universitaires sont
très endettés. Plusieurs abandonnent à cause de
problèmes financiers. La hausse des frais de scolarité
qu'entraînera le dégel augmentera le nombre de décrocheurs
potentiels.
Le gouvernement a promis une réforme du système de
prêts et bourses pour compenser la hausse des frais de scolarité;
cependant, seulement les étudiants ayant accès aux prêts et
bourses bénéficieront de cette compensation.
Ce système a été créé pour venir en
aide financièrement aux étudiants n'ayant pas les moyens
financiers pour compléter des études postsecondaires.
Naturellement, pour en restreindre l'accessibilité à ceux et
celles qui en ont besoin, on a établi des critères et des normes.
Ce système est basé sur une contribution tripar- tite:
l'étudiant, les parents ou le conjoint et l'État. Chacune de ces
contributions est calculée en fonction de paramètres
établis par le ministère. Cependant, la contribution
gouvernementale dépend de l'obtention d'un prêt maximum.
Pour les jeunes en quête d'autonomie, la contribution parentale
est un irritant majeur. Beaucoup de jeunes ne demeurant plus chez leurs parents
sont considérés à la charge de ces derniers. Plusieurs
d'entre eux contournent la contribution parentale en se mariant sur papier et
il est alors possible pour eux d'obtenir un prêt et une bourse. La
contribution parentale joue un rôle primordial dans la sélection
des candidats qui ont droit aux prêts et bourses. En appliquant ce
critère, on détermine trois types d'étudiants: celui qui a
droit au prêt et à la bourse, celui qui a droit uniquement au
prêt, et celui qui n'y a pas droit. De plus, les paramètres qui
servent au calcul n'ont pas été indexés depuis 15 ans, de
telle sorte qu'une famille de deux enfants d'âge collégial ayant
un revenu net de 25 000 $ doit contribuer une somme de 2769 $ pour un
étudiant non résident et, si ce dernier a un revenu de 1000 $, il
n'a pas droit à une bourse.
Les étudiants dont les parents refusent de contribuer
financièrement et cela, peu importe qu'ils aient droit ou non aux
prêts et bourses, se retrouvent avec des problèmes financiers
inversement proportionnels au montant de l'aide qu'ils reçoivent. Ils
sont dans l'obligation de travailler et d'étudier en même temps,
ce qui n'est pas une situation idéale lorsqu'on est aux études.
Très peu d'entre eux se résignent à intenter un recours
contre leurs parents afin de les forcer à contribuer, car ils sont
conscients qu'un tel geste ne favorise pas l'unité familiale.
Le système de prêts et bourses est très peu
accessible et il favorise l'endettement des jeunes. On prévoyait, pour
l'année 1988-1989, 111 050 bénéficiaires, dont 61 100 ont
eu un prêt et une bourse. Cela représente 55 % des
bénéficiaires. De plus, les jeunes terminent leurs études
très endettés et leurs dettes peuvent atteindre facilement, pour
un finissant de niveau collégial, 5500 $ et, pour un finissant de niveau
universitaire, 11 200 $.
Nous souscrivons au principe de favoriser l'accessibilité aux
études postsecondaires, mais nous croyons que, pour concrétiser
cet objectif, il faut rendre le système de prêts et bourses plus
accessible aux étudiants qui en ont besoin. Cependant, nous
reconnaissons, dans une certaine mesure que l'étudiant et sa famille
doivent participer au coût des études de ce dernier, mais cela
doit tenir compte de la capacité de payer de chacun.
La présente réforme réduit la contribution
parentale en indexant les paramètres servant à son calcul. Si
nous nous référons au tableau 4 du document intitulé
"L'aide financière aux étudiants dans les années 90"
produit par le gouverne-
ment, nous constatons qu'une famille ayant un enfant non résident
et dont le revenu net est de 25 000 $ devait souscrire un montant de 6435 $ et,
après la réforme, cette famille y contribuerait pour un montant
de 3644 $. Nous nous posons la question suivante: Cette famille a-t-elle les
moyens financiers pour contribuer aux études de son enfant? Nous
estimons que cette famille ne peut y contribuer, car elle ne dispose que des
ressources suffisantes pour assurer les dépenses courantes du foyer.
Nous vous recommandons de créer un revenu minimal qui permettrait
d'exempter les familles ayant un revenu net égal ou inférieur
à ce revenu minimal. Certes, ce revenu minimal augmentera en fonction du
nombre d'enfants à charge et sera indexé à tous les
ans.
Nous apprécions les gains significatifs au niveau de la
contribution parentale. Cependant, nous vous demandons d'indexer à tous
les ans les différents paramètres servant à calculer les
dépenses admises, la contribution du candidat et des parents. Sans cela
on risquerait de voir fondre ces gains au soleil.
Toutefois, cette réforme ne règle en rien les
problèmes des étudiants ne demeurant plus chez leurs parents et
qui sont considérés à la charge de ces derniers. Certes,
le gouvernement ajoute un élément dans sa définition des
candidats qui sont considérés sans contribution parentale: "un
étudiant qui a quitté le domicile familial et qui a subvenu
à ses propres besoins." Cependant, il doit vivre cette
réalité deux ans avant qu'on lui reconnaisse son autonomie.
Cette réforme ne corrige en aucune façon l'endettement de
nos jeunes. On maintient le prêt maximum à des montants
élevés que l'on indexe à tous les ans. L'endettement est
un facteur important de découragement dans la poursuite d'études
postsecondaires. À cela s'ajoute une réalité sociale et
économique guère reluisante. Si nous voulons rendre les
études postsecondaires accessibles à tous, peu importe leur
condition sociale, il est impérieux de diminuer l'endettement de nos
jeunes. Nous vous demandons d'abaisser les montants de prêt maximum d'une
façon significative et de les geler. Nous sommes conscients que cela
augmentera la contribution de l'État. Si nous nous
référons au tableau de l'annexe I du mémoire de la CEQ,
nous constatons que la contribution gouvernementale diminue lentement mais
sûrement. En ce sens, cette réforme s'inscrit dans le
désengagement de l'État dans l'éducation.
La présente réforme ne favorise pas l'accessibilité
aux études postsecondaires, et cela, à un moment où il
existe un fort taux d'abandon à ce niveau. La hausse des frais de
scolarité, les effets de la TPS sur les dépenses
inhérentes aux études, l'endettement et les difficultés
d'obtenir une bourse dissuaderont les jeunes d'entreprendre ou de continuer des
études postsecondaires. Ce sont les jeunes issus de la classe moyenne
qui seront confrontés à cette dure réalité.
Pourtant, on prévoit qu'en l'an 2000 un emploi sur deux
nécessitera 17 années de scolarité. Actuellement, on
assiste au désengagement de l'État en éducation. Si cette
tangente se maintient, nous devrons importer nos techniciens et nos
professionnels à défaut d'en produire suffisamment dans nos
institutions postsecondaires. Il serait temps que l'éducation redevienne
une priorité au Québec; sans cela, nous risquons de redevenir un
peuple de porteurs d'eau en perdant tous les acquis de la Révolution
tranquille.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va?
C'est terminé?
Mme La vigueur: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme Lavigueur. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Mme la Présidente, c'est avec plaisir que nous
accueillons, cet après-midi, la délégation formée
de Mme Lavigueur et de M. Gagné qui représentent le Comité
de parents de la commission scolaire de Valleyfield. Il me fait d'autant plus
plaisir de rencontrer Mme Lavigueur que je reçois de la correspondance
de sa part assez fréquemment. Elle me fait part des avis du
comité de parents de la commission scolaire de Valleyfield sur
différents problèmes afférents au fonctionnement de notre
système d'enseignement, en particulier, des questions de
gratuité. J'apprécie vos interventions. Je m'efforce de vous
répondre dans la mesure des possibilités du gouvernement, qui ne
sont pas toujours à la hauteur de vos attentes. Mais je vous
félicite de votre intérêt pour la chose scolaire, de
même que M. Gagné. Nous sommes très heureux de vous
rencontrer aujourd'hui.
À propos de votre mémoire, je voudrais situer dans sa
juste perspective l'accroissement des droits de scolarité. C'est une
contribution qui nous est apparue essentielle au rééquilibrage
des finances de nos établissements d'enseignement universitaires. Le
gouvernement a déjà fait une part très importante. Il sera
appelé à en faire une autre dans l'avenir le plus
rapproché possible. Mais toutes les études que nous avions faites
indiquaient également qu'un vide existait chez les étudiants. Il
devait être comblé par un ajustement du niveau des droits de
scolarité de manière qu'ils correspondent mieux aux
réalités d'aujourd'hui.
Si les droits de scolarité avaient été seulement
indexés depuis 1970, ils seraient aujourd'hui d'à peu près
2300 $ ou 2400 $. Nous allons les porter à 1240 $ en deux ans. Nous
sommes encore très loin de la marche qui a été suivie par
l'inflation. Et comme c'est une loi à peu près commune en
Amérique du Nord que les étudiants devant être les
principaux bénéficiaires de la formation universitaire doivent
aussi
participer au financement de cette formation, nous avons cru que porter
la contribution des étudiants de 5 % qu'elle est actuellement à
10 % des dépenses générales des universités, ce ne
serait pas du tout une exagération, surtout compte tenu du fait que le
régime de prêts et bourses sera ajusté de manière
à tenir compte, au chapitre des dépenses admissibles, de la
totalité du montant versé en droits de scolarité par
l'étudiant.
Ça, ce sont les pièces essentielles du dispositif qui se
dégagera des mesures annoncées par le gouvernement et de
l'adoption que nous souhaitons tous, de ce côté-ci de la Chambre,
à tout le moins, du nouveau régime de prêts et bourses.
Nous faisons pour le mieux là-dedans. Je sais qu'on aurait pu envisager
mieux, mais à l'intérieur du cadre financier serré
où évolue le gouvernement, nous pensons que nous étions
tenus d'agir comme nous le faisons.
Vous parlez des étudiants dont les parents refusent de contribuer
financièrement. Dans ces cas-là, il y aura une possibilité
de référer la demande de l'étudiant à un
comité d'examen qui sera habilité à formuler une
recommandation à l'endroit du ministre. Nous ne pouvons pas aller
beaucoup plus loin sans briser le principe de la contribution parentale, parce
que, si on allait dire publiquement: Oui, il y a une contribution parentale,
mais ceux qui ne veulent pas, vous n'avez qu'à nous envoyer un petit mot
et ça va être réglé, ça n'aurait pas de bon
sens. On est aussi bien de dire: II n'y aura plus de contribution parentale et
d'assumer le coût de 500 000 000 $ ou 600 000 000 $ que
représenterait l'abolition totale de la contribution parentale. Mais il
y a seulement une réserve: c'est complètement en dehors des
possibilités réelles du gouvernement.
Alors, là, nous avons dit: II y aura ce
mécanisme-là dans les cas véritables où il y a des
motifs graves de conclure que la contribution parentale ne peut pas s'exercer.
Là, il y aura une possibilité d'intervention spéciale du
ministre pour redresser la situation. Maintenant, je ne sais pas comment vous
réagissez. Ça, c'est la formule que nous avons trouvée.
L'objection à la suggestion contenue dans votre mémoire est
strictement d'ordre financier, parce que, au point de vue philosophique, moi,
je suis d'accord avec vous.
Mme Lavigueur: Mais nous autres, ce qu'on dit, c'est que, pour la
contribution parentale, il y a plusieurs raisons au refus. Il y a la raison que
la classe moyenne finance beaucoup, qu'il n'y a pas moyen de
récupérer et qu'elle n'a pas nécessairement l'argent, ce
qui fait que l'enfant se trouve.. Moi, l'affaire de l'enquête
privée... C'est qu'il faut que les jeunes, pour pouvoir corriger la
situation, étalent leur vie privée, leur situation familiale. Au
refus parental, il y a plusieurs raisons, soit un conflit de
personnalités entre l'enfant et les parents, soit que les parents, tout
simplement, n'ont pas les moyens. Généralement, les enfants qui
sont conscients que les parents ne peuvent pas financer leurs études,
que font-ils? Ils font leurs études en travaillant. C'est une
réalité croissante au niveau des études. Beaucoup
étudient à temps partiel pour pouvoir payer leurs études.
C'est pour ça que, sur la contribution parentale, on se dit: Si on
mettait un montant minimum et qu'on exemptait certains parents de la
contribution parentale, on pourrait rééquilibrer ça.
Il y a un autre aspect qui est très important dans la
contribution parentale. Nous autres, on trouve ça paradoxal que des
jeunes qui ont choisi de vivre en union de fait - d'accord, ils ne
bénéficient pas de la contribution du conjoint parce que leur
union n'est pas reconnue - à ce moment-là, arrivent à la
contribution parentale. Ça fait peut-être deux ans qu'ils ne
vivent plus chez leurs parents parce qu'ils vivent avec quelqu'un, mais dans
les critères pour avoir l'aide financière de l'État, on
considère qu'ils sont à la charge des parents. Mais qu'est-ce
qu'on fait avec ces jeunes-là? Parce que l'union de fait, ça
dépend où tu es placé. Si tu es sur le bien-être
social, ils le considèrent. Quelqu'un qui vit avec quelqu'un qui
travaille, on va lui couper l'aide sociale, mais, au niveau des prêts et
bourses, on va considérer la contribution parentale. On n'ira même
pas à la contribution du conjoint, peu importe si le conjoint travaille
ou pas. On ne touche même pas au conjoint, on va à la contribution
parentale. Ce qui fait que, si ce sont deux étudiants qui restent
ensemble sans être mariés, ils ont le choix de se marier,
même s'ils n'en ont pas le goût, ou d'avoir un petit.
Nous autres, on trouve ça paradoxal. C'est pour ça que la
contribution parentale, on y met une certaine réserve. On accepte le
principe que les parents contribuent aux études et ce sont des aspects
qu'on touche dans notre mémoire quand on parie d'un montant minimum.
Comme on soustrait des gens à l'impôt, c'est-à-dire que
ceux qui ont 15 000 $ et moins ne paient pas d'impôt, on se dit que
quelqu'un qui aurait un revenu brut de 35 000 $ ou 40 000 $ serait
peut-être exempté de la contribution parentale parce que ça
représente seulement 480 $ nets par semaine, 25 000 $ nets. S'il a un
enfant aux études, il doit le financer pour 300 $ par mois. Nous autres,
on a calculé que 300 $ par mois, ce n'est pas loin d'un paiement d'auto.
C'est quand même paradoxal. Les parents ont à choisir entre payer
une auto ou contribuer aux études de leur enfant.
M. Ryan: Dans votre mémoire, à la page 3, vous
reconnaissez qu'en raison des modifications projetées, le montant de la
contribution parentale, dans le cas d'un enfant non résident,
diminuerait sensiblement.
Mme Lavigueur: Oui. Nous trouvons, par contre, que ce n'est pas
suffisant parce que nous autres, en regardant les tableaux, on a
constaté... D'ailleurs, j'ai le tableau en référence dans
le mémoire, ici. Quelqu'un qui a un revenu net après impôt,
pour un non-résident, avant la réforme, devait contribuer pour un
seul enfant 3400 $; là, il tombe à 1681 $. Puis, 20 000 $ net,
c'est 380 $, à peu près, par semaine. Ça veut dire que la
personne dort donner 120 $ par mois, puis avec 380 $ la personne n'a
peut-être pas assez d'argent pour se payer un loyer décent; mais
elle contribue encore au niveau de la contribution parentale. Puis, à 25
000 $, c'est la même chose. C'est pour ça, qu'on parlait de
montants d'exemption, nous; ça pourrait être 25 000 $ pour un seul
enfant, ça pourrait être 27 000 $ pour deux, ça pourrait
être 30 000 $ pour trois, on pourrait augmenter selon le nombre
d'enfants. Puis, on a constaté - on ne l'a pas mentionné dans le
mémoire - que ceux qui sont à l'école primaire et
secondaire ne sont pas inclus dans le calcul. Et, dans les tableaux, ils ne
font allusion qu'à des situations d'enfants aux études
universitaires. Parce qu'il y a des couples où il y a deux enfants au
niveau universitaire et ils ont un enfant au niveau primaire ou secondaire,
mais ça, ce n'est pas calculé.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: Très bien. Je vous fais juste une dernière
observation, Mme Lavigueur. Moi, je reconnais volontiers que, à bien des
points de vue, le projet que nous avons conçu ne répond pas
à une politique idéale en fonction des besoins des
étudiants. Nous resterons en deçà des normes
idéales auxquelles nous serions enclins à souscrire les uns les
autres. Mais le plafond que nous touchons nous est dicté par les
contraintes financières du gouvernement. Nous devons nous en tenir
à un certain cadre qui permet au gouvernement de tenir compte non
seulement des besoins de cette clientèle-ci dont nous discutons, mais
des nombreuses autres clientèles spéciales auxquelles le
gouvernement est obligé de venir en aide. (15 heures)
Compte tenu de l'ensemble des besoins auxquels doit répondre le
gouvernement et du caractère limité des ressources dont il
dispose, nous ne pouvons pas affecter à ce programme-ci des ressources
supérieures à celles qui sont mentionnées. C'est pour
ça que des idées très bonnes en soi, comme celle du revenu
garanti, n'ont pas trouvé leur place dans la réforme parce que le
temps n'est pas tout à fait arrivé pour des choses comme
celles-là, sous l'angle, encore une fois, des ressources
financières du gouvernement. Je vous soumets ces choses-ci en toute
simplicité, en toute vérité aussi, je pense bien, mais en
reconnaissant votre draft de penser autrement et de venir le dire en commission
parlementaire. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais vous remercier, Mme Lavigueur, ainsi que
M. Gagné, des réflexions que vous êtes venus nous faire en
commission, parce que moi aussi, j'ai eu l'occasion de lire certains de vos
commentaires. Votre intérêt et votre préoccupation pour les
questions éducatives ne datent pas d'aujourd'hui. C'était
important d'avoir l'occasion d'avoir le point de vue d'un comité de
parents. Une chose est sûre, en vous lisant, c'est qu'on sent que vous
avez, je dirais, beaucoup plus les deux pieds dans la réalité
d'aujourd'hui, par rapport à ce qu'on devrait attendre d'une
véritable réforme de l'aide financière ou,
également, d'une décision autre que strictement la
décision facile du dégel des frais de scolarité.
Un commentaire sur la finale du ministre. Quand il dit: Écoutez,
objectivement, je trouve tout cela beau et bon, mais les contraintes
financières nous obligent - c'est lui qui disait ça à ne
pas tenir compte ou à ne pas donner suite à certains
éléments de vos suggestions qui sont pertinentes, disait-il, mais
qu'il ne retient pas parce qu'il n'a pas les crédits requis, il faut que
vous soyez conscients que tout devient un choix de gouvernement ou un choix de
formule. Évidemment, je ne peux pas, d'entrée de jeu, partager
cette vision, et je l'ai indiqué.
Rapidement, la preuve qu'on ne partage pas cette vision, c'est que nous,
c'est certain qu'on n'aurait pas dégelé. Et, deuxièmement,
pour mettre plus d'argent dans le système - parce que c'est requis de le
faire et qu'on ne peut pas toujours pomper cet argent-là uniquement
d'une seule source - j'étais et je suis toujours partisan d'une taxe
spécifique de 1 % sur la masse salariale de l'entreprise pour affecter
cette somme-là, un, à la restauration des enveloppes de
l'ensemble de l'éducation, pour faire de l'éducation au
Québec une priorité; et l'autre partie, au recyclage de la
main-d'oeuvre, parce qu'un des problèmes majeurs de l'État
québécois, c'est une main-d'oeuvre très volontaire, mais
pas assez capable de relever les défis de l'avenir, compte tenu du
virage technologique qu'on doit prendre, lié à toute la question
du libre-échange.
C'est pour ça, qu'est-ce que vous voulez? que je ne peux pas
être d'accord quand le ministre dit: Écoutez, c'est beau, vos
affaires, mais on ne peut pas toucher à ça parce qu'on a des
contraintes budgétaires. Moi, je veux juste vous dire: N'achetez pas
ça, parce que ce n'est pas vrai. Il n'avait qu'à faire d'autres
choix, puis il ne serait pas placé dans la situation où il est.
Mais il a décidé de faire ce choix-là depuis le
début de la commission, d'ailleurs. Il l'a dit, il l'a
répété: En autant que j'aurai la chance
d'exposer notre point de vue, les gens vont se rendre compte que nous
avons la voie, la vérité et la vie, et que c'est la seule
solution, alors que c'est faux. Tous les intervenants ont proposé
d'autres solutions, mais, je le dirai plus précisément dans ma
conclusion, pour toutes sortes de raisons, ça n'a pas été
regardé. Donc, c'est évident que le ministre de
l'Éducation n'a pas fait ses devoirs par rapport à sa
responsabilité de proposer des alternatives.
Votre mémoire, écoutez, je ne peux pas dire autre chose
que ce que j'ai lu à la première page. Quand vous dites: "Depuis
1982, on assiste à un désengagement progressif de l'État
de ses responsabilités sociales", c'est exact. On ne peut pas lire autre
chose, c'est exact. "On tente de remplacer ce désengagement de
l'État par une responsabilité accrue" de toutes sortes
d'intervenants, c'est encore exact. "Cela s'est concrétisé en
éducation par l'apparition des compressions budgétaires", c'est
exact. Le même ministre de l'Éducation d'aujourd'hui était,
en fin de semaine, à un sommet sur le financement des commissions
scolaires, et je suis convaincu qu'il a lu les documents. Il devait constater
qu'effectivement, au fil des ans, les réseaux primaire et secondaire ont
dû subir des compressions majeures, importantes, significatives, pour une
somme d'à peu près 850 000 000 $. On ne peut pas mettre ça
en cause, ce sont des faits.
C'est la môme chose pour le niveau collégial. Le niveau
collégial a eu à subir des compressions budgétaires
importantes. Le milieu de l'éducation universitaire, bien sûr.
