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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Blouin): Mesdames et messieurs, la
commission élue permanente de l'éducation reprend ses travaux. Je
vous rappelle le mandat de cette commission qui est d'entendre toute personne
ou tout groupe qui désirerait intervenir sur le projet de loi 40, Loi
sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Les membres de cette commission parlementaire sont: M. Brouillet
(Chauveau), M. Champagne (Mille-Îles), M. Maltais (Saguenay), M.
Paré (Shefford), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Hains
(Saint-Henri), M. Laurin (Bourget), M. Leduc (Fabre), M. Le May (Gaspé),
M. Payne (Va-chon) et M. Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Charbonneau
(Verchères), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. French (Westmount),
M. Gauthier (Roberval), Mme Harel (Maisonneuve), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M.
Bertrand (Vanier), M. Rochefort (Gouin) et M. Sirros (Laurier).
Motion pour mettre fin aux travaux de la commission
(suite)
Au moment où nous avons ajourné nos travaux hier, nous
étions saisis d'une motion présentée par M. le
député de Fabre qui se lit ainsi: "Je fais motion pour que cette
commission, se jugeant suffisamment informée, mette fin à ses
travaux et ce, conformément à l'article 118a, paragraphe 6, du
règlement". Alors, quels sont les membres qui désirent
intervenir? M. le député de Fabre.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Je veux intervenir, M. le Président, sur
la motion. Avant de débattre du fond, M. le Président, je
voudrais prendre quelques minutes pour relever des commentaires qui ont
été faits par le député d'Argenteuil qui a
mentionné hier soir, à la toute fin, que la commission
parlementaire avait bien marché - selon son expression - et je suis tout
à fait d'accord avec ce qu'il a dit. Je pense que, effectivement, des
deux côtés, nous avons accompli un travail sérieux. Nous
avons évité de céder à la facilité qui
caractérise, hélas, parfois, le travail de certaines commissions.
Je pense que nous avons réussi à maintenir le débat
à un niveau intéressant pour nous et pour le public. Nous avons
réussi à soutenir un débat de niveau respectable et je
pense que c'est grâce au travail des députés des deux
côtés. C'est grâce aussi, je pense, à la
qualité des mémoires que nous avons eu l'occasion d'entendre. Je
tenais à le souligner, M. le Président, parce qu'il arrive,
hélas, que nous tombions dans la facilité lors de nos
commissions.
La journée d'hier a été un peu particulière
et je ne voudrais pas que la journée d'hier vienne entacher les cinq
semaines que nous avons passées ensemble. Mais vient un moment où
la commission peut se sentir suffisamment informée; c'est pour cette
raison que notre règlement prévoit que nous puissions utiliser un
tel article afin de cesser les auditions. Ce faisant, notre intention n'est pas
d'empêcher des organismes d'être entendus; au contraire, nous
étions prêts, de notre côté, à limiter les
débats comme nous l'avons fait pendant une semaine, après entente
avec l'Opposition, dans le but d'entendre davantage d'organismes à
l'intérieur des cinq semaines qui nous ont semblé, en termes de
temps, suffisantes pour faire le tour de la question et pour approfondir tous
les aspects du projet de loi 40.
Je regrette que l'Opposition n'ait pas voulu maintenir l'entente. Nous
avons assisté à une prolongation des débats qui a fait
qu'hier nous n'avons pu entendre que trois organismes sur quatre, le
quatrième groupe ayant dû retourner à Montréal sans
avoir été entendu. L'article 118a, alinéa 6, nous permet
donc de nous interroger et de décider si nous sommes suffisamment
renseignés, suffisamment éclairés. L'Opposition
connaît bien cet article puisqu'elle a eu l'occasion de l'utiliser en
1974, lors de l'étude de la loi 22. La commission, à
l'époque - je le rappelle - avait entendu 75 des 185 mémoires
présentés et avait décidé que la commission
était suffisamment informée.
Notre commission, on peut la comparer à d'autres commissions qui
ont la même envergure, la même importance. Si on y regarde de
près, il y a quelques exemples que je peux citer: d'abord, il y a eu, en
1972, la loi 250, le Code des professions. On avait reçu, à
l'époque, 143 mémoires dont 34 pour dépôt seulement.
Nous avions entendu 109 groupes; on avait réussi effectivement à
entendre tous ceux qui voulaient se faire entendre et le tout en 24
séances. En 1974,
il y a eu la loi 22, la Loi sur la langue officielle. Après 17
séances, la commission, à l'époque, a décidé
de mettre fin à ses travaux sans avoir entendu tous les groupes. On
avait reçu 185 mémoires, dont 29 pour dépôt, et on
avait entendu 76 groupes. Parmi les grandes commissions de notre histoire,
rappelons celle sur la Charte de la langue française, en 1977. Nous
avions eu droit à 21 séances pour entendre 64 organismes sur un
total de 264 mémoires reçus.
Sur le projet de loi 40, que nous avons devant nous présentement,
la Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public, on a reçu 242
mémoires dont environ 30 pour dépôt. Nous avons entendu
tout près de 100 mémoires, M. le Président - j'attends le
chiffre exact, mais ça tourne autour de 93 -et nous avons tenu 19
séances. Ce qui demeure exceptionnel pour cette commission et ce qui en
fait un précédent, c'est que nous avons eu 160 heures
d'auditions. Il s'agit, selon les relevés qu'on a pu faire, d'un
précédent dans l'histoire de nos commissions d'avoir
consacré 160 heures d'écoute et d'échanges avec des
organismes qui ont été convoqués durant les cinq semaines
qu'aura duré cette commission.
De notre côté, nous nous sentons suffisamment
informés. Sur quelle base pouvons-nous nous permettre de dire que nous
sommes suffisamment informés? Y a-t-il des aspects du projet de loi qui
n'ont pas été présentés et discutés devant
cette commission parlementaire à de multiples reprises, au point
où nous en sommes à connaître par coeur de quelle
façon nos collègues d'en face vont réagir à une
opinion exprimée, et vice versa? Nos positions respectives sont connues.
Nos questions sont connues. On peut même deviner quelles seront les
interventions, suivant les organismes qui sont devant nous.
Quant aux organismes qui n'ont pas été entendus, le fait -
il faut bien le faire remarquer et je pense que c'est important -de ne pas
avoir été entendus ne préjuge en rien de la qualité
des tendances ou des opinions que leurs mémoires reflètent. De
notre côté, nous avons eu l'occasion de prendre connaissance de
ces mémoires. Une analyse en a été faite et les remarques,
les commentaires, les opinions inscrits dans ces mémoires seront
inscrits au même titre que les opinions et commentaires des organismes
que nous aurons eu l'occasion d'entendre.
Nous avions prévu au départ d'entendre des mémoires
pendant quatre semaines, laissant cependant une ouverture sur la
possibilité d'en entendre d'autres. Nous savions au départ que,
pour être suffisamment informés, il n'était pas
nécessaire d'entendre tous les mémoires. Quatre semaines
d'auditions nous semblaient raisonnables pour faire le point et tirer les
conclusions qui nous permettraient d'améliorer le projet de loi.
Nous avons cependant accepté de poursuivre les auditions une
cinquième semaine et nous avons jugé raisonnable de le faire pour
entendre un certain nombre d'organismes dont nous n'avions pas eu le point de
vue. Je pense, en particulier, au point de vue d'organismes touchant
l'éducation des adultes; je pense à des organismes
rattachés à des associations de handicapés. Nous avons
entendu aussi cette semaine des opinions extrêmement intéressantes
de commissions scolaires. Donc, nous avons cru bon et tout à fait
raisonnable d'inviter ces organismes. (10 h 30)
Nous avons accepté cette cinquième semaine, M. le
Président, pour satisfaire en partie aux demandes que nous a soumises,
durant la quatrième semaine, l'Opposition. L'Opposition nous a soumis
une liste, durant la quatrième semaine, comprenant une soixantaine
d'organismes qu'elle voulait entendre. La question, c'était de savoir
comment s'y prendre pour entendre 60 organismes en l'espace d'une semaine sans
léser des groupes. Nous avons cru - et je pense que nous avons eu raison
de le croire - que c'était une mission impossible. Nous avons donc
accepté d'entendre environ 16 organismes cette semaine, convoqués
pour la cinquième semaine, dont 14 provenaient de la liste qui nous
avait été soumise par l'Opposition.
Je rappelle que nous avons entendu, lors de cette commission
parlementaire, toutes les grandes associations nationales de parents, de
commissions scolaires, d'administrateurs, d'enseignants, de personnel
syndiqué. Ces associations ont, d'ailleurs, disposé du temps
nécessaire pour leur exposé. J'ai calculé que nous avons
consacré à 8 grands organismes nationaux un total de 30 heures.
Nous avons entendu les grandes associations nationales francophones et
anglophones, catholiques et protestantes, que ce soit du côté des
commissions scolaires, des enseignants ou des administrateurs. Nous avons
entendu des témoignages diversifiés provenant de la plupart des
régions du Québec. Nous avons accordé un traitement de
choix à Montréal et je pense que, des deux côtés,
nous étions d'accord avec ce traitement de choix en entendant un grand
nombre d'organismes sur la situation particulière de Montréal,
tant du côté francophone que du côté anglophone.
Je voudrais mentionner que nous n'avons pas, pour autant,
négligé les régions. Les régions de l'Estrie, de la
Mauricie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Laval-
Laurentides-Lanaudière, du Bas-du-Fleuve, de
l'Abitibi-Témiscamingue, de Québec, de la rive nord et de la rive
sud de Montréal ont été entendues. Nous avons entendu
également une proportion équivalente d'associations de
parents et de commissions scolaires. Nous avons entendu 20 regroupements
de parents et 22 provenant du monde des commissions scolaires. Nous avons pris
soin de faire une place importante au personnel syndiqué. Du
côté des enseignants, outre la CEQ et l'Alliance des professeurs
de Montréal, nous avons entendu des associations professionnelles. Nous
avons entendu, au total, 6 organismes professionnels d'enseignants en plus des
syndicats d'enseignants.
La commission parlementaire nous aura permis également d'entendre
une multitude d'opinions sur des questions spécifiques. Je n'ai pas le
temps de les mentionner toutes, mais je voudrais rapidement souligner que,
concernant des questions spécifiques dans la sphère
confessionnelle, dans la sphère de l'éducation des adultes, du
droit des handicapés, du droit des jeunes, nous avons entendu de
nombreux organismes. Cette commission a permis également que s'expriment
des avis diversifiés. Nous avons entendu le point de vue de grandes
associations, mais également de regroupements régionaux et locaux
provenant de milieux urbains ou ruraux. Cette diversité a permis que le
pluralisme des idées s'affirme et vienne enrichir, éclairer,
concrétiser le débat.
M. le Président, en terminant, je voudrais exprimer notre point
de vue de la façon suivante: une telle commission se situe au rang des
plus importantes de l'histoire du Québec. Par le nombre de
témoignages, la qualité des débats et la
variété des interventions, le travail accompli ici est
énorme et significatif. Près d'une centaine de groupes et
d'organismes ont été entendus pendant plus de 160 heures
d'auditions. En terminant, je ne voudrais pas qu'on oublie que tous les
mémoires reçus sont lus et analysés de notre
côté et feront partie intégrante, quant à nous, des
témoignages de la commission. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. Mme la députée de L'Acadie.
Motion d'ajournement du débat Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, conformément
à l'article 77 de notre règlement, j'aimerais faire la motion
suivante: Que le débat sur la motion du député de Fabre
soit ajourné.
Le Président (M. Blouin): Alors, une telle motion
d'ajournement est mise aux voix à la suite d'un court débat de
dix minutes par groupe politique. Je présume que vous êtes la
représentante de votre groupe politique?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Blouin): Très bien; alors,
allez-y.
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): ...est-ce l'article 77 ou l'article 157?
Mme Lavoie-Roux: L'article 77.
M. Lalonde: Vous n'avez pas écouté? C'est l'article
77.
Le Président (M. Blouin): Un petit moment, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: M. le Président, il est bien clair...
Le Président (M. Blouin): Cela va.
M. Lalonde: ...que c'est l'article 77 qui a été
invoqué...
Le Président (M. Blouin): C'est cela.
M. Lalonde: ...si le député de Fabre avait suivi la
motion de Mme la députée de L'Acadie. L'article 157 s'applique
simplement pour ajourner les travaux et non pas le débat.
Le Président (M. Blouin): C'est cela. Très bien. Il
s'agit d'une motion qui n'est pas débattable. Alors, allez-y, Mme la
députée de L'Acadie.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président,
pourriez-vous lire l'article 77, s'il vous plaît?
Le Président (M. Blouin): Très bien, avec plaisir.
Il se lit ainsi: "Une motion non annoncée d'ajournement du débat
peut être faite en tout temps; une telle motion, sauf si elle est faite
par un ministre, ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une
séance. Elle est mise aux voix sans amendement, à la suite d'un
débat restreint au cours duquel un représentant de chaque parti
reconnu peut prononcer un discours de dix minutes, le proposeur pouvant exercer
un droit de réplique de même durée."
Mme la député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Pour les
personnes qui nous écoutent, parce qu'il s'agit d'appel à un
article de notre règlement, je voudrais bien clarifier que cette motion
d'ajournement du débat ne porte pas sur le débat que nous
avons eu depuis plusieurs semaines et qui portait sur l'audition des
mémoires présentés à la commission parlementaire de
l'éducation touchant le projet de loi 40, mais porte strictement sur la
motion de clôture que le député de Fabre nous a
présentée, de telle sorte que, si cette motion était
adoptée, nous pourrions poursuivre les travaux que nous avions entrepris
depuis cinq semaines. Alors, la motion d'ajournement porte strictement sur la
motion de clôture que le député de Fabre a
présentée hier soir, et on se souvient dans quel climat.
M. le Président, j'écoutais le député de
Fabre faire son plaidoyer sur sa motion de clôture, pour mettre fin
à nos travaux. Il disait que nos travaux s'étaient
déroulés dans un climat qu'on ne voit pas très souvent,
que les débats avaient été élevés et que
tout s'était fait dans une grande harmonie. Il a terminé en
disant: Je ne voudrais pas que la journée d'hier vienne entacher les
cinq semaines que nous venons de passer.
M. le Président, nous ne voulons sûrement pas nous associer
à cela. Si la journée d'hier a été entachée,
ce n'est sûrement pas la faute de l'Opposition, mais bien celle du
gouvernement parce qu'au moment où cette motion de clôture a
été présentée nous avions devant nous un groupe de
l'Asbesterie et de l'Estrie qui représentait plusieurs commissions
scolaires, et des parents de ces commissions scolaires. Ils attendaient, depuis
deux jours, pour être entendus. Ils ont eu à peine le temps de
lire leur mémoire que, tout à coup, le député de
Fabre, alors qu'il nous restait du temps qui ne l'aurait nullement
empêché de présenter une motion de clôture,
abruptement, de la façon la plus brutale que l'on puisse penser,
impolie, grossière, a présenté cette motion de
clôture. Les gens sont vraiment restés ahuris, eux qui avaient
attendu patiemment, qui avaient un très bon mémoire, je pense que
tout le monde en conviendra autour de la table. On leur a dit: C'est fini. M.
le Président, je reviens. S'il y a eu entachement hier, cette
journée a été entachée par le comportement du
gouvernement.
J'ai aussi été estomaquée par les arguments que le
député de Fabre a évoqués pour motiver la motion de
clôture qu'il a présentée. Il a dit: Écoutez, nous
jugions que nous étions suffisamment informés. Jusque-là,
c'est discutable. Il a dit: Nous connaissions toutes les réactions des
membres de l'Opposition. Nous pouvions prévoir leurs réactions,
leurs questions. M. le Président, je ne suis pas venue m'asseoir ici, et
mes collègues non plus, pendant cinq semaines pour examiner les
réactions du gouvernement. Je suis venue m'asseoir ici, de bonne foi,
pour entendre les propos de nos invités. C'est ce qui
m'intéressait. Vous, on vous entendra toujours assez longtemps, Dieu
merci!
M. le Président, le but de l'exercice que nous avons fait
n'était pas d'examiner leur comportement - on le connaît aussi
d'avance - mais vraiment d'entendre les gens. Et il dit qu'il se déclare
suffisamment informé parce qu'il connaît toutes les
réactions de l'Opposition. Je pense que cela aussi explique pourquoi,
hier soir, le gouvernement s'est comporté comme il l'a fait. Ce ne sont
pas les gens qui venaient qui l'intéressaient, c'étaient les
réactions de l'Opposition. Fort intéressant!
Le député de Fabre aussi, je pense, s'est aventuré
sur un terrain bien glissant quand, pour justifier cette motion, il a fait
appel à des projets de loi ou à des commissions parlementaires
qui ont été tenues sur des sujets très importants. Il
parle de la loi 101, du Code des professions. Il en a
énuméré une série. Mais, je pense que si, on
demandait une opinion publique sur ce dont nous discutons, aujourd'hui, on nous
dirait que cela touche le fondement même de toute l'organisation de notre
société, que c'est une remise en question de tout notre
système d'éducation. Je veux bien croire que le Code des
professions est important, que la loi 101 est importante, ainsi que les autres
que vous avez nommées, mais là il s'agissait d'une commission de
toute première importance. Dans les études qui ont
été faites aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs, les
citoyens considèrent leur système d'éducation comme une
valeur absolument fondamentale sur laquelle sont assis le progrès et les
valeurs de notre société. (10 h 45)
Eh bien, on n'a même pas entendu 50% des mémoires qui nous
ont été envoyés et je ne parle que des organismes qui ont
demandé à être entendus. Je fais abstraction des quelque 40
qui ont été envoyés strictement pour dépôt.
C'est 93 sur 208. Ce n'est même pas 50%. Le député de Fabre
et ses collègues nous disent: Nous avons fait un choix judicieux, etc.
Les observateurs neutres qui ont suivi nos travaux - je n'ai pas ici les
témoignages parus dans les journaux, mais cela a été
relevé à plusieurs reprises -disent que la façon dont le
gouvernement avait convoqué les invités était
biaisée au point de départ, choisissant toujours ou presque
toujours les meilleures heures de télévision pour faire entendre
les témoins qui étaient favorables au projet de loi 40. Je
n'hésite pas à le dire. Devant toutes ces choses - j'aurai
peut-être l'occasion d'y revenir - je pourrai dans ma réplique
probablement, à moins que le gouvernement n'acquiesce à ma
motion, faire valoir le point de vue d'un grand nombre de personnes qui
voulaient être entendues. Je reviendrai peut-être aussi sur la
question de l'entente parce que le président m'a fait signe que mon
temps - il me reste deux minutes - est écoulé.
II est vrai qu'il y a eu une entente et nous avons fait cette entente de
bon gré, de bonne foi. C'était une entente pour que les groupes
soient limités à une heure et demie. Quand nous avons
décidé, la semaine dernière, de rompre cette entente -
nous avons continué de travailler avec autant d'ardeur, avec autant de
conscience qu'avant c'est parce que le gouvernement avait refusé
d'entendre les organismes dont que nous lui avions soumis la liste. Il ne faut
pas oublier que nous n'avions pas demandé au gouvernement d'entendre les
208 mémoires. D'ailleurs, le député de Fabre l'a fort bien
admis. Nous lui avions soumis une liste de 60 organismes que nous avions
choisis avec soin en essayant de rassembler même plusieurs groupes pour
réduire la longueur des travaux. Mais non, on avait décidé
qu'il ne fallait pas ajouter plus d'une semaine parce que, pour le gouvernement
- je ne sais pas s'ils s'en vont en vacances la semaine prochaine - il
était impossible d'ajouter une deuxième semaine.
C'est au nom de mes collègues et c'est surtout au nom de la
population qui a demandé d'être entendue ici que je demande que le
débat sur la motion du député de Fabre soit
ajourné, parce qu'elle nous paraît tout à fait
prématurée. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Fabre.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier Mme la députée de L'Acadie de me donner l'occasion de
compléter certaines choses que je n'ai pas dites hier soir.
J'avais l'impression d'entendre une version moderne de Tartuffe en
entendant les propos de Mme la députée de L'Acadie. Hier soir,
j'ai parlé de l'Opposition qui avait manoeuvré toute la
journée pour retarder les travaux de la commission. Elle a
manipulé cette commission. J'ai mentionné hier soir que, à
cause de l'Opposition, nous avons dû accorder à l'Association des
commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue une période de trois
heures et demie, au Comité multi-agents des commissions scolaires du
territoire Grand-Portage, quatre heures et demie et au groupe de l'Estrie, nous
avons accordé une heure et quinze minutes. Nous n'avons pas pu entendre
la Maison internationale de la rive sud à cause de l'attitude de
l'Opposition.
Je ne suis pas le seul, mais si j'avais été le seul, bien
sûr mes propos auraient pu être plus ou moins crédibles,
puisque, ce matin, dans la Presse en disant: "Projet de loi 40: le débat
prend des allures de "filibuster". Bien qu'ils le nient, les libéraux
utilisent depuis hier matin toutes leurs ressources pour retarder le plus
possible la fin des travaux de la commission parlementaire... tous les
députés de l'Opposition épuisant les vingt minutes
auxquelles ils ont droit en vertu du règlement. Certains sont même
allés jusqu'à poser, sous une forme différente, la
même question qu'un collègue afin de tuer le temps." M. le
Président, on va vous donner ces questions aujourd'hui.
Le Devoir: "Par ailleurs, les travaux en commission parlementaire ont
été ralentis hier par la volonté de l'Opposition."
Quelques témoignages qu'on retrouve dans les journaux. L'Opposition
savait que nous allions déposer une motion de clôture, hier.
L'Opposition a tout fait pour retarder les travaux.
Je vais dire quelque chose qui va faire mal. Hier soir, il y avait ici
un groupe qu'on n'a pas eu l'occasion d'entendre, soit la Maison internationale
de la rive sud, du comté de Vachon. Ce groupe nous avions prévu
l'entendre autour de 20 heures au plus tard puisque nous devions entendre le
dernier groupe à 15 heures. Voyant que les travaux traînaient en
longueur, j'ai rencontré ce groupe en compagnie du chef de cabinet du
leader du gouvernement. Nous avons demandé à ce groupe s'il
était prêt à passer demain matin, c'est-à-dire ce
matin. Nous étions prêts à entendre ce groupe ce matin. Les
gens nous ont dit: Nous avons pris notre journée
bénévolement. Nous avons dû quitter notre emploi et prendre
un congé à nos frais pour nous déplacer; est-ce qu'il y
aurait moyen de nous entendre ce soir? C'était hier soir. J'ai
contacté le député d'Argenteuil. Je lui ai exposé
le problème. Il m'a signifié qu'il n'y pouvait rien. Nous avons
donc dit au groupe que nous ne pourrions l'entendre que ce matin compte tenu de
l'attitude de l'Opposition. Nous avons compris que la stratégie de
l'Opposition était de nous traîner le plus longtemps possible et
de nous faire assumer l'odieux d'avoir à faire une motion alors que nous
entendions un groupe. Voilà la stratégie de l'Opposition,
voilà la vérité qu'il faut révéler ce matin.
C'est sérieux parce qu'on a manoeuvré sur le dos d'un organisme,
soit la Maison internationale de la rive sud, que nous étions
prêts à entendre hier soir. On n'a pas pu l'entendre à
cause de l'attitude de l'Opposition.
C'est malheureux, M. le Président, que ceci survienne à la
dernière journée de la commission, parce que... La
dernière journée d'auditions, M. le député. Je le
répète: C'est regrettable parce que, de notre côté,
nous sommes très satisfaits des travaux de la commission.
Malheureusement, nous n'avons pas pu nous entendre sur la façon de
terminer cette commission. L'Opposition voulait entendre 60 autres organismes
et nous trouvions ridicule, même farfelu d'entendre 60 organismes en
l'espace d'une semaine. Je le répète: C'était la
proposition de l'Opposition en quatrième semaine
d'entendre 60 organismes en une semaine. Notre rythme de travail est
d'entendre environ 20 organismes par semaine. Même en multipliant les
bouchées, nous n'aurions pas pu donner satisfaction aux 60 organismes en
l'espace d'une semaine. On ne déplace pas des gens sur des centaines de
kilomètres pour les entendre pendant une demi-heure. C'était la
proposition de l'Opposition. Je le mentionne pour montrer à quel point
il était impossible de s'entendre, malheureusement, sur la façon
de terminer les travaux de la commission. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre.
En réplique, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
(réplique)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne relèverai
pas les quolibets que le député de Fabre a adressés
à mes collègues, au député d'Argenteuil ou à
moi. Au moment où il les a prononcés, comme certains le disent,
il devait se regarder dans le miroir. Quand le député
relève que nous avons utilisé toutes les ressources à
notre disposition, citant un journal qui disait que cela prenait l'allure d'un
"filibuster", je suis fort étonnée d'entendre de la part de
journalistes avec qui j'entretiens, je pense, de très bonnes relations
cette analyse des choses. Quels sont les moyens mis à la disposition des
parlementaires pour jouer leur rôle d'Opposition? Pourquoi y a-t-il dans
notre système parlementaire une Opposition? Il m'apparaît
très clair que c'est pour faire valoir les droits de la population quand
le gouvernement est prêt à les piétiner. C'est la raison
pour laquelle nous avons peut-être, hier, ralenti et utilisé les
moyens que notre règlement nous permet d'utiliser comme parlementaires.
D'ailleurs, le ministre lui-même n'avait pas caché ses intentions
d'arriver avec une motion de clôture, puisqu'il s'en était ouvert
publiquement à la presse.
Quels étaient les moyens à notre disposition pour dire au
gouvernement qu'il allait trop vite parce qu'il y a des gens qui ont
demandé, depuis le début, d'être entendus? C'était
le seul à notre disposition. Il est vrai que c'était normal pour
les journalistes - là-dessus, je les comprends -qui ont
été très assidus à nos travaux, qui ont fait
d'excellents rapports sur nos travaux, sentant ce ralentissement dans la
journée d'hier, de s'impatienter un peu. Je peux le comprendre, mais je
pense qu'ils doivent comprendre que, lorsque le gouvernement veut
excéder ses prérogatives et le faire payer à la
population, c'est important que l'Opposition réagisse. C'est cela, notre
système parlementaire.
Je m'étonne que le député de Fabre utilise ces
arguments pour justifier la motion qu'il a déposée hier soir.
Tout à l'heure, il disait: Écoutez, on ne déplace pas un
groupe habitant à 60 ou 100 kilomètres simplement pour une
demi-heure. Je me demande combien de kilomètres et à combien de
personnes on a imposé hier un voyage - je pense aux gens de l'Estrie -
pour leur faire lire un mémoire. Le député de Sherbrooke,
pour l'occasion, est venu se montrer devant ses électeurs, parce qu'on
ne l'avait jamais vu à la commission avant. On a laissé au
député d'Argenteuil quelques minutes. Lui-même a
réduit la longueur de son intervention - il a pris soin de le signifier
- pour permettre à ses collègues qui avaient des questions
à poser à la régionale de l'Estrie de le faire.
Cavalièrement, on les a renvoyés. Qu'on ne vienne pas nous faire
des leçons de bienséance et de civisme après un tel
comportementl
Comment le député de Fabre peut-il prétendre avoir
voulu entendre la Maison internationale de la rive sud, alors qu'il a
coupé court au débat et qu'il restait encore une heure - il
était 22 h 50 lorsque vous avez présenté votre motion - de
discussion possible? Il les a simplement renvoyés. Il prétend
qu'il voulait entendre les gens de la rive sud; je ne sais pas si on appelle
cela Tartuffe ou quel autre comédien ou personnage classique, mais cela
ressemble à bien des choses. Quelqu'un me dit que cela ressemble
à du Bourvil. (11 heures)
II reste que, de toute façon, les justifications du
député de Fabre ne tiennent pas debout et ce que nous voulions,
c'était de continuer nos travaux comme vous avez reconnu que nous les
avions bien faits depuis le début. Mais ce qui fatiguait le
gouvernement, c'est ceux qu'on avait mis de côté au début.
Vous vous souvenez, on a fait venir, entre autres, la Fédération
des parents du Québec qui se disait en faveur du projet de loi; avec des
réserves, mais je ne veux pas entrer dans les détails. Depuis le
début, le gouvernement avait opposé parents et commissions
scolaires, selon son habitude de diviser pour faire adopter les projets de loi
contestés, mais, depuis une semaine, ces nouveaux invités, qui,
nous dit-on, avaient été retenus à la suite de suggestions
du député d'Argenteuil, se présentaient ensemble:
commissions scolaires et parents. Savez-vous que, dans de nombreuses
commissions scolaires, on découvrait tout à coup que les parents
et les commissaires d'écoles pouvaient travailler ensemble? Mais le
gouvernement n'aimait pas cela parce que ça venait briser, somme toute,
le fondement de l'édifice qu'il avait essayé de bâtir pour
faire adopter ce projet de loi si contesté.
M. le Président, je voudrais, comme dernier témoignage,
pour bien indiquer qu'il
ne s'agit pas de parler pour justifier une chose qui ne pourrait pas
paraître essentielle, je vais lire quelques télégrammes de
personnes qui avaient demandé à être entendues et qui ne
l'ont pas été. Celui-ci est fort intéressant: "Nous
désapprouvons votre décision de ne pas entendre notre
mémoire sur la loi 40 en commission parlementaire, d'autant plus que
nous sommes le seul groupe étudiant du secondaire ayant pris position
sur la réforme scolaire. Votre attitude, à l'image de votre
projet de loi, démontre le peu de place réelle faite aux
étudiants dans les écoles. Nous réitérons donc
notre demande de nous faire entendre et nous vous demandons de
reconsidérer votre décision. La Jeunesse étudiante
catholique." Pourtant, on a un ministre qui prétend vouloir faire une
place aux étudiants dans notre système scolaire. C'était
le seul groupe d'étudiants du secondaire qui se présentait pour
faire entendre un mémoire et on n'a pas jugé bon... Mais on a
entendu un autre groupe d'étudiants universitaires qui venait parler je
ne sais pas exactement au nom de qui.
M. le Président, un autre mémoire et, là, je vous
ferai remarquer qu'il ne s'agit pas de groupes individuels, mais de groupes
beaucoup plus larges, comme dans le cas des étudiants. Mémoire du
Comité de coordination de la concertation régionale du territoire
de la Yamaska: "Nous avons appris que notre groupe représentant les
agents de l'éducation, quatre commissions scolaires du territoire, ne
pourrait présenter son mémoire collectif prévu dans le
cadre des audiences publiques de la commission parlementaire portant sur le
projet de loi 40. Pourtant, nous étions inscrits au no 38 et avions
déposé ledit mémoire dans les délais prévus.
Considérant qu'au cours de la dernière année nous avons
poursuivi dans notre milieu une longue réflexion sur le livre blanc et
le projet de loi 40, réflexion impliquant les nombreux agents
d'éducation de notre milieu ainsi que la population en
général; considérant que le législateur aura sans
doute à prendre conscience de l'impact qu'un tel projet de loi
crée auprès des gens de la base; pour tous ces motifs, nous vous
demandons de veiller à ce que nos représentants soient entendus
par la commission parlementaire permanente de l'éducation.
Espérant que vous prendrez les mesures nécessaires, nous vous
prions d'accepter..."
M. le Président, je sais que je dois terminer. Je pourrais
continuer la lecture de nombreux télégrammes d'organismes
représentatifs d'un grand nombre de personnes qu'on a refusé
d'entendre. Et ici, à cette commission parlementaire, on a cru -et
c'était le droit du gouvernement, je ne le lui conteste pas, mais on
peut au moins s'interroger sur ses choix - on a pris une heure et demie pour
entendre le comité d'une école qui...
Le Président (M. Blouin): En quelques secondes, Mme la
députée de L'Acadie, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...est venu présenter le problème
qu'il avait eu avec sa commission scolaire touchant le nom d'une école.
On a pris une heure et demie pour faire cela et, hier soir, on a renvoyé
chez eux, effrontément, des gens qui attendaient depuis deux jours et
qui représentaient plusieurs commissions scolaires, de même que la
population et les parents de ces commissions scolaires. Et on essaie encore de
se justifier en disant qu'on est suffisamment informés, mais
rappelez-vous qu'on est suffisamment informés des réactions de
l'Opposition.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: Les propos...
Le Président (M. Blouin): Mme la député de
L'Acadie...
M. Lalonde: Vous pouvez au moins lui laisser terminer sa
phrase.
Mme Lavoie-Roux: Je pourrais au moins finir ma phrase.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie...
M. Lalonde: Est-ce qu'elle peut terminer sa phrase, M. le
Président?
Le Président (M. Blouin): S'il s'agit de terminer une
phrase, je crois qu'il n'y aura pas de difficulté...
M. Payne: C'est une longue phrase. On a des règlements, M.
le Président.
M. Lalonde: Bon.
Le Président (M. Blouin): ...pour terminer votre
phrase.
M. Lalonde: S'il vous plaît, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce que le gouvernement dit à la
population, c'est: Nous sommes suffisamment informés des
réactions de l'Opposition. Pour ce qui est des propos des gens que cela
intéresse au premier titre, la population, les parents et tous les
agents de l'éducation, c'est beaucoup moins important.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme la
députée de L'Acadie.
Sur ce, je mets maintenant aux voix la motion de Mme la
députée de L'Acadie qui
propose que le débat sur la motion du député de
Fabre soit ajourné. Cette motion est-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté. Une voix: Non.
Le Président (M. Blouin): Donc, la motion est
rejetée.
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré, M. le
Président.
M. Lalonde: Non, vote à main levée.
Le Président (M. Blouin): Très bien, on demande un
vote nominal. Nous allons procéder. Les membres m'indiqueront maintenant
s'ils sont pour ou contre cette motion de Mme la députée de
L'Acadie.
M. Brouillet (Chauveau)?
M. Brouillet: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. Champagne
(Mille-Îles)?
M. Champagne (Mille-Îles): Contre.
Le Président (M. Blouin): M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Contre.
Le Président (M. Blouin): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier)?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. Leduc (Fabre)?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Blouin): M. Payne (Vachon)?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. Ryan
(Argenteuil)?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Blouin): II y a quatre
députés qui sont favorables et six s'y opposent. La motion est
donc rejetée.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement à soulever.
Le Président (M. Blouin): Une question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ma question de règlement trouve son fondement
dans l'article 62 du règlement qui dit: "Une motion écrite doit
contenir uniquement la proposition faite à l'Assemblée et elle ne
peut être précédée d'un exposé de motifs..."
Immédiatement, j'invoque aussi l'article 65.2 qui dit: "Le
président peut également modifier dans sa forme une motion pour
la rendre recevable."
Je sais que la motion que nous discutons actuellement, la motion du
député de Fabre, motion de guillotine, en fait, a
déjà été déclarée recevable, mais je
pense qu'une motion qui a été déclarée recevable et
qui contiendrait une irrégularité devrait faire l'objet d'une
correction de la part du président et même de son propre chef,
sans qu'on le lui demande, s'il la trouve lui-même ou au moment où
la question est soulignée, à n'importe quel moment au cours du
débat.
Je fais motion, a dit le député de Fabre, pour que cette
commission, se jugeant suffisamment informée... L'objet de la motion,
quel est-il? C'est de mettre fin à ses travaux, tel qu'elle est
libellée. Se jugeant suffisamment informée, cela se
réfère, de toute évidence, à l'article 118a de
notre règlement qui dit, au sixième paragraphe: "Lorsqu'elle
croît être suffisamment renseignée, la commission peut
décider de cesser les auditions." Naturellement, c'est le motif qui est
contenu dans le règlement ou la description, la base juridique, disons,
mais cela ne doit pas faire partie du corps de la motion parce que c'est un
argument qu'on pourrait, de toute évidence, amender et sous-amender
à l'infini. Ne se croyant pas tout à fait suffisamment
informée, se croyant éventuellement suffisamment
informée... Enfin, on pourrait jouer avec cet argument, c'est la nature
même de l'argument, du motif de faire l'objet d'échanges divers
d'un côté et de l'autre de la table; c'est ce que l'auteur du
règlement a voulu éviter.
Je suggère que, de votre propre chef, vous disiez que les mots
"se jugeant suffisamment informée" soient enlevés de la motion.
La motion se lirait: Je fais motion pour que cette commission mette fin
à ses travaux comme le sixième paragraphe de
l'article 118a le prévoit. Dans les discussions, dans les
discours, les membres de l'autre côté pourront faire la
démonstration, s'ils peuvent la faire, qu'ils sont suffisamment
informés et que c'est donc bien fondé en vertu du sixième
paragraphe de l'article 118a.
J'ai un autre point à soulever concernant le libellé de la
motion. Elle parle de mettre fin à ses travaux. Or, l'article 118a,
paragraphe 6, dit bien: "La commission peut décider de cesser les
auditions." Il y a une distinction entre les deux parce qu'une fois qu'on a
cessé les auditions, il nous reste des travaux à faire. Il peut
nous rester des travaux, il y en a au moins un, on le trouve à l'article
suivant, 161.3, qui dit: "Toutefois, un membre d'une commission peut s'opposer
au dépôt d'un rapport fait par cette commission en exposant
brièvement les motifs de son opposition." C'est toujours au niveau de la
commission. Je sais qu'il y a une habitude qui s'est développée,
une modalité dans nos travaux, à savoir que le rapporteur ne voit
généralement le rapport que lorsqu'il se lève en Chambre
pour dire: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer tel
rapport. Tout ça est préparé par les services de
l'Assemblée nationale. Il se peut fort bien qu'un rapport soit
discuté si on le demande.
Une voix: ...
M. Lalonde: Mais oui. Dans les anciennes règles de
pratique, on voyait les étapes de l'étude d'un projet de loi en
commission, l'exposé du ministre et les commentaires d'un
représentant de chaque parti reconnu, l'audition des personnes
intéressées, les délibérations de la commission -
on n'est pas rendu là encore - et le rapport.
Il se peut fort bien qu'on propose d'étudier un rapport, de faire
un rapport. Par exemple, un rapport de réimpression. C'est ce que
prévoit l'article 119.2: "Si le rapport recommande la
réimpression du projet de loi - il peut donc recommander la
réimpression -la deuxième lecture ne peut en être
proposée que lorsque cette réimpression est disponible." Il reste
donc des travaux à faire, même si la décision de la
commission est de mettre fin aux auditions. Je pense que, de votre propre chef,
M. le Président, vous devriez - je vous le dis respectueusement
-modifier, comme vous le permet le règlement à l'article 65, la
motion pour qu'elle se lise: "Je fais motion pour que cette commission mette
fin à ses auditions et ce, conformément à l'article 118."
Naturellement une référence peut toujours être faite dans
une motion.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je ne sais pas si le
député de Marguerite-Bourgeoys a pensé à tout
ça pendant les cinq semaines qu'on ne l'a pas vu à cette
commission. Ce n'est pas très fort comme logique. Je cherche encore la
logique, M. le Président, et vous devez la chercher vous aussi.
Si j'ai compris ce qu'il a dit...
M. Lalonde: Non, vous n'avez pas compris.
M. Leduc (Fabre): Ça ne m'étonnerait pas que je
n'aie pas compris, M. le député...
M. Lalonde: Non, non, moi non plus.
M. Leduc (Fabre): ...parce que je ne suis pas sûr que vous
ayez compris vous-même. Essayons de comprendre.
Il nous dit: Nous invoquons la raison pour laquelle nous voulons mettre
fin aux travaux. C'est peut-être irrecevable. Franchement, M. le
Président, je ne sais pas quel article interdit d'invoquer la raison. Il
nous a semblé important d'invoquer la raison, vu que nous invoquons
l'article 118a, sixième paragraphe. C'est à ce règlement
que nous nous référons: "Lorsqu'elle croit être
suffisamment renseignée, la commission peut décider de cesser les
auditions."
Quant à la nuance qu'il fait entre "travaux" et "auditions",
c'est évident que, lorsqu'on parle des travaux, il s'agit des travaux de
la commission. Encore là, la nuance qu'il fait me semble... Je ne
comprends pas parce que, pendant cinq semaines, nous avons entendu les
auditions et c'étaient les travaux de la commission. Le
député de Marguerite-Bourgeoys n'étant pas ici, il ne
pouvait peut-être pas penser que c'étaient les travaux de la
commission.
