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(Douze heures vingt-neuf minutes)
La Présidente (Mme Harel): Je déclare la
séance ouverte. Je rappelle le mandat de la commission ce matin:
entendre, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de
loi 9, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation, la Centrale de l'enseignement du
Québec et, cet après-midi, à 15 heures, la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je rappelle aux membres de la commission que la durée de
chaque audition est d'une heure comprenant une période de vingt minutes
pour la présentation de l'organisme et de quarante minutes
réparties également entre les formations politiques. Alors,
j'inviterais immédiatement les représentants de la Centrale de
l'enseignement du Québec, que j'accueille, à venir s'installer
devant la commission. Je demanderais au secrétaire d'annoncer les
remplacements, s'il y a lieu.
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, iI n'y a pas
de remplacement.
La Présidente (Mme Harel): Alors, Je vous souhaite la
bienvenue, M. Raymond Johnston, vice-président de la Centrale de
l'enseignement du Québec, et M. Henri Laberge, qui l'accompagnez. Je
vais inviter Immédiatement le ministre et le porte-parole de
l'Opposition, le député d'Abitibi-Ouest, à faire les
remarques préliminaires, si tant est qu'ils le souhaitent.
M. Ryan: Seulement un mot, Mme la Présidente, pour vous
expliquer ce qui est arrivé ce matin dans mon cas. Je devais me rendre
à une réunion très importante d'un comité
ministériel. Les comités ministériels siègent
à profusion vers la fin d'une session, c'est toujours la même
chose, et je voudrais rappeler à votre attention que, lorsque situation
semblable se présenta sous le gouvernement précédent,
l'Opposition se fit très souvent un devoir de faciliter la tâche
du ministre en permettant que les travaux commencent quand môme dans une
commission de manière à ne pas retarder nos invités et
à ne pas créer de délai inutile dans le cheminement des
dossiers. Je ne sais pas comment ça s'est passé, j'arrive, je
n'ai pas eu le temps d'avoir de récit de ce qui a pu se discuter, mais
je suis très heureux d'être avec vous pour la totalité de
cette rencontre avec la Centrale de l'enseignement du Québec.
Après avoir entendu vos représentations, ça nous fera bien
plaisir de réagir soit sous forme de commentaires, soit sous forme de
questions.
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'invite maintenant le
député d'Abitibi-Ouest à intervenir, si tant est qu'il le
juge opportun, et j'aurai, par la suite, un commentaire à faire. M. le
député.
M. Gendron: Rapidement, une phrase. C'est évident que
c'est arrivé qu'un ministre puisse être absent lors d'une
séance de commission sur des consultations dites
générales. Je me rappelle que certains ministres l'ont
été sept semaines d'affilée, je l'ai vécu
moi-même sur le choix des régions, 162 mémoires. Alors,
c'est clair que dans les sept semaines, il m'est arrivé... Mais
là, ce n'est pas de ça qu'on parle. Il y a un règlement
très clair et on dit qu'on invite deux groupes et c'est su depuis hier
que le groupe qu'on invite ce matin commence de midi à 13 heures. C'est
juste ça, le petit problème, il y a une maudite différence
entre la situation que vous venez d'exposer et ce sur quoi on s'est entendus
hier. Ça aurait pu être facile pour vous, M. le ministre, de dire:
Écoutez, c'est une consultation particulière, spécifique,
deux groupes qu'on Invite, II me semble que... De toute façon,
là, ils sont là et j'aimerais qu'on les entende le plus vite
possible.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, s'il vous
plaît, j'aimerais intervenir sur cette question. Je vais présider
les travaux de cette commission durant le prochain mandat et je veux que ce
soit bien clair, M. le ministre, nous allons ce matin, certainement, favoriser
la pratique de toutes ces responsabilités que vous avez en
procédant à des travaux qui vont nous mener plus tard que l'heure
réglementaire. Nous allons, moi, comme présidente de cette
commission, et sans doute tous ses membres, accepter non pas d'ajourner nos
travaux à 13 heures, mais de les poursuivre de façon à
justement permettre que vous puissiez vaquer à vos multiples
responsabilités.
Cela dit, je crois, monsieur, et tous les membres de cette commission,
que nous avons, je me rappelle, notamment retardé deux jours une
commission parlementaire parce que le ministre du Travail de l'époque
était retenu sur une île déserte, incapable, a cause du
brouillard, de revenir au parlement pour entendre les organismes qu'il avait
invités dans le cadre des consultations que mènent les
commissions. J'entends bien, lorsque nous recevons des invités, avoir
à leur égard le premier respect qui est celui de leur permettre
d'échanger des propos avec le ministre proposeur du projet.
Vous vouiez intervenir, M. le ministre?
M. Ryan: Non.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais inviter
immédiatement...
Mme Hovington: Mme la Présidente, est-ce que vous venez de
suggérer qu'on n'arrête pas à 13 heures et qu'on
poursuive...
La Présidente (Mme Harel): Je vais vous le suggérer
certainement, puisque nous avons des invités et que nous souhaitons
certainement, comme eux-mêmes doivent le souhaiter, pouvoir poursuivre
dans le cadre d'une seule séance cette présentation de leurs
recommandations.
Mme Hovington: Parce que je peux vous suggérer ceci,
dépendamment de la disponibilité du ministre. Si le ministre est
en retard, ce n'est sûrement pas par manque de bonne volonté
d'avoir été Ici à midi, parce que M. le ministre savait
fort bien que la CEQ était ici pour déposer un mémoire,
c'est vraiment par obligation ministérielle s'il a accusé ce
retard. Est-ce qu'on peut arrêter nos travaux à 13 heures et les
reprendre à 15 heures avec la CEQ, quitte à rencontrer la
Fédération des commissions scolaires à 15 h 30?
La Présidente (Mme Harel): Alors, Mme la
vice-présidente, je vais peut-être immédiatement demander
à nos invités si un tel arrangement pourrait leur convenir.
M. Johnston (Raymond): On n'était pas venus ici dans
l'intention de créer un problème de procédure. Nous avions
prévu une comparution de midi à 13 heures et, pour ce qui me
concerne, j'avais prévu un retour par avion à 14 heures cet
après-midi.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vais
immédiatement vous inviter... Donc, j'en conclus, Mme la
députée de Matane, que je recevrai une proposition pour
poursuivre nos travaux à 13 heures. Je vais inviter immédiatement
le vice-président de la CEQ à nous présenter son
mémoire.
M. Gobé: Je m'excuse, mais certains de mes
collègues et moi avons déjà, à notre emploi du
temps, un caucus de l'est de Montréal et vous savez, comme
députée vous-même de l'est de Montréal, l'importance
de ces rencontres pour nos concitoyens et nos électeurs. Vous avez
là des personnes-clés dans ce caucus qui sont le
député de Sauvé, la députée de Bourget et
moi-même. Je crois que ça compromettrait le caucus si nous ne
pouvions être là à 13 heures. C'est dans ce sens que je
ferais appel, si c'était possible, à votre compréhension,
à celle des gens de la CEQ, pour voir s'il n'y aurait pas moyen
peut-être d'aller dans le sens de la proposition de notre
collègue, la députée de Matane.
Auditions
La Présidente (Mme Harel): M. le député de
Lafontaine, si vous le permettez, on va procéder immédiatement
et, à 13 heures, on verra si vos collègues ministériels
veulent ou non poursuivre, compte tenu de vos propres obligations à
vous. Alors, M. le vice-président de la CEQ.
Centrale de l'enseignement du Québec
M. Johnston: Merci, Mme la Présidente, M. le ministre, M.
le porte-parole de l'Opposition, Mmes et MM. les députés. Je vais
essayer de résumer notre intervention sur le projet de loi 9 à
partir de quelques éléments qu'on peut considérer comme
essentiels et vous rappeler, au point de départ, que si nous avons
indiqué notre disponibilité et notre intention de nous faire
entendre, c'est que nous avons perçu, il y a quelques semaines, des
difficultés dans nos représentations auprès du
ministère de l'Éducation, notamment concernant la
définition des services éducatifs complémentaires et
particuliers à l'intérieur du projet de règlement sur les
régimes pédagogiques où, à ce moment-là, on
nous disait: II se peut que la loi ne nous permette pas telle chose. Il se peut
même que la loi nous interdise telle chose, même si vos
propositions méritent d'être regardées à fond.
C'est donc la première porte d'entrée de notre
intérêt sur cette question. On se dit: Voilà qu'on a un
projet de règlement qui veut définir le régime
pédagogique au primaire et secondaire et voilà qu'en môme
temps il y a un projet de loi qui vient amender la Loi sur l'instruction
publique. On a en même temps l'oeuf et la poule. On ne se demandera pas
lequel des deux il faut regarder; on va essayer de trouver des solutions aux
problèmes que nous percevons. C'est donc dans cette perspective, en
partant, que nous avions signalé notre intérêt
là-dessus.
Bien sûr, d'autres éléments viennent se greffer dans
notre intervention sur le projet de loi, qui concernent d'autres questions qui
nous préoccupent au plus haut point.
Je vais donc commencer par cet élément... La
Présidente (Mme Harel): Je vous interromps, M. le
vice-président. Est-ce que vous avez copie de ce mémoire que vous
entendez déposer devant la commission aujourd'hui puisque le
secrétaire n'en a pas reçu copie? Si tant est que votre adjoint
en avait copie, il pourrait immédiatement la mettre à la
disposition de la commission et nous en ferons des copies pour tous les
membres. Alors, continuez. Je vous remercie.
M. Johnston: Je m'excuse de cet incident. On avait fait parvenir
quelques copies tant au ministre qu'au porte-parole de l'Opposition et on
n'a pas pensé, au moment de la convocation -qu'on a reçue
d'ailleurs tardivement - à déposer d'autres copies pour la
commission.
Je reviens donc aux éléments qui nous semblent
rattachés au débat sur la définition des services
éducatifs complémentaires et particuliers. Nous avons
identifié quelques difficultés qui concernent,
premièrement, les services d'animation sociale et morale dans le milieu
scolaire. Il y a des assises dans la loi pour les services d'animation
catholique, pour les services d'animation pastorale protestante. Il n'y a pas
d'assises dans la loi, il n'y a pas de garanties dans la loi pour les services
d'animation sociale et morale non confessionnelle. À cet égard,
nous faisons des propositions dans notre texte qui visent à introduire
ce droit-là dans la loi et qui visent à assurer l'obligation pour
les commissions scolaires d'offrir ce service-là pour éviter
qu'il y ait une trop grande inégalité de services entre les
étudiants qui sont inscrits dans un profil confessionnel et celles et
ceux qui ne sont pas inscrits dans un profil confessionnel. Or, nos
propositions, vous les retrouverez à l'intérieur de notre texte
sur vos articles à ce qu'on a qualifié de 0.1 et aux articles
18.1, 21.2, 21.3 et 21.4, et qui visent essentiellement à assurer une
égalité de services d'animation sociale et morale et le droit
à ces services-là pour les étudiants à
l'intérieur des commissions scolaires.
Deuxième problème qui a été soulevé
lors de notre rencontre sur les régimes pédagogiques, c'est
l'impossibilité vraisemblable d'assurer dans la définition des
services complémentaires le service de documentation écrite et
audiovisuelle. Nous avons revérifié le texte de la loi et,
à notre point de vue, il n'y a pas d'impossibilité à ce
que le régime pédagogique contienne de telles dispositions
même si la loi est muette sur cette question, puisque la loi
prévoit que le régime pédagogique peut définir les
services éducatifs complémentaires. Je vous rappellerai que c'est
une dimension très importante. L'an passé, il y a eu un
comité d'étude sur l'état des bibliothèques
scolaires qui a conclu à un état de délabrement
avancé des bibliothèques scolaires tant au plan de la
documentation écrite que de la documentation audiovisuelle accessible
aux élèves. Même si ça n'entre pas dans le cadre de
nos représentations sur la loi, nous insistons auprès du ministre
pour que le régime pédagogique asseoit clairement ce droit au
service de documentation écrite et audiovisuelle dans chacun des
établissements scolaires. Ça pourrait être un moyen
d'assurer le développement et l'attention requise de la part des
commissions scolaires à ce service-là.
Troisième aspect que nous avons regardé, c'est la
définition et la garantie de services de garde. Lors de notre rencontre
avec des représentants du ministère, on nous a dit que les
services de garde sont classés dans la loi dans les services à la
communauté et non pas dans les services éducatifs. Cela
empêcherait, semble-t-il, la définition de services de garde comme
services éducatifs complémentaires pour les enfants qui
fréquentent les écoles, soit au niveau préscolaire ou
primaire. Or, nous proposons un amendement au projet de loi 9 qui viserait
à préciser que les services de garde qui s'adressent aux
élèves inscrits aux écoles sont des services
éducatifs complémentaires distincts des services dits à la
collectivité qu'on pourrait appeler les services de garde en garderies
en milieu scolaire. Notre proposition, vous allez la retrouver à
l'article 20.1.
On a aussi fait des propositions en marge de la discussion sur le
régime pédagogique concernant la définition des services
de transport et de restauration comme étant des services
éducatifs complémentaires à un certain titre. Nous ne
revenons pas avec une proposition aussi formelle, mais nous essayons de
définir par la proposition que nous faisons à l'article 23.1
l'obligation pour la commission scolaire qui n'assure pas à
l'intérieur de ses établissements pour les étudiants et
les étudiantes qui doivent être transportés des services de
restauration d'assurer obligatoirement dans ces cas-là le service de
transport. (12 h 45)
Voilà pour les éléments qui sont liés
principalement à la définition des services
complémentaires et particuliers pour étudiants qui nous
semblaient importants.
Autre aspect que nous voulons signaler à votre attention. Il y a
eu l'an passé, à peu près à cette date, un jugement
de la Cour suprême du Canada, dans le cas d'une affaire qui origine de la
Commission scolaire régionale de l'Outaouais, sur la portée des
articles 45 et 46 du Code du travail. Tout le débat sur la loi 107 s'est
fait avant que ce jugement de la Cour suprême ne soit connu. Tout le
monde prenait pour acquis, ou presque, que les règles qui
prévalaient à ce moment-là continueraient de
prévaloir après le jugement de la Cour suprême. Autrement
dit, il n'y a presque personne qui pouvait soupçonner que la Cour
suprême en arriverait à la décision que, pour les articles
45 et 46 du Code du travail s'appliquent, il fallait qu'il y ait un lien
contractuel consensuel entre l'employeur précédent et celui qui
lui succédait. Là, on pense que ça risque de modifier
maintenant de façon substantielle la portée de la loi 107 dans
son application, s! on ne trouve pas le moyen de rétablir les droits
comme ils l'étaient à l'égard d'une restructuration ou
d'une réorganisation administrative. Parce que de deux choses l'une, ou
bien ces articles-là ne s'appliqueront pas, ou bien le forum
prévu au Code du travail pour régler ces problèmes ne sera
plus le bon.
Je veux dire tout de suite que cette question, nous essayons de la
régler par une proposition à l'article 21.1 qui comprend deux
éléments. Le premier, c'est d'essayer de
s'assurer, dans le cadre de la restructuration qui va venir dans le cadre de
l'application de la loi 107, qui ne sera pas une restructuration de type
volontaire comme celle qu'on a connu auparavant, donc où II n'y aura pas
de liens consensuels entre la commission scolaire qui va disparaître et
la nouvelle qui va apparaître, que les articles 45 et 46 du code
s'appliquent, c'est-à-dire que l'accréditation et que la
convention collective soient transférées selon les règles
habituelles. D'autre part, on vit aussi un autre problème depuis le
jugement de la Cour suprême dans plusieurs commissions scolaires
où des gens deviennent des sous-traitants temporaires. Le
deuxième sous-traitant n'étant plus dans la situation de
succéder à la commission scolaire, nous soupçonnons que,
dans plusieurs commissions scolaires, on commence à voir
apparaître des sous-traltants bidon, qui sont là juste pour casser
le lien entre la commission scolaire et le sous-traitant qui vient, le vrai,
quatre mois, six mois plus tard. Nous voyons aussi des sous-traitants qui,
ayant connu la décision de la Cour suprême, décident de ne
plus soumissionner une année, passent un tour, s'assurent donc à
ce moment-là de la cassure du lien entre la commission scolaire et les
sous-traltants successifs, parce qu'il suffit d'avoir un sous-traitant qui
s'Intercale entre la commission scolaire et le deuxième sous-traitant
pour que le lien, au plan de l'application de 46 et de 46, ne s'applique
pas.
Nous proposons donc de corriger la portée de la loi
107, la portée de la Loi sur l'Instruction publique, pour s'assurer que
les dispositions de 45 et de 46 s'appliquent, à la fois au cadre de
l'intégration qui sera forcée par voie législative et
également à toute la sous-traitance dans le cadre du secteur de
l'éducation.
Nous revenons aussi sur la composition du conseil
d'orientation. Aux articles 4 et 4.1, nous proposons de revenir à
l'idée qu'il doit y avoir une forme d'équilibre dans le conseil
d'orientation qui assure qu'aucun groupe n'a de domination numérique
absolue sur l'autre, tout en essayant d'assurer, dans le cadre de la loi, une
représentation minimale assurée pour les parents à
l'intérieur du conseil d'orientation. Notre idée, ce n'est pas
que les personnels doivent être majoritaires. Notre idée, ce n'est
pas qu'un groupe doit être majoritaire. Mais notre idée, c'est
que, pour assurer une véritable collaboration et une véritable
concertation à l'intérieur d'un conseil d'orientation, il ne doit
pas y avoir un groupe qui a une majorité absolue au point de
départ garantie par la loi. Ça, ce n'est pas nouveau comme
discours de notre part, je l'avoue.
Deux, trois ou quatre points supplémentaires sur
lesquels je voudrais intervenir. L'article 35 du projet de loi propose
d'ajouter un pouvoir de dérogation supplémentaire au
régime pédagogique qui s'ajouterait aux deux qui sont
déjà prévus. Il y en a un qui est prévu pour des
motifs humanitaires et il y en a un autre qui est prévu et qui
finalement relève du ministre soit un pouvoir de dérogation
accordé à la commission scolaire conditionné par
l'autorisation du ministre, qui peut s'appliquer à des catégories
d'élèves. D'une part, nous pensons que ces deux pouvoirs de
dérogation sont déjà pas mal larges et importants. D'autre
part, fa seule assise que nous avons vue à l'ajout potentiel d'un
pouvoir de dérogation supplémentaire au projet de régime
pédagogique concerne l'enseignement précoce de l'anglais. Sur
cette question de l'enseignement précoce de l'anglais, notre position
est bien connue; nous nous sommes toujours opposés à ça.
Donc, nous pensons qu'il n'est pas nécessaire d'avoir l'ajout du
paragraphe 9.1, d'un pouvoir dérogatoire supplémentaire. Les fins
pour lesquelles il semble être inscrit ne nous apparaissent pas non plus
justifiées, compte tenu de nos propres positions sur la question.
Deux minutes sur l'article 1, Mme la Présidente, qui
nous inquiète un peu. L'article 1 qui vient ajouter le pouvoir pour la
commission scolaire de dispenser un de ses élèves de l'obligation
de fréquenter une école pour une ou plusieurs périodes
n'excédant pas en tout six semaines par année scolaire pour lui
permettre d'effectuer des travaux urgents. Tel que libellé et compte
tenu qu'il a en même temps pour effet de réduire la portée
de l'article 16, nous croyons qu'une telle formulation dans le contexte des
années 1990 peut être assez dangereuse. Les travaux urgents ne
sont pas qualifiés. Ça pourrait, le cas échéant,
être même du travail salarié. Je ne pense pas qu'on soit
encore à la période où des agriculteurs soient de
façon générale si mal pris qu'ils doivent demander une
permission pour que leurs enfants ne fréquentent pas l'école pour
permettre de procéder à la récolte ou des travaux sur la
ferme. Si c'était l'intention du ministre de permettre ça pour
des cas exceptionnels, peut-être qu'il aurait avantage à utiliser
plutôt les formules qui étaient utilisées dans d'autres
lois, qui étaient plus fermées, qui en précisaient au
moins les fins. Ici, on se retrouve avec une ouverture tellement large que
ça pourrait risquer à la limite d'ouvrir des perspectives qui
contredisent les dispositions législatives qui apparaissent d'ailleurs
dans la Loi sur l'instruction publique et qui interdisent l'emploi de jeunes
pendant la durée de leur fréquention scolaire.
Je vais aborder deux autres questions rapidement À
l'article 19 du projet de loi, on propose d'ajouter une disposition habilitante
pour permettre aux commissions scolaires d'imposer des épreuves, des
examens uniformes, j'imagine, au niveau de la commission scolaire.
On peut comprendre la portée de ça. Dans
certains cas, on peut même croire que ça peut se
justifier. Ce dont on voudrait s'assurer ici - et là, je vous
signalerai que notre proposition mériterait probablement d'être
retouchée - c'est que, à la fois le principe et les
modalités d'épreuve unique imposées par la commission
scolaire soient soumis à une consultation préalable auprès
des personnels. Il y a déjà un article dans la loi qui
prévoit une consultation préalable sur toute cette sous-section
de la loi. Il suffirait, à notre point de vue, de prévoir que
ça doit porter à la fois sur le principe, donc
l'opportunité, mais aussi sur les modalités, puisqu'il s'agit
là, par un ajout quand même substantiel, d'une réduction
par la bande aussi, de la liberté professionnelle des enseignants de
choisir les instruments d'évaluation qui leur conviennent, qui est
déjà inscrite dans la loi. Il faudrait donc que l'arrimage soit
assez sérieusement regardé de ce côté-là.
La Présidente (Mme Harel): Je voudrais vous inviter
à conclure, M. Johnston.
M. Johnston: Oui. Je m'arrêterai... Je vais conclure
rapidement avec une référence rapide à l'article 214 de la
loi, cette fois-ci. Dans le projet de loi 9, c'est l'article 17. Pour
résumer, nous avons de très larges appréhensions sur
l'élargissement important réalisé par l'amendement
à l'article 214, le remplacement de l'article 214 actuel par le nouvel
article. Auparavant, ça ne concernait que les services éducatifs
aux adultes et ça ne comprenait, à toutes fins pratiques, que le
deuxième alinéa de l'article 214 qui est proposé.
Là, on ajoute un premier alinéa dont la portée nous
semble, en tout cas, assez incompréhensible pour l'instant. Nous
aimerions, à tout le moins, si on doit maintenir une formulation de
cette nature-là, que l'ouverture qui est faite à des ententes de
la part des commissions scolaires à des gouvernements étrangers
et à des organismes à l'extérieur, que les
finalités de ces ententes soient précisées à
l'intérieur de l'article.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie, M. Johnston,
pour votre présentation. Je vais inviter immédiatement le
ministre à procéder à cet échange avec vous.
M. Ryan: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je remercie
la CEQ de sa contribution au débat que va soulever l'examen du projet de
loi 9. J'ai pris connaissance avec intérêt des propositions
contenues dans le mémoire que la CEQ remettait hier, à la fois au
côté ministériel et au côté de
l'Opposition.
Je ferais deux ou trois observations générales pour
commencer. Nous devenons très prudents dans ces lois-cadres comme celle
de l'instruction publique, en ce qui touche l'insertion de clauses à
caractère général qui peuvent entraîner des
obligations financières imprévues ou imprévisibles au
moment où on les inscrit dans le texte de loi. On s'est aperçu
ces dernières années qu'à force de mettre toutes sortes de
dispositions contraignantes dans les lois, sans que le législateur en
ait toujours mesuré soigneusement les implications, en particulier les
coûts, et aussi les implications au plan administratif, on avait
contribué à développer un appareil administratif
extrêmement ramifié et qui, parfois, donne l'impression de servir
davantage ses propres fins que celles de la communauté et de la
population. On est plus réservé qu'on ne l'était
autrefois. Cela expliquera que, sur un certain nombre de recommandations que
vous faites, même si nous les trouvons intéressantes en
elles-mêmes, il faudra que nous en examinions soigneusement les
implications avant qu'un jugement ne soit formé. Évidemment, le
jugement sera formé en cours de route, à l'étude du projet
de loi article par article. (13 heures)
Nous nous méfions également des formulations trop
détaillées. Je pense que vous en avez fourni un exemple vers la
fin, que je voudrais peut-être relever tout de suite. Lorsqu'il est
question des épreuves que la commission scolaire ou la direction de
l'école doit administrer pour vérifier la qualité des
apprentissages, nous avons déjà dans la loi actuelle des
dispositions qui prévoient très clairement la consultation
obligatoire des enseignants. Moi, je considère que ces dispositions,
dans les termes où elles sont présentement formulées, sont
satisfaisantes et suffisantes. Je vous réfère en particulier aux
articles 231...
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je vais
immédiatement demander aux membres de la commission s'il y a
consentement pour poursuivre nos travaux jusqu'à 13 h 30. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: D'accord pour le consentement, mais pour que
ça procède, moi, je ferais une suggestion. Je veux dire: À
moins que le ministre ne soit pas disponible jusqu'à 13 h 30, moi, je le
suis et la suggestion que je fais, c'est que, oui, nous puissions continuer tel
qu'entendu jusqu'à 13 h 30, en invitant les membres de la commission,
s'ils ont des obligations tellement obligeantes...
La Présidente (Mme Harel)-' Pressantes.
M. Gendron: ...qu'ils s'en acquittent, on comprendra en retenant
que ce qui est important souvent dans des commissions comme ça, puisque
les discussions se font d'abord entre le ministre et le critique... C'est
sûr qu'on va souffrir de votre absence, comme ce n'est pas possible,
mais
vous pourrez vaquer à vos occupations extraordinaires.
Une voix: Consentement.
La Présidente (Mme Harel): Consentement. Alors, on consent
à répartir équltablement le temps entre la formation
ministérielle et l'Opposition. Alors, M. le ministre...
M. Gendron: Juste une phrase: Si le ministre pouvait finir
à 13 h 15, moi, je ferais de 13 h 15 à 13 h 30, parce que je ne
peux pas dépasser 13 h 30. D'abord, c'est à 13 heures;
deuxièmement, moi aussi j'ai d'autres... On a un caucus, puis ainsi de
suite. À 13 h 30, ça sera au moins la règle d'une
heure.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente-La
Présidente (Mme Harel): Oui.
M. Tremblay (Rimouski):... nous avons commencé à 12
h 28, nous allons terminer à 13 h 28, pour être dans le temps. Une
heure.
La Présidente (Mme Harel): Alors, le député
de Rimouski peut certainement considérer que nous allons être
très stricts dans la durée impartie à notre commission.
Nous allons donc terminer à 13 h 28 et je verrai, avec l'aide du
secrétaire, à répartir équitablement, donc, le
temps qui reste entre les deux formations politiques. M. le ministre, à
vous la parole.
M. Ryan: Alors, je mentionnais qu'à l'article 244 et
à l'article 231. Il y a, à notre point de vue, des dispositions
suffisantes pour tenir compte de la préoccupation légitime que
vous exprimez quant a l'utilité d'une consultation des enseignants avant
que les procédures d'évaluation ne soient instituées par
les commissions scolaires. Là, c'est l'article 0. 1 du mémoire de
la CEQ; les articles 231 et 244 du projet de loi. Alors, c'est seulement
à titre d'exemple et je ne veux pas engager un débat de fond sur
ceci.
Je mentionne une autre observation. Vous demandez qu'on Institue, de
manière obligatoire dans la loi des services d'animation sociale, selon
les termes que vous employez, "sociale et morale", non confessionnelle. Cela ne
nous est pas apparu nécessaire. Ce débat fut fait lors des
débats qui précédèrent l'adoption de la loi 107.
Nous avons discuté de ces questions d'une manière
élaborée. Il fut décidé à l'époque de
prévoir des services d'animation pastorale confessionnelle pour les
protestants et pour les catholiques également, de manière que le
législateur réponde aux exigences inscrites dans la constitution
canadienne en matière de garantie de droits confessionnels. Mais nous
n'estimons pas nécessaire d'aller plus loin et nous croyons que
l'école a beaucoup d'autres moyens de s'acquitter de son devoir de
formation sociale et morale auprès de tous ses élèves et,
dès que nous sortons des questions religieuses, il me semble que la
règle, c'est que tous les élèves sont sur un pied
d'égalité, qu'ils participent tous à des activités.
Les activités que vous demandez, il n'y aurait aucune raison d'en
exclure les élèves dont les parents ont fait un choix en faveur
de certaines valeurs confessionnelles. C'est pour ça qu'au point de vue
logique, c'est très difficile à traduire dans un texte qui soit
à la fois cohérent et pratique. C'est pour ça que le
législateur n'avait pas jugé devoir retenir cette
considération dans le texte même de la loi.
Il y a plusieurs recommandations qui visent finalement à faire
disparaître des références à des structures
confessionnelles. Il y a des modifications que vous proposez, par exemple, dans
des articles traitant des commissions scolaires. On fait disparaître
quelques mots et ça change complètement la signification de
l'article. C'est un débat qu'on a fait avec la CEQ lors de l'adoption de
la loi 107 et que nous ne croyons pas opportun de rouvrir aujourd'hui. Nous
respectons votre volonté de ce côté-là, mais nous
n'entendons pas vous suivre sur ce terrain.
Il y a beaucoup de recommandations pratiques que nous pourrons, je pense
bien, examiner avec sympathie quand nous examinerons le projet de loi article
par article dans la mesure où elles seront compatibles avec les
intentions générales du gouvernement qui n'ont pas changé
depuis l'adoption de la loi 107. Nous serons très heureux de pouvoir
inclure certaines de ces recommandations dans le texte môme du projet de
loi. Je veux vous assurer que nous les examinerons avec ouverture.
Maintenant, je vous adresse une question. À propos de l'article
214 de la Loi sur l'instruction publique modifié par l'article 17 du
projet de loi 9, la CEQ s'inquiète de la signification exacte que le
législateur voudrait apporter à cet article. Est-ce que vous
pourriez fournir des précisions sur les motifs de votre
inquiétude? Moi-même, je ne prétends pas avoir une
compréhension cristalline de cet article. Si vous pouvez nous
éclairer sur les difficultés qu'il peut comporter, ce serait de
nature à nous rendre service.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. Johnston.
M. Johnston: Je voudrais d'abord signaler à l'attention du
ministre de l'Éducation que, pour ce qui concerne notre proposition qui
est relative à l'article 19, nous avions effectivement prévu la
référence que vous feriez à l'article 244 et la suggestion
que nous ferions, c'est plutôt que de prévoir le texte tel que
nous le proposons à la page 14 de notre texte, ce serait
d'arrêter
après... de prendre le texte qui est proposé par le projet
de loi et d'y ajouter seulement la mention "Dans ce cas, l'article 244
s'applique au principe et aux modalités des épreuves à
imposer".
M. Ryan: J'ai pris note de la suggestion.
M. Johnston: Ce qui permettrait de rendre les deux textes
compatibles et qui ne créerait pas de confusion. L'objectif, c'est que
la consultation porte à la fois sur le principe et l'opportunité
d'épreuve unique et sur les modalités, ce que n'assure pas en soi
le libellé de l'article 244.
Quant aux autres dimensions, je veux signaler qu'effectivement, quand on
demande d'introduire dans des dispositions législatives des droits pour
les usagers, ça risque d'entraîner des coûts. Est-ce que
ça va entraîner une augmentation, une inflation de l'appareil
bureaucratique comme le ministre le suggère? Ça, on est loin de
partager son point de vue là-dessus parce que, dans la mesure où
il y a dans la loi des droits qui sont assurés pour les usagers, les
étudiantes, les étudiants et leurs parents, ça devient de
la responsabilité de la commission scolaire de les assurer. Ça ne
veut pas dire qu'on grossit pour autant le ministère de
l'Éducation, mais on place la commission scolaire en situation,
cependant, de revendiquer du ministère de l'Éducation les
crédits nécessaires pour être capable d'assurer ces
services-là. Ça, c'est un fait. Et là il y a des choix
à faire, c'est évident. Mais est-ce qu'on peut faire des choix en
regardant seulement les contraintes administratives, en ne regardant pas aussi
les principes qui sont de l'ordre du droit à ('égalité? Je
veux bien qu'on ne fractionne pas les services au point de dire qu'il y aura
des services équivalents pour chacune des confessions religieuses. Il y
a des privilèges pour les catholiques et les protestants. Mais pour les
autres qui ne sont ni catholiques, ni protestants, est-ce qu'on peut au moins
assurer une égalité de services? C'est ça notre
proposition.