Dans votre mémoire, vous ajoutez: "Nous doutons que ce dégel
règle les problèmes financiers de nos universités. " Vous
avez raison. Encore là, le même milieu universitaire a
évalué que le sous-financement urgent, chronique, majeur est
autour de 160 000 000 $, 170 000 000 $, et ce n'est pas un ajout de 40 000 000
$ qui va régler le problème, ça, c'est évident.
Si j'ai à résumer votre mémoire, moi, je trouve
que, sans une contribution financière accrue du gouvernement, les sommes
provenant de la hausse ne règlent rien, ça a été
dit. Vous émettez des inquiétudes en faisant
référence à ce qu'il pourrait advenir des étudiants
des cégeps et des parents des commissions scolaires; vous avez raison.
Nous, on a prétendu que ça va avoir une incidence sur
l'accessibilité et je ne change pas d'avis parce que, si une politique
de gel pendant 25 ans a contribué à une présence accrue,
bien, moi, je fais juste conclure, sans étude - puis, il me semble que
je n'en ai pas besoin, la logique me commande de dire ce que je vais dire - je
ne peux pas faire le dégel, puis arrêter ma phrase, sur le plan
logique, d'après moi.
Là, on a beau se ramener toujours à ce que le ministre a
dit: Bien, écoutez, regardez ce qui s'est passé ailleurs. Je le
répète: Allez-y, dans le reste du Canada; ce n'est pas vrai que
le pourcentage d'étudiants à temps partiel est aussi
élevé qu'ici. Ce n'est pas vrai que le retard au niveau de la
diplomation est aussi important. Ce n'est pas vrai qu'on a autant de
diplômés qui ne font pas des études de deuxième
cycle et de troisième cycle. Ce n'est pas vrai qu'il y a 41 % des
citoyens en Ontario qui ont un statut monoparental. Ce n'est pas vrai. Mais
ça, chez nous, c'est vrai.
Depuis 30 ans, on a toujours eu un taux de chômage qui est le
double de celui de l'Ontario, quand il n'est pas le triple. C'est le cas
actuellement de Montréal et Toronto. Entre Montréal et Toronto,
c'est le triple, pour ceux qui ne le savent pas. Puis, ce n'est pas pour rien
qu'on paie un taux d'intérêt de fou, c'est parce qu'il y a un peu
d'effervescence à Toronto. Est-ce qu'il y a de l'effervescence
économique au Québec, au moment où on se parle, avec 40 %
de chômage en Gaspésie, puis 28 % au Saguenay-Lac-Saint-Jean et 22
% en Abitibi? Voyons, c'est quoi, ça? On appelle ça de
l'effervescence?
Vous me ferez la liste de ceux qui travaillent en Gaspésie, vous
allez voir qu'elle n'est pas longue. Vous me la ferez.
M. Ryan: Pas avec Matane.
M. Gendron: Ah oui! Je sais, je peux en parler longtemps, de
Matane. Je l'ai connue à Amos, Matane, quand on a construit Donohue.
Venez voir ce qui se passe. C'est évident qu'il y a un boum au moment de
la construction, il y a un boum majeur, important, les condos, les
professionnels qui arrivent pour offrir des services à une population
temporaire. Bravo pour Matane, puis sincèrement, je suis bien
content.
Mais je l'ai vécu à Amos, puis là, c'est
drôle, Donohue fait du bon papier journal, mais le nombre
d'employés a constamment régressé; elle vit les
mêmes problèmes que les papetières dans le reste du
Québec, la demande a chuté, les profits sont moindres. On est
rendu avec des réductions de 40 % dans les approvisionnements, parce que
ça, ce n'est pas éternel, le bois, quand on ne s'occupe pas de
reboisement, puis qu'on n'a surtout pas de politique de boisés
privés.
Alors, on peut en parler longtemps, de Matane; je connais très
bien le dossier. Puis, bravo! J'ai lu tous les reportages, ça va bien,
temporairement. Parce qu'ils sont en train de construire une usine importante,
qu'ils ont revendiquée, avec raison, pendant 25 ans. Là, elle est
en construction, enfin! C'est concret, c'est visible, c'est observable. Mais,
écoutez...
Une voix: II y avait un bon député.
M. Gendron: II y avait un bon député, c'est
sûrement dû à ça. D'ailleurs, on l'a su durant la
campagne, qu'il fallait que tout passe par la députée de Matane.
On a su ça durant la campagne.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ils ont voté du bon bord.
M. Gendron: C'est ça. Oui, oui. On suit au moins
l'actualité. Revenons à nos moutons. Je pense que vous avez
complètement raison: la hausse va augmenter les décrocheurs. Moi,
c'est évident que je ne peux pas souscrire à des politiques qui
ont ces effets-là. Alors, moi, je voulais vous féliciter de votre
mémoire. Je n'ai pas de questions comme telles parce qu'il est clair, il
est très clair. Je trouve que vous faites une bonne critique, et votre
conclusion parle par elle-même. Ce sont les jeunes qui, encore, vont
écoper et vous dites: "II serait temps que l'éducation redevienne
une priorité au Québec; sans cela, nous risquons de redevenir un
peuple de porteurs d'eau". Là, moi, je suis moins sévère
sur les porteurs d'eau, avec l'autre aspect intéressant qui se brasse
actuellement de peut-être, éventuellement, prendre enfin la
décision de s'appartenir comme peuple.
Par contre, c'est évident que, si on continue à
réduire l'ensemble des crédits affectés à
l'éducation, la conséquence va être dramatique. Elle l'est,
de toute façon, actuellement; je veux dire, le niveau de l'endettement
étudiant, il ne se réduit pas. Si les frais de scolarité
représentaient, je ne sais pas, moi, 25 %, 30 % de l'argent requis dans
le milieu universitaire, je dirais que ce n'est pas bête de penser qu'en
touchant cette manette-là - si vous me comprenez, là - on
règle un problème, mais le montant est insignifiant. Donc, sur le
plan de la logique, est-ce que toucher uniquement quelque chose de peu
significatif va régler l'ensemble du problème? Moi, ma
réponse, c'est non.
Par contre, au niveau de l'étudiant universitaire compte tenu des
autres frais qui sont en constante progression, on a beau dire ce qu'on voudra,
pour quelqu'un de l'étranger, c'est n'importe quoi entre 8 000 $ et 10
000 $ par année. Moi, je le vis avec ma fille, cette année,
à l'Université Laval, première année, puis je ne me
lamente pas. Je n'ai pas de prêt, je n'ai pas de bourse, c'est
évident. Je ne me lamente pas de ça, là; je traduis la
situation réelle. Bien, les familles comme celle de la dame qui voulait
se lancer aux études, ce matin, et qui a quatre enfants, là,
supposons qu'elle penserait à ça, que les quatre enfants iront
à l'université, bien, bonne chance, hein! Bonne chance à
cette chère et courageuse dame, ce matin, qui était toute seule,
monoparentale, avec une pension de 10 000 $ par année pour gagner sa
vie! Elle ne peut sûrement pas se fier au régime d'aide
financière aux étudiants. D'abord, en passant, il y en a 16 % qui
l'ont, le régime d'aide financière aux étudiants au niveau
universitaire; si on prend l'ensemble des universitaires, à temps
partiel et à temps plein, ce sont vos propres chiffres;: 16, 8 %. Alors,
écoutez, dire: On va compenser dans le régime de bonification de
l'aide financière le dégel des frais de scolarité, je te
dis que la compensation n'est pas forte!
Mme Lavigueur: C'est limité à ceux qui vont obtenir
un prêt et une bourse.
M. Gendron: C'est ça, puis ça veut dire, ça,
à peu près 16 % à 18 % pour l'ensemble des
étudiants, à temps plein et à temps partiel. Alors, moi,
je vous remercie de votre contribution...
La Présidente (Mme Hovington): En conclusion, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, en conclusion. Je vous remercie, madame, de
votre contribution. C'est un excellent mémoire, mais je suis très
inquiet des suites qu'il aura avec le ministre de l'Éducation
actuel.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. En conclusion, M. le
ministre.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup, Mme Lavigueur, et M.
Gagné aussi. Nous sommes très heureux d'avoir reçu vos
vues. Je serais bien tenté de répondre à ce qu'a dit le
député d'Abitibi-Ouest, mais, comme nous allons clore les travaux
de la commission un petit peu plus tard cet après-midi, je pense qu'on
pourra faire la synthèse des propos de caractère plus
général qui ont été tenus à cette commission
depuis trois semaines. Vous pourrez consulter ça, si ça vous
intéresse, dans le compte rendu des travaux de la commission.
J'espère que vous allez maintenir votre intérêt pour les
affaires non seulement scolaires, mais également collégiales et
universitaires.
Mme Lavigueur: Je pense que oui, parce que c'est important de
voir l'Éducation de façon globale.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, étant
donné que moi, je n'aurai pas l'occasion de conclure cet
après-midi, je vais tout de suite apporter un simple commentaire aux
propos du député d'Abitibi-Ouest. C'est que, dans le comté
de Matane, ils n'ont pas voté parce que c'était le bon bord, mais
ils ont voté parce qu'il y avait un taux de satisfaction très
grand vis-à-vis du travail de leur députée. C'est pour
ça qu'ils ont voté.
Il me reste à remercier le comité de parents de la
commission scolaire de Valleyfield de son excellent mémoire. Merci, au
nom des membres de la commission de l'éducation, d'être venus nous
présenter ce mémoire. Merci et bon retour à
Valleyfield!
J'inviterais l'École nationale de théâtre à
venir prendre place, s'il vous plaît.
Si vous voulez prendre place, la commission de l'éducation va
reprendre ses travaux.
Alors, bienvenue à l'École nationale de
théâtre. Si les membres veulent bien se présenter pour fins
d'identification. Il y a Me Bernard Roy, je crois?
École nationale de théâtre du
Canada
M. Roy (Bernard): C'est exact, Mme la Présidente. À
ma gauche, M. Simon Brault, de la direction générale de
l'École; à ma droite, M. Gilles Renaud, homme de
théâtre, acteur et également professeur, directeur de la
section d'interprétation et d'écriture, à l'École
nationale.
La Présidente (Mme Hovington): C'est Simon Brault ou
Nault?
M. Roy: Simon Brault et Gilles Renaud.
La Présidente (Mme Hovington): Brault, d'accord. Alors,
allez-y, on vous écoute. (15 h 15)
M. Roy: Je me présente. Mon nom est Bernard Roy. Je suis
membre du bureau des gouverneurs de l'École nationale de
théâtre du Canada. Je suis accompagné, comme je l'ai
mentionné il y a un instant, par MM. Brault et Renaud qui vont vous
faire une courte présentation dans le but de vous donner un
exposé sommaire de la problématique à laquelle l'Ecole
nationale de théâtre du Canada sera confrontée si le
gouvernement ne se rendait pas à la demande qui est formulée dans
le mémoire que vous avez devant vous et qui a été
déposé il y a quelque temps, mémoire dans lequel
l'École nationale expose ses demandes et ses revendications en ce qui a
trait aux périodes d'accessibilité aux prêts et bourses
pour les étudiants qui sont inscrits à l'École.
Après une courte présentation que vous feront MM. Brault
et Renaud respectivement, il me fera plaisir de tenter de répondre aux
questions que les membres de cette commission voudront bien nous adresser. Je
demanderais, dans un premier temps, à M. Brault de vous dire quelques
mots et, ensuite, à M. Renaud de vous adresser la parole.
M. Brault (Simon): Merci. Notre mémoire traite d'une
question qui est assez spécifique, c'est-à-dire la question de la
période d'admissibilité pour les élèves qui sont
inscrits à l'École nationale de théâtre. C'est une
question qui est spécifique, mais c'est une question très
importante pour les jeunes Québécois et Québécoises
qui veulent fréquenter l'École nationale de théâtre
et qui n'ont pas les moyens, seuls ou avec leurs parents, de financer en
totalité les coûts que ça implique. D'abord, J'aimerais
rappeler aux membres de la commission que, sous l'empire de la loi actuelle et
du règlement, la période d'admissibilité à l'aide
financière pour un étudiant inscrit à l'École est
de douze trimestres, ce qui, en soi, est déjà une exception
puisque, au niveau collégial, actuellement, c'est de dix trimestres
qu'on parle. Cette exception-là, nous la partageons actuellement avec
l'Institut de marine de Rimouski.
La période d'admissibilité dont on jouit actuellement a
été instaurée en 1984, au moment où notre programme
obligatoire était de trois ans avec une année de formation
générale optionnelle. Or, depuis 1986, notre programme
obligatoire est de quatre ans, c'est-à-dire que quelqu'un qui
étudie à l'École nationale de théâtre va la
fréquenter pendant une période minimale et maximale de quatre
ans. On ne peut pas recommencer une année ou prendre un congé
sabbatique ou décrocher quand on est à l'École; on doit
passer à travers le programme dans un minimum et un maximum de quatre
ans. C'est exceptionnel, évidemment, dans le réseau
collégial québécois, actuellement. Ce qui est aussi
exceptionnel, c'est que les exigences que nous posons à l'entrée
à l'École font en sorte que la majorité de ceux qui sont
admis à l'École ont déjà fréquenté le
réseau d'enseignement collégial et parfois même
universitaire.
Si on regarde les statistiques pour la prochaine année scolaire,
au niveau des inscriptions à l'École cette année, on se
rend compte qu'il y a 80 % de notre clientèle qui ont déjà
fréquenté un collège, puisqu'il y en a 70 % qui ont
complété un diplôme d'études collégiales et
qu'il y en a même 40 % qui ont déjà fréquenté
l'université pendant au moins une année. C'est donc dire que,
pour les gens qui ont fréquenté le collégial, pour 80 %
environ des élèves qui vont être acceptés l'an
prochain, il y en a qui auraient épuisé déjà entre
deux et six sessions d'études au niveau collégial. Donc, s'ils
entrent à l'École dans un programme obligatoire de quatre
années, Ils peuvent se rendre en deuxième et, à partir de
la troisième et de la quatrième année, se voir couper
l'aide financière. Nous vivons déjà présentement,
cette année, le cas avec quelques-uns de nos élèves. C'est
une situation qui est très difficile parce que, comme mon
collègue, Gilles Renaud, va l'expliquer tout à l'heure,
l'École fonctionne un peu comme une troupe de théâtre et
c'est très difficile de pouvoir prendre le risque de perdre des
élèves en troisième et quatrième année quand
les rôles sont déjà distribués et que le processus
pédagogique est en marche.
Ce qu'on demande, donc, c'est une période d'admissibilité
de huit sessions, à l'exclusion de l'aide qui a été
reçue avant l'entrée à l'École nationale. Je dois
dire aussi que ce qui est exceptionnel, dans le cas de l'École, c'est le
processus de sélection qui est faite à l'entrée. Nathalie
Petrowski, dans le dernier numéro de L'actualité, consacre
encore un article assez détaillé sur ça en parlant de
l'École nationale et
du Conservatoire, et c'est propre à tous les grands
conservatoires de théâtre au monde d'utiliser de tels processus de
sélection. Ce processus-là est à ce point
sévère que personne ne pourrait prétendre que
l'École nationale pourrait devenir un genre de refuge pour des gens qui
voudraient prolonger indûment leur période d'admissibilité
à l'aide financière. Les 356 jeunes Québécois et
Québécoises qui vont auditionner prochainement à
l'École nationale ont une probabilité de moins de 4 %
d'être finalement acceptés à l'École. Donc, on ne
choisit pas d'aller à l'École pour profiter davantage du
régime des prêts et bourses.
L'exception dont on bénéficie présentement au
niveau du règlement, à notre avis, doit être
révisée justement pour tenir compte des deux
réalités que je viens d'évoquer, c'est-à-dire le
niveau de scolarisation accru et le fait qu'on a un programme obligatoire de
quatre ans. Il nous semble que, si le législateur accédait
à cette demande-la, II répondrait aussi à un certain
nombre des préoccupations qui sont soulevées par le gouvernement
dans le document d'orientation sur l'aide financière dans les
années quatre-vingt-dix.
Dans ce document-là, on dit que le régime doit apporter
une réponse satisfaisante aux besoins réels et concrets des
étudiants. On pense que c'est le cas par rapport à la
revendication qu'on a. On croit aussi que ça va permettre une
équité par rapport aux étudiants des autres provinces -
parce qu'on a des étudiants des dix provinces à l'École -
qui n'ont pas ce problème d'admissibilité. Et on croit aussi que
ça va faire la promotion de ce qu'on appelle la
persévérance dans les études et l'incitation à
compléter des études dans des délais normaux.
Afin de permettre aux membres de la commission de mieux saisir l'enjeu
au niveau de la formation et au niveau du programme, je vais laisser la parole
à Gilles Renaud qui est directeur pédagogique à
l'École.
La Présidente (Mme Hovington): M. Renaud.
M. Renaud (Gilles): Mme la Présidente, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, l'École nationale, depuis 30 ans, a
toujours fait un choix pédagogique qui fait que le corps enseignant est
formé majoritairement de praticiens du théâtre. À
cause de ce choix, les horaires de nos étudiants sont toujours
très imprévisibles. Les étudiants sont à
l'École entre 50 et 60 heures par semaine. Ils doivent se plier à
des horaires très variés. Pour vous donner un exemple,
présentement, les élèves de troisième année
font un spectacle Claudel avec M. Jean-Louis Roux et, au même moment, M.
Jean-Louis Roux joue au Théâtre du Nouveau Monde, dans un
spectacle Feydeau. Ils commencent ce soir, d'ailleurs. Alors, pendant les
générales et pendant les répétitions de ce
spectacle-là, les étudiants ont été obligés
de se plier aux horaires de Jean-Louis Roux et d'avoir des
répétitions le soir, les fins de semaine, le dimanche, tout
ça. Alors, ça les oblige absolument à ne pas avoir de
travail à l'extérieur de l'École. Ils ne peuvent
absolument pas gagner leur vie les fins de semaine ou ie soir, comme certains
étudiants le font. Ils sont obligés d'être à
l'École à temps plein.
Deuxièmement, si certains étudiants ne peuvent pas
compléter les quatre années d'études en
interprétation à l'École, ça cause d'énormes
problèmes. Le programme est fait sur quatre ans. En plus de ça,
un autre exemple. L'an prochain, Robert Lepage, metteur en scène, va
travailler avec la troisième année sur un spectacle au niveau de
l'écriture et de la structuration du spectacle pendant six semaines. Et
ce spectacle-là sera monté et présenté au public
quand ils seront en quatrième année. Alors, si un ou deux
élèves, pour une raison ou une autre, ne pouvait pas
compléter sa quatrième année, tout ce travail de
troisième année serait perdu. Et il serait obligé de
recommencer ce travail à partir de zéro.
Je voudrais, pour terminer, vous faire un portrait de l'École.
Depuis 30 ans, l'École nationale a formé environ 250 à 300
acteurs et actrices très connus au Québec. J'ai devant moi une
photo. Je voudrais vous nommer, disons, quelques acteurs qui sont assis au
premier rang. Alors, Denis Bouchard, mieux connu peut-être sous le nom de
Lulu dans "Lance et compte", Suzanne Champagne, Robert Charlebois, Sophie
Clément, Michel Côté: "Broue", "Cruising Bar", Pierre
Curzi, Yves Desgagnés: Junior dans "L'Héritage",
Marie-Michèle, Desrosiers, fe groupe Beau Dommage, Marc Drouin,
Louisette Dussault, Louise Forestier: l'opéra "Nelligan", Michel Forget,
Nathalie Gascon, Nicole Leblanc: "Le Temps d'une paix", Raymond Legault, Sylvie
Legault, Marcel Leboeuf: la Ligue nationale d'improvisation, Véronique
Leflaguais, Michel Magny, Guy Nadon, directeur artistique de la Nouvelle
Compagnie théâtrale. Et, pour terminer, Gilbert Sicotte, notre
Jean-Paul Belleau national. Ce sont tous des gens qui ont été
formés à l'École nationale. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Ça va aller.
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: II me fait plaisir, Mme la Présidente, de
souhaiter la bienvenue à la délégation de l'École
nationale de théâtre du Canada. Il me fait plaisir de constater
que M. Bernard Roy, après avoir employé son talent au service du
gouvernement fédéral, consent maintenant à travailler
à titre bénévole au sein du conseil d'administration de
l'École nationale de théâtre du Canada. On lui souhaite la
plus cordiale bienvenue à Québec.
M. Roy: J'espère que ce sera avec plus de succès
dans ses nouvelles fonctions, M. le ministre.
M. Ryan: Savez-vous qu'on va avoir l'occasion de vous donner un
exemple de la célérité - non pas la
sévérité, comme dit l'Opposition - avec laquelle on peut
procéder, à Québec. Je voulais parler un petit peu
d'autres choses, mais on va en venir au point assez rapidement tout à
l'heure.
J'ai eu l'occasion d'être saisi de certains problèmes de
l'École nationale de théâtre du Canada, après mon
entrée en fonction comme ministre de l'Éducation et ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, il y a quatre ans, par un
homme qui s'est beaucoup dévoué au service de l'École, Me
Philippe Casgrain. Vous vous souvenez sans doute que nous avons fini par
trouver une solution au problème du statut de l'École aux yeux du
gouvernement du Québec et de la ville de Montréal, pour fins de
taxation. J'en étais très heureux. L'École a reçu
un statut qui lui donne droit à certaines exemptions fiscales.
On ne nous avait pas demandé la participation financière
du gouvernement du Québec, étant donné d'autres sources de
revenus que trouve l'École. Il a une contribution du ministère
des Affaires culturelles, mais le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science n'avait pas été invité
à le faire. Nous en étions, naturellement, très
heureux.
Nous suivons avec beaucoup d'intérêt le travail qui
s'accomplit chez vous. Je voudrais vous dire, en quelques mots bien simples,
que la recommandation que vous nous soumettez est acceptée. Nous l'avons
examinée attentivement. Je pense que vous avez raison de demander que
huit sessions soient requises pour la formation de niveau universitaire et
qu'on ne tienne pas compte, pour le calcul de ces huit sessions, de la
formation reçue antérieurement, étant entendu, cependant,
que, pour la formation de niveau collégial, le maximum de six sessions
que nous avons inscrit dans notre projet sera, naturellement, retenu.