Quant au rapport de réimpression de l'article 162 auquel il se
réfère, ou de l'article 160, je vous avoue que je vous laisse
ça parce que je n'ai rien compris de son argumentation.
M. Lalonde: C'est la meilleure chose à dire.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. le
député de Fabre. Nous allons suspendre nos travaux pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise de la séance à 11 h 55)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'éducation reprend donc
ses travaux. Je rappelle aux membres de la commission la teneur de
l'article 43 qui dit d'abord: "Le président se prononce sur les
questions de règlement au moment où il le juge à
propos."
Deuxièmement: "Lorsque le président rend sa
décision, il indique ce qui la justifie et il n'est pas permis de la
critiquer ni de revenir sur la question décidée."
Je vais maintenant rendre une décision sur la question de
règlement soulevée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. La première objection formulée par le
député de Marguerite-Bourgeoys a trait à l'article 62 qui
stipule qu'on ne peut faire précéder une motion d'un
exposé de motifs.
Étant donné le caractère exceptionnel de la motion
du député de Fabre, je suis d'avis que les termes employés
dans la motion doivent être rigoureusement conformes à la
disposition habilitante, soit l'article 118a, paragraphe 6. Ainsi, la
première objection doit être écartée car la motion
du député de Fabre relativement à ce point est conforme
à l'esprit du règlement.
Quant à la seconde objection visant à substituer au mot
"travaux" le mot "auditions", elle m'apparaît exacte pour les motifs
énumérés précédemment.
Ainsi, la motion se lit maintenant comme suit: Que cette commission, se
jugeant suffisamment informée, mette fin à ses auditions et ce,
conformément à l'article 118a, paragraphe 6, du
règlement.
Nous allons maintenant reprendre le débat sur cette motion. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais soumettre un
amendement à la proposition du député de Fabre, amendement
dont je vais donner communication immédiatement: Que la motion en
discussion soit modifiée en remplaçant, dans les première
et deuxième lignes, les mots "se jugeant suffisamment informée"
par les mots "afin de compléter son information". Ensuite en ajoutant,
à la deuxième ligne, après le mot "auditions" -que vous
avez décidé de substituer au mot "travaux", si j'ai bien compris
- les mots suivants, et je cite la suite de l'amendement que nous proposons:
"Après avoir entendu les représentants de la commission scolaire
de Lakeshore, de la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice, du Comité
de coordination de la concertation régionale du territoire scolaire de
la Yamaska, de la commission scolaire crie, de la commission scolaire du
Lac-Témiscamingue, de la commission scolaire Baldwin-Cartier, de la
commission scolaire de Jonquière, de la commission scolaire du
Sault-Saint-Louis, de la commission scolaire Laurenval, de la commission
scolaire de Greenfield Park, de la Commission des écoles catholiques de
Verdun, de la commission scolaire Provençal, de la commission scolaire
Kativik, de la commission scolaire régionale protestante du district
de
Bedford, de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, région 02, Saguenay-Lac-Saint-Jean, du
Conseil des commissaires de la commission scolaire de Sainte-Croix, du Groupe
de travail de la commission scolaire Laurentian, de la commission scolaire
Saint-Jérôme, du Comité de parents de la commission
scolaire régionale Provencher, du Comité de parents de la
commission scolaire de Lakeshore, du Groupe de parents de Saint-Éphrem,
du Comité de parents de la commission scolaire de Châteauguay, du
Comité de parents de la commission scolaire régionale de
l'Estrie, du Comité de parents du réseau scolaire
Chomedey-de-Laval, de l'Association des administrateurs des écoles
catholiques du Québec, de l'Association des principaux catholiques de
Montréal, de l'Association des directeurs d'écoles anglaises, de
l'Association des administrateurs des écoles protestantes du
Québec, de l'Association des administrateurs scolaires du Québec,
de l'Association des directeurs d'école des Laurentides, de
l'Association des directeurs d'école de Montréal, de
l'Organisation provinciale des directeurs des services de l'éducation
permanente des commissions scolaires protestantes, de la Federation of
English-Speaking Catholic Teachers, du Groupe d'éducateurs et
d'éducatrices professionnels, de l'Asssociation provinciale des
enseignants de religion et d'éthique, de la Jeunesse étudiante
chrétienne, du Groupe de défense de l'école protestante
française, de l'Association des institutions d'enseignement secondaire,
de l'Association des collèges du Québec, de l'Union des
municipalités régionales de comté, du Bureau de commerce
de Montréal, de la ville de Québec, de l'Église
presbytérienne du Canada et du regroupement de plusieurs
sociétés Saint-Jean-Baptiste. (12 heures)
Le Président (M. Blouin): Merci M. le député
d'Argenteuil. Pour clarifier la situation, je vais relire la motion. Elle dit:
"Que cette commission, se jugeant suffisamment informée, mette fin
à ses auditions et ce, conformément à l'article 118a,
paragraphe 6, du règlement." Or, l'amendement que vous me
présentez en vertu...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous me donnez
l'impression d'être en train de rendre un jugement. Est-ce que vous
pourriez nous laisser discuter de la recevabilité de la motion,
auparavant?
Le Président (M. Blouin): Très brièvement,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ce sera très bref, M. le Président.
Donc, j'avais raison d'être inquiet. M. le Président, d'abord, je
pense qu'on doit convenir que cette motion est amendable. C'est un premier
élément et, en fait, je pense que tout le monde est d'accord que
cette motion du député de Fabre est amendable.
Le Président (M. Blouin): Évidemment.
M. Lalonde: Évidemment. Je vous entends dire:
Évidemment. Deuxièmement, il faut savoir quelles sont les
règles qui nous régissent quant à l'amendement qu'on
voudrait apporter. Il faut donc déterminer l'objet principal de la
motion. Je soutiens, M. le Président, que l'objet principal de la motion
est de mettre fin à ses auditions. Vous avez maintenu le motif qui fait
référence à l'article 118, à savoir que la
commission se juge suffisamment informée. C'est la motion. C'est ce que
M. le député de Fabre croit ou propose. On pourrait faire un
amendement pour dire: "La commission, se jugeant presque suffisamment
informée." Si vous pensez que cela peut aider à la
compréhension de notre amendement. Je pense qu'on doit être un peu
plus précis intellectuellement et dire ce que la motion du
député d'Argenteuil dit, dans le but de compléter ses
renseignements, son information. Il me semble que c'est plus clair. Mais si
vous voulez qu'on le fasse autrement, on va le faire autrement.
Je voudrais simplement dire que l'article 70 se lit ainsi: "Un
amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée
et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres." Je pense que le député d'Argenteuil a
remplacé des mots par d'autres et en a ajoutés. Là-dessus,
je pense qu'il n'y a pas de problème.
On ajoute: Cet amendement "est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale." Or, écarter la question
principale, c'est dire: Ne mette pas fin à ses travaux. Ce serait qu'on
ne termine jamais nos travaux. Là, on écarterait la question
principale.
Je vous dis très respectueusement, M. le Président, que la
motion ne dit pas que la commission doit mettre fin à ses travaux,
à ses auditions maintenant. Elle dit: Que la commission mette fin
à ses travaux. Fort bien! Éventuellement, on va mettre fin
à nos travaux, mais on ne dit pas quand. Il reste alors à
compléter cette irrégularité non pas de forme, mais de
fond de la motion du député de Fabre, car il va falloir dire
quand. Puisque vous ne savez pas quand on mettra fin aux travaux, le
député d'Argenteuil vous suggère de mettre fin aux travaux
après avoir entendu un certain nombre d'intervenants. La motion
d'amendement n'écarte pas la question principale qui est de mettre fin
aux travaux. On dit: Oui, on va mettre fin à nos travaux. Mais quand?
Lorsque nous aurons...
Je vous soumets respectueusement un dernier argument, en terminant.
Même si la motion avait dit: Mette fin à ses travaux ou à
ses auditions maintenant, même cela aurait été amendable.
Je vous rappelle que le règlement prévoit qu'une motion de report
est possible et recevable à l'Assemblée nationale lors de la
deuxième lecture, car on sait qu'en deuxième lecture il s'agit
d'une motion suivante: Que le projet de loi tel numéro soit lu
maintenant. C'est cela qui est formel, vous le savez, M. le Président,
comme tous ceux qui sont autour de la table. Même lorsqu'on
spécifie qu'il faut mettre fin à quelque chose ou faire quelque
chose maintenant, il est possible de remplacer le mot "maintenant" par les mots
dans "six mois", dans "trois mois"; on appelle cela une motion de report. Pour
les motifs que je viens d'émettre, cet amendement... D'abord, la motion
est amendable. Deuxièmement, l'amendement qui remplace des mots, qui
ajoute des mots n'a pas pour effet d'écarter la question principale,
mais de la préciser, de dire quand on va mettre fin à nos
travaux.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeois. Je crois que je suis maintenant
en mesure de conclure. M. le député de Marguerite-Bourgeois,
j'étais heureux que vous donniez lecture de l'article 70 et vous me
permettrez d'en reprendre la deuxième partie: "II - l'amendement - est
irrecevable si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement." Or, dans l'amendement qui
a été proposé par M. le député d'Argenteuil,
les mots "compléter son information" ont pour effet d'écarter la
question...
M. Lalonde: Ce n'est pas la question principale, c'est le
motif.
Le Président (M. Blouin): Un instant, s'il vous
plaît! Il y a deux éléments dans cette motion.
M. Lalonde: II y a une question principale.
Le Président (M. Blouin): II y a deux
éléments dans cette motion: le premier élément
étant celui de considérer que nous sommes suffisamment
informés, le texte du député d'Argenteuil nous
suggère de
compléter notre information. Deuxièmement, la motion du
député de Fabre précise que nous mettions fin aux
auditions. Or, le texte du député d'Argenteuil suggère que
nous entendions un nombre de groupes dont il a fait
l'énumération. Cet amendement, à sa face même, n'est
pas recevable.
M. Lalonde: Une question de directive, M. le Président.
Est-ce que vous réitérez que cette motion du député
de Fabre est amendable?
Le Président (M. Blouin): Elle est effectivement amendable
dans la mesure où nous le faisons conformément à l'article
70.
M. Lalonde: M. le Président, deuxième directive.
Est-ce que vous considérez que la motion du député de
Fabre ne spécifie pas quand nous allons mettre fin à nos travaux?
C'est simplement: mette fin à ses travaux. Ce n'est pas inscrit
maintenant, demain ou après-demain.
Le Président (M. Blouin): M. le député, vous
noterez qu'au moment où nous adopterons - je présume que cela se
terminera ainsi - cette motion - si nous l'adoptons - qui nous indiquera de
mettre fin aux auditions, nous mettrons fin aux auditions au moment où
nous l'adopterons.
M. Leduc (Fabre): M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais que le député
d'Argenteuil, s'il est d'accord, bien sûr, dépose la liste qu'il
nous a lue au cas où on arriverait à nous convaincre de l'autre
côté que nous ne sommes pas suffisamment informés.
M. Lalonde: M. le Président, on est bien prêt
à déposer tout ce que vous voulez, mais encore faudrait-il avoir
une motion sur la table.
M. Payne: Déposez-la alors.
M. Lalonde: On ne peut pas déposer ce qui n'est pas
recevable, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! J'appelle
donc maintenant le débat sur la motion de M. le député de
Fabre. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais présenter un
amendement à la motion principale qui se lirait comme suit - pour que
tout le monde puisse suivre, je vais donner lecture de la motion principale
pour qu'on voie où l'amendement vient s'insérer:
Je fais motion pour que cette commission se jugeant suffisamment
informée mette fin à ses travaux et ce, conformément
à l'article 118a, paragraphe 6, du règlement.
Le Président (M. Blouin): À ses auditions.
M. Ryan: À ses auditions, excusez-moi. L'amendement
viendrait s'insérer après le mot "auditions" et on ajouterait les
mots suivants: vendredi le 24 février 1984, à 18 heures.
M. Lalonde: Ça c'est recevable.
Le Président (M. Blouin): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous fais valoir que
cette nouvelle tentative vise essentiellement aussi à écarter la
question principale, étant donné qu'on ne peut pas comprendre la
motion présentée par le député de Fabre sans se
référer au sixième paragraphe de l'article 118a qui
indique qu'implicitement est contenu dans la motion du député de
Fabre le moment où les auditions doivent cesser. Ce moment, ce sont les
mots qui précèdent et que, d'ailleurs, le député
d'Argenteuil ne retire pas: "se jugeant suffisamment informée." Il ne
retire pas ces mots-là; il les laisse. Il dit "...se jugeant
suffisamment informée, mette fin à ses auditions le 24". Il y a
comme une forme de contradiction à l'intérieur même de la
motion présentée par le député d'Argenteuil et cela
est implicite dans le texte même de la motion. C'est implicite dans
l'article 118a, paragraphe 6, que, dès que le débat s'engage sur
la motion, il est clair que le débat à l'égard duquel les
gens se sentent, à ce stade-ci, ou ne se sentent pas, à ce
stade-ci, suffisamment informés et, s'ils ne se sentent pas, à ce
stade-ci, suffisamment informés, ils ne cesseront pas les auditions et
les poursuivront jusqu'à n'importe quelle date; cela pourrait être
le 24, cela pourrait être au mois de mars, au mois d'avril ou au mois de
mai, peu importe. Cela est implicite; cela écarte la question
principale. Cela va à l'encontre même de l'article 118a. Il est
évident que cette façon de procéder est totalement
contradictoire dans sa formulation d'abord; deuxièmement, écarte
la question principale et, troisièmement, ne permet pas de mener le
débat qui, s'il résulte par le rejet de la motion, entraîne
qu'on doive continuer de s'informer et qu'on se fixe donc une date
ultérieure pour mettre fin aux auditions de la commission.
Le Président (M. Blouin): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si le leader du gouvernement
nous invite à changer ce motif, nous ne sommes pas d'accord avec
celui-ci, qui veut que nous soyons suffisamment informés. On peut
changer avec la même motion d'amendement. D'ailleurs, j'en appelle, en
fait, je me réfère à une décision du 26 avril 1978
qui dit bien - je pense qu'il est bon de se rafraîchir la mémoire
- pourvu qu'une motion d'amendement proposée en vertu de l'article 70 du
règlement se rapporte à la question principale - cela se rapporte
à la question principale servant à déterminer quand
terminer nos travaux - ne la dénature pas, on n'enlève pas, ou ne
constitue pas une négation amplifiée de cette question, elle est
recevable.
Si, pour vous aider, M. le Président, à la rendre
recevable, à l'accepter, on devait dire au lieu de "se jugeant
suffisamment informée", "étant sur le point d'être
suffisamment informée", cela n'écarte pas l'idée
principale; cela modifie, car il faut que cela modifie. J'entends un bruit
étrange de l'autre côté de la table, M. le
Président.
M. Payne: Cela a été spontané. Mme
Lavoie-Roux: C'est Tartuffe.
M. Lalonde: C'est un rire qui ressemble à de la
tartuferie. M. le Président, je pense que le député de
Fabre n'accepte pas qu'un amendement change quelque chose. Il faut qu'un
amendement change quelque chose. Il ne faut pas écarter la question
principale. Évidemment, le fait qu'on se juge suffisamment
informés doit pouvoir être amendable, étant donné
qu'on n'est pas d'accord. On peut dire: On est sur le point d'être
suffisamment informés; à ce moment-là, on n'écarte
pas la question principale; on la modifie sans l'écarter, sans la
dénaturer. On prend 90% de ce que vous dites et on dit: Bien. Mais pas
tout à fait. Le reste de la motion d'amendement du député
d'Argenteuil trouve sa logique; c'est-à-dire qu'on présume
qu'après avoir entendu un certain nombre et pas tous... Si on demandait
d'entendre tous les intervenants, tous ceux qui ont envoyé des
mémoires, vous pourriez nous dire: De toute évidence, vous allez
contre la nature même de la motion qui est de ne pas entendre tous les
mémoires. Alors, on en propose un certain nombre. Pourquoi le 24
février? Parce que, d'ici ce temps, nous croyons avoir le temps de les
entendre. Donc, la motion est parfaitement recevable. (12 h 15)
Le Président (M. Blouin): Est-ce que cela va?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, l'objet de cette motion présentée par le
député de Fabre est je peux la relire une autre fois suffisamment
ancrée dans tous les esprits maintenant, c'est de mettre fin aux
auditions. Ce qui veut dire que, à partir du moment où nous
aurons voté cette motion, si elle est acceptée par la
majorité des membres de cette commission, il n'y aura plus d'audition.
Or, l'amendement proposé par le député d'Argenteuil a
directement pour effet de poursuivre les auditions jusqu'au 24 février
1984, à 18 heures. Donc, cette motion d'amendement n'est pas
recevable.
M. Lalonde: C'est le bâillon du président.
M. Bertrand: Retirez ces paroles, "le bâillon du
président".
M. Lalonde: Vous dites que le président vous
bâillonne? Il est très agréable.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, sur la motion de M. le député de Fabre.
M. Lalonde: M. le Président, si le député
d'Argenteuil me le permet, puisque je n'ai pas pu faire cette motion avant que
vous rendiez votre décision... D'accord, allez- y.
Motion d'amendement
M. Ryan: M. le Président, il faut procéder
tellement vite là-dedans que, des fois, il y a des communications qu'on
n'a pas eu le temps de se faire.
Je voudrais proposer un autre amendement parce que je suis sûr
qu'on peut se comprendre quelque part. L'amendement se lirait comme suit:
Après les mots "se jugeant", on ajouterait les mots "plus ou moins". Je
fais motion pour que cette commission, se jugeant plus ou moins informée
-remplacer le mot "suffisamment" par les mots "plus ou moins" - mette fin
à ses travaux et ce, conformément...
M. Lalonde: Pas le 24 février...
M. Ryan: Oui, évidemment, le 28 février.
M. Bertrand: Je vous ai dit de ne pas mettre le 24 février
là-dedans.
M. Ryan: On serait prêt à changer le 28
février pour le 24 février.
M. Bertrand: C'est la même argumentation.
M. Ryan: En tout cas, nous, nous proposons cette formule.
Le Président (M. Blouin): Pourriez-vous me relire le texte
de votre amendement, M. le député? Comment se lirait la motion
telle qu'amendée?
M. Ryan: Je fais motion pour que cette commission, se jugeant
plus ou moins informée, mette fin à ses auditions, et ce,
conformément à l'article 118a, le 24 février.
Le Président (M. Blouin): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Tout à l'heure, M. le Président, en
réponse à une question qui vous a été posée
par le député de Marguerite-Bourgeoys qui vous demandait - c'est
une demande de directive - si cette motion pouvait être amendée.
Vous avez dit: Oui, dans la mesure où elle respecte l'article 70 du
règlement. Mais je pense qu'on va se rendre compte d'une chose, M. le
Président -et on le sent bien au fur et à mesure que les motions
d'amendement sont présentées -qu'il y a des types de motion -
bien sûr, a priori, tout type de motion est amendable et cela va de soi,
le règlement permet des amendements et même des sous-amendements -
dans le règlement qui, à cause de leur libellé et à
cause de l'article auquel ces motions se réfèrent, permettent le
débat et, une fois le débat terminé, appellent un vote, si
vote il y a, demandé d'un côté ou de l'autre, et là
on passe à autre chose.
Le but de l'article 118a, paragraphe 6, c'est très clairement sur
la base même de la rédaction de l'article et on ne peut pas
changer les mots de l'article du règlement. Là, on n'est plus en
train de faire des motions d'amendement sur une motion présentée
par le député de Fabre, on est en train de faire des motions
d'amendement pour changer le règlement de l'Assemblée nationale.
Or, l'article 118a, paragraphe 6, a été adopté en vertu
d'un règlement adopté par l'Assemblée nationale du
Québec et on ne peut pas faire des modifications comme ça aux
articles du règlement. C'est comme si je vous disais, M. le
Président, qu'on veut changer l'article 70 sur les amendements pour dire
que, maintenant, ce ne sont plus les mots "retrancher, ajouter ou remplacer",
mais ce sont les mots "retrancher, ajouter, remplacer et plus ou moins
s'assurer du respect de, peut-être, ni de près ni de loin", etc.
En d'autres mots, on se met à modifier des articles du règlement.
Or, quand le député d'Argenteuil introduit "se jugeant plus ou
moins suffisamment informée", je vous fais valoir qu'il veut amender un
article du règlement et plus nécessairement la motion du
député de Fabre. Le député de Fabre a
été, à ce point de vue, très explicite dans la
présentation de sa motion. Il a dit: "Je fais motion pour que cette
commission, se jugeant suffisamment informée, mette fin à ses
auditions en vertu de l'article 118a, paragraphe 6." Or, l'article 118a,
paragraphe 6, ne permet pas de faire dire autre chose au paragraphe 6 que ce
qu'il dit: "lorsqu'elle croit être suffisamment renseignée." Le
député de Fabre dit: "Je fais motion pour que cette commission,
se jugeant suffisamment informée..." C'est l'article du
règlement.
Je vous dis très respectueusement que, si on peut faire des
amendements à des motions, on ne peut certainement pas faire des motions
pour modifier le règlement de l'Assemblée nationale alors que
c'est sur la base même de cet article du règlement que la motion
du député de Fabre a été
présentée.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...j'aimerais simplement répondre à la
question. Vous vous souvenez que je vous ai demandé deux fois
spécifiquement si la motion était amendable. J'avais mes raisons.
Dans le règlement, lorsqu'une motion d'ajournement n'est pas amendable,
on le dit. Dans celle-là on ne dit pas qu'elle n'est pas amendable. Si
on suit le raisonnement du leader du gouvernement, elle n'est pas amendable.
Or, le règlement ne dit pas qu'elle n'est pas amendable et le
président de la commission a confirmé qu'elle est amendable. Il
faut changer quelque chose pour l'amender. Ne pas mettre fin à ses
travaux, c'est rejeter la proposition principale et mettre fin à ses
travaux à une autre date m'apparaît tout à fait conforme
non seulement à la lettre du règlement, mais à l'esprit
aussi puisque, par analogie, en deuxième lecture, lorsque la motion est
que tel projet de loi soit lu maintenant, on peut changer le mot "maintenant"
par une autre date, dans deux mois ou dans six mois; on appelle ça la
motion de report.
Si, comme le leader le disait tout à l'heure, c'est implicite que
la motion du député de Fabre veut dire "mettre fin à ses
travaux maintenant", c'est-à-dire quand on va voter, on peut changer
quelque chose qui est implicite aussi, le préciser et dire: Ça va
être à telle autre date.
Votre décision que je ne partage pas, M. le Président,
mais je m'y soumets, le règlement m'oblige à le faire, d'avoir
conservé - c'était une bonne passe que le gouvernement a faite
à la commission - le motif dans la motion, la rend difficilement
amendable puisqu'on n'a pas le droit de changer le motif. Et vous avez dit
qu'elle est amendable.
Le Président (M. Blouin): Cela va? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, vous me direz peut-être
que je vais à l'encontre du règlement, mais je voudrais essayer
de faire comprendre ce qui se passe.
Nous avons fonctionné depuis le début des travaux de la
commission en partant du principe que tout le monde qui avait demandé
à être entendu serait entendu. Le président nous a
même interdit de citer des messages que nous avions reçus
d'organismes désireux de se faire entendre en nous disant: Ne vous
inquiétez pas, en principe ils seront entendus. Par conséquent,
il n'y avait pas de limite fixée pour la fin des travaux de la
commission autre que l'obligation d'entendre tous les organismes et toutes les
personnes désireux de se faire entendre.
La motion du gouvernement demande qu'on mette fin. Le gouvernement
conclut que ce sera raisonnablement impossible d'entendre tout le monde. Nous
souscrivons au principe de la motion dans l'amendement que nous proposons. Ce
que nous proposons dans notre amendement, c'est une manière qui nous
paraît plus raisonnable de mettre fin aux travaux de la commission, mais
nous ne contestons pas du tout la nécessité d'une limite. C'est
ça l'élément nouveau dans l'amendement que nous proposons
et qui nous paraît, à cause de ça, conforme à
l'esprit général de la proposition principale.
M. Bertrand: M. le Président, cela ressemble à la
motion précédente que vous avez reçue tout à
l'heure. La motion précédente disait "mette fin à ses
auditions le 24". Or, il est implicite qu'on remettait sur la table la date du
24; le député d'Argenteuil l'a dit dans sa motion, il remet sur
la table la date du 24 et, pour ce faire, il veut modifier non seulement la
proposition principale que nous devrons débattre, mais il indique "plus
ou moins suffisamment informée".
Or, quand on aura disposé de cette motion, un autre article du
règlement prévoit qu'on peut faire un certain nombre de choses.
C'est l'article 153 qui dit: Lorsqu'une commission élue a requis une
personne de se présenter devant elle pour s'y faire entendre et que
cette personne refuse de le faire, la commission fait rapport de ce refus au
président. En d'autres mots, si on débat la motion et qu'elle est
battue, il pourrait advenir que des gens demandent qu'on entende tel ou tel
groupe. Mais il faut d'abord avoir disposé d'une motion qui indique que
la commission se juge suffisamment informée et, en conséquence,
demande qu'on mette fin à ses auditions. Je ferais valoir que la motion
nouvelle - enfin pseudo-nouvelle - qu'on vient de vous transmettre, quoique
probablement différente dans son libellé, sur le fond est
exactement de la même nature que celle qui vous a été
présentée précédemment. À cause de cela,
forcément, on ne peut pas, à ce stade-ci, bien sûr, la
recevoir.
Quant à ce débat, à savoir si cette motion est
amendable ou non, bien sûr, comme il y a un article du règlement
qui dit que, dans certains cas très particuliers, des motions ne sont
pas amendables, cela veut dire que toutes les autres le sont a priori. Mais le
président a toujours la latitude d'évaluer qu'une motion ne peut
être amendée parce que, dans son libellé, en se
référant à un article du règlement, on demande de
mettre fin à des travaux et on ne peut donc pas procéder à
autre chose tant et aussi longtemps qu'on n'a pas procédé au
débat sur cette motion et à son adoption ou à son rejet,
selon le cas et selon le résultat du vote.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, je prends note de cet amendement que vous m'avez soumis. Si vous
me permettez d'y réfléchir un peu plus à fond, je vais
suspendre les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise de la séance à 12 h 53)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Je suis maintenant en mesure de rendre une décision
relativement à la recevabilité de l'amendement proposé par
M. le député d'Argenteuil. Je prends à l'égard de
la motion d'amendement du député d'Argenteuil la même
attitude que celle adoptée à l'égard de la modification de
la motion principale contenue dans la décision
précédente.
Pour rendre cette motion d'amendement du député
d'Argenteuil recevable, je dois rejeter la deuxième partie de
l'amendement visant à mettre fin à nos travaux à une date
ultérieure. Cependant, la première partie de la motion
d'amendement est conforme à l'article 70. Ainsi, me prévalant de
l'article 65.2, je déclare que la motion d'amendement se lisant ainsi:
remplacer les mots "se jugeant suffisamment informée" par "se jugeant
plus ou moins informée" est recevable. La motion amendée se
lirait comme suit: "Je fais motion pour que cette commission, se jugeant plus
ou moins informée, mette fin à ses auditions et ce,
conformément à l'article 118a, paragraphe 6, du
règlement.
M. le député d'Argenteuil, sur votre amendement.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
la suspension? Il est tout près de 13 heures. Étant donné
ce qu'on a observé jusqu'à maintenant, le gouvernement aurait
plus de chance de comprendre nos arguments s'ils étaient
présentés tout d'un trait à compter de 15 heures. Nous
sommes même prêts à revenir à 14 h 55, s'il le
fallait, si le gouvernement voulait accepter ce compromis mineur; je pense que
cela faciliterait un débat plus éclairant.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, on accepte volontiers
la suggestion du député d'Argenteuil. Je voudrais simplement vous
demander de déposer votre décision pour qu'on ait le temps de la
regarder un peu.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Il n'y a pas de
problème. Alors, nous suspendons nos travaux jusqu'à 14 h 55.
(Fin de la séance à 12 h 55)
(Reprise de la séance à 15 h 5)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente de l'éducation reprend ses travaux et la parole est au
député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, en conformité avec la
décision que vous avez rendue avant la suspension tantôt, je
voudrais expliquer l'amendement que nous proposons d'apporter à la
proposition du député de Fabre. Le député de Fabre
demande que la commission mette fin à ses travaux, à ses
auditions, parce qu'elle se juge suffisamment informée; nous soutenons,
pour notre part, que la commission, à ce stade-ci de ses travaux,
demeure plus ou moins informée. Je voudrais vous expliquer pourquoi.
Tout d'abord, il est dans l'ordre que je rappelle l'excellente
qualité des travaux qui ont été accomplis à la
commission au cours des cinq dernières semaines. Nous avions fait le
pari implicite, je pense, chacun pour son compte, qu'étant donné
la gravité des enjeux l'importance extrême de la cause de
l'éducation dans l'esprit de tous ceux qui ont à coeur la vie
publique et la chose publique...
M. Leduc (Fabre): On s'en va? Le Président (M. Blouin):
Pardon?
M. Leduc (Fabre): Qu'est-ce qu'on fait là?
Le Président (M. Blouin): Nous sommes actuellement
à débattre de l'amendement qu'a présenté M. le
député d'Argenteuil. Il vient d'expliquer le sens de son
intervention. Il a la parole et il a le droit d'intervenir. M. le
député d'Argenteuil.
M. Leduc (Fabre): M. le Président. Le député
aurait une question de directive.
Le Président (M. Blouin): Oui.
M. Paré: J'aurais une directive à demander, M. le
Président. Je voudrais savoir si le règlement qui nous concerne
et qui régit nos débats nous permet de mettre fin à nos
auditions ou à nos travaux - peu importe le mot qu'on utilise - lorsque
les membres ne se sentent pas suffisamment informés.
Le Président (M. Blouin): II a été bien
établi - je vous invite à relire les propos que j'ai tenus ce
matin - que les députés avaient la latitude d'amender cette
motion du député de Fabre. L'amendement qu'a
présenté le député d'Argenteuil était
parfaitement recevable et il a le droit d'intervenir en vertu de cet
amendement, comme il l'a expliqué au début de son intervention.
M. le député d'Argenteuil.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'aurais une question,
seulement pour clarifier le sens du débat qu'on aura sur l'amendement,
si je comprends bien. Le député d'Argenteuil n'a parlé que
de la première partie de son amendement: "se jugeant plus ou moins
informée". Mais vous avez dit, M. le Président, que l'amendement
devrait se lire: "Que cette commission, se jugeant plus ou moins
informée, mette fin à ses auditions et ce, conformément
à l'article 118a, paragraphe 6, du règlement." Donc, si je
comprends bien, nous débattons de l'ensemble - c'est cela - comme quoi
nous sommes plus ou moins informés et que nous pouvons, de ce fait,
mettre fin à nos auditions.
Le Président (M. Blouin): Ce n'est certainement pas, M. le
député de Fabre...
M. Leduc (Fabre): Non?
Le Président (M. Blouin): ...à vous qu'il revient
de dicter au député d'Argenteuil ce qu'il doit dire au cours de
son intervention de 20 minutes.
M. Leduc (Fabre): Mais, M. le Président, c'est la
commission qui est saisie de cet amendement. Cet amendement est devant la
commission, maintenant. C'est cela?
Le Président (M. Blouin): Oui, et alors? M. Leduc
(Fabre): Donc, nous pouvons
également, de notre côté, intervenir?
Le Président (M. Blouin): Bien sûr.
M. Leduc (Fabre): Bien. Sur l'ensemble?
Le Président (M. Blouin): Bien sûr.
M. Leduc (Fabre): Non seulement sur la première
partie?
Le Président (M. Blouin): Mais... Évidemment.
M. Leduc (Fabre): Bien.
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, si vous le
permettez.
Le Président (M. Blouin): Non, non, non, un instant.
M. Lalonde: Pour qu'on s'entende, nous parlons sur
l'amendement.
Le Président (M. Blouin): Ah non! Ah non! Un instant. Vous
avez raison, vous avez raison. Nous parlons sur l'amendement. Oui, oui, c'est
vrai.
M. Lalonde: Si vous aviez...
Le Président (M. Blouin): Non, vous avez raison, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Oui?
M. Lalonde: Si vous le permettez, j'aimerais simplement
m'expliquer une seconde. Si vous aviez accepté tout l'amendement du
député d'Argenteuil...
Le Président (M. Blouin): C'est cela, c'est cela.
M. Lalonde: ...cela aurait été, disons, un peu plus
logique. Dans la perspective du député d'Argenteuil, la
commission étant plus ou moins informée, qu'on ne mette fin
à nos travaux que le 24 ou le 28 février, ce serait plus facile
à comprendre. Je suis d'accord avec les autres députés
là-dessus. Mais vous avez accepté seulement la première
partie de l'amendement du député d'Argenteuil, à savoir
que cette commission est plus ou moins informée. La deuxième
partie étant enlevée, la motion telle que
présentée, si elle est acceptée, va conclure, quand
même, que la commission doit mettre fin à ses auditions, ce qui
semble un peu boiteux, mais ce qui n'empêche pas le député
d'Argenteuil, conformément au règlement, de faire la
démonstration que cette commission est plus ou moins informée. Et
ceux qui voudront prendre la parole, d'un côté ou de l'autre,
devront s'en tenir à la pertinence, à savoir que la commission
est plus ou moins informée.
Le Président (M. Blouin): C'est cela. Vous avez raison.
Cela va. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais simplement souligner
qu'il sera tout à fait loisible au gouvernement, si, après avoir
accepté notre amendement, il veut faire voter sa proposition, de montrer
ainsi, d'une manière péremptoire, l'illogisme de sa
décision. C'est ce que nous voulons démontrer par cet amendement.
Le gouvernement reste entièrement maître de sa proposition, une
fois que nous aurons disposé de l'amendement. Et nous nous prononcerons
sur la proposition dès que l'occasion nous en sera fournie.
M. le Président, ces quelques minutes qu'on a enlevées sur
mon temps, je suis sûr que vous les avez soustraites du temps...
Le Président (M. Blouin): Je suis en train de le
faire.
M. Ryan: Très bien, merci. Nous avons vécu, depuis
cinq semaines, une expérience dont la qualité s'est maintenue
jusqu'à la journée d'hier inclusivement. Au cours de la
journée d'hier, nous avons entendu trois organismes, je devrais dire
trois regroupements d'organismes. Et quand le député de Fabre
fait ses calculs, il devrait tenir compte de ce facteur. Hier matin,
l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue,
c'étaient douze commissions scolaires du même coup, ce qui prouve
très bien, M. le député de Fabre, qu'il était
possible d'entendre des organismes assez nombreux dans un temps relativement
court. Alors, nous avons passé une période de temps avec ce
groupe, qui a été très fructueuse.
Ensuite, nous avons entendu les commissions scolaires de la
région du Grand-Portage; elles étaient sept. Nous l'avons fait
dans une période de trois heures, ce qui donne à peu près
une demi-heure par commission scolaire. Nous avons recueilli des renseignements
extrêmement utiles.
Hier soir, nous étions en train de discuter avec la commission
scolaire régionale de l'Estrie qui représentait six commissions
scolaires, cinq commissions scolaires locales plus une commission scolaire
régionale.
Si votre motion tout à fait brutale n'était venue
interrompre les délibérations, nous aurions, dans l'espace de
deux heures et demie, fait un tour d'horizon extrêmement fructueux avec
ce groupe de commissions scolaires; ce qui aurait donné, pour la seule
journée d'hier, pendant laquelle vous nous accusez d'avoir
retardé les travaux indûment - 12 plus 7, cela fait 19, plus 6,
cela fait 25
- 25 organismes qui auraient été entendus.
Quand vous dites qu'on vous avait soumis une liste de 70 organismes, il
faut tenir compte de facteurs comme ceux-là. L'échéancier
que nous vous avions proposé contenait un grand nombre de regroupements
de cette nature, qui aurait permis de passer à travers une grosse partie
de notre programme d'une manière beaucoup plus efficace que nous ne
sommes en train de le faire à la suite de votre motion arbitraire.
Je voudrais profiter de l'occasion pour exprimer ma vive
appréciation à l'endroit de tous les organismes qui ont
préparé des mémoires à l'intention de la commission
parlementaire. Il s'est accompli un travail de réflexion extraordinaire
dans les milieux les plus divers de la société
québécoise, en particulier dans les milieux de
l'éducation. Je crois que les milieux de l'éducation ont
démontré, à travers cette expérience
récente, qu'ils constituent l'un des réservoirs les plus riches
de ressources humaines, intellectuelles, sociales et politiques que nous ayons
dans notre communauté québécoise. C'est parce que nous
avions été si bien instruits par la richesse des mémoires,
au sujet desquels nous avons pu discuter directement avec les auteurs, que nous
insistions tellement pour que cette expérience soit poussée un
peu plus loin.
Je voudrais signaler que le rythme de progression de la démarche
entreprise par la commission parlementaire s'était maintenu,
jusqu'à la journée d'hier, de semaine en semaine et de
journée en journée. Nous sommes allés à des
découvertes nouvelles qui nous permettaient de mieux comprendre
certaines dimensions des problèmes posés par le projet de loi 40.
S'il s'était agi uniquement de savoir si les commissions scolaires
étaient favorables ou non au projet de loi 40, si elles étaient
favorables ou non à l'intégration des commissions scolaires
primaires et secondaires, ou au réaménagement des commissions
scolaires sur la base linguistique, cela aurait pu se faire assez vite. Je
conviendrais avec le gouvernement que, après avoir entendu
peut-être une vingtaine de commissions scolaires, le gouvernement se
fût considéré suffisamment informé. Mais il est
question de tellement d'autres choses dans le projet de loi 40, sur lesquelles
nous n'avons cessé d'apprendre des éléments nouveaux.
Au cours de la journée d'hier, la rencontre avec les commissions
scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue et la rencontre avec les
commissions scolaires du Grand-Portage nous ont permis de constater qu'il y a
beaucoup plus d'écoles de 100 élèves et moins que je ne
l'avais pensé, moi, au Québec. On nous a dit que, sur 12
commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue, la majorité des
écoles de cette région a moins de 100 élèves, ce
qui vous fait voir tout de suite la panoplie de comités et d'organismes
de toutes sortes qui pourraient exister dans chaque école. En vertu du
projet de loi 40, ce serait impossible à réaliser dans toutes ces
régions, ce qui démontre le caractère irréaliste du
projet de loi. Et je suis sûr que, si d'autres commissions scolaires - je
pense à celle de Yamaska qui a fait un travail de concertation
formidable - avaient pu se présenter ici, cela nous aurait instruit
énormément.
Ce matin, la députée de L'Acadie a souligné un
point très intéressant. Vous savez, le gouvernement, pendant
quatre semaines, a fait défiler ici des comités de parents d'un
côté, des commissions scolaires de l'autre et, quelquefois, on
s'est même ingénié à faire passer le comité
de parents juste avant ou juste après la commission scolaire de
manière à laisser croire à la population qu'il y aurait
une espèce de conflit sourd, généralisé au
Québec entre les parents et les commissaires d'écoles. Nous avons
constaté hier, à l'occasion des trois rencontres que nous avons
eues, que, dans un grand nombre de régions, c'est au contraire une
atmosphère de collaboration très poussée qui existe entre
les parents et les commissaires d'écoles. On s'est fait rappeler,
d'ailleurs, que les commissaires d'écoles sont, d'abord et avant tout,
des parents et non pas des gens coupés des parents. Ils sont
eux-mêmes des parents qui ont des enfants dans les écoles de leur
commission scolaire et qui, en plus, ont très généralement
servi, avant d'être commissaires, à titre de membres de
comités d'école ou de comités de parents. On apprenait des
choses continuellement comme cela. Je ne veux pas insister davantage, mais je
veux surtout dire aux gens que nous avons énormément
apprécié cette chance qu'ils nous ont donnée en venant
nous rencontrer d'apprendre autant de choses et que nous voulons continuer, en
ce qui nous concerne, nous de l'Opposition, de nous mettre à leur
écoute.
Si nous avions abordé le travail qui restait à faire dans
le même esprit où nous avons travaillé ensemble pendant
quatre semaines et deux tiers, je ne pense pas qu'il y aurait eu de
problèmes majeurs. Toutes les difficultés qui se sont
présentées en cours de route - et Dieu sait s'il y en a eu - nous
les avons résolues les unes après les autres dans un climat de
collaboration et, je pense, de sacrifices mutuels. Quand on veut s'entendre
avec quelqu'un, il faut toujours faire sa part de sacrifices. Je pense que nous
avons fait la nôtre et, dans un certain nombre de cas, le gouvernement
avait également consenti à certains sacrifices.