La Présidente (Mme Harel): Je vais vous demander de
conclure, M. Johnston, parce qu'il ne reste que trois minutes imparties au
ministre.
M. Johnston: Quant à nos inquiétudes sur l'article
214, je vais demander à Henri Laberge de compléter.
M. Laberge (Henri): En fait, on n'a pas très bien compris
l'objectif de l'article. Si je lis l'article 214 actuel: "Une commission
scolaire peut conclure une entente pour la prestation de services
éducatifs." Dans la modification proposée, il n'est plus
nécessaire que ce soit pour la prestation de services éducatifs.
C'est une entente sur n'importe quoi. Ça, c'est une précision qui
disparaît dans la modification proposée.
Alors, ça on ne sait pas pourquoi.
Deuxièmement, les ententes devaient servir uniquement pour les
services éducatifs aux adultes, et seulement avec le gouvernement du
Canada et les gouvernements d'une autre province. Maintenant, on peut faire des
ententes, concernant n'importe quelle catégorie d'élèves
avec des gouvernements étrangers, des gouvernements d'autres provinces
et avec le gouvernement du Canada. Alors, on ne comprend vraiment pas pourquoi
et avant d'avoir reçu une explication de la part du ministère des
objectifs réels qui sont visés par ça, bien, on ne peut
pas être d'accord avec ça parce qu'on volt certains dangers.
Est-ce que ça va laisser la possibilité, par exemple, aux
commissions scolaires de conclure des ententes avec un gouvernement d'une autre
province pour envoyer des élèves étudier dans une autre
province avec, en retour... Avant qu'une disposition législative
permette ça, on aimerait bien connaître les conséquences
exactes que pourraient avoir de tels types d'ententes?
A priori, on est contre le changement. L'article 214 est
déjà suffisamment large, peut-être même trop large
à notre avis, mais au minimum on ne devrait pas aller plus loin que
ça.
La Présidente (Mme Harel): Écoutez, l'on m'informe
qu'il reste une minute. Si j'ai le consentement de l'Opposition, M. le
ministre, j'inviterais le député de Verdun à prendre la
parole à ce moment-ci.
M. Gendron: Oui, oui, Mme la Présidente, de toute
façon, parce que je prétends que... C'est surtout le ministre,
puisqu'il y a des revendications que je partage qui s'adressent davantage au
législateur...
La Présidente (Mme Harel): Alors, vous consentez?
M. Gendron: Je consens que jusqu'à 13 h 20 le temps soit
laissé aux ministériels et au ministre, bien sûr. Moi, je
prendrai de 13 h 20 à 13 h 28.
La Présidente (Mme Harel): À 13 h 28. Alors, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, Mme la Présidente. Moi, j'ai une
question parce que je n'ai pas compris votre intervention sur la remarque que
vous faites sur l'article 256 qui touche les services de garde. Vous demandez
que les services de garde ne soient plus considérés comme des
services à la communauté, mais qu'ils soient
considérés comme des services éducatifs
complémentaires. Pratiquement, ça changerait quoi?
M. Johnston: Pratiquement, ça ouvrirait la
possibilité que les règlements sur le régime
pédagogique prévoient l'affirmation du droit à des
services de garde de façon progressive et l'obligation pour les
commissions scolaires de les organiser, alors qu'en les traitant comme
étant des services de type communautaire à la
collectivité, ce sont des services qui sont facultatifs au plan de
l'organisation pour les commissions scolaires et, au surplus, ce sont des
services pour lesquels les usagers peuvent être cotisés.
M. Gautrin: Si je comprends bien, vous voulez que ce soient des
services de garde qui soient, à ce moment-là, gratuits. C'est
ça?
M. Johnston: Bien, le plus possible.
M. Gautrin: Oui, ça, je comprends, mais on rentre dans
tout le débat sur les services de garde.
M. Laberge: Ce qu'on demande, c'est que la loi permette au
régime pédagogique d'en faire un service complémentaire au
sens du régime pédagogique. On ne demande pas que la loi rende
les services obligatoires, mais on demande que la loi permette au régime
pédagogique de les rendre obligatoires.
M. Gautrin: O.K.
M. Johnston: Ce qui permettrait de procéder à une
forme d'implantation évolutive parce que le régime
pédagogique ça se modifie plus facilement qu'une disposition
législative. (13 h 15)
M. Gautrin: Mais déjà, II y a une Implantation qui
est évolutive dans les services de garde en milieu scolaire.
La Présidente (Mme Harel): Vous avez terminé, M. le
député de Verdun?
M. Gautrin: Oui.
La Présidente (Mme Harel): J'inviterais, à ce
moment-ci, le ministre à conclure, à moins qu'un
député ministériel ne veuille prendre la parole. M. le
ministre.
M. Ryan: Les questions soulevées à propos de
l'article 214, en particulier, sont complexes. Quand nous arriverons à
cet article-là, nous fournirons toutes les explications
nécessaires aux députés. Ils seront en mesure de se
prononcer en connaissance de cause, à la lumière, à la
fois de vos interrogations et des précisions que nous apporterons.
Malheureusement, le temps dont nous disposons ne me permet pas de poursuivre
là-dessus, mais j'ai pris note de l'objet de vos interrogations, qui
m'apparaît légitime et auquel, je pense, nous avons des
réponses valables. Merci.
La Présidente (Mme Harel): Voulez-vous conclure, M. le
ministre?
M. Ryan: Merci.
La Présidente (Mme Harel): Ça va. J'inviterais le
député d'Abitlbi-Ouest à entamer cette période de
discussion avec nos invités.
M. Gendron: Très rapidement, je veux remercier les
porte-parole de la Centrale de l'enseignement. Je pense que c'est une
excellente réflexion que vous avez faite sur le projet de loi 9. Elle me
servira adéquatement comme bon outil pédagogique pour
l'étude article par article, puisque votre document permet,
effectivement, d'apporter des précisions sur chacun des articles du
projet de loi 9 et, surtout, sur certains éléments qui ne sont
pas contenus, comme tels, dans la loi 9. Donc, il y avait là une
volonté de votre part, compte tenu du phénomène que vous
avez bien expliqué, de la poule et de l'oeuf, par rapport au
régime pédagogique. Il y a des éléments dont vous
avez profité pour venir dire aux membres de cette commission qu'il y
aurait intérêt à ce que nous profitions des modifications
à la loi 107, dans le cadre du projet de loi 9, pour faire les ajouts
requis. Il ne semble pas qu'il y ait une grande ouverture ministérielle.
On aura l'occasion de la tester un peu plus véritablement article par
article. C'est ce à quoi je m'engage devant vous, mais on verra le
résultat. Je suis habitué, quand même, de fonctionner, et
je ne suis pas sûr que, quand on est assis sur la vérité,
à certains égards, il y ait beaucoup d'ouverture.
Donc, c'est un bon papier. Merci de votre contribution. C'est moi, de
toute façon, qui ai demandé aux membres de cette commission de
vous entendre parce que je me doutais que vous aviez des choses à dire,
et votre papier le prouve.
Sur les ajouts que vous voulez faire, je ferai un seul commentaire sur
un ajout qui m'apparaît important. Je pense que vous posez bien le
problème de ce que j'appelle le principe d'égalité des
droits qui dort toujours être mis en parallèle avec la question
des coûts. Moi, je ne fabule pas, ce matin, et je ne perds pas
connaissance quant à la hausse des coûts, dans la perspective
où c'est toujours, de toute façon, une problématique qui
doit être gérée par quelque ministre de l'Éducation
que ce soit, parce qu'il fait quand même des choix avec l'enveloppe qu'il
a. Ce n'est pas parce qu'on ajouterait des responsabilités aux
commissions scolaires, basées sur le principe des droits, qu'il y aurait
un drame de coût, en ce qui me concerne. C'est une fausse théorie
et je ne l'accepte pas, évidemment.
Tout ça, c'était pour vous dire que, pour ce qui est de
votre premier 0.1, nous, on l'a débattu
longuement et j'estime que, là-dessus, vous aviez raison et que
vous avez encore raison, pas parce qu'on disait la même chose, mais c'est
qu'on l'a regardé dans tous les sens. Oui, il y a une logique dans le
fait que tous les élèves aient des droits analogues. Et une
façon d'avoir des droits analogues, à partir du moment où
il y a une protection pour les confessions religieuses, qu'elles soient
protestantes ou catholiques - il y avait une logique et il y a toujours une
logique, selon nous - c'est par l'ajout de services complémentaires en
animation sociale et morale non confessionnelle pour l'ensemble des jeunes des
deux sexes du Québec qui voudraient bénéficier de ce type
de formation, mais ça ne semble pas passer comme message.
Sur les recommandations que vous faites ou les modifications, toujours
dans le peu de temps qui nous est imparti, j'avais une question précise
concernant les ententes avec les organismes extérieurs. J'estime,
effectivement, que le 214 ouvre la porte et rend presque
incompréhensible la modification proposée, parce qu'il s'agit
d'une portée beaucoup plus large. Le ministre nous dit: On verra
ça article par article. Je pense bien, M. Laberge, que vous avez eu
l'occasion de donner des précisions, et je ne pose pas la question, sauf
qu'on essaiera de voir la possibilité de fermer plus
hermétiquement la porte aux dangers appréhendés que vous
voyez là.
J'ai deux questions, je ne veux pas juste faire des commentaires. La
première question, c'est sur la dispense de fréquentation
scolaire. Vous en avez parié et je prétends que c'est un article
majeur parce qu'on revient à l'ancien monde. Quelles sont,
concrètement, les implications que vous voyez là, sur le plan
concret, comme centrale d'enseignement, si jamais la dérogation
était appliquée sur une échelle grand V? Quelles
conséquences ça peut poser au système scolaire?
La Présidente (Mme Harel): M. Johnston.
M. Johnston: C'est à la discrétion de la commission
scolaire. Nous, on n'est pas en mesure d'évaluer où ça va
s'arrêter, l'application de cette nouvelle disposition-là. C'est
ça qui nous inquiète. S'il fallait maintenir une disposition de
cette nature pour régler des cas d'exception, encore faudrait-il,
à notre point de vue, en refermer l'application en prévoyant, au
minimum, la nature des cas exceptionnels auxquels ça doit s'appliquer.
Des travaux urgents, ça peut couvrir n'importe quoi.
M. Gendron: Oui, mais c'est plus, M. Johnston, pour avoir votre
point de vue. Moi, je ne sais pas, je vais y aller comme ça, selon ce
que j'appelle le gros bon sens. Qui est capable de prévoir
l'exceptionnel? Je peux me tromper, mais, rapidement, je dis: À peu
près personne.
Est-ce qu'entre ce que je viens de dire, à savoir ne pas avoir de
disposition, en sachant toujours qu'il y aura du monde qui devra prendre des
décisions sur des cas exceptionnels, vous préférez plus
cette formule-la, c'est-à-dire: On n'ouvre pas la porte, l'école,
c'est obligatoire et II n'y a pas de dérogation, sachant que, pour des
raisons exceptionnelles, arbitrées sur place par les milieux
concernés, il y en aura? Est-ce que vous préférez cette
formule-là à celle-là? C'est ça que je veux savoir
de vous.
M. Johnston: Nous, on préférerait, quant à
nous, que cette porte-là ne soit pas grande ouverte.
M. Gendron: Très bien, c'est clair. La deuxième
question que je voudrais poser, c'est sur la dérogation au régime
pédagogique. On a tous lu l'article tel quel: "autoriser le ministre
à permettre une dérogation à une disposition du
régime pédagogique pour favoriser, dans les matières
prévues au régime, la réalisation d'un projet
pédagogique particulier applicable à un groupe
d'élèves." Votre réflexion vous amène à voir
quels dangers concrets, si jamais le ministre maintenait sa décision de
laisser son libellé tel quel à l'article 35? Quels dangers
concrets avez-vous analysés?
M. Johnston: Peut-être qu'Henri peut y aller pour
commencer.
M. Gendron: Oui, vous ou Henri.
M. Laberge: II s'agit du paragraphe 9.1°?
M. Gendron: Oui.
M. Laberge: Bon. C'est que, déjà, il y a le
paragraphe 10... 247? C'est quoi, le numéro de l'article?
M. Gendron: L'article 447 de la loi 107.
M. Laberge: O.K. Vous avez déjà deux pouvoirs de
dérogation. Le paragraphe 9: "autoriser le ministre à permettre
une dérogation... pour des raisons humanitaires ou pour éviter un
préjudice grave à un élève". Le ministre a dit,
dans une explication, au début de la commission parlementaire, qu'il
voulait permettre, par exemple, aux commissions scolaires protestantes qui,
déjà, donnaient l'enseignement en anglais à partir de la
première année, de liquider progressivement cette situation. Il
nous semble que la disposition qui parle d'éviter un préjudice
grave à un élève pourrait être éventuellement
utilisée dans ces cas-là, étant donné le temps
déjà consacré à l'apprentissage de l'anglais. Si on
n'était pas capable de le régler uniquement par la question
d'éviter le préjudice grave, il me
semble qu'on devrait préciser davantage, et non pas ouvrir la
porte aussi largement. D'ailleurs, dans l'exposé donné par le
ministre, auquel je fais référence, il parlait de beaucoup plus
large que ça. Il pariait de la possibilité d'avoir des
expérimentations pédagogiques assez larges sur l'enseignement
précoce de l'anglais. Ça, nous, on pense que ça devrait
être encadré d'une façon beaucoup plus précise que
ça.
Le paragraphe 10 parie d'exempter des catégories
d'élèves, tandis que le paragraphe 9.1e parie
d'exempter des groupes d'élèves. La différence entre la
catégorie et le groupe, c'est probablement que la catégorie,
ça désigne des situations comme, par exemple, des
handicapés ou des élèves en difficulté, tandis que
les groupes, ça voudrait signifier une école ou une classe. Il ne
nous semble pas que ce soit intéressant de pouvoir permettre une
dispense, comme ça, du régime pédagogique sur une base
autre que celle de catégories particulières
d'élèves, parce qu'on peut s'orienter, à ce
moment-là, vers une situation où, finalement, le régime
pédagogique va définir une situation idéale, mais
où les exceptions vont être tellement nombreuses que le vrai
régime pédagogique, ce ne sera pas celui qui est écrit, ce
sera celui qui va s'appliquer par exception.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Abitlbi-Ouest, je vais vous inviter à conclure. Je crois qu'il nous
reste quelques minutes, trois ou deux minutes.
M. Gendron: II y a une dernière question que j'aimerais
vous poser, puisque vous êtes ici. Je sais que la
Fédération va le faire. Il semblerait que l'application de
l'article 292 du projet de loi 107 concernant la surveillance du midi pose des
problèmes réels d'application. Ma question est simple: Est-ce
que, comme centrale syndicale, vos commettants vous ont fait des
représentations à l'effet que, pour eux, ça posait un
problème réel d'application?
Une voix: La surveillance du midi.
M. Gendron: La question de la surveillance du midi, pour les
élèves qui ne vont pas dîner à
l'extérieur.
M. Johnston: Nous, on n'a pas fait de vérification
spécifique là-dessus.
M. Gendron: Merci. Puisque mes deux minutes ne sont pas
écoulées - il m'en resterait une - M. Johnston, un ajout à
l'article 259.1 pour toute la question que vous avez soulevée,
correctement je pense, suite au jugement pour conserver toute la question de la
réputation de l'aliénation, au sens du Code du travail, du lien,
si ce n'est pas Inclus dans le projet de loi 9, quelles conséquences
est-ce que ça peut avoir pour vos effectifs?
M. Johnston: Bien, ça pourra vouloir dire que, dans le
secteur des commissions scolaires, la sous-traitance qui, entre autres, se
produit actuellement sur une large base dans plusieurs secteurs,
échapperait à l'application des articles 45 et 46 du Code du
travail. Ça peut vouloir dire aussi que, dans le cadre de la
restructuration imposée par voie législative qui suivrait,
j'imagine, une décision de la Cour d'appel sur la
constltutionnalité, la loi 107 ou bien les articles 45 et 46 ne
s'appliqueraient pas ou bien que ce ne serait pas le recours prévu
à l'article 46 qui s'appliquerait pour les fins de l'application de
l'article 45. Donc, ça veut dire qu'on se retrouverait dans une
espèce d'imbroglio juridique sur la sécurité des
accréditations et des conventions collectives au moment où on
transformerait les structures scolaires. Mais on pense que ce n'est pas bon
pour personne.
M. Gendron: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Harel): Alors, je vous remercie, M.
Johnston et M. Laberge. La commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures. Nous recevrons alors des représentants de la
Fédération des commissions scolaires du Québec.
(Suspension de la séance à 13 h 28)
(Reprise à 15 h 12)
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
La Présidente (Mme Harel): J'invite les membres de la
commission à prendre place. Je vais immédiatement accueillir les
représentants de la Fédération des commissions scolaires.
Je vais inviter leur président à nous présenter les
personnes qui l'accompagnent.
M. le président, juste avant que nous débutions, M.
D'Anjou, je crois, comprendra qu'il y a un consentement entre les membres de
cette commission pour que nous procédions à l'examen du
mémoire présenté par la Fédération durant
une heure et qu'à la fin de cette heure, nous suspendions nos travaux
jusqu'à 21 heures ce soir. C'est bien le cas?
M. Gendron: C'est bien le cas.
La Présidente (Mme Harel): C'est bien le cas, M. le
ministre? À vous, M. D'Anjou.
M. D'Anjou (Guy): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Harel): Excusez-moi.
Est-ce que le député de Verdun veut intervenir? Non.
Alors, à nouveau, M. D'Anjou, je vous donne la parole.
M. D'Anjou: Mme la Présidente, M. le ministre et M. le
critique de l'Opposition, M mes et MM. les membres du comité, je veux
vous remercier de l'opportunité que vous nous donnez de vous faire part
de notre point de vue sur le projet de loi que vous étudiez en ce
moment. Les personnes qui m'accompagnent, sont: à ma droite, Mme Diane
Drouin, première vice-présidente de la Fédération;
à ma gauche, M. Marc Sabourin, qui est président du
comité...
La Présidente (Mme
Harel): Excusez-moi, M.
D'Anjou. Je souhaiterais que nos travaux se déroulent dans un
silence qui en permette plus facilement la poursuite. Merci.
M. D'Anjou: M. Sabourin est président du comité qui
a étudié ce projet de loi, samedi dernier, et qui nous a soumis,
à la Fédération, ses recommandations que nous vous
transmettons. Je suis également accompagné de Me François
Houde, à ma gauche, qui est notre conseiller juridique,
secrétaire général de la Fédération et,
à l'arrière, j'ai M. Guy Beaudin un professionnel de la
Fédération et M. Hubert Gauthier qui est directeur des services
de communications à la Fédération.
Nous allons procéder assez brièvement. Vous avez quand
même le texte de nos recommandations. Je peux vous garantir une chose,
nous ne vous retiendrons pas jusqu'à 5 heures cet après-midi.
Nous allons vous donner une chance de vous reposer.
La Présidente (Mme Harel): Je vous précise
immédiatement que vous avez 20 minutes à votre disposition pour
nous présenter votre mémoire.
M. D'Anjou: D'accord, madame. Ça ne les dépassera
pas.
Ce projet de loi modifie la loi 107 qui a pris effet le 1er juillet
dernier. Nous sommes d'accord avec le gouvernement à l'effet qu'il y a
beaucoup d'articles qui doivent être adaptés, corrigés. Il
y avait certaines coquilles dans la loi 107. Là-dessus nous sommes
parfaitement d'accord et nous ne commenterons pas cet aspect-là.
D'ailleurs, plusieurs de ces modifications répondent à des
demandes de la Fédération. Nous sommes parfaitement d'accord que
les ajustements nécessaires soient faits.
La politique de la Fédération au cours des années,
et je dirais même depuis toujours, a toujours été de
favoriser la plus large autonomie possible aux commissions scolaires dans un
système qui est devenu extrêmement centralisé. Je pense
que, dans divers domaines, on commence à réaliser que, pour une
plus grande efficacité, pour une meilleure implication des gens du
milieu, il faut penser décentralisation. Nous reconnaissons la mission
gouvernementale en matière d'éducation et je pense que nous
avons, à maintes reprises, collaborer d'une façon très
efficace avec le gouvernement pour tenter de faire un succès de notre
mission éducative. Mais nous maintenons que le gouvernement doit
être soucieux, et le législateur aussi, de nous laisser la plus
large marge de manoeuvre possible pour que les gens du milieu puissent vraiment
s'impliquer d'une façon efficace.
Lors du débat précédant l'adoption du projet de loi
107, nous avons fait connaître notre opposition au pouvoir, que
s'accordait le gouvernement à l'article 451, de déterminer le
nombre maximum de postes pour chaque classe d'emploi du personnel-cadre de la
commission scolaire. Malgré cela, l'article 451 a été
adopté. Dans le projet de loi 9, on ajoute deux articles: 3 et 5 qui
ajoutent une contrainte additionnelle à cet article 451, mais cette
fois-ci, pour la nomination, à l'intérieur de chaque école
ou de chaque centre d'éducation des adultes, des directeurs adjoints.
Nous pensons qu'à l'intérieur du cadre budgétaire, les
commissions scolaires sont en mesure de juger du nombre d'adjoints
nécessaires dans chaque école et dans chaque centre
d'éducation des adultes. Il peut arriver des circonstances où, en
particulier dans une école polyvalente, il puisse être
nécessaire, pendant une certaine période, d'avoir un adjoint
supplémentaire et, dans les faits, c'est déjà
arrivé dans le passé qu'on ait eu un adjoint
supplémentaire, quand une polyvalente traversait des périodes
extrêmement difficiles. Vous savez qu'il y a eu des périodes
où cela a été très difficile dans les écoles
polyvalentes. Il y avait un grand ménage à faire. Et nous avons
réussi à faire le ménage. Je pense qu'aujourd'hui, la
réputation des écoles polyvalentes s'est grandement
amélioriée, mais nous avons dû, à certaines
périodes, ajouter un adjoint et nous aimerions avoir encore cette
latitude, Mme la Présidente.
La Fédération demande que ces deux articles soient
retirés parce que cela a pour effet de limiter les possibilités
d'organisation des commissions scolaires. Nous croyons que ce qu'il y avait
dans la loi 107 auparavant, c'était amplement suffisant, c'était
au-delà de ce que nous désirions.
La Fédération comprend et accepte que des
dérogations soient nécessaires pour pallier certaines situations
particulières. Ça, c'est l'article 35 du projet de loi 9 qui
ajoute une possibilité de dérogation au régime
pédagogique. Nous sommes convaincus que ce pouvoir de dérogation
pourrait être exercé par la commission scolaire et même
devrait l'être. C'est la commission scolaire qui, en somme, est la plus
en mesure d'apprécier ces situations particulières,
étant très près des usagers.
Les articles 8 et 27 du projet de loi modifient la composition du
comité exécutif de la commission scolaire. Le rôle d'un
comité exécutif étant de faciliter le fonctionnement de la
commission en déléguant à un groupe restreint de personnes
la responsabilité de certaines décisions, surtout les gestes
administratifs. Nous croyons que ces articles, 8 et 27, devraient être
modifiés de sorte que le nombre de commissaires ayant droit de vote au
comité exécutif représente, au plus, le tiers des
commissaires au conseil avec un maximum de sept. C'est la position qui a
été prise par notre Fédération.
Nous croyons également que le nombre de représentants du
comité de parents et de parents de la minorité linguistique
devrait être limité à deux, au comité
exécutif, pour les commissions scolaires intégrées et
à un dans le cas des autres commissions scolaires.
Je pense que ça, c'est une question d'équilibre, à
mon sens. On dit: Un comité exécutif, c'est un nombre restreint
de personnes, donc tous les commissaires ne devraient pas siéger au
comité exécutif. On dit: Les représentants des parents, ce
n'est pas nécessaire qu'ils siègent tous au comité
exécutif. Nous pensons que, de la même façon que nous
croyons qu'il faut réduire le nombre de commissaires qui siègent
à un comité exécutif, c'est la même chose pour les
représentants des comités de parents. Ça, c'est pour plus
d'efficacité et aussi pour réduire les coûts.
Dans les cas des commissions scolaires polyvalentes évidemment,
il y a beaucoup plus de commissaires qui sont membres, nous favorisons la ligne
du tiers, avec quand même un maximum ne dépassant pas le tiers,
c'est un peu la position qui a été prise par le comité et
adoptée par le conseil d'administration de la Fédération.
Il y a peut-être des accommodements au niveau d'une commission scolaire
régionale qui compte plusieurs commissions scolaires localement mais un
nombre très considérable de commissaires.
Alors, les règles de fonctionnement du comité
exécutif de la plupart des commissions scolaires prévoient
déjà la possibilité, pour les commissaires, d'assister aux
réunions du comité exécutif même s'ils n'en sont pas
membres. Dans la pratique, c'est passablement généralisé,
mais c'est une décision qui a été prise localement, qui
est une responsabilité locale, et nous croyons que ça devrait
rester une responsabilité locale, parce que l'article 9 du projet de loi
amène des modifications à l'article 180 de la loi 107 en disant
que tous les commissaires peuvent participer au comité exécutif.
Et nous croyons que cet article devrait être modifié ou
retiré parce qu'il y a des circonstances où il n'est
définitivement pas raisonnable ni désirable que tous les
commissaires assistent à une réunion du comité executif.
Je vais vous donner l'exemple de cas où on étudie des
problèmes de personnel. Il y a des choses vraiment qui doivent rester
confidentielles. Si les membres du conseil des commissaires font tous partie du
comité exécutif, même si on déclare un huis clos,
nous pensons que ces membres-là pourraient rester, dans des situations
comme celles-là. Il y a aussi des cas extrêmement pénibles,
des cas de discipline pour certains élèves, où des
décisions importantes se prennent où nous rencontrons
l'élève avec ses parents. Et ces choses sont très
pénibles à certains moments. Il est désirable que le
nombre soit restreint aux membres votant, aux membres du comité
exécutif et qu'on n'ajoute pas, à ce moment-là, tous les
commissaires. C'est la pratique qui existait depuis l'existence des commissions
scolaires régionales, au moment où on a formé les premiers
comités exécutifs. C'est la pratique existante qui donne,
à notre sens, entièrement satisfaction et nous pensons qu'il n'y
a pas lieu de modifier cette pratique-là et de laisser à chaque
milieu le soin de décider le mode de participation des commissaires au
comité exécutif.
Le projet de loi amène une modification au pouvoir de taxation de
commissions scolaires, et c'est loin de corriger l'iniquité qui existe
présentement. L'article 25 du projet de loi l'accentue au contraire. Tel
que rédigé, cet article obligerait la commission scolaire
à partager avec d'autres commissions scolaires ses revenus de taxes
foncières, déjà minimes, dans une proportion
injustifiée. Le résultat, c'est que certaines commissions
scolaires vont retirer des taxes foncières pour le même
élève de la part de deux territoires de commissions scolaires:
1°, territoire où l'élève réside; 2°
territoire où est situé l'école où
l'élève suit ses cours. Alors, double financement à
même la taxe foncière pour certains élèves. Alors,
nous croyons que cela devrait être limité uniquement à
l'endroit de résidence de l'élève et non pas à
l'endroit où est situé l'école. C'est une question
d'équité et de justice. Nous demandons donc que cet article soit
corrigé de façon que le partage de la taxe soit fait en fonction
de la résidence des élèves et non pas en fonction du lieu
de l'école de fréquentation.
En terminant, sur le contenu du projet de loi 9, c'est avec surprise que
nous avons constaté que plusieurs des modifications ont un effet
rétroactif au 1er juillet 1989. Nous pensons que ça n'a pas sa
raison d'être. L'effet rétroactif des articles 3 et 5.
Évidemment, si on élimine ces deux articles-là, comme nous
le demandons, là mes remarques ne s'appliquent plus. Mais au cas
où ils seraient maintenus - nous espérons que non - l'effet
rétroactif fait en sorte que certaines commissions scolaires qui ont agi
légalement depuis le 1er juillet se retrouvent maintenant dans une
situation d'illégalité avec les conséquences que cela
comporte Alors, ça nous paraît inacceptable, parce que les
commissions
scolaires qui ont pris des engagements en engageant du personnel, si les
articles en question avaient un effet rétroactif, cette situation est
illégale. La commission scolaire est prise parce qu'elle a des
engagements pris. C'est un contrat d'engagement. Il faut respecter les
engagements, quitte à y mettre fin en temps et lieu.
Je termine en constatant que le projet de loi 9 est surtout remarquable
par ce qu'il ne contient pas plutôt que par ce qu'il prévoit. La
Fédération et les commissions scolaires sont déçues
qu'on ne profite pas de cette occasion pour clarifier certaines dispositions de
la loi 107, en particulier l'article 292 qui prévoit l'obligation
d'assumer la surveillance du midi. Je pense que cet article-là devrait
être clarifié. En effet, l'ambiguïté actuelle risque
de mettre en péril la viabilité des services de garde en milieu
scolaire. La Fédération croit que des mesures législatives
concrètes doivent être adoptées pour corriger cet article
292. Ces mesures doivent attribuer, en somme, aux commissions scolaires la
marge de manoeuvre nécessaire à la prise de décision. Moi,
je tiens particulièrement, à l'article 292, à
développer davantage, si vous me le permettez. C'est que cet article met
les commissions scolaires en situation de fournir un double service le midi: le
service de garde qui est obligatoire et le service de transport du midi qui ne
Test pas. Mais dans les faits, là où le milieu a
déjà établi un service de transport du midi qui, dans
certains cas, la plupart des cas, est gratuit, dans d'autres cas il y a une
tarification, si en plus, on oblige la commission scolaire à maintenir
un service de garde... Il faut dire que là, il y a un service de
transport. La population et les parents sont satisfaits de ce service. Ils sont
heureux que les enfants aillent manger à la maison ou qu'on aille
conduire les enfants ou que les enfants aillent manger dans une garderie du
village, pas nécessairement là où il n'y en a pas dans les
écoles. Si on ajoute l'obligation de maintenir un service de garde
à la commission scolaire, c'est un double service que nous donnons,
double coût.
Alors, nous pensons nécessairement qu'il faut éliminer
cette obligation et laisser à la commission scolaire le choix de donner
l'un ou l'autre. Si une commission scolaire veut donner les deux, c'est bien
son droit. Mais, les commissaires d'écoles étant élus au
suffrage universel, ils sont des contacts vis-à-vis de la population,
vis-à-vis des parents. Et avec les ressources que nous avons, la
commission scolaire est en mesure de prendre la décision la mieux
appropriée pour le milieu qu'elle dessert.
Ce que nous demandons, c'est de laisser aux commissions scolaires la
latitude, soit d'organiser un service de garde, soit un service de transport du
midi, et que, ces services-là n'étant pas financés par des
subventions gouvernementa- les - ils n'ont jamais été
financés par les subventions gouvernementales - la commission scolaire
ait la liberté de tarifer selon sa capacité
financière.
C'est un petit peu ça notre conclusion. C'est surtout l'article
292 que nous aimerions voir amender. Nous comptons, évidemment, sur la
collaboration du ministre et de l'Opposition pour nous permettre de
régler ce problème qui peut nous amener des procédures
judiciaires à un moment donné parce que les avis juridiques
divergent. Je vous remercie beaucoup pour votre écoute. Nous pourrons
vous fournir des informations supplémentaires.
Évidemment, il y a beaucoup d'autres articles - si on se
référait aux mémoires présentés au moment de
l'adoption de la loi 107 - sur lesquels je n'ai pas l'intention de revenir ici
aujourd'hui. Mais il y a des choses qui sont dispendieuses pour les commissions
scolaires, qui sont lourdes de fonctionnement. Je pense au nombre de membres de
différents comités qui ont été établis. On a
ajouté un nombre de comités dans les écoles, au niveau des
commissions scolaires mais il y a un nombre considérable de membres pour
ces comités que la loi prévoit. Pour une petite commission
scolaire, c'est lourd et c'est dispendieux aussi parce qu'il faut quand
même prévoir payer pour les parents qui participent, des frais de
garde et de déplacement. Et, en milieu rural, ce sont des
dépenses importantes pour une petite commission scolaire. (15 h 30)
II y a aussi l'étendue de la gratuité relativement au
matériel didactique, l'article 7 de la loi. Ce n'est pas tellement
clair. Il y aurait des mesures à prendre pour éviter, par
exemple, que les manuels scolaires comportent, à même le manuel,
des cahiers d'exercice. Ça veut dire que le manuel sert seulement un an.