Normalement, une formation générale de niveau collégial
devrait se faire dans quatre sessions; nous permettons que ça se
prolonge jusqu'à six sessions, à cause de tous les changements
d'orientation que peut arrêter l'étudiant pendant cette
période. Ça voudrait dire six plus huit également
quatorze, si je compte bien, mais, pour le niveau universitaire, j'ai bien
apprécié ce que vous avez dit: C'est une formation qui comporte
huit sessions.
À tout événement, vous n'endurez pas les doubleurs.
Si vous pouviez nous donner votre recette et peut-être nous dire un petit
peu, pour des gens que ça peut inquiéter, des formules de
discipline, comment ça peut affecter votre recrutement, dans le meilleur
sens du terme, j'en suis sûr, d'avoir des exigences d'excellence un petit
peu plus fortes. On veut en mettre davantage dans le système
d'enseignement. On a été un petit peu trop relâchés
depuis une quinzaine d'années et on essaie de serrer les vis un petit
peu partout. C'est pour ça que, dans le régime des prêts et
bourses, comme vous l'aurez remarqué, on ne veut pas des gens qui
traînent trop longtemps non plus aux crochets, surtout, d'un
régime qui n'est pas fait à cette fin.
Mais dans votre cas, la demande est claire, elle est nette, elle
répond à une situation précise que nous reconnaissons. Et,
dans la version définitive du règlement qui fera suite au projet
de loi, on aura des dispositions suivant les indications que je viens de vous
fournir. En vous remerciant infiniment.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ah! Bien, ça fait du bien d'entendre le
ministre dire oui à quelque chose. Là, j'ai envie de faire une
longue analyse. Est-ce parce que vous aviez un bon dossier, que vous avez bien
exprimé vos affaires? Je ne peux pas dire ça. J'ai vu d'autres
bons dossiers, avec une excellente qualité de présentation, et
ils se sont fait dire non, eux autres aussi. J'ai entendu d'excellents
plaidoyers et il n'était pas question... Alors, ça ne doit pas
être à cause de ça. Mais, trêve de plaisanteries, je
vous remercie beaucoup. Nous aussi, en prenant connaissance de votre
mémoire, on avait noté qu'il s'agissait d'une recommandation
spécifique - vous l'avez dit vous-même - quant à
l'admissibilité aux prêts et bourses pour vos étudiants.
Vous avez fait la preuve que chez vous, compte tenu de la formule
pédagogique utilisée ou, peu importe, l'encadrement professionnel
que vous donnez aux étudiants fait que ça ne peut pas se passer
autrement que tel que décrit, en particulier, aussi, en faisant
obligation aux étudiants d'être à temps plein et incapables
de travailler ailleurs, compte tenu, encore là, de la façon dont
vous procédez professionnellement. Les résultats doivent
être bons, quand on connaît la valeur professionnelle des
principaux acteurs ou participants que vous avez cités tantôt
à votre École. Alors, bravo pour ce qui en ressort. Si le
ministre décide sur-le-champ de souscrire à votre revendication,
puisque c'étaient davantage lui et son gouvernement qui étaient
interpellés, je ne peux dire autre chose que: Tant mieux, bravo, il
aurait compris! Ma conclusion cependant, c'est que ça ne doit pas
coûter grand-chose, certain, pour qu'il dise oui parce que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron:... chaque fois qu'il a été question de
cents, c'était un refus total; donc, ça ne doit pas être
coûteux.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): En conclusion, M. le
ministre.
M. Ryan: ...M. Roy, ayant séjourné à Ottawa
et connaissant un petit peu l'atmosphère du Parlement
fédéral, ne sera pas étonné de constater, une fois
de plus, que l'Opposition s'emploie trop souvent, hélas, à
calomnier le gouvernement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Je sais qu'avec l'expérience que vous avez
vous ne dormirez pas là-dessus.
La Présidente (Mme Hovington): Au nom des membres de la
commission de l'éducation... Est-ce que vous voulez conclure, M.
Roy?
M. Roy: Bien, écoutez, on ne s'attendait pas à
autant et aussi rapidement. Au nom de mes collègues, je veux vous
remercier de votre accueil chaleureux et favorable. M. le ministre, merci de la
façon expéditive avec laquelle vous avez bien reçu nos
demandes, merci, également, à M. Gendron et à la
deputation du Parti québécois. Je suis fier de voir qu'il y a
unanimité sur la question, ce qui ne semble pas être la même
situation qui s'est présentée dans le cas d'autres
mémoires qui ont été soumis devant votre commission.
Alors, encore une fois, Mme la Présidente, à tous les membres de
la commission, merci pour la façon avec laquelle vous avez bien
reçu nos demandes.
La Présidente (Mme Hovington): Merci à vous.
Nous allons suspendre quelques minutes pour laisser le temps à M.
André Bernier de bien vouloir prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 15 h 35)
La Présidente (Mme Hovington): Si vous voulez bien prendre
place, nous allons reprendre nos travaux. S'il vous plaît, la commission
reprend ses travaux. Alors, M. Bernier, si vous voulez bien présenter...
Vous représentez un organisme ou...
M. Bernier (André): Non.
La Présidente (Mme Hovington): À titre
personnel?
M. André Bernier
M. Bernier: Je vous remercie, Mme la Présidente, et MM.
les membres de la commission d'avoir bien accepté de m'entendre. Je suis
ici en mon nom personnel. Toutefois, je dois préciser que j'ai
été longtemps associé au mouvement étudiant
où, encore aujourd'hui, j'enseigne tout à l'heure, dans quelques
minutes.
Ce qui m'a amené à présenter un mémoire,
c'est que tout d'abord la réforme qui est envisagée et qui va se
faire va probablement figer, jusqu'à un certain point, le régime
de prêts et bourses et le financement des universités pour
plusieurs années. Le régime actuel est en place depuis plus de 20
ans; il y a eu quelques modifications vers 1974-1975, après les
premières grèves étudiantes. On peut s'attendre que les
grandes modifications qui seront faites aujourd'hui vont aussi être
là de façon importante et vont durer. D'ailleurs, je trouve
particulièrement drôle que, dans un contexte de réforme
permanente, on mette continuellement en relief la situation supposément
difficile et serrée du gouvernement. D'après ma mémoire
qui est quand même assez jeune, j'ai toujours entendu que le gouvernement
avait une situation difficile et serrée. Si on en sort à un
moment donné, est-ce qu'à ce moment-là le régime va
passer à la hausse?
Par ailleurs aussi, j'ai entendu des choses qui, en toute logique, m'ont
fait parfois dresser les cheveux sur la tête. Parfois, on utilise des
arguments qui, pour arriver à une fin soit bonne ou mauvaise, je ne la
juge pas au préalable, ne sont pas les bons arguments, d'après
moi. Un premier exemple, lorsqu'on nous parle continuellement de comparaisons
avec les autres provinces pour l'établissement des frais de
scolarité, bon, ailleurs c'est plus cher et puis qu'est-ce que ça
change? Je ne crois pas qu'il y a une moyenne et qu'en logique, en
économique ou en politique la moyenne doive être la règle,
car, alors, si toutes les autres provinces vont dans un sens et qu'il faut
aller dans le même sens, à la limite il aurait fallu
peut-être, en 1982, adopter la constitution. Toutes les autres provinces,
ainsi que le gouvernement fédéral l'avaient adoptée. Ce
genre d'arguments là, même s'ils servent de
référence pour comparer la situation financière des
étudiants, sont peut-être bons, mais, pour expliquer pourquoi
augmenter les frais, je les trouve partiellement moins importants.
Autre chose qu'on dit, on dit souvent que les frais de scolarité
n'ont pas été augmentés depuis plus de 20 ans. Je crois
qu'il ne faudrait pas oublier que, dans les dernières années, les
universités ont eu le droit d'imposer des frais de 100 $ pour le
matériel pédagogique, matériel pédagogique que les
étudiants n'ont toujours pas vu chez eux. Je trouve bizarre que, d'une
faculté
à l'autre, d'un département à l'autre, le
matériel pédagogique coûte partout le même prix. Quoi
qu'on en fasse, ce sont des frais de scolarité. Bon! Ce n'est pas
majeur; les frais des scolarité au Québec sont quand même
à un très bas niveau, c'est vrai.
Ensuite, on a souvent répété, que ce sort les
étudiants, que ce soit les groupes populaires ou que ce soit, à
l'inverse, ceux qui sont pour la hausse, qu'une hausse des frais de
scolarité aurait un impact immense ou pas du tout d'impact sur
l'accessibilité à l'université. Là-dessus, les
études publiées, que ce soit les études de Clément
Lemelin ou d'autres, sont peu concluantes parce que probablement les
données ne sont pas suffisantes pour faire de bonnes études.
Toutefois, dernièrement, j'ai entendu des chiffres de 5 % à court
terme. À ce niveau-là, je me demande, si les études
étaient concluantes, pourquoi ne pas les publier. Si on avait une
étude vraiment concluante au niveau scientifique sur l'impact des -
frais de scolarité sur l'accessibilité et qu'on la publiait, que
ce sort une étude d'un ministère ou d'autres, eh bien on
réglerait déjà une bonne partie des discussions en cours
et on pourrait peut-être, de façon plus adéquate, estimer
les justes frais de scolarité.
Selon ma connaissance du secteur et les informations qui me sont
disponibles, je ne suis pas capable de dire si les justes frais sont à
540 $, à 1240 $, à 8000 $ par année ou à
zéro. À ce moment-là, j'ai confiance aux
législateurs, en notre système démocratique, pour fixer
des bons frais, tout en tenant compte, évidemment, de ceux qui ont des
problèmes afin de mettre un régime de prêts et bourses en
conséquence.
Il mapparaît évident, cependant, qu'il doit y avoir des
frais de scolarité. Si on se pose la question entre zéro et les
pleins frais, non. Pas 0,00 $ parce que les étudiants
bénéficient de leur formation et, plus tard, ça va leur
rapporter. Ça va leur rapporter par un meilleur travail, probablement
des meilleurs salaires et aussi une appréciation, une vie
différente. Pas les pleins frais de scolarité, parce qu'il existe
ce qu'on appelle des bénéfices externes, des
"externalités" en économique. La formation universitaire
bénéficie à toute la société, que ce soit
simplement du côté d'une société plus instruite,
plus démocratique, l'effet d'entraînement d'avoir des gens avec
des connaissances supplémentaires qui permettent d'aller plus loin.
À ce niveau-là, comme je le disais tout à l'heure,
c'est au gouvernement, évidemment, de fixer ses priorités, selon
les objectifs qu'il a à atteindre, selon les objectifs sociaux qu'on a
à atteindre. Lorsqu'on parle de priorisation, c'est le rôle du
législateur - et il en supporte les conséquences aux
élections suivantes, selon les sondages ou quoi que ce soit - d'essayer
de voir ce qui doit être fait. Malheureusement, nos ressources sont
limitées. À ce niveau-là, peut- être qu'un des bons
exemples, c'est ('editorial de M. Jean Francoeur, du 7 février,
où il pariait des Mozart assassinés. Il se demandait: entre les
subventions aux universités et la maternelle à cinq ans et
à quatre ans, qu'est-ce qui aurait le plus d'impact sur le Québec
futur. Il ne donnait évidemment pas de réponse, mais on peut
aussi se demander à travers ça c'est quoi, les choix. Il n'y a
pas de limite. Mais si, cependant, comme on l'affirme dans le domaine public,
les frais de scolarité, s'ils sont compensés comme il faut par un
régime des prêts et bourses, auront peu d'impact sur
l'accessibilité, tout au moins à moyen terme, je me demande
pourquoi on n'a pas fart le pari d'augmenter encore plus
l'accessibilité. Si les frais de scolarité ont vraiment peu
d'impact - si - au lieu de retourner 20 % au régime des prêts et
bourses, pourquoi ne pas retourner 30 %, 35 %, 50 % au régime des
prêts et bourses, et augmenter les frais de scolarité pour
financer ça? Si on ne le fait pas, peut-être que c'est pour une
raison politique ou peut-être que vraiment il y a un véritable
impact sur l'accessibilité.
Lorsqu'on reparle aussi des coûts, des frais de scolarité,
il y a une question qui a été passée, à ma
connaissance, sous silence, c'est les coûts par discipline. Nous savons
tous qu'il coûte beaucoup plus cher de former un étudiant en
médecine dentaire ou en médecine qu'un étudiant en arts,
en sciences humaines ou en administration. Ainsi, si on augmente les frais de
scolarité pour qu'ils deviennent véritablement des frais
importants, il devient en parallèle, jusqu'à un certain point,
injuste de demander plus en proportion aux étudiants en sciences
humaines qu'aux étudiants en médecine. Si les frais sont de 1200
$ pour une formation qui coûte plus de 20 000 $, ça fait 5 % des
frais, tandis que, si les frais sont de 1 000 $ pour une formation qui en
coûte à peu près 5 000 $, ça fait 20 % des frais. Il
y a là aussi un problème de justice sociale. On ne l'a pas
posé.
L'autre problème qui va avec ceci, c'est qu'on remarque aussi que
les étudiants qui coûtent les plus cher à former sont ceux
qui bénéficient le plus de leur formation. Ce sont les
étudiants de sciences qui ont le plus facilement un emploi, qui ont les
plus hauts salaires en sortant. À ce niveau-là, on peut
comprendre les gens qui demandent qu'en partie le remboursement des
études soit fonction de la formation. Peut-être qu'il faudrait des
formules de bons d'éducation ou de prêt automatique, je dis bien
par discipline, pour compenser une partie des coûts qui seraient à
rembourser plus tard. Il y a à ce niveau-là, à partir du
moment où on met des frais significatifs, une question de justice
sociale dans la différenciation ou la non-différenciation des
frais par discipline.
Pour en venir à la réforme en particulier, j'ai
remarqué tout à l'heure, lorsque l'École nationale de
théâtre s'est présentée, qu'elle a,
elle aussi, soulevé le problème de la durée
d'admissibilité des bourses selon le cycle d'études; dans leur
cas particulier, eux c'est de quatre ans pour un cours collégial. Nous
avons le même problème, je crois, dans toutes les
universités, selon les programmes ou selon les questions. (15 h 45)
Si on fait des règles fixes comme la recommandation 22 du
document publié au printemps dernier, nous allons avoir des
problèmes, je crois, importants. Il existe des programmes universitaires
qui ont plus de 90 crédits, des programmes de quatre ans. Comment on va
fonctionner, à ce moment-là, si on dit: nombre de sessions, huit,
à l'université? Il existe des programmes de deuxième cycle
qui ont plus de 45 crédits, il y en a qui en ont 60, il y en a qui en
ont juste 30. Comment on fonctionne dans ces situations-là? Est-ce qu'on
considère le fait d'avoir pris un cours l'été comme
étant une session, au nombre de vos sessions qui est marqué dans
la recommandation 22 pour l'admissibilité aux bourses?
Toutes ces petites choses me rappellent qu'il est toujours dangereux
d'édicter des normes très strictes où tout le monde dort
passer. Peut-être qu'au moment de la rédaction du projet de
règlement sur le régime des prêts et bourses il serait
avantageux d'utiliser les possibilités parlementaires de convoquer une
nouvelle consultation spécifiquement sur le règlement.
En plus, je voudrais vous parler d'un des problèmes que je crois
fondamentaux des étudiants que je vois. Tous, ou une grande partie
d'entre eux, ont de la difficulté à arriver. Que ce soit le
régime, que ce soit la contribution des parents, ils en auront toujours.
Alors, ils travaillent à temps partiel, 20 heures par semaine. Ils
travaillent à temps partiel le jour de leur examen et là, tout
à coup, ils travaillaient à l'extérieur, ils n'ont pas pu
revenir à temps pour l'examen. J'ai déjà vu des cas comme
ça. Lorsqu'on est obligé de passer, pour vivre, une vingtaine
d'heures par semaine à travailler pour joindre les deux bouts et, en
même temps, de faire des études à temps plein, je crois que
la société investit mal, parce que ces étudiants-là
ont des D, ont des C, au mieux. Ils ne sont pas capables de se concentrer sur
leurs études. Ils ratent des examens, ils ratent des cours. Et ce sont
des problèmes qui sont continus.
Je donnais l'exemple d'un étudiant qui manque son examen pour le
travail, ça m'est arrivé l'an passé. Un étudiant
qui fait du déménagement; son camion a eu un accident, il n'a pas
pu arriver à son cours de 18 h 30, évidemment, tu lui permets de
refaire son examen. Mais je trouve ça très problématique
quand un étudiant, le jour de son examen, est pris pour aller
travailler. Ça montre ses priorités; lorsqu'elles sont le travail
ou d'avoir un revenu, à ce moment-là, tu penses d'abord à
vivre, à survivre, et, après, à te nourrir
intellectuellement. Ensuite, évidemment, on n'a plus besoin de se poser
la question pourquoi ils ne savent pas écrire, pourquoi ils ne
comprennent pas les principes fondamentaux de leurs sciences et pourquoi un bac
ne veut plus rien dire et qu'il faut maintenant une maîtrise. Pourquoi,
à l'âge de mes parents, un cours classique complet était
très formateur et qu'aujourd'hui un bac l'est probablement moins que le
cours que M. Ryan a pu faire, ou d'autres députés ici, avec leur
cours classique? Nous ne sommes même plus à ce niveau de
qualité là parce que les gens ne sont plus capables de s'y mettre
comme il faut à temps plein.
Vous avez tous entendu les horreurs, que ce soit à
l'université ou au cégep, sur la qualité de la langue; on
les voit, on les sent, mais on n'est pas capables d'y faire grand-chose.
J'avais de la difficulté à couler un étudiant au
cégep, lorsque j'y enseignais, parce qu'il ne savait pas écrire
son français. Vous savez, quand vous voyez 38 fautes dans une page, que
vous demandez de les corriger et qu'il en reste 30, vous vous posez des
questions, puis lorsque c'est avec l'aide des parents, les fautes
étaient soulignées. Bon, est-ce que vous allez faire couler
l'étudiant juste pour ça? Non, vous êtes pris; les autres,
avant, n'ont pas fait le travail.
Dans une réflexion plus globale à laquelle, depuis
quelques semaines, je suis arrivé, on voit dans l'éducation, en
ce moment, un problème de qualité de la langue, qualité de
la formation, adéquation études et travail. Le
député d'Abitibi-Ouest l'a montré tantôt avec des
problèmes de formation professionnelle. Il y a un problème de
lien entre les réseaux. On dit qu'il y a un cours qui est obligatoire,
un cours normal de maths, mais le cours de base ne te permet d'entrer nulle
part au cégep; 11 faut toujours que tu prennes le cours
accéléré ou, plutôt, enrichi, pardon. Il y a un
cloisonnement énorme des organismes-conseils, je trouve,
personnellement, du ministre, ce qui ne permet pas de remettre en question
certains tabous, si je peux dire. On ne remet pas en question l'autonomie
universitaire, on ne remet pas en question ia liberté académique
ou quoi que ce soit du genre.
Peut-être, pour conclure, on aurait besoin, actuellement, d'une
nouvelle commission Parent pour revoir le tout, brasser le système.
Évidemment, il y en a qui pourront dire que ça va faire comme la
commission Rochon, rester à certains niveaux, mais ça oblige
quand même les décideurs, après, à prendre leurs
décisions. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. Bernier. M. le
ministre, vous avez quelques questions?
M. Ryan: Oui, Mme la Présidente, et quelques brefs
commentaires.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M le ministre.
M. Ryan: Alors, M. Bernier, je vous ai écouté avec
intérêt et lu avec encore plus d'intérêt, si
possible, parce que vous avez évidemment été obligé
de simplifier un petit peu, dans votre présentation verbale. Je vois que
vous êtes familier avec le régime des prêts et bourses et
les questions relatives au financement des universités. C'est pourquoi
votre mémoire est, dans l'ensemble, fort nuancé. Je
l'apprécie parce que ça nous repose de certaines visions
globalis-tes qui n'apportent pas grand-chose de construc-tif à nos
démarches.
Au sujet des frais de scolarité, si vous pouviez résumer
en quelques lignes votre position. Je vois que vous avez une position
nuancée, mais trouvez-vous que les deux hausses que nous avons
instituées pour les deux prochaines années sont excessives?
La Présidente (Mme Hovington): M. Bernier.
M. Bernier: Pour les mesurer comme il faut, il aurait fallu que
je puisse mieux voir les mécanismes de mise en vigueur de la
réforme du régime des prêts et bourses. Si le régime
des prêts et bourses, avec les modifications, corrige comme il le faut ce
montant et permet d'accroître aussi le nombre de personnes accessibles,
en plus de régler les cas-problèmes - on aura toujours des
cas-problèmes - je ne crois pas que c'est excessif.
M. Ryan: Très bien, merci. Maintenant, vous dites que,
dans l'ensemble, la proposition de réforme de l'aide financière
dont vous venez de parler vous paraît globalement intéressante. On
en était très heureux, c'est notre avis aussi. Nous aurions pu
faire infiniment mieux avec des ressources plus abondantes, évidemment,
mais, avec les ressources dont nous disposons, nous avons fait tout ce qui me
paraît humainement possible afin de mieux adapter le régime
à la condition actuelle des étudiants. Il y a bien des questions
qui sont soulevées dans votre mémoire, que j'aurais eu
intérêt à discuter, mais je vais me borner à deux,
étant donné le peu de temps dont nous disposons.
Il y a une idée intéressante dans votre mémoire,
c'est l'idée d'un prêt supplémentaire garanti. Ça,
c'est neuf, par rapport à ce que nous avons entendu jusqu'à
maintenant; c'est une idée qui n'avait pas été
soulevée jusqu'à ce jour. Il y a une question que je voudrais
vous poser là-dessus. Vous dites qu'on pourrait prendre modèle,
par exemple, sur le prêt qui est consenti aux étudiants pour
l'achat d'un micro-ordinateur et que nous avons étendu, comme vous le
savez, à tous les étudiants universitaires depuis cette
année, et ça fonctionne très bien. La formule que nous
avons choisie pour la distribution des produits se révèle la plus
pratique des formules auxquelles nous aurions pu songer. Je vous pose une
question: Dans votre perspective, ce prêt serait contracté
auprès d'une institution financière? Deuxièmement, qui
paierait les intérêts pendant la durée des
études?