Mais il y a deux points sur lesquels le gouvernement est intransigeant
depuis le début. D'abord, il a voulu s'approprier la
responsabilité exclusive du choix des organismes, de l'ordre dans lequel
ils
viendraient se présenter ici et, deuxièmement, de la
durée de nos auditions publiques. Je suis en mesure d'affirmer sur la
foi des nombreux contacts que nous avons eus à ce sujet que le
gouvernement avait décidé dès le début que cela ne
dépasserait pas cinq semaines, toute cette affaire. Il n'avait
même pas entendu les gens et déjà il savait dans son
omniscience que cela ne devait pas dépasser cinq semaines. En plus, il a
aménagé le choix des organismes d'une manière telle que
bien des organismes importants ne seraient jamais venus devant la commission si
cela n'avait été que du gouvernement, tandis que d'autres qui
étaient plutôt secondaires, même si nous n'avions pas
d'objection à les entendre, jouissaient de la prédilection
ministérielle et se voyaient accorder une préséance que ni
leurs états de service, ni leur importance relative, ni même
l'importance de leur contribution dans certains cas ne justifiaient,
comparativement à d'autres qui ont été laissés
à la porte. Et j'assure nos concitoyens que, si cette décision
s'était prise dans l'esprit de concertation dont ne cesse de parler le
gouvernement quand il s'agit d'exhorter les autres, mais qu'il oublie trop
souvent quand il s'agit d'agir lui-même, nous ne serions pas
plongés dans l'impasse où nous nous trouvons à l'heure
actuelle. Alors, le gouvernement doit porter cette responsabilité.
Je donne seulement un exemple pour que cela soit bien clair. Il
était évident, dès le départ, que nous n'aurions
pas le temps d'entendre tous les organismes locaux qui avaient demandé
à se faire entendre par la commission; nous nous en rendions
parfaitement compte. Mais le gouvernement a trouvé le moyen d'en inviter
4 sur les quelque 25 qui nous ont fait parvenir des mémoires. Or, par un
concours de circonstances que seul le génie du député de
Fabre pourra probablement nous expliquer, sur les 4 qui sont venus, il y en a 3
qui étaient favorables au projet gouvernemental et 1 qui n'avait pas
d'opinion là-dessus. Il venait demander plutôt un statut bilingue.
Les 3 autres, c'était une pure coïncidence. Mais j'ai fait le
calcul. Sur les quelque 25 comités d'école locaux - je pense que
le député de Westmount pourra en parler plus tard - qui nous ont
soumis des mémoires, finalement, il y en a une majorité qui
était plutôt défavorable au projet. Mais avec l'agencement
que le gouvernement a créé, c'est évident qu'on veut
créer l'impression que c'était tout le contraire.
Du côté du milieu étudiant, il y a un organisme qui
s'est présenté devant la commission. C'est un regroupement
d'étudiants du niveau universitaire, qui ne sont même pas
engagés dans les niveaux primaire et secondaire. Un organisme
représentant des centaines d'étudiants engagés aux niveaux
primaire et secondaire avait demandé d'être entendu par la
commission: la Jeunesse étudiante chrétienne. Il n'a pas
été invité. Quand on regarde son mémoire, on
comprend un petit peu pourquoi, parce qu'il trouvait que le projet de loi
n'était pas bon. Il disait que le projet de loi va contribuer à
augmenter la centralisation en faveur du gouvernement, qu'il risque de
créer un fossé d'inégalité entre les écoles,
en raison de plusieurs dispositions qu'il comprend, et qu'il risque de
réduire à un statut mineur les étudiants qui ont droit, en
vertu des critères les plus élémentaires de respect et de
civilisation, d'être reconnus d'une manière beaucoup plus
plénière. Le gouvernement, vers la fin, a fini par admettre qu'il
faudrait inscrire le droit d'association étudiante dans le projet de
loi. Cela n'y était pas.
Seulement en ce qui regarde les commissions scolaires, une cinquantaine
d'entre elles avaient demandé de se faire entendre par la commission. Il
en restait encore une bonne vingtaine à entendre. Le gouvernement pense
peut-être que nous n'avions plus rien à apprendre de ces
commissions scolaires. Je lui affirme le contraire. Je vous donne un exemple
bien simple. Dans le comté que je représente à
l'Assemblée nationale, le comté d'Argenteuil, nous avons
plusieurs commissions scolaires; il y en a six, je crois, qui desservent la
population de notre territoire, par un coin ou l'autre du territoire. Il y en a
une, du côté anglophone, qui s'appelle la commission scolaire
Laurentian, Laurentian School Board. On avait préparé un travail
sur le projet de loi 40, au Laurentian School Board. M. le Président, je
n'ai pas demandé, privément, à faire comparaître le
Laurentian School Board ici, parce que je ne voulais pas faire de favoritisme
pour un organisme de mon comté. Je leur ai dit: Vous allez être
traités sur un pied d'égalité avec tous les autres et je
n'irai jamais me vanter devant la commission parlementaire que vous y
êtes venus parce que votre député serait intervenu. J'ai
dit: On va compter que le gouvernement est capable de s'inspirer de
critères plus larges que ceux du statut du député ou de
l'amitié qu'il pourrait avoir avec tel ou tel membre du
gouvernement.
Ces gens-là nous ont envoyé un mémoire qui est
très défavorable au projet de loi 40 et qui est approuvé
par tout ce monde-ci: la commission scolaire, le comité de parents,
l'association des administrateurs du Laurentian School Board, le comité
d'école de l'école primaire de Morin-Heights, le comité
d'école de l'école primaire Laurentian à Lachute, le
comité d'école de l'école primaire Grenville, le
comité d'école de l'école secondaire Laurentian de
Lachute, le comité d'école de l'école primaire Harrington,
le comité d'école de l'école primaire Sainte-Adèle,
le comité d'école de l'école primaire Arundel. Tout cela
ensemble, c'est au moins aussi important que les trois
écoles favorables au projet de loi que le gouvernement a fait
défiler ici. On pourrait en donner, des exemples, à la tonne.
Une commission scolaire comme celle-là aurait pu nous enseigner
des choses extrêmement intéressantes. Nous avons parlé
à maintes reprises, depuis le début des audiences de la
commission, du problème de ces milliers d'élèves
anglo-catholiques qui fréquentent des écoles gérées
par des commissions scolaires protestantes, en raison d'ententes conclues entre
les unes et les autres. Personne n'est venu nous dire comment cela
fonctionnait, ces ententes; personne n'est venu nous parler des
problèmes que cela créait et des changements
qu'entraînerait l'adoption du projet de loi 40 par rapport à cette
situation qui s'est créée dans tout le Québec.
Or, la commission scolaire Laurentian aurait pu nous dire des choses
formidables à ce sujet-là. Cela fait dix ou quinze ans qu'ils
procèdent dans cette voie, qu'ils font des expériences
très instructives dans la perspective des buts que poursuit le
gouvernement avec le projet de loi 40: des expériences de
coopération entre commissions scolaires et municipalités, entre
commissions scolaires catholiques et protestantes pour l'utilisation de locaux
communs. À Lachute, par exemple, nous avons une école secondaire
qui est gérée conjointement par la commission scolaire catholique
du Long Sault et le Laurentian School Board; il y a des choses qui sont
partagées, il y en a d'autres qui ne le sont pas. C'est un régime
extrêmement intéressant. Mais tout cela, nous ne pourrons pas
l'apprendre parce que le gouvernement n'a pas voulu que la commission scolaire
Laurentian soit entendue.
Le ministre a manifesté un intérêt particulier pour
les expériences de décentralisation dans les commissions
scolaires. S'il avait fait venir ici la commission scolaire de
Saint-Jérôme, il aurait appris que celle-ci pratique depuis
très longtemps, d'une manière systématique, la
délégation de pouvoirs en faveur de ses écoles et pas
simplement une délégation de pouvoirs informelle ou
improvisée, mais une délégation de pouvoirs qui repose sur
des documents de politiques officialisées par des décisions du
conseil des commissaires et mises en application depuis de nombreuses
années.
Si on avait fait venir les gens de Laurenval School Board, de Laval, on
en aurait appris également au point de vue de la
délégation aux directeurs d'école. Et je pense toujours
à mon bon ami, le député de Mille-Îles et à
mon bon ami, le député de Chauveau, qui n'ont cessé de me
demander pendant les dernières semaines: Est-ce que vous avez peur de
cela, que l'école prenne les décisions? Pas du tout. Pas du tout.
Elle en prend depuis longtemps. Cela fait partie de la vie peut-être de
la majorité des écoles du Québec que de jouir d'un
régime de délégation de pouvoirs très
poussé, mais qu'elles sont heureuses d'exercer sous l'autorité
générale de la commission scolaire et non dans un esprit de faux
affranchissement par rapport au système général dont elles
font partie et dans lequel elles doivent demeurer inscrites. Ce sont des
exemples seulement dans le domaine des commissions scolaires.
Un autre secteur dont on n'a pas entendu parler du tout depuis le
début des audiences de la commission, c'est le secteur des institutions
privées. Je constatais, en feuilletant le mémoire de
l'Association des institutions d'enseignement secondaire, qui regroupe les
institutions privées du secteur secondaire, que les effectifs de
l'enseignement secondaire privé représentaient, le 30 juin 1983,
plus de 15% de tous les effectifs-élèves dans 31 commissions
scolaires francophones, plus de 20% des effectifs dans 18 commissions scolaires
francophones, plus de 25% des effectifs dans 12 commissions scolaires
francophones et plus de 30% des effectifs dans 8 commissions scolaires
francophones.
Il est évident que, si on veut parler de planification des
immeubles, de planification des ressources humaines et financières, de
planification de la programmation pour les années à venir, on ne
peut pas faire abstraction de cet élément très important
du système québécois d'enseignement. Nous n'en avons pas
entendu parler du tout à l'occasion de nos audiences. Le projet de loi
40 n'en parle pas et c'est une grave lacune du projet de loi que de ne pas
définir cette politique de l'enseignement privé que le
gouvernement nous annonce depuis si longtemps. Cela aurait été
bon d'avoir le point de vue de ces gens-là. Que de fois j'ai entendu le
ministre nous dire: Nous, on veut prendre modèle sur ce qui se fait dans
l'enseignement privé au point de vue de l'autonomie de l'institution
locale. On avait la chance d'entendre ces gens; ils nous avaient adressé
un mémoire, ils étaient prêts à venir expliquer
comment cela fonctionne dans l'enseignement privé, quel genre de
problèmes crée pour les institutions privées la politique
ambiguë, obscure, ténébreuse du gouvernement. Ils n'ont pas
eu la chance de venir. Leur mémoire est consigné là. Le
député de Fabre nous disait ce matin qu'il serait
étudié avec attention. On a pu constater à combien de
reprises, au cours des dernières semaines, que, même quand il a
été lu et expliqué par des délégations qui
sont venues ici en personne, souvent, les parties importantes n'étaient
même pas comprises.
Il y avait de très bonnes raisons qui justifiaient ce
prolongement des audiences qui eût permis de compléter le travail.
Il me semble que, dans le domaine de l'éducation, étant
donné, encore une fois, les implications
extrêmement graves, répandues dans tout le territoire, des
décisions que nous serons appelés à prendre au cours des
prochains mois, il aurait été bon qu'on puisse se dire, dans
toutes les parties du Québec, dans tous les secteurs de
l'activité. Nous, nous avons eu la chance d'être entendus, nous
avons été rejoints par ce projet quand c'était le temps,
nous avons exprimé notre réaction, on nous a permis de venir la
communiquer et l'expliquer à Québec.
On pouvait finir cela dans un délai raisonnable d'une semaine ou
deux. Je trouve infiniment regrettable que le gouvernement ait refusé
cette chance qui s'offrait à lui, surtout après qu'il eut
consenti à faire une si grande partie du trajet avec l'Opposition. J'ose
espérer que c'est enfin montré clairement cet après-midi
que nous sommes moins informés, que plus à ce stade-ci. Nous
avons déjà colligé une somme d'informations très
utiles. Elles ont été colligées dans un esprit de
collaboration remarquable. Si le gouvernement voulait seulement faire ce pas
additionnel qui nous permettrait d'enlever cette expression "plus ou moins" et
de conclure ensemble que nous avons été suffisamment
informés dans un exercice qui a permis aux uns et aux autres
d'être pleinement respectés, surtout ceux qui voulaient venir nous
rencontrer, je pense qu'on finirait cette expérience dans un climat qui
augurerait infiniment mieux pour les phases à venir, phases qui seront
extrêmement difficiles et ardues si le gouvernement doit maintenir
l'attitude qu'il a épousée depuis hier soir. J'ose espérer
qu'il s'agit d'errements temporaires. Il est encore temps de corriger cela. Il
suffirait que le gouvernement se rende à l'évidence, accepte
l'amendement que nous lui proposons. Cela permettrait d'ajuster le reste dans
un esprit de dialogue conforme à celui que nous avons essayé de
maintenir dans la commission depuis le 10 janvier. (15 h 30)
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil.
M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir sur l'amendement du député d'Argenteuil. C'est un
amendement judicieux, à ce stade-ci. Si l'on considère les
interventions que nous avons eues en fin de commission hier soir, cet
amendement a sa place immédiatement. Je ne crois pas que le gouvernement
doive s'opposer. Dans cette période, on prendra aussi le temps
d'écouter les personnes et les groupements qui ont
présenté des mémoires à cette commission et qui
avaient des choses importantes à dire, des choses dont n'importe quel
gouvernement, qui se dit vraiment responsable, doit tenir compte. Prenons
l'exemple du dernier groupe qui était devant nous hier soir, les gens de
l'Estrie. Si le ministre du Travail et député de Sherbrooke
était ici, cet après-midi, nous pourrions lui démontrer -
d'ailleurs, il nous l'a fait lui-même - combien il était mal
informé ou pas du tout informé, d'autant plus que c'était
des gens de sa région. Si le député de Sherbrooke et
ministre du Travail était ici, cet après-midi, nous pourrions lui
dire que les gens de l'Estrie, qui regroupent sept commissions scolaires,
avaient des choses importantes à lui dire.
Justement, hier, nous avons parlé du suffrage universel. Le
ministre ne comprenait pas ce que cela voulait dire et je le comprends, il n'a
pas assisté aux auditions de la commission et il n'a pas consulté
les gens dans le milieu. Finalement, le ministre n'est pas au courant et c'est
dramatique de voir qu'il aura des décisions à prendre au cabinet,
alors qu'il n'est pas au courant du dossier. La motion du député
d'Argenteuil a sa place, cet après-midi, ne serait-ce que pour informer
le ministre du Travail de ce qui se passe dans le projet de loi 40.
Au niveau du suffrage universel, ces commissions scolaires avaient une
position bien claire, bien définie. Pourtant, ces gens sont venus ici de
bonne foi et ont consulté leur milieu. Il y avait les
représentants des comités de parents, des comités
d'école, des commissions scolaires. Ce n'était pas des petits
groupes éparpillés à gauche et à droite;
c'était des gens sérieux, des gens pleins de bonne volonté
qui sont venus ici livrer un message qui reflète les
intérêts de leur milieu. À partir du moment où,
bêtement et d'une façon très impolie, on les a
retournés à 23 h 10, hier, ces gens ont le droit, par la voix de
l'Opposition, aujourd'hui, d'exprimer ce qu'ils désirent, d'exprimer le
reflet de leur milieu. Au niveau du suffrage universel On dit: "Les commissions
scolaires, par leurs représentants politiques dont la fonction n'est pas
exclusivement d'administrer des biens publics, mais de gérer le bien
commun et de travailler au progrès de la société." C'est
une parole et une citation du ministre de l'Éducation, qui est mal
informé et qui ne sera même pas ici pour qu'on l'informe encore
cet après-midi.
Notre proposition ne vise pas à refuser toute modification aux
modalités du suffrage universel; cependant, elle vise à
responsabiliser les gens du milieu. Le député de Sherbrooke et
ministre du Travail ne le sait certainement pas. Il aurait dû être
ici.
On parle des cartes scolaires, aspect important pour un milieu
géographiquement un peu séparé, comme l'Estrie. Voyez-vous
ce qu'ils disent? Je suis convaincu que le député de Sherbrooke
ne le savait pas. "Les cartes scolaires de la région de l'Estrie
prévoient que six commissions scolaires compteront une école
secondaire et
approximativement quinze écoles primaires." Quelles sortes de
conseils d'école cela fera-t-il dans le projet de loi 40? Ces gens
étaient en droit de venir le dire ici et de faire comprendre aux membres
de la commission que cela n'avait pas de bon sens. Il était grand temps
que quelqu'un donne l'opinion des gens du milieu.
Malheureusement, on n'a pas pu les entendre. J'entendais le ministre
dire: Vous n'avez rien contre le projet de loi 40. C'est tout simplement parce
qu'il n'avait pas lu le mémoire des gens qui venaient de son coin. Voici
leurs recommandations sur le suffrage universel. "Nous recommandons que soit
maintenu le suffrage universel, que l'élection soit faite sur la base du
quartier géographique à la date et selon les modalités
prévues à l'article 139 du projet de loi 40." C'est important,
ça. Ça va complètement à l'encontre de l'article du
projet de loi 40. Le suffrage universel d'une façon démocratique,
par les gens du quartier. Je pense que la commission et les gens de l'Estrie
avaient raison de le dire, on est mal informé, surtout d'un certain
côté de cette table.
Ils étaient certains d'une chose aussi: "Nous sommes d'avis que
l'école-pivot deviendra rapidement le lieu d'affrontements, à
moins que l'on présume que la concertation à la base aura des
effets magiques et que les consensus seront possibles et faciles."
On entend depuis trois semaines le ministre de l'Éducation
déclarer ici et dans les journaux: Nous voulons avoir un large
consensus. Cette semaine ou la semaine dernière, l'ex-ministre de
l'Éducation et le ministre de l'Éducation déclaraient
à la presse que consensus ou pas, on n'a plus besoin du consensus. Au
début, il en voulait un large, il s'est aperçu qu'il n'y en avait
pas et aujourd'hui on va se passer du consensus. Est-ce que cette commission
parlementaire a été créée tout simplement pour
faire poireauter les gens ou est-ce que le ministre voulait avoir l'opinion de
la population du Québec? C'est une question qu'on est en droit de se
poser. C'est le temps qu'il allume ses 100 watts et ça presse.
M. le Président, il y a des régions très
représentatives du Québec qui n'ont pas eu accès à
cette commission. Je parle particulièrement de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui regroupe, quand même, cinq comtés du
Québec: Dubuc, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, Roberval et Jonquière.
Là-dessus, il y a trois députés du parti au pouvoir, un
ministre et même un juge. C'est tout à fait inadmissible qu'une
région telle que celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean n'ait pas pu venir
présenter ses mémoires. Ces gens-là avaient des choses
très importantes à dire et je pense que le gouvernement n'a pas
le droit de ne pas les entendre. Heureusement que, par la voix de l'Opposition
aujourd'hui, le gouvernement va entendre, de gré ou de force, ce que les
gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont à dire parce qu'on va le lui dire,
nous autres. Ce sont des choses fondamentales pour eux. Je pense que le
rôle de l'Opposition est doublement important à ce stade-ci pour
permettre un éclairage à des personnes qui auront des votes
à prendre à l'Assemblée nationale, qui n'ont pas eu la
décence de faire les mêmes interventions que le
député de Kamouraska-Témiscouata qui, par sa
filière, est venu à bout de faire entendre les gens de ses
commissions scolaires alors que trois députés et un ministre
n'ont pu intervenir, d'aucune façon, pour faire entendre douze
commissions scolaires de la région du Lac-Saint-Jean. Je pense que ces
gens-là auront certainement des choses à dire à leur
ministre et à leurs députés.
Je ne ferai pas la lecture complète du mémoire, on n'a pas
le temps, mais la conclusion de leur mémoire est quand même
très importante. "À la lecture de nos observations sur le projet
de loi 40, vous relevez nos accords sur certains objectifs poursuivis - ce sont
des gens qui sont conséquents dans leur pensée - la valorisation
et la responsabilisation de l'école; l'intégration du primaire et
du secondaire; la nécessaité d'apporter des ajustements au
système de gestion du réseau et à la
confessionnalité. Toutefois nous avons des divergences fondamentales sur
des éléments majeurs tels que les pouvoirs du ministère de
l'Éducation, les pouvoirs des commissions scolaires, les pouvoirs de
l'école, le suffrage universel; sur les modalités choisies pour
gérer dorénavant le réseau et surtout sur la
décentralisation des pouvoirs du ministère de
l'Éducation."
Justement, le ministre se targue, depuis le début de la
commission, en disant: Trouvez-moi, dans le projet de loi 40, des articles qui
centralisent davantage. Ce projet de loi décentralise beaucoup vers les
régions. M. le Président, si le ministre avait fait une lecture
attentive de son projet de loi, il se serait malheureusement aperçu
qu'il y a eu de ces articles. On va lui en nommer pour qu'il les inscrive dans
ses recommandations. À l'article 255, une chose qu'on ne voyait pas
avant: "Le ministre des Transports peut retenir ou diminuer le montant de toute
subvention au transport." Dans la loi actuelle, personne ne peut ni diminuer ni
retenir une subvention au transport. L'article 309 accorde au ministre le
pouvoir de déterminer les conditions de travail des personnels non
membres d'associations accréditées. Il est différent de
celui de la Loi sur l'instruction publique qui accorde au gouvernement le
pouvoir de déterminer les conditions de travail. Vous voyez la
différence.
L'article 308 accorde au gouvernement
le pouvoir de "déterminer les normes et les conditions
d'acquisition et de disposition des biens et d'acquisition de services."
L'article 308 accorde au gouvernement le pouvoir de "déterminer les
normes, les conditions et la procédure d'octroi des contrats de
construction (...) des contrats de services professionnels reliés
à ces contrats et de prescrire des formules à cette fin." Je
pense que ce ne sont là que quelques exemples de pouvoirs qui
centralisent encore plus. Le ministère de l'Éducation veut
achever de mettre sur son épaule l'ensemble du réseau scolaire
pour mieux le gouverner, pour mieux guider sa pensée.
Les gens du Lac-Saint-Jean avaient des choses aussi importantes que
celles-là à dire au ministre de l'Éducation. Toute leur
députation, incluant leur ministre, n'a pas pu se faire entendre ici. Ce
n'est pas acceptable, M. le Président, qu'on rejette du revers de la
main les commissions scolaires de la Baie-des-Ha! Ha!, de Chicoutimi, d'Arvida,
de Valin, la commission scolaire régionale de Lapointe, Les-Deux-Rives,
la commission scolaire de Jonquière, du Lac-Saint-Jean, d'Alma,
Belle-Rivière, des Îles, la régionale Louis-Hémon,
la commission scolaire de Roberval, de Dolbeau, de La Vallière, de
Normandin, de Mistassini.
Si tous les députés et le ministre de l'Éducation
avaient écouté ce que ces gens avaient à leur dire, vous
seriez sans doute mieux informés. Alors que vous vous apprêtez
à réécrire un projet de loi au Québec sur une chose
aussi importante que la réforme scolaire, vous isolez
complètement une partie du Québec. On peut s'attendre, M. le
Président, que le ministre nous dise qu'il y aura deux classes de
citoyens qu'on consulte: d'abord, les petits amis du pouvoir et je n'ai pas
peur de le dire, puisqu'on nous a forcés, à une heure du matin,
à entendre des gens qui ne représentaient rien d'autre
qu'eux-mêmes, et je les nomme: l'ex-comité de l'ex-école le
Tremplin. On préfère ces gens qui ont été
incapables de s'entendre avec leur comité de parents et leur commission
scolaire, qui sont venus se plaindre ici, et on rejette du revers de la main
presque 20% de la population du Québec. Vous vous pensez bien
informés.
Je pense, M. le député de Fabre, que, si vous aviez la
moindre sagesse, vous retireriez immédiatement votre motion pour
permettre que les gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean soient entendus à
cette table pour mieux vous éclairer et, surtout, pour mieux
éclairer le ministre de l'Éducation, car il en a besoin à
ce stade-ci.
M. le Président, il y a énormément de commissions
scolaires dans des comtés représentés par des gens du
pouvoir qu'on a consultées, comme le député me le disait
hier soir. Cela va beaucoup plus loin, M. le Président, cela va encore
plus loin. C'est grave, parce que - et je reviens encore au
député de Sherbrooke - l'Association du Parti
québécois de Sherbrooke a présenté un
mémoire. Vous refusez de les entendre, naturellement; pourtant, ce sont
des gens près du gouvernement, mais ils ne sont pas d'accord avec ce
qu'il y a dans le projet de loi 40. Quand ils parlent de la place de
l'enseignant dans l'école, le ministre ne veut rien savoir. S'il y a une
catégorie de gens que le ministre a refoulés du revers de la main
dans son projet de loi, ce sont les enseignants. Pourtant, combien y en a-t-il
autour de cette table?
M. le Président, je pense que le ministre aurait dû avoir
au moins la décence de vous consulter, vous, et il ne l'a pas fait, non
plus. Les gens du Parti québécois de Sherbrooke,
représentés par le ministre du Travail, qui est mal
informé, qui disait des sottises, hier soir, à cette table, lui
disent: "Nous croyons que, pour les mêmes raisons, la place qu'on doit
accorder aux professeurs dans le conseil d'école doit être
proportionnellement plus importante que dans les exemples illustrés dans
le projet de loi 40. Ils doivent avoir un rôle important dans les prises
de décisions qui façonneront ce milieu de vie, celui de l'enfant
et celui du quartier." (15 h 45)
M. le Président, lorsqu'on a entendu les représentants de
l'Alliance et de la CEQ, à cette table ici, qui ne se retrouvaient pas
dans le projet de loi 40, le ministre n'a rien dit, il n'a même pas fait
de proposition d'amendement pour permettre à ces gens des
éléments essentiels d'une réforme scolaire. Le ministre
veut nous faire croire qu'il va faire une réforme scolaire
complète au Québec en oubliant deux éléments
fondamentaux, indispensables dans le système d'éducation,
c'est-à-dire l'enfant et l'enseignant. Ce sont les deux seuls dont il ne
parle pas. D'ailleurs, un mémoire avait été
préposé - la députée de L'Acadie l'a très
bien souligné ce matin - par ces derniers et il n'a pas voulu entendre
les élèves du secondaire, ni les enseignants non plus. Il les a
entendus, mais il ne les a pas écoutés. C'est encore pire. C'est
rire d'eux.
M. le Président, quand les gens du Parti québécois
nous parlent des enseignants, il nous semble toujours paradoxal qu'on ait si
peu fait mention de leur importance. Ils parlaient des enseignants en ces
termes: "Aucune réforme ne sera possible concrètement sans la
participation active des professeurs. Si ceux-ci sont absents du lieu où
est adopté et mis en marche le projet éducatif, le risque est
grand qu'ils se sentent exclus. Nous croyons, au contraire, que le projet
éducatif doit être une entreprise conjointe des parents, de la
communauté, des professionnels, des enseignants et, en premier lieu, des
professeurs."
Ce ne sont quand même pas des gens que le ministre et
député de Sherbrooke va rejeter du revers de la main. C'est le
mémoire présenté à la commission parlementaire par
l'Association du Parti québécois de Sherbrooke. Ce n'est pas le
Parti libéral qui dit cela. Ce ne sont pas les commissions scolaires. Ce
sont les gens de votre parti. Ayez au moins la décence de les
écouter. Je pense bien que, ces temps-ci, on peut s'apercevoir qu'ils
n'écoutent personne.
Parlons de la Commission scolaire Provençal. Elle
représente beaucoup de gens. Elle vous dit des choses et elle est
appuyée. Elle n'est pas seule là-dedans. Dans L'Ange-Gardien, il
y a le comité d'école et le personnel enseignant de
l'école Jean-XXIII, la municipalité; ils sont nombreux
là-dedans, ils sont peut-être 25. On n'aura malheureusement pas le
temps d'énumérer toutes les commissions scolaires qui avaient des
choses importantes à dire et qui ont été oubliées
volontairement par le ministre de l'Éducation. Beaucoup de gens ont dit
des choses.
Je cite en terminant - entre parenthèses, je vais conclure
là-dessus - un extrait d'une étude du politicologue Vincent
Lemieux. Ce n'est quand même pas le dernier venu, c'est plus important
que certains petits comités d'école, c'est une personne digne
d'écoute. Il dit: "Même si cela répugne aux "penseurs de
pensées" enfermés dans leurs bureaux et dans les systèmes
clos de leurs constructions réformistes, il ne nous semble pas opportun
de vouloir tout changer en même temps. Donnons la chance aux nouvelles
commissions scolaires et aux écoles communautaires et responsables de
faire l'expérience d'une nouvelle division des pouvoirs avant d'y
ajuster, s'il y a lieu, un nouveau système électoral pour
l'élection des commissaires." Je cite cette conclusion du rapport de
Vincent Lemieux qui parlait du suffrage universel: "Autrement, avec le
système électoral déficient qui est proposé dans le
projet de loi 40, on accrédite la thèse qui veut que le
ministère de l'Éducation cherche à faire la preuve que les
commissions scolaires ne peuvent pas fonctionner pour se donner ensuite de
bonnes raisons de les supprimer."
Voilà la véritable volonté du ministre de
l'Éducation qui refuse d'entendre les gens qui avaient des choses
à dire. On vient de découvrir son vrai visage. Le ministre de
l'Éducation ne veut plus consulter, ne veut plus s'informer. Il veut
faire la preuve que les commissions scolaires, des organismes qui ont
au-delà de 100 ans au Québec, qui ont toujours bien
géré l'éducation avec des difficultés, mais aussi
avec succès, doivent disparaître. C'est la conclusion de son
projet de loi 40. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de
Saint-Henri.
M. Roma Hains
M. Hains: M. le Président, nous voulons aujourd'hui faire
entendre la voix de soldats inconnus de notre commission parlementaire, qui ne
sont pas morts au champ d'honneur, mais qui s'inscrivent, malheureusement, dans
les annales de déshonneur du parti adverse, annales qui s'enrichissent
de plus en plus. On a privé vraiment ces intervenants de leur droit de
parole et de la libre expression de leurs opinions.
Selon la motion amendée que nous débattons actuellement,
la commission parlementaire avoue qu'elle est plus ou moins bien
informée et cela, malgré les récriminations, encore une
fois, du parti adverse. Dans cette perspective, M. le Président, je me
ferai un devoir de prendre quelques mémoires seulement et de donner un
court aperçu de ces merveilleux rapports de travail qui sont
demeurés, malheureusement, inexploités.
D'abord, permettez-moi de lire quelques bribes du mémoire de gens
de mon comté de Saint-Henri. Là encore, ça comprenait
beaucoup de monde, beaucoup de comités de parents qui s'étaient
dévoués pour préparer ce mémoire. Je les nomme:
l'Association des parents de Saint-Henri, le Comité de vie
chrétienne de la polyvalente Saint-Henri, la Société
Saint-Vincent-de-Paul de Saint-Henri, les comités de parents de
l'école Saint-Zotique, de l'école Charlevoix, de la polyvalente
Saint-Henri, de l'école Victor-Rousselot et de l'école
Charles-Lemoyne. Tous ces gens-là ont malheureusement été
ignorés.
Je me contenterai de vous lire rapidement quelques recommandations de
ces gens: "1. Que l'on maintienne au Québec un système scolaire
juridiquement reconnu comme catholique tout en prévoyant l'ouverture
d'autres types d'écoles laïques chaque fois qu'une majorité
de parents réclament dans un milieu donné de telles
écoles; "2. Que l'on maintienne la Commission des écoles
catholiques de Montréal telle que nous la connaissons aujourd'hui:
confessionnelle, couvrant le territoire actuel, avec des commissaires
élus au suffrage universel; "3. Que le projet de loi 40 définisse
clairement les mécanismes de protection qu'il compte mettre en place
pour venir en aide aux milieux scolaires défavorisés. En
conséquence, dans l'éventualité où l'une de ces
recommandations ci-dessus ne serait pas retenue, nous demandons le rejet du
projet de loi 40."
Voilà en résumé ce que les gens de
mon quartier demandaient et voulaient venir exprimer ici à la
commission parlementaire.
Si je prends un autre mémoire, qui a été soumis par
l'Association des principaux catholiques de Montréal, section anglaise,
l'on voit que ces gens-là aussi étaient vraiment
intéressés à venir se présenter. Je n'en veux comme
exemple que ce qu'ils nous disent ici en partant: "L'Association des principaux
catholiques de Montréal représente les 68 administrateurs du
secteur anglais de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Nous sommes responsables de l'administration de 48
écoles anglophones de la CECM." Or, on les a laissés tomber. "Au
cours des dernières années, les membres de notre association ont
fait connaître de façon bien détaillée leurs
réponses aux principales initiatives prises dans le domaine de
l'éducation. Nous nous sommes exprimés sur trois commissions
gouvernementales." Cette fois-ci, ils n'ont pu le faire. "De la même
façon, nous avons réagi au régime pédagogique, aux
cinq études majeures conduites par la CECM et à une étude
majeure de la commission scolaire de l'île de Montréal." Cette
association a aussi répondu au document L'école: une école
responsable et communautaire. "Nous nous croyons donc qualifiés,
disaient-ils, pour soumettre le présent mémoire à la
commission parlementaire sur le projet de loi 40."
Voilà toute cette expérience dont on va se priver. Vous
avez dit: Non, nous ne vous recevrons pas aujourd'hui.
Rapidement, voici quelques-unes de leurs recommandations:
premièrement, le pouvoir décisionnel d'engager un directeur
d'école ou de terminer son mandat doit appartenir exclusivement à
la commission scolaire. Nous recommandons que le conseil d'école demeure
un comité consultatif tel que défini dans la loi 71. Nous
recommandons que le choix de l'école, ainsi que le choix de
l'enseignement religieux, catholique ou de formation morale, soit exercé
par les parents pour toute la durée de l'école secondaire. Nous
recommandons que le présent système de quartiers
électoraux soit maintenu. Cela permettrait aux parents, dont les enfants
fréquentent à la fois des écoles primaires et secondaires,
d'élire un seul commissaire pour les représenter, etc. Les
recommandations s'accumulent comme cela, toutes plus logiques les unes que les
autres. Or, encore une fois, on a refusé de les entendre.
Je prends un autre document. Celui-ci était très
important. Je me demande, encore une fois, pourquoi on a refusé à
l'Association des directeurs d'école de Montréal de venir
témoigner ici. "L'Association des directeurs d'école de
Montréal, qui regroupe tous les directeurs et les directrices adjoints
des écoles françaises de la commission scolaire de
Montréal, demande à être entendue par la commission
parlementaire." Qu'est-ce qu'on leur a répondu, encore une fois? Non.
Vous ne serez pas reçus. On vous refuse, on n'a pas le temps de vous
recevoir.
Là aussi, je me permets de lire juste quelques-unes des choses
qu'elle demandait. "L'ADEM a demandé à être entendue par la
commission parlementaire parce que, dit-elle, la Fédération
québécoise des directeurs d'école, à laquelle elle
est affiliée, ne se prononce pas sur le territoire des commissions
scolaires et parce que les points de vue de ses membres sont différents
de ceux de leurs collègues du Québec."
J'arrive tout de suite, aussi, à ses conclusions. Elle dit ceci:
"L'Association des directeurs d'école de Montréal endosse l'un
des buts fondamentaux du projet de loi qui est de faire de l'école le
pivot du système scolaire. Elle voit d'un bon oeil, également,
une plus grande participation des parents dans le cheminement de leurs enfants
à l'école. Elle ne peut être d'accord, par contre, avec
certaines modalités importantes préconisées par ce projet
de loi. L'expérience pratique des membres de l'ADEM nous amène,
en effet, à ne pas appuyer la création d'un conseil
d'école tel que décrit par le projet de loi 40 parce qu'il
s'agit, à notre avis, d'une structure conflictuelle qui crée un
deuxième patron pour le directeur d'école. "Nous croyons
également qu'un conseil des commissaires, composé majoritairement
de membres élus au suffrage universel, de la façon dont cela se
fait présentement, et de représentants de parents ayant droit de
vote, répondrait au besoin de changements tout en servant la
démocratie. Ce mode de fonctionnement assurerait ainsi un poids plus
politique aux commissions scolaires." Enfin, elle disait ceci: "L'ADEM estime
qu'il serait bon que ces dernières soient linguistiques et que la
confessionnalité soit laissée à l'école. Il est
aussi essentiel, pour une ville comme Montréal, que le territoire de la
CECM soit maintenu."
Je continue un peu l'exploration de ces différents dossiers. Nous
avons l'Association des directeurs d'école des Laurentides. C'est
quelque chose qui a beaucoup de valeur et c'est vraiment regrettable, une fois
de plus, qu'elle n'ait pas été appelée. Cela comprenait
les commissions scolaires Blainville-Deux-Montagnes, Saint-Eustache,
Laurentides, du Long Sault, Saint-Jérôme et
Sainte-Thérèse. Du revers de la main, on a tout jeté cela
par terre comme si c'était simplement un petit jeu de cartes.
M. le Président, c'est contre tout cela que nous nous
élevons aujourd'hui. Voici ce qu'ils disaient: "Notre association,
l'ensemble de nos membres, est en désaccord avec l'article 28 du projet
de loi qui introduit le conseil d'école comme étant le moyen par
excellence devant permettre à l'école d'être
vraiment le pivot scolaire et, partant, de lui aménager les
pouvoirs lui permettant de se réaliser. En ce sens, nous ne partageons
pas, sur ce sujet, l'opinion véhiculée par notre
fédération. Nous pensons que l'école est un
établissement qui devrait être sous l'autorité d'un
directeur d'école et nous vous demandons donc d'amender l'article 28 en
ce sens." (16 heures)
On pourrait en lire beaucoup parce que, encore une fois, c'est un petit
document qui est très bien fait, très succinct et très
bien rédigé aussi. Ici, on dit: "L'ADEL n'est pas d'accord avec
l'implantation d'un conseil d'école décisionnel et
s'inquiète du fait qu'on le présente comme étant le seul
moyen d'atteindre des objectifs de décentralisation." Je crois que c'est
aussi très logique. L'ADEL privilégie un ensemble de propositions
modifiant l'actuelle Loi sur l'instruction publique qui permettrait de garantir
l'autonomie de l'école et la décentralisation des pouvoirs vers
celle-ci. Et enfin, une dernière petite remarque qui vient de ces gens:
"Nous voulons croire, à l'ADEL, que le chemin le plus sûr est
d'apporter des clarifications à la loi actuelle qui permettront à
l'école de retrouver son identité, ses couleurs dans le respect
de sa communauté et au sens large du terme."
Un autre petit document qui aurait fait plaisir au ministre - et je me
demande toujours pourquoi on ne l'a pas invitée -provient de
l'Association des directeurs d'école de l'ouest du Québec. Je
pense que c'est une des seules, en tout cas - j'ai vérifié par la
suite - qui entre dans la faible chorale des oui. Je suis surpris, donc, encore
une fois, que le député de Fabre n'ait pas pensé à
l'inviter. Évidemment, je peux bien lire les conclusions pour montrer,
comme je le dis souvent, qu'on est de formation libérale: "L'ensemble de
nos membres est favorable à la décentralisation proposée
par le projet de loi. Nous croyons toutefois qu'il est nécessaire de
prévoir - malgré qu'ils ont des réticences - en même
que cette décentralisation - et leurs réticences sont tout
à fait pécuniaires - les ressources nécessaires pour bien
la gérer. "Pour conclure, nous croyons - on dirait qu'ils ont peur un
peu - avoir bien informé nos membres et qu'ils se sont prononcés
en toute connaissance de cause. Nous croyons que le projet de loi 40 remplace
avantageusement la loi 71. Nous acceptons la décentralisation
proposée en insistant pour que les ressources soient elles aussi
décentralisées."