Vous savez que ces manuels-là sont de plus en plus dispendieux. Les
commissions scolaires ne sont pas en mesure de fournir un manuel pour chaque
matière à chaque élève. On n'est pas en mesure de
le faire. On tente de le faire dans la mesure du possible, surtout pour les
matières de base. Mais les éditeurs - pour mousser les ventes,
peut-être - ont pris l'habitude d'établir des manuels dans
lesquels les cahiers d'exercice sont inclus. Ça veut dire que le manuel
sert seulement une fois. Il ne peut pas servir l'année d'après
pour le petit frère ou la petite soeur ou pour d'autres
élèves. Je pense qu'on devrait refuser d'approuver ces
manuels-là et exiger des éditeurs, pour avoir l'approbation,
qu'il y ait un manuel dans lequel il peut y avoir des exemples d'exercices,
mais que le cahier d'exercices soit un outil à part, de sorte qu'on ne
soit pas obligé d'acheter nécessairement le cahier d'exercices.
Je pense que la priorité, c'est le manuel. On est capable d'y trouver
des exercices pour les élèves ou, si on décide de
l'acheter, au moins le manuel
coûtera moins cher.
Je vous remercie grandement pour votre attention. Ça nous fera
plaisir de répondre à vos questions et, si vous êtes
d'accord, nous déposerions des suggestions faites pour des modifications
à la loi 9, telles que suggérées par nos aviseurs
juridiques, selon nos orientations politiques. Merci.
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie au nom des
membres de la commission, M. D'Anjou. J'invite immédiatement M. le
ministre à discuter avec vous.
M. Ryan: Mme ia Présidente, je vous remercie. Il me fait
plaisir de rencontrer de nouveau la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. J'ai pris connaissance avec
intérêt des observations de la Fédération au sujet
du projet de loi. Je vais les commenter brièvement, après quoi
j'adresserai peut-être une ou deux questions au président et
à la délégation qui l'accompagne.
Je vais commenter rapidement à partir de la page 2 de la lettre
que vous nous avez adressée. Vous dites que le projet de loi va plus
loin que la loi 107 en ce qui touche la réglementation des postes de
cadre à l'intérieur d'une commission scolaire. Je ne pense pas
que votre appréhension soit fondée. Nous ajoutons une disposition
dans le projet de loi qui vise à éliminer toute
ambiguïté. Nous disons que, si la commission scolaire engage un ou
des adjoints au directeur général, il faudrait que ce soit fait
en conformité avec le règlement sur la politique administrative
et salariale du gouvernement qui existe déjà, qui est bien connu
et dont la teneur indique qu'on ne définit pas le nombre de postes par
école, qu'on le définit pour l'ensemble de la commission
scolaire, selon l'importance de la clientèle qu'elle peut avoir.
Ceci ne change absolument rien à ce qui existe
déjà. On veut seulement s'assurer. C'est un souci qui
découvre des failles tous les jours dans nos textes législatifs
que rien ne soit dans les règlements qui ne soit clairement
autorisé par le texte législatif, que les règlements ne
soient que des explicitations d'intentions clairement définies, de
volontés législatives clairement définies dans le texte de
la loi. En ajoutant ceci aux articles dont vous avez parié, c'est tout
ce que nous faisons. Par conséquent, sur ce point-là, je ne pense
pas qu'il y ait matière à pousser beaucoup plus loin
l'examen.
Ensuite, la Fédération traite du pouvoir de
dérogation, voudrait que ce pouvoir fût exercé par la
commission scolaire plutôt que par le ministre, dans les cas dont nous
parlons à l'article 35 du projet de loi. Je voudrais simplement rappeler
que, dans la loi 107, nous avons déjà prévu, aux articles
222 et 447, les pouvoirs des commissions scolaires qui sont, à toutes
fins utiles, des pouvoirs d'exemption de certaines dispositions du
régime pédagogique. Je pense que la délégation qui
est ici les connaît très bien.
Je pense qu'un pas très important a été fait dans
cette direction-là sous la loi 107, ce qui confirme les affirmations que
nous avons souvent faites du côté gouvernemental voulant que la
loi 107, à bien des égards, ait élargi et non pas
rétréci les attributions des commissions scolaires. Est-ce qu'il
y aurait lieu d'aller plus loin dans le genre de dérogation dont nous
parions? Je ne le pense pas. Nous examinerons le point de vue qui nous a
été communiqué par la Fédération mais,
jusqu'à nouvel ordre, je ne le pense pas. Comme vous n'avez pas
soulevé d'Interrogation au sujet du bien-fondé de ce pouvoir qui
est envisagé, mais plutôt au sujet de l'endroit où il
logerait, je réserverai pour plus tard les explications que j'apporterai
à la commission quant au bien-fondé de la demande
gouvernementale, du voeu gouvernemental qui est inscrit dans cet article du
projet de loi.
Ensuite vous traitez du comité exécutif. La suggestion
voulant que le comité exécutif soit formé de personnes
représentant le tiers des commissaires du conseil avec un maximum de
sept est digne d'examen. Nous allons l'étudier attentivement.
Peut-être que ça nous donnera une norme plus objective que le
chiffre de 5 à 7 que nous avons inscrit dans le texte du projet de loi.
Si ça améliore les choses, on vérifiera soigneusement
autant au point de vue légal qu'au point de vue de la pratique
administrative et, si c'est de nature à améliorer les choses, moi
j'en serai très heureux. Je n'ai aucune objection, a priori, à
cette formule-ci, si elle s'avère meilleure que celle qu'on avait
retenue.
La présence des membres de la commission scolaire au
comité exécutif. Il faudrait peut-être préciser
davantage que le commissaire qui assisterait à une réunion du
comité exécutif n'aurait pas le droit de participer aux
délibérations ni, à plus forte raison, au vote. Mais il y
a des commissions scolaires, il faut être réaliste aussi,
où des fois il y a un clan qui s'empare du contrôle. Ils se
passent tous les postes entre eux, les membres du clan. Des fois, c'est un clan
qui va être majoritaire, à sept contre six; ils vont former un
exécutif de cinq, c'est tout le même clan. L'autre clan est
complètement laissé de côté. Ils règlent le
plus d'affaires possible à l'exécutif et les autres membres ne
sont pas informés. Qu'ils aient le droit d'assister là sans,
cependant, avoir les droits d'intervention ou de vote, c'est une chose qui peut
être envisagée, mais je serais prêt à subir la
contradiction là-dessus.
J'ai été témoin de cas. On m'a fait des
représentations. Comme certaines observations que j'avais faites
coïncidaient avec des représentations qui m'ont été
soumises, j'ai pensé que ce serait bon qu'on les traduise dans cet
article du
projet de loi que vous voudriez contester, en soulignant que ce serait
préférable de laisser tout ça à la commission
scolaire. Dans les cas où il y a une gang qui dirige à sept
contre six, même si on leur laisse l'initiative, ça ne changera
pas leurs habitudes. On leur a donné toute la chance de les changer,
dans certains cas; il a fallu attendre des mois et ça ne donne rien.
Mais ce n'est pas général, ce sont des cas exceptionnels. Est-ce
qu'il faut légiférer en fonction de ces cas-là? Ouvert
à la contradiction.
Ensuite, voilà que vous nous dites: Vous avez des questions qui
sont adressées à la Cour d'appel et vous allez manipuler ces
articles-là, faire des changements. Eh oui! Nous faisons des changements
de manière à aligner sur la jurisprudence la plus récente
la législation qui est définie dans la loi 107, mais nous ne
présumons, en aucune manière, des décisions que la Cour
d'appel rendra. Au contraire, nous facilitons son travail en faisant en sorte
qu'elle n'ait pas à se prononcer sur des dispositions qui pourraient
être contradictoires ou divergentes dans le texte de la loi.
Avec les amendements que nous proposons, nous resserrons le champ de
vision sur lequel la Cour d'appel est appelée à porter son
regard. Je pense qu'on va améliorer les choses et on ne change
absolument rien de fondamental, pas du tout, avant que la Cour se soit
prononcée. L'économie de toute la démarche gouvernementale
va dans le sens contraire; on a dit: On ne touche pas à ces
choses-là tant que la Cour ne se sera pas prononcée. C'est bien
clair, on l'avait dit dans l'Opposition, on l'a dit lors du débat sur le
projet de loi et on le dit encore aujourd'hui. Mais lorsque la Cour
suprême nous a dit, par exemple: Mais les écoles de la CECM n'ont
pas besoin de la reconnaissance du comité catholique, elles sont
déjà confessionnelles, là, nous l'inscrivons clairement
dans le texte, ici, mais nous faisons simplement transcrire dans le texte des
choses qui sont déjà acquises dans la jurisprudence, point autre
chose. S'il y a autre chose, vous nous le signalerez et ça nous fera
plaisir de le corriger.
Vous avez parlé des modalités de répartition de
l'évaluation normalisée dans le cas de certains
élèves qui peuvent être inscrits dans une commission
scolaire ou l'autre. Je pense qu'il y a un point valable, ici, qu'on va
regarder sérieusement; je pense qu'il y a quelque chose à
améliorer. Les représentations que vous faites m'appa-raissent
justes, selon le premier examen que nous en avons fait. Je l'apprécie,
ça nous permettra d'apporter une amélioration.
Vous vous inquiétez de l'effet rétroactif de certaines
dispositions de la loi 9. Je pense qu'elles ont exactement le but contraire
à celui qui est souligné dans votre lettre. Nous voulons
précisément que certaines décisions, qui ont pu être
prises de bonne foi et en tout respect du bon sens et de
l'équité, ne soient pas imputées aux commissions scolaires
parce qu'elles auraient été soi-disant illégales; nous
voulons qu'elles soient assurées que tout ça était
régulier. En mettant la rétroactivité sur certains
articles, c'est le but que. nous poursuivons: que les commissions scolaires qui
ont agi selon le bon sens et non pas selon la lettre de la loi ne soient pas
pénalisées; au contraire, elles seront sécurisées.
S'il y a des cas qui ne répondent pas à ce que je viens de dire,
on les examinera avec vous autres. On ne veut sûrement pas faire de
difficulté, on veut, au contraire, aplanir les difficultés
possibles.
Je pense que j'ai fait le tour des principales critiques qui nous ont
été adressées. À propos de l'article 292, là
il n'est pas dans le projet de loi, évidemment; II n'est pas dans le
projet de loi. Si on avait voulu parier de cet article-là dans le projet
de loi, on l'aurait sûrement fait. La raison pour laquelle nous n'en
parlons point, c'est que si nous avions précisé cet
article-là davantage actuellement, il en résulterait des
conséquences financières et autres que nous voulons
étudier soigneusement avant d'apporter quelque autre élaboration
là-dessus. Nous avions fait un relevé des pratiques des
commissions scolaires en cette matière de garde du midi avant l'adoption
du projet de loi. Nous en avons fait un autre à la fin de
l'été dernier. Les conclusions que nous en retirons, c'est que la
majorité des commissions scolaires qui offraient, avant la loi 107, la
garde du midi, qui l'offrent depuis ce temps-là, la majorité de
celles qui nous ont donné des indications le font gratuitement. Il y en
a qui chargent un montant. Pour le moment, ça fait partie de la
responsabilité de la commission scolaire.
Selon nous, et je sais qu'il y a des contestations quant à la
signification exacte qu'on doit porter à cet article, nous n'avons pas
jugé opportun d'intervenir législativement à ce moment-ci
pour apporter les clarifications que la Fédération juge
souhaitables.
Deux questions en terminant, Mme la Présidente. Tout d'abord,
j'aimerais avoir la réaction de la Fédération sur
l'article 1 du projet de loi relatif à la fréquentation scolaire
obligatoire. Nous voulons réinstituer dans le texte de la loi 107 une
disposition de l'ancienne Loi sur l'instruction publique, que nous avions
laissé tomber lors de l'adoption de la loi 107, relative à des
travaux urgents qui pourraient réclamer la présence de jeunes
élèves dans les champs, par exemple, ou à la maison ou
dans l'entreprise familiale. J'aimerais connaître votre réaction
sur ce point.
J'aimerais peut-être connaître votre réaction
également sur les articles 37, 38 et 39 qui traitent, par voie
d'implication, comme je l'ai expliqué à la commission et à
l'Assemblée nationale, de la confessionnalité dans ses rela-
tions avec l'éducation des adultes, la formation professionnelle
et les services éducatifs fournis par les écoles à
vocation régionale ou nationale. J'aimerais que vous nous disiez ce que
pense la Fédération de ces dispositions.
La Présidente (Mme Harel): M. D'Anjou.
M. D'Anjou: Quant à l'article 1, Mme la Présidente,
nous ne pouvons pas être en désaccord. Par le fait qu'il donne
à la commission scolaire le pouvoir de dispenser des
élèves, ça va dans le sens de l'autonomie des commissions
scolaires.
Maintenant, je pense bien que l'évaluation à faire, c'est:
est-ce qu'il y aura des abus ou pas? Je crois que les commissions scolaires
désirent que la fréquentation obligatoire soit maintenue. C'est
suivi de très près. Il y a des systèmes
érigés dans chacune des écoles et aussitôt qu'un
élève est absent, les parents sont avertis. Il y a des rapports
qui sont faits au Conseil des commissaires tous les mois sur les absences non
justifiées. C'est suivi de très près. Il y a des cas
référés au protecteur de la jeunesse.
Je suis convaincu que, dans la pratique, les commissions scolaires vont
appliquer cet article avec beaucoup de vigilance et beaucoup de sérieux.
Je suis convaincu de ça. Ce n'est pas une ouverture, à mon sens,
pour permettre un paquet de permissions de ne pas fréquenter
l'école, au contraire.
Les commissaires d'école et les parents désirent - ceux
qui siègent et qui s'intéressent à l'école
publique, ceux qui siègent comme représentants des parents au
Conseil des commissaires - que les élèves fréquentent
l'école. Nous regardons d'un oeil très, très critique
toute demande de non-fréquentation. Là-dessus, je ne suis pas
inquiet pour l'avenir, du fait de l'adoption d'un article comme
celui-là.
Quant aux autres articles, les articles 36, 37, 38 et 39, la
Fédération est d'accord avec ces articles. L'amendement vise
à changer la notion d'appartenance à une confession religieuse et
à choisir de relever la compétence de la commission scolaire
dissidente: pour nous, c'est acceptable. C'est l'avis de nos services
juridiques et l'avis de notre comité de responsabilisation qui a
étudié le projet de loi. C'est la conclusion à laquelle le
comité en est venu.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre. M. Ryan:
Merci. J'ai terminé.
La Présidente (Mme Harel): Y a-t-il un membre
ministériel de la commission qui souhaiterait converser avec nos
invités?
J'y reviendrai, à ce moment-ci, parce qu'il reste cinq ou six
minutes à la formation ministérielle. J'Inviterais le
député d'Abltibi-Ouest et porte-parole de l'Opposition à
discuter avec les représentants de la Fédération. (15 h
46)
M. Gendron: Mme la Présidente, je veux remercier M.
D'Anjou et son équipe d'avoir accepté de venir donner leur point
de vue. J'ai été un de ceux qui ont sollicité votre
présence. Je tiens à vous remercier également pour la
lettre que vous m'avez fait parvenir hier ou avant-hier me disant votre
intérêt sur le projet de loi 9 et, également, les
suggestions que vous vouliez bien faire pour améliorer ledit projet de
loi.
Quelques commentaires, moi également. Il me semble que vous avez
là une courte réflexion, mais très pratique, très
pragmatique sur le projet de loi 9. Ce qui m'étonne un peu, c'est quand
le ministre commentait tantôt en vous disant, à vous, que, si vous
ne trouviez pas certaines dispositions dans le projet de loi 9, même si
vous autres, vous en avez parié... Et là, je cite le ministre, II
dit: Si nous avions voulu les inclure, nous l'aurions fait. Je tiens à
vous dire que j'espère que ça ne vous empêchera pas, dans
le futur, de commenter également des omissions. Si on tenait des
commissions parlementaires uniquement pour constater la grande sagesse du
législateur, moi, je n'aurais pas fait la motion et je ne suis pas
sûr, non plus... Que c'était requis de l'avoir fait, ça,
j'en suis sûr, mais que ça permettrait de nombreux changements au
projet de loi 9, ça, j'en doutais. Mais ma responsabilité
parlementaire m'obligeait quand même à inviter deux intervenants
majeurs en éducation intéressés par ces
questions-là.
Vous avez touché les principaux points. Tout compte fait, dans le
projet de loi 9, quand même, on ne vire pas le monde à l'envers.
Mais il faut être conscient que c'est un projet de loi qui donne suite,
quand même, à une loi majeure, une loi maîtresse, une
nouvelle assise du système éducatif au Québec. Et
dès qu'on commence à y toucher, c'est normal que le porte-parole
le plus avisé et le plus intéressé soit invité
à nous faire ses commentaires, compte tenu que vous avez la
responsabilité de l'ensemble des commissions scolaires du
Québec.
Je veux faire juste quelques commentaires, mais je pense qu'on est aussi
bien d'aller tout de suite à l'échange. C'est ça qui est
le plus pertinent quand on reçoit des groupes. Alors, j'ai plusieurs
questions dans le temps qui m'est imparti. La première, puisqu'elle a
été posée, je vous l'aurais posée quand même,
sur la fréquentation scolaire, l'obligation de fréquenter
l'école. Vous, vous dites: Ça ne nous dérange pas parce
que c'est un article bien fait, c'est nous qui avons la responsabilité
de décider et, en conséquence, comme on n'a pas vu souvent
ça dans la loi 107 et pas plus dans la loi 9, cette responsabilisation a
sa place, on applaudit. Mais moi, mon problème n'est pas de cette
nature-là. Je
vous pose quand même la question, M. D'Anjou ou quelqu'un de votre
équipe. Je ne crois pas qu'en 1989 il faille, dans la loi 9, revenir
avec une disposition qui laisse voir qu'on peut permettre à des
commissions scolaires d'apprécier la pertinence de se soustraire
à l'obligation de fréquenter l'école, surtout quand on
dit: Afin d'effectuer des travaux urgents. Qui va les apprécier, ces
travaux urgents? Je m'en doute, c'est la commission scolaire, c'est vous qui en
avez la responsabilité. Sur quels critères? Puisque c'est le
législateur national, au Québec, qui décide de mettre un
cadre là-dedans, il n'y a plus de logique à écrire quelque
chose là-dessus.
Donc, ma question est très claire. On fait l'hypothèse
qu'il n'y aurait pas cette disposition-là. Moi, je suis parent et je
trouve que je dois soustraire à l'obligation de fréquenter
l'école, pour trois jours, un de mes fils, puis je m'adresse à ma
commission scolaire qui s'appelle la commission scolaire Abitibi. Vous auriez
procédé comment, dans la perspective où il n'y a pas de
disposition comme ça? Vous auriez procédé, d'après
moi, comme ça se fait et comme je souhaite que ça se fasse,
c'est-à-dire dans des cas exceptionnels, pour des circonstances
exceptionnelles et au bon jugement des gens concernés, sur. place. Si
c'est comme ça, et vous aurez à le corroborer ou pas, quelle est
l'utilité d'avoir une disposition concernant une dérogation quant
à l'obligation de fréquenter l'école?
M. D'Anjou: C'est un article qui existait dans l'ancienne Loi sur
l'instruction publique. Au moment de l'adoption de la loi 107, il a
été omis, alors je pense qu'on veut simplement corriger
ça. Si cet article n'existait pas, les commissions scolaires ne
donneraient pas et ne pourraient pas donner de permission de s'absenter de
l'école. Ça veut dire qu'à ce moment-là on mettrait
en branle le mécanisme normal. Tout élève qui s'absente,
peu importe... Les raisons qui sont permises, ce sont les raisons de
santé, les raisons majeures. Mais celle-là, je ne crois pas que
ça puisse être considéré comme une raison majeure,
si la loi ne le permet pas. Dans les faits, toute absence anormale... Ce serait
considéré une absence anormale. Ça veut dire qu'on
appellerait les parents. Les parents donneraient cette raison-là. Le
directeur de l'école dirait: Ce n'est pas une raison acceptable,
peut-être. Il ferait rapport, ce serait considéré dans les
absences anormales. Bon. Quand l'absence est anormale et qu'elle dure trop
longtemps, ça dépend des circonstances, mais souvent on se
réfère au protecteur de la jeunesse.
M. Gendron: Sérieusement - parce que je trouve que c'est
sérieux, cette affaire-là; on va la rediscuter plus à fond
quand on va aborder l'article - vous êtes en train de me dire, M. le
président de la Fédération, que pour l'ensemble des
directeurs généraux des commissions scolaires, par voie de
transmission de pouvoir au niveau des directeurs d'école, seules les
absences pour des motifs de santé sont autorisées dans le
système scolaire du Québec, au moment où on se parle?
C'est ça que vous êtes en train de me dire?
M. D'Anjou: Non, non. Il y a l'article 15 de la loi 107 qui
mentionne: Est dispensé de l'obligation de fréquenter
l'école publique l'enfant qui... C'est l'enfant qui est
dispensé.
M. Gendron: Oui, oui.
M. D'Anjou: Pour celui qui est dispensé, c'est une absence
normale, à ce moment-là. On communique avec les parents pour
savoir la raison, mais si c'est une de ces raisons-là, c'est une absence
normale. Raison de maladie, de soins ou traitements médicaux, bon. "Est
exempté par la commission scolaire, à la demande de ses parents
et après consultation du comité consultatif des services aux
élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, en raison d'un handicap
physique ou mental qui l'empêche de fréquenter l'école;
l'élève qui est expulsé de l'école par la
commission scolaire, en application de..." Bon. Et "qui reçoit à
la maison - un autre - un enseignement et y vit une expérience
éducative qui, d'après une évaluation faite par la
commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce
qui est dispensé ou vécu à l'école." Aussi, tout
enfant qui fréquente...
M. Gendron: Ça va, M. D'Anjou. M. D'Anjou: Ça
va?
M. Gendron: Vous me lisiez la loi 107 et je le sais. C'est que
moi, je pensais et je pense toujours que dans la pratique ce n'est pas de
même que ça se passe. Et je trouvais que c'était une bonne
pratique de le laisser, parce qu'on ne peut pas parier des deux
côtés de la bouche là-dessus. Si vous êtes
habilité à porter un bon jugement quant à la pertinence du
motif pour s'absenter, puisque c'est vous qui en avez l'autorité, selon
la disposition de l'article, moi, je préférerais qu'il n'y ait
pas de disposition dans la loi et que la pratique des cas exceptionnels
continue de se faire, parce que je sais très bien que des directeurs
généraux, qui donnent la directive à leurs directeurs
d'école, pour des motifs valables pour de très courtes
périodes - exactement le sens de ('ancien article - c'est-à-dire
effectuer des tâches dites urgentes, nécessaires, d'assistance,
privilégient ça pour une couple de jours plutôt que la
fréquentation.
Vous me dites, selon ce que vous venez de
mentionner, que non, ça ne se fait pas, et que vous
préférez voir la disposition pour vous permettre d'être
juge du jugement qualitatif concernant les travaux urgents. C'est bien
ça?
M. D'Anjou: Non. Je ne vous dis pas que... Je n'ai pas fait le
tour de toutes les commissions scolaires et je ne peux pas vous dire exactement
comment ça se passe partout, mais je sais qu'en général le
règlement de fréquentation scolaire est très bien
appliqué, que les parents sont avisés des absences, etc. Bon.
Quand on regarde la loi, les absences qui peuvent être permises par la
commission scolaire sont énumérées. Ce cas-là n'est
pas énuméré, ça veut donc dire, si l'article n'est
pas adopté, qu'on ne pourra pas donner la permission. L'enfant va
s'absenter, c'est bien sûr. On va peut-être trouver dans certaines
circonstances que les raisons sont bonnes, mais on sera obligé de
considérer que c'est une absence illégale quand même.
M. Gendron: Vous préférez que ce soit là
plutôt que ça n'y soit pas.
M. D'Anjou: On n'a pas d'objection à ce que ce soit
là.
M. Gendron: O.K. Deuxième question qui m'apparaît
importante, et je pense que vous l'aviez très bien exposée dans
votre mémoire, et là, il y a vraiment une divergence, sauf que
moi, j'ai beaucoup de respect pour les conseillers juridiques du ministre. J'en
ai également pour ceux de la Fédération. Mais ça ne
se peut pas qu'il y ait tant de divergences quant à des opinions
juridiques. Par rapport aux articles 3 et 5, le ministre, lui, a la conviction
qu'il est juste gentil, qu'il ne fait rien de plus que les règlements
concernant les règles administratives et budgétaires pour ce qui
est de la détermination des postes de cadre. Vos conseillers juridiques
disent: Non, non, il y a plus que ça. Dans le projet de loi 9, aux
articles 3 et 5, c'est sûr qu'en ajoutant la mention qu'il ajoute,
ça vous donne l'obligation de nommer le personnel pour chaque classe
d'emploi de cadre.
Et à ce compte-là, quand je lis votre lettre, parce que je
ne l'ai pas retrouvé intégralement dans votre mémoire, je
vous donnais raison, moi, quand vous disiez: La commission scolaire est plus en
mesure que le gouvernement de distribuer ses cadres dans chacune des
écoles. Je trouve que vous avez raison. Cependant, moi, quand je lis les
dispositions prévues au projet de loi 9, je ne suis pas capable de voir
la conclusion à laquelle vous en arrivez. Question: Vous vous appuyez
sur quoi pour affirmer qu'en ajoutant "sous réserve des
règlements du gouvernement pris en application de l'article 451",
ça veut dire concrètement qu'à ce moment-là c'est
le gouvernement qui va décider du nombre de postes de cadre dans chacune
des écoles? C'est ça qu'est ma question.
M. D'Anjou: Bien, c'est comme ça qu'on l'a compris. Dans
le projet de loi 9, il y a un article qui ajoute carrément, l'article 5:
"La commission scolaire peut, sous réserve des règlements du
gouvernement pris en application de l'article 451, nommer un ou plusieurs
adjoints". Alors si c'est sous réserve des règlements du
gouvernement, à ce moment-là le gouvernement pourra
déterminer par règlement le nombre d'adjoints dans chaque
école et dans chaque centre d'éducation des adultes. C'est
clair.
M. Gendron: Je pense que vous avez raison. En tout cas, selon ce
que je viens de comprendre, je pense que vous avez raison dans le sens suivant:
à la condition que ça soit prévu dans les règles
budgétaires - on se comprend? -auxquelles on fait
référence, parce que la disposition dit tout simplement: "sous
réserve des règlements du gouvernement pris en application de
l'article 451". Donc, comme c'est sous réserve des règlements,
puis le règlement ne dit pas ce que vous dites que ça ferait...
Mais je vous donne raison pareil. Voilà! Je vous donne raison pareil.
C'est pour ça que je voulais avoir l'attention des brillants conseillers
du ministre qui, je pense, ont tort. Il s'agit juste pour eux autres de
modifier le règlement et l'affaire est ketchup pour eux, puis vous avez
raison d'interpréter ça comme ça, parce qu'il s'agirait
juste de modifier le règlement.
C'est le gouvernement qui a la possibilité de modifier les
règlements. Alors, ils n'ont plus de contrôle. Les commissaires
d'écoles n'auraient plus de contrôle quant à leur
capacité de déterminer eux-mêmes le nombre de cadres
scolaires. Ça va. Mais je tenais à ce que ce soit dit ici pour
les faire réfléchir. Ça leur fait du bien de temps en
temps d'avoir l'occasion de réfléchir un peu plus "large" que les
conseils qu'ils reçoivent de leur ministre. Je suis convaincu que
là, on vient de gagner un point. Alors, on passe à autre
chose.
M. D'Anjou: Est-ce que vous permettez que notre conseiller
juridique complète juste pour quelques minutes?
M. Gendron: Oui, bien sûr.
M. Houde (François): C'est que le texte...
M. Gendron: À condition que ce ne soit pas pour m'offrir
une job.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Houde (François): Presque. Le texte des
articles 3 et 5, en se référant à 451, parce que le
règlement pris en application de l'article 451 existe
déjà... Il a été adopté sous l'empire de
l'ancienne Loi sur l'instruction publique qui permettait au gouvernement de le
prendre. L'article 451 prévoit déjà l'adoption d'un tel
règlement qui permet également de déterminer un nombre
maximum de postes par classe d'emploi pour les postes de cadre.
En introduisant une disposition "sous réserve" aux articles 42 et
101 par les articles 3 et 5, on vient le spécifier à
l'intérieur d'une institution qui est soit l'école, dans le cas
de 42, soit le centre d'éducation des adultes, dans le cas de 101.
L'idée que j'ai, c'est que le législateur ne parlant
jamais pour ne rien dire, l'article 451 s'applique de toute façon, que
ce soit prévu à 42 et à 101 ou que ce ne soit pas
prévu à 42 ou à 101. C'est donc que le législateur
a une intention additionnelle par rapport au nombre de postes maximums
prévus à 451.
M. Gendron: Je vous remercie de l'explication additionnelle.
L'autre point qui me touche, et je trouve que vous avez raison encore
là, c'est le comité exécutif. Je pense que c'est assez
clair de dire qu'il vous appartient de baliser ces questions-là; et que
les membres qui ne sont pas membres du comité exécutif puissent
assister au comité exécutif, je prétends que c'est une
ouverture qui va de soi et je suis passablement sensible à votre
revendication à l'effet que ça... Il ne devrait pas y avoir de
disposition dans le projet de loi 9 régissant ces dispositions. (16
heures)
Là où j'ai deux questions plus substantielles, c'est sur
toute la question de l'obligation d'assumer la surveillance du midi. Je pense
que vous devriez insister davantage, parce que je sais qu'il y a
déjà des commissions scolaires qui ont des difficultés
avec ça. J'estime que le ministre n'est pas justifié de
prétendre que, s'il ne l'a pas mis, c'est parce que l'évaluation
n'est pas faite, ce n'est pas le moment. L'obligation qu'il aurait,
d'après moi, de clarifier les dispositions de l'article 292 n'a rien
à voir, quant à moi, avec un coût additionnel, s'il est
convaincu que pour certains il y a là une interprétation qui fait
qu'il y a des commissions scolaires qui doivent assumer des coûts quant
à l'interprétation qu'elles en font. La Fédération
nous dit, aujourd'hui: Nous, on aurait souhaité... Et c'est très
clair ce que vous dites... À titre d'exemple, l'article 281 qui
prévoit l'obligation d'assumer la surveillance, le midi, devrait
être clarifié. Jusqu'à date, quand on parie d'une
clarification, je ne constate pas là qu'il faille absolument modifier le
fond de l'article. Moi, je souhaiterais que l'État assume cette
responsabilité. Je l'ai dit et ça a été dit par ma
collègue, dans ses remarques préliminaires. C'est sûr. On
est dans une société qui a bien changé et quand 40 % des
citoyens du Québec ont un statut de monoparental au niveau fiscal pour
le même gouvernement, bien, il y a un problème. Ça signifie
que ce n'est pas parce que le jeune n'a pas droit au transport parce qu'il est
en dehors du périmètre du un kilomètre qu'on dit: Va
manger chez vous. Le problème, c'est qu'en allant manger chez eux,
souvent, il n'y a pas personne parce que les deux travaillent ou peu Importe,
ce n'est pas à moi de... Mais c'est ça, le fait concret, on est
obligé de manger quelque part et il y a un coût à
ça. Le gouvernement dit qu'il ne veut pas regarder ça parce qu'il
a peur de la facture. Au-delà de ça - et c'est là ma
question - est-ce que le message que vous lui faites, pour aujourd'hui, ce
n'est pas de clarifier l'article 292 pour qu'il n'y ait aucune confusion quant
à l'imputabilité des coûts à être
assumés? Est-ce que c'est ça que vous soulevez par l'article
292?
M. D'Anjou: Ce n'est pas exactement ça. Ce n'est pas une
revendication financière qui est faite au niveau du projet de loi.