M. Bernier: Je crois qu'il y aurait deux possibilités. Si
la plus simple est l'institution financière, pourquoi pas? Pendant les
études, je crois que l'étudiant devrait ou payer les
intérêts ou avoir une possibilité que les
intérêts soient capitalisés. Si on ne veut pas que ce soit
selon sa situation financière qu'il soit accordé, il devrait
payer les intérêts, ou de façon capitalisée.
Peut-être aussi, comme pour le régime de micro-ordinateur,
ça pourrait n'être accessible que graduellement, selon le nombre
de crédits accumulés et évidemment réussis.
Peut-être qu'on pourrait commencer de façon graduelle, et
je le verrais d'abord au niveau des études de deuxième et
troisième cycle. Si on veut y aller graduellement pour voir quelle est
la réponse et non pas arriver avec un surendettement massif qui
entraînerait des faillites personnelles après, ce qui ne serait
pas plus intelligent, peut-être qu'on pourrait y aller graduellement en
commençant par les études graduées.
M. Ryan: En tout cas, c'est une idée que nous allons
explorer, parce que je la trouve intéressante; ça pourrait
apporter un complément qui fait présentement défaut
à notre régime. Il y a plusieurs étudiants qui pourraient
contracter un prêt additionnel, en plus de celui qui est consenti par le
régime lui-même, sans compromettre d'aucune manière leur
avenir. Nous constatons une chose, c'est que l'étudiant contracte des
emprunts d'année en année auprès du régime de
prêts et bourses, mais quand il termine ses études, en
général, il en a déjà remboursé une grosse
partie, parce que, s'il travaille pendant l'été, il va voir
à mettre un petit peu d'argent de côté, il va baisser sa
dette Le total de la dette à la fin des études est loin
d'être le total de tous les prêts qui lui ont été
consentis depuis le début de ses études postsecondaires, aussi.
Mais une mesure comme celle-ci apporterait un complément
intéressant: je ne sais pas s'il sera possible de la mettre au point
avant l'entrée en vigueur du régime, mais nous allons l'examiner
très attentivement et, si vous aviez un complément d'informations
à nous apporter là-dessus, je pense que ce serait
intéressant.
Un petit mot, si vous me le permettez, à propos du nombre de
sessions. Vous posez deux questions à la fin de votre intervention.
"Est-ce que suivre un cours pendant l'été constitue une session
au sens de la durée de l'accessibilité aux bourses?" Selon les
notions actuellement reçues, non, parce qu'il faut que ce soit un cours
à temps plein.
M. Bernier: Parfait.
M. Ryan: Deuxièmement, les sessions d'un stage probatoire
pour l'admission à une maîtrise sont-elles classées comme
étant du premier cycle ou du deuxième cycle? Ça
dépend de la classification de l'université. Nos décisions
se modèlent sur celles de l'université. Si l'université
relie un stage comme celui-ci à des études de deuxième
cycle, c'est compté de telle manière et inversement.
M. Bernier: C'est que l'important n'est pas où elles sont,
mais de s'assurer qu'elles puissent être financées. Je crois que
c'est à ce niveau-là, car justement on voit que, d'une
université à l'autre, les situations sont différentes,
d'un programme à l'autre, elles sont différentes. Donc, si
quelqu'un prenait une maîtrise de 60 crédits et qu'avant il a un
stage probatoire de 30 crédits, ce qui veut dire un cours de trois ans,
et on sait toujours que le temps de rédaction de la thèse peut
être un peu long, il aurait des problèmes à ce
niveau-là.
Pour revenir sur les prêts garantis, je vous remercie de votre
intérêt. J'essaierai de préparer quelque chose d'autre dans
mes temps libres évidemment. Je ne peux m'empêcher de rappeler que
ceci était venu en 1983-1984 sous l'impulsion des associations
étudiantes où j'étais à l'époque, d'abord,
des associations de génie et que ça a été
adopté... C'était M. Laurin à l'époque qui l'a
commencé et vous le poursuivez. Je trouve que c'est une très
bonne initiative de l'avoir élargi à tout le monde parce que
maintenant un micro-ordinateur, c'est essentiel pour ces
études-là.
M. Ryan: Nous l'avons élargi... M. Bernier: C'est
très bien.
M. Ryan:... à tous les étudiants universitaires,
comme vous le savez. En vous écoutant, il me venait une idée.
C'est un petit peu marginal, mais je vais recommander votre nom aux deux
syndicats de professeurs d'université qui sont venus nous voir.
Ça leur permettra de mettre bien des nuances à leur
présentation. Je ne sais pas si... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Juste un dernier point. Vous vous inquiétiez...
Vous avez probablement rédigé votre mémoire au moment
où il était question d'une grève reliée à la
hausse des droits de scolarité et vous vous demandiez si on allait tenir
compte des prolongements de sessions découlant de grèves ou
d'autres changements dans la durée d'une session. Dans les cas d'une
grève, quand c'est en dedans d'une semaine, ça ne pose pas de
problème, mais, dès que c'est au-delà d'une semaine, il en
sera tenu compte, de même que, si des changements particuliers devaient
survenir dans la durée de certaines sessions, il en sera tenu compte
également. Nous examinerons le sérieux des décisions qui
auront été prises et, sur la foi des motifs pouvant justifier
telle décision, nous en tiendrons compte. Alors, M. Gagné, je
voudrais vous remercier très cordialement. Je pense que vous avez
apporté des réflexions fort pertinentes, pratiques....
Une voix: M. Bernier.
M. Ryan: M. Bernier. Qu'est-ce que j'avais dit?
Une voix: Gagné.
M. Ryan: Excusez, excusez. J'étais convaincu d'avoir dit
Bernier, mais c'est un lapsus. Je vous remercie beaucoup. Je pense que ces
observations que vous nous avez faites seront très utiles. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
M. Ryan: Si vous avez un complément d'informations
à nous apporter sur votre recommandation concernant un prêt
supplémentaire, ça me rendrait service.
M. Bernier: J'essaierai.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais sincèrement remercier M. Bernier
de son excellente contribution. C'est ce que j'appellerais un point de vue
individuel, mais ce n'est pas parce qu'on est qu'un individu qu'il n'est pas
nécessaire de donner des points de vue qui sont valables. Mais, dans le
fond, vous avez jeté là une réflexion qui est
intéressante à plusieurs égards. Moi, ce que j'ai compris
de votre mémoire, c'est que c'est exact qu'il est nuancé, mais
c'est toujours la même chose: ça dépend de ce qu'on veut
voir. Alors, à des places, je trouve qu'il est nuancé, mais il
est dans le ton en étoile. (16 heures)
Je donnerai quelques exemples. Votre réflexion porte, bien
sûr, sur l'accessibilité versus la hausse des frais de
scolarité et l'aspect de la réforme. Vous portez même le
jugement qu'un bon régime de financement des études peut avoir
plus d'impact sur l'accessibilité que la gratuité scolaire. Moi,
en tout cas, en ce qui me concerne, après 13 ans de vie parlementaire et
45 ans de vie tout court, j'ai l'impression qu'on doit toujours, de toute
façon, ne prendre rien en absolu. Je veux dire qu'il n'y a à peu
près rien qui est complètement noir ou complètement
blanc, sans faire de la philosophie. Vous indiquez qu'un bon
régime de financement des études peut avoir plus d'impact sur
l'accessibilité qu'une complète gratuité; moi, de prime
abord, je suis prêt à regarder ça pour le vrai. Mais,
encore là, ça dépend des éléments auxquels
on lie le constat d'une accessibilité réduite ou pas, un peu du
genre ce que je fais depuis deux, trois semaines, en disant: Si on voulait
corriger les vrais problèmes, c'est évident qu'on ne toucherait
pas à ce que nous discutons, d'après moi, dégel et aide
financière, sans convenir: est-ce que les gestes que nous posons auront
comme conséquence d'apporter des correctifs majeurs à ce que nous
dénonçons? Et là, j'y vais rapidement. Oui ou non, il y a
trop de temps partiel dans les universités du Québec? Moi, ma
réponse, c'est oui. Est-ce que le régime qui est sur la table va
corriger ça? Ma réponse, c'est non. Donc, est-ce qu'il est bon?
Non. Est-ce que c'est une bonne affaire, le dégel dans ce
contexte-là? Non, parce qu'on va créer plus de temps partiel et
je trouve que c'est un drame actuellement.
Et je fais une analogie avec ce que vous avez dit tantôt. C'est
sûr que le ministre, ce bout-là, il n'en a pas parlé, il a
le droit. Vous dites: Toute société investit mal lorsqu'elle
force un trop grand nombre de ses étudiants à faire le choix de
travailler plutôt que d'aller à l'école. C'est court,
ça, mais moi, je pense que vous avez raison. Je connais le ministre, je
connais un peu sa pensée parce que ça fait un bout de temps qu'on
travaille avec. Lui, je suis pas mal sûr qu'il nous dirait ce qu'il nous
a dit: Moi, je n'achète pas ça parce que c'est bon et c'est
formateur, puis probablement qu'il y aurait beaucoup de moralisation dans ce
qu'il nous dirait. Et il n'aurait pas tort, j'ai passé par là.
Mais le problème que je trouve qu'il a, c'est toujours de vouloir
quelque chose qui est peut-être bon dans un contexte Y, mais qui l'est
moins dans un contexte 1990. Et c'est là que j'arrive à ce que
vous dites. Moi, je prétends qu'en 1990 une société qui,
de bonne foi ou en connaissance de cause, pose des gestes qui auront comme
conséquence de faire de plus de temps partiel, elle fait une erreur,
elle est dans les patates. Moi, je dénoncerais ça haut et fort,
sincèrement. Toujours avec la remarque que j'ai faite, sans être
trop moralisateur, que rien ne doit être pris en absolu. Mais là,
plus de temps partiel, plus de décrocheurs, rattrapage des femmes,
rattrapage des francophones, la liste est tellement longue des lacunes au
niveau de la formation universitaire que je n'ai pas le droit de poser un geste
qui va la rallonger. Si je posais un geste qui aurait comme conséquence
de régler un certain nombre d'éléments sur lesquels on
fait le consensus et le constat que, quand tu es au niveau des études
postuniversitaires, il faut corriger ça...
Alors, moi, je vous félicite, en tout cas, sur ce bout-là:
La société investit mal lorsqu'elle force un trop grand nombre
d'étudiants universitaires à travailler. Moi, je trouve que vous
avez raison parce qu'une formation universitaire à temps plein, si tu
veux qu'elle soit de qualité adéquate et qu'elle te permette de
relever les défis du futur, pour le commun des mortels - je ne parle pas
des trois, quatre phénix ou génies là, qu'on appelle les
"bollés" dans le jargon des jeunes, sauf les trois, quatre exceptions
là, en pourcentage j'entends et non pas en individus - la plupart des
gens qui font un second cycle universitaire, ils devraient le faire à
temps plein. Ils ne devraient pas le faire, si on veut qu'il soit significatif,
en gagnant les trois quarts de leur croûte avec une autre "jobine", puis
en faisant du transport scolaire, du transport de biens et de services ou en
travaillant les fins de semaine dans les bars ou peu importe l'endroit.
Ça ne va pas ensemble, ça ne va pas ensemble. Oui, pour quelqu'un
dont les parents sont morts, puis qui n'a pas d'aide, il est obligé de
faire ça ou quelqu'un que son père a mis dehors, puis ça,
c'est malheureusement une situation trop fréquente. Au jeune, on dit:
N'oublie pas que tes parents sont les premiers responsables de ta formation.
Mais le jeune, il nous dit: Moi, ils ne veulent plus rien savoir de moi pour la
raison XYZ. Le système ne s'occupe pas de ça. Il dit: Nous
autres, ce n'est pas ça, on joue dans les règles. Ce sont tes
parents qui doivent assumer ta formation.
L'éducation bénéficie plus à la
société qu'à l'individu qui la reçoit; vous avez
aussi dit ça dans votre mémoire. Bien, ça, c'est de la
haute voltige, mais quand même concrète et, à partir du
moment où on lit ça, tout le monde, qu'en éducation, quand
tu investis là-dedans, il y a plus de bénéfices pour la
société que pour les individus, si on fait ce
consensus-là, on doit poser les gestes en connaissance de cause. Moi, je
ne trouve pas ça dans la réforme. Je ne trouve pas dans la
réforme du ministre, puis dans le dégel des frais de
scolarité, qu'il lit la même chose que moi. Parce qu'il n'y aurait
pas de dégel des frais de scolarité si on avait acquis la
conviction que la société bénéficie davantage d'une
formation éducative de qualité que les gens concernés.
Deux autres commentaires avant de poser deux questions. Vous, vous
prétendez - puis là, ce n'est pas grave, vous n'avez pas toujours
été ici, puis tout ça - quand vous dites: On devrait
regarder ou réexaminer la modulation des frais de scolarité entre
les disciplines, que ce problème-là a été
passé sous silence. Ce n'est pas exact. Il n'a pas été
passé sous silence. Non, c'est juste pour votre information. Le ministre
va être d'accord avec moi: il y a quatre ou cinq mémoires qui en
ont parlé. Je suis sûr de trois au moins, je pourrais même
les ressortir. Là, ce n'est pas parce qu'on voulait passer ça
sous silence, sauf que j'ai l'impression que ceux qui ont touché
à ça rapidement se rendent compte
qu'une modulation des frais de scolarité par discipline, par
faculté aurait comme conséquence, d'après moi, de
créer davantage d'iniquités que de corriger le nombre
d'iniquités. Oui, pensez-y rapidement. Il y a des facultés, il y
a des options, qui sont très dispendieuses, mais accolez ça avec
le principe que vous avez évoqué auparavant, à savoir
qu'une bonne formation universitaire profite davantage à une
société globalement qu'à l'individu - vous me comprenez,
là? - mettez ça ensemble et comment va-t-on conclure pour
éventuellement aller dans le sens d'une fragmentation des coûts de
scolarité uniquement par ceux qui prendraient tel type de formation, si
c'est toute la société qui en bénéficie dans
certains créneaux de développement requis, parfaitement, mais
très dispendieux? Rapidement, ça créerait des injustices
et des iniquités, et ça pourrait donner le signal à un
certain nombre de jeunes étudiants. Bon! Là, je vais dire quelque
chose que je ne sais pas, mais supposons qu'une maîtrise en
microbiologie, ça coûte 50 000 $ pour l'ensemble de la formation,
si on disait: Bien, là, on va avoir des frais de scolarité
liés aux coûts de la formation que tu viens de recevoir, puis,
comme en microbiologie, c'est beaucoup plus dispendieux, tu vas payer la
facture du beaucoup plus dispendieux, à sa face même, ça
créerait des distorsions, ça créerait des
éliminations, puis je ne trouve pas que ça correspond avec
d'autres principes.
Pour améliorer la qualité de vie et des études, et
pour réduire l'abandon, vous suggérez que le gouvernement
garantisse des prêts supplémentaires aux étudiants.
Voilà, encore là, une suggestion intéressante,
sincèrement. Le ministre devrait dire: Bien, tant mieux si vous avez de
l'éclairage additionnel à me donner, je vais le prendre. Mais il
devrait prendre aussi la responsabilité de dire: Moi, j'ai tous les
outils, c'est intéressant, je m'engage à fouiller ça pour
voir pourquoi on ne pourrait pas l'offrir. Parce que le ministre de
l'Éducation est pas mal plus équipé que vous ne
l'êtes, parce que je vous connais un peu personnellement, pour fouiller
davantage des questions qui lui apparaissent intéressantes pour
éventuellement faire un meilleur choix d'évaluation: est-ce qu'on
y va ou si on n'y va pas et, si on y va, pour quelles raisons y
allons-nous?
Moi, je trouve que votre réflexion est très
intéressante, M. Bernier. Je vous félicite de l'avoir faite. Deux
questions: Vous n'avez pas touché, à moins que je ne me trompe,
le financement direct de l'entreprise. Au lieu d'un dégel des frais de
scolarité, si vous étiez un décideur, est-ce que vous
regarderiez la possibilité d'imposer 0, 5 % sur la masse salariale des
entreprises pour l'enseignement universitaire ou toute la question du recyclage
de la main-d'oeuvre? C'est quoi, votre opinion là-dessus, si vous en
avez une?
M. Bernier: Pour ce qui est du financement, je suis d'accord avec
ce qui a été avancé, d'utiliser la masse salariale pour la
formation de la main-d'oeuvre, la formation professionnelle. Je crois d'abord
que ça doit servir à ça et on en a assez à faire
pour non pas utiliser 1 % ou 1, 5 %, mais 2 %. Ce sera à peine
suffisant, je crois, pour travailler sur la formation de la main-d'oeuvre. Se
servir de ça pour la formation universitaire, après. Je le vois
d'abord et avant tout pour la formation professionnelle comme telle, pour ce
dont ont besoin les entreprises et pour leur formation interne
elles-mêmes, selon ce qu'elles font. Ou elles en font ou elles sont
taxées; je trouve que c'est une bonne chose.
Sur vos petites remarques de tout à l'heure, j'ai peut-être
été plus direct tantôt dans ma présentation que dans
le texte. J'ai dit que les gens ne l'ont pas étudiée ou ne l'ont
pas présentée, la modulation des frais. Je ne sais pas si c'est
bon ou à quel point. Évidemment, ça dépendrait.
Vraiment, on ne peut pas aller aux pleins frais. Mais à partir du moment
où on augmente les frais de façon sensible, pourquoi ne pas ou
les différencier véritablement ou les normaliser? Parce que, en
ce moment, ils ne sont pas les mêmes dans toutes les disciplines? Ou on
prend une option ou on prend l'autre. Pourquoi des petites différences
de 20 $, 40 $, 50 $ ou 100 $, je crois, dans certaines disciplines?
M. Gendron: Pour donner du travail aux associations
étudiantes.
M. Bernier: L'autre petite chose, pour l'évaluation des
prêts garantis, oui, je suis d'accord avec vous. Je suis sûr que
l'équipe de fonctionnaires du ministère est probablement mieux
outillée que moi pour le faire, surtout qu'avec mes autres
activités ça me laissera peu de temps, mais, si on peut aider
à poursuivre le raisonnement, on le fera.
Vous avez aussi parlé, évidemment, des prêts et
bourses et du travail à temps partiel. Je reviens là-dessus. Je
crois que c'est un problème fondamental à partir du moment
où les étudiants doivent mettre trop de temps au travail à
temps partiel. I! est bon, il est formateur d'avoir à travailler
l'été, un peu, de temps en temps, à temps partiel. Le
problème, c'est trop. À la limite, je dois vous avouer que je
conseille à certains étudiants que je connais, surtout pour leur
première session universitaire de prendre 12 crédits, 4 cours,
pas 15 crédits, surtout s'ils travaillent à l'extérieur.
Il faut les faire comme il faut. À ce niveau-là, peut-être
qu'à l'inverse, si on améliorait encore plus le régime que
ce qui est fait, si on augmente les frais de scolarité de 700 $, mais
qu'en contrepartie la bourse, pour ceux qui en ont vraiment besoin, est
augmentée de 2000 $ ou de 2500 $, ça pourrait diminuer le temps
partiel. Le problème fondamental du temps partiel est en partie la
durée des études, le
mauvais investissement des ressources, mais aussi le type
d'études qui est fait. Je regarde mes amis qui ont fait un bac
général et, malheureusement, je crois qu'ils ont mal investi leur
temps, pour la plupart d'entre eux. Je vois des gens qui ont fait des mineures
et je les regarde après, ils ont plus de difficultés à se
placer sur le marché du travail.
Au niveau des études à temps partiel, je crois plus que ce
sont les cycles courts, les programmes, les certificats - excusez-moi - bidon,
pour financer l'université, qui sont le problème. On fait des
programmes de certificat "at large", on envoie les gens là-dedans et
ça ne leur donne absolument rien après, en termes de progression
de carrière ou vraiment de reconnaissance. Au gouvernement, c'est la
bonne place, vous voyez des gens qui veulent retourner aux études, ils
font un certificat en administration, ça leur est reconnu comme quoi?
Technicien, personnel de bureau? Absolument rien ou presque. Ils ne peuvent pas
devenir professionnels, ils n'ont pas de bac, puis ça ne donne pas
grand-chose de plus, parce que ce n'était pas nécessaire, pour
leurs techniciens en administration et des choses du genre. On envoie les gens
en partie dans le temps partiel dans des études qui ne donnent rien.
Là est le problème plus grand que le fait de prendre plus de
temps à ses études. Ça aussi, c'est un problème
fondamental, parce qu'à ce moment-là on investit mal. Je
préfère avoir des études concentrées sur trois ans
et financées, et voir, les années suivantes, les deux autres
années, l'étudiant gagner un revenu donné d'une personne
universitaire, que de le voir passer cinq ans à temps partiel à
faire un bac, en ayant travaillé au salaire minimum dans la tabagie
à côté ou chez McDonald's. C'est un travail formateur, mais
je crois que, globalement, la société se prive de
développement économique à ce niveau-là, son
potentiel est réduit.
La Présidente
(Mme Hovington): Alors, c'est tout le
temps que nous avions pour M. Bernier.
Est-ce que vous voulez conclure rapidement? C'est fait?
M. Gendron: Je veux remercier M. Bernier de ses
réflexions. Comme il a l'air de bénéficier d'une
expérience dans ces questions-là, s'il veut continuer à
alimenter la réflexion du ministre, en espérant qu'il ait autant
de succès que le groupe qui l'a précédé, bien,
qu'il continue.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le ministre.
M. Ryan: Merci beaucoup, M. Bernier.
La Présidente (Mme Hovington): Au nom des membres de la
commission parlementaire, merci de votre mémoire, M. Bernier.