Et enfin, un autre document que j'ai parcouru un peu provient d'une
autre organisation de langue anglaise, l'Association des administrateurs des
écoles catholiques du Québec. Voilà encore un autre
document qui est plus volumineux, qui est en deux langues, évidemment,
mais il est lui-même très touffu et il avait de très belles
choses à nous dire. Je crois que, comme tout le monde semble maintenant
l'avoir avoué, on est plus ou moins bien informés, cela aurait
été quelque chose de merveilleux à lire et à
étudier. Voici ce qu'ils disent en partant: "L'Association des
administrateurs des écoles catholiques du Québec de langue
anglaise est une association qui représente les directeurs et les
directeurs adjoints des écoles catholiques du Québec. Nous sommes
prêts à appuyer plusieurs aspects de la réforme scolaire
telle qu'établie par le projet de loi 40, mais nous désirons
présenter des recommandations sur des questions très
spécifiques."
Et en voici quelques-unes rapidement. Ils demandaient ceci: "Que la
définition d'une école à vocation régionale ou
nationale soit vraiment bien clarifiée, (référence
à l'article 33); que le directeur général de toute
commission scolaire régionale linguistique soit nommé parmi les
cadres ou les hors cadres à temps plein dans les écoles et les
systèmes scolaires; qu'un réseau distinct - ce sont les gens de
langue anglaise qui parlent - à l'intérieur du ministère
de l'Éducation et sous la direction d'un sous-ministre associé
distinct soit établi pour desservir les besoins de la population de
langue anglaise au Québec; qu'un comité anglais catholique
distinct soit établi sous les auspices du Conseil supérieur de
l'éducation pour remplir les fonctions présentement
exercées par le comité catholique; que le concept d'un
commissaire d'école pour chaque école soit rejeté et que
la présence pratique d'élections des commissaires par quartier
puisse se poursuivre; que les élections des commissions scolaires aient
lieu en même temps que les élections municipales." Et enfin, la
dernière recommandation qu'ils faisaient est la suivante : "Que les
personnes employées par une commission scolaire demeurent
éligibles pour l'élection à la commission scolaire
où se trouve son domicile en autant que cette commission scolaire ne
soit pas leur employeur."
Voilà, rapidement, les quelques documents que je voulais de
nouveau vous livrer afin, mes chers messieurs d'en face surtout, de parfaire
votre instruction et en même temps de vous dire que nous sommes encore
une fois déçus de voir que vous avez refusé la
participation de ces gens-là à notre commission parlementaire. Je
vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saint-Henri. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il ne faut
peut-être pas se
surprendre de voir que le gouvernement ait décidé hier
soir, dans des circonstances que je ne rappellerai pas mais assez
désagréables, de présenter une motion de clôture. Je
pense que le dernier exemple qu'on a eu de ça, c'est hier soir quand est
venu le député de Sherbrooke qui, pour la première fois,
assistait à nos travaux - en soi, c'était justifié; il
venait rencontrer des électeurs de la région de Sherbrooke - et
les quelques moments qu'il a passés avec nous avant la guillotine ont
été pour essayer de convaincre les gens de la régionale de
l'Estrie qu'ils étaient d'accord avec le gouvernement.
J'ai pris la peine - d'ailleurs, je l'avais lu hier soir - de relire ce
que la commission scolaire de la régionale de l'Estrie disait et
également ce que les parents disaient. Pourtant, le ministre aurait
dû lire la même chose, mais il demandait encore à nos
invités: Êtes-vous d'accord ou non avec le projet de loi? Il
laissait entendre que peut-être ils étaient d'accord.
Je lisais ce que la commission scolaire disait elle-même: "II faut
souligner l'inadéquation entre le discours sur la
décentralisation et la définition d'un modèle
administratif unique pour l'ensemble du Québec. En résistant
à la magie des structures et en faisant confiance au dynamisme du milieu
et en sa capacité de trouver des formules adéquates, le
gouvernement ferait preuve d'une plus grande cohérence." Je pense que ce
qu'on disait en autant de mots, c'est qu'à ce moment-ci le projet de loi
40 n'était pas approprié. C'était la commission
scolaire.
Quand on se référait aux parents du même territoire,
l'Estrie, je lis simplement la conclusion: "Notre mémoire ne veut pas
rejeter tous les aspects du projet de loi 40. Il y a des points positifs que
nous avons soulignés dans notre mémoire. Il nous semble cependant
que l'opération restructuration est exagérée et nullement
nécessaire pour améliorer le système d'éducation.
Notre désir est qu'on mette moins d'énergie sur la structure et
davantage sur le climat des écoles et sur la qualité de
l'enseignement. Les transformations des dernières années et les
remises en question de notre système scolaire par le ministère de
l'Éducation sont des sources d'inquiétude pour les parents et ont
canalisé beaucoup de nos énergies au détriment de
l'éducation de nos enfants."
Ils proposaient plutôt de regarder les lois actuelles et d'agir
à partir de celles-ci pour réaliser certains objectifs que le
gouvernement dit avoir.
Je pense que ceci est une bonne illustration. On a assisté
à ce comportement de la part des députés du
côté ministériel tout au long de nos travaux. Dans le fond,
on avait l'impression qu'ils étaient sourds aux représentations
qui nous étaient faites. Toujours, quand les gens venaient devant nous,
c'était d'essayer de torturer leur texte et les données qu'ils
nous apportaient, pour faire dire, en fin de compte, non pas par les gens parce
qu'en général ils ne l'admettaient pas, mais pour que les
députés ministériels viennent à en conclure
finalement que, dans le fond, ces gens étaient assez d'accord avec le
projet de loi 40. Je pense que c'était un exemple fort concret hier soir
alors que notre nouvel invité, le député du comté
de Sherbrooke, s'efforçait de faire le même exercice auquel ses
collègues nous avaient habitués depuis le début de la
commission.
M. le Président, le gouvernement se trouve assez informé.
Je voudrais prendre comme seul exemple les commissions scolaires de l'île
de Montréal. On sait que la restructuration scolaire touchera bien
davantage le territoire de l'île de Montréal que tout autre
territoire, vu la complexité des problèmes qu'on y retrouve, vu
la dualité linguistique et l'application de la loi 101 qui s'y est
exercée là plus qu'ailleurs. Pourtant, on a jugé bon de ne
faire venir que la CECM - ce qui est important, je ne mets pas cela en cloute -
le Bureau des écoles protestantes et la commission scolaire
Jérôme-Le Royer. Ce sont trois commissions scolaires sur huit.
Qu'a-t-on fait de la commission scolaire de Verdun, de la commission scolaire
Baldwin-Cartier, de la commission scolaire du Sault-Saint-Louis, de la
commission scolaire Sainte-Croix et de la Commission scolaire de Lakeshore?
Sur les huit, cinq ont été écartées et trois
ont été retenues. Pourtant, on sait fort bien que la
restructuration scolaire aura des répercussions des plus difficiles, peu
importe que notre territoire soit agrandi ou rétréci. La question
du territoire est presque marginale quelquefois, si l'on tient compte des
nouvelles dispositions qui devront être prises au plan de la division
linguistique. Dans une grande partie, je dirais dans le reste du Québec,
ou à peu près, on vit déjà selon une division
linguistique, parce qu'on fonctionne avec des commissions scolaires
protestantes qui sont anglaises et des commissions scolaires catholiques qui
sont françaises, les anglophones catholiques ayant été
intégrés, particulièrement au secondaire, aux
écoles protestantes. Le problème de la division linguistique ne
s'y pose certainement pas d'une façon aussi aiguë. D'ailleurs,
c'est fort naturel que les gens que nous avons entendus hier n'en aient pas
parlé.
Du côté de la confessionnalité, c'est encore sur
l'île de Montréal que le problème sera le plus fortement
ressenti, parce que c'est là que se trouvent, d'une façon plus
intense, la diversité religieuse, la diversité des croyances et
la diversité culturelle. Pourtant, cela devient presque risible, sinon
méprisant, de voir qu'on nous a tenus une heure et demie, et même
davantage, sur des mémoires qui représentaient trois
personnes
dissidentes à l'intérieur d'une commission scolaire ou
d'un comité d'école qui n'est même plus en existence, dont
les membres ne sont même plus en fonction. On y a perdu une heure et
demie, sinon davantage.
M. le Président, si la commission se sent suffisamment
informée après avoir entendu seulement les deux grandes
commissions scolaires les plus importantes de l'île de Montréal,
alors que c'est là que les problèmes seront les plus aigus - et
je ne touche pas aux problèmes d'ordre syndical, etc., qui seront
très importants - on est informé très rapidement. On
voulait bien entendre ce que l'on voulait entendre. On sait, par exemple, que
la commission scolaire de Verdun demandait de garder son statut scolaire
confessionnel, de même que la commission scolaire du Sault-Saint-Louis,
et je pourrais continuer. Je pense que c'est un excellent exemple.
Je voudrais également parler des mémoires qui nous ont
été présentés sur l'éducation des adultes.
On sait que l'éducation des adultes, du point de vue du nombre de
personnes que cela représente, est un aspect extrêmement important
de l'éducation aujourd'hui. Je pense que personne ne le contestera, de
ce côté-ci comme de l'autre. Pourtant, dans les groupes que le
gouvernement avait prévu entendre, on avait oublié - est-ce
croyable? convoquer les organismes qui s'occupent de l'éducation des
adultes. On en a finalement entendu deux cette semaine, qui a été
la semaine rajoutée, mais, dans les premiers choix du gouvernement, ils
n'étaient pas retenus. (16 h 15)
Je vous soumets ce mémoire présenté
-c'est-à-dire qu'il a été soumis, mais n'a pas
été présenté en commission parlementaire -par
l'Association de parents de l'enfance en difficulté de la rive sud et le
Groupement d'associations de personnes handicapées de la rive sud. Il
aurait peut-être été intéressant aussi de les
entendre eu égard à l'éducation des adultes. Ce groupement
d'associations de personnes handicapées de la rive sud de
Montréal existe depuis cinq ans sur le territoire 06c. Il
représente 25 associations du territoire. Je ne crois pas que personne
n'ait eu l'occasion de nous sensibiliser au problème de
l'éducation des adultes en relation avec les personnes
handicapées. Évidemment, je ne passerai pas à travers
toutes leurs recommandations. Ces gens font d'abord des représentations
quant à l'absence, à toutes fins utiles, de l'éducation
des adultes dans le projet de loi 40, mais ceci nous a été dit
par les deux groupes que nous avons entendus.
Après avoir décrit toutes les clientèles de plus en
plus nombreuses qui doivent se reposer sur une organisation de services
d'éducation des adultes adéquate, ils ajoutent: "Les travaux de
la commission Jean auront au moins permis de faire le point sur l'état
des services d'éducation aux adultes. On sait, d'autre part, que les
compressions et coupures budgétaires de ces dernières
années n'ont rien amélioré de la situation à ce
chapitre. Dans ce contexte, il n'est pas difficile de s'imaginer où se
retrouvent ceux qui ont eu à porter l'étiquette de l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage: ceux-là sont nulle
part ou presque. Il nous aurait donc semblé opportun, dans le cadre du
projet de loi, de préciser certaines règles de jeu de
l'éducation des adultes, particulièrement en ce qui a trait aux
adultes handicapés."
Ils recommandaient que les commissions scolaires soient tenues par la
loi de développer et de dispenser des cours ou programmes de formation
professionnelle et de préparation à l'emploi en collaboration
avec des établissements autres, tels les centres d'accueil, de
réadaptation, les centres de travail adapté, dans le cadre de
mesures de formation continue, de recyclage ou de perfectionnement des
clientèles adultes.
Dans ce même mémoire, que nous n'avons pas daigné
entendre - c'est quand même un nombre restreint de représentants
de l'enfance en difficulté d'apprentissage que nous avons eu l'occasion
d'entendre ici - il y avait, en ce qui touche les enfants, beaucoup
d'inquiétude manifestée quant au peu de place qui leur est fait
dans le projet de loi 40.
Quant à ce qui étaient auparavant des obligations et qui
devient maintenant beaucoup moins certain: on "peut" mettre des services, etc.,
ils ajoutaient: "Après étude et discussion du projet de loi 40,
nous tenons à ajouter quelques commentaires sur les services
éducatifs. Tout d'abord, en ce qui regarde les enfants
handicapés, les problèmes ne nous semblent pas tenir aux
structures actuellement en place, mais bien plutôt à ce qu'on
entend par l'individualisation de l'enseignement." On développe cette
idée.
Ils demandaient que les centres où sont scolarisés les
enfants handicapés restent des écoles à dimension humaine
et tiennent compte des difficultés d'adaptation de la clientèle.
Pour cette raison, ils s'opposent à l'idée de supercampus
regroupant tous les enfants handicapés d'une région
donnée, quand on fait allusion aux écoles nationales,
régionales, etc. Déjà, le regroupement dans un tel centre
d'une centaine de ces enfants n'est souhaitable que dans la mesure où
cette ségrégation sert réellement à leur assurer
des services plus appropriés.
Ils continuent de développer toute leur philosophie sur
l'intégration de l'enfance en difficulté. Ils ajoutent: "Les
services d'adaptation scolaire au secondaire, particulièrement au
chapitre de la formation
professionnelle, sont devenus un ghetto où on occupe les
élèves en attendant que la fin de la période de
scolarisation obligatoire les retourne chez eux. Ils n'ont pas droit au
même outillage: c'est trop dangereux pour eux, faute d'encadrement
suffisant, ni aux mêmes exigences concrètes que les autres
élèves. Nous y voyons une situation à dénoncer. Il
faut repenser toute la question de formation pour ces jeunes dans le
secondaire."
Ils ajoutaient: "Pour les enfants les plus perturbés sur le plan
de la personnalité, des centres de jour devraient assurer des services
de rééducation le plus précocement possible. Actuellement,
ces enfants sont déplacés d'une année à l'autre et
d'un service à l'autre, quand ils ne sont pas carrément
laissés à la maison, faute d'approche individualisée." Ces
associations ont exprimé leur inquiétude quant au fait de la
scolarisation obligatoire qui ne commence qu'à cinq ans, alors que tous
les spécialistes, qui s'intéressent aux enfants en
difficulté d'apprentissage ou aux enfants handicapés, vous diront
que l'intervention la plus précoce possible est importante pour eux.
Pour toutes ces raisons, ils ont conclu en demandant que l'on consacre,
à améliorer le contenu des services éducatifs, le temps,
l'énergie et les budgets que nécessiterait - écoutez bien
cela - une refonte des structures et que ces énergies soient
consacrées vraiment à produire et donner des services à
l'enfance en difficulté plutôt que de s'attaquer aux structures et
à la mise en place de nouveaux mécanismes qui ne serviront
vraiment pas ces enfants et qui n'auront rien à faire avec
l'amélioration de la qualité des services qu'on devrait leur
donner.
M. le Président, je voudrais ajouter quelques mots en ce qui
touche les parents eux-mêmes. Je trouve particulièrement
intéressante l'analyse que fait le comité de parents de la
commission scolaire protestante de Sept-Îles. Le rôle des parents
dans l'école. Les gens de la Fédération des comités
de parents du Québec sont venus donner leur accord au projet de loi avec
des réserves dans lesquelles je n'entrerai pas, mais, au cours des
derniers jours, dans cette semaine qui a été ajoutée, en
particulier, nous avons entendu un grand nombre de comités de parents
qui se sont déclarés dissidents face au projet de loi. Même
avant ces dernières semaines, nous avions vu, du côté de la
CECM et du côté de tous les parents anglophones, des divisions
importantes. J'ajouterai simplement le témoignage de ceux-ci et cela, on
ne l'a pas entendu en commission parlementaire.
J'ai posé la question une fois; ce que ces parents
soulèvent, c'est le fait suivant: Les comités d'école et
les comités de parents, qui sont des instances pour lesquelles les
parents ont travaillé durant de longues années pour assurer leur
participation à l'école ou à l'éducation, qui ont
été la structure mise en place avant la loi 27, mais
formalisée par la loi 27, renchérie par la loi 71, deviennent
maintenant des entités facultatives. Ceci nous porte à
réfléchir, disent-ils. D'une part, la population
québécoise est amadouée, enrobée et attirée
par le terme "consultation". Tout est sujet à consultation,
résultat d'une consultation ou faisant partie d'une consultation. La
consultation, traitement de tous les maux et excuse de toute intervention
gouvernementale, devient elle-même facultative au niveau de
l'école, alors que prend place une nouvelle forme de gestion au sein
même du foyer de l'écologie éducative. Les comités
d'école et les comités de parents deviennent désuets.
C'est à n'y plus rien comprendre.
C'est là l'inquiétude qui m'a été
formulée par les parents des comités d'école de mon
comté, le printemps dernier, avant le dépôt du projet de
loi 40 et à la suite de la publication du livre blanc. Les parents
craignaient une récupération et, en fait, une annihilation
presque totale des efforts qui avaient été faits par les parents
pour entrer dans le système d'éducation.
Je ne le lirai pas, M. le Président. Ce seront mes
dernières paroles. Il me reste une minute. Ce qui a souvent
été énoncé par des parents quand on relève
leurs témoignages que la commission n'a pas entendus, c'est la crainte
de querelles et de disputes à l'intérieur des écoles, pour
deux raisons. La première, vous allez avoir deux catégories de
parents; les parents qui vont gérer l'école et, à
côté, on pourra - parce que cela demeure facultatif, comme je
viens de le dire - créer des comités d'école. Il y a aussi
cette autre question fort troublante que des parents posent: c'est la situation
conflictuelle dans laquelle eux-mêmes, leurs enfants et les maîtres
dans l'école pourront se sentir vis-à-vis des enfants de parents
qui géreront l'école et qui prendront des décisions. Cette
question, le gouvernement l'a toujours évitée. Cela ne veut pas
dire qu'on ne puisse pas donner de pouvoirs de décision aux parents
à l'intérieur de l'école, mais que ces pouvoirs de
décision doivent être bien mesurés, de telle façon
que les enseignants sentent qu'ils peuvent garder leur indépendance
professionnelle et qu'également les enfants ne deviendront pas une sorte
d'objet de querelle entre des parents gestionnaires et des professionnels qui
doivent rendre des services.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Westmount.
M. Richard French
M. French: Merci, M. le Président. Tout comme mes
collègues, je dois signaler la grande valeur de la participation de tous
les intervenants du réseau scolaire au Québec dans le
débat sur le projet de loi. Je ne peux, par contre, que regretter
que bon nombre de ces gens se retrouvent à l'extérieur des portes
du parlement à ce moment, alors que le gouvernement a
décidé de ne pas leur donner l'occasion de faire valoir leur
point de vue, de ne pas nous livrer les fruits de toutes leurs heures de
travail et de consultation, de discussions, d'analyses et d'études pour
faire le point auprès du gouvernement.
On comprend assez bien l'approche du gouvernement à la commission
parlementaire. Le premier volet a été une espèce de
tamisage averti des intervenants. Pour ceux qui étaient favorables, pour
ceux qui avaient le bonheur d'être d'accord avec le gouvernement et le
ministre de l'Éducation, les portes étaient grandes ouvertes.
Ceux qui avaient des doutes, ceux qui pensaient que peut-être il y avait
d'autres moyens moins radicaux pour atteindre les mêmes objectifs, ceux
qui étaient carrément en opposition se trouvaient la plupart du
temps exclus du seul lieu où ils pouvaient, devant les caméras de
télévision, devant la population du Québec, sur un sujet
historique, indiquer leurs doutes, faire leurs recommandations, revendiquer
leurs objectifs.
Le deuxième volet de la politique du gouvernement face à
la commission parlementaire a été de chercher par tous les moyens
à convaincre les intervenants sceptiques, les auditeurs qui regardaient
le déroulement de la commission, que tous et chacun des intervenants
étaient favorables au projet gouvernemental. Si les intervenants avaient
de la misère à être d'accord sur une participation accrue
des parents dans les affaires de l'école, si un mémoire
mentionnait les mots clés "école-pivot", ou utilisait d'autres
codes finement raffinés par le ministre de l'Éducation, tout de
suite, les ténors gouvernementaux sautaient dessus et c'était
évident que, dans le fond, même si les gens ne se reconnaissaient
pas tellement dans cela, ils étaient d'accord avec le gouvernement.
D'ailleurs, c'est tout à fait semblable à la démarche
péquiste dans la politique québécoise depuis les
années soixante-dix: on nous fournit le vocabulaire et, dans la mesure
où on l'utilise, on doit être d'accord avec les fins ultimes, les
finalités de ceux qui sont les architectes de l'ordre du jour politique.
(16 h 30)
Le ministre et plus particulièrement ses acolytes ont
démontré de façon lumineuse depuis le début de la
commission l'efficacité qu'ils voyaient dans cet exercice de faire dire
aux gens ce que les gens ne savaient pas qu'ils voulaient dire.
Il y a eu un exemple hier soir que je ne peux pas résister
à soulever, même si mes collègues l'ont fait
déjà avant moi, cette innocence laborieusement
confectionnée du ministre du Travail et député de
Sherbrooke devant la portée réelle de ce que disaient des gens de
sa région, de la commission scolaire régionale et de plusieurs
commissions scolaires de l'Estrie. Le ministre avait lu le mémoire, il
avait entendu les gens, mais il n'était pas certain de savoir où
ils se branchaient. Ce n'était pas clair. Il s'est fait dire, par
exemple, que le contexte juridique actuel du réseau scolaire au
Québec était tout à fait adéquat pour que les gens
de l'Estrie puissent, par exemple, décentraliser beaucoup de pouvoirs
exactement où ils voulaient les décentraliser,
c'est-à-dire au niveau des écoles, sans avoir le chambardement
organisationnel, tout le brouhaha d'implantation se déroulant pendant
des années qu'impliquait inévitablement le projet de loi 40.
Par la suite, le gouvernement a décidé. Le ministre de
l'Éducation a passé le mot d'ordre au député de
Fabre, son adjoint parlementaire, lui qui avait la tâche ingrate - il le
regrette sans doute - d'annoncer la bonne nouvelle que c'était la fin de
l'audition pour les gens de l'Estrie. Il faut dire, en toute
honnêteté, que, par la suite, certains députés du
côté péquiste ont eu le courage moral d'aller voir les gens
de l'Estrie. Je les invite d'ailleurs à nous faire part aujourd'hui
même, dans le contexte de notre débat sur l'amendement, exactement
de ce qu'ils se sont fait dire. Ils nous le promettent, j'ai hâte de le
voir. J'espère que ce sera un rapport complet.
Le ministre du Travail et député de Sherbrooke
n'était pas remarquable dans son intérêt d'aller consulter
les gens de l'Estrie. Il se tenait d'ailleurs en arrière du fauteuil,
assez loin de son monde.
Tout en touchant la question de la démarche gouvernementale dans
le dossier, je ne peux pas résister non plus à toucher un
événement un peu cocasse qui s'est déroulé tout
récemment. Le ministre de l'Éducation a laissé savoir
qu'il était scandalisé de voir les dépenses de sommes
publiques par les commissions scolaires pour la publicité qui voulait
convaincre les gens que le projet de loi gouvernemental n'était pas bon,
que le projet de loi 40 ne répondait pas aux besoins réels du
réseau scolaire.
M. le Président, je suis entièrement d'accord avec le
ministre de l'Éducation. Il est scandaleux en effet que l'argent des
contribuables soit utilisé afin de faire de la publicité dont le
but ultime est de faire valoir des points de vue essentiellement politiques et
parfois même de redorer le blason d'une entité politique
quelconque qui a la responsabilité de dépenser l'argent en
question. C'est autant scandaleux dans ce
dossier-ci que dans tous les dossiers de la publicité
gouvernementale que le gouvernement du Québec actuel a mis sur la place
publique depuis sept ans. S'il y a une personne qui se moque, un peu comme un
hypocrite en dénonçant la publicité gouvernementale faite
par d'autres gouvernements, c'est un membre du Conseil des ministres du
gouvernement actuel du Québec qui n'hésite jamais à
prendre l'argent des contribuables non pas uniquement pour informer les gens
des programmes gouvernementaux, non pas uniquement pour faire la promotion du
tourisme, non pas uniquement pour faire valoir les droits de certains groupes
moins favorisés que d'autres, mais pour faire la promotion du
gouvernement du Québec et du Parti québécois.
Je suis donc complètement d'accord avec le ministre de
l'Éducation qu'il est scandaleux que certains intervenants dans le
dossier scolaire aient cru bon de dépenser l'argent des contribuables de
cette manière, mais il n'est pas moins scandaleux d'ailleurs, c'est plus
scandaleux - de voir que le ministre a eu le front de pointer du doigt, alors
qu'il devrait se regarder dans le miroir, parce qu'il va voir le plus grand
pécheur dans ce domaine, dans son miroir à lui.
J'ai eu l'occasion, hier et aujourd'hui, d'examiner un certain nombre de
mémoires de groupes des comités d'école pour la plupart
qui n'ont pas eu le bonheur de se faire inviter par notre commission
parlementaire. J'ai examiné de quinze à dix-huit mémoires
de comités d'école d'un peu partout au Québec.
Évidemment, la première chose qu'on remarque en lisant ces
mémoires, c'est la diversité des milieux locaux, des besoins
locaux, des cultures, des langues, des religions au Québec et, par
contre, l'enthousiasme des individus pour prendre en main les affaires de leur
école secondaire ou de leur école primaire et faire valoir leur
point de vue.
Sur ces quinze à dix-huit mémoires, deux ou trois
étaient favorables au projet de loi. Ils étaient enthousiastes et
emballés devant le défi que le projet de loi doit offrir aux
parents. Ils suggéraient quelques petits ajustements, mais, en gros, ils
étaient favorables. Quant aux autres - treize à quinze - cela
variait. Il y en avait peut-être une demi-douzaine qui, après
avoir été persuadés par le ministre ou l'adjoint
parlementaire, auraient pu dire: Je peux accepter à la limite,
même si j'ai bien peur. Il y en avait une bonne douzaine qui rejetaient
carrément, de A à Z, le projet de loi.
J'ai pensé, puisque ces gens-là voulaient se faire
entendre et n'ont pu le faire, relever quelques éléments,
indiquer quelques doutes, donner quelques exemples à la population de ce
que ces gens auraient pu nous offrir en guise d'éclairage sur le
problème. Prenons, à titre d'exemple, le mémoire du
comité d'école de Saint-Étienne-de-Lauzon. Après
avoir cité le livre blanc au sujet de la consultation qui devrait se
faire dans le contexte de l'acceptation de ces propos, ce comité
d'école indique clairement et sans ambiguïté, au sujet de
l'impact des changements prévus à la carte scolaire de leur
région, ce qui suit, et je cite: "Depuis plusieurs années, nous
travaillons en collaboration avec les milieux de Lotbinière et, à
cause de préoccupations communes, nous avons élaboré
ensemble des politiques qui répondent aux besoins spécifiques de
notre milieu." La carte scolaire propose la séparation de l'école
Saint-Étienne-de-Lauzon de Lotbinière.
Il continue: "L'acquis pédagogique constitue un reflet de notre
milieu et le bouleversement impliqué par le changement de commission
scolaire constituerait la victoire de la bureaucratie administrative sur la vie
quotidienne de notre communauté." Je doute que même les pouvoirs
de persuasion d'un vendeur aussi accompli que le ministre de l'Éducation
auraient pu convaincre ces gens qu'ils étaient mieux avec la carte
scolaire prévue qu'avec la carte scolaire actuelle. Pourtant, ils n'ont
pas pu faire valoir leur point de vue.
Un deuxième exemple. Cela adonne, par hasard, que c'est une
école de mon comté, imaginez-vous, l'école Saint-Luc, une
école secondaire très diversifiée, dans le sens qu'il y a
beaucoup de cultures, beaucoup de groupes ethniques. Les parents se sont
penchés plus particulièrement sur l'équilibre entre
l'école et les commissions scolaires. Cela vaut la peine de citer un
extrait assez substantiel, puisque j'ai rarement vu un résumé de
ce problème aussi bien étalé et aussi bien
démontré. On sait que, dans le fond, il est difficile
d'être contre les principes et les objectifs qui sont supposés
être ceux du projet de loi. Le hic, c'est que le modèle
opérationnel ou la problématique opérationnelle du
ministère pour répondre, pour atteindre ces objectifs
paraît, aux yeux des gens qui travaillent tous les jours dans le
réseau scolaire, essentiellement farfelue et fantaisiste. C'est un
exercice d'imagination conçu dans la tour où logent les milliers
de bureaucrates et de technocrates du ministère de l'Éducation
et, également, le ministre. Ma collègue de L'Acadie me le
rappelle. Ce n'est pas du tout la faute des fonctionnaires.
Inévitablement, en travaillant de la façon qu'ils travaillent,
ils sont isolés des réalités vécues dans les
milieux.
Voici ce que le comité de parents de l'école secondaire,
à Côte-Saint-Luc, a à dire au sujet de l'équilibre
entre l'école et les commissions scolaires. Il va falloir que je le
fasse rapidement. Le président me signale que mon temps achève:
"Quant à la partie du projet de loi qui aménage d'une nouvelle
manière le pouvoir entre l'école, la commis-
sion scolaire et le ministère, le comité de l'école
Saint-Luc pense qu'il risque de compromettre gravement l'équilibre et la
qualité du système de l'enseignement public. Aussi, s'y
oppose-t-il fermement et globalement." On voit pourquoi le comité de
l'école Saint-Luc n'a pas été invité à venir
devant nous.
Les membres du comité d'école ont été
unanimes à rejeter avec force l'idée clé de ce volet du
projet de loi, c'est-à-dire faire de l'école le pivot du
système au détriment du pouvoir de la commission scolaire. D'une
certaine façon, l'école est toujours et doit rester le pivot du
système, mais les aménagements proposés leur semblent
inadéquats et mal appropriés à la fin poursuivie. Cette
réponse est irréaliste. Elle exigerait beaucoup trop de
disponibilité de la part des parents et, notamment, beaucoup trop de
réunions. Elle risque de susciter beaucoup de conflits au sein de
l'école, conflits avec la direction, conflits entre les parents et les
enseignants, lutte de pouvoirs entre les parents. L'école risque
d'être tirée à gauche et à droite au gré des
changements de parents au conseil. La réforme risque de créer des
inégalités injustifiées entre les écoles, certains
milieux possédant les ressources suffisantes alors que d'autres seront
toujours déficients. Malgré les apparences et en dépit des
affirmations contraires, cette autonomie accordée aux écoles aura
pour effet une centralisation accrue de la part du ministère de
l'Éducation. Isolées, les écoles n'auront plus d'influence
sur l'orientation du système. Le comité juge essentielle
l'existence d'une structure intermédiaire forte. Cet aspect de la
réforme risque de compromettre l'existence de services communs à
plusieurs écoles, l'exigence de planification du développement
et, donc, la poursuite du bien commun. Fin de la citation.
Je dois conclure, je regrette que je n'aie pu relever d'autres exemples
de contributions éminemment valables que des comités de parents
auraient pu faire devant nous. Je dirai juste ceci à mes
collègues d'en face: II ne faudrait pas accepter de se faire embarquer
dans l'exercice que le ministre de l'Éducation vous invite à
poursuivre. Il faut, au contraire, arrêter de se taire bêtement, au
moins dans votre propre caucus, lorsque le temps sera venu. D'ailleurs, il
faudrait suivre les conseils du premier ministre qui a dit aujourd'hui que le
ministre de l'Éducation doit réévaluer son projet de loi.
Je vous invite à l'aider à le faire. (16 h 45)
Le comité d'école de l'école Saint-Luc et le
comité d'école de Saint-Étienne-de-Lauzon n'ont pas
été inspirés par les mauvaises langues libérales.
Ils ont fait connaître honnêtement leurs réactions face au
projet de loi. Je vous invite à arrêter le ministre de
l'Éducation avant qu'il ne chambarde tout le système
d'éducation du Québec.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Westmount. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Je suis
étonnée, M. le Président, que le ministre soit absent de
notre commission, cet après-midi. Il semble qu'il ait déjà
conclu qu'il ne vaut pas la peine de défendre ses idées.
Peut-être pense-t-il qu'il est déjà suffisamment instruit
sur l'impact du projet de loi 40. Il me semble évident que le
gouvernement est moins informé qu'il ne le croit. Il est évident
que les députés ministériels, y compris le ministre, ont
écouté, durant cinq semaines, mais n'ont pas entendu le
message...
M. Hains: Ils sont durs d'oreille.
Mme Dougherty: ...de la grande majorité de la population
que nous avons entendu: le projet de loi 40 n'est pas voulu par la population
du Québec; il va déséquilibrer le système et
produire le chaos dans nos écoles; il n'améliorera pas la
qualité de l'éducation et il ne réglera en aucune
façon les vrais problèmes d'éducation.
Plusieurs groupes et commissions scolaires ont réussi, par des
initiatives saines, à responsabiliser l'école. Ce n'est pas le
gouvernement du Québec qui a inventé l'idée de
responsabiliser les écoles. Ces commissions scolaires ont
travaillé avec les enseignants et les parents comme partenaires dans le
système d'éducation; elles ont réussi à
intégrer les efforts de centaines et de milliers de parents et
d'enseignants dans le système d'éducation, sans chambardement ni
conflit. Je trouve que c'est une ironie monumentale qu'il y ait tant de groupes
qui ont reconnu, depuis longtemps, l'importance de la participation des parents
et ils continuent d'améliorer les choses à l'intérieur des
structures et des lois actuelles, mais ils n'ont pas été
invités à faire connaître leurs opinions sur le projet de
loi et à nous raconter leur expérience positive à cet
égard, afin de responsabiliser les écoles.
Parmi ces groupes, il y a l'Association des administrateurs scolaires du
Québec. Cette association représente officiellement plus de 500
directeurs d'école et cadres de services oeuvrant dans les commissions
scolaires protestantes du Québec. Elle n'a été
représentée par aucun autre groupe. Les membres de cette
association sont reconnus comme des leaders en matière de
pédagogie. Leur mémoire est basé sur leur longue
expérience dans les écoles du Québec. Ils sont
grandement concernés parce que le projet de loi ne respecte pas les
principes généraux fondamentaux en démocratie scolaire
tels que le suffrage universel, l'équilibre des forces, une division
appropriée des pouvoirs et des juridictions, l'influence de la
communauté sur les programmes d'étude et la diversité
culturelle et religieuse.
Ils ont des choses très importantes à dire sur le
rôle du directeur d'école qui sera dévalorisé par le
projet de loi. Ils disent, dans leur mémoire: "L'Association des
administrateurs scolaires du Québec pense que le projet de loi 40 rendra
la fonction de directeur d'école essentiellement politique. Le
système en vigueur selon lequel le directeur consulte des corps
constitués tels que le comité d'école, le conseil
d'école, l'école secondaire et le conseil d'étudiants,
fonctionne bien dans nos écoles. "L'association ne peut accepter pour le
directeur d'école un rôle qui ne soit pas celui de leader dans le
domaine de l'éducation. L'association est persuadée que c'est de
cette façon seulement qu'on peut assurer aux élèves une
éducation de qualité."
Sur le rôle des parents, ils disent: "II est évident que le
ministre de l'Éducation essaie à nouveau de
légiférer sur l'implication des parents. Nous croyons qu'une
participation significative des parents doit être préparée
pendant de nombreuses années. Attirer les parents par la promesse d'un
conseil d'école ayant de réels pouvoirs de décision qui
sont en fait illusoires pourrait détruire l'appui actuel que des parents
apportent à l'école."
En conclusion, ils disent: "L'abolition des structures actuelles aura
pour résultat de semer la confusion dans tout le système
scolaire. Il n'y a aucune assurance qu'après que les changements auront
été effectués, on assiste à une amélioration
des services pédagogiques. Tout ce dont on peut être sûr est
que, pendant une période prolongée, l'énergie des
éducateurs sera détournée des problèmes
d'importance directe pour l'apprentissage et ce, au détriment de nos
écoles. "Notre association croit que nos structures scolaires actuelles
ont la souplesse nécessaire pour s'adapter aux besoins futurs."
Nous avons reçu un mémoire de la commission scolaire
Baldwin-Cartier. Ça touche mon comté, c'est une commission
scolaire qui a réussi depuis longtemps à travailler avec les
parents comme partenaires dans les écoles. La commission scolaire
Baldwin-Cartier considère le projet de loi 40 comme un instrument
futile. La commission illustre et décrit dans son mémoire les
activités et les pratiques de la commission qui favorisent une autonomie
à l'école pour qu'elle puisse vivre un projet éducatif qui
comporte des orientations et un plan d'action accordés à son
milieu. Elle qualifie le projet comme un instrument stérile. "Nous
croyons que cette loi apportera des tracasseries, des affrontements et
même des conflits complètement stériles tout en privant un
gouvernement local, la commission scolaire, des leviers nécessaires pour
assurer un développement harmonieux et rationnel des services
éducatifs dans son milieu."
Sur le partage du territoire, d'éventuels regroupements de
clientèles doivent se faire dans le respect des populations à
desservir et reposer sur le consensus le plus large possible des
volontés de ces populations. C'est évident que ce consensus
n'existe pas sur l'île de Montréal, où se situe la
commission scolaire Baldwin-Cartier. Ces gens disent: "Enfin, selon la
distribution de ces populations sur le territoire du Québec,
peut-être faut-il éviter un modèle uniforme et s'adapter
ainsi aux particularités du territoire."
En conclusion, ils se posent plusieurs questions. "Après analyse
d'un instrument qui, sous certains aspects, nous semble complètement
futile et qui, sous certains angles, engendre la confusion, nous nous
questionnons sur la véritable intention de ce projet de loi. Existe-t-il
uniquement en fonction d'un projet sociopolitique, d'un exercice de
fractionnement ou d'émiettement du pouvoir? S'agit-il d'un exercice
législatif desservant une volonté de concentrer encore des
pouvoirs plus grands au ministère de l'Éducation? Nous ne voyons
pas là de lien direct avec la gestion rationnelle et
l'amélioration des services éducatifs à
l'élève."
L'autre commission scolaire qui a demandé d'être entendue
à plusieurs reprises est la commission scolaire de Lakeshore. Je crois
que ces gens ont dit quelque chose de très important sur l'aspect de la
constitutionnalité. Ils ont dit: "Le projet de loi 40 bouleverse
entièrement l'usage en vigueur au Québec depuis plus de 200 ans
en ce qui a trait à la gestion des écoles par la
communauté locale et par des classes de personnes de même
confessionnalité. Cette réalité devrait suffire à
elle seule à convaincre la commission de l'Assemblée nationale
qu'il faut donner aux communautés et aux classes de personnes qui vont
visées par le projet de loi 40 l'opportunité de s'adresser aux
tribunaux en vue de faire déterminer la portée de leurs droits.
Il est urgent et dans l'intérêt de la justice de nos enfants et de
la paix sociale au Québec de suspendre le projet de loi 40
jusqu'à ce que les tribunaux se soient prononcés sur la
portée des droits religieux et linguistiques visés par ce projet
de loi." (17 heures)
Le comité de parents de la commission scolaire de Lakeshore a dit
des choses
extrêmement importantes sur les pouvoirs du ministre et du
cabinet. "Le pouvoir accordé au ministre de l'Éducation aux
chapitres V et VI du projet de loi 40 est de si grande envergure qu'il ne sera
jamais plus nécessaire de présenter aux membres de
l'Assemblée nationale des questions sur l'éducation. Nous pouvons
citer comme exemple les régimes pédagogiques promulgués
récemment par un décret du cabinet. Les nouveaux régimes
pédagogiques affaiblissent les programmes de mathématiques et de
sciences au moment même où ces sujets prennent une plus grande
importance pour notre survie économique. Le virage technologique
deviendra le mirage technologique et nos jeunes n'auront possiblement pas les
compétences exigées par la haute technologie envisagée par
notre nouveau ministre de la Science et de la Technologie, Gilbert Paquette.
À l'exception du ministre, les autres partenaires cesseraient ni plus ni
moins d'exister après la mise en oeuvre du projet de loi 40, car ces
personnes, ainsi que leurs représentants élus à
l'Assemblée nationale n'auront plus d'influence légale ou
politique sur quelque sujet d'importance en éducation."
Les parents de la commission scolaire de Lakeshore s'inquiètent
à savoir si le projet de loi 40 va diminuer la qualité de
l'éducation. Ils disent: Nous, les parents, demandons pour tous les
enfants du Québec la meilleure éducation en Amérique du
Nord ou encore mieux. Elle est nécessaire si le Québec veut
être sur un pied d'égalité au point de vue de
l'économie et si les Québécois veulent être
concurrentiels partout en Amérique du Nord. Nous ne voyons, dans le
projet de loi 40, que des entraves à l'atteinte de ces objectifs. Ils
demandent le retrait du projet de loi 40 puisqu'il est inacceptable dans une
société démocratique et préjudiciable à une
éducation de qualité supérieure pour les enfants du
Québec. Voilà des parents qui sont profondément
impliqués dans l'éducation, dans les écoles de la
commission scolaire de Lakeshore.