M. Gendron: C'est ce que je dis.
M. D'Anjou: Le problème varie d'une commission scolaire
à l'autre et d'un territoire à l'autre. Ce que la loi 107 amenait
de nouveau avec l'article 292, c'était de créer aux commissions
scolaires une obligation d'assurer un service de garde, le midi, pour les
élèves qui n'allaient pas manger chez eux ou qui demeuraient
à l'école. Or, dans un nombre considérable de commissions
scolaires, tous les élèves vont manger chez eux parce qu'il y a
un transport organisé, et les parents qui ne sont pas à la maison
ont des ententes avec... L'élève va chez de la parenté ou
là où il y a une garderie qui donne le repas du midi et, au
moment où on a installé le transport du midi, c'était l'un
ou l'autre. C'était le système des boîtes à lunch
qu'on avait, autrefois. Il n'y avait pas de transport du midi. Il y avait le
transport matin et soir. Les commissions scolaires avaient des surveillants, le
midi. Elles fournissaient généralement une soupe ou du lait et
elles avaient les équipements voulus. Avec les années, celles qui
ont organisé le transport du midi, les locaux ont été
utilisés à d'autres affaires. On n'a plus l'équipement
qu'il faut et les coûts pour les services de gardiens ou de gardiennes
ont augmenté considérablement. Ça veut dire que là
où on a organisé ce service, avec l'accord des parents, ces
derniers sont satisfaits du transport du midi. Ils ne nous demandent pas un
service de garde mais avec les dispositions actuelles de la loi, il suffirait
que quelques-uns décident qu'ils restent à l'école le midi
et qu'ils ne vont pas manger à ia maison, même si les parents sont
à la maison et qu'il y a un transport qui est
fourni. Là on est pris pour organiser un service de garde,
engager des gens, acheter une cuisinière, un réfrigérateur
parce qu'on revient aux boîtes à lunch.
Dans les petites écoles, on n'organisera pas des
cafétérias, ce n'est pas vrai. On en maintient dans les
polyvalentes parce que les élèves sont trop loin du domicile
mais, dans les écoles primaires, on retourne à la boîte
à lunch. Ça prend absolument des réfrigérateurs. Au
printemps et à l'automne, lors des journées chaudes, vous ne
pouvez pas laisser traîner le lunch. Ça prend un
réfrigérateur pour mettre les boîtes à lunch des
enfants. Il y a des frais considérables d'impliqués. Ce sont des
frais qui n'ont jamais été financés par aucun
gouvernement. Autrefois, dans l'ancien système, on appelait ça
des dépenses non subventionnées ou inadmissibles, et ça
demeure encore ça.
M. Gendron: Est-ce que c'était... Une dernière
question.
M. D'Anjou: Mme la vice-présidente aimerait ajouter un mot
parce qu'elle connaît ce domaine-là.
Mme Drouin (Diane): Si vous me le permettez, Mme la
Présidente, finalement, pour l'article 292, on demande une clarification
et le gouvernement en assume les conséquences. Est-ce qu'on peut charger
des frais? Est-ce qu'on doit accepter tous les élèves qui
souhaitent demeurer le midi ou juste ceux qui sont transportés par
autobus? Est-ce qu'on aura des locaux pour garder tous ces enfants? Si on doit
agrandir nos écoles, on fait quoi? Les services de garde qui existent
déjà et qui chargent déjà, si jamais c'est gratuit,
qu'est-ce qui va arriver avec ces services de garde en milieu scolaire? Alors,
ce sont des questions qui restent sans réponse et auxquelles on veut
avoir des réponses parce que, finalement, les commissions scolaires, on
est dans le vague et il n'y a pas personne qui peut vraiment agir, en tout cas,
avec l'article tel qu'il est écrit là. Alors, que le gouvernement
nous clarifie cet article-là pour qu'on sache, tout le monde, où
on s'en va.
M. Gendron: Merci, madame.
La Présidente (Mme Harel): Pour les fins de
l'enregistrement, il s'agit de Mme Diane Drouin. J'invite le
député d'Abitibi-Ouest à reprendre la parole.
M. Gendron: Merci, madame. Merci de votre explication, ça
confirme ce que je demandais. Moi, j'ai toujours cru, dans votre
mémoire, que vous vouliez une clarification à l'article 292 et
j'estime que vous avez raison: l'article 292 doit être clarifié.
Sur le fond, on fera la discussion à je ne sais pas quel article, parce
qu'il n'y a rien là-dessus dans le projet de loi, mais on verra.
Une autre question plus fondamentale, parce que je trouve que ce serait
un peu décevant de vous laisser, dans le sens de ne plus avoir
l'opportunité de vous questionner et laisser ça en plan. À
l'avant-dernier paragraphe de votre mémoire, vous dites: La
Fédération croit que des mesures législatives
concrètes devraient être adoptées pour corriger la loi 107.
Je n'ai pas trouvé que la liste était très longue, en tout
cas, dans le mémoire. J'aimerais vous entendre un peu sur quelques
éléments dont moi je pourrais profiter, après qu'on
souffrira votre absence, pour inviter le ministre à ajouter quelques
articles au projet de loi 9 qui permettraient éventuellement de corriger
les lacunes vécues actuellement par l'application de la loi 107, puisque
vous portiez le jugement qu'elles sont nombreuses. J'aimerais ça avoir
quelques exemples. Quels sont les quelques exemples auxquels vous faites
allusion, que vous voudriez voir corriger dès maintenant par le projet
de loi 9?
M. D'Anjou: J'aurais une liste assez considérable, si je
référais au premier mémoire que nous avons
déposé.
M. Gendron: Oui, ça... Non, mais je parle depuis...
M. D'Anjou: Lors de l'étude de la loi 107, je pense
bien...
M. Gendron: Je parle depuis son application.
M. D'Anjou: On va vous en donner, des points.
M. Gendron: Disons au 1er septembre 1989, à peu
près.
M. D'Anjou: On aimerait une clarification sur gestion courante,
à l'article 201, par les directeurs généraux. Parce
qu'autrefois, l'administration courante, dans l'ancienne loi, c'était le
comité exécutif qui la faisait, c'est-à-dire que...
M. Gendron: 201.
M. D'Anjou: Gestion courante, à l'article 201, par les
directeurs généraux. Dans l'ancienne loi, l'administration
courante était confiée au comité exécutif.
M. Gendron: O.K.
M. D'Anjou: Disons qu'il y a des différences
d'interprétation entre les directeurs généraux et les
commissions scolaires. C'est quoi, la gestion courante? Qu'ont-ils le droit de
faire, eux
autres? Il y en a qui pensent qu'ils ont le droit de faire bien des
choses et il y en a d'autres, des commissaires d'écoles, qui pensent
qu'ils doivent respecter les directives de la commission scolaire.
Les comités, j'en ai parlé tantôt,
brièvement. Le nombre de membres dans les comités, on trouve
qu'il y a beaucoup de monde dans les comités, surtout pour les petites
commissions scolaires dans les petits territoires, dans les territoires
excentriques. On trouve qu'il y a beaucoup de monde dans ces
comités-là. Ça déplace bien des gens. Il y a des
frais de fonctionnement assez élevés pour les raisons que j'ai
mentionnées. Il y en a qui font 50 kilomètres ou 40
kilomètres pour aller assister à un comité. Pour les
mères de famille, il y a des frais de gardienne à la maison, les
frais de déplacement.
Droit à l'abstention de voter des commissaires d'écoles,
ce n'est pas trop clair, pour nous. On pense que les commissaires
d'écoles sont obligés de voter. Autrefois, dans l'ancienne loi,
avec la jurisprudence, ils étaient obligés de voter s'ils
étaient présents. Il y a des situations où les
commissaires voudraient s'abstenir de voter parce qu'il peut y avoir un conflit
possible. S'ils se placent en conflit, ils ne votent pas.
M. Gendron: Ce n'est pas un drame majeur.
M. D'Anjou: La présidence de la première
réunion du conseil des commissaires dans une nouvelle commission ou
après les élections est confiée au directeur
général. On trouve que ça devrait être confié
à un élu choisi par... au lieu d'un directeur
général. Qu'il fasse les convocations, tout ça, mais
ça arrive souvent dans nos organismes qu'il fait la convocation, mais il
y a un élu qui assume la présidence. Et ça ne le rend pas
inéligible. En tout cas... Si vous regardiez le mémoire...
M. Gendron: C'est ce que je voulais, M. D'Anjou - vous avez
répondu - quelques indications...
M. D'Anjou: II y en a un paquet.
M. Gendron:... qu'il y aurait autre chose et sur le fait qu'il
manquait beaucoup d'éléments dans la 107, j'en conviens.
La Présidente (Mme Harel): M. le député
d'Abitibi-Ouest et porte-parole de l'Opposition, je vais vous inviter à
conclure, à ce moment-ci de nos travaux.
M. Gendron: En conclusion, merci, parce que les
éléments que vous nous avez suggérés, en tout cas,
en ce qui me concerne, seront utiles pour la poursuite des travaux de cette
commission, ayant apprécié, article par article, puisque vous
avez eu l'amabilité de nous soumettre un petit document où, sur
des articles spécifiques, vous voulez attirer notre attention. Soyez
assuré que l'objectif sera atteint, en tout cas, en termes d'attirer mon
attention. Quant au reste, je n'en dispose pas.
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'invite maintenant le
ministre à terminer cet échange avec les représentants de
la Fédération.
M. Ryan: Oui, je remercie le député d'Abitibi-Ouest
de sa dernière question, parce que je me suis aperçu qu'il
n'avait pas de problème de digestion devant l'énumération
qui lui a été donnée.
M. Gendron: C'est vous qui avez la parole, là.
M. Ryan: C'étaient des points tellement mineurs,
finalement, qu'il n'y avait pas une grosse récolte pour les
étapes ultérieures du travail de la commission. Je pense que,
dans l'ensemble, nous avons fait un relevé - de notre côté,
nous en faisons régulièrement - de la manière dont la loi
107 se réalise et, de façon générale, les
échos que nous en avons sont très favorables. J'apprenais avec
plaisir que, lors d'une dernière réunion des directeurs
généraux des commissions scolaires, on nous a dit que les
conseils d'orientation étaient déjà formés dans
plus de 80 % des écoles du Québec. C'est un point qui soulevait
des interrogations légitimes dans de nombreux esprits, et je suis
content. Le président me dira peut-être: Ce n'est pas
assuré qu'ils vont fonctionner à 100 % parce qu'ils ont
été formés. Mais, de manière
générale, je pense qu'il y a une très grande
fidélité de nos commissions scolaires, en ce qui touche
l'application de la loi. En tout cas, je me réjouis de voir qu'on est
aussi avancés. Je ne pensais pas qu'on l'aurait été
autant, après à peine trois mois de l'année scolaire.
Ça, c'est de bon augure.
Les points qui ont été soulevés, je pense que... Je
vais en commenter un: l'affaire de la gestion courante, le rôle respectif
du directeur général et de l'exécutif. Ça avait
fait l'objet de nombreuses discussions, ça. Finalement, on a retenu
cette expression-là. Dans le premier projet, si mes souvenirs sont bons,
le directeur général assurait l'administration courante.
C'était l'exécutif? Autrefois, on disait que l'administration
courante de la commission scolaire était confiée à
l'exécutif; cette fois-ci, on dit: l'administration courante de la
commission scolaire. C'est une expression plus large, et on laisse au directeur
général la gestion courante, parce qu'il y a bien des endroits
où le président, en particulier, a été enclin, des
fois, à se substituer au directeur général. Il est
arrivé des conflits d'autorité entre les deux, qui ont
donné lieu à
des situations passablement compliquées. On s'est dit: En
établissant clairement, il y a une fonction pour laquelle les ressources
sont données à la commission scolaire, il faut qu'elle soit
définie de façon minimale. Et si, à l'expérience,
il devait s'avérer que les expressions qui furent retenues dans le texte
de la loi n'étaient pas les meilleures, on pourra les améliorer
mais, pour l'instant, nous n'avons pas de représentations suffisantes
pour justifier un changement dans le projet de loi. Je prends note quand
même de cette interrogation qui se pose et on va y faire attention. Je
remercie beaucoup la Fédération des commissions scolaires. Je
l'ai déjà indiqué, il y a un certain nombre de
recommandations contenues dans le mémoire que nous serons
intéressés soit à retenir, soit à étudier
sérieusement. Il y en a quelques-unes auxquelles nous n'envisageons pas
de donner suite. J'ai préféré être franc, selon
l'habitude que j'ai toujours avec les commissions scolaires, et ne pas laisser
naître d'attentes inutiles mais, même là, je demeure sujet
à persuasion. Il y a mes collègues, également, qui seront
prêts à recevoir des représentations. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, vous avez
complété?
M. Ryan: Non, mais c'est parce qu'on me glisse une
dernière précision. Est-ce qu'il me restait encore une
demi-minute?
La Présidente (Mme Harel): De consentement,
certainement.
M. Ryan: À propos de gestion courante, là. on
m'assure que, suivant les Interprétations de nos conseillers, dont je
loue toujours la compétence - même si le député
d'Abitibi-Ouest feint de la mettre en doute, je suis sûr qu'il partage
mon avis, fondamentalement, là-dessus - ça ne comporte pas de
pouvoir discrétionnaire pour le directeur général, tandis
que l'administration, ça comprend toute la gestion, y compris le pouvoir
discrétionnaire qui peut exister et, évidemment,
l'autorité sur la manière dont le directeur général
exerce la gestion courante. Je pense bien que l'autorité est vraiment du
côté du comité exécutif et de la commission
scolaire, mais il y a une fonction qui est définie objectivement de
manière qu'elle puisse s'exercer sans ingérence encombrante non
plus, comme nombre de cas ont pu nous être rapportés, dans le
passé. Alors, je remercie infiniment la Fédération des
commissions scolaires, et je brûle de l'intention de dire au
président que je voudrais lui dire un mot à propos d'un autre
sujet, dès que la session aura été ajournée. Ce
n'est pas que je veux cacher des secrets, mais je voudrais lui dire un mot des
négociations collectives avec les enseignants et les autres classes de
salariés du secteur public.
La Présidente (Mme Harel): M. D'Anjou, avant que nous
suspendions nos travaux jusqu'à 21 heures, avez-vous quelques mots
à compléter avant la fin?
M. Gendron: Une bonne nouvelle à nous annoncer concernant
les négociations?
M. D'Anjou: Non, pas à ce moment-ci. Peut-être que
le ministre a une bonne nouvelle à m'annoncer. On verra. Je voulais vous
remercier de votre accueil. Ça nous a fait plaisir de vous rencontrer.
Vous nous avez donné la chance d'exprimer notre opinion. Nous avons
reçu vos remarques également avec intérêt.
J'espère que nous aurons l'occasion de vous revoir tous. Je vous
souhaite de bonnes fêtes avant de vous quitter, à vos familles et
à vous-mêmes.
La Présidente (Mme Harel): Merci. Alors, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 21 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 21 h 26)
La Présidente (Mme Hovington): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'éducation va siéger ce soir
jusqu'à 24 heures. Alors, je déclare la séance ouverte. Je
vous rappelle que le mandat de la commission de l'éducation est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 9, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation. Alors, nous sommes rendus
présentement à l'étude article par article dudit projet de
loi.
M. Jolivet: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Hovington): Oui, M. le député de...
M. Jolivet: ...il n'y a plus de place pour aucune motion
préliminaire?
Une voix: Non.
M. Jolivet: Je n'avais pas l'intention d'en faire, je voulais
juste poser la question.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Avez-vous une motion
préliminaire à déposer, M. le député?
M. Jolivet: Non, non, non.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Hovington): Donc, si je comprends bien,
nous pouvons procéder à l'étude article par article du
projet de loi 9. Alors l'article 1. J'appelle donc l'article 1 du projet de loi
9. M. le ministre, est-ce que vous avez des explications à donner sur
l'article 1?
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): Oui.
M. Ryan: ...pour ne pas faire oublier les légendes que
l'Opposition fait circuler volontiers à mon sujet, qui ne sont pas
toujours dénuées de tout fondement, je voudrais commencer par
proposer un amendement.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Gendron: On va vous
reconnaître, là. Obligation de fréquenter une
école
M. Ryan: Je voudrais proposer un article 0.1 qui viserait
à modifier l'article 14 de la loi 107 sur l'instruction publique. Cet
article, si les députés l'ont devant eux, dit ceci: 'Tout enfant
doit fréquenter une école à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a
atteint l'âge de six ans jusqu'au dernier jour du calendrier scolaire de
l'année scolaire au cours de laquelle il a atteint l'âge de 16 ans
ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par
le ministre, selon la première éventualité." Je sais que
vous avez tous compris ce langage limpide à la première lecture
et que moi j'ai plus de misère, mais le changement que nous proposons ne
veut rien enlever à la clarté fulgurante de cet article. Il veut
plutôt préciser un concept qui est au tout début de
l'article. On dit: 'Tout enfant" et nous voudrions écrire: Tout enfant
qui est résident du Québec. Ça préciserait la
portée de cet article-ci d'une façon qui le rendrait beaucoup
plus facilement applicable dans certaines situations. Et si vous voulez, nous
pourrions demander à notre conseiller juridique, M. Dupont, que nous
n'avons pas eu le plaisir d'entendre encore, s'il voudrait nous fournir une
explication technique à ce sujet. Je pense que si l'Opposition y
consent...
M. Gendron: À entendre M. Dupont? Bien, je comprends.
M. Ryan: Lui, il est correct.
La Présidente (Mme Hovington): M. Dupont.
M. Dupont (Côme): C'est parce qu'en vertu de l'article 1,
toute personne a droit aux ser- vices éducatifs. Mais, en vertu de
l'article 3, elle a droit aux services éducatifs si cette personne est
un résident du Québec, au sens des règlements du
gouvernement. Si le gouvernement a adopté un règlement afin de
restreindre la portée de l'article 1 quant à la gratuité
des services, il faudrait que l'obligation soit correspondante aussi,
c'est-à-dire que soient tenues de fréquenter l'école
seulement les personnes qui ont, par ailleurs, droit à la
gratuité des services. C'est pour ça qu'on introduirait
l'amendement à l'article 14 pour dire: Toute personne, tout enfant qui
est résident du Québec, de sorte que si l'expression
"résident du Québec" devait être définie par
règlement adopté en vertu de 455, ça s'appliquerait autant
pour l'obligation de fréquentation scolaire que pour la gratuité
des services éducatifs.
M. Gendron: Deux choses, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: D'abord, je voudrais... Un premier commentaire, une
première question, qui va être plus de forme que de fond.
Ça m'étonne un peu qu'on arrive avec un premier papillon, comme
ça, qu'on n'avait pas imaginé lors du dépôt du
projet. Donc, j'aimerais avoir des explications.
Deuxièmement, est-ce que ça a posé des
problèmes pour être en mesure de dire qu'il y a lieu d'apporter
cette modification?
Et troisièmement, est-ce que j'ai bien compris, M. Dupont, que ce
n'est qu'à cause de l'aspect de la gratuité de certains services
pédagogiques qu'il faut apporter cette disposition-là? Est-ce
que, si mon interprétation est exacte, à ce moment-là
ça devient une limitation additionnelle au sens où quand...
L'État québécois a l'obligation de dispenser un tel
service qui est prévu être gratuit, en ajoutant "résident
du Québec", à ce moment-là, ça pourrait vouloir
dire que le gouvernement du Québec pourrait ne pas offrir la
gratuité pour certains services qu'il prétend ne pas pouvoir
dispenser gratuitement? Et, avec cette mention-là, il y a certains
jeunes du Québec qui seraient pénalisés.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: Je crois que nous visons une cohérence plus
grande dans le texte de la loi. Nous proclamons dans l'article 1 le droit de
toute personne aux services éducatifs fournis par le système
d'enseignement. À l'article 3, nous proclamons le droit, pour toute
personne qui fréquente les écoles publiques à titre
d'élève régulier, à la gratuité des
services. Mais là,
comme c'est formulé dans le texte actuel de la loi, il y a une
distinction qui est établie. Ça peut donner lieu à des
difficultés. C'est une question de concordance que nous recherchons.
Les problèmes que ça peut viser concrètement.
Prenons le cas des réfugiés, par exemple, qui n'auraient pas de
statut légal et au sujet desquels l'État n'aurait pas pris la
décision de leur fournir tous les services gratuitement. À ce
moment-là, avec une disposition comme celle-ci, le gouvernement serait
mieux protégé, c'est évident. À l'heure actuelle,
comme vous le savez, nonobstant toute législation pouvant indiquer le
contraire, nous les accueillons gratuitement dans les écoles, sans leur
demander de médaille ou de papier de ceci ou de ça. Nous les
accueillons dans les écoles. Mais il peut arriver que, si le nombre
devenait considérable ou qu'il nous arriverait une immigration
très riche en provenance d'une colonie millionnaire quelque part dans le
monde, on voudrait avoir certaines définitions qui protégeraient
la société québécoise. Je pense qu'à ce
moment-là la définition de "résident" couramment
utilisée, est probablement la plus concrète et la plus
pratique.
Maintenant, c'est vrai que nous n'avions pas donné avis de cet
article. Et comme il comporte des implications qui peuvent sembler
considérables, moi, je n'ai pas d'objection à ce que nous
mettions en suspens celui-ci et que nous le reprenions un peu plus tard dans
l'examen du projet de loi. Je n'ai pas d'objection, Mme la
Présidente.
M. Gendron: Mme la Présidente, premièrement, je
pense que c'est ce qu'il y a de plus logique à suggérer. Mais
avant, je ne détesterais pas, éventuellement, vous entendre sur
la recevabilité même d'un amendement comme ça. Il ne
faisait pas partie des notes explicatives. Le projet de loi a été
déposé. Le principe a été adopté. Moi,
d'apporter un amendement à quelque chose qui faisait partie du projet de
loi 9, je n'ai pas d'objection à cela. C'est surtout lié aux
remarques que le ministre faisait lui-même, à moins que je me
trompe, quand la CEQ a prétendu avec raison avoir un tel article. Je
prétendais qu'elle avait raison d'avoir un 0.1 et de souhaiter des
services complémentaires en animation sociale et morale non
confessionnelle. J'ai dit: Écoutez, si on avait voulu qu'il y ait des
correctifs qui soient apportés là, on l'aurait fait. Si on ne
retrouve pas de telles dispositions dans le projet de loi 9, c'est parce que le
législateur a décidé qu'il n'en n'était pas
question à ce moment-ci et que le moment n'était pas venu.
Pourquoi cela serait-il vrai quand ça fait votre affaire et que ce ne
serait pas vrai quand ça vient bonifier une omission au projet de loi 9?
J'ai vraiment un problème. Je pense que c'est sage de le mettre en
suspens, parce qu'on risque de plaider un bon bout de temps sur la
non-recevabilité.
M. Ryan: Si la présidence veut examiner la
recevabilité de l'amendement, nous accueillerons volontiers son
jugement, mais il n'y a aucune inquiétude quant à sa nature. Je
ne voudrais pas du tout donner l'impression que je veux le faire accepter
à la vapeur, pas du tout. Si vous voulez le reporter à une
prochaine séance et qu'on avance dans des choses qui sont reconnues, je
n'ai pas d'objection du tout.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'on peut... Oui,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, si vous le permettez. Comme c'est un amendement
qui vient s'ajouter, comme le disait mon collègue, le
député d'Abi-tibi-Ouest, à un texte qui a fait l'objet
d'une adoption de principe, dans votre jugement je pense que vous allez avoir
à regarder si on peut introduire un nouveau principe qui n'était
pas inclus au projet de loi. Je pense que la jurisprudence est assez forte
à cet effet-là. J'irais jusqu'à dire que, même avec
notre consentement, il serait peut-être impossible de l'introduire. D'un
autre côté, les questions qui pourraient surgir sont de l'ordre
suivant. On dit tout enfant, qui est résident du Québec, c'est ce
qu'on ajouterait et ça veut dire que ça exclut du monde. Comme je
le connais, le ministre est une personne qui est supposée ne vouloir
exclure personne, au contraire, avec son sens humanitaire, il voudrait en voir
inclure davantage que même ce que l'on voudrait voir inclure. Je donne un
exemple. Est-ce que ça veut dire qu'un enfant, qui viendrait du
côté français ou anglais de l'Ontario, qui viendrait vivre
chez de la parenté ici au Québec parce que ses parents ontariens
sont décédés, qui viendrait vivre chez des parents en
attente d'un placement quelque part, serait exclu de tous les services
gratuits? Est-ce que cet enfant, par le tout enfant qui est résident du
Québec, se verrait exclure des obligations que l'État a de donner
des services gratuits au niveau scolaire, de 6 ans à 16 ans? C'est une
question qu'il vaut la peine de se poser, de prendre en
délibéré pour le moment et que l'on regardera aussi de
notre côté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui voudraient prendre la parole à ce stade-ci? Si
vous voulez bien, M. le ministre et les membres de cette commission, je
prendrai en délibéré la recevabilité de cet article
0.1. Et si vous voulez bien, pour ne pas retarder les travaux de la commission,
on pourrait procéder maintenant avec l'article 1 et l'étude
détaillée donc, du projet de loi. M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Est-ce que j'ai compris que vous prenez en
délibéré la recevabilité de l'article? Non. On
retarde l'étude de l'article, parce que
vous l'avez accepté.
La Présidente (Mme Hovington): On retarde. M. Jolivet:
Non, non.
La Présidente (Mme Hovington): Pas encore. M. Parent:
Pas encore comme recevable? M. Jolivet: Non. On a
demandé...
La Présidente (Mme Hovington): Je prends en
délibéré la recevabilité.
M. Ryan: Même avant que vous le preniez en
délibéré, on voudrait peut-être vous faire part de
nos considérations. Vous pouvez délibérer tant que vous
voulez, vous êtes absolument libre, mais avant que vous nous fassiez part
d'une décision, on vous fera probablement part de notre désir de
vous éclairer dans la modeste mesure de nos moyens.
La Présidente (Mme Hovington): Absolument. Je suis
très ouverte à toutes les...
M. Jolivet: À ce moment-là, il serait
peut-être mieux de le faire dès maintenant. Vous allez le prendre
en délibéré. Est-ce que le ministre a l'impression qu'on
va le prendre en délibéré pour quatre ou cinq jours?
Ça veut dire qu'on y reviendra lundi prochain, ou quoi? Il va falloir
qu'à un moment donné on fasse notre argumentation. Si on ne la
fait pas immédiatement, on va devoir la faire à quelque moment
donné, demain, après-demain, je ne sais pas quand. Donc, votre
délibéré va devoir tenir compte de ce que nous allons vous
apporter comme éclairage.
M. Ryan: C'est un argument rempli de bon sens.
M. Jolivet: Merci beaucoup, monsieur. Une voix: Une
étoile. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: On ne résiste pas au sens commun
impunément.
M. Gendron: Mme la Présidente, sans indûment ne pas
débuter nos travaux, c'est évident qu'à partir du moment
où il y a une décision de votre part de prendre la question en
délibéré, c'est à ce moment-ci qu'on doit plaider.
Quand vous allez rendre votre décision, même si vous nous
indiquez: Est-ce que je peux vous entendre avant? on est habitué un peu,
on a une bonne idée que votre décision va être
écrite et que quelqu'un vous aura consultée: Voilà quel
genre de décision il faut prendre. En conséquence, on ne pourra
plus l'infléchir dans un sens ou dans l'autre. Comme c'est comme
ça, j'ai l'intention dès ce moment-ci de vous indiquer quelques
éléments sur lesquels je m'appuie pour indiquer qu'il y a lieu de
regarder ça attentivement et j'y vais tout de suite.
Je pense qu'il y a là un élément de principe et pas
uniquement un élément de concordance. Si je me trompe, c'est vous
qui rendrez la décision. Pourquoi je pense qu'il y a un
élément de principe? C'est que, quand on lit bien l'article 3 du
projet de loi 107, "tout résident du Québec a droit à la
gratuité des services éducatifs visés à l'article 1
et offerts en application de la présente loi", et ainsi de suite.
Si on a pris la peine de faire une mention dans le projet de loi 107
pour définir que ce qui suit s'applique à tout résident du
Québec et que c'est celui-là qui a droit à la
gratuité, ça signifie que quelqu'un qui n'est pas résident
du Québec peut ne pas avoir droit à des services gratuits. Il y a
là le principe d'offrir et, oui ou non, est-ce qu'on crée une
obligation d'offrir quelque chose à un résident qui n'est pas
québécois, qui n'est pas résident du Québec? La
réponse est non. C'est évident, puisque le ministre d'ailleurs a
commencé à donner l'explication. À partir du moment
où il viendrait d'une société, je ne sais pas, moi,
extra-terrestre, richissime de Chicoutimi ou d'ailleurs, il se pourrait que le
ministre de l'Éducation n'offre pas les services prévus à
l'article 3.
Donc, il y a le principe qu'on offre certains services sur le principe
que l'État est d'accord pour les offrir gratuitement et, un certain
nombre de choses éducatives autres, l'État pourrait
décider qu'il ne les offre pas parce qu'il y a des coûts. En
conséquence, ce n'est pas gratuit. Je prétends qu'il y a un
principe et, s'il y a un principe et qu'on a fait l'adoption du principe d'un
projet de loi, en deuxième lecture, j'ai le problème de
réintroduire un élément de principe, lorsque nous recevons
un ordre de la Chambre pour faire l'étude de ce projet de loi article
par article, d'autant plus que le présent article n'a aucune assise,
aucun appui sur un des éléments nommément
mentionnés dans le projet de loi 9 que la commission est mandatée
étudier article par article.
C'est un premier point sérieux et pour lequel je voudrais que
vous regardiez ça. Deuxième élément, il me semble
que, dans la pratique de ces commissions, il est arrivé, à
plusieurs reprises, qu'on a refusé des amendements qu'on ne pouvait pas
greffer à quelque article que ce soit, tout simplement parce que
c'étaient des ajouts, pas particulièrement de principe, mais
l'ajout tout court d'éléments non couverts par le projet de loi.
Ces deux éléments m'amènent à vous demander
d'être attentive dans la décision que vous allez rendre concernant
la
recevabilité.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre, je vous
écoute.
M. Ryan: Tout d'abord, Mme la Présidente, il faut bien
s'entendre sur l'article que nous visons par cet amendement. J'ai probablement
induit les membres de la commission en erreur tantôt en faisant porter
mes commentaires sur un article qui n'était pas celui que nous visons
par l'amendement. J'ai eu une distraction momentanée dont je m'excuse
auprès des membres de la commission. L'article 0.1 que j'ai
déposé tantôt vise l'article 14 de la loi 107. Tout le
monde est d'accord là-dessus. Il n'y aura pas de malentendus.
Une voix: Cela va.
M. Ryan: II y en avait un dans mon esprit. Ici, je vais donner la
raison pour laquelle nous présentons cet amendement. Ça vous
aidera à juger s'il peut être recevable ou non et nous
accueillerons votre décision volontiers. Il faut le lire en relation
avec l'article 3. L'article 3 dit: Tout résident du Québec a
droit à la gratuité des services éducatifs visés
à l'article 1". Ensuite, on dit à l'article 14: Tout enfant doit
fréquenter une école", etc. Mais pour celui qui n'est pas
résident du Québec, si on lui fait l'obligation de
fréquenter l'école, qu'il n'est pas admissible à la
gratuité en vertu de l'article 3 et que ses parents n'ont pas d'argent,
qu'est-ce qu'on fait? C'est ça que l'article vise ici.
Mme Blackburn: C'est un nouveau principe. (21 h 45)
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: J'ai dit: C'est un nouveau principe. Si vous
permettez, c'est parce que...
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi, oui.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Vous reliez
l'obligation de fréquenter à la gratuité. C'est
directement ça, c'est ça qu'on dit. Et c'est dans ce
sens-là que c'est un nouveau principe qui vient d'être
introduit.
M. Ryan: Ce que mes conseillers m'ont fait valoir, c'est qu'on ne
peut pas obliger quelqu'un à faire une chose qui va coûter de
l'argent qu'il n'a pas. C'est ça qui est l'esprit derrière ceci,
c'est de ne pas demander une chose qui n'est pas réalisable. S'il
s'agit, par exemple, d'un enfant de parents réfugiés, cela peut
bien arriver. C'est ce que nous essayons d'éviter par tous les moyens
humains à notre disposition, qu'il faille le renvoyer et qu'en attendant
on dise: Toi, tu n'as pas l'obligation d'aller à l'école, tu es
en transit dans ce pays-là, ton sort va se régler dans un mois ou
deux.