M. Bernier: Je vous remercie, Mme la Présidente et les
membres de la commission, de m'avoir écouté.
La Présidente (Mme Hovington): J'inviterais, s'il vous
plaît, M. André Juneau et M. Reginald Grégoire à
bien vouloir prendre place. Nous allons suspendre une minute; je crois que vous
avez du matériel à installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 14) (Reprise à 16 h
21)
MM. André Juneau et Reginald
Grégoire
La Présidente (Mme Hovington): Alors, MM. André
Juneau et Reginald Grégoire, vous nous présentez votre
mémoire sous forme de vidéo. Si vous voulez bien prendre la
parole et vous présenter, s'il vous plaît.
M. Juneau (André): Est-ce que, si je parle debout, les
sons sont acheminés vers le micro ou bien s'il faut que je m'assoie?
La Présidente (Mme Hovington): Ça va.
Vous pouvez parler debout.
M. Juneau: Ça va. Comme il n'y a personne ici, je pense
que je ne dérangerai pas l'accès à l'écran.
La Présidente (Mme Hovington): Tout ce que vous direz sera
bien transcrit dans les Débats.
M. Juneau: Un mot d'abord sur les auteurs de ce mémoire
qui vous est présenté. Tous deux, nous avons été
marqués par des expériences dans les mouvements de jeunesse, il y
a quelques dizaines d'années. Tous deux, nous vouons un
intérêt professionnel et personnel à l'égard de
révolution des systèmes et des institutions qui influent sur la
conduite des personnes et sur la qualité de la société.
Tous deux, nous avons une carrière en milieu dit privé, mais
essentiellement tourné vers les milieux publics et parapublics. Tous
deux, nous sommes soucieux, je l'espère, d'une société
toujours en progrès, mais d'un progrès réalisé dans
l'équité pour l'ensemble des personnes qui composent cette
société.
Reginald est l'un des très rares conseillers en éducation
au Québec, me semble-t-il, peut-être le seul. Je veux dire
quelqu'un qui gagne son pain en conseillant en matière
d'éducation auprès du ministère de l'Éducation,
auprès du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle,
auprès des conseils consultatifs d'associations multiples. Il a une
expérience professionnelle très étendue. Il a
travaillé des dossiers depuis la maternelle jusqu'à
l'université, considérant autant les
étudiants réguliers que les adultes. Il s'est
intéressé autant au contenu de l'enseignement qu'à la
pédagogie et aux aspects méthodologiques. Il a travaillé
pendant au moins cinq ans, je pense, à la TELUQ, donc
s'intéressant aux applications de la technologie de l'enseignement.
Pour ce qui me concerne, j'ai été membre, pendant cinq
ans, du comité des programmes du Conseil des universités. J'ai
terminé mon mandat il y a quelques mois. Je suis un ex-membre du conseil
de direction de la Société de développement des industries
et des communications. J'ai une formation universitaire dans le domaine de
l'éducation. Je suis président-directeur général
d'une société-conseil en informatique appliquée, analyse
des systèmes et administration, depuis 1964. Le plus souvent, dans mon
travail, je suis relié à des projets de grande taille.
Ceci étant dit, je passerai à travers ces acétates
qui tentent d'attirer l'attention sur les principaux passages du texte qu'on
vient de vous remettre. Pour éviter des erreurs, on vient de vous
remettre un texte daté du 6 mars et on vous avait fait parvenir un texte
daté du 5 février. Nous avons travaillé depuis ce
temps-là dans l'espoir d'améliorer ce qu'on vous avait
déjà fait parvenir.
En guise d'introduction, disons ceci: Considérés
séparément, les éléments ici utilisés pour
alimenter le schéma "État/individu", un schéma de partage
des droits de scolarité, il n'y a pas grand-chose de neuf, nous
semble-t-ll, là-dedans. L'intérêt réside dans
l'énoncé de règles contraignant la mise en relation de ces
éléments. Le présent schéma refléterait un
type de société plus équitable, espérons-le.
On tombe un petit peu dans des lieux communs ici. Le problème:
les universités demandent plus d'argent. L'État dit qu'il n'en a
pas, ou qu'il n'en a plus; les étudiants et étudiantes
considèrent qu'ils sont incapables de faire face à des droits de
scolarité plus élevés. Le projet gouvernemental
annoncé ne nous paraît pas aussi équitable qu'il devrait
l'être.
Principe inspirateur du schéma, et tout est là, s'il y a
de la valeur dans ce que vous allez entendre, c'est Ici, dans ces cinq lignes,
et, si cela ne vaut pas, tout ce qui suit ne vaut rien.
Les professionnels de formation universitaire, qui ont les revenus les
plus élevés dans cette proposition, paient 100 % du coût
excédentaire de la formation qui leur a permis l'accès à
ces revenus les plus élevés. L'université agit comme
tremplin pour accéder à une situation privilégiée,
et ce tremplin, dans le cas des professions en cause, coûte plus cher que
de plus petits tremplins qui mènent à des revenus moins
élevés. C'est ici que je peux faire remarquer qu'on a entendu
parler, on le disait même tout à l'heure, qu'il pourrait y avoir
des droits de scolarité différents, selon les secteurs
disciplinaires en cause; donc, on va voir comment ça peut se
refléter là-dedans.
Les grandes lignes du schéma. Tous les étudiants paient au
moins 10 % du coût réel des programmes de formation les moins
coûteux. Pourquoi les étudiants paient-ils tous un minimum? Il y
a, parmi les rappels des faits que vous avez entre les mains, un
énoncé qui dit que les revenus sont d'autant plus
élevés que le niveau d'éducation est plus
élevé. C'est un fait enregistré depuis des années
et je pense que, dans l'un des tableaux que vous avez sous les yeux et qui a
été choisi par Reginald - je pense que tu as fait la remise des
tableaux - vous allez voir qu'en première année, au-delà
de l'université, les revenus espérés ou escomptés -
c'est une source américaine, mais c'était celle que nous avions
sous la main - varient entre 17 000 $ ou 18 000 $ américains et 32 000 $
ou 33 000 $ pour Mechanical Engineering, je pense, aux États-Unis.
Donc, si, d'aller à l'université, dans l'ensemble,
ça récompense les gens, les individus, il nous semble que tous
devraient faire un peu leur part et, en ce sens, tout le monde paierait au
moins 10 % du coût réel des programmes de formation les moins
coûteux. Tous paient un minimum, mais les 40 % d'étudiants
inscrits dans les programmes de formation les plus coûteux paient en
principe - il faut noter "en principe" - 100 % de tout ce qui excède le
coût des programmes de formation les moins coûteux. Bien sûr
qu'on évoque des dizaines de milliers de dollars, mais je pense que la
conséquence du principe qui a été évoqué
tout à l'heure nous conduit à ces montants dont il est question.
Donc, les 40 % des étudiants inscrits dans les programmes de formation
les plus coûteux paient, en principe, 100 % de tout ce qui excède
le coût des programmes de formation les moins coûteux.
Les emprunts contractés pour paiement de droits de
scolarité par les 40 % d'étudiants sont remboursables, et c'est
ici qu'il y a peut-être un inédit, je ne sais pas trop - on n'a
pas entendu tout ce qui a été présenté ici - sont
remboursables à même les revenus excédentaires qu'ils
réaliseront. On va voir un acétate, tout à l'heure, qui va
nous permettre de comprendre ce qu'on entend par revenus excédentaires:
pas de revenus excédentaires, pas de remboursements. Si la situation
n'est pas privilégiée, il n'y a pas de remboursement des
coûts excédentaires qui ont permis l'accès à
l'orientation professionnelle en cause. (16 h 30)
Illustrons ça tout de suite à l'aide de quelques figures.
Il faut remarquer ici que les chiffres qui sont derrière les graphiques
ne correspondent pas à des données réelles: on ne les
avait pas, les données réelles, mais ces données sont
plausibles, vraisemblables. Qu'est-ce que j'ai mis là? C'est
ça.
Voici une courbe, un histogramme où on a distribué les
diplômés selon le coût moyen croissant de leur
formation.
Une voix: L'échelle... M. Juneau: Pardon?
Une voix: L'échelle n'est pas à la bonne place.
M. Juneau: O. K. Vous avez ici le coût de toute ta
formation, pas le coût d'une année, un bac en sociologie, une
maîtrise en génie civil, etc., le coût total de fa
formation. Si je distribue les diplômes selon le coût moyen
croissant de tous les diplômés d'une cohorte, par exemple, celle
de 1991, on petit se retrouver devant quelque chose qui ressemble à
ça. Vous auriez à peu près 60 % des diplômés
dont le coût de formation totale pourrait correspondre à environ
30 000 $. Le budget des universités serait autour de 1 000 000 000 $ et
quelque chose, de 1 500 000 000 $ et il y aurait 150 000... Pardon?
M. Gendron: Juste une seconde, Mme la Présidente, si on
peut vous demander de la tasser encore parce qu'on ne voit pas les
montants.
M. Juneau: Ah! Je m'excuse.
M. Gendron: Merci. Parce que ça, c'est du fric de 0
à 50? C'est de l'argent, ça?
M. Juneau: Beaucoup d'argent, monsieur. M. Gendron: Parce
que 50, c'est 50 000 $.
M. Juneau: Oui. Combien coûtent certaines formations au
niveau du doctorat, dans le domaine du génie, des sciences
appliquées, de la médecine, ça ne m'étonnerait pas
qu'on voisine les 150 000 $. Sept ans, dix ans d'études, trois ans de
bac, six, sept ans de doctorat, je pense que ces chiffres-là sont
plausibles et vraisemblables. Donc, vous avez... Si on distribue par ordre de
croissance des coûts, on peut avoir 60 % des diplômés dont
le coût de revient de la formation qu'ils ont reçue serait
actuellement autour de 30 000 $. Pourquoi dire 30 000 $? Si c'est 10 000 $ par
année comme on le soulignait tout à l'heure et puis que ça
dure trois ans, le bac de 90 crédits, je ne parie pas du génie
qui est de 105 ou 110 crédits, donc, on serait autour de 30 000 $.
Après ça, vous avez des formations plus coûteuses parce que
ça dure quatre ans, parce que le contenu disciplinaire commande des
équipements beaucoup plus coûteux qu'en science politique ou en
sociologie ou en théologie ou en lettres, en littérature et,
après ça, ça monte considérablement.
Donc, il a été admis, je pense, d'emblée, sans
discussion, que le coût réel de formation ou de dispensation des
formations dans les divers secteurs disciplinaires varie
considérablement.
Nous serions en face de quelque chose comme ça si on pouvait en
1991 distribuer le coût de la formation des diplômés de ta
cohorte de 1991. On aurait des gens qui auraient coûté 30 000 $
pour être formés, 20 % qui auraient coûté
peut-être 40 000 $, 5 %, 50 000 $, d'autres, 70 000 $, d'autres, 100 000
$ et d'autres, 150 000 $.
Que propose-t-on dans ce qu'on a dit tout à l'heure dans les
énoncés? L'État apporte une aide fixe à tous les
étudiants correspondant à 90 % du coût de revient des
programmes de formation les moins coûteux. Si, par hypothèse, les
cours de formation qui rejoignent 60 % de la masse étudiante
coûtent 30 000 $, 90 %, ça fait 27 000 $. Donc, tout ce qui est
au-dessus de 27 000 $, c'est assumé par l'individu. Donc, l'État,
pour reprendre la chose, 90 % du coût de revient réel des
programmes de formation les moins coûteux, et l'individu, tout
l'excédent. Si on se remémore la courbe qui vient d'être
présentée, tout l'excédent c'est donc tout ce qui est
hachuré ici, ce qui est, pardon, en petits points ici. C'est là
que vous avez l'excédent, c'est donc dans l'ensemble, visuellement, une
masse d'argent significative. Appelons coût excédentaire tout ce
qui est au-dessus de 30 000 $, c'est-à-dire le coût de revient de
la formation des programmes les moins coûteux ces coûts-là
vont de 30 000 $ à 150 000 $. Il est proposé que l'individu
assume ça. Avec quoi va-t-il payer?
Considérons maintenant autre chose. Il a été dit
moult fois qu'on devrait considérer les revenus espérés,
les revenus escomptés ou les revenus qu'un type de société
attribue, en quelque sorte, ou fait accompagner l'exercice d'une profession.
Imaginons que l'on projette la distribution du revenu des professionnels en
partant de ceux qui gagnent le moins jusqu'à ceux qui gagnent le plus.
On aurait quelque chose qui ressemble à ça. Vous avez des gens
qui gagneraient moins de 30 000 $ - vous avez ici l'échelle de
référence - d'autres 25 000 $, un bon nombre à peu
près 30 000 $. Les 30 000 $ qui sont ici et les 30 000 $ dont on parlait
tout à l'heure, c'est accidentel. Et après ça, vous avez
des gens qui gagnent plus: 5 %, 5 %, 5 %, 5 %. Vous aurez remarqué ici -
vous ne le voyez sans doute pas de l'endroit où vous êtes - qu'il
s'agit, dans cette simulation, de l'année 1996. C'est cinq ans
après la cohorte de 1991. C'est donc une distribution des revenus des
professionnels de qualification universitaire.
Voici la définition des revenus excédentaires. Si nous
constatons que les 60 % qui sont inscrits dans les programmes les moins
coûteux gagnent environ, en moyenne, 30 000 $ par année, tous ceux
qui gagnent plus sont dits privilégiés par rapport aux autres, et
ils touchent des revenus excédentaires qui vont de 30 000 $ à 110
000 $. Ici, ce n'est pas de la fiction, c'est de la simulation. Donc, le revenu
excédentaire est ce revenu qui est au-delà du revenu
touché
par les professionnels qui proviennent des programmes de formation les
moins coûteux.
Comment l'individu qui a emprunté pour défrayer ses droits
de scolarité rembourse-t-il? S'il a un revenu au-delà du niveau
moyen de celui touché par les 60 % qui gagnent moins, il rembourse; s'il
a moins, il ne rembourse pas. Donc, ce n'est pas une dette qui ne
s'éteindra jamais dont nous parlons - et on va le voir un petit peu plus
loin - c'est une dette dont le risque de paiement est entièrement pris
par l'État. Il y a de grosses sommes d'argent en cause mais les risques
portés par l'État sont là, et l'individu consent à
remettre à l'État ce qu'il en a coûté pour sa
formation en sus de ce qu'il en a coûté aux autres. Ce n'est pas
un système de redistribution de la richesse. L'individu paie pour ce
qu'il en a coûté pour lui. C'est différent du
système de l'impôt. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de valeurs dans
le système de ceux qui ont proposé un impôt sur les
salaires pour faciliter le financement des universités, mais ici
l'individu paie pour ce qu'il lui en a coûté à lui pour
accéder à ses revenus supérieurs, et toute la dette n'est
payée que par les revenus excédentaires. Pas de revenus
excédentaires, pas de remboursement de dette. Mais, comme on a tous
examiné les faits depuis des dizaines d'années, on a affaire
à des phénomènes structurants. Si on était
partisans, tout ce que nous en sommes, d'une société très
égalitaire, socialisante, en nivelant les droits de scolarité,
nous nivellerions la récompense du travail. Or, on n'est pas encore, et
pour plusieurs dizaines d'années, dans une société
où on va niveler la récompense du travail chez les
professionnels. Il y a des bonnes différences, comme les documents que
vous avez entre les mains le montrent, et comme tout le monde le sait. Si tel
est le cas, ceux qui gagnent plus et qui peuvent le faire en vertu de
programmes plus coûteux de formation qu'ils ont reçus remboursent
donc leur dette à partir de l'excédent de revenu qu'ils ont. Pas
à partir de leur revenu qui correspondrait à celui de tout le
monde, entre guillemets, qui serait celui des 60 % à 65 % des gens. Tout
est là, d'une certaine façon, dans notre proposition. Le reste,
ce sont des accommodements non négligeables, mais l'essentiel de cette
proposition, c'est là-dedans. Notre société
prépare, à travers le canal universitaire, un groupe de
privilégiés, en investissant davantage dans ce groupe par
comparaison avec les investissements que cette même société
fait dans d'autres groupes. En conséquence, ces individus
privilégiés paient ce qu'il en a coûté pour avoir
accès à cette situation privilégiée. Pas de
situation privilégiée, pas de remboursement.
La Présidente (Mme Hovington): II faudrait
accélérer un petit peu votre présentation, parce que vous
avez déjà pris 15 minutes.
M. Juneau: Grandes lignes du schéma: ces emprunts
pourraient être réduits dans certains cas. Au terme d'une
période déterminée, qui pourrait varier selon le cycle
d'études, tout solde d'emprunt dû est radié. C'est
archi-important, cet article. Les divers paramètres du schéma
seraient déterminés de manière à accroître la
contribution des étudiants privilégiés de 150 000 000 $
à 250 000 000 $ par année. Remarquez, c'est dans les grandes
lignes du schéma, que, si c'est écrit là, c'est là
comme une contrainte. On ne fait pas un système pour aller chercher 2 %
ou 3 % de plus, ça ne serait pas une véritable réforme. Il
me semble que se pencher sur cette question, c'est modifier un petit peu en
profondeur et aller chercher au-delà de 10 % d'argent neuf.
Les effets globaux. On aurait à peu près 65 % des
étudiants qui ne paieraient qu'un minimum de droits de scolarité
inférieurs à celui envisagé par l'État à
court terme, lequel État envisage des droits uniformes pour tout le
monde. Ici, pour 65 %, les droits seraient moindres que ceux envisagés,
pas en septembre cette année, mais en septembre l'année
prochaine. On aurait environ, au meilleur de notre expérience des grands
systèmes, 15 % des étudiants au-delà du minimum
imposé à tous qui verraient leur dette en partie réduite
ou radiée. On aurait 20 % des étudiants qui paieraient 100 % du
coût excédentaire de leur formation. Ce qui ferait que 150 000 000
$ à 250 000 000 $ de plus par année proviendraient de moins de 40
% des étudiants. La masse des 40 % contribue chaque année pour
150 000 000 $à250 000 000 $ de plus.
Il y a toute sorte de points, on n'aura pas le temps de les travailler,
mais je pense que c'est uniquement pour signaler que nul doute que quand on se
penche sur un système comme ça, les étudiants à
temps partiel, les étudiants inscrits à la maîtrise ou au
doctorat, les étudiants qui auraient trop payé en droits de
scolarité, le cas des étudiants provenant de l'extérieur
du Québec, d'autres cas...
Ça termine l'essentiel de cette présentation. Je passerais
aux questions.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. Juneau. M. le
ministre ou M. le député de Verdun, au départ? M. le
ministre, allez-y.
M. Ryan: J'aurais peut-être seulement une question à
vous poser. J'écoutais avec intérêt cette
présentation qui arrive- assez tardivement, parce que nous avons
déjà publié les orientations du régime d'aide
financière aux étudiants, dès le mois d'avril dernier.
Nous avons fait connaître les décisions du gouvernement relatives
aux frais de scolarité en décembre. Nous sommes à
l'étape, très bientôt, du débat sur le principe du
projet de loi, puis, ensuite, la mise en oeuvre de ces mesures à compter
de l'année 1990-1991. C'est un régime qu'on devra étudier
attentivement en vue d'une autre étape qui pourrait être
envisagée,
peut-être dans deux ou trois ans, je ne le sais pas. Mais Je pense
bien que, cette année, nous autres, il faut fonctionner. Et je vous pose
une question à ce sujet-là. (16 h 45)
Au point de vue financier, qu'est-ce que ça implique, votre
projet, comme charge additionnelle pour l'État, pour chacune des cinq
prochaines années?
M. Juneau: Charge additionnelle?
M. Ryan: Oui. Parce que là vous dites que l'État va
financer, par exemple, 90 % du coût moyen des études, pour tous
les étudiants dont le coût des études est à
l'intérieur de la moyenne, par exemple.
M. Juneau: Bon, pour moi, il n'y en a pas de charge
additionnelle. Il est indiqué, dans l'introduction ou dans le
problème quelque part, que l'État dit qu'il n'a plus d'argent
dans ses coffres, si vous vouiez. Le surplus qui peut arriver, qui peut
être injecté dans les milieux universitaires proviendrait des
étudiants. L'argent neuf, l'argent neuf viendrait des 40 %
d'étudiants. Donc l'État, dans ce schéma-là...
C'est comme ça que le problème a été posé,
l'État n'a plus beaucoup d'argent pour mettre dans les
universités et, présumément, il faudrait plus d'argent.
Cet argent viendrait des étudiants, non pas des 65 % d'étudiants
qui se forment à travers les programmes les moins coûteux, mais
des 40 % dont les programmes sont plus coûteux, qui sont les plus
coûteux et qui rémunèrent le plus lorsqu'on passe au stade
de la carrière, à l'exercice de la profession. Donc, c'est fait
pour plus que freiner, si l'on peut dire, c'est fait pour mettre un
holà, si l'on peut dire, à l'investissement de l'État dans
les universités pour que des bénéficiaires bien
désignés, incontestablement bénéficiaires,
apportent leur juste part au coût de revient de ce dont ils
jouissent.
En passant, M. le ministre, cette proposition, si elle allait être
examinée, est compatible avec ce qui a été annoncé
à court terme. On parie de 800 $. Ici, ça mènerait
peut-être entre 800 $ et 1000 $. Il y aurait une rentrée
légèrement supplémentaire de fonds si les étudiants
faisaient face au coût réel de 10 % du coût de leur
formation.
M. Ryan: J'ajouterai seulement qu'au cours de la prochaine
année nous allons étudier le coût réel par
discipline. La formation...
M. Juneau: J'ai essayé de la cueillir, mais je n'ai pas
été capable de l'obtenir.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Nous avons déjà des
données, mais il faut les affiner davantage. Lorsque nous aurons
précisé ces coûts, là, nous serons en mesure de
regarder ceci de plus près.
M. Juneau: Oui.
M. Ryan: II peut arriver que, à un moment donné,
certaines des idées que vous avez émises viennent rejoindre les
préoccupations du gouvernement.