M. le Président, nous avons reçu un mémoire
très intéressant de la commission scolaire de Bedford. C'est une
commission scolaire où il y a un grand nombre de petites écoles.
Dans l'annexe du mémoire, qu'elle a présenté, on voit les
efforts de péréquation qu'elle a faits pour égaliser les
chances des enfants dans ces petites écoles. C'est un effort qui est
gravement menacé par le projet de loi.
Enfin, j'ai ici le mémoire d'un autre groupe qui n'a pas
reçu d'invitation à la commission, c'est celui de la commission
scolaire dissidente de Greenfield Park. C'est une commission scolaire
particulière, puisque dissidente. Elle est située sur la rive sud
et on y dispense l'enseignement aux élèves des classes primaires
de la municipalité de
Greenfield-Park. Elle est traitée par le projet de loi d'une
façon ambiguë et discriminatoire. C'est un cas particulier auquel
le ministre doit apporter une certaine attention.
M. le Président, il est évident que le gouvernement n'est
pas suffisamment informé et qu'il n'a pas reçu le message. Je
suggère que nous continuions à entendre des groupes tant et aussi
longtemps que le gouvernement n'aura pas reçu le message.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
S'il n'y a pas d'autres députés qui désirent
intervenir, nous allons mettre aux voix la motion d'amendement de M. le
député d'Argenteuil. Puisque c'est le désir des membres de
la commission, nous allons procéder à un vote en appelant les
députés un à un. Les députés favorables
à cette motion me l'indiqueront et ceux qui s'y opposent me
l'indiqueront également.
M. le député de Chauveau?
M. Brouillet: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne (Mille-Îles): Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay?
M. Maltais: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Shefford?
M. Paré: Contre.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Gaspé?
M. Le May: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Blouin): Alors, quatre
députés sont en faveur et sept s'y opposent. La motion est donc
rejetée. Nous revenons donc maintenant à la motion principale du
député de Fabre et la parole est à M. le
député de Saguenay.
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Nous voilà,
après cinq semaines, rendus à débattre d'une motion pour
clore la commission parlementaire sur le projet de loi 40. Au cours de ces cinq
semaines, nous avons vu défiler, comme invités à cette
commission, des gens de bonne foi qui sont venus nous dire ici que le
système scolaire dans lequel on vit au Québec avait certaines
anomalies. Il y en a plusieurs qui sont venus vanter la qualité du
système dans lequel doit composer la société
québécoise présentement.
Malheureusement, M. le Président, cette commission parlementaire,
à cause de la suffisance gouvernementale, doit ajourner ses travaux.
Pourquoi? Non pas parce que le gouvernement est suffisamment informé,
mais parce qu'il ne peut plus entendre la vérité qui provient des
différents coins du Québec. Le gouvernement, par des
méthodes qu'on appellerait un petit peu, dans les circonstances,
machiavéliques, avait choisi ses intervenants en sa faveur, des groupes
souvent non représentatifs, des groupes cultivés à la
philosophie du projet de loi 40. Malheureusement pour le gouvernement, la
population du Québec n'est pas tombée dans ce piège, parce
que l'ensemble de la population du Québec regroupe des gens avertis,
beaucoup plus que ne pourraient le croire le ministre et le gouvernement
actuels. À partir de ce moment, des choses importantes ont
été dites ici et il en reste encore à dire.
Cette motion de clôture qui privera au-delà d'une centaine
de groupes de venir exprimer leur opinion, le gouvernement et le ministre
actuels en porteront l'odieux devant la population. L'Opposition s'est tenue
debout et, par tous les moyens possibles qui existent dans nos
règlements, elle a insisté continuellement pour que toute
personne ou tout groupe qui le voulait se fasse entendre à cette
commission. Il aurait été avantageux d'entendre certains groupes
à cette commission, particulièrement les groupes qu'on a
négligés comme le mémoire présenté par la
commission scolaire des Cris. Pourtant, ces gens sont les fondateurs avant nous
du pays et ils avaient des choses à dire. Je pense que le ministre se
mordra toujours les pouces de ne pas avoir invité à cette table
les premiers arrivants au pays. Puisqu'on doit composer et vivre avec eux, ils
avaient des choses importantes à nous dire. Vous avez refusé
délibérément de les entendre. Après, vous allez
nous faire accroire, M. le ministre, que vous êtes pour un consensus, que
vous êtes celui autour de qui se regrouperont les forces positives qui
veulent rebâtir le système de l'éducation au Québec?
Vous faites fausse route, M. le ministre. D'ailleurs, non seulement dans les
pouvoirs des commissions scolaires, mais dans les responsabilités des
comités d'école, je pense que le système
d'éducation actuel n'a pas de leçon à recevoir du ministre
de l'Éducation. Nous en avons la plus belle preuve en lisant le journal
ce matin: Le gouvernement actuel, dans sa politique d'achat extraordinaire, est
allé nous acheter des ordinateurs à Paris. Personne n'en vendait
au Québec. Il est allé acheter des ordinateurs pour nos
écoles.
M. Laurin: Où est la pertinence?
M. Maltais: Vous voulez savoir, M. le ministre, où est la
pertinence alors que vous avez passé cinq semaines à
décrire les politiques des commissions scolaires? Vous qui voulez
prêcher par l'exemple, M. le ministre, vous aviez un achat de 36 000 000
$ à faire et vous n'avez pas été capable de le faire comme
du monde. C'est ça, la pertinence. Vous êtes allé les
acheter à Paris. Votre propre ministère les refuse maintenant, M.
le ministre. Les commissions scolaires ne veulent pas les acheter à
Paris.
M. Leduc (Fabre): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je crois qu'il y a un règlement qui dit
qu'on doit s'adresser au président et je voudrais que le
député de Saguenay respecte notre règlement.
Le Président (M. Blouin): Vous avez bien raison.
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, il me fait plaisir de
m'adresser à vous pour vous dire combien ce gouvernement agit en
imbécile.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus agréable.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, question de
règlement. Je crois que le terme est antiparlementaire. Nous demandons
que le député de Saguenay retire ce terme.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre, je préférerais, dans un premier temps, faire appel au
député pour que le ton que nous avons connu depuis le
début ne devienne pas trop aigu. Si vous pouviez vous satisfaire de
cette consigne première, nous pourrions éviter des débats
inutiles et, ensuite, voir quelle est la teneur des propos
ultérieurs.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, nous allons faire
preuve de notre tolérance habituelle en espérant que le
député respectera le décorum du salon rouge.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, en m'adressant à vous,
j'espère que vous allez retenir le temps que le député de
Fabre a pris sur celui du député de Saguenay et que vous le
soustrairez à la fin.
Justement, le ministre nous rappelait à la pertinence, tout
à l'heure. C'est une preuve bien flagrante que les commissions
scolaires, au Québec, n'ont jamais fait de gaffe comme ça. Ce
matin, dans la revue de presse qui nous est remise par les Communications
gouvernementales, vous allez voir la pertinence. Vous allez voir ce que les
Québécois en général pensent du gouvernement et
aussi du projet de loi 40. En première page: "Affaire Boivin." On
feuillette ça tranquillement. "Les journalistes judiciaires se plaignent
à leur tour." "Fréchette rêve..." Ils n'avaient pas besoin
d'écrire ça, on l'a vu hier soir. "Il y a beaucoup de
méfiance envers les promesses de Laurin."
M. le ministre, ne vous scandalisez pas, je vous lis ce qui est
écrit dans les journaux. "Projet de loi 40: le débat prend une
allure de filibuster." Je comprends, on met la guillotine; on ne veut pas
entendre les Québécois et les Québécoises qui ont
des choses à dire. À partir de ce moment-là, c'est normal
que les journalistes parlent de "filibuster". "Motion de clôture
inattendue." On a pris les nouvelles à 18 heures, M. le ministre, vous
l'aviez annoncée. Vous ne l'aviez pas annoncée en commission,
mais vous l'aviez annoncée à tout le monde. "L'ordinateur de
Comterm non conforme." On s'en doutait, on vous l'a dit avant que vous
l'achetiez. "Les cégeps se désistent." "Les travaux au noir
évalués à 500 000 000 $." Le ministre du Travail devrait
s'occuper de ces gens-là au lieu de venir dire les âneries qu'il
nous a dites, hier soir ici.
M. Leduc (Fabre): M. le Président. C'est la
deuxième fois qu'un député utilise un terme
antiparlementaire. Je crois que le terme "âneries", pour qualifier les
propos du ministre, est antiparlementaire; il n'est pas digne du décorum
qui doit entourer les travaux de la commission.
M. Maltais: Question de règlement, M. le Président.
Je voudrais référer le député de Fabre à la
liste...
Le Président (M. Blouin): Un momentl M. Maltais: II
coupe mon temps.
M. Leduc (Fabre): Je vous demanderais, M. le Président, de
demander au député de retirer ce terme.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre, vous demandez au député de Saguenay de retirer le terme
"âneries".
Mme Lavoie-Roux: Ah! Ah! C'est assez compliqué.
Le Président (M. Blouin): Vous me compliquez un peu
l'existence parce que nous avons eu, au cours de cette commission, beaucoup
d'expressions colorées, notamment du député de
Saint-Henri. (17 h 15)
M. Hains: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Que dit-il là? Une voix: Des
expressions colorées.
M. Hains: Je vais en donner tout à l'heure.
Des voix: Ah! Ah!
Une voix: Des expressions fleuries.
Le Président (M. Blouin): Celle-ci, évidemment,
prend une coloration particulière, mais je demande encore une fois au
député de Saguenay d'éviter les écarts et de faire
en sorte que nous poursuivions nos débats avec un minimum de
décorum. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Je suis parfaitement d'accord avec vous, M. le
Président. Cependant, pour l'information du député de
Fabre qui devrait lire notre règlement, il y a à peu près
300 mots antiparlementaires et le mot "âneries" n'est pas
là-dedans. M. le Président, je vous rappelle que je suis
religieusement le règlement de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Blouin): Alors, ne faites pas en sorte
qu'il y soit ajouté, M. le député.
M. Hains: Très religieux, confessionnellement parlant.
M. Maltais: M. le Président, je continue ma petite revue
de presse et c'est pour cette raison que le ministre sursaute. C'est un peu la
situation au Québec. C'est un article de Jean-Jacques Samson et je vais
seulement citer le dernier paragraphe: "Les gens du PQ ne comprennent pas
qu'ils sont aussi impopulaires parce qu'ils ont le sentiment de savoir
gouverner le Québec et d'être les seuls à le faire." C'est
un peu pour cette raison qu'on en est rendu à une motion de
clôture, alors que des commissions scolaires, alors que des groupes
importants auraient dû se faire entendre parce qu'ils avaient des choses
bien concrètes à dire.
Permettez-moi d'en relever quelques-unes ici particulièrement.
Cela provient de la commission scolaire de Saint-Hyacinthe, au niveau de
l'établissement des conditions de travail des employés non
syndiqués: "Par l'article 309, deuxième paragraphe, le ministre
de l'Education se réserve le droit de déterminer par
règlement", dans toutes ou certaines commissions scolaires, la
classification, les conditions de travail, les recours et droits d'appel des
membres du personnel qui ne sont pas membres d'une association
accréditée". Le ministre se fait juge et partie. Je pense que ces
gens-là avaient raison de vouloir se faire entendre lorsque de tels
articles d'un projet de loi sont rédigés dans ce qu'on appelle
une saine démocratie. "À titre d'employeur, la commission
scolaire doit assurer la gestion du personnel de façon autonome et
responsable. Nous croyons qu'il appartient donc à la commission scolaire
d'établir une politique administrative locale tenant compte des besoins
du milieu, des conditions de travail des employés non syndiqués
et syndiqués. Il en est de même également dans
l'établissement des politiques de recrutement, d'affectation,
d'évaluation et de perfectionnement du personnel de la commission." Ces
gens-là avaient beaucoup d'autres choses à dire. Malheureusement,
ils n'ont pas pu se faire entendre.
Dans un autre mémoire ici, justement, du comité
d'école Côte-du-Nord - cela provient de la région de Hull,
on n'a pas entendu beaucoup de gens de ce coin-là, ils n'ont pas
été invités - on lit ce qui suit: "Les pouvoirs qui sont
censés échoir aux écoles sont en réalité
illusoires. On hésite à parler de supercherie, mais le
rapprochement serait bien tentant. Le ministre a tellement bardé
l'école de décrets, de normes, de règlements et de
normalisation qu'il reste peu de place pour l'initiative locale. Il n'y a plus
guère que le domaine des projets éducatifs où
l'école peut effectuer un choix et encore là, les options
sont-elles sévèrement limitées. L'école aura
effectivement beaucoup de responsabilités, mais peu de pouvoirs." Je
pense que ces gens-là avaient des choses importantes à venir dire
au ministre de l'Éducation. Malheureusement, ils ne pourront pas le
faire.
Il ne faudrait pas que le ministre s'offusque que l'Opposition soit un
peu sévère vis-à-vis de la procédure qu'il emploie
présentement pour mettre un terme à cette commission
parlementaire parce que le rôle de l'Opposition est de permettre à
des gens de se faire entendre lorsqu'un gouvernement décide d'une
façon unilatérale de venir offrir à la population un
projet de loi, alors qu'on a démontré hors de tout doute devant
cette commission parlementaire que les gens n'en voulaient pas. L'Alliance de
Montréal et le regroupement des syndicats de la CECM lui ont
présenté un défi que le ministre n'a pas osé
relever. Si le ministre était si sûr de ses arguments, si
sûr que son projet de loi veut le bien de l'ensemble de la population du
Québec, je pense qu'il accepterait de relever le défi des
syndicats regroupés de la CECM à Montréal. Il accepterait
aussi le défi que la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la
région de Sherbrooke, la région de l'Abitibi-Témiscamingue
et les autres régions qui n'ont pas eu l'occasion de venir se faire
entendre lui ont présenté.
M. le Président, je crois sincèrement que, tout au cours
de cette commission, la population du Québec a démontré
clairement sa volonté par des organismes vraiment représentatifs,
non pas des organismes qui représentaient des petits groupes ou des
personnes, mais qui représentaient l'ensemble d'une collectivité
et d'une région. On ne peut pas dire que la CEQ est un petit groupe qui
ne représente pas ses syndiqués, que la CSN, la FTQ, la
Fédération des commissions scolaires et la CECM sont des
organismes qui peuvent être pris à la légère.
Si le ministre de l'Éducation persiste à aller contre la
volonté de l'ensemble de ces organismes, je pense qu'il est très
clair, dans l'opinion publique, qu'il va à l'encontre de cette
même opinion qui, au cours de cet exercice démocratique, aurait
voulu aller beaucoup plus loin et nous faire découvrir aussi quel genre
de système scolaire les Québécois et les
Québécoises désirent pour les années à
venir.
Cependant, à la clôture de cette commission, M. le
Président, malheureusement, on ne sera guère mieux qu'avant le
début de cette commission, parce qu'on aura brimé, de
façon partiale, la représentativité des groupements de
personnes qui ont voulu venir ici, à cette assemblée, nous offrir
leur appui, leur collaboration et leurs idées. M. le Président,
je pense que ces discussions, au
cours des cinq dernières semaines, n'auront pas permis un
véritable débat de fond sur la question de la restructuration
scolaire au Québec. Pourtant, les gens étaient de bonne foi.
À partir du moment où l'on prive une catégorie de
personnes de s'exprimer, on fausse volontairement le débat et,
malheureusement, c'est ce qui va ressortir de cette commission, parce que des
gens de bonne foi n'ont pas pu être entendus en commission
parlementaire.
Je pense, quant à nous de l'Opposition, que nous aurons
l'occasion de reprendre le débat à l'Assemblée nationale.
Malheureusement, il n'y a que 121 députés au Québec
présentement et l'ensemble de la population ne pourra être
représentée, parce qu'il y a des gens dans leur comté, des
députés et des ministres du côté gouvernemental, qui
n'ont pas fait les efforts nécessaires pour convaincre le ministre de
l'Éducation de permettre aux gens de chacune des régions de venir
se faire entendre ici. Cela fausse drôlement le débat. Pourquoi?
Parce qu'on ne pourra pas avoir une idée de l'ensemble de la population
tant et aussi longtemps qu'on ne les aura pas tous entendus. Peu importe ce qui
arrivera au projet de loi 40, ce sera toujours le projet du ministre de
l'Éducation qui ne reflétera pas l'ensemble de la
collectivité québécoise.
Avant de terminer, M. le Président, j'aimerais souligner
très poliment au ministre de l'Éducation, qui a eu à
l'égard du député de Saguenay, au début de cette
commission, des paroles qui ont été enregistrées au
journal des Débats, que ces paroles ne sont pas dignes d'un ministre de
l'Éducation. Dans mon comté, il y a des communautés
amérindiennes que je suis fier de représenter. M. le
Président, le député de Fabre grimpait dans les rideaux
tout à l'heure, parce que j'avais dit des paroles peut-être
sévères, mais non injurieuses, à l'endroit du
gouvernement; j'aurais eu mille et une raisons de me révolter beaucoup
plus lorsque le ministre de l'Éducation a employé le langage
qu'il a utilisé envers le député de Saguenay. Soyez
assuré, M. le Président, que le député de Saguenay
représente une population très polie; jamais, en commission
parlementaire ou à l'Assemblée nationale, il n'emploiera des
paroles aussi odieuses que celles que le ministre de l'Éducation a eues
à l'égard du député de Saguenay. M. le ministre,
vous en porterez l'odieux pendant les jours qui vous restent comme ministre de
l'Éducation. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay.
M. le député de Mille-Îles.
M. Jean-Paul Champagne M. Champagne (Mille-Îles): Merci
beaucoup, M. le Président. Madame, qu'est-ce que vous dites là?
Vous avez été sereine jusqu'à avant-hier.
Mme Lavoie-Roux: Je le suis encore.
M. Champagne (Mille-Îles): Ah, ça me fait plaisir,
ça me rassure, Mme la députée de L'Acadie!
J'entendais le député de Saguenay dire: II n'y a pas eu de
débat de fond. C'est ce qu'il vient de dire, il y a quelques instants.
Je ne sais pas s'il était en dehors du Québec depuis quelques
années, mais le débat de fond a lieu depuis de nombreuses
années. Le débat qu'on mène actuellement a
été commencé, particulièrement dans le sens de la
réforme, en 1977, avec le livre vert. Je ne sais pas s'il l'a lu, le
député de Saguenay. Je ne sais pas s'il a lu le livre orange sur
le même sujet et toutes les consultations qu'on a eues dans la province
à ce sujet. Je ne sais pas si le député de Saguenay a lu
le livre blanc. Je pense que le débat de fond a eu lieu.
M. Maltais: Multicolore.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le député, je
ne vous ai pas interrompu tout à l'heure. Vous avez parlé de
politesse; j'aimerais quand même avoir un certain égard au moment
où on se parle.
On a connu, depuis cinq semaines de travaux, un climat positif, beaucoup
de sérénité, beaucoup d'écoute. Depuis ce matin, je
pense qu'il y a une espèce de climat de nervosité.
Moi-même, j'ai manqué les travaux de la commission parlementaire
hier pour la première fois. J'ai quand même regardé les
résultats ce matin, en lisant les journaux. Je regarde ça dans la
Presse: "Bien qu'ils le nient, les libéraux utilisent depuis hier matin
toutes leurs ressources pour retarder le plus possible la fin des travaux de la
commission parlementaire qui étudie le projet de loi 40 sur
l'enseignement primaire et secondaire public." Je ne sais pas si c'est de bonne
guerre, mais, de toute façon, j'ai regardé ça ce matin et
j'ai compris ce qui s'était passé hier. Des gens ont attendu, ils
ont été retardés. Je m'excuse au nom des
députés ministériels si des personnes ont
été obligées d'attendre des heures, des heures et des
heures.
Je voudrais revenir au débat de fond et dire que, s'il n'y a pas
eu de débat de fond, je pense que le député de Saguenay
n'a pas suivi l'évolution à ce sujet-là. Je comprends un
petit peu la frustration des libéraux aujourd'hui. Ils ont eu le courage
politique, en 1962, de bâtir le ministère de l'Éducation.
Vous en aviez le mérite, il fallait le faire. En 1972, dix ans plus
tard, vous avez eu le courage politique d'établir les comités
d'école. Je vous en félicite. Bien sûr, dix ans
plus tard, avec l'évolution des mentalités, avec le
désir d'une population, vous auriez sans doute aimé
présenter vous-mêmes le projet de loi 40 qui est l'aboutissement
normal de toute l'évolution de notre système d'éducation.
Le projet de loi 40 arrive après de nombreuses consultations,
après le livre vert, le livre orange et le livre blanc.
On arrive ce soir à une motion de clôture qui offusque les
gens de l'Opposition. Personnellement, je suis suffisamment informé.
Même le député d'Argenteuil nous avait confié que,
durant ses vacances de Noël, il avait lu tous les mémoires. C'est
bien. Je vois la députée de L'Acadie qui vient du domaine
scolaire, ancienne présidente de la commission scolaire; je pense
qu'elle a dû étudier aussi les mémoires. Mme la
députée de Jacques-Cartier aussi et mes collègues qui sont
du domaine de l'éducation, je pense, ont eu le temps d'étudier
les mémoires. On a posé des questions et, pour ma part,
honnêtement - et l'étude n'est pas finie, quand même - je me
sens assez informé pour dire qu'enfin il faut qu'il y ait un terme. Mais
la discussion va se continuer. (17 h 30)
En fin de semaine, j'ai rencontré certains de mes
électeurs. J'ai rencontré des gens qui m'ont dit: Cela tourne en
rond, chez vous, à un moment donné. Il y a même des
journalistes qui le disent. Il n'y a pas de choses nouvelles. Je pense que
c'est nous qui devons prendre une décision à un moment
donné et le règlement nous le permet. On a été
à l'écoute des gens. Il y a eu des mises en garde qui ont
été faites. On doit prendre position et je pense qu'aujourd'hui
on se dit: La population s'est adressée à nous. C'est sûr
qu'il y avait 250 mémoires. On peut rappeler que, lorsqu'il y a eu la
loi 22, en 1974 - on parlait de libre expression ce matin - lorsqu'on a
voté la motion de clôture sur la loi 22, une loi linguistique qui
était très importante, vous aviez entendu 76 mémoires. Sur
le projet de loi 40, on a entendu 93 mémoires et, jamais, à ce
qu'on a dit, une commission parlementaire n'a mis autant d'heures pour entendre
des mémoires: 160 heures d'auditions. On ne peut pas reprocher au
gouvernement de ne pas avoir été à l'écoute des
gens. C'est même un record et c'est pour cette raison que je voterai tout
a l'heure en faveur de la motion qui a été
présentée par le député de Fabre.
Je me réjouis de voir l'aboutissement de cette commission
parlementaire, parce que, personnellement, j'ai vécu le domaine
scolaire, j'ai vécu les comités d'école et, dans le temps,
on espérait avoir quelque chose qui fasse en sorte que les parents
puissent intervenir davantage dans le domaine de l'éducation. Il y avait
des disponibilités. Il y avait un désir de rendre le milieu
meilleur, plus réceptif; on voulait donner beaucoup de choses à
nos enfants. J'entendais tout à l'heure le député
d'Argenteuil qui disait: Les délégations de pouvoirs dans mon
comté, cela existe. Cela s'exerce actuellement et il a donné
l'exemple des commissions scolaires de Lachute, Saint-Jérôme,
Laurenval. Cela existe actuellement. Si cela existe la délégation
de pouvoir, pourquoi ne pas la reconnaître dans une loi?
Tout le monde autour de cette table nous a dit unanimement que les
parents devraient avoir un plus grand rôle dans le domaine de
l'éducation. Mme la députée de Jacques-Cartier est
d'accord avec cela. Maintenant, on ne veut pas peut-être donner les
moyens et on ne s'entend pas sur les moyens. Il n'y a pas de contradiction, je
pense. J'ai compris, par exemple, que, pour l'Opposition, la concertation
devrait avoir lieu au niveau de la commission scolaire plutôt qu'au
niveau de l'école, et je pense que c'est un peu la grande
différence qui existe entre le parti de l'Opposition et nous. Nous, on
se dit: L'action, cela se vit dans le milieu. Je pense que le principal
d'école a toutes les ficelles pour rendre son école viable et, si
les parents du milieu et le commissaire d'école, qui est très
près des gens, se mettent ensemble pour produire un bon projet
éducatif pour le bien de l'enfant qui est le centre de toute la
réforme scolaire, je me dis: Si le projet de loi 40 peut donner tous ces
moyens, je vais faire en sorte de voter de tout coeur avec le gouvernement qui
a eu quand même la clairvoyance de voir l'évolution des
mentalités dans le domaine de l'éducation et de faire en sorte
qu'aujourd'hui on présente le projet de loi 40. De tout coeur aussi avec
les parents qui nous ont fait la demande d'aller plus loin pour leurs enfants,
je vais voter pour la motion de clôture et pour le projet de loi 40.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Saint-Henri m'avait demandé la parole. Y a-t-il un autre membre
qui...
Une voix: Le voici.
Le Président (M. Blouin): D'accord, le voilà.
Très bien. M. le député de Saint-Henri, vous avez la
parole.
M. Roma Hains
M. Hains: M. le Président, nous voici donc rendus au terme
de cinq semaines de consultations auprès des organismes
intéressés à la réforme scolaire. La guillotine
vient de tomber sur la tête de l'Opposition. Nous avions demandé
et nous continuons de demander la poursuite des travaux en commission
parlementaire, conscients et respectueux que nous étions et que nous
sommes encore du droit de chacun et de chacune de venir se faire
entendre à ces assises selon le mandat reçu et dicté par
le gouvernement et confié à notre commission qui se lisait, comme
nous l'avons entendu de nombreuses fois, ainsi: "Entendre toute personne ou
tout groupe qui désire intervenir sur le projet de loi 40, Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public".
Faisant fi de ce mandat confié à notre commission, le
parti ministériel a décidé, hier, d'une façon
unilatérale de cesser d'entendre les intervenants, se disant assez
éclairé et assez informé pour aller de l'avant.
Déjà, si l'Opposition n'était pas intervenue, les 15 ou 16
intervenants de cette semaine n'auraient pas été invités.
Vous vous dites éclairés, messieurs du gouvernement. Non! Vous
n'êtes pas éclairés, vous êtes aveuglés par la
lumière trop crue de ces mémoires et, comme des hiboux
-j'espère que le terme est parlementaire -vous n'avez pu supporter la
lumière d'un nouveau jour de commission. Pourtant, quelques centaines
d'intervenants oubliés et mis au rancart avaient travaillé
à bâtir un mémoire, un document dans lequel ils exprimaient
leurs opinions légitimes sur un sujet des plus importants concernant
l'éducation et la formation de leurs enfants. Ils ont accompli cette
tâche avec conscience et avec amour durant de longues heures et, souvent,
durant de longues journées, tout heureux et tout heureuses d'apporter
leur contribution à l'oeuvre de l'éducation des enfants.
À titre d'exemple, je me permets de signaler les gens de
Saint-Henri, qui sont venus à mon bureau me lire leur mémoire,
enthousiasmés à l'idée de venir enfin à la
commission parlementaire exprimer leurs craintes et leurs résolutions
face à ce projet de loi. Du revers de la main, par un geste brutal et
dédaigneux, on a mis de côté ces documents précieux
comme on déchire des circulaires vraiment inutiles. Plus de cent
participants à la défense de leurs droits et de leurs
privilèges ont subi cette discrimination odieuse et ce rejet que je
trouve vraiment méprisant. Nous, de l'Opposition, nous unissons nos voix
à ces protestations qui se sont exprimées et soulevées de
toutes parts par des télégrammes, des lettres, des
téléphones adressés soit au président ou aux
différents députés de l'Opposition et du gouvernement.
M. le Président, on a même poussé
l'intolérance jusqu'à refuser à notre porte-parole, le
député d'Argenteuil, de lire ces communiqués de
désapprobation, au début de nos séances
régulières. Ce procédé des plus
démocratiques permettait de faire parler les absents et, au moins, de
faire passer les éléments de leur message. Mais, même
là, aucune considération pour ces mini-représentations et
aucun respect de la liberté d'expression de ces intervenants, qui se
trouvaient ainsi brimés, d'après moi, dans leurs droits les plus
élémentaires et les plus fondamentaux.
Autres considérations sur la discrimination qui a prévalu
dans le choix des intervenants. Qui a choisi unilatéralement les
mémoires présentés à cette commission? Nul autre
que le ministre Laurin et ses adjoints. Aucune consultation, aucune
concertation avec l'Opposition dans la liste des élus et des dossiers
acceptés. Seuls les membres de cette semaine ont été
suggérés par le parti de l'Opposition et, là encore, on en
a rayé quelques-uns pour ajouter quelques sélections
gouvernementales. Notre porte-parole, le député d'Argenteuil nous
a vraiment défendus. Il est intervenu souvent, énergiquement,
mais inutilement, devant cette manipulation arbitraire et vraiment abusive.
Et pour en venir à un exemple plus frappant de cette
discrimination injuste, on a eu à la table parlementaire - cela,
dès la première semaine - la Fédération
québécoise des directeurs d'école, favorable au projet de
loi et, d'autre part, on a refusé à cette même table la
venue de l'Association des directeurs d'école de Montréal, qui
s'est dissociée de la fédération provinciale et qui
était vraiment contre certains éléments fondamentaux de ce
projet de restructuration. Alors, on se demande encore aujourd'hui pourquoi
deux poids deux mesures, pourquoi accueillir avec ferveur, avec faveur et
déférence un groupe de directeurs qui apportaient la myrrhe et
l'encens à M. le ministre, et pourquoi couper la parole à ceux
qui résistent et apporter leur tête sur un plateau à ce
même ministre de l'Éducation.
Hier soir, à notre tour, nous sommes passés sous la
guillotine. J'étais vraiment triste et même indigné de voir
que c'est le député de Fabre qui fut, peut-être
malgré lui - il ne me regarde pas - l'exécuteur de cette basse
manoeuvre ourdie dans l'ombre par les instances ministérielles.
Pourtant, comme le disait notre porte-parole, le député
d'Argenteuil, après avoir entendu cent intervenants, il nous semblait
toujours, cependant, entendre des choses nouvelles venues des différents
coins de la province, comme hier, par exemple, les interventions de
Grand-Portage, de l'Estrie et de l'Abitibi-Témiscamingue. Voilà
que, par un geste honni par tous les participants de l'Estrie qui
étaient présents ici, hier soir, au salon rouge, on a mis fin de
façon abrupte et vraiment disgracieuse à l'audition de ces
mémoires.
Je reviens aux directeurs d'école de Québec et de
Montréal. Cette sélection demeure une preuve manifeste d'une
manipulation frauduleuse et d'une discrimination mesquine. Pourquoi les
directeurs d'école de Montréal voulaient-ils
être entendus? Parce qu'ils voulaient venir en commission pour
contredire l'opinion diffusée par certains médias d'information
qui laissaient croire que tous les directeurs d'école du Québec
formaient un bloc monolithique et qu'ils étaient tous d'accord avec le
projet de loi. Fausse rumeur véhiculée facilement par les
adulateurs du gouvernement alors que, selon le président de l'ADEM,
celle-ci avait des positions radicalement opposées sur des points
essentiels. L'ADEM et les autres directeurs dissidents sont d'accord pour que
l'école devienne un pivot du système scolaire, mais elle s'oppose
au projet de loi 40 sur des éléments fondamentaux. Ils craignent
que l'école puisse devenir, avec les conseils d'école qui sont
prévus dans le projet de loi, le centre de convoitise et d'appropriation
de groupes habilités au noyautage et à l'affrontement et que
l'école ne devienne ainsi une structure conflictuelle et un lieu
d'infiltration politique.
Les directeurs, par ce projet de loi, deviennent vraiment - un grand mot
- des factotums, c'est-à-dire des hommes à tout faire,
excepté s'occuper de la pégagogie et on voit leur rôle
politisé de plus en plus. Ils rejettent aussi, nos directeurs
d'école, le principe d'une double allégeance à la
commission scolaire et au conseil d'école. Comment peut-on servir deux
maîtres et répondre à leurs désirs possiblement
opposés, d'une part, la commission qui établit les politiques et
distribue les ressources et le conseil d'école qui donne les mandats?
(17 h 45)
Les directeurs d'école, par ailleurs, se disent très
ouverts à la participation des parents, mais ils recherchent la formule
afin que cela ne dégénère pas en conflits et en
confrontations inutiles qui détruiraient vraiment l'acte
pédagogique et la saine atmosphère dans nos écoles.
Le mémoire des directeurs d'école des Laurentides abonde
dans les mêmes mises en garde. Ils ne sont pas d'accord avec
l'implantation d'un conseil d'école décisionnel. Ils
s'inquiètent du fait que le projet de loi le présente comme le
seul moyen d'atteindre les objectifs de décentralisation. L'ADEL, des
Laurentides, comme l'ADEM, de Montréal, n'ont pu faire entendre leur
voix et leurs avis, boycottés toujours par l'intransigeance du ministre.
Ils ne sont pas, d'ailleurs, les seuls à ne pas avoir eu voix au
chapitre. Vous avez l'Association of Catholic Principals of Montreal et
l'Association of Directors of English Schools qui ont connu la même
expulsion parce que trop franches et trop directes. Le ministre s'est
privé ainsi, mais on dirait qu'il s'en fout, de la contribution et de
l'expérience pertinente que possèdent au niveau de l'école
les directeurs d'école francophones, anglophones, protestants ou
catholiques.
Pour poursuivre sa voie sinueuse vers le but ultime de son projet de
loi, soit sa promulgation, le ministre utilise maintenant les pompes à
incendie pour éteindre tous les feux de discorde qu'il a allumés
et qui lui bloquent le chemin. M. le ministre n'hésite pas à
éteindre ces feux de broussailles par la promesse d'une
réécriture complète de son projet. Mais tout le monde
s'interroge et tout le monde doute. Pourquoi? Parce que, comme je le disais ces
jours-ci, M. le ministre, étant très cultivé, sait
très bien jouer avec les mots et les phrases, mais change rarement
d'idée.
Je crois, après avoir tout vu et tout entendu depuis cinq
semaines, que toutes ces idées et ces subterfuges pour M. le ministre,
ça importe peu. Qu'il y ait consensus ou non, la loi passera, disait
l'empereur Laurin, soutenu par son prédécesseur, l'ineffable
Jacques-Yvan Morin, qui a servi de poteau à M. le ministre, à ses
forces défaillantes, et aussi au ministre Raynald Fréchette qui a
été appelé hier soir comme piquet d'urgence.
M. le ministre a peur d'aller vers le peuple, comme le défiait le
président de l'Alliance, comme, d'ailleurs, le PQ a peur d'aller en
élection générale. C'est malheureux parce qu'après
le référendum, le "renérendum" nous aurions eu droit
à un "laurinrendum".
Une voix: Le ministre n'aime pas ça.
M. Hains: Le public s'apprête à rejeter cette
formation politique qui ne sème sur ses pas vraiment, de ce temps-ci
surtout, que répulsion, comme l'ont si fortement manifesté hier
soir les citoyens de l'Estrie dans notre salon rouge.
Le ministre Laurin va connaître son Waterloo. La résistance
s'organise et nous, de l'Opposition, nous ne céderons pas d'un pouce et,
plus petit un peu, d'un centimètre. La morgue - je pèse bien mes
mots parce que j'ai réfléchi en les écrivant - le
mépris du peuple, la fatuité, l'orgueil ont toujours perdu leur
maître. Vous y goûterez à votre tour et le jour approche
à grands pas. Les dieux terrestres ont des pieds d'argile et
s'effondrent souvent sous les applaudissements du peuple. Continuez à
vous gonfler de votre prétendue supériorité, messieurs, et
de votre arrogance. Méprisez quelque peu vos adversaires et les
citoyens. M. le ministre, écoutez, si vous voulez, votre intelligentsia
et votre ordinateur qui est déjà hors normes au lieu
d'écouter la population qui crie au PQ son désaveu et sa
désapprobation. Comme la grenouille de la fable, vous périrez
dans votre orgueil et le mépris du peuple québécois.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saint-Henri. M. le député de
Westmount.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...est-ce que le gouvernement consentirait que l'on
reprenne le débat à 20 heures au lieu de maintenant? Autrement le
discours de M. le député de Westmount sera interrompu en plein
milieu. Je pense que, au besoin, nous pourrions reprendre à 19 h 50.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, s'il y
a consentement...
M. Ryan: II n'y aurait aucun temps de perdu de cette
manière-là.
Le Président (M. Blouin): ...nous suspendons donc nos
travaux jusqu'à 19 h 50.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
(Reprise de la séance à 19 h 58)
Le Président (M. Blouin): Mesdames, messieurs, la
commission élue permanente de l'éducation reprend ses travaux. Au
moment où nous nous sommes quittés, j'allais donner la parole
à M. le député de Westmount.
M. Richard French
M. French: Merci, M. le Président. Merci également
au député de Fabre, adjoint parlementaire au ministre de
l'Éducation, pour son accueil chaleureux. Je vais toucher trois sujets,
peut-être quatre si j'en ai le temps, ce soir. Je voudrais d'abord
identifier les principaux thèmes qui ressortent de l'exercice
amorcé, depuis déjà deux ans maintenant, de la
réforme structurelle de notre système éducatif. Dans un
deuxième temps, je voudrais parler de la justice sociale qui se fait au
moyen de la péréquation à l'intérieur des
commissions scolaires. Troisièmement, je toucherai à certains
problèmes structurels et organisationnels qui découlent du projet
de loi 40 tel que constitué actuellement.
Tout d'abord, je pense qu'on peut dire au ministre et à son
adjoint parlementaire que, si on regarde la situation actuelle par rapport
à ce qu'elle était il y a quelque deux ans, on peut constater que
les efforts substantiels de la part du gouvernement et des intervenants du
milieu scolaire ont abouti à un consensus sur un certain nombre de
sujets importants, quant à l'intégration primaire et secondaire
des commissions scolaires, quant à la nécessité de
mécanismes assez souples pour déterminer la
confessionnalité au niveau de l'école et dans certains milieux,
quant à un désir de décon-fessionnaliser un peu moins
poussé que certaines personnes et certains techocrates l'auraient
imaginé et quant au renforcement du désir des parents de
participer à la chose scolaire. C'est - et on peut en identifier
d'autres - sur la base du consensus, par exemple, sur la
nécessité de réduire le nombre, non seulement par rapport
au secondaire I, mais aussi par rapport à la division
géographique des commissions scolaires; cela n'est pas, dans son
ensemble, négligeable, c'est même impressionnant comme
résultat d'un examen par le gouvernement et par toutes sortes d'autres
agents dans le milieu éducatif. Je pense que le gouvernement et le
ministre pourraient bâtir sur cette base-là une réforme
importante, opportune, qui satisferait une large proportion de ceux et celles
qui ont donné leur temps et leurs énergies à travailler
à la problématique que le ministre présentait il y a deux
ans.
Je voudrais donc, dans un premier temps, inviter, par votre entremise,
M. le Président, le ministre et le gouvernement à se poser la
question suivante: Est-ce qu'il ne serait pas possible, compte tenu du manque
de consensus qu'il y a à bâtir sur ces éléments, qui
semblent acquis, qui sont importants, qui sont dignes de l'effort investi,
plutôt que d'essayer de pousser dans les domaines - c'est le moins qu'on
puisse dire - auxquels les intervenants pensent qu'on ne devrait pas toucher du
tout, est-ce que la réforme devrait être entreprise par un projet
pilote, par des expériences plutôt que par des changements
à l'échelle de la province, tout d'un coup?