Supposez qu'il en arrive des milliers. On ne dérangera pas tout
le système scolaire à cause de ça. Pendant ce
temps-là, peut-être que le système scolaire décidera
d'organiser des cours spéciaux pour eux, plutôt. Il n'y aura pas
cette obligation. C'est ça que veut dire, en tout cas, c'est le projet
de loi. Je vous le soumets. Je pense que c'est plus une question de
consistance, de cohérence dans le texte de la loi que l'Intro ductlon de
principes vraiment nouveaux.
M. Jolivet: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: ...si vous me le permettez, le ministre vient de
donner toute l'argumentation qui m'est nécessaire pour bien vous
expliquer que vous n'avez pas la capacité de recevoir cet
amendement-là.
D'abord, si on prend la définition d'un amendement. Contenu des
amendements à l'article 197 du règlement: "Les amendements
doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller
à rencontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots."
Il faut donc savoir, quand nous avons étudié le principe
du projet de loi, si, dans le projet de loi que nous avons devant nous, il y
avait un amendement d'apporté à l'article 14 du projet de loi
actuel. Je regarde, je vois qu'il n'y a pas, au niveau qui nous regarde,
d'amendement proposé. Comme il n'y a pas d'amendement proposé
dans le projet de loi, ce que le ministre veut introduire, c'est un oubli qu'il
a fait. Il y a un oubli qu'il a fait quand il a préparé son
projet de loi qu'il nous présente. L'oubli, il voudrait qu'aujourd'hui
on le corrige, parce qu'il s'est aperçu en cours de route que, quand on
ne fart pas l'amendement qui est proposé à l'article 14 du projet
de loi 107, en relation avec l'article 3 du projet de loi 107, à ce
moment-là il y a des coûts additionnels qui peuvent surgir.
Je ne disconviens peut-être pas du bien-fondé de ce que le
ministre nous propose. Je vous dis simplement qu'il ne nous l'a pas fait
adopter dans le principe du projet de loi qui est devant nous. Il voudrait
aujourd'hui, parce qu'il nous le propose, que nous acceptions de consentement
qu'un nouveau principe soit introduit dans le projet de loi qui est devant
nous, le projet de loi 9, à l'article 14.
Je vous rappellerai, Mme la Présidente, que même à
ce niveau-là, je ne sais pas si, légalement, nous avons le
pouvoir par consentement d'introduire un nouveau principe dans un projet
de loi qui a déjà été adopté, vous
vous en souviendrez, à l'Assemblée nationale. Dans ce
contexte-là, je vous le dis bien honnêtement, l'argumentation que
le ministre nous apporte a trait à des amendements qui, normalement,
auraient dû être apportés et qui ne l'ont pas
été. Le ministre l'a oublié. Est-ce que maintenant il doit
en supporter les conséquences? Je pense que la discusssion que nous
devons avoir ce soir ce n'est pas: Est-ce qu'il est bien fondé de le
placer ou de ne pas le placer? C'est à savoir: Est-ce qu'un nouveau
principe est introduit dans celui que nous avons accepté au
départ? Si oui, on n'est pas supposé l'accepter ce soir. Vous
devez de vous-même le considérer irrecevable.
Il y a plusieurs décisions qui ont été rendues dans
ce sens-là. La seule possibilité, c'est qu'après
discussion, et là je reviendrai à ce que j'ai dit au ministre,
dans l'éducation que je faisais de mes collègues nouveaux ici
à l'Assemblée, seule une décision unanime de la part du
critique de l'Opposition et du ministre pourrait amener un amendement potentiel
qui n'était pas inclus au projet de loi, mais dans ce qu'on appelle le
rapport qui sera fait à l'Assemblée, où le ministre
amènera peut-être un nouvel amendement à un moment
donné, s'il désire l'apporter à cette étape, mais
cela nous laissera la chance de le discuter.
Vous avez donc un premier choix. Vous pouvez le déclarer
irrecevable. Si vous le déclarez irrecevable, c'est d'abord du point de
vue du principe qu'il faut regarder. Est-ce qu'il est acceptable ou pas? Mais
une fois que ce sera décidé, on passera à la
deuxième étape. Et là, après le consentement du
responsable pour notre formation politique avec le ministre, on pourra
peut-être le réintroduire, si on s'aperçoit
qu'effectivement, le but recherché par le ministre nous convient
à nous aussi. Ça, ça fera partie des négociations
qui auront lieu entre les deux partis. Vous, comme présidente, la
décision qui a été rendue à l'époque, je
m'en souviendrai toujours, c'est que, même si vous le déclariez
irrecevable, on pourrait même jusqu'au bout ne pas être capable de
l'introduire, à moins qu'on ne consente, pour le bien-être de la
population, à le faire.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais simplement rappeler qu'à mon humble
avis, cet amendement se situe parfaitement dans la perspective du but du projet
de loi. Le but du projet de loi, comme je l'ai expliqué dans le discours
d'explication que j'ai donné à l'Assemblée nationale lors
du débat sur le principe, c'est l'amélioration
générale de la Loi sur l'instruction publique, de manière
à en éliminer certaines inconsistances ou imperfections qu'a
révélées la mise en oeuvre de la loi pendant les premiers
mois. C'est le but que nous poursuivons honnêtement. Nous avons
recueilli, glané en cours de route différents sujets qui
exigeaient ou requéraient des clarifications ou des consolidations ou
des améliorations ou des modifications. Maintenant, moi, je n'ai pas
d'autre chose à dire sur l'amendement. Je pense que le pour et le contre
ont été bien exposés. J'accepterai volontiers la
décision que vous rendrez.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
M. Gendron: Mme la Présidente, il n'y aura pas de
problème, mais je ne voudrais pas que vous reteniez l'argument du
ministre à l'effet que le but de l'amendement est d'améliorer le
projet de loi. Vous allez avoir des problèmes, parce que n'importe quel
amendement que je veux apporter, moi, sincèrement, je peux
prétendre que je l'ai fait pour améliorer le projet de loi
déposé. Ça ne peut pas être un critère. Je
veux dire que le principe de ce projet de loi est d'améliorer le projet
de loi 107. La loi 9, c'est d'améliorer la loi 107. Il n'y a aucun
projet de loi que j'ai vu être déposé pour ça. S'il
s'agit là d'un jugement purement objectif.
Moi, écoute, mon argument, c'est ce que le ministre disait
tantôt. Je vous demande, Mme la Présidente de vous appuyer pour la
recevabilité sur le fait que je suis bon prince, que je veux
améliorer une loi, que c'est normal qu'il y ait des trous et tout
ça. Donc, l'objectif de la loi 9, c'est d'améliorer la 107.
Imaginez-vous, ça fait toute une base solide. Sur cette base-là,
moi, j'ai une dizaine d'amendements à vous proposer, dont certains vont
avoir des implications financières et vous auriez un méchant
problème à les refuser, parce que mon objectif est
d'améliorer le projet de loi 107, bien sûr. Et je vous donnerai
des exemples précis. Donc, vous ne pouvez sûrement pas vous
appuyer là-dessus.
Il me semble que mon collègue a très bien indiqué
les deux voies qui vous sont offertes: de ne pas recevoir l'amendement sur la
base de la recevabilité et le ministre, lorsqu'il produit son rapport, a
le droit, lui, de déposer des amendements lors du rapport à
l'Assemblée nationale. Si son objectif est effectivement de permettre
d'aller dans l'esprit de la notion de résident du Québec, on le
regardera à ce moment-là.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Je lis les notes explicatives, Mme la
Présidente, et je vais vous les lire pour bien se comprendre, car le
projet de loi qui est devant nous, ce projet de loi, il faut en tenir compte, a
fait l'objet d'une adoption de principe. Vous êtes d'accord?
Donc, le projet de loi vise également à
corriger, à l'intérieur de la Loi sur l'instruction
publique, certaines imprécisions ou erreurs techniques. Ça,
ça va. Je suis d'accord avec lui. Mais, quand on le dit dans les notes
explicatives, cela doit se retrouver dans le document qu'on a adopté. Et
c'est à ce principe, s'il est adopté dedans, à apporter
correction, mais pas d'amener des corrections à un article qu'on n'a
même pas prévu dans le projet de loi, sur un projet de loi qui a
été déjà adopté il y a un an. C'est
là que je dis qu'il est jugé à ce moment-là dans
mon esprit, et je pense que vous allez être obligée de le faire de
la même façon, irrecevable.
Il reste juste une chose, c'est de s'entendre entre le critique et le
ministre responsable, lorsqu'on fera le rapport, pour dire qu'on ne fera pas
d'objection, si on est d'accord, à la mise dans le rapport d'un
amendement qu'on aura adopté. Mais même là, si on
n'était pas d'accord, ça prendrait notre consentement, en vertu
des règlements qui nous gouvernent. Je pense que c'est important de bien
faire saisir ça. Le ministre se souviendra de la loi sur le
Nouveau-Québec, quand il a récrit complètement son texte,
si on n'avait pas donné notre consentement, ça ne passait pas.
Mais on l'a donné pour le bien-être de la commission scolaire et
des élèves qui étaient sous la gouverne de cette
commission scolaire. Et c'est dans ce sens-là que nous allons
travailler.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, en fait, je comprends un
peu comment ça s'est passé. On a pris de mauvaises habitudes, je
dirais, lorsqu'on a adopté la loi 107, lorsqu'on l'a examinée
article par article parce que, de consentement unanime, on a accepté de
nombreuses... non seulement des modifications mais des articles nouveaux. Nous
aussi, on en avait proposé puis ça été
accepté pour fins de discussion et adopté, finalement. Parce que
ça s'est fait et... j'ai l'impression que, tout à coup, on
revient avec la même impression, même idée qu'on pourrait
introduire des articles neufs qui ne retrouvent pas une assise dans le projet
de loi.
Quand le ministre réfère au discours qu'il tenait, au
moment de l'adoption de principe en Chambre, en disant que la volonté
était de corriger certaines erreurs ou certains oublis à
caractère technique et, également, pour bonifier la loi 107,
c'est que le seul... Mme la Présidente, la seule chose sur laquelle vous
pouvez vous appuyer pour rendre votre décision, ce n'est pas le discours
du ministre, pas plus que le mien ou celui de l'Opposition en Chambre. Ce sont
les notes explicatives et les articles concernés par le projet de loi.
Ça ne peut pas être autre chose. Alors, dans ce sens-là...
Et c'est moi qui ai soulevé à mon collègue la
recevabilité de cet article parce qu'il me semblait qu'on introduisait
quelque chose de complètement neuf, qu'on ne voyait pas venir et qu'on
ne peut rattacher à aucun des articles, non plus que dans les notes
explicatives, à aucun des articles dans le projet de loi. C'est pourquoi
je soulève... et je maintiens que ce papillon ou cet amendement est
irrecevable.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je suis prête
à rendre ma décision.
M. Ryan: Mme la Présidente, j'aimerais mieux vous demander
de le prendre...
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: ...en considération, si vous n'avez pas
d'objection. J'aimerais mieux que vous étudiiez la jurisprudence
là-dessus, il y en a déjà une certaine qui est
appuyée, à moins que vous la connaissiez déjà
toute.
La Présidente (Mme Hovington): Comme je le disais au
début, je peux le prendre en délibération, à
condition que, pour ne pas retarder les travaux...
M. Ryan: On passerait à un autre article.
La Présidente (Mme Hovington): ...on passerait à un
autre article. C'est ce que j'avais suggéré dès le
début, d'ailleurs, mais c'est ce que les membres de la commission ne
voulaient pas tout à fait accepter.
M. Gendron: Non, madame. Pour ne pas qu'il y ait de
confusion...
M. Ryan: Nous nous sommes exprimés.
La Présidente (Mme Hovington): Vous vous êtes
exprimés? Alors, je peux prendre en délibération le
jugement de la recevabilité ou non de cet article 0.1 au projet de loi 9
et nous pouvons continuer l'étude article par article du projet de loi
9. On s'entend bien? D'accord.
J'appelle donc l'article 1 du projet de loi 9, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. Alors, M. le ministre, est-ce que vous avez des notes
explicatives sur l'article 1?
M. Ryan: Quelques commentaires, oui. Tout le monde est familier
avec l'article 15 de la Loi sur l'instruction publique, lequel définit
l'obligation de la fréquentation scolaire et assortit cette obligation
d'un certain nombre d'exemptions. Est exempté, par exemple, de
l'obligation de fréquentation scolaire l'enfant qui souffre de maladie.
Il doit rester à la maison ou ailleurs pour recevoir
des soins ou traitements médicaux requis par son état de
santé. Est exempté également, à la demande de ses
parents, l'élève handicapé ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, surtout quand il est frappé d'un
handicap physique ou mental qui l'empêche de fréquenter
l'école. Est exempté aussi l'éiève qui a
été expulsé de l'école par la commission scolaire.
Et, enfin, l'élève qui reçoit à la maison un
enseignement et y vit une expérience éducative qui,
d'après une évaluation faite par la commission scolaire ou
à sa demande, sont équivalents à ce qui est
dispensé ou vécu à l'école. Il y a
évidemment l'exemption de l'obligation de fréquentation de
l'école publique pour l'enfant ou l'élève qui est inscrit
à une école privée.
Là, il y avait un autre motif d'exemption qui était
mentionné dans l'ancienne Loi sur l'instruction publique, qui se lisait
comme suit: La commission scolaire, à la demande écrite du
père, de la mère, du tuteur ou du gardien d'un enfant, peut
dispenser ce dernier de l'obligation de fréquenter l'école pour
une ou plusieurs périodes n'excédant pas en tout six semaines par
année scolaire lorsque les services de cet enfant sont requis pour les
travaux de la ferme ou pour des travaux urgents et nécessaires à
la maison ou pour le soutien de cet enfant ou de ses parents. La dispense est
accordée par un certificat en relatant les motifs. Nous avions
laissé tomber cette disposition de l'ancienne Loi sur l'instruction
publique. Moi, j'étais convaincu que ça ne créait pas de
problème sérieux jusqu'à ce que, vers la fin de
l'été, je sois saisi d'une situation, non pas par une ou deux
personnes, comme on a pu le laisser entendre ici, mais par les commissions
scolaires concernées, c'est-à-dire la commission scolaire
Berthier-Nord-Joli, également la commission scolaire de l'Industrie. Les
deux députés qui représentent les territoires desservis
par ces commissions scolaires... on m'a fait valoir qu'il y avait la
récolte de tabac qui requérait la mobilisation urgente,
immédiate de travailleurs qui sont très difficiles à
trouver, à ce temps de l'année, pour ce genre de travail. On
avait coutume, les années précédentes, de mobiliser les
élèves - ça leur permettait de faire un peu d'argent - et
la commission scolaire s'arrangeait pour que les objectifs du régime
pédagogique soient réussis ou accomplis, de manière
qu'elle décidait elle-même. (22 heures)
Alors, à la suite des représentations qui m'ont
été faites par ces commissions scolaires, je crois qu'il y aurait
lieu de revenir à un texte ressemblant à celui qu'on trouvait
dans l'ancienne Loi sur l'instruction publique. Le texte que nous avons mis au
point à cette fin est celui qui est contenu dans le premier article du
projet de loi 9 et qui se lit comme suit: "En outre, la commission scolaire
peut dispenser un de ses élèves, à la demande des parents
de ce dernier, de l'obligation de fréquenter une école pour une
ou plusieurs périodes n'excédant pas en tout six semaines par
année scolaire pour lui permettre d'effectuer des travaux urgents.".
Alors, ça couvre autant les travaux sur la ferme que des travaux pouvant
être nécessaires à la maison, comme le disait d'ailleurs
l'ancien texte de la vieille Loi sur l'instruction publique.
Alors, je crois qu'il serait de bon sens d'adopter cette disposition. La
présidente de la Fédération des commissions scolaires,
dans son témoignage rendu devant la commission, cet après-midi, a
déclaré son accord au sujet de cette disposition et donné
l'assurance qu'à son point de vue et suivant son expérience, il y
avait lieu de faire confiance au sens des responsabilités des
commissions scolaires dans l'application d'une éventuelle modification
de cette nature. Par conséquent, je proposerais l'adoption de cet
amendement et je souhaiterais que vous puissiez reconnaître, Mme la
Présidente, dès que l'occasion s'en présentera, le
député de Berthier qui est avec nous pour le débat
entourant cet article et qui a vécu cette expérience de plus
près, vu qu'il représente une des circonscriptions directement
touchées par les problèmes dont on m'a saisi.
Une voix: Ainsi que celui de Joliette. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a
consentement de la commission pour entendre le député de
Berthier?
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection mais, puisque le ministre a
présenté l'amendement qu'il souhaite, j'aimerais réagir.
Je n'ai aucune espèce d'objection, M. le député de
Berthier peut se joindre, comme membre de la commission, pour nous faire part
de son expérience. Je n'aurais pas d'objection à l'entendre, mais
en alternance, après ma réaction.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord.
M. Gendron: Et si le ministre n'a pas d'autre chose à
dire, si le ministre a terminé sa présentation.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre? '
M. Ryan: J'ai terminé, oui.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Mme la Présidente, j'ai entendu les arguments
du ministre. Je les avais entendus lors du principe et, contrairement à
ce qu'il vient de mentionner en laissant voir qu'on avait prétendu qu'il
s'agissait de deux personnes,
c'est lui-même qui a dit: J'ai eu des représentations de
deux commissions scolaires. Ce sont les propos mêmes du ministre; il y en
a 200 au Québec, en passant, à peu près, 207.
Je ne peux pas refaire là-dessus ce que
j'appellerais l'appréciation juste et correcte, en ce qui me concerne,
je peux me tromper, mais je voudrais avoir l'attention des collègues,
soyez bien attentifs, de refaire l'appréciation de cette
question-là qui a été faite lors du débat de la loi
107, premier principe. On l'a fait longuement, pendant des heures, et on a mis
en parallèle: Est-ce que, d'une main, il vaut mieux privilégier
le principe de l'obligation de la fréquentation scolaire versus la
situation ante du Québec qui, à l'époque, dans un
Québec étant dur, ruraliste, multiples paroisses - il y en a
au-dessus de 1500 au Québec - pouvait justifier plus adéquatement
l'ancienne disposition? Ça, c'est quand on a fait le débat lors
de la loi 107 et on a dit: On ne réintroduit pas cette
disposition-là. On savait ce qu'on faisait à ce moment-là,
en tout cas, moi, en ce qui me concerne. Ce n'est pas parce que le
député de Berthier sans doute, tantôt, nous
présentera correctement et adéquatement une demande de quelques
parents qui ont fait des représentations auprès des commissions
scolaires concernées pour que leurs enfants soient dispensés de
l'obligation de fréquenter.
Je répète que je connais cette
région-là pour l'avoir fréquentée calmement, en
bicyclette, lorsque j'étais aux études à Berthierville et
je sais qu'il y a du tabac. Je sais que ça se récolte, à
la période du tabac, à un moment bien précis dans
l'année. Mais on ne me fera pas brailler avec un taux de 15 % de
chômage, en passant, qu'il est absolument impossible, parce que,
là, le tabac dans la région de Joliette, ce n'est plus artisanal,
M. le ministre, au cas où vous n'auriez pas visité ça. Ce
n'est pas un quatre pieds carrés, un "claim" de miniers. Ce n'est pas un
piquet, là. Et ce sont des terres à ne plus finir. Je veux dire,
on récolte ça sur une vaste échelle. Donc, on ne fait pas
ça... Le petit gars de douze ou treize ans: Tu vas venir aider papa
à récolter quatre ou cinq plants de tabac. C'est de la machinerie
agricole très sophistiquée et c'est important. Je l'ai vu de mes
propres yeux et je ne peux pas concevoir qu'en 1989, très
sérieusement, on mette ça en parallèle par rapport
à l'obligation de fréquenter pour des gens qui disent: Aie,
l'éducation, c'est fondamental! L'éducation, c'est
sérieux! L'éducation... Écoutez, on est au niveau primaire
secondaire dans un Québec supposément moderne, dans un
Québec qui vibre aux valeurs du modernisme, qui signifie qu'il faut
avoir des principes.
Dans l'article qui nous est proposé, ça
signifie qu'on considérait moins fort le principe de l'obligation de
fréquenter mis en parallèle par rapport à des besoins que
je ne conteste pas. Autrement dit, d'avance, je vous dis que je vais être
d'accord avec la description que le député de Berthier veut nous
faire. Ce n'est pas ça, mon problème. C'est qu'on n'a pas le
droit, comme membres d'une commission, comme personnes
préoccupées par les questions éducatives, de prendre cette
thèse-là et de permettre que nous revenions à des
considérations ruralistes, dépassées, réelles dans
les faits pour des cas précis. Mais est-ce qu'un législateur doit
légiférer pour deux demandes qui sont présentées au
cours de la période estivale, alors qu'il y a au-dessus de 200
commissions scolaires? Premier problème.
Alors, c'est clair, M. le Président, qu'en ce qui me
concerne, il n'en est pas question parce qu'il y a trop d'inconvénients
et la balance des inconvénients l'emporte, évidemment, par
rapport au principe qui est en cause. Est-ce que l'obligation de
fréquenter, ça doit être assez hermétique? Moi, je
pense que oui. Est-ce qu'on doit prévoir des échappatoires
justifiables? La réponse est oui. Le ministre a eu la sagesse de nous
présenter les dispositions de l'article 15. Il y en a déjà
un certain nombre. Il y en a déjà un certain nombre
d'échappatoires prévues pour ne pas être assujetti à
l'obligation de fréquenter. J'y souscris. On l'a réglé; on
l'a débattu pendant des heures et, moi, ça me va.
Deuxième problème, parce qu'il faut toujours
analyser un article eu égard aux deux dimensions qu'il peut contenir.
L'autre dimension qu'il contient, dans la perspective où ça vous
tenterait de regarder ça... et, moi, je ne serais pas d'accord,
évidemment. Mais, là, écoutez, on n'imposera pas nos
velléités jusqu'à aller faire des mesures de
répression pour ceux qui penseraient différemment de nous. On n'a
pas l'habitude du matraquage démocratique dans les institutions
parlementaires. L'autre principe qu'il y a là, c'est la notion
d'interprétation quant au caractère dit de travaux urgents.
Moi, j'ai beaucoup de respect pour les commissions
scolaires. Sincèrement, c'est un milieu que je connais bien. J'ai
enseigné. Souvent, comme représentant syndical, j'ai
assisté à de nombreuses réunions de commissaires et je
suis complètement d'accord pour leur laisser beaucoup de marge de
manoeuvre. D'ailleurs, j'aurai l'occasion, sur d'autres articles, d'indiquer au
ministre comment if se fait qu'il n'a pas cette même souplesse, entre
autres, pour le conseil exécutif.
Penses-tu que ça appartient à l'État
de dire: Ça va être neuf? C'est quoi, cette logique-là de
dire: Vous allez être neuf, indépendamment des toutes petites
commissions scolaires où on voudrait avoir un exécutif de sept?
Laissons-les décider. Là, c'est de la logique de gestion.
Laissons-les décider. Puis on aura d'autres exemples. Mais laissez aux
commissions scolaires l'interprétation de la mention qui est
prévue à l'article 1, amendé par le ministre: Effectuer
des travaux urgents. Lui permettre d'effectuer des
travaux urgents. Effectuer des travaux urgents est une notion tellement
interprétative, tellement variable que, admettez-vous que ma commission
scolaire, de bonne foi, pourra très bien prétendre que la demande
de M. Poliquin pour que son fils l'aide à faire telle chose, compte tenu
que M. Poliquin connaît très bien le président de la
commission scolaire qui a beaucoup d'influence sur cette commission-là,
lui, if trouve que la demande de M. Poliquin, ce sont les travaux urgents. Mais
la demande de Mme Jérémie à la commission scolaire de
Châteauguay est interprétée d'une tout autre façon.
Non, là, ce conseil des commissaires-là décide que ce
n'est pas urgent. On va se ramasser avec des interprétations où,
dans l'analyse, on pourrait très bien conclure que l'obligation de
fréquenter n'a pas du tout la même qualité
interprétative dépen-damment qu'on est situé dans telle
région plutôt que telle autre, dépendamment qu'il y aurait
eu, par exemple, un automne plus "pluvieuse", ça existe... Pluvieux.
Une voix: Pluvieux.
M. Gendron: Parce que les saisons sont au masculin. Alors, on se
ramasse avec un automne pluvieux qui crée des demandes plus urgentes
pour la récolte des patates, pour la récolte des légumes,
dans un endroit où on fait du maraîcher, ailleurs, on ne fait pas
de ça, donc il faut se trouver une autre justification. Ça nous
conduit à des situations où ça n'a pas de bon sens. Je
répète, ce n'est pas parce que le ministre pourrait dire:
Écoutez, le député de Berthier et le député
de Joliette ont fait des représentations. Eux autres, ils ont
probablement fait ce qui leur était demandé comme
représentants, et je ne peux pas les blâmer de véhiculer
les préoccupations de leur monde, mais, là, il faut être
plus sérieux que ça lorsque, comme législateur, on a
à adopter des principes.
Revenir sur le principe de l'obligation de fréquentation, je ne
suis pas d'accord. La Centrale de l'enseignement du Québec nous l'a
laissé voir très clairement: "Les modifications proposées
par le gouvernement aux articles 15 et 16 auront pour effet de rendre plus
aléatoire l'exercice du droit à l'éducation." Eux allaient
plus loin. Le droit à l'éducation, est-ce qu'il appartient aux
parents quand on a à discuter une question éducative? Non, il
appartient aux enfants. Mais là, il y a une question fondamentale. Le
droit à l'éducation, c'est à l'enfant. Là, on dit
aux commissions scolaires: Quand son père, sa mère ou son tuteur
prétendra qu'il a besoin des services du concerne en termes de droit
à l'éducation, il n'aura même pas la capacité, lui,
le concerné du droit à l'éducation, d'exercer son droit,
c'est son tuteur, les parents qui vont le faire à sa place.
C'est une situation qui nous ramène aux années trente.
Moi, je pensais que c'était passé. Je veux bien croire que le
ministre a une très longue expérience, mais je ne peux pas
être sensible à cette revendication, je ne peux pas y souscrire.
Sincèrement, je demande aux parlementaires d'être très
attentifs, si vous ne voulez pas qu'on vous taxe, avec réalisme, de
personnes pas tellement évoluées, parce qu'un ministre a
été sensible à une demande de deux commissions sur 200,
c'est ça qui a fait pencher dans la balance la mise en parallèle
d'un droit versus un besoin temporel, circonstanciel, très
interprétable, tout à fait interprétable par
différentes commissions scolaires.
Dans ce sens-là, je ne veux pas argumenter plus longtemps, Mme la
Présidente, mais il m'apparalssait utile de vous faire connaître
ces considérations.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Berthier.
M. Houde (Berthier): Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il
me fait plaisir de prendre la parole, ce soir, sur ce projet de loi 9 qui
concerne la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation, plus particulièrement en ce qui
nous touche, comme l'ont si bien dit tantôt M. le ministre et M. le
porte-parole de l'Opposition. C'est bien vrai qu'il y a plusieurs commissions
scolaires au Québec, mais les commissions scolaires qui sont
touchées par cette demande, il n'y en a pas tellement, parce que les
comtés où II y a des travaux urgents à faire... Quand on
parle de travaux urgents, ce n'est pas de nettoyer un poulailler, ce n'est pas
de faire les labours, ce n'est pas ça, des travaux urgents. Des travaux
urgents, en ce qui touche actuellement la demande qui est faite ce soir, c'est
en ce qui concerne le tabac à cigarettes, d'abord, et ça concerne
la pomme, en particulier.
Quand on parle du tabac à cigarettes, vous savez que quand c'est
le temps de casser le tabac, il faut le casser. H ne faut pas attendre deux ou
trois semaines après, même trois ou quatre jours après
parce qu'il est trop tard. Et c'est la même chose pour la pomme.
Lorsqu'on voit des gens qui sont réellement pris par les travailleurs,
les travailleuses qu'ils ne peuvent pas avoir, ils sont obligés d'aller
chercher à l'extérieur de la province, même du pays, dans
certains cas, ce n'est pas un cadeau. Lorsqu'on demande des gens de
l'extérieur, vous savez ce que ça coûte, ça
coûte énormément cher. Je pense qu'en ce qui touche le
tabac à cigarettes et en ce qui touche la pomme, les sous, c'est
important. (22 h 15)
Lorsque la demande a été faite de la part des commissions
scolaires concernées, comme M. le ministre l'a dit tantôt, ces
deux députés, celui
du comté de Laviolette et moi-môme, du comté de
Berthier, avons fait les démarches, et je remercie M. le ministre de
s'être penché sur nos demandes parce que ça faisait
plusieurs fois que la demande était faite, venant des commissions
scolaires, venant des parents et des jeunes également.
Je pense que ça va enlever un problème aux commissions
scolaires parce qu'elles n'auront pas à faire exécuter les
règlements à l'intérieur des commissions scolaires. Il n'y
aura pas d'obligation à ce moment-là. Je pense que les
commissions scolaires seront en mesure de faire la part des choses. Je me
répète, mais en ce qui concerne les travaux urgents, ce sont des
travaux urgents, comme la cueillette des pommes ou celle du tabac à
cigarettes.
Mme la Présidente, c'est pour cette raison-là que
j'insiste beaucoup pour qu'on puisse l'accepter tel quel et qu'on puisse
répondre à une demande qui est importante pour notre
région et pour quelques régions du Québec. Je dis bien:
quelques régions, parce qu'il n'y en a pas beaucoup qui font ces
demandes-là. Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Berthier, d'avoir bien voulu éclairer les
membres de cette commission de votre expérience toute spéciale
dans votre comté.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Je vais essayer
de faire, pas nécessairement selon un ordre logique, mais un certain
nombre de remarques. D'abord, une première, peut-être à la
suite de celles du député de Berthier. Je comprends bien ce qu'il
nous dit, mais ça m'inquiète d'autant. S'il faut qu'à
toutes les occasions où il y aura un caractère d'urgence par
rapport à une économie à réaliser, c'est sûr
qu'on va toujours ou que ta plupart des agriculteurs vont garder leurs enfants
à la maison plus souvent qu'autrement, parce que ça coûte
effectivement plus cher d'embaucher de la main-d'oeuvre que de prendre un
étudiant. Sauf que ce dont il s'agit ici, c'est de l'obligation de
fréquenter, mais surtout du droit de l'enfant à
l'éducation. Je me rappellerai toujours, parce que ça ne m'avait
pas vraiment frappée, quand les parents des enfants handicapés
sont venus nous dire: Écoutez, il ne faut pas, et c'est bien
encadré dans la loi 107, laisser exclusivement aux parents le choix de
décider s'ils vont envoyer leur enfant handicapé à
l'école ou non, de crainte que, par paternalisme, par sensiblerie, les
parents finissent par refuser ce droit à l'enfant, alors que ce n'est
pas nécessairement et ce n'est surtout pas dans son
intérêt. Ils ont insisté pour qu'on introduise cela, et je
vous le donne, à l'article 15, deuxième paragraphe: "2° en
est exempté par la commission scolaire, à la demande de ses
parents et après consultation du comité consultatif des services
aux élèves handicapés..." Les parents sont venus nous
dire: II faut absolument que vous mettiez une garantie de consultation, parce
que, autrement, les parents, par bonne volonté souvent, mais à
l'occasion parce que ça demande des efforts aussi, lorsqu'il s'agit d'un
enfant handicapé, ne respectent pas le droit de ces enfants à
l'éducation. Ça ne m'avait pas vraiment, frappée
jusqu'à ce que les parents viennent nous l'expliquer en disant: II faut
absolument qu'on reconnaisse un principe: le droit des enfants à
l'éducation.
À présent, une remarque sur les demandes qui ont
été faites par les commissions scolaires. J'aimerais juste qu'on
écoute un petit peu, c'est surprenant, la remarque qui a
été faite par ces commissions scolaires. À Chicoutimi,
c'est exactement l'inverse qu'on m'avait fait comme représentation au
moment où on annonçait la refonte de la Loi sur l'instruction
publique. Ce qu'invoquait le directeur général de la commission
scolaire de Chicoutimi, c'est qu'il faudrait que ça disparaisse cet
article-là, parce qu'on a, disait-il, des mères qui, à un
moment donné, n'ont pas leur gardienne, perdent leur gardienne une
journée, il y a un bébé à la maison et c'est la
petite fille qui garde et c'est devenu des travaux urgents. Il y a beaucoup de
représentations en ce sens. Finalement, c'est beaucoup plus facile
aussi: la petite fille est bonne à l'école, elle a dix, onze ou
douze ans et elle garde le bébé à la maison ou, encore,
quand la maman est malade ou qu'elle va chez le médecin ou encore faire
son magasinage. Donc, ils ont, dans des commissions scolaires, beaucoup de ce
type de représentations, mais, particulièrement, quand il y a un
enfant à la maison qu'il faut faire garder ou encore quand la
mère est malade.