M. Juneau: En 1964-1965, M. le ministre, à mes oreilles,
parce que je m'étais penché là-dessus, à peu
près, déjà, la formation en médecine coûtait,
semble-t-il, autour de 100 000 $. Donc, qu'il y ait des formations, soit en
médecine, soit en génie, au niveau des doctorats, au niveau
même des maîtrises, qui atteignent 100 000 $, 125 000 $, incluant
ou excluant les investissements, quand on parle des coûts réels,
on peut convertir en valeur annuelle le capital. Donc, je n'ai aucune
hésitation à penser que le coût de formation de bon nombre
de disciplines se rend à 70 000 $, se rend à 100 000 $ pour
quatre ans, pour cinq ans, pour sept ans. Les doctorats, ce sont six, sept ans.
Les maîtrises, on veut bien les limiter à 45 crédits, puis
une année et demie, mais ce sont trois ans, quatre ans, etc.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député de Verdun, vous avez une question.
M. Gautrin: Je veux dire que j'ai été
intéressé par votre exposé, mais ça me
soulève un certain nombre de questions. La première c'est que,
vous prenez comme prémisse que plus les gens sont diplômés,
meilleur est leur revenu. Ce n'est pas vrai dans toutes les disciplines. Vous
connaissez certainement l'étude de l'Association canadienne des
physiciens où les diplômés avec un baccalauréat vont
gagner plus que ceux qui auront terminé avec une maîtrise et plus
que ceux qui auront terminé avec un doctorat. Pourquoi? Parce qu'ils ne
travaillent pas dans les mêmes champs d'activités, bien sûr.
Ça, c'est une chose.
Si on appliquait votre modèle, on aurait tendance à
vouloir ne pas favoriser les études de deuxième cycle ou de
troisième cycle. Parce que les études de deuxième et de
troisième cycles n'entraînent pas nécessairement des
revenus plus élevés.
M. Juneau: II y a une valve de sécurité dans le
modèle si vous avez bien observé. Si les gens, effectivement,
n'ont pas de revenus plus élevés que ceux qui sont touchés
par les 60 %, ils ne paient pas. Donc, ça tient compte du fait que la
corrélation n'est pas parfaite.
M. Gautrin: La définition du revenu excédentaire,
c'est quoi, votre définition exacte?
M. Juneau: Les gens, les 60 % qui ont fréquenté les
programmes de formation les moins coûteux, et vous pouvez peut-être
avoir là-de-
dans des maîtrises, peut-être qu'une maîtrise en
lettres coûte moins cher qu'un bac en génie informatique,
peut-être...
M. Gautrin: Excusez-moi, la définition que vous donnez du
revenu excédentaire, c'est quoi?
M. Juneau: Ce sont les revenus qui sont au-delà des
revenus touchés par les professionnels dont la formation correspond aux
secteurs disciplinaires les moins coûteux.
M. Gautrin: Bon. Réellement, j'aimerais débattre
ça plus longtemps. Je ne sais pas si on a assez de temps parce
que...
La Présidente (Mme Hovington): Non, nous n'avons pas assez
de temps. Votre temps est déjà écoulé, d'ailleurs,
M. le député.
M. Gautrin: Bon. Mais vous avez des distorsions, je ne suis pas
d'accord avec vous là-dessus, je suis à peu près
sûr...
M. Juneau: Pardon?
M. Gautrin: Malheureusement, on n'a pas assez de temps pour
débattre cette question qui est intéressante sur le plan
intellectuel. Je pense que je vais laisser...
La Présidente (Mme Hovington): Alors, la parole est au
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Bien écoutez, moi, je veux sincèrement
vous remercier. Je suis vraiment impressionné par cette nouvelle formule
que je voudrais apprécier davantage. Sans prétention, il
m'apparait, en tout cas au niveau des principes, que je la comprends. Quand
vous dites que, dorénavant, 40 % des étudiants assumeront les
coûts excédentaires au-delà du coût moyen qui, fui,
est assumé par l'État, il faudrait que je sois capable de
visualiser ce que ça représente, comme masse d'argent, le
financement de... Autrement dit, les 40 % qui auront à payer les
coûts excédentaires, que je pense bien comprendre, parce que vous
dites que pour la base ça coûte tant, on l'établit, puis
vous l'avez définie - en tout cas, si on se réfère au
schéma que vous nous avez donné - il y a moyen de comprendre ce
que vous qualifiez comme "coûts excédentaires", mais je ne suis
pas capable de visualiser - ma question, c'est d'essayer de visualiser - la
masse d'argent que ça pourrait coûter aux 40 %.
M. Juneau: 150 000 000 $à250 000 000 $.
M. Gendron: Moi, j'avais compris que c'était l'argent que
vous tiriez par cette formule-là.
M. Juneau: Oui, c'est ça, mais d'où vient-il,
l'argent? Il vient des 40 % seulement.
M. Gendron: Exact. Donc, ça, comme masse d'argent,
ça représente...
M. Juneau: Ça fait 150 000 000 $ à 250 000 000 $
par année.
M. Gendron: O.K. Bon, revenons avec une application
concrète, pour voir. Supposons que je suis l'un de ceux qu'on qualifie
comme ayant bénéficié d'une formation...
M. Juneau: Plus coûteuse.
M. Gendron: ...plus coûteuse que la moyenne, donc, je suis
dans ce 40 %, et j'essaie d'appliquer le coût que ça
représenterait pour moi de rembourser la formation excédentaire
que j'ai eue et qui, par voie de conséquence, me permet de faire plus
d'argent. Sur une base de... Parce que, si on prend votre exemple de cohorte,
c'était 1991 -1996...
M. Juneau: C'est-à-dire qu'il y avait des
diplômés en 1991 et on a imaginé les voir travailler en
1996.
M. Gendron: Ça va. Alors, je commence à travailler
en 1996, ça me coûte combien, moi, personnellement, si je suis
dans cette fourchette? Combien vais-je rembourser à l'État? 10
000 $, 20 000 $.30 000 $.40 000 $?
M. Juneau: J'ai donné un exemple, dans les six exemples du
texte que vous avez sous les yeux, où les individus pouvaient devoir 123
000 $...
Une voix: Page 7.
M. Juneau: ...quelque 60 000 $...
M. Gendron: O.K.
M. Juneau: ...et, dans le modèle, il est indiqué
que c'est remboursé avec les revenus excédentaires, mais qu'au
terme de dix ans - Pourquoi? Pour en finir avec des dettes - on éteint
tout ce qui subsiste comme dette. Dans de petits exercices, là, vous
avez, dans les effets globaux, 15 % d'étudiants qui, ayant
contracté une dette, ne l'honorent pas à 100 %. Pourquoi? Pas
parce qu'ils ne sont pas bons, mais parce que notre société veut
même encourager et être prête à ne pas dissuader,
comme c'est dit dans le texte... Par exemple, un étudiant qui aurait
fini en médecine et qui voudrait aller travailler en médecine
sans frontière et qui ne ferait pas plus d'argent qu'un professeur de
classe élémentaire. Il le ferait pendant dix ans. Il
rembourserait quoi? Rien. Est-ce que l'État va les toucher, ces
150 000 000 $ à 250 000 000 $? Bien, quand on observe ce qui
s'est passé depuis des dizaines d'années, oui, il va les
toucher.
M. Gendron: Moi, ce qui m'avait frappé au départ,
puis j'aimais ça, mais plus je le regarde, plus ça me fait peur,
alors je vérifie si je comprends mal, vous dites que 66 % des
étudiants ne paieraient qu'un minimum de droits de
scolarité...
Une voix: Oui.
M. Gendron: ...inférieur à celui envisagé
par l'État. Et là, moi, je dis...
Une voix: Pas par le projet.
M. Gendron: C'est ça.
M. Ryan: 10 % de 9000 $, disons.
M. Juneau: Disons qu'en 1991 ce serait 10 000 $ par année
le coût moyen pour les 60 % d'étudiants inscrits dans les
programmes de formation les moins coûteux. Mais, là-dedans,
l'État paierait 9000 $ sur 10 000 $ ou bien, dans les exemples, 27 000 $
sur 30 000 $ si le programme dure trois ans pour un cours de
baccalauréat, l'État paie 27 000 $, l'étudiant paie 3000 $
pour les trois ans, n'est-ce pas? Donc, déjà, on a
annoncé, pas pour cette année, pour les années qui
viennent, des sommes pour tout le monde, qui sont au-delà des 10 %. Dans
ce sens-ci, si vous voulez, c'est différent comme formule parce qu'on
fait porter par ceux qui vont jouir de l'investissement le coût de cet
investissement-là, tandis que dans la formule universelle, comme l'ont
dit des analystes et des critiques - ce n'est pas de moi l'expression, comment
ont-ils dit ça - c'est la livreuse de pizzas qui paie pour la formation
du médecin. Donc, il y a un peu de ça et, là-dedans, il me
semble qu'on surmonte cet obstacle-là. Celui qui paie, c'est celui qui
gagne en surplus des autres, pas celui qui espère gagner en surplus des
autres, mais celui qui gagne effectivement plus que les autres.
M. Gendron: Ça va. Chez nous, c'est plutôt des
livreurs de pizzas que des livreuses, mais ce n'est pas grave. Mais 65 % des
étudiants ne paieraient qu'un minimum de droits de scolarité,
vous dites, inférieur de celui envisagé par l'État
à court terme, je comprends ça. Ce que je voudrais figurer
visuellement, pour ces 65 % d'étudiants qui ne paieraient qu'un minimum
de droits de scolarité, ce minimum de droits de scolarité
s'établirait à combien à peu près en moyenne?
M. Juneau: Je pense que ça rejoint les montants dont on
parle présentement. Si c'est juste... Les chiffres me manquent, M. le
député, je pense que jusqu'à maintenant, c'est à
peu près 10 000 $ le coût moyen parce que... Est-ce que le budget
est autour de 1 500 000 000 $? S'il y a 150 000 étudiants, on arrive
à un coût moyen de 10 000 $, mais, là-dedans, vous avez les
formations les plus coûteuses et...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Juneau: ...les formations les moins coûteuses. Donc,
c'est peut-être légèrement en bas. Donc, les 10 %
rouleraient peut-être autour des 800 $ qui sont annoncés pour
septembre, à l'oeil.
M. Gendron: Bien, si on me dit que c'est 9000 $, c'est à
peu près ces chiffres-là. Vous dites vous, M. le ministre, que
c'est 9000 $, le coût de formation?
M. Ryan: Je dis que c'est 8900 $, mais comprenant les disciplines
plus coûteuses. Ça veut dire que la moyenne...
M. Juneau: C'est ça.
M. Ryan: ...pour les 60 % dont il parie serait probablement
autour de 7500 $, 7000 $.
M. Juneau: C'est ça.
M. Ryan: Donc, ça rejoindrait pas mal nos vues.
M. Juneau: Ça coûterait moins cher pour tout ce
monde-là.
M. Ryan: C'est encore trop cher pour lui. M. Gendron: Non, je
prendrai mes décisions. M. Ryan: S'il s'est gelé dans le
gel, lui...
M. Gendron: Vous avez dit que c'était tantôt la
conclusion, M. le ministre.
M. Ryan: il s'est emprisonné dans le gel, lui.
M. Gendron: Non, je ne me suis pas emprisonné pantoute. Je
suis bien à l'aise, bien en forme et une bonne réflexion.
M. Ryan: Mais il y a une chose que je voudrais vous signaler, si
vous me le permettez. Votre projet ne touche que les frais de scolarité.
11 n'embrasse pas les autres besoins et dépenses de l'étudiant.
Alors, là, si, au chapitre des droits de scolarité seulement
certains étudiants se retrouvent avec une dette qui va chercher
au-delà de 100 000 $ en plus de ce qu'ils devront emprunter pour parer
à leurs autres besoins,
lesquels sont très coûteux aussi, ça devient une
proposition qui commence à être assez onéreuse pour
certaines catégories d'étudiants, vous ne trouvez pas?
M. Juneau: C'est une longue réflexion, M. le ministre.
Est-ce que ces montants dont on parle, ça ne commence pas à
ressembler un petit peu au coût d'une maison? Il y a des maisons à
60 000 $, il y a des maisons à 50 000 $, il y a des maisons à 110
000 $. Donc, pour celui qui se loge dans la maison à 120 000 $...
Ça ressemble un peu à sa première maison. Pour avoir
accès tout le restant de sa vie à des revenus que les autres
n'ont pas, est-ce que de se payer une première maison et de la perdre,
ça en vaut la peine? Je croirais que oui, encore. C'est vrai que c'est
beaucoup plus d'argent qu'actueliement, mais on s'est aventurés dans
cette situation coûteuse pour tout le monde, alors que les
bénéficiaires bien ciblés sont moins nombreux que tout le
monde.
M. Ryan: Oui, mais il y a une autre chose que vous ne devez pas
oublier. C'est que la personne qui a fait des études dont le
résultat va être plus rémunérateur pour elle va
payer des impôts plus élevés. Indépendamment de
votre projet, celui qui va arriver à 100 000 $ par année
après trois ans d'études, va payer tout de suite des impôts
de l'ordre de 40 000 $ à 45 000 $ par année. S'il a en plus
à rembourser des obligations aussi lourdes que celles dont vous parlez,
ça ne sera plus très intéressant de faire des
études.
M. Juneau: M. le ministre, il va toujours être aussi bien
traité dans le modèle que les 60 % à 65 %. Il est
assuré de ça dans le modèle. Il est toujours au-dessus ou
au moins aussi élevé que les 60 %. Le modèle est fait
comme ça.
M. Ryan: Je comprends, mais à mon point de vue, ce n'est
pas une réponse satisfaisante parce que, si tout le continent est d'avis
que tel genre d'activités professionnelles justifie une
rémunération à tel niveau, ce n'est pas seulement par des
mécanismes compensateurs qu'on va convaincre les gens, au Québec,
de se contenter de l'égalité, s'ils sont en génie ou en
médecine, avec les gens qui ont fait de l'histoire ou de la
sociologie.
M. Juneau: Pour quelques années seulement. Et au
plus...
M. Ryan: Oui, mais ça peut durer cinq ou dix ans.
M. Juneau: ...un certain nombre d'années
déterminé par la loi. Au terme de cette période-là,
il y a radiation automatique de tout solde débiteur.
M. Ryan: En tout cas, on va l'examiner mais, dans
l'immédiat, j'aime mieux marcher avec notre projet. Mais on va
l'examiner attentivement pour le moyen ou le long terme. Mais pour le court
terme, non, je vous le dis franchement.
M. Juneau: D'abord, ça prend un certain temps pour monter
cette mécanique-là.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Juneau: Et ce n'est pas...
M. Ryan: Je vais demander...
M. Juneau: On tient compte des revenus des divers secteurs
disciplinaires...
M. Ryan: C'est ça.
M. Juneau: ...des diverses professions. Mais ça
s'administre. C'est un système... C'est indiqué dans la
dernière version du papier que vous avez. Je pense que c'est moins
compliqué que les systèmes d'impôt, que beaucoup de
programmes que nous avons dans les institutions financières. Ce n'est
pas simple, simple, ce système-là, mais il serait le reflet - j'y
reviens parce que ça a été là un de nos soucis -
d'une société plus équitable parce que ceux qui sont
appelés à gagner au-dessus des autres paieraient ce qu'il en
coûte pour y arriver.
M. Gendron: Est-ce que vous croyez que, ce système, il y a
une société à quelque part dans le monde qui s'en
approche?
M. Juneau: Je ne peux pas vous dire s'il y en a ou s'il n'y en a
pas. Il me semble que je n'ai pas vu, dans ma vie ordinaire, de choses qui
mettaient en relation... Quand j'indiquais, au début...
M. Gendron: Donc, vous devriez breveter ça au plus
maudit!
M. Juneau: ...que les éléments ne sont pas neufs et
que c'est la mise en relation qui est peut-être nouvelle, ce n'est pas
l'impôt à rebours, mais, auprès d'une certaine partie des
bénéficiaires de ces cours, c'est dire: vous allez payer pour ce
qu'il en a coûté pour vous.
La Présidente (Mme Hovington): C'est tout le temps dont
nous disposions. M. Juneau, M. Grégoire, au nom des membres de la
commission de l'éducation, merci beaucoup de votre présentation
très intéressante.
M. Juneau: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. Juneau. Nous
allons suspendre une minute avant
d'en arriver aux conclusions des travaux de la commission.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 7)
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation doit poursuivre ses travaux. Si les membres veulent bien
prendre place.
M. le ministre, je pense que je vais vous inviter à bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît. La commission va reprendre ses travaux.
La commission de l'éducation termine aujourd'hui sa consultation
générale dans le cadre du projet de loi 25. La commission a donc
reçu et entendu 40 mémoires au cours des audiences publiques.
Conclusions
Nous sommes rendus aux remarques finales. Il a été entendu
entre les partis que le député Indépendant, le
député de Jacques-Cartier, aurait dbc minutes pour
présenter sa conclusion, le porte-parle de l'Opposition, 30 minutes, de
même que M. le ministre, 30 minutes. La parole est donc au
député de Jacques-Cartier, pour les remarques finales, dans le
cadre des travaux de la commission de l'éducation. M. le
député, vous avez dix minutes.
M. Cameron: Combien de minutes? La Présidente (Mme
Hovington): Dix. M. Neil Cameron
M. Cameron: O.K. Merci. Mme la Présidente, d'abord, je
devrais faire mes "apologies" d'être arrivé un peu tard
aujourd'hui et aussi parce que je donnerai mes remarques finales
entièrement en anglais. En ce moment, je souffre de mal de gorge et la
combinaison de mon accent, ma laryngite et mes erreurs possibles, on peut dire
probables, pourraient détruire l'essentiel de mon discours. J'essaierai
d'employer plus la langue française dans le futur.
The issue of financial aid to students, as many of the briefs submitted
show, is not just one of a division of opinion between impoverished students
and impoverished government. The cause of the present problem can be traced
back to the large general changes which is taken place in Québec
society, over the last three decades. And it is only by looking at the nature
of some of these changes, and their often unexpected effects that we have much
chance of finding a permanent solution that will serve both the interests of
the students and the interests of Québec society at large.
As I have already commented in my opening remarks, the government's case
for increasing student fees is unanswerable, for reasons that have already been
discussed at length. The students organizations and other sympathetic groups,
on the other hand, are quite correct in noting that the cost of higher
education, particularly of an extended program of university studies, is
already quite horrendous, that all the evidence suggests that the cost is going
to become even greater in the future and that, at the same time, the present
steps being taken by the Government to change the system of loans and bursaries
will not solve the problem for many students. They also anticipate, probably
correctly, that things are going to get even tougher in future years.
Above all, the immediate difficulties faced by students are only part of
a much larger problem: with the general financing of college and university
education in the coming decades. We hear cries of lamentation from the college
and university administrators as well. All our institutions of higher education
are starved for funds and are already being forced to cut many important
programs and deal with Increasing deterioration of facilities. Similar
lamentations are being heard today throughout Canada and United States.
Much of this is an inevitable consequence of the attempts by governments
everywhere to restrain general spending, because of the staggering level of
debt that has grown everywhere over the last fifteen years. But even so, both
students and the general public are quite naturally both alarmed and puzzled by
the severity of the squeeze on higher education, especially when they are also
being told that all governments must maintain their educational commitments,
not just for the cultural enrichment of society, but to provide a skilled
population which can compete in the struggle for economic survival.
Government leaders will point out, of course, that they must mediate the
claims of education with other financial needs of the poor, the unfortunate,
the sick, the elderly, the unemployed. They are also bound to point out that,
compared to these, administrators, professors and even students are a
relatively privileged group. Furthermore, as all Western societies are steadily
getting much older than they were a couple of decades ago, the academic
population is likely to remain static, or shrink as a proportion of the general
population, so that it has less political clout.
They can also claim with some justice that a staggering amount of money
is being spent on education already. Even measured in constant dollars,
Québec and other governments spend billions of dollars more than they
did only a few years ago. Yet, even when all these facts are recognized, there
is widespread dissatisfaction in the general public, and with good reason. They
are constantly told about actual increases in
educational expenditure and just as often about actual deterioration in
the system as a whole. It is surely time for a fundamental reconsideration of
how and why this is happening, rather than restricting ourselves to an annual
exercise in juggling the relative contribution of student fees, loans and
grants to the colleges and universities.
The central cause of the developing crisis in higher education is that
the methods used in training, hiring, compensating and protecting academics are
almost the same as they were a quarter of a century ago, when these were quite
manageable financially, while the demographic consequences of the baby boom and
baby bust have now made these procedures unjust, inequitable, ruinously
expensive and apparently uncontrollable. For example, in the mid-1950's, there
were only about 60 000 university students in all of Canada, taught by a few
thousand professors who received salaries, in constant-dollar terms, that were
less than half what they average at present. That most of these professors
enjoyed tenure, a permanent guaranty of their position was the recognized way
of protecting the independence and freedom of their teaching and research, and
the principle scarcely concerned most citizens. (17 h 15)
But in the 1960's, as collégial education came to be regarded as
an entitlement rather than a privilege and even the most advanced university
studies were undertaken by a much larger proportion of the population than had
ever been the case in all previous history, the college and university
population of Canada began climbing into the hundreds of thousands, the
population of college teachers, professors and administrators, into the tens of
thousands. In Québec as elsewhere, the hiring of new young academics
took place on a staggering scale between the publication of the Parent
Committee Report and about 1975. A huge proportion of this immense strive of
academicis have now enjoyed tenure for a decade or more and even with very
modest annual salary increases, they cost more every year.
Québec society and Government would not have had any difficulty
sustaining this remarkable phenomenon had post 1965 birthrates continued at the
1945-1965 level. Had that happened, for good or ill, there would now be well
over ten million Quebeckers who would be providing both the tax revenues and
the new students and young teachers to keep the whole system moving onward. But
the combination of the leveling of the population at well under 7 000 000 and
the automatic cost increases built into the system of tenured baby boom
academics instead produce the present squeeze, which will get worse and worse
every year for another two decades, unless we start doing something about it
now.