On nous dit que le Parti québécois a la réforme
scolaire dans son programme électoral; donc, les gens ne devraient pas
être étonnés de la voir venir sur le tapis. Je pense que,
à ce niveau-là, c'est peut-être vrai. Mais je me demande,
vu la quantité de propositions qu'il y a dans le programme du Parti
québécois, si le fait de faire partie de ce programme, en termes
relativement généraux, et après une victoire
électorale du Parti québécois, devrait normalement donner
lieu à ce qu'on peut appeler honnêtement un mandat populaire
à procéder à une réforme aussi radicale que celle
prévue dans le projet de loi 40. Autrement dit, je pense que, si le
gouvernement veut vraiment préparer le terrain de façon propice
pour la réforme, c'est le genre de sujet qui devrait être
débattu au cours d'une élection. Et si le gouvernement veut
préparer cette élection, il est maintenant en mesure de faire en
sorte que le projet pilote et les expériences se fassent là
où la volonté locale se dessine comme une base appropriée
pour de telles expériences.
M. le Président, à mon avis, le gouvernement devrait
reconnaître qu'il traite d'une des institutions les plus intimement
liées aux
besoins de tous les parents, de tous les Québécois et que,
lorsque le gouvernement touche une telle institution, il y va de sa
crédibilité, il risque sa vie. Le gouvernement pense que la
réforme qu'il a entreprise est réellement nécessaire? Nous
ferons face, d'ici un an et demi, à une élection. Comme nous
n'avons pas entendu un mot de la réforme scolaire lors de la
dernière campagne, que le gouvernement fasse des expériences et
qu'il mette sa réforme scolaire dans son programme électoral pour
que tout le monde puisse être entendu sur cela.
Passons maintenant à un deuxième point que je voudrais
toucher, c'est celui de l'importance de l'équité sociale, de la
justice sociale à l'intérieur des commissions scolaires.
Qu'est-ce qu'on veut dire par cela? La réforme préconise une
série d'écoles dont la "gouvernance", si vous voulez, se ferait
par le biais d'un conseil d'école et d'une série de
comités de parents satellites du conseil d'école avec des
responsabilités très susbtantiellement accrues par rapport aux
pouvoirs actuels qui résident à ce niveau.
Les commissions scolaires sous l'égide du projet de loi 40
auraient plus une vocation administrative qu'une vocation pédagogique.
Elles seraient moins les lieux de décision que l'école. C'est
d'ailleurs l'école pivot, l'école lieu de décisions qui
est un des fondements du projet de loi. Or, tout de suite, nous remarquons
l'importance des ressources humaines disponibles au niveau de l'école
pour assumer ces nouvelles responsabilités. On contaste que plusieurs
comités d'école se disent déjà impuissants face
à la grandeur du défi et qu'ils ne se trouvent pas prêts
à assumer de telles responsabilités. Par contre, d'autres sont
très enthousiastes et même emballés par cette
possibilité. Par exemple, certaines écoles publiques de mon
comté, un milieu assez favorisé, des parties de mon comté
sont assez favorisées, les gens ne sont pas tous aisés... Je vois
déjà les parents, advenant le cas que le projet de loi soit
adopté, en train d'aller chercher des fonds substantiels additionnels
pour leurs écoles. Je les vois préparer des projets locaux
très intéressants.
Par contre, je vois certaines écoles pas très loin de ces
écoles, dans mon comté et au sud de mon comté, qui, elles,
éprouveraient des difficultés énormes à trouver
suffisamment de personnes pour participer de façon
régulière et efficace au conseil d'école. Comme le
fonctionnement des commissions scolaires actuel le permet, il pourrait se faire
d'abord un appui au niveau de la commission scolaire pour les écoles en
milieu défavorisé: un appui technique, professionnel et un appui
financier important qui découle des marges de manoeuvre des commissions
scolaires actuelles et de leurs pouvoirs actuels. C'est- à-dire que les
commissions scolaires - au moins celles que je connais sur l'île de
Montréal - sont en mesure d'allouer les fonds disponibles de leur marge
de manoeuvre et de les canaliser vers les écoles situées dans des
milieux moins privilégiés ayant des besoins plus substantiels. Le
ministre a déposé hier un document que j'ai lu avec
intérêt; ce document contient une formule qui divise les sommes
d'argent nécessaires par rapport aux besoins locaux des enfants dans
plusieurs commissions scolaires.
Cependant, j'ai cherché, dans le document, des indications sur la
façon dont cela se ferait, non pas à partir de normes qui sont
seulement mécaniques et mathématiques, mais par une
péréquation financière entre les écoles sous
l'égide d'un projet de loi qui fait en sorte que les commissions
scolaires sont substantiellement affaiblies et sont constituées des
représentants des écoles, et donc chaque représentant a
pour fonction de protéger les intérêts de son école.
On sait que les élections à la commission scolaire se font par le
suffrage universel et les gens entrent à la commission scolaire
identifiés à la commission scolaire et non pas à une
école en particulier, identifiés peut-être à une
région du territoire de la commission scolaire.
Comment cette redistribution, comment cette péréquation,
comment cette équité sociale, qui est soutenue et appuyée
par la péréquation qui se fait de façon informelle, mais
importante, à l'intérieur des commissions scolaires, se
ferait-elle, à l'avenir, sous l'égide du projet de loi? Il y a
peut-être un moyen, mais il n'est pas évident à beaucoup
d'autres intervenants dans ce dossier.
Vient ensuite, dans le même ordre d'idées, le choix des
écoles. Il y a la possibilité d'une stratification sociale et
intellectuelle de l'école ou des écoles entre elles qui se
dessine de façon plus aiguë si le choix de l'école est
réel et non pas illusoire. Il me semble que l'élitisme pourrait
s'enraciner davantage sous un tel système que sous le système
actuel, alors qu'il y a des limites sur la mobilité des étudiants
dans les écoles publiques. Si on veut voir où cela peut nous
amener ou, en tout cas, où cela pourrait potentiellement nous amener, on
n'a qu'à examiner la situation des écoles publiques aux
États-Unis. Les écoles pu-pliques, aux États-Unis, au
niveau élémentaire, sont réellement des créations
locales. Les différences entre ces écoles sont dramatiques.
Je connais la situation à Boston, où les écoles
primaires sont distantes d'un ou deux milles. Vous trouvez, dans une
école, des enseignants mal payés, des étudiants venant de
milieux défavorisés, une base de taxation locale et une assiette
fiscale très faible. À un mille de là, dans une banlieue
privilégiée, vous trouvez une origine ethnique très
différente. Vous avez une école où les enseignants
ont un salaire qui est peut-être de 20% à 25% plus
élevé; il y a des ordinateurs dans chaque salle de classe;
parfois, les professeurs possèdent un doctorat; les étudiants qui
en sortent vont peut-être pouvoir poursuivre leurs études dans les
meilleures universités des États-Unis. (20 h 15)
Pour ma part, j'ai toujours été enthousiaste pour que le
marché libre fonctionne, pour les libertés individuelles et pour
les droits de la personne, etc., mais, au niveau éducatif, lorsqu'il
s'agit de l'avenir des enfants, je suis en faveur de standards à
l'échelle de la province. Je défendrai devant n'importe qui, sur
une base de distribution de services à toute la population d'un
territoire donné, notre système par rappport au système
américain. Je regretterais que cette réforme que nous discutons
ici donne encore lieu à des écarts à l'intérieur
même de notre système scolaire, donne lieu à
l'élitisme et empêche la péréquation telle qu'elle
fonctionne actuellement. J'ai dit "je regretterais", je reste prêt, M. le
député de Vachon et M. le député de Fabre, à
être convaincu que j'ai tort. J'essaie de faire valoir mon point de
vue.
Le problème de base, celui de la structure, je n'ai pas - le
président l'indique - le temps de l'éplucher complètement.
Je n'ai même pas le temps de l'amorcer convenablement. Il me semble
évident que, dans une situation où chaque école se trouve
relativement indépendante, le recours que le conseil d'école aura
se fera inévitablement au ministère plutôt qu'à la
commission scolaire puisque la commission scolaire devient une espèce de
fantôme par rapport aux commissions scolaires actuelles, devient une
espèce de société de débats entre les
représentants des écoles; là, aucun intérêt
de niveau plus élevé que chaque école ne pourra
s'articuler. Tous et chacun des représentants vont se voir comme
délégués de leur conseil d'école et de leur
école au sein de la commission scolaire et auront la
responsabilité de tirer les couvertures autant que possible dans la
direction de l'école.
Je suggère au ministre d'abord de se satisfaire des
accomplissements importants qui sont ceux du gouvernement et de toute la
société québécoise dans ce débat, de ne pas
embarquer la société et le système éducatif dans
une aventure de réorganisation structurelle alors que les
problèmes se dessinent dans d'autres contextes et de m'expliquer
pourquoi la stratification et l'élitisme ne s'enracineraient pas
davantage sous l'égide du projet de loi 40.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Westmount. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Il faut peut-être rappeler que nous sommes encore ici ce soir
parce que le député de Fabre, hier soir, présentait une
motion de clôture, se jugeant suffisamment informé et
arrêtant ainsi l'audition des mémoires.
Cet après-midi, nous avons fait un amendement pour essayer de
plaider en faveur de tous ceux et celles, organismes ou individus, qui avaient
demandé de se faire entendre à cette commission parlementaire
après avoir consacré localement de nombreuses heures de
réflexion, de travail et réuni des groupes importants. Nous
connaissons maintenant le sort qui a été réservé
à notre amendement. Le gouvernement, par sa majorité, l'a tout
simplement rejeté, convaincu qu'il possède toute la
vérité et pas du tout convaincu que peut-être il aurait eu
encore à apprendre, d'autant plus que nous commencions à peine
depuis deux jours à aborder les problèmes des régions plus
éloignées qui, d'ailleurs, pour la très grande
majorité, ne trouvaient pas de place à cette commission
parlementaire, n'ayant même pas été invitées.
Ceci étant dit, M. le Président, je n'ai pas du tout
l'impression que nous réussirons à faire retirer ou à
battre, si l'on peut dire, la motion de clôture du gouvernement. Dans
notre régime parlementaire, on a parfois l'impression que la
démocratie s'exerce à tous les quatre ans - parfois cela prend
cinq ans - au moment des élections. Je pense que c'est peut-être
à ce moment-là que la population rendra son véritable
verdict.
Je vais profiter des quelques minutes qui me sont allouées pour
revenir à ce qui m'apparaît un aspect fondamental et
extrêmement important de ce projet de loi et sur lequel, je pense, a
porté probablement la majorité des heures que nous avons
passées ici, soit le nouveau partage des pouvoirs qui serait fait entre
les différents paliers du système scolaire, en m'arrêtant
particulièrement sur le palier de l'école. Je devrais parler
uniquement de nouveaux partages entre les commissions scolaires et les
écoles, et non pas de nouveaux partages entre le ministère de
l'Éducation, les commissions scolaires et les écoles, puisque le
ministère de l'Éducation ne cède aucun pouvoir, en
reprend, et que ce partage se fait vraiment uniquement à partir d'une
transmission de pouvoirs du niveau de la commission scolaire à
l'école.
Ce qui importe particulièrement à l'école et ce qui
a, j'en suis certaine, mobilisé surtout les parents, c'est cette notion
de pouvoirs qu'on dit vouloir leur accorder. Fort bien. Je pense que la nature
humaine étant ce qu'elle est, les députés
aimeraient peut-être gruger un peu les pouvoirs du cabinet et le
gouvernement provincial voudrait gruger un peu les pouvoirs du gouvernement
fédéral; quand on fait miroiter une augmentation de pouvoirs,
tout le monde est heureux et en veut un peu plus. Dans ce sens, je comprends la
réaction des parents.
Je comprends également la réaction des parents qui ne
veulent pas uniquement non plus le pouvoir pour le pouvoir, mais qui se disent:
Si nous avons un peu plus de pouvoirs, on aura peut-être moins de
problèmes dans les écoles. Je pense que c'est un sentiment fort
légitime que, comme parent moi-même, je peux fort bien comprendre.
Mais, encore faut-il s'assurer qu'on pourra exercer ce pouvoir, qu'il ne
créera pas de conflit et qu'il permettra, en fin de compte, une
meilleure harmonisation des efforts de tous ceux qui travaillent à
l'intérieur du système scolaire.
Je relisais rapidement quelques-unes des opinions émises par les
parents en commission parlementaire. Nous avons, d'une part, la
Fédération des parents du Québec qui se dit
évidemment favorable au projet de loi 40, parce qu'il va justement
donner aux parents les pouvoirs décisionnels qu'ils désirent
exercer, particulièrement dans le domaine de la pédagogie. Si
vous relisez attentivement, vous trouverez cela. Même chez ce groupe qui
dit avoir fait approuver, qui a fait approuver - c'est sa déclaration,
et non pas "qui dit" - son mémoire par une majorité de parents,
il y a quand même des ambivalences.
J'aimerais vous référer à la page 40. Il demande au
ministre de rendre obligatoire la création des comités
d'école qui maintenant, comme je le disais cet après-midi, sont
devenus consultatifs. Je lirai ce qu'il dit textuellement, et je cite: "Si un
tel organisme consultatif n'existe pas - en se référant au
comité d'école qui existe présentement dans une
école - il y a un risque certain que les parents, reliés au
processus décisionnel, se laissent accaparer par une foule de
problèmes d'ordre administratif ou politique et s'éloignent de
l'enfant et des conditions concrètes qui président à son
éducation."
On sait fort bien que, dans le projet de loi, les pouvoirs
décisionnels qui sont accordés aux parents non seulement peuvent
être conflictuels avec les commissions scolaires, mais peuvent
l'être aussi avec les responsabilités des autres personnels dans
les écoles, à commencer par les enseignants ou même la
direction de l'école. C'est assez inquiétant d'entendre cette
affirmation de la Fédération des parents qui dit: Dans le fond,
est-ce qu'on va recréer au niveau de l'école ce qu'on
déplore présentement au niveau de la commission scolaire
où on sait qu'une majorité des commissaires sont des parents,
mais qu'on accuse de ne pas être assez sensibles aux problèmes de
l'école? Tout de suite, on revoit surgir cette difficulté au
niveau de l'école.
Je lisais également - j'espère que je vais le retrouver -
le mémoire du Comité central des parents de la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Ils disent également - je
pense que c'est important qu'on fasse part ici des deux points de vue -que les
pouvoirs attribués à l'école sont exercés par un
conseil d'administration multipartite où les parents sont majoritaires.
En tant que premiers responsables de l'éducation de leurs enfants, les
parents veulent désormais prendre part aux décisions qui
orientent la vie éducative et pédagogique que l'école
offre aux enfants. Je pense qu'ils peuvent déjà le faire, mais
ils le réaffirment, en tout cas. Deux paragraphes plus loin, on lit:
"À plusieurs occasions, les parents de la CECM avaient exprimé
des inquiétudes quant à la préparation des divers milieux
- ils écrivent ce qui suit entre parenthèses - (lire: parents)
à assumer les pouvoirs ainsi attribués à l'école.
Les articles 86 et 216 du projet de loi tiennent compte de ces
inquiétudes. Alors, l'école devrait pouvoir remettre en
totalité ou en partie seulement des responsabilités qu'elle ne
souhaite pas exercer à un moment donné. Ces pouvoirs seraient,
par la suite, récupérés graduellement selon les
désirs des écoles."
Là aussi, vous avez cette ambivalence. On dit: Oui, on en veut
plus, mais on est quand même assez conscients de certaines limites,
peut-être de certaines difficultés pour des écoles à
exercer ces pouvoirs décisionnels; alors, laissez-nous une soupape et on
pourra les exercer ou pas, les redéléguer à la commission
scolaire ou non.
Je ne répéterai pas ce que disent certains parents qui
s'opposent à cette remise de pouvoirs décisionnels aux parents
dans l'école: Nous avons développé un mode de concertation
qui a été un mode évolutif, qui repose sur une meilleure
concertation, sur une meilleure compréhension, sur une volonté
véritable de tout le monde et, à partir de cela, nous avons
développé nos projets éducatifs; il y a des endroits
où on exerce des pouvoirs décisionnels qui ne sont pas
nécessairement ceux que le projet de loi veut nous donner; c'en sont
peut-être d'autres; on ne peut pas forcer les mentalités, on ne
peut pas forcer les attitudes, il faut davantage les laisser évoluer,
quitte, peut-être, à prévoir, là où il y a
des problèmes de communication, des mesures incitatives, mais surtout ne
légiférez pas la concertation.
Il faut s'inquiéter - je suis certaine que la majorité des
parents s'en inquiète aussi -quand on sent que les enseignants ont
été laissés de côté dans cette nouvelle
orientation ou ces nouveaux pouvoirs qu'on
donne à l'école. La seule place que le ministre leur a
fait, c'est: les enseignants, s'ils le désirent, pourront être
représentés au conseil d'école. Comme résultat, on
a vu les directeurs d'école venir ici - non pas l'ensemble des
directeurs d'école, mais la Fédération des directeurs
d'école - nous dire: Nous ne voulons pas d'enseignants au conseil
d'école. Nous avons entendu des parents dire, quand on leur a
posé la question: Oui, c'est bien important les enseignants dans
l'école, mais il n'en faut pas plus d'un; il n'en faut pas plus de deux;
il faut que nous soyons majoritaires. À ce moment-là, j'aimerais
rappeler aux parents que l'école ne va évoluer que dans la mesure
où on veut laisser aux enseignants la place qui doit leur revenir. (20 h
30)
M. le Président, j'aimerais à cet égard faire
référence à ce document qui vient d'être
publié par le Conseil supérieur de l'éducation et qui est
intitulé: Les défis de l'école secondaire. C'est sûr
que le ministre en a pris connaissance, connaissant son esprit de travail,
même s'il travaille de longues heures ces jours-ci. Dans ce document, on
dit justement à quel point il est important, si on veut vraiment
résoudre les véritables problèmes de l'école, de
revaloriser l'enseignant, de lui donner la place qui lui appartient dans
l'école, qu'il soit vraiment lui aussi... On cherchait tout à
l'heure qui devait être le pivot de l'école. On disait:
L'école pivot, mais qui va être le pivot? Il faut bien se le dire,
l'éducation, cela se passe dans la classe, et le pivot de
l'école, c'est l'enseignant.
Je n'ai pas le temps de continuer plus longuement, mais je veux
simplement dire aux parents que nous partageons leurs préoccupations et
que c'est un équilibre délicat à établir à
l'intérieur d'une école. Vouloir gérer l'école avec
toutes les situations conflictuelles - nous avons eu l'occasion de les
étudier - qui surgissent, si l'on tient compte des contradictions de
certains articles, de l'ambiguïté du partage des pouvoirs, etc., il
faut bien que les parents se demandent: Est-ce que c'est ce qu'on veut, en fin
de compte, pour nos enfants? Qu'on veuille participer davantage, que dans
certains domaines on leur donne un pouvoir décisionnel, mais faut-il le
leur donner à partir d'un conseil d'école? Faut-il le leur donner
à partir d'un conseil d'orientation qui fonctionnerait? Il faudrait se
questionner. Quelles sont les raisons pour lesquelles le conseil d'orientation,
qui n'a même pas trois ans d'existence, qui existe dans quelques
écoles à peine - on dit six ou dix dans l'ensemble du
Québec... Cela devrait peut-être inviter le gouvernement et le
ministre, en particulier, à réfléchir. Est-ce qu'on met en
place, tel que prévu dans le projet de loi 40, le cadre qui va permettre
justement à l'école d'évoluer et à
l'éducation de s'améliorer?
Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Blouin): II vous reste un peu moins de
cinq minutes, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement répéter ici
ce que l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires du Québec est venue nous dire. Je pense que nous tous, autour
de cette table, avons quand même pu apprécier la qualité
des directeurs généraux. Ce sont des gens qui, depuis la
réforme de l'éducation - et probablement avant, mais parlons de
la réforme de l'éducation - ont eu la charge de mettre en
application tous les changements qui sont survenus dans le domaine de
l'éducation. Ils l'ont fait, je pense, avec beaucoup de
responsabilité. Quand on les entendait parler, je pense qu'on
réalisait qu'ils connaissaient ce dont ils parlaient. L'association des
directeurs généraux disait: "Nous défendrons la
compétence actuelle du réseau scolaire ainsi que la libre et
véritable prise en charge de l'évolution des milieux par les
communautés de base, mais nous nous opposerons cependant à tout
processus visant une uniformisation encore plus grande du système
scolaire. Le temps des perpétuels combats pour réaliser des
changements doit être révolu. Il faut investir dans ceux qui
offrent des garanties suffisantes de succès, de manière à
permettre une nécessaire quiétude dans la réalisation de
l'activité éducative."
On a l'impression, non pas l'impression, mais la quasi-certitude,
qu'avec le projet de loi 40, tel qu'il est devant nous, nous
n'améliorerons pas le système scolaire, nous
n'améliorerons pas la qualité de l'éducation, mais nous
mettons en place les éléments pour que le système
d'éducation que les parents souhaitent de plus en plus
décentralisé devienne de plus en plus centralisé. Les
directeurs généraux disaient encore: "Le projet de loi 40 ne
prévoit aucune véritable décentralisation de pouvoirs vers
les autorités locales. Il procède plutôt à
l'émiettement et à la dilution des pouvoirs locaux au point de
les rendre inconsistants face à l'omniprésence de l'État.
Cette multiplication des centres de décisions risque fort d'augmenter
les conflits et n'améliorera en rien la qualité de
l'éducation."
M. le Président, en terminant, je dis au gouvernement qu'il ne
faut pas refaire l'erreur d'appliquer un modèle rigide et uniforme.
Parmi nos nombreux invités, plusieurs sont venus nous dire: Ne faites
pas cela; nous avons été assez uniformisés; tout est assez
rigide et, encore, dans ce livre, on parle de rigidité, de
grilles-horaires, de
programmes qui font que, finalement, même quand on parle de
projets éducatifs et d'une coloration spéciale pour chaque
école, on sent combien même cet objectif est menacé par la
rigidité et toute la complexité des directives et des
règlements qui viennent du ministère de l'Éducation.
En terminant, je fais miens ces propos de plusieurs témoins qui
sont venus ici: la concertation, les changements d'attitude, l'évolution
des mentalités, la participation, la créativité ne se
légifèrent pas. Nous avons déjà en place un cadre
suffisamment rigide. Il ne faut pas aller vers un cadre plus rigide, encarcaner
tous les intervenants dans un cadre qui, justement, empêchera d'atteindre
les objectifs que, fort honnêtement, le ministre essaie d'atteindre. Il
ne faudrait surtout pas - je le dis aux parents - que l'on multiplie les
situations de conflits, mais que l'on crée plutôt un climat qui
aide à résoudre les nombreux problèmes auxquels
l'éducation fait face présentement et que les parents ont
eux-mêmes, à plusieurs occasions, fort bien identifiés.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais essayer
d'être bref, parce que cela fait déjà cinq semaines qu'on
discute du projet de loi 40 en commission parlementaire. Nous sommes ici depuis
10 heures, ce matin. Ce n'est pas que je n'aie pas le goût de continuer,
mais il y a d'autres intervenants qui voudraient prendre la parole. Je veux
surtout m'attarder à la présente motion et à une
évaluation globale de la commission au cours de ces cinq semaines. Je
pense que c'est important.
Ce que je veux faire en commençant, c'est remercier beaucoup de
gens, ceux qui ont présenté un mémoire, tous et chacun,
pour le temps qu'ils ont mis à la préparation, aux rencontres,
aux discussions, et pour nous l'avoir envoyé. Je pense que cela
mérite d'être mentionné. Cette commission aura eu comme
avantage - il ne faudra jamais l'oublier - de faire une certaine concertation,
d'amener ici, à cette même table, dans cette salle, des gens de
toutes les tendances, de toutes les croyances du monde de l'éducation,
de discuter ensemble de l'avenir de l'éducation et d'évaluer ce
qui s'est fait au Québec dans ce domaine depuis 20 ans. Je trouve que
c'est déjà en soi quelque chose d'extraordinaire. Je veux
remercier ceux qui sont venus nous présenter leur mémoire, ceux
qui ont attendu de longues heures avant de le présenter et qui,
très patiemment, ont répondu à nos questions.
Pour ceux qui ne sont pas venus, parce qu'ils n'ont pu être
invités, j'aimerais les rassurer. La discussion, tout au cours de la
journée, m'a personnellement rassuré et les membres de la
commission ont pris effectivement connaissance des mémoires. Il a fallu
le faire pour préparer la liste des intervenants. Il a fallu s'informer,
lire les mémoires. Tous ceux qui ont pris la parole ont souvent repris
et apporté des témoignages de mémoires qui n'ont pas
été présentés ici, à la table des
invités. C'est la preuve que les gens peuvent être sûrs et
certains qu'ils n'ont pas travaillé pour rien, que la commission va
tenir compte des mémoires qui ont été
présentés, aussi de ceux qui ne l'ont pas été en
commission et qui nous ont été soumis pour dépôt. On
en a pris note. La preuve en a été faite ici toute la
journée parmi les membres de la commission.
Je veux aussi remercier mes collègues, membres de la commission,
pour le sérieux qu'ils y ont mis. L'éducation est certainement
l'un des points majeurs d'une société. Le débat s'est
toujours fait à un niveau très élevé, on doit le
reconnaître et je pense que c'est bon de le mentionner. Il faut
également remercier tous ceux qui nous ont aidés, de près
ou de loin, qui ont travaillé - et je ne veux nommer personne -qui ont
prodiqué les conseils et fourni les services techniques. C'est
important, parce que, durant cinq semaines, nous avons été ici
à entendre beaucoup de personnes, à avoir des discussions souvent
longues, mais qui ont toujours été très
intéressantes, très importantes et très productives, j'en
suis certain.
Ceci étant dit, la motion porte sur le fait que les membres, se
jugeant suffisamment informés, peuvent maintenant cesser les auditions.
La discussion de toute la journée ne fait que me convaincre davantage.
Oui, les membres sont bien informés. On ne peut en douter pour certaines
personnes ici à la table parce que le problème soulevé par
le projet de loi 40, la réforme qu'on veut y apporter, n'est pas
nouvelle. Mon collègue a dit tantôt que c'est l'aboutissement du
rapport. Au cours des années, il a été question de ces
fameuses structures et des personnes vont s'en souvenir parce que même le
député d'Argenteuil, comme éditorialiste, avait pris
position sur les projets de loi 62 et 28, vous vous en souviendrez, vers la fin
des années soixante ou au début des années soixante-dix,
sur le même sujet. Ces projets de loi ont été
retirés, mais ils traitaient du même sujet. Nous sommes treize
à quatorze années en avant maintenant. Donc, je pense que c'est
un aboutissement qui s'en vient avec la loi 40.
Les gens sont informés parce que ce débat est dans le
décor depuis longtemps. Il
est dans le décor, il ne faut pas l'oublier, depuis quelques
années, soit depuis l'apparition du livre blanc et du projet de loi 40.
Oui, on a écouté des gens présenter des mémoires;
oui, on a lu des mémoires dont les gens n'ont pu venir discuter, mais,
depuis deux ou trois ans, on s'est promené aussi. Le ministre a
rencontré des groupes; des députés aussi - probablement
des deux côtés - en tout cas, je peux parler pour moi. Dans mon
comté, j'ai fait des dizaines d'assemblées publiques pour
rencontrer des groupes sociaux, que ce soit les Chevaliers de Colomb, l'AFEAS
ou différents groupes, des comités de parents, des comités
d'école et des commissions scolaires, pour discuter du livre blanc et,
ensuite, du projet de loi 40, au point où les gens des commissions
scolaires, chez nous, que j'ai rencontrés n'ont pas émis le
souhait de venir ici faire une présentation, pour deux raisons:
premièrement, parce qu'on s'était rencontrés et qu'ils
m'avaient fait leur doléances et, deuxièmement, parce que leurs
demandes étaient semblables à celles de plusieurs autres groupes
qui sont venus ici faire des représentations. Donc, il faut aussi faire
attention.
Si l'on regarde la journée d'hier, qui fut également
très productive, à mon avis, à certains moments
donnés, il y avait des moments étirés. Là-dessus,
je voudrais reformuler le souhait - en réponse au député
de Westmount - ou les excuses que je suis allé exprimer aux gens de
l'Estrie, hier soir, qui ont été, en somme, victimes du
système démocratique dans lequel on vit à
l'Assemblée nationale. S'il est vrai qu'ils ont été
choqués que cela se produise, ils l'étaient moins - et je dois
vous dire qu'ils l'étaient beaucoup moins - à la fin de la
discussion, lorsqu'ils ont compris qu'un jeu démocratique se joue au
salon rouge et que ce jeu était joué correctement des deux
côtés, dans le sens qu'habituellement - et il ne faut pas
l'oublier - nous avons entendu jusqu'à six mémoires
régulièrement par jour, durant ces cinq semaines. Hier, parce que
l'Opposition a fait un jeu démocratique, on n'en a entendu que deux et
demi. Nous avons dû faire cette fameuse motion et les gens ont compris.
Donc, pour ce qui est des gens de Sherbrooke et des environs, je dois vous
dire, M. le député de Westmount, que c'est avec plaisir que j'ai
terminé la soirée avec eux, hier soir, et c'est avec plaisir que
je vais les rencontrer, parce qu'ils ont compris.
En gros, c'est ce que je voulais dire, M. le Président, parce que
c'est un sujet très important; cela nous a permis d'en discuter
énormément, mais je voudrais rappeler l'importance de ces cinq
semaines. Si l'on n'a pas entendu tous les mémoires, on vient quand
même - il ne faudrait pas que les membres de la commission l'oublient, M.
le Président - de battre - excusez l'expression - de défoncer un
record, encore une fois, dans les annales de l'Assemblée nationale, par
le nombre de mémoires entendus et par le temps consacré à
ce sujet. Il serait donc faux de prétendre qu'on n'y a pas mis tout le
temps nécessaire; cette commission bat des records par le nombre
d'heures qu'on y a consacrées et le nombre de mémoires qu'on y a
entendus. Je pense qu'il est bon qu'on le mentionne. (20 h 45)
Maintenant, le projet de loi 40 vient de franchir une autre
étape. Si, d'autres fois, on en a discuté mais qu'on n'a pas
réussi à rendre cela en projet de loi, si vraiment on est sur le
point d'apporter à notre système d'éducation des
structures qui soient meilleures et qui permettent d'aller plus loin, il
faudrait avoir le courage d'aller plus loin, il faudrait avoir le courage de
faire adopter ce projet de loi en tenant compte, bien entendu, des remarques
qui nous ont été faites par tout le monde. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Shefford. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Nous sommes face
à une motion qui vise à mettre fin aux auditions sur le projet de
loi 40. Après avoir entendu près de 100 mémoires au cours
des cinq dernières semaines, il est évident que le projet de loi
n'est pas voulu par la grande majorité de la population. C'est un projet
de loi massif, qui vise à changer toutes les structures et tous les
rôles et pouvoirs de tous les intervenants du système.
En dépit de l'insistance du gouvernement à dire que c'est
un projet de décentralisation, toute l'évidence que nous avons
indique que le projet de loi va centraliser les pouvoirs plus que jamais dans
les mains du ministre de l'Éducation. Le pouvoir de
réglementation qu'on trouve dans le projet de loi est inacceptable dans
une démocratie. De plus, le projet de loi dévalorise les
commissions scolaires en leur retirant le rôle de leadership
pédagogique. Le projet de loi morcelle le pouvoir des gouvernements
locaux et laisse les écoles affaiblies devant un ministre tout-puissant.
Les pouvoirs promis aux parents dans les écoles, selon notre analyse,
seront effectivement illusoires, avec le danger qu'on va décourager au
lieu d'encourager la participation réelle et satisfaisante des
parents.
Le projet de loi va certainement politiser l'école et politiser
le rôle du directeur de l'école, ce qui va aggraver les tensions
entre les enseignants et les parents, et rendre le directeur de l'école
incapable de
remplir son rôle légitime, soit le rôle de leader
pédagogique de l'école. Il est évident que les provisions
en ce qui concerne la confessionnalité sont ambiguës et
contradictoires, et risquent de susciter des conflits malheureux dans nos
écoles. S'il y a un certain consensus dans les commissions scolaires
linguistiques hors de l'île de Montréal, un tel consensus n'existe
pas sur l'île de Montréal. Il y a une demi-douzaine de questions
majeures sur le plan de la constitutionnalité du projet de loi et il
faut absolument les clarifier devant les tribunaux avant d'aborder les
réformes de structures et de pouvoirs proposées dans le projet de
loi
S'il y a consensus sur une question, M. le Président, c'est que
le projet de loi aura pour résultat de semer la confusion dans tout le
système scolaire. Et ce qui est pire, il n'y aura aucune assurance que
tous les changements amélioreront la qualité de
l'éducation. Tout ce dont on peut être sûr, c'est que,
pendant une période prolongée, l'énergie de tous les
partenaires du système sera détournée des problèmes
d'importance directe pour l'apprentissage et ce, au détriment de nos
élèves.
Il y a un an et demi, pratiquement deux ans maintenant, un groupe de
députés libéraux a fait une tournée de la province.
Lors de ces rencontres que nous avons eues dans toutes les régions du
Québec, nous avons entendu la même histoire: Nous avons eu assez
de changements dans nos écoles. Nous n'avons pas besoin d'un
chambardement inutile dans nos écoles. Nous avons subi des
confrontations lors de chaque ronde de négociations avec les enseignants
et les autres effectifs du système scolaire. Nous avons vécu la
loi 101 et, pour les anglophones, celle-ci a eu et a encore un impact
énorme sur l'avenir des écoles et autres institutions anglaises.
Pour les francophones, la loi 101 a imposé de nouveaux ajustements
à cause d'une clientèle de plus en plus diversifiée qui
impose des changements sur le plan pédagogique et confessionnel.
Nous avons vécu plusieurs changements de règles du jeu sur
le plan budgétaire. Nous avons vécu, dans les écoles, des
coupures budgétaires sévères, qui ont grandement
diminué les ressources humaines, surtout sur le plan professionnel. Nous
avons vécu des changements démographiques à cause du
changement de pattern de l'immmigration, de la baisse du taux de naissance, des
surplus des effectifs dans les écoles et des fermetures d'écoles.
On a vécu une augmentation du nombre et de la gravité des
problèmes sociaux, des problèmes familiaux qui sont
reflétés dans nos écoles: la violence, le vandalisme, la
drogue, le suicide, les familles monoparentales. Tous ces changements dans
notre société sont reflétés dans la vie de chaque
école.
Nous avons vécu une crise économique qui a aggravé
les problèmes des plus démunis. Nous avons vécu une
réorganisation des services de santé et des services sociaux dans
nos écoles. Nous avons vécu plusieurs consultations: le livre
orange, le livre vert, le livre blanc des ministres de l'Éducation; on a
dépensé énormément d'énergies dans
l'étude du livre blanc et, maintenant, dans l'étude du projet de
loi 40. Nous avons vécu une multiplication des règlements qui
viennent du gouvernement; ils ont alourdi de plus en plus les tâches
administratives des cadres et des principaux des écoles.
What we heard all over the Province -and I think we are still hearing -
is that there is one enormous point of consensus and it is that this law is not
really wanted, that this law holds no promise of an improvement in our
education system. Quite the contrary, it could put us into chaos for many years
to come.
What I think the large majority of the people are saying is: What we
want is some peace and stability in our schools. They are not saying that they
want the status quo, far from it; they are saying that there are some real
problems in the schools that must be addressed, and they must be addressed in a
systematic and concerted manner. The government has got to start playing a new
kind of a role and stop producing laws, regulations and various initiatives
that provoke confrontation and divide teachers from parents, from school boards
and from the other partners in the education system. Let us start looking at
real problems of education together and what are some of these real problems,
and they will not be solved by fancy laws in changing all the structures.
People want a better quality of education. First of all, we have to
truly decentralize and that does not mean deconcentrate. That is the minister's
version of decentralization. It means: Let us revalue, let us put some real
powers, pedagogical powers, financial powers, administrative powers, in the
hands of our school boards, so that they become real local governments with the
capacity to be responsible to the people they serve. I do not believe that
there will have any trouble getting a good turnout at school boards elections
when those boards have real powers and can be responsible to the people they
serve.
Let us look at the dropout situation. I think it is pretty disgraceful
that 30% of our students do not graduate from highschool. The minister says
that he is going to clean it up in five years. I do not believe it. I do not
think it is possible, but I think that something can be done and I think that
it has to start very early in school. The potential dropouts in schools, the
people who are not going to make it, so-called through
school, can be identified normally very early in school. You do not have
to wait until highschool to find them. We have to start teaching children and
get away from thinking that school is teaching subjects. The quality of
education is the relation of the teacher to a student. It is a human
relationship. It is a dynamic relationship. It is a very special individual
relationship and it is not a course, it is not a book and it is not a new
program. That is why we have to get back to looking at children, not at
subjects. The same goes for highschools. I think that the climate, the quality
of life in our highschools, in many of our highschools, is not acceptable. Why,
do we think, that all these people are going to private school? Because they
are looking for a better quality of life. They may not learn more mathematics;
they may not learn more science; they may not learn more music or history, but
they get a better quality of relationship, a better feeling about themselves, a
better sense of self-respect of their own potential. That is what education is
all about. (21 heures)
We have to start believing in the possibility of children with special
problems. We have to stop thinking that a change of policy, that we are going
to integrate children into regular classes and, somehow, the law will become
normal. It will just not happen. It is going to take a lot of resources, a lot
of caring, and perhaps a lot of money to help children with special needs to
make it, but the money that we spend when they are young and maybe when they
are very young - before school - is worth every nickel because it is going to
cost our society 10, 20, 30 times what it costs to educate them well. Later on,
it will cost us 20 times, in terms of human misery and social costs of picking
up the pieces. These are just some of the problems that I think that we have to
address ourselves too.
We have to look at first and second language learning. When we went on
our tour around the province, a year and a half ago, we heard this everywhere.
It did not matter whether we were in the Saguenay or in Gaspé, or in
Outaouais, or in the city of Montreal, we heard the same everywhere: We want
two things for our children. We want them to speak English and French and we
want them to be mobile so that they can take jobs wherever the jobs are.
I think that is high time that the people of Québec recognize
that we must have two languages for everybody. It is the only realistic way to
look at the language learning. Language learning expands potential; it is not a
threat. The last thing that I think that we should look at is something that we
talk a lot about, and there are a lot of reports lying around about, but we do
not do much about it, is the whole business of preparing our children for the
world of work. That is a tough problem. I think that our schools are failing.
They have been failing for a long time, and the gap between the world of school
and the world of work is getting wider all the time. We have to redress it and
we need people in our schools that can bring the world of work to the school
and the school to the world of work. We have to look at new ways of abridging
that gap because the traditional ways are not sufficient.
Mr. Chairman, I think if we can do just some of these things, we would
be doing an awful lot more for the quality of education than Bill 40. I hope
that the Government will have the courage not just to rewrite it, but to
withdraw it.
Thank you.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le député de
Vachon.
M. David Payne
M. Payne: J'ai appris beaucoup pendant cette commission
parlementaire avec mes collègues et avec les membres de l'Opposition.
J'ai écouté avec une certaine assiduité les propos de tout
le monde et particulièrement les propos de ceux qui sont venus nous
rencontrer pour présenter devant la commission leur vécu.
J'ai appris beaucoup de choses auxquelles j'étais très peu
sensibilisé. D'autres expériences ont confirmé mes propres
convictions. Pour moi, c'est une expérience d'apprentissage. Loin
d'être un champion du statu quo, je suis de plus en plus convaincu que le
gouvernement qui dirige les intérêts des Québécois,
à l'heure actuelle, devrait aller de l'avant. Si ce n'est pas notre
gouvernement, il faudra que cela soit un autre. Les efforts entamés
depuis maintenant 20 ans doivent aboutir, à un moment donné,
à une politique globale. Dans cette commission, nous avons essayé
de chercher les consensus et, également, de voir quels étaient
les points de divergence auprès des différentes
communautés et des différents individus. Comme l'a dit le
député de Westmount un peu plus tôt, il y a un consensus,
par exemple, sur la notion de l'intégration élémentaire et
secondaire dans les écoles, au sein de la même commission
scolaire. Il y a un consensus également, aussi paradoxal que cela puisse
paraître à première vue, sur la notion de la
déconfessionnalisation. Il faut bien faire attention parce qu'on ne veut
pas dire par cela éliminer toute notion de confessionnalité de
nos écoles, loin de là, mais la garantir au niveau de
l'école et élargir la notion de confessionnalité jusqu'aux
valeurs morales
pour que chaque école puisse, tout en se dotant de son propre
projet éducatif, avoir aussi la possibilité d'offrir des services
à ceux qui voudraient recevoir à l'école un
témoignage des valeurs morales et confessionnelles.