Effectivement, qu'est-ce qui est le plus urgent? Comme on ne
définit pas "travaux urgents", est-ce que c'est la cueillette des
pommes, du tabac, ou la mère qui a perdu sa gardienne qui ne peut pas
aller travailler? Je pense qu'il faut être prudent, parce qu'on risque de
nier le droit de l'enfant à l'éducation. Par ailleurs, le
Québec d'aujourd'hui est un Québec plus urbanisé. Il y a
un taux de chômage extrêmement élevé aussi. Je me dis
que la main-d'oeuvre ne doit pas trop manquer. C'est un Québec plus
urbanisé et cela fait que ça ne touchera pas seulement les
régions. Mes gardiennes, elles se trouvent aussi dans le Québec
urbain et c'est comme si on avait deux attitudes au Québec. Je me
rappelle ce que je disais au moment de l'adoption du principe. Dans les
collèges, dans les cégeps du Québec, il est prévu
82 jours - le ministre pourra me corriger -pour le calendrier scolaire. S'il y
a une tempête de neige, ils sont obligés de reprendre la
journée, parce que c'est supposé nuire aux objectifs
pédagoqiques fixés pour le calendrier scolaire. Et
là, tout à coup, ils pourraient être absents
jusqu'à six semaines. Je vous dis: Ça défie la logique et
l'intelligence. Je ne comprends pas.
Par ailleurs, l'absence de toute définition de "travaux urgents",
je maintiens que... En tout cas, la représentation que j'ai eue -
ça fait déjà plus d'une année - c'est
précisément à l'effet contraire, parce que ça
donnait lieu à certains endroits à des abus.
Mais, qu'est-ce que ça pourrait bien être? Tantôt,
l'on va avoir des pannes d'électricité et ça va être
la traite des vaches le matin. Il va falloir qu'ils gardent l'enfant. Chez
nous, à un moment, le printemps a été tardif, les bleuets
sont arrivés trop tard, les cours ont commencés dans les
écoles, les bleuets n'ont pas été cueillis. Ça va
être la cueillette des bleuets. Ça va être la gardienne,
c'est la santé de la mère et, là, ça va être
les pommes, ça va être les tomates. Mais, écoutez!
Ça n'a plus... Alors, finalement, je trouve que c'est... Non, c'est
parce que je suis attendue en Chambre. Je dois aller aux crédits.
M. Ryan: On avait compris, mais on était
attristés.
Mme Blackburn: Je vous ai vu sortir le mouchoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Mais je souhaite très sincèrement
qu'on prenne en compte toutes ces dimensions et qu'on mette bien dans la
balance le droit de tous les enfants du Québec à
l'éducation, alors qu'on sait que les stimulations, l'encouragement
à l'éducation, à la scolarisation sont plus faibles dans
les milieux ruraux. Ce n'est pas compliqué, on le sait. Je suis
née dans un milieu comme ça. C'est prouvé, les
statistiques le démontrent. Les enfants des milieux ruraux sont moins
scolarisés que les enfants des milieux urbains. Ce n'est pas moi qui
l'invente. Vous trouvez ça dans n'importe quelle faculté qu'au
Québec, malheureusement, c'est encore le cas.
Alors, je pense que c'est tout ça qu'il faut prendre en compte.
Il faut être extrêmement prudent, quand on veut réintroduire
dans une loi nouvelle qui tient compte de la réalité
d'aujourd'hui de telles dispositions. Mme la Présidente, vous
m'excuserez, parce que je dois aller en Chambre.
La Présidente (Mme Hovington): Nous allons vous regretter,
Mme la députée de Chlcoutiml.
Mme Blackburn: Ça a l'air sincère aussi.
La Présidente (Mme Hovington): Je vais reconnaître
le député de Verdun qui a demandé d'intervenir sur cet
article.
M. Gautrin: Brièvement, j'aurais une question à
poser pour bien comprendre. Si une commission scolaire dispense des enfants de
fréquenter l'école, est-ce qu'elle a l'obligation de
prévoir un programme de rattrapage de manière que ces enfants ne
soient pas pénalisés dans leurs études? Si on me
répond oui, je suis sécurisé. Si on me répond non,
je suis inquiet.
M. Ryan: L'article, dans son libellé-La
Présidente (Mme Hovington): M. le ministre, oui.
M. Ryan: L'amendement, dans son libellé actuel, ne
prévoit pas cette condition. C'est une amélioration qui pourrait
être apportée. C'est même un sous-amendement que je serais
disposé à déposer en temps utile.
M. Gautrin: Je suis d'accord avec cela. M. Ryan: O.K.?
M. Gautrin: O.K. Si c'était ça, s'il y avait une
obligation, je pourrais accepter cela.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais vous dire, Mme la Présidente,
même avec l'amendement que le ministre veut apporter, qu'ils viennent de
m'ouvrir une porte très grande à toutes ces demandes que j'ai
dans mon propre comté. Ça n'a pas de bon sens, ce que le ministre
est en train de faire. Là, on est en train de régler au bout de
la table des choses qui vont comporter énormément d'argent.
L'enfant qui est handicapé ne reçoit même pas
actuellement, les services d'un accompagnateur à cause de sa
surdité au niveau primaire, parce qu'on n'a pas une cenne à lui
donner, parce que l'Office des personnes handicapées n'a
transféré aucun des budgets au niveau du ministère dans ce
qu'on a appelé le MAS-MEQ à l'époque. Qu'est-ce que
ça veut dire pour un élève dont l'un des parents pour des
raisons, après consultation d'un comité quelconque, en arriverait
à dire qu'il y a des travaux urgents? Il y en a un tremblement de terre.
La maison s'est effondrée, il faut la remonter. Est-ce que ça va
être un travail urgent? Est-ce que cet enfant-là va être
considéré comme devant aider ses parents à rebâtir
la maison, même s'il est de niveau secondaire, à douze ou treize
ans, parce qu'il est gros, grand, fort? Est-ce que ça veut dire qu'au
bout de la course on va devoir prévoir pour lui, à la commission
scolaire, si on lui accorde cette dispense, un rattrapage aux frais de la
population, alors qu'un enfant handicapé n'aura pas ces choses?
Ça me fait penser à ces phénomènes qu'on a
actuellement - je les donne comme exemple -à l'Office des personnes
handicapées. Vous avez une personne qui, à la suite d'un accident
du travail, devient handicapée, elle reçoit une chaise roulante,
des béquilles, les instruments nécessaires, parce que le handicap
est reconnu. Vous avez un accident d'automobile, vous êtes dans une
chaise roulante, motorisée ou autre, pour le reste de votre vie, vous
l'avez immédiatement. Vous avez le malheur d'être une femme de 40
ans qui a construit, avec son mari, une maison de deux étages parce que
c'était son désir d'avoir une maison de deux étages, ce
qu'on appelle, dans notre langage, un "split level", et qui se voit
aujourd'hui, au moment où je vous parle, victime de la sclérose
en plaques, et cette personne-là, ça fait deux ans et demi
qu'elle cherche à avoir les mêmes services qu'une personne qui a
eu un accident d'automobile ou un accident de travail, et elle ne les a pas,
parce qu'on dit: On n'a pas d'argent.
Quand je dis ça, je n'exagère pas, je dis exactement ce
qui se passe chez moi, dans ma région. Je suis sûr que tous les
députés, autour de la table, vont dire la même chose. Donc,
qu'est-ce qu'on est en train d'instaurer ici, sinon de ramener quelque chose
qui existait avant, dans un contexte où la loi avait été
adoptée. On se souviendra que la loi date de loin, la Loi sur
l'instruction publique, et que cette loi a été rajeunie.
L'argumentation qu'on nous a fournie, à l'époque, pour apporter
l'article que nous avons ici, c'était de le rajeunir. Et, parce qu'on a
eu des représentations sur des cas exceptionnels, on est en train de
mettre en lumière des possibilités que les gens
n'exerçaient même pas à l'époque, parce qu'ils n'en
avaient pas connaissance. Mais plus on va en parler aujourd'hui, plus il y a
des gens qui vont penser: Ah, c'est quoi, un travail urgent? Qui va
décider? Comment ça va se faire? Quelle sorte de travaux
ça va être? Là, on vient d'ouvrir une boîte de
Pandore extraordinaire. Moi, je ne prends jamais l'exception pour la
règle générale, j'ai assez appris, dans le temps que
j'enseignais et que j'étudiais, que l'exception explique la
règle, mais ça ne veut pas dire qu'on va faire la règle de
l'exception par contre.
Ce n'est pas parce qu'une personne aurait pu, dans sa vie, ne pas aller
à l'école pour toutes sortes de raisons qu'il faut que tout le
monde, aujourd'hui, ait cette chance-là, ou cette malchance, ça
dépend comment on l'explique de part et d'autre.
C'est dans ce sens que je dis que nous, nous avons à
légiférer non pas sur des exceptions. Je ne pense pas que notre
rôle soit de prévoir toutes les exceptions possibles. Le ministre
nous dira: Écoutez, nous avons une loi qui est une loi
générale, une loi-cadre, et vous savez, M. le
député, malgré la promesse que nous avons faite à
l'époque de ne pas réglementer ou de moins réglementer,
nous sommes quand même obligés de réglementer. Je l'ai
vécu encore ce matin dans une autre commission parlementaire sur les
SPEQ. Quand je regarde ça, je me dis: Est-ce que nous sommes ici pour
regarder, comme le disait mon collègue d'Abitibi-Ouest, des cas
exceptionnels et pour dire: On en fait une règle générale
maintenant, parce que, si on ouvre pour eux, vous allez voir qu'à force
d'en parler, il y a du monde qui va dire: Mon Dieu, je n'y avais pas
pensé, j'ai droit à ça, moi. Comme j'ai droit à
ça, pourquoi je n'y aurais pas droit? Et là, le ministre va
être inondé de demandes lui disant d'amender la loi de telle et
telle façon pour faire telle et telle exception.
Je trouve ça un peu exagéré. Le ministre, pour
réconforter son collègue qui lui dit: Écoutez, M. le
ministre, si ça a pour but de dire qu'il n'y aucun cours de rattrapage
ensuite, je serais très réticent à accepter un tel
amendement, lui répond: Non, ne vous inquiétez pas, on va faire
un sous-amendement. Mais mon Dieu Seigneur, Mme la Présidente, ce n'est
pas de même qu'on doit légiférer. Est-ce qu'on a, comme
législateur, sur un coin de table, à faire en sorte que le
député vote en faveur de notre proposition en l'amadouant d'une
certaine façon, en lui disant: Écoute, ne sois pas inquiet, je
vais m'organiser avec ça. Ce n'est pas de même qu'il faut faire
ça, Mme la Présidente. (22 h 30)
Je dois vous dire que je suis vraiment inquiet, à mon tour, de
voir l'attitude que le ministre prend, dans un contexte où on n'a pas la
définition de ce qu'est un travail urgent. Je vous en donnais un exemple
tout à l'heure. Est-ce au parent à considérer qu'il y a un
travail urgent à faire? Et il va essayer de convaincre le comité
qui doit le déterminer. Est-ce que ça va se faire sur le dos de
l'enfant?
Dans certains cas, vous savez, je voudrais vous voir ramasser le tabac,
Mme la Présidente, à l'âge de dix ou douze ans, parce que
c'est urgent, c'est pressant et que dans trois jours ce ne sera plus bon, parce
que le père a décidé que l'enfant était gros et
grand et qu'il va le faire. Et il va en convaincre la population, parce que
là-bas ça semblerait, d'après de ce que je peux comprendre
du député de Berthier, être une habitude. Dans ce
contexte-là, ça veut dire que l'enfant va devoir subir la
pression de son père pour aller faire du travail qu'il n'est
peut-être pas habilité à faire, mais à cause de sa
stature physique.
Je pense qu'il faut être conscient de l'argumentation qui a
été apportée à l'époque de la mise en place
de cet article-là. On n'avait pas introduit dans la nouvelle loi
l'article 259 de la Loi sur l'instruction publique. Pourquoi l'a-t-on fait
aujourd'hui? C'est parce que des pressions ont été faites
auprès du ministre par des repré-
sentants pour telle et telle activité. Je vous le dis, Mme la
Présidente, je ne me vois pas capable d'appuyer ni le sous-amendement
que le ministre pourrait nous apporter sur un coin de table, ni
l'amendement.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, Mme la Présidente, c'est
très bref. Voici! L'obligation de la fréquentation demeure. Je
pense que, fondamentalement, ça demeure dans la loi. Là ce qu'on
établit, on a déjà des exceptions à l'article 15.
Nous voulons ajouter une exception qui était déjà dans
l'ancienne Loi sur l'instruction publique. Pour votre information, cette
ancienne loi a été refondue aussi en 1979, donc sous votre
gouvernement. Alors, ça veut dire qu'elle était maintenue.
À l'usage de la loi 107, on s'est aperçu qu'il y avait des
exceptions qui pourraient être encore intéressantes et valides
dans des comtés ou à certains endroits. Alors, nous voulons, par
la disposition ou encore par l'article qu'on veut corriger, limiter au niveau
du temps. On le limite, parce que ce n'est pas indéfini: c'est six
semaines maximum et c'est suivant l'appréciation de la commission
scolaire et à la demande expresse des parents. Donc, nous avons encore
des barrières. Je pense qu'à ce moment-là le principe
fondamental de l'obligation de fréquentation demeure et il faut faire
confiance aux parents et aux commissions scolaires de bien vouloir donner aux
enfants toute la possibilité de recevoir l'instruction qu'ils sont en
mesure de recevoir.
L'expérience du passé est garante de l'avenir. Si nous
avons vécu pendant X années avec cette disposition-là sans
qu'il y ait eu des abus, je pense que nous pouvons encore faire confiance aux
commissions scolaires et donner à l'occasion le pouvoir à
certaines commissions scolaires d'apprécier des demandes qui viendront
dûment des parents.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce tout, M. le
député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Si vous le
permettez, j'aurais moi aussi une petite question à poser au
ministre.
M. Gobé: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Oui. Je vais quand
même poser ma question avant, si vous le permettez, M. le
député de Lafontaine.
Dans l'article, M. le ministre, c'est marqué: "à la
demande des parents de ce dernier". Est-ce que vous ne pensez pas que c'est un
peu vague, parce qu'en 1989 vous n'êtes pas sans savoir qu'on vit de plus
en plus avec des familles éclatées, des familles monoparentales?
À la demande des parents, est-ce que ça peut venir du
père? Est-ce que c'est celui ou celle qui aura la garde de l'enfant qui
pourra demander à la commission scolaire de dispenser cet enfant? Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu d'éclaircir un peu le terme "parent"? Est-ce
le tuteur, la mère, le père, celui ou celle qui a la garde de
l'enfant? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'éclaircir cette notion de
parents?
M. Ryan: Mme la Présidente, l'expression employée
dans le texte de l'amendement peut prêter à des
interprétations qui pourraient être source de difficultés.
Une clarification pourrait être apportée facilement à la
lumière de l'article 13 de la loi 107. Dans l'article 13, on donne une
définition de parent. On dit que le parent, c'est "le titulaire de
l'autorité parentale ou, à moins d'opposition de ce dernier, la
personne qui assume de fait la garde de l'élève. " Ça
pourrait être une expression. Ici, je pense que nos conseillers
juridiques pourraient facilement préparer une formulation de
remplacement qui pourrait être présentée.
L'autre, c'est le pluriel: "à la demande des parents ou de l'un
des parents de ce dernier", parce que ce n'est pas nécessairement "des
parents". C'est marqué: "à la demande des parents". Si
c'était marqué: "à la demande de l'autorité
parentale", ce serait mieux, je pense.
M. Gendron: Oui, moi...
M. Ryan: Notre conseiller juridique me dit que "des parents",
ça ne peut pas être défini autrement que par
référence à l'article 13.
M. Gendron: Moi, j'en suis convaincu.
M. Ryan: II y en a seulement qu'un. Même quand il est au
pluriel, ça a l'air que c'est seulement qu'un.
M. Gendron: Oui, moi, je n'ai pas de problème avec
ça.
M. Ryan: Moi, je ne comprends pas, mais c'est ce qu'on nous
dit.
M. Gendron: Sur le plan juridique, sincèrement, moi, je
n'ai pas de problème avec ça. Ça ne fait pas
problème, mais ce n'est pas ça, le problème. Ça,
ça ne change rien.
M. Ryan: C'est correct, ça.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M.
le ministre. Ça m'éclaire un petit peu sur la
définition de "parents"! Pour respecter le principe de l'alternance, Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Moi aussi, je serai
très brève. Je ne pense pas qu'on puisse s'appuyer sur le fait
qu'en 1979, il n'y a pas eu correction. Ce n'est pas une raison pour ne pas
améliorer maintenant. Je pense que le recul est d'autant plus grand que
l'article est encore plus vague et plus ouvert que celui qui était
contenu dans l'ancienne loi. Lorsqu'on parle de coûts pour les parents,
je pense qu'on doit, nous, d'autant plus, évaluer le coût et la
perte pour les enfants. Si on calcule un petit peu qu'un jeune pourrait se
soustraire pendant six semaines à chacune de ses années
scolaires, on peut se retrouver facilement à la fin de ses études
primaires et secondaires avec une absence d'un an et quatre mois. D'autant plus
que ces périodes-là, si on les situe dans les temps des
récoltes, ça veut dire que c'est à la période de
l'automne, donc, à la période où, dans les classes, on
installe tout le système, où on passe les premières
notions, ou, carrément, au mois de juin, a la période des
examens.
Ça m'inquiète beaucoup. On sait déjà que, du
côté de la population, l'éducation n'a pas le... Ce n'est
pas tout le monde qui trouve que l'éducation est de qualité
présentement dans le système et je pense que c'est la
dévaloriser en adoptant un article comme celui-là. Donc, au nom
du droit de l'enfant à l'éducation, je m'oppose toujours.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: J'ai l'Impression qu'on mélange les
termes. On mélange les termes, lorsqu'on parie de travaux urgents.
D'après ce que j'ai écouté, on parle beaucoup plus de
travaux agricoles saisonniers. J'écoutais le député de
Berthier qui disait qu'il fallait ramasser le tabac. Le député
d'Abitibi-Ouest pariait de ramassage des pommes. Je sais que, chez lui, il y a
les concombres aussi qu'on peut ramasser en Abitibi, car c'est un des plus
grands producteurs de concombres de cette région. Et je me demande si on
ne pourrait pas changer pour "par année scolaire pour lui permettre
d'effectuer des travaux à caractère agricole et saisonnier" au
lieu de "travaux urgents", ce qui aurait l'avantage de caractériser
exactement le genre de travail pour lequel on est prêt à faire une
exemption, laquelle ne s'appliquerait pas aux régions urbaines, mais
seulement aux régions agricoles. Si je comprends bien, le but de
ça est de permettre à des enfants d'agriculteurs ou de
maraîchers d'aller aider les parents à faire la
récolte.
M. Houde (Berthier): C'est-à dire que...
M. Gobé: Alors, "travaux urgents", moi, je dirais "travaux
agricoles saisonniers".
M. Houde (Berthier): Mme la Présidente, je pourrais
préciser.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Berthier, vous avez une précision.
M. Houde (Berthier): Quand on parie des parents et des enfants,
ce n'est pas rien que ça. Il y a beaucoup de tabaculteurs qui n'ont pas
d'enfants du tout ou, encore, de pomiculteurs qui n'ont pas d'enfants du tout.
Ce n'est pas l'enfant et le parent. C'est que l'enfant qui va aller casser du
tabac ou qui va aller cueillir des pommes, ça ne veut pas dire qu'il va
cueillir cela chez lui pour lui, là. Il va cueillir pour d'autres. C'est
à ça qu'il faut faire attention.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: Excusez-moi. Moi, je n'ai pas terminé,
mais en ajoutant à ce que mon collègue dit, ça change mon
intervention. Je crois qu'il y a assez de gens au Québec sur le
chômage et sur le blen-âtre social pour les envoyer casser le tabac
chez du monde. Mais, moi, je pensais que cela s'appliquait aux enfants d'une
famille, d'un exploitant agricole ou horticole ou de tabac qui avait des
enfants d'âge scolaire et qui avait besoin de la main-d'oeuvre familiale
pour des raisons de coût et de l'expérience du métier de
l'enfant pour aider à la récotte ou à la cueillette. C'est
dans ce sens-là que je pariais.
Mais si, maintenant, on parie des enfants des autres pour aller aider
à faire les travaux agricoles, là, on retourne en arrière.
Pendant la guerre, où les pères faisaient la guerre, les
mères et les enfants allaient faire la récolte.
Une voix:...
M. Gobé: Je ne dirais pas ça. Je dis que
peut-être on a mal exprimé la chose.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: J'inviterais très sérieusement encore
les collègues de cette commission. Sans porter de jugement, je n'en
reviens pas d'entendre des choses. Je ne veux pas être
désagréable envers le député de Berthier, mais,
écoutez, dire ce que vous venez de dire!
D'abord, c'est complètement - je suis sérieux, là -
impossible, en vertu même des dispositions de l'article. L'article 16:
"II est interdit d'employer un élève durant les heures de
classe." Le député de Berthier est en train de donner comme
justification qu'une des raisons
additionnelles pour permettre ça, c'est pour qu'il puisse aller
travailleur ailleurs. Ça commence à être...
M. Houde (Berthier): Ce n'est pas ça. Mme la
Présidente, je vais préciser davantage.
M. Gendron: Un instant! J'ai la parole. C'est ce que j'ai
entendu.
La Présidente (Mme Hovington): Je vous en prie, j'ai
donné la parole au député d'Abitibi-Ouest, il va continuer
son intervention.
M. Houde (Berthier): D'accord.
M. Gendron: Oui après, il... C'est ce qu'on a bel et bien
entendu, pour ceux qui écoutaient. Si ce n'est pas ce qu'il voulait
dire, il aura le droit de revenir. Mais moi je ne voudrais plus, Mme la
Présidente, sincèrement revenir sur: Est-ce que c'est urgent,
ça ne l'est pas? Ce n'était pas ça, mon propos. Ce n'est
qu'à la toute fin de mon intervention que j'ai dit: II y aurait un autre
élément, si jamais ces gens-là n'avaient pas assez de
sensibilité pour considérer le principe de l'affaire, il faudrait
regarder, également, le deuxième élément de
l'amendement proposé, qui est la notion des travaux urgents. Mais je
reviens sur le principe.
En passant, six semaines, pour ceux qui ne connaissent pas
l'éducation, c'est le sixième de l'année scolaire. En
règle générale, le type de travaux dits urgents, surtout
sur la base de l'explication des deux commissions scolaires, c'est à
l'automne. Est-ce qu'il y a de quoi de plus antipédagogique que de
permettre à des jeunes de niveau secondaire de s'absenter pour les cinq
ou six premières semaines d'une année académique, qui sont
les moments les plus cruciaux? Je me rappelle, j'ai toujours
détesté, quand j'étais professeur, ne pas arriver quinze
minutes avant le début des classes pour être dans
l'atmosphère. Là, je parle de quinze minutes avant le
début des cours. Je tenais à ça, pour être dans
l'atmosphère, et tout ça. Et là, en début
d'année scolaire, c'est sérieux, on va dire à un jeune: Ce
n'est pas grave, tu prendras le train du rythme de ta classe, de toute la
dimension sociale qu'il y a là-dedans. Il y a une dimension sociale
importante pour un jeune du secondaire de baigner, avec son groupe
d'élèves, dans les premières semaines d'une année
académique, à moins qu'on ne sache pas du tout ce que c'est que
d'aller à l'école. Lui, il va être dans le champ, il va
faire des travaux, on va permettre que des commissions scolaires puissent...
C'est sérieux, l'affaire. On peut bien faire des "jokes", mais... Il
peut être dans le champ, et on ne mettra pas ça en
parallèle par rapport au droit à l'éducation. L'enfant,
puisqu'on a défini dans une loi les droits éducatifs, c'est le
parent qui va encore décider à sa place? Deuxième
aberration. Ça n'a pas de bon sens, c'est clair? Ce n'est pas parce
qu'on va expliquer qu'il y en a deux qui l'ont demandé.
Avez-vous une idée des conséquences psychologiques que
ça peut avoir chez un jeune étudiant du secondaire de rater six
semaines ou de rater quatre semaines en début d'année scolaire,
en ternies d'influence dans le groupe? Le président de la classe a
été nommé, iI n'était même pas là, il
était en train de cueillir le tabac. C'est une situation réelle,
il peut vivre ça durement. L'élection à la
présidence de la classe a lieu, il n'est pas là, il fait des
travaux ménagers, alors qu'on peut engager des gens à 4, 50 $ ou
5 $ l'heure, parce que c'est le taux du salaire minimum. Il y a toujours un
bout pour caricaturer les principes. C'est de ça qu'on doit
discuter.
Je pense, Mme la Présidente, qu'il faut revenir plus au principe
et, après ça, si jamais vous n'avez pas assez de
compréhension pour dire que ça n'a pas de bon sens, on va revenir
et dire: On va baliser la notion d'urgence. Mais ce n'est qu'en bout de ligne
que j'accepterais de considérer ça. Mes propos ne sont pas sur le
caractère et la notion d'urgence. J'entendais le député de
Rimouski, je le cite au texte, il disait: "Oui, mais on maintient tout
ça là, n'oubliez pas que ce sont les commissions scolaires qui
vont décider et n'oubliez pas qu'elles ont un bon jugement. " Je ne nie
pas ça, il fait quoi des commissions scolaires? Ça, je vous le
jure, il y en a qui m'ont fait des représentations exactement...
Probablement parce que c'était la députée de Chicoutimi,
et on n'a pas voulu l'entendre; c'est un peu l'habitude de l'autre
côté. Elle avait un argument très probant. Il y a des
commissions scolaires qui disent: On ne veut pas avoir l'obligation d'exercer
cette situation de jugement, on ne veut même pas l'avoir. Je ne parie pas
de la fédération, je dis qu'il y a des commissions scolaires qui
m'ont appelé, avec raison, pour dire: Écoutez, nous, on veut que
les jeunes aient l'obligation de fréquenter... Ne nous mettez pas dans
la situation d'arbitrer constamment des situations où vous nous obligez
à juger de la pertinence ou pas, si le père, six pieds quatre
pouces, peu importe, a demandé que son fils travaille quatre semaines
à des travaux urgents. (22 h 45)
Le député de Lafontaine dit: Écoutez, c'est une
question d'interprétation. Il n'y a pas d'interprétation. Une
fois, ce sera les sucres, une autre fois, ce sera la récolte des
légumes dans le monde rural, et là, on parle du tabac. Le tabac,
il faut que ça se casse pendant trois jours. Il y a d'autres affaires
qui doivent être récoltées pendant deux ou trois jours.
Quelqu'un qui s'est lancé dans la culture de la fraise pourrait
prétendre... Les fraises, juste pendant les exa-
mens de juin, des fois, c'est urgent de les cueillir, tu vas les perdre.
Elles sont mûres et, dans trois jours, parce qu'il y a eu deux
journées de pluie, tu vas tout perdre ta récolte de fraises. Les
sucres... Là, c'est de la folie d'analyser les motifs. Mon point n'est
pas là. Mon point, c'est que ça n'a pas d'allure de revenir
à une disposition aussi non conforme à l'esprit d'un droit pour
l'enfant et à des gens qui sont censés être dans une
commission qui étudie des sujets reliés à
l'éducation. Moi, mon point le plus fort, et je conclus, Mme la
Présidente, je vous le dis, c'est les inconvénients au niveau
psychologique, au niveau de la sociabilité, au niveau du fait que tu
n'as pas le droit de sortir un jeune d'un contexte de classe parce qu'il y a
des liens là-dedans et que tu fais partie de l'esprit de classe. Tu fais
partie de l'équipe. C'est un peu comme une équipe de hockey, une
bonne classe. Ça prend un esprit de corps, de solidarité. Et
ça, ça se développe dans les premières semaines. Si
tu rates ça, tu ne fais pas partie de la gang. C'est ça, la
réalité.
Pour conclure, un dernier élément que je veux indiquer, et
ça a été évoqué lors du débat de la
loi 107, pour des étudiants de secondaire IV et V, pensez-y comme il
faut, compte tenu encore là de l'éclatement des familles et de
l'évolution et tout ça... Dans bien des situations, une fille de
15 ou 16 ans peut être, en secondaire IV ou V, sûrement assez
mature pour décider elle-même si elle ne préférerait
pas privilégier ses six semaines de classe plutôt que l'obligation
de ses parents ou de son tuteur de l'assigner à des travaux dits
urgents. Ça n'a pas de bon sens de tolérer ça.
Et, dernier point, le député de Verdun disait:
Écoutez, si au moins il y avait de la récupération. C'est
une autre affaire qui n'a pas d'allure. Qui va la faire? Qui va assumer les
coûts? Un étudiant du secondaire, après quatre semaines,
qui serait en classe de récupération, êtes-vous au courant
des conséquences dans le régime scolaire, avec les conventions
collectives, avec des suppléants qui sont sur une liste depuis dix ou
douze ans, qui n'ont jamais la qualification, qui sont professeurs de chimie?
Ils vont vouloir être payés. Ce n'est pas prévu. Il n'y a
pas de mécanisme. Il y a le transport scolaire. Là, on retombe
dans une situation comme si on faisait de l'enseignement Individualisé
privé. Ce n'est pas ça, le système public. Ça n'a
pas plus de bon sens.
Au niveau de la récupération, je pense qu'il ne faut pas
aller là. Il faut dire: On dit non, on ne souscrit pas au principe. Et
j'espère que là, vous aurez assez d'ouverture pour être
sensible à des arguments reliés au niveau des principes auxquels
il me semble difficile de ne pas souscrire.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette, vous aviez une dernière... M. le ministre voulait
intervenir selon le principe de l'alternance. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, j'écoute tout ça
et j'ai du mai à comprendre le bien-fondé des objections que
j'entends. La vie étant faite de tout un ensemble de
nécessités souvent inéluctables, il va arriver même
beaucoup d'autres motifs et ça arrive même dans bien des cas et on
n'est même pas au courant. Les commissions scolaires sont en dehors de la
loi à ce moment-là. A s'en tenir à l'Interprétation
littérale qu'on en donne, c'est certain qu'ils sont ici... Moi, je me
dis autant être vrai...
Disons qu'il arrive une catastrophe. Il y en a qui ont dit tantôt
qu'il y ait une interruption d'électricité pendant trois jours.
Il n'y aura pas d'école. Ce n'est pas prévu dans la loi.
Ça devrait l'être, si on veut être sérieux.
Moi-même, j'ai été pris avec ce cas-là cet
été. Normalement, l'aurais dû leur dire: Vous allez rentrer
ces enfants-là à l'école. Je ne veux pas entendre parler
qu'ils aillent travailler sur le tabac. Après les représentations
qui m'ont été faites par les commissions scolaires, par l'UPA et
par d'autres autorités, y compris des députés de la
région - je ne ferai pas de personnalité - j'ai pensé que
c'était plus réaliste d'agir comme ça.
Je ne sais pas mais j'entends de l'autre côté, quand
ça fait son affaire: Ah, les commissions scolaires, c'est Important.
C'est important pour nous autres et on les connaît et tout ça.
Quand vous avez été au gouvernement, entre parenthèses, on
a vu ce que vous en pensiez souvent. Mais je les entends... Nous autres, c'est
un article qui repose sur la confiance que le système fait aux
commissions scolaires. Ce ne sont pas des fous. Ils sont capables de prendre
une décision responsable et judicieuse. Autrefois, ils eussent pris une
décision différente, dans le contexte de l'époque,
peut-être qu'il y aurait eu des abus. Dans les années vingt, dans
les années trente, on était dans une civilisation tout à
fait différente. Mais aujourd'hui, je ne connais pas de commissions
scolaires qui vont commettre de gestes abusifs de ce côte-ci. Je pense
qu'on peut et qu'on doit même leur faire confiance. Ça nous a
été soumis de bonne foi. On a entendu l'avis du président
de la Fédération des commissions scolaires cet après-midi
qui nous a dit: "Je pense que c'est une affaire qui a du bon sens; nous autres,
on est favorables à ça." On peut bien être plus catholique
que le pape, si on veut, mais je pense qu'il faut garder un certain sens de
réalisme.