I believe there is one possible solution to this problem, which is to
recognize that academic seniority is now an asset, as real an asset for most
purposes, as an asset like ownership of real property. And like other such
assets, it should be made transferable and marketable. In other words, it
should be make possible for individual teachers, professors and administrators
to sell their levels of seniority not in a completely open market, but to other
comparable academics or to the Government itself. By this means, it would be
possible for the very large number of people In academia who neither enjoy what
they are doing nor do it very well to bow out of the profession without risks
that are now overwhelming, to bring new young academics in the system on a
large scale and to reduce the overall cost to Government of academic salaries
as a whole.
This is a radical proposal, but I believe that it, or something similar,
is the only long-term solution to the problem of maintaining quality and equity
in the overall system of Québec higher education in the coming decades.
If some such measure is not taken, the present squeeze will merely get worse
year after year. The problem cannot be solved or even much be reduced in
severity by further cuts in areas like capital expenditure and maintenance of
facilities. It is not uncommon for salaries to account for 90 % of the cost of
running an academic institution.
I would therefore suggest to the Minister that the Government undertake
an Investigation into the practicality modality of an academic system based on
marketable seniority and to then develop subsequent legislation bringing into
existence. I do not underestimate the scale of the technical difficulties that
may be involved, but I do not think we can underestimate the dangers of an
overpriced, poor-quality and finally unworkable system of higher education as
well. I see no reason why such a system, that is a marketable system, should
not eventually find favour with both federalists and nationalists, francophones
and anglophones, and all sensible citizens of Québec.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. La parole est maintenant au
porte-parole de l'Opposition officielle, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente, nous arrivons à
la conclusion d'une consultation sur un problème majeur, une
réflexion importante que nous devions faire et qui aurait eu avantage
à être plus largement partagée dans la
société, c'est évident. On ne met pas fin
unilatéralement, comme c'est en train de se faire, à une pratique
liée à une chose aussi fondamentale que l'ins-
tauration du principe, pour une meilleure acces-sibBitô, de
montants de frais de scolarité les plus bas, en Amérique du Nord,
mais, en connaissance de cause, sans normalement - quand on a affaire à
un gouvernement responsable et respectueux des cousants de
société - en débattre plus longuement que strictement
à une commission parlementaire. Surtout quand on prend volontairement ce
que j'appellerais l'attitude un peu hypocrite de laisser voir que ce n'est pas
grave parce que c'est accompagné d'une bonification du régime
universel d'aide financière aux étudiants. Dans le fond, il y a
un certain nombre de groupes qui ne nous ont pas donné d'avis sur le
problème du dégel parce qu'ils ont suivi le livre qu'on appelle,
le ministre indiquant qu'il y avait une consultation particulière,
c'est-à-dire qu'il y avait une consultation en commission sur le
régime de bonification d'aide financière aux
étudiants.
Il ne faut pas se surprendre parce que ce gouvernement-là...
D'ailleurs, à titre d'exemple, dans un autre domaine beaucoup moins
signifiant pour l'avenir de la société, et je cite: Le ministre
Tremblay promet une solution durable. Consensus ou pas, il y aura une loi sur
les heures d'ouverture. Ce n'est pas grave. Je veux dire, ça ne donne
rien de faire des commissions parlementaires, de faire des discussions et des
débats à n'en plus finir. Ce n'est pas trop inquiétant,
par exemple, ce n'est pas la première fois qu'on entend ça. Vous
savez, sur les heures d'affaires, ça fait deux ans qu'ils nous
promettent une loi et il n'y en a toujours pas. Par contre, ça
dénote un peu ce que j'appelle l'esprit dans lequel le gouvernement
libéral est venu s'asseoir Ici, à cette commission-là, et
il nous a indiqué très clairement qu'il avait la
vérité. Il était sûr de sa position. J'ai eu
l'occasion de l'indiquer lors du verbatim à l'émission "7 jours"
où le ministre, d'une façon on ne peut plus claire, indiquait
clairement à M. Nadeau: Laissez-moi juste l'occasion de leur expliquer
que j'ai raison et je suis convaincu que les étudiants vont partager mon
point de vue. Ça voulait dire, ce que j'ai prétendu et que je
réaffirme haut et fort à la conclusion de ces travaux-là,
que nous aurions dit ce que nous voudrions, on aurait eu les tableaux, les
analyses, les expertises qui auraient fait, d'une façon on ne peut plus
claire, la preuve par quatre que c'était des éléments qui
auraient dû être pris en compte, je suis convaincu que ça
n'aurait rien changé. Le ministre l'a dit, l'a affirmé; la
position de l'offre du gouvernement est arrêtée quoi qu'il
advienne.
Pourtant, juste au niveau des chiffres, il faut quand même
rappeler qu'on a entendu 40 mémoires. Sur les 40 mémoires, il y
en a 22 radicalement contre toute décision de dégel des frais de
scolarité avec des arguments. Il y en a 6 qui sont pour,
conditionnellement. Par exemple, la Fédération des cégeps:
On est bien d'accord - juste pour donner un exemple - mais aux conditions
suivantes. Sachant que les conditions ne seront pas réalisées, il
me semble que je suis légitimé de dire que ce sont des gens qui
sont en désaccord. Les conditions ne seront pas mises en oeuvre. Il y en
a 2 sur 40 qui sont pour, carrément pour, sans nuance et il y en a 10
qui n'ont pas exprimé, selon mon évaluation, qui n'ont pas
émis d'opinion sur le dégel. Il y en a 10 qui ont donné
plutôt des avis sur ce que le ministre avait indiqué comme
étant l'essentiel de la commission parlementaire.
Je n'ai pas bien du temps. On vient de s'entendre qu'on ne prendra que
20 minutes. Ça va être mon cas, donc, je vais finir à 17 h
40. Je voudrais quand même profiter de cette conclusion pour ce que
j'appellerais défaire certains points d'arguments qui étaient, en
tout cas, selon mes convictions, erronés à tout le moins et qui
induisaient la population en général en erreur, de même que
les plus concernés, les étudiants.
Alors, mes premiers commentaires, ce sera, bien sûr, pour
défaire certains mythes sur lesquels s'est appuyé le ministre de
l'Éducation pour donner du poids à la décision qu'il a
prise, et il a toujours été, d'ailleurs, un ardent
défenseur du dégel des frais de scolarité. Son
gouvernement, un peu moins; les jeunes libéraux, bien moins, parce
qu'eux autres mêmes sont venus nous dire en commission parlementaire que
les principes mêmes sur lesquels on avait réussi, finalement,
à acheter leur consentement n'avaient pas été
respectés. Ils ont employé des ternies très durs envers le
ministre de l'Education. Dans un premier temps, on a essayé de faire
accroire aux étudiants que c'est eux qui profitaient en premier lieu des
bénéfices de la formation reçue - ce qui est vrai - qu'ils
ne voulaient pas faire leur part et qu'ils ne voulaient pas prendre leurs
responsabilités. Donc, sur ce premier élément, c'est
évident qu'il faut indiquer au ministère de l'Éducation
qu'il a erré, qu'il a trompé ou induit la population en erreur
parce que les étudiants sont tout à fait conscients du
problème du financement chronique des universités. Je n'ai vu
aucun mémoire qui ne nous a pas parié de ça. C'est simple
pourquoi ils sont conscients. C'est eux qui subissent les inconvénients
de cette situation dramatique. Qui subit le plus les inconvénients d'un
sous-financement chronique? Ce sont les étudiants. Les étudiants
se sont dits prêts à prendre leurs responsabilités et
à assumer leur part du financement de leurs études, mais ils
veulent avoir des garanties que le ministre s'est toujours refusé de
leur donner. Ils ont dit haut et fort: Nous voudrions que les contributions
qu'on nous demande de plus servent, à tout le moins, à
améliorer l'enseignement et les services offerts. Et, là-dessus,
je cite le ministre lui-même. Louise Godbout: "Le ministre Claude Ryan
refuse tout compromis avec les étudiants. Le ministre Ryan refuse de
garantir aux étudiants que les montants provenant de
l'augmentation des frais de scolarité serviront bel et bien
à l'amélioration de la qualité de l'enseignement ou
à l'achat de matériel pédagogique requis. Selon la CADEUL,
ils serviront plutôt à combler les déficits
accumulés." Selon leur version, le ministre n'a jamais donné ces
garanties. Et je partage leur version pour avoir vécu trois semaines de
commission, où on n'a jamais eu un engagement ferme du ministre qui
donnerait l'assurance que ces montants-là serviraient à la
bonification de la qualité de l'éducation.
Les étudiants ont également insisté pour que le
gouvernement fasse sa part et qu'il injecte des sommes additionnelles ou, au
pire, si la lecture du gouvernement était partagée, qu'il
maintienne, à tout le moins, celles qu'il a déjà
attribuées. Même là-dessus, ils n'ont pas obtenu les
garanties qu'ils auraient dû avoir. Le gouvernement a été
impliqué, sollicité pour que d'autres intervenants fassent leur
part. À chaque fois qu'il y a eu cette revendication - qui est seulement
légitime et, dans les circonstances, complètement valable - peu
importent les porteurs de celle-ci, ils ont essuyé un refus, ils ont
reçu un discours, toutes sortes de commentaires à l'effet que la
part du financement des entreprises privées, pour l'État,
était tout aussi importante qu'ailleurs. Ce qui n'est pas le cas, selon
toutes les données propres du ministère de l'Éducation et,
également, de tous les dossiers en éducation. Le secteur
privé ne contribue pas au même titre qu'il contribue ailleurs.
On a parlé également d'amélioration par le biais
d'une saine gestion. Mais le ministre a dit: C'est pas le temps de refaire nos
devoirs, c'est pas le temps de faire une commission royale d'enquête; le
temps est à l'action. Et, pour nous, l'action veut dire une chose:
dégel des frais de scolarité, et au diable les
conséquences!
Conclusion, pour le premier volet: je pense que les étudiants se
battaient pour un principe fondamental, qui était l'accessibilité
et une formation de qualité. On peut dire que cette commission ne leur a
donné aucune garantie sur ces deux éléments. Mais on leur
a donné la seule garantie qu'ils ne voulaient pas nécessairement
partager: c'est qu'ils seraient les seuls à payer pour la
décision de renflouer le déficit de l'enseignement
universitaire.
Le deuxième élément sur lequel je voudrais
insister, c'est que le régime d'aide financière aux
étudiants compensera la hausse des frais de scolarité. On a
essayé de faire accroire ça dans plusieurs mémoires, dans
les dires, en répétant constamment: Oui mais, écoutez, le
dégel, ce n'est pas si grave que ça, puisque la somme
intégrale de la hausse des frais de scolarité vous sera
compensée dans le régime d'aide financière aux
étudiants. On a oublié de dire qu'il y a moins de 20 % des
étudiants universitaires qui bénéficient d'une telle aide.
Donc, ça signifie une compensation bidon, farfelue. Actuellement, dans
les 52 300 000 $ qui représentent le coût de la bonification de
l'aide financière, on a oublié de dire qu'en 1990-1991, pour
l'État québécois, ce n'est que 13 500 000 $ que ça
va coûter au gouvernement du Québec. Donc, encore là, on
essaie de faire des économies sur le dos des étudiants et, en
plus, on ne paie même pas la facture réelle du coût de
bonification du régime. Pourquoi n'en coûtera-t-il que 13 500 000
$ dans la prochaine année? Pour des raisons très simples.
D'abord, il y a une coupure de 14 400 000 $ dans la bourse au profit d'une
augmentation des prêts et, en plus, ce sont des chiffres qui sont
basés sur des clientèles hypothétiques. Parce que nous, on
ne change pas d'avis. Oui, ça aura une signification sur
l'accessibilité. Comme le financement est basé sur les
clientèles et qu'il y aura moins de clientèles étudiantes,
le financement va jouer.
Est-ce que la réforme va contribuer à diminuer
l'endettement étudiant? Malheureusement, encore là, la
réponse est que les trois semaines de commission ont conclu que non,
ça va constituer un "désincitatif" à la poursuite des
études. Il faut se rappeler que dans les 52 300 000 $ il y a 33 800 000
$ pour les prêts et 18 000 000 $ pour les bourses. Quand on vous donne
ces chiffres-là, vous venez de vous rendre compte que ça fait
seulement 35 % de l'ensemble, du tout, en bourses, et 65 % en prêts.
Donc, c'est clair que lorsque les étudiants avaient la prétention
- et je l'ai aussi - que nous contribuons, par cette décision, à
augmenter l'endettement universitaire, c'est exact. N'oubliez pas qu'en
1985-1986, par rapport à 1988-1989, les prêts ont fait un bond de
31 %. (17 h 30)
L'augmentation de la bourse, pour la même période; une
augmentation faramineuse de 1 %. Croissance de la bourse: 1 %; croissance du
montant des prêts: 31 %. Donc, la réforme ne règle pas du
tout le problème des étudiants réputés
dépendants, qui ne reçoivent pas l'argent de leurs parents. Pour
ceux qui ne s'en rappelleraient pas, mais pour ceux qui dormiraient tranquilles
après cette commission - parce que je sais qu'il y en aura beaucoup de
l'autre côté - ce nombre était de 50 % en 1986. 50 % des
jeunes étudiants qui ne recevaient pas un rond de la contribution
parentale, même si on continue à l'imposer dans le calcul.
Troisième élément sur lequel il faut insister:
est-ce que la hausse aura des effets sur la fréquentation scolaire?
Nous, rapidement, on dit oui. Puis je suis content là-dessus de dire oui
pas nécessairement avec des études. Parce que les études
qu'il nous a déposées, ça n'a rien à voir avec nous
autres. Les études qu'il a déposées, ce sont toutes des
études sur le comportement des jeunes étudiants canadiens
à l'étranger. Or, moi, je ne vis pas à l'étranger.
Je l'ai dit à plusieurs reprises, je vis au Québec; je ne vis pas
dans un vase clos, mais je vis avec ma réalité
québécoise. Or, la réalité québécoise
du
temps partiel, des familles éclatées, des familles
reconstituées, de 41 % des citoyens du Québec qui, sur le plan de
l'impôt, ont un statut de monoparental... Je regrette, ces données
comparatives n'existent en aucune autre province. Et si le ministre est capable
de me montrer qu'en Ontario il existe autant de temps partiels qu'au
Québec, il existe autant de monoparentaux qu'au Québec, il existe
autant de familles éclatées qu'au Québec, je referai mes
devoirs. Tant qu'il ne m'aura pas fait cette preuve-là, je suis en droit
légitimé, complètement couvert, d'affirmer ce que
j'affirme haut et fort: C'est malhonnête de présenter cette
situation comparative avec le comportement à l'étranger, quand on
nous fait croire qu'à l'étranger on les aurait haussés,
les frais de scolarité, puis que ça n'a pas eu d'impact sur les
clientèles.
Ça en aura ici; ça en aura en termes d'abandons. Le
ministre dit, même 5000, ce n'est pas grave... Même 5 %, il n'y a
rien là. Et supposons que le chiffre, c'était parce qu'il dit
qu'il est honnête puis il voulait dire une fourchette de zéro
à cinq... Il a quand même ajouté... Ce qui est
ajouté, ce n'est plus des statistiques; quand il dit: 5 %... Si
c'était ça - je ne porte pas de jugements sur le chiffre - dans
l'ensemble, ça peut être plusieurs milliers d'étudiants;
mais, si c'est pour un an, deux ou trois ans, il n'y a rien là. Qu'un
bon nombre de ceux-ci reviennent aux études après être
allés un an ou deux travailler pour épargner un petit peu...
Épargner un petit peu, comme si ce n'était pas la
responsabilité de l'État de financer au moins le premier cycle.
"Allez vous chercher le fric dont vous avez besoin, puis vous reviendrez aux
études. " C'est ça que ça veut dire. Il n'y a pas de
tragédie là-dedans, c'est ça que le ministre a dit. Mais
moi, je prétends qu'il y en a une. Il y en a une parce notre taux de
diplomation est très inférieur à l'Ontario, de 20 %. Il y
en a une parce qu'on est en situation de rattrapage par rapport aux femmes
francophones; même strictement les francophones "at large", excusez
l'expression, il y a du rattrapage à faire. Trop de temps partiels, trop
d'abandons.
Il y a quelqu'un qui est venu nous dire, à plusieurs reprises:
Nos jeunes sont obligés de faire, tout en faisant leur études,
dans certains cas, 20, 25, 30 heures de travail pour avoir une pitance qui leur
permettre d'avoir également un semblant de qualité de vie. Moi,
je ne pense pas qu'on peut se permettre aucune baisse au niveau de la
fréquentation. Ça serait 0, 01 % et ça serait dramatique,
compte tenu de nos retards qui ne sont pas comblés.
Je voudrais également dénoncer l'aspect que je qualifie
d'irresponsabilité chronique du gouvernement. Combien de fois le
ministre, sans raison, a porté des jugements sur certains
mémoires qu'on a reçus, comme dire aux jeunes étudiants:
Vous manquez d'originalité en préconisant le dégel; ce
n'est pas bien bien original, votre formule. Mais il ne regardait pas ce qu'ils
préconisaient. Comme un impôt postuniversitaire: on n'a jamais eu
de commentaire du ministre là-dessus, vraiment. La taxe de 1 %: on n'a
pas eu de commentaire. Les étudiants, ils n'ont pas fait que
préconiser le dégel. Ils ont constamment mis des formules sur la
table. Et le gouvernement a fait le choix de calquer ce qui s'est fait dans le
reste du Canada. Je te dis que lui, il l'a été, original. Il faut
vraiment être placé ou avoir une mentalité d'être
assis dans sa chaire de vérité pour porter un jugement de manque
d'originalité auprès des étudiants. Puis eux autres, ils
sont originaux en étoile, ce gouvernement-là! Ils ont fait ce qui
était le plus simpliste, le plus facile, le plus universellement
illégitime, dans le sens de "pas fouillé". Ils ont conclu
rapidement qu'une hausse des frais de scolarité, il n'y avait rien
là, c'était facile, ça se faisait comme ça et
ça permettait, dès septembre prochain, de procéder. Il l'a
dit à plusieurs reprises d'ailleurs: Vos suggestions sont bonnes, mais
on n'a pas le temps de regarder ça; on regardera ça plus tard,
dans trois ou quatre ans, on verra. Je ne pense pas que ça soit
très original.
Deux exemples, avant de conclure sur des aspects plus globaux,
également d'irresponsabilité autant au niveau du dégel que
de la réforme. Toutes les nombreuses solutions alternatives
proposées par les étudiants témoignaient, à tout le
moins, d'un sérieux certain qu'on doit leur attribuer. Est-ce que, sur
ces hypothèses, ils ont pu, comme jeunes étudiants, à
chaque fois qu'ils évoquaient une alternative différente,
repartir avec une réflexion écrite, un document articulé
où on aurait dit aux chers étudiants: Écoutez, votre
formule d'Australie, on l'a regardée, on l'a fouillée, voici une
simulation de ce que ça donnerait puis, nous autres, on ne peut pas se
permettre ça pour telle raison? Et je ne demande pas des études
de 300 000, 400 000 pages, mais ça aurait montré qu'un
gouvernement... Contrairement à ce qu'il nous a dit, ce n'est pas vrai
du tout qu'il a analysé ça. Il n'a pas analysé ça
cinq secondes.
Il a reçu un mémoire, au Conseil des ministres, disant: II
y a un sous-financement chronique, puis on n'a pas d'argent. Qu'est-ce qu'on
fait? Comme il y avait eu énormément de concertation du milieu
des affaires - c'est leur monde naturel et ils sont sensibles à leurs
représentations beaucoup plus que tout autre groupe dans la
société; il s'agit juste de regarder le gros club
d'intérêts privés que représente le Parti
libéral - rapidement, ils ont dit: II faut faire quelque chose.
Le mémoire au Conseil des ministres pour justifier le
dégel, il dit quoi? Il dit: Je n'ai pas d'argent pour régler le
sous-financement chronique des universités et ça en prend. La
place la plus rapide où je peux trouver quelque 40 000 000 $ sans trop
faire d'évaluation et d'analyse, c'est le dégel des frais de
scolarité.
Ça a passé comme du beurre dans la poêle au Conseil
des ministres. Ça n'a pas été long, le décret
obtenant le dégel des frais de scolarité. Ça a fait
l'objet d'une décision juste avant Noël, en disant: C'est pas
grave, parce que, en même temps, on va modifier le régime d'aide
financière.
Dans certains cas, également, on a eu droit à certaines
remarques un peu désobligeantes. Rappelez-vous comment on a mis mal
à l'aise la jeune - parce que je la trouvais jeune; ce n'est pas un
jugement que je porte - présidente du Conseil permanent de la jeunesse
qui a dit: Écoutez, moi, je les ai faits mes devoirs, j'ai
réfléchi et voici ce qu'on est obligés de vous dire. On
leur a dit que ça ne les regardait pas et que les finances publiques,
c'était une question de l'État; et c'est l'État
québécois seul... Et pour eux autres, l'État
québécois - il l'a même dit, le ministre - ce
n'était même pas l'État, c'était le gouvernement. Il
a dit: On a été élus pour porter un jugement sur
l'état des finances publiques, ça ne vous regarde pas. il a
décidé de rester bien assis dans sa chaire de
vérité.
Il y a eu quelques comportements d'intolérance et d'impatience
inqualifiables. Pensez à comment on a considéré les gens
qui avaient des besoins plus particuliers, les gens souffrant de handicaps
visuels. Ça n'a pas été long qu'on leur a dit leur
réalité: On va passer à autre chose. Je sais qu'il y a
certaines réalités dans la société qui choquent,
dérangent, qui exaspèrent; mais il est important, quand on touche
des questions aussi majeures que ça, d'avoir une attitude plus
conciliante et de démontrer, à tout le moins, qu'il y a des
groupes dans une société qui ont des besoins spécifiques.
Vous demanderez le point de vue des handicapés visuels, s'ils vous ont
trouvé bien drôle. Si c'est le cas, bien, je m'excuse.