J'ai beaucoup appris sur le sujet tendancieux de la question
linguistique dans les écoles. Nous avons vu un grand consensus selon
lequel il fallait diviser les commissions scolaires au niveau de la langue
plutôt qu'au niveau de la confessionnalité. Là encore,
aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'Opposition voudrait, me
semble-t-il, minimiser ces grands consensus au niveau de l'intégration,
au niveau de la déconfessionnalisation des commissions scolaires pour
nous faire croire que cela peut se faire très facilement. On a
même l'impression qu'on pourrait procéder sans amender le projet
de loi et les lois qui existent déjà. C'est un non-sens. Chacun
de ces chapitres exige de la part de l'État, du ministère, des
intervenants, des agents de l'éducation, des commissions scolaires, des
parents, des comités de parents des écoles, des directeurs
généraux des commissions scolaires et des directeurs
d'école des responsabilités énormes, des efforts
énormes. Il n'est pas facile de procéder, même avec ces
trois chapitres; tout cela représente un défi de taille pour la
communauté québécoise.
Nous avons aussi essayé de regarder la situation dans les autres
pays. On sait très bien que les comparaisons peuvent être
boiteuses parfois, mais c'est seulement un aveugle... Je m'excuse, je ne veux
pas avoir de préjugés, mais je veux dire qu'on ne devrait pas
être aveugle à ce qui se passe dans les autres pays, dans les
autres provinces, aux États-Unis et en Angleterre. Je lisais pendant
l'heure du souper la loi de la Nouvelle-Écosse; c'est toute une loi. La
loi de l'Ontario est énorme; c'est une pile, une brique écrite
d'une manière très laborieuse. Sans témoigner de la
même économie que le projet de loi 40, elle est écrite
d'une manière très disparate, déconnectée. La loi
de la Nouvelle-Écosse parle des droits et responsabilités des
enseignants. Pour tout membre d'un syndicat québécois, ce serait
véritablement un cauchemar que de voir écrit dans la loi de
l'éducation de la Nouvelle-Écosse une espèce de
décret sur les responsabilités, les droits, par exemple, qui
existent ou qui n'existent pas pour une enseignante enceinte, la
possibilité de suspendre l'enseignante. C'est quelque chose qui n'est
pas à jour, qui ne reflète pas le Canada d'aujourd'hui.
Je pense que le Québec se situe dans un "main stream" de
développement, un "main stream" caractérisé par beaucoup
de préoccupations soulevées, à juste titre, d'ailleurs,
par la députée de Jacques-Cartier, il y a quelques minutes. Je
pense que son témoignage était un éloquent plaidoyer pour
un changement majeur dans notre système d'éducation.
J'ai appris beaucoup sur le rôle exigé par les parents. Je
rencontre les parents de mon comté très souvent. La commission
scolaire qui englobe exclusivement le comté de Vachon est la commission
scolaire de Taillon. J'ai reçu un télégramme l'autre jour
du président du comité de parents qui siège au sein de la
commission scolaire et qui s'est vu exclu de toute participation aux
délibérations de la commission scolaire, il y a deux semaines, au
moment où la question d'un réaménagement des écoles
était à l'étude. Il m'écrit et il me demande ce
qu'il peut faire. Il me dit que, si jamais il y avait un plaidoyer pour une
réforme, pour une représentativité réelle avec ce
qu'on dit en anglais un "input", une contribution positive, c'était bien
le projet de loi 40.
Il y avait tout un réaménagement des écoles
proposé il y a quelques semaines par la même commission scolaire.
J'ai été tenté de recommander au ministre de les inviter
à venir à la commission. Cela a chambardé beaucoup de
parents, beaucoup d'élèves. Il y a un parent qui est venu me voir
et il dit: Mon enfant a changé d'école trois fois en quatre ans
à cause des politiques de la commission scolaire. Je dois dire en
passant que j'entretiens d'excellents rapports avec tous les commissaires de
cette école. Mais le point est fait, est enregistré, que ces
parents n'avaient pas de pouvoirs décisionnels. Je vais les rencontrer
encore dans quelques jours pour discuter avec eux du manque de pouvoirs
décisionnels qu'ils ont au sein du système actuel. Je ne peux pas
prétendre être un champion du statu quo et je ne suis pas, non
plus, un prophète de malheur. Je ne partage pas le négativisme
des fois exprimé par les membres de l'Opposition.
Je ne suis pas, non plus, insensible à certains problèmes
ou préoccupations soulevés tout à l'heure, là
encore à juste titre, de la part du député de Westmount.
Je ne voudrais pas refaire pour lui la démonstration que nous avons
essayé de faire au chapitre de la péréquation, comment la
formule s'applique, comment elle pourrait s'appliquer dans l'avenir. Mais je
suis persuadé - parce qu'on achève nos travaux - que nous avons
apporté les assurances nécessaires pour illustrer le fait que ces
garanties sont maintenues dans le projet de loi. Même, à certains
égards, elles sont améliorées. Et, si elles ne sont pas
claires, j'aimerais bien être la première personne à
apporter un argument additionnel au ministre pour que le projet de loi puisse
être plus clair à cet égard.
J'ai appris beaucoup sur les préoccupations de notre milieu
anglophone. Le projet de loi n'est pas suffisamment clair, à mes yeux,
concernant une infrastructure
administrative et pédagogique de soutien pour notre milieu
anglophone. Je considère que, si nous sommes prêts à donner
la possibilité d'un projet éducatif à l'école, avec
une garantie énorme, avec les commissions scolaires linguistiques, ce
n'est pas suffisant que le projet de loi laisse une simple garantie dans
l'article 206 concernant le soutien pédagogique de la commission
scolaire; il faut aller plus loin, il faut être plus explicite.
J'aimerais demander, la semaine prochaine, à ma collègue,
la députée de Jacques-Cartier, de s'asseoir avec moi pour qu'on
puisse trouver les formules, améliorer ce chapitre-là. De notre
côté, nous allons nous réunir la semaine prochaine pour
discuter de quelle façon nous pouvons bonifier le projet de loi. Et mon
invitation est de bonne foi. I am sure it is an offer that she could not
refuse! Et avec la collaboration du député de Westmount,
après l'intérêt extraordinaire et remarquable qu'il a
témoigné depuis deux jours, je pense bien qu'à trois
personnes on peut bonifier davantage le projet de loi!
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous changer de côté? Ce
sera peut-être plus facile!
M. Payne: Mon plaidoyer, ce n'est pas de m'approcher de votre
côté, mais plutôt d'essayer de vous approcher de notre
côté...
Le Président (M. Blouin): Bon, bon.
(21 h 15)
M. Payne: ...pour que vous puissiez voir que le projet de loi
n'est pas un testament pour la fin du monde, mais plutôt un plaidoyer
pour un changement nécessaire et légitime. C'est quelque chose
qui se met dans le "main stream", un projet avant-gardiste, mais surtout
réaliste.
Concernant les considérations apportées par le milieu
anglophone pour que ce dernier puisse avoir une présence accrue au sein
du ministère, une présence accrue au sein d'une structure
administrative pour soutenir les intérêts, au point de vue de la
pédagogie, de la communauté anglophone, je pense qu'elles sont
toutes légitimes.
C'étaient les quelques considérations que je voulais
apporter. J'en ai plusieurs autres, mais le temps me manque. En terminant,
j'aimerais remercier les membres de la commission en souhaitant que le
gouvernement puisse procéder avec cette réforme dans le
même esprit qu'elle a été commencée et poursuivie au
cours des cinq dernières semaines. Soit dit en passant, à mes
yeux, cette commission parlementaire a été la plus
intéressante à laquelle j'ai assisté depuis plusieurs
années. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Vachon.
M. le député d'Argenteuil. M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, nous approchons du terme des
travaux de cette commission parlementaire avec un sentiment de frustration et
de regret. Nous y avons mis toute notre énergie pendant plusieurs
semaines, comme vient de le souligner le député de Vachon. Nous
avons abordé le travail dans un esprit d'accueil, de gratuité,
acceptant de nous laisser conduire dans toute la mesure du possible par les
représentations qui nous seraient faites en provenance de toutes les
parties, de tous les milieux du Québec. Malheureusement, nous avons
dû constater que, du côté du gouvernement,
l'itinéraire était tracé d'avance, d'une manière
rigide et inflexible.
J'entendais le député de Shefford dire, tantôt, que
la motion de clôture a été présentée par le
gouvernement à la suite des légers retards qui ont pu se produire
au cours de la journée d'hier. Je pense que son absence des jours
précédents a peut-être infléchi son jugement qui,
d'ordinaire, est assez équilibré. S'il avait suivi
l'actualité en relation avec le projet de loi, il saurait très
bien que cela fait une semaine que le gouvernement préparait l'opinion
publique, par les médias, à l'introduction de cette motion de
clôture. Ce ne sont pas du tout les événements d'hier qui
ont été la source de la motion de clôture. C'est le plan
arrêté d'avance par le gouvernement, dès le début
des travaux de cette commission. Cela indique une certaine inflexibilité
qui est, malheureusement, caractéristique du gouvernement.
À cause de cette attitude, nous devons laisser de
côté de très nombreux organismes. Je voudrais parler en
particulier des nombreuses commissions scolaires que j'avais inscrites sur la
liste d'organismes que nous aurions dû entendre avant de terminer les
travaux, non pas parce que nous aurions partie liée avec les commissions
scolaires, M. le ministre, non pas parce que nous approuverions tout ce que
font les commissions scolaires, mais parce que nous considérons que,
dans ce débat, les commissions scolaires avaient un droit spécial
d'être entendues à deux titres différents:
premièrement, parce qu'elles sont constituées de citoyens qui ont
reçu un mandat démocratique de leurs concitoyens pour s'occuper
des questions d'éducation aux niveaux primaire et secondaire - je dirais
même que les membres des commissions scolaires sont les seuls parmi nous
tous qui aient reçu un mandat direct et explicite de leurs concitoyens
pour s'occuper des questions d'éducation et en parler en leur nom -
deuxièmement, parce que la loi leur confère, comme vous le savez,
la
responsabilité de fournir des services d'enseignement aux niveaux
primaire et secondaire et de s'assurer que les écoles publiques du
Québec dispensent une formation de qualité sur tout le territoire
du Québec.
Quand on est investi d'un mandat aussi fondamental dans le secteur de
l'éducation, il me semble qu'on a un droit spécial à
être entendu et qu'on ne doit pas être placé sur le
même pied que les membres de bien des organismes qui ont
été invités par le gouvernement à se
présenter ici. Je pense qu'on a un droit spécial. Dans ce cas-ci,
l'attitude suivie par le gouvernement trahit, malheureusement, le manque de
compréhension qu'il a toujours manifesté et que le parti que
représente le gouvernement, le Parti québécois, maintient
encore dans son programme à l'endroit des commissions scolaires. Je
pense que le Parti québécois n'a pas compris la signification
profonde des commissions scolaires dans la tradition québécoise,
dans la structure démocratique de la société
québécoise. L'affront qu'on a fait à la commission
scolaire régionale de Sherbrooke, hier soir, et à toutes les
commissions scolaires qui ont été laissées de
côté est un exemple éloquent de cette attitude. Il y a bien
d'autres groupes dont je voudrais parler mais je m'en abstiendrai étant
donné la brièveté du temps dont je dispose.
Avant de conclure, je voudrais résumer, les principales
observations que je retire de l'expérience des dernières
semaines. Tout d'abord, nous avons appris que beaucoup d'expériences de
décentralisation de la commission scolaire vers l'école sont en
cours à travers le Québec et ce, depuis de nombreuses
années. Nous avons appris, par conséquent, qu'elles sont
possibles sous la loi actuelle et qu'elles pourraient être
poussées encore plus loin dans bien des cas, mais que,
déjà, elles sont beaucoup plus structurées que ne
l'auraient laissé entrevoir les discours qu'on a confectionnés
pour justifier le projet de loi. Mais, en même temps que nous avons
appris ces faits, nous avons appris que les modèles de
décentralisation varient beaucoup d'une commission scolaire à
l'autre, d'une région du Québec à l'autre et même,
à l'intérieur d'une commission scolaire, d'une école
à l'autre, suivant le type d'école, suivant le type
d'expériences qu'on a faites. Nous avons appris, entre autres, qu'en de
très nombreux endroits le type de structure que l'on veut imposer
d'autorité par le projet de loi 40 ne serait tout simplement pas
applicable. C'est une conclusion que l'on doit tirer des choses que nous avons
tous entendues.
Deuxièmement, nous avons appris, en ce qui touche les structures
internes de l'école, élément extrêmement
délicat et central dans toute l'économie du projet de loi, que
les structures que propose le projet de loi 40 menacent d'opposer les agents de
l'éducation au lieu de leur faciliter la collaboration et la
concertation qu'on attend d'eux. Ces structures menacent d'opposer des parents
aux enseignants. On l'a vu à bien des reprises au cours des
témoignages que nous avons entendus. Elles menacent d'opposer les
directeurs d'école soit au conseil d'école, soit à leur
commission scolaire, leur propre employeur; ils seront déchirés
entre deux autorités dont on ne sait pas clairement laquelle sera la
première. Si on a des doutes là-dessus, on n'a qu'à se
rappeler ce que nous ont dit la Centrale de l'enseignement du Québec, la
Provincial Association of Protestant Teachers et la Provincial Association of
Catholic Teachers. Les témoignages ont été unanimes dans
le même sens. On nous a dit: Ce genre de structure est une source
inévitable de conflits alors qu'on cherche des structures qui
faciliteront la collaboration.
Troisième observation: le projet de loi remet en cause le
rôle et le caractère propre des commissions scolaires dans notre
société. Il les rebâtit, il prétend les refaire sur
une base boiteuse qui serait une source d'inégalités dans leur
présentation et de déséquilibre infiniment plus grand que
les imperfections que l'on peut déplorer à l'heure actuelle. Il
dilue leurs fonctions de manière que, tôt ou tard, elles
deviendront des entités insignifiantes à l'intérieur de
notre système scolaire. Je pense que nous en avons fait la
démonstration, au cours de la dernière semaine en particulier, en
montrant combien le faible rôle qu'on leur confie en matière de
pédagogie est de nature à en faire des agents tout à fait
dénaturés, tout à fait déformés par rapport
à ce qu'on a été habitués à attendre
d'elles. Je pense qu'il y a une faiblesse fondamentale qui nous a
été signalée avec une clarté absolument
impressionnante.
Quatrième constatation: le projet de loi, par le vide qu'il
créera au centre même de cette structure équilibrée
que nous avions, c'est-à-dire au niveau de la commission scolaire,
créera une tendance inévitable à l'aspiration des
responsabilités et des pouvoirs de décision vers le haut. Au
début, on créera une impression de décentralisation vers
l'école, mais l'école ne pourra pas vivre isolée. Si la
commission scolaire à laquelle elle se rattachait traditionnellement est
affaiblie, dépouillée de son rôle véritable, de son
leadership en matière pégagogique, ce leadership sera
assumé progressivement, à la place, par le ministère de
l'Éducation et ses directions régionales.
Nous en avons eu, d'ailleurs, des exemples éloquents. Comme ma
collègue de Jacques-Cartier l'a signalé tantôt, le projet
de loi se heurte à des difficultés constitutionnelles qui n'ont
pas été dirimées, qui sont toujours là sur la
table. On peut
feindre de les ignorer pendant un temps. Le gouvernement l'a fait
souvent, ce jeu. On a vu ce que cela donne: au bout de quelques années,
on est obligé de refaire le chemin qu'on avait mal fait. Or, il se
heurte à des difficultés qui n'ont pas été
résolues, auxquelles on n'a pas de réponse solide à
apporter à l'heure actuelle. S'aventurer sur ce terrain sans
s'être assuré qu'on est en terrain solide, je pense que, c'est
faire courir à toute la communauté, au gouvernement et à
la société politique québécoise des risques
injustifiés.
À Montréal, le projet de loi 40 entraînerait le
démantèlement de deux structures scolaires majeures de taille
métropolitaine: la Commission des écoles catholiques de
Montréal et la Commission des écoles protestantes du grand
Montréal, qui ont toutes deux joué historiquement un rôle
d'innovation, un rôle de leadership et un rôle d'égalisation
des chances, qui n'eût pas été possible au même
degré si elles n'avaient pas eu cette taille qui leur permettait de
constituer des bassins de ressources capables de permettre des initiatives en
dehors des sentiers battus.
Autre élément: le projet de loi ne résout pas de
manière satisfaisante le problème du statut de l'école en
matière religieuse et confessionnelle. Il présente une solution
qui, au premier regard, est attirante, mais, quand on l'examine de près,
on s'aperçoit qu'une foule de choses clochent là-dedans, qui ont
été soulignées, d'ailleurs, à la fois par des gens
qui ne veulent pas de la religion dans l'école ou qui veulent lui
réserver une place purement marginale et par des gens qui veulent que la
religion occupe le même genre de place dans l'école qu'elle a pu
occuper il y a un siècle. Je pense qu'il y a encore de la recherche
à faire de ce côté, qui n'a pas été faite.
Prétendre qu'on est suffisamment informé sur un problème
comme celui-là pour être capable de passer au stade de la
législation dans un mois, je pense que c'est faire montre d'une grande
imprudence.
Dernier élément que je voudrais souligner: le projet de
loi ne présente aucune garantie d'amélioration de la
qualité de l'éducation. Il survient, au contraire, dans un
contexte où la qualité de l'éducation a déjà
eu beaucoup à souffrir d'événements traumatisants qui se
sont produits ces dernières années et où des
réformes importantes d'ordre pédagogique ont été
engagées et devraient continuer de requérir le gros des
énergies des agents de l'éducation au cours des quatre ou cinq
années à venir.
Ma collègue de Jacques-Cartier a mentionné un certain
nombre de problèmes auxquels nous faisons face dans le secteur de
l'éducation. Le problème de l'éducation des adultes: vous
ne viendrez pas, du côté du gouvernement, prétendre qu'on
peut sortir un livre blanc dans deux ou trois semaines et le transposer dans un
projet de loi deux semaines ensuite. Il va falloir une discussion entre les
deux. Si le projet de loi ne traite pas convenablement de l'éducation
des adultes, ce n'est pas un projet de loi digne du Québec de 1984,
société moderne où l'éducation des adultes doit
être une dimension vitale de l'éducation.
Le problème des enfants handicapés, de l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage: on s'est aperçu
à l'étude du projet de loi que ce problème n'a pas fait
l'objet d'une réflexion approfondie de la part des auteurs du projet de
loi. Ce n'est pas simplement en mettant le mot "doit" à la place du mot
"peut" à deux ou trois endroits dans le texte du projet de loi qu'on
réglera ce problème. Cela demandera des études beaucoup
plus approfondies.
Je pourrais continuer l'énumération; je mentionne
seulement le problème de la formation professionnelle. On s'en vient
avec de très grosses questions: la responsabilité en
matière professionnelle, de qui va-t-elle relever? Comment va-t-elle
s'exercer par le gouvernement au cours des prochaines années? Le
débat est à peine ouvert là-dessus. C'est un très
gros débat sur lequel nous avons eu peu de lumière à
l'occasion des audiences de la commission, parce qu'il y avait tellement
d'autres problèmes à toucher que les circonstances ne se sont pas
prêtées à ce qu'on fasse le débat.
Dans un contexte comme celui-là, où toutes nos
énergies devraient être consacrées à trouver des
solutions à ces défis reliées directement à la
qualité de l'éducation, on nous présente un projet qui,
pour deux, trois ou quatre années à venir, menace de drainer
toutes les énergies vers des activités relatives à des
structures, ce que j'appellerais des jeux de blocs, finalement. On va dire: Tu
déplaces un bloc ici, tu déplaces un bloc là et, pendant
ce temps-là, les problèmes de l'éducation vont continuer
de s'aggraver. On aura encore moins de prise sur eux parce qu'on ne peut pas
changer le statut d'autant de gens en peu de temps en s'imaginant que tout le
monde va continuer à produire sur la ligne de feu de la même
manière qu'on pouvait le faire dans un contexte un peu plus stable. (21
h 30)
À cause de tous ces facteurs, M. le Président, je conclus
sans aucune hésitation que la commission parlementaire permanente de
l'éducation n'est pas suffisamment informée à ce stade-ci
pour être capable de conclure qu'elle a terminé ses auditions et
qu'elle doit mettre un terme à ses travaux. Elle manque d'un très
grand nombre de données dont elle aurait absolument besoin sur plusieurs
des questions vitales qui risquent d'être affectées de
manière
irréversible par le projet de loi 40. Deuxièmement, nous
avons pu constater à maintes reprises, encore au cours des derniers
jours, que le gouvernement lui-même n'est pas arrivé au
degré et à la qualité de compréhension des
réalités concrètes de l'éducation qui lui
permettraient de s'engager dans une réforme comme celle-là avec
le minimum de sécurité, de garanties de prudence et de
doigté administratif et politique qui serait nécessaire.
En conséquence, nous déplorons profondément que le
gouvernement en soit venu prématurément, brutalement et
arbitrairement à la conclusion que la commission devait mettre fin
à ses auditions et nous espérons vivement - nous
l'espérerons jusqu'à la toute dernière minute de nos
travaux - que le gouvernement voudra réviser son attitude afin de
revenir à plus de réalisme et à plus d'accueil envers ceux
qu'il refuse, jusqu'à ce jour, d'entendre.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil.
M. le député de Chauveau.
M. Raymond Brouillet
M. Brouillet: M. le Président, il me fait vraiment plaisir
de me joindre à mes collègues pour faire connaître mes
impressions au terme de ces longs travaux. Depuis cinq semaines, nous avons
travaillé à entendre le point de vue d'une multitude de groupes
représentant les différents secteurs du milieu de
l'éducation dans toutes les régions du Québec. Nous avons
tenté, dans un souci d'ouverture, de dégager, à travers
cette multitude d'opinions, à travers ces multiples expériences
qui nous été livrées, ce qu'il y avait de consensus
possible sur des bases solides, sur certains principes de base.
Vous savez, on peut très bien prendre une attitude de rejet du
projet de loi purement et simplement parce qu'on y voit certaines
difficultés ici et certaines difficultés là, parce que
certains groupes y voient des difficultés sous tel aspect, un autre
groupe sous tel autre aspect. Il y a certaines personnes et certains membres de
l'Opposition à cette commission qui, s'appuyant sur cela, seraient
prêts à rejeter, a retirer le projet de loi. On a entendu,
cependant, d'autres sons de cloche venant de nombreux groupes. Entre autres,
les représentants d'une association de commissions scolaires, venus il y
a quelques jours nous parler ici, ont même employé le mot
"ridicule" - je cite au texte pour ne pas me faire reprendre par M. le
Président -
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Brouillet: ...pour qualifier le fait de laisser tomber cette
réforme pour revenir au statu quo après deux ans, trois ans et
quatre ans d'efforts de réflexion fournis par les différents
milieux de l'éducation, alors qu'on a quand même fait un bout de
chemin vers l'avant dans la réforme scolaire - on a fait un bout de
chemin - sur plusieurs des points, et pas exclusivement sur les points qui font
quasi consensus; la déconfessionnalisation, l'intégration. Il y a
aussi le partage des pouvoirs; je l'admets, c'est le point le plus
délicat, le plus difficile, là où la base de consensus est
la moins large. Mais il y a quand même eu un large consensus aux fins de
reconnaître à l'école un pouvoir décisionnel. Il y a
eu aussi un consensus pour reconnaître une place importante et
primordiale des parents dans ce pouvoir décisionnel de l'école.
Alors, pourquoi dire: Retirons tout cela, après tant d'années
d'efforts?
M. le député d'Argenteuil dit: On n'a pas encore
assez entendu et assez réfléchi. On n'a pas encore assez
écouté. Mais cela fait 20 ans qu'on réfléchit,
qu'on écoute. Cela fait 20 ans que tout le monde dit qu'il y a des
problèmes dans la structure scolaire au Québec. On a
mentionné tantôt tous les efforts, les projets de loi, les
analyses qui ont été faits depuis 20 ans sur différents
aspects. Il faudrait encore se dire: Non, non, mettons cela de
côté, attendons encore, écoutons encore, réanalysons
la situation, recommençons les consultations, faisons encore le tour de
la province, revenons, repartons et ainsi de suite. Écoutez, les gens
sont venus nous dire: II est temps d'agir, il serait ridicule de laisser cela
de côté. On parle beaucoup des groupes qui ne sont pas venus se
faire entendre, qui n'ont pas été invités. Je reconnais
très bien qu'il y a des choses d'une très grande valeur qui n'ont
pas été entendues ici.
Une voix: Bravo!
M. Brouillet: D'une très grande valeur. Mais nous les
avons lues et nous pouvons en juger. Mais je vous dis que nous jugeons que ce
qu'il y a de valeur, ce qu'il y a de bien dans tous les mémoires que
nous avons lus et que, malheureusement, nous n'avons pas pu entendre ici, nous
retrouvons ces différentes facettes de leur analyse de la
réalité dans les mémoires que nous avons entendus, dont
nous avons eu l'occasion de discuter longuement. C'est ce qui fait que la
commission arrive à la conclusion que nous sommes suffisamment bien
informés. Cela ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas invités
n'avaient pas des mémoires très substantiels. Ce n'est pas cela
du tout.
Parmi les groupes qui ne sont pas venus se faire entendre - on a
mentionné cet après-midi, justement, différents groupes
qui étaient favorables au projet de loi - j'ai ici les commissaires de
la commission scolaire
de Le Gardeur. Il y a une résolution qui a été
votée, adoptée à la majorité des commissaires;
cette résolution, adoptée par la majorité des commissaires
de la commission scolaire Le Gardeur, demande au gouvernement de
légiférer et d'adopter le projet de loi 40. Ces derniers ont fait
leur réflexion et ils en sont arrivés à la conclusion
qu'il serait peut-être temps d'aboutir.
Je ne pourrais pas tout repasser. Enfin, ce que je veux dire, c'est
qu'un bout de chemin a été fait quant aux solutions à
apporter aux problèmes de notre milieu scolaire, problèmes qui
ont été perçus depuis de nombreuses années au
niveau de l'organisation de la structure scolaire. Je crois que, sur la base de
ce progrès, le gouvernement étant suffisamment informé a
tout ce qu'il faut pour poursuivre sa réflexion à la
lumière de ces données, de ces témoignages et revoir le
projet de loi pour tâcher de faire les ajustements qui s'imposent. Et il
y a des ajustements qui s'imposent, nous le reconnaissons, qui devront aller le
plus loin possible dans le sens des observations dont on nous a fait part,
observations concernant la difficulté d'application de certains aspects
du projet de loi. Alors, c'est dans cette voie que le gouvernement entend
travailler dans les semaines ou les mois à venir.
Pour relancer un peu mon confrère, le député de
Vachon, qui invitait tantôt Mme la députée de
Jacques-Cartier à poursuivre la discussion en vue d'un plus grand
rapprochement des points de vue, je serais prêt à inviter la
députée de L'Acadie à poursuivre le débat. J'ai
été heureux aujourd'hui du ton que Mme la députée
de L'Acadie a adopté dans son exposé. J'ai retrouvé son
ton serein. Elle a fait part de certaines observations et
préoccupations, entre autres, au niveau de l'école, pour assurer
la concertation. C'est ce que nous voulons, la concertation à
l'école. Sur cette base, il y a lieu d'avoir une concertation tout en
reconnaissant un pouvoir de décision à l'école. On
s'entend tous sur cela. Il s'agit de voir à organiser un
mécanisme pour pouvoir pratiquer cette concertation et cette
décision à l'école, qui va pouvoir atteindre l'objectif
que nous poursuivons. Écoutez! Tout est encore ouvert dans la mesure
où nous poursuivons certains objectifs communs...
Mme Lavoie-Roux: Une invitation?
M. Brouillet: ...et certains principes de base qui nous
paraissent très importants, mais, sur la façon de les
aménager, je crois qu'il y a encore de la place pour des amendements, il
y a de la place pour de l'amélioration et, selon moi, il est temps qu'on
continue dans un esprit d'améliorer le projet de loi plutôt que de
se buter et de dire: II faut le retirer.
Je remercie tout le monde. Je remercie les membres de l'Opposition qui,
sauf une petite incartade... On en a probablement fait, nous aussi, dans le
passé.
Mme Lavoie-Roux: Pas dans le passé, hier soir.
M. Brouillet: Oui, enfin.
Mme Lavoie-Roux: Un passé récent!
M. Brouillet: Notre incartade a été
provoquée par l'incartade...
Une voix: Par notre travail.
M. Brouillet: ...de l'Opposition, mais, indépendamment de
cela, je tiens à féliciter l'Opposition parce que cela nous a
permis, avec la qualité des mémoires qui nous ont
été soumis... Je crois que le témoignage de tous les
observateurs est unanime.
Mme Lavoie-Roux: Notre attitude.
M. Brouillet: Oui, l'attitude de l'Opposition et de tous mes
collègues...
M. French: II s'en vient bien, M. le Président.
M. Brouillet: ...et la qualité des mémoires nous
ont forcés à rehausser le niveau de notre débat. Je crois
qu'il faut profiter de cela pour faire un pas de plus vers les solutions
à nos problèmes scolaires.
Merci bien, chers collègues. Merci aux membres de la commission,
ainsi qu'à tous ceux qui sont venus nous faire part de la richesse de
leur expérience et de leurs réflexions.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Chauveau. M. le ministre.
M. Laionde: M. le Président. Si M. le ministre veut parler
avant moi, libre à lui.
Mme Lavoie-Roux: On veut entendre le ministre.
Une voix: M. le ministre. Des voix: Consentement.
Une voix: Consentement pour entendre le ministre.
M. Lalonde: Consentement. J'avais le droit de parole; je lui
laisse.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, allez-y.
M. Lalonde: Non, je lui laisse la priorité, M. le
Président.
Une voix: On consent.
M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, comme nous nous approchons du
terme de cette commission parlementaire qui a été la plus longue,
à ma souvenance, de l'histoire du parlementarisme au Québec,
j'aimerais également exprimer quelques réflexions. Je voudrais,
d'abord, remercier les 93 groupes qui sont venus à la commission nous
faire part de leurs idées, de leurs convictions, de leurs aspirations et
de leurs recommandations longuement élaborées, pour la plupart,
au cours de multiples réunions, sur la base de sondages et
d'études qu'ils ont faits. Je pense que la somme des mémoires qui
ont été préparés, 247, et la somme des
mémoires que nous avons entendus et qui ont donné lieu à
des échanges parfois très longs nous ont convaincus de
l'intérêt profond que la population porte à la cause de
l'éducation et de l'amélioration de la qualité de
l'éducation au Québec.
Je voudrais également remercier les membres de la commission,
autant du côté ministériel que du côté de
l'Opposition, pour l'intérêt marqué et soutenu qu'ils ont
porté à cette commission parlementaire et pour la qualité
des questions qu'ils ont posées aux délégations qui sont
venues ici, questions qui allaient au coeur des problèmes, qui avaient
pour but et qui ont eu pour effet également de délimiter, de
cerner les enjeux fondamentaux de la mission éducative au Québec
tels que vus dans le projet de loi 40, mais qui les dépassaient
amplement.
Je dois dire que, même si j'ai apprécié les
interventions de tous les membres de l'Opposition, j'ai particulièrement
apprécié les interventions nombreuses et
répétées du député d'Argenteuil. Bien
sûr, sa longue expérience et sa longue réflexion sur le
sujet dans d'autres milieux, sur d'autres tribunes, conféraient une
qualité particulière à ses interventions. Il l'a toujours
fait avec sérénité, dans un esprit positif, structurant et
avec l'idée, comme un véritable membre de l'Opposition, d'aller
au fond des choses et de cerner les difficultés en même temps que
les enjeux et les défis d'un projet de loi, il faut le dire, important,
qui a pour but non seulement de régler de vieux problèmes, mais,
en même temps, de moderniser et d'améliorer la qualité de
l'éducation. (21 h 45)
Je pense que l'apport des députés de l'Opposition, et
particulièrement du député d'Argenteuil, a
été extrêmement précieux. Je dois dire que j'en ai
fait particulièrement mon profit et que, même si je n'ai pas
toujours commenté comme il se devait toutes ses interventions, toutes
ses questions, il a fait une bonne partie du travail que je faisais
également moi-même. Bien souvent, j'avais l'impression qu'il
posait les questions que je n'avais pas le temps de poser et qu'il se
méritait des réflexions, des réponses qui
éclairaient la situation, autant pour le gouvernement que pour
l'Opposition.
Cependant, au terme du processus, le député d'Argenteuil
se dit frustré que l'opération ne se soit pas poursuivie plus
longtemps et regrette que d'autres groupes n'aient pu, en plus du
mémoire qu'ils avaient déposé, échanger avec les
membres de la commission. Je le comprends. Je connais son caractère, son
tempérament depuis plusieurs années et je sais qu'il aime faire
le tour de tous les sujets qu'il aborde et aller au plus profond des sujets. Je
comprends que, par tempérament, il ait pu être frustré que
le processus n'ait pu aller aussi loin qu'il aurait toujours souhaité
dans ses carrières précédentes pouvoir le faire.
Il reste, cependant, M. le Président, que je suis quand
même convaincu que nous sommes allés au fond des choses non
seulement parce que nous avons entendu tous les grands partenaires nationaux,
leurs répondants régionaux, que nous avons pu cerner tous les
thèmes, de fait, qui font l'objet du projet de loi, qu'il s'agisse de
l'intégration des niveaux, de la confessionnalité, de la
répartition des commissions scolaires selon la langue, des diverses
composantes du système d'éducation, mais, également, parce
que plusieurs groupes sont venus aborder tous ces mêmes sujets selon des
angles différents et que nos questions, des deux côtés, ont
pu véritablement cerner, et la totalité du sujet, et l'ampleur et
la profondeur de chacun de ces sujets.
Encore une fois, il semble que l'Opposition ne partage pas nos vues
à ce sujet et le député d'Argenteuil, dans ses remarques
finales, a signifié la liste des sujets sur lesquels il aurait
aimé avoir des informations additionnelles. Il en a
énuméré huit que je voudrais commenter brièvement.
Il est vrai que nous avons entendu plusieurs commissions scolaires venir nous
dire que le processus de décentralisation vers l'école
était en marche, plus avancé dans certains secteurs, moins dans
d'autres, absent à certains endroits, mais que, par ailleurs,
l'élan était donné. Je suis d'accord avec lui, bien que,
comme je l'ai déjà dit, la parution du livre blanc et la
publication du projet de loi 40 ont pu donner une certaine impulsion à
ce mouvement. Il reste que je suis d'accord avec lui pour dire que cette
décentralisation vers l'école est en marche, que ce soit sur le
plan budgétaire, sur le plan pédagogique ou sur le plan
administratif. Mais c'est précisément en raison de ce facteur, M.
le Président, et parce que
presque tous ceux qui sont venus à cette commission se sont
entendus pour dire que c'était là un mouvement, une orientation
souhaitable qu'il nous paraît nécessaire de la légitimer,
pour ainsi dire, dans un texte de loi, de la favoriser par un contenu
législatif et, surtout, de lui fournir des moyens, des supports
assurés pour qu'elle se poursuive, pour qu'elle s'accélère
et qu'elle puisse se généraliser dans le plus proche avenir
à l'intérieur de notre système éducatif.
Avons-nous pris les bons moyens? Cela reste à voir. Nous verrons,
à la suite, justement, des audiences de cette commission, des auditions
des groupes, s'il n'y a pas lieu d'améliorer, d'assouplir les moyens,
les méthodes que contenait le projet de loi 40. Mais il reste que le but
du projet de loi est précisément de légitimer, de
favoriser, d'accélérer cette décentralisation vers
l'école qui constitue un lieu important de prise de décisions sur
le vécu pédagogique, sur l'environnement éducatif et, pour
tout dire, pour l'amélioration de la qualité.
Le député d'Argenteuil dit aussi qu'il aurait aimé
entendre davantage d'opinions sur les méthodes que nous entendons
prendre pour assurer cette décentralisation, pour assurer cette
concertation. Il craint que ce que nous avons choisi ne favorise, plutôt
qu'une concertation, une confrontation, une opposition. Cela est possible, car
la nature humaine est ce que nous connaissons et les intérêts, les
luttes, la concurrence prévalent dans les relations humaines. Mais il
reste aussi que, dans les relations humaines, on voit souvent se former,
parfois graduellement, progressivement, en vertu d'objectifs communs, une
concertation entre agents qui, au départ, ont peut-être des
intérêts, des savoirs, des compétences différents.
Ils peuvent, justement, mettre en commun ces expériences, ces savoirs,
ces compétences, ces intérêts même différents
au service d'une cause qui les dépasse tous, en l'occurrence, au niveau
de la mission éducative, le bien des enfants, que tout le monde s'entend
à considérer comme la mission propre du système
éducatif.
Je pense que ce que vise le projet de loi 40, c'est à favoriser
cette concertation, cette constitution d'une équipe-école qui,
au-delà de ses intérêts divers, au-delà de ses
luttes de pouvoirs, vise quand même un intérêt collectif qui
est l'amélioration de la qualité de l'éducation. Encore
une fois, est-ce que nous avons pris les bons moyens? Peut-être que non,
mais il est possible de réviser ces moyens dans la mesure où nous
essaierons de les faire coller davantage à l'objectif qui est le
nôtre.
Le député d'Argenteuil déplore aussi que nous
n'ayons pas eu d'information additionnelle sur le rôle que doivent
continuer à jouer, selon lui, les commissions scolaires en ce qui
concerne non seulement un leadership administratif, mais aussi un leadership
pédagogique. Je pense que nous avons beaucoup échangé sur
ce sujet. Il est devenu clair que le projet de loi 40 ne visait pas à
dépouiller les commissions scolaires de tout leadership
pédagogique, mais, au contraire, à partager cette
responsabilité pédagogique avec un intervenant qui a toujours
été là, mais qui était un peu trop absent
jusqu'ici, c'est-à-dire l'école.
Comment pouvons-nous arrimer ces responsabilités conjointes en
matière de pédagogie, d'amélioration du vécu
pédagogique? Cela reste peut-être à voir. Mais je pense que
nous avons entendu énormément d'opinions là-dessus, assez,
en tout cas, pour avoir une bonne idée des impasses qu'il faut
éviter, des obstacles qu'il faut franchir et des objectifs qu'il faut
pouvoir atteindre à l'aide d'une gamme de moyens diversifiés que
ceux qui sont venus nous voir nous ont suggérés.
Le député d'Argenteuil craint aussi que, par l'octroi de
responsabilités plus grandes à l'école, du fait d'un
affaiblissement des commissions scolaires et d'un pouvoir trop faible
accordé aux écoles, on incite cette structure
élevée et puissante que constitue le ministère à
intervenir et à s'arroger un pouvoir encore plus grand que celui qu'il
possède déjà. Le projet de loi 40 montre que la
visée n'est pas une centralisation plus grande des instances
gouvernementales. Au contraire, il y a une poussée peut-être
insuffisante encore, mais réelle vers une décentralisation, vers
une prise de responsabilités par les instances régionales et
locales en matière d'éducation, surtout que, depuis 20 ans, les
instances supérieures avaient peut-être cru nécessaire
d'assumer de plus grandes responsabilités étant donné le
rattrapage qu'il y avait à faire. Mais cela n'est plus
nécessaire, ni utile, ni opportun, maintenant que les instances
régionales et locales sont dotées des équipements, des
services et de l'expertise nécessaires. Il convient de les laisser de
plus en plus exercer ces responsabilités tout en maintenant au niveau
gouvernemental les grandes orientations, soit pédagogiques ou
budgétaires, qu'il convient de leur laisser. Je pense que
là-dessus nous avons entendu beaucoup d'opinions qui, soit
déploraient une centralisation encore trop marquée du
ministère ou qui craignaient qu'un partage des responsabilités au
niveau régional et local pouvait constituer une incitation au
gouvernement et au ministère de l'Éducation, en particulier,
à s'arroger plus de responsabilités qu'il ne conviendrait. Je
pense que le paysage a très bien été éclairé
sur le sujet.