On va prendre un autre exemple que j'imagine, sans qu'il se soit
présenté à moi, mais qui est tellement plausible: Disons
que ce sont des parents qui ont une entreprise familiale et que le
père doive s'absenter, soit pour affaires, soit pour maladie pendant
quelques semaines et
qu'on a absolument besoin du fils aîné ou de la fille
aînée pour tenir le magasin avec sa mère pendant une, deux
ou trois semaines et que la commission scolaire juge que, dans ce
cas-là, elle est capable d'assurer la récupération dans
des conditions convenables, je pense qu'il faut faire preuve d'un peu de
souplesse, il ne faut pas être trop littéral.
On connaît assez les membres du gouvernement pour savoir qu'aucun
parmi eux, aucun, ne voudrait pour quoi que ce soit que le principe de
l'obligation de fréquentation scolaire soit tourné en
dérision, ou contourné, ou abandonné. Il n'est pas
question de ça du tout. Il est question de réconcilier nos
dispositions législatives avec les impératifs d'une
réalité dont les contours nous échappent souvent, mais
sans ouvrir la porte au moindre excès. J'ajoute encore une fois, et ce
n'était pas du tout pour acheter le vote du député de
Verdun... On peut faire les interprétations qu'on voudra. La preuve,
j'ajoute que je suis prêt à proposer un sous-amendement qui
permettra de préciser la nécessité d'un travail de
rattrapage dans des cas comme ceux-là. Cet amendement-là
était prêt avant qu'on vienne ici ce soir; il n'est pas né
de la dernière intervention d'aucun député de ce groupe,
même si les interventions ont été intéressantes en
soi.
Alors, je précise ces points-là pour indiquer que les
considérations d'urgence ou de frayeur qu'on fait valoir n'ont pas
beaucoup d'Influence sur ma perception du sujet auquel on cherche une solution
convenable.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre ne m'impressionne pas. Je suis
habitué de l'entendre nous parler de cette façon-là. Je
dois vous dire que ce n'est pas là qu'est mon souci de nous laisser
impressionner. Je vous dirai que ce sur quoi nous nous battons, c'est sur un
principe important. Ce principe-là, est-ce qu'on doit prendre
l'argumentation du député de Rimouski qui dit: Écoutez,
vous avez changé la loi en 1979, vous ne l'avez pas changée... Il
faut savoir d'abord ce qu'on a voulu faire en 1979, ce qu'on voulait changer.
Et quand le ministre a dit: Je fais une refonte complète de la loi, et
qu'il nous a présenté un projet de loi qui est devenu la loi 107,
il a décidé de faire sauter cette partie de la loi qui
était, disait-il, la modernisation d'une vieille loi sur l'instruction
publique qui datait de fort longtemps et à laquelle il n'y avait pas eu
d'amendements.
C'est évident que si le ministre a décidé de
l'enlever à l'époque, personne n'a réagi à ce fait.
Qu'on veuille le réintroduire aujourd'hui, à la suite de
pressions qui sont venues de quelques milieux du Québec, eh bien, il
faut se poser la question: Est-ce qu'une personne du milieu rural a droit
à une éducation de qualité au même titre qu'une
personne qui se trouve dans un centre-ville de Montréal, de
Québec ou d'ailleurs? Est-ce que, parce que je suis un enfant qui est
dans un milieu rural, je suis soumis à des pressions parentales, de
quelque forme de parents que ce soit ou à quelque forme de pression que
ce soit? Il ne faut pas l'oublier, l'article 16 est clair dans notre loi qui
elle-même a été adoptée, ici à
l'Assemblée nationale, par le ministre qui est devant nous et qui
indiquait que ce n'était donc pas une raison pour gagner de l'argent que
de quitter l'école, que de laisser l'école pour deux, trois
semaines ou un mois pour des besoins urgents pour les parents qui ont besoin
parce que le père est malade, accidenté ou quoi que ce soit,
qu'ils ont un besoin urgent d'argent pour donner à manger aux enfants.
C'est quoi la définition? Je ne veux pas être esprit de malheur,
mais je vous dis simplement qu'il y a interprétation et que cette
interprétation jusqu'à maintenant m'a été
donnée par le député de Berthier, en particulier, qui
m'Indique que c'est pour des besoins du monde agricole. Le ministre
lui-même en a fait mention. Il parle de l'UPA au niveau du tabac en
particulier; on pourrait parler d'autres exemples à travers le
Québec.
On a de plus en plus des formules de serres au Québec au niveau
de l'agriculture et, vous le savez, M. le ministre, la culture en serre va se
récolter à différentes périodes de l'année,
pas nécessairement au printemps, à l'été et
à l'automne, à toutes les saisons. Et, à ce
moment-là, quel sera le moment le plus urgent? À quelle occasion
donnée l'enfant devra-t-il quitter l'école pour aller aider dans
un cas urgent? Qui va avoir à interpréter la question d'urgence?
Nous, on dit: C'est rouvrir une boîte de Pandore qui est dangereuse et
cette réouverture-là, nous ne sommes pas prêts, même
avec l'amendement que le ministre pourrait apporter, parce que je vais lui dire
que s'il est prêt, dans ce cas-là, à donner aux commissions
scolaires les ressources nécessaires pour faire de la
récupération scolaire, bien, il va devoir répondre
à d'autres demandes que j'ai qui sont plus urgentes. Ça fait deux
ans que je le demande et je n'ai pas une cent pour des enfants encore plus en
difficulté que ceux qui quitteraient pour aller travailler, pour des
enfants en difficulté d'apprentissage, en difficulté
d'adaptation, des enfants handicapés qui n'ont pas actuellement, dans
nos commissions scolaires, les services nécessaires et que, même
dans certains cas, les parents gardent l'enfant à la maison parce qu'ils
sont un peu gênés.
J'ai des cas de gens qui, actuellement, ont des problèmes de
transport scolaire et on fait marcher les enfants sur des routes dangereuses en
plein hiver. L'enfant n'a même pas le temps d'aller dîner. Il est
en première année et il n'aura pas les services
nécessaires pour aller à l'école dans des conditions
convenables. Puis, on
va se permettre de dire à des enfants, par exemple: Si tu vas
travailler au tabac ou bien si tu vas travailler aux fraises ou si tu vas
là, toi, tu vas avoir de la récupération; on va te la
donner, toi. Pourquoi lui plus qu'un autre? C'est là qu'on dit qu'il y a
des abus qui peuvent exister. Moi aussi, je fais confiance à l'ensemble
des commissions scolaires. Mais ça ne veut pas dire que je leur fais une
confiance aveugle. Ça ne veut pas dire non plus qu'il y a des abus qui
peuvent exister qui amèneraient des enquêtes comme il y en a eu
dans mon coin pour des gens qui ont prétendu qu'une personne avait
été exemptée de cours et qu'elle avait sauté d'une
classe. Pourquoi elle plus qu'une autre? Pourquoi tel enfant est-il
rentré en maternelle à telle date plus qu'à une autre?
Parce que la présidente ou le président de la commission
scolaire, c'était son neveu, sa nièce, ou son enfant. C'est quoi,
ça? Quand on le regarde bien honnêtement, de quoi voulons-nous
parler?
Comme, je viens du milieu de l'enseignement et comme mon collègue
d'Abitibi-Ouest et ma collègue, ici, de Terrebonne, sommes des gens qui
avons connu ce qu'est, l'enseignement, ce qu'est, la difficulté de
l'enfant de venir dans une classe après avoir quitté pour
différentes raisons, une maladie ou autre, on le sait. Une personne qui
est malade à l'hôpital et qui ne peut pas se déplacer peut
recevoir les services d'une enseignante ou d'un enseignant qui vient l'aider
pour ne pas perdre le fil de l'année scolaire. La personne, pendant six
semaines, trois semaines, quatre semaines sera dans les champs, sans aucune
forme d'intervention. Elle arrivera à l'école en retard de trois,
quatre, cinq, six semaines. Et, à celle-là, on lui donnera en
plus de la récupération par-dessus son travail scolaire. Ah, vous
savez que ce sont des grosses pressions sur un enfant de dix, douze, treize,
quatorze, quinze ans, dans un contexte où il a, comme tout le monde, le
goût de s'amuser. Il a le goût de travailler, mais aussi de
s'amuser.
Alors, je pense que c'est beaucoup plus cette argumentation-là
que nous apportons et qui est équivalente à celle que le ministre
pourrait nous apporter comme argumentation, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. !e député
de Lafontaine.
M. Gobé: Mme la Présidente, si je comprends bien
l'intervention de tout le monde, le but de l'article est surtout de venir en
aide au niveau de l'entreprise familiale et non pas de dégager des
enfants pour qu'ils aillent faire des travaux dans d'autres entreprises. Si
c'est ça... Est-ce que c'est bien ça? J'ai cru comprendre que
l'esprit de l'article était de dire: Le fils aîné ou la
fille aînée dont le père est malade. C'est ce dont on
parlait, il y a quelques minutes. On a de la difficulté à faire
la récolte des fraises ou du tabac et, là, vu qu'on a un peu de
difficulté, on le libère de son école pour aller porter
assistance, d'une manière très provisoire, à
l'exploitation familiale. Est-ce que c'est ça l'esprit de l'article?
Est-ce que l'esprit de l'article de la loi, c'est ça?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Gobé: Ou est-ce que c'est libérer une
main-d'oeuvre de jeunes pour aller travailler "at large" sur les fermes aux
alentours?
M. Ryan: Les deux exemples principaux qui ont été
apportés jusqu'à maintenant, les travaux de la ferme, surtout
concernant le tabac, ce n'est pas nécessairement une entreprise
familiale. Ça peut être des jeunes. Oisons qu'il y a 50 jeunes qui
sont mobilisés pour faire la récolte du tabac sur des fermes de
la région qui ne sont pas nécessairement celles de leurs familles
respectives. Alors, ça va plus loin que ça dans ce cas-ci.
Autrement, je pense qu'on induirait la commission en erreur. Moi, j'ai
mentionné, à titre d'exemple possible, le cas de l'entreprise
familiale qui pourrait requérir la présence du garçon ou
de la fille pendant une période... (23 heures)
M. Gobé: On peut comprendre.
M. Ryan: Ah oui, ça fait partie de l'esprit... C'est pour
ça qu'on ne s'en est pas tenu à la formation littérale de
l'ancien article, on a préféré prendre une formulation
plus large qui peut être interprétée, je le
répète avec insistance, de manière judicieuse et
responsable par la commission scolaire et, au besoin, si certains
s'inquiètent de l'aspect du rattrapage nécessaire, ça peut
donner lieu à un amendement qui disposerait de cette
difficulté-là de façon raisonnable. On ne peut pas limiter
ça seulement au cadre familial.
M. Gobé: Je n'ai pas eu l'occasion d'entendre, justement,
l'UPA, que vous mentionniez précédemment, faire des
exposés à ce niveau-là, mais il semble qu'il y a une
pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs agricoles au
Québec. Est-ce qu'on ne peut pas, à ce moment-là, avoir
recours à une main-d'oeuvre montréalaise ou d'ailleurs? Je voyais
dernièrement dans les journaux qu'on faisait venir des Jamaïcains
pour cueillir les pommes au Québec. Il y a des Mexicains sur les terres
de notre collègue, le député de Beauharnois, qui cueillent
des salades.
La question que je me pose, M. le ministre, c'est la suivante: Si ce
n'est pas pour venir en aide à l'exploitation familiale, où est
l'intérêt et l'urgence de faire travailler des jeunes en dehors du
système scolaire pour faire ces cueillettes
alors qu'on pourrait disposer d'une main-d'oeuvre relativement bon
marché pour faire ce même travail, dans la région
montréalaise ou dans d'autres régions? C'est la question que je
me pose.
M. Jolivet: ...l'article 16 de la loi actuelle, que vous avez
vous-mêmes passée-Une voix: ... M. Jolivet: Pourquoi
non, on veut le lire?
La Présidente (Mme Hovington): La parole était
demandée par la députée de Terrebonne.
Mme Caron: J'aimerais rappeler que, parmi les groupes que nous
avons entendus en audience particulière, il ne faudrait pas oublier, non
plus, que la CEQ s'est prononcée contre cet article au nom du droit
à l'éducation qui appartient, selon elle, à l'enfant et
non aux parenst. Quand M. le ministre nous a parlé de la
Fédération des commissions scolaires, je tiens à rappeler
qu'elle trouvait ça tellement important qu'elle n'en a même pas
fait mention lors de sa présentation, elle en a parlé uniquement
après une question du ministre.
Pour répondre au député, effectivement, l'article
16 est très clair, et ça ne touche pas que des entreprises
familiales: "II est interdit d'employer un élève durant les
heures de classe tant qu'il est assujetti à l'obligation de
fréquentation scolaire."
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Berthier, vous vouliez intervenir?
M. Houde (Berthier): Je peux vous dire que ce n'est pas facile
d'avoir des gens de l'extérieur, d'abord. Lorsqu'on fait venir des gens
de l'extérieur, ce n'est pas seulement de dire: On engage la personne,
elle vient travailler le matin à 8 heures et elle s'en va, le soir,
à 17 heures, elle n'a pas de chez-soi, la personne, donc il faut trouver
dès logements. Dans ma paroisse, à Saint-Félix-de-Valois,
il y a des gens qui poi-gnent du poulet, la nuit. On n'est pas capable d'avoir
des gens locaux pour ramasser du poulet la nuit, donc, on est obligé de
se chercher de la main-d'oeuvre à l'extérieur. C'est un mosus de
problème parce que les gens n'ont pas la possibilité de les
avoir. C'est pour ça qu'on dit, à ce moment-là, au
moins... Prenons le tabac, par exemple. Le tabac, ça ne dure pas cinq
mois, ça va durer quelques semaines au mois de septembre. Ça
commence au mois d'août, ça finit au mois de septembre, pas trop
tard, à peu près quatre semaines. C'est temporaire, ce n'est pas
quelque chose qui est à l'année. C'est bien beau de prendre des
Mexicains ou autres, mais ce n'est pas à l'année qu'on les prend,
ces person- nes-là, c'est pour quelques semaines seulement. C'est pour
cette raison que les commissions scolaires, ça leur crée des
problèmes, et ça crée des problèmes aux
producteurs. C'est pour les deux...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette, il vous reste quelques minutes, cinq minutes, je crois.
M. Jolivet: Je veux répliquer au jeune
député de je ne sais pas quel comté, parce qu'on n'est pas
encore habitué...
M. Fradet: Vimont.
M. Jolivet: Vimont. Alors, le député de Vimont dit:
II est interdit d'employer, à l'article 16, un élève
durant les heures de classe tant qu'il est assujetti à l'obligation de
fréquentation scolaire. Donc, il dit: Si, par l'article 15, je lui
enlève l'assujettissement à l'obligation de fréquentation
scolaire, je peux donc biffer l'article 16. Un instant. On ne peut pas, par un
article qu'on va Introduire, détruire l'autre article. Ça n'a pas
de bon sens.
Une voix:...
M. Jolivet: Non, non, je sais bien, l'exception est devenue la
règle, dans ces circonstances-là.
Ce que je reprends des propos du député de Berthier, Mme
la Présidente, pour régler son problème, qu'on
règle donc, une fois pour toutes, la possibilité pour une
personne sur le bien-être social de faire ces maudits travaux-là
sans avoir à prendre des élèves pour le faire et sans lui
enlever son aide sociale. Le problème qu'on a, c'est que quand une
personne est sur l'aide sociale, elle ne veut pas aller travailler parce
qu'elle va perdre tous ses bénéfices. Le jour où elle sort
de l'aide sociale, pendant six mois, elle devra attendre pour les besoins
spéciaux qu'elle a dépuis quatre ou cinq ans. C'est ça, le
problème. Ce n'est pas un problème au niveau scolaire, c'est un
problème au niveau de la main-d'oeuvre, qu'il est en train d'expliquer.
La main-d'oeuvre, corrigeons-le par les besoins des gens à l'aide
sociale, donnons-leur la possibilité d'aller faire ces
travaux-là, peut-être qu'on n'aura pas besoin de Mexicains pour le
faire, mais on aura des gens sur l'aide sociale qui viendront le faire mais
sans perdre de droit. C'est la jonction qu'on a entre les systèmes qui
ne marche pas. Pourquoi, à ce moment-là, prendre des
élèves, leur faire perdre une année scolaire sous les
pressions des parents au début de l'année scolaire? Là, je
trouve que c'est exagéré un peu.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest, il vous restait une minute
et demie.
M. Gendron: Non, je ne vais pas redemander la parole. Je pense
que ce n'est pas parce qu'on a 20 minutes qu'il faut les prendre, quand on sent
que, môme s'il y a une espèce d'acceptation des arguments... j'ai
hâte de voir le geste qui sera posé tantôt.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de la commission qui veulent intervenir à ce moment-ci?
M. le ministre.
M. Ryan: Si on est au moment du vote, je crois qu'on a tout dit.
Il n'y a seulement qu'un point... Je ne veux pas être rusé,
ça ne donne rien dans ces choses-là. Il avait été
question d'un amendement établissant la commission scolaire responsable
d'un programme de rattrapage.
M. Gendron: M. le Président... Mme la Présidente,
excusez-moi. Justement, parce que habituellement le ministre, au-delà
des divergences d'opinions... Vous savez, on est correct sur la façon de
fonctionner. Moi, je fais juste une suggestion, je suis un peu
étonné, je pense que ça fait quatre fois qu'il en parle,
mais il a juste à le déposer et dès que son amendement
sera déposé, on procédera.
M. Ryan: C'est parce que je m'interroge. J'ai été
courtois jusqu'à maintenant parce que ça fait deux heures qu'on
débat... S'il y avait eu un esprit de collaboration, on aurait pu le
déposer bien plus tôt. On aurait discuté du sous-amendement
d'abord et ensuite de l'amendement. Mais là, si je dépose le
sous-amendement, après ça on va revenir sur l'amendement. On
n'est pas sorti du bois. Mais s'il y a le moindrement de... Je ne veux pas
faire de chantage avec ça. S'il y a le moindrement de...
M. Gendron: Sincèrement, on ferait comment pour revenir?
Les temps de parole, en tout cas en ce qui me concerne, sont
épuisés.
M. Ryan: Très bien. Si c'est considéré comme
acquis, je dépose volontiers un amendement en vue d'améliorer le
texte que nous avons de manière à garantir que le concept de
rattrapage sera inscrit dans ce paragraphe-là. Ça va faire une
balise, en tout cas, qui améliorera les choses.
L'amendement se lirait comme ceci... Je vais vous en remettre un
exemplaire, Mme la Présidente, pour qu'on en tire des copies.
Après les derniers mots, "travaux urgents", il y aurait deux points et
les mots suivants: "La dispense est accordée aux conditions que la
commission scolaire détermine relativement à la
récupération des..." Attendez un petit peu... "des
apprentissages." Parce qu'il y avait dans le texte "des jours de classe", mais
c'est mieux de mettre "à la récupération des
apprentissages". Je vous remets l'amendement, Mme la Présidente, et je
peux l'expliquer brièvement, si vous me le permettez, pendant qu'il sera
distribué aux députés.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord.
M. Ryan: Ceci établit que la commission scolaire qui
accorde une telle dispense a l'obligation d'établir un programme de
rattrapage pour l'élève ou les élèves
concernés. C'est elle qui le déterminera. D'ailleurs, il n'y a
rien de surprenant. C'est la commission scolaire qui a la responsabilité
de prendre les moyens voulus pour que les objectifs des programmes inscrits au
régime pédagogique se réalisent. Alors, en relation avec
cette responsabilité qui lui incombe, en vertu de tout un chapitre de la
Loi sur l'instruction publique, elle prend dans ce cas-ci les mesures
appropriées pour que le rattrapage des apprentissages soit assuré
dans des cas d'urgence, encore une fois.
Ça, je pense que ça dispose, en particulier, de
l'inquiétude qu'avait exprimée le député de Verdun.
Il a dit qu'il serait prêt à donner son adhésion à
l'amendement proposé à condition que l'on précise la
responsabilité de la commission scolaire. Ça veut dire que la
commission scolaire sera obligée d'y penser de manière encore
plus approfondie avant d'accorder une dispense, parce qu'elle devra rendre
compte de ce qui aura été fait au point de vue rattrapage. Je
conviens que c'est très important d'assurer cette dimension-ci dans un
texte comme celui dont nous discutons.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, l'amendement est
déposé. Voulez-vous lire l'amendement ou que je lise l'amendement
au complet?
M. Ryan: Si vous voulez lire l'amendement.
La Présidente (Mme Hovington): À l'article 1,
remplacer l'article 1 par le suivant: "L'article 15 de cette loi est
modifié par l'addition, à la fin de l'alinéa
suivant...
M. Jolivet: Mme la Présidente, pour plus de
compréhension, vous devriez dire que l'article tel que
présenté par le ministre est amendé de la façon
suivante, en ajoutant, après le mot "gens", un point-virgule et les mots
suivants. Ça va être plus simple de même, on va se
comprendre.
La Présidente (Mme Hovington): Bon Si vous voulez
qu'on...
M. Jolivet: Ce n'est pas juste ce que veux,
c'est parce que c'est juste sur ça qu'on va devoir parler, si on
a à parler.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Alors, il est
ajouté... Donc, merci beaucoup, M. le député de
Laviolette. On va aller dans le sens que vous le dites. Il est ajouté,
donc, après "les travaux urgents" point-virgule, "la dispense est
accordée aux conditions que la commission scolaire détermine,
relativement à la récupération des apprentissages. " M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je voudrais avoir l'attention du ministre pour
être certain qu'on se comprenne bien. Ce que le ministre vient de
faire... Encore là, ce n'est pas une question juste de faire des
chinoiseries. Là, on a un sous-amendement à l'amendement
proposé et on n'a pas parlé, personne, sur ces amendements. En ce
qui me concerne, je n'ai pas parlé une fois et là j'ai un droit
de parole de 20 minutes sur cet amendement. Je n'en abuserai pas, mais je
répète, encore là, que je voudrais attirer l'attention des
collègues pour leur dire que, que je sache, les parlementaires ne
doivent pas faire de la législation pour les objections d'un
député, si vénérable soit-il. Moi, je ne fais pas
de la législation pour acheter le vote du député de
Verdun, comme ça a été dit, en disant: Là, il
serait d'accord en autant qu'il y ait de la récupération. Sur le
fond, je trouve que c'est encore beaucoup plus grave d'ajouter ça. Parce
que là ça signifie - et là je vais parler du
sous-amendement sincèrement - c'est beaucoup plus grave de dire: Ce
n'est pas grave le principe et le droit de l'enfant, alors qu'on pense, nous
autres, qu'il doit davantage être en fréquentation scolaire
plutôt qu'être en dehors de la fréquentation scolaire,
surtout, je le répète, à des périodes les plus
critiques, en début d'année scolaire.
Là, on dit: Quand la dispense sera accordée, ça
sera aux conditions que la commission déterminera relativement à
la récupération des apprentissages. Première question.
Parce que là, je suis obligé d'en parler. Qui va payer les
coûts de la récupération? Je suis convaincu que le ministre
n'a pas pensé à ça. Il y a peut-être pensé,
mais je suis convaincu qu'il n'y aura rien dans les règles
budgétaires; c'est clair. C'est normal, ce n'est pas
établissable. Pensez-vous que c'est logique - je trouve que mon
collègue de Laviolette l'exposait convenablement - pour un
élève qui, lui, aura eu l'occasion d'être sorti du
système éducatif par son père, sa mère ou ses
tuteurs, pendant quatre ou cinq semaines, qu'on crée l'obligation
à une commission scolaire d'organiser une récupération
scolaire? Pour l'élève handicapé, ou pour toutes les
autres causes - et elles sont prévues à la loi - il n'y a aucune
disposition à l'article 15 du projet de loi. Ça n'a pas de bon
sens de faire de la législation de coin de table. Ça illustre
comment ça n'a pas de bon sens de procéder comme ça. Parce
qu'un député dit: Bien t'as rien qu'à ajouter une patte de
mouche ou un fion, il n'y a pas de problème, on va devenir d'accord.
À l'article 15, il y a une série d'élèves au
Québec qui ont des raisons légales. Ils vont être tout
à fait conformes à la loi de pouvoir se soustraire temporairement
à l'obligation de fréquenter l'école. Est-ce que ces
élèves auront de la récupération? Réponse:
Non. Est-ce que c'est logique d'instaurer, en connaissance de cause - c'est
ça qui est le plus grave -un régime discriminatoire? C'est
ça que vous êtes en train de faire. Soyez conscients de ça,
les répondeurs automatiques. Vous êtes en train d'instaurer un
régime discriminatoire en connaissance de cause. On est conscients de
ça et on va regarder passer le train, on va regarder passer les affaires
et on va être d'accord là-dessus? (23 h 15)
Écoutez, il y a toujours un bout, Mme la Présidente. Nous,
en tout cas, c'est notre devoir d'alerter. Il n'est pas question de temps, ni
de tergiversations. Ce ne sont plus des tergiversations. Ça n'a pas de
bon sens sur le fondement même des choses. Là, on continue. C'est
la commission scolaire qui aura l'obligation d'assurer la
récupération. Je répète, "assurer de la
récupération". Les différences vont être tellement
grandes entre l'élève... Faisons l'hypothèse où,
dans une commission scolaire, ça se présente d'une façon
massive. Là je rejoins le député de Berthier. Je rejoins
le député de Berthier parce que si je reviens à mon
exemple, je me rappelle à Berthierville, il y a un certain nombre
d'élèves qui ne commençaient pas l'année en
septembre. Ils trouvaient ça dur après. Ils n'étaient pas
contents de ça. Je me rappelle de ça. Massivement, dans des
groupes d'élèves, il y avait des fois dix ou douze
élèves de moins en septembre. Ils nous arrivaient au milieu de
septembre, à la fin de septembre. Justificatifs,
Sainte-Élizabeth, Sainte-Julienne, Saint-Thomas, je connais toutes ces
paroisses: On a fait le tabac. Oui, mais j'étais là en 1952 et en
1956 à Berthierville. Là, on est en 1989. Il y a toujours un
bout. La culture du tabac, ça ne se fait plus manuellement,
premièrement. Les méthodes ont changé et drôlement.
Et là, je reviens à mon exemple, il y a deux ou trois commissions
scolaires qui sont plus touchées massivement par ce type de monoculture,
par ce type de situation particulière. Avez-vous une idée que
ça va représenter des cennes pour elles, ces commissions
scolaires, d'organiser la récupération scolaire convenablement,
sur la base d'un contenu éducatif valable, avec un encadrement
pédagogique, pas donné à 5 h 30 au restaurant du coin? De
la récupération, écoutez, j'en ai déjà fait
comme prof en juillet pendant six semaines; horaire régulier, 8 h 30 le
matin à 5 heures l'après-midi, payé tant la
période. Aujourd'hui, ça doit être rendu, je ne sais pas,
40 $, 45 $ les 45 minutes ou la
période d'enseignement. La commission scolaire va absorber
gratuitement ces coûts-là parce qu'on lui aura créé
l'obligation de faire la récupération. Qui va évaluer les
apprentissages? Les problèmes syndicaux, les problèmes de
convention collective. Ça n'a pas de bon sens. Ce n'est pas
compliqué. On ne peut pas faire un article comme ça sur le bras
et dire: Non, non, la commission scolaire s'arrangera pour qu'il y ait un
modèle de récupération et, sur cette base-là, il
n'y a plus de principe. C'est ça que ça veut dire. Le principe de
soustraire du droit à l'éducation l'enfant, plus de
problème, pas grave. Pensez-vous que ça ne créera pas des
ouvertures additionnelles pour des parents qui savent lire? Des parents qui
verraient ça, des parents qui voient ça et qui ont la conviction
que c'est plus important de faire travailler leurs jeunes sur le bien paternel
ou le bien familial qu'aller à l'école, surtout s'ils ont le
prétexte de dire: Aie! La commission scolaire a l'obligation de te
donner les apprentissages perdus où doit se faire la
récupération. Avez-vous une idée qu'on vient d'ouvrir une
canne de vers? Avez-vous une idée de ce que ça peut créer
comme précédent?
Strictement, Mme la Présidente, parce que je n'ai jamais
aimé parler pour parler, je m'arrête là. Je m'arrête
là et je ne reparlerai plus parce que je dis: Là, écoutez,
je vais avoir compris bien des affaires. Si, sur la base de ces arguments, on
n'est pas capable de faire entendre raison à des gens qui viennent
assister le législateur, je répète: J'aurai compris bien
des affaires. Je m'arrête là, sincèrement. Je n'ai plus
rien à dire, parce que c'est... Je ne dis pas le qualificatif qu'il
faudrait employer pour un tel amendement.
M. Ryan: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: Je retire le sous-amendement. Je demande le vote sur
l'amendement.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je m'excuse auprès
du ministre.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Je vous rapporterais à une décision
prise par le député de Châteauguay, le député
Dussauit, qui était justement devant le même dilemme que vous
êtes actuellement. Lorsqu'un amendement est sur la table, il n'appartient
plus à la personne qui l'a déposé, il appartient à
la commission. Comme nous avons à en disposer, nous allons voter pour ou
contre. Mais étant donné que le ministre, a pris son droit de
parole pour indiquer qu'il voulait faire retirer l'amendement, le
sous-amendement, devrais-je dire, je dois vous dire que, moi, j'ai quand
même l'intention de parler sur le sous-amendement qui est devant nous en
attendant et, après ça, on votera quand ça sera le temps.
Une personne qui n'aura pas pris le droit de parole pourra le demander.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Sauvé.
M. Jolivet: Non, non, mais...
M. Parent: Je pense que c'est une question de règlement,
madame.
La Présidente (Mme Hovington): Question de
règlement, M. le député de Sauvé.
M. Parent: Je ne peux pas invoquer le numéro du
règlement mais je pense que c'est un règlement.
M. Jolivet: Oui, parce que c'est vous qui avez déjà
pris une décision à peu près semblable.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Je crois que je l'ai ici,
M. le député de Sauvé.
M. Parent: De connivence avec vous, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je n'osais pas le dire.
M. Parent: Je pense, Mme la Présidente, que le
député de Laviolette vient justement de nous donner la preuve
qu'on peut retirer un amendement puisqu'il affirme que l'amendement appartient
à la commission après qu'il ait été
déposé. Donc, si la commission majoritairement décide
d'appuyer la demande du retrait de l'amendement, je pense qu'on peut retirer
l'amendement.
M. Jolivet: Vous avez raison, M. le député, sauf
que, comme je voulais intervenir, je vais me restreindre à ne pas
intervenir. Là, nous allons voter pour ou contre. C'est de cette
façon-là qu'on doit procéder. Mais si le ministre nous
indique déjà qu'il a l'intention de voter contre l'amendement
qui! 3 déposé, je ne tiendrai pas les propos que je voulais
tenir. Je vais donc me permettre tout simplement de dire que, oui, je suis
d'accord à ce qu'on passe au vote.
La Présidente (Mme Hovington): Nous passons au vote, si je
comprends bien, M. le ministre, pour le retrait de votre sous-amendement
apporté.
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Hovington): Nous mettons aux voix le
retrait du sous-amendement après le point-virgule, après
"urgents; la dispense est accordée aux conditions que la commission
scolaire détermine, relativement à la récupération
des apprentissages". C'est le retrait de ce...
Est-ce que c'est accepté à l'unanimité, pour le
retrait?
M. Gendron: Oui, d'accord. Ça, c'est correct,
effectivement, je veux avoir un appel nominal pour le retrait de
l'amendement.
La Présidente (Mme Hovington): Pour le retrait...
M. Gendron: Je vous demande d'appeler le vote.
La Présidente (Mme Hovington):... du sous-amendement.
Alors, que l'on fasse un vote nominal. Procédez, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. le député de Vimont?
M. Fradet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher-Bacon: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Pour.
Le Secrétaire: M. le député
d'Abitibi-Ouest?
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Ter-rebonne?
Mme Caron: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Cameron: Pour.
La Présidente (Mme Hovington): Douze, pour. Donc, à
l'unanimité, il y a le retrait du sous-amendement apporté par le
ministre. Est-ce que nous passons au vote pour l'amendement de l'article 1 du
projet de loi 9?