En conclusion, dans les deux minutes ou la minute qui me reste, Mme la
Présidente, je veux tout simplement rappeler, en finale, qu'il est clair
qu'en septembre prochain nous assisterons à une hausse des frais de
scolarité sans avoir acquis la conviction, comme parlementaires, que
nous aurions pu, comme membres d'une commission de l'éducation, avoir
sur la table des alternatives différentes qui auraient été
fouillées. Et je rappelle celle que le Parti québécois,
notre formation politique, a mise sur la table. Comme je le disais en
privé à certaines personnes, je me sentirais complètement
irresponsable de tenir les propos que je viens de tenir si nous, nous n'avions
pas dit: Dans un contexte de conjoncture serrée, il est normal que
l'État décide de faire des choix. Nous, dans ce dossier, on pense
- et on pense toujours - que le choix qui aurait dû être fait,
c'est de garder la formule du gel des frais de scolarité, compte tenu de
nos retards, compte tenu de notre situation spécifique, compte tenu du
trop grand nombre de temps partiel, compte tenu de l'écart qui reste
à combler au niveau des femmes, au niveau des francophones, et
d'injecter plus d'argent dans le système, pour avoir de meilleures
garanties d'une qualité postuniversitaire, une qualité de cours
de niveau universitaire plus adéquats. On avait indiqué notre
choix. Notre choix, à tout le moins, ça aurait été
d'inviter les entreprises du Québec à faire leur part. Elles le
font largement pour l'ensemble des besoins de la société, mais
elles le font moins qu'ailleurs pour, spécifiquement, notre
problème de sous-financement des études universitaires. On aurait
souhaité qu'une partie du 1 % sur la masse salariale des entreprises
permette de corriger le sous-financement chronique des universités,
quitte à ce que les étudiants fassent leur part, dans une formule
d'impôt postuniversitaire. Parce que, fondamentalement, je pense qu'il
serait plus requis de leur faire savoir que, bien sûr, il y a un
coût à une formation de qualité qui leur permet de postuler
des emplois dans le futur. Mais c'est peut-être plus logique de leur
permettre de payer ce coût-là après qu'ils obtiennent fa
garantie que la formation qu'ils prennent au Québec leur permet
effectivement d'être un contribuable qui peut davantage contribuer pour
une formation que lui-même aurait reçue, sachant très bien
quel avantage elle donne dans le futur quand tu réussis à te
placer avec. Voilà les principales considérations que j'avais
à faire à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Hovfngton): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre de l'Éducation,
vous avez 20 minutes pour vos remarques finales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Bien, Mme la Présidente. Il me fart plaisir de
tirer quelques conclusions de cet exercice d'une durée de presque trois
semaines que nous avons fait ensemble, avec les organismes directement
intéressés à la réforme de l'aide financière
aux étudiants, et, d'une manière plus large, aux problèmes
relatifs au financement universitaire. Je ne commenterai pas longuement la
position qui a été tenue par les porte-parole de l'Opposition
dans les auditions publiques que nous avons tenues. Je pense que tout le monde
a pu constater, ça a été un exercice de racolage
intellectuel et politique facile à faire, qui débouche sur
l'impuissance, sur le refus de voir la réalité en face et sur une
impossibilité à formuler des alternatives vraiment
constructives.
Dans les mémoires que nous avons entendus, certains s'en sont
tenus au projet de loi lui-même, ont voulu l'analyser dans ses
dispositions fonctionnelles et ont généralement contribué
à voir le projet de réforme de l'aide pour les étudiants
d'une manière plus réaliste, plus pointue dans certains cas, et
peut-être plus claire. D'autres mémoires étaient
plutôt à portée idéologique et politique. Le
député d'Abitibi-
Ouest en citait un exemple, tantôt, que des organismes
étudiants se sont présentés ici - le Conseil permanent de
la jeunesse aussi - en venant mettre de l'avant des thèses qui
étaient de nature plus fiscale que d'une nature reliée au
problème que nous avions à discuter. Je ne leur ai pas dit qu'ils
n'avaient pas à discuter de ces choses. Bien au contraire. Je leur ai
dit qu'on accueillait volontiers leur représentation, mais que les
réponses devraient venir de personnes et de fonctions qui ont plus
immédiatement la responsabilité de ces choses au sein du
gouvernement. C'est entendu que la commission n'avait pas pour but de refaire
la politique fiscale du gouvernement. Il y a d'autres tribunes pour ce
débat-là; nous aurons le débat sur le budget avant
longtemps. Nous avons plusieurs lois à portée fiscale; c'est
à cette occasion qu'on discute de ces questions en profondeur, du
côté du gouvernement. Ça n'empêche pas d'accueillir
toutes les représentations qui nous sont faites. On peut au moins dire
que ça a un rapport plus ou moins lointain avec le sujet qui
était celui de la commission.
Les thèmes principaux que nous avons abordés pendant les
auditions publiques. Il y a d'abord le financement universitaire et la question
des droits de scolarité. J'en dirai quelques mots, ne serait-ce que pour
résumer les éléments essentiels du dossier. La situation
de fait, d'abord. En ce qui touche le financement des universités, nous
avons établi l'an dernier que l'écart entre le niveau de
financement des universités québécoises et celui des
universités ontariennes, en empruntant les bases de financement de
chaque système pour l'année 1986-1987, s'établissait
à quelque 162 000 000 $, selon nos services. J'ai établi à
maintes reprises, au cours des discussions, que le gouvernement a
injecté 55 000 000 $ dans les bases de financement des
universités québécoises. (17 h 45)
Cela réduisait, à moins que je ne sache pas compter, de...
162 000 000 $ moins 55 000 000 $, ça donne un écart qui est
ramené à 107 000 000 $¦ J'ai indiqué que la hausse
des droits de scolarité devrait rapporter environ 41 000 000 $ de
revenus additionnels aux universités pour chacune des deux prochaines
années. Ce qui veut dire que dans les revenus des universités,
à compter de la deuxième année d'implantation de cette
mesure instituée par le gouvernement, il y aura des revenus additionnels
de 82 000 000 $, ce qui se trouve à ramener l'écart à 25
000 000 $. On aura quand même fait un chemin considérable au cours
des deux années qui se seront écoulées, cette année
et l'année prochaine. Je pense que nous nous serons rapprochés
beaucoup du but qui était visé, de rapprocher le niveau de
financement des universités québécoises de la moyenne
canadienne.
Le ministre des Finances indiquait dans son dernier discours sur le
budget que le gouverne- ment est conscient de la nécessité
où il sera placé de faire encore davantage. Il a dit que le
gouvernement le ferait dès qu'il disposera des ressources
financières nécessaires à cette fin. Je pense que ceci
donne une idée claire du tableau du financement des universités
au cours des prochaines années, et je pense que nous aurons
amélioré considérablement une situation qui s'était
gravement détériorée sous la gestion du gouvernement
précédent.
Pourquoi demander aux étudiants de fournir une part très
importante de ce redressement? Pour une raison bien simple. C'est qu'au
Québec la contribution du gouvernement aux universités, sous
forme de subventions de fonctionnement et d'aide financière aux
étudiants, est déjà, à l'heure où nous nous
parlons, probablement la plus élevée de toutes les provinces
canadiennes. Par conséquent, dire: Que le gouvernement fasse sa part, en
laissant entendre qu'il ne la ferait point, c'est proférer une chose qui
est fausse dans son contenu obvie. Alors, on s'est demandé, si c'est
vrai que le gouvernement fait sa part à ce point, de quoi ça
dépend, le sous-financement des universités
québécoises. Il suffit d'un rapide examen des documents publics
les plus aisément accessibles pour constater qu'il y a un écart
dans l'équilibre des sources de revenus des universités
québécoises qui provient du gel que nous avons maintenu sur les
frais de scolarité pendant 24 ans. Alors que dans le reste du Canada la
contribution des étudiants représente environ 16 % à 17 %
des revenus des universités, au Québec, elle se situe plus autour
de 6 %. On peut bien invoquer l'argument du retard et du retard, mais on ne
peut pas vivre indéfiniment dans la contemplation de nos retards non
plus. On a fait des pas considérables ces dernières années
et, si des provinces comme Terre-Neuve, la Nouvelle-Ecosse,
l'île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick, qui sont plus
pauvres que le Québec, se sont rendu compte qu'à ce niveau il
fallait exiger une contribution plus élevée, je pense bien qu'il
serait étonnant que le Québec fût seul à avoir le
pas dans toute l'Amérique du Nord. On sait que c'est la
prétention de nos amis d'en face. Mais nous autres savons très
bien qu'au bout de la ligne les produits et les services qui émanent du
Québec doivent se mesurer sur les marchés interprovinciaux,
nord-américains et internationaux avec ceux qui émanent d'autres
sociétés. Il faut que les coûts, tout compte fait, et les
charges soient relativement comparables. On ne peut pas vivre dans une cage de
verre, à l'abri des facteurs qui existent partout ailleurs. Alors
ça, c'est la motivation qui sous-tend la décision que prenait le
gouvernement, en décembre dernier, d'instituer une hausse des frais de
scolarité.
J'ajoute encore qu'à l'heure actuelle le coût d'un
étudiant universitaire à temps complet est en moyenne de 8900 $
par année. La contribution de l'étudiant sous forme de droits de
scolarité
est de 540 $, en moyenne. Elle est trois fois inférieure à
celle qui est attendue de l'étudiant universitaire dans les autres
provinces canadiennes et, dans certains cas, quatre fois inférieure. On
dit: On va faire un petit effort. Avec ia double hausse qui interviendra au
cours des deux prochaines années, le Québec demeurera la province
où le niveau des droits de scolarité sera le plus bas de tout le
Canada, très sensiblement inférieur à celui de la
Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick et inférieur même à
celui de Terre-Neuve qui est, à ma connaissance, la province la plus
pauvre de tout l'ensemble fédéral canadien.
Je pense que ces chiffres parlent par eux-mêmes. Personne n'est
venu les réfuter ici; on a tourné autour, on est allés se
promener dans l'an 2000, dans l'an 2025, dans l'an 2050, mais il n'y a
personne, pas une personne que nous avons entendue, depuis trois semaines, qui
a été capable de mettre ces données en doute, parce que ce
sont des "hard facts", comme on dit, "hard figures", des faits durs, des
chiffres bruts, des chiffres durs qui parlent par eux-mêmes et dont le
langage ne souffre pas de réplique, à mon point de vue. Alors,
c'est le fond du problème, c'est bien simple. Moi, j'aurais bien mieux
aimé, c'est bien plus populaire de dire aux étudiants: On vous
aime beaucoup puis on ne vous touchera pas, et comptez sur nous, il n'y a pas
de problèmes; "uncle John, uncle Claude will see to that". On ne peut
pas faire ça, puis je pense qu'il est temps que les gouvernants parlent
le langage de la responsabilité aux citoyens. On est obligés
aujourd'hui de le faire, à cause du resserrement extrêmement
pénible des ressources disponibles pour les pouvoirs publics, autant que
pour les instances privées. Alors ça, c'est la position du
gouvernement sur le premier point. Je pense qu'elle est claire.
Il y a des points qui ne sont pas réglés dans la question
des droits de scolarité, évidemment. La structure même des
droits de scolarité: on a eu un mémoire en fin
d'après-midi aujourd'hui, qui nous invite à essayer de construire
une échelle de droits de scolarité qui tiendrait davantage compte
des coûts relatifs de chaque discipline. C'est un sujet qui est à
l'ordre du jour des travaux que nous ferons au cours des prochains mois avec la
Conférence des principaux et recteurs des universités, et je
pense que c'est un sujet qui devra retenir notre attention. On a parlé
d'un impôt postuniversitaire. Moi, je me méfie, en principe - je
pense qu'on le sait assez - des politiques qui consistent à reporter
à demain ce qui doit commencer aujourd'hui. Ce qui me laissait un petit
peu réservé, dans cette proposition, c'est que, pour
l'immédiat, il faut encore trouver de l'argent dont on va payer le
loyer, à tout le moins. Et ça, ça augmente les charges de
l'État, qui est déjà endetté, comme je l'ai dit
à maintes reprises, de manière infiniment plus lourde que tous
les autres gouvernements provinciaux du Canada, en particulier du gouvernement
de la province voisine. C'est une proposition qu'il sera très
intéressant d'étudier en vue du moyen et du long terme, de
même que d'autres propositions de même nature qui nous ont
été soumises. Et, pour ce qui regarde la modulation
éventuelle des droits de scolarité, nous devrions savoir à
quoi nous en tenir beaucoup plus rapidement. Je pense que, d'ici un an ou deux,
au plus, nous serons en mesure de prendre position clairement
là-dessus.
En ce qui touche le projet de loi 25, Mme la Présidente, il a
fallu laisser de côté certains objectifs très
désirables, très nobles et justes en soi, parce que l'atteinte de
ces objectifs s'avère impossible, étant donné les
contraintes financières dans lesquelles doivent être prises les
décisions gouvernementales. À titre d'exemple, je mentionne
l'objectif de l'autonomie de l'étudiant, la diminution ou l'abolition de
la contribution parentale ou encore l'abolition de la contribution du conjoint,
autant d'objectifs sur lesquels je serais foncièrement d'accord, en
principe - je l'ai dit à maintes reprises - mais il faut établir
le coût de chacun de ces objectifs. Si on parle, par exemple, de
l'autonomie des étudiants non-résidents, il y a tout de suite un
coût supérieur à 300 000 000 $ qu'il faut inscrire à
côté d'un objectif comme celui-ci; si on parle de l'abolition de
la contribution du conjoint, il faut inscrire un coût d'au moins 40 000
000 $; et, si on parie de l'autonomie complète de tout étudiant
âgé de 18 ans et plus, il faut aller chercher dans les 500 000 000
$ ou 600 000 000 $. Dans le contexte actuel, c'est complètement hors
d'atteinte, étant donné le cadre financier dans lequel nous
devons prendre les décisions relatives à cette question. Aussi,
par conséquent - je l'ai dit à maintes reprises - il n'y avait
pas de prétention démesurée de la part du gouvernement,
nous ne prétendions pas faire une révolution, nous savions
très bien les points sur lesquels il y eût eu des percées
intéressantes à faire. Il faudra reporter ces percées dans
un avenir où les perspectives financières seront plus propices
à de tels exercices. Il n'y a plus d'avenir dans l'accroissement de
l'endettement du Québec, on doit le savoir clairement.
Deuxièmement, nonobstant ces limites, le projet de loi 25 apporte
de nombreuses améliorations qui ont été signalées
à maintes reprises, tout au long des auditions publiques de la
commission. J'ai été étonné de voir combien, dans
la mesure même où les mémoires soumis à l'attention
de la commission procédaient d'une étude sérieuse et
fonctionnelle de l'énoncé d'orientation publié en avril et
du projet de loi, dans la même mesure, ces observations qu'on nous
soumettait étaient favorables au projet de loi, même
constructives. Souvenez-vous de l'ANEEQ qui est venue se présenter ici
avec une attitude d'opposition farouche à toute hausse des frais de
scolarité. Mais, quand l'ANEEQ est
descendue sur la terre et a commencé à analyser le projet
de loi 25, elle a été conduite à nous dire que, sur 25
propositions contenues dans l'énoncé d'orientation, elle
souscrivait en tout ou en partie à au moins 17. Ça, c'est bon.
Puis, on a eu la Fédération des cégeps, qui est venue nous
dire la même chose; la Conférence des recteurs est venue dire la
même chose. Combien d'autres organismes ou témoins que nous avons
entendus sont venus reconnaître avec le gouvernement que le projet de loi
25, nonobstant les dimensions limitées qu'il revêt,
entraînera une augmentation du montant des exemptions pour les parents
ayant des enfants aux études; assurera l'indexation des paliers de la
table de contribution des parents, assurera une augmentation notable du montant
des actifs nets dont la valeur doit être exemptée pour le calcul
de la contribution des parents, assurera le financement par l'aide sociale des
besoins du conjoint qui n'est pas aux études, assurera une
réduction substantielle de la contribution exigée du conjoint,
assurera une exception pour les allocations aux jeunes enfants et les
allocations à la naissance dans le calcul des revenus, assurera
l'exemption de la contribution minimale pour l'étudiant ayant à
sa charge un enfant d'âge scolaire ou préscolaire; contiendra une
incitation intéressante au retour aux études pour les candidats
qui sont inscrits à l'aide sociale; entraînera une augmentation
des allocations pour les frais de garde des enfants en faisant
disparaître la limite maximale qui existe actuellement, entraînera
le remboursement des dépenses pour l'achat de lunettes, non seulement
pour l'étudiant, mais même pour ses enfants; comprendra une mesure
intéressante d'incitation à une certaine diligence dans la
poursuite des études de deuxième et de troisième cycle,
l'abolition de 25 % de la dette pour les étudiants ou étudiantes
qui termineront leurs études dans les délais normalement
définis par les autorités de leur établissement, la
création d'un comité d'examen pour tous les cas qui ne tombent
sous l'empire des règles souvent rigides qui devront présider au
fonctionnement du régime. Je pense que voilà des
améliorations quand même nombreuses, qu'ont su reconnaître,
et j'en suis très heureux, la plupart des mémoires vraiment
sérieux que nous avons entendus au cours des auditions.
En contrepartie, de nombreux mémoires ont souligné des
lacunes ou des points qui devraient se prêter à des
améliorations, à toutes sortes de points de vue. Nous en avons
compilé une liste. C'est dommage, Mme la Présidente, que je n'aie
pas le temps, étant donné que les délais expirent
rapidement, de résumer tous ces points-là. J'ai
déjà devant moi une liste de tous les sujets sur lesquels j'ai
indiqué que le gouvernement examinerait avec ouverture les suggestions
construc-tives qui ont été présentées pendant les
auditions publiques. En ce qui touche la contribution parentale, juste à
titre d'exemple, on nous avait souligné le danger d'écarts trop
prononcés dans les contributions exigées des parents d'un certain
niveau de revenu et d'un niveau plus élevé; nous avons dit que
nous allions étudier cette question. On a demandé de hausser le
niveau du premier palier de la table de contribution; c'est une chose qui est
déjà à l'étude de notre côté. Je
pourrais continuer en ce qui touche la contribution sur les actifs. Nous avons
dit à l'UPA, ce matin, que nous examinerons avec ses porte-parole la
possibilité d'en venir à une définition plus
fonctionnelle, plus axée sur la réalité véritable
des producteurs agricoles, des actifs nets qui seront sujets à une
exemption. Beaucoup de mesures qui nous ont été proposées
seront référées au ministre des Finances. On a
demandé, par exemple, que la contribution parentale puisse faire l'objet
d'une certaine déductlbilité pour fins d'imposition du revenu des
particuliers. C'est intéressant, puis on va en discuter avec le ministre
des Finances également.
Je pourrais continuer, Mme la Présidente, j'en ai une douzaine de
pages qui illustrent, plus que tout commentaire, le caractère
éminemment enrichissant des semaines que nous avons vécues
ensemble à l'écoute des organismes qui ont voulu nous
présenter leur point de vue sur le projet de réforme de l'aide
financière aux étudiants.
Il me fait plaisir de conclure en vous assurant que, avant de
présenter des amendements en commission parlementaire, après
l'étude du débat de principe qui devrait avoir lieu peu
après la rentrée parlementaire, parce que tout cela doit entrer
en vigueur pour l'année 1990-1991, le gouvernement examinera avec soin
toutes les suggestions qui ont été faites. J'esaierai, pour ma
part, d'obtenir un supplément de ressources afin de pouvoir
améliorer encore davantage le régime que nous offrons aux
étudiants.
Je voudrais terminer en remerciant les organismes qui se sont
présentés devant la commission. Je pense qu'ils l'ont tous fait
avec une distinction exemplaire. Les travaux de la commission se sont
déroulés dans une atmosphère de calme, de dialogue, de
conversation civilisée dont nous n'avons qu'à nous
féliciter tous ensemble et dont nous devons remercier, en particulier,
les visiteurs qui sont venus témoigner devant la commission. Je voudrais
également remercier mes collègues, autant du côté de
l'Opposition que du côté ministériel, qui ont
prêté une attention assidue et très active aux points de
vue qui nous étaient présentés. Je voudrais vous remercier
également, Mme la Présidente, de la direction souple,
compréhensive et efficace que vous avez donnée à nos
travaux. Nous sommes très heureux de la direction que vous nous avez
donnée. Je pense qu'il a été question de règlement
zéro fois, exactement, pendant les trois semaines où nous avons
siégé ensemble. Dans mon livre, c'est la preuve d'une commission
qui a bien fonctionné quand on n'est
pas obligé de sortir le livre des règlements, et je
voudrais en remercier l'Opposition, aussi, dont la conduite à cet
égard est un facteur très important. Je pense que nous
apprécions énormément, pas toujours les raisonnements de
l'Opposition, mais la contribution qu'elle apporte au processus
législatif. Je voudrais l'assurer que même si parfois nous
réagissons un peu vivement - et ça s'applique également
à notre collègue, le député de Jacques-Cartier -
nous écoutons toujours avec respect et nous étudions avec
attention tous les points de vue qui sont présentés à la
commission ou à l'Assemblée nationale. Merci, encore une fois, et
j'espère que nous pourrons terminer ce travail avant l'ajournement
d'été.
La Présidente (Mme Hovington): En tant que
présidente, il me reste, moi aussi, à remercier les
différents intervenants qui sont venus nous présenter au moins 40
mémoires ici. Je remercie mes collègues qui ont été
assidus pendant ces trois semaines où la commission a tenu ses assises.
Je remercie aussi l'Opposition de sa grande collaboration qui a
été soulignée. Je vous avoue que ça a
facilité le travail de la présidence, et ça a
facilité la souplesse dont la présidence a fait preuve dans le
temps qui était alloué à chacun des intervenants. Merci
beaucoup, M. le député d'Abitibi-Ouest. Merci beaucoup, M. le
ministre. Merci à vous tous.
La commission ayant accompli son mandat, elle ajourne donc ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 3)