Le député d'Argenteuil a aussi parlé de
difficultés constitutionnelles non résolues. Je suis d'accord
avec lui qu'elles ne sont pas toutes résolues, malgré qu'il y a
plusieurs
causes, depuis une quinzaine d'années, en fait, qui sont en
instance devant les tribunaux où nous avons eu des jugements un peu
contradictoires qui ne sont pas toujours très cohérents. Mais je
peux dire que le gouvernement a pris toutes les précautions pour
respecter l'article 93. On ne peut pas garantir la validité des mesures
que nous avons prises à cet égard. J'ai entendu avec
intérêt les représentations trop peu nombreuses qui nous
ont été faites à ce sujet et nous allons sûrement y
réfléchir.
Quant à Montréal, le député d'Argenteuil
reconnaîtra que nous avons entendu beaucoup de représentations en
ce qui concerne le sujet qu'il a lui-même signalé, un
démantèlement éventuel des deux grandes commissions
scolaires qui ont été une source d'inspiration et de leadership
pour la communauté montréalaise, la CECM et le PSBGM. Nous avons
entendu beaucoup de groupes qui sont venus faire valoir leurs vues à ce
sujet. Je pense que nous avons pu répondre à certains de ces
groupes que la visée du projet de loi 40 n'était pas de
démanteler des structures qui avaient rendu d'éminents services
à la communauté montréalaise, mais, au contraire,
d'établir une répartition équitable des services, de
l'expertise, pour toutes les clientèles scolaires de l'île de
Montréal et non seulement de la CECM ou du PSBGM, étant
donné qu'à côté de ces grandes commissions scolaires
qui ont fait beaucoup pour l'amélioration de la qualité de
l'éducation, il y en avait certaines autres qui étaient
dépourvues relativement en raison du bassin très étroit de
leur clientèle. Nous avons entendu beaucoup d'opinions là-dessus.
La visée du projet de loi 40, encore une fois, n'était pas de
priver les clientèles scolaires de Montréal, francophones ou
anglophones, des acquis que la CECM et le PSBGM ont pu leur procurer au fil des
années, qu'il s'agisse de services communs, qu'il s'agisse de services
pédagogiques de grande qualité qu'elles ont pu mettre sur pied en
raison de leur taille dans le passé. Il s'agit plutôt d'une
répartition plus équitable de ces services et de ces
équipements, tout en maintenant la possibilité, pour les futures
commissions scolaires de l'île de Montréal, de garder, de
maintenir et même de développer ces services communs, mais, cette
fois, selon leur volonté. Car, s'il est juste de dire, selon le slogan
du maire Drapeau, que "la fierté a une ville", on peut dire aussi, avec
tout autant de vérité, que la fierté a une île,
puisque c'est à l'île de Montréal qu'il faut penser et non
pas seulement à la ville de Montréal comme telle. (22 heures)
Là-dessus aussi, nous avons entendu plusieurs opinions et, comme
j'ai eu l'occasion de le dire, la carte scolaire sur l'île de
Montréal n'est pas définie encore d'une façon
définitive. Elle est perfectible et il n'est pas du tout impossible que
de nouveaux aménagements à cet égard constituent une
garantie plus sûre de maintien de ces services communs, d'une
répartition plus équitable des ressources et des services pour
des clientèles scolaires des commissions à venir grâce aux
aménagements que, précisément, des remarques que nous
avons entendues nous auront suggérés.
Le député d'Argenteuil s'inquiète aussi des
aménagements en matière confessionnelle qu'apporte le projet de
loi. Je pense qu'il en est satisfait grosso modo, dans l'ensemble du moins,
quant à leur visée. Mais plusieurs groupes sont venus nous dire
qu'il y avait, quand même, un certain nombre de problèmes
particuliers que ne réglait pas le projet de loi 40, qu'il fallait
prêter une attention plus particulière au vécu des
communautés concrètes, soit laïques, confessionnelles et
anglo-catholiques en particulier.
Je suis bien d'accord avec lui que nous aurions pu avoir sur ce sujet
des informations additionnelles, mais j'ai quand même l'impression que
nous avons fait passablement le tour du jardin. Nous avons reconnu les
préoccupations de ceux qui n'ont pas de croyances religieuses
particulières ou de ceux qui ont des croyances religieuses très
déterminées. Je pense particulièrement à certains
groupes de Néo-Québécois ou à ceux qui ont des
préoccupations religieuses qu'ils n'ont jamais pu assumer
complètement en raison des structures passées et qui voudraient,
à l'occasion d'un nouvel aménagement structurel, avoir enfin plus
de chances de voir maintenu ou respecté leur système de valeurs
ou leurs croyances.
J'ai écouté avec intérêt toutes ces
représentations, comme le député d'Argenteuil d'ailleurs.
Je pense que nous les avons suffisamment entendues pour penser à des
aménagements ultérieurs qui pourraient nous permettre de
raffiner, qui pourraient nous permettre de coller davantage à la
réalité à laquelle chacun tient, tout en respectant,
cependant, les principes auxquels notre communauté
québécoise tient de plus en plus: principe de la liberté
de conscience, principe du pluralisme religieux, de pluralisme des valeurs.
Enfin, la dernière préoccupation du député
d'Argenteuil - il l'a mise à la fin, mais c'était la
première; il l'a mise à la fin parce qu'elle résume
probablement toutes les autres - c'est celle de l'amélioration de la
qualité de l'enseignement. Est-ce que cette réforme, en apparence
structurelle, va vraiment contribuer à améliorer la
qualité de l'enseignement? Pour lui, la preuve n'en est pas faite.
À mon avis, tous les groupes qui sont venus à la commission,
d'une façon ou d'une autre, directement ou indirectement, ont
abordé ce sujet. Il reste, en effet, à
arrimer d'une façon particulière ces réformes de
structures à la visée véritable, essentielle et ultime de
la mission éducative et de tous les aménagements structurels
imaginables vers cette qualité de l'enseignement qu'il importe
absolument d'améliorer en raison de tous les problèmes qui ont
été soulevés: vandalisme, absence, formation
professionnelle, adaptation de notre système scolaire aux
réalités sociologiques d'aujourd'hui. Je suis bien d'accord que
c'est là l'objectif fondamental, primordial.
Pour ma part, j'ai été très éclairé
par les remarques des 93 groupes qui sont venus nous rencontrer et j'ai quand
même vu qu'il y avait un lien étroit, un lien direct même,
entre une amélioration des structures et l'amélioration de la
qualité de l'enseignement. J'en prends pour preuve cette
déclaration de la commission scolaire Le Gardeur que citait tout
à l'heure M. le député de Chauveau. À l'appui de
leur résolution en faveur du projet de loi 40, les commissaires de la
commission Le Gardeur disaient que le but primordial du projet de loi 40 avait
toujours été l'amélioration de l'acte éducatif et
pédagogique par le rapprochement des agents les plus
intéressés à la formation intégrale des enfants. Je
pense que ce sont les commissaires de Le Gardeur qui, dans une formule
lapidaire et très brève, ont le mieux résumé la
visée profonde, essentielle, du projet de loi 40 qui est
l'amélioration de la qualité de l'éducation par le biais,
bien sûr, de ce qu'on convient d'appeler maintenant le projet
éducatif, mais qui, en fin de compte, se traduit concrètement par
le rapprochement des divers agents de l'éducation en table de
concertation, par l'action conjointe, collégiale, des divers agents de
l'éducation autour du vécu de l'école, autour de
l'environnement éducatif.
Le député d'Argenteuil, comme la députée de
Jacques-Cartier, d'ailleurs, a dit que le projet de loi 40 ne semble pas faire
beaucoup de place à des sujets qui sont extrêmement importants,
qui sont majeurs, comme l'éducation des adultes, la formation
professionnelle, l'intégration des enfants en difficulté
d'apprentissage. Je pense qu'il était difficile, encore une fois,
d'inclure dans ce projet de loi tous les enjeux de la mission éducative.
Ces enjeux font l'objet de politiques différentes qui, bien sûr,
auront à s'intégrer dans les structures que prévoit le
projet de loi 40, mais il reste qu'on ne peut pas tout inscrire dans un projet
de loi. C'est tellement vrai que nous poussons de plus en plus notre politique
de formation professionnelle, qui deviendra de plus en plus claire au fur et
à mesure que les mois arrivent. Cette politique sera soumise, bien
sûr, à la considération de tous les groupes de la
société, comme celle des adultes qui sera annoncée
prochainement, comme celle de l'intégration des handicapés et des
enfants en difficulté d'apprentissage qui a déjà fait
l'objet d'un énoncé de politique et qui fera l'objet aussi de
mesures aussi bien budgétaires que pédagogiques qui continueront
d'être annoncées au fil des mois.
Mais l'essentiel pour nous est que ces nouvelles nolitiques, qui font
l'objet de considérations particulières, puissent
s'intégrer dans le vécu des écoles, dans le vécu du
système éducatif par le moyen de structures appropriées
qui permettront aux écoles de se les approprier et de pouvoir les
conduire à leur terme qui est, justement, la justice distributive,
l'égalité des chances et le développement optimal de
toutes les personnes.
Donc, j'ai beaucoup de difficulté à conclure, à
l'exemple du député d'Argenteuil, que cette commission ne
s'estime pas suffisamment informée. Après avoir fait le tour de
toutes les opinions, après avoir défriché chacun des
thèmes majeurs du projet de loi, après avoir entendu les grands
partenaires de l'éducation, et parfois de longues heures, après
avoir lu tous les mémoires qui nous ont été
présentés, après avoir entendu les opinions de tous les
membres de la commission parlementaire qui ont longuement questionné les
groupes qui sont venus nous rencontrer, je pense que l'on peut s'estimer
suffisamment informés pour la prochaine étape qui est, justement,
l'ajout d'amendements, de précisions, de clarifications, d'ajustements
qui sont maintenant possibles grâce à la commission
parlementaire.
Je ne voudrais pas terminer ce trop long exposé sans remercier,
au nom de tous les membres de la commission parlementaire, notre
président qui, je pense, a su mener nos débats avec intelligence
et fermeté, qui est grandement responsable de la
sérénité qui a prévalu tout au long de nos
échanges et qui, dans un esprit d'impartialité intégrale
et de bonne humeur absolue, a toujours su nous ramener aux véritables
enjeux de cette commission, ce qui lui a permis d'être l'une des plus
positives et des plus structurantes qu'il m'ait été donné
de connaître.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, cet après-midi, le
député de Fabre me reprochait de ne pas avoir assisté aux
travaux de la commission parlementaire et, tout à coup,
d'apparaître ici comme un étranger. Mes fonctions de leader
parlementaire de l'Opposition ne me permettent pas de faire partie d'une
commission parlementaire de façon usuelle, mais je rappellerai au
député de
Fabre que j'avais occupé la fonction de porte-parole de
l'éducation justement au moment où le ministre de
l'Éducation publiait son livre blanc sur la réforme scolaire et
qu'à ce titre j'ai eu le privilège de faire une tournée du
Québec, assisté de plusieurs membres de notre formation politique
dont plusieurs sont ici autour de la table, et de me familiariser avec les
questions, les problèmes et les réactions des gens.
Je voudrais simplement rappeler aussi qu'à titre de
député de Marguerite-Bourgeoys j'ai reçu une demande
formelle de la part de la commission scolaire de Sault-Saint-Louis, qui
recouvre le territoire de mon comté, d'être entendue ici à
la commission parlementaire, ce qui ne pourra être fait à la suite
du diktat ministériel. Je pense que je n'ai pas besoin d'aller plus loin
et de demander au député de Fabre la permission de parler.
M. le Président, je voudrais situer simplement ma courte
intervention dans la perspective de la réforme parlementaire qui, dans
quelques semaines à peine, commencera à être
appliquée à l'Assemblée nationale et aux commissions
parlementaires. Cette réforme prévoit que, lorsqu'une commission
parlementaire est appelée à entendre des intervenants, elle n'est
pas tenue de les entendre tous. D'ailleurs, je pense que je rejoins l'attitude
du député d'Argenteuil et du groupe de l'Opposition qui n'a
jamais prétendu qu'on devait entendre tous les intervenants, tous ceux
et celles, tous les groupes qui ont produit un mémoire. Il y en a plus
de 200. Donc, notre attitude, ainsi que le prévoit la réforme
parlementaire, est raisonnable et n'est pas absolue dans le sens que nous avons
reconnu qu'il n'est pas nécessaire d'entendre tous ceux qui nous font
parvenir un mémoire.
Mais, dans la réforme parlementaire, la consultation de
l'Opposition est nécessaire. C'est une règle fondamentale qui n'a
pas été utilisée ici à la commission parlementaire
dont nous terminons malheureusement les travaux à la suite de la
décision ministérielle. Je voudrais simplement rappeler aux
membres de la commission que l'autocratie ministérielle, doublée
de la servilité d'un adjoint parlementaire, seront désormais
incompatibles avec les travaux de notre Parlement et c'est une bonne nouvelle.
Je pense que nous avons raison de protester et de combattre cette attitude
arrogante du gouvernement qui va à l'encontre des intérêts
des Québécois.
J'entendais tout à l'heure le ministre dire: "Nous sommes
allés au fond des choses." Si vous me le permettez, j'étais ici
à cette commission parlementaire, M. le ministre, peut-être dans
une autre salle, lors de l'étude du projet de loi 101. Vous nous aviez
dit que vous étiez allé au fond des choses. Six ans plus tard,
votre propre gouvernement a dû réformer des dispositions de la loi
101 par la loi 57, a dû reconnaître le bien-fondé de nos
remarques après combien de dommages créés par votre loi
à la population du Québec et surtout à ses
minorités. Oui, nous vous avions mis en garde contre un certain nombre
de dispositions illégales, dont les cours ont d'ailleurs reconnu
l'illégalité. Mais aller au fond des choses, M. le ministre, cela
peut être un peu subjectif. (22 h 15)
Je veux simplement dire que j'espère que ce qui se passe ici ce
soir est le dernier exemple de la suffisance d'un gouvernement essoufflé
qui est de plus en plus étranger aux préoccupations de la
population. C'est pour cette raison que nous, de ce côté-ci de la
table, ne pouvons pas vous suivre dans votre démarche. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député
d'Argenteuil. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on a fait le tour, M. le
Président? J'ai un droit de réplique. Je ne sais pas si le
député d'Argenteuil veut intervenir avant moi.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil désire intervenir, en effet.
M. Leduc (Fabre): Je ne sais pas, il a peut-être une
question de règlement ou autre chose.
Le Président (M. Blouin): Non, il désire
intervenir. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: En vertu du temps de parole dont il dispose.
Le Président (M. Blouin): C'est cela.
M. Ryan; Pour votre information, pour que vous vous endormiez
tranquille, j'avais droit à 20 minutes et j'ai pris 14 minutes, me dit
le président.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais rappeler au
député de Fabre qu'il n'a pas de droit de réplique sur une
motion en commission parlementaire. C'est seulement en Chambre.
Le Président (M. Blouin): Nous allons vérifier cet
élément. M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, qu'on soit sans
inquiétude du côté du gouvernement, je n'entends pas
revenir sur le fond du débat.
J'ai eu l'occasion de m'exprimer tantôt. Le ministre a
exprimé ses opinions. Il est de coutume dans nos débats que le
gouvernement ait le dernier mot. Nous n'entendons pas renverser l'ordre des
choses en ayant, cependant, l'assurance qu'on peut toujours continuer de parler
ailleurs quand c'est fini à un endroit, ce que nous entendons bien
faire.
Je voudrais, par conséquent, mettre un point final à cette
partie-là, du moins à ce stade-ci de nos travaux. Il y a une
motion dont nous discutons. Nos travaux ne sont pas terminés,
évidemment. Je voudrais souligner également, parce qu'on n'aura
peut-être pas l'occasion de le faire par la suite, le climat
d'application, d'écoute et, en même temps, de détente dans
lequel nous avons pu oeuvrer ensemble pendant cinq semaines sous la direction
d'un président qui a été magnifique. J'étais bien
content d'entendre le ministre lui adresser des remerciements tantôt. Je
souscris entièrement à ces remerciements. Même si nous
n'avons pas été toujours d'accord avec le président dans
ses décisions, nous reconnaissons qu'il les a prises en toute
sincérité, qu'elles étaient souvent difficiles et qu'il a
agi avec droiture, équité et équilibre envers tout le
monde, pendant tout ce temps.
Je voudrais remercier mes collègues de l'Opposition qui ont
accompli un travail formidable, y compris ceux à qui les fonctions n'ont
pas permis de se joindre à nous avant, non pas la dernière heure,
mais la dernière journée, les deux dernières
journées. Je pense que mes collègues de l'Opposition ont accompli
un travail formidable. Nous avions entrepris de propos
délibéré, dès le début, le défi de
maintenir les débats à un niveau élevé, de ne pas
verser dans la partisanerie. Nous nous étions fixé comme but, M.
le Président, d'en donner un dernier exemple aujourd'hui. J'étais
bien fier d'entendre mes collègues dans les deux débats que nous
avons eus, cet après-midi et ce soir, fournir une contribution de toute
première qualité à un stade de nos travaux où,
normalement, on aurait pu leur pardonner de faire montre de fatigue ou de
lassitude, pour ne pas dire de platitude. Ils ont été formidables
et je les en félicite. J'étais bien fier. Je disais au
président, à la blague: Cela prend peut-être un mois pour
former une équipe, mais cela en vaut la peine.
Je remercie également les députés du gouvernement
de l'attitude de camaraderie qu'ils ont conservée pendant toutes ces
semaines. Je pense que nous avons travaillé dans un climat de respect
mutuel. Il y a des boutades qui s'envoient souvent, mais l'objectif principal,
des deux côtés, c'était d'entendre ce qui venait de la
table de nos visiteurs. Cela a été fait avec courtoisie et
respect, et je l'ai vivement apprécié. Je pense que, s'il n'avait
été de cette motion que nous déplorons
profondément, du contexte dans lequel elle a été
introduite hier, la feuille de route de la commission était
magnifique, y compris celle du ministre. J'ai dit d'ailleurs à des
journalistes, en cours de route, que j'avais apprécié la
courtoisie du ministre, la manière dont il recevait les gens qui
était, très généralement, impeccable. Il ne nous a
pratiquement jamais interrompus dans nos interventions. Il m'a interrompu une
fois; cela m'a été très agréable. Je ne m'en suis
pas plaint, je l'ai autorisé volontiers à continuer et cela m'a
fourni une petite occasion de lui répondre. Mais cela s'est
déroulé dans un climat comme celui-là et je
l'apprécie au plus haut point. Je remercie le ministre de ce qu'il a
dit, en particulier à mon sujet. Je sais ce que valent les compliments
dans la vie publique, cela ne m'empêchera pas de dormir ce soir! Nous
nous connaissons depuis longtemps, le ministre et moi, je pense que tout le
monde le sait. Nous entretenons des divergences profondes sur certains sujets,
mais cela n'empêche pas le respect des personnes ni le commerce
intellectuel de continuer dans des conditions qui peuvent être bonnes,
nous l'espérons, pour le bien de la communauté et de nos
concitoyens.
Je remercie les organismes qui sont venus ici, devant nous. Ils ont
été formidables jusqu'à la fin. Je voyais des journalistes
qui me disaient encore, au début de la semaine et la semaine
dernière: Vous allez vous tanner, c'est fini cette affaire-là et
tout. J'ai dit: Peut-être pour vous, qui vous intéressez aux
choses qui passent; mais, pour nous, qui essayons d'aller au fond des choses,
c'est toujours un renouvellement continuel d'entendre ces gens-là. Je
pense à ceux de la commission scolaire du Grand-Portage, qui
étaient ici hier, à ceux de l'Abitibi, à ceux de l'Estrie;
c'est du nouveau à chaque fois, c'est du monde différent, ce sont
des problèmes qui leur sont propres. Quelqu'un qui s'intéresse
à la vie ne peut pas éprouver ce sentiment de fatigue: quatre
semaines, cinq semaines. C'est là que j'ai de la difficulté
à comprendre nos collègues du gouvernement. Il nous fallait
encore un dernier mille, une dernière étape; on la fera d'une
autre manière.
Cette expérience - je termine par là, M. le
Président, soyez sans inquiétude - je pense, illustre que le
Parlement québécois demeure un pôle d'attirance très
important dans notre vie communautaire. Si la démocratie doit avoir un
sens vivant, il faut que l'institution parlementaire soit un centre
d'attraction; il faut qu'elle soit un pôle d'attirance pour toutes les
couches de la société, pour toutes les régions et pour
tous les groupes d'âge. Lorsque le contact se défait entre
l'institution parlementaire et les milieux où se déroule la vie
réelle, c'est un grave danger de dessèchement et d'érosion
pour la démocratie. Mais lorsque l'institution
parlementaire réussit à attirer et parvient à
écouter ceux qui veulent s'adresser à elle, je pense que c'est un
signe de santé remarquable, pas toujours pour un gouvernement, mais, au
moins, pour la société dans laquelle ce gouvernement et
l'Opposition fonctionnent.
Je pense que nous avons eu une expérience qui nous autorise
à un optimisme assez grand sur la qualité de l'esprit
démocratique et de la vitalité politique dans notre
société. Si le gouvernement veut bien écouter les
représentations qui lui ont été faites, je pense que cela
augmentera encore cette espèce d'attirance que l'institution
parlementaire doit exercer sur tous les éléments de notre
population. Je pense que cela est le meilleur gage de solidité pour nos
institutions politiques et sociales dans l'avenir, y compris,
évidemment, pour notre système d'enseignement. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Quant au député de
Marguerite-Bourgeoys, il a bien raison de soulever cette question du droit de
réplique. Si nous pouvions éviter de nous obliger
d'évaluer la portée de l'article 160 en regard de la
portée de l'article 101, je suggérerais plutôt au
député de Fabre, à qui il restait deux minutes
d'intervention, de les utiliser...
M. Lalonde: Ah oui, c'est parfait.
Le Président (M. Blouin): ...et cela réglera la
situation. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il ne me reste pas une minute, M. le
Président? Regardez donc cela!
M. Leduc (Fabre): L'arrogance dont parlait le
député d'Argenteuil, M. le Président, je l'ai
personnellement pressentie lorsque j'ai vu arriver le député de
Marguerite-Bourgeoys dans cette enceinte, ce matin. Les paroles qu'il a
prononcées tout à l'heure n'ont fait que confirmer ce que je
pressentais. Il représente, malheureusement, l'arrogance
incarnée. Je suis heureux qu'il n'ait pas assisté, finalement,
aux travaux de la commission parce que nous avons réussi à
travailler dans un climat de respect mutuel et M. le député
d'Argenteuil a eu raison de le souligner. Mais je dois souligner qu'on n'a pas
de leçon à recevoir de l'Opposition et surtout pas du
député de Marguerite-Bourgeoys qui était ministre, en
1974, si je ne m'abuse, membre du gouvernement, au moment où on a
entendu des mémoires sur la loi 22, en commission parlementaire, et,
à ce moment, on sait que la commission a entendu 76 mémoires sur
185, au moment où le côté ministériel a
décidé de mettre fin à ses travaux. Alors, on n'a pas de
leçon à recevoir. Par contre, je suis d'accord avec lui, je suis
tout à fait de son avis que les nouveaux règlements...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Oui, M. le Président, je termine
là-dessus. Je fais le voeu que les nouveaux règlements qui seront
en vigueur, que la réforme parlementaire nous permette de travailler
dans un climat de plus grand respect mutuel.
Le Président (M. Blouin): Merci.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. Mme la députée de L'Acadie m'a
demandé la parole, mais elle aura à peine le temps de nous dire
bonsoir. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'y renonce, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, sur ce,
je vais maintenant mettre aux voix la motion du député de Fabre,
qui se lit ainsi: Que cette commission, se jugeant suffisamment
informée, mette fin à ses auditions et ce, conformément
à l'article 118a, paragraphe 6, du règlement.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...je demande un vote nominal.
Le Président (M. Blouin): Oui, oui, j'y arrivais. M. le
député de Chauveau?
M. Brouillet: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne (Mille-Îles): Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay?
M. Maltais: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Shefford?
M. Paré: Pour.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de...
Il n'est pas là. M. le député de Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Blouin): II y en a donc 6 pour et 4
contre. La motion est donc adoptée.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): M. le ministre m'avait
demandé la parole...
M. Laurin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): ...M. le député
d'Argenteuil.
Motion pour la réimpression du projet de
loi
M. Laurin: Je désirerais faire motion pour que cette
commission recommande la réimpression du projet de loi
conformément à l'article 119, paragraphe 2.
Le Président (M. Blouin): Alors, cette motion est-elle
adoptée?
Une voix: Laquelle?
Le Président (M. Blouin): Je la relis: M. le ministre fait
motion pour que cette commission recommande la réimpression du projet de
loi conformément à l'article 119, paragraphe 2. Cette motion
est-elle adoptée?
M. Ryan: M. le Président, je crois qu'il y aurait un
débat sur la motion.
Le Président (M. Blouin): Bon, alors....
M. Laurin: Je voudrais m'expliquer sur la motion.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Camille Laurin
M. Laurin: Merci, M. le Président. Au cours des cinq
semaines pendant lesquelles a siégé la commission parlementaire,
j'ai eu l'occasion, par suite des demandes des différents intervenants,
d'annoncer plusieurs modifications au projet de loi pour tenir compte de
suggestions qui me sont apparues de nature à bonifier sensiblement la
teneur du projet actuellement à l'étude.
Dans un premier temps, je récapitulerai la liste des points sur
lesquels je me suis expressément engagé à apporter des
modifications, tandis que, dans un deuxième temps, je ferai état
des sujets sur lesquels je m'engage à poursuivre ma réflexion en
vue d'améliorer, de préciser ou d'éclaircir certaines
dispositions dont la rédaction a semblé soulever quelques
ambiguïtés selon la lecture qu'en ont faite les différents
groupes qui ont fait part de leurs points de vue à la commission
parlementaire, tant ceux qui ont eu l'occasion d'être entendus que ceux
qui ont fait parvenir un mémoire à la commission
parlementaire.
Je ferai donc le survol des amendements annoncés en les reprenant
selon l'ordre dans lequel ils apparaissent au projet de loi. Est-il besoin de
préciser que cette liste ne couvre pas tous les amendements qui pourront
être apportés, après mûre considération, pour
que les objectifs du projet de loi fassent état du plus grand nombre de
convergences possible?
Au chapitre I, une modification sera introduite à l'article 8
pour préciser que les services particuliers aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage seront également
offerts aux élèves de l'éducation préscolaire.
Au chapitre II, l'article 14, plus précisément le
deuxième alinéa, sera repris pour consacrer non seulement le
droit aux services d'enseignement, mais aussi le droit aux autres services
éducatifs prévus par la loi dans la mesure
déterminée par la commission scolaire. À l'article 15
portant sur la gratuité des services éducatifs, j'ai fait
état que certaines modifications seront apportées pour
accroître l'accessibilité des services aux adultes. À ce
sujet, j'ai d'ailleurs aussi annoncé que le projet de loi sera
modifié pour tenir compte de la politique du gouvernement sur
l'éducation aux adultes, notamment sous l'angle de la
spécificité de ces services. (22 h 30)
Concernant le choix entre l'enseignement religieux et l'enseignement
moral, celui-ci ne sera plus prévu pour les enfants en éducation
préscolaire, puisque certains intervenants ont fait part qu'il
était inapproprié d'introduire un tel choix pour des enfants de
cet âge, car l'objectif est d'assurer un éveil à la
dimension morale et spirituelle sans assises confessionnelles
spécifiques. Bien que cet amendement puisse être
inséré ailleurs, le projet de loi verra aussi à
définir la notion de parents afin d'y inclure nommément les
tuteurs et peut-être aussi les organismes qui, temporairement, exercent
de fait l'autorité parentale sur les enfants. Je ne peux cependant
m'avancer davantage à ce sujet, car il faudra étudier
attentivement les implications juridiques d'une telle insertion, tant pour
éviter des conflits entre les titulaires légaux de
l'autorité parentale et les titulaires de fait que pour
considérer l'étendue de la reconnaissance de l'exercice des
droits parentaux à des tiers en regard des différentes
attributions que les parents se voient confier par le projet de loi.
Enfin, l'article 26 sera modifié pour étendre la
juridiction du Protecteur du citoyen à l'ensemble de la loi et non
seulement au chapitre II portant sur les élèves. Au chapitre III,
l'article 33 sera repris pour indiquer que l'établissement par le
ministre d'une école à vocation régionale ou nationale ne
sera fait qu'après entente avec la commission scolaire qui a
compétence sur le territoire où cette école sera
située. Il est bien entendu qu'une telle école comme toutes les
autres relèvera de la compétence de la commission scolaire.
À la section IV, disons, d'une manière générale,
que les fonctions respectives du conseil d'école et du directeur
d'école seront mieux démarquées pour bien identifier les
fonctions qui relèvent du directeur des fonctions qui relèvent du
conseil d'école.
À l'article 97, portant sur l'intégration d'un
élève en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, sera
précisée l'obligation du directeur d'établir un plan
d'intervention propre à chaque élève, qui favorise son
intégration chaque fois que cela est jugé possible et ce, non
seulement aux classes ordinaires, mais aussi aux autres activités de
l'école.
À la sous-section sur les services d'enseignement, l'article 105
sera modifié pour indiquer que le choix didactique relève de la
compétence de l'enseignant et non de l'école, bien que celle-ci
puisse encadrer ce choix par certaines orientations liées au projet
éducatif et à ses propres contraintes budgétaires.
À la sous-section sur les services à la communauté,
des modifications seront apportées, comme je l'ai annoncé
conjointement avec la ministre déléguée à la
Condition féminine, Mme Denise LeBlanc-Bantey, pour
prévoir l'obligation de l'école d'organiser des services de garde
au niveau primaire, à la demande des parents. Évidemment, une
telle obligation devra être financée en partie par les usagers
à l'instar de l'organisation des autres services de garde prévus
dans la Loi sur les services de garde à l'enfance. Incidemment, des
services de garde au niveau préscolaire seront également
organisés sous l'égide de cette dernière loi.
Au chapitre IV portant sur la commission scolaire, un nouvel article
sera introduit en remplacement d'un pouvoir réglementaire dévolu
au ministre pour donner aux commissions scolaires le pouvoir de
déterminer les allocations et les normes de remboursement des
dépenses du conseil d'école et des comités.
Sous la rubrique des services aux élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, l'article 204 sera
modifié pour bien marquer l'obligation des commissions scolaires
d'adopter des normes sur l'organisation de ces services. L'article 234,
permettant au ministre de transférer la propriété d'un
immeuble excédentaire, sera retiré, ce qui diminuera d'autant le
pouvoir d'intervention du ministre. De même, à l'article 242, une
commission scolaire ne sera plus obligée d'étaler ses surplus
d'année en année, mais seulement ses déficits, ce qui
donnera plus de marge de manoeuvre à celle-ci tout en évitant une
accumulation de déficits qui pourrait conduire à des
déséquilibres financiers importants. L'article 245 sera aussi
repris de sorte que le ministre ne pourra préciser le mandat du
vérificateur que de façon générale et
qu'après consultation des commissions scolaires.
Au chapitre V, j'ai fait état qu'à l'article 307
l'organisme pour la production d'outils pédagogiques ne fera nullement
concurrence à l'entreprise privée dans la production de manuels.
Cet organisme assurera plutôt la production d'outils pédagogiques
autres que les manuels pour soutenir le développement pédagogique
et il fournira des avis au ministre pour l'approbation des manuels
scolaires.
Au chapitre VI, portant sur la réglementation, le pouvoir de
définir ce que constitue une fonction pédagogique ou
éducative sera retiré. Le pouvoir réglementaire du
paragraphe 3 de l'article 308 sera pour sa part restreint à la seule
disposition des immeubles excédentaires des commissions scolaires tandis
que le paragraphe 6, touchant les emprunts à l'étranger, sera
retiré. À l'article 309, en concordance avec ce que j'ai
annoncé au chapitre sur les commissions scolaires, les paragraphes 6 et
7 seront retirés. Enfin, à la demande de nombreux organismes,
j'introduirai un nouveau pouvoir réglementaire pour définir les
obligations des commissions
scolaires à l'égard de l'intégration des personnes
handicapées.
Dans le chapitre X sur les dispositions provisoires, est-il besoin de
rappeler encore une fois les garanties multiples que j'ai déjà
annoncées aux représentants syndicaux qui se sont
présentés devant la commission parlementaire? Qu'il suffise de
rappeler que ces garanties visent à protéger les droits syndicaux
existants et à prévoir que les normes de transfert de personnel
seront établies par voie de négociations avec les parties
concernées. L'objectif poursuivi est donc d'appliquer le plus
intégralement possible le Code du travail sur les questions
d'organisation syndicale. Les principales contraintes du projet de loi à
cet égard seront surtout relatives aux échéances afin que
la réforme proposée puisse s'appliquer harmonieusement dans un
délai prédéterminé.
Tel est donc, en substance, la teneur des amendements que j'ai
formellement annoncés. D'ores et déjà, il me paraît
que plusieurs autres dispositions du projet devront être
retouchées, soit pour rendre plus explicite la portée de certains
articles, soit pour mieux faire le lien entre les attributions des
différents organismes scolaires, soit encore pour effectuer certains
réaménagements.
Par ailleurs, tous comprendront, j'en suis certain, qu'il aurait
été délicat de ma part de m'avancer sur plusieurs points
avant la fin de la commission; d'autre part, compte tenu de la
complexité du sujet et du large éventail de points de vue
contradictoires exposés à cette commission, il me faut maintenant
prendre le temps de mûrir les propositions suggérées et de
les soumettre à mes collègues et au Conseil des ministres.
Il reste, par ailleurs, que j'ai pris bonne note d'un bon nombre de
propositions intéressantes qui méritent d'être
considérées d'ici le dépôt d'une réimpression
en deuxième lecture. Certaines de ces propositions portaient sur des
points précis tandis que d'autres, touchant des éléments
plus importants du projet, pourront impliquer, si elles sont retenues en tout
ou en partie, des ajustements nombreux dans le projet car vous n'êtes pas
sans savoir que tout projet de loi a sa propre logique de fonctionnement et que
la modification de certains éléments implique
généralement le réaménagement de beaucoup
d'autres.
Ceci dit, et je le précise encore une fois, sans présumer
des options ou des décisions qui seront prises, je veux rappeler
brièvement plusieurs domaines qui pourront subir des ajustements, des
modifications ou encore des changements importants, pour tenir compte de la
richesse et de la justesse des commentaires qui ont été faits
à la présente commission parlementaire.
Ainsi donc, il restera à réexaminer attentivement
plusieurs points, soit plus particulièrement: 1. Les lieux et
modalités de participation des différents agents de
l'école; 2. La formation et le rôle des comités
d'école; 3. La composition et la formation du conseil d'administration
de la commission scolaire; 4. Les liens d'autorité entre la commission
scolaire et les écoles; 5. Le statut du directeur d'école; 6. Le
partage des pouvoirs entre l'école et la commission scolaire; 7.
Quelques problèmes reliés à la confessionnalité; 8.
Les aménagements possibles pour une meilleure insertion des personnes
handicapées; 9. Les pouvoirs réglementaires du ministre et du
gouvernement; 10. Le statut et les fonctions d'un organisme scolaire
suprarégional pour l'île de Montréal; 11. Les dispositions
relatives à la mise en oeuvre de la réforme.
Enfin, à l'égard des territoires, je verrai à ce
que le ministère prenne contact avec les milieux concernés pour
examiner leurs demandes.
Il va sans dire, M. le Président, que la reconsidération
de ces éléments de la réforme, indépendamment des
solutions qui seront retenues et des amendements que j'ai annoncés, sans
compter plusieurs petits ajustements techniques, nécessitera une
réimpression du projet de loi afin que l'étude article par
article qui aura lieu après la deuxième lecture puisse se faire
avec le moins d'ambiguïté et de confusion possible à partir
d'un nouveau texte, plutôt que sur la base d'un texte modifié par
plusieurs amendements, ce qui en rendrait la lecture formellement plus
complexe.
Pour ces raisons, M. le Président, je fais donc une motion
à cette commission pour que le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire public, soit réimprimé pour son
dépôt en deuxième lecture.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt les explications que vient de donner le ministre de
l'Éducation. J'ai noté les articles au sujet desquels le
gouvernement s'est déjà engagé à présenter
des amendements au projet de loi. J'ai surtout noté les nombreux
articles du projet de loi qui feront l'objet d'interrogation et de
méditation, mais qui, pour l'instant, ne donnent lieu à aucun
engagement précis.
Étant donné que ces sujets sont ceux autour desquels ont
été soulevées les objections les plus fondamentales et les
plus répétées, autant de la part de l'Opposition que de la
part de très nombreux organismes entendus par la commission
parlementaire, nous en venons, du côté de l'Opposition,
à
une conclusion différente de celle du gouvernement.
Nous trouvons qu'il serait beaucoup plus judicieux, vu que c'est
l'économie même du projet de loi qui est remise en question, les
fondements mêmes du projet de loi entrent dans le domaine de l'incertain
plutôt que du défini, dans des conditions semblables
d'imprécision et d'incertitude, et que le gouvernement agirait plus
sagement en retirant purement et simplement son projet de loi, quitte à
le remettre sur le métier et en présenter un nouveau quand il
aura eu le temps de procéder aux approfondissements, aux
réflexions, aux consultations et aux concertations qui permettraient de
présenter vraiment un projet d'édifice capable de rallier
l'adhésion des divers milieux intéressés, de l'opinion
publique en général et des citoyens qui s'intéressent
à l'éducation.
Je n'ai pas davantage d'explications à fournir à ce
stade-ci, mais je veux vous prévenir, M. le Président, que, du
côté de l'Opposition, à cause de ces raisons que je viens
d'invoquer, qui parlent par elles-mêmes, nous voterons contre la motion
de réimpression parce que, dans notre esprit, c'est plutôt d'une
nouvelle conception que d'une simple réimpression que le projet de loi a
besoin. (22 h 45)
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil. S'il n'y a pas d'autres intervenants, nous
allons maintenant voter sur cette motion présentée par M. le
ministre. Et, sans plus tarder, je vais nommer chacun des membres qui
m'indiquera s'il est pour la motion présentée par M. le ministre
ou s'il est contre.
M. le député de Chauveau?
M. Brouillet: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne (Mille-Îles): Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay?
M. Maltais: Contre.
Le Président (M. Blouin): Contre. M. le
député de Shefford?
M. Paré: Pour.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Je suis pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Blouin): II y a six membres...
M. Laurin: Vous m'avez oublié, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, je m'excuse.
M. Ryan: II l'avait déjà compté. M.
Laurin: Pour.
Le Président (M. Blouin): II y a six membres pour et il y
a quatre membres qui s'opposent. La motion est donc adoptée.
Sur ce, étant donné que nous en arrivons au terme de nos
travaux, je ne peux terminer sans remercier bien sincèrement tous les
membres et les intervenants qui, au cours de ces cinq semaines, ont
débattu de cette question importante avec beaucoup de qualité.
Les débats ont été de qualité et je les remercie de
la bonne collaboration qu'ils m'ont accordée ainsi que de la courtoisie
qu'ils ont eue à mon égard.
J'adresse les mêmes remerciements aux groupes et aux individus qui
sont venus afin de présenter leur mémoire devant cette commission
parlementaire. Également à nos auditeurs qui ont
été souvent aussi patients que nous l'avons été. Il
ne faudrait pas oublier, non plus, le personnel de l'Assemblée
nationale, celui du journal des Débats, celui de la
radiotélévision des débats, les gens du personnel de
soutien, du Secrétariat des commissions et de la direction du Conseil en
droit parlementaire également, qui nous ont été d'un
précieux apport. Sur ces remerciements multiples, et bien
mérités, je demanderais au rapporteur de la commission, M. le
député de Shefford, de faire rapport à l'Assemblée
nationale, à la reprise de la session. Sur ce, comme il n'est pas encore
minuit, j'aurais besoin d'une motion d'ajournement des travaux. Qui peut
proposer que nous ajournions nos travaux?
M. Leduc (Fabre): Je fais motion, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre fait motion pour que nous ajournions nos travaux. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Maintenant que la guillotine a été
appliquée.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Blouin): Elle est adoptée sur
division.
La commission élue permanente de l'éducation, après
au-delà de 166 heures de travaux, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 48)