M. Ryan: Très bien.
M. Jolivet: Vote nominal.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous votons pour
l'article 1 du projet de loi 9, tel qu'amendé...
M. Jolivet: Non, tel que rédigé.
La Présidente (Mme Hovington): Tel que
rédigé.
M. Gendron: Vote nominal.
La Présidente (Mme Hovington): Vote nominal, M. le
secrétaire, vous pouvez procéder.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher-Bacon: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: Mme la Présidente? La
Présidente (Mme Hovington): Pour. Le Secrétaire: M. le
député d'Abitibi-Ouest? M. Gendron: Contre.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Ter-rebonne?
Mme Caron: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Cameron: Pour.
Le Secrétaire: Huit, pour; trois, contre.
La Présidente (Mme Hovington): Huit, pour; trois, contre;
l'article 1 du projet de loi 9 est donc adopté. J'appelle l'article 2 du
projet de loi 9. M. le ministre.
M. Ryan: Je vais vous dire franchement, je n'ai pas de
commentaire à faire sur l'article 2. Je pense que l'article parle par
lui-même. S'il ne parle pas par lui-même, je pense qu'on n'aura pas
d'autre chose de mieux à faire que de voter là-dessus. C'est un
essai d'amélioration du texte.
La Présidente (Mme Hovington): M. le porte-parole de
l'Opposition?
M. Gendron: Juste une seconde parce que je veux faire la
concordance. Je veux juste...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui, je respecte beaucoup le ministre, mais je tiens
encore là, à faire, savoir, à ce qu'on vient d'assister,
qu'il y a un lien très étroit entre l'article 15 et l'article 16,
j'espère que vous l'avez vu. C'est certain qu'à partir du moment
où on est contre la modification proposée d'enlever le droit aux
élèves par rapport à la fréquentation scolaire,
parce que c'est de ça qu'il s'agit, en permettant aux parents et
à d'autres de l'utiliser à leur place, c'est évident que
je ne peux pas être en accord avec l'article 16 parce qu'il s'agit d'une
notion de concordance. La notion de concordance, c'est pour ça que je
comprends un peu mieux ce que le députe de Vimont mentionnait
tantôt en disant: Bien non, à partir du moment où on fait
ça, il va même avoir le droit d'aller travailler à salaire
pour n'importe qui, puis ce qu'il y a de plus grave, c'est que c'est vrai. Ha,
ha, ha! C'est aussi capoté que ça, il n'y a pas d'autre terme.
C'est en plein ce que ça veut dire.
Alors, je sais ce que ça veut dire de modifier, même si
ça avait l'air bien insignifiant, le mot "tant" par le mot "alors",
parce qu'avant on disait qu'il était interdit d'employer un
élève durant les heures de classe tant qu'il est assujetti
à l'obligation de fréquenter. Là, on vient de lever
l'obligation de fréquenter. Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas de
problème; on pourra le faire travailler à salaire, ce n'est pas
important. Un étudiant de niveau secondaire peut plus être
considéré comme un salarié qu'un étudiant. C'est
ça votre brillante logique, les répondeurs automatiques et c'est
important de vous le dire que ça commence à faire.
Je veux dire que d'être logique comme ça, ça donne
droit à des aberrations comme celles-là et c'était au
moins mon devoir de vous le signaler. C'est évident que je ne ferai pas
20 minutes trois fois pour dire qu'avec la modification qui est
proposée, ça a comme conséquence ce que je viens
d'illustrer, mais si vous ne voyez pas là un geste passablement grave et
sérieux, c'est votre droit le plus strict, mais en ce qui me concerne,
je suis complètement opposé à l'article 2 du projet de loi
9.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente, aux
députés au pouvoir qui ont les mêmes documents que j'ai,
qui nous sont préparés pour nous permettre de faire une
très bonne étude du projet de loi, j'aimerais leur faire
remarquer ceci à l'article 2, dans les remarques: On dit: remplacer dans
la deuxième ligne le mot "tant" par le mot "alors" et la remarque que
l'on donne est la suivante: par concordance avec la modification à
l'article 15. Pourquoi nous amène-t-on cet article 2, par concordance
avec la modification qu'on vient de faire à l'article 15? Parce que le
mot "tant" désigne une période continue? Alors, à ce
moment-là, quand on met le mot "alors", c'est pendant le temps que et
pas une continuité, mais il reste une chose, c'est qu'on nous indique
bien que la modification est apportée à l'article 16, parce qu'on
vient justement d'adopter par vote majoritaire l'amendement qui nous a
été présenté à l'article 1 et qui, lui, est
ajouté en alinéa additionnel à l'article 15 de la loi
adoptée en 1988. Donc, il est évident que pour la même
raison que mon collègue d'Abitibi-Ouest, nous allons encore une fois
voter contre, parce que nous sommes aussi concordants que le ministre l'est
dans sa proposition qu'il nous fait à l'article 2.
La Présidente (Mme Hovington): M. le
ministre, avez-vous quelques notes à ajouter?
M. Ryan: Non.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous pouvons passer
au vote a l'article 2.
M. Gendron: Vote nominal.
La Présidente (Mme Hovington): Vote nominal. M. le
secrétaire, vous pouvez procéder. Ça va, M. le ministre,
le vote nominal?
M. Ryan: Oui, c'est correct.
La Présidente (Mme Hovington): M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. le député de Vimont?
M. Fradet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Bourget?
Mme Boucher-Bacon: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Charlevoix?
M. Bradet: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Beauharnois-Huntingdon?
M. Chenail: Pour.
Le Secrétaire: M. le député de
Lafontaine?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Pour.
Le Secrétaire: M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Contre.
Le Secrétaire: Mme la députée de
Ter-rebonne?
Mme Caron: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Cameron: Pour.
La Présidente (Mme Hovington): 10, pour; 3, contre.
L'article 2 est donc adopté. J'appelle l'article 3 du projet de
loi 9.
Nomination des directeurs d'école et des
directeurs généraux adjoints
M. Ryan: À l'article 3, j'ai eu l'occasion cet
après-midi devant la Fédération des commissions scolaires
d'indiquer pourquoi nous estimons que cet amendement est nécessaire. Il
s'agit de compléter l'article 42 de la loi 107 qui se formule ainsi: "La
commission scolaire peut nommer un ou plusieurs adjoints au directeur de
l'école, après consultation de celui-ci, sous réserve des
règlements du gouvernement pris en application de l'article 451." C'est
pour être bien sûr que, dans chaque école, il y aura le
nombre de directeurs adjoints correspondant aux indications qui sont fournies
dans le règlement sur la politique administrative et salariale
régissant les cadres du collège. (23 h 30)
C'est bien clair. C'est une harmonisation qui est ainsi assurée
avec des règlements. Contrairement à ce qu'on a laissé
entendre cet après-midi, ça ne va pas nécessairement
jusqu'à dicter dans tous les cas le nombre de directeurs adjoints qu'il
y aura dans les écoles. On connaît tous les règles, quand
il y a entre 225 et 549 élèves, il y a un directeur. S'il y a
entre 550 et 999, il peut y avoir un directeur adjoint dans une école
primaire. Dans les écoles secondaires, il y a d'autres normes. Il faut
bien que ce pouvoir-ci soit précisé par les balises qu'indiquent
les règlements définissant la politique du gouvernement, en
matière de salaires, en particulier. C'est le gros poste de
dépenses dans les commissions scolaires et dans les écoles, les
salaires. Alors, c'est une chose qui nous apparaît tout à fait
logique.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Gendron: Oui. Je ne pense pas que c'est aussi simple que
ça, parce que, moi, j'ai toujours fait confiance à la ceinture
que je porte et quand je décide de porter une ceinture, je ne porte pas
de bretelles. Si je ne porte pas de
ceinture, je porte des bretelles. Ici, c'est évident qu'à
l'article 3, il s'agit de quelqu'un qui doute que la ceinture soit en mesure de
tenir le pantalon et qui veut avoir et la ceinture et les bretelles. Ce n'est
pas aussi simple... Mais le ministre, if nous le prouve. Il écoute bien
ce qu'il veut. C'est évident que quand le conseiller juridique de la
Fédération des commissions scolaires a donné une
explication que je trouve pertinente, il n'a pas écouté du tout.
If ne s'est pas occupé de ça "pantoutte". Ces gens-là
disaient: Écoutez, à partir du moment où vous
écrivez, "sous réserve des règlements du gouvernement pris
en application de l'article 451", ça ne peut pas être plus clair.
Qui les fait, les règlements? Est-ce que ce sont les commissions
scolaires? Bien voyons doncl Elles le savent que ce ne sont pas elles qui font
les règlements. C'est le gouvernement. C'est écrit en plus.
Ça ne prend pas un gros quotient pour comprendre ça.
Le règlement, il peut être modifié à la
volonté du législateur ou du gouvernement. Et c'est ça, la
crainte qu'ils ont voulu exprimer. Très clairement, ils l'ont dit: Cette
disposition permettra au gouvernement de décider du nombre d'adjoints
que la commission scolaire peut nommer pour assister le directeur d'une
école. Je partage ce point de la fédération, en ce qui me
concerne.
Je pense qu'ils ont raison, très clairement, que le gouvernement
pourra décider du nombre d'adjoints que les commissions scolaires
peuvent nommer pour assister le directeur d'une école. Au nom d'un
principe logique, quand on fait un peu confiance à une institution
scolaire... Puis, contrairement à ce que le ministre disait: Ah, de
l'autre bord, quand ça fait leur affaire, ils ont un discours bien
respectueux de l'autonomie des commissions scolaires. Je le
répète, moi, je n'ai pas l'habitude de parier des deux
côtés de la bouche. Et, à ma connaissance, quand on a un
discours respectueux, je prétends que la commission scolaire est pas mal
plus habilitée que le ministère peut l'être, que même
le plus sage des ministres de l'Éducation peut l'être, pour
déterminer le nombre d'adjoints pour assister le directeur
d'école.
Il y a des petites commissions scolaires, il y a des principaux
d'écoles, pour toutes sortes de raisons, compte tenu de leur
compétence, compte tenu de leur gabarit, compte tenu du fait que
ça fait dix ans qu'ils font ça, qui prétendent qu'ils sont
bien plus en mesure d'assumer à eux seuls la responsabilité.
L'amendement proposé va plus loin que ce qui existait, parce qu'il
permet au gouvernement de décider d'un maximum de postes pour une
école. La preuve, c'est que le ministre l'a dit lui-même dans son
explication et, si je me trompe, qu'il reprenne son explication. Je vous cite
au texte. Le ministre a dit: Ce n'est pas vrai, dans tous les cas, qu'on pourra
faire ça. Vraiment, dans sa phrase tantôt, il a dit ça
intégralement. Il a dit: Ce n'est pas vrai dans tous (es cas qu'on ira
jusqu'à dicter le nombre de directeurs d'écoles. Mais quand un
ministre me répond que ce n'est pas vrai dans tous les cas, il vient de
me dire que, dans des cas, c'est vrai. Encore là, ça ne prend pas
beaucoup de jugement pour comprendre cela. Si c'est vrai qu'il ne peut pas le
faire dans tous les cas, il admet lui-même qu'il peut le faire dans
certains cas. Moi, je ne veux pas qu'il puisse le faire et ce n'est pas ses
affaires. Ce n'est pas compliqué, ça. Ce n'est pas ses affaires.
Il ne lui appartient pas de décider de quelque chose qui est aussi
collée à la réalité du vécu de chacune des
commissions scolaires du Québec, compte tenu de l'étendue, compte
tenu des disparités, compte tenu de l'expertise et de
l'expérience. Quand on est vraiment centralisateur, tentaculaire et
qu'on veut avoir une mainmise sur à peu près tout ce qui se
passe, on procède comme ça. Ce n'est pas pour rien qu'ils disent
également, dans leur mémoire, qu'ils ne sentent pas, encore
là, un esprit où il y a une volonté de
décentraliser davantage certaines responsabilités qui se doivent
de demeurer au niveau le plus proche possible, où la décision,
à ce moment-là, quand elle est prise le plus près
possible, ressemble à une décision adaptée à la
dure et froide réalité de certains milieux. C'est ça qu'il
faut véhiculer. Les bonnes décisions, en règle
générale, c'est lorsqu'elles sont prises le plus près
possible des milieux qui auront à vivre avec les décisions
prises.
Dans le présent cas, je pense que la prétention de la
Fédération des commissions scolaires n'est pas quelque chose
qu'on peut balayer du revers de la main quand le gouvernement prend la peine
d'ajouter "sous réserve des règlements". Je comprends bien la
disposition, je suis allé lire l'article 451. C'est très clair:
Le gouvernement peut établir, par règlement dans toutes ou
certaines commissions scolaires - donc, il a la pleine latitude - la
classification des emplois, le nombre maximum de postes pour chaque classe
d'emploi... Pensez-vous que les postes de directeur d'école, Mme la
Présidente, ce n'est pas une classe d'emploi? Pensez-vous que ce n'est
pas une catégorie d'emploi? Voyons donc, qu'est-ce que c'est ça?
En vertu de la politique salariale édictée soit par ordonnance,
par règlement ou autrement, c'est évident que c'est un corps d
emploi, les directeurs et les directrices d'école. Et s'il peut en
déterminer le nombre, ça signifie qu'il pourra décider,
à Québec, que la commission scolaire Y doit nommer un adjoint ou
pas pour assister le directeur d'une école, et je prétends que
c'est une responsabilité qui ne lui appartient pas
adéquatement.
Si ce n'est pas le cas, expliquez-moi alors pourquoi vous ajoutez "sous
réserve des règlements du gouvernement pris en application"
et
ajoutez également la garantie que les règlements auxquels
on fait allusion ne peuvent pas, en aucune façon, être
modifiés par le gouvernement. À partir du moment où je
n'ai aucune assurance que les règlements ne peuvent pas être
modifiés par le gouvernement, je n'ai pas le droit de penser autrement
que ce que je viens d'évoquer. Si je n'ai pas d'indication que je suis
dans l'erreur, je vais être obligé de continuer à penser
comme ça.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, la clé, ici, c'est l'article 451 de
la Loi sur l'Instruction publique. Celui-là n'est pas remis en question,
il a été voté, il est dans la loi et il reste là.
On dit à une commission scolaire: Quand vous voudrez engager un ou
plusieurs directeurs généraux adjoints, vous les engagerez en
conformité avec la politique du gouvernement définie dans ce
règlement-là qui, lui, ne peut être pris qu'en
conformité de l'article 451. On n'ajoute aucun pouvoir nouveau.
M. Gendron: Mme la Présidente, je suis prêt,
rapidement, à dire au ministre qu'il a raison. Il a raison, ça
n'ajoute aucun pouvoir nouveau. L'article 451, je l'ai lu, mais je dis:
Là, vous modifiez, par la loi 9 - on est d'accord? -la loi 107. Dans la
modification que vous proposez, je lis l'article 3: L'article 42 de cette loi 9
est modifié par l'insertion, dans la première ligne, après
le mot... Ce n'est pas ça du tout, un instant. Oui, c'est ça.
L'article 42 de cette loi est modifié par l'insertion, dans la
première ligne et après le mot "peut", de "dépendamment"
et ainsi de suite. Et dans le "dépendamment", M. le ministre, je vous
pose une question, si j'ai tort, vous allez me répondre, ma question est
la suivante: Est-ce que c'est exact que, selon l'article 451, vous pouvez
déterminer l'obligation à telle école d'avoir un
assistant, oui ou non?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan: Non. Ce qu'on détermine, c'est le nombre maximum
de postes pour chaque classe d'emploi.
M. Gendron: Est-ce que la catégorie des directeurs et
directrices d'école n'est pas une classe d'emploi?
M. Ryan: Oui, au niveau de la commission scolaire. C'est
évident que s'il y a 24 écoles élémentaires, on va
compter le nombre d'élèves dans chaque école et on va
établir un nombre maximum de postes. Après ça, la
commission scolaire va les répartir. C'est évident que s'il y a
26 postes et 24 écoles, on va déterminer, par application, qu'il
y a 22 écoles qui vont n'en avoir rien qu'un. Bien oui. Il faut qu'on le
fasse aussi. Il n'y a rien d'étonnant. C'est comme ça que
ça se fait depuis longtemps. C'est tout ce qu'on dit ici. On ne veut pas
que les nominations de directeurs généraux adjoints soient
traitées comme si elles pouvaient échapper à cette
règle générale de l'article 451.
M. Gendron: Non, mais là, vous parlez...
M. Ryan: II est arrivé des cas où on s'est
retrouvé avec des directeurs généraux adjoints de trop,
dans certains cas.
M. Gendron: Oui, mais c'est quoi ça, un directeur
général adjoint dans les écoles? Je ne comprends pas.
M. Ryan: Et après ça, les syndicats... Pardon?
M. Gendron: Juste sur l'appellation, vous vous trompez
certainement.
M. Ryan: Oui, oui, les commissions scolaires. Même dans les
commissions scolaires, on veut que le nombre de directeurs
généraux adjoints soit sujet à la réglementation du
gouvernement quant au nombre maximum de postes qui peuvent être
disponibles.
M. Gendron: Ce n'est pas là, il n'y a pas de directeurs
généraux adjoints là-dedans. On parle des directeurs
d'école.
M. Ryan: Mais c'est les directeurs adjoints d'école.
M. Gendron: Ah, adjoints d'école.
M. Ryan: C'est sûr, c'est sûr. Je pense que c'est
ça que je vous disais depuis tantôt.
M. Gendron: Non, vous disiez les directeurs
généraux adjoints.
M. Ryan: Mais là, je viens de mentionner les directeurs
généraux mais toute mon argumentation portait sur les directeurs
d'école.
M. Gendron: Donc, la question précise, Mme la
Présidente, selon vous... Et là, ça ne veut pas dire que
je vais changer d'avis pareil parce que c'est une question
d'interprétation, mais j'ai besoin d'avoir une réponse à
cette question-là.
M. Ryan: Oui, oui, c'est correct, ça.
M. Gendron: Selon le ministre de l'Éducation, il n'est pas
possible, en vertu de cet
article-là, que vous-même vous affectiez les directeurs ou
les directrices à l'école Z, à l'école W, à
l'école Y?
M. Ryan: Absolument pas, absolument pas, sur ma parole d'honneur,
dans la mesure où je comprends tous ces textes-là... C'est
l'article 451 qui est la base...
La Présidente
(Mme Hovington): Nous sommes à
l'article 3 présentement. Est-ce que les consultations sont
terminées, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui. M. le ministre, la question importante que je
voudrais poser, c'est que... D'ailleurs, c'est ça qui nous a
été signalé et, je pense, avec raison.
Indépendamment de l'exemple que je vais donner, 600
élèves, ça donne droit à un directeur
d'école adjoint, c'est un exemple. Dès qu'une commission scolaire
a plus de 600 élèves, ça donne droit à un directeur
adjoint. Oui, oui, mais...
M. Ryan: Au primaire.
M. Gendron: Je vais prendre le bon chiffre, mais pour l'exemple,
ça n'a pas d'importance.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: Ce que je veux illustrer, c'est qu'à partir du
moment où le nombre d'élèves peut te donner droit à
quatre, cinq adjoints, une commission scolaire décide d'en placer un
dans une école où le nombre d'élèves est
Inférieur à 550, ce qui donne droit à un adjoint. Je veux
qu'elle ait le droit de faire ça, parce qu'elle peut très bien
vouloir affecter un élève dans une école où c'est
plus compliqué, plus difficile, où il y a plus de
perturbés et de socio-affectifs et ainsi de suite. Puis elle, elle veut
le mettre dans l'école où il y a 300 élèves.
Question précise: Est-ce que vous croyez qu'avec la disposition telle
que libellée elle pourra continuer à faire ça?
M. Ryan: Oui, parce qu'il y a deux choses. Il y a le nombre
maximal de postes et il y a l'affectation des individus dans ces
postes-là. L'affectation des cadres Individuels dans ces
postes-là, ça c'est la responsabilité de la commission
scolaire. (23 h 45)
M. Gendron: Alors, pourquoi? Vous me répondez comme iI
faut.
M. Ryan: Pour ne pas dépasser le nombre maximal.
M. Gendron: Pourquoi faut-il le mettre dans l'article où
il est question du nombre de direc- teurs d'école auquel la commission
scolaire a droit par école? Expliquez-moi la nécessité
d'inclure ça.
M. Ryan: C'est un règlement sur les conditions d'emploi
des directeurs d'écoles et des directeurs adjoints d'école des
commissions scolaires pour catholiques. On dit: Ça va tomber
là-dessus. Autrement, si ce n'était pas mentionné, il
pourrait y en avoir. Il y en a de toutes les sortes. Il y en a des "finasseux"
partout qui interpréteraient ça en disant: Le législateur
a voulu...
M. Gendron: II y en a de votre bord aussi avec des affaires de
même.
M. Ryan: Le législateur n'a pas voulu que ça
s'applique dans ce cas-ci. Il l'aurait dit s'il avait voulu que ça
s'applique. Là, quand il le dit, c'est clair. Ça ne crée
de problèmes pour personne. Ça fait deux lignes de plus dans le
texte. On pourrait peut-être s'en passer, mais c'est clair. Ça
nous a été indiqué comme opportun et souhaitable.
M. Gendron: Mme la Présidente, la clause sur le nombre
maximal de postes de directeur existe de toute façon. Elle existe de
toute façon, cette clause à l'article 451.
M. Ryan: Dans le règlement. Mais comme nous
traitons...
M. Gendron: Pas dans le règlement. À l'article 451,
on n'est pas dans le règlement.
M. Ryan: Oui, mais la clause définissant le nombre
maximal, c'est dans le règlement.
M. Gendron: Ça, je sais.
M. Ryan: On veut que ce soit bien clair que ça s'applique
pour les directeurs adjoints. On le dit, c'est tout. Il n'y a rien d'autre
là-dedans. On ne change absolument rien.
Mme Blackburn: C'est le seul petit pouvoir qui restait aux
commissions scolaires.
M. Ryan: On ne veut pas se ramasser... On a eu toutes sortes de
contestation pour des motifs souvent futiles ou minces. Dans ce cas-là,
il n'y en aura pas. Ça va être clair.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions?
M. Ryan: Je nie formellement qu'on ajoute quelque pouvoir que ce
soit au ministre ou au gouvernement avec ça; au contraire, on met un peu
plus de consistance dans la loi, c'est tout.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Je comprends bien en disant que l'article 451 indique
le nombre total dans la commission scolaire. L'article 42 indique
qu'après consultation des directeurs d'école dans chacune des
écoles, on détermine, eu égard aux besoins de
l'école, le nombre de directeurs adjoints.
M. Ryan: C'est ça.
M. Jolivet: Le ministre...
M. Ryan: Regardez, il ne faut pas oublier l'origine de cet
amendement que nous proposons aujourd'hui. On vient chercher de midi à
quatorze heures. L'origine de ça, c'est qu'on nous avait dit, quand nous
avons adopté le texte de la loi, que la commission scolaire a un
directeur et un directeur général adjoint. Je me souviens,
j'avais demandé: Qu'est-ce que ça veut dire? On m'avait dit:
Ça peut impliquer plusieurs, autant qu'un seul. Là, à
l'examen, on constate que c'est mieux de dire un ou plusieurs. C'est tout, il
n'y a pas autre chose que ça.
M. Jolivet: Je continue donc en disant que le ministre veut se
protéger de ce qu'il ne voulait pas se protéger tout à
l'heure.
M. Ryan: Non, au contraire, je veux protéger les
commissions scolaires, parce qu'il y en a qui nous ont dit: Nous autres, on en
a engagé deux, on n'est pas sûr, c'est marqué un dans la
loi. D'un coup on serait poursuivis pour ça. D'un coup il y aurait
quelque chose. Des fois, il y a des directeurs généraux qui ne
sont pas contents d'en avoir deux. On a dit: Avec ça, ça va
être plus clair. Ceux qui ont été nommés comme
deuxième et troisième, ils nous disent: Moi, est-ce que
j'étais compris, c'est marqué un. Je veux être bien
sûr, ma femme me pose des questions. Avec ça, tout le monde va
dormir tranquille, y compris, je le souhaite très vivement,
l'Opposition.
Mme Blackburn: C'est sûrement un homme qui est dans ce
cas-là, mais pas une femme, c'est ce que ça suppose.
M. Jolivet: S'il vous plaît. C'est moi qui ai le droit de
parole.
Mme Blackburn: Je réagis.
M. Jolivet: Tout simplement, je voudrais poser une
première question au ministre et je ferai mon argumentation ensuite,
s'il me le permet.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Laviolette, allez-y.
M. Jolivet: Combien de cas, depuis l'adoption de la loi, y a-t-il
eu, tel qu'il me l'indique, de gens qui veulent être
protégés... Combien de cas sont arrivés où vraiment
il y a eu des difficultés d'application de cet article-là? Il n'y
en a pas eu d'après moi. Le ministre extrapole. C'est ça? Je
comprends bien que vous extrapolez sur une possibilité qui pourrait
arriver. Donc, si vous faites ça, contrairement à ce que vous
nous disiez dans votre argumentation... Je veux prendre une logique que vous
voulez maintenir dans tout le projet de loi, j'ai cru comprendre. Tout à
l'heure, parce que nous autres à l'article 1, on disait qu'on
n'était pas sûr de la définition du mot "urgent", vous nous
disiez: Ah, vous ne faites pas confiance aux commissions scolaires. Maintenant,
ici, nous autres, on vous dirait: Écoutez, M. le ministre, faites
confiance aux commissions scolaires. Oh, non, par exemple, je ne leur fais pas
confiance. C'est là que je vous dis que dépendant de ce qui vous
fait plaisir ou pas, vous prenez le pouvoir ou vous le donnez. Dans un cas,
vous vous débarrassez, si je m'exprime ainsi, de façon...
Le député de Verdun va être content de savoir que -
parce qu'il a eu d'autres occupations en son absence - on a voté un
article pour lequel il aurait certainement voulu voter contre. Vos
collègues ont voté parce que l'amendement n'a pas
été apporté. Mais le député de Verdun saura
donc que le ministre nous a dit, à l'article 1, que nous étions
des gens qui ne voulaient pas donner confiance aux commissions scolaires. On se
retrouve à l'article 3 où là, c'est le ministre qui dit:
Là, par exemple, je ne fais pas confiance aux commissions scolaires. Et
il n'y a pas eu de cas. Il extrapole sur les possibilités de ce qui
pourrait arriver. C'est dans ce sens que je vous dis que sa logique
dépend du besoin qu'il a ou non de contrôler la commission
scolaire.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Ryan; Mme la Présidente, je regrette. Je pense qu'on a
fait le tour de cette question. Je regrette, ce n'est pas du tout, du tout
l'intention ni l'inspiration du gouvernement quand il propose cet amendement.
C'est une difficulté...
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît!
M. Ryan:... éventuelle qui a été
portée à notre attention par des sources compétentes, tant
dans les commissions scolaires qu'au sein du gouvernement. Nous
répondons tout simplement à ce conseil de prudence qui nous a
été donné, de prudence fort raisonnable.
M. Jolivet: Vous conviendrez...
M. Ryan: Nous n'ajoutons encore une fois absolument aucun pouvoir
nouveau, ni au gouvernement, ni au ministre. Nous précisons tout
simplement le sens de la loi, de manière que l'article 451 ait toute sa
signification dans le cas des directeurs adjoints d'école, pas d'autre
chose.
M. Jolivet: Mais comme fin renard, dans un cas vous êtes
très prudent, mais dans le premier cas, vous ne le serez pas.
M. Ryan: Ce sont les cas de nature différente, des cas de
nature complètement différente.
M. Jolivet: Ah! bon, toujours une réponse ex cathedra.
M. Ryan: Ici, Mme la Présidente, il y a des
considérations financières évidentes. C'est pour s'assurer
qu'au point de vue financier les choses vont être conformes aux
politiques gouvernementales.
M. Jolivet: Alors, si je reprends...
M. Ryan: Deuxièmement, il y a une autre chose. C'est que
ce règlement auquel j'af fait allusion régissant les conditions
de travail des directeurs d'école et des directeurs
généraux adjoints, il ne sort pas de la cuisse de Jupiter. C'est
un règlement qui est discuté avec la Fédération des
directeurs d'école, également avec les associations dissidentes
comme l'Association des directions d'école de Montréal,
l'Association des directions d'école de la région 03, par
exemple, qui ne sont pas affiliées à la
fédération.
Ceci, c'est un engagement que nous prenons avec eux, et quand nous
mettons dans le texte de la loi que l'engagement du directeur adjoint
d'école se fera en conformité du règlement, eux autres ils
comprennent ce langage-là, ils trouvent que c'est consistant. C'est
logique et tout à fait normal qu'on fasse ça.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous pouvons passer
au vote de l'article 3.
M. Jolivet: Comment cela?
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Une voix: À l'unanimité. M. Gendron:
Contre.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté sur division.
Alors, j'appelle l'article 4.
M. Ryan: L'article 4, c'est une... Mme la Présidente, je
vais distribuer un sous-amendement dont les membres vont comprendre la
portée quand il aura été expliqué, je pense bien,
un sous-amendement qui viserait à remplacer...
M. Jolivet: M. le ministre, juste pour les besoins de la
compréhension, vu que nous parions du projet de loi comme tel, ça
deviendrait un amendement au texte de la loi actuelle.
M. Ryan: D'accord.
La Présidente (Mme Hovington): Un amendement de l'article
4 du projet de loi 9.
M. Ryan: C'est un amendement... M. Jolivet: Au projet de
loi 9. M. Ryan: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Oui, au projet de loi
9.
M. Ryan: C'est juste une question de formulation. Comme vous le
constaterez, dans le texte du projet de loi 9, nous disons à 3°: "un
membre du personnel professionnel non enseignant affecté à
l'école, élu par ses pairs;" Là, nous écrivons:
"Une personne autre qu'un enseignant qui dispense des services
complémentaires ou particuliers aux élèves de
l'école, élue par ses pairs", parce que ce n'est pas toujours un
professionnel non enseignant. Il arrive même souvent, à
l'école primaire, que ce ne soit pas un professionnel non enseignant.
Ça, ça permet au personnel non enseignant dispensant des services
complémentaires ou particuliers d'être partie prenante ici. Le
quatrième alinéa demeure le même.
C'est une modification qui élargit le champ de la participation.
Parce que l'article originel de la loi 107, comme vous le savez, disait que
c'est une personne élue par ces catégories de personnel.
Ça ne disait pas que ça devait être choisi parmi eux. Il
aurait pu choisir quelqu'un de l'extérieur et ce n'est pas du tout
l'esprit de la loi 107.
M. Gendron: Quant à nous, Mme la Présidente, il n'y
aura pas de longue explication. C'est sûr qu'en recevant des explications
additionnelles... Nous, sur l'amendement, la question qu'on se posait, c'est:
Ça pouvait être qui ce genre de personnage? Et là,
l'explication dans une feuille huit et demi nous indique que selon la
modification de la loi sur le régime des négociations, il y a des
catégories autres qui ont été incluses qui auraient pu
être exclues. Comme on ne veut pas les exclure a priori, ça nous
apparaît être un amendement acceptable au
projet de loi 9 et, en conséquence, nous sommes d'accord.
Cependant...
M. Tremblay (Rimouski): Adopté à
l'unanimité?
M. Gendron: Non. Avant de l'adopter, Mme la Présidente,
comme après l'article 4, le ministre va appeler l'article 5, parce qu'il
n'a pas d'autre chose entre les deux... Non, mais après l'article 4,
vous allez parler de l'article 5. Moi, je voudrais vous poser au moins la
question avant de savoir comment je vais voter sur l'article 4. C'est quoi
votre commentaire par rapport à l'excellente suggestion, en ce qui me
concerne, de la CEQ de faire un article 4. 1 qui aurait modifié
l'article 57 qui est consécutif à l'article 55 du projet de loi
107 et qui aurait dit: Le nombre de représentants des parents... Je n'ai
pas de question.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Non, je viens de faire une vérification dans
mes propres notes. Je n'ai pas de question à poser sur l'article 4.
1.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, est-ce que
l'amendement de l'article 4 du projet de loi 9 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'article 4 tel
qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): II est minuit. Alors, nous
ajournons les travaux à demain à l'ordre de la Chambre,
après les affaires courantes. Alors, bonsoir à tous les membres
de la commission.
(Fin de la séance à 23 h 